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HISTOIRE
LITtHJlHh:
DE LA FRANCE
TOME I. PARTIR I.
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
OU L'ON ThÀlTE
UV. I.OHK.INK KT IH PHOCiKES, DE LA DFXADKNCK.
et du rélablbsement des Sciences parmi les Gaulois et parmi les François;
Du goût et <lu génie des uns et des autres i>our les Letres en chaque siècle :
De leurs anciennes Ecoles ; De rétablissement des Universités en France ;
Des principaux Collèges: Des Académies des Sciences et des Relies Letres ;
Des meilleures Biblio(lié<|ues anciennes et modernes; Des plus célèbres
Imprimeries : et de tout ce qui a un rapport particulier à la Literature.
LtM HioQu hiitortqiuu dm OmuMi «1 dti François qui t'y sont fait qwlque réputation ,
L» CaUUogui tt ta Ckronoloffiê es leurs Eerits; Dm Remarques hisloriqius «t
erWyiiM smr Im ftrineipaux Omnçm ; Le dinombnmmi du différentes Editions :
Lt tomijtuMIU par les citations dm Autmtrs originaua.
Par des Religieux Be.iedict!?is de la Co!<grbgation de S. Mair.
TttMl^ I. l'AKTIK I.
Qui comprend les tenu qui ont précédé U N«iManoe de JBOs-CnutT , et les trois
pnarian Siéde» de l'Eglise.
Par M. PAULIN PARIS. Membre de llnsUtut.
A PAHIS
Librairie de VICTOR PALMÉ, 22, rue Saint - Sulpice.
M !•<:•;«:. i.x\
KRAUS REPRINT
Nendeln/Liechtenstein
1973
loi
Pi 2^
A/
Réimpression avec L'accord de
L'Académie des Inscriptions et Belles -Lettres, Paris
KRAUS REPRINT
A Division of
KRAUS-THOMSON ORGANIZATION LIMITED
Nendeln/Liechtenstein
1973
Prlnted in Germany
Lessingdruckerei Wiesbaden
PRÉFACE
ANNONCER au Public une Histoire Lite-
i*aire de la France, c'est lui faire espérer
In partie la plur» noble, la plus utile, la
plus curieuse, et en môme lems la plus
ample et la plus (lifficile à traiter de toute I liis-
loii-e de notiv Nation. C'est là le double |M>inf
de vûë que présente ce dessein, à quicon({ue en-
treprend de l'envisager.
Les Anciens ont posé pour principe, que la con- o*m. mm. i. i.
noissance des letres est le foiiclement de toutes les ««*' '
vertus. C'est dans les écoles en eficl, ajoute un Mo- ioH.«»i.
derne, (|ue Ton puise la pureté de la foi à l'égard de
la Religion, la régularité des moeurs par raportà la
Morale, la tranquillité et la fidélité publique en ce qui
concerne le bien de l'Etat, l'honnêteté et la politesse
pour ce qui regarde la vie civile. Esl^il donc rien
de plus intéressant et de plus digne de piquer la
curiosité, (|ue de savoir ce qui s'est passé au sujet
des letres et des écoles , et ae connoitre les grands
Hommes qui ont travaillé à soutenir les unes et
les autres Y
1 *
ij PRÉFACE.
Poiyb. n. I. n. .. ' L'histoirc en général, au sentiment de Polybe, est
lemoïen le plus propre et le plus efficace pour former
les hommes aux grandes choses. L'Histoire literaire
en particulier ne mérite-t-elle pas à plus juste titre
le même éloge, puisque c'est par les letresque l'on se
dispose à figurer dans quelque état que ce puisse
être? Elle ne se borne pas, cette partie de l'histoire,
à faire connoîtrc l'extérieur des personnes : elle
va encore plus loin; et pénétrant jusqu'à leurs pen-
sées et leurs sentimens, elle expose leur esprit au
grand jour, et en fait, pour ainsi dire, un bien
public : ingénia hominum rem publicam facit.
A considérer sous cette jiremierc face le dessein
que nous annonçons, il ])aroît étrange que de tant de
beaux esprits, la plupart célèbres Ecrivains, qui ont
fait l'ornement de la France au dernier siècle, et qui
y ont brillé et brillent en(;orc aujourd'hui, aucun (^)
n'ait fait usage de ses talens pour traiter un sujet si
digne de ses veilles et de ses travaux . En vain jusqu'ici
deux de nos Auteurs de la fin du XVI siècle ont fraïé
la voie à une si généreuse entreprise. En vain plu-
sieurs autres, dans les deux siècles qui ont suivi,
ont lâché de défricher quelques parties de ce vaste
champ. En vain l'on a vu plusieurs nations étran-
gères, beaucoup moins studieuses que la nôtre, se
faire une gloire de recueillir en un corps de Bi-
bliothèque tous les Auteurs qu'elles ont donnés à
la République des Letres. Tous ces exemples étran-
gers et domestiques n'ont point encore piqué ef-
ficacement l'émulation de nos François pour les
porter à la même chose en faveur de leur Nation,
la plus savante de TEurope.
On ne peut leur disputer l'honneur de Tinven-
(i) A la vérité le P. Labbc Jcsnile et le P. Louis-Jacob Carme, deux Ecrivains in-
fatigables, firent en leur tcms quelques tentatives pour exécuter ce dessein. Mais leur
projet est demeuré en idée, et n'a point pu Uc succOs. Il en a été de même de celui d'un
autre écrivain plus moderne (II).
PRÉFACE. iir
tion des journaux literaires qui ont servi de modèle à ce
{;rand nonibie de copies que l'on a vu éelore dans
asuitccliez les étrangers, nos voisins. On éloil en droit
d'attendre également de leur habileté et de leur
amour pour la patrie, qu'ils donnassent une His-
toire Literaire de leur nation , qui eut répondu à
la gloire qu'elle s'est acquise dans les letres, et qui
eut pu servir de modèle à ceux des étrangers qui
auroient voulu écrire |K)ur leur païs sur la même
matière. Il est aisé de préjuger ce (pi'ils eusst*nt
fait sur un sujet aussi nche, |Kir l'heureux succès
qu'ont eu ceux qui ont traite nôtre histoire en
général.
S'il est permis de rechercher les raisons qui ont
retenu nos plumes Francoises, et les ont empêché
de se prêter au dessein d'une Histoire Literaire, il ne
s'en présente point de plus natun'lle, que le travail
immense qu'il impose nécessiiiirment à ceux (|ui
voudraient le tenter. Les épines (lu'on y a décou-
vertes en le considérant de ce cùté-la, ont fait dispa-
roitre les attraits c|u il cachoit de l'autre côté. La
vaste étendue de la matière tpi'il ofTre à traiter,
les soins, les peines, les fatigues pow* la préparei*,
la difficulté de réussir à épuiser un sujet si técond
et à en lier ensemble toutes les diiîereii les parties
avec une justesse convenable: tout cela sans doute
a rebuté les esprits les plus laborieux et les plus
entreprenans, (|uoique passionnés d'ailleurs |)Our
la gloire de leur patrie.
Quel travail en effet |)Our parcourir tous les âges,
V déterrer et recueillir tous les Lcrivains que notre
France a produits! Le XVII siècle seul avec les com-
mencemens du XVIll, est un Océan où l'on se perd.
Quelles recherches, et par conséquent quelles peines,
quelles fatigues pour entrer dans le détail de ce prodi-
Aij
iv P R E F A C E.
gieu\ nombre d'écrits (ju'iis ont laissés à la postérité,
en faire la critique, en marquer les principaux carac-
tères, en indiquer les diflérentes éditions ! Quel est
l'esprit, quelque courageux (ju'il puisse être , qui ne
se sente pas effraie à l'entrée d'une si vaste carrière?
Ce n'est pourtant pas encore tout.
Jl faut déplus remonter jusqu'aux premiers ha-
bitans du païs dont on écrit riiisloire, et se trans-
porter dans ces tems d'obscurité, où à j)eine trouve-
t'on quelque lumière qui puisse éclairer les pas,
pour y découvrir ce qui s'y est passé par raport
au sujet que l'on traite. 11 faut s'instruire quelles
y ont été leurs dispositions pour les letrcs, (juels soins
ils ont pris pour les cultiver, quels moïens ils ont
emploies pour les relever de leur chute, lorsqu'el-
les sont tombées dans une triste décadence. 11
faut encore rechercher en chaque tems les Inven-
teurs des beaux Arts , et ne pas négliger de
faire connoître le succès (|u'ont eu leurs ingé-
nieuses inventions. Ces parlicularités entrent comme
les précédentes dans le dessein d'une Histoire
Literaire.
Un autre travail, qui n'est peut-être pas moins
pénible que celui dont nous venons de donner
une légère idée, est l'aplication et les soins qu'il
faut aporter, pour lier tellement ensemble tous
ces faits détachés, et établir entre eux une telle
harmonie , qu'ils ne fassent qu'un tout uniforme
PI», hist. 1. I. et comme naturel. « Ce n'est pas un petit tra-
vail, » dit Pline l'Historien en une ocasion presque
semblable, « que d'entreprendre de redonner la
nouveauté à ce qui est déjà vieilli, d'autoriser ce
qui est nouveau, de rendre son lustre à ce qui
. n'est plus d'usage, d'éclaircir ce qui est obscur,
d'accréditer ce qui est ou décrié ou douteux, de don-
ner à chaque chose un air naturel, et de ne rien
Voif. liai. art. 1. 2.
U. { 8-10.
i»hefai:e. V
ir|n-ésenl(Tiiuc coiiforiiiéiiienl à sa i»ro|)i*c iialuir. »
Ce sunl là ucs loi\ iiulis|>cnsul)lrs {K)ur un ilislo
ricii ((ui se |)i'0))osc de plaire et d'instruire tout à
lu (ois ; et quicon({uc entreprend d'écrii*e l'His-
toire Lileraire , n'en est pas |)lus dispensé qu'un
autre.
Mais , à (|Uoi tend tout ce détail 7 Sans doute à
autoriser eeu\ (|ui pouiront nous acuser de témé-
rité de nous porter à enti^prendii; un dessein,
au({uel tant d'Iiahiles gens n'ont pas osé toucher.
Mous avouons sans |)eine (|u'une telle entreprise est
delieaucoup au-dessus «le nos talens; et c'est en-
core plus par justice que par liuniililé, que nous
n'osons nous flaler d'une heureuse exécution.
Une nohic ardeur, qui nous a saisis, et inspiré
le désir de faire quelque chose pour l'utilité de
l'Eglise et de l'Etat, ce «pii est du devoir d'un
Qii-étien et d'un Imiu Citoïen, nous a élevé au-
dessus de nous-mêmes , en nous faisant ouhlier
nôtre foihiesse. L'amour |M)ur la gloire de la nation
nous a |K>rsuadé comme possihie, ce que nous ten-
terions pour contribuer à la faire {Kiroitre dans un
nouveau jour, et l'a euqiortt; sur la |)ersuasion de
nôtre propre incapacité . De si louables motifs rious
ont fait surmonter, ou si l'on veut, ont dérol)é à
nos yeux toutes les difficultés qu'un si vaste dessein
{HTsente de lui-même. Entièrement livrés à leui*
attr.iit, nous n'avons |)ensé qu'à les suivre, et moins
songé à plaii*e par nôtre entreprise, (|u'à nous rendre
utiles. ' En pareil cas un Ancien nous garantit, que oamt. iud.
c'est déjà un juste sujet d'éloge que de tenter un
grand dessein, quand même on demeureroit au-des«
sous de l'enti'eprise. Itaquc ctiam non assequutis,
voluisse, abunde nulcrum atque magnificum est.
Heureux, je ne dis ikis, si nôtre zélé nous attire
les louanges du public, mais s'il suflit seulement
vî PRÉFACE.
pour justifier nos tentatives ! Encore plus heureux,
si Dieu versant sur nôtre travail une abondante bé-
nédiction, il a l'avantage de plaire, autant qu'il nous
paroît devoir être utile !
Déjà sur ce que nous venons de dire , on a pu
apercevoir presque tout le plan de notre dessein.
Il y a cinq ans que nous en donnâmes quelque
idée au public, dans un projet qui fut imprimé avec le
titre et un petit essai de l'ouvrage. Les bornes que
nous nous étions prescrites alors, ne nous permirent
pas d'entrer dans un grand détail. Mais voici le lieu
de nous étendre davantage.
Nous nous proposons de ménager aux Fran-
çois l'agrément d'avoir un recueil complet des Ecri-
vains, qu'eux et les Gaulois leurs prédécesseurs, avec
qui ils n'ont fait dans la suite qu'un même peuple,
ont donnés à la Republique des Letres. Tous ceux de
la nation dont on a connoissance, et qui ont laissé
quelque monument de litcrature, y trouveront place,
tant ceux dont les écrits sont perdus, que ceux dont
les ouvrages nous restent, en (juclque langue et
sur quelque sujet qu'ils aient écrit. Il nous a même
paru que nôtre dessein demandoit d'y comprendre
aussi les gens de letres, qui à cela près qu'ds n'ont
point fait, que l'on sache, usage de leur plume, n'ont
pas laissé ou d'exceller dans les sciences, ou de
briller dans le monde savant. C'est un honneur dont
nous ne créions pas pouvoir les priver sans une es-
t)ece d'injustice, particulièrement pour les tems •
es plus reculés, on tout nous paroît précieux sur
cette matière. On ne doit pas toutefois s'attendre que
nous en usions de même dans les siècles suivans, à
compter depuis le VI, à moins que d'autres rai-
sons ne nous y déterminent.
Aux Ecrivains Gaulois ou François de nation l'on
doit, selon l'avis de gens habiles, joindre ceux qui
PREFACE. vij
it passé un tems considérable dans dos Gaules,
rtoul lorstiu'iis \ onl fini leuis jours. M'importe
ont
surtout lorst|u'ils \ onl fini leuis jours. IN'impori
(lu'ils y aient été atachés à quel(|ues Eglises, comme
i). Irenée de Lyon, Pontei-e Abbé à Aiies, Fortunatdc
Poitiers, Prudeiue de Troïes, et tant d'autres. En ce
cas ils nous u|tarlienenl par le droit de leurs sièges,
conmie ils apai ticnent à leur propre patrie nar le
droit de leur naissance. H suilit qu ils aient illustré
(|uelqu'une ou de nos >illes ou de nos provinces,
soit |>our > avoir enseigné les Utiles Icti'es ou l'é-
loquence , soit |H)ur > avoir publié quelques-
uns i\v leui's ouvragc*s. Sur ce prin('i|M' on verra
paroitre enti-c nos Ecrivains l'Orateur Lactancc
au IV siècle , et quel(|ues autivs dans let» ùges
suivans. Liberté néaiunoins dont nous n'use-
rons ({u'avec un sage ménagement , et en l'cndant
justice aux divc^rs |>aïs qui ont donné naissance à
ces grands liommes.
A regard de ceux qui n'ont fait que se montrer
un certain tems dans les Gaules, sans s'y être lia-
bilués, conime S. Atlianase, S. Jérôme, le Mé-
decin Oribase au IV siècle, et une infinité d'autres
aux siècles suivans, nous nous contenterons d'in-
diquer en son lieu le |>ersonage qu'ils y ont fait,
et n'en dirons lien au-delà. Peut-être viendra-
t-il à {juehju'un en penséi>, que conmie la Croix
du Marne a joint aux Ecrivains de nôtre Nation
les étrangers qui ont éci'it en nôtre langue , nous
devrions suivre le même plan. Mais outre que la
langue Françoise est aujourd'hui trop répandue dans
les autres Etats, et (|u'il seroit Irop diHicilc de
connoitre et encore plus de recueillir tout ce qu'on
y a publié en cette langue^ on pourroit croire qu'en
mêlant ainsi les étrangers avec nos François, nous
voudrions nous enrichir des dépouilles d'autrui.
viij PREFACE.
Ici se présente une difïiculté importante, qu'il est
nécessaire d'cclaircir avant ([uc de passer outre. Quel-
le étendue doit-on donner à nôtre France, et doit-on
lui donner la même en tous les tems ? Il est certain
que ses limites n'ont pas toujours été les mêmes. Tan-
tôt elles ont été plus resserrées, ({u'elles ne le sont au-
jourd'hui; et tantôt elles ont été poussées j)lus loin,
suivant les con([uétes de nos Uois. Sous Clovis 1 elles
n'étoient pas les mêmes ([uesousCharlemagne; et
sous celui-ci elles étoient tout autres (|ue sous Louis
Vil ou François I. Il en a été de même à proportion
sous divers autres régnes.
D'abord on s'aperçoit sans peine que cette difficul-
té ne regarde point les lems les plus reculés, lorsque
nos Gaules isolées Ibrmoient un Etat séparé de tous
les autres, et n'étoient pas encore passées sous une do-
mination étrangère. Elle ne tombe point non plus sur
les tems auxquels, après avoir été subjuguées par les
Romains, elles tirent une province de leur vaste Em-
pire. En ces premiers âges on doit sans nulle difliculU';
leur laisser toute l'étendue qu'elles avoienl alors:
c'est-à-dire depuis les Pyrénées et les Alpes d'une part,
le Rhin et l'Océan de l'autre. Le point de la difficulté
roule uniquement sur les siècles postérieurs, lorscpie
les Gaules ont été érigées en Monarchie par les Fran-
çois, qui s'en rendirent les maîtres dès le V siècle.
Sur cette difficulté, comme sur toutes les autres,
nous avons eu une attention particulière de consulter
les Savans, afin de nous régler sur leurs lumières*
Presque tous ont été d'avis, qu'il faut conserver à nô-
tre Monarchie, jusqu'au IX siècle, la même étendue
de pais qu'avoient anciennement les Gaules. Leurrai-
son est que les parties, qui en furent démembrées
sous nos Rois de la première race, y furent réunies
sous Charlemagne, qui étendit encore beaucoup plus
loin
PREFACE. ix
les limites de l'Empire François. Comme les choses
se maintinrent à peu près dans la même situation
sous L»uis le Débonnaire et (Iharles le (Chauve, nous
continuerons de consideirr la France dans toute cette
vaste étendue de païs. Quelquefois nous passerons
même le Rhin, pour aller chercher les Eenvains qui
sont nés au-delà sujets de nos Hois . Mais depuis la lin
du iX siiV'le, nous al)andonnons aux Allenians le Dio-
cèse entier de Trêves avec les Méli>o|>oles de Cologne,
tie iMaïence et leui*s l!ivèclu''s suffragans. Par la même
raison nous laissons depuis la même é|MM|ue les Dio-
cèses de Kasle, d'Iverdun, d'Avenches ou del^u-
sane. (lepcndanl comme StraslM)urj; est revenu à la
France à dilïcrenles fois, et qu'il lui apartient cncoi-e
aujourd'hui, l'on juge que nous ne devons point l'en
dcmend)rer.
De celte difliculté ainsi éclaircie nous retombons
dans une autre, tpii n'est pas moins considérable. Quel
égard aurons-nous pour tous ces |kiïs, qui ont été au-
trefois de la déitendanee de nos Hois , et qui forment
aujourd'hui les Archevêchés d'Utrecht et de Maline?
IK'puis répu(|ue inanpiée les compr(uuli*ons-nous
sous la Monarchie Fi-ançoise et jusqu'à ({uel tems ?
Après une meuir delilnM'ation il nous a semblé que le
parti le plus conforme à la justice exige qu'on les v
comprene, au moins jusqu'au tems que les François
les perdirent après le commencement du XIV siècle,
il nous a paru aussi que nous devions observer la mê-
me chose à l'égard de Liège, qui y est enclavé, quoi-
que suffragaiit de Cologne .
Dans la suite nous borneronsla France de ces côtés-
là j)ar les païs compris aujourd'hui sous les Métro-
poles de Reims, de Cambrai et les trois Evêchés de
Metz, Toul et Verdun. De sorte que nous considére-
rons dans cet ouvrage la Lorrame comme faisant
h
X PRÉFACE.
partie de la France, dont elle l'est effectivement pour
l'Ecclésiastique. On nous a conseillé d'en user de mê-
me, quoique pour d'autres raisons, par rapport à la
Savoie. On est même d'avis que nous y comprenions
aussi la ville de Genève, quoique depuis assez long-
temps elle fasse une République à part. On nous
donne pour raison qu'outre qu'elle a fait autrefois
partie de la France, elle n'est presque peuplée que de
François réfugiés.
Du reste nous envisagerons toujours la Monarchie
sous toute l'étendue que lui donnent aujourd'hui les
païs de sa dépendance. Il pourra toutefois nous arriver
d'imiter en certaines ocasions les Géographes , qui
dans la description qu'ils font des païs, représentent
ordinairement quelque partie des frontières qui les
limitent. En ce cas qui arrivera rarement , on aura
d'autant moins de peine à nous pardonner, que leur
exemple nous autorise davantage.
Quelques-uns en très-petit nombre auroient voulu ,
que sans entrer dans l'embaras de toutes ces distin-
ctions , nous nous fussions réglés sur la Gaule Chré-
tienne, et que nous eussions envelopé dans nôtre
dessein tous les païs qu'elle embrasse. Mais à quoi
bon charger nôtre ouvrage , qui est consacré à l'his-
toire de la Literaturc Françoise, de tant d'Auteurs
qui ne sont François , ni de mœurs, ni de langue , ni
de naissance ? Nos propres richesses nous suffisent,
sans que nous aïons besoin de nous parer de celles
des autres.
Cette sage et juste disposition sera la règle criti-
que et invariable que nous suivrons, pour donner
place aux Ecrivains dans l'histoire de nos Savans
Gaulois ou François. Il n'y en paroîtra point qui
ne soit ou natif ou originaire du païs dont nous ve-
PRÉFACE. xi
nons de inarquer les limites , ou au moiDS qui n'y
ait été habitué.
Quelques soins au reste que nous aïons aportés, et
nuelques recherches que nous aïons faites, pour lâ-
cner ae déterrer ces grands Hommes , on ne doit pas
8*atendre à les trouver généralement tous dans ce re-
cueil. Ceux qu'il contient, sur-tout pour les premiers
tems, ne sont sans doute que la moindre partie de
tous ceux qui ont illustré nos provinces. Une anti-
quité aussi reculée, où presque rien ne nous éclaire,
en cache le plus grana nombre. Pour en avoir une
connoissance entière, il faudrait qu'en chaque siècle
et en chaque principale ville de nos Gaules il se fût
successivement trouvé des |RTSonnes studieuseset in-
telligentes, qui eussent fait pour chaque classe d'hom-
mes de letres ce que fil Ausone en son tems à l'égard
des Professeurs di*s belles letres à Bourdeaux.
Il n'y a point eu à hésiter sur l'ordre que Ton doit
suivre dans un ouvrage de cette nature. I^ chronolo-
gique est incontestablement préférable à tout autre.
Nôtre Histoire sera donc divisée par siècle, et com-
mencera en reprenant les choses des la source, par les
tems nui ont précédé la naissance de J.-C. Le^ Ecri-
vains de diaque siècle tiendront leur rang selon la da-
te de leur mort, ou lorsqu'on Tignorera, suivant l'é-
poque de leurs dernières actions^ ou du tems auquel
ils ont fleuri.
Deux choses principales font l'objet des Lecteure
dans une Histoire Lileraire, et doivent par conséquent
faire le sujet iiarticulier de l'atention de celui qui en-
treprend de récrire : la connoissance des Ecrivains et
la notion de leurs ouvrages. Aussi ce sont les points
capitaux que nous nous proposons de discuter. Pour
y procéder avec plus de méthode et moins de confu-
sion, lorsque la matière est de longue haleine, nous
bij
xij PREFACE.
avons soin de la diviser en deux ou plusieurs articles
ou paragraphes, à proportion de son étendue.
Le premier est toujours emploie à raporter l'his-
toii'e de la vie de l'Ecrivain ; le second à traiter de ses
écrits véritables et existans, dont on marque Tordre,
la chronologie, le sujet,, l'ocasion. Le troisième ai'li-
clc est destiné à faire connoître ses écrits perdus ; le
(juatriéme à discuter ses écrits douteux ; le cinquième
à parler de ceux qu'on lui a suposés. Sa doctrine , sa
manière d'écrire et le jugement ({u'on en a j)orté, l'ont
le sujet du sixième article. Enfin dans le septième; on
fait le dénombrement des différentes éditions de ses
ouvrages, en marquant avec soin celles qui méritent
la préférence.
Dans la vie de nos Savans nous prenons à tâche de
faire entrer tout ce qui nous a paru nécessaire , poui*
faire connoître l'homme extérieur et l'homme inté-
rieur ; évitant également de donner ou dans une pro-
lixité ennuieuse, ou dans une trop sèche et trop aride
précision. D'abord nous avions })rojclé d'imiter en
cela la brièveté de quelques Bibliothécaires. Mais sur
une réflexion plus sérieuse^ que nos Lecteurs , j)our
avoir une entière connoissance des Ecrivains dont ils
liroientrhistoirCjSeroientobligésde recourir ailleurs,
nous avons cru, pourlcuj* épargner cette peine, devoir
nous étendre un peu davantage. C'est ce que nous
faisons sur-tout, lorsqu'il s'agit de faits qui ontraport
à la literature. Quelquefois môme à l'égard de ceux
qui concernent la piété, nôtre cœur qui guidoit nôtre
plume, a trahi nos premières vues . Nous n'é(;rivons
pas, ilest vrai, des vies de Saints. Mais grand nombre
des Savans dont nous donnons l'histoire , ont uni la
sainteté à la science. Or ne les représenter que sous
ce dernier regard, ce ne seroit les faire connoître
qu'à demi, et cacher le plus bel endroit de leur
histoire.
PREFACE. xiij
Peul-elpc en prendra-t-on ocasion de juger que les
nortraitsdenosllominesde Leli*es sont trop chargés.
Si cela arrive, nous prions nos I^cteui*s de se souve-
nir que nous faisons ici non le |H'rs()nna;j;e d'Orateur,
mais celui d'Historien. En cette (uialilé nous nous
sommes impose* la loi de peindre les hommes dont
nous sommes ohligés de parler, tels qu'ils ont été
recollement, et non tels qu'on vuudroit qu'ils fussent.
Leur propre conduite nous fournit elle-même les
couleurs de leui*s jwrtraits ; et ce qu'elle nous pré-
sente , est la règle et la mesure de ce que nous eu
disons.
Sur ce princi|)c, ennemis de toute partialité et dé-
gagésde toute prévention, nous aurons une atention
prliculiere à rendre justice au mérite de chaque
Ecrivain, et de ne rien avancer sur son compte (pii ne
nous paroisse ou exactement vrai, ou au moins apuïé
sur des autorités dignes de créance. Ln faisant cou-
noitrescs bonnes quahtés sans nous établir ses Pa-
négyristes, nous aurons soin de maniuer aussi ses
défauts , sans nous ériger en Censeurs. Il y a en efl'ct
pi-esifue autant d'instruction à tirer des uns que
des autrrs. ,, ' Un portrait flaté n'est |)oint ressem- ki«i. duc. «.
blant. Tels sont (l'ordinaire les iKinegyriques, où "'
l'on fait i)aroître un homme louable en ne l'élevant
que ses bonnes qualités. Artilice grossier qui ré-
volte les gens sensés, et leur fait faire plus aaten-
tion sur les défauts qu'on leur cache avec tant de
soin. Cest une es|>ece de mensonge que de ne dire
ainsi la vérité ({u'à demi. Personne n'est oblige
d'écrii-e l'histoire; mais <|uiconque Tentreprend,
s'engage à dire la vérité tout entière. Que si
quelquefois il paroît censurer les personnes dont
il parle, c'est la faute des coupables , et non de
If
i>
»>
»>
>j
»»
>»
»
>»
5>
il
,, l'Historien.
„ Lorsqu'on écrit sur quelque matière, pourexpli
xiv PRÉFACE.
Dac. poët. d Arist. „ qucr 06 qu'clIc a de bon ou de mauvais, ' répondoit
^' , , Denys d'Halicarnasse à Pompée^ qui se plaignoit de
,, ce qu'il avoit reproché quelques fautes à Platon,
,, il faut démêler et marquer exactement ses vices et ses
,, vertus. Car c'est le moïen le plus sûr de trouver la
,, vérité, qui est ce qu'il y adeplusprécieux.Sij'avois
,, écrit contre Platon dans la vùë de décrier sesouvra-
,,ges,jeserois aussi impie que Zoïle'. Mais au contrai-
„rej'aivoulu lelouer; etsienlelouantj'airelevéquel-
,, qucs-uns de ses défauts, je n'ai rien fait dont il put
, , se plaindre, et qui ne fût nécessaire pour mon des-
,, sein. "
Il est vrai et il faut l'avouer, que le parti de dire
ainsi le bien et le mal est une entreprise fort délicate,
où l'on ne doit pas s'atendre à un aplaudissement gé-
piin.i. ». ep. 8. néral. ' Si vous vous répandez en louanges, disoit
dès le tems de Trajan Pline le jeune, vous passerez
toujours pour ne pas assez dire, quand même vous
vous épuiseriez sur ce sujet. Si au contraire vous vous
jettez sur la censure, on vous acusera toujours d'en
dire trop, ne le fissiez-vous que le plus succinctement,
Tum si laudaveris, parcus; si cidpaveris, ntmius
fuisse dicaris, quamvis illudplenissime, hoc res-
trictissime feceris. Mais cet écueilne nous empêche-
ra point de tendre toujours à nôtre but, en suivant les
règles que nous nous sommes prescrites, et dont la
TiiL^H. E. 1. 15. première est de ne chercher que la vérité. ' Ceux qui
la cherchent uniquement, dit un grand Homme du
dernier siècle, attendent en paix tout ce qui plaira à la
vérité ou d'ordonner ou de permettre. Heureux pour-
vu qu'ils puissent la suivre partout, et l'avoir pour
eux et dans sa gloire et dans son ignominie!
Pour mieux donner le caractère de nos Ecrivains,
(1) Ce Zoïle écrivit autrefois contre Homère à dessein de ternir la réputation de ce
grand Homme.
PRÉFACE. XV
nous joignons assez souvent à leurs éloges historiques
les épitaphes consacrées à leur mémoire. Ces pièces
sont précieuses, étant oi>dinairenient nuoiqu'en abré-
gé les actes originaux des grands lionnues. Aussi
avons-nous gran(l soin de recueillir toutes celles (|u'on
a pu déterrer, (/est par-là (lue nous finissons presipie
toujours l'hisUûre de leur vie. Outre lu cunnoissiuicc
originale qu'elles en donnent , elles servent encore
à faire voir (|uel éloit le goût des siècles où elles
ont été faites, soit pour la prose ou pour la versili-
cation.
De-là nous passons à la discussion des écrits de nos
Auteurs, suivant la méthode qu'on a déjà marqm'>e.
C'est-là la partie de l'ouvrage où les i*eclierches cu-
rieuses, les découvertes intéressantes, les remanpies
et critiques: et historiques doivent avoir leur place.
On veira dès ce prenjier volume, «pie nous n'avons
rien négligé |>our satisfaire à ct^ conditions; et l'on
|)ourra juger par le mérite de quelques découvertes as-
sez heureuses que nous n'avons pas travaillé sur un
fonds tout à fait mgrat. Souvent la moisson est si abon-
dante \mr raport aux remarques en particulier, qu'il
a fallu user de beaucoup de discernement i)our faire
choix. Kn ces rencontres on a pris celles qui ont paru
les plus nécessaires et les plus propres à éclaireir le
sujet qui les fait naître ; et on a laissé les autres. Quoi-
que le titre de l'ouvrage ne promette que de sembla-
bles remarques sur les écrits des Auteurs, on ne laisse
pas de donner presque toujours des extraits, et sou-
vent des sommaires, ou même des analyses entières
de ceux qui sont les plus considérables. On en use de
la sorte particulièrement à l'égard des ouvrages des
Pères de l'Eglise.
Mais nous sommes bien éloignés de faire le même
honneur aux écrits de presque une infinité d'autres
xvi PRÉFACE.
Auteurs qui méritent à peine qu'on en fasse même
mention. Le Lecteur nous prévient sans doute , et
comprend que nous voulons parler de cette foule de
Casuistes, de Sermonaires et de Mystiques, qui sont
venus avec quelque apareil au XVI siècle et au com-
mencement du suivant, et qui sont aujourd'hui le re-
but de nos bibliothèques et à charge aux gens de le-
tres. Après tout, ce sont des Auteurs; et l'on ne sau-
roit les oublier, sans faire une brèche à l'exactitude
d'une histoire , (jui doit coniprendrc tout ce (jui re-
garde la literature. Ils y auront donc leur place :
mais nous avertissons par avance que nous passe-
rons légèrement sur ce qui les concerne.
Entre les écrits dont la discution fait la principale
partie de nôtre dessein , on s'atend sans doute de
voir paroître les actes des Martyrs et les autres vies
des Saints, qui ont été écrites en France , ou par des
François. Ce sont en effet des monumens trop im-
portans, pour être omis dans une Histoire Literaire.
Il s'en faut néanmoins de beaucoup qu'ils aient tous
le même mérite. Il n'y en a que trop, il faut l'avouer,
(|ui n'ont reçu l'être qu'en des tems où la vérité de
l'histoire étoit déjà altérée [)ar diverses traditions
populaires, et souvent par des fictions inventées à
dessein de nourrir la pieté des Fidèles. Dans la discu-
tion qu'on en fait avec tout le travail qu'on peut s'ima-
giner, mais avec autant de discernement qu'il est
possible, nous ne parlons de cette sorte de monumens
que pour montrer qu'on ne les a pas oubliés, et pour
avertir qu'ils ne valent pas pour la plupart la peine
qu'on s'y arrête. Le peu que nous disons au reste,
bien loin de tendre a diminuer l'autorité des actes
sincères et des vies authentiques des Saints, ne servira
au contraire qu'à les rendre encore beaucoup plus
certaines.
Les
PRÉFACE. xvij
Les actes et les Canons de Conciles sont d'autres
monumens encore itlus précieux, que ceux dont on
vient de parler. A plus forte raison meritent-iis d'en-
trer pour quelque chose dans' une Histoire literairc.
(^ n est point effectivement l'ouvrage de quel(]ue
particulier, le plus souvent ou obscur ou mènie in-
connu. Ce sont des résultats d'assemblées presque
toujours nombi'euses et éclairées, où de sages et
quelquefois de saints £vê(iues attestent la foi de leurs
K^lises, s'il s'agit du dogme; ou bien prescrivent des
règles «le conduite, soit iM)ur i-emédier aux scandales
ou corriger les abus, s'il s'agit ou de morale ou de
discipline. Il n'est |)oint de pièces plus authentiques
et dont les dates soient plus certames et les Auteurs
S lus connus. Ce n'est donc qu'ajuste titre qu'on leur
onne rang dans cette Histoire. Files y sont placées
suivant le siècle et TanniV où les Conciles ont été cé-
lébrés. I)'alM>rd nous donnons une relation abrégée
de ces ass4'nd>lé(>s, où nous faisons conmMtre le lieu,
le tems où elles se sont tenues, le sujet, t'ocasion
qui les ont fait convoquer, les Prélats qui les ont com-
posées. Après quoi nous faisons quelquefois l'énume-
ration des reglemens qui ont été «tressés. Mais le plus
souvent nous nous contentons d'en marquer sim|>le-
ment le nombre, et d'en cclaircir les endroits les plus
difiiciles.
Quiconque se borneroit à connoitrc seulement les
Auteurs et leurs ouvrages, ne uossederoit qu'impar-
faitement l'Histoire lileraire. Il y a encore ({uuntité
d'autres traits de literature, qui en font partie et qu'il
est important de ne pas ignorer. Qu'y a-t-il en effet
de plus capable d'intéresser une noble curiosité, que
de savoir quel a été le sort des letres en chaque siècle
parmi la Wation Françoise : leur progrès, leur déca-
dence, leur rétablissement? De cunnoître l'origine et
'• c
xviij PRÉFACE.'
la constitution de tant de célèbres Académies ancien-
nes et modernes, (jui y ont perpétué l'amour pour
les letres, et fait briller les sciences et les beaux arts?
De voir comment se sont établis et formés ce grand
nombre de Collèges et d'Universités, qui ont été au-
tant de pépinières de Savans pour la France? D'apren-
dre quel a été dans le Roïaume le succès du secret im-
mortel de l'Imprimerie, et jusqu'où l'on a porté dans
les divers âges le goût et l'ardeur à former des biblio-
thèques?
Tous ces traits de literature et beaucoup d'autres,
nous avons soin de les recueillir en un corps d'his-
toire, ou discours historique à la tête de chaque siècle.
Là réunissant ce qui a raport à ce dessein, nous en-
trons dans le détail de tout ce que l'on a mis en usage
et qui a contribué à soutenir les letres, ou à les faire
fleurir avec plus d'éclat. Là nous découvrons les voies
par lesquelles elles sont arrivées quelquefois au point
d'une entière décadence, et les moïens qu'on a pris
pour les relever de leur chute, et leur donner un nou-
veau lustre. Par cette suite et cet enchaînement de
traits ou literaircs ou qui ont raport à la literature, on
voit d'un coup d'œil l'étal des letres parmi nôtre Na-
tion, et quel a été le goût et le génie des Gaulois et
des François pour les sciences dans tous les âges.
Déjà l'on préjuge aisément combien des choses cu-
rieuses nous fournissent sur les premiers tems, ces an-
ciennes et célèbres Académies des Druides nos pre-
miers Philosophes, et des Marseillois, ces hommes si
i'enommés pour leur gravité, leur politesse, leur sa-
voir : et sur les siècles postérieurs, les heureux succès
de nos écoles épiscopales et monastiques, de nos Col-
lèges, de nos universités ; ce qu'ont fait en faveur des
letres les Charlemagnes, les François 1, les Louis XIV,
PRÉFACE. xix
ces grands Monarques, qui semblent n'avoir régné,
que pour faire régner avec eux les sciences et les
Iteaux arts.
On voit par là que nAlre ouvrage n'est point un
simule catalogue des Aut^'urs François et des écrits
qu'us ont laissés en leur langue, comme la bibliothè-
que de la Croix du Maine, ou celle de Du Verdier,
({ui y a joint quelques écrits latins, avec divers ex-
traits assez mal choisis et encore plus mal digérés.
Nous avons tâché de réunir les avantages de ceux-là,
d'éviter leurs défauts, de remplir leui* vuide et de su-
pléer à leur insuflisance. Ce sont les monumcns con-
nus de la literature Gauloise et Françoise recherchés
avec soin, réunis avec mélhmle, rangés dans leur or-
dre naturel, éclaircis avec une juste étendue, accom-
pagnés des liaisons convenables, dont nous formons
l'Histoire literniir de la France. On y aura un tableau
vivant et animé, non des faits d'une nation policée,
fuissante, bellitpieusi* , qui se borne à former des
'oliti(|ues, des Héros, des Conquerans, mais des
actions d'un |)euplc s;ivant, nui tendent à former des
Sages, des Docti's, de bons Citoïens, delidélcs sujets.
Le plan de nôtre ouvrage sur l'idée qu'on en vient
de donner, peut passer pour nouveau ; quoi(|u'il n'en
soit pas de même du sujet que nous y traitons. Plu-
sieurs personnes de letres en effet ont entrepris avant
nous de le traiter et l'ont exéaité ou en tout ou en
partie : en tout comme les deux Bibliothécaires qu'on
vient de nommer. Encore un plus grand nonjbre l'a
fait en partie. Tels sont entre ceux-ci Colomiés dans
son Gallia Orientalis^ et tous ceux qui nous ont don-
né l'histoire de quelque Université, Collège, Aca-
démie de la France, comme Mrs. du Boulay, deLau-
noy, Pelisson, de Fontenelle et autres. Tels sont en-
c ij
« PRÉFACE.
core tous ceux qui ont écrit sur les Auteurs de quel-
que province au Roïaume, ou sur quelque classe
dioisie des Savans qu'elle a produits, comme les
Historiens, les Poètes, les Orateurs, les Juriscon-
sultes.
Toutefois sans prétendre rien diminuer du prix de
ces ouvrages, qui tous à la vérité n'ont pas le même
mérite, mais dont il y en a d'inestimables, ce ne sont
que des morceaux détachés. On n'y trouve ni l'ordre
ni la suite, encore moins la totalité d'une Histoire
complète : non pas même dans ceux qui ont eu des-
sein de tout embrasser. Ils ne montrent les richesses
de nôtre Nation en genre <lc literature, que par quel-
ques endroits. Ce sont pour la plupart d'excellentes
parties, qui doivent faire désirer le corps entier, et
qui réunies ensemble, rédigées par ordre et emploïées
avec une sage œconomie concourront à former un
tout qui sera peut-être aussi agréable qu'il paroît
utile. C'est où tend nôtre dessein ; et sur le plan (jue
nurot.i.i. v.9â*. uous eu vcuons de tracer, nous pouiTÎons dire ' avec
un ancien Poëte :
A via Pieridum peragro loca, nullius ante
Trita solo
Quelque relief au reste que nous tâchions de don-
ner ici à nôtre ouvrage, en relevant le plan sur lequel
il est exécuté, nous sommes bien éloignés de préten-
dre qu'il doive passer pour une Histoire régulière,
complète et achevée. Un tel chef-d'œuvre est trop
au-dessus de nos forces, pour nous flatter d'y attein-
dre. Mais quoique nôtre travail n'ait pas cet avanta-
ge, qu'il nous soit permis de dire qu'il ne laissera pas
d'être de quelque utilité pour l'Eglise, pour l'Etat,
et plus particulièrement pour la République des Ic-
tres.
PRÉFACE. Mj
L'Eglise Gallicane y verra non seulement réunis
tous les Ecrivains ([u'elle a formes dans tous les siè-
cles; mais elle y en trtmven» même plusieurs qui jus-
qu'ici ont été i)eu connus. Ce au'on y raporte de la
science et du zélé de ces grands Hommes pour éditier,
défendre ou consoler l'I^glise, |M)uiTa mspirer une
pieustuU génère» ise émulation à Uml d'Ecclésiastiques
qui ont de l'élude et du lalenl, sinon à mairher sur
les traces de leui*s illustres Ancêtres, au moins à s'in-
struire av(H; plus de soin de ce qu'ils ont écrit pour
leur édification.
Le Roïaume entier aura l'agrcwent d'y voir d'uni*
irnrt, counnt^ sur un tht>âtre, le grand nombi-e de
iH'aux esprits et de gens de letres (|U*il a produits, et
de l'autre le succès merveilleux avec leipielon après-
que toùjoui"» cultivé les st'iences et les lieaux arli» dans
Tenceinte de son étendue : succès (lu'il peut légiti-
mement disputer à tous les autres ktats du monde
Chrétien. Peut-il y avoir rien de plus propre et de
plus eflic;ice pour entretenir et même augmenter cette
noble ai*deur qu'ont nos François, |M)ur ne pas dé-
générer de ce qu'ont été leurs iKîi-es? D'ailleurs les
Auteurs et les écrits se multiplient si prodigieuse-
ment tous les jours, que ce n'est |>as une science mé-
diocre que de les connoitre. Aussi les gens de letres
s'y a|)liqiient-ils plus nue jamais. Or il en doit être
de celle coiinoissance (les Auteurs et de leurs écrits,
comme il en est de l'Histoire prise en général. Avant
Sue de passer à celle des nations étrangères, il est
e l'ordre de commencer par jiosseder celle de sa
jH'opre nation. Nous laissons aux François l'aplica-
tion de ce principe;. Elle est toute naturelle; et ils ne
sauroient s'y tromper.
La Republique des letres en particulier y aura un
recueil d Ecrivains en tout genre de literature, si non
xxij PREFACE.
le plus parfait, au moins le plus ample, et peut-être
même le plus méthodique, dont elle se soit vue en-
richie jusqu'ici. L'on ne dit rien des recherches que
contient l'ouvrage. Elles s'y montrent d'elles-
mêmes par le nombre prescjue infini de citations
dont il est orné. Pour les découvertes, on a déjà
averti qu'il s'y en trouve quelques-unes aussi heu-
reuses qu'intéressantes.
En lui donnant le titre d'Histoire, parce qu'il est
plus commun, et qu'à la rigueur toute narration peut
porter ce titre, il sembleroit peut-être qu'on y dût
donner une histoire suivie et continue, telles que
sont les autres histoires ordinaires, où l'on repré-
sente les évenemens, en liant ensemble ceux qui se
sont passés en même tems. Mais il n'est pas de l'His-
toire literaire comme de l'Histoire de l'Eglise , pai'
exemple, ou de celle de quelque Empire ou Roïau-
me. Dans celle de ces deux derniers genres les faits
ont une liaison si essentielle entre eux, qu'on ne
peut les raporter séparément sans diminuer de leur
f)rix et leur ôter une partie considérable de leur re-
ief, ou ne les faire connoître qu'à demi. Au con-
traire dans l'Histoire Literaire, où les faits sont in-
dépendanslesunsdes autres, comme ils le sont dans
l'Histoire de la vie des Saints , on ne peut guéres la
bien traiter qu'en la divisant par titres ou articles,
dans lesquels on raporte de suite ce qui regarde un
Auteur, avant que de passer à un autre. Le dénom-
brement et la discution de ses écrits ne peuvent'
permettre qu'on en use autrement.
Ceux au reste qui aiment les histoires suivies par
l'enchaînement des faits chronologiques, trouveront
de quoi se satisfaire dans les discours que nous avons
placés à la tête de chaque siècle , et dans les tables
chronologiques que nous mettons à la fmde chaque
PRÉFACE. xxiij
volume. Comme dans les unes nous faisons entrer
en abrégé tout ce qui s'est passé en chaque siècle,
et dans les autres tout ce qui est raporté dans chaque
volume, on y verra d'un coup d'œil les évenemens
de suite selon le tems auquel ils sont arrivés. D'ail-
leurs nous n'avons |kis laissé de garder en queUpie
sorte un ordre chronol(>gi<|ue, non seulementen di-
visantnôtre ouvrage pur siècles, niaisen y disposant
encore les titres ou les articles selon la suite des
tems.
Aïant choisi le titre d'Histoire pour les raisons
3u'on a marquées, nous avons enq)loVé à l'exécution
e l'ouvi-age le style le plus convenable à ce dessein.
De sorte (|ue nous ne nous sonnnes pas beaucoup
arrêtés à l'élocution, encore moins à l'élévation et
aux ornemens du discours. Vn style simple , ordi-
naire, maisaussi, puretclair, nous a paru préférable
à un (lis<*ours élevé et chargé d'ornemens, (pie nous
avouons d'ailleui's n'être |)as capables de soutenir.
Après toutde quelque manière (|ue soit écrite Tllis- nm i- y •■>. •■
loirc, dit un Ancien, elle a toujours ses agrémens :
llistoria quoffuo mmlo scriptu do.lectat.
Pour ce (pu est de la venté, qui fait la partie la
plus essentielle de l'Histoire, et qui consiste dans la
certitude des faits, nous l'avons puisée dans les Au-
teurs originaux; et au défaut de ceux-ci, dans les
Ecrivains les plus proches des tems où se sont pas-
sés les faits que nous ra|M)rtons. Ce devoir que nous
nous sommes imposé, ne nous a pas néanmoins fait
négliger les plus modernes. Nous y avons eu re-
cours comme aux autres; et souvent ils nous ont
étéfortutilcs pour éclaircirlesdiflicultés. Mais sou-
vent aussi ils n'ont servi qu'à nous en faire naître
de nouvelles, ^ui nous ont coûté de la peine et du
travail à exammer et à résoudre. Quels que soient
ces Modernes, nous avons soin de les citer, comme
xxiv PRÉFACE.
nous citons les Anciens, presque toujours sans élo-
ge, quoique nous profitions de leurs lumières; mais
jamais avec aigreur, lorsque nous sommes obligés
de les réfuter.
Attentifs jusqu'au scrupule à ne la pas altérer
celte vérité, que nous cherchons sur toutes choses,
nous l'exprimons avec lidelité de lu manière la plus
simple, la plus claire et la plus nette qu'il nous est
possible. A une autorité qui 1 atteste, nous enjoignons
souvent une seconde ou plusieurs autres, (pii bien
qu'elles semblent dire la même chose, ne; laissent pas
d'y ajouter quelques nouvelles circonstances. On en
use ainsi alin de mieux constater ce que l'on raporte.
Autant (jue la suite du discours l'a pu permettre, on
s'est attaché aux propres termes des Auteurs (jue
Ton cite. Quelquefois même on en a traduit ou ra-
porte de mot à mot certains endroits tout de suite,
lorsqu'on l'a jugé nécessaire. Hors ces cas on n'a fait
qu'en prendre le sens , et quelquefois seulement les
conséquences certaines et naturelles qui en résul-
tent. Les lecteurs judicieux ne sauroient blâmer cette
conduite, s'ils se souviennent que Ton cite des Au-
teurs, non pour les copier, mais pour servir de preu-
ves et de garans.
On les nomme rarement ces Auteurs dans le corps
de l'ouvrage ; mais on a grand soin de les citer à la
marge. Par là on suplée à la méthode introduite de-
puis certain tems, de charger les ouvrages histori-
ques de preuves iustilicatives en entier, qui souvent
tiennent autant de place que les histoires mêmes, et
qui grossissent extrêmement les volumes. Les An-
ciens, même dans le Paganisme, n'en usoient pas
ainsi. C'est qu'en ces premiers tems on suposoit assez
de bonne foi dans un Historien, pour l'en croire sur
sa parole. On auroit cru lui faire une injure atroce
que
PRÉFACE. XXV
que de le soupçonner de fraude, et de lui impu-
ter ce qu'on auroit rougi de faii-c soi-même. Ce
n'est pas, à Dieu ne plaise, que nous prétendions
blâmer la nouvelle manière de justifier les faits his-
toriques. Quelque homme de bien que l'on suppose,
et que soit effectivement celui qui écrit en ce genre,
son ouvrage est beaucoup plus digne de créance ,
et par conséquent plus capable de faire du fruit ,
lorsqu'on voit qu'il ne dit rien nue sur de bons ga-
rans. Mais puisqu'il est convenable et même néces-
saire d'en donner, il ne l'est pas moins de le faire
d'une manière qui satisfasse le public^ sans lui do
venir onéreuse.
Or nous n'en connoissons point de plus propre à
cet effet, que celle que nous avons choisie en citant,
comme nous faisons, nos garans à la marge, avec une
petite marque aux endroits dans le corps de l'ou-
vrage où se raiM)rtcnt ces citations. Nous avons mê-
me cru devoir les étendre jusqu'aux différentes édi-
tions des ouvrages dont nous avons ocasion de parler.
De sorte que nous n*cn nommerons presque aucune,
que nous n'inditpiions, ou la bibliot()é({ue où elle se
trouve, ou le catalogue qui l'annonce, afin de mon-
trer que nous n'avançons rien sans preuve. Frivole
assujettissement, dira peut-être quelqu'un ! Mais rien
ne mente de passer pour frivole, lorsqu'il s'agit de
faire connoître son exactitude. D'ailleurs nous som-
mes bien aises de faire honneur aux biblioUiéques
que nous avons visitées ou par nos amis , ou par
nous-mêmes , et où nous avons trouvé la plupart
de ces éditions.
Tout cela nous a engagés à multiplier les citations
aux marges de l'ouvrage, et cette multiplicité à les
abréger le plus qu'il a été possible. Mais pour remé-
dier à cet inconvénient qui les rend un peu obscures,
d
xxvj PRÉFACE.
nous avons soin de mettre à la tète de chaque vo-
lume une table alphabétique de ces mêmes citations,
où elles sont expliquées en tout leur entier. On y
marque même les difl'érentcs éditions des Auteurs
dont nous nous sommes servis, afin que ceux qui
voudront se donner la peine de conférer les origi-
naux avec ce que nous en avons tiré, puissent le faire
plus aisément. C'est ainsi qu'en a usé M', de Tille-
mont, cet Historien si universellement et si juste-
ment estimé. Et pouvions-nous prendre un meilleur
modèle ?
Pour une plus grande exactitude , nous aurions
fort souhaité de pouvoir l'imiter en tout le reste, et
nous servir conime lui de crochets, pour distinguer
du texte des autorités que nous aportons, ce (}ue
nous sommes obligés d'y ajouter, ou pour éclaircir
ou pour lier le discours. 11 faut avouer que cette
manière d'écrire, qui est un peu embarrassante pour
beaucoup de Lecteurs, et extrêmement gênante pour
les Ecrivains qui la suivent, ne laisse pas d'être d'une
grande utilité. Tous les Historiens qui ne tirent d'ail-
leurs que de leur propre fonds ce qu'ils raportent,
devroient même l'emploïer. Sans cela ils sont sujets
à induire en erreur la plupart de ceux qui liront
leurs ouvrages , sans avoir une connoissance plus
que médiocre des Auteurs où ils ont puisé. En ce cas
on croit effectivement que les choses qu'on raporte
sur leur autorité, se trouvent dans ces Auteurs aussi
éclaircies et aussi liées qu'on les lit dans le nouvel
Historien. Au contraire en se servant de ciochets,
on fait voir ce qui est des Auteurs originaux, et ce
3ui est de celui qui les emploie pour son dessein. On
onne ainsi à discerner ce qui remonte jusqu'à la
source, et ce qui n'en est qu'une suite éloignée.
Cette considération jointe à l'exemple de ce Grand
Homme qui s'est servi de cette méthode, nous avoit
PRÉFACE. xxvij
déterminés à la suivre après lui. Mais ne voulant rien
faire sans l'avis des personnes savantes et du meilleur
goût, la plùj>arl n'ont pas aprouvc ce dessein; et
nous avons cru devoir acorder à la multitude ce que
nôti-e inclination nous {)ortoit à donner au petit
nombre.
l^i'sipi'il s<» rencontre des difficultés, qui deman-
dent «pieltpie éclaiirissenient. qui auroit ou trop in-
terronipu le til du discours, ou cause quelque con-
fusion, nous en renvoïons la discution dans des no-
tes au Uis des |»ages, où Ton tâche de les éclaircir.
On en us*' «le même à l'égard de certains points de ,
criti<pie, qui ne nicritcnt pas d'entrer dans le corps
de l'ouvrage, et de quel<pies h^çons corrompues (lu
texte des Auteui-s.
Comptant au reste sur l'équité de nos l>ecteurs,
nous en atendons qu'ils voudront bien se souvenir
que nous «'•crivons une Histoiir, et non un ouvrage
lie théologie ou de controvers<\ Ils n'oublieront donc
pas (pie nous nous Inirnons à ra|N>rler des faits, sans
nous engager à répondre des const'iquences qu'on en
|K)urroit tirer. De même lorsque rocasion se pré-
sente de |)arler <les hérésies ou (ies dogmes des héré-
tiques, nous les touchons, sans nous an-êter n les
rauter. Que si quelcpielois nous y o|>osons la doc-
trine de ceux qui les ont combattus, c'est toujours
d'une manière historique, et sans déposer le person*
nage d'Historien. Nous le soutenons ce (lersonnage
dans les OmciU^s comme ailleurs.
Malgré toute l'exactitude dont nous nous piquons,
et tous les soins que nous avons a|>ortés i)our la sou-
tenir, nous ne faisons aucun doute qu'd ne se soit
glissé beaucoup de fautes dans un si vaste ouvrage.
Nous ne sommes point differens des autres hommes;
et nous avons nos ocni>ations comme eux les leurs.
' Nec dubitamus mut ta esse qttœ et nos preeterie^ piin.uut. i.i.p.7.
xxviij PRÉFACE.
rint. Homines enim sumus et occupati offlciis.
C'est ce qui nous engage à siiplier les Savans, par
l'amour de la vérité qui est respectable dans les plus
petites choses comme dans les plus grandes, de nous
faire la grâce de nous en donner connoissance. Ils
verront par l'usage que nous ferons de leurs remar-
ques, que nous ne cherchons qu'à nous instruire de
cette même vérité, qui fait le sujet de leurs veil-
les et de leurs recherches, et que nous ne leur en
aurons pas moins d'obligation , qu'ils croiront nous
faire de plaisir en nous les communiquant. Nous
poussons encore plus loin la confiance.
Lorsqu'il s'agit d'écrire pour la postérité, l'on
ne sauroit prendre ni trop de mesures, ni trop
de précautions. L'on ne sauroit par conséquent
trop implorer le secours des gens de letres et des
personnes éclairées. Plus le dessein qu'on embrasse
est grand, plus on a besoin de cette sorte de secours.
veii. paierc. MuQua ïiegoUa magnis adjutortbus egent. Ceux
que l'on connoît dans l'anliquité avoir travaillé
pun. 1. 6. ep. 16. avcc le plus de soin sur l'Histoire, ' ont eu recours
au même moien pour 1 exécution de leurs projets.
Non contens des manuscrits publics qu'avoient
laissés ceux qui avoient écrit avant eux, ils s'adres-
soient encore aux Savans leurs contemporains
pour en tirer des mémoires instructifs. C'est ce
S n'entre plusieurs autres S. Severe Sulpice, cet
[istorien si agréable, et le célèbre Tacite long-tems
avant lui, ont mis en usage avec un heureux
succès.
A leur exemple nous osons suplier les Savans
de nos jours et les autres personnes studieuses,
qui tous sans doute s'intéressent à la gloire de la
patrie, de vouloir bien nous aider de leurs lumiè-
res et de leurs richesses. Il est moralement im-
possible d'écrire avec exactitude l'histoire des
ïM I 1. 7. ep. 33.
PRÉFACE. xxvix
Grands Hommes de lelres du XVI l siècle et du
suivant, sans le sceoui*s que nous atendons de
leur zcle et de leur politesse.
Nous avons, il est vrai, de grandes ressources dans
les Journaux des Savans , et les autres ouvi-ages He
cette nature. Mais il s'en faut de beaucoup qu'ils nous
fournissent tout ce qui est nécessaire pour remplir
nôtre dessein. Outre qu'ils ne remontent pas même
jusqu'au milieu du XVII siècle, et que le plus sou-
vent on n'y trouve rien sur l'histoire de la vie des
Auteurs, dont ils annoncent les écrits, combien en
laissent-ils dont ils ne jugent pas à propos de parler?
Combien de faits lileraires passt»nl-ils sous silence,
parce qu'ils ne sont pas de leur dessein, et qui trou-
veroient une heureuse place dans le nôtre? Combien
par conséquent pourroit-on nous aprendre d'anec-
dotes sur une si riche matière? Combien de parti-
cularités louchant la personne des Auteurs, et le
sort de leurs ouvrages, dont les Journaux ne rendent
ordinairement compte que lorsqu'ils commencent
à paroitre dans le public? Touchant la personne des
Auteurs, conmie leurs noms au'on ne fait pas tou-
jours connoilre, leur patrie , leur famille, le jour,
l'an de leur naissance et de leur mort, leurs emplois,
leurs liaisons avec les autres Savans, en un mot, leurs
actions les plus mémorables.
La grâce que nous demandons en général à toutes
les pei*sonnes studieuses, nous l'atendons en particu-
lier des divers Ordres Religieux du Roïaume. Pres-
que tous ont déjà des bibliothèques de leurs Auteurs,
où il y a beaucoup de richesses à puiser. Il ne s'agi-
roit que de nous faire connoître les autres Ecri-
vains qu'ils ont donnés à la République des Letres,
depuis l'époque de la publication de ces mêmes bi-
bliothèques. Le service qu'ils voudront bien nous
rendre en cette ocasion, tournera autant à leur pro-
Hx PRÉFACE.
pre honneur, qu'il contribuera à la perfection de
nôtre Histoire. On pourra s'adresser à un des Li-
braires dont on lit les noms au frontispice de cet ou-
vrage.
Quant à la reconnoissance que nous tâcherons de
leur marquer pour le plaisir que nous espérons de
leur zélé et de leur générosité, ils peuvent s'en assu-
rer d'avance . Le témoignage que nous en donnons
ici à ceux qui ont déjà eu la bonté de nous fournir
quelques mémoires, leur sera un gage de celle que
nous nous ferons un devoir de leur témoigner. A
Dieu ne plaise que nous aïons le malheur de tomber
piin.iiist. 1.1.1)8. ' dans le crime qu'un Auteur Païen reprend dans
ces Ecrivains, qui aiment mieux s'exposer à la
honte de se voir surpris à se parei* des découvertes
des autres, que de leur rendre la justice qui leur est
due, en avouant les tenir d'eux. Rien n'aproche da-
vantage du charactcre d'un cœur ingi'at et d'un mau-
vais génie : obnoxii profecto animi etinfelicis in-
genii est.
Nous nous faisons au contraire un vrai mérite de
découvrir les sources où nous avons puisé, et de faire
connoître tous ceux dont nous avons tiré quelques
secours. C'est ce qu'il est aisé d'observer par le nom-
bre presque infini de (citations dont les marges de
nôtre ouvrage sont chargées, par raport aux monu-
mens imprimés dont nous nous sommes servis. Les
mémoires manuscrits mêmes, qu'on a eu la chai'ita-
ble complaisance de nous communiquer, n'y sont
pas non plus oubliés. Ce sont ceux-là que nous ci-
tons sous le titre de Mss.
Déjà plusieurs personnes distinguées par leurs lu-
mières et leur mérite, aïant apris le dessein qui nous
ocupe, ont eu la bonté de nous fournir de cette sorte
de mémoires. Que ne pouvons-nous pour leur mar-
quer nôtre juste reconnoissance, faire quelque chose
PRÉFACE. xxxi
plus digne d'eux, ({uc d'annoncer au public ce que
nous tenons de leur politesse et de leur travaill
C'est dans cette \ uë que nous nommons ici sans
d'autres élog(*s, l)om Matthieu Petitdidier, Abbé de
Senones, mort Evè(|ue de Macra le i 4' de Juin 1 728 ;
M'. l'Abbé Gill>on, Doïen de la Faculté de théologie
de i*oitiers; .M'. l'AblM* Galliot, Docteur en théolo-
gie , (Jianoinc Théologal de TEglise Cathédrale
d'Angoûlème ; M'. l'Abbé de Vawnne, Chanoine
Archidiacre de l'Eglise Cathédrale de Saintes ; M'.
l'Abbé Racine, Chanoine de l'Eglise' Cathédrale de la
Rochelle; M'. rAbl)é Ronianet, Chanoine Theolo-
asA de l'I'^^lise collégiale de S. Martial à Limoges ; M'.
PAbl)é Tronchay, Chanoine de l'Kglise collégiale de
S. Michel à Laval ; M' . (lirard d'Orléans, (^onfi-ei-e
de I Oratoire; Le R. P. Dom Guillaume DurantI, Re-
ligieux reformé de l'Oi'di'e de Cluni ; le R. P. Simon
de la Vierge, Religieux de l'Onlre des Carnu^ en la
maison des liilletcs à Paris, mort depuis quel(|U(^
années; M'. Ma}aud, Docteur et Pi-ofesseur de Drait
à Poitiers.
Après avoir rendu compte des secours (iuejus<iu'ici
nous avons tirés des étrangers, il est del ordre et de
lajusUcede fain* connoitre ceux que nous ont prêté
nos propii»s Confrères.
Le pi*emier et principal, nous le devons aux veilles
de Dom Guillaume Rouss<^>l, cet Ecrivain si poli, dont
le public a reçu avec aplaudissement la, traduction
Françoise des letres de S. Jérôme , qu'il lui donna
en 1704 et 1707, Il avoit entrepris le même dessein
(|ue nous tâchons d'exécuter, et que nous avions con-
çu presciue en même tems (|ue lui, sans savoir qu'il y
pensât réellement. Déjà il avoit disposé des matériaux
considérables |>our mettre la main à l'œuvre, lorsque
nos Supérieurs le chargèrent de travailler à l'histoire
de nôtre Congrégation. Mais à peine en avoit-il tracé
xxxij PREFACE.
le plan, qu'une mort prématurée, qui l'ôta du monde
le 5 d'Octobre 1717, fit échouer ce projet dès sa
naissance , et trancha le cours de l'autre. Il laissa
plusieurs portefeuilles de mémoires sur l'Histoire
Literaire de la France, que nous tenons de la poli-
tesse et générosité de Dom Salomon Patailler son
proche parent, qui en étoit dépositaire. Dom Roussel
n'avoit encore travaillé que sur les derniers siècles
aïant aparemment commencé par ceux-là, parce
qu'ils présentent une moisson plus abondante. 11 avoit
toutefois dessein de reprendre les choses de source,
et de remonter au moins jusqu'à S. Irenée, dont
nous avons trouvé l'histoire ébauchée parmi ses pa-
piers.
Nous avons eu d'autres mémoires considérables,
que Dom François Mery, Bibliothécaire de N.-D. de
Bonne-Nouvelle à Orléans, avoit préparés pour for-
mer une bibliothèque des Ecrivains du Berri sa pa-
trie. 11 avoit déjà presque épuisé ce que les derniers
siècles fournissent sur ce sujets sans être néanmoins
remonté plus haut que le XV siècle, lorsque les mou-
vemens qu'il se donna et le travail qu'il prit trop
ardemment pour pousser l'exécution de son des-
sein, abrégèrent ses jours et lui ôterent la vie
au mois d'Octobre 1723. Nous sommes redeva-
bles de ces mémoires à la libéralité prévenante
du R. P. Dom François Bridon, alors Prieur de
Bonne - Nouvelle et aujourd'hui de Molême en
Bourgogne.
Dom François Chazal, mort le 13 de Décem-
bre 1729, nous a donné plusieurs connoissances,
et communiqué diverses découvertes sur les Sa-
vans que l'Abbaïe de Fleuri, ou S. Benoit sur
Loire, dont il a été Prieur et écrit l'histoire qui
meriteroit de voir le jour, a formés en tous les
siècles.
PRÉFACE. xixiij
LeR. P. Dom Charles Conrade, ci-devant Prieur
de S. Germain des Prés à Paris, aujourd'hui Abbé
de S. Suipice de Bourges, nous a fait aussi le plaisir
de nous envoïerde Rome, où il rcniplissoil alors l'of-
fice de Procureur Généi-al de la Congrégation en cette
Cour, divers mémoires sur quel(|ues Ecrivains Fran-
çois. Il a fait davantage. Il engagea encore le R. P.
Dom Pierre Maloet alors son compagnon, depuis son
successeur, et aujourd'hui Prieur de S. Rémi de
Reims, à nous recueillir dans les premières bibliothè-
ques de Rome les éditions les plus rares des Auteurs,
dont nous parlons dans les deux nremiers volumes de
nôtre Histoire. C'est ce que celui-ci a pris la peine
d'exécuter avec autant de bonté que d exactitude.
Divers autres de nos Confrères ont eu aussi la com-
plaisance de nous dresser quelques mémoires.
Dom Maurice Poucet en particulier, aïant bien vou-
lu dès 1723 s'associer avec nous |>our l'exécution de
nôtre dessein, en a partagé le travail , autant que les
différentes situations où la provipence l'a mis ont pu
le lui permettre, jus<urau commencement de cette
année 1732. 11 est fâcheux que sa santé l'ait aban-
donné au l)esoin, et l'ait obligé d'interrompre ses uti-
les recherches.
Dom Jean Colomb, qui dès 1727 est entré dans la
même carrière , y marche d'un pas ferme, sans que
rien soit capable de rallentir son zélé et son aplica-
tion.
FIN de la Préface.
3 *
xxxiv
TABLE
DE CE QUI EST CONTENU DANS CETTE PREMIERE PARTIE
DU TOME PREMIER.
PREFACE générale. page ;
Table des cilalions, et des éditions dont on s'est servi. xxxviii
Siècles qui ont précédé la Naissance de J.-C.
Etat des letres dans les Gaules durant ces tems-là. \
Pytheas, Philosophe, Astronome et Géographe. 71
Euthymenes, Géographe et Historien. 78
Eratosthenes , Philosophe et Historien. 80
Lucius Plotius, Rhéteur. 83
Marcus Ântonius Gniphon, Grammairien et Rhéteur. 85
Valcrius Cato , Poète et Grammairien. 88
0. Roscius, Comédien. 92
Divitiac, Philosophe. 95
G. Valerius Procillus, Favori et Ambassadeur de César. 97
Telon et Gyarée , Astronomes et Mathématiciens. 99
Cornélius Gallus, Poëtc. 101
Publius Tcrentius Varro , Poète et Historien. iQg
Trogus Pompeïus, Historien. II4
Premier siècle de l'Eglise. Etat des lelres dans les Gaules en ce siècle. 125
Vibius Gailus , Orateur. I45
Oscus, Orateur. I47
Agrotas, Orateur; et Pacatus, Rhéteur. 149
Castor, Rhéteur. 150
Germanicus César. 152
Votienus Montanus, Orateur. 158
Julius Montanus , Poète. IgO
Julius Grxcinus , Philosophe. 163
Claude, Empereur. 166
Julius Florus, Orateur. I75
Clodius Quirinalis, Rhéteur. 178
Ursulus ou Surculus , Rhéteur. I79
Domitius Afer, Orateur. 18t
Pétrone, Poète. 186
Dcmosthcne , Médecin. 208
Crinas , Médecin. 210
Charmis , Médecin. 211
.i^bucius Libcralis, Philosophe. 213
(iabinien , Rhéteur. 2\\
Julius Secundus, Orateur. 2IU
Marcus Aper, Orateur. 218
XXXV
Antonius l*rimuft , Poète. ->.>3
Sairius Rafus, Orateur, et Artaniu , JuriM.-oiMolte. 217*
Agricole , Gouverneur de la gnade Bretagne. 219 *
Second siôrle de l'Eglise. Etat des letrw dana ka Gaules eu ce itiéclc. 223 *
Paulin , Sénateur. Hâ
tieininius , Homme de ielre*. 247
Ruflo , Orateur. 249
A Lançante, Médecin. 230
Saivioti Liberalis, Orateur. 251
Scnlius AuRurinus , fw-ir. 252
Luciuit Annxus Julius FlorUiS , Historien cl IHxHv. 255
Karorin , Historien . Philosophe et Oratoor. 3(i5
MenecFite, Jurisconsulte. 276
Tile Antonin , Empereur. 277
rraoioo, OralMir. 282
CbanMlma et Zenothemis, Jwiaooaaallta. 287
Les prcmieM Martyrs de Lyon. 388
Lea Bcliaaa de Lyoo al de Vienne. 290
rUMie, AatMrdeaadeadaa 88. Andocfae et ses liompafpMNW, Martyrs. 294
I GmcU* de Lyon. 29S
TMiaUaa aiéde de l'BRlise. But des ktrvs dans 1rs Uaoles en t» sk-de. 2i»
S. IrcD^lveaqne de Lyon, Docteur de l'Eglise et Martyr. 321
Antonin OarMalla, Bmpcreor. 353
Gains, Bvesqae des nations, et Oocteor de l'Eglise. 356
S. Hipolytr. Bvéqne, Doctow da llgUae et Martyr. 361
Titien, (ieograpbe, Oniav al Hkttmr. 401
PMaUa, IviafM de Lfo*. 405
9. Martial, ptcider iTca^w de UaMfii. 406
Satomin, Tyran sons Probe. 408
Gams, Bmperw. 411
Nnmerien, Eopermr. 413
S. Eugène, Martyr. 41S
Glande Mancrtio, Oratcnr. 417
S. Grnôs, Martyr k Arles. 423
C IJ
XXXVJ
AVERTISSEMENT
SUR LA TABLE SUIVANTE ET SUR LES CITATIONS
DU LIVRE.
DANS l'obligation que nous nous sommes imposée de marquer avec le plus
d'exnctitude qu'il scroit possible, d'où est tiré ce que nous reportons dans
nôtre ouvrage, nous nous sommes trouvés engagés à charger les marges d'un
grand nombre de citations. Ainsi il a fallu les faire fort abrégées, et par con-
séquent un peu obscures. Afin donc qu'on lespuisse entendre sans difficulté, nous
mettons au commencement de chaque tome une table de toutes les citations qui y
sont emplo'iées. Nous y spécifions même les éditions, dont nous novs sommes ser-
vis, afin que ceux qui les auront, puissent aisément trouver ce qu'ils cherchent
par les pages ajoutées aux citations. On ne met point dans cette table les cita-
tions de l'Ecriture Sainte, parce que, lorsqu'on la cite, on le fait de la manière
ordinaire et connue de tout le monde.
Quand, après avoir cité un Auteur à la marge du Livre, on a besoin d'en
citer quelque autre endroit, on se contente de marquer dans la seconde citation
ce qu'elle a de différent de la première sans répéter le nom de l'Auteur, à moins
qu'il n'y ait un autre Auteur cité entre les deux. Dans ce cas on répète la cita-
tion tout entière. Par exemple, après avoir mis à une citation Tac. an. 1. 8.
n. 3. Si l'on a besoin de citer ensuite le livre troisième et le nombre quatre, on
mettra seulement 1. 3. n. 4. Si c'est quelque autre ouvrage du même Auteur,
comme ou son histoire, ou la vie d'Agricola, on mettra, hist. 1. 1, n. 1. ou,
vit. Agr. n. l. et ainsi des autres. Mais si entre ces citations du même Auteur,
on est obligé d^en citer un autre, alors on répète. Tac. hist. 1. 1. ou. Tac. vit.
Agr. Quand nous citons plusieurs bibliothèques de suite, ce qui arrive lorsque
nous faisons le dénombrement des éditions d'un Auteur, nous marquons dans la
première citation Bib. et aux suivantes nous substituoris quelques points à ce mot
pour éviter la répétition. Par exemple après avoir cité la bibliothèque du Car-
dinal Barberin en cette sorte, Bib. Barb. l. 1. p. 25. et que l'on cite celles de
M', le Tellier, de M'. Baluse, etc. on le fait ainsi Tel. p. 20 Ba).
t. 1. p. 30. etc.
Quand nous citons plusieurs Auteurs, ou plusieurs endroits d'un même Au-
teur sur un même lieu, nous le distinguons par une barre | .
Chaque citation tommence à l'endroit oit l'on trouve marqué ou un petit trait,
ou une letre de l'alphabet.
Nous citons en latin les ouvrages latins, et en français les ouvrages français.
Le p. marque indifféremment les pages, les feuillets, ou les colonnes qui ont
leur chiffre particulier.
AVERTISSEMENT. XXXYlj
1 . MM mprtê U ekiffr* de la f§t, t$t fO*r l« pnmiirt eatoMM M* i« reeto àm
ftvilUu ; et t. tm pour 1$ reno, <w pour la MraiM(< eoUm$u 4ê Im fcg*.
app. Ml emploie pour ippeDdix, lortqu'U *$t précédé tu» nom d^ Auteur.
c. devait Ut page marqu» e« le Aapîtrt ou FartieU.
1. lignifie le Hvre, hormis dan$ le$ eitoHonê de» Cadet, où il marque la loi.
m. «f pour atarqmtr Ut divtrt nomkret om nwmtrot de» livrt* ou du pagtt.
pr. tigni/U préface, pnU§omémn, o» aoartittewtent qui «onI A la tite det
L — rfm If IMM 0» U partit dt Couvrage cité, kormit dont Ut Codtt, oi il
tàgaàflt Ût Htrm fid part»$mt Ut Horet. Ib. ou ibid. yowr ibidem tignifU, qumd
il ut ttml, fM la HtiMam prdeddtmte ut encore pour ut endroit.
ÊSH^mtn Iw akàffrUt mit dm ckapilru, mit du pagu, eu., U u rencontre
«MyaMf Ugm, par MWiyli t. i-S. p. 3-10. er<« ei§aifU que et que l'on rs-
porté ut trait» dont tam lu ihapitru f«i tomt dtpmit U prtmiir jutgu'ma c«»-
f«*<M«, et daeit tamtu lu y^fM dtfmi» i» tnitiëmt /<Mf«'A la iixiémt.
I
XXXVllJ
TABLE
DES CITATIONS CONTENUES EN CE PREMIER TOME
AVKC F-ES ÉDITIONS DONT ON s'eST SERVI.
A
Aci. lari. » OTA primoruni Mapivruin sincera et sclecta , à 1). Theodorico Rui-
A. nart. Parisiis, im. 4-.
A(io,chr.an.4ti. Adonis Viennensis Archiepiscopi breviarium chronicorum adannum Hi
et sic de caileris, in bii)liotheca Patrum, tom. 16. Lugduni, 1677. loi.
.*gi. I. 4. c. II. Pauli iEgineta; de re niedica lib. -i. cap. H. et sic de cieleris, inler raedi-
cœ artis principes, etc. t. i. parle i. Paris, 1567. fol.
A8i. I. 7. Aijlii Medici gneci coniracU»- ex vctcribus medicinœ lib. 7. Lugduni ,
loti), fol.
Agob. app. Appendix ad opéra S. Agolwrdi Archiepiscopi Lugduneiisis. Paris. 1666.
8°.
\nib. S. Ainl)rosii Mediolancnsis Episcopi Opéra in. ± tom. distincta. Parisiis,
1680 et 1690. fol. Sic autcm ciUintur :
deAbr. de Abraham, tom. i.
act. Aq. acta concilii Aquilcïœ, tom. 2.
«dm. admonilionos variai in fronte uniuscujusquc Iractatûs.
apo. Dav, apologia David, t. i.
app. appendix ad caiccm Uim. 2.
in Au<c. in Auxenlium, t. 2.
,io iwn. de bcnediclionibus Pàtriarcharura, t. i.
de bon. moi. dc bono mortis, t. I.
Je cain. dc Gain et Aboi, t. i.
(le Elia. dC Ëlia, t. U
op. I. cpistola I, et sic dc ca'tcris, I. 2.
cxli. Virjt. cxhortjjlio virgiiiitalis, t. 2.
«le nu. 1. 1. de fide lil). i. cl sic dc cet. t. 2.
defug. de fuga Sxculi, t. i.
hcx. 1. 1. hexacmerum, lib. i. et sic dc c>ct. t. 2.
hymn. hynini, t. 2.
(loJac. dc Jacob et vita bcata, t. i.
du Inc. de incarnatione, t. 2.
inst. Virg. instituUo Virginis, t. 2.
de Job. de intcrpellatione Job et David, t. i.
doJos. de Jose|)h Patriarcha, t. i.
(le Isa. de Isaac et anima, t. i.
Up. Virg. de lapsu Virginis consccratic, t. 2.
in Luc. cxpositio Evangelii secundum Luami, t. i.
demyst. dc mysteriis, t. 2.
tkKab.
•I« ob. Th.
•le ob. Val.
J« oir. 1. 1.
4>PM.
4*piN.
F-
1.P..I.
d*r.-s.
4*8^
Sir. 1.
•b Sp. >• *•
4*Tob.
éê\ii.
et Vir*. 1.
Vil.
A«. cril. 1. 1.
TABLE DES CITATIONS. xxxix
deNabuiho, t. (.
de obilu Tlieodosii, 1. i.
do obitu Yalentiniani, I. 3.
de offidis lib. I . cl sic de («t. 1. 2.
de paradiso, t. 1.
de iKenitenlia, t. i.
pnrfalioiie^tomi t. et 2.
in pulmuin i, et sic de cMcris. 1. 1.
de rcsumxliooe. l. i.
de exceua fintris wi Saiyh, i. i.
Sem» 1. ia pnliDuiu i 18, et sic de cal. 1. 1.
de Spiritn SÛtdo lib. f . ri sic de nrt. loni. i.
deTobia, tom. 1.
de Viduis, (. t.
de VIrginibas lib. 1. e( sic de art. obi vero I. non addiior, est de Virgi-
niiate, t. i.
Viu per I^aalmoni ad calcen I. S.
Les Aménités de la chliqne, ou dissertalioas et ranarquos nouvelles sur
divers points di- ranli«|uilé, tom. I. ii*. A Paris, i717.
* '■ '^- Aromiani Marcellini rcrum gestanim lib. 15. et sic de ca-l. Parisiis, 1081.
fol.
M. BOl« ab Adriaoo Vaketio in etundem colleclc.
■ ft. Ad Locium Am|idinm pri'blio Salroasii , e\ edilione Amstelod. 1G74. 4*.
\a>h. lop. Bri. Vah ni Andréa- lopoin^pliia iklgua m froiilc btbliotheca- Delgicc ejnsd.
Aoci. Lovanii. l(iU. 4*.
AM»i. fur. Josephi Antelmi de iniliis eccksia: Forajuliciuis diaserlatio , etc. Aquis
Scktiis, 1680. 4*.
*»»f.lm. de veris operibas SS. Patram, Leoai» Magii et Prosperi Aquil. disser-
tatione5 crilicx, etc. Parisiis, 1(M9. 4'.
)b Sya. de Sjrmbok) Alhanasuiio nova disquimlio. i>ansiiK, Hi'.Ki.
AMi-Bail. 1. 1. Aoti-fiâilU'l, OU critique du livre de M'. Bailiel intitulé Jugemcns des Sa*
TIM. PirM. Ménage, I. i. A h Haye, 1600. if.
AaiMi. .Vntidolon contra dirersas omnium fprr svcalomm harcses. Basile.1-, 1528.
fol.
Apoi. arf. e. 4. Scholia vetu-sta in A|iollonii Hhodii argonauticon lib. 4. I*arisiis, 1574.
Scb. fol.
Apo. iIm PP. I. I. Apologie poar les S6. Percs de FEgiise Déienseors de la grâce de J. G. 11-
r. I. vre 1, ou partie praniere, eh. on article 1 ; ainsi des auircs. \ Paris,
4651. 4*.
Apfi. bib. PP. 1. 1. Appantu ad bibliothecam maximnm TCtemm Patram , Aurlore D. Ni-
colM le Noarrv, t. I. et sic de i. l>arisiis, 1TU3. et 1715. fol.
App. bal. Cal. Appiani Alexandrin! de bellis GalUcis cpitome, inter ejusdem opéra. .\m-
sielod. 1670. K-.
Arrb. pit. fa(. t. L'abbé Archimbaud , recueil de pièces fugitives d'histoire et de literatu-
4- re, tome i. A Paris, 1717. H"
An. ia pa. ST. Amobii Junioris commentarius in Psalmum 37, et sic de raieris, in bi-
bliotheca Pairum, I. 8. Lugduni, Ifn7. fol.
■^••1. condictus de Dro trino, etc. ibid.
xl TABLE
not. note Feuardentii in eumdem, ibid.
pr. prafatio, seu prologus in fronte ejusdem operis.
Ath. S. Athanasii Archiepiscopi Alexandrini opéra. Parisiis, 1698. 3. vol. fol.
Sic autem citantur :
apo. in. Ar. apologia contra Arianos .
apo. adConst. apologia ad Constantium Imperatorem.
apo. fug. apologia de fuga sua.
ep. ad. Ep. /Eg. epistola ad Episcopos ^Egypti et Liby».
ep. ad. mon. epistola ad Monachos de historia Arianorum.
deSyn. de Synodis.
Aih. (ieip. I. 2. Athensei deipnosophistarum lib. 2. Lngduni, 1657. fol.
Auct. ant. lat. Auctores antiqui iinguae latins, ut Nonius, Marcelius, etc. l.o95. fol.
Aug. s. Aurelii Augustini Hipponensis Episcopi opéra. Parisiis, 1679-1700.
fol. Sic autem citantur :
app. varise appendices.
de ciT. de Civitate Dei, tom. 7.
conf. 1. 1. Confessionum lib. i. et sic de csteris, t. i.
coDj. ad. de conjugiis adulterinis, tom. 6.
Cons. Er. de Consensu Evangel. tom. 3.
inCres. contra Cresconium, tom. 9.
de cnr. mor. de cura gcrenda pro mortuis, tom. 6.
doct. cbr. de doctrina Christiana, tom. 3.
encb. enchiridion de fide, t. 6.
ep. n. epistola â5 , et sic de cxteris, t. 2.
gest. Pei. de gestis Pelagii, t. 10.
de gr. Cbr. de gratia Christi, t. 10.
hier. 41. de tiseresibus, hxresi il. t. 8.
in Jai. in Julianum, t. 10.
denat. etgr. de natura et gratia contra Pelagium, t. 10.
op. im. opus imperfectnm contra Jalianam, t. 10.
in Par. contDi Parmeniannm, t. 9.
in 3. ep. Pel. coHtra duas epistolas Pelagianorum, 1. 10.
retr. retractationum lib. t. 1.
ser. Sermones, t. 5.
«npp. Supplementum, ibid.
de Trin. de Trinitate, t. 8.
Vil. Vita per Possidium, t. 10. in fine appendicis.
Avit. ep. 4. S. Alcimi Avili Viennensis Episcopi epistola 4. et sic de cjeteris, inter
opéra varia Jacobi Sirraondi S. J. t. 2. Parisiis, 169$. fd.
rog. bomilia de rogationibus, ibid.
Anm. Tradition de l'Eglise sur l'aumône Chrétienne et ecclésiastique. A* Paris,
1631.
Anr. Vie. c«i. Scx. Aurelii Victoris de Cssaribus inter ejusdem opéra. Paris. 1681. 4*.
epit. epitome, ibid.
Am. D. Magni Ausonii Burdigalensis opéra. Amstelodami, 1671. 8».
Ubi vero F. additur, agitur de editione ultima a D. Juliano Floride, et
D. Johanne Bapt. Souchay adornaU, Parisiis, 1730. 4. Sic autem ci-
tator :
dissertatio
DES CITATIONS. xlj
I
diss«rtatio Editons.
Cm. de Cxsanbus.
MM. gratiarum aclio pro Consulata.
•deg. eclofrjrium .
•dyt. I. edylliuin i , et sic de caeleru».
•Pl I. episiuU I, et sic de caeteris.
«fh*. ephemem.
•pi. I. epigraoiina i , et sic de oMm.
■fie. epiccdiuiu 10 patrem.
hM*. heroum epilapbia.
•M. mosella , seu edylliuiB 10.
fu. c. I. parentalia, carœeii, seu cap. t. et sic de cxieris.
pr. pnebtiooes varie.
rro(. c I. Comineinoralk) Professorum Bordigalensium, c. i. et se de ccteris.
prou. pratrefMkoo ad ocpolcn.
Uf. ladns se^tm Sapientam.
«k. ordo DOlitliuiu urhiam.
B
»M.m-f^ iM- Adnen Baillet. Jogeimnt des Savu», Poètes latins, tome 6. A Paris,
4BMtt. ^f'.
P(4i. deapr^iagémaaioinel. A iMiis, 168S. 1«>.
sa. AoéL SB* }ov d'Aoèl, et au»! de» autres, dan» les nés des Saints. A Paris,
17(M.M.
ta. i«a. 1.f joar de Janvier, ainsi àa antres.
•a. Jaii. iS* jour de Juillet, ainsi des autres.
u. Jaia H' jour de Juin, ain.si des antrea.
sa. Mai. j9* jour de )(ai, ainM des autrea.
n. Hmn. f^* jo«r de Mars, ain.si des autres.
16. Nov. 18* jour de Novembre, ainsi des antres.
tÈ. Uf. •if jour de Septembre, ainsi des aMna.
Mb.ott. Table critique à U tète de cbaqne mois.
Bal. coM. Stephani Raluzii nova cullcctio Conciliorum. Parisiis, 1683. M.
■Uc. 1. 1. miscelbneoruii) loin. 1. t-l sic de t5Pleri.s. Paris. 167H-1"13. 8*.
•w. M- las. a. Eniin. Cardinali.s Baronii annales, ad annum 36i. nom. 245, et sic de «-
«4S. teri.s. Antnerpic, 161i. fol.
Anb. TiL s. Ambrosii vita, in fronte ejnsdem opemm. Paris. 1643.
Ha*, ep. \5. S. Bosilii .Mafrni Cxsariensis Episcopi epislola S8, inter ejuiidem opéra. Pa-
ris. 1«37. fol.
Bay. A. Bayle, dictionnaire historique et critique k la letre A, el ainsi des autres.
A Roterdam, i7i5. fol.
B«i. bût. 1. I. t. Veaerabtlis Beda; Anglo-Saxonis Presbyteri hisloriz ecclesiaslicae genlis
*o- Angiorum lib. 1. cap. 10, tom. 3. eju^ideffi openun. Colonia: Agrip-
pinae, 1613. fol.
da oMir. de arte œetrica, tom. 1. Ibid.
à» iMp.c. 4t. de temponim ratione cap. 49. tom. i. Ibid.
f
xlij TABLE
lien. rog. c. 13. S. Bcncdicli régula, cap. 13, et sic de caîleris. Parisiis, 1663. 8".
^•^r^- Abralianii Berkclii coniinentarius in Stephanum Bvsantinum do urbibus.
Lngd. Batav. 169t. fol.
"•'•• Bibliothèque. Celles dont nous citons les pages, sont celles dont les dia-
logues ont été imprimés. Lorscpie nous no marquons pas la page, il s'a^
git des vai.sscaux mêmes des bibliothèques que nous avons visitées nous-
mêmes, ou par le moicn de nos amis. Voici comme on les cite.
s. Aib. Aiiii. ablwtia S. Albini Andegavensis, ordinis S. Bcnedicti c congregaiionc
S. Jlauri.
ao.ctmoJ. 1. 3. ancienne et modcnie par Jean le Clerc, lom. 3", et ainsi du S', et du
12*. A Amsterdam, 17lo-i7li). 1:2".
^'f- Angelica, sic dicta ab Angelo Roca fundatore, nunc magni conven-
tfis Romani RR. PP. Eremitarum ordinis S. Augiistini.
L'ai. r. I. Baluziana, seu catalogus librornm V. C. I). Stephani Baluzii Tutclensis.
tom. 1. et sic de c;cteris. Paris, 171!). if.
l'="''- '• '• Barberina, sciliccl D. Francisci Barbcrini S. R. E. Cardinalis, Vicecan-
cellarii, etc. tom. i. et .sic de â. Roma-, IGol. loi.
"«""• Bodlejana, seu catalogus impressonim lib. bildiothccie Bodlejaiia- in aca-
demia Oxoniensi. Oxonii, 107 i. fol.
Cas. Ucn. abbali:e Casalis Bcnedicti, vulgo ChezaI Benoit, ord. S. Rencd. e con-
greg. S. Mann.
t'a«"'- Casanatcnsis Roma-, sic dicta ait Em. (lardinali Casanate fundatore,
nunc RR. PP. Doininicanorum coiiventùs Minerva'.
(:;ii. Vieil. Crlcstinorun) Vichicnsium, vulgo de Vichy.
*''^'*'- GoJsliniana, olim Segticriana, sivc manuscriploruui omnium qua^ in a
occurrunt accurata dcscriplio, etc. Studio D. Bernardi de Menlfau-
con. Paris, 1715. fol.
«;««». i.l. Colbertina, seu catalogus librorum bibliothecar qua; fuit primum illust.
V. D. Joan Baptiste Colbert, etc. Parisiis, 1728. 3. vol. 12".
Conl. Cord«siana, Paris, l(i43. i".
>xt\. eccicsiasiica, in (pia continentur de .'x;riptoril»us («clesiasticis S. Hiero-
nymus, Gennadius Massilicn.sis, etc. Hamburgi, 1718. fol.
D. Ftuil. !>• Joachimi Faultricr Abbatis B. V. Arduenncnsis et S. Lupi, etc. Paris,
1700. 8".
b. Kio. I). Florens, 4". |sinc clironicis notis.J
s. Fio.Sal. abbati:e S. Fiorontii Salmuriensis, ord. S. Benedicti e congregatione S.
Mauri.
S. Ct'i III l'ai. S. Germani Pai'isiensis, vulgo S. Germain des Prés,
llinp. Hispanica vêtus, auctore Nicolao Antonio His|)a!ensi, t. 1. Roina<,
IGOG. fol.
Imp. D. Josephi Renati Imperialis S. R. E. Diaçoni Cardinalis. Roma-, 1711.
fol.
s. Jul. Tui. abbatia> S. Juliani Turonensis, ord. S. Bcnedicti c congrcg. S. Mauri.
Koii. biblioïKilium Konigianum, sivc catalogus lib. etc. Hamburçi, 1722. 8".
D. Loreli D. de I^rchcre, Lieutenant Général du Mans, qui l'enrichit de jour en
jour de livres curieux et choisis.
Liigj. Bat. Lugduno-BîWava, seu catalogus librorum tam impressorum quam ma-
DES CITATIONS. xliij
nnscriptoniiu bibliothecr publie»' Uairersilnth l.upduriO-n.it.-)v:i>
Lugduiii aiiud Batavos, ITIti. fui.
Mai. MM. abbatia- Majoris tnona.slcni, vulpo Marniouticr. proi>c Turoncs, orj.
S. Ik'nttlicti f coHgn'jç. S. Mauri.
ablolBP U. MailT de Ebroaio , vulgo d'Evron, ord. S. B<'ncdicli e con-
gr^. S. Maori,
abbatic S. Maori super Ligerini , ord. S. Beiied. è con(;r. S. Mauri.
iratniin Minonim CaoaMMMiuni.
SfiMMoarioruiii OaooMHMHiBn) , cuju» suppellcx et omalus ad slu-
° diuni t1 curjiu l> de la VilU> Su|ienohs referenda siinl .
Oralorii Claroiiioiitaui.
U. Cardinali.1 Ulloboni Roina'.
vrtcniiu I*alruiu et Aiiliquoruui .-^ ri|>luruiii Ecdcsia.'itiroruin, ilr. t. i.
et SIC d.' (M'ieH*. I.iigduni, Iif77. *7 vol. fol. Ll»i vero I' nddilur,
tlaignat biltiioUKrain l'airiitii l^irisunseni niini lUti.
A. PM. Bar;. abbali» S. l>e(n Ourcoben-Ms. vul|;u Uourgucil . ord. S. Ikuied. e congr.
S. Maori.
s. Pm. j.- Cul. , ahliali». S. I' r ^ Coharj . voljin b Coatn^• . Gcnonnni . ord. S. Re-
ncdicU t S. < Muiri.
S. Pm. Mm. S. Tetri Muii.M< imumn . vulp) S. PiemvMoulier. oril. (•iuniaeenKi<(
H. Pnnl.O«. fralrum Prrtiiralonini *'.i-ii(NnaiH-iisiuiii.
ff. Piwl. Laval. fralruiu Predicatonitn Uivallensium, volgodc l^ival.
i.im%.hm\. ablalix* S. Ser^ii .Vndo^avcnsis , uni. S. Uem-dicli e coiigr. S. Mauri .
■M*. SilT. UHHMirterii SilviDiac«.'nsiN, vul^u Souvi|;iiy, onliiiis ('.liiuiacen^is.
H. Siofli. Niv. S. Slc|>hani ^'lVt■^li^tlM^. onlinis ('.limiaci n^is
S.M^M. altbalix S. Sul|Nlii llitiiri<i»Ms . unbiiis S. |l4iii-li<ii c roain^,;aliitnc S.
B. M.iUCI.r
S. Iba.
rr. Mia. C^Q.
U.»* Cil.
«rjl. n-r.
IMiob.
PP. 1. 1
T«4». Tclh>riana , sivc ralalo^us lilMwam hilJiolhen* I). Maurtrii le TelUer
.Vn-hit-p. hcincnsix. pari-i. itSKi. fui.
Tlia«. Tliiinru. I»anv UHit. K-.
Valltr*!. Vulbivlluiia, MC di< li ali ctriesta bujusce loci, qua* MC ab aniiquo a|>-
pelLilur. nnnc l'I*. Oratoni S. hiilippi Nerii Ilmar.
VaiK. Vaticana Roocr.
s. Via. t>a. abbalia.' S. Vincenlii IkmoinaiiensiA, ord. S. Bcocdieli e renier. S. Mauri
liioail. S;h. I. i. [tavid nioildcl. des Sibvlles el des livre» qui portent Itur nom. A CJiarcn-
tuii. Kii'.M*.
Bioa. C«o». auri. Toiiiaî l»o(>|»e Blouii Ceiisuni relcbriurum aucloruiii, etc. Geiicva-, HVM. {•.
B<>ia. bib. iit..i. Pauli BolUuani Ubhollieca hLstorica, Mve elcocbu^» ijcriploruin historicn-
rom, etc. Lipaia>, lOiO. i'.
DoU. AcU Sonctoruin etc. cura lohannis Rollandi ac sociorum cjus, S. J. An-
laorpic. <ti{;)-l7:2U. fol. Sic autem cilmlur.
*> Ap- dieio .Kphli.s, et sic de ca;teri.s.
a Feb. die i8 Pcbruarii, et .sic de exleri.<.
t3 Jin die 13 Jannarii, et sic de cxieris.
■iluB. die 3 Junii. et sic de cx-tcris.
!» ■•'■ die 29 Maii, et sic de cateris.
•■» ■•' die 3 Blarlii •H sic de caHcris.
f ii
xliv TABLE
Bon.not. auct. Johannis BonaS.'R. E. Cardinalis notitia auctorum et librorum, in fronte
ejusd. libride divina psalmodia, etc. Paris. 1663. 4°.
Bor. rech. Gani. Pierre Borel dans sa préface sur lethrésordes recherclics et antiquités Gau-
pr. loises et Françoises, etc. A Paris, 1635. 4".
Bosq. 1. 1. Francisci Bosqueti Ecclesiae Gallicanae historiarum lib. i. et sic de ca'teris.
Paris. 1636. 4°. .
Boaeh.an.i.i.c.io. Jean Bouchet, annales d'Aquitaine liv. i. ch. 10. A Poitiers , 1524 fol.
Bout. mon. Charles Bouteroue Conseiller en la Cour des monnoïes , Recherches eu -
rieuses des Monnoïes de France. A Paris, 1666. fol.
Bach. iEgidii Bucherii Atrebatis S. J. de doctrina temportim Commentarius in
Victorium, etc. Antuerpis, 1644. fol.
Bnit. hisi. Occ. t. Louis Bulteau de la Congrégation de S. Maur, histoire monastique d'Oc-
s. cident.ou abrégé de l'histoire de l'Ordre de S. Benoit, etc. A Paris,
1684. 4°.
Cais. bei.civ. 1. 1. Caii Julii Caesaris de bello civili lib. i.et .sic de cateris. Amstelodami,
1661 et 1670, 8".
bel. Gai. 1. i. de bello Gallico lib. i. et sic de ca'teris. ibid.
CsEs. hom. ■£-,. s. Caesarii Episcopi Arelatensis homilia 25 inter CTteras ojusdcni , tom. 8.
bibliolhecœ Patrum. Lugd. 1677. fol.
vit. t. I. vita inter acta Sanctorum ordinis S. Benedicti , tom. i. seu .saîculo i.
Parisiis, 1668 fol.
not. notx in eamdem.
Canis. 1. 1. Canisil antiquae lectiones tom. i. et sic de caeteris. Ingolsladii, 1601 . 4».
Ubi vero B. additur. désignât idem opus a Jacobo Basnage recusum,
Antuerpis, 1725. fol.
Ctssd. cbr. Magni Aurehi Cassiodori Senatoris Chronicon, inter ejusdem opéra, i.
Rotomagi, 1679, fol.
ep. I. epistola prima lib. 2. variarum, et sic de CTteris, loin. t.
inst. de institutione divinarum litcrarum^ tom. 2.
not. nota ibidem affixœ.
pr. pnefatio.
il. pg. Il in psalmum ii, et sic de cxteris, tom. 2.
Cass. col. i Johannis Cassiani collatio i, et sic de caeteris, inter ejusdem opéra, Atre-
bati, 1628. fol.
de inr . de Incamatione contra Nestorium.
jMi. institutiones seu de institutis canobiorum.
pr. variae praefationes, seu prologi.
vil. vita per Josiam Simlerum inter scripta veterum latina adversus-Nesto-
rium, etc. Tiguri, 1571. fol.
c,y, Guillelmi Cave Scriptorum Ecclesiasticorum historia literaria, etc. Gene-
vae. 1705. fol.
cimri». insi. gram. FI. Sosipatri Charisii inst. gram. I. i. Basileae 1551. 12" .-
ciiar hist univ Histoirc universelle par Jaques de Charron sieur de Monceaulx. A Paris,
1621. fol.
ciior. 1. 4. ?. u. Nicolas Chorier, livre 4, § 14 de l'histoire générale du Dauphiné. A
Grenoble, 1661. fol.
DES CITATIONS. xlv
Ckor. po«. Chonis PoMniin chssicornm duplex , sacroram et probnorum. Lugdu-
ni. 1616. 4-.
Ck. pro Arcb. M. TullQ Ciceroois oratio pro Archia Poêla, inter ejasdem oraliones. Am-
slelod. 1696. 8*.
•dAu.l.«.fp.«. ad Pumpunium AUicuin lih. i. ep. 6. Ibid. 168i. 8*.
d* dtr. (le divinatiooe, ei editionc Dionysii Lambini. ParisiLs, 1566. fol.
f. ^^. I. <t. epistola 1S. Ub. 9. ad bmilians. Amslelodami, 1684. 8*.
pra rtae. MoLacio Flacco. ibid. 1696. 8*.
fa(. vafinenta, ad calcem tonni 4 editioni.<« Lambiniaiue.
et 0. de Oratore lib. i. et sic de caHehs, ex editione Oionysii Lambini.
d» d. Ormi. de rians Oratoribus. qui est Brutu». Ibid.
•. pbu. in Aotonium Philippica 8*. et àc de 13. Amstelodami, 1608. 8*.
pr« Qiiài. pro Publie Uuinlio. Amstel. 16B9. 8*.
pra Q. Kos. pro Q. Rosdo CooMBdo. Ibid.
a. ■. •!••■. I. I. Mainerti Cbudi.ini de nalora anima* lib. i. el Aie de crteris. t. 6. biblio-
Ihecx I>alnim. Lugdun. 1677. fol.
•dSap. epistola ad Sapaudum, lom. 6. naLvellaoeorain Stephani Balaai. Paris.
1713. 8-.
a. pu. 4. Chudii Qaudiani panegyric» 4. wu de quarto Goosulatu Honorii Augn-
lUi, mler estera eimàmtopen. Amsteiod. 166S. 8*.
ra^rrMJ.t.pr. de ra[)(u Prowrpiiu' lib. i. pra-fatio. inler ^u-sdem opéra. Paris, 1677. 4*.
te Kaf. in Rufinum.
cim. ai. s». 1. 1. aementis Aleundrini Stromaturo lib. i. inter ejand. opéra gneca et lati-
na. Parisiv 16tl fol.
cim. ••■«•. i.i. Oeoiaedis de mumlo, sive circalahii inspectioois ■Mteoromm lib. i. cum
Prado de Spbjera, etc. Baailec. 1547. 8*.
CM. ih. p. I. la. Codex Thcodosianns lib. 9. tit. 16. lege i. et sic de oeteris. Lugd. 1663.
•• »• foi. TOI. 8.
f"- protopocraphia, tom. 6.
•ff ■ appeodix codids Tbeodosiani a Jaoobo Sirmnndo édita , lom. i. cjusd.
Sirmnndi variomm openiro. Paris. 1686. fol.
CM. Nf . Codex regulamm , etc. collectus olim a S. Benedicto Anianensi Abbate,
et a Lan Holstenio m lacem edilus. Parisiis, 1663. 4*.
"*»• appendix , in qiu SS. Patrum exhortationes ad MoMdwa et Virgines ,
etc. Ibid.
f- pnebtio in fronte operis.
Cal. ad c«i. g. Criestini Papae epistola ad Gallos inter Prosperi opéra. Paris, 1711. fol.
Col». 1. 1. 1. 1. Lncji Jnnii Moderati (/ilumeibe de re mstica, lib. i. cap. i. cum M. Ter.
Varroue et Palladio RoUlio. Paris, 1329. fol.
Ctmt. 1. 1. GoodUi ad regiam editionem exacta. studio Philippi Labbaei et Gabrieiis
Gomrtii S. i. ton. i. et sic de cxteris. Parisiis, 1671. fol. ( Il est im-
portant de remarqner, que dans le 4* tome les pages 1029 et suivantes
ju.squ'à la 1080 inclusivemenl , sont répète. Ainsi comme nous les
citons souvent, si on ne les trouve pas en un endroit, il faudra les cher-
cher en l'autre. Lorsque nous citons d'autres éditions que celle du P.
Labbe, nous avons soin d'ajouter une letre majnscnle , qui indique celle
dont U s'agit, comme nous en donnons ici des exemples, j
xlvj TABLE
0. i. I. Concilia antiqua Gallia^, curA Jacobi Sirinuijdi, toni. i. Paris, 1629. fol.
R. i. I. Colleclio rcgia, tom. i. et sic de ca'teris. Parisiis, 16ii. fol.
supp. Conciliorum antiquorum Gallisc a Jacobo Sirmundo S. J. editorum sup-
plcmenta , operâ et studio Pctri Dclalande Ricomagensis, etc. Pari-
siis, 1606. fol. * .
Conc. II. ep. Conciliorum Itali» anno Christi 381 cpjstola', a Jacobo Sirmundo édita»,
tom. I. ejusd. Sirmundi operum. Parisiis, 161)0. fol.
Crin. p»)o. lai. 1. 2. Pétri Criniti de Poëlis latinis lib. 2. et sic de o-l. cuni ejusdem libris de ho-
nesla disciplina. Lugd. 1043. 8".
Oyp. cp. fi-. S. C-ECilii Cypriani Episcopi Cartliaginensis o( Martyris epistola 07, intcr
ejusdem opéra. Parisiis, 1720. fol.
noi. notai ad calcem ejusdem operum.
I)
Dam. car. 9. S. Damasi Papaj carinen 9. inter ejusdem opéra, tom. 27. bibliolhcca' Pa-
irum. Lugduni. 1677. fol.
Dama^. p,irai. S. Johannis Damasceni Monaclii et Prcsbylcri sacra parallcla, tom. 2. ejus-
dem operum. Parisiis, 1712. fol.
Dof. (le La.i. Dtff(!nse des sentimens de Lactance sur le sujet de l'usure. A Paris, 1071,
12°.
Diai. (leOr. Dialogus dc Oratoribus, sivc de causis corrupla' eloquenliaî, ad calccm
operum C. Tacili. Amstelodami , 1C8S. 8".
Dio I. (io. Dionis Cassii Romanarum hisloriarum lib. 00, et sic de cœleris, ex Guil-
lelmi Xylandri intcrpretationc et editionc Henrici Stephani, 1391. fol.
Dio. ciiry. or. 40. Dionis Chrysostomi oralio 19. inter ejusdem oraliones 80. Parisiis, 1004.
fol.
Dio.l. 1. 1. I. r,. Diodori Siculi bibliotliec» historica; lib. 5. tom i. Hanovria-, 1604, fol.
Diog. Nil. pli. nioj!,enis Laërlii de vilis , dogmatibus , etc. Piiilosoi)horum. Amsteloda-
mi. 1092. 4". ',■■:
iioi. iEgidii Menagii noUe, seu observationes. Ibid. tom. 2.
Diib. liisi. écries. Gerardi Dubois Aurelianensis congregationis Oi-aloi'ii , etc. liistoria Ec-
l'ar. clesia^ Parisiensis. Parisiis, lo90. fol.
Du-Chosn. I. I. Andréa! l)u-Chesne liistoria; Fraiicoi'um Scriptores, etc. tom. i. Parisiis
1030. fol.
Dupin. l>ii). 1. 1. Nouvelle bibliotliéque des Auteurs Ecclésiastiques , etc. par Mcssii-e Elic.
I)u-Pin, tom. i. et ainsi des auti-es. A Paris, 1087- 1702. 8".
Efu. BhI. i. I. Cajsaris Egassi Buhei historia Universitatis Parisiensis, tom. i. Parisiis, 1663.
fol.
Emis.s. liom. i. Eusebii Emisscni humilia i, et sic de ca-leris, ad calcem aliarum sub ejus-
dem nomine cditarum. Parisiis, 1573. 8°.
Enn. I. 2. ep. fi. Magni Fclicis Ennodii Episcopi Ticinensis lib. 2, epist. 6. et sic de GHeris,
iiitcr ejusdem cpei-a , ex editionc Sirnnmdi. Parisiis, 1011. 8".
car. I. I. c<irminum lib. i. Ibid.
DKS CITATIONS. xlvij
e|4. epignininat. Ibid.
■oi. noIcJacobi Sirmundi. Ibid.
\n. A»t. vila \nlonii Monachi I^rinensis. Ibid.
tU. Epi. viU Epiphanii KpiMopi Ticiiimsix. Ibid.
Enu. «ir iM .v«i. Enlreiiens sur les anciens .\u(eurs par .M. A. D. M. .V. Paris, 1007. li*.
KiH. «1 foi. rei. EpignauiuU a poeuutia votera , lib. i. sco pars i. et sic de â. Parisiis.
I. I. \S9ih li-.
Etac- >• < Kvaf^rii Stholasiiri bisiori:^ eedesïMtkx lib. i. cl sic de carteris, una cuiu
Theodorelo et aliis. Paris, 1678. M.
Ewb. fera. S. Kucherii KptM-opi I.undunensis liber forinularum s|>iritalis inlelligenli;i',
iDier quaderu opcra. Basiler, 1531. fol.
ia 6m. in Geflicsia. Ibid.
ai MU. ad Hilarinm de landibos Eremi , rani nralionc fanebri de S. Honoralo,
I»ansiis. 1379. «•.
rr- |)ni'Ialionesseu prok>|{i.
fMr*i. de qua-stionibos rcleris et nori TeMMKnii. Basile», ut supra.
<■ Km in iibros Regm. Ibid.
ad Mt. ad SilTinm, lom. 0. bihiiothrar Patnim editionis Lugdancnsis, lUTT.
wl Val. ad Valeriauum cofcnatam suuni epistola |Kin>iirlica. Basilca-, at supra.
EiiMf. Rnna|)ias Sardiaiius de vKis PbiloM>|tburuai ri Sophislaruin , etc. KiOli.
Em*. eW. Eosebii I>ainphili Osarer PaLriMiiu* Kpiscopi chroniion. Ainsiclodaini ,
ItUit. M.
1. 1. Mstohx ccdwJartJCT lib. i. et sic do orteris. l>anHiis, 1U5!). fol.
pr)r.«v.l.9.r. I. de pnep.irj(ione evanpelica gneoo-latina, lib. 9. c. i. Paris. 102K. fol.
«il Cam-i. vila Constjnlini Mai;ni.
Cair. I- I. Kutro|Hi hisloria* MoniaDa' brc\iAriuiu. lib. i. cl sic de caHcris. l^risiis,
l«U. i-.
I»- I. pnrCMio priiiu et sic de crteris, qua* in froiile uperis suni ap|iosila*.
fit,. Uh. |r. 1. 1. M\. .\llierli Fabricii liibliolliMSi gneca , loui. (. et sic de 5. 7. et II. Ham-
barpi, ITIl-lTli». i».
b*fc. lai. bililiothcca laiina , stve notitia velerum Auctorum Intinonim, quoruin-
cumque scripta ad nos perrenerunl. lt>ideni, HXHi. 12*.
rac. 1. 1. t. I. Factudi Ûermiancnsis pro dcfensionc irinm capitalorum lil). i. c. -i. et sic
de cdeiis, ex editionc Sirmundi. I^ihsiis, Uii). K*.
in Hodanom scbobslicum lilicr. Ibid.
Fausli Regiensis Episcopi cpistoLi 16, in bibliothecx Patrum (omo 8. Lu^i;-
dnni. 1677. fui.
ad Felicem Palrtciuin Ibidem.
de gralia et libcro arbitrio lib. i. et sic de i. Ibid.
ad Gratam epistola. It)id.
ad Ixontium .Vreiatunscin Episcopum. Ibid.
ad Lucidum Pn-sbytcrum. Ibid.
ad Bcncdiclum Paulinuin. Ibid.
i* Hot.
Fawt. «|i. 16.
miVH.
ite ft. 1. 1.
ad tirai.
ad Lrun.
ad La<.
• 1 PaaI.
ad Rur.
Fesl.
1. 2.
Flecb
. hist.dal
1.
4.
Fleu.
dise. 2.
H
. E.t. 3.
miB. chr.
Flor.
1. I.
Pr
•
Flor.
bit. l. i.
Fort.
1. 2.
vit. M.
Frag.
poê.
Fris.
bib. ph.
xlviij TABLE
ad Raricium Lemovicensem Episcopura. Ibid.
Sex. Pompeij Festi lib. 2. de verborum significatione, et sic de cseteris
Amstelod. 1700. 4».
Flecb. hist.de Th. M^ Flcchicr au livre 4' de l'histoire de Theodose le grand. A Paris, 1679.
4».
M'. l'Abbé Fleuri au second discours sur l'histoire de l'Eglise, et ainsi des
autres. A Paris, 1720. 12°.
histoire ecclésiastique, tonae 3% et ainsi des autres jusqu'au 6«. A Paris,
1693-1699.4».
les mœurs des Chrétiens. A Paris, 1682. 12».
L. Annaji Flori rerum Romanarum epitome, lib. i. et sic de cœteris. Paris,
1674. 4°.
proœmium ; ubi vero additur S, sic pr. S agitur de Salmasii prsfa-
tione.
Floriacensis veteris bibliothecae tomus 2. Lugduni , 1605. 8°.
Venantii Fortunati Pictaviensis Episcopi lib. 2. caput, seu carmen 16 ;
et sic de cseteris. Moguntiae, 1603. 4".
vita S. Martini lib.2. Ibid.
Fragmenta Poëtarum veterum latinorum , quorum opéra non exstant.
Apud Henricum Stephanum , 1564. 8°.
Johannis Jacobi Frisii bibliotheca Philosophorum classicorum Auctorum
chronologica, etc. Tiguri, 1592. 4°.
Front, deaq. 1. 2. Scx. Julii Frontini de aquaeductibus Roms lib. 2. Amstelod. 1661. 8°.
Fuig degr 1.2 n. S. Fulgentii Ruspensis Episcopi de gi-atia lib. 2. inter ejusdem opéra. Paris,
42. 1684. 4».
ad Mon. ^d Monimum. Ibid.
ad Pet. ad Petrum. Ibid.
Fuig. e\p. ser. aiii. Fabii Planciadis Fulgentii expositio sermonum antiquorum, inter ejusdem
opéra. Amstelodami, 1681. 8°.
n,yt. 1. I. mythologiarum lib. i. Ibid.
Virg. coût. de expositione Virgilianae continentiae. Ibid.
Gai. deaiii. Claudii Galcni de antidotis, inter ejusdem opéra. Basilex, 1561. fol.
diff. pui. dedifferentiispulsuum.Ibid.
per gen. de compositioue remediorura per gênera. Ibid.
do lib. prop. de libris propriis. Ibid.
deopi.doc.gen. de optimo docendi génère. Ibid.
de praîc. de prsecognitione. Ibid.
rem. sec. loc. decompositionc remediorum secundum loca. Ibid.
Gail.chr. nov.t.i. Gallia Christiana , seu séries et historia Archiepiscopoium , Episcoporuni
et Abbatum Francise , etc. novae editionis , a Dionysio Sammarthano
et sociis, tom. i. et sic de 2. 3. et 4. Parisiis, 1715-1728. fol.
vBi. 1. 1. veteris editionis, a Fratribus Sammarthanis , tom. i. et sic de caet. Pa-
risiis, 1656. fol.
Gass. t. 4. Pétri Gassendi Diniensis Ecclesise Praepositi tomus 4. astronomica conti -
nens. Lugduni, 1658. fol.
DES CITATIONS.
xlix
I
Ml. nue. .11. 1. I. .Vuli Gellii Doctes allicse, lib. i. «ap. :{. et sic de crt. LuK«>--Bii(uvoruiii,
«. 9. 1666. 8*.
C*m.tl. •»!. Gemim elemcnta astronoim» , inter varios de Sphera \uctores, a Diony-
sia Petûvio editos. Pahsii.'i, 1630. fol.
Ccuii. dof. Gennadii Massilicnsis de dOgaMlibus ecciesiaslicis, in appomlice loini ucla-
vi S. .\ugus(ini. Pari>8s, f688. M.
«ir. a. e. a. de viris illosthbus , seu de Scriptoribus ecciesiaslicis cap. io. et sic de
cxteris, in bibiiotheca ecclosiastira. Hamburgi, 4718. fol.
<;««. iiib.Mki.1. Coondi Gesoeri Tifnirioi bibiiotheca Dniversalis, tom. i. Tiguri . iliVi.
fol.
ihmI. m. Ml. Antoine (îodeau Evèque de Venee dans son histoire eccIcMastique k l'au
til ; ainsi des autres. A Pariit. 4663 et suivans. loi.
lit. M. Oiti. 1.3. S. C^rccohi Magai Pape dialogonun Ub. 3. cap. i. et sic deœteris, inter
Cl. 4fMdeaie|Mn,i.i.Parisus,170S.fol.
I. n. «p. M. Ub. II. epbtola Sii. Ibid.
bra|. Kmi. Cf. ie. 8. Gregorii Nazianzcni e|Nstola 76 , inter ejuMlem upera. I>ari8iis , 1600.
loi.
«r- ». oralio 33, el sic de c»t«hs. Ibid.
tr. T. tyH. m. 1. 8. GeoTgii Floreiilii Gregohi Torooensis Episcopi hisloris KniKtoruin epi-
lOMMa per FrakKirium Schobsiiconi, iolcr ejavicin S. Grcgohi opéra.
I aiUlUy IvMr* HN.
(1. Co«i. de gionaCoafBMoruin. Ibid.
fi. Mait. de glona MertynuB. Ibid.
téu. tt. I. I. hiamria Fraoconim lib. i. Ibid.
■ir.H.Li.«.e. denih«:alieS.liartiiiiUb.i.e.6. Ibid.
M(. noix m CMldea. Ibid.
Cm». ■•«. Johannis Bapti^tJB Gmsmv 8. J. proTioda Maieilieasis annales , etc. Log-
dani, i6S7. fol.
bay. iMM. d'uri. Symphorien Goyon en son histoire de l'Église et diocèse, etc., d'Urieuis,
I. I. toin, 1. A Orléans, 1650. fol.
fi>r. foé. huLdu. Lilii (jfegorii Gtnldi FerrarieBiis de biatoiia PoèUrum dialogi. lib. 4 et
4. sic de oeteris , inter ejnsdem opéra, Logdani Balav. 1606. fol.
u
IhH m.
Aaei.
rtin.
not. la
PllD.
■•r. coae.
1. 1.
Nwod. 1.
S.
■mt. apol
. 1. 1.
•»•
chr. 1.
1
•OLP.
«*
Josi-phi llarduini S. J. index Aucluruin qui a PItnio ap|)cllaiilur, luiu. i.
operumCaji Plinii Secundi. Parisiis, 1685. 4*.
nol« in Plinii natoralembistoriam. Ibid.
.M'. Hermant, histoire des Conciles, tome i. A Roaen, 1701. li*.
Herodoti llalicarnassei historiarutn lib. 5. Londini, 1U70. fol.
S. Easebii Hieronymi apologia adrersos Rnflnam , lib. i. et sic de t. inter
ejusdem opéra, t. i. Parisiis, 1706. fol.
appendix tooù quinti conlinens opéra sapposititia.
chroflicorum canonumlib. i. et sic de 3. Amstelodami, 1058. fol.
nota: Amaldi Pontaci Episcopi Vasatensis in eosdein chronicos caiiuties
edilionis Bordigalensis, 1604. fol.
8
in Uaii.
in Ecvl. c. 10.
in Kpli. c. i.
cp. cril.
ad Alg.
aJ Ara.
adFlo.
ad Hod.
adMiii.
ep. 4.
in El.
iu Gai. IH. -i.
lu Gen.
in Jov. 1. 1.
in Is. c. (jO.
in Lucir.
in Miilauli.
in MhUIi.
in Midi.
l>r.
inllut. 1. J.
iu Vi}.'.
vir. ill.
in Zacli.
Ilil. ad Kucli.
(le lluii.
Ilil. apu.
adin.
ai>l>-
in Aux.
ad Cuiisl. 1. 1.
in Const.
.liss.
.^1.
rnij;. 1.
in Malth.
l)r.
m IN.
do Syiiod. n. i.
de il in. 1. 1.
TABLE
m Danielem Prophelam, lona. 3. ejusdeinoperum. l'arisiis 170i. fol.
in caput 10 Ecclcsiaslcs. Ibid.
in caput 4 cpistoLv ad Ëphesios» loui. i.
epislola; crilica, tom. i. ejusdem operum, 109!).
epislola ad Algasiam, tom. 4. 1706.
ad Amandum. Ibid.
ad Florentium. Ibid.
ad Hedibiuro. Ibid.
ad Minervium. Ibid.
epistola i. et sic de cseleris aliquo numéro pr«notatis , lomi 4. parte
sccunda.
in Prophelam Ezccbiëlem. tom. à.
prxfatio secunda in sccundum libruni cominunlariorum in epislolani
ad Galatas, t. 4.
in Genesim, tom. i. HjQ'S.
advcrsus Jovinianum, tom 3.
tommentarius in caput 60. Isate l'ropiietic ; ul sic de caîleris, tom. 3.
adversus Luciferianos , tom. 4.
inMalachiam Propiietam, t. 3.
in Mattliaium, tom. 4.
in Michaam Prophelam t. 3.
variai pnefationes, seu prologi.
apologia adversus Rufinum lib. '2. et sic de 3. t. 4.
adversus ViKilantium, tom. 4.
de viris illustribus liber , in bibliotheca ecclesiastica. Hamburgi , 1718.
fol.
in Zachariam Prophelam, lom.3.
S. Uilarii Arelatensis Episcopi epistola ad Eucherium, una cum oralione
fuiiebri de S. Honorato. Parislis, 1378. 8",
de S. Honorato oratio funebris. Ibid.
S. Hilarii Piclavorum Episcopi ai)oloj!;etica ad reprehensores iibri de Syno-
dis responsa, intcr ejusdem opéra, l'arisiis, 1693. fol.
varia; Ediloris admonitioncs in fronte cujusque operis.
ap|)endix operum.
contra Auxenlium Mediolaticnscm.
ad (ionstanlium Augnstnm lib. i. el sic de ^.
l'oiitra Cunslantium linperalorciu liber unus
dissorlatio Ediloris.
epistola ad Abram tiliain suani.
fragmenlum i. cl sic de ca^l.
exposilio in Mallli:uum.
varia; pra'faliones ; ubi vcro numerus addilur, pr;ufalionem Ediloris
dénotai,
commentarius in Psalmos.
de Synodis imm. i. et sic de c;ot.
de Trinitale lib. i. nom. 3. et sic de coeteris.
DES CITATIONS. |j
tit. vita in fronte ejnsdem op^rrnn.
iiipp. rail. s. Hippolvti Epist-opi Canon pasealis cnni Joseph! Sraligeri commcnlario,
Ugd-Bauv, «5fW. 4*
1. 1. openim m ununi rorpax coUeetomo toaras 1. Hambnrgi, 47tH. fol.
I. *■ tomus i. Ibid. 1718. fol.
aff. appendix.
pr. preblio. seu prolegomena.
Hipp. Tk. Hir. HippolvU Thebani rhroniron, in lomo 3. Henrici Cani^ii lootionnm anti-
quanim. a Janilio Rasnafce renrarum. Antuerpia*, 1725. fol.
Ho(. P. Joh. Jacobi Hofiiuiini lexicon uniTcmlo, ad litcram P ; et sic de raeteris.
I>ugd.-Bauv. \mH. fol.
Hoisi. ia sieph. Lncx Holstcnii nol.r et castiKitioaes in Strphannm Rvzanliiiuni, cir. Ul-
Irajwii, 16!)l. fol.
rum. Seri. rtti Honorii .Vngnstodunensit de Ijiminaribos Ecf lesi» , sive de Scriploribus
Ecclesiaslicis in blMiothera eedesiutiai. Hambarfi, 1718. fol.
Hot.I. i. «p. is. Q. Horatii Ftacri lib. 1. cpistola 15. ialer «|Mdnia open. Paris. 1091. 4*.
L I. od. 13. lib. 1. ode £1. et sic de cart. Ibid.
LLlMy. 10. Kb. I.SatxT» 10. etsicdonei. IM.
Jae. Mb. poM. I «. LodoTici Jacob bibliotbeca pontiloa, lib. i. Lofçdnni, MiA. 4*.
■•te. rbr Idalii E|>is4-opi rhronicoii, mler varia Jarobi Sinniimli opéra, toni. 3. Pa-
ri», leeu. fol.
tmL fMti consoUres. Ibid.
M.lik.all.si«pti. Index lilirorum m ofBcina Rofaeni Stqikani impressonim. Lulcii.T, 15S2.
8".
hMcr. ul. Inscriptions antiques, etc. i la In des ménoires de l'histoire de I.yon par
Gnillaumi' Ihiriidin. A Lyon, 1873. fol.
My. Mol. pMt. I. Glande Joly CJianlre et Chanoine de l'Eglise mctropoliuine de Paris, trai-
c. a. té historiqno drs écn\e% ««piiBOfihii et ea■l(^ia<aiqllM, etc. partie 1 . cha-
pitn> 3. et ainsi des antres. AfMa, -1678. IS*.
JoM.Kri.pli I 1. Johannis Jonsii HoLsati de SeriptoriliM Ustori» philosophica; lib. I. Fran-
1. 14. cofurti, 1659. 4*.
Joni- Jomandes, wn Jordanns Episropns Rarennas de Getamm sive Gothonim
pe^tis ad caleentomi I. .M. A. C—lodori. Rotomagi. Mû'.t. fol.
Jm. ia Api. i.t. Flavii Joseph! fernaolymiLini Saeertotia contra Apionem, lib. i. inUr
ejnsde« opéra. Gêner», 1634. M.
«kbeii.jod. i.s. de belto jodaîco lib. 5 et sic de caterfs. Ibid.
S. Irena?i Episcopi Lujtdunensis Hber 1 . contra h«reses ; et sic de crleris.
ParisiLs, 1710. fol.
dinertaiio i. Editons et sic de 3. in fronte opemm.
fragmenta ad calceni opemm.
not« in eansdem.
prefalio Editons; obi vero I. cam aliqno nmnero prsmittilur, sic 1. 1.
pr. agitnr de variis Anloris pneâtionibas.
lr*a. 1. I.
lij TABLE
isid. off. 1. 1. S. Isidori Hispalensis de officiis lib. i. inter ejusdem opéra. Parisiis, 1380.
fol.
orig. I. 7. originum lib. 7. et sic de csptcris. Ibid.
scri. ecci. de Scriptoribus ecclesiasticis liber in bibliotheca ecclesiastica. Hambur-
gi, 1718. fol.
isic-B. 1. 1. Les masures de l'Abbaïe roïale de l'Isle Barbe-lez-Lyon, etc. par M', le
I^iboureur. tome 1. A Paris, 1696. 4*.
Jiii. ail Aiii. Jaliani Imperatoris ad Atheaienses epislola, inter ejusdem opéra. Lipsix,
1696. fol.
cp. 42. epislola 12.
iniso)). misopogon. Ibid.
"ot. Dionysii Petavii not» in eumdem.
"i-. •»• oratio quarta ; et sic de cieteris.
jiii.Cai». Vil. M. Julii Gapitolini vita Marci Antonii Imperatoris, inter Scriptoros historiée
Am. augustse, lom. 1. Lugduni-Batavorum, 1671. 8».
\ic. Max. juri. yita Maximini junioris. Ibid.
>ii Ver. vita Vcri Imperatoris. Ibid.
Jiisi. iiisi. I. o. c. Justini historiaj Philippiae lib. 43. et sic de caeteris. Lugduni-Batavorum,
*■ 1683. 8».
i». prsefatio.
pnrf. Fr. préface à la tête de la traduction Françoise du môme, par D. L. M. A Pa-
ris, 1692. 12«.
I). Junii Juvenalis salyra 1. vers. 42. et sic de c«teris. Parisiis, 1684. 4".
K
Knn. i.iii. \c\. H Georgii M<ithise Konigii bibliotheca vêtus et nova. Altadorfi, 1678. fol.
nov.
L
l„i!.. i'.mc. lyn. Philippi l.abbei Biturici S. J. conciliorura synopsis. Parisiis, 1661. 4».
ciir. chronologie historicœ pars secunda, seu tom. 2. Parisiis, 1670. fol.
iiov. i.ii'. I. I nova bibliotheca manuscriptorum librorum, tom. 1. Parisiis, 1657.
fol.
Scri. t. I. de Scriptoribus ecclesiasticis quos attigit Cardinalis Bellarminus philo-
logica et historica dissertatio, tom. 1. et sic de 2. Parisiis, 1660. 8».
i,.iri. insi. I. I. Lucii Cxlii Lactantii Firmiani institutionum divinarum lib. 1. et sic de
caîteris inter ejusdem opéra. Cantabrigise, 1685. 8°.
epii. institutionum cpitome. Ibid.
lie ir. de ira Dei. Ibid.
luor. |xir. de mortibus persequutorum. Ibid.
opir. de opiticio Dei. Ibid.
i.amp. vil Al. /Elii Limpridll vita Alexandri Severi, inter cœteros historisR augusta; Scrip-
tores. Lugd-Batav. 1671. 8».
vil. Aur. vita Aurelii Imperatoris. Ibid.
Lan. il.' 3. Din I. Johanuis liaunoil Conslanliensis respoiisionis ad disserlationem de duobus
s.
dtS.
VIrt
Uo.
ma.
S.
•M.
LMte.
Ugk. «iM.
U». Mb.pk.
*. 1.
, t.
I
DES CITATIONS. U$
Dionysiis duscussio. Parisiis, 16C0. 8*.
appendix ii« qninqik! Virtonnis ad dissertalionem <U> Vicloriiio Kpisco-
po et Mart. l>ahs. \&A. \*.
S. LaiMis Magni Pape priini opéra, etc. a l^aschasio Quesnel edila. Paris.
«675. 4*. 1. vol.
Codex CaiMoum et ConsUtulorum Ecclesùe Roaaur, lom. i.
disaortatio i et sic de cctehs, tom. i.
tfitM», lom. 1.
aotc et observatioiies Ediiorn, lotn. f .
Leporii Preabyteri libellas eaaMdttionw, intcr open Taria Jarohi Sirmiin-
di, tom. 1. Parisi», lUO». M.
DOliP Jaeobi Sirmundi, nec non Johaiinis Gamerii in ennMii>iii.
praltfio. aea veteruin Schptonim Ivslunonia. Ibid.
GkrOMlOgia Sanctonim et alioruni virorum iUustriuiu, ac Abbatum 8.V
cne insuLi* Lerinonais, Luf^duni, 16i3. 4*. |uIh t. non apponiliir,
agilur de 1 . parte : ubi vero addilnr t. "i. agitar de â parte.]
JohMois Lichtfoti «cna tlmlinii Pwfcaaorii mi.vrtllanea, sive Embhiin,
iater cjasden opcn loa. 1. Roicrodaari, iaw. fol.
Mirliiu Lipenii bibliolliea rtalis philomphica, etc. Praocofiirti, KJMi.
M.
tkeotafiea. Uwi. i. Ibidem, 1685, M.
U^. «u. ta Ta*. JmU Lipaii ad Comelii Ta«iti .innal«^ exi*nr^<. ad calcem ejoAdein Tarili
Oficnni. .VmstekHlaiiii, UWA. K*
ttm. 1. 1. etectiown lib. i. Ibtd.
L* U^.Mk. wc. Jaeobi le Loof l>aruini GongreRatioiiiK Oraiorii bibiiothera «lera. etr. Pa*
risiis, 17i3. M.
Mm. iHbliotb^qae ki«ork|M de Pnaoe, etc. ii Paris, 1719. (61.
oimi. itr rjiniUoplioh liOacoii oralio de laidibus Francoruoi habti.i PirUviis. Pa-
rt, risiis, loi». 1».
Un.iÉT.M.1. 1 Marais Ajdocqs Laema de beilo livili. lib. I. vers. 447, et ak de caKo-
*. 44V. ris. Ainsteiod. 1689. 8*.
LiM-iani Samosatensis IVroonax, Ira viu DeaoMOis, jnicr eja«l<>m opr-
ra, lom. !. Ainslelo<t. 1*W7. 8*.
Iw. Eanuchns. Ibid.
■mc. fil. Uercnles Gallicns. ibid.
T*«. Touris, aive amicilia. lom. fl.
M
Johanois Mabillon analectorum vetemm lom. i. Parisiis, i676. R*.
lom. 3. Ibtd. 1684.
annaiium ordinis S. Benedicli lomus 1. Paris, 4703. fol.
lom. 4. Ibid. 1707. foi.
appendix ad buoc tom.
itcr lulicum lilcrariiim, etc. Parisiis, l(i87. 4*.
de lilurgia Gailicana. Ibid. 1GK5. (*.
Mak. UM.
1. 3.
•a. 1. 1
1. 4.
•»•
iUf II.
U.
liv TABLE
miH, il. inusseum Italicum, scn colleotio veterum Sopiptonim e bibliothccis Ita-
licis, etc. Ibid. 1689. i".
M.icr. Sai.l.2c. Aurelii Macrobii Anibrosii Theodosii Salumalioruin lib. 2. et sic tle c«-
14. teris. Lugd-Batav. 1670. 8».
soir.. Scip. i.i. Gommentarius ex Cicérone in somnium Scipionis, lib. 1. cap. 2.
c. 2. Ibid.
.Mail. asir. I. i. y. M. Matiilii aslronomicon, lib. 4. vers. 197. Paris. 1679. 4°.
197.
M. .\iit. I. I. Marci Antonini Imperatoris vita, .seu de rébus suis, etc. Ub. 1. Trajecti
ad Rhenum, 1697. fol.
iioi. notai, sivc annotalioucs in euiudcni.
Mar. i!n\\. Martvrologium Gallicanum, Auclore Andréa du Saussav. Parisiis. 1637.
fol".
.Mal. (le meii. Marcelii de medicamentis liber, inter medice artis principes, etc. toni. 2.
parte 3. Paris. 1S67. fol.
«p. Ucii . epistola dedicatoria Jani Cornari i .
pr. prœfatio Auctoris.
Maib. Marbodi Redonensis Episcopi opuscula, ad calcem operuin venerabilis
Hildeberti. E'arisiis, 1708. fol.
P. ubi vero P. additur, encliiridion Marbodi Galli de lapidibus preliosis
indicat. Parisiis, 1S31. 8'.
pr. pni'fatio cuni ci)istola dedicatoria.
Marcel, iii<i. i. i, Guillaume Marcel, histoire de l'origine et des progrès de la Monarchie
Françoise, etc. t. 1. A Paris, 1680. 12».
.Marcel, riir. Marcelliiii V. C. comilis Illyriciani rlironicon, inter openi varia Jacobi
Sirmunditom. 2. Parisiis, 1696. fol.
Marr. am. coll. i. Edniundi Martene veterum Scriptorum et raonumentorum et aniplissi-
r,. ma collectio, tom. .^. Paris, 1729. fol.
Ui. anec. I. i. thcsaurus anecdotorum, tom. 1. et sic de 3. Parisiis, 1717. fol.
vol. scri. veterum Scriptorum etc. collectio nova. Rotomagi, 1700. i".
pr. prsfatio.
Mari. i. I. cp. u. M. Valeril Marlialis lib. 1. epigram. 6. et .sic de ca'teris. Lugduni-Batav.
1670. 8°.
Mast. hisi. .le Nor. Le sieur de Masseville, histoire sommaire de Normandie, t. 1. A Rouen,
I.,. 1691.120
Maiiff. I. 2. Gilberti Mauguin veterum Auctorum, qui nono sœculo de pnedestinatio-
ne et gratia scripscrunt, opéra et fragmenta, cum ejusdera chronica et
historica synopsi, etc. tom. 2. Parisiis, 1630. 4°.
M«i. ar.prin. 1.2. Medica.' artis principes post Hipocratem et Galenum, etc. tom. 2/ par-
te 3. Parisiis, 1367. fol.
.Mêla, 1. 2. Ponipouii Melœ de orbis situ, lib. 2. et sic de 3. Basile», 1822. fol.
Meii. scri. Anonymi Mellicensis sœculo XII. clari de Scriptoribus ecclesiasticis liber,
in bibliotheca ecclesiastica. Hamburgi, 1718. fol. (Aliquando sic cita-
lur hic Auclor : An. Mell. ]
Mcnag. 1. 1. Menagiana, ou les bons mots et remarques critiques, etc. de M. Ména-
ge, tom. 1. A Paris, 1715. 12».
DES CITATIONS.
Iv
mrc. low. c. J.
Min. Oci.
noi.
JUr. WKi.
■ol. ta. I
Noach. lia
Noood.
Nw. A.
M».
H»t. anr
I. i.
S.
Maru Meiialoris couimoailuriuiu, cap. 3. cl sic de cL>(cris, ex editione
Johannis Gamerii S. J rujus tomus itrimiis ea que id ha'resini IVIagia-
oain pertinent, t-untinet, et toiuus secundus ea qa ■ ad lia>rcsiin Ne-
storianain s|>et-tant cuinplectitur. ihirisiis, linj. fol.
M. Minulii Fiiicis Octavius. I.utrdutii-lkitavoruin. iitli. H*.
ooUi, seu coiuiuenlaru in vumduui.
Vuberti Mira-i aucluanuin de Sc*ri|>torilHis eedeuasUcis, m t>il)lio(heca oc-
rlesiaatica. Uainb. 1718. fbl.
Johannis Molani natales Sandurnin Belgii. Lovanii, 1805. 8*.
Antoaii Momhiareni iK-iiHMlians KfMoni'i de dirino Miss» sacrificio, in
opère eut tiiulus : C.liristuiu- iii^lilulionis etc. catboUca et historica pro-
pu^natio. Parts. IStM. fol.
Monodia, scu oratio iu ConsUotini jnnioriit oMNloin. I>arisiis, Itfitf.
if.
Looi» Moreri, ou le firand dirtioniiiii' histuriquo, etc. |coin|M)s4! d'alwnl
pir cet .Valeur, puis n-vù i-I augiiionlù |Kir divers autres l:k;rivains.| à
la Ictre A. et ainsi des autres leires de l'alphaliet. A l'aris, 17!B. 6 ?o-
lam. foi.
Mémoires manuscrits.
.VnerdoLi qua- ex hmbmm*' IhIiIioiIium- indicihus iiunr pniiium efuil
Luilovinis VnluniM ItanlMtes, loin. i. MidioUiii, l«lin. i*.
louiusi. lUd. I(»H. 4*.
N
K»r hui. !>•<. I. Heorict de Noris Angnsliniani historia PHagiMl, etr. PaUvii, lOTi.
1. 1. is. fol.
mtt. »a. .Noikems Ball)ulu> de Interpretihas dirinarum snipluraniin , m tomo f.
Iliesaori aoeedotorum D. Benurdi Pcx. Anguslx-Viiideliconim, iH\.
fol.
U
Ulia|4i.
U|it. I.
M. CM
Ofi)>.M
S) a.
Orig. in
pliU.
1. I. I.
id.oot.pt.
I. 4.
Cd». I. I
Unupliri l>ajivini couuueiiUni m lastos lonsolares. HeidelbcrKx*, <.VW,
roi.
S. OpUli Afri .Milevilaui Eptscopi de schismate Donatislamm lib. 1. et
sic de cdchs. I>arisiis, 170U. fol.
iMrtWit Dooatistaniin, in fronle operuni ejusdem.
noue, seu annoiaiioncs vahomm. ibid.
pncMo.
S.Orientii conimonitorium, lib. 1. et sic de i. in colleclione nova velc-
mm Scriploruin a I). Edm. Martene odila. Rolamagi, 170<). f.
Oriba.sii inediciiialiuni collecloruu) lib. 1. prrtatio, inlcr inedica; artis
principes, etc. tom. 1 parto ± Parisiis, 1367. fol.
synopseos lib. 4. Ibid.
Origenis contra Ceisuin liber I. .Vu},'Usta;-Vindeliconim, I6<).i. *•.
philocalia. I^arisiis, t6tM. i*.
Ivj TABLE
Oro». I. 2. c. 1!). Pauli Orosii hisloria, lib. 2. cap. 19. in lomo 6, bibliolheca; Patrum. Lug-
duni, 1()77. fol.
Orthod. I. I. orthoxographa iheologia sacro-sanrla! ac sincerioris tidei Doclores nu-
méro 76. etc. Basileœ, 1535. fol.
t. 2. tom. 2, feu editio secunda. Ibid. 1569.
Oud. Scri. 1. 1. Casirairi Oudini Commentarius de Scriptxn'ibus Ecciesi» anliquis, etc. lo-
musl. Lipsiœ, 1722. fol.
Ovid. am. 1. 1. il. Publii Ovidii Nasonis araorum liber 1. elegia 15, et sic de ca;t. iriter ejus-
i.i. dem opéra. Amstelodarai, 1683. 8».
art. am. 1. 3. deafleamandi liber 3. Ibid.
fast. I. 3. fastoruiiiliber3. Ibid.
pont. cl. m. deponto elegia seu Epistola 16. Ibid.
trist. I. i. tristiuni liber 2. Ibid.
l'aiic. l'alaîographia graîca, sive de orlu et progressu literarum graicarura, elc,
operâ et studio D. Bernardi de Montfaucon. Paris. 1708. fol.
l'ail, diai. Palladii dialogus de vita S. Johannis Chrysostomi. Parisiis, 1680.
l'ail, derorusi. Palladius RutiUus Taurus iËmilianus de re ruslica, cum Catone, Vano-
ne et Coluinella. Paris. 1529. fol.
deins. de insitione. Ibid.
pr. pnefationes.
Pau ij. Panegyrici veteres operà et studio Jacobi de la Baune S. J. cditi. Parisiis,.
1676. 4» [Ubi vero B non additur, agitur de editione Beati Rhenani.
Basilea;, 1520. 4°.]
l'ai-x. vol. Paraenelicorum veterum pars prima. Insulae, (seu Genev»,) 1604. 4°.
nul. Melchioris Goldasti notai. Ibid.
l'a»q. rech. 1. i.c. Etienne Pasquier, les recherches de la France, livre 1. chap. 1. A. Paris,
«• 1633. 8».
Paicrc. I. I. (',. Velleius Paterculus de liistoria romana, lib. 1. Lugduni-Batavorum.
1659. 8».
l'aui. app. .Vd S. Paulini Noiensis Episcopi opéra appeiidix, tom. 4. ejusdem ope-
mm. Paris. 1785. 4°.
car. 10. Carmen 10. ejusdem, tom. 1. Ibid.
dis. 3. dissertatio 3. Editons, et sic de cseteris, toui. 2,
ci>. I . epistola 1 . et sic de caeteris, tom. 1 .
not. I. nota, seu observatio 1 , et sic de caetcris, tom. 2.
vil. c. i. vita ex ipsius sancti Paulini et veterum Scriplorum operibus concinnala
a Domino le Brun Editore, tom. 2.
>iiGen. vita, seu passio S. Genesii xU-elatensis, ad calcem episiolaj'um, to-
musl.
Paul. iii. Pétri Francisci Chiffletii Paulinus illustratus. Divionc, 1662. 4».
Paul, eutii. Paulini (pœnitentis dicti) eucharisticon Deo, ad calcem Paulini Petroco-
lii poëmatum. Lipsiœ, 1686. 8".
Paul. vil. li-M. Paulini Petrocorii vita S. Martini ïuionensis, versibus exarala. Lipsia;
1686. 8».
de
DES CITATIONS. Ifîj
d« B«p. (le visiuiione nepolali sai ad calcem operis pneced.
ao«. noue Francisci Jureti. Ibid.
p,. pnebliooes, seu proiegomeiu.
PM. Cbry. »«. S. Pelri Cht7solojji Archiepisfoi'i Ravennatis sermo <36. in lomo 7. bi-
«M. blioth. Ihilnim. Lugd. 16T7. foi.
Pm. Bia. Tir. Ui. Pétri Diaconi Monachi et Bibliothecarii CasMnensis de vins illustribus, in
bibUolheca ecdesiasiica. Uanburgi. 1718. fol.
Pmt. Sw. Tili Pflronii .\rbilri Equilis Ronwdi Salyricon. Arostelod. lOtiit. 8»,
I,. iraducuoii Françoise de Peironc suivant le nouveau nui)u.scrit irouvé ii
Belgrade en 1688. A Cologne, ou plulât en France, 1694. 2. vol.
ci^. clef, oa interprétation des noms propres.
Hot. noue la idem opa.s. Am.Melod. ubi sapn.
fr.
pr. fr. préhca k la lAle de la traduction Françoise.
pmIm. protegoama «pen Peironii pnt-flxa a Théodore dr Juge*, nener»,
1019. 4*.
*te. Tie de Peuwa k la tête de k induction Francoiw.
Ht, MMc. 1 1. Domni Bernard! Pei pisMo in pnmum lomum Thesaori anecdotoruro.
pr. Augusix-Vindel. 17i1.fol.
Pm. ML te Cul. Dom l>aul Pezron, antiqaitf^ de la nation et de la langue des Celtes oa
Gaolois. A i>aru. 1704. 1i*.
Phti. «il. Ap. Philostraii Leiunii riia Apoilonii , ioler ejuïtdcro opéra gra-co-latina. Pa-
nsiis, 1GU8. fol.
ni. Soph. Tita: Sophistanim. Ibid. -rt»
PhUo*!. I. II. Philostorgii historia ecderiaatiea, lib. H. un* com Theodoreto cl aliis.
Pahaiia, 1673. fol.
Pbaifc. S. Phœbadii Aginnensis Eptscopi liber contra Ananos in tomo 4. Itibliolli*--
ae l^truni. Lugd. 1677. fol.
PIM. c m. Photii myhobiblon, ^eu bibliutbeca, codioe 48, et aie de caHeris. Roto-
magi, 1653. fol.
Pic. prit. Mil. Johanait Pieardi Tonlrehani de priaca celtopcdia. Parisiis, 18S6. 4*.
ffmti. hnf. Tbomc de Pinedo breviarimn, ses eomMDlariolus Auctonim eorum
quo5 ad testimonium Tocat Stephanns Byzantinus, ad calcem
Stephani. Amstelod. 1678. toi.
PUh.ad.ialN.l.i. Pétri hthcpi etc. adversariorum subsecivomm lib. 1. el sic de 2, inter va-
ria ejusdem oposcala. l'aria. 1609. 4*.
Plia. hisi. 1. 1. C. Plinii Secoodi naturabs historia, lib. 1. et aie de cderis. Paris. 1688.
5. vol. 4«.
Plia. 1. I. «p. C. Plinii Csediii Secundi e|iistolarum liber 1. el sic de cxteris. Lugduni,
Bauv. et Roterodami, 1669. 8'.
Pt«i. piM. pb. Plalarchi de placitis philosophorum, inter ejusdem moralia, tom. i. ope-
ruro. Parisiis, 16i4. fol.
Po«. laL cor. Corpus onuiiom vetemm PocUrum latinorum, etc. Genev», 1647, 4°.
Pnli. I. 1. c. ». Julii Pollucis ooanusticum gnecc et latine, lib. 7. cap. 96. Amslclodami.
1706. fol.
Iviij TABLE '
Poiy. I. I. n. I. Polvbii Lycortoft F. Mcgalopolitani liistorianitn liber, i. etsicdecset. Am-
stelod. 1680. 8».
syn . chr. synopsis chronologica Isaaci Casauboni in historiam Polybii ad calcem
ejusdem tom. 9. Ibid.
iievir. de virtutibus et vitiis. Ibid.
Pom.yit. eon.i. I. Juliani Pomeri de viui contemplativa liber 1. et sic de caeteris, in appen-
dice operum S. Prosperi AquiUini. Paris. 1711. fol.
pr. prxfationes, seu prologi.
Poss. app. t. a. Antonii Possevini Manluani S. J. Apparatus sacer, tom. 2. Venetiis, 1606.
fol.
Prîpd. I. I. Praedestinatus, sive Prjcdestinatorum h-tresis, in tooio 27. bibliotheca;
Patrum, Lugduni, 1677. fol. Ubi vero additur S. indigitat editio-
nem Sirmundi, inter ejusdem opéra varia, toiflo i. Parisiis, 1696.
fol.
hjpr. 45. hœresis iîi.
P"". Sirmundi pnrfalio.
Pfiop- Priapeia, sjve diversoruni Poëtanim in Priapum lusns, %â calcem Titi Pe-
Iropii Arbilri. Amstelodaini, 1669. 8».
not. nota; in hwcce poëmatia ctsequenlia.
Prop. I. 2. oi. 3i. yex, Aurelii Propertii liber 2. elegia34. Parisiis, 1685. 4°.
Pios. S. Prosperi Aquitani opéra. Paris. 1711, fol. Sic autem citantur.
aiim. admoniiio in fronte ppi)eqdicis ad ejusdem opcra.
app. appendix ad calcem.
appr. approbation de M'. Godeau à la tèlc de la traduction Françoise du poë-
n)c contre les Jngrals. \ Paris, 1647. 4".
avaiii-p. avant-propos, ou préface de M. de Saci sur sa traduction Françoise du
mêinp i»pënie.
chr. chronicon inter ejusdem opéra, ut supra.
iD Coll. contra CoUatorem. Ibid.
ronf. confessio qu.T dicilur Prosperi. Ibid.
a<i Gaii. responsioncs ad capitula objectionum Gallorum. Ibid.
n<i Gnn. ad exccrpta Genuensium.lbid.
cpi. cpi^animatii.
de faig. carmen de ingratis.
obj. Vin. responsiones ad objectiones Vincentianas.
pr. pnefationes, seu prologi.
lie prov. de iM'ovidentia divina.
in Pu. Oommentarius in Psalmos.
.t<i Rur. epistola ad Ruiînum.
. »ii. vita in fironte ejusdem operum.
deToc.i.i.c.i. de vocatione gcntium liber 1. cap. 1. et sic de oeteris, in appen-
dice,
adnx. poëma conjugis ad uxorem. Ibid.
Pros. T. chr. Prospçri Tironis chronicon, in appendice operum S. Prosperi Aquitani.
Parisiis, 1711. fol.
DES CITATIONS.
lis
U«cti>l.
U«iai. (Mcl. 1». I>.
iiMl.or.l.«.c.4.
M. B. «I.
Kmi. 4*aer. tel.
iUy. I. S.
»al. Catf.
IUT.cni.l.i.(.7.
aaa.UM. MTi. I.
Rom*, vil. rp.
P-
Roi. I. I. e. 31.
■■r. I. i.ifi, S.
Rai. il. «. «.
u
Johannis André»' Qaensledt dial(^s de palriis iUastriuni doctrina et
scriptis vironirn. Witteltepgjp, 1B91.4*
Pétri l'ithn-i pn-fatio in doclamationes M. Fabii Ouinliliani, int«r i-jusdoin
Ihdia'i opus4ula. Ihiris. ItfOl». i«
Quintiliani de oratoria institulioiie lib. i. cap. i. et sic de ca.'teris. l>ari-
siis, 17iS. fol,
annales Qoinctilianri, numéro 31. cl sic de carteris, ad cala-m ejusdem
Qninctiliani.
R
rclri Kami de iuoribu« vetemm Gallorua liber. Krancorurti, 1584.
If.
Theophili Raynaudi Theologi S. J. tomus ocUvils. I.ugduDi. itf65.
fBl.
La religioa des Gtdois, Urée àtf plus pores sonrees de l'antiqnilé etc. A
Pan». 1717. 4».
Andréa* Rivcti Critiee aaert ipeciiDen lib. 1. c. 7. et sic de cajtcris. Sine
diroBicis nous, fi*.
RooHU» histori» Scriptores, lom. 3. qui Scriplores Grrcos minores con-
Uoet. Prancof. 1500. fol.
Roma snbterranea Dovissima. etc. l*aali Àringhi. Rome, 1651. fol.
Heriberti Rosweidi vitxPalnun. Aniaerpfae, i6n. fol.
prolefomena.
Rofini AqDileicnsis hisioria ecclesiaMica. Aniaerpia?, <<'>4M. Toi.
S. Ruricii LcmoYiceni Epiv-opi liber 1. cpist. 8. et sic de carteris, in bibl.
I*alrura, tooi. 8. Locduiii, 1077. fol.
Glaadii Rutilii Numatiani Galli iiinerariam, ver.<i. !iO. et sic de cseteris.
ABB^leludaiiii. liM7. lU*.
■oUf variorun in cniiklcm.
S
tekdi. pviic- Jobanni.s Salcsboriensis Pulicniicns de nogis Curialiuin. etc. Paris. 1513.
4*.
SaiiMi. iirii. Cal. C. MUutii Oispi belluni Catilinariam. Lo^duni-Ralav. IGG.'i. 8*.
Mv. ia ava. Salmiù Maailiensi.s adversus avariiiam, corn cx-leris einsdem opcril>as.
Paris. 1684.8*
•p. I. epi.'Uola prima ; et sic de ca-lcris. Ibid.
i«b. I. 1. de gibematione Dei lib. i. et sic de ca'teris. Ibid.
Ml. pr. note Stephaoi Baiiuii ad caJceui operi^.
I». pnrbtio Baluzii.
pr. P. pncfatio in fronle editionis Pilhœan.T. Paris. 1580. 8*.
Sand. Tel. icri. M- Cliristophori Sandii trnctalus de veteribus Scriptoribu< eccicsixslicis, in
elM. froBte nuclei histori.T ecclesiastica; ab eodem Auclore, etc. Colunia*,
1676. 4*. U ij
h
TABLK
Sav. iii Sid.
Seal. in. Ans. 1.
c. li.
Scri. vct. lai.
Scril). corn. nicj.
pr.
Scbot. cl. RIi.
Son. conlr. 1. i.
pr.
Scii. de bcu. I. 'i.
ep.
rr.
ad IIcl.
de m. Cl.
liât. ({. 1. i.
Scrv. in Virg.
Sid. car. i.
I. I. cp. 1.
not.
pr.
vit. a Sav.
vit. a Sir.
Sigcb. scri. ceci.
Siin. Ici. cliui, let.
Sir. t. I.
in .Vvil.
in Sid.
Six. bil). I. i.
Socr. 1. 2.
Solin. c. 34.
com.
Sosip. Charis.
Commentarius Johannis Savaronis in Sidoniuin, una cuin cjusdem Sido-
iiii textu. Pai'isiis, 1609. 4».
Joscphi Scaligeri lectionum in Au.soniuin liber i. c..l4. et sic de cielem,
in fronte Ausonii. Burdigalic, 1590. •*•.
Scripla vetcrum latina de una persona et duabus naturis Douiini et Salva-
toris nostri J. C. adversHs Nestorium, Eulychera, etc. Tiguri, 1571.
fol.
Scribonii Lai'gi de coinpositione medicamentorum praifalio, iiitci" niedicsc
artis principes, etc. tomo 2, parte 3. Parisiis, 15G7. fol.
Andréas Schotus de Claris apud Senecam Rhetoribus, ad calcem operuiii
M. Ann-TRl SenecscRhetorls. Parisiis, 1619. fol.
M. Annasi Senccie Rheloris controvcrsiarum liber I . et sic de ca^eris, in-
ler ejusdem opéra. Amslelodami, 1672. 8°.
variic Auctoris prœfationes.
L. Annœi Senecae de beneficiis liber 2. inter ejusdem opéra, toiii. 1. .Vinsle-
lodami, 1672. 8".
epistolx, in tom. 2. Ibid.
fragmenta in fronte ejusdem operum.
ad Helviam matrem de consolatione, in tomo 1.
de morte Claudii Cœsaris ludus, in tomo 2.
naturalium qusestionum liber i. Ibid.
Scrvii Mauri Honorali commentaria in Virgilium. Basili», 1544. fol.
Caji SoUii Apollinaris Sidonii Arvernorum Episcopi carmen 1. et sic de
cœteris, inter ejusdem opéra. Parisiis, 1609. 4°. Ubi vero S. additur
hoc modo : Sid. Sirmundi désignât editioncm, quai habetur inter ejus-.
dem opéra varia, tora. 1. Parisiis, 1696. fol.
liber 1. epistola 1. et sic de cœteris. Ibid.
nota; nul Savaronis aut Sirmundi.
pr:efatio, seu velerum elogia.
vita a JohanneSavarone concinnata.
vita a Jacobo Sirmundo.
Sigebcrti Monachi Gemblacensis de Scriptoribus Ecclesiasticis liber, in bi-
bliotheca ecclesiaslica. Hamburgi, 1718. fol.
Letres choisies de M'. Simon, ietre 25. tom. 2. A Roterdam, | ou plutôt
en France | 1704. 12°.
Jacobi Sirmundi S. J. Presbyteri opéra varia, etc. tom. 1. Parisiis, 1696.
fol.
notset in Avitum, tom. 2.
nota; in epistola et carmina Apollinaris Sidonii, tom. 1.
Sixti Sencnsis bibliothecac sacne liber 4. Lugduni, 1575, fol.
Socratis Scholastici historia; ecclesiaslicje liber 2. et sic de caeteris, una cuin
Sozomeno. Parisiis, 1668. fol.
C. Julii Solini Polyhistoris caput 34. Viennie Austrix*, 1520, fol.
Johannis Gamertis enarrationes , seu commentarius in eumdem.
Ibid.
Voy. Charis.
DES CITATIONS.
UV
Sm. I. i.
SfWt. «II. .V<lr.
vil. t.mfe.
\il. Siv.
ÎH*-. 1. 3.
1. t.
1. 5.
I»-
1. 7.
1. 10.
1. If.
1. U.
»tifk.By«-
Stnk. Li.
Swi. I. i. ■■ •■
ri. Rh.
lit. Cf.
SmU. a.
Sol. •>! Aar.
•dCUa.
4UI. 1.
«y. M.
•JEm.
bbl. 1. 1.
«ii.N.
•r. «I. ar-
«A<|.
SI Jal.
fliJw.
« Sipl.
5
Henuue So/uiueni hUluru: eatoailira^ liber &. cl sic rie cxleriK, uiu cutii
Socnte. Parisiis, 1668. fui.
vKlii Spartiani viu Adriaai Imperatohs , iu hislorkc augusla; loiiio I . Lug-
duni-Batavoruin , 1671. 8*.
vila Anlonini Cancallx Iinperaloris. Ibid.
vili Scveri Impt'ralori.s. Ibid.
S|Nrilegiam veieram aliqoot Scriptoram, etc. a Dorano Likm iMchmo,
tom. 3. Pansus, 1639. &•.
tom. 4. Ibid. 1661. 4*.
lom. 5. Ibid. 1661. &*.
l>nHiilio ad hune tomuiu.
lom. 7. Ihid. 1666. 4*.
tom. lu. Ibid. 1671. 4*.
UNO. 12. Ibid. 1678. f.
tom. 13. Ibid. 1677. 4*.
Stephani Byiantini de Urbibus lib«r. Lagduni-Batavoiiim, 16)1. Tul.
S(raboni!« renim f;eognphicarum lib. I, et ne deealam. Kiistalh. Vignon,
1587. fol.
Isaad Cawriwi eoaaalariwal CHtifMiooes ad eandem. Ibid.
{'.. Stielonii Tnnquilli de dnodcdin Oaaribw lib. 5. n. 1, et sir de calc-
m. Lugd-Bat. IMH. 8».
de Claris Rhetonbns liber, ad cakem fperis praced.
de illustribas GramniUds liber. Ibid.
Solde lexicon ygco-hUil ad literam a, et sic de ecteris. Oanlabrigu',
1708. 3. vol. M.
Snlpitii Sereri Preabyteri epistoia ad .Voreliom, inler cjosdcm oper.i
cum lectissimis awmeatarii» Georgii Homii. Am.stelodami, 1665.
8*.
ad BaasBlam socmin suam epistoia. Ibid.
ad Claiidiaro sororem soani epistoia, in toroo i. mtsc^llamvruiu Balu/ii.
Parisiis, 1678. 8*.
dialogns 1 . et sic de i. et 3. int«r ijndcn open, obi supni.
epistoia dedicatoria Editons. Ibid.
ad Eusebiom Presbytemm cptstob. Ibid.
historix sacne liber 1. et tic de i. Ibid
prpfatio, sai prolefomena. Ibid.
vita S. Martini Tarooensis Episcopt.
Lanrentii Sorti Caribosiani de iirobatis Sanctomm historiis. cti-. :id dieiii
i3 Aprilis, ft sic de cstens diebos. Colonix-Agrippiiix, Io7l-lo7t).
fol.
die M A.ngu$ti, et sic de csteris.
die 31 Jolii, et sic de ccteris.
die fi Jonii, et aie de csteris.
die i9 Maii, et sic de estais.
die li Novembris, et sic de rarteris.
die i SqMembris, et sic de rarteris.
Ixij
TABLE
8)11. iMjc. ciii. Syllabus Poëtaïuin Chrislianorum velerum el coruin edilionuin, priefixus
operibus l'uulini Pelrocorii a Gliristiano Dauinio. l.ipsia; , 108(5.
12".
Sym. 1. I. q.. 8. Q. Aurelii Symmachi U. G. liber 1. cpislola 8. el sic de cieleris. l'arisiis.
1004. 4°.
aiici. ep. I. auctuarii Syraniachiani cpislola 1 . Ibid.
luiiicei. raiscellanea et nol&> ad epislolas ejusdem Syamiaclii. Ibid.
lac. ail. 1. i. C. Cornelii Taciti ad excessu D. Augusli annalium liber/i. el sicde ca;-
tcris , inter caetera ejusdem opéra. Anislelodami, 168S. 2. volum.
8».
ab excessu Neronis historiarum lib. 1. et sic de ca;t. Ibid.
de moribus Germanorum. Ibid.
vita Agricola!. Ibid.
Q. Septinii Florenlis Tertulliani adversus Hermogenem liber, inler ejus.-
dera opéra Paris. 1845. fol.
de teslimonio animaj. Ibid.
adversus Valentinianos. Ibid.
Themislii oralio 9. ex editione Harduini. Paris. 1084. fol.
Theodoreli Gyrcnsis Episcopi dialogus 1. et sic de ca;teris. Parisiis, 104:2.
fol.
lnL-reticarum fabularuin liber 1.
liisloria; ecclcsiastica; liber 2. el sic de caiteris, una cum Evagrio el aliis.
Paristis, 1073. fol.
M', de Tillemont, histoire des empereurs et des autres Princes qui ont re-
gné les six premiers siècles de l'Église, etc. tome 1. cl ainsi des autres.
A Paris, 1690-1701.4».
Mémoires pour servir à l'histoire eccldsiaslique des six premiei-s siè-
cles, etc. tome 1. et ainsi de tous les autres. A Paris, 1690-
17i2.
Triili. iMfi. ceci. Johannis Trilhemii Abbatis Spanhemcnsis liber de ecclesiaslicis Scriptori-
bus, in biblioUieca ecclcsiastica. Hamburgi, 1718. fol.
iiisi. coni. I. 1. Commentaires historiques contenant l'histoire générale des Empereurs,
etc. par Jean Tristan Ecuier sieur de St. Amant, etc. tom. 1. A Paris,
. 1044. fol.
II. I. I.
mur. (iuriii.
vil. Agr.
Turl. in. Hcrin.
liKil. au.
in Val .
l'Iioin. or. !l.
Tlidret. ilial. i.
lucr. 1. 1.
I. 2.
Till. Ëiiiii. I. I.
H. E. I. I.
Val. Max. 1. a. Valerius Maximus cum selectis variorum observationibus et nova recusio-
ne A Thisii J. Gons. Lugd-Batav. 1070. 8".
Val. nul. Gai. Hadriani Valesii nolilia Galliarum, etc. Paris. 167o. fol.
Vakr. ci>. s. Valeriani Episcopi Gemeliensis epistola, cum horailiis ejusdem. Parisiis,
\(H± 12».
iioiii. homili». Ibid.
DES CITATIONS. Ixiij
^1. Meichioris Golda5sli cotlectanca in stnnonera de bono disriplin;»». ICOi.
if.
p, Siranodi preùlio in fronte homiliarum sancU Valeriani , ubi su-
pra*
pr.f. pjosdem Sinnandi prrf.ilio atlera , in lomo 4. varionim ejusdom ope-
rum. Parislis, ttîW. fol.
T»r. iM. I. I. Varia sacra , sen syUofre Tariorara opuscuiorum gnY-onini . olc. a
Siephano le Movne ediu , ioam 1. Lugdani-Balavorum , 1085.
V.
I. 1 lum. i. qai notas cl ohtervalionet MHflecUtnr.
U|ti. raa. pMch. Fcrdinandi l ichelli FlorenCim luHi nera, sive de Epi840|>is Ilali.v. elc.
tom. 6. Romx, lOSO. loi.
Vki. eu. puOt. Victorii Aquiuni Canoa paschalis coin Bochehi conunenl:iho. An(oer-
fr. pijp, t&«4. fol.
pnpfalin, s«>u proIflfaMM.
Vi«-Mar. I. fl. Vigneol Manilli-, taÊÊÊt» d'histoire et de literalore, U>. t. A Roaen,
noo. «i*.
viN.ia Aw.|.40. Eiia; Yineti comraenurias ta AusoDioro |. 40. et sic de oeteris, una cam
lextD Ansonii. Bardipir, 1580. V.
Tia.Ml.l. 10. (. VuKentii Bfllovacensis specalom doctrinale, Ub. 19. cap. ii7. «( sic de
<4T. eatens ra|Mtibus. Venetus, liU4. fol.
Tint. Ur. VincenUi Lrincnsis coramonilonum, ad caktta Salriani Massilicnsis opc-
nim. Paris. 16H4. 8*.
MM. Siephani Ralazii no(7 in enoideai.ad cairrm o|>eris.
Viff . f«i. «. p. Viiplii Moroms edop 6. ne de cxlehs, uiu>r ejuadem opéra. Pari».
16tt. 4*.
•»*■ OfAx. Ibid.
Yo». vil. Km. Fiavii Vopisci S)Tanuii riu Aoreliani Imperaloris, in hi.stori.T augusLi'
loiBO S. Lagd-BaUT. 1671. 8*.
rit Cv. vite Cari Imperaloris. Ibid.
tu. Itai. ritj Xaineruni Imperaloris. Ibid.
»te. Smw. ,-iia Salumini. IM.
YMi. art. (T. Gt'rardi Johannis Vossii de arte graoïmalica liber. Amstelodaiiii, 16QS.
fol.
art. Ml. lie arliom et sdenliarain natora. Ibtd. 10B6. M.
Uti. gr. de Historins Gnecis. Ibid. 16»». fol.
Mm. lu. de Hi-sioriris l.atinis. Ibid. 1607. fol.
hi4c. M. historia> de conlroversiis quas l>elagiiis, ejnsque reliqui.i> movenint. li-
bri 7. Ibid. 1»35. i'.
Uu. u. «|iii. hi.storif oniversalis epitoroe. Ibid. 1686. fol.
>••. de vetemm Poêtamm lemporihas. Ibid. 1696. fol.
Vnm. Cranii Presbyteri epistola ad Pacatum de obitu S. Paulini Episcopi Noiani .
in lomo i. operum ejasdern. Paris. 16H6. 4*.
Ixiv TABLE DES CITATIONS.
Zo*. i.c. Zosimi Comitis historiaram liber 6. el sic de caeteris, in historia augusia
Francofurti, 1890. fol.
FIN de la Table des Cf/atwm.
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
SIECLES QUI ONT PRECEDE LA NAISSANCE
DE JESUS-CHRIST
ETAT DES LE TRES DANS LES GAULES
durant ces temps-là.
ENTREPRENDRE de découvrif , et de fixer la pre-
mière origine des Sciences parmi les Gaulois, ce
seroil vouloir deviner ce qui est inconnu , et déter-
miner ce qui sera toujours incertain. Selon l'ordre
naturel des choses, c'est d'eux-mêmes que nous devrions
apprendre ce bel endroit de leur Histoire; mais, par un
Tome I. Prcm. Part. A
s*
2 ETAT DES LETRES
capricft assez bizarre, ils ont pris le parti de ne laisser rien
du -tout par écrit. Etrange entêtement qui nous a jettes
dans une ignorance presque entière de leurs actions, même
les plus mémorables ! Qu'en savons-nous en effet ? quel-
ques traits répandus par hazard dans les écrits des Grecs
et des Romains, et par conséquent échappés à des plu-
mes le plus souvent partiales, pour ne pas dire toujours
ennemies, ou tout au moins jalouses de la gloire de no-
tre Nation. Encore parmi le peu de particularités qu'ils
nous en ont conservé, ne trouvons-nous aucun éclaircis-
sement sur le point que nous touchons ici. Et de quels
autres Ecrivains en pourrions-nous attendre? De nos His-
toriens modernes? Plusieurs, à la vérité, se sont mêlés d'en
traiter. Mais tout ce qu'ils en ont écrit avec une certaine
complaisance, ne passe plus aujourd'hui que pour d'agréa-
bles fictions. Ecoutez ce qu'ils en disent, et vous n'en
jugerez pas autrement.
Kgas. Bui. 1. 1. p. II. Appuïez sur je ne sai quelle autorité, ' ils préten-
*• dent que les Gaulois commencèrent à cultiver les Scien-
ces sous Samothès leur premier Roi, frère ou fils de Go-
mer, et petit-fils de .Taphet, environ cent quarante ans
Pic. pris. cei. 1. 2. ap^és Ic déluge. ' Que Magus, second Roi des Gaules ,
p 47 iiiam mor. Prince sage et excellent Philosophe, qui succéda à Sa-
Oal. p. 71 Char. ,i x 1' j j *f\"^ giaaa
iiisi.univ. c. 15. p. mollies son père vers 1 an du monde 19o7, 2000 ans
'^' avant Jesus-Christ, institua dans les (iaules les premiè-
res éludes des Letres, que l'on nomme à présent Uni-
versitez. Qu'après lui Sarron, son fils et son successeur au
Sceptre Gaulois , Prince très-savant , ajouta aux éludes
des Relles-Lelres celle de la Théologie , du nom duquel
Kh'm. Bui ibia. p. ceux qui la profes.soient furent nommez Sarronides.' Que
*• Dryus, fi!s et successeur de Sarron, établit les Druides,
p.:). 'et Rnrdus, les Rardcs, environ le temps de la naissance
nam. ibiii. p. n. de Jacob et d'E«au, plus de 1800 ans avant J. C. ' Que
•ii-MbiJ. p. 3.-. non-seulement lous ces corps de Savans (leurissoient dans
les (iaules plusieurs siècles avant Cadmus en Grèce;
iiaii. jug. proj. c. ' mais encore que ce sonl les (îaulois qui ont appris aux
7. 5 !). p. -'!i!t. (Ji-ecs et aux Asiatiques les Belles-Letres, les Arts hbe-
raux, les Sciences les plus noble»^. Qu'Aristole l'a recon-
it.m. p. 91. nu lui-même, ' et que lu gloire qu'ont acquise à la Gré-
ce ses Mathématiciens et ses Philosophes, appartient ori-
ginairement à nos Gaules.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 3
lU. Telles sont en racourci les idées magnifiques (^ue
quelques-uns de nos ICcrivains se sont formées du premier
goût de nos Ancêtres pour les Sciences. 11 ne serf)it qu'à
souhailur qu'elles eussent autant de fondement qu'elles
paruisscnt avantageuses. Mais il s'en faut de beaucoup.
La tendresse pour la patrie, si naturelle à chaque peuple,
y a eu plus de part que la vérité de l'Histoire. Après tout,
si ' un Italien, qui ne pouvait avoir aucun intérêt de men- b«i. iuj.
tir en faveur de notre Nation, .a été le premier qui ait
avancé des opinions aussi glorieuses pour elle , quoiqu'aussi
gratuites, doit-il paroltre .«lurprenant qu'il se soit trouvé
des l'rançois qui les aient épousées après lui? Mais pour-
3uui ilalter ainsi notre Nation 1 Bornons-nous à lui ren-
re justice. Mlle n'a pas besoin que l'on relere sa gloire
par des fables et par le mensonge. Klle possède assez d'avan-
tages réels, pour se passer des rhimenques qu'on lui vou-
droit attribuer. Démêlons le \Tai d'avec le faux , le cer-
tain d'avec le douteux, l'eiïectif d'avec le supposé; et
nous trouverons encore suflisamment de quoi faire voir
l'inclination et le zèle qu'elle a toujours eu pour les Le-
Ires.
IV. Quoique nous ne donnions pas dans les senlimens
trop llatteurs que nous venons de marquer , il faut pour-
tant avouer , ' que Diodore de Sicile donne le nom de oiod. sk. i. s. p.
Sarronides aux Philasophes et aux Theolegiens des anciens *"•
(iaulois.' De même S. Clément Alexandrin dit bien di- cim. ai. suo. i.
sertement que les (iaulois ont précédé les (irecs dans la ' p'*^*
connoissance et la profession publique de la Pliilo^ophie.
Mais il faut convenir aussi que ni Diodore n'assure point
que le nom de Sarronides qu'ont porté ces Sayans, leur soit
venu de Sarron troisième Koi des (iaules ; ni S. Clément,
que les (îrecs aient pris des (iaulois le premier goût, ou
pour la Philos4)pliie ou pour les autres Sciences. ' Bien loin Bail. iud.
que la (iréce doive ses premières connoissances à nos Gau-
les, c'est au contraire nos Gaules qui sont redevables à la
(iréce, au moins pour une grande partie, de la politesse
et de la science qu'on a admirées aans quelques-unes de
ses Provinces. C'est ce que l'on verra dans la suite de ce
discours. ' S. Jérôme n'en a point porté d'autre jugement. Hier, in cp. cai.
Il prétend même que si les Galates étoient des esprits pe- p'-'p*"-
sans, difliciles à gouverner et qui, au sentiment de S. Paul,
Aij .
4 ETAT DES LETRES
avoient peine à comprendre les choses, c'est qu'ils étoient
sortis des quartiers des Gaules , qui n'avoient pas encore
été cultivés par les Belles -Letres. De-là on peut conclure
Bail. ibid. avcc un de nos savans Critiques', que ce quil y a eu de
rudesse et de grossièreté parmi certains Grecs, soit de
p. 300. l'Hellade, soit de l'Asie Mineure, ' leur sera apparem-
ment venu des plus rustiques d'entre les Gaulois , qui
portèrent leurs armes et leur barbarie dans la Macédoi-
ne et dans l'Asie, où ils s'habituèrent par le droit de leurs
conquêtes.
V. Quand nous parlons de la barbarie des Gaulois ,
il ne faut pas s'imaginer qu'ils fussent des barbares , ou
errants et vagabonds, comme l'étoient les anciens Scythes ,
ou aussi grossiers que le sont à présent les Sauvages de l'A-
mérique. Si haut que puissent remonter les autorités qui
leur rendent témoignage, elles ne nous les représentent
que comme des peuples civilisés en quelque sorte, vivant
en société, se conduisant par les loix du bon esprit, oc-
cupés de l'agriculture , des arts , du trafic, aïant même
l'usage des Letres , et de grandes dispositions pour les plus
hautes Sciences. C'est là l'idée que nous en ont laissée les
Grecs et les Romains, et César en particulier gui con-
noissoit mieux notre Nation que tous les autres Historiens.
Que si quelquefois ils la qualifient du nom de Barbare,
ce n'est qu'une manière de s'exprimer, ordinaire à ces Au-
teurs, pour designer les Nations qui leur étoient étrangè-
res. Peut-être aussi ne lui donnent-ils cette qualification ,
qu'à cause de son inclination naturelle pour les armes , et
Poiyb. I. ± |Sai. Qc SCS fréqucutes guerres. Car qui ignore ' que les Gau-
sîrab!'i'.'4.'i). 135.' ^^^^ 0"* ^*^ "'^^ ^^^ Natious Ics plus bclliqueuses de l'ai»-
tiquité , et dont les exploits militaires sont devenus plus
célèbres dans l'Histoire?
VI. Mais ne nous écartons pas de ce qui est de notre
sujet. Il ne manquoit à nos Gaulois aucune des disposi-
tions naturelles pour aimer et cultiver les Letres. A re-
prendre les choses même dès les temps les plus reculés, ils
passoient pour une Nation ingénieuse , raîç 8i Siavoiat; ôÇeîç,
Dioa. Sic. ibid. dit Dlodorc de Sicile', et, pour des peuples d'une industrie
CiE|^bei. Gai. 1. 7. incomparable, genus summœsolertiœ, ajoute César. ' C'étoient
sirab. i. 4.p. 135. des csprits simples, ' sans fraude, exempts de toute malice,
àic>.c.Ov xai où )ca)côr,6e«. La créduhté, ils la portoient jusqu'à
DANS LES GAULES AVANT J. C. 5
un point qu'un Poète fameux ' a cru devoir la faire passer en lun. i. 5. «p. 1
proverbe, '• **•
Et tumidus Galla creduliute fniar.
' Us joignoient à cela une grande curiosité d'apprendre Di^ sic ibid. •.
ce qui se passoit dans les Pais éloignés. Us arrêtoient les *J jic**- ^•
Voïageurs , quelquefois malgré eux, les logeoient en leurs m.\ * *
maisons, les regaloient généreusement, et après le repas
leur faisoient diverses questions : qui ils étoient, quel pou-
yoit être le sujet de leur Toïage, ce qu'ils avoient appris
sur leur route. On sait assez combien ces qualités con-
tribuent à acquérir les Sciences. Elles sont comme autant
de préliminaires, qui y disposent et préparent les esprits.
En effet la curiosité est comme la mère de la science ; puis-
qu'elle n'est proprement que le désir de savoir. La simpli-
cité y est encore nécessaire. C'est elle qui écarte les préju-
gés, en banissant toute sorte de tromperie, ou soupçon
même de tromperie. Enlin la crédulité attire toujours a-
prèselle la docdité. ' Lors donc que S. Jérùme dit d'à- HMr.iUd.
près S. Hilaire qu'il cite, que les Gaulois étoient des es-
prits indociles, cela ne doit pas s'entendre de la nation
entière, mais ou de quelques particuliers seulement, ou
des choses qui regardoienl leur salut.
Vil. De ces heureuses dispositions, que les anciens a-
voient reconnues en nos Gaulois, ' ils ont conclu que c'é- Dioj. sic. ibid.
toient des peuples nés pour les beaux Arts, ' et qui avoient ca* b«i. cai. 1. 7.
une aptitude merveilleuse pour imiter, et porter à sa per- ''■''*•
fectiou tout ce qu Us voioitut être en usage chez les autres
Nations. ' Aussi se laisserent-ib persuader sans peine de su«b.ibid.
faire passer à leur propre usage tout ce qu'il y a de plus
utile dans le commeR'e de la vie. Et bien-t6t ils ne cédè-
rent à aucunt.' nation, pour le soin au'ils prirent de cul-
tiver les Sciences et les beaux Arts, il seroit assurément
digne de notre curiosité de savoir en quel temps nos An-
cêtres ont commencé à s'adonner à de si nobles exerci-
ces. Mais, comme nous l'avons déjà remarqué, l'on n'en
trouve nulle époque assurée. Si néanmoins il étoit bien
certain, ' que Mercure fils de Jupiter eût régné dans les p« »»• «^ c»iij.
Gaules, comme l'ont avancé, dit-on, la Chronique d'A- ''
lexandrie et Suidas, il n'y auroit, ce semble, aucun lieu
de douter que les Gaulois ne commençassent au moins alors
6 ETAT DES UlTHES
à prendre du goût pour la politcssf, et les nobles occu-
p ,23 pations de l'esprit.' Or ce Prince régnoit dans l'Occident,
au même temps que Joseph gouvernoit l'Egypte sous le Roi
Pharaon, vers l'an du monde 2300, environ 1700 ans
avant la naissance de J. C.
p. 120. VIII.' Mercure tel qu'on nous le représente, éloil un
Prince adroit et éclairé, qui, par son esprit et son éloquen-
ce, sut polir un peu la rudesse et adoucir la férocité des
mœurs de son Empire. Dans cette vùë il leur donna des
loix, qui tendoient à l'union et à la paix, et inventa des
Arts pour l'uîilité publique. 11 travailla surtout à lier les
hommes par la société du commerce. Jusques-là, dit-on ,
les peuples Occidentaux , sur lesquels il regnoit , n'avoient
su que la guerre, et respiré que le brigandage. 11 est donc
fort croïable que nos Gaulois , naturellement portés à em-
brasser ce qu'ils connoissoient le plus utih; pour les usages
de la vie , surent profiter de l'avanlaj^e de tant de nou-
veaux secrets, dont ce règne enricliil l'Occident. C'est
C;cs. i,.-i. Gai. 1. apparemment pour cette raison ' qu'ils pnrtoient à Mer-
*»• p- 232. cui-e une vénération toute singulière. Ils lui avoient érigé
un grand nombre de Statues. Ils lui attribuoient la gloire d'a-
voir inventé les Arts. Ils le regardoient comme le plus
. , • , , puissant Patron des Voïageurs, et des Trafiquants. ' Les
c. 14. autres Nations Païennes n en ont point eu d autre ide; .
Elles l'ont toujours considéré comme le Dieu qui prési-
doit au lucre et au commerce.
IX. Entre les divers monumens que les Gaulois avoient
érigez à l'honneur de leurs Dieux, il y en avoit un tout-
à-fait remarquable, et qui vient tout naturellement à
notre sujet. C'étoit un tableau où ils avoient dessein de
représenter l'éloquence avec ses principaux attributs.
' Ils y avoient peint un Hercule, qu'ils nommoient Og-
Lnn.Herc.Gai.p. jjjj^g Lucicn, qui avoit vu lui-même ce monument, dit
qu'ils le dépeignoient d'une manière si extraordinaire , et
si différente des autres Nations, qu'on ne l'auroit jamais
pris pour un Hercule , quoiqu'il en eût toutes les marques ,
et qu'il en portât les symboles ordinaires. 11 avoit plutôt
Luci. ibid. ^6 caractère de Mercure. ' Il étoit représenté sous la figure
d'un Vieillard décrépit et chauve, le visage tout ridé ,
revêtu d'une peau de Lion , un carquois sur l'épaule, une
p. 3C(5. massue en la main droite, et un arc en l'autre main. ' Il
\
DANS LES GAULES AVANT J. C. 7
atliroit à lui une multitude de peuple par des chaînes fort
déliées, d'or et d'argent. Ces cliaînes sortoient de sa langue,
et alloienl aboutir aux oreilles de ces peuples. Hercule les
regardoit avec des yeux riants; et eux le suivoient avec joïe,
et sans nulle contrainte. Ce tableau mystérieux, selon l'ex-
plication du Philosophe Gaulois, ' étoit le symbole de la p. 367.
parfaite ('loquence. Elle n'a, disoit-il, toute sa force que
dans les Vieillards : ce qui étoit figuré par les marques
de la vieillesse d'Hercule. Les chaînes d'or fort déliées
marquoient l'affinité qu'il y a entre celui qui parle et celui
3ui écoute. Enfin les traits et les flèches du carquois
'Hercule figuroient la vitesse, la subtilité, l'énergie du
raisonnement, qui allant jusqu'à l'ame, la percent et la
blessent.
X. ' Comme ce Philosophe étoit persuadé que le ta- p. sec.
bleau représenloil Hercule, il tâcha de rendre raison du
l'apport qu'il croioit être entre réloquence et cette fausse
divinité. Il dit donc à Lucien, que les Gaulois pensoient
différemment des Grecs sur cette convenance. Vous autres
Grecs, dit-il, vous attribuez l'éloquence à Mercure; ' et p. 367.
nous à Hercule, parce que celui-ci est supérieur h l'autre
pour la force. Eumenc, (irateur t^iaulois de la fin du troisième
siècle, et du commencement du quatrième raisonnoit un peu au-
trement sur un emblème à peu près semblable : ' l'union Pan. p. 29.0.
d'Hercule avec les Muses. Il prélendoit que c'est pour nous
enseigner qu'Hercule et les Muses se doivent prêter des se-
cours mutuels, et concourir à la gloire des uns et des au-
tres. Hercule, dit-il, doit procurer et maintenir le repos
nécessaire aux Muses; et les Muses de leur côté célébrer ,-
par leur art la valeur et les grands exploits d'Hercule.
Quoi qu'il en soit de l'explication de notre Philosophe,
s'il étoit permis d'entrer dans le mystère, on pourroit en
donner une aulie plus convenable. En effet, ne seroit-il
pas plus naturel de dire que l'intention des premiers Au-
teurs de cette image énigmatique, étoit de représenter
par-là les deux Arts principaux, par lesquels les Gaulois
se distinguoienl avec éclat de toutes les autres Nations,
c'est-à-dire l'art militaire, et l'éloquence? La plus grande
partie des Gaules, dit Calon dans Charisius, ' possède deux sosip. chans. in-
avantages par excellence, l'art militaire, et le talent de p.'^.^''*'"" '• ^
parler avec grâce et avec esprit: pleraqxie Gallia duos res
8 ETAT DES LETRES
industriosissime consequitur, rem militarem et argutc loqw.
Cette explication comprendroit toutes les parties de l'em-
blème: au lieu que ni la peau du lion, ni la massue, ni
l'arc, qui sont les symboles de la guerre et de la valeur, n'en-
trent pour rien dans l'explication du Philosophe de Lucien.
XI. L'amour qu'avoient nos Gaulois pour les Sciences
et les beaux Arts, leur avoit inspiré de la vénération pour
toutes les autres Divinités, qu'ils croioient y présider.
Ces. bel. Gai. 1.6. ' Après Mcrcurc ils honoroient particulièrement Apollon,
• Ls^^rof. c. 1. " qu'ils avoient nommé Belenus : nom latin formé d'un
p. 154. 155. ancien mot Celtique qui signifie blond. '' Ils le regardoient
k cœs. ibid. p.235. comme le Dieu qui présidoit à la Médecine, et qui avoit
une vertu singulière pour guérir les maladies. On voioit
dans les Gaules, encore au quatrième siècle de l'Eglise, plusieurs
Pan, p. 26'.. Templcs consacrés au culte de ce faux Dieu. ' Eumene
f>arle avec éloge d'un de ces édifices, qu'il assure avoir été
e plus beau de tout l'Univers. 11 ne dit point en quel lieu
il étoit situé; mais il paroît par sa narration que c'étoit ou
p. 287. dans la Viennoise, ou dans un autre pais peu éloigné. ' Il
y en avoit un autre à Autun auprès des Ecoles publiques
Ans. ibid. de ccttc Ville, ' et peut-être un troisième à Baïeux, dont
le Rhéteur Patere semble avoir été le Gardien et le Thré-
CtBs.ibid. sorier. ' Les Gaulois rendoient aussi un culte public à Mi-
nerve, dans la pensée qu'elle avoit enseigné aux hommes
les premiers éléments des Arts et des Sciences.
jyj XII. ' Us étendoient ce culte à plusieurs autres sembla-
p 229 bles Divinités. ' Aussi César remarque-t-il, que toute la
nation entière des Gaulois étoit extrêmement adonnée à
p. 233. toutes sortes de superstitions. ' Ils revéroient encore Mars,
p. 23i. Jupiter, Pluton, et quantité d'autres, ' au sujet desquels
ils étoient dans presque la même croïance que le reste
des autres peuples païens. Nous n'entrerons point dans ce
détail. Il n'est pas de notre sujet. Tout ce que nous en pré-
tendons tirer pour notre dessein, c'est que si les Gaulois
ne cedoient à aucune autre Nation en matière de super-
stitions, ils ne lui cedoient point non plus dans la Science
de la Mythologie. Leur Théologie avoit même cet avan-
tage, sur celle de tous les autres peuples du Paganisme,
qu'elle [étoit plus ancienne, plus raisonnable, et plus subli-
me. C'est ce qu'on peyt voir dans les Auteurs qui ont écrit
de leur Religion et de leurs Divinités.
XIII.
DAiNS LES GAULES AVANT J. C. 9
XllL ' Les Gaulois tenoient l'immortalité de l'a- oœs. bci.cai. i. c,
me. Ce sentiment seul, qui les distinguoit des autres ''" "'^'
Gentils, peut suffire pour prouver non-seulement l'an-
cienneté de leur Théologie, mais encore celle des au-
tres Sciences qu'ils ont cultivées. En effet, ils n'ont pu
puiser leur opinion sur la nature de l'anie, que dans la (ni.)
doctrine des premiers Patriarches, à qui Dieu avoit ré-
vélé cette venté, et de qui elle passa par tradition aux
Eils de Noé, et à leurs premiers descendans. Si donc les
Gaulois ont pu conserver ce point de doctrine, au travers
de tant de tables du Paganisme, et malgré une idolâtrie
continuelle et les autres suites funestes du péché originel,
qui ont effacé cette heureuse impression de l'esprit et du
coeur des autres Gentils; pourquoi n'auront-ils pas conseï"^
vé également les notions des autres Sciences, de l'Astro-
nomie, de la Géométrie, de la Géogi'aphie, de la Physi-
que? N'étoient-elles pas connues de Japhet, et de ses pre-
miers descendans, dont les Gaulois ont tiré leur première
origine? Et n'étoit-il pas plus facile de les conserver ces
Sciences, qui sont du ressort des sens comme de la raison,
que la doctrine de l'immortalité de l'ame, qui n'est qu'une
Science spéculative? Concluez donc de ceci, qu'il faut que
les Gaulois aient connu, et cultivé de tems immémorial,
et la Philosophie et les autres Sciences qui en font partie,
ou qui y ont rapport.
XIV. Aussi l'on aura sans doute remarqué, qu'en disant
qu'ils commencèrent à prendre du goût pour les Arts et
les Sciences sous le règne de Mercure, nous ne l'avons dit
qu'avec une restriction, qui supose qu'ils pouvoient en
avoir été instruits auparavant. Le Lecteur est en état de
juger par lui-même s'ils l'ont été en effet. Ce règne, su-
f)osé qu'il ait été tel et aussi réel qu'on le prétend, aura pu
eur aporter de nouvelles lumières, et les enrichir de nou-
veaux secrets. Mais pour les hautes Sciences, il paroît hors
de doute qu'ils les aporterent avec eux, lorsque dans la
dispersion des peuples, ils se répandirent dans les pais in-
habités, et vinrent enfin peupler les terres qui ont porté
dans la suite le nom de Gaules. Et de quels autres peuples
les Gaulois auroient-ils pu prendre les Sciences, dont il est
ici question? Des Egyptiens? Des Chaldéens d'Assyrie?
Des Indiens? Des Perses? Mais il est certain que les Gau-
Tome I. Prem. Part. lî
10 ETAT UKS LETKKS
lois n'ont jamais eu de communication avec ces Peuples
éloignés d'eux par des distances presque infinies. Après
s'être habitués dans les (Jaules, ils s'y sont trouvés isolés.
Le Rhein et les Alpes à l'Orient, la Méditeranée et les
Pyrénées au Midi, l'Océan à l'Occident et au Nord, les
separoient de toutes les autres Nations, et leur fermoient
tout commerce avec elles. Les Etrangers ne se sont bazar-
dés que fort tard de francbir ces barrières, que la nature
avoit elle-même formées. Les premiers que l'on sache l'a-
voir tenté, sont les Grecs et les Romains. Mais, si les Gau-
lois, dans la suite des temps, ont pris quelque chose de ces
deux Nations, il est incontestable d'ailleurs qu'ils les ont
devancées l'une et l'autre dans la connoissance et l'exercice
de la Philosophie, et des autres Sciences qui y ont rapport.
XV. Personne n'ignore que la Philosophie des (irecs
n'ait eu l'avantage de l'ancienneté sur celle des Romains.
Or il en est de même de la Pliilosophie des Gaulois, à l'é-
cioin. \i. stro. 1. gard de celle des Grecs. ' C'est une vérité que S. Clément
I. p.3or.. Alexandrin a pris à tâche lui-même d'établir. Après avoir
lu, ce semble dans ce dessein, les plus anciens Auteurs,
il prouve par leur autorité, que les Nations qu'il a plû aux
Grecs de traiter de barbares, et les (Jaulois en particulier,
ont fait usage de la Philosophie, avant que la Grèce la
II. 3W. connût. ' En effet, continue ce Père, les plus anciens Phi-
losophes que l'on sache avoir paru chez les Grecs, sont
Mnesiphile, Selon, Themistoole, Xenophane, Thaïes,
Pythagore, qui n'ont commencé à lleurir que vers la 16.
i,.303. Olympiade, un peu moins de 700 ans avant J. C. ' Et
il y avoit déjà long-tems alors que les Druides, qui étoient
les Philosophes des Gaulois, philosophoient dans les Gau-
les, comme les Devins, ou Prophètes' des Egyptiens dans
l'Egypte, les Chaldéens dans l'Assyrie, les Semanées dans
la Bactriane, les Mages dans la Perse, les Gymnosophis-
p. 304. tes dans les Indes. ' S. Clément va encore plus loin, et
montre par Alexandre l'Historien, dans son traité des
Symboles Pythagoriciens, que Pythagore avoit même été
instruit par les Gaulois. Ce fut d'eux par conséquent
qu'il prit l'opinion de l'immortalité de l'ame, qu'il acom-
moda depuis à son fameux système de la métempsycose.
Ainsi les Grecs sont redevables aux Gaulois d'un des plu
nobles principes de leur Philosophie, et du sentiment le
DANS LRS r.AlJLES AVANT J. C. 11
plus (ligne qu'ils aïenl enseigné sur la nature de l'homme.
Si nos Historiens modernes, en relevant le savoir de nos an-
cêtres, s'en fussent simplement tenus à faire valoir l'avan-
tage que nous venons de marquer, nous n'aurions pas eu
lieu de traiter d'agréables fictions les opinions pompeuses
qu'ils ont avancées à ce sujet.
XV J. Oui, dira-t-on peut-être, vous avez prouvé assés
bien, que les Gaulois n'ont point pris leur Philosophie des
Nations que vous venez de nommer. Mais pourriez -vous
justifier qu'ils ne l'aient pas prise des premiers peuples de
la Grande Bretagne? Au moins ' César semble-t-il l'as- Ca;s. bel. Gai. i. «
sûrer positivement; ' Et il est certain, selon Tacite, que tm.^.' i. u.n.
cette Isie avoit encore des Druides vers la fm du premier ^''•
siècle de l'Eglise. ' 11 est vrai que César, parlant des fonctions Cics. ibid.
des Druides Gaulois, dit qu'on croïoit que leur secte avoit
pris nais.sance dans la Grande Bretagne, et que de là elle
étoit passée dans les Gaules. 11 ajoute même que, de son
tems, ceux des Gaulois, qui vouioient en avoir une con-
nois.sance plus parfaite, et s'y rendre plus habiles , faisoient
voïage en ce païs-là pour l'y puiser à la source. Mais cet
endroit de César doit s'entendre de ce qu'il y avoit et de
plus sanglant et de plus superstitieux dans les sacrifices et
les divinations des Druides. On sait, et nous le dirons bien-
tôt, qu'ils étoient assez inhumains pour immoler des hom-
mes à leurs fausses Divinités, et en égorger d'autres, afin
de chercher dans leurs entrailles les secrets de l'avenir.
' Voila les maximes qui seront venues des Druides Bretons p»"'- adv. suts. i.
aux Druides (Jaulois ; et c'est tout ce que César a voulu '' ''
dire. Car on peut assurer qu'il n'a jamais prétendu , que
ceux-ci eussent pris des autres cette belle police qu ils
avoient établie dans les Gaules, non plus que la Théologie
et les autres Sciences les plus nobles qu'ils y enseignoient.
On ne trouvera point dans aucun Historien de quelque
mérite, que la Grande Bretagne ait eu rien de semblable
dans les premiers temps ; ' quoique les Bretons et les Gau- Tac. vu. Agr. n.
lois n'aient fait originairement qu'une même Nation.
XVII. Après avoir parlé de l'origine des Sciences chez
nos plus anciens Gaulois, il est de l'ordre et de notre su-
jet de dire quelque chose de leur première manière d'écrire.
Nous avons déjà remarqué, en passant, qu'ils avoient eu la
bizarrerie de ne rien laisser par écrit sur leur histoire. Ils
Bij
12 ETAT DES LETRES
poussèrent encore ce caprice jusqu'à ne rien écrire non plus
des productions de leur esprit. Ce n'est pas toutefois qu'ils
n'eussent connoissance du secret de l'écriture : Pline, Stra-
cœs. bel. Gai. 1. 6. Jjqjj gj César, ' plus ancien que les deux autres, assurent
L. \. p. 28. qu'ils se servoient des ' caractères grecs dans les usages tant
publics que particuliers de la vie civile. C'est en cette sor-
te de caractères qu'étoient écrites les tables que César
trouva dans le camp des Helvetiens, après qu il les eut
vaincus, et sur lesquelles ces peuples, qui faisoient alors
partie des Gaulois, avoient marqué l'état de leurs forces,
et fait le dénombrement de leurs familles. De même, entre
le peu de monumens qui nous restent de l'antiquité Gau-
loise, il s'en trouve qui établissent encore l'usage des letres
gréques dans nos Gaules. Il est même des écrivains qui
soutiennent que les Gaulois ont continué de s'en servir,
néanmoins sans uniformité, jusqu'au sixième siècle et au
suivant ; quoiqu'ils fussent passés depuis long-temps sous
la domination des Romains. II n'en faut pas être stirpris.
CiBs. ib. 1. 5. p. ' En ces temps reculés les caractères grecs servoient à écri-
«00 not. re différentes sortes de langues : comme l'on se sert depuis
f)lusieurs siècles des caractères romains, pour écrire les dif-
èrentes langues qu'on parle dans l'Europe.
XVIII. Il n'y a peut-être que François Hotman seul,
qui, dans ses notes sur les commentaires de César, page 74,
ait pensé à contredire la vérité que nous venons d'établir.
Mais il ne l'entreprend que sur une conjecture qu'il suffit
de rapporter pour en faire voir .tout le foible. 11 prétend
que César, dans les endroits cités, veut seulement dire que
les Gaulois se servoient de l'écriture dans les affaires civi-
les, quoiqu'ils ne l'emploïassenl pas à d'aiitres usages, et
que le mot grœcis a été ajouté au texte de cet Historien.
C'est ce qu'il ne s'est mis en peine de justifier par au-
cun manuscrit. Ainsi vous voiez suffisamment de quel poids
f)eut être sa conjecture. Et quand on la pourroit soutenir ,
es autres preuves en auroient-elles moins de force? De ces
preuves il y en a qui sont prises des anciens monumens,
Îrue l'on nous a conservés; et ces anciens monumens con-
irmenl ce que nous en aprenent les Historiens de l'anti-
quité. En faut-il davantage pour se convaincre d'un fait ? et
quelle est la conjecture qui puisse soutenir les regards de
cette conviction ?
DANS LES GAULES AVANT J. C. 13
Mais, direz-vous, si les caractères grecs étoient en usa-
ge dans les Gaules, pourquoi ' César dit-il lui-même qu'é- Cies. iwd. i. s. p.
tant obligé d'écrire à Ciceron, l'un de ses Lieutenans, qui *®^"**^-
ëtoit alors retranché dans la Belgique, il le fit en caractères
grecs; de peur, ajoîlte-t-il, que les Gaulois venant à in-
tercepter ses letres, ils n'eussent connoissance de ses des-
seins ? Rien n'est plus facile que de concilier cet endroit de
César avec les précedens. Il nous en fournit lui-même le
moïen, ' lorsqu'en faisant la division des Gaules, il nous ^^ ^ ^
aprend que les Belges, les Aquitains et les Gaulois propre-
ment dits avoient une langue, des loix et des coutumes dif-
férentes les uns des autres. Ainsi les Belges pouvoient fort
bien ne pas avoir l'usage des caractères grecs, quoique les
autres Gaulois s'en servissent. César ne risquoit donc rien
en écrivant ses letres en ces caractères. Que si l'on pouvoit
prouver le contraire, il faudroit dire que César ne se servit
f)as seulement des caractères grecs, mais qu'il emploïa aussi
a langue gréque. Or, quoique cette langue fût alors fort
connue dans la Province des Romains, et peut-être dans
quelques autres endroits des Gaules, elle n'étoit point en-
tendue des Belges. Au reste n'allez pas conclure de ceci,
aue les Belges n'eussent encore alors aucune connoissance
u secret de l'Ecriture, non plus' que n'en avoient les Ger- t.ic. mor. Gcr.
mains, qui étoient dans leur voisinage. La précaution dont
usa César dementiroit elle seule votre conséquence. En
effet, elle supose bien clairement qu'ils avoient au moins
l'usage des caractères romains. Sans cela la précaution d'é-
crire en grec auroit été inutile. U est néanmoins vrai, que cas. bel. Ca». i. 2.
les Belges, ' et particulièrement les Nerviens qui haoi- p '*
toient ce que l'on a nommé depuis la seconde Belgique,
étoient des peuples féroces, qui ne faisoient aucun commer-
ce, et qui n'usoient pas même de vin.
XX. Vous pourriez encore vous former une difficulté
plus forte, ou au moins plus spécieuse que la précédente.
' M. Bouterouë, dans son Traité des anciennes Monnoïes, bow, mon. de Fr.
nous en a donné plusieurs, qu'il ci-oit être des Gaulois, p- **-^-
avant qu'ils subissent le joug des Romains. Or toutes les
légendes de ces anciennes pièces , si l'on en excepte une
seule, et certaines letres de quelques autres, sont en cara-
ctères romains, et non en caractères grecs. Rien donc ne
paroît plus opo.sè h l'autorité de 'César qui assure, que les Cse|^^])oi. Gai. 1. e.
6
14 ETAT DES LETHES
Gaulois usoient des caractères grecs dans leurs affaires,
soit publiques, soit particulières. S'il y avoit lieu d'em-
ploïer ces caractères, assurément ce devoit être sur la
Monnoïe, qui avoit cours dans le public. Nous ne nous
piquons pas d'être assez habiles dans la eonnoissance des
Antiques, pour prononcer définitivement sur ces pièces
de Monnoïe ou Médailles. Seulement nous dirons, en
gênerai, que ces sortes de monumens pour l'ordinaire sont
fort équivoques; à moins que l'on n'y trouve des indices
bien marqués pour justifier le jugement qu'on en porte.
Sans cela on leur fait signifier tout ce que 1 on veut. Celui
qui aura l'imagination plus heureuse, y réussira le mieux.
XXI. Après tout nous ne risquons rien d'accorder à l'é-
gard des pièces dont il est ici question , que celles où on
lit les noms de quelques peuples des Gaules, sont effecti-
vement de ces peuples. Mais quelle preuve a-t-on pour [les
faire aussi anciennes qu'on le prétend? On n'en donne
point; et nous n'y en voïons aucune. On peut donc croi-
re que ces monnoïes ou médailles n'ont été frappées qu'a-
près que les Romains eurent réduit les Gaules sous leur
obéissance ; et par conséquent lorsque les caractères romains
eurent pris la place des caractères grecs, au moins pour les
affaires publiques. Car il en fut sans doute de l'écriture com-
Aug. civ. 1. 19, me de la langue. 'Or, S. Augustin assure que les Romains
victorieux non-seulement imposoient le joug de leur auto-
rité aux Peuples qu'ils avoient vaincus, mais qu'ils les obli-
geoient encore à parler la langue du vainqueur, pour établir
une plus grande tranquillité , et une union plus parfaite en-
tre les Membres de l'Empire. Quelle difficulté donc y auroit-
il de regarder ces Médailles , ou comme ' des marques de
quelques révoltes de certains cantons des Gaules contre
les Romains, ou comme une concession de quelque apa-
rence de liberté, que les Empereurs purent mire à quel-
ques-uns de ces Peuples, en reconnoissance des services
qu'ils auroient rendus à l'Etat? on n'en trouve rien dans
1 histoire , direz-vous ; mais l'histoire n'a pas tout marqué.
Aucun ancien Historien ne fait mention de la monnoïe des
Gaulois ; direz - vous pour cela qu'ils n'en avoient point à
leur usage?
XXII. Ainsi, bieji loin que ces médailles contredisent
l'usage des caractères grecs dans les Gaules, elles ne font
c. 7.
DANS LES GAULES AVANT J. G. 15
que le confirmer. Il n'y faut faire que la moindre atention
pour en convenir. Premièrement ' la légende de la medail- Bout. iwa. .i>. 52.
le que l'on croit être des peuples ou de Galais ou de Gaux,
est en caractères grecs. 'En second lieu l'alphabet Gaulois, p. 137. ""'
que M'. Boulerouë a tiré des légendes des autres pièces,
nous représente plusieurs lelres greques insérées parmi les
romaines. Tels sont le délia, le gamma, Véta, le lambda,
le pi, le rhô, le sigma, et le cht. ' La plupart de ces mêmes p. 376.
letres furent encore en usage dans les Gaules, sous la pre-
mière race de nos Rois. On n'en peut douter, en jetant
les yeux sur un autre alphabet, (jue nous en a donné le mê-
me Antiquaire, après l'avoir tiré des monumens de ces
temps-là. ' G'est ce qui a fait dire à l'Auteur du Traité de la roi. Gaui. 1. 1. c.
Religion des Gaulois, que les François avoient emploie les * ••• **•
caractères grecs, même jusqu'au sixième siècle, en les
insérant en partie parmi les caractères romains. Or je vous
demande d'où est venu à nos Gaulois ce mélange de deux
caractères difîerens ? Pourroit - on dire avec quelque
aparence de vérité qu'il leur soit venu de ce qu'ils au-
roient reçu d'abord ces deux caractères, ou tous deux à la
fois, ou ainsi mélangés? Non sans doute. Il est bien plus
naturel de croire que ce mélange est arivé de ce que les
Gaulois ont usé des deux caractères, successivement les uns
après les autres. Et comme ils se sont enfin fixés aux cara-
ctères romains, en y insérant durant plusieurs siècles sept à
huit letres gréques , il est évident que les caractères grecs
sont les premiers qui aient été en usage dans les Gaules.
XXIII. Non - seulement les Gaulois, après s'être soû- (iv.)
rais aux Romains, se servoient encore des caractères grecs
ainsi mélangés; mais ils les emploïoient même quelquefois
sans aucun mélange, au moins dans leurs usages particuliers.
' Nous en avons une preuve aussi précieuse que remarquable: Rom. subt.i. s.e.
l'inscription sépulcrale du Martyr Gordien, Messager ou **' •"' '^^^
Courier des Gaules à Rome où il souffrit le martyre pour
la foi sous les Empereurs Païens. Cette inscription fut trou-
vée dans le cimetière de S'*. Agnès sur le chemin de No-
mento, et fait partie des anciens monumens , qui forment
ce qu'on nomme Rome souterraine. Quoique les mots en
soient latins, elle est néanmoins en letres gréques fort ru-
des et fort grossières. Il y est marqué que toute la famille de
Gordien souffrit le martyre , et fut aussi inhumée au même
l(i ETAT DES LETHES
endroit. 11 faut par conséquent qu'elle fût allée s'établir à
Rome. Il y est encore marqué, qu'Ythphile, qui y est
aualifiée servante, fit dresser cette inscription. Tout le mon-
e supose qu'Ythphile la fit mettre en caractères usités
dans le pais de Gordien ; car cette sorte die caractères n'é-
toit point en usage à Rome. Comme ce monument est le
seul qui nous reste en ce genre d'écriture, nous croïons fai-
re plaisir au lecteur de le, lui mettre ici sous les yeux.
0HÇ vc:)pfHAi)VçvI^myypçHyçHvp\/
iv.) Voici de quelle manière il faut lire cette inscription. Le
6 est la letre que les Grecs avoient accoutumé de mètre à
la tète des Epitaphes, et ne signifie rien autre chose ici. Le
reste se doit lire de la sorte : JsOordianus Galliœ nunsiusju-
gulatus pro fide cum familia tota , qu iescun t in pace . Ythphila
ancilla fecit. Les réllexions qu'il y auroit à faire sur cette
ancienne écriture se présentent d'elle-mèmes ; et nous les
abandonnons au lecteur. Il y remarquera sans peine que
Véta est mis par-tout pour Yiota.
XXIV. On ne sauroit dire au juste, en quel temps les
Gaulois commencèrent à avoir connoissance, et à faire usage
du secret de l'écriture. Il n'y a gueres que deux opinions à
prendre sur cela. Ou ils le reçurent par le canal des Pho-
céens, établis à Marseille près de 600 ans avant Jesus-
Christ, ou ils l'aporterent avec eux d'Asie en Europe. La
première de ces deux opinions paroît fort naturelle; et le
préjugé est en sa faveur. Car les caractères dont usoient les
Gaulois étoierit grecs; vous le venez de voir. D'ailleurs les
just.hisi. I.43.C, Phocéens étoient sortis de Grèce; ' et leur établissement
4. p. 610. (jj^jjg jgg Gaules y renouvella tellement la face du pais,
qu'on l'auroit pris pour la Grèce même, au jugement d'un
ancien Historien. Il est vrai que les caractères dont se ser-
voient les Gaulois, et tels que nous les venons de représen-
ter.
DANS LES GAULES AVANT J. C.
17
ter pour la plupart, sont beaucoup plus rudes et grossiers,
que ceux qui étoient à l'usage des Marseillois. Cela paroit
par ce qui nous reste de leurs anciennes inscriptions. Ainsi
ceux des Gaulois doivent passer pour plus anciens que
les autres. La rudesse et la grossièreté en ce genre est une mar-
que de plus grande antiquité. Mais on peut répondre à cette
difficulté, en disant que cette diflerence n'est venue que par
succession de tems, et de ce que les Marseillois faisant un plus
fréquent usage de l'art d'écrire que les Gaulois, ils ont plus
poli leurs caractères à force de s'en servir. En effet nous
avons d(jh remarquiî que les Gaulois n'écrivoient rien. Au
contraire les Marseillois écrivoient beaucoup; et plus de
deux siècles avant Jesus-Christ, ils nous ont donné plu-
sieurs Auteurs célèbres. De sorte qu'ils auront fait en quel-
que sorte dans les Gaules à l'égard de leurs caractères ,
ce que l'on suppose que fit Ilomere à l'égard de ceux que Cad-
mus porta de Pnénicie en Grèce.
XXV. L'autre opinion qui supposeroit que les Gaulois
apportèrent avec eux d'Asie en Europe le secret de l'écriture,
ne laisse pas d'avoir aussi sa vrai-semblance. ' Elle est
même préférable à la première, selon l'Auteur du Traité de
la Religion des Gaulois. C'est ce qu'il tâche de montrer par
divers raisonnemens. 11 se fonde principalement sur la ru-
desse et grossièreté des caractères dont se servoient les
Gaulois. ' Ce que l'on y trouve d'affamé* dans l'espèce par-
ticulière, pour parler en termes de l'art, lui fait croire que
ces caractères sont les mêmes que Cadmus porta en Grèce.
On pourroit encore fortifier cette opinion par la réflexion
que nous avons faite au sujet des premières Sciences que les
Gaulois cultivèrent, et dont ils avoient apporté les pre-
mières semences dans les Gaules. Car si les Gaulois appor-
tèrent avec eux et la doctrine de l'immortalité de l'ame, et
la notion des autres Sciences, comme de l'Astronomie, de
la Géométrie, etc. , pourquoi ne voudroit-on pas qu'ils aient
apporté également 1 art de l'écriture? De plus, ' il est mo-
ralement impossible , remarquent des critiques , de cul-
tiver les Sciences, et surtout l'Astronomie, sans le secours
de quelque manière d'écrire. En effet, sans ce secours com-
ment compter avec exactitude les années déjà passées ; com-
ment marquer que telles et telles étoiles auront été tant de
tems à faire leur cours ; et ainsi du reste ?
«* C
Rel. Ganl. I.
i. i>. 42-43.
p. 43. 'Cad.
maigre.
Gesner in Gen. 5.
q.6.p. 138ILJ)(lit.
mise. c. 29. p. 213
2)
18 ETAT DES LETRES
XXVI. Après tout , quelque plausibles que paroissent
ces raisons, il est facile d'en montrer la foiblesse. Par exem-
ple, celle qui est fondée sur la rudesse et la grossièreté des
caractères de l'inscription que vous avez vûë ci-dessus,
n'est pas d'un si grand poids qu'on pourroit d'abord se l'i-
maginer. Toute sa force consiste à supposer que la figure
grossière de ces caractères les approche plus de la forme
des premières letres gréques, qui étoient phéniciennes,
que de la forme de celles qui ont été depuis emploïées dans
la Grèce. Mais il ne faut que faire usage de ses yeux pour
se convaincre du contraire. Que l'on se donne la peine de
comparer les caractères de l'inscription dont il s agit ici,
Paiicgr.iib.4. 0. 'avec Ics divcrs alphabets grecs que Dom de Montfaucon
■'■ ■ nous a donnés; et l'on trouvera beaucoup plus de confor-
mité entre ces caractères et les letres gréques du moïen
âge, qu'entre ces mômes caractères et les letres phéni-
ciennes. D'ailleurs il semble, que l'on ne fait pas assez
piin.hi3t.iib.7.c. d'attention ' à ce que Pline l'ancien et Tacite nous appren-
n*!'i4?' *""■ '■ "■ fent de la forme des plus anciennes letres gréques. Ces Au-
teurs, parlant des tems les plus reculés, assurent sans dé-
tour qu'elles étoient presque entièrement semblables aux
letres latines ou romaines de leur tems. Veteres grœcas,
dit Pline, f\nsse easdempene quœrmnc suntlatinœ. Et forma,
ajoute Tacite, litcris latinis, quœ veterrimis Grœcorum. C'est
ce que Pline prouve par la confrontation qu'il en avoit faite
lui-même sur une ancienne table d'airain nommée Del-
phique, que l'on conservoit h Rome dans la Bibliothèque
du Palais. On y lisoit une inscription qui montroit qu'elle
avoit été dédiée à Minerve par quelque Prince Grec. Or
qu'elle difTérence entre les caractères usités chez nos an-
ciens Gaulois, et les lettres romaines du tems de Pline et
de Tacite !
XXVII. Ce n'est pas encore tout. Pourroit-on dire avec
quelque fondement, que les caractères dont se servoient les
Gaulois ont eu un privilège, qui n'a été accordé à aucun
des autres, et soutenir qu'ils n'ont jamais souffert ni altéra-
tion ni changement? On sait que les caractères grecs dans
leur origine étoient les mêmes que les phéniciens, et que
les latins ou romains aussi dans leur origine étoient les mê-
mes que les grecs. Cependant quelle différence s'est glissée
Hcrod.i.5.p.3oo. depuis Ics premiers tems entre les uns et les autres. 'Long-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 19
tenis avant le sit'cle d'Hérodote, les Grecs en avoient
iluuigé et le son et la manière de les peindre. Pourquoi la
même chose ne sera-t-elle pas arrivée aux caractères qui
étoient à l'usage des Gaulois? Il est d'autant plus aisé de se
le persuader, que la langue gauloise étoit plus différente de
la gréque. Seulement, à s'en tenir à l'inscription que nous
avons rapportée, on y trouve des preuves suffisantes d'un
changement visible. En effet, voit-on nulle part dans toute
l'antiquité gréque Véta employé au lieu de Vïôta, comme il
est dans l'inscription ? La forme qu'ont le gamma, le nu,
et le sigma de la même inscription , est-elle la même que
chez les plus anciens Grecs? 11 est vrai qu'un de leur
gamma est à peu près fait de même que celui de l'inscrip-
tion ; mais avec cette différence considérable, que l'un est
tourné comme Yalpha, et l'autre comme Yupsïlon. Ces ca-
ractères gaulois étoient pourtant grecs dans leur origine.
Que s'ils ont souffert du changement, comme l'on en doit
convenir, on ne peut donc pas s'en servir pour juger de la
forme des caractères originaux, ni conclure de la forme
qu'on leur voit, en faveur de leur antiquité.
XXVIII. De même la seconde raison, qui parott for-
tifier l'ancienneté de l'usage de l'écriture chez les Gau-
lois, n'est pas plus irréfragable que la précédente. Com-
bien de difficultés fait-elle naître ! Si les Gaulois apportè-
rent cet art en Europe , pourquoi les autres peuples ne le
retinrent-ils pas aussi dans leur dispersion? 11 est bien cer-
tain que ni les Egyptiens, ni les Chinois ne le firent pas.
' Ce fut pour suppléer à ce défaut que les premiers invente- Tac. iWJ,
rent leurs hiéroglyphes, et que les autres donnèrent l'ê-
tre aux caractères dont ils se servent encore, et qui ap-
prochent en quelque manière des hiéroglyphes d'Egypte;
chaque caractère signifiant un ou plusieurs mots. 11 est en-
core certain que ni les Grecs , ni les peuples d'Italie n'appor-
tèrent point non plus avec eux dans leur dispersion le secret
de l'écriture. 'Les plus anciens Auteurs nous assurent que Koscb.praepar.cv.
les Grecs le reçurent des Phéniciens, et les Italiens des c'ap.'i.'yrlt.^'im]
Corinthiens et des Arcadiens : ceux-ci par le canal de De- ^''"" ^"'"
marate et d'Evandre, ceux-là par le ministère de Cadmus.
Combien d'autres nations ont été long-tems, et sont en-
core aujourd'hui sans l'usage de cet art merveilleux! Vous
direz sans doute , que les Gaulois furent en cela plus avi-
C ij
20 ETAT DES LETUES
SCS et plus attentifs que les autres Nations, comme nous
avons montré qu'ils l'avoient été réellement , en ce qui re-
garde l'opinion de l'immortalité de l'ame. Mais il j^ a beau-
coup de différence entre ce point de doctrine , qui peut pa-
roître intéressant aux uns, sans le paroîtrè aux autres, et
l'art de l'écriture , qui porte avec lui toutes les marques vi-
sibles de son utilité pour les usages de la vie. Autre difficul-
té. Si les Gaulois ont eu de tout tems l'art de l'écriture,
comment a-t-il pu se faire que les Germains, qui étoient
leurs voisins, et comme leurs frères, soient demeurés tant
de siècles dans l'ignorance d'un art qui a tant d'utilités?
Tac. mor. Cer. n. ' Ni Ics liommcs ni Ics fcmnics n'en avoient encore nulle
*'• coimoissance , ( * ) au tems que Tacite faisoit la description
des mœurs de cette Nation.
XXIX. Enfin la troisième raison prise de la nécessité du
secours de l'écriture , pour cultiver les Sciences, n'est pas
plus sans réplique que les deux autres. Un seul fait , qui s'est
passé chez les Gaulois mêmes suffit pour l'infirmer. Nous
ne ferons que le toucher ici. Vous l'aurez plus en détail
Os. bel. (iai. 1. daus la suite. ' César as.sûre que les Druides Gaulois ensei-
6p. 227.2iM. giloient la Théologie, l'Astronomie, la Géographie et la
Physique , sans rien écrire eux-mêmes, ni faire écrire à leurs
disciples. Il n'est donc pas impossible de se passer de l'art
de l'écriture pour cultiver les sciences. De tout ceci con-
cluez , qu'on ne peut rien établir de certain sur le tems
auquel nos Gaulois ont commencé à faire usage du secret
de l'écriture. C'est une époque trop éloignée de nous, et
sur laquelle nous avons trop peu de lumières , pour la pou-
voir fixer. Concluez encore que les deux opinions, qu'on
peut se former sur cela, ne sont pas sans difficultés, quoi-
que la première en souflre moins que l'autre. Concluez en-
fin , que long-tems avant que les Romains pénétrassent dans
les Gaules, les Gaulois possedoient l'art d'écrire, et que
leurs caracléi-es étoient grecs dans leur origine; quoique
dans la suite ils aient été sujets à quelque changement,
comme tous les autres qui ont été à l'usage des diïferentes
nations. C'est-là tout ce que l'on peut dire d'assuré sur ce
Tac. ibid. n. 3. (')' Tache ilil ailleurs qu'on avoit iroavé gcrs ; fl eux-mêmes les rapportoicut i
sur les conliiis de laOormanic et de la Rlié- lÛlisse. Us pouvoient èirc ou des Hclvo-
lie , des (oiubeaux el d'autres moiiuniens liens, ou des colonies que les Gaulois, se-
r ^ jjgii gji I avec des iuscriplious eu Icircs (;rcques. ion ' César, cnvoïuicnt eu Germauie.
6 D 'ui ' ^^^ ''^^ luoQunicus leur étoient étrao-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 21
sujet. Le reste n'est fondé que sur des conjectures. Peut-être
même nous y sommes-nous trop étendus, au gré de ceux
qui n'aiment pas à approfondir les choses médiocres. Pas-
sons maintenant aux autres particularités , qui regardent
l'usage de l'écriture dans les Gaules.
XXX. On remarque ordinairement trois manières d'é-
crire ou de peindre les caractères alphabétiques. La pre-
mière et la plus ancienne est d'écrire de la droite à la gau-
che . Celle-ci a été propre aux Phéniciens, aux Hébreux ,
aux Chaldéens, aux Arabes; et on la retient encore à pré-
sent, lorsqu'on écrit les langues orientales. ' Il n'y a pas Paia;. gr.i.a.c.i.
lieu de douter que ce ne fût aussi la première manière d'é- ^' *'^"
crire chez les Grecs; puisqu'ils avoient été instruits de l'art
de l'écriture par les Phéniciens. Que les Gaulois l'aient
suivi aussi , c'est ce que l'on ne peut pas assurer , parce que
l'on n'a point de preuves certaines, ou qu'ils aient apporté
d'Asie le secret de l'écriture, ou qu'ils l'aient pris des Orien-
taux. La seconde manière, (jui depuis fort long-tems est
la plus commune en Europe, comme étant la plus naturel-
le, est d'écrire de la gauche à la droite. Enfin la troisième
manière , est d'écrire tout ensemble de la droite à la gau-
che et de la gauclic à la droite : à peu près comme un la-
boureur forme ses sillons en fendant la terre avec sa char-
rue , et en allant tantôt à droit, tantôt à gauche. De sorte •
que si l'on commence la première ligne de la gauche à la
oroite , on tire la seconde de la droite à la gauche , et ainsi
des suivantes, sans retourner chercher le commencement
de chaque ligne , comme nous faisons , pour les tirer toutes
de la gauche à la droite.
XXXL Les anciens Grecs ont emploie cette dernière
manière d'écrire. Ils l'exprimoient en leur langue par ce
mot grec fio-jcTfoçr.^ùv, qui signifie proprement suivre le même
mouvement que les bœufs qui labourent. Des voyageurs
exacts ont rapporté de Grèce plusieurs inscriptions de cet-
te nature. 'Un Ecrivain moderne prétend que les Gaulois Rd. Caui. i.i.p.
ont aussi fait passer quelquefois à leurs usages cette manière sl-oô'.f " '^' *' '"'
d'écrire, et que l'on en trouve des preuves dans les légen-
des de leurs monnoïes, et dans leurs autres inscriptions. Il
a pu aisément se faire que les Gaulois dans les tems les plus
reculés, aient écrit comme les Grecs de la droite à la gau-
che et de la gauche à la droite alternativement; quoiqu'on
22 ETAT DES LETKES
n'en ait aucune marque assurée. Mais qu'ils aient conti-
nué de le faire jusqu'au sixième siècle, auquel appartiennent
les monumens que l'on apporte en preuves, c'est ce qu'il
est difficile de se persuader. En efTet, est-il croïable qu'en
ce tems-là , où la même manière d'écrire que nous sui-
vons à présent, et qui est tout ensemble la plus commode
et la plus naturelle, étoit toute commune en Europe de-
puis plusieurs siècles, les Gaulois aient voulu faire usage
de la manière opposée? Ne sent-on pas combien il est gê-
nant d'écrire de la droite à la gauche, pour ceux qui sont
habitués d'écrire de la gauche à la droite. Il est vrai que
les légendes des six médailles que l'on produit, sont écri-
tes en partie de la droite à la gauche. Mais cela ne doit
pas arrêter. Ce ne peut être qu'une faute du Graveur,
qui au lieu de graver de la droite à la gauche les coins,
aiec lesquels ces médailles ont été frappées , les aura
gravés à rebours. Or l'on sait qu'il en est des gravures
qui doivent servir à dos empreintes, comme des caractè-
res à imprimer. 11 les faut ranger de la droite à la
gauche en formant la planche , afin que les appliquant
sur le papier, l'imprimé se trouve tourne de la gauche à la
droite.
XXXII. Avant que de finir ces sortes de minuties, il
nous reste encore à dire quelque chose sur les autres ma-
nières d'écrire qui ont été en usage chez les Gaulois. L'his-
toire ne nous apprend rien en particulier touchant la ma-
tière dont ils se servoient pour peindre , ou graver le peu
qu'ils écrivoient anciennement. Mais il est à croire qu'ils
n'avoient point en cela d'autres usages que les autres peu-
ples qui savoient l'art de l'écriture. Il est encore à présu-
mer , qu'ils surent s'approprier les nouvelles inventions ,
dont l'expérience et le tems enrichirent cet art, à mesu-
re qu'elles furent découvertes et connues dans les Gaules.
iior. rech. Gani. ' Les plus ancicnncs manières d'écrire , remarque un de nos*
Auteurs , furent sur les cendres , puis sur des briques et des
tables de pierre , ensuite sur des plaques de divers métaux ,
ioh. 18. 24. sur l'ivoire , et sur autres choses semblables. ' Le Livre
de Job fait mention de l'usage d'écrire sur la pierre et sur
Dent. 10. 1-i. des lamcs de plomb. ' Ce fut sur des tables de pierre , que
cics^i.ci.Cai. 1. 1. Moyse reçut la loi écrite du doigt de Dieu même. ' Les
Gaulois au tems de César écrivoient aussi sur des tables.
DANS LES GAULES AYANT J. C. 23
On ne dit pas de quelle matière. Vous en avez vu un exem-
ple chez les Helveliens, qui avoient écrit de la sorte le
dénombrement de leurs famille?. Nous retenons encore
aujourd'hui cette manière d'écrire, par rapport aux In-
scriptions, aux ^Epitaphcs, et autres pirces semblables, que
l'on veut faire passer jusqu'à la dernière postérité.
XXXIIL Ces premières inventions firent découvrir le
secret des tabletes de bois. ' Et comme le cèdre est incor- Bor. iwa.
ruptible à cause de son amertume, on choisissoit ce bois
pour les écrits les plus importants. De là cette expression
célèbre dans les anciens, pour faire l'éloge des plus ex-
cellens ouvrages : et cedro cligna loquuti. Cette sorte de ta-
liletes étant faites des troncs d'arbres, que les Latins nom-
ment candex ou codex, cette dénomination passa aux table-
les mêmes; et de-là est venu le terme françois de cahier, (vi.)
L'usage des tabletes .subsiste encore à présent ; mais elles
sont pour l'ordinaire do toute autre matière que de bois.
La même raison qui faisoit préférer le cèdre aux autres ar-
bres, porta à écrire aussi .sur la cire, qui est incorruptible
de sa nature. On y ècrivoit ordinairement les testamens,
afin de les mieux conserver. C'est ce qui a fait dire à Ju-
venal : ceras implere capaces. ' S. Isidore de Seville témoigne isid. orig. i.7p.3c.
que les Grecs et les Toscans furent les premiers qui em- ' ^'
ploïerent la cire pour écrire. Ils y écrivoient avec ufi
poinçon de fer, comme on fnisoit sur les autres choses
que nous venons de nommer. Mais les Romains aïant dè-
ffndu l'usage de cette sorte de poinçons, l'on y substitua
un style fait de quelque os d'oiseau, ou d'autre animal. ' On Bor. iimi.
se servoit au.'^si de roseaux taillés en forme de plumes. Ainsi
l'on ècrivoit en gravant.
XXXIV. Dans la suite des tems on s'avisa de le faire
aussi en peignant ' avec diflerentes espèces d'encre. Cette ibiJ-
nouvelle manière d'écrire fit inventer d'autres matières pro-
pres à recevoir l'écriture. On choisit les ècorces les plus
déliées de certains arbres, de certaines plantes, et les peaux
mêmes des animaux, que l'on prèparoit pour cet 60*61. Le
premier endroit où l'on commença à préparer ainsi ces
peaux, fut la ville de Pergame en Asie. C'est ce qui leur
fit donner par quelques Latins un nom, dont nous avons
fait celui de parchemin. ' Elles sont néanmoins plus con- isid. iwd. 5 3.
nues dans les Auteurs de la meilleure latinité, sous le
2i ETAT DES LETRES
nom de membrana. On les nommoit ainsi à cause des mem-
bres des animaux, que l'on en dépouilloit. Les anciens
avoient du parchemin de trois différentes couleurs; de
blanc, de jaune et de couleur de pourpre. A Rome l'on ne
goûtoit pas le parchemin blanc, parce qu'il est trop sujet
à se salir, et qu'il éblouit la vûë aux J^ecteurs. On écri-
voit ordinairement en leires d'or ou d'argent sur le par-
chemin couleur de pourpre. Cet usage passa assés avant
dans les siècles de l'Eglise; et il se voit encore aujour-
d'hui quelques exemplaires des Evangiles écrits de cette
sorte.
XXXV. Les Egyptiens, de leur côté, se servirent pour
Bor. ibid. écHrc dc l'écorcc, ou de la mouelle d'un arbrisseau ' nom-
mé papyrus. Il en croissoit autrefois une grande quantité
le long du Nil. C'est de cet arbrisseau que notre papier a
tiré son nom; quoiqu'il soit fait avec du vieux drapeau,
ou vieux linge pilé fort menu. Les Chinois font le leur
avec de la soie. Aussi est-il plus fin et plus délié que le nô-
tre. L'usage du papier tel que nous l'avons, est d'une assés
grande antiquité. C'est ce que les anciens Auteurs latins
isiii. iiiid. \ i. nomment charta, ou chartœ. ' L'on raporte la gloire de son
invention à la ville de Memphis en Egypte. (*) Avant que
l'usage du parchemin et du papier passât aux Romains, ils
. s'avisèrent de se servir de peaux fort déliées, qui se trou-
vent en certains arbres, entre le bois de ces arbres mômes
B. r. ibid. et Icur écorcc. ' On nommoit liber cette seconde peau ; et
de là se sont formés les noms francois de livre, libraire et
librairie. Anciennement au lieu de plier ces écorces, ce
parchemin, ce papier, comme nous le plions aujourd'hui,
on les rouloit, à mesure que l'on écrivoit dessus ; et le nom
latin que l'on donnoit à ces rouleaux, est passé dans notre
langue comme les autres. Nous disons, un volume, des vo-
lumes ; quoique nos livres soient composés de feuilles cou-
pées, reliées ensemble. Les anciens étoient plus curieux
que nous ne le sommes, d'avoir des livres richement condi-
Hier. cp. 18. p. 43. tionés. ' Outrc la couleur de pourpre que l'on donnoit au
velin, et l'or qu'on y cmploïoit au lieu d'encre, on avoil en-
core le soin d'enrichir de pierres précieuses la couverture
des
(') On peut voir laDisserta'ion anssi-avan- donnée snr celle matière dans le Iroisiéme
tu que curieuse, que Dom de Monlfaneon a volume du Supplément d<! ses Antiquités.
M.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 25
des livres. Et dans les mêmes siècles de l'Eglise on y pei-
gnoit en dehors pour l'ordinaire un Christ mourant. Voilà
ce que l'on peut dire de plus vraisemblable sur l'origine des
Sciences dans les Gaules. Voïons maintenant quel en a été
le progrès.
XXXVL Chaque Nation civilisée a eu ses Savans et ses
Docteurs, qui ont pris soin d'y étendre l'Empire des Le-
tres, et d'y faire lleurir les Sciences et les beaux Arts. Cet
avantage n'a point manqué à nos Gaulois. Que l'on re-
monte jusqu'aux premieis siéclçs, où ils ont commencé à
être connus, et l'on verra qu'ils ont toujours eu leurs Sa-
vans presqu'en tout genre de Literature. ' Ceux entre les sirab. ub. i. p.s.
anciens qui ont parlé de la Poésie avec plus de justesse, dit î.'i.^KO.^.""^'
Slrabon, l'ont comptée pour la première Science que les
hommes aient cultivée. Elle a eu cours dans le monde
avant l'Histoire, la Philosophie, et même avant toute autre
sorte de Prose. ' En clTet, nous voïons par les Livres sacrés, Bor. rech. Caui.
que les plus anciennes Nations ont eu leurs premières His- ^"^'
loires en vers non écrits. Avant que l'on s'avisât de ré-
diger l'Histoire en écrit, on la comprenoit en une certai-
ne Poésie, dont on instruisoit le Peuple, qui la retenoit
sans peine à cause de la cadence, et (jui la chantoit mê-
me pour l'ordinaire. Celte pratique a été en usage chez
les Grecs, comme chez les autres Nations. Et c'est de cette
unique manière que les Gaulois, qui n'écrivoient rien, sa-
voient leur propre Histoire. ' De-là est venue la coutume,
qui vit encore en France et ailleurs, de faire des chansons
sur les événemens les plus mémorables. Aussi est-ce la
Poésie qui a produit dans les Gaules les premiers Savans
que l'on sache y avoir cultivé publiquement les Letres. ' Ti- Amm. 1. 15. p. ss.
mogenes, qui écrivoit sous Auguste, met cette sorte de
Savans à la tête de ceux qu'il dit avoir travaillé à chas-
ser des Gaules l'ignorance et la barbarie, et à y faire ré-
gner en leur place les belles connoissances.
XXXVU. ' On nommoit Bardes ceux qui faisoient ain.si suab. i.*. p.iso.
profession de la Poésie. ' Ce nom leur éloit venu, selon Fcsi. 1. 2. p. «.
Fcstus, d'un mot Celtique, qui signifioit un Chantre ou
Chanteur. ' Les Bardes en efTet étoient tout ensemble sirab. ibid.
les Musiciens et les Poètes des Gaulois. ' Ils faisoient leur Luca. bei. dv. 1.
occupation ordinaire de composer des Poëmes sur les ac- '' ^' *"'**''
tions éclatantes des Héros de leur Nation, et de transmet-
Tome I. P/ern. Part. 1)
20 ETAT DES LETKES
tre par-là à la postérité la mémoire de leur valeur. C'est
ce que Lucaiii a assez bien exprimé en ces li'ois vers :
Vos quoiiuu qui fortes animas, lx;lloquu pcruiiiplas,
Laudibus in longum vatcs dimittitis aivum,
Plurlma sccuri fudislis carniina Uardi.
biod I. s. p. 308. ' 11^ ne s'appliquoient pas néanmoins si unilormémenl à
faire le métier de Panégyristes, qu'ils ne lissent aussi très-
souvent le personnage de Salyriques. S'ils celebroient les
louanges des uns, ils sa voient au.ssi i-elever les vices des au-
tres. Après qu'ils avoient composé leurs pièces de l^oësie,
ils les chantoient eux-mêmes avec une douce harmonie,
sur des instrumens à peu près semblables à une Lyre. Il
est fâcheux que l'Antiquité ne nous ait pas conservé quel-
que chose de ces Poésies, afin de nous mettre au moins en
Amm. ibid. éial d'en juger par nous-mêmes. ' Ammien Marcellin leur
donne le litre de Poëmes Héroïques. Mais il ne faut pas
aparemment croire qu'elles fussent composées de vers
hexamètres, tels que sont ceux des Grecs et des Latins;
peut-être n'étoit-ce qu'une Prose mise en cadence. Et si
elle meritoit le nom d'héroïque, c'est qu'elle conlenoit les
éloges des Héros de la Nation.
Diod. ij)id. XXXVIIL ' Ce n'étoit pas seulement durant la paix, et
dans les occasions ordinaires de la vie, que les Bardes exer-
çoient les fonctions de leur ministère. Ils le faisoient en-
core, et avec plus de fruit, durant la guerre. Alors les
ennemis ne montroient pas moins de vénération pour ces
Poètes, que les Gaulois en avoient eux-mêmes. Souvent
on a vu, dit Diodore de Sicile, deux armées en présence,
et prêtes à en venir aux mains, l'épée déjà tirée, et la lance
tendue, terminer leurs querelles sans coup ferir, à la vue
des Bardes. Si-tôt qu'ils paroissoient au miheu des deux
partis, toute animosité cessoit, comme s'ils se fussent ser-*
vis de charmes et d'enchantemens pour les désarmer. C'est
ainsi, ajoute Diodore à cette occasion, que chez les Peu-
ples même les plus féroces et les plus barbares, la fureur
sait céder à la sagesse, et Mars respecter les Muses. 11 n'en
falloit pas davantage pour atlirer aux Bardes l'estime et la
confiance de ceux de leur Nation, et les faire regarder
comme gens utiles à l'Etat. Cette idée d'utilité publique.
DANS LES GAULES AVANT J. G. 27
jointe h l'amour propre , qui aime toujours la flatterie ,
' les faisoit extrêmement rechercher. Chacun en vouloit ahic. dcip. i. e.
avoir à sa suite , soit pour les mener à la guerre , soit pour ''" '^**''
avoir la complaisance de s'entendre louer par leurs Poé-
sies et leurs concerts , tant en public qu'en particulier .
Ceux qui les avoient ainsi auprès d'eux leur donnoient or-
dinairement leur table : ce qui a fait passer ces Poètes pour
des Parasites dans l'esprit de quelques anciens Ecrivains.
XXXIX. ' Il est même des modernes qui croient que Amm. i. is. p,
tous ces Bardes n'étoient efl"ectivement que des Parasites et
des Boufons, qui par un esprit ou de plaisanterie ou d'a-
dulation , et le plus souvent de toutes les deux ensemble ,
chantoient dans les Festins les bonnes qualités , et quel-
quefois aussi les vices de ceux qui les soufTroient à leur sui-
te. ' Tel étoit ce Poëte Musicien qui suivoit la Cour de a^hc. iuj.i.p. *.
Luerne , Boi des Auvergnats. Un jour que ce Prince don-
noit un festin public en pleine campagne , selon la coûtn-
me , le Poëte s y rendit un peu tard , en chantant la splen-
deur de la naissance de Luerne. Mais voiant que le Festin
('toit bien avancé , il ne put s'empêcher de mêler dans ses
chants de louanges quelques airs de condoléance , sur le
malheur qu'il avoit d'être arrivé si tard. Il ne laissa pas
toutefois de demander le salaire de ses chansons ; et le
Prince fut assez libéral pour lui jetter quelques pièces d'or.
Celte gratification ranima la veine du Poëte, qui se mit
à chanter avec un nouvel enthousiasme , disant à la louan-
ge de Luerne , qu'il n'y avoit pas jusqu'aux traces de son
char qui ne fussent avantageuses aux hommes ; puisqu'el-
les leur produisoient de l'or et toutes sortes de bienfaits.
Au reste , tout ce que l'on peut tirer de-là , c'est qu'il y
avoit quelques Bardes qui se laissoient mener par l'inté-
rêt , et qui aimoient les bons repas. En tous les siècles on
a vu de môme des Poètes qui ont fait le métier d'adu-
lateurs à gages. Mais il ne seroit pas juste d'en conclure
que tous aient été de ce caractère. Bendons la même ju-
stice aux anciens Bardes.
XL. C'est aparemment d'eux en particulier qu'il faut
entendre ' ce que Diodore de Sicile semble atribuer aux Diod.i.s p. 306.
Gaulois en gênerai. Lorsque , dit-il , l'ennemi paroît pour
combattre , ils se répandent en injures contre lui , et
au contraire ils relèvent les grandes actions de leurs
D ii
28 ETAT DES LETRES
Diod. 1. 5. p. 308. ancêtres , et leur propre valeur. ' En ces occasions ils di-
sent avec hyperbole beaucoup de choses à leur louange ,
et beaucoup d'autres au mépris de leurs adversaires. Ils
joignent les menaces i\ l'arrogance , et les clameurs à
p. 306. l'exaggération. ' Et par-là ils réussissent h abaltre le courage,
et à déconcerter leurs ennemis. On ne doit pas douter que
le nombre des Bardes ne fût fort considérable chez les an-
ciens Gaulois ; puisque leur principal emploi consistoit à
chanter les grands exploits des Héros de leur Nation , et
que cette Nation étoit une des plus belliqueuses de l'uni-
vers. C'est sur ce fondement que M. Huet prétend que les
Belges avoient plus de Bardes qu'aucun autre Peuple des
Gaules , parce qu'étant les plus vaillans de tous les Cel-
tes , ils avoient plus à chanter que les autres. Dans la suite
des tems les Bardes se trouvèrent confondus avec les Drui-
des, dont nous allons parler. 11 semble qu'ils l'étoient déjà
avant que Cé.sar écrivît ; puisqu'il n'en dit mot dans tout
ce qu'il nous aprend des mœurs et des coutumes des Gau-
lois,
p. 308. XLI. 'Il y avoit dans les Gaules une autre sorte de Sa-
vans , qui comme les Bardes , paroissent avoir été confon-
dus avec les Druides. On les nommoit Vates, nom que
les Latins semblent avoir emprunté des Gaulois pour signi-
fier un Devin. Aussi les Yates étoient-ils les Devins des
Gaules. Leur ocupation principale consistoit à prendre
les au.spices , tirer les augures , et faire les autres divina-
jiisi. 1. 24.0.1. p. tions. ' Ils excelloient même en cette Science, selon le té-
*^' moignage d'un ancien Historien , au-dessus de tous les au-
Diod. ibi.1. tres Pcuplcs de l'univers. ' Comme toute la Nation avoit
une estime particulière pour eux , elle s'en tenoit scrupu-
leusement à ce qu'ils décidoient. Mais , cruauté horrible ,
et peut-être inouïe chez les autres Nations ! lorsqu'il s'a-
gissoit de quelque affaire importante , il falloit qu'il en coû-
tât la vie à un homme , pour savoir ce qui en devoit arri-;
ver. En ces ocasions on saisissoit un homme , et on lui plon-
geoit un poignard dans le sein au-dessus du diaphragme. A
ce coup mortel ce misérable tombant à la renverse , on au-
guroit de l'événement 5 venir en observant les circonstan-
ces de sa chute , les convulsions des différentes parties de
son corps , et le rejaillissement de son sang. Les Gaulois
étoieht acoûtumés depuis si long-temps à cette ccremo-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 29
nie cruelle et barbare , que l'habitude leur faisoit ajouter
foi à une superstition aussi extravagante qu'elle étoit inhu-
maine. ' Strabon témoigne que ces Vates s'occupoient aussi strab. 1. 1. p. i3g.
à ofTrir des Sacrifices , et à l'étude de la Physique. Ne se-
roit-ce point d'eux en particulier qu'il faudroit entendre
'ce que dit César de quelques Gaulois, qui portoient la su- p'^^'^'aa^*""'
perstition jusqu'à ce point , que dans les maladies dange-
reuses , et les autres périls de la vie , ils immoloient des
hommes , et se voûoient souvent eux-mêmes pour être im-
molés à leur tour ?
XL.IL ' A prendre les choses à la lettre, le texte d'Am- Amin.1.45. p. 98.
mien Marceliin nous obligeroit de reconnoître dans les
Gaules une troisième sorte de Savans , différente des deux
premières. Ces Savans y sont nommés Euhages. ' Mais ce ■""• p- ^•
terme est devenu fort suspect aux personnes habiles. Et ce
n'est pas sans raison , puisqu'il ne se trouve nulle part dans
aucun Auteur plus ancien qu'Ammien Marceliin. Aussi
soupçonne-t-on , ou qu'il aura lii dans Timogenes , ou que
ses copistes auront écrit oùaystç, pour oJaTsîç. Cela est d'au-
tant plus croïable qu'il est plus facile en grec de prendre le
tau pour le gamma. Ainsi d'oOaTeîî on aura fait oùoYtîî, puis
Euhages , et ensuite Eubages , comme quelques modernes
ont cru devoir lire. Ce qui vérifie cette conjecture , c'est
que ces Euhages , ou Eubages d'Ammien Marceliin , ne
sont autres dans le fond , que les Vates de Diodore de Si-
cile et de Strabon. 'Car il est certain que ces trois Ilisto- Dioj. ibw, 1 sirab.
riens leur attribuent les mêmes fonctions , qui étoient de ''''''■ ' *""?*• p-^-
sonder les secrets de la nature , et de les faire connoître aux
autres : ce qui regarde la Physique , les Divinations , l'As-
trologie judiciaire et la Magie. ' Ciceron , qui relevé extré- cjc. dediv. 1. i.n.
mement la profession de ces Augures et devins , jusqu'à dire ^'*' ^' *'"'
qu'elle étoit compatible avec la dignité roïale , nous auto-
rise à les confondre avec les Druides , au nombre desquels
il les met lui-même.
XLIIL Les Druides formoient donc un corps de
Savans , qui comprenoit tous les gens de letres qu'on
voïoit dans les Gaules. Nous ne nous étendrons pas
beaucoup sur cette République de Savans. Un long dé-
tail pouroit ennuïer le Lecteur. D'ailleurs , des Ecri-
vains modernes ont amplement traité cette matière ;
ainsi nous nous bornerons à n'en dire ici précisément
7
b
30 ETAT DES LETRES
que ce qui regarde notre sujet. On débile bien des cho-
ses , ou peu assurées , ou peu importantes sur l'étymo-
logie du nom qu'ont porté ces Philosophes Gaulois,
gi'"' 'aï'-»' '■ '''■'^' ' ^^^^^' l'ancien prétend qu'ils se nommoient Druides du
"'"'"" " mot grec ^pOç, qui signifie un chêne ; parce qu'ils avoient
pour lui une vénération particulière , et qu'ils se plai-
Diod. iiii.i. I Roi. soient extrêmement parmi cette sorte d'arbres. ' C'est pour
p'."^"!?,-;.' '■ "■ "'■ la même raison, dit un moderne, que Diodore de Si-
cile les nomme Saronides , d'un autre mot grec qui signifie
un chêne entr'ouvert. Mais ne seroil-il pas plus naturel de
dire que le nom de Druides leur est venu du mot celtique
drud , qui a la même signification que le strenuiifi et le fidelis
des Latins , un homme diligent et fidèle dans les fonctions
de son ministère ? On dit encore pi-overbialement en quel-
ques Provinces de France , en parlant d'une personne qui
sait se faire valoir, c'est un Drud. Ou'impoi-te au reste de
rechercher si scrupuleusement l'étymologie du nom de ces
Savans , pourvu que nous sachions qui ils éloient ? c'est 1j\
le principal , et ce qui nous doit suffire.
XLIV . Tous ceux entre les anciens qui ont parlé des
Druides, ne l'ont fait qu'avec éloge. TIs nous les représen-
tent comme les plus grands Philosophes de l'antiquité , l'e-
xemple et le modèle de tous ceux que la Grèce et Rome
ont le plus admirés. Vous avez déjà vu quelle pouvoit
ciem. AI. Sun. 1. r|ro l'ancienneté de ces Philo.sophes. ' S. Clément d'Ale-
y\i?'v\t pr. n.'"i ; xaudric sur la foi des plus anciens Historiens , et Diogene
de Laërce sur l'autorité d'Arislole et de Solion , font tleu-
rir les Druides au même-tcms que les Prophètes ou De
vins d'Egypte , les Choldéens de Rabylone et d'Assyrie , les
Semanées de liactriane , les Mages de Perse , et les Gymno-
oii,'. in col. I. I. sophistes des Tndes. ' De même Celse enlreprenanl de dé-
'' crier la Religion Chrétienne , par ce qu'il y avoil eu de plus
sage et de plus savant dans l'antiquité, lui opposoit les
Druides des Gaulois et les Galactophages d'Homère. De
sorle que selon ces Auteurs les Druides étoient contempo-
rains des plus anciens Philo.sophes , que l'on sache avoir
paru dans le monde. Il est des modernes qui vont encore
plus loin. Comme il se trouve quelque conformité entre
la Philosophie de nos Druides , et celle des Gymno?ophis-
tes des Indes , et des Mages de Perse , l'on prétend que ces
derniers ont pris la leur des Druides Gaulois, et que par
DANS LES GAULES AVANT J C. 31
conséquent ceux-ci ont l'ancienneté sur les autres. Mais c'est
là une de ces opinions bazardées. Cette ressemblance de doc-
trine ne peut avoir d'autre origine, que ces premiers tcms, où
toutes les Nations de la Terre avant leur dispersion ne faiscient
que comme un seul et même peuple.
XLV. La réputation que les Druides ont acquise îbez
les Etrangers, répond parfaitement ' à l'estime et à la véné- Si.'.L'îiiu'.^i'.
ration, où ils étoient dans leur propre pais. On les y esti- f]'p-']u'|'^^ÎJ;
moit et bonoroit comme les plus {spirituels et les plus sa- k i5. p. ou.
vans de la Nation. On les y ri'gardoit comme les favoris
des Dieux , comme les médiateurs entre le Ciel et la Terre,
comme des gens qui entroient dans les secrets de la Divi-
nité. C'est pourquoi l'on ne croioit pas qu'il fut permis
d'offrir aucun sacrifice, sans le ministère de ces Pbiloso-
t)bes , ni demander aucune grâce à la Divinité , que par
sur entremise. Souvent on les a vu reconcilier deux Ar-
mées, qui étoient sur le point d'en venir aux mains, com-
me nous l'avons rajtporté des Bardes. Une s'ils ne pou-
voient réussir à procurer la paix, ' on les voïoit se tenir au- Tac. an. i. u. n.
tour des combaltaiis , les mains élevées vers le ciel , et ^"■
prier des Dieux , qui ne pouvoient les entendre , de favo- Ca;s. ibia. p. «ai.
riser les armes de ceux de leur Nation. ' U n'y avoit qu'eux **'''**'•
seuls qui cultivassent les Sciences parmi les Gaulois. La
Noblesse, (jui formoit le second Ordre qui fut en consi-
dération dans les Gaules, n'avoit point d'autre occupation
que l'exercice des armes. Pour le Peuple, oui faisoit le tiers
état de la Republique, il éloit comme esclave, sans aucun
rang, sans aucune autorité. C'étoient les Druides qui tenoient
partout le premier rang, qui décidoient de tout, qui gou-
vernoienl tout, comme il leur plaisoit : ou s'ils suivoient
des loix, ils en étoient eux-mêmes et les auteurs et les in-
terprètes.
XLVL Leur pouvoir étoit presque immense. ' En quel- i- t- p- 3113.
ques endroits, comme à Autun, les Ipix de l'Etat leur don-
noient l'autorité d'établir les Chefs de la Republique. On
ne doit pas douter qu'ils ne fissent ailleurs la même chose;
et il est à croire qu'en ces occasions ils ne sortoient pas de
leur corps pour remplir des places de cette conséquence.
Au moins ' nous voïons que Divitiac, qui étoit du nom- 1. 1. p. km cic de
bre des Druides, avoit le crédit d'un Souverain dans la ville 'i™. '' '' "' ^"■^'
d' Autun, au tems de César. ' U n'étoit pas même permis uio. cinys. or. «.
p. 538.
32 ETAT DES LETRES
aux Rois de la Nation, ni de faire aucune entreprise, ni de
prendre aucune délibération sans les Druides. C'est ce qui
a fait dire à un ancien Orateur Grec, que les Rois Gau-
lois, quoiqu'assis sur des tlirônes d'or, logés dans dos pa-
lais superbes, et habitués à avoir des tables somptueusement
servies, n'étoient néanmoins que les ministres et les exé-
cuteurs des volontés de ces Philosophes, et que ceux-ci ré-
gnoient plus véritablement que les Rois mêmes. Il seroit
difficile de trouver dans l'antiquité la plus reculée quelque
exemple de Savans, qui aient joui d'une autorité plus
complète. Ce n'est pas encore tout.
XLVII. A cette autorité étoient joints les plus grands
privilèges, qui ne pouvoient qu'inspirer à un chacun le de-
cas. iijid. I. e.p. sir d'augmenter le nombre des Druides. ' On les exemtoit
**■ de toute sorte d'impôts, du service de la guerre, et de tou-
tes les autres charges onéreuses de la République. Aussi les
Gaulois touchés de ces avantages, tâchoient de se faire ini-
tier eux, leurs enfans et leurs proches aux mystères du
Druidisme. Il est aisé de juger par-là combien grand étoit
le nombre de ces Philosophes. On a des preuves qu'ils
étoient répandus dans tous les lieux des Gaules, à peu près
joiy.ecoi. cp. 1.1. commc le sont aujourd'hui nos Ecclésiastiques. ' On voit
c. 3.p. la. encore quelques endroits qui ont retenu leur nom, pour
avoir servi à tenir leurs assemblées, comme auprès d'Au-
tun le Montdrud, c'est-à-dire Mons Driùdarum^ la Mon-
Cics. jbid. tagne des Druides. ' Tous ces Druides en avoient un au-
dessus d'eux qui exerçoit une autorité comme souverai-
ne. Lorsqu'il venoit à mourir, le plus digne entre les
autres lui succedoit. Que s'il s'en trouvoit plusieurs d'un
égal mérite, alors l'élection du successeur se faisoit par la
voie des suffrages, et quelquefois par celle des armes. La
sagesse dont ces Philosophes faisoient profession, n'étoit
pas assez humble pour céder aux autres ces places d'hon-
neur.
Diud.ib. ic;rs.ib. XLVIII. ' Lcs Druides étoient tout ensemble les Prê-
[a iTc^IV'ikÎT ^^®^' ^^^ Philosophes, les Théologiens, les Jurisconsultes,
pi'in. iiisf. \. 16.1. les Médecins, les Rhéteurs, les Orateurs, les Mathemati-
■ ^' ciens, les Géomètres, les Astrologues, et peut-être même
c«s. ibid. P.223. les Magicicns des Gaulois. ' En qualité de prêtres de
la Nation, ils offroient les sacrifices publics et particu-
liers; et en qualité de Théologiens, ils expliquoient la
Religion
DANS LES GAULES AVANT J. C. 33
Religion, et tout ce qui regardoit le culte de leurs faux Dieux.
' Solis nossc Deos, et Cœli numina vobis, Lnca. bel. civ.l.i.
Aul solis nescire datum. v. «2. 453.
' C'est pour ces fonctions que quelques Anciens ont donné Dbg.ib. isnid.s.
aux Druides le nom de Semnothées, qui, selon la force du '^■^^^•
Grec, signifie des personnes qui font une profession par-
ticulière d'honorer les Dieux, et de se consacrer à leur
service. ' Une des principales et plus fameuses parties de c.ts. ibid. p. ms.
la Religion des Druides, étoit de sacrifier des hommes, l'mp. t. i'. p. as!
Faux Sages, qui prenoient en un sens erroné ce principe
d'ailleurs véritable, que l'homme ne peut bien reconnoi-
tre la vie que Dieu lui a donnée, qu'en lui offrant la vie
d'un homme ! Ils continuèrent cette pratique inhumaine
et sanglante, ' au moins jusqu'au tems de Ciceron , qui en cic proFom. n.
[)rend ocasion d'insulter h un culte aussi barbare. Ils souil- ' ^'
ent, dit-il, et profanent leur Temple et leurs Autels, en
y offrant des victimes humaines. Cho.se étrange, continue
cet Orateur! Pour satisfaire à ce qu'ils doivent à leur Re-
ligion, il faut qu'auparavant ils la deshonorent par quel-
que meurtre. Ils ne peuvent être religieux, sans être ho-
micides.
XLIX. ' L'infamie de cette horrible maxime rejaillis- soiïn. c. ai p. 3o.
soit sur tous les Gaulois, et les décrioit beaucoup chez les
Etrangers. ' Il paroît néanmoins que les armes et les con- Luca ibid.y. 45o.
quêtes des Romains dans les Gaules, la firent cesser pour *"'•
un temps. Mais presque aussi-tôt après la mort de César,
les Druides y revinrent de nouveau. C'est ce que Lucain
leur reproche en ces termes :
Et T08 barbaricos ritus, moremque siaistrum
Sacrorum Druida positis rcpetistis ab armiB.
' Il pouvoit y avoir de la politique dans ce culte sanglant Pasq. rech. i.i.c.
et inhumain, mais une politique meurtrière, puisqu'elle ne '' •'" ^'
se pouvoit aprendre qu'aux dépens de la vie d'un Citoïen.
Les jeunes gens qui assistoient à cette sorte de Sacrifices,
s'acoûtumoient par-là à se familiariser avec le sang répan-
du; ilg s'habituoient à le voir répandre et à le répandre
eux-mêmes, et par conséquent à devenir plus braves et plus
hardis dans la guerre. C'étoit, ce semble, la même vue
qu'avoient les Romains, lorsqu'ils donnoient au public les
Tome I. Prem. Part; Ë
34 ETAT DES LETRES
jeux des Gladiateurs , et qu'ils exposoient en sa présence
leurs criminels aux bêtes.
L. Quelque sanguinaires que fussent les Druides, ils ne
Cœs. ii.id. p. 223 1 laissoieut pas toutefois ' de passer pour les plus intègres de
trab.i. 4.0.136. 1^ Nation. Sur cette opinion c'étoit à leur Tribunal que
l'on portoit tous les ditlérens , soit civils ou criminels, soit
communs ou particuliers. Ils ordonnoient les peines ou hs
récompenses convenables , décidoicnt du gain ou de la
c<B». p. 22C. perte, et prononcoient définitivement. ' Chaque année à
un certain tems fixé, ils s'assembloient en un lieu destiné
à cet efl'ftt dans le pais des Chartrains, parce qu'il étoit le
centre et le milieu des Gaules. Là se rendoient de toutes
parts tous ceux qui avoient quelque différend. On leur fai-
soit justice, et ils s'en tenoient au jugement que l'on pro-
p. 283. nonçoit. ' Que s'ils refusoient de s'y soumetre, on leur in-
p. 320. terdisoit la participation aux Mystères : ' ce-qui étoit pour
eux la plus severe punition. Car alors ils passoient pour im-
pies et scélérats. Chacun les évitoit, et n avoit aucun com-
merce avec eux. Ils demeuroient sans honneur et sans au-
Ram. mor. Gai. p. cunc considcration. ' En ces A.ssemblées des Druides, on
114. us. voïoit une image de ce qui se passoit anciennement à Del-
{)hes, lorsqu'au tems de l'ancienne liberté de la Grèce,
es Amphictyons y tenoient, comme au centre du pais,
leurs assises générales et solemnelles. En voilà suffisamment
pour juger et du caractère, et des fonctions des Druides.
Considérons maintenant leur doctrine et pour le fonds,
et pour la manière de l'enseigner.
Mohi, 1. 3. r. 2. p. ^ï- ^-"^^^ doctrine dans le fonds étoit plus raisonnable,
içji'Luca. kf. ri- que celle d'aucune autre Nation du Paganisme. ' Ils ensei-
462."" '''' '" gnoient l'immortalité de l'ame, de manière à persuader
qu'après la séparation du corps, elle trouveroit une autre
vie. Us établissoient un autre monde ; did'erens de ces
Luca. ibiij. Hutres Doctcurs de la Gentilité , qui ou n'admeltoient
qu'un anéantissement affreux après la mort, ou qui ne
reconnoissoient d'autres demeures pour les âmes séparées
de leurs corps , que les enfers, ce royaume ténébreux de
Pluton, selon le langage des Poëtes. La mort, .suivant leur
doctrine , n'étoit qu'un passage pour y arriver ; et l'on y
jouissoit d'une vie qui ne devoit point avoir de fin. Qui ne
croiroit que la connoissance d'une telle vérité, qui fait un
des premiers fondemens de la véritable Religion, n'eût dû
DANS LES GAULES AVANT J. C. 35
porter naturellement ces Philosophes à rechercher, et à
reconnoitre celui qui avoit donné l'être à une substance
aussi noble, et qu'ils avoùoient être immortelle? Mais il
leur est arrivé ' ce que S. Paul dit de tous les faux Sages en- Rom. i. is. 21.
tre les Gentils : Ils ont retenu cette première vérité dans
l'injustice. Us se sont égarés dans leurs vains raisonnemens ;
et leur cœur insensé a été rempli de ténèbres. ' Comme ils ^■
n'ont pas voulu reconnoitre Dieu, Dieu aussi les a livrés à
un sens dépravé.
LIL ' Les Gaulois imbus de la doctrine de l'immortalité Luca. itid.
de l'ame, en devenoient et plus courageux et plus intrépi-
des. ' Aussi avoit-on grand soin de la répandre dans le pu- Meia, wd.
blic, afin de rendre par-là les hommes plus propres à la
guerre, en leur inspirant le mépris de la mort. ' Le succès Luca. ibid.
répondoit au dessein. Car les Gaulois dans la persuasion
qu'ils revivroient après leur mort, affrontoient toutes sor-
tes de dangers, et regardoient comme une lâcheté indi-
gne de leur croïance, d'épargner une vie qu'ils esperoient
de retrouver. C'est ainsi que Dieu se plaisoit à disj)oser les
hommes par des voies secrètes et éloignées, à faire un jour
pour le Christianisme, ce qu'ils faisoient dans les ténèbres
du Paganisme pour une Religion, dont ils n'avoient qu'une
certitude Philosophique. En effet ne pouvons-nous pas dire
de cette Théologie des Gaulois , ' ce que S. Clément Aie- fiem. Alex. siro.
xandrin dit de la Philosophie des Grecs , qu'elle leur a '' **'
servi de pédagogue, comme la Loi aux Juifs , pour ariver
à la connoissance de J. C? ' Heureux, s'écrie Lucain, Luca. ibid.
quoiqu'il regardât cette créance des Druides comme une
chimère, heureux ces Peuples qui se mettent ainsi au-des-
sus de la crainte de la mort, crainte la plus frapante que
l'homme puisse jamais avoir! Les paroles de ce Poëte va-
lent bien la peine qu'on les raporte ici.
.-..-- Volns auctoribus, umbrœ
Mon tucitas Ërebi sedes, Ditisque profundi
Pallida regaa petunt : régit idem spiritus artua
Orbe alio : longœ (caaitis si cognita) vite
Mors média est. Gerte Populi quos despicit Arclos,
Feliceserroresuo, quos ille, timorum
Maximus, haud urget leti metus. Inde ruendi
In ferrum mens prona viris. animaeque capaces
Mortis, et ignavum redituiyj parcere vitœ.
E ij.
30 ETAT DES LETUES
Val. Max. I. 2. c. LUI. ' Celle doctrine faisoil tant d'impression sur l'es-
^" " *" prit des anciens Gaulois , que souvent ils se prêtoient de
l'argent en ce monde , sans d'autre condition que de se le
rendre en l'autre. Que de débiteui's semblables suivroient
HeU, ii)id. aujourd'hui cette maxime , si on la faisoil revivre ! ' De mê-
me , lorsqu'après avoir brûlé les corps morts , on en inhu-
moit les cenares , on enfermoit souvent dans le même tom-
beau les comptes arrêtés et les obligations, que l'on trou-
voit entre les papiers des créanciers, qui de leur vivant,
aiant prêté quelque somme , n'en avoient pas été payés ,
dans la persuasion qu'en l'autre monde ils auroient le mê-
Diod. 1. 5. p. 300. me droit sur leurs débiteurs ! ' D'autres durant les funé-
railles des morts, jeltoient dans leur bûcher des letres
adressées à leurs parens, dans la croiance qu'elles leur
seroient rendues , et qu'ils les liroient , quoique morts sou-
Meia, ibi.1. yeut depuis long-tems. ' Quelques autres alloient encore
plus loin, et se jettoient eux-mêmes dans les bûchers, où
l'on brûloit les corps de leurs proches, afin de pouvoir vi-
vre avec eux.
Val. Max. il), n. 7. LIV. Dc-là saus doute ' cette joie que faisoient paroître
les Marseillois , à qui la même doctrine étoit passée ,
lorsqu'ils inhumoient leurs parens ou leurs amis. Bien
loin d'accompagner leurs funérailles de pleurs , pu de
quelqu'autre marque de deuil , ils les faisoient suivre d'un
festin de réjouissance qu'ils donnoient aux principaux oui
CiBs ibid. 1. 3. p. y assisloient. De-là encore ' ce dévouement aveugle des
112-113. Soldures, dont parle César, pour leurs patrons. Ces Sol-
dures étoienl comme des Vassaux ou des Cliens, qui s'at-
tachoient si étroitement à leur Seigneur, qu'ils se faisoient
un devoir de subir le même sort que lui. De sorte que s'il
vcnoit à être tué, tous sans exception se donnoient la mort.
El l'on ne se souvenoil point, dit César, qu'aucun eût ja-
L. e. p. 228. mais manqué de le faire. ' Outre le dessein d'inspirer du
courage et du mépris pour la mort, en enseignant l'immor-
talité de l'âme , les Druides se proposoient aussi de por-
ter par ce moïen à l'amour et à la pratique de la vertu. D'où
ils liroient sans doute, ou laissoient tirer aux autres cet-
te conséquence naturelle : gue puisqu'il y avoit une au-
tre vie, on y seroit ou puni ou recompensé selon ses œu-
vres.
ibid. |i)iod.ii.iii.| LV. ' Il se trouve des anciens Ecrivains, qui pour n'a-
Yal. Max. ib. n. 10. ' 1 r
DANS LES GAULES AVANT J. C. 37
voir pas assez aprolbndi ce point de doctrine de nos Drui-
des, l'ont entendu selon le système de la métempsycose.
C'est ce qui a fait dire à Diodore de Sicile , et à Valero
Maxime , quf les Gaulois étoient sur cette matière dans
les mêmes sf^nlimens que Pythagore. Qu'ils croioient les
araes immortelles, en ce qu'après un certain tems elle»
quittoient un corps, pour entrer en un autre et l'animer,
et que c'étoit ainsi qu'elles continuoient de vivre. Mais ,
outre que Lucain, qui a expliqué le plus disertement ce
point de doctrine , dit précisément le contraire ; tout ce que
nous venons de raporter des anciennes maximes de nos
Gaulois, détruit entièrement le système de la métempsy-
cose. 11 paroît même que jamais ils ne l'ont connu , tant
s'en faut qu'ils l'aient épousé. D'ailleurs on a déjà
vu ' sur l'autorité de S. Clément Alexandrin , et sur celle ciom. ai. siro. i.
d'autres Auteurs plus anciens que lui , d'après lesquels il 'p***-
parle , que Pythagore lui-même avoit été instruit par les
Gaulois, bien loin que les Gaulois eussent pris de lui la do-
ctrine qu'ils suivoient. L'erreur de ces anciens Ecrivains ne
sera venue , que de ce qu'ils ne connoissoient l'immortalité
de l'ame que dans le fameux système de ce Philosophe
Grec, comme étant plus répandu que celui des Druides.
LVL ' Le reste de leur Théologie rouloit sur les pro- c»s. ibid. p. *i8-
prietés , la force , la puissance des faux Dieux , la manière *^'
de les honorer. En tout cela ils n'avoient presque point
d'autres sentimens que les autres peuples au paganisme.
' Seulement ils étoient dans une opinion particulière sur p. 235. sse.
Pluton. Ils enseignoient que tous les Gaulois en tiroient
leur origine. C'est pourquoi toute la Nation commençoit
la nuit ses mois et ses années; et comptoit ses saisons,
non par le nombre des jours , mais par le nombre des nuits.
De sorte que chez elle la nuit prècedoit , et avoit le pas sur
le jour. De-là cette ancienne manière de parler qui n'est
plus en usage, et suivant laquelle on disoit en-nuit, pour di-
re aujourd'hui. ' Sur la morale, les Druides enseignoient Djog. yn. ph. p,.
qu'il falloit éviter de faire aucun mal , et donner au con- "• ®-
traire en toute ocasion des marques de courage et de gran-
deur d'ame. Boxhornius fait encore entrer dans la doctri-
ne des Druides cette fameuse maxime de Politique : Il faut
toujours envisager et rechercher son avantage ; maxime qui a
ouvert à cet Ecrivain une matière assez ample pour un long
38 ETAT DES LETRES
Poëme latin , que l'on trouve à la fin de ses origines des
(iaules sous ce titre : Le caractère de la Fortune.
cies. ii)i<i.p.2i8| LVII. ' Aux leçons de Théologie et de Morale, les
Mêla, ibid. Druides en ajoûtoient de Physique, de Géographie , d'A-
stronomie : ce qui supose les autres parties des Mathoma-
piin. hisi. 1. 18. c. tiques.' Pline l'ancien se plaint toutefois, de ce que per-
r.7. p. 505. sonne , soit en Afrique , soit dans les Gaules , ou en Espagne ,
ne s'étoit apliqué à l'Astronomie. Mais il ne faut pas
en conclure que cet Historien .soit contraire h. ce qu'ato-
slent César et Pomponius Mêla en faveur du soin que pre-
noient les Gaulois de cultiver cette Science. Pline vent
seulement dire , que personne de ces vastes pais n'avoit en-
core écrit de son tems sur cette matière. Il auroit pu néan-
strab. I. i. p. i3;>. moius cu cxceptcr ' P\ iheas de Marseille , qui ae l'aveu
de Strabon même , l'un de ses plus sévères censeurs , en
Bail. jug. |iiy. c. avoit écrit avec plus de succès que de la Géographie. ' Ceux
■ ''■ ^''' qui distinguent les Saronides des Druides , quoiqu'ils soient
les mêmes sous differens noms , prétendent que ceux-là
laisoient leur principale étudi; de la Philosophie en genc-
.iicia, ibiii. i-al^ et de la Physique en particulier. ' Ils se flatoicnt de con-
iioître la forme et la grandeur de la terre , et même dt'
sirai). ii.id. p. i3«. tout l'Univers. ' Ils enseignoienl que le monde étoit éter-
nel, que néanmoins il éprouveroit un jour et l'eau et le
feu.
LVIII. Les Druides se mêloient aussi de Médecine.
Mais ce qu'ils en savoieiit étoit trcs-peu de chose , et se
réduisoit proprement à quelques remèdes , qu'on a depuis
nommés empiriques. On peut même dire , que ce n'étoit
qu'un tissu de superstitions , et que toute leur Médecine
eloit dégénérée en Magie. On n'en doit pas être surpris.
piin. iiisi. 1. 50 c. ' Car , comme Pline le i-emarque , la Magie tire son origi-
*■ '"' "'■ ne de la Médecine. Elle s'est ensuite répandue sous un pré-
texte salutaire , en montrant quelque chose de plus relevé ,
et de plus sacré que l'autre. Ce que nous allons raporter
de la Médecine des Druides , n'est que pour justifier l'idée
que nous en venons de donner. On pourra juger par-là
jusqu'où un Peuple qui ne connoît pas le vrai Dieu , est
L. m. c. 97. p. 31-2. capable de porter la superstition. 'Entre les remèdes qu'em-
ploïoient les Druides , la glu tenoit le premier rang. Ils
la vantoient comme un spécifique contre toutes sortes de
poisons , et propre à rendre féconds les animaux stériles.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 39
Aussi rien n'étoit plus sacré parmi eux que cette glu. Ils la
faisoient de grains de gui de chêne avec une superstition
ridicule. Au tems de la moisson, le sixième jour de la Lu-
ne, qui commençoit chez eux les mois, les années, et les
siècles, après le circuit de trente ans seulement, ils s'assem-
bloient sous des chênes, où l'on conduisoit deux taureaux
blancs pour être immolés , et où l'on préparoit d'autres
Sacrifices avec des Festins solemnels. Ensuite un de leurs
Prêtres revêtu d'une robe blanche . et une serpette d'or à
la main . cueilloit les grains de gui . que l'on recevoit dans
un sac fort blanc. Après quoi ils immoloient leurs victi-
mes, et faisoient des prières à des Dieux chimériques, afin
que le don qu'ils recevoient de leur libéralité, leur devînt
salutaire.
LIX. ' Ils avoient bien d'autres pratiques superstitieuses i. 24. c. c» p. 3«.-
dans l'usage qu'ils faisoient de divers Simples. Par exem- ^*''
pie, ils prétendoient que le Salayo, herbe semblable au
thamarin, éloit propre à préserver, ou à guérir toutes sor-
tes de maux, et que la fumée en étoit souveraine contre
les maladies des yeux. Mais il la falloit cueillir nuds pieds,
sans aucun instrument qui coupât, après avoir fait une
oblation de pain et de vin, et observé quelques autres su-
perstitions. ' De même, le Samolum ou Pulsatilla, étoit se- <•• es. p. 3*1.
ion eux, un remède excellent pour guérir les maladies des
bœufs et des pourceaux. Mais on le devoit cueillir h jeun,
ne point regarder celui qui le cueilloit, ne le mettre et ne
le broïer que dans un canal. ' Ils atribuoient encore une 1. «s. c. 59. p. 412.
plus grande vertu ci la Verveine, ou Hierabotane. Ils s'en *'^'
servoient pour leurs sortilèges et leurs divinations. Lors-
qu'ils s'en étoient frotés, ils prétendoient s'atirer l'ami-
tié des personnes , obtenir tout ce qu'ils desiroient , chas- ''^'
.ser les fièvres, en un mot guérir toutes sortes de maladies.
Cette herbe broïée avec du vin, étoit médicinale contre
les morsures des serpens. On lui atribuoit bien ■ d'autres
vertus imaginées. Mais autant qu'elle avoit de propriétés, ■
autant il falloit aporter de superstitions ou pour la cueil-
lir, ou pour la préparer. Nous ne nous amuserons pas à les
détailler. G'étoit, remarque Pline, autant de folies de ces
Philosophes Gaulois. Quelque ridicules que fussent ces- su-
perstitions, elles ne laissèrent pas de jetter de profondes
racines dans les Gaules. Elles trouvèrent même créance
40 ETAT DES LETRES
dans l'esprit des Gaulois, depuis qu'ils eurent embrassé le
Christianisme. On en voit des vestiges dans le Traité des
remèdes empiriques que nous avons de Marcel, qui écri-
voit au commencement du cinquième siècle. Voilà le fonds de
la doctrine des Druides. Disons maintenant quelque chose de
la manière de l'aprendre et de l'enseigner.
«T'p!!^'' re'^li \ ^^- ' ^^^ Druides se formoient aux Sciences, sans rien
I. c. i.^^'s.™" '' ' écrire. Lycurgue, Pythagore et Socrate ont aussi suivi la
même maxime, et n'ont rien laissé par écrit, non plus que
Ram. ibij. p. 91. uos Druidcs. ' Mais que cette maxime, s'écrie un de nos
Ecrivains modernes, a été fatale à notre Nation ! Sans cet
étrange caprice, nos Gaules nous auroient donné des Eu-
clides, des Ptolemées, des Platons, des Aristotes, et peut-
être même des Auteurs encore plus excellens. On peut di-
Pa«q. ibia. re au moins qu'il est bien fâcheux, ' de nous voir réduits
par-là à ignorer l'histoire de notre propre Nation. Le peu
qui s'en est conservé, il le faut aller chercher dans des Au-
teurs étrangers , à qui il n'en est échapé que quelques
traits fort superficiels, que la vérité leur a arachés com-
me malgré eux. On ne sauroit dire si c'étoit, ou le propre
du génie de nos Philosophes, ou le genre de leurs études,
Diog. ibid. qui les portoit, ' à ne parler que par sentences, .souvent par
Diog. 1. 5. p. 08. énigme, et d'une manière a.ssez ob.scure. ' Cette manière de
s'énoncer passa à la Nation entière, qui selon Diodore de
Sicile, ne parloit qu'à mots couverts, le plus souvent en peu
de paroles et par Synecdoche, en faisant entendre un tout
f)ar une de ses parties, ou une partie par son tout, ou bien
a chose par la matière.
c«s. ibid. p. 225. LXl. ' L'instructioH de la jeunesse faisoit une des princi-
f**^ )ales occupations des Druides. Ils avoient toujours à leurs
eçons un très^rand .nombre de disciples. ' Ils y admet-
Amm. lib. 15. p. toieut sur-tout les enfans des Premiers de la Nation. ' Pour
s'aquiter de cette fonction de leur ministère, ils tenoient
des Académies, ou Ecoles reliées. C'est ce que Pythagorç
pratiquoit aussi chez les Grecs, aïant aparemment apris
cette maxime des Gaulois ses Maîtres. Mais il y avoit cet-
te différence entre les uns et les autres, que les Ecoles des
Mêla, ibid | Lnca. Grccs étoieut daus les plus grandes villes ' et que celles
ib. Y. 453. 454. jgg Druides ne s'ouvroient que dans le fond des bois , et
des antres écartés. Nemora alla remotis incolitis lucis, dit
d'eux le Poêle Lucain. A cette bizarrerie les Druides en
•
joignoient
DANS LES GAULES AVANT J. C. 41
joignoient une autre encore plus extraordinaire. ' Quoiqu'- Cxs. iwd. p. 227.
ils possédassent le secret de l'écriture, ils ne faisoient rien
écrire à leurs disciples. 'Il est vrai que les philosophes Ein- Egas. BuI. 1. 1. p.
pedocles , Parmenides , Mélisse , Xenophanes , parmi les '•
Grecs , suivoient la même pratique. Mais les Grecs poste-
rieurs s'étant relevés de ce scrupule mal entendu , nos Doc-
teurs Gaulois n'auroient-ils pas dû imiter leur exemple?
Un peu d'expérience les auroit convaincus de l'utilité de ce
changement de conduite.
LXIL ' Toutes leurs leçons se faisoient donc de vive <^«*- ^'^•
voix, et étoient comprises en une grande quantité de vers
qu'ils faisoient aprendre par cœur à ceux qui frequen-
toient leurs écoles. Cette méthode d'enseigner en vers,
plutôt qu'en prose avoit quelque avantage; puisqu'elle
tendoit à soulager le travail des disciples. On sait par ex-
périence ' que ce que les enfans étudient ou en vers ou en ^^^^ ^^
nombres mesurés , ils ont plus de facilité à l'aprendre , et iss. ' '
le retiennent plus long-tems. Mais si les Druides favori-
soient par-là les études de la jeunesse, ils les embarassoient
et prolongeoient étrangement par leur caprice à ne faire
rien écrire , et par leur manière énigmatique et envelopée
avec laquelle ils s'énonçoient. Aussi', leurs disciples étoient P."?»- ">»**• I *«•»•
vingt ans entiers à suivre le collège, pour devenir habiles.
Il étoit défendu d'écrire les leçons que l'on y donnoit. c»s. ibid.
César en aporte de lui-même deux raisons : la première,
pour ne pas profaner les mystères et les sciences en les com-
muniquant à la populace; la seconde, de peur que les jeu-
nes gens qu'instruisoient les Druides , se confiant en leurs
écrits, ne négligeassent de cultiver leur mémoire, et ne la
perdissent, comme il arive ordinairement en ces ocasions.
11 ne faut pas croire au reste que les Druides, quelqu'éle-
vés qu'ils fussent au-dessus des autres Gaulois, enseignas-
sent gratuitement la jeunesse. ' Un ancien Auteur nous fait vai. Max. 1.
juger qu'ils tiroient de leur profession un lucre considéra- ''•"•"•
ble, puisqu'il qualifie leur Philosophie une Philosophie
mercenaire, et sujette à l'avarice : avara et fœneratoria Gal-
lorum philosophia.
LXIU. Les femmes parmi les Druides se mêloient de Egas. BuI. 1. 1. p.
science , comme les hommes . Elles s'adonnoient particu- '•
lierement aux Augures et à la Magie , comme étant des
sciences plus à leur portée et plus propres à nourrir leur
Tome I. Prem. Pari. F.
4S ETAT DES LETRES
joiy, ecoi. I. I. curiosité naturelle. 'On ne doute point qu'elles ne donnas-
c. 4. p. 31. sent des leçons à celles de leur sexe, à l'imitation de ce que
faisoient les hommes envers les jeunes gens . Car quelque
d(^reglés que fussent d'ailleurs les Païens , ils avoient soin
do foire instruire leurs filles dans des écoles séparées de cel-
l'iih. aav. subs.i. les dos garcons. 'La secte des Druides se conserva dans les
Ici » •
Gaules jusque sous le règne des Empereurs Chrétiens , vers
piin.his^.i. 30. i. les commencenicns du quatrième sircie. ' Pline l'ancien
.semble toutefuis dire que l'Empereur Tibère l'avoit entiè-
rement éteinte , avec les Devins et les Médecins qui en fai-
suet. Cas. 1.5. n. soicut partie. ' De mi^nic Suétone témoigne que l'Empe-
^'' reur Claude avoit achevé d'abolir la religion des Druides,
l'iih. ibiu. ' Mais ces témoignages ne se doivent pas prendre à la le-
tre. Ces deux Auteurs veulent seulement dire que Tibère
et Claude avoient défendu le culte inhumain et abomina-
ble que les Druides rendoient à leurs faux Dieux, eh leur
suet. ibid. Sacrifiant des hommes. ' Suétone l'explique lui-mêrtlé de
cette manière, et dit que ces sortes de sacrifices barbares
avoient été défendus dès l'empire d'Auguste , mais seule-
pun. hist. 1. 3on. mcut aux habitans de Rome. ' Il y avoit même un Décret
du Sénat qui les défendoit dès le Consulat de Cn. Cor.
Lentulus, et de P. Licinius l'an de Rome 657.
LXIV. Telle étoit la consistance qu'avoit prise dans les
Gaules la Republique des letres, lorsqu'on y vit passer les
maximes de la Grèce, avec toutes les sciences dont les
Grecs faisoient profession. Il commença dèslors à s'y for-
.Aiass.hist.deNorin. mcr ' uuc autrc sortc de Savans plus raisonnables que
t.i. p. 19. j,gy^ (j^j^^ jjQ^g venons de parler : les Académiciens de
Marseille. Ceux-ci ne faisoient point de mystère de leurs
connoissances , et avoient pour maxime , que toutes les
bonnes choses se doivent communiquer . Cet événement
est trop mémorable , et aporta dans les Gaules un trop
heureux changement , pour le passer avec rapidité , et ne
lui pas donner quelque étendue. Le détail n'en peut être*
Just. hisi. 1. 43. c. qu'agréable. Reprenons les choses d'origine. ' Une peu-
siraK'. i.4.'p*!''?24. plade de jeunes Phocéens sortis d'Ionie dans l'Asie Mineu-
re , pour chercher de nouvelles habitations , aborda par
mer (*) dans les Gaules près de l'embouchure du Rhône.
Jusl. ibiJ. (')' Joslin dit quo ce fut par TOcean; piimcnl soavent la Mer par le terme
quoiqu'il soit hors do doute quo ce fat d'Océan,
par la Méditerranée. Mais les Anciens ex-
DANS LES GAULES AVANT J. G. 43
Eprise des beautés du lieu et de sa situation, elle forma le
dessein de s'y établir, et y bâtit la Ville de Marseille (').
On place cette fondation sous le r^gne de Tarquin l'An-
cien, ' vers la seconde année de la quarantek;inquiéme Amm. p. os. noi.
Olympiade, la cent cinquante-cinquième année de la fon-
dation de Rome, environ 600 ans avant la Naissance de J. C.
LXV. Rien de plus admirable, rien aussi de mieux or-
donné que la Police de cette nouvelle République. 'Son Vai. Max. i. s.n.
Gouvernement éloit aristocratique, manière de gouver- ^'
ner que les Anciens préferoient à toute autre. 'Six cent n. 7.
Sénateurs en avoient 1 administration, et formoient le con-
seil de la ville. ' Ils exerçoient leur charge pendant toute strab. iua.
leur vie. On les nommoit Ti;i.oJ-/o'j; d'un mot grec , qui
signifie honorables. Ils avoient à leur tête quinze per-
sonnes de leur corps, auxquelles on renvoioit les affaires
de moindre conséquence. Trois entre ces quinze comman-
doient à tous les autres , et exei-çoient un pouvoir souve-
rain. ' Ge furent ces quinze premiers Sénateurs, que Gésar, Caes.uei.civii.i.i.
après s'être brouillé avec Pompée, fit venir à lui pour les
engager à déterminer leur ville à se déclarer en sa faveur.
La réponse qu'ils firent en cette rencontre , est une preuve
solide et de leur sagesse et de leur profonde politique. Aussi
tous les membres de ce Sénat étoient autant d'hommes sa-
vans. ' G'est au moins la qualification , que le Gontinua- 1. 2. p. 537.
leur de Gésar donne à ceux qui furent députés vers ce grand
Gapitaine Romain.
LXVI. ' On suivoll à Marseille les loix Ioniques , que sirab. ibia 1 vai.
l'on tenoil exposées en un lieu public, afin que tout le monde
les aïanl continuellement devant les yeux, y pût confor-
mer sa conduite. Vous pouvez juger de l'excellence de ces
loix par l'intégrité des mœurs des Marseillois. Le peu que
nous en savons, vous en donnera une idée bien avantageu-
se.*'Le Droit d'Hospitalité étoit chez eux en une singulière vai. Max. ibid.
recommandation , et s'y exerçoit avec toute sorte d'huma-
nité. Les étrangers pouvoient compter d'être dans un asyle
assuré, lorsqu'ils étoient à Marseille. Pour maintenir la sû-
reté de cet asyle, on ne souffroit point que personne entrât
(')' Seneque dit qu'aux Pbocéens éta- à relie des Grecs et des Liguriens. Cet en- Senec. ad bel. c.
blis à Marseille se joignirent at les Espa- droit siftnifie seuleme it qu'il étoit passe en 8. p. 170.
g:iols et tes Liguriens, comme il parois- Espagne et en Ligurie plusieurs usages des
soit par la ressemblance des mœurs de Grecs.
ceux-ci ; mais que la langue du pais céda
Fij
44 ETAT DES LETRES
armé dans la ville. Il y avoit à la porte des gens prépo-
sés pour garder les armes de ceux qui y entroient, et les leur
Val. Max. n. 7. rendre à leur sortie. ' On n'y voïoit point de ces infâmes
représentations de théâtre. On craignoit avec raison que
de tels spectacles n'inspirassent le désir et la licence d'imi-
ter ce que l'on y auroit vu représenter. On y fermoit la
porte à tous ceux qui, sous prétexte de religion, y auroient
voulu introduire ou la paresse, ou une vie délicate et vo-
luptueuse; et l'on avoit un soin particulier d'y détruire la
strab. p. 123. dupHcité et le mensonge. La frugalité et la modestie ' on les
y portoit l'une et l'autre jusqu'à ce point, que la plus riche
dot n'excedoit jamais cent écus d'or, et qu'il n'étoit permis
à personne d'en dépenser plus de cinq pour sa nourriture,
et cinq autres pour ses plus somptueux habits.
LXVlI. Il seroit difficile de renchérir sur les éloges
magnifiques que cette belle Police a attirés à Marseille,
de la part de plusieurs célèbres Ecrivains de l'antiquité.
cic- pro- !-• F'*". ' Ciceron en étoit si charmé qu'il doutoit sérieusement si
cette ville n'étoit pas préférable non seulement à la Grèce,
mais aussi à toutes les nations de l'univers. Il avoùoit sans
façon qu'il étoit plus aisé à un chacun de faire l'éloge de
ses excellentes maximes, que de les imiter : ut omnes ejus in-
stituta laudare fcbcihus possint , quam œmulari. Combien en de-
Pan. B. p. 221. voit-ou être persuadé dès le tems ' de Plaute, puisque ce
"*"■ Poète a fait passer en proverbe les mœurs des Marseillois
pour exprimer des mœurs irréprochables et très-réglées!
just. hist. 1.43.C. ' Une inclination comme naturelle qui portoit cette Répu-
'^' ' bliqueau bien, l'avoit accoutumée à cette régularité de con-
duite, plutôt que la conjoncture des tems ne l'y avoit con-
Yai. Max. ibid. traiute. ' luviolablemcnt attachée à la sévérité de ses loix,
elle conserva pendant plusieurs siècles l'intégrité de sa disci-
pline, et la pratique exacte de ses anciennes maximes. C'est
ce que loùoit encore en elle un Ecrivain du règne de Tibère.
Tac.Tit.Agr. n. 4. LXVIII. ' D'uuc si excellente Police jointe à la tempcr
rance Gauloise il se fit un mélange merveilleux, qui rendit
P'"ii''<5P£* •'=•''• Marseille une école de politesse. ' On y aprenoit ce que
J. 9. p. 296. ,, • 111 ' 1 T» 1 1 • -i- f ^1
1 on nomme aujourd hui le Beau-monde, Ja civilité des
mœurs, l'art de vivre en galant-homme, l'honnêteté dans
les discours comme dans les actions, cet air gracieux et ces
manières prévenantes qui savent gagner et lier les cœurs;
en un mot tout ce qu'il y a jamais eu et de plus délicat et
DANS LES GAULES AVANT J. G. 45
de plus poli chez les Grecs. Outre ces avantages, ' il n'est Bail. jug. pré.c.7.
point d'art et de science, que l'on n'y cultivât avec autant ^' ^' ^' ^''
de succès que de pompe et d'éclat. ' On y professoit pu- strab.ibid. p. 124.
bliq-uement l'Eloquence, la Philosophie, la Médecine, les ***•
Matnématiques, la Jurisprudence, la Théologie fabuleu-
se, et toute sorte de Literature. Elle a même eu l'honneur
cette Ville, de donner aux Gaules d'illustres Ecrivains en la
personne de Pytheas et celle d'Euthymenes, long-tems
avant que Rome s'avisât de faire à l'Italie de semblables
présens. En falloit-il davantage pour faire de Marseille
une Académie célèbre, qui n'a pomt eu de supérieure dans !
le monde, et qui a mérité le rang de préséance sur celle
d'Athènes même? En falloit-il davantage pour lui acqué-
rir ' le titre glorieux de Siège et de Maîtresse des Etudes et Tac. ibid.
des Sciences, que lui donne Tacite?
LXIX. Qui sera surpris, après ce que nous venons de
dire de Marseille, qu'elle parût aux Romains un lieu pro-
pre à cultiver les sciences? Cette Ville sembloit être de-
stinée par la nature à ce dessein. Elle étoit agréablement
située, grande, bien bâtie, ' ornée d'excellents ouvrages strab. ibui.
publics, ' et avoit la commodité d'un port admirable.
' Aussi les premiers de Rome, qui désiroient de se perfe- p. 125.
ctionner dans les Belles Letres, choisissoient Marseille pour
le lieu de leurs études, préferablement à Athènes. Elle
avoit si universellement la réputation d'être l'école des
Romains, ' qu'Auguste voulant couvrir l'exil de Lucius Tac. ann. 1. 4.11.
Antonius, son neveu par sa sœur, lequel il avoit résolu d'é-
loigner de la Cour, ne crut pas y pouvoir mieux réussir,
que de le reléguer à Marseille sous prétexte d'y étudier.
' On y voïoit aborder dans le même dessein les meilleurs Egas. boI. ». i. p.
sujets de l'Europe. Les Grecs même et ceux de l'Asie mi-
neure, malgré la distance des lieux et la haute réputation
de leurs Académies, ne laissoient pas de lui préférer quel-
quefois celle de Marseille. C'est donc avec beaucoup de
sujet que Ciceron la qualifie la nouvelle Athènes des Gau-
les, l'abord universel, et le confluent de la Politesse et des
Belles Letres.
LXX. ' Quelque fertile que fût le païs qu'habitoient les strab. i.4.p. 124.
Marseillois, ils s'apliquoient néanmoins beaucoup plus à
la navigation qu'à l'agriculture. Par-là ils se trouvoient
engagés à cultiver avec un nouveau soin et l'Astronomie et
8
40 ETAT DES LEÏHES
Caes. beii. civ. i.i. les autres parties des Mathématiques. ' Ils excelloient dans
8.' I?"*-.! la Marine; ' et cette Science les rendit extrêmement puis-
S(ral). iwJ. »» Ti r» • 1 1 T-i •
sans sur Mer. lis se tirent cramdre des Etrangers, et esti-
cic. 13. piiii. n. lïier des Romains. ' Us furent toujours très-étroitement
15. p. 89*. yjjig gygç ccux-ci , ' ct Icur prêtcreut divers secours dans
432 l'j'usi. h'ist'. r leurs besoins en armes et en argent : ce qui leur mérita le
43. c. .s p 613 1 nlorieux titre d'Amis très-fideles, et d'Allié.s très-puissans
Amm. lib. 15. p. «^ , , , ,. , i t> • i i » »
<04. (Je la République Romaine. Les Romains de leur coté en
reconnoissance de tant de généreux services, accordèrent
à Marseille les Privilèges d'immunité, et le Droit de Séan-
ce aux spectacles entre les Sénateurs de Rome. Depuis cet-
te illustre alliance il y eut un commerce mutuel entre Ro-
me et Marseille. Bien-tot le Pais Marseillois devint la Grèce
des lîomains pour les Sciences, et leur Province pour les Ar-
mes. Et c'est de-là que lui est venu le nom de Provence
Pan. B. p. 2n.n. qu'il poi'te cucorc aujourd'hui. ' Par ce moïen ces deux
i9|Tm. an^.Lu. R^pu^iiaucs sc communiqucrcnt réciproquement leur
n. 2«.
langue, leurs usages, et les arts dont elles faisoient pro-
fession,
sirab. p. 124.127 1 LXXI. ' Marscillc devenue puissante et formidable, tant
E^as. uiii.t. I. p. par les victoires remportées sur ses ennemis, que par son
union avec la Ville de Rome, envoïa des colonies bâtir
Agdo, Nice, Antibe, Olbie, Taurence, et Arles même,
selon un Ecrivain moderne. Si elle ne bâtit pas aussi Frejus,
elle en étoit au moins Maîtresse encore sous l'empire de
Tibère. Tant de nouveaux établissemens contribuèrent
jusi. iiisi. 1. 43.C. ' à répandre davantage les Grecs dans les Gaules, et à les
*■ p- eio. rnrlcr de plus on plus avec les Gaulois. Ce mélange fut
avantageux pour ceux-ci. Us .se défirent insensiblement de
ce qui leur rcstoit enconî de leur ancienne rusticité, et
commencèrent à se civilis<'r, et à mener une vie et })lus hon-
nête et j)lus reglé(!. Eux qui pour la plupart ne respiroient
auparavant que les armes, s'acoûtumerent à suivre les
siiab. ibi.i. loix d'une sage Politique. ' Peu à peu l'exemple des Mar-
seillois les aprivoisa, et les porta à préférer à l'art de la
Guerre, l'Agriculture et les Belles-Etudes. Et lorsqu'ils fu-
rent passés sous l;i domination des Romains, ils les culti-
vèrent avec autant de zélc que les Marseillois mêmes.
Mais n'anticipons rien. Raportons les choses selon l'or-
dre des tems.
LXXII. Ce concours presque universel d'étrangers à
DANS LES GAULES AVANT J. C. 47
Marseille, cette noble émulation que l'on y montroit pour
les letres, firent sur les Gaulois une si heureuse impres-
sion, qu'ils entrèrent dans le mrme goût, et s'apliquerent
aux nirtnes exercices, l/étude des sciences fil les délices,
non de quelques particuliers seulement, mais de toute la
Nation en gênerai. 11 n'étoit plus question de ces écoles
des Druides, cachées dans les bois et les antres écartés.
Les Villes gageoient des Rhéteurs, des Philosophes, des
Médecins, pour tenir des écoles publiques dans l'encein-
te de leurs murs. Marseille, ce lieu d'exercice ouvert aux
étrangers pour la litcrature, inspira à nos Gaulois tant
d'amour pour la langue Gréque en particulier, qu'ils l'em-
ploïoient même dans leurs Actes publics. ' En gênerai ils strab.ibiu.p.m.
s'attachèrent si étroitement h toutes les maximes des Grecs,
qu'Ephorus dans Strabon a crû leur devoir donner le sur-
nom de (fikùlryxi c'est-à-dire des gens fort affection-
nés aux Grecs, et à leurs usages. ' Ce fut par ces degrés just. iwa. c.s.p.
que nos Provinces, et les Peuples qui les habitaient, pri- '''^'
rent un si grand lustre, qu'il sembloit que les Gaules
eussent été transférées dans la Grèce, plutôt que la Gré-
ce ne fût passée dans les Gaules. Jdeoqtiê, dit un très-
ancien Historien, qui étoit d'un Païs voisin de Marseille,
maqnusethominibus et rehusimposittiscstnitor, utnonGrœda
in Galliam emigrmse, sed (lallta hi Grœciam translata videre-
tur. Quelque changement qu'aient aporté dans les Gaules
tant de siècles passés, nous ne laissons pas de trouver en-
core parmi nous de précieux restes de ce que nos ancêtres
avoient reçu des Grecs par le canal des Phocéens.
LXXllL ' Strabon ne nomme point les villes des Gau- strab. iWd. p. 123.
les, qu'il dit avoir gagé des Professeurs pour y enseigner
publiquement toutes sortes de sciences, à l'exemple de
Marseille. Mais il n'y a pas lieu de douter qu'il n y eût
dès-lors autant d'écoles publiques, qu'il y avoit de princi-
pales \il!es dans la Gaule Narbonoise, et dans les Provinces
voisines. Telles étoient Narbone, Corbilon, Arles, Vien-
ne , Toulouse , Autun , Nismes, Lyon, Bourdeaux . Joi-
gnez-y les colonies des Marseillois dont nous avons parlé.
' Il est au moins certain que la Gaule Narbonnoise, où Mar- p. i3i.
seille se trouvoit située, fut la première des Provinces qui
ressentit les effets de cet heureux renouvellement. C'est
ce qui contribua beaucoup à lui acquérir l'éclatante repu-
48 ETAT DES LETRES
tation, où elle fut dans la suite. Car ses Habitans passoient
pour les peuples les plus célèbres et les mieux civilisés de
Tac. an. 1. ii. n. toutes Ics Gaulcs. ' Dès avant le règne de l'Empereur Clau-
^*' de, elle avoit donné de très-grands hommes à la Républi-
aue Romaine, insignes viros è G allia Narbonensi transnnsse.
lans la suite, c'est-à-dire lorsque les Romains se furent
rendus les Maîtres des Gaules, ces écoles s'v multiplièrent
extrêmement, et égalèrent au moins le nombre des Villes
capitales des Provinces. Ici ce seroit le lieu de vous faire
une description de ces écoles et de la manière d'y enseigner,
comme nous en avons usé à l'égard des Académies des
Druides et des Marseillois; mais l'antiquité ne nous en
aprend rien en détail. Vous en aurez dans la suite quelques
particularités, qui pourront vous faire juger de leur pre-
mier état. En attendant vous en pouvez prendre quelque
idée, par l'état où étoient en ces premiers tems nos princi-
pales villes,
sirab.ibid. p. 125. LXXIV. Commcnçous ' par Narbone, comme la plusan-
"•*• cienne ville des Gaules, selon Strabon. Elle étoit d'un plus
grand abord qu'aucune autre, et à proprement parler, le con-
cic. pro Font. n. flucut de toutcs Ics Provinccs des Gaules. ' On la trouve
2. p.* 3* !"'''*' '■ nommée Martius dans les anciens Auteurs; ' et l'on croit
• Vin. in Aus. §. Que cc uom lui est venu d'une colonie de soldats vétérans
^^- de la Légion martiale de Mars, "' quoiqu'elle fût d'abord une
c Aul'''nrti"'c 13 colonie de Decumanes et d'Atacins. " Les Anciens parlent
p. 151. 233. ' ' avec éloge de ses Ports, de ses Lacs, de son Commerce
par Mer avec l'Espagne, l'Italie, l'Afrique et la Sicile.
On y voïoit des Peuples de divers Pais, qui y parloient
différentes langues. Tout y marquoit une granae ville; et
ne cedoit en rien à Rome pour la magnificence des édifi-
cic. ibid. ces publics. ' Les Romains y envoierent dans la suite une
nouvelle colonie, et en firent comme le dongeon de leur
Vin. iwa. République, et une Place forte contre les Gaulois. ' Par suc-
cession de tems ils se rendirent les Maîtres de tout son ter-
ritoire, qui étoit fort étendu, comprenant tout ce que l'on
a depuis nommé les deux Narbonnoises, et lui donnèrent le
Ans. ibid [Sid. car. uom de Provlucc par excellence. ' Encore aux quatrième et
" "" cinquième siècles on comptoit Narbone entre les plus il-
lustres villes de l'Univers. Ausone et Sidoine, depuis Evê-
que de Clermont en Auvergne, nous en ont laissé des élo-
ges magnifiques. Celui-ci en relevé principalement la gloire,
en
23. V. 37-90.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 49
en ce qu'elle a donné plusieurs grands-hommes, tant à l'E-
tat qu'à la République des Letres. ' On juge que les études Eps. nui. t. i.p.
y étoient florissantes dès les premiers tems, pour avoir pro- ^''"
duit dès l'empire de Tibère, Votienus Montanus l'un des
plus grands Orateurs de son siècle ; Julius Montanus assez
bon Poète selon Seneque ; et sous Domitien le célèbre Juris-
consulte Artanus, dont Martial a fait l'éloge.
LXXV. ' Corbilon alloit de pair avec Narbone. G'é- sirab.ibid.p.isi.
toit une ville d'un très-grand abord, située sur la rivière
de Loire. Mais , quelque illustre qu'elle fût avant les Sci-
pions, il en reste aujourd'hui si peu de vestiges, que l'on
ne convient pas même du lieu précis de sa situation. ' Ar- p- *-'•
les bâtie sur le Rhône, passoit aussi pour une ville fort fré-
quentée des étrangers. ' Ausone en son tems la mettoit au ^^^- "''b. c. s. p.
nombre des plus célèbres du monde, et la nommoit la pe-
tite Rome des Gauks. Elle mérite à juste titre l'une et l'au-
tre qualification , tant pour son ancien commerce avec les
étrangers, que pour avoir été le Siège des Empereurs dans
la suite des tems. ' Constantin le grand lui donna tant de Léo, epist. «. p.
marques de son estime et de sa considération, qu'elle prit à f^^'
cause de lui le nom de Constantine. 'Au siècle suivant, qui sir.inSid.p.iasT.
étoit le cinquième de l'Eglise, Arles étoit la Capitale de "^ '
sept grandes Provinces , la Viennoise , les deux Narbonoi-
ses , les deux Aquitaines , la Novempopulane et les Alpes
maritimes. Les Empereurs Honoré et Tlieodose le jeune
assignèrent cette ville pour le lieu où se dévoient tenir tous
les ans les Etats de ces Provinces. Ils donnent pour motifs
de leur choix la dignité de cette ville, sa fidélité envers
leurs Prédécesseurs, et les commodités que lui procuroit
son grand commerce. En elTet, on y trouvoit tout ce que
l'Orient, l'Arabie, l'Assyrie, l'Afrique, l'Espagne et les
Gaules produisoient de plus rare et ae plus précieux, com-
me si la Province l'eût produit elle-même. Vous verrez
dans le cours de cette Histoire qu'il est sorti d'Arles plu-
sieurs gens sa vans en toute sorte de literature, et que ce
fut un des endroits des Gaules où se conserva plus long-
tems l'usage de la langue Grèque.
LXXVL ' Vienne passoit chez les Anciens pour la Me- vin. iwd.
tropole des Allobroges. ' Une preuve indubitable qu'elle conc. to. 2. p.
étoit l'ancienne Métropole de sa Province, c'est que cette
Province en avoit pris le nom de Viennoise qu'elle portoit.
Tome I. Prem. Part. G
s *
50 ETAT DES LETRES
Ens. I. 5. c. i.p. ' Eusebe en parlant des célèbres Martyrs qui souffrirent sous
***■ Marc Aurele, la qualifié même la plus illustre Metropo-
vin. ibid. i. 104 1 le des Gaules. ' Pour Toulouse, le nom seul de Palladia que
Egas. ibid. p. 30. lui ont douué Ics Ancicns, montre assez que celle A'ille fai-
soit une profession particulière des Sciences. C'est le même
nom qu'Athènes portoit chez les Grecs pour la même rai-
Ans, nrb. c. 12p. SOU. ' Encorc au quatrième .si(''cl() Touloui^e avoit la reputa-
**•• tion d'être une des villes les plus grandes et les plus peu-
plées de toutes les Gaules. Ses citoiens étoient en si grand
nombre qu'ils auroient suffi pour peupler quatre autres
villes. Nous aurons ocasion de parler dans la suite de quel-
ques grands Hommes de Letres qui ont pris naissance à Tou-
louse, et des écoles qui y furent célèbres dans les siècles
postérieurs.
LXXVIl. Mais de toutes les villes des Gaules il n'en est
point, si l'on en excepte Marseille, qui se soit acquis plus
de gloire à cultiver les Sciences en ces premiers tems,
Egas. ibid. p. 23. qu'Autiiu lu Capitale des Eduens. ' Elle est sans contradi-
ction une des plus anciennes des Gaules, et peut même
disputer à Marseille l'honneur de l'ancienneté. C'étoit là
que les Druides s'assembloient souvent; et l'on voit encore
dans le voisinngo quelques vestiges d'un lieu où Ton croit
Pin. M. p. 230. n. qu'ils tcuoieut leurs écoles. ' Autun a porté oifferens noms.
**• D'abord il se nommoit Rihracte^ selon quelques Auteurs ;
ensuite il prit le nom de Julia de Jule César , puis celui
à! Augustodunnm à cause de l'Empereur Auguste; enfin il se
p. 519. n. I. nomma Flacia. ' Il prit ce dernier nom en reconnoissance
des fa-,('urs qu'il avoit reçues et de Constance Chlore et du
Grand Constantin son fils, qui portoicnt l'un et l'autre le
o"^.!;.î'"'';,î?.^' ■•!;3" pvénom de Flavius. ' Cette ville étoit autrefois très-éten-
383. due, et d une grande autorité. Elle avoit son Sénat et ses
loix particulières. Les Romains se firent toujours un méri-
te de la soutenir, et même de lui procurer un nouvel em-
sirab. p. 131. bellispcment. ' Aussi fut-elle la première ville des Gaules
Par. u. p. *i2 I qui rechercha l'alliance et l'amitié des Romains , ' et qui
dans la suite travailla avec plus de succès à rendre Romai-
p. 220. n. s I p. nés les autres villes des Gauler.. ' En reconnoissance de ces
bons offices le Sénat de Rome établit par plusieurs Décrets
uno fraternité entre les Eduens et les Romains. Dès l'em-
pire de Tibère an moins les écoles publiques d'Autun
étoient très-célebres. Nous aurons beaucoup d'autres choses
à en dire dans la suite.
Sii. II. 3.
DANS LES GAULES AVANT J. G. 51
LXXVin. La ville de Lyon mérite aussi d'être mise au
nombre de celles qui cultivèrent les Sciences dès les pre-
miers tems. Vous en aurez d'illustres preuves sur le preinier
siècle de l'Eglise, et le suivant. Elle est beaucoup plus an-
cienne que ne la font plusieurs Ecrivains modernes. Il est
vrai ' qu'à s'en tenir à la letrc du texte de S. Jerom.e sur la nier. cur. p. ai.
Ghionique d'Eusebe, il faudroit dire qu'elle ne fut fon- ^'
dée qu'en la quritri'me année de la cent quatre-vingt-hui-
tième Olympiade vers l'an de Kome sept cent \ingt-neuf,
environ 25 ans avant nôtre Ere vulgaire. On altribue
cette fondation à Munalius Plancius ou Plancus, Gouver-
neur de la Gaule Narbonoise pour les Romains, et disciple
de Giceron. Mais il est plus croïable qu'il ne fit que la ré-
tablir et l'embellir. ' Peu de tems après ce rétablissement sirab. p. 132.133.
elle se Irouvoit une des villes les plus peuplées des Gaules
après Narbone. Dè:-'lors ille étoit la Capitale des Segu-
siens, et le iieu de la résldf^nce ordinaire des Préfets que
les Komains avoient dan- îcs Gaules. On y battoit mon-
noie; et l'on y avoil élevé un Temnle célèbre à Auguste,
avec un autel, où l'on voïoit les figures et les inscriptions
de soixante Peuples Gaulois. Là se livrèrent dans la suite
ces fameux combats de Literaiure en grec et en la'in, com-
me nous dirons en son lieu. ' Lyon étoit au mili 'u des Gau- p. us.
les comme une forte ciladc-lle. tant pour sa situation au
confluent de deux rivières, le iihône et la Saône, que pour
le secours qu'il pouvoit tirer des autres villes et places du
pais qui étoiont à sa pioxini'lé. Agripp.i y fit pialiquer
trois grands chemins roïaux; l'un qui alloit par les monta-
gnts des Cevenes jiipques dans le fond de l'Aquitaine; un
autre qui conduisoit au Rhein; et un troisième à la Mer par
les pais du Beauvoisis et de l'Amienois : commodités néces-
saires pour le commerce, et qui contribuèrent à rendre Lyon
une ville d'un très-grand abord.
LXXIX. ' Nismes avoit anciennement le titre de Capi- p. 120.
.taie des Arecomiciens. C'est ce que nous nommons uijour-
d'hui le bas Languedoc. Si vous avez égard à l'abord du
monde et des négocians, Nismes étoit beaucou;) infejieu-
re à Narbone. Mais si vous considérez l'état de la Répu-
blique, elle étoit beaucoup plus considérable. Car elle
avoit sous sa domination vmgt-quatre Bourgs fort peuplés,
qui jouirent des premiers du droit de Bourgeoisie Romai-
GiJ,
52 ETAT DES LETRES
ne. A l'opposite des Arecomiciens étoient les Cavares qui
jouirent aussi des premiers du même droit, et qui dès l'em-
pire de Tibère parloient la langue, et sui voient les coutu-
mes des Romains. Il paroît par tout ce que nous avons
d'Hommes de Letres sortis de Bourdeaux, que cette ville
cultivoit les Sciences dès les premiers tems avec une affe-
Ans. urb. c. lô.p. ctiou merveilleusc. ' Sa situation, ses belles eaux, ses bons
^' ^''^' vins, la temperie de l'air où elle se trouve bâtie : tout ce-
la pouvoit contribuer à rendre ses citoïens plus propres
pour les Letres. Aussi dans l'éloge de cette ville qu'Ausone
nous a laissé, il a soin de dire qu'elle etoit aussi célèbre
par l'esprit et le génie de ses habitans, que par sa bonne
police. Elle avoit son Sénat, comme Rome; et il semble
qu'on y élisoit des Consuls chaque année, comme dans
cette Capitale de l'Empire.
LXXX. Toutes ou presque toutes ces villes allèrent
toujours croissant en amour et en z.éle jour les Sciences;
et leur exemple porta les autres à les imiter, jusqu'à l'inon-
dation des Barbares dans les Gaules au cinquième siècle.
La domination des Romains sous laquelle elles passèrent,
comme nous dirons bien-tôt, ne fit que les affermir dans
sirab. 1. 4. p. 125. CCS uobles cxercices de l'esprit. Il n'y eut que ' Marseille,
qui après la guerre civile entre César et Pompée, aïant eu
le malheur de s'unir aux vaincus, perdit quelque chose de
Cic. 8. pbii. n. G. sa première splendeur. ' Elle encourut par-là la disgrâce et
av.™ a^^T.' :!a).' l'inimitié de César, qui ne laissa pas néanmoins sur diver-
ses considérations de revenir peu à peu, et de lui rendre
ses bonnes grâces. Il la traita même favorablement à cau-
se de son ancienneté, de la réputation qu'elle s'étoit ac-
quise, de l'ancienne fidélité de ses citoïens, et de la rare
strab. ibid. gravité dont ils faisoient profession. ' Malgré cette infor-
tune on voïoit encore chez les Marseillois du règne de Ti-
bère, plusieurs vestiges de leur première ardeur pour les
Sciences et les Arts, particulièrement pour la Mechanique
et la Marine. Et ceux qui avoient plus ae disposition pour y
réussir, s'apliquoient encore à la Rhétorique et à la Philo-
sophie. Dans la suite les mœurs graves et polies des Marseil-
lois dégénérèrent peu à peu en luxe et en molesse ; et l'amour
des Letres périt chez eux, à mesure qu'il s'y introduisit une
recherche étudiée de toutes les commodités de la vie.
LXXXI. De la Gaule Narbonoise les Sciences se répan-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 53
dirent non seulement dans le reste des Gaules, mais aussi
dans les Pais étrangers du voisinage. Vous aurez observé
qu'il étoit déjà passé à Rome par le canal de Marseille quel-
ques-unes des maximes de la Grèce. ' L'Espagne avoit re- §,^5^,, j,,;,,
çû par le même canal le culte de Diane, avec les autres
rits de la Religion des Grecs. Mais ce ne fut-là qu'un léger
commencement, qui fraia seulement les voies à ce qui se
fit dans la suite. ' Rome , celte Capitale du monde, qui suei. m. gram. c.
avec la Grèce mérita depuis le titre de Mère des Sciences *•
et des beaux Arts, ne faisoit nul cas des Belles-Letres, et
en ignoroit même l'usage , lorsqu'on les professoit publi-
quement dans plusieurs villes des Gaules. ' Elle ne con- ovi.i. fast. 1. 3. v.
noissoit d'autre éloquence, de l'aveu même d'un de ses ***3- *"*•
Poètes, que la force et la dextérité du bras. ' Elle vit h la suot. ibid. c. a.
vérité paroitre dans l'enceinte de ses murs Cratès de Mal-
les en Cilicie, qui y donna quelaues leçons de Literature;
' mais il n'y eut encore que quelques aiïranchis qui profî- s^nec. 1. 2. contr.
tassent de ses leçons. C'est aux Gaulois en particulier qu'el- '"^' ^'
le est redevable du premier goût qu'elle prit pour les belles
études. ' Lucius Plotius, Gaulois de Naissance, fut le pre- p. ht.
mier qui y enseigna la Rhétorique ; ' quelque tems après snct. iwa. c. 7.
lui Marc Antoine Gnyphon autre Gaulois, y professa la
Grammaire , ' c'est-à-dire , selon l'explication de Suétone , c. 4.
ce que les Grecs et les Latins entendoient par les Belles-
Letres. ' Presqu'en même-tems Valerius Cato, Gaulois com- c. 11.
me les deux autres, y donna aussi des leçons de Grammaire
et de Poétique. ' Bientôt les Letres furent en un tel honneur c. 3.
à Rome, que l'on y vit plus de vingt écoles célèbres, et que
les personnes les plus illustres en firent profession ouverte.
On peut juger des autres ' par Ciceron et Jules César, l'un c. 7.
et l'autre disciples de Gnyphon.
LXXXIL ' A l'exemple de Rome les Provinces prirent c. 3.
aussi du goût pour les Belles-Letres. La Gaule que les Ro-
mains nommoient Cisalpine, se signala sur toutes les autres
par son zèle à les cultiver, et reçut un lustre merveilleux
par l'habileté des Docteurs qui les y enseignèrent. Suéto-
ne met de ce nombre un Petavius Teucer, un Siscennius
Jacchus, un Oppius Carès. Ce dernier y continua ses le-
çons jusqu'à un âge décrépit, sans que la privation de l'u-
sage et de ses jambes et de ses yeux les lui fit interrompre.
Les Sciences eurent un si heureux succès dans cette Provin-
Jus). Iiisi
i. p. iW
54 ETAT DES LETRES
Casd. 1. 8. cp. 12. ce, qu'elle ne tarda pas ' à liiire voir, que Rome n'étoil
p. 130. ?.i. pjjg [g ggyj endroit, où l'oa pouvoil apreudre la belle La-
tinité. Elle eut ses Cicerons, comme Rome le sien ; et ce
pais où l'on n'entcndoit aupnravont que la langue Gauloi-
se, eut l'avantage de devenir ui'c école célèbre d éloquen-
ce. Qu'il est glorieux pour nolvc Nation, de savoir que
cette partie considérable de l'ancienne lialie , qui compre-
noit la Ligurie, l'Histiie, et les Provinces voismes en de-
çà et au-delà du Pô, d puis les A'pes jusqu'à la ri ierc de
.i.si.c. Rubicon; ce vaste pais, ' où nos an< êlres, après avoir pris
et brûlij Rome, s'étoient bcbiîués par le droit de leurs
conquêtes, environ quatre cens ans avant la nais-ance de J.
C. ait fait paroître tant d'ardeur pour les belles éludes, et
Luci. bci.civ.i.i. s'y soit acquis une gloire si éclatoîite! Car enfin ' les peu-
V. ^35. m. |gg jjg ggg Provinces étoient réellement Gaulois, et pour
j.isi. i.isi. 1. j,o.p. leur origine et pour leurs mœurs. ' Ce furent eux qui bàli-
*''■ rent Milan, Come, Presse, Vérone, Bergame, Trente et
Quint, deci. pr. p. Viceuce, scpt dcs priucipalcs villes du pais. ' Nous serions
donc en droit de compter parmi nos hommes de Letres ce
nombre prodigieux de Savans qu'a produits la Gau-e Cisal-
pine. Les céder aux Italiens, dit un de nos Ecrivains mo-
dernes, c'est faire à nos ancêtres une injure inexcusable.
LXXXRL Ici quelle riche et abondante matière se pré-
senteroit pour grossir notr > ouvrage ! Sans descendre plus
bas que le premier siècle de l'Eglise, que de savans hom-
mes nous fourniroit cette nouvelle Gaule î S agit-il de
Poètes, d'Orateurs, de Philosophes, d'Hisloriens, d'Hom-
mes versés en toute sorte de Liteiature? Vous y en trouve-
rez et en grand nombre, et d'un me:itc tout singulier. Ne
vous attendez pas néanmoins que nous vous en fassions ici
un dénombrement exact. Il suffit pour la gloire de notre
Nation, de nommer Virgile le Prince des Poètes I^atins;
Plotius Tucca, ami de Virgile; Catulle; Valerius Flaccus;
Tite-Live ; Cornélius Nepos ; Valere Maxime ; les deux
Plines; Suétone, qui, selon Vossius,' étoit du même pais;
Asconius Pedianus ; le Philosophe Thrasea Pœlus; et avant
tous ceuX'Ci, Cœcilius Statius , contemporain d'Ennius et
de Terence, Ce Statius a trop contribué à enrichir la lan-
gue Latine pour le passer si légèrement. Il étoit d'une con-
dition aervile, né à Milan, ou dans le Milanès. Mais il s'é-
leva par la beauté de son génie au-dessus de la bassesse de
DANS LES GAULES AVANT J. C. 55
sa naissance , et s'acquit par ses ouviages beaucoup de ré-
putation. Il laissa de sa f-çon plus de trente Comédies. ' S'il iior. 1.2 e,i. iv.
y a, selon Horace, plus d'art dans ïerer.ce, il y a aussi plur. ^^"
de '.ra.'ité dans Statius. ' Un autre Ecrivain avoue que la Paterc. 1. 1. n. n.
langue Latine est redevable à ces deux Poëtes d'une partie
de ses beautés et de ses agromcns.
LXXXIV. Voulez-vous encore d'autres Savans Gau-
lois nés au-delà des Alpes? Joignez aux précedens Lucius
Pornponius (i) habile Poëte de Boulogne; Titus Cassius Se-
verus , habile Orateur de Parme ; et un autre Severus de
Corne ; Marcus Furius Bibaculus de Crémone ; Quintilius
son compatriote , grand ami d'Horace et de Virgile ; Caius
Albutius Silus , illustre Rhéteur de Novare dans le Mila-
nès ; Crispus V ibius , fameux Orateur de Verceil ; Pedo .
Poêle et Orateur d'Albinga ; Aruntius Stella de Padouë ,
intime ami de Martial ; vlimilius Macer , Poëte célèbre de
Vérone , qui a écrit sur les oiseaux et sur les herbes ; Tinca
de Plaisance, Orateur célèbre dans Ciceron ; Caninius Ru-
fus , compatriote de Pline le jeune , qui avoit entrepris
d'écrire en vers la guerre do Trajan contre les Daces. Joi-
gnez encore à ceux-là Atrius Clemens de Padouë , célèbre
dans Pline le jeune , et dans Martial , et peut-, tre aussi
Arettina sa femme , qui passoit pour une Savante de son
siècle ; Caius Calvilius, fameux Avocat de Milan ; Pale- 1
mon d(! Vicenci; , illustre Gi-ammairien sous Claude ;
Munitius Mi'crinus , à qui Perse adresse quelques-uns de
ses écrits , et Munitius Acilinnus son fds, l'un et l'autre de
Bresse , ce dernier disciple de Pline le jeune ; Romanus
Firmus , et Cornélius Munitianus , célèbres Avocats de Co-
rne ; Pompeius Saturnius , Poëte , Orateur , Historien ,
qui paroU avoir été de la même Ville, à laquelle il légua
la plupart de ses biens.
LXXXV. Ce que nous diso s des Savans de la Gaule
Cisalpine , il le faut dire et de ceux de la Galatie et de
ceux de la Celtibérie. Les raisons en sont les mêmes. 'On Just. hui. i.ai.c.
sait que celte partie de la Grèce et de la Macédoine n'a p. àTôl'fiiL-. îlaL
porté dans la suite les noms de Gallogrece , puis de Gala- i"'' ^' "*■ '^^^
(1) Qnelqnes modernes trompés ' par ont cru que Pomponios étoit né dans nos Macr. Sal.l. C. c.
jes Jparoles de Macrobe qui cite ce Pool* Gaules. Mais il est certain par S. Jeionie 9. p. 5Gy.
in Galtis Tronja/jo/ii?, c'est-à-dire dans et plusieurs autres, qu'il étoit de iioulo-
une de ses Pièces qui traitoit des Gaulois gne en Italie.
aa-de-U des Alpes par raport à Komc,
56 ETAT DES LETRES
tie, que pour avoir été conquise par les Gaulois, qui s'y
habituèrent presque en même tems que leurs compatriotes
strab.i. 3. p.io*. dans la Ligurie et les autres Provinces du voisinage. ' De
beKnVÎ K il'ï^o! même la Celtibérie ne s'est ainsi nommée que des Celtes,
c^l.V's^"''''' ^^^ s'étant avancés jusqu'à la rivière d'Ebre dans l'Espagne
Tarraconoise , et même jusqu'à Caditz , selon Ephorus ra-
porté par Strabon , y fixèrent leur demeure , et y bâtirent
Mart. 1. 4. ep. 53. nlusicurs villcs. ' C'cst cc qui fait dire à Martial , en par-
lant de lui-même, et de ceux de son pais, nos Celtis genitos
Ainsi nous serions encore en droit de compter parmi nos
Savans Gaulois, ceux qu'ont produit, au moms en ces pre-
miers tems, les divers pais dont nous venons de parler.
Vous verriez donc paroître ici les éloges de Castor natif
de Galatie, si célèbre par le grand nombre de ses écrits;
du Roi Déjotare son beau-pere , qui nous est aussi repré-
senté comme un homme savant ; d'un Acylas autre Galate,
fameux Rhéteur, et disciple du Sophiste Chrestus. La Cel-
tibérie nous fourniroit encore une assez ample moisson.
Nous y trouvons un Martial, que tout le monde connoit
par ses Epigrammes ; un Voconius Romanus illustre Avo-
cat, compatriote de Martial , et compagnon inséparable
de Pline le jeune , un Valerius Licinianus du même pais
que le précèdent, l'un des plus éloquens hommes du Bar-
reau, et qui fut honoré de la dignité de Préteur ; un Lu-
cius, Poëte célèbre; enfin, pour abréger, un Materne, l'un
des plus habiles Jurisconsultes qui fussent à Rome du tems
de Martial son compatriote. Mais-, quelque droit que nous
aïons sur ces richesses, nous voulons bien les céder à ceux
qui en sont en possession , pour nous renfermer dans les bor-
nes que nous nous sommes prescrites dès la Préface de cet
ouvrage.
LXXXVI . Revenons donc à nos Gaules proprement
prises. Nous vous les avons représentées en partie, com-
me aïant épousé et vivant selon les loix et les usages de 1*
Grèce . Vous allez maintenant les voir toutes devenir Ro-
maines , en joignant aux maximes des Grecs les coutumes
des Romains, qui prévalurent sur les autres, et qui se ré-
pandirent dans toute l'étendue des Gaules. Ce change-
ment ne se fit que par degrés . L'alliance entre Rome et
Marseille y prépara les voies. Ces deux fameuses Villes
commencèrent à s'entre-communiquer mutuellement leurs
habitudes
DANS LES GAULES AVANT J. C. 57
habitudes et leurs usages. Les Romains aïant par-là une
entrée ouverte dans ce que l'on nomma depuis la Gaule
Narbonnoise, y firent d'abord un grand commerce. En-
suite ils formèrent le dessein de la subjuguer, ' et commen- Amm. i. 15. p.
cerent à l'exécuter l'an six cens vingt-neuf de la fondation "*^-
de Rome, par les armes de M. Fulvius Flaccus, Consul
avec M. Plautius Hypsœus ; puis par celles de C. Sextus
Calvinus. Enfin, Q. Fab. Max. Allobrogicus acheva ce
que les deux autres avoient fort avancé. Bientôt on vit des
colonies de Romains à Arles, à Narbonne, à Vienne, à
Aix, à Valence, à Orange, à Avignon, à Beziers, et ail-
leurs. De sorte que tout] le pais qui étoit entre le Rhône,
les Alpes, et la mer de Ligurie, aujourd'hui de Marseille,
'devint une province de la République Romaine. Cies. bei.cai.i.i.
LXXXVIL II y avoit déjà du tems que cette Républi- •'• ^- «•
que y avoit établi sa police, ' et que le pais se trôuvoit cic. pro Font. n.
rempli de negocians et de citoïens Romains, * lorsque ','(|!^/^jj ^
les Educns s'avisèrent d'apeller les Romains à leur se- 33|i.'c.V-^223|
cours contre les incursions des Germains ligués avec les l'^n- p- 237.
Sequanois et les Auvergnats. César profitant de cette con-
joncture pour signaler son humeur martiale, passa dans la
Celtique et le reste des Gaules , à la tête de dix Légions ;
'et en moins de neuf ans il subjugua tout ce vaste pais qui Suet. c«s.i. i.n.
est depuis les Pyrénées et le Rhône, jusqu'au Rhein et à ^'
l'Océan. Par cette conquête toutes les Gaules eurent le
même sort que la Gaule Narbonoise, et ne firent plus avec
elle qu'une Province assujettie aux Romains.' Dès-lors on cic. i.g.ep.is.p.
accorda le droit de bourgeoisie Romaine à plusieurs de ces |* l S""'- ■'^'''- "•
Gaulois nouvellement conquis, de quoi paroit se plaindre
Ciceron dans une de ses letres à Paetus. ' On fit même da- suct. n. so.
vantage. On donna à plusieurs entrée dans le Sénat : ce qui
fit murmurer bien du monde , et dire publiquement dans
des chansons satyriques, qu'au même tems que César me-
noit les Gaulois en triomphe, on les voïoit entrer dans le
Sénat, et y changer leur habit à la Gauloise contre la robe
de Sénateur.
LXXXVIIL Peu de tems après,' l'Empereur Auguste tju Emp.t. i. p.
successeur de César passa dans les Gaules dés la cinquiè-
me année de son empire, et y établit l'ordre du gouver-
nement suivant les loix Romaines. Il y créa des Préteurs,
des Présidens ou Proconsuls, et des Questeurs , qui ren-
Tome J. Prem. Part. H
58 ETAT DES LETRES
(loicnt la justice en Latin. Cette nouvelle forme de gou-
vernement obligea les Gaulois à apprendre et parler la lan-
gue latine, qui n'étoit jias entierenv^nt ineoimuë dans nos
Gaules, à cause du graiid commerce qu'y faisoienl les Ro-
mains depuis long-tems. Mais alors elle y devint toute
commune ; et l'on y vit tout h. fois l'usage de trois lan-
gues diffi^rentes, la gréque, la latine, et la gauloise ou
Hier. Cil. pr. 2. cciliquc, qui étoit la langue naturelle du pais. ' Cest ce
p- 2si. qui a porté Varron qui, selon S. Jérôme, a poussé plus
loin que personne les reclie, ches de l'anliquilé, et qui a
écrit beaucoup de clioses mémorables sur les Gaulois, à
nommer Triliiiynofi, Tiigloltes, les habifans de Marseille ;
parce qu'ils parloient grec, latin, et gaulois. Marseille
au reste n'étoit pas le seul lieu dans les Gaules, où l'on
parlât ces trois langues. Leur usage s'étoit répandu en
beaucoup d'autres endroits. Donnons à ceci plus de jour ;
et pui.sque l'ocasion se présente de parler de l'u.sage de ces
langues dans les Gaules, ne différons pas davantage d'en
dire ce qui peut convenir à nôtre sujet.
LXXXIX. Dabord on ne peut pas douter, que la lan-
gue Gréque ne fût ijondant long-tems la langue vulgaire
des Marseillois. Il suffit de savoir que ces Peuples étoient
originairement Grecs. Ce fut dans cette même langue
que Pytbeas et Euthymenes, J'un et l'autre natifs de Mar-
seille, publièrent leurs Ecrits plusieurs siècles après la fon-
dation de cette ville. Il n'y a pas non plus lieu de douter
que cette langue ne fût fort répandue, au moins dans la
Gaule Narbonoise , et que l'on ne l'y entendît tout com-
munément. En faut-il des preuves? 11 n'y a qu'à se sou-
sira!>. 1. 4.p.i2i. venir de ce que nous avons déjà dit ' des colonies, que les
iis. Manseillois établirent en divers endroits de cette Province,
et de la maxime qui y regnoit, selon Slrabon , de dresser
les Actes publies en langue gréque. Les noms que portèrent
les nouvelles villes établies par les Marseillois, comme-
Nice, Antibes, Agde, dont le nom primitif étoit Aga-
iiicr. ibM. thopoHs, prouvcul encorc la même chose. ' Nonne Grœci
sennonis indicia demonsfranl? disoïl autrefois S. Jérôme, en se
servant du même raisonnement pour montrer que les (irecs
s'étoient répandus en Espagne. Ajoutez à cela que le goût
qu'avoit pris Rome pour la langue gréque , qu'elle culti-
voit avec zèle dès-avant les tems de Ciceron, et de la bel-
DANS LES GAULES AVANT J. G. 59
le éloquence latine , ne lui étoit venu que de ses habitu-
des avec Marseille et la Province , que les Romains avoient
conquise dans les Gaules.
XG. 11 est si certain que le grec a été une langue fort
commune; dans toute l'ancienne Narbonoise, qu'à Arles en
particulier , on l'y entcndoit encore aux quatrième , cin-
quième et sixième siècles de l'Eglise. ' Et ce n'éloient pas seu- Cics. vit. i.
lement les lùrlésiastiqucs et les Gens de Lefres qui l'y en-
tendoient ; c'étoient aussi et les simples laïques et le petit
peuple, ïdiconnn populantas. S. Gésaire, Evêque de la ville au
commenc(;ment du sixième siècle , voulant empêcher que
le conmiun du peuple , qui s'assembloit dans l'Eglise pour
entendre ses Sermons , ne s'y entretint de choses indifféren-
tes , en attendant l'heure de la Prédication , l'engagea
à chauler, comme faisoient les Clercs , des Proses et des An-
tiennes en grec et en latin. La langue grèque ètoit donc
alors encore en usage parmi le peuple. ' On l'y emploïoit noi. p. ee^.
même , remarque un Savant , dans les Offices divins. De
même au quatrième siècle, aprcs la mort de l'Empereur
Constantin le jeune, qui fut tuè en 3i0 , un Anonyme aïant
entrepris de faire son (Jraisun funcbre , l'exécuta en langue
gi è(jue devant le peuple d'Arles , lieu de la naissance de ce
Prince. Nous avons encore cette pièce qui est une preuve
bien rèdle de ce que nous avançons (1). Que si vous voulez
remonter plus haut, vous trouverez au deuxième siècle un
Favorin natif d'Arles , qui écrivit toujours en grec le grand
nombre d'ouvrages qu'il laissa à la Posl(';rité.
XGI. Non seulement l'usage commun de la langue grè-
que se maintint long-tems dans la Narbonoise ; mais il pas-
sa aussi dans la Celtique au-de-là du Rhône. Il est au moins
vrai que cette langue ètoit fort connue à Lyon. Cela ne
doit pas paroître surprenant ; puisque cette ville se trou-
voit a la proximité de la Gaule Narbonoise , et qu'elle ètoit
(1) Peul-êiro viendra-t'il en pcnsco à on doit savoir qu'il yabien dola diffcrciiM
quelqu'un d'opposer à ;ce que nous venons enire la pratique des premiers siècles do
de dire, la pratique qui est aujourd'hui eu l'Eglise et celle do ces derniers siècles,
vigueur. Le iieuple chante à l'Eglise en Alors on ne se servoit point dans l'Oflicc
latin, et il ne l'entend pas. Quelques divin d'une lan;,'ue qui iiu fût pas entendue.
Kglises conseiv<'nt l'usage de dire la Messe D'ailleurs nous avons montré par d'autres
eu grec en certaines Kêtes. 11 se fait niê- raisonna mens qu'en ces siècles reculés le
mo quelquefois des Prédications en grec. prec ètoit une langue vivante dans toute la
Le peuple qui y assiste, et peut-être ceux Narbonoise : au lieu que depuis long-tems
qui oflicient, no l'entendent point. Mais il est parmi nous une lauigue morte.
Hij
60 ETAT DES LETRES
d'un grand abord pour les peuples de cette Province. Mais
afin d'éviter les redites , nous reservons les preuves que
nous avons de cette vérité , pour les raporter en leur lieu.
Vous verrez sur le premier siècle de l'Eglise , que dès l'em-
pire de Caligula il se livroit à Lyon des combats literaires
en grec comme en latin. Ces exercices se faisoient en pu-
blic : ce qui supose que le peuple entendoit l'une et l'autre
langue. Sur le siècle suivant vous verrez que le grec étoit
fort familier aux Fidèles de la même ville ; que les Evê-
ques qu'ils avoient à leur tête , ne parloient point d'autre
langue ; que ce fut en cette même langue que S. Irenée ,
l'un d'entre eux, publia ses écrits, qui étoient principale-
ment pour l'instruction de son troupeau ; et que ce fut aussi
en grec que les Eglises de Lyon et de Vienne écrivirent les
Actes de leurs Martyrs.
XCU. Poussons plus loin ; et nous découvrirons des
marques qu'on a parlé autrefois la langue gréque en
Luci. lier. Cal. p. bien d'autrcs endroits des Gaules. ' Lucien , y aïant
3G0. 367. |Vjj^ ^j^ voïage , y rencontra un Philosophe Gaulois ,
avec lequel il eut une assez longue conférence en grec.
A cette occasion Lucien remarque que ce Gaulois lui
cita non seulement des vers grecs , mais qu'il parloit
même aussi parfaitement cette langue , que si elle lui
avoit été naturelle, àxpiêw? EXXa^a (pcm.v à^iei?, Les noms
propres d'hommes , qui sont originairement grecs , et
qui ont été si communs dans nos Gaules , sur-tout en Aqui-
taine , comme Hilaire , Phebade ^ Phoebitius , Alethe , Mu-
sée , Anastase , Eucher , Delphide , Dyname , et tant d'au-
tres , ne sont-ils pas encore des preuves , que la langue gré-
que étoit en usage en ces pais-là? Encore aujourd'hui l'on
aperçoit dans le jargon de quelques peuples d'Aquitaine ,
des mots qui ne peuvent leur être venus que du grec imme-
(VII.) diatement. Tels sont entr 'autres Kalaaux pour des noix lors-
qu'elles commencent à tomber de l'arbre, A-plo pour oui.
assurément , Enphounil pour un entonnoir , BàiarcfpoviT une
civière. D'ailleurs le soin que l'on prenoit d'enseigner la
langue gréque , particulièrement à Bourdeaux , comme
nous dirons sur le quatrième siècle, et les Savans en cette
langue que l'on trouve dans les Gaules en divers siècles ,
tout cela ne fait-il pas voir que cette langue étoit commu-
ne dans nos Provinces? Enfin la conformité qui se rencon-
DANS LES GAULES AVANT J. G. 61
tre entre le génie de la langue gn'que et le génie de la fran-
çoise , et le grand nombre de mots que celle-ci a emprun-
tés de l'autre , ne sont-ils pas des indices subsistans , que
nos Ancêtres ont autrefois parlé la langue des Grecs ? Joiy, ccoi. 1. 1. c.
' Erasme a même remarqué dans la Picardie des vestiges ^' ^' ^'"
qui prouvent qu'on y avoit parlé anciennement la même
langue.
XCIIL A l'égard de la langue latine , il est si constant
qu'elle a été pendant plusieurs siècles la langue vulgaire
des Gaulois , qu'il ne paroît pas que personne l'ait jamais
révoqué en doute. Vous en trouverez plusieurs preuves
dans le cours de cette Histoire , lesquelles nous ne rapor-
lerons pas ici , pour éviter la répétition. Les Gaulois com-
mencèrent à entendre le latin par le moïen du grand com-
merce que faisoient les Romams dans les Gaules. Ceux-ci
dans la suite s'étant rendus les Maîtres de toutes nos Pro-
vinces , les Gaulois se trouvèrent obligés à aprendre et à
parler la langue du victorieux. ' Car c'étoit la coutume de Aug. civ. i. id.
ces superbes vainqueurs , remarque S. Augustin , d'imposer. '•
ce joug à toutes les Nations qui subissoient celui de leur
empire. On peut même dire que la langue latine fit de
très-grands progrès dans les Gaules. Vous n'en douterez
nullement , lorsque vous verrez le grand nombre de Pro-
fesseurs d'éloquence , que les Gaules ont fournis à la ville
même de Rome , sans parler de ceux qui ont enseigné dans
leur propre pais , avec autant de succès que d'éclat. Le
peu d'ouvrages qui nous restent de nos anciens Ecrivains
en celte langue , en sont une autre preuve que l'on ne sau-
roit contredire. Nous voulons parler des écrits des deux
Saints Hilaires de Poitiers et d'Arles , d'Ausone , de S. Sé-
vère Sulpice , de S. Paulin , de S. Eucher , de S. Prosper ,
de Salvien ; et avant tous ceux-là , de Pétrone , et de Tro-
gue Pompée , quoique l'on ne nous ait conservé qu'un
abrégé assez imparfait de l'Histoire de celui-ci.
XCIV. Disons plus ; disons qu'à bien prendre les cho-
ses , Rome n'a gueres d'avantage sur les Gaules , pour avoir
mieux parlé qu'elles sa langue naturelle. En effet ' si les ^ier. en 95
Romains la parloient avec plus de gravité que les Gau- ^tk'
lois , les Gaulois de leur côté le faisoient et avec plus de
fécondité , et avec plus d'élegance que les Romains. C'é-
toit à dessein de faire de l'une et l'autre manière de par-
s
62 ETAT DES LETRES
1er cette langue , un certain assaisonnement de bon goût , que
les Gaulois passoienl quelquefois de leur pais à Rome : ut uber-
tatem rjaUici nitoremque sermoim gravitas Romana condiret.
Ils avoieut tant d'ardeur pour posséder celte langue dans
sa perfection, qu'ils ne negligeoient rien pour y réussir,
cp. 5. p. 568. ' La réputation que Tite Live s'éloit faite de son vivant
par la douceur et la fécondité de son éloquence , suffit pour
altirer à Rome ceux d'entre les nobles Gaulois que les cu-
riosités de cette Capitale du monde n'y avoient pu attirer.
Après la décadence de l'Empire d'Occident , et l'inonda-
tion des Barbares dans les Gaules , la langue latine com-
mença à y perdre sa beauté , et à y tomber peu à peu. Mais
l'usage s'en est toujours conservé jusqu'à nous dans les Of-
fices de l'Eglise , et m!*me dans les Actes publics , au moins
jusqu'au règne de François I. De même on l'a presque tou-
jours emploïée dans ce que l'on a écrit pour la postérité ,
jusqu'à la fin de ce même règne. Ce n'est pas ici le lieu de
parler des divers degrés de corruption , par lesquels elle a
passé. Nous reservons à traiter ce sujet à mesure que les
tems nous en feront naître l'ocasion.
XGV. Pour ce qui est de la langue gauloise ou celtique
nous en dirons peu de choses , parce qu'il y en a peu de
satisfaisantes et de certaines. En effet , cette langue
n'étant plus en usage , qu'(m pouvons-nous tirer pour
instruire nos Lecteurs ? De plus , les Anciens nous four-
nissent si peu de lumière sur ce sujet , que les Modernes
ne sav(>nt presque à quoi s'en tenir. (Jue faire dans cette
incertitude ? l'icn de mieux que de vous donner une no-
Bor. rcch. c.aui. tioji dc leuis divcrs sentimeus. ' Mrs Borel et Marcel pn'ten-
Fr. 'i.'*'i'.'''p.''n.'''° dent que la langue celtique n'est qu'une dialecte de la lan-
gue hébraïque. C'est ce qu'ils ont suposé sans se mètre en
peine de le prouver. Samuel Rocharl dans son Phaleg sou-
tient que l'ancien gaulois tiroit son origine de la langue
phéniciejine. Et il tâche de prouver cette opinion par di-
vers raisonnemcns , pris de la conformité qu'ont ces deux
langues dans les termes qui servent à exprimer les noms
des Dieux , des dignités , des habits , des animaux , des her-
bes , el de ce qui concerne la Guerre et la Géographie.
D'autres Ecrivams vont encore plus loin , et prétendent
que leur langue étoit la même que celle qu'aporta
Cadmus de Phénicie en Grèce. Boxhorniu., au con-
DANS LES GAULES AVANT J. C. G3
Iraire dans son Livre des Origines gauloises , impri-
mé après sa mort , veut que la langue celtique n'ait
point d'autre origine que la langue des Scythes , et su-
pose que celle-ci a été dès le commencement commune
et même l'unique en usage dans tout l'Occident. Mais si
l'on avoit demandé à cet Ecrivain d'où la langue des Scy-
thes tiroit elle-même son origine , sans doute il auroit re-
monté plus haut , et se seroit peut-être trouvé contraint
de rétrograder jusqu'à la langue phénicienne ou hébraï-
que.
XCVL Ainsi à dire ce qui nous paroît le plus vraisem-
blable sur ce sujet , la langue des Celtes ou Gaulois , com-
me celles de tous les autres anciens Peuples , vient de la
première langue du monde , qui jusqu'à la confusion arri-
vée à lîabel , étoit l'unique en usage. Depuis , il se forma
autant de dialectes de cette langue primitive , qu'il y eut
de Nations différentes les unes des autres. L'ancien Celti-
que en est donc, à proprement parler, une dialecte
laquelle par succession de tems, aiant reçu divers
secours des autres dialectes, comme elle leur en a prêté
elle-même , prit enfin la consistence qu'elle avoit dans nos
Gaules , lorsqu'elle céda la place à la dialecte des Homains.
'Ce que dit M. Marcel de la grande uniformité de lan- Marcci.insLjoFp.
gage, qui se trouve entre la plupart des Peuples de l'Oc-
cident , confirme admirablement ce que nous avançons
ici. Tous ces Peuples , dit-il , se sont expliqués , et s'expli-
quent encore aujourd'hui par des dialectes, qui ne sont
pas si différentes que l'on n'y reconnoisse la langue primi-
tive. Et quand on remonte insensiblement vers h s pre-
miers siècles , on trouve toujours un plus grand raport ; et
l'on parvient enfin à des tems où les noms des peuples , et
des villes, et les noms propres d'hommes se rencontrent
les mêmes dans toute la vaste étendue de l'ancienne Cel-
tique , c'est-à-dire de l'Espagne , des Gaules , de la Ger-
manie, de la Grande Bretagne. De même si l'on pouvoit
parcourir les diverses dialectes des autres anciens Peuples ,
en remontant jusqu'à la source , cette rétrogradation ,
nous conduisant jusqu'à la première langue du monde ,
nous decouvriroit la même uniformité de langage entre
ces anciens Peuples , qu'entre ceux de l'ancienne Celtique.
XCVIL Nous n'avons gueres plus de certitude sur la
t. I. p. 11.
11.
t
64 ETAT DES LETUES
nature de l'ancienne langue des Gaulois , que sur son ori-
AnJr. top. Bcig. ginc. ' Il est des Auteurs qui ont prétendu qu'elle n'étoit
*' *• autre que celle qui est aujourd'hui à l'usage des Flamands.
Us ont même regardé cette opinion comme si certaine,
Hier. Gai. pr. 2. qu'ils Ont cru qu'il n'étoit pas permis d'en douter. ' Il est
P-*52. yj-ai qu'encore au quatrième siècle les Peuples de la Bel-
gique parloient, à quelque changement près, le même
langage que les Galates , qui étoient sortis des Gaules.
Ram. mor. Gai. ' Mais Ics Flamans du quatrième siècle , remarque fort bien
P- ''*■ la Ramée , étoient bien difTerens des Flamans d'aujour-
d'hui. Cette partie de la Belgique parloit alors la langue
gauloise , au lieu que depuis plusieurs siècles elle se sert ,
selon l'opinion la plus commune , du Teuton ou Allemand ,
avec certains changemens qui s'y sont introduits. Une au-
tre opinion , qui est celle de plusieurs Savans , dont quel-
ques-uns ont écrit près de cent cinquante ans avant Uom
Paul Pezron , établit comme certain que la langue des
Bas-Bretons est la même que l'ancienne Gauloise ou Gelti-
ue. On apuïe ce sentiment sur ce que les gens du pais
e Galles en Angleterre , où l'on supose que celte langue
s'est conservée, conviennent dans le langage avec les Peu-
Tac, vil. Agr. n. nlcs dc k Basse-Brctague. ' Ce qu'il y a de certain , c'est que
les anciens Peuples de la grande Bretagne parloient une
langue qui n'étoit pas beaucoup différente de celle des
Gaulois : Sermo haud multum diversiis , dit Tacite.
XCYIII. Dom Pezron a pris si fort à cœur cette uni-
formité de langage entre nos Bas-Bretons et les anciens
Gaulois , qu'il a cru devoir composer un Livre pour la per-
suader aux autres. C'est ce qu'il s'est efforcé de faire dans
son Traité de V Antiquité de la Nation et de fa langue des Celtes
ou Gaulois. Mais il y a deux puissantes objections à faire
contre son système : La première que Tacite ne dit point,
comme vous le venez de voir , que la langue des Gaulois
et celle des anciens Bretons fussent entièrement les mê-
mes; mais seulement qu'elles n'étoient pas beaucoup dif-
férentes entre elles. II y avoit donc dès-lors assez de dif-
férence entre l'une et l'autre pour les distinguer , et ne les
pas confondre. Et quelle étrange différence n'y aura pas
mtroduit depuis Tacite l'espace de seize siècles ? L'autre
objection se prend des anciens mots celtiques ou gaulois ,
que nous ont conservé les anciens Auteurs , et que nos Bas-
Bretons
DANS LES GAULES AVANT .T. C. 65
Bretons n'entendent point. Nous ne l'avançons , qu'après
en avoir fait nous-mêmes l'épreuve. Que conclure de-là,
sinon qu'il seroit plus conforme à la vérité de dire seulement
que le jargon des Bas-Bretons n'est tout-au-plus qu'une dia-
lecte de notre ancien celtique?
XCIX. Dom Pezron n'est pas mieux fondé ' à nous Pezron, am. des
donner la langue celtique pour une langue matrice , en ce *^*"'' ''■ ^^"^
qu'elle a fourni une infinité de mots aux langues gréque ,
latine et teutone. A la vérité l'on ne peut pas nier , ' que Q„int. inst. or. i.
le latin n'ait emprunté quelques termes du celtique ou gau- l^' f 1™"370^V
lois. Divers anciens Ecrivains nous assurent que Ciceron , Mac'r. sai. i. e. c.
Horace , Virgile , Cor. tiallus y ont puisé quelques-unes *' '*' ^''"
de leurs expressions , et que k nom latin que porte la riviè-
re de Pô lui est venu d'un mot celtique. Peut-être le grec
en aura-t-il tiré le même secours , et encore plus le teuton ,
qui étoit la langue des Germains. Mais tous les mots que
ces langues auront empruntés du gaulois , n'iront pas à une
infinité , et n'égaleront peut-être pas le nombre de ceux
que le gaulois aura pris lui-même des autres langues pour
s'enrichir. Au reste , si pour mériter la qualification de
langue matrice, il suffit qu'une langue fournisse quelques
mots à une autre langue , il n'y en aura presque point qui
ne mérite ce glorieux titre. Car il est certain que c'est là
un secours que presque toutes les langues du monde se
sont prêté mutuellement les unes aux autres , depuis que
l'orgueil humain les a fait multiplier.
C. Quelle qu'ait été la langue celtique, elle se répan-
dit fort au loin par la dispersion des Gaulois , à qui elle
étoit naturelle. Elle pénétra bien avant dans la Germanie ,
par le moïen des différentes colonies , qu'ils y envoierent
selon César el Tite Live. De même leurs expéditions au-
de-là des Alpes et des deux Pannonies , la firent connoître
et dans le pais que l'on a depuis nommé la Gaule Cisalpi-
ne , et dans ces parties de la Grèce et de la Macédoine ,
qu'ils conquirent par leurs armes. ' Encore au quatrième sié- Hier. iWd.
cle, les Galates parloient avec le grec la langue celtique,
telle qu'on la parloit à Trêves , à quelques changemens
près. C'est ce que nous assiire S. Jérôme , qui en étoit té-
moin pour avoir été en l'un et l'autre endroit. De cette
langue celtique ou gauloise , jointe d'abord à la gréque , à
la latine ; et à celle des Francs , s'est formée nôtre langue
Tome I. Prem. Part. 1
9 «
66 ETAT DES LETRES
françoise , qui avec quelques autres acroissemens qu'elle a
reçus des langues de nos voisins , a pris enfin la consistance
qu'elle a aujourd'hui. C'est à quoi nous donnerons dans
la suite et plus d'étendue et plus de jour, orsque nous
traiterons des propriétés de cette langue.
CI. Non seulement la domination des Romains dans
les Gaules habitua nos Gaulois à parler la langue latine ;
mais elle leur fut aussi une ocasion de cultiver toutes les
sciences avec une nouvelle ardeur. On en devine aisément
sym. 1. 1. cp. i",. et le motif et la raison. ' C'est que les letres étoient alors
la voie ordinaire pour parvenir aux charges et dignités de la
République. On n'y élevoit personne en ces bons siècles,
qu il ne fût versé dans la literature, parce que ces places
demandoient du savoir, pour qu'on en pût dignement rem-
plir les fonctions. Il falloit savoir les loix et la jurispruden-
ce, pour soutenir avec honneur les charges de Préfet du
Prétoire, d'Assesseur, de Vicaire des Préfets. Il falloit
avoir de l'éloquence pour être Questeur, Secrétaire d'E-
tat, et dresser en ces qualités les letres, les rescrits, les
loix des Empereurs. On ne pouvoit être bon Politique, et
par conséquent ni bon Magistrat, ni bon Officier d'armée
ou de finance, sans connoître l'antiquité, et posséder l'his-
toire. Les Gaulois devenus membres de la République
Romaine, et propres en cette qualité à y exercer les pre-
miers emplois, se trouvèrent donc obligés à aporter une
nouvelle application, pour acquérir les sciences qui y con-
duisoient.
Cil. Ce premier motif se trouvoit soutenu par un autre
qui n'étoit pas moins favorable au progrès des sciences.
Ficu. (lis. i.n.io. ' Suivant les loix Romaines qui étoient celles de la bonne
''■ '"*'■ antiquité, la puissance publique résidoit dans le Souverain.
Elle n'étoit communiquée aux particuliers que par les ma-
gistratures et les charges, sans leur être jamais abandonnée
en propriété. Ainsi les Magistrats et les Officiers de la Ré-
publique étant amovibles, ils faisoient place à d'autres :
ce qui procuroit un très-grand avantage pour les letres.
Car plus il falloit de personnes pour remplir ces magistra-
tures et ces charges, plus il y avoit d'émulation à se rendre
digne d'y parvenir. On voïoit alors une chose aussi utile
qu'agréable, et que l'on verroit encore aujourd'hui avec
autant d'avantage que de plaisir: le secours mutuel que se
DANS LES GAULES AVANT J. C. 67
prêtoient les sciences cl les honneurs. ' Comme les scien- Sym. 1. 1. ep.isi
ces éloient la voie la plus ordinaire pour ariver aux hon- **"■ ^^'
neurs de la République : de même ces honneurs étoient le
plus puissant motif pour soutenir l'émulation et l'ardeur
pour les sciences. De-là cet ancien proverbe si célèbre dans
Symmaque : artes honore nutriri, les sciences et les arts ne
se soutiennent que par l'honneur qui les suit, ou qui les
accompagne.
ClIL L'ordre que l'on tenoit dans les études, dans ces
premiers tems , n'étoit pas tout-à-fait le même que celui
que l'on y suit aujourd'hui. ' L'on commençoit dabord par Rut. not. p. 218.
1 étude de la Grammaire. Sous ce nom l'on entendoit non-
seulement l'étude de sa langue maternelle, pour la parler
et l'écrire correctement, mais aussi tout ce qui pouvoit con-
tribuer à donner l'intelligence des bons Auteurs. ' On fai- p. 217. 218 1 Petr.
soit précéder l'étude du grec à celle de la belle latinité, en **'" ^' *"""■
se servant d'Homère et de Demosthene pour l'une, de Cice-
ron et de Virgile pour l'autre. De la Grammaire on passoit
à la Poésie, puis à la Philosophie. Après quoi l'on s'apli-
quoit à la Rhétorique. Pendant que l'on faisoit cette étu-
de, on avoit soin de donner quelque tems à la connoissance
de l'Histoire ; et l'on finissoit par une étude sérieuse des
écrits de Ciceron. C'est presque le même ordre que Pé-
trone prescrivoit encore sous l'empire de Néron aux jeunes
gens, qui vouloient se rendre habiles dans les sciences. Et
comme il est impossible d'y faire du progrès, sans mener
une vie réglée, cet Auteur, quoiqu'il n'eut pas toujours
vécu de la sorte, a la précaution d y joindre des règles de
conduite, qui ne seroient pas indignes d'un Chrétien. ' Il p. i6-i8.
veut donc que ceux qui s apliquent ainsi à l'étude , com-
mencent par suivre une exacte frugalité. Qu'ils évitent
et la table des grands , et la compagnie des débauchés.
Qu'ils ne s'abandonnent point au vin qui abrutit l'esprit, et
qu'ils ne se trouvent jamais aux spectacles du théâtre , qui
ne peuvent avoir que des suites funestes.
CIV. Cet endroit de Pétrone est sans contredit un
des plus beaux de tous ses écrits, comme il en est un des plus
chastes; et nous croirons faire plaisir au Lecteur de lui en
donner ici le texte original.
lij
68 ETAT DES LETRES
Peir. sai. p. IC- ' Artis severac si quis amat effuctus
'■'*'■ Menlemque magnis applicat, prius more
l'rugalitatis loge palleat cxacta :
Nec curet alto regiam tnicom vultu,
Gliensque cœnas impotentium captet :
Nec perditis adJictus obruat vino
Mentis caiorera, nevc plausor in sceua
Sedeat redimitus histrionitc addictus.
Scd sive aimiguraj rident Tritonidis arces.
Seu Lacedicmonio tcUus Iiabitata colotio,
Sirenumque doraus, dot prrraos vcrsibus anno;?,
Mœoniunique bibat felici pectore fonteni;
Mox et Socratico plenus grege, mutet liabenus
Liber, et ingentis quatiat Demosthenis arma.
Hinc Roraana manus circumfluat, et modo firaio
Exonerata sono mutet suffusa saporeni :
Interdum subducta foro det pagina cui-suni,
Et forluna sonet céleri distincta meatu.
Dent epulas, et bella truci memorata canote :
(Irandiaquc indomiti Ciceronis vcrba minentur.
His animum succinge bonis, sic llumine largo
Plenus, Pierio diffundes pc( tore verba.
CV. Comme le Barreau étoit le séminaire, d'où l'on ti-
roil les Préfets du Prétoire, leurs Assesseurs, leurs Vicai-
res , les Gouverneurs , ou Présidens des Provinces , les
Questeurs, les Intendans, etc. il falloit l'avoir hanté quel-
que tems pour pouvoir prétendre à ces emplois et dignités.
C'est ce qui porta nos Gaulois à cultiver j)rincipaiement
l'éloquence latine, et à la préférer en quelque sorte à tout
autre genre de lilerature. Ils savoient d'ailleurs, que si elle
ne procuroit rien de plus réel, elle avoit toujours la répu-
tation pour recompense, et qu'elle servoil et à soutenir la
discipline publique, et à défendre l'innocence oprimée.
Peir. vie . p. 2. On avoit donc un soin extrême ' d'exercer de bonne heure
à la déclamation les jeunes gens de qualité, afin de les for-
mer à parler en public. Il y avoit des écoles destinées pour
cet exercice, où enseignoient les plus habiles Rhéteurs.
Après s'y être exercé à déclamer, on passoit dans le Bar-
DAN S LES GAULES AVANT .1. C. 69
reau; et l'on conlinuoit à s'y former à l'éloquence. La
déclamation étoit alors un exercice si commun aux gens
de letres, ' que depuis le tems de Ciceron, jusqu'à l'empire cyi. po;;. las. au.
de Trajan , on ne vil presque point de l'oëtes même , qui *' ''" *'^'
ne s'exerçassent ou à plaider des causes réelles dans le Bar-
reau, ou à parler sur des sujets feints dans le public.
CVL 11 est aisij de juger du progrès que firent les Gau-
lois dans l'éloquence , par le grand nombre et d'Orateurs
et d'Officiers qu'ils fournirent à l'empire dans le temps d'Au-
guste, non seulement pour leur propre pais, mais encore
pour les Provinces les plus éloignées. ' C'est ce qui a en- casa. i. a. op. 3.
gagé un ancien Romain à dire, que Rome se faisoit un me- ''• --' '•
rite de tirer souvent du fond des Gaules, des personnes pour
remplir les Magistratures et les autres charges de la Répu-
blique. l^\ raison qu'il en donne est bien glorieuse pour
nôtre Nation. Rome, ajoûte-t-il, en usoit de la sorte,
pour ne pas mépriser à sa propre perte ce qu'il y avoit de
plus excellent, ou pour ne pas laisser sans honneur et sans
récompense une vertu éprouvée et reconnue. 11 faut bien
que nos Gaules en ces premiers tems, eussent une réputa-
tion particulière d'exceller dans l'éloquence; ' puisque Ju- jhv. sai.7.\.n7-
venal se plaignant de ce qu'elle étoit presque entièrement '*^'
ou tombée ou négligée à Rome , renvoie dans les Gaules,
ou en Afrique, ceux qui vouloient se perfectionner dans cet
art.
Accipiat te
Gallia, vcl potius nutricula Causidicorum
Africa
' De même ce furent les Gaules, ce Pais qui excelloit dans Sai. r;,
l'art de bien parler, selon le même Poète, qui formèrent les
premiers Avocats ou Jurisconsultes qu'on vit dans la gran-
de Bretagne.
Gallia causidicos docait facunda Britaanos.
GVIL Concluons de ce que vient de dire ' Juvenal, que Bail. jug. préj. c.
la Jurisprudence s'enseignoit universellement dans nos '■ ^' '''■ ''■ ^'"'
Gaules, et que tout y étoit plein de gens et savans dans le
droit, et versés dans l'éloquence. ' S. Jérôme nous en donne j^'^r- 'i vi^•. p.
la même idée, lorsqu'il dit, que les Gaules jusqu'à son tems
70 ETAT DES LETRES
n'avoient jamais enfanté de monstres, et qu'au contraire
elles avoient toujours été fécondes en hommes d'une
bravoure peu commune, et d'une éloquence consommée.
Sola Gallia monstra tion habuit, sed vins semper fortihus et
Cl. pan. t. y. 682. eloquentissimis ahundavil. ' Le Poète Claudien estimoit la
583 1 ■ . 1 . p. ly^ji^jjj Gauloise si constamment et si universellement savante,
qu'il semble avoir voulu persuader à la postérité qu'il y
avoit dans nos Gaules autant de savans que de citoïens.
Et il a cru ne pouvoir faire plus d'honneur à l'Empereur
Honorius, que de lui donner pour compagnie les doctes
Gaulois avec le Sénat Romain.
To Gallia doctis
Civibus ut toto slipuvit Roma senatu.
Uaii. p. 311. G VIII. ' Mais presque tous ces savans ont mieux aimé
servir leur patrie et le public de vive voix que par écrit.
Uue si quelques-uns d'entre eux ont laissé des ouvrages de
leur façon, la longueur et les malheurs des tems en ont
f)rivé la postérité. Ils nous ont même envié non seulement
a connoissance de presque tous ces grands hommes, mais
aussi jusqu'à leurs noms, et au moindre trait de leur histoi-
re. Ne vous imaginez donc pas que le peu de Philosophes,
de Mathématiciens, de Géographes, de Rheteui*s, de
Grammairiens, de Poêles, d'Historiens, dont vous trou-
veiez ici les éloges, soient les seuls savans qu'aient pro-
duits nos Gaules en ces premiers siècles. Jugez au con-
traire qu'il faut que le nombre en ait été bien grand pour
que la connoissance de ceux-ci ait échapé à l'envie et aux
malheurs de tant de siècles, et nous ait été conservée.
Combien en effet croïez-vous qu'il doit être sorti de sa-
vans en tout genre de literature des écoles des Druides, de
celles de Marseille et des autres villes des Gaules, ces Aca-
démies si célèbres, dont nous vous avons montré et l'an-
cienneté et la réputation? Et néanmoins à quinze ou seize
près, nous ne savons rien de tous les autres. Combien d'O-
rateurs, combien de Jurisconsultes ces premiers tems ont-
ils vu briller dans nos Provinces, qui faisoient une pro-
fession particulière et de l'art de bien parler et de la scien-
ce du droit? Et cependant à peine le nom de quelqu'un
d'entre eux est-il venu jusqu'à nous.
PYTHEAS.
DANS LES GAULES AVANT .T. C. 71
PYTHEAS,
Philosophe, Astronome et Géographe,
HISTOIRE DE SA VIE.
Parmi cette multitude de grands Hommes qu'ont donnés
nos Gaules à la republique des letres , Pytheas a
l'avantage de tenir le premier rang. Il est au moins le pre-
mier Gaulois que nous sachions s'être fait connoître par
son savoir et par ses écrits. ' On le compte même pour le cass. t. i. pw*.
plus ancien Ecrivain, qui ait paru dans toute la vaste éten- *'
due de l'Occident.
' 11 naquit à Marseille, qui étoit une colonie de Pho- cieo. uomun.i.i.
céens établie depuis long-tems dans les Gaules; mais l'on p *o^,'m-'"*'V'"!'
ne convient pas du tems précis auquel il a ileuri. " Qxiei- i- c. 77.
ques Auteurs le placent sous l'empire d'Alexandre le Grand 7^f'V)^°f,'''2^7''|'
avant la cent quatorzième Olympiade. '' D'autres ne le font Bayi. i'.p.âsi.s.
vivre que près de quatre-vints ans après, sous Ptolemée c. nfGàl^s.'fhi'd.p!
Philadelphe, ou même un siècle entier plus tard du tems ^ofi\'.l%n.T.
d'Annibal. Ces derniers apuïent leur sentiment sur ce que
Pytheas rapoiloit lui-même , qu'aucun des habitans de
Marseille, de Narbone et de Corbilon n'avoit eu rien de
mémorable à répondre à Scipion, qui leur avoit demandé
des nouvelles de la grande Bretagne. D'où l'on conclud
que Pytheas n'a écrit au plutôt que du tems de la seconde
guerre Punique. Mais quel qu'ait été ce Scipion, l'on doit
suposer qu'il n'étoit ni le père ni l'oncle de l'Africain ,
comme on le prétend. ' La véritable époque du tems au- sirab. 1. 2. p. 721
quel Pytheas a vécu, se doit prendre de ce que Polybe ci- ""J '•"''''•
té par Strabon témoignoit, que Dicéarque disciple d'A-
ristote avoit lu les ouvrages de Pytheas. Ainsi il faut dire
que cet illustre Marseillois avoit écrit au moins dès le tems
d'Aristote et d'Alexandre le Grand, qui mourut en la cent
treizième Olympiade, ou la première année de la cent
quatorzième , environ trois cent vingt-cinq ans avant nô-
tre Ere vulgaire.
■1 .l/i;o
72 ETAT DES LETRES
PYTHEAS " Pytheas cultiva les plus hautes sciences. Il étoit Philo-
'■ — - sophe , Mathématicien , Astronome , Géographe . '' En
K'4l%'.''i39fBan! qualité de Philosophe il s'apliquoit à la rechercne de la ve-
ibid. p. 308. rite, telle que les païens esperoient de la connoître. '^ Aris-
^Gass. ibid.p.530. toxcucs le met au nombre des sectateurs de Pylhagore.
« jons. scripi. h. C'cst saus doute ce qu'il faut entendre de l'opinion où étoit
ph. 1. 1. c. 14. Pytheas , comme ceux de son pais , sur l'immortalité de
l'ame : opinion que les Anciens ont confondue avec le Py-
thagorisme , ou le système de la Métempsycose , qui leur
étoit plus connu.
Mais la principale ocupation de Pytheas fut la Géogra-
phie. Cette science étoit alors un champ inculte , où peu
de peisonnes avoient travaillé . Ceux qui vouloient y faire
sirni). 1. 9. p. 71. qucIquc progrès , ' étoient contraints d'aller eux-mêmes
reconnoître les divers pais. C'est ce qui porta Pytheas a
entreprendre de longs et périlleux voiages , presque jusau'à
l'extrémité de la terre. Il parcourut toutes les côtes de l'O-
céan , depuis Caditz jusqu'à l'embouchure du Tanaïs , et
conserva à la postérité ce qu'il avoitvû de plus remarqua-
ble dans ses courses,
iiiid. ' Polybe avoit néanmoins de la peine à se persuader
qu'un simple particulier sans biens , tel qu'étoit Pytheas ,
eut pu trouver les moïens de fournir aux frais de si grands
voiages par mer et par terre. C'est , ajoûtoit Polybe , fra-
pé de tant de courses, ce que l'on ne croiroit que difficile-
ment de Mercure même, s'il se vantoit d'avoir fait de pa-
reils voiages.
Mais Polybe pouvoit suposer deux choses , qui auroient
Gass. ii)id. p. .132. levé sa difficulté. Il pouvoit suposer' que Pytheas étant
habile Mathématicien , et membre d'une République déjà
puissante sur mer, et fort appliquée au commerce, en auroit
été choisi pour faire ces nouvelles découvertes , afin de
voir si elle en tireroit quelque avantage pour son négoce.
Baji.p. p.286.1. ' I' pouvoit encore suposer qu'il ne falloit qu'une société
de marchands , ou même quelque riche citoien pour enga-
ger Pytheas à entreprendre la découverte , et l'équiper de
toutes les choses nécessaires. Quoi qu'il en soit, Polybe de-
voit donner de meilleures raisons , s'il vouloit empêcher
qu'on ajoutât foi à ce qu'il refusoit de croire lui-même. Sa
Gass.ibid.p. 530. conjccture ne doit rien diminuer ' de l'estime que mérite un
homme, qui passe pour le premier des mortels qui ait poussé
si loin la découverte des pais inconnus. Tout
DANS LES GAULES AVANT J. C. 73
Tout le monde cependant ne lui a pas témoigné la mê- pytheas.
me reconnoissance pour tant de travaux. On peut même
dire qu'il n'est presque point d'Auteur dans l'antiquité ,
qui ait essuie plus de mauvais traitemens que notre Geo-
graphe. Les Ecrivains qui l'ont suivi de près, n'ont eu la
plupart aucun ménagement pour lui. ' Polybe et Strabon strab. 1. 1. p. « i
entr 'autres l'ont extrêmement décrié à cause de ses men- 'li.'isî.m* '**'
songes, ne faisant point difficulté de le traduire comme
un menteur de profession, ivia ^vjàé<r:ai-:oi 'Plusieurs mo- Bayi. p. p. 283.
dernes ne lui font pas plus de grâce , et l'acusent d'avoir
étrangement abusé de la maxime, ^4 beau mentir gui vient
de loin; n'y aïant, comme ils prétendent, sortes de fables
qu'il ne racontât des pais septentrionaux qu'il ' se vantoit
d'avoir vus.
Gela n'a pas empêché néanmoins que Pytheas n'ait trou-
vé parmi les anciens et les modernes, divers partisans, mê-
me assez célèbres dans la république des letres. ' Hippar- strab. 1. 1. p. 49 1
que et Eratoslhenes de Cyrene se sont distingués parmi les '■ *• ^- ^'"
premiers. Ils se faisoient une loi de suivre ses sentimens,
' et regardoient comme très-certain tout ce qu'il avoit écrit, j^^, 3. j
' Entre les modernes, Gassendi, Nicolas Sanson, et M. Rud- ^^^ , ^ 53g.
becks dans son grand J liant ica, ont pris fortement la défen- 533.
se de cet illustre Géographe.
Nous n'avons garde d'entreprendre de décider, qui sont
ceux qui ont raison , ou de ses critiques , ou de ses parti-
sans. 11 suffit de remarquer ' après un Savant , que Pytheas sirab. com. p. as.
étant né dans les Gaules, et aïant pu écrire des contrées *'■
voisines avec plus de fidélité qu'aucun des Grecs, qui l'a-
voient précédé, il a été suivi par la plupart des Géogra-
phes postérieurs. Mais Polybe et quelques autres lisant no-
tre Cosmographe avec plus d'attention , et moins d'estime ,
que ne faisoient ni Eratoslhenes ni Hipparque , y ont dé-
couvert grand nombre de fautes.
' Il est arrivé de-là qu'on a commencé d'abord à avoir iwd.
son autorité pour suspecte , et qu'insensiblement dans la
suite on a regardé ses écrits comme des contes de Poètes.
On est allé même jusqu'à lui refuser créance en ce qu'il
disoit de vrai. On devoit cependant se souvenir qu'il n'est
point d'Historien , quelque fabuleux qu'il soit , qui ne dise ,
quelquefois la vérité; et cette réflexion auroit empêché
qu'on ne décriât si étrangement Pytheas.
Tome I. Prem. Part. K
74 ETAT DES LETKËS
PYTHEAS. Au reste il ne le faut pas confondre " comme ont fait quel-
• piin i I p iM ^"^^ modernes , avec un Orateur grec de même nom , dont
Allie, iieip. 1. 4. p. parlcut Plularquc ' et Athénée au sujet de Demosthenes
'*■ . et de Demas. • Cet Orateur étoil d'Athènes selon Suidas,
"' ■ ^' ''■ ■ et se retira en Macédoine, après s'être sauvé de la prison,
Poiy. Je virt. p. OÙ scs Créanciers l'avoient fait enfermer. ' Polybe fait men-
tion d'un autre Pytheas Orateur de Thebes, qui se retira
dans le Peloponese avec toute sa famille. Quelques-unes
de ces circonstances fcroient croire que ces deux Orateurs
n'étoient qu'une même personne.
S II.
SES ECRITS.
PYTiiEAS laissa des Ouvrages de Géographie écrits en
grec, qui étoit la langue vulgaire des Marseillois, com-
Apoiion arg. 1, 4. mc Hous l'avons dit ailleurs. ' J^'ancien Scholiaste d'Apol-
"'' '' ''" ' lonius de Rhodes fait mention d'un livre de notre Géogra-
phe intitulé Ynç irepioSoç , le tour de la Terre. C'est apa-
voss. 11. gr. 1. 1. c. remment le même , ' qui est nommé Peripius orbis , le cir-
IVi^p' sM ^^^' ^^ Monde, dans l'abrégé d'Artemidore d'Ephese. " On
^^ ' '^' ■ croit que ce n'étoit que la relation des voïages qu'avoit
fait Pytheas par tous les pais de l'Europe,. qui sont sur la
r.cm. cl. asir. p. mer Oceane , depuis Caditz jusqu'au Tanaïs. ' Geminus
*** l'Astronome cite aussi de Pytheas un écrit sous le titre de
l'Océan. Mais il y a bien de l'aparence que cet écrit n'é-
toit qu'une partie de l'ouvrage du tour de la Terre.
Il ne nous reste plus rien aujourd'hui de ce grand ou-
vrage de Pytheas, que ce qu'on en trouve dans les anciens
Ecrivains qui sont venus après lui. Hipparque et Eratosthe-
nes en tirèrent beaucoup de choses pour enrichir leur Geo-
graphie. Pline l'ancien assiîre qu'il s'en est servi pour com-
poser son histoire naturelle , et met Pytheas au nombre des •
Auteurs dont il fait l'énumcration dans les Livres deuxié-
Poii. 1. 7. c. 88. me, quatrième, et trente-septième de son ouvrage. ' Julius
Pollux le cite aussi touchant certains ouvrages des anciens
ouvriers en bois. On voit par là que les écrits de Pytheas
steph. B)z.p.77i. subsistoicut encorc. alors. ' On les trouvoit même au tems
d'Etienne de Byzance ou le Géographe , qui les cite , et
qui n'écrivoit qu'après le quatrième siècle de l'Eglise
DANS LES GAULES AVANT J. G. 75
Divers autres Auteurs, avant ces trois derniers, en pytheas.
avoient eu aussi connoissance; mais ils les avoient lus avec "
des yeux bien difîerens. Polybe entr'autres semble ne l'a-
voir fait que pour les critiquer. 'Il ataqua particulièrement strau. i. 2. p. 71,
ce que Pytheas disoit de l'isle de Thul(^, aujourd'hui l'Is-
lande, et traita de fables ce qu'il en raportoit. Il ne pou-
voit souffrir que Pytheas dît, que vers cette isle on ne
voïoit ni air, ni eau, ni terre, mais seulement un composé
de ces trois élemens, semblable au poulmon marin; que
la mer et la terre étoient suspendues sur cette substance;
Qu'elle servoit de lien à toutes les parties de l'univers; qu'il
toit impossible d'aborder en ce lieu-là ni à pied ni sur des
vaisseaux; qu'il avoit vu lui-même cette substance sembla-
ble au poulmon marin, quoique pour le reste il avouât
qu'il n'en parloit que sur ce qu il en avoit oui dire. Il trou-
voit encore à redire à ce que Pytheas donnoit à l'isle de la
grande Bretagne plus de quarante mille (*) de circuit. Il
critiquoit même Eratosthenes , d'avoir été un des plus
grands partisans de Pytheas.
' Strabon marchant sur les traces de Polybe, et ne me- ibij. i. 9. p. 78.79
nageant pas plus que lui la réputation de notre Gosmogra-
phe, s'est fait une espèce de gloire de censurer le plus de ses
sentimens qu'il a pu. Pytheas avoit avancé que l'isle de
Thulé étoit la plus septentrionale des isles Britanniques,
et comme l'extrémité du monde de ce côté-là; que le tro-
pique d'Eté y servoit de Pôle arctique. Strabon prétend
au contraire, que l'extrémiti; du Septentrion se doit pren-
dre moins loin vers le midi. La raison qu'il en donne est des
plus singulières. C'est selon lui que ceux qui de son tems
parcouroient les divers païs, ne raportoient rien de ce qui
est au-de-là de l'Hibernie. Il ( st aisé de juger par ce rai-
sonnement que la justesse n'a pas toujours accompagné la
critique que Von a faite des écrits de Pytheas.
On est en droit de porter le même jugement, ' de ce que '• '• i'- ■*^-
Strabon reprend ailleurs du reste de la relation de l'isle de
Thulé par notre Géographe. Il ne peut lui passer que cet-
te isle soit située vers le Septentrion, près de la mer glaciale,
(•) On ne sanroit dire qui a élé le plus theas et Isulore lui en donnoient plusieurs
fidèle, ou de Poljrbc on de Pline, & ra- millions, tricies, ocliet, centena vtgtntt-
porler le sentiment do Pytheas sur le cir- quinque M. n,- , . . ,n
cuit de cette isle. ' Le dernier dit que Py- ' ""■ '• *' '^- •*"•
Kij
76 ETAT DES LETRES
PYTHEAS. 6t ^ six journées de la grande Bretagne: " ce que Pytheas
n'avoit peut-être déterminé, qu'en marquant par-là le
• Gass. t. 4. p.
531. I.
tems qu'il avoit mis à passer d'un de ces lieux à l'autre. '' Mais
rstrab. ibii. tout ce qu'y opose Strabon se réduit à dire que ceux qui
avoient reconnu l'Hibernie, ne disoient rien de l'isle de
Thulé, et qu'ils ne parloient que de quelques autres peti-
tes isles aux environs de la grande Bretagne,
pun. hist. 1. 4. c. ' Ceux qui ont écrit depuis Strabon , rendent plus de
30- ustice à Pytheas. Pline l'Historien ne fait pas difficulté de
regarder comme certain que de l'isle de Thulé à la mer
glaciale il n'y a qu'une journée de trajet; que cette isle
est la dernière de ce côté-là; et que de-là à l'isle de la
grande Bretagne il y a réellement six journées de naviga-
Pinea. brev. p. 772. tion. ' Dc même Thomas de Pinedo soutient, que Pytheas
sur le reste ne s'est pas si fort éloigné de la vérité, qu'il
doive passer pour un homme qui ne débite que des contes.
Strabon n'est peut-être pas plus croïable en ce qu'il dit
strab. 1. 2. p. 61. ailleurs contre l'exactitude et la fidélité de Pytheas. ' 11 pré-
tend que ni Timosthenej, ni Eratosthenes, ni aucun de ceux
qui avoient écrit avant eux sur la Géographie, et entre les-
quels il comprend Pytheas, n'avoient eu nulle connoissan-
ce certaine de l'état des Gaules, de l'Espagne, et encore
moins de la Germanie, de la grande Bretagne, de l'Italie etc.
Il soutient même que Pytheas en particulier avoit erré en
établissant la distance qui se trouve entre la grande Breta-
gne et Marseille sa patrie. Il veut que ce Géographe, qui
selon lui a trompé ses lecteurs en plusieurs autres points, les
„ ait encore trompés en celui-ci, ' aussi bien qu'à prendre à
1 4. p. 139. Marseille même l'élévation solstitiale du soleil. ' Enfin il ne
veut rien croire de tout ce que Pytheas avoit écrit sur l'isle
de Thulé et sur les païs circonvoisins.
eom. p. 35. 2. ' Mais Strabon a beau dire tout ce qu'il voudra, l'on ne
peut disconvenir que Pytheas n'ait apris aux Grecs bien
des choses qu'ils ignoroient avant lui touchant cette isle;.
aïant été le premier Géographe qui l'ait découverte. D'ail-
strab. 1. 2. p. 78 1 leurs ouelque passionné que paroisse ' Strabon contre Py-
Gass. ibia. p. 530. jjjgg^g^ ^ j^g laisse pas de nous iburnir des preuves de la re-
tenue de celui-ci. Car de son propre aveu Pytheas n'assu-
roit point ni que Thulé fût une isle, ni qu'il y eût des
habitations jusques là. Or si notre Géographe avoit voulu
imposer à ses Lecteurs, pouvoit-il avoir un plus beau champ
DANS LES GAULES AVANT J. C. 77
pour le faire? Ce n'est donc pas sans sujet '^ qu'un savant pytheas.
moderne en examinant les points de la critique de Stra- . siraii com T
bon contre Pytheas, dit que ce censeur y fait trop paroî- * ' '
tre de chicane et de fausse subtilité.
Il est pourtant vrai que ce que nous venons de dire en
faveur de Pytheas, ne le justifie pas également à l'égard
de ce qu'il débitoit du poulmon marin. Cela ne le justilie
pas non plus d'avoir avancé quelques autres contes de mê-
me nature. ' Ce qu'il disoit, au raport de Pline, d'une isle PUn. last. i. 37. c.
à une journée du pais des Guttons, peuples de Germanie, "'
où il assûroit qu'on se servoit d'ambre au lieu de bois pour
faire du feu, ne peut passer que pour une pure fable; quoi-
que Timée n'ait pas iait difficulté de le croire sur la foi de
Pytheas.
On ne peut pas regarder autrement ' ce qu'il raportoit Apoiion. arg. 1. 4.
encore des isles de Liparis et de Strongyle, ou Strongoli "'^ "
entre l'Italie et la Sicile. Il racontoit fort sérieusement,
qu'en cet endroit l'eau de la mer y étoit bouillante; que
ceux qui anciennement vouloient faire faire quelque ou-
vrage en fer, comme une épée, ou autre chose sembla-
ble, n'avoient qu'à y porter la matière; que le lendemain
ils trouvoient l'ouvrage prêt, qu'ils prenoient en laissant
le prix de la façon.
Il faut encore mètre au nombre des méprises de Py-
theas ' ce qu'il disoit du flux et réflux de la mer dans la ^'"- '''^' '• 2- «•
grande Bretagne, où il prétendoit qu'il étoit de quatre-
vints coudées. ' Car depuis on a observé que celui qui se not. iwa.
fait dans la Tamise, et qui est le plus grand que l'on voie
en ce pais-là, ne va qu'à quatorze coudées de hauteur.
Mais ce seroit une injustice de ne le pas croire ' en ce que Gem. ci. asi.p.sa.
Geminus raporte de lui, touchant les lieux les plus pro-
ches du Nord. ,, Les Barbares, disoit Pytheas dans .sa
,, relation, nous montroient l'endroit où se couche le so-
,, leil. On remarquoit que la nuit en certains pais de ce
,, côté-là étoit extrêmement courte, ne durant que deux
,, heures en quelques lieux, et trois en quelques autres. De
,, sorte que peu de tems après que le soleil s'étoit couché,
,, on le voïoit presque aussi-tôt reparoître ,, . ' Cratès le i'-23.
Grammairien témoigne qu'Homère avoit eu connoissance
de ces mêmes contrées : ce qui lui fait dire qu'un ouvrier en
se passant de dormir, pouvoit gagner deux salaires en un
1 0
78 ETAT DES LETRES
PYTHEAs. même jour; puisqu'il pouvoit faire le travail de deux jour-
nées ordinaires.
piin. hist. 1. 2. c. ' Pytheas ne paroît pas non plus avoir imposé à ses Le-
"■ cteurs, lorsqu'il assûroit que dans l'isle de Thulé, il y
avoit six mois de jour continuel, et autant de nuit pendant
le cours de l'année.
strai). 1. 4. p. 139. ' Après que les sévères censeurs de Pytheas ont bien cri-
tiqué ses sentimens sur la Géographie, ils conviennent en-
fin de lui rendre justice pour sa science dans l'Astronomie
et dans les Mathématiques. Ils avouent qu'il a assez bien
connu les propreités des pais septentrionaux, par raport
à leur propre nature, et aux aspects du soleil. Par exem-
ple, lorsqu'il disoit qu'il n'y croît point de fruits à cou-
teau; qu'on n'y élevé point d'animaux domestiques;
qu'on y vit de millet, de légumes, de racines; que là où on
cueille du miel et du bled, on en fait une boisson; que l'on
ne s'y sert point d'aires pour batre les grains, à cause des
pluies fréquentes, et du peu de chaleur du soleil, mais
qu'on les bat dans des granges faites exprès. (VIII.)
EUTHYMENES,
Géographe et Historien.
EUTHYMENES. T Es dîvcrs monumcus, qui font mention de cet Ecrivain,
■ Ajexpriment diversement son nom. Dans les uns il est
nommé Euthymanes, dans d'autres Eumenides, ou Eudi-
menes, et par une corruption encore plus grande, Euride-
Fab. i.ib. «r. t. 4. mcs. ' Mais les plus anciens entre les Grecs et les Latins,
}m.*^2.%"''7.wT *î"^ °"^ ®" ocasion de parler de lui, s'acordent tous à le
i"!' 327 f Plu!' nonfini^r Euthymenes. C'est le nom que lui donnent Aristi-
via.pii. I.4.C. 1. p! de, Seneque le Philosophe, S. Clément Alexandrin, Plu-
tarque, ou un autre Auteur qui nous a laissé le Traité De
placitis Pkilosophorum.
scnec. ibid. I Plut. ' Euthvmenes étoit de Marseille, comme Pytheas dont
nous venons de laire 1 éloge, et ileunssoit en meme-tems,
vers la cent et douzième Olympiade, plus de 320
ans avant le commencement de l'Ere Cnrétienne. Il
a fajt, comme l'autre, la gloire et l'ornement de sa patrie,
DANS LES GAULES AVANT J. C. 79
tant par son savoir que par ses écrits. " Ces deux illustres euthymenes.
Marseillois, qui passent pour avoir écrit autant en Philo- , i,aii ;„<, préi c
sophes et en Mathématiciens , qu'en Géographes , ont l'a- 1 9- p- s'Jt. m.
vantage d'avoir paru dans nos Gaules plus de cent ans avant
qu3 liome eût produit aucun Ecrivain.
' On supose que la République de Marseille envoïa Eu- Cass. t. t. p. 530.
thymenes reconnoîlre les pais du Sud. comme nous avons '■
vu qu'elle avoit envoie Pytheas découvrir les contrées du
Nord. ' Il est certain par un passage que Seneque raporte Senec. ibiii.
d'Euthymenes, que celui-ci avoit navigé sur la Mer Atlan-
tique. 11 écrivit sa relation en grec qui étoit la langue de
son pais, où le latin n'étoit pas encore connu; et il a mé-
rité par-là de tenir rang entre les anciens Géographes.
Ce que Pytheas avoit déjà trouvé en la personne de Po-
lybe, Euthymenes le trouva depuis en celle de Seneque :
un rigide et severe censeur de ses sentimens. ' Ce Philo- ibid.
sophe, qui avoit lu les écrits d'Euthymenes, ne put souf-
rir impunément qu'il y raportât les causes du déborde-
ment au Nil à la vertu 'des vents Etesiens , qui poussant
selon lui ' les eaux de l'Océan et de la mer extérieure •*'«*• »i»iJ-
dans ce fleuve, le faisoient enfler et répandre hors de son
lit ordinaire. ' C'est ce que Seneque apuïé, comme il pré- Senec. iiu. p. 753.
tend, sur une nuée de témoins, traite de fable, et réfute '^'
par plus d'une raison. En effet, dit-il, si le débordement
du Nil venoit des vents Etesiens, il faudroit que ce fleuve
se grossit à proportion que ces vents soufflent avec plus
d'impétuosité. Il faudroit qu'il commençât à s'enfler du
côti' que viennent ces vents. Or rien de tout cela n'arive.
D'ailleurs ses eaux seroient d'un verd .de mer, au lieu qu'el-
les sont troubles, lorsqu'il déborde. ' Thaïes le Philosophe piui. ibij.
étoit néanmoins dans la même opinion que notre Géogra-
phe, touchant l'inondation du Nil causée par la vertu des
vents Etesiens.
' Euthymenes avançoit encore dans son Ouvrage , que Senec. îwa. p. 752.
les eaux de la mer qui enfloient le Nil étoient douces : •
ce qu'il jugeoit aparemment sur ce que ' celles de ce fleuve p. 75*. | piu't. ibia.
le sont au-dessus de toutes les autres eaux. ' Mai» Sene- senec. uùd. p. 753
que ne lui peut passer cette opinion, non plus que la pré-
cédente. Il ajoute à ce sujet une réflexion, qui achevé le
parallèle entre Euthymenes et Pytheas. On avoit beau
mentir , dit-il , et compter des fables en ce tems-là , que
80
ETAT DES LETRES
EUTHYïiENEs. l'on n'avoit pa^ de ces faits une connoissance aussi parfaite
que l'on a eue dans la suite.
Outre les Auteurs que nous avons déjà cités entre les
voss. h.gr. ). 3.p. anciens, ' Artemidore d'Ephese fait aussi mention de la
"*■ description des pais étrangers qu'Euthymehes avoit laissée
à la postérité. Cet ouvrage ne s'est perdu, comme Ton
vient de voir, que depuis le siècle de Seneque tout au
plutôt.
Euthymenes avoit encore laissé un autre écrit de sa fa-
lom. Alex. sii. 1. çon, que l'on ne trouve plus depuis plusieurs si^'cles. ' C'c'-
I. p. 3m. iti.i j^-j y^g espèce de chronique, ou Histoire des tems , com-
me il paroit par ces paroles de S. Clément d'Alexandrie.
qui s'en est servi pour prouver en quel tems vivoit Home-
re , K'ueu(;.7(vY,; ^E èv Tot; ypovixoîç. C'est ainsi que la cite
ce Père entre les autorités de plusieurs autres Historiens
très-anciens , tels que Philochore , Aristarque , ApoUo-
dore, Aquemaque. Ce dernier étoit de même sentiment
qu'Euthymencs, touchant le tems auquel Homère avoit
vécu. L'un et l'autre le faisaient contemporain d'Hésiode
sous Acastes, et disoient qu'il étoit né à Chio environ deux
cens ans après la destruction de Troïes, ainsi vers l'an du
monde 2967, cent quatre-vint treize ans avant le com-
mencement des Olympiades.
C'est-là tout ce que l'on trouve, qui puisse ou mériter
d'entrer dans l'histoire d'Euthymenes , ou nous donner
quelque éclaircissement sur ses écrits (IX).
ERATOSTHENES,
Philosophe et H i s t o u i e n .
EILVTOSTHENES.
Suel.
10.
ill.
grani. c.
Egass. Bul. t.
101.
LE nom d'Eratosthenes est fort connu dans la république
des Letres. ' On y trouve un Eratosthenes de Cyiene,
qui le premier entre les anciens Ecrivains prit le titre de
Philologue, pour la diversité des sciences qu'il possedoit.
' On y trouve aussi un Eratosthenes Gaulois, qui s'aquit de
la réputation par sa science dans les Mathématiques et dans
l'Astronomie. Le premier fleurissoil dès la cent trente-
cinquième Olympiade, et vécut très-Iong-tems. L'autre
ne
DANS LES GAULES AVANT .1. C. 81
ne parut dans le monde qu'environ un siècle après l'épo- eratosthenes.
que précédente, vers l'Olympiade cent soixante et deuxié-
me, et la cent trentième année avant le commencement
de notre Ere vulgaire. On croit qu'il étoit ou de Marseille
même, ou au moins de cette partie des Gaules, à qui l'on
donna depuis le nom de Narbonoise.
Si jusqu'ici ce dernier n'est pas devenu plus célèbre, il
faut s'en prendre aux malheurs des tems, qui l'ont fait con-
fondre avec Eratosthenes de Cyrene, qui a toujours été
plus connu. De sorte que la conformité des noms, souvent
avantageuse à certains Auteurs , n'a été que fatale à celui
qui fait le sujet de cet article. Non seulement elle lui a ra-
vi un des plus beaux traits de sa gloire, en faisant atribuer
à un autre des ouvrages qui sont de lui ; mais peu s'en est
même fallu, qu'à la faveur de la confusion elle ne l'ait fait
entièrement disparoitre lui-même.
11 est vrai qu'il ne faut pas être surpris, que des Ecri-
vains qui ne sont venus que plusieurs siècles après les deux
dont il est ici question, les aient confondus ensemble. Rien
n'est plus ordmaire que cette sorte de confusion. ' Ne thi. h. e. i. s. p.
voïons-nous pas que S. Grégoire de Nazianze , l'un des ^*'-
plus célèbres Pères de l'Eglise Gréque, est tombé dans la
même faute à l'égard de S. Cyprien Evêque de Carthage,
et de S. Cyprien Evêque d'Antioche en Orient? Ce saint
Docteur étoit cependant de l'Eglise d'Orient comme le
dernier de ces deux Saints, et vivoit au même siècle que lui.
De même le Poète Prudence a confondu aussi plusieurs
saints Hippolytes ensemble , quoiqu'il ne fût pas lort éloi-
gné de leur tems. Doit-il donc paroître étonnant qu'E-
tienne de Byzance , qui n'écrivoit tout-au-plûtôt qu'au
cinquième siècle, ait pareillement confondu Eratosthenes
le Gaulois avec Eratosthenes le Cyrenéen? C'est néanmoins
ce qu'il a fait, et que nous allons montrer.
' Ce Géographe en citant une ancienne histoire des Gau- stephan. By^. p-
lois, qui portoit le nom d'un Eratosthenes, l'atribue à ce- -'*•
lui de Cyrene, dont il cite quelques autres écrits. Mais on
peut assurer qu'elle n'est pomt de cet Eratosthenes; et un
endroit qu'Etienne en raporte lui-même, nous fournit le
commencement des preuves pour le démontrer. En cet en-
droit, qui a été tire du septième livre de l'histoire, l'Au-
teur parlant de Boos-cephale , dit, selon Etienne, que ce
Tome I. Prem. Part. L
1 0 *
82 ETAT DES LETRES
ERAT0STHENE8. fut le lieu du Combat entre Prusias et Atlale, l'un Roi de
Bithynie, et l'autre de Pergame.
Poiyb. 1. 1. n. 1.2. ' Or il cst constant par un Historien, qui a été des plus
I Syn. chr. p. 16SÔ. proches de ces tems-là, que ces deux Rois ne se firent la
guerre que vers la cent cinquante-quatrième ou même
cent cinquante-sixième Olympiade, et qu'ils conclurent la
' paix entre eux par l'entremise des Romains la seconde an-
née de la même Olympiade : c'est-à-dire plus de quarante
Pineii. lirev. p. 762. ans après la mort d'Eratostlienes de Cyrene. Car ' cet Auteur
étant né en la cent vingt-sixième Olympiade , et n'aïant
vécu que quatre-vints ans , ce qui est encore beaucoup ,
il mourut vers la fin de l'Olympiade cent quarante-cinquiè-
me. Il n'est donc pas possible qu'il ait parlé d'un fait qui
n'arriva que plusieurs années après sa mort.
De-là il resuite clairement que l'histoire des Gaulois
connue sous le nom d'Eratosthenes , n'est point l'ouvrage
du Cyrenéen , et qu'elle apartient à Eratosthenes le Gau-
lois. Et assurément n'est-il pas et plus naturel et plus con-
venable que ce soit un homme de la nation qui ait écrit sur
ce sujet, plutôt qu'un étranger?
Cîcs. bel. Gai. 1. 6. Il paroît que c'est cette même histoire ' que César avoit
''• **'• en vue , lorsqu'il parle de la Forêt noire ou d'Hercynio ;
et il semble même qu'il ait évité, en la voulant citer, la con-
fusion où est tombé Etienne de Byzance. Ce qui fait naî-
tre cette pensée est d'une part le détail que fait César en
cet endroit de l'établissement des Teotosages, anciens peu-
ples Gaulois, lo long de cette forêt, et de l'autre, la ma-
nière dont il s'exprime, en disant que celle forêt a été con-
nue d'Eratosthenes (1) et de quelques Grecs. Cette derniè-
re expression est à remarquer. On y voit que Cé.sar opose
et distingue Eratosthenes des Auteurs grecs, quoiqu'il soit
constant qu'Eratosthenes le Cyrenéen ait été toujours mis
de leur nombre. Or je demande si César eût ainsi parlé,
s'il avoit voulu désigner un Historien grec? Au contraire
il pou voit et devoit même s'exprimer de la sorte, s'il avoit
en vue Eratosthenes le Gaulois. Car, quoique celui-ci eût
(1) II e<!t A propos de faire obmrrn- ici quam Eraloitheni et quibutdam Graei$ fa-
le peu de justesse de la tra luclion de M. ma notam esse video. Et M. il'Ablancourt
■l'Ablancoui'l, qui détruit l'oposilion que traduit : " Le long de la Forêt rjoire , qui
César établit en cet endroit entre Eralo- " a été connue d.;s Grecs , commi- il pt-
CsM. ibid. sllienc» et les Historiens grecs. ' Le texte " roil par Eratosthenes et quelques au-
de César porte : ct'rcum //«rcvoiOiHSiVvani, " Irej. '
DANS LES GAULES AVANT J. G. 83
écrit en grec, la langue latine n'étant pas encore de son eratosthenes.
tems en usage dans les Gaules, on savoit fort bien au sié- '
cle de César que cet Auteur étoit Gaulois et non pas Grec
de nation.
L'Histoire qu'il laissa à la postérité, et que l'on ne trouve
plus aujourd'hui, ' est citée par Etienne de Byzance sous le sioph. Byz. ibid.
titre de raXa-rixôiv , c'est-à-dire de rébus Gallicis^ Histoire des
Gaules, ou des Gaulois. ' Car on sait de reste que les Grecs Amm. ub. isp.OT.
nomment les Gaulois Galatœ : Ita entm Gallos, dit Ammien
Marcellin, sermo grœcus appellat.
Cette Histoire devoit être un ouvrage consideiable,
' puisqu'elle contenoit au moins trente-trois Livres , com- sieph. Byzan. i«.
me il paroît par Etienne, qui en cite le trente-troisième. '**"
' 11 est aisé de juger par ce qu'en raporfe ce Géographe p-.ssi, soi, 679.
dans ce recueil, qu'Eratosthenes y parloit avec quelque "*'
étendue des conquêtes de nos anciens Gaulois en Asie. Il
avoit un sujet particulier d'y parler d'Attale Roi de Per-
game, dont il y faisoit effectivement mention. ' Ce Prin- Poiyb. i. s. n. 7.
ce, après que le» Gaulois par succession de tems eurent pé-
nétré dans ses Etats, leur promit des terres à cultiver, et
leur permit de se répandre vers l'Hellespont, où ils s'ha-
bituèrent.
Que si Etienne de Byzance ne cite de cette Histoire que
des particularités qui regardent la Gallo-Giéce, ou Ga-
latie, ce n'est pas à dire qu'elle ne traitât des autres pais
qui étoient, ou avoient été sous la domination des Gau-
lois. Mais c'est ou qu'il n'a plu à cet Auteur d'en choisir
que ces traits, ou que les autres qu'il en pouvoit raporter,
sont perdus avec la plus grande partie de l'ouvrage de ce
Géographe, dont nous sommes prives.
LUCIUS PLOTIUS,
Rhéteur.
PLOTIUS
ROme ' fut le théâtre où ce Rhéteur parut avec le plus Hier. chr. p, m.
d'éclat; mais ce fut dans les Gaules qu'il prit naissan-
ce. ' Quelques modernes prétendent, sans en aporter de ^gass. bui. 1. 1.
preuves, qu'il étoit de l'une des provinces que l'on nomma
t
Ij I Suct. ibid.
84 ETAT DES LETKES
PLOTius. depuis Lyonoises. ' D'autres veulent qu'il eût été élevé
• Long.doiaud.Fi. ^^^^ l'école de Lyon même ; quoiqu'il ne paroisse nulle part
qu'il y eût dès ce tems-là une école dans cette ville. Sa
qualité d'homme versé dans l'éloquence latine fait juger
Ju'il étoit plutôt de la Gaul Narbonoise, où l'on parloit
ès-lors assez communément la langue latine.
Hier. ibid. I scnoc. ' Plotius quitta sa patrie, pour aller s'habituer à Rome,
ïn'i SuoL'c'i.''RfÎ! v^^'^ ^^ dix-septiéme Olympiade, plus de quatre-vint
c. 2. p. 84i. dix ans avant le commencement de l'Ere Chrétienne. II y
ouvrit la première école de Rhétorique qu'on y eût encore
vûë, et enseigna aux Romains l'art de parler eloquemment
Quint, insi. or. 1. leur propre langue. ' Il s'acquit dans cette profession une
2. c. 4. p. 97. réputation extraordinaire : insignis maxime Plotius fuit, dit
Bail. jug. pivj. c. Quintilien en faisant son éloge. ' Rome ne feroit donc
' " '"' " que lui rendre justice, en le regardant comme le Père, ou
le Maître de ses premiers Rhéteurs, et de ses plus grands
Orateurs jusqu'à Ciceron.
cic. frag.p. 16911. ' Gclui-ci, qui alors n'étoit encore qu'un enfant, se
plaint avec amertume, de n'avoir pas eu l'avantage d'ê-
tre disciple d'un homme si célèbre. ,, Je me souviens, dit-
,, il, dans une de ses Iclres, dont il ne nous reste qu'un frag-
,, ment, qu'en mon enfance un certain Lucius Plotius com-
,,mença à donner des préceptes pour bien parler le latin.
. , Comme je voïois qu'il enseignoit avec un concours pro-
,, digieux d'auditeurs, car tous ceux qui avoient le plus
,, d'amour pour les letres alloient prendre de ses leçons,
,,j'étois bien fâché de ne pouvoir les imiter. Je me trou-
,,vois retenu par de très-habiles gens, qui croïoient que le
,,grec étoit plus propre pour former l'esprit de la jeunes-
suci. ibid. c. I. p. se ,,. ' En effet ce fameux Orateur suivit tellement cet
8-40
avis, qu'il plaida toujours en cette langue jusqu'à sa Prétu-
re, et ne plaida en latin que sur ses vieux jours,
c. 2. p. 8ij. ' 11 ne tint pas à Marcus Cœlius, que notre Rhéteur ne
perdît la haute réputation qu'il s'étoit acquise. Cet Ora-
teur indigné de ce que Plotius, comme il croïoit, avoit
composé le plaidoïer qu'Atracinus prononça contre lui, en
se portant pour son accusateur, le traita avec beaucoup de
mépris, et même de la manière la plus injurieuse, dans le
discours qu'il fit pour sa défense. Mais cela n'empêcha pas
cic. pro \ïd\. n. que Plotius ne fût toujours en grande estime à Rome. ' Ma-
n. p. 313. j.jyg gj^jj.g autres avoit pour lui une amitié toute singulière.
DANS LES GAULES AVANT J. G. 85
dans Tesperance qu'il pourroit un jour emploïer ses talens plotius.
à faire passer à la postérité les actions mémorables de sa
vie.
11 ne paroît point cependant que Plotius ait jamais ten-
té cet ouvrage , ni même qu'il en ait formé le dessein.
' Mais Quintilien nous aprend qu'il avoit écrit un Traité Q"!"'- "W| '• "•
du geste de l'Orateur , qu'il témoigne avoir lu. Plotius
V prescrivoit entre autres choses à son Orateur de porter
la robe traînante , comme les Grecs portoient leur man-
teau. C'est tout ce que nous savons de cet écrit , qui ne
subsiste plus depuis long-tems.
' Plotius vécut jusqu'à une extrême vieillesse. Il est sans suet. iwd.
doute différent ' de ce Lucius Plotius , qui selon Pline l'Hi- pun. lùst. i. is. c.
storien , fut proscrit par les Triumvirs , et contraint de s'al- ^"
1er cacher à Salerne. Celui-ci étoit frère de Lucius Plancus
deux fois Consul et Censeur. ' Velleius Paterculus le nom- Paier. i. 2. n. ei.
me Plancus Plotius , ' et Valere Maxime , Caïus Plotius vai. Max. 1. 6. c.
Plancus. Ainsi Pline , qui paroit avoir tiré ce trait d'Hi- *' "' *'
stoire de Valere Maxime , pouroit fort bien avoir écrit un
prénom pour un autre.
MARCUS ÂNTONIUS
GNIPHO,
Professeur de Belles-Lettres et d'Eloquence.
GNIPHON.
M
Arc ' Antoine Gniphon naquit dans les Gaules suet. m. cram.
d'une famille libre , plus d'un siècle avant notre Ere '" '*' *^' .
vulgaire. Peu de tems après sa naissance il fut exposé et
abandonné par ses parens. Celui qui le trouva en ce mal-
heureux état , et qui voulut bien se charger de son éduca-
tion , prit soin de le faire étudier , et lui rendit sa liberté.
L'on prétendoit, au tems de Suétone , qu'il avoit été en-
voie à Alexandrie , et qu'il y avoit été instruit des letres
en la compagnie de Denys Scythobrachion. Mais cet Hi-
storien avoit de la peine à se le persuader , parce que les tems
ne convenoient pas. Et pourquoi envoïer si loin Gniphon
chercher des écoles? N'y avoit-il pas à Marseille une Aca-
86 ETAT DES LETRES
CNiPHON. demie , qui passoit dès-lors pour l'une des plus célèbres de
l'Univers? ' Aussi croit-on que ce fut en celle-ci qu'il élu-
20.**"' "■'■'■ ''• dia. * Comme il avoit beaucoup d'esprit , et une mémoire
• suei. ibia. prodlgieuse , il aprit parfaitement la langue gréque et la
latine.
Avec de telles avances Gniphon alla à Rome , où il
trouva Lucius Plotius son compatriote , qui y enseignoit
ii.i.i. l'éloquence depuis plusieurs années. ' Gniphon commença
c. 4. j). 8i8. par y faire la profession de Grammairien : ' état incompara-
blement plus honorable et plus relevé en ces lems-là , qu'il
ne l'est aujourd'hui. Par Grammairien on entendoit alors
un homme versé dans la literature , qui savoit parler ou
écrire sur quelque sujet , non seulement avec exactitude ,
mais aussi avec esprit et habileté.
,,„j ' Les Grammairiens de ce genre enseignoient souvent la
Rhétorique ; quoiqu'ils ne laissoient pas de donner les prin-
cipes pour parler correctement la langue en laquelle ils en-
Quiiii. inst. or. 1. seignoient. Gniphon paroît l'avoir fait lui-même. ' Au
''"' ■ moins Quintilien le met-il au nombre de ces Grammai-
riens , qui se donnoient la licence de changer la terminai-
son de certains noms , tant au nominatif qu'aux cas obli-
3ues. Quelques-uns , dit cet Orateur , vouloient que l'on
it robor et ebor, pour robutelebur; et la raison qu'ils en don-
noient , est que le génitif de ces noms est en oris. Gniphon
au contraire prétendoit que l'on devoit faire le génitif de
ces noms en uris, parce que leur nominatif est en ur.
su«i. ibid. c. 7. p. ' D'abord Gniphon enseigna dans la maison de Jule
***■ César , qui n'étoit encore alors qu'un enfant. Depuis , il
établit son (cole dans l'endroit même où il faisoit sa de-
meure. Il y professa la Rhétorique avec tant de reputa-
p. 8*5. tion , ' que les personnes les plus distinguées dans Rome ,
et Ciceron même qui étoit alors Préteur , se faisoienl un
plaisir de l'aller entendre. Mais quoiqu'il donnât tous les
jours des leçons d'éloquence , on remarque au'il ne décla-
moit jamais dans son école. Seulement il le laisoit dans les
lieux où l'on tenoit les foires et le marché,
c. II. p. 8i8 1 Bail. ' Au même-tcms qu'il enseignoit ainsi dans cette capitale
p""3(Ki?^*'' ^'^^ ^u monde, Valerius Cato un autre de ses compatriotes y fai-
soit aussi la même fonction. Il y avoit toutefois cette diffé-
rence entre l'un et l'autre , que la méthode de Gniphon
tendoit à faire des Orateurs , et celle de Caton à former
DANS LES GAULES AVANT J. C. 87
des Poètes. ' Gniphon se distinguoit encore des autres Pro- gniphon.
fesseurs par sa douceur , son affabilité , son désintéressement. , g^^, y^jj ^ ,
II n'exigeoit de ses disciples pour son salaire , que ce que p- sa*,
leur libéralité les pouvoit porter à lui donner. Et celte li-
béralité , remarque l'un de ses Panégyristes , lui valoit mieux
que ce. qu'il auroit pu exiger lui-même. Que ces heureux
tems sont aujourd'hui changés !
' Gniphon ne vécut pas au-de-là de l'âge de cinquante p. sas.
ans. Il ne laissa pas dans l'espace d'une vie aussi courte , et
malgré le tems que lui emportoient ses leçons publiques ,
de composer plusieurs ouvrages. Néanmoins Atleïus le Phi-
lologue , qui avoit été l'un de ses élevés , ne lui atribuoit
que deux volumes écrits en latin , et prétendoit que les au-
tres qui avoient paru sous son nom , étoient de la composi-
tion de ses disciples.
On ne dit point de quoi traitoient ces ouvrages de Gni-
phon. Seulement ' Macrobe dit qu'il en avoit fait un sur Macr. sat. i. 3. c.
ce que les anciens nommoient Festra ; c'est-à-dire la petite **' •"■ *'*' *"'
ouverture du lieu consacré aux fausses Divinités du Paganis-
me. Macrobe ajoute que l'Auteur avoit recueilli dans ce
Traité plusieurs choses trè.s-curieuses de l'antiquité la plus
reculée.
' Gniphon eut au moins un fils nommé Lucius Hermas , snoi. c. lo. p. 827.
qui enseigna aussi à Rome , où il eut comme son père , At-
teïus le Philologue pour disciple. Celui-ci écrivit diverses
letres l\ Hermas , dans l'une desquelles il lui recomman-
doit fortement de faire valoir auprès des savans leur ouvra-
ge intitulé Hyles. Ce titre qui est grec , ne veut pas dire
aparemment que l'ouvrage fût en cette langue , mais seule-
ment qu'il contenoit une abondance de matières et de sen-
tences. Aussi ces deux Auteurs y avoient-ils recueilli en
huit cens Livres tous les differens genres d'érudition et de
literature.
CATON.
88 ETAT DES LETRES
VALERIUS^'^ CATO,
Poète et Grammairien.
8 I.
HISTOIRE DE SA VIE.
suei. iii. Gram. c. ^TOici ' pncorc UD savant que nos Gaules formèrent
"■ •*■ ***■ y pour la ville de Rome. On ne marque pas précisé-
ment quelle fut celle de nos Provinces qu'il eut pour pa-
trie. Mais la présomption est en faveur de la Gaule Nar-
bonoise, qui donna naissance à tous les savans, dont nous
avons déjà parlé, et presque à tous les autres, dont nous
parlerons sur ces premiers tems.
Valere Caton vint au monde un peu plus d'un siècle avant
ibid. le commencement de l'Ere Chrétienne. ' Quelques-uns le
vouloient faire passer pour l'affranclii d'un certain Burse-
nus; mais il assure lui-même qu'il étoit né libre. Etant
Epi.^eijwf. encore jeune, et déjà orphelin, il se vit dépouillé de tous
' " *" ses biens, et contraint, quoiqu'innocent, de se bannir lui-
même de sa patrie, à l'ocasion d'une guerre civile qui s'y
étoit élevée au tems du fameux Sylla.
' Après tant de pertes Caton se retira à Rome, comme
le lieu le plus propre à se relever de sa mauvaise fortune,
snei, ibi.i. ' et y ouvrit une école publique. Bien-tôt il eut entre ses
disciples plusieurs enfans des meilleures maisons de la ville,
p. fijR. et s'acquit la réputation d'un excellent maître. ' Il passoit
pour un très-habile Grammairien. Nous avons déjà mar-
qué ailleurs l'idée que les anciens avoient de cette sorte de
p. f^ savans. Mais il étoit encore un plus grand Poëte. ' U"
avoit sur tout un talent merveilleux pour former les autres
ibid j Epi.^ et^poê. à la Poésie. ' C'est ce qui a donné lieu à ces deux vers pom-
peux, qui suffiroient seuls pour faire son éloge. Us sont du
ibid
vel. I. 2. p. 64
ibiil
vet. i. I. p. S8.
u r «10 '^) Moreri, on ses eonlinnatears don- télé des Poësiesqui noDs restent de Galon,
Mor. i.. p. *»!*. I. nent encore à Caton le prénom de Mar- ne loi donnent point d'autre prénom que
eus ; mais on ne Toit pas sur quel fond»- celui de Valere. (\.)
ment. Ni Snetone, ni le litre qui est i la
Poêle
DANS LES GAULES AVANT J. C. 89
Poëte Marcus Furius Bibaculus, ami particulier de Caton. *^'^^"''-
Cato Grammaticus, latina sircn.
Qui solus legit, ac facit Poctas.
' Valere Caton amassa d'abord quelque bien , en profes- suci. iWii. p. 82«.
. • • 1 . , I ■■? A 839. Epi. cl uoc-
sant ainsi la grammaire et la poétique, et se ménagea une uuu. p. 36.
maison de campagne près de la ville de Tusculum. Mais
ses affaires s'étant ensuite dérangées, ou par défaut d'œ-
conomie, ou autrement , il lut obligé de céder cette mai-
son à ses créanciers , qui éloient en grand nombre . Ainsi
dépouillé de tout ce qu'il avoit de biens, il se retira dans
un très-vil [apartemenl. 11 y vécut jusqu'à une extrême
vieillesse dans une grande pauvreté : sort ordinaire des
gens de letres qui virent sans- se souvenir de faire fortu-
ne. Cet état d'indigence auquel se voïoit réduit un si
grand homme, et qu'il soùtenoit avec une constance hé-
roïque, quoique païenne, a fait l'admiration de ceux gui
ont vécu après lui. C'est à ce sujet que Bibaculus s'écrie ,
en comparant la constance de son ami à celle de Zenodote
et de Craies :
Calonis modo, Galle, Tusculanum
Tota créditer urbc vcndilabat.
Mirai! sumus unicum magistrum,
Summum Gramnialicum, Optimum i'oOlam
Ouines solvere possc qua;sliones,
Unum diriicilc expcdirc nomeii.
En cor Zenodoti, en jecur Gratelis.
'Le même Poëte , décrivant un peu auparavant la vie ibid.
pauvre de Caton, nous en a laissé une triste peinture dans
les huit vers suivans :
Si quis forte mei aomum Catonis,
Depiclas minio assulas, et illos
Custodis videt Iiortulos l'riapi,
Miratur, quibus ilie disciplinis
Tantam sit sapientiam assequutus,
(.tuem très cauliculi, et felibra faiTis.
lîacerai duo tegula suli uua
Ad summam propo nulriant seneclam
Tome I. Prem. Part. M
90 ETAT DES LETRES
CATON. * On a cru assez long-tems qu'Horace faisoit mention de
f"^~ — ^r~J^^ Valere Caton , dans huit vers qu'on lisoit autrefois au
(lia. 4. p. 195. not. commencement de la dixième satyre de son premier Li-
iior. 1. 1. sat. 10. vre, ' et que l'on trouve encore dans quelques manuscrits
p. t,99. noi. jgg ouvrages de ce Poëte . Caton y est représenté comme
un des admirateurs de Lucilius , quoiqu'il ne laissât pas de
Gif. ibiii, corriger quelques-uns de ses vers. ' Mais Colomiès nous
avertit que Içs plus habiles critiques ont retranché des
œuvres d'Horace ces huit vers , comme n'étant point de
Suei. ibid. c. 2. p. cc famcux Poëtc. ' Il est néanmoins vrai, selon Suétone ,
**■ que Caton faisoit quelquefois ses délices de la lecture des
poésies de Lucile. (XI)
SU.
SES ECRITS.
Sud. ibid. c. II. p. /^ATON ' laissa plusieurs ouvrages de sa façon, tant en
**• \Jprose qu'en vers. Mais il nous en reste aujourd'hui
peu de connoissance.
i,,i,, 1». ' Dans la classe des premiers, Suétone marque divers
Traités de Grammaire , ou qui concernent la Grammaiie ,
Grammaticos libellas^ dit cet Historien, sans en spécifier au-
cun en particulier. C'est peut-être autant pour ces écrits
sur la Grammaire, que pour la profession de Grammni-
c. 1. p. ffiî. rien qu'avoit exercée Caton , ' que Messala Corvinus le
qualifioit homme d'érudition, Literatore Catone.
c. II. p. Ki8. 2". ' Valere Caton avoit encore composé divers poè-
mes, dont les plus estimés étoient ceux qui portoient pour
titre Lidia et Diana. Le premier de ces deux poëmes me-
ritoit, au sentiment du Poëte Caïus Ticida, d être lu des
savans avec un soin extrême :
Lydia doctorum œaxima cura liber.
Epi. et poë. vet. 1. C'étoit aparemment l'éloge, ou l'adieu que faisoit ' Ca-
*■ P- ^*- ton à sa chère Lydie, qu'il fut contraint ae quiter avec sa
patrie, ses parens, ses neritages, et dont le souvenir lui
tenoit plus au cœur que toutes choses au monde, comme
il s'en exprime lui-même ailleurs. On trouve des vers ly-
riques, qui commencent par ces mots, Lydia bella pue lia.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 91
Ils ont long-tems porté le nom de Cornélius Gallus; mais caton.
les critiques conviennent qu'ils ne sont pas de lui. Il ne pa-
roît pas non plus qu'ils soient de Valere Caton.
3° ' Le poème intitulé Diana , n'étoit ni moins beau ni sa«t. ibij.
moins estimable que le précèdent, selon le jugement qu'en
a porté un autre Poète. C'est Caïus Helvius Cinna , qui
en parle ainsi :
Sxcula pcrmancat nostri Diana Galonis.
4°, ' Valere Caton avoit fait un autre poème, qui mal- Epi- «t poe. vei. i.
gré le malheur des temps est venu jusqu à nous. Il porte *' '"' '"'■"*■
pour titre Dirœ. Imprécations.' Le Gyraldi auroit voulu Gyr. poc. wst. dia.
substituer à ce titre celui d'mrf/f/wo/ib, qui pouvoit signifier *p*^3-
la même chose.' Il me semble même qu'au tems de Suétone il Suet. iwa
étoit ainsi intitulé. Car il ne paroït pas y avoir lieu de
douter que ce ne soit le même ouvrage qu'il marque sous
ce même titre.
' Ce poème avoit été précédé par quelques autres du Epi. et poë. ibi<i.
même Auteur, et sur le même sujet, aparemment par ce- ^'
lui de Lydia. C'est ce que font juger les deux vers suivans,
qui sont à la tête du poème.
Batlare, cycneas rcpetamus carminé voces.
Divisas itcrum scdes, et rura canamus.
' L'Auteur y déplore le malheur de son sort, de se voir p- 64.
obligé malgré lui de quiter son païs et sa chère Lydie.
Ecoutons-le parler lui-même sur ce triste sujet :
Tuque iniinica tui soniper discordia civis.
Exul ego, indemnatus, egens mea rura rellqui,
Miles ut accipiat funesti pnBinia belli.
Hic ego de tumulo mea rura novissima visam :
Hinc ibo in silvas : obstabunt jam milii colles,
Obstabunt montes, campos nec adiré licebit.
Dulcia rura valete, et Lydia dulcior illis,
Et casti fontes, et felix nomen agelli.
On a long-tems atribué ce poème à Virgile, entre les
catalectes duquel il a presque toujours été imprimé. Mais
Mij
92 ETAT DES LETRES
CATON. les meilleurs critiques l'ont enfin rendu à son véritable Au-
~^_ ;; teur. ' Il est inséré sous son nom dans le recueil dos an-
k^^'cl"''""' ciennes épigrammes et petites poésies, qui parut à Paris
1. Mor. c. p. 239. l'an 1590 en un volume in-12. ^ On marque même une
"■ édition particulière de ce poëme, faite à Leyde sous le
nom de notre Poëte, l'an 1632, avec les notes de Chri-
stophe Arnod.
Comme Pline l'ancien dans le dénombrement qu'il don-
ne des Auteurs dont il s'est servi pour son histoire, nomme
deux Gâtons, Cato Censorius, et Caton simplement dit,
on pourroif croire que ce dernier est Valerius Cato. Ne
seroit-ce point encore lui, ' que Lenœus, affranchi de Pom-
pée, auroit voulu désigner dans un de ses écrits ? C'est la
satyre qu'il fit pour décrier les ouvrages de Saluste l'Hi-
storien, et où entre autres défauts il lui reproche d'avoir
été un très-ignorant plagiaire des expressions de ceux qui
avoient écrit avant lui, et nommément de Caton.
Suet. iliiil. f- 1
p. 83t. R32.
Q. ROSCIUS,
GOMEDIE.N.
ROSCIUS.
QuiNTL's ' Roscius , le plus fameux Comédien qui ait
paru dans toute l'antiquité, étoit Gaulois de nation,
niîsc."r. To.'p.^asîîi et selon toute aparence de la Gaule Narbonnoise. La na-
crin.poe.iai. 1. 2. ^^^^ l'avoit omé de toutes les qualités imaginables pour le
théâtre: aussi passa-t-il pour un prodige en ce genre, seu-
lement il avoit les yeux un peu de travers, et la vûë dif-
cic. ii>i«|. I. 3. p. forme. ' Mais cela ne diminuoit rien de la bonne grâce qu'il
^^' "■ ■'■ avoit à parler, et ne l'obligea jamais à se servir de masque.
Des Gaules, Roscius passa à Rome, comme le lieu le plus
sym. I. I. pp. '2.-i| pi'opre à exercer sa proies.sion. ' Il s'y trouva en même-lems.
1. 10. «p. 2. qu'Esope, cet autre personnage si fameux pour les jeux de
théâtre. Il s'y firent l'un et l'autre une réputation très-
éclatante, mais qui ne fut pas égale : Neque par JEsojm et
Roscio fama processit . Autant qu'Ambivius l'emportoit pour
la déclamation au-dessus de Publius Pollio, autant Roscius
Q»'"' "■■ ' " <^ l'emporta pour le théâtre au-dessus d'Esope. ' Celui-ci qui
' '"' ■ ne représentoif que des pièces tragiques avoit plus de gra-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 03
vite que Roscius; mais Roscius, qui ne jouoit que des co- nosciiis.
médies, avoit plus de feu qu'Esope. ' L'un étoit un homme ; ,~ ^ , ^ ~\'
grave et sérieux , selon Horace , et l'autre, selon le même p. «si.
Poëte , étoit un homme docte et ingénieux : quœ gravis
JBsopus, quœ dodus Roscius egit.
Tout est plein des éloges de Roscius. Ciceron entre
autres semble avoir épuisé son éloquence à relever son
mérite et ses talens . ' Lorsqu'il paroissoit sur le théâtre , ci.-. d« or. . i. p.
c'éfoit toujours avec un air et une grâce qui charmoient ^^' "" '"'
tous les spectateurs. Ses discours, son geste, ses moindres
mouvemens, tout étoit de la plus grande justesse et de la
dernière régularité. C'est à ce Comédien , comme à un
modèle achevé de ce que doit ôtre un homme qui parle
en public , que Ciceron renvoie son Orateur. ' Et qui dou- p- <i»- ". 2.",.
te , dit-il , qu'en ce genre de personnage , un Orateur n'ait
besoin d'imiter le geste , le port , la bonne grâce de Ros-
cius î ' Oui , il faut qu'il sache comme lui , s'atirer de fre- do cia. or. p. aw.
quens aplaudis.semens, exciter de fréquentes saillies d'ad- " "**
miration , faire rire lorsqu'il veut , faire pleurer lorsqu'il
lui plaît. De sorte que ceux qui ne le peuvent voir que de
loin , comprennent néanmoins , sans savoir de quoi il s'a-
git, qu'il a le don de plaire, et que c'est Roscius qui est sur
le théâtre.
'On regardoit ce Comédien comme un homme si acom- <inor. 1. 1. p. 120.
pli dans sa profession , que pour relever le mérite de ceux "' ^"
aui excelloient en quelque art que ce pût être , on disoit
'eux en espèce de proverbe : C'est un autre Roscius. ' Ci- 1. 2. p. 103. n. 201
ceron ne fait pas difficulté de dire, qu'il auroit regardé ou jj'"",,'^"'"'- "• **•
comme effrontés ceux qui auroient osé représenter quelque
pièce en présence de ce Comédien; ou comme gens qui
auroient voulu risquer leur réputation, ceux qui se seroient
émancipés d'entrer en lice avec lui. ' Il étoit en une estime pro Ro». com. n.
si extraordinaire , que tous ceux qu'il formoit pour le theâ- * " '"' "'''
tre, passoient pour savoir beaucoup plus qu'ils ne savoient
effectivement.
Et ce qu'il y a de singulier ' pour Roscius , c'est que ce vai. Max. 1. s. c.
ne furent point les jeux de théâtre qui le rendirent cèle- '" "' '•
bre; mais ce fut plutôt lui-même qui rendit célèbres les
jeux de théâtre. Car on remarque qu'il ne s'hazarda ja-
mais de jouer aucun personnage, non pas même de faire un
seul geste en public, qu'il ne s'y fût exercé en son parti-
culier.
1 1
94 ETAT DES LETRES
Roscius. Ce n'est encore là que la moindre partie de l'éloge de
Roscius. Il ne possedoit pas seulement tous les talens pour
le théâtre, il réunissoit aussi en sa personne toutes les qua-
lités qui font l'homme d'honneur et de probité. Il ne lui
en manquoit qu'une , sans laquelle les autres n'étoient rien
aux yeux de Dieu : la grâce de connoitre l'Auteur de
tous ces dons, et de lui en raporter toute la gloire. A cela
cicer. pro. Ros. près ' les vcrtus intérieures de Roscius l'toienl au-dessus de
com. n. 6. p. 242. ^^^g g,,g taig^g extericurs. Il avoit encore plus de bonne
foi que d'industrie , plus de sincérité que d'habileté , et
passoit parmi les Romains pour plus grand homme de bien,
qu'habile homme pour le théâtre. Autant que son indu-
strie à jouer des pièces comiques le mettoit au-dessus de
tout autre pour le théâtre : autant sa tempérance le ren-
doit plus digne que tout autre do remplir une place dans
pro Quint, n. 25. le Sénat. Eu un mot, ' s'il étoit si habile Comédien qu'il
lî'v. 1. 1. n."!'. """■ sembloit être le seul digne de monter sur le théâtre , il
étoit si grand homme de bien , qu'il sembloit être le seul
cic. pro uos. com. qui n'y dût jamais paroitre. ' Personne ne passoit pour
•"■ ^*^" avoir ni des mœurs plus réglées , ni plus de pudeur , ni
plus d'humanité, ni plus de zèle pour obliger, ni plus de
libéralité que Roscius.
n. 9. p. 247. ' Il fit toujours voir , même avant qu'il fût devenu ri-
che , qu'il étoit et très-liberal et très-généreux. Mais il
donna encore dans la suite de plus grandes marques de
Macr. sai. 1. 2. c. son dcsinteressemeut et de sa générosité. ' La République
10. p. 360. j^j paioit par jour cent deniers de pension , sans y com-
piin. hist. I. 7. c. prendre ce qu'elle donnoit à ceux de u suite . ' Cette pen-
sion alloit par an, selon Pline, à une somme de sesterces
qui faisoient environ cinquante à soixante mille livres de
*^'«- »''''' •IP'''>>W notre monoïe. ' Roscius fut dix ans de suite sans être
paie de sa pension, et négligea ainsi d'amasser une somme
de six cent mille livres, sans cesser néanmoins les représen-
tations de théâtre. C'est ce que Ciceron avec son éloquen-
ce ordinaire relevé comme le trait de la plus grande gé-
nérosité.
Val. Max. ibi.i. ' Tant d'excellentcs qualités gagnèrent h Roscius l'af-
fection du Peuple, l'estime et les bonnes grâces des Grands.
Cic. ibid. n. 6. p. ' Pisou ct Sylla Butrc autres avoient pour lui une estime sin-
2«| Macr. ibid. p. gQ^gre; et ce dernier, lorsqu'il étoit Dictateur, lui fit pré-
sent d'un anneau d'or.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 95
'De même Ciceron, cet Orateur si célèbre, avoit con- noscius.
tracté une si étroite amitié avec Esope et Roscius, qu'il . ji^cr. ibid.
se faisoit un mérite d'emploïer son éloquence pour les louer
ou les défendie en toute rencontre. On en trouve d'illu-
stres preuves, dit Macrobe, tant dans ses epîtres, que dans
ses autres écrits. ' Ce fut en considération de Roscius, que *'c- pro. Quint, n.
cet Orateur entreprit de plaider la cause de Publius Quin- " '*'
tius, qui avoit épousé la sœur de notre Comédien, contre
' Sextus Nœvius pour qui Q. Hortensius devoit plaider. * n. 2. p. n.. u.
' Il nous reste encore un autre plaidoïer de Ciceron en pro. Ros. com. p.
faveur de Roscius même, contre C. Fannius au sujet du dif- '^^-'"''^
ferend qu'ils avoient enlre-eux. Celui-ci avoit donné à l'au-
tre un esclave pour le former aux jeux de théâtre, à con-
dition que l'esclave leur apartiendroit en commun. L'escla-
ve déjà instruit, un nommé Q. Flavius Tarquinensis le tua
et s'accommoda ensuite avec Roscius. Voilà le sujet du dif-
férend.
' Ciceron avoit coutume d'entrer agréablement en dis- Macr. ibid.
pute avec Roscius, à qui des deux exprimeroit la même
sentence en plus de diflerenles manières, ou l'un par ses
gestes et le mouvement de ses yeux, ou l'autre par les di-
vers tours de son éloquence. Celle émulation piqua no-
blement Roscius, et lui inspira une nouvelle estime pour
son art. Il poussa même la confiance jusqu'à ce point, qu'il
composa un Livre pour faire le parallèle des jeux de théâ-
tre avec l'éloquence. On ne nous aprend rien davantage de
cet unique écrit, que nous sachions être sorti de la plume
de Roscius.
' Cet homme si fameux mourut à Rome sous le Consulat ciccr. pro. Arch.
de M. Puppius Piso Frugi, et de Marcus Valerius Messala i'"^- «i- »■ p- s*'-
Niger, 61 ans (1) avant le commencement de notre Ere
vulgaire. Nous tirons cette époque d'un discours que Ci-
ceron prononça cette même année, et dans lequel il pleu-
re la mort de Roscius comme récente, et comme aïant été
un sujet de douleur à toute la ville. Il ne craint pas d'y
dire que bien que Ro.«cius fût mort dans une heureuse
vieillesse, il sembloit néanmoins qu'il ne dût jamais mou-
rir, tant à cause de sa bonne grâce à parler en public,
(t) 'La dernière édition dn Dictionnaire a Touin dire sans doute 80 ans avant J. C. nforeri R p 197 i
de Moreti porte , que ce Comédien très- puisqu'il est constant que Roscius monrot
fameux flonssoit vers l'an 50 do J. C. On assez long-lemps avant Ciceron. (XU.)
96 ETAT DES LETRES
r, ose lus. que de son habileté extraordinaire pour les jeux de
Ineâlre.
DIVITIAC,
Philosophe.
blVITlAC.
CiCERON, " qui avoit connu personnellement ce Philoso-
I). o. 1..Z/U. P^^- ^^"^ ^^ représente comme un des plus savans
entre ceux de la secte des Druides. En effet Divitiac avoit
une ronnoissance particulière des secrets de la Nature, cl
se mêloit même de pénétrer dans les secrets de l'avenir,
tant par le moïen des augures, que par les autres sortes de
ibid. I ca-Oxti.Cai. divinatious. ' Il étoit un des premiers de la ville d'Aulun,
■'^- ■ ■ ^Jl^ son savoir, sa probité, son amour pour la patrie lui
avoient acquis un grand crédit.
ctrs. iiiii. p. 30- ' Les Etats des Eduens dont Autun étoit la capitale, ne
33 1 1. e. p. 223. pouvant arêter les ravages des Germains, des Sequanois,
et des Auvergnats ligués ensemble, se résolurent d'avoir re-
cours aux Romains. Divitiac fut choisi pour aller à Rome
implorer du secours. Il se chargea de la commission avec
Pau. p. 2.S7. plaisir, et fit le voïage. ' Arrivé à Rome, il fut introduit
dans le Sénat, et le harangua apuïé sur son bouclier. On
lui acorda l'effet de sa demande ; et il fut ainsi le premier
qui introduisit les Romains dans cette partie des Gaules,
où ils n'avoienl point encore pénétré.
ç.Ts. ibiti. 1. I. p. ' Après que César y fut entré à la tête de dix légions,
et qu'il eut vaincu les llelveticns, presque toutes les prin-
cipales villes des Gaules lui envoïerent des Ambassadeurs,
qui étoient des premiers de leurs ciloïens, poui' cojjgru-
luler ce General, et le prier de les délivrer des incursions
des Germains, et des entreprises d'Arioviste leur chef, et
^^.TO-ssii. c. p. (le celles des Sequanois. ' Divitiac, qui avoit si bien réu.ssi
dans sa première ambassade fut chargé de porter la paro-
le pour tous les autres. Il prononça en cette ocasion un
autre discours, dont C4ésar nous a conservé lui-même le
précis, et qui est important pour ce point d'histoire. César
louché des raisons de Divitiac, .se prêta aux besoins des
Eduens,
DANS LES GAULES AVANT J. G. 97
Eduens, et rétablit bien-tôt leurs Etats dans leur première divitiac.
splendeur.
' Ce fut dès-lors que ce Capitaine Romain connoissant ^^^ ^^^ , ^
tout le mérite de Divitiac , voulut l'avoir toujours près de «.
sa personne. Il étoit celui de tous les Gaulois en qui Cé-
sar eût plus de confiance, et qui eût aussi plus de crédit
auprès de César. ' Il le logea chez lui à Autun , et fut son cic. itij.
Panégyriste en toute rencontre.
' Divitiac avoit un frère nommé Domnorix, esprit aussi ?f*;,''','|.'',P,v?'
„ , . -Il ■ • 16. 17. 1 1. "i. p. ici.
inquiet et remuant , que son Irere etoit tranquille et paci- les.
fique. Domnorix fit de grands mouvemens pour secouer
le joug des Romains, et dominer à leur place dans les
Gaules. De telles entreprises ne pouvoient qu'irriter l'es-
Erit de César : ' mais à la considération et h la prière de ce p- ^^
livitiac , il pardonna généreusement et à Domnorix et aux
autres Eduens qui avoient trempé dans sa révolte.
'César, pressé par le grand nombre d'autres révoltes qui '■ 2. p. es. oc.
se faisoient dans la Belgique, confia à Divitiac les forces
de son pais, pour entrer dans les Etats de ceux de Beau-
vais, tandis que lui César entreroit dans un autre pais.
'Divitiac en cette ocasion fit le métier de Capitaine contre p. '*• ^^^
ceux de Beauvais, et bien-tôt après le personnage d'entre-
metteur pour leur obtenir grâce de César.
On ne sait point ce que devint depuis ce grand homme,
dont César ne parle jamais qu'avec éloge. Il ne le faut
pas confondre au reste ' avec un autre Divitiac qui avoit p. 03
régné peu de temps auparavant dans le Soissonois et dans la
grande Bretagne.
C. VALERIUS PROCILLUS,
Favori et Ambassadeur de Cesar.
procillus.
CAïus ° Valerius Procillus étoit le premier et le . cœs. hci. Gai. i.
plus honête homme de la Gaule Narbonoise. " Il eut •• p- i^' '^■
pour père Caïus Valerius Caburus , qui avoit été fait ci- * p- '^^•
toïen Romain par Caïus Valerius Flaccus. A sa noblesse
et à sa probité Procillus joignoit beaucoup d'éloquence et
de courage. ' Toutes ces qualités le rendirent aimable à p. «9- eo.
Tome I. Prem. Part. N
1 1 *
98 ETAT DES LETKES
PROc ILEUS. César, qui l'aiant connu pour avoir logé chez lui, lui
donna depuis toute sa confiance.
Cas. bol. Cal. 1. 1. Commc Procillus possedoit parfaitement la langue gau-
p- Î53. loise, et qu'il éloit d'une fidélité éprouvée. César le choi-
sit avec Marcus Muttius pour ses Ambassadeurs auprès
d'Arioviste, Roi de ces Germains qui après avoir passé le
Rhein , s'étoient établis dans la Sequanoise. Mais ce Roi ,
violant le droit des gens, fit charger de chaînes Procillus
p. 60. et son collègue , et les garda ainsi dans son camp. ' On
jetta môme jusqu'à trois différentes fois le sort en pré-
sence de ce nome Gaulois , savoir si on le feroit brûler
sans délai , ou si on le reserveroit à un autre tems.
Heureusement pour lui le sort voulut que son suplice fût
p. 59. différé. ' Au bout de quelque tems César aïant défait
Arioviste , trouva son Ambassadeur en ce triste état , et
l'en délivra ' avec autant de joie , comme il le témoigne
lui-même, qu'il en eut de triompher de son ennemi.
L'antiquité ne nous fournit rien davantage pour pousser
plus loin l'histoire de Procillus. Seulement Pline l'ancien
dans le dénombrement qu'il fait des Auteurs, dont il s'est
servi pour composer son histoire naturelle , marque un
Procillus, comme aïant profité de ses écjits pour son hui-
tième et treizième Livre. Mais nous n'osons pas assurer
que ce soit le même dont nous venons de donner l'éloge ;
quoique la présomption soit en sa faveur.
Hani. inj. aiic. ' Pour cc qui cst dc cc Procillus , cité dans Varron au
piin. p. 127. quatrième Livre de la langue latine, et qualifié le plus ex-
cellent Grammairien de son siècle par Trebellius Pollio
dans Emilien, il ne paroît pas y avoir de doute, qu'il ne
soit différent de Procillus le Gaulois , comme aïant fleuri
assez long-tems avant lui.
T E L 0 N et
GYAUE'E.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 99
TELON
ET
G Y A R E' E,
AsTROiNOMES ET MATHEMATICIENS.
LA ' nature avoit uni ces deux frères par tant de divers Lucan. bel. dv. i.
endroits, qu'il n'y a pas moïen de les séparer. Ils na- ^' '' *'"^"®''*"
quirent jumeaux en Provence, ou à Marseille même, vers
le même-tems que Juh; Cé.sar à Rome. Il y avoit entre
eux deux une si parfaite ressemblance, pour le corps, l'es-
prit et les manières, que leurs propres parens prenoient
souvent l'un pour l'autre,
'Leur inclination, qui se trouvoit aussi la même, les v. 592. eoo.
porta l'un et l'autre a s'apliquer aux mêmes sciences. Ils
firent leur étude particulière des Mathématiques et de l'A-
stronomie, et excellèrent sur-tout dans l'art de la Marine.
C'ejt ce qui fait dire à Lucain, qui nous a conservé leur
mémoire, au'ils firent la gloire de leur patrie, comme ils
avoient fait la fécondité de leur mère.
' Stant fratres getnini fccundsc gloria matris. v. go3.
' Jusque-là, au sentiment de ce . Poëte, l'on n'avoit y. sw-soc.
point encore vu ni un plus savant Astronome, ni un plus
habile homme de mer que Telon.
Dirigit hue puppira miscri quoquc dextra Tclonis,
Qua nullam mclius pelago turbante carinse
Audivere manum, nec lux est notior ulli
Crastina, seu Phœbum videat, seu cornua Lunae,
Semper venturis componere carbasa venlis.
' Au commencement de la guerre entre Pompée et Ce- cœs. bel. cw. 1. 1.
sar, le premier aïant su gagner les Marseillois, ceux-ci ^'
refusèrent d'ouvrir leurs portes à son compétiteur. César
N ij
100 ETAT DES LETRES
T E L 0 N et piqué de cet affront, résolut de s'en venger, et de faire le
GYARE E. gj^gg jjg Marseille. * Avant qu'il en vînt à l'exécution, les
• Cacs. ibid. p. 493. MurseiUois excités par Domitius, l'un des premiers Offi-
b i!'2. p. 826-539. ciers de Pompée, voulurent tenter un combat naval. "" Il
Lncan. ibid. 1 Cîcs. y cu cut même deux qui se suivirent d'assez près. ' Telon
ut p. 527. **" ' 6t Gyarée eurent le commandement des vaisseaux de la
ville, et se distinguèrent à cette action avec toute la va-
leur des plus braves Capitaines, et la conduite d'hommes
de mer les plus habiles et les plus expérimentés.
Lucan ibid. ' ^^j*^ Tclon avoit Considérablement endommagé quel-
ques vaisseaux romains, lorsqu'il reçut un trait dans l'esto-
mac. Gyarée qui s'en aperçut, voulant sauter dans le vais-
seau de son frère pour le secourir, fut aussi percé d'une flè-
che, qui lui passant par les flancs, l'attacha à son vaisseau,
et lui ôta la vie.
V. 609. 631. ' Telon non-seulement survécut à sa blessure, mais don-
na encore depuis dans le même combat des maraues pro-
digieuses d'un courage et d'une valeur plus qu'héroïque.
Car aïant ensuite perdu la main droite, il ne laissa pas de
combatre encore et de manœuvrer. Il perdit peu après
la main gauche; et bien loin de se mettre à fond décale,
comme étant hors de combat, il voulut demeurer exposé
aux traits des ennemis. En cet état, ne pouvant plus leur
nuire autrement, il se jetla tout percé de coups dans un de
leurs vaisseaux, comme .si par le poids de son corps il eût
voulu le couler à fond. Enfin il fallut céder au sort. Le
vaisseau faisant eau de toutes parts", périt, et fît périr tous
ceux qui étoient dessus, Telon comme les autres. Le Poè-
te, tout païen qu'il cloit, faisant réflexion sur ce genre de
V. 601. mort, ' on prend ocasion de se rire de l'opinion de ceux qui
croient que les frères jumeaux ont le même sort, comme
nés sous la même constellation.
1. 3. V. 709-713. ' Dans ce même combat naval, où Telon et Gyarée fu-
rent tués, un nommé Lygdame soldat Marseillois perdit
Gnes. Ma.s3. 1. 1. aussi la vic. ' Le P. Guesnai, qui le nomme Lydan, nous le
doime pour un Philosophe qui fit honneur à sa patrie par
sa science dans les Mathématiques, comme excellent dans
les fortifications et la composition des machines de guerre.
Lucan. ibid. ' Mais Lucain, qui est peut-être le seul des anciens qui nous
fasse connoître ce Lygdame, ne nous le représente que
comme un homme très-adroit à jetter la fronde. Ce fut
DANS LES GAULES AVANT J. C. 101
avec cette sorte d'armes qu'avant que de recevoir le coup telon e-,
qui lui ôla la vie, il fit sortir les yeux de la tête à un sol- ^yare e.
dat Romain, nommé Tyrrene.
CORNELIUS GALLUS,
Poète.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
CORNELIUS * Gai.lus, l'un des plus célèbres Poëtes " ^ ^ ^ " ^'
de l'empire d'Auguste, naquit à Frejus (i) dans la ■ Hier. chr. p. «.
Gaule Narbonoise, en la 178 Olympiade, vers l'an 688
de la fondation de Rome. ' Il étoit de basse condition ; guet. cxs. i. 2 n
mais son mérite et la faveur du Prince relevèrent dans la ee.
suite à de grands honneurs.
' Gallus quitta sa patrie pour s'aller établir à Rome, m. gram. c. ic. p.
comme en usoient alors tous ceux qui vouloient ou faire ^^'
fortune, ou briller entre les beaux esprits. Il commença ••»<ii anv
par y signaler son amour pour les gens de letres, en rece-
vant chez lui avec beaucoup de bonté Quintus Cœcilius
Epirola, Précepteur de la femme de Marcus Agrippa, qui
avoit été disgracié. L'on fît depuis à Gallus un crime de
cet acte de générosité envers Epirota, qui devint ensuite
un célèbre Professeur de Grammaire.
' Le principal talent de Gallus fut pour la Poësie. Il ex- virg. eà. e. y. 64-
celloit particulièrement dans l'élégie et le poëme épique, ^io^^f^cr^^poi'
Rien~tôt il s'acquit une estime générale, et passa pour un '»'• '• 3. c. «.
des plus grands favoris des Muses. En cette qualité ' il lia serv. iwd 1 cnn.
une étroite amitié avec les plus illustres Poëtes de son vôss.L^t■.g■r.^'. 2.
tems. Parthenius l'un d'entre eux, qui fleurissoit dès le '•'•
(1) Comme le terme latin dont se sert alors une colonie Romaine pins célèbre
S. Jérôme pour exprimer la patrie de Gai- que le Frioul. D'ailleurs , outre que le
lus , sigoiûe et la ville de Frejus en Pro- nom de Gallus supose un homme origi-
yence, et le Frioul en Italie, quelques nairement Gaulois , S. Jerùme marque
ItaUens suivis par quelques [François mo- ici le lieu fixe de la naissance de ce Poëte,
dernes , l'ont entendu en cette dernière plutôt que le nom gênerai et indéterminé
signification. Mais il paroit indubitable de son pais,
qu'il faut l'entendre de Frejus, qui étoit
102 ETAT DES LETRES
G AL LUS. commencement de l'empire d'Auguste, lui dédia l'Ouvra-
ge erotique que nous avons encore de lui, et qui est fort
estimé de ceux qui aiment ces sortes de poèmes. C'est enco-
re à Gallus que le Poëte Bibaculus adresse les vers qu'il
fit sur Valere Caton, et que nous avons raporlés ailleurs.
i!"n. p!"iU.^""'' ' Mais le plus intime, comme le plus illustre ami de Gal-
lus entre les savans de profession, fut le Poêle Virgile. Ce-
lui-ci emploïa sa plume en diverses rencontres, pour faire
l'éloge de Gallus. Il y avoit consacré le quatrième Livre
de ses Georgiques, depuis le milieu jusqu'à la fin. Mais il
fut obligé dans la suite par ordre d'Auguste, de substituer
_ier. cir. p. ^ ^^^ endroit la fable d'Aristée. ' Il est néanmoins des
Ecrivains, qui croient que c'est toujours de Gallus sous le
nom du pasteur Aristée, que Virgile y parle, en faisant
Crin. ibiJ. allusiou à la fable prise du 18" Livre de l'Iliade. ' De mê-
me quelques autres estiment, que c'est aussi de notre Poë-
te sous le nom de Melibée que prétend encore parler Vir-
gile dans sa première églogue.
Scrv ibid. ' Après que Cytheris affranchie de Volumnius, et l'une
des maîtresses de Gallus, eut quilé notre Poëte, pour
I s'attacher à Antoine, Virgile entreprit à ce sujet sa 10°
églogue, afin d'adoucir la peine que cette infidélité cau-
virc ibid ^^^^ ^ ^^^ '^^^- ' ^^ ^^'^^ cucorc dc lui daus sa 6° églogue une
mention beaucoup plus honorable, en nous le réprésentant
comme un Poëte célèbre, chéri des Muses, et comparable
à Hésiode.
suct ca-s I 2 n ' ^ugustc dc son côté prit Gallus en une telle affection,
60. ' • — • qy'ii l't',leva aux premières charges de l'Empire. " D'abord
• Dio. 1. 5i.p. 513. [\ lui confia le commandement de quelques troupes contre
Marc Antoine, sur qui Gallus prit la ville de Pareloine,
s'o s»! snet ^'* ^^^^ ^^ '^^^^ '^ ^^^^ ^^'^^ ^^^^^ ^^ '^^''* ' Aussi-tôt après
ibid'i ffier'. chr. p.' la défaite d'Antoinc et de Cleopatre, Auguste réduisit l'E-
41. M73!' '■ '"■ gypte en une Province de l'Empire, et en donna le gou-
vernement à Gallus, la seconde année de la 187' Olym-'
piade, lorsque commençoit la nouvelle Ere Egyptienne.
Gallus eut ainsi l'honneur d'être le premier Préfet qu'eu-
rent les Romains dans cette Province; et son gouverne-
ment fut de quatre ans.
'Mais Gallus oubliant bien-tôt une faveur si signalée,
M.""?. 787. ' '^'°* '' ^® '^^^^ ^ ^^^ mauvais génie, et s'alira l'indignation de
l'Empereur par une conduite indigne d'un favori de Prin-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 103
ce. '^ Non seulement il ne se servit de l'autorité que lui gallus.
donnoil sa charge, que pour amasser des richesses, épui- ~~ '
sant en particulier la ville de Thebes ; ^ il se comporta en- is9."""' ' " ^'
core comme s'il n'avoit point eu de Maître au-dessus de lui. " •*'»• »'''J-
Il se fit dresser des statues par toute l'Egypte, fit graver
ses grandes actions sur les pyramides, et répandit dans
le public plusieurs choses injurieuses à son souverain. ' Il Sm-. iwa.
conspira même contre l'Empereur, s'il en faut croire Ser-.
vins.
' Auguste, qui ne pouvoit se livrer à tous les mouve- ^uct. iwa. i Dio,
mens de son indignation contre les personnes qu'il avoit
une fois aimées, se contenta d'abord de bannir Gallus de
tous ses Etals. Ensuite il l'abandonna à la discrétion de ses
acusateurs, et au jugement du Sénat, qui le condamna à
mort. ' A cette nouvelle Gallus voulant sans doute éviter pip, iud. | iiier;
une mort et plus cruelle et plus honteuse, se tua de sa pro- ''^'^'
pre main. S. Jérôme place cet événement en la seconde
année de la 188* Olympiade, et la 40" de l'âge de Gallus,
26 ans avant le commencement de l'Ere Chrétienne. ' Ovi- ovùi. am. i. s. ci.
de et Porperce font mention de cette mort, qui avoit pré- l' ^j "^jj' ^y%l]
cédé celle de Tibulle, de Catulle, et de Calvus, trois ce- 02. ' '
Icbrcs Poètes du même-tems.
Sanguinis atque anima) prodige Galle tuœ, , ^^jj
dit Ovide.
Quelques modernes ont confondu par erreur notre Poëte
avec C. Mlixis Gallus, qui a écrit sur la signification des ter-
mes qui regardent le Droit Civil. ' Mais Strabon intime ami strab. 1. n. p.
de cet JElius Gallus, le distingue clairement de Cor- *^-
nelius Gallus. Celui-ci, selon Strabon, fut le premier à
qui Auguste confia le gouvernement d'Egypte; et Mhus
Gallus ne l'eut qu'après Caïus Petronius, qui avoit succé-
dé à notre Poëte dans cette dignité. On 1 a aussi confon-
du quelquefois, sans plus de fondement, avec les divers au-
tres Gallus, dont parle Properce: ce qui lui a fait donner
difTerens prénoms. Il est encore différent d'un autre ' Cor- y^, j,^, , g ^
nelius Gallus, qui au raport de Valere Maxime, et de Pline 12. n. 8ii>un. iiist!
l'ancien après lui, avoit été Préteur, et qui perdit la vie
dans une action infâme.
G A L L U s.
104 ETAT DES LETRES
S- n.
SES ECRITS.
LEs anciens Ecrivains qui parlent de Gallus, lui atri-
buent divers ouvrages. Mais il ne nous en reste peut-
être rien aujourd'hui, ni en tout ni en partie; quoique son
nom paroisse à la tête de quelques pièces de poésies.
Senr in virg. p. 1". ' Servius assurc que Gallus avoit écrit quatre Livres
*"■ de ses amours pour Cytheris, qu'il y nommoit Lycoris,
Ovid. trisu 1. 2. T. afin de déguiser son nom au public. ' Ovide paroît mar-
quer assez clairement cet Ouvrage, lorsqu'il dit :
Ncc fuit opprobrio célébrasse Lycorida Gallo.
am. 1. 1. cl. 15. V. ' Ce fut encore à l'ocasion de ces poésies de Gallus, que le
même Poëte faisant l'éloge des plus illustres Poètes, dont
les écrits dévoient être immortels, dit de Gallus en par-
ticulier :
Gallus et Hesperiis, et Gallus notus Ëoïs :
Et sua cum Gallo nota Lycoris crit.
Mart. 1. 8. «pi. 73. ' Le même Ouvrage a fait naître à Martial la pensée, que
c'étoit Lycoris qui avoit inspiré à Gallus le génie qu'il
avoit pour la poésie.
Virg- e«J- .^0 Ino'l 2". ' Gallus mit de grec en vers latins une partie, ou mê-
87^' '" '^' ^' me tout l'ouvrage d'Euphorion Poète de Chalcide, Biblio-
thécaire d'Antiochus le grand. Roi de Syrie. On croit
que c'est à cette traduction de Gallus, que Virgile fait
allusion dans sa 10* églogue, où il fait amsi parler notre
Poète :
Ibo et Chalcidico quœ sunt mihi condita versu
Carmina pastoris Siculi modulabor avena.
Crin. poï. lat. 1. 3". ' Gallus laissa un recueil d'élégies, où brilloient,
3. e. «. dit-on, les beautés de son esprit et de son style. Nous
avons déjà observé qu'il avoit un talent particulier pour
cette sorte de poésie; et Diomede soutient qu'il mérite en
Qoint. or. !. 10. c. cela d'aller de pair avec TibuUe et Properce. ' Quintilien
I. p. 639. "^ • *^ , .
neanmoms
DANS LES GAULES AVANT J. C. 105
néanmoins n'est pas tout à fait de ce sentiment, avouant gallus.
que Gallus n'a pas la douceur et l'élegance de ces deux
autres Poêles: l] troque durior Gallus. Quoi qu'il en soit, ce .
recueil d'élégies si vanté n'est peut-être autre chose que les
quatre Livres des amours de Gallus pour Lycoris, qui ne
se trouvent plus nulle part.
' On voit six autres élégies, avec des vers lyriques, qui Poif. i.ii. cor,>. p.
commencent par ces mots, Lydia bella puella : le tout sous le Jf^.' Jn." i! î!**p;
nom de notre Poète, et souvent imprimé à la fin des Oeu- "*• -•
vres de Tibulle, Catulle, Properce, et ailleurs. ' Les mo- «aii. jhr. pos. la-.
dernes sont fort partagés de sentiment sur ces six élégies, p- 124-127.
tant pour leur mérite propre, que pour la personne de leur
Auteur.
' Quant à leur mérite, le P. Rapin y trouve une grande '^a. p. 121.
pureté, beaucoup de délicatesse, et les juge mieux soute-
nues et plus rondes que celles et de Mecenas et de Catul-
le. ' Au contraire Scaliger le père, outre plusieurs autres i>- «^e. 127.
défauts, y remarque la dureté que Quintilien avoit déjà
obsei-vée dans les véritables poésies de Gallus. ' Il ne lais- p. 120.
se pas toutefois d'avouer, que cette dureté est moins desa-
gréable à cause de certaines beautés, et de quelques grâ-
ces que l'Auteur y a su répandre. Pour les vers lyriques,
il estime qu'ils ne peuvent venir que d'un Auteur fort im-
pertinent et fort inepte des tems po.stcrieurs.
' Les autres critiques vont encore plus loin, et jugent p- ^-'
que le Poëte qui a prêté sa plume à ces pièces, étoit un
barbare, qui ne savoit pas la langue latine; qu'elles sont
Irès-infames pour les choses qu'elles contiennent; que
tout y est puérile, extravagant et peu correct.
On ne sauroit néanmoins disconvenir, qu'il n'y ait
quelques beaux endroits dans ces élégies. Dans quel Au-
teur païen trouvera-t-on rien et de plus juste et de plus
sensé que ce que ce Poëte dit sur la mort, et sur l'ava-
rice? De même, la peinture qu'il fait de la vieillesse en
un endroit, est aussi instructive qu'humiliante. Le Lecteur
en jugera par lui-même.
Tomel. Prcm. Part. 0
106 ETAT DES LETHES
G A L L U s.
Pov. lat. Corp. ibib.
SUR LA MOUT.
Omnibus est cadem lethi via, non tamcn unus
Est vitœ cuactis cxiliiquc inodus.
llac pucri atquc soncs pariler juveacsquc feriuntur :
Hac par divitibus paupcr egenus crit.
SUR L'AVARICE.
Ouid mihi divitiaj quarum sidcnicris usum,
Uuaravis largus opum, scmpor cgcnusero ?
Imo ctiam pœna est, partis imcumk^re rcbus,
Quas cum possidcas, est violarc nefas.
Non aliter sitiens vicinas Tantalus undas
Captât, et appositis abstinct ora cibis.
SUR LA VIEILLESSE.
Strat dubius trcmulusquc soncx, scmperque nialorum
Gredulus, et stultus quio facit ipsc timet.
Laudat pnuteritos, pncsentcs despicit annos.
lloc tantum rectum quod facit ipse putat.
Ortus cuucla suos repetunt, mortemque requirunt.
Et redit ad nibilum, quod fuit ante nihil.
Hinc est quod baculo iiicumbens ruilura 8onectus,
Assiduo pigram verberc puisât humum .
Et numcrosa movens ccrto vcstigia passu,
Talia rugato crediturorcloqui :
Suscipc me gcnitrix, nati miserere laborum ;
Membravelis grcmio fessa fovcre tuo.
Mais il faut aussi avouer que touh^s ces beautés suut
eclypsées par divers autres endroits, tout à fait indignes
d'un lecteur qui a les yeux et le cœur chastes.
t'ab. lib. iat. p. .ii| A l'égard de l'Auteur de ces poésies, ' presque tous les
i»^i. ibui. p. 12 . modernes depuis le Gyraldi, s'acordent à dire qu'elles ne
sont point de Cornélius Gallus. U n'y a guéres que le P.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 107
Rapin, qui les supose de ce Poëte. On les donne le plus gallus,
ordinairement à un certain Maximien peu connu d'ailleurs.
' Cest sous son nom que Pierre Pithou les fit imprimer en p'- «|,p<»«- ^«1. '.
1690, dans son recueil des petites pièces de poësie des an-
ciens. L'Auteur en divers endroits s'y représente comme
un vieillard, et se i)laint des incommodités de la vieillesse.
En faudroit-il davantage pour refuser ces élégies à Gallus,
qui finit ses jours à la fleur de son âge ? D'ailleurs l'endroit
qui traite de la mort, n'étant visiblement qu'une imita-
tion des pensées suivantes d'Horace sur le môme sujet, su-
pose un Auteur postérieur au siècle d'Auguste. Voici les
vers d'Horace qui ont fourni la matière à ceux qu'on at-
tribue à Gallus.
scd una manel nox , Hor. I. i. od. 23."
Et calcanda semed vialcllii.
'sc'd improvisa letlii '• 2. od. lo.
Vis rapuit, rapielnuc gcntcs.
' a>qua tellus od. IR.
Pauperi rccluditur,
Regumque pueris.
. ' œquà loge nécessitas •• 3. od. i.
Sortitur insignes et imos.
' Il y a une autre élégie que M. Pithou dans le même chor. poc. 1. 1 p.
recueil a laissée sous le nom de notre Poëte, et qu'Aide cfpo'i;. vet.'i. a.'î');
Manuce avoit publiée long-tems auparavant sous le même *'**'*-■
nom. Mais on n'ose pas garantir qu'elle soit de l'ancien
Gallus, quoiqu'elle paroisse faite sous l'empire d'Auguste,
et qu'elle traite de Lycoris en particulier. Elle est plus en-
tière dans le recueil de Pithou, que dans le chœur des
Poètes. Il y manque néanmoins plusieurs vers dans l'une
et l'autre édition.
' On trouve encore sous le nom de Cornélius Gallus une |^P'-^e' po'-- vei. i.
épigramme adressée à Auguste, au sujet de l'exil du Poëte ''■ '
Virgile, et à la louange de son Enéide. On l'a même mi-
se à la tête de plusieurs éditions de ce Poëte. Mais on re-
marque qu'elle n'est pas de notre Gallus, n'étant qu'une
imitation de Sulpice de Carthagc.
A". ' Quinlilien fait mention d'une harangue contre 9"'"^°'- '' ' '^'
Pollio, que les uns attribuoient à Labienus, d'autres à "'' ''
0 i j
108 ETAT DES LETRES
GALLUS. Cornélius Gallus. C'est peut-être sur ce fondement, " que
, P^i, i,,ij quelques Ecrivains donnent à Gallus la qualité d'Orateur
"Quint. ibiJ. avcc cellc de Poëte. ■• L'Auteur dans cette pièce emploïoit
le terme gaulois Casnar, au lieu d'Assectator, pour signi-
fier un homme qui recherche une fdlc pour lui ravir son
honneur.
PUBLIUS TERENTIUS
VARRO,
Poète et IIistouien.
S- I-
l^IISTOIRE DE SA VIE.
VARRON. -pUBLins " Terentîi's Varro commença à paroître
— : — -7— - Je sur le Parnasse dès le tems de Jule César et des Trium-
î. c"To. "" ' ' ' ' virs, et continua à fleui'ir plusieurs années .sous l'empire
Hier. ciir. p. 40. d'Auguslc. ' Il étoit né cl Atace petit bourg sur la rivière
d'Aude, dans la Gaule Narbonoise, la seconde année de
la 174'' Olympiade, l'an 671 d& la Fondation de Rome.
C'est du lieu de sa nai.ssance, que les anciens lui ont donné
le surnom d'Atacinus, pour le distinguer de Marcus Te-
rentius Varro, le Père de l'érudition Romaine, avec le-
quel divers modernes l'ont confondu.
Cyr.iiisi. poi'.diai. ' Il s'e.st toutefois trouvé des Ecrivains, qui prétendoient
i. i>. âo». qyg çg surnom de notre Poëte étoit Atratinus, et non pas
Atacinus, comme étant descendu d'une ancienne famille,
de Rome nommée Atralina. Mais cette nouvelle opinion,
remarque un Italien même, ne peut prescrire contre l'auto-
rité de S. Jérôme et de Porphirion, qui le font natif
d' Atace dans la province de Narbone.
i"c"'33Ti'3'*''53' Varron étoit un très-bel esprit, et avoit des disposi-
tions merveilleuses pour la poésie. Il s'y apliqua avec suc-
cès, et mérita d'être mis au nombre de ceux qui excel-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 109
loient dans l'élégie et le poëme épique. " Mais il tenta en varuon.
vain, selon Horace, de réussir dans la satyre. ^
Il quitta sa patrie pour aller à Rome, qui étoit alors le v. le.'
centre des beaux esprits, et le théâtre des savans. Il y fit
connaissance, et lia même amitié avec les plus célèbres
Poëtes de son tems, Horace, Virgile, Ovide, Properce,
qui ne parlent de lui qu'avec honneur. Virgile, le grand
Virgile, faisoit en particulier tant d'estime de ce qui sor-
toit de la plume de notre Poëte, qu'il ne craignoit point
de se deshonorer ' en imitant ses pensées et ses expressions, Frag. poë.p. 304.
et en empruntant même quelques-uns de ses vers.
Varron ne se borna pas seulement à la poésie, il s'apli-
qua encore à l'étude de l'histoire ; et par 1 aplication qu'il
y donna en écrivant en ce genre de literature, il joignit
au titre de Poëte celui d'Historien. ' Afin de mieux réus- Hier, iiii.i. 1 Cnn.
sir à imiter le génie et l'érudition des Grecs, il étudia leur '''"'■ '■ "" "' '^''
langue, étant alors âgé de 35 ans. Un travail aussi ingrat
auroit pu rebuter tout autre homme de cet âge, qui auroit
eu moins d'ardeur de se perfectionner dans toutes les belles
connoissances. On peut juger du progrès que fit Varron
dans cette langue, par l'estime aue les anciens témoignent
des traductions qu'il fit de grec en latin.
Il vêquit encore plusieurs années depuis ce travail. Mais
il semble qu'il n'étoit plus au monde, ' lorsque Properce Prop. 1. 2. ci. sv.
disoit de lui
V. a"., «i.
Hœc quoque perfccto ludebat Jasonc Varro ;
Varro Leucadiii: maxima (lamina suiB.
Cette Leucadie étoit la Maîtresse chérie de Varron, en
quoi il a fait voir qu'il étoit sujet aux mêmes foiblesses que
les autres Poëtes païens. ' Velleïus Paterculus le compte Paierc. i. 2. n. 33.
parmi les plus grands génies qui illustrèrent le règne d'Au-
guste: tels que furent Gorvinus, Asinius Pollio, Saluste,
Lucrèce, Virgile, Rabirius, Catulle, Tibulle, Ovide.
1 2
VAUUON.
110 ETAT DES LETRES
S- II-
■ SES ECRITS.
A quelques vers près des poésies de Varron, qui se
trouvent dans les anciens Auteurs, le malheur des
tems nous a envié tout le reste. Nous n'avons même qu'u-
ne connoissance fort imparfaite des Ouvrages qu'on lui
atribuë, et qui ne sont peut-être que la moindre partie (Je
ceux qu'il avoit composés,
voss. iiist. lat. 1. 1. 1°- 'Il fil 6n vers l'histoire de la guerre des Sequanois.
clé. C'est aparemment de celle * dont parle César, lorsque les
G.'^pf'm' ^*'' '' Sequanois ligués avec les Germains et les Auvergnats, ra-
vagèrent les Etats des Eduens : ce qui obligea ceux-ci à
apeller les Romains à leur secours. ' Priscien en cite le se-
Voss. ibid. '^ j I, •
cond l:ivre.
a,i.i. 2°. ' Varron traduisit de grec en latin le poëme qu'A-
f)olloniu3 de Rodes avoit composé en quatre Livres, sous
e titre d'Argonautes, où il décrit la conquête de la Toi-
son d'or par Jason. Ovide, Properce, Stace, Valerius
Probus, et encore quelques autres, font mention de celle
traduction par notre Poëte. Il paroît assez clairement par
le texte de Properce que nous avons raporté plus haut,
Ovi.i. ar. am. 1. 3. quc cctto traductiou étoit en vers. ' Ovide la marque en
V. 33... 33e. ^j^y^ differens endroits de ses poésies.
Dictaque Varroni fulvis insignia villis
Vellera German;r, Phryxc, qucrcnda tuac,
Ara. 1. 1. cl. iri. V. ' Varronem, prlmamque ratcm quaî ncsciet actas,
-'• •'•-• Aurea yKsonio tcrgapetita duci?
Quint, or. I. 10. c. ' Quintilicu parle aussi de cet Ouvrage de Varron avec
I. p. G37. u.!8. quelque estime. Quoiqu'il ne le trouvât pas assez riche en
«'ixpi-essions pour servir à former son Orateur, il ne laisse
pas d'avouer qu'il a fait honneur à son Auteur, et qu'il
n'est pas à mépi-iser. Attacinns Varro,per quœ est nomen asse-
quntiis, iriterjtres operis alicni, non spcrnendus qxiidcm, etc.
i»rop. 1. 2. <i. 31. 3°. ' On tire de Properce, que Varron avoit composé di-
L.Ti^rM.'^'' vers poëmes ou élégies à l'honneur de sa chère Leucadie.
En effet ce Poëte témoigne en formes assez clairs, que
DANS LES GAULES AVANT J. G. lil
Varron avoit fait en faveur de Leucadie, ce que lui Pro- varron.
perce avoit fait pour sa Cynthie, Gallus pour sa Lycoris,
Catulle pour sa Lesbie, et Calvus pour sa Quintillie. Ainsi
il n'y a pas lieu de douter que Varron n'ait écrit quelque
Ouvrage erotique, dont nous sommes privés sans avoir
fait une grande perte.
4"; ' Festus au raport de Vossius, cite de notre Poëte un Voss. ibMiPoc.iai.
,...,, ,\r, _,, ,. ,, c. 2. p. 237. I.
autre écrit mtitule 1 Liirope. L est-la tout ce que 1 on nous
en aprend, et que nous pouvons peut-être espérer d'en sa-
voir.
11 semble ' que c'est sous le nom de notre Varron, que Macr. saïunu i. a.
Macrobe parlant des honneurs que les païens rendoienl à
Hercule, cite une satyre intitulée irjpl xtpauvoù de la fou-
dre. Plusieurs raisons le font juger ainsi. 1". Il est certain,
selon Horace, que notre Poëte composa quelques satyres,
quoiqu'il n'eût pas autant de dispositions pour ce genre de
poésie que pour d'autres. 2°. Nous avons vu qu'il savoit
le grec; ainsi il pouvoit exercer sa muse en cette langue,
comme en sa langue naturelle. 3°. Macrobe en nommant
l'Auteur de cette satyre, lui donne le prénom de Teren-
tius; et lorsqu'il cite Varron le Romain, ou il lui donne le
prénom de Marcus, ou il le désigne par d'autres endroits
qui le font aisément connoître. II paroît donc par Macro-
be, que cette satyre apartient à Varron d'Atace.
On pourroit faire à peu pt-ès le même raisonnement
' sur deux autres satyres citées sous le nom de Varron par l'iJn'iisi.pr.p.io.
Pline l'ancien. Elles sont intitulées, l'une Se^cM/y^-se^, com-
me s'il vouloit dire, Sesqui-Ulysses, et l'autre Flextabida.
Pline reprend l'Auteur de ce que dans la première il a fait
trop sérieusement de Furius Bibaculus un homme fin,
adroit, poli, ingénieux, et d'avoir élevé au-dessus d'Ulys-
se, cet homme qui n'étoit que ce que porte son nom. Cet-
te circonstance nous autorise à croire que ces satyres sont
plutôt de Varron d'Atace, que de Varron le Romain. Car
celui-ci étant beaucoup plus ancien que le Poëte Bibacu-
lus, mourut sans doute avant lui. Et il y a bien de l'apa-
rence que la satyre Sesqui-Ulysses étoit l'apothéose de ce
Poëte, qu'aura faite Varron d'Atace qui le survêquit. ' Ces noi. p. lo. t. %
deux satyres se trouvent encore citées sous le nom de Var-
ron par Nonius en divers endroits. ' Au reste la ressem- voss. po . lat. c.
blance des noms a fait souvent atribuer à l'un de ces Var- '■ ^' "i"'
112 ETAT DES LETRES
VARRON. rons, des écrits qui apartiennent à l'autre. Le (ïy raidi est
tombé lui-même dans cette faute, en donnant à Varron
le Romain les deux vers suivans, qui sont de Varron d'A-
tace.
Marmorco Licinus tumulo jacct, at Cato parvo ;
Poinpcïus nullo : credimus esse Dcos ?
Il faut bien que les écrits de notre Poëte aient été fort
célèbres dans l'antiquité, pour les voir ainsi cités par les
anciens Ecrivains. Car outre ceux que nous venons de
nommer, Probus, Seneque le père, Priscien, Servius et
quelques autres en font encore mention, et en raportent
même des vers entiers. Pline l'Historien avoue en avoir
profilé pour les Livres 3*, 4% 5", et 6% de son Histoire na-
turelle. Ce n'est pas tout,
scnoc. cont. ibi.i, ' JuHus Montanus, habile Poëte du tems de Tibère, té-
moignoit qu'il y a dans Virgile des vers imités sur ceux de
Varron d'Atace. Seneque le père, qui raporle le fait, ra-
porte aussi les vers qu'il dit être excellens. Les voici.
Desicrant latiare canes, urbcsquc silebant.
Omnia noctis craat placida composta quicte.
C'est en prenant la pensée de ces deux vers, que Virgile a
fait les deux suivans.
Nox crat, et terras animalia fessa per omnes,
Alituum pecudumque gênas sopor altus liabebat.
Ovide portant son jugement sur les deux vers de Var-
ron, prétendoit qu'ils auroient mieux valu, si l'Auteur
en avoit retranché la fin, et qu'ils eussent fini par Omma
noctis erant. Mais Seneque soutient le contraire, et prend
contre Ovide la défense de leur beauté. Autre seroit, dit
Seneque, la signification du vers ainsi coupé; autre est la
signification du vers entier. Ovide trouvoit sa pensée dans
l'un ; Varron a fort bien exprimé la sienne dans l'autre.
Kr.ig. poc. p. 3(!t I ' c3n nous a encore conservé de notre Poëte les sept vers
pov. lai. corp. p. suivans, que Virgile a aussi imités pour les pensées, et dont
il
DANS LES GAULES AVANT J. G. 113
il a même copié un vers entier au second livre de ses Geor- varron.
giques.
Tum liceat Pelagi volucrcs tardœque paludis
Cernere inexpleto studio cerlarc lavandi,
Etvclut insolitum pennis infundere rorem.
Aut arguta lacus circumvolitavit hirundo.
Et bos susplciens cœlum (mirabilc visu)
Naribus aërium patulis decerpsit odorcm :
Nec tcnuis formica cavis non cveliit ova.
'L'on remarque encore que Virgile a emprunté de Var- Frag. i>oi;. p. 3(i.-j j
ron d'Atace cet autre vers, qui se lit au même endroit de "' * '"'^'""'
ses poésies.
Frigidus et silvis aquilo dccussit honorem.
' Priscien voulant montrer la justesse des pensées de no- ciin. ibi.i.
trc Poëte, en raporte ces trois vers, que l'on a recueillis
dans le corps des anciens Poètes latins, et ailleurs.
Ergo intcr solis stationem, et sidéra scptem
Exporrecta jarel tellus : huic extima fluclu
Oceani, InteriorNeptuni cingitur ora.
' Geux qui ont pris le soin de ramasser les petites pièces '•"i"- <■' p»*'- vot.p.
des anciens Poëtes, y ont inséré l'épigramme suivante,
aue l'on croit être de Varron d'Atace, et qui a beaucoup
e raport aux trois vers précedens.
At qninque œtherius Zonis adcingitur orbis ;
Acvastantimashiemes, raediaraque calores
Sic terne extremas inter mediamque coluntur,
Quam solis valido nunquam vis auferat igné,
' Priscien et Gharisius citent du même Poëte les vers sui- •;'»?• p"iî- p- seo i
vans, pour montrer que mare chez les anciens se disoil à ''"*'• '•"•'^*"'i''''-
l'ablatif.
Cingitur Oceano, Lybicomare, llumine Nilo.
De même, Gharisius raporte de lui cet autre vers, pour
Tome I. Prem. Part. p
.12*
114 ETAT DES LETRES
VAURON. prouver quartf^uis est du f/minio : ce que fait aussi Nonius
pour le même sujet.
Ciijus ut aspcxit torta caput anguo rcvincluni.
TROGUS POMPEIUS,
HISTORIEN.
S- I-
ITISTOÏHE DE SA VIE.
T u 0 G u E T\E tous les Savans dont nous avons parlc^ jusqu'ici ,
voMi'KE. Uaucun n'a fait plus d'honneur à sa patrie que celui
jnsi. I. a. c. 5.p. dont nous entreprenons l'élo^'e. ' Il tiroit son origine du
<!'*• pais des (1) Vocontiens, qui éloient alliés des Romains,
et dont Vaison dans la premio-e V^iennoise étoit la capita-
le. Sa famille paroît avoir été une des plus distinguées des
Ciaules, tant par les chaires honorables qu'elle avoit exer-
cées, que par 1(!S grands services qu'elle avoit rendus à la
République.
ii,io. Troguo' aïeul paternel d<' noire Historien, se signala
dans la guerre de Serlorius, et merila par sa valeur le
droit de citoïen Romain. Cné(! Pompée en l'élevant à cet
honneur, lui donna l(! sui'iiom d(! Pompée, qui passa depuis
à ses descendans.
ji,i.i. ' Les enfans de Trogue soutinrent dignement la gloire
de leui- naissan<'('. L'un fut Ti-ibun ou (Jeneral d'une par-
tie de la cavalerie Romair)e du temsde la guerre contie Mi-
thridat(î sous h même Pompée L'autre se vit Secrétaire
du cabinet, et fut emploie en diverses ambassades sous Ju-
itiii. jiig. pr.'j. c. le César.' On sait que ces deux emplois demandoient
beaucoup de savoir et d'éloquence , et supo.soient un ha-
bile homme. C'étoit en pailiculier aux Secrétaires d'Etat
à dresser les letres , les rcscrits, les harangues etc. des
Souverains qui les emploïoient
(1) On voit par-là que c'est s;inii siijol (juc Jean de Giione a prélcniln qnn Tro-
ïuc Pompée étoil Esptii;nol.
ij. !). p. mi.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 115
•' Ce fut de ce Secrétaire que naquit Trogue Pompée t r o g u e
notre Historien. Le fils n'eut ni moins d'éloquence, ni ''"^p*'^''
moins de savoir que le père ; et s'il ne paroît pas avoir eu • jnsi. ibiu.
des emplois aussi éclatans , sa réputation le devint davan-
tage. Il possedoit parfaitement l'ancienne Géographie, et
savoit à fond la langue gréque cominti la latine. Le goût
qu'il avoit pour les sciences, le porta principalement à
I histoire. Avec tant d'avances, et le travail qu'il y joignit,
il s'acquit la gloire d'un des plus célèbres Historiens de son
tems, où les belles letres étoient dans toute leur splendeur.
' Il entreprit un dessein presque immense, qui deman- inef. p. i.
doit beaucoup de tra\ail et un grand courage, et qui pa-
roît à Justin aussi hardi en son genre, que le fut l'entrepri-
se d'Hercule. Ce dessein ne se borna à rien moins qu'à
écrire une histoire générale de tout ce qui s'étoit passé
dans le monde, depuis le commencement jusqu'au tems
où il vivoit. ' Pour y réussir il ramassa tout ce que les Grecs p-^-
avoient écrit en différens tems sur cette matière ; puis en
aïant retranché tout ce qui lui parut inutile, il fit du reste
le fonds de son histoire.
' Un des motifs qui l'engagèrent à se charger d'un travail ii>i'i-
aussi pénible, fut le désir de procurer au public la satisfa-
ction de lire en latin l'histoire des Grecs, comme il avoit
déjà le plaisir de lire en grec l'histoire des Romains. Quel-
que vaste que fût l'entreprise de Pompée, ' personne n'a Bail, iinii. p. 308.
mieux soutenu que lui la dignité de l'histoire, tant par la
gravité du sujet, que par la manière de le traiter.
' Trogue Pompée écrivoit sous Auguste, et vêquit au J^;'- '• "• «■ ^- 1'-
moins jusqu'après que cet Empereur eut vaincu les Espa-
gnols, et réduit leur pais en une province de l'Empire.
' Quelques savans le font contemporain de J. G. mais il y voss. iiisi. lai. i.i.
a plus d'aparence qu'il étoit mort quelques années avant "' *^'
la Naissance du Sauveur, ou au moins avant le commence-
ment de notre Ere vulgaire. On ne doit donc point s'ar-
rêter ' ni à ceux qui ne le font vivre que sous Tite Anto- Jusi. not. p. ±
nin, 'ni à ceux qui ne placent son père que sous l'empire Quim. aeci. pr. i».
de Caligula. ' Saluste et Tite-Live avoient néanmoins pu- Jusi. i. as. c. y. p.
blié déjà leurs ouvrages, lorsque Pompée mit le sien au ^'''
jour; puisqu'il les acuse l'un et l'autre d'inexactitude à sui-
vre les règles de l'histoire.
Il est peu d'Ecrivains dans l'antiquité, qui aïejit reçu
Pij
' Pliii. Iiist. I. 1
1 1 i. 11. (iOG.
ilO ETAT DES LETRES
TROGUK (Je la pari de ceux qui les ont suivis, des éloges plus nia-
''"*"'*''''• gnifiques, qu'en a reçu notre Historien. ° Pline l'ancien
le qualifie un Auteur très-sévere, et ipsc auctor severinsvmis :
ce qui donne une grande idée et du jugement et de la crili-
jusi. pr. p. 1. que de Trogue Pompée. ' Justin son abreviateur le nom-
me par excellence l'homme de l'ancienne éloquence, vir
vop. vil. Ain. 11. prisae eloquentiœ. ' Vopisque dans la vie d'Aurelien n'a pas
cru pouvoir mieux marquer l'estime qu'il en faisoit, que
de le mettre de niveau avec les Historiens du premier or-
dre, Saluste, Titc-Live, Tacite.
%• II-
SES ECRITS.
L'msToinE que laissa Trogue Pompée , étoit sans doute
un ouvrage très-considerable ; ' puisqu'elle compre-
noit 4i Livres ou volumes, qui en faisoient la division. Il
est aisé de juger du mérite de ce grand ouvrage par tout
ce que nous avons dit et des qualités de l'Auteur et du soin
qu'il aporla à le composer.
' Il y suivit l'ordre chronologique, et la suite des choses
ii>i.i. p. 1. -1. comme elles s'étoient passées. ' 11 y marquoit les règnes des
Rois, et les évenemens les plus remarquables qui étoient
arrivés chez toutes les Nations de la terre, en remontant
p. :i. jusqu'aux premières origines de toutes choses. ' Il y donnoit
une description des Roïaumes et des Provinces, comme
l'annonce le titre de son ouvrage, tel qu'il se lit dans quel-
ques manuscrits et en plusieurs éditions.
Vo.is. hisi. lai. 1. 1. ' Pompée l'intitula les Histoires Philippiques, ù l'imita-
[;;'î\l •''''''■ '"''■''"■ tion de Theopompe, qui avoit déjà publié en grec un ou-
vrage sous le même titre. Trogue Pompée en usa de la
sorte, parce que le règne de Philippe, à qui le Roïaurae
de Macédoine devoit son origine, étoit un des principaux
sujets qu'il entreprenoit d'y traiter. Il y emploïoit elTecli-
vement depuis le 7" Livre jusqu'au \\\
Ue tout ce grand ouvrage il ne nous reste aujourd'hui
que l'abrégé qu'en a fait Justin. L'on ne sauroit trop en dé-
l)lorer la perte; et .si l'abrégé devoit faire périr l'oiiginal,
comme il y a tout lieu de croire qu'il l'u faitj la postérité
.se seroil fort bien passée du travail de l'Abreviateur. ,;
DANS LES GAULES AVANT J. C. 117
" Le slile do cet abrégé est néanmoins élégant et fleuri, et t it or. i; i-:
la diction plus pure que ne le sembloit permettre le siècle i'ompék.
où vivoit Justin. 11 ne faut pas s'en étonner. C'est un éfel , j„si. r,, ,„.
sans doute des beautés de l'ouvrage de Pompée, que
Justin aura retenues en partie. Quelque estimable au reste
que soit cet abrégé, il ne peut nous consoler qu'imparfai-
lement de la perle de son original. ' Car outre les fautes ''■';'■ I p.'.;'"
sur 1 lustou'c des Juits en particulier, outre les négligen-
ces, les contrariétés qui s'y trouvent, et que l'on doit plu-
tôt mettre sur le compte de l'Abreviateur que de les re-
jetler sur notre Historien, les tems y sont tellement con-
fondus, ' que l'on n'y découvre aucune trace de l'ordre que jhm. n. pr
Justin assure lui-même avoir été suivi par l'Auteur origi-
nal. De sorte que si, selon la remarque d'un savant, la
clironologie est l'œil de l'ijisloire, on peut dire que l'abré-
gé de Justin est aveugle.
' Justin ne qualifie son abrégé qu'un petit recueil de ■'"^i- 1» i>. ±
(leui-s, ou de ce qu'il y avoit de plus important dans le
grand ouvrage de Trogue Pompée. 11 a beau dire qu'il
n'en a retrancbé que ce qu'il a cru ne devoir pas [)laire à
.ses lecteurs, ou ne servir de rien pour leur instruction, il
nous donne suflisamment à juger que les retrancbemens
qu'il a faits sont Irès-considerables. Pourquoi , par exem-
ple, n'avoir rien inséré dans son abrégé des sept premicu-s
làvres de l'original, qui comprenoient , comme l'on croit,
ce que nous annonce le titre de l'histoire ' que Justin a i> '<■
retenu lui-même 1
Il est des Ecrivains qui, .sans y faire attention, ont pré-
tendu que ce Justin Abreviateur de Trogue i^ompée, étoit
.son propre fils, il est néanmoins comme certain qu'il n'a
fleuri tout au plutôt que sous l'empire de Tite Antonin,
vers le milieu du second siècle de l'Egli.se. ' On supose mê- Jmsi. fi. \n:
me qu'il dédia son abrégé à cet Empereur. ' Mais d'autres Kai). bib. un
qui paroissent avoir examiné la chose de plus près, soû- **''
tiennent que cette suposilion ne vient que de ce qu(; par
une erreur assez grossière on a confondu ce Justin avec l'il-
lustre S. Martyr de même nom, qui vivoit effectivement
sous Antonin le débonnaire, à qui il adressa une apologie
pour les Chrétiens. EfTeclivement Jacques Bongars, au ra-
port de M. Fabricius, a observé que l'inscription ou dédi-
cace prétendue de l'Abreviateur de notre Historien à cet
\
118 ETAT DES LETIIES
T R 0 G u E Empereur, ne se trouve dans aucun manuscrit. Ainsi l'on
POMPÉE. pj.yjj qy'ji y jj pjyg J'apareucc qu'elle n'a point eu d'au-
tre réalité que dans l'imagination de ceux qui l'ont in-
ventée.
Grand nombre d'anciens Ecrivains, tant ecclésiastiques
que profanes, entre autres S. Jérôme, S. Augustin, Oro-
se, Solin, Pline l'ancien, Priscien, Servius, Vopisque ci-
tent dans leurs écrits l'histoire de Troguc Pompée, et sous
son nom. Il se pouvoit faire néanmoins que quelques-uns
d'entre eux n'en eussent que l'abrégé par Justin, il semble
Aii;;. <iv. 1. i.c.G. en effet ' que S. Augustin ne l'avoit point autrement; puis-
que pour montrer que Ninus Roi d'Assyrie fut le premier
qui fit la guerre à ses voisins, afin d'étendre les terres de ses
états, il cite le commencement de cette histoire tel qu'il
est dans l'abrégé,
iii.r. in Dan. |.i. ' H y a toutcfois dcs prcuvcs qu'elle subsistoit encore en
p- "»"* I ' ■ ■•• p- son entier au commencement du cinquième siècle. S. Jé-
rôme l'avait lûë avec l'abrégé par Justin ; et il s'en est servi
pour expliquer le Prophète Daniel,
r.isn. iiih. un. 1. 1. 'Aide laîné et George Major prétendoienf même au
!lii."\"«î'- ibM°p.' commencement du 10'' siècle, que cette histoire originale
'"• .se trouvoit encore alors chez un savant, qui faisoit espérer
de la donner bien-tôt au public. Mais Vossius croit avec
raison , que c(; savant avoit imposé à ceux à qui il a fait
naître cette espérance.
Trogue Pompée est un des Auteurs dont Pline l'Histo-
rien a le plus profité pour composer son histoire naturelle.
11 avoue lui-même s'en être servi particulièrement pour
treize de ses Livres, depuis le 6° exclusivement jusqu'au
18° inclusivement et pour le 31".
piin. iiisi. 1. 7. c. 'Au septième Livre il raporte d'après Pompée, qu'en
' •'■ '■'■ i^gypte une femme avoit acouché de sept garçons à une
Solin. c. 1. p. i. .seule fois. ' Solin dit la même chose d'après notre Ilisto-
piin. ibi.i. rien. ' Pline copie ailleurs un assez long texte du même Au-'
teur, touchant les indices ou présages que les anciens ti-
noi. i. a. [>. «00. roient des traits du visage de l'honmie. ' On observe que
Pompée avoit pris cet endroit d'Aristote, qui dit la même
chose et en mêmes termes au chapitre 9' du premier Livre
de l'histoire des animaux. Quelque crédule que fût Pline,
1. 17. ' il ne laisse pas de relever comme pou vrai-semblables cer-
tains endroits de l'ouvrage de notre Historien. Par exem-
DANS LES GAULES AVANT J. C. 119
|)1p, il ne peut croire ce qu'il y avançoit sérieusement, en ^ifoMi'KV'
(lisant, que de semer des feuilles de palmier an pais de
liabylone, il en naissoit des arbres. 'De même, Yopisque Yoll.^il. Am. n. s.
lémoigne qu'il se Irouvoil dans celle histoire bien des cho-
ses que Trebellius IVdIio convainquoit de fausseté.
'On ne sait ce que signifie le litre d'un ouvrage, que voss. u.i.i. .■. 33.
nous donne Thomas James sous h', nom de Trogue Pompée
en ces termes: Epitomn historinruni por Trofjnm Pompeïmn,
libn IV. James dit que cet ouvrage se trouve manuscrit
dans la Bibliothèque du nouveau Collège d'Oxford.
' Cliarisius cite le Livre des animaux par Trogue Pom- y",^'=-.i';';i- <"• '" I
pee : ce qui jouit à ce que notre l^listorien avoit emprun-
!♦' d'Aristote, comme nous venons de le remarquer, fait
juger qu'il avoil effectivement i^crit sur cette matière.
%. IIL
Editions (h ce qui nous reste fie ses Ecrits.
ON ne sauroil disconvenir , que l'abrégé que Justin
nous a laissé de l'histoire de Trogue Pompée , n'apar-
tienne encore plus à l'Auteur original qu'à son Abrevia-
teur. C'est ce qui nous porte à en marquer les principales
éditions, sans nous arrêter à presqu'une infinité d'autres
de moindr(^ conséquence, faites en divers endroits pour
l'usage de la jeunesse qui suit le Collège.
'Les premières éditions de cet ouvrage que l'on con- «'i' an.j!tmo.i. i.
noisse, sont celles de 1470, par Nicolas Jenson, et de 1472 "' '' " "
par Sueinheim et Pannarts qui iniprimoient à Rome en
même-tems. ' Il y en eut une troisième édition en un volume Fab. lùb. lai. p.
in-folio, à Milan, l'an 1476, et une quatrième en même '"'
volume, l'an 1479, à Venise, où elle parut de nouveau
aussi in-folio, les années 1493, et 1494. * Denys Uoce, itii». i.ng.i-itai. p.
Imprimeur à Paris sur la fin du quinzième siècle, en pu- *"lt', "' „ ,. ,
11- I 1- • I • / 11 1 1. - * II'''- ff- lri«J-
blia une édition en un volume m-Y. sans nulle date. "On ùvai.
en trouve deux autres éditions faites aussi à Paris sans " •• • cas. B«n.
date comme la précédente : l'une en un petit in-¥. avec
Lucius Florus et Sextus Aurelius Victor, chez Jean Petit.
Celle-ci fut faite sur celle de Marcus Antonius Sabellicus,
qui par conséquent avoit déjà publié le même ouvrage.
'L'autre est aussi en un volume inA". chez Jean Petit, • • •■ ff. Prœd. ton.
oisâ. cen.
120 ETAT DES LETRES
T n 0 c u K mais l'Imprimeur fut Jean de Bonncmere. Elle paroil avoir
poMPfeR. ét^ donnée par les soins de Jean Lermite de Montmirel,
dont il y a une épigramme à la tête. On y a joint Lucius
Florus, comme à l'autre; mais au lieu d'Aurelius Victor,
on y a mis Sextus RufTus.
itii). an.ctinoii. I. ' C'est de l'uue de ces deux éditions que prétend parler
''• ''■ "^ ■ l'Auteur de la bibliothèque ancienne et moderne, lorsqu'il
dit qu'il s'y trouve des endroits plus corrects que dans les
précédentes, mais qu'elle n'est pas fort bonne d'ailleurs.
...Vatic. 'Celle que donna Sabellicus se trouve dans la biblio-
thèque du Vatican. On n'y voit ni date, ni nom d'Impri-
meur, ni rien qui indique le lieu où elle a été faite. L'E-
diteur y a joint l'abrégé de Lucius Florus. Ces deux abré-
gés furent ensuite réimprimés à Venise chez Jean Tacuini
en 1507, avant Pâques. Cette édition fui faite sur celle de
Sabellicus; et l'on y a joint l'ouvrage de Strabon.
...Cas. Bon. 'Pierre Danès aïanl revu le texte de Justin sur un ma-
nuscrit du Collège de Lisieux ancien do 300 ans ou envi-
ron, le fit imprimer avec Florus et RufTus à Paris chez An-
toine Assurde pour Jean Petit en un volume in-folio. L'é-
dition qui est fort belle, se trouve sans date ; mais on peut
la prendre d'une letre de l'Editeur écrite à l'Imprimeur au
... s. stcph.Niv. mois de juillet 1519, et placée à la tête de l'édition. 'En
1524 Josse Bade réimprima ces trois mêmes Historiens en
un volume in-folio.
jusi. pr. ' L'année suivante les Juntes publièrent à leur tour l'a-
brégé de Trogue Pompée, en y- joignant Cornélius Nepos
et Velleïus Paterculus. Graevius fait beaucoup de cas de
cette édition de Florence, et avoue en avoir beaucoup pro-
Gi'sn. i.ih. II 1. t. fité pour celles qu'il donna dans la suite au public. ' Aide im-
'■ ''■ "*■ prima aussi l'abrégé de Justin sous le titre De externis historiis.
On ne caractérise pas davantage cotte édition, qui nous
paroît être une des trois de Venise, que nous avons déjà
Bill. Coii). I. i.i>. remarquées. 'Car celle qu'il publia en 1522 m-8°. porl«
*""'■ pour titre : Abrégé de l'histoire de Trogue Pompée.
iiib. s. vi c. ce!i. ' En 152G parut à Hanaw chez Jean Seer en un volume in-
4°. l'édition qu'avoit préparée Jean Major. Cet Editeur y
a joint une liste de tous les divers Empires de l'antiquité,
en y marquant le tems que chaque souverain a régné.
c-sii. iiiiii. ' Major revit depuis l'ouvrage, le confronta avec les Histo-
riens grecs et latins, et le fit réimprimer à Cologne chez
Jean
DANS LES GAULES AVANT J. G. 121
Jenn Gymnicus l'on lo43 en même volume. Melanchlon trogue
témoigne beaucou[) d'estime pour celle édition. "Il y en l'cm'Éi!:.
eut une autre à Paris chez de Colines l'an ISSOenunvo- • Bib. coib. iwd.
lume î>i-8°.
' Jean Sichard de son côté, après avoir revu l'ouvrage cesn. iwj.
sur divers imprimés, le donna au public avec de savantes
scholies de sa façon. L'on ne marque point en quelle an-
née il fut imprimé de la sorte pour la première fois ; mais gib. rr. ivad. ba-
il le fut pour la seconde fois en un volume m-8°. ou petit ^'^'•
4°. l'an lo32, à Lyon chez Melchior et Gaspar Trechel,
'et pour la Iroi-siéme fois en 1542 à Cologne chez Henri ccsn. ibid.
Pelri.
'La même année Simon Gryné fit paroître à Lyon on nib. cas.Ucn.
un volume m-S". le même ouvrage, auquel il joignit Sex-
lus Aurelius Victor. Cette édition sortit de la boutique de
Sebastien Gryplie, 'qui remit l'ouvrage sous la presse l'an ...n. Prud. cen.
1551 en un volume m-16. 'ce qu'il fit encore l'an 1573 ... s. Fior. saim.
en un volume m-8°. toujours avec Aurelius Victor, et apa-
remment sur l'édilioii de Gryné.
'A Paris Robert Etienne et .lean Louis Tiletan publièrent ••• s- l'cr Mon]
aussi l'abrégé de Justin seul, l'an 1543 en un volume m-8".
'En 1553 parut à liâle le même ouvrage avec les notes ... itarb. 1. 1. p.
et les corrections de Sichard et de Major en môme volume ''"'■ -■
qu'à Paris. 'Six ans après, c'est-à-dire en 1550, on 1ère- ... Anpci.
imprima à Venise en un volume m-12. ' Il y en eut une au- i'«J'- '>'•'• ''•*'• p-
tre édition en même volume à Bâle l'an 1562, avec les no-
tes de Henri Loriti Glareani. Une des meilleures éditions
est ' celle que Jacques Bongars donna à Paris en un volume l'ab. ibid.
m-8% après avoir revu le texte sur les manuscrits de Cujas,
de Du Puy et six autres. Cette édition, dont on ne mar-
que ni la date ni le nom de l'Imprimeur, est enrichie de
notes très-savantes et de tables clironologiques très-utiles.
' Denys Duval Imprimeur à Paris en fit paroître une autre "'''• •>■ «'« i-of''-
fort belle édition, avec des notes, une chronologie et des
Variantes, l'an 1581, en un volume in-8". Il y en eut une ••• Angci.
autre la même année à Strasbourg m-16.
'Après celle-ci vinrent celles que Jérôme de Marnef et ... s. Aib. And.
la veuve Guillaume Cavellat publièrent aussi à Paris en
1585, et celle qu'Elie Vinet publia en 1590. On en pro- Fab. ibid i Uodi.
duit deux autres l'une et l'autre de Francfort en 1587, et '^''^■
1591. Celle-ci fut dirigée par François Modius, qui la re-
l'ome 1. Pron. Part. Q
122 ETAT DES LETRËS
T II 0 G u E vit dans la suite, et l'enrichit d'une table de toutes les
POMPÉE. monarchies. Après quoi elle parut de nouveau à Anvers
~ l'an IGIO, en un volume m-8", comme la première fois.
On la fit encore paroître depuis à Lyon, à Cologne, et
ailleurs.
Uodi. ibi.1. 'Il s'en trouve d'autres éditions faites à Lyon l'an 1593
en un volume m-8°, à Anvers 1600 en un volume m-12,
itib. Jt;iii). iiiiii. à Strasbourg 1002 'et ICI 3 en un volume iw-8°, avec les
notes de Victorinus Slrigelius. ' Celle-ci vit encore le jour
Fai). ibid. *^^ divers autres endroits. ' En IGOo et IGlO on réimprima
itoji. ibi.i. Je même ouvrage à Cologne, en 1612 à Marpurgen un vo-
lume m-8°, avec les notes de Bongars, de Modius et de
Gruter; et en 1610 à Francfort en un volume m-16, après
iiib Aii'-i. 1^*^ ^^ ^6^^6 ^u' ^^^ ^^^^ ^^^' ^^^ manuscrits. ' Il y en a
encore une édition en même volume faite à Amsterdam
en 1621.
lab. ibia. 1). in. ' Daniel Paré entreprit de publier à son tour l'abrégé de
Trogue Pompée, et le fil imprimer à Francfort l'an 1630
iiib. b. l'ior. p. en un volume in-H" ' L'année suivante il fut réimprimé à
Strasbourg tn-4\ par les soins de Matthias Bernegger ou
n. p. 502. Berneccer; ' et depuis en 1653, et " 1666 encore au même
endroit en un volume in-S", avec les notes de Bongars, et
de quelques autres savans, et la table de Jean Freinshe-
mius.
'A Amsterdam 1638 Jansson en donna une nouvelle édi-
tion m-16 , dont le public est redevable à Boxhornius.
' Cette même édition y reparut de nouveau en même vo-
lume l'an 1680. ' En 1640 parut à Leyde en un volume in-
12. celle que le savant Vossius avoit préparée. 'Elle fut re-
nouvellée à Amsterdam en même volume les années 1650,
et 1673. ' Au même endroit l'an 1644 la veuve Jean Libert
en donna au public une autre édition m-16. 'On en trouve
une de Paris chez les Cramoisi en 1654 m-12, avec des no-
tes, sans nom d'Editeur.
' Antoine Thysius dès 1650 fit remetre à Leyde l'ouvra-
ge sous la presse, avec les notes de divers savans, en un
volume m-12. ' Il y eut une autre édition à Amsterdam
chez les Elzevirs l'an 1659, en un volume m-8", avec les
notes de Bernegger, de Bongars, de Vossius, de Thysius
et autres.
iiist. pr. ' Après cette édition vint celle de Grœvius, qui la pu-
17.
■ Kiib.
bu>.
Tell.
ibid.
... Kon. ibitl.
Fab
. ibiU.
BU).
Kon.
ibid.
S. Mau.
...
Miss.
Ceu.
rail
. ibid,
1
liib.
Tell.
ibid.
DANS LES GAULES AVANT J. C. 123
l)lia à Utrecht l'an 1G68, comme il le témoigne lui-même; ^po^im^k'^
quoique M. Fabricius, qui l'estime comme très-correcte,
ne la marque que de l'année suivante. ■* Cette même édi- '„*''■""'!: ,
, T -^ ,,, ... /^ • ,1 " Ilib. s. \in. (,en.
tion après avoir été revue par dra^vms parut de nouveau
à Leyde chez llaak, l'an 1G83 ?>?-8°. 'et à Amsterdam 1694 Fab. ibi.i.
m-12. C'est sans contradiction une des plus belles et des
plus utiles pour les savantes noies et observations de l'E-
diteur.
'Elle n'empêcha pas néanmoins que dès 1009 Cornélius iiùd. i ition. ii.i.i.
Schrevelius n'en publiât une de sa façon , qui fut faite à
Amsterdam en un volume in-H", avec les notes de divers
sa vans , {varionini) et renouvel lée depuis à Leyde et à
Breslaw en diverses années. Deux ans après, c'esf-à-dire Dib. n. tin Lorch.
en 1071, Tannegui le Fevre fit réimprimer à Saumur l'a-
brégé de Justin, avec des éclaircisseniens qui lèvent bien
des difficultés. Celte édition parut chez René Pean , in-
12. 'Grffvius fait beaucoup de cas du travail de le Fe- Just. pr.
vre. ' L'année suivante Jean Vorslius remit sous la presse à
Leipsick le même abrégé , en profilant des remarques de
Gra^vius, dont il s'est fait honneur comme d'un bien pro-
pre. L'édition de Vorslius parut do nouveau à Berlin dès Fab. ibi.i.
1073, en un volume m-8". En 1074,' un savant Anglois Jusi, pr.
Anonyme en publia une autre à Oxford , de laquelle Grœ-
vius témoigne avoir tiré du secours pour reloucher celle
qu'il nous donna en 1083. 'C'est aparemment celle de cet "'•'• '^"" '''■''•
Anglois qui fut renouvellée à Oxford en 1705 , en un vo-
lume iw-8°.
'Le Père Cantel Jésuite en publia une nouvelle à l'usage • • s. vin. Ccn.
de M. le grand Dauphin. Cette édition , qui est acompa-
gnée de savantes observations historiques et geographi -
ques, parut à Paris chez Frédéric J^eonard l'an 1077, en
un volume in-i". 'L'année suivante vit paroîlre en deux Fab. ibidi Jusi.pr.
differens endroits, à Upsal et à Hambourg, en un volume
m-S". l'édition du même ouvrage que Jean Schefler avoit
préparée avec de savantes remarques. Elle fut retouchée
depuis sur celle qui avoit paru à Oxford. ' On ne dit point uib. Kon. p. soi.
de qui e.st celle qui fut faite à Utrecht in-%" , l'an 1708.
'A Londres 1713 parut en un volume îw-12. une nou- ?■''''":;' "rî!' '
velle édition de Justin chez Tonson et Wats. Mais on re- "* ^
marque que ceux qui l'ont donnée , auroient dû imprimer
les argumens ou sommaires des Livres de Trogue Pompée
Qij
12i ETAT DES LETRES
THOGUK qui sont à la fin de l'abrégé de Justin, sur les corrections
^*^"'''^'^ qu'en a faites Dom Bernard de Montfaucon dans son Dia-
rium Italicum.
f]'*!*"*»*)'""*''' ' ^^- Abraham Gronovius, fils du savant Jacques Grono-
vius,a publié une dernière édition de ce qui nous reste des
écrits de Trogue Pompée, avec les notes de plusieurs sa-
vans, et les siennes propres. Cette édition , qui est assez
correcte et bien conditionnée , est sortie de la boutique de
Haak , Libraire à Leyde, en un volume m-8" , l'an 1710.
Elle est faite sur differens manuscrits très-estimés, et sur
les plus anciennes éditions de notre historien.
Il y a eu en divers tems au moins quatre différentes tra-
Bib. s. Fior. Salin, ductious françoises de l'abrégé de Justin. 'La première fut
imprimée à Paris l'an 1540 en un volume m-8" , par Denys
Janot pour Arnoul et Charles les Angeliers , sous ce titre :
Justin vrai Historiographe sur les Histoires de Trogtce Pompée,
contenant 44 Livres. L'Auteur de cette traduction fut Guil -
laume Michel dit de Tours, dont le nom se trouve à la fin
de l'ouvrage. Le privilège pour l'imprimer fut acordé dès
. .D. JeLorcii. 1537. ' Avant celle-là, Claude de Seyssel nommé à l'Evê-
ché de Marseille , en avoit fait une qu'il dédia au Roi
Louis XII; mais qui ne fut imprimée qu'en 1559 en un
volume in-folio^ à Paris chez Vascosan.
... s. Petr. But- ' Le Sieur de CoUomby Cauvigny donna au public une
^*''' autre traduction du même abrégé, qui fut imprimée plu-
sieurs fois. Nous n'en avons encore pu voir que l'édition
qui parut à Saumur chez Dominique François de Gouy l'an
1686, quelques années après la mort de Tannegui le Fevre,
s Vin cen ^^^ l'avoit rctouchée.
'Enfin une habile plume, qui a caché son nom sous ces
trois letres initiales D. L. M. s'est donné la peine de tra-
duire de nouveau le même ouvrage en notre langue. Cet-
te dernière traduction est imprimée à Paris chez Thomas
Guillain l'an 1693 , en deux volumes m-12. On trouve h.
la fin de chaque Livre des remarques fort judicieuses, tant
pour redresser que pour éclaircir l'Abreviateur de Tro-
gue Pompée.
. .Angoi. I vaiic. ' Lcs Italiens ont aussi voulu avoir le plaisir de lire Justin
en leur langue maternelle. On en trouve une traduction
Italienne imprimée à Venise l'an 1526 en un vol. m-12, et
reimprimée au même endroit l'an 1500 i«-4° , et dès 1560
en même volume. (XII.)
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
PREMIER SIECLE DE L'EGLISE
ETAT DES LE TRES DANS LES GAULES
en ce Siècle.
CE seroit en vain que le titre que nous donnons à ce
siècle , vous feroit naître l'espérance d'y voir traiter
de quelque Auteur ecclésiastique, ou même de l'é-
tablissement de la Religion Chrétienne dans les
Gaules. Quelques dispositions que parussent avoir nos Gau-
lois au-dessus de tant d'autres Nations, pour se rendre
à la lumière de l'Evangile, par la persuasion où ils étoient
communément de l'immortalité de l'ame, Dieu néanmoins,
dont les desseins sont impénétrables , ne leur fit pas si-tôt an-
noncer la parole de vie. Il est cependant vrai que plusieurs de
/. Part. *Qiij
1 3
126 ETAT DES LETRES
nos Ecrivains modernes ont prétendu, que dès ce siécle-ci la
foi avoit été prêchée et reçue dans nos Provinces. Mais c'est
ce qu'ils ont avancé, sans que personne se soit mis en devoir
de le prouver. Et comment auroil-on pu le faire? Bien loin
qu'il se trouve quelques preuves positives pour l'établir, il y
en a plusieurs qui la détruisent, et qui ne sont pas de peu de
poids. Telles sont les autorités de S. Sulpice Seyere, cet Ecri-
vain si célèbre et si respectable ; de l'Auteur des actes de S.
Saturnin de Toulouse , qui écrivoit au moins dès le cinquiè-
me siècle de l'Eglise; et de S. Grégoire de Tours, que nous
regardons comme le Père de nôtre histoire. Il s'agit d'un
fait; et tous les raisonnemens que l'on pourroil faire, ne sau-
(») Voyez la note roicut l'établfr, si le témoignage des anciens le dément (').
lame." "''"'^"^°' II. Après vous avoir représenté en un aussi grand détail
que nous avons fait, l'état des letres dans les Gaules pendant
les siècles précédons, il nous reste peu de choses à vous dire
sur celui qui se présente. Les révolutions qui y arrivèrent dans
la literature, ne furent pas à beaucoup près si sensibles que
celles qu'on y vit arriver dans l'Etat. Les sciences néanmoins
ne laissèrent pas d'y souffrir quelque peu d'altération. Et par
quelle espèce de merveille se seroient- elles entièrement ga-
ranties des desordres que causèrent dans tout l'Empire des
règnes aussi fâcheux et turbulens, que ceux d'un Tibère, d'un
Caligula , d'un Claude , d'un Noron , d'un Domitien? Car il
y a toujours eu, et il y aura toujours une étroite liaison entre
le gouvernement et l'Etat et la république des letres. Le lustre
de celle-ci dépend de la gloire de l'aulre. La tranquillité, les
avantages, la splendeur de l'un et de l'autre sont entièrement
connexes. Il en est de même de leur affoiblissement et de leur
décadence. Mais ce que les sciences eurent à souffrir ne fut
pas encore considérable. Sur la fin du règne d'Auguste , et
sous le règne entier de Tibère, les choses se maintinrent à peu
près sur le même pied qu'auparavant.
III. Nos Gaulois voïant donc que les sciences contl-
nuoient à être la voie ordinaire, pour parvenir aux char-
ges de l'Empire, ils continuèrent aussi à les cultiver avec
une ardeur merveilleuse, et à les faire fleurir avec un nou-
vel éclat. Les écoles se multiplièrent dans leurs Provin-
ces , et y devinrent très- florissantes. Jamais il ne parut
parmi eux un plus grand nombre d'Orateurs. Jamais ils ne
l'ournirent à la ville de Home plus de Maîtres d'éloquen-
DANS LES GAULES, l. SIECLE. 127
ce , et à l'Etat plus de Magistrats , plus de Capitaines ,
plus de Financiers. Nous sommes en droit de comprendre
tous ces Officiers au nombre des savans. On sait de reste
que les charges qu'ils exerçoient , demandoient des hom-
mes de letres et d'érudition, et qu'en ces heureux tems on
n'y en mettoit point d'autres. Qu'est-il besoin d'en donner
des preuves? L'histoire de ce siècle en fournit cent exem-
ples. A peine vit-on sortir des Romains naturels plus de
ces hommes de letres , qu'il en sortit des Gaulois. De sorte
qu'on auroit été dès -lors en droit d'établir entre Rome et
les Gaules' par raport aux belles - letres et aux plus hautes Ans. mos. ▼. ssi-
sciences, le parallèle qu'Ausone établissoit en son tems en- ^'^'
tre cette Maîtresse du monde et l'une de nos Provinces.
Non, ce n'étoit pas seulement à Rome qu'il falloit cher-
cher d'autres Gâtons, et des hommes qui parloient élo-
quemment la langue latine, non plus qu'à Athènes d'autres
Aristides. 11 s'en Irouvoit en bon nombre dans nos Gaules
et des uns et des autres.
.£mula te latix décorât facundia linguiU.
^cc sola aniiquos ustcntut Iloiiia Culoues.
Autuuus tantum justi spcctalui- ut luqui
Poilet Aristides, vetercsque illustrât Alhcnas.
IV. 'C'est ce que l'Empereur Claude reconnoissoit lui- Tac. an i. n. n. 24.
même, et dont il nous a laissé quelques preuves dans la ha- ^ù^'"^"' ''"'"^'
rangue qu'il fit au Sénat, en faveur de l'entrée qu'il postu-
loit pour les Gaulois. On y en avoit déjà admis plusieurs
de la Gaule Narbonoise ; et l'on y en admit encore plu-
sieurs autres des villes de Lyon et d'Autun. Et tous ceux qui
y furent reçus, ne firent pas moins d'honneur à cette au-
guste compagnie, que les naturels du pais. Num Italiens Se-
nator provinciali potior est?' Nvmpcenitet insignes viros e Ta«. ibid. n. n.
Gallia Narbonensi trnnsivisse? V^nlre ces illustres Gaulois, qui
firent un des plus grands ornemens de Rome et de son Sénat,
' Claude nous fait connoître un Lucius Vestinus l'un de ses inscr. iwa.
plus chers favoris , qu'il emploïoit dans ses affaires dôme -
stiques , et dont il vouloit élever les enfans à la dignité du
Sacerdoce, afin de les pousser ensuite à d'autres plus grands
128 ETAT DES LETllES
honneurs. 11 nomme encore un Persicus issu d'une des plus
anciennes noblesses et son favori, qui avoit merilé, comme
ses ancêtres , d'avoir une statue à I^ome. Veslinus et Persi-
cus étoient de la Viennoise. Lalro , dont le nom a quelque
chose de dur et d'odieux, puisqu'il signifie un voleur, étoit
de la même Province. 11 fit paroître une adresse si surpre-
nante en toutes sortes d'exercices, qu'elle le fit nommer le
prodige des jeux. 11 eut la gloire d'avoir mis le Consulat
dans sa famille, avant que sa colonie eût acquis le droit de
Bourgeoisie à Rome. 11 avoit un frère qui est loué comme
lui par l'Empereur Claude , comme un homme d'un mérite
extraordinaire , et qui auroit été un excellent Sénateur ,
sans le malheur qu'il eut de se voir l'entrée fermée dans le
Sénat , par sa qualité d'étranger , avant que Vienne eût ob-
tenu le droit d'y entrer.
s.;ncc. (le coiisi. c. V. Il faut joiudrc à ceux-là ' Valerius Asiaticus, cet hom-
m l' i^TÎi'i.'Knii..'!; ^c si célcbre dans l'histoire |)our son courage et sa probité.
I. p. 197. aid. Il ^\[^J[[ (i,j Vienne. Ses grandes alliances et ses richesses le
rendirent puissant dans la Province. Il se vit à deux différen-
tes fois él(;vé à l'honneur du Consulat. Caligula en fit un de
ses plus infimes amis. Mais cet Empia-eur abusant de son au-
torité , deshonora depuis le mariage de ce fidèle courfisan ,
et lui en faisoit ouvertement des railleries. Asiaficus, homme
de cœur et de resolution , ne put .souffrir long-tems celle
injure , .sans en tirer vengeance. Comme il étoit d'ailleurs
fatigué du mauvais gouvernement de Caligula, il entra sans
peine dans la conjuration contre ce Prince; et après sa mort
il eut la fermeté de dire en plein Sénat, qu'il voudroit l'a-
Tiii. p. 'iii). voir tué lui-même. ' 11 étoit si universellement estimé , que
l'on songea à l'élire même Empereur à la place de Caligu-
p. liu. 117. la. ' Cependant sa propre grandeur et ses grandes richesses
furent cause de sa perte. Messaline jalouse de l'une, et en-
vieuse des autres, trouva le secret de se défaire de ce grand
homme , malgré la force avec laquelle il repoussa toutes
les fausses acusafions de celle méchante Princesse. On
nous pardonnera , si nous nous sommes un peu étendus sur
l'éloge (le cet illustre Gaulois, et si nous en usons de même
à l'égard de quelques autres. Nous n'aurons point d'autres
ocasions de parler d'eux ; et l'on nous pouroit blâmer de
ne pas faire connoître de si dignes élevés des écoles Gauloi-
ses.
VI.
DANS LES GAUI>ES. I SIECLE. 129
VL ' Peu de tems après on vit briller dans les armées Tac. wst. i. i. n.
Romaines un autre Valerius Asiaticus, qui nous paroît 4^|,.V "^*' ''
avoir été fils du précèdent. D'abord il fut un des princi-
paux Officiers de l'armée de Vindex contre Néron, puis
Gouverneur de la Gaule Belgique, et désigné Consul avec
Mucien pour l'an 70. Lorsqu'Othon eut envahi l'Empire,
Asiaticus se déclara des premiers pour Vitellius, qui fut
bien-tôt Empereur, et qui lui promit, ou donna même sa
fille en mariage. ' Caïus Julius Vindex, qui descendoit des tui. ibid. p. lei-
anciens Rois d'Aquitaine, et soûtenoit sa naissance par de a'^p.^s.'ij.^'i:}.''
grandes qualités, exerça aussi vers le même tems une des
f)rincipales charges de l'Empire. Il étoit Gouverneur de
a Gaule Celtique sous le titre de Propréteur. Il avoit de
la prudence, beaucoup de cœur et de hardiesse, une gran-
de expérience dans la guerre, et autant d'amour pour la
gloire que d'aversion pour la servitude. Indigné des
cruautés de Néron, qui tenoit alors l'Empire, il fut le
premier qui se souleva contre lui, et se déclara pour Gal-
ba. Quoiqu'il n'eut point de troupes dans sa Province, il
eut néanmoins bien-tôt amassé une armée de cent mille
hommes, tant on étoit mécontent du règne de Néron.
Mais il eut le malheur de sucomber sous le poids de cette
entreprise. Il fut défait près de Besançon, et contraint
de se tuer lui-même la dernière année de Néron, 68* de
nôtre Ere commune.
VIL ' Poppœus Vopiscus étoit en si grande considéra- Tac. hist. 1. 1. n.
tion à Vienne sa patrie, que ce fut pour obliger cette vil- lu] '"''"•'*"''• p
le que l'Empereur Othon lui céda le Consulat. G'étoit,
comme on sait, la première dignité de l'Empire pour un
particulier, à laquelle on n'élevoit encore que des person-
nes de savoir et de mérite.' En 69, lorsque Vitellius et Ves- Tac. ibid. i. 3. n.
pasien se disputoient l'Empire, Valerius Paulinus natif de f.'*à}
Frejus, étoit Intendant de la Gaule Narbonoise. Il savoit
fiarfaitement la guerre, et avoit beaucoup de crédit parmi
es Prétoriens, dont il avoit été auti-efois l'un des Tribuns
ou Colonels. Comme il étoit ami de Vespasien avant mê-
me son élévation, il avança considérablement ses affai-
res, en faisant déclarer pour lui la ville de Frejus, avec la
côte de tous les pais voisins. ' yEbutius Liberalis, qui étoit senec. ep. 9i i tui.
de Lyon, se distingua aussi par une charge assez conside- ' ' ' ^'
rable qu'il exerça dans les troupes. ' Mais de tous les Gau- Tac. an. i. u. n.
T T D ' n ^ n 40|hist.l.a. n.8G.
Tomel. Frein. Part. R
1 3 «
n. I I not. ibid.
130 ETAT DES LETRES
Iqîs qui parurent h la tête des armées, personne ne se
signala ni avec plus de valeur ni avec plus de succès qu'An-
tonius Primus surnommé Bec de coq. Ces troia grands
hommes savoient aussi bien manier la plume que l'épée,
et ne firent ,guévc& moins d'honneur aux letres, quaux
armes qu'ils portèrent. Nous aurons ocasion de parler
plus amplement d'eux dans la suite,
jui. Cap. Ant viu VIII. Ici u'oublious pas ' Titus Aurelius Fulvius ou
Fulvus, aïeul paternel de Tite Antonin le meilleur et le
Rlus équitable de tous les Empereurs païens. Il étoit de
fisme dans la Gaule Narbonoise. Divers honneurs aux-
3uels il fut élevé, le conduisirent jusqu'à la Préfecture
e Rome, et au Consulat. Il remplit cette dernière digni-
té à deux différentes fois, la première en 85 avec Domi-
tien, et la seconde en 89 avec Atratinus, Aurelius Fulvius
son fils, loué pour l'intégrité de ses mœurs, fut aussi Con-
sul comme son père, mais subrogé à quelque autre ; puis-
que son nom ne se trouve pas dans les fastes consulaires.
Titus Fulvius avec toute sa famille quitta les Gaules, pour
s'aller établir en Italie, et fut le premier des Gaulois qui
en usa ainsi. Il choisit pour le lieu de sa demeure le village
de Lanuvium. Ce fut là que Tite Antonin, depuis Empe-
reur, prit naissance, et passa sa jeunesse sous la discipline de
son aïeul. Il ne paroît pas y avoir lieu de douter, que Ful-
vius ne contribuât autant que tout autre, à former le jeu-
ne Antonin à cette rare éloquence, et à cette belle litera-
ture, que l'Auteur de sa vie loua depuis en cet Empereur.
IX. Nous n'entreprenons pas de faire ici une énume-
ration exacte de tous les Officiers que les Gaules donnè-
rent à l'Empire en ce siècle. Il s'en faut de beaucoup que
l'antiquité nous les fasse tous connoître. Nous marquons
ceux qui se présentent d'eux-mêmes, afin de faire juger
que le nombre en doit avoir été considérable, pour que
la connoissance de ceux-ci ait échapé aux injures des tems.
Une autre conséquence que l'on en doit tirer, et qui est
plus importante pour notre sujet, c'est qu'il faut que les
écoles Gauloises fussent encore alors bien florissantes. En
effet, qui avoit formé tous ces grands hommes et tant
d'autres, et les avoit rendus capables de remplir aussi di-
gnement les premières charges de l'Etat? N'éloitHje pas
les académies publiques que nos Provinces avoient ouver-
DANS LES GAULES. I SIECLE. lâl
tes à leur jeunesse? ' Aussi ce fut à ce dessein, que les Em- Pan. b.^ p. n*.
pétèuts dans les siècles suivans prirent un soin particulier '*^ " °
dé rétablir dans nos Gaules les écoles qui étoient tom-
bées en décadence, et de mettre à leur tète de dignes
Modérateurs, qui formassent de dignes sujets pour les be-
soins de l'Empiré. Quoique les illustres Gaulois, dont
nous venons de faire le dénombrement, aient moins brillé
dâfla lés lélres qu'à la tête des armées, dans le gouverne-
ment dés Villes et des Provinces, et dans râdministrâliôn
des finances, ils ne laissent pas de nous être une preuve
éclatante dé l'aplicâtion avec laquelle on cullivoit lès
sciences dans nos Gaules en ce siècle.
X. A tous ces grands hommes de robe et d'épée nous
devons joindre quelques Orateurs, qui pour n'avoir paru
qu'en certaines occasions dans nos Provinces, n'en méri-
tent pas moins de trouver place parmi nos hommes de
letres. ' Tels furent Julius Auspex et Tullius Valenlinus, Tac. hi»i. i. 4. n.
dUi donnèrent quoique différemment quelques marques
aê leur éloquence dans l'assemblée des Gaules lenuë à
Reims. C'élôit en l'an 70; et il s'agissoit de délibérer,
s'il étoit à propos ou de profiter des divisions entre Vi- •
tellius et Vespasien pour se procurer la liberté, ou dé de-
meurer dans l'ôbéiâsance, Valentin Urateur et député des
peuplés de Trêves, âpres avoir préparé une harangue
pompeuse, parla avec beaucoup de véhémence, et contre
la domination des Romains, et en faveur de la guerre.
Auspex au contraire, l'un des premiers de la ville de
Reims et son Orateur, esprit aussi modéré et pacifique,
que Valentin étoit remuant et emporté, parla à son tour
avec tant de force et de sagesse cfes avantages de la paix,
et des suites funestes de la guerre, que son avis fut suivi dé
la plupart des peuples des Gaules, comme le plus sage et
le plus utile Sapientmimum quemque, dit Tacite en parlant
de ce discours d Auspex, reverentia fideqtie, juniores penculo
ac The tu continuil.
XL ' Les Helvetiens, qui faisoient encore alors partie '• '• •»• 87. ev.
dés Gaules, avôiènt en ce même-tems en la personne de
Claudius Cossus un Orateur encore plus célèbre que les
pfécédéns. C'étoit, selon Tacite, un homme d'une élo-
3uenéé reconnue. Cossus en sut faire usage pour lo bien
é sa pâtriç. La ville d'Avenehe étant tombée avec le reste
Rij
132 ETAT DES LETRES
du pais au pouvoir de Caecina, elle fut remise à la discré-
tion de Vitellius. En cette extrémité Cossus fut député
vers le nouvel Empereur, à qui il parla avec tant d élo-
quence en faveur des siens, que ce Prince auparavant ir-
Faii. bii). lai. app- rite, SB laissa fléchir, et leur pardonna. ' L'on trouve un
P' ''■ Claudius, qui a traduit de grec en latin les Annales Ro-
maines de Caïus Acillius. Mais, comme quelques-uns
nomment ce Traducteur Clodius Licinius, nous ne pré-
tendons pas assurer qu'il soit le même que l'Orateur Glau-
Tac ihid. n. 68. dius Cossus. Cclui-ci pouvoit être frère ' de Claudius Se-
verus que les Helvetiens avoient choisi pour leur chef
dans leur révolte. Ne seroient-ils point descendus l'un et
Appian. i)ci. Gai. l'autre ' d'uu Claudius Paulus qui a écrit des Annales,
""■ "^" comme nous l'aprend Appien dans son abrégé de la guerre
des Gaules ? Ce Claudius Paulus relevoit dans son ouvrage
les victoires que les anciens Tigurins avoient remportées
sur l'armée de Pison et de Lucius Cassius : ce qui pouroit
faire penser que cet Auteur étoit du pais des Helvetiens.
Si l'on en avoit des preuves, cet Historien, quoique très-
peu connu d'ailleurs, augmenteroit le catalogue de nos
anciens Ecrivains Gaulois.
XII. Ce n'est encora à que la moindre partie des
preuves que ce siècle nous fournit, pour vous montrer
quel honneur y ont fait les Gaulois à la république des
letres. Vous allez vous en convaincre à n'en pas douter,
en considérant ceux qui ont fait une profession particulière
des sciences, et que nos Gaules ont presque tous prêtés à
Rome, soit pour ses écoles, soit pour le barreau. Ici se
sen.ir. I. t. loni. prcseutc dcs premiers ' Vibius Gallus qui fit l'admiration
uii'.'icom.'ao"' ^^s plus célèbres Orateurs dans cette Capitale de l'Univers.
'• 5. pr. Oscus ou Oscius, quoique son éloquence ne filt pas du
goût de tout le monde, à cause des pointes malignes dont
elle étoit hérissée, ne laissa pas d'y faire un des ornemens
1. 3. coni.2o|i. i. du barreau. ' Votienus Montanus, dont Seneque le père
ne parle qu'avec éloge, y parut avec éclat entre les hom-
mes les plus éloquens. Au même-tems que celui-ci y bril-
loit par son éloquence, Julius Montanus son frère s'y di-
Tac. vit.Agr. n.4i stiuguoit par SOU talent pour la Poésie. ' Julius Graecinus
scncc. de bon. 1. ^ ^^^ ^^^^^^ d'houncur au Sénat par sa probité, qu'aux
letres par ses écrits sur l'agriculture. Claude le plus savant
Empereur qu'eut Rome en ce siècle, prit naissance, et re-
cont. 24-'2;).
DANS Li:S GAULES. I SIECLE. 133
eut sa première éducation dans les Gaules. Pétrone cet
Ecrivain si délicat, fit les délices de la Cour de Néron,
par sa politesse et son bon goût pour les belles-letres,
XIIL Ne passons pas si légèrement sur les Orateurs.
En voici encore d'autres, qui ne firent pas moins d'hon-
neur à la ville de Rome, qui fut le théâtre où ils parurent,
qu'aux Gaules qui furent le lieu de leur naissance. ' Do- Dw. i. 59. p. 7531
mitius Afer s'acquit dans celte grande ville la réputation an'^^i.'n.'ss.'eG'!'''
du plus célèbre Avocat qui y eût paru depuis l'empire
d'Auguste, et s'y vit élevé aux premières dignités de la
République. ' Agrotas, qui semble n'avoir plaidé qu'en Senec. 1. 2. com.
grec, s'y fit admirer au-dessus des Grecs naturels, sinon ^'
par la politesse du discours, au moins par l'énergie de ses
sentences. ' Clodius Quirinalis y enseigna avec un si grand Hier. chr. i. 2. p.
succès, qu'il mérita de passer pour un des plus fameux Rhe- **'•
teurs de son tems. ' Julius Florus et Julius Secundus, on-
cle et neveu, dont Quinfilien qui les avoit connus, relevé
l'éloquence par de grands éloges, n'y brillèrent pas avec
moins d'éclat. ' Sextus Julius Gabinianus y poussa sa repu- Diai. Ueor. n. «e.
tation jusqu'à passer pour tenir le premier rang entre les
Rlieteurs de son siècle, comme Ciceron le tenoit entre les
Orateurs de son tems. ' Marcus Aper un des plus beaux "• s- in-
génies qu'on vît alors, y illustra le barreau autant que
tout autre, et y mérita d'aller de pair avec les Avocats les
f)lus célèbres.' L'Orateur RufTus, qui se piquoit de par- Juv. sat.7. v.213.
er si purement que les écrits de Ciceron même n'étoient *'*' '"' '''^^'
pas à couvert de sa censure, fît aussi quelque personnage
sur ce théâtre des savans. ' N'oublions pas Artanus, ce Ju- Man. i. s. epi. 72.
risconsulte de Narbone, dont Martial qui l'avoit connu à
Rome, nous a laissé l'éloge.
XIV. Si de l'art de l'éloquence et de la science des loix
nous passons à la Médecine, nous verrons que nos Gaulois
y ont excellé comme dans les autres sciences, et que Ro-
me a encore tiré des Gaules des secours consideratles en
ce genre. En effet ' Charmis et Crinas après le milieu de Piin. Wsi. 1.29. e.
ce siècle y exercèrent la Médecine avec un succès prodi-
gieux; quoiqu'ils y suivissent une méthode extraordinai-
re, et qu'ils s'y fussent fraïé des routes nouvelles. Demo-
sthene autre Médecin célèbre, ne s'acquit pas seulement
de l'estime parmi les Romains, sa réputation s'étendit en-
core jusques chez les Grecs, où il a eu pour admirateurs
m ETAT f)ÊS LETftES
Galiên l'un de leurs plus fameux Médecins, et ouél(^ilêà
autres après lui. Pendant que ces doctes Gaulois misoiônt
un des plus grands ornemens de la ville de Rome par leur
savoir, d'autres contens de briller dans leur propre pais,
s'apliquoient à communiquer le leur à leurs compatriotes.
L'histoire qui tie nous aprend pas tout, he nous fait Con-
noître qu'un Pacatus, un Castor, et un Stâtius Ursulus OU
Surculus, qui enseignoient la Rhétorique: les deux pre-
miers à Marseille, et le troisième à Toulouse. En un môl
l'amour que les Gaulois avoient pour les sciences, jettâ si
loin Son éclat en Ce siècle, qu'il n'y eut pas jusqu'à fa gran-
de Bretagne, ce pais que la mer semble séparer du resté du
Tac. fit. Agr. n. mOude, qui ne Se ressentît de Ses effets. ' Agricole qui en
fut Gouverneur sous Domitien, y établit les études âVéô
tant de succès, que les peuples du pals, quelque barbares
qu'ils fussent, devinrent passionnés pour l'éloquence.
XV. Il nous est aisé de juger par tous ces traits, com-
bien les études étoîent encore alors florissantes dans nos
Provinces, et que leurs écoles n'avoient encore rien per-
du de leur première splendeur. Oui, encore alors Marseil-
le |)assoit pour une des plus célèbres, comme une des jplus
anciennes Académies du monde. Encore alors elle étôit le
séjour des Muses, la source des beaux arts, la mère et la
sirab. 1. 4. p. 123- pcpinicre des savans. ' Comme les Marseillois avoient égâ-
**f- lé les Lacedemoniens par leurs richesses, les Rhodiens par
le nombre de leurs vaisseaux: aussi égaloienl-ils lés Athé-
niens par la profession de toutes les sciences. Encore alors
on y cultivoit particulièrement TAslrologié, la Médecine,
la Philosophie, la Jurisprudence, les Belles-Letres. Enco-
re alors les Romains, celte Nation si polie, oubliûient
l'Athènes des Grecs, et quittoient Rome même, pour ve-
nir à Marseille l'Athènes des Gaules, aprendre à bien par-
ler, et à bien vivre. On y conservoit encore en ce premier
siècle cet amour des sciences et de la sagesse, que les Pho-
céens qui la fondèrent, y avoient âporté du fond dé la
Grécê. Encore alors le luxe, le faste, la débauche, la
licence, la comédie en étoiént entièrement bannis; et
l'on y voïoit régner la gravité, la modestie, l'honnêteté,
tm. vit. Agr. n. la poIltesse, la frugalité. En un mot, ' Marseille étoit en-
core une école publique de sagesse et de scietuje, où l'on
aprenoit et à régler ses mœurs, et à devenir savant. C'est
4.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 135
autant à l'éducation qu'Agricole y avoit reçue , qu'à son
heureux naturel, que Tacite son gendre attribue le mé-
rite et les vertus de son beau-pere.
XVL Après Marseille ' Autun devint en ce siècle un an. i. 3. n. 45. >■
lieu de très grand abord pour l'étude des belles -lettres.
Cette ville passoit pour une des plus riches de toutes les
Gaules, ' et se vantoit d'en être une des plus nobles , com- |^[ " ''"* ''
me elle en étoit une des plus asservies aux superstitions
idolâtres L'enceinte de ses murs étoit d'une fort grande Amm. 1. 15. p
étendue. Nous avons parlé ailleurs de l'ancienneté de ^o^.
cette ville, et nous l'avons représentée comme un lieu con-
sacré aux sciences dés son origine, par la destination qu'en
avoient fait nos anciens Philosophes pour y tenir leurs as-
semblées les plus ordinaires. 'Elle avoit ses aqueducs, son i-ips. in.Tac.1.3.
capitole, et les autres édifices publics, comme la ville même ^'
de Rome.' Ses écoles, qu'on nommoit Menienes, étoient Pan. b. p. 1*3. n.
ftur-tûut fameuses tant par la magnificence et la beauté de
leurs édifices , que par le grand concours des étudians.
' Elles se trouvoient situées à l'entrée de la ville entre le p- i»* n. 9 1 153.
temple d'Apollon et le capitole , où il semble qu'il y eût " "'
aussi un temple dédié à Minerve la Déesse des sciences et
des beaux arts. ' Dès l'empire de Tibère les enfans des Tac. lUd.
meilleures familles des Gaules y alloient étudier en foule :
nobilisstmam Galliamm Sobolem liberalibus studiis ibi opera-
tam. L'expression dont se .sert ici Tacite, fait juger qu'on y en-
seignoit toutes les sciences en usage chez les Romains.
Vous verrez dans la suite, ' que les Empereurs regardoient Pan. b. p. 1*4.
ces écoles comme étant d'un grand secours pour le gouver- **'' "' ''
nement de l'Empire.
XVIL L'histoire de ce siècle ne nous fournit rien de
particulier touchant les autres écoles de nos Provinces.
Mais quoique l'on ne nous en aprene rien , il ne laisse pas
d'y avoir beaucoup d'aparence que le nombre en étoit
déjà grand. En efîet il n'est pas croïable que des villes
aussi illustres que l'étoient Narbone , Arles , Vienne , et •
tant d'autres, n'eussent imité Marseille et Autun en un éta-
blissement aussi honorable pour la patrie qu'avantageux
pour le bien de l'Etat. Il en faut dire autant des colonies
que les Mar^eillois avoient établies dans la Gaule Nar-
bonoi»e. Le grand nombre de gens de letres sortis de di-
vers endroits de cette Province en ce8 premiers siècles,
136 ETAT DES LETRES
strab. 1. 4. p. 130. fortifie puissamment nôtre conjecture ' pour Toulouse ,
que la célébrité de son temple fameux rendoit depuis
long-tems une ville de très -grand abord ; il n'y a guéres
Hier. chr. 1. 2. p. lieu de douter qu'elle n'eût dès ce tems-ci ses écoles. ' On
*"'■ trouve effectivement en ce premier siècle un Slatius Surcu-
lus de Toulouse, qui enseignoit la Rhétorique dans les
Gaules avec beaucoup de réputation. Ne peut-on pas faire
le même raisonnement en faveur des autres endroits de nos
Provinces , où nous avons vu paroître quelques Orateurs ,
comme à Avenche dans le païs des Helvetiens , à Trêves
et à Reims dans la Belgique ?
XVIII. 11 faut bien que Vienne cultivât les letres d'u-
ne manière particulière, pour avoir eu en ce siècle autant
Mari. 1. 7. ep. 87. ^c savaus qu'elle avoit de citoïens. ' C'est l'idée que le
Poète Martial nous en donne , en nous aprenant que de
son vivant même le recueil de ses poésies ètoit fort répan-
du dans cette ville. On l'y voïoit entre les mains de tout
le monde. Les femmes comme les hommes , les jeunes
gens comme les vieillards , tous l'y lisoient , et en faisoient
leurs délices. Un tel honneur flatoit extrêmement l'amour
propre de ce Poète , qui témoigne l'avoir plus estimé que
tout l'or que le Tage jette sur son rivage , et tout ce que
l'Afrique et la Sicile ont de plus délicieux. Ecoutons - le
s'en expliquer lui-même.
Pertur habere meos, si vera est faina, libellos
Inter delicias pulcra Vienna suas.
Me legit oranis ibi senior, juvenisque puerque,
Et coram tetrico casta puellaviro-
Hoc ego nialucritn, quam si mea carmina cantent
Qui Nilum ex ipso protinusore bibunt :
Quam meus Hispano si me Tagus impleat auro,
Pascal et Hybla mcas, pascat Hymettos apes.
Cet endroit de Martial en nous montrant que Vienne étoit
remplie de gens de letres, nous montre aussi que le latin y
étoit la langue vulgaire, comme nous avons dit ailleurs
qu'il l'étoit dans toutes les Gaules.
XIX. Si dès les commencemens la ville de Lyon n'eut
suet. Cîcs. 1.4. n. pas une école réglée, 'elle eut au moins l'avantage de voir
en ce siécle-ci établir dans l'enceinte de ses murs des jeux
literaires.
DANS LES GAULES. 1 SIECLE. 137
literaires, qui dévoient inspirer une émulation merveilleu-
se pour les belles-letres. Dans ces jeux ou exercices , qui
se laisoient en grec et en latin , les Orateurs s'exerçoient à
qui réussiroit le mieux. Ils prononçoient leurs pièces d'é-
loquence en public ; et ceux qui étoient vaincus étoient
obligés de fournir le prix dû aux victorieux, et de faire leur
éloge. Ceux qui avoient tout à fait mal réussi, et que les
auditeurs avoient siffles, étoient condamnés à effacer leurs
pièces ou avec une éponge , ou avec leur langue ; à moins
qu'ils n'aimassent mieux subir la peine de la férule , ou
être jettes dans la rivière. Ces combats literaires se li-
vroient' à un des deux autels qui étoient dans le fameux sirub. i. 4. p.isj.
temple consacré à l'honneur d Auguste au confluant du v. *t.
Rhône et do la Saône. La honte dont étoient couverts
ceux qui y réussissoient mal , et la peine à laquelle ils
étoient condamnés , rendoient ordinairement ces Ora -
teurs pâles et tremblans. ' C'est ce qui a fait dire à Ju- Juv. ibia. v. «.
vénal :
et sic
Piillcat, ut nudisprcssit quicalcibusan^'ucm,
Aut Lugdununscm Rlictur dicturus ad aram.
■<«-„■-•
' Lyon fut redevable de l'établissement de ces exercices à suci. ma. *
l'Empereur Caligula , qui les y établit la troisième année
de son règne, quarantième de notre Ere vulgaire. 'Le tem- Tiii.H. E.i.a.p.
pie où ils se faisoient, avoil été dédié par Drusus l'an 742 "'^^'
de la fondation de Rome , quelques années avant la nais-
sance de J. Cj. ' On croit qu'il étoit nommé Athanacum, p. 26.
pour Athenœum, qui signifie un lieu destiné aux exercices
des letres, et que c'est au même endroit que fut bâtie dans
la suite l'Abbaïe d'Aînai, qui porta le même nom latin ,
et qui a été convertie depuis quelques années en une
Eglise collégiale.
XX. Vous voïez donc que non -seulement Vienne, mais
que nos autres principales villes aussi étoient remplies de
gens savans , et que l'on cultivoit dans les Gaules ailleurs
qu'à Marseille et dans la Narbonoise , la langue gréque
avec la latine. Les combats literaires , dont nous venons
de parler, en sont une preuve éclatante pour Lyon, et
sans doute aussi pour le pais circon voisin. On sait qu'avant
Tome I. Prem. Pari. S
106. 107.
138 ETAT DES LETRES
ce lems-ci cette ville étoit un lieu de très grand abord.
L'assemblée qui se trouvoit à cette sorte de spectacle nou-
veau, ne pou voit donc qu'être fort nombreuse. Or il fal-
loit que les auditeurs sussent bien le grec et le latin pour
juger , comme on supose qu'ils jugeoient , des pièces d'é-
loquence qu'ils entendoient prononcer en l'une et l'autre
langue. Et jusqu'où de tels exercices n'en dévoient -ils pas
étendre la connoissance ? Il arriva sur la fin de ce siècle
un autre événement , qui ne put qu'être préjudiciable à la
ville de Rome pour les sciences; mais qui ne servit qu'à
les répandre davantage dans quelques -unes de nos Pro-
vinces, qui ne paroissent pas s'y être fait beaucoup de re-
Tiu. Emp.t. *.p. putation auparavant. ' Vers l'an 94 l'Empereur Domitien
"" '"' publia un édit contre tous les Philosophes , qui étoient
alors en grand nombre à Rome , d'où se voïant expulsés ,
ils se dispersèrent en divers pais éloignés. Quelques-uns
se retirèrent dans les extrémités les plus occidentales des
Gaules , et y communiquèrent les connoissances qu'ils
avoient acquises.
XXI. Autant que l'on s'apliquoit dans les Gaules à y
cultiver les sciences , autant on y avoit soin d'y faire fleu-
rir les beaux arts. Vous pouvez juger sur quel pied ils y
piin.hi»t.i.s4. e. étoient ' par ce que Pline l'Historien nous aprend de la
cizelure, de la sculpture ou art statuaire. On ne voïoit
point en ce siècle ni à Rome ni dans tout le reste de l'Em-
pire d'aussi habiles maîtres en ces arts qu'il y en avoit
dans nos Gaules. Un certain Zenodore entre autres s'ac-
quit la réputation d'un des plus excellens graveurs et sculp-
teurs qui eussent jamais paru. Il laissa divers ouvrages de
sa façon , dont les anciens faisoient une estime extraordi -
naire. Il fît dans la capitale de l'Auvergne une statue d'u-
ne grandeur énorme , qui representoit Mercure , et que
l'on estimoit quatre millions de nôtre monnoïe. Zenodore
emploïa dix ans pour finir cet ouvrage. Pendant qu'il y
Iravailloit, il cizela avec tant de perfection deux coupes
sur deux autres d'un prix infini , gravées par Calamide ,
qu'on ne trouvoit nulle différence entre la copie et l'ori-
ginal. La grande réputation où étoit Zenodore , porta
l'Empereur Néron à Vapeller à Rome. Cet habile homme
fit le fameux Colosse qu'on avoit résolu d'ériger à ce Prin-
ce , et qui fut ensuite dédié à l'honneur du Soleil, après que
18
DANS LES GAULES. I SIECLE. 139
Dieu eût délivré l'Empire d'un si méchant Empereur. C'é-
toit une pièce de cent dix, ' ou même six-vingt pieds de soet.cœs i.e. n.
hauteur. " Les Romains se plaisoient fort à hanter le labo- .pun. ibid.
raloire de notre sculpteur, et ne pouvoient assez admirer
son habileté à faire des figures de terre et d'osier, qui
étoit la première manière de travailler en cet art. Pline ,
qui nous aprend tous ces traits d'histoire , étoit lui-même
un des admirateurs de Zenodore.
XXIL Après tout , quelque florissantes que fussent les
belles-letres dans nos Gaules et Us autres Provinces de
l'Empire en ce siècle, l'éloquence ne laissa pas d'y souffrir
quelque altération, en perdant quelque chose de ses pre-
mières beautés. ' Ce seroit se tromper que de s'imaginer Quim. mst. or. i.
qu'il en a été de ce bel art comme de quelques autres , **' '' "' •*■ "*'
qui se sont perfectionnés par la suite des tems. ' A cette Petr. sat. p. s. 9.
noble manière de s'énoncer pure et sans fard, et qui bien
loin d'avoir rien d'empoulé, sa voit se soutenir par sa beauté
naturelle, ' on commença en ce siècle à lui substituer des p- '^■
expressions enflées, et une vaine cadence de mots, qui ne
sont que des phanlômes d'éloquence , et qui ne servent
qu'à énerver la force du discours. ' Les choses allèrent D'»' «r »• '
jusqu'à ce point, «ju'au lieu de ces grands Orateurs qui par
la beauté de leur génie , et la majesté de leur éloquence
faisoienl la gloire des siècles passés, à peine trouvoit-on
en celui-ci quelqu'un qui méritât le nom de véritable Ora-
teur. C'est ae quoi se plaignoient amèrement divers savans
des règnes de Néron et de Vespasien. Le mal venoit de
différentes causes qu'ils ont eu soin de marquer , et qui
nous paroissent trop importantes pour ne les raporter pas
ici d'après eux. Elles méritent d'autant plus d'être connues
dans tous les tems, qu'elles ont produit encore de plu»
mauvais efi"els dans le nôtre , qu'au siècle de ceux qui •'
s'en sont plaints les premiers.
XXin. ' Le peu de soin que les parens prenoient de la "• **•
première éducation de leurs enfans , fut la première cause
de la décadence de l'art de bien parler en ce siècle. Autre-
fois les mères se faisoient un devoir indispensable de les
nourrir elles-mêmes. Elles mettoient leur principale gloire
à les élever, et à veiller sur leur domestique. Les Dames
de la plus grande distinction ne s'en dispensoient pas plus
que les autres. Nous en avons d'illustres exemples en la
Sij
140 ETAT DES LETRES
personne de Cornelie mère des Gracques, d'Aurelie mère de
César, et d'Attie mère d'Auguste. Aussi ce devoir est-il
de droit naturel pour toutes les mères en gênerai , et de-
vient d'une double obligation pour des mères chrétiennes.
Lorsque les enfans étoient sevrés , on les faisoit passer sous
la conduite d'une sage matrone de la famille , dont la
gravité imprimoit le respect à tous les domestiques , et la
présence les tenoit dans le devoir. Cette matrone faisoit
son capital de veiller sur toutes les paroles et les moindres
actions de ses élevés, et ne leur souifroit rien qui i)ût bles-
ser la plus severe honnêteté. Telle étoit dans les siècles
passés la conduite que tenoient les parens envers leurs
enfans dans leur plus tendre jeunesse.
Diaj. or. n. 29, XXIV. ' En celui - ci au contraire , si-tôt qu'un enfant
étoit né , on le donnoit à nourrir à quelque étrangère gré-
que ou autre , à laquelle on associoit un indigne laquais ;
et l'enfant sucçoit avec le lait les vices du langage et les
mauvaises manières de ses nourriciers. On le négligeoit
tellement, que personne ne se mettoit en peine de lui don-
ner en cet âge tendre la moindre leçon, soit pour bien par-
ler, soit pour former ses mœurs. Ainsi les parens bien loin
de l'acoûlumer de bonne heure à garder les règles de la
modestie , et à prendre les premières teintures de l'honnête
homme , l'abandonnoient à un libertinage , qui avoit tou-
jours de très-fâcheuses suites. Une des premières, c'est que
ses nourriciers qui n'entendoient rien à l'éducation de la
jeunesse , faisoient paroître leurs. jeunes élevés au théâtre,
aux combats des gladiateurs , aux courses des chevaux , et
autres semblables amusemens. Qu'arrivoit- il de-Ià ? L'es-
prit de l'enfant se remphssant de ces spectacles, se nourris -
soit de leurs idées, ne se plaisoit qu'à en parler , et perdoit
"•28 par -là presque toute aptitude pour les arts libéraux. ' On
observe que le mal commença par l'Italie , et que de-là il
se répandit bien-tôt dans les autres Provinces de l'Em-
pire.
n. 29. XXV. 'Une autre cause de l'afTolblissement de l'élo-
3uence vint de la part des Maîtres , et de leur maniera
'enseigner. ' En effet les Rhéteurs de ce siècle furent les
premiers , qui commencèrent à corrompre la vraie élo -
(juence en acoûtumant leurs disciples à des expressions dé -
hcatement tournées , et à ne parler qu'avec un assortiment
DANS LES GAULES. 1 SIECLE. 141
de paroles qui n'étoit pas natureL De sorte que bien loin
de conduire dans le vrai chemin de l'éloquence ceux qui
souhaitoient d'arriver à sa perfection , ils emploïoient des
manières si enflées , et une pompe de discours si vaine,
qu'elles ne servoient à autre chose aux jeunes gens , lors-
qu'ils entroient dans le Barreau, qu'à leur faire croire qu'ils
étoient transportés dans un autre monde. Et comment
ceux qu'on élevoit de la sorte, auroient-ils pu parvenir à
la délicatesse du goût si nécessaire pour la belle éloquen-
ce? Ils étoient aussi peu capables de le faire, selon l'ex-
pression d'un Ecrivain fort poli , qu'il est possible de con-
server une odeur gracieuse en fréquentant les cuisines.
' D'ailleurs on ne voïoit plus en ces maîtres d'éloquence Diai. or. n. 29.
cette aplication , cette assiduité , cette émulation si loua-
ble des anciens à connoître le fort et le foible de leurs dis-
ciples , à les exercer selon la portée de leur esprit , à s'en -
tretenir avec eux pour les former. La plupart , pour ne
pas dire tous ceux qui se mêloient d'enseigner , avoient des
disciples , moins pour les conduire selon les sages règles
d'nne severe discipline , que pour s'attirer leurs saluts, leurs
louanges , leurs aplaudissemens.
XXVI. ' Anciennement un Orateur qui entreprenoit ». n*.
d'en former d'autres , ne les perdoit point de vûë. Non
seulement ils assistoient avec assiduité à ses leçons particu-
lières; mais il vouloit encore qu'ils l'acompagnassent par-
tout où il avoit à parler en public, au Barreau , et aux au-
tres lieux d'assemolée. Il les obligeoit même de se trouver
à ses disputes personnelles, et d'en recueillir ce qu'ils pou-
voient , afin qu'ils aprissent à combattre , pour ainsi dire ,
dans le combat même. Quels avantages n'en devoit-il
f)oint revenir à des jeunes gens , qui étudioient ainsi sous
es yeux de tout le monde , et au milieu des dangers , où
personne ne pouvoit avancer impunément aucune parole ,
soit mal à propos , soit à contre sens , qu'elle ne fût aussi-
tôt ou rejettée par le Juge , ou relevée par la partie adverse ,
ou enfin sifflée par les autres Orateurs ? Us ne pouvoient
manquer de se former bien-tôt le jugement , et a'acquerir
en peu la hardiesse et les autres qualités nécessaires pour
parler eux-mêmes en public. Quoiqu'ils ne suivissent qu'un
Orateur , ils ne laissoient pas de connoître tous les autres,
qui se trouvoient à ces fréquentes assemblées. Ils y étoient
1 ♦
142 ETAT DES LETRES
témoins des divers jugemens que portoit le peuple, et qui
leur faisoient aisément comprendre ce qu'il avoit goûté et
ce qui lui avoit déplu, llsavoient par -là un excellent mai-
tre , qui leur montroit non le phantôme , mais la réalité de
l'éloquence. Des émules et des adversaires, ils étoient as-
surés de n'y en jamais manquer, qui savoient attaquer et
se défendre en braves. Et afin qu'il n'échapât rien de ce
qui s'y disoit de bon et de mauvais, il s'y trouvoit toujours
un auditoire composé de personnes bien et mal affection-
nées.
Diai. or. n. 33. XXVII. ' En ce siecle au contraire , on se contentoit
d'envoïer les jeunes gens aux écoles , où il seroil difficile
de dire ce qui leur gâtoit le plus l'esprit et le jugement ,
ou le lieu , ou les condisciples , ou enfin les études. Le
lieu , on n'y observoit ni ordre ni discipline , et il n'étoit
ouvert qu'a des ignorans : les disciples , c'étoient des
enfans avec d'autres enfans, des jeunes gens avec d'au-
tres jeunes gens , qui parloient entre eux et s'entre-écou-
toient avec la même assurance : les études , elles leur
étoient nuisibles pour la plus grande partie. Car les Rhé-
teurs de ce tems se bornoient à dos pièces , ou de dispute
ou de persuasion. Ils occupoient les enfans à celle&^i ,
f)arce qu'elles demandoient moins d'esprit , et laissoient
es autres à ceux qui étoient plus avancés. Mais quelles
pièces pouvoient sortir de telles plumes? On faisoit ser-
vir à cet exercice des sujets honteux , oposés à la vérité ,
et par conséquent plus propres à gâter l'esprit qu'à le
former. Tantôt c'éloit le prix accordé à des meurtriers
de tirans, qu'il falloit relever par de grands discours.
Tantôt c'étoit quelque autre sujet encore plus indigne ,
Petr. au. p. 4. .%. qu'il falloit amplifier par des raisonnemens imaginés. ' Ici
c'étoient des pirates qui paroissent sur un rivage préparant
des chaînes ; là des Tirans faisant des ordonnances cruel -
les; ailleurs des réponses d'oracles qui ne respirent que le
sang. On tornboit ainsi dans deux défauts essentiels , en
aprenant d'une part à cette jeunesse ce qu'elle auroit dû
ignorer, et de l'autre, en ne lui enseignant pas les choses
qui sont de l'usage ordinaire.
p- **• XXVlII. ' Il est vrai que , selon Peirone , le mal ne
venoit pas tant des Professeurs d'éloquence , que des
parens de la jeunettse. Ceux-là étoient contraints de suivre
DANS LES GAULES. I SIECLE. 143
la manie des jeunes gens qu'ils enseignoient , sans quoi
leurs écoles se seroient trouvées désertes. ' Mais le mal Petr. sat. p. is.
venoit en particulier de la faute des parens , qui pous-
soient trop tôt leurs enfans au Barreau. ' Ils agissoient en p- •*•
cela avec tant de contradiction, que bien qu'ils avouassent
qu'il n'y a rien de plus grand que l'éloquence, ils en fai-
soient faire profession à des enfans qui étoient encore
dans la première jeunesse , et qui n'avoient que des étu-
des mal digérées. ' Et c'est ce qui fait distinguer une w»'- or. n. 29.
troisième cause d'afToiblissement de l'éloquence en ce siè-
cle. ' Les anciens avoient soin de faire précéder la leur n. 30. 31.
par l'étude de tous les arts libéraux. Personne ne s'y apli-
quoit , qu'il n'eût apris auparavant la Grammaire , la
Géométrie , la Philosophie , ou Dialectique , la Morale ,
la Musique même , et surtout la Jurisprudence. ' Lors- "• ^•
qu'un jeune homme possédoit toutes ces connoissances ,
et non plutôt , son père ou ses proches le presentoient à
l'Orateur , qui avoit le plus de réputation aans la ville ;
et le jeune homme le suivoit assiduëment , comme nous
avons déjà dit , soit au Barreau , soit à son école , ou ail-
leurs, afin de se former sur son modèle et celui des autres
Orateurs.
XXIX. ' On commença en ce siècle à s'écarter d'une «• »•
si excellente méthode. On apliquoit les enfans à l'étude
de l'éloquence , avant qu'ils eussent pris une connoissance
nécessaire de l'antiquité , de la nature des choses , du
caractère des hommes , de la propriété des tems. ' On les Veu. sat. p. u.
poussoit au Barreau , sans qu'on les etlt fait passer par les
degrés du travail , et qu'on les eût . rendus dociles par
l'assiduité à la lecture , et maîtres de leurs passions par les
préceptes de la Philosophie. On en vouloit faire des maî-
tres dans l'art de bien parler, avant qu'ils eussent apris à
corriger sans complaisance les défauts de leurs composi-
tions , ' à écouter long-lems les choses qu'ils avoient à p- »5-
imiter , enfin à mépriser ce qui est du goût ordinaire des
jeunes gens. Ce fut pour avoir discontinué de suivre ce
bel ordre des anciens , que l'on ne vit plus l'éloquence pa-
roître avec la grandeur et le poids de cette majesté qu'elle
avoit autrefois. ' Les Ecoliers de ce siècle traitoient l'é- p. ib.
tude comme un jeu , et n'y faisoient des progrès que très-
superficiellement . Aussi se faisoient-ils siffler , lorsqu'ils
144 ETAT DES LETUES
paroissoienf au Barreau , où se trouvoient encore plusieurs
de ces grands Orateurs formés sur le modèle des an-
ciens. Telles furent les principales causes de l'altération
que l'éloquence eut à souffrir en ce siècle.
XXX. Il faut avouer que les gens de Letres de ce
tems-là , s'étant fraïé de nouvelles routes pour parvenir
à l'éloquence , celle qu'ils acquirent , ne pouvoit qu'être
Diai. or. n. 18. différente de celle des anciens. ' Et c'est de quoi l'un des
{)lus zélés Partisans de la nouvelle éloquence , convenoit
ui-même sans peine. Mais il prétendoit en même-tems ,
que celle-ci pour être nouvelle n'en étoit pas moins esti-
n. a. mable que l'autre. ' Il portoit même sa confiance jusqu'à la
lui préierer , et à dire qu'il en étoit de celte nouvelle élo-
quence par raport à l'ancienne , comme de celle du tems
de Ciceron à l'égard de celle des siècles précedens. Tout
ce que l'on pourroit néanmoins accorder à celui qui rai -
sonnoit de la sorte, c'est que l'on ne vit jamais plus de
personnes qu'en ce siècle, courir après l'éloquence, parce
n. 36. qu'elle étoit encore ' ou recompensée par des charges et
des dignitez , ou suivie d'autres avantages très-considera-
bles. En effet les Orateurs continuèrent en ce siècle ,
comme auparavant , à se voir comblés d'honneurs, à en-
trer dans la faveur du Prince, à acquérir du crédit dans
le Sénat, à gagner l'estime du peuple , à étendre leur
réputation jusques chez les étrangers le plus éloignés.
C'étoient eux qui remplissoient encore les places dans le
Sénat. C'étoient eux qui le gouvernoient par leur conseil , et
le peuple par leur autorité. L'on étoit encore persuadé que
quiconque n'avoit point d'éloquence , étoit mcapable de
remplir les places honorables cfe la République , et même
indigne du droit de citoïen Romain.
VIBIUS
DANS LES GAULES. 1 SIECLE. US
VIBIUS GALLUS,
Orateur.
ViBiDS • Gallus, l'un des plus éloquens Ora- vibius gallus.
leurs de son tems , vint au monde dans les Gaules,
sans qu'on sache précisément en quel endroit il prit nais- pr^ p^'^èàVei iTs!
sance. Pour le tems, il paroît qu'il étoit plus âgé de quel- ^^,'- ?^ p- ^^ j
ques années que Seneque le père, de qui nous âpre- 7. j'. 9. p. soi'.
nons le peu que nous savons de son histoire. Il naquit par
conséquent au siècle de Ciceron , lorsque l'éloquence
étoit dans sa plus grande splendeur. Mais il ne fleurit que
sous l'Empire d'Auguste, où il commença à s'introduire
divers changemens dans l'ancienne éloquence. Il fut
néanmoins un de ceux qui lui firent plus d'honneur de-
puis Ciceron.
' Il alla à Home hanter le Barreau, et y plaida avec senec. 1. 1. cont.
distinction, au même-tems que les autres fameux Ora- '''
teurs que Seneque suivit dans sa jeunesse : Porcins Latro,
Marillius , Cestius Pius , Arellius Fuscus le père , Junius
Bassus, Albutius Silus, Argentarius, Pompeïus Silo, Fa-
bianus, Triarius, Gorgias, Hispo Romanus, et tant d'au-
tres, qu'il seroit trop ennuïeux de nommer ici. Il est aisé
de juger et de l'affluence des cliens qui avoient recours à
notre Orateur, et de la réputation qu'il s'acquit dans le
Barreau , par le grand nombre des causes qu'il y plaida.
Il parut avec éclat dans presque toutes celles qui s'y plai-
dèrent pendant le jeune âge de Seneque. Celui-ci faisoit
tant de cas de son éloquence, qu'il a cru devoir nous en
conserver quantité de traits dont il a grossi le Recueil pr. p- «.
qu'il a dressé sur cette matière pour laisser à la postérité
quelque connoissance des grands hommes qui avoient il-
lustré le Barreau de son tems.
' Seneque, pour nous donner quelque idée du succès '. «• ont. 9. p.
avec lequel plaidoit Vibius Gallus, a eu la complaisance *"' *"'
de nous décrire avec auelaue détail la manière dont il
défendit la cause d'un nls désavoué par son père. Il s'a-
gissoit d'un homme, qui aïant déshérité ses trois fils pour
Tome I. Prem. Part. T
146 ETAT DES LETRES
viBius GALLUS. Certaines raisons, avoit demandé à un pauvre homme
le fils unique qu'il avoit, afin de l'adopter à la place de
ceux qu'il avoit deshérités. Le pauvre acorde volontiers
son fils; mais ce fils refusant constamment de se séparer
de son propre père pour se donner à un étranger, son
senoc.cont. 1.2.9. perc le desavoùa. ' Vibius entreprit la défense du fils
a. p. 160. p. 162. ^jggj^yQJi^. gt quoique Fabianus eût plaidé la même cause
avec beaucoup d'art le jour précédent , Vibius le sur-
passa : et par la force de son raisonnement, et par la
douceur de son éloquence, il eut le secret de persuader
à son auditoire tout ce qu'il voulut, et réussit particuliè-
rement à lui inspirer beaucoup de mépris, et même dé
l'horreur pour les richesses.
ibid. ' Dès lors notre Orateur fit paroître quelques traits de
l'état humiliant où il tomba depuis. En faisant la des-
cription des richesses, ce qu'il exécuta avec un grand flux
d'éloquence , il lui échapa de dire souvent avec une
p. 160. espèce de fureur : Je veux décrire les richesses. ' Prenant
dans la suite cette espèce de fureur pour un agrément
de l'esprit, il la poussa si loin, et s'habitua tellement à
cette manière de s'écrier dans ses descriptions, qu'il fie
plaisantoit point qu'il ne décrivit l'amour, et qu'à chaque
Irait de cette description il ne s'écriât avec un enthousias-
me de furieux: Je veux décrire l'amour. Puis continuant
sa description, il s'écrioit encore : c'est l'amour que ie
veux décrire. Enfin après avoir fait ainsi le furieux, il le
devint réellement, et tomba dans un excès de folie, qui
le rabaissa autant aux yeux des hommes, que l'éclat de
son éloquence l'y avoit auparavant élevé. De sorte ,
remarque Sencque, qu'il devint fou par sentiment, au
lieu que les autres ne le deviennent que par quelque acci-
dent fâcheux (Xlll).
DANS LES GAULES. 1 SIECLE. 147
0 S C U S,
Orateur.
Os eu s, ' ou Ose II' s selon d'autres, paroîl par ses ose us.
habitudes avoir été de Marseille, ou du voisinage ;;Senec. com. i.
de cette ville. ' Quelques modernes prétendent qu'il y Ègass. Bui. t. i.
enseigna d'abord la Rnétorique avec un grand concours , préf"c'.^7!''g^"9!
et qu'il fut ensuite la professer à Rome, où il prit des p- 3<>3-
leçons d'éloquence du fameux Orateur Porcius Latro.
Mais c'est de quoi les anciens auteurs qui nous font con-
noître Oscus ne nous aprennent rien. 'Ils démentent mê- Scnee.ibid.p.333.
me cette dernière circonstance; et il est visible que les
modernes qui l'avancent ont entendu d'Oscus ce qui est
dit du Rhéteur Sparsus.
'Seulement il est certain qu'Oscus alla de Marseille à ibid.p. ssaisuei.
Rome hanter le Barreau, et qu'il y parut entre les plus '' '*'
célèbres Orateurs de l'Empire d'Auguste et de Tibère.
' Mais il eut le malheur de ne s'y faire ni aimer ni beau- «mi. p. 352.
coup estimer , pour la passion qu'il avoit d'hérisser de
f (ointes aiguës et malignes ses discours familiers, et même
'éloquence qu'il emploioit dans ses déclamations. Nous
ne pouvons mieux faire connoître son génie, qu'en co-
piant le jugement qu'en a porté Seneque le père, qui
l'avoit souvent entendu plaider.
»' Oscus, dit-il, ne déclamoit pas mal; mais il fit beau- oàa.
» coup de tort à sa réputation, en ne prononçant jamais de
» discours sans y mêler en mots couverts quelque chose de
«piquant et de malin. Son style étoit mauvais, et dénué de
» figures. Un jour au matin que le Rhéteur Pacatus le ren-
» contra à Marseille, il lui dit plaisamment en le saluant:
» je pourrois bien dire avec raison ave Osce. » Pacatus faisoit
par-là allusion , et aux impertinences qu'Oscus avoit a-
coutumé de débiter, et à son nom latin qui exprimoit un
tel caractère. ' En effet, les anciens croient que le terme Fesi. p. 3i6. 31-.
obscenus est venu de celui d'Oscus, pai?ee que les Osques
étoient habitués à se servir de paroles obscènes.
TiJ.
148 ETAT DES LETRES
0 s c u s. » » Ce n'est pas sans sujet , ajoute Seneque, que Paca-
~~ » tus traitoit Oscus . de la sorte ; puisqu'il étoit bien éloi-
« ne». 1 1 . ^^ g^^ jg j^ vraie éloquence , et qu'il sembloil n'être né
» que pour dire des injures à tout le monde. Quand une
» fois il avoit noté quelqu'un en lui donnant un nom
» odieux, celui-ci ne pouvoit plus éviter de porter une
» telle qualification. C est ainsi que le célèbre Passicnus
» porta un nom infâme, parce qu'Oscus avoit changé la
p- 3S3. „ première syllabe (*) de son nom. ' En une autre occasion
» Oscus fit une injure sanglante au Rhéteur Fulvius Spar-
» sus, lui disant en public pour lui reprocher sa stupidité :
» comment pourriez-vous entendre quelque chose à un
» plaidoïer , vous qui ne comprenez pas même, lorsque
» vous levez de terre une tuile? »
p- 352. ' Après tout , quoique Seneque ne fit pas beaucoup
d'estime de l'éloquence d'Oscus , comme l'on vient de
p. 347. voir , ' il ne laisse pas de le mettre au-dessus de plusieurs
autres Orateurs de son tems, dont la réputation ne s'é-
toit pas étendue au-delà des bornes de leur vie, et d'a-
voir inséré dans son Recueil plusieurs traits de ses décla-
mations ou plaidoyers. Il paroîl qu'0.scus n'étoit plus au
monde, lorsque ce Rhéteur Romain parloit ainsi de lui à
ses enfans, vers le milieu de l'Empire de Tîbére.
(•) Les savans soni partagés sur le qu'il faut lire in Grat, pour in gru-rum,
changement de celte première syllabe du et qu'au lieu de Passicnus on diroit Gras-
nom de Passicnus. On a inséré dans le sicnus, qui aprochoit de la signiflcation
texte qu'Oscus l'aNoil changé en une syl- i'hircosut.
labe gréque. Mais d'autres prétendent
DANS LES GAULES. I SIECLE. 149
AGROTAS,
Orateur.
ET
P A C A T U S ,
Rhéteur.
Au * même- temps que Vibius Gallus et Oscus , dont agrotas et
nous venons de donner les éloges , hantoient le Bar- pacatus.
reau à Rome, Agrotas y parut aussi entre les autres Ora- . sonec. i. a. cont.
teurs. Il étoit de Marseille , et ne plaidoit qu'en Grec , "■ p- *«•
qui étoit la langue naturelle de sa patrie , comme nous
avons dit ailleurs. Quoiqu'Agrotas ne la parlât pas si
poliment que les Grecs naturels , son style étoit beaucoup
plus nerveux el plus énergique que le leur. On recon-
noissoit aisément par-là , remarque un ancien, que cet
Orateur étoit né sujet des Romains, plutôt qu'en Grèce.
Il semble néanmoins qu'il ne fut pas si emploie dans le
Barreau que les autres Orateurs de son temps. Car Sene-
que le père, qui l'y avoit suivi, ne raporte dans son Re-
cueil qu'une seule sentence de ses déclamations ou plai-
doïers.
' Tout ce que l'on sait de bien certain sur l'Histoire de ibu. i. s. pr. p.
Pacatus , c'est qu'il étoit contemporain d'Oscus , et qu'il ^^
enseignoit la Rhétorique à Marseille. Cette ville , comme
nous l'avons montré en son lieu , cultivoit encore alors
toutes sortes de sciences avec une émulation merveilleuse.
Il n'y a pas sujet de douter, qu'elle ne fût redevable en
partie à ce Rhéteur de la réputation qu'elle conserva en-
core en ce siècle pour les letres , même chez les étran-
gers.
' Mais on a peine à comprendre la raison pourquoi ,
certains critiques ne placent Pacatus que sous les règnes Bail. jug. préj. c.
de Galba et de Vespasien. On vient de voir par Seneque ^' ^' ^' ^' ^' ^*'
le père, qui vivoit de son temps, qu'il portoit déjà le titre
de Rhéteur , avant qu'Oscus dont la mort précéda celle
150 ETAT DES LETRES
A G R 0 T A s et (Je Seneoue , quittât Marseille pour aller à Rome faire
PACATus. preuye de son éloquence. Ainsi puisque Pacatus étoit
contemporain d'Oscus , il est plus conforme à la vérité
de le mettre sous Auguste et sous Tibère, que sous Galba
et Vespasien, plus ds cinquante ans après qu'il eut com-
mencé à paroître sur le Théâtre des savans.
Baii.iug.DréUbid. ' On fait uuc autre faute aussi énorme, en donnant à
as/i."'' ' ^' Pacatus le prénom de Minutius , parce qu'on paroît le
confondre par-là , comme a réellement fait André Schot ,
suid. ir p. 4. ' avec Minucius Pacatus Irenœus Grammairien Grec natif
, d'Alexandrie. Celui-ci a écrit par ordre alphabétique sept
livres sur le dialecte des Alexandrins, ou sur le Grécisme ;
trois autres livres sur l'usage des Attiques; sur l'Atticis-
me ; sur les propriétés du dialecte Attique et du Dorique ; et
{>lusieurs autres ouvrages. H y a bien de l'aparence que
e prénom de Minutius aura été donné à ce Grammairien
Egass. Bol. 1. 1. p. pour la même raison ' qui le fit porter à Lucius Prœco-
*"■ nimus : c'est-à-dire, pour s'être trop attaché à des minu-
ties dans ses écrits. Nous verrons encore reparoître le nom
de Pacatus en la personne de plusieurs autres savans Gau-
lois des siècles suivans.
CASTOR,
Rhéteur.
CASTOR. /QUELQUES * Ecrivains modernes nous donnent un Castor
l^qu'ils font natif de Marseille , et qu'ils prétendent
p.^'^o'i' Ban.' jug! avoir enseigné la Rhétorique dans les Gaules avec beau-
préj. c. 7. 8. 9. p. coup (le réputation. Mais , comme ils ne citent aucun
ancien auteur pour leur garant , on peut légitijuenaent
douter, ce semble, de l'existence de ce Rhéteur. En effet ,
on ne voit qu'incertitude et confusion dans tout ce qu'on
en dit ; et l'on a même poussé les choses sur ce sujet, jus-
qu'à tomber dans des anachronismes intolérables.
Ega.ss. Bill. ibia. S'il Cil faut croirc un de ces modernes, ' Castor étoii
fils de Secondaire, et fut le maître, ou même le père du
fameux Pétrone. N'aïant reçu qu'une naissance obscure ,
il trouva le moïen de la relever de la naanière la plus
DANS LES GAULES. I SIECLE. 151
glorieuse , en épousant la fille de Dejotare Roi de Gala- castor.
lie, qui le fit mourir dans la suite du temps. Mais qui ne
voit que l'on confond ici un Rhéteur de 1 Empire de Ti-
bère , avec le gendre de Dejotare , qui vivoit près d'un
siècle auparavant , du temps de Ciceron et de César , et
qui ne put guéres vivre après , puisque son beau-pere le
fit mettre à mort ?
Ce n'est encore là que le moindre anachronisme. En
voici un autre beaucoup plus monstrueux. ' Castor , cet Egass. bui. ibid.
éloquent Orateur laissa , dit - on , divers ouvrages de sa
façon fort bien écrits • des traités sur Babylone , sur l'art
de bien parler, sur la manière de persuader ; un recueil d'i-
gnorances chronologiques , et quelques autres écrits rem-
plis d'érudition. Mais il est visible que l'on confond en-
cot-e ici notre Rhéteur, avec un autre Castor plus ancien
que lui d'environ deux cens ans. ' Joseph fait mention de J»»; i. 2. in Ap. p.
celui-ci , qu'il qualifie Chronographe , et qu'il place après
Timagenes et avant Apollodore pour l'ordre des tems.
' Aussi remarque-t-on que ce Castor auteur des ignorances Bayi' d. p. 10*8. i.
Chronologiques vivoit tout au plus tard sous Ptolemée
Evergete ; puisque ses écrits sont cités par Apollodore qui
fleurissoit alors , vers l'an de Rome 625. Or il ne paroît
nulle part que ni ce Castot , ni le gendre de Dejotare
aient été de Marseille; et il est évident qu'ils ont vécu
l'un et l'autre fort lohg-tems avant le Rhéteur qui fait le
sujet de cet article.
De tous ceui que l'on sait avoir porté le nom de Cas-
tor dans l'antiquité , nul n'aproche pluâ du tems de ce
Rhéteur Gaulois , ' qu'un Antoine Castor célèbre Bota- pun. hisi. 1. %-,. c
niste , (jUi entretenoit un jardin des plus curieux et des ^'
pluâ riches en toutes sortes de simples. 11 vivoit encore du
tehis de Pline l'ancien, âgé de plus de cent ans, sans avoir
jamais été malade. Pline l'avoit connu personnellement ,
et «tvoit visité son jardin. Dira-t-on que cet Antoine Castor
Vdisin de Pline , comme il paroît , soit le même que le
Rhéteur de Marseille ? Nori âans doute ; quoique le P.
Hardoûin ait aVaticé à ce sujet un paradoxe aussi insoute-
nable , en prétendant que cet Antoine Castor étoit le
gendre de Dejotare < qui ne put vivre jusqu'au temps de
Plirië ) puisque son beau-pere l'avoit fait mourir plus de
soixante ans auparavant (XIV).
152 ETAT DES LETRES
GERMANICUS
CÉSAR.
HISTOIRE DE SA VIE.
GERMANICUS i-\ N ne trouve nulle part dans les anciens quel fui le
c^SAR. yj lieu de la naissance de Germanicus. Mais la suite de
l'histoire fait juger qu'il naquit à Lyon, comme l'Empe-
reur Claude son frère puis- né, pendant qu'Antonia leur
mère y faisoit sa résidence, environ l'an 740 de la fonda-
tion de Rome , et que Drusus leur père étoit ocupé à
Tac an. I. 2. n. domtcr Ics Grisons et les Germains. ' Du côté paternel il
n. 1. 7*'' ^*' ' se trouvoit neveu de Tibère , et du côté maternel petit-
fils de Marc Antoine , et petit-neveu d'Auguste. 11 fut
ensuite adopté dans la famille de l'Empereur, et donna
lui-même un Souverain à l'Empire en la personne de Cali-
gula l'un de ses fils.
Dio. I. .17. p. 705.1 ' Germanicus vint au monde avec toutes les qualités
T^'iud!i"l. n' qui font les plus grands Princes. On ne vit jamais tant de
33'*- dons de la nature réunis ensemble, qu'il en parut en lui,
soit pour l'esprit soit pour le corps. Il étoit parfaitement
bien fait ; et ron ne pouvoit assez admirer la bonne grâce
qu'on découvroit en son port et en ses discours. Bien diffé-
rent de Tibère, qui étoit un esprit altier et d'une humeur
difficile : Germanicus dès son jeune âge se montra gra-
cieux , poli , obligeant , officieux envers tout le monde ,
et fit voir qu'il avoit un talent merveilleux pour gagner
les cœurs. Aussi fut-il uniquement aimé et chéri de tous"
les Romains , à qui tant d'excellentes qualités faisoient
espérer qu'il rétabliroit un jour la République dans son
premier lustre. Sa douceur étoit incomparable , et alloit
jusqu'à tenir contre les injures les plus sanglantes et les
plus mauvais services. Il n'avoit pas cependant moins de
valeur et de courage, que de bonté et de clémence.
Atout
DANS LES GAULES. I SIECLE. lo3
" A toul cela se trouvoieiil joints tous les talents de l'es- germanicus
prit. Et comme il étoit né dans le siècle le plus florissant ^'^•'^^^'^-
pour les letres , on eut soin de l'en faire instruire d'une . suei. ibhi.
manière convenable à sa naissance. ' 11 n'y a pas de doute i. 2. n. 64.
qu'il ne fût un de ces petits-fils d'Auguste, à qui cet Empe-
reur, selon le témoignage d'un de ses Historiens, se plai-
soil d'enseigner lui-même les letres et l'art de l'écriture.
' (jiermanicus y fil des progrès proportionnés à la gran- i- ♦ n. 3.
deur de son génie. Son inclination le porta particulière-
ment à l'éloquence et à la poésie en l'une et l'autre langue,
la gréque et la latine. Il sut se servir de l'éloquence pour
haranguer dans le Sénat et plaider dans le barreau, où il
plaida même après avoir reçu les honneurs du triomphe,
il fit usage de la poésie, pour se délasser quelquefois des
fatigues de Mars par ce doux et innocent amusement; ' et ovi.i. Fasi. 1. 1.
il y réussissoit foit bien au jugement d'un des plus célèbres l""'
Poètes de son siècle.
'Tel étoit Oermanicus aux veux de tous les Romains et pio, 1 .>;,",, p. «37 1
j, . , . . •'. , . .. Siiel. ibid. n. 1. 41
d Auguste même, qui connoissant mieux son mente que Tac.ibiri.i.i.n.sl
personne , pensa sérieusement à l'adopter pour son fils et '' '' "' '''■
son successeur. Mais vaincu par les importunitès de sa fem-
me, il se trouva comme forcé à adopter Tibère. Il ne le fit
néanmoins qu'à condition que Tibère adopteroit lui-mê-
me Germanicus , quoiqu'il eût déjà un fils à lui. ' Cette Paicic.i.'j.n.ios.
double adoption se fit le 27 de Juin de la 25* année d'Au- l^\,[ ^"- '^'"»'- '•
guste, et la 4' de nôtre Ere commune.
Bien-tôt Germanicus quoiqu'encore jeune entra dans suet. ihid. n. i.
les charges publiques. 11 fut Questeur cinq ans avant qu'il
eût ateint l'âge requis pour exercer celte charge. Elle lu
fraïa la voie au Consulat , auquel il fut élevé aussi-tôt
après, ' l'an de Rome 705 , douzième de l'Ere vulgaire, oio, 1. 50. p. 6m.
avec C. Fonteius Capito pour collègue. ' Soit avant ou suei. ibiri. |Tac.
après celle époque, Auguste l'envoïa commander les huit '''''*• '•'• "■ ^■
légions qui étoienl sur le Rhin, (iermanicus à la tête de
celte puissante armée vainquit les ennemis de l'Etal, et en
alla triompher à Rome. ' Il se signala ensuite dans la guerre p.,terc. iwa. n.
de Dalmalie , où il s'acquit la réputation de grand Capi- ^"''
laine. ' De-là on le lit passer en Orient, toujours à la tête ^"'='- '*''''• "• ^•
des armées, pour y rétablir les affaires de la République.
Il subjugua le Roi d'Arménie et réduisit la Cappadoce en
une province de l'Empire. '• Tibère voulant en quelque Dio, 1.57. p. c^o.
Tome I. Prem. Part. V
154 ETAT DES LETRES
GERMANicus sortc reconnoîlrc tant de services, l'éleva pour la seconde
CESAR. fois au Consulat, en le prenant pour collègue dans cette
dignité , l'an de Rome 772 , dix-huitiéme de l'Ere Chré-
tienne.
Mais quelque glorieux que fussent pour Germanicus
Dio, ibid. n. 705 1 tous CCS hcurcux succès, ils furent beaucoup au-dessous ' et
Tac. ibid. i. a. ^^ j^ modéralion-avec laquelle il sut soutenir la grandeur
et le poids de la plus haute fortune, et de la sagesse qu'il fit
paroître dans toute sa conduite. Il fut si prudent et si cir-
conspect dans toutes ses démarches , qu'il évita toujours
de rien faire , ou que Tibère pût blâmer , ou qui fût ca-
pable de lui atirer l'envie de Drusus son fils.
Dio.ibi.i. p. 693 1 ' Ce qu'il fit en ce genre à la mort d'Auguste, est du plus
suei. ibid. n. 1. hcroïque. A la nouvelle de cette mort , les légions qu'il
commandoit en Germanie se mirent en devoir de le pro-
clamer Empereur à la place de Tibère, et en vinrent pres-
que à une sédition ouverte pour l'engager à y consentir.
Mais ce Prince sage et modéré en tout ce qu'il faisoit ,
refusa constamment les offres de cette nombreuse armée ,
et sortit même des bornes de sa modération naturelle ,
pour arrêter un zélé, qui bien que juste en lui-même, lui
paroissoit indiscret. On ne sauroit dire ce qui éclata le plus
en cette ocasion, ou la modestie de Germanicus à refuser
ainsi l'Empire, ou sa grandeur d'ame à concilier à Tibère
l'affection des soldats. Exemple rare , et peut-être unique
dans toute l'antiquité ! Il eut l'adresse de donner aux trou-
Fes au nom du nouvel Empereur, comme s'il en eût reçu
ordre de sa part , le double de ce qu'Auguste leur avoit
Dio, ibid. p. 706. Icgué par SOU testament. 'Ce ne fut pas la seule rencontre
où il auroit pu se faire Empereur, s'il l'avoit voulu. Mais
il le méprisa toujours ; et ce mépris l'en rendoit encore
plus digne.
Tant de signalés services rendus à la République, et à la
personne de Tibère en particulier, ne furent point capa-*
blés de mettre Germanicus à couvert des traits de la mé-
chanceté de cet Empereur naturellement jaloux et défiant,
p. 705. 706 ijac ' Aïaut SU gagucr Pison et Plancine sa femme pour se dé-
suet, iî.'id. n.l. 5. faire de ce grand homme, il se servit de leurs artifices pour
lui donner un poison lent, qui lui ôta la vie en la 34e année
de so<i âge, lorsqu'il étoit à Antioche en Syrie. Ainsi mou-
rut cet excellent Prince , comparable en tout à Alexandre
6.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 155
le grand. Sa mort fut pleurée non-seulement de toute la germanicus
province, mai.s aussi de tous les peuples des environs. Les ^'^'^^^
nations mêmes les plus éloignées , comme les Parthes , et
leurs Rois avec elles, en témoignèrent leur regret par un
deuil public. Rome en parut incontrôlable, sans que ni les
édils de l'Empereur pour prévenir les saillies de sa conster-
nation, ni tout autre chose fût capable d'adoucir sa juste
douleur. Tibère fut le seul à qui cette mort fatale donna de
la joie.
' Germanicus avoit épousé Agrippine, fdle de M. Agrip- snot. ibid. n. ..
pa et de Julie, et en eut neuf enfans. Deux moururent dans
leur première enfance , et un troisième un pou plus âgé.
Les autres survécurent le père. Il y avoit trois garçons et
trois filles. Les garçons étoient , Néron qui épousa Julie
petite-fille de Tibère; Drusus, et Caligula qui fut Empe-
reur. Néron et Drusus moururent de faim. Les trois filles
étoient la fameuse Agrippine mère de l'Empereur Néron ,
Drusille qui épousa Lucius Cassius , et Liville,ou Julie se-
lon Tacite, qui fut mariée à M. Vinicius. Les anciens Hi-
storiens sont pleins des éloges de (iermanicus. ' Il n'y a Paten-. m<i. a.
que Velleïus Paterculus, qui bien qu'il lui rende justice en "" **"'
un endroit, en parle très-mal en un autre, par des vues
d'une politique qu'on ne sauroil lui pardonner. ' Voici Epi. eipoë. vei. i.
son épitaphe telle qu'on nous l'a conservée de la façon ^' ^ ^''
d'un ancien Poète.
Parce hospes tumulo, Cîesar Germanicus hic sum :
Sœpe etiatn ignotis ipse dedi requiem.
Quod si quem tumnlinihil hujus gratia tangit,
Admoneat patriae fraude quod hicjaceo.
Sed jaceo, quamvis non vita et plenus honore :
Hoc une ingratus quod genui patrire :
Testata est mores lacrymis plebesque patresque.
Hsec sunt sinceri judicia ingenii.
S- IL
SES ECRITS.
QUOIQUE Germanicus fît sa principale ocupation du
commandement des armées, il ne laissa pas de culti-
ver, beaucoup les letres, et de leur faire honneur. C'est le
Vij
150 ETAT DES LETRES
GEiiMANicus témoignage que lui rendent presque tous les anciens qui
^''-^■^'''- parlent de lui. * Ovide entre autres en lui dédiant ses Fa-
• ovid. fosi. I. I. stes, relevé avec éloge la beauté de son génie , son élo-
'" quence, sa grande érudition , le talent qu'il avoit pour la
suet. c:is. 1. 4.n. poësie. ' 11 laissa divers monumens de son savoir, entre
^' lesquel Suétone marque des comédies en grec. Il ne pa-
roît plus rien des pièces gréques de Germanicus, non plus
que de ses harangues ou pièces d'éloquence. Il en avoit
cependant prononcé plusieurs , tant au barreau que dans
Tac. an. 1. 2. n. le Sénat, et en d'autres ocasions. ' Il faut seulement en
excepter certains petits fragmens de quelques-unes entre
celles qu'il fit à la tête des troupes et au lit de la mort.
Tacite qui semble les avoir vues en entier, a pris soin de
nous en conserver ce qui en reste.
p.,ë. lat. corp. p. ' Germanicus laissa aussi des épigrammes de sa façon. On
!^.'i.' îi.'"p.*49!*5o". ^n voit encore aujourd'hui quelques-unes latines sur divers
sujets, tant dans le corps des Poètes latins , que dans le
recueil des épigrammes et petites poésies des anciens. Il
y en a une fort ingénieuse sur un enfant de Thrace, qui se
jouant un jour sur l'Ebre qui étoit glacé , rompit la glace
et périt dans l'eau. L'on ne sait sur quel fondement on
donne à Germanicus à la tète de cette épigramme le pré-
nom de Caïus et la qualité d'Auguste. Une autre de ces
épigrammes de Germanicus est faite pour orner le tom-
beau d'Hector. Elle est immédiatement suivie de quatre
autres sur Caton, et d'une cinquième sur Scœvola, qui ne
portant avec elles aucun nom d'Auteur, paroissent être
du même Poète. Toutes ces épigrammes sont en vers éle-
giaques.
Fab. Bib. lat. p. ' Le principal ouvrage qui nous reste de Germanicus,
p.''n3'!'^"*'''''*' est une traduction latine des phénomènes d'Aratus de Ci-
licie. Ces phénomènes .sont un poème grec sur les constel-
lations, dont S. Paul au 17'' chapitre des Actes des Apô-
tres, où il parle aux Philosophes d'Athènes, cite le com-
mencement du 5® vers : m\> yip "«î Y'^°î «'«[a^v. Ciceron
en sa jeunesse et Rufus Festus Avienus avoient déjà tra-
duit le même poème. Mais la traduction de Germanicus
a sur celles des autres l'avantage d'être enrichie de notes
qui passent pour un commentaire. Elle est en vers hexamè-
tres et assez bien exécutée, quoiqu'avec un peu de liber-
té. II s'y en trouve moins cependant que dans les tradu-
DANS LES GAULES. I SIECLE. 157
étions ni de Ciceron ni d'Avienus , que l'on ne regarde germanicus
presque que comme des paraphrases. ^^^'s^*^-
' Aux phénomènes d Aratus se trouvent joints des frag- pab. ibid. p. w.
mens de progno-stiques , qui ne sont pas tant pris d'Aratus *'•
3ue des autres Astrologues Grecs, et qui ont été aussi tra-
uits en vers latins par Germanicus. Divers critiques ont
tenté d'ôter cette traduction à ce Prince, pour la donner à
l'Empereur Domitien, qui porta le surnom de Germanicus
pour avoir vaincu les Germains. Mais d'autres savans ont
fait voir par des preuves convaincantes qu'elle apartient
à notre Germanicus.
' Cette traduction des phénomènes et des prognostiques p 47.
a été fort souvent imprimée. On en trouve une ancienne
édition faite à Boulogne dès 1474, peu de temps après
l'invention de l'Imprimerie. 'Il y en eut une autre à Ve- biI). Tim». 1.3. p.
nise sans le texte original, mais avec les notes ou le commen- b^,'. p.' (u'.'''d^' ~
taire de Germanicus , la paraphrase d'Avienus , et quel-
ques autres anciennes pièces. Cette édition est de Tan
1488 en un volume m-4°. ' La traduction de Germanicus . „ . , .
... Barl). t. I. p.
acompagnée du texte grec d Aratus et de la paraphrase «*• a-
d'Avienus, fut réimprimée au même endroit les années
1500 et 1502. On joignit à cette dernière édition le com-
mentaire dont Germanicus avoit enrichi sa version ; mais
on en retrancha celle d'Avienus.
'Il semble que ce fut cette même édition de Venise qui ...Lugii.-Bat.ib.
servit de modèle à celle qu'on vit paroître à Basle l'an 1549,
en un volume m-S°, avec l'Astronomicon de C. Julius Hy-
ginus.
' Morel publia à son tour à Paris l'an 1 559 en un volume ma.
in-A" la traduction de Germanicus et son commentaire. 11
y joignit le texte grec de l'Auteur original , les traductions
gréques de Theon et de Léonce le Mechaniste, avec les
versions latines de Ciceron , d'Avienus , et l'Astronomicon
d'Hyginus. ' Cette édition revûë par Morel fut renouvel- Bib. Barb. ibid.
lée à Cologne l'an 1568 en un volume in-folio. 'On la vit LugdBai -ib.
renaître in-S" l'an 1589 chez Saint-André, qui n'y laissa i ^a'' '•>»''
avec le texte grec que l'ouvrage de Germanicus, et ce qui
nous reste des paraphrases de Ciceron et d'Avienus; mais
qui y ajouta le Scholiaste de notre Poëte recouvré en Sici-
le, et quelques autres pièces étrangères.
' En 1600 Hugues Grotius encore jeune publia sous la fab. ibid. p. 48.
1 5
158 ETAT DES LETRES
cERMANicus direction de Joseph Scaliger un recueil des écrits d'Aratus,
<^*^'SAH- où il insera la traduction de ses phénomènes par Germani-
cus, avec des notes de sa façon, dont il enrichit ce re-
cueil. L'édition qui est en un volume m-4'*, et faite à Ley-
de, passe pour la plus parfaite et la plus entière de toutes
«a. Bsri). iiii.i. I. celles qui avoient vu le jour. ' La traduction de (iermani-
CU3 fut encore imprimée à Lyon l'an 1608 , avec le texte
grec d'Aratus. (XV.)
VOTIENUS MONTANUS,
Oratkhr.
VOTIENUS -^T o T I E N II S " M o N T A N II S , l'uu dcs grauds
MowTANiis. y hommes de Letres de son siècle, naquit à Narbone,
• iiari. 1. 8. «pi. quclqucs années avant le commencement de l'Empire
'*■ d' Auguste. ** Il avoit reçu de la nature un génie des plus
S8. p. 335. heureux, mais n n eut pas som de le cultiver autant quil
auroit été à souhaiter. C'est ce qui l'a fait qualifier par un
ancien , qui l'avoit connu personnellement , homo ranssimi,
p. 335.386. etiamstnonemendatissimiingenn. ' 11 ne laissa pas néanmoins
d'acquérir beaucoup d'éloquence , et de devenir un des
plus habiles déclamaleurs du règne d'Auguste et de celui
de Tibère.
ibid. i.s.coni.ao. 'il quitta sa patrie [»our aller à Rome suivre le bar-
^ ***■ rcau , où il plaida av(;c une réputation peu commune ;
quoique son éloquence ne fût pas sans quelques défauts
considérables. Son coup d'essai fut son plaidoïer pour
Galla Numisia en présence de tout le Sénat. Montan
y avança plusieurs trjiils si admirables d'éloquence , que
Seneque le père qui s'y trouva présent, a cru devoir les
cont. 85. p. .w. conserver en partie à la postérité. ' Car quand il vouloit
s'en donner la peine, il traitoit son sujet d'une manière
coni. 2M. p. .340. majestucusc. ' Il avoit sur-tout le secret de faire sentir
avec une adresse fine et [jolie le foible des personnes; et il
en faisoit quelquefois usage pour tourner en ridicule les
inepties des Rhéteurs.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 159
• Mais ces grandes qualités étoient un peu ternies par von en us
un défaut auquel il se trouvoit sujet, et que ses meilleurs mowtawus.
amis n'ont pu lui passer. C'est qu'il gâtoit ses discours par «seneci-s. eom.
trop de fréquentes répétitions des mêmes choses. Pour *■ *'■ 3^'*-
avoir négligé de s'en corriger d'abord dans ses harangues ,
où l'on s'en apercevoit moins , il le fit passer dans ses
plaidoïers , où il étoit intolérable à cause de la précision
que demandent ces sortes de pièces. Comme l'on repro-
choit le mêmç défaut au Poëte Ovide contemporain de
Montan , le célèbre Scaurus avoit pris de-là ocasion de
surnommer Montan l'Ovide des Orateurs , et de qualifier
Montaniana les répétitions d'Ovide.
'Montan poussoit ce défaut si loin, qu'il alloit quel- i. :$. ront. ao. p.
quefois jusqu'à répéter même ce que d'autres avoient dit. ^'■-**^'-
On en remarque un exemple bien irapant. Un jour que cet
Orateur fut acusé juridiquement devant l'Empereur, par
Vinitius Avocat de la ville de Narbone sa partie adverse,
il ne fit presque que répéter pour sa défense ce que Vi-
nitius avoit dit contre lui : de sorte qu'on auroit pensé
qu'il faisoit le personnage d'acusateur.
Ce défaut qui marquoit en Montan une grande .stéri-
lité , ne venoit, sans doute , que de la négligence qu'il i. t. pr. ,>. a».
avoit à se préparer, lorsqu'il étoit obligé à parler en pu-
blic. Seneque son ami s'en étant apeççu , lui demanda un
jour la raison d'une telle conduite. C'est , lui dit Montan
entre autres choses , pour éviter une mauvaise coutume
que je ne puis souffrir. En effet , ajouta-t-il , celui qui se
prépare pour déclamer , le fait non pour gagner sa cause ,
mais pour plaire à son auditoire. Il laisse la force du rai-
sonnement , parce qu'elle l'incommode , et qu'elle ne
fournit aucune fleur d'éloquence , ' et ne s'atache qu'à p- !ioi.
des sentences choisies et à des narrés ; parce qu'il sait
qu'ils plairont. Il se contente de flater les oreilles et de
se faire aplaudir , sans se mettre en peine du droit qu'il
défend. Il ne recherche que des choses spécieuses , et
laisse les nécessaires : ce qui est un défaut pernicieux dans
le barreau. ' Seneque le père qui nous a conservé cette p- sno.
réponse judicieuse de Montan, mais qu'il ne faut prendre .
qu'avec ménagement et discrétion , remarque à la louan-
ge de cet Orateur , qu'il ne parla jamais en public par
ostentation, ou pour se faire admirer. Bel exemple à imi-
100
ETAT DES LETRES
Hier. clir. 1.
15N.
Scliot. (•!. Rli. p.
ai. I.
voTiEM's ter pour les Orateurs de nos jours , qui travailleroienl
"Q'^^^^'^- d'ailleurs à éviter les défauts de Montan !
Tac.an. i.*.n.«. ' Ce graiid homme, après avoir illustré assez long-tems
le barreau , eut le malheur d'encourir l'indignation de
Tibère. Le sujet de sa disgrâce vint de ce qu'Jîmilius
homme de guerre ne songeant qu'à montrer que cet Ora-
teur étoit coupable , l'acusa d'avoir dit de ce Prince tout
ce que l'on en disoit effectivement dans le secret. Il n'en
fallut pas davantage pour charger Montan du crime de
leze-Majesté. ' En punition il fut exilé aux isles Baléares,
où il mourut quelque lems après , la 14" année de
l'Empire de Tibère , 28'' de notre Ere commune. C'est
ainsi que ce méchant Empereur fit périr plusieurs des
grands hommes qui avoient immortalisé le siècle d'Au-
guste.
Tac.ibi.i.|.seiicc-.i. ' Tacitc s'acordc avec Seneque pour nous représenter
i.coiii.sa.p.ax,. jviuiitan comme un des beaux esprits de son tems. Quel-
ques modernes en ont voulu faire un Poëte ; mais c'est
pour l'avoir confondu avec Julius Montanus son frère,
dont nous allons parler. Outre Seneque le déclamateur,
Votienus Montanus avoit encore pour ami particulier
l'éloquent Marcellus Marcius , dont il faisoit souvent
mention dans ses écrits.
On voit par - là qu'au tems de Seneque il se trouvoit
quelques ouvrages de notre Orateur. 11 faut que ce fût
autre chose que ses déclamations ou plaidoïers ; puisque
nous avons montré qu'il ne les redigeoit jamais par écrit
On ne sait point au reste ce que ce pouvoit être; et il
ne nous reste plus de lui que quelques fragmens insérés
dans le recueil de Seneque, tels qu'il se souvenoit de les
avoir entendus au barreau de la bouche de Montan.
Pciicc. cont. 20.
p. .SU.
JULIUS MONTANUS,
Poète.
JLLIUS
MONTANUS.
C'est assurément une preuve fort équivoque , que la
seule identité de nom qui se rencontre en deux per-
sonnes différentes , pour les croire ou frères ou de la fa-
mille.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 161
mille. Mais lorsque cette preuve se trouve fortifiée par des julius mon-
circonstances qui la fixent, en ce cas on ne peut raisonna- '^^'^'^^-
blement se reiuser à la probabilité qu'elle établit. Ainsi de
dire simplement que Julius Montanus étoit frère de Vo-
tienus Montanus, parce que l'un et l'autre portoient le même
nom , ce seroit avancer une conjecture assez frivole. On
pourroit penser la même chose de diverses autres person-
nes de même nom , comme de Montanus Hispo , Monta-
nus Traulus , Curtius Montanus , Lucius Titius Monta-
nus, et autres que nous omettons. Mais lorsqu'avec l'iden-
tité de nom on voit que deux personnes vivoient en mê-
me-tems, qu'elles suivoient la même Cour, qu'elles ont
couru la même fortune , que la disgrâce de l'une a été
suivie de celle de l'autre : alors on convient sans peine,
^ue ces deux personnes pouvoient être réellement ireres.
l'est aparemment pour ces raisons, ' que quelques mo- Egass.Bui.t. i. p.
dernes ont cru, et que nous le croïons après eux, que
Julius Montanus étoit frère de Votienus, Montanus, dont
nous venons de faire l'éloge.
Sur ce principe , Julius étoit de la ville de Narbone ,
d'où il passa ensuite à Rome, le centre des gens de Letres
et des beaux esprits. ' Il parut sur ce Théâtre des savans oyid. pont. iv. ei.
avec la plupart de ces grands hommes qui illustrèrent ?.®xcont?'ir*p!
l'Empire d'Auguste et celui de Tibère. Son génie le '^^s.
Porta à la poésie, dont il fit sa principale ocupation; et
on soutient qu'il y acquit beaucoup de gloire. En effet
Seneque le père ou le déclamateur, qui l'avoit connu per-
sonnellement à Rome, nous le donne pour un excellent
Poëte, et un homme d'une grande politesse : qui comis
fuit, quique egregius Poëta. ' De même, Ovide son contem- Ovid. ibid.
porain , comme Seneque , le met au nombre des plus
célèbres Poètes latins qui avoient paru jusqu'alors , et
fait une estime particulière de ses pièces en vers héroï-
ques et elegiaques.
Quique vel imparibus numeris, Montane, vel aequis
Sufficis, el gemino carminé nomen habes.
Toutefois Seneque le fils ou le Philosophe ne portoit !f^- *?• ***• p-
pas de Montan un jugement aussi avantageux. Il se con-
tentoit de le regarder comme un Poëte du commun :
tolerabilis Poëta; n'en jugeant sans doute , que par les
Tome I. Prem. Part. X
1 5 *
162 ETAT DES LETRES
juLjus HON- poésies qu'il en avoit lues. Car autre chose est de ne faire
'''^'^'"^- que lire les pièces des Poètes : autre chose de les leur
Senec. Fra«. 37 entendre prononcer. ' Dans leur bouche rien n'est plus
harmonieux : hors de là , elles perdent presque toutes
leurs beautés, et deviennent comme muëtes. C'est Julius
Montanus qui mettoit lui-même cette différence entre
les vers de Virgile sur le papier, et les mêmes vers en la
bouche de ce Poëte. Il disoit à ce sujet, qu'il lui auroit
volontiers enlevé certains endroits de ses poësies , s'il
avoit pu lui enlever également sa voix , sa manière de
prononcer, et son geste.
ep. 129. p. 10. ' Nous aprenons du même Seneque , que l'Empereur
Tibère fit d'abord paroître beaucoup d'amitié pour notre
Poëte , mais qu'ensuite il eut pour lui autant d'indiffé-
rence: Ei amicitia Tiberii notus et frigore. Ce fut seloij
toute aparence à l'ocasion de la disgrâce où tomba Vo-
tienus Montanus son Irere, comme nous avons dit en son
a""' 49**' '*'' '' ^*^"" ' Crinilus paroît confondre les deux fr«!res , atri-
• Tac. an. 1.13. n. buaut à JuHus Ics défauts de Votienus. "Tacite parle
*=i d'un Julius Montanus, qui fut contraint de se tuer lui-
même au commencement de l'Empire de Néron , qui ne
lui put pardonner d'avoir voulu s'oposer à ses violences.
Mais ce Julius Montanus étoil de 1 ordre des Sénateurs ,
et beaucoup plus jeune que celui qui fait le sujet de cet
éloge : ce qui doit suffire pour l'en distinguer.
Senec. ibid. De toutcs Ics piéccs de nolrc Poëte, ' il ne nous reste
plus que six vers , que Seneque le Philosophe nous a
conservés. Us paroissoient avoir fait partie d'un poëme
sur le jour et la nuit. Les voici , afin que le lecteur en
puisse juger.
Incipit ardentes Pliœbus producere flammas,
Spargere se rubicunda dies, jam tristis hirundo
Argutia rcditura cibos immitterc nidis ,p
Incipit, et molli partitos orc minislrat.
ibid.
Jam sua pastores stabuli.s armenta locarunt ;
Jamdaru sopitis nox iiigra silentia terris
Incipit. . .
Montan prenoit tant de plaisir à réciter ses poésies
DANS LES GAULES. I SIECLE. 163
Ïu'il déclamoit volontiers depuis le malin jusqu'au soir, julius mon-
lela déplaisoit beaucoup à ceux de ses auditeurs , qui "^f^^^^-
aimoient mieux un bon repas qu'une pièce de poésie. Un
jour qu'il récitoit le poëme dont nous venons de donner
un fragment , Varus Chevalier Romain , homme de bon-
ne chère , qui devoit aller souper chez Atilius Buta , in-
terrompit brusquement notre Poëte , lorsqu'il en fut aux
deux derniers vers cités , quoique ce ne fût qu'une partie
de la pièce , et dit hautement qu'il étoit déjà nuit , et
qu'il alloit trouver Buta.
JULIUS GRyECINUS,
Philosophe.
S- I.
HISTOIRE DE SA VIE.
LA * ville de Frejus , ancienne et illustre colonie des ^u^ius gR;€-
Romains dans la Gaule Narbonoise , fut le lieu de <^^^^^-
la naissance de ce grand homme. Il eut pour père un * Tac. vit. Agr. n.
Chevalier Romain , qui avoit été Procureur du Fisc , ou
Intendant de province : charge qui consistoit à faire la
recette et la mise des impôts et autres revenus de l'Em-
pire. Greècinus fit une étude particulière de ce que les
honnêtes païens entendoient par l'amour de la sagesse;
et il acquit assez de vertu pour se rendre odieux à ceux
qui n'aimoient que le vice. Il s'apliqua aux belles Letres
avec tant de succès , qu'il se fit la réputation d'homme
éloquent , ' et qu'il devmt un des Ecrivains le plus poli coiu. 1. 1. c. i. p.
de son siècle. "•
Sa vertu lui mérita une épouse digne de lui pour sa tac. ibid.
rare chasteté. Elle se nommoit Julia Procilla , et avoit eu
pour père un autre Chevalier Romain , qui avoit aussi
exercé la Charge d'Intendant de province. De ce ma-
riage naquit le célèbre Agricole , ' qui se vit élevé aux n. 7-0. is.
premières dignités de l'Empire , et dont nous parlerons
dans la suite de cette histoire.
Xij
164 ETAT DES LETRES
juLius GRiC- 'On sut reconnoître le mérite de Grœcinus, en lui acor-
ct^"^- dant une place dans le Sénat, à laquelle on peut dire
• Tac. ibid. n. t. qu'il fit autaut d'honncuF, qu'elle put lui en procurer elle-
scnec. de ben. 1. même. Eu effet il soutint le rang de Sénateur ' par une pro-
Î09.' *""■ '^' bité et une grandeur d'ame, dont on trouvie peu d'exemples
parmi les Païens. Seneque le Philosophe en étoit si grand
admirateur , qu'il ne parle jamais de Grœcinus que
comme d'un homme d'un mérite tout extraordinaire:
Vi'r egregiiis, le qualifie-t-il en divers endroits de ses écrits.
Il a même cru ne pouvoir mieux édifier la postérité ,
qu'en lui conservant quelques traits de la vertu et de la
générosité de ce grand homme,
jjen. ibid. ' Gràecinus portoit l'une et l'autre jusqu'à ce point,
qu'il ne pouvoit souffrir le vice , ni avoir aucune commu-
nication avec les personnes mal notées, non pas même
rien recevoir de leur part , de quelque qualité qu'elles
fussent. Un jour Fabius Persicus , nomme Consulaire, lui
aïant envoie une grande somme d'argent pour fournir aux
frais des jeux publics, que Grœcinus devoit donner, ce-
lui-ci refusa constamment de l'accepter. Et comme ses
amis le blâmoient de son refus , il leur fit cette réponse
si judicieuse : « Voudriez- vous, leur dit-il, que je reçusse
« une faveur d'un homme avec qui je rougirois de me
» trouver à table? » Quelque tems après Rebilus , autre
homme Consulaire , mais aussi mal noté que Persicus , lui
envoïa à son tour une somme encore plus considérable
que la précédente , avec de grandes instances pour l'en-
gager à la recevoir. Mais Grœcinus s'en défendit encore,
en disant pour excuse : « Eh ! je n'en ai pas même voulu
» recevoir de Persicus ; lui laissant inférer : à plus forte
» raison n'en recevrai-je pas de vous , puisque vous êtes
» une personne aussi iniame , et d'une moindre naùs-
» sance. »
op. 29. p. 108.109. ' Seneque raporte un autre trait de l'histoire de Grœ-
cinus , qui montre le grand cas que l'on faisoit de son
jugement. Les beaux esprits de Rome se trouvant em-
barassés à assigner une secte au Philosophe Ariston , qui
ne sortoit jamais de la chaise où il se jfaisoit porter, soit
pour disputer, soit pour composer ses ouvrages , s'adressè-
rent à Grœcinus pour savoir ce qu'il en pensoit. Scaurus
avoit déjà dit: « Assurément , Ariston n'est pas Peripate-
DANS LES GAULES. I SIECLE. 165
» ticien. » Grœcinus consulté à son tour, répondit : « Je julius GRit-
» ne puis vous en rien dire ; car je ne connois pas même ^'^"^-
» sa démarche. »
' Grœcinus se faisoit de plus en plus honneur par sa sa- Ta*, iwd.
gesse et sa probité , lorsqu'il devint la victime de celle-ci.
L'Empereur Caligula , qui regnoit alors , et qui haïssoit
autant la vertu qu'il aimoit le vice, lui commanda de se
porter pour acusateur contre Marcus Silanus. Grœcinus
en eut horreur , et refusa généreusement de le faire. Il
n'en fallut pas davantage pour porter ce Prince inhumain
à lui faire ôter la vie , vers l'an 40 de notre Ere vul-
gaire , lorsque Grœcinus étoit encore jeune ,' puisque son n. *. u.
fils n'avoit tout au plus que deux ans en ce tems-là. ' Se- Senec. i)«n. iWd.
neque parlant avec indignation de cette mort , et propo-
sant Grœcinus pour le modèle d'Un grand courage , dit
que Caligula ne le fit tuer , que parce que Grœcinus étoit
meilleur qu'il ne convenoit à personne d'être à l'égard
d'un tiran.
Telle fut la fin de cet excellent homme , à qui il sem-
ble qu'il ne manguoit que d'être Chrétien. Je ne sais si
cette grâce ne fut pas acordée peu de tems après à
quelqu'un de sa famille,) et si 'la célèbre Pomponia Grœ- Tac. an. i. 13. n.
cina , l'une des premières Dames de Rome , * qui fut a- , tui. h. e. t. 2.
cusée comme Chrétienne l'an 57 sous Néron , n'étoit p- ™-
pas sœur ou proche parente de notre Sénateur. Il est au
moins certain que la vertu dont cette famille Païenne
faisoit profession , étoit une grande disposition pour em-
brasser le Christianisme.
§. IL
SES ECRITS.
COLUMELLE ' faisant d'abord l'énumération de ceux coiu.i. i. c. i.p.
qui avoient écrit avant lui sur l'agriculture , puis ve-
nant à ceux qui l'avoient fait en son siècle , nous aprend
que Julius Grœcinus avoit laissé deux livres de sa façon
sur la manière de cultiver les vignes. Comme Cornélius
Celsus avoit déjà composé un traité particulier sur le mê-
me sujet , et que Grœcinus en avoit profité pour son ou-
vrage , Columelle ajoute que celui-ci avoit imité Celsus ,
comme s'il avoit été son disciple.
• Plin. hi;it. I. U
c. 4. p. H9.
90
166 ETAT DES LETRES
JULius GR*- • Pline l'Historien , qui avoit dans sa Bibliothèque les
'^^""^ écrits de notre Auteur , prétend aussi qu'il aroit copié
Celsus. Mais cela ne doit pas se prendre à la letre; et il
est à croire que Grœcinus n'avoit pas si litéralement co-
pié Celsus , qu'il n'eut inséré dans son ouvrage bien des
choses nouvelles. Cela est si vrai , que Pline lui-même ,
qui s'étoit servi de Celsus pour son histoire naturelle ,
avoue néanmoins avoir pris de l'ouvrage de Grœcinus
divers endroits, sur-tout pour ses livres 14, 15, 16, 17,
et 18.
Coin. ibid. ' Une autre différence remarquable entre les écrits de
ces deux Auteurs, c'est que ceux de Grœcinus l'empor-
toient de beaucoup sur ceux de Celsus , et pour l'agré-
ment du style et pour l'érudition. On ne trouve plus de-
puis long-tems l'ouvrage de notre Ecrivain. II est ou
perdu , ou enseveli dans la poussière de quelque Biblio-
piin. hist. 1. 16. c. théquc. ' Graeciuus y avancoit entre autres observations ,
que les vignes pouvoient durer soixante ans , sans être
renouyellées.
CLAUDE,
Empereur.
S t.
HISTOIRE DE SA VIE.
CLAUDE , " depuis Empereur, naquit à Lyon dans les
Gaules le premier jour d'Août , sous le Consulat
• senec de m. cl. dc Julius Autonius et de Fabius Africanus , environ quin-
F.5. n. s!'' ** ze ans après le rétablissement de cette ville, et dix ans.
avant le commencement de l'Ere Chrétienne. Il se nom-
moit Tiberius Claudius Drusus; et après que son frère
aîné eut été adopté dans la famille de l'Empereur , il prit
Tiii. Emp. 1. 1. p. le surnom de Germanicus. ' On trouve qu'il portoil en-
core le prénom de Nero avant celui de Drusus; mais il
n'est guéres connu dans l'histoire que sous le nom de
snet. ibid. n. 1.5) Glaudc , qui étoit celui de sa famille. ' Par sa mère An-
■ • OU* p. 7D«. ^
CLAUDE.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 167
tonia, il «'toit petit-fils de Marc-Antoine, et d'Octavia claude.
sœur d'Auguste; et par son père Drusus,si célèbre par la ~
conquête de la Germanie et ses autres grands emplois
militaires, il se trouvoit petit-fils de Livie femme d Au-
guste, neveu de Tibère, et oncle de Caligula.
' Dès sa plus tendre jeunesse on l'apliqua aux études Snet. ibid n. .■».
kl \ e i A ■ . 1 j 42 1 Dio. ibid.
convenables a un cnlant de sa naissance; et il donna sou-
vent des marques publiques du progrès qu'il y faisoit. Il
se rendit même assez habile, pour composer dans la suite
divers ouvrages en grec et en latin. ' Quoiqu'il eût une suet. iwa. n. a.
difficulté de langue qui l'empêchoit de parler distincte-
ment, néanmoins il ne déclamoit pas mal, au jugement
de ceux qui s'interessoient le plus à son avancement dans
les sciences.
Il s'en faut de beaucoup que l'on prît le même soin de
former ce jeune Prince aux bonnes mœurs, que l'on avoit
eu de le faire instruire dans les Letres. ' On lui laissa me- "• s I dio, p. 76*
ner une vie privée en la compagnie des femmes, des
affranchis, et des gens les plus débauchés; et cette mau-
vaise éducation en fit un Prince lâche , timide , efféminé,
et presque imbécile. 'Comme il passoit pour n'avoir ni ju- soet. n.2|Dio,i.
gement ni capacité, cela fut cause qu'on le méprisa long- '^^' •"■ "^'
tems, et qu'on le laissa dans le rang de simple Chevalier,
jusqu'à l'âge de quarante-six ans. Alors l'Empereur Cali-
gula le fît Sénateur, et le prit pour collègue dans le Con-
sulat. A ces défauts Claude en joignoit d'autres beau-
coup plus insuportables, et qui venoient peut-être de la
même source. 'Il étoit fort sujet à toutes sortes d'excès suet. n. 33.
de vin et de viandes et aux autres qui en sont la suite,
et avoit une passion démesurée pour le jeu.
' Tout cela néanmoins ne l'empêcha pas d'arriver à "• *"•
l'Empire. Il y fut élevé, lorsqu'il s'y atendoit le moins,
par le ministère des soldats, le 25 de Janvier de l'an 41
de notre Ere vulgaire, après la mort de Caïus Caligula
son neveu. Claude étoit alors en la cinquantième année
de son âge. ' Avant son élévation il avoit épousé Valeria n.2.'>. ac,
Messalina, si fameuse dans l'histoire pour ses crimes et ses
débauches. C'étoit sa troisième femme, en aiant épousé
deux autres qui lui donnèrent divers enfans. Il avoit eu
de Messaline une fîlle nommée Octavia, qui fut ensuite
mariée à l'Empereur Néron. Claude déjà parvenue l'Em-
168 ETAT DES LETRES
CLAUDE, pire en eut encore un fils, nommé d'abord Claudius Ti-
j)jg „3 oerius Germanicus, et depuis Britannicus César. ' Mais il
eut la modestie de ne lui point donner, non plus qu'à sa
Suet. n. 26. mère, le titre d'Auguste. ' Non content de tant de maria-
ges, il épousa encore, par un inceste sans exemple chez
les Romains, Agrippine sa propre nièce, fille de Germa-
nicus.
Le règne d'un tel Prince ne pouvoit être ni heureux
senec. ib. p. 85*. pour SCS sujets, ni glorieux pour lui-même. ' Aussi ne fut-
778.' '*'" ' ^' "*" il gueres moins cruel et sanglant que l'avoient été ceux
de Tibère et de Caligula; et l'on a dit de Claude qu'il
tuoit des hommes comme un chien des mouches. L'on
comptoit plus de cinq cens soixante personnes tant Séna-
teurs et Chevaliers qu'aulres, à qui il avoit ôté la vie. Il
en vouloit sur-tout à ses amis qu'il épargnoit moins que
les autres,
suei. n. 29 1 Tac. ' D'aillcurs sa timidité naturelle, qui alloit jusqu'à l'ex-
lî' n "("blo ''■ ^^*' ^^ rendoit incapable de la fermeté nécessaire pour
764 1 i>hii. vit.Ap.' rcmcdicr ou réprimer les desordres. Elle l'empêchoit de
I. 5. c. 8. p. 233. g'^igygj. au-dessus de ceux qui abusant ou de sa simplicité,
ou de sa foiblesse, changeoient souvent ce qu'il avoit
réglé, mettoient tout à prix, et le dominoient entièrement.
Tels furent entre autres ses principaux affranchis, Mes-
Dio,p. 770, 786. saliue et Agrippine ses femmes. ' De sorte que Claude étoit
moins leur Prince, que le ministre de leur intérêt et de
leurs passions. Nous ne chargerons point cette histoire de
toutes les infamies dont ses femmes et ses favoris ont
deshonoré son règne. Il faut tirer un rideau sur tout ce
qui ne peut ni instruire ni édifier.
p.765|Suet. n.33. 'Sa timidité le porta, lorsqu'il fut parvenu à l'Empire,
à ordonner que nul n'aprocheroit de sa personne, qu'on
ne l'eût auparavant visité, pour voir s'il n'auroit point
quelque poignard caché sous ses habits. Cette coutume
Dio, p. 764. s'observa jusqu'à Vespasien, qui l'abolit. ' Claude fut le
premier entre les Romains qui se servit d'une chaise à
porteurs qui fût couverte ; et l'usage en passa dans la suite
p. 777. aux autres Empereurs, et aux personnes Consulaires. ' Il
fut si prodigue du droit de bourgeoisie Romaine, que cet
honneur qui coûtoit des sommes immenses, tomba alors en
s«n»e.ibid.p.648. uu très-graud mépHs. ' On disoit par dérision qu'on l'a-
voit pour un verre cassé; et Seneque prétendoit que si ce
Prince
DANS LES GAULES. I SIECLE. 169
Prince eut vécu un peu plus long-tems, il auroit fait claude.
citoïens Romains teus les Grecs, les Gaulois, les Espa-
gnols et les Bretons.
Il faut pourtant dire à la louange ' de Claude, qu'il ne Dio, p. 765.
laissa pas de faire quelque bien, lorsque revenant à lui-
même, il savoit se rendre maître de ses passions. ' On re- t»»- h. e. 1. 1. p.
marque même qu'il avoit de la douceur et de la bonté
pour les peuples; Dieu lui aïant inspiré ce bon esprit,
pour donner à son Eglise qui commençoit alors à se former à
Rome, le loisir de croître et de se fortifier dans la paix
et le repos. ' En effet S. Jérôme a cru que ce fut en la se- Hier. chr. i. 2. p.
conde année de l'empire de Claude, que S. Pierre alla '^'
prêcher l'Evangile dans cette capitale du monde.
' Sitôt que ce Prince se vit Empereur, il remédia à Dio, p. 7C6.
divers abus qui s'étoient introduits sous le règne précè-
dent, reforma plusieurs choses mal établies, et rapella
d'exil tous ceux qui y avoient été condamnés sans sujet.
' 11 fit même paroître qu'il avoit quelque connoissance, iWJ. I Suet. n. u.
et quelque amour pour la justice. Il s'apliquoit volontiers *"* "««-p-s^^.
à vuider les procès, quoiqu'il ne le fît pas toujours avec
la même atention et la même prudence. Les Avocats fu- ,,-
rent sous lui en leur règne. Les Jurisconsultes au con-
traire avoient alors peu de crédit; parce qu'il étoit moins
atentif à la rigueur des loix qu'à ce que l'équité de-
mandoit dans les circonstances particulières. ' Mais com- Tac. an. 1. 11. n.
me ceux-là faisoient un commerce sordide de leur élo- '*'''•
quence, tirant de leurs parties de très-grandes sommes,
il ordonna qu'ils ne pourroient exiger qu'un certain sa-
laire qui leur fut marqué.
Les vues de Claude, quoique bornées, allèrent encore
plus loin pour le bien public. ' Il augmenta l'enceinte de 1. 12. n. 23.
la ville de Rome ; ' il acheva avec de très-grandes dé- suoi. n. 20.
penses l'aqueduc que Caligula avoit commencé, il entre-
prit avec des travaux immenses de sécher le lac Fucin; ' il iwaiDio, p. 7-2.
fit construire auprès d'Ostie le fameux port qui retient
encore aujourd'hui le nom de Porto : ouvrage digne de
la grandeur et de la puissance Romaine.
Quoiqu'il ne fut ni grand capitaine, ni grand politi-
que, il ne laissa pas néanmoins de se maintenir dans les
conquêtes de ses prédécesseurs, 'et d'en faire de nouvelles. Di.,, p. 770.-71.
Il acheva de réduire la Mauritanie, qu'il divisa en deux
Tome I. Prem. Pari. Y
170 ETAT DKS I.FVrRHlS
CLAUDE. Provinces, la TingiUine el la Césarif^nne. ' II eut encore
l'avantage de conquérir la grande lirelacrne, ce que Cali-
• Tac. vit. Agr. 11. i'-, '^, | ^
13. gula n avoil ose enlrepreiuire.
Tel fut l'Empire de Claude, mêlé de bien et de mal,
siiet. n. 43. 4*. I selon ceux qui le consi'illoient. ' Enfin après avoir régné
Dio, p. 789-191. treize ans, huit mois, et vingt jours, il fut empoisoimé
par Agrippine, pour mettre sur le thrône Néron son fils,
au'elle avoit eu le crédit de faire adopter, au préjudice
e liritannicus, propre fils de Claude. Celte mort tragique
arriva le 13*^ jour d'Octobre de l'an ."ii de notre Ere
vulgaire, lorsque Claude étoit en la soixante-quatrième
Dio, p. 7^. année de son ûge. ' On croit que ce fut dans un ragoût
de champignons qu'on avoit caché le poison (jui lui ôta la
vie. Et comme l'on ne craignit pas de vouloir mettre au
rang des Dieux un homme qui étoit mort de la sorte,
Néron son successeur en prit ocasion de dire ce bon mot,
qui marque fort bien la folie d'une telle prétention: « Les
» champignons , disoil-il , sont devenus la viande des
» Dieux, puisque Claude est devenu Dieu pour en avoir
» mangé. »
senec. .le m. d. p. ' Mais ricu n'aprochc pour la dérision, de la plaisante
***'*^' apothéose que Seneque lit de ce Prince, et dans laquelle
il le représente proprement comme une bête, et le trans-
forme en courge. La philosophie de ce prétendu sage
n'étoit pas assez forte, pour l'empêcher de se venger par-
là de l'exil auquel cet Empereur l'avoit condamné, peut-
être sans sujet,
suet. n. 30 i Dio, ' Claudc étoit bicu fait de corps, et avoit une taille
P- ''**• avantageuse. Mais il lui étoit resté de ses grandes mala-
dies une foiblesse qui lui causoit un tremblement de tête
et de jambes, avec une espèce de bégaiement. D'ailleurs
ses gestes et sa contenance étoienl de mauvaise grâce.
' Malgré ses défauts de corps et d'esprit, il ne laissoit
pas d'avoir quelques bonnes qualités pour les mœurs. Il "
étoit au-dessus de l'avarice, et n'aimoit ni le faste ni la
vanité. ' Quoiqu'il ait passé pour un Prince cruel et san-
guinaire, ' il avoit néanmoins de la bonté, point de fiel,
ni de passion pour la vengeance. De sorte que ce n'est pas
sans sujet, que l'on njelle sur Messaline et ses favoris les
cruautés que l'on vit sous son règne. Il étoit populaire,
' libéral sur-tout envers les soldats, et généreux à l'égard
Till. Kmp. 1.
SIO. 211.
1. p.
Snet. n. 34.
Dio, p. 763
773.
-770.
TiU. ibid. p.
tm.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 171
des Princes. Exemt de jalousie, il ne mettoit point sa ci.aude.
gloire à étouffer celle des autres, comme l'on avoit vu
sous Tibère et Caligula.
' 11 donna en plusieurs ocasions des preuves de sa mo- tui. iwa. p. sas.
destie. En faisant jurer l'observation des loix d'Auguste,
il ne voulut point qu'on fit la même chose pour les sien-
nes. Il refusa plusieurs honneurs que le Sénat lui offrit, et
ne se mit jamais en peine d'en faire ordonner ni pour lui
ni pour les siens. ' Le Consul Vipsanius voulant qu'on lui J^- »"• '• "• "■
donnât le titre de père du Sénat, Claude s'oposa à son
zèle, qui marquoit trop d'adulation. ' Il ne voulut pas suei. n. is.
même pi-endre le titre d'Empereur.
Exemple rare dans un Souverain! ' Lorsqu'il donnoit Dio, p. 772. 773
des charges ou des emplois à quelqu'un, il ne pouvoit
souffrir qu'on l'en n^merciàt; disant que c'étoit lui qui
devoit êtri! obligé, de ce qu'il se trouvoit des personnes
qui voulussent bien p(»rler avec lui une partie du poids de
son gouvernement.
Nous ne poinons mieux finir l'éloge de cet Empereur
que par les <|uatre vers suivans, qui peuvent lui servir
d'épitaphe. ' Ils sont du l*oëte Ausone, qui y a fort bien Ans. Cœs. p. <ei9.
pris le caractère de Claude.
Claudius irrisac privato in temporu vitio,
In regno spedmen prodidit infjinii.
Libertina lamen nuptaruin ut crimina passus,
Non facicodo nocens, sed patiendo fuit.
$• II.
SON SAVOIR ET SES ECRITS.
S
I ' Claude a passé pour n'avoir aucun jugement, il n'é- Suet. caes. 1. s. n.
toit pas néanmoins sans quelque génie. " Jean de Sa- ^"sares. pouci. «.
lisberi prétend même, suposé que cela se doive entendre •=• io-
de Claude, que c'étoit un homme de beaucoup d'esprit,
et de beaucoup de prudence. Mais cette opinion ne se peut
soutenir. Seulement il est certain, comme nous l'avons
montré, que ce Prince avoit a.ssez bien réussi dans ses pre-
mières études. ' Il avoit une grande connoissance du grec suet. ibid. n. 4t.
et du latin, et faisoit souvent des harangues publiques en *
Yij
172 ETAT DES LETRES
CLAUDE, l'une et l'autre langue. Il préferoit toutefois la gréque à
la latine, et ne pouvoit s'empêcher de le faire paroître en
f)resque toute ocasion. Il possedoit si bien Homère, qu'il
e citoit presque toujours dans ses jugemens. Il aimoit les
Tac. an. 1. 13. n. 3. belles-letrcs, et ceux qui en faisoient profession; ' et ses
discours, lorsqu'il vouloit prendre la peine de les méditer,
ne manquoient ni d'ornement ni de politesse.
Dio, 1. 60, p. 78i. ' Il n'étoit point ignorant dans l'astronomie. Il en don-
na une preuve publique, étant déjà Empereur. Prévoïant
une année qu'il devoit y avoir une éclypse de soleil le jour
anniversaire de sa naissance, et craignant que cela ne cau-
sât quelque tumulte parmi le peuple, il l'annonça lui-mê-
me au public, en lui en détaillant les causes naturelles.
suei. n. 41. ' Claude en sa jeunesse s'apliqua beaucoup à l'histoire, à
la solicitation de Tite-Live; et avec le secours de Sulpi-
cius Flavius il entreprit d'écrire en ce genre de literature.
Il forma le dessein de deux histoires différentes. L'une
commençoit après la mort de César, et comprenoit deux
livres ou volumes. L'autre commençoit à la paix civile.
Mais comme l'Auteur n'avoit pas la liberté de dire la vé-
rité en parlant de ceux qui étoient élevés au-dessus de lui,
sa mère et l'une de ses aïeules tâchèrent souvent de le dé-
tourner de son entreprise. Leurs remontrances néanmoins
ni le peu de cas qu'on avoit paru faire de quelque essai de
ses écrits, qu'il avoit soumis à la censure, ne l'empêche-
rent pas de pousser cet ouvrage jusqu'à 41 Livres.
n. 49. ' L'aplication qu'il donna à l'étude, lui fit inventer trois
caractères nouveaux, qui lui parurent être assez nécessai-
res pour mériter d'entrer dans l'ancien alphabet. Il com-
f)osa même, lorsqu'il n'étoit encore que simple particu-
ier, un traité sur celte matière. Et lorsqu'il fut parvenu
à l'empire, il fit une ordonnance pour faire passer ces trois
tm. an. 1. 11. n. nouveaux caractères dans l'usage commun. ' Il n'en vint à
14 1 Suei. iud. jjjjyj qu'avec peine ; mais après sa mort on ne tint plu^
compte de son ordonnance. On voïoit encore du tems de
Tacite et de Suétone ces trois caractères en divers monu-
mens propres à les conserver à la postérité.
Tac. not. ibiu. j ' L'on convieut que le digamme Eolique F, et l'ante-sigma
"'" 8.'not. pî^'59.' DC étoient deux de ces trois letres inventées, ou ajoutées à
l'alphabet latin par notre Empereur. On ignore la forme
de la troisième ; et puisque les anciens n'ont pas jugé à
I. c
DANS LES GAULES. I SIECLE. 173
propos de nous la conserver, pourquoi perdre du tems à cl au de.
en faire la recherche ? ' Quintilien aïant trouvé de l'utili- Quint, ibid.
té dans l'usage du digamme , il est surprenant que l'on
n'ait pas continué à s'en servir.
' Jean de Salisberi cite le Livre de l'Analogie sous le nom sares. ibid.
de l'Empereur Claude : ce qui désigne clairement le traité
sur ces trois letres dont nous venons de parler. ' Mais M. Trist. com. wst. t.
Tristan soutient qu'il s'est glissé une erreur dans le texte '■ •*■ ***•
de cet Ecrivain par la faute des Copistes , et qu'au lieu de
Claudium Cœsarem, il faut lire Càium Cœsarem , Jule César
pour Claude. ' Il est certain que César composa deux Li- Quint, p. eo i suet.
vres de l'analogie des mots. Ainsi il y a plus d'aparence i<n-5<5.
que c'est cet écrit que Jean de Salisberi a eu en vûë ; puis-
qu'il donne à l'Auteur les titres d'homme de beaucoup d'es-
f)rit, et de beaucoup de prudence, ce qui ne convient nul-
ement à l'Empereur Claude.
' Suétone nous aprend que ce Prince, avant que de mon- Snet. i. 5. n. 33.
ter sur le thrône , avoit composé un traité du jeu des dez,
qu'il aimoit à la fureur. ' Seneque en plaisantant sur sa Senec do m. ci. p.
mort , et faisant allusion à cette passion de Claude , le fait
condamner aux enfers à continuer ce jeu avec un cornet
percé parles deux bouts.
Asinius Gallus avoit fait un ouvrage , dans lequel il éta-
blissoit le parallèle d'Asinius Pollio son père avec Ciceron ,
mais en élevant le premier au-dessus de l'autre. Claude ne
put souffrir l'injure qu'on faisoit en cela au plus célèbre
Orateur entre les Romains. ' Il entreprit donc l'apologie Soet. n. «
de Ciceron contre l'écrit d'Asinius Gallus , et l'exécuta
avec quelque érudition.
' Après que ce Prince fut chargé du gouvernement de iwd.
l'Empire , il ne discontinua point pour cela à donner toû -
jours du tems à l'étude. Il trouva même assez de loisir pour
composer plusieurs autres ouvrages , qu'il avoit grand soin
de faire lire devant les gens de letres. On nomme entre
ces derniers écrits l'histoire de sa propre vie.' Auguste et i. 2. n. 85 1 1. a. n.
Tibère lui en avoient déjà donné l'exemple , qui fut imité ^*'
dans la suite par divers autres Princes. ' Cette vie de Clau- i- s. n. 4i.
de étoit divisée en huit Livres. On y trouvoit de l'élegan-
ce , mais peu de jugement. ' Tous les ouvrages de Claude "• **• *'•
que nous venons de nommer, étoient écrits en latin.
' D en fit deux autres en grec : l'un intitulé TuppYivixwv , ». «.
1 5
174 ETAT DES LETRES
CLAUDE.' c'est-à-dire l'histoire de Tyr (*) ; l'autre Kapyin^ovwxwv '^".^^p^^^^^"^^^
l'histoire de Carthage. La première étoit divisée en vingt Eirusq^s"'""
Livres, et la seconde en huit. Pour empêcher que ces deux
ouvrages ne tombassent si-tôt ou dans l'oubli, ou dans le
mépris , Claude fit ajouter un nouveau Musée à l'ancien ,
Tiii. Emp. t. s. p. ' établi comme l'on croit par Ptolemée Philadelphe , qui
y avoit mis sa Bibliothèque. C'étoit un apartement dans
le palais d'Alexandrie , où étoient logés et entretenus des
hommes de letres , partagés en plusieurs compagnies ou
collèges , selon les sciences ou les sectes, dont ils faisoient
sii«t.ibid. profession. ' Ensuite Claude ordonna que ces deux histoi-
res seroient lues en entier à certains jours de chaque armée,
l'une dans l'ancien Musée, l'autre dans le nouveau , et que
chacun des Académiciens feroit tour à tour cette lecture,
comme en un auditoire réglé. Malgré cette précaution ,
il ne nous reste plus rien depuis long-tems de ces écrits de
Claude, non plus que des autres du môme Auteur. 11 sem-
ble que ce soient particulièrement les deux histoires gré-
qucs dont nous venons de parler, que Pline l'ancien a vou-
lu marquer , lorsque dans l'énumeration des Auteurs dont
il s'est servi pour son histoire naturelle , il témoigne en di-
vers endroits avoir profité des écrits de cet Empereur pour
la composer.
suid. 8. p. 590. ' On est redevable en quelque façon à Claude de l'ouvra-
ge do Dyctis sur la guerre de Troïes. Car il prit soin d'en
faire multiplier les exemplaires , après qu'on eut recouvré
l'original dans l'ouverture d'un sépulcre, qu'un tremble-
ment de terre avoit fait entre-ouvrir à Crète (XVI).
T^. an. 1. 11. n. ' Tacitc uous a conservé la harangue que Claude , soit
par inclination pour les Gaulois ses compatriotes , soit par
quelque autre motif , prononça devant le Sénat , afin d'en
tirer un décret , pour que les Peuples des Gaules , qui joùis-
soient déjà du droit de citoïens Romains , pussent être re-
çus au nombre des Sénateurs. C'est l'unique pièce qui soit
venue jusqu'à nous des productions de ce Prince. ' Elle eut
son eflet ; et dès-lors on admit dans le Sénat quelques Gau-
lois qui étoient d'Autun.
Au XVI siècle on trouva sur la côte S. Sebastien deux
tables de cuivre, que l'on conserve à Lyon dans l'Hôtel de
ville , et sur lesquelles est gravée en partie la harangue dont
il est ici question. Mais elle n'y est pas en si beau style que
D. 95.
DANS LES GAULES. I SIECLE. 175
Tacite la met en la bouche de Claude. Guillaume Para- claude.
din l'a copiée d'après les tables de cuivre , pour la mettre
à la tête de son histoire de Lyon, où elle se lit avec quel-
3ues fautes qui sont corrigées ' dans l'autre édition qu'il a inscr. am. p. 415
onnée de cette pièce à la tête de ses anciennes inscrip-
tions.
' Claude fit diverses loix et ordonnances pour établir le suet.^n. 25 1 Dio
bon ordre dans l'Empire. Une des principales fut de dé- •"
fendre à toutes sortes de personnes de pratiquer la religion
des Druides. Ce n'est pas à dire , comme nous l'avons ex-
pliqué ailleurs , qu'il aJsolit la secte de ces Philosophes. Il
abolit seulement leurs sacrifices , où ils répandoient le sang
humain, et leurs divinations , qui n'étoient pas moins cruel-
les que leurs sacrifices. ' Il travailla toutefois à conserver Tac. ibid. n. 15
la vaine science des Aruspices, qui prétendoient trouver
l'avenir dans les entrailles des bêtes.
JULIUS FLORUS,
Orateur.
ON ne peut placer la mort de cet Orateur guéres plus julius florus.
tard qu'en ce tems-ci , c'est-à-dire vers le commen-
cément de l'Empire de Néron. C'est de quoi l'on se con-
vaincra sans peine par la suite de sa vie. ' Quintilien fait Quini. inst. or. 1.
en deux mots l'éloge de Julius Florus, en lui donnant le glo- *"" *• '■ *• ®'"-
rieux titre de Prince de l'éloquence des Gaules.
Presque tous les modernes sur cet endroit de Quintilien ,
n'ont fait nulle difficulté de regarder Florus comme Gau-
lois de nation. Ce n'est pas sans sujet. Le texte cité le su-
pose suffisamment ( * ) ; et nous ferons voir sur de bonnes
(1) Il est vrai qne QDJntilien semble ne y avoient brillé ou dans le iiarreau , ou
qnaUGer de la sorte Florus , qu'à cause daas les écoles, pour venir ensuite dans
qu'il avoit fini sa vie en professant l'élo- les Gaules, à moins qu'ils ne fussent eux-
quence dans les Gaules : ce qui nous suffi- mêmes Gaulois. Nâtre nation étoit assez
roit pour lui donner place dans notre hi- féconde en cette sorte de savans, pour n'é-
stoire. Mais le texte de cet Orateur bien tre pas obligée à en mandier d'ailleurs. Au
entendu supose encore autre chose. Ce contraire, c étoit une chose fort coinmu-
p'étoil du tout point la coutume de voir ne de voir les Orateurs quitter leur patrie,
des Orateurs quitter la ville de Rome, qui pour aller à Rome ou y hanter le barreau,
étoit le centre des beaux esprits, et le lieu ou y ouvrir des écoles publiques. Nous en
le plus propre à (aire fortune, après qu'Us avons déjà donné grand nombre d'exem-
176 ETAT DES LETRES
juLius FLORus. preuvcs que Julius Secundus , neveu par son père de Ju-
lius Florus, étoit réellement Gaulois.
D'ailleurs nous ne voions pas que rien puisse empêcher
de croire que notre Orateur ne fût de la même famille,
Tac. an. 1. 3. n. ' quo Cet autre Julius Florus son contemporain natif de
*°' Trêves. Celui - ci descendoit de parens nobles , qui pour
les grands services qu'ils avoient rendus à l'Empire , avoient
été honorés du droit de bourgeoisie Romaine , ce qui étoit
encore fort rare en ces temps-là ; puisque cela dut se faire
"•**• ou sous César ou sous Auguste. 'Mais ce Florus de Trêves,
aïant eu le malheur de se soulever contre les Romains avec
Julius Sacrovir d'Autun, vers la sixième ou septième an-
née de Tibère , il prit le misérable parti de prévenir par
une mort volontaire , la juste peine que meritoit sa rébel-
lion.
senec. 1. 4. coni. Florus l'Orateur après ses premières études, ' alla à
' ''■ ■ Rome , où il se perfectionna dans l'éloquence sous la dis-
156^' '^^'' '■ ^' ^' cipline du fameux Porcins (* Latro. ' Il faut que cela soit
arrivé avant la quatrième année de la 194" Olym-
piade , et l'an de Rome 753, auquel tems S. Jérôme place
la mort de ce déclamateur. On peut tirer de-là que Flo-
rus étoit né 18 à 19 ans auparavant, et ainsi environ 20
ans avant le commencement de l'Ere Chrétienne. 11 ne
lais.sa pas de faire du fruit sous la discipline de Latro, mal-
s«nce. ibid. gré ' sa manière assez bizarre d'enseigner. Car il étoit le
seul entre les Latins qui vouloit que ses disciples se bornas-
sent à l'écouler , sans qu'ils s'exerçassent eux-mêmes à la
déclamation ; disant pour raison qu'il étoit non un maître ,
p- 311. mais un modèle. ' Enseigner de la sorte, dit plaisamment
Seneque le père , c'étoit vendre son éloquence, plutôt que
pies ; et l'on en verra encore bcanconp éloquence, il rotonma finir ses jours dans
d'autres dans la suite. Il arrivoit quelque- les Gaules en continuant sa profession. Ce
fois que ces Orateurs Gaulois, après s'r- raisonnement soutenu par celui que nous
tre acquis de la réputation dans cette ca- ferons sur la patrie de Julius Secundus,
pitale dit i'KmpJre, revenoienl ensuite dans prouve de reste que Florus étoit réelle-
leur pais. C'est justement ce qui .sera arri- ment Gaulois. Nous avons cru devoir don-
vé à Julius Florus ; et Quinidicn a .seule- uer cet éclaircissement, pour ne laisser au-
ment voulu dire, qu'apns que cit Ora- cun lieu aux difficultés que l'on pourroit
tour se fut fait admirer à Home par son faire naître à ce sujet.
Schot. cl. Rli. p. (I) ' André Schot doute que notre Ora- Rome oii Latro cnseignoit, comme il pa-
*5. 2. leur soit le même que Florus disciple de roit par Seneque le père, et non pas en
Porcins Latro, parce que ce Latro étoit Espagne, que Florus l'aura eu pour mal-
Espagnol. Mais que cela fait-il 7 C'est à tre dans l'éloquence.
sa
DANS LES GAULES. I SIECLE. 177
sa patience et son travail. Ce fut pourquoi les disciples de julius floris.
Latro se nommèrent auditeurs par dérision : terme qui est
passé depuis chez les Latins pour signifier un disciple.
' Florus supléa de reste à ce foible secours, par la force Quim. ibid.
de son génie , et par son aplication à l'étude. Bien-tôt il de-
vint un des plus éloquens nommes de son siècle , et mérita
de passer pour un Orateur digne du tems des anciens : inter
paucos dùertus, et dignusillapropinquitate. ' Il parut avec di- senec. iinj.
stinction dans le Barreau , où il plaida sous Auguste et Ti-
bère au moins. Seneque qui avoit assisté quelquefois à ses
plaidoïers , nous a conservé quelques traits de celui qu'il
fit contre Flaminius. ' Ce Préteur avoit été acusé du cri- p. soi. su.
me de leze-Majestc, pour avoir fait contre les loix exé-
cuter un criminel pendant un festin, alin de plaire à une
courtisane , qui disoit n'avoir jamais vu décoller per -
sonne.
' Depuis , Florus revint dans les Gaules ('), où il con- Quim. ibi.i.
tinua jusqu'à la fin de ses jours la profession d'Orateur, soit
en plaidant devant les Préfets du Prétoire , soit en ensei-
gnant publiquement l'art de bien parler. ' On prétend Ega-ss. Bui. t. r. p.
'qu'il le fit dans l'école de Lyon, et que Julius Secundus, *'-•
son neveu , autre Orateur fort célèbre , dont nous parle-
rons ensuite , y avoit étudié. ' Celui - ci étoit encore sous Quim. p. aux
la férule, lorsque Florus le trouva un jour triste et pensif.
Florus lui demanda la cause de son embaras. Secundus
lui avoua , qu'il y avoit déjà trois jours qu'il avoit beau
mettre son esprit à la torture, et qu'il n'avoit pu néanmoins
venir à bout de l'exorde du sujet qu'on lui avoit donné à
traiter : ce qui lui faisoit beaucoup de peine , et le jettoit
dans le desespoir pour la suite. Alors Florus lui dit en sou-
riant : « Est-ce que vous prétendez mieux écrire que vous
» n'êtes capable de le faire ? » En efi'et, ajoute Quintilien ,
tout consiste à aporter ses soins pour réussir de son mieux ;
mais au reste il le faut faire selon sa capacité.
Florus ne pouvoit qu'être vieux, lorsqu'il mourut.
(') 11 soroit inutile de chicaner sur le exemple qui puisse apuier la prétention
texte de Quintilien, et de le vouloir en- que Galliœ au pluriel signifie la Gaule cis-
tendre de la Gaule cisalpine par raport aux alpine , que les anciens nomment presque
Romains , comme quelques modernes toujours GalUa togata, Gallia cispadana,
l'ont prétendu. Car cet Écrivain se sert trantpadana, afin d'écarter toute équivo-
dn nom plurier Galliarum. Or il .seroit que.
difficile de produire dans l'antiquité un
Tome I. Prem. Part. Z
1 6 H
lat 1. 1. c. 30.
178 CLODIUS QUIIUNALIS.
I s JE CLE. Nous avons vu qu'il étoit né environ 20 ans avant le com-
mencement de l'Ere Chrétienne ; et il vêquit au moins
(iumi. ibid. jusques vers l'an 55 ou 5G de la même Ere : ' puisqu'il vit
Julius Secundus son neveu dans son adolescence , et que
Secundus étant de l'âge de Quintilien, n'avoit alors guéres
iWd._no(|Voss. hist. plus de 15 à 16 aus ' Plusieurs modernes ont cru que Lucius
Julius Annaeus Florus, Auteur d'un abrégé de l'histoire Ro-
maine , étoit descendu de notre Orateur. C'est ce que nous
examinerons plus à fond dans la suite. La Popeliniere au
6* Livre de son histoire page 304 , a avancé sans y penser ,
que Florus l'Orateur étoit le même que Florus l'Historien ,
qui n'écrivit que sous l'empire de Trajan.
CLODIUS QUIRINÂLIS,
Rhetkiîr.
Hier. ebr. 1. 2. p. f T ^ ' scul trait de l'histoire de ce Rhéteur, que nous
U aprenons de S. Jérôme , nous fait juger que c'étoit
un très -grand homme de Lelres. Mais ce ne sont pas
toujours ceux dont les actions nous sont plus connues.
Suet. cl. Rii. noi. Nous ue savons que très-pou de choses de celui-ci , ' par
^- **^- h\ perte que nous avons faite de la vie que Suétone en
avoit écrite , avec celles de plusieurs autres Rhéteurs ,
qui ne sont pas toutes venues jusqu'à nous, comme nous
aurons encore ocasion de le remarquer plus d'une fois.
Hier. ibid. ' Quirinalis étoit natif de la ville d Arles dans la Gaule
Narbonoise. Il s'apliqua avec tant de succès à l'étude
des belles Letres, qu'il se trouva en état de les enseigner
eues. an. Mass. p. au-x aulres avcc honueur. ' On croit qu'il commença d'a-
bord à le faire à Marseille , et qu'il fut un de ces Rhé-
teurs qui contribuèrent à illustrer en ce siècle les écoles
Hi.!r. ibi.i. de colle ville. ' Mais il passa ensuite à Rome , où il profes-
sa publiquement la Rhétorique avec une réputation très-
éclatante : Romœ insignissime docct. C'est ce que S. Jérôme
Gnes. ibid. placc vors la sccondc année du règne de Claude . ' Quel-
ques-uns néanmoins ne le font Heurir que sous Vespasien ,
environ trente ans après : ce qui ne se peut soutenir ,
puisqu'il paroît qu'il mourut dès les premières années de
l'Empire ae Néron.
RHETEUR. 179
En effet il y a toute l'aparence possible, que notre R hé- i siècle.
leur est le même ' que ce Clodius Quirirtalis, qui au ra- Tac. a», i. n. n.
port de Tacite éloit Préfet ou Intendant des forçais que so.
l'on entretenoit à Ravenne. On sait , et noiis en aVortfe
donné divers exeniples, ôh sait que les gens de Letres
étoient alors presque toujours élevés au* Charges et di-
gnités de l'Etat. Quirinalis eut le malheur d'encoUrir l'in-
dignation du Prince , pour les malversations commises
dans sa charge. Afin de satisfaite son inhumanité , et de
fournir à ses dépenses excessives, il exerça des concussions
criantes sUr l'Italie , comme si c'eût été h dernière et iâ
plus méprisable pt-ovince de l'Empire. Il fut donc enve-
lopé dans la proscription que Néron fit de quelques Of-
ficiers. Mais Quirinalis évita la juste peine qile méritoient
ses crimes , en se faisant mourir lui-même par le poison.
Tacite met cette mort sous le Consulat de P. Volusius et
de P. Cornélius Scipio , qui se trouve lié avec la cin-
quante sixième année de notre Ere commune, et la se-
conde du Iregne de Néron.
' Il y a dans Martial une épigramme sur un Quirinalis , Man. 1. 1. epi. «s.
3 ne ce Poëte raille finement de ce que faisant profession
u célibat, il ne laissoit pas d'avoir des enfans de ses es-
claves , qui liii servoient de femmes. Comme Martial
mourut fort âgé sous l'Empire de Trajan , après avoir
passé sa jeunesse à Rome, et y avoir demeuré long-tems,
on pourroit croire que cette épigramme regarde ClodiuS
Quirinalis.
IJ R S U L U S
ou
SURCULUS,
Rhéteur.
IL nous reste peu de connoissance de l'histoire de ce
Rhéteur. Suétone avoit écrit sa vie avec celles des
autres illustres Rhéteurs ' que nous avons encore de lui. Snet. ci. rh. not.
Mais cette vie est perdue , aussi-bien que celles de plu- **
Zij
180 Ur.SULUS ou SURG ULUS.
i SIECLE, sieurs autres , dont on trouve les titres à la tête de l'ou-
vrage de Suétone dans deux divers manuscrits. Notre
Hier. chr. 1. 2. p. Rhéteur y est nommé Lucius Statius Ursolus, ' S. Jérôme
"•• dans sa chronique lui donne le nom de Surculus , et le
prénom seul de Statius. Personne ne doute néanmoins
que ce ne soit le même Rhéteur, dont ces deux Ecrivains
ont voulu parler.
j,,ij ' Surculus étoit de Toulouse : ce que les éditions de la
chronique de S. Jérôme par Scaliger et le Mire expriment
par Tolosensis. Mais l'édition par de Pontac porte Tolosanus,
qui écarte l'équivoque , et tranche toute difficulté. Il
enseigna la Rhétorique dans les Gaules avec beaucoup
de réputation , sous l'Empire de Néron , vers l'an 58 de
l'Ere Chrétienne : in Galliis celé berrime Rhetoricam docet , dit
S. Jérôme.
Quint, deci.pr.p. 'Pierre Pithou a même prétendu qu'Ursulus avoit exercé
aussi la même profession à Rome; et il y a toute apa-
rence que cela s'est fait ainsi. La preuve se présente d'elle-
même. S'il est vrai que Suétone ait écrit la vie d'Ursulus,
.-.■., comme l'on n'en peut guéres douter, c'est une marque
sii.fi. iii. fir. p. que celui-ci avoit effectivement enseigné à Rome. ' Gar
p' ''s;»' 842.' 8*3.'"' Suétone s'est borné à ne donner les éloges que des Rhé-
teurs et des Professeurs des belles Letres , qui avoient
brillé dans cette capitale de l'Empire. Il y a lieu de s'é-
tonner de ce que S. Jérôme , qui est atentif à marquer
ailleurs ces sortes de cfrconstances, ne l'ait pas fait ici.
Vos», pos. lat. c. Le prénom de Statius que portoit Ursulus, ' et la qua-
^'Jljfa.'^.'p.i'il; lité de Poêle qu'il joignoit à celle de Rhéteur , l'ont fait
confondre mal à propos par quelques-uns , avec Publius
Papinius Statius Auteur de la Thebaïde , que nous avons
encore. Ge dernier étoit natif de Sella en Epire , ou de
Naple selon quelques autres , et ne fleurissoit que sous
l'Empereur Domitien à la fin de ce siècle.
U -'
DOMITIUS AFER. 181
- I SIECLE.
DOMITIUS ÀFER,
Orateur.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
0
N vit en la personne de cet Orateur deux extrémités
fort oposées : beaucoup d'excellentes qualités , et beau-
coup de grands défauts. ' Il avoit pris naissance à Nisme Hier, ciir. i. s. p.
capitale du pais des Arecomiciens , qui fait aujourd'hui
{)artie du Languedoc , environ quinze ou seize ans avant
e commencement de l'Ere Chrétienne. ' Frontin, outre le Froni^. de aq. i. 2.
prénom de Domitius , lui donne encore celui de Gnaeus '' '" '
qu'il place le premier. ' Mais il ne le faut pas confondre tui. Emp. 1. 1. p.
avec un autre Cnœus Domitius Afer, qui vivoit sous Ves- ^^' *' "*'■ ''
pasien, et peut-<;tre encore assez long-tems depuis; au lieu
que celui qui fait le sujet de cet éloge, mourut sous Néron,
comme nous dirons dans la suite.
Afer au sortir des écoles de son pais, ' alla à Rome han- û»»ni- inst. or. i.
ter le Barreau , où il passa pour un prodige d'éloquen- •'*•?• '"^•
ce. ' Il se vit même élevé aux premiers honneurs dans cet- dio, 1. 59. p. 753 1
te capitale du monde, et contmua à y briller sous quatre 52 j Front. 'ibu. "'
Empereurs consécutifs ; Tibère , Caligula , Claude et
Néron. Il fut Prêteur sous Tibère, Consul subrogé sous
Caligula , et Intendant des eaux sous Claude et Néron
l'espace d'onze ans.
Au reste quelques honorables que fussent pour Afer ces
Charges et ces dignités , il se seroit acquis encore plus de
gloire par son éloquence , ' s'il n'avoit terni sa réputation Tac. ibid. n. 52.
par une horrible corruption de moeurs. Joignant, comme ^"
il faisoit , une vie licentieuse à une grande éloquence , il
ne pouvoit manquer de faire dans le Barreau plus de mal
que de bien. ' Aussi Dion assûre-t-il qu'il fut le plus puis- dio, 1. eo. p. 790.
sant Avocat qu'eurent les criminels de son siècle. ' De Tac. ibid. n. st.
même Tacite le blâme d'avoir fourni beaucoup plus par
l'heureux succès de son éloquence , que par la régularité
182 DOMITIUS AFER,
1 SIECLE, de sa conduite , le modèle à former les acusations , ou à
défendre les criminels.
ibid. ' Sous Tibère il ouvrit eh quelque sorte la roïe à la per-
te d'Agrippine , en acusant Claudia Pulcra «a cousine ,
n. 66. et lui reprochant ses crimes. ' Peu de tems après il se
porta encore pour acusateur contre Varus Quintilius fils
n. 52. de Claudia- et proclic parent de l'Empereur. ' Et après
avoir donné en ces ocasions et autres semblables des
preuves de son esprit , il tint bien-tôt un des premiers
rangs entre les Orateurs , sur tout lorsqu'on vit que Ti-
bère même lui donnoit le titre d'éloquent.
Quint, ibid. 1. 5. ' Il mcritoit justement cette qualité selon Qùintilieti ,
séo^'e^'"' '^^■'*' qui avoit été son disfcijîle , et qui assure qû6 de loUJ< les
Orateurs qu'il avoit connus , il n'eti avOit point trouvé
de plus excellens que Domitius Afet* et Julius Africanus.
Mais le premier , à soii avis , étoit préférable à l'autre, et
pour Tarangement des expressions , et pour tout ce qui
fait un bon Orateur. Il ne craignoit pas m^me de le ttiet-
tre de niveau avec les plus grands Orateurs de l'antiqUi-
Dia. or. n. 15. té. ' Il faut pourtaut avouer aVec un autre Ecrivain du
même tems , que l'éloquence au siècle d'Afer avoit bien
dégénéré de ce qu'elle étoit au siècle de Ciceroh et d'Asi-
ft"'"f- ' 1^- c"- nius. ' Quoi qu'il en soit, il est au moins vrai qu'Afer pas-
soit sans nulle contradiction pour le premier homme du
r'm' lia"'' ** Barreau en son tems , et pour un Orateur acOmpli. * On ob-
serve que sa manière de déclamer étoit grave et po-
Quint i. u. c. 3. sée, ' et qu'il y évitoit les gestes et trop frequens et tt-op
vehemens.
Dio. 1. 59. p. 752. ' Son èloqueuce toutefois pensa lui coûter bien cher
sous l'Empereur Caligula. Ce l'rince par une sotte vanité
s'imaginant être le plus éloquent homme de son siècle ,
fit un crirne à Dottutius Afer , de ce que sa réputation lui
disputoit cette gloire. Il prit ocasioil de l'inqilieter d'u-
ne inscription qu'Afer avoit fait mettre à une statUë qu'il '
avoit érigée à cet Emperetir. L'Inscription portoit qtie
Caligula à vingt-sept arts avoit été Consul pour la se-
conde fois. Mais bien loin que cette action fût de quel-
que mérite potir Afer , et qu'elle lui atirâl quelque ré-
compense, il fut mis en jtlstice sur cela tnême, corhme s'il
eut VtJtllu reprocher à l'ErHpereur sa jeunesse et le viole-
ment àêé hit , qtii défendoient d'entrer si jeune dans
ORATEUR. 183
les charges. Caligula voulut être lui-même son acusateur, i siècle.
et lut en plein Sénat un grand discours qu'il avoit fait
contre lui.
' Afer étoit perdu s'il y avoit voulu répondre. Aussi il ibia.
s'en donna bien de garde. Mais il évita le coup par un
tour des plus ingénieux. Il commença à loiier le discours
du Prince , comme s'il n'eût pas été contre lui , et qu'il
n'en eût été qu'un simple auditeur. Il lui donna do
grands éloges , en admira la force et l'éloquence, en ré-
péta tous les mots , les pesa chacun en particulier , en
releva la beauté. Puis quand on lui eut ordonné de ré-
pondre, il n'emploïa que les suplications et les larmes.
Enfin s'étant prosterné en terre , il demanda pardon à
Caligula , moins comme à un Prince , que comme au
maître de l'éloquence. L'Empereur s'imaginant qu'il lui
cedoit volontairement la gloire de la parole, fut si aise de
sa soumission, qu'à la prière de Calliste son aflVanchi et
ami d'Afer, il s'apaisa et laissa là cette affaire. C'est ainsi
qu'Afer feignant d'avoir perdu l'usage de l'éloquence ,
évita sa condamnation.
' En son tems il s'introduisit dans le Barreau une maxi- PUn. i. 2. ep. n.
me pernicieuse à l'éloquence. On s'avisa d'y donner des ^' *^' '*''
aplaudissemens publics aux Orateurs , lorsqu'ils plai-
doient. On prioit , on gageoit même un certam nombre
d'auditeurs pour cet efl'et. Cette nouvelle invention pour
faire valoir les Orateurs devoit , disoit-on , son origine
à Largius Licinius. Afer ne pouvant la souffrir , usa du
stratagème suivant pour l'abolir. C'est Quintilien qui le
racontoit à Pline le jeune son disciple , après en avoir
été lui-même témoin oculaire.
' Un jour Afer plaidant une cause devant le Sénat, en- p '23.
tendit un bruit extraordinaire au tribunal le plus proche
de celui où il plaidoit. Il faut savoir qu'il y en avoit qua-
tre dilîerens dans la sale où s'assembloient les Séna-
teurs. Afer parut étonné de ce bruit , et se tut. Le si-
lence aïant succédé au tumulte , il reprit son discours.
On fit encore du bruit; il se tut de nouveau: et après
que le bruit eut cessé, il revint à son discours pour la
troisième fois. Enfin il demanda qui plaidoit au tribunal
voisin ; on lui répondit : c'est Licius. Alors laissant-là
le sujet qu'il traitoit, il s'adressa aux Juges , et leur dit :
184 DOMITIUS AFER,
1 SIECLE. Messieurs, cet artifice n'est plus de saison. Et certes,
ajoute Pline, il commençoit réellement à tomber , dès
qu'il paroissoit à Afer l'être déjà,
ibid. ' Il n'en restoit presque plus aucun vestige au tems de
p. 122. Pline, ' qui ne le pouvoit souffrir non plus qu'Afer. Pen-
dant qu'il fut en usage, il étoit inutile de prêter l'oreille
aux plaidoïers des Avocats. On devinoit sans peine celui
qui faisoit le plus mal. G'étoit toujours celui qui recevoit
le plus d'aclamations.
Quint, i.iî.c. II. 'Afer vêquit jusqu'à une extrême vieillesse. Il perdit
5.' n'. 52. '^' ""' ' alors beaucoup de la gloire qu'il avoit acquise ; parce
qu'aïant l'esprit et le corps usés par son grand âge , il
voulut continuer à plaider , au heu de renoncer à cet
Qoini. ibid. p. 757. excrcice. ' Quintilieu cite cet exemple pour autoriser ce
qu'il établissoit touchant les qualités nécessaires à un
Orateur. Elles ne consistent pas , dit-il , ces qualités en
une science qui se perfectionne à mesure qu'on avance
en âge; mais elles consistent en la voix , la vigueur
du corps , et une bonne poitrine. Si cela vient à man-
quer soit par vieillesse ou maladie , il n'y a plus d'Ora-
teur.
Tac. an. . H. n. ' Tacite lie la mort d'Afer avec celle de Marcus Ser-
*^' vilius, autre Orateur qui alloit de pair avec Domitius
Afer, tant pour l'esprit et l'éloquence , que pour les hon-
neurs ausquels ils avoient été élevés l'un et l'autre. Mais
il y avoit cette différence entre ces deux Orateurs, que
Servilius s'étoit rendu aussi recommandable par la régu-
larité de sa vie , qu'Afer insuportable par la dissolution
de la sienne. La mort de celui-ci eut quelque conformité
ibid. I Hier. chr. 1. avcc sa vie. Car' il mourut dans un repas pour y avoir
S- p leo- mangé avec trop d'excès, sous l'Empire de Néron, et le
Consulat de Caïus (') Vipsanius et de Fonteius Capito,
piin. 1. 8. ep. 18. la cinquaute-ueuviéme année de notre Ere vulgaire. ' Il
p. 523. 527. semble qu'il ne laissa point de postérité, puisqu'il avoit
adopté pour ses fils Domitius TuUus et Domitius Luca-
nus
(*) Le dernier Dictionaire de Moreri on plutôt de notre Ere vnl(çaire; el il est
fdace la mort d'Afer l'an 60 de J.-C. sons visible par le texte de Tacite qno cette
e Consulat de C. Cxsonins Paetus et de mort arriva l'année à laquelle nous la ra-
C . Petronins Tnrpilianns. Ce sont deux portons : ce qui se peut confirmer par
fautes à la fois. Car il est certain que ce Frontin.) (XVIl.)
Consulat est lié avec l'année 61* de J. C.
ORATEUR. 185
nus frères. Pline le jeune raporte quelques-unes de leurs i siècle.
avantures assez plaisantes.
§. II.
SES ECRITS.
D
OMiTius Afer ne se borna pas à faire usage de son
savoir pour plaider seulement de vive voix; il sut
encore l'employer à écrire divers ouvrages pour la posté-
rité. Mais il y a long-tems qu'ils ne subsistent plus; et il
ne nous reste de lui que quelques Sentences que l'on trou-
ve dans Quintilien, Dion et Pline le jeune.
1" ' Il avoit fait un traité divisé en deux Livres sur Qui», insi. or. i.
les témoins que l'on doit oùir dans les causes. Quinti- ^- '• '• ^ -^'■'
lien traitant le même sujet dans les instructions gu'il don-
ne à son Orateur, parle avec éloge de cet écrit d'Afer.
Il ne fait pas difficulté de dire qu'il suffisoit pour prendre
une entière connoissance de cette matière, sans qu'il fût
besoin de rien écrire de nouveau sur ce sujet. Afer y éta-
blissoit comme un point fondamental que le principal
devoir de l'Orateur à l'égard des témoignages qui regar-
dent les causes qu'il doit plaider, est de s'instruire fa-
milièrement de toutes les circonstances de l'affaire.
2" Du tems qu'écrivoit Quintilien, ' il se voioit encore i. e. c 3. p. 378.
des recueils puolics des bons mots de Domitius Afer.
Ceux qui l'ont mieux connu, remarquent qu'étant fort
poli et fort agréable, il avoit un talent particulier pour
ces sortes de saillies d'esprit fines et enjouées. ' Quinti- p. 373. 378. 391.
lien en étoit si charmé, et les trouvoit acompagnées de ^'*^-
tant de grâce et douceur, qu'il les donne souvent pour
modèle à ceux qu'il entreprend de former à la belle
éloquence.
3° ' 11 y avoit aussi de notre Orateur un recueil public p i^» I ' lo. c.
de ses plaidoïei"s, dans lesquels on trouvoit quantité de ' ''■ '
ses bons mots, tant ils lui étoient familiers.
' En général Quintilien fait beaucoup d'estime des 1. 5. c. 7. p. aeg—
écrits de Domitius Afer , et témoigne avoir beaucoup '■ ^"' '
profité de leur lecture. Il y avoue aussi n'avoir pas moins
tiré de fruit des entretiens de ce grand Orateur, qu'il
avoit fort cultivé dans sa jeunesse, lorsqu'Afer étoit déjà
Tome I. Prem. Part. A a
186 DOMITIUS AFER, ORAT.
I SIECLE, avancé en âge. " Il raporte quelques préceptes touchant
• I. 11. c3. p. 708? le g^ste de l'Orateur qu'il en avoit apris. Afer blâmoit les
gestes trop frequens, aussi-bien que ceux qui marquent
1. 9. c. 4. ]). ,^>92 1 trop de vivacité. ' L'on observe qu'il usoit souvent de
transpositions dans ses pièces, particulièrement dans ses
exordes, non pour rendre ses périodes plus complètes,
mais pour rendre son discours plus simple, et ne pas de-
venir suspect à son auditoire par un art trop étudié,
nio. 1. (10. p. 790. • Dion raporte un des bons mots d'Afer qui peut trou-
ver ici sa place. Une personni; l'aïant prié de plaider sa
cause dont l'Orateur Julius Galicus avoit refusé de se
charger, Afer ne fit que lui répondre : « Qui vous a dit
» que j'étois meilleur nageur que Galicus? » Par où il fai-
soit allusion à l'ordre que Claude avoit donné de jetter
Galicus dans le Tibre.
PETRONE,
Poète.
S I
HISTOIRE DE SA VIE.
L n'est peut-Atre point d'Auteur parmi les- anciens, qui
ait plus partagé les modernes , que celui dont nous en-
treprenons l'éloge. Nous n'avons garde toutefois d'entrer
dans le détail de tout ce qui s'est dit de part et d'autre,
soit sur sa personne, ou sur ses écrits. Cette discussion de-
•nanderoit un autre personnage que celui que nous faisons
ici. Nous nous bornerons simplement à en raporter ce qui
uoxvi paroitra et le plus autorisé et le plus convenable à
notre sujet,
r.ir. fat. p. I. ' Pétrone portoit le prénom de Tile, selon Pline l'an-
Tac. an. 1. 16. n. cieu ct PlutarquB. ' Néanmoins le texte vulgaire de Taci-
. Petr. vie, p. 24. '^ '® nommc Caïus Petronius ; * mais on ne doute pas au-
jourd'hui que ce ne soit un vice des copistes, qui transcri-
vant les premiers manuscrits de cet Historien, auront mis
proie» p un C. pour un T. Caïus au lieu de Titus. ' Les anciens et
I
PETRONE, POETE. 187
les modernes s'acordent assez uniformément à lui donner i sieclk.
le surnom d*Arbiter, sous lequel ils le citent presque aussi '
souvent que sous celui de Pétrone. Cela lui sera venu
sans doute ' ou de ce qu'il passoit pour l'arbitre des plaisirs Tac. n. is.
de Néron, ou de ce que Tacite le qualifie elegantiœ arbiter,
comme étant l'homme le mieux fait et le plus poli de son
tems.
' Il naquit aux environs (') de Marseille dans la Gaule sj'i- car. 23. v.
Narbonoise, où son père pouvoit alors exercer quelque
charge. Car pour sa famille, il y a toute aparence qu'elle
étoit la même ' que celle des Petrones originaire des Sa- i>eu. vie, p. 1.
bins, qui a donné tant de grands hommes à la Ilépubli-
que. ' Il pouvoit descendre en ligne directe de Publius Pe- iv.
tronius, 'qui succéda à Cornélius Gallus au Gouvernement sirab. 1, n. p. ses.
de l'Egypte ' et qui étoit Chevalier Romain : qualité que l'oir. pi.
l'on donne également à notre Poëte.
' On ne doit pas douter que Pétrone ne fut élevé avec vie.ibid.
tous les soins que l'on donnoit dans l'Empire à l'éducation
des enfans de naissance. Il s'adonna particulièrement aux
belles Letres ; et ses écrits font juger qu'il s'atacha sur-
tout au bon goût, qu'il acquit ave(; toute; s.i délicatesse.
Après qu'il eut fini ses premières études, on le vit paroî-
tre à la Cour de l'Empereur Claude, ' Mais l'assiduité; qu'il i' -
y fit voir, ne l'empêcha pas de se perfectionner dans les
sciences. Il s'exerça à la déclamation , comme faisoient
en ce tems-là les jeunes gens de la première qualité, alin
de se former à parler en public.
Nous avons déjà montré ailleurs quelle étoit la Cour de
Claude. Il n'est pas étonnant ' que Pétrone qui étoit por- iM.
(1) ' Qnelqnos Ecrivains ponr inlirmer
l'aatorilé de S. Sidoine qui éublit la iiais-
saric'! de Pétrone aux. environs de Marseil-
le, s'expriment ainsi « : Il y a aparence,
» disonlils, qu'Apollinaire dit que Pulro-
» ne étoit Mar^teillois de nation et par sa
» liberté do parler peu lionnelenieul, se-
» Ion le proverbe ancien, Mn^sHinm na-
» tijet. » Mais ces Ecrivains vuodront
hi«n que l'on observe qu'il n'ont pas fait
assez d'atention à la force du ces deux
vers de s .Sidoine : Et le Mauilirvsinm per
hortoi tacri $tipUis, Arbiter, colunum. \.a
sens qu'ils y prétenlent donner, pourroit
se trouver dans levers suivant : llellr.spon-
tiaeo parem Pridpo. D'ailleurs ils con-
\ieIinout oux-mèines qnc d'autres apli- Mor.P.p. 894.
queni aux MsLSsyliens (leuples d'.\friquo lo
proverbe ancien qu'ils a|i<irlent en preu-
ve. Ce n'est pas sans raison ; puisque nous
avons montre ailleurs, que l'on ne voïoit
point cheï les païens ilo mœurs plus ré-
glées et plus édifiantes, que celles des an-
ciens Itlarscillois. La remarque de ces
critiques Mo fait donc rien contre l'autorité
lie s. Sidoine, qui se trouve apuïée par
une inscription déterrée en 1.">(J0. Selon
cette inscription il semble que Pétrone
avoit donné son nom à un villa^'c du;Dio-
cése de Sisteron, dit Petruit, en latin^l'i-
eus Petronii.
Aaij
188 PETRONE,
1 SIECLE, té aux plaisirs par tempérament, devînt insensiblement
voluptueux dans un tel séjour. On remarque néanmoins
Pcir. vie, p. 3. ^u'il n'aimoit pas ' les plaisirs de l'amour jusqu'à la bruta-
lité, ni ceux de la table jusqu'à la crapule. Seulement il
goùtoit les uns et les autres d'une manière galante et déli-
cate, qui satisfaisoit encore plus son esprit que ses sens.
Ta», ibid. n. 18. ' De Cette sortc il emploïoit la plus grande partie du jour
au sommeil, et donnoit toute la nuit aux plaisirs et aux af-
Petr. vie, ibid. faircs. ' Sa maison étoit le rendez-vous de tous les honnê-
tes gens de Rome. II passoit agréablement la vie avec ceux
Tac. ibid. qui le visitoient. ' Et comme les autres se rendent célèbres
par intrigue, Pétrone se mit en réputation par une agréa-
ble oisiveté. II. savoit si adroitement donner à ses maniè-
res d'agir un air aisé et négligé, que plus elles étoient li-
bres, et mieux elles étoient reçues sous cet air de simpli-
cité aparente. Enfin il dépensoit son bien , non comme
un débauché et un prodigue , mais comme un homme
habile dans la science des voluptés.
ibid. |Pctr.vie,p.4. ' Cependant il se vit obligé de mettre vn intervalle à
ses plaisirs , pour aller exercer la charge de Proconsul
en Bythynie. Il en remplit les fonctions avec aplaudisse-
ment, et fit voir tout ensemble et l'étendue de son esprit,
et sa capacité pour les premiers emplois. Après son retour
à Rome, Néron qui avoit succédé à Claude, voulant ré-
compenser ses services le fit Consul, aparemraent subro-
gé ; car son nom ne paroît pas dans les Fastes consulaires.
Cette nouvelle dignité donna à Pétrone un grand accès
auprès du Prince, qui l'honora d'abord de son estime,
puis de son amitié. Pétrone eut soin de cultiver l'une et
l'autre par les fêtes galantes qu'il préparoit quelquefois à
Néron, pour le délasser de la fatigue des affaires.
Tac. ibid. H y réussit avcc tant de succès, ' qu'il devint bien-tôt
l'un des confidens de l'Empereur, qui ne trouvoit rien de
bien entendu que ce que Pétrone avoit ordonné. Et cette
possession où il étoit de décider du bon goût, lui fit don-
ner le surnom d'Arbiter, comme à celui qui en étoit le
Potr.vip, p. 5. maître. ' Pendant que Pétrone avoit ainsi l'intendance des
plaisirs de Néron, ce Prince changea et à l'égard du gou-
vernement de l'Empire, et à l'égard de sa propre personne.
p 8 ' Il écouta d'autres conseils que ceux de Pétrone ; et s'enga-
geant insensiblement dans une débauche brutale , il s'a-
.POETE. 189
bandonna tout entier à ses passions, et devint un aussi mé- i siècle.
chant Prince, qu'il avoit auparavant paru doux et équi-
tabl^.
' D'ailleurs la faveur où Pétrone étoit élevé, lui avoit p«tr. vie, p. 7.
atiré la jalousie de ceux qui prétendoient , aussi-bien que
lui. aux bonnes grâces du Prince, et entre autres celle de
Tigillin, Capitaine des Gardes, qui étoit un dangereux ri-
val. Cet homme de basse naissance, s'étant rendu maître
de l'esprit de Néron, ' entreprit la ruine de son concur- t»c. ibid.
rent , qu'il savoit être un plus habile maître que lui en
fait de volupté. II en vint à bout, mais pau" les voies les
plus odieuses. Il commença par faire à Pétrone un crime
de l'amitié qu'il portoit à Scevin, et excita par ce moïen
la cruauté du Pnnce, qui étoit la plus violente de ses pas-
sions. Il corrompit un esclave, pour s'en servir dans son des-
sein, ôta à Pétrone tout moïen de se justifier, et fit jetter
dans les fers la plupart de sa famille.
' Pétrone se vit bien-tôt après arrêté lui-même à Cu- n. 19.
mes par ses ordres, durant un voïage que l'Empereur y
fit. ' Mais comme l'on fut quelque tems a délibérer, si l'on Petr. rie, p. 12.
feroil mourir un homme de cette considération, 'il se ré- Tac.ibid.
solut à s'ôter lui-même la vie , sans atendre l'issue bonne
ou mauvaise qu'auroit son affaire. Néanmoins pour ne pas
se donner une mort précipitée, il se fit ouvrir les veines,
et ensuite se les fit bander, afin de laisser couler le sang à
sa volonté, et d'avoir ainsi le tems de s'entretenir avec ses
amis. En ces derniers momens qu'il s'entretint avec eux ,
il ne leur parla , et ne voulut qu'ils lui parlassent , ni de
l'immortalité de l'ame, ni de ce qui lui pouvoit acquérir
une constance héroïque, ni des axiomes aes Philosophes;
en un mot de rien de sérieux, naais de certains vers légers,
et de poésies galantes.
' Enfin pour mieux cacher son genre de mort, il conti- iWd.
nua ses fonctions ordinaires. Il entra dans le détail de son
domestiçjue, recompensa quelques-uns de ses esclaves, en
fit châtier d'autres. Il prit même du sommeil, ou fit sem-
blant d'en prendre. De sorte que sa mort, quoique vio-
lente, parut aux yeux de ses amis de même que si elle eût
été naturelle.
' Comme Pétrone avoit en horreur les gens du caractère Piin. hist. 1. 37.
de Néron " et de Tigillin, il n'eut pas la bassesse d'imiter ïiac ibid.
î 7
190 PETRONE,
1 SIECLE, la complaisance de ceux qui mourant en ces tems-là par
les ordres du Prince, le faisoient leur héritier, et rem-
plissoient leurs testamens des éloges de ce tyran, et de son
piin. ibi.i. favori. ' Au contraire il brisa un vase très-précieux qu'il
avoit, afin que Néron qui s^en seroit emparé après sa
Tac. ibid. mort, ne le pût servir à sa table. ' Et il trouva à propos
de ne lui envoïer pour tout présent que la satyre ingé-
nieuse qu'il avoit composée contre les débauches de ce
Prince. Ensuite il rompit son cachet avec lequel il l'avoit
cacheté, de crainte qu'après sa mort on ne le ftt servir
d'instrument pour la perte de ceux entre les mains de qui
on l'eût trouvé.
n 20. ' Néron voïant que les infamies qu'il avoit cru dérober
à la connoissance de Pétrone, lui éloient connues, en eut
un extrême chagrin. Après avoir porté ses soupçons sur
ceux qui pouvoient lui avoir révélé ses secrets; il les ar-
rêta enfin sur la femme d'un Sénateur nommée Silia, par-
ce qu'elle étoit beaucoup des amies de Pétrone. S'imagi-
nant donc que par un chagrin particulier, elle s'étoit ba-
zardée à découvrir ce qu'elle avoit néanmoins d'autant
plus d'intérêt de cacher elle-même, qu'elle y avoit eu la
meilleure part, elle fut envoiée en exil. Pétrone mourut
sous le Consulat de Caïus Suetonius Paulinus, et de L.
Pontius Telesinus, l'an 66 de l'Ere Chrétienne.
l'eu, pr.fr. 1). 13. ' Comme il ne seroit pas laisonnable de chercher un
Chrétien en la personne de Pétrone, on doit être satisfait
si l'on y trouve un honnête païen, un homme de bon sens,
qui ail raisonné et vécu suivant le> véritables principes de
la connois.sance «laluielle, qui ne laisse rien à espérer au-
de-là du (repas. C'est ce qu'un moderne a cru découvrir
en la personne de notre Poëte, et il le justifie particuliè-
rement j)ar la manière dont il mourut. En effet, dit-il,
cette mort est la plus belle de toutes celles que l'anticjuité
païenne a admirées. On ne peut y remarquer ni cramle,
ni alfection, ni désespoir, ni orgueil.
i>. u I Tac. iin.i. 11. ' 11 cst remarquable d'ailleurs que Tacite n'a pas osé di-
"■ rc que Pétrone étoit voluptueux, mais seulement que sa
conduite en avoit les aparences, par le désir de plaire h
l'ctr. ibid. l'Empereur, revoluhisadvitia , seu vitiorum vmitationem . ' On
peut encore moins conclure que ses mœurs étoient cor-
rompues, parce qu'il a fait des peintures libres des débau-
POETE. 191
ches de Néron et de sa Cour. Celte manière d'écrire étoit i siècle.
en usage de son tems. On se donnoit par-là un air de Phi-
losophe sévère, qui découvroit librement les vices, et qui
nommoit chaque chose par son nom.
Il faut pourtant avouer que la conduite de Pétrone,
jointe à ses écrits, ne présente pas d'abord à l'esprit une
idée aussi avantageuse de sa personne. Aussi ' s'est-il trouvé proUg. p. ao.
des Auteurs qui l'ont regardé comme un vrai Epicurien :
' ce qui pouroit se confirmer par l'éloge qu'il fait d'Epi- sai. p. *a».
cure en le qualifiant le père de la vérité. Mais, puisqu'on
a cru depuis devoir user d'indulgence à son égard, nous
n'y contredirons pas.
Au reste on ne peut disconvenir que Pétrone ne fût un
homme d'érudition, et un esprit élevé, vif, enjoué, qui
savoit mêler avec art le plaisant avec le sérieux, 11 est mô-
me peu d'Ecrivains parmi les païens, ' qui soient plus polis, Quenisi. p. 63.
plus agréables, et plus dignes d'admiration en toutes cho-
ses; mais il en faut toujours excepter ses obscénités.
g. II.
SES ECRITS.
QUELQUE ocupé que nous aïons représenté Pétrone ,
soit à satisfaire ses passions, soit à remplir les fonc-
tions de ses charges, il paroit néanmoins qu'il donnoit
un tems considérable à l'étude et a la composition. Outre
l'ouvrage qui nous reste de lui, il en avoit composé quel-
ques autres dont nous sommes privés depuis long-tems.
' Fabius Planciades Fulgentius fait mention d'un de ses Faig. virg. com.
écrits intitulé Eustion, que l'on ne connoît point d'ailleurs.
Pétrone y qualifioit un certain Avocat le Cerbère du
Barreau. ' Il semble que le même Auteur lui attribue Myih. 1. 1. p. 23.
encore un autre ouvrage, qui avoit pour titre AlbtUia, et
qui paroît avoir été une espèce d'apologie pour justifier
les temmes de leur trop grand parler. ' D'autres l'ont Petr. pr. fr. p. le.
pris ou pour une satyre contre les amans d'Albutia, qui
étoit une Dame que Pétrone aimoit beaucoup, ' ou pour saty. p. sic. not •
une pièce de vers tendres à la louange d'Albucilla, si
fameuse par ses amours sous l'empire de Tibère. ' Mais Tac. an. 1. e. n
cette Albucilla aiant voulu se tuer elle-même, et s'étant **•
192 PETRONE,
I SIECLE, seulement blessée, fut mise en prison plus de trente ans
avant la mort de Pétrone, et par conséquent avant qu'il
fût en âge de composer des écrits pour le public.
Gyr. hist. poë. dia. ' Scrvius au raport de Gyraldi témoigne que Pétrone
4 p. 856. j^yqJi £gjj yjj traité sur les mœurs des Marseillois. On n'a
point d'autre connoissance de cette ouvrage. Seulement
p«tr. sat.p. 511. 'on trouve quelques traits sur cet matière à la tin de
la satyre qui nous reste de Pétrone, lesquels on cher-
cheroit inutilement ailleurs. Mais cela ne peut que foi-
blement insinuer qu'il ait traité ce sujet dans un ouvrage
particulier.
De tous les écrits de Pétrone, si l'on en excepte peut-
être quelques petites poésies, nous n'avons aujourû'hui
que sa fameuse satyre, qui a fait tant de bruit dans le
A. Gel. noc. au. mondc savaut. Elle est du genre ' de celles que Varron
'■ *■ *■ **■ avoit composées à l'imitation de Menippe , en mêlant
agréablement la prose avec les vers, et qu'il avoit intitu-
Poir. pr. fr. p. 17. l^es Satyres Menippées. ' Ce genre d'écrire qu'on nom-
me aussi mixte ou mêlé, pour le distinguer des satyres
composées toutes en vers de même mesure, se renou-
vella en France avec quelque éclat vers la fin du XVI.
siècle.
ibid. ' Ce mot Satyricon qu'on lit à la tête de l'ouvrage de
Pétrone, et qui paroît y avoir été ajouté par les premiers
copistes, fait voir qu'ils l'ont considéré comme une véri-
table satyre. Jean de Salisberi n'en a point eu d'autre
idée, lorsqu'il a dit au sujet de cet écrit : Fere totus mun-
dus exkrhitri nostri sententia rrdmum videtur implere, adco-
Macr. som. Seip. mediam suam respiciens. ' Avant lui Macrobe n'a point non
1. i.c. 2. p. 6. pjjjg regardé autrement l'ouvrage dont il est ici question,
que comme un roman fait pour censurer les débauches de
ce tems-là.
Pe'r- >i»'d- ' Il faut donc convenir que c'est un roman satyrique ,
qui nous représente Rome, ou pour parler plus juste, la
Cour de Néron, sa propre personne, et sa vie cachée.
C'est ce que l'Auteur de la traduction françoise qui parut
de cette satyre sur la fin du dernier siècle, prouve fort
bien et dans la préface qu'il a mise à la tête, et par la
clef des principaux personnages qui paroissent dans la
satyre.
Mais il suffit pour notre dessein d'en donner quelques
preuves
POETE. 193
preuves tirées de l'ouvrage même, auxquelles il a'ost pas i siècle.
possible que des personnes raisonnables se refusent. ' Petro- s^rriT l mi' rjT
ne dans la description du festin de Tiimalcion fait ainsi
parler un homme, à qui il avoit demandé qui étoit une
certaine femme agissante qu'il voioit aller de côté et d'autre
par la salle du festin : « C'est la femme de Trimalcion, lui
» répond cet homme. Elle se nomme Fortunata, et me-
» sure les écus au boisseau. Vous me pardonnerez si je
» ne vous dis point ce qu'elle étoit, il n'y a pas long-
» tems. Il suffit que vous n'eussiez pas daigné prendre
o du . pain qu'elle vous auroit présente. Mais je ne vous
» puis dire pourquoi ni comment elle est à présent aussi
» heureuse, que si elle étoit dans le ciel. C'est le tout de
» Trhnalcion. Enfin elle a un si grand pouvoir sur son
» esprit, que si en plein jour elle lui disoit qu'il fait nuit,
» il la croiroil. »
On ne peut s'y tromper. On reconnoît aisément dans
ce portrait ' l'Histoire d'Aclée sous le nom de Fortunata. p. i9o. not.
' C'étoit une affranchie de Néron, qui l'aimoit si éper- cief.
dûëmenl que voulant l'épouser à toute force, il gagna
des personnes Consulaires pour assurer le Sénat qu'elle
étoit de sang Roial.
Ajoutons pour finir son portrait ' ce que Pétrone con- s*'- f"" p- *^^
tinuë à en dire. « Celte bonne ménagère, dit-il, a le soin
» de tout; et elle est si agissante, que souvent elle se trou-
» ve dans des lieux où l'on ne l'atend pas. Elle boit peu ;
» elle est sobre et de bon conseil; toutefois sa langue est
» dangereuse. Quand elle a la tête sur le chevet, elle
» cause comme une pie. Lorsqu'elle aime, elle aime bien;
» mais elle haït de même ce qu'elle prend en aver-
» sion. »
11 n'est guéres moins possible de ne reconnoître pas
Néron au portrait que Pétrone trace de lui sous le nom
ingénieux de Trimalcion. ' Ce nom qui selon la force des ='«'•
deux mots grecs dont il est composé, signifie un homme
consommé en toutes sortes de débauches, lui convient à
merveille. On assiire même qu'on voïoit anciennement cet
Empereur représenté sur des Médailles avec ces mots :
C. NERO. AUGUST. IMP. et sur le revers, TRIMAL-
CHIO. « ' Cet homme , dit Pétrone en nous le dépei- sai. p. 193.
« gnant, a des fonds de terre d'une aussi grande éten-
Tomc I. Prem. Part. B b
194 PETRONE,
I SIECLE. » due qu'un Milan en peut passer d'un vol. » Et un
peu plus bas : « il est si riche, qu'il ne sait pas la quantité
» des biens qu'il possède. Outre cela, il jouit de beau-
» coup de rentes; cl même il y a plus d'argent dans la
» loge de son portier, qu'aucun homme de la plus haute
» fortune n'en possède de nos jours. Ouant au nombre
» de ses domestiques, hélas! il est si grand, que je crois
» en vérité que la dixième partie ne connott pas son
» maître, lîlnlin ils le craignent si fort, qu'il les feroit met-
» tre dans un trou. » En voilà bien assez pour y recon-
noîlre un Empei-eur tel qu'éloil Néron , sur-tout si l'on
y joint les traits d'extravagance et de folie, dont Pé-
trone charge ce portrait dans toute la suite du festin,
pr. fr.p. 2:» Après cela on a sujet ' d'être surpris de ce que certains
modernes ont prétendu que le Pétrone de Tacite n'est
pas le même que l'Auteur de cette satyre, et qu'elle n'a
point été composée pour Néron. Conmienl pouvoir dou-
ter d'une chose aussi claire? En elfet on y voit par-tout
un parfait raport avec les mteurs de Néron, et les coutu-
mes de son tems. On y trouve Seneque , Lucain , Silia ,
Aclée, et les alfranchis de Néron. Comment refuser de
Tac, an. 1. 16. n. reconuoître cette satyre' dans le livre que Pétrone, au
'9- raport de Tacite , envoïa à Néron , avant que de mou-
rir, et dans lequel il décrivoit sous des noms de débau-
chés et de femmes perdues les vices de ce Prince?
La plupart des vers insérés dans cette satyre de Pétro-
ne sont d'une grande beauté, et font voir que l'Auteur
avoit beaucoup de talent pour la poésie Le poëme sur
la guernî civile, ou le renversement de la République
Romaine, est sans contredit la plus considérable de ces
l'eir. Rat. p. 417 intcrcalalious poétiques. ' Pétrone semble l'avoir fait
pour critiquer celui de Lucain , qui lui paroissoil trop
endé et hors du naturel. Mais il lui est échapé à lui-même
].. 4ï-, 428. quelques vers où se trouvent les mêmes défauts. ' Ce
sont ceux où il parle des tombeaux de César, de Pompée
et de Crassus. Voici ses paroles :
Très tulcrat Fortuna Duces, quos obruit onines
Armorum strue divei*8à l'eralis Enyo.
Crassum l'arllius liabct, Libycojaccl aequore Magnus;
Jiilius ingratam porfudit sanguine Roraam.
POETE. 19;5
Et quasi nuit |)osset tôt telius Turrc se|iiilcni [ s l K c L E.
Divisit cincres ; hos gloria nnldit honores.
Or on demande où se trouvent dans ces deux derniers
vers la justesse, la vérité, ou au moins la vrai-semblance
que l'on doit garder en quelque genre que Ton écrive? 11
n'y a que trois tomlx^aux; et l'Auteur parle, comme s'il
y en avoit une quantité prodigieuse, tôt. (juel plus grand
fardeau pour la terre de porter les ctîudrcs de ces trois
Héros réunies ensemble , que de les porter divisées et
séparées les unes des autres? Uira-l-on ou que l'idée de
la grandeur de ces Maîtres de la t(;rre , ou que la magni-
ficence des monumens superbes érigés à leur mémoire ,
suffit pour justifier la pensée de Pétrone? Mais qu'étoit
devenue leur grandeur après leur mort? Et qu'étoit- ce
que les monumens qu'on leur avoit élevés? Crassus n'eut
point de maust»lée. F.e tombeau de Pontpco ne mériloit
pas le nom de tomboau , ou pour mieux dire , il n'en
eut point du tout, 'selon l'exon-ssion d'un ancien Poëte. voss. po.. iji. <-.
•^ ' I. p. tXt.
Mannoreo Ijriniis Uimulû jiu'«t, ut Cato parvo,
Pompetiis nullo.
' Ce p(Jëme de Pétrone sur le renversement de la Hé- Fab. iiii. ui. p.
publique Romaine a été démembré de la satyre dont il p' î-i^'rbSs.* "'
fait partie, et imprim« avec diverses autres pièces <le
poésie des anciens. On le trouve aussi à la lin de la tra-
duction des œuvres de Lucain par Mr. de Mamies , im-
primée à Paris en lO'ii. Il y est joint à la traduction Fran-
çoise <ju'en a fait le même Traducteur, et dont les Savans
connoissent assez les défauts. ' A la suite de ce {K»ëme, dans <:ii«r. p..r. ibi.i. y.
le chœur des Poètes on a mis les autres poëmes de Pctro- ^^^^** '
ne qui se trouvent in.serés dans sa prose.
On ne doute presque point que la plupart des petites
poésies, qu'on a mises à la fin de la satyre de Pétrone , et
qui composent ce au'on nctnnne le jeu sur Priape , ne
soient de la façon de notre Poëte. Elles sont tout-à-fait
de son génie. On porte le même jugement de plusieurs
épigrammes qui se trouvent à la fin, particulièrement de
celles qui ont en tête le nom de quelque Pétrone. 'Quel- Tiii. Emp. i i p
ques Savans prétendent néanmoins, qu'il y en a beau- ***•
coup qui apartiennent au Poëte Publius Optalianus Por-
phyrius.
B b ij ,
196 PETRONE,
I SIECLE. "Raphaël cle Voltcrre a atribiié à notre Pétrone quel-
«Gesn. iiih. un. t. ^"08 vcrs sur la M('decine. Mais Gesner croit avec rai-
I. p. 5*2. 2. son que cet Ecrivain a confondu en cela Petronius avec
iMin. hist. 1. 22. c. Petrichus, ' que Pline l'Historien assure avoir écrit en
vers sur la même matière.
$• IH.
SA MANIERE D'ECRIRE.
ivii pr. fTioi'T ' le monde n'a pas porté le même jugement de
X la manière d'écrire de Pétrone. Quelques - uns ont
envisagé .son ouvrage comme un ramas de toutes sortes
d'obscénités, que l'Auteur auroit écrites sans ordre , et
sans d'autre but que de se satisfaire. Mais on ne peut
s'empêcher d'avouer que ce jugement est outré. Ce que
nous avons déjà dit et de l'Auteur et de l'ouvrage, suffi-
roit pour détruire une telle idée.
lijii. I proi.)g.p.i4. ' D'autres au contraire ont non seulement fait l'apolo-
gie de ce Livre, mais ont encore poussé son éloge, jus-
qu'à dire qu'il n'y en avoit point de plus propre à don-
ner l'intelligence de ce que Saint Piiul dit des desordres
des Romains et des Grecs dans ses Epîtres aux Ro-
mains, aux Corinthiens et aux Galates. Penser de la
sorte , c'est donner dans un autre extrémité , et établir
une opinion aussi outrée qu'elle est oposée à la précé-
dente.
Nous croïons devoir tenir un milieu, en louant dans
Pétrone ce qu'il y a de bon, et en y blâmant ce qu'il y a
de mauvais. Mais assurément le dernier l'emportera tou-
jours sur l'autre. Il faut convenir que le style en est beau ,
énergique, noble, élevé. Sa douceur, son élégance,
sa déhcatesse sont inimitables. Le tour aisé qu'il donne à
ses pensées y ajoute un prix que l'on ne sauroit trop esti-
Rut.it...oi.p.2i8| mer. ' C'est ce qui l'a fait qualifier par quelques Ecrivains,
«on. riot. auc. p. £ iQq^ç^Uggijrnus et doctissimus scriplor Petronius Arbiter :
et par d'autres, purissimœ latinitatis hnpurissimus scriptor.
Toutefois malgré ces belles qualités, la lecture de Pé-
trone sera toujours dangereuse : à moins qu'armé d'une
solide vertu, on ne le lise comme une satyre fine et in-
génieuse, où l'Auteur ne décrit les vices que pour les
il '. i\
POETE. 197
rendre odieux. Encore y anra-t-il à craindre du côté i siècle.
de ses expressions trop vives et trop frapanles contre la
pudeur.
Les anciens et les modernes, qui ont le mieux étudié
Pétrone, l'ont regardé dans ce même point de vue. Nous
en avons déjà donné quelques preuves , auxquelles il ne
sera pas inutile d'ajouter celle-ci. 'Un ancien Poëte, Epi.etpoo. vet. i.
dont on nous a conservé l'épigramme suivante , où la ' ^' ^*'
longueur du tems a laissé glisser quelques fautes, s'en ex-
plique de la sorte. 1
Pctioni carmcn divino pondère currit,
Qao Juvcnum mores .iiguit atque Sonum.
Quarc illc* prœsa paudet lasciva puclla,
At qiioque deliciits frigida sentit anus.
Nam * iler diri .-«cripsitquc Ncronis amk tu
Abriter, arbitrio dictus et ipsc suo.
' Pétrone dans son ouvrage , remarquent quelques mo- Petr. pr.
dernes, fait le personnage d'un jeune homme, quoiqu'il y
paroisse avec toute l'expérience d'un vieillard. Comme un
espion adroit il parcourt la mer et la terre, pour y ob-
server tout ce qui s'y passe. Il entre dans toutes les par-
ties de plaisir ; il se met de tous les voïages; il se mêle
dans toutes les assemblées ; il se glisse à la Cour, au Bar-
reau , dans les écoles, les cabinets d'étude , les sales de
festin, les ménages, en un mot les lieux les plus secrets,
et en raporte fidèlement tous les desordres pour les cen-
surer avec autant d'esprit que de délicatesse.
Tantôt c'est une critique vive des injustices que com- iW'i-
mettoient les Juges, et des calomnies que faisoient entrer
les Avocats dans les affaires qui se plaidoient au Barreau.
Tantôt c'est une censure mordante des concubinages
honteux des faux Prêtres, du luxe et des dépenses exces-
sives des festins, de la légèreté et de la coqueterie du beau
sexe, des actions infâmes qui se pa.ssoient dans les bains
publics. Ici c'est une déclamation pathétique contre l'hy-
pocrisie et la dissimulation des Philosophes, les mœurs
corrompues de ceux qui etoient préposés pour élever la
jeunesse, la paresse et la négligence que Ton aportoit . à
cultiver les sciences et les beaux arts. Ailleurs c'est un
198 PETRONE,
SIECLE. tour ridicule ingénieusement donné à la siniplicité, ou
plutôt à la folie de certains testateurs, qui se laissant aller
aux flatteries de gens avares, les rendoient leurs héritiers
au préjudice de ceux qui dévoient l'être naturellement;
et aux supercheries, aux fraudes, aux duplicités, aux
bassesses dont usoient ces avares pour se suplanter les uns
les autres.
^ fr p *» ' C'est ce qui a fait dire à un autre moderne, qu'il ne
faut pas se récrier sur la manière d'écrire de Pétrone;
puisau'étant consid(;rée du bon côté , elle censure plutôt
la débauche qu'elle ne l'autorise , et qu'elle est très-diffé-
rente de celle des autres Poëtes, qui expriment les cho-
p. 15. i«. ses avec moins d'honnêteté que lui. ' Dans les plus vives
descriptions qu'il fait des déoauches de l'Empereur et de
ses favoris, u en adoucit toujours les images par des ter-
mes dont l'honnêteté et la modestie ne peuvent être bles-
sées. Jamais on ne le voit emploïer aucuns de ces mots
grossiers, dont Catulle , Martial et tant d'autres sembla-
bles se trouvent remplis; quoique le latin permette une
certaine liberté que la pudeur ^ie notre langue ne peut
souffrir.
I» «3 ' Il témoigne par-là que ce n'est point par un esprit de
corruption qu'il a écrit, mais plutôt par le chagrin d'un
Courtisan philosophe, dont la vûë etoit bles.sée par les
p " desordres de l'Empereur et de sa Cour. C'est une .satyre,
comme on l'a montré. L'ouvrage est donc a.«;sez distingué
par-là de ceux qui sont faits pour llatter les vices ; et le
titre seul lui sert d'apologie.
1-. s. 'Tout est exquis dans cet ouvrage, au sentiment de
l'Ecrivain moderne déjà cité. Soit que l'Auteur ataque
les défauts de l'esprit, soit qu'il combate les foiblesses du
cœur, il se soutient par- tout de même force, suivant
les differens caractères de ses personnages. Mais s'il est
p. «. vrai de dire que les hommes ont rarement les mêmes'
pensées , comme ils se rencontrent encore moins dans la
manière de les exprimer, Pétrone est- encore plus distin-
gué des autres Auteurs par le tour de l'expression, que
par les pensées mêmes. El au lieu que la plupart sont lus
seulement pour les choses qu'ils ont écrites, celui-ci est
également chéri et pour les pen.sées, et pour les manières
dont il les a exprimées. Il est le seul de tous les anciens
POETE. 199
qui a connu la véritable galanterie, qui fait aujourd'hui ' siècle.
un des caractères de la politesse. 11 a su la distinguer de
la tendresse et de l'emportement; et comme elle consiste
principalement dans les expressions, il a eu un soin parti-
culier de choisir celles dont il s'est servi.
' Aucun Auteur de l'antiquité n'a écrit avec plus de pu- '*'■• ' • p- "
reté, plus de force, ni plus galamment. ' Son style est un p- -^
style de Cour. Ses expressions sont fines, délicates, et la
noblesse de sa latinité fort élevée. De sorte que pour
l'entendre, il n'est pas si nécessaire d'être savant, que
d'avoir le bon goût, afin d'entrer en le lisant dans le
caractère de son espi'it.
Tant de beautés qui s'y présentent à ceux qui le lisent
comme il faut, ' lui ont atiré une foule de partisans. Car p 9
dans l'opinion de quelques Ecrivains , Pétrone n'est pas
moins estimé aujourd'hui , qu'il l'étoit dans l'ancienne
Rome. ' On prétend même que M. le Prince de Condé p. lo.
faisoit tant de cas de cet Auteui-, qu'il entretenoit auprès
de lui des hommes d'érudition pour lui en faire la lec-
ture.
$. IV.
Histoire abrégée de la décoiiver le de ses derniers fragmena.
^NE certaine destinée n'aïant pas voulu que l'ouvra- Pe«r. pr. fr. p. is.
Ige de Pétrone passât d'abord tout entier jusqu'à
nous , n'a permis qu'il y vînt que par morceaux , en
nous en faisant de tems en tems des presens par de nou-
velles découvertes. Jusqu'au dernier siècle on n'en avoit
reçu de la première antiquité , que de simples frag-
mens , qui passoient pour des collections qu'un studieux
avoit faites de quelques lieux choisis de cette satyre.
' En 1663 on en recouvra un autre fragment conside- uot. p. 73.
rable, qui contient la suite du récit de ce repas magnifi-
que , que Trimalcion donne à ses amis. On est redevable
de la découverte de ce monument à Mr. Petit, qui ne
se fit d'abord connoître que sous le nom suposé de Mari-
nus Statilius. Il déterra ce fragment à Trau en Dalmatie
dans la Bibliothèque de Nicolas Cippius. Mais à peine
l'eut-on exposé au grand jour, qu'il excita parmi les Sa-
200 PETRONE,
I SIECLE, vans une fameuse dispute. Les uns se déclarèrent pour,
les autres contre. Les principaux entre ceux-ci lurent
Henri Valois , Mr. de Wagenseil et Thomas Ileinesius ,
qui publièrent divers écrits pour tâcher de montrer la su-
position de la pièce nouvellement découverte. Adrien
Valois vint à leur secours par une petite dissertation dont
il fit présent au public en 106G.
ibid. ' Mr. Petit se voiant de si puissans adversaires sur les
bras, pensa tout de bon à leur faire tête. H prit la plu-
me , et composa une apologie , pour défendre le nouveau
fragment contre les injures dont on le chargeoit. El pour
faire voir qu'il n'imposoit pas au public, il envola le ma-
nuscrit nouvellement découvert à Mr. Grimani Ambassa-
deur de la République de Venise à la Cour de Rome ,
p. 74. ' à dessein de le soumettre à l'examen et au jugement des
connoisseurs. 11 y eut à ce sujet une assemblée à Rome le
28 d'Août 1668, dans laquelle le manuscrit fut reconnu
pour être du XV siècle , au caractère de l'écriture et à
la nature du papier. Ce manuscrit est passé depuis à la
Bibliothèque du Roi.
En France il se tint quelques conférences sur ce célè-
bre différend en présence de M. le Prince de Condé; et
il paroîl qu'elles ne furent qu'avantageuses aux préten-
tions de l'Auteur de la nouvelle découverte. Tout cela
réveilla l'atention des Savans , dont quelques-uns se dé-
clarèrent publiquement en faveur de Mr. Petit. Mr.
Manlel sous le nom de Caïus Tilebomenus, qui est l'ana-
gramme de son nom latin, se signala entre les autres. La
cause de Mr. Petit prit le dessus; et le fragment de Trau
se trouva victorieux de tous ceux qui lui avoient déclaré
la guerre.
Aussi -tôt on l'inséra dans l'ancien texte de Pétrone ,
comme faisant naturellement partie de son ouvrage. Il y
en eut toutefois avant et après différentes éditions parli-
i> n. culières. ' D'abord il fut imprimé à Padoûe en 1663 avec
beaucoup de fautes, et plus correctement l'année suivante
au même endroit par les soins de Paulus Trambrottus.
L'année suivante 1664, Mr, Mantel en donna une nou-
Kai.. iiib. lai. p. velle édition ' à Paris , où il eut soin de faire encore rè-
**' imprimer l'ouvrage l'an 1666 en un volume m-S" avec
l'apologie de Mr. Petit. En 1665 Jean Scheffer le publia
à Upsal
I
POETE. 201
à Upsal avec des notes de sa façon, et Thomas Reinesius i siècle.
à Leipsik en 1666 avec les mêmes notes , et de nouvel-
les observations critiques. ' Ce fragment parut encore à peir. not. ibid.
Nuremberg l'an 1667, avec un précis de ce que l'on avoit
alors écrit pour et contre. ' En 1670 et 1671 il y en Fab. sbidiBibs.
eut deux autre? éditions à Amsterdam chez Jean Blaeu ,
auxquelles on joignit l'apologie de Mr. Petit. On en trou-
ve aussi une édition faite h Rome, la même année que le
manuscrit qui contient ce fragment y fut examiné.
Pendant que le fragment de Trau joùissoit ainsi des
avantages de sa victoire , on crut recouvrer à Belgrade en
1688 , le reste qui manquoit à l'ouvrage de Petrone«'
Nous aprcnons les avantures de cette dernière décou-
verte prétendue, d'une Ictre de Mr. Nodot à Mr. Char-
pentier Directeur de l'Académie Françoise , en date de
Strasbourg le 12 d'Octobre 1690. Mr. Dupin Gentil-
homme François, qui s'étoit engagé au service de l'Em-
Çereur dès le commencement de la guerre contre le
'urc, se logea h la prise de Belgrade chez un Grec re-
négat. Ce fut \k qu'il trouva parmi les manuscrits , dont
ce renégat avoit hérité do son père homme savant , les
nouveaux fragmens dont il est ici question.
Sitôt que Mr. Nodot eut avis d'une si heureuse décou-
verte, comme il pensoit, il mit tout en œuvre pour avoir
une copie du manuscrit. Il y réiiss-t, et la communiqua
sans délai à Mr. Charpentier, pour savoir ce que lui et
les autres Savans en penseroient. Le jugement qu'en por-
tèrent d'abord quelques-uns , fut tout en faveur du ma-
nuscrit nouvellement recouvré. L'on crut y apercevoir
un discours suivi et sans interruption , par-tout le même
esprit qui conduit l'ouvrage , par-tout le même style , les
mêmes pensées , les mêmes expressions , en un mot tout le
génie de Pétrone.
On ne tarda pas à donner au public sur la copie du
manuscrit de B» Igrade Pétrone en son entier, ainsi qu'on
le suposoil , espérant que les gens de Letres auroient un
vrai plaisir de se voir ainsi en état d'admirer les beautés
de cet ancien Auteur dans toute leur étendue. Il y en
eut qui se laissant éblouir à la première lecture , ne tirent
nulle difficulté de prendre les nouveaux fragmens pour
le vrai ouvrage de Pétrone : tant les liaisons leur parois-
Tome I. Prem. Part. C c
202 PETRONE,
I SIECLE, soient naturelles, et le style semblable entre ce que nous
avions déjà de cet Ecrivain et ces mêmes Iragmens.
L'ardeur qu'on montra à les avoir fut si grande , qu'on
en fit aussi-tôt plusieurs éditions en France , en Ale-
magne, en Angleterre et en Hollande.
Cependant d'autres Savans moins crédules, et plus sur
leurs gardes que les autres, ne pouvant se persuader que
notre siècle fût assez heureux pour recouvrer les restes
qui manquoient à l'ouvrage de Pétrone , examinèrent
selon toutes les régies de la bonne critique les nouveaux
fragmens , et reconnurent qu'ils n'avoient été fabriqués
aue pour imposer au public. Un d'entre eux entreprit
'en montrer la suposilion, et l'exécuta par un assez long
écrit sous le titre d'observations. Il y prouve par de puis-
santes raisons , que les derniers fragmens de Pétrone ne
sont rien moins qu'une production de la plume de cet
Auteur , et qu'ils ont tout l'air de pièces suposées , com-
me pleins de Gallicismes et même de barbarismes. De
sorte que ces observations furent prises pour le tombeau du
faux Pétrone de Belgrade. Cela n'empêcha pas que Mr.
Nodot environ six mois après n'y fil une réponse, qu'il
donna au public comme le triomphe des nouveaux frag-
mens. Mais cet écrit n'a point eu l'effet que l'Auteur en
atendoit ; et tout le monde savant ne regarde point autre-
ment le prétendu Pétrone de Belgrade, que comme une
pure su position.
Ce n'est pas à dire pour cela que Mr. Nodot , qui sou-
tient le contraire, après avoir été le premier qui a publié
ces fragmens , soit le fourbe qui les a fabriqués pour du-
per le public. Il s'ensuit seulement que les aïant reçus
d'une main étrangère, comme il l'assure, il n'y a pas re-
gardé d'assez près, et que sa bonne foi l'a empêché de
soupçonner que d'autres fussent capables d'en manquer
dans une chose de cette nature. Mais quel sera, dira-t-
on, l'homme assez babile pour avoir assez bien pris et
imité le génie et le tour des pensées de Pétrone? Une
lecture assidue et méditée de cet Ecrivain étoil suffisante
pour y réussir. De quelque manière au reste que la chose
ait pu se faire, les Gallicismes et les expressions barbares
qui se trouvent dans celte pièce de raport, découvri-
ront toujours l'imposteur , et trahiront ses précautions.
I SIECLE.
POETE. 203
S- V.
EdUwmde sa Satyre.
ON 'compte jusqu'à plus de trente Grammairiens de petr. pr. fr. p. sa.
toutes les Nations , qui ont éclairci la satyre de Pé-
trone, ou par des notes , ou par des commentaires , et qui
presque tous en ont donné diflerentes éditions.
'On en trouve une m-i°. à laquelle on a joint les pane- wb. vatic.
gyriques de Pline et des autres anciens Orateurs. Elle
est parfaitement belle ; mais on n'y voit ni marque du
tems, ni nom du lieu où elle fut faite. Seulement on y
lit le nom de l'Editeur qui fut François du Puits ou de
Pouzzol , lat. Puteolaniis. Si c'dtoit ce François du Puits
de Lyon , Docteur en l'un et l'autre droit , et ensuite
Prieur de la grande Chartreuse vers 1530, cette édition
auroit paru avant l'entrée de l'Editeur dans le cloître , où
il n'est pas juste de croire qu'il se fût ocupé à un travail
de cette nature. Elle auroit été faite par conséquent avant
la fin du XV siècle.
' La première que l'on connoisse porter quelque date, Fab Bib. ut. p.
est celle qui fut faite à Venise en 1499. Mais on ne dit
point si le texte de Pétrone parut seul , ou s'il fut acom-
pagné de quelques notes dans cette édition , non plus que
dans la suivante.
' En 1500 il y en eut une autre édition à Leipsic chez peir. proieg. p. 8.
Jaques Tanner. Celle-ci avoit été précédée d'une autre ^-
faite à Milan , mais dont on ne marque pas l'année. A
Paris l'an 1520 Regnaud Chaudière remit sous la presse
l'ouvrage de Pétrone , sur une des éditions précédentes ,
que l'on ne spécifie pas.
' Jean Sambucus le fit réimprimer à Vienne en Autriche p. «s.
l'an 1564 , sur une édition faite à Paris , il y avoit plus
de quarante-cinq ans : ce qui montre qu'elle étoit diffé-
rente de celle de Chaudière. Il revit le texte sur un ma-
nuscrit qui lui apartenoit , y corrigea quantité de fautes,
et y joignit les notes de Pulman , d'Adrien du Jon ou Ju-
nius , et celles de sa façon. ' Cette édition ainsi ornée Bib. s. ser^. auj.
parut de nouveau l'année suivante 1565 à Anvers chez
Christophe Plantin en un volume m-S". ' Nous ne savons ... A^t . t. 2. p
si ce fut sur celle de Paris ou sur celle de Vienne , que *""• *■
G c ij
204 PETRONE,
1 SIECLE. Robert Etienne réimprima à Paris l'ouvrage de Pétrone
dès 1564 en même volume.
...s. Fior. sai. ' Jean de Tournes Imprimeur à Lyon donna au public
en 1575 le texte seul de Pétrone , sans aucunes notes en
...D. Fior. même volume. 'Cette édition fut suivie de près par celle
qui se fit à Paris en 1577. Six ans après , c'est-à-dire en
1 583 , Jean Dousa ou de Doès en publia à Leide une de
Bib. Tcu. p. 397. sa façon , qu'il enrichit de noies, ' et qui vit encore le jour
au même endroit chez Jean Pacts , avec des additions con-
...Barb. iuj. sidcrablcs, l'an 1585, en un volume m-8°. ' et à Paris deux
...Cora. p. «9. ans après, en 1587. ' La même année on en vit paroître une
autre à Paris chez Guillaume Linocier en même volume ,
par les soins de Jean Sichard qui l'acompagna de ses re-
marques.
Petr. Proieg. p. ' Jcan dc Wowercu travailla à son tour sur le texte de
"■ Pétrone , et en prépara une nouvelle édition qu'il dédia
Bib. Miss. cen| à Joscnh Scaligcr. Elle parut à Leide en 1595,' puis à
Petr. pr. p^j^ ^'j^^^ Etienne Vallet en 1601, et encore à Leide en
Bib. Cord.p. 540. 1623 m-12. ' 11 y en eut une autre à Francfort sur le Mein
l'an 1610 en un volume in-S". avec les observations de
p«ir. pr. divers Savans. ' On l'atribuë à George Erhard , qui s'y
est caché sous un nom emprunté.
Bib. D. de Lorch. En 1615 Paul Frcllon Imprimeur à Lyon remit sous la
presse l'ouvrage de Pétrone , et y joignit les notes de plu-
sieurs Auteurs, dont il fit avec le t«.\te un assez gros vo-
lume m-12. Cette édition est belle, et a l'avantage sur
les précédentes d'être et plus ample et plus correcte.
...Cord. ibid. ' L'année 1618 , en enfanta deux autres éditions tout à
la fois , l'une en un volume in - 8° . à Leide chez Jean
Marc , l'autre en même volume à Paris chez baac Mes-
Fab.ibid. nicr , avcc les commentaires de Jean Bourdelot. 'En 1621
il en parut encore une autre à Francfort en même volume
avec des notes et des observations.
Ce que l'on avoit déjà vu en 1618, on le vit encore,
en 1629 : deux éditions de notre Auteur tout à la fois.
pei.^1 Bib. Cord. ' Pierre Lotichius prit soin d'en publier une à Francfort
''' chez Wolfgang Hofman en un volume in -4". avec les
commentaires de Joseph Antoine Gonsale de Solas.
Bib. s. Vint. cen. ' L'autre a été faite chez Jean Mercier Imprimeur à Ge-
nève. Elle est en même volume que la précédente, mais en
très -mauvais papier. Théodore de Juges , qui a donné
POETE. 205
son travail à celle-ci, a trouvé le secret de la rendre plus i siècle.
ample qu'aucune autre qui ait encore vu le jour, par la
préface , les longs prolégomènes , et la grande quantité
d'observations dont il l'a chargée.
'En 1645 on réimprima à Leide l'ouvrage de Pétrone Baii.jug. rosiat.
avec les notes de Mr. Bourdelot. Les bons connoisseurs **■ ^^'
font beaucoup d'estime de cette édition.
' Dix ans après, en 1654 Simon Abbes Gabbema en Bib. tbIi. iwi.
doima une , qui parut à Utrecht chez Gilbert Azill en un
volume m-S". On l'a enrichie de notes , et mis à la fin ce
qu'on nomme le Jeu sur Priape , et d'autres semblables
pièces, qu'il auroit mieux valu laisser ensevelies dans la
poussière d'où on les a tirées, que de les exposer au grand
jour.
' On trouve une autre édition de la satyre de Pétrone , K»n. p. s»,
faite à Amsterdam en 1663 , avec les fragmens du même
Auteur , sans doute ceux qui furent recouvrés celte
même année à Trau, comme nous avons dit.
'L'année suivante 1664 Michel Hadrianides fit impri- ••■TbII. iwd.
mer encore celte satyre à Amsterdam chez Jean Blaeu
en un volum3 m-8". 'Elle fut réimprimée au même en- .-.s. vjac. cen.
droit l'an 1669 par les soins du même et en un même volu-
me. Cette édition est la plus complète et la mieux assor-
tie qu'aucune autre de celles qui avoient paru aupara-
vant. On y a inséré en son lieu le fameux fragment trou-
vé à Trau; et on l'a enrichie de quantité de savantes
notes choisies. A la fin se trouvent en façon d'appendice
le Jeu sur Priape et les autres poésies de cette nature ,
dont on crut devoir accompagner Pétrone. ' C'est sur ... d. deLorch.
cette édition et sur dix-neuf autres qui l'avoient précé -
dée , que Jean Boschius en publia une autre en un petit
m-24 l'an 1677, à Amsterdam chez Adrien Gaesbequius.
Il la revit aussi sur quelques manuscrits. Cette édition
acompagnée des notes de l'Editeur , dont la date est de
l'année précédente, paroît fort rare en France. •' •
' A Paris en 1677 sortit de la boutique de Claude «bid.
Audinet en un volume m-12, une autre fort belle édition
de Pétrone , avec les notes de Bourdelot. Elle contient le
fragment de Trau , et . les poésies étrangères à la satyre
de Pétrone , comme l'édition d'Hadrianides.
Depuis la prétendue découverte faite à Belgrade de
1 8
206
PETRONE,
I SIECLE.
Mbr.P. p. 894. I I
Bib. Casan.
Bih. Kon. p. 529.
Petr nr. fr. p. 2.
Bib. Till. ibid.
nous avons
original de
ce qui manquoit h Pétrone, on l'a remis plusieurs fois
sous la presse tel qu'on suposoit l'avoir recouvre^. ' Il fut ,
dit-on, imprimé de la sorte dès 1092, à Londres , à
lloterdam et ailleurs. Il y en a une édition faite à Paris
chez Jean-Baptiste Langlois en un volume m-12. l'an
1693, ' et une autre beaucoup plus ample faite à Utrec! t
chez Van de Water l'an 1709 , en deux volumes m -4".
On est redevable de celle-ci h Mr. Burman , qui l'a en-
richie des notes de Mrs. Ileinsius et Goësius. Mr. le Clerc
n'en parle pas avantageusement. Voilà ce que
pu découvrir touchant les éditions du texte
Pétrone. Il ne nous reste plus qu'à parler des traductions
que l'on en a publiées en notre langue , et auxquelles on a
ordinairement joint le texte latin.
Jusqu'à la traduction qu'en donna Mr. Nodot en
1694, ' ce qui avoit paru traduit de la satyre de Pétrone ,
étoit très - imparfait. Les uns s'étoient bornés à en tra -
duire ou paraphraser quelques morceaux. D'autres
avoient poussé un peu plus loin. Mais personne n'avoit
touché ni au festin de TrimnIcion , ni aux vers intercalés
dans la satyre, ni à ce qui se rencontre de plus difficile dans
cet ouvrage. Mr l'Abbé de MaroUes est celui qui en a plus
fait que tout autre , au sentiment de Mr. Nodot. Mais son
travail n'a pas eu un succès plus heureux que ses autres tra-
ductions. ' 11 parut néanmoins en 1687 , un an avant la dé-
couverte du manuscrit de Belgrade , une nouvelle traduc -
tion de Pétrone, imprimée à Cologne chez P. Marteau en
un volume in-l2. Le Traducteur avoiie avoir trouvé dans
son travail deux embarras particuliers : la crainte de salir
l'imagination de ses Lecteurs , et la difficulté de bien en-
tendre et d'exprimer plusieurs endroits de Pétrone. Il
a surmonté le premier en suprimant les ordures les plus
grossières , et l'autre en y supléant par des paraphrases :
ce qui l'a obligé de faire des observations qu'il a mises à
la fin de sa traduction. Il a aussi laissé deux poèmes de son
Auteur sans les traduire.
La traduction qu'en publia Mr. Nodot est entière ,
aiant été faite sur l'édition du texte de Pétrone impri-
mé à Cologne , tel qu'on avançoit l'avoir recouvré à
Belgrade. Afin de mieux faire paroître et l'exactitude et
la justesse de son travail , Mr. Nodot a mis le latin a
POETE. 207
côté de son franoois, rendant les vers latins par d'autres i siècle
vers en notre langue : ce qui doit lui avoir beaucoup coû-
té. Il a orné les marges de sa traduction de notes latines,
qui servent à expliquer les termes les plus difficiles de
Grammaire; et au bas des pages il a mis des remarques
historiques, qui éclaircissent plusieurs endroits de son Au-
teur par des faits tirés de l'antiquité.
Outre la vie de Pétrone que le Traducteur a placée à
la tête de l'ouvrage, après ravoir puisée dans les meil-
leurs Auteurs, il y a encore mis une préface pour rendre
compte de l'exécution de son dessein. Dans cette préface
Mr. Nodot montre l'eslime que l'on a toujours faite de
Pétrone, et prouve fort bien que son livre est une vérita-
ble satyre des débauches de Néron et de ses favoris, et
qu'il est facile de le justifier des reproches qu'on lui fait
pour en empêcher la lecture. Après cette préface suit la
clef pour donner l'intelligence des principaux personnages
que l'Auteur a fait entrer dans sa satyre.
Cette traduction ainsi enrichie fut imprimée l'an Bib. s. vinc. cen
1694 en deux petits volumes m-12. à Cologne chez
Pierre Groth, suivant l'inscription qui se lit au frontispi-
ce de l'ouvrage ; mais plutôt à Paris ou quelque autre
ville de France, comme il est aisé d'en juger et par le
papier et par les caractères.
Mr. Nodot retoucha cette traduction dans la suite;
et après y avoir fait quelques additions, il la donna de
nouveau au public en deux volumes m-8°. C'est sur cette
édition qu'a été faite 'celle qui a paru l'an 1713 en deux ... d. do rch
volumes m-12. sans nom ni de lieu ni d'Imprimeur. Cel-
le-ci se trouve enrichie de plusieurs remarques et addi-
tions considérables, et de la contre -critique ou réponse
aux observations du Censeur des fragmens de Pétrone
trouvés à Belgrade.
Dès 1691, avant qu'eût paru la traduction de Pé-
trone, ' par Mr. Nodot, Mr. Venette Médecin de la Ro- ''is'
chelle entreprit le même travail à la solicitation de l'illus-
tre Mr. Begon. Sa traduction fut imprimée à Amsterdam
six ans après en 1697. Elle paroît fort rare; et quelques
mouvemens que nous nous soïons donnés, il ne nous a
pas été possible de la voir. Mr. Venette avoit aussi com-
posé un Dictionaire raisonné pour mieux entendre Pe-
T
208 DEMOS TH EN E,
I SIECLE. trône; mais cet ouvrage quoique plein d'érudition, est
demeuré manuscrit. Nous aprenons tout ceci d'une per-
sonne d'esprit et de mérite de la Rochelle même, qui peut
avoir connu ce Traducteur. (XVIII.)
DEMOSTHENE,
Médecin.
ROIS Médecins Gaulois , que nous trouvons avoir
fleuri ensemble sous l'Empire de Noron , font juger
que nos Gaules en avoient produit bien d'autres en ces
premiers tems. Ce n'est point là de ces conjectures bazar-
dées. Le soin qu'aportoient et nos anciens Druides et les
Marseillois à cultiver la Médecine avec les autres arts et
sciences dont ils faisoient profession, autorise de reste nô-
tre conjecture. L'antiquité néanmoins jusqu'au II et IV
siècle ne nous fait connoître que Demosthene, Charmis
et Crinas entre ceux qui ont exercé la Médecine avec
quelque éclat : Demosthene est devenu sans contradiction
le plus célèbre des trois,
r.ai.rem. p«r. Ren. ' H étoit dc Marscillc, cl sc trouve quelquefois nommé
■■'■'■''" ' simplement le Marseillois dans le texte original de Ga-
lien , dc qui nous aprenons le plus de particularités de
diff. pnis.i. 4.C.*. son histoire. ' Il eut pour maître Alexandre surnommé
sirab. 1. 12. p. Philalcthc, c'est-à-dire ami ou amateur de la vérité. ' Cet
^''^' Alexandre du tems de l'Empereur Tibère , étoit à la tê-
te d'une célèbre école de Médecine de la secte d'Herophi-
le, située prés de Laodicée en Phrygie. On juge de-là que
Demosthene ne commença à briller que plusieurs années
après, et qu'il continua à le faire jusques sous l'Empire
de Néron.
L'on ne pouvoit nous mieux marquer combien il fut un
Gai.ibid. digne ' disciple de son maître, qu'en nous aprenant qu'il
mérita de porter comme lui le glorieux surnom de Phila-
piin.hisij. Î6.C. Icthc. La sectc qu'ils suivoient l'un et l'autre, ' passoit pour
la plus rafinée de toutes les sectes des Médecins; et il
falloit être habile dans les letres pour pouvoir l'embras-
ser. Herophile, qui l'établit vers la 53 * Olympiade, fut
le
« I I. 29. R. s.
MEDECIN.
209
le premier Médecin qui introduisit l'usage de commencer i siècle.
par rechfircher les causes des maladies pour y remédier. — — — —
En établissant sa secte, il fit tomber toutes les autres. Mais
la sienne eut ensuite le même sort; et elle étoit presque
tombée elle-même dès le tems- que Pline écrivoit son hi-
stoire. Nous marquons ces circonstances , parce qu'elles
servent à nous donner une idée avantageuse du savoir et
de l'industrie de Demosthene. Les anciens qui l'ont suivi
n'en font pas moins d'estime. Galien entre autres se décla-
re son partisan en divers endroits de ses écrits.
'Demosthene laissa de sa façon trois Livres sur lesdiffe- Gai.ibid.c.siAa.
rentes maladies des yeux, et le secret d'y remédier. Il trai- -so.'tÎ'. 73! u. *9.
toit de la chassie, des inflammations, des fluxions, ou
épanchement de quelque humeur sur les yeux; des pail-
les, des moucherons , ou autres choses semblables qui s'y
jettent quelquefois; de la foiblesse ou débilité de la vue;
du renversement des paupières; des abscès internes et ex-
ternes qui s'y forment; des lagophthalmes , ou maladies , .<» 1 1
des yeux, lorsqu'on ne peut fermer les paupières comme
les lèvres. En traitant de ces difl"erentes sortes de mala-
dies, notre Médecin avoit soin d'enseigner aussi la maniè-
re de les guérir. Galien témoigne que cet ouvrage étoit
fort estimé. Il nous en reste quelques fragmens considé-
rables insérés parmi les écrits d'Aëce d'Amide. De-
mosthene avoit écrit en grec , qui étoit sa langue natu-
relle, et celle du pais où il avoit étudié, et peut-être aussi
composé son ouvrage. Car il n'y a pas lieu de douter que
ce fut plutôt en Asie où il étoit allé voiager , qu'en son
propre pais, qu'il étudia sous Alexandre.
' Oribase , parlant du collyre de l'invention de notre Orib. Syn. i.4.p.
Médecin, le loue comme un remède spécifique contre les
indispositions invétérées de la vûë. C'est aparemment dans
ses Livres sur les maladies des yeux, que Demosthene don-
noit le secret de ce collyre. Mais on ne sauroit assurer si
c'est du même ouvrage, plutôt que de quelque autre qu'il
auroit composé sur d'autres matières de Médecine , ' que Gai. ibid.
Gahen a pris ce qu'il nous aprend des opinions et des se-
crets de ce Médecin. Touchant le pouls , il dit que De-
mosthene en donnoit la même définition qu'Alexandre
son maître, et qu'il établissoit la diff'erence des pouls dans
la dilatation, ou la contraction du cœur ou des artères se-
Tome I. Prem. Part. D d
18*
210 CRINAS,
I SIECLE. parement, et dans la dilatation ou la contraction des deux
ensemble. " Ailleurs il raporte la composition de Son erti-
i^p^îT' '""'■ ' plâtre pour guérir les dartres ou feux volages ; ' et en un au-
iiPar. gen.i. 5.C. tre eudroit celle de son remède contre les charbons depe-
•'••''•'*"• ste, dont il ateste l'efficacité.
Anu-Baii. t. i. e. 'M. Meuagc daus son Anti-Baillet relevé la bévue du
~ '^' ' Mazzoni , qui dans son commentaire sur la comédie de
Dante , a confondu Demosthene le Médecin avec Demo-
sthene de Bithynie, en atribuant au premier le poëme des
Bithyniaques, qui apartient à l'autre.
CRINAS,
Médecin.
piin. hisi.i.î9. c. /CRINAS ' est mis par Pline l'Historien au nombre de*
5. p. 666. Ij Médecins , qui passent pour auteurs de sectes parti-
culières dans la médecine. Il étoit de Marseille , comme
Demosthene dont nous venons de parler , et fleurissoit aU
même tems que lui.
Après avoir professé quelque tems la médecine en son
p. 66.S. «;«. pais, ' il alla à Rome sous l'Empire de Néron. Il y trou-
va toute la ville éprise des nouveautés de Thessale , autre
not. ibid. fameux Médecin , ' chef de la secte des Méthodiques, "(^Ui
• p. 665. à force de déclamer contre les autres Médecins qui 1 a-
voient précédé , s'étoit fait une telle réputation que tout
p. 6(«5. le monde couroit à lui. ' Lors qu'il paroissoit darts les rues,
il étoit suivi d'une multitude de peuple , comme si c'eût
été ou un Comédien qui alloit au théâtre , ou un Athlète
qui alloit au cirque.
„,i,, ' Crinas ne fut pas long-tems , non-seulement à parta-
ger les pratiques de Thessale, mais aussi à s'atirer et plus
d'estime et plus de confiance que ce fameux Médecin. Pour
- agir avec plus de précaution et moins de risque dans ses
remèdes, il avoit joint l'étude des mathématiques et de l'a-
strologie à la connoissance de la médecine. C'est pourquoi
Pline semble le faire auteur d'une secte que l'on pour^oit
qualifier la secte des latromathematiciens. Il se regloit stll*
le cours des astres dans tout ce qu'il ordonnoit à ses mala-
MEDECIN. 211
des, jusqu'au boire et au manger: ' maxime dont Juvenal i sieclk.
dès ce tems-là ou peu après se rioiten la personne du Ma- . juv. sat.e. 378.
thematicien Petosiris , qui la mettoit en pratique com-
Die Crinas.
-capiendo nuUa videtur
379.
Aptior hora cibo, nisiquamdederit Petosiris.
Cela n'empêcha pas néanmoins que Crinas n'amassât pi»"- 'WJ-
des richesses immenses dans sa profession. Il légua par son
testament dix millions de sesterces , ' qui font un million not. ibid.
de notre monnoie , selon l'évaluation d'un savant , ' ou Cass. t.*. p. 532.
même douze cent mille livres suivant la suputation d'un
autre, ' pour les fortifications de Marseille sa patrie. Et il p""- '•>'''•
n'en avoit guéres moins dépensé a faire fortifier d'autres
villes.
Il y avoit peu de tems que Crinas n'étoit plus au mon-
de, lorsque Pline écrivoit son histoire sous le règne de
Vespasien, vers l'an 74. C'est ce qu'il est aisé déjuger par
la manière dont cet Historien parle de lui.
Si Crinas laissa quelques écrits de sa façon, comme il y
a tout sujet de le croire d'un homme aussi célèbre , que
l'on nous représente comme chef d'une nouvelle secte dans
la médecine, l'antiquité ne nous en donne nulle connois-
sance.
D
CHARMIS,
Médecin.
ANS ' le même-tems que Crinas, dont nous venons de PUn. hist.i.so.c.
parler , et Thessale son émule partageoient entre eux ' •*■ **"'
presque toutes les pratiques de Rome pour la médecine ,
on y vit paroître avec un certain éclat Charmis autre Mé-
decin de Marseille. Poussé ou par la passion de faire fortu-
ne, ou par le désir de s'acquérir de la réputation, il quita
les Gaules , et acourut dans cette capitale de l'Empire y
faire parade de ses nouveaux secrets.
' En effet , il se distingua entre les autres Médecins en
renversant leurs systèmes , et se fraïant dans son art des
routes nouvelles, Il condamnoit les bains chauds , et or-
Ddij
ibi.l
212 CHARMIS, MEDECIN.
I SIECLE. donnoit à ses malades des bains d'eau froide, même pen-
dant les plus grands froids de l'année. J'ai vu moi-même,
dit à cette ocasion Pline l'Historien, qui vivoit du tems
de Charmis , j'ai vu des vieillards hommes consulaires se
soumettre aveuglement aux bizarres ordonnances de ce
Médecin, et se faire gloire de prendre des bains froids dans
la plus grande rigueur de l'hyver. Seneque , ajoute Pline ,
s'en faisoit lui-même avec toute sa sagesse une espèce
Senoc. ep.53|ep. d'honucur. ' On voit effectivement que ce Philosophe parle
83. 11.181. 340. ^^^^ ^^g certaine ostentation dans quelques-unes de ses
letres, de ces bains froids dont il usoit au mois de Janvier,
piiu. ibid. p. 666. ' PHue jugcoit saus doute plus sainement de ces sortes de
^^''- remèdes, que ni Seneque m ces anciens Consuls , lorsqu'il
invectivoit avec feu contre une telle bizarrerie, et qu'il trai-
toit en vrais charlatans ceux qui en étoient les auteurs. II
avoit bien raison , puisqu'il étoit hors de doute que ces
gens-là ne cherchoient par leurs nouveautés affectées, qu'à
s'acquérir de la réputation, et à faire un profit sordide aux
dépens de la vie des hommes.
Lon". or. deiaud. ' ^n uc pcut néanmoins s'empêcher de convenir , qu'il
T»""" faut que Charmis eût et beaucoup d'industrie et un grand
fonds d'éloquence , pour changer de la sorte les règles de
la médecine , et faire ainsi prévaloir ses nouvelles ordon-
nances aux anciens avis de Chrisippe, d'Erasistrate, d'He-
rophile , d'Asclepiade, et des autres Médecins de l'anti-
quité tant Grecs que Romains.
A dire le vrai, Charmis n'étoit pas le premier Médecin
qui eût mis en usage les bains d'eau froide , en quelque
HiPi. I. i.ep. 18. saison que ce fût. Dès l'Empire d'Auguste ' AntoniusMu-
"^^^ -''■'■ sa en avoit fait quelque expérience en la personne d'Ho-
race, à qui il avoit défendu les bains des eaux chaudes de
Baies, et ordonné des bains d'eau froide au milieu même
de l'hiver. C'est dequoi semble se plaindre ce Poëte, en se
soumettant néanmoins à une aussi cruelle ordonnance.
Quoi qu'il en soit, il paroit que Charmis amassa de grands
l'iin. ibid. C.8. p. biens dans sa profession, ' et qu'il faisoit païer bien cher les
"^'' soins qu'il prenoit de ses malades. Car pour avoir conduit
un homme de province dans une maladie , et une rechute
iioi. ibid. qui la suivit, il en tira deux cens mille sesterces, ' ou vingt-
mille livres de notre monnoie.
On ne noua aprend point si Charmis écrivit quelque
^.BUTIUS LIBERALIS, PHILOS. 2i3
chose pour soutenir son nouveau système. Il y a néanmoins i siècle.
tout lieu de le présumer.
je:
iEBUTlUS LIBERALIS,
Philosophe.
iBUTius ' LiBERALis étoit de la ville de Lyon. Il Senec. cp. 91. p.
iquita depuis les Gaules , et alla à Rome , soit pour
se perfectionner dans les sciences, soit pour s'avancer dans
les charges. Mais quelque éloigné qu'il fût de sa patrie,
il conserva toujours pour elle la tendresse et l'atachement
d'un bon citoïen.
'A Rome il lia une étroite amitié avec Seneque le Phi- uad. ideben.i.i.
losophe , qui le choisissoit quelquefois pour son Mécène , *
en lui dédiant quelques-uns de ses ouvrages. Cette union
forma entre eux un commerce de literature , particulière-
ment sur des matières de philosophie , dont la postérité a
tiré quelque fruit.
Liberalis meritoit à bon droit de porter la qualité de
Philosophe , non-seulement parce qu'il s'ocupoit à l'étude
de la philosophie, mais aussi parce qu'il avoit su faire pas-
ser dans ses mœurs les préceptes qu elle donne pour bien
vivre. ' C'étoit un homme incomparable, selon l'éloge deben. 1. 5. c. 1.
que nous en a laissé Seneque son ami. Sa bonté lui avoit
mérité le glorieux titre de meilleur de tous les hommes.
Sa libéralité , sa générosité , sa grandeur d'ame n'avoient
point d'exemples. Personne n'avoit plus d'inclination à
obliger et à rendre service ; et lorsqu'il le faisoit , c'étoit
non-seulement sans ostentation , et avec désintéressement ,
mais il vouloit encore paroitre rendre plutôt ce qu'il avoit
reçu, que d'acorder une laveur.
' Autant qu'il se plaisoit à priser les moindres grâces >bW-
qu'il recevoit , autant il avoit de peine à entendre louer
celles qu'il acordoit aux autres. ' Il s'étoit fait une loi de c. 2.
rendre toujours au-de-là de ce qu'il recevoit. Il regardoit
même comme une chose indigne d'un cœur généreux de
se laisser vaincre dans le genre d'obliger : ttirpe est beneficiis
vinci ^ disoit-il souvent avec complaisance. Ce fut sans
214 GABINIEN,
I SIECLE. doute autant en considération de ces excellentes qualités ,
3" u'à titre d'ami et d'homme de letrcs , ' que Seneque lui
edia son traité des bienfaits. Pouvoit-il trouver quelque
autre personne à qui cette dédicace convint mieux?
cp. 9i.p. «8. ' Toutefois quelque constance et quelque courage dans
les adversités que l'étude de la philosophie eût inspiré à
Liberalis , il ne put tenir contre la nouvelle de l'embra-
sement de Lyon sa patrie, sans se laisser aller à une dou-
p. 4SI. leur extrême. ' Cet accident arriva vers 65, un peu moins
de cent ans après que Plancus avoit rétabli cette ville.
p. 417. ' C'est ce que Seneque nous aprend dans une fort belle
letre à Lucillus ami particulier de Liberalis et le sien. Il
y prend de-là ocasion de décrire en Philosophe la fragilité
des choses de ce monde , et le peu de cas que les hommes
en doivent faire.
Jos. bel. Jaa.i. 7. ' On trouve un Liberalis' Capitaine des Gardes de Tite
*■ "*■ qui fut depuis Empereur. Il y a toute aparence que c'est le
même que celui qui fait le sujet de cet article. Liberalis
exerçoit cette charge au moins dès l'an 70 , auquel il se
trouva avec ce Prince à la destruction de Jérusalem. Ce fut
ce Capitaine qui eut ordre d'empêcher l'incendie de cette
malheureuse ville , et de frapper sur les soldats qui refu-
seroient d'éteindre le feu , afin de pouvoir conserver le
Temple. Mais les ordres de l'Empereur , et les soins du
Ez«:ii. «t. 48. Capitaine furent inutiles ; ' parce que c'étoit le Seigneur
3U1 avoit allumé ce second feu , comme le premier qui re-
uisit en cendres la même ville au tems du Prophète Eze-
chiel.
I Le texte grec de Joseph nomme Liba- rencontres; comme de mettre Jolie ponr
ralisAlêspapîoçtmaisonsaitquecelHisto- Livie. ot ainsi de quelques autres noms
rien se trompe quelquefois en semblables ^ "
GABINIEN,
Rhéteur.
I l'antiquité nous fournit peu de chose pour l'histoire
' de ce Rhéteur , il faut s'en prendre à la négligence
_ , , „. qu'on a eue de nous conserver ' la plupart des vies des illu-
Snet. cl. Rn. p. i , • i » / > i • / ¥i
845. stres Rhéteurs que Suétone avoit laissées a la postérité. 11
s:
RHETEUR. 215
avoit composé celle de Gabinien , qui n'existe plus aujour- i siècle.
d'hui, non plus que celles de plusieurs autres. Il l'y nom-
moit Sexlus Julius (Jabinianus; et c'est par corruption sciiot. ci. Rh. p.
qu'il se trouve nommé Gabinius dans quelques autres '^- *•
Ecrivains.
On ne dit point de quel pais étoit Gabinien , quoique
la présomtion soit en faveur de nos Gaules. ' Seulement Hier. ci.r. i. *. p.
on nous aprend qu'il y enseigna la rhétorique environ *"^'
vingt ans après le milieu de ce premier siècle sous l'Em-
pire de Vespasien , et qu'il acquit dans cette profession une
réputation très-éclalante : celeberrimi nominis Rhetor, dit S.
Jérôme. ' C'étoit , selon le même Père, un torrent d'é- inis.pr.g. p.swr.
loquence; et ses discours passoient pour des pièces ache-
vées.
' On peut même le re^rder comme le Prince de l'élo- Dia. or. ». *s.
quence du siècle qui suivit celui d'.Vuguste. C'est au moins
l'idée que nous en donne un Auteur contemporain. Car si
les Orateurs de ce tems-là , enflés de leur propre suffisan-
ce , et infatués de la nouvelle éloquence qui avoit pris la
place de celle des anciens , ne faisoient pas difficulté de se
mettre au-dessus de Ciceron, ils avoient au moins la mo-
destie de ne se mettre qu'après Gabinien.
' Il ne paroit nulle part aujourd'hui aucun écrit sous le
nom de ce Rhéteur. ' Il est toutefois certain qu'au tems de Hier. iwj.
S. Jérôme il se trouvoit un recueil de ses discours ou ha-
rangues; puisque ce Père y renvoie ceux qui aiment une "" '''
éloquence féconde, et se plaisent à la délicatesse et à l'é-
legance du style. On doit même juger que ces écrits de
Gabinien étoient fort estimés; car S. Jérôme les met de
pair avec ceux de Ciceron , de Quintilien et de Gallion.
Qui si flitmen eloquentiœ, dit-il , et conannas declamationes '■'
desiderant , legant Tullium , Quintilianum , Gallionem el
Gabinianum .
216 JULIUS SECUNDUS,
I SIECLE.
JULIUS SECUNDUS,
Orateur.
Qtiint. or. 1. 10. T u F. I u S ' Secundus, quoique mort dans un âge peu
*■■''■ «avancé, ne laissa pas de s'acquérir la réputation d'Ora-
c. 3. p. 653. teur célèbre. ' II étoit neveu par son père de Julius Florus,
dont nous avons donné l'éloge , et Gaulois ' de nation
comme lui. Mais on ne sait pas ■ précisément quel fut le
gaw.Bui.i. i.p. lieu de sa naissance. ' On dit qu'il fit ses premières études
dans l'école de Lyon , où son oncle enseignoit l'art de
bien parler. On ne peut au moins douter que ce ne fût dans
Quini. ibid. les Gaulcs. Nous avons raporté ailleurs ' l'embaras où il
se trouva un jour, lorsqu'il étoit encore sous la férule, et
de quelle manière son oncle l'en délivra.
DU, or. n. t. 5. ' Secuudus alla ensuite à Rome hanter le barreau. Il lo-
gea quelque tems avec Saleïus Bassus célèbre Poëte de ce
tems-Ià, dont il se fit un intime ami. Il contracta aussi une
amitié très-étroite avec Marcus Aper son compatriote , et
Qnint. ibid. I cl. divcrs autres beaux esprits, ' sur-tout avec Quintilien, qui
''■ **'■ étant de même âge que Secundus , s'étoit d'autant plus
ataché à lui , qu'il avoit découvert de plus grands talens
en sa personne.
I La preuve que Julias Secundus étoit cios Latro mort un an avant le commeoce-
Quint. or. 1. 10. Gaulois, se prend non-seulement ' de ce ment de notre Ere vulgaire; ainsi il devoit
c. 3. p. 653. qu'il étoit neveu par son père de Julius être né environ 18 & 19 ans auparavant.
Florus, que nous avons montré être de la Le neveu étoit de même . ge que Quinti-
méme nation; mais elle se tire encore des lien, comme celui-ci le dit lui-même; de
écoles où Secundus faisoit ses premières sorte qu'en la 56* année de l'Ere Chrétien-
études. Unintilien nous donne assez clai- ne il puuvoit avoir 15 & 16 ans. lorsque
rement à entendre que ces écoles étoient Flurns son oncle en avuit 75 i 76. Colui-
dans les Gaules. Car il dit d'une part que ci, selon Qui tilien, a fini le cours de sa'
la dernière ocupation de Florus fut d'y en- vie, qui ne peut gueres avoir excédé ce
seigner la rhétorique, et de l'autre que Se- terme, en professant l'éloquence dans les
cundus étant encore écolier fut repris par Gaules. Donc c'est dans les Gaules qun
Florus de ce qu'il mettoit trop son esprit A Secundus son neveu étudioit, avant que
la torture puur mieux réussir qu'il n'en d'aller à Rome; et par conséquent on est
étoit capable. Or ce dernier fait n'a pu en droit de le regarder comme Gaulois,
arriver, que lorsque Florus enseignoit ou Nous avons détruit ailleurs toutes les au-
plaidoit dans les Gaules. Pour s'en con- très chicaneries que l'on pourroit faire sur
vaincre il n'y a qu'à raprorher les unes des le texte de Quintdien contre notre opi-
autres les époques de làge de l'oncle et du nion.
neveu. L'oncle avoit été disciple de Por-
Secundus
ORATEUR. 217
* Secundus s'apliqua avec tant de succès à l'éloquence, i siècle.
qu'il y fit bientôt des progrès merveilleux , *• et qu'il passa
pour un des plus célèbres Avocats de son siècle. Ses dis- 653"'"' '^' ^'
cours étoient élegans , concis , et aussi coulans qu'on pou- "Wiai- «f- "• 2-
voit souhaiter ; quoique de mauvais esprits eussent tenté
de le faire passer pour un homme qui ne parloit pas aisé-
ment. ' On y trouvoit toutes les grâces de l'éloquence n. 23.
réunies ensemble : la majesté et la politesse dans les termes,
le choix dans l'invention, la netteté dans les pensées , la ju-
stesse dans le raisonnement , le bel ordre dans la division,
enfin un style ou difTus ou serré , selon que le sujet le de-
mandoit.
' Quintilien se plaint seulement de ce que notre Ora- Qnint. Uiid.
teur se donnoit trop de peine à travailler ses pièces ,
' et de ce qu'il avoit plus d'égard à ses expressions qu'aux c. i.p. ms.
choses mêmes. Il jugeoit aussi qu'il n'avoit pas assez de
feu. Mais c'étoient des défauts que Secundus tâchoit de
corriger tous les jours ; et il le faisoit avec tant de succès ,
que s'il eût joui d'une plus longue vie , il auroit acquis tou-
tes les qualités qui font les plus grands Orateurs.
' L'Auteur du dialogue sur la corruption de l'éloquence Diai. or. n.j.s.s.
ne laisse pas néanmoins de nous le représenter comme un ' ' "
Orateur très-suivi , et de le faire paroitre avec beaucoup
de distinction dans cette savante dispute. ' Elle se passa la n. 9.
6* année de l'Empire de Vespasien, 74* de l'Ere Chrétien-
ne. ' Secundus vivoit encore alors , comme on le voit par- n. 2.
là. ' Mais il n'étoit plus au monde, lorsque Quintilien Quint, ibu.
faisoit son éloge dans ses Livres de l'Orateur , ' qu'il com- an. n. 21.22.26.
posa entre les années 86 et 94. De sorte qu'on peut pla-
cer la mort de Secundus vers l'an 80 de nôtre Ere commu-
ne, lorsqu'il n'avoit environ que 40 ans.
Vipsanius Messala l'un des personnages du dialogue , wai. or. n. u.
dont nous venons de parler , faisoit alors espérer au
public divers ouvrages de la façon de Julius Secundus.
Mais on ne nous a conservé la notion d'aucun de ces écrits ,
sinon de la vie de Julius Asiaticus , à laquelle notre Ora-
teur travailloit dès-lors : encore ne sait-on s'il y mit la
dernière main. C'est peut-être l'unique monument de l'an-
tiquité , où il soit fait mention de cet ouvrage de Secun-
dus.
Tome I. Prem. Part. E e
218 fMARCUS APER,
I SIECLE.
MARCUS APER,
Orateur.
§• 1-
HISTOIRE DE SA VIE.
Diai. or. 11. s. 7. TiffARciis ApER, ' l'un des plus beaux génies du
*"• iTJ. Barreau en son tems , étoit Gaulois de nation.
L'endroit des Gaules , où il prit naissance , ne nous est
désigné que par un lieu qui n'avoit pas encore été grati-
"• "• fié du droit de Bourgeoisie Romaine. ' L'inclination
d'Aper en son jeune âge le porta à voïager; et il la suivit
quelque tems. Il poussa ses courses jusques dans la grande
Bretagne , où il assure avoir vu un homme qui avoit porté
les armes du tems que César passa dans cette isle pour la
subjuguer.
"• '• 'Aper alla ensuite à Rome, où il paroît qu'il fixa sa
n. 3. demeure. ' Il se mit d'abord à hanter le Barreau ; et il s'y
acquit beaucoup de réputation tant par la beauté de son
■>• ■»• esprit , que par la force de son éloquence. ' Quoiqu'il fût
reconnu à Rome pour étranger, il ne laissa pas de s'y
voir élevé aux plus hautes dignités. Il fut Sénateur ,
Questeur , Tribun , et Préteur. Mais s'il l'en faut croire ,
tous les agrémens attachés à ces Charges honorables
avoient moins d'attrait pour lui, que l'exercice de sa pre-
mière profession.
n. s. ' En effet il estimoit l'éloquence au-dessus de tout le
reste, fondé sur ce principe, que tous nos desseins com-
me toutes nos actions doivent tendre à l'utilité publi-
que. Or que peut-il y avoir de plus utile , disoit-il , que
l'éloquence ? Avec cet art admirable on est en état de
protéger ses amis, de servir les étrangers , de secourir les
oprimés , de se mettre au-dessus de ses jaloux, et de ré-
primer ses ennemis. ' C'est aparemment sur le même prin-
cipe, qu'il ne pouvoit souffrir les Poètes, dont les ocu-
pations ne sont le plus souvent que de vains amusemens.
n. 4.
ORATEUR. 219
' Apliqu*!! tout entier aux exercices du Barreau , Aper i siècle.
suivoit moins la manière des anciens Orateurs , que celle
des nouveaux Rhéteurs de son temps , ' dont il fut un uiai. or. n. i*.
partisan très-zélé. ' Outre la beauté de l'esprit, on rc- JJ; I4;
marquoit en lui du feu , de l'art , de l'érudition , du bril-
lant , et un torrent d'éloquence.
' Néanmoins quelque grande que fût sa réputation , ses n. s.
jaloux ou ses ennemis ne laissèrent pas de tenter à la faire
échouer, Pour y réussir ils s'avisèrent de semer dans le
public , qu'Aper en étoit plus redevable à la trempe de
son esprit et à l'heureux naturel de son génie , qu'au soin
qu'il auroit pris de cultiver l'étude des belles Letres.
Mais en quoi cela pouvoit-il nuire au mérite de notre
Orateur 1 C'étoit déjà faire son éloge que de convenir
des grands talens qu'il avoit reçus de la nature. 11 est
vrai qu'il sembloit affecter de mépriser l'érudition , quoi-
qu'il n'en manquât pas , à dessein de faire paroître davan-
tage l'heureux caractère de son esprit, et de monlrer qu'il
tiroit tout de son propre fonds.
' Cela n'empêchoit pas toutefois qu'Aper ne fût en une iWd.
très-grande estime à Rome. On le suivoit non - seulement
au Barreau, mais aussi en tous les lieux où il avoit à parler.
On couroit même à ses leçons particulières , afin d'en
recueillir les plus beaux endroits.
'Aper est un des Orateurs qui brillent le plus dans le
fameux dialogue sur la corruption de l'éloquence. ' Le n. i-va».
principal but de la pièce est pour soutenir l'opinion que
notre Orateur défendoit en faveur des avantages de la
nouvelle éloquence au-dessus de l'ancienne. ' Ce dialo- n. 17.
gue se tint la sixième année de l'Empire de Vespasien ,
.soixante -quatorzième de notre Ere commune. Ainsi Aper
vêquit au - delà de cette époque ; puisqu'il paroît qu'il
étoit encore alors dans une grande vigueur. Mais il sem-
ble qu'on ne peut placer sa mort guéres plus loin qu'en
l'année 85. Il faut se souvenir qu'il avoit vu dans la grande
Bretagne un homme , qui avoit porté les armes du tems
de César : circonstance qui porte à juger qu'il ne put faire
ce Yoiage plus tard que vers l'an 30 , lorsqu'il avoit envi-
ron vingt aps.
E e ij
SIECLE.
220 MARCUSAPER,
S- n.
SES ECRITS.
0
N a atribué pendant fort long-tems tantôt à Quin-
tilien , tantôt à Tacite le fameux dialogue des Ora-
Tiii.Emp. 1. 1. p. teurs sur la corruption de l'éloquence. 'Mais les Savans
n^M?'^"'"'*"' <îui ont examiné ce point de critique avec le plus de soin,
conviennent aujourd'hui qu'il n'est ni de l'un ni de l'au-
tre de ces deux célèbres Ecrivains. Après avoir mûre-
ment pesé toutes choses à notre tour, il nous paroit qu'il
y a des preuves suffisantes pour donner cette pièce à Mar-
cus Aper.
Mal- ni. 1».' Elle est faite exprès pour établir le sentiment où
étoit Aper , que l'éloquence de son tems méritoit la pré-
férence sur l'éloquence des anciens. C'est par où déoute
l'Auteur du dialogue avec un espèce de triomphe.
2°. L'opinion d'Aper y est soutenue avec plus de feu
que celle de son adversaire. Que si les raisons de celui-
ci paroissent plus solides , il faut l'atribuer à la bonté de
la cause qu'il défend. D'ailleurs il manque à cette pièce,
comme nous le dirons dans la suite , au moins une autre
partie , qui devoit comprendre la réplique d'Aper aux
raisons de son adversaire.
3°. ' Les personnes qu'on avoit prises pour Juges dans
ce différend , comme Julius Secundus qui s'étoit déjà dé-
claré pour les Poëtes , et Materne qu'Aper avoit d'a-
bord ataqué , aplaudissent avec éloge à son raisonnement.
4°. Les particularités de la vie d'Aper sont beaucoup
plus détaillées dans ce dialogue , que celles de l'histoire
d'aucun autre des personnages qui y paroissent.
On pourroit à la vérité répliquer , que les mêmes rai-
sons pour lesquelles on refuse ce dialogue à Quintilien et à
Tacite , empêchent qu'on ne l'atribue à Marcus Aper. Car
il est faux que ce dernier , 'en la sixième année de Vespa-
sien, k laquelle se tint ce dialogue , fût un jeune homme,
et même un très jeune homme, juvenis admodum.
Mais qui ne voit que cet endroit du dialogue est une
pure fiction de l'Auteur, afin de se dérober à la connois-
sance du public ? En effet est-il croïable que cet Ecrivain
quel qu'on le puisse suposer, ait été long-tems après en
n. 3. 5. 13. 24.
a. 1. 17.
ORATEUR. 221
état de rédiger par écrit ce dialogue avec le secours de i siècle.
sa mémoire, memoria et recordatione , et avec tant d'exacti-
tude qu'il n'y avoit rien oublié, iisdem nunc numeris iis-
demque rationibus, pour y avoir seulement assisté à un âge
aussi jeune qu'il veut le faire entendre? Assurément cela
paroît impossible; vu sur-tout la diversité des faits, des
noms, des époques, et l'abondance d'érudition dont la
pièce est remplie. Il faut donc avouer Qu'elle ne peut
mieux convenir qu'à notre Orateur, qui l'aura entrepri-
se pour faire triompher son opinion favorite à l'avantage
des Orateurs de son siècle, que les personnes de meilleur
goût mettoient beaucoup au-dessous des Orateurs de
l'antiquité. C'est ce qui paroîtra encore mieux par l'œ-
conomie du dialogue que nous allons donner.
' Justus Fabius s'étant plaint plusieurs fois en présence Diai. or. n. i.
d'Aper, de ce que les Orateurs de leur tems étoient bien
différens de ceux qui avoient brillé dans les siècles pas-
sés, et de ce qu'à peine quelqu'un méritoit le nom de vé-
ritable Orateur, Aper entreprit de répondre à ses plain-
tes par le dialogue dont il est ici question. Afin de l'exé-
cuter avec plus d'agrément et de facilité, il a recours à la
fiction suivante. 11 promet de ne raporter précisément
qu'une conférence à laquelle il s'étoit trouvé étant en-
core fort jeune, et dans laquelle en traitant doctement
ce sujet, on avoit fait paroîlre beaucoup de mépris pour
l'éloquence des anciens, et donné la préférence à celle
des modernes.
' Aper supose que l'ocasion de cette conférence fut tel- n. s.
le. Materne célèbre Avocat en ce tems-là avoit composé
quelques tragédies. Son Caton entre autres faisoit beau-
coup de bruit dans le public, comme si les puissances en
avoient été offensées. Marcus, Aper et Julius Secundus
en prennent ocasion de rendre visite à Materne ' et le trou- n. .35.
vent ocupé à composer son Thyeste. Aper le voïant ainsi
plongé dans la poésie, lui fait des reproches, de ce
qu'aïant autant de talens qu'il en avoit pour le Barreau,
il en négligeoit l'exercice, et préféroit une ocupation
aussi vaine que celle de composer des tragédies, aux nobles
et utiles fonctions d'Avocat.
' Ces reproches poussés vivement engagèrent Materne n. ii-i*.
à prendre la défense de l'exercice de la poésie ; et les ré-
1 9
222
MARCUS APER,
I SIECLE.
n. lô.
n. 15-23.
n. 24-26.
n. 33-41.
Till. ibid. p. 3R.
Dial. of. n. 42.
ponses de celui-ci atirerent de nouvelles répliques de la
part de l'autre. La dispute sV'chauffojl, lorsque parut
Yipsanius Messala, qui venoit aussi rendre visite à Mater-
ne. On lui dit le sujet de la dispute, ' qu'Aper ranima
aussi-tôt, en la faisant tomber insensiblement sur ce qui fait
le principal sujet du dialogue.
' 11 s'agissoit de savoir laquelle des deux sortes d'élo-
quence est préférable à l'autre, si c'est l'éloquence des
anciens, ou celle du siècle après Ciceron. Aper se dé-
clara hautement en faveur de celle-ci, prétendant ne
faire que ce que Ciceron avoit fait lui-même avant lui,
Comme ce célèbre Orateur Romain avoit soutenu que
l'éloquence de son tcms étoit beaucoup au-dessus de celle
des siècles passés : de même Aper prétend qu'on doit porter
le môme jugement de l'éloquence de son siècle, et la pré-
férer à l'éloquence des anciens. ' Il passe ensuite à critiquer
les principaux Orateurs du siècle de Ciceron ; puis il vient
à prouver son sentiment par tous les avantages qu'il croit
atachés à la nouvelle éloquence, et finit en donqaqt 4e>
très-beaux préceptes pour y réussir.
' Au contraire Messala prend la défense de l'éloquence
des anciens, et l'élevé au-dessus de celle des modernes
par divers raisonnemens très-solides. Après en avoir don-
né les premières preuves, ' il entre dans le détail des cau-
ses de la corruption de l'éloquence, et apuie par-là le sen^
timent qu'il avoit entrepris de défendre.
' Au reste ce dialogue est imparfait, et n'est que comme
une première partie, qui en demande au moins une se-
conde. ' C'est ce qui paroît visiblement par la fin, qui en
fait espérer une suite. ' D'ailleurs le dessein de l'Auteur
de la pièce étant de donner la préférence à l'éloquence
de son siècle, et n'aïant fait qu'en aporter les premières
preuves, contre lesquelles Messala en avoit donné d'au-
tres en faveur de 1 opinion oposée, il restoit au premier à
répliquer aux raisons de l'autre, et è confirmer les sien-
nes ; ce qui ne se trouve pas dans ce dialogue.
La pièce est remplie d'érudition, et de faits importans
pour l histoire. La critique qui y règne, est le plus sou-
vent juste et judicieuse. Le style en est beau et agréable,
quoi qu'on y trouve des expressions qui ne sont pas de la
plus pure latinité. On nommé cette pièce indifferem-
ORATEUR. 223
ment ou dialogue des Orateurs, parce que ce sont tous i siècle.
Orateurs qui y parlent ; ou dialogue sur la corruption de
l'éloquence, parce qu'on y traite ce sujet fort au long,
quoique par incidens.
' Ce dialogue se tint la sixième année de l'Empire de Diai. or. n. 17.
Vespasien, comme nous l'avons déjà dit, six vints ans
après la mort de Ciceron. Comme on l'a long-tems a-
tribué et à Quintilien et à Tacite, on le trouve ordinai-
rement à la suite des œuvres de ces deux Ecrivains. Les
meilleures éditions de cette pièce que nous connoissions,
sont celles de Leide et de Roterdam, à la fin de Quinti-
lien de l'année 1665 m-8° et d'Amsterdam, à la fin de
Tacite de l'année 1685 en même volume. Nous avons
une traduction en notre langue de ce dialogue, faite par
Mr. Giry de l'Académie Françoise, qui n'y a pas mis
son nom. Elle a été imprimée à Paris l'an 1626 en un
volume in-i" avec une Préface, qui est de Mr. Godeau
Evêque de Yence. (XIX.)
ANTOlMUS PRIMUS,
Poète.
E genre de vie où Primus brilla davantage , fut la
profession des armes. 11 ne laissa pas toutefois d'étu-
dier les belles Letres, et de s'atacher à ceux qui les
cultivoient. Il mérita même leur estime et leurs éloges ,
autant pour son propre savoir que pour l'affection qu'il
leur portoit.
' Il naquit à Toulouse après les premières années de Man.i.g.ep. 1001
■■' .. ~ .-.., , . Suet. cxs. 1.7.11.
18.
L
ce siècle ; et il fut selon Martial , un des grands ornemens
de cette ville. Il se nommoit Marcus Antonius Primus ,
et avoit porté dans son enfance le surnom de bec de coq.
' D'abord il fut honoré d'une Charge de Sénateur à Tac. hist. 1; 2. n
Rome. Mais il fut chassé du Sénat sous Néron, pour *""
avoir fait une fausseté. Il y rentra néanmoins dans la
suite sous Galba, qui le fit Tribun de la septième Lé-
gion.
' Primus étoit un homme d'intrigue et d'exécution, Ta';\^', î*- °
o ' 40 itud. 1.4.n.90
90.
21G* ANTONIUS PRIMUS,
I SIECLE. hardi de la langue et de la main, propre à décrier qui il
vouloit, promt à piller et à prodiguer, impérieux et arro-
gant jusqu'à ne pouvoir souffrir d'égaux , pernicieux dans
Tac. hisi. 1. 3. n. la paix, et de grand service dans la guerre. ' Il avoit
'"■ d'ailleurs de l'éloquence et des manières propres à tou-
cher un peuple et des soldats.
1. 2. n. 86. ' Avec toutes ces qualités tant bonnes que mauvaises ,
il se fit lui-même Général d'Armée, et s'oiïrit à Othon
qui méprisa ses services. Primus volant depuis le mauvais
état de Vitellius , qui peu après avoit succédé à Othon ,
il prit le parti de Vespasien. Personne ne servit ce nou-
veau contendant à l'Empire ni avec plus de valeur , ni
1. 3.n.i6-34| Jos. avec plus de succès que Primus. 'Il poussa si vigoureuse-
p^'ooat si»ei.''iWd.' ^^^^ 1^ parti de Vitellius, qu'en peu de jours il remporta
plusieurs victoires, prit et brûla Crémone deux cens-qua-
tre-vint-six ans apfès sa fondation, subjugua toute l'I-
talie, et se rendit enfin maître de Rome, où Vitellius fut
tué et tous ses gens défaits. Il donna sur-tout des mar-
ques prodigieuses de valeur à la bataille de Bedriac , au-
jourd'hui Caneto, où il fît tout ensemble le métier de
capitaine et de soldat. Ce fut aparemment en reconnois-
Tar. iiisi. 1.4. n. sance de ses services, ' qu'il fut fait Consul, mais seule-
ment subrogé, puisque son nom ne se trouve pas dans les
fastes Consulaires.
Mari. 1.1. epi.6 1 ï^ paroît quc Primus se retira ensuite dans le lieu de
In"' 'Si' ^^J,\- sa naissance, peut-être après que Domitien eut succédé
10.epi.23. 32. 73 I , rp-. ri . " J \' ■ 1 • • 1
1. 6. epi. 11. a Tite iils et successeur de vespasien. La prmcipale, pour
ne pas dire l'unique ocupation de Primus dans sa retraite,
fut l'étude des belles Letres et l'exercice de la poésie. Il
avoit toutes les qualités nécessaires pour y réussir, beau-
coup d'esprit, une grande éloquence, de l'érudition au-
tant que tout autre. C'est l'idée que nous en donne Mar-
tial, qui l'avoit connu à Rome , et qui étoit lié avec lui
d'une amitié très-étroite. Ce Poète regarde Primus com-
me un de ses Mécènes ; et nous avons encore plusieurs de
ses épigrammes qui lui sont adressées.
1.6. epi. H |i.n. ' Le retour de Primus à Toulouse ne fut point capable
cpi.iooi i.io.epi. d'interrompre le commerce de literature qu'il avoit avec
Martial. Celui-ci avoit soin de lui envoler de Rome ses
ouvrages , comme à un ami judicieux , et capable d'en
juger sainement. Primus de son côté les lisoit avec com-
plaisance ,
ORATEUR. 217
plaisance , et en savoit faire tout le cas possible, souvent i siècle.
même au-delà de ce qu'ils méritoient. Pour reconnoître "
le plaisir que Martial lui faisoit, il lui envoïa en une oca-
sion une robe de grand prix. Ce présent acompagné d'un
jugement aussi avantageux en faveur de ses ouvrages ,
flatloit extrêmement l'amour propre de Martial. C'est à
cette robe que ce Poëte fait allusion dans plusieurs de ses
■ épigrammes, où il en relevé le prix jusqu'à dire que ni
Apicius avec tout son faste, ni Mecenas avec toute sa
magnificence n'auroient pas craint de se deshonorer en la
portant (XX).
' Primus , selon Martial , vêquit au moins jusqu'à l'âge Man. i. lo. epi.
de soixante -quinze ans. S'il en faut croire ce Poëte , Pri- ^^■^*'
mus éloit non-seulement un bel esprit, et un homme d'une ^^^^
valeur extraordinaire ; mais il étoit encore d'une probité
si scrupuleuse, qu'il n'auroit jamais eu rien à se reprocher.
C'étoit autant pour ces belles qualités , qu'à titre d'ami ,
que Martial gardoit précieusement son portrait. ' Mais Tac. Ust. i. 3. n.
un Historien qui connoissoit peut-être mieux le caractère *^'
de Primus que Martial, est bien éloigné de convenir de
sa prétendue probité , et découvre en lui , comme nous
avons déjà vu, beaucoup de vices contraires.
' Martial fait mention d'un recueil d'épigrammes de la Mart 1. 1. epi. e.
façon de Primus. Mais il ne nous reste plus rien de ses
écrits, ' que quelques harangues ou fragmens de haran- Tac. imt. i. 3.
gués, et des letres que Tacite nous a conservées. * Le \^^ '^'^^ ^^
même Historien parle aussi de la relation que Primus
dressa de ce qui s'étoit passé en Germanie avant la jour-
née de Crémone, et qui fut apuïée de l'Edit de Gœcina.
SATRIUS RUFUS,
Orateur;
ET
A R T A N U S ,
Jurisconsulte.
Nous réunissons ensemble ces deux savans Gaulois ,
tant parce qu'ils fleurissoient en même-tems sous
l'Empire de Vespasien, qu'à cause qu'il nous reste peu de
Tome I. Prem. Part. F f
19*
218* SAÏRIUS RUFUS, ORATEUR.
I SIECLE, chose pour leur éloge. ' Juvenal met Rufus au nombre de
^ ceux qui professoient de son tennips les letres et l'éloquence
«4 Vnot^'p''.' 236! à Rome. Rufus, selon l'ancien Scholiaste de ce Poëte, étoit
'■ Gaulois de nation. Il fit à Rome même successivement
divers personnages. Il paroît qu'il y enseigna d'abord la
jeunesse, en quoi il n'eut pas 1 agrément qu'il auroit été
en droit d'atendre de ses travaux. Non seulement les
gens de letres , et nommément les professeurs , étoient
alors mal récompensés; mais la jeunesse étoit encore si in-
solente, qu'elle se révoltoit impunément et insultoit à ceux
qui prenoient soin de l'instruire. C'est ce qui a donné oca-
sion à la septième satyre de Juvenal, qui nous y représente
Rufus comme un des plus maltraités,
piin. 1. 1. ep. 5. p. ' Rufus se mit ensuite à hanter le Barreau, où il acquit
13 1 Juv. noi. ibid. jg^ réputation d'un des plus diserts Orateurs de son siècle.
Il avoit tant de délicatesse pour l'éloquence , qu'il ne souf-
froit qu'impatiemment celle qui étoit en usage. Il poussa
même la hardiesse à ce sujet, jusqu'à oser disputer la pal-
juv. su. iu.i. me à Ciceron. ' En effet aux termes dont en parle Juve-
nal, il paroît qu'il se piqu oit de parler si purement latin,
que Ciceron n'étoit pas exemt de sa critique , le
nommant un AUobroge ou un barbare à cause de certains
termes qu'il ne pouvoit souffrir dans ses écrits.
Dia.or. n. 18. ' H est vrai que Rufus n'étoit pas le premier qui eût
trouvé à redire a l'éloquence de Ciceron . Calvus et Bru-
tus long-lems avant lui y avoient repris des défauts consi-
dérables, ne le trouvant ni assez nerveux, ni assez bien soute-
nu. Mais cela suffisoit-il pour autoriser la hardiesse de Rufus?
piin. 1. 5. ep. 21 1 ' Nous avous dcux letres de Pline le jeune sur divers
i.7.cp.23. sujets, adressî^es à un Rufus son ami, qui ne nous paroît
pas différent de celui dont nous donnons ici l'éloge.
1. 1. op. 5. p. 13. ' Comme Pline le nomme ailleurs Satrius Rufus, on pour-
Frori. de aq. 1. 8. ^'^^^ CToite qo il dcsccndoit ' de ce Satrius Rufus qm suc-
p. a.ii. coda à Atteins Capito dans la Charge d'Intendant des
eaux à Rome, sous le consulat de L. Martius et d'Antistius
Vêtus , quelques années avant le commencement de no-
wiD.ibid.n..!. tre Ere vulgaire. 'Un Savant s'est même persuadé que no-
tre Orateur exerça lui-même cette Charge , et que c'est
Ini que Frontin nomme dans l'énumeration qu'il fait des
Intendans des eaux. Mais le tems où Frontin place ce
Satrius Rufus est bien éloigné de celui où fleurissoit no-
tre Orateur.
I
ET ARTANUS, JURÏSCONS. 219*
• Artanus nous est représenté comme un Jurisconsulte , i s i e c l e.
qui par son savoir faisoit un des grands ornemens de son «Man. i.8.e|.i. 7i.
pais. ' Mais nous avons la douleur de voir au'il est du g^, . ..
nombre de ceux dont le temps nous a envié les écrits, et i. j. 9. p. 310.'
dont il ne nous reste qu'une légère connoissance.
' Il étoit né à Narbone , d'où il alla ensuite à Rome se Man. aid.
perfectionner dans la Jurisprudence et les autres connois-
sances convenables à sa condition. Ce fut dans cette ca-
pitale du monde, qu'il se lia d'amitié avec le Poëte Mar-
tial , qui y brilloit alors sous l'Empire de Domitien. Ar-
tanus tut depuis rapellé dans le lieu de sa naissance pour
y exercer quelque Charge de Magistrature , et y faire usa-
ge de la science des loix qu'il avoit acquise. A son dé-
part Martial auroit bien souhaité de l'acompagner dans
son voiage : mais il fut contraint de se borner à lui faire
des vœux de prospérité. Et pour lui donner quelque mar-
que de son attachement , il lui fit présent d'un exemplai-
re de ses poésies, quoique l'ouvrage ne fût pas encore
Korté à sa perfection. On y lit l'épigramme suivante que
[artial composa à ce sujet.
Nondum murice cultus, asperoque
Morsu pumicis aridi politus,
Artanum properas sequi, libelle :
Quem pulcherrima jam redire Narbo,
Docti Narbo paterna Voticni
Ad leges jubet annuos([ue fasces :
Yotis quod paribus tibi petendura est,
Continget locus Hle, et bic amicus.
Quam vellem fleri meus libellas !
AGRICOLE,
Gouverneur de la Grande Bretagne.
COENUS ' JULIUS AgRICOLÂ, l'un des plus il- Tm. vit. Agr. n.
lustres Conquerans delà grande Bretagne, et le pre- **''^'
mier Instituteur de l'étude des letres dans cette isle , na-
quit à Frejus , ancienne et célèbre Colonie Romaine dans
les Gaules. ' Le texte de Tacite place cette naissance au a.u.
treizième jour de Juin sous le troisième Consulat de Ca-
ligula; ' mais il faut lire sous le second, l'an 38 de l'Ere tui. Em?. t.s. p.
538.
Ffij
Tac. iUid. n. ♦.
ibid
220* AGRICOLE,
I SIECLE. Chrétienne, comme il paroît par la (') suite de cet Historien.
' Agricole eut pour père le Sénateur Julius Graecinus ,
dont nous avons parlé en son lieu , et qu'il perdit , lors-
qu'il n'avoit pas encore trois ans accomplis. Sa mère qui se
rendit fort recommandable pour sa rare chasteté, se nom-
moit Julia Procilla. Après en avoir reçu la première édu-
cation , il fut envoie tout jeune à Marseille , pour y faire
sirab. 1.4. p. 125. SCS études. ' Les Romains, comme nous l'avons vu, préfé-
roient depuis long-tems cette ville à Athènes pour cette
Tac. ibid. sorte d'exercice. ' Elle étoit encore alors le Siège et la
Maîtresse des sciences et des beaux arts; et l'on y voïoit
encore régner une excellente police , avec toute la poli-
tesse des Grecs, soutenue par la tempérance Gauloise.
' Ce fut là qu'Agricole, à la faveur d'un heureux natu-
rel , d'un esprit élevé et pénétrant qu'il avoit aportés en
naissant , fit de très-grands progrès dans la vertu, et dans
la connoissance des belles Letres et des plus hautes sciences.
Il se sentoit tant de passion pour arriver au faîte de la
gloire, que si sa mère n'eût eu la prudence de le retenir,
il auroit poussé dès sa première jeunesse l'étude de la
Philosophie et de la Jurisprudence au-delà des bornes pres-
crites à un Romain et à un Sénateur. L'â^e et la raison vin-
rent aussi au secours, et aidèrent à corriger cette noble im-
pétuosité pour l'étude, et à le garantir lui-même de l'osten-
tation assez ordinaire aux personnes qui savent beaucoup.
' Après ses études il suivit la profession des armes , et
alla en faire le premier essai dans la grande Bretagne sous
Suctonius Paulmus. Bien loin de se servir de cette profes-
sion pour mener une vie oisive et voluptueuse, comme en
usoient la plupart des jeunes gens , Agricole s'apliqua sé-
rieusement a se former au métier de la guerre. 11 se don-
na tout entier tantôt à prendre des leçons des plus habi-
les, et à imiter les plus estimés, tantôt à connoître la
province , et à se faire connoître lui-même à l'armée au-
tant par sa prudence que par sa bravoure.
' Lorsqu'il eut fait quelques campagnes avec la qualité
de Tribun ou Colonel, il alla ensuite à Rome, pour en-
trer dans quelque Charge de Magistrature. Ce fut dans
(<) ' En effet Tacite disant qu'Agricole troisième Consulat de Caligula, qui tom-
vAqnit ^6 ans, et qu'il mourut sous le boit en l'an 40, mais du second, deux
Consulat de Collega et de Prisque, c'est- ans auparavant. On ne voit point d'au-
à'dire l'an 93 de notre Ere commune, ce tre molen de corrifer le texte défectueux
terme de 56 ans doit m compter, non du de Tacite.
n. 5.
n. 6.
ibid.
I
GOUV. DE LA GRANDE BRETAGNE. 221*
ce voïage qu'il épousa à Rome même Domitia Deci- i siècle.
diana, issue d'une famille illustre : alliance qui lui fraïa
une voie honorable pour arriver à une plus haute fortune.
' Bien-tôt il repassa dans la grande Bretagne, où il eut tm. 11.7.8.
le commandement de la vintiéme légion , et où il donna
de nouvelles preuves et de sa sagesse et de sa valeur. ' A n.o.
son retour à Rome l'Empereur Vespasien l'honora de la
dignité de Patrice et lui donna le Gouvernement d'Aqui-
taine, qui lui faisoit espérer le Consulat, auquel le Prince
l'avoit destiné. II ne gouverna pas cette province trois
ans entiers, ' et fut ensuite Consul subrogé l'an 77. Dès nu. iWd. p. sa.
ce tems-là il promit sa fille (') en mariage à Tacite l'Histo-
rien, ' et la lui donna effectivement après son Consulat. Tao. iwa. n. 19
' Aussi-tôt après ce mariage en 78, vers le milieu de n. 9.18.
l'Eté , Agricole fut renvoie dans la grande Bretagne avec
le titre de Gouverneur. Quoique la campagne fût déjà
fort avancée , il ne laissa pas de gagner une bataille , et
de réduire sous l'obéissance des Romains le païs de Norl-
Galles avec l'Isle d'Anglesey qui y est jointe. Et dès sa
troisième campagne il poussa ses conquêtes jusqu'au Gol-
fe du Tay rivière d'Ecosse.
' Ces expéditions heureusement terminées , Agricole n. 19.
s'apliqua à établir dans le païs une bonne discipline. Afin
d'y mieux réussir, il commença par sa propre maison : ce
qui, selon Tacite, n'est pas moins difficile à quelques-uns
que de gouverner une Province. Il eut grand soin de
modérer la rigueur des impôts, et de les proportionner aux
facultés d'un chacun. Il n eut pas moins d'attention à re-
trancher toutes les vexations , que l'avarice a de coutume
d'y ajouter. ' Par cette sage conduite il éloigna les révoltes, n.21.
affermit et fît aimer la paix. Il fit encore plus ; il porta
les peuples à suivre les mœurs des Romains, à faire passer i .., s,-, m
h leur usage le bain, les festins, la splendeur des habits ,
la magnificence des bâtimens.
Quant aux études, il les y établit avec tant de succès, ibw.
que les Bretons qui avoient auparavant en horreur la
langue latine , devinrent passionnés pour la belle éloquen-
(•) ' L» dernier Dictionaire de Moreri , fiUo en mariage. C'est ce qui est certai- Mor. a. p. 18t. *.
entre plusieurs autres fantes qu'il fait dans nement contraire an texte de Tacite, ' qui f^ jj^j „ g
l'article d'Agricole, brou. Ile extrêmement dit bien clairement que ce fat Agricole, * • • •
ce qui regarde le trait au sujet duquel nous déjà mané et pire d'une fille nubile, qui
faiso nt eatt* note. Il dit que Vespasien en lui promit à lui Tacite sa fille en mariage,
faisant Consul Agricole , loi promit sa (XXI.)
222* AGRICOLE, GOUV. DE LA GR. BRET.
I s I E c L E . ce. • C'est peut-être à cet événement si honorable pour
• Juv. sat. 15. T.
111. 112.
nos Gaules, que Juvenal fait allusion, lorsqu'il dit
Gallia Gausidicos docuit facunda Britannos,
De conducendo loquitur jam Rhetore Thule.
Tac. ibid. n. s9. ' Agricolc siguala sa huitième campagne par la défaite
'■'■ des Calédoniens au mont Grampius ou Grantzbain : ce
qui acheva de domter et de soumettre toute la grande
1-23. Bretagne. ' Ensuite il fit faire le tour de cette Province
par sa flotte, et s'assura par lui-môme que la grande Bre-
n- 39. tagne est une Isle. ' Il dressa une relation de tous ces ex-
ploits : ce qui pouvoit comprendre un détail des divers
• " évenemens de son Gouvernement , et former ainsi une
histoire des guerres de la grande Bretagne pendant les
huit ans qu'il la gouverna.
Il 39. «. ' Domitien, à qui il l'envoïa, la reçut avec une joïe apa-
rente , mais avec une inquiétude réelle. Cet Empereur
jaloux et envieux de tant de victoires qu'Agricole avoit
remportées , et de la haute réputation qu'il s'étoil acqui-
se , le rapella à Rome l'an 85 , et l'y reçut fort froide-
ment. Belle recompense pour tant de signalés services
qu'il avoit rendus à l'Empire ! Agricole se voïant ainsi re-
çu, eut besoin et de toute sa prudence et de toute sa nao-
dération , pour n'irriter pas la mauvaise humeur du Prin-
ce , qui le craignoit pour ses bonnes qualités , et qui se
seroit inhumainement défait de lui , comme de tant d'au-
tres. C'est ce qui le porta à refuser le Proconsulat d'Asie
et d'Afrique qu on lui offrit , et lui fît prendre le parti
Crin. poj-u». 1.4. dépasser le reste de ses jours en simple particulier. ' il se
'■ '^" lia alors avec divers Savans de Rome , et fit sans doute
comme eux sa principale ocupation de la belle Literature.
Tac ibid. n. 44. ' Cc grand homme mourut le vingt -troisième jour d'Août
de l'an 93, dans la cinquante-sixième année de son âge.
Nous avons sa vie écrite par Tacite son gendre ; et ce que
• '' nous en venons de raporter n'est qu'un abrégé de ce pré-
cieux monument. On y a pu remarquer combien Agricole
dès sa jeunesse aima les belles Lettres , et cultiva les plus
hautes sciences. Ce qu'il fit dans la grande Bretagne en y
établissant les études , est encore une preuve éclatante de
son amour pour la Literature. Du reste nous n'avons aucun
n. 03. 31. monument subsistant de son savoir, ' sinon une de ses ha-
rangues que Tacite nous a conservée dans sa vie.
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
SECOND SIECLE DE L'EGLISE
ETAT DES LETRES DANS LES GAULES
en ce Siècle.
JosQu'ici nous n'avons encore vu dans nos Gaules, qu'une
Philosophie purement humaine et des sciences toutes pro-
fanes. Mais le siècle où nous entrons, nous y va découvrir
l'établissement de la véritable sagesse, et de la science
qui fait les Saints. Nos Gaules n'a voient pas mérité d'être pré-
16«. 159.
224 ETAT DES LETRES
férées à tant d'autres jpaïs qui avoient déjà élé instruits de la
connoissance du vrai Dieu, et du mystère de la redemtion des
hommes. C'est une grâce qui ne dépent que de la pure miséri-
corde de Dieu, qui la fait à qui il veut, et lorsqu'il lui plaît,
sans que personne ait lieu de s'en plaindre, et de lui dire : pour-
quoi en usez-vous de la sorte? Mais au moins en ce siècle il
voulut bien regarder d'un œil favorable nos vastes Pro-
vinces, et faire à quelques-unes une grâce qu'il n'a pas
encore accordée à tant d'autres pais éloignes de nous.
Act. Mar. p. 110. ' Après douc quc la foi eut été annoncée peu à peu et
"■'■ comme par degrés dans l'Occident , elle se répandit , à
mesure du progrès qu'elle faisoit, jusques dans les Gaules.
On y vit alors des ouvriers Evangeliques, qui y répan-
dant la lumière de l'Evangile , en chassèrent avec le tems
Sui. hiit. I. ï. n. les ténèbres du Paganisme. ' De sorte, dit le célèbre S.
46. p. 366. Sulpice, que ce ne fut qu'un peu tard que le Christianis-
me s'établit en deçà des Alpes, et l'on ne commença à y
voir des Martyrs que sous Marc Aurele (XXII).
En».r^5. e. 1. p. IL ' Mais, quoique dès ce siécle-ci l'on vît des Evo-
ques et des Eglises formées dans les Gaules, on ne vit
encore que très-peu de monumens de la science que les
Chrétiens y professoient. Ce n'est pas qu'ils eussent, com-
me les Druides du Paganisme, la bizarn; fantaisie ou de
ne rien écrire, ou de se cacher dans les bois pour donner
leurs leçons; mais c'est qu'ils s'apliquoient beaucoup plus
à bien vivre, qu'à laisser après eux des marques de leur
savoir. Us ne manquoient ni de matière ni de capacité
pour faire usage de leur plume ; mais ils avoient plus à
cœur de pratiquer les vertus Chrétiennes pour former par
leur exemple ceux qui vivoient de leur tems, que d'en
écrire pour instruire une postérité éloignée. Ils ne lais-
soient pas néanmoins de le faire quelquefois, lorsqu'il y
avoit nécessité ; et il est aisé de juger ae ce qu'ils auroient
été capables de mettre au jour, par le peu de leurs écrits
qui nous a été conservé. Quoi de plus admirable, par
exemple, que ce qui nous reste de la letre des Eglises de
Lyon et de Vienne aux fidèles d'Asie et de Phrygie sur la
mort de leurs premiers Martyrs? Le Paganisme a-t-il ja-
mais produit un monument ae literature, qui puisse entrer
en parallèle avec celui-là, soit pour le sens, soit pour le
style d'une noble simplicité?
III
DANS LES GAULES. II SIECLE. 225
III. Dieu se servit du ministère des Grecs pour com-
muniquer à nôtre pais les premières lueurs de l'Evangile,
comme il s'en étoit autrefois servi pour y introduire les
maximes et les coutumes de la Grèce Païenne. Quelque
chose que l'on puisse dire, ' S. Pothin sorti d'Asie, où il Gr. t. h.F. 1. 1.
avoit pu être instruit par les Apôtres mêmes, et depuis sip'io^'m^''
premier Evêque de Lyon, S. Irenée son Prêtre, et en-
suite son successeur, avec quelques autres disciples de S.
Polycarpe, sont les premiers que nous sachions certaine-
ment être venus prêcher la foi dans les Gaules. ' S. Ire- cr. t. iwd.
née en particulier travailla avec tant de zélé et tant de
soin à l'étendre dans Lyon, qu'en peu de tems il rendit
Chrétienne presque toute la ville entière. 'Dès le tems Eus. i. s. ci. p.
de S. Pothin, sous l'Episcopat duquel parurent les pre- *«>3 1 Sui. jbiu.
miers Martyrs que l'Eglise Gallicane ait enfantés , il y
avoit aussi à Lyon un Chrétien nommé Alexandre , né en
Phrygie et Médecin de profession, qui aïant reçu de Dieu
quelque part à la grâce Apostolique, contribua beaucoup
à l'œuvre du Seigneur. Imitant 1 exemple d'Aquila autre
laïque comme lui, si célèbre dans les Actes des Apôtres
et les Epîtres de S. Paul, Alexandre se distingua par son
grand zèle envers Dieu, et sa généreuse liberté à annon-
cer la parole de vie.
IV. De Lyon la prédication de l'Evangile se répandit
bientôt en divers autres endroits des Gaules. Avant l'Epis-
copat de S. Irenée il y avoit à Vienne une Eglise tou-
te formée, et intimement unie à celle de Lyon, comme en
aïant tiré son origine. ' D'un autre côté, S. Marcel, apa- rm. iwa. p. 35.
remment disciple de S. Pothin, remontant la Saône à main ^•
droite du côté de la Sequanoise, alla porter la foi aux en-
virons de Châlons, où il souffrit le martyre. S. Valerien
son compagnon en fit de même du côté du' château de Tre-
norque, au pied duquel est aujourd'hui la ville de Tour-
nus. S'il faut s'en raporter aux actes de S. Bénigne et de
ses compagnons , ce Saint accompagné de S . Andoche et
de S. Thyrse disciple de S. Polycarpe, auxquels on joint
S. Félix marchand de Saulieu au diocèse d'Autun, allèrent
aussi prêcher l'Evangile dans ce dernier diocèse. S. Béni-
gne et S. Andoche étoient Prêtres, et S. Thyrse Diacre.
' D'Autun S. Bénigne passa à Langres, et de-là à Dijon, où p. 39. *i. 48.
il scella de son sang la foi qu'il annonçoit.
Tome I. Prem. Part. G g
226 ETAT DES LETRES
V. Ce que les disciples de S. Polycarpe et de S. Pothin firent
en faveur de la propagation de l'Evangile à Lyon, à Autun,
et dans les autres lieux des Gaules que nous venons de nom-
mer, ceux de S. Irenée le firent dans nos Gaules mêmes et en
d'autres païs éloignés. S. Ferreol Prêtre, et S. Ferrulien
Diacre, S. Félix Prêtre, S. Fortunat et S. Achillée tous
deux Diacres, que le saint Evêque avoit formés pour les
Gaules, allèrent établir le Christianisme, les deux pre-
miers à Besançon, et les trois autres à Valence en Dauphi-
né. De même Caïus Evêque des Nations et Docteur de
l'Eglise, et S. Hippolyte Evêque et Martyr, l'un des plus
illustres Pères de l'Eglise au III siècle, tous deux disci-
ples de S. Irenée, allèrent porler la foi en divers endroits
Tui. ibid. p. 17*. parmi les Nations étrangères, ' sans avoir ni aucun peu-
ple ni aucun diocèse limité. Evénement tout-à-fait digne
de remarque pour l'histoire de l'Eglise Gallicane ! En effet
on y peut observer qu'à peine nos Gaules eurent reçu les
lumières de la foi, qu'elles devinrent une pépinière d'illus-
tres ouvriers Evangeliques, qui allèrent dans les lieux
éloignés comme dans les circonvoisins convertir les peu-
ples idolâtres et les gagner à J. C.
Eus. 1.3. c. 37. p. VI. '«Ces hommes divins, pour parler d'après Eusebe,
» imitant le zélé de leurs maîtres, élevoient l'édifice des
» Eglises, dont les Apôtres avoient jette les fondemens. Ils
» travailloient avec une application infatigable à la prédi-
» cation de l'Evangile , et répandoient par toute la terre
» la semence divine de la parole. Car la plupart de ceux qui
» embrassoient alors la foi, étant remplis de l'amour d'une
» sainte philosophie , commençoient par distribuer leurs
» biens aux pauvres , et alloient ensuite en divers pais faire
» les fonctions d'Evangelistes, annoncer J. C. à ceux qui
» n'en avoient point encore oui parler , et leur donner les
» Livres sacrés de l'Evangile. Lorsqu'ils avoient ainsi posé
» les fondemens de la Religion dans un pais d'infidèles, ils-
» y établissoient des Pasteurs à qui ils confioient le soin des
»ames qu'ils avoient acquises à J. C. et puis ils passoient
» en d'autres païs . Dieu travailloit par-tout avec eux par
» la force de la grâce. Car le S. Esprit operoit encore alors
»par ses serviteurs un grand nomore de Prodiges extra-
'.* » ordinaires. De sorte que dès qu'ils commençoient à prê-
» cher dans un païs, on voïoit quelquefois des peuples en-
DANS LES GAULES. Il SIECLE. 227
» tiers embrasser tout d'ua coup la croïance du vrai Dieu,
» et recevoir dans leur cœur les règles de la piété. »
VII. En voilà assez pour vous donner une juste idée de
la manière que la foi Chrétienne s'établit dans les Gaules,
et du progrès qu'elle y fit dès ce second siècle. Ce pro-
grès doit d'autant moins nous surprendre, que les Gaulois
dévoient avoir moins d'éloignement que les autres nations
idolâtres pour embrasser le Christianisme. Ils étoient dé-
jà, comme nous l'avons observé ailleurs, dans l'opinion
de l'immortalité de l'ame, et d'une vie élernelle dont cel-
le-ci devoit être suivie. Et c'est ce que la doctrine de l'E-
vangile leur annonçoit, en leur on donnant des preuves
incontestables, et leur en découvrant les suites avanta-
geuses qui leur étoient inconnues. De sorte que les scien-
ces que les Gaules cultivoient avec tant de soin depuis
long-tems, ' entrèrent dans le dessein que Dieu avoit de ciom. aux. tu.
les apeller un jour à la vraie Religion. C'est la pensée de " '''
S. Clément Alexandrin, qui soutient que ce ne fut que par
une providence particulière de Dieu, que les Gentils s'a-
donnerent aux sciences, qu'il comprend sous le nom de
philosophie, avant qu'on leur prêchât l'Evangile. En ef-
fet, dit ce Père, les sciences furent pour les Gentils ce que
la loi fut pour les Hébreux. Comme la loi a servi de con-
ducteur à ceux-ci pour les conduire comme des enfans à
J. C. il en a été de même de la philosophie et des autres
sciences par rapport aux Gentils.
YIII. Si les sciences profanes furent de quelque secours
pour le progrès de l'Evangile, l'Evangile à son tour favorisa
encore davantage le progrès des sciences. On se trompe-
roit beaucoup si l'on croïoit que l'établissement du Christia-
nisme dans nos Gaules en eût chassé la politesse et les scien-
ces que les étrangers y admiroient auparavant, et y ve-
noient puiser des divers endroits fort éloignés. Non ; la
véritable Religion ne préjudicie en rien à la politesse. "Tant
s'en faut. Comme elle enseigne les bonnes mœurs, elle en-
seigne par conséquent la seule politesse qui mérite de justes
louanges. De même, bien loin qu'elle soit contraire aux
letres, elle ne fait que les perfectionner où elle les trouve
déjà étabhes, et sert à les établir et les répandre où elles
ne sont pas encore connues. Combien pourrions-nous
compter de nations, qui n'ont eu connoissance des letres
G g ij
228 ETAT DES LETRES
Ram. mor. Gai. p. quc par la prédication de l'Evangile ? ' Les Alemands
'^'■'' nos voisins avouent eux-mêmes qu'ils sont de ce nombre.
Disons plus, jamais nos Gaules ne produisirent ni de plus
grands hommes, ni en plus grand nombre, que depuis
qu'elles furent éclairées des lumières de la foi. C'est de-
quoi la suite de celte histoire fournira toutes les preuves
nécessaires.
IX. Il est vrai qu'il ne nous reste que très-peu de mo-
numens de ce second siècle de l'Eglise. Nous n'enten-
dons parler que de ceux qui ont vu le jour dans nos
Gaules. Mais combien en est-il péri ? Combien avons-
nous perdu d'actes de Martyrs et de Conciles, et d'autres
ouvrages aussi précieux? Nous n'avons que la moindre
partie de ceux qui sont sortis de la plume de S. Irenée,
et de celle des Eglises qu'il gouvernoit. Néanmoins le
Ficii. di a.n. 17. peu qui nous reste est un thrésor inestimable. Encore' est-
!'• ■'S- ce un miracle que ce peu d'écrits nous ait été conservé
au travers de quinze siècles, après tant d'inondations de
peuples barbares, tant de pillages et d'incendies. Ajou-
tés encore la fureur des infidèles, la malice des héréti-
ques, l'ignorance de cinq à six des derniers siècles. N'impoi^
te, ce peu d'écrits avec la notion que nous avons des au-
tres dont nous sommes privés, et de ceux qui ont paru
dans la suite des sircles de l'Iîglise, nous prouve de reste
que le Christianisme n'a fait que favoriser les letres. Nous
verrons même dans le cours de cette histoire, que sans
lui elles seroient entièrement tombées, sans espérance de
se relever jamais.
X. Les premiers ouvriers de l'Evangile qui parurent
dans les Gaules, particulièrement ceux qui s'arrêtèrent à
Lyon, ne s'y trouvèrent pas tout-à-fait étrangers. On y
parloit assez communément leur langue qui étoit la gré-
que. C'est dequoi il ne paroît pas que l'on puisse douter
pour ce qui legarde Lyon et les lieux circonvoisins. Leur
proximité du pais qu'on a depuis nommé Provence, et où
l'usage de cette langue étoit établi depuis long-tems; le
commerce continuel de Lyon avec Marseille, où le grec
étoit la langue naturelle du pais, les jeux publics et les
combats literaires qui se donnoient à Lyon en grec et en
latin depuis l'Empereur Caligula , et dont nous avons
déjà fait la description ; l'abord du grand monde de l'Em-
3
DANS LES GAULES. II SIECLE. 229
pire , que ces spectacles et la résidence des Gouverneurs
atiroient dans cette ville : tout cela joint à ce que l'on sait
que la langue gréque étoit alors fort connue dans tout
1 Empire Romain , ne permet pas que l'on révoque en
doute qu'elle ne fût très-commune dans cette partie de
nos Gaules en particulier. Ce n'est pas encore tout ; en
voici d'autres preuves.
XI. La conduite qu'y tinrent ces hommes Evangeli-
aues , ajoute à tout ce gue nous venons de dire un degré
e force, auquel il est difficile de se refuser. En effet c'est
une maxime ordinaire aux ouvriers de l'Evangile, lors-
u'ils vont annoncer la foi en quelque endroit , d'apren-
re la langue qu'on y parle , s'ils ne la savent déjà, et de
faire leurs instructions en celte même langue. Or bien
loin que non seulement S. Pothin , S. Irenée, et les autres
Grecs qui vinrent à Lyon prêcher l'Evangile , mais enco-
re leurs disciples qui étoient pour la. plupart du pais, s'y
servissent ou de la langue gauloise ou de la latine , nous
voïons au contraire que dans tout ce qu'ils font, et dont il
nous reste ou quelque monument ou quelque autre con-
noissance , ils n'emploient par-tout que la langue gréque.
S'agit-il d'écrire l'histoire de ceux d'entre les fidèles que
Dieu apelloit à lui par le martyre ? C'est en grec qu on
l'écrit; et cette histoire est autant pour l'instruction des
Eglises de Lyon et de Vienne, que pour celles des autres Egli-
ses qui parloient cette langue, et auxquelles elle est envolée.
Faut-il écrire ou au Pape ou à d'autres sur les affaires de
l'Eglise? C'est encore la langue gréque qu'on emploie; et
ceux qui écrivent sont des fidèles du lieu qui le font au
milieu des fers. S. Irenée se trouve-t-il obligé d'écrire
contre les hérésies ? Il le fait aussi en grec ; 'et son ouvra- iren. j. i. c. is
ge n'est pas seulement pour réfuter les hérétiques, il est
encore pour faire revenir de l'erreur jusqu'aux femmes
qu'ils avoient séduites le long du Rhône.
XII. Si à ces faits incontestables vous voulez joindre
le raisonnement , vous aurez une nouvelle preuve du sen-
timent que nous établissons ici. Il est hors de doute que
le premier but que se proposa S. Irenée en écrivant son
ouvrage , fut d'instruire le peuple que Dieu avoit confié à
ses soins. C'est à quoi l'obligeoit essentiellement sa char-
ge Pastorale. Et cette raison a paru si puissante à quel-
2 0
n.7.
230 ETAT DES LETRES
que» écrivains , qui ne pensent pas comme nous sur la
Tiii. ibid.p. 9i. connoissancc de la langue gréque à Lyon, 'qu'ils ont su-
posé que le saint Evêque fit traduire son ouvrage en la-
tin , si ses autres ocupations ne lui purent pas permettre
de le traduire lui-même. Mais cette prétendue traduction
latine, que l'on se plaît à faire remonter si haut, est une
pure fiction, comme nous nous flatons de le faire voir en
son lieu. Si donc la langue gréque n'eût pas été commu-
ne à Lyon et dans le voisinage, lorsque S. Irénée y écrivit
sur la fin de ce siècle, les fidèles de cette Eglise, pour les-
quels il composoit particulièrement son ouvrage , au-
roient été frustrés du fruit de son travail. Eh ! quelle dif-
ficulté après tout à croire que le grec étoit alors tout
commun à Lyon , sachant qu'au IV et même au VI
siècle il l'étoit encore à Arles ? Car il faut bien que le
peuple de cette ville l'entendit communément , puisqu'on
lui fit en cette langue l'oraison funèbre de Constantin le
Cjcs. vit. noi. p. jeune mort en 340, ' et que sous S. Césaire on emploioit
^*^*' la même langue dans les offices de l'Eglise. Ignore-t-on
qu'en ces premiers siècles on se servoit dans les offices de
l'Eglise de la langue la plus connue en chaque pais?
XIIL De ce que nous venons de dire il scroit aisé de
conclure que le grec étant la langue naturelle des pre-
miers ouvriers de l'Evangile à Lyon, et cette même lan-
gue y étant entendue communément , on l'auroit em-
Êloïée dans les offices divins , comme dans les affaires
ecclésiastiques. Mais nous ne prétendons pas, il est vrai,
qu'on l'y parlât dans toute sa pureté. Au contraire il y a
beaucoup d'aparence qu'elle y étoit fort corrompue par-
mi le peuple, qui parlant aussi le gaulois et le latin, pou-
iron.i.i.pr.n. 3. voit faire un mauvais mélange de ces trois langues. ' C'est
pourquoi S. ïrenée s'excusant sur son style, dit que s'il
n'écrivoit pas assez purement, il faut s'en prendre à la
résidence qu'il faisoit au milieu des Gaulois , avec les-
quels il étoit obligé de parler un langage barbare. Paro-
les remarquables, qui fortifient ce que nous venons d'é-
tablir ; puisqu'elles suposent une corruption dans la lan-
gue dont le saint Evêque se servoit, sans quoi son excuse
n'auroit pas été valable. Jugeoiis-en par ces exemples. Une
personne qui sait bien le latin , ne perd point la pureté
de cette langue, non plus qu'un François qui possède bien
DANS LES GAULES. II SIECLE. 231
celle de sa nation , quoique l'un et l'autre se trouve obli-
gé d'user d'une langue étrangère , quelque barbare qu'el-
le soit. Mais si ces deux personnes que nous su posons sa-
voir bien, l'une le latin, et l'autre le françois, se trouvent
en un pais, où l'on parle un latin ou un françois corrom-
pu, il est aisé que l'une et l'autre ne conserve pas sa lan-
gue dans sa pureté. Il est encore à observer aue S. Irenée
ne dit pas que le langage barbare , auquel il étoit ac-
coutumé dans les Gaules, lui a fait oublier sa langue ma-
ternelle ; mais il dit seulement qu'il peut y avoir fait quel-
que altération. Il s'agissoit donc d'un grec corrompu.
XIV. Pour ce qui est de la langue latine , elle étoit
aussi commune dans nos Gaules en ce siècle, que le gau-
lois même. Ce que nous avons déjà dit ailleurs sur ce
sujet, est plus que suffisant pour n'y laisser aucun doute.
Si néanmoins vous en souhaitez de nouvelles preuves pour
ce siècle en particulier, ' vous les trouverez dans les actes Eas. i. 5 c. 1. p.
des premiers Martyrs de Lyon. Il y est expressément *®'"'^^-
marqué que le Diacre Sanctus étant interrogé au milieu
des tourmens , répondit toujours en latin : Je suis Chrétien.
De même le Martyr Attale obligé de parler au peuple au
milieu des suplices de son martyre , lui parla aussi en la
même langue. C'étoit encore en latin qu'on avoit mis
les paroles de l'écriteau qui prècedoit le saint Martyr ,
lorsqu'on lui fit faire le tour de l'amphiteatre pour le faire
corinoîtî e au peuple , qui étoit extrêmement animé con-
tre lui, parce que ce Saint s'étoit rendu très-cèlebre par
son attachement et son zèle pour la Religion Chrétienne.
On lisoit donc en latin sur cet écriteau les paroles sui-
vantes : Cest le Chrétien Attale. Tout cela prouve de reste
<pie les Gaulois entendoient communément alors la langue
latine.
XV. Ajoutez encore que le raisonnement que nous
avons fait ailleurs à ce sujet par raport aux poésies de
Martial , qui se Irouvoient à Vienne entre les mains de
tout le monde , nous le pouvons faire ici à l'égard des
écrits de Pline le jeune et de divers autres Auteurs. Dès
le commencement de ce siècle au moins ' il y avoit à Lyon pun. 1. 9. ep. n
des Libraires qui y débitoient les livres des étrangers p- '^■
comme ceux des écrivains du ^aïs. Pline en écrivant à
Geminius son ami, qui y faisoit alors sa demeure, et qui
232 ETAT DES LETRES
y composoit lui-même, se réjouit beaucoup de ce que ses
ouvrages étoient passés de Rome dans cette ville des Gau-
les, et qu'ils y avoient acquis la même estime qu'ils avoient
déjà en Italie. A cette occasion Pline témoigne beaucoup
de sensibilité de savoir que les Gaulois faisoient autant
d'honneur à ses écrits, que ses propres concitoïens. Il ajoute
qu'il ne pouvoit s'empêcher de regarder comme parfait
en quelque sorte, ce que tant de gens s'acordoient à esti-
mer. Voilà donc en ce siècle les ouvrages de Pline entre
les mains des Gaulois, comme y étoient au siècle précè-
dent ceux du Poëte Martial. Par conséquent les Gaulois
de ce siècle, comme les Gaulois du siècle précèdent en-
tendoient également le latin , qui est la langue en laquel-
le ces écrits sont composés. Mais pourquoi tant s'arrêter
à prouver un fait qui n'est déjà que trop constaté ? Re-
venons à l'utilité dont fut la Religion Chrétienne pour les
letres dans les Gaules.
XVI. Autant qu'il s'y formoit d'Eglises particulières ,
c'étoit autant d'écoles Chrétiennes qui s'y ètablissoienL
Eni. 1. 5 c. 10. ' L'histoire nous représente à Alexandrie une école de cette
■ **■ ■ nature , établie au moins dès ce second siècle , et nous en
aprend des choses merveilleuses. Elle étoit gouvernée par
de très-habiles maîtres ; et l'on y enseignoit l'Ecriture sain-
te , k quoi l'on joignoit une explication des dogmes de la
Religion. Ces instructions se faisoient, selon Euscbe , tant
par écrit que de vive voix. C'est de cette école qu'il sor-
tit en ce siècle et le suivant tant de saints et savans hom-
mes, dont quelques-uns furent la lumière de l'EgUse. A
la vérité nous ne trouvons pas de vestiges d'écoles si cé-
lèbres dans nos Gaules en ces premiers siècles. Mais il est
hors de doute que les villes, où le Christianisme étoit
établi, n'étoient pas sans instruction. Il y avoit des Caté-
cumenes à instruire, et des Clers à former. On y faisoit
donc en quelque manière ce qui se pratiquoit à Alexan-
dï'ie. Oui , l'on a des preuves que nos saints Evêques dès
ces tems heureux ne se bornoient pas à faire avancer
leurs disciples dans la vertu , mais qu'ils les portoient
Act. Mart. p. 63. cucorc à S avauccr dans les letres. ' C'est ce qui paroît par
n.3 1 Tiii. ibid. p. l'exemple de S. Epipode et S. Alexandre discioles de S.
Pothin , lesquels firent de grands progrès dans les letres ,
quoiqu'en un âge peu avancé. C'est ce qui parut avec en-
core
DANS LES GAULES. II SIECLE. 233
core plus d'éclat dans la suite en la personne de Caïus
et celle de S. Hippolyte , l'un et l'autre disciples de S.
Irenée.
XVII. Les Eglises où les Fidèles s'assembloient étoient,
à proprement parler , des écoles pour eux. Là les Evo-
ques , et quelquefois les simples Prêtres , leur cxpli-
quoient les saintes Ecritures , après, que les Lecteurs en
avoient lu ce qui convenoit , et leur donnoient des in-
structions proportionnées et à leurs besoins, et ' à leurpor- fuu. dis.», d. 14.
tée. Ils avoient une atention toute particulière à les en- ^'^^'
tretenir dans la doctrine de l'Eglise, à les précautionner et
à les fortifier contre les hérésies, et à leur donner des ré-
gies pour la conduite et la correction des mœurs. De
sorte que la morale et les hérésies du tems sont la matiè-
re de tous les Sermons des Pères. Sans cette clef souvent
on ne les entend pas, ou du moins on ne les peut goûter.
' Ils savoient raporter à leurs lectures, et faire entrer dans p- 10.
leurs discours tout ce qu'ils jugeoient le plus utile pour
l'instruction de leur troupeau. C'est ce qui Ls obligeoit
souvent à quitter le sens litéral de l'Ecriture, pour suivre
le sens moral et allégorique, el revenir toujours à certain
point de doctrine. Comme ces instructions étoient fré-
quentes, et que les Fidèles étoient assidus à s'y trouver, il
est aisé de juger du progrès qu'ils pouvoient faire dans la
science convenable à des Chrétiens.
XYIII. ' Au reste les Pères étoient fort retenus sur les ibid.
questions de Religion. Us n'ignoroient pas qu'elles atirent
trop souvent après elles des disputes qui ne servent qu'à
aliéner ou même aigrir les esprits, et à affoiblir la piété. Us
se contentoient donc de résoudre celles qu'on leur propo-
soit, sans en proposer de nouvelles. Ils reprimoient mê-
me avec soin la curiosité des esprits légers et remuans, et
ne pormeltoienl pas à tout le monde de disputer sur la
Religion. ' Ils n étudioient eux-mêmes ni pour satisfaire n. i». p. 71.
leur curiosité naturelle , ni pour s'atirer l'admiration
Ïa'excite dans les ignorans la connoissance des choses rares.
s étoient bien au-dessus de ces puérilités. Toute leur Théo-
logie consistoit dans l'étude et la connoissance des saintes
Ecritures. C'est là qu'ils alloient puiser la science des Saints.
' Elle n'étoit pas alors cette divine science ce qu'elle est de- cr. Nai. or. r. .
venue depuis, un art méprisable, comme parle S. Grégoire ^' '*^'
Tome I. Prem. Part. H h
2 c *
234 ETAT DES LETRES
de Nazianze, et un exercice bizarre de vaines subtilités, sem-
blables à ces tours de mains dont les charlatans trompent
les yeux d'une populace ignorante, sans se proposer d'au-
tre but que de se faire admirer des spectateurs.
XIX. Quiconque portoit le nom de Chrétien, prou-
voit les mystères de la Religion , non par des raisonne-
mens de Philosophie, ni par des principes de Métaphysi-
que , mais par l'autorité de l'Ecriture et de la tradition ,
par les paroles expresses de Jesus-Christ et des Apôtres,
f)ar la pratique constante établie dans l'Eglise. C'étoit-là
es deux seules sources où les Fidèles de ces premiers tems
puisoient la science dont ils faisoient profession. Comme
l'Ecriture étoit commune et aux Catholiques et aux hé-
p'"to.'^'^' "■ ^*' retiques, ' ceux-ci en tiroient leurs objections, et les au-
tres leurs réponses : et lorsque les premiers dispu-
toient avec les autres, ils se bornoient au sens literal; ou
s'ils suivoient un sens figuré , c'étoit celui dont leurs ad-
versaires convenoient. Dans ces disputes les Catholiques
savoient aussi faire à propos usage de la tradition, qui leur
fournissoit toujours des armes invincibles. C'est pourquoi
ils avoient un soin extrême de la conserver cette tradi-
tion , et de la transmettre aux autres avec une entière fi-
Aag^injui. 1. 2. délité. ' Ils out gaidé, disoit S. Augustin en son tems, ce
qu'ils avoient trouvé établi dans l'Eglise. Ils n'ont ensei-
gné que ce qu'ils avoient apris; et ils ont été atentifs à
enseigner à leurs enfans ce qu'ils avoient reçu de leurs
pères.
XX. Les écoles dont nous venons de parler , et les in-
structions que l'on y donnoil, éloient communes et aux
Clers et aux simples Fidèles. Mais cela n'empêchoit pas
' que les Evêqucs n'eussent d'ordinaire auprès d'eux un
certain nombre de jeunes Clers, qu'ils instruisoient avec
un soin particulier comme leurs enfans, et qui dans la
dH^. 3. n. 21. p. gyjjg devenoient maîtres eux-mêmes. ' Ces disciples, en
aprenant la science Ecclésiastique, se formoient en même-
tems sous les yeux de l'Evêque et aux bonnes mœurs et
aux fonctions de leur ministère. C'est ainsi que se sont for-
més tous les grands Evoques et autres savants hommes,
qui dans presque tous les tems ont éclairé nos Gaules et
d'autres pais par la lumière de leur doctrine. S. Pothin
sous S. Polycarpe, et peut-être même sous S. Jean l'Evan-
Flcn. ibid. n. 1
p. (H.
DANS LES GAULES. II SIECLE. 235
geliste et S. Philippe l'Apôtre; S. Irenée sous S. Polycar-
fie et S. Pothin; le Prêtre Caïus et S. Hippolj^te sous S.
renée; et dans les siècles postérieurs S. Martin sous S.
Hilaire de Poitiers , et sous S. Martin et S. Hilaire d'Arles
la plupart de saints Evoques qui illustrèrent nos provin-
ces aux IV et V siècles.
XXI. En ces premiers tems il n'y avoit donc presque
point d'autres maîtres pour les Chrétiens que les Evê-
3ues. ' Ils étoient et les Prédicateurs et les Théologiens di». 4. n.. lo. p.
e leurs Eglises. Ils présidoient ordinairement aux assem- *^"*'
blées des Fidèles , ofTroient le sacrifice , et l'acompa-
gnoient de discours instructifs et édifians. Ils entroient ,
autant qu'il étoit possible, dans le détail de l'instruction
des Catecumenes , de la conversion des pécheurs , de la
conduite des pénitens , de la réfutation des hérésies. Com-
me ils se rendoient les modèles du troupeau qu'ils gou-
vernoient , non par un honteux désir du gain , mais par une
charité désintéressée , s'ocupant uniquement du spirituel ,
la Religion étoit merveilleusement soutenue par leur con-
duite. La parole de Dieu avoit tout un autre poids dans
leur bouche , soutenue par l'autorité de leur place et de
leurs vertus , que dans la bouche des simples Prêtres sou-
vent étrangers ou mercenaires. I^a Théologie étoit trai-
tée plus sérieusement et plus noblement par ces Pasteurs
si ocupès , qu'elle ne l'a été dans la suite des tems par des
Docteurs oisifs , qui ne cherchoient qu'à subtiliser , et à
renchérir les uns sur les autres par de nouvelles ques-
tions.
XXII. Quels fruits ne dévoient pas produire les in-
structions de si dignes' maîtres? ' Les anciens ont défini sen«c. com. i. j.
l'Orateur, un homme de bien qui a le don de la parole, p'^p-^-
'En effet la confiance fait la moitié de la persuasion. Ce- Fieu. ai», in. le.
lui qui passe pour méchant et artificieux , n'est pas écou- •"■ "'
té. L'on se défie de celui que l'on ne connoît pas. Pour
écouter volontiers il faut croire celui qui parle , égale-
ment instruit et bien intentionné. Il faut être persuadé
qu'il est incapable de tromper et de ne rechercher que
son intérêt propre. Sans cela il devient suspect, et ses
discours ne font aucune impression. Il seroit l'homme le
plus éloquent du monde, s'il ne réunit en sa personne
toutes ces qualités, il ne viendra jamais à bout de per-
H h ij
13,
236 ETAT DES LETRES
suader personne. Après cela, que ne dévoient point per-
suader des Evêques d'une vertu si éprouvée, d une capa-
cité si connue, d'une telle autorité? Ils n'avoient qu'à
ouvrir la boucho, qu'à se montrer. On étoit convaincu
qu'ils ne recherchoient que l'avantage de leur troupeau,
et qu'ils ne parloient que pour le leur procurer. C'en étoit
assez pour engager à les écouter, et à retenir ce qu'ils
disoient.
XXflI. Dans la suite des siècles le nombre des Fidèles
venant à croître prodigieusement, chaque Evêque éten-
dit bien loin au-delà de l'enceinte de sa ville Episcopale
joiy ecoi. 1. 1. c. les limitcs de son Diocèso. ' Les Eglises Cathédrales pri-
rent aussi leur acroissement et leur forme. Alors on y éta-
blit des écoles réglées, tant pour les Clers que pour ceux
qui aspiroient à entrer dans le Clergé. L'on y enseignoit
le chant et les Ictres humaines. Mais comme les Evêques
n'auroient pii fournir à tant de fonctions, on choisit quel-
que personne du corps du Chapitre de ces Eglises pour
prenare soin de ces sortes d'écoles. On nomma ce Mo-
dérateur quelquefois Ecolâtre ou Scholastique ; d'autre-
fois Chancelier, Primicier ou Giiefcier : dignités qui sub-
sistent encore dans plusieurs Cathédrales, mais seulement
de nom, quoiqu'il y ait des revenus considérables qui y
sont atachés. Les Monastères de leur côté ouvrirent aussi
des écoles, qui de particulières qu'elles étoient d'abord
ne tardèrent pas à devenir publiques. On vit ensuite se
former divers Collèges, où l'on enseigna généralement
toutes les sciences en usage, et dont on se servit depuis
pour ériger ce que l'on nomme aujourd'hui Université.
Mais comme ces établissemens ne se firent qu'à diverses
reprises et divers temS; nous atendons à en parler avec
quelque détail sur les siècles qui les ont vus naître.
XXIV. Avant le IV siècle il ne paroît pas que les Chré-
tiens étudiassent, au moins dans les écoles publiques, les
sciences profanes, la Rhétorique , la Poétique, la Dialec-
tique , et le reste de la Philosophie , la Géométrie et les
autres Mathématiques. Ils les regardoient comme des
études étrangères à la Religion, parce que c'étoit les
Païens qui les avoient cultivées. Ils n'avoient point non
plus encore alors de ces écoles publiques à leur usage pour
ces sortes d'études. Les Païens ne l'auroient pas sounert.
DANS LES GAULES. II SIECLE. 237
Mais dès le IV siècle au moins nous voïons par Ausone
que les Chrétiens comme les Païens fréquentoient ces éco-
les publiques, qui étoient alors communes aux uns et aux
autres. Au reste , quoique les maîtres qui enseignoient
parmi les Chrétiens se bornassent à la Théologie et à la
morale, telle que nous les avons expliquées, ils ne lais-
soient pas ' de regarder les sciences humaines comme utiles ciem. Aiex. str. i.
à la Religion , et de quelques secours pour ceux qui vou- ^'
loient joindre le raisonnement à l'autorité afin de s'affer-
mir dans la foi. 'Ils alloient même plus loin, et les regar- lert. test. an. p.
doient comme nécessaires en certaines occasions. Oui, di- **^*'
soit Tertulien, la connoissance de la Théologie Païenne,
enseignée par les Poètes et les Philosophes, est nécessaire
aux défenseur.^ de la vérité , soit au'ils agissent contre les
Païens pour les réfuter et les combatre par leurs propres
armes, ' soit qu'ils agissent contre les hérétiques, dont les in nerm. p. m.
Philosophes ont été les Patriarches.
XXV.' Les Pères vouloient cependant qu'on y aportât Ong. phii.1.13. p.
une modération réglée par une prudence chrétienne. Et *^' "*'■ *""
lorsqu'il dépendoit d'eux, ils faisoient toujours passer l'é-
tude des sciences profanes avant celle des Livres sacrés.
I^ raison qu'ils avoient d'une telle conduite, étoit le dan-
ger oîi l'on se seroit exposé, en passant de celle-ci à celle
des scienses humaines, à laisser corrompre sa foi, et à
mêler les idoles du mensonge , comme parle Origene ,
avec les vérités qu'on auroit puisées dans la parole de Dieu.
'C'est ce qui portoit S. Augustin à louer Dieu de ce qu'il Aug^^nf. 1.7. c.
lui avoit fait lire d'abord les Philosophes, et ensuite les Li-
vres sacrés, parce que s'il les eût lus après avoir goûté dans
les saintes Ecritures combien le Seigneur est doux, ils au-
roient peut-être détruit en lui le fondement de la piété.
' Les Pères ne faisoient donc point difficulté, lorsqu'ils orig. ibid. p. loe.
trouvoient des esprits curieux et élevés, d'emploïer les
sciences humaines , la Grammaire , la Rhétorique , la
Géométrie, l'astronomie et la Musique même, pour les
préparer à la vraie Philosophie. C'est ainsi qu'Origene in-
struisit S. Grégoire Thaumaturge ; et il semble que S. Ire-
née avoit aussi été instruit de la même sorte,
XXVI. Ainsi ce ne pouvoit qu'être un avantage
pour l'Eglise, lorsque la connoissance des sciences profa-
nes se trou voit en ceux qu'on élevoit au sacré ministère.
107.
238 ETAT DES LETRES
Fioa. dis.2. n. 13. Mais généralement parlant ' il n'étoit pas nécessaire de les
•"■ ^' **■ posséder pour être Prêtre ou Evêque. On savoit que les
Apôtres et leurs disciples ne s'y étoient point apliqués;
et l'on ne croïoit pas devoir l'exiger de leurs successeurs.
La connoissance des langues paroissoil encore moins né-
cessaire. On faisoit par-tout les lectures, les instructions
et les prières publiques en la langue la plus commune du
pais. Aussi la plupart des Prêtres et des Evêques n'en
savoient point d'autres: c'est-à-dire, le latin dans l'Occi-
dent, et le grec dans la plus grande partie de l'Orient,
et dans quelques endroits de nos Gaules , comme nous
l'avons fait voir. Toute la science que l'on demandoit à
un Prêtre ou à un Evêque, étoit d'avoir lu et relu l'Ecri-
ture sainte, jusqu'à la savoir par cœur s'il étoit possible;
de l'avoir bien méditée pour y trouver les preuves de
notre foi, et les règles des mœurs et de la discipline; de
savoir les Canons, et d'en avoir soigneusement conservé
p. 69. l'usage. ' Ces dispositions jointes et à une solide piété et à
une grande prudence pour le gouvernement , suffisoient ;
et l'on n'en demandoit pas davantage à ceux à qui l'on
confioit la conduite df^s âmes et l'instruction des Fidè-
les.
XXVII. Mais quoique les Pères de ces premiers siè-
cles n'eussent pas étudié pour l'ordinaire les sciences hu-
maines, il ne faut pas néanmoins s'imaginer qu'ils n'eussent
n. 15. p. 7*. ni science ni éloquence, 'Quand on prendroit le nom de
science improprement, comme fait le vulgaire, en nom-
mant savans ceux qui par une lecture assidue ont acquis la
connoissance d'un grand nombre de faits ; les anciens
Pères ne manquoient pas de cette espèce de science, ou
plutôt d'érudition. Combien en voïons nous dans les
(crits de S. Irenée, de Lactance, de S. Hilaire de Poitiers?
Il est vrai qu'ils étudioient peu les langues étrangères
pour les raisons que nous en avons aportées. Nos Gaulois •
se bornoient au grec et au latin. Encore le grec n'étoit
p- w- guéres cultivé qu'en certaines Provinces des Gaules. ' Mais
si nous avons égard à ce qui mérite proprement le nom
de science, où en trouverons-nous plus que chez les Pères ?
Je dis cette vraie Philo.sophie, cette Philosophie subtile ,
sublime et solide, qui se servant d'une exacte dialectiçïue re-
monte par la Métapnysique jusqu'aux premiers principes, et
DANS LES GAULES. II SIECLE. 239
à la connoissance du vrai bon et du vrai beau, pour en tirer
{)ar des conséquences sûres les régies des mœurs, et rendre
es hommes fermes dans la vertu, et heureux autant qu'ils
en sont capables? Les Ecrivains Ecclésiastiques qui ont
paru dans nos Gaules , ne sont guéres inférieurs en cela à
ceux des autres pais qui ont illustré l'Eglise. Qu'elle su-
blimité de pensées , quelle force de raisonnement ne trou-
ve-t-on point dans leurs ouvrages?
XXVIII. ' Pour la méthode , les anciens Pères ne la iwa.
découvroient point sans besoin , et la diversifioient selon
les sujets. Il n'écrivoient que dans l'ocasion , ou même
par nécessité , pour réponare à quelqu'un qui demandoit
instruction, ou pour réfuter les hérésies qui s'élevoient.
Ainsi ils ne suivoient pas d'ordinaire la méthode Géomé-
trique , ' qui ne s'atache qu'à l'ordre des vérités en elles- p- ".
mêmes , mais la méthode dialectique qui s'acorde aux
dispositions de celui à qui l'on parle, et qui est le fond de
la véritable éloquence. Elle travaille cette méthode à
ôter les obstacles que les passions, oij les préjugés ont mis
dans l'esprit de 1 auditeur. Puis ayant netoïé la place ,
elle y trace la vérité , profitant de ce qu'il connoît , et
dont il convient , pour 1 amener à ce qu'on lui veut per-
suader. ' Que si les Percs ne parlent pas le grec et le la- n. le. p. 73.
tin aussi purement que les anciens Orateurs , il n'en faut
pas conclure qu'ils en soient moins éloquens. Il faut bien
distinguer l'éloquence de l'élocution qui n'en est que l'é-
corce. Quelque langue que l'on parle , et quelque mal
qu'on la parle , on sera éloquent , si l'on sait choisir les
meilleures raisons, et les bien arranger; si l'on emploie
des images vives et des figures convenables; si l'on sait
parler ou se taire à propos , de quoi il faut parler, et les
mouvemens qu'il faut ou apaiser ou exciter. Le discours
pour n'être pas plus poli , n en sera pas moins persuasif,
mais seulement moins agréable.
XXIX. Après cela si nous passons à faire l'aplication
de ces régies , elle ne pourra qu'être glorieuse pour notre
nation. En effet qui les a mieux suivies ces régies que les
anciens "Ecrivains de l'Eglise Gallicane? Voïez l'usage ad-
mirable qu'en ont fait S. Irenée contre les hérétiques de
son tems , malgré les cahos et les épines de sa matière;
Lactance contre les ennemis de la Religion Chrétienne;
240 ETAT DES LETRES
S. Hilaire de Poitiers contre les Ariens et leurs fauteurs:
S. Prosper contre les Semipelagiens ces ennemis si rusés,
auoique mitigés , de la grâce de Jesus-Christ; S. Eucher
ans son incomparable letre à Valerien pour le retirer de
l'erreur. Et s'il s'agit même de l'élocution , ou politesse
de la langue , qui a écrit plus poliment que le même Lac-
tanci3, S. Severe Sulpice, et Salvien? Il faut convenir que
l'on auroit bien de la peine à trouver dans toute l'Eglise
latine des Ecrivains et plus polis et plus éloquens. Mais
ce que nous ne disons ici qu'en peu de mots et par ocasion,
nous le montrerons avec quelque détail en son lieu.
XXX. Outre la voie d'mstruction que l'on emploïoit
envers les Glers et les simples Fidèles, la convocation des
Conciles que l'on commença à mettre en usage dès ce sié-
cle-ci dans l'Eglise des Gaules, fut encore un moïen pour
y étendre et affermir la doctrine. Les Evêques avoient
grand soin de se trouver à ces saintes assemblées, à moins
qu'ils ne fussent retenus par des empèchemens insurmon-
dii. 3. n. 20. p. tables. ' Là se trouvant ensemble , ils s'entretcnoient de
leurs devoirs , et s'instruisoient mutuellement. On y exa-
minoit avec atenlion et maturité les affaires Ecclésiasti-
ques, ce qui regardoit le relâchement introduit dans la
morale, dans la discipline , et les erreurs qui se glissoient
dans le dogme. L'Ecriture et la tradition contenue dans
les écrits des Pères et les Canons des Conciles qui avoient
précédé , étoient les régies des jugemens que l'on pro-
nonçoit dans ces saintes assembléei. On les lisoit avant
3ue d'opiner sur chaque article; et personne ne s'avisoit
'y faire prévaloir ses sentimens particuliers pour domi-
ner sur la foi de ses confrères. Le premier Concile que
l'on sache s'être tenu dans les Gaules, fut celui qui s'as-
sembla au sujet du différend sur le jour auquel on devoit
célébrer la fête de Pâque. Reprenons les cnoses de plus
haut, afin de mettre tous nos lecteurs plus au fait de cet-
te fameuse dispute qui fut agitée en ce siècle avec beau-
coup de chaleur.
E.^s. hist. 1. 5. c. aXXL ' Une partie des Fidèles croïoit qu'il falloit finir
ï3. p. 190. jj^ jeûne du car.5me , et célébrer la fête de la Résurrec-
tion du Seigneur le quatorzième de la Lune du premier
mois, quelque jour de la semaine qu'il arrivât, conformé-
ment à l'usage des Juifs qui faisoient leur Pâque ce même
jour.
DANS LES GAULES. II SIECLE 241
jour. Les Eglises d'Asie éloient les seules dans cette pra-
tique, 'et prétendoient suivre en ce point la tradition de e.is. iiisi. c. si.p.
l'Apôtre S. Jean. "Toutes les autres Eglises du monde Tc^/ij.,,. i-».
Chrétien soiàtenoient au contraire qu'on ne pouvoit finir
le jeûne, et célébrer la Pàque que le Dimanche. ' Dès le c. 24. p. 193.
tems du Pape S. Anicet, vers l'an 158, S. Polycarpe Evê-
que de Smyrne fit un voiage à Rome pour régler sur ce
point la discipline Ecclésiastique , et la rendre uniforme
dans toutes les Eglises. Ces deux saints Evêques , après
avoir conféré ensemble , ne purent s'acoraer , aucun
d'eux ne voulant se départir des usages établis dans son
Eglise dès le commencement. Mais ils convinrent de ne
point rompre les liens de la charité et de la communion
pour ce point de discipline. Ils se séparèrent en paix; et
cette paix étoit commune à toutes les Eglises qui célé-
broient la Pâque ou le quatorzième jour de la Lune, ou
le dimanche d'après.
XXXII. ' Sous le Pontificat de S. Victor, vers l'an 194 c. 53. s*, p. 191.
ou 196 , cette dispute se rechaufTa, et fut agitée de part et
d'autre avec beaucoup plus de chaleur qu'auparavant
On assembla sur cela plusieurs Conciles en diverses pro-
vinces, où il fut arrêté que l'on ne feroit point la Pâque
le quatorzième de la Lune comme les Juifs, mais tou-
jours le Dimanche. Les Eglises des Gaules que S. Irenée
gouvernoit, assemblèrent aussi leur Concile , dont nous
donnerons l'histoire en son lieu , et se trouvèrent
unies dans le même sentiment de ne célébrer que le
Dimanche la fête de la Résurrection. S. Victor n'aïant
fiû engager Polycrate Evêque d'Ephese , ni les autre?
églises d Asie à se départir de leurs anciennes coutumes ,
il fut prêt de les déclarer excommuniés. Le zélé inconsi-
déré de ce Pontife déplut à beaucoup d'Evêques. S. Irenée
entre autres le blâma avec beaucoup de générosité. Il lui
écrivit au nom des Chrétiens des Gaules , dont il étoit le
chef , une letre dans laquelle il tombe d'acord qu'il faut
célébrer la Résurrection le Dimanche , mais que l'on ne
doit point pour cela se séparer de la communion des au-
tres Eglises. II en écrivit aussi une autre intitulée du Schis-
me , à Rlaste Prêtre de Rome , qui avoit voulu , ce sem-
ble , se conformer aux usages des Asiatiques. Comme
Eusebe ne dit rien davantage de cette dispute , il est à
Tome 1. Prem. Part. I i
242 ETAT DES LETRES
croire que S. Irenée la calma par sa prudence , et qu'il
arrêta le schisme qui étoil sur le point de diviser les Egli-
ses d'Asie et d'Occident.
XXXIII. Dieu ne permet point de mal qu'il n'en sa-
che tirer un plus grand bien ; et cela est de l'ordre de sa
souvrraine sagesse. On ne connoît point de plus grand
mal que les hérésies. Cependant elles procurent toujours
un très-grand bien dans l'Eglise. Car outre qu'elles ser-
vent à séparer de la paille le bon grain , et à discerner
ceux qui ont une vertu éprouvée , comme parle S. Paul ,
elles sont toujours d'une grande utilité pour l'avancement
et la perfection des sciences. Elles engagent à l'étude et
ceux qui enseignent l'erreur, et ceux qui veulent s'en dé-
fendre et la combatre. De cet exercice il naît toujours
de nouveaux éclaircissemens pour mieux connoitre la vé-
rité , et très-souvent des ouvrages considérables , qui ser-
vent à la perpétuer , après l'avoir mise dans un nouveau
jour. C'est ce qui est arrivé dans l'Eglise des Gaules pres-
que en tous les siècles, avec un avantage qui lui est glo-
rieux dans l'esprit de tous ceux qui en savent connoître le
Erix. Ce siécle-ci et les trois suivans , sans descendre plus
as, en fournissent d'illustres exemples. A peine les héré-
sies de Valentin , de Novatien , d'Arius et des Semipela-
giens y eurent-elles paru, qu'elles y furent puissamment
ataquées et combatues par des ouvrages pleins de lumière.
Mais ne prévenons pas les tems, et ne nous atachons qu'au
siècle que nous parcourons.
XXXIV. L'hérésie des Valentiniens , que l'Orient
irmi. 1. 3.C. 4. n. avoit vu naître vers l'an 13.'), ' se répandit en Occident
'■ sur la fin de ce second siècle. Valentin auteur de cette
secte fit un voïage à Rome du tems du Pape S. Hygin, et
y demeura sous S. Pie , S. Anicet , et jusqu'au Pontifi-
iren. i.i.e. 13. n. cat dc S. Elcuthcrc son sucesseur. ' Un de ses disciples
7iHjer. 1...C.64.I». nommé Marc, natif d'Egypte, passa dans les Gaules, et*
y sema ses erreurs particulièrement dans les provinces
qu'arrose le Rhône. Il y séduisit plusieurs personnes , et
sur-tout grand nombre de femmes. On nomma ses disci-
ples Marcosiens ou Gnostiques. S. Irenée Evêquede Lyon,
ne pouvant voir les peuples confiés à ses soins embrasser la
nouvelle hérésie , sans y aporter de remède, entreprit d'é-
crire son ouvrage contre les hérésies, que nous avons en-
p. 474.
DANS LES GAULES. II SIECLE. 243
core. II y ataque particulièrement les Valentiniens , et
y découvre d'une manière admirable le ridicule de leur
secte. C'est de quoi nous parlerons plus en détail au siècle
suivant , au commencement duquel on raporte la mort du
saint Prélat. Telle étoit la première constitution des letres
parmi les Chrétiens des Gaules en ce second siècle de l'E-
glise. Il nous reste à dire quelque chose de l'état où elles
étoienl en ce même siècle parmi les Païens.
XXXV. 'Depuis Pline le jeune, qui avoit travaillé avec Bail. jug. préj. c.
succès à soutenir l'éloquence Romaine, on la vit tomber ''•*•^•'^•
à Rome dans presque une entière décadence. Mais elle se
maintint encore glorieusement avec la Gréque dans les
principales villes des Gaules en ces premiers siècles. ' C'est Juv. sat. 7. t. 1*7
pourquoi le Poëte Juvenal avant la fin du règne de Domi-
tien, y renvoïoit ceux qui souhaitoient de se perfectionner
dans l'art de bien parler. En effet nos Gaules eurent enco-
re la gloire de fournir à l'Empire ses plus célèbres Rhé-
teurs, ses Orateurs et ses Panégyristes les plus estimés.
Qui ne sait que les deux Mamertins, Eumcne , Nazaire,
Arbore , Patere , Minerve , Alcime , Delphide , Ausone ,
Drcpane , ces grands Maîtres d'éloquence étoient tous
Gaulois? La suite de cette histoire vous en découvrira
bien d'autres , qui ' dédommagèrent am[)lement l'Empire Bail, itid
de la stérilité des autres provinces de l'Occident. De sorte
qu'il est vrai de dire que nos Gaules furent le pais où l'é-
loquence se conserva le plus long-tems et avec le plus de
splendeur. Ce que nous disons de l'art de bien parler,
nous le pouvons dire aussi des autres sciences que l'on avoit
acoutQmé d'y cultiver.
XXXVI. Mais sans nous transporter hors du siècle
qui fait le sujet de ce discours , nous sommes en droit de
suposer, que les écoles établies dans les Gaules dès les siè-
cles précèdens , y subsistèrent encore pendant celui-ci
avec honneur, tant que nous ne les trouverons point tom-
bées en décadence. Ainsi il y avoit encore des écoles flo-
rissantes à Marseille , à Autun, h Lyon, à Arles, à Nar-
bone, à Toulouse et ailleurs.' On n'en peut douter pour Pan. B.p. 157. n,
Autun , où le grand-pere de l'Orateur Eumene , natif *^
d'Athènes , après avoir enseigné la rhétorique à Rome
avec une très-grande réputation , vint s'élablir , et exer-
cer le même emploi ; ce (ju'il continua à faire jusqu'au-
t. 1. p. 41.
244 ETAT DES LETRES
de-là de l'âge de 80 ans. Bien davantage. Il y a tout lieu
de croire que les écoles qui devinrent si célèbres dans
les deux siècles suivans à Trêves, à Besançon, à Bour-
deaux , à Auch, à Poitiers, à Angoulême , et en diver-
ses autres villes , prirent leurs commencemens au moins
Guy. hisj. dOri. dès ce second siècle. ' A l'égard d'une espèce d'Académie
ou Université , que l'on dit avoir été érigée à Orléans par
les soins de l'Empereur Marc Aurele , c'est une pure ima-
gination , qui n'est appuïée sur aucune preuve solide. Le
Yigilius que l'on se plaît à mettre à la tête de cette Aca-
démie imaginée, est inconnue toute l'antiquité.
XXXVII. Au reste quelque nombreuses et florissantes
que pussent être encore les écoles Gauloises , l'histoire ne
nous fait connoître que très-peu de leurs élevés en ce siè-
cle. Les premiers dont nous allons donner les éloges ,
avoient fleuri dès le siècle précédent , et continuorent à
illustrer celui-ci. Mais si ceux qui ne furent formés , et
ne commencèrent à briller qu'en ce second siècle, se trou-
vent en petit nombre , leur mérite peut supléer à ce dé-
faut. Il en est peu en tous les autres tems, qui aient fait
plus d'honneur à leur patrie par leurs grands talens pour
les letres. Tel est un Sentius Augurinus, dont les poésies
ont fait le sujet de l'admiration de Pline le jeune cet Ecri-
vain si poli. Tel est un Favorin le plus célèbre Sophiste de
son tems , qui après avoir fait preuve de son savoir dans
les Gaules, alla se faire admirer et à Athènes et à Rome,
où il ne se trouva que le seul Plularque qui lui fût compa-
rable pour le grand nombre d'écrits qu'il donnoit au pu-
bic. Tel est un Marcus Cornélius Fronto, le second Maî-
tre de l'éloquence Romaine après Ciceron. Tel est encore
Lucius Florus cet Historien si fleuri et si agréable ; car
nous ferons voir que nos Gaules sont au moins autant en
droit de le compter au nombre de leurs savants citoïens,
que l'Espagne de le mettre au rang de ses Ecrivains ,
XXXVIII. Comme l'on ne nous a conservé la connois-
sance que de peu d'hommes de letres de ce siècle , de mê-
me il ne nous reste que peu de productions de leur savoir.
Mais il est certain qu'il s'en est perdu un très-grand nom-
bre. Outre ce que nous avons déjà remarqué au sujet des
monumens ecclésiastiques , nous sommes privés de quan-
tité d'écrits profanes , que ce siècle avoit vu sortir de la
DANS LES GAULES. II SIECLE. 245
plume de nos savans Gaulois. Nous n'avons rien ni des
îetres que Valerius Paulinus , Geminius et Trebonius Rufi-
nus ont écrites à Pline le jeune leur ami commun, ni des
discours, plaidoiers, harangues de ceux de nos Orateurs
qui parurent en ce siècle. De même la multitude d'ouvra-
ges dont Favorin avoit enrichi la république des Ietres, et
qui auroient suffi pour coniposer une petite bibliothèque,
est entièrement perie , si vous en exceptez quelques en-
droits que l'on trouve cités dans les Ecrivains qui l'ont sui-
vi de près. Le malheur des tems nous a aussi envié tou-
tes les poésies de Sentius Augurinus. De sorte que ce qui
est venu jusqu'à nous en genre de literature profane , se
borne presque à l'histoire abrégée de Florus. On voit par
cet ouvrage , que la beauté de l'histoire et la majesté des
belles Ietres se soûtenoient encore au commencement de
ce siècle. ' Mais on remarque qu'elles commencèrent à voss. wsi. lat. i. 2.
dégénérer après l'Empire des deux Antonins, et que l'on
doit regarder la fin de ce siècle comme l'époque de la
vieillesse et de la décadence de l'histoire.
c. 1.
PAULIN,
Sénateur.
YALERius Paulinus fleurissait plusieurs années Tac. lùst. 1. 3. n.
avant la fin du siècle précèdent. Nous y avons déjà **• *^-
donné quelques traits de son histoire. Il étoit de Frejus (xxni)
dons la Gaule Narbonoise , dont il fut Intendant dans
la suite. Il exerça depuis la charge de Tribun ou Colo-
nel dans les Prétoriens, et donna à Vespasien de gran-
des marques de son attachement, même avant qu'il fût
reconnu pour empereur. ' On trouve vers le même-tems Jos. bel. jud. 1. 7.
un Paulin Gouverneur d'Alexandrie, qui avoit succédé à '■ **' ^' ^^'
Lupus. Mais on ne sauroit assurer si c'est le même que ce-
lui qui fait le sujet de cet éloge.
Après que Paulin se fut distingué dans ces divers em-
plois, ' il se retira à Rome, où il fut reçu au nombre des PUn. 1. *. ep. 9.
Sénateurs. Il se fit beaucoup de réputation dans cette au- ^■"''
guste compagnie par sa fermeté et son amour pour la justi-
2 1
246 PAULIN, SENATEUR.
II SIECLE, ce. Le loisir que lui pouvoit laisser cette nouvelle charge,
^ 25^ l, 9 ' il l'eraploïoit à l'étude , ne s'ocupant jamais de rien que
êp.3. p.554. 555! de grand et d'immortel. Mais c'est un Païen qui parle ainsi
d'un autre Païen, et qui par conséquent ne connoissoit pas
en quoi consiste la véritable grandeur et la véritable im-
mortalité.
' Paulin entra en commerce avec les gens de letres qui
""'eti' iTiPUi!. brilloient de son tems à Rome , et se lia d'amitié particu-
16*1 i*'*5"cp.' 19*^: lierement avec le Poëte Martial et Pline le jeune. Le pre-
9- cp- 3. mier lui adressa quelques-unes de ses épigrammes , et 1 au-
tre plusieurs de ses letres. Il paroît que celui-ci et Paulin
s'écrivoient règlement. Paulin aïant été quelque tems sans
le faire, Pline lui porta ses plaintes d'une telle négligence,
et lui déclara qu'il n'en recevroit point d'autre excuse
au'un grand nombre de très-longues letres. Il faisoit tant
e cas du mérite de Paulin, qu'il lui communiquoit com-
me à un ami sage et judicieux les réflexions qu'il faisoit
tous les jours , afin de cesser d'en faire, si elles ne se trou-
voient pas de son goût,
piin. 1. 4. ep. iG. ' Eu uuc ocasiou que Pline avoit plaidé durant sept heu-
^' '^^' res avec un concours extraordinaire , il en donna avis à
Paulin , et prit de-là ocasion de l'animer à travailler soit
à quelques discours pour être prononcés de vive voix ,
p. 249. soit à quelque ouvrage pour la postérité. ' Il lui proposoit
pour motif l'honneur qui accompagnoit encore alors l'o-
cupation des gens de letres : adhuc honor stvdiis durât. Mais
l'on ne trouve plus rien aujourd'hui , ni de ces écrits de
Paulin , suposé qu'ils aïent jamais existé , ni du grand
nombre de letres que produisit son commerce avec Pline
et les autres Savuns.
.p. 37. p. 612. ' L'Empereur Trajan ne faisoit pas moins d'estime du
fiii.tfiip. t mérite de Paulin, qu'en faisoit Pline lui-même; puisqu'il
"'' le désigna Consul , comme l'on croit , pour l'année 101' .
Pline son ami , ne pouvant se trouver à la cérémonie de
son entrée dans le Consulat, lui en écrivit pour s'excuser.
On ne trouve point toutefois le nom de Paulm dans les fas-
tes Consulaires; et l'on ne sauroit dire qu'il fut seulement
Consul subrogé , parce que les termes de Pline ne peuvent
s'entendre que de Consul ordinaire. On ne peut pas dire
non plus que la mort empêcha que Paulin n'entrât dans
cette dignité, si honorable pour un particulier; car il pa-
I. 9. cp. 37
til4 I
t. p. 177.
p. 730.
GEMINIUS, HOMME DE LETRES. 247
roît assez visiblement qu'il vêquit au-de-là de l'époque ii siècle.
que nous venons de marquer.
' Paulin, pour dernière preuve de l'amitié qu'il portoit à Pim^. lo. ep. los.
Pline, lui céda à la mort le droit qu'il avoit sur ses affran- " ""
chis ; et Pline leur obtint de Trajan le droit de Bour-
geoisie à Rome. Si les letres de Pline suivent l'ordre des
tems , comme on le croit, celle où il parle de cette cession
paroît écrite vers l'an 104, qui auroit été la dernière année
de la vie de Paulin.
GEMINIUS,
Homme de Letres.
'/^ EMFNius étoit un savant Gaulois, qui faisoit sa pun. i. o. ep
VJ résidence ordinaire à Lyon, où aparerament il avoit ^' '^'
aussi pris naissance. 11 fleurissoit dès le siècle précédent, et
continua à briller au commencement de celui-ci. De Lyon
' Geminius faisoit d'assez fréquens voïages en Italie, et à ep. 30. p. ew.
Rome même, soit pour y visiter ses amis, soit pour les af-
faires ou de quelque charge qu'il exerçoit, ou de sa propre
famille. L'un des plus intimes comme des plus illustres amis
qu'il acquit en ce païs-là, fut Pline le jeune, ' avec qui il 1.7, ep. «ii. s.
avoit lié un commerce réglé de letres, tant sur la litera- ^ s^** I '• 9- «p-
ture, que sur les affaires du tems. Nous en avons encore
cinq de celles que Pline lui écrivit : et il paroît par-là qu'il
ne se passoit presque rien de considérable que Pline n'en .,-.
donnât avis à Geminius. Celui-ci en usoit de même à l'é-
gard de son ami.
' Leur commerce étoit si réglé, que Pline n'aïant pas 1. «. ep. 22. p. 539.
d'autre matière pour une letre, prenoit quelque sujet de **"'
morale pour lui en servir , afin de n'être pas trop long-
tems sans écrire à Geminius. Et cette morale, quoique de
Païen à Païen , seroit capable de confondre celle de plu-
sieurs Chrétiens de nos jours. Comme elle servoit d en-
tretien à l'un et l'autre , il ne peut qu'être glorieux pour
ces deux grands hommes , d'en raporter quelques traits
choisis.
« ' Je ne connois point de plus grande perfection , dit ma.
ft Pline à son ami, que de pardonner avec autant de bon-
II SIECLE.
248 GEMINIUS, HOMME DE LETRES.
» té, que si chaque jour nous tombions en des fautes que
» nous voudrions qu'on nous pardonnât, et de les éviter
» avec autant de soin que si personne ne nous pardonnoit.
» Nous ne devons avoir rien plus à cœur , ajoute Pline ,
» dans toute la conduite de notre vie , soit dans notre do-
» mestique , soit parmi le grand monde , que d'être inexo-
» râbles pour nous-mêmes, et indulgens pour les autres ,
» même pour ces sortes de gens qui ne savent excuser
» qu'eux seuls. »
piin. 1. d. 19. 30. Rien n'est plus édifiant que ce que Pline dit ailleurs à
p. 602. 603. Geminius sur le détachement des richesses , et la manière
de les répandre. Geminius lui avoil fait l'éloge de la li-
béralité de Nonius son ami. Pline lui répond que la li-
béralité est toujours digne de loiiange, parce qu'elle est
fort rare , l'avarice s'élant tellement emparée du cœur de
l'homme, qu'il semble qu'il soit plus possédé par ses ri-
chesses qu'il ne les possède lui-même. Mais que la libéra-
lité a ses règles. Qu'il faut d'abord être content de ce que
l'on a, puis en aider ceux que nous savons en avoir plus de
besoin. Que la véritable libiiralité consiste, non à imiter
ces personnes qui ne donnent qu'à ceux qui sont en état de
rendre davantage , mais k donner à ceux qui sont réelle-
ment pauvres, entre lesquels on peut distinguer ses pro-
ches, ses alliés, ses amis, ses compatriotes, pour les pré-
férer aux autres.
Ces traits de morale doivent nous faire regreter la perte
que nous avons faite des letres de Geminius, qui en trai-
cp. 11. p. 366. toient comme celles de Pline,' et qui faisoient les délices
de celui-ci. Nous n'avons rien non plus des autres écrits
que Geminius préparoit pour le public, et pour la perfec-
tion desquels il avoit demandé des mémoires à Pline.
Hier, in joy. 1. 1. ' On trouvc uu Varius Geminius ('), qui étoit un excel-
''•"''■ lent Orateur, selon S. Jérôme, et dont le même Père
écrivant contre Jovinien , cite cette belle sentence : Qui
non litigat , cœlebs est. Il faut se résoudre à ne point prendre
de femme, si l'on veut passer sa vie sans dispute et sans que-
relle. Mais nous n'avons point de preuve que cet Orateur,
très-peu connu d'ailleurs, soit le même que Geminius,
dont nous venons de faire l'éloge.
(11 Les anciennes éditions de S. Jérdme le nomment ainsi, quoique la dernière porte
Varias Geminos.
RUFIN.
RUFIN, ORATEUR. 249
============. II SIECLE.
T
RUFIN,
Orateur.
-^HEiiOMUS ' Rl'fini's , autrc ami de Pline le jeune, pim. i. *. cp. 22.
naquit à Vienne capitale de la Viennoise, où il exer- p- **^-
ça depuis une des premières charges de Magistrature de la
ville. Il fleurissoit sous l'empire de Trajan, à la fin du siè-
cle précèdent , et au commencement de celui-ci. Pline
n'en parle qu'avec éloge, et comme d'un homme d'un mé-
rite extraordinaire. Aussi réunissoit-il en sa personne tou-
tes les qualités d'un bon citoïen , avec cette noble liberté
et cette prudence qui faisoient le caractère des Romains de
l'antiquité.
' Rufin avoit de l'éloquence, dont il semble qu'il avoit fait iwd.
usage en hantant le Barreau à Rome. Ce fut là sans dou-
te qu'il contracta une étroite amitié avec Pline. ' Ils en- 1. «. ep. is. p.
trerent depuis en commerce de letres, s'écrivant ordinai- *25-i3o.
renient l'un à l'autre ce qui se passoit de remarquable dans
leurs villes. Ils en usoient ainsi, tant pour leur satisfaction
mutuelle, que pour se former par la connoissance des éve-
ncmcns divers. Ce sont les motifs que Pline proposoit à
Rufin, pour l'engager à continuer cet aimable commerce.
Mais de toutes les letres qu'ils s'écrivirent l'un à l'autre,
il ne nous en reste qu'une seule de Pline, dans laquelle il
raconte à son ami quelques avantures assez plaisantes des
fils adopUfs de l'Orateur Domilius Afer.
Il se présenta sous Trajan une ocasion , qui fit voir que
Rufin étoit un aussi grand homme de bien, que le pouvoit
être un homme élevé dans le paganisme , et qui donna
beaucoup de relief à sa vertu. ' En conséquence du testa- ^^- «p- 2î. p- 257.
ment d'une certaine personne, on avoit établi à Vienne des
combats où des hommes tous nuds s'exerçoient à la lutte, (xxiv).
Rufin s'apercevant que cet exercice infâme étoit une sour-
ce de corruption pour les mœurs de ses concitoïens, ' l'a- p*58.
bolit sans détour, pendant qu'il exerçoit les foncfions du
Duumvirat. C'étoit une charge établie dans les villes qui
joùissoient du droit de Bourgeoisie Romaine. On la nom-
Tome I. Prem. Part. K k
2 • *
p. 2,")7
• p. 258.
250 ABASCANTE, MEDECIN
Il SIECLE, moit Duumvirat, parce qu'elle s'exerçoit par deux per-
sonnes conjointement.
De mauvais esprits firent à Rufm un crime d'une action
aussi digne de louange, prélc-i.dant qu'il n'avoit pas pour
l'iin. 1. 4. ep. 22. ccla unc autorité suffisante.' L'affaire fut portée à Rome
devant l'Empereur. ' Rufin y alla, et plaida lui-même sa
cause avec autant de succès que d'éloquence. Il parla avec
tant d'énergie, de sagesse et de gravité, que non-seule-
ment le Sénat aprouva ce qu'il avoit fait, mais que même
quelques Sénateurs opinèrent à ce qu'on en fit autant à
Rome.
ABASCANTE,
Médecin.
Gai. de ani. 1.2. i lUscANTE ' cxcrçoit la Médccinc ù Lyon vers les
c. 12. p. 233. ^ commencemens de ce second siècle. Il paroît qu'il se
rendit célèbre dans sa profession. Galien qui ne fleurissoit
que plusieurs années après lui, et dans des lieux assez éloi-
gnés de Lyon, a eu connoissance et de sa personne et de
ses écrits. Il témoigne même en avoir fait quelque estime
par l'honneur qu'il lui a fait de lui donner rang entre
les Médecins, dont il avoiie avoir profité. Il est vrai qu'il en
raporte peu de chose, ne nous aïant conservé que le secret
, de son antidote ou contre-poison.
On voit par-là qu'Abascante avoit écrit sur la Médeci-
ne ; mais on ne connoît point d'ailleurs ses ouvrages. Seu-
lement on peut juger qu'ils éloient en grec, que nous a-
vons montré avoir été une langue fort connue à Lyon. Ce
qui porte à en juger ainsi, c'est qu'il n'étoit pas ordinaire
aux Grecs de lire et de citer des Auteurs latins. C'est tout
ce que l'on sait et peut-être même tout ce que l'on peut
se ilater de savoir de certain touchant ce Médecin Gaulois.
Le reste se réduit à de simples conjectures.
K»,Ms».i(uî.t. 1. p. ' Un Ecrivain moderne a cru qu'il éloit le même que
cet Abascante, en faveur de qui Pline le jeune écrivit à
l'Empereur Trajan, pour lui en obtenir le droit de Bour-
piin.i. 10. p. 12. geoisie Romaine.' Dans ce cas notre Médecin se seroit
"*■ ^^" nommé Lucius Salrius Abascantius. Mais outre que Ga-
SALVIUS LIBERALIS, ORAT. 251
lien ne lui donne que le seul nom d'Abascante, et non pas ii siècle.
Abascance, Pline ne le qualifie point Médecin, quoiqu'il
en use de même dans la même letre à l'égard de Posthu-
mius Marinus. De sorte qu'il y a tout lieu de douter que
ce soit notre Médecin dont parle Pline en cette ocasion.
' L'on nous a conservé une épigramme latine, qui porte Epi. et po«. vet. i.
le nom d'un Quintus Sulpitius Abascantus. Elle est sur la *• ''• '*"•
passion qu'il avoit conçue pour une femme de mauvaise
vie. Mais nous n'avons point d'autres preuves pour la croi-
re d'Abascante qui fait le sujet de cet article, que l'identi-
té de nom, ce qui est un assez léger fondement. Au reste
cette pièce ne feroit pas honneur à sa mémoire, même
devant d'honnêtes Païens.
SALVIUS LIBERALIS,
Orateur.
TL n'y a point de preuves précises que cet Orateur ait
été Gaulois de nation. Nous ne laissons pas néanmoins
de lui donner place dans cette Histoire, sur ce qu'il nous
paroit avoir été ou de la même famille qu'^Ebutius Libe-
ralis, ce Philosophe de Lyon, dont nous avons parlé ail-
leurs; ou le même ' que ce Salvius député ou Orateur d'A- pun. i. s. ep. n.
quitaine, à qui l'Empereur Adrien adresse un rescrit, selon p"^""^-
Calistrate.
Liberalis, de l'aveu de Pline le jeune, qui le connois- PUn- ïij'J-
soit personnellement, et qui étoit bien capable d'en ju-
ger, avoit de l'éloquence, du feu, de la subtilité, et
beaucoup d'ordre dans ses pièces. ' Il hantoit le Barreau Suet. cm. i.
à Rome dès l'Empire de Vespasien, et plaidoit dès lors "'
avec quelque réputation. En une ocasion qu'il défendoit
la cause d'un homme riche en présence du Prince, il lui
échapa de dire avec véhémence : Que cela fait-il à l'Em-
pereur qu'Hipparque ait un million de bien? Cette saillie tou-
tefois , quoiqu'un peu hardie , remarque Suétone , ne dé-
plut pas à Vespasien, qui .étoit naturellement bon.
Liberalis continua à faire usage de son éloquence dans pun, ii.i.i
le Barreau sous trois autres Empereurs au moins : Tite
Kk ij
252 SALVIUS LIBERALIS, ORATEUR.
H SIECLE. Domitien et Trajan, l'espace de plus de quarante ans. On
~ peut juger en quelle estime il éloit à Rome, par le choix
que fit de lui Marius Priscus pour dc^fendrc sa cause con-
tre le célèbre Tacite, qui de voit plaider pour sa partie
adverse.
piin. ibid. p. 101. ' Priscus avoit été Proconsul , ou Gouverneur d'Afri-
que, et y avoit fait des concussions criantes. Il en fut a-
cusé par les Africains; et sans chercher d'autre voie pour
p. 103. se justifier, il demanda à paroître en justice réglée. 'La
cause fut plaidée par les plus habiles Avocats en présence
de Trajan et de tout le Sénat. Liberalis ne pouvoit trou-
ver une plus belle ocasion pour faire valoir son éloquence.
p. 108. ' Aussi, ajoute Pline, mit-il en usage tout ce qu'il avoit
d'habileté. Mais cela n'empêcha pas que sa partie ne fut
condamnée, comme elle le méritoit.
Si notre Orateur est réellement le même que Salvius,
dont parle Calistrate, il aura vécu jusques sous l'Empire
noi. ihid. d'Adrien.' On dit qu'il fut acusé sous Uomilien, sans nous
en apprendre le sujet. 11 n'étoit alors que trop ordinaire de
voir d'honnêtes gens mis en cause, sans qu'ils fussent cou-
pables.
SENTIUS AUGURINUS,
PoETE.
D
E tous les hommes de letres dont nous avons parlé
jusqu'ici, il n'en est point qui ait reçu des louanges
plus pompeuses que le Poëte qui fait le sujet de cet arti-
cle. Aussi a-t-il eu pour Panégyriste un des Ecrivains le
piin. 1. 4. cp. 27 1 plus poli de son siècle. ' C'est Pline le jeune son ami par-
L^j. op. 8. p. 2(i3. tieulier, à qui il sera peut-être arrivé d'en parler plutôt
selon les sentimens de son cœur, que suivant les lumières
de son discernement. Au moins a-t-il prévu lui-même qu'on
pourroit l'en soupçonner,
p. 865. SMÎT. 'Augurin, selon cet Auteur, faisoit dès sa jeunesse l'or-
nement de son siècle, et par la beauté de son esprit, et
par l'éclat de ses vertus, qui n'étoient néanmoins que des
vertus Païennes. Dès lors son mérite étoit si connu, et
SENTIUS AUGURINUS, POETE. 253
rendoit sa personne si aimable, que les vieillards les plus ii siècle
respectables et les plus distingués dans Rome, se tenoient
honon's de sa société. En ce jeune âge il passoit son tems
partie avec le célèbre Vestricius Spurinna son allié, par-
tie avec l'illustre Arrius Anloninus aïeul maternel de l'Em-
pereur Tite Antonin. ' 11 eut par-là un moïen favorable pun. i. 3. «p. 1 1 1.
pour cultiver, pour perfectionner même les heureuses dis- Î53.''i^5.'ai8^ sss!
f)Ositions qu'il avoit pour les belles lelres. Les deux il-
ustres amis avec lesquels il étoit lié, en faisoient profes-
sion dans le repos honorable dont ils joûissoient alors, et
passoient pour gens très-habiles dans l'une et l'autre lan-
gue, la gréque et la latine.
Outre les qualités du cœur et de l'esprit, Augurin avoit
encore de quoi soutenir ses liaisons, par le relief que lui
donnoit sa naissance. ' Il étoit fils de Cnœus Sentius , «<>«•? ses.
Gaulois de nation, qui portoit le titre d'Illustre, le plus
honorable parmi les Romains, et qui s'étoit signalé dans
la guerre contre les Juifs et les Bretons. ' C'est sans dou- Pim. làst. 1. u. c.
te le même Sentius que Pline l'ancien avoir vu exercer la "' ''■ '**"
Charge de Préteur. De même il y a tout lieu de croire
que son fils dont nous parlons, est ce Sentius Augurinus
qui fut Consul l'an 132 avec Arrius Severianus.
' Augurin hanta le Barreau, où il plaidoit quelquefois. Piin. 1. a. op. 27.
Nous avons observé ailleurs, que les anciens Poètes, jus- ^' ^^'
(ju'à Trajan, en usoient ainsi. ' Mais son talent particu- p. ses.
her fut pour la poésie. Les premières productions de sa
Muse charmèrent les Savans jusqu'à l'admiration. Il in-
titula ce premier Recueil Poëmatia, c'est-à-dire petites
Poésies. Il y en avoit de toutes les espèces, de délicates,
de sublimes, de galantes, de tendres, de satyriques. Jus-
ques-là, au jugement de Pline le jeune, on n'avoit rien
vu de plus achevé en ce genre. ' Les pensées en étoient p. «er.
vives et ingénieuses, les aplications justes, les expressions
énergiques, et tout l'ouvrage parfaitement soutenu.
'Ces poésies n'avoient point encore paru dans le public, uud.
lorsque Pline en parloit avec tant d'éloge à Falcon son
ami, à qui il en promettoit un exemplaire, sitôt qu'elles
auroient vu le jour. Seulement Pline en avoit eu commu-
nication. ' Elles ne tardèrent pas à devenir publiques, et i- 9- «p- s. p. 56î.
nous ayons encore une lettre de Pline à Augurin, pour le
remercier de lui avoir donné une place honorable dans
254 SENTIUS AUGURINUS, POETE.
II SIECLE, son Recueil. Pline le félicite dans cette letre et sur la
beauté de ses vers, et sur le soin extrême avec lequel il
écrivoit toujours en faveur de ses amis,
piin. 1. 4. cp. 27. 'Pline nous a conservé lui-même l'endroit de ces poë-
l^^^ I i'riap. p. gjgg ^yj |g regarde. On le trouve encore ailleurs plus cor-
rectement que dans cet Ecrivain. Le voici, afin que le
Lecteur en puisse juger. Ce sont des vers de onze syl-
labes.
Canto cannina versibus minutis
His, olim quibusct meus CatuIIus,
Et Calvus, veteresque; sed quidad me?
Uaus Plinius est mihi prior (') : is
Mavult versiculos foro rclicto,
Et quœrit quod amet : juvalque araare
Ulos. Plinius iile, quid Calones?
I nunc, qui sapias amare noli. (XXV.)
On voit par- là que Pline aimoit mieux voir Augurin
ocupé à faire des vers, qu'à suivre le Barreau. Il y a pour-
tant bien de la différence entre l'ocupation d'un Poète et
celle d'un Orateur.
Priap. ii,i,i. ' On trouve quelques autres vers d' Augurin parmi les
petites poésies imprimées ordinairement à la fin de la saty-
re de Pétrone sous le titre d'Erronés Venerei. Mais com-
me ce ne sont que des vers erotiques, ils ne valent pas la
peine que l'on s'y arrête. Nous ne savons point que l'an-
tiquité nous ait conservé autre chose de toutes les produc-
tions de notre Poëte.
(I) On Ut prions dans le texte de Plino : ce qui est une faute assez visible, que le der-
nier Editeur a sentie sans la corriger.
LUCIUS ANN^US JULIUS FLORUS. 255
LUCIUS ANN^EUS JULIUS
FLORUS,
Historien et Poète
II SIECLE.
8- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
ICI se présente à éclaircir une de ces contestations , que
l'amour pour la gloire de la patrie fait quelquefois naîr
tre entre deux nations différentes, sans altérer la paix qui
règne entre elles. En voici le sujet en peu de mots. ' Les
Espagnols prétendent que Florus étoit de leur nation; et
en conséquence ils l'ont mis au nombre de leurs Ecrivains.
C'est ce que nous croïons ôtre en droit de leur disputer ,
prétendant h notre tour qu'il étoit plutôt Gaulois (ju'Es-
pagnol. Il seroit fort inutile pour apuïer la prétention de
nos Contendans, d'alléguer la possession où ils se sont mis
de cet Historien. Un titre de cette nature est assez frivo-
le, et toujours insuffisant pour prescrire. Il s'agit d'une
sorte de bien, qui ne souffre jamais de {)rescription. Lors-
qu'on a droit d y prétendre , on est toujours reçu à le re-
vendiquer.
Mais quelle est la prétention la plus légitime et la mieux
fondée? Est-ce celle des Espagnols? Est-ce la nôtre? Le lec-
teur judicieux en va juger lui-môme?
' D'abord nos Contendans conviennent que la leur n'est
apuïée sur aucune preuve décisive. Nous convenons de
la même chose par raport à la nôtre. Il ne se trouve rien
ni dans le texte de l'ilistorien dont il est ici question, ni
dans les Auteurs contemporains, ou ceux qui l'ont suivi
de près, sur quoi l'on puisse se fonder pour le faire plutôt
Espagnol que Gaulois , plutôt Gaulois qu'Espagnol. Jus-
qu'ici nous nous trouvons égaux en preuves de part et
d'autre.
Il y a deux autres choses qui peuvent aider à décider le
Itib. Hisp. l.
79. n. 351 .
I. p.
n. 35t.
256 LUCIUS ANN^US JULIUS FLORUS.
II SIECLE, différend : la tradition des siècles postérieurs à notre His-
— torien, et les divers noms qu'il a portés. Pour la tradition,
si nous la reprenons du plus loin, elle n'est pas assurément
favorable aux Espagnols ; et l'Auteur de la Bibliothèque de
leurs Ecrivains l'a bien senti.
En effet depuis le règne de la critique, tous ou presque
tous ceux qui ont parlé de notre Historien, ou l'ont pris
pour Julius Florus l'Orateur, comme la Popeliniere; ou
pour Julius Secundus, comme Raphaël MafTei de Volter-
Quini. ins. 1. 10. TC, ct par couséqucut l'ont regardé comme Gaulois : ' ou
Lu iTumII^so; bien ils l'ont cru descendu de l'un de ces deux Orateurs
Gaulois, comme Raphaël le Roi, Turnebe, Vossius, ce
aui revient à la même chose par raport au point que nous
iscutons. ' D'autres, comme Christophe de Longueil, qui
*"'■*"'=• fleurissoit dès le commencement du XVI siècle, sont en-
core allés plus loin, et n'ont point fait difficulté de compter
Florus au nombre des Savans, que nos Gaules ont donnés à la
République des letres. Ce n'est pas tout.
Cette tradition, à la bien prendre, remonte bien plus
haut que le XV siècle, où vivoienl quelques-uns des ga-
rants que nous en venons de citer. Car ou Florus portoit
originairement le prénom de .Tulius que lui donnent les
manuscrits, ou il ne lui a été donné que dans la suite des
tems. S'il le portoit originairement, cela ne peut que fa-
voriser notre opinion, puisque cet Auteur aura eu les deux
noms que portoit la famille des Florus. S'il ne lui a été
donné que dans la suite, on ne l'a fait que parce qu'on l'a
cru descendu de cette même famille. Or comme les ma-
nuscrits où il porte ce prénom , sont anciens , la tradition
qui le fait Gaulois de nation ne peut aussi être qu'an-
cienne.
Tout le fondement de la prétention des Espagnols se
réduit donc au seul nom d'Annaeus , que notre Historien
se trouve avoir porté. L'on ne peut disconvenir que ce.
nom ne soit celui d'une famille Espagnole , qui étoit celle
des Séneques. Mais l'on doit convenir aussi que le nom de
Florus qu'il portoit également, et sous lequel il a toujours
été plus connu, est le nom d'une famille Gauloise. Nous voilà
donc de ce côté-là aussi autorisés que les Espagnols à reven-
diquer cet Historien.
Mais quoi ! aura-t-il été et Gaulois et Espagnol ? Non ,
disent
HISTORIEN ET POETE. 257
disent nos Contendans. Le nom de Florus ne lui sera ve- ii siècle.
nu, que de ce qu'il aura été adopté dans la famille de ce '
nom, qui étoit Gauloise. On ne peut rien de plus ingé-
nieux. Mais d'où sait-on ce fait sur lequel l'histoire garde
un profond silence? Vossius, dit-on, le croit ainsi. Vossius
est un habile homme; mais il est aussi un Auteur trop récent,
pour le croire sur un fait qu'il n'a tiré que de son propre
fonds, sans en avoir nulle preuve. De sorte que nous som-
mes autant, et peut-être plus en droit que lui, de dire
que le prénom d'Annœus que porte Florus, lui sera venu
de son adoption dans la famille d'Annaea, qui étoit Es-
pagnole.
Nous disons que nous sommes peut-être plus en droit
de faire cette conjecture, que Vossius la sienne. En voici
la raison. C'est que depuis la fin de l'Empire d'Auguste
presque tous ceux que l'on connoît avoir été adoptés par
d'autres, prenoient pour prénom le nom de la famille de
ceux qui les adoptoient. Les letres de Pline le jeune nous
en fournissent plusieurs exemples. Or Florus avoit Annœus
pour prénom, et paroît par conséquent avoir été plutôt adopté
par les Annœus que par les Florus.
Peut-être trouvera-t-on mauvais que nous nous soions
si fort étendus sur cette dispute. Mais la crainte d'être
soupçonnés de trahir en cette rencontre la cause de notre
nation, n'a pu nous permettre de dissimuler ce qui nous a
paru le plus vrai-semblable sur ce point de critique.
Florus étoit donc probablement Gaulois de nation. Il
pouvoit descendre ou de l'Orateur de même nom, ou de
Julius Secundus son neveu. ' Il fleurissoit dès l'Empire de pior. pr. p. 3.
Trajan, ' et continua à briller sous celui d'Adrien. Il pa- spr. vit. Adr. n.
roît qu'il passa presque toute sa vie à Rome. ' Il prenoit J ^
beaucoup de plaisir à la versification. Aussi le style de l'his- "'' ^''
toire qu il nous a laissée, se sent-il d'un naturel porté à la
poésie. ' Il est sans doute le même que le Poëte Florus, spar. iwa.
qui s'exerçoit avec l'Empereur Adrien à faire des vers. Ils
en faisoient quelquefois l'un contre l'autre. Il nous en
reste d'Adrien contré lui, lesquels ne sont pas honorables
à sa mémoire. Florus y est représenté comme un homme
mal-propre qui hantoit les cabarets : ce qui étoit très-in-
fame même parmi les Païens. ' Il ne laissa pas de se faire pior. iwd.
de la réputation par son talent pour la poésie, ' et encore Quim. ibid 1 Bon.
Tome I. Prem. Part. Ll -'-p-^-
258 LUCIUS ANNyEUS JULIUS FLORUS.
M SIECLE, plus par celui qu'il avoit pour écrire l'histoire. On le regarde
communément comme le meiller.r Historien qui ail paru de-
puis les siècles de la pure latinité.
g. IL
SES ECRITS.
G
lOîME Florus étoit Historien et Poëte, il laissa di-
vers ouvrages en l'un et l'autre genre de literature.
Fior. r- 3-100. i"- ' Nous avons de lui un abrégé de l'Histoire Romai-
ne, depuis Romulus ju.squ'à Auguste inclusivement. Il est
divisé en quatre livres, dont le premier commence à Ro-
mulus, le second à la première guerre Punique, le troisiè-
me à la guerre de Jugurlha, et le quatrième à celle de
pr. \). 2. Catilina. ' L'Auteur avertit , qu'épouvanté par la gran-
deur et la diversité de sa matière , qu'il se croïoil incapa-
ble de traiter avec étendue, il a imité les Géographes,
qui représentent en petit les vastes païs qu'ils ont dé-
couverts.
up.s. dcc. 1. 2. c. ' Ce n'est point un abrégé de Tite Live, comme quel-
aues Ecrivains l'ont avancé, et comme on l'a mis à la tête
c quelques-unes des éditions de cet abrégé; puisque sou-
vent Florus ne s'accorde pas avec cet Historien. L'Abre-
viateur a puisé ce qu'il raporte, dans divers Auteurs qu'il
a négligé de nommer.
Tiii. Emp. t. 2. p. ' On ne s'acorde pas unanimement sur le tems auquel
rfiyris'uih'pii.p.' t'iorus a écrit son abrégé. Les uns veulent que ce soit
k-,. 2. sous Trajan , d'autres sous Adrien ; et quelques autres en
reculent même l'époque jusqu'à l'Empire de Severe , à la
fin de ce second siècle. Il faut avouer que l'opinion de ces
Fior. pr. p. 3. dcmicrs trouve son fondement ' dans le texte même de
notre Historien, qui ne compte guères moins de deux cens
ans depuis la mort d'Auguste jusqu'au temps qu'il écrivoit.-
not. ' Mais il y a toute apparence que cet endroit est corrompu,
et qu'au lieu de cent, écrit originairement en chiffre Ro-
main, les copistes peu atentifs auront mis deux cens,
pr- p. 3. Cet endroit ainsi rétabli, ' et ce que Florus dit du lustre
3ue reprenoit l'Empire sous le règne de Trajan, comme
'une cnose qui se passoit actuellement alors, nous déter-
mine à croire que notre Historien a fait son abrégé sous
HISTORIEN ET POETE. 259
le règne de cet Empereur, vers l'an 110, environ quatre- usiecli:.
vint-quatorze ans après la mort d'Auguste. Voilà juste-
ment l'espace de guéres moins de cent ans qu'il compte
lui-même selon la correction que nous venons de marquer,
depuis Auguste jusqu'au tems qu'il travailloit à son ouvra-
ge. On a beau raisonner , les paroles suivantes qui termi-
nent la petite Préface de Florus , désignent nettement le
règne actuel do Trajan, et ne peuvent souffrir toute autre
opinion : Nïsï quod sub Trajano principe movet lacertos, et
prœter ipem omnium, aenectus imperii, quasi reddita juven-
tute , revirescit,
'L'Abrégé de Florus est fort estimé même des plus habi- Tai.ibid.iBon.iiui.
les connoisseurs. Le style en est concis, élégant, agréable ; "*""■ ''" "''■
et il y a beaucoup de choix dans la matière. On blâme tou-
tefois l'Abreviateur d'avoir renversé en quelques endroits
l'ordre des tems , ' et de s'ocuper si entièrement à loiier Fab. uib. i.a. \>.
les grands exploits du peuple Romain , qu'il fait moins le **^-
personnage d'Historien que d'Orateur. On juge aussi que
son style est trop fleuri, et qu'il aproche plus de celui d'un
Poëte, que de celui d'un Historien.
2". Ou n'est pas éioigné de croire que les abrégés, ou p. isc | Tiii. ilm.
sommaires des livres de l'histoire de Tite Live , qui se
trouvent à la tête de cet Historien, et à la fin de plusieurs
éditions de Florus, aparticnncnt à notre Abreviateur. Ils
sont au nombre de cent quaraîite , et ainsi des Livres de
Tite Live que nous avons perdus, comme de ceux qui nous
restent. Il a pu néanmoins se faire que l'idée qu'on a, que
ces sommaires sont l'ouvrage de Florus, ne soit venue que
de l'opinion de ceux qui ont cru mal-à-propos que son his-
toire éloit un Abrégé de celle de Tito Live.
3". ' 11 nous est resté quelques petites pièces de poésies de simr. v;i. Aar. n.
Florus. Spartien nous en a conservé trois vers badins con- î"! p.''?!)'/'"''" '"'
tre l'Empereur Adrien , qui y répond par quatre autres.
On a réimprimé ailleurs ces mêmes vers qui sont très-peu
de chose.
' Divers Savans croient devoir donner aussi à Florus le f.^iî,' ; ""'■ ^gy*^^'
petit poëme de qualitate vitœ, et l'épigramme (*) sur lesro- sa'iVab.' iuu. p'.
ses. Pierre Pithou avoit d'abord publié le poëme sous le *"''
nom de Floride. Il se trouve ailleurs plus correct; et M.
(>) Cet!» é:>igrainino est diCfércntu du Tlttyllo d'Ausono sor lu mcuc sujet.
L 1 ii
260 LUCIUS ANN^US JULIUS FLORUS,
Il SIECLE Scriverius assure que le manuscrit d'où il l'a tiré, l'atribue
à Florus, aussi-bien que l'épigrarame sur les roses. Il n'est
pas même éloigné de croire que le Pervigilium Veneris est
aussi de notre Poëte. Vossius lui donne encore la tragédie
intitulée Octavie , qui est la dernière de celles qui portent
le nom de Seneque. Mais il n'en aporte point de preuve;
8i'''n"i59.' '■'■''■ ' ^* 1® ^- ^"^' prétend que c'est faire injure à Florus que
de lui atribuer cette pièce.
§. m.
EDITIONS DE SON HISTOIRE.
L'estime qu'on a toujours faite de l'abrégé de Florus ,
nous en a procuré un grand nombre d'éditions; et
l'usage qu'en fait la jeunesse qui suit le Collège, a beau-
coup contribué à les multiplier. Mais la plupart de cel-
les-ci ne valent pas la peine qu'on s'y arrête. Ainsi nous
les laisserons, pour ne parler que des plus considérables.
On ne sait pas précisément quelle a été la première édi-
tion de cet ouvrage , parce qu'il s'en trouve quatre dif-
férentes sans nulle date ; quoiqu'elles paroissent ou de la
fin du XV siècle, ou tout au moins du commencement du
Bib. Vatic. suivaut. ' La première de ces quatre éditions est celle que
Marc-Antoine Sabellicus donna au public , avec l'abrégé
de Trogue Pompée par Justin. Ni le lieu où elle parut ,
ni le nom de l'Imprimeur n'y sont point marqués. On lit
à la fin une petite épigramme où 1 on fait entendre sans
sujet, que l'histoire de Florus est un abrégé de Tite Live.
... Lugd-Bat. p. 'La seconde de ces quatre éditions sans date est en un volu-
**■*• '• me in-folio, sans nom ni d'Imprimeur ni de lieu où elle a été
... ff. Praed. Cen. £j^'|g / [^a troisiémc sortit des presses de Jean de Bonne-
mere Imprimeur à Paris, et se débita chez Jean Petit.
Elle est en un volume 2«-4°, dans lequel on a joint l'abre-.
gé de Justin et Sextus Rufus. L'Editeur parolt avoir été
Jean Lermite de Montmirel , dont il y a une épigramme
...Cas. Ben. qui sc lit à la tête du volume. ' La quatrième se débita
aussi à Paris chez Jean Petit en un volume m-8° avec Justin
et Sextus Aurelius Victor. Il y est marqué qu'elle fut faite
sur celle qu'avoit déjà publiée M. Ant. Sabellicus.
... Hisp. t. r. p. 'En IblO Aide imprima à Venise l'ouvrage de Florus.
t* » ^*
HISTORIEN ET POETE. 261
On ne caractérise point autrement cette édition. Freins- ii siècle
hemius en fait beaucoup de cas.
'Deux ans après en 1512 parut à Paris en un volume Bib.Lugd.-Bat.
in-folio celle dont Philippe Beroalde enrichit la Républi- '^'^•
que des letres.
' Pierre Danès en fit présent d'une autre au public , a •■• cas. Ben.
laquelle il joignit l'abrégé de Trogue Pompée et Sextus
Rufus. Cette édition qui est aussi en un volume in-folio, fut
faite à Paris chez Antoine Assurde pour Jean Petit l'an
1519.
' A Venise Aide réimprima en 1521 l'ouvrage de Flo- cesn. Bib. «ni. «.
rus, avec cinq livres de l'histoire de Polybe, sur la revi-
sion qu'en avoit faite Nicolas Perotti. ' Cette édition fut Bib. s. steph. mr.
suivie de celle que Bade publia à Paris l'an 1524 , avec
Justin et Sextus Rufus, le tout en un volume in-folio.
' Jean Riculius Vellini , Cordelier, surnommé Camers ... cas. Ben| ...
du lieu de sa naissance, revit l'abrège de Florus, qu'il en- "''"
richit de notes, et le fit imprimer à Strasbourg chez Jean
Hervagius l'an 1528 en un volume m-S".' L'Auteur de la . . . Lugd-Bat. iwa.
Bibliothèque des Ecrivains Espagnols met par erreur cette
édition à Basle, où l'ouvrage ne parut que l'an 1532, en
un volume in-folio avec Sex. Rufus. Ce fut sur l'édition de
Jean Camers, et avec ses notes que Florus fut réimprimé
dans les villes suivantes: ' à Cologne chez Gemnycus l'an Gesn. iwd.
1537 en un volume 2n-8": ' à Maience l'an 1547, en mê- Bib. s. vin. cen.
me volume , dans lequel se trouvent aussi Sex. Rufus et
Messala Corvinus , ce dernier imprimé pour la première
fois: ' à Basle chez Henri Pétri l'an 1557, avec C. Julius ... ff. Min. cen.
Solinus et Pomponius Mêla, le tout en un volume in-folio :
' à Paris chez Jérôme de Marnef l'an 1564. Mais au lieu ... s, Aib. And.
de Solin et de Mêla, cette édition qui est m-8° est acom-
pagnée de Velleïus Paterculus , Sex. Rufus et Messala
Corvinus.
' En 1533 les héritiers d'Aide réimprimèrent à Venise ••• s. Pet. Burg.
en un m-8'', l'ouvrage de Florus , avec les sommaires de
Tite-Live qu'ils placèrent à la tête. ' Cinq ans après en ...ff. Min. cen.
1538 François Gryphe le remit aussi sous la presse à Pa-
ris. Cette édition est en un volume in-^" et parfaitement
belle.
' Il y eut une autre édition de Florus l'an 1542, encore ••• Hi«p. ibid.
à Paris chez Chrestien Wechel, qui y joignit Sex. Rufus,
2 2
Il SIECLE.
• Dlb. S. Vin. ccn.
... Colb. l. 2. p.
538.
. . . BodI. ibid.
262 LUCIUS ANNiEUS JULIUS FLORUS,
et une autre à Maïence l'an 1551 en un volume tn-i".
" Celle-ci fut suivie d'assez près de l'édition qui parut à
Paris chez Thomas Richard l'an 1556 m-4°.
' Elle Vinet à son tour donna aussi l'ouvrage de Florus,
qu'il croïoit être un abrégé de Tite Live. Son édition
parut à Poitiers en 1563, puis ' à Paris l'an 1575 en un m-
4° où il est marqué que c't'loit pour la troisième fois que
l'Editeur avoit revu le texte. Nous n'avons pu décou-
vrir l'autre édition de Vinet, qui semble avoir précédé
celle-ci.
.. a. Prœd. cen. ' Aorès tant d'éditions de Florus, Jean Stadius Profes-
seur d'histoire et de mathématiques à Paris, en prépara
une nouvelle , qui parut d'abord chez Christophe Plantin
... Hisp. ibi.j|Boid. à Auvcrs l'an 1507 m-S". ' Elle vit de nouveau le jour à
Bib. b.st. p. 170. Cologne en 1569. Depuis Jérôme Stadius, fils de l'Edi-
teur, la revit après la mort de son père, et la fit paroitre
derechef à Anvers chez Planlin en 1584, et à Cologne
Bib. cord. p. 228. les anuécs 1592 et 1600. 'Elle fut encore renouvellée à
Anvers chez Martin Natius l'an 1607 en même volume,
... s. Pot. Mon. ' et à Oxfort l'an 1631 en un volume m-12.
Depuis la troisième édition de Stadius , l'abrégé de
Florus fut inséré dans le recueil des Ecrivains de l'histoire
Romaine imprimée différentes fois, comme à Francfort
en 1588, à Genève en 1609, à Ilanaw en 1611, et encore
à Genève en 1653.
Boid. ibii. 'Jean Gruter voulut aussi enrichir le public d'une nou-
velle édition de Florus. Celle qu'il en prépara , parut
uib. ff. piiiîd. Cen. chcz Commcliu l'an 1597 en un volume m-S", ' puis à
Lyon chez Claude Morillon l'an 1606 en un volume m-
. . Coni. ibiti. 16, ' ensuite à Ileidelberg chez Commelin l'an 1606 m-8°.
Un a joint dans cette dernière édition les notes de Sau-
. . s. Scrg. And. maisc à celles de Gruter. ' La même édition vit encore le
jour à Paris chez Sebastien Cramoisy l'an 1636 en un in-
16 dans lequel on a uni à Florus, Sex. Rufus Festus revu
par Pierre Pithou.
Boid. ibid. ' Oi» trouve encore d'autres éditions de Florus faites h
Bib. s. Vin. Ccn. Lyou cu 1599 2w-4°, à Cologne 1595 2^-8", ' à Genève chez
Jean Vignon l'an 1606, avec les notes d'Elie Vinet, de Jean
Camers, de Juste Lipse, de Gruter , et les sommaires de
... Cord. p. 230. Titc Livc avcc les notes de Sigonius. ' Florus a aussi été
imprimé à Leyde chez Rafflenghen l'an 1607 m-8° arec
HISTORIEN ET POETE.
263
Velleïus Paterculus et quelques autres HistoFiens : ,, à
Amsterdam chez Guillaume Jansson l'an 1625 , '' et au
même endroit chez Jean Jansson l'an 1630 m-16. sans no-
tes , mais avec les Historiens précédens : ' à Leyde chez
Jean de Maire l'an 1632 en même volume et avec les mê-
mes Historiens et les notes de Marc Boxhorn-Zuerius : ' et
dès 1631 à Rouen chez Jean de la Marc en un volume
m-12. Cette édition est remarquable en ce qu'elle donne
à Florus le prénom de Séneque.
' Celle que Jean Freinshemius avoit préparée , parut à
Strasbourg l'an 1632 en un volume m-8°. Elle est enrichie
de notes, d'une chronologie et de tables très-utiles; et les
Savans en font beaucoup de cas. Ce fut sur cette édition
que l'on réimprima encore Florus les années 1636 ' et
1669 au même endroit chez Dolhophius , et en même
volume.
Dès 1633 parut î/î-8° à Ilardervik chez Nicolas de
Viengen une autre édition de Florus avec les notes poli -
tiques de Jaques Zovecotius ; ' et depuis à Amsterdam
chez Jansson en 1633 îw-24,' et encore à Ilall en 1665
m-12.
' Il y en eut une autre édition avec Lucius Ampelius , et
les notes de Saumaise et d'autres Savans. Celle-ci qui est
en même volume que la précédente, fut faite en 1638 à
Leyde chez les Elzovirs , ' qui remirent Florus sous la pres-
se en 1648, et y joignirent les mêmes notes avec quelques
autres nouvelles : le tout en un volume ïw-8°. Le texte de
cette édition avoit été revu par Blanchard.
' En 1655 on vit paroître au même endroit et en même
volume celle que Saumaise avoit préparée en revoïant le
texte sur un manuscrit ancien de huit cens ans. Elle est
enrichie de notes , et fort estimée. ' Elle servit de modèle
à celles qui furent faites au même endroit l'an 1657 m-12
avec Lucius Ampelius : à Roterdam l'an 1670 en même
volume : ' et dès 1660 à Amsterdam chez les EIzevirs in-
8°. ' Florus fut encore réimprimé à Paris chez Claude Thi-
boust en 1661 m-16 avec les notes de Jean Isaac du Pont.
' Rutger Hermand en donna une nouvelle édition à Ni-
megue en 1662. ' Ensuite Arnoul Leers réimprima à Ro-
terdam l'Abrégé de Florus avec les observations de Jean
Minellienl664etl670.
IISIECLE.
« Bib. D. do Lorcli.
"... S. Flor. Sal.
...ff. PrseJ. Cen.
...S. Pet. Mon.
... Bal. (. I. p.
760 I Fab. I!ib. lat.
p. tiô.
Blouin. Cens. aut.
p. 186.
Bib. Corp. p. 23S.
.. . Hisp. iliid.
... Kon. p. 483.
... S. Serg. And.
... T.!ll. n. i>78.
... Lugil.'Da!. il).
... Kon. ibid.
. . . Hisp. ibid.
. . . Miss. cent.
Fab. ibid.
Bib. Hisp. ibid.
264 LUCIUS ANNyEUS JULIUS FLORUS,
II SIECLE. , L'année 1672 en vit deux différentes éditions , l'une
ui fut faite à Amsterdam chez les Elzevirs avec les notes
3U1 lut laite a Amstcraam cnez les tLizevirs avec les noies
_.^ „. e divers Savans, et l'autre qui parut à Saumur chez René
Pean m-16, par les soins de Tannegui le Fevre.
Bib. s. Vin. cen. ' j)gyj g^j^g j^p^^g gj^ ^^74 ^jjj^g \q Pevrc sa fille, depuis
Madame Dacier , donna la belle édition du même Florus
à l'usage de M. le Dauphin. Celle-ci parut à Paris chez Fré-
déric Léonard en un volume m-4° enrichi de notes fort judi-
ibid. cieuses. ' La même année on vit éclore une autre édition,
qui fut faite à Amsterdam chez les Elzevirs en un m-8". Le
texte a été imprimé sur l'édition de Commelin, et se trou-
ve accompagné de L. Ampelius , et des notes choisies de
Saumaise et autres Savans.
Bib. Bal. ibid. ' Tant d'éditious de Florus n'empêchèrent pas le docte
M. Grœvius de dérober quelques momens à ses savantes
ocupations , pour nous en donner une nouvelle. Celle
qu'il publia, parut à Utrecht chez Jean Ribbius l'an 1680
en un volume in-S" avec des médailles et les observations
Fab.ibidjBib.Kon. dc l'Editcur. ' On la renouvella depuis à Amsterdam les
''"'*■ années 1692 et 1702 , toujours en même volume; et l'on
eut soin de l'enrichir des notes de Grœvius , de Saumaise ,
de Jean Camers , de Stadius , de Vinet , de Gruter et de
Freinshemius. Nous ne savons si ce ne fut point la même
Bib. an. et mod. t. édition , qui scrvit de modèle ' à celle qu'on donna l'an
4. p. 144. ^^^g ^ Londre chez Tonson et Walf en un volume
m-12.
... ff. Min. con. ' Lcs Frauçois non contens d'avoir le texte original de
Florus, ont voulu aussi le lire en leur langue maternelle.
L. Constant le mit en François , et le publia l'an 1580 en
un in-S". Cette traduction fut imprimée avec celle d'Eu -
trope chez Jaques Rerjon , et dédiée au Vicomte de Tu-
renne.
... cord. p. 228. ' Au siéclc suivaut Nicolas Coëffeteau Prédicateur or-
dinaire du roi Louis XIII , en donna une nouvelle tra -
■ " duction , qui se débita chez Sebastien Cramoisy l'an 1618
s Vin ccn ^" même volume que la précédente. ' Elle fut réimpri-
coib.t. i-p-^iàV. mée depuis en 1625 et 1629, avec l'Histoire Romaine
que le Traducteur composa , comme pour servir de suite
à Florus , après l'avoir tirée de divers Historiens. Le tout
est en un volume in-folio. ' Cette traduction de Florus par
Coëffeteau fut encore imprimée , mais séparément en un
petit
HISTORIEN ET POETE.
26o
petit m-16* à Lyon chez Antoine Ciiard l'an 1628 •• et à ii siècle.
Paris chez Guillaume Buray l'an 1632 en un volume in- . Bib.s.serg.Anj
4° qui contient aussi l'Histoire Romaine du Traducteur. b ibià.
' 11 y a eu une autre traduction de Florus en notre lan- Bib. Coib. i. j. p.
gue, mais qui est fort rare. On la donne à M. Philippe de ""' "'*'
France Duc d'Orléans, frère unique du roi Louis XIV.
Elle parut en un volume m-S" l'an 1661, sans nom de lieu
ni d'Imprimeur. On y trouve le latin à côté du françois ,
avec une chronologie , et des remarques de François de la
Mothe le Vayer le fils.
On trouve dans la Bibliothèque de M. le Cardinal Bib. ouob.
Otloboni à Rome , une traduction espagnole de l'abrégé
de Florus sous ce titre, Compendio de las décodas de Tito
Livt'o. Elle fut imprimée à Strasbourg l'an 1550 en un
volume m -8°. Le litre feroit juger que ceneseroit qu'une
traduction des Sommaires de Tite Live que l'on croit être
de Florus. Mais comme cette traduction peut avoir été
faite sur l'ancienne édition de notre Auteur , qui supose
son histoire tirée de Tite Live , ainsi que nous l'avons
remarqué , ce peut être réellement l'abrégé même de
Florus traduit en espagnol. (XXVI.)
FAVORIN,
Historien, Philosophe et Orateur.
mod .(M.!
SI.
HISTOIRE DE SA VIE. -
FAVORIN,' l'un des plus savans hommes de son f"''- JÎÎÔ-is'Pj '•
tems , naquit à Arles , entre le milieu et la fin du pre - ailm \ Tiu.'hisî;
mier siècle de l'Eglise. Il commença à se faire de la repu- '^'°''- '*• ^^^■
tation dès l'Empire de Trajan , et continua à briller sous
le règne entier d'Adrien , et une partie de celui de Tite ,
Antonin. On remarque qu'il vint au monde hermaphro -
dite, et que c'est pourquoi il n'eut jamais de barbe, mê-
me dans sa vieillesse, et qu'il avoit la voix aiguë , comme
l'ont ordinairement les Eunuques. On ne laissa pas toute -
Tome I. Prem. Part. M m
2 2 *
266 FAVORIN,
II SIECLE, fois de l'acuser de crimes dont les hommes de cette espèce
semblent être incapables; ' et Lucien paroît avoir cru qu'il
Luci. Dem. i.. y avoit dooné ocasioii .
Mais si la nature avoit fait de Favorin une espèce de
monstre pour le corps , elle le dédommagea amplement
du côté de l'esprit. On peut juger et de la beauté et de
Gai. opt. doc. «en. l'étenduë dc son génie par la grandeur de son savoir. ' Il
p. 59. 61. gg rendit très-habile dans le grec et dans le latin. Il étudia
la Philosophie , et suivit la secte des Académiciens et des
Pyrrhoniens , qui disputoient sur tout , sans prendre aucun
parti. Il en poussa les sentimens si loin , qu'il alla jusqu'à
enseigner l'mcomprehensibilité de toutes choses. Il osoit
même nier que l'on pût comprendre qu'il y a un Soleil
qui nous éclaire.
Pbii. ibid. ' L'étudc de l'éloquence qu'il joignit ensuite à celle de
la Philosophie , le rendit très<;élébre entre les Sophistes,
j). 486. ' On nommoit ainsi dans l'antiquité ceux qui faisoient
profession de la Rhétorique et de la Philosophie tout
ensemble.
p. 495. ' Favorin parloit avec beaucoup de facilité et sans pré-
p. 540. 511. paration. ' Certains Philosophes jugeoient néanmoins
qu'il étoit trop grand parleur. C'est ce qui faisoit dire de
lui, par allusion à sa qualité d'Eunuque, qu'il étoit du ca-
ractère de toutes les vieilles femmes. Ouoiqu'il en soit ,
Gai. pr*cog. c. 5. ' il avoit un génie si fécond , qu'il se trouvoit en état de
•*■ *'*■ disputer tous les jours sur quelque sujet qu'on pouvoit lui
Phii. ibid. p. 4U5. proposcr. ' Lorsqu'il parloit en public il le faisoit avec
grâce et d'un air riant , mais cependant avec quelque né-
Luci. Dem. p. 864. gligeuce. ' Ou prétend aussi que son style non plus que
son énonciation et sa cadence n'étoienl pas assez graves
Bail. jug. prcj. c. pour uu Philosophc. ' Muis cela n'empêcha pas qu'il n'ef-
7. i 11. p. 309. jQ^f,.^i les Géomètres , les Rhéloriciens , les Astrologues ,
et qu'il ne passât pour un des plus savans Historiens de son
siècle.
Avec tant d'avances Favorin entreprit de voiager dans
les pais étrangers qui avoient le plus de réputation pour
Phii. ibid. p. 41)4- Ics scienccs. U passa en Asie, ' demeura assez long-tems à
*^' Athènes , à Ephese et puis alla se fixer à Rome. Il vit dans
ses voïages les hommes les plus célèbres de ce tems - là
pour les Letres, et fit connoissance avec eux. Il se rendit
disciple de Dion Chrysostome ; quoiqu'au jugement de
I
I
HISTORIEN, PHILOS. ET ORAT. 267
Philoslrate il fut aussi éloigné de l'imiter, que ceux qui ii siècle.
n'avoient jamais pris de ses leçons. ' Il semble qu'il eut aussi ~~ '
Ëour maître le Philosophe Lpictete. ' il se lia d amitie avec n. c. 19.
[erodes Atticus le père, fameux Sophiste d'Athènes, Plu- • pi»". «wd. p. *9*.
tarque et plusieurs autres. Il regardoit (') le premier de ces
deux grands hommes comme son père et son maître.
' L'autre lui adressa dès le règne de Trajan un de ses ou- Jons. 1. 3. c. 7 p.
vrages intitulé De primo frigido , et une letre sur l'amitié,
qui est perdue.
' Favorin ne fut pas aussi heureux pour gagner les bon- pi"'- ib'd- p- *95
nés grâces de Polemon autre Sophiste comme lui. Il s'é-
leva entre eux deux une forte dispute , qui alla jusqu'à
partager les esprits , ceux d'Iconie tenant pour Favorin ,
et ceux de Smyrne pour Polemon. ' Celui-ci ne mettant p. 535.
point de bornes à sa passion s'échapa de prononcer publi-
3uement plusieurs discours contre le mérite et l'honneur
e Favorin. Mais quoiqu'il fût obligé de lui en faire ex-
cuse dans la suite , comme font les enfans qui craignent
la férule, ' leur dispute qui avoit commencé à Ephese , ne p. 495.
laissa pas de s'aigrir encore davantage à Rome , et de faire
tort à leur réputation. Car sur ce que les premiers de la
ville se trouvoienl partagés dans le jugement et l'estime
que l'on faisoit de ces deux Sophistes , ils s'échauffèrent de
telle manière l'un contre l'autre, qu'ils firent voir à tout le
monde que leur vieillesse n'étoit exemte ni de jalousie ni de
vaine gloire.
' Cependant de tous les hommes de letres que l'Empe- Spar. tu. Adr. n.
reur Adrien affectoit d'avoir à sa suite , il n'y en avoit au-
cun qui di.sputât à Favorin l'honneur des bonnes grâces de
ce Prince. Aussi savoil-il le ménager' en habile courtisan,
faisant céder à propos la sincérité et la droiture dont se
piquent les Philosophes , à la complaisance qu'inspire la
politique. ' L'Empereur qui se croïoit plus savant que tout n. 15
autre , l'aïant un jour repris de quelque expression comme
n'étant pas assez pure , Favorin lui céda sans disputer ,
quoiqu'il l'eût pu faire avec avantage. Et ses amis s'éton-
(<) Quelijues *criTains consultant moins „,,! .„ : F,TTir/)(îe'.oTaTO? uiv ôuv Hoti-
le texte ori|iaal de Pbilostrate que U tra- » ^ _ /xn/ V,
iJuclion latine, ont avancé que cet Hero- OTiç To> ÇOÇiirrt tyeveTO, otoa<7xaÀOV
de avait été digciple de FavoSn • Mais le i^youu.<vw, etc. On a confond.! en eeci» . Phil. p. 49*.
Wxte grec porte expressément que cest •' -i i>"'j^*'>î»> „ . ^, ,. ...... f. ■■s».
Kaforin oui regardoit Hered* csmma son *«'oa« A«*l«» aV*e|«rod« ion fils quifut oJons 1. 3. c.B. p.
ri^liemenl wnciple ne Favorin et Hun héritier. 240.
M m ij
268 FAVORIN,
II SIECLE. liant qu'il se fût rendu avec tant de facilité, il leur répondit
en riant : « Est-ce que vous ne voulez pas que je croie qu'un
» Prince qui a trente légions , est le plus habile homme du
» monde ? »
Phii. ibid. 494. ' En uuc autrc ocasion Favorin aïant été élu Grand-
Prêtre par ses Concitoïens , il cessa de se mêler de Philo-
sophie , conformément aux lois de son pais. L'Empereur
lui en sut mauvais gré. Mais Favorin s'étant aperçu de
son mécontentement , trouva le secret de l'apaiser par
cette adresse. Il le fut trouver, et lui dit : « Je ne puis mon
» Prince , me dispenser de vous faire part de ce qui m'est
» arrivé en songe, il m'a semblé voir Dion mon maître ,
» qui m'a recommandé de ne rien faire contre la justice ,
» m'avertissant que nous ne sommes pas seulement nés pour
o nous-mêmes, mais encore pour nôtre patrie. C'est pour-
» quoi, mon Prince, je ne puis ni refuser la sacrificature , ni
» désobéir à mon maître .» L'Empereur parut satisfait ; et
l'on remarque qu'il en fut encore plus atentif qu'aupara-
vant à consulter les Sophistes et les Philosophes.
sui.i. a. |i. 57. ' La complaisance de Favorin ne put néanmoins l'em -
porter sur la légèreté d'Adrien , et la jalousie qu'il avoit
contre ceux qui le .surpassoient en quelque chose. Ce
Prince se dégoûta enfin de lui , et tâcha de le rabaisser
par divers moïens , même en lui préférant des gens sans
piiii. ibid. p. 494. mérite. ' Sur le bruit qu'il n'étoit plus dans les bonnes
grâces de l'Empereur, les Magistrats et le peuple d'Athè-
nes coururent abattre la statue d'airain qu'ils lui avoient
dressée. Favorin l'aïant apris , ne fit que dire sans s'émou-
voir : II eût été heureux pour Socrate si les Athéniens,
» au lieu de lui donner du poison, se fussent contentés de
» le traiter comme moi. »
p. 403. ' On ne sait si ce fut en cette ocasion que Favorin aïant
eu dispute avec Adrien , il ne lui en arriva aucun mal : ce
snij. ibid. que l'ou rcgardoit comme fort extraordinaire. ' Car cet
Empereur aïant la sotte vanité de vouloir passer pour le
plus savant homme du monde , il ne pouvoit souffrir ceux
piiii. ibid. qui en savoient plus que lui. 'Cette circonstance de l'his-
toire de Favorin jointe à deux autres que nous avons déjà
marquées , lui faisoit dire à lui-même , qu'il se trouvoit
dans sa vie trois choses qui tenoient du prodige. !•. De
ce qu'étant Gaulois il se servoit de la langue gréque. S*.
HISTORIEN, PHILOS. ET ORAT. ?69
De ce que se trouvant Eunuque on l'avoit acusé d'à- ii siècle.
dultere. 3°. De ce qu'aiant eu dispute avec un Empereur ,
tel qu'étoit Adrien, il ne lui en avoit pas coulé la vie.
Durant le tems que Favorin enseigna à Rome , il y in- pui. iwd. p. 496
spira à tout le monde une émulation merveilleuse pour les
letres. Ceux mêmes qui n'avoient aucune connoissance de
la langue gréque, ne laissoient pas d'assister à ses leçons et
à ses discours. Ils y étoient attirés par l'harmonie de sa
voix , et le langage de ses yeux , qui savoient annoncer à
leur manière ce qu'il exprimoit par la parole.
' Entre les principaux disciples qu'il eut dans cette ca- Geii. noct. au. i.
pitale de l'Empire, on compte le fameux Aulu Celle , . et I*ion*,*iiid'*^'
Herode fils du Sophiste Herodes Atticus. ' Le premier ccii. iWd. p. tst-
se trouvant un jour embarassé à prononcer sur une affaire '^'''•
que les Préteurs avoient laissée à sa décision , et où il
craignoit de juger contre sa conscience , il alla consulter
Favorin , à qui il avoit recours dans ses difficultés. Il s'a- '"'
gissoit d'un nomme qui demandoit à un autre une somme
d'argent , qu'il assûroit lui avoir prêtée. Le demandeur ne
le prouvoit que par des indices fort foibles , n'aiant ni
actes ni témoins. Mais c'étoit constamment un homme
d'honneur , d'une vie irréprochable , et d'une intégrité
reconnue. Sa partie qui nioit la dette , étoit au contraire
un homme avare et sordide. Il y avoit même des preuves
u'il avoit été souvent convaincu de mensonge , de frau -
e et de perfidie. Sur cela Favorin lui raporta un endroit
de Caton , qui dit qu'en cette sorte de rencontre , où il
n'y a point de preuves , l'ancienne maxime des Romains
étoit d'examiner lequel des deux étoit le plus homme de
bien. Que s'ils l'étoient également, de juger en faveur de
celui à qui l'on demandoit. De-là Favorin concluoit
qu'entre les deux personnes si différentes , dont lui parloit
Aulu Celle , il n'y avoit point de difficulté à croire un
homme de bien contre un méchant. -^
' On met encore au nombre des disciples de Favorin Jom. i. 4. p. 351.
Alexandre de Seleucie surnommé Peloplaton , qui fut de-
puis Secrétaire de l'Empereur Marc Aurele en la langue
gréque , ' et Demetre d'Alexandrie. Celui-ci avoit coûtu - Gai. iwa.
me , comme son maître , de disputer publiquement tous
les jours sur quelque sujet qui se présentât.
' Favorin en mourant institua Herode son héritier , et J*j'- *W. p. •»»♦.
3:
270 FAVORIN,
II SIECLE, lui légua ses livres avec la maison (ju il avoit à Rome, où
il paroît avoir fini ses jours. Il y joignit un Indien extrê-
mement noir qu'il avoit à son service , et qui servoit de
Uoii. ibid. I. î. c. bouffon à l'un et à l'autre. ' Il semble avoir vécu jusques
56^1 >"• • p- après le Consulat de Cornélius Fronto, c'est-à-dire jus-
ques bien avant sous le règne de Tile Antonin.
La vie de Favorin a été écrite par Philostrale , qui parle
de lui avec beaucoup d'estime. Grand nombre d'autres
Ecrivains de l'antiquité n'en parlent aussi qu'avec éloge.
Geii. ibid. 1. 9. c. ' Aulu Celle nous le donne pour un des plus grands Philo-
sophes de son siècle, et le plus fidèle à citer les anciens
Fab. Bib. p. t. 4. qui l'avoicnt précédé. ' Phrynicus Arabius , qui fleurissoit
•'■''**■ sous Commode , regardoit notre Sophiste comme un
homme fait pour l'éloquence , âvÀp Xoyou â^toç et qui sem-
bloit éclypser tous les (3recs. Diogene de Laerce témoi-
gne assez le cas qu'il en faisoit par le grand usage qu'il a
Eu?, chr. p. 212 1 fait de ses écrits. ' Eusebe et Suidas n'en parlent que com-
Suid. (p p. 572. jj^g j.yjj homme très - célèbre , et très -profond en toute
sorte de literature.
S- n.
SES ECRITS.
Suid. (p p. 573. Tri A von IN ' laissa un très-grand nombre d'ouvrages
f de sa façon. Il disputoit dit-on , avec Plutarque à qui
en feroit davantage. Mais de cette multitude d'écrits au -
cun n'est venu jusqu'à nous. Il ne nous en reste que quoi -
ques endroits cités par les Ecrivains qui l'ont suivi , et les
titres avec les notions que nous en allons donner d'après
ceux qui nous les ont conservés. On voit que tous ces
écrits étoient partie sur l'histoire, partie sur des matières
de morale ou de Philosophie, et qu'il s'y trouvoit quel-
ques pièces d'éloquence. Le tout èloit écrit en grec.
Diog. vit. ph 1. 2. 1°. Un des principaux ouvrages de notre Sophiste étoit.
Byi.' p°i97. TO».''' celui ' qui portoit pour titre , iiavro^aTTTi î(rTopia , Histoires
diverses , ou Recueil de toutes sortes d'histoires , selon le
titre que lui donne Etienne de Byzance. Cet Ecrivain et
Diogene de Laërce ont tiré beaucoup de choses de cet
Diog. 1. 3. n. 24 i ouvrage , ' qui contenoit au moins huit livres; puisque ce
I. 8. n. 12. dernier en cite le huitième.
i.s.D.1.80 I 1. ». 'L'Auteur y avoit semé mille circonstances curieuses de
a. s. 19. M. ''
HISTORIEN, PHILOS. ET OHAT.
271
l'histoire des plus fameux Philosophes de l'antiquité, que
le même Diogene a eu soin de recueillir en partie dans les
vies qu'il en a écrites. Favorin y aprenoit à la postérité,
qu'Anaximandre fut le premier qui composa une Géogra-
phie générale, et qui trouva le secret du Gnomon , dont
il fit l'expérience à Lacédemone. Que Socrate fut aussi le
premier, qui avec son disciple yEschinès ouvrit une école
pour former des Orateurs. Que Platon est le premier Au-
teur de la manière d'écrire par dialogue. Il y detailloit
plusieurs autres traits de l'histoire de ce Philosophe. ' Il
en usoit de même à l'égard des Philosophes Bion, Car-
neadès, Demetre, Pythagore et Alcmaeon. Il comptoit
celui-ci pour le premier entre ceux qui avoient (crit sur la
nature. ' Il y rapportoit que Démocrite, qui avoit eu Pro-
togoras pour disciple , assuroit que les sentimens qu'Ana-
xagoras avoit publiés sur le Soleil et la Lune , n'étoient
pas de lui , mais qu'il les lui avoit dérobés à lui Démo-
crite.
2". 'Un autre ouvrage très-considerable de Favorin , et
que l'on croit devoir distinguer du précédent , quoiqu'en
même genre de literature , étoit ' ses 'A7;o;AV7;fioveu|AaTa ,
c'est-à-dire ses commentaires. Diogene de Laërce a beau-
coup profité de cet ouvrage, dont il cile les trois premiers
livres avec le cinquième. On trouve plus de quarante pas-
sages tant de ces commentaires que des histoires diverses,
insérés dans les écrits de cet Auteur. Favorin y touchoit
comme dans l'ouvrage précédent plusieurs particularités
de la vie des anciens Philosophes. Entre les principales
qu'on nous a conservées, il prétendoit que le livre atri-
bué à Platon sous le titre d'Alcyon, n'est point de ce Philo-
sophe, mais d'un certain Léon. Il y marquoit la mort du
Bremier en la treizième année du règne de Philippe Roi de
[acédoine. Il y montroit que le discours de Polycrate con-
tre Socrate étoit une pièce suposée, en ce qu'il s'y trouvoit
des faits qui n'étoient arrivés oue six ans après la mort
de Socrate. Il y raportoit les chefs d'acusation contre ce
Philosophe, que Diogene copie d'après Favorin, et quel-
ques-uns des bons mots de Cratès.
Peut-être est-ce dans l'un de ces deux ouvrages ' que
Favorin disoit ce que nous en aprend Aulu Gelle au sujet
d'un pigeon de bois de la façon d'Archytas de Tarente
Il SIECLE.
I. 4. n. M. 63 11.
5. n. 5. 9. 77 | 1.
8. n. 15. 83.
I. 9. n. 3i. 50.
Voss. hist gr. lat.
I. 2. c. 10. p. 122.
1.
Diog. ibid. 1.1. n.
79 I I. 2. n. 23. 39.
40 I 1.3. n. 25. 40.
62 I 1. 4. n. 5 11.5.
11.76 I 1.6.n.80| 1.
8. n. 12 I 1. 9. n.
23.
Gell. noct. tu. 1.
10. c. 12. p. 525.
16.
Î75 l'AVORIN.
Il SIECLE. Philosophe tt Méchaniste. Ce pigeon voloit en l'air jus-
qu'à ce qu'il se posât ; mais sitôt qu'il se posoit, il ne pouvoit
plus reprendre son vol.
stepii.Byi. p. t>55. 3". Etienne de Byzance, ou le Géographe, cite sous le
nom de Favorin une histoire abrégée de la Pamphylie ,
qui ne faisoit que la quatrième partie d'un ouvrage.
?'^"8s. 2i3. ^°- ^^ ^^^ atribue aussi une histoire de €yreiie, et • le
cite en divers autres endroits sans nommer ses écrits. Il
ne dit pas d'où il a tiré, que Favorin assûroit qu'en Bisal-
tie Province de Macédoine , on prenoit des lièvres qui
presque tous avoient deux foies.
Hoht.in sieph.p. ' A l'égard du traité ou apparat aux noms des nations,
que quelques-uns atribuent à notre Philosophe , suivant
la citation d'Etienne au mot Ethiopien , cela ne vient que
d'une leçon corrompue dans le texte original , et rétablie
par Berkel, et encore mieux par Holstenius.
Diog. ibid. not. I. 5°. ' Il faut aparcmment mettre aussi au nombre des écrits
'•"■*'• de Favorin sur l'histoire, celui qu'il composa wepl -niî Axa-
Sifi(i.ai!CYiç 5iaôé«wî , sur l'étabUsscment de la secte des Aca-
démiciens. On croit que Favorin le fit pour répondre à
celui que Plutarque avoit publié pour prouver, que Platon
n'étoit point l'Auteur de cette secte. Il lui donna pour titre
Gd^op. doc. geu. le nom du Philosophe auquel il répondoit. ' Galien fait
mention de ce livre sous le même titre. Mais il semble
qu'on a mal traduit le grec qui exprime le sujet dont il
traitoit , en le rendant par ces mots latins De affectixme
Academica.
phu. Tii. soph. 1. 6", ' Philostrate témoigne beaucoup d'estime pour les
ii^f.' afri.' iLc! livres de morale et de philosophie, qui étoient sortis de
s. p. 585. la plume de Favorin. Il estime particulièrement ceux qu'il
composa sur les maximes des ryrroniens. Il y en avoit
dix qui étoient intitulés nup^wvtiwv Tpoirwv. Aulu Celle
assure que cet ouvrage étoit écrit avec beaucoup d'art et
de subtilité. Philostrate remarque que l'Auteur n'y ôtoit-
point aux Pyrroniens la faculté de juger des choses, quoi-
• qu'ils fissent profession de ne se fixer à rien.
7°. ' Il est aisé de juger combien ces sentimens tenoient
au cœur à Favorin, par le grand nombre d'écrits qu'il a
ç»i.ibid. fait» pour les apuïer. ' Il composa un autre ouvrage divisé
en trois livres, dont l'un étoit adressé à Adrien, 1 autre à
Dyson ou Dryson , et le troisième à Aristarque. Ils por-
toient
HIST. PHILOS. ET ORAT.
273
toient tous trois pour titre , que t imagination a la faculté de \\ siècle.
comprendre. Mais malgré ce titre spécieux , il ne tendoit
à rien moins qu'à y établir l'incomprehensibilité de toutes
choses. Il y donnoit pour la meilleure manière d'ensei-
gner , celle des Académiciens , qui ne consistoit qu'en des
problêmes continuels sans définir ou assurer rien certaine-
ment , et à nier même quelquefois que l'on pût compren-
dre ce qui est le plus clair.
8". ' De même dans un autre ouvrage de même nature , Gai. ibid.
adressé à Alcibiade , Favorin établissoit encore qu'il lui
sembloit probable , que l'on ne peut savoir rien certaine-
ment.
9". ' Il porta si loin le caprice Académicien , qu'il fit un p. ci.
écrit particulier pour prouver , qu'il n'est pas même pos-
sible de comprendre qu'il y a un Soleil qui éclaire la
terre.
' Ce fut pour détruire l'absurdité de ces principes , que p-»"-'"-
Galien écrivit contre nôtre Sophiste son traité de la meil-
leure manière denseigtier, que nous avons encore. Comme '"-
Favorin tomboit quelquefois en contradiction avec lui -
même dans ses écrits , admettant dans les uns certaines
connoissances , louant en d'autres ceux d'entre les Acade -
miciens qui permettoient à leurs disciples de choisir ce
qui leur paroissoit le plus vrai entre des opinions oposées :
Galien sait profiter avec esprit de cette contradiction , et
réfute par des raisonnemens très - solides , quoi qu'en peu
de mots, le faux système de son adversaire.
10" ' Galien prit encore une autre fois la plume contre p. 59.
Favorin en faveur d'Epictete. Mais cet ouvrage ne paroit
plus aujourd'hui. C'étoit aparemment pour répondre à
celui que Favorin avoit adressé à ce Philosophe , et dans
lequel il introduisoit Onesime valet de Plutarque disputant
avec le même Epictete,à qui il pouvoit faire dire des cho-
ses qui ne plaisoient pas à Galien. On voit par-là que cet
écrit de Favorin étoit une espèce de dialogue.
11°. '41 ne paroît pas non plus que l'on nous ait conser- iwa.
vé un autre ouvrage de Galien contre notre Sophiste en
faveur de Socrate. ' Il semble que Favorin étoit un peu oiog. vii.
prévenu contre ce Philosophe ; puisqu'il avoit affecté de " " "
recueillir dans ses commentaires les chefs d'accusation con-
tre lui. De sorte qu'il pouvoit n'en parler pas avantageu-
Tome I, Prem. Part, N n
2. n. 40.
PU. I.
274 FAVORI N,
II SIECLE, sèment • dans un de ses écrits qu'il avoit intitulé de Socrate
' suid. <p p.573. ^^ (^^^ ^^^ «^'^ d'aimer.
ibid. 12°. Favorin laissa aussi de sa façon un recueil de Senten-
ces, ou de bons mots. Aulu Gelle son disciple en raporte plu-
sieurs dans ses Nuits Atfiques. Une des plus remarqua -
Geii. ibij. 1. 9. c. blés est ' celle qui regarde les gens qui possèdent beau-
8. p. 473. gQyp (jg choses. Favorin disoit d'eux , que plus ils ont ,
plus il leur manque. On en liouve jusqu'à quinze autres
insérées dans la compilation de Jean Stobée. Il y a de l'es-
prit en quelques-unes. Mais on ne sait qui a pu porter le
Compilateur à recueillir les autres , quoiqu'assez longues ;
car il n'y paroît ni sel ni beauté.
soid. ibid. 1 3°. Outre tous ces écrits , ' Suidas atribue encore à
Favorin les suivans : un traité De la l'hilosophie d Homère ,
dont il ne nous aprend rien davantage.
jy,, 14°. 'Un autre traité Sur P/</^// , qui paroît devoir être
distingué de l'ouvrage qu'il intitula Plutart/ue, et dont nous
avons parlé plus haut.
ibid. 1 5°. ' Un troisième traité Sur le genre de viedes Philosophes.
dont ni Suidas ni d'autres ne nous donnent point de plus
grande connoissance.
Fabr. Bib.gr. I.*. 16". ' Il faut comptcr aussi entre les écrits philosophi-
P "'-*'• ques de Favorin, celui que Phrynicus Arabius lui atri-
bue sous ce titre nspl î5eô>v , traité des idées , que l'on ne
connoit point d'ailleurs.
ibid. 17°. ' ].e même Ecrivain lui en donne encore un autre
qu'il nomme nepl èu/tï; , du souhait ou du désir , du vœu
ou du suffrage; car le mot grec peut souffrir toutes ces
interprétations.
Phii. vit. Ap. 1. 4. 18°. 'Quant aux pièces d'éloquence de Favorin, Phi-
c. 8. p. 181. lostrate témoigne qu'au tems qu'il écrivoit, c'est-à-dire
sous l'Empire de Severe, il y avoit un recueil des haran-
gues de nôtre Sophiste. Philostrate le cite lui-même au su-
jet de Demetre Philosophe de Corinthe , dont il y étoil '
parlé avec éloge.
viLSoph. 1. i.p. 19°. ' On ne sauroit dire si les discours pour les gladia-
teurs, pour les bains et sur un avorton, que le même Ecri-
vain cite ailleurs , faisoient partie du recueil précèdent.
Quoi qu'il en soit , Philostrate les reconnoit pour être ve -
ritablement des écrits de Favorin , pleins d'éle^ance. Mais
il soutient que ceux qu'on lui prétoit contre Proxene , n'é-
495.
11! ST. PHILOS. ET OR AT. 27;i
toient point de lui, n'aïant pu avoir pour Auteur qu'un ii siècle.
homme ou yvre ou furieux.
20". ' Aulu Celle nous a conservé un fragment de la ha- ceii. iind. i.is. c.
rangue que Favorin prononça contre le luxe et les festins ^^ ^' ^^' *"*"
du soir. Comme l'on ne sait pas si cette harangue étoit en-
trée dans le recueil dont nous venons de parler , nous
avons cru devoir lui donner un article à part.
21". ' Une des plus belles pièces d'éloquence de Fa orin Fab.ibiJ.
étoit , au jugement d'un Auteur grec , celle qu'il avoit in-
titulée Ilspl rr.i Ar.fia^oj; W9:o':vivT; , l'éloge de la SagCSSC ,
tempérance , ou modération de Démadès. Les beaut!;s
qu'Arabius trouvoit dans cet écrit , lui ont fait dire que
Favorin y sembloit s'élever au-dessus de tous les Grecs.
22°. ' Non-seulement Favorin exerçoit sa plume à Irai - «■eii. iuii. i. i7.c;.
ter des sujets graves et sérieux ; mais il se plaisoit aussi quel- '' '
quefois à écrire sur des matières plaisantes et enjouées. îl
en usoit de la sorte lant pour égaïer l'esprit , que pour
avoir lieu d'éclaircir des difficultés, ou s'exercer à la dis-
pute. Aulu Celle dit qu'il composa en ce genre d'écrire
reloge de la laideur sous le nornde Thersitas et [éloge de la
fièvre quarte, qu'il traitoit non en Médecin , mais en Orateur
ou Sophiste. Le même Ecrivain témoigne que Favorin avoit
fait entrer dans ces deux écrits quantité de choses aussi
rares qu'agréables.
' Favorin au reste n'est pas le seul entre les anciens, qui nui. jbhi. p. •.vu.
se soit amusé à traiter des sujets de cette nature. Synese
laissa l'éloge d'une tête chauve , Aristophanes celui de la
pauvreté , Alcidamas celui de la mort. Philostrate fait
mention d'un jeune homme , qui composa aussi les éloges
de la goûte , de la surdité et de l'aveuglement. De même
parmi les modernes Passerat nous a donné à son tour l'élo-
ge de l'aveug'ement , Cardan celui de la goûte , et Erasme
celui de la folie.
23°. ' Frisius remarque qu'Adrien du Jon cite Fouvrage Fns. hiu i>ii. |..
de Favorin intitulé la corne d'abondance ; mais il ajoute que ^' *•
cet écrit ne subsiste plus aujourd'hui. Il ne faut pas croi -
re non plus qu'il existât, lorsque du Jon le citoit. L'on ne ,
dit point où il avoit puisé la connoissance qu'il paroit en
avoir eue.
C'est-là tout ce que nous avons pu découvrir touchant
les écrits de Favorin. Mais quoique le nombre en soit
N nij
276 1 AVORIN, HIST. PHIL. kic.
II SIECLE, grand, on peut dire que ce n'est encore qu'une petite par-
tie de tous ceux qu'il composa. Si le 8" Livre des iNuits
Attiques d'Aulu Gelle, dont il ne nous reste que les som-
maires des chapitres, fût venu en son entier jusqu'à nous,
peut-être nous auroit-il apris quelques autres parliculari-
Gei. 1. 8. p. 447. tés dcs ouvrages de Favorm. ' il est certain qu'il y parloit
*^' amplement de ce Sophiste, qu'il y raportoit diverses cho-
ses qu'il en avoit aprises, et qu'il y décrivoit la dispute en-
jouée qu'eut Favorin avec un autre sur l'ambiguilé des
mots.
MENEGRATE,
Jurisconsulte.
Luci. lox. p. 49. ' H/f E N E c R A T E , dout uous entreprenons de parler ,
ItA ne doit pas être confondu avec les Historiens , les
Poëtes , les Grammairiens et les Médecins qui dans l'anti-
quité ont porté le même nom. 11 naquit à Marseille d'une
famille noble, qui lui laissa de grands biens, et remplit une
Gués. an. 1.3. cor. place daus le Sénat de la ville. ' On dit qu'il se distingua
"■ par la science du droit parmi les Jurisconsultes , et qu'il
étoit si habile dans la jurisprudence , qu'on le nommoit
communément un second Scœvola. On croit même qu'il
laissa quelques ouvrages de sa composition , mais dont les
malheurs des tems nous ont privés.
Luci. ibid. ' Ce qu'il y a de plus certain dans son histoire , c'est
qu'aïant eu le malheur de prononcer une sentence injuste,
il fut dégradé de sa noblesse, et tous ses biens confisqués.
Telle étoit alors la riguelir des loix de Marseille , et ce ne
seroit qu'un bien qu'elles fussent encore aujourd'hui en vi-
gueur dans tous les Etats. Menecrate se vit donc tout d*ur\
coup déclaré infâme , déchu d'une haute fortune et d'une
condition brillante, et réduit à une extrême pauvreté.
' Pour comble de malheur , il se trouvoit chargé d'une
fille déjà nubile , mais très-laide, contrefaite , et presque
acablée de deux différentes maladies très - fâcheuses.
Néanmoins ce qui sembloit le rendre plus malheureux ,
fut contre son atente la source de son rétablissement. En
8.
iUd.
MENECKATE, JURISCONSULTE. 277
effet il trouva en la personne de Zenothemis un ami gène- ii siècle.
reux, qui non seulement partagea ses richesses avec lui,
' mais qui oubliant encore et sa noblesse et sa fortune, pour Lud. ibid. p. 50.
se livrer tout entier aux nobles sentimens de l'amitié ,
voulut bien épouser sa fille malgré tous ses défauts.
De ce mariage vint le plus bel enfant du monde, qui ibid.
fut comme l'Avocat de son grand-pere auprès du sénat.
Car un jour Menecrale aïant mis à cet enfant une robe
noire et sur la tête une couronne d'olivier, afin d'exciter
la compassion de tous ceux qui le verroient, il le porta au
milieu des Sénateurs assemblés. L'enfant, bien loin de s'é-
pouvanter de la gravité de ces Juges, se prit à leur souri-
re, et sembla leur aplaudir en frapant des mains. Ce specta-
cle inopiné toucha si fort toute l'assemblée, qu'elle annul-
la la confiscation des biens de Menecrate, et le rétablit
dans ses premiers honneurs.
TITE ANTONIN,
Empereur.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
t;
I
IITUS AUREÏ.IUS FULVIUS RoiONIUS AnTONINUS, JuI. Cap. vit. Ani.
plus connu sous le nom d'Antonin le bon, étoit ori- "' '
ginaire de la ville de Nisme dans la Gaule Narbonoise,
lieu de la naissance d'Aurelius Fulvius son père, et de Ti-
tus Aurelius son aïeul, qui firent entrer à trois différentes
fois le Consulat dans leur maison. Il naquit le 19' jour de
Septembre de l'an 86, à Lanuvium ou Lavinium dans la
campagne de Rome, où sa famille s'étoit allée établir.
La cause de cette transmigration fut peut-être le maria-
ge d'Aurelius Fulvius avec Arria Fadilla, qui fut mère de
nôtre Empereur. Elle étoit fille ' d'Arrius Antoninus, per- ibid i riin.i. i.ep.
sonnage aussi recommandable pour ses mœurs qu'illustre
par son savoir et les grands honneurs auxquels il fut élevé ;
aïant été Proconsul d'Asie, et deux fois Consul ordinaire.
2 3
3. 18.
278 TITE ANTOMN,
II SIECLE. • Antonin passa une partie de sa jeunesse sous les yeux de
• jui. Cap. ibid. ^^^ ^^^^^ paternel, qui ne contribua pas peu à cultiver en
lui les excellentes qualités qu'il aroit aporlées en naissant.
"•3. '11 étoit un des hommes le mieux faits de son siècle. Il
avûit un visage majestueux , une humeur agréable , des
manières aisées , beaucoup d'esprit. II étoit doux , libé-
ral, ennemi des injustices, en un mot louable en toute sa
conduite , et digne d'être comparé à Numa Pompilius
Suid-,a. p- 23*i ' comme Trajan avoit mérité do l'être avec Ilomulus. A
"'*'*■ ' ■ mesure qu'il crût en âge et qu'il s'avança dans les charges , il
donna de plus grandes preuves de cet heureux naturel. 11
se rendit si aimable à tout le monde par sa bonté et ses
bons offices, que dès qu'il fut Empereur, le Sénat lui don-
na le surnom de débonnaire ou de bon.
jui. Cap. ibid. ' X ces qualités naturelles il en joignit d'acquises, qui ne
le rendirent pas moins recommandable. Il acquit sur-tout
une rare éloquence et une grande connoissance de la belle
literatiire : singularis eloquentirc, nitidœ liieralinœ, dit un de
ses Historiens,
iirfd. ' Quoiqu'il aimât beaucoup la campagne, où il passa une
grande partie de sa vie, il ne laissa j)as d'entrer dans les
emplois, et d'y réussir avec l'estime et l'aprobation de
tout le monde. D'abord il fut Qucsieur, puis Séiiateur,
ensuite Préteur et Consul avec Catilius SeviTus l'an 120.
' Quelque tems après l'Empereur Adri(ni lui confia en qua-
lité de Consulaire le gouvernement do la quatrir^me par-
tie de l'Italie, où Antonin possedoit de grands biens. Après
quoi il le fil Proconsul d'Asie; et il exerça celte nouvel-
le charge avec encore plus de repulr.lion, que n'avoit fait
son aïeul maternel qui s'y étoit atiro l'affection des peu-
ples,
joi. Cap. ibid. 11. 'Autoniu épousa Anna Galeria Faustina, tante pater-
p.'3»i." '"''■'^' nelle do Marc Aurcle son .succisseur à l'Empire. Il en eut
deux fils et deux iilles, dont l'ainée fut inariée à Lamia
Silanus, et l'autre nommée Anna l'austina, fut ftmme tîe
Marc Aurele son cousin germain. Quant aux deux garçons,
il est à croire qu'ils moururent jeunes; puisqu'il n'en est
jamais parlé dans l'histoire.
jui.c»p.ii.4.|Tm. ' Antonin fut adopté par l'Empereur Adrien le 25 de
p. 339. 3*0. Février 138, et eut dès-lors le titre de César, la puissance
proconsulàire avec celle du Tribunal, et peut-être même
EMPEUEUR. 279
la qualité d'Empereur. En reconnoissance il prit les noms n siècle.
d'yLlius Adrianiis , ' et adopta lui-même Marc Aurele et spar. vit. Adr. n.
Lucius Verus, comme Adrien en étoit convenu avec lui.
' .\drieu étant mort leJO de Juillet de celte même an- "• 23-
née, ' Anlonin se vit seul maître de tout l'Empire. Ce fut Jui. cap. n 5 1
alors qu'il donna de nouvelles marques encore plus écla- """' '^"^'
tantes de sa bonté et de son atachement pour le bien pu-
blic. Il conserva dans leurs charges tous ceux qu'Adrien
y avoit établis, et eut soin d'envoier tous les sept ou tous
les neuf ans de bons Gouverneurs dans les provinces. Il
eut plusieurs guerres , qu'il soutint glorieusement par le
ministère de ses Généraux.
' Il gouverna ses sujets avec autant d'aplication, et prit ^"J,'; ^?p- ";, Y
un aussi grand soin de tout ce qui leur apartenoit, que s'il «os
eût été leur propre père. Sous .son empire les provinces
furent plus florissantes que jamais. Il en bannit les con-
cu.ssions ; et on ne vit point ces proscriptions cruelles et
fréquentes des gens de bien , qui avoient deshonoré tant
de règnes précedens. ' Il fut un Empereur vraiment pa- jui. cap. n. 9.
cifique , aianl souvent à la bouche cette belle sentence de
Scipion : c. Qu'il aiinoit mieux conserver un seul citoïen ,
que de mettre à mort mille ennemis ». Tant d'excellentes
qualités lui méritèrent ' le glorieux titre de père de lapa- Eus. chr. p. 212.
trie.
' Nul cependant de ses prédécesseurs n'eut ni plus de J!''-.^*?".''.',^"''-
J-» j l'n • • 1 1' . •.• i I '1 vic.ibid ] Suid. ib.
crédit dans i Empire m plus d autorité chez les étrangers.
Ses letrcs seules suffisoient pour contenir les Princes voisins
dans le devoir; et toutes les nations le regardoient plutôt
comme leur protecteur et leur arbitre, que comme un Em-
pereur ou un Maître. 'Lorsqu'il s'élevoit quelque sédition, Jui. cap..n. is.
il la reprimoit non par l'effusion du sang, mais par sa mo-
destie et sa gravité ; ' et son plus grand plaisir étoit de sui- n. 10.
vre l'extrême inclination qu'il avoit à pardonner.
' Philostrate à cru édifier la postérité en lui en aprenant !*'"•• ^''- soph. 1.
un trait qui mérite de trouver ici sa place, Antonin se "*
trouvant à Smyrne en Asie, lorsqu'il étoit Proconsul de la
province , on le logea dans la maison du Sophiste Pole-
mon, comme la plus belle de la ville. Polemon, qui étoit
absent, arriva chez lui durant la nuit, et voiant son logis
ocupé, cria si haut à l'injustice, qu'Antonin fut contraint
d'aller loger ailleurs. Le l'roconsul, bien loin de se venger
280 TITE ANTONIN,
II SIECLE, d'une telle insulte, n'oublia rien pour montrer qu'il l'avoit
entièrement oubliée. Il voulut qu'on donnât à Polemon
dans les édits impériaux le titre de Conseiller d'Etat, et
procura encore à ce Sophiste d'autres honneurs.
Phii. vit. Sopii. 1. ' Au bout de quelque tems un Comédien, qui étoit d'u-
1. V. 53*. jjg tragédie que Polemon avoit fait représenter aux Jeux
Olympiques , s'étant allé plaindre à Antonin de ce que
Polemon l'avoit chassé dès le commencement de son rôle,
le Proconsul lui demanda: à quelle heure cela vous est-il
arrivé? Le Comédien lui répondit: environ midi. « Et
moi repartit agréablement Antonin, j'ai été chassé à mi-
nuit, et néanmoins je n'en ai fait aucune plainte. »
Jui. Cap. n. H. ' Cette modération et cetle bonté l'accompagnèrent
toujours. Elevé sur le thrône, il vêquit avec ses amis,
comme s'il n'eût encore été qu'une personne privée. En un
mot il ne se servit de la souveraine dignité d'Empereur ,
que pour donner des marques plus éclatantes de sa géné-
rosité, de sa sagesse et de sa modestie,
n. 11. 1». 'Il avoit beaucoup d'estime pour les Rhéteurs et les Phi-
losophes, et assigna des pensions et des privilèges à ceux
qui enseignoient dans les Provinces , comme à ceux de la
ville capitale. Il retenoit près de sa personne plusieurs sa-
vans Jurisconsultes, par le conseil desquels il fit grand
Il 8. nombre de reglemens pour la police. ' Il rétablit ou éleva
de nouveau plusieurs bâlimens publics à Rome, aux envi-
rons et ailleurs. Il fit construire le port de Gaieté, rétablit
celui de Terracine , acheva le palais d'Agrippa et d'A-
drien , avec le tombeau de celui-ci. Il bâtit le palais de
Lorie , les bains d'Ostie , l'aqueduc d'Anzio ; et plusieurs
autres villes se ressentirent de ses libéralités.
ii.iaiTiii.ihid.p. ' Enfin cet Empereur, à qui il ne manquoit que d'être
■''•'' Chrétien, mourut dans le palais de Lorie le 7' jour de
Mars de l'an 161. Et quoiqu'il eût régné 22 ans, 7^'^ mois
et 26 jours, et qu'il eût vécu au-de-là de 73 '*' ans, il fut re-
jiii. Cap. n. i.i| greté comme s'il fût mort à la fleur de sa jeunesse. ' On
fiii. ibid. p. 313. pgnjgpq^e comme une chose mémorable ot glorieuse pour
Eus. clir. p. 212. |ij ' Euaobe no lui ilonno que 22 ans et trois mois de règne.
Hier. elir. I. 2. p. (2) ' S. Jerdme prolonge sa yiejusqo'à ne en un endroit 75 ans de vie, et en nn
lt)9. l'âge de 77 ans. • Capitnliii ne le mit ({ur autre seulement 72. Ily a encore diver-
• Jul. Cap. n. 12. septuagénaire, i" Aurclius Victor lui don- ses autres opinion* sur ci> fait liistoriqup.
* Aur. Vie. Cœs.p. i, ,;
172 1 epit. p. 806. »^1'
EMPEREUR. 281
lui, que non seulement il n'a fait aucune persécution contre ii siècle.
les Chrétiens, mais qu'il est même presque le seul Empe-
reur Païen qui ait vécu sans répandre au sang soit de ses
sujets, soit de ses ennemis, autant qu'il a pu l'empêcher.
Jule Capitolin a écrit la vie de ce Prince, que nous n'a-
vons presque fait qu'abréger dans ce que nous en venons
de dire. ' Gordien qui prit le nom d'Auguste à Carthage Tiii. ibid. p. 360.
l'an 237, et qui mourut la même année, avoit composé
l'Antoniade, C'étoit un poëme où il répresentoit en 30 Li-
vres les guerres d'Antonin et de Marc Aurele. Mais cette
pièce ne subsiste plus aujourd'hui. ' Nous mettons ici en aus. cas. p. 223.
manière d'épitaphe ce que dit Ausone de notre Empereur.
Antoninus abhinc regimea capit : ille vocatu,
Consultisqae PIUS, nomen habens meriti ;
Filius huic fato nullus : ssed , lege suonim ,
A patria sumsit, qui regeret patriani.
S- II-
SES ECRITS.
N'
DUS avons déjà remarqué que Tite Antonin avoit
beaucoup d'éloquence et d'érudition , et qu'il aimoit
et protegeoit les gens de letres. ' Avant que Capitolin écri- Jui. cap. ibid. «.
vît sa vie, on avoit publié divers discours sous le nom de ""
cet Empereur, à qui cependant plusieurs les disputoient.
Mais Marins Maximus, au raport du même Auteur, soû-
tenoit qu'ils étoient véritablement d'Antonin le bon.
De tous les écrits de ce Prince ceux qui lui ont fait lê
plus d'honneur, sont les letres qu'il écrivit en faveur des
Chrétiens. ' S. Justin fait mention de celle qu'il adressa à xiii. ibid. p.
toute la province d'Asie en date de la 15' année de son
Empire, et Eusebe de celles qu'il écrivit pour le même su-
jet aux Athéniens, aux Thessaloniciens , à c«îux de Larisse
en Thessalie, et à tous les Grecs. 'Il ne nous reste aujour- p. 418.
d'hui que cette dernière letre , qui est la même que celle
dont parle S. Justin. On la croit écrite en l'année 152, à
peu près dans le tems que ce saint Martyr paroît lui avoir
présenté son apologie, ou écrit contre les Gentils en fa- Hier, vir.iii.c.33.
veur des Chrétiens, dont on ne voit point que l'Empereur
Tome I. Prem, Part. 0 0
2 3 * .
II SIECLE.
282 TITE ANTONÏN, EMPEREUR.
s'irritât, quoique le Saint y parlât avec autant de libertf^
que de force.
Tiii. ibid | Eus. 1. ' Cette Ictre se trouve dans Eusebe, dans S. Justin à la
4. c. 13. p. 1 7. ^^^ jg g^^ apologie , dans la chronique d'Alexandrie et
ailleurs. On la peut regarder comnie la justification, ou
plutôt le panégyrique des Chrétiens, prononcé par la bou-
Tiii. ibid. p. 1.94. che d'uu Prince idolâtre. ' Il est vrai qu'il y a quelques
Savans qui atribuent cette letre à Marc Aurele; mais Mr.
de Tillemont refuie si soHdement les raisons sur lesquelles
ils apuient leur sentiment, qu'il lui ôte toute probabilité,
p. 3G0. ' S. Augustin cite scius le nom de l'Empereur Antonin un
rescrit, qui ne peut être que de celui dont nous venons de
Ang. conj.aiitii.t. faire l'éloge. ' Par ce rescrit Tite Antonin ordonne qu'un
^' "• ^ mari ne pourra poursuivre sa femme comme adultère, s'il
ne lui donne lui-même l'exemple de la chasteté conjugale;
que si l'on trouve par les informations que l'un et l'autre
est coupable , ils seront aussi tous deux punis , étant tout-
à-fait injuste, ajoute ce Prince, qu'un mari veuille obliger
sa femme à lui garder la fidélité , lorsqu'il ne la lui garde
pas lui-même. Ce rescrit est raporté dans le second Livre
des mariages illégitimes, où il est marqué qu'il se trouvoit
not. p. 40'. dans le code Grégorien. ' Il se lit eflectivement dans le
peu qui nous reste de ce recueil ; mais on croit qu'il y a
été inséré, après avoir été tiré de S. Augu.stin. On en
trouve aussi une partie dans Ulpien.
jdi rap. ibid. n. ' Il paioît par CapitoHu qu'il y avoit beaucoup d'autres
'^- rescrits, Joix, ordonnances de notre Empereur. Mais les
malheurs des tems en ont privé la postérité.
FRONTON,
Orateur.
S- I
HISTOIRE DE SA VIE.
i;eii. noc». au. I. HfARcus CoRNELius Fronto, homme Consulai-
i. c.'26|i.»9.c.8. Jjl re passoil en son tems pour le second Maître de
lu I l'an. It. p. 176. ,. ,, ' .-^ • , n-'^ ia«»«
I..I4. 1 éloquence Romaine après Ciceron , ou plûlôt comme
FRONTON, ORATEUR. 283
égal à lui, quoiqu'en un autre genre : Romanœ eloquentiœ non 1 1 siècle.
secundtim.sedalteinim deais. ' Quelques-uns le font natif d' Au- r „ , . ,
vergne , d autres de Perigord , et quelques autres d Aqui- 57 1 Marcel, wsi.
taine indeterminément. Quoiqu'il en soit, il semble qu'on ''''***•
ne peut guéres douter qu'il ne fût Gaulois de nation. ' 11 sm. s. 1. 4. cp.211
est certain qu'à la fin du IV siècle et au commencement du yj; ^iH^- p- ^^*-
V, il y avoit à Cbrmont en Auvergne une famille du nom
de notre Orateur, et que S. Sidoine le compte au nombre
des aïeux du docte Léon , qui étoit de Narbone , et Mi-
nistre du Roi Euric.
' Fronton passa la plus grande partie de sa vie à Rome, g«ii. umi.
cil son logis étoit comme le centre , ou le lieu d'assemblée
des gens de letres et des beaux esprits. Aulu Celle , qui
s'étoit rendu son disciple , loue beaucoup son érudition et
sa politesse. Il assure ne l'avoir jamais été voir, ce qu'il
faisoit souvent en son jeune âge , .sans y aprendre beau-
coup.
'Dès l'Empire d'Adrien, Fronton étoit regardé comme m. vm. 1. 1. noi.
le plus célèbre Avocat de Rome. " 11 fut choisi pour en- ''■.'*\! . „
.f , » > I • A- • •■'ul-Cai). vil. M.
saigner 1 éloquence a Marc Aurele et a Lucms Verus, qui Ant.n.21 vu. ver.
furent ensuite élevés à l'Empire l'un et l'autre. ' Il fit mê- "jr^Ant. 1. 1. a
me l'office de Philosophe à l'égard du premier. Ce Prince "•
témoigne en effet avec reconnoissance , que Fronton lui
avoit apris à détester cet esprit malin , envieux , trom-
peur , dissimulé , que l'on voit avec horreur dans les Ty-
rans, et à se défendre contre une certaine indifférence trop
ordinaire aux personnes de qualité pour leurs propres en-
fans.
' Marc Aurele poussa encore plus loin sa reconnoissance Jui. cap. \n. m.
pour Fronton. Non seulement il le considéra toujours plus '^"'' "' *'
que tous ses autres maîtres ; mais il lui fit même décerner
une statue par le Sénat, ' et le fit Consul pour deux mois, .Vus. Cous. p 7u.
subrogé à quelque autre , sans qu'on en sache précisément
l'année. ' On croit néanmoins que cela se fit dès le règne Tiii. Emp. t. a. p.
de Tite Antonin, c'est-à-dire avant l'an IGO. '^''•
' Fronton vêquit au-de-là de cette époque. Eusebe le Eu.s. chr p. m \
fait particulièrement fleurir sous l'Empire de Marc Aurele ; "é"' ''"^' '-^i'-
et S. Jérôme parle de lui sur l'an 164 comme d'un très-illu-
stre Orateur. ' Quelques années avant sa mort il fut sujet Geii. iwd.
à de grandes douleurs de pieds , qui l'obligeoient souvent
à garder le lit. Il ne laissoit pas malgré son mal de donner
0 0 iJ
284 FRONTON,
II. SIECLE, toujours dans les conversations de grandes marques de son
profond savoir et de sa belle éloquence. Les plus doctes
personnages qui l'alloient visiter , ne pouvoient assez ad-
mirer l'un et 1 autre.
Tiu. ibid. ' La postérité de Fronton fut très-florissante. Aufidius
Victorinus, qui paroît avoir été son gendre, Fronton son
f»etit-fils , et Marcus Aufidus Fronto son arriere-petit-fils ,
iirent tous trois Consuls avant la fin de ce siècle. ' Cata-
not. p. «w. ^^^ ^ confondu sans raison notre Orateur avec Fronto Ca-
tius célèbre Avocat sous Trajan, dont Juvenal et Pline le
jeune parlent avec éloge,
sid. s. 1. 1. ep. I. ' Fronton eut beaucoup de partisans de son éloquence ,
P- ®^' qui formèrent une secte , et se firent gloire de porter son
nom. Cela étoit assez ordinaire dans les bons siècles de la
latinité , par raport aux gens de letres qui avoient le plus
noi.ibid. de réputation. ' L'on sait que Virgile et Ovide parmi les
Poètes , Cassius et Proculianus parmi les Jurisconsultes eu-
rent aussi leurs sectateurs , de même que les Orateurs les
plus célèbres.
L'éloquence de Fronton dilTeroit de celle des Orateurs
qui l 'avoient précédé , en ce qu'elle étoit et plus grave et
Macr. sat. I. s c. moins flcurie. ' C'est pourquoi Macrobe distingue quatre
1. p. «6. sortes de style , ou genres d'écrire : un style riche et dif-
fus, dans lequel Ciceron a excellé ; un style concis, qui est
propre à Saluste ; un style moueleux et et fleuri , auquel Pli-
ne le jeune s'est exercé; et un style sec, sans figures et sans
ornement qu'il dit avoir été celui de Fronton,
S- II.
SES ECRITS.
0
N ne nous a conservé la connoissance que de peu
d'écrits de Fronton. Encore nous reste -t- il très -peu
de chose de ceux qu'on nous fait connoître.
\uci. ani. iai. p. ' 1°. Nous avous de lui quelques extraits d'un traité sur
1347-1333. |j^ propriété des mots. L'Auteur y fait voir de quelle ma-
nière on doit se servir des mots propres , de peur que
trompé par la ressemblance , on ne les confonde avec les
synonymes. 11 marc^ue , par exemple , la difl'erence qu'il
y a entre ultio et vindicta, prœda et rapina , cur et quare ,
ORATEUR. 28o
delictum cX peccatum, sans garder autrement aucun ordre, ii siècle.
' On remarque qu'Ammonius parmi les Grecs a écrit sur ccsn. Bib. un. l
la même matière. *• p- is^- à-
Il est aisé de reconnoître dans cet ouvrage tout le gé-
nie de Fronton, quand on a lu' une dispute qu'il eut un Ceii. noct. ait. i.
jour avec un célelare Poëte de ses amis touchant la pro- '^•''■*-
prieté des mots. On ne peut guéres pousser plus loin la
délicatesse sur ce sujet , qu'il faisoit dans cette dispute ,
dont Aulu Gelle nous a conservé la relation.
' Ces extraits du traité de notre Orateur se trouvent Gesn.iuiu.
dans les recueils des anciens Grammairiens et Auteurs de
la langue latine , imprimés à Basle chez Adam Pétri l'an
1537 , et plusieurs autres fois ailleurs, nommément les
années 1585 et 1595 en un volume in-folio. ' Frisius assure Fris. hisi. vu. p.
qu'il V eut une édition particulière faite à Leipsick en '*' ^"
1569."
' Raphaël de Volterre raporte dans sa Géographie cesn. iWd.
qu'en 1494 , on trouva à Bobio en Italie les élégances la-
tmes de Cornélius Fronto. Mais Gesner croit avec raison,
3ue cet écrit n'est pas différent de celui que nous venons
e marquer. ' Frisius n'a pas laissé néanmoins d'avancer Fris. ibid.
peut-être sur la foi de Raphaël de Volterre , que l'on
voïoit encore manuscrites ces élégances de -Fronton rédi-
gées par ordre alphabétique. Si cela étoit bien vrai , au-
roit-on manqué d'en faire présent au public?
2°. ' Fronton avoit laissé plusieurs discours de sa façon, sid. i.*. ep. 3|i.
qui subsistoient encore, au moins en partie , du tems de ïojT '" ' "'"■'''
S. Sidoine , qui en loue la gravité. Mais il n'en paroît plus
aucun aujourd'hui. Le plus estimé, au jugement des an-
ciens , éloit celui contre Pelops. On prétend . que Fron -
ton qui surpassoit les autres Orateurs dans ses autres pie-
ces d'éloquence se surpassa lui-même dans celle-ci : de
même que Ciceron . qui s'étant élevé au-dessus de tous les
Orateurs de son siècle dans ses autres oraisons , s'éleva
au-dessus de lui-même dans celle qu'il fit pour A. Cluen-
tius. On vit encore la même chose en la personne de Pli-
ne le jeune , qui s'acquit plus d'estime par son plaidoïer
pour Attia Viriola , qu'il n'avoit fait par son excellent pa -
negyrique de Trajan. S. Sidoine , qui porte ce jugement ,
en rend aussi-tôt raison. C'est , dit-il , que les habiles Ora-
teurs font plus paroitre leur esprit en traitant de petits
sujets, que lorsqu'ils en traitent de grands.
286 FRONTOiN, ORATEUR.
Il SIECLE. 'Eumene dans un de ses Panégyriques fait mention
• Pan. B. p. lîG. d'uue Butre harangue , que Fronton prononça à la loûan-
"• **■ ge de l'Empereur Tite Antonin , sur l'heureux succès de la
TiU. ibiu. p. 347. gucrrc de la grande Bretagne. ' Cette guerre n'est apa -
remment autre chose que l'incursion des Brigantes qui
ocupoient le Roïaume de Norlhumberland , et qui s é-
lant jetés sur les pais sujets aux Romains, furent vaincus
par Lollius Urbicus Gouverneur de la province pour l'Em-
pereur. C'est ce qui arriva au commencement du règne
de Tite Antonin vers l'an 138.
M. Ant. I. i.noi. ' On trouvc dans Sosipater Charisius quelques mots
•* ■ ■ d'une autre harangue , ou letre de Fronton à Marc Au-
rele , au sujet de sa reconnoissance envers ce Prince pour
- ;( les honneurs auxquels il l'avoit élevé.
Maci . Sat I 7. c. 30.' Macrobc, sclou Jean de Salisberv , comploit Fron -
3. p. 58e I Salis. , , , j • j .-
l'ofyc.i.s.c. 10. ton au nombre de ceux qui ont écrit des questions pour
servir d'entretien à table , en le joignant ainsi à Aristote ,
Plutarque et Apulée , qui l'ont fait. Mais à dire le vrai , il
pourroit se faire qu'en cet endroit on prît un autre Fron-
ton pour notre Orateur.
Min. oct. p. K8- 4°. ' Il y a dans Minutius Félix un assez long fragment
115.303. j'yjj discours très - véhément et calomnieux à Texcès con-
tre les Chrétiens, où l'Auteur leur fait les plus horribles
reproches. Il y est d'abord cité sous le nom indéterminé
d'un Orateur de Cirte , qui est une ville d'Afrique , puis
sous le nom d'un Fronton Orateur. Ces expressions dési-
gnent assez naturellement Fronton de Cirte célèbre au
11. p. 89. 1 303. commencement du III siècle. ' Néanmoins plusieurs Sa -
Lt'. ibùi.*"' '■ *■ vans prétendent qu'il les faut entendre de Cornélius Fron-
to dont il est ici question. (XXVII.)
287
CHARMOL^US
ET
ZENOTHEMIS,
Ju RISCONSULTF.S.
II SIECLE.
Ox a déjà vu à l'article de Menecrate quelques traits
de l'histoire de Zenothemis. ' C'étoit un des pre- Uci. lox. p. 48.
miers citoïens de la ville de Marseille , tant pour les ri-
chesses, que pour la naissance, et un des hommes le mieux
faits de son tems. '11 eut pour père Charmolœus, que l'on cues.an.i. 3. cor.
nous représente comme un <;élébre Jurisconsulte , qui fit c.'?.". 9."p. sio!
beaucoup d'honneur à son nais par sa science dans le droit. ^"•
Zenothemis marchant en cela sur les traces de son père ,
acquit aussi une grande connoissance des loix, et se distin-
gua par son expérience et l'équité de ses oracles. Ils ne se
contentèrent pas l'un et l'autre de servir leur patrie seule-
ment de vive voix ; ils le firent encore , comme l'on pré-
tend, par des écrits sur la Juri.sprudence , qui malheureu-
sement ne sont pas venus jusqu'à nous.
' Zenothemis en particulier a immortalisé sa mémoire luh. ibiu. p. 4».
en une autre manière encore plus éclatante; faisant voir
en sa personne une générosité d'ami , dont il seroit diffi-
cile de trouver beaucoup d'exemples. Il étoit intime ami
de Menecrate , ce Sénateur dont nous avons parlé. Ce-
lui-ci se voïant tombé d'une brillante fortune dans un
état très-pauvre , comme nous l'avons dit , trouva une
source abondante de consolation dans l'amitié de Zeno-
themis. Ce qui rendoit Menecrate plus sensible à sa misè-
re , c'est qu'il se voïoit chargé d'une fille nubile, âgée
de dix-huit ans , contrefaite , percluse de la rnoitié du
corps , ataquée d'une fluxion sur les yeux , et que l'on
disoit épileptique.
' Menecrate répandant un jour dans le sein de son ami iwd.
les justes sujets de son chagrin, Zenothemis, sincèrement
touché de sa peine, ne se borna pas à lui dire quelques
paroles de consolation; mais il voulut encore lui montrer
qu'il la partageoit réellement avec lui. 11 prit donc Me-
288 GHARM0L7KUS ET ZENOTHEMIS.
II SIECLE, necrate par la main, le conduisit à son logis, et le mit en
possession de la moitié de ses biens. Ce ne fut encore là
Luci. ibiii. p. 30. qu'une partie de la générosité de Zenolhemis. ' Il assem-
bla une compagnie choisie , et après un somptueux festin
il dit à Menecrate qu'il vouloit épouser Cydimaque , c'é-
toit le nom de sa fille , Menecrate frappé d'une telle pro-
gosition , répondit qu'il ne souffriroit jamais que son ami
t une telle folie. Mais il eut beau lui remontrer combien
il seroit deshonoré par une telle alliance , toutes ses re-
présentations furent inutiles. Le mariage fut conclu; et
Zenothemis qui pouvoit espérer d'épouser une fille qui
auroit beaucoup de biens et de la beauté , méprisa l'un et
l'autre pour l'amitié qu'il portoit à Menecrate , et voulut
bien épouser sa fille , qui avec des biens immenses n'auroil
pas osé prétendre s'allier avec le dernier des hommes d'u-
ne condition libre.
W'«. ' Mais ce qui n'est ni moins charmant ni moins merveil-
leux , c'est que Zenothemis soutint cette alliance avec la
même générosité qu'il l'avoit contractée. Il eut toujours
pour sa femme la tendresse d'un bon mari , et ne faisoit
presque point de voïage qu'elle ne fût de la partie: com-
me se faisant un honneur de montrer par son exemple ,
que l'amitié doit toujours l'emporter et sur la beauté et
sur les richesses. De cette femme si disgraciée Zenothe-
mis (!ut le I plus bel enfant du monde, qui servit , comme
nous l'avons dit ailleurs, a rétablir la fortune de son aïeul
maternel.
LES PREMIERS
i.>
MARTYRS DE LYON.
•
Tiii. H. E. t. 3 p. T ES Saints Martyrs qui sont le sujet de cet article ',
*■ Ju sont peut-être ceux de toute l'Eglise dont l'histoire
est plus belle , plus illustre, et en même-tems plus certai-
suip. hist. !. 2. n. nc. ' S. Scvcrc Sulpicc les compte pour les premiers qui
*Ac!. lïr." p. 47. aient soufi'ert dans les Gaules. (XXVIII) 'On fait communément
n 3- monter leur nombre jusqu'à quarante-huit. Il y en avoit
de tout sexe , de tout âge . et presque de toute condition.
Ils
LES PREMIERS MARTYRS DE LYON. 289
Ils furent tous illustres par leur qualité de Martyrs, ii siècle.
bien que quelques-uns , comme Sainte Blandine , soient
aujourd'hui plus célèbres par leur culte. Le plus remar-
quable pour sa dignité étoit sans contredit ' le bienheu- Eus. i. s. c. i. p.
reux Evêque Pothin , âgé de plus de quatre-vint-dix ans. ^^^'
' Il est reconnu pour le premier Evêque de Lyon, et pou- cr. t. hist. Fr. i.
voit aisément avoir été disciple des Apôtres mêmes. Il îi"*^' ii.p. lo.
fut de la sorte le Pontife de ce grand sacrifice de son peu-
ple; ' et malgré son âge aussi avancé, et la foiblesse de son Eus. iwa.
corps , il fit paroître un grand courage et beaucoup d'ar-
deur pour le martyre.
' Un des plus distingués par la naissance , étoit Vettius p- isg.
Epagathus, homme illustre par sa qualité. ' Leocade qui Cr. t. ibid. n. m.
descendoit de lui , est qualifié par b. Grégoire de Tours
le premier Sénateur des Gaules. On sait d'ailleurs que la tui. iwa. p. s.
famille de Yettes ou Vectes a été long-tems célèbre à
Rome. ' Mais il devint encore plus recommandable par ^m. iwd. p. 155.
une vie passée dans l'innocence , par son amour pour
Dieu, par sa charité pour le prochain, par son zèle pour
la Religion, qu'il ne l'éloit par sa naissance. On le nomma
dans la suite l'Avocat des Chrétiens, pour avoir repris hau-
tement la passion du Gouverneur, et avoir demandé permis-
sion de parler pour leur défense; promettant de prouver
clairement qu'ils n'étoient coupables ni de crimes ni d'im-
piété.
'Tous ces saints Martyrs souffrirent à Lyon, non en la Ad. Mar. p.47.n.
cent soixante-septième année de l'Ere Chrétienne , comme IJ^^'"- '*"'• p- '•
le prétend Dodwel , ou la cent soixante-quinzième , com-
me le veut Pearson son maître ; mais en la cent soixanle-
dix-septiéme , la dix-septiéme de l'Empire de Marc Au-
rele , au commencement du Pontificat de S. Eleuthere.
Leur genre de mort fut différent, quoique la cause en fût
la même. ' Les uns rendirent l'esprit dans la prison ; d'au- Aci. Mar. iwd. n,
très furent exposés aux bêtes; et tous les autres eurent la
tête tranchée , comme Citoïens Romains. Les Eglises de
Lyon et de Vienne écrivirent aussi-tôt l'histoire de leur
martvre, ainsi qu'on va incessamment le voir. -
L'hérésie des Montanistes troubloit alors l'Eglise; et Eus. 1. 5, c. s. p
les^ saints Martyrs de Lyon , plus sensibles à ce trouble *^*'
qu'à leurs propres souffrances, oublièrent tout le reste
pour travailler à lui procurer la paix. Au milieu même
Tome I. Prem. Part. P p
290 LES PREMIERS MARTYRS DE LYON.
iisiKCLK de leurs liens ils écrivirent diverses letres sur ce sujet aux
Eglises d'Asie et de Phrygie, que ce trouble regardoil par-
Eus. 1.5. c. 4. i>. ticulierement ; et au Pape Eleuthere, ' à qui ils députèrent
• c.'s p. no. S. Irenée alors Prêtre ' et depuis Evêque de Lyon.
Tiii. ibid. p. 19. ' On ne sauroit dire si ces Eglises, dont celle de Lyon
**■ tiroit , comme l'on croit , son origine , . avoient consuité
nos saints Martyrs ; ou si ce fut la seule charité qui les en-
p.^. gagea à prendre part à leurs maux. 'Ces letres, aussi-bien
que celle qui étoit adressée au Pape, étoient écrites en
grec , que nous avons montré avoir été une langue fort
P*'- commune à Lyon. ' Elles furent toutes envolées à Rome,
avec celle qui contenoit l'histoire de leur martyre.
Assurément c'est une grande perte pour l'Eglise, que la
Eus. I. .',. c. 4. p. privation où elle est de monumens aussi respectables. ' 11
ne nous en reste qu'un très-pelit fragment qu'Eusebe nous
a conservé. Ce fragment regarde la députation que les
saints Martyrs avoient faite de S. Irenée à Rome vers le
Pape S. Eleuthere. C'est le commencement de leurs letres
à ce Pontife , et l'éloge abrégé de S. Irenée , qui n'étoit
alors que simple Prêtre , et qu'ils qualifient leur frère,
leur collègue , et un zélé partisan de la loi de Jesus-Christ.
Leur dessein étoit que ce saint Prêtre fût le porteur de
leurs letres en Asie comme à Rome : mais il y a toute apa-
e. ...p. 170. rence que cela ne fut pas exécuté , ' à cause de l'élection
que l'Eglise de Lyon fit de ce Saint pour son Evêque aussi-
tôt après le martyre de S. Pothin.
LES
ÉGLISES DE LYON
n ,i<:.ij ,.M
Ku>. I. H. c. I. p.
i.M :.';u.
t i:
ET
DE VIENNE.
APRÈS ' que les saints Martyrs , dont nous venons de
parler , eurent consommé leur sacrifice , les Fidèles
des Eglises de Lyon et de Vienne qui avoient été les té-
moins, et ce semble même les compagnons de leurs souf-
frances, se hâtèrent d'en aprendre l'histoire à leurs frères
d'Asie et de Phrygie. Ils la dressèrent en forme de letre
qu'ils écrivirent en grec, avec ce titre à la tête : Les Ser-
LES EGLISES DE LYON ET DE VIENNE. 291
viteurs de JESUS-CHRIST qui demeurent a Vienne et à ii siècle
Lyofi de Gaule, aicx Frères dAsie et de Phrijgie, qui ont la ~
même foi et la même espérance. Que J . C. notre Seigneur
vous donne la paix, la grâce et la gloire.
' Cette letre, comme l'on voit, est au nom des Fidèles tiii. h.e.i. 3. p.
de Vienne et de Lyon, soit parce que la persécution avoit
été commune à ces deux Eglises, et avoit envelopé les
principaux membres de l'une et de l'autre; soit parce
qu'étant les principales des Gaules et très-voisines , elles
se joignoient ensemble dans les ocasions importantes. On
croit que c'est particulièrement ceux de Lyon qui l'écri-
virent , et qu'ils nommèrent par civilité ceux de Vienne
les premiers, ' On l'atribuë même à S. Irenée, alors Prê- p-2.
tre de l'Eglise de Lyon.
' Eusebe l'avoit insérée tout entière dans son recueil des Eus. 1. •;. c. ipr. 1
Actes des Martyrs , tant il la jugeoit digne d'une éternel- îèe.' '*' *^^' ***""
le mémoire , comme il le dit lui-même. ' Il y a quelque Cr. t. wsi. Fr. 1.
lieu de croire qu'elle se trouvoit encore en son entier au *' "' **'
tems de S. Grégoire de Tours. Mais aujourd'hui il ne
nous en reste qu'une partie, qui paroît néanmoins la plus
considérable. Nous en avons l'obligation au même Euse-
be , qui la raporte aux chapitres 1,2 et 3 de son cin-
quième livre; el c'est peut-être le plus bel endroit de son
Histoire Ecclésiastique. ' Ce qui nous en reste, a été tra- Boii.ajun^. lea.
duit en latin par Rufin et ensuite par M' Valois. La tra- I^^m.**^'' ''■
duction du premier se trouve au second jour de Juin dans
le recueil des Continuateurs de BoUandus , et celle de
l'autre entre les Actes choisis de Dom Ruinart. ' 11 y en a tiii. iwd. p. 3.
aussi une traduction françoise , qui fut publiée en 1 067
après la mort de M' le Maître qui en est le Traducteur, avec
la vie de S. Ignace Martyr traduite par le même, et quel-
ques autres vies des Saints.
Les Fidèles de Lyon et de Vienne relèvent parliculie- eo». l_s.' c i. p.
rement dans leur letre le mérite de Vettius Epagathus , '''-^•''•"
la constance , le coui'age , la force de Sancte, Diacre de
l'Eglise de Vienne , de Mature, Néophyte , d'Attale natif
de Pergame, mais qui avoit toujours été l'apui et le sou-
tien des Eglises de Vienne et de Lyon, et de Sainte Blan-
dine , qui bien que d'une complexion fort délicate , fut
la plus cruellement tourmentée. ' Malgré la violence des p. ns.
suplices , on ne put jamais tirer autre chose de "Sancte,
292 LES EGLISES
II SIECLE, sinon ces paroles qu'il proferoit en latin : Je suis Chrétien.
Eus. 1 5 c. 1. p. ' ^'^ y parlent de la douleur la plus amere qu'ils eurent
1Û6." de voir environ dix des Confesseurs céder à la violence
des tourmens. Mais leur nombre ne tarda pas à être rempli
p 1S9. par d'autres qui étoient dignes de prendre leur place. ' Il
paroît par la réponse de l'un des Martyrs, que les Chré-
tiens observoient encore la défense de ne point manger du
sang des animaux.
p. ^^5 ' Ils nous y ont laissé des traits remarquables de leurs
sentimens sur la toute-puissance de la grâce. En y faisant
la relation de ce que les saints Martyrs eurent à souffrir et
de la constance au ils firent paroître dans leurs tourmens ,
ils disent, que c est la grâce de Dieu qui combattoit pour
eux contre le démon ; que c'est cette même grâce qui lui
oposa les forts comme autant de colonnes inébranlables, et
qui soutint les foibles contre ses ataques.
c. 2. p. 166. ' On trouve encore dans cette excellente letre des vesti-
ges remarquables de l'humilité profonde des saints Mar-
tyrs , qui bien qu'ils eussent souffert plusieurs differens
genres de suplices, ne vouloient pas qu'on leur donnât le
titre de Martyrs , ne prenant que celui de vils et mépri-
p. 167. sables Confesseurs. ' On y voit des traits admirables de
leur charité envers leurs frères tombés , qu'ils retirèrent
de la puissance du diable par l'ardeur et l'assiduité de leurs
prières.
c. l' p. 16S. ' ^ y ^^* ^*^* mention des Foires solennelles qui se te-
noient à Lyon et à Vienne, et auxquelles se rendoit une
' infinité de personnes de toutes sortes de nations.
pr. p. 154. ' Cette letre des Eglises de Lyon et de Vienne n'étoit
pas seulement pour aprendre aux Chrétiens d'Asie et de
Fhrygie l'histoire de leurs Martyrs; elle contenoit encore
C.3. p. 168. des instructions importantes. ' Les Fidèles des Gaules y
donnoient aussi leur jugement touchant l'affaire des Mon-
tanistes. Eusebe n'exprime point quel étoit leur sentiment-
sur cela. Il se contente de dire seulement qu'il étoit très-
sage, et conforme à la pieté et à la foi Orthodoxe. Cette
partie de la letre nous manque.
CoD. «up.p. 1. ' A l'ocasion du jugement qu'on y portoit sur l'affaire
des Montanistes, M' Delalande établit un Concile tenu
dans les Gaules , et composé des deux provinces de Lyon
et de Vienne. Mais on ne trouve rien dans Eusebe, qui
DE LYON ET VIENNE. 293
est le seul qui en parle , pour autoriser l'idée qu'on se for- ii siècle.
me d'une assemblée de cette nature.
Il seroit difficile de renchérir sur les éloges que l'on a
faits du précieux monument dont il est ici question. ' Les Tiu.iWd.p.î.
plus habiles connoisseurs le regardent comme plein de
pieté et d'une éloquence toute sainte. Le style , disent -
ils, en est si grave , si saint, si édifiant , que toutes les pen-
sées et les paroles respirent cette vigueur évangelique et
cette vertu mâle et héroïque de l'Eglise primitive.
' M' Bosquet , Evêque de Lodeve et ensuite de Mont- Bosq. i. a. c. is.
pellier , dans son Histoire Ecclésiastique de France , a té- ^*^-
moigné l'estime extraordinaire qu'il faisoit de cette letre
toute apostolique , en s'écriant comme par un transport
d'admiration : « Qui est celui qui oseroit entreprendre
» d'imiter l'éloquence de ces Pères? Le bienheureux esprit
» de ces Martyrs est encore vivant dans ces paroles toutes
» mortes qu'elles sont. Le sang répandu pour Jesus-Christ
» y paroît encore tout bouillant. Us ne parlent que des cho-
» ses qu'ils ont vues , qu'ils ont touchées, qu'ils ont endu-
» rées ; et ils ne raportent que des paroles qu'ils ont recueil-
» lies de la bouche de ces Saints , ou celles qu'ils ont em-
» ploïées pour les exhortera remporter la victoire sur l'ido-
» latrie .»
' Joseph Scaliger, quoique séparé du sein de la véritable thi. ibid.p. 3.
Eglise , n'a pas laissé d'écrire ces paroles mémorables tou-
chant les actes de S. Polycarpe et ceux des saints Martyrs
des Gaules : « ' La lecture de ces saints Martyres, qui sont, eus. chr. noi. p.
» dit-il , les plus anciens de l'Eglise , édifie et touctie telle- **'
» ment l'esprit des Lecteurs dévots et religieux , que l'on ne
» s'ennuie jamais de les lire; et il n'y a personne qui parlant
» selon les mouvemens de sa conscience, ne reconnoisse cet-
» te vérité. Pour moi , aioûte-t-il , je puis dire- que je n'ai
» jamais rien lu dans l'histoire Ecclésiastique , qui m'em-
» porte si fort hors de moi-même, qui me laisse si transpor-
» té de zélé et d'ardeur pour la foi, et qui me change en une
» autre personne que je ne suis. » Et parlant en particulier
de l'histoire des Martyrs de Lyon. « Peut -on rien lire,
» dit-il , dans les monumens de l'antiquité Chrétienne , qui
» soit et plus auguste et plus digne de respect ? »
2 4
294
Il SIECLE.
F A U S T E,
AiiTEun DES Actes de S. Andoche et de ses Com-
PAr.NONS, Martyrs.
Act. M. p. G9. n. Tp A u S t E ' étoit d'AutuD et d'une famille illustre , qui
i^iBoii^iT.ian.p. JH Jqj^jjj^ jgj^g Ij^ ^^jjg plusieufs Martyrs à l'Eglise. Il te-
noit à Autun le rang de Sénateur avec les marques de
Tiii. II. E. 1.3. p. Préteur. 'C'est-à-dire aparemment qu'il étoit du nombre
■"* des Décurions qui formoient le conseil et le corps de
ville , et qu'il en avoit été Duumvir , ou l'un des premiers
Ad. Mar. ibid. i p. Magistrats. ' Dieu lui donna une épouse parfaitement
digne de lui pour sa foi vive , et son zèle pour le Christia-
nisme. De ce mariage vint un fils nommé Symphorien ,
Qu'ils eurent soin de faire instruire dans la connoissance
es letres et dans la science des bonnes mœurs, et qui fut
Boii.ib. ip. 74.n. depuis uu des plus illustres Martyrs de nos Gaules. ' On
*■ donne aussi à Fauste pour sœur une sainte Dame nommée
Leonille , qui demeurait à l^angres , où elle se rendit cé-
lèbre par son habileté dans l'art de la Médecine , et qui
fut aïeule des trois martyrs connus sous le nom des trois
Jumeaux.
p. 77. n. 5. ' Fauste faisoit déjà profession de la Religion Chrétien-
ne, mais seulement en secret , à cause de la violence de la
persécution , lorsque S. Bénigne, S. Andoche et S. Thyrse
• .X.I, -,'.. -n allèrent prêcher la foi à Autun. Il les logea chez lui avec
'* beaucoup de charité ; et sachant qu'ils étoient Prêtres ,
il leur lit baptiser sa famille et quelques-uns de ses amis.
n. 6. ' 11 engagea ensuite S. Bénigne à aller à Langres , rendre
le même office de charité à la famille de Leonille , et faire
dans la ville ce qu'ils avoient commencé à faire à Autun.
ibid. ' Après le martyre de S. Andoche et de ses Compagnons,
qui suivit d'assez près , et qui paroit être arrivé sous l'Em-
Tiii. U). p. 40. pire de Marc Aurele , ' Fauste avec Symphorien son fils
prit soin d'enterrer leurs corps. Et afin de conserver à la
postérité la mémoire de leurs soufl'rances , Fauste dressa
l'histoire de leur martyre. C'est ce qu'on aprend des actes
p. eo3. 1. de ces Saints , qui nous restent aujourd'hui. ' Ils ne sont
encore que manuscrits ; peut-être ne valent-ils pas la pei-
ne de les imprimer. Un en peut juger par ce trait. Ils
FAUSTE, AUTEUR DES ACT. DE S. AND. etc. 295
commencent par une aparilion de S. Irenée , déjà mort, à ii sieclk
S. Polycarpe. M' de Tillemont n'a pas laissé d'en tirer di-
verses choses pour l'histoire des saints Martyrs. Il semble
que M' du Saussay en ait vu d'autres differens de ceux-ci ,
mais qui ne valent peut-être pas mieux. On peut assurer
que ni les uns ni les autres ne sont point ceux que Fauste ,
aont nous parlons , laissa à la postérité. Son ouvrage doit
être mis au nombre de ceux dont l'Eglise se trouve privée.
C'est une vraie perte. Il auroit servi sans doute à eclair-
cir l'histoire, d'ailleurs fort obscurcie, delà première pré-
dication de l'Evangile dans les Gaules.
I. CONCILE DE LYON.
IL ' est des Ecrivains qui mettent deux Conciles k Lyon Eus. noi. p. 105.
sur la fin de ce siècle : l'un où Valentin etMarcion furent *' ""' ""'' "* *'
dit-on condamnés, et l'autre où il fut arrêté que la fête de
Pâque ne se devoit célébrer qu'au jour du Dimanche. ' Le e»»- «biJ-
premier de ces Conciles est fort incertain selon le juge-
ment qu'en portent les plus habiles connoisseurs. En effet
on n'en a de connoissance que par le Synodique , livre de
trop peu d'autorité pour y pouvoir fonder quelque certi-
tude.
' L'opinion de M' Valois est , que comme S. Irenén a ibid.
écrit contre Valentin et les autres hérétiques de cette
trempe , l'Auteur du Synodique en aura pris ocasion de
suposer que le saint Evêque avoit assemblé un Concile
pour condamner solennellement ces hérétiques. C'est -là
aparemment tout le fondement de ce prétendu Concile :
à moins qu'on ne l'établisse , ' comme fait M' Delalande cone. sup. ibid. 1
sur ce que dit Easebe du jugement que les Eglises de Lyon
et de Vienne portoient touchant l'affaire des Montanistes
dans leur letre aux Fidèles d'Asie et de Phrygie. Mais rien
ne nous oblige à reconnoître ici l'assemblée d'un Concile
en forme. Ces Eglises s'étant assemblées pour dresser une
relation des souffrances de leurs Martyrs , y insérèrent ,
sans beaucoup de façon , ce qu'elles pensoient de l'hérésie
des Montanistes , et du scandale qu'elle causoit dans l'E-
glise. Eusebe ne nous en donne point d'autre idée.
Kiis. 1. 5. c. 3. p.
168.
296 I. CONCILE DE LYON.
II SIECLE. * Il n'en est pas de même du Concile touchant le jour
~ — ^^1 .jj.j ■ auquel il falloit célébrer la fête de Pâque. Ce Concile se
trouve bien expressément marqué dans Eusebe. Nous
n'entreprenons donc de parler que de celui-ci , que nous
comptons pour le premier de Lyon , n'aïant aucune
preuve certaine qu'il s'y en soit tenu quelque autre aupa-
ravant.
Eus. 1.5. c. 22. p. ' Sous l'Empire de Commode qui regnoit depuis dix
c!23!p!i90. *ns, et le commencement du Pontificat de S. Victor , ' il
s'éleva dans l'Eglise une grande dispute à l'ocasion du jour
auquel on devoit célébrer la résurrection du Seigneur.
Toutes les Eglises d'Asie apuïées sur une ancienne tradi-
tion , faisoient cette fête le quatorzième de la lune, au-
quel les Juifs avoient reçu ordre d'immoler l'Agneau Pas-
cal , quelaue jour de la semaine que tombât ce quator-
zième. Elles fmissoient par conséquent ce même jour le
jeûne du Carême. Au contraire toutes les autres Eglises
du monde Chrétien , sur une tradition qui venoit des Apô-
tres , ne célébroient cette solennité , et ne finissoient leur
jeûne que le jour du Dimanche.
ibid. ' C'est ce qui fut confirmé dans plusieurs Conciles as-
semblés en divers lieux sur ce sujet : à Rome , en Palestine,
p. 191. ' dans le Pont , dans l'Osdroene , à Corinthe. Les Eglises
des Gaules, qui avoient S. Irenée à leur tête , assemblè-
rent aussi leur Concile , et confirmèrent ces mêmes points
c. 24. p. lOi. 193. de discipline. ' On voioit encore leur letre synodale au
tems d'Eusebe, qui nous en a conservé un fragment con-
sidérable. Elle étoit au nom des Frères que S. Irenéé gou-
noi. p. 105. 2. vernoit dans les Gaules. ' Par le nom de Frères emploie
en cet endroit , quelques Savans croient qu'il faut enten-
dre des Evêques. Le P. Sirmond en compte jusqu'à treize,
qu'il supose avoir composé ce Concile avec S. Irenée à leur
tête. Mais ce que l'on peut dire de plus certain sur cela ,
c'est que l'on ne sait rien de leur nombre.
Le Concile ne se borna pas seulement à établir que le
mystère de la Résurrection du Seigneur ne se doit célé-
brer que le Dimanche ; il crut encore devoir interposer
son crédit et ses remontrances, pour procurer la paix à
1.5. c. 24. p. 192. l'Eglise troublée à ce sujet. Car ' le pape Victor voïant
que les Eglises d'Asie persistoient à suivre leur ancienne
coutume dans la célébration de ce mystère , il entreprit
aussi tôt
I. COiNCILË DE LYON. 297
aussi-tôt de les excommunier. ^ 11 les excommunia même n siecli;.
effectivement si l'on s'en raporte à Eusebe et à Socrate. —
•• Mais cette conduite aïant déplu à divers Evêques, ils àâ.p.U*"' '^'''
écrivirent fortement au Pape, pour le porter à avoir des "Eus. ibid.
sentimens plus conformes à la paix, à l'union et à la cha-
rité Chrétienne.
' Le Concile de Lyon se signala en cette rencontre, ibid.
Sans sortir du respect dû au souverain Pontife, il le pria
de ne point séparer ainsi de la communion un aussi grand
nombre d'Eglises, pour ne faire que suivre une coiitume
qu'elles avoient reçue de leurs pères. Il lui représenta au
sujet du jeûne , qu'il ne s'agissoit pas seulement du jour
auquel on le finissoit, mais encore de la manière de jeû-
ner. Que quelques-uns ne croïoient devoir jeûner qu'un
jour , d'autres deux , quelques autres davantage. Qu'il
s'en trouvoit même qui fixoient leur jeûne à quarante
heures, ' en y comprenant la nuit comme le jour. Que p- 193.
cette" variété de discipline étoit déjà ancienne dans l'Eglise ;
quoiqu'elle eût aparemment sa source dans la négligence
des Pasteurs, et la simplicité des Fidèles. Que néanmoins ce
n'avoit jamais été un sujet pour rompre la paix. Que même
à le bien prendre , la variété dans ce point de discipline
servoit à relever l'unanimité de la foi dans le dogme.
Et afin de persuader le Pape par des exemples domesti-
3ues, ' le Concile lui rapelle la conduite de ses saints pré- ibid.
écesseurs Anicet, Pie, Hygin, Telesphore et Xyste, qui tous
conservèrent inviolablement la paix avec ceux des Eglises
où l'on suivoit des prati(jues différentes de celles qu'ils sui-
voient eux-mêmes. Jamais, dit le Concile, ils ne retranchè-
rent de leur communion personne pour ce sujet. Ils conti-
nuèrent toujours à leur envoier l'Eucharistie, comme une
marque de leur union mutuelle. « Bien plus, ajoute le Con-
« cile, lorsque, sous le Pontificat de S. Anicet, S. Polycarpe fit
« le voiage de Rome, ces deux Saints ayant eu entre eux quel-
ce que légère contestation sur certaines choses, ils se recon-
« cilierent aussi-tôt, sans se mettre beaucoup en peine delà
« diversité qui partageoit leurs Eglises sur ce point de di^
« cipline. Ni S. Anicet ne put persuader à S. Polycarpe de
« quitter une coutume qu'il avoit toujours observée après
« S. Jean l'Evangeliste et les autres Apôtres , dont il avoit
a ét^ disciple ; ni S. Polycarpe pareillement ne put ame-
Tome I. Prem. Part. Q a
2 4 * ^ .
298 1. CONCILE DE LYON.
1 1 s 1 li c L K. « lier S. Anicet à suivre sa pratique ; ce Pape se croiant obli-
« gé à observer celle qu'avoient suivie ses prédécesseurs. Les
« choses en demeurèrent là ; et ces deux grands hommes com-
« muniquerent ensemble sans difficulté. S. Anicet fit encore
« davantage. Il acorda par honneur à S. Polycarpe d'offrir les
« saints mystères dans sa propre Eglise. Enfin ils se séparèrent
« en paix, conservant l'un et l'autre la communion avec l'E-
« glise universelle, malgré la diversité de leurs pratiques. » -:
Telles sont en partie les remontrances que le Concile de
Lyon fait au Pape S. Victor; et il y a tout lieu de croire
qu'elles eurent leur effet. La letre synodale, qui les con-
tenoit , fut dressée par S. Irenée comme le Président et l'a-
me du Concile. Les malheurs des tems nous ont envié cette
pièce en son entier. Nous n'en avons qu'une partie qui se
trouve dans l'Histoire Ecclésiastique d'Eusebe. Ce peu qui
nous en reste nous doit faire extrêmement regreter ce qui
Kus. ibiii. iioi. p. s'en est perdu, ' et meritoit bien de trouver place dans la
'**■'*■ collection des Conciles do France, et dans les autres colle-
ctions générales des Conciles. M. Valois avoit averti le P. Sir-
raond de ne le pas oublier dans son recueil. Mais ce Père s'est
contenté d'en dire un mot dans sa préface, et a commencé
con;. .ui). p. 2. sii collection à Constantin le grand. ' Il est vrai que M. Dela-
lande son neveu a supléé à son défaut, aïant inséré la version
latine de ce précieux monument, dans ce qu'il a publié pour
servir de suplément à l'édition des Conciles de son oncle.
Bal. oi.-. p. 7-10. 'M. Baluze nous a aussi donné ce même fragment en grec,
avec la version latine de Rufîn et celle de M. Valois.
p.ci.:oiic..,up.p. 1. ' On place ordinairement ce I Concile de Lyon vers l'an
i:us. i.5.c.'w.i(. 198 de l'Ere Chrétienne. Cependant Eusebe ' témoigne que
p. i«9. m. J.J grande dispute qui en ocasionna la tenue, se passa dès le
commencement du Pontificat de S. Victor, qui monta sur
le S. Siège, comme l'on croit, en l'année 194. Il est vrai
que la suputation d'Eusebe n'est pas exacte en cet endroit;
puisqu'il lie cette époque avec la dixième année de l'Em-
pire de Commode, qui fut empoisonné dès 192, après douze
ans de regntj. Mais il peut s'être trompé en cela, sans qu'il
l'ail fait en mettant vers le commencement du Pontificat de
S. Victor la dispute dont nous venons de parler. Et comme
il paroît que l on commença par tenir des Conciles pour
éclaircir ( t constater la vérité qui faisoit le sujet de la dis-
pute, on pourroil avaiK^cr au moins de deux ans le Concile
dont il est ici question, cl le placer en l'année 196.
I
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
TROISIEME SIECLE DE L'EGLISE
r
ETAT DES LE TRES DANS LES GAULES
en ce Siècle.
LES œuvres de Dieu dans l'ordre des créatures
ont leur commencement et leur progrès, comme
celles des hommes ; avec cette différence toutefois ,
que la fin qu'il s'y propose, a toujours infailliblement
son effet, et qu'il pourroit faire tout d'un coup ce que sa sou-
veraine sagesse ne juge à propos de faire que par degrés. Ne
300 ETAT DES LETRES
soiez donc pas surpris de ne voir pas encore toutes les Gaules
devenues Chrétiennes. Non, quelque heureux succès qu'y ait eu
la prédication de l'Evangile au siècle précèdent, et quelque
progrès qu'elle continuât à y faire en colui-ci, elle n'y fut pas
néanmoins embrassée de tout le monde. Une partie de-
meura opiniâtrement attachée aux erreurs damnables de
son infidélité, pendant que l'autre se soumit volontiers au
joug salutaire du Christianisme. Ainsi l'on vit encore nos
Gaulois former comme deux peuples distingués l'un de
l'autre par les différentes religions dont ils faisoient pro-
fession. Les uns abandonnés à leurs propres ténèbres, con-
tinuèrent à vivre en Païens : les autres aïant ouvert les
yeux à la lumière de la foi, ne vêquirent plus qu'en dis-
ciples de l'Evangile. Ceux-ci ne cultivèrent presque plus
que les sciences qui convenoient au nouvel étal qu'ils
avoient embrassé : ceux-là ne s'apliqnerent qu'à celles
qui étoient connues dans le Paganisme. De sorte que pour
vous donner une juste idée de l'état des letres dans les
Gaules en ce siècle, il faut y distinguer deux genres de li-
terature , la .sacrée et la profane. Parlons d'abord de la
première, ensuite nous passerons à l'autre.
II. La literature sacrée, ou les sciences ecclésiastiques
se developerent et s'étendirent dans les Gaules à mesure
3ue le Christianisme y prit ses acroissemens. Vous avez vu
ans ce que nous avons dit sur le siècle d'où nous sortons,
en quoi les Chrétiens faisoient consister ces sciences. Il ne
s'agit ici que de vous montrer quel fut leur progrès dans
nos Gaules en ce troisième siècle. Il seroit à souhaiter pour
vous satisfaire pleinement, que nous fussions mieux instruits
3ue nous ne sommes , de l'histoire particulière de l'Eglise
es Gaules. Nous n'en savons que trè.s-peu de choses pour
ce qui concerne ces premiers siècles; et nous en avons dé-
jà touché ailleurs quelques raisons. (Vest que les Fidèles
de l'Eglise primitive, tout occupés à pratiquer les précep-
tes de l'Evangile, se mettoient peu en peine d'écrire leurs
annales. Que si quelques-uns 1 ont fait, et que leurs écrits
nous aient été conservés, ou voit qu'ils ne s'y sont pres-
que attachés qu'à ce qui regardoit l'Eglise en gênerai.
Ou s'ils ont laissé quelque ouvrage qui regardât l'Eglise
des Gaules en particulier, il n'est point venu jusqu'à nous.
Tels sont les actes de S. Irenée, que l'on croit avoir été
l
DANS LES GAULES. III SIECLE. 301
écrits dès ce siècle, et qui ne se trouvoient plus du tems
de S. Grégoire Pape. Tels sont encore les actes de S. De-
nys de Paris, et les vies des autres saints Missionnaire?
qui furent envoies dans les Gaules avec lui. Quel secours ne
tirerions-nous point de ces monumens pour notre histoire?
Mais il faut se contenter du peu que la providence nous a
conservé. L'on ne laissera pas d'y voir en partie les pro-
grès que firent les sciences ecclésiastiques parmi les Gau-
lois en y considérant ceux qu'y fil la Religion Chrétienne.
lil. Il est aisé déjuger de l'état florissant où étoient les
Eglises des Gaules au commencement de ce siècle, par les
soins qu'aporta S. Irenée à les gouverner. Outre que le
sang qu'y avoient répandu les Martyrs, étoit devenu une
semence féconde, qui y avoit multiplié les Chrétiens ,
quels fruits n'y dévoient pas produire les travaux qu'en-
treprit ce grand Evêque pour y étendre la foi, détruire
les hérésies, et former des disciples (|ui fussent capables
d'en faire autant à leur tour? Quelles impressions n y dé-
voient pas faire les exemples éclatans qu'il y donna de son
amour pour l'unité, de son zélé contre l'erreur et de son
attachement pour la saine doctrine? Son amour pour l'u-
nité se fit connoître dans tout ce qu'il entreprit pour pro-
curer la paix aux Eglises divisées touchant le jour auquel
on devoit célébrer la Pâque. Son zélé contre l'erreur se
manifesta, non seulement par les livres qu'il écrivit contre
les hérétiques de son teins, qui tâchoient de séduire son
troupeau, mais encore par la vigueur avec laquelle il la
poursuivit jusque» dans Rome même, où Florin et Blaste,
qu'il terrassa par ses écrits, avoient la hardiesse de l'ensei-
gner. Son attachement pour la saine doctrine se fit admi-
rer par l'attention qu'il aporta à instruire son peuple de ce
qu'il devoit croire, en même tems qu'il lui montroit ce
qu'il devoit rejetter, par la réfutation qu'il faisoit des dog-
mes aussi ridicules qu'impies, que l'on osoit répandre dans
le public.
IV. Non, ce saint et savant Evêque ne se bornoit point
dans ses écrits à reprimer la licence des hérétiques; il tâ-
choit encore d'y affermir la foi qu'il avoit prêchée, et de
former les mœurs des Fidèles. Dans le peu qui nous en
reste on trouve établies presque toutes les vérités fonda-
mentales de la Religion Chrétienne : l'unité d'un Dieu en
302 ETAT DES LETRES
trois Personnes ; l'incarnation du Verbe dans le sein d'u-
ne Vierge; son éternité et son égalité avec son Père; la
vérité de sa chair, de sa passion, de sa résurrection; la chu-
te de l'homme, et les suites funestes de cette chute; la re-
demlion du genre humain par J. G. la nécessité de sa
grâce pour le salut; la liberté de l'homme; le mystère de
l'Eucharistie; la confession des péchés secrets comme des
autres; le jugement dernier; la résurrection de la chair.
On y trouve les règles et des exemples d'une sainte mora-
le : autant d'humilité que de prudence, autant de chari-
té que de zélé et de vigueur. En y enseignant la manière
de combatre les hérésies, il y marque en même-tems l'o-
bligation de le faire sans cesser d'aimer ceux qui les sou-
tiennent. Quelles instructions ne contenoient point tant
d'autres Livres, dont il avoit enrichi l'Eglise, et dont nous
avons le malheur d'être privés? C'est par-là que cette
grande lumière de tout l'Occident ne cessa point de luire
et d'éclairer, même après que la tyrannie d'un Empereur
Païen l'eut éteinte. C'est par-là que cet Oracle des Eglises
des Gaules continua encore à parler, même après qu'on
lui eut fermé la bouche par le martyre qu'on lui fit souf-
frir vers l'an 202.
V. Non seulement S. Irenée continua après sa mort à
instruire les Eglises des Gaules par les écrits dont il les
avoit enrichies ; il le fit encore par le ministère des disci-
ples qu'il avoit rendus les héritiers de sa doctrine et de son
zélé. Nous avons déjà touché quelques traits de ceux qu'il
forma et pour des païs éloignés et pour quelques-unes de
nos provinces. La connoissance que nous avons de ceux
là, doit nous faire juger du mérite des autres qui nous sont
inconnus. On ne nous aprend rien de ceux qu'il retint près
de sa personne. Mais il n'y a pas lieu de douter qu'ils ne
fussent de dignes élevés d'un aussi excellent maître. Sa
place fut remplie selon toute aparence par quelqu'un d'en-
tre eux, qui sut y enseigner ce qu'il avoit apris, et y con-
Cyp-ep. 07. tinuer ainsi la tradition de la doctrine des Apôtres. ' Il est
au moins certain que vers le milieu de ce siècle le Siège de
Lyon étoit encore ocupé par un S. Evêque, fort zélé pour
Eus. 1. 5. r. 20. p. la pureté de la docirine de l'Eglise. 'Il a échapé aux mju-
""" res des tems un Irait précieux de la conduite que tenoit
S. Irenée envers ses disciples, pour leur inspirer du respect
187
DANS LES GAULES, lli SIECLE.
303
et de l'attention à conserver pure lu tradition ecclésiasti-
que. C'est ce que nous aprend l'instante prière qu'il faisoit
à ses copistes , de transcrire ses ouvrages avec une exacti-
tude la plus scrupuleuse. Précaution qui a paru si impor-
tante, qu'elle est passée de l'Eglise des Gaules dans les au-
tres Eglises d'Orient et d'Occident ; jjlusieurs Pores grecs
et latins s' étant fait un devoir de l'iniitcr.
VL Mais de tous les disciples qui sortirent de l'école de
S. Irenée, nous n'en connoissons j)oint qui le fissent mieux
revivre après sa mort, que Cajus et S. Hippolyte. Formés
l'un et l'autre sur cet excellent modèle, ils le copièrent
parfaitement. Il auroit été difficih; de se tromper à re-
connoitre le maître dans ces deux disciples. 11 est vrai que
l'Eglise des (jaules qui les avoit élevés, ne jouit pas long-
tems des fruits de l'éducation qu'ils y avoient prise. Ils al-
lèrent les produire dans des terres élrangercs; soit que la
violence de la persécution qui éclata sur-tout dans les Gau-
les au commencement de ce siècle, ne leur permit pas de
se fixer dans nos provinces; soit que les limites des Gau-
les fussent trop étroites pour la grandeur de leur zélé ;
soit enfin que S. Irenée les eût destinés lui-même pour
porter la foi dans les pais éloignés. Mais , quoique
l'Eglise des Gaules n'ait pas toujours joui de leur pré-
sence, on ne pourra jamais lui ravir la gloire d'avoir in-
struit et formé ces deux grands hommes. Il sera toujours
glorieux pour elle, de savoir que ce fut dans son sein qu'ils
puisèrent le premier fonds de cette profonde érudition,
qui les fit regarder l'un et l'autre comme deux des plus cé-
lèbres Docteurs de l'Eglise en ce siècle. Il sera toujours vrai
de dire que la source de cette éminente doctrine, qu'ils ré-
pandirent en tant de divers endroits par leurs préaications,
et dont ils remplirent le grand nombre de Livres qu'ils
laissèrent à la postérité, remontoit jusqu'à l'Eglise de Lyon.
VIL (juels avantages ne tira point toute l'Eglise des
travaux de ces deux grands Docteurs? Fidèles imitateurs
de celui qui les avoit formés, ils firent en presqu'une infi-
nité de lieux, ce qu'il avoit fait le premier avec tant de
succès dans les Gaules. Caïus imitant son zélé contre les
hérésies, ' combatit celle des Montanistes en la personne Eus. i. c.c. 20. p.
de Procle ou Procule, * celle contrôla divinité de J. C. dans f^,,^, ^ ^^
les hérétiques Artemon et Theodote, et les erreurs gros- 30.37.' ''' '"'
304 ETAT DES LETRES
sieres des Grecs qui se prétendoient plus anciens que le
Eus. 1. 3.C ;i8. p. Peuple de Dieu, en la personne d'un certain Alcinoùs. ' Il
100 I Thdrt. hoir. r ,1 '^ »v if 1 • u 1 J
1. 2. c. 2. p. 220. poussa même son zélé jusqu a réluter ceux qui abusant de
l'endroit de l'Apocalypse, où il est parlé d un calme de
mille ans, établissoient un règne imaginaire et charnel de
même durée pour J. C. et ses Elus. De sorte que si ce
lut une tache pour l'Eglise des Gaules, d'y voir paroitre
les erreurs des Millénaires, ce fut une plus grande gloire
pour elle d'avoir formé un Docteur qui portât les premiers
coups à ces erreurs naissantes. Ce ne fut pas une moindre
iiier.vir.iii. c.r.t. gloire pour cette Eglise, 'd'avoir donné en la personne de
S. Hippolyte un savant Interprête de l'Ecriture, qui servit
et de motif et de modèle au grand Origene pour entre-
iren. 1. 3. c. 7. n. prendre le même travail. 'S. Irenée est le premier des Pe-
ildiss. 2.n. 41. ^^^ ^^^ j,^^ connoisse avoir travaillé à éclaircir Quelque
Livre de l'Ecriture. S. Hippolyte son disciple est allé bien
plus loin, et a travaillé sur ce sujet peut-être plus qu'au-
cun des anciens. En effet il est peu de Livres de l'Ecriture
sur lesquels il ne composât des commentaires, ou dont il
n'expliquât les principales difficultés. Il confondit enco-
re par ses écrits, comme S. Irenée avoit fait par les siens,
tous les hérétiques qui parurent depuis la (in du II siècle
jusqu'à son tems.
VIII. Dieu ne fut pas long-tems sans dédommager
l'Eglise des Gaules des deux élevés qu'elle avoit cédés à
(,r. T. hisi. Fr. I. d'autrcs Eglises. Pour ces deux Missionnaires ' il lui en en-
I , n_. 28 1 Gi. conf. ^^^-^^ g^pj ^utrcs, quc l'ou croit être tous venus de Rome. S. Ga-
tien qui fixa son siège à Tours, S. Trophime à Arles, S.
Paul à Narbone, S. Saturnin à Toulouse, S. Denys à Pa-
ris, S. Austremoine à Clermont en Auvei^ne, et S. Mar-
tial à Limoges. Ce fut par la prédication de ces grands
Evêques, que la lumière de l'Evangile, qui dès le siècle
précèdent s'étoit répandue, comme vous l'avez vu, dans
la Gaiile Celtique par le ministère des disciples des Apô-
tres et des hommes Apostoliques de la Grèce, pénétra
dans presque tout le reste des Gaules. De sorte que la do-
ctrine que S. Pierre et S. Paul avoient enseignée en Occi-
dent, et celle que les Apôtres S. Jean et S. Philippe avoient
prêches en Asie, se trouvèrent réunies dans nos Gaules,
pour y former ce que l'on nomme aujourd'hui l'Eglise
Gallicane. Prérogative aussi avantageuse que remarquable !
Prérogative
DANS LES GAULES. III SIECLE. 30r)
Prérogative dont peu d'autres Eglises pourroient se van-
ter ! Telles furent les sources d'où sortirent les ruisseaux de
celte eau salutaire qui arrosa nos provinces. Telle est l'o-
rigine de la doctrine que l'on y enseigne encore aujour-
d'hui d'une manière beaucoup plus pure qu'en tout autre
pais, par le soin que l'on y a aporté dans tous les siècles à
conserver dans sa pureté ce que l'on avoit reçu par le ca-
nal de ces Apôtres de nôtre foi.
IX. Comme ceux qui jetterent les premiers fondemens
de l'Eglise des Gaules éloient Grecs, et qu'ils se servoient
de la langue gréque, au moins dans les affaires ecclésias-
tiques, il y a tout lieu de croire qu'ils suivoient aussi le rit
grec, tel qu'il se pratiquoit dans les Eglises d'Asie. 11 en
faut néanmoins excepter quelques points particuliers ,
comme de l'aire la Pâque le quatorzième de la Lune. Sur
le même principe il n'y a pas sujet de douter qu'ils ne se
servissent aussi de l'Ecriture Sainte en grec, du texte ori-
ginal pour le nouveau Testament , et de la version des
Seplante pour l'ancien. Mais, lorsque les sept Evoques,
dont nous venons de parler, y vinrent de Rome fonder
de nouvelles Eglises, il est hors de doute qu'ils y intro-
duisirent le rit latin, qui ne tarda pas à y prendre le des-
sus. De même il y a toute aparence qu'ils y aporterent
dès-lors l'ancienne Italique, ou version latine de l'ancien
et du nouveau Testament. Il est au moins certain qu'elle
étoit en usage dans les Gaules au IV siècle. Delà il est
tout naturel de conjecturer que cette introduction fit né-
gliger le texte original, et tomber insensiblement l'usage
de la langue gréque dans les Eglises où il s'étoit introduit.
Delà il arriva encore que les Ecclésiastiques en particulier
venant à négliger la langue gréque, négligèrent aussi de
conserver les ouvrages écrits en la même langue. C'est-là,
comme il paroît, la source primitive des pertes irréparables
qu'a fait l'Eglise des Gaules de plusieurs ouvrages grecs,
nommément de ceux de S. Irenée, dont il ne nous reste
en leur langue originale que ce que les Pères de l'Eglise
gréque nous en ont conservé.
X. ' De la manière que S. Grégoire de Tours parle de Cr. t. lùst. Fr. i.
la Mission de ces sept Evêques, on s'imagineroit qu'ils se-
roient venus en même tems dans les Gaules. ' Mais cela *«. Man. p. lus.
ne s'est pas fait ainsi. Le but de cet Historien en plaçant
Tome I. Prem. Part. H r
306 ETAT DES LETRES
cette mission sous l'Empire de Dece vers 250, qui est l'é-
f)oque de celle de S. Saturnin, n'est autre que de désigner
e tems de la mission des six autres, qu'il croïoit d'ail-
leurs l'avoir acompagné dans les Gaules. II est au moins
indubitable que S. Trophime y étoit venu, et avoit fixé
son Siège à Arles assez long-tems avant S. Saturnin à Tou-
Cyp. op. G7. p. louse. Ou u'cu pcut doutcr , lorsque l'on fait alention '
Ihr'no" i'. r^p! qu'avant 253 il avoit pour successeur à Arles l'Evêque
•'-'■ Marcien , engagé dès-lors dans l'hérésie de Novatien , et
qu'entre S. Trophime et ce Marcien il y a eu au moins
un autre Evêque, qui est S. Régule. C'est ce qui est clair
et par les anciens catalogues des Evêques d'Arles , et par
la soixante-septième letre de S. Cyprien au Pape S.-
Etienne, écrite avant leur difîérend au sujet de la rebap-
tisation. De sorte qu'il faut avancer de trente ans ou en-
viron la mission de S. Trophime dans les Gaules. Il en
peut aisément avoir été de même des autres cinq Evê-
ques. Les uns seront venus plutôt, les autres plus tard;
quoique nous n'aïons pas les mêmes preuves pour l'assu-
rer. Comme Arles étoit alors une des principales villes
des Gaules, et des plus voisines d'Italie, il paroît fort na-
turel qu'elle fut une des premières, où quelqu'un de ces
saints Missionnaires établit son Siège.
Tiii. H. R. t.4. p. XI. ' On ne doute point que ces sept Evêques ne fus-
**■'■ sent accompagnés de plusieurs autres Ministres inférieurs.
On ne doit pas douter non plus qu'avant que de fixer
leurs Sièges dans les Gaules, ils n'eussent prêché la foi
Aci. M. d. 110. n. en divers lieux sur leur passage ou autrement. ' Jusqu'a-
- lors la prédication de l'Evangile ne s'étoit répandue que
foiblement dans nos provinces. On n'y voïoit que peu
d'Eglises élevées en quelques endroits par la dévotion des
Fidèles, pendant que les temples des idoles fumoient de
tous côtés par les sacrifices que l'on y offroit au démon ,
Cr. T. ibij. ' Mais après l'arrivée de ces saints Missionnaires, on vit
les peuples auparavant Païens se convertir en foule à Je-
sus-Christ , et la lumière de la foi pénétrer presque par-
Tiii. H. E. t. 3. p. tout. Ces grands hommes ' après avoir baptisé leurs disci-
ples, les instruisoient dans les choses de la Religion, et
même dans les letres , lorsque les peuples les ignoroient.
Ainsi en détruisant l'idolâtrie et les superstitions Païennes,
ils n'inlerdisoient point les letres humaines et la Philoso-
.•{03.
DANS LES GAULES. III SIECLE. 307
phie. Ils ne faisoienl que les perfectionner , en y ajoutant
la connoissanee des sciences qui regardent le Christianis-
me. Il y eut donc alors dans les Gaules autant d'écoles
Chrétiennes, qu'on y vit d'Eglises établies et formées. Et
jusqu'à quel point ne s'y multiplierent-elles pas en peu de
tems, malgré les efforts de Satan pour en empêcher le
progrès? Ce ne sera point sortir de notre sujet, que d'en-
trer dans quelque détail. Vous vous souvenez de l'obser-
vation que nous avons déjà faite. Le progrès de la pré-
dication de l'Evangile dans les Gaules, prouve le progrès
qu'y firent les letres.
XIL ' S. Saturnin aïant établi son Siège Episcopal à Tiii. ibu. p. soe
Toulouse vers 250, y forma avant que de souffrir le mar-
tyre plusieurs disciples qui, étant imbus de sa doctrine,
allèrent la répandre en d'autres lieux, et y fonder des
Eglises. L'histoire ne nous les fait pas connoître tous.
Mais on croit que S. Honorât son successeur immédiat
dans le Siège de Toulouse, S. Papoul, qui donna son nom
à l'Eglise qu'il établit , S. Honeste , Pi-êlre de Nisme ,
Apôtre de la Navarre , et le B. Cerace premier Fondateur
de l'Eglise d'Eause , furent tous disciples de S. Saturnin.
Cette dernière Eglise étoit autrefois Métropole du pais
que l'on a depuis nommé la Gascogne; mais le Siège en a
été transféré dans la suite à Auch. On prétend même
que S. Saturnin , soit après s'être arrêté à Toulouse , soit
auparavant , avoit établi diverses Eglises en Espagne. ' Ses ,,. 303. sot.
disciples formèrent des élevés , dont Dieu se servit pour
étendre le Christianisme en d'autres parties des Gaules.
On met de ce nombre particulièrement S. Firmin , qui
après avoir été instruit par S. Honeste , et ordonné Evo-
que , alla prêcher l'Evangile en Albigeois , en Auvergne ,
en Anjou , d'où il passa à Beauvais , et de Beauvais à Amiens,
dont il est considéré comme le premier Evêque , et où il
reçut la couronne du martyre vers l'an 287. ' Il y a bien caii. cur. nov. 1.
de l'aparence que l'Eglise d'Albi , qui fut fondée au moins *''"^'
dès avant la fin de ce siècle , eut pour Fondateur quelque
élevé ou de S. Saturnin ou de ses disciples.
XIII. Ce que vous venez de voir s'être fait par le mi-
nistère de S. Saturnin et de ses disciples , en faveur de la
propagation de la foi dans les provinces voisines de Tou-
louse, les autres missionnaires et leurs disciples le firent de
R r ij
308 ETAT DES LETRES
Gr. T. ibid. n. 29. leur côté en d'autres endroits. ' C'est ce que S. Grégoire
de Tours reconnoît en particulier au sujet de l'Eglise de
Bourges, dont il raporte la fondation à un des élevés des
Gi. conf. c. 80. p. Apôtres de nôtre foi. ' Quoiqu'il dise ailleurs que le pre-
**' mier Evêque de cette Eglise reçut sa mission des Disciples
des Apôtres mêmes, cela ne doit pas tirer à conséquence.
C'est une manière de parler, qui à la vérité a été trop sou-
vent prise à la letre, mais qui ne signifie autre chose dans
la plupart des Ecrivains , que recevoir sa mission de Ro-
Hisi Fr. :. t n. me , qui est le Siège Apostolique. ' Dès l'Empire de Vale-
.10. M.
«7
rien et Gallien , peu après le milieu de ce siècle, il y avoit
une Eglise à Cabales en Gevaudan , gouvernée par S. Pri-
vât. Celui-ci pouvoit être disciple de S. Austremoine ,
Gaii. chr noT. t. qui saus doutc en forma bien d'autres, et dont ' le Puy en
a. p. (>8.s. Vêlai , qui est une ancienne Eglise dans le voisinage d'Au-
vergne , put recevoir S. Grégoire son premier Evêque.
De même les autres Eglises de l'autre partie de l'Aquitai-
ne , eurent selon toute aparence leurs premiers Evêques
TjM. H. K. t i. p. de la main de S. Martial. ' On croit en effet que S. Au-
sone premier Evêque d'Angoulôme fut l'un de ses disci-
ples. Kien n'empêche que les Fondateurs des Eglises de
Bourdeaux , de Saintes , de Poitiers , de Perigueux et
peut-être d'Agen , n'aient eu le même avantage. Il est au
moins vrai que ces Eglises étoient trop célèbres dès le
commencement du IV siècle, pour n'avoir pas été établies
dès le siècle précédent. Ce n'est pas encore tout.
XIV. Si nous continuons le détail, combien trouve-
rons-nous d'autres Eglises fondées dans les Gaules en ce
siècle? Celles de Chartres, de Senlis et de Meaux doivent
Gaii. ciir. nov. t. saus doute leur origine à S. Denys de Parb. ' La tradition
i.p.ôii. j.jg effectivement (|ue S. Régule ou Ricule son disciple
fut Evêque de Senlis , après l'avoir été d'Arles. 11 y a
néanmoins plus d'aparence qu'il le fut d'abord de Senlis ,
et ensuite d'Arles , où la violence de la persécution qui
emporta S. Denys , et fît tant d'autres Martyrs en ces
?uartiers-là , le contraignit d'aller chercher un azyle. De
aris la foi put aisément se répandre dans la Belgique, et le
long de la Seine du côté de Rouen. L'Eglise de Cologne,
qui avoit un Evêque fort célèbre au commencement du
iV siècle en la personne de S. Materne , est aparemment
redevable de son établissement à quelqu'un des disciples
DANS LES GAULES. III SIECLE. 309
de S. Ueny3 , ou des élevés de ses disciples. Il en faut
dire autant des Eglises du Mans , d'Angers , et peut-être
de quelques-unes de l'Armorique, par raport à S. Gatien
premier Evêque de Tours. Il y a tout lieu de croire qu'il
avoit instruit et ordonné S. Julien, que la première de ces
Eglises honore comme l'Apôtre du Maine. De même en-
fin les villes les plus considérables du voisinage d'Arles et
de Narbone, qui n'avoient point encore reçu la foi à l'ar-
rivée de S. Trophime et de S. Paul dans les Gaules , ne
tardèrent pas à voir former des Eglises dans leurs encein-
tes par le ministère de ces deux grands Evoques. Vous
aurez pu remarquer que si l'on avoit eu égard à l'ancien-
neté des Eglises pour les ériger en Métropoles , Paris ,
Clermont et Limoges auroient dû jouir de cette préroga-
tive. Mais c'est le rang qu'elles tenoient dans le gouverne-
ment civil qui a fait donner cette prééminence aux unes
plutôt qu'aux autres.
XV. Outre le grand nombre d'Eglises , dont nous ve-
nons de faire l'énumeration , et oii vous pouvez observer
une succession de doctrine , il y avoit encore des Evoques
dans presque toutes les autres principales villes des Gau-
les, où ils vinrent s'établir de divers endroits. ' Quelques- tui. ibid. p. 48o.
uns y furent envoies de Rome, même comme les sept
dont nous avons parlé. L'on met de ce nombre S. Pere-
grin , envoie à Auxerre sous Sixte II en 257 , ou 258 ,
' S. Genoul ou Genulfe à Cahors sous le même Pape, et caii. chr. iwd. p.
sans doute plusieurs autres qui nous sont moins connus. "*•
D'autres y purent venir d'ailleurs. La plupart enfin y fu-
rent ordonnés par ceux qui y étoient établis les premiers,
' On parle avec éloge de l'éloquence d'un nommé Eodal , tui. ibid. p. 48s.
l'un des Païens que S. Savinien premier Evêque de Sens
convertit à la foi de Jesus-Christ. Si après tant d'établisse-
mens d'Eglises dans les Gaules, il se trouva encore quel-
3ue pais où la lumière de l'Evangile n'eût pas pénétré
es ce siécle-ci , Dieu se servit d'un autre moïen assez ex-
traordinaire pour y porter le flambeau de la foi. Mais
tout instrument réussit en la main de ce souverain Maî-
tre. Divers peuples barbares firent en ce siècle de fré-
quentes irruptions dans les Gaules; et ce fut ces irrup-
tions mêmes qui achevèrent d'y étendre la Religion
Chrétienne , et qui la firent passer à ces peuple» , qui n'en
2 S
310 ETAT DES L ET H ES
soz. 1. 9. c. G. p. avoiciit nulle connoissance auparavant. ' Parmi les prison-
Èmp/t'i 'p. 43!).' niers que celte multitude composée de diverses nations
**'• emmeiioit avec elle, il se trouvoit plusieurs prêtres d'une
vie irrépréhensible , d'une vertu au-dessus de toute sorte
de reproches, qui guérissoient même les malades, et déli-
vroient les possédés par l'invocation de Jesus-Christ. Plu-
sieurs des barbares , touchés par la sainteté et les miracles
de ces Prêtres , les prirent pour leurs Docteurs , écoutè-
rent avec respect leurs instructions , reçurent le baptême ,
adorèrent le même Dieu, et fondèrent des Eglises.
XVI. Après vous avoir exposé le progrès du Christia-
nisme dans les Gaules , il est de l'ordre de vous montrer
Cyp. ep. 67. p. qucI y éloit l'état de la doctrine. Vers l'an 232 , ' l'héré-
*''*■ sie de Novatien trouva moien d'y pénétrer. Marcien
Evêque d'Arles l'embrassa ; mais il fut le seul d'entre les
Evêques Gaulois, qui prit le parti de l'erreur. Contre le
sentiment de tous les Evêques Catholiques il refusoit la
paix aux pénilens. C'est ce qui réveilla le zèle et l'alen-
Amm. 1. is. p. lion dcs Evêques de la province de Narbone , qui com-
» ci'p. ibia. prenoit alors et la Viennoise et la Lyonoise. ' Plusieurs de
ces Prélats instruits de la doctrine de l'Eglise, et zélés
pour sa défense , n'aïant pu sans doute remédier au mal
par eux-mêmes, ni vaincre l'obstination de leur confrère,
s'adressèrent à Rome pour en tirer quelque secours contre
un mal si dangereux. S. Faustin de Lyon y signala son
zèle entre tous les autres. Non content d'avoir écrit au
Pape avec ses collègues à ce sujet, il en écrivit encore au
moins deux fois à S. Cyprien de Carthage. Celui-ci joi-
gnit ses instances à celles des Evêques Gaulois; et comme
l'obstination de Marcien dans le schisme et l'hérésie étoit
p. 116. notoire , ' il prioit le Pape , qui étoit alors S. Etienne, de
prononcer lui-nn'me l'excommunication , et d'engager les
iwèmies de la province à déposer Marcien , et les Fidèles
p. 117. d'Arles à élire un autre Evêque. ' 11 semble que Marcien
avoit été déjà jugé par les Evêques ses comprovinciaux,
p. 11.'.. ' mais que n'aïant point été encore excommunié par le
Pape ni par les Evêques d'Afrique, il en étoit devenu et
plus orgueilleux et plus insolent.
XVII. On ne sait point au juste quelle fut l'issue de
cette grande affaire. H y a ru'anmoins beaucoup d'apa-
rence que l'on fil porter à Marcien la [>eine que mériloil
DANS LES GAULES. III SIECLE. 311
son crime, et qu'il fut déposé; car son nom ne se trouve
point dans les plus anciens catalogues de l'Eglise d'Arles.
On ne voit point d'ailleurs que l'hérésie qu'il avoit em-
brassée , fit alors aucun progrès dans les Gaules. Seule-
ment il y a quelque sujet de croire , ou qu'il y en resta
quelque germe qui servit î\ l'y reproduire dans la suite ,
ou qu'elle y fut introduite de nouveau par quelque autre
moïen. En effet il ne paroît pas qu'il y eût de raison plus
naturelle , que les suites de cette hérésie dans les Gaules,
qui pût porter' S. Retice Evêque d'Autun , l'un des plus Hier. vir. iii.c.sa.
illustres Prélats de l'Eglise des Gaules au commencement '' "'^'
du IV siècle , à prendre la plume pour la combatre dès
la fin de ce siécle-ci. C'est ce qu'il exécuta par un grand
ouvrage , dont les anciens ne parlent qu'avec éloge. Cet
écrit qui subsisloit encore du tems de S. Jérôme ' et de S. Aug. in Jui. i. i.
Augustin , ne se trouve plus aujourd'hui. Il ne nous en reste p] m^' ""^■'' *'
qu'un passage que ce dernier Père a beaucoup fait valoir
contre les Pelagiens , comme établissant clairement le pé-
ché originel et ses suites, ce que nioient ces hérétiques.
S. Retice, en y parlant du baptême , disoit pour réfuter la
prétention de Novatien , que c'est là la grande et princi-
pale indulgence qu'acorde l'Eglise , et qu'elle n'en exclud
personne.
XVIII. L'ouvrage de S. Retice contre Novatien , n'est
pas le seul monument ecclésiastique de ce siècle, que nous
avons perdu. Nous n'avons point non plus ' le commen- Hicr.ibid.
taire qu'il composa sur le Cantique des Cantiques avant
la fin de ce siècle , comme il paroît , ' et dans lequel S. op. crit. p. 622.
Jérôme reconnoissoit beaucoup d'éloquence et de travail , ^'^^ "^^ *' ^' *'
quoiqu'il y trouvât bien des fautes d'ailleurs. Et pour re-
monter plus haut , on ne nous a conservé aucune des le-
tres que S. Faustin de Lyon et les autres Evêques de la
Narbonoise écrivirent sur l'affaire de Marcien d'Arles. II
nous manque encore 'plusieurs écrits de S. Irenée : son Eus. i.r..c. 15.20.
livre contre Marcion , ses dialogues, ses letres, ses traités uîifls!'"' "■"'
de la Monarchie , de l'Ogdoade , du Schisme , de la
science contre les Gentils , de la discipline , de la prédi-
cation des Apôtres , ' et peut-être un traité pour faciliter iren. i. 3. c. 7 1
l'intelligence des Epitres de S. Paul. De même nous ''"'■ ^- '• *'•
avons perdu les ouvrages de Caïus contre Artemon ,
Theodote , les Montanistes , les Millénaires , Alcinoûs ,
312 ETAT DES LETRES
et les erreurs de Platon. De plus de trente ouvrages que
l'on sait être sortis de la plume de S. Hippolyle , il nous
en manque plus de vingt en leur entier, la plupart sur
l'Ecriture. Des autres , nous n'en avons qiue de simples
fragmens ; si néanmoins vous en exceptez peut-être le
traité sur l'Antéchrist et le cycle pascal. Voilà sans doute
bien des écrits perdus. Mais on peut assurer que ce n'est
pas encore tous ceux que ce siècle avoit vus naître dans
l'Eglise des Gaules , ou sortir de la plume de ses élevés ,
et dont nous .sommes privés. Ce n'en est même peut-être
que la moindre partie ; les malheurs des tems nous aïant
enlevé jusqu'à la connoissance des autres.
XIX. Ceux qui nous restent , quelque précieux qu'ils
soient , sont peu de chose en comparaison des autres dont
nous souffrons la perte. Nous n'avons que les cinq livres
de S. Irenée contre les hérésies. Encore ne les avons-nous
pas en leur langue originale. On nous a aussi conservé ,
comme nous avons dit , quelques morceaux de ceux de S.
Hippolyte , avec deux ou trois de ses opuscules. Mais c'en
est assez avec la connoissance que nous avons de ceux qui
n'existent plus , pour nous donner une idée du goût et du
génie des Ecrivains Ecclésiastiques qu'ont produits nos
Gaules en ce siècle. On y voit qu ils traitoient digne-
ment la Théologie , s'atachant à prouver par l'Ecriture et
la tradition ce qu'ils vouloient persuader à ceux qui ad-
meitoient l'une et l'autre. On y voit qu'ils n'écrivoient
ni par curiosité, ni par le désir de se produire, mais uni-
quement ou par ocasion ou par nécessité : pour réfuter
les hérétiques , convertir les Païens , instruire les Fidèles.
On y voit qu'ils savoient à propos faire usage des con-
noissances que l'on cul ti voit dans le Paganisme , de la
Théologie fabuleuse , et de tout ce qui entre dans
l'érudition profane. Ne soïez point surpris au reste de
ce que presque tous les livres que nous venons de nom-
mer , fussent ou pour réfuter les hérésies , ou pour ex-
pliquer les livres sacrés. Il n'est point de siècles où il
s'élevât plus de differens hérétiques qu'en celui-ci et
le précédent. Et comme ils abusoient des saintes Ecri-
tures pour apuïer leurs erreurs , il étoit important de
les expliquer en un sens catholique. On voit cepen-
dant par le peu qui nous reste de ces explications , que
l'on
r
DANS LES GAULES. III SIECLE. 313
l'on donnoit beaucoup dans la figure. S. Hippolyte y
donna le plus , et fraïa le chemin aux autres. Aussi croit-
on qu'Origene, qui fut lui-même un si grand Figuriste ,
avoitété son disciple.
XX. Il s'en faut de beaucoup que la literature profane
ftt dans les Gaules en ce siècle le même progrès que la
literature sacrée. On peut toutefois assurer qu'elle s'y
soutint encore avec plus d'honneur qu'en nulle autre
province de l'Empire. Vous avez déjà vu que l'on regarde
communément la fin du second siècle de l'Eglise , comme
l'époque de la vieillesse et de la décadence de l'histoire
et des belles-letres. En ce siécle-ci le mal ne fit qu'al-
ler en croissant. Ce n'est pas, (1) comme le remarque ju-
dicieusement un Savant moderne , que le vrai goût , la
vraie manière d'écrire ne subsiste toujours essentielle-
ment ; puisqu'elle n'est atachée qu'à l'idée que les hom-
mes se doivent former de la justesse , de l'ordre et des
bienséances du langage. Mais les hommes frapés de quel-
que autre chose ou plus sensible , ou plus séduisante ,
n'aportent pas toujours le soin nécessaire pour se former
cette idée. Mille incidens sont capables de les en détour-
ner. Que ceux , par exemple , qui pourroient le plus con-
tribuer à soutenir les sciences , soit par l'estime qu'ils en
feroient , soit par les récompenses qu'ils atacheroient
aux soins que l'on prendroit de les faire fleurir , viennent
à les mépriser : il n'en faut pas davantage pour que les
autres négligent de prendre les moïens propres à les cul-
tiver. Qu'il s'élève des guerres civiles dans l'Etat ; qu'il y
arrive d'autres fâcheux évenemens , qui en troublent la
tranquillité , et qui exposent la vie , les biens , la liberté
des citoïens, c'en est assez pour leur faire oublier tout le
reste , afin de ne penser qu'à ce qui les touche et les inte-
resse. Voilà les principales causes de la décadence des bel-
les letres en ce siècle dans nos Gaules comme ailleurs.
XXI. Quel progrès voudriez-vous qu'elles y eussent
fait, par exemple , sous l'Empire d'un Caracalla ? Ce
Prince , qui bien que fils d'une mère très-savante , et bien
qu'instruit lui-même par un des plus habiles Sophistes de
son tems , n'avoit néanmoins que du mépris et de la hai-
(1) L'Auteur anonyme des letres à Mr. Houtoville, lotro 2.
Tome 1. Prem. Part. S s
2 s ♦
3U ETAT DES LETRES
ne pour les gens de letres ; qui les faisoit même tuer
cruellement , et qui avoit déclaré une guerre ouverte aux
écrits des anciens? De même, quel progrès pouvoient-
elles faire dans ces tristes irruptions que firent dans les
Gaules plusieurs nations barbares , à la faveur des guer-
res civiles qui s'y excitèrent en ce siècle? dans ces mou-
vemens continuels , et ce renversement presque général ,
toiijoiirs funeste aux Muses ennemies du bruit et du tu-
multe? Au lieu que chacun ne devoit agir que pour Ife
bien commun, et concourir à la tranquillité de l'Empire ,
chacun ne songeoit ou qu'à se défendre contre les barba-
res, où qu'à avancer sa propre fortune. II n'y avoit pres-
que point d'Officier d'armée , pour peu de crédit qu'il
Tiii. Emp. i. 3. p. eût sur les soldats , qui n'aspirât à l'Empire. ' .lamais on ne
448-1,9. ^j^ pj^g ^g tyrans à la fois. Les Gaules sur-tout furent
étrangement divisés par ces factions , ce qui dura plu-
sieurs années , après avoir commencé vers l'an 260. Pos-
tume y régna environ sept ans en qualité d'Empereur , et
y eut des successeurs de sa tyrannie plusieurs années après
lui. L'on peut aisément juger combien tous ces troubles
étoient contraires à la tranquillité si nécessaire au progrès
des sciences.
p. Ml. r,î±. Kis. XXIL ' 11 y a^oit treize ans que les Gaules étoient ainsi
démembrées, lorsque l'Empereur Aurelien les aiant re -
couvrées , les réunit à l'Empire. Mais elles ne jouirent
pas long-tems du calme que leur procura ce Prince. Dès
275 on y vit fondre les peuples d'Allemagne , les Lyges ,
les François , les Bourguignons , les Vandales ; qui rom-
pant les barrières que les Romains leur avoient oposées
au-delà du Rhin , se jetterent dans nos Provinces , et y
ocuperent en un ou deux ans soixante-dix villes les plus
riches et les plus considérables. Ces barbares en demeu-
p. 565. reront comme les maîtres, ' jusqu'à ce que Probe le» en
chassa en 277 , après les avoir vaincus en divers combats,
p. 573. et leur avoir tué quatre cens mille hommes. ' A ces trou-
bles succéda la révolte de Procule et de Bonose , qui ne
i. 4. p. 9. ii. finit que par leur défaite en 580. ' Mais à peine commen-
çoil-on à respirer , -qu'arriva le soulèvement d'Elien et
d'Amand chefs des Bagaudes , dont on ne vit la fin que
vers le milieu de l'année 287. Après quoi suivirent encore
de nouvelles courses de la part des Allemans , des Bour-
DANS LES GAULES. III SIECLE. 31o
guignons, des Hernies, des Chaibons ou Gavions par terre,
des François et des Saxons par mer. Parmi les maux que cau-
sèrent aux Gaules ces fréquentes irruptions , elles ne laissè-
rent pas de procurer un bien. Elles furent une ocasion de
faire connoître Jesus-Christ à divers peuples idolâtres , qui
n'en avoienl jamais oui parler. ' Elles atirerent même jiii. Emp. t. 3. p.
dans les Gaules , on ne sait comment , un Grammairien , ^^*
gui y enseigna quelque tems , après y avoir épousé une
femme du païs. Ce Grammairien devint sur-tout fameux ,
pour avoir donné naissance au lyran Bonose , dont nous
venons de parler.
XXIII. Autant que les irruptions des barbares dans les
Gaules y furent préjudiciables aux sciences et aux beaux
arts : autant leur y fut favorable la présence des Empe-
reurs , qui y vinrent faire leur séjour avant la fin de ce
siècle. On sait de reste que la Cour Impériale atiroit tou-
jours les gens de letres et les personnes habiles , qui y
acouroient comme à la source des recompenses et des fa-
veurs , avec plus ou moins d'empressement , à proportion
de l'amour qu'avoient ces Princes pour les letres, et de
l'estime qu'ils faisoient de ceux qui prenoient soin de les
cultiver. Dans ce changement de résidence ils choisirent
la ville de Trêves pour leur séjour ordinaire , afin d'être
plus à portée de repousser les ennemis au-delà du Hhin.
'Postume el Tetrice en usèrent ainsi. Maximien Hercule, t. 4. p. 15.
et ceux qui régnèrent dans les Gaules après lui, imitèrent
leur exemple.' Ce fut là qu'en 289 et 291 Claude Ma- j>an. b. p. «2:1. n.
mertin prononça, en présence de cet Empereur, deux pane- '*'
gyrigues à sa louange. ' Trêves étoit aussi le siège du Pré- Tiii. ibid.
let (les Gaules, qui avoit encore sous lui l'Espagne et la
grande Bretagne. C'est pourquoi les Evêques de cette ville
avoient un rang distingué et une grande autorité dans
l'Eglise durant le IV siècle. Tout concouroit alors à fai-
re de Trêves une ville célèbre et d'un grand abord. Mais
dès le commencement du siècle suivant les barbares de-
venus les plus forts , la ravagèrent plusieurs fois , et les
Préfets furent obligés d'aller résider à Arles.
XXIV. Trêves étoit ainsi devenue la ville capitale de p 21. 23.
l'Empire , lorsqu'en 292 Constance Chlore père du grand
Constantin y vint fixer sa demeure. C'ètoit un Prince
très - puissant, quoiqu'il ne fût encore que César. L'Em-
S s ij
316 ETAT DES LETRES
pire aïant été partagé entre les deux Empereurs et les deux
Césars, il avoit eu pour son apanage les Gaules, la gran-
de Bretagne , l'Espagne et la Mauritanie Tingitane, qui
p. 81. 8i. étoit une dépendance de cette dernière province. 'Jus-
ques-là on n'avoit point encore vu de gouvernement ni plus
paisible ni plus heureux que celui de ce Prince. Son rè-
gne , lorsqu'il eut succédé à l'Empire , eut les mêmes avan-
tages. De sorte que sous lui les Gaules jouirent d'une
paix profonde et d'une entière liberté , tant pour l'exerci-
ce du Christianisme , que pour la profession des sciences et
des beaux arts. Bien davantage ; quoiqu'il n'eût pas étu-
dié lui-même , il ne laissa pas de travailler à faire fleurir
les sciences dans ses Etats , et de protéger les gens de
letres. On peut juger de son zélé à cet égard , et par
l'empressement avec lequel il sollicita Eumene à prendre
soin de la jeunesse d'Autun , et à enseigner la Rhétorique
dans cette ville , et par la générosité qu'il fit paroilre
dans les apointemens considérables qu'il lui assigna. Doit-
on douter que ce Prince en fit moins pour Trêves sa ville
capitale , qu'il n'en fit en cette ocasion pour Autun?
XXV. Tout conspira donc en quelque sorte à faire de
Trêves, dès avant la fin de ce siècle , comme une autre
Rome , comme le centre de la politesse , des sciences et
Au.. .Mu3. V. 381- des beaux arts dont les Romains faisoient profession. ' 11
est au moins certain qu'au siècle suivant cette ville avec
son territoire étoit devenue une pépinière de gens de le-
tres et de beaux esprits , qui faisoient revivre les Aristides
d'Athènes , les Catons et les Orateurs de l'ancienne Ro-
p. tiit. me. ' Il n'est pas moins certain que ses écoles étoient alors
'^*''- en grande réputation , et qu'elles avoient de très-habiles
Professeurs à leur tête. Cela ne se fit pas tout à coup.
Ainsi il y a tout lieu de croire qu'elles commencèrent dès
ce siécle-ci à devenir célèbres. En efl'et la résidence qu'y
faisoient les Empereurs , étoit fort propre à y atirer de
bons Maîtres. Les Professeurs d'éloquence, de poétique ,
de droit Romain , de Philosophie , assurés de trouver
dans une certaine ville et de 1 ocupation et la récompense
de leurs travaux , n'en cherchoient point d'autres. C'en
étoit assez pour les y atirer. Or où pouvoient-ils mieux
rencontrer ces avantages que dans la ville impériale ? Les
étudians de leur côté , assurés d'y trouver de bons maî-
,188,
Cl'.
DANS LES GAULES. 111 SIECLE. 317
très avec toutes les commodités de la vie , dévoient s'y
rendre en foule de toutes parts. Et combien la qualité
de résidence ordinaire de la Cour, qu'avoit alors la ville
de Trêves , pouvoit-elle multiplier le nombre de ces étu-
dians ?
Parmi les Savans qui y brilloient à la fin de ce siècle,
' nous connoissons en particulier un Claude Mamertin , Pan. b. p. los.
3ui y prononça publiquement , comme nous avons déjà
it , deux panégyriques à la louange de Maximien Her -
cule. On ne peut presque pas douter que Mamertin n'y
enseignât l'éloquence , et qu il n'y formât plusieurs autres
Orateurs . ' Il est cerlain qu'au commencement du IV sié- i>- *»"• '-■>s
cle, on y en vit paroître au moins un autre , qui y pro-
nonça aussi publiquement deux panégyriques à la louange "
de Constantin le grand , dont il se qualifie le panégyriste
ordinaire. ' Or de la manière que cet Orateur parle et de r-^i:.
son pais et de son éducation, il paroît qu'il étoit de la
Belgique , et qu'il avoit effectivement fait ses études à
Trêves. Lui et Mamertin ne furent pas les seuls panegj'-
ristes , que les Gaules donnèrent dès-lors à l'Empire. Eu-
mene le célèbre Eumene , en augmenta le nombre , et
mérita d'y tenir un des premiers rangs. Il nous reste en-
core de lui quatre panégyriques , deux desquels furent
prononcés avant la fin de ce siècle. Il semble que ces trois
panégyriques inspirèrent tant d'émulation à leurs compa-
triotes, que ceux-ci se firent depuis une espèce de devoir
de ne point céder aux étrangers la gloire de cette noble
fonction. En effet nos Gaules devinrent dès ce siécle-ci
ce que Rome avoit été auparavant ; la mère et la nourri-
ce des Panégyristes de l'Empire , qui durant les IV et V
siècles n'en eut presque point d'autres que ceux qu'elles lui
fournirent.
XXVII. La résidence ordinaire que la Cour Impériale
faisoit à Trêves, pou voit en rendre les écoles plus brillan-
tes, que n'étoient celles d'Autun. Mais il y a toutefois
cette différence entre les unes et les autres, que nous som-
mes un peu mieux instruits de l'histoire de celles-ci, que
de ce qui regarde celles de Trêves. Autun , comme vous
l'avez vu , étoit une des villes les plus considérables des
Gaules. Ses écoles se soûten oient encore avec éclat au
siècle précédent ' sous la conduite du grand-pere d'Eume- p. 107. n. n.
318 ETAT DES LETRES '^//^ A<1
ne, qui continua à les gouverner encore en ce siècle avec
beaucoup de réputation. Etant mort âgé de plus de qua-
Pan.B.p.ws.n. 3. tre-viuts ans , ' OU lui donna pour successeur un autre très-
habile homme , ' à qui en succéda un troisième qu'Eumene
semble nommer Glaucus. Celui-ci n'étoit pas grec , com-
me le premier des trois ; mais il possédoit parfaitement la
langue gréque. Malgré l'habileté de ces grands maîtres
d'éloquence , ' les écoles d'Autun ne laissèrent pas de per-
dre en ce siècle une partie de leur ancienne splendeur. ' On
discontinua même d'y enseigner, avant qu'Eumene en-
trât dans sa jeunesse, c'est-à-dire, vers l'an 270. Cette in-
terruption vint sans doute , ' des ravages que les barbares,
nommément les Bagaudes, firent dans la ville. 'Car l'his-
toire nous aprend qu'Autun fut ruiné sous l'Empire de
Claude II , pour avoir invité ce Prince au recouvrement
des Gaules. ' Il paroît que les édifices du Collège, qui
étoient magnifiques, ne furent pas plus épargnés que les
autres.
XXVIII. ' Un Empereur avoit déjà fait travailler avec
quelque magnificence aux réparations de la ville , ' lors-
que Constance Chlore entreprit de la rétablir dans sa
première splendeur et la rendre comme la mère des au-
p»n. 1». 144-ufi. très. ' Ce Prince , qui n'étoit encore que César , touché
155. n. 5. .6. li. jjgg heureuses dispositions qu'il trouvoit dans la jeunesse
Gauloise pour les sciences , n'oublia rien pour rétablir le
Collège. Dans le dessein formé de le rendre aussi florissant que
jamais en faveur de cette jeunesse , qui venoit de perdre
un habile Modérateur , Constance s'adressa aux deux Em-
pereurs, afin de mieux exécuter son entreprise. II en ob-
tint un rescrit adressé à Eumene , cet Orateur si recom-
mandable par son éloquence et la probité de ses mœurs ,
pour l'engager à se charger de la conduite et de l'instruc-
tion des écoles d'Autun. Eumene exerçoit actuellement la
Chaire de Secrétaire d'Etat, ou n'en étoit sorti que de--
puis peu. Mais on ne regardoit point alors la profession
de Maître d'éloquence indigne d'un homme de ce rang.
Au contraire les Empereurs jugeoient eux-mêmes qu'elle
n'étoit propre qu'à lui donner un nouveau relief; n'y
aïant rien , disent-ils , de plus grand , que de former la
jeunesse dans les sciences et les bonnes mœurs pour le» be-
soins de l'Etat. Aussi Eumene accepta-t^il volontiers la
p. 137. n. 17.
p. U3. II. 3. 4.
p. l.-,7. 11. 17.
p. 143. n. 3. 4.
Till. Emp. l. 4.
28.
P
Pan, ibid.
p. 144. n. 4.
Till. ibiil. P. 29.
DANS LES GAULES. 111 SIECLE. 319
chaire d'éloquence qu'on lui ofîroit. Et comme il joùissoit
déjà d'une pension considérable atachée à sa charge de
Secrétaire d'Etat, 'on lui doubla ses âpointemens, qui Pan.p. ix4. n. n
montoient à plus de vingt-six mille livres de notre mo-
noïe. Mais par un trait de générosité bien rare, il voulut
que ce riche honoraire fût emploie au rétablissement du
Collège. Tout cela se pas^a en 296 et 297 ; et dès le com-
mencement du siècle suivant, avant l'an 310, ces écoles
étoient devenues si florissantes , ' qu'elles avoient donné p- *". n. ïs.
grand nombre de sujets de mérite , dont plusieurs bril-
loient dans le Barreau , et d'autres dans les premières char-
ges de l'Empire,
XXIX. Nous avons observé dans le discours sur le siè-
cle précédent, que dès-lors il pouvoit y avoir eu des éco-
les à Besancon. ' Elles y étoient au moins llorissantes avant Aus.cons.p. 7ii
le milieu de ce III siècle, sous la conduite de Jule Titien, ^"loi.ie. p.G36
qui gouvernoit aussi celles de Lyon à l'alternative. Auso-
ne nous le donne assez à entendre , en témoignant que
Titien se fit plus d'honneur par cette profession ^ que par
l'exercice du Consulat auquel il fut élevé. D'ailleurs la
réputation où il étoit, et le grand savoir qu'il avoit ac-
auis, font juger de reste qu'il soutint dignement la gloire
e ces deux écoles. ' On ne peut douter qu'il ne fût un jui. cap.va. Max.
des plus célèbres Rhéteurs de son tems; puisque l'Erape- ^°"' " '•
reur Maximin I le choisit pour enseigner l'éloqueuce au
jeune Maximin son fils vers l'an 235. 'Titien n'étoit pas ibid. i aui. ep. ic.
seulement Rhéteur ; il étoit encore et Poète et Geogra- ^' ^^■
phe. Ce fut aparemment en faveur de la jeunesse qui hali-
toit ses écoles , qu'il mit de vers grecs en prose latine les
fables d'Esope. Il laissa aussi particulièrement sur la Geo-
graphie divers autres écrits, dont les anciens he parlent
qu'avec élose. Tel étoit le Modérateur des écoles de Be-
sançon et de Lyon en ce siècle; et l'on conviendra sans
peine gu'elles ne pouvoient qu'être célèbres soUS la con-
duite d un si savant homme. Ce n'est donc pas sans sujet
que nous soutenons que celles de Lyoa en particulier, si
célèbres dès le premier siècle par ces disputes publiqties
qui s'y faisoienl en grec et en latin, cotitinueretità se
maintenir dans leur première splendeur.
XXX. Rien n'empêche de croire la même choéë des
autres dont vous avez déjà v& l'établissement aux siècles
320 ETAT DES LETRES
passés. Il est même hors de tout doute , qu'il s'en établit en-
core beaucoup d'autres dans les principales villes de nos
provinces, quoiqu'il ne nous reste pas d'anciens monu-
mens pour le justifier. Si le commencement de celles de
Bourdeaux , qui furent si florissantes au siècle suivant , et
où l'on voioit en même tems plusieurs chaires de Profes-
seurs en l'une et l'autre éloquence , la gréque et la latine,
Aus. par. c. iG. p. nc remoutc pas plus haut , ' nous avons des preuves pour le
130^1^ Vin. in Aus. pjg^ggj. g^^ moins en ce III siècle. On y vit effectivement
paroître un Eusebe , inconnu d'ailleurs , qui fit dès-lors à
Bourdeaux , ce que tout le monde sait y avoir fait Ausone
au siècle suivant, en y enseignant les belles lelres. C'est
ainsi que l'on croit devoir entendre ce qu'Ausone dit lui-
même de cet Eusebe, dans l'éloge de Veria Liceria, arriëre-
petite-fille d'Eusebe, et femme d'Arboré neveu d'Ausone
par sa sœur. Voici le texte de ce Poète.
procul et de manibus iniis,
.Vrcessenda esset vox proavi Eusebii ;
Qui quoniam functo jam pridem conditus œvo,
Transcripsit partes in mea verba suas.
Il seroit difficile de dire combien fut utile au progrès
des sciences dans les Gaules l'institution de ces Collèges.
Le zèle et l'émulation qu'elle y inspira pour les letres,
faisoient étudier à l'envi et les maîtres et les disciples. Et
cette émulation étoit d'autant plus grande , qu'il y avoit
plus de maîtres qui enseignoient comme à la vùë les uns
des autres.
XXXI. Outre les hommes de letres, dont nous
avons déjà donné quelque notion dans ce discours , nous
ne connoissons presque point d'autres élevés des écoles
Gauloises, qui aient paru en ce siècle avec quelque dis-
tinction. Mais on sait assez que l'antiquité ne nous a pas
apris tout ce qui s'est passé sous ses yeux. 11 faut toute-
fois joindre aux grands hommes que nous avons déjà nom-
més , Jule Titien le père , dont quelques modernes font
un célèbre Orateur, et à qui ils atribuent les ouvrages qui
sont plus vraisemblablement de Jule Titien son fils. Quant
aux autres personnes de marque que produisirent nos Gau-
les en ce siècle, l'on compte jusqu'à six ou sept Princes
qu'elles
DANS LES GAULES. III SIECLE. 321
qu'elles donnèrent à l'Empire. Mais ils ne lui lirent pas
tous également honneur. Personne n'ignore quel fut Cara-
calla , qui étoit né à Lyon , et dont nous serons peut-être
* obligés de parler ailleurs. Carus , qui avait pris naissance
à Narbone , tient le milieu entre les bons et les mauvais
Empereurs. Carin et Numerien ses fils et ses successeurs,
étoient des esprits bien difîerens l'un de l'autre. Nume-
rien devint aussi aimable que Carin se rendit odieux.
Bonose fils de ce Grammairien , que vous avez vu être ve-
nu s'établir dans les Gaules, trouva le secret de se faire
proclamer Empereur par les troupes qu'il commandoit
sous Tempire de Probe. Mais après avoir joui quelque
tems du titre qu'il avoit usurpé , il fut enfin vaincu , et ter-
mina sa vie par un genre de mort infamant. Saturnin, qui
se trouva comme forcé à prendre la pourpre, auroit été
un bon Prince , si la providence l'avoit placé sur le thrône,
et qu'il n'y fût pas monté de lui-même.
XXXII. Il y a plus de choses à dire sur Carause, les-
quelles ne reviendront pas ailleurs. ' Il passoit pour l'un Pan. n. p. 120
des plus savans hommes dans la Marine, que l'on eût en- Tp.' lî.'ia'."'' ''
core vu. Mais comme il avoit apris cette science plutôt
par un long et fréquent exercice , que par l'étude des Li-
vres qui en traitoient , nous ne parlons de lui avec quel-
que détail , que pour ne pas laisser absolument ignorer son
histoire. Il étoit de fort basse condition , et avoit pris nais-
sance , non dans le pais que l'on a depuis nommée la Hon-
grie, mais dans celte partie de la Gaule Belgique à la-
quelle on a donné le nom de Flandre ou de Brabant. Ca-
rause dès sa jeunesse s'étoit exercé à conduire des vaisseaux,
pour avoir de quoi vivre. Il acquit par cet exercice une
parfaite connoissance de la mer. Il fut ensuite emploie
dans les armées navales , où il parut avec éclat , sur-tout
dans la guerre contre les Bagaudes. Mais étant devenu ou
suspect ou odieux à Maximien Hercule , ce Prince donna
ordre qu'on le fit mourir. A cette nouvelle ' Carause prit iiu>. d.i-.i.. 2-;.
le titre d'Auguste en 287, passa dans la grande Bretagne,
avec la flote qu'il commandoit pour défendre les Gaules,
et trouva moïen de s'y faire reconnoître Empereur. Il sou-
tint cette hardie entreprise avec autant de courage qui?
d'habileté; 'et les deux Empereurs Diocletien et Maximien Tiii. i^ii. j.. .:.
furent obligés de traiter avec lui, et de le laisser jouir 6 à
Tome I. Prem. Part. T t
322 ETAT DES LETRES «
' 7 ans ' du fruit de sa conquête , et du titre qu'il avoit usur
pé. L'on voit encore une preuve de cet acord dans une
médaille , qui porte pour inscription : La paix des trois Au-
gustes. Carause fut tué dans la grande Bretagne par Ale-
* cte ' un de ses Officiers , qui prit la pourpre , et régna envi-
ron trois ans.
XXXIII. Les écrits qu'enfanta dans les Gaules en ce
siècle la literature profane , n'eurent pas un sort plus heu-
reux que les ouvrages eclésiastiques. L'antiquité peu soi-
gneuse pour l'avenir , s'est contentée d'en profiter , sans
prendre de justes mesures pour les faire passer jusqu'à nous.
L'on ne nous a rien conservé de tout ce que Titien écrivit
sur la Géographie , l'Agriculture , la Rhétorique et quel-
ques autres sujets. On doit croire qu'il avoit beaucoup
écrit ; puisque S. Isidore de Seville le compte entre les Ora-
teurs qui avoient le plus contribué à soutenir l'éloquen-
ce. Nous n'avons rien non plus des déclamations et des
poésies de l'Empereur Numerien. Il nous manque aussi
quelques pièces d'éloquence de Claude Mamertin. Voilà
les écrits perdus dont nous avons quelque connoissance en
genre de literature profane. Mais combien en est-il péri
d'autres , dont il ne nous reste ni le moindre vestige ni la
moindre notion? Tout ce que nous possédons aujourd'hui
en ce genre de literature, se réduit à quatre panégyriques,
deux de Mamertin et deux d'Eumene. Car pour les deux
autres de cet Orateur, ils ne furent faits et prononcés
qu'au siècle suivant. On voit par ce peu de monumens que
1 éloquence , qui tomboit sensiblement dans les autres pro-
vinces de l'Empire, se conservoit encore avec quelque lu-
stre dans nos Gaules. Elle étoit à la vérité bien difl'eren-
te de celle des bons siècles. Au lieu de cet air aisé et na-
turel , qui fait le prix de l'éloquence comme de la poésie,
au lieu de ces expressions nobles et majestueuses, au lieu
de cette justesse et de ce bel arangement que l'on admire
dans les écrits des siècles de Ciceron et d'Auguste : le gé-
nie des Orateurs de ce tems-ci étoit de s'exprimer par des
pensées guindées, des tours de phrase embarassés, et un
Ens ibid D VU O ' Ei"^'''^ ''i' 1"^ Carause ne régna que trois ans ; ne comptant peat-étra que
• p. • iij jgjjjj qij.y fagnjj paisiblement.
Qùà, (3) ' Le même HistorieD nomme Asclapioiiota cet Alecte qui tua CarauM.
DANS LES GAULES. III SIECLE. 323
assemblage confus de mots qui souvent ne signifient pas
grand'chose.
XXXIV. Les superstitions fondées sur l'Astrologie, ont
presque toujours régné dans les Gaules et dans la Erance.
On y a consulté les Devins en tout tems; et nous ne ver-
rons presque aucun siècle, où cette superstition, ennemie
de la vérité, n'ait infecté la republique des letres. ' En ce Lamp. vu. ai. n,
siècle l'Empereur Alexandre Severe étant allé au-devant ^'
des Germains qui ravageoient les Gaules, une femme Drui-
de lui prédit en quelque manière sa mort, en lui disant en
langue Gauloise : Allez, mais n'espérez pas la victoire, et
ne vous fiez pas à vos soldats. Lampride met ces paroles
entre les présages de la mort de ce Prince, qui fut tué en
235. ' L'Empereur Aurelien consulta d'autres femmes vopi. vit. Aur. n.
Druides, qui se mêloient encore dans les Gaules, comme ** p.^Tg. *^'"'' '
la précédente , de deviner l'avenir , et leur demanda si
l'Empire demeureroit dans sa famille. On tient qu'elles
lui répondirent , qu'aucune famille ne seroit plus illustre
parmi les Romains, que la postérité de Claude II. La pré-
diction fut acomplie en la personne de Constance Chlore
père du grand Constantin. ' De même une autre Druide vo... vit. Num. n
prédit à Diocletien , qui n'étoit encore que simple soldat, vit. Aur. noi. p.
qu'il seroit un jour Empereur. ' La profession dont se mê- '^' *■
loient ces femmes Druides, a fait dire à Saumaise, qui
veut qu'on les nomme Dryades, qu'elles n'étoient autres
que ces Nymphes des bois, ou ces Fées, dont nos romans
ont fait tant de contes fabuleux. Pomponius Mêla nous
les caractérise encore mieux, lorsqu'il nous les représente
comme des Prêtresses Vierges Gauloises , qui usoient de
charmes pour exciter des tempêtes sur mer, guérir les ma-
ladies qui paroissoient incurables , et prédire des choses
avenir.
I
t»j
324
lil SIF.OLG.
S. IRENÉE,
EvESQUE DE Lyon, Docteur de l'Eglise et Martyr.
S I-
HISTOIRE DE SA VIE.
ii.li. pr. p. ifi4. ' c» Irenée , la lumière des Gaules et de tout l'Occident,
dUs. i. M. 1. 2. O. comme le qualifie Theodoret , ' étoit Grec de na-
1 tion. Il vint au monde vers l'an 130' de nôtre Ere vul-
gaire, dans l'Asie mineure, peut-être à Smyrne même ou
1. 3.C.3. n.4|Eus. dans le voisinage. C'est ce que fait juger la manière 'dont
I.5.C. ao.pi88. ji Ye de S. Polycarpe Evêque de cette ville. Il eut le
honneur d'être instruit dans la pieté dés sa première jeu-
nesse par ce grand Maître, qui avoit été lui-même disci-
ple des Apôtres. Dès cet âge si tendre il avoit un soin par-
u ticulier d'observer tout ce qu'il voïoit en la conduite de
ce saint Vieillard, pour le faire passer dans la sienne. Il
écoutoit atentivement toutes ses paroles, les gravoit non
sur des tablettes, mais dans le plus profond de son cœur,
et les rouloit continuellement dans son esprit. De sorte qu'à
un âge un peu avancé il avouoit les avoir plus présentes,
que ce qui s' étoit passé depuis peu sous ses yeux. Tout ce-
la fait croire que nôtre Saint naquit de parens Chrétiens,
et qu'il fut toujours élevé dans la vraie Religion.
Outre S. Polycarpe ' il eut encore pour Maître, comme
il le témoigne lui-même , un Elevé des disciples des Apô-
tres, qu'il cite souvent sans le nommer, et dans la suite S.
Pothin Evêque de Lyon. ' Par cet Anonyme quelques mo-
dernes entendent Papias. ' Mais Papias avoit été disciple
(1) Quelques modernei font naître S. très-grand âge. Que cela sigoifie-t-il , si-
Irenée dès l'an 120 oa environ. D'autres non que S. Irenée éloit encore jeune, lors-
ne placent cette naissance que 20 ans plus qu'en 1C6 S. Polycarpe souffrit le Marty-
tarcl. Mais les premiers n'ont pas fait assez re ? De ne mettre aussi la naissance de S.
d'atention , que ce Saint disant que dés Irenée qu'en 140, c'est ce que les autres
sa première jeunesse il avoit été disciple de circonstances de sa vie ne permettent pas,
S. Polycarpe, il donne pour preuve de ce comme on le verra par la suite,
fait que ce S. Martyr vSquit jusqu'à un
Iron,
1.
. I.
4.C
.27,
vie,
P-
16.
1. 5.
c.
33.
n. .
s. IRENÉE, EVEQUE DE LYON, etc. 32o
des Apôtres mêmes; et lorsque notre Saint le cite, il le m siècle.
fait en le nommant. ' Cela n'empêche pas toutefois que S. Hier. ep. 53. p.
Jérôme ne dise que S. Irenée fut effectivement sous sa dis- ssi-
cipline : ce qu'il n'aura peut-être avancé qu'en prenant
lui-même Papias pour l'Anonyme dont nous venons de
parler. Quoiqu'il en soit, ' on ne peut nier que S. Irenée iivn.iwj.
ne fit depuis une étude particulière de ses écrits, et qu'il
n'y puisât les sentimens des Millénaires.
' A la science ecclésiastique il joignit l'étude des letres iiiss. 2. n. 4.
humaines, et la connoissance de la théologie Païenne,
comme on le remarque par les fréquentes citations qu'il
fait des Poètes et des Philosophes le moins connus. ' C'est Ten. in vai. r. .n.
ce qui fait dire à Tertulien, que S. Irenée avoit aprofondi ^' **'■
toutes les sciences avec beaucoup de soin et de lumière:
Omnium doctrinarum curiosissimus explorator.
' Il est vrai que notre Saint avoue lui-même n'avoir ja- iren.i. 1. pr. u.a.
mais apris à composer des Livres, ni étudié les règles de la
rhétorique; qu'il déclare ignorer la politesse du discours,
et l'art de persuader adroitement. Mais il faut prendre cet
aveu pour des sentimens que son humilité lui avoit inspirés,
et lui faisoit croire très-veritables. D'ailleurs il pouvoit
fort bien n'avoir pas étudié à dessein de devenir Auteur;
mais il ne laissa pas de se rendre très-habile et par les ta-
lens qu'il avoit reçus de la nature, et par l'aplication qu'il
donna à l'étude. ' L'érudition profane, selon les Pères, diss. 2. n.4.| tiii.
étoit nécessaire pour réfuter les erreui-s des Païens; et il m-^^'^p-»»-
n'y a pas lieu de douter que S. Irenée n'eût emploie une
partie de son tems à l'acquérir.
' En effet quelque épineuse et embarassante que soit la ••»<!• l Hier. îu.
matière qu'il traite dans ses livres contre les hérésies , et
quelque barbares que soient et le peu du texte grec qui
nous en reste, et encore plus la version latine que nous en
avons, S. Jérôme n'a pas laissé d'y trouver beaucoup d'é-
loquence et d'érudition. De même les Connoisseurs y re-
marquent un génie vif, agréable , élevé : ce. qui paroît
dans les comparaisons dont il se sert, et dans quelques au-
tres endroits où s'elevant au dessus de son sujet, il donne
nie liberté à son esprit.
n ne sait ni quand ni à quelle ocasion S. Irenée vint iren. dis». 2. n 5,
dans les Gaules. On ignore également par qui il y fut en-
voïé. ' Seulement S. Grégoire de Tours rapporte cette Mis- cr.x. hisi.Fr. .i.
2 5 "■ "•
326 S. IRENÉE, EVEQUE DE LYON,
(II SIECLE, sion à S. Polycarpe. 'D'autres ont conjecturé qu'Irenée
• iifn.vic, 1. i.p. ''liant fait le volage de Rome avec ce Saint en 157, on l'en-
25. 20. 29-31. voïa de Rome à Lyon, sur les remontrances de S. Anicet
à (jui S. Pothin avoit demandé du secours pour son Eglise.
Mais cette conjecture n'a nul fondement, et paroît démen-
1 tie par la manière ' dont notre Saint parle de lui-même.
Il y a plus d'aparence qu'il passa dans les Gaules avec
quelques-uns de ces autres Grecs Asiatiques, qui y vinrent
établir l'Eglise de I^on, et peut-être avec S. Pothin mô-
me, quelque tcms avant que S. Polycarpe entreprît son
voïage de Rome. Irenèe étoit alors encore jeune, n'afant
?«?■ Lt v'r*i?r *I"^ ^^ '^ ^^ *"^- ^^"^ '* ^"^*^' '^^ I^olhin l'ordonna Prê-
c. 3s. "'•*'■•' • tre, pour servir en cette qualité l'Eglise dont il étoit Evê-
que. Les premiers Martyrs de Lyon font en deux mots l'élo-
ge de ce saint Prêtre, en disant que c'étoit un zélé partisan
de la loi de J. C. Us ne trouvèrent personne entre leurs
frères et leurs collègues, qui fût plus propre qu'Irenée,
pour porter en 177 les letres qu'ils écrivirent dans leur
Eus. c. 3. p. 168. prison au Pape S. Eleuthere, ' et aux Eglises d'Asie et de
c. 4 p. i««. Phrygie sur l'hérésie de Montan. ' Ils le choisirent donc
pour faire les voïages de Rome et d'Asie. Mais Dieu en
disposa aulrement , au moins quant à ce dernier et plus
long voïage.
c. 5. p. 170 iGr. ' .\près que S. Pothin cul souffert le martyre, ce qui ai^
î».''p'30»'.'"" * "^^ '* même année 177, comme nous l'avons montré ail-
leurs, S. Irenée fut mis en sa place, et fut le second Evê-
que de Lyon. Cette élection ne permit pas sans doute qu'il
abandonnât une Eglise affligée, persécutée et privée de son
.i; i«n| i,«»i Pasieur, pour faire le voïage d'Asie auquel on l'avoit de-
stiné. 11 est néanmoins des Ecrivains qui prétendent le
En», noi.p.92.1. contraire. ' Mais Mr. Valois réfute solidement leur opi-
nion, et soutient même qu'il ne fit point le voïage de no-
Hier. ibid I Iran. me. 'S. Jcrôme l'assure néanmoins; et rien n'empêche qu'il
ne l'ait effectivement fait, .soit avant, soit après son élection.
Il y a même quelque lieu de croire que ce fut à Rome
|t) En effet, comment S. Irenée qni pour qu'on lui donne alors ; et qo'il Taroit «e-
aiiluriser >-e iin'il av.inri-, ilit qu'il avuit vu com|Kignù UaiiM Sus voïages, si comme on
• ^ t dans «a plus tendre jt'Dne!>se le saint vieil- le prûlund. il avoit réellement (ail le vola-
lanl l'of^'carpo, ne diroit-il pas plûltH ge de Rome, «1 conversé & un Ige mâr
qu'il avoit passé plusieurs années en sa avec cal iiomme Apostoliqno ?
compagnie, et jusqu'à i'ége de 36 * 37 ans
a
b
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 327
u'il reçut l'ordination épiscopale; quoiqu'il y ait plus m siècle.
'aparence que ce fut dans les Gaules mêmes.
' S. Irenée élevé à l'Episcopat, y brilla par une sainteté cr. t. ïMd. ,
admirable; et en peu de tems il rendit par ses prédications ' ' '
la ville de Lyon presque toute Chrétienne. ' Il eut beau- i'»»- "^m. n.n.
coup à travailler, pour y reparer les ravages que la fureur
des Païens y avoit causés. Mais ce travail ne fut point au-
dessus de son zélé; 'et il ne borna pas ses soins à la seule rui.ib.p. 83.
Eglise, ni même au Diocèse de Lyon. Il forma plusieurs
disciples pour porter la lumière de la foi en divers autres
endroits. On le vit quelquefois lui-même aller chercher
l'erreur jusques dans Rome, pour la combatre en la per-
sonne de Blaste et en celle de Florin.
' On lui atribue beaucoup de miracles pour la conversion p m.
des infidèles. Cela peut être vrai; ' puisqu il nous assure lui- iren.i.î.c. si. n.
même comme témoin oculaire, que de son tems il se faisoit ''••'*•"•*•''•
grand nombre de merveilles dans l'Eglise, et qu'il auroit
été impossible de faire l'enuraeration des dons et des grâ-
ces qu'elle recevoit de Dieu, et qu'elle répandoit encore
tous les jours par toute la terre sur les Gentils au nom de
J. C. crucifié. ' "'
' On sait peu de choses en détail de la vie de ce grand Tiii.U). p. ss.
Evêque. Seulement il paroît qu'elle fut toute ocupée ou
à soutenir la vérité en combatant les hérétiques et de vive
voix et par écrit, ou à former les Eglises des Gaules en
les instruisant de la doctrine apostolique. Mais autant qu'il
avoit de zélé pour combatre l'erreur, autant il avoit de
charité pour ceux qui l'enseignoient. ' Rien ni de plus tou- iren. i. 3. e. 25. n.
chant ni de plus instructif, que ce qu'il dit lui-même de '
cette charité sincère qu'il portoit aux hérétiques.
' Ce fut autant l'effet de cette charité que le devoir de i.i.pr.n. s|e. 13
sa charge pastorale, qui l'engagea à écrire le grand nom- "' ''
bre d'ouvrages dont il enrichit l'Eglise, et dont nous fe-
rons le dénombrement en son lieu. Il ne nous en reste mal-
heureusement que celui qu'il fit contre les hérésies qui
avoient paru jusqu'à son tema. Il eut une ocasion particu-
lière d'écrire sur ce sujet à cause des hérétiques Marco-
siens, ' ou Gnosticjues, comme les nomme S. Jérôme, qui Hier. in. u. e. 64.
aïant d'abord séduit quelques femmes de qualité dans les mi"* ' *'*' "''
pais qu'arrosent le Rhône et la Garonne, en firent de
même en Espagne.
328 S. IRENÉE, EVEQUE DE LYON,
m SIECLE. Personne n'étoil ni plus propre ni plus capable do refu-
• iren. 1. 3.c. 3. ter ces hércsies, que l'étoit S. Irenée. Non seulement * il
"• *■ avoit été instruit par les disciples des Apôtres; •> non seu-
pr. p. 164. lement Dieu l'avoit préparé à ce combat en lui donnant
une foi très-pure et une lumière très-pénetrante des plus
grandes vérités, et en le comblant de tous les dons céle-
i.i.pr.n.2. stes du S. Esprit, comme parle S. Epiphane :' mais il avoit
encore une connoissance parfaite de toute la doctrine de
..3. pr.11.2. ggg hérétiques, qu'il avoit étudiée à fond. ' Aussi ne fait-
il pas difficulté de dire lui-même, sans sortir des bornes
de son humilité, que ceux qui avoient entrepris avant lui
de la réfuter, n'y avoient pas tout-à-fait réussi, parce
qu'ils n'en avoient pas assez connu les faux principes.
A ce zèle ardent pour combatre l'erreur, si-tôt qu'elle
Eus. 1. 5. c. 24. p. osoit se montrer, ' S. Irenée savoit joindre un amour ex-
trême pour la paix. Il fit voir à tout le monde, dit Eusebe,
que son nom qui signifie pacifique, n'étoit point démenti
T.i.ibii. par ses actions. ' Mais cet amour de la paix dans ce grand
Evêque n'étoit point un amour du repos au préjudice de la
Eus. ib. c. 23. 24. vcritè. ' Il en donna des preuves éclatantes dans les fa-
p.191. i9i. meuses disputes au sujet du jour auquel on devoit célébrer
.,;,< la Pàque. Gardant en cette rencontre un juste tempéra-
ment , si d'un côté il soutint la vérité de la tradition que les
Asiatiques combatoient, de l'autre il s'oposa fortement
au Pape S. Victor, qui vouloit troubler la paix en séparant
de la communion de l'Eglise ces mêmes Asiatiques.
Nous avons raporté ailleurs avec quelque détail ce que
.,} fit S. Irenée en cette rencontre; et nous avons déjà don-
né l'histoire du Concile qu'il assembla à ce sujet, et dont
r- i9i i!)i I l'iiut. il fut l'ame, et conduisit toute l'action. 'Outre la Letre
Synodale de ce Concile, que l'on regarde comme l'ouvra-
ge de notre Saint, il en écrivit plusieurs autres tant au Pa-
pe qu'aux Evêques pour assoupir cette dispute, en quoi il
réussit heureusement.
ireii.diss. 2.11.30. ' Lcs mouvemeus qu'il se donna pour procurer la paix à
l'Eglise, et le soin qu'il prit d'achever son grand ouvrage
contre les hérésies, lurent des dernières actions de sa vie.
.», II la finit par le martyre l'an 202, dans cette violente per-
sécution qu'excita contre l'Eglise l'Empereur Severe la 12"
année de son règne. La mort de notre Saint est marquée
1*0 •» i^iso"'' 31^28* de Juin dans les anciens Martyrologes. ' Son corps
fut
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 329
fut inhumé entre ceux de S. Epipode et S. Alexandre sous m siècle.
l'Autel de l'Eglise de S. Jean.
'La plupart des anciens Pères de l'Eglise renchérissent iron.pr. p. ig3.
les uns sur les autres en faisant l'éloge de nôtre saint Evê-
que. Tertullien le compte entre les Pères les plus recom-
mandables pour leur sainteté et leur excellence , et qui
ont refuté les hérétiques par les écrits les plus achevés.
Eusebe et S. Epiphane le regardent comme un défenseur
intrépide de la loi Catholique , qu'il a soutenue pendant
toute sa vie ' avec une lumière qui a dissipé toutes les illu- p- ">*•
sions et les vaines chimères des hérétiques , et triomphé
de tous leurs efforts. S. Augustin le produit contre les
Pelagiens sur le péché originel , en le qualifiant un ancien
homme de Dieu , un défenseur de la vérité , un Docteur
célèbre pour sa doctrine , devant qui les Pelagiens les
plus obstinés eussent été contraints de rougir et de se ren-
dre à la vérité. Theodoret le nomme un homme aposto-
lique , un homme admirable , qui a répandu la lumière de
la vérité dans les Gaules et dans tout l'Occident.
S. Irenée forma un nombre considérable de disciples ,
qui tous furent illustres ou par leur pieté, ou par leur sa-
voir, et dont quelques-uns eurent le bonheur de verser
leur sang pour la foi. Les plus célèbres furent le Prêtre
Caïus et S. Hippolyte , dont nous donnerons bien-tôt
l'histoire, comme aïant été instruits , et peut-être étant
nés dans les Gaules. Pour les autres , nous en avons
déjà parlé ailleurs en plus d'un endroit ; et nous ne répé-
terons pas ce que nous en avons dit.
§. II.
Ecrits qui nous restent de lui.
DE tous les ouvrages que S. Irenée laissa de sa façon ,
il n'est venu jusqu'à nous que ses cinq livres contre
les hérésies. Encore ne les avons -nous pas tous en leur
langue originale , ni peut-être même en tout leur entier.
Au moins ' paroît-il quelques lacunes tant dans l'ancienne iren. i. i. c. u.
version que dans le texte grec du premier livre. n. * i c. la. n. 2.
' Les motifs qui portèrent l'Auteur à y mettre la main, 1. i. pr. n. 2.
étoient dignes et de son zélé et de sa charité. D'une part,
il craignoit de voir périr par sa faute plusieurs Fidèles, qui
ne sachant pas discerner les loups sous la peau empruntée
Tome I. Prem. Part. V v
2 6 •
7
n. 3.
n. 7.
330 S. IRRNEE, RVEQUE DE LYON.
III SIECLE, des brebis dont ils tâchoient de se couvrir, seroient deve-
iren. 1. 1.C.13. n. Hus leur proïe. ' De l'autre il desiroit de retirer de l'erreur
grand nombre de femmes , que les disciples d'un certain
Marc avoient séduit dans les provinces qu'arrose le Rhô-
n.i. ne. ' Ce Marc étoit un des plus insignes imposteurs de la
secte de Valentin , et un homme très-habile dans l'art de
la magie. S. Irenée ne fait pas difficulté de le qualifier le
vrai précurseur de l'Antéchrist. Avec ses charmes et ses
prestiges il séduisit quantité de personnes de l'un et de
l'autre sexe. ' Il s'altaquoit particulièrement aux femmes,
et en vouloit sur-tout a celles qui éloient et de qualité
et les plus riches. Tel étoit le Maître , ' et tels furent ses
disciples.
Ce fut donc pour détruire en particulier les ern urs des
Valenliniens et des Marcosiens , que S. Irenée entreprit ce
pr- n. 2. grand ouvrage ; ' se proposant tout à la fois d'en garantir
1.4. c. 41. n. 4. les Fidèles, et de confondre ceux qui les enseignoient ,
pour les faire revenir de leurs égaremens.
I. I. pr. n. 2. ' Mais avant que d'y travailler, il prit toutes les mesu-
res possibles pour y réù.ssir. Il eut soin de s'instruire à fond
des sentimens de .ses adversaires , tant par la lecture des
écrits des disciples mêmes de Valenlin , que par des co-i-
fererices qu'il enl avec eux. Ainsi c*' ne fut qu'après avoir
sondé la profondeur de leurs mystères . comme il parle lui-
î>:ême, qu'il eiitr'pril d'en montrer et les extravagances et
'•■ " n ' les impielés. 'En le faisant il se sert de leurs propres ter-
mes, iifin d'en faire mieux .sentir le ridicule.
pr. ». 3- ' Il marque ex;>ress('menl que ce fut dans les Gaules
u'il composa cet ouvrage. Mais il n'y mil la main qu'à
iderenli's reprises. C'e.'st ce qui paroit par les préfaces
l
I. ;«. .-. 3. n. :!. qu'il a mises à la lête de chaijue livre. ' Les trois premiers
furent achevés avant ia mort ilu l'ape S. Eleuthere, que
l'Auteur compte pour le douzième Evêque de Rome ue-
Tiii.H. K t.3. |i. puis les Apôtres. On croit que les deux autres livres ne
furent faits que sous le Ponlilicat de S. Victor , et peut-
être même les dernières années de la vie de S. Irenée.
iren. 1. 1. pr. 11. ' Ils sout touR adre.s.>^és à un ami intime du Saint, qui ne le
3;pi.ri.'^l.'pr.*|!; nomme nulle part. Mais on ne peut presque pas douter
• *" que ce ne fût un Evêque, et un Evoque de mérite. C'est
ce qui parolt par le portrait qu'il nous en a tracé. Il lui
parle comme h une personiu; qui avoit plus de savoir que
DOCTEUK DE L'EGLISE ET MARTYR. 331
lui, qui éloit iui-mètne capable de réfuter la doctrine des m sikclk.
hérétiques, et qui devoit insti-uire les autres, et les garan- "
tir de l'erreur. S. Iren;'e avoit un autre molif de lui adres-
ser son ouvrage ; puisque cet ami l'avoit souvent pressé de
l'entreprendre.
' Eiisebe et Photius nous ont conservé en grec le titre de kus.i.s. c. 7. i>.
cet ouvrage, que "" I interprète de saint Irenee a traduit ^,. .m.
ainsi : Exposition et renversement de la doct mie qui porte finis- m. 2. i.r. n.i 1 \.i.
sentent /e?iom de science. ].e\i\l\nii'pùletncove^ ou contre les hé-
résies, ce qui revi(;nt au mêine. Cet ouvi-age est divisé en cinq
livres, comme nous avons déjà liit.
' L'Auteur en l'ait lui-même l'analyse en peu de mots, ii- "• '■ s. pr.
Le premier livre, dit-il, contient les sentimens des héré-
tiques , leurs maximes, et les traits qui caractérisent leurs
personnes. Dans le second on trouve renverséfs et réfu-
tées leurs im[)ertinences et absurdités , après les avoir
dévoilées et montréi's telles (pi'elles sont. Le troisième
livre est emploie à raportcr les preuves de l'Flcriiure o|)o-
sées aux rêveries des h rétiques. ' Dan> le quatrième on i.+.rr.n.i 1 <•. ti.
les réfute par les propres paroles du Sauveur, el dans le "'' '■'''■
cinquième par celles de S. Paul, expliquant en particulier
quelques endroits de cet .Apôtre dont les hérétiques abu-
sent criminellement. Donnons à cette anâly.se un peu plus
d'étendue.
'Dans le premier livre S. Irenée fait une exposition 1.1. ci-;!,
exacte des foies imaginations de Valentin et de ses disci-
ples. 11 leur opose ensuite la doctrine de toutes les Eglises
du monde , qu'il explique brièvement , et qu'il soîiiient
être la même dans chacune , quoique ces Eglises se trou-
vent éloignées les unes des autres , et qu'elles usent de
difterentes langues : au lieu que la doctrine des Valenti-
niens étoit diverse et changeante, y aïant parmi eux pre^--
que autant de différentes opinions , qu'd y avoit de sect.;-
teurs. 11 met à la fin une énumeration de tous les héréti-
ques qui avoient paru jusqu'alors, suivant l'ordre des tems,
depuis Simon le Magicien, qu'il regarde comme la tige
d'où sont sortis tous les autres, jusqu'à Tatien disciple de
S. Justin Martyr.
S. Irenée emploie le second livre à réfuter par divers i- 2 c. 1-35.
raisonnemens solides les rêveries et extravagances qu'il a
détaillées dans le premier. Il y démontre qu'il n'y a
V V ij
332 S. IRENEE, EVEUUE DE LYON,
111 siKr, Li:. qu'un seul Dieu, qu'il ne peut y en avoir davantage; que
ce Dieu est un Etre suprême et très-simple , le Père de
nôtre Seigneur Jesus-Christ , que c'est par son Verbe , et
non par le Dieu de Marcion , ou par les Anges, que le
monde a été créé. De là il passe à prouver que l'on ne
doit point rechercher avec curiosité à savoir autre chose
de Dieu que ce que nous en aprenent les saintes Ecritures,
qui parlent de lui d'une manière claire et sans ambiguité.
H donne ensuite de beaux préceptes pour l'intelligence
de l'Ecriture , réfute la métempsycose , et établit l'immor-
talité de l'ame.
I.3.C.1-25. ' Dans le troisième livre S. Irenée prouve l'unité d'un
Dieu Créateur du ciel et de la terre, l'unité et la divinité
de Jesus-Ghrisl, son incarnation dans le sein d'une Vierge,
la vérité de sa chair et de sa passion; qu'il y a un S. Esprit
distingué du Père et du Fils , qui nous a donné la grâce
et le secours nécessaire pour le salut. Et comme les héré-
tiques convaincus de l'évidence de ces vérités par les qua-
tre Evangiles, se plaignoient de ce qu'ils avoient été cor-
* rompus , et en apelloient à la tradition , il leur montre
que c'est dans l'Eglise Catholique (jue se trouve cette tra-
dition pure et sans mélange , et que c'est-là qu'il faut cher-
cher la vérité; étant impossible que toutes les Eglises du
monde se fussent accordées pour changer la doctrine des
Apôtres. Aïant eu ocasion de parler d'Adam , il soutint
contre Tatien et ses sectaleurs que Dieu lui avoit remis son
péché, et fait misericoide.
II. c. i-ii. '11 établit dans le quatrième livre l'inspiration des Li-
vres sacrés, et emploie leur autorité pour continuer à
prouver l'unité d'un Dieu , Auteur de l'ancien et du nou-
veau Testament. 11 montre que c'est le même Père, qui a
été annoncé dans l'une et 1 autre alliance ; que le Verbe
en se faisant voir aux anciens Patriarches et aux Prophè-
tes, a fait connoître la divinité d'un seul Dieu , et que ce
seul Dieu est son père. 11 a soin de.raporler de tems en
tems les objections des hérétiques pour les réfuter : ce qu'il
fait quelquefois en se servant de leurs propres armes. Il y
montie en particulier que c'étoit en vain qu'ils tâchoient
de se servir des paroles de l'Evangile pour apuïer leur
mauvaise cause. Après avoir donné ses preuves, il dit qu'il
n'en faut pas davantage pour condamner les Juifs, les
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 333
Gentils, les Marcionites , les Valentiniens , et toute sorte m sikcli;.
de faux Prophètes , d'Hérétiques et de Schismatiques. 11
finit en établissant la liberté de l'homme , et en réfutant
l'opinion de ceux qui prétendoient que les hommes étoient
les uns natureliemen); bons , les autres naturellement mé-
chans.
' Il emploie le cinquième livre à établir la Rédemption i. s. c. i-sg.
des hommes par Jesus-Christ, dont il prouve l'incarnation
et la divinité contre les Valentiniens et les Ebionites. Et
comme ceux-là nioient la ri^'surrection des corps , S. Ire-
née insiste sur cette vérité qu'il prouve par divers raison-
nemens invincibles. Il traite ensuite du jugement dernier ,
de l'Antéchrist , de son nom, de son avènement, de son
règne, de sa tyrannie, de l'état des âmes après la mort.
A cette ocasion il s'étend beaucoup sur le legne terrestre
de Jesus-Christ et de ses Elîis, inventé par Papias chef des
Millénaires.
Les anciens ont fait beaucoup de cas des écrits de S.
Irenée. On a déjà vu avec quels éloges Terlullien, S.
Epiphane, S. Jérôme, S. Augustin et d'autres en parlent
en louant sa personne. ' Eusebe relevé en particulier la vi- kus. i. i. c n. i>.
gueur et la constance avec lesquelles nôtre Saint va cher- *'*■
cher les secrels les plus obscurs des hérétiques dans les
antres et les ténèbres où ils se cachent, pour les décou-
vrir à la lumière du jour, et pour que l'on ait de ces ser-
pens l'horreur qu'ils méritent.
'Le même Auteur, S. Epiphane, Theodoret, S. Jean l'i.iij. 7. p. i7iv
de Damas et autres, ont beaucoup lu l'ouvrage de S. Ire- " " '
née, et en ont tiré plusieurs choses dont ils ont enrichi
leurs écrits. C'est de-là que le premier a lire le catalogue
des Papes depuis les Apôtres jusqu'à S. Eleuthere inclusi-
vement, et les preuves qu'il donne de la continuation des
miracles , des dons de prophétie et des langues que l'on
voïoit encore dans l'Eglise après le siècle des Apôtres.
' C'est encore là qu'il a puisé ce qu'il dit des quatre Evan- «• «• i' '7-- '"•'
giles , de l'Apocalypse, de l'Antéchrist, et touchant divers
autres points importans. ' De même S. Epiphane a copié cesn.ui.iMi. 1. 1.
de mot à mot une partie considérable du même ouvrage ''"
de S. Irenée.
' Dès le vivant même de nôtre saint Docteur ses écrits tui. lu. t.. oi.
étoient devenus si. célèbres, que S. Clément d'Alexandrie
334 S. IRENEE, ÊVEQUE DE LYON,
lu SIECLE, son contemporain, en eut connoissance et en fit usage pour
composer les siens.
Il est étonnant de voir que des S.ivans aient été par-
tagés sur la langue en laquelle les cinq livres contre les
hérésies ont été écrits originairement. Il suffisoit de lire
avec la moindre atention la version latine que nous en
avons , pour juger cerlainenient qu'ils n'avoicnt pas été
écrits en latin. Ni le second* ni le troisième, nous pouvons
même dire, ni le quatrième siècle n'ont jamais rien enfan-
té de si barbare en cette langue. Que si ces livres n'ont
pas été écrits en latin , il faut qu'ils l'aient été en grec ;
puisque ces deux langues éloient les plus usitées dans l'Em-
pire en ces tems-là. Et c'est ce que devoit faire juger îe
grand usage que les Pères grecs, peu ou point du tout
acoûti/més à citer les latins, ont fait de ces écrits aux IV
H V siècles. D'ailleurs ignoroit-on que ce fut en cette
même langue que les Fidèles de Lyon et de Vienne, du
nombre desquels étoit alors S. Irenée. que l'on croit mê-
me avoir tenu ia plume en cette ocasion, avoient écrit les
actes de leurs premiers Martyrs ? Pourquoi donc n'auroit-
il pas emploie la même langue à écrire contre les héré-
sies? On peut se rapeller ce que nous avons dit ailleurs de
l'usage tout commun de la langue gréque dans les Gau-
les en ces premiers siècles , surtout à Lyon et dans la Nar-
bonoise.
Cependant malgré ces preuves qui se présentent d'el-
Fab^bib. lat.app. les-mêmcs, ' Erasme a douté si S. Irenée avoit écrit en
grec ou en latin. Possevin et Feuardent ont cru qu'il s'é-
toit d'abord servi de la première de ces deux langues
vi(i-M;irv. i. i. p. puis de la seconde : ce qui revient h l'opinion ' de M. Huel,
*''^*- qui semble avoir supposé que S. Irenée est lui-même Au-
teur de la traduction latine que nous avons de ses cinq
livres. Mais tous les bons critiques sont aujourd'hui reve-
Tiii. ib. p. 89. jjyg (jg ggg erreurs, ' et conviennent que ce fut en grec"
qu'écrivit nôtre Saint. En elTet il est visible que le texte
grec de son ouvrage est un discours aussi naturel, que le
latin est une traduction barbare et forcée.
Il ne nous reste plus de ces cinq livres en leur langue
originale que le premier, qui s'est trouvé presque tout en-
tier cité dans S. Epiphane. Il se trouve aussi quelques pe-
tits fragmens des autres livres dans Eusebe, S. Basile ,
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 335
Theodoret, S. Jean de Damas, et dans les chaînes des an- m siècle.
ciens Pères grecs. * Quelques Savans, que la pieté dont ils . sand. vet. «cri.
faisoient profession rendoit croïables, avoient assuré qu'ils ecci. p. 24.
avoient vu dans la Bibliothèque de la République de Ve-
nise un exemplaire grec de l'ouvrage de S. Irenée. Mais
lorsqu'eux- mêmes ou d'autres allèrent l'y chercher, il ne
s'y trouva plus. D'autres disent qu'on en a vu un autre
exemplaire grec dans la Bibliothèque du Vatican : mais
on ne doit plus y compter après toutes les recherches que
le dernier Editeur de S. Irenée a fait faire dans cette Bi-
bliothèque pour recouvrer ce précieux monument.
' Quant à la traduction latine que nous en avons . Jean cesn. iwd.
Cornaro reconnoît qu'elle est fort défectueuse, et assure
que l'on auroit pu plus aisf'ment la corriger sur le texte de
S. Epiphane, qu'elle n'auroit pu servir elle-même à en-
tendre le texte grec de ce Père.' Quelques Savans la iren.djss.a.n. 531
croient plus ancienne que Tertullien; mais la plupart la Mtrv.îbîa! ' ^^''
jugent plus récente , quoiqu'ils prétendent qu'elle ait
néanmoins précédé la fin du IV siècle. Quelques-uns ,
comme Dodwel qui a fait une dissertation sur ce point de
critique , en fixent l'époque à l'an 385 , à l'ocasion des
Priscillianistes. Si c'est là faire honneur à cette traduction,
ce n'est pas assurément en faire beaucoup au siècle où on
la place. ^ _ , „„, .,iiT
En effet, au'il nous soit permis de demander que l'on
produise quelque pièce latine de ce siècle, ou même du
suivant, écrite en un langage aussi corrompu que l'est cet-
te traduction. Sans parler de la construction grammati-
cale et de l'arrangement des termes , dans quels monu-
mens de ces tems-là trouvera-t-on des mots aussi barba-
res'que ceux-ci et autres semblables qui se lisent en une iren. 1.1. pr. n. ..
infinité d'endroits de cet ouvrage : Sr;adenter, blasphematio , *.!|'|/;2"pr.'n'. 'i
qxiatematio, mysterinlitei\ impudorate ^prœconare ,perexivi- ' *]|"|*3 'c' ??'
mus, adfationes, postremitas, fiens, efficabde, incapabilis ? n.' s.
il n'est presque point de page de cette traduction , qui ne
pût fournir de semblables façons de s'énoncer. Que con-
clure de-là ? Sinon qu'elle n'aura été faite qu'après que
la barbarie eut pris la place de la bonne latinité , c'est-à-
dire au VI siècle, et tout au plutôt avant la fin du Pon-
tificat de S. Grégoire le grand. ' Peut-être la demande Gr. m. i. ii.ep.
que fît à ce Pape Ethere de Lyon, en le priant de lui com- **■
336 S. IRENEE, EVEQUE DE LYON, '
m SIECLE, muniquer les écrits de S. Irenée, et la réponse de S. Gre-
" goire qui l'assura qu'il n'avoit encore pu les déterrer ,
quoiqu'il les eut cherchés, firent-elles naître le désir de
les rechercher avec un nouveau soin, et l'ocasion de les
traduire en latin. (XXIX.) .
iroii. ,iis«. 2 n.M. 'On 8 beau dire en faveur de l'ancienneté de cette
version , qu'elle se trouve citée dans ïerlullien, S. Cy-
prien et S. Augustin : cette raison ne peut tenir contre
celles que nous venons de donner. 11 est vrai que ces trois
Pères latins citent quelques endroils de S. Irenée ; mais
outre qu'il ne les citent pas dans les mêmes termes qui se
lisent dans la traduction latine, le Traducteur n'aura-t-il
pas pu profiter de ce qu'il en aura trouvé de traduit dans
ces Pères? De-lù la conformité qui se trouve entre ces
endroits cités et la traduction.
Il ne serviroit de rien d'alléguer l'ignorance de S. Cy-
prien et de S. Augustin , dans la langue gréque, pour
donner à entendre qu'il faut qu'ils aient eu une ver-
sion latine pour citer ce qu'ils citent de S. Irenée. Car
s'ils ne savoient pas açsez de grec pour cela, n'onl-ils pas
pu s'adresser à des personnes qui le savoient , comme cela
s'est toujours pratiqué, et se pratique encore aujourd'hui
entre les Savans par raport aux langues étrangères ?
Tiii. iind. p. 77. ' Il a semblé à un très-habile homme, que l'ouvrage de
S. Irenée aroit été aussi traduit en Syriaque. Il établit cette
opinion sur ce que, dans un discours sur la vertu, atribué à
Ephrem, il en est raporté un assez long endroit, et que la
langue syriaque est la seule qu'entendit S. Ephrem. Mais
la remarque que nous venons de faire sur un sujet presque
semblable k l'égard de S. Cyprien et de S. Augustin , dé-
';,■ truit les preuves qu'on donne de cette opinion.
I ' __ Au reste quelque barbare et défectueuse que soit la ver-
.«» ■■) sion latine des cmq Livres de S. Irenée, elle ne laisse pas
d'être un monument très-précieux pouf l'Eglise. Il es^
néanmoins vrai qu'elle nous fera toi!ijours regreter la per-
te que nous avons faite du texte original des quatre der-
niers Livres et de quelques chapitres du premier. Si l'on
trouve tant de beautés dans cette version, par raport à la
force du raisonnement, la justesse des comparaisons, l'é-
"*" " levation d'esprit, le choix des pensées, que seroit-ce si nous
pouvions lire cet ouvrage en sa langue originale? Nous y
trouverions
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 337
trouverions sans doute autant ' d'éloquence qu'y en trouve m siècle.
S. Jérôme. • Hier. ep. 53. p.
•• Les critiques ne laissent pas de juger du style de nôtre ssi.
Saint par le peu qui nous reste de son texte grec. Ils le p."^^"' ®'''' *" '•
trouvent serré, net et plein de force, mais peu élevé. Aussi
sa matière ne demandoit point d'élévation dans le style ;
et d'ailleurs ce n'éloit pas le génie des Auteurs ecclésiasti-
ques en ces siècles de simplicité. 'S. Irenée assure lui-mê- iren. i.i.pr. n.3.
me qu'il a traité son sujet sans art, et sans y rechercher au-
tre chose qu'à faire connoître la vérité telle qu'elle est.
Que pour la beauté du style, il ne s'en est pas mis beau-
coup en peine, se servant d'une langue vulgaire, qui n'é-
toit pas dans toute sa pureté dans les Gaules où il écri-
voit. En effet les Gaulois, comme nous avons dit ailleurs,
parlant la langue Gauloise, et la latine avec la gréque,
pouvoient avoir corrompu considérablement celle-ci. En
général on peut dire ' après Erasme que les écrits de S. Ire- cesn.ibid. p. «e.
née respirent cette ancienne vigueur de l'Evangile, et que ^■
son style marque un cœur tout préparé au martyre. Ils
sont particulièrement précieux, en ce qu'ils contiennent
beaucoup de traditions que le Saint avoit aprises de S. Po-
lycarpe, et des autres hommes Apostoliques, aussi-bien
que de leurs disciples.
Entre les Auteurs ecclésiastiques qu'y cite S. Irenée, on
remarque Ilermas , S. Clément Pape , S. Ignace Martyr ,
S. Polycarpe, Papias, S. Justin Martyr, Joseph, quelques
Anonymes disciples des Hommes Apostoliques, et entre
les hérétiques , Ptolemée Valentinien , et divers Anony-
mes. Entre les profanes il cite Homère , Hésiode , Pinda-
re, Platon, Sophocle, Menandre, Antiphane.
§. m. r„
SES ECRITS PERDUS.
OUTRE les cinq Livres contre les hérésies, dont nous
venons de parler, S. Irenée en composa plusieurs au-
tres. Mais par un malheur que nous ne saurions assez dé-
plorer, il ne nous en reste ou que de très-petits fragmens,
ou même que les simples titres.
1°. '11 écrivit contre Florin un traité De la Monarchie, Eus. 1. 5. c. 20. p.
Tome I. Prem. Part. X x 35. ' '
338 S. IRENEE, EVEQIJE DE LYON,
m SIECLE, c'est-à-dire d'un seul principe, pour montrer que Dieu n'est
' ] point autour du mal. ' De-là on pouroit conjecturer, dit
^ s. no . p. . . jyjr Valois, que Florin admettoit deux principes, l'un au-
teur du bien, l'autre auleur di; mal, suivant les erreurs de
iren.diss. 2.ii.;.8. Marciou et de Cerdon. 'Mais ii pnroit par les paroles de
S. Irenne même, que l'erreur de Florin étoit encore plus
grave ; puisqu'il lui dit qu'aucun autre hérétique n'auroit
osé l'avancer.
Eus. I. s r. 20. p. 'Nous avops daus Eusebe un précieux fragment de ce
I UT -1 fis
traité , ou letre , comme la nomment quelques ancie/is ,
d'où nous aprenons plusieurs circonstances remarquables
de la vie de S. Irenée, de S. Polycarpe, et de Florin mê-
me. Celui-ci étant encore jeune, se trouvoit dans l'Asie
mineure à la suite de qi:f;lque (Hu(;ier de l'Ëtnpire, à (jui il
faisoit sa cour en bon politique. Frappé de la grande ré-
putation de S. Polycarpe, (jui vivoit encore. Florin se ren-
dit son disci[)le. Ce fui une ocasion à S. Irenee, qui l'éloit
aussi, de ronnoitre Florin. Dans la suite étant obligé d'é-
crire contre lui, il sut faire usage de cette circonstance, et
lui reproclier la nouveauté de ses sentimens, bien difFc^rens
de la saine doctrine qu'ils avoient puisée l'un et l'autre au-
près dç cet homme Apostolique. 11 ne craint pas de lui
dire, que si ce grand homme l'avoit entendu avancer des
erreurs aussi étonnantes, il se seroit écrié, comme il avoil
coutume de faire en semblables rencontres : « 0 mon
Dieu ! à quels (ems m'avez-vous re-^ervé , pour voir des
choses aussi affligeantes ? » et se seroil enfui en faisant cette
c. ir,. p. HR. exclamation. ' Depuis Florin entra dans le Clergé, et fut
fait Prêtre de l'Eglise de Rome. Mais l'obstination dans
ses erreurs le fit déposer du Sacerdoce. On ne dit point
quelle impression fit sur lui ce premier écrit de S. Irenée.
c. 80. p. 187. 2°. ' Seulement on sait qu'il embrassa ensuit • l'hérésie de
Valentin. S. Irenée qui avoit son salut à cœur ne se rebu-
ta point et le suivit dans ses écarts. 11 reprit la plume con- •
tre lui, et lui adressa un traité De rOgrloade, ou nombre de
iron. ijjiii. huit ; ' c'est-à-dire des huit premiers Eons de Valentin ,
3u'il ataquoit comme la base et le fond<ment de son ri-
icule système. On croit que ce traité étoit comme le pré-
cis du gr;md ouvrage contre les hérésies, auquel S. Irenée
travailloit peut-être dè.s-lors, ou auquel il mit bien-tôt
après la main.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 339
^ Dans ce second écrit contre Florin, le Saint marquoit m sieclk.
qu'il avoit touché à la première succession des Apôtres. ."iiTs.Tbld. 1 hiit.
Éusebe et S. Jérôme nous en ont conservé la fin, qui con- ■'>''*•
lient cette célèbre et instante prière que l'Auteur faisoit
pour reveiller l'exactitude de ses copistes. Il les conjure par
J.-C. et son avènement glorieux, d'avoir un soin extrême
de copier exactement son écrit, de collationner leur copie
à l'original, et d'y ajouter la même prière, afin que les au-
tres copistes en usas;-enl de même dans la suite, et que l'é-
crit pût passer dans sa pureté aux siècles à venir. C'est le
même motif qui a porté Eus<'be à nous conserver cette
prière. Il déclare lui-même qu'en nous remettant ainsi
sous les yeux la conduite de ces grands hommes de l'anti-
quité, qui passent sans contradiction pour les plus saints
personnagts de l'Llglise, il a dessein de nous laisser l'illu-
stre exemple d'une exactitude scrupuleuse à copier les Li-
vres des anciens.
' Il a été lui-même des premiers (|ui l'ont imité, aïant Eus. ciu. pr. 3.
mis à la tête de sa chronique la même prière pour ses co-
pistes, que S. Irenée pour les siens, telle que nous la ve-
nons de voir. 'C'est aussi ce que quantité d'autres anciens Hior. iWii. not. p.
Ecrivains ecclésiastiques ont imité; et M"^ Eabricius et Li- '*"
lienlhal nous ont donné plusii'urs de leurs formules de
priires, l'un au ;>* tome de sii Bibliothèque gréque, l'au- • ,1 i» ■.«.-»
tre dans un traité de l'Iùorcisme lileraire, imprimé en
1713.
3*. ' S. Irenée écrivit encore contre Blaste , autre Pre- k»»- ' & c. 15.
tre de Rome, dépos^^ comme Florin. Blaste étoit un Grec iVe/ibid. n.'ssl 1
Asiatique , qui vouloit ramener le .Judaïsme, et s'atachoit "'"^f'" «-^s
à c lebrer la Pàque le H"" jour de la première lune. II
troubloit par-là l'Eglise, et y causoit des divisions perni-
cieuses. S. Irenée lui adressa un traité Du Schisme. On
croit que cet écrit fut composé sur la fin du Pontificat de
S. Eleuthere.
4*. ' A l'ocasion des disputes qui s'élevèrent dans l'Egli- *^°*-,^-,^3 •=• '-^
se sous le Pane S. Victor , Ifmchant le jour auquel on de- "*'
voit cf'lebrer le mystère de la résurrection du Sauveur, ce
Pontife aïant voulu pour ce sujet séparer de sa commu-
nion ceux qui faisoient celte fêlt; le 14*^ de la lune, S. Ire-
née lui adressa une letre au nom des Fidèles qu'il gouvei^
noit dans les Gaules, pour le porter à avoir des sentimens
X X ij
340 S. IRENEE, EYEQUE DE LYON,
m SIECLE, plus conformes à la paix. Cette letre étoit comme le ré-
sultat du Concile que nôtre Saint assembla sur ce différend,
et dont nous avons donné l'histoire ailleurs. Eusebe nous
a conservé un fragment considérable de cette letre, digne
en toute manière de celui qui l'avoit écrite. Elle nous
aprend divers traits précieux d'histoire et de discipline,
socr. 1. 5. c. 22. ' Socrate la regarde comme pleine de force et de vigueur,
•*■ ***• et dit que S. Irenée ne faisoit pas difficulté d'y blâmer la
trop grande chaleur que fit paroître Victor en cette
ocasion.
Hier.ibid. i piiot. 'S. Jcrôme et Photius comptent plusieurs letres de nôtre
c. 120. p. 301. gg^in^ Q^ même Pape sur le même sujet. Le premier de ces
deux Ecrivains témoigne qu'elles existoient encore de son
Eus. ibid p. 19*. tems. ' Euscbe en reconnoît encore d'autres de S. Irenée à
ireo. ibij. n. 60| divcrs Evêqucs sur la même affaire. ' On croit que c'est de
Tiii.H.E.t.3. p. quelqu'une de ces letres que l'Auteur des questions et des
réponses aux Orthodoxes parmi les œuvres de S. Justin,
parle sous le nom de S. Irenée, de la coutume qu'avoient
reçu les Chrétiens dès le tems des Apôtres , comme le
saint Docteur le remarguoit, de ne se mettre point à ge-
noux ni le Dimanche, ni les 50 jours du tems pascal, pour
marque de la joie que doit nous inspirer la grâce de la ré-
surrection du Sauveur.
Eus. c. 16. p. m. 5". ' Eusebe nous aprend encore que S. Irenée avoit com-
posé un ouvrage très-court à la vérité, mais très-nécessai-
re contre les Grecs, ou les Gentils, selon d'autres. 11 avoit
pour titre De la Science , et subsistoit encore du tems d'Eu-
Hiar, ibid. sebc. ' Il Semble que saint Jérôme ait divisé ce titre , . et
- ■ "' d'un seul écrit en ait fait deux, qu'il nomme, VunContre
les Gentils, l'autre De la Discipline.
Eus. ibid. I Hier. 6". ' Mais ce Pcrc et Eusebe s'acordent en nous aprenant
''"'*• que S. Irenée avoit fait un autre ouvrage dédié à Mar-
cien, que le Saint qualifioit son frère. Cet écrit étoit pour
faire connoître quelle avoit été la prédication des Apô^
Hier. ibid. not, p. tres. ' Quclqucs Savans ont crû mal à propos que cet ou-
vrage étoit contre Marcion, trompés a'une part par la
presque ressemblance des noms ae Marcion et de Mar-
cien, et apuïés de l'autre sur ce que saint Irenée avoit
promis d'écrire contre Marcion. "
?•. Eusebe donne aussi à nôtre Saint un Recueil de diver-
ses disputes, AiaX^Çewv 5ia(popwv dans lequel l'Auteur faisoit
105
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 341
mention de l'Epîlre aux Hébreux, de la Sagesse de Salo- m siècle.
mon, et en citoil quelques endroits. * S. Jérôme entend par a;iier. ibid. c. s:;,
cet ouvrage un recueil de divers traités, et Kufm des dia- Eus. not. p. loi.
logues, ce qui plaît davantage. *•
8°. 'S. Irenée avoit promis, comme l'on vient de voir, irou.i. i.c. 27.11.
d'écrire en particulier contre Marcion, et de le réfuter par *! na'.'"^"' ^'
des raisonnemens tirés de ses propres écrits. On ne doit
pas douter que le saint Docteur n'ait exécuté ce dessein
projeté et digne de son zélé. Eusebe eri effet le met au
nombre de ceux qui ont fait des ouvrages considérables
contre cet hérésiarque.
9°. ' On conjecture avec fondement de ce que dit saint iren.diss.a. n.4i.
Irenée au chapitre 7* de son troisième Livre contre les
hérésies, touchant la figure hyperbate emploiée souvent
par saint Paul, qu'il avoit écrit quelque traité particulier
sur ce sujet. Il assure effectivement qu'il avoit montré ail-
leurs fort au long, que cette figure étoit très-familiere à
saint Paul. Or comme il n'en parle en nul autre endroit
de ces Livres contre les hérésies, on est fondé à croire
qu'il en aura fait quelque traité particulier.
10". 'S. Maxime Abbé et Confesseur cite de saint Jre- '"'''^s- P-^^-
née Evéque de Lyon des discours sur la foi, adressés à
Demetre Diacre de Vienne, et en raporte le commence-
ment et un autre endroit. C'est tout ce qui nous en reste.
' Car pour le fragment latin d'un autre discours au même J'»'- >i>»ii-
Demetre raporté par Feuardent, les Savans le regardent
comme fort suspect.
11°. Nous avons parlé ailleurs assez au long de la belle
letre des Eghses de Lyon et de Vienne sur les souffrances
de leurs premiers Martyrs. ' De très-habiles gens sont per- Tiii. iwa. p. s»,
suadés que saint Irenée en fut l'Auteur. Il est même dif-
ficile, disent-ils, qu'un autre que lui ait pu faire une pie-
ce aussi digne de sa piété, de son esprit et de sa science.
' Aussi l'on assure qu'elle est citée sous son nom dans le "Wd. 1 ircn.ihid.n.
commentaire d'Oecumenius sur la première Epîlre de saint ^'
Pierre.
'Si l'on s'en raportoit à ce qu'on lit dans la chronique Hier. chr. 1.2. p.
de saint Jérôme, et dans l'éloge qu'il a fait de saint Jean p'^^gn/"''" '**■
l'Evangeliste, on croiroit que saint Irenée auroit composé
un commentaire sur l'Apocalypse. On ne sauroit dire
comment cette faute a pu se glisser dans les deux endroits
2 7
342 S. IRENEK, EVEQUE DE LYON,
III SIECLE.
Ircn.l.4.c.4!
4.
marqués de cet Ecrivain. Mais il nous suffit de savoir que
ce qu'on y lit à ce sujet, est une faute. Que c'en soit une,
cela est évident. Car outre que ni Eusebe , ni saint Jérôme
même en donnant le catalogue des écrits de notre Saint ,
Eus. chr. p. 80. nc foiit nullc meuliou de ce prétendu commentaire , ' le
texte giec de la chronique d'Eusehe corrige l'endroit de
celle de saint Jérôme, qui n'en est, comme l'on sait, qu'u-
Hitr. chr. ii)id. ne traduction paraphrasée. ' Celle de ce dernier porte ,
que saint Jean relégué dans l'isle de Patmos, reçut la Ré-
vélation ou Apocalypse que saint Irenée interpréta depuis.
Eus. ibiu. ' Au lieu de ces dernières paroles on lit dans le texte ori-
ginal d'Eusebe , w? â'Yioç 6 EipTivaîoç (pTiffi comme le témoigne
saint Irenée.
(i) De même ceux (i) qui prétendent que sain! Irenée avoit
formé le dessein de composer un commentaire sur l'Evan-
gile et les Epîtres de saint Paul, n'ont pas mieux rencontré
que les auteurs de la faute que nous venons de relever.
J/endroit où ils croient avoir trouvé des vestiges de ce
dessein , digne d'ailleurs de l'éruditinn et du zélé de saint
Irenée, ' est la lin de son 4" livre. Le Saint y dit à la vé-
rité qu'après avoir réfuté les hérétiques par les paroles du
Sau -eur, il va entreprendre de les combalre par celles de
saint Paul, en expliquant sa doctrine, et montrant qu'ils
ne l'enlendoient pas, quoiqu'ils l'ojmsassent aux Catholi-
ques. (Ju'il y joiiMJroit les paroles les plus précises et les
j)lus claires de J.-C. .sans y emploïer ses f)araboles. Qu'il
rci^ervoit tout cela pour un autre Livre. Mais il s'agit du
Livre suivant , qui e<t le cinquii'-me de son ouvrage , et
non de quelque commentaire particulier. C'est de quoi
l'on conviendra sans peine , pour peu d'atention que
l'on aporle à lire cet endroit des écrits de nôtre saint
Docteur.
Phoi. c. 48. p. 3G. ' l'holius témoigne que quelques-uns atribuoient en-
core à saint Irenée un Livre infilulé fk' lavattrre de Vlhn-
vers, ou suiatanre du monde. Mais il a,->>uie en même lems
que cet ouvrage éloit plutôt de Caius Prcire de Rome,
disciple de saii>t Irenée.
Avant que de linir ce qui regarde les écrits de nôtre
ircn. pi. p. KH. Saint , il est bon d'avertir , ' qu'il contribua autant que
(1) Remarques sur la Bibliolliuquo des Auinurs ecclésiastiiiue» ilo Mr. Dupin, to. i,
page 15i.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 343
tout autre à conserver à la postérité l'hisloire du martyre m siècle.
de saint Polycarpe. Peut-être même lui sommes-nous re-
devablcs de ce qu'elle est venue jusqu'à nous. Car il prit
soin lie faire lui-même une copie de la letre de l'Eglise de
Smyrne , où ce martyre étoit décrit ; et sa copie se multi-
plia ensuite par le moien de Caïus l'un de s^ disciples, qui
la transcrivit , et après celui-ci Socrate de Corinthe.
$■ IV.
Divers points particuliers de sa Doctrine.
Nous avons déjà touchf' plusieurs points importans
de la doctrine de S. Irenée , dans l'analyse que nous
avons faite de ses cinq livres contre les hrrésies; outre
ceux-là il s'y en trouve encore d'autres dignes de remar-
que.
On y voit des vestiges de la confession des péchés ca- iren.i.i. c. 13. n.
elles et secrets comme ..es autres. Car en parlant des fem- '''
mes que Marc avoit séduites , S. Ironce dit qu'étant reve-
nues à l'Eglise , elles confcssoient et les pèches de la chair
qu'elles avoient commis avec lui , et l'excès de l'amour
impur qu elles lui portoicnt.
'On y trouve l'exemple d'une pénitence prolongée jus- ibiti.
qu'à la mort , en la personne d'une femme d'un Diacre de
Lyon , laquelle avoit eu le malheur de se laisser corrom-
pre par le même imposteur.
'S. Irenée s'apuïant sur ce que les Juifs répondirent à 1.2. c. 22. n. s. g.
J.-C. qu'il n'avoit pas encore cinquante ans , soutient
contre les Valent! niens , qui prétendoient qu'il n'avoit
prêché qu'un an, et qu'il étoit mort à trente ans acomplis,
qu'il avoit vécu au-delà de quarante. Et il ajoute que
c'étoit le sentiment de S. Jean l'Evangeliste , des autres
Apôtres et de leurs disciples.
Il dit que S. Matthieu écrivit son Evangile en hébreu, 1. 3. c. i. n. i.
lorsque S. Pierre et S. Paul fondoient l'Eglise de Rome ,
en y prêchant la foi de Jesus-Christ. ' Il établit comme c. t. n. 1.
un pnncipe incontestable , que c'est dans l'Eglise seule
que se trouve la vérité , et que c'est là que les Apôtres ont
mis comme dans un riche thrésor tout ce qui concerne
cette vérité immuable.
344 S. IRENEE, EVEQUE DE LYON,
iiisiRCLE. * Il assure que de son tems il y avoit parmi les nations
>îrM~\ i n •» barbares des Eglises qui se conservoient dans la pureté de
"la foi qu'elles avoient reçue des Apôtres , sans avoir nulle
1.1. c. 10. 11.2. écriture. '11 fait mention des Eglises de Germanie et d'Es-
pagne.
I. i. c. 2. n. 7. 'Il établit clairement le péché originel et ses suites , en
disant que les hommes ne sont guéris de l'ancienne plaïe
du serpent , qu'en croiant en celui qui , aïant été élevé
de la terre sur le bois de la Croix, selon la ressemblance
de la chair du péché, a atiré tout à lui, et donné la vie à
AuK.in. Jui. 1. 1. tous le.s morts. ' C'est un des endroits de ce Père que S.
"■ *■ Augustin cite contre Julien disciple de Pelage, pour prou-
ireii. 1. 3. c. 20. ver le péché originel. 'En un autre endroit S. Irenée re-
"• ^- connoît que le bien qui nous conduit au salut vient de
Dieu et non pas de nous-mêmes.
Tiii.ii. li.s.c.p. 'Ceux qui ont étudié la matière avec plus de soin, sou-
tiennent que hors le terme de consubstantiel , qui n'étoit
pas encore en usage, aucun des Ecrivains qui ont défendu
la foi de Nicée , sans en excepter S. Athanase , n'a parlé
du Verbe d'une manière plus digne de lui , que S, Irenée.
De même aucun des anciens Pères n'a établi ni plus soli-
dement ni plus clairement les autres grands mystères de
nôtre Religion, comme ceux de la Trinité, de l'Incarna-
htn.i.4.c.'.7.n. tiou, ' ct nommément celui de l'Eucharistie. Il insiste en
y.'il.a^. lYs^cU; plusieurs endroits sur celui-ci, comme contenant réelle-
II. 2. i! "" ment le corps et le sang de Jesus-Christ. C'est ce qu'il
prouve tant par les paroles du Sauveur, que par les pré-
parations et dispositions qu'exige ce sacrifice , et par les
effets qu'il produit.
A ces traits plus importans de la doctrine de S. Irenée,
I. 5.(. 31. n.i'. nous en pouvons ajouter d'autres qui le sont moins. ' Il
I. 5. c. a:5. n. a. excuse l'inceste des filles de Lot sur leur simplicité. ' Il a
cru qu'Adam et )'>e étoient tombés dans la désobéissance
à pareil jour qu'ils avoient été créés; que ce jour étoit le
sixième de la semaine, et que Jésus-Christ est mort à pa-
c. 28. M. 3. reil jour. ' Il conjecture que comme le monde a été six
jours à recevoir sa perfection , il subsistera autant de mil-
liers d'années, avant que d'être détruit. Il établit sa conjec-
ture sur ce que les milliers d'années sont figurés par les
six jours. Ce n'est pas le seul endroit où S. Irenée donne
dans la ligure. I! s'en trouve beaucoup d'autres dans ses
écrits
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 345
écrits; mais nous ne nous arrêterons pas à les mar- m siècle.
quer.
' II confond l'Antéchrist avec la Bête dont parle Daniel hen.i.s.c.as-ao.
dans sa prophétie, et S. Jean dans son Apocalypse. Quant
à son nom , qui doit comprendre le nombre de six cens
soixante-six , il veut que l'on atende l'acomplissement de
la prophétie, avant que de le déterminer. Il ne laisse pas
de proposer trois divers noms , où se trouve le nombre
marqué. ' 11 soutient avec S. Justin qu'il cite que Satan igno «• *»• "• *•
roit sa condamnation avant l'avènement de Jesus-Christ.
' Etienne Gobare citi* par Photius dit que S. Irenée ne phoi. c. •ai. i>.
reconnoissoit pas l'Epître aux Hébreux pour l'ouvrage de
S. Paul. Mais outre que c'est un hérétique qui parle ainsi,
' il est certain par Eusebe que S. Irenée regardoit cette eos. i. ji. c ib. i».
Epître comme faisant partie des Livres sacrés, puisqu'il ""■
l'a citée comme Ecriture sainte. ' D'ailleurs quand il auroit Phoi. iwd.
été dans l'opinion que l'on prétend, elle ne lui étoit point
particulière; lui étant commune avec S. Clément Pape,
S. Hippolyle et Eusebe. ' Mais ce qu'il y a encore de plus Hipp. i. 2. p. «i.
puissant pour lepousser l'acusation de (Jobare, c'est que
nôtre Saint dans un de ses fragmens publiés en 1715 par
Mr. Pfatf, cite sous le nom même de S. Paul un endroit
pris du treizième chapitre de celle même Epilre.
On lui rej)roche au contraire de citer le livre d'Her- iren. Uis». 3. u. t.
mas comme Écriture sainte. Mais plusieurs Pères grecs
eu ont usé de la sorte, comme il est aisé de le voir par les
passages qu'en a publiés Mr. Cotelier à la tête de ce même
livre. Il est vrai que les Latins n'ont jamais eu autant de
vénération pour 1 ouvrage d'Hermas ; et c'est ce qui a
fait voir qu'il n'y avoit point une tradition constante qu'il
fût écrit par l'inspiratiuji du S. Esprit.
D'autres Eciivains, ceux-ci poussés par un certain inté-
rêt qu'ils ont d'affoiblir l'autorité respectable des Pères
de l'Eglise, ceux-là faute d'avoir aporté toute l'atention
requise à lire leurs ouvrages, ont imputé à S. Irenée d'au-
tres erreurs beaucoup plus grossières que les précédentes.
Mais comme il en a été pleinement justifié par plusieurs
habiles plumes, nous nous contenterons d'y renvoier. On
peut voir à ce sujet le P. Halloix dans la vie de S. Irenée;
M' de Tillemont dans la cinquième note sur l'histoire du
même Saint; le piemier volume des Remarques des Be-
lotne l. Prein. Pari. Y v
346 S. IRENÉE, EVEQUE DE LYON,
III SIECLE, iiedictins de S. Vanne sur la Bibliothèque des Auteurs
Ecclésiastiques de M' du Pin ; et sur-tout la troisième dis-
sertation de Dom Massuet à la tête de l'édition qu'il a
publiée des œuvres de S. Irenée, où il discute avec autant
de soin que d'érudition et d'étendue tous les divers points
de la doctrine de nôtre Saint.
11 seroit à souhaiter qu'on le pût aussi bien justitier des
erreurs qu'il a avancées sur l'état des âmes après la mort.
ircii.i.o.c.31.11 a. Mais il n'y a pas moïen d'y réussir. ' 11 dit nettement
que les âmes des Justes au sortir de leur corps vont dans
un lieu invisible que Dieu leur a assigné, et aue là elles
atendent la résurrection de leurs corps, qui se lera au der-
nier jour,
c. .i'i-M. ' D'ailleurs frapé de l'autorité de quelques anciens, et
sur-tout de Papias, qu'il savoit avoir été disciple de S.
Jean l'Evaugeliste , il embrassa le sentiment des Mil-
lénaires. Il établit clairement après cette vie et avant le
jugement dernier un règne terrestre pour les Justes. Ce
règne selon lui sera le commencement de leur incorrup-
lion et comme un essai de ce Roiaume éternel, oùilsjoiii-
ront de la vûë de Dieu. Us y feront, dit-il, comme un
aprentissage de la gloire à laquelle ils seront un jour élevés
avec les saints Anges.
Cette erreur ne fut i)as long-tems sans être combatuë.
iii.iii. iiii-i. 1. -j. Caïus disciple de S. Irenée même' l'ataqua bien-tôt après,
c. t. 1.. i-jo. ^^ i-éfutant un livre de Cerinthe qui avoit enchéri sur ce
que Papias en avoit débité. S. Denys d'Alexandrie en fit
iiiri. ml.. 1. i«. autant contre le même Cerinthe, ' ou selon S. Jérôme con-
!"• tre S. Irenée même. C'est sans doute à cause de cette er-
reur que nôtre Saint avoit établi dans les cinq derniers
chapitres de son ouvrage, que l'on en avoit retranché ces
mêmes chapitres dans la plupart des manuscrits.
Au reste il faut se souvenir, que lorsque S. Irenée a
avancé ces erreurs, les points de la doctrine catholique*
auxquels elles sont contraires, n'avoient pas encore été
éclaircis, comme ils l'ont été dans la suite, et que l'Eglise
n'avoit encore rien défini à ce sujet. D'ailleurs quelles
qu'aient été ces erreurs, le saint Martyr les a suffisamment
lavées dans le sang qu'il a répandu pour la foi de Jesus-
Christ.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET MARTYR. 347
m SIECLE
Oc
Editions de ses Ouvrages.
N nous a donné dans l'espaco d'un p(m moins de iren.pr. p. .%. o.
Meux siècles six principales éditions des cinq livres
de S. Irenée contre les hérésies. Erasme fut le premier
qui les tira de la poussière. L'édition qu'il en prépara sur
trois divers manuscrits, parut pour la première fois à Basle
chez Jean Froben l'an 1520 en un volume in-folio. Mais
quelque habile que fût cet Editeur, et quelque soin qu'il
aportât à son travail, celle édition est .'^i remplie de fautes
et de lacunes, qu'en la li.sant on cherche quelquefois S.
Irenée dans S. Irenée même.
' Deux ans après, c'est-à-dire en lo?8, Erasme l'aïanl ^'''- f»"' "•■"• '
revûë, la fit paroître de nouveau un peu plus correcte que
la première fois, au même endroit, chez le même Impri-
meur et en même volume. 'Elle y vit encore le jour pour •••«• Snip. Bii.
la troisième fois aussi in-folio l'an lo34, ' et ensuite à Paris ...ff. Min. Con,
chez Vivant Gaultherot en 1;]45 î>j-8".
' En 1548 Jérôme Froben et Nicolas Episcopius Impri- -s. vin. c^n.
meurs à Basle, réimprimèrent in-folio les œuvres de S.
Irenée sur les éditions précédentes. ' Ils le firent encore ... Barb. 1. 1. p.
les années 1534 et 1560 en même volume. "On en trouve gr'i!.l^p!''(!-.''''
aussi deux autres éditions faites sur celle d'Erasme, à Pa- * B''»' t<-Ii. p. 27.
ris chez Oudin ou Audoin le Petit les années 1563 et 1567
en un volume /«-8".
' La seconde édition de S. Irenée fut publiée en 1570 à if"- a»'!- p «•
Genève chez Jean le Preux, par les soins de Nicolas Gal-
lais Ministre du même endroit. Erasme qui n'avoit con-
sulté que trois manuscrits, a donné, comme nous l'avons
dit, une édition peu exacte et pleine de fautes. Gallais les
a copiées dans la sienne : ce qui fait voir qu'il n'a revu le
texte de S. Irenée sur aucun manuscrit. Seulement il y a
ajouté de nouveaux sommaires, une traduction latine ,
mais peu fidèle, des passages grecs cités par S. Epiphane,
et des notes de sa façon, dans lesquelles il tâche de ren-
dre S. Irenée favorable à Calvin.
La troisième édition est celle de Jean Jaque Grynée ibi.i.
autre Calviniste. Celle-ci parut à Basle l'an 1571 en un
Yy ij
348 S. IRENEE, EVEQUE DE LYON,
Ht SIECLE, volume m-8°, et l'on ne voit point qu'elle ait été renou-
" vellée depuis, non plus que celle de Gallais. Aussi n'en
valoient-elles pas la peine ni l'une ni l'autre. Cette troi-
sième édition n'est point différente de celles d'Erasme et
de Gallais, si non en ce que l'Editeur a retranché la ver-
sion latine des premiers chapitres du premier livre cités
en grec par S. Epiphane, et y a substitué la traduction
latine de Jean Cornaro sans y ajouter le texte grec.
iren. iwd. ' Nous sommcs redevables de la quatrième édition de
S. Irenée à Franç«is Feuardent Cordelier Docteur de Sor-
Kib. s. Vin. ccD. bone, ' qui la publia d'abord à Paris chez Sebastien Ni-
velle les années 1575 et 1576 en un volume in-folio. Il la
donna , comme il dit lui-même, sur les trois précédentes
et sur un ancien manuscrit. Il l'enrichit de la traduction
latine des dix-huit premiers chapitres du premier livre
faite sur le grec par Jaque de Billi, et ajouta à la fin du
cinquième livre les cinq derniers chapitres qui manquoient
dans les autres éditions. Enfin il mit à la tête la vie de
l'Auteur tirée de ses propres écrits et des meilleurs Histo-
sand. vei. script, ricus. Quclquc imparfaite que fût cette édition, ' l'on ne
e'ci. p. 2t. laissa pas de s'en servir pour réimprimer en un volume m-
8». le texte de S. Irenée à Paris l'an 1577, et à Cologne
Tan 1595 in-folio.
ircn. iwdiFab. ' Dcpuis, Feuardcut remit la main à son ouvrage, et
MUs. Ln^ ^'^' """^vit le texte latin sur deux manuscrits, l'un du Vatican
et l'autre encore plus ancien, par le moien desquels il rem-
plit plusieurs lacunes, et corrigea beaucoup de fautes. Il
y joignit le texte grec des dix-huit premiers chapitres du
premier livre raportés par S. Epiphane, et divers autres
fragmens grecs qu'il tira des autres Pères, avec quelques
fragmens de S. Polycarpe, la dispute entre Arnobe et Se-
rapion, et les éloges de S. Irenée pris des anciens Ecri-
vains Ecclésiastiques qui en ont parlé. Il enrichit ce re-
cueil des observations de Jaque de Billi et de Fronton Ip
Duc, et des notes de sa façon. Cette édition ainsi ornée
parut à Cologne chez Birckman pour Arnoul Milius l'an
1596 en un volume in-folio, et a servi de modèle à toutes
celles qui sont venues depuis jusqu'en 1702.
Ainsi ce fut sur cette dernière éditioo de Feuardent ,
itib.s. serg. And. ' quc les œuvrcs de S. Irenée furent réimprimées à Colo-
gne chez Birckman pour Herman Milius l'an 1625 in-
DOCTEUR DE L'ÉGLISE ET MARTYR. 340
foHo, " ensuite à Paris au grand navire l'an 1639 enmême m siècle.
volume. •• En 1G7,') il y en eut une autre édition au même . ^.V. ~~r7
endroit aussi in-folio. Depuis on insera le texte de b. Irenee b... miss. oen.
au second tome de la Bibliothèque des Pères de Lyon en
1677.
' Quoique l'édition de Feuardent passât pour la plus ir^"' ii'''"
complète qu'on eût encore vûë, il s'en falloit bien qu'elle
ne fût parfaite. Les notes de l'Editeur, savantes à la véri-
té, sont trop longues pour la plupart; et le Lecteur y
trouve peu de lumière pour entendre le texte original.
D'ailleurs ce texte est encore plein de fautes; et l'Editeur
a négligé de l'acompagner des secours nécessaires poUl"
abréger le travail de ceux qui en voudroient faire Usage.
Toutes ces raisons avoient fait naître le dessein à divers
Savaiis de donner une nouvelle édition de 9. Irenée ; ' quoi- d pin, nii). 1. 1.
que M', du Pin l'eût jugé inutile, à moins que l'on ne re- •'' " '
couvrât le texte grec de ce Père. ' Matthias Launoi Con-» F"''- "''J-
seiller à Anvers avoit entrepris de l'exécuter; ' et Dodvvel Bib. lat. app. p.
avoit promis d'y mettre aussi la main. Mais ni l'un ni l'au-
tre n'a exécuté son dessein projeté. Après ces tentatives
' Jean Ernest Grabe de la Religion Anglicane, aïant reçu Bii.. s. vin. c.n.
ce qu'avoit déjà préparé Dodwel, se chargea de rentre-
prise, et nous donna une cinquième édition de l'ouvrage.
Elle a paru à Oxford l'an 1702 en un volume in-folio, fort
bien conditionnée pour le papier, le caractère et les orne-
mens du frontispice. ' Grabe a enrichi cette édition de iren. ii.id.
plusieurs fragmens nouveatix, et de notes fort étendues.
Mais on lui reproche avec raison d'y paroitre trop par-
tial, en s'y atachaut moins à éclaircir le texte de son Au-
teur qu'a y faire Voir contre l'évidence, les principes et les
dogmes de la Religion qu'il professoit.
' Enfin la sixième et dernière édition des œuvres de S. Bib. s. vin. d-n.
Irenée, est celle qu'a publiée Dom René Massuet Reli-
gieux Bénédictin de la Congrégation de saint Maur. Elle
est sortie de l'Imprimerie de Jean-Baptiste Coignard Im-
primeur Libraire à Paris l'an 1710 en un volume m-/b/ïo
fort bien conditionné. L'Editeur l'a revûë sur les précé-
dentes et sur trois manuscrits, dont l'un est ancien au
moins de huit cens ans. Il l'a enrichie de nouvelles notes,
dans lesquelles il s'est particulièrement ataché à éclaircir
le texte original. Il a mis à la tête trois dissertations aUssi
2 B
3oO S. IRENÉE, EVEQUE DE LYON,
III SIECLE, savantes que curieuses. Dans la première il fait connoître
les hérétiques contre qui saint Irenée a écrit . et develo-
pe savamment leurs erreurs et leurs mystères. Dans la
seconde il traite à fond de la vie et des ouvrages de saint
Irenée. La troisième est emploïée à examiner les divers
points de la doctrine de ce Père.
Ces dissertations sont suivies des témoignages que les
anciens ont rendus et aux écrits et à la personne de sainl
Irenée. Après le texte . des cinq livres ' l'Editeur a mis tous
les divers fragmens qui nous restent des autres ouvrages
de notre Saint, et ceux que l'on a cités sous .son nom. En-
suite vient un recueil curieux de tous ceux des écrits des
Gnostiques que l'on a pu ramasser. Les différentes préla-
ces, prolégomènes , notes , observations de tous ceux qui
ont travaillé sur le texte de saint Irenée, terminent cette
édition. A tout cela Dom Massuet a eu soin de joindre les
glossaires et tables nécessaires pour soulager le travail des
Lecteurs. De sorte que l'on peut dire avec sujet, que cette
édition est la plus exacte et la plus acomplie de toutes cel-
les qui ont paru jusqu'ici.
Tant de soins aporlés pour lui donner ce degré de per-
fection, n'ont pas empêché que M'. Grabe, et d'autres
iiiki. sni. i. I. p. après lui n'aient pris la plume pour la décrier. ' Casimir
-•^ Oudin entre autres n'a pas rougi d'acuser Dom Massuet
d'avoir inséré diverses choses dans le texte de son Auteur,
en vue de flatter le saint Siège, à qui ces changemens
étoient favorables. Pour être en droit de former une acu-
sation aussi grave, il falloit qu'Oudin eût examiné les ma-
nuscrits dont s'est servi Dom Massuet, et qu'il eût marqué
les endroits changés ou altérés. Ne l'aïant pas fait, et ne
donnant aucune autre preuve de son acusation, qui croira
sur sa simple parole un homme qui a été capable de renon-
cer à la foi de ses pères et à la profession monastique qu'il
avoit embrassée? Les traits dont lui et les autres ont voulu
percer Dom Massuet, se sont tournés contre eux-mêmes;
et le public, qui est un juge équitable et désintéressé, n'a
point cessé de rendre justice au travail du dernier Editeur
de saint Irenée. (XXX.)
Bii). an.eimnd.t. ' Dcpuis Cette demierc édition. M'. Pfaff a publié qua-
•!. p. 440. tre fragmens des écrits de ce Père, qu'il a trouvés dans
quelques chaînes manuscrites de la Bibliothèque de Tu-
DOCTEUR DE L'ÉGLISE ET MARTYR. 3ol
rin. Ces fragiiiens acoinpugnés des dissertations et reiiiar- m siècle.
ques de M'. PfafT, ont paru à la Haye chez Scheurleer ~~"~
l'an 1715 en un volume m-8». L'Editeur n'a pas oublié
d'en prendre ocasion de relever l'opinion de sa secte
touchant l'Eucharistie, et de faire valoir ses préjugés
sur cette matière, malgré la dissertation qu'il y a jointe
sur les préjugés Théologiques, et qui dépose contre lui-
même.
'Après IVr. Pfair, M'". Fabricius nous a donné en grec Hipi). i. 2. p. o*.
et en latin ces mêmes fragmens dans son spicilege des ''''■
Pères du III siècle, qui passe pour le second tome des œu-
vres de saint Hippolyte, et qui parut à Hambourg en 1718.
On ne peut douter que ces quatre fragmens n'aient fait
partie des ouvrages de saint Irenée. On y trouve la plu-
part des caractères de sa doctrine.
' Dans le premier saint Irenée établit en quoi consiste v- <>»•
la vraie science pour l'oposer à celle dont se glorifioient les
(jiiostiques. II fait ensuite un abrégé de la doctrine des
Apôtres, et de la foi qu'ils ont laissée aux Fidèles. « Cet
» abrégé, dit-il, est à la portée des gens grossiers comme des
» Savans. Il consiste à éviter les généalogies qui n'ont point
» de fin, et à s'apliquer avec soin à reformer ses mœurs ; de
» peur que se rendant indigne des grâces du saint Esprit,
» on ne perde l'héritage céleste. Car la première chose ne-
» cessaire est de se renoncer soi-même, et de suivre Jesus-
» Christ. Quiconque tient cette conduite, tend à la perfec-
» tion, et acoinplissant ainsi la volonté du Sauveur, devient
» fils de Dieu par la regénération spirituelle, et héritier du
» Roiaume des Cieux. » S. Irenée, comme l'on sait, touche
<;es mêmes points dans ses livres contre les hérésies, nom-
mément dans le quatrième d'où il y a bien de l'aparencc
que ce fragment aura été tiré.
De même, le second fragment paroit faire une suite na-
turelle du 17" chapitre du même Livre. Ce chapitre tel que
nous l'avons dans les éditions de saint Irenée est seulement
en latin ; et très-court dans quelques-unes. Il traite du
même sujet que ce second fragment. ' 11 s'y agit du sacrili- i'- •>'• i-i-
ce nouveau que J. C. a institué dans la nouvelle loi, selon
la prédiction du Prophète Malachie. S. Irenée l'entend et
de l'Eucharistie et des prières des Saints. ' En parlant de
l'oblatioii de l'Eucharistie en particulier, il dit, « Qu'elle
2 8 *
352 S. IRENÉE, EVEQUE DE LYON,
11 SIECLE. » ne se fait point d'une manière ciiarnelle, mais toute spi-
» rituelle, en quoi elle est pure. On ofTre à Uieu, poursuil-
» il, du pain et le calice de bénédiction, en rendant grâces
» au Seigneur de ce qu'il fait produire à la terre ces fruits
» pour nôtre nourriture. Après l'oblalion nous invoquons
w le S. Esprit, afin que le pain et le vin deviennent le corps
» et le sang de J. C. et que ceux qui y participeront, recoi-
» vent la remission de leurs péchés el méritent d'avoir part
» à la vie éternelle, n
Peut-on parler plus clairement du mystère de l'Euchari-
stie, tel qu'on l'a toujours cru dans l'Eglise catholique 1
Que l'on se donne la peine de raprocher ici les autres en-
droits marqués plus haut, où saint Ireiiée établit la mô-
me vérité en écrivant contre les hérésies, el que l'on ju-
ge si c'est avec raison que M'. PfafT se prévaut de ce frag-
ment en faveur de l'opinion de son Eglise sur l'Eucliarislie.
ibki. ' c'est dans ce même fragment que saint Irenée cite sous
le nom tie saint Paul un endroit pris du 13*^ chapitre de
l'Epître aux Hébreux.
ibid. ' Le 3"' fragment roule sur les fêles et les jeûnes que iiou.-
devons observer , et semble tout nalurellement avoir fait
partie de quelqu'une des leires qu'écrivit saint Irenée au
sujet des troubles touchant le jour auquel on devoit faire
la Pâque. « Nous faisons consister nos fêtes, dit ce Père,
» dans le levain de la malice et du péché ; nous déchirons
» l'Eglise de Dieu ; nous observons des cérémonies exte-
» rieures et laissons des pratiques plus excellentes, comme
» celles de la foi et de la charité. Ces sortes de fêtes et de
» jeûnes, ajoute S. Irenée, ne sont point agréables au Sei-
)i gneur. »
iiii>i). ibiu. ' Le 4'" fragment semble avoir été tiré du 5" Livre de nô-
tre Saint contre les hérésies, et regarde les deux avéne-
mens de J. C. « Il est venu, dit-il, la première fois dans
» la plénitude des teras, afin de nous délivrer de la servitu-
» de du pcché, nous purifier par son sang, et nous représen-
» ter sans tache à son Wre. comme ses enfans, si néanmoins
» nous nous rendons dociles à ce qu'il exige de nous. II
» viendra de nouveau à la fin des tems, pour détruire tou-
» le sorte de malice, reconcilier li>utes choses, et mettre lin
M à toutes les iniquités. »
- ANÏONIN
353
m SIECLE.
ANTONIN CARACALLA,
Empereur.
SI dans l'histoire literaire il ne devoit entrer que des
hommes de letres, le Prince qui se montre ici, devroit
en être exclu. Mais comme l'on y parle de tout ce qui
concerne la literature, il mérite d'y trouver place pour
les dommages qu'il lui a causés, et la guerre qu'il fit aux
Savans et à leurs écrits. De sorte que son éloge sera ici à
peu près ce qu'est l'ombre dans un tableau.
'Il naquit à Lyon le 4" 'jour d'Avril de l'an 188, lors- spar. va. sev. n.
que Severe son père, qui fut depuis Empereur, gouvernoit p.'^i7|'nn.Emp.
la Lyonnoise pour les Romains. Il eut pour mère la fameu- '• '• p- *"• '*'*■
se Julie, qui vouloit passer pour Philosophe, mais dont les
mœurs ne répondoient nullement à cette qualité. Il porta
d'abord le nom de Bassien, ' qui demeura aooli dans la sui- Tiii. na. p. 44.
te, lorsque Severe lui eut donné ceux de Marc Aurele An-
tonin. ' Et après qu'il eut aporté des Gaules à Rome les spar. vii. carac.
Caracalles, sortes d'habits qui descendoient jusqu'aux ta- "" ^'
Ions, et que les Romains nommèrent Antoninienes à cause
de lui, il lui en revint à lui-même le surnom de Garacal-
la, sous lequel il est plus connu dans l'histoire.
' On croît que ce Prince eut une nourrice Chrétienne par ™- "''''• p- ^*
le moïen de Procule Torpacion, qui faisoit profession du
Christianisme, et qui après avoir guéri Severe d'une mala-
die, demeuroit dans son palais. On vit en lui quelques
fruits de ce lait Chrétien, pendant ses premières années.
' En effet il fit paroître alors les plus excellentes inclina- Spar. iWd. n. t.
tions. Il étoit doux , clément , libéral , officieux , et se
portoit avec ardeur à l'étude des letres. S'il voioit quel-
ques malheureux exposés aux bêtes, il en détournoit ses
yeux, comme ne pouvant suporter la vùë d'un si cruel spe-
ctacle. De sorte qu'il se rendoit aimable à tout le monde.
' Mais à peine fut-il sorti de l'enfance, que ces heureu- n. s.
ses dispositions se changèrent en autant de vices oposés,
et qu'il devint aussi odieux, qu'il étoit chéri auparavant.
Pour tout dire en un mot, il sembla renchérir sur les
in ' Selon d'autre» le cinquième ou le vingt-septième dn même mois. xrist. com. bist. t.
To77ie n Prem. Part. Z z 2.p.i48.'
351 ANTONIN CARACALI.A
m SIECLE, cruautés de Tibère, de Caligula et de iNeron ; el ses pro-
»res Historiens ne le représentent eux-mêmes que comme
'horreur du genre humain. Il porta le caprice jusqu'à
vouloir s'égaler à Alexandre le Grand. Il ayoit continuel-
lement à la bouche et le nom et les actions de ce Héros.
Anr. Vie. ibui. p. ' H affcctoit même d'en imiter la contenance, et vouloil
-'-• qu'on lui en donnât le nom.
Tiii. ii>i.i. p. 109. ' Il ne manquoit pas d'esprit, quoiqu'il l'eût plus vif que
solide. Il avoit beaucoup de conception, pensoit bien, et
].. 110. s'énonçoit a\ec facilité. ' Severe ne négligea rien pour
cultiver de telles qualités qui faisoient beaucoup espérer.
Il lui donna les plus habiles maîtres, et le fit instruire
dans tous les exercices du corps et de l'esprit, et pour les
mœurs et pour les sciences. Il lui faisoit même étudier la
!'• loo. philosophie la plus grande partie du jour. ' Mais tout ce-
la fut inutile. Caracalla, soit faute de jugement, soit par
défaut d'aplication, ne fit aucun progrès dans les letres.
Il avouoit lui-même son ignorance, qui étoit entière, et
qui lui faisoit mépriser toutes les personnes d'érudition.
p. 4.1. .;;?. ' En 196 il fut fait César; et deux ans après il reçut la
spar. vil. sev. n. puissancc du Tribuuat. 'Dès la 13* année de son âge les
i Tiii. ii.i.i. p. 00 soldats l'associèrent à l'Empire avec .son père, " qu'il eut
«i- aussi pour collègue dans le Consulat en 202. Avant qu'il
eût achevé la ^ô" année de sa puissance Tribunitienne , il
épousa Plautille, fille de Plautien Préfet du Prétoire ; et
il eut de ce mariage une dot, qui auroit .suffi pour marier
cinquante Reines.
p. 112. ' Le 4'"de Février 211 il .se vit maître de l'Empire par la
mort de son père, qu'il avoit avancée selon quelques Hi-
storiens. Mais il semble qu'il ne monta sur le thrône, que
Spar ibiii. n. 21. pQjjj. pxerccr plus impunément sa tyrannie. ' Il commença
par faire tuer Gelé son frère entre les bras de .sa propre
mère, afin d'avoir lui seul toute la puissance souveraine,
et continua à se signaler par de semolables cruautés tout
le reste de son règne. 11 en vouloit sur-tout aux hommes
de letres. Le célèbre Papinien, que l'on regardoit com-
me un thrésor inépuisablede jurisprudence, et l'asyle de la
science du droit, fut une des victimes qu'il immola à sa
fureur. ' Il fit tuer de même presque tous les Médecins,
parce qu'ils refusoient d'exécuter se» ordres sanguinaires,
et de donner du poison à ceux dont il vouloit se défaire.
J(ins. 1. .1. c. n.
EMPEREUR. 355
' Plan lien, qu'il devoit respecter pour l'alliance qu'il avoit m siècle.
contractée avec lui, ne lut pas plus épargné que les au- .Tiii.iwd. p. eo.
très. Il seroit difficile de faire l'énumeratïon de tous les ***'•
autres meurtres qui souillèrent son règne.
Ce n'étoit pas assez pour satisfaire la cruauté de ce mé- J""^- 'wa.
chant Prince, que de persécuter les personnes vivantes, il
étendit encore sa fureur sur celles que la mort sembloit
en avoir mis à couvert. Ne pouvant faire pis, il déclara
une guerre ouverte à leurs écrits. Il se déchaîna parti-
culièrement contre ceu.x d'Aristote. parce qu'il s'imagi-
noit qu'il avoit élé cause de la mort d Alexandre le grand,
dont il prélendoit que l'ame étoit passée dans son corps.
' A tant de cruautés et de parriciaes il joignit encore, si Spar.ibid i vu c.i5
,, ... -,,. '. ,,. ,"• ," , ,,, , rac. 11. 10 I Hier.
1 on en croit plusieurs Historiens, 1 inceste le plus détesta- iiir. i. a. p. m.
ble, en épousant Julie sa propre mère, après la mort de
l'Empereur Severe.
' Dieu arrêta enfin le cours d'une vie aussi odieuse, et ^i»;- \'\;..,t^':™';-
, Il p» • , /■ , Vi r> ■ 11. 0.7. 1 llll.ibi't.
permit qu elle tut terminée par une mort luneste. Le Frin- p. 139.
ce qui avoit fait assassiner tant de inonde, fut assassiné lui-
même par Macrin, qui régna après lui. Il finit ainsi sa vie.
le 8" d'Avril 217, lorsqu'il n'avoit encore que 29 ans et
i jours. 'Spartien et Eusebe disent qu'il étoit dans la 43" l'y"!^' .ii^j**- "jj^
année de son âge, lorsqu'il fut tué. Mais c'est une faute "*' ''"^' ^' '
dans ces deux Ecrivains. ' Ausone exprime assez bien le ca- aus. «ei. p. 225.
ractere de ce malheureux Prince dans les vers suivans, qui ^^'
peuvent lui servir d'épitaphe.
Uissimiliâ virtutc patri, el mullo magis illi
Cujus adoplivo uouiine te perliibus,
Fralris morte iioceus , punitus fiae crucatu ,
la risu populi tu Garacalla mugis.
' Caracalla est le dernier des Empereurs, qui a fait met- t»"- ''"J- i> m-
tre le titre d'imperator sur ses médailles. Les Empereurs
suivans ont négligé ce titre, qui servoit à donner quelque
éclaircissement à l'histoire. ' Il laissa unfils, qui régna dans spuv. iwi \ nui.
la suite sous le nom de M. Antonin Heliogabale. Entre
le peu de bonnes actions que fit Caracalla pendant son rè-
gne, on remarque une fort belle rue qu'il fit faire de nou-
veau à Rome avec d'autres édifices. Mais on relevé sur-
Z z ij
356 ÂNTONIN CARACALLA, EMP.
m SIECLE, tout les thermes, ou bains publics qui portoient son nom,
et où se voïoient des choses qui paroissoient inimitables.
On parle aussi avec éloge d'une galerie somptueuse, qu'il fit
construire, et où étoient représentées les guerres, les triom-
phes et les autres grands exploits de l'Empereur son père.
Tiii.ihid. ip.ie?! Il fit aussi quelques loix pour le gouvernement de l'Etat,
jonï. ibiu. c. 12. g| donna plusieurs rescrits, dont divers Ecrivains font men-
tion.
C A I U S,
EVEQUE DES N.VTIONS, ET DOCTEUU DE l'EgLISE.
0
s- 1.
HISTOIRE DE SA VIE."
N ne sait pas précisément quel est le païs qui donna
_ naissance à Caïus , dont nous entreprenons ici l'élo-
Vui. Sacr. p. 937. ge. ' M', le Moyne conjecture qu'il étoit Grec de nation,
"*"' et né à Corinthe. C'est ce qu'il paroît établir sur un pas-
sage d'un certain Socrate de la même ville ; et sur la con-
noissance particulière qu'avoit Caïus de la langue gréque,
en laquelle il a écrit tous ses ouvrages. Mais ces fonde-
mens sont bien équivoques, pour y asseoir quelque pro-
babilité. En effet, le témoignage de ce Socrate est plus
contraire que favorable à la prétention de M', le Moyne ;
et ce que nous avons dit ailleurs de l'usage tout conrimun de
la langue gréque dans quelques-unes de nos provinces en
particulier, fait voir de reste que l'on pouvoit écrire en-
cette langue, sans être Grec de nation.
U y a bien plus d'aparence à croire que Caïus étoit né
dans les Gaules. Au moins la prévention est-elle en leur
faveur; puisqu'elles furent le théâtre, où Caïus fit son
ircn. p.. i). mu premier personnage. ' Car il est certain par l'aveu du mê-
me Socrate, qu'il avoit été disciple de S. Irenée, non
comme le fut dans la suite S. Prosper de S. Augustin qu'il
CAIUS, EVEQUE DES NATIONS, etc. 357
ne vil jamais en personne , mais en demeurant et conver- m siecli;.
sant avec ce saint Evêque et Martyr, ôç xal 'ï.wmokni^- [
laTo TM KîpT,vatw. Or cela ne put ariver qu'à Lyon,
comme il est visible par l'histoire de saint Irenée, telle
que nous l'avons donnée sur les monumens les plus autori-
sés. Ainsi il est au moins hoi"s de doute, que Caïus puisa
dans l'école de l'Eglise de Lyon la doctrine qu'il alla en-
suite répandre ailleurs. Il ne nous en faut pas davantage
pour être en droit de le mettre au rang de nos hommes de
letres.
On ignore à quelle ocasion, ou pour quel sujet Caïus
se sépara de saint Irenée. On pourroit faire sur cela di-
verses conjectures, dont il n'y en auroil peut-être nulle
de vraie. Ce qu'il y a de certain, 'c'est qu'il se retira à Kus. i.s. c.«i|i.
Rome, où il passa quelque tems. S. Irenée pouvoit l'y ^"jH^^r. !ir. m!
avoir envoie pour les alFaires de son Eglise ; et Caïus y «• sa-
aïant aparemment reçu la nouvelle de son martyre, et de
la persécution qui ravageoit l'Eglise des Gaules, se dé-
termina à s'atacher au Clei^é de Rome. Il y brilloit sous
le Pontificat de saint Zephyrin et l'Empire d'Anfonin Ca-
racalla, au commencement de ce III siècle. Il s'y distin-
gua entre les Ecrivains Ecclésiastiques et par son zèle à
défendre la foi Orthodoxe, et par son éloquence. Il y
eut sur-tout une conférence avec Procle ou Procule, l'un
des principaux chefs des Montanistes, laquelle contribua
beaucoup à rendre son nom illustre.
' Pholius nous aprend qu'il fut élevé à la dignité du '''«"• «• **•• i'- *i-
Sacerdoce , dont quelques-uns prétendoient qu'il avoit
fait les fonctions dès le tems du Pape saint Victor. Dans
la suite il fut ordoinié Evêque des nations, 'pour aller tîii.h.e. i. 3. y.
porter la foi dans les pais des infidèles, sans avoir aucun "*'
peuple ni aucun Diocèse limité. Ainsi l'on ne doit pas s'ar-
rêter à l'opinion de quelques modernes qui en ont voulu Var. sacr. p. w*.
faire un Evêque de Milan.
L'histoire ne nous aprend rien du tems de la mort de
Caïus. Seulement il paroît par ce que nous venons de
dire, qu'il vêquit au-delà du règne de Caracalla, qui finit
en 217. 'Il est étonnant de ne voir pas paroître le nom xiii.ibid. p. 177.
de ce grand homme, qui a tant travaillé pour l'Eglise,
dans les Martyrologes Romains, où l'on en a placé beau-
coup d'autres, qui ne le méritoient peut-être pas à si juste
titre.
3o8 CAIUS, EVEQUE DES NATIONS,
jii siKCLE. Quoiqu'il fùl disciple de saint Ireuée, il ne le suivit
point dans l'erreur des Millénaires. 11 a même la gloire
d'être le premier Ecrivain que nous sachions avoir com-
batu ce sentiment erronné. Mais il ne regardoit point,
dit-on, l'Epitre aux Hébreux comme l'ouvrage de saint
Paul.
$. II.
SES ECRITS.
("ï Aïus enrichit l'Eglise de plusieurs ouvrages de sa
><façon. Mais nous avons le malheur de nous en voir
privés. Il ne nous en reste aujourd'hui, que certains traits
que nous ont conservés Eusebe, saint Jérôme, Theodoret
et Photius.
Kus. i.a.c.isii. 1». ' Le plus célèbre des écrits de Caïus, paroît avoir
c.' ai.^! 6»! loo! été la conférence qu'il eut à Rome avec Procle, comme
{"^ijf*^ 'sgi*'''- l'on a déjà vu. Eusebe en cite plusieurs endroits; et c'est
l'unique des ouvrages de Caïus que saint Jérôme marque
Tm il" Vi 3**i' ^^"^ l'éloge qu'il nous a laissé de cet Auteur. ' Caïus aïant
173. '"' convaincu son adversaire de la fausseté des nouvelles opi-
nions de Montan , rédigea par écrit la conférence qu'il
Kuvi. :i. c.;5i.|.. eut à ce sujet. L'ouvrage étoit en grec, 'et en forme de
p. "Je'.' 37.' "^^ '**■ dialogue. Au moins Eusebe et Photius lui en donnent-ils
le titre. Celui-ci en fait beaucoup d'estime, et témoigne
que la pièce étoit travaillée avec soin.
Eus. 1.2. c.2op. 'C'est de cet écrit qu'Eusebe raporte le beau passage
'^' touchant les tombeaux des Apôtres saint Pierre et saint
Paul, dont l'un selon Caïus étoit au Vatican, et l'autre
1. 0. c. *j. 1». 2i3 1 sur le chemin d'Ostie. 'L'Auteur y réfutant la témérité
Hier. ii,.,i. I phoi. qu'avoienl les Montanistes de fabriquer de nouveaux
écrits qu'ils donnoient pour l'Ecriture sainte, ne comptoit
(jue treize Epitres de saint Paul, omettant celle aux Hé-
breux, comme ne la croïant pas de cet Apôtre. Ce senti.-
ment au reste ne lui étoit pas particulier. Quelques Latins,
dit Eusebe, pensoient la même chose.
Th.iri.iiim. i.-j. c. 2».' Theodoret assure que Caïus écrivit, aussi bien que
;i. p. sio. g Denys d'Alexandrie, qui ne fleurit que plus de trente
ans après lui, un Livre contre Cerinthe auteur de l'opi-
nion des Millénaires. De sorte que Caïus eut l'avantage
do porter les premiers coups à cette erreur, peu de tems
I
t
F/r DOCTEUR DE L'EGLISE. :r>9
après sa naissance. "11 sVtoit déjà déclaré contre dans sa m siècle.
conférence avec Procle, comme on le voit par Eusebe qui iias.i.a.e.is. ^
en cite cet endroit. ^"o-
3°. ' Photius témoigne qu'il y avoit encore de Caïus un p''»' ''»'!• p- "î'-
Livre particulier contre 1 hérésie d'Artemon , ' ou Artemas App. a.i. bh.. pp,
disciple de Theodote le Corroïeur , qui soûtenoit que '' '' ''' '^^"'
.1. C. n'étoit qu'un pur homme. ' Il paroil presque hors de kus. i. ,-,..-. as. |..
doute que cet écrit est le même dont parle Eusebe, com- ,',"'17!^'*''" '''
me fait contre l'hérésie d'Artemon et do Theodote, mois
dont il ignoroit le nom de l'Auteur, (jui n'étoit pas nom-
mé dans son exemplaire. Cet Ecrivam en raporte quel-
ques endroits fort i-emarquables. On y voit que Caïus
eombatoit Artemon par l'autorité des Pères qui l'avoienl
précédé, nommément de saint Justin, de Tatien, de saint
Irenée , de saint Clément Alexandrin , de saint Miltiade
et de saint Meliton. ' Theodoret en parlant de cet ouvra- Th.in. iiii.i.
ge, le nomme le petit Labyrinthe, et dit que quelques-uns
l'atribuoient à Origene, quoique le style fît assez voir
qu'il n'en pouvoit être.
4". 'Photms parle aussi d'un Livre intitulé le Labyrinthe, p^"" '''•' p- ^'
aue quelques Ecrivains donnoient au même Origene, et que
d'autres assuroient être de Caïus Prêtre de Rome sous Ze-
phyrin. On voit par-là que Theodoret et Photius marquent
le même traité. Mais il y a cette différence entre ces deux
Auteurs, que Photius paroîl distinguer le Labyrinthe d'a-
vec l'ouvrage contre Artemon : au lieu que Theodoret
confond l'un avec l'autre. On ne nous fournit point d'au-
tres lumières poui' débrouiller ce fail.
5". ' L'Auteur du Labyrinthe témoignoil à la fin avoir wm. p. m\.
composé un traité sur la substance de t Univers. Mais ce trai-
té se trouvant sans nom d'Auteur dans .son origine, les uns
le donnèrent ensuite à Joseph à cause de la conformité de
style, d'autres à saint Justin, quelques autres à .saint Ire-
née, et d'autres enfin à Caïus. Photius, qui supose que le
Labyrinthe étoit l'ouvrage de Caïus , ne croit pas lui de-
voir refuser le traité De T Univers, ou De la causede f Univers ;
car cet écrit porfoit tous ces titres. Mais il n'ose pas assu-
rer que celui qu'il a lu, soil !<- même que celui qu'avoit
composé Caïus.
'Quoi qu'il en soit, l'ouvrage dont parle Photius, étoit ""''•
divisé en deux Livres. L'Auteur y montroit que Platon
360 CAIUS, EVEQUE DES NATIONS, etc.
m SIECLE, n'étoit pas d'acord avec lui-même. 11 y Iraitoit de la ma-
tiere, de l'ame, de la résurrection, et y réfutoit les faux
raisonnemens et les absurdités d'un certain Alcinoùs. Il y
établissoit ensuite ses propres sentimens, qu'il oposoit à
ceux qu'il avoit entrepris de réfuter, et prouvoit que les
Hébreux étoient beaucoup plus anciens que les Grecs.' Il
y traitoit encore de la création du monde, mais seulement
en abrégé. Il y parloit dignement de Jésus , lui donnant
la qualité de Christ, et y établissant fort bien la naissance
ineffable, qu'il tire de son Père : ce qui suffit pour ne pas
atribuer cet ouvrage à Joseph. Seulement Pnotius juge
que les sentimens de son Auteur sur la nature de l'ame,
n'étoient ni conformes à la doctrine des Juifs, ni dignes
des autres savans écrits qu'il avoit composés ; puisqu'il
atribuoit à l'ame la figure du corps humain.
noi. p. n-ii. ' Hœschelius dans ses notes sur Photius nous a donné
un fragment grec qu'on lui avoit envoie d'Italie, comme
une pièce que l'on croioit faire partie du Li\re De l' Univers
atribué à Joseph. Il y est parlé de l'état des Justes et des
Impies, après la mort, de l'enfer et du paradis, comme en
parleroit un Chrétien. L'Auteur avoit lu assurément l'E-
vangile et les Epîtres de S. Paul, auxquelles il fait allusion
en divers endroits, pour ne pas dire qu'il en cite les pro-
pres termes.
iron. pr. p. if.i. Nous avons observé ailleurs ' que Caïus a contribué
après saint Irenée son Maître à conserver à la postérité
l'histoire du martyre de saint Polycarpe, par le soin qu'il
eut d'en fail*e une copie sur l'exemplaire ae saint Irenee.
S. HIPPOLYTE,
s. HIPPOLYTE,
EvEQUE, Docteur de c/Er.LisE, et Martyr.
HISTOIRE DE SA VIE.
--— lit SIKCI.K.
I
L est surprenant que l'on n'ait que peu de chose à di-
re sur riiisloire d'un Père de l'Eglise aussi célèbre, que
l'a été saint Uippolyte. Mais ce n'est pas toujours les plus
grands hommes , dont les actions nous sont le plus con-
nues. '11 fut disciple de saint Irenée Evêque de Ljon, au- Phoc. c. 121. p.
prés duquel il paroît qu'il passa un tems considérable. Il '"'■
assuroit lui-même dans un écrit que nous n'avons plus ,
que tout ce qu'il avoit avancé dans un de ses principaux
ouvrages , n'étoit qu'un abrégé de ce qu'il avoit apris sur
le sujet qu'il traitoit , de la bouche même de ce grand Pré-
lat. Il s'est acquis par-là la qualité d'Elevé de l'Eglise de
Lyon ; et l'on peut assurer que jamais personne n'a sou-
tenu plus glorieusement ce titre.
Nul ancien Ecrivain ne parle du lieu de sa naissance.
' Mr. Basnage entre les modernes le fait naître en Orient , Canis. b. «. i. p.
et le supose Prêtre établi en Arabie. Mais comme il ne ^
nous donne aucunes preuves de son opinion , il est un Au-
teur trop récent pour l'en croire sur sa parole à l'égard
d'un fait aussi éloigné de lui. Son sentiment paroît même
oposé à ce que saint Uippolyte nous a apris de lui-même,
et que nous venons de raporter.
On est mieux fondé à dire qu'il naquit dans quelque lieu
de nos Gaules. Ce fut-Ià qu'il commença à se faire con-
noître dans le monde. Ni son nom qui . est grec , ' ni la Hier. ep. 83. p.
qualité de Sénateur Romain que lui donne saint Jérôme , ^'^'
ne seroient point des raisons pour empêcher de le croire.
On sait , et nous l'avons remarqué ailleurs , que les noms
propres grecs étoient fort communs dans les Gaules en ces
fjremiers siècles , et que les Gaulois avoient entrée dans
e Sénat de Rome dès l'Empire de Claude , et même au-
paravant. Ses ouvrages écrits en grec ne font rien non
Tomff I. Prem. Part. A a a
2 s
362 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
II SIECLE, plus contre le sentiment que nous proposons. On a vu
— dans les siècles précédons plusieurs Gaulois , qui n'ont
écrit qu'en cette langue.
Saint Hippolyte ne pouvoit faire que de grands progrès
dans les sciences, sous la discipline d'un aussi habile Maî-
ibid.|ep.53.p.579. trc quo saiut Ircnée. ' Aus.si saint Jérôme assure qu'il se ren-
dit très-éloquent , et qu'il acquit une grande connoissan-
ce de la Philosophie et des autres sciences profanes. On
sait de reste que les plus grands hommes de l'Eglise ne
regardoient point cette sorte d'érudition comme indigne
d'un véritable Théologien. Pour ce qui est de la Litera-
ture sacrée, le grand nombre d'écrits qu'il composa en ce
genre, est une preuve completle qu'il y étoit parfaitement
Ea». 1.6. e. «.p. versé. De même , ' les divers ouvrages qu'il fit pour trou-
^l'in^*c\u"' ver et déterminer le jour auquel on doit faire la Pâque,
montre qu'il possedoit à fond la science des tems.
Act. Mar. p. 155. ' Commc il s'cst trouvé plusieurs Saints illustres , qui
"• *• ont porté le nom d'Hippolyte , on les a souvent confon-
dus; et cela no doit pas surprendre. Prudence, qui étoit
assez près de leur tems , en a confondu lui-même trois tout
Tm.H. E. t.3.p. à la fois. 'Mais l'on convient que le plus célèbre dans tou-
• p. 239. te l'antiquité , est celui qui fait le sujet de cet éloge, * et
qui a réuni en sa personne les qualités d'Evêque , de Do-
cteur de l'Eglise et de Martyr.
Il quita l'Eglise de Lyon , sans que l'on puisse dire pré-
cisément pour quel sujet. Peut-être la violence de la per-
sécution à la mort de saint Irenée , le contraignit- elle
d'aller chercher ailleurs un asyle plus assuré. Peut-être
aussi le désir d'annoncer J.-C. aux nations qui n'en avoient
pas encore entendu parler, lui fit-il former le dessein d'al-
ler porter le flambeau de la foi dans les païs étrangers.
Eus. 1.6. e. 80. p. '11 fut dcpuis élcvé à l'épiscopat. Mais ceux qui étoient
attS Hier. ibid. , , T' i i .11 1 .
plus a portée de le savoir , ne nous aprenent point quelle
67î' e's' rê^' ^ë^^^^ ^ï '^ gouvernée. ' De -là tant de diverses opinions
p. éï.i. "*' entre les Ecrivains (') des siècles suivans, qui ont entrepris
Canis.B.ibid. p. 3. (I) ' L« premier qui a fixé nn siège à S. autrv chose, sinon que Berylle étoit Evé-
Hippolyle, est le Pape Gelase à la fin du que de Boslre en Arabie, et que S. Hip-
V siècle. Mais ce Ponlife en le faisant polyte avoit aussi gouverné une aatre
Métropolitain d'Arabie , n'a avancé celle Eglise en certain lieu : ôioaÛTtoç 8à *a\ \Kr.6-
opinion qu'en prenant mal le sens de Ru- XuTO«hspo«7couxat(iuTbîj:poEOTÔ>{l>odr,'j(a«.
fin, qui avoit mal traduit lui-même le Voilà donc cette première et plus ancien-
texte grec d Ensebe. Ce texte ne porte ne opinion détraite par Eusebe même sur
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 363
de le deviner : entreprise qui a plus embrouillé le point d'his- m siècle.
toire que l'on vouloit developer , qu'elle n'a servi à l'é-
claircir. ' De sorte qu'on est encore aujourd'hui réduit à Tiii. p. î39.
dire , qu'il est aussi certain que saint Hippolyte a été Evê-
que , comme il est incertain quel siège il a rempli. Et qui
pourroit se flater de le savoir , ' après que saint Jérôme n'a Hier. ibid.
pu y réussir , malgré toutes les recherches qu'il fit pour
cela dès le IV siècle 1
Si Eusebe ne donnoit pas à saint Hippolyte une certai-
ne Eglise quoiqu'indéterminée , nous croirions volontiers
qu'il n'auroit point eu de siège fixe, et qu'il auroit été
Evêque des nations , comme Caïus son condisciple , dont
nous avons déjà parlé. Cette opinion paroît sans contre-
dit la plus naturelle , et s'acorde parfaitement avec l'his-
toire de nôtre Saint. Dans ce cas on ne seroit plus emba-
rassé à rendre raison de ce qu'il paroît en Orient et en
Occident , comme on le, voit par le peu que nous savons
de ses actions. Qu'il ait été en Orient , on n'en peut dou-
ter ; ' puisque dans un de ses écrits il assuroit avoir eu Ori- «Wd.
gène au nombre de ses auditeurs, ce qui n'a pu arriver en
Occident. De même on ne peut révoquer en doute qu'il
n'ait demeuré en Occident , depuis même qu'il eut quité
l'Eglise de Lyon. La preuve en est sans réplique; puisque
l'on voit qu'il suivoit la suputation des tems à l'usage des
Latins , prèférablement à celle des Alexandrins que sui-
voient tous les Orientaux.
qui l'on apnïoit. Les antres qui se sont
formées daiis la suite n'ont pas plus de
fondement. En effet, celle qui fait nâtre
Saint, Evèqae de Porto, et qui paroît
avoir été U plus géiiéralemcnt suivie en
ces derniers siècles, n'est établie selon tou-
te aparence que sur la confusion qu'on a
faite du grand S. Hippolyte dont nous
parlons, avec un autre Saint du même
nom, qui souffrit le martyre à Porto, et
dont Prudence a Tlécrlt l'histoire. Ce n'est
que pour sauver l'opinion qui établit le
siège de S. Hippolyte à Porto , • que Mr.
le Moyne a avancé la sienne qui le fait
Evêque du Port que les Romains avoient
anciennement en Arabie. Il faut avouer
que cette opinion est la plus ingenieu-'e;
mais elle n'a pas plus de certitude que les
antres. On ne trouve nulle part que ce
Port des Romains eût un siège épiscopal
en ces premiers siècles. De prétendre en-
2 9 *
fin que S. Hippolyte a été Evêque de Ti-
voli , parce qu on a trouvé en ces dernier*
tems sa statué près de cette ville, c'est
s'apuler sur un fondement bien ruineux.
En effet , la découverte de cette statue
n'est point une marque certaine que le
Saint qu'elle représente v eût été inhumé.
Pourouoi ? c'est que l'on puuvoit fort
bien ravoir fait faire à. l'ocasion de quel-
que cliapelie érigée en son honneur.
Quant à l'oDinion qui fait S. Hippolyte
Evêque de Rome, nous ne nous y arrê-
tons pas. Elle est aujourd'hui rejetée de
tous les Savans. Mais comme ce sont les
Grecs qui l'ont particulièrement qualifiée
de la sorte, on pourroit fort bien croire
qu'ils ne l'ont fait que pour donner à en-
tendre qu'ils le regardoient comme Evê-
que Latin, et non Grec. Car on sait qu'en
leur langue les termes Latin et Romain
sont synonymes.
• Var. Sacr.t.i.
29. 30.
Aa ij
364 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SIECLE. Quoi qu'il en soit, l'obscurité du siège que remplit saint
Eus 1 6.C sj.p. Hippolyte ne s'est point étendue sur sa personne. ' Il est re-
3J3 1 chr. p. 219. gardé comme l'un des plus illustres Pères de ce III siècle,
au commencement duquel il fleurissoit. Il paroissoit avec
éclat sur-tout en 228 entre les plus savans hommes de l'E-
glise. Quelque peu de connoissance que nous aïons du
grand nombre d'ouvrages qu'il composa , nous ne laissons
pas d'en tirer assez de lumière pour juger que toute sa vie
lut emploïée ou à instruire les peuples que la providence
avoit confiés à ses soins , ou à combatre les hérésies de son
tems , ou enfin à éclaircir les difficultés de l'Ecriture. Il
est peu de Pères en ces premiers siècles, qui aient plus
travaillé sur les Livres sacrés que saint Ilippolyte. Il faut
même qu'il l'eût fait avec beaucoup de succès et d'aplau-
Hi«r. ibid. disscment ; ' puisqu'Ambroise homme riche d'Alexandrie
se servit de son exemple pour porter Origene à entre-
prendre le même travail.
La plupart des anciens et tous les modernes s'acordent
Tiii. ibid. p. 2«. à donner à nôtre Saint le titre de Martyr. ' Mais on igno-
re et le tems et le lieu où il a soufîerl. On croit cepen-
dant qu'il a vécu jusqu'en 235 , et peut-être même jus-
canis. B. t. I. p. qu'cn 250. ' M'. Basnage refuse de mettre son martyre sous
^- 1 Empire d'Alexandre , parce qu'il n'y eut alors aucune
persécution contre les Chrétiens. Mais un soulèvement de
quelques Païens no suffisoit-il pas pour lui ôter la vie? Il
seroit plus porté à placer cette mort sous Maximin I suc-
cesseur d'Alexandre , qui régna depuis la fin de l'Empire
v- s de celui-ci en 233 jusqu'en 238. ' Il ne laisse pas toutefois
de suposor que nôtre Samt put vivre encore jusqu'au règne
de Zenobie Reine de Palmyre : ce qui est prolonger sa vie
au-delà d'un terme raisonnable.
L'estime et la vénération qu'ont eu les anciens pour
saint Ilippolyte , paroissenl par les éloges qu'ils lui ont
Hipp. t I. pi. p. donnés. ' S. Chi^sostome, ou un autre ancien Auteur sous
^' son nom , lui atribuë un génie excellent et une éloquence
très-suave , et ne fait pas difficulté de le mettre en paral-
lèle avec saint Ignace Martyr, et saint Denys de Corinthe
Tiii. ibid. p. âio. OU d' Alexandrie. ' Theodoret le regarde comme une de ces
fontaines spirituelles, par le moïen desquelles Dieu ré-
pand la source de ses lumières sur son Eglise. Un saint Con-
fesseur du VII siècle , c'est saint Anaslase , le qualifie plu-
7*o«t- ■ f^p ttt-Ui *^Y» ^ , a (tB
In. S'€4i-9 nut'
/U4/n«/>o .
Toni-x'.'' it»*'t s ^^*y -SSô*-
Vrbi*inayroVa'MiaaiuiotSfi.»tu>.BiSL,rlhei><xmVajticanainir^nj/ata..9,.lSxf^^ pmr
illl.p*
uil't. Ttud Vaptmi.-Aj^s.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 365
sieurs fois un grand et très-sacré Docteur, un fidèle té- m siècle.
moin de la vérité,' un organe du S. Esprit. * Léonce de By- [ ~
zance le compte entre les plus illustres Pères de l'Eglise, '"'•'*'■ '^"''
qui ont fleuri depuis J.-C. jusqu'à l'Empire du grand Con-
stantin.
Ecrits qui nous restent de lui.
RrE> n'a plus contribué à rendre célèbre le nom de
saint Hippolyte dans toute i'antiquité icclésiastique,
que le grand nombre d'ouvrages dont il a enrichi l'Egli-
se. Il est aisé de juger de l'estime extraordinaire qu'on a
fait de ses écrits, par les fréquentes citations qu'on en
trouve dans les Pères tant Grecs que Latins. Ils étoient si
généralement estimés, qu'on en gravoit quelquefois les
listes sur le marbre, pour en conserver au moins les titres
h la postérité. Malgré cette précaution, les siècles d'igno-
rance et les autres malheurs des tems nous ont enlevé la
plus grande partie de ces monumens précieux. Nous al-
lons marquer d'abord, selon l'ordre que nous nous som-
mes prescrit, le peu qui nous en reste en son entier. Nous
parlerons ensuite de ceux dont nous n'avons que quelques
fragmens, ou seulement une simple notion.
1". Entre ceux que l'on nous a conservés en leur entier,
on peut mettre au premier rang ' son Cycle Pa.scal. Il ne Hipn. can. p. i\
nous restoit plus que le nom de ce Cycle, lorsqu'on le vit luî.il'.'E^V.^p.
comme renaître en 1551. En fouillant alors dans les ma- ***•
sures d'une ancienne Eglise dédiée à un autre saint Hippo-
lyte, sur le chemin de Tivoli du côté de Saint- Laurent,
on trouva une statue de marbre assise dans une chaise de
même matière. Aux deux côtés du bas de la chaise étoient
gravés en letres gréques des Cycles de seize ans, les qua-
torzièmes de la lune d'un côté, les Dominicales de l'autre.
Ces Cycles commencent à la première année de l'Empire
d'Alexandre Severe, qui étoit la 222* de l'Ere Chrétien-
ne, et étant redoublés sept fois, regloient la fête de Pâ-
que pour 112 ans, c'est-à-dire jusqu'en 333. Quoique le
nom de saint Hippolyte ne paroisse pas sur ce rare monu-
ment , personne ne douta que ce ne fût et sa statue et son
Cycle Pascal. On en fut particulièrement convaincu , lors-
366 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
Il SIECLE, qu'on vit à côté une table des titres de quelques ouvrages
qui sont certainement de lui. La statue avec la chaise et
ses inscriptions fut mise dans la Bibliothèque du Vatican,
où elle fait encore aujourd'hui l'objet de la curiosité des
Savans. Nous croïons faire plaisir à nos Lecteurs de leur
en mettre ici l'estampe sous les yeux , telle que nous
l'avons reçue de Rome. Elle est même nécessaire à cause
des titres qui s'y lisent de divers ouvrages de nôtre Saint.
Eu». 1. 6. c. îs. p. 'Ce Cycle de seize ans ne faisoit qu'une partie de deux
^gl"'*'" ^""' ou trois autres ouvrages de saint Hippolyte sur la Pâque,
desquels nous parlerons dans la suite. Il est reconnu pour
être de nôtre Saint, non seulement par Eusebe et saint Je-
Bncb. p. 439. rômc, ' mais encore par Anatole Evêque de Laodicée en
Syrie , qui vivoit au même siècle que saint Hippolyle,
Hier. ibid. ' C'cst ce Cycle qui selon saint Jérôme donna ocasion à Eu-
liiu.ori. 1.6.C.17. scbe d'en composer un autre de 19 ans. ' S. Isidore de Sevil-
•*■ "■ le l'a regardé comme le premier Cycle Pascal qui ait été
Tui. ibid. jamais fait dans l'Eglise. ' Il est au moins le plus ancien que
nous aïons.
Gruter l'a inséré en grec avec la liste des titres d'ouvra-
ges parmi ses anciennes inscriptions, et Joseph Scaliger
dans la seconde édition de son grand ouvrage de la Cor-
rection des (ems. ' M'. Fabricius l'a mis ensuite avec la
même liste dans le recueil qu'il a publié des écrits de saint
Hippolyte . ' Scaliger a fait davantage. Après avoir ex-
pliqué l'un et l'autre par d'assez longs commentaires, il fit
imprimer le tout à Leyde l'an 1595 en un petit volume m-
4". ' Après lui le P. Giles Boucher a mis ce Cycle en latin,
et l'a expliqué dans sa collection des Cycles de Pâque. ' De-
puis, M'. Bianchini de Vérone, dans une fameuse disserta-
tion publiée à Rome en 1703, a expliqué de nouveau le
Cycle de saint Hippolyte, et prétend que ni Scaliger, ni
le P. Boucher ne l'ont pas bien entendu. Le P. Petau,M'.
Cassini et peut-être encore quelques autres , ont travaillé
sur le même monument et en ont donné leurs explications.
On peut joindre à ceux-là M'. Vignoli Garde de la Biblio-
thèque du Vatican , qui a publié deux savantes disserta-
tions sur la première année du règne d'Alexandre Severe,
dont il est parlé dans ce Cycle.
2". Un des plus célèbres ouvrages de saint Hippolyte
sw' p^'ss» *""■ ' ^^* *^" ^""^^'^ ^^^ l'Antéchrist. ' On savoit qu'il avoit tra-
Uipp. t.l.
p. 38-40.
Bib. S. Vinc.
Cen.
Bacb. p.
891-3ia.
F«b. Bib.
p. 304.
gr.
1. 5.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 367
vaille sur ce sujet, par le témoignage de saint Jérôme et m siècle.
de Photius, qui avoient lu l'un et l'autre ce qu'il en avoit
publié. ' Mais nous en avons été privés jusqu'en 1661, (jue Fab.iWd.p. aosi
l'écrit fut tiré de la poussière des Bibliothèques de Reims "*pp- '• *• P' ^•
et d'Evreux, et donné au public. Nous sommes redeva-
bles de cette heureuse découverte à M'. Marquardus Gu-
dius , non Hollandois comme quelques-uns l'ont qualifié ,
mais d'Holstein en basse Saxe , depuis Conseiller du Roi
de Dannemark.
' Les manuscrits d'où l'ouvrage a été tiré , lui donnent Hipp. ibid. p. 8.
pour titre Airo^ei^iç irspl XpisTo-j xal AvTiypi(rroù, Traité sur
Jesus-Curist et sur l'Antéchrist. Photius l'intitule de la
même manière. Mais comme l'ouvrage n'a paru à M'. Gu-
dius traiter que de l'Antéchrist, il a cru en devoir retran-
cher la première partie du titre, qu'il regardoit comme
une faute des Copistes, à laquelle Photius auroil donné
ocasion ; aimant mieux s'en raporter à saint Jérôme qui
ne l'intitule que de l'Antéchrist.
' S. Hippolyte le composa ensuite d'une conférence qu'il p *■ n.i.
avoit eue avec un nommé Théophile , qu'il qualifie son
très-cher frère , et qui faisoit paroître une grande passion
de s'instruire sur celte matière. En lui adressant son ouvra-
ge,' il lui marque le soin infini que nous devons aporter p s. n. 2.
pour ne rien changer à ce que nous aprenons de nos Maî-
tres. Ensuite il le prie de s unir à lui pour l'aider par ses
prières auprès de Dieu , afin qu'il le conduise dans l'éclair-
cissement qu'il entreprend de donner aux passages de l'E-
criture qui parlent de l'Antéchrist.
' Venant au dessein de son ouvrage , il dit qu'il va ta- p. 7. n. s.
cher de montrer par l'Ecriture , quel sera l'avènement de
l'Antéchrist ; en quel tems précis , et de quelle manière se
manifestera cet impie ; d'où il sortira , de quelle tribu il
prendra naissance ; quel sera son nom marqué par le nom-
bre exprimé dans l'Ecriture ; comment il séduira les peu-
ples en les assemblant des extrémités de la terre ; quels
seront les maux et la persécution qu'il fera souffrir aux
Saints ; comment il s'élèvera comme s'il étoit Dieu ; quel-
le sera sa fin ; comment se fera la manifestation de J.-C. ;
quand il viendra du del ; quel sera l'embrasement qui
consumera l'Univers ; enfin quelle sera la roïauté glorieuse
et céleste des Saints qui régneront avec J.-C. et le suplice
que les méchans souffriront par le feu. ''i
368 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
m siKchE. •Entrant ensuite en matière, il dit que l'Antéchrist ré-
. iiip,). ibid.n.e. tablira l'ancien temple de Jérusalem , "* et qu'il naîtra de la
bp.tt-u. tribQ de Dan: ce qu'il tâche de prouver par les paroles
que Jacob adressa à son fils de même nom , et par plusieurs
p. 85, n. 50. endroits des Prophètes. ' Lorsqu'il en vient au nom de la
Bête , il déclare au'il n'a ni la présomption , ni assez d'in-
telligence pour déterminer ce que l'Auteur sacré a voulu
signifier par-là. 11 propose néanmoins quelques noms,
comme Titan et Euanthas , où se trouve le nombre 666.
Mais il ajoute aussi-tôt, que s'il s'agit d'un nom d'hom-
me , ce sera un Latin , plutôt qu'un Grec ou tout autre.
Saint Hippolyte ne fait que toucher succinctement les
points qu'il s'est proposé de traiter. Il ne détermine point
le tems auquel paroîtra l'Antéchrist , quoiqu'il eût promis
de le faire. 11 confond avec l'Antéchrist la première et la
seconde Bête dont parle saint Jean ; quoiqu'il paroisse par
le texte même que ce sont des choses différentes. Au reste
M'. Gudius a été trop scrupuleux pour avoir retranché la
première partie du titre de cet ouvrage. Il y est dit assez
de choses de J.-C. pour porter le titre entier au'il a dans
les manuscrits et dans Photius. S. Hippolyte y donne beau-
coup dans la figure,
p. i8.n.36 1 p.». ' Il y reconnoît en divers endroits l'Apocalypse pour
11.50. I, •' , . . T / »» • '■ ""i-i '^ •
Tiii. ib. p. 8iG. 1 ouvrage de samt Jean. Mais on remarque qu il y cite
comme de l'Ecriture certaines paroles qui n'en sont pas.
11 n'y parle au reste qu'avec beaucoup de reserve, comme
en usoient plusieurs des anciens Pères, qui ne parloient de
la vérité qu'avec peine, de peur de n'en pas parler d'une
manière digne de Dieu et propre à édifier les autres.
Piioi. ibid, ' Photius , qui avoit lu ce traité , témoigne que les pen-
sées en sont simples , et qu'elles portent un caractère d'an-
ti<]|uité ; mais qu'il y a des choses qui ne sont pas dans l'exa-
ctitude que l'on a gardée dans la suite.
Après l'édition que M'. Gudius en publia à Paris ea
Bib.^pp.i.aT.p. 1661 ,' le P. Combefis en fit une traduction latine qu'il a
•iii'pp. il . p. 4- mise au 27* volume de la Bibliothèque des Pères. ' M'. Fa-
" bricius en donnant de nouveau l'écrit au public à la tête
des œuvres de saint Hippolyte , où il est en grec et en la-
tin , l'a revu sur l'édition de M'. Gudius , et y a corrigé
plusieurs fautes qu'avoit faites le P. Combefis.
P 273-877 I DU). 30. ' Le même Editeur de saint Hippolyte nous a donné
pp. ib. p. 9. 1-10. ^^ "'
en
DOCTEUR DE L EGLISE, ET MARTYR. 369
en grec et en latin une courte explication de l'histoire de m siècle.
Susanne , que le P. Combefis n'avoit publiée qu'en latin à "'
la suite du traité sur l'Antéchrist. Il ne paroît pas y avoir
de doute que cet opuscule ne soit de nôtre Saint. On y
remarque sans peine le caractère de son génie. Il y a sur-
tout beaucoup de conformité entre l'explication mystique
de cette histoire, ' et l'endroit du traité sur l'Antéchrist, Hipp. p. sa. n.ss.
où saint Hippolyte exphque les premiers versets du 18^
chapitre d'Isaie. ' D'ailleurs on sait par le témoignage de p. 272.
George le Syncelle, que nôtre Saint avoit écrit sur l'his-
toire de Susanne.
'Le petit commentaire dont il est ici question, expli- Bib. pp. ibid
que cette histoire d'une manière mystique. L'Auteur dit
que Susanne étoit la figure de l'Eglise; Joachim, de J.-C.
Que le Verçer signifie la vocation des Saints, qui sont
plantés dans l'Eglise comme des arbres fruitiers. Que les
deux Vieillards sont le symbole des deux peuples, les Juifs
et les Gentils, qui ne cessent de tendre des embûches à
l'Eglise.
' Sur ce que l'histoire de Susanne se trouve à la fin du p- 9 «
livre de Daniel, quoiqu'il soit constant qu'elle soit arrivée
avant presque tous les autres faits raportés par le Prophè-
te, saint Hippolyte dit qu'il est assez ordinaire aux Ecri-
vains sacrés de renverser l'ordre des tems. Qu'ils en usent
de même par un dessein particulier de Dieu, de peur que
le Diable comprenant ce qui a été révélé aux Prophètes
en paraboles, n'en prît ocasion de tendre de nouvelles
embûches aux hommes pour les perdre. Cette pensée
aprocbe beaucoup de celle que saint Jérôme attribue à
saint Ignace Martyr, touchant le mariage de la sainte
Vierçe avec saint Joseph.
Au reste ce petit écrit ne contient rien d'indigne de S.
Hippolyte. Le tems même auquel il a été composé con-
vient fort bien au siècle de ce Père ;' puisqu'on voïoit en- ibid.
core alors, comme il le marque, les Juifs et les Gentils
conspirer contre l'Eglise, ' et des Chrétiens acusés d'aller p. 10. 1.
contre les ordres des Empereurs, conduits aux tribunaux
et condamnés à mort. ' Il paroît par la fin que cette peti- s.
te explication est une homélie prêchée au peuple.
4". ' Nous avons encore de saint Hippolyte un discours Hipp. t. i.p.îei-
ou homélie sur la Theophanie en grec et en latin. Elle ***"
Tome /. Prem. Part. B b b
3 0
370 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
m SIE^CLE. commence par ces mots, navra [tèv y.alk xal xa>.à Xiav,
Toutes les œuvres de Dieu sont souverainement bonnes : paro-
les qui paroissent prises du 39" chapitre de l'Ecclésiastique, et
pr. p. 7. faire le texte de l'homélie. ' La version latine de cette pie-
ce est de M'. Fabricius, qui en avoit reçu d'Angleterre
le texte grec. M'. Wolsius l'avoit tiré d'un manuscrit apar-
tenant à Thomas Gale.
Cette homélie semble avoir été prononcée devant les
Gentils. Elle traite particulièrement au baptême de J.-G.
et de ses effets, sur-tout par raport aux hommes. Tantôt
l'Auteur s'y adresse à une seule personne, tantôt à plu-
sieurs. On n'y trouve rien qui ne convienne et à la doc-
trine et au tems de saint Hippolyte. On y aperçoit mê-
me tout son style, et quelques façons de s'exprimer qu'il
emploie dans d'autres ouvrages qui sont certainement de
lui.
On pourroit croire avec quelques Savans, que cette ho-
Hi«r. ibid. mcHe cst la même ' que saint Jérôme marque entre les au-
tres écrits de saint Hippolyte, sous le titre d'Homélie à la
louange du Sauveur. Mais on n'y lit point ce qu'ajoute saint
Jérôme, savoir que nôtre Saint y disoit avoir eu Origene
Fab. Bib. gr. t. 5. au uombrc de ses auditeurs. ' Il est vrai que pour lever cet-
p] m.'i^"*' ""' ^6 difficulté l'on prétend, que ce trait avancé par saint
Jérôme n'est qu'une erreur, qui doit sa naissance aux pa-
roles mal entendues du 23* chapitre de 6* Livre d'Eusebe,
et que M". Huet et Valois ont réfutée. Mais cela ne passe
{)as pour aussi constant qu'on le donne. S. Jérôme ne par-
e point ici d'après Eusebe. 11 parle de Livres qu'il a lus
lui-même. Ainsi il y a toute aparence que l'homélie mar-
quée par ce Père est perdue comme plusieurs autres du
même Auteur. C'est de quoi nous pourrons parler dans la
suite.
Posi. app. t. 2.p. 5°. ' En 1G06 Possevin publia dans son Apparat un petit
'*"'*■ traité latin contre les Juifs sous le nom de saint Hippoly-
te. François Turrien l'avoit déjà tiré de la poussière, sans
donner le texte grec sur lequel il avoit fait sa traduction
Hipp. t. i.p. 218. latine. 'Depuis M'. Fabricius a inséré cette version dans le
M 's. p. 2-5. premier volume des œuvres de nôtre Saint. ' Mais aïant
ensuite recouvré le texte original par le moïen de Dom de
Montfaucon qui l'avoit eu d'un manuscrit du Vatican, il
nous a donné l'un et l'autre au 2" tome de son édition.
<3 a M
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 371
L'exemplaire grec ne qualifie saint Hippolyte que simple m siècle.
Evêque et Martyr.
' Cet écrit n est que le fragment d'un plus long ouvrage.
L'Auteur y commente succintement le Pseaume 68, qui
contient plusieurs traits prophétiques de la passion du Sau-
veur, et s'en sert pour combatre les Juifs. ' M'. Basnage canis. b. 1. 1. pr.
regarde cet opuscule comme un ouvrage suposé à saint P" ^'
Hippolyte, sans néanmoins en donner de bonnes raisons.
' M', du Pin se contente de dire qu'il n'est pas certain qu'il du Wn, Bib. t. i.
soit de lui. Mais quiconque voudra le lire avec atention, P"'***
n'y trouvera rien d'indigne de nôtre saint Docteur, ni de
contraire à son siècle. On y apercevra même ses fréquen-
tes apostrophes, et la manière dont il faisoit usage de l'E-
criture. ' Il y cite plusieurs fois le Livre de la Sagesse, sous Hipp. 1. 1. p. 21»,
le nom de Salomon : ce qui convient fort bien à un disciple
de saint Irenée, qui en usoit de même, comme on l'a vu.
Il y a quelques autres petites pièces de saint Hippoly-
te, mais qui ne sont que des fragmens d'ouvrages perdus.
C'est pourquoi nous remettons à en parler dans l'article
suivant.
S. II.
SES ECRITS PERDUS.
C
E que l'on nous a conservé des écrits de saint Hippo-
lyte, est bien peu de chose en comparaison de ce qui
s'en est perdu. L'on va être surpris de la grandeur de nô-
tre perte, par la liste que nous allons faire, et la connois-
sance que nous allons donner d'après les anciens de tous
les ouvrages que le Saint avoit composés, et qui ne se trou-
vent plus aujourd'hui. Il est peu de Livres sacrés sur les-
quels il n'eût travaillé pour en aplanir les difficultés, et
les rendre intelligibles. De même il avoit écrit sur quan-
tité d'autres sujets interessans pour l'Eglise. Entrons dans
le dénombrement.
l'. ' Eusebe et saint Jérôme nous assurent que saint Hip- Eus. 1. e. c. 22.P
polyte avoit composé un Hexameron, ou traité sur les six ?**6i.^'"'^"'
jours de la création du monde. ' M', le Moyne prétend var.^r. t.
que cet ouvrage est le premier, qui se trouve marqué dans
la table gréque, que 1 on déterra avec la statue de nôtre
Saint, et qui contient les titres de plusieurs autres de ses
B b b ij
s. p.
989-992.
372 S. HIPPOLYTE, ËVEQUE,
iii SIECLE, écrits. De sorte que de la fin de ce mot grec lors, et de
~" celle du suivant nias, dont Scaliger fait |aX(Aoù« (Aera-
voi'aî, Pseaumes de la pénitence, cet Ecrivain voudroit
que le premier fût le reste du mot npnTonAAXTorx, el
le second le reste de ces mots-ci i^al irepi Mc^'j-fa^tixi ,
ou î^cdoyoviaç; ce qui fcroit ce sens, sur l'état de nos pre-
miers Pères, et sur la création du monde, ou les choses
qui ont vie. Mais, quoique cette pensée soil el plus ingé-
nieuse et plus naturelle que celle qui y trouve les Pseaumes
de la pénitence, on peut dire qu'elle n'est pas plus assurée.
Elle dépend uniquement de l'imagination; et une troisiè-
me personne qui voudroit tenter d'y trouver autre chose,
Hipp. t. 8. p. s. y pourroit encore mieux réussir. ' Tels sont ceux qui croient
"•"• y découvrir la fin du mot lou^aîouç, qui pourroit être la
lin du titre suivant , Airw&eHtTixr, irpô; lou^aiouç , Dé-
monstrations, ou traité contre les Juifs, dont nous avons
parlé.
Quoi qu'il en soit, il n'est pas moins vrai que saint Hip-
Damw. parai. 1. 1. polytc avoit fait uu Hexamcrou. ' S. Jean de Damas dans
P '*'• ses Parallèles nous a conservé un passage de cet écrit, qui
contient la réfutation de ceux qui établissoient dans le ciel
le paradis terrestre, et nioienl qu'il fût du nombre des
Hier. ep. 41. p. creaturcs de cet Univers. S. Ambroise, au raport de saint
^*" Jérôme , suivoit dans son Hexamerou plus particulière-
ment les sentimens que sainl Hippolyte el saint Basile
avoient avancés dans les leurs.
vir. iii. c. 6i. 2°. ' Outrc l'ouvragc précèdent, le même S. Jérôme
témoigne que sainl Hippolyte avoit aussi composé un
Commentaire sur la Genèse. Eusebe ne marque point cet
ouvrage; mais on peut bien s'en raportei- h saint Jérôme,
3ui assure l'avoir lu, comme les autres du même Auteur
ont il fait l'énumeration. ' D'ailleurs il y a toute aparen-
ce qu'Eusebe a compris ce commentaire avec celui que
saint Hippolyte composa, comme il dit lui-même, sur ce
qui suit les six jours, c'est-à-dire assez naturellement sur
not. p. an. i. le reste de la Genèse. ' M'. Valois néanmoins et Scaliger
avant lui entendent cet endroit d'Eusebe, du second cha-
pitre seulement de ce Livre.
Hipp t. i p. tt. ' Mais il n'y a pas lieu de douter que le Commentaire
^' dont il est ici question, ne fût sur toute la Genèse, depuis
que M'. Fabricius nous en a donné en grec et en latin plu-
b
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 37:^
sieurs fragmens. Il y en a sur le 1, le 3, et presque sur tout ii i siècle.
le 49 chapitre. "De plus, saint Jérôme entreprenant de . Hier. ep. crii. p.
donner quelque explication sur Melchisedech , dit qu'il a 570. mi.
eu recours à saint Hippolyte. .\insi il paroît témoigner
par-là que nôtre Saint avoit écrit sur le 14* chapitre , où
il est parlé de Melchisedech. ' Le même Père cite encore p se»,
de ce Commentaire un long passage sur Isaac et Rebecca ,
c'est-à-dire sur le 27* chapitre. ' Mr. Fabricius a tiré les Hipp. ibW.
fragmens qu'il raporte, d'un recueil de 88 Pères sur la Ge-
nèse , lequel .se conserve manuscrit dans la Bibliothèque
de l'Empereur à Vienne en Autriche. Sur le 27* verset du
49* chapitre , qui contient les bénédictions de Jacob à ses
enfans, saint Hippolyte fait à .saint Paul l'aplication de ce
qui regarde Benjamin : aplication qui a été imitée dans la
suite par saint Augustin , et d'autres Pères de l'Eglise.
3". 'Saint Jérôme donne encore à saint Hippolyte un Hier. nr. iii. c. ei.
Commentaire sur l'Exode, ' qu'Eusebe peut avoir voulu Eus. i.e. c.îs.p.
marquer en général , lorsqu'il assure, comme nous venons ***'
de dire , que nôtre Saint avoit écrit sur ce qui suit les six
jours dans les Livres de Moyse. ' Saint Jérôme avoit vu cet Hier. iwd.
ouvrage; et nous ne devons pas douter qu'il n'ait existé.
' Cependant M', le Moyne paroît être tomné dans ce dou- var. s«r. iwd.p.
te; prétendant sans raison que saint Jérôme ne parle du
Commentaire sur l'Exode , que pour avoir mal entendu
les paroles d'Eusebe. ' Celui-ci , ajoute M', le Moyne , Eu», ibid.
après avoir marqué l'Hexameron , dit que saint Hippoly-
te écrivit aussi sur ce qui suit les six jours eî? rà \utk tàv iIol-t,-
(upov : ' paroles , reprend M', le Moyne , qui ne signifient v«r. s«er. lud.
que ce qui regarde Adam , Eve , le paradis terrestre , le
serpent , l'arbre de vie et celui de la science. Mais ce Sa-
vant n'a pas pris garde que saint Jérôme ne parle point
d'après Eusebe , ' mais comme aiant vu lui-même les Livres Hier. iWd.
qu'il nomme : E guibus, dit-il , hos reperi , in é^afl'jiepov, et
in Exodum. Cela est clair et ne souffre nulle difficuUé.
4*. 'On trouve des preuves pour donner à saint Hippo- %?. t. i.p.s67 1
lyte un écrit ou commentaire sur les endroits du premier ™w-e »'p-
Livre des Rois , qui parlent d'Helcana père , et d'Anne
mère de Samuel. Theodoret dans ses dialogues nous a con-
servé quelques passages de cet écrit , raportés par M'. Fa-
bricius dans l'édition des oeuvres de nôtre Saint.
a*. 'De même S. Hippolyte avoit fait aussi un ouvrage Hipp.iwd.icao.p.
374 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SIECLE, sur les autres endroits du même livre de l'Ecriture, qui
traitent de Saûl et de la Pythonisse. On remarque à ce
sujet qu'il lui étoit assez ordinaire de prendre ainsi quel-
que partie de l'Ecriture pour expliquer , plutôt que de
composer des commentaires de suite. Ce que nous avons
déjà dit , et que nous dirons dans la suite , confirme cette
Hier. ibid. pcnséc. ' L'écrit sur Saûl et la Pythonisse est marqué par
saint Jérôme entre les autres ouvrages de nôtre saint
Docteur.
Hipp. can. p.u I ' L'on convient même qu'il est designé dans la table
var. sacr.' p. 99S. gréque par ce mot itas tpimïgots , dont on croit de-
993. 1011 Canis. O . 'l f .
B. 1. 1. pr. p. 7. voir faire ErrASTPiMïeoN, qui est le nom que les
Septante donnent à la Pythonisse d'Endor , qui par son
art magique fît paroître 1 ombre de Samuel quelque tems
après sa mort. Il paroît hors de doute que c est plutôt de
cette Pythonisse , que de celle dont il est parlé au seiziè-
me chapitre des Actes des Apôtres ; quoique Scaliger croie
qu'on peut l'entendre plus vraisemolablement de celle-
ci.
Hier, ibid 6". ' S. Jcrômc Continuant le catalogue des ouvrages de
S. Hippolyte , marque un commentaire sur les Pseaumes.
Var. Sacr. ibid. p. ' M', le Movuc dit qu'Eusebc donne aussi ce commentaire
^^- à S. Hippolyte; mais nous ne le trouvons ni dans le texte
ibid. I Hipp. ibid. d'Euscbe ni dans la traduction. ' L'on convient qu'il est
indiqué dans la table gréque par la fin de la troisième
ligne qui porte AAMors, comme s'il y avoit eu originaire-
icr. ibid. ment eix vaamotï , sur les Pseaumes. ' De la manière
qu'en parle S. Jérôme, il semble l'entendre de tout le Pseau-
Hipp. ibid. I Var. tier. ' Scaliger et le Moyne n'en doutent nullement. Ce-
saer. p. 977. 99». \^\.(.{ prétend même que cela paroît incontestable par un
passage qu'il raporte, tiré d'un manuscrit que l'on con-
Hipp. 1. 1. p. Î68. serve dans une Bibliothèque de Florence. ' Theodoret
269. cite des endroits de ce commentaire sur les Pseaumes 2 ,
Fab. Bib. gr. t. 5. 22 et 23 (*). ' Dc même la Bibliothèque de Bodlei fait men-
P' ^^' tion d'un manuscrit qui contient l'exposition de S. Hip-
• polyte sur le neuvième Pseaume.
Hipp. can. p. 13. ' Outre ce commentaire sur tout le Pseautier , Scaliger
■ H'nn 1 ihM (•) * Mr. Fabricius dit qn« Theodoret entendant mal les paroles de ce Père, » qtii
nipp. ». I. iDia. ^.^ ^^^^. 1^ jjêjjj Commentaire sur le signifient non ce Pseaume, mais le Caoti-
>>En8. not. p. 123. Pseanme 118 selon nous , on 419 selon que des Cantiques.
2. les U^reux : mais il ne l'avanoe qu'en
DOCTEUR DE L'ÉGLISE, ET MARTYR. 375
lui en atribue encore un particulier sur les sept Pseaumes m siècle.
de la pénitence. Mais comme ce sentiment n'est fondé
que sur une interprétation forcée de la fin des deux pre-
mières lignes de la table gréque , on ne peut s'y arrêter.
Scaliger a bien senti lui-même qu'il n'étoit point naturel
d'y lire [Aeravoiaç, de la pénitence ; puisqu'il s'en prend au
graveur , et l'accuse d avoir fait une faute en mettant
NIA2, pour NOIA2. ' D'aillcurs y a-t-il la moindre v». s«r.». 2. p.'
aparence, remarque judicieusement M', le Moyne , que
cette table marquant assez clairement à la troisième ligne
un ouvrage sur les Pseaumes , en indique un autre à la pre-
mière ligne sur le même sujet? On pourroit encore deman-
der si au tems de saint Hippolyte on connoissoit déjà les
Pseaumes de la pénitence sous ce titre? 'Il est vrai que Aug. vu. c. si. p.
Posside dans la vie de saint Augustin en fait mention ; mais
c'est peut-être le plus ancien vestige que l'on en trouve ,
et qui ne remonte pas au-delà du V siècle.
7". ' Eusebe et saint Jérôme comptent encore entre les Eus. p. «m i not.p.
ouvrages de saint Hippolyte un commentaire sur le Can- '*^ * ' *''*'^ ''" '
tique des Cantiques; et Theodoret le cite dans son
dialogue intitulé l'Kraniste. ' Ce Commentaire subsis- Hipp. «. i. p. «70.
toit encore au Vil siècle; puisque saint Anastase le Sinaïle
l'avoit lu. Il nous en a même conservé un passage consi-
dérable , raporté en grec et en latin par l'Eaileur de saint
Hippolyte. Le Saint y reconnoît le Livre de la Sagesse
pour être de Salomon , comme le sont les Proverbes ,
l'Ecclésiaste, et le Cantique des Cantiques même. Il y dit - *i
S[u*en donnant à ce dernier le titre qu'il porte, on a voulu
iaire entendre, qu'il comprend lui seul tout ce que Salo-
mon avoit dit en cinq mille vers ou cantiques. Entrepre-
nant à cette ocasion d'expliquer ce que raporte l'Ecriture,
touchant le choix que les amis d'Ezechias firent de tous
les écrits de Salomon , saint Hippolyte témoigne qu'ils v*^
choisirent et réservèrent ce qui pouvoit servir à l'édifica-
tion de l'Eglise. Que pour le reste qui consistoit en para-
boles et cantiques sur les plantes, les animaux de la terre,
les volatiles , les poissons , et les secrets pour guérir les
maladies , Ezechias l'avoit entièrement suprimé , de peur
que le peuple grossier et peu instruit , n'y eût trop de
confiance dans ses besoins , et ne négligeât de s'adresser
à Dieu pour les lui demander. Suidas et quelques autres
376 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SI El LE. Ecrivains disent la même chose, et l'ont aparemment pris
de saint Hippolyte.
H,er. ibid. 8". ' S. Jérôme assure qu'il avoit vu aussi un commentai-
suid.j.p. in. 16 de nôtre Saint sur les Proverbes de Salomon. ' Suidas
Htpp. 1. 1. p.2-0. confirme la même chose. ' M'. Fabricius nous a donné de
ce commentaire quelques passages latins , qui se trouvent
en leur langue originale entre les autres Pères Grecs qui
forment la chaîne sur les Proverbes. Ces passages expli-
quent le titre du livre , et le onzième ou douzième verset
p. 282. du premier chapitre. ' Il y en a un autre encore plus con-
sidérable raporté par le même Editeur, et que M'. Pfaff
a tiré d'un manuscrit de la Bibliothèque de Turin. Il est
im grec et en latin, et contient l'explication de saint Hip-
|)olyte sur le neuvième chapitre des Proverbes, On y re-
connoît toute la manière d'expliquer l'Ecriture , que le
Saint emploie ailleurs.
Hier-ibid. 9", ' Au Commentaire sur les Proverbes, saint Jérôme en
joint un autre du même Auteur sur l'Ecclesiaste. Savoir si
o'étoit un commentaire suivi, comme il paroît qu'étoit le
précédent , ou s'il étoit seulement sur quelques parties de
ce livre, selon la coutume que suivoit quelquefois saint
Hippolyte, c'est ce que nul des anciens ne nous a apris.
Cans.Kt.i. p.». Seulement 'on dit qu'il y a dans la Bibliothèque de
l'Empereur un manuscrit qui contient des commentaires
de saint Hippolyte sur les livres de Salomon. La chose
vaudroit bien la peine d'être un peu plus dévelopée.
Hwr. ibid. 10°. ' Nous aprenons de saint Jérôme, que saint Hip-
polyte avoit aussi écrit sur la prophétie d'Isaïe. Mais il
ne dit point si nôtre Saint avoit commencé tout ce Pro-
Tbdrt. iiia. I. p. phéte, ou seulement une partie. ' Theodoret cite quelque
''*• chose de cet ouvrage sur le commencement de ce même Pro-
phète, sans nous en donner d'autre éclaircissement.
Hipp 1. 1. p. 271. 'Michel Glycas raporte l'opinion de saint Hippolyte
touchant la longueur du jour , auquel se fit la rétrogra-
dation sur le cadran d'Achaz , en signe que Dieu proloii-
geoit la vie au Roi Ezechias , comme il est marqué au
vingt-huitième chapitre d'Isaïe. Saint Hippolyte prétend
fiib.coisi.p. 215. que ce jour avoit duré trente-deux heures. ' Dom de
Montfaucon aïant averti que dans un manuscrit cotté
193 de la Bibliothèque de M'. Coislin , il se trouve un
fragment de saint Hippolyte sur Ezechias , et quelque au-
tre
t
DOCTEUR DE L'ÉGLISE, ET MARTYR. 377
tre chose contre le destin , ' M'. Fabricius y a eu recours , 1 1 1 s i e c l e.
et nous a donné ce fragment en grec et en latin. C'est «Hipp. i.a. p.31.
précisément le même qui est cité par Glycas.
H". 'Saint Hippolyte au raport d'Eusebe avoit aussi eus. ibu. p. 224.
commenté quelques parties du Prophète Ezechiel. On ne
nous en aprend pas davantage. ' On dit toutefois qu'il y Hipp. 1. 1. p. 271.
a dans la Bibliothèque de liodlei un manuscrit qui porte ce
titre, Hippolyti de dimensionet empli Salomoms. Traité d'Hip-
polyte sur les dimensions du Temple de Salomon , dont
parle aparemment Kzechiel au 40* et 41'^ chapitre de sa
Prophétie.
1 2». ' Mais Hippolyte avoit plus particulièrement tra- Hier. iwj. 1 Phoi.
vaille sur Daniel. S. Jérôme marque en général son com- ' ^'
mentaire sur ce l*rophelo. Photius qui l'avoit lu, en parle
dans un assez grand détail , et dit que ce n'étoit pas une
explication suivie de tout le texte , quoique l'Auteur ne
laissât pas d'en éclaircir toutes les pensées.
' Puis venant 5 on j)orter son jugement , il ajoute qu'il w>oi. iwd.
se trouvoit dans cet ouvrage diverses choses , qui se sen-
toient de ces premiers siècles , et qui n'étoient pas dans
l'exactitude que l'on a gardée dans la suite. Mais il a soin
d'avertir qu'il ne seroit pas raisonnable de le condamner
pour cela. Il en donne la raison. C'est qu'à l'égard de ces
fiersonnes qui ont commencé h déveloper les secrets de
'Ecriture, bien loin de les blâmer de ce qu'elles n'ont pas
entièrement réussi , l'on doit au contraire loiier leur zèle
qui leur a fait entreprendre une chose aussi difficile , et
recevoir avec joie et reconnoissance les éclaircissemens
qu'elles nous ont donnés.
' Photius ne peut cependant s'empêcher de blâmer lud.
l'Auteur de ce commentaire , de ce qu'il a osé déterminer
à la fin de six mille ans depuis la création du monde, ef
de cinq cens ans depuis la venue du Sauveur, le tems au-
quel arriveroit le jugement dernier : ce que Jesus-Christ
même n'avoit pas jugé à propos de découvrir à ses Apô-
tres. Le style de cet ouvrage étoit clair et net , quoique
l'Auteur y eût négligé les règles de l'éloquence Attique.
' Theodoret dans son commentaire sur le même Prophe- c. 203.
te s'acordoit , selon Photius , en plusieurs choses avec
saint Hippolyte , mais il en differoit aussi en divers autres
points.
Tome I. Prem. Part. C c c
380
378 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
1 1 1 s I E c L E. ° Saint Jérôme écrivant sur Daniel raporte quelques
• Hier. in Dan. c. sentimcns de l'ouvrage de nôtre Suint dont il est ici ques-
9. p. iiu. tion. ''Œcumenius en fait aussi mention dans sa préface
Hipp.°'t. 1.' p.' sur l'Apocalypse. " On trouve dans la chaîne des Pères
grecs sur les Psaumes et les Cantiques, un passage de saint
ïlippolyte sur le Cantique des trois jeunes Hébreux dans
la fournaise. Or on .sait que ce Cantique fait partie du
1.-2. p. 3î. troisième chapitre de Daniel. De même ' Eustrate Prêtre
de Constanlinople au VII siècle, raporte de S. Hippolyte
un autre endroit sur le même Cantique. Il témoigne l'a-
voir tiré du second discours ou traité de saint Hippolyte
t. i.p. 277. sur Daniel. ' On cite aussi de saint Anastase le Sinaïte un
autre passage de nôtre Saint sur le même Prophète. Mais
comme ce passage se lit en mêmes termes dans son traité
sur l'Antéchrist , nombre 2G et 43, on peut douter duquel
des deux ouvrages il aura été tiré.
Nous avons parlé ailleurs de la courte explication de
l'histoire de Susanne, qui pouvoit faire partie du grand
Bii). pp. t. 27. p. ouvrage sur Daniel. ' Après ce petit commentaire suit dans
10. 2-12. 2. j^ Bibliothèque des Pores , un fragment latin d'un autre
ouvrage plus considérable. Il e&l'mliiulé S anciisstrm Hippo-
Hipp. 1. 1. p. 278. lyii liomœ Episcopi. ' M'. Fabricius nous l'a donné depuis en
*'^- grec et en latin. C'est le commencement ou le prélude
d'un Auteur, qui avoit promis d'écrire sur le tems de la
captivité de Babylone , et de commenter le Prophète Da-
niel. Tout cela convient fort bien à S. Hippolyte. Aussi
Tiii.ib. p. 247. 'M', de Tillemont juge-t-il ce fragment assez conforme
à l'idée que Photius nous donne du commentaire de nô-
Du Pin, ibid. tre Saint sur Daniel. ' M^ du Pin prétend au contraire
que ni -«e fragment ni la petite explication de l'histoire
de Susanne ne paroissent pas de ce tems-là. Mais quicon-
que voudra se donner la peine de comparer cette dernière
Hier. ep. crit. p. piece ' avcc lo loug passagc de saint Hippolyte sur Isaac
^"^ et Rebecca cité par saint Jérôme, y trouvera une entière.
conformité et de génie et de manière de s'exprimer.
Mab. iter 11. p. ' Enfin Dom Mabillon témoigne avoir vu dans un ex-
^- cellent manuscrit grec ancien de huit cens ans au moins,
qui contient quelques livres des Prophètes, un commen-
taire de saint Hippolyte Evêque et Martyr sur le songe
de Nabuchodonosor , qui fait comme l'on sait partie du
Hipp.i. i,p.272. livre de Daniel. 'George le Syncelle cite aussi un passage
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 379
de saint Hippolyte sur le même Prophète , mais indéter- ni siècle.
minement.
13°. 'Saint Jérôme atribuc encore à saint Hippolyte un luer.vir.ui. cci.
commentaire sur Zacharie, le pénultième des douze pe-
tits Prophètes. C'est tout ce qu'il en dit en cet endroit.
' Mais écrivant depuis sur le même Prophète , et aïant in zach. pr. t. p.
ocasion de parler de ce commentaire et de ceux d'Ori- "^'
gène et de Dydime, il l(^moigne qu'ils étoient tous allé-
goriques, et qu'à peine ces Interprètes y touchoient quel-
3ues points d'histoire. Voilà ce que nous savons du travail
e S. Hippolyte sur l'ancien Testament.
14°. Quant à ce qu'il a écrit sur le nouveau, Eusebe
n'en dit rien ; ' et saint Jérôme en donnant le catalogue vir. iii. ibid.
des ouvrages de nôtre Saint, ne fait mention que de son
commentaire sur l'Apocalypse. Mais ce Père n'avoit pas
encore vu selon toute aparence ' les opuscules du même iiipp. i. i.p-aso.
Auteur sur saint Matthieu , qu'il cite dans quelques-uns *** '
des écrits qu'il composa dans la suite. Théodore! cite
aussi les traités ou discours do saint Hippolyte sur la dis-
tribution des dix talens, et sur les deux Larrons. Il pa-
roît donc par-là que nôtre Saint avoit écrit au moins sur
Suelques parties de l'Evangile de saint Matthieu , et sans
oute aussi sur quelques endroits de celui de saint Luc, où '
l'histoire des deux Larrons est plus dévelopée.
15°. ' La table gréque déterrée avec le cycle Pascal, Hipp. can. p. 2.
et déjà si souvent citée , marque clairement que saint Hip-
polyte avoit écrit sur l'Evangile selon saint Jean et sur
l'Apocalypse : tiiep toy kata miaishn ktaiteaiot , ^,,,
KAi AnoKAAPiEni:. ' Saint Jérôme confirme ce Hier, ibi.i.
dernier ouvrage , comme nous le venons de dire. ' On var. sair. t. 2. p.
sait les contestations qu'il y eut sur ces deux Livres sacrés **"*■
à la fin du II siècle de l'iîglise et au commencement du
m , non seulement à cause de Cerinlhe , mais aussi d'Ar-
temon et ses semblables , qui nioient la divinité de Jesus-
Christ. Ces hérétiques ne pouvant répondre aux preuves
que l'on tiroit de ces livres contre leurs erreurs , ' prirent p. 1012.
le parti d'en nier l'autorité. Ils ataquerent sur-tout l'A-
pocalypse. ' C'est pourquoi les Pères de l'Egliae de ces p- •<"*
tems-là , comme saint Justin , saint Irenée , Théophile
d'Antioche, saint Clément d'Alexandrie, saint Meliton
de Sardes et saint Hippolyte eurent une atention parti-
C c c ij
III
SIECLE.
Canis
p. 7.
. B. t
. 1.
pr.
Hipp.
ibid.
P-
14.
380 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
culiere à défendre ce livre comme l'ouvrage de saint Jean.
' Mais de prétendre , comme le remarque judicieusement
M'. Basnage,que nôtre Saint auroit entrepris d'écrire sur
ce livre pour cette raison , ce seroit vouloir deviner.
' Scaliger néanmoins paroU avoir été dans ce sentiment ;
prétendant que l'écrit de saint Hippolyte sur l'Apoca-
Ivpse , n'étoit autre chose qu'une apologie pour en défen-
dre l'autorité contre les ennemis de la divinité de Jesus-
Canis.a'id. | Hipp. Christ. ' Hebed Jésus, à la vérité témoigne , au raport de
«• «• p- 280. Messieurs Basnage et Fabricius ,. que les Caldéens mon-
troient une apologie de saint Hippolyte pour l'Apocalyp-
se et l'Evangile de saint Jean. Mais quel fonds peut-on
faire sur le témoignage d'un Uabbin ?
16°. Outre le cycle Pascal dont nous avons déjà parlé,
ehs.i. 0. c.22.p. ' Eusebe et saint Jérôme atribuent encore à saint Hippo-
223.22* I Hier. ib. , , i , i a • » r< -i
lyte deux autres ouvrages sur le même sujet. Comme ils
les distinguent clairement l'un de l'autre , nous devons aussi
les distinguer après eux. Dans le premier de ces ouvrages
saint Hippolyte faisoit une chronologie qu'il conduisoit
jusqu'à la première année de l'Empire d'Alexandre, c'est-
Eu». p. 223. à-dire jusqu'à 222 de l'Ere Chrétienne. ' Il s'y bornoit se-
ibid. I luor. ibid. Ion Euscbc à décrire les tems , ' mais toujours par raport à
la Pâque , afin de trouver le tems précis auquel on doit la
célébrer. C'est pour cela que dans le même ouvrage il
Hipp. can. p. 2. proposoit uu cvcle de seize ans. ' Cette chronologie peut
fort bien être 1 écrit marqué dans la table gréque en ces
termes AnoAEisi2 xponon Tor oaska, Démonstration des
tems de Pâque.
Tiii. ibid. p. 241. 17°. ' M', de Tillemont distinguant cette chronologie
***• d'un autre écrit sur le même sujet, à qui il donne le nom
de chronique , dit que saint Hippolyte marquoit dans cel-
le-ci les Pâques sur les règles de son cycle. Il ajoute qu'il
y mettoit encore à la fin une table des jours, auxquels il
croïoit que l'on devoit faire Pâque à 1 avenir durant un
Hier. ibid. certain nombre d'années. ' C'est ce que peuvent signifier
les paroles suivantes de saint Jérôme au sujet de ce même
ouvrage : Rationem Paschœ temporumque canones scripsit.
Tiii. ibid. 677. ' Aiusi ccttc chroniquc aura contenu probablement tout l'ouvra-
ge sur la Pâque.
Eas. ibid. I Hier. ib. 'Après qu'Euscbc et s. Jérôme ont parlé du travail de
saint Hippolyte sur le calcul des tems par raport à la Pâ-
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 381
que, et donné les titres de plusieurs autres ouvrages de m siècle.
nôtre Saint, ils marquent encore un écrit sur Pâque;
seroit-ce la chronique que M', de Tillemont distingue de
la chronologie ? ou ne seroit-ce point plutôt quelque trai-
té de morale ? L'histoire ne nous fournit aucune lumiè-
re pour le déterminer. 'Seulement on trouve que le Con- Hipp. t.r psœi.
cile de Latran tenu en 649 , cite un endroit de l'homélie de
saint Hippolyte sur le Dimanche de Pâque.
18°. ' Dans la suite du dénombrement que saint Jérôme Hier. iWii.
fait des écrits de saint Hippolyte , il lui atribue un livre
sur la Résurrection. 'Cet ouvrage se trouve marqué dans la Hipp. can. p. 2.
table gréquc, mais avec ce titre qui en donne plus de
connoissance , hepi eEov kai 2apko2 ANArrASEns ,
de Dieu, et de la résurrection de la chair. ' M^ Fabricius t. 1. p. 2«.
raporte un fragment de saint Hippolyte sur ce sujet , qu'il
a tiré de saint Anastase le Sinaïte , et qui y est cité sous le
titre de la résurrection et de l'incorruption. ' M', le Moyne var. sacr. t. 2. p.
croit que nôtre saint Docteur composa cet écrit contre *"'*
Berylle et les autres Arabes, qui nioient l'immortalité
de l'amc , cl par conséquent la résurrection de la chair.
Mais, comme cet Ecrivain n'apuie son opinion que sur le
long séjour que fit saint Hippolyte en Arabie , elle est très-
incertaine.
' Scaliger veut au contraire que cet ouvrage ne soit au- Hipp ;i i- 16.
tre chose , que le traité des deux natures en Jesus-Christ
composé par nôtre Saint, selon le témoignage de Theo-
doret. On ne voit pas bien la connexion qu'il peut y avoir
entre la pensée de Scaliger, et le titre de l'ouvrage dont
il s'agit ici. Il paroît qu'il l'a confondu avec l'écrit suivant
qui étoit sur Tmcarnation.
19°. ' Canisius et Messieurs Basnage et Fabricius après can. b. t. i. p.
lui nous ont donné le premier en latin seulement , les i'"^'.^!'' *' *'
deux autres en grec et en latin , huit passages tirés, .selon
le titre, d'un ouvrage de saint Hippolyte sur l'incarnation,
contre les hérétiques Beron et Heiicon ('), disciples de Va-
lentin. 'BuUus, M', de Tillemont, et M'. Fabricius ne Tiii.ibid. p.249j
font aucune difficulté de regarder ces extraits comme p'^T^'*'" ^"^^ '" ^'
étant véritablement de saint Hippolyte. M', du Pin doute
qu'ils soient de lui. Le P. Alexandre , ' le P. Petau , Sandius sand. yet.gcri.ec-
et M'. Basnage soutiennent qu'ils n'en sont pas. Les rai- B?'ibfd. ^'iomÎ!
. (1) On lisoit antrefois Félix et Heiix.
382 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SIECLE, sons qu'ils en aportent, consistent à dire, que l'Auteur y
f)arle trop clairement d'une hérésie qui n'est née que
ong-tems après lui; que l'on y découvre des endroits
qui aprochent de l'erreur d'Eutichès, et quelques autres
qui marquent le Sabellianisme; que Theodoret qui cite
contre les ennemis des deux natures en Jesus-Chnst tant
de passages des anciens, ne fait nulle mention de ceux-
ci.
Hipp. t. a n.5i. Mais il est aisé de répondre à ces difficultés. ' En eflet
il est clair par le traité de Tertullien contre Praxeas, que
l'erreur sur la confusion des deux natures en Jesus-Christ
est aussi ancienne que le III siècle, et par conséquent an-
térieure à Apollinaire et à Entichés. Tertullien dans ce
livre s'exprime en latin sur ce sujet , à peu près de la mê-
me manière que saint Ilippolyte en grec dans ces frag-
Can. B.p. 12. mcus. ' D'ailleurs M'. Basnage avoue lui-même que Theo-
doret raporte d'autres témoignages des écrits de nôtre
Saint , qui ont quelque ressemblance avec ceux dont il s'agit
ici : aveu qui seul peut suffire pour ne lui refuser pas ces
derniers.
Rien donc n'empêche que ces huit fragmens ne soient
Tiii. ibid.p.2«| de saint Hippolyte. ' Nous en sommes redevables aux soins
Q Anastase Apocrisiairc du Pape , mort en 666 , qui les a
garantis du naufrage où est péri le reste du traité. Cet
illustre Confesseur de la foi des deux volontés contre les
Monothelites , n'aïant pu transcrire tout le livre de saint
Hippolyte , comme il souhaitoit, parce que les ennemis de
la vérité le lui avoient enlevé aussi-tôt, il fut contraint de
se borner aux huit passages que nous en avons dans ses con-
férences. Ce seroit assurément faire injure à sa mémoire
que de ne les pas regarder comme faisant partie de l'écrit
de saint Hippolyte ; n'y aïant sur-tout aucune preuve
positive pour détruire l'autorité d'un Ecrivain aussi re-
spectable qu'Anastase , qui avoit le livre entier entre les '
mains.
Outre les endroits indiqués où se trouvent ces passa-
Bib. pp. t. 3. p. ges , ' on les a aussi insérés en latin dans la Bibliothèque
• canis.B. t.i.p. dcs Pcrcs ; " ct M'. Basnage à la fin du premier tome de sa
164-160. jjgijg édition de Canisius, nous a donné les remarques de
M'. Caperonnier Professeur Roïal à Paris , sur la traduction
Hipp. 1. 1. p. 228. latine de ces mêmes fragmens. 'Beron , selon le témoigna-
Hipp. t. 1. p. 225.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 383
ge de nôtre Saint, étoit un hérétique, qui aiant quité m siècle.
avec quelques autres les rêveries de Valentin, étoit lom-
bé avec eux dans une plus grande impieté. Ils soûte-
noient qu'après l'incarnation du Verbe, il s'étoit fait un
tel mélange et une telle confusion en Jesus-Christ que la
nature humaine avoit les mêmes opérations que la nature
divine , et que celle-ci étoit sujette aux mêmes passions
que l'autre. ' Anaslase au reste fait beaucoup de cas de uipp. 1. 1. p. 223.
1 ouvrage de saint Hippolyte, qu'il qualifie un livre sacré,
digne d'être recherché avec soin. Il en donne le titre en
ces termes: contre Reron et Hélix, ou Ilelicon.
' L'Editeur des œuvres de nôtre Saint raporte d'après Hipp. t. 2. p. 32.
M'. Renaudot, deux autres passages sous le nom de saint
Hippolyte, pris, l'un de son traité contre ceux qui com-
batoient l'incarnation du Verbe à cause de sa consubstan-
tialité avec son Père, l'autre du traité de l'union du corps
de Jesus-Christ avec sa divinité . ' Mais cet Editeur soup- pr.
çonne M'. Renaudot d'avoir mis ici le nom de saint Hip-
polyte pour celui du Pape .Iule.
20". 'Un autre ouvrage de saint Hippolyte, qui paroit Eus. i.6.c.22.p.
avoir été fort considérable, et qui lui est atribué par Eu- crVi"'*"^' ^"''"'
sebe et saint Jérôme, est son traité contre toutes les héré-
sies : c'est-à-dire sans doute toutes celles qui avoient paru
depuis saint Irenée, jusqu'à son tems. 'Il se trouve encore Hipp. 1. 1. p. 22:1-
cité sous le même nom par plusieurs autres anciens, "et fp'i,oi. c. 121. p.
subsistoit encore au tems de Photius , qui l'avoit lu , et |^M Ti'i- iij'J- p-
qui en a porté son jugement selon sa coutume. Saint Hip-
polyte y réfutoit trente-deux sectes , depuis celle des Do-
sithéens, jusqu'à celle de Noët, qui commença à se faire
connoître sous l'Empire d'Alexandre , environ l'an 230.
' II y témoignoit qu'il n'avoit dessein que d'y représenter phot. ib.
en abrégé ce qu'il avoit apris des entretiens de saint Ire-
née et de ses discours au peuple contre les hérésies. Aussi
y trouvoit-on divers points de la doctrine de ce Père , qui
l'avoit eu pour disciple. Il n'y reconnoissoit j)oint l'Epitre
aux Hébreux pour être de saint Paul. 'Il condamnoit for- Hipp. ibid. p. 2251
tement Nicolas l'un des sept premiers Diacres , que saint ^ ^"- '^^■
Irenée qualifie de Père des Nicolaites.
'Il n y a aucun lieu de douter que cet ouvrage ne soit iwd.
le Mémoire de saint Hippolyte, dont le Pape Gelase ra-
porte deux passages, le premier desquels est fort long.
384 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
m SIECLE. "L'Auteur, dit Photius, y traitoit son sujet avec précision
• Phoi. ibid. ^* gravité : mais au reste sa manière d'écrire n'aprochoit
pas des beautés de l'élégance Attique.
Cet ouvrage ne paroît plus aujourd'hui nulle part. Seu-
Bib ••?• '• 3- p- lement ' nous avons dans la Bibliothèque des Pères un
écrit sous le nom de saint ïlippolyte Martyr, avec le titre
à' Homélie sur un seul Dieu en trois personnes et le mystère de
Hipp ibiJ.iTiii.ib. V Incamûtion contre F hérésie de Noët. ' Les Savans qui ont
examiné la chose avec plus de soin, sont persuadés que cet
écrit n'est que le fragment d'un plus long ouvrage, et la
conclusion du traité de nôtre Saint contre les hérésies.
On y voit refutée colle de Noët , qui étoit la dernière
des trente-deux , dont parloit saint Hippolyte , comme
nous avons dit. On y trouve d'ailleurs tant de caractères
Du Pin ibia. propres à ce saint Docteur , qu'il y a lieu de s'étonner ' de
ce que M', du Pin nie qu'il soit de lui.
Mais une preuve bien puissante, et qui seule suffiroit
pour ne le lui pas refuser, c'est que le premier des deux
passages, que le Pape Gelase cite du Mémoire de saint
Hippolyte contre les hérésies, est pris entièrement de la fin
du fragment dont il est ici question. Toute la différence qu'il
y a , c'est que Gelase pour abréger , a retranché en divers
endroits quelques mots, qui n'étoient pas essentiels à son
Tiii. p -u\. dessein. De même ' l'on observe que tout ce que saint Epi-
phane dit contre les Noëtiens , n'est presque que la pre-
mière partie de ce fragment qu'il emploie sans le citer,
comme il fait encore en divers autres endroits. Voici quel-
ques traits de ce reste d'ouvrage. L'idée qu'ils en donne-
ront confirmera le sentiment que nous venons d'établir.
Hipp. t. 9. p. c. n. ' Noët et ses sectateurs , selon saint Hippolyte , préten-
* doient que Jesus-Christ étoit le même que Dieu le Père,
et que c'étoit celui-ci qui s'étoit fait homme , et qui avoit
p. 6. 7. souffert. ' Ils établissoient leurs erreurs sur divers passa-
p. 8-20. ges de l'Ecriture. ' Le Saint entreprenant de les réfuter ,.
commence par expliquer quel est le vrai sens des passages
dont ils abusoient , en les tronquant malicieusement ,
comme il s'en plaint. Ensuite il étaolit par l'Ecriture mê-
11.3.8.9.14.15. me les dogmes qu'ils avoient la témérité de nier. ' 11 y
adresse la parole à des personnes qu'il qualifie ses frères,
et y cite l'Apocalypse sous le nom de saint Jean. Il y par-
le dignement du Verbe comme égal h son Père en toutes
choses ,
DOCTEUR DE L'EGLISE, Et MAUTYH. 385
choses, et du saint Esprit comme égal à l'un et à l'autiv. m siècle
11 ne nomme point d'hérétique plus récent que Noët ;
quoiqu'il dise qu'il en a paru grand nombre dans l'Eglise.
' Ainsi c'est avec raison que Sandius avoue , qu'il ne trouve sand. iwa.
rien dans ce fragment qui ne convienne au tems de saint
Hippolyte , au style et à la doctrine des Pères du lU.
siècle.
M' Fabricius en a fait passer de la Bibliothèque des Pè-
res dans le premier tome des œuvres de saint Hippolyte ,
la version latine, qui est de Turrien. En aïant depuis recou-
vré le texte grec par la libéralité de Dom de Montfaucon
qui l'avoit eu d'un manuscrit du Vatican , ' il a inséré l'un Hipp. t. 2. p. 5-
et l'autre dans le second tome de son édition. Il y porte
ce titre. Homélie de S. Hippolyte At^chevéque et Martyr contre
r hérésie d'un certain Noët. ' Ce fragment se trouve encore Fab. wb. gr. t. 5.
dans les Bibliothèques des Pères, éditions de Cologne et ''■ **'^'
de Paris, et dans le premier tome du suplement deMorel.
' On l'a aussi imprimé dens un recueil m-4°. qui contient buj. s. vin. cen.
divers opuscules de Saint Grégoire Thaumaturge , de
saint Basile et de saint Jean Chrysostome, et qui parut à
Maience en 1604, par les soins de Gérard Vossius, qui l'a
enrichi des notes de sa façon.
21°' Outre l'ouvrage contre les hérétiques en général. Eus. ibiii.p.aa*!
saint Hippolyte en composa un autre contre l'hérésiarque """^' ''"'*■
Marcion en particulier. Eusebe et saint Jérôme marquent
expressément cet ouvrage, en le distinguant clairement
de celui contre les hérésies; ' et Theodoret en parle com- Thdn. hacr. 1. i.
me d'un écrit où Marcion étoit très-bien refuté. L'on a "" ^' '^' **'*■
vu d'ailleurs que S. Irenée avoit écrit contre le même
hérésiarque.
22°. 'Il a semblé à quelques Savans que ce traité de thi. ibw. p. 2**.
saint Hippolyte contre Marcion , pourroit bien être ' iiipp. cm. p. 2.
celui qui est marqué dans la table gréque sous ce titre ,
HEPI TAFAGOY KAI nO0EN TO KARON , Du bien et
de P origine du mal. ' Scaliger veut au contraire que ce p le-
dernier ouvrage fût écrit contre le Prêtre Florin , qui
enseignoit en ces tems-là que Dieu étoit auteur dn mal.
' Mais cette opinion est refutée par M'^ le Moyne , qui va.-. sacr. 1. a. p.
soutient que c'étoit pliitôt contre les disciples de Cerdon , ^^"'
de Marcion et d'Hermogene, que contre Florin. Celui-
ci , comme nous avons dit sur S. Irenée , n'admettoit
Toma I. Prem. Part. D d d
3 1
386 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SIECLE, qu'un Dieu et qu'un seul principe , à qui il atribuoit le
mal et le bien : au lieu que les autres élablissoient au moins
deux principes , raportant le bien à l'un et le mal à l'autre.
Au reste ce ne sont là que des conjectures, qui n'établissent
rien de certain. 11 suffit , ce semble , pour distinguer ces
deux ouvrages , de trouver deux titres differens , apuïés
par des garans aussi autorisés que le sont Eusebe, saint Jé-
rôme et la table gréque,
23». La même table contient encore les titres de quel-
ques autres écrits de saint Hippolyte , desquels Eusebe et
saint Jérôme ne font nulle mention dans le catalogue
qu'ils en ont dressé. Mais ce qui nous autorise à faire
Eas.ibid.iHier.ib. fouds sur ccux quc uous présente celte table, ' c'est que
ces Auteurs avertissent qu'il y avoit bien d'autres ou-
Hipp. can, p. 2. vrages de nôtre Saint qu'ils n'avoient pas lus. ' Dans la
suite de la table on trouve un traité intitulé riKPi
p 14. XAPiïMATnN , sur les dons, ' peut-être sur ceux dont il est
parlé au douzième chapitre de la première épitre aux Co-
rinthiens. Sur quoi Scaliger observe que cela prouve la
maxime ordinaire à saint Hippolyte , de commenter plu-
tôt quelques endroits choisis de l'Ecriture , que des livres
Tiii.ibid. entiers. ' M"" de Tillernont joignant le titre de cet ouvra-
ge avec le suivant qu'il transpose en le mettant le premier,
n'en fait qu'un des deux , et lui donne ce sens : De la tra-
dition Apostolique sur les dons , aparemment pour réfu-
ter les Montanistes. Ces titres ainsi réunis font un sens
fort naturel , qui trancheroit beaucoup de difficultés , s'il
étoit aussi certain qu'il est ingénieux. Mais l'ordre que suit
la table , ne paroît pas souflrir celte transposition.
iiipp. iiiid. p. 2. 24". ' Après le titre du traité sur les dons, on y lit le sui-
vant , AiioiTOAiKH nAi'AAO^sis, Im TrodittOii Apostolique,
ou des Apôtres. Les Savans sont })artagés sur le Livre
qu'annonce ce titre. Nous venons de voir de quelle ma-
p. u. 15. niere l'entend M'' . de Tillemont. ' Scaliger croit que l'Au-
teur y Iraitoit le même sujet que saint Irenée ne fait que
toucher dans le 2" et le S*^ chapitre de son troisième Livre
var. sacr. i. 2, p. coutrc Ics liérésics. ' M' le Moyne ne s'éloigne pas de cette
'"***■ opinion, et pense que cet ouvrage traitoit de la doctrine
ou tradition des Apôtres. Il s'apuie sur ce qu'au siècle de
saint Hippolyte on voïoit divers écrits sur cette matière ,
tant de la part des hérétiques que de celle des Orthodoxes.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 387
Ceux-là se vantant de tenir des Apôtres les fausses maxi- m siècle.
mes qu'ils suivoient , tâchoient de le prouver par des écrits '~~'
de leur façon. Ceux-ci de leur côté y oposoient d'autres
ouvrages , où ils montroient quelle étoit la vraie doctri-
ne Apostolique.
' Le même Ecrivain a douté si l'écrit de saint Hippoly- var. sacr. t. 2. p.
te , dont nous venons de donner le titre , ne seroit pas un
petit traité qui porte son nom dans la Bibliothèque des Pè-
res, et cette inscription : Sur les douze ^pâtres, en quel lieu
chacun d'eux a prêché. Ce qui lui a fait naître ce soupçon,
c'est que cet écrit ne lui a pas paru ancien, se trouvant cité sous
le nom de nôtre Saint par Théodore Metochite, Il est vrai
que M' le Moyne a soin d'ajouter avec raison , que l'on
peut légitimement révoquer en doute si l'Hippolyte cité
par ce Théodore est le même que le grand saint Hippoly-
te dont nous traitons ici. ' Il y a même tout lieu de croi- p. loss.
re que ce ne l'est pas. En effet l'Auteur du petit traité y
parle de diverses choses , qui certainement ne sont pas du
siècle de nôtre saint Docteur. D'ailleurs quand Théodore
Metochite auroit atribué cet écrit au grand saint Hippo-
lyte , cela seroit sans conséquence , parce qu'il est un
Auteur trop récent pour mériter quelque créance sur ce
point.
' D'autres ont cru que l'ouvrage annoncé par le titre de Fab. Bib. gr. t. 5.
Tradition Apostolique , pourroit bien être le Didascalia, ou ^' **'
Doctrine de saint Hippolyte , dont il est fait mention par-
mi les manuscrits de Bodlei ; ou le manuscrit grec , qui
dans Lambecius I. 8. p. 429 porte pour titre, Constitutions
des saints Apôtres par Hippolyte. ' Pea^rson et Dodwel assu- ibid. 1 canis.B. t.
rent que ce dernier écrit , pour la plus grande partie, est * p""- p- '•
inséré dans le S^ Livre des Constitutions Apostoliques , à
quelques différences près que M'. Grabe , de qui est cette
observation , promettoit de donner (') dans son Spicilege n)
(1) ' Mr. Grabe n'a point aqaitté sa pro- vérité le nom de S. Hippolyte dans deux Hipp. t. 1. p, 3i5.
messe. Nais Mr. Fabricios aïant re^u ce manuscrits grecs d l'endroit qui traite des 259.
que l'autre en avoit recueilli avec sa ver- Ordinations en gênerai. Mais tout ce que
ston latine, il l'a inséré dans le premier l'on en peut légitimement conclure, cest
tome des œuvres de S. Hippolyte. Il se ou que celui qui a dressé le recueil des
trouve d'assez grandes différences entre Constitutions Apostoliques , aura tiré
l'édition de ce huitième chapitre des cet endroit des écrits de S. Hippolyte,
Constitutions Apostoliques, tel qu'il se ou que S. Hippolyte lui-même l'aura fait
lit dans le recueil de Mr. Cotelier, et ce passer des Constitutions Apostoliques
qn'm a pablié Mr. Fabricius. On lit à la dans son ouvrage.
D d d i j
388 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
m SIECLE, des Pères du III siècle. " Mais à dire vrai, tout ce que
• canis. ibid. '^^s Critiques peuvent dire pour nous donner quelque no-
tion do ce que contenoit le vrai ouvrage de saint Hippo-
lyte, se bornera toujours à de simples conjectures : à
moins que la providence ne le fasse sortir de la poussière,
où elle l'auroit conservé jusqu'à présent,
iiip. cm. p. 2. 25°. ' La table gréque nous représente encore en quatre
lignes le titre suivant, xponikon rpos eaahnas kai
nP02 HAATtiNA H KAI HEPI TOT HANTOS , LivrC dcs
chroniques contre les Gentils et contre Platon, ou de l'U-
p. ir.. I Canis, II. nivcrs. ' Scaliger et quelques autres Savans croient devoir
'^^^' diviser ce titre , et en faire plusieurs de divers ouvrages.
Mais il paroît assez naturel de croire que ce n'étoit qu'un seul et
var. sâcr. t. 2. p. inAmo é(!rit , ' dans Ie(|uel saint Hippolyte avoit entrepris
1078. 1 Canis. ibid. j^ réfutcr la fausse antiquité que les Gentils s'alribuoient,
et l'espèce d'éternité que Platon donnoit au monde. Le
Saint ne faisoit en cela que suivre l'exemple de saint Clé-
ment Alexandrin , son contemporain , de Caïus son con-
disciple , et de quelques autres anciens qui ont fait de
semblables ouvrages. Dans la suite il a été imité lui-mê-
me par d'autres.
Aujourd'hui il ne nous reste rien de cet ouvrage de saint
Hippolyte qui devoit Ctre fort considérable , si non peut-
être un fragment , le même dont nous avons parlé à l'ar-
Pboi. not.p.o-12. ticle de Caïus. ' Il se trouve sous le nom de Joseph dans
l(;s notes d'Hreschelius sur la Bibliothèque de Photius. Cet
lîditeur est le premier qui l'a publié en grec seulement.
Var. sacr. 1. 1 . p. 'Dcpuis, M'. Ic Movnc l'a inséré avec sa traduction lati-
^'n^"^- . . o.>n ne dans ses Varia sacra, " d'où M', Fabricius l'a fait passer
» llipp. I. 1. p. Z2U- . ,' , -.Iflil»-
'iri'i. dan.'j le premier tome des œuvres de saint Hippolyte. L in-
scription porte qu'il est pris du Lmre contre les Grecs, qui est
intitulé contre Platon de la cause de l'Univers. C'est véritable-
ment la (in d'un plus long ouvrage ; et l'on y découvre
■ assez l'air et le style des autres écrits de nôtre Saint, avec
Var. Sacr. 1. 2.p. (juclqucs traits (Ic la doctrine de saint Irenée. ' Aussi M" le
Ijw. 945 I llipp. ivjoyne et Fabricius croient que l'on ne peut refuser ce
fragment à saint Hippolyte , et soutiennent qu'il ne peut
êlre de Joseph.
llipp. ibid p 2*i. 'L'Auteur y fait mention d'un autre ouvrage, où il
avoit traité plus parliculieremenl de J. C. en faveur de
ceux qui recherchent la vérité. Ce pouroit être ou le trai-
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 389
té sur J.-G. et l'Antéchrist , ou son homélie à la louange n siècle.
du Sauveur. » Il y établit l'immortalité de l'ame et la ré- .Hipp.ibid.p.220.
surrection des corps , et y détruit la métempsycose. *» Mais 221.
il s'y attache en particulier à faire une description de l'en- " P' ^^■*^-
fer. 11 le représente comme divisé en deux parties , dont
l'une est , dit-il , destinée pour le repos des âmes des Justes,
qui y sont détenues , jusqu'à ce qu'elles passent au roïau-
me éternel qui leur est préparé. Il nomme cette partie le
sein d'Abraham. Les Justes, continuë-t-il , y sont con-
duits à travers une lumière , et en la compagnie d'Anges
qui chantent des hymnes. Le lieu est très-lumineux , et
les Justes y jouissent d'une espèce de félicité , soutenue
par l'espérance d'un nouveau bonheur qui leur est prépa-
ré et qu'ils onl toujours présent à l'esprit. Ce sentiment,
comme l'on voit , est presque tout semblable à celui de S.
Irenée touchant l'état des âmes après la mort. L'autre
partie de l'enfer , selon l'Auteur du fragment , est un lieu
très-obscur, où brûle un feu qui ne s'éteindra jamais. Les
méchans néanmoins n'en souffrent pas encore la peine ;
mais ils sont extrêmement tourmentés en diverses autres
manières par le ministère des démons , et surtout par l'at-
tente du dernier jugement.
26*. ' Les deux lignes suivantes de la table gréque portent: cani». p. 2.
npoTPEnTiKOï npo2 sebhpeinan , Letre d'exhorta-
tion à Séverine. 'Theodoret raporte quelques endroits d'u- t. i.p. qi.'
ne letre de nôtre Saint écrite à une Reine. 'Cette circon- Var. sacr. i. 2. p,
stance jointe au nom de Séverine a porté plusieurs Savans iiîu. "2Î3!
à croire qu'il s'agit ici de l'Impératrice Sevére, femme de
l'Empereur Philippe, à laquelle Origene a aussi écrit, et qui
passe pour avoir été Chrétienne. Cette conjecture paroît
d'autant plus vraisemblable, que le terme grec dont se sert
Theodoret , peut aussi bien signifier une Impératrice qu'u-
ne Reine.
Quelque plausible néanmoins que paroisse cette opinion,
elle ne laisse pas de souffrir plus d'une difficulté. L'in-
scription porte Séverine, et non pas Sevére, et ne dit point
qu'elle fût ou Reine ou Impératrice. Que si Theodoret
cite une letre de saint Hippolyte à une Reine, ce n'est
point une preuve que ce soit celle à Séverine. ' Le Saint e^s. i.e. c. 20 p
avoit écrit à plusieurs personnes, soit Reines ou autre»;
car entre ses écrits que saint Alexandre Evêque de Jeru-
3 1*
390 S. HIPPOLYTE, EVEQUE,
III SIECLE, salem prit soin de ramasser, pour enrichir sa Bibliothèque,
il est lait mention de ses letres comme faisant un recueil.
11 faut ajouter à tout cela qu'on n'a nulle preuve d'ailleurs,
que saint Hippolyte ait vécu au-de-là de l'empire de Sévè-
re Alexandre,
canis. B. t. 1. pr. ' }/[r , Basnage , qui fait plus valoir qu'un autre la pre-
'"' ' miere difficulté, bien loin de la résoudre, comme il pré-
tend , ne fait que l'augmenter davantage , en prétendant
que c'est à Zenobie Reine de Palmyre que saint Hippoly-
te adressoil la letre dont il est ici question. C'est ce qui
non-seulement n'est apuïé sur aucune preuve, mais qui est
encore contre toute aparence. Pour que cela fût proba-
ble, il faudroit que saint Hippolyte , qui avoit été disci-
ple de saint Irenée mort en 202, eût vécu jusqu'au règne
de l'Empereur Aurelien en 270, qui est le tems vers lequel
Zenobie commença à régner. De plus, il faut ou suposer
aue Zenobie portoit aussi le nom de Séverine, ou rejetter
I inscription qui nomme ainsi la personne à qui la letre s'a-
dressoit.
Hipp. t. 2. p. 32. ' L'Editeur de saint Hippolyte raporte un endroit de la
Letre Synodale de Jean d'Antioche à Mennas d'Alexan-
drie, où est citée une letre de saint Hippolyte à saint De-
pr. ; nys Evêque de Chypre. ' L'endroit de cette letre est pris
de l'histoire des Patriarches d'Alexandrie par M^ Renau-
dot, qui a mis, dit-on, le nom de saint Hippolyte pour
, , celui (lu Pape Jule.
cin.p. 2. 27°. 'Nous trouvons encore dans la table gréque le ti-
tre d'un autre ouvrage que saint Hippolyte avoit compo-
sé, et qui est nommé , oaai n haïas; taï rPA«i>A2:
var. sacr. t. 2.p. Cautiqucs sur toutes les Ecritures. ' M^. le Moyne prétend
1086-1087. qy'jj y ^ |v^y|g jjj^j^g l'inscription , et qu'il faudroit lire :
Ouvrage contre toutes les hérésies. Mais qui ne sent que
ce changement est trop notable pour souffrir une telle le-
canis. iwa. p. 0.. çou? ' Ccllc qu'y substitue M^ Basnage est beaucoup plus
naturelle, et supose un changement moins considérable.
II voudroit qu'au lieu du mot grec qui signifie Cantiques,
on lût w(Ai>îai, Des homélies sur toute l'Ecriture. Assuré-
ment cette leçon ainsi rétablie ne souffriroit aucune diffi-
culté. Elle est même fortifiée par l'idée que présente le
grand nombre d'écrits que saint Hippolyte composa sur
diverses parties des Livres sacrés, comme on l'a vu. Mais
I
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 391
enfin l'inscription ne la souffre pas; * et M'. Basnage en m siècle.
voulant l'établir a oublié le principe qu'il avoit posé un .canis.iwd. p. s.
peu auparavant , savoir : ou qu'il faut rejetter la table
gréque comme pleine de fautes , et indigne de la moindre
créance , ou qu'il n'y faut rien changer.
Après tout , pourquoi se faire une difficulté , où il n'en
paroit aucune ? Quel inconvénient trouve-t-on à lire w^«i,
Des Cantiques? Et qui empêche que saint Hippolyte n'en
ait fait en faveur , ou pour la défense des Ecritures, dont
il auroit établi l'inspiration et la divinité?
28°. A l'égard de ses homélies , on ne peut douter qu'il
n'en ait composé un très-grand nombre , qui n'est point
venu jusqu'à nous. Nous avons déjà observe, ' que nous Hier. vir. iii. cet.
n'avons point celle qu'il avoit faite à la louange du
Sauveur, et que S. Jérôme spécifie entre les autres ouvra-
ges de nôtre Saint , comme un écrit considérable. S. Hip-
polyte y témoignoit qu'Origene avoit honoré quelquefois
son auditoire. S'il étoit bien vrai que le Saint eût jamais
prêché en Arabie , il seroit aisé ' qu'Origene qui y passa var. sacr. 1. 1. p.
quelque tems, se fût trouvé à quelques-uns de ses discours. *"*•
' Le Concile de Latran tenu en 649 cite un endroit pris Hipp. t, i, p. asi.
de l'homélie de S. Hippolyte Evêque et Martyr , sur le '" * ''■ *^
Dimanche de Pâque, et un autre tiré d'un de ses discours
sur la théologie ; c'est-à-dire , comme l'explique le Con-
cile même , sur la Divinité. Ces deux homélies nous man-
quent , comme tant d'autres. Car il ne paroît point par
les paroles que le Concile cite de la dernière , qu'elle soit
la même que la conclusion du traité des hérésies, laquelle
porte dans quelques manuscrits le titre d'homélie sur un
seul Dieu en trois personnes.
29". ' S. Jérôme répondant à un certain Lucinius, Espa- Hier- «p »«•
gnol , qui lui avoit demandé si l'on pouvoit jeûner le jour "'
du Dimanche et recevoir tous les jours la sainte Euchari-
stie , comme cela s'observoit dans l'Eglise de Rome et cel-
le d'Espagne , le renvoie à ce qu'avoit écrit sur ce sujet S. '"'' '""•>'
Hippolyte avec son éloquence ordinaire. Au reste on ne
sauroit dire précisément si nôtre Saint avoit composé un
traité particulier sur ces points de discipline , ou s'il les
avoit seulement touchés dans quelque autre ouvrage ,
comme dans celui de la tradition des Apôtres.
30*. De même l'antiquité ne nous fournit point assez de
392
S HIPPOLYTE, EVEQUE,
Canis. B. t. 1. pr.
p. 9.
Hipp. t. t. p. 383.
284.
III SIECLE, lumière, pour déterminer si saint Hippolyte avoit fait un
—■~~~~~" écrit exprès sur le nombre impair, ou s'il n'en avoit fait
que parler en traitant quelqu'autre matière. Quoiqu'il en
in jovin. p. 241. soit , ' saiut Jérôme le met au nombre de ceux qui entre
les Grecs et les Latins ont écrit sur ce sujet : comme saint
Clément Alexandrin , Origene , saint Denys , Eusebe et
Didyme entre les premiers ; Tertullien , saint Cyprien ,
Victorin , Lactance et saint Hilaire de Poitiers entre les
autres.
31°. ' Léonce de Byzance a cité sous le nom de saint Hip-
polyte un traité des bénédictions de Balaam. Mais cet Auteur
est si infidelle à raporter les témoignages des anciens, qu'il
ne mérite pas beaucoup de créance. Il a pu se faire néan-
moins que saint Hippolyte selon sa coutume ait pris ces Bé-
nédictions pour le sujet de quelques-uns de ses traités ou
homélies, d'où Léonce aura tiré ce qu'il en cite.
32°. ' Pallade dans son histoire Lausiaque raporte deux
histoires , qu'il dit avoir tirées d'un Livre d'Hippolyte ,
aui avoit vfîcu avec les Apôtres. C'est ce que l'on croit
«voir entendre de nôtre Saint. Mais si l'on prend les
choses à la letre , cela ne lui peut convenir ; puisqu'il n'a
été que disciple de ceux qui l'avoient été des hommes
Apostoliques. On ignore au reste quel pouvoit être ce
livre. Une de ces deux histoires regarde une Vierge de
Corinthe.
Voilà tout ce que nous avons pu trouver de plus auto-
risé touchant les écrits qu'on a atribués à S. Hippolyte
comme véritablement de lui , et qui ne sont pas venus
• jusqu'à nous. Nous avons cru devoir nous en tenir aux
Ecrivains oui ont été plus proches de son tems , comme
aiant eu plus de connoissance de ce qui concerne son his-
toire et ses ouvrages. Nous y avons joint ceux dont la
table gréque déterrée avec sa statue nous fournit les titres.
Ces autorités nous paroissent irréfragables ; et nous ne
canis. ibid. comprenous pas comment ' M'. Basnage voudroit telle-
ment se borner aux écrits marqués dans cette table ,
qu'il ait osé avancer , qu'il faut absolument rejetter cet
ancien monument, si l'on prétend attribuer à S. Hippo-
lyte d'autres ouvrages que ceux qu'il nous présente. Quoi !
il ne faudra avoir nul égard ni à Eusebe ni à saint Jérô-
me , qui lui en donnent plusieurs autres, et qui néanmoins
ne
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 393
ne font le dénombrement que de ceux qu'ils ont vus ! m siècle.
Assurément cela n'est pas raisonnable; et M'. Basnage a
bazardé cette pensée sans y réfléchir. D'ailleurs auroit-il
voulu" répondre que ceux qui ont dressé la liste des titres
d'ouvrages qui se lit sur la table , eussent connu tous ceux
qu'avoit composés saint Hippolyte ? Us y auront mis ou
ceux qu'ils avoient entre les mains , ou ceux qu'ils sa-
voient être de lui sans d'autres recherches , au teras que
la table fut faite.
j;. IV.
Ecrits qu'on lui a suposés.
I
L y a d'autres ouvrages qui portent le nom de saint
Hippolyte , mais qui lui ont selon toute aparence été
alribués ou pour leur donner plus d'autorité , comme
étant le plus illustre de ceux qui ont porté ce nom , ou
pour remplacer quelques-uns de ceux que l'on savoit être
sortis de sa plume , et que l'on ne voïoit plus paroître.
C'est ce que nous entreprenons 'de discuter ici.
1". Le plus fameux ouvrage que l'on a supposé à nôtre
Saint , est ' celui qui porte pour titre, Dùcours de saint Hip- sand. vei. scri. ec-
polyte Evéque et Martyr, sur la fin du monde, F Antéchrist , et E*'|f ' " p™?" j
le second avènement de Jesus-Christ. M'. Picot ' Président aux Hipp. t. i.app. p.
Enguêtes et depuis Chanoine de Nôtre-Dame de Paris ,
le fit imprimer à Paris grec et latin avec le titre que l'on
vient de lire, et qui se trouve a la tête du manuscrit grec
de Venise , d'où il en vint une copie à l'Editeur. Cette
édition est de 1567. L'ouvrage est passé depuis dans le
douzième tome de la Bibliothèque des Pères , dernière
édition de Paris , ' et dans le troisième tome de celle de buj. pp. i. 3. p.
Lyon. " On le trouve aussi à la fin du premier tome des Vv,^^.\hi<i. p. *.
œuvres de nôtre Saint. *•
Comme l'on savoit que saint Hippolyte avoit laissé un
traité sur ce sujet , personne ne douta d'abord que ce ne
fût-là son ouvrage. Mais on ne fut pas fort long-tems
(1) Son nom latin est Picut, ce qui l'a son véritable nom franco» est Picot, com-
fait nommer Pic en nôtre langue, par di- me nous l'avons trouvé dans un privilège
vers Savans, ' et qui l'a fait prendre pour pour imprimer ses ouvrages. Du Pin. Bib. t. 1.
Pic de la Nirande par Mr. du Pin. Mais p. 341.
Tom 1. Prem. Part. E e e
39i JM S. HIPPOLYTE, EVRQUE,
111 SIECLE, (jai^g ggtjg erreur. ' Dès 1612 André Rivet prouva fort
'R'v.onx 1.2. c. bien que cet écrit étoit indi.Lçne do saint Hippolyle ; que
'' ce n'étoit que l'ouvrage d'un ignorant, qui établissoit des
1 absurdités grossières ; qu'il méritoit pou d'estime par lui-
même ; et qu'il n'avoit pas plus d'autorité que celui qui
l'avoit composé. Tous les habiles Catholiques suivirent
ce sentiment ; et l'on y fut confirmé , lorsque l'on vit
paroître par les soins de W. (judius le véritable traité de
nôtre Saint .sur r.Vntechrist. Il sulfisoit , ce semble , de
lire des choses extraordinaires et contraires à la doctrine
de saint Hippolyle dans l'écrit qu'on lui alribuoit d'abord
pour cesser de le lui donner,
ipp ibij ' Telles sont entre autres les deux opinions que son
Auteur établit touchant saint Jean l'Evangeliste et l'An-
téchrist. Il prétend que celui-là n'est pas mort , et qu'il
doit venir avec Henoch et Elie un peu avant qu(^ l'Anté-
christ paroisse. Quant à celui-ci, il soutient que ce ne
sera point un homme , maïs un démon, contre ce que nous
en aprend saint Paul , qui le nomme le lils de perdition,
i. I. 1..9.I1.UI |i. l'homme de péché. ' On trouve des sentimens tout con-
traires dans le véritable écrit de saint Hippolyte. Il y
est dit nettement que saint Jean est mort comme Daniel ,
et que l'Antéchrist sera un homme qui descendra de la
tribu de Dan.
Kiv. ibid. i. 2*. ' Il faut porter le même jugement d'un autre ouvra-
ge , qui approche de la nature du précèdent , si néanmoins
il en est différent, et que l'on atribue encore à saint lîip-
six. Bill I. i. p. polyte. ' C'est une espèce de commentaire sur l'Apoca-
*" ' lypse que l'on trouva à Basie , selon Sixte de Sienne, sous
le nom de nôtre Saint , mais à qui il doutoit lui-même
qu'on pût l'atribuer , à cause du peu d'érudition et du
mauvais style de l'ouvrage.
Bib. l'i». I. .-.. t>. 3°. 'Nous avons sous le nom de saint Hippolyte dans la
*'* Bibliothèque des Pères un très-petit traité qui y porte ce
titre : Des douze Apôtres, et des lieux où chacun d eux a pré-
B.b. Coisi. !.. iiu. ché , et fini sa vie. ' Il se trouve sous le même nom parmi
Hipj). i. i.app. |.. les manuscrits grecs de M', de Coislin ; ' et on l'a mis en-
suite en grec et en latin à la fin du premier tome des œuvres
ili H en faut excepter ue que l'Auteur ,\ dit i\e l'éteroité (tu Verbe, du sacrifice da
corps el lin saii;; de J. ('.. i'« qui |)Oiirr(iil fort hii-ii roiiVHiiir a S. Hippalyle.
it 31 il.
DOCTEUR DE 1/ EGLISE. ET MARTYR. 39:;
de saint llippolytc. On remarque qu'il est cité sous son ni sikcle.
nom par George Cedrenus et Michel Glycas. Mais cela
n'autorise pas à le croire de lui. 11 contient trop de cho-
ses incertaines et souvent inexcusables, pour ne pas dire
fausses et absurdes, qui le rendent indigne de nôtre saint
Docteur.
4". Ce que nous venons de dire du petit traité sur les
douze Apôtres, il faut l'apliquer au petit écrit suivant,
qui se trouve dans les mêmes manuscrits grecs, 'et que M^ Hipp. i. i.app. .
Fabricius nous a donné en grec et en latin : Des soixante- *'*"'
dix Apôtres, ou plutôt Disciples. C'est très-peu de chose,
n'étant qu'un catalogue mal concerté de 70 Disciples ,
avec leurs principales qualités, la plupart imaginées,
comme le sont aussi plusieurs noms de ceux à qui on
les atribue. Par exemple, on y fait entrer plusieurs per-
sonnes qui ne furent converties à la foi, que du tems de la
prédication de saint Paul, et qui par conséquent n'avoient
jamais été en la compagnie du Sauveur. On y distingue deux
Rarnabés que l'on fait , l'un Evêque de Milan , l'autre
d'Heraclée. On y donne à Crescent le titre d'Evêque de
(-alcedoine dans les Gaules.
.')". ' On parle encore sous le nom de saint Hippolyle de Tiii. ibH.
quelques autres opuscules de même structure^ et de même
mérite que les deux précedens : d'une généalogie de saint
Joseph et de toute .sa famille ; d'un livre de la naissance et
de la famille de la sainte Vierge , qui n'est qu'un extrait
de l'autre. ' C'est sans doute ce que W. Rasnage nous a don- Canis. u. i. .?. p.
né dans ses observations sur la chronique d'IIippolyte de ^^^^'
Thebes, coumie des fragiuens de l'ouvrage de cet Ecri-
vain, ' qui ne vivoit qu'après Melaphraste qu'il cite. Hipp. tii. cIh-. p
6°. ' On trouve dans Lambecius un fragment de cette var. sacr. t. a.p.
chronique d'Hippolyle de Thebes, que Canisius nous a b'^*'.' 3"p"« ^34:
donné plus ample en grec et en latin. Des Auteurs qui *"•
n'ont pas assez distingué les personnes qui ont porté le
nom d'Hippolyte , ni les tems où elles ont vécu , ont atri-
bue ce fragment au Saint dont nous traitons ici; croïant
que c'étoicnt les chroniques marquées dans la table gréquc.
L'erreur cependant est assez grossière pour se faire sentir par
elle-même ; et il est surprenant qu'on ne l'ait pas d'abord
aperçue. 11 est visible que l'Auteur de ce fragment n'a
E e e ij
•
396 S. HIPPOLYTE, EVEQUE, i
m SIECLE, pas vécu au-dessus du X siècle. On ne pouvoit guéres s'y
Hipp. Th. ibid. tromper ; ' puisqu'il cite souvent Metaphraste.
Hipp. t. 1. p. 49- 7°. ' On donne encore à nôtre Saint la première partie
**• d'une autre chronique, publiée aussi par Canisius, réim-
canis. B. i. 2. i. primée un peu plus complette par M\ Fabricius, ' et de-
part. p. 154-826. ^^^^ ^^ ^^^^ ^^^ entier par M'. Basnage. Elle va jusqu'au
tems de Charlemagne. Mais il n'est ici question que de la
première partie, où l'on remarque quelques petites diffé-
rences dans les deux éditions de M'. Basnage et de M'. Fa-
bricius. L'on convient qu'elle a été dressée sous l'empire
de Severe Alexandre; quoiqu'il fût plus vrai de dire qu'el-
le ne l'a été tout au plutôt , que sous son successeur Maxi-
Hipp. ibid. p. 59. min I;' puisque selon l'exemplaire de M^ Fabricius elle
marque tout le tems du règne d'Alexandre en ces termes :
Alexander annis tredecim, diebus novem. Or ce terme nous
conduit jusqu'à l'an 235 inclusivement, au-delà duquel il
n'est pas certain qu'ait vécu saint Hippolyte.
Nous ne voïons rien d'ailleurs qui puisse nous porter
avec quelque fondement à lui donner cette première par-
tie de chronique. Il est vrai que nous aprenons d'Eusebe
et de saint Jérôme , qu'il en avoit fait une , mais c'étoit
par raport au jour de Pâque. Assurément ce n'est point
celle dont il s'agit ici. L'on n'y aperçoit aucun trait d'un
ouvrage de cette nature. Il est encore vrai que la table,
qui contient plusieurs titres des ouvrages de saint Hippo-
lyte, lui atribue un Livre de chroniques contre les Grecs
et contre Platon. Mais celle qui fait le sujet de ce point
de critique, ne présente rien qui puisse déterminer à croi-
re que ce soit la même.
Il y a beaucoup plus d'aparence , et il est bien plus na-
canis. ib. p. 148. turcl ' de dire avec M'. Basnage , que cette première par-
lie de chronique est de Jule l'Africain , qui fleurissoit sous
l'empire d'Alexandre. Voici probablement tout le dé-
nouement de la difficulté. L'on savoit en général que saint
Hippolyte avoit composé une chronique : il a fallu en
trouver une pour la lui donner. D'abord s'est présentée
celle d'Hyppolyte de Thebes; et on l'a faussement atri-
buée à nôtre Saint. Ensuite on s'est aperçu qu'elle ne
pouvoit être de lui ; et l'on s'est avisé de lui donner celle
de Jule l'Africain.
Hipp. i. 2. p. 37- 8°, ' Enfin M'. Fabricius a fait imprimer des extraits
44.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET MARTYR. 397
d'une chaîne des Pères sur le Pentateuque Arabe. Le nom ni siècle.
d'Hippolyte s'y trouve avec ceux de plusieurs autres Pères
du III , IV , et V siècle ; et il y a environ quarante en-
droits que cet Hippolyte a commentés. Mais il ne paroît
en nulle manière que ce soit le même que nôtre saint Do-
cteur; et l'on peut assurer que ces fragmens ou extraits ne
sont point de lui. Bien loin d'y apercevoir les caractères et
de son esprit et de sa doctrine , on y en trouve de tout
oposés. On y voit beaucoup de traits du génie d'un Rab-
bin, et quelques rêveries de gens de sa sorte. D'ailleurs
cet Hippolyte y est toujours qualifié Commentateur ou
Interprête du Targum, et jamais ni Martyr ni Evêque;
quoique les autres Pères y aient leurs qualifications con-
venables. S. Athanase, par exemple, y est qualifié Patriar-
che d'Alexandrie; S. Basile, Evêque de Césarée; S. Epi-
phane, Evêque de Chypre, ainsi des autres.
S- V.
Son érudition , aa doctrine et sa manière (V écrire.
IL faut que saint Hippolyte eût un grand fonds d'érudi-
tion, pour avoir autant écrit que nous venons de le
montrer. Encore ne nous ilatons-nous pas de connoître
tous les ouvrages qui sont sortis de sa plume , encore
moins de les avoir tous marqués. On voit au moins qu'il
a écrit en presque tous les genres de lileralure ecclésiasti-
que. De sorte qu'on pourroit à juste titre lui donner tout
ensemble les qualités d'Interprète, de Canoniste, de
Théologien , de Controversiste , d'Historien , de Chro-
nologiste, d'Orateur et de Poëto Chrétien. Aussi saint
Jérôme le compte-t-il sans difficulté entre les Pères de
l'Eglise, dans les écrits desquels on ne sait ce qui paroît
le plus digne d'admiration, ou la science ecclésiastique,
ou l'érudition profane.
On a pu remarquer par ce que nous avons dit sur le peu
qui nous reste de ses ouvrages, qu'il y a beaucoup de con-
formité entre sa doctrine et celle de saint Irenée son Maî-
tre. C'est ce qu'il ne faut pas atribuer seulement à la qua-
lité de disciple, 'mais aussi à l'atention extrême qu'avoit ijipp. ii. p. s. ».
nôtre Saint à ne rien changer à ce qu'il avoit apris de ceux
398 S. HIPPOLVTK, EVEQUE, ,)
III SIECLE, qui avoieiit précédé. Comme .«laint Irenée , il a puissam-
ment établi la divinité du Verbe éternel ; et il est peu de
Pères postérieurs même au Concile de Nicée , (jui en aïeni
parlé plus dignement. Presque tout ce qui nous reste de
ses ouvrages , est parsemé de traits qui établissent daire-
sand. hisi. ecci.i. mcut cetto doctrine. On peut juger par-là de l'injure ' que
*"'^' lui a fait Sandius en l'acusant d'avoir donné dans des sen-
Hipp. t. . p. 50- timens oposés. ' Mais Bnllus l'a si pleinement justifié de
^' cette fausse acusation , qu'il ne peut plus y avoir de diffi-
culté sur cela.
S.. Hippolyte a encore suivi la doctrine de son Maître
en établissant l'immortalité de l'ame, et la résurrection des
corps : deux vérités de la llcligion Chrétienne, qui ctoicnl
fort combatues en son tems. Il a aussi détruit l'opinion
de la métempsycose , et soutenu l'autorité de l'Apocalyp-
se , comme le vrai ouvrage de saint Jean l'Evangeliste. Il
est même allé jusqu'à épouser le sentiment qu'on atribue
à saint Irenée touchant l'Epitre aux Hébreux , qu'il ne
croïoit pas être de .'^aint Paul. Ce n'est pas à dire néan-
moins qu'il ces.sât de la regarder comme l'Ecriture sainte. Il
parott aussi qu'il embrassa au moins en partie son opinion
sur l'état des âmes après la mort, et sur la durée du mon-
de , qu'ib fixoient l'un et Tautre à. six mille ans.
Mais il a surpassé son Maître par son grand travail sur
l'Ecriture sainte, et a fait voir par-là qu'il regardoit l'in-
telligence des Livres sacrés comme très-importante pour
la Religion. Il a la gloire d'être le premier des Pères qui
ont le plus écrit sur cette matière, et d'avoir servi de mo-
tif et de modèle au grand Origene pour entreprendre un
travail aussi utile à l'Eglise. Il est vrai que sans en excep-
ter Origene même, aucun des Pères n'a plus donné dans
le sens figuré que saint Hippolyte. C'est au moins l'idée
que nous en donne le peu qu'on nous a conservé de ses
Phot. c. 204. p. Commentaires. ' Photius remarque même qu'il avan-.
çoit quelquefois des sentimens peu exacts, mais il l'entend
de cette exactitude qui ne fut connue que long-tems après
qu'il écrivoit.
Quant à sa manière d'écrire , elle a tous les caractères
Hier. ep. 52. p.s79. dc ccttc aimable simplicité des premiers siècles. ' S. Jérô-
me ne laisse pas toutefois de lui atribuer une grande élo-
quence : ce qui est fort compatible avec la simplicité que
DOCTF.UR DE I/EGLJSR, ET MARTYR. 399
nous remarquons dans ses écrits. Car on est éloquent, m siècle.
quelque simple que soit le style qu'on emploie, lorsqu'on ~ "
sait persuader ; et l'on persuade , lorsqu'on sait emploïer
à propos les raisons les plus propres à exciter ou apaiser
les mouvemons que l'on se propose.
Du reste 'son style était grave, clair, net, concis, nul- fhoi.r. iutni.
lemcnt embarassé de choses inutiles, et tout-à-fait conve- ^'
nable à un Interprète de l'Ecriture. Mais il n'avoit ni les
beautés ni les agrémens de l'élégance des Athéniens ; et
les règles de la politesse du discours y étoient quelquefois
négligées. C'est ainsi, comme on a vu, qu'avoit écrit
Saint henéc, en se servant d'un style le plus commun.
S VI.
Ëditioim de ses Ouv rayes.
N
oiis avons déjà parlé en son lieu des éditions qui on!
paru séparément de quelques opuscules de S. Hip-
polyte. Il ne s'agit ici que d'une édition de tout ce qui nous
reste de ses écrits réunis ensemble.
' Personne jusqu'au commencement de nôtre siècle, Hipp. i.i. pr.p.s.
n'avoit paru songer h recueillir ces pi-écieux restes pour en
faire présent au public. M'. Millius est le premier que nous
sachions en avoir formé le dessein. Mais la mort en pré-
vint l'exécution. Après son décès on faisoit espérer que
M'. Janus Docteui- de l'Uinversité de Wittemberg , qui
avoit hérité des mémoires de M'. Millius, donneroit l'é-
dition que celui-ci avoit projetée.
Cependant M'. Fabricius, Docteur et Professeur au iWd.
Collège d'Hambourg , à qui la république des letres est
redevable de plusieurs ouvrages pleins d'érudition, entre-
prit d'exécuter ce dessein, sans sa.oir quelle seroit l'issue
du projet de M^ Janus. Aïant fait toutes les recherches
possibles, pour recueillir ce qui a échapé des écrits de saint
Hippolyte aux malheurs des tems, ' il en publia deux pe- Bit. s. vi.i cr-n.
tits volumes in-folio, qui furent imprimés à Hambourg,
l'un en 171 G chez Chrétien Licbezeit, et l'autre en 1718
chez Liebczeil et Théodore Christophe l-Vlginer.
400 S. HIPPOLYTE, EVEQUE.
m SIECLE. Le premier volume contient les ouvrages entiers, qui
■ sont certainement de saint Hippolyte, et dont nous avons
parlé au second article de son histoire. Le Cycle Pascal
s'y trouve acompagné des principaux Commentaires, que
les modernes ont publiés pour l'éclaircir. Aux ouvrages
entiers l'Editeur a eu soin d'ajouter tous les fragmens d«
même Père, qu'il a pu déterrer dans les anciens Ecrivains.
C'est de quoi nous avons parlé en détail, à mesure que
l'ocasion s'en est présentée, en faisant le dénombrement
des écrits perdus. 11 y a joint encore une ancienne Chro-
nique, comme étant de saint Hippolyte, mais que d'au-
tres soutiennent avec plus de vraisemblance, comme nous
l'avons montré, être l'ouvrage de Jule l'Africain. A la
fin du volume est un appendice qui comprend plusieurs
écrits qu'on a faussement atribués à saint Hippolyte. Tou-
tes ces pièces sont enrichies de notes et d'observations sa
vantes et judicieuses, qui y répandent beaucoup de lu-
mière.
Pour le second volume, c'est moins une continuation
des œuvres de saint Hippolyte, qu'un Spicilege des écrits
des Pères de ce III siècle. Il y a néanmoins à la tête de
précieux morceaux des ouvrages de nôtre Saint. Tels sont
les textes grecs de ce qui nous reste des écrits contre les
Juifs, et contre l'hérésie de Noët. Tels sont encore les
fragmens du Commentaire sur la Genèse et de celui sur
Isaïe. Quant aux fragmens du Commentaire sur le Pen-
tateuque Arabe , nous avons fait voir au'ils ne sont point
du grand saint Hippolyte, quoiqu'on les donne sous son
nom dans ce recueil. (XXXI.)
TITIEN,
401
TITIEN,
Géographe, Orateur et Rhéteur.
HISTOIRE DE SA VIE.
m SIECLE.
JULiiJs TiTiANus, • l'ua des plus savans hommes de son jui. oap.vii.Mas.
tems, fleurissoit entre le commencement et le milieu fj"; 2! pt'i^i!
de ce siècle. Il étoit fils d'un père du même nom , à *
qui la plupart des modernes raportent par erreur * un des j
principaux traits de l'histoire du fils. Quelques autres se
sont enttore plus trompés, en confondant nôtre Orateur,
ceux-ci avec Titien Préfet des Gaules en 346, ceux-là avec
Tiberius Fabius Titianus Consul en 391. L'erreur auroit été
moins grossière, si l'on ne fût pas sorti de ce III siècle, et
qu'on l'eût pris pour Tiberius Fabius Titianus, qui exerça
le Consulat en 245 avec l'Empereur Philippe.
L'antiquité ne nous fournit point assez de lumière pour
fixer le lieu de la naissance de Jule Titien. 'Mais les mo- vin.iMAns. g.ti..
dernes étrangers et domestiques, qui ont touché ce point
d'histoire, croient que lui et les autres Titiens aue nous ve-
nons de nommer, étoient tous Gaulois de nation.
' La grande réputation oii étoit nôtre Orateur, le fit Jui. cai). ibi.i.
choisir par l'Empereur Maximin I pour enseigner l'élo-
quence latine au Prince Maximin son fils. Ce fut selon tou-
te aparence en 235, lorsque Maximin parvint à l'Empire,
que Titien commença à exercer les fonctions de Rhéteur
auprès du jeune Prince, qui pouvoit être alors dans la 17"
(I) On lit Tatianaa dans le texl9 de Jule
Capitolin. Hais tous les critiques con-
viennent qu'il faut lire Titianus. C'est
ain^i qu'Ausone, S. Sidoine et les autres
anciens le nomment.
(i) Cette erreur consiste :\ raporter à Ti-
tien le père ce que dit Capitolin des écrits
de Titien le iils ; et elle est venue de l.i
manière dont s'exprime cet Historien. • En
|)arlant des Maîtres qu'eut Maximin le jeu-
ne dans les belles Ictres, il dit de Titien en
particulier : Uiui ttt. . . Tatiano filio Ta-
Tome I. Prem. Part.
iiani lenioris, qui provinciarum libro$pul-
cherrimos êcripsit. Selon la construction
ordinaire il faudroit raporler le qui à Ti-
tien le père. Mais ce n'est pas là le sons de
Capitolin, qui entreprend de faire l'éloge
de Titien le fils, Maître de ce Prince pour
l'éloquence latine, comme il fait les élo- ■ j„i. (j^p. iijicl.
gcs de ses autres Maîtres pour l'éloquence
gréque et la grammaire gréque et latine.
•> Cest dans ce sens qu'Etie Vinet et le P. ''Aus. cp. Ki. p.
Sirmortd entendent le texte de Capitolin; fi^O. noi. I Sir. in
et ce que dit Ausonc de Titien le fils, pa- Sid. p. 8iS.
rolt le confirmer.
F ff
3 2
i02 TITIKN,
m SIECLE, année de son âge. H ne put les continuer long-tems; " le
"v. u "c pw<î et If' fils aiant été tués dès l'an 238 devant Aquilée
»\il. Max. Sen.ii. " ... . . ... , . ,, • i»i *
•-«.2:1 qu ils assiegeoient. 11 ne laissa pas d en retirer 1 iionneiir
7 (-"'il 3"'"*" **' "'^ Consulat, auquel ces Princes avant leur mort l'avoienl
élevé par reconnoissance . Mais souvent dès-lors cette hau-
te dignité étoil plus de nom que d'eflet, comme le té-
moigne Ausone en parlant de Titi(!n même. Son nom ne
paroissant point dans les fastes Consulaires, il est à croi-
re qu'il ne fut que Consul subrogé.
i>. 713- ' 11 s'acquit plus de gloire à gouverner les écoles de Lyon
1.. 714. (3t de IJesançon, auxquelles il pré.'^idoit à ralternative. ' [i
linit ses jours dans l't xercice de cd emploi, qui au reste
éloit bien au-dessous du mérite d'un aussi giand homme,
qui s'étoit vu Consul et Précepteur d'un César. C/esl ce
qui a porté Ausone à dire de lui : Non œtate quidcm, sed ci-
Mate connenuit.
Les services que Tili; 11 rendit à la république des letres,
ne se bor;;erent pas seulement à instruire un César, et à
Jui. cip. vii.M;i\. prendre soin des écoles de deux vilh's tout à la foi». ' 11
^^6"lsîd!s.'^"^'.%. enridiit encore la lilerature de divers ouvrages fort esti-
' ! •"^«'•'"si- '••-^' niés, el li-availla avec laiit de /éle sur-lnul à faire fleurir
'^'' ' " le bel art de l'éloquence, qu'il a mérité de partager les
éloges qu'on a cru devoii- donner aux plus célèbres Ora-
teurs de l'antiquité jwur le même travail, l'.n effet , dit
S. Isidore de Seville, la rhétorique aiant été inventée par
les Crées, fut établie parmi les Latins par les soins de Ci-
\ii>. il.. ceridi, de Quintilien et de Titien. ' Ausone rend aussi té-
Jui.c;i|..ibiii. is,.i. nioignage au talent qu'avoit Titien pour l'éloquence. ' Mais
'''"'• comme il affecloil d'iuu'ter tous les Orateurs qui l'avoient
précédé, on le nomma li! Singe de son tems. Titien doit
celle qualilication à la jalousie des partisans de Fronton
l'Orateur.
%. IL
SES ECRITS.
-*70ssiL's et la plupart des autres Ecrivains modernes,
V s'apuïant sur le tcxie de Capitolin, qu'ils- prennent
trop à la letre , atribuent ■- Titien le père des ouvrages ,
qui sont plus vraisemLlablement de Titien le fils, dont
nous parlons ici. C'est ce qui paroît par l'observation que
GEOGRAPHE. ORATEUR ET RHETEUR. 403
nous avons déjà faite sur ce texte, et qui nous autorise à m sie<;lk.
rendre ces écrits à leur véritable Auteur. Elie Vinet et le
P. Sirmond ont été dans le même sentiment que nous à
ce sujet. Voici donc le catalogue des ouvrages que l'on
sait être sortis de la plume de nôtre Orateur , mais dont
il ne nous reste plus rien aujourd'hui.
1°. II laissa de très-beaux écrits ."^ur la Géographie. Jui. cap vn. »iax.
C'étoit une Chorographie ou description des provinces de '""
l'Empire. ' Servius sur le quatrième livre de l'Enéide cite s-y. in sid. p. .1.
cet ouvrage de Tilien , qui put le composer à l'imitation
de celui que Ciceron , au raport de Pris(Men , avoit fait
dans le même genre et sous le même titre. On ne doute
point que cet ouvrage de .Iule Titien ne soit le même, que cas.K in«t. <-. 2.-..
la Cosmographie de .Iule l'Orateur , dont Cassiodore avoit ^' "■
fourni sa bibliothèque. Cet Abbé en faisoit beaucoup
d'estime , et en recommandoit la lecture à ses Moines ,
comme d un écrit très-propre à leur donner connoissance
des divers lieux dont il est parlé dans l'Ecriture. L'Au-
teur , selon Cas.siodore , divisoit .son ouvrage en quatre par-
ties , et y traitoit des mers , des isles , des montagnes les
plus célèbres , des provinces , des villes , des rivières et
des diiïerentes nations. Il y a toute aparence que c'est ce isi^-or-i ■!•■>•■'.!
livre qu'avoit en vûë S. Isidore de Seville, lorsqu'il a cité '' "'
Titien en parlant des Amazones. On remarque que le *••*'• ''•"''""'•
traité de Cosmographie que l'on atribuë à yEthique , por-
te le nom de Jule l'Orateur dans un manuscrit qui a apar-
tenu à M', de Thou.
2". .Iule Titien composa au.ssi des letres sous le nom des si.i. s. 1. t. ep. 1.
femmes illustres, où il tâchoit d'imiter le style de Ciceron. ^- *^"-
-Mais il ne réu.ssit pas à en retenir les agrémens, .s'il en faut
croire saint Sidoine, qui paroît avoir lu l'ouvrage. Com-
me Titien afîectoit d'imiter tous ceux qui avoient écrit
avec réputation,' il put aus.si emprunter de Virgile plu- ser>. in Virr. 1. 10.
sieurs façons de s'exprimer. Au moins Servius le témoi- ' "
gne-t-il, en assurant qu'il en avoit même tiré tous les su-
jets qu'il avoit traités.' Mais il n'y a pas Heu de douter voss. i.isi.h.i i.^
qu'il n'eût pris pour modèle dans le dessein de cet ouvra- "■ '■
ge, le Poète Ovide, qui avoit déjà écrit de semblables
letres sous le nom des Heruïnes. ' Ce fut cette aflèclation j..i. cap. ib.
à imiter toutes choses, qui fit donner à Titien , comme
nous avons dit, le surnom de Singe de son lems, selon ('a-
F I" ï il
404 TITIEN, GEOGRAPHE, ORATEUR, etc.
III SIECLE, pitolin , * ou le Singe des Orateurs, selon saint Sidoine.
. jjij ji, " '' Savaron a cru que ces letres de Titien n'étoient point dif-
b sav.il). ferentes de sa Cnorographie. Mais c'est ce qu'il a avancé
sans preuves, et contre le sentiment des Savans qui l'a-
voss. ib. voient précédé , ' et ce qui a été rejeté par ceux qui l'ont
suivi.
Sir. in siit. p. 838. 3°. ' Sur ce quc nous avons raporté plus haut de saint
Isidore de Seville, touchant le travail de Titien pour éta-
blir la Rhétorique parmi les Latins, les Savans jugent qu'il
publia quelques règles pour l'art de l'éloquence. Mais ni
les anciens ni les modernes ne nous font point autrement
connoître cet ouvrage.
ibid. I sav. ib. 4°. ' On croit aussi qu'il avoit écrit sur l'Agriculture.
On apuie cette opinion sur ce que Diomede et Pompo-
nius Sabinus citent nôtre Orateur sur cette matière. Sa-
binus raporte même un endroit de son ouvrage , où Ti-
tien dit qu'après que l'on eut trouvé le secret de faire
porter à la terre les fruits qu'elle produit, les hommes
commencèrent à se gouverner par des loix.
Ans. op. 16. p. 5°. ' Nous aprenons d'Ausone , que Titien avoit mis de
*'*'' vers grecs en prose latine les fables d'Esope. Ce Poète en
les envolant à Probe ainsi traduites, avec quelques vers
de sa façon qu'il y avoit joints, en parle en ces termes:
p. 03;;. ' iBsopiam trimetriam
Quatn verlit exili stylo,
Pédestre concinnans opus ,
Fandi Titianus artifex.
p. «38. ' Et à la fin de cette même letre Ausone dit encore :
Sed jam ut loquatur Julius ,
Fandi modum invila accipe
Volucripes dimetria.
voss. poi-, lai. p. ' Vossius ne faisant pas assez d'atention aux termes d'Au-
sone , a avancé que Titien avoit tourné ces fables en vers
ïambiques, et en conséquence a donné rang au Tradu-
cteur entre les Poètes Latins. Mais le terme pédestre qu'em-
ploie Ausone, ne peut souffrir cette interprétation.
I I 1
403
m SIECLK.
I
F A U s T I N,
EvEQUE DE Lyon.
FAUSTiN mérite ù plus d'un litre de trouver place
dans cet ouvrage. Non seulement il étoit en commer-
ce de letres avec saint Cyprien , Evêque de Carthage en
Afrique; mais il paroit encore avoir été un Prélat fort in-
struit de la doctrine de l'Eglise , et très-zélé pour en dé-
fendre la pureté. ' Il succéda à Helie dans le siège épis- oaii. ciir. nov.
copal de Lyon vers l'an 250 au plus tard. On trouve peu *' ^' "
de choses pour son histoire ; mais la conduite qu'il tint
dans la grande affaire que nous allons raporter , fait voir
qu'il fut un digne successeur du grand saint Irenée.
Peu de tems après qu'il eut été élevé à l'épiscopat, l'hé- cyp. ep. 67. p.
resie de Novalien, qui avoit fait schisme sous le Pape saint
Corneille, aïant pénétré dans les Gaules, et Marcien Evê-
que d'Arles aïant eu le malheur de l'embrasser , Faustin
se crut obligé à aporler du remède à un mal aussi dange-
reux. Pour y réussir il écrivit au moins une fois au Pape
Etienne , ce que firent aussi les autres Evêques de la pro-
vince , et deux fois à saint Cyprien. Les letres de Faustin
ne subsistent plus ; mais elles ont donné ocasion , et four-
ni la matière à la 67' '. de saint Cyprien au même Pape, i
dans laquelle on trouve le précis de ce qu'elles conte-
noient.
' Faustin y dètailloit la chute malheureuse de Marcien, p- "s. «e.
(1) • Mr. de Launoy a regardé celte letre la tyrannie de Marcien, annt« ittù «uperiort- > Lau. deâ. Dio.t.
comme saposée, et assure qu'elle ne se but. « Mais tout cela n'empêche pas que 2. p. 77.
trouve point dans plus de dix manuscrits les plus habiles critiques qui sont venus ue-
qui contiennent les autres ouvrages de S. puis , ne reconnoissent cette letre pour
Cyprien. Il faut avouer qu'elle ne s'a- être véritablement de S. Cyprien, et ne
corde pas >> avec ce que S. Grégoire de soutiennent que Mr. de Launoy n'a pas eu (,p t C i P I
Tours nous aprend des premiers Evêques raison de la rejeter. En effet l'autorité de ''''•'•'"''•"■•'•
d'Arles, dont il ne place le premier qui Grégoire de Tours en ce qui s'est passé '•"•■"'•
est s. Trophime, que vers 250. Or ce fut aussi loin de son tems , n'en étoit pas une
vers C3 même tems, ou peu après, que légitime. Les actes de S. Saturnin qu'il ci-
Mari-ien successeur de S. Trophime après te pour garant de l'époque qu'il assigna à « Cyp. not. p. 486.
S. Régule tomba dans l'hérésie de Nova- la mission de S. 'Trophime, n'en disent
tien. Car S. Cyprien dans la letre en que- rien. De sorte que, comme nous l'avons
slion écrite avant sa dispute avec le Pape montré ailleurs, on peut sans nulle difficul-
S. Etienne, dit qu'il y avoit déjà quelques té placer cette mission environ 30 ans plil-
années que l'Eglise d'Arles gemissoit sous tôt. (xxxii.)
3 2 •
400 FAUS TIN, EVEQUR DE LYON.
m siKGLE. son schisme avec l'Eglise Catholique, sa séparation du
corps sacerdotal pour s'atacher au parti de Novalicn , la
dureté de sa conduite dans le refus qu'il faisoit d'acorder
la pénitence à ceux qui la demandoieiit par leurs gémisse-
mens et leurs larmes , son obstination inhumaine à aimc^r
mieux les abandoimer en proie aux loups ravissans et au
démon même, que de -leur rendre la paix et la commu-
nion : obstination qui avoit été cause que plusieurs Fidè-
les éloient morts depuis quelques années sans reconcilia-
tion , et qui faisoit que le troupeau de cette Eglise éloit ou
dispersé , ou couvert de plaies , sans que le Pasteur s'en
mît en peine. Tel étoit le sujet des letres de Faustin ; et
sans ces letres nous aurions ignoré un point important de
l'histoire de l'Eglise des Gaules en ce siècle.
Tiii. H. E. 1. 1. 1.. ' On croit que ce qui obligea Faustin à s'adresser au moins
une seconde fois à S. Cyprien , fut qu'il ne trouva pas dans
le Pape toute la correspondance et tout le zélé qu il espe-
Cyp. ibiii. p. n.i. roit. ' Mais saint Cyprien à la solicitation de Faustin sut
ranimer la charité du Ponlifc 11 le pre.ssa d'écrire des
leli-es fortes aux Fidèles d'Arles et aux Evêques des fiau-
P '"^ '"• les, afin qu'ils déposassent Marcien , qui avoit été déjà
jugé par les Prélats de sa j^rovince , et qu'ils missent un au-
tre Evêque à sa [)lac\
Tiii ihi'i. ' Il y a quelque aparence que nos Evêques l'exécutèrent.
r<e qui le fait juger ainsi , c'i'St que l'on ne trouve point le
nom de Marcien dans une ancienne liste des h] vêques d'Ar-
les , comme aïant été eftacé des diptyques , c'est-à-dire
lie la table où l'on metloit les noms des Evêques morts dans
la communion de l'Eglise.
S. MARTIAL,
PkKMIKR EvKQliE DE LiMCHiES.
<;i. T. lli^l.Kl. 1. r» Martial, l'un de ces sept illustres Missionaires que la
k5» providence , selon saint Cn^goire de Tours, envoïa
en ce siècle dans nos (Jaules, pour y annoncer l'Evangile,
(ixa son siège à Limoges, et en fut le premier Evêque.
Nous avons notnmè ailleurs les six antres Evêques qu'on
I. II. ■^H.
s. MARTIAL, 1 EVEUUE DE LIMOGES. 407
lui donne ordinairement pour collègues. " S. Grégoire de m siècle.
Tours dit qu'il fut envoie par les Evoques de Rome , et .ci. conf. .-.27.
que néanmoins il vint des parties d'Orient.
'On ne s'est pas toujours acordé sur l'époque de sa mis- i>aii..ic2. Wo. p.
bion. Il s est lormé a ce suiet deux lameux sentimens , qui
en divers tems ont partagé les esprits. L'un qui est le plus
ancien , place cette mission sous le Consulat de Decius et
de Gratus l'an 250. C'est celui de saint Grégoire de Tours,
et des siècles qui ont suivi jusqu'au IX. Alors, il se forma
une autre opinion, suivant laquelle on prétendoit que le
Saint avoit été envoie par siiint Pierre même. Quoique
cette seconde opinion fut combatuë presque dès sa nais-
sance, elle ne laissa pointdeprévaloir dans la suite, jusques
vers le milieu du XV^II siècle. Depuis on a fait revivre h;
premier sentims-nt , qui est le seul à suivre , comme étant
le seul autorisé.
Il ne faut pas néanmoins prendre tellement à la lelre
le texte de siiint Grégoire, que l'on fixe la mission de .saint
Martial dans les Gauhis précisément à l'an 250. Il put ai-
.sénient y venir quelques années plutôt , ou même plus
tard , comme nous l'avons montré ailleurs de quelques
aulres de ses collègues. L'époque marquée par saint (îre-
goire , n'est précise que pour .saint Saturnin de Toulouse.
Dieu donna tant de vertu aux travaux apostoliques de gi-t. o..
saint Martial, qu'en peu de tems il vint à bout de détruire
le Paganisme dans la ville de Limoges. ' Il passa su vie dans ("«t. Ft. lU.
une grande sainteté , et tout ocupé à la conversion des
f)euples idolâtres. Enfin après avoir répandu en divers
ieux la foi de J. G. il quila la terre pour aller au ciel avec
le glorieux titre de Confesseur. Saint Grégoire raportc
quelques miracles qui se firent à son tombeau.
Lorsqu'on eut établi l'opinion qui faisoit saint Martial w. 101.1.1. is.ai
contemporain des Apôtres , on s'avisa , peut-être à dessein
d'affermir ce sentiment, de lui suposer deux fameuses letres
écrites , l'une aux Bourdelois , l'autre aux Toulousains.
On ne voit point que ces pièces aient èlé connues avant
l'an 1521 , que Josse Bade les publia à Paris. ' Elles furent, R» mi.i.i. c'
dit-on, trouvées dans la sacristie de l'Eglise de saint Pierre '*' *"''''
de Limoges , enfermées dans une urne de pierre cachée
dans la terre. Elles étoient , ajoûte-t-on , si rongées et si
antiques, qu'on avait peine à les lire. ' On les a insérées .vpp. aa i.ib. h».
408 S. MARTIAL,
III SIECLE, depuis dans les Orthodoxographes et les Bibliothèques des
\ Pères. 11 y en a même eu encore plusieurs éditions par-
ticulières. Elles ont été imprimées de la sorte à Venise en
1546; à Basle en 1550, à Cologne en 1570; à Paris en
Riv. ib, 1565, 1576, 1589, 1610; ' à Bourdeaux en latin et en
Bib. s. Vin. cen. frauçois l'an 1573; 'à Lyon chez -Guillaume Rouille en
1584 avec les œuvres de saint Denys l'Areopagite et les
App. ib. letres de saint Ignace Martyr ; ' avec les œuvres d'Abdias
Bib. Bal. i. i.'p. cu 1571 et 1614; 'et la même année avec le traité de Gen-
*^- nade des dogmes ecclésiastiques et l'homélie d'un ancien
Théologien, par les soins de Geverhart Elmenhorstius ,
non à Helmstad , comme dit Mr. du Pin , mais à Ham-
DuPin. bib. 1. 1. bourg. ' Cet Ecrivaiu en marque deux autres éditions fai-
•"■ ^^" tes, l'une à Cologne en 1560, et l'autre à Basle en 1655.
Mais nous ne prétendons pas les garantir. Enfin le sieur
Poillevé célèbre Avocat à Limoges mort dans le dernier
siècle , eut la complaisance de mettre ces deux letres en
vers françois, et les donna encore au public. Elles furent
imprimées de la sorte à Limoges chez Antoine Voisin l'an
1694 en un petit volume m-12.
A la faveur de l'ignorance elles passèrent d'abord pour
être véritablement de saint Martial. Mais la critique ve-
nant à répandre ses lumières , on s'aperçut sans beaucoup
de peine que ces letres ne pouvoient être que l'ouvrage
• >''• d'un imposteur. ' Le premier qui tenta à en faire connoî-
tre la fausseté , paroît avoir été Jaques de Bordes Ministre
Calviniste à Bourdeaux dans l'édition latine et francoise
p. U3. 1. qu'il publia de ces letres en 1573. Bellarmin ne tarda pas
à témoigner qu'il n'en pensoit pas autrement; et personne
ne doute plus aujourd'hui que ce ne soit un ouvrage su-
posé.
Les preuves de la suposition sont visibles , et se tirent
iwa. des letres mêmes. ' L'Auteur s'y qualifie Apôtre , quoiqu'il
soit constant qu'il ne le fût point. Il y parle d'un certain
Sigebert , nom Allemand, qui n'étoit point encore en usa-
App. ail bib. pp. ge dans les Gaules. ' Il s'y représente comme aïant vécu
i. i.p. 167. ica. jjygg j c., comme aïant été témoin de ses miracles, de sa
mort , de sa sépulture , de sa résurrection , de son ascen-
sion : circonstances qui ne peuvent convenir à un homme
qu'il conste d'ailleurs n'avoir vécu qu'au III siècle. Il ajou-
te qu'il étoit présent , lorsque Judas donna au Sauveur le
baiser
PREMIER EVEQUE DE LIMOGES. 400
baiser de trahison : ce qui est contraire à l'Evangile,' qui m sieclr.
marque expressément que J.-C. n'avoit pris avec lui que les
douze Apôtres , lorsqu il se retira dans le jardin des Oli-
viers. Ce n'est pas encore tout.
'L'Auteur supose que dès ce tems-là il y avoit des Rois p. les.
dans les Gaules ; que l'on y éleva plusieurs temples à Dieu
sur les ruines de ceux des idoles , et diverses autres choses
contraires à la vérité de l'histoire. 11 y cite quelquefois
l'Ecriture selon nôtre vulgate , qui ne fut faite que plu-
sieurs siècles après. Il y raporte même un texte , qui pa-
roit pris du Symbole, atribué à saint Athanase.
Il n'en faut pas davantage pour établir la suposilion de
ces deux letres. Elles semblent avoir eu le même Auteur
que la vie de saint Martial , autre ouvrage qui porte avec
lui encore plus de marques de suposition et d'imposture
que les letres. Nous en pourrons parler ailleurs sur le siè-
cle où nous croïons qu'elle a été fabriquée (XXXIIl).
SATURNIN,
Tyran sous Probe.
SEXTUS Juuus Saturninus passe sans contradiction vop.yu.sai.n. 7.
pour le plus célèbre des Tyrans que l'on vit dans " 572'. msT" '"
l'Empire en ce III siècle. Il étoit Gaulois de nation; et
l'on ne le doit pas confondre ni avec Publius Sempronius
Saturninus , qui se révolta sous Gallien , ni avec Firmus
Saturninus Proculus, qui prit la pourpre sous Aurelien. ' Il vop. ib. n.io.
étudia d'abord la rhétorique en Afrique où il avoit peut-
être suivi son père qui pouvoit y exercer quelque charge
de l'Empire. C^est aparemment pour cela que Zosime le
fait Maure d'origine ; car les Gaulois n'avoiént pas de
coutume d'aller étudier en ce païs-là. D'Afrique , Satur-
nin passa à Rome , où il étudia encore les belles letres .
dont il acquit une grande connoissance. Fuit re vera non
parum literatus, dit l'Auteur de sa vie.
' Mais son talent particulier fut pour la guerre , où il n. 7.
parut avec éclat sous les règnes d'Aurelien , de Tacite et ^ . .^
de Probe. Le premier de ces Empereurs connoissant tout
Tome I. Prem. Part. G g g
' 410 SATURNIN,
MI SIECLE, le mérite de Saturnin, le fit Général des frontières de l'O-
rient; et l'on convenoit qu'il étoit le plus habile de tous
vop.ib. n. 9. Ics Généraux qu'emploïât ce Prince. ' Entre les grandes
actions qui rendirent sa mémoire célèbre , il rétablit les
Gaules, délivra l'Afrique des Maures qui s'en étoient mis
Eus. chr. p. 222. cu posscssion , et douna la paix à l'Espagne. ' Eusebe noui>
aprend aussi , qu'avant de se révolter , il avoit com-
mencé à faire une nouvelle Antioche : ce que l'on entend
de quelque nouveau quartier seulement , qu'il avoit com-
mencé à bâtir dans la grande Antioche de Syrie.
vo|.. ib. n. 7. 9. ' De Général plein de gloire et d'heureux succès , Satur-
nin se vit ensuite un Empereur infortuné. Quelque aflaire
l'aïant apellé à Alexandrie sous le règne de Probe, les
Alexandrms , peuple naturellement vain et léger , le saluè-
rent aussi-tôt par flatterie du nom d'Auguste. Saturnin qui
i)aroît avoir été fort éloigné de cette injuste adulation ,
it ce qu'un homme sage , tel qu'il étoit , devoit faire en
pareille rencontre. Il quita promptement Alexandrie, et
s'en retourna en Palestine.
n.9. ' Mais s'imaginant qu'après ce qui étoit arrivé il ne pou-
voit plus vivre en sûreté comme particulier, il se crut obli-
"•"• gé de prendre la pourpre et le titre d'Auguste, ' sinon pour
sauver sa vie au moins pour différer sa mort. Probe tou-
tefois étoit bien différent de ces Empereurs qui ne sa-
"•"• voient point pardonner de semblables révoltes. 'Il écri-
vit à Saturnin plusieurs letres très-obligeantes, pour l'assu-
rer de sa grâce. Mais les soldats de celui-ci ne pouvant se
fier à ces promesses, et d'ailleurs étant bien aises, comme
il paroît, d'avoir pour Empereur un Général qu'ils ai-
moient, et dont ils atendoient quelque recompense, au
n *o- lieu de la punition que Probe en auroit pu tirer , ' ils le
forcèrent en quelque manière à soutenir sa révolte invo-
lontaire.
"• 3*<*- ' Saturnin sentant tout le danger auquel il s'exposoit, ne.
répondit aux acclamations de celte solennité que par ses
gémissemens, ses larmes et ses plaintes. Rien n'est plus pa-
thétique que le discours qu'il fit en cette occasion tant sur
les périls qui acompagnent inséparablement la puissance
souveraine, que sur le malheur qu'il prévoïoit fort bien
devoir suivre sa proclamation à l'Empire.
Tili.ibid.p.sTs. ' Probc ne tarda pas à faire marcher contre lui des Irou-
TIRAN SOUS PROBE. 411
pes, qui affoiblirent tellement son parti, que bien-tôt Sa- m siècle.
turnin se trouva assiégé dans le château d'Apamée , et fut
enlin tué presque contre la volonté de Probe qui l'aimoit
beaucoup. Sa mort éteignit entièrement sa faction ; et
l'Orient se vit dans un calme entier. On ne convient pas
précisément de l'année à laquelle commença la révolte de
Saturnin , ni du tems qu'il a régné. Mr. de Tillemont pla-
ce sa proclamation à l'Empire en l'an 280 ; ' et Eusebe dit Eus. iUii.
qu'il lut tué aussi-tôt.
' Vopisque Historien de Saturnin nous a conservé un vop.ib. n.9. lo.
fragment du discours qu'il fit à son armée , lorsqu'elle le
proclama Empereur. On voit dans ce fragment une élo-
quence digne des bons siècles. C'est à cette ocasion que
Vopisque assure que Saturnin avoit un grand fonds de li-
terature.
C A R U S,
Empereur.
ARGUS Au RE MUS C.ARUS , originaire de Rome vop. vu. car. n.
par ses ancêtres, étoit Gaulois de naissance, se- a^'imer.'^chr. u
Ion le grec de la chronique d'Eusebe. 11 naquit à Narbo- iil'vl'^gef™.'
ne, suivant le témoignage de la plupart des meilleurs Ilis- Emp. t. 3. p. sso.
toriens , et fit ses études à Rome. H avoit beaucoup de
cœur , un génie rare , et une habileté singulière pour la
guerre. Toutes ces grandes qualités étoient soutenues par
une conduite, qui faisoit revivre en sa personne cette an-
cienne intégrité Romaine si louée dans l'histoire. En un
mot il étoit tel qu'on auroit estimé heureuse la Républi-
Îue , si elle avoit pu avoir plusieurs semblables citoïens.
,'Empereur Probe se servit de lui avec succès dans ses ex-
péditions militaires; et pour reconnoître son mérite et sa
probité , il lui fit ériger une statue équestre , et bâtir une
maison de marbre aux frais du public.
' Après avoir passé par les honneurs civils et militaires , vop. ib. n.
avoir été Proconsul de Gilicie, Consul ordinaire ou subro-
gé, et Préfet du Prétoire, Carus fut enfin élevé à l'Em-
pire , comme le plus digne de succéder à Probe. ' Cette Tiii.ibid. p. m.
Gggij
M
412 CARUS, EMPEREUR.
m SIECLE, élection se fit par l'armée vers le commencement du mois
d'Août l'an 282. Une des premières actions du nouvel
Empereur fut de venger la mort injuste de celui dont il
remplissoit la place ; et il le fit avec beaucoup de vigueur
et de sévérité.
Quoique son règne ne fût que de très-peu de durée , il
ne laissa pas de faire beaucoup de grandes choses pour l'a-
Tiii. ibiJ. p. 682- vantage de l'Empire. ' Il vainquit les Sarmates , affermit
584 1 op.i .n. . |'jHyj.jg ^ gg signala contre les Perses, subjugua les Sege-
tans leurs voisins , et se rendit maître de la Mésopota-
Eus.ibiiiisid.ibid. mic. ' Daus le tcmps qu'il songeoit à pousser encore plus
"' ' loin ses conquêtes, il fut arrêté dans sa course par un coup
Tiii. ibia. p. 585. de foudre qui lui ôta la vie , ' peut-être en punition d'a-
voir souffert qu'on lui atribuât do son vivant par un hor-
rible sacrilège le titre de Dieu. Tel fut le genre de mort de
Vop. ib. n. 8. Carus , selon la plupart des Historiens. ' Cependant Junius
Calphurnius l'un de ses Secrétaires dans une letre qu'on
nous a conservée , assure qu'il étoil mort de maladie , et
que comme dans ce moment il s'étoit élevé un orage fu-
rieux mêlé d'un grand tonnerre, on en avoit pris ocasion
de faire courir le bruit que ce Prince avoit été frappé de la
Tiu. ibid. foudrc. ' Sa mort arriva vers la fin de l'an 283 : de sorte
que son règne ne fut environ que de seize mois,
vop.ib. n. 4. 9. ' Carus , sclou la remarque de l'un de ses Historiens, tient
le milieu entre les bons et les mauvais Princes, quoiqu'il
aproche plus des premiers. Il auroit encore passé pour
meilleur, s'il n'eût pas laissé pour héritier de son sceptre
un aussi méchant fils que Carin , qui lui succéda avec Nu-
merien son autre fils, dont nous allons parler.
Egas. Bui. 1. 1. p. ' On a de Carus diverses lois et rescrits pleins d'équité,
^- que l'on a insérés dans le Code Juslinien, et qui servent à
Vop. ib. n. 4. 5.7. enrichir le droit civil. ' Vopisque raporte quelques frag-
mens des letres et harangues de cet Empereur, et fait men-
tion de quelques autres letres , où il déploroit son mal-
heur d'avoir un aussi indigne fils que Carin .
M
413
■ m SIECLE.
N U M E R I E N,
Empereur.
ARCUS AURELIUS NUMERIANUS , fils de l'EmpC - Hier. chr. 1. 2. p.
reur Garus dont nous venons de donner l'éloge , et "^^^; ^'"■' *'
frère puîné de Carin aussi Empereur , naquit à Narbone
comme son père. ' Il vint au monde avec des inclinations Aot. vic. Caes. p.
excellentes , et propres à en faire un Souverain vraiment
digne de régner , si Dieu lui eût acordé une plus longue
vie. ' Il fut aplicjué à l'étude de très-bonne heure , et y tmi. Emp. t. 3. p.
fit des progrès si prodigieux, qu'il commença à déclamer s^p.'^'.^m ""■ *'
étant encore tout jeune. C'est ce qui a fait dire de lui à un
Poëte de son tems , qu'il s'étoit diverti à plaider entre
les bras de sa mère : matemis causam qui lusù in ulnis.
' Carus son père, après avoir été élevé à l'Empire en vop. vic.cam.i.i
282, le fit César avec Carin son frère; et lorsqu'il fut en- Ti"- ib. p. ss*.
tré dans la seconde année de son règne , il leur donna à
l'un et à l'autre le titre d'Auguste. Mais les inclinations et
les mœurs de ces deux Princes étoient bien différentes.
'Carin étoit efféminé, voluptueux, fier, cruel, odieux à vop. ib. 1 vit. car.
son propre père, ne se signalant que par ses crimes, et ne "' ^^' "'
se plaisant qu'avec ceux qui lui ressembloient . ' Numerien tU. car. n. t 1 vi .
au contraire étoit un Prince tout aimable , très-bien in- """'■ "' "'
struit, éloquent, fort réglé en sa conduite, en un mot tout
Propre à régner, et faisoit les délices de Carus. Celui-ci
auroit volontiers préféré à son aîné dans les emplois im-
portans , si son jeune âge l'eût pu permettre. Mais il se
borna à le mener avec lui dans ses expéditions de guerre ;
et Numerien eut quelque part aux victoires du père sur les
Perses.
' Carus étant mort vers la fin de l'an 283, comme nous eqs. chr. p. 2221
avons dit, les deux frères furent aussi-lôt reconnus Empe- '''"•'''''• '**^-
reurs. Depuis Marc Aurele et Lucius Verus qui avoient
régné ensemble , on avoit encore vu quelques autres
exemples de deux Souverains légitimes à la fois dans l'Em-
pire . ' On ne parle que des jeux magnifiques que les deux vop. vit. Carin.
frères donnèrent à Rome le 12 Septembre 284 , com- "isiTiU.ib.
me de ce qu'il y a eu de plus mémorable durant leur re-
414 NUMERIEN,
m SIECLE, gne. Aussi fut-il trè»-court, et ne leur donna pas le tems
de faire beaucoup de choses.
vop. Tit. Nom. n. ' Numerien avoit épouse la fille d'Arrius Aper Préfet
12. 13 1 Eus. ib. p. du Prétoire, homme ambitieux et cruel, qui pour con-
tenter son ambition , eut l'inhumanité de faire tuer secrè-
tement son propre gendre. Mais au lieu d'un Empire qu'il
croïoit avoir de cette action barbare, il n'y trouva qu'une
prompte et misérable mort, de la main même de Diocle-
Eus. ib. I Tiii. ib. tien qui fut élu en la place de nôtre jeune Empereur. ' On
croit que la mort de Numerion arriva peu de jours après
les jeux qu'il donnai Home, et avant le 17 de Septembre
de la même année ?84 , à laquelle Eusebe la raporte.
Tiii. Ib. p. 887. ' Ainsi son règne , depuis la mort de son père , fut de 8
à 9 mois; quoique George le Syncelle ne lui donne que 30
jours , ce qui paroît aux Savans absolument insoutenable.
Nous avons une loi sous le nom de Carin et de Numerien
en date du 12" de Janvier de cette même année, par où
l'on voit qu'ils regnoient au moins dès ce tems-là.
Trùt. com. t. 3.p. ' On ne trouve nulle part le tems de la naissance deNu-
**• merien ; et l'on ne sait point par conséquent à quel âge
il fut tué. Mais ses médailles le représentenl comme un
jeune homme , qui avoit au moins 25 ans. On se persua-
dera sans peine qu'il vêquit jusqu'à cet âge, et même au-
delà , si l'on fait atenlion au grand savoir qu'on lui atri-
buë.
Vop. ibia. n. 11. ' Il cst vrai que dès un âge peu avancé il passoit pour un
des plus savans hommes de .son siècle. C'éloit un prodige
d'éloquence. Mais il suivoit plus le style des Déclamateurs,
que la belle manière d'écrire des anciens Orateurs com-
me Ciceron. Il publia quelques-unes de ses pièces d'élo-
quence , qui subsistoient encore du tems de Vopisque l'Hi-
storien de sa vie, qui ne parle de ses écrits qu avec éloge.
Il fait en particulier mention d'une de ses harangues, qui
aïant été envoïée au Sénat, fut si estimée pour l'éloquen- ^
ce qui y brilloit , qu'il fut ordonné que l'on dresseroit à
son Auteur une statue dans la Bibliothèque de Trajan ,
non comme à un César , mais comme au premier Ora-
teur de son tems, avec cette inscription : Numeriano Cœsari
Oratori temporibus suis potentissimo .
ibij. ' Pour la Poésie , Numerien l'emportoit aussi sur tous
les Poètes de son siècle. Il entroit quelquefois en lice avec
s.
EMPEREUR. 415
Olympius Numerianus , ' qui passoit pour un très-bel es- iiisiECLn.
prit , et celui de tous les Auteurs d'Afrique qui écrivoit • Fab. bib.ui. p.
avec le plus de politesse et d'élégance; ""et toutes les fois ^*'-
qu'il lui disputa la palme, il le fit avec avantage. De m ê- '^"P'''-
me , Aurelius Apollinaris , autre Poëte fort célèbre , aïant
composé un poëme sur la vie de l'Empereur Carus, Nu-
merien entreprit de traiter le même sujet, et son poëme
éclipsa entièrement celui d'Appollinaire. Aujourd'hui il
ne nous reste plus rien de lous les écrits de ce jeune Empe-
reur.
S. EUGENE,
Martyr.
EUGENE , dont nous ne parlons ici que parce qu'on uu. de 2. Dio. 1.
►. lui atribuë quelques poésies Chrétiennes, étoit com- tjh''' h^'^é^'i i
pagnon ou disciple de saint Deriys premier Evêque de Pa- p- "<"■
ris. Quelques actes des Saints le font venir de I{ome dans
les Gaules avec saint Denys , saint Quentin , saint Lucien
et autres. Mais comme ces actes ne sont point originaux,
ni conformes à la vérité en plusieurs points , on pourroit
aussi bien croire que nôtre Saint fut un de ceux que saint
Denys convertit dans les Gaules par ses prédications.
Nous dirons peu de choses de lui , parce qu'il y en a peu
d'assurées. Après avoir aidé saint Denys dans les fonctions
du ministère de la parole de l'Evangile, ' il souffrit le Mar- tiii. ibu. p. «3.
tyre pour J.-C. au village de Deuil près de Montmoren-
cy , peu de tems après ou même avant saint Denys , vers
l'an 286. L'Eglise de Deuil porte encore son nom ; et cel-
le de Paris l'honore comme Martyr le 15" de Novembre.
Son corps fut depuis porté en l'Abbaïe de S. Denys ; et
vers 920 les Moines en donnèrent une partie à saint Gé-
rard Abbé de Brogne au diocèse et Comté de Namur.
'Dans la suite des tems on a fait nôtre saint Martyr pi"
Evêque de Tolède en Espagne , mais sans nul fondement
légitime. Tous les Ecrivains Espagnols, jusqu'à l'année
1148, n'ont reconnu que deux Eugenes Evêques de To-
lède, tous deux de beaucoup postérieurs à saint Denys et
410 S. EUGENE, MARTYR,
m SIECLE, à ses compagnons de Martyre. ' Voici selon toute aparen-
• ibidiLau.ibid.p. ^^' '^ source de l'erreur. Le second des deux Eugenes de
301. 304. Tolède aïant fait diverses poésies publiées en 1619 par le
P. Sirmond , et l'Abbé Hilduin aïant cité une hymne de
cet Eugène sur saint Denys , on en aura pris occasion de
donner à saint Eugène martyrisé au Diocèse de Paris, la
qualité d'Evêque de Tolède , sur-tout depuis qu'on a atri-
bué à ce saint Martyr quelque poésies Chrétiennes , où
il s'en trouve sur saint Denys.
Mol. ss. Bel. p. ' Ces poésies consistent en une prière à Dieu comprise
263. 1. 2. gjj 22 vers hexamètres , que Molanus rapporte entière, et
une hymne sur saint Denys l'Areopagite et Martyr. Ces
deux pièces , au raport de Molanus , se trouvoient au tems
qu'il écrivoit , dans un très-ancien manuscrit de saint Eu-
gène apartenant à l'Abbaïe de Brogne. La prière est très-
édifiante et très-instructive , et ne peut être que l'effusion
d'un cœur Chrétien , qui pénétré de ses besoins s'adresse à
Dieu pour le prier de les remplir. Il y demande tout ce
qui est nécessaire pour passer tranquillement et saintement
la vie. Mais quel que soit le mérite de cette pièce , elle
nous paroît avoir moins l'air des ouvrages du III siècle ,
que celui des écrits des si<écles suivans. Aussi se lit-elle en-
tre les poésies d'Eugène de Tolède. Il a pu aisément se
faire que l'équivoque du nom de l'Auteur , ait fait alri-
buer cette pièce à un autre Eugène.
i„iu. iLid. p. 29*. ' Quant a l'hymne qui commence par ces mots : Cœli
cives applaudite, elle ne se trouve point parmi les poésies
d'Eugène de Tolède ; mais on l'a vûë autrefois dans un
manuscrit de Reims , qui contenoit la vie de saint Eu-
g(!ne le Martyr dont nous parlons , et à qui cette hymne
est attribuée. C'est la même aparemment que l'Abbé Hil-
duin cite sous le nom d'Eugène de Tolède. Mr. de Launoy
la regarde comme une pièce suposée à l'un et à l'autre.
Nous n'avons point de preuves pour contredire son senti-
p.295|Moi.iib.f. mcut. Au Contraire, ' l'hymne étant sur saint Denys de
Paris et le confondant avec l'Areopagite , ou le Sophiste ,
comme porte le manuscrit dont parle Molanus , et qui
semble n'être pas différent de celui de Reims , c'est un
puissant préjugé de suposition de la pièce (XXXIV).
CLAUDE
417
III SIECLE.
CLAUDE MAMERTIN,
Orateur.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
ON ne trouve rien pour l'histoire de cet Orateur , que
ce qu'on en tire de deux Panégyriques qui nous res-
tent de lui. Ils furent faits environ dix ans avant la fin de
ce siècle. On voit par-là en quel teins a fleuri leur Auteur.
' Mamertin les prononça dans les Gaules, et à Trêves mê- Pan. b. p.io9.
me , qui comme nous l'avons déjà dit , étoit devenue le ^^- " '*•
séjour ordinaire des Empereurs , lorsqu'ils étoient dans les
Gaules. ' Il y a toute aparence que Mamertin étoit né dans p.ue. 121. 123.
cette ville, ou au moins qu'il y enseignoit alors les belles
letres. En effet c'est là qu'on le voit paroître sur le théâ-
tre des Savans, et donner les premières preuves que l'on
sache de son éloquence. Il est certain qu'il parle dans ses
écrits comme un naturel du pais, et qu'en y parlant du
Rhein il le nomme nôtre rivière : fluvius hic noster.
Ce fut donc aux soins de Mamertin en particulier que
les écoles de Trêves furent redevables , sinon de leur in-
stitution , au moins du lustre qu'elles acquirent sur la fin
de ce siècle. Ce fut encore sur son modèle , et peut-être
aussi sous sa discipline, que se formèrent ' les Orateurs que p. 188. 230.
l'on vit briller dans cette ville au commencement du IV.
siècle , et dont quelques-uns devinrent les panégyristes or-
dinaires du grand Constantin. Mais pour Claude Mamer-
tin , il a l'honneur d'être le premier Panégyriste de l'Em-
pire, que l'on connoisse avoir exercé cette profession dans
les Gaules , et avoir*" fraie la voie aux autres Gaulois ses
compatriotes pour remplir à leur tour une aussi glorieuse
fonction. Son exemple eut un heureux succès. Nos Gau-
lois se portèrent avec tant d'émulation à l'imiter , que de-
puis ce tems-là jusqu'au V siècle inclusivement , ce fut des
Gaules que sortirent presque tous les Panégyristes de l'Em-
pire.
Tome I. Prem. Part. H h h
3 3
418 CLAUDE MÂMERTIN,
m SIECLE. "Mamerlin a mérité les éloges d'un pieux Cardinal, qui
• Bon noiit auct '^ qualifie un Panégyriste illustre et élégant : Mamertinus
p. 30.' elegans et insignis. Il avoit véritablement de l'éloquence,
mais de cette éloquence telle qu'elle étoit en son siècle ,
après qu'elle avoit perdu la plupart de ses anciennes beau-
Pan. p. 115. «6. tés. Pour la religion , ' Mamertin montre en plusieurs en-
120. 127. 130. dfoits de ses écrits , qu'il ne reconnoissoit que Jupiter pour
le souverain Dieu,
p. 109. 1. 'Comme l'on vit paroître dans l'Empire , mais plus de
70 ans après , un autre Claude Mamertin , Panégyriste de
Julien l'Apostat, quelques Savans, éblouis par l'identité de
nom et de profession , semblent les avoir confondus l'un et
p. 282. 2. l'autre. 'Le P. de la Baune a hésité lui-même, savoir s'il
en falloit faire deux differens Orateurs, ou dire que Ma-
mertin d'après le milieu du IV siècle est le même que celui
qui fait le sujet de cet article. Mais il paroît assez visible-
ment que le long espace de tems qu'il y a entre l'un et l'au-
tre , doit lever toute difficulté , et qu'il suffit de reste
pour les distinguer. Quel Orateur pour parler en public ,
qu'un homme qui auroit près de cent ans , ou même da-
vantage ! C'est néanmoins l'âge aprochani qu'auroit eu en
392 le Panégyriste dont nous parlons, s'il étoit réellement
le même que celui de Julien l'Apostat, qand même on ne
lui donneroit que 30 ans , lorsqu'il prononça son second
Panégyrique. Non il n'étoit point le même ; mais il pou-
voit fort bien être le fils de celui de la fin de ce siècle, com-
me nous dirons plus amplement en son lieu.
8- "•
SES ECRITS..
l'an. u. p. 110. 139. TVT CHS avous dc Claudc Mamertin , ' comme nous l'a-
W vous déjà dit , deux Panégyriques , qu'il prononça
en divers tems à la louange de Maximien Hercule. C'est ce
qui porte l'Auteur à établir dans ces deux pièces une com-
paraison presque continuelle entre cet Empereur et Hercu-
noi. p. 108.1.110. le, ce Héros si fameux dans les poètes. 'On tire de-là une
*• preuve que ces deux pièces sont sorties de la même plume :
ce que persuade aussi la ressemblance du style jointe à plu-
p 129. n. 5. sieurs autres circonstances. ' L'Auteur du second Panegy-
ORATEUR. 419
rique dit bien clairement, qu'il en avoit déjà prononcé un m siècle.
autre en présence du même Prince. En faut-il davantage "
pour convenir que l'un et l'autre sont du même Auteur ef
que cet Auteur qui ne se trouve nommé que dans le pre-
mier, est Claude Mamertin?
1°. Pour garder l'ordre chronologique en parlant de ces
deux pièces d'éloquence, ' la première fut prononcée à p. loo.i.
Trêves, ainsi qu'on l'a dit ailleurs, le jour anniversaire
que l'on célebroit la fondation de Rome. Le P. de la Rau-
ne attache ce jour au 11* des calendes de Mars, ou le 19* de
Février de l'année 292. ' Mais ce fut plutôt le 21* d'Avril tui. Emp. t. *. p.
289 , ou l'année suivante au plus tard , comme l'observe ®^'*
Mr. de Tillemont. ' En effet ce fut le 21* jour d'avril que Lab. cur. i. s. p.
la ville de Rome fut fondée . Ainsi il faut lire dans les re- "'
marques du P. de la Raune XI. Kal. Mai. et non pas Mort.
' Mamertin semble diviser ce premier Panégyrique en Pm. p. io9.
deux parties. Dans la première qu il ne fait que toucher ,
sans presque s'y arrêter , il parle de ce qu'avoit fait Maxi-
mien , avant que de parvenir à l'Empire ; et dans la secon-
de, qui est la principale , de ce qu'il fit depuis. ' La pièce p. lu. iis.
fut prononcée en présence de l'Empereur même, dont on
y relevé la suffisance, qu'il avoit fait paroître tant dans les
fonctions du Consulat, que dans celles du commandement
des armées. En faisant l'éloge de ses exploits militaires,
l'Auteur loue particulièrement ce Prince d'avoir défendu p-iu.
les Gaules contre les incursions des Bourguignons, des
Alemans , des Chaibons ou Cavions et des Erules , et d'à- p. us.
voir étendu les limites de l'Empire au-delà du Rhein ,
qui sembloit en devoir borner l'étendue , comme il bornoit
celle des Gaules de ce côté-là.
Il a soin de reserver quelques éloges pour Diocletien, p. ns-ng.
qui regnoit avec Maximien Hercule , et le loue d'avoir pous-
sé ses conquêtes au-delà de l'Euphrate , comme celui-ci les
siennes au-delà du Rhein, et d'avoir vaincu les Perses,
comme Maximien avoit subjugué les Germains. Il passe
ensuite à la bonne intelligence qui étoit entre les deux
Empereurs, et prend ocasion de les comparer à ces deux
fameux frères jumeaux , qui avoient régné ensemble à La-
cedemone. ' Il parle des préparatifs de la flote qu'ils des- p- 120.
tinoient pour combatre Carause , que nôtre Orateur ne
désigne que par ie nom général de Pirate. Mamertin finit p. 123.
H h h ij
420 CLAUDE MAMERTIN,
m. SIECLE, sa pièce en apostrophant la ville de Rome, qu'il dit être
plus heureuse sous le règne des deux Empereurs , qu'elle
ne le fut jamais sous celui de Remus et Romulus.
p. «w. 2°. ' Le second Panegyriaue ne porte point dans les an-
ciens manuscrits le nom de Mamertin. On ne laisse pas
toutefois d'être persuadé qu'il est de lui , comme le préce-
p- '*"• dent. Nous en avons déjà donné les preuves. ' Il est en-
core à la louange de Maximien Hercule, en présence de
p»**- oui il fut prononcé ' à Trêves en l'année 292 , selon le P.
Tiii.ib. p. 15.601. de la Raune, qui dit que le jour en est certain. ' Mr. de
Tillemont lui assigne le 21" de Juillet de l'an 291. On pa-
roît avoir été partagé pour savoir si ce fut ou le jour de
la naissance de l'Empereur ou celui auquel il commença
son règne. Le titre de Genethliacus , que porte ce Panégy-
rique , et qui signifie qu'il est sur l'horoscope de ce Prince ,
l'an. p. lae. 139. est trop équivoque pour lever la difficulté. ' Mais l'Auteur
la levé lui-même en marquant expressément qu'il a fait
cette pièce pour le jour de la naissance des deux Empereurs
p. lit. ' Maximien et Diocletien , qu'il ne sépare point l'un de
l'autre.
'ij»»!- ' Mamertin y loue leur piété envers leurs faux Dieux ,
et le respect qu'ils se portoient mutuellement. C'est ce qui
fait le sujet de la première partie du discours. Dans la se-
p-<38. conde il relevé la félicité des deux Princes , et ' conclud
par dire que cette grande félicité est le fruit de leur piété
commune. L'Auteur au reste dans ce Panégyrique non plus
que dans le premier , ne fait que toucher en général les
grands exploits de ces deux Empereurs. Tel il s'est montré
dans l'un , tel il se montre dans l'autre, c'est-à-dire un vrai
Païen,
^' **■ 3". ' Mamertin dans ce second Panégyrique fait mention
d'un troisième qu'il avoit composé pour la ,5* année de
l'Empire de Maximien, qui lomboit en 290. Mais n'aïant
pu le prononcer alors , il témoigne qu'il esperoit le faire la
10* année de son règne. On ne sait point s'il fit ce qu'il
esperoit; et nous n'avons point ce 3* Panégyrique. Ce n'est
peut-être pas le seul de cet Orateur que nous avons perdu.
Khenanus par une espèce de dédomagement lui a atribué
le premier de ceux qu'Eumene prononça à la louange de
Maximien Hercule et de Constance Chlore au nom de la
ville d'Autun : ce qui est une faute inexcusable.
ORATEUR
421
§. III.
m SIECLE.
ÉDÎ
[TIONS DE SES ECRITS.
LES deux discours qui nous restent de Claude Mamer-
tin , ont été fort souvent imprimés avec ceux des au-
tres célèbres Panégyristes de l'Empire , presque tous Gau-
lois. Ces autres Panégyristes sont Pline le jeune, Eumene,
Nazaire , deux Anonymes , un autre Claude Mamertin ,
Drepane, Ausone , et quelquefois S. Ennode de Pavie. 'La Bib. VaUe.-
première édition que 1 on en connoisse, est celle que l'on
trouve en un volume m-i". sans date ni nom de lieu et
d'Imprimeur. On en est redevable à François du Puits ou de
Pouzzol , lat. Piiteolanus , qui a fait aussi imprimer la Saty-
re de Pétrone. ' Il parut une autre édition des pièces de --Angei.
Mamertin et des autres Panégyristes à Bruges l'an 1486, en
un volume m-8°. La troisième édition fut celle que ' Bea- ..s.vin. Cen.
tus Rhenanus publia à Basle chez Froben l'an 1520, en un
petit in-4". ou grand 2/2-8°. Cette édition est remplie de fau- ■
tes , et ne suit aucun ordre pour placer les Panégyriques.
Elle confond même les Auteurs , atribuant à quelques-uns
des pièces qui apartiennent à d'autres. La plupart de ces
fautes peuvent venir du défaut de manuscrits , dont l'Edi-
teur avoue lui-même avoir manqué.
' Au même siècle Henri Estienne faisant imprimer , ou ibid.
imprimant lui-même les letres de Pline , mit à la suite les
pièces d'éloquence de ces Panégyristes. L'édition est en un
volume m-16. sans date. Elle a été faite sur celle de Rhe-
nanus , comme il paroît en ce que l'on y a copié les mê-
mes fautes. 'Il y en eut une autre à Venise l'an 1576, en Bib. Barb. i. 1. p.
un volume m-8». *'*^*-
'En 1599, Jean Livineius de Gand donna au public une ^'^- ^- JoLorcii.
autre édition de ces Panégyristes. Elle parut à Anvers chez
Jean Moret en un volume m-8°. Quoiqu'elle soit encore
fort défectueuse , elle n'a pas laissé de corriger plusieurs
fautes considérables des deux précédentes , surtout par
raport à l'atribution des pièces aux Auteurs de qui elles
sont veritablament , et à l'ordre chronologique , qui y est
assez exact. ' Le P. de la Baune la marque comme aïant pa- •*»"• b. pr. p. 1.
ru dès 1594. Peut-être est-ce une faute de l'Imprimeur.
'On en trouve deux autres éditions, l'une m-4°. faite à bu». Barb. ib. 1.2.
3 3 *
422 CLAUDE MAMERTIN,
iiisiECLE. Genève en 1602, l'autre in-S'. à Francfort en 1605, avec
les notes de Livineïus et d'autres critiques.
Fab. Bib. lat. p. ' Jean Gruter en 1607 fit réimprimer les mêmes discours
m. I Bib. M.SS. gjj yj^ volume m-12. au même endroit chez Nicolas Hoff-
man, avec les notes de Livineïus, de Valens Acidalius, de
Pan. ibid. Conrad Rittershusius , et celles de sa façon. 'Le P. de la
Baune dit que cette édition fut publiée 17 ans après celle
de Livineïus : ce qui ne s'acorde ni avec la date qu'il as-
signe à celle-ci , ni avec celle que nous en avons marquée.
ibid. ' Claude du Puy Conseiller au Parlement de Paris, com-
prenant que toutes ces éditions étoient imparfaites , tra-
vailla à en donner une nouvelle qu'il collationna sur divers
p. 8. manuscrits, ' et qu'il enrichit des notes des Savans que nous
avons déjà nommés , et de celles de Marie Catanée, d'Her-
man Rayan , de François Baudoin , de Juste Lipse, de Pier-
re Fabri , de San-Jorî , de François Juret, de Théodore Pul-
man, et d'Antoine Schonovius. Du Puy y en joignit de
nouvelles de sa façon , et mourut avant que de publier son
Fab. ibid. édition , qui ne parut qu'en 1643 ' en deux volumes m-12.
Les mêmes Panégyriques se trouvent encore imprimés ,
hors ceux d'Ausone et de S. Ennode, à la fin des fetres de
Pline dans les éditions m-o°. faites à Francfort sur l'Oder
les années 1650 et 1665.
Pan. B. p. 1.2. 'Ce fut sur les éditions de Rhenaims, de Livineïus, de
Gruter et de Mr. du Puy, que le R. P. Jûques de la Baune
Bib. s. Vin. Con. Jesuite en publia une nouvelle, ' qui parut à Paris chez Si-
mon Benard l'an 1677 en un volume m-4°. à l'usage de Mgr.
le Dauphin. L'Editeur l'a enrichie de notes choisies et néces-
saires pour mieux entendre le texte , avec de courtes inter-
prétations des endroits qui en ont le plus de besoin, lia eu
soin de mettre aussi à la tête de chaque Panégyrique un abré-
gé chronologique de la vie de chaque Empereur, à la louan-
ge desquels ces harangues ont été prononcées, à quoi il a
joint les médailles de ces Princes. Il y a mis ensuite ce qu'il
a trouvé de plus remarquable sur la vie des Auteurs de ces
Panégyriques . qu'il a placés suivant les tems auxquels ils
ont été prononcés. De sorte qne cette édition est sans con-
tredit la plus belle et la plus parfaite de toutes celles qui ont
paru jusqu'ici.
Pan. B. pr. p. 4. ' Elle nc Contient que douze Panégyriques, savoir le pre-
mier de Trajan par Pline le jeune; le second par Claude
ORATEUR. 423
Mamertin pour l'Empereur Maximien Hercule; le 3'. du m siècle
même Orateur à la louange du même Prince; le 4*. d'Eu-
mené pour le rétablissement des écoles d'Autun; le 5'. du
même Orateur à la louange de Constance Chlore César;
le 6*. d'un Anonyme à la louange de Valere Maximien et
de Constantin; le 7*. d'Eumene à la louange de Constance
Chlore ; le 8*. action de grâces du même Eumene au nom
des citoïens d'Autun à l'Empereur Constantin ; le 9'. à la
louange du même par un Auteur inconnu ; le 10*. de Na-
zaire pour le même Empereur; le 11". de Claude Mamer-
tin pour remercier Julien l'Apostat de l'avoir élevé à la
dignité de Consul; enfin le 12*. de l'Empereur Theodose
par Latinus Pacalus Drepanius.
' Depuis cette édition par le P. de la Baune il y en a eu Bik. s. viu. Ceu.
une autre faite à Vienne en Autriche chez Martin Endter
l'an 1694 en un volume m-12. Celle-ci contient les mê-
mes Panégyriques, mais dans un ordre bien différent. On
y a ajouté aux douze déjà nommés celui d'Ausone à Gra-
tien, et l'oraison funèbre que Jule César Scaliger prononça
sur la mort de son fils Audecte. ' Le P. de la Baune remarque Pan. b. pr. p. 3.
avec raison que chaque édition assigne un ordre différent à
ces Panégyriques. Il faut en excepter celle de Livineïus,
qui retient presque le même ordre qu'a suivi le P. do la
Baune (XXXV).
S. G E N È S,
Martyr a Arles.
AVANT que de devenir illustre dans l'Eglise , S. Genès Paui. vit. cen. n.
se rendit célèbre dans le monde par son talent par- '*
ticulier d'écrire en notes. Il étoit originaire et peut-être na-
tif de la ville d'Arles dans la Gaule Narbonoise, dont il de-
vint ensuite le glorieux Patron par le mérite de la mort
qu'il souffrit pour la foi. Quoiqu'encore jeune il se trouvoit
engagé dans des emplois qui regardent l'administration de
la Justice. La charge qu'il y exerçoit, étoit celle de Greffier
ou Notaire. En cette qualité il écrivoit les plaidoïers des
Avocats, mais avec tant d'habileté, que par la vitesse de sa
main et le secret de ses notes il égaloit ta rapidité de leurs
paroles. ' De sorte qu'on peut à juste titre lui apliquer ce «a»- »*•• i- *• v.
424 S. GENES, MARTYR A ARLES.
m SIECLE, qu'un Poëte païen disoit à ce sujet environ 300 ans avant le
S. Martyr.
Hic et Scriptor crit velox cui litera vcrbum est,
* Quique notis linguam superet, cursimque loquentis
Ëxcipiat longas nova per compendia voces.
Emis. H. 50. p. ' ' Ce fut l'exercice de cet emploi qui fit naître à S. Genès
'^^'^' ^ l'ocasion de son martyre. Obligé par sa charge à être pré-
sent devant le tribunal des Juges, il y étoit témoin des ar-
rêts de sang que l'on prononçoit et des tourments que l'on
faisoil souffrir aux Martyrs de J.-C. La rigueur des su plices
qui portoit la crainte et la terreur dans l'ame des bourreaux
mêmes, bien loin d'épouvanter Genès, lui inspira une sain-
Paui. ib. n. 9. te générosité. ' Il eut horreur de tracer sur la cire des pa-
roles sacrilèges, et empêcha sa main de rien écrire contre
Emis. ibid. J.-C. comme de sacrifier au démon. ' 11 jetta ses registres
aux pieds du persécuteur, condamnant hautement ses édits
et ses arrêts impies avec toute la liberté d'un Martyr, et
ibi.i I Pani. ib. déclarant en même tems qu'il étoit Chrétien. ' Il n'étoit
cependant que simple Catécumene , et n'avoit point encore
reçu le Baptême qu'il désiroit ardemment, pour s'affermir
de plus en plus dans la foi qu'il professoit déjà. Mais quel-
que mouvement qu'il se donnât pour parvenir à celte grâ-
ce, il ne fut point autrement baptisé que dans son propre
sang.
Km'l- »''• p- 323. ' Le Juge irrité de la déclaration de Genès, rougit de
voir sortir un défenseur de la foi du milieu des ennemis de
la foi même, et de ce que l'Eglise aïant acoutumé d'envoïer
les Martyrs aux tribunaux des Juges, le tribunal du persé-
cuteur donnoit au contraire un Martyr à l'Eglise. II tour-
na donc toute sa fureur contre Genès, et tous les efforts
Paul. ibid. n. 2 | dcs infidélcs furcut emploies pour sa perte. ' Cependant le
Emis. p. 324. 1. ^^^^^ Martyr pour se conformer à l'Evangile avûit pris la
Tiu. H. E. t. s. p. fuite. ' Enfin après avoir passé d'une ville à une autre, et
être revenu à Arles, l'exécuteur lui ôta la vie d'un coup
d'épée dont il lui trancha la tête. On ignore le temps pré-
cis de son martyre, bien que quelques - uns le mettent sous
Diocletien. Mais le jour de sa fête est marqué au 25* d'Août,
et dans le Martyrologe qui porte le nom de S. Jérôme et
dans ceux du IX siècle.
FIIV de la première Partie.
57Î.
NOTES. 425
I
NOTES
ET OBSERVATIONS DIVERSES
àUR LA PREMIÈRE PARTIE DU TOME PREMIER.
I.
TlTHE.
L'adjcclif /itfraHv, ou littéraire, étoit assez nouvellement introduit dans la
langue françoise quand parut ce premier volume. On le devoit à l'ingénieux
Père Bouhours qui, en 1701 , avoit terminé le premier tome des Mémoires de
Trévoux, par une sorte de revue qu'il intituloit Nouvelles Littéraires. Le mot
fut aussitôt jugé nécessaire et admis sans contrôle ; mais on ne s'accorda pas
avec les Jésuites de Trévoux sur l'ortographe du nouvel adjectif. On écri-
vit souvent avec un seul ( literal et Uteratiire, comme Richelet dans l'exemple
qu'il avoit proposé : « Monsieur Arnaud est un homme de grande literature.»
D'ailleurs les latins écrivoient literœ, literarius, literatura, bien que dans
les éditions modernes l'usage du t redoublé ait prévalu. Il faut voir l'indigna-
tion du bon Calepin, édition de 1578, contre les fauteurs de cette innovation :
« Superflua anxietas eorum potest videri qui priraam hujus dictionis {litera)
« syllabam producere non audent, nisi gemina consonante. Insignis illorum
« temeritas qui eam nuUo veterum exemple corripiunt, frivoloque atque in-
« certoetymo freti,ab unanimi omnium consensu non dubitant discedere. »
On remarquera dans l'ortographe, dans la ponctuation et dans l'accentua-
tion de l'Histoire Littéraire plus d'une habitude surannée ou même particu-
lière aux auteurs. Ainsi, une disposition générale à suprimer les consonnes
redoublées, comme dans ocasion, aplaudir, raport, apareil, etc., etc. Quel-
quefois cependant ils redoublent quand nous avons cessé de le faire. Dom
Rivet parlant en son nom, et employant dans ce cas, la première personne
lii
426 NOTES.
du pluriel , ne s'astreint pas au solécisme moderne, qui supprime au parti-
cipe le signe de ce pluriel; il dit : « Nous sommes obligés, et non pas : nous
sommes obligé. » Il emploie certaines expressions qu'on retrouve ailleurs
rarement, comme « teinperie (le l'air, » qw justifieroit assez bien le bon mot
intempérie. Il est vrai qu'en revanche nous disons tempéré, en excluant in-
temperé. Dans le premier volume, dialecte est fi'minin ; D. Rivet est revenu,
dans le second, à l'usage plus gênerai qui le fait masculin. Volume a pres-
qu'exclusivemenl chez lui le sens de format. A tout prendre, cependant, on
voit que pour l'accentuation et la ponctuation, Dom Rivet a souvent hésité,
souvent varié; par exemple, ses virgules sont distribuées plutôt pour marquer
les repos de l'orateur que pour distinguer les parties et les incidences de
la phrase. Nous avons cru devoir modifier rarement cette disposition que
suivent encore aujourd'hui, de préférence, les écrivains allemands. Il nous
suffit d'en faire ici la remarque, (nouvel éditeur.)
II.
Préface. Page ii, note.
Un autre écrivain plus moderne.
Sans doute le PèrcNiceron, qui avoitdéj'i donné vingt volumes des Mémoi-
res pour servir à l'histoire des Hommes illuslresde la République des Lettres.
Paris, 17:27-1732. in-12°. Les ouvrages du Père Labbe, du Père Louis Jacob
auxquels se rapporte la première ligne de la note sont la Noi<a bibliotheca
manuscriptoriim librorum, Parisiis 1657, et le De Claris Scriptoribus Cabil-
lonensibus, 'm-\°. — Les deux auteurs de la fin du xvi« siècle qui avoient
frayé la route à une si généreuse entreprise doivent être La Croix du Maine
et Duverdier. (n. e.)
m.
EÎTAT DES LETRES AVANT J. C. Page 9, ligne 25.
Que les Gaulois aient ou non reçu leur croyance à l'immortalité de l'âme
de Japhet et des premiers patriarches, le raisonnement de dom Rivet n'en
sera pas moins rigoureux. Un peuple qui s'élève à la distinction de l'àme et du
corps dans la personnalité humaine, doit avoir pu facilement descendre de là
à l'étude des sciences qui ne sont que du ressort des sens, ou de la réflexion
produite par l'exercice des sens. (n. e.)
N 0 T E S.
427
IV.
Ibid. Page 14, ligne 12 (fin de l'alinéa).
Il faut avouer que l'asseilion de Bouterouc pouvoit être combatue par do
meilleures raisons. L'ancien usage des caractères grecs se prouve aussi bien
par les anciennes monnoies gauloises que par le texte de César. Et, chose re-
marquable, celles qui offrent un ensemble de lettres grecques ou un mélange
de lettres grecques et latines appartiennent non- seulement au\ colonies
massiiiennes dont plus d'une fois les types disputent de pureté avec les plus
belles médailles grecques ; mais encore aux provinces qui reconnurent le plus
facilcmenl la domination romaine. Ainsi, ces caractères sont des plus ordinai-
res dans les monnoies des llcmi et des Suessiones. Le beau Diviliacus roi de
Soissons est bilingue : d'un côté les lettres grecques, de l'autre les let-
tres latines. IjC Galba, autre prince du môme territoire, est seulement en grec.
Pour les pièces des Arvernes, elles n'ont pas généralement de légende; la figure
d'un renard, dont le nom celtique etoit Luarn, fait aujourd'hui reconnoître
aux numismates les pièces qui appartiennent au célèbre Luerne, roi des
Arvernes, dont il est parlé plus loin, page 27.
Mais il ne faut pas conclure de l'usage primitif de l'alphabet grec dans les
Gaules, à l'usage général de la langue grecque. Le passage si controversé de
César où l'on voit qu'il a recours aux lettres grecques pour correspondre
sûrement avec Giceron, n'offriroit pas même de difficulté sérieuse, si l'on
vouloit admettre qu'il eût, en ce cas, recours à la langue grecque, et non pas
seulement à l'alphabet grec.
Amaury Duval, dans le Tome xvii' p. 4()fJ, a attribué h dom Rivet, en ren-
voyant à cette page 14, une opinion que dom Rivet n'a jamais exprimée, (n. e.)
V.
Ibu). Page 16, ligne 8.
Paul Aringhi ayant, en 1651, inséré cette inscription dans sa Roma subter-
ranœa, 2 vol. in-f- , dom Rivet a dû naturellement la croire à l'abri de
toute incertitude : on a depuis acciuis la preuve de sa supposition. De préten-
dus aiitiiiunires chargés par je ne sais quel voyageur étranger de faire de
nouvelles recherches dans les catacombes, avoient pris le parti, pour obtenir
un salaire plus élevé, dinventer eux-mêmes des inscriptions et de les tracer
sur plusieurs pierres de ces antiques souterrains. Au nombre de celles qu'ils
428 NOTES.
fabriquèrent étoit l'epitaphe de Gordien reproduite par dom Rivet. Aujourd'hui
que la fraude est devenue manifeste par le procès qui fut intenté aux coupa-
bles, procès dit des Periti, la plus légère attention nous fait reconnottre la
supposition : les caractères grecs semblent tracés par la main inhabile de
quelque écolier de collège. Je dois ces précieux renseignements à M. Edmond
le Blmt, le judicieux et savant auteur du Recueil des Inscriptions chrétiennes
de la Gaule. Paris 1856, in-4°. (n. e.)
VI.
Ibid. Page 23, ligne 15.
De CODEX est venu le nom français de cahier.
Telle étoit aussi l'opinion de Robert Estienne et de Nicot, préférable en
tous cas à celle de Ménage, qui fait venir cahier de scopus. Mais il est plus
naturel de demander l'origine de ce mot h quaternus, réunion de quatre feuil-
lets {quaer-cahier.) Le mot latin en a produit au moins deux françois : carne du
jeu de trictrac, et cahier. Quaternio, quiavoitun sens analogue, avoit fait au-
trefois quareignon ou careignon : mot dont le sens avoit été mal saisi par
l'éditeur de la chanson d'Antioche ; I. v. 71 .
Oi l'avés couler en une autre chanson,
Rimée est de novel et mise en quareignon. {n. e.|.
VII.
Ibid. Page 60, ligne 36.
Les deux exemples : kalaaux et enphounil sont bien contestables. Kalaaux,
ou caillaux, se retrouve dans la plupart des autres dialectes françois avec ce"
même sens de noix: on peut l'entendre fruit à écaille ou coque; car on dit
aussi caller, ecaler, écailler des noix. — Enphounil peut s'entendre pour
enfoumil, ustensil à entonner, enfourner.
Fauriel, Histoire de la Poésie Provençale I. p. 198, et Ampère après lui
ont dressé une liste de plus en plus longue des mots provençaux venus
directement du grec, et de l'ancien usage du grec dans le midi de la France. Ces
listes donneroient assurément lieu aux mêmes réserves. (.>. e.)
NOTES.
429
VIII.
Pytheas, pages 71-78.
Un savant, apparemment de Marseille, ou de quelque autre endroit de Pro-
vence, nous a témoigné trouver mauvais que nous nous en soïons plus rap-
poi-tés à Polybe et à Strabon qu'à Gassendi, pour sçavoir ce qu'il faut penser
de Pythéas. Mais quand cela seroit aussi vrai qu'on le prétend, nous n'aurions
fait que suivre les règles de la bonne critique. Polybe et Strabon avoient en
main les écrits de cet illustre Cosmographe , et pouvoienl en juger plus
sainement que Gassendi, qui ne les avoit pas. Cependant, si l'on veut bien relire
avec un peu d'attention cet article, qu'on déclare n'avoir fait que parcourir,
on verra que nous n'avons rien négligé de ce que Gassendi et d'autres mo-
dernes ont dit pour la justification de ce premier Écrivain Gaulois. Nous
avons encore fait davantage. Nous y avons joint les témoignages de ses plus
anciens partisans, et n'avons pas tellement donné dans la censure de Polybe
et de Strabon, que nous n'aïons fait remarquer qu'il y a trop de passion, de
chicane et de fausse subtilité. (Dom Rivet, tome II. 1733. Avertissement,
p. X et XI.)
— Dans la première partie du 1" volume, Dom Rivet a parlé de Pythéas,
le plus ancien écrivain des Gaules que nous connoissions ; il a remarqué que
Polybe et Strabon ont maltraité cet auteur sur sa Cosmographie. Un savant
académicien a donné depuis des éclaircissements sur la vie et les voyages de
Pythéas qui sont très curieux et très intéressants. Pythéas y est vengé
par M. de Bougainville contre les reproches de Polybe et de Strabon, qui
semblent avoir pris plaisir à décrier cet auteur et ses ouvrages ; et contre
Bayle, qui souscrit au jugement rigoureux de ces deux anciens auteurs.
Nous invitons nos lecteurs à avoir recours à ces soUdes et judicieux éclaircis-
sements qui ont été insérés dans les Mémoires de l'Académie Royale des In-
scriptions et Belles-Lettres. T. XIX, p. 146 — 163. (Doms Poncet, Colomb,
Clemencetet Clememt, Tom. XI. Avertiss., p. II).
— Depuis le mémoire de Bougainville, lu dans une assemblée publique de
l'Académie en 1746 et publié en 1733, d'autres recherches sur la navigation
de Pythéas à Thulé ont été communiquées à la même compagnie par d'Anville
et imprimées dans son recueil en 1774, tome XXXVII. p. 436-442. Au
ï. XLV, depuis la p. 26, M. de Keralio fait encore l'apologie de Pythéas. La
nouvelle série des Mémoires, T. 1, p.l38 et suiv., présente aussi l'extrait des
travaux de M. Gosselin sur ce navigateur, plus développés dans la Géogra-
phie des Grecs analysée et dans les Recherches sur la Géographie systéma-
tique des Anciens. En 1773, avoit paru dans les nouveaux Mémoires de U
430 NOTES.
Société de Gf.ttingen, l. VI. p. 89 et suiv. celui de J. P. Muray, de Pythea
Massiliensi. On peut consulter encore, outre les ouvrages généraux sur la lit-
térature grecque , sur la Géographie ancienne et sur Ihistoire de Marseille
d'autres dissertations particulières donl Pythéas est le sujet. Pytheae mas-
siliensis fragmenta, variis ex auctoribus collegil etcommentariis illustravit
Andr. Arw. Arwesdon, Upsal, 1824 in-4*. Maximil. Fuhr, de P^/Acamas-
siliensi dissertatio, Darmstadt, ISaSin-S"; traité de 148 pages, qui commence
par la longue énuraération de ceux qui ont parlé, même indirectement, de
Pythéas ; Joachim Lelewel, Pytliéas de Marseille, ou la Géographie de son
temps, publiée par Jos. Straszcwitz, Paris 1836. in -8", etc. — v. l.c— (Victor
Leclerc, tom. XI, nouvelle édition. Paris 18il, p. 1).
—Le Supplémentau Dictionnaire de Moréri, 2 vol. 1735, rédigé presque en
entier par l'i^bé Gouget, après avoir reconnu que l'article Pythéas de l'édi-
tion de 1732 étoit trop superficiellement écrit, n'a fait que résumer, pour y
suppléer, l'excellente notice de dom Rivet, en conservant môme la plupart
des phrases du savant Bénédictin. Il en a usé à peu près de même pour les
notices suivantes. Ce n'est donc pas à Gouget que peuvent s'adresser les
reproches mérités par les Dictionnaires et Biographies modernes , qui ont
trop souvent pris de seconde main connoissance de notre Histoire littéraire.
(«. E.)
IX.
EtTfHYMÈNES, pagcs 78-80.
Une autre personne fort versée dans la belle Litérature, paroit surprife
que nous ayons placé Pythéas avant Eulhijmenes. La raison qu'elle en alli'*-
gue, c'est qu'Hérodote fuit mention du système de celui-ci touchant le
débordement du Nil: d'oii l'on conclud qu'il est vraisemblable qu'Euthyme-
nes est même plus ancien qu'Hérodote. Cela seroit effectivement et Euthy-
menes auroit vécu plus d'un siècle av?nt Pythéas, s'il étoit vrai qu'il eût
écrit avant Hérodote et que celui-ci eût pris de lui le système qu'il rapporte.
Mais c'est ce qu'il est impossible de prouver ni par son texte ni par aucun •
autre ancien monument. Il est incontestable qu'Hérodote ne nomme Euthy-
mcnes nulle part , et qu'il ne fait, liv. ï,[n" XIX, XXII, que rapporter les
trois différents sentiments qui partageoientMes Grecs sur la cause du débor-
dement du Nil, sans les attribuer nommément à aucun anteur en particulier.
Il est seulement vrai que la première de ces opinions, qu'il réfute comme les
deux autres, est la même qu'Euthymenes épousa dans la suite. C'est là tout
ce qu'on peut tirer à ce sujet de l'autorité d'Hérodote. ( D. Rivet. Tome II.
Averliss., p. XI.)
NOTES. 431
Valéhius Caton, page 88. Noie.
La méprise reprochée à Moréri a été reconnue dans le Sup/)it'menf de 1735;
et l'abbé Gouget, profitant comme à son ordinaire de la notice de l'Histoire
littéraire, corrige la date donnée p. 92, par dom. Rivet, ou plutôt par son
imprimeur , à l'édition du poërae de Galon, Dirae, Leydc 1652, non 1632. —
La nouvelle Biographie universelle dans le résume, d'ailleurs bien fait, de ce
que l'on avoil recueilli sur Valérius Caton, dit « qu'on avoit prétendu qu'il
étoit d'origine gauloise, et l'affranchi d'un certain Bursenus : mais que lui-
même s'étoit défendu de cette dernière assertion, dans un poëme intitulé :
Indignatio. » De ce qu'il avoil réclamé contre son affranchissement, cela ne
prouve pas qu'il eût en même temps répudié son origine gauloise. D'ailleurs
on semble faire à tort, dans cet article, deux poëmes de VIndignatio et du
Dirae. (n. e.)
XI.
Roscius, page 95. Note.
Cette autre faute de Moréri a de même été corrigée dans le Supplément de
1735 qui reproduit en l'abrégeant, la notice entière de Dom Rivet.
La notice suivante, sur Divitiacus, est de même fidèlement reproduite,
sauf un membre de phrase très malheureux, ajouté par Gouget : « Il se mêloit
de vouloir pénétrer dans les secrets de l'avenir, par les augures et par les
autres sortes de divinations, ce qui fait de l'honneur à la justesse de son
esprit.» Je suppose que l'abbé Gouget a voulu dire : peu d'honneur, (n. e.)
XII.
Trogue Pompée, pages 1191-24.
Depuis que notre premier volume est sorti des presses, il a paru en
France un ample catalogue de livres imprimé à La Haye en 1732 sous ce
432
NOTES.
titre : Bibliolheca exquisitissima insignium et prœstantissimorutn libro-
rum etc. Nous y trouvons quelques éditions de l'abrégé de Trogue Pompée
et de quelques autres auteurs, que nous avions omises, et qu'un savant de
nos amis avoit eu la bonté de nous indiquer, avant que ce catalogue fût
venu jusqu'à nous.
Outre les trois premières éditions de Venise in-folio que nous avons mar-
quées, il nous en présente une quatrième faite au môme endroit et en même
volume, l'an 1477. Celle qui suit, aussi in-folio, et qui est sans date et nom
de lieu et d'imprimeur, nous paroU la même que celle de Sabeilicus, dont nous
avons parlé. Il semble que c'est la même, qui fut renouvelée à Venise, en même
volume, l'an 1503. Le catalogue que nous parcourons nous donne, page 248,
une autre édition du même ouvrage, faite à Milan, chez Christophe Valderser
l'an 1476 Jn-4°. C'est la même que nous avons marquée in folio sur l'autorité
de M. Fabricius. Nous y en trouvons une autre de Basic in-4'', de l'an 1S39,
que nous ne connoissions point auparavant. A celle-ci se trouvent joint Florus
et Sextus Rufus. On apprend du même catalogue, tome 2, p. 91, que l'abré-
gé de Trogue Pompée, revu par Isaac Vossius, et publié d'abord à Leyde en
1640, puis à Amsterdam, comme nous l'avons dit, fut réimprimé en ce der-
nier endroit, chez les Elzévirs, les années 1656 et 1673 en un volume in-12.
L'édition que nous en avons marquée d'Utrecht en 1708, est la même que celle
de Grsevius, qui avoit déjà paru en 1683, ainsi que nous l'avons observé, et qui
suivant la remarque d'un savant de nos amis, fut renouvellée à Amsterdam
l'an 1694 in-8°. Nous apprenons de la même personne que dès 1602 il y en
eut une autre à Ursel en Allemagne. Le texte de celle-ci avoit été revu par
Cujas, du Pin et autres ; et on l'a accompagnée des commentaires de Victorius
Strigellius.
Aux différentes traductions du même ouvrage dont nous avons déjà parlé,
il en faut joindre une autre faite en Allemagne et imprimée à Ausbourg l'an
1531 in folio. La première édition de la traduction françoisc du sieur Colomby
dont nous avons parlé fut faite à Tours, 8" en 1616. (Dom Rivet, tome II.
Avertissement, p. XI et XII.)
— A ce que nous avons dit des traductions de l'abrégé de Trogue Pompés,
tant à la page 124 de la première partie de notre premier volume qu'à la
page 12 de l'averUssement à la tête du second, il faut ajouter que la traduc-
tion qu'en avoit faite Claude de Seyssel fut réimprimée in-12 à Paris, chez
Claude Micard, l'an 1577.
Jour» . de, sçavan, Dom Favicr, ci-devant Augustin Déchaussé, aujourd'hui reUgieux Benedic-
1737. p- s^,ns. ^jq^ prédicateur du Roi, et prieur de Sainte-Vaubourg, vient d'en publier une
p. sW^-'obter- nouvelle, enrichie de deux cartes géographiques des pa'is dont parle l'auteur,
écriiTmôri 7* et d'un petit dictionnaire de ces mêmes pais, suivant l'ancienne et la moderne
""iîr"' ' ' ' géographie. Les critiques sont partagés sur le mérite de cette traduction.
L'ouvrage est imprimé à Paris cliez G. le Mercier, cette année 1737, en
deux volumes in-12. (d. Rivet., tom. IV, 1738. AverUssement, p. XXXVII.)
Du Vent, Bibl.
193, i96.
NOTES. 433
— Sans essayer de remplir les lacunes peu importantes que peut présenter
la longue liste des éditions de Justin, antérieures à la publication de notre
premier volume, nous nous contenterons de signaler les plus importantes de
celles qui ont parues depuis ce temps-là.
D'abord celle de 1760, in-S» «curante Abrah. Gronovio.» Lugd. Batav.
destinée à la collection EIzévirienne Variorum.
— Celle de Barbon, 1770, in-12, donnée avec les soins de Capperonnier.
— Historiœ, textum graîvianum, passim refinxit, arguraentis et tabula
chronolog. prœmissis, notis crit. et histor. subjectis, indicibusque illustravit
J. Ch. F. Wetzel. Lignitiœ, Siegert, 1806, in-8".
Eœdem, cura noiis et interpretatione ad usum Delphini, notis variorum
variis lect. et indice locupletissimo, accuratè recensita. London, Valpy.
1822. 2 vol. in-S" (n"' 43 et 44, de la Collection des ad usum dédiés au Régent
d'Angleterre.)
— Esdem, texlum Wetzelianum , tabulas chronologicas, argumenta,
prologos , notas , indices rerum et verborum , novis additamentis illustravit
N. E. Lemaire. Parisiis, Lomaire, 1823, 8°.
— Eœdem, secundum vetustissimos codiccs prius neglectos, recognovit.
brevi adnotalione critica et historica instruxit Fr. Deubner. Accessit index
rerum locupletissimus. Linsiœ, Deubner, 1831, 8". (Dans cette édition
importante, le texte est revu sur quatre manuscrits de Prague, Gotha e(
Cracovie. )
— Les Historiée de Justin ont été traduites deux fois pour le moins en
grec. La première fois en 1686, in-4»; Venise. — La secondé fois en 1817,
in graeco vulgari, a Demetrio Philippide. Lipsiœ ; Tauchovitz, in-8».
Aux trois traductions italiennes, publiées à Venise en 1326, in-12, en
1560 et 1590, in-4'', il faut joindre encore celle qui fut faite » a l'espesse di
JohannedeColonnaetJohanneGherétzen,» 1477, petit in-folio. Elle est accom-
pagnée d'une épitre d'Hieronymo Squrzafico, l'auteur présumé de cette
traduction.
Enfin, parmi les traductions françoises il faut encore distinguer celle de l'abbé
Paul, avec des notes critiques et historiques. Paris, Barbou, 1774, 2 vol.
in-12, et celle de Jules Pierrot et Boitard. Paris, Panckoucke, 1829, 2 voL
in-8'. (N. E.)
XUI.
ViBius Gallds, page 146.
Il devint fou par sentiment , au lieu que les autres le deviennent par
queliiue accident fâcheux. Il semble que Seneque ait voulu dire que Vibius
3* Kkk
434 NOTES.
ne dut accuser de sa folie que lui-même et non quelqu'accident fortuit sans
lequel il eût conservé sa raison. « Hinc accidisse uni scio, ut in insaniam non
casu incideret, sed judicio perveniret. » — Vibius Gallus n'a pas d'article
dans nos Biographies universelles. (N. E.)
XIV.
Castor, page 181.
La Nouvelle Biographie universelle, 1854, donne au grammairien Castor
le surnom de Rhodien, et ajoute qu'il « cloit sans doute de Rhodes, de Mar-
seille ou de la Galatie. » Il Êiut convenir que voilà un sans doute bien
douteux. (N. E.)
XV.
Germanicus, pages 152-158.
jouru. det Siav. A la fin dc l'article Germanicus, il faut ajouter ce qui suit : En 1715, on a
im, page «i, imprimé à Cobourg en Franconie, chez Maurice Ha«en, les œuvres poétiques
tant grecques que latines dc Germanicus, in-S"; et l'on y a joint quelques
vers de Jules César, d'Auguste et de Néron, avec les Notes entières de
Grotius, dc Morel, de TurnclMî, de Joseph Scaligcr, de Saumaisc, etc. On est
redevable de cette édition à M. Schwarts, qui y a ajouté dc nouvelles notes dc
sa façon. Il n'a mis dans son recueil que deux épigrammes latines sous le
nom de Germanicus; quoiqu'il paroisse, comme nous l'avons observé, que
les cinq suivantes sans nom d'auteur dans les autres recueils dont nous avons
parlé , appartienent au môme Poêle. Les deux latines sont suivies de trois
autres grecques. (D. Rivet, tom. II. Avcrtiss., p. xn et xm.)
— La traduction d'Aratus par Germanicus a été insérée, depuis, dans
l'édition grecque et latine des Phœnomena et diosemeia, donnée par Joan.-
Theoph. Buhle, Lipsiœ, 1793-1801 , 2 vol. in-8». — En 1838, parut à
Londres une nouvelle édition des œuvres attribuées à Germanicus, sous ce
titre : Germanici Cœsaris, inchjti ducis, poetœ elegantis quœ extant omnes,
ex recensione et cum notis Jo. Gasp. Orellii; additis prœterea notis omnibus
Gasp. Barthii, Jani Brœkhusii, P. Biirmanni secundi, Hug. Grotii,
H. Meyeri, Guill. Morelli, Cl. Salmasii, Jos. Scaligeri, J.-C. Schtvarzii,
H. Turnebi, Jani Ultitii, et aliorum : quibus etiam scholia vetera auctoris
NOTES. 435
incerti, ex editione Buhliana, adjunxit Jo. Allen Gilis. 8°. Cette édition,
dit M. Brunet, n'a été tirée qu'à cent exemplaires.
A la page 156 lig. 37, il eût été plus exact, à notre avis, de dire « mais
« les manuscrits de la traduction de Germanicus ont l'avantage d'être en-
« richis d'anciennes scholies, qui tiennent lieu de commentaire. » Autrement
on seroit tenté de penser que les scholies sont encore l'œuvre de Germani-
cus, et non celle d'un ancien rhéteur anonyme. La collection Lemaire a
inséré les traductions d'Aratus, accompagnées des anciennes et des modernes
scholies dans le VI' volume des Poetœ minores; Paris, 1826; tome 83* de la
Collection.
La Bibliothèque Impériale de Paris possède un précieux manuscrit de la
traduction d'Aratus qui nous semble remonter au ix' siècle. Il provient du
cabinet de Pierre Pithou, et porte aujourd'hui le n" 7886. Le texte est
accompagné d'un simple commentaire, sans doute celui qu'a signalé dom Ri-
vet. On doit remarquer le titre du poëme : Claudii Cœsaris Arati phœno-
mena. Et dans tous les cas, il ne paroît pas avoir été consulté par les divers
éditeurs du poëme. Ainsi le vers 70 des éditions :
Clara ariadneos qua sacrata est igné corona,
est ici précédé d'un vers inédit :
Tarn fessi super costas atqne ardna terga,
Clara ariadneos sacrata est igné corona ;
Uonc illi, etc. (N. E.)
XVI.
Claude, page 174, ligne 24.
Le premier auteur du récit mensonger de la découverte du manuscrit ori-
ginal de Dictys, dans le tombeau de ce Dictys, rapporte la découverte à la
treizième année du règne de Néron. On ne devoit donc pas blâmer ou louer
Claude d'avoir multiplié les exemplaires de ce curieux apocryphe. (N. E.)
XVII.
DoMiTius Afer, page 184. Note.
n étoit facile à l'abbé Gouget, dans le Supplément du Moreri de 1732, de
redresser la méprise signalée par dom Rivet, et à la Nouvelle Biographit
3 4 *
43fi N 0 T E S.
Iniverselle, d'emprunter h nolro ;iiileiir la date d<> la mort d'\fer. Ils ne
l'ont fait ni l'un ni l'aulrp. (N. E. t
XVIII.
l»KTBO?iE, pages 186-2(»S.
Diverses personnes de piété et de sçavoir nous ont fait quelques reproches,
pour avoir pirlé trop fivorablemeiii de Pélrone et de ses écrits. Il nous
semble némmoins que pour sa personne, nous ne l'avons représenté que
comme un véritable épicurien : ce que nous avons montré pouvoir se confir-
mer par l'éloge qu'il fait d'Éjjicure, en le qualifiant le père de la vérité. A.
l'égard de ses écrits, nous avons cru devoir tenir un juste milieu, en y louant
ce qu'il peut y avoir de l)on, et y blâmant ce qu'il y a de mauvais. MArs,
ASSunÉMF.NT, avous-nous ajouté aussitôt, le dernier l'emportera toujours
SUR l'autre. C'est sur ce même principe que nous disons ensuite que la lec-
TUHE DE Pétrone sera toujours dangereuse. D'ailleurs, quelque éloge que
nous fassions de sa manière d'écrire, surtout en vers, nous n'avons point
dissimule qu'il sort quelquefois du naturel. Qu'on se donne la peine de lire la
politc crili(jue que nous faisons à ce sujet, aux pages 194 et 193.
Nous avons marqué une édition de Pétrone l'aiie à Paris, en 1693; mais on
Mdus donne avis que, la même année, il en parut une autre à Rotterdam, en
rnAnii' volume, qui est un in-14. Oi nous avertit aussi que le poème de Pétrone
sur la guerre civile avec le supplément de Thomas Miïus, se trouve joint à
l.uciin, de l'édition d'Amsterdam chez les EIzevirs, do l'année 1638, 8°. Nous
avons encore oublié de dire qu'il a paru à Paris, chez Ganneau, depuis peu
d'années, une belle traduction du foslin de ïi'imalcion, par M. de Lavau.
L'n sçavant de kiHaye, dont la modestie nous dérobe le nom, a bien voulu
interrompre ses travau.\ literaires pour nous dcmner avis qu'il a vu une édition
de la .«satyre dePéIrone, en assez beau caractère, de l'an 1470, en un vol. petit
in-i", oii l'on a réuni les anciens pancgyri(|ues avec, la vie d'Agricola par
Tacite. Celle édition ne porte aucun lieu ni nom d'imprimeur. (D. Rivet;
tome II, 1735. Avertiss., p. xtii, .\iv.)
Journ. des Sçar. — Kn 1736, trois ans après que notre premier volume oii nous parlons de
1736, p. 563. pétponc et de sa fameuse satyre éloit entre les mains du pul)lic, a paru à
Londres, chez J. Osborn, les œuvres de cet écrivain en prose et en vers, tra-
duites du latin en anglols par le célèbre M. Addisson. L'élilion est en un volume
iii-12, dans lequel on a joint la vie de l'auteur et le caractère de ses écrit.s,
p.irM. de Sainl-Evrcmont. (D. Rivet, t. IV, 1738. Avertiss., p. xxwii.)
— X la suite de la traduction du poëme de Pétrone sur la Guerre civile.
NOTES. 437
par l'abbé de Marolles, il faut en ajouter une nouvelle, faite par le président
Bouhier, imprimée en Hollande, in-4", l'an 1737. Elle a été remise sous
presse l'année suivante, et publiée à Paris, in-12, sous ce titre : Recueil de
traductions françaises, contenant le Poëme de Pétrone, etc., par le Prési-
dent Bouhier. (DD. Po?(cet. Colomb, Ci-emencet et Clément. Tome XI, 1759.
Avertissement, p. 11. )
— Au grand nombre d'éditions de la s.ityrc de Pétrone que nous avons
détaillées, il faut ajouter celle qui sortit, en 1396, des presses de Plantin, et
parut à Anvers, chez François Raphelinjç, dans le format iji-16, avec les notes
de différens critiques. Le catalogue imprimé de la Biblioth^que du Roi nous
a fait aussi connoitre trois traductions de cet ouvrage différentes de celles
que nous avons déjà rapportées tant à l'article Pétrone que dans l'aver-
tissement du XI' volume. La première, qui est en vers, par M. L. D. B.,
fut mise au jour, à Paris, chez Claude Barbin, l'an 1637. La seconde en
prose, ouvrage de M. de Lavaur, fut publiée dans la môme ville l'an 1726, chez
Ganneau. La troisième pareillement en prose, attribuée à M. de Boispréaux,
maître des requêtes, pseudonyme de Dujardin, fut imprimée en deux vo-
lumes à La Haye, l'an 1741, avec de savantes notes critiques. Ces trois tra-
ductions sont dans le format in-12. (Dom Fr. Clément. Tome XII. 1763.
Avertiss., p. vi.)
— A la suite de la réimpression du XII" volume, faite en 1830 par les
soins de la Commission de l'Institut chargée de la continuation de l'Histoire
littéraire, on trouve la liste pour ainsi dire innombrable de toutes les éditions
de Pétrone postérieures à l'année 1763, date de ce douzième volume. Les
principales ont été : celles de Leipsig, 1781; d'Alteuibourg, 1782; de Berlin,
1785: des Deux-Ponts, 1790, toutes ïa-S"; celle de Renouard, Paris, 1797,
2 vol. in-18.
De Guérie, en 1798, en avoit donné une traduction en vers françois, in-8*;
elle fut réimprimée en 1814 et 1816. Durand en lit une nouvelle en prose en
1803, 2 vol. in-8". La Porte du Theil en avoit fait une autre, accompagnée de
notes savantes ; mais il en détruisit tous les exemplaires qui alloient paroitre
en 1800. Cette dernière année, fut publié à Baie un prétendu Fragmentum
Pi'tronii, avec une traduction françoise de Lallemand. L'auteur de cet opuscule
qui prétendoit l'avoir trouvé à Saint-Gall se nommoit .Marchena.
Les éditeurs de l'Académie ont également complété la liste des éditions
plus anciennes, donnée par Dom Rivet et ses successeurs; mais ils ont eu tort
d.' compter parmi celles qui avoient échappé à la recherche des Bénédictins l'édi-
tion princeps de 1476, mentionnée dans l'avertissement du second volume; le
volume publié par le président Bouhier, en 1730 et il.il, signalé dans le
l'avertissement du XI" volume; et li traduction en vers d'Addisson, indiquée
dans l'avertissement du tome IV. Comment éviter toutes les méprises, quand
des savans scrupuleux, tel que Daunou, viennent ainsi relever, dans l'ouvrage
même qu'ils réimpriment et continuent, des omissions que l'on n'y doit pas
regreter !
438 NOTES.
Enfin M. Victor Leclerc, dans les notes ajoutées en 18il à la réimpression
de notre tome XI, complète ainsi la notice de Pétrone :
« Ni les confrères de D. Rivet ni leurs continuateurs n'ont dit à quel
« ouvrage il fait allusion, tome I", p. 202, en s'exprimant ainsi : Un d'entre
« eux entreprit de montrer la supposition du fragment de Belgrade, et
« l'exécuta par un assez long écrit sous le titre d'Observations. » Voici le
« titre de cet écrit : <t Observations sur le Pétrone trouvé à Belgrade, en 4688,
« et imprimé à Paris, chez la veuve Daniel Hortmels, 1694, in-12 de
« 244 pages. L'auteur est Claude-Ignace Brugier, sieur de Barante, qui s'est
« fait appeler, dans le Privilège du Roi, Georges Pellissier...
« L'édition de Pétrone, commencée par La Porte du Theil, n'a pas été en-
€ tièreraent détruite : les restes qui s'en conservent dans la Bibliothèque de
« l'Institut comprennent le texte latin et des observations en français sur
« l'Introduction, qui s'arrôtent à la page 320. Quelques détails sur ces frag-
« ments du tome II de l'ouvrage, imprimé à Paris, chez Baudouin, de 4796 à
« 4800, se trouvent dans les Nouvelles Recherches bibliographiques de
« M Brunet; Paris, 4834. T. III, p. 47. »
Ajoutons que l'abbé Gouget, dans le Supplément du Moréri de 4735, a
complété l'article Pétrone par la reproduction littérale de ce que lui fournissoit
la notice de nos Bénédictins. Il en convient, tout en remarquant que « ces ha-
» biles écrivains disent que M. Nodot envoya sa copie du manuscrit de Bel-
» grade à M. Charpentier ; mais que M. Nodot dit, au contraire, qu'il n'en
» envoya qu'une partie à cet académicien. Ils disent encore, ajoute-t-il, que
» la traduction de M. Nodot a été imprimée en 4694 en 2 vol. in-42 sous le
» titre de Cologne. Ces savans religieux ont ignoré sans doute l'édition in-8'
» faite à Paris, 4694, chez Moëtte, avec des figures. Nous ne connoissons
» pas l'édition donnée sous le titre de Cologne. » Tant pis pour Gouget, s'il
ne la connuissoit pas. Il eût mieux fait de dire qu'en signalant l'édition an-
noncée comme étant de Cologne, D. Rivet avoit fait observer qu'elle étoit
plutôt de Paris, ou de quelque autre ville de France, comme il étoit aisé d'en
juger et par le papier et par le caractère. Il y a toute apparence qu'il y eut
de cette édition trois tirages pour le moins, l'un avec le nom du libraire
Pierre Groth, l'autre avec celui de Pierre Marteau, que j'ai sous les yeux; le
troisième, enfin, auroit été tiré à Paris en grand papier pour Moëtte; c'est
la seule édition dont l'abbé Gouget eût connoissance.
Remarquons enfin que c'étoit une opinion tout à fait gratuite que celle des
savants allégués par D. Rivet, et qui auroient parlé d'une médaille du règne
de Néron, portant le nom de Trimalchio. Jamais les antiquaires n'en ont
entendu parler. (N. E.)
NOTES, 439
XIX.
Margus âper, pages 218-223.
On ne sçauroil dire comment il s'est fait que la traduction du Dialogue des
Orateurs, par M. Giry, se trouve marquée de 1626 ' au lieu de 1630, qui est gut. de rAcad.
la véritable année oii elle fut imprimée. Quatre-vingts ans après celle-ci, en ^4^^'—'jlurn.
1710, il en parut une autre sous le nom de M. de Maucroix , chanoine de de$' Sçav. ^^i3,
l'Eglise de Rheims, et avec l'approbation de M. Despreaux. Mais des personnes ^' *'**•
instruites assurent qu'elle est l'ouvrage de M. l'abbé d'Olivet. Cela n'a pas
empêché qu'au bout de douze ans, M. Morabin n'ait pubUé une troisième tra-
duction du môme dialogue. Elle a paru à Paris, chez François Foumier, l'an
1722, en un vol. in-12.
' Le traducteur y a joint le texte latin à côté du françois, après y avoir fait p. i^*•
passer les leçons que les plus habiles critiques ont substituées à des mots
barbares et estropiés qu'on yUsoit dans les éditions précédentes. Entreprise
au reste qui doit parollre un peu hardie, puisqu'on ne dit point qu'elle soit
appuiée de quelque bon manuscrit!' A la tête se ht une assez longue préface, p. 171.
où M. Morabin tache de découvrir quel est l'auteur de ce dialogue. Après avoir
parcouru et refuté les différentes opinions sur ce sujet, il en propose une nou-
velle ' qu'il s'efforce de prouver par plusieurs raisons, qui tendent à donner p- i7i. 173.
l'ouvrage à Materne, un des interlocuteurs. Mais nous osons dire avec tout le
respect que nous devons à cet habile Écrivain, que celles que nous avons éta-
bhes en faveur de Marcus Aper, qui y fait un des principaux personnages,
mérite la préférence, comme étant et plus fortes et plus naturelles. Au reste,
nous n'aviuns nulle connoissance de l'opinion de ce savant , lorsque nous
avons proposé la nôtre ; et il est glorieux pour nous de nous trouver penser
comme lui sur l'attribution de ce Dialogue, qui certainement est l'ouvrage
d'un des Orateurs qui y parlent, plutôt que ni de Suétone, ni de Tacite , ni de
Quintilien, auxquels on l'a donné indifféremment, (dom rivet, t. II, 1735.
Avertiss., p. xiv, xv.)
— Jusqu'à présent, la traduction du Dialogue des Orateurs, publiée parmi les
œuvres posthumes de Maucroix, ne lui étoit pas contestée; cependant l'opinion
de dom Rivet, qui pouvoit fort bien tenir la reserve qu'il exprime de l'abbé
d'Olivet lui-même, mérite une grande considération. Il est vrai qu'il eût
fallu que ce fût un ouvrage de la première jeunesse de d'Olivet, d'ailleurs assez
peu scmpuleux quand il s'agissoit de prétendre une part dans les œuvres
d'autrui. L'approbation donnée à cette traduction par Despreaux, qui étoit en
relations suivies avec Maucroix et non pas avec l'abbé d'Olivet , est encore un
préjugé favorable au chanoine de Reiras.
M. Brunet cite encore parmi les éditions de ce Dialogue celle de d'Ericus
440 NOTES.
Benzelius, cu7n notis intenris Schelii, Pithœi, LipsiL etc, selectis veto Mu-
reti, Pichenœ et Acidalii, llpsal, 1706, 8", et celle de J. H. Schullzc,
Lips. 1788, 8°. Enfin les traductions françoises de Bourdon de Sijtrais, Paris!
17<S2, in-l'a.de Dureaudc La Malle, dans la 2" édition de sa traduction'dc Ta-
cite, Paris, 1803, in-8% et de Ch. Dallier, Reims et Paris, 1809, in-8'. La
Nouvelle Biographie place Marcus Aper un siècle avant l'ère vulgaire ; c'est
une évidente méprise. (N. E.)
u.i .1. XX.
Amo.ml's Primls, page 217 *, ligne 3.
Il lui envoya en une occasion une robe de grand prix.
Cette occasion avoil été préparée par 3Iar(ial, dans l'Epigramme 11 du
6* livre, qui fait plus d honneur ù son esprit qu'à son caractère. Si lu veuxque
je t'aime, lui dit-il, partage avec moi ion opulence. Je te chérirai en propor-
tion de tes dons.
<}uo(l non sil P) ladeit hoc tempore, non sit Uresl«s,
Miraris ! Pylodes, Marce, bibebat idem.
Née melior panis, lurdusve dabatur Oresii:
Sed pir, aiquc eadem ccnna duoiius erat.
Tu lucrina vora.< ; me pa.scil aqiiosa pelons ;
Non minus ingenua est uiibi, Narce, gala.
Tu cadmoa Tyros, me pinguis Gallia vestit ;
Vis le purpureum, Marce, sagalus amem?
Ut prestem Pyladem, ali luis mihi prxstet Oresteni :
Hoc non fit verbij; Marce ul umeris ama. (24. E.)
XXI.
Agricola, page 221 '. Noie.
Labbé Gouget n'a pas corrigé en 1733 celle méprise du Moreri de 1732. Le.^
deux Biographies universelles , Michaut et Didot, accusent Domitien d'avoir
NOTES. 441
fait mourir Agricola. On ne voit rien de pareil dans Tacite, auquel nous devons
tout ce que l'on sait d'Âgricola, son beau-père. (n. e).
XXII.
Etat des Lettbes, n' siècle, page 224, ligne IS.
De sorte, dit k célèbre S. Sulpice, que ce ne fut qu'un peu lard que le
Christianisme s'établit en deçà des Alpes ; et l'on ne commença à y voir
des martyrs que sous Marc-Aurèle.
C'est là comme on sait la thèse ardemment soutenue par les Bénédictins
et par Launoy. Les travaux de la critique moderne tendent aujoui"d'hui à dé-
montrer d'une façon plus satisfaisante, que le Christianisme fut apporté dans
les Gaules plus d'un siècle avant Marc-Aurele, à une époque assez rapprochée
de l'apostolat de Saint Pierre. Nous n'avons pas l'intention do traiter ici cette
grave et intéressante question ; il doit nous suffire de renvoyer au très re-
marquable travail de M. l'abbé Darras, Saint Denis l'Areopagite, Etudes sur
les origines chrétiennes des Gaules. Paris, L. Vives, 1863, in-S». D'ailleurs
le passage cité de Sulpice Severe n'estpas aussi décisif que le pensoitDom Ri-
vet. Le voici : Sub Aurelio deinde Antonii filio, persccutio quarta agitata.
Ac tum primum, intra Gallias, martyria visa, serius trans Alpes, Dei reli-
gione suscepta. »
Sulpice avoit dit dans la phrase précédente que la paix de l'Eglise
n'avoit pas été troublée sous Antonin le pieux, prédécesseur de Maro-Aurele.
Les premiers martyrs dans les Gaules ont donc pu fort bien ne pas être les
premiers ajJÔ^jÉ's des Gaules. J'irai même au delà de MM. Darras, d'Arbelot et
de Bausset-Roquefort, en proposant de rapporter le Serius de Sulpice aux per-
sécutions qui auroient frappé assez tard sur la (iaule, déjà convertie au Chris-
tianisme. C'est ainsi, je le pense, que l'eût entendu dom Rivet lui-même s'il n'eût
pas écouté dans la discussion des faits de cet ordre une passion regretable.
Chose singulière ! le savant bénédictin veut (p. 138) que l'édit de Domitien
rendu en 94 contre les philosophes ait fait refluer aussitôt dans les Gaules les
études philosophiques, et il n'admet pas que les nombreuses persécutions faites
contre les Chrétiens durant les deux premiers siècles aient fait refluer dans
les Gaules les Chrétiens chassés de Rome, et les prédications evangeliques.
Bien qu'ici l'opinion particulière du nouvel éditeur n'ait aucune autorité, il se
croit obligé d'avouer qu'il a longtemps professé les mêmes sentiments que
Sirmond, Tillemont et dom Rivet sur les origines asiatiques du Christianisme ;
mais les nouveaux arguments présentés par les soutiens de l'opinion contraire
l'ont complètement ramené à la conviction que Rome oii le Christianisme fai-
soit chaque jour de nouveaux progrès depuis le règne de Néron, Rome qui
avoit déjà fait aux partisans de la foi nouvelle quatre grandes persécutions suc-
L 1 1
442 NOTES.
cessives, Rome éloit dans un rapport trop immédiat, trop continuel avec les
Gaules, pour que les prêtres et les confesseurs chrétiens, obligés de lutter
dans le cirque contre les lions et les tigres, ou de se réfugier dans les cata-
combes, n'eussent pas fréquemment passé dans les Gaules, pépinière constante
de rhéteurs, de philosophes et de grammairiens, qui ne cessoient d'aller et
venir de Roftie à Lyon, Arles, Marseille, Toulouse, Nismes et Narbonne.
Non, cela nous semble aujourd'hui moralement impossible : car nos grandes
cités gauloises vivoient de la vie, des sentiments, des mœurs de la Rome impé-
riale ; et supposer que le Christianisme qui avoit déjà envahi les Gcrmanies
et l'Espagne n'eût pas alors assez de retentissement pour que le bruit en arrivât
dans les Gaules, c'est aller contre le sentiment de Senèque, de Pline et de Ta-
cite ; c'est fermer les yeux à la lumière de l'histoire, (w. e.
XXIII.
Paulin, page 24S, ligne 24.
Il était de Frejus, dans la Gaule narbonnoise.
Cela est incontestable; Sacy, le traducteur des lettres de Pline le jeune,
s'est donc mépris quand il a traduit le nom de cette ville par celui de Frioul.
C'est dans la lettre 19* du ¥• livre, quand Pline avertit son ami Paulin de l'in-
tention qu'il a d'envoyer Zosime, un de ses affranchis, dans la Gaule narbon-
noise pour y rétablir sa poitrine malade, comme en pareil cas on le fait encore
aujourd'hui. Voici le passage : Cet affranchi veteris infirmitatis tussieulâ ad-
monitus, rurstis sanguinem reddit. Qua ex causa destinavi eum mittere in
prœdia tua, qua Forojulii possides. AudiVi enim te sœpe referentem, esse
ibi et aerem salubrem, et lac ejtismodi curationibus accomodatissimum.
€ Pour essayer de le guérir, » traduit M. de Sacy, » j'ai résolu de l'envoyer à
t votre terre de Frioul. »
Les deux épigrammes de Martial adressées à Paulin tendent à nous donner
de celui-ci l'opinion d'un gastronome. Dans la première, le poëte raille le
parasite Selius des peines qu'il se donne pour être invité à la table de Paulin;
la seconde, liv. III, p. 79, contient un jeu de mots sur le nom de Palinure,
dont on va comprendre le sel.
Minxisti carrente semel , Panlline, carinà ;
Meiere vis iterum, jam Palinnrus eris.
La postérité, je pense, n'anfoit pas regreté la perte d'un pareil disti-
que, (n. K.)
NOTES.
443
XXIV.
Rupis. Page 249, ligne 31.
Des combats où des Iwmmes tout nuds s'exerçoient à la lutte.
Cette circonstance ne se trouve pas indiquée dans la lettre de Pline, qui se
contente de signaler le danger moral des jeux supprimés dans Vienne par
Rufus : Placuit agona tolli qui mores Yiennensium infecerat , ut noster hic
omnium.
La nudité des hommes, on le voit assez dans Martial, Apulée, Suétone, etc.,
n'étoit pas le seul danger redoutable pour les bonnes mœurs dans les jeux
publics de la Rome impériale, (n. e.)
XXV.
Sentius Augurinus. Page 2S4, ligne 9.
On ne s'accorde pas sur le meilleur texte de cette petite pièce d'Augarinus.
Le quatrième vers peut aussi bien se lire. (J'en demande pardon h Dom
Rivet) :
Unas Plinias est mihi priores.
Le sixième et le septième sont ainsi donnés dans l'édition des Lettres de
Pline de 1829, in-12, 1. 1, p. 274.
Et qnxrit qaod âmes , patatqne amari ;
lUe , o Plinias ille I Uaid , Catones !
Mais ici la leçon de D. Rivet nous semble bien préférable et dans tous les
cas plus latine.
XXVI.
Flords. Pages 255-265.
Outre les éditions de l'abrégé de cet historien, que nous avons déjà mar- ^,j,|io«e exini-
quées, ' le catalogue cité plus haut nous en fournit encore quelques autres, \iusi. imign. \'t
Il y en eut une à Trevise en Italie , chez Jean de Verseil, en 1485, en un vol. ^m!''îL Haye'
L 1 1 ij iTsa' t. i. p 76!
444 NOTES.
in-/b/io, dans lequel on a joint Tite-Live h Florus.Ces deux Historiens furent
réimprimés ensemble à Paris, chez Josse Bade, l'an 1320, en môme volume,
avec les notes de Sabellicus et de Bade. En 153:), Florus fut encore mis sous
la presse à Paris, chez Vascosan, en un volume in-4°, où se trouvent réunis
Sextus Rufus et Messala Corvinus. Florus, dans cette édition, est enrichi des
notes de Jean Camers. On le trouve aussi dans l'édition de Tite-Live, in-/b/io,
faite à Paris en 1573. C. A. Rupert fit des observations sur Florus, qui furent
imprimées, en 1659, à Nuremberg, in-8". Il y a encore quelques autres édi-
tions du même historien qui nous ont échappé. Telle est celle qui parut à
Venise en 1696, in-S", avec les notes de De Pont; telle est aussi celle de
Leipsick, en 1704, avec les observations de Juncker, in-8°. On nous avertit
que dès 1519 il y en eut une à Venise, en même volume, oîi l'on a joint Tite-
Live ; mais nous ne la trouvons point ailleurs. I^a traduction de Florus en
notre langue dont nous avons parlé, comme attribuée à M. Philippe de France,
duc d'Orléans, frère unique du Roi, est, dit-on, l'ouvrage de M. l'abbé Le Vayer,
dont nous avons observé qu'étoient la chronologie et les remarques. Il y en a
une édition faite îi Lyon, dont on ignore la date. (Dom Rivet, t. Il, 1733.
Avertiss., p. XV.)
— Lorsque D. Rivet a rendu compte, p. 263, des traductions faites en notre
langue, de l'abrégé de l'Histoire Romaine de Lucius Annseus Julius Florus, il
n'a pas manqué de faire connoltre celle qu'on donne à Philippe de France, duc
d'Orléans, frère unique de Louis le Grand. Mais il s'est glissé une fauté con-
sidérable sur l'année que cette traduction a parue. Il est dit que ce fut en
1661, au lieu qu'il falloit mettre 1636. C'est là sa véritable époque, telle
qu'elle est marquée dans la bibliothèque de Colbert, conformément à l'im-
primé, dont nous avons vu un exemplaire dans la bibliothèque de Beaulieu,
près le Mans, sous ce titre : Epitome de l'Histoire Romaine fait en quatre
livres, par Lucius Annœus Florus, et mise en français sur les traductitms
de Monsieur frère unique du Roi, à Paris, chez Augustin Courbé, 1656, in-8°.
Cette traduction est suivie de la table chronologique de Florus et des remar-
ques sur la traduction, qui sont de M. de la Mothe Le Vayer, fils unique du
précepteur de ce prince. Le texte original est imprimé d'un côté et la traduc-
tion de l'autre. (D.D. Poncet, Colomb et Ci.eme>cet, Tome X, iloQ, Additions
et corr.,p. IX.)
— Les principales éditions faites depuis le travail de nos Bénédictins sont :
Florus et Lucius Ampelius, cum integris Salmasii, Freinshemii, Grœvii
et selectis aliorum animadversion ibus, recensuit, suasque adnotationes ad-
didit Car. And. Dukerus, Lugd. Batav., 174 i, in-S". Bonne édition, qui toute-
fois n'est guères que la reproduction de celle que le même éditeur avoit don-
née en 1718. — Nouvelle édition plus ample, Leipsig, Koeler, 1832, 2 vol.
in-8».
Florus, ex recensione Graivij, cum animadversationibus ejusdem , accessit
pneter Ampelium libellumque varianun lectionum prsefatio, F. J. Fischcri,
Lipsiae, Fritch, 1760, in-8».
L'édition in-18 de la collection du Prince Régent, Londres, 1818.— L'autre
NOTES. 445
édition de la nouvelle collection du Régent, in-K", 2 vol., Londres, Valpy,
1822. — L'édition de la collection Lemaire, Paris, Jules Didot, 1827, in-8».
Diverses traductions françoises doivent être ajoutées aux listes précédentes.
Celle de l'abbé Paul, Paris, Barbou, 1774, in-12. — Celle de F. Ragon, avec
une notice de M. Villemain, Paris, Panckoucke, 1827, in-8°. — Celle de
M. Ch Du Rozoir, Paris, Belin, 1829, in-8'' ; et enfin celle de Camille Paganel,
Paris, Verdiere, 1833. (N.B.)
XXVII.
Fronton. Pages 282-286.
En 1818, Ângelo Mai, pins tard cardinal et associé étranger de notre Aca-
démie des Inscriptions, découvrit dans un manuscrit, sous les actes du concile
de Chalcedeine, les vestiges d'autres caractères qui présentoient des fragments
considérables et entièrement inédits de Fronton. M. Maî s'empressa de publier
cette découverte sous le titre suivant : Af. Cornelii Frontonis opéra inedita,
cutn epistolis item ineditis Antonii Pu, M. Aurelii, L. Vert et Appiani, nec
non aliorum veterum fragmentis... Adduntur édita seu cognita ejtudem
Frontonis opeia. Mediolani, typisregiis, 1815. 2 parties in-8°.
Les morceaux déjà connus et qu'on retrouve dans cette édition sont : l' les
fragments de cinq chapitres d'Aulu-GelIe, où Fronton prend part à desdiscus-
àons sur les noms des couleurs et sur divers mots grecs ou latins; 2° le
livre De Differentiis verborum, inséré dans la collection des anciens gram-
mairiens; 3» des extraits de Terence, Ciceron, Salluste, Virgile, etc., sous le
litre d'Exempla locutionum, extraits de plusieurs manuscrits attribués à
Volusianns ou Arusianus, et qui sont ici reproduits sur une leçon de la Bi-
bliothèque Ambrosienne, plus correcte que celle qu'on avoit jusqu'à présent
suivie. C'est apparemment l'ouvrage dont parle Dom Rivet sur la foi de Ra-
phaël de Voltere sous le nom i'Elegances de Fronton.
Les fragments découverts par Angelo Maï enlèvent malheureusement tous
les droits que pouvoit avoir l'histoire littéraire de la France sur les ouvrages
de Fronton. Lui-même s'est proclamé originaire de Cyrta, en Numidie, dans
la dernière de ses epîtres adressées aux citoyens de cette ville, qu'il se flatte
d'avoir honoré au moins par les fonctions publiques dont il a été revêtu. Ail-
leurs, dans une lettre grecque adressée à la mère de Marc-Aurele, Fronton
s'excuse d'écrire incorrectement dans cette langue, t Lyblen que je suis, »
dit-il, c je ressemble au philosophe Anacharsis, non en sagesse, mais en bar-
« barie. » R ne reste donc plus le moindre doute sur la patrie de Fronton. Et
quant aux fragments retrouvés et publiés par Angelo Maï, on peut lire
l'excellent compte rendu qu'en a donné M. Daunou, dans le Journal des Sa-
vans, septembre 1816.
3 S
446 NOTES,
XXVIII.
Les premiers Marttrs de Lyoih. Page 288.
Severe Sulpice les compte pour les premiers qui aiml souffert dans les
Gaules.
Je suis obligé de remarquer que Sulpice Severe ne parle nulle part des
martyrs de Lyon, et qu'il se contente de la phrase rappelée précédemment
page 224. Sub Ajtrelio Antonini filio, primum intra Gallias martyria visa,
serius irons Alpes, Dei religione suscepta.
A la page suivante, ligne 6, D. Rivet cite Grégoire de Tours pour établir
que S. Pothin c est reconnu pour le premier evèque de Lyon. » Grégoire de
Tours dit seulement que le premier des martyrs de Lyon fut Pothin, evêque
de Lyon. C'est ainsi que l'a entendu M. Guadet, le dernier traducteur de cet
historien : In Galliis muUi pro Christi nomine sunt martyi-um gemmis cœ-
lestibuscoronati... Ex quitus, et ille primus, Lugdunensis ecclesiœ Pothi-
nus episcopus fuit. . . Beatissimus vero Irenœus hujus successor martyris,qui
a beato Polycarpo ad hanc urbem directiis est, admirabili virtute enituil...
(Lib. I, § 27.) Remarquez cette distinction entre saint Pothin et Irenée, son
successeur. C'est le dernier seulement que saint Polycarpe auroit envoyé
dans les Gaules ; non pas saint Pothin qui s'y trouvoit avant lui. Grégoire de
Tours cité précédemment, page 225, ne dit assurément pas que saint Pothin
fût « venu d'Asie. »
Dom Rivet, page 290, pense que les lettres des martyrs de Lyon adressées
au pape étoient écrites en grec, comme celles que reçurent les Églises d'Asie
et de Phrygic. Celle présomption ne semble fondée sur aucun témoignage
historique et n'est réellement pas vraisemblable. On conçoit (sans en avoir la
certitude) que les relations envoyées aux églises de l'empire grec fussent
écrites en grec; on ne devine pas pourquoi le clergé de Lyon, écrivant au
Pape, n'auroit pas écrit dans la seule langue que l'on parlât à Rome et qu'as-
surément ce clci^é connoissoit et parloit lui-môme. Ces efforts persistans de
rattacher aux seuls confesseurs grecs la conversion des Gaulois de la Lyon-
noise entraînent malgré lui notre auteur au delà de la critique severe qui loi
est ordinaire.
Page 294. — La défense encore observée par les Chrétiens de manger de
la chair des animaux, est en effet justifiée par ces paroles de Sainte Blandine
aux bourreaux, paroles qui rappellent les odieuses accusations faites aux
chrétiens : « Vous errez grandement povres gens, pensant que ceux mangent
« les entrailles des enfans, qui ne mangent pas tant seulement de la chair
« des Lestes brutes. » (Euseb., liv. x, § 1, traduct. de Cl. de Seyssel.)
NOTES. 447
Je réanis ici tout ce que j'entends repondre à la thèse soutenue par dom
Rivet et par tous ceux qui cherchent le fondement de ce qu'on appelle les li-
bertés de l'Église Gallicane dans l'origine asiatique de la prédication Evan-
gelique en Gaule :
A la page 293, à propos du Premier Concile de Lyon, dom Rivet pense que
l'existence d'un Concile antérieur, présidé par Saint Irenée, n'estjustifiée que
par le Synodique, livre de peu « d'autorité. » Elle est mieux justifiée encore
par Euscbe, qui donne la substance d'une lettre de Saint Irenée : € Irenée, »
dit-il, c dans la lettre qu'il écrit au nom de ses frères, dont il présidait la
€ réuninn , etc. » Et le père Sirmond, un des champions les plus ardents
des origines asiatiques, ne met pas môme en doute ce premier concile. « Je
a sais, > dit-il, c qu'il y eut dans les Gaules des conciles antérieurs an
« siècle de Constantin. Le premier, qui condamna les hérésies de Valentin et
€ de Marcibn, se composa suivant la tradition de dau%e évêques; treize assis-
« tèrent au second qui décréta que la fête de Pâques devoit être célébrée le
« dimanche. » Des reunions de douze et treize évêques présidées par l'un d'en-
tre eux, n'est-ce pas des conciles de la nature de tous les premiers conciles?
Et si dès l'année 190, S. Irenée put réunir treize évêques, admettra-t-on que ces
évêques fussent tous venus d'Orient, et que les villes de Lyon et de Vienne
fussent les seules chez qui la lumière de l'Evangile fût encore parvenue ?
Ce qu'on doit encore remarquer, c'est que le premier acte public de cette
réunion d'évêques, institués sous l'inducnce prétendue de l'Eglise d'Orient,
est de s'écarter de la tradition suivie en Orient, sur le jour où l'on devoit cé-
lébrer la fête de Pâques.
Enfin, on peut assurément tirer l'induction de la prédication de la foi non-
velle dans les Gaules, à une époque plus rapprochée des Apôtres, dans ce pas-
sage cité par D. Rivet, p. 344, de la quatrième lettre de saint Irenée : « De
notre temps encore, y dit-il, il ya des contrées barbares, telles que l'Espagne,
la Germanie, qui se c<>nservcnt dans la pureté de la foi qu'elles ont reçue des
apôtres, et sans le secours d'aucune écriture. » Et dans le livre Contra H<z-
reses, l. i, § 10 : Et si in mundo loquelœ dissimiles sunt, virtus traditionix
una et eadem est. Et neque aliter credunt quœ in Germania sunt fundatat
ecclesiœ, neque quœ in Iberis, neque quœ in Celtis sunt. A qui fera-t-on
croire que la Gaule seule eût échappé pendant près de deux siècles à ces
traditions , à ces prédications qui se faisoient en Espagne, en Germanie et in
Celtis ? (n. e.)
XXIX.
SAnrr Irenée. Pages 335 et 336.
On pourroit, il me semble, tirer de la demande d'Ethere de Lyon, à Saint
Grégoire une conséquence conti-aire. Ethere assurément n'eiît pas été capable
448 NOTES.
de lire un livre grec ; s'il recherche donc les œuvres de Saint Irenée, c'est
parce qu'il les croyoit écrites en latin; et l'on en doit conclure que la traduc-
tion latine (si toutefois l'original étoitgrec) étoit antérieure au vi* siècle. Voici
d'autres motifs de penser que Saint Irenée dut écrire ses livres en latin. A
qui les destinoit-il î Aux chrétiens des Gaules d'abord, à ceux de Rome en-
suite. Or la langue assurément la plus répandue, sinon, comme je penche à le
croire, la seule usitée de son temps en Gaule et en Italie, étoit la langue la-
tine. La barbarie grammaticale de ces livres ne doit pas surprendre chez un
Grec d'origine ; mais ce Grec parloit assurément et pouvoit écrire en latin.
Comment auroit-il alors, voulant écrire pour l'instruction des fidèles, préféré
la langue qu'on parloit si peu, si toutefois on la parloit, dans les pays dont il
avoit la direction spirituelle t L'argument des citations latines de ces ouvra-
ges par Saint Augustin, Saint Cyprien et Tertulien, a d'ailleurs plus de force
que ne veut leur en reconnoitre Dom Rivet, (n. e.)
XXX.
Ibid. Pages 3SU, ligne 38.
La bonne édition des œuvres de Saint Irenée, due à Don Massuet , fut suivie,
en 1734 d'une seconde, en deux volumes in-^, dans lesquels furent ajout(is
les fragments retrouvés par Pfaff. La critique la plus violente que l'on ait
faite du travail de Dom Massuet parut in-4° à Leipsig, en 1721, sous le titre :
Sal. Deylingii IrenœusàRen. Massuetipravis explicationibus vindicatus. On
l'a reimprimée plusieurs fois. (n. e.)
XXXI.
Saint Hippolyte. Page 400.
Ce saint martyr a fait un traité de l'Antéchrist, dont notre prédécesseur a
parlé, page 366; mais il a oublié une traduction françoise de ce traité, faite
sur le grec sous ce titre : « Vrai discours du règne de l'Antéchrist, de la
< consommation du monde, des misères et calamités qui adviendront aux
t derniers temps, et du second avènement de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
« traduit du grec de Saint Hippolyte, par L. N. C. Robert Coulombet, 1579.»
Le traducteur a mis à la tête un court avertissement dans lequel il dit :
« qu'il lui a semblé bon et expédient de faire voir de rechef cet ouvrage au
( public, > (ce qui suppose au moins une édition précédente) « demandé par
€ plusieurs personnes, et en particulier par les dames religieuses de Chelles,
« qui avoient intéressé pour cet effet leur procureur et receveur qui étoit son
NOTES. 449
t ami. » (DD. Poncet, Colomb, Clemenckt et Clément. T. XI, 1759. \vert.,
p.m.)
— Depuis l'édition des œuvres de Saint HipQpIyte donnée par Fabricius en
1716-1718, elles n'ont été réimprimées qu'une fois, en 1766, à Venise, par
André Gallandi, dans la Bibliothèque des Pères, t. II, p. 409, 530, avec des
prolégomènes, p. XLIV-XLIX. En 176i, C. Chr. Woog avoit publié à Leip-
sig, in-4*, un fragment des Scholies d'Hippolyte sur les Proverbes, ix, 1-3.
Plus récemment, en 1825, M. Mai a donné aussi des fra^ents du même ou-
vrage, dans sa nouvelle collection, in-4°, d'écrivains anciens d'après les ma-
nuscrits du Vatican, t. i, seconde partie, p. 223.
Plusieurs écrits de Saint Hippolyte et des Pères de l'Église qui suivent,
comme Lactance, Saint Hiliiire, etc., font partie dfrla ColleclioS. S. Ecdesice
Patrutn, publiée à Paris depuis 182S en latin seulement, dont il a déjà paru
plus de cent volumes in-8% et qu'il suffit d'indiquer une fois. Ce Père n'a
qu'une très courte Notice dans la Bibliothèque choisie des Pères de l'Eglise
grecque et latine, par M. l'abbé Guillon, Paris, 1824-1829, 26 vol. in-8»;
mais la plupart des autres y sont traduits en abrégé.
Parmi les écrivains qui s'étoient occupés de Saint Hippolyte, et qui étoient
déjà fort nombreux en 1759, nos prédécesseurs ont oublié Christophe Aug.
Heumann, auteur d'une dissertation publiée à Gottingenenl737, 10-4». Vbi,
et qualis episcopus fuerit S. Ilippolytus. Il faudroil y joindre aujourd'hui :
Ehr. Andr. Fraumann, Interpretaliones Novi Testamenti ex Hippolyto col-
lectœ; Cobourg, 1763, in-4».; De Magistris, Ada martyrumad ostia Tibe-
rina, Rome, 1795, in-f . Em. Jul. Kimmel, De Hippolyti vita et scriptis,
lena, 1839, in-8"'; M. Greppo, correspondant de l'Académie des Inscriptions, •
Notes historiques, biographiques, archéologiques et littéraires concernant les
premiers siècles chrétiens, Lyon, 1841, in-8°, p.- 167-186.
La statue de Saint Hippolyte, placée au Vatican vis-à-vis celle du rhéteur
Aristide, est fort célèbre. Winckelmann, qui en dit quelques mots dans
l'Histoire de l'Art, éd. de Rome. t. u, p. 404, est un de ceux qui la croient
du temps d'Alexandre Sévère. Un habile archéologue, notre confrère,
M. Raoul-Rochette, nous communique la note suivante sur ce monument
d'antiquité chrétienne : « La statue de Saint Hippolyte, qui se voit dans la
« bibliothèque du Vatican, et qui a été publiée plusieurs fois, en dernier
« lieu par M. d'Agincourt, dans l'Histoire de l'art par les monuments, —
« Sculpture, pi. UI, n» 1, éditien italienne, parolt bien réellement un ouvrage
« du m' siècle, quoique, sous le rapport de l'exécution, par la roideur de son
€ attitude et par le style de la draperie, elle soit inférieure aux sculptures ro-
« maines de ce temps, et qu'elle annonce une décadence plus prononcée,
e C'est ainsi qu'en a jugé d'Agincourt, dont l'opinion me paroît très-juste.
« Winckelmann, qui cite cette statue dans son Histoire de l'Art, 1. xii, c. 2,
« § 25 (t. III, p. 905, éd. de Prato), la regardoit comme le plus ancien ouvrage
€ de sculpture chrétienne, en ronde bosse, qui fût venu jusqu'à nous, et, à cet
« égard, il pouvoit avoir raison ; mais, du reste, il n'avoit pas examiné ce mar-
M m m
450 NOTES.
« bre avecbeanconp d'attention, puisqu'il ne parle pas dé la tête, qui est mo
« depne. Sur ce point, il ne sauroit y avoir de diflBculté. G. Fea, le savant com-
« mentateur de Winckelraann, le déclare positivement; M. d'Agincourt est du
« môme avis, et c'est l'opinion que j'ai moi-même exprimée dans mon Discours
« sur les types imitatifs de l'art du christianisme, p. 8S, 2, sans qu'il se soit
« élevé, que je sache, la moindre contradiction. Il y a longtemps, d'ailleurs,
« que Vignoli a donné tous les renseignements qui concernent cette statue, la
« découverte qui en fut faite en 1551, près de Saint-Laurent-hors-des-Murs, sur
« la route de Tivoli et la dénomination qu'elle porte encore, non moins
« certaine que l'anliquilé de ce monument et sa véritable valeur, comme sculp-
« ture chrétienne du iii« siècle de noire ère. » (Vict. Le Clerc, réimpression
du tome XI, 1841. Note des nouveaux éditeurs, p. 2. 3.)
XXXII.
Faustin. Page 405, Note.
Voilà bien prise sur le fait la critique passionnée de Lannoy. La soixante-
septième lettre de saint Cypricn atteste l'antiquité de l'église d'Arles, et
prouve qu'il ne faut pas ajouter foi au célèbre passage de Grégoire de Tours,
qui semble rapporter seulement au milieu du m* siècle l'épiscopat de Saint
Trophime ; que fait Lannoy î il déclare la lettre supposée. Dom Rivet montre
ici plus de loyauté, plus de critique : il fait même un grand aveu, c'est que
l'autorité de Grégoire de Tours « n'en étoit pas une légitime. » Mais toutefois
le passage de la lettre de saint Cyprien : Facere et te opoi-tet plenissimas lite-
ras ad coepiscopos nostros in GalUa conslitutos, prouve que le christia-
nisme étoit alors en plein exercice dans les Gaules, ce qui contredit mieux
encore le passage isolé de Grégoire de Tours, (n. e.)
XXXIII.
Saint Martial. Pages 406-409.
On peut, à l'occasion de cette notice, consulter le livre remarquable de
l'abbé d'Arbelot : Dissertation sur l'apostolat de saint Martial, Paris, V. Di-
dron, 1855, 8°. Pour contrôler le sentiment de dom Rivet, M. d'Arbelot, entre
autres témoignages de la tradition bien antérieure au ix' siècle, qui fait
de Saint Martial un juif disciple soit des apôtres, soit de Jésus-Christ même,
allègue des vers de Fortunat qui auroicnt pu trouver place dans cet endroit
de l'Histoire littéraire. Ces vers qu'on a reconnus dans un manuscrit du viii*
NOTES.
151
au IX* siècle, du couvent de la Minerve à Rome, avoient d'abord été imprimés
en 1782 d'après un autre manuscrit du xii" siècle de la Bibliothèque Lauren-
lienne, avec le nom de Fortunat, dont ils rappellent d'ailleurs parfaitement
le style maniéré :
Qupnli sit meriti praeclarus aposlolus isie
Dicere vcl prosa vel pulcliri carmino metri . . .
Tullius atque Maro vcniant : sit lingua faccta
Versibns aat cnrrens, ant prosae mella relcxens,
Non tua, sancte pater, potorunt dopromcro gcsta.
Tcllar te romana , quibus te gallica lollus
Post Petram recolunt juniorem, parte seconda,
Cnm Peiro recoinnt aequalem sorte ]>riori.
Benjamila trilios te gessil sanguine claro,
Urbs te nnnc retinet Lcmovica corporo sancto.
Voilà donc un témoignage plus ancien môme que Grégoire de Tours pour
faire du premier évêque de Limoges un juif de race et un collègue de Saint
Pierre.
Quant aux lettres imprimées dans le xvi» siècle sons le nom de Saint Mar-
tial, y a longtemps que tous, catholiques, gallicans ou uitramontains , en
avoient reconnu la grossière supposition. Il étoil peut-être inutile d'en faire
le fonds de toute la notice consacrée à Saint Martial, (n. e.]
XXXIV.
Saint Eugène. Page 416.
Dom Rivet a toute raison de ne pas attribuer à Saint Eugène martyr,
l'hymne en l'honneur de Saint Denis aréopagite ; mais il a tort de se contenter
de l'opinion de Launoy pour regarder cette hymne comme une pièce supposée.
Plusieurs manuscrits du viii' ou du ix' siècle s'accordent à l'attribuer à un
Eugène, sans doute Eugène III, évoque de Tolède au vu" siècle. MM. Darras
et d'Arbclot ont rompu de bonnes lances en faveur de cette attribution qui
ne peut plus guère être contestée, et qui prouve une fois de plus que la tradition
qui confond l'èvëque de Paris Denis avec DeuLs l'arèopagite remonte au delà
du IX' siècle, (n. e.)
XXXV.
Claude Mamertin, pages 417-423.
A.UX différentes éditions des anciens panégyristes de l'Empire, dont nous
faisons le dénombrement à l'article de Claude Mamertin, il faut joindre la sui-
452 NOTES.
vante, que nous avons oubliée. En dernier lieu, M. Lau. Patacol, Vénitien, a
publié une nouvelle édition des mêmes harangues, qu'il a accompagnées d'une
traduction italienne, et enrichies de notes historiques et de médailles, sur le
modèle, ou à l'imitation de celles du P. de la Baune. Cette dernière édition
a paru à Venise, chez Pizzàna, l'an 1708, en un volume in-S".
L'observation suivante n'a pas autant de fondement que celle qui précède.
On observe que le catalogue imprimé de 1708 de la BibUothèque des Augus-
tins de Home, ne fait nulle mention de l'édition des anciens panégyriques,
dont nous parlons à la page 421, comme faite à Bruges en 1486, et se trou-
vant dans cette bibliothèque. Ce n'est point sur la foi de ce catalogue que
nous indiquons cette édition, mais sur les mémoires d'un ami qui assure en
avoir vu un exemplaire dans la bibliothèque même. (D. Rivet, t. ii, 1733,
Avertiss., p. xv-xvi.)
— A toutes les différentes éditions des Panégyriques, ou harangues faites aux
Empereurs, dont nous avons fait l'énumération, tant aux pages 421-423 de la
première partie de notre premier volume qu'aux xv et xvi de l'Avertissement
à la tête du second, il faut en ajouter encore une autre. Elle fut faite au Mans
chez Jérôme OUvier en 1653, pour l'usage du collège de l'Oratoire de la
même ville. Cette édition est in-12° et ornée de notes choisies; mais elle ne
comprend que les panégyriques de Pline, de Pacatus Drepanius, les deux de
Mamertin et ceux d'AusoNE. Il est surprenant qu'en si peu de temps les
exemplaires en soient devenus d'une rareté extrême, dans la ville même où
elle a été faite. (D. Rivet, Tom. V, 1740. Avertiss., p. i.)
— En mentionnant la première édition des Panégyristes, due à François Pu-
téolanus t qui a fait aussi imprimer la satyre de Pétrone, » Dom Rivet entend
dire que les fragments alors connus de Pétrone et la Yita Agricolœ de Tacite
faisoient partie du même volume. Elle passe pour avoir été imprimée à Mi-
lan vers 1482, suivant M. Bninet dont l'article est fort loin de rendre inu-
tile la notice biographique de D. Rivet.
D'autres éditions des Panégyriques parues depuis nos volumes de l'Histoire
Littéraire méTïlent d'être signalées: l»celle de Nuremberg, 1778, 2vol. in-8»
offrant la récension des remarques de Wolfg. Jeager, à laquelle il faut
joindre un Appendix observationum, pubUé en 1790, dans la même ville ;
2* la grande édition de Henry Arntzenius, cum notis et animadversionibus
virorum eruditorum. Traject. ad Rhen, Wildet Alter, 1790-1797, 2 vol. gr.
in-4°; 3» celle de Londres, Valpy, 1828, 4 parties en 5 vol. in-8''.
On doit un essai de traduction des Panégyristes à l'abbé Coupé, sous le
litre de Spicilege de littérature ancienne et moderne. Tomes 1 et 2, Paris,'
1802, in-S". (n. e.)
FIN DES NOTES.
Pams. — Imprimerie Padl Dopont, rue de Grenelle-Stwnt-Uonoré, 45.
I
HISTOIRE
LlTERÀinE
DE LA FRANCE
TOME I. PARTIE II.
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
OU L'ON TRAITE
DE L'ORIGINE ET DU PROGRÈS, DE LA DÉCADENCE
et du rétablissement des Sciences parmi les Gaulois et parmi les François
Du goût et du génie des uns et des autres pour les Letres en chaque siècle
De leurs anciennes Ecoles ; De rétablissement des Universités en France
Des principaux Collèges ; Des Académies des Sciences et des Belles Letres
Des meilleures Bibliothèques anciennes et modernes; Des plus célèbres
Imprimeries ; et de tout ce qui a un rapport particulier à la Literature.
AVKC.
Ije% Eloges historiques des Gaulois et des François qui s'y sont fait quelque réputation ,
Le Catalogue et la Chronologie de leurs Ecrits ; Des llemarques historiques et
critiques sur les principaux Ouvrages ; Le dénombrement des différentes Editions :
Le tout justifié par les citations des Auteurs originaux.
Pah des Religieux Bénédictins de la Congrégation de S. Maijr.
TOME \. PARTIE IL
Qui comprend le quatrième Siècle de l'Eglise.
NOUVELLE ÉDITION, ENTiftRKMENI i.ONFORME » LA PRÉCÉDB^ITI'
Par M. PAULIN PARIS, Membre de l'Institut.
'^ — nno ■ I —
A PARIS.
[.ibrairie de VICTOR PALMÉ, 22, rue Saint - Sulpice.
M. DCCC LXV
KRAUS REPRINT
Nendeln/Lieditenstein
1973
Réimpression avec L'accord de
L'Académie des Iriscriptions et Belles -Lettres, Paris
KRAUS REPR'NT
A Division of
KRAUS-THOMSON ORGANIZATION LIMITED
Ncndeln/Liedilensfein
1973
Printed in Germany
Lessingdruckerei Wiesbaden
AVERTISSEMENT
SUR
CETTE NOUVELLE ÉDITION.
Ceux qui dans les temps modernes ont étudié les temps pas-
sés, ont été beaucoup plus occupés des faits que des idées. Le
mouvement intellectuel, ou, pour parler plus nettement, l'his-
toire littéraire, tient dans leurs livres trop peu de place. Tout en
promettant de passer en revue tous les faits importans de nos
annales, on accorde avec peine quelques chapitres superficiels
et de seconde main à l'examen et à la revue de l'état des sciences,
des arts et des lettres. C'est assurément un oubli que nous ne
saurions trop regretter dans les études historiaues, même les
plus estimables de notre temps. La vie, les écrits de Grégoire
de Tours, d'Eginhard, de samt Bernard ou de saint Anselme,
de Chrestien de Troyes, d'Alain Chartier ou de Philippe de Me-
zieres, nous intéresseroient pour le moins autant que la vie et
les actes de Clovis II, des Childeric et de tant d'autres rois qui
n'ont pas eu la moindre influence sur l'esprit, les mœurs et les
tendances de leur siècle. Les productions de l'art et de la litté-
rature ne sont-ils pas le flambeau naturel des événemens et de
la révolution lente ou rapide des sociétés ? Comment apprécier
1 *
— 2 —
avec la moindre justesse h physionomie du xf siècle, si l'on
n'a pas lu les chansons de geste, étudié la poésie provençale et re-
connu l'origine essentiellemei)t françoise (comme vient de l'éta-
blir avec tant de sûreté M. \ iollet-le-Duc) de l'architecture
chrétienne? Notre-Dame de Paris, la Sainte-Chapelle, l'ancien
Palais de Justice et le château de Vincennes ne répandent-ils
pas un précieux jour sur les règnes de Philippe-Auguste, de
saint Louis, de Philippe le Bel et de Charles V? Les œuvres
de l'art et de la littérature sont donc une parlie nécessaire, in-
dispensable, de l'histoire proprement dite. Afens agitât molem:
telle est l'influence de l'expression des idées sur l'enchaîne-
ment des faits.
Il y a deux manières de comprendre et d'écrire l'histoire lit-
téraire. Les uns ne consultent, en se vouant à cette œuvre, que
leur imagination, leur fanlaisie; les autres, mieux inspirés, à
notre avis, l'enlroprennent sans aucun parti pris : bien décidés
.seulement à faire exactement connoîtrc; les écrivains tels qu'ils
ont été, et les éciits .sous leur véritable caractère. Ils rédigent
après être remontés aux .sources; ils n'acceptent gratuitement
aucun des jugemens portés avant eux; ils interrogent les
manuscrits, secouent la poussière des livres les plus oubliés, et
s'ils découvrent des I résors inattendus, s'appliquent à les offrir
dans le jour qui leur convient le mieux. Ils poursuivent la
chasse de ce que le lemps n'a pas enseveli dans un irréparable
oubli; le nom des auteurs, l'époque des travaux, l'intérêt qui
s'est attaché ou peut s'attacher encore aux questions traitées;
la valeur littéraire, philosophique ou morale de chaque ouvrage,
ils n'entendent rien dédaigner de ce que l'on peut ressaisir;
rien ne les rebute, ils lisent tout, ils disent tout. Telle fut
rœu\Te de Dom Rivet, des religieux qu'il as.socia à la compo-
sition de ['Histoire littéraire de la France, et de ceux qui
la continuèrent après sa mort.
Le plan de Y Histoire littéraire est simple et facile à saisir.
L'ordn^ chronologique est la ba.sc du monument. Les siècles
sont étudiés l'un après l'anlre, tels qu'ils ont été d'abord dans la
(iaule païenne, puisdans la France chrétienne. Avant de passera
l'analyse approfondie des productions, le résumé de l'influence
littéraire de chaque siècle est pré.senté dans un discours sur
l'étal des Lettres et des Arts : excellente méthode qui permet
— ;^ —
de comprendre IVripril général dont furent animées les généra-
tions successives, sans avoir besoin d'en suivre les preuves
dans tout leur détail. Pour bien connoîlre une grande ville, il
faut longtemps se perdre dans le dédale de toutes ses rues;
mais pour résumer l'impression qu'on doit en garder, il faut
planer au-dessus d'elle. La'plupart de ces Discours sur l'état
des lettres et des Arts sont autant de chefs-d'œuvre auxquels
la critique moderne peut ajouter sans doute, mais ne sauroit
trouver à retrancher. Leur réunion mériteroit déjà les hon-
neurs de la réimpression (jue nous nous proposons d'accorder
à l'ouvrage entier dont ils forment la belle et judicieuse intro-
duction.
Dans les notices biographiques et analytiques consacrées à
chacun de nos auteurs françois, les Bénédictins ont jugé con-
venable de donner à la France ses frontières naturelles, le
Rhin, les Pyrénées, l'Océan et la Méditerranée. Les Gaules
Rhénane, Belge et Cisalpine ont été de leur domaine, et les
écrivains de la (Jermanie, de l'Italie septentrionale et des Pays-
Bas ont dû, plus d'une fois, à ce large plan d'être tirés de
l'oubli huit à dix fois séculaire qui les recouvroit et qui, sans
Dom Rivet, les auroit peut-être à jamais engloutis. Unconnoîtla
sévérité de la critique bénédictine : elle n'a jamais éclaté mieux
que dans cette belle œuvre. Le style, ordinairement simple et
naturel, s'anime dans la discussion des témoignages et la com-
paraison des jugemens. Mais ce qui doit être aujourd'hui pour
nous un sujet de surprise et d'admiration, ces grands, pieux,
savans et modestes contemporains de Voltaire et de l'école
encyclopédique, école qui desséchoit autour d'elle tous les
rameaux de l'histoire et de l'archéologie nationales, semblent
ne pas soupçonner l'existence et ne pas subir la moindre
influence de ces noms fameux et retentissans qui alloient, quel-
aues années plus tard, conduire la France à la transformation
de tous les élémens de son ancienne constitution politique,
morale et religieuse. Nos Bénédictins n'auroient pas autrement
écrit, jugé et pensé, s'ils avoient appartenu à la génération des
Sirmond, des Du Gange, des Baluze et des Mabillon. Cet éloi-
gnement, je dirois volontiers cette ignorance du mouvement et
des tendances de leur siècle, devoit grandement nuire au succès
et à la juste appréciation de leurs ouvrage; s'ils avoient alors
obtenu de leurs contemporains un plus juste tribut d'éloges et
— i —
d'admiration, on peut assurer qu'ils ne le niériteroient plus et
qu'ils ne l'obtiendroient pas aujourd'hui : tant il est vrai (ju'il
faut parfois nous défendre de régler notre pas sur celui du
siècle où nous vivons. Comment auroit-on rendu pleine justice à
la grande entreprise de nos Bénédictins, quand Voltaire et les
encyclopédistes déclaroient nettement qu'il n'y avoit rien à
retenir, rien à louer, rien à recommander en France avant le
règne de Heni IV? que nous n'avions pas un seul écrivain digne
de mémoire avant Malherbe, et que le véritable patriotisme datoit
de l'ère despotiquef du cardinal de Richelieu? C'est avec peine
encore que nous échappons au poids séculaire de ces préven-
tions; mais enfin chaque jour nous en affranchit davantage, si
bien que le moment nous a paru favorable pour remettre en
lumière cette Histoire littéraire de la Frafice, assurément
un des plus glorieux monumens de la critique françoise.
L'ouvrage, disons -nous, avoit obtenu peu de succès en
France : il avoit été mieux accueilli dans les pays étrangers, et
voilà comment les exemplair-^s en sont devenus de la plus
extrême rareté. On peut attribuer à la difficulté de les consulter
le peu de profit qu en ont su tirer jusqu'à présent les auteurs
de nos grands Dictionnaires historiques et de nos Biographies
dites universelles. Ce trésor d'érudition patiente et de saine cri-
tique demeure encore aujourd'hui caché, je ne dis pas seule-
ment aux gens du monde, mais même à la plupart de nos
écrivains les plus sérieux, les plus considérables. Une seconde
édition devra donc produire un effet plus général et plus utile
que n'avoitfait la première. Car nous n'avons plus aujourd'hui,
grâce à Dieu, cette ardeur fébrile qui poussoit le xvni" siècle
à la recherche de voies entièrement nouvelles, et lui faisoit
regarder avec impatience tout ce qui l'obligeoit à rejeter les
yeux sur un passé qui pouvoit ralentir son enthousiasme.
Nous avons entièrement perdu cet entraînement; nous
consentons à reprendre l'étude du passé avec des préventions
moins défavorables. Nous admettons que le moyen âge eut son
art et ses artistes, sa philosophie , sa littérature, .ses grands pro-
sateurs et ses grands poètes ; autant de concessions qui auroient
assurément fait sourire de pitié la critique philosophique du
XVIII* siècle. Depuis les travaux des Guizot et des Monta-
lembert, des Raynouard , des Victor Le Clerc , des Léopold
Delille et des Du Merii ; des VioUet-le-Duc et des de Laborde, on
— s —
conviendra que nous avons une tout autre façon d'apprécier la
littérature et l'art des prédécesseurs de Villon et de Philibert
de Lorme.
V Histoire littéraire de la France comprend en ce moment
vingt-trois volumes in-4", et s'arrête au xiv* siècle. Les douze
premiers volumes sont l'œuvre des Religieux bénédictins de
la Congrégation de Saint-Maur, les autres ont été composés par
une commission de quatre écrivains choisis dans le sein de 1 A-
cadémie des Inscriptions. Cette commission, plus d'une fois re-
nouvelée , en raison des vides que la mort ne cesse de creuser
autour de nous, a réuni les noms de Dom Brial , Daunou, Pas-
toret, Ginguené, Eméric David, AraauryDuval, Petit-Radel,
Fauriel, Lajard, Paulin Paris, Victor Leclerc, Emile Littré,
Ernest Renan.
Les volumes ainsi publiés sous les auspices de l'Académie
des Inscriptions ne sont pas encore devenus rares ; malgré leur
valeur incontestable et généralement reconnue, la difficulté de
réunir les douze volumes des Bénédictins a singulièrement nui
à la vente de ceux qui les continuoient. Ces nouveaux volumes
sont d'ailleurs la propriété de l'Académie, et tant que la pre-
mière édition n'en sera pas épuisée , nous nous garderons de
solliciter la permission d'en publier une seconde.
Notre édition de l'oeuvre des Bénédictins rappellera tres-
exaclemenl la disposition et même la pagination de la pre-
mière. Préfaces, Avertissemens, Discours sur l'état des Lettres,
Tables des notices , Tables des matières , Tables des citations ,
Notes et Manchettes marginales ; même orthographe , même
nombre de pages formées du même nombre de lignes, et, autant
que possible, même aspect de papier et de caractères , voilà ce
qu'on retrouvera dans les deux éditions ; car nous nous sommes
préoccupés du soin de remplacer exactement chacun des vo-
lumes que nous réimprimions, de façon à ce qu'on ne pût
trouver aucun avantage dans la première sur la seconde, et que
les citations indiquées dans les ouvrages où l'on a mïsV Histoi?'e
littéraire à profit pussent être vérifiées avec la même facilité
— « —
dans la nouvelle édition et dans la précédente. Les seuls chan-
f;emens que nous ferons ne seront pas de nature à troubler
'uniformité de la disposition générale et de l'ancienne pagina-
tion. Ils se rapporteront aux points suivans :
1* Les Bénédictins avoient placé des Errata^ ou fautes à
corriger et additions à faire, sur les derniers feuillets de cha-
cun de leurs volumes. Ces conections sont toutes fort courtes ;
elles pourront donc être remplacées dans le corps du texte, pour
le plus grand avantage des lecteurs.
2" Nos auteurs, toujours désireux d'améliorer leur ouvrage,
ont fait suivre ou précéder chaque volume, à partir du second,
d'additions et corrections plus développées que celles des errata;
souvent même ils sont revenus à plusieurs reprises et dans plu-
sieurs volumes sur certains passages d'un précédent volume.
Nous avons cru pouvoir réunir toutes les additions et correc-
tions de ce genre disséminées dans tout l'ouvrage. Gomme ces
additions ou ne sont pas paginées, ou bien ont une pagination
particulière , leur réunion à la fin du volume auquel elles se
rapportent ne pourra rien changer à la disposition générale de
ce volume.
3° A ces additions , nous réunirons les observations que le
texte de l'ouvrage nous aura suggérées. Nous aurons grand soin
de les marquer d'un signe qui les fera aisément distinguer de
l'œuvre originale. "
Le nouvel éditeur, membre depuis vingt-cinq ans de la com-
mission académique chargée de continuer Y Histoire littéraire
de la France, ne s'est pas proposé de modifier ou de soumettre
à un examen rigoureux la grande œuvre des Bénédictins. La
tâche eût été certainement au-dessus de ses forces. Il s'est enga-
gé seulement à revoiries textes allégués, à réunir et coordonner
les additions jusque-là disséminées dans les volumes suivans,
à différentes époques ; à y joindre quelques discrètes rectifica-
i
lions ; à continuer jusqu'à nos jours la liste des anciennes édi-
tions, à signaler les plus anciens textes manuscrits conservés
dans les bibliothèques publiques et particulières : partie im-
portante de la critique bibliographique que Dom Rivet et ses
continuateurs, ordinairement éloignés de Paris, n'avoient guère
osé aborder. Mais il ne s'agissoit pas do refaire ou de compléter
la grande œuvre bénédictine ; on s'est donc contenté de men-
tionner les travaux plus récents qui ont apporté quelque modi-
fication aux jugemens antérieurs, ou bien ouvert quelques nou-
veaux points de vue dont il convenait aujourd'hui de tenir
compte.
i
HISTOIRE
LITERAIRE
DE LA FRANCE
QUATRIEME SIECLE DE L'EGLISE
ETAT DES LE TRES DANS LES GAULES
en ce Siècle.
LE siècle où nous entrons , est sans contredit plus brillant
pour les Sciences, qu'aucun autre que nos Gaules nous
aient encore présenté, et qu'elles nous présenteront de
long-lems dans la suite. Ne vous atendez pas néanmoins
à y voir revivre cette beauté dans l'éloquence, cette élé-
vation et cette délicatesse dans la poësie, cette majesté dans
7'ome f. Scr. Part.
2 ETAT DES LETRES
i'histoire, en un mot, ce goût tin et délicat pour les Belles-
Letres, qui a fait le caractère des siècles passés. Non. Le règne
d'Auguste ne reviendra plus ; et nul autre ne nous ramènera
qu'imparfaitement le lustre qu'il donnaaux sciences et aux beaux
arts. A cela près , jamais les études ne furent plus florissantes
iij.r. cp. <r.. p. dans nos Gaules qu'en ce siècle. ' C'est le jugement qu'en ont
f)orté à la gloire des Gaulois, les étrangers mêmes qui étoient
eplus capables d'enjuger. StudiaGalliarum, disoitde ce tems-
ci S. Jérôme, quœ vel florentissima sunt. En effet, on y vit les
collèges se multiplier, et grand nombre d'illustres Profes-
seurs travailler comme à l'envi des uns des autres à y soutenir
les sciences, et à étendre leur règne dans toutes nos principa-
les villes. De sorte qu'alors les Gaules sembloient être deve-
nues, comme autrefois Rome et Athènes, une pépinière de Sa-
vans ; d'où les autres provinces de l'Empire , oxy les sciences
tomboient sensiblement, tiroient souvent des Professeurs de
grammaire et d'éloquence. Mais avant que d'entrer dans le
détail d'évenemens aussi glorieux pour nôtre nation, il est de
l'ordre de marquer ce qui fraïa les voies à cet heureux progrès
des sciences dans les Gaules.
II. L'ardeur au'avoient naturellement nos Gaulois pour les
letres, fut sans doute ce qui contribua le plus à les leur faire
cultiver en ce siècle avec un nouvel éclat. Mais à quelque point
qu'ils eussent pu porter cette noble inclination, elle auroit été
assez stérile, si Dieu n'eût levé les obstacles qui en auroient em-
pêché les heureux effets. Ils consistoient d'une part ces obsta-
cles dans le trouble et les ravages que les Barbares causoient
dans les Gaules, et de Tautre dans les persécutions et la tyran-
nie que les Payens exercoient contre nos Eglises. Ceux-là
avoient banni de nos provinces le calme et la tranquillité si né-
cessaires aux sciences toujours ennemies du tumulte. Ceux-ci
troubloient nos Evê(jues et les autres Ecclésiastiques dans les
fonctions de leur ministère, et les simples Fidèles dans l'exer-
cice de leur religion. La divine Providence qui a toujours des
ressources pour remédier aux maux de ceux qu'elle protège,
sut lever tous ces obstacles d'une manière qui mérite d'être ad-
mirée. En apellant les Empereurs dans les Gaules pour y faife
leur résidence plus ordinaire pendant tout ce siècle, elle en
éloigna les Barbares qui. les troubloient, et en convertissant dès
mêmes Empereurs à la foi de Jesus-Christ, elle donna à l'E-
glise une paix charmante, qui ne fut troublée que par la guerre
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 3
que se firent les Chrétiens entre eux ; mais qui bien loin de
préjudicieraux Sciences, ne fit que les favoriser.
III. ' Constance Chlore, Prince sage et religieux selon les ^op. ju. cariu.
principes du Paganisme, vint dès la fin du III siècle, comme
vous l'avez vu, fixer son séjour à Trêves. Quoiqu'il n'eût pas
encore toute l'autorité souveraine, il ne laissa pas d'établir la
paix dans les Gaules, et d'y faire d'excellens reglemens pour
la police. Il y ramena même l'ardeur qu'avoient les Gaulois
pour les letres, et que les incursions des Barbares avoient ou
ralentie ou interrompue. I^a tranquillité et le bon ordre qu'il
y établit dès la fin cfe l'autre siècle et au commencement de
celui-ci, y furent heureusement maintenus par Constantin son
fils et son successeur à l'Empire. ' Ce nouvel Empereur ne son- Tiii. Kinj.. 1. 1. p.
gea qu'à faire régner dans ses Etals la paix, la douceur, la po-
litesse, l'équité. Il repoussa et vainquit les Barbares; et les vic-
toires qu'il remporta sur eux arêterent pour quelque tems
leurs courses dans les Gaules. ' Il semble qu'il eut sa Cour et p '6«-
son Palais à Arles, où lui naquit en 316 un fils de sa femme
Fauste. ' Mais il faisoit souvent sa résidence à Trêves, lieu du pi"-
séjour ordinaire de Constance son père. Vers 389 il fit réparer
les murailles de cette Ville, et l'orna de plusieurs édifices pu-
blics, qui annonçoient sa magnificence. On y voïoit des Ba-
siliques, un grand Cirque, une belle Place, un Palais pour la
Justice : et tout cela étoit un effet de sa libéralité impériale. Ce
qu'il avoit fait en faveur de la ville de Trêves , ' il le fit ensuite p. uo.
pour celle d'Autun, dont il répara les ruines et devint le se-
cond Fondateur. ' Tous les autres endroits par où il passoit, p. m.
soit dans les Gaules ou ailleurs, se sentoient des effets de sa gé-
nérosité. Il est aisé de juger par-là du lustre que prirent nos
Provinces sous son empire.
IV. Mais tout cela fut peu de chose en comparaison des
avantages qu'en retira le Christianisme. ' L'aparition miracu- p '*« 'S'^-
leuse de la Croix, dont Dieu gratifia cet Empereur dans les
Gaules mêmes, et dont toute gon armée fut témoin oculaire ;
la conversion de ce Prince et de presque toute la Famille Im-
périale qui suivit de près ; les victoires qu'il remporta sur ses
ennemis par un secours particulier du Ciel : tout cela contri-
bua beaucoup à y assurer la tranquillité, à y étendre et affer-
mir la Religion Chrétienne. ' Aussi I^ctance temoigne-t-il i> «"■
que ce fut en faveur de son établissement, que Constantin com-
mença à ùiàre usage de sa nouvelle autorité, et qu'il public sa
A ij
4 ETAT DES LETRES
première Ordonnance. De si heureux commencemens ne
pouvoient avoir que d'heureuses suites. Nos Gaulois naturelle-
ment studieux se voïant jouir d'une tranquillité si désirée, en
surent profiter pour faire fleurir tout de nouveau les sciences ,
dont ils faisoient profession depuis long-tems. La Théologie
en particulier prit chez eux de nouvelles perfections. Elle com-
mença h y être traitée avec plus d'exactitude et de profondeur
que jamais. Le grand nombre d'étrangers que la Cour Im-
périale atiroit dans les Gaules, et parmi lesquels il se trouvoit
plusieurs personnes de letres, concourut à y exciter une ému-
Tiii. Kmp. t. 4. p. lation merveilleuse pour les sciences. ' Le célèbre Lactance,
que Constantin y apella pour prendre soin des Etudes de
Crispe son fils aîné, y brilla entre tous les autres par son esprit,
ses lumières, sa pieté, son savoir et ses écrits.
V. Ce que fit Constantin en faveur des sciences en parti-
culier, contribua encore plus directement que tout le reste à
étendre leur règne dans toutes les provinces de l'Empire Ro-
main. Comme ce Prince étoit lui-même fort savant, il ne né-
gligea rien pour inspirer à ses Sujets du goût pour les letres,
et leur procurer les moïens de les cultiver. Divers Empereurs
depuis long-tems avoient ataché certains privilèges à la pro-
fession de Médecin et de Rhéteur. Mais personne n'étendit da-
cmi. Tii. i].,tj. vantage ces prérogatives que Constantin. ' Nous avons de lui
plusieurs Loix qu'il publia à cet efl'et. Dès 321 il ordonna que
les Médecins, les Professeurs des Belles-Letres, et générale-
ment tous ceux qui enseignoient la jeunesse, seroient exems
eux et leurs biens de tout impôt ou autre charge publique. Qu'on
seroit exact à leur païer leur salaire. Qu'ils ne pourroient point
être mis en justice. Que ceux qui leur feroient quelque tort,
païeroient une amende très-considerable. Qu'ils pourroient, si
c'étoit de leur goût, être élevés aux honneurs de la Republi-
que; mais que l'on ne pourroit point les y contraindre, s'ils y
avoient quelque répugnance. Par une autre Loi en date du 27
de Septembre 333, le même Prince étendit ces privilèges d'im-
munité jusqu'aux femmes et aux enfans des Médecins et de
tous les Professeurs des Belles-Letres. Le motif qu'il aporte
de cette exemption, fait voir combien est louable le but qu'il
s'y proposoit. C'est, dit-il, afin qu'ils aient plus de facilité d'en-
seigner à un plus gratid concours d'Etudians les Arts et les
Sciences qu'ils professent : Qiio facilius liberalibus studiis
memoratis artibus multos instituant. Rien ne pouvoit mieux
I 1. o. p. i3. 27.
DANS LES GAULES. IV SIECLE. îi
inspirer une noble émulation et aux Professeurs et à ceux qui
étudioient sous eux.
VI. Nous avons observé ailleurs que les superstitions fon-
dées sur l'Astrologie, toujours ennemies de la vérité, étoient
fort enracinées dans les Gaules. Constantin voulant les détrui-
re peu à peu comme un reste de Paganisme, ' fit une Loi le çod. th. 9. 1. ic.
15 de Mai 319 pour défendre sous de très-grieves peines de ' ' ^'
consulter les Aruspices dans aucune maison particulière, ne le
permettant qwe dans les lieux publics. ' L'Empereur Constan- '■ *-^p- "» i '• ^^
ce son fils alla beaucoup plus loin par deux autres Loix très-
severes, qui tendoient à abolir entièrement toutes ces supersti-
tions. La première, qui est du 25 de Juillet 357 , condamne
au dernier suplice ceux qui auroient consulté les Augures, les
Aruspices, et quelque autre sorte de Devins. Par l'autre Loi ,
qui est en date du 13 de Juillet de l'année suivante, Constance
déclare que les Magiciens, les Astrologues , les Augures, et
généralement tous ceux qui se mêlent de deviner, doivent être
regardés comme ennemis du genre humain, et que ceux de ce
métier qui se trouveront à la Cour d'un Prince, pourroient être
regardés comme criminels de leze-Majesté. ' De même l'Em- 1. »o.
pereur Valentinien I, étant à Trêves en 370, fit à son tour une
autre Loi pour ordonner de faire le procès à tous les Magi-
ciens. Toutefois malgré des Loix aussi rigoureuses, il ne fut
pas possible de déraciner entièrement ces foies superstitions ,
tant nos Gaulois y étoient attachés. C'est pourquoi Valenti-
nien fut obligé d'excepter de .son Ordonnance l'Art des Arus-
pices, qu'il déclare n'avoir pas dessein de condamner absolu-
ment.
VIL ' Après que Constantin le Grand eut quitté les Gau- ™- "'• p- *^''
les pour passer en Illyrie et de-là en Orient, il envoïa Con-
stance son fils les gouverner vers 331 ou 332. Et lorsque le mê-
me Empereur eut partagé l'Empire entre ses trois fils , Con-
stantin le jeune vint pareillement faire son séjour dans les Gau-
les, qui lui étoient tombées en partage avec la grande Breta-
gne, l'Espagne et une partie de l'Afrique. De sorte qu'avant
le milieu de ce siècle nos Gaulois virent encore au milieu d'eux
une Cour Impériale ; ces deux Princes y ayant fait successive-
ment leur résidence plus ordinaire. Mais leurs règnes furent
bien differens l'un de l'autre. Constance aïant eu le malheur
de se laisser séduire par les Ariens, sembla n'être parvenu à
l'Empire que pour troubler l'Eglise et l'Etat par la persecu-
6 ETAT DES LETRES
lion ouverte qu'il exerça contre tous ceux qui refusoient de
professer l'Arianisme. Vous en verrez quelques tristes effets
dans la suite. Constantin au (contraire toujours in\iolablement
ataché à la foi orthodoxe , ne régna en quelque sorte, que
pour la protéger et la faire régner elle-même. 11 en donna des
Aih. apo. in At. n. marqucs éclatantes ' à l'égard de S. Athanase le ferme soutien
"'■ de la vérité. Ce grand Evêqueaïant été exilé à Trêves, Con-
stantin l'y reçut avec tous les témoignages possibles d'estime
et de vénération, et eut toujours pour lui tous les égards ima-
Tiii. 11. K. i. «. ginables. 'Cet exil qui dura près de deux ans et demi, depuis
■'" ''•'■ la fin de l'an 335, ou le commencement de l'année suivante ,
jusqu'au 17 de Juin 338 , ne put qu'être avantageux pour
l'Eglise des Gaules. En effet les grands Hommes , sur tout les
Saints Docteurs de l'Eglise sont comme le soleil. Ils ne parois-
sent point qu'ils n'éclairent les lieux où ils se montrent.
Emp. ib. p. «ri. VllI. ' Constant après la mort de Constantin son frère,
dont les Etats lui étoient tombés en partage, vint comme lui
habiter et gouverner les Gaules. On voit par plusieurs Loix et
quelques traits de la vie de saint Athanase, qu'il avoit choisi la
Yille de Trêves pour son séjour ordinaire. C'étoit un Prince
fort religieux, ennemi des Païens, des Ariens et des Dona-
tistes. Son règne fut non seulement pacifique ; mais il procura
encore divers avantages et à l'Eglise et aux Letrcs. En diver-
ses occasions ce Prince se fit un mérite de consoler celle-là
des afflictions que lui causoit l'Empereur Constance, et fil
p. 360. 5fii. r.(i5. voir qu'il aimoit et protegeoit les Savans. ' 11 apella dans les
Gaules Proëiese Sophiste très-celebre à Athènes, mais qui pre-
feroit la gloire d'être Chrétien à celle de posséder la belle élo-
Kiin. p. LW. quence. ' Eunape son Disciple ne rend pas justice aux Gaulois,
en disant que n'étant pas capables d'estimer l'esprit et l'éloquen-
ce de ce Sophiste, ils se contentèrent d'admirer sa haute tail-
le, sa bonne mine et sa patience à endurer les plus grands
fioids de leur pais. Proëresc put bien être dans les Gaules un
sujet d'admiration pour ses grandes qualités ; mais il est faux
qu'il s'y trouvât comme dans une terre où l'on n'auroit su ni
priser ni cultiver l'éloquence. La plupart de nos villes en ce
temps-là auroient pu le disputer sur ce point à la Grèce mê-
me. C'est de quoi vous aurez des preuves suffisantes avant la
fin de ce discours.
Tiii. il), p. 3.-. IX. 'Cette heureuse tranquillité, dont avoient joui les Gau-
les pendant plus d'un demi siècle, fut malheureusement trou-
:vi8.
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 7
blée p5ir la mort funeste de Constant. Magnence l'aïant fait
cruellement massacrer l'an 350, envahit ses Etats, et y exerça
sa tyrannie. ' Dès l'année suivante cette révolte fut suivie de Tiu.iijid. p. 370.
l'incursion des AUemans, qui ravagèrent nos 'principales vil-
les, et les réduisirent en un.état déplorable, ce qui dura jus-
qu'en 357. ' Deux ans avant cette dernière époque, Julien de- p «i 1 h. e. i. e.
puis si fameux par son Apostasie, aïant été envoie dans les Gau- '''
les en qualité de César par Constance son cousin, y rétablit la
paix, et les délivra des ravages qu'y faisoient sans cesse les Bar-
bares depuis plusieurs années. D abord le gouvernement de ce
nouveau Prince parut assez favorable à l'Eglise et aux Lelres.
Il rendit généreusement la liberté aux Eglises, en les affran-
chissant de la tyrannie des Ariens; ' et aidé des sages conseils Emp. ib. p. 505.
de Saluste Préfet des Gaules, il fit beaucoup de bien dans le
pais. 11 y rétablit la justice; il y fit cesser les vexations qu'y exer-
çoient ses Ministres avec inhumanité, ' et paroissant lui-même p *'«•
à la tête d'une troupe de Savans, il voulut faire voir en quel-
que sorte qu'il n'avoit procuré la paix à ses Etats , que pour
pouvoir s'apliquer plus tranquillement à cultiver les sciences.
X. Paris qui est aevenu depuis la capitale du Royaume , et
le centre des Sciences et des beaux Arts , ' éloit alors peu de p. 425.
chose. ' Il avoit néanmoins des Fauxbourgs et une place pour Amm. noi. p. 4»o.
ses exercices, à peu près comme Rome son champ de Mars ,
et Conslantinople son Hebdomon. ' Ce fut la ville que Julien tiii. ibu.
choisit pour sa résidence dans les Gaules : ce qui commença à
la rendre célèbre, et lui procura diverè acroissements. Avant
que ce Prince vfut proclamé Empereur en 360 par les troupes
qu'il commandoit, ' il en avoit déjà fait comme un théâtre de p. 499.
Savans. Car comme il s'y apliquoit à la Philosophie d'une
manière particulière , ceux qui faisoient profession des Scien-
ces, y acouroient de toutes parts. ' Un des plus fameux qu'il orib. med. coi. pr.
y atira, fut le Médecin Oribase, qui s'y fit particulièrement ''^*^^"
(îonnoître par l'abrégé des Ouvrages deGalien, qu'il y publia ,
et qui servit à y perfectioner la Médecine. ' La vie dure et aus- Jui. misop. p. 359.
tere que Julien en qualité de Philosophe menoit dans les Gau- ^^'
les, étoit fort du goût des gens du Pais, qui n'aimant que les
ocupations sérieuses, ne connoissoient point la folie des Théâ-
tres, ni les crimes abominables qui en sont les saites funestes,
et regardoient comme des fous et des furieux ceux qui s'amu-
feoient à danser. C'est le témoignage que Julien rend lui-mê-
me au caractère des Gaulois de son tems. ,JJil..u^iC . .
8 ETAT DES LETRES
XI. Mais si la conduite de ce Prince parut d'abord favora-
ble au progrès des sciences dans nos Gaules, elle leur fut in-
comparablement plus préjudiciable dans la suite. Il est hors de
doute que nos provinces se ressentirent comme tout le reste de
Amm 1. 22. p. l'Empire, ' de cette fameuse mais très-injuste Ordonnance ,
f\là'^\'ii!^' *^' qu'il fit pour tâcher' d'éteindre la connoissance des letres, et
d'introduire une ignorance entière dans tout le monde Chré-
tien. Non seulement il défendit d'y enseigner la Grammaire
et la Rhétorique ; il fit encore défense d'y donner des leçons
de Médecine, et d'y faire les fonctions de Sophiste : profession
qui consistoit à former les jeunes gens pour les mœurs com-
Tiii. li.E. 1. 7. p.. me pour l'éloquence. ' Julien fit cette Loi dès le commence-
3*4. 31.'.. ^gj^j ^g g^j^ empire ; et elle s'étendoit même jusqu'à défendre
aux Chrétiens d'aprendre les letres humaines, et d'étudier les
Aiig. civ. 1. 18. c. Auteurs Païens comme les autres. ' Ce n'est donc pas sans su-
'"• "■ ■ jet que S. Augustin comptoit cette fatale défense entre les plus
cruelles persécutions que l'Eglise avoit eu à souffrir de la part
des Empereurs. Mais Dieu dans sa miséricorde abrégea un
règne aussi pernicieux à la religion qu'il l'éloit pour les letres,
et qui ne tendoit qu'à ramener le Paganisme en introduisant
l'ignorance.
XII. Julien aïant été proclamé Auguste, quitta les Gaules ;
mais elles ne furent pas long-tems sans avoir encore une Cour
Impériale. Valentinien I , Prince severe pour le maintien de
la Discipline et du bon ordre, les choisit pour le lieu de son sé-
Tiii.Emj). 1. 3. p. jour, presque aussi-tôt qu'il fut pervenu à l'Empire. ' Après
avoir passé à Paris età Reims une partie des années 365 et 366,
il alla fixer sa résidence à Trêves, où il passa presque tout le
reste de sa vie. Ce fut-là qu'il apella le célèbre Ausone pour
c.),i. Ti| 13. 1.3. instruire le jeune César Gratien son fils. 'Entre les louables
Ordonnances que publia cet Empereur pour le bien de l'Etat,
il y en eut quelques-unes en faveur des letres et de ceux oui
les culti voient. Une des premières fut pour rendre aux Ecoles
Chrétiennes la liberté que leur avoit ôtée Julien l'Apostat.
Ainsi dès le mois de Juin 364 il ordonna que ceux qui au-
roient les qualité.s requises pour enseigner la Jeunesse, c'est-à-
dire assez de politesse et de probité dans les mœurs, et une élo-
quence suffisante , ou reprendroient l'exercice de leur premiè-
re profession , ou pourroient ouvrir une nouvelle école. Quoi-
Iue les Gaules en ce siècle l'emportassent sur Rome pour l'art
e l'éloquence, nos Gaulois ne laissoient pas de fréquenter
«rite
I li. p. :tj
l
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 9
cette ville pour y étudier la Jurisprudence Romaine : ce qui
se pratiqua jusqu'au V siècle inclusivement. Valentinien alen-
(if à tout, et désirant de prévenir tout ce qui auroit pu rendre
cette sorte d'étude ou infructueuse, ou moins utile, fit une au-
tre ordonnance, qui contient de sages reglemens pour la jeu-
nesse. ' Par cette loi, qui est du mois de Mars 370, et don- ^oi. .-is ^ ^^
née à Trêves, il est défendu aux étudiant d'assister trop sou- '''■ '''
vent aux spectacles, et de se trouver fréquemment aux festins.
De plus, injonction leur est faite de vivre dans la règle et la
modestie, qui convient à ceux qui font profession des arts li-
béraux, sous peine d'être foûetés publiquement et renvoies
en leur pais.
XIIL ' Gratien comme son père fit sa demeure ordinaire à ™- ■'» i'- '♦*•
Trêves ' qu'il qualifie dans une de sesloix une ville très-illus- co.i. th. i3. i. 3
tre , pour avoir été le lieu du séjour de tant d'Empereurs. Nul • • p ■
d'entre eux ne fut plus favorable aux letres, que le fut ce Prin-
ce. Comme il avoit été parfaitement instruit par un des plus ha-
biles hommes de son siècle, il n'oublia rien pour les faire fleu-
rir, sur-tout dans les Gaules. Il voulut qu'il y eût dans toutes
les principales villes d'habiles maîtres pour instruire la jeunesse,
c'est-à-dire, des Rhéteurs pour l'éloquence, et des Professeurs
des belles-letres en l'une et l'autre langue; la Grécjue et la La-
tine. Et afin de les atacher davantage à leur profession, il leur
assigna des apointemens fixes sur son épargne, ne voulant pas
que leur salaire dépendît du caprice des villes où ils ensei-
gnoient. C'est ce qu'il régla par une loi célèbre en date du 23
de Mai 376. Après que le Tyran Maxime eut usurpé le titre
d'Empereur, et envahi les Gaules avec quelques autres pro-
vinces de l'Empire, il choisit encore la ville de Trêves pour
la capitale de ses états. De même Valentinien II, aïant défait
ce Tyran, passa aussi les dernières années de sa vie dans les
Gaules. ' Mallius Theodorus homme docte et éloquent en étoit xm. ib. p. 507.
Préfet vers la fin de ce siècle. Les sciences eurent en lui un
zélé et généreux protecteur. Non seulement il favorisoit les
gens de letres ; il se faisoit encore «n mérite de travailler à em-
pêcher que de son tems et dans la postérité , on pût se plain-
dre qu'il y eût eu de son vivant plus d'ignorance et moins de
personnes habiles que dans les autres siècles. Tels furent les
moïens qu'emploia la Providence pour ranimer en celui-ci l'an-
cienne ardeur des Glaulois pour les sciences, eties rendre par-
mi eux plus florissantes que jamais.
Tom. l. Sec. Part. * B
2 *
10 ETAT DES LETRES
XIV. Après tout cela il ne doit pas vous paroître étrange ,
que Trêves entre nos autres principales villes arrivât alors à ce
point de lustre et de gloire, auquel nous avons commencé à
vous la représenter dès le siècle précèdent. Rien n'est plus pom-
peux, quoiqu'il puisse y avoir quelques traits un peu flattés,
que le Portrait qu'un Poëte de ce tems-là, qui devoil la bien
Ans. urb. c. i. p. connoître, nous a tracé de sa splendeur. Non seulement ' elle
'^''' passoit alors pour la sixième ville entre les plus illustres de l'U-
nivers, et pour la force de l'Empire à qui elle fournissoit et les
Mo». V. 400. 411. armes et les autres munitions de guerre : ' mais elle étoit en-
core regardée en quelque sorte au-dessus de Rome même , et
comme la mère et la nourrisse des Jurisconsultes, des Ora-
teurs et de toute sorte de gens habiles à remplir les premières
{)laces de la Robe et de l'Epée. Elle avoit son Sénat particu-
ier , qui paroît avoir été une compagnie aussi intègre qu'au-
V. 384.385. guste, éclairée et brillante. '41 sembloit même que la nature
conspirât à rendre les citoïens de cette ville propres aux gran-
des choses, en leur donnant un génie aisé et des mœurs qui
rapelloient l'ancienne sévérité de celles des Romains. Pour
l'éloquence latine, nous avons déjà dit ailleurs, qu'elle étoit
à Trêves et dans le pais d'alentour presque ce qu'elle étoit au-
trefois à Rome même ; c'est au moins l'idée qu'en donnent les
verssuivans:
Te clari proceres, tu bello exercita pubes,
A^mula te LatisD décorât facundia linguiB.
Quin ctiam mores, et lœtum fronte scvera
Ingeniuai natura tuis concessit alumnis.
S)m. 1. 9. ep. 5i. XV. ' C'cst sans doute à Trêves que l'on voïoit cette éco-
le Gauloise du Palais , si célèbre dans Symmaque. Tout le
inonde ne convient pas de sentiment sur la nature de cette
école. Mais il paroît assez visiblement que ce n'étoit qu'un lieu
particulier dans le l'alais, où pendant la résidence des Empe-
reurs dans les Gaules on tenoit les assemblées et les conféren-
ces. 11 y avoit de ces sortes de lieux pour les Questeurs et leurs
Secrétaires. Il y en avoit aussi pour les autres Officiers, soit de
Finance ou de Judicature. Il y en avoit enfin pour le conseil
particulier de l'Empereur. Cette sorte d'école étoit une voie
Amm. 1. u. propre à parvenir aux honneurs et aux dignités. ' Ammien
Marcellin nous donne à entendre, que c'étoit particulièrement
les Avocats qui en soûtenoient les exercices. Aussi ne vit-on
►
DANS LES GAULES. IV SIECLE. li
jamais dans les Gaules le Barreau plus hanté qu'il l'étoit alors.
La raison en est bien naturelle. ' C'est que l'on ne montoit aux sir^ in Enn. p.
dignités de la République et du Sénat, qu'après avoir passé par
les honneurs; et qu'on n'arivoit aux honneurs que par les exer-
cices du Barreau. C'est de-là qu'on tiroit ordinairement les
Consuls, les Gouverneurs de province, les Questeurs, et les
autres Officiers à qui la connoissance des letres étoit nécessai-
res pour les fonctions de leurs charges. On ne trouve rien
dans l'Histoire touchant la Bibliothèque du Palais Impérial à
Trêves. Mais il n'y a pas lieu de douter qu'il n'eût la sienne,
comme avoient les autres Palais des Empereurs à Rome et à
Constantinople. On peut juger des autres par celles de cette
dernière ville. ' Elle paroît avoir été fort considérable sous çod. n^u. t.
l'Empereur Valens. Outre le Bibliothécaire on y entretenoit
sept Scribes ou Copistes, quatre pour le Grec et trois pour le
Latin, afin défaire transcrire les livres nouveaux qui parois-
soient , et de reuouveller les anciens.
XVI. Comme le Barreau étoit une pépinière d'où l'on
tiroit les divers Officiers de l'Empire : de même les collèges
étoient des séminaires où se formoient les sujets pour le Bar-
reau. ' Le collège de Trêves étoit sur-tout florissant en ce sié- aus. ib. a. 403
cle. Ausone qui n'en parle que comme le connoissant par lui-
même , assure qu'on y enseignoit alors l'éloquence avec tant
d'éclat et de .succès , qu'il pouvoit aller de pair avec la fameuse
école de Quintilien.
Quos praetextali œlebris facundia ludi
Gontulit ad veteris prccoaia Quintiliani.
Dès la fin du dernier siècle vous y avez vu briller quelques
Orateurs célèbres. ' Au commencement de celui-ci il y en Pan. b. p. 190. 2.10.
parut au moins un autre, qui étoit le Panégyriste ordinaire de
Constantin le Grand, et qui faisoit sans doute les fonctions de
Professeur de Rhétorique. La présence de la Cour Impériale,
et celle du savant Ausone , oui après avoir enseigné 30 ans les
Belles-Letres à Bourdeaux, lut apellé à Trêves pour y instrui-
re le jeune César Gratien, purent beaucoup servir à inspirer
dans les écoles de cette ville une nouvelle émulation pour
les letres. Mais rien n'y contribua davantage, ' que la loi cod. tii. 3. t. 3.
que Gratien alors Auguste publia en faveur de l'instruction de la '' " ''■ ^^' *"'
jeunesse de Trêves en particulier. Afin d'y attirer les plus ha-
Bij
404.
233.
C!:il. pr
if ETAT DES LET«ES
biles Rhéteurs et Professeurs des Belles-Letres tant en Grec
qu'en Latin, il ordonna qu'ils auroient de plus grands apoin
temens que les Professeurs des autres villes, et qu'ils leur se-
Aii^-. ep. is. p. roient paies sur les revenus de son fisc. ' Ausone nous fait con-
rtu-f.49. noître deux de ces Professeurs qui enseignoient alors à Trêves :
Harmonius qui passoit pour un des plus savans hommes de son
siècle, et Ursule qu'il qualifie l'illustre Collègue d'Harmonius.
XVII. Ce fut sans doute autant la réputation où étoient
ces écoles que la qualité de Ville Impériale qu'avoit Trêves ,
iiii^rop. i.p. 3. 'qui y atira vers 371 S. Jérôme et Bonose son ami. Le mo-
tif de leur voïage paroît avoir été ou de lier connoissance avec
les Savans qui y brilloient, ou de perfectionner leurs études
*ur ^'^'^ ' '" qu'ils venoient de finir à Rome. ' Pendant le séjour qu'ils firent
dans cette capitale des Gaules, S. Jérôme y copia de sa propre
main deux des principaux ouvrages de S. Hilaire de Poitiers :
son livre des Synodes, et son Commentaire sur les Pseaumes.
Mais le progrès dans les sciences ne fut pas le seul avantage
qui lui revint de son séjour dans cette ville. Il en retira encore
un autre beaucoup plus excellent. Nous entendons parler de
op. 1. p. 3. sa conversion. ' En effet ce fut à Trêves qu'il commença à sor-
tir de l'égarement où il avoit été jusqu'alors, et à vouloir se
consacrer tout entier au service de J. C. De-là on peut légiti-
mement conclure que le libertinage si ordinaire dans les au-
tres collèges en tous les tems, ètoit banni de celui de Trê-
ves, et que ceux qui le hantoient, comme ceux qui se mê-
loient d'y enseigner, n'inspiroient pas moins le goût pour la
Coll. Th. 13. 1.3. pieté Chrétienne que l'amour pour les letres. 'Aussi Tinten-
I. (•>. p. 32. ^Jqj^ ^pg Empereurs étoit-elle que les Professeurs préposés pour
instruire la jeunesse dévoient être aussi réglés dans leurs mœurs,
que versés dans l'éloquence : vild pariter et faciindid idoneus.
1 11. p. 39. u). XVIII. ' Selon la Loi de Gratien, que nous avons déjà ci-
tée , il devoit y avoir d'habiles Professeurs de Rhétorique et des
Belles-Letres, tant pour le Grec que pour le Latin dans toutes
les villes les plus peuplées de nos provinces: Optimi qtiique
erudiendœprœsideai)i jucentuti, lihetores loquimur et Gram-
maticos Atticœ Romanœque doctrinœ. Cet endroit seul suffit
pour faire juger que le nombre des collèges étoit alors fort grand
dans les Gaules. Mais nous ne sommes point instruits de l'His-
toire de chacun en particulier. Ce qu'on nous aprend de quel-
. fi. p. 32. ques-uns, se réduit à peu de chose. En général on sait ' qu'on ne
souifroit point que personne y enseignât qu'il ne fût reconnu
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 13
pour homme de bien, el qu'il ne possédât le don de la paro-
le. On n'y voit point paroîlre en ces premiers siècles aucun
Professeur ni de Philosophie ni de Droit Romain. Ces scien-
ces ne s'enseignoienl encore publiquement qu'à Rome pour
l'Occident ; et ce ne sera qu'après les premières années du V
siècle que vous verrez quelques vestiges de leçons publiques
de Philosophie dans les Gaules. En celui-ci l'on s'y bornoit à
donner la connoissance des Belles-Letres, et à enseigner l'é-
loquence. Outre les Professeurs qui s'aquitoient de ces fonc-
tions dans chaque collège, il y avoit de plus un Principal ou
Modérateur, qui enseignoil quelquefois lui-même, et un Sous-
{)rincipal. Au moins les choses étoient-elles ainsi établies dans
e collège de Bourdeaux.
XIX. Ce collège étoit sans contredit un des plus brillans
que l'on vit alors dans les Gaules. C'est l'idée qu Ausone, qui
en fit un des plus beaux ornemens, nous en donne par les
éloges qu'il nous a laissés des Professeurs qui y enseignoient
en ce siècle. Il nous en fait connoître au moms une trentaine ,
tant Rhéteurs que Giammairiens, Grecs et Latins , presque
tous d'un mérite distingué. Par le terme de Grammairien,
comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs , on n'entendoit
pas simplement alors un homme qui donne des préceptes
pour parler et écrire correctement une langue. On y ata-
choit une idée plus relevée ; et on l'emploioit pour signifier
un Professeur des Belles-Letres. C'est pourquoi l'on donnoit
quelquefois à ces Grammairiens les noms de Philologues , ou
gens d'érudition. Le collège de Bourdeaux s'étoit fait une ré-
putation si éclatante, que les Savans des pais étrangers y ve-
noient quelquefois chercher de l'emploi , et que les autres
villes des Gaules et même celles de Rome et de Constanti-
nople , vouloient avoir ou de ses Professeurs, ou au moins de
ses Elevés pour enseigner chez elles. Il seroit trop ennuieux
de vous faire ici le dénombrement de tous les élevés de mé-
rite, qui sortirent alors de ce collège. Vous en pourrez re-
morquer plusieurs dans la suite de l'Histoire de ce siècle et du
suivant. Il paroît par ce que nous en trouvons dans Ausone ,
que le collège étoit commun et aux Chrétiens et aux Païens ,
et que le beau sexe y prenoit quelquefois des leçons publi-
ques.
XX. Vous pouvez sans peine vous rapetler qu'elle étoit
la situation et de la ville et des écoles d'Autun au siècle pré-
14 ETAT DES LETRES -^ '
cèdent. En celui-ci il paroît que l'on avoit rétabli les édifices
Pan. B. p. 116. du collége. ' Mais on n'avoit point encore relevé toutes les
p. 140. 1. ruines de la ville. ' Cet ouvrage étoit réservé à la magnificen-
ce et à la générosité de l'Empereur Constantin, qui en 331
visitant cette ville, lui remit une partie des impôts, afin qu'-
elle pût être en état de travailler à son parfait rétablissement.
Autun sensible à une faveur aussi signalée, députa Eumene à
Trêves, pour rendre à ce Prince par une pièce d'éloquence
p. 217. n. 23. les actions de grâces de toute la Ville. ' Ce fut par les soins
que prit cet illustre Orateur de continuer à y enseigner la Rhé-
torique, que le collége d'Autun recouvra son ancienne splen
deur. Dès-lors plusieurs de ses élevés se distinguoient et dans
le Rarreau et dans les premières charges de l'Empire. Il est
vrai que depuis le tems d'Eumene on ne trouve plus rien
pour l'Histoire de ce collège. Mais s'il ne paroît pas avoir si
bien soutenu sa réputation pendant tout le cours de ce siècle
que celui de Dourdeaux, il a au moins l'avantage sur ce der-
nier, d'avoir commencé avant lui à devenir célèbre. l\ vous
souvient sans doute combien il l'étoit sous l'Empire de Tibè-
re , et même dès long-tems auparavant , lorsque nos anciens
Druides faisoient d'Autun le lieu le plus ordmaire de leurs
conférences académiques .
XXI. A Toulouse, les écoles que vous y avez vues établies
aux siècles précédens, étoient llorissantes en celui-ci, sur-tout
Aus. par. c. 3. p. pour l'art de bien parler. ' Ausone qui en son jeune âge y
' ■ "*■ avoit étudié, nous aprend qu'Arbore son oncle maternel ,
après avoir plaidé avec réputation devant les Préfets des Gau-
les et d'Espagne, alla enseigner l'éloquence dans cette ville
prof.c.i7. p. 177. sous l'empire du Grand Constantin. Après Arbore, ' Exu père
autre habile Rhéteur donna aussi des leçons de Rhétorique
c. 19. 179. 180. dans le même collége. ' Sedatus y exerça les mêmes fonctions
vers le milieu de ce siècle ; et ses enfans après lui y remplirent
c. 17. p. 177. encore une chaire d'éloquence. ' De Toulouse Exupere passa
à Narbone, où il continua d'exercer sa profession de Rhéteur ,
et où il eut la gloire de voir au nombre de ses disciples les
Princes Dalmace et Annibalien. Presque au même tems qu'-
c. 18. p. 178. Exupere y donnoit des leçons d'éloquence, ' Marcel y ensei-
gnoit les Belles-Letres. Quoique l'antiquité ne nous apren-
ne pas autre chose de ce collége, on ne doit pas douter qu'il
ne répondît à la réputation de la ville, l'une des plus peuplées
e. ao. p. 180. 181. et des plus illustres des Gaules. Il en faut dire autant ' d'Auch
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 15
dans la Novempopulanie, où l'on ne voit paraître en ce siè-
cle qu'un seul Professeur de Rhétorique, mais qui passoit pour
un très-savant homme, et qu'Ausonc regardoit comme son
père et son Maître.
XXIL Si jusqu'ici Poitiers n'avoit point eu d'écoles pu-
bliques pour l'instruction de sa Jeunesse, il en eut au moins
vers le milieu de ce siècle. Avant que Gratien eût donné la
loi dont nous avons parlé, touchant l'institution des Pro-
fesseurs , on y voïoit comme dans les plus grandes Villes , une
chaire pour les Belles-Letres et une autre pour l'éloquen-
ce. 'La première étoit remplie par un certain Anastase, qui prof. c.io. piu;).
n'aïant qu'un fort médiocre savoir , ne s'y fit pas beaucoup de
réputation. 'Le Rhéteur Rufus, qui n'étoitguéres plus habile ep. si.p. 3«.
qu'Ana.stase, ocupoit la chaire d'éloquence sans la remphr.
Mais il ne faut pas juger du mérite de ce collège par celui
de ces deux Professeurs. L'éloquence que l'on vit en S. Hilai-
re de Poitiers, est une preuve que l'on faisoit de bonnes étu-
des dans cette ville dès le commencement du siècle. ' Quel- Kga». Bhi. t. i.p.
ques Ecrivains modernes prétendent que ce Saint avant son " ^'
Episcopat y avoit enseigné lui-même les Belles-Letres , et
formé plusieurs disciples, qui se rendirent célèbres dans la
suite. Mais c'est ce que l'on avance sans aucune preuve certai-
ne. Vers la fin de ce siècle ' on trouve des vestiges d'un col- Aus. ep. i-i. p.
lége à Angoulême , dont l'origine remonte sans doute plus ^^'
haut. Tétrade qui avoit un talent particulier pour la poésie
satyrique , y faisoit les fonctions de Professeur des Belles-Le-
tres. Quoique l'Histoire de ce siècle ne nous aprene rien
des autres collèges autrefois si fameux à Marseille , à Arles ,
à Lyon , à Besançon , il ne faut pas croire pour cela qu'ils
en fussent moins brillans, encore (') qu'on y eût cessé d'ensei- m'eut-éirefaut-a
gner. liie:i:aeoremoiai.
XXIIL En général les écoles Gauloises étoient alors si
célèbres , que les pais étrangers, où l'on cultivoit même les
études avec le plus de soin , en tiroient souvent deâ Profes-
seurs pour soutenir la gloire de leurs collèges. ' On sait que Prof. c. i i Hior.
Patere , l'un de nos plus illustres Rhéteurs de la fin de l'em- *p- ''^ "*''• p *'^'
pire de Constantin le Grand , enseigna à Rome où il forma
plusieurs grands hommes à l'éloquence, Doctor potentum Rhe-
torum, dit Ausone. ' Quelque tems après vers 353, Tiberius Hi.>r. chr. i. 2. p.
Victor Minervius, après avoir donné des leçons publiques de *8*IAns.ibid.c.i.
Rhétorique à Gonstantinople , alla continuer la même profes-
i(î ETAT DKS I.KTIIKS
Ans. par. c. 3. p. sioii à Houic , OU il s'aoquit une très-gi-andc rôpulalidii. ' .Ivui-
"*■ lius Magnus Arborius l'ut aussi apcllé à Constanlinofilc par
l'Empereur Constantin, pour instruire les Princes ses enl'ans.
Aiig. conf. 1. 1. c. 'A Rome on vit encore une chaire d'éloquence remplie par
21! noiT ' "' Icaire ou Hiere, homme très-éloquent en <jrec et en Lalm ,
Ans. prof. c. 19. st lUs de Théodorc Secrétaire d'Etat, illustre Gaulois. 'Les
enfans du Rhéteur Sedatus enseignoient aussi la Rhétorique à
Rome, lorsqu'Ausone faisoit l'éloge de leur père. C'est selon
syiii. 1. 9. ep. 83. (QQte aparcuce sous Minervius ' que le célèbre Symmaque
l'Orateur se forma à l'art de bien parler. A cette ocasion Sym-
maque se déclare grand partisan de l'éloquence Gauloise et
allie de nos écoles. Il a même cru devoir aprendre à la pos-
térité , qu'il étoit redevable de tout ce qu'il avoitd'élo(|uence
à ce vieux Professeur d'Aquitaine, comme il le nomme,
•i»"'- XXIV. ' Symmaque au même endroit parle avec éloge
d'un autre savant Gaulois, dont il ne nous a pas conservé le
nom, mais qu'il désigne assez clairement comme différent
d'Ausone pour qui on le pourroit prendre. Cet Anonyme étoit
chargé de l'instruction d'un jeune Empereur plusieurs années
avant la fin de ce siècle , ce qui ne peut mieux s'entendre que
1.1. ep. 1 88|i. de Valenlinien II. Quelque-tems après ' les Gaules donne-
^^ip. o .b.ep. ^^^^ encore à Rome deux habiles Professeurs de Rhétorique:
Pallade dont Symmaque relevé beaucoup l'éloquence , et un
autre Gaulois sans nom, qu'Eusebe ami de Symmaque avoit
Aus. prof. c. 23. apcllé. ' Avaut que ces Rhéteurs enseignassent à Rome, Dy-
''■ ■ name natif de Bourdeaux profcssoit les Belles-Letres à Leri-
da en Espagne. Voilà une partie des grands hommes que
fournirent nos écoles en ce siècle, pour soutenir celles des
pays étrangers. Mais si l'antiquité ne nous fait connoître que
ceux-là , on n'aura pas de peine à croire qu'il y en eut beau-
coup d'autres qui eurent le même avantage, et que les révo-
lutions de tant de siècles ont dérobés à notre connoissance. De
cet empressement des pais /-trangers à tirer de nos écoles tant
de Professeurs de Belles-Letres, il s'ensuit naturellement qup
la réputation de ces collèges devoit atirer dans les Gaules
grand nombre d'Etudians de toutes les diverses Provinces de
l'Empire. De sorte qu'il n'y a pas lieu de douter que plusieurs
autres étrangers passionnés pour les letres, n'imitassent saint
Jérôme et Bonose son compagnon, que vous avez vus venir
à Trêves hanter nos Savans.
XXV. Après tout , ce n'est encore là que le moindre en-
droit
DANS LES GAULES. IV SIECLE 17
droit par où l'on peut connoître le mérite éclatant des éco-
les Gauloises en ce siècle. Pour en prendre quelque juste idée,
il faut entrer dans le détail des poètes, des orateurs et autres
grands hommes de letres qu'elles formèrent pour leur pro-
pre pais. Entre les orateurs on vit briller dès le commence-
ment du siècle Eumene, cet illustre modérateur du collège
d'Autun, et l'orateur anonyme panégyriste ordinaire du Grand
Constantin, qui reviennent encore ici l'un et l'autre sur les
rangs. Peu de tems après, Nazaire, qui avoit une fille qui no
lui cédoit en rien dans l'art de bien parler, se fit beaucoup
de réputation par son éloquence. Tiberius Victor Minerviu.s
étoit non-seulement un très-habile rhéteur; il excelloit en-
core pour le panégyrique, et possedoit tous les talens qui font
les bons orateurs. De même Censorius Atticus Agrœcius pas-
soit pour un des hommes d'éloquence le plus acompli qu'on
vît dans les Gaules en son tems. Alcime qui paroît avoir été
le panégyriste de Julien l'Apostat et de Saluste préfet des
Gaules, surpassoit tous les autres par la force de son éloquen-
ce. Claude Mamertin fils d'un autre orateur de même nom,
fut aussi un des panégyristes de l'Empire. Delphide, selon S.
Jérôme, fit l'ornement des Gaules, tant par son éloquence,
que par son talent pour la poésie. Ausone mérite aussi d'être
compté entre les bons orateurs, aussi-bien que Drepane l'un
des panégyristes du Grand Théodose. Axius Paulus ami d'Au-
sone n'étoit pas moins bon orateur qu'habile poète. A tous
ces orateurs latins joignez l'orateur grec panégyriste de Con-
stantin le jeune.
XXVI. Nos poètes en ce siècle n'étoient ni moins nom-
breux ni moins illustres que les orateurs. La plupart de ceux-
ci se mêloient de poésie comme d'éloquence. Delphide com-
mença dès sa plus tendre jeunesse à faire des vers, et rempor-
ta la palme pour la poésie à un âge peu avancé. Alcime étoil
encore un excellent poète. Citarius, qui étoit de Sicile, mais
qui enseignoit à Bourdeaux, s'acquit la réputation de poète
comparable à Simonide pour la beauté de ses poésies gréques.
L'Empereur Gratien, que nos Gaules sont en droit de regar-
der comme l'un de leurs plus illustres élevés, et qui gavoit
manier la plume comme l'épée, ne réûssissoit pas moins à faire
des vers qu'à remporter des victoires. Syagre qui fut consul en
382, passoit aussi pour un poète célèbre. Axius Paulus excel-
loit dans le genre de pièces dramatiques, et Tétrade dans la
Tome I. See. Par/. Q
là ETAT DES LETRES
Satyre. Les pièces de celui-ci, au jugement d'Ausone, étoient
comparables à celles de Luciile. Drépane que nous avons
compté entre les orateurs, n'avoit pas moins de talent pour
la poësio, que pour l'éloquence. Procule méritoit encore le
litre d'habile poëte, quoiqu'il travaillât plus pour sa propre
satisfaction que pour le public, à qui il avoit de la peine de
communiquer les productions de sa muse. Theoii qu'Ausone
railloit finement quelquefois sur sa muse champêtre, ne laissa
pas de passer pour assez bon poëte, puisque ses pièces étoient
fort du goût d'Ausone. Mais le plus connu de tous nos poè-
tes de ce siècle, et celui sur lequel nous avons de quoi porter
un jugement assuré, fut Ausone lui-même. Nous pouvons en-
core mettre au nombre de nos poëtes Gaulois le fameux Ru-
,(-•»•- Tiicddose. fin ministre d'État sous Tlu odore (*) l'ancien, pour la fable de
Pasiphaé en vers, que nous croions être de lui.
XXVII. Uuant aux historiens qui se formèrent dans nos
collèges en ce iV siècle , on n'en connoit que très - peu ,
quoique le nombre en ait pu être considérable. Nous pou-
vons cependant y comprendre Eutropc, qui nous a laissé une
histoire romaine, et (]ue nous montrerons avoir été Gaulois.
Les fastes consulaires d'Ausone, ses éloges des professeurs de
Bourdeaux, avec ceux des principales personnes de sa famil-
le, et les quatrains sur les vies des Empereurs, depuis Jules
César jusqu'à son tems, méritent à leur auteur le titre d'his-
torien. On croit aussi qu'Alcime fut l'historien de Julien l'A-
postat; quoiqu'il y ait plus d'aparence qu'il ne fut que son
panégyriste. On peut joindre à ce peu de nos historiens de
ce siècle, S. Severe Sulpice et Protade qui commencèrent à
y fleurir, et qui dès ce tems-là entreprirent le dessein, l'un de
son histoire sacrée', l'autre d'une histoire des Gaules, dont
on ignore l'issue. Pour ce qui est des médecins, on ne nous
a conservé la mémoire que d'un très-petit nombre. Il est néan-
moins certain d'ailleurs que nos anciens Gaulois étoient fort
adonnés à la médecine. Outre Julius Ausonius père du poêle-
Ausone, et le premier médecin de l'Empereur Valentinieii I,
ce siècle ne nous présente qu'Avitien son autre fils, homme
d'esprit , mort à un âge peu avancé, et Marcel surnommé
l'Empirique. Mais comme ce dernier vécut jusques dans le
siècle suivant, nous y renvoions son histoire.
XXVIIL A tous ces grands ijommes que nos collèges
formèrent en ce siècle pour la république des letres, nous
DANS LES GAULES. IV SIECLE. V^
en pouvons joindre divers autres, qui pour n'avoir pas porté
les titres pompeux de poëte et d'orateur, n'en ont pas moins
fait d'honneur à leur patrie par leur éloquence et leur savoir.
' Arbore aïeul maternel d'Ausone étoit habile astronome, et Ans. p;». c
possedoit par conséquent les Matliémaliques. ' Nepolien qu'- Pros. c. i:;.
Ausone nous donne pour un célèbre riiéteur, avoit aussi la
réputation de grand philosophe. ' Tibericn qui étoit d'Aqui- iiiei . cin-. p. i«i i
taine, et qui fut préfet des Gaules en 337, passoit pour un 0'"'"- "i^"^'- 1"'*-
des plus éloquens hommes de son siècle. ' Salusle, autre pré- Amm. i. 21. p.
fet des Gaules sa patrie sous Julien l'Apostat, s'y fit admirer 4'*,'. Tili. '''"'' ''
par la connoissance qu'il avoit des loix, et par ses ordonnances
pleines d'équité. ' Hellesponce philosophe Gaulois mériloit Eunap. p.ass.an.
au raport d'Eunape le second rang entre tous les sophistes
de son tems, n'y aiant au-dessus de lui que le seul Chrysan-
te. ' Victorius sousprincipal du collège de Bourdeaux avon aus. r. aa.
tout ce qui est nécessaire pour faire un savant, s'il avoit eu
plusdegoûlet de discernement dans son genre d'étude. ' Théo- Amm. 1. '«>. p.
dore secrétaire d'Etat fut toujours par son savoir et ses autres "'*"■ ■'^■''
grandes qualités, au-dessus de toutes les dignités ausquelles
il fut élevé. ' L'Empereur Valcntinien il, l un des plus il- Sjm. 1. 1. .p. .io.
lustres élevés de nos (iaules, qui l'eurent ensuite pour Sou-
verain , avoit beaucoup d'éloquence , et avoit acordé aux
muses une place honorable dans son palais. Mais vous ju-
gerez encore mieux du mérite de tous ces grands hommes,
lorsque vous verrez leurs éloges en entier dans le cours de
cette histoire.
XXIX. Aussi ne faisons-nous que vous les indiquer dans ce
discours. En voici néanmoins deux sur lesquels nous ne devons
pas passer si légèrement, aïant diverses choses à dire sur leur
sujet, qui ne reviendront |)lus dans la suile. ' C'est Phroné- Amm. 1. ■m. p.
me et Euphrase tous deux Gaulois , qu'Ammien Marcellin "'"'
nous représente comme deux hommes très-recommandables
pour la grande connoissance qu'ils a> oient des sciences et des
beaux arts, Institutis bonarum artium spectntissimi. Sans nous
faire connoître autrement l'honneur qu'ils firent aux letres , il
nous aprend que Phronéme après l'inva-sion de Procope fui
élevé à la dignité de préfet du Prétoire de Constanlinople à
la place de Césaire, et qu'Euphrase fui établi maître des of-
fices. 'Ces deux Gaulois ne turent pas long-tems sans porter i'- »''•
la peine de leur rébellion , en s'atachant à un usurpateur de
l'Empire. Us furent exilés dans les Gaules et abandonnés à la
Cij
20 ETAT DES LETRES
discrétion de Valentinien I. Euphrase toutefois obtint sa grâ-
ce. Mais il n'y en eut point pour Phronéme, parce qu'il avoil
eu part aux bonnes grâces de Julien l'Apostat ; et il fut relé-
gué dans la Chersonese. Nous ne disons encore rien des
grands Hommes de letres , qui parurent dans l'Eglise des
Gaules. Nous reservons à le faire plus à propos, loi-sgue dans
peu nous vous exposerons l'état de cette Eglise en ce siècle.
XXX. Vous jugez sans peine que tant de savans en tout
genre de literature ont dû laisser à la postérité quantité de
monumens de leur savoir. Votre jugement est juste, et quoi-
que nous n'aïons pas connoissance de tous ceux qu'ils ont lais-
sés, ce que nous en connoissons, suffit pour le justifier. Mais
il ne nous reste que très-peu de ces précieux monumens. Ou-
tre l'histoire d'Eutrope et le recueil des œuvres d'Ausone,
.ious n'avons de ce siècle en genre de literature profane, que
quelques panégyriques. On nous en a conservé deux de l'ora-
teur Eumene, qui sont les deux derniers qu'il prononça ; les
deux autres de cet orateur apartenant au III siècle, comme
nous l'avons déjà dit. Nous avons encore deux autres pané-
gyriques d'un Anonyme à la louange de Constantin le Grand,
et un troisième de Nazaire à la louange du même Empereur.
L'Antiquité nous a aussi transmis l'oraison funèbre de Con-
stantin le jeune, prononcée en Grec par un Anonyme d'Ar-
les. 11 est encore venu jusqu'à nous deux autres panégyriques :
l'un de Claude Mamertin panégyriste de Julien l'Apostat, et
l'autre de Latinus Pacatus Drepanius panégyriste de Théo-
dose l'ancien. Ce n'est là que la moindre partie de toutes les
productions de la plume de nos savans Gaulois en ce siècle.
Vous en allez être convaincu par le dénombrement de celles
que nous savons s'être perdues, sans parler de celles que
nous ne connoissons pas.
,XXXI. L'orateur Nazaire avoit prononcé au moins un autre
panégyrique qui ne paroît plus aujourd'hui. Il ne nous reste rien
des poésies gréques et latines de Citarius, ni de celles d'Alcime>
non plus que des pièces d'éloquence de ce dernier, sur-tout cel-
les où il louoit l'Empereur Julien et Saluste préfet des Gaules,
Jule Ausone, Sibure et Eutrope avoient fait quelques écrits sur
la médecine, qui nous manquent comme les précedens. Nous
avons aussi perdu les diverses poésies de Procule et de Theon.
De même l'on ne voit plus rien de celles de l'Empereur Gratien,
qui se délassoit quelquefois des travaux de Mars par les dou-
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 21
ces ocupations des Muses. L'Antiquité s'est contentée de pro-
liter des poésies d'Afranius Syagrius, sans nous en avoir con-
servé aucunes, non plus que des pièces dramatiques d'Axius
Paulus, et de ses harangues ou déclamations. Il y avoit au-
trefois des satyres de Tétrade, que l'on ne trouve plus nulle
part. Grégoire Préfet des Gaules avoit publié quelques pièces
d'éloquence fort louées par Symmaque, mais que nous n'a-
vons point. Il s'est encore perdu plusieurs letres et diverses
poésies du poëte Ausone. Il nous manque aussi les fastes qu'il
avoit composés et conduits jusqu'à son tems. Nous n'avons
point non plus quelques pièces de poésie qu'avoit laissées l'o-
rateur Drepane. A tous ces ouvrages perdus ajoutons enco-
re les poésies profanes de S. Paulin de Noie avant sa péni-
tence, et le panégyrique de l'Empereur Théodose, qu'il com-
posa dans sa retraite avant la fin de ce siècle.
XXXII. Vous voïez par l'énumeration de tous ces écrits
quel étoil le génie dominant de nos Gaulois de ce siècle pour
la literature. On se portoit particulièrement à l'éloquence et
à la poésie. L'une et l'autre n'étoient plus ce qu'elles avoient
été dans les bons siècles. Elles se sentoient considérablement
aprocher de leur vieillesse. L'éloquence ne laissoit pas néan-
moins de conserver encore quelques traits de sa première
beauté, mais elle étoit presque entièrement déchue de cet air
aisé, de cette manière de s'exprimer noblement, de ce tour
fin et délicat qu'on y découvroit autrefois et pour les pensées
et pour l'arangement des termes. De même la poésie conser-
voit encore du feu et de l'élévation, comme il paroît par quel-
aues pièces d' Ausone, sur-tout par sa Moselle. Mais quelle
ifférence entre les vers de ce poète et ceux d'Horace et de
Virgile ! Quelle douceur, quelle harmonie, (quelle délica-
tesse dans ceux-ci ! Quelle dureté, quelle mauvais son, quelle
rudesse dans les autres ! L'histoire est le genre de literature
qui se soutint le mieux en ce siècle. 11 avoit à la vérité déjà
perdu de son ancienne majesté ; mais il ne laissa pas de rete-
nir plus de ses premières beautés que tout autre genre d'écri-
re. C'est de quoi il est aisé déjuger et par l'histoire d'Eutrope,
et par la vie de S. Martin que composa Saint Severe Sulpice
avant la fin de ce siècle. On doit porter le même jugement
du style épistolaire.
XXXIII. Vous avez aussi sans doute observé que nos
Gaulois cultivoient encore avec quelque soin la langue Gré-
M! n !»
p. i.a. *55.
22 ETAT DES LETRES
que. 11 y en avoil des professeurs publics dans presque toutes
les grandes villes des Gaules. 11 est certain qu'à Bourdeaux
en particulier il y eut des chaires pendant tout ce siècle pour
des grammairiens grecs comme pour les latins. On trouve
même des preuves qui font juger que cette langue étoit com-
munément entendue à Arles; puisqu'en quelques occasions les
orateurs l'emploioient en parlant en public. Pour la langue
Latine , elle étoit encore la langue vulgaire dans toutes nos
Gaules. Les femmes l'entendoient et la parloient comme les
hommes. C'est en cette langue que S. Hilaire et S. Sulpice
écrivoient, l'un à sa fille à Poitiers, l'autre à sa belle-mere à
Trêves. Vous faut-il d'autres preuves de cette vérité? Le fait
ni. vit. Mail. n. suivaut Suffira pour la constater. ' Saint Sulpice décrivant de
quelle manière Défenseur Evêque d'Angers , celui des prélats
assemblés qui s'oposoit le plus à l'élection de S. Martin pour
remplir le Siège Episcopal de Tours, fut confondu en pré-
sence de tout le peuple, raporte ce trait d'histoire qui est de-
venu si fameux. Le lecteur du jour ne se trouvant point pour
lire, un des assistans prit le Pseautier, et à l'ouverture du livre
il lut ces paroles \Ex ore infantium et lactentium perfecisti
laudem propterinimicos tuos, ntdestruns inindcum et defen-
sorem. C'est ainsi qu'on lisoit alors ce verset du Pseaume 8, sui-
vant l'ancienne Italique. A ces derniers mots le peuple, qui
les enlendoit par conséquent, s'écria tout d'une voix, voïant
que Dieu se déclaroit d'une manière si admirable en faveur de
1 élection qu'il venoit de faire , et qu'il confondoit ceux qui
s'y oposoient opiniâtrement.
XXXIV. Après avoir exposé quel fut le progrès des scien-
ces dans les Gaules en ce siècle, par raport à la literature pri-
se en elle-même, il nous reste à montrer quelles en furent les
suites par raport à l'Eglise. 11 est hors de doute que l'Eglise
n'en pouvoit tirer que de grands avantages ; car si la religion
a qu( Iquefois servi à établir la connoissance et l'amour des le-
tres, les letres à leur tour ont contribué à étendre et affermir
la religion. C'est un secours mutuel qu'elles se sont prêté en
tous les tems dans nos Gaules comme ailleurs. Les letres y
étant donc en ce siècle plus florissantes que jamais, l'Eglise y
fut aussi dans sa plus grande splendeur. Les grandes villes qui
n'avoient point encore eu d'Évêques, en eurent alors; et le
christianisme , qui étoit ordinairement concentré dans l'en-
0. p. 458. ceinte des villes , ' se répandit dans la campagne par réclat
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 23
des vertus et la solicitude des Evêques. C'est ainsi que saint
Martin', par exemple, remplit d'Eglises ou de Monastères les
environs de Tours, où regnoit auparavant une idolâtrie gros-
sière. ' Embrun qui jusqu'ici avoit été sans Evêque, en eut un boii. i c. apr
peu après le milieu de ce siècle. S. Marcellin étant venu d'A- ^^'
frique dans les Gaules prêcher l'Evangile , en fut ordonné pre-
mier Evèque par S. Eusebe de Verceil. Il y convertit beaucoup
de monde à la foi, et envoia de-là deux de ses compagnons
de voïage Domnin et Vincent fonder l'Eglise de Digne. ' Saint tui- h. K..t. ^. p.
Domnin en fut le premier Evêque, et eut S. Vincent pour son
successeur. Ces exemples suffisent pour faire juger de ce qui
se passa dans les autres endroits des Gaules.
XXXV . Pendant que la lumière de l'Evangile y achevoit
de dissiper les ténèbres du Paganisme, la religion s'y forti-
fioit d'une manière admirable dans les lieux où elle éloit déjà
établie. L'Eglise Gallicane s'aquit alors une si grande réputa-
tion et pour la science et pour l'intégrité de la foi , ' que les opi. 1. 1. n. 2*.
Donatistes du parti de Majorin en Afrique voulurent avoir de
nos Prélats, pour juges du diflerent qu ils avoient avec Céci-
lien de Carthage. Ils présentèrent à cet effet en 313 une re-
3uête à l'Empereur Constantin, qui aiant choisi Saint Retice
'Autun, S. Materne de Cologne et S. Martin d'Arles , ' les éus.i. 10. c r. p.
envoia à Rome pour terminer cette grande affaire avec le Pa- '^*'
pe S. Miltiade. Là s'assembla un Concile, où après ce Pontife
nos Evêques Gaulois eurent la meilleure part à ce qui se fit.
Les Donatistes y furent condamnés, et Cécilien absous. 'Ces 11.392 1 Auh, e.i.
Schismatiques mécontens de l'issue du Concile de Rome, et "• "• '•
ne voulant point se soumettre à son jugement, demandèrent
un autre Concile plus nombreux, et prièrent Constantin de le
convoquer daus les Gaules. Un leur acofda leur demande ;
et le Concile se tint à Arles le premier jour d'Août 314. Il s'y cons.t. i. p. u*».
trouva 33 Evêques des diverses provinces qui obeïssoient alors '**'■
à Constantin parmi lesquels on compte 16 prélats Gaulois.
Cécilien y fut encore absous, el ses acusateurs condamm's.
On y régla plusieurs autres choses importantes, comme l'on
verra dans l'histoire de ce Concile que nous donnerons en son
lieu, et qui fournira de nouvelles preuves de la doctrine et de
la suffisance de nos anciens Evêques .
XXXVÎ. Seulement il paroît tout-à-fait étrange que de tant
de prélats célèbres qui gouvernoient les Eglises des Gaules au
commencement de ce siècle, et dont plusieurs avoient brillé
24 ETAT DES LETRES
irf Tm' iwîi ^' ^^^^ l'affaire des Donatistes, ' il ne s'en trouvât qu'un seul au
(i. )i. Cil.' ■ Concile de Nicée, qui se tint onze ans après celui d'Arles.
C'est de quoi l'on ne sauroit rendre raison . Il paroît toutefois
bien naturel qu'un de ces Evêques aïant fait le voïage pour se
trouver à cette Sainte assemblée, plusieurs autres pouvoient
également le faine . Cependant Nicaise que l'on croit avoir été
Evêque de Die dans la Viennoise, fut le seul prélat Gaulois qui
y assista. Il porta dans les Gaules la définition du Concile. Mais
iiii. .In syn. n. 01. on cut si Dcu desoiu de l'y répandre, que 25 ans après ' le sym-
bole de Nicée n'y étoit plus connu. Il est au moins vrai que S.
Hilaire de Poitiers n'en entendit parler qu'en Phrygie, où il
fut relégué en 356. Ici revient assez naturellement ce que di-
soit le même Saint Hilaire en une autre ocasion différente .
<«. « ' L'Eglise Gallicane, c'est ainsi qu'il parloit, aïant eu le bon-
« heur et la gloire de conserver pure dans son cœur la foi qu'-
« elle avoit reçue des Apôtres, ne se mettoit point en peine
« des professions de foi écrites sur le papier. Ses Evêques n'a-
« voient pas besoin de la letre, eux qui possedoient l'esprit de
« ce qu'elle contenoit. 11 n.'avoient que faire de rien écrire,
« parce qu'ils professoient hautement de bouche pour le salut
« ce qu'ils croïoient dans le cœur pour la justice . Il leur étoit
« inutile de lire étant Evêques ce qu'ils avoient apris n'étant
« encore que Néophytes . » Ils pouvoient donc se passer de la
définition du Concile de Nicée, puisqu'ils croïoient et faisoient
profession de tout ce qu'elle contenoit.
XXXVII. Telle étoit la situation de l'Eglise Gallicane,
lorsque l'hérésie d'Arius, qui prit naissance à Alexandrie vers
320, et qui depuis fit de si terribles ravages en Orient et en
Occident, s'éforça de répandre son venin dans les Gaules. Mais
elle y trouva nos Evêques munis contre ses traits empoisonnés,
et eut en eux de puissans adversaires. A quelques-uns près foi-
bles ou intéressés qui souscrivirent à l'erreur, les autres fermes
dans la foi, et généreux dans la défense, n'abandonnèrent ja-
mais les intérêts de la vérité ni le parti de S. Athanaseson illus-
tre défenseur. Il faut pourtant en excepter la chute fatale qu'ils
firent au Concile de Rimini, mais dont ils ne furent pas long-
tems sans se relever. Entrons dans quelque détail, autant que
notre dessein le pourra permettre. S. Athanase aïant été banni
à Trêves, comme nous 1 avons déjà dit, il y fut reçu avec beau-
coup d'honneur et de charité par S. Maximin Evêque du lieu,
qui le consola dans son exil, et l'imita depuis dans la défense
de
DANS LES GAULES. IV SIECLE.
25
de la foi. ' Ce fut pour soutenir les intérêts de ce S. Prélat, et conc. i. a p. 07.1-
de la vérité persécutée en sa personne, que S. Maximin assista ^^'''•
en 347 au Concile de Sardique, à la convocation duquel il
avoit eu beaucoup de part. ' Là son zélé pour la foi de la con- p. etn. es».
substantialité lui fit mériter les excommunications et les ana-
themes des Eusebiens. ' C'est pourquoi S. Athanase plus par Atu. cp. aj. ci.isl-.
justice que par reconnoissance, le met au nombre des nommes '^' "' "'
Apostoliques de son tems, dont la foi étoit à l'épreuve et de
l'erreur et deia foiblesse.
XXXVin. Paulin son successeur dans le siège episcopal
de Trêves, ne fit paroître ni moins de zélé ni moins de ferme-
té. En 353 l'Empereur Constance aiant fait assembler un Con-
cile à Arles pour y faire condamner S. Athanase, ce Prince
y assista lui-même en personne, afin d'imprimer plus de terreur
par sa présence, menaçant même d'exil ceux qui refuseroienl
de souscrire la condamnation de ce grand Evêque. Vincent
de Capoue légat du pape Libère, et les autres prélats intimi-
dés par la présence et les menaces de l'Empereur, signèrent
la condamnation d' Athanase. Paulin seul refusa généreusement
d'y souscrire ; et pour prix de sa fermeté il fut relégué en Phry-
gie, où il mourut en 358. Préférant ainsi l'exil à une lâche com-
plaisance pour un Prince qui pouvoit tout ce qu'il vouloit, et
aïant ainsi résisté le premier à la tyrannie des Ariens, il eut l'a-
vantage de donner à tout l'Occident l'exemple d'une généro-
sité vraiment episcopale. Ce Concile qui mérite à juste titre
le nom de brigandage, fut comme le signal ou le coup d'essai
de la persécution Arienne contre l'Eglise latine. Bien-tôt elle
se trouva dépouillée de tout ce qu'elle avoit d'Evêques saints
et généreux. L'Italie se vit enlever le. pape Libère, S. Denys
de Milan, S. Eusebe de Verceil, Lucifer de Cagliari, qui fu-
rent bannis aux extrémités de l'empire. De même l'Espagne se
vitaracher plusieurs de ses prélats, entre autres le grand Osius,
le plus bel ornement de cette Eglise. Nous omettons ce que
Saint Athanase et tant d'autres Evêques d'Egypte et -d'Orient
souffroient depuis plusieurs années pour la même cause.
XXXIX. Pendant que toute l'Eglise combattoit ainsi pour
la divinité de J. C. l'Eglise Gallicane eut le bonheur d'entrer
dans ces saints combats. Animée et soutenue par l'exemple et
le courage de S. Paulin de Trêves et de S. Hilaire de Poitiers,
elle eut encore la gloire de soutenir presque seule tous les ef
forts des Ariens, et l'on peut dire qu'elle fut celle de toutes
Tome /. Sec. Part. D
3 •
26 ETAT DES LETKES
les Eglises qui se signala contre eux avec le plus de zélé et le
fdus de succès. Saturnin Evêque d'Arles, bien loin de suivre
es traces de ces illustres Confesseurs, se rangea du côté des
Ariens. Ce prélat dévoué à toutes les volontés do l'Empereur,
et aussi corompu dans les mœurs quedans la doctrine, aïant
juré comme les autres Ariens la perte de saint Alhanase, il le
condamna dans un Concile de plus de 380 Evêques assemblés
à Milan au commencement de l'année 355. Comme il avoit
des liaisons étroites avec Ursace et Valons, deux des princi-
paux chefs des Ariens, la plupart des Evoques des Gaules, S.
îïilaire à leur tête, se séparèrent de sa communion. Saturnin
cherchant àjse venger de cet affront, comme il prétendoit,
trouva moïen de faire assembler un Concile à Besiers en 356.
S. Hilaire toujours plein de zélé pour les intérêts de la foi, ne
manqua pas de s'y tiouver; et sa présence y fut d'un grand
poids. Il y dénonça avec beaucoup de fermenté les protecteurs
de l'hérésie, et invita les Evoques assemblés à en prendre con-
noissance.
XL. Mais les Hérétiques qui craignoient de se voir con-
fondus publiquement, ne voulurent point souffrir que S. Hi-
laire fût écouté. Ils allèrent encore plus loin. S'apercevant
sans peine qu'ils auroient toujours en lui un adversaire puissant
et incommode, ils formèrent le dessein de le mettre hors d'é-
tat de leur nuire. Pour y mieux réussir, i's eurent recours au
mensonge et à l'imposture, ressources ordinaires aux ennemis
de la vérité. Saturnin que la ('énonciation faite par S' Hilaire
regardoit personnellement, dressa une fausse relation de ce qui
se passoit dans l'assemblée, et renvoïa à l'Emperetir Constance
le protecteur déclaré des Ariens. Cet artifice lui réussit. 11. ob-
tint du Prince, à qui il avoit fait entendre tout ce qu'il avoit
voulu, un ordre pour bannir S. Hilaire et l'envoïer en Phrygie,
ce qui fut exécuté sans retardement. Ce saint prélat ne se trou-
va pas le seul dans le Concile, qui s'oposât à l'hérésie. Ro-
dane Evêque de Toulouse s'y déclara généreusement aussi pour
la foi orthodoxe trahie et persécutée, et mérita le même sort
que S. Hilaire. Il fut banni avec lui, et mourut dans son exil
comme S. Paulin de Trêves. Vous verrez dans la suite bien
d'autres marques du zélé et de la générosité de nos Evêques
contre l'erreur.
XLI. En effet, quoique les Eglises des Gaules eussent per-
du parle banissement de S. Hilaire leur plus illustre ornement
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 27
et leur plus ferme apui, elles ne laissèrent pas de se conserver
dans là pureté de la foi, et de fermer toutes les avenues à l'hé-
résie. ' Les Evêques Gaulois unis en esprit avec lui, et toujours hu. on s,», n. 2
attachés à la même foi, rejetterent constamment la commu-
nion de Saturnin auteur de son exil. Ils rejetterent avec la mê-
me fermeté la seconde formule de foi dressée à Sirmich en
3i)7 par les Ariens, formule que saint Hilaire qualifie de blas-
phéma d'Osius et de Potame, parce qu'on l'atribuoit particu-
lièrement à celui-ci, et que l'autre avoit eu le malheur de la
souscrire. I-^e venin de l'erreur s'y montroit de lui-même; et
les bons Catholiques n'eurent pas de peine à l'y découvrir. On
y établissoit ouvertement et sans détour l'hérésie d'Arius, en
retranchant le mot non-seulement de consubstantiel, mais en-
core celui de semblable en substance, et ' en soutenant comme l'hob. p. mi. a.
un dogme de l'Eglise catholique, que le- Père est plus grand
que le Fils en honneur, en dignité, en gloire, en majesté.
' Que s'il s'y trouvoit quelques termes communs et à la vérité p. 300. -i.
et à rerre\ir, il y en avoit beaucoup d'autres dont l'impiété
f)aroissoit visiblement. En un mot la perfidie d'Ursace, de Va-
ens et (le Potame s'y faisoit sentir d'une manière palpable. 'Il p. sot. 1.
coufoit aussi d'autres écrits manifestement impies de la part de
qijelques-uns de ceux qui avoient envoie cette formule dans
les Gaules.
XLU. Quand elle n'auroit pas été si visiblement mauvaise,
nos Evêques n'auraient eu garde de la recevoir. U auroit suffi,
ou qu'ils y eussent aperçu une duplicité envelopée, 'qui auroit p. 302. 1.
donné lieu à interprêter en mal des termes qui étoient sus-
ceptibles d'un bon sens, ou qu'ils y eussent trouvé quelque cho-
se contraire aux dogmes catholiques. Car ils étoient persua-
dés que recevoir un seul article de cette nature, ç'auroit été
perdre entièrement la foi. ' Ils ne se contentèrent donc pas de ua. ibu. n. 2. 3.
résister h ce dernier effort que l'hérésie faisojt pour les abatre
9vec la même vigueur qu'ils avoient déjà fait paroître contre
ses premières ataques ; ils eurent encore la force de condam-
ner hautement cette indigne formule de Sirmich. Ce fut daqs
un Concile assemblé en 358, que les Evêques des Gaules la re-
jetterent et anathematizerent. Mais nous n'avons ni la letre
^ynodique, ni les autres actes de ce Concile. On ne sait pas
même en quel endroit il fut tenu, ni quels Evêques y assistèrent,
' Mr Delfilande le. met à Yaison, et le compte pour le pre- Conni. supp. p. ?
mit^rCoqçile tenu en cette ville JI non^me entre les Evêques '
Till.
HT.
28 ETAT DES LETRES
2u'il prétend y avoir assisté Nectaire de Vienne, S. Phebade
'Agen, S. Servais de Tongres, et Gavidius qu'il fait Evêque
de Perigueux. Mais tout cela est avancé sans aucune preuve cer-
taine, et ce Gavidius que nous verrons paroître au Concile de
Rimini, ne pouvoit être alors Evêque de Perigueux, dont le
siège était rempli par Paterne fameux Arien.
XLIII. Au défaut de la letre synodique et des autres actes
H. K. t. 6. p. jjg çg Concile, ' il nous reste un traité de S. Phebade Evêque
d'Agen, qui est un illustre monument du courage de nos Evo-
ques de ce tems-là. On y trouve réfutée avec beaucoup d'es-
prit, de solidité et d'érudition cette seconde formule oe Sir-
piieb. p. 300 aori. mich, ' qu'il dit mériter la qualification non de profession de
foi, mais de perfidie. Il y parle autant au nom des autres Evê-
ques Gaulois, qu'en son nom propre, et y découvre d'abord
avec beaucoup de pénétration les subtilités étudiées, les équi-
voques affectées, et les expressions tortueuses, sous lesquel-
les ils cachoient le venin de l'erreur. Ensuite il passe à mon-
trer qu'ils la proposoient même en quelques endroits sans dé-
tour ni ménagement. Enfin-après y avoir établi par les passa-
ges de l'Ecriture les dogmes catholiques de l'Incarnation et
p. MT,. I. ^g |g^ Xrinité, S. Phebade conclut ainsi : « ' C'est ce que nous
» croïons, c'est ce que nous professons, parce que c'est ce que
» nous avons reçu des Prophètes, ce que nous annoncent les
» Evangelistes, oe que nous ont enseigné les Apôtres, ce que
» les Martyrs ont confessé dans leurs souffrances. Nous sommes
» si fortement atachés à cette foi, que si un Ange même du
» ciel nous annonçoit le contraire, nous lui dirions anathême. »
Et comme l'on objectoit à nos Evêques la chute du grand
Osius, afin do leur faire quelque impression, S. Phebade ré-
pond judicieusement, qu'un tel exemple ne peut prescrire
contre tant de preuves mcontestables. D'ailleurs tout le mon-
de sait, ajoûte-t'il, ce qu'il a cru jusqu'ici, et avec quelle con-
stance il a toujours condamné les Ariens. Que s'il a été près
de 90 ans dans l'erreur, je ne croirai jamais qu'à un si grand
âge il ait rectifié ses sentimens. Que s'il ne commence qu'au-
jourd'hui h être dans la vraie foi, que doit-on penser de ceux
qui sont déjà morts dans la môme croïance?Kt qu'auroit-on
Sensé de lui-même, s'il eût quitté le monde avant l'assemblée
e Sirmich où il est tombé ?
Mil. <w svn. n. 3. XLIV. ' Bien-lôt l'éclat de celte générosité épiscopale se
répandit dans les Eglises des pais éloignés, et y eut un heu-
DANS LES GAULES. IV SIECLE.
20
Till. iliid.
4it.
roux succès. Aïant pénétré en Orient, il y reveilla les esprits
de quelques prélats; et leur inspirant de la honte d'avoir si
long-tems souffert racroissement de cette hérésie, sans y résis-
ter, il les porta à y oposer (Quelques décrets en faveur de la
vérité. ' Ce fut en cette ocasion que Basile d'Ancyre et quel-
ques autres Evoques qui passoient pour demi-Ariens, tinrent
un Concile à Ancyre en 358, un peu avant Pâque. D'abord ils
y firent un anathême contre la Consubstantialité, maisils le
suprimerent bien-tôt après ; et ils condamnèrent les blasphè-
mes les plus grossiers de l'Arianisme. Ils obtinrent même de
Constance la .supression de la .seconde formule de Sirmich,
et l'exil des principaux et des plus impies entre les Evêques
Ariens. ' Pour revenir à nos prélats Gaulois, ils persistèrent hiI. ii.id.
constamment à refuser leur communion à Saturnin d'Arles; et
toujours inviolablement atachés à S. Hilaire, ils lui écrivi-
rent des letresde communion, pour lui témoigner qu'ils pre-
noient part à son exil par l'union d'une même foi et d'un mê-
me esprit. Ils lui aprirent en même tems ce qu'ils avoient fait
contre la formule impie de Sirmich, dont nous venons de
parler.
XLV. C'est ainsi que la foi se con.servoit et triomphoit mê-
me dans l'Eglise des Gaules par le zélé de nos Evêques, tan-
dis qu'elle tomboit en Orient par la perfidie des Eusebiens et
la lâcheté des Orientaux. ' C'est sur quoi S. Hilaire les félicite
dans son livre des synodes qu'il écrivoit en Phrygie, et qu'il
leur adressa du lieu de son exil, pour leur aprendre ce qui se
passoit en Orient. « Les Eglises orientales, leur dit-il, sont
» dans un tel péril, qu'il est rare d'y trouver même parmi les
» Evêques cette foi que je vous raporte. Je vous parle com-
» me savant de ce que j'ai ouï et de ce que j'ai vu moi-même.
» Hors l'Evêque Eieuse et quelques prélats avec lui, la plus
» grande partie des dix provinces d'Asie où je .suis, ne con-
n nois.'sent point Dieu, ou ne leçon noissent que pour le blas-
» phémer... Tout est })lein de .scandales, de schismes et d'in-
» tidelité... Au milieu de ce désastre, que vous êtes heureux
» d'avoir conservé dans sa pureté la foi apostolique, d'avoir
» ignoré jusqu'ici ces professions écrites, et de vous être con-
» tentés de professer de bouche ce (jue vous croïez de cœur !
» ' 0 qu'il vous est glorieux de ne vous être jamais départis de nnm. i,
» la véritable foi ! Que votre religion établie sur la solidité de
« la pierre vous fait d'honneur, et qu'il est beau pour vous d'être
11.7. p.
n. (5.1.
30 ETAT DES LETRES
» demeurés fermes et inébranlables au milieu des tempêtes! »
XLVl. Helas! qui se seroit atendu qu'une foi aussi pure,
aussi animée, aussi trioniphante se seroil un jour éclipsée? Ce-
la n'est pourtant que trop vrai. Le Concile de Rimini tenu
en 359, au même tems que celui de Selcucieen Isaurie, fui
le nuage fatal qui obscurcit, quoique pour peu de tems, cette
brillante lumière. Nos Evoques firent un personnage trop écla-
tant dans cette assemblée, pour n'en pas rapeller ici quelques
traits. Nous suivrons dans ce que nous en allons dire, S. Sc-
vere Sulpice, qui savoit ce qui s'y passa de la bouche même
stii. iiisi. 1. 2. n. d'un des Evoques qui y avoient assisté. ' Ce Concile fut con-
67 p. 899-401. voqué des Evêques d'Italie, d'Illyrie, d'Afrique, d'Espagne,
des Gaules et de la Grande Rrétagne, c'est-à-dire, de tout l'Oc-
cident, au nombre de, 400 ou environ. Le dessein qu'avoit
l'Empereur dans cette convocation, étoit de réunir tous h'n
Evêques dans le même point de croïance. Afin que porsonne
ne pût s'excuser d'assister à cette assemblée sous prétexte du la
dépense, le Prince fournit aux Irais du voiage. Mais les Evê-
ques d'Aquitaine piqués d'une noble générosité, ne voulurent
n. 59. p. 408. poinl profiter de celte faveur. Entre ceux-ci se Irouvoient ' S.
Phebade ou Fegade d'Agen, et Gavidius dont on ignore le
siège. Des autres Evê(|ues Gaulois on ne nomme que Saint
n. .17. p. wi. Servais ou Servalion de Tongrcs. ' Parmi tous les Prélats qui
composaient le Concile, il n'y eu avoil d'Ariens déclarés tout
au plus que 80. Tous bs autres éloienl Catholiques, aussi ata-
chés à la foi, que ces 80 éloienl livrés à l'iiéresie.
p. M13. XLVII. ' D'abord les Catholiques ouvrirent une voie qui
réussit mii'uxà leurs adversaires qu'à eux-mêmes. Us firent une
dépulation de dix d'entre eux vers l'Empereur, pour lui re-
présenter que les seiitimens des uns et des autres étant aussi
différens sur la foi, il n'y avoil pas moïen de communiquer
avec des Hérétiques. Ceux-ci à l'imitation des Catholiques dé-
putèrent aussi dix de leur cabale vers Constance. Mais plus
avisés que les autres, ils choisirent pour ce! effet les plus an-
ciens d'entre eux, gens ru-s^'is, pleins (''artifices, cl acouluii.fîs
depuis long-tems à la perlidie. ils n'i:urent pas de peine à
trouver par-là plus ce crédit sur l'esprit du Prince, déjà tout à
leur devoliqn, que les députés Catholiques, qui éloient de
n. 59. p. 90T. jeuues Prélats sans expérience et peu sur leurs gardes. ' L'Em-
pereur en renvoïaiit ceu -ci, les chargea d'une formule de foi
env.^-lopée sous des termes trompeurs, qui monlroient en apa-
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 31
rence un sens orthodoxe, mais qui en effet contenoit tout le
venin de l'iiéresie. Car sous une raison spécieuse cette formu-
le abrogeant le t(;rmc de substance comme ambigu, témérai-
rement emploie par les Pères, et non usité dans l'Ecriture, elle
tendoit à empêcher que l'on ne crilt le Fils de la même sub-
stance que le Père. De sorte que la formule établissoit bien la
ressemblance entre l'un et l'autre ; mais la fraude qui y étoil
artificieusement cachée, consistoit en ce que faisant le Fils
s.'mblable au Père, elle ne le faisoit pas égal à lui. (*) n Errai. senii.i.i-
XLVIII. ' Les Députés ainsi renvoies avec injonction de sui.''hist. i. a. u
s'unir de communion avec les Ariens, le préfet Taurus mo- ^^- p- *^- **•'
dératour du Concile reçut ordre de ne le point dissoudre, ' que p. 408.
tous les Evêqu es n'eussent signé la forunile. L'ordre ajoûtoit
que s'il s'en trouvoit qui refusassent de souscrire, on les exi-
lât, pourvu néanmoins que leur nombre n'allât pas au-delà de
15. Les Députés qui paroissent avoir été gagnés les premiers, '
eurent beau prier lesEvêques assemblés de ne pas irriter la co-
lère de l'Empereur; ce fut en vain. Les Catholiques persévé-
rèrent à refuser de communiquer avec les Ariens. Mais cela
ne dura pas. Si-tôt que l'on eut connoissance des ordres me-
naçans du Prince, le trouble coniinença à saisir les esprits. Au
trouble succéda la crainte, et la d(!route ne tarda pas à suivre.
Bien-tôt la plupart d^'s Catholiques se laissant vaincre peu à
p( u, soit par pusillanimité, soit par l'ennui de se voir éloignés
de leurs Eglises, se rangèrent du parti de leurs adversaires,
dont 1 • nombre grossissoit tous les jours depuis le retour
dos Députés. Et aïant une fois commencé à lâcher pied
et à perdre ( ourage, ils se joignirent par troupes aux Ariens,
sans rougir de leur désertion criminelle.
XLIX. ' De tant d'Evêques enuijinis de l'Arianisme qui ibid.
(;omposoient ce Concile, il ne s'en trouvoit plus que vingt
3ui demeurassent fermes. Mais plus ils voïoient leur nombre
iininuer, plus ilss'armoient de courage. S. Phebade et Saint
Servais se signaloient entre tous les autres par leur constance
et leur fermeté. ' I.,e modérateur du Concile, homme ambi- p. too.
tieux et adroit pour venir à bout de ses vues, à qui l'Empereur
avoil promis le consulat pour prix de son adresse à faire tom-
ber les Orthodoxes,' ' voïant ses espérances presque tombées, p. los.
fit tous les personages qu'il crut propres à mériter la récom-
pense qu'on lui avoit promise. N'aïant pu intimider ce peu de
bons Evoques ni par la crainte ni par les menaces, il s éforça
ifâ ETAT DES LETKES
de les atendrir par ses prières et ses larmes. El tel arlilice uc
lui aïant pas réussi, il vint à faire le philosophe, ou si l'on veut
le théologien, afin d'essaïer de convaincre par le raisonnement
ceux qu'il ne pouvoit ni fléchir ni abatre. Il leur proposa l'e-
xemple de la multitude, et prélendoit que le grand nombre
sui. lusi. I. ij. u. devoit être une autorité suffisante pour les déterminer. ' Mais
''■ ' tout ce qu'il sut mètre en œuvre fut inutile. S. Phebade à la
tête des autres déclara généreusement qu'il ne recevroit jamais
de formule dressée par les Ariens ; qu'il étoit tout disposé à
aller en exil, et à subir tout autre suplice que l'on voudroit.
Heureux s'il eut persévéré dans cette sainte resolution !
•Wii. L. Mais que la foiblesse de l'homme est grande !' Quel-
ques jours s'étant passés à combatre de la sorte, celui qui avoil
si généreusement résisté aux efforts et aux artifices d'un préfet
armé de toute l'autorité de l'Empereur, se laissa aller aux [»er-
!>• no. suasions frauduleuses d'Ursace et de Valens. ' Ces deux fourbes
f)Our le gagner, lui proposèrent d'ajouter à la formule ce que
ui et les autres Evêques de son sentiment jugeroient à propos,
et promirent de passer leur addition. Les Catholiques fatigués
de la longueur du Concile, et désirant de mètre fin à celle
grande aflaire, trouveront la proposition raisonnable et l'accep-
tèrent. S. Phebade et S. Servais se mirent donc en devoir de
dresser des formules, dans lesquelles ils condamnoient Arius
avec toute son hérésie, et déclaroient le Fils de Dieu égal au
Père, et Eternel comme lui. Alors Valens faisant l'homme
officieux, leur suggéra d'y ajouter les motssuivans, qui renfer-
moient la fraude, sans la montrer : Que le Fils de Dieu n'est
point une créature comme les autres créatures. La fraude eut
son effet; et nos Evêques donnèrent dans le piège sans sen
apercevoir. Car en niant que le Fils fût une créature comme
les autres, on ne laissoit pas de le reconnollre réellement pour
I'. m. créature, mais pour une créature plus excellente. ' C'est ainsi
3ue finit ce Concile, heureux dans son commencement, et
éplorable dans sa fin. ' Après tout, nul des deux partis n'avoii
sujet ou de se croire vaincu, ou de se flater d'être victorieux.
En effet, si les souscriptions étoient pour les Ariens, tant de
formules rejettées, où se montroit l'hérésie, déposoient en fa-
p. 411. veur des Catholiques. ' Cependant la clause que Valens avoil
fait ajouter n'étant pas d'abord entendue, ce ne fut qu'après
un certain lems qu'on s'aperçut de la fraude qu'elle cachoit.
LL L'issue du CojiciJe de Seleucie ne fut gueres plus heu-
reuse ,
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 33
reuse, que la conclusion de celui de Rimini. Seulement St. n.58.p.404 4C9.
Hilaire de Poitiers, dont il semble que Dieu n'avoit permis
l'exil, que pour le mettre dans l'ocasion de se trouver à cette
assemblée d'Evêques Grecs et Orientaux, y soutint toujours
avec autant de constance aue de zélé la vérité orthodoxe aban-
donnée par presque tous les autres. I^ chute de tant d'Eve- .
ques à la fois dans l'un et l'autre Concile tenu en même tems ,
' fit apercevoir au monde entier, selon l'expression de St. Jerô- Hier.in Lneif. i. .
me , que sans y penser il étoit devenu Arien .' C'est ce qui a fait y""' Vj^
dire aussi à Vmcent de Lerins , que le poison de l'Arianisme 319'
aiant infecté presque tous les Evêques de l'Occident, il s'étoit
répandu non dans une petite partie de la terre, mais dans pres-
que tout l'univers. L'Eglise ne laissoit pas néanmoins de bril-
ler au travers de cet obscurcissement presque général de la foi.
Elle brilloit dans ce peu de généreux Evêques, qui aïant pré-
féré leur devoir à leur repos , et l'exil aux bonnes grâces d'un
Empereur Arien, souffroient une persécution ouverte , sans y
succomber. Elle brilloit dans ces pieux solitaires de l'Egypte
formés par le grand Antoine l'ennemi implacable de l'Arianis-
me. ' Elle brilloit enfin dans une multitude de simples fidèles , sai. aid.n. ss. p
qui conservoient avec toute la diligence imaginable la foi de '®'"
leurs pères, tandis que leurs Pasteurs ou l'abandonnoient par
foiblesse, ou la sacrifioient honteusement à leurs propres in-
térêts.
LII. Grâces à Dieu un si grand scandale ne dura pas long-
tems, et l'Eglise des Gaules eut la gloire d'être la première
qui y aportât un remède salutaire. Dès l'année suivante 360 ,
S. Hilaire de retour à son Eglise, où l'Empereur crut devoir
le renvoier, pour éloigner de l'Eglise d'Orient le fléau le plus
terrible des Ariens, ' il travailla à rapeller tout le monde à la n.6o.p.«7. 4i5.
pénitence. Quelques autres étoient d'un avis différent, ne vou-
lant pas que l'on admît à la communion ceux qui avoient eu
le malheur de se laisser aller à la séduction. Mais le sentiment
de S. Hilaire prévalut, comme le plus sage et le plus confor-
me à l'esprit de l'Eglise. Ce grand Evêque assembla donc à
cet effet plusieurs Conciles dans les Gaules, où l'on condam-
na ce qui s'étoit fait à Rimini. De sorte que presque tous les
Evêques reconnurent et rétractèrent l'erreur où ils étoient
malheureusement tombés. De tous ces Conciles nous ne con-
noissons que celui qui se tint à Paris en 361 , et dont vous au-
rez l'histoire dans la suite. Au même tems que l'on travailloit
Tome /. Sec. Part. E
34 ETAT DES LETRES
à réparer le scandale de Riraini, il se présenta un autre mal
très-dangereux, qui tiroit son origine des maximes outrées de
quelques Evêques, sur-tout de Lucifer de Gagliari, dont le
zélé mal réglé tendoit à faire autant de désespérés qu'il y avoit
ocniu scii. .-. 31. (jg pénitens. 11 falut donc remédier à ce second scandale. ' C'est
ce qu'entreprit l'Evêque Paul, qui nous paroit le même.' que le
prélat de ce nom qui gouvernoit alors l'Eglise de Paris , et
qui publia un traité pour tâcher de consoler les pénitens , et les
exhorter à ne se laisser pas aller au désespoir par un excès de
tristesse mal entendue.
LUI, Depuis que les Evêques des Gaules se furent rele-
vés de leur chute, ils témoignèrent plus de zélé que jamais
contre l'hérésie d'Arius, et ne laissèrent passer aucune ocasion
sans le signaler. Nous verrons ailleurs ce que fit Saint Hilaire
Ami., aci. aq. p. coutrc Auxencc dc Milan. ' Dans la suite deux autres Evêques
d'Italie Pallade et Secondien continuant à soutenir l'Arianis-
me, l'Empereur Gratien assembla contre eux en 381 un Con-
cile à Aquilée. Nos evêques Gaulois voulurent y prendre
part, et y députèrent Saint Just Evêque de Lyon , Constance
d'Orange , Procule de Marseille , Théodore d'Octodure ou
Martigni dans le Valais, Domnin de Grenoble et Amance
de Nice. S. Valerien d' Aquilée présida au Concile ; mais Saint
Ambroise en fut l'ame, et conduisit toute l'action. L'hérésie
d'Arius y fut solermellement proscrite, et les deux Evoques
Ariens avec un prêtre nommé Attale condamnés et déposés
.!..<). IS.1. du sacerdoce. Le Concile écrivit sur cela aux Evêques des
Gaules une letre très-glorieuse h leur mémoire, pour les re-
mercier des députés qu'ils lui avoient envolés. Cette letre se
trouve parmi celles de S. Ambroise ; et ce grand Evêque qui
l'avoit écrite au nom du Concile, y dit que l'atachement qu'-
ont toujours eu les Evêques des Gaules pour l'ancienne doc-
trine , a donné beaucoup de poids et d'autorité aux décisions
de l'assemblée. Prœscriptamajorumsequentes non médiocre
addidistis pondus sententiis nostris, cum quibus etiam vestrœ •
Sanctilatis convemt professio.
LIV. S. Ambroise se trouvoit si bien des lumières de nos
Evêques Gaulois, qu'il étoit atentif à en profiter dans les oca-
. p. i-î. 11. li. sions.' La fameuse hérésie de Jovinien l'aiant obligé d'assem-
bler en 390 un Concile à Milan, où se trou voient alors Théo-
dore d'Octodure et Constance d'Orange, dont nous venons
de parler, le S. Prélat voulut qu'ils fussent de l'as-semblée , et
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 35
qu'ils eussent part à la condamnation de l'erreur et au triom-
phe de la vérité. Leurs noms se lisent avec ceux de S. Am-
broisc et des autres pères du Concile dans la letre écrite au pa-
f)e Sirice à ce sujet. C'est sans doute les mêmes Evêques Gau- «p si. n. «.
ois, avec lesquels le même S. Ambroise dit ailleurs qu'il te-
noit un autre Concile, lorsqu'on lui aporta la nouvelle du
meurtre de Thessalonique. Cette dernière assemblée , dont
parle ici S. Ambroise, regardoit la grande affaire des Itha-
ciens, comme nous dirons dans peu. Ce n'étoit pas seule-
ment dans les Conciles et les Conférences familières, que ce
grand Evêque de Milan consultoit nos Evêques Gaulois ; il le
faisoit encore par écrit. On sait qu'il avoit lié commerce de
letres avec quelques-uns, nommément S. Phebade d'Agen et
S. Delphin de Bourdcaux. L'histoire ne nous a pas conservé la
connoissance des autres.
LV. A peine les Evêques des Gaules commençoient-ils à
respirer, après tous les mouvemens et les fatigues que leur
avoit causé l'Arianisme, qu'ils se virent engagés derechef dans
de nouveaux combats pour le maintien de la vérité. L'hérésie
des Priscillianistes aïant commencé à se faire connoîlre sur la
fin de ce siècle , leur fit naître l'ocasion d'exi^rcer le zélé qu'ils
avoient si souvent fait paroîlre pour la défense de la foi. ' Cet- Sdi. iiii.i. n. «i. p.
te hérésie se répandit particulièrement en Espagne par les ar-
tifices d'un certain Marc Egyptien, qui séduisit une femme
nommée Agape, et ensuite un rhéteur nommé Elpide. Ceux-
ci instruisirent Priscillien homme noble ' et riche, dont cette Pros. chr. p. 731.
secte prit le nom. ' Ils l'ordonnèrent depuis Evêque de Labi- «sni. ibi.i. n. 63.
ne, ou Labile que l'on croit être Avila compris alors dans la
Galice.' Hygin ou Adhygin Evêque de Cordouë fut le pre- n. oa. p. 420. 422.
mier qui poursuivit ces hérétiques. Mais il se laissa depuis hon-
teusement corrompre, et les reçut à sa communion. Pour ar-
rêter le cours de cette hérésie, qui avoit déjà infecté la plus
grande partie de l'Espagne et même quelques Evêques, nom-
mément Instantius et Salvien, nos Evêques d'Aquitaine, qui
étoient alors du département de l'Espagne, s'assemblèrent à
Saragoce en 380 , avec lesEvêques Espagnols. ' Parmi -les conc.i.â.p. looij.
Evêques Gaulois qui se trouvèrent à ce Concile, les plus dis- tuiÎh^e; u's.p.
tingués étoient S. Phebade d'Agen, qui est nommé le pre- *^-
mier, et S. Delphin de Bourdeaux. On y condamna Elpide et
Priscillien laïaue, et les Evêques Instantius et Salvien. On y
excommunia Hygin de Cordouë, qui avoit reçu les hérétiques
E ij
36 ETAT DES LETRES
après les avoir dénoncés le premier. On y fit aussi huit Canons
dans lesquels on établit une doctrine et une discipline oposées
aux erreurs des Priscillianistes.
LVI. Après l'Espagne, les Gaules furent le théâtre où cet-
Aag. Hier. 70. tc scctc fît plus d'éclat. ' Elle étoit caractérisée par un mélan-
ge confus et horrible de toute sorte d'impiétés, qui s'y étoient
Pros. ibid. ramassécs comme dans un cloaque. ' Ceux qui la suivoient ,
étoient tout ensemble Gnostiques, Manichéens, Marcionites,
Sol. ibid. n.61.65. SabclUens, Photinicus. A la corruption dans le dogme, 'ils
p. 420. 4Î9. joignoient des mœurs aussi corrompues que leur doctrine ,
quoique sous un extérieur réglé, modeste et même severe.
n. 63. p. 82. 483. ' Après Icur condamnation dans le Concile de Saragoce,
dont nous venons de parler, Priscillien et quelques-uns de ses
principaux sectateurs allèrent en Italie y chercher de l'apui.
Us prirent leur route par l'Aquitaine, où aïant été fort biien
reçus par les ignorans, ils y répandirent les semences de leurs
erreurs , sur-tout à Eause , dont le peuple étoit comme natu-
rellement porté à la pieté. S. Delphin Evêque de Bourdeaux,
qui les connoissoit pour ce qu'ils étoient, les empêcha d'en-
pag. 42». trer dans sa ville épiscopale. ' Mais aïant trouvé un hospice
dans les terres d'Eucrocie veuve du célèbre orateur Delphi-
de, ils y passèrent quelque temps, et y infectèrent diverses per-
sonnes. Eucrocie elle-même et Procule sa fille furent de ce
nombre, et n'eurent pas honte d'acompagner avec une trou-
pe d'autres femmes aussi peu retenues, Priscillien et ses asso-
ciés, lorsqu'ils partirent de chez elle pour se rendre à Rome.
Ibid. p. 425. LVII. ' Leur voïage fut sans fruit. Le pape S. Damase ne
voulut pas même les écouter. S. Ambroise n'en témoigna pas
moins d'horreur. Frustrés de leur espérance de ce côté-là , ils
eurent recours à l'Empereur ; et à force de présens et de so-
licitations auprès des Ministres de Gratien ils furent rétablis
dans leurs Eglises. Ithace leur principal acusateur fut même
contraint à sortir d'Espagne, et à venir chercher un asyle dans
p. fm I Pros.ibid. les Gaulcs. ' Ce fut lui qui après la défaite et la mort de Gra-
•*■ '*'■ tien obtint de Maxime qui avoit usurpé l'empire, la convoca-
tion du Concile de Bourdeaux contre ces hérétiques. On se
préparoit à leur y faire bonne justice, comme vous le verrez
par l'histoire que nous en donnerons, lorsque Priscillien, pour
en éviter le jugement, apella à l'Empereur Maxime, et évo-
qua l'affaire à son tribunal. Mais cet apel lui fut plus funeste
Sui. ibid. p. 427. qu'il ne s'y seroit atendu. 'Lui et ses complices furent donc
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 37
conduits à la cour , qui étoit alors à Trêves, où Idace et Itha-
ce leurs acusateurs les suivirent , ' et les poussèrent avec trop Sui. n. es.p. 4îi.
de chaleur. Ces malheureux y furent jugés et punis avec la *'^ ' ^^°''' ""*'■
sévérité que tout le monde sait, plusieurs aïant été décollés ,
et les autres relégués dans les isles éloignées. A Bourdeaux
on étoit si indigné contre ceux de cette secte, que la popu-
lace lapida une femme nommée Urbique , parce qu'elle ne
vouloit pas renoncer à soti impieté.
LVIII. Quoique cette affaire fut évoquée au tribunal de
l'Empereur , cela n'empêcha pas qu'après le Concile de Bour-
deaux, S. Martin et divers autres Evêques des Gaules ne té- Wat. p m*.
moignassent même par un jugement solennel, comme ils sem-
ble, qu'ils ne pou voient regarder Priscillien et ses sectateurs
que comme des hérétiques. Un tel jugement supose la con-
vocation d'un Concile que l'on ne connoît point d'ailleurs.
Seulement ' un auteur du XII siècle, et par conséquent fort Spic. 1. 12. p. «os.
éloigné de ces tems-ci, nous aprend que Maxime assembla
plusieurs Evêques, entre lesquels se trouvèrent S. Ambroise et
a. Martin, et qu'ils tinrent un Concile pour condamner cet-
te hérésie. Mais quel qu'ait été ce Concile, ce ne fut pas as-
surément lui qui décerna la peine que l'on fit porter aux Pris-
cillianistes. D aussi Saints Evêques que S. Ambroise et Saint
Martin n'auroient eu garde d'aprouver, encore moins d'or-
donner une telle cruauté. Ils étoient trop instruits de l'esprit
de l'Eglise, qui a toujours eu en horreur l'effusion du sang ,
même de ses plus cruels persécuteurs. ' C'est ce que S. Mar- Sni. ibid. p. 428.
tin en particulier témoigna par ses instances auprès de Maxi- p*^86i!*56«'."'**'
me pour épargner à ces malheureux le genre de suplice au-
quel ils furent condamnés. C'est ce qu'il blâma encore hau-
tement en présence de cet Empereur et d'Ithace même. 'S. Ainb.ep.24.n.«.
Ambroise en fit autant, et fut suivi par le Pape Sirice et par le
I Concile de Turin, comme nous le dirons ailleurs. '
LIX. L'opinion contraire ne laissa pas néanmoins de trou-
ver des partisans. Ithace le principal auteur de la mort de ces
hérétiques, en fut le chef, et leur donna son nom. De-là se
forma le parti des Ithaciens, qui causa de si étranges divisions
dans l'Eglise des Gaules. ' L'autorité de la justice, l'aparence sùi. iiisi. 1. a. n.
du bien public, et peut-être encore plus que tout le reste l'a- f.\t J^^w?!*'''
pui que l'Empereur donnoit à Ithace et à ceux de son parti ,
empêchèrent d'abord qu'on ne les traitât comme le meritoient
des Evêques qui avoient procuré la mort à des personnes,
38 u .i ETAT DES LETKES
Tiii. ibid.p. 511. quoique Criminelles. ' Cela se passoit non en l'année 386,
f»ros. ibid. coHime le supose Baronius, mais dès l'année précédente. ' Peu
de tems après, c'est-à-dire en 388, on agit tout de bon con-
tre les Ithaciens, qui selon S. Prosper furent privés de la com-
Tiii. ibid. munioD de l'Eglise. ' On croit que ce fut les Evoques des
Gaules qui portèrent cette sentence, et qu'au mois d'Avril
390 ils allèrent à Milan pour la faire confirmer par S. Ambroi-
Amb. ep. 51. n. 6. sc. ' Ce Saint prélat parle effectivement d'un Concile qu'il tint
vers ce tems-là à l'arivée des Evéques Gaulois. A Trêves ce-
Sui.dia.i6.p.562. pendant SC fit unc asscmbléc d'autrcs Evêqucs, ' où Ithace fut
" ■ ■ déclaré innocent. 11 semble qu'elle fut composée des prélats
qui étant allés dans cette ville pour l'Ordination de Félix ,
communiquoient tous les jours avec Ithace, de sorte que sa
cause leur étoit devenue commune avec lui. Mais elle parois-
soit si odieuse aux yeux du public, que les Païens mêmes la
blâmoient avec des traits de- reproches qui ne faisoient pas
d'honneur à ces Evêques. Nous en pourrons raporter quel-
ques-uns en un autre endroit.
LX. Une conduite aussi oposée entre nos Evêques causa
ist. i.2.n.66.p. dans les Gaules ' une discorde continuelle, qui pendant plus
de 15 ans y eut des suites très-fâcheuses, sans que l'on pût
trouver le moïen de l'éteindre. Presque toutes choses, dit S.
Sulpice, étoient troublées et confondues par les divisions de
ces Evêques, qui regloient, ou pour mieux dire, qui perdoient
tout en suivant, au lieu de la justice, les impressions de leur
haine ou de leur affection particulière, et ne se conduisoient
que par des mouvemens de crainte , d'inconstance , d'envie ,
de faction, d'avarice, d'arrogance, etc. On voioit le plus grand
nombre résister aux bons avis des autres, pour n'écouter que
leurs folles imaginations, sans d'autre motit qu'une opiniatre-
dia. ibij. p. 561. té déraisonnable.' On portoit l'injustice et la licence jusqu'à
taxer d'hérétiques les gens à la seule vûë. Il suffisoit de voir un
visage pâle, et un habit de certaine figure, aparemment plus
modeste que celui du commun, pour y atacner la note d hé-
hist. ibid. resie. ' Cependant le peuple de Dieu et les personnes ver-
tueuses servoient de jouet à la mahce et à l'insolence des au-
tres. Ces funestes divisions n'étoient point encore entièrement
apaisées en l'an 400, qu'écrivoit Saint Sulpice qui nous en a
Amb. .looi). Val. laissé le triste récit.' S. Ambroisequine les voïoitpasdesi
près, ne laissoit pas de les déplorer lui-même; et il nous aprend
que souvent elles furent cause qu'il s'excusa de se trouver
n. 85.
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 39
aux Conciles que tenoient les Evêques des Gaules.
LXI-. On ignore quels furent ces Conciles dont parle ici
Saint Ambroise. Seulement il en désigne un comme tenu
vers le mois de Mai 392 , l'année de la mort de Valenti-
nien II. Ce pourroitbien être 'celuLqui se tint à Nîmes, et sui.^ia. a.n.i!
auquel Saint Martin refusa fle se trouver , mais des décisions ^'
et de la conduite duquel il fut aussitôt instruit par un Ange.
C'est ce que nous examinerons plus particulièrement ailleurs.
Il manqueroit au reste quelque chose à l'abrégé de l'histoi-
re des Ithaciens que nous venons de faire , si l'on ne trouvoit
pas ici le portrait d'ithace leur chef que nous a tracé un his-
torien du tems. ' Ithace, dit cet Ecrivain, étoit un homme h^t. i. 2. n.M.p
sans souci , en qui l'on ne voïoit aucune marque de la sainte-
té du caractère episcopal dont il étoit revêtu. Grand parleur,
plein de faste , audacieux jusqu'à l'impudence , il n'avoit de
goût que pour la bonne chère, et ppussoit l'indiscrétion, pour
ne pas dire la folie , jusqu'à donner le nom odieux de Priscil-
lianistes à ceux qui s'apliquoient à l'élude, ou qui faisoient
profession d'une vie austère et pénitente. Il ne rougissoit pas
même d'enveloper sous cette oaieuse qualification le grand
S. Martin , qui passoit pour un homme comparable aux Apô-
tres. Tel étoit le fameux Ithace , le père des ithaciens ; et l'on
a pu s'apercevoir par le peu que nous avons dit de ses parti-
sans, qu'ils ne lui ressembloient pas mal.
LXII. Ce n'étoit pas seulement avec S. Ambroise que nos
Evêques et les autres personnes studieuses des Gaules en-
tretenoient un commerce de literature en ce siècle. Us avoient
encore de semblables liaisons avec les personnages les plus cé-
lèbres des autres pais étrangers. Ils en avoient avec a. Jérô-
me en Palestine , S. Augustin en Afrique , S. Paulin d'abord
retiré à Barcelone et depuis à Noie. Us en avoient avec le fa-
meux Orateur Symmaque à Rome , et sans doute avec beau-
coup d'autres dont l'antiquité nous a dérobé la connoissance.
Comme ce noble commerce continua encore au siècle sui-
vant , nous en parlerons alors dans un plus grand détail. Dès
ce siécle-ci il produisit quantité d'écrits, comme letres, trai'
tés, pièces de poésie , et autres. Mais il en est peu qui aient
échapé aux injures des tems. La plupart des autres précieux
monumens dont ces grands Evêques des Gaules , ou nés dans
les Gaules , que vous avez vu paroître dans la suite de ce dis-
cours , avoient enrichi l'Eglise , ont eu le même sort , et ne
40 ETAT DES LETRES
se trouvent plus aujourd'hui. De sorte qu'outre quelques actes
de Conciles , et un ou deux traités de S. Phebade d'Agen , il
ne nous reste de toutes ces richesses, que ce que nous en avons
dans les recueils de S. Hilaire de Poitiers, de S. Ambroise de
Milan , et de Lactance. Nous mettons ce dernier au nombre
de nos savans Gaulois pour Tassez long séjour qu'il fit dans les
Gaules , où il publia ses principaux ouvrages.
LXIII. Mais quelques estimables que soient ces précieux
restes , ils ne peuvent nous empêcher de déplorer la perte qu'a
fait l'Eglise par la privation où elle est de tant d'autres écrits ,
ou ensevelis dans la poussière, ou entièrement perdus. Il est
certain que Lactance, S. Hilaire et S. Ambroise avoient lais-
sé plusieurs autres ouvrages de leur façon , que ceux qu'on
nous en a conservés. Nous ne nommerons ici que les plus
considérables. Quelle perte que celle des commentaires de S.
Hilaire sur Job et sur le Cantique des Cantiques, de ses letres à
diverses personnes, de son traité des mystères, et du recueil de
ses hymnes! Quelle perte encore que celle des commentai-
res de S. Ambroise sur les proverbes, surisaïe et les Prophètes,
de ses courtes remarques sur les épîtres de S. Paul , et de son
traité des sacremens , ou de la philosophie ! Nous avons aussi
perdu ce que S. Maximin de Trêves et S. Paulin son succes-
seur avoient écrit , au laport de S. Athanase, contre l'hérésie
d'Arius. De même S. Servais de Tongres , que nous montre-
rons être ce Sabbatius Evêque Gaulois , dont parle Gennade ,
avoit composé un traité sur la foi contre divers hérétiques, le-
quel s'est perdu comme les précedens. On ne nous a point
conservé non plus ni l'ouvrage de Paul Evêque de Paris, dont
nous avons déjà parlé, ni le traité des principes du prêtre He-
liodore compagnon d'étude de S. Hilaire de Poitiers.
LXIV. Et si nous entrions dans un entier détail, com-
bien découvririons-nous d'autres monumens ecclésiastiques ,
qui n'existent plus aujourd'hui ? Combien d'actes de Martyrs
et de vies des Saints nous ont été enlevés, ou par l'injure des
tems, ou par la négligence, et peut-être la malice des hom-
mes ? Combien avons-nous perdu d'actes de Conciles ? Vous
avez pu remarquer dans ce discours qu'il s'en étoit tenu un
grand nombre dans les Gaules , tant au sujet de l'Arianisme ,
que sur les grandes affaires des Priscillianistes et des Ithaciens:
cependant il ne nous reste presque rien de tous ces Conciles.
Combien encore de letres particulières perdues? Nous n'avons
lien
DANS LES GAULES. IV SIECLE. 41
rien de toutes celles que nos Evêaues écrivirent à S. Hilaire
dans son exil , et qui étoient sans doute des monumens dignes
de passer à la postérité la plus reculée. Ce qui se fit pour ap-
puier l'erreur, s est perdu comme le reste. Il ne paroîtplus rien
ni des écrits de Saturnin d'Arles en faveur de l'hérésie arienne,
ni des divers libelles que Vigilance publia tant contre la ré-
putation de S. Jérôme, que pour établir ses nouvelles erreurs.
Quoique nous raportions avec quelque étendue l'histoire de
cet hérésiarque au siècle suivant , nous ne pouvons pas nous
dispenser d'en dire quelque chose dès ce siecle-ci , où il com-
mença à se faire connoître et à éclater.
LXV. L'EgHse des Gaules , qui jusqu'ici avoit été en gar-
de contre les erreurs étrangères qui pouvoient corrompre la
pureté de sa foi, eut la douleur de voir naître l'hérésie dans
son propre sein vers la fin de ce IV siècle. ' Vigilance, le pre- Hier, in Vi». p
mier monstre , dit S. Jérôme , que les Gaules aient produit, ***" "*■
débita plusieurs erreurs contre la religion et les pieuses prati-
Îues établies et autorisées dans l'Eglise. Il blâmoit comme
ovinien la profession de la continence. Il condamnoit le res-
pect que l'on rend aux reliques des Martyrs, et donnoit à ceux
3ui les honorent la qualification odieuse de Cendriers et d'I-
olâtres. Il traitoit de superstition païenne l'usage d'allumer
en plein jour des cierges en leur honneur. Il soûtenoit qu'a-
firès la mort on ne pouvoit plus prier les uns pour les autres.
1 disoit que les miracles qui se faisoieiit aux sépulcres des
Martyrs , n'étoient que pour les Infidèles. Il condamnoit les
veilles publiques dans les Eglises , excepté la nuit de Pâques.
Il blâmoit ceux qui vendoient leur bien pour le donner aux
pauvres, et qui embra.ssoient la vie monastique. Nous dirons
ailleurs de quelle manière cette hérésie fut découverte par les
soins de deux prêtres de l'Eglise des Gaules , Ri paire et Di-
dier , et ensuite combatuë et refutée par la plume de S. Jé-
rôme.
LXVI. D'abord elle fut suivie par les personnes crédules
et charnelles , parce qu'elle favorisoit leurs passions. ' Mais on tui. ibid. 1. 12. p.
ne voit point (qu'elle ait eu de suite ; et S. Augustin n'en fait *^'
aucune mention dans le dénombrement des autres hérésies. On
croit qu'elle fut moins étouffée par les écrits qu'y oposa S.
Jérôme , et par les soins des Evêques , que par les ravages
affreux que firent les Barbares dans les Gaules au commence-
ment du V siècle , tant en punition de cette hérésie même ,
Tome I. Sec. Part. F
4 *
42 ETAT DES LETRES
que pour cliâtier les Gaulois à cause de leurs autres crimes.
On ne voit point non plus qu'on ait eu besoin d'aucun Con-
cile pour la condamner, tant elle étoit contraire à la Iradi-
nii. iiog. c. 73. tion de l'Eglise universelle. ' Gennade néanmoins près d'un
siècle depuis ne laissoit pas d'y faire allusion , lorsque dans ses
dogmes catholiques il parle ainsi : « Nous croïons , dit-il, que
« les corps des Saints , et particulièrement les reliques des SS,
« Martyrs doivent être honorées avec sincérité , comme les
« membres de J. C. Nous croïons que les basiliques qui por-
« tent leur nom , doivent être visitées avec un sentimi^nt de
c. pieté et une dévotion entière , comme étant des lieux desti-
« nés au culte de Dieu. Quiconque est dans une autre croïan-
« ce , nous le regardons comme un disciple, non de J. C.
« mais d'Eunome et de Vigilance. » C'est ainsi que parloit à
la fin du V siècle un prêtre de l'Eglise de Marseille , en ren-
dant compte de sa loi au pape 3- Gelase.
LXVIl, Nous finirons ce discours par ce qui se présen-
te à dire sur l'institut de l'ordre monastique , dont Dieu se ser-
vit pour garantir les letres d'une entière décadence , et con-
tribuer à conserver la pureté de la religion. L'on sait de res-
te en effet que les monastères ont presque toujours été au-
tant d'écoles et pour la pieté et pour les letres. L'on commen-
ça à en voir dans les Gaules peu après le milieu de ce siècle.
Soi vit. M. II. i. ' Le premier que l'on sache y avoir été établi , doit son origi-
p. 448.4*9. jjg ^ g Martin depuis Evêque de Tours. Ce Saint le bâtit à
Ligugé, à une pelile distance de la ville de Poitiers, lorsqu'il
se fut mis pour la seconde fois sous la discipline de S. Hilaire ,
après que ce S. prélat eut été renvoie à son Eglise en 360. S.
Martin en fit le lieu ordinaire de sa retraite jusqu'à son épis-
copat , et pendant qu'il l'habitoit. Dieu l'illustra par un mira-
cle éclatant , en ressuscitant un mort à la prière de son servi-
teur. Ce monastère conlinua à être célèbre dans les siècles sui-
vans, et nous en verrons sortir quelques personnes de letres.
Enfin après avoir servi à l'instruction et à la sanctification de
quantité de Moines, il est passé en ces derniers tems aux Jé-
suites de Poitiers, qui en on fait leur maison de plaisance, où
ils vont ordinairement se délasser des fatigues inséparables du
soin qu'ils j)rennent d'instruire la jeunesse.
...7.1.. 45a. 455. LXVin. ' S. Martin aïant été élevé sur le siège épiscopal
de Tours, ne perdit rien de son amour pour la solitude. C'est
ce qui le porta à bâtir à une demie lieuë de la ville un autre
DANS LES GAULES. IV SIECLE.
43
7,1!).
monastère, qui est aujourd'hui la célèbre abbaïe de Marmou-
tier. En peu de tems il y assembla jusqu'à 80 Moines, qui vi-
voient en Cénobites. L'austérité y étoit grande et pour la
nourriture et pour le vêtement ; quoique plusieurs de ces so-
litaires fussent de famille noble, et eussent été élevés d'une
manière bien différente. Mais ce qui étoit dur à la nature,
les atraits de la grâce le leur rendoient doux et aimable. Ce
monastère étoit tout à la fois et une pépinière d'Evêques et
une école pour les letres. Il n'étoit point d'Eglise, dit S. Sul-
pice, qui ne voulût avoir pour la gouverner, un sujet formé
dans ce saint lieu. Tout le travail des solitaires consistoit à co-
pier des livres. On n'y emploïoit toutefois que les plus jeu-
nes ; les anciens n'aiant point d'autre ocupation que la priè-
re. Entre les grands hommes qui se formèrent en ce sanc-
tuaire , même avant la fin de ce IV siècle , ' nous connois- Pros. cUr. p
sons S. Héros Evêque d'Arles; 'Eusebe à qui Saint Sulpice Sui. ad Eus.
adresse une de ses letres, et qui fut aussi élevé à l'épiscopat ,
S. Severe Sulpice lui-même qui y passa quelques années du
vivant de S. Martin, et encore plus de tems après sa mort;
' Victor l'un des Saints qui étoient associés avec S. Paulin de Paui. o.p. as.num
Noie; S. Clair le disciple chéri de S. Martin; ' Gallus qui sùf.uiai. i. n. 4
parle presque toujours dans les dialogues de S. Sulpice, et le ** ' "*'*'• *• "• '
prêtre Evagre dont nous parlerons plus amplement ailleurs.
On pourroit encore mètre de ce nombre ' le célèbre S Patri-
ce Apôtre de l'Hibernie, qui peu après la mort de S. Martin
se retira près de ses disciples, et y passa au moins trois ans.
LXIX. Presque aussi-tôt que ce monastère eut été formé,
il devint comme une ruche féconde, d'où il sortit plusieurs
essains mystiques qui se répandirent ailleurs. C'est de-là sans
doute que S. Martin tira les premiers Moines qu'il envoia
peupler ' les nouveaux monastères , dont il remplit les envi-
rons de Tours, selon l'expression de l'auteur de sa vie. De sor-
te que dès-lors Marmoutier aquit la qualité de chef d'ordre :
ce qui lui fît donner depuis le nom latin de maj'us monaste-
rium, dont on a formé celui qu'il porte aujourd'hui. ' Aux en-
virons de Trêves on vit aussi avant l'an 385 les commence-
mens d'un autre monastère, par le soin qu'y prirent quelques
serviteurs de Dieu de se retirer dans une cabane pour y me-
ner une vie ascétique. Ce fut chez eux que l'on trouva un des
premiers exemplaires de la vie de S. Antoine, qui eussent en-
core paru dans les Gaules. Il vous est aisé de juger par ce que
F ij
Bail.
216.
n. m.vrs, p.
Sul. vil.
p. 458.
M. n.
Aug.
15.
conf. I. 8.0.
nea. H. F.. I. 49.
I). ;h.
U EUMENE,
nous venons de dire, que l'ordre monastique, au moins dans
nos Gaules, fit dès sa première origine une profession parti-
culière de cultiver les letres. Le travail à copier les livres, qui
dès lors faisoit une des principales ocupalions des moines, se
continua toujours chez eux dans la suite, jusqu'à la découver-
te du secret admirable de l'imprimerie. Aussi les historiens
les plus équitables rendent-ils aux anciens moines la justice
de reconnoître que c'est à leurs soins et à leurs travaux que
nous sommes redevables de ce qui nous reste des livres de la
bonne antiquité ecclésiastique et profane.
EUMENE,
Orateur et Rhéteur.
8- I
HISTOIRE DE SA VIE.
UMENE cet illustre orateur et professeur d'éloquence,
I dont nous avons déjà fait si souvent mention , fleurissoit
pm. n. p. 157. sur la fin du III siècle et au commencement du IV. ' D étoit
originaire d'Athènes, d'où son aïeul passa à Rome, et y en-
seigna la rhétorique avec beaucoup de réputation. De Rome
il vint à Autun, dont les citoïens lui témoignèrent tant d'ar-
deur pour l'éloquence, qu'il fixa sa demeure dans cette ville ,
et y continua sa profession de rhéteur jusqu'à l'âge de 80 ans
et au-delà.
p. u2. 224. ' Ce fut à Autun qu'Eumene prit naissance, quelques an-
nées après le milieu de ce siècle; puisqu'il étoit encore enfant
sous l'empire de Claude II vers l'an 269. Il ne tarda pas à fai-
re voir que l'éloquence étoit un bien héréditaire dans sa fa-
p. iM. 1.14. 157. mille. ' Il l'enseigna, comme son aïeul, à la jeunesse d'Au-
tun ; et de cette chaire d'éloquence, il fut élevé à la charge de
p. iB.-;. secrétaire d'Etat. ' Après l'avoir exercée quelque-tems , on lui
permit de se retirer, et d'aller vivre en repos à la campagne.
p. i*.-.. 146. n y goûtoit avec plaisir les douceurs de la retraite et de la vie
champêtre, ocupé des études particulières d'un de ses enfans,
lorsque le collège d'Autun vint à perdre son modérateur ou
principal. Aussi-tôt Constance-Chlore jetta les yeux sur Eu-
r>. i.'.4. 155. mené, par l'estime qu'il faisoit non-seulement de son éloquen-
e:
ORATEUR ET POETE. 45
ce, mais encore de la dignité de ses mœurs, pour remplir iv siècle.
cette place vacante.
' Ce Prince n'étant alors que César, eut recours à l'autorité pan. b. imu
des Empereurs Maximien Hercule et Diocletien, afin d'enga-
ger Eumene à se charger de l'administration du collège et du
soin d'y enseigner de nouveau la rhétorique. Il en obtint une
letre ou rescrit adressé à Eumene même, et aussi glorieux à
sa mémoire qu'honorable à la jeunesse d'Autun, en qui l'on
voïoit les plus belles dispositions du monde pour les sciences.
Comme Eumene joûissoit encore de la pension de secrétaire
d'Etat, les Empereurs la lui doublèrent, et l'assurèrent qu'il ne
[)erdroit rien du rang ni des privilèges que ses autres emplois
ui avoient acquis.
' Ce grajid homme se rendit à de si puissantes solicitations, p. 153. is4.
et accepta la chaire d'éloquence avec les apointemens que
l'on y atachoit. Ils étoient considérables, faisant plus de vingt-
six mille livres de notre monnoïe. Mais par un trait de déta-
chement et de générosité que l'on ne sauroit assez louer, il ne
voulut point en profiter, et les apliqua au rétablissement du
collège d'Autun. C'est ce que nous aprenons d'un discours
Su'il fit devant un des gouverneurs des Gaules, pour deman-
er que ce collège fût compris dans les édifices publics que
Constance faisoit rebâtir, aun de rendre à Autun sa première
splendeur.
' Eumene dans un autre de ses discours prononcé en 310, p- soi-
semble dire qu'il n'étoit alors que dans la 50* année de son âge.
11 avoit néanmoins dès lors un de ses fils qui étoit avocat du p. su.
fisc. Il se voïoit quatre autres enfans, qu'il recommande à
Constantin le Grand dans le même discours. ' On ne sait point p. no. 2.
s'il vêquit au-delà de l'an 311, où nous conduit ce qui nous
reste de ses écrits, ni s'il renonça au Paganisme dont il faisoit
profession, pour embrasser la foi de J. C. à l'exemple de Con-
stantin, le dernier des Empereurs sous lesquels il fleurissoit.
S- II.
SES ECRITS.
EUMENE n'a pas seulement mérité la qualité de rhéteur,
pour avoir si long-tems et si dignement enseigné l'art de
bien parler. Il s'est encore acquis le litre d'orateur et de pané-
gyriste de l'epipire par l'usage qu'il a fait lui-même de Télo^
■ j/it
46 '•' EUMENE, '"^
IV SIECLE, quence dans plusieurs païK^gyriques qu'il a prononcés en pu-
blic. Il ne nous en reste néanmoins aujourd'hui que -juatre de
sa façon.
Pan.B.p.iii.t6o. ' Le premier fut prononcé à Autun en faveur du collège de
cette ville, et en présence du gouverneur de la Gaule Cel-
tique ou Lyonoise, que l'on croit avoir été Riotiovare. Eu-
mene le divise eh deux parties. Dans la première, il montre
combien il est juste, utile et avantageux pour le public de ré-
tablir dans leur première splendeur les écoles d'Âutun, qui
étoient autrefois si magnifiques par leurs édifices, et si célè-
bres par le concours des étudians. Il emploie la seconde par-
tie pour faire voir que l'on pouvoit exécuter ce dessein, sans
être à charge au public, en prenant les moïens qu'il propose,
s'ofTrant généreusement à céder pour ce grand ouvrage tout
ce qu'il rctiroit de la libéralité des Empereurs.
p- ^♦s. lu. ' Il y parle des dommages qu 'Autun venoit de recevoir tout
de nouveau, sur-tout par les incursions des Bagaudes. Il y
toutîhe la magnificence qu'un Empereur avoit déjà fait paroî-
tre dans les réparations de cette ville, et le soin que les Em-
pereurs regnans prenoient de les faire continuer, en y em-
ploïant des ouvriers qu'ils avoient fait venir d'au-delà la mer,
p. ir,3. m. c'est-à-dire, de la grande Bretagne. ' Eumene y fait mention
de sa charge de secrétaire d'Etal, et des apointemens qui y
!'■ '"• étoient atachés. ' C'est dans ce même discours qu'il nous fait
p. 160. connoître son aïeul. ' Il le finit en priant le gouverneur de-
vant qui il le prononçoit, d'écrire aux Empereurs, et de leur
'' faire agréer le dessein qu'il proposoit de rétablir le collège
p.^i40|Tiii.Emp. d'Autun. ' On croit que ce disôours fut prononcé en 296;
Quoique d'autres, peut-être avec raison, ne le placent que
eux ans plus tard 'en 298. ' On y trouve insérée la letre que
les Empereurs Maximien Hercule et Diocletien écrivirent à
Eumene, pour l'engager à se charger une seconde fois d'in-
struire la jeunesse d'Autun, comme nous l'avons déjà dit.
p. 165. 181. ' L,. second discours de notre orateur est à la louange de-
Constance Chlore, qui n'étoit encore que César, et en présen-
ce de qui il fut prononcé à Trêves, au nom de la ville d'Au-
tun. Eumene y relevé les victoires de ce Prince. Mais le sujet
principal qu'il y traite, est la conquête de la grande Bretagne,
après la défaite de Carause qu'il qualifie le chef des Pirates,
et d'Allecte qui s'étoit élevé à sa place.
P; a^ia" "''''• * ' Les critiques ne conviennent pas entre eut de l'ailnée à
ORATEUR ET POETE. 47
laquelle ce panc^gyrique fut prononcé. Les uns le placent le iv siècle.
premier des quatre qui nous restent d'Earaene ; et les autres
ne le comptent que pour le second. On trouve dans le» deux
pièces de quoi apuïer l'un et l'autre sentiment. Le P. de la
Baune met celui dont il est ici question en 2Q6, après que
Constance Chlore eut recouvré les isles Britanniques, et avant
la victoire de Langres, dont il n'y est pas dit un mot. Il ne
laisse pas de ne le melre que lé second des quatre. Mr de Til-^
lemont, qui le compte pour le premier, le raporte à l'année
suivante, sur ce qu'il y est parlé du premier jour de Mars, au-
quel Constance avoit été fait César, et que l'on peut présumer
f[u'il fut prononcé à la solennité de sa cinquième année, qui
inissoit en 297. ' Il y est fait mention, comme dans le pre-r pan, p. isi.
mier, des ouvriers que Constance emploïoit au rétablissement
de la ville d'Autun, après que ce Prince les eut amenés de la
grande Bretagne.
Rhenanus a atribué ce second discours à Claude Mamer- p. i4o. 2.
tin, ou à quelque autre auteur de la Gaule Belgique, C'est
pourquoi dans son édition au lieu du terme latin Heauensium,
il a mis Cliviensium, lieu inconnu alors. Mais il est certain
qu'outre la ressemblance de style entre ce panégyrique et le
f (recèdent, Eumene y est si bien caraçterisî', qu'on ne peut le
ui refuser.
Le troisième fut encore prononcé à Trêves l'an 309 ou ibidiTui.ibid. p.
310, en présence de Constantin le grand, au jour qu'il cèle- *"'
broit la fondation de cette ville. ' Il roule particulièrement sur Pan. p. 201. 217.
les victoires de ce nouvel Empereur, et sur l'éloge de Con-
stance-Chlore son père, qu'il place bien haut dans le ciel,
?[uoique mort dans le paganisme. Eumene témoigne que ce
ut Constantin lui-même qui le chargea de ce panégyrique,
et qu'il le fit sur le champ. En parlant des victoires de ce Prin-
ce, il relevé particulièrement celles qu'il avoit remportées sur
les François, dont il avoit défait les Rois ou les Ducs. Il fait
mention du siège qu'il avoit mis devant Marseille en 308, et
de sa marche contre Maximien Hercule, à qui il reproche
avec véhémence de ce que s'(''tant jusqu'à trois fois volont&i-t
rement démis de l'Empire, il l'avoit repris autant de fois, Eu-
mene y donne des marques non équivoques de la religion
Païenne qu'il professoit. Il dit que les mauvaises actions des
hommes sont des suites du destm, et leurs vertus de? dons de
la divinité.
48 EUMENE, ORATEUR ET POETE.
IV SIECLE. ' Sur la fin de ce discours il invite Constantin à honorer
Pan. p. S16. 217. d'uuc dc SCS visitcs la viUe d'Autuu , et l'exhorte à achever de
la rétablir. Mais il n'ose pas se promettre que son âge avancé
lui permette de voir ce rétablissement. Il semble néanmoins
par un trait de cette pièce, qu'Eumene n'avoit alors que 50
ans. Il finit en recommandant à l'Empereur cinq enfans qu'il
avoit, dont l'un servoit ce Prince en qualité d'avocat du fisc,
et ses disciples dont plusieurs étoient déjà emploies dans les
premières charges de la Cour et de l'Etat.
p. 219. a». ' Le quatrième et dernier panégyrique d'Eumene'est un re-
merciment à l'Empereur Constantin de la part des citoïens
d'Autun. C'est pourquoi le titre latin porte qu'il a été pronon-
p. 140.2. iTiii.ib. ce Flaviensium nomine, ' parce que cette ville sensible aux
bienfaits de ce Prince, avoit pris le nom de Flavia, qui étoit
celui de la famille de Constantin. En effet sur la fin de l'an
311, cet Empereur passant par Autun, déchargea les Bour-
- ''*' geois d'une partie des impôts qu'ils païoient, et leur fit quel-
ques autres gratifications. Si-tôt qu'il fut de retour à Trêves,
où il faisoit sa résidence ordinaire, la ville d'Autun lui députa
Eumene pour lui rendre leurs actions de grâces. On faisoit
alors à Trêves la cérémonie des cinq ans de l'empire de Con-
Paii. p. 2io. stantin, ' et tous les seigneurs des environs et les ambassadeurs
des Princes s'y étoient rendus pour cette solennité. Ce fut en
' ■'''• cette occasion qu'Eumene prononça son quatrième discours.
p.'aig. 82». ' Il y parle d'abord de l'ancienne noblesse d'Autun, et de
son alliance avec les Romains, qui leur ouvrit la voie à la
conquête des Gaules. Il passe ensuite à ce que fit cette ville
pour le service de l'Empereur Claude II, dont Constantin
étoit issu du côté des femmes ; et delà à ce que fit Claude pour
reconnoître les services d'Autun. Il y fait une description du
triste état auquel cette ville avoit été réduite dans la suite des
tems, et des faveurs dont cet Empereur venoit de la gratifier.
En faisant le caractère de l'éloquence telle qu'elle étoit en
usage aux III et IV siècles, nous avons donné une idée suffi-
sante de celle qui se trouve dans ces quatre panégyriques.
On peut voir par les traits que nous en avons raportés, qu'ils
sont encore plus considérables pour les faits historiques qu'ils
contiennent, que pour l'éloquence.
Ds ont été imprimés plusieurs fois avec les autres harangues
des anciens panégyristes de l'Empire. Nous en avons déjà
marqué les oifferenles éditions à rarticle de Claude Mamer-
tin.
MASSUS, EVEQUE DE PARIS. 49
tin, et il seroit inutile de les répeter ici. Dans l'édition qu'en iv sieci-e.
publia Rhenanus en 1520, outre le défaut d'ordre chronolo-
gique entre ces quatre harangues , il n'y a que la première
qui porte le nom d'Eumene. La seconde est atribuée à Ma-
mertin, et les deux autres à des inconnus. Mais il n'y a qu'à les
lire avec atention, pour convenir qu'elles sont d'un seul et mê-
me auteur, et que cet auteur est l'orateur Eumene. C'est aussi
de quoi tous les modernes conviennent aujourd'hui. '
' 11 y a eu une édition particulière du premier de ces qua- Biui. s. jni. Tnr.
tre panégyriques d'Eumene, c'est-à-dire, de celui qui est fait
pour le rétablissement du collège d'Autun. Il fut imprimé avec
celui de Latinus Pacatus Drepanius à la louange du grand
Théodose, par les soins de François Baudoin, qui les enrichit
d'observations de sa façon. Cette édition parut à Paris chez
Sebastien Nivelle, l'an 1577 en un volume inA".
L'
MASSUS,
EvEQUE DE Paris.
ES fastes de l'Eglise de Paris, au raport du P. Dubois âOnb. hist. «cci.
qui en a fait l'histoire , ne nous aprennent rien de cet ^'"- '• ^ "• "■
Evêque que son nom seul. ^ On nous le donne communément KCaii.chr. vet. i.
pour le successeur immédiat de Mallo, qui avoit succédé im- * v-^^- 1
médiatement à Saint Denys premier Evêque de cette Eglise.
L'épiscopat de Massus fut fort tranquille sous le gouverne- Oub. ïMi.
ment de Constance Chlore, Prince pacifique, à qui les Gau-
les obéissoient alors.
'Un ancien catalogue des Evêques de Paris, raportéparde Monch. de mis.
Mouchy ou Democharès, et depuis inséré dans la Gaule Chré- can.^iirTiiL '
tienne, porte que Massus avoit écrit les actes du martyre de S.
Denys et de ses compagnons S. Rustique et S. Eleuthere. Ces
actes, suposé qu'ils aient réellement existé, doivent passer pour
originaux. Leur auteur, comme l'on voit par ce que nous ve-
nons de dire, pouvoit avoir vécu du tems de S. Denys mê-
me, non dès le premier siècle de l'Eghse, ainsi que ce cata-
logue l'établit, mais sur la fin du III. Il pouvoit remplir le siè-
ge épiscopal de Paris avant la fin de ce même siècle, et conti-
nuera l'occuper pendant les premières années du siècle suivant,
jusques vers 312. Car entre Massus et Paul qui étoit Eve- .
Tome I. Sec. Part, G
iSé MASSUS, EVEQUE DE PARIS.
IV SIECLE, que de la même Eglise au tems du premier Concile de Pa-
ris en 361, on ne met que trois autres Evoques.
Pour ce qui est des actes qu'il laissa, ce n'est assurément pas
iiosq. t. 2. p. 68 ' ceux que nous avons dans Mr Bosquet, l.'auti'ur de ceux-
"■ ci avoue lui-même qu'il étoit bien éloigné des tems de Saint
Denys ; puisqu'il dit qu'il a composé son histoire, moins sur
ce qu'il avoit apris dans les monumens airciens, ou qu'il avoit
vu lui-même, que sur ce que portoient les traditions de son
tems. Nous parlerons ailleurs plus amplement de ces derniers
actes. Il suffit d'observer ici que les savans qui en jugent le
plus favorablement , ne les croient pas plus anciens que le
Vl siècle, et que d'autres les renvoient au VII, et même au
VIII, Il y a tout lieu de croire (jue lorsqu'ils furent faits ,
ceux que Massas avoit écrits , comme on le supose, n'éloient
plus connus, et même qu'ils étoient perdus entièrement.
Nous ajoutons , comiTiH cm It? supose , parce que les monu-
mens qui atestent que Massus écrivit ces actes, paroissent un
peu suspects, en ce qu'ils font S. Denys disciple de S. Paul , et
par conséquent le même que l'Areopagite.
ANONYME,
Panégyriste de l'Empire.
' T 'orateur Anonyme qui fait le sujet de cet article, étoit
JLi d'un païs oii l'on parloit à la vérité la langue latine, mais
oîi elle n'étoit pas naturelle. C'est dire bien nettement qu'il
n'étoit pas Romain de naissance, mais de quelque province
de l'Empire , ce que l'on no peut mieux interpréter que de la
Gaule Belgique. En effet, comme il fleurissoit à Trêves au
commencement de ce siècle , et que ce ful-là qu'il prononça
les pièces d'éloquence que nous avons de lui, il y a tout lieu
de croire qu'il avoit pris naissance dans celte ville ou aux en-
virons, et qu'il étoit un des élevés de Claude Mamertin , qui
y enseignoit sur la fin du siècle précédent. Il put y professer
lui-même l'éloquence après Mamertin, et être un de ces rhé-
teurs qui soutinrent en ce siècle la réputation de cette école.
im. t. ' Sigonius n'a pas laissé de croire que cet Anonyme ètoit plu-
tôt d'Autun que de Trêves. Mais c'est de quoi il n'aporte au-
.11. II. i>. VDi.
cune raison.
ANONYME, PANEGYRISTE. 51
Notre orateur se donne lui-même pour le pan(^gyriste or- iv siècle.
dinaire de l'Empereur Constantin le Grand : Quisemper res à pan e u 23'>
numine tuo yestas prœdicare solitus essem. Cet endroit porte
naturellement à croire qu'il avoit fait et prononcé plusieurs pa-
négyriques. Nous n'en connoissons cependant que deux de sa
façon, et on nous les a conservés l'un et l'autre.
' Le premier fut projioncé à Trêves en présence de Maxi- p i88-i9o.
mien Hercule et de Constantin le Grand. Celui-ci y est qua-
lifié un nouvel Empereur, Oriens Imperator : Ce qui fait voir
qiie ce fut en 307, lorsque Constantin fut déclaré Auguste.
' L'auteur semble diviser son discours en deux parties. L'élo- p- isg-i-ji.
ge de Constantin fait le sujet de la première, et celui de Ma-
ximien la matière de la seconde. Il fut fait à l'ocasion du ma-
riage de Fausle fille de ce dernier Empereur avec Constan-
tin, ' qui sans doute avoit alors perdu Minervine sa première tiii. Enn). i. t.p.
femme. '""'
L'orateur y relevé les victoires de Constantin sur les Fran- Pm. p. i!«.
çois, et ' y fait mention de la 20* année de l'empire de Ma- p. 195.
ximien, de son abdication et de son retour au gouvernement
de l'Etat. ' Il y parle de la mort de Constance Chlore père de p. «9).
Constantin, et ne fait pas difficulté de le placer bien haut
dans le ciel. 11 paroît par tout le cours de la pièce que son au-
teur étoil Païen.
Le second discours de notre panégyriste fut encore pro- p-. «0. 1. 1 liii.
nonce à Trêves en Janvier 313, en présence de l'Empereur '*"'' '' '"
Constantin, qui y étoit dès le mois de Novembre et Décem-
bre de l'année précédente. ' Il est fait particulièrement pour Pan. p. 230. s.
célébrer la victoire de ce Prince sur Maxence, ' ce que plu- p. tu.
sieurs autres orateurs avoient déjà fait tant à Rome que dans
les Gaules. L'auteur semble avoir eu dessein de diviser sa pie-
ce en deux parties. Il emploie la première à relever la valeur
de Constantin contre Maxence; la seconde, à montrer l'heu-
reux succès de cette victoire, qui fut suivie de la reddition de
Suse, de Turin, de Milan, de Vérone, d'Aquilée, et de son
entrée triomphante dans Rome.
On trouve en divers endroits de cette pièce des vestiges » ^^3. «m.
de la religion de l'auteur, qui étoit le paganisme, comme on
l'a déjà vu. U y fait mention de la postérité qu'avoit Constan-
tin, ' ce que l'on croit devoir entendre de la naissance de Con- ik.i.
stantin le jeune, que cet Empereur auroit déjà eu de son ma-
riage avec Fauste. Mais nous dirons ailleurs que ce Prince
G ij
52 ANONYME, PANEGYRISTE.
IV siBCLK. ne naquit qu'en 316. Ainsi ou c'est Crispe, filsaîné deConstan-
tin le grand, que notre orateur désigne en cet endroit, ou
c'est quelque autre enfant qui naquit à ce Prince avant Con-
stantin le jeune.
Quelques écrivains ont voulu atribuer ce panégyrique à
l'orateur Nazaire. Mais ni les circonstances que nous avons
marquées ci-dessus, ni la nature du style ne permettent pas de
le donner à d'autre qu'à l'orateur Anonyme dont nous parlons.
Il y fait paroître comme dans le précédent, un fonds d'éru-
dition et quelque élévation dans la plupart des pensées. Le
style de l'un et de l'autre est assez coulant et assez poli pour le
siècle. Les antithèses sont la figure qui y domine.
Ces deux panégyriques ont été imprimés avec ceux de
Claude Mamertin, d'Eumene et des autres anciens panégy-
ristes de l'Empire. On en peut voir les différentes éditions à
l'article du premier de ces orateurs.
I. CONCILE D'ARLES.
s- 1-
HISTOIRE DE SA CONVOCATION ET DE SA TENUE.
APRÈS le Concile de Rome tenu en 313, où Cécilien
de Carlhage avoit été absous, et les Donatistes ses
adversaires condamnés par 19 Evêques, le Pape S. Miltiadeà
leur tête, ces Schismatiques, mécontens de l'issue de ce Con-
cile, eurent encore l'audace d'en demander un autre à Constan-
toiic.i. i.p. liii. tin. ' Ils coloroientde divers prétextes leur mécontentement
'***• et leurs murmures. Ils se plaignoient de n'avoir pas été en-
tendus sur tout ce qui concernoit leur affaire ; que leurs Ju-
ges avoient été en trop petit nombre ; qu'ils s'étoient comme
cachés; qu'ils avoient précipité leur jugement; et qu'ils y
avoient moins suivi les règles de la justice que les vues de leur
propre intérêt.
' L'Empereur fatigué par les plaintes de ces esprits inquiets
et turbulens, résolut d'assembler un Concile plus nombreux à
Arles. Il ordonna à cet effet à Elien vicaire d'Afrique d'y fai-
re venir par la route la plus courte et les voitures publiques
Cécilien avec quelques personnes qu'il choisiroit, et d'autres
Opt. I. I.ii. •îS-ii.
Uil. UiJ.
PREMIER CONCILE D'ARLES. 53
Evêques de toutes les provinces d'Afrique , savoir de la pro- i v siècle.
consulaire, de la Byzacene, de celle de Tripoli, des Numi-
dies et desMauritanies. Il eut soin de marquer qu'il falloit qu'il
y en eût aussi quelqu'un du parti contraire à Cécilien, et que
chacun pourroit amener avec lui ceux qu'il jugeroit à propos.
'Il écrivit en même tems une letre circulaire à tous les conc. i.i.p.ns*.
Evêques d'Italie, d'Afrique, d'Espagne , des Gaules et de la "^- "^'^•
grande Bretagne , c'est-à-dire , de toutes les provinces de
l'Empire qui étoient de son obéissance , ' afin qu'ils eussent à p- 1*2*.
se rendre à Arles pour le premier jour d'Août , chacun avec
deux personnes du second ordre qu'il choisiroit. Constantin
dans sa letre expliquoit le sujet de la convocation de cette as-
semblée. C'est, dit-il, pour examiner avec un nouveau soin le
différend scandaleux qui divise les Evêques d'Afrique , et le
terminer par l'unanimité des suffrages de tant d'Evêques res-
{)ectables, à l'édification de l'Eglise, le bien de la religion et
a bonne intelligence dans l'épiscopat.
'Les Evêques s'assemblèrent donc à Arles au jour nom- p.:i*26.ui9.i43o.
mé, sous le consulat de Volusien et d'Aniane, c est-à-dire,
l'an 314. Mais il ne s'y trouva que 44 Eglises, la plupart
par leurs Evêques en personne, les autres par les députés du
second ordre. Il y eut en tout 33 Evêques, 14 Prêtres, 26
Diacres, 7 Exorcistes et deux Lecteurs, dont les noms se lisent
dans les souscriptions du Concile. ' Le Pape S. Silvestre ne p. use. 1429.
pouvant y assister , parce que sa présence étoit nécessaire à
Rome, y envoïa deux prêtres Claudien et Vite, avec deux
diacres Eugène et Cyriague.
' Entre les Evêques du Concile, le nombre des Gaulois fut p. 1*25. 1429.
le plus grand. On y en voit douze, tant parmi les signatures **^'
que dans l'inscription de la letre synodale : Marin d'Arles,
Âgrece de Trêves , Vocius de Lyon , Verus de Vienne ,
Retice d'Autun , Imbetause de Reims , Materne de Cologne ,
Avitien de Rouen, Oriental de Bourdeaux, Daphnus de Vai-
son, Orese de Marseille, et Mamertin d'Eause ou de Toulou-
se selon d'autres. Outre ces Evêques Gaulois , les Eglises
d'Orange, de Nice, d'Apt et de Gabale, aujourd'hui Mande, y
envolèrent les unes des prêtres, les autres des diacres,
' Marin d'Arles, dont le nom se lit le premier à la tête de p. 142*5.
la letre synodale, 'présida à l'assemblée. On commença par opt. lust. Don. p.
examiner la cause de Cécilien qui étoit présent. Les Donatis- "'
tes avançoient contre lui deux chefs d'acusation, l'un person-
54 PREMIER CONCILE
IV SIECLE, nel, d'avoir empêché de porter la nourriture aux Martyrs qui
étoient en prison. I/autre chef d'acusation étoilque lesordi-
Conc. p. 1*25. naleurs de Cécilien avoient hvré les écritures. ' Les Evoques
du Concile ne trouvant aucune preuve des crimes jirélendus ,
déclarèrent Cécilien absous, et condamnèrent ses acusat;urs.
opt. ibid. ' On croit que ce Concile, pour établir une paix durable en-
tre les Catholiques d'Afrique et les Donatistes, ordonna la mê-
me chose que celui de Rome de l'année précédente. Ce rè-
glement consistoit en ce que les clercs ordonnés par les Do-
natistes demeureroient dans leurs grades. Qu'à l'égard des Evo-
ques, s'il ne s'en trouvoit <ju'un seul du parti de Majorin dans
une Eglise, il y continueroU ses fonctions d'Evêque. Que s'il
s'y en trouvoit deux, l'un de la communion de Cécilien, l'au-
tre de celle de Majorin, celui qui y auroit été établi le pre-
mier , continueroit à la gouverner, et que l'on donneroit à
l'autre une nouvelle Eglise; pu bien qu'il demeur.'roit dans la
première avec le titre et la dignité d'Evêque, jusqu'à ce que
son collègue venant à mourir il en prît la place.
S- n-
SES REGLEMENS.
Coiic. p. 14Î5. T ^ sujet qui avoit fait assembler le Concile , étant ter-
-Liminé comme nous venons de le dire , les pères avant
que de se séparer firent divers réglemens de discipline com-
pris en 22 Canons.
p. 1426. 1J27. Le premier regarde la fête de Pâques. Les Evêques veu-
lent que partout elle soit célébrée le même jour, afin que les
fidèles ne soient pas divisés dans un des plus importans de-
voirs de notre religion. Us demandent à cet effet que l'Evè-
que de Rome éciive à tous les autres selon la coutume, à
quel jour il la faudra faire chaque année.
p. ,427. ' Le second canon fait voir l'union de toute l'Eglise, à vou-
loir que les ecclésiastiques demeurent dans les endroits où ils
ont été ordonnés.
H^j. ' Le troisième sépare de la communion les soldats qui quit-
tent les armes durant la paix ; ' c'est-à-dire ceux qui abandon-
nent la milice sans congé des capitaines, et sans y être obligés
par la nécessité de sauver leurs âmes, comme cela arrivoit
auparavant sous les Empereurs Païens, durant la guerre des
persécutions. On peut croire aussi que les Evêques dans ce
p. H3«.
D'ARLES. 55
canon eurent en vue d'empêcher les soldats Chrétiens de iv siècle.
quiter le service, de peur que leur désertion ne diminuât le
zélé que Constantin nouvellement converti à la foi témoi-
gnoit pour la religion chrétienne.
' Le quatrième canon prive de la communion les fidèles conc. p. ust.
qui conduiront les chevaux dans les jeux du cirque, tant qu'ils
seront dans cet exercice.
' Le cinquième ordonne la même peine contre ceux qui iwa.
montent sur le théâtre.
' Le sixième enjoint d'imposer la main à ceux qui, étant iwd.
malades, veulent embrasser la foi ; ' ce qui paroit ne vouloir rni. h. k. t.e.p.
signifier, sinon que quand un malade demande à se conver-
tir, il faut le faire catécumene, sans atendre ou qu'il soit gué-
ri pour aller à l'Eglise recevoir l'imposition des mains , ou
qu'il soit en danger de mort.
' Le septième veut que les fidèles qui sont élevés aux char- Conc. itid.
ges et aux gouvernemens , prennent des letres de leur Evê-
que, pour atester qu'ils sont de la communion de l'Eglise ca-
tholique, et que néanmoins l'Evêque du lieu où ils seront,
prenne soin d'eux, et ' puisse les séparer de la communion , p. i4î8,
s'ils font des fautes.
' Le huitième canon regarde les Africains qui avoient de iwa.
coutume de rebaptiser les hérétiques, et ordonne que si quel-
qu'un quitte leur hérésie et revient à l'Eglise, on l'interroge
sur le Symbole. Que si l'on recnnnoît qu'il a été baptisé au nom
du Père, du Fils et du S. Esprit, on lui imposera seulement les
mains, afin qu'il reçoive le S. Esprit. Mais si étant interrogé
il ne reconnoît pas le mystère de la 'Trinité, on le rebaptisera.
Les Africains, qui font le sujet de ce canon, sont les Do-
natistes, dont le Concile taît ici le nom par charité et ména-
gement. ' On sait que ces Schismatiques rebaptisoient ceux p. i«3.
qui avoient reçu le baptême dans l'Eglise Catholique, les re-
gardant comme impurs. Ainsi ce Concile termine la céhhre
question de la rebaptisation des hérétiques, en définissant que
tout baptême, donné selon la forme usitée dans l'Eglise ca-
tholique, est bon et ne doit pas être réitéré, quand même on
l'auroit reçu dans les sectes des hérétiques. C'est sur ce canon
que se fondent avec sujet ceux qui soutiennent que c'est de ce
I Concile d'Arles que parle S. Augustin contre les Donatistf s ,
en le qualifiant un Concile plenier, un Concile de l'Eglise
universelle. ^ .
56 PREMIER CONCILE
IV SIECLE. 'Le neuvième canon ôte aux confesseurs aussi bien que
r „„ ,,,a le vinet-cinquiéme du Concile d'Elvire, le droit qu'ils usur-
(.onc. p.973. 1428 • ° i i^ /^ i i i i i •
iTiii. ibi.i. poient de donner aux lideles des letres de communion qu us
dévoient recevoir des Evêques.
c.nc.ib.p.u28. ' Le dixième ordonne que l'on porte autant que l'on pour-
ra les fidèles à ne point se remarier, lorsqu'ils auront surpris
leurs femmes en adultère, tant que ces femmes vivront.
ibid. ' L'onzième ordonne de séparer pour quelque tems de la
communion les filles qui épousent des Païens.
ii)i.t. ' Le douzième se fondant sur l'ordre de Dieu , prive de
la communion les clercs usuriers.
ihii. ' Le treizième ordonne d'abord que ceux qui seront con-
vaincus d'avoir livré les écritures ou les vases sacrés, ou d'a-
voir décelé ceux qui les avoient, seront tous dégradés de la
clèricature. Il ajoute qu'il faut que le crime soit certifié par
des actes publics et non point par de simples paroles. C est
qu'il y en avoit beaucoup qui, contre la règle de l'Eglise, pré-
tendoient se rendre dénonciateurs sur des dépositions de té-
moins qu'ils avoient achetées.
ibid. ' Le quatorzième canon porte que ceux qui accuseront
faussement leurs frères, ne seront admis à la communion qu'à
la mort.
ibi.i. ' Le quinzième défend aux diacres d'offrir le sacrifice, ce
qu'ils entreprenoient en divers endroits.
p. lii!). ' Le seizième ordonne que ceux qui auront été privés de
la communion en un endroit, ne pourront y être rétablis que
dans le lieu même.
ii.ki. ' Le dix-septième défend aux Evêques de se troubler les uns
Tiii. ii.i 1. p. M. les autres, ' en usurpant les droits qui apartiennent à leurs con-
frères.
ibi I. ' Le dix-huitième défend aux diacres des villes de rien fai-
re sans la participation des prêtres, qu'ils doivent respecter.
iiii.i. ' Le dix-neuvième veut que les Evêques qui vont dans les
villes de leurs confrères, puissent y offrir le sacrifice.
liii.i. ' Le vingtième établit qu'un Evêque soit ordonné par sept
autres, ou tout au moins par trois, et jamais par un seul. Le
Concile excepte sans doute les cas de nécessité, suivant l'an-
cien usage établi dans l'Eglise.
Ibi I. ' Le vingt-unième canon porte que les prêtres et les diacres
qui ne voudront point se réduire à servir les lieux où ils sont
atachès, seront déposés.
Pans
D'ARLES. o7
' Dans le vingt-deuxième enfin, qui est très-sévere contre iv siècle.
ceux qui aiant renoncé à la foi, n'en font point pénitence, mais ^^;~j~j^^
atendent qu'ils soient malades pour se présenter à l'Eglise , et
f)Our demander la communion ; le Concile ordonne qu'on la
eur refusera alors, et qu'on ne la leur acordera qu'en cas que
revenant en santé, ils fassent de dignes fruits de pénitence.
' Les Pères du Concile jugèrent à propos d'adresser ces ca- i'. i«5- i«t>-
nons au Pape S. Silvestre, afin que ce fût lui particulièrement
qui les fît savoir à tout le monde. C'est pour cela que le Con-
cile lui écrivit une letre que nous avons encore, mais très-
imparfaite et fort corrompue. Les autres actes n'en sont point
venus j usqu'à nous .
' Voilà ce qui nous reste de ce grand Concile, le plus illus- tiii. ïb. p. is. sa.
tre que l'Eglise eût vu jusau'alors. Car si ce n'étoit pas un Con-
cile général de toute l'Eglise, c'en étoit un au moins de tout
l'Occident et de tous les pais qui obéissoient alors à Constan-
tin. Aussi l'on voit qu'il prend l'autorité de régler même ce
qui regardoit 1 Eglise Romaine; puisque les dix-huitiéme etdix-
neuviéme canons paroissent la regarder plus qu'un autre. ' Le conc. ibïd. 1*33.
P. Sirmond ne fait pas même difficulté de aire que c'est le
Concile le plus considérable que l'Eglise ait encore après les
Conciles œcuméniques, soit pour l'importance des choses qui
y ont été réglées, soit pour l'étendue des provinces dont il étoit
composé. C'est par ce Concile que ce Père commence la
collection qu'il nous a donnée de ceux qni se sont tenus en
France.
' Quelque respectable que fût l'autorité de cette assemblée, p. iisi.
elle ne fut point capable de fixer l'esprit brouillon et remuant
desDonatistes,quieurent encore l'audace d'en apeller à l'Em-
pereur. C'est de quoi ce Prince se plaint lui-même dans la letre
de congé qu'il écrivit aux Evêques du Concile pour les ren-
voïer à leurs Eglises. ' S. Augustin long-tems après lui se plai- Aug. ep. 43. n. *.
gnoit de la même chose. Les Donatistes, dit-il, persistant tou-
jours dans leur schisme détestable, etn'aïant aucun égard au
Concile de Rome et à celui d'Arles, voulurent que Constan-
tin connût lui-même de leur affaire. ' C'est-à-dire, comme ep. les. 11..6.
s'explique ce saint* docteur, que n'aïant pu oprimer Cécilien
dans ces deux Conciles, ils voulurent le traîner devant le tri-
bunal de cet Empereur.
Tome 1. Sec. Part. H
s *
58 ARBORE,
IV SIECLE.
ARBORE,
ASTRONOME ET PHILOSOPHE.
Àns.par. c. *. p. ' /^ /«ciLius Argicius Arboiius, aïeul maternel du poëte
"**• \J Ausone, étoit de la ville d'Aulun. Sa famille passoit
pour une des plus considérables du pais, et se trouvoit alliée
avec plusieurs maisons nobles des environs. Mais son père et
son aïeul aïant été proscrits dans les troubles qui agitèrent les
Gaules, du tems que M. Aurelius Piauvonius Victorinus y
usurpa l'Empire vers 204, ils se virent dépoiiillés de leurs grands
p. 117. biens. 'Arbore fut alors obligé de s'enfuir à l'extrémité des
c. 5. p. 119. Gaules vers Dax et liaïone. ', Lu il épousa iEmilia Corinthia
c. 4. p. 117. Maura, 'qui ne lui aporta pour dot que de (juoi s'entretenir
dans une honnête médiocrité. Pour comble de malheur , il
p. 117. 118. perdit un œil dans sa vieillesse. ' Mais la grandeur future d'Au-
sone son petit-fils (ju'il présagea dès sa naissance, lui fut un
grand sujet de consolation au milieu de tant de traverses,
p. 117. ' U mourut âgé de plus de 90 ans, et laissa un fils et (rois
Prof. c. 16. filles : ' ./Emilius Magnus Arborius illustre rhéteur, dont nous
V:i. c. t. parlerons dans la suite : 'TEmilia TËonia, qui fut mère d'Au-
sone : yEmilia Dryadia, qui mourut sans uUi.mce et prête à
marier : et iîîmilia Ililaria., qui préféra l'amour de la virgini-
té au mariage, et devint célebi-e par sa vertu et par la connois-
sance de la médecine. On peut juger par-là qu Arbore étoit
chrétien, et que sa famille iaisoit même profession de pieté,
r. 1. p. 118. ' Aussi Ausone, en finissant son éloge, ne fait pas difficulté de
dire qu'il étoit entré dans l'héritage des Saints.
Cependant une des sciences qu'il professoit, n'étoit guéres
p. 117. propre à l'y introduire. ' il savoit fort bien l'Astronomie, ce
qui supose la connoissance des mathématiques, et se mêloit
aussi de l'astrologie judiciaire. Mais il avoit la discrétion de
ne s'y apliquer qu'en son particulier. 11 avoit tiré l'horoscope
d'Ausone qu'il crai[;iioit de montrer, et qui seroit demeuré
caché sans l'industrie de la mère de ce poëte, qui sut le dé-
1'- lin. couvrir. ' Ausone a justifié la vérité de cet horoscope par les
charges qu'il exerça dans la suite. Voici de quelle manière il
- parle du savoir d'Arboré.
k
ASTRONOME.
' Tu Cœli numéros et conscia sidéra fati
Callebas, sludium dissiniulanter agens.
Non ignota tibi nostra quoque formula vitœ :
Signatis quam tu condideras tabulis;
Prodita non nunquam. Sed matris cura rctexit
Sedula, quam timidi cura tegebat avi.
59
IV SIECLE.
Ans. pan. c.4. p.
117.
S. R E T I C E,
EVEQUE d'AuTUN.
R
ili. il. O.'Ui.
p. 9.->
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
ETiCE étoit d'une maison très-noble dans les Gaules, {|;''"t^'^, ''^^^f,
où il lleurissoit au commencement du VI siècle sous 75. p. ».-..-..
l'empire du grand Con.stantin. 11 se rendit et fort recomman-
dable par les excellentes qualités de son esprit , et illustre par
la connoissance des letres. Après avoir passé sa première jeu-
nesse dans la pratique de la pieté chrétienne, il épousa une
femme qui n'étoit ni moins noble, ni moins riche, ni moins
vertueuse que lui. ' La qualité de vierge que S. Grégoire de Gr. t
Tours donne n cette femme, même après sa mort, fait juger
qu'elle vécu! avec son mari dans une parfaite continence. ' Ce
qu'il y a de certain, c'est que leur société parut toute sainte,
et établie sur l'union du cœur et de l'esprit . Ils passèrent plu-
sieurs années dans cette aimable union ; et peu de tems après
la mort de cette pieuse femme, Retice fut fait Evêque d'Autun.
' 11 remplit avec tant de zèle et d'exactitude tous les de-
voirs d'un bon pasteur, 'que S. Augustin le loue comme un *"|g°P-.^'5|'
homme de Dieu, et un prélat qui étoit de très-grande auto- l'. 7. ' '" "
rite dans la maison du Seigneur. S. Jérôme en parle aussi
comme d'un Evêque des plus savans de son siècle .
'En 313 S. Retice, à la prière de l'Empereur Constantin,
alla à Rome pour terminer dans un Concile l'affaire des Do-
natistes. A ce Concile auquel présida le Pape S. Miltiade, assis-
tèrent Materne de Cologne , Marin d'Arles , quinze Evêques
d'Italie, Cécilien de Carihage avec dix Evêques catholiques,
Hij
p. 956.
1.1.
il. 1.1.
Eus. 1.10. c. r.. p.
3111 I Opt. I. 1. n
St3.24.
60 SAINT RETICE,
IV SIECLE. dixEvêques du parti de Majorin, àlalète desquels étoUDo-
nat de Cases-noires, et S. Retice, qui y eut la première place
après le Pape. Cécilien y fut absous, et son ordination confir-
«onc. 1. 1. p. 1429. mée. 'S. Retice se trouva aussi l'année suivante au Concile
pug. U25. d'Arles assemblé pour la même affaire, ' où Cécilien fut enco-
re absous, et ses acusateurs condamnés.
Oaii. chr. vet. t. 2. ' Quclqucs écrivains ont prétendu que S. Retice fut le pre-
""■ ^' mier qui instruisit dans la foi l'Empereur Constantin après la
vision miraculeuse qu'il avoit eue de la croix en 311 ou 312.
Mais c'est ce qu'ils ont avancé sansaucun fondement solide. On
ne sait rien de l'histoire de ce saint prélat, que ce que nous
en venons de raporter. On ignore même l'année de sa mort ,
et il n'y a point de preuve constante qu'il ait vécu au-delà de
l'an 314, qui est l'époque du Concile d'Arles auquel il assista.
Le rang qu'il tint dès l'année précédente au Concile de Ro-
me fait juger qu'il étoit dès lors fort ancien dans l'épiscopat.
n v. t. 4. p. 329. Cela n'empêche pas que quelques savans ne lui prolongent
la vie jusqu'en 334. Mais les raisons sur lesquelles il s'apuïent,
ne nous paroissent pas suffisantes pour contrebalancer celle
que nous venons de marquer .
Gr. T. ibid. Quoi qu'il en soit, ' S. Retice arriva enfin à sa dernière heu-
re par les divers degrés des grâces spirituelles dont Dieu le
remplissoit, et par la pratique constante de toutes les vertus.
p. 955.9.s(5. ' Son corps, selon S. Grégoire de Tours, fut mis dans le mê-
me sépulcre que celui de sa pieuse femme, ainsi qu'elle l'avoit
souhaité en mourant ; afin qu'après avoir conservé la chasteté
dans un même lit, ils pussent avoir la consolation d'être réunis
dans un même tombeau. S. Grégoire raporte quelques circon-
Bibi. pp. t. 27. p. stances assez extraordinaires de cet enterrement, ' qui se trou-
^"^' ' "■ vent néanmoins autorisées par un poète contemporain dont
nous pourrons parler dans la suite.
r.T. T. ibid. not. ' On voit eucorc aujourd'hui dans l'Eglise paroissiale de S.
Pierre de l'Etrié sous une petite voûte pratiquée dans le mur,
le tombeau de S. Retice, avec cette inscription d'une main
assez récente :
SCS RHETITIUS EPS ^DUENSIS. CCCXIV.
0
i
EVÉQUE D'ÂUTUN. 6i
§. II. ' V SIECLE.
SES ECRITS.
N ne trouve nulle part aucun des ouvrages que S. Re-
tice avoit laissés à la postérité. Il en avoit au moins
laissé deux qui étoient encore fort connus au V siècle de l'E-
glise, comme il paroît par S. Jérôme et S. Augustin.
1°. L'un de ces écrits, que nous croïons devoir regarder
comme la première production de la plume de S. Retice, ' est Hier vir. m. c.sa.
son traité contre Novatien, que S. Jérôme nous donne pour
un grand ouvrage, grande volumen. Nous avons déjà observé
ailleurs que S. Retice pouvoit l'avoir composé avant la fin du
III siècle. En effet, nous ne connnoissons point d'ocasion plus
capable de lui avoir fait former ce dessein, et de l'avoir porté
à l'exécuter, ' que le mal que l'hérésie de Novatien avoit alors Cyp.ep. cT.p.us.
causé dans nos Gaules. On sait, et nous l'avons déjà dit , on
sait que Marcien Evêque d'Arles avoit embrassé cette hérésie,
et qu'à la faveur et par le crédit de ce prélat , elle s'étoit ré-
pandue en divers endroits, et avoit causé de grands scandales.
Quelques remèdes que l'on y aportât, il n'est peut-être que
trop vrai qu'elle y eut des suites fâcheuses. Ce fut donc, ce
semble, poUr éteindre les restes de cette hérésie, que S. Reti-
ce publia l'ouvrage dont il est ici question, et que nous ne con-
noissons guéres d'ailleurs.
' On croit néanmoins que c'est de ce traité que S. Augustin Aug. in Jui. i. \.
a pris un célèbre passage qu'il cite en deux differens endroits p.'^gge.'' ""'' ''
de ses écrits contre Julien, pour lui prouver le péché originel
et la nécessité du baptême. Ce grand homme, s'écrie S. Au-
gustin en citant S. Retice entre divers autres premiers pères
de l'Eglise, S. Irenée, S. Cyprien, S. Hilaire de Poitiers , S.
Olympe et S. Ambroise, ce grand homme aïant ocasion de
parler du baptême, s'exprimoit en ces termes : « Personne
« n'ignore que le baptême ne soit la première indulgence dont
« l'Eglise use envers nous. C'est là que nous nous déchargeons
« de tout le poids de notre ancien crime. C'est là que nous
« nous lavons des anciennes souillures de notre ignorance cri- ^
« minelle. C'est là enfin que nous nous dépouillons du vieil
« homme avec ce qu'il aporte de criminel en naissant. »
Selon ces expressions, on pourroit croire que l'ouvrage de
S. Retice que cite S. Augustm, étoit plutôt un traité du bap-
tême que tout autre ouvrage. Mais à bien prendre la chose,
62 SAINT RETICE,
V SIECLE, cela ne fait rien contre l'opinion de ceux qui croient que cet
endroit est pris du traité contre Novatien, dans lequel S. iie-
tice avoit eu ocasion de parler du baptême, comme de la plus
grande marque de tendresse de l'Eglise envers ses enfans , et
comme d'un exemple tout naturel, qui condamnoit la dureté
inoùie de Novatien envers les pénitens.
Hier ibid. 2°. ' L'autre ouvrage dont S. Retice enrichit l'Eglise, étoit
ep. 4. p. 6. Pn commentaire sur le cantique des cantiques, ' écrit d'un style
sublime. S. Jérôme en aïant eu connoissance, s'adressa à Pio-
rent par une letre écrite en 366, pour le prier de demander
à Runn cet ouvrage, parce qu'il avoit dessein de le faire tran-
ep. crii. p. 622. scrire. Alors S. Jérôme en faisoit beaucoup de cas. ' Mais ce
^^ même père dans une autre letre écrite à Sainte Marcelle vers
l'an 383, porte un jugement peu avantageux de ce commen-
taire. Voici comme il en parie.
ibi'i. u 'Comme je lisois dernièrement, dit-il, les commentaires
« de Retice Evoque d'Autun sur le cantique des cantiques, ou-
« tre plusieurs endroits qui n'ont rien que de fade et d'insipide,
« je fus fort surpris de voir qu'un homme comme lui, qui d'ail-
« leurs est éloquent, ait pris le nom de Tharsis pour la ville de
« Tarse , d'où l'apôtre S. Paul étoit natif, et l'or d'Ophaz pour
ft S. Pierre, à cause que cet apôtre est nommé Géphas dans
« l'évangile... Il y a dans ces commentaires plusieurs autres
« explications qui font pitié. Il est vrai que le style de cet au-
o teur est étudié, rapide et même sublime ; mais convient-il
« à un interprète qui doit écrire, non pour faire un pompeux
« étalage de son érudition et de son éloquence , mais seule-
« ment pour faire comprendre à .ses lecteurs les choses de la
a même manière «qu'il les entend lui-même ? Les autres In-
« terpretes lui manquoient-ils ? Ne pouvoit-il pas consulter
« quelqu'un qui sût 1 Hébreu, et lui demander l'explication de
« ce qu'il n'entendoit pas 1 Mais il a eu assez mauvaise opi-
« nion des autres pour croire qu'il n'y auroit personne capa-,
« ble de découvrir ses fautes. Il est donc inutile que vous me
« demandiez ces commpntaires, où je . trouve bien plus de
« choses à redire qu'à aprouver. »
Quelque mépris que S. Jérôme * témoigne dans cette le-
Mor R n 9% 2 ' ' I^^ ■''^''niers Editeurs de Moreri marqnont par errenr qne S. Angnstin ne fait pas
grand cas des commentaires de S. Hctice. Ils ont sans doute todIo dire S. Jérôme an heu
de S. Augustin, qui ne parle nulle part de cet onvra^.
I
EVÊQUE D'AUTUN. 63
tre, et pour l'ouvrage de S. Rctice et même pour sa person- iv siècle.
ne, ' il nt- laissa pas dans la suite de donner de grands éloges ~ \ ~
à notre Saint Evêque dans son catalogue des hommes illus-
tres. 'On remarque qu'il se trouve un endroit de ces com- Conc. t.i.p.i57i.
mentaires de S. Retice dans l'apologie d'un certain Beringer ,
que l'on ne nous fait point connoître autrement.
DIVERS GRAMMAIRIENS
A BOUKUEAUX.
ENTRE les professeurs qui enseignèrent la grammaire la- Aus.piof.c. lo.ii.
tine au collège de Bourdeaux vers le commencement
de ce siècle , Ausone nous fait connoître Thalasse , Phœbi-
tius, Concordius , Macrinus et Sucuro. On peut se souvenir
de l'observation que nous avons faite ailleurs touchant l'idée
que les anciens atachoient au terme de Grammairien. Dans
1 antiquité, un Grammairien et un homme qui enseigne les
Belles-Letres , étoit la même chose. C'est ce qui fait qu' Au-
sone donne indiirercmment à ceux dont nous entreprenons de
parler ici, le titre de Grammairiens et de Philologues.
Thalasse commença à donner des leçons de grammaire c. 12. p. «a.
dès la fin du 111 siècle, et continua à le faire dans le siècle
suivant. Ausone, qui a cru en devoir conserver la mémoire à
la postérité, étoit alors si jeune, qu'il ne se souvenoit point
de l'avoir vu, et qu'il ignoroit quelle étoit sa famille et le lieu
de sa naissance. Il paroît par tout ce qu'il en dit, que ce pro-
I
fesseur s'étoit acquis si peu de réputation , que tout ce qu'on
savoit de lui, c'est qu'il avoit commencé fort jeune à ensei-
gner.
jEtas nil de te posterior célébrât
Grammaticum juvenem tantum te fema fcrcbat.
' Vers la fin de ce siècle, il y eut un Thalasse qui fut gen- sym. 1. 1. ep. i-j.
dre d'.'Vusone, ' et qui est qualifié proconsul d'Afrique dans tmi. Emp. t. s.p.
deux loix du 30 de .tanvier 378. Il avoit sîins doute succédé "''•
immédiatement dans cette charge à Ilespere , dont il étoit
beau-frere, ' et l'avoit exercée avant la mort de Jule Au- aus. cpic. p. soi.
sone aïeul de sa femme. On pourroit croire que ce Thalasse
étoit descendu du professeur dont nous parlons , si ce
64 DIVERS
IV SIECLE, n'est qu'Ausone n'en dit rien dans l'éloge qu'il en a fait.
• prof. c. 4. 10. 1 - ' Phœbicius, père d'un fils de même nom et du rhéteur
viiiiiiAiig. 8145. ! Patere, dont nous parlerons dans la suite , étoit de Baïeux , et
^i^i.^a.v. su ». . gj.g^jjjj prêtre du dieu Apollon, que les Gaulois adoroient sous
le nom de Belenus. Il descendoit des anciens Druides , com-
me on le croïoit au tems d'Ausone ; et c' est-là peut-être un
des derniers vestiges que nous trouvions de ces philosophes
dans les Gaules. Sur la fin de ses jours, Phœbicius ne retirant
plus aucun profit de sa dignité de grand prêtre , sans doute à
cause de la conversion des Païens à la foi de J, C. il se trou-
va contraint d'embrasser une autre profession qui lui donnât
de quoi vivre, Patere son fils, qui s'étoit acquis un grand cré-
dit par son savoir, lui obtint une chaire de grammaire à Bour-
deaux, où Phœbicius enseigna au commencement de ce siè-
cle, mais avec beaucoup moins de réputation que son propre
fils.
Aus. ibiu. c. 10. ' Concordius aïant été chassé de son pais, qui nous est in-
''■ '*'■ connu, vint enseigner la grammaire à Bourdeaux, où il pa-
roît n'avoir acquis ni bien ni réputation.
Et tu, Concordi,
Qui profugus patria,
Mutasti sterilem
Urbe alia cathedram.
C'est-là tout ce qu'Ausone nous aprend de ce professeur,
ibid. ' Macrinus , le premier maître qu'eut ce poëte dans son
enfance, fut plus heureux dans sa profession que Concordius.
Il a rendu sa mémoire immortelle par la douceur et par la dis-
crétion dont il usoit envers les enians qu'il enseignoit, et par
le progrès qui leur.faisoit faire dans l'étude des letres.
Sit Macrinus in bis,
Sobrius in pueris ,
Et puerorum
Utilis ingeniis. •
Huic mea principio
Crédita puerities.
Ibid. ' Pour Sucuro, tout ce que l'on sait de lui, c'est qu'il étoit
de condition servile, et qu aïant été affranchi , il se mit à en-
seigner les premiers principes de la grammaire à la jeunesse
de Bourdeaux. '" '*
Au
GRAMMAIRIENS. 65
'Au même-tems que ces professeurs donnoient des leçons iv siècle.
de grammaire latine dans le collège de cette ville, Corinthe, ~ ~ — ~
Sperchée et Menesthée son fils y faisoient la même fonction
pour le grec. Ils faisoient paroître tous trois beaucoup de zèle
dans l'exercice de leur profession. Néanmoins ils y firent peu
de fruit , et n'eurent qu'un petit nombre d'étudians. Ausone
qui eut les deux premiers pour maîtres dans la langue gréque ,
témoigne n'avoir fait sous eux qu'un médiocre progrès : ce
qu'il atribuë toutefois plutôt à son peu de disposition et à la
mauvaise coutume qu'ont les enfans de négliger celte langue ,
qu'à quelque défaut de la part de ces grammairiens, dont il
ne parle qu'avec éloge.
LACTÂNCE,
Orateur et défenseur de l'Eglise.
S- I.
HISTOIRE DE SA VIE.
ous joignons ici l'éloge de Lactance à ceux de nos
savans Gaulois, non que nous aïons des preuves pour
le faire Gaulois lui-même, mais parce qu'il est mort dans les
Gaules, après les avoir illustrées plusieurs années par sa pieté,
son savoir et les écrits qu'il y publia. ' S. Jérôme ne lui don- nicr. vir. iii. i.
ne que les noms de Firmianus Lactantius ; mais les plus an- '*"
ciennes éditions de ses ouvrages, comme les autres, y ajoutent
les prénoms de Lucius Cœlius ou Cœcilius. ' Gesner remar- o.sn. wb. uni. t.
que qu'on y joint aussi quelquefois celui de Codus, sans nous * ' p*^- *•
dire néanmoins sur quel fondement on le fait.
' On ne sait rien de la famille de Lactance. Quant à son tiii.h.e. t.cii.
pais, il y a de puissans indices pour le croire Africain de nation. *°*' "^'
En effet ce tut en Afrique qu'il fit ses premières études, sous Hier. ibid. t. ïo.
la discipline d'Arnobe l'ancien, qui y enseignoit dans la ville ^'
de Sicque. ' Lactance fit tant de progrès dans les letres, qu'il chr. p. iso.
devint ensuite le plus savant homme de son tems, ' et l'un des Euch. ad. vai. p.
plus éloquens qu'ait eu le christianisme. ' Il n'étudia cepen- i^ct. insi. i. 3. n.
dant l'éloquence qu'autant qu'il étoit nécessaire, pour se ren- "• p- "'•
dre capable de l'enseigner aux autres, et n'en fit jamais usage
dans le barreau, .\ussi ne fait-il pas difficulté d'avouer lui-mê^
Tome I. Sec. Part. I
n;
66 LACTANCE,
IV SIECLE, me par .un trait d'humilité, qu'il n'éloit pas éloquent, et que
s'il paroissoit tel dans ses écrits, il falloit l'atribuer à la bonté
de la cause qu'il y défend.
Hier, ibid.f.fioi ' Sous l'empire de Diocletien, c'est-à-dire, vers301,onle
2^'.' «8^" '"'■"■ fit passer d'Afrique à Nicomedie, pour y professer la rhétori-
que. II y trouva peu d'écoliers, parce qu'on y parloit plus grec-
que latin, et qu'il n'enseignoit qu'en cette dernière langue.
Mais il sut profiter de ce loisir pour s'apliqiier à écrire. Cela
n'empêcha pas néanmoins qu'il ne professât long-tems, soit à
1%'. a"'*''' '■'■"■ Nicomedie ou ailleurs.' D'abord il enseignoit à ses disciples
non à connoître et à aimer la vertu , mais à devenir habiles et
Tiii. ibij. rusés à faire le mal. ' Il paroît par-là qu'il n'étoit pas encore
chrétien ; mais il ne tarda pas à le devenir. Mr de Tillemonl
prouve assoz bien qu'il l'étoit au moins du tems de la persécu-
tion de l'Empereur Diocletien, qui éclata en 303. C'en seroit
une preuve complète, s'il étoit vrai que ce fût vers ce tems-
iv?.'*.^'' °'^" •'■ '^ ^"^ Lactance publia son traité De T ouvrage de Dieu, ' dans
lequel il parle avec éloge de la pureté de conscience d'un de
ses disciples nommé Demetrien, qui malgré les embaras des
eniplois civils, où il étoit engagé, avoit som d'élever son es-
prit aux choses du ciel,
iiii.i. ' Lactance commença dès lors à mépriser et presque à
p. tnn, condamner absolument la profes.sion de rhéteur, ' résolu de
consacrer désormais son tems et sa plume à la défense de la
i.si. i.i.n.i.p.3. religion. ' Il avoue cependant que sa profession lui fut d'une
grande utilité dans la suite pour défendre la vérité, qui s'insi-
nue, dit-il, dans les esprits , avec d'autant plus de succès, que
les ornemens de l'éloquence la rendent et plus claire et plus
agréable , quoiqu'elle puisse se soutenir sans le secours de tous
ces apuis étrangers.*
Ce fut par ces voies que Dieu, dont la providence sait faire
réussir toutes choses pour sa gloire, prépara Lactance à deve-
nu.!, nir un des plus puissans défenseurs de l'Eglise. ' Détrompé en-
fin de la vanité de l'éloquence profane qu'il professoit , il y'
renonça sans détour, et se donna tout entier à la recherche
de la vraie sagesse. Il s'aplaudit lui-même d'y être entré com-
me dans un port assuré, qui faisoil ses plus chères délices.
Tiii. i i.i. p. âM. ' On croit qu'il demeura à Nicomedie , qui étoit alors le
*'■ siège de la (Tour de Diocletien pendant tout le tems de la per-
sécution de cet Empereur, c'est-à-dire, jusqu'en 313, et qu'il
y fut témoin oculaire des cruautés barbares que l'on y exerçoit
,1 »>K
ORATEUR. 67
contre les Chrétiens. ' Il est au moins vrai qu'il parle de la iv siècle.
destruction des Eglises, comme d'évenemens arivés sous ses LacT^aTTsTiT
yeui. *■ P- *'*•
' De Nicomedie, il fut apellé dans les Gaules par l'Empe- Hier. vir. m. cso i
reur Constantin , qui lui confia l'inslruction de Crispe son fils '^"^' '^'
aine, déjà César. Lactance lui montra l'éloquence latine ; et il
étoit dès lors dans un âge fort avancé. Mais quelque éclatan-
te que pût être aux yeux du monde ' cette qualité de précep- Tiu. iwd. p. aoe.
teur d'un César, et du fils aîné d'un Empereur, Lactance
néanmoins ne parle nulle part de cet emploi, qu'il ne devoit
qu'à son mérite, et ne fait mention d'aucune autre chose qui
pût le relever devant les hommes. De même, quelque libéral
que fût Constantin, sur-tout envers ceux qui étoient à son ser-
vice, et quelque délicieux que pût être le séjour à la cour, tout
cela n'empêcha point Lactance d'honorer et de pratiquer la
vertu. ' 11 porta la pauvreté jusqu'à manquer, non-seulement Hier. chr. iWd.
des commodités de la vie, mais aussi des choses les plus né-
cessaires.
' Il avoit cette vertu en si grande recommandation, qu'il sem- Uct. inst. i. e. n.
ble ne rien oublier pour en inspirer l'amour aux autres , par "' ^' ^"' '*'"
les témoignages glorieux qu'il lui rend dans ses écrits. ' Entre opif. n. i. p. 456.
les avis qu'il donne à Demetrien son disciple, il a soin de lui
en recommander la pratique et le mépris de toute la prospé-
rité du siècle , pour ne pas tomber dans ses pièges, qui sont ,
dit-il, d'autant plus dangereux qu'ils paroissent avoir plus de
charmes.
' On peut juger des autres vertus de ce grand homme , par inst. ». e.n.js.p.
l'excellent abrégé d'une conduite chrétienne qu'il trace à la ^^•'*>-
fin du sixième livre de ses institutions. Car on ne peut dou-
ter qu'il n'a prescrit aux autres en cet endroit que ce qu'il pra-
tiquoit lui-même. 11 y demande entre autres choses une pro-
fonde humilité, une crainte sincère de Dieu , une pieté soli-
de ; et l'on voit par tous ses écrits, et par les motifs qui les
lui firent entreprendre, qu'il possedoit éminemment toutes ces
vertus.
' Ni les incommodités de la pauvreté, ni les ocupations opif . n. ». p. 49s
qu'il pouvoit avoir d'ailleurs, ne l'empêchèrent point de con-
sacrer tous ses talens à réfuter toutes les vaines subtilités des
philosophes de son siècle, et à éclaircir la vérité de notre reli-
gion.
' Il r^ardoit à la vérité cette entreprise comme au deastw p. m.
6» LACTANCE,
I V s 1 Ec L E. de ses propres forces ; mais il esperoit en venir à bout par cel-
les qu'il altendoit de Dieu. Persuadé d'ailleurs que son travail
et sa vie même ne pouvoient être mieux emploies qu'à reti-
rer quelques personnes de l'erreur, et les conduire dans le
chemin du ciel , il esperoit au moins qu'il lui seroit plus glo-
rieux de succomber sous le poids d'une si haute entreprise,
que de manquer de zélé pour la défense de la religion.
Telle fut en partie la vie de ce grand homme, et l'on peut
juger de ses autres actions que nous ne savons pas, par celles
Ba. mise. t. 2. p. Que uous vcuons de raportcr. ' On croit qu'il vêquit jusqu'en
'^'' 1 année 325, et qu'il mourut vers le même tems que Crispe
' son disciple, plutôt à Trêves qu'en tout autre lieu ; puisaue
c'étoit alors la principale ville ues Gaules, et le séjour le plus
ordinaire de la Cour , comme nous l'avons dit ailleurs. De
sorte que Lactance passa onze à douze ans dans nos Gaules.
S. n.
> ECRITS QUI NOUS RESTENT DE LUI.
ACTANCE laissa à la postérité un assez grand nombre d'écrits
idont la plupart ont eu le même sort que tant d'autres des
premiers écrivains ecclésiastiques, qui ne sont pas venus jus-
qu'à nous. Nous allons d'abord donner le catalogue de ceux
qui nous restent, puis nous ferons le dénombrement de ceux
qui sont perdus.
Hier.vh. iii.c.80. 1° ' Le traité De V ouvrage de Dieu, auquel S. Jérôme don-
Tiii. H.E. t. c.p. ne aussi le titre de la formation de l'homme, ' paroît à quelques
**' savans être le premier fruit de la pieté de Lactance, et com-
posé en 303, lorsque la persécution de Dioclétien étoit déjà
ouverte. Il est au moins certain qu'il est le premier des ouvra-
Laci. insi.1.2. n. ges Quc uous avous de SOU autcur, ' et Qu'il fut fait avant Ics
mstitutions, ou il se trouve cité. De la manière que Lactance.
en parle lui-même, on voit qu'il y avoit peu de tems qu'il
avoit fini ce traité, lorsqu'il mettoit la main à ses institutions.
Quia nuper proprium de ea re librum ad Demetrianum audi-
torem meum scripsi. Ce sont ses propres termes. Or, comme
les institutions nefurent achevées que vers 320 ou 321 , Quoique
Lactance eût pu y travailler dès 316, il s'ensuivroit que le traité
de l'ouvrage de Dieu auroit été plutôt composé vers 310, ou
hier chr p 181 ' ' S. Jérôme marque la mort de Crispe sar l'an 3t6 de noire ère ynlgaire, ' et Soio-
Sox 1 1 c 5 D o'^i'" '^ place en la vingtième année de l'empire de Constantio : ainiiT«r« 325, puisque
fO^ ^' ConsHintia commeoça à régner dès 306.
l;
10. p. iKi.
.'S* (j A« . r.
ORATEUR. 69
même 314, qu'en 303, auquel tant d'autres le placent, iv siècle
' L'auteur adresse ce traité à Demetrien l'un de ses disciples, opif. p. 455. 496.
à qui il parle comme à un chrétien, quoiqu'engagé dans les
emplois civils. Il entreprend d'y expliquer la nature de l'esprit
et du corps de l'homme, et de prouver qu'il a été créé de Dieu,
afin d'établir sur ce principe la foi de la providence. Il y fait
une courte description de chaque partie du corps humain, en
relevé les propriétés, les proportions et l'harmonie qu'elles ont
entre elles, pour de là conduire à l'admiration de 1 habileté et
de la grandeur de celui qui l'a formé. Il y dit beaucoup de cho-
ses sur l'esprit de l'homme. Puis venant à son ame, il en établit
l'immortalité. Il dit que les philosophes ne s'étoient point en-
core acordés et ne s'acorderoient peut-être jamais sur la natu-
re de l'ame , qu'il prouve néanmoins être immortelle et in-
corporelle.
' Lactance nie que l'ame vienne par transfusion, assurant n. 19. p. 493,
qu'elle ne peut tirer son être qu'immédiatement de Dieu, ' qui n. 17. p. 491.
1 a créé pour animer le fruit, aussi-tôt que Dieu l'a formé
dans le sein de sa mère. ' Car la conception et la formation n. 19. p. 493
du corps, dit-il, l'inspiration de l'ame qui doit l'animer, l'en-
fantement même, et tout ce qui concourt à la conservation de
l'homme, tout vient de Dieu, et ne peut être qu'un effet de
sa bonté infinie.
' Dès le commencement du traité, l'auteur avertit qu'il en- n. i. p. 457.
treprend d'y traiter avec quelque étendue ce que Ciceron n'a-
voit fait que toucher dans plusieurs de ses écrits. ' Cela n'em- Hier. ep. sa. p.
pêche pas que S. Jérôme écrivant à Magnus, ne lui dise qu'il ^'^'
trouvera dans ce livre de Lactance et dans l'autre du même
auteur intitulé de la colère de Dieu, un abrégé des dialogues
de Ciceron. Il seroit au reste bien difficile de donner une
bonne raison de la pensée de S. Jérôme.
' A la fin de ce traité, Lactance promet à Demetrien de lui laci. ibid. n. so.
enseigner un jour plus amplement et avec plus de solidité la ''' *^''
vraie philosophie ; lui témoignant qu'il est résolu de travailler
le plus qu'il pourra en faveur de la vérité. Il y a aparence
que Lactance avoit dès lors dessein d'entreprendre ses institu-
tions, ou qu'il désigne les letres qu'il écrivit depuis à Deme-
trien.
' On trouve plusieurs éditions de ce traité de l'ouvrage de Bib. s. Per. de
Dieu, faites séparément des autres écrits de Lactance. Il y en ^""'
a une édition en un volume in-S". qui parut à Paris chez Vi-
6
70 LACTANCE,
IV SIECLE, doue pour Gilles Gourmont l'an 1529, avec le traité d'Eras-
n Bibi uni t ™^ intitulé Itt veuvc Chrétienne. ' L'ouvrage fut encore impri-
1. p. ♦86. I Hier', nié la même année et en même volume en deux differens.en-
vir. iii.not.p.i66. ^jpQJjg . ^ g^jg pj^g^ Ffoben, et à Cologne avec les scholies
Bib. Barb.t.i.p. d'Erasmc. ' En 1542 il fut réimprimé à Slrasbourg età Frauc-
S94. 1 iTiii.p. 24. £qp| j^ygg ]gg observations de médecine de Josse Willich, et
le traité d'Hipocrate rfe Semme, traduit par l'éditeur, le tout en
un volume in-S".
Hier. ibid. p. 80. 2°. ' Lactancc selon S. Jérôme composa aussi un livre de la
Kai. mise. t. 2. p. persscution. ' C'est tout ce que nous en savions jusqu'en l'an-
**^- née 1679, que Mr Baluze nous le donna sous le litre c?e /a mor/
des persécuteurs, dans le second volume de ses Miscellanées,
Tiii. ibid. p. 208. sur uu manuscrit ancien de 800 ans ou environ. ' Aussi-tôt des
protestans Anglois se hâtèrent de le faire réimprimer comme
une pièce très-authentique et très-importante. Nous ne croïons
pas en effet que personne puisse raisonnablement douter que
ce ne sOit un véritable ouvrage de Lactance.
Mr de Tillemont en pensoit ainsi peu de tems avant sa mort,
ne prévoïant pas ce qui arriva environ douze ans après. Alors
Dom Nicolas le Nourry, fort connu dans la république des
letres, donna une nouvelle édition de ce livre faite à Paris en
1710, sous le nom de Lucius Cœcilius, qu'il prétend être dif-
férent de Lactance, quoique presque son contemporain. Pour
affermir cette nouvelle opinion, Dom le Nourry eut soin de
mettre depuis à la fin du 2 volume de son Aparat imprimé en
Hier. ibid. not. p. 1715, unc assez longuc disscrtation à ce sujet. 'Mais lessa-
'** vans n'ont pas trouvé ses raisons assez fortes pour les déter-
miner à ôter ce livre à Lactance, et le donner à un auteur in-
connu. Le témoignage de S. Jérôme, qui atribuë à Lactance
un livre de la persécution, et le style du traité dont il s'agit
ici, en tout semblable au style des autres écrits de cet orateur
chrétien, sont des preuves suffisantes pour ne pas douter qu'il
en est le véritable auteur.
Lact. mor. per. n. ' Comme Lactaucc y fait mention de la mort funeste de la
Tiii. ibid. p. 209. femme et de la fille de Diocletien, ' on doit croire qu'il ne le
Laci. ibid. n. 52. composa au plutôt qu'à la fin de l'année 314. ' Cela pourroit
se confirmer par la fin du traité, où l'auteur parle de la paix
que Dieu avoit donnée à son Eglise depuis dix ans : c'est-à-di-
re, peut-être depuis l'année 305, lorsque Diocletien et Maxi-
mien abdiquèrent l'empire le premier jour de Mai de la mê-
Bai. ibid. p. 348. me année. Lactance adresse cet ouvrage à un confesseur nom-
ORATEUR. 71
mé Donat, sorti de prison au mois de Mai 341, après y avoir iv siècle.
demeuré six ans pour la foi de J. C.
' Le dessein de l'auteur n'est pas d'y faire une histoire sui- Bai. ibid. p. 354.
vie de la pers fution, ' mais seulement de faire adorer la jus- Lact. iwa. n. 1.
tice de Dieu dans la punition et la mort des Princes païens,
qui avoient été les auteurs'de la persécution contre la religion
chrétienne. ' Il s'y étend particulièrement sur les vices et les n. 7. 11.
cruautés de Dioclétien. ' Il assure qu'il n'y avance rien qu'il n. 5«.
ne sache certainement, et qu'il a entrepris cet ouvrage, tant
pour empêcher que de si grands évenepiens ne tombassent
dans un éternel oubli, que pour prévenir les fautes que pour-
roient faire ceux qui tenteroient d'écrire les mêmes choses,
sans se mettre en peine de le faire comme il conviendroit.
'Il y place la mort deJ. C. au 23* jour de Mars sous le n. s.
consulat des deux Geminus, et dit que 25 ans après S. Pierre
alla à Rome, où il établit la religion chrétienne sous l'empire
de Néron, et où il fut ensuite ataché à une croix, et S. Paul
mis à mort par l'ordre de cet Empereur. ' En faisant le por- n. s.
trait des autres Princes païens qui ont persécuté l'Eglise , il
rend justice à la probité de Constance Chlore, qu'il dit n'avoir
point ressemblé aux autres, et qu'il assure avoir été le seul di-
gne de l'Empire.
Les critiques conviennent que ce traité de Lactance est DnPiu.Bib. t. 1.
écrit avec beaucoup de netteté et de force, et qu'on peut le ** ^*"'
regarder comme une histoire très-agréable de la révolution de
l'Empire, pendant les règnes de ces Empereurs, dont il y dé-
couvre la politique, les desseins et la vengeance que Dieu en
a tirée. On y trouve peu de choses touchant la doctrine des
Chrétiens; mais l'auteur yraporte divers faits inconnus jus-
qu'à sa publication, et en éclaircit plusieurs autres.
' Après la première édition de ce traité publiée en 1679 par Hier.not.ibid.
les soins de Mr Baluze, comme nous l'avons déjà dit, les
Anglois en donnèrent une nouvelle, qui parut à Oxford l'an
1680 en un volume m-12, dans lequel on joignit de courtes
remarques, et les actes de S'" Perpétue et de S** Félicité. Ce fut
sur cette édition que Jean Colombi donna la sienne avec de
savantes notes, à Abo en Suéde l'an 1684 en un volume iu-S".
L'année suivante Thomas Sparck ' insera ce traité dans son Lact. mor. per. p..
édition de Lactance faite à Cantbrige, et y ajouta des notes **'• "*
tirées de celles de Mr Baluze, avec la chronologie de l'em-
pire de Dioclétien.
72 LACTANCE,
IV SIECLE. 'Cinq ans après, c'est-à-dire en 1690, Mr Toinard fit im-
— —— — — — primer à Paris chez Arnoul Seneuse des notes sur le même trai-
té en un volume m-12. Depuis, Paul Bauldri les recueillit avec
celles de Mr Baluze, de Cuper , de Colombi, de Sparck, de
Graevius, d'Elie Boliereau, de Pierre AUix, de Paul Colomiès,
et les fit imprimer avec le texte de Lactance, et de nouvelles
remarques ae sa façon. Cette édition parut à (Jlrecht chez
Hier. not. ibid. Broëdclct cn uu volume m-8°, l'an 1693. ' Mr Fabricius nous
avertissoit en 1718 que Ludolphe Buneman principal du
collège de Misden préparoit une nouvelle édition du même
ouvrage, qui paroitroit enrichi des notes de Gérard Von Mas-
tricht et de Miegius.
ibMiDibi.Tcii.p. ' Dès 1680, Mr Maucroix chanoine de l'Eglise de Reims,
^'^' publia une traduction françoise de ce traité imprimée à Paris,
chez Muguet en un volume m-12. Gilbert Burnet en donna
une autre à Londres en 1686 , laquelle fut réimprimée à
Utrecht l'année suivante en un volume m-S".
3°. Le principal ouvrage de Lactance et le troisième de
ceux qui nous restent de lui ,. selon les tems ausquels ils ont été
laci. iftst. 1.1. n. composés, sont ses institut ions divines. Il les composa à l'imi-
^■P' ^- tation des jurisconsultes, mais par des motifs incomparable-
ment plus relevés que ceux qu'ils pourroient se proposer eux-
p. i. mêmes. ' Le désir de remédier à deux erreurs générales, la
source de toutes les autres, fut ce qui le porta à entreprendre
ce grand ouvrage. L'une de ces erreurs consistoil en ce que
la connoissance de la vérité, qui est un don de Dieu, étoit de-
venue méprisable aux yeux des savans , parce qu'on ne l'ac-
quiert que par des raisonnemens conformes à sa nature. li'au-
tre erreur consistoit en ce que cette connoissance étoit deve-
nue odieuse aux ignorans, à cause de l'austérité dont elle est
toujours inséparablement acompagnée, et que la nature de
l'homme portée au vice ne peut souffrir. De-là il arrivoit que
la vertu se trouvant mêlée d'amertume, et le vice de volupté,
les hommes rebutés de l'une et atirés par les amorces trom-
peuses de l'autre, couroient au précipice, et y trouvoient leur
perte. Ce fut donc pour rapeller les savans à la vraie sagesse,
et les ignorans à la vraie religion, que notre auteur mit la main
I. :i. n. 1. p. 236. à la plume. ' Que si son dessein n avoit pas cet heureux effet,
il se flatoit qu'il serviroit au moins à affermir dans la vérité les
chrétiens chancelans et foibles dans leur foi.
1. 3.11, 1. 1). 114. ' Lactance nous assure qu'il ne s'est point porté à exécuter
sou
ORATEUR. 73
son entreprise par une présomption aue lui auroit inspiré son iv siècle.
éloquence, mais par la confiance qu il avoit en la force de la
venté. 11 reconnoissoit au contraire qu'elle étoit au-dessus de
ses propres forces ; mais il esperoit ^ue Dieu supléeroit à ce qui
lui manquoit. Il se consoloit sans peme de n'avoir qu'un esprit
et une éloquence médiocre à emploïer à une telle entreprise,
parce que la vérité n'a pas besoin d'ornemens pour se montrer
et se faire goûter, et que son plus grand brillant consistant dans
sa simplicité ; elle n'est jamais plus aimable que lorsqu'elle
paroît toute nuë.
' On ne doute point que ces institutions n'aient été faites thi. ibid. p. •m.
pour exécuter le dessein qu'avoit pris Lactance dès sa conver-
sion au christianisme, ' de répondre à tous ceux qui avoient déjà ^act. iWd. n. *. p.
ataqué notre religion, et qui pourroient l'ataquer dans la suite.
Mais comme il ne pouvoit répondre à chacun en particulier ,
il assortit tellement son ouvrage qu'il se flatoit d'y renver-
ser tout ce qu'avoient écrit ceux qui avoient déjà paru, et d'ô-
ter à ceux qui viendroient dans la suite, tout moïen de le faire
avec succès.
Lactance cependant n'exécuta ce grand dessein que plu-
sieurs années après, et lorsqu'il étoit déjà dans les Gaules à la
cour impériale. ' C'est ce que prouvent assez clairement divers i- '• "• •• p- » i '•
endroits de l'ouvrage, dans lesquels l'auteur adresse la parole
au grand Constantin, et sur- tout celui où il déclare que ce fut
sous les auspices de ce Prince, le premier Empereur qui eût
connu et adoré le vrai Dieu, qu'il commença à y mettre la main.
' Ceux qui ont examiné de plus près cette difficulté qui a par- Tik'' ^j'''' p- "'^•
tagé les savans, fixent l'époque de la perfection de cet ouvrage
à l'an 320 ou 321 ; quoique Lactance. eût pu y travailler quel-
ques années auparavant. Rien n'empêche que nous ne sui-
vions cette opinion , qui nous paroît la mieux apuïée, sans
qu'il soit nécessaire ' de distinguer deux différentes éditions de Bai. iWd. p. sis.
cet ouvrage, l'une faite en Bithynie, et l'autre dans les Gaules,
que l'auteur auroit adressée à Constantin.
' 11 le divisa lui-même en sept livres, comme nous l'avons Lact. iwa. i. i.n.
encore aujourd'hui. Il avertit qu'il y recueillera en abrégé une '^' '
infinité de choses que lui présente son sujet, et que ce qu'il y
dira sera si clair et si facile à comprendre (jue, bien loin d'a-
voir de la peine à le lire, on y trouvera du plaisir. Il donne à
chaque livre son titre particulier, qui marque le sujet qu'il y
traite .
Tome I. Sec. Part. ' K
6 *
74 LACTANCE,
IV SIECLE. 'Le premier est intitulé de la fausse religion, et est emploie
~~^ îi prouver la fausseté et le ridicule de la religion Païenne. Pour
''" préparer ses lecteurs à ce qu'il y doit dire, il y établit pour
principes qu'il n'est point de nourriture plus agréable à l'esprit
que la connoissance de la vérité, et que l'abrégé de cette con-
noissance est enfermé en ces deux mots : Qu'on ne doit em-
brasser aucune religion qui ne soit établie sur la vraie sagesse,
et qu'on ne doit reconnoître pour vraie sagesse que celle
qui est inséparable de la vraie religion : Ut neque religio ulla
sine sapientia suscipienda sit, neculla sine religione probanda
sapientia.
j. 2. p. 61. 118. ' Le second livre a pour titre de l'origine de l'erreur. Lac-
tance y découvre toutes les causes qui ont contribué à trom-
per les hommes, pour leur faire croire d'abord qu'il y avoit
d'autres divinités que le seul Dieu vivant, et à leur persuader
ensuite ù continuer de leur rendre un faux culte. Il y promet
un trailé particulier sur la colère de Dieu, qu'il composa de-
puis, comme nous le dirons en son lieu.
1. 3. p. 113. 178. ' L'auteur donne pour titre à son troisième livre, de la fausse
sagesse , afin qu'aïant découvert dans le premier la fausseté de
toutes les religions, et dans le second la source de toutes les
erreurs, il montre dans ce troisième combien vaine et fausse
est la philosophie des Païens. Il s'y propose de prouver effec-
tivement que les raisonnemens de ces prétendus philosophes
sont pleins de folie, comme l'écriture nous en assure elle-
même.
1. 4. p. 173. 833. ' Le quatrième livre est intitulé de la vraie sagesse; et l'au-
teur entreprend d'y montrer qu'elle est inséparable de la vraïe
religion. Après avoir prouvé que les prétendus sages du paga-
nisme n'étoient rien moins que sages, et avoir établi l'unité
d'un seul Dieu, il emploïe les chapitres suivans de ce livre
depuis le 5" jusqu'au 30% à faire une exposition de la foi des
chrétiens, qu'il apuïe sur les écritures et sur les oracles des Si-
bylles, en prévenant les objections que l'on y pourroit faire,
et réfutant celles qu'on y faisoit dès lors.
' Il conclud cette exposition par ces paroles remarquables :
« Il n'y a, dit-il, que l'Eglise catholique qui retienne la vraïe
« religion. C'est-là que se trouve la source de la vérité. C'est
« cette Eglise qui est le domicile de la foi et le temple de Dieu.
« Ceux qui n'y entrent point , comme ceux qui en sortent , s'é-
« loignent de l'espérance de la vie et du salut éternel. Il est
p. a3î.
ORATEUR. 75
« donc de la dernière conséquence, continue-t'il , que per- iv siècle.
a soniie ne s'amuse à disputer opinialrément, puisqu'il s'agit de
« choses aussi intéressantes. » Pour discerner l'Eglise catholi-
que, il dit que c'est celle où se trouvent la confession et la
pénitence, qui sont les rejnedes salutaires contre les péchés
ausquels la foiblesse humaine est sujete.
Le cinquième livre porte pour titre, de la justice. Lac- 1.5. p. «»».«36.
tance y fait voir que la véritable justice ne se trouve point
chez les Païens, mais seulement dans la religion chrétienne.
Ce qui le porta à intituler ainsi ce livre, fut le dessein qu'il
avoit de convaincre d'injustice les écrivains du paganisme, et
de les forcer à rendre plus de justice aux Chrétiens. Entre ces
écrivains, il parle de deux en particulier, gens fort éloquens
à la vérité, mais encore plus ignorans, qui avoient écrit sous
ses yeux, et qu'il réfute en abrégé dans les premiers chapitres
de ce livre.
' Le sixième est intitulé, du vrai culte. L'auteur y enseigne 1. e. p. W7.350,
de quelle manière et par quelle sorte de sacrifice il faut ho-
norer Dieu, en quoi, dit-il, consiste le devoir essentiel de
l'homme, le point capital de toutes choses, et tout ce qui
contribue à la félicité de la vie. Il ajoute que cet Etre souve-
rain n'exige de l'homme que l'innocence et la pureté des
mœurs, et que celui qui a le bonheur de lui offrir ce sficrifi-
ce, satisfait à tout ce que demandent la pieté et la religion.
Lactance ne parle ici que d'un chrétien, qui par conséquent
connoît Dieu et J. C. son Fils, et qui est instruit de ses mys-
tères.
' Il finit ce sixième livre par un excellent abrégé d'une con- p. 34». 3so.
duite chrétienne. Il veut que notre religion , pour être agréa-
ble à Dieu, soit établie surune profonde humilité, une crain-
te sincère de Dieu et une pieté solide et éclairée. Il demande
une profonde humilité, de peur, dit-il, qu'aïant trop de con-
fiance en la pureté de sa vie, l'homme ne tombe dans le cri-
me de présomption , et ne perde le don de la vertu. Il veut'
encore que l'homme, pour être agréable et pur aux yeux de
Dieu, implore continuellement sa miséricorde, et que tou-
tes ses prières tendent à demander pardon pour ses péchés ,
quand même il n'en auroit point commis ; parce que s'il a be-
soin d'autres choses, il n'est pas nécessaire de le demander à
celui qui connoît parfaitement tous les désirs de notre cœur,
11 exige outre cela, que lorsqu'il arrive à l'homme quelque
K ij
76 LACTANCE,
IV SIECLE, chose d'agréable, il en rende grâces ; que si au contraire il lui
arrive quelque chose de fâcheux, il l'atribue à ses péchés , et
qu'il ne laisse pas d'en remercier Dieu. Que dans l'adversité
comme dans la prospérité il soit toujours content, toujours le
même, toujours uniforme dans sa conduite. Qu'il ne s'imagi-
ne pas qu'il soit seulement obligé à remplir tous ces devoirs
dans l'Eglise ; mais qu'il y est encore tenu dans son domesti-
3ue et les lieux les plus secrets. Qu'enfin il porte toujours Dieu
ans son cœur, parce qu'il en est le temple. C'est en cela, ajou-
te Lactance, que consiste la perfection de la justice chrétienne.
. 7. p. 351-W9. ' Le septième et dernier livre des institutions est intitulé, de
la vie bienheureuse ou de la béatitude. C'est-là, dit l'auteur,
le terme où conduit tout ce que j'ai dit dans les livres précé-
dens ; et sans ce teime la connoissance de tous les sujets que
j'y ai traités, deviendroit inutile. Il commence ce septième
livre par montrer contre le sentiment de Platon et d'Aristote ,
Ïue le monde a eu un commencement, et qu'il aura une fin.
lans les derniers chapitres, il fixe celte fin du monde à six mille
ans, comme nous avons vu que la fixoit S. Irenée. Au bout
de ce terme, selon Lactance, viendra le règne de mille ans,
qui ne sera que pour les élus du Seigneur, et après lequel Dieu
renouvellera le monde. Le ciel sera plié comme une chose
que l'on roule ; la terre sera changée, et les hommes transfor-
més à la ressemblance des Anges, seront toujours en la pré-
sence de Dieu, et le serviront éternellement. Lactance à la
fin du livre prescrit d'excellens avis pour se préparer à ce der-
nier jour.
p. 403. Mfi. ' Entre le dernier chapitre et l'épilogue du même livre, se lit
dans quelques éditions une espèce de compliment à l'Empe-
reur Constantin. Mais on observe que cet endroit ne se trouve
point dans plusieurs manuscrits. Il n'est point non plus dans
l'édition de Lactance, faite à Paris en 1509.
Hier, in Ecci. c. 10. ' S. Jcrômc parlant de ces institutions, en relevé le mérite
^iii"ibkp.208. comme d'un excellent ouvrage; et les plus habiles des der-
niers siècles en ont témoigné faire une estime extraordinaire.
Au moins on peut assurer que personne n'a défendu l'Eglise
et combattu l'idolâtrie avec un style et plus beau et plus élo-
quent que le fait Lactance dans ces sept livres. C'est ce qui a
porté à les mettre si souvent sous la presse. Mais comme ils
n'ont été imprimés qu'avec les autres écrits de notre orateur ,
nous n'en marquerons les différentes éditions qu'après avoir
ORATEUR. 77
{)arlé de tous ses ouvrages. Seulement nous dirons ici ' que iv siècle.
es institulions ont été traduites en notre langue par René Fa- Bib. Miss. cen. i
me notaire et secrétaire du Roi François I, à qui il les dédia. App. iui uib. pp. t.
Cette traduction fut imprimée après la mort du traducteur , ' "*■
par les soins de Claude Chappuis bibliothécaire et valet de
chambre du Roi, d'abord à Paris chez Pasquier le Tellier
pour Etienne Bosset, l'an 1546 m-8°, puis à Lyon chez Bal-
thazar Arnouillet, pour Guillaume Gaseau l'an 1547 en un
volume m-4". ' Elle fut depuis réimprimée en un volume m-1 6. Bibi. ff. pra;d. Cen.
l'an 1563 au même endroit, chez Jean de Tournes, ' et enco- sim. let. choi. t. s.
re à Paris en un volume m-12. l'an 1581 , ' Elle l'avoit été dès m. Miss'. Cen.
1555 à Lyon, chez de Tournes et Gaseau en même volume.
4". ' Nous aprenons de S. Jérôme que Lactance avoitré- Hier.vir.m.c ao.
duit lui-même le grand ouvrage de ses institutions en un abrégé
compris en un seul livre, qu'il nomme acéphale ;soii que dès ce
tems-là il fût sans titre, ou que le commencement y manquât.
'On peut néanmoins remarquer que Lactance dans son traité Lact.deira, n. ii.
de la colère de Dieu, cite lui-même cet abrégé comme l'ori- ^'
ginal sous le titre d'institutions. ' Ce que nous en avons dans Hier. ibid. noi. p.
toutes les éditions de Lactance qui ont été faites jusqu'en 1712, *^'
ne commence qu'au seizième chapitre du cinquième livre de
l'original. Alors Mr Pfaff nous donna l'abrégé en entier , aug-
menté des 55 premiers chapitres, tel qu'il l'avoit trouvé dans
un ancien manuscrit de la bibliothèque roïale de Turin. Il fut
imprimé ainsi augmenté en un volume in-S". à Paris la même
année 1712. Lactance l'adresse à un certain Pentadius qu'il
qualifie son frère.
Il est peu d'écrits entre ceux des anciens qui soient et plus
instructifs, et plus remplis d'onction que cet abrégé. Il respire
par-tout la pieté de son auteur. Lactance y a semé presque
une infinité de préceptes ou de conseils d'une morale la plus
pure. ' Le détail qu'il y fait des œuvres de miséricorde est Lact.iost. «pisL n.
admirable; et les motifs qu'il propose pour nous en faire ai-
mer la pratique, ne le sont pas moins. ' Ce qu'il y dit de la n.s. p. mo.
pénitence, est encore tout-à-fait digne de remarque. « C'est,
« dit-il, un grand secours et une grande consolation que la
« pénitence. C'est le remède à nos blessures et à nos péchés.
« C'est elle qui est l'espérance et le port du salut. Quiconque
« s'aviseroit de la retrancher, se fermeroit la voie qui conduit à
« la vie ; parce qu'il n'est personne, pour juste qu'il puisse être,
« à qui la pénitence ne soit nécessaire. » Il faudroit transcrire
I
78 LACTANCE,
IV SIECLE, presque tout le livre entier, si nous voulions raporter tout ce
qui s'y trouve de remarquable. Nous nous bornerons à cet
n. 10. p. 511. autre trait. « ' La vertu, dit Lacfance en prouvant par-là l'im-
« mortalité de l'ame, est quelque chose de si grand que, lors-
« qu'il s'agit de la foi ou de la justice, elle ne craint ni la di-
« selte, ni l'exil, ni la prison, ni la torture, ni la mort même. »
Au reste, comme c'est un abrégé des institutions , on ne
doit pas être surpris d'y lire à la fin l'erreur des Millénaires,
qui se trouve dan» l'original.
insi. 1. 2. n. 17. p. 5*. ' LactancB en travaillant à ses institutions , avoit promis
10!». 110. yj.j ^|,g-j^ particulier sur la colère de Dieu, à l'ocasion de l'ob-
jeclion qu'il se faisoit à lui-même, en se demandant pourquoi
Dieu souffre toutes les erreurs qu'il venoit de détailler, et
qu'il permet que le bien soit combattu par le mal, la vertu par
le vice ? A quoi il répond qu'il est impossible qu'un Etre in-
finiment parlait ne soit aussi infiniment patient. Maisqu'il n'en
faut pas néanmoins conclure qu'il n'y ait en lui ni justice ni
colère, ce qui détruiroit entièrement la vérité et la religion.
.le ira, p. 410. 454. ' C'cst cc dessciu projette que notre orateur exécuta dans
son\i\re De la colère de Uieu, que nous avons encore. En trai-
tant ce sujet, Lactance a soin de prévenir ses lecteurs et de
les avertir qu'il n'a pas la présomption de se glorifier d'avoir
découvert par la force de son esprit les vérités dont il entre-
prend de parler ; mais qu'il ne fera que suivre ce que Dieu
nous en a apris lui-même, n'y aïant que lui seul qui puisse sa-
voir et enseigner des secrets de cette nature.
n. t. p. 4ii. ' Avant que d'entrer en matière, il pose pour principe que
l'on n'arrive à la connoissance de la vérité que par trois degrés.
Le premier, dit-il, est de savoir discerner les fausses religions,
et rejetter tout culte des Dieux qui vient de l'invention de
l'homme. Le second degré consiste à comprendre qu'il n'y a
qu'un seul et souverain Dieu, qui â créé le monde par sa toute-
puissance, et qui le gouA'erne par une providence toute divi-
ne. Le troisième degré supose la connoissîince de celui que*
ce Dieu a envoie au monde comme son ministre et son inter-
prète, afin de nous délivrer par sa doctrine des erreurs où nous
étions engagés, et que nous aïant formés au culte du vrai
Dieu, nous aprenions quelle est la vraie justice.
ibid. '11 dit que dans le second livre de ses institutions, il a re-
futé l'ignorance de ceux qui pèchent contre le premier degré.
Que dans le quatrième livre du même ouvrage il a aussi réfuté
ï
OKATEUR. 79
en partie ceux qui pèchent contre le troisième degré, et qu'il iv siècle.
les réfutera encore plus particulièrement dans l'écrit qu'il mé- '
dite de composer contre toutes les hérésies. Qu'enfin le trai-
té de la colère qu'il entreprend, est destiné pour combattre
ceux qui pèchent contre le second degré qu'il vient de pres-
crire. ' 11 réfute ensuite avec sa solidité ordinaire les sentimens Lact. e ira, n. 3.
des anciens philosophes touchant la clémence et la rigueur, *"'
la miséricorde et la justice qui sont en Dieu.
' S. Jérôme parle de ce traité de Laclance comme d'un Hier. ibid.
très-bel ou^rage, pulcherrimum de ira Iki librum. ' Il dit in Eph. i. s. c. 4.
ailleurs que l'auleur y fait voir autant d'érudition que d'élo- '^' '"'
quence, et que cet écrit peut seul suffire pour la matière qu'il
traite. Laclance y citant ses institutions et leur abrégé, comme
on l'a vu, c'est une preu\ e qu'il ne fut composé qu'après ces
deux autres ouvrages. Ainsi ce fut dans les Gaules que Lactance
le publia. ' 11 l'adresse à un Donal, que M. Baluze prétend être Bai. ibia. p. a»,
le même que celui à qui il avoit déjà dédié son traité de la
morirtes persécuteurs. ' Cependant la manière dont l'auteur Laci. ih. n. \.
{)arle à ce Donal dans le premier chapitre du livre de la co-
ere de Dieu ne présente pas l'idée de l'illustre confesseur de
ce nom, dont il est fait mention dans l'autre ouvrage.
S- HI.
SES ECRITS PERDUS.
LES ouvrages qui nous restent de Lactance, et dont nous
venons de faire le dénombrement, ne sont que la moin-
dre partie de ceux qu'il avoit et composés et projettes , mais
qui se trouvent perdus aujourd'hui, ou qui n'ont jamais reçu
l'être, ni vu le jour. Encore ne parlons-nous que de ceux
dont nous avons connoissance. 11 paroît assez visiblement qu'il
en composa quelques autres, dont les anciens ne nous apren-
nent rien en particulier. ' En effet S. Jérôme nous disant que Hier. vir. iii. c. so.
Lactance s'apliqua à écrire pendant qu'il enseignoit ia rhéto-
rique à Nicomedie, et que le peu d'écoliers qu'il y avoit lui
en laissoit le loisir, il désigne divers ouvrages autres que ceux
qu'il avoit vus lui-même, et qu'il nous a fait connoître.
1*. ' On compte pour la première production de sa plume iwd. iTiii.H.E.i.
le traité qu'il laissa sous leUtre de Symposium, c'est-à-dire, le ^' P' ^"'
Banquet. 11 le composa étant encore tout jeune, et freauen-
tanl encore les écoles d'Afrique, comme le porte l'édition
80 LACTANCE,
IV SIECLE, des hommes illustres de S. Jérôme par Aubert le Mire. Per-
■ sonne ne nous aprend de quoi Iraitoit cet écrit.
Hier. ibiu. 2°. ' Lactance composa en vers hexamètres une relation de
son voïage d'Afrique à Nicomedie, qu'il intitula ôJonropexov.
Ce titre grec raporté par S. Jérôme même, et le lieu où l'é-
. crit fut composé, et où l'on parloit la langue gréque, pour-
roit faire naître la pensée que ce poëme auroit été fait en la
1101. même langue. ' Jacques Gaddius semble l'avoir pris pour un
ouvrage qui seroit imprimé.
Hier. ibid. 3°. ' Notre oratcur composa un autre ouvrage sous le titre
Tiii. ibid. p. 207. de grammairien. ' M. de Tillemont en raporte la composition
au même tems que le précèdent, qui suivit aparemment de
près l'arrivée de l'auteur à Nicomedie. Il étoit assez naturel
que Lactance y étant allé enseigner publiquement, commen-
çât par donner quelques écrits pour mieux disposer ses disci-
ples à profiter de ses leçons. Ces trois écrits que nous n'avons
Hier. ibid. plus ' subsistoiont encorc du tems qu'écrivoit S. Jérôme, qui
témoigne les avoir eus dans sa bibliothèque, avec les autres
du même auteur dont il fait le catalogue,
Ibid. 4°. ' Entre ces ouvrages de Lactance, il y en avoit deux,
dont S. Jérôme ne donne point le titre, n'en parlant qu'en
général comme de deux livres. Ils étoient adressés à Ascle-
Tiii. ibid. 1). 730. piade, ' différent du S. Martyr de ce nom Evêque d'Antio-
che, qui a précédé Lactance de tout un siècle, et que néan-
moins un commentateur de Lactance même a confondu avec
Laci.insi.i. 7.n. i. l'autrc. ' Celui dont il est ici question étoit ami de notre ora-
••■ ^'^' leur, et lui avoit lui-même dédié à son tour un ouvrage, où
de l'aveu de Lactance, qui est le seul qui nous le fasse con-
noîlre, il traitoit fort bien la matière de la providence de
Dieu. Nous n'avons plus cet écrit d'Asclepiade ; et c'est-là
tout ce que nous en savons.
Hier. ibid. 5°. ' Outrc tous CCS ouvrages, Lactance composa plusieurs
volumes de letres. S. Jérôme fait mention de huit volumes,
dont il y en avoit quatre adressés à Probe, deux à Severe, el
deux autres à Démetrien son disciple, le même sans doute
Uci.opif.n.i. 80. ' à qui il avoit déjà adressé son traité de l'ouvrage de Dieu, et
''■ **'■ à qui dès-lors il avoit promis quelque autre écrit encore plus
instructif.
Hier. ep. crit. p. ' Le même S. Jérôme avoit envoie au moins en partie ces
«61.562. jgjj.gg jg Lactance au Pape S. Damase, qui n'en faisoit pas
grand cas, et ne les lisoit pas volontiers. Il en donne la raison.
C
ORATEUR. 81
C'est, dit-il, qu'outre la longueur de la plupart , qui va au- iv siècle.
delà de mille versets, ou lignes, elles traitent rarement des ~~
matières de la religion, ce qui dégoûte de les lire. Quant à
celles qui sont courtes, elles ne parlent que de mesures, de la
situation des pais, de questions philosophiques, et convien-
nent mieux à des Avocats et gens qui font profession des lo-
tres qu'à des personnes de notre état. ' Peut-être Lactance en tiii. iiii<i. p. 211.
avoil composé la plus grande partie avant sa conversion à la
foi, et lorsqu'il enseignoit la rhétorique, ce qui l'obligeoil à
y traiter ces sortes de questions. Quoi qu'il en soit, et des su-
jets dont traitoient ces letres, et du peu d'estime qu'en faisoit
S. Damase, le style seul de Lactance leur alireroil aujourd'hui
un acueil favorable, si par un coup de la providence on pou-
voit les recouvrer.
' Adrien du Jon s'étoit flaté de cette espérance au moins en Hier.vîi. ui. 11.1.1.
partie. En effet, il témoigne au raport de Mr Fabricius, que ""'•
vers 1573 il se trouvoit encore deux livres de ces letres de Lac-
tance entre les autres rares manuscrits de l'abbaïe d'Egmond
de l'ordre de S. Benoît. Mais il ajoute que malheureusement,
lorsque l'on pensoit à lui envoïer ce recueil pour le donner au
public, on découvrit qu'il avoit été furtivement enlevé. Plus
de 150 ans qui se sont écoulés depuis, sans qu'on ait vu paroître
ce trésor qu'on n'avoit nul intérêt de cacher, font soupçonner
que l'on avoit imposé à cet écrivain d'ailleurs un peu crédule.
6". ' Lactance aïant ocasion de parler de l'incrédulité et de Lact.inst.i. 4. n.
l'aveuglement des Juifs dans le septième livre de ses institu- ' '*■ ^^^'
tions, promettoit d'écrire contre eux un ouvrage particulier,
dans lequel il devoit les convaincre et d'erreur et du crime
qu'ils avoient commis en faisant mourir l'Auteur de la vie.
Comme personne des anciens ne parle de cet écrit projette,
il y a tout lieu de croire que Lactance ne l'a jamais ni fini,
ni peut-être commencé.
T. ' Dès qu'il travailloit à ses institutions, et depuis en com- 1. *. n.ao.p.as:» 1
posant son traité de la colère de Dieu, il témoignoit avoir des- ''" "■^•"•^- ''•'"•'•
sein d'écrire en particulier et à fonds contre toutes les héré-
sies. Mais il paroit hors de doute qu'il fut prévenu par la mort,
avant que de pouvoir exécuter une entreprise aussi généreuse
qu'elle étoit louable. Un ouvrage de celte nature n'auroit pas
manqué de devenir célèbre, s'il fut véritablement sorti de la
plume de ce grand homme ; et néanmoins on n'en trouve au-
cun vestige dans l'antiquité.
7'ome I. Sec. Part. ï<
Si LACTANCE,
IV SIECLE. ' S. Jérôme met Lâctance au rang de ceux qui entre les
~ ~ Pères grecs et latins ont écrit sur le nombre impair. Mais on
Hier. ep. 30. p. " . ,. ,•■ r. ■ • , . ,. ^
SM. ne sauroil dire s il lit quelque traité particulier sur ce sujet,
ou s'il en avoit seulement parlé par ocasion dans quelqu'un de
ses ouvrages que nous n'avons plus aujourd'hui.
ECRITS QU'ON LUI A SUPOSÉS.
C'est assez peu de chose que les écrits que l'on a Suposés à
Lactance, si l'on n'a égard qu'à la grandeur du volume.
Il est Surprenant qu'après Irs lumières que la critique a répan-
dues danâ les XVI et XVII siécleâ, on ait encore persisté à
lui atribuer des pièces où l'on ne trouve aucun trait des beau-
tés de ses Véritables ouvrages. D'ailleurs il semble qu'il auroit
dû suffifC) pour ne lui pas donner ceux dont il est ici question,
de voir que S. Jérôme qui avoit une connoisâance particuliè-
re des écrits de cet orateur chrétien, n'en parle aucune part;
l". Entre ces pièces suposées qui se trouvent imprimées à
la fin des œuvres de Lactance dans presque toutes les éditions,
quoique les anciens manuscrits ne les contiennent pas, il y a
Fab.Bib. lat. app. uu poëmc en vers élegiaques sur l'histoire du phéAix. ' Sixte
•*■ "■ Betuleïus , Aubert le Mire , Nicolas Heinsius et Pierfe Lam-
becius ne font aucune difficulté de le donner à lactance. Lé
dernier de ces écrivains croit qu'il l'aura composé dans sa jeu-
nesse, ce que Mr Fabricius regarde comme très -probable.
Tilt. H. E. t. 6. ' Mais d'autres critiques jugent avec raison que cette élégie
•* ^^' n'est digne ni de l'éloquence ni de la réputation de notre ora-
Fab. iuj. teur. ' Aussi Barthius et Samuel Bochart l'atribuent-ilâ à PoN
tunat, et le P. Sirmbn à Theodulfe d'Orléans,
ibid. p. 41 I TOI. 2°. ' L'élégie sur la résurrection de noire Seigneur, autre
ihid. p. 211. ^^^-^ suposé à Lactance, dont on chante encore aujourd'hui
une partie en quelques Eglises, est le neuvième poëme du
troisième livre de Fortunat, à qui le donnent les manuscrits. *
C'est donc sans aucune preuve solide qu'on a voulu l'alribuer
à I-actance. Auguste Buchner l'a fait imprimer séparément,
avec des notes en 1627, en un petit volume m-8°.
Tiii. ibiii. 3°. ' Le poëme sur la passion de J. C. qui porte aussi le nom
de Lactance, est- fort beau, et pourroit lui être acordéj s'il
étoit certain que de son tems on mit, comme nous en usons
p»b. ib. p. 4s. 43. aujourd'hui , un crucifix au milieu des Eglises. ' Dans le recueil
ORATEUR. 83
de George Fabricius, il porte un titre différent de celui qu'il a iv siècle.
ailleurs. Cet éditeur s'est émancipé d'y changer un vers qui
établit l'adoration de la croix, parce que cette cérémonie n é-
toit pas de son goût. Quelques écrivains donnent ce poëme
à Caelius Firmianus Symposius. Il ne se trouve point dans les
premières éditions de Lactance; et ceux qui en ont publié les
dernières ont eu soin de l'en retrancher avec les deux autres
précédens sur le phénix et la résurrection.
4°. Mr Balu?e nous a donné au second tome de ses Mis- Bai. mise. i. s. p.
cellanées un passage sur le dernier jugement qu'il croit être de **■
lactance. La raison qu'il en allègue dans sa préface, c'est qu'il
l'a trouvé dans un manuscrit entre les institutions et le traité
de la colère de Dieu par le même auteur. Mais cette raison
est bien foible, pour atribuer à Lactance un fragment où l'on
n'aperçoit rien digne de lui, et qui est très-peu de chose.
5°. ' Enfin, quelques-uns donnent aussi à notre orateur, mais Kab. iu. p. 51.1011
sans aucune preuve, des argumens ou sommaires sur les mé- l^f. \\ ,^p'. ^J;
tamorphoses d'Ovide et des notes sur la Thebaïde de Stace.
Mais ces pièces sont de Lactance Placide grammairien de
profession, qui ne vivoit que long-tems après notre Lactance.
S- V.
SON STYLE, SA MANIERE D'ECRIRE
ET DIVERS TRAITS DE SA DOCTRINE.
U
N des plus éloauents Pères de l'Eglise Latine, qui étoit merinis. pr.s.p.
bien capable d'en juger, regardoit Lactance pour le ^''\'>P*^f'^''-
style comme un autre Ciceron, qui avoit su faire passer dans
ses écrits le fleuve d'éloquence qu'on admire en cet orateur
Romain. ' Les critiques modernes n'eu jugent point autre- Dapin.Bibi. 1. 1
ment. U y en a même qui lui donnent la préférence sur Ci- ^' ***'
ceron. Mais c'est aller un peu trop loin. Il suffit de dire que
son style est pur, égal, naturel, semblable à celui de Ciceron,
et que c'est à bon droit qu'il mérite le nom de Ciceron chré-
tien , non seulement à cause de la pureté de ses termes , mais
aussi à cause du tour de la phrase et la manière d'écrire. On
ne peut néanmoins disconvenir qu'il ne soit au-dessus de Ci-
ceron pour les pensées, parce que les matières dont il traite
sont infiniment au-dessus des maximes et de la doctrine des
philosophes du Paganisme. Un ne peut non plus lui refuser la
Lij
84 LACTANCE,
IV siECLi;. justice d'avouer qu'il est le plus éloquent et le plus poli de
tous les auteurs ecclésiastiques.
A l'éloquence et la politesse Lactance a su joindre une éru-
Lact. iu 1. 1. 5. II. dition peu commune. ' 11 avoit fait une lecture particulière des
■ ^'' ' écrits de Minutius Félix, de Tertullien et de S. Cyprien ; et le
jugement qu'il en porte fait voir qu'il les possedoit à fond.
Néanmoins il les cite rarement ou presque point du tout, non
plus que les autres pères de l'Eglise qui l'avoient précédé.
Mais on compte jusqu'à plus de 35 auteurs profanes les plus
célèbres entre les Païens, dont il raporte une infinité de pas-
sages, afin qu'après avoir fait sentir par-là le ridicule des su-
perstitions du Paganisme, et réfuté ses absurdités, il puisse en-
suite établir plus solidement la vérité de la religion Chrétien-
ne. Il insiste beaucoup sur les oracles des Sibylles, parce qu'ils
étoient d'un grand poids parmi les Païens, et que leur auto-
l'ité se trouvoit établie dans les écrits de leurs principaux au-
teurs.
ooiéc. 1.4.11.3-203. A l'égard de la doctrine, ' les ouvrages de Lactance ne
sont pas exemts de fautes. C'est ce qui les a fait mettre au
rang des apocryphes par le Concile de Rome sous le Pape S.
Gelase. On a mis à la tête des premières éditions de cet au-
teur une liste des erreurs que l'on a cru découvrir dans ses
écrits. Mais c'est peu de chose que cette liste. 11 y en a une
autre un peu plus longue à la nn de l'édition de Cantbrige ,
dans laquelle on a fait entrer beaucoup de minuties. Nous
n'entreprendrons point d'entrer dans le détail de toutes ces
erreurs, soit réelles ou suposées. Ceux qui souhaiteroient un
pareil détail peuvent avoir recours à la longue dissertation
que Dom le Nourry a publiée sur les écrits de Lactance dans
le .second volume de son Apparat. Nous nous bornerons ici
H dire quelque chose des principales erreurs qu'on a atribuées
à cet écrivain.
Jiicr. vir.iij.c.80. ' Thomasius l'un des éditeurs de ses œuvres, avertit qu'el-
"" ■ '*■ '■ les avoient été considérablement corrompues par les hérétir
ques. Le Manichéisme en particulier y étoit, selon lui, si ma-
nifestement établi que l'on auroit cru que c'étoit moins Mâ-
nes que Lactance même qui en auroit été l'auteur. Mais cet
éditeur, à l'aide des plus anciens manuscrits, a purgé le texte
sini. lei. cil. 1.2 1 dc Lactancc avec tant de succès ' qu'à peine y paroît-il aujour-
c . -j. p. o . (j'fjyj ig moindre trait de cette hérésie. On soupçonne tou-
tefois Thomasius d'avoir moins suivi en cela les règles de la
ORATEUR. 85
bonne critique, que les vues et les maximes du Pape PieV, iv siècle.
l)ar l'ordre duquel il travailloit, et qui avoit formé un nou- "
veau plan pour rendre orthodoxes, autant qu'il se pourroit,
les auteurs ecclésiastiques.
' On acuse encore Lactance de parler un peu obscurément sand. enuc. iiisi.
de la divinité du Verbe. On dit, par exemple, en citant plu- ^'■^- '• '■ P"^'"
sieurs endroits de ses écrits, qu'il ne reconnoît que le Père
pour le Souverain Dieu, qui est de toute éternité. Qu'il y a eu
un tems où le Fils n'a pas été. Qu'il a été fait, produit, créé
par le Père, et autres choses semblables.
Si ces endroits de Lactance touchant la divinité du Ver-
be sont un peu obscurs, il y en a d'autres où il s'explique clai-
rement sur ce sujet. Ainsi la bonne critique veut que l'on ex-
plique les premiers par les autres. ' Dans un de ceux que l'on Lact. inst. i. 4. d.
objecte, Lactance reconnoît nettement le Fils pour vrai Dieu, i^p-'S"!»^
pour le Roi des Rois, pour le Seigneur des Seigneurs, à qui
toutes les nations et tous les peuples sont assujetis, à qui apar-
tient l'honneur, le règne et l'empire. Que cela signifie-t-il dans
le sentiment de Lactance, qui prouve l'unité d'un Dieu? ' Il n. w. i>. i3o.
dit ailleurs qu'y aiant une relation essentielle entre le Père et
le Fils, l'un et l'autre ne peut avoir que la même intelligen-
ce, le même esprit et la même substance.
Nous avons fait voir ailleurs que Lactance n'avoit sur l'o-
rigine de l'ame que des sentimens orthodoxes. ' Cela n'a pas Hier, in iiuf. . i.
empêché que Runn ne l'ait acusé d'erreur sur ce sujet. Mais S. ^' ''■ ^'"" *'^"
Jérôme eut soin de l'en justifier dans la suite.
Il seroit impossible de l'excuser de même de l'erreur des Mil-
lénaires qu'il établit fort au long dans les chapitres 24, 25,
26, du septième livre de ses institutions. Au reste c'est une er-
reur qui lui est commune avec plusieurs pères des premiers
siècles, comme nous l'avons déjà remarqué,
' Quant au jugement que porte de lui S. Jérôme, en l'acu- ep. *i. p. 3*5.
sant d'avoir douté comme les Juifs, sur-tout dans ses letres à
Démetrien, si le S. Esprit étoit une troisième personne, et de
l'avoir confondu tantôt avec le Père, tantôt avec le Fils; ' il Dapin, ib. p. oi».
se peut faire que Lactance n'ait rien voulu dire par-là, sinon
que le nom d'Esprit dans l'écriture est commun au Fils et au
Père. D'ailleurs on ne trouve point ces erreurs dans aucun des
ouvrages qui nous restent de lui.
' Lactance a pensé aussi que les Anges qui avoient été en- Lact. ibM.i.a.n.
voies pour la garde des hommes, s'étoient perdus étant trom- '*" P" ****'
7
86 LACTANGE,
V siECLB. pés par le diable, et qu'aiant aimé les femmes, ils en avoient
D„pi„^ ibid. eu des démons terrestres. ' Mais c'est une opinion qui lui est
particulière, ou pour mieux dire, c'est une pure imagination
sans fondement.
Tout cela n'empêche pas néanmoins que Lactance ne soit
très-estimable, et qu'il n'y ait bien à profiler de la lectu-
Tiii. H.E.t. 6. p. re de ses ouvrages. ' En etfet, on y trouve bien des vérités
saintes dévelopées d'une manière claire, vive, élevée, agréa-
uopiii.ibiu. ble, éloquente. ' 11 réfute avec beaucoup de force la fausse re-
ligion des Païens, et établit solidement la religion Chrétienne.
11 parle de Dieu d'une manière très-sublime, et décrit la créa-
tion du monde et le dernier jugement avec des traits les plus
vifs. Plein d'excellens préceptes de morale, il enseigne clai-
rement les vertus, et en recommande fortement la pratique.
Découvrant aux hommes le chemin de la justice, et les dé-
tournant de la voie de rinic[ai|é, il leur aprend à honorer Dieu
d'un culte véritable, et à faire pénitence de leurs péchés.
Hier. ibid. ' C'cst pour tout Cela iiième que S. Jérôme conseilloit la
lecture de Lactance; quoiqu'il soit celui de tous les pères
♦p. ♦ . p. 567. qu'il a le plus critiqué. ' 11 témoigne néanmoins que Lactan-
ce n'est pas si heui eux à prouver les vérités Chrétiennes que
ep. 41. p. 345. puissant à détruire le mensonge et l'impielé, ' comme il l'a
fait, dit-il, dans ses institutions, où il a réfuté avec force les
^. 1. 4. ep. 3. p. rêveries du Paganisme. ' Aussi S. Sidoine lui atribue-l-il le don
de réfuter les erreurs, comme étant son caractère particulier.
Tui. ibid. p. 31S. ' On convient eircctivemenl que ce n'est pas un auteur que
l'on puisse alléguer sur des matières contestées, parce qu'il pa-
roît avoir été plus orateur que théologien, et que peu instruit
de la doctrine de l'Eglise, il a traité la théologie d une maniè-
re trop philosopliique.
I
S- VL
EDITIONS DE SES ŒUVRES.
L est peu d'écrivains Ecclésiastiques dont les ouvrages
aient été aussi souvent mis sous la presse que ceux de Lac-
tance. Mais il en est peu aussi dont les éditions ne soient et
sim. let. ch. t. î. plus entières et plus uniformes. ' La liberté que les copistes et
Jet. 25. p. loo. 151. réviseurs des exemplaires de cet écrivain se sont donnée dès
les premiers tems, ou d'en retrancher les erreurs qu'ils ont
cru y trouver en matière de religion, ou de retoucher ces en-
ORATEUR. 87
droits, a fait que nous n'avons pas ses ouvrages tout-à-fait tels iv siècle.
qu'ils sont sortis de sa plume. D'ailleurs chacun aïant fait ces
retranchemens suivant son goût, il est arriva que la plupart des
manuscrils se sont trouvés différens les uns des autres. Ensuite
les éditions qui ont été faites sur ces manuscrits se sont ressen-
ties de leur diversité. Nous allons entreprendre l'énumeration
de celles qui sont le plus connues ; et nous aurons soin de re-
marquer ce qui méritera de l'être, à mesure que le sujet s'en
présentera.
' L'on compte communément pour les premières édifions P: «3 \ App. ad.
des œuvres de Lactance, celles qui parurent à Rome en 1468 , ' • • ■ p-
Îar Conrard Suweynchein et .\rnoul Pannarts tn folio, eten
470. ' Mais il y en eut une dès 1465, faite à Sublac, en un Bib. Barb. 1. 1. p.
volume m foiio, dont il se trouve un exemplaire dans la bi-
bliothèque de M. le Cardinal Barberin. ' Celles de Rome pa- sim. ibid. p. 153.
roissent être la même chose, et ont servi de modèle à la plu-
part des autres qui ont suivi jusqu'à celle de Maniice.
A Venise parut une autre édition de Lactance l'an 1472, Oupin.iWd.
' et une au même endroit chez Jean de Colonia et Jean Man- Bib.imp. p. 278.2.
then l'an 1478 en un volume in folio. ' Avant celle-ci on en cay», p. 103. 21
publia deux à Rome en 1474 et 1 475 in fol. et une à Rostock ly'^' ""' '"'• ^■
en 1476 in 4". On en vit ensuite d'autres éditions à Venise les
années 1483, •1490, •• 1493, chez Vincent Benali en un vo- . sim. ibid.
lume in folio, « et 1497 , chez Belvilaqua en même volume. t Ge5n."B!b!"u^^"t:
'En 1502, Jean Tacuini imprimeur au même endroit re- îoPL*f®v*..
mit sous la presse les œuvres de Lactance en un volume in
folio, dans lequel il ajouta le poëmede la résurrection sous le
nom de Lactance avec l'apologétique de Tertullien. Dans cet-
te édition le dernier livre des institutions est intitulé De divino
prcemio , ce qui est autorisé par le commencement de ce livre ^
où Lactance se sert de ces termes : divinum prcemium beatitu-
dinis œternce.
Il y eut une autre édition de notre auteur à Paris, chez ...s. vin. cen.
Jean Petit, l'an 1509, en un volume in 4°. sans notes. Gilles
Masieres qui prit soin de cette édition, y ajouta le poëme du
phénix et celui de la résurrection, l'un et l'autre sous le nom
de Lactance , avec l'apologétique de Tertullien , et trois au"
très petites pièces de divers auteurs.
'On remarque que les éditions de 1472, 1490, 1502 et sim. ibid. p. 154.
1509, faites à Venise, et les autres publiées en France et en '^"
Allemagne, n'ont point été revues sur de nouveaux manuscrits.
d Bib. s. Serg. And.
86 LACTANCE,
V SIECLE. On supose par-là qu'en 1509 il y eut à Venise comme à Pa-
" ris une édition de Lactance. Il y en eut une au moins en 1510
chez Pierre Tacuini. C'est ce que fait juger une letre de cet
imprimeur datée de la même année , et raportée à la tête de
l'édition de Paris de 1525, que l'on marque avoir été faite sur
App. .vi. bib. ibid. ccllc de Vcnise. ' Dom le Nourry en marque une de Venise
en 1511, qui peut être celle que nous croïons de 1510.
Bib.Bai.i.i.p.i65| ' L'année 1513 , on vitparoître deux éditions à la fois : l'une
cavf, ibui. ^ Paris en un volume m 4». avec les opuscules que l'on a joints
iiib. Lug. Dat. p. à celle de 1509, et l'autre à Florence. ' Aide Manuce en pu-
^^' *• blia une nouvelle à Venise l'an 1515 en un volume in 8".
... Jiaj. mon. En 1521 , il y en eut aussi deux différentes éditions. L'une
parut à Venise , chez Jean de Tridino surnommé Tacuini , en
un volume m /biw, avec les opuscules étrangers déjà nommés.
Il est marqué au frontispice de cette édition, qu'elle a été faite
sur celle de Jean Parasius, que l'on ne nous fait point connoî-
cave, ii)ii. tre d'aillcurs. ' L'autre vit lejouràBasle, où elle fut renou-
san.i. ibid. vellée l'an 1523 , en un volume m 4°. ' Dès 1522, il en parut
une autre à Lyon m 1 2 .
Bib.s.Peir.deenH. ' A Paris Jean Petit remit sous la presse les ouvrages de
Lactance, qui en sortirent l'an 1525 en un volume m fol. avec
l'apologétique de Tertullien et les autres opuscules acoutu-
més. Celte édition fut faite, comme on l'a marqué au fron-
sim. ibid. p. 155. tispicc, sur ccllc de Tacuini.' Ainsi c'est la même que celle
de Venise de 1502.
Dib. S. serg. And. ' André Cratandre et Jean Bebelius imprimeurs à Basle pu-
blièrent à leur tour les mêmes ouvrages en un volume in folio
l'an 1523. Us y joignirent pour la première fois, comme il sem-
... D. de Lorch. blc, le poëmc sur la passion de J. C. ' On en trouve une au-
tre édition in 8°. faite la même année à Anvers, chez Jean
Graphaeus. Elle est en caractères Italiques, sans nom d'éditeur.
cc-n. ibid. ' Gesner en marque une troisième à Lyon de la même année ,
chez Gryphe en un volume in 8".
siin. ibid. I). 162 1 ' Aide Manuce avoit fait travailler à une nouvelle édition
ii'il!' rîn. V's*^ ' ^^ Lactance un certain Honorât Fasitelius , dont on relevé
beaucoup le grand savoir. Cette édition fut publiée à Venise
l'an 1535, en un volume in 8°. par Paul Manuce après la mort
d'Aide son père. On a eu soin de mettre entre deux étoiles ,
pour ne pas imposer aux lecteurs ce que l'on a cru devoir ajoû-
siiii. ii.ii. p. 153 1 ter à cette nouvelle édition, conformément à d'anciens ma-
"."! Mis *''"cn^'° ' nuscrits de la bibliothèque du Mont-Cassin. ' Les éditions que
Gryphe
ORATEUR. 89
Gryphe publia à Lyon en 1541 et 1543 en même volume, sont iv siècle.
faites sur celle desManuces. '
Lactance fut aussi imprimé à Anvers chez Plantin , l'an sand. ibu.
1539 encore in S", 'et à Cologne chez Pierre Quentel , l'an Bib. Barb. ibia.
1544, en un volume in folio, avec les notes d'Erasme , ' qui App. ibid. p. gss.
avoit, dit-on, commencé à revoir l'édition précédente d'An-
vers, ' Pierre Gaultier imprimeur à Paris le remit sous la presse Bib. s. Peu-, uuig.
en. 1545. Cette édition qui est in S", sans notes, fut débitée
chez Jean Rarbé et Claude Garamont.
L'année suivante 1546 en enfanta deux autres éditions , . . . ff. Min. ccn
l'une à Paris chez Pasquier le Tellier pour Etienne Roffet
et Galliot du Pré en un volume in 8°. ' et l'autre àRasle , où App. ibid.
il en parut encore une nouvelle en 1553, qui fut ensuite re-
vue et corrigée par Fasitelius.
Dès 1548 et en 1553 il y en eut deux éditions m 8°. à Bib. s. fioi. sai.
Lyon, chez Jean de Tournes et Guillaume Gaseau. Elles fu-
rent faites sur celles de Venise. ' Lactance fut encore impri- cave.ib. |App. ib.
mé à Anvers chez Plantin en 1555 et 1556, et à Rasle chez
•Henri Pétri la dernière de ces deux années. ' La même année Hieres. p. soi. 5S7
il fut inséré dans le recueil intitulé héréseologie.
Sixte Relhuleius principal du collège d'Ausbourg avoit App. ibid.
préparé de longs commentaires sur Lactance, pour les publier
avec le texte de cet auteur. Mais le malheur des guerres et la
mort prématurée de Rethuleius privèrent plusieurs années le
public de son travail. ' Quoiqu'il fût fini dès 1545, comme il Bib.ff, Min.cen. j
?aroît par la date de l'épitre dédicatoire, il ne vit le jour qu'en """■ '^"'"
563, par les soins d'Emmanuel Belhuleius fils du Com-
mentateur. C'est un m /o//o imprimé àRasle par Henri Pétri.
' Rethuleius n'aiant aucun manuscrit pour son édition , a suivi siin.ibid. p. 153.
celle de Gryphe de Lyon, qui avoit été faite , comme nous
l'avons dit, sur celle de Manuce de Venise. ' Aussi son édi- p. isr..
tion n'est recommandable que par les commentaires dont il
l'a enrichie, et par la préface où il agite cette question : S'il
est utile aux jeunes gens de lire dans les écoles les livres de Lac-
tance ? Il soutient l'affirmative. ' Cave marque une édition Cave, ib;d.
de Lactance faite à Paris la même année que celle de Rasle ,
dont nous venons de parler. ' En 1567 il en parut une autre à Sand, iWd.
Lyon , de laquelle Sandius fait beaucoup de cas. Elle n'est
pourtant qu'en un volume m 16.
Après toutes ces différentes éditions, Michel Thomasius App.ibid. isim.ib,
travailla à en donner une nouvelle au public. Il revit le texte ?is.'''"'' *■''' *"'''
Tonie I. Sec. Part. M
7*
90 LACTANCE,
IV SIECLE, de Lactance sur plusieurs manuscrits, dont l'un a voit près de
■ mille ans d'antiquité. Jusques-là on n'avoitpoint encore ren-
du à Lactance un sei*vice si nécessaire. On reconnoitquecel
éditeur a réiissi à corriger plusieurs endroits par le moïen des
manuscrits. Mais on avoue en même lems que malgré ce tra-
vail il a encore laissé quantité de fautes dans son édition. On
le blâme aussi d'avoir négligé d'insérer dans ses notes ce qu'il
ne jugeoit pas à propos de mettre dans le texte de son au-
teur ; et nous avons déjà vu qu'on le soupçonne d'y avoir eu
plus d'égard au dessein qu'avoil le Pape Pie V de rendre or-
thodoxes les auteurs ecclésiastiques, qu'aux règles de la bon-
Bib. Maj. mou... ne critiquc. ' Cette édition ainsi revue et corrigée fut publiée à
Tell. ibid. Anvers chez Christophe Plantin les années 1 570 et io87 en un
volume in 8°. C'est sur cette édition que les ouvrages de i.ac-
tance ont ele insérés dans les diverses bibliuth.'ques des Pères.
Bibi. Barb. ibid. ' Ou vit plusieurs aulrcs éditions du même auteur en divers
... s. Petr. Bnrg. cudroits : à Lyon les années 1570, ' 1579 chez Jean de Tour-
• s;.n.i. ibid. ucs cu uu petit lu 8°. saus notes, " 1587 et 1594, '' à Rome en
» Cave, ibid. | Du- 1574 et 1583 ) et à Anvers en 1579 et 1582. Mais on ne nous
pin. ibid. aprend point si toutes ces éditions furent faites sur celle de
ïhomasius comme la meilleure qui eut encore paru.
c.avciMd. I .\pp. ' On en pubha une nouvelle à Genève l'an 1GI3 en un vo-
ibui. p. 654. \\xvcie in 16. Plusieurs critiques la regardent comme très-exac-
sand. ibid. te ; majs d'autres n'en conviennent pas. ' Lactance fut enco-
re remis sous la presse au même endroit et en même volume
l'an 1630, et auparavant à Lyon l'an 1616 in 16etàBasle
l'an 1624 m 4».
siin. ibid. p. Lw. I ' Joseph Isffius uc regardant aucune de toutes ces éditions
App. ibid. comme parfaite , travailla à en donner une nouvelle au pu-
blic. Il revit le texte de Lactance sur les éditions des Manu-
ces, ou plutôt de Fasitelius, cellts de France, d'Italie et d'Es-
pagne, nommément celles de Home de 1474, de Venise de
1493, 1511, 1521, et de Florence 1513, el sur douze ma-
nuscrits du Vatican. A l'aide de tant de monumens il corrigea,
de son aveu , environ trois cens endroits de son auteur, et en
retrancha ce qui lui parut y avoir été corrompu par les héré-
tiques. Il enrichit son édition de savantes remarques, dans
lesquelles il adoucit, autant qu'il lui est possible, les erreurs
.\pp.ibid.|Sand.ib. de Lactancc, qui selou lui u'cu cst pas l'auteur. ' Cette édition
ainsi ornée parut à Césene les années 1644 et 1646 en un vo-
sim. ibid. lume inf'oUo, puisa Home l'an 1650 en même volume. ' Mr
.vwv .y.vi
ORATEUR. 91
Simon fait beaucoup d'estime du travail d'isaeus. Seulement iv siècle.
il le blâme de s'être jette sur des matières de controverse.
Quel que soit le mérite de l'édition dont nous venons de App.ib. isand.ib.
parler, elle n'empêcha pas qu'Antoine Thysius professeur d'é-
loquence dans l'université, de Leyde, n'en publiât une autre
au même endroit l'an 1052 en un volume in 8°. Mais cet édi-
teur avoue lui-même que sans toucher au texte, il n'a rien fait
que d'y joindre ses remarques et ses conjectures.
Ij'édition de Thysius fut suivie de celle de Servais Gai- ibia i Def. .de uct.
laeus Ministre de Zireczée en Zelande, qui fut publiée à Ley- Bib.£i»s*!cen**''
de, chez François Hackius et Pierre Lefîen en un volume in
8". l'an 1660. Galloeus déclare que ce fut-là le premier de ses
travaux literaires, et que son principal dessein a été de réta-
blir sur les meilleurs manuscrits le texte de Lactance dans sa
pureté. ' Ce qu'il y a néanmoins de meilleur dans son édition, sîm. iwa. p. 157.
a été pris de celle d'Isœus. ' Il est même tombé dans le défaut p. isg.
que 1 on reproche à celui-ci, en se jettant trop sur des matiè-
res de controverse, disputes qui ne devroient jamais paroî-
tre dans cette sorte d'ouvrages. 11 y a aussi inséré plusieurs mi-
nuties purement grammaticales et certaines étymologies ab-
solument inutiles.
' Mais ces défauts sont peu de chose auprès de la faute »«'• Je Lact. ibid
énorme que Gallaeus a introduite à la 84' page de son édition.
Le texte de Lactance au quinzième chapitre du premier livre
de ses institutions porte selon toutes les éditions : Nam de le-
gibus, quo {Cicero) in opère Plntonem seqtmtiis, leges voluit
ponere quibu§ putaret vsuramesse justam et sapientemcivita-
tem, de reliqione ita sanrit. Gallœus pour apuïer l'opinion
qu'il établit dans ses notes en faveur de l'usure, quoique Lac-
tance la condamne en divers endroits de ses écrits, a jugé à
Propos de retrancher de ce passage le mot essentiel civitatem.
ar ce retranchement il a pris et fait prendre à ses lecteurs le
mot îAvwra/n pour usure, au lieu que dans le texte que nous ve-
nons de copier, il signifie se servir.
Cette faute qui paroît affectée, jointe aux autres endroits
où Gallaeus établit l'usure comme légitime, a paru si considé-
rable à Mr Bulteau de la Congrégation de S. Maur, qu'il a cru
rendre service à" rEglisf^ en la faisant connoître au public, et
relevant les faux raisonnemens de ce ministre. C'est ce qu'il a
exécuté en 1671, par un petit volume in 12. qu'il a publié à
Paris sous ce titre : Défense des sentimens de Lactance sur le
M ij
IV
SIECLE.
Cave,
, ibid.
Kon.
bil). p.
73.
.. S. Vin.
cen.
92 LACTANCE, ORATEUR.
sujet de l'usure, contre la censure d'un ministre de la reli-
gion prétendiie réformée.
' Après l'édition de Laclance par Gallaeus, sont venues cel-
les d'Oxfort en 1684, ' de Canlbrige en 1685, etdeLeipsick
en 1715, l'une et l'autre en un volume m 8". Celle de Canlbri-
ge, qui est en même volume, estde l'imprimerie de Jean Hayes.-
' Elle a été faite sur celles de Basle 1532, d'Anvers par Tho-
masius 1587, et de Leyde par Thysius 1652, et sur deux ma-
nuscrits très-nouveaux, l'un de 1424, et l'autre de 1465. On
a eu soin de mettre à la tête les différentes leçons de ces deux
manuscrits, et à la fin une assez longue liste de ce qui a paru re-
prehensible à l'éditeur dans les écrits de Lactance. Du reste,
on s'est particulièrement ataché à donner pur le texte de l'ou-
vrage, sans l'éclaircir par des notes. On s'est borné à en met-
''''5G''fifier' î'i?' *^® ^" '^^^^^ ^^ '^ ^^^^ ^^^ persécuteurs. ' Nous sommes re-
i'n.''r.' so.'not. "' devables de celle-ci à Thomas Sparck, et de la dernière de
Leipsick à Jean-Georges Walchius.
^»'»i- >bi-i. ' De toutes ces éditions Sandius préfère celles de Rostoch
1476, de Venise 1509, d'Anvers 1539, et de Basle 1521, à
l'édition du même endroit 1563, et celle-ci à l'édition de Lyon
p- *« 1567. ' A son avis les plus défectueuses de toutes sont celles dp
Rome 1475, et de Paris 1513. Celles de Thomasius et de
Thysius, selon lui, sont exactes. On ne trouve point dans l'u-
ne ni dans l'autre le mot Ariani, qui se lit mal-à-propos dans
les autres éditions au dernier chapitre du quatrième livre des
institutions de notre auteur. On ne le trouve point non plus
dans celles d'Isaeus et de Cantbrige. C'est avec raison que l'on
a retranché du texte de Lactance ce mot qui n'est point dans
les anciens manuscrits, et qui n'y doit pas être ; puisque cet
auteur avoit écrit avant qu'eût paru l'hérésie d'Arius. (IIL)
NAZAIRE,
Orateur et Rhéteur.
Hier. ciir. p. 181. ' /^N Sait peu de chosc de l'histoire de Nazaire , quoi-
V/qu'il paroisse s'être fait une grande réputation. En ef-
fet, S. Jérôme nous le représente comme un des plus céle-
Aiis. prof. c. M.p. bres rhéteurs de son tems. ' Ausone de son côté ne croïoit pas
pouvoir mieux relever l'éloquence d'Agricius qu'en la com-
174
NAZAIRE, ORATEUR. '^
parant à celle qui fît de Nazaire et de Patere deux illustres iv siècle.
professeurs de rhétorique. On voit par-là que Nazaire ensei-
gna avec éclat l'art de bien parler ; mais personne entre les an-
ciens ne nous aprend en quel endroit il exerça cette profession.
An titre de rhéteur il joignit encore celui d'orateur et de pané-
gyriste de l'Empire, par diverses pièces d'éloquence qu'il pro-
nonça en public, comme nous l'allons dire.
' Quant au païs qui lui donna naissance , on le fait commu- §"'"'y'^*'^'- p'- p l
nément d'Aquitaine. Si néanmoins on avoit égard à ses habi- êo.p. m^"^'^ '^'
tudes, on jugeroit qu'il étoil de Provence. Au reste personne
ne disconvient qu'il ne fût Gaulois de nation. ' L'on trouve un Conr. i.i. p. 1*30.
Nazaire lecteur que le clergé de Marseille députa avec l'Evê-
que Oreste au premier Concile d'Arles en 314. Mais il n'y a
guéres d'aparence que ce soit l'orateur qui fait le sujet de cet
éloge. Si cela étoit, on liroit infailliblement dans les écrits
qui nous restent de lui, des traits non équivoques de sa reli-
gion. ' Il est vrai qu'il y a laissé quelques vestiges, qui peu- Pan. b. p. 256.268.
vent le faire regarder comme chrétien. ' Mais à en lire quel- p. 26i.
ques autres endroits, on jugeroit qu'il auroit encore été enga-
gé dans le Paganisme.
' Nazaire brilloit par son éloquence au moins dès l'année tui. Emp.i. 4.p.
321, à laquelle il prononça le panégyrique qui nous reste de ***'
lui. ' S. Jérôme parle avec éloge de cet orateur sur l'an 325, Hier. p. isi. ist.
et dans la suite, d'une fille du même Nazaire, comme égale
à son père pour la réputation qu'elle s'étoit acquise par son
éloquence. ' Arnauld de Pontac, sur l'autorité de quatre ma- not.p. p. 703.
nuscrits du Vatican, donne à cette éloquente fille le nom d'Eu-
nomie, avec le glorieux titre de vierge chrétienne.
Le panégyrique que nous avons de Nazaire fut pronon- Pan. n. p. 231.277.
ce à Rome le premier jour de Mars 321, à la solemnité de la
cinquième année des trois jeunes Césars fils des Empereurs
Constantin et Licinius. Celte cinquième année concouroit
avec la quinzième de l'Empire du grand Constantin ; et on lui
faisoit des vœux pour la vingtième. Nazaire prend de-là oca-
sion de diviser son discours en deux parties. La première roule
sur les louanges des Césars Crispe et Constantin le jeune, sans
faire mention du fils de Licinius. La seconde est emploïèe à
faire l'éloge de l'Empereur Constantin père des deux jeunes
Césars, oui n'étoit pas présent à cette déclamation. L'orateur
relevé la bravoure de ce Prince, son activité, sa prudence,
e soin qu'il avoit pris de faire des loix pour le règlement des
l
94 NAZAIRE,
IV siECLK. mœurs, les victoires qu'il avoit remportées, sur-tout dans le
recouvrement de l'Italie. Il dit que les peuples des Gaules
parloient encore des armées qui s'étoient miraculeusement
aparues à cet Empereur. 11 veut sans doute signifier par cette
expression la vision céleste du signe de la croix qu'eut Con-
stantin dans les (Jaules. Rnfin il relevé la paix profonde, la
prospérité, la fertilité, l'abondance qui regnoient alors dans
tout l'Empire Romain.
On voit par-là que cette pièce contient divers évenemens
qui peuvent servir à l'histoire des premières années de ce IV
siècle. On y trouve de l'éloquence, mais avec les défauts qui
s'y étoient dès lors introduits. Le style en est un peu diffus.
Elle a été imprimée avec les autres harangues des anciens pa-
négyristes de l'Empire. Nous en avons marqué les différentes
éditions à l'article de Claude Mamertin^
Nazaire avoit prononcé au moins un autre panégyrique ,
Pan. B. p. S70. qui n'est pas venu jusqu'à nous. ' Celui-ci fut prononcé un jour
avant l'autre dont nous venons de parler, et contenoit un élo-
ge plus détaillé des grandes actions de l'Empereur Constantin.
p. 230. 1.2. ' Sur cela Mr Dupuy croit que ce panégyrique de Nazaire,
que nous suposons perdu, est le neuvième entre les douze
que nous a donné le père de la Baune. Il apuie son sentiment
sur la ressemblance du style, et sur un endroit du panégyri-
que de Nazaire, où l'auteur dit qu'il ne parlera point des vic-
toires de Constantin remportées sur le "Tibre, parce qu'il en
avoit parlé assez au long le jour d'auparavant. Or, poursuit
Mr Dupuy, l'auteur par ces dernières paroles marque le pa-
négyrique dont il est ici question, et dans lequel il truite fort
p. «31. 1. î. au long de la défaite de Maxence par Constantin. ' D'ailleurs
ce panégyrique qui est sans nom d'auteur, se trouve dans les
manuscrits immédiatement avant celui que nous avons de Na-
zaire.
Mais on aura beau dire tout ce que l'on voudra, ces raisons
ne nous persuaderont jamais que le neuvième panégyrique-
dont il s'agit ici, et que nous avons montré ailleurs être l'ou-
vrage de l'anonyme panégyriste ordinaire de Constantin, soit
de l'Orateur Nazaire. i". La ressemblance du style sur laquelle
on s'apuïe, n'est pas si grande qu'on la supose. Le style de
Nazaire est assurément plus diffus quf^ celui de l'anonyme.
2°. L'endroit cité du panégyrique de Nazaire prouve le con-
traire de ce que l'on prétend. On sait que cette pièce futpro-
ORATEUR. 98
noncée en 321, et que le neuvième panégyrique le fut dès 313. iv siècle.
Or le même auteur auroit-il pu dire en 321 d'un discours qu'il
auroit fait dès 313 ces paroles ci : ' quod et pridie prolixius Pan. b. p. 270.
mihi dicta sunt, ce que je traitai hier avec plus d étendue? ' Il not. ibid.
est vrai que le père de la Baune, qui a épousé le sentiment de
Mr Dupuy, voudroit après quelques autres, qu'au lieu dejon-
die, on lût pridem. Mais ni lui ni aucun autre ne justifiant
cette conjecture par l'autorité des manuscrits, elle demeure
pure conjecture. 3°. Que le panégyrique anonyme précède dans
les manuscrits immédiatement celui du Nazaire, cela prouve
plutôt qu'on ne l'a pas cru de cet orateur, que ce que l'on en
prétend tirer. Il n'en serait pas de même, s'il le suivoit immé-
diatement, et que cette preuve ne fut pas combattue par d'autres.
4°. Enfin le panégyrique anonyme et celui de Nazaire lou-
chent l'un et l'autre plusieurs des mêmes faits : ce qui ne con-
vient pas ordinairement au même orateur, qui parle deux jours
de suite.
ANONYME,
Poète Chrétien.
E' NTRE les divers monumens dont on a formé le suplé- B'b- pp- '• «f- p-
ment à la bibliothèque des Pères de Lyon, il se trouve
un poëme intitulé, de laudibus Domini, qui apartient à un écri-
vain Gaulois. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à en lire le
commencement. On verra même qu'il y a toute l'aparence
possible, que ce poète étoit d'Autun ou du voisinage. C'est ce
qui paroît par la description qu'il fait du pais, et par le trait
d'histoire qui semble lui avoir fait naître l'ocasion de compo-
ser son poëme.
Mais afin de se mieux mettre au fait de ce que la contrain-
te de la poésie lui a fait exprimer un peu obscurément, il faut
lire le 75* chapitre de la gloire des Confesseurs par S. Grégoi-
re de Tours. En conférant ces deux endroits l'un avec l'autre,
on s'aperçoit sans peine que le premier décrit en poète ce que
l'autre raporte en historien. Quelques circonstances en sont
un peu différentes, mais le fonds en est le même. Cette his'
toire regarde le mariage de S. Retice Evêque d'Autun avant
son épiscopat, et la merveille qui arriva à sa sépulture, lorsqu'il
96 ANONYME,
IV SIECLE, fut inhumé avec sa chaste épouse dans le même tombeau , com-
me ils en étoient convenus de leur vivant.
Notre poëte ne nomme point le Saint prélat ; mais il est aisé
de le reconnoître aux traits qu'il raporte de son histoire. À une
circonstance près, S. Grégoire et lui conviennent presque dé
tout le reste. Seulement ils différent en ce que S. Grégoire dit
que ce fut S. Retice, qui sur le point d'être mis en terre avec
son épouse inhumée depuis long-tems, reprit ses esprits, et lui
parla pour lui annoncer leur réunion : au lieu que le poëte té-
moigne que ce fut celle-ci qui étendant la main vers le corps de
son chaste époux, donna des signes de vie.
Au reste cette différence sert à faire voir que ces deux au-
teurs ne se sont pas copiés l'un l'autre. 11 paroît effectivement
par-là que S. Grégoire n'avoit aucune connoissance du poëme
dont il est ici question. Pour notre poëte, il est certain qu'il
n'a pu copier S. Grégoire, puisqu'il vivoit plus de deux cens
ans avant lui, et qu'il étoit contemporain ou presque contem-
nib. pp. p. 527. 1. porain de S. Retice. ' Deux traits pris de son propre poëme
ne permettent pas d'en douter. 1". En raportant l'histoire de
ce Saint Evêque, il en parle comme la sachant ou par lui-mê-
me, ou de témoins oculaires :
CoDjugium memiai summa pietatc iideque.
p. tas. I. 2". 'Il y fait mention de Constantin le grand, comme nou-
vellement victorieux, aparamment de Licinius, et de ses en-
fans comme étant jeunes, leur souhaitant qu'ils pussent mar-
cher sur les glorieuses traces de leur père.
p. 527. t. ' Après avoir décrit la merveille de la sépulture de S. Reti-,
ce, notre poëte en raporte la gloire à Dieu, à qui seul il apar-
tient, dit-il, d'opérer de tels prodiges. De-là il prend ocasion
de le louer des autres merveilles qu'il a fait éclater dans la créa-
tion de l'univers, et qu'il continue de renouveller sans cesse
p. 528. 1. par ce qui se passe dans la nature. ' Il y touche aussi l'incarna^
tion du Verbe, les grands avantages qu'elle a procuré aux hom-
mes, la résurrection des morts, la récompense des bons, la
p. 527.1. punition desméchans. ' C'est pourquoi l'on a intitulé ce poë-
me, de laudîbus Domini, des louanges du Seigneur. Il con-
tient environ 160 vers hexamètres. Quoiqu'il s'y trouve quel-
3ues fautes par la négligence des copistes, on ne laisse pas d'y
écouvrir des beautés qui ne sont pas indignes des bons siècles.
On
POETE CHRÉTIEN. 97
On en peut juger par les vers suivons, qui sont comme l'exorde iv siècle.
de la pièce.
Quis queritur sera virtatis dote juvari ?
Uuis promissa Dei lento proccdere passu ?
Quis One hurnano metitur judicis urnam
Perpetui, tardumque putat quod saecula debent
Accelerare diem meritis qui praemia reddat?
Nobilis ingenti testatur gloria facto.
ARBORE,
Rhéteur.
MiLius * Magnus Arborius, oncle maternel du poëte «Ans. par.
Ausone, l'un des plus célèbres rhéteurs de son siècle, ' ' p""" • '■ *®
M
étoit originaire d'Autun. Mais il naquit dans cette partie des
Gaules qu'on nommoit la Novempopulanie , du côté de Dax
et Baione, vers l'an 270. Il eut pour père Cœcilius Argicius
Arborius, dont nous avons déjà parlé, et pour mère vEmilia
Corinthia Maura, l'un et l'autre de noble extraction. L'on peut
voir plus en détail ce qui regarde sa famille dans l'éloge que
nous avons fait de sou père.
La suite de la vie d'Arboré fait juger qu'il fut très-bien in- ibid.
struit dans les letres, et qu'il y fit de grands progrès. ' Il sema- prof. iWd.
ria de bonne heure, et épousa une femme qui avoit de la no-
blesse, et qui lui aporta une riche dot. 11 passa ensuite à Tou-
louse, où il eut une chaire d'éloquence, qu'il remplit avec
beaucoup de réputation. Dès les premières années qu'il y en-
seigna, il s'acquit l'amitié des trois Princes Dalmace, Jules
Constance et Annibalien, tous trois frères de Constantin le
grand, qui étoient alors à Toulouse en une espèce d'exil. ' Ar- P"- «• '•
bore entre ses disciples eut Ausone son neveu, dont il prit un
si grand soin, que ce poëte le regardoit comme un second
père, et reconnoissoit lui être redevable de tout ce qu'il savoit.
Et mihi quifuerisquod pater et genitrix; '
Qui me lactantem puerum, juvenemque virumque
Artibus ornasti , quas didicisse juvat.
Tome I. Sec. Part. N
?.
ô« ^" ARBORE,
i-v SIECLE. • De Tonîousp, il' seM'ble qu'^Arbore alla à Narbone j en-
~i^^ i^^Tîbïd" saigner aussi la rhétorique. Il est au moins certain qn'il plaidar
avec beaucoup d'éclat dans plusieurs endroits de la Gaule
Narbonoise, de la No'Vempopulanie et de l'E&pagne, où il
y avoit des tribunairx pour la justice. Après avoir ainsi illuslr/;
les Gaules et les païs voisins, la réputation de son éloquence-
bid. I prof. ibid. le fit connoîtrc dans toute l'Europe. C'est ce qui le fit apeller
à Constantinople par l'Empeteup Constantiii» paur enseigner
à l'un de ses enfans l'art do bien parler. Arbore s'acquita de
cet emploi avec beaucoup de gloire, et y amassa de grandes
rof. ihirt. Hchesses. ' Il mourut dans cette nouvelle Rome comblé d'hon-
neurs, vers l'an 33.5. L'Empereur pour marque de la considé-
ration qu'il avoit pour lui, même après sa mort, envoia son
corps à ses parens pour être inhumé dans le tombeau de ses
ancêtres.
par. ibid. ' Outre l'éloqueuce, Ausouc louë eucore en la personne de
notre rhéteur l'érudilion, la vivacité de l'esprit, la beauté de
Sii. I. 5. «p.j. la mémoire, la science de l'asIrtJogie. ' S. Sidoine, ^ui seo-
ble avoir vu quelque»-uns des discours d'Arboré, lut atribua
une exacte régularité, comme un caractère propre qui le dis-
tinguoil des autres orateurs. Nous n'avons aucune connois-
sance de ses écrits. Mais pour mieux faire comprendre de quel
mérite ils pouvoienl être, et quelle étoit la réputation que leur
auteur s'éloit acquise, il ne sera pas hors de propos de rapor^
ter quelques traits originaux de l'éloge qu'on nous en a laissé.
Te sibi palladis antetulit toga docta TokMaa :
Te NarboneDsis Gallia prxposuit ,
Oraasti cujus latio sermone tribunal.
Et forar Hiberorum quseque Novempopulis.
ffinc tenas Europam, fama crescente, perito
Gonstantinopolis rhctore te viguit.
Tn per raille modos, per mille oracula fandl
Doctus, facunduR, tuni celer atque memor.
Sni. Tit. M. n. ». ' S. Scvcrc Sulpicc parle de la guerison miraculeuse d'une
p. m.i6*. ^ijg (J'Arbore, par l'aplicalion d'une simple I être de S. Mar-
tin : ce qui porta le père à la consacrer à la virginité, et il vou-
lut que ce fût le S. Evêque lui-même qui la consacrât. Cet
Al», par. <:. iô.
Arbore étoit illustre et par sa pieté et par la dignité de préfet
qu'il avoit remplie. ' Il descendoit par les femmes do la fa-
V\VJ- i .-«K.
.kr.t^.
RHÉTEUR. M
mille du rhéteur dont nous venons de faire l'éloge, et se iv sieclk.
trouvoit 9(Mi petit-neveu, fils d'une sœur d'Ausone. On re- xiii.H.E. i.io. p.
marque qu'il fut préfet de Rome en 380. On ne trouve rien sao.
de la postérité du rhéteur son grand oncle; et il y a toute apa-
rence qu'il n'en laissa point.
I I- - - - ■ - ^- - - - - - ^ - -1^ Mfc ^ .^^i. . ■ ■■ ^ I , a ■ — -I ■ - ^ I II. -I- ■ ■ ■ 1 j ■
CONSTANTIN LE JEUNE,
Empereur.
CONSTANTIN, * surnomme le jeune pour le distinguer du îI|"-6|?'p- ' *• •••
grand Constantin son père, étoit fils de Fauste seconde
femme de cet Empereur. 11 naquit à Arles dans les Gaules ,
comme l'on croit avec beaucoup de fondement, le septième
jour d'Août de Tan ' 316. ' Dès l'année suivante il fut fait Ce- p 'to 639.640.
sar avec Crispe son frère aîné, et Licinius ou i icinien, leur
cousin germain, fils de leur tante paternelle et de l'Empereur
Licinius. Cette promotion se fit le premier jour de Mars, et
fut ensuite publiée dans toutes les armées et toutes les villes,
afin que chacun rendît aux trois jeunes Césars les respects qui
leur etoient dûs. ' En 320, lorsque notre jeune Prince n'étoit p. ns.
encore que dans la quatriérae^i année" de son âge, il fut nom-
mé ' Consul pour la première fois avec l'Empereur son pefe, p. 179.211. feg.
et continua de l'élre les années 321 , 324 et 329 . .
' Il étoit né avec un génie heureux, qui l'élevoit au-degsiis Pan. B.p. tu. p.
de l'enfance, et avoil reçu de la nature bien d'autreg grandes *'*'
qualités, qui donnoient de lui des espérances encore plus
grandes pour le bonheur de l'I'^mpire. Dès ses plu» tendres an-
nées, on ne doutoii presque point qu'il ne fît un jour itevivre
rKmi)ereur son père, ce Prince si eh^ri des peuple», et si dès
lors il ne pouvoit pas encore marcher sur se» traces, il faisoit
au moins déjà paroître les mêmes sentimens. Un de ses pané-
gyristes ne faisoil pas même difficulté de dire en 321 / lorsque
ce jeune Prin«e n'aroit pas encore cinq ans acomplis, qu'il sa-
voil déjà écrire, ert qu'il avoit fait des progrès fwématurés dans
les letres. 11 esk vrai que ce ïi'est pas un historien, mais u» ora-
teur qui parle ainsi.
' Pour le courage, Constantin fit voir qu'il étoit né avec lui ;
(t) Brantre» i«r«n«mt cette Aaiisanc'e en Anontme, panégyriste ordinaire de Con- Trist. Coin, hi.-l. L
SI», M jaroissent amonsé» par l'orateur stanliii le grand, dom non «roBf ftàii. 3. p. 579.
N ii
100
CONSTANTIN LE JEUNE.
IV SIECLE.
Amm. I. p. 476.
Thdrl. I. 2. cl. p.
«9.
Till. iLid. p. 860.
^1 I H. E. t. 10.
p. 80.
Atli. apo. in Ar. n.
87 I Tlidrt. 1. 1. c.
1 . p. 65.
AUi. ibid.
ibid.|Soc.l.3.c.::;.
iXt
Till. H. E. t. 8. p.
69. 671. 672.
Eus.vit. £0031.1.4.
c. 68. 69.
Till. Emp. t. i. p.
317. 666.
Thdrt.l. 2. cl. p.
69.
Till. ibid.
Monod. p. 2.
Socr- !•
83.
c. i. p.
et il n'étoit encore que dans la seizième année de son âge,
qu'il donna des marques extraordinaires de sa valeur. ' Au
mois d'avril 332 marchant contre les Gots, il les défit, et les
soumit à l'Empire.
De si heureux commencemens le firent sans doute recevoir
avec joie ' dans les Gaules, lorsqu'il vint les gouverner en qua-
lité de leur souverain. ' Ce fut en 335 que l'Empereur son pè-
re les lui donna pour son apanage, avec la grande Bretagne ,
l'Espagne et une partie de l'Afrique. Tous ces étals passoient
pour le tiers de l'Empire, et avoient fait le partage dp Constan-
ce Chlore, aïeul paternel de notre jeune Prince , comme ils
firent dans la suite celui deGratien.
' A peine y fut-il y arrivé, qu'il reçut à Trêves, lieu de son
séjour ordinaire, le grand S. Alhanase, que Constantin son
père, dont les Arier)s avoient surpris la religion, y exila en la
trentième année de son empire. C'est ici le plus bel endroit
(lu règne de notre jeune Empereur. ' Non seulement il eut
.soin de faire fournir à ce Saint persécuté tout ce qui lui étoit
nécessaire ; mais il eut encore une alention religieuse à le trai-
ter toujours avec respect. ' Il est aisé de juger de l'estime et de
la vénération qu'il portoit à ce Saint docteur, par la letre où
il fait l'éloge de sa vertu et de son mérite, et qu'il adressa aux
lideles d'Alexandrie, lorsqu'après la mort de Constantin le
grand il fut renvoie à son Eglise. ' C'étoit en l'année 338 ; et
l'on croit que notre jeune Prince allant en Pannonie pour con-
férer avec ses frères sur le partage de l'Empire, mena avec
lui S. Athanase.
' Dès-lors les trois frères portoient le titre d'Empereur; le
Sénat de Rome les aiant déclarés Augustes, aussi-tôt qu'il eut
apris la mort de Constantin leur père. ' Après celle de Dal-
mace et d'Annibalien leurs cousins germains, les trois Em-
pereurs partagèrent leurs états. De ce partage ' Constantin,
qui étoit l'aîné de Constance et de Constant, ' eut au moins
la Thrace et quelque chose de l'Afrique. Il eut même la ville
de Constantinople, dont il fut maître pendant un an, ou quel-
ques mois. Mais il ne jouit pas long-tems de ces grandes pos-
sessions. Le désir de les étendre les lui fit toutes perdre avec
la vie.
' Sous prétexte de la peste qui ravageoit alors les Gaules,
où il faisoitson séjour ordinaire, ' mais en effet dans le dessein
d'aller combattre Constant son frère, il en sortit à la tête de
CONSTANTIN LE JEUNE. iOl
son armée. «Il tira du côté d'Italie et s'avança jusqu'à la iv siècle.
ville d'Aquilée, où il fit la guerre sans précaution et en hom- . lin. ibid. p. 3*8.
me qui n'avoit rien à craindre Le sujet de son mécontente- 329.
ment étoit que Constant ne lui vouloit rien relâcher de ce qui
lui étoit échu par le dernier partage de l'Empire.
' Au bruit de sa marche, Constant qui étoit alors en Dacie, p. aw.
envoïa une partie de son armée pour lui faire tête. Celui-ci
fut servi à merveille ; car ses généraux aïant atiré Constantin
dans une embuscade, taillèrent ses troupes en pièces , et le
tuèrent lui-même. Le corps de ce malheureux Prince fut in-
dignement jette dans la rivière d'Aise , aujourd'hui Ansa,
d'où il fut néanmoins relire, ' puis porté dans la ville Impéria- Monod. p. a. *. 6.
le, où il fut inhumé. Après cette défaite on fit courir le bruit
que Constantin étoit mort de peste à Aquilée. ' La ville où on Tiu.ibid.
lui donna la sépulture, n'est autre, comme l'on croit, que
Constantinople , où long-tems après on montroit son tom-
beau pçoche de celui de son père. ' Sa mort arriva avant le p. 328 1 Socr. iWd.
9* d'avril 340, sous le consulat d'Acindyne et de Procule,
en la 25* année de son âge et la 3* de son Empire.
' Constantin ne laissa point de postérité, et ne contracta mê- Monod. p. is.
me jamais d'alliance. Mais lorsau'il fut tué, il avoit envoie en
Espagne, pour en amener une fille qu'il avoit dessein d'épou-
ser, et que l'on ne nous fait point connoîlre autrement.
' Un orateur de ce tems-là prononça à Arles son oraison fu- Tiii. ibid. p. 329.
nébre en grec, que nous avons encore. ' Selon ce qu'il dit de Monod. p. 7. s.
ce Prince, il possedoit plusieurs belles qualités de l'esprit et
du corps. Il avoit sur-tout un grand soin de se nourrir ae l'E-
criture, et beaucoup d'ardeur à en rechercher les mystères.
Mais il eut le malheur de n'y pas conformer ses mœurs et sa
conduite. ' L'action où il perdit la vie, en est une triste et fa- thi. ibid. p. 329.
taie preuve, et le fera toujours paroître coupable d'ambition ^"'
et d'intérêt, jusqu'à oublier les devoirs les plus naturels, l'a-
mour du prochain, sur-tout d'un propre firere, et l'horreur
des suites malheureuses et nécessaires de la guerre. ' On voit Monod. p. i. 2.
néanmoins qu'il ne manquoit pas d'une certaine bonté de cœur,
et qu'il l'avoit fait sentir dans son gouvernement ; puisque son
panégyriste nous assure qu'il fut fort regreté de ses sujets.
' La letre qu'il écrivit en faveur de S. Athanase, estdeve- Thdn. 1. 2. c. s.p.
nue fort célèbre, et se trouve dans presque tous les historiens c^'a.™' ^82'i Ath.
ecclésiastiques. Elle est tout à la fois un monument glorieux »p<»- '" ^"^^ "• *'•
pour la mémoire de ce généreux défenseur de la consubstan-
102 CONSTANTIN LE JEUNE.
IV SIECLE, tialité du Verbe, et un témoignage non suâj)ect de la pure»é
rie la foi de son auteur. Bien loin que Constantin se laissât pré-
venir contre ce grand Evêque, comme Constantin sort père
et Conatance, on voit par cette letre qu'il avoil une sainte
indignation pour ses calomniateurs, et une vénération singu-
lière pour son mérite. II l'y qualifie un prophète et tin prélat
de la loi adorable de J. C. et dit que la bonne odeur de sa
vertu s'étoit répandue par tout le monde. Cette letre est datée
lueii^' '■ "■ **■ ^^ Trêves le 17* jour de Juin. ' L'année n'est pas marquée ;
mais on ne doute point qu'elle ne soif de l'an 338.
(Xitre ce monument digne d'un Empereur Chrétien, noud
avoîis du même Prince dans le code Théodosien diverses loiï
pour la police et le bon ordre de l'Empire. Les unes lui sont
propres et les autres communes avec ses frères Constance 61
Constant. On ne sait point s'il laissa quelques autres monu-
Monod. p. 8. mens de sôH' snvoir. ' Il éloiî, néanmoins', selon son panégy-
Trist. ibid. riste, aiussi saTant philosophe que grand monarque. ' On trou-
ve dans les anciens monumens, qu'il portoil les noms de Fla-
vius Claudius Constantinus.
A
ORATEUR ANONYME.
PRÉS la mort fatale de l'Empereur Constantin le jeune,
dont nous venons de parler, un orateur qui ai eu la mo-
destie de nous cacher son nom, prononça en grec l'oraison
funèbre de ce Prince. Nous avons encore cette pièce sous té
titre de Monodie ou orainon funèbre de Constantin le jeune.
Le public en est redevable au savant M. Godefroi, qui la fil im-
f)rimer à Paris chez Federic Morel l'an 1616 en uft petit vo-
ume in-\^.
Moiiod. p.7. 9. 11. 'On voit par cette pièce que son auteur faisoit profession
'*• du Christianisme, et qu-'il avoit même quelque pieté. Mai»
son éloquence tient un peu de la nature de celle des Grecs :
c'est-à-aire, qu'elle est un peu trop ampoulé<\ Ce serait vou-
loir deviner, que d'entreprendre de dire autre chose de la
Tiist. coni. bisi. t. pcrsoune de cet orateur. ' 11 est des savais qui croient qu'il
3. p. 582. gy^jj ^j^ précepteur du Prince même, dont il foit l'éloge fu-
nèbre ; et il ne paroît point y avoir de difficulté que cela ait
ORATEUR ANONYME. 103
été. Mais il y a encore plus d'aparence qu'il étoit un de ces iv siècle.
grammairiens qui enjieignoient la langue Gréque dans les "
principales villes des Gaules, comme nous en avons déjà vu
à Bourdeaux dès le commencement de ce siècle.
' L'Anonyme prononça son discours devant les sujets de Monod. p. .i. u.
Constantin, lorsque la nouvelle de sa mort n 'étoit fias encore
répandue dans tout l'Empire. ' On ne doute point que ce ne xiii. Emp. t. 4. p.
fût dans les Gaules, et à Arles même. Il n'y avoit guéres de ^^'
lieuK plus convenables à cette déclamation que cette ville.
Elle avoit été quelque tems le séjour de la Cour impériale,
et le lieu de la naissance du jeune Constantin. D'ailleurs la
langue Gréque y étoit communément entendue, et conti-
nua même à l'y être jusques dans le VI siècle, comme l'on
verra par la suite.
' Cet orateur semble dater excessivement le portrait de Monod. p. 7. 8. n.
son héros, lui atribuant beaucoup de belles qualités d'esprit et
de corps, qu'il n'avoit pas au degré qu'il veut faire entendre.
Il est néanmoins vrai qu'il ne le llate pas en tout; ' aiant assez p- ».
de sincérité pour avouer qu'on l'acusoitde n'avoir pas culti-
vé, autant qu'il auroit dû, la paix avec Constant son frère.
'Le titre de la pièce porte, que ce fut par des meurtriers p-*-
envoies de la part de celui-ci, que Constantin perdit la vie.
' En cela ce titre favorise l'historien Zosime, qui parlant de Tiii. ibu. p. 669.
cette mort , dit que Constant avoit fait assassinrr son frère par
surprise. Mai» jl contredit tous (es autres historiens, S. Jérô-
me, Socrate, Sozomene, les deux Victors, Eutrope, Zona-
re. Aussi l'on soupçonne (|ue ce titre a été pris de Zosime mê-
me après coup. Le silence de la pièce sur cette circonstance •
rend ce soupçon bien fondé.
' Néanmoins la pièce ne s'acorde pes elle-même en eela ^'>»'*-
avec les autres historiens. On sait de quelle manière Constan-
tin finit sa vie; ' et la pièce ne laisse pas de dire qu'après laba- Monod- p- *o.
taille donnée entre les deux freies, et lorsqu'ils étoient près de
se reconcilier, ' ce jeune Empereur mourut de peste dans une p- '•
ville où il se trouvoit. ' peut-être avoit-on fait courir ce bruit thi. itid.
pour sauver l'honneur des deux frères. Ainsi notre orateur
l'aura suivi, ou i des em dans la même vùë, ou ce qui paroil
plus vraisemblable, parce qu'aïant composé sa pièce, lorsque
la nouvelle de la mort de Constantin n'étoit pas encore répan-
due, il ne savoit pas encore au juste les circonstances de cette
mort.
404
ORATEUR ANONYME.
IV SIECLE.
• Till. ibid. p.670.
k Monod. p. 5.
' Till. ibi.l.
Trist. ibid. p. 582.
583.
Monod. p. 14.
Trist. ibiil.
' Si cette faute lui est pardonable , on ne lui passe pas de
même celle que l'on prétend qu'il a faite , *■ en disant que Con-
stantin fut conduit au tombeau par l'Impératrice sa mère. 'Car
cette Princesse, qui étoit Fauste, comme nous l'avons dit,
n'étoit plus au monde dès 326, quatorze ans auparavant. 'Mais
nous croïons devoir, après un savant, justifier notre orateur de
la prétendue faute qu'on lui impute ici. II est vrai que le terme
de, mère se lit dans son texte , mais les circonstances dont
il y est revêtu, font manifestement voir que la Princesse dont
il parle, n'étoit point Fauste, mais Entropie mère de Fauste
et aïeule maternelle du jeune Empereur. Que s'il lui donne la
3ualité de mère plutôt que d'aïeule, c'est que depuis la mort
e Fauste, elle tenoit lieu de mère à Constantin, et que ce
Prince la cherissoit et la respectoit en cette qualité. D'ailleurs
il n'est pas sans exemple que des aïeules et des belles-meres
mêmes aient porté le titre de mère à l'égard de leurs beaux-
fils. Au reste on ne peut douter que ce ne soit de l'aïeule de
Constantin, plutôt que de sa mère, que notre Anonyme ait
dessein de parler, puisqu'il parle de sa grande vieillesse, ce
qui n'auroit pu convenir à Fauste, suposé qu'elle eût encore
vécu.
' Sur la fin de la pièce l'auteur pour consoler son auditoire
dit que la mort du Prince dont il fait l'éloge funèbre, n'a été
qu'un passage à une cité permanente, dont la magnificence
surpasse toutes les beautés des plus illustres villes de la terre.
Il ajoute qu'il s'y voit en la compagnie de l'Empereur son pè-
re, de Crispe son frère et des autres Princes ses parens. ' Mais
il ne parle point de Fauste, quoique déjà morte, sans doute
parce que ses crimes connus la rendoient indigne de trouver
place dans la cité des Saints. (V.)
Till. Rmp. t. t. p.
17. 4i. Oti.
Vup. vil. Anr. n. 1.
T I B E R I E N,
Préfet des Gaules.
0' N vit dans les premières années de ce siècle plusieurs
personnes illustres, qui portoient le nom de î'iberien.
Il y avoit un Junius Tiberianus, qui exerça le consulat, et deux
fois la préfecture de Rome . ' Ce fut celui-ci qui engagea Vo-
pisque dès la fin du 111 siècle à écrire la vie de l'Empereur
Aurelien.
TIBEKIEN. 105
Aurelien. " 11 y avoit encore un Annius Tiberianus Comte iv sikcle.
d'Afrique en 326 ou 327. Enfin on vit paroître un autre Ti- rrnlbidTMÎI
berien, que l'on ne trouve point avoir porté d'autre nom, et «jj.
qu'il ne faut pas confondre avec les précédents. C'est de ce
dernier que nous entreprenons de parler ici.
' 11 a paru à Mr Pithou avoir été d'Aquitaine, et cet écrivain uuim. ueci. pr. p.
ne fait pas difficulté de le compter au nombre de ces illustres
Gaulois, qui par leur habileté dans les letres ont fait la gloire de
cette province. ' S. Jérôme en effet releva avec éloge l'éloquen- mer. chr. p. isi.
ce de Tiberien. Il n'étoit pas sans doute moins versé dans la
jurisprudence et la connoissance des loix, qu'il étoit éloquent,
puisqu'il mérita d'être élevé aux premières charges de judica-
ture de l'Empire. ' Dès 336 au moins , sous le règne du grand Tiu. iwd. p. ««.
Constantin et de son fils de même nom, Tiberien fut Vicaire
du préfet d'Espagne. ' De-là il passa à la préfecture des Gau- Hier. ibu.
les, qu'il paroît avoir exercée dès l'année suivante 337. ' On Qoint. iWd.
ne nous aprend point ce qu'il devint dans la suite. Seulement
on assure qu'il s'acquitta des fonctions de cette charge avec
autant de sagesse et d'intégrité, que de suffisance.
'Divers critiques ont cru que notre préfet est le même que Gyr.hist.poët.diai.
ce Tiberien célèbre dans Servius et dans Planciades Fulgen- pèë?.' uf c'. 4°*p.
tius; et nous ne voions rien qui contredise leur sentiment. **'•*•
Dans cette suposition Tiberien avoit laissé divers écrits de sa
façon , dont ces deux anciens auteurs nous ont conservé quel-
que connoissance.
' Servius témoigne qu'il avoit suposé une letre aportée des cyr. iWd.
antipodes par le moïen du vent , avec cette inscription : Supe-
ri inferis salutem. A cette ocasion, dit Servius, 'libérien trai-
toit de la communication qu'on disoit être entre les antipo-
des et notre hémisphère.
Fulgence de son côté fait mention d'un livre que Tibe- Fnig.myth.i.s. n.
rien avoit composé sous le titre de Promethée , et dans lequel '*
il avançoit que les Dieux avoient donné à l'homme ce que
chacun d'eux possédoit. ' Ailleurs il lui atribue un autre livre virg. com. p. im.
sur Socrate, dans lequel Tiberien raportoit que Diogene **'•
le cynique s'étant emparé de la succession de Platon , il n'y
trouva autre chose qu une langue d'or. ' Fulgence cite encore exp.ser.ant.p.i83.
de Tiberien quelques vers , ce qui feroit juger qu'il auroit été
poëte.
Tome I. Sec. Part. 0
8*
V SIECLE.
106 LEONTIUS, JUCUNDUS ET GLABRIO.
LEONTÏUS, JUCUNDUS ET GLABRIO,
Grammairiens.
S
I ces grammairiens trouvent place dans cette histoire ,
ce n'est point qu'ils se soient fait une certaine réputation
par leur savoir, non plus que quelques autres dont nous avons
déjà parlé, ou dont nous pourrons parli-r dans la suite. Il suf-
fit pour la mériter, qu'ils aient travaillé , comme ils ont fait ,
à étendre ou soutenir l'Kmpire d -s letns dans les Gaules. C'est
pour cela qu'Ausone n'a pas jugé lui-même enson temsleur
mémoire indigne de passeï' à la posti'rité.
A**, prof. r. 7. ' I.eontius llcurissoit avant le milieu de ce siècle, etensei-
gnoit dès-lors la grammaire à Bourdeaiix. Il ne s'y acquit pas
beaucoup de gloir.-; n'aïant de savfïr qu'autant qu'il en fal-
loit pour ex'Tcer celte prof-ssion. Il possédait si parfaitement
le caractère d'homme plaisant, agréable et enjoué, qu'on lui
en fît porter le surnom de lascif. (VI.)Mais quoique la conduite
de sa vie ne méritât pas cette qualification odieuse en elle-mê-
me, il ne s'en défendit néanmoins jamais, parce qu'-lle plai-
soit à ses amis. Il étoit beaueoup plus âgé qu'Ausone : ce qui
n'empêclia pas qu'il ne fût le compagnon inséparable de ce
poëte en sa jeunesse, comme il le témoigne lui-même par ces
deux vers :
Tu vacsD scmpcr socias juvcntœ ,
Pluribus quamvis cuuiulutus anuis.
cap. 9. ' Leonlius avoit un frère nommé Jucundus, qui exerçoit la
même profession que lui, et dans la même ville. Celui-ci avoit
encore et moins de savoir et moins de capacité que l'autre ,
et ocupoit ainsi une cliaire de graniroaire, sans la remplir. Il
passoit même communément pour ne pas mériter le titre de
Vin. in Ans. $153. grammairien. ' Vinet a cru que ces deux frères pouvoient des-
cendre d(^ cette ancienne famille des Leonfius , moins illustre
jar sa vertu et son propre mérite, que par les faveurs dont elle
[ut comblée, comme nous l'aprenons de Plante.
r.
LEONTIUS, JUCUNDUS ET GLABRIO. 107
• Acilius' Glabrio éloit fils d'Aquilinus, et issu d'une illus- iv siècle.
tre famille , qui tiroit son origine de l'ancienne Troie. '' Eu- «Ans. ibid. e.u.
nape dans la vie de Porphyre fait mention d'un Aquilinus, b Eunap. p. le.
3ui avoit étudié à Rome avec ce fameux philosophe vers la fin
u III siècle, et dont il dit qu'il y avoit quelques écrits, mais
peu estimés. ' Il y avoit aussi un Vettius Aquilinus consul en idat. fasi. p. 332.
l'année 286 avec Junius Maximus. On ne sauroit dire si ces
deux Aquilinus ne sont qu'un(î même personne, ni assurer si
l'un ou l'autre fut le père de notre grammairien. Quoiqu'il
en soit, ' il paroît ass-z croiable qu'il descendoit d'un autre vin.ibd. g. i69.
Glabrio, qui fut consul avec Commode, et qui selon Héro-
dien étoit un illustre Sénateur, et faisoit remonter l'origine de
sa famille jusqu'à Enée. Savoir comment les descendans de
cette ancienne maison passèrent à Bourdeaux, d'où il semble
que Glabrio étoit natif, c'est ce que personne ne nous aprend.
' Glabrio fît ses études avec Ausone ; et celui-ci aïant eu en- Ans. iWii.
suite une chaire d'éloquence, Glabrio en eut une de gram-
maire dans la même ville qui étoit Bourdeaux. Il s'acquit de
la réputation dans sa profession de grammairien, qu'il relevoit
par plusieurs excellentes qualitf-s. Il étoit humam , affable,
complaisant , enjoué , tempérant, aussi disposé à donner con-
seil, que retenu à s'en glorifier après l'avoir donné. Il hanta
quelque tems le barreau, où il plaida quelmiefois. U avoit du
goût pour l'agriculture, qui servoit à le délasser de tems en
tems de ses ocupations pli's sérieuses. Il se maria, et eut des
enfans. Mais lorsqu'il commençoit à soutenir la gloire de ses
ancêtres, et à faire l'ornement de sa patrie, une mort préma-
turée l'emporta à la fleur de son âge. C'est ce qu'Ausone dé-
crit encore mieux dans les vers suivans, qu'il a consacrés à la
mémoire de Glabrio.
DoctriniB vitteqne pari bre vitale caducum ,
Glabrio, te mœstis commemorabo elegis.
Stcmmate nobilium doductum nomea avorum,
Glabrio Aquiline, Uardana progenies.
Tu quondam puero compar mihi discipulos : mox
Me de hinc facto rhetorc, grammaticus.
• ' Le prénom de Glahrio dans les ma- Glabrions se trouvent dans la famille Aci- gcal. in Au». I. i.
nnscriU et dans le» premières impressions liene ; et l'on a suivi cette leçon dans' les ^ jj
d'Ansone est Atiliiis : mais Joseph Scaliger dernières impressions.
croit qu'il IiMit lire Acilins, parce que^Jes
Oij
108 fil.ARRTO.
IV SIECLE.
Inque foro tutela reis, et cuttor in agris,
Digne, diu partis qui fruerere bonis.
Commode, lœte, bénigne, abstcmie, tara bone dandis
Semper consiliis, quam taciturne datis. ■
Tam decus omne tuis, quam mox dolor, omnia acerbo
Funere.pnereptus, Glabrio , destituis.
Uxore et nalis, genitore et matre rclictis,
Bhcu quam multis perdite nominibus!
Flete diu nohis , nunquani satis, accipe acerbum,
Glabrio in œternum commemorate, vale.
I CONCILE DE COLOGNE.
^Conc. i.t.p.ei5. • r-vNnous produit les actes d'un Concile tenu à Cologne,
vJ qui étoit alors une ville des Gaules , le douzième jour
de Mai après le consulat d'Amance et d'Albin , ce que l'on
raporte à l'an 346. Le sujef de la convocation de ce Concile
fut, disent les actes , la déposition d'Euphrate Evêque de la
même ville. Ce prélat se trouvant acusé par ses propres diocé-
sains de soutenir que J. C. n'étoit pas Dieu, mais seulement
un pur homme, ce qui formoit l'hérésie de Photin ; et ses blas-
phèmes étant venus à la connoissance de tout le monde, le
» Concile s'assembla pour le juger.
11 s'y trouva, dit-on, quatorze ' Evêques : S. Maximin de
Trêves, qui est nommé le premier, comme aïant présidé à l'as-
semblée; Valentin d'Arles, S. Donatien de Châlons-sur-Sao-
ne, Severin de Sens, Optatien de Troïes, Jessé de Spire,
Victor de Vormes, Valerien d'Auxerre, S. Simplice d'Autun ,
Amand de Strasbourg, Justinien de Basle, Euloge d'Amiens,
S. Servais de Tongres, et Dyscole de Reims. Outre ces 14
prélats, il y eut encore, continuent les actes, dix députés d'au-
tant d'autres Eglises , de Maïence, de Metz, de Langres, de
Besançon, de Verdun, de Paris, de Cambrai, de Soissons, de
Rouen et d'Orléans.
p. 615. en. ' Après la lecture de la letre du Clergé de Cologne , les
pères du Concile dirent leur avis , et conclurent tous à la dé-
Cone.ibid.p. 1803. * ' Le P. Sirmond donne ailleurs les me atant assisié àceConcile. Mais ce nom-
^805. souscriptions de 34 Evéques Gaulois com-^ bre ne s'acorde pai avec le* actes.
PREMIER CONCILE DE COLOGNE. 109
position d'Euphrate. Quelques-uns opinèrent même à le pri- iv siècle.
\er de la communion laïque. Telle est en peu de mots l'histoi-
re de ce Concile, qui est devenue célèbre en ces derniers siè-
cles par l'embaras qu'il a causé aux savans, pour concilier les
faits qu'il nous présente avec le reste de l'histoire de ce tems-là.
Il s'y rencontre effectivement tant de difficultés et si insur-
montables, que le plus sûr parti seroit peut-être de le rejeter
entièrement. 'C'est ce qua fait le P. Alexandre; et Mr de Til- Tiii. h. e. i. e. p.
lemont ne paroît pas en faire plus de cas, comme il est aisé
d'en juger par tout ce qu'il dit. ' Après avoir fait sentir toutes p.76î.76t.
les difficultés qu'ont à lever ceux qui veulent en soutenir les
actes, ' il remarque ailleurs avec son discernement ordinaire, i. s. p. 769. no.
qu'ils ne sont apuïés que d'une vie de S. Servais de Tongres,
faite par un très-mauvais auteur, qui aïant ignoré tout ce
qu'il y a de plus vrai dans l'histoire de ce Saint, paroît n'en "'' ^"^
avoir guéres su davantage, que ce qu'il y a inséré de faux. ' Le Conc. ibid.p. 6«.
P. Sirmond avoit déjà observé de son côté, qu'il n'avoit pu
trouver ces actes dans aucun manuscrit. ' Un autre savant est tsu. ibi.i. t. e. p.
dans l'opinion que les noms des Evêques que l'on fait paroî- '^**'
tre dans ce Concile , ont été copiés sur les signatures des pères
du Concile de Sardique tenu en 347, ce qui paroît par la con-
formité qu'il y a entre les uns et les autres. Enfin les plus ha-
biles ne croient pas qu'il soit parlé de celui de Cologne dans
aucune histoire avant le VIII siècle ; et il n'y a presque pas lieu
de douter qu'il n'a pas été connu de Flodoard, puisque dans
l'histoire qu'il a faite de l'Eglise de Reims , il ne parle aucune
part de Dyscole qui paroît dans ce Concile entre les autres
Evêques.
Nous craindrions d'ennuier nos lecteurs , si nous entrepre-
nions de toucher les autres difficultés que les actes de ce Con-
cile font naître. Nous dirons seulement que cet Euphrate con- p. 762.76s.
damné dans cette assemblée comme hérétique et pire qu'un
Arien, se trouve non-seulement au Concile de Sardique l'an-
née suivante, mais se trouve encore député par ceux-mêmes
qui l'avoient déposé un an auparavant, pour aller en Orient
obtenir de Constance le rétablissement de S. Athanase. C'est
assurément ce qui est très-contraire à la discipline des premiers
siècles de l'Eglise. ' On établira , si l'on veut , deux personnes p. lOi.
de même nom, Evêques de Cologne l'un après l'autre. Mais
l'on tombe par-là dans d'autres difficultés qui ne sont guéres
moins insurmontables que celle que l'on prétendoit lever en
HO SAINT MAXIMIN,
IV SIECLE, raisonnant de la sorte , sans néanmoins avoir de preuves pour
un tel raisonnement.
S. MAXIMIN,
EvEQUE DE Trêves.
• Tm. H. E. i. 7. »|- E personnage que fit S. Maximin dans l'Eglise, et les
Li grands services qu'il lui rendit, le font regarder com-
me le premier Evêque qui fût d*^ son tems dans les Gaules.
swr. 29. Mai. p. ' jj j^pii (j*q„e aucieiine noblesse de Poitou, et frère de S. Ma-
Tiii. ibid. xence Evêque de Poitiers avant S. Ililaire. 'La tradition du
pais porte qu'il naquit à Silé village près f.oudun, dont l'E-
sur. ibid. glise paroissiale est dédiée sous son nom. ' Il reçut une éduca-
tion conforme à sa naissance , et fut très-bien instruit dans la
religion Chrétienne. Il quitta dcpuLs sa p.itrie, et se retira à
Trêves, attiré par la réputation de la sainteté d'Agr. ce Evê-
que du lieu. Il fut quelque tems .sous sa di.sdpline, eii.suite mis
au nombre des clercs de son Eglise , et enfin élu pour son suc-
cesseur par le suffrage unanime du peuple.
Bj.ii. 29. M«i. p. ' Un des auteurs de la vie de notre Saint, met son ordina-
tion en la 27* année de l'empire du grand ('onstantin, c'est-à-
dire en 332 ; mais on n(! peut point compter sûrement sur celle
Tiii. ibid. p. 248. autorite. 'Ce qu'il y a de certain, c'est que S. Maximin étoit
Evêque avant le commencement de l'an 336. Ce fut alors
Hi.r.chr. p. 183. ' qu'il rcçut à Trêves S. .Vthanase exilé par les intrigues et les
fourberies des Ariens. S. .lerôme parle avec éloge du respect
avec lequel notre Saint traita cet illustre persécuté pendant
son exil : exil où l'un trouva autant d'avantage que l'autre de
consolation. Car si S. Maximin servit beaucoup à S. Atlianase
pour adoucir les amertumes de .sa disgrâce, S. Athanase fut
d'un grand secours k S. Maximin, en lui servant d'exemple
dans la défense de la foi. Notre Saint l'imita avec d'autant
plus de succès, qu'il avoil plus d'autorité pour s'oposer aux
Tiii. ibid. p. 248. euncmis de l'Eglise. ' Trêves étoit alors Ijs séjour ordinaire d; s
Princes, lorsqu'ils residoieul dans les (Jaules; K ses EvAques
avoient par-là une autorité éminente au-dessus des autres de
la même nation.
Ibid. 'S. Maximin s'en servit avec avantage, et pour rejeter les
députés et les erreurs des Eu.sebiens, et pour faire rétablir les
\
EVEQUE DE TRÊVES. 111
Evêques Catholiques qu'ils avoient chassés de leurs sièges, iv siècle
C'est ce qu'il fit entre autres, non seulemeni à îi'égard de S. "
Athanase, mais aussi à l'égard de S. Paul de Constantinople.
' 11 avoit eu la même ocasion de connoitre tout le mérite de Bail. 29. Mai. p.
celui-ci, et de lui rendre les mêmes devoirs (ju'à l'autre, lors- '**^'
qu'aïant été expulsé de son l'église par la faction des Ariens, il
se relira à Trêves, où S. Maximin lui tint lieu de tout.
' En 342, les Ariens lâchèrent de surprendre la religion de xiii. Emp. i. *. p.
l'Empereur Constant. A cet effet ils députèrent dans les Gau- '^"
les quaire de leurs plus habiles Kvêcjues, qui lui aporterent
une déclaration captieuse de leur doctrine. S. Ma.ximin instruit
de l'intrigue, s'opusa fortement à ieur dessein ; et tout le fruit
de leur voiagefulque Constant demeura persuadé de l'inno-
cence de S. Athanase, et des autres qu'ils persecutoient, et se
déclara dans la suite ouvertement leur protecteur.
' Trois ans après, en 343, S. Maximin .-^e trouva au Concile Bail. ibid. p. 45*.
de Milan, où les députés des Eusebiens furent encore reje-
tés. ' Il eui la consolation de revoir en cette ville S. Athanase Ath. apo. ao. Con».
que l'Empereur Constant y a.oit fait venir de Home. Cesdeux p *^''
grands prélats, qui desiroient ardemment de voir l'Eglise en
paix, furent les premiers qui solicitèrent auprès de Constant
un Concile général, comme le sûr moïen pour établir cette
paix si désirable.
' Le Concile fut effectivement convoqué à Sardique, où il conc. t. ï. p. 679.
se tint en 347. S. Maximin y assista avec plusieurs autres Evê-
ques Gaulois. ' S. Athanase y fut rétabli de nouveau, et les plus mi. fr. s. m.s.
zélés des Eusebiens déposés. ' Ceux-ci indignés de voir que conc.ibid. p. 697.
leurs intrigues n'avoient pas le succès qu'ils en atendoient, se ®^"
retirèrent de Sardique, et allèrent à Philippople tenir un con-
ciliabule, qu'ils qualifièrent Concile de Sardique, pour tâcher
f>ar cette équivoque d'abolir la mémoire du véritable Conci-
e tenu dans cette ville. Ils y excommunièrent nommément
S. Maximin avec le Pape Juîe, Osius de Cordouë et plusieurs
autres Saints Evêques. Entre les prétendus crimes dont ils
chargeoient notre saint Prélat, mais qui ne servoient qu'à fai-
re son éloge, ils l'acusoient de n'avoir pas voulu recevoir à
Trêves les quatre députés qu'ils avoient envoies vers Constant ;
d'avoir communiqué le premier avec Paul de Constantinople,
et d'avoir été cause de son rétablissement dans son siège.
'Au zèle et à la pieté par lesquels il releva son épiscopat, snr.ibid. p. 429.
Dieu joignit le don des miracles, ' et le rendit puissant en cr.T.his.Fr. 1. 1.
D.3S.
112 SAINT MAXIMIN,
IV siECLK. toutes sortes d' œuvres de sainteté. ' Un mérite aussi éminent et
77,1, jp ,j t;^ aussi généralement reconnu '' porta S. Athanase à mettre notre
•■ -fig. n. '9 Saint peu de tems après sa mort, au nombre des hommes Apos-
toliques de son tems, dont la foi étoit à l'épreuve et de la foi-
blesse et de l'erreur.
Comme l'on ignore l'année précise de l'ordination de S.
Maximin, on ne sait point non plus précisément l'année de sa
Boii. ibid. p. 22. 1. mort. 'Une de ses vies porte qu'aïant rempli le siège de Trê-
ves 17 ans et 30 jours, il mourut dans son pais, où il étoit
P-2J. i- allé faire un voïage. ' Les continuateurs de Bollandus rapor-
Tiii.ibid. p. 219. teut ccttc mort au douzième de Septembre 349. ' Les marty-
rologes de l'Eglise de Trêves la marquent au même jour ;
quoiqu'elle se trouve au 29° de mai dans ceux de Bede et dans
les postérieurs.
S. Maximin ne servit pas seulement l'Eglise par les mou-
Aib. ibid. vcmcns qu'il se donna en faveur de la vérité ' et de l'innocen-
ce oprimée, il y emploia aussi sa plume. Il est clair par la ma-
nière qu'en parle S. Athanase, qu'il avoit fait quelques écrits
que l'on ne connoît point d'ailleurs. Il paroît seulement que
c'étoient quelques traités pour la défense des points de foi que
combatoient alors les Ariens. Voici de quelle manière ce
saint Docteur s'en explique. Nous suivons le texte grec, qui
est plus expressif que la traduction latine. « Si les écrits qu'ils
« publient, dit-il en parlant des Ariens, venoient de la part
« des orthodoxes, tels que seroient ceux du grand confesseur
« Osius, de Maximin de Gaule, ou de son successeur, de Phi-
« logone, ou d'Eustathe... il n'y auroit aucun sujet de s'en
« défier. Car la manière d'écrire de ces hommes apostoliques
« est exemte de toute fourberie et duplicité. »
C'est sur ce témoignage que Josias Simler a mis au nom-
bre des Auteurs ecclésiastiques S. Paulin de Trêves désigné
ici sous le nom de successeur de S. Maximin. Il est vrai que
Simler ou son imprimeur par une erreur grossière ne le met
qu'au XV siècle, comme nous le dirons dans la suite.
^.^ LUCU)i>US
LUCIOLUS, MINERVIUS 113
========================= V SIECLE.
LUCIOLUS, MINERVIUS
ET STAPHYLIUS,
Rhéteurs.
LUCIOLUS ' étoit du nombre de ces professeurs qui ensei- aus. prof. c. 3.
gnoient publiquement l'éloquence à Rourdeaux avant
le milieu de ce IV siècle. Ausone loue beaucoup la douceur
et la régularité de sa conduite : qualités nécessaires à ceux qui
sont chargés de l'instruction de la jeunesse. D'abord il fut con-
disciple d'Ausone. Il devint ensuite son maître, aïant eu une
chaire d'éloquence avant lui. Enfin ils se trouvèrent tous deux
collègues, enseignant l'un et l'autre à Rourdeaux dans le mê-
me tems. Luciolus fut emporté par une mort violente, et
laissa un garçon et une fille, qui ne soutinrent pas le rang de
leur naissance. Il étoit aussi bon maître que bon ami et fidèle
époux, et avoit des manières honnêtes, prévenantes et gracieu-
ses envers tout le monde. Il excelloit tant en prose qu'en
vers, et l'on jugeroit qu'il auroit laissé quelques pièces en l'un
et l'autre genre d'écrire, par la manière qu' Ausone parle de
son éloquence et de son érudition.
Facundum doctumque viram seu lege metrorum
Condita, seu prosis solveret orsa modis.
' Alethius Minervius autre professeur d'éloquence, et fils ^p. 6.
du célèbre Rhéteur Tiberius Victor Miner, ius, naquit à Rour-
deaux entre le commencement et le milieu du IV siècle. Il
vint au monde avec toutes les qualités qui font les grands
hommes. Dès sa jeunesse il mérita une chaire de rhétorique,
et enseigna dans le lieu de sa naissance avec une réputation
qui égala dès lors celle de son père. Il épousa malgré celui-ci
une fille de condition, qui lui aporta de grands biens. Mais
une mort prématurée l'enleva au monde et à sa patrie, dont
il commençoit à faire l'ornement et la gloire. Il mourut avant
son père, et ne laissa point de postérité.
' Staphylius est le seul professeur étranger à l'égard deRour- c»p. 20.
deaux, dont Ausone nous ait laissé l'éloge. Tous les autres
dont il parle, ou avoient pris naissance dans cette ville, ou y
Tome I. Sec, Part, P
114 STAPHYLIUS.
IV SIECLE, avoient enseigné. Sfaphylius naquit à Auch dans la Novem-
■ populanie, et y professa la rhétorique après les premières an-
nées du IV siècle. C'éloit un génie rare et d'une profonde éru-
dition. 11 possedoit parfaitement l'histoire gn^que et la latine,
et méritoit pour son savoir d'aller de pair avec le docte Var-
ron, si l'on en croit Ausone. Il avoit toutes les qualités requi-
ses pour un parfait orateur : la parole gracieuse et animée, la
prononciation grave, ni trop précipitée, ni trop lente, et ce
qui est le principal, le don de persuader. Pour les belles le-
tres, il égaloit les Scaures et les Probes, les plus habiles gram-
mairiens de l'antiquité.
A11.V prof. ibid. ' Ausoue ne nous aprend point quels services il avoit reçus
de Staphylius ; mais il nous dit qu il le regardoit et comme un
autre père, et un autre Arbore son oncle maternel, qui avoit
pris soin de l'élever et de l'instruire. Notre Rhéteur vêquit jus-
ques dans une heureuse vieillesse, dont il ne sentit jamais les
incommodités. Jamais il ne fut sujet à la colère, et passa tou-
jours pour un homme d'une droiture à l'épreuve. Sa mort fut
aussi douce que la vie qu'il avoit menée. Voici les propres
termes avec lesquels Ausone nous a fait son portrait.
Hactenns observata mihi lex commemorendi
Cives, sive domi , seu docuere foris.
Externum sed fas conjungere civibus unum
Te, Staphyli, genitum 8tjrpe Noveinpopulis.
Tu mihi quod geoitor, quod uvunculus, udus utrumque
Aller ut Ausonius, altcr ut Arborius.
Grammatice ad Scaurum, atquc Probum, promtissime Rbetor,
' Historiam callens Livii et Herodoti,
Omnis doctrina ratio tibi cognita, quantam
Condit seïcentM Varro Toluaiinibus.
Aurea mens, vox fluada tibi, tum senno quietus;
Nec cuQctator eras, nec properaote eono.
Paiera seaecta, nitens habitus , procul ira dolusque.
Et placids vitse congrua meta fuit.
xibli
II CONCILE D'ARLES. 115
IV SIECLE.
II CONCILE D'ARLES.
APRÈS le concile de Sardique en 347 , et le conciliabule
de Philippople, Us divisions que i'Aiianisuie avoit cau-
sées dans l'Eglise, s'aigrirent plus que jamais. Ce fut pour tâ-
cher de les appaiser ' que l'on convint d'assembler un Concile hii. fr. b. n. 3.
à Aquilée. Il y avoit déjà du tems que l'on avoit formé ce
dessein, ' lorsqu'au commencement de Novembre 353 l'Em- Amm. 1. 1*. p. s.
pereur Constance se trouva à Arles, où il passa le printems de ^^'
l'année suivante. ' Pendant qu'il y étoit, le Pape Libère lui en- hii. fr. 5. n.a 1 fr.
voia Vincent de Capouë, Marcel de Campanie et quelques ^°'^'
autres prélats, pour lui demander la convocation du Conci-
le dont on étoit convenu. Il s'y rencontra encore plusieurs
autres Evêques d'Italie, que le même sujet y avoit conduits.
' Ursace avec ses complices, qui sans doute étoient en grand Sui. inst.i.s. n.si.
nombre, et qui avoienl de coutume de suivre la cour, s'y trou- '
verent aussi. L'Empereur voiant tant d'Evêques tout rendus à
Arles près de sa personne, en prit ocasion d'y assembler ie
Concile que l'on demandoit.
' Les circonstances du tems n'étoient néanmoins guéres au., ep. ad. mon.
propres à faire rien espérer de bon de cette assemblée. Con-
stance indigné depuis quelque.^ tems de voir quantité d'Evê-
ques communiquer avec S. Athanase, avoit oublié toutes les
protestations qu'il avoit faites, et à l'Empereur Constant son
irere, et à S. Athanase même de ne le plus troubler dans la
suite, et mettoit tout en œuvre ' pour détacher tout le mon- num. 31.
de de la communion de ci; grand Prélat. Ce n'etoil que letres
menaçantes et courriers envoies dans toutes les villes pour
soliciter les Evêques et les magistrats sous peine d'exil, de
prison, de perte de ses biens, à s'unir aux Ariens, et souscrire
a la condamnation d'Alhanase. Et de peur que les courriers
du Prince ne négligeassent leur commission, Ursace et Valens
oubliant leur caractère d'Evêques, avoient bien voula se char-
ger de veiller sur eux, et de dénoncer à l'Empereur les ma-
gistrats qui s'y porteroient avec moins de zèle. Ceux-ci, qui
se voïoient menacés d'une grosse amende, s'ils n'engageoienl
leurs Evêques à se rendre aux volontés du Prince, usoient de
beaucoup de violence dans la crainte d'être traduits ccanme
Pij
116 II CONCILE D'ARLES.
IV SIECLE, s'ils les eussent épargnés. On leur entendoit diredetoutes parts
' aux Evêques avec un ton menaçant : ou souscrives, ou quit-
tés vos Eglises ; l'Empereur le veut ainsi.
ibid. 11. 33. ' Constance agissant aussi de son côté, et faisant venir quel-
quefois les Evêques en sa présence, il leur disoit la même
chose. Et lorsque ceux qui étoient plus attachés à la vérité qu'à
leur repos ou à leur fortune, lui répondoient que les loix de
l'Eglise ne leurpermettoient pas de se prêtera ce qu'il exigeoit,
il leur répliquoit : « ce (jue je veux, doit passer pour loi ; et
» les Evêque* de Syrie (il entend les Eusebiens) n'en discon-
» viennent pas. Obéissez donc, ou attendez-vous à être exilés. ..
» Comme si l'on pouvoit, s'écrie S. Athanase, faire goûter la
» vérité par la violence, et non par la voie de persuasion et
» de raisonnement. Et y a-t-il lieu à la persuasion, où tout re-
» tentit des menaces du Prince ? »
Telle étoit la triste situation de l'Eglise, lorsqu'on assem-
bla le II Concile d'Arles. Ainsi l'on ne doit pas être surpris,
Hii.tr.5.ii.i|Sui. ' de ce que les Ariens voulurent que l'on y commençât par
' ■ ' contraindre les Evêques à condamner Athanase. Les Catho-
liques au contraire demandèrent conformément à la letre du
Pape à l'Empereur, qui contenoit les mêmes prières, qu'a-
vant que d'exiger cette condamnation, on traitât la cause de
la foi qui étoit bien plus importante. Mais on le demanda en
vain. Les Ariens n'eurent pas la hardiesse d'entrer en dispute
sur les matières de la foi.
ih. u>id.n. 31. 'L'Empereur qui étoit présent à cette assemblée, et qui
appuïoit ouvertement les hérétiques, ne manqua pas d'y faire
tout ce qu'ils lui suggérèrent; ou pour mieux dire, ils y firent
eux-mêmes tout ce qu'ils voulurent, et mirent tout le monde
sous leurs pieds, par la puissance Impériale dont ils se trou-
Hii. ibid. n. 3. voicut autorisés. ' De sorte que les légats du Pape cédant à
leurs violences, demeurèrent d'accord d'acquiescer à la volon-
té des Orientaux, et firent cette offre par écrit. Mais ce ne fut
qu'à condition que ceux-ci condamneroient de leur côté rhé7
résie d'Arius. On mit l'affaire en délibération; et après l'avoir
examinée, on dit aux légats pour toute réponse, que l'on ne
Ibid I socr. I. a. c. pouvoit Condamner la doctrine d'Arius, ' mais qu'il falloit pri-
se, p. 131. y^j, Athanase de la communion, et que c'étoit la seule chose
que l'on demandoit. Socrate, qui confond ici ce qui se passa
à ce Concile avec ce que l'on fît à celui de Milan qui le sui-
vit de près, ajoute que le dessein des Ariens étoit d'empê-
Il CONCILE D'ARLES.
117
cher Saint Athanase de retourner jamais à son Eglise. iv siècle.
' Les Evêques Catholiques s'apercevant que la manœuvre ^^~^j^[
des Ariens tendoit au renversement de la foi, s'écrièrent avec
véhémence qu'une telle conduite cachoit des artifices perni-
cieux à la religion Chrétienne ; que les acusations formées
contre saint Athanase étoient autant de faussetés, et n'avoient
été inventées que pour détruire la foi. ' S. Paulin de Trêves Sai. ibiii. p. as*.
entre autres s'offrit bien à la vérité de souscrire à la condamna-
tion de Photin et de Marcel ; mais pour celle de S. Athana-
se, il déclara qu'il ne pouvoit en aucune manière l'aprouver.
' Il fit paroître en cette ocasion tant de zèle et de fermeté pour B"-jj^- ■'",{*
la défense de la foi, tant d'horreur de la conduite des Ariens , sni.ibid.
et d'éloignement pour prendre aucune part à l'hypocrisie et
à la perle des autres , qu'il fut exilé en Phrygie par ordre de
l'Empereur.
C'est-là ce que nous savons de principal de ce II Concile
d'Arles, qui ne fut proprement qu'un conciliabule, où la vé-
rité fut abandonnée et trahie par le plus grand nombre. ' Il
se tint, comme l'on a pu l'observer, ou à la fin de l'an 353 ,
ou au commencement de l'année suivante. On voit par S. Sul-
Kice au'on y faisoit souscrire la condamnation de Photin et de
larcel d'Ancyre conjointement avec celle de S. Athanase.
Nous n'avons point les actes de cette assemblée , qui ne nous
est connue que par ce qu'on en trouve dans les auteurs que
nous venons de citer. ' S. Hilaire en avoit fait l'histoire , et mi.fr. i
commençoit par-là l'ouvrage contre Ursace et Valens, com-
me l'on croit, duquel il ne nous reste plus que des fragmens.
lad
81
Till. H. F. l. 6. p.
360.
n. 6.
I CONCILE DE BEZIERS.
LES Ariens malgré toutes leurs violences, n'aïant pu con-
traindre tous les Evêques Catholiques, ni dans le Con-
cile d'Arles dont nous venons de parler, ni dans celui de Mi-
lan qui le suivit de près, à souscrire à la condamnation de S.
Athanase, ils en firent assembler un troisième, qui fut com-
me une suite des deux autres. ' Il se tint à Beziers dans la
Gaule Narbonoise avant le mois de Juin de l'année 366. Sa-
turnin Evêque d'Arles, l'un des faux apôtres de ce tems-là,
comme parle S. Hilaire, c'est-à-dire, l'un des plus dévoués à
l'Arianisme, qui en cette qualité avoit tout crédit auprès de
Hil. inCoDsI. n.2|
Till. H. E. I. 6. p.
396 I t. 7. p. Ml.
749.
118
I CONCILE DE BEZIERS.
Hil. lie Syn.
11511. llol -
Consl. D. i.
Siil. Iiist. I. ±
ra. p. 388.
ilil. in Const.
2 I S.I2. 1. 4. c.
p. .'i47.
TUl. ibid. l. 7.
IV SIECLE. l'Empereur Constance, eut le plus de part à la convocation
de cette assemblée. 11 ne la procura, ce semble, que pour ta-
cher de se dédommager de ce que lui et la mauvaise ( ause
qu'il défendoit, a\oient perdu auprès des^jEvêques des CJau-
les. ' Car ceux de la Belgique, de la Lyonoise, de l'Aquitai-
ne , avec Hodane de Toulouse et les Evêques de la grande
Bretagne, toujours atachés à la vtrité, s'étoient séparés de la
communion de Saturnin et de ses complices, Ursace et Va-
lens. ' Le but de ce Concile étoit encore la condanmalion de
S. Athanase , quc l'Empereur vouloit l'aire souscrire à tous les
Evêques.
' Entre ceux qui composèrent l'assemblée , on ne connoît
nommément de la part des Catholiques, que S. Uilaire de
Poitiers et Rodane de Toulouse : ' du côté des Ariens Satur-
nin d'Arles, qui paroit y avoirjjrésidé, et Paterne de Périgueux.
Comme les actes de ce conciliabule ne sont pas venus jusqu'à
nous, on ignore tout ce qui s'y passa. Un juge néanmoins par
le peu de conjioissance que nous donne S. Ililaire , que les
Ariens y firent autant de mal, qu'ils avoient de puissance. Et
jusqu'où ne la portoient-ils pas, puisque l'Empereur les apuioit
en tout 1 1ls y trouvèrent toutefois deux généreux adversaires
en la [lersonne de S. Uilaire et celle de Rodane.
' Celui-là sur-lout y agit avec toute la vigueur d'un zèle
vraiment épiscopal. 11 s'y oposa ouvertement aux blasphèmes
des hérétiques, et s'y rendit dénonciateur des fauteurs de l'A-
rianismi-'. Il présenta môme des témoins contre eux , et s'of-
frit de justifier qu'ils étoient dans l'hérésie. ' Il y dit beaucoup
de choses importantes qui découvroient les ruses et les dain-
nables inlenlions des ennemis de la foi. Il piouva qu'ils ten-
doienl à sapper l'Evangile par ses fonuemens, à renverser la
religion, et à deshonorer J. C. par leurs blasphèmes sous pré-
texte de lui rendie témoignage. Mais on lui refusa la liberté
de parler avec toute l'élenduë, l'ordre et la netteté que le su-
jet demandoit. Plus il pressoit qu'on lui donnât audience, plus
m Coiisi. II. 2. les ennemis de la vérité s'obstinoient à la lui refuser. ' Us crai-
gnoient de se voir confondus à la lumière du pubhc. Ainsi ils
refusèrent d'écouter ce que ce grand Evêque vo.uloit leur di-
re, dans la iausse pensée qu'une ignorance volontaire pourroit
les justifier devant Dieu de ce qu'ils dévoient faire dans la sui-
te avec connois.sance de cause.
Tiii. ibid. p. 441. ' 11 n'en fallut pas davantage pour atirer à S. Uilaire toute
Hil. de syn. o. 2 |
in Coost. n. 2.
fr. 2. n. 5.
I CONCILE DE BEZIERS. H9
l'indignation des Ariens, qui le déposèrent, s'il en faut croire le iv siec le.
fameux Auxence Evêque de Milan l'un d'entre eux. Non con- ' '
tens de leurs propres violences, ils trompèrent Julien alors
César, qui étoit venu dans les Gaules à la fin de l'année 335 ,
et l'engagèrent à donner quelque ordre contre cet invincible mi. ad Consi. i. 2.
Prélat, quoiqu'il eût été tr'moin de l'injustice <ivec laquelle on
Tavoit traité. Enfin sur une fausse relation de ce qui s'éloit pas-
sé dans cette assemblée, que l'on avoit eu soin d'envoïer à
Constance, ce Prince relégua S. Hilaire en Phrygie. ' Floda- SoribiJ. •
ne de Toulouse eut le même sort, et fut exilé dans la même
province, où il mourut bien-tôt après.
Une tyrannie aussi criante contre deux des plus grands Hii.inConst. n. ii.
Evêques des Gaules, et tant d'autres vexations exercé;^s con-
tre les Catholiques et des Eglises entières, ' ne furent point n. 2 1 do syn. n. 2.
capables d'intimider nos autres Pr'lats (Jaulois. Ils eurent assez
de courage et de générosit '■ pour excommunier Saturnin et
les autres plus zélés partisans de l'Arianisme , et persévérèrent
constamment à leur refuser leur communion, et à s'atacher à
S. Hilaire. De sorte que le conciliabule de Beziers n'eut point
l'effet que les Ariens s'en étoient promis, non plus que ceux
d'Arles et de Milan, ' qui ne servirent de même qu'à faire Ath. p. ad. mon. n.
des confesseurs de la consubstantialité du Verbe ; S. Denys
de Milan, S. Eusebe de Verceil et Lucifer de Cagliari aïant
été exilés dans ce dernier, et S. Paulin de Trêves dans l'au-
tre, pour s'être oposés aux ennemis déclarés de ce dogme de
foi.
G E N N A D E,
Orateur;
CRISPUS, URBICUS, HERCULANUS,
GrA M MAIRIE ISS.
L n'y a aucune preuve certaine pour croire ce Gennade
Gaulois de nation, ou même d'origine. Nous ne laissons
pas néanmoins de lui donner place dans cette, histoire , parce
u'un écrivain moderne le mit natif d'une de nos provinces,
'est Aubert le Mire, qui dans l'édition de la chronique de
I
ï
120 GENNADE, ORATEUR,
V SIECLE. S. Jérôme qu'il a donnée au public, fait cet orateur du pais de
Forés au diocèse de Lyon. II établit sa prétention sur un des
termes dont se sert S. Jérôme pour faire l'éloge de Gennade.
iii.jr. c\ir. I. s. p. Lcs voici '. ' Genuodius forensis orator Romçe insignis habe-
tur. Le Mire prétend que forensis ou foronensis, comme porte
son édition , signifie un homme de Forés , qui faisoit autrefois
partie de la province des Segusiens. C'est ce qu'il explique lui-
même à la marge par Forosegusianus. Maison peut assurer
que ce n'est pas-là la signification du terme de S. Jérôme. Le
Forés ne paroît pas avoir été dés-lors connu sous ce nom , et ne
s'exprimoit pas très-certainement par le mot latin dont le Mire
•fait venir Foronensis.
noi. p. p. 721. ' De Pontac dans ses notes sur la même chronique qu'il a
donnée aussi au public, remarque que dans deux manuscrits
de cette chronique , au lieu de forensis, ou foronensis, on lit
forojuliensis , de Fréjus. Cette leçon peut être la véritable. Car
il paroît assez inutile que S. Jérôme eût joint le terme de /b-
rensis à celui d'orateur ; puisque la principale ocupation des
orateurs de ces tems-là étoit de hanter le barreau et d'y plai-
der. Après tout il pourroit fort bien nous avoir voulu faire en-
tendre par-là que Gennade ne faisoit point d'autre usage de
son éloquence que dans le barreau. Ainsi c'étoit un avocat cé-
lèbre à Rome peu après le milieu de ce IV siècle.
Au même tems qne Gennade brilloit à Rome par son élo-
Ans. prof. c. 81. queucc. ' Crispus et Urbicus illustroient le collège de Bour-
deaux, où ils enseignoient ensemble la grammaire gréque et
latine. Ils étoient l'un et l'autre de condition libre ; mais ils
Seal, in Un». 11. e. mauquoieut de preuves pour le justifier. ' De-là quelques sa-
"■ vans conjecturent que ces deux grammairiens avoient été ex-
posés par leur parens, et élevés par des étrangers, comme il est
An<i. ii.i I. arrivé à plusieurs autres hommes de letres. ' Us avoient toutes
les qualités nécessaires pour soutenir dignement leur profession.
Ils étoient fort versés dans la lecture des bons auteurs , parti-
culièrement des poètes, et possedoient parfaitement l'histoire
et la fable. Ils joignoient à tout cela une grande facilité à en
faire usage dans les ocasions.
il»' I ' On remarque d'Urbicus en particulier, qu'il réunissoit en
sa personne les trois genres d'éloquence que les poètes ont
loués en trois fameux Héros de l'antiquité, Menelaùs, Ulysse
et Nestor: c'est-à-dire, la brièveté, la rapidité et la douceur
du discours. Il négligea dans la suite la langue latine pour se
URBICUS, HERCULANUS. 121
donner tout entier à la gréque dans laquelle il excella. " L'on iv siècle.
trouve un Urbicus, qui avoit lié commerce de letres avec l'o- , sym. i. s. cp. sî.
rateurSymmaque. Mais celui-ci étoit beaucoup plus jeune que
le grammairien, dont nous venons de faire l'éloge.
' Pomponius Maximus Herculanus enseigna aussi quelque Aas. par. c. n |
tems la grammaire à Bourdeaux en même tems que Cnspus et ^"° ' *'' "'
Urbicus. ' Il étoit neveu du poëte Ausone par sa mère Julia par. c. u. m.
Dryadia, et fils de Pomponius Maximus, qui mourut à la
fleur de son* âge, et fut fort regreté du sénat de Bourdeaux ,
où il semble qu'il remplissoit une place. ' Il avoit pour frère c. is.
le jeune Arbore , dont nous avons dit ailleurs quelque chose ,
' et pour sœur Megentrie , qui épousa Paulin intendant de Li- as. n.
bye, puis gouverneur de la province Taraconoise. ' Hercu- «• i7.
lanus joignoit à un génie heureux toutes les qualités du bel
homme. Il avoit beaucoup de vivacité, une grande discrétion
dans ses paroles , savoit la musique , et possedoitla bonne élo-
quence. ' Dès sa première jeunesse Ausone le regardoit com- proLcii.
me devant faire un jour l'ornement et la gloire de sa famille.
Après avoir fait ses études sous le même Ausone, il se trou-
va ensuite son collègue dans la même école, et auroit hérité
de sa chaire d'éloquence, si une mort prématurée n'avoit fait
avorter ce dessein, comme elle fît tomber les grandes espéran-
ces que l'on avoit conçues de son mérite extraordinaire.
S. PAULIN,
EvEQUE DE Trêves et Confesseur.
ON sait peu de chose de l'histoire de ce grand Evêque ;
mais le peu qu'on en sait, nous donne une haute idée
de son mérite. Il fut le premier confesseur qui souffrit en Oc- i
cident pour la divinité de J, C. et l'un des plus zélés défen-
seurs de l'innocence de S. Athanase, dont la cause étoit in-
séparable de celle de la foi : traits glorieux qui suffîroient seuls
pour faire son éloge.
La vie de S. Agrece nous représente Paulin comme le fils boIi. is. jan. p.
spirituel de S. Maximin, et natif du même pais que lui, c'est- ''*""-^'-
à-dire de Poitou, ainsi qu'on l'a vu. ' Après la mort de S. Ma- »• mai. p. 23. 1 1
ximin en 349, Paulin fut élu à sa place ; et Ton peut dire que ml "^' """• ''■
l'on ne pouvoit mieux réparer la perte que venoit de faire le
siège métropolitain de Trêves. Ses premières actions , dès
Tofnel. Sec. Part. Q
9 *
122 S. PAULIN,
V SIECLE, qu'il eut été élevé à l'épiscopat, lurent en faveur de la foi , alors
rr^ '. T étrangement ataquée par les Ariens. ' Il semble qu'aussi-lôt il
Atn. iipo. m Ar. ^ , " ce ■■ \ w /• i l^
II. 58. fit à cet (alet un voiage a nome, et que ce lut de-la qu il en-
vola à S. Athanase l'acte de retractation d'Ursaco et de Valens.
ep.ad.roon.n.76| ' Eu 353, l'Empereur Constance aiant convoqué à Arles
?'''n.''3*iiS" coli!t.' I<i Concile dont nous avons parlé, S. Paulin s'y trouva en per-
"• *'■ sonne, et s'y signala cnln; les autres iilvêques Catholiques par
son zèle tout de feu pour ia défense de la foi et de l'innocen-
ce oprimée.- Ni la chute de Vincent de Capouë légat du Pa-
pe Libère ne fut point capable de l'alfoililir, ni la présence
de l'Empereur de l'intimidi-r, ni les caresses dont ce Prince
a.1 Const. 1. 1. 11. 8. usa onvcrs lui, de le corrompre. ' Non-seulement il s'oposa
comme un mur d'airain aux blasphèmes les plus grossiers des
Aih. ibid. Ariens ; ' mais il eut encore la générosité de faire tête à un
Empereur qui voubit violer impunément les loix de l'Egli-
se, et donner ateinte aux droiti» sacrés de l'épiscopat.
BiHi.in Ar.ibid. ' Ursace cl Valeus toûjiiurs in.séparables et zélés pour faire
le mal, oubliant la reiractaliin qu'ils avoienl envoiée au Pa-
pe Jule, par laquelle ils desavouoient les calomnies dont ils
ep. ad Mou. ibid. avoicnl cuargé S. Athanase, ' et malgré leur réunion avec ce
Saint persécuté, ne laissèrent pas dans la suite de fiire revivre
ces anciennes calomnies. 11 paroîl même qu'ils lui imputèrent
de nouveaux prétendus crimes dans le Concile d'Arles. Saint
Paulin à la lêle des aulres Evêques qui étoient demeurés fer-
mes dans la vérité, represenia avec une sainte vigueur qu'Ur-
sace et Valens s'éiant une fois reiraclés, ne meriioient plus
aucune créance. A ces mois l'Empereur (i) se leva et prit la
parole. « C'est moi, dif-il d'un ton de Souverain , c'est moi
« qui suis l'acusaleur d'Alhanase ; et vous devez par respect
« pour moi ajuûler foi à ce qu'ils diseni centre lui. » Les bons
Evêques, entre lesquels S. Alhanase nomme toujours S. Pau-
lin le premier, lui fîrenl voir l'injustice de sa prétention , et
la différence qu'il y a entre un jugement purement civil, où
l'on pourroit s'en raporier à la décision du Prince, et un juge-
ment ecclésiastique, où il s'agissoil de l'honneur d'un Evèque
que l'on ne pouvoit juger sans l'entendre.
Ibid ^M. hisi. I. s. 'De si justes remontrances ne firent qu'aigrir l'esprit du
"■''^■''■" Prince. La cabale des Ariens à la faveur de la crainte qu'ins-
piroil la présence de l'Empereur , prit le dessus ; el l'on con-
II) s. Albnnase ponrrnit bien confondre pa^sa àArIps, qnoiqn'il nomme S. Paulin,
ici e« qui se passa à Milan atee m qui se qui étoit «xilé avant i* Concile de Milan.
EVEQUE DE TREVES. 123
dut à la condamnation de S. Athanase. S. Paulin soutenant ivsiecl .
toujours le caractère d'Evêque, à qui la vérité étoit plus pré-
cieuse que toutes choses au monde, refusa constamment de se
prêter à une injustice aussi criante. Lorsqu'on lui présenta la
formule du Concile à souscrire, il déclara qu'il consentoit vo-
lontiers à la condamnation de Photin et de Marcel, mais que
pour celle de S. Athanase, il ne pouvoit en aucune manière
raprouver. ' Il témoigna à cette ocasion toute l'horreur qu'il mi. fi. i.n.c.
avoit des Ariens, et son éloignement infini de prendre part à
la dissimulation et à la perte de ceux qui consentoient à leur
perfidie.
' Cette sainte générosité digne du siècle des apôtres, lui ati- iwd.
ra l'indignation des Evêques Ariens qui le déposèrent, et cel-
le de l'Empereuf qui l'exila. (') ' Son exil fut d'autant plus dur, in const. n. ii.
que Constance s'efforça davantage de lasser sa patience, en le
reléguant sans cesse d'un lieu en un autre jusqu'à sa mort. Il
eut même la cruauté de l'envoïer dans des pais oii le nom
Chrétien étoit inconnu, et dans d'autres où il n'y avoit que des
Monlaiiistes, afin qu'il fût réduit ou à mourir de faim, ou à se
nourrir de viandes souillées par l'hérésie. Ainsi l'Eglise de Trê-
ves se vit privée de ce grana Evêque, qui dans cette persécu-
tion publique et générale de l'Egli.se, acquit le premier en
Occident le titre glorieux de contesseur, et mérita par-là la
qualité d'homme bienheureux dansses souffrances, que lui don-
ne S. Hilaire de Poitiers.
' Il mourut en Phrygie l'an 359, après cinq ans ou environ Hier. chr. i. 2. p.
d'exil. Il y a quelque lieu de croire qu'il n'étoit plus au monde ^^'
dès le mois de septembre de la même année; puisou'il ne fut
point apellé au Concile de Seleucie , qui se tint alors, com-
me le fut S. Hilaire exilé dans la même province.
Telle fut la fin ' de cet excellent Evêque, de ce prédicateur Aih.apo.fni?.n.4|
de la vérité, de cet homme apostolique, comme le qualifie S. *p- '"' ^p^»- ■'• «
Athanase, de ce confesseur intrépide de la divinité du Verbe,
dont tout le crime consistoit h s'être refusé à l'impiété Ariene,
et à avoir pris la défense de l'innocence reconnue. ' Un écrivain Notk. m\. scri. c.
du IX siècle ne fait pas difficulté de regarder S. Paulin comme "" ''" "'
comparable aux plus grands hommes que l'Orient a donnés
tu s. Jerdme marque l'exil de S. Paulin plus tard eD 3.>4. Mais c'es( qae S. Jerdm^, p. 18*.
avec ceux de Rodam-, de S Eusebe. de S. comme presque tons les autres écrivains
Di-nys et de Lucifer sur l'an 356; quoiqu'il des IV et V siecirs, a confondu ce qui s'est
soit constant que notre Saint fnt exilé aussi- passé dans les Conciles d'Arles , de Beziers
idt après le II» Concile d'Arles tenu an et de Milan.
124 S. PAULIN.
IV SIECLE, à l'Eglise, et de le compter entre les plus bVillantes lumières de
l'iii. II. i;. t. G. p. l'Eglise d'Occident. ' Sa fête se célèbre le 31* d'Août, auquel
<^'- jour son nom est marqué dans les martyrologes anciens et mo-
dernes, comme d'un confesseur mort en paix dans son exil.
Nous avons déjà remarqué en parlant de S. Maximin de
Trêves, que S. Paulin son successeur avoit laissé comme lui
quelques traités de sa façon en faveur de la vérité alors com-
Aiii.ep.a(iEp.ieg. batuë par les Ariens. ' C'est ce qui paroît manifestement par
'•'''• un endroit de la letre de S. Athanase aux Evêques d'Egypte
et de Libye. Comme nous avons déjà raporté cet endroit à la
fin de l'éloge de S. Maximin, nous ne le répéterons pas ici.
simi. p. 842. Josias Simlcr, qui met S. Paulin de Trêves au nombre des
écrivains ecclésiastiques, en lui atribuant un livre pour l'affer-
missement de notre foi contre les hérétiques, ne paroît point
avoir eu d'autres fondemens pour le faire, que ce que nous
en aprend S. Athanase dans l'endroit cité. Mais il s'est glissé
une faute grossière dans le texte de Simler, où l'on fait vivre
S. Paulin au XV siècle, au lieu du IV, auquel il fleurissoit
effectivement.
PATERE,
Rhéteur.
Ans. prof. c. 4. .-S. ' i TTius Patera , l'un des plus célèbres Rhéteurs de son
iVtems, étoit fils du Grammairien Phœbicius, dont nous
avons parlé, et père de l'orateur Delphide, dont nous don-
nerons l'éloge dans la suite. ' Son nom de Patere semble être
plutôt un nom apellatif qu'un nom propre, suivant la force
de ces deux vers a Ausone :
10
Ihiil. I c. 10.
Tibi Paterœ; sic ministres nuncupant
Appollinaris mystici.
' Sa famille étoit de Raïeux dans l'ancienne Armoriaue, et ses
ancêtres de l'académie des Druides (VII). Au moins le croioit-
on ainsi au tems d' Ausone.
Ce fut aparemment la réputation des écoles de Rourdeaux,
„,j,) qui l'atirerent dans cette ville. ' Il y enseigna la rhétorique
après les premières années de ce siècle ; et c'est pour cela qu'-
Ausone lui donne rang entre les professeurs de ce collège.
PATERE, RHETEUR. 125
» Il eut le crédit d'y faire donner une chaire de grammaire à iv siècle.
Phœbicius son père, qui ne trouvoit plus le moien de vivre r^^^TiTTiô!
dans sa dignité de grand prêtre d'Apollon. ' Patere se fit ad- c. ♦.
mirer dans Bourdeaux et par la régularité de sa vie et par ses
grands talens. Il avoit beaucoup de mémoire, et personne
en son tems n'avoit ni plus d'érudition ni plus d'éloquence.
Ses discours étoient coulans, polis, pleins d'ornemens et de
sel, mais exemts de ces pointes piquantes qui sentent le satyre.
' Ausone en faisant l'éloge de notre Rhéteur, insiste particu- iwa.
lierement sur son éloquence, comme sur le talent qui lui don-
noit le plus de relief : Paiera fandi nobilis . ' Voulant ailleurs c. 14.
faire connoître otuelle gloire s'étoit acquise Agricius par son
éloquence, il ne fait que la comparer à celle que Nazaire et Pa-
tere s'étoient acquise eux-mêmes par la leur. ' S. Jérôme con- mer. pp. ad Hed.
vient aussi que Patere et Delphide son fils excelloient et dans ''■ *^"
l'art de bien parler et dans la connoissance des sciences pro-
fanes. Mais ils eurent le malheur avec tout leur savoir de ne
pas sortir des ténèbres du Paganisme où ils étoient nés. C'est
ce que le même père témoigne assez clairement dans une de
ses letres écrite à Hédilie Dame de pieté et de mérite , qui
étoit de la famille de ces Rhéteurs.
' De Bourdeaux Patere alla à Rome, où il continua à ensei- iwd i ehr. 1. 2. p.
gner la Rhétorique avec une réputation extraordinaire : Paiera ***'
Rhelor Romœ gloriosissime docel. Il y brilloit dans l'exercice ''
de cet emploi dès avant la naissance de S. Jérôme, et même dès
l'an 337 au moins. ' On remarque entre les autres principales aus. ii>id. c. «.
circonstances de sa vie , qu'il forma tant à Rome que dans les
autres endroits où il enseigna, d'habiles Rhéteurs : Doctorpo- '
leHlum Rhelorum. Il parvint jusqu'à une heureuse vieillesse,
dont il ne sentit jamais les incommodités, ' et vécut assez pour "■ » " ■■•'■
voir la disgrâce de Delphide son fils, dont nous parlerons bien-
tôt. ' Quoique Patere ne fût qu'un païen, Ausone n'a pas laissé
de trouver dans sa pudeur et sa tempérance matière à son éloge.
Nous en allons copier une partie, afin de mieux connoître ce
grand homme.
Doctrina nulli tanta in illo tempore,
Cursusque tôt fandi et rotae.
Memor, disertus, lucida facundia,
Canore, cultu pneditus.
e. 4.
126 PATERE, RHETEUR.
IV SIECLE. Salibus modestus fdle nullo pcriitis.
Viiii cibiquu altstcmius,
LaituR, piidicua, pulclier, in senio quoque, ut
Aquilui scni'ctus autcqui.
MINERVIUS,
Orateur et Rhéteur.
Ans. prof. c. 1. ' rpiBERius VictoF Mincrvius est le premier, non par son
J- ancienneté, mais par .son mérite, dont Aiisone fait l'é-
loge entre les professeurs de Bourdenu-:. Il naquit dans cette
ville tout à la fin du III siècle, et aporta en naissant de très-
grandes qualités. Il avoit une mémoire si heureuse, qu'il n'ou-
Blia jamais ce qu'il avoit ou lu ou entendu une seule fois, et
qu'il le savoit à pouvoir s'y fi» r aussi sûrement qu'aux livres
mêmes. Il étoit d'une humeur douce, agréable et enjouée
dans la conversation, et railloit finement sans savoir piquer.
Son éloquence étoit vive , pure et abondante. H possedoit
éminemment, ajoute Au.sone, tout ce que Demostnene de-
mande pour faire un parfait orateur, et n'avoit pas moins d(j
talens pour bien écrire, que pour bien parler. Il exccUoit dans
le panégyrique et le genre de déclamalion, en quoi on le ju-
geoil comparable à Ouintilien.
ibw. ' D'abord Minerve enseigna la rh'^orique à Bourdeaux, de-
là à Constantinople, puis à Rome, d'où il revint dans le lieu
Hier. chr. 1. 2. p. de sa naissaucc y continuer le même emploi. ' A Rome en
*^' particulier, où il enseignoit vers 354, il brilla, selon S. Jerô-
An«. ibid. me, avcc un éclat tout extraordinaire. ' Il ne fil pas moins
d'honneur aux écoles de cette grande ville, qu'il s'acquit de
gloire à lui-même. Mais ce ne fut pas sans y ressentir les traits
malins de l'envie, qui n'en veut ordinairement qu'aux gens-
d'esprit et de mérite. ' C'est ce qui a fait dire de lui à Ausone :
e.6.
nie .supc-rbœ
Mœnia Romae,
Fama et mcritis.
Non sine morsu
Gravis invidix,
laclytus auxit.
MINERVIUS, ORATEUR ET RHETEUR. 127
•Minerve savoit soutenir par une vie réglée la gloire que iv siècle.
son éloquence lui a voit acquise. Sa table étoit propre, mais .j^us. ibid. et.
frugale, et telle que Pisoii même n'auroit pas fait difficulté
de l'aprouver. Que si queljuefois il se trouvoit obligé de don-
ner quelque fête, il le faisoit avec une générosité proportion-
née à son petit revenu.
' Tant de riches talens et de rares qualités réunies en la iwd.
même personne, ont fait regarder Minerve comme un des
firincipaux ornemens de la ville et du collège de Bourdeaux.
1 y mourut à l'âge de 00 ans, regieté de tout le monde, com-
me l'est un propre père, ou comme s'il ne fût mort qu'à la
fleur de son âge. Divers trails de son éloge font juger qu'il
laissa quelques pièces d'éloquence de sa façon; mais on ne les
connoît point d'ailleurs. ' Il lUt un fils nommé Alethius Mi- c. 6.
nervius aussi Rhéteur dont nous avons dnja pau'lé; mais il eut
la douleur de le voir mourir avant lui.
E
EXUPERE,
Rhéteur,
ET CITARIUS,
GrAMMAIRIEiN.
xupERE ttoit natif de Bourdeaux ; et c'est pour cela Ans. prof. e. n.
qu'Ausone a fait son éloge entre ceux des professeurs
de celle ville, quoiqu'il n'y eût pas enseigné. Il avoit tous les
talens qui font les granus uraù urs, et les soûlenoit par plu-
sieurs autres belles qualités. Il éloil parfaitement bien fait,
grave dans sa démarche, et a-oit les manières les plus aima-
bles du monde. Il enseigna d'abord la rhélcjrique à Toulouse;
mais il n'y fut pas long-!ems. Aïant ét(' obligé d'easortir, il
se retira à Narboime, où il continua à donner des leçons d'é-
loquence. Pour h; peu de tems qu'il enseigna A Toulouse, il
eut l'honneur d'y instruire dans les lelres les deux Princes
Dalmace et Annibalien, pelits-fîls de Constance Chlore, et
neveux par leurs pères de même nom qu'eux, de l'Empereur
Constantin alors régnant. Ces deux Princes, dont l'un fut fait
César en 335, et l'autre Roi de Pont et d'Arménie, reconnu-
rent le soin qu'Exupere avoit pris de leur instruction par la
128 EXUPERE RHET. ET CITARIUS GRAMM.
IV SIECLE, charge de gouverneur d'Espagne qu'ils lui procurèrent. Exu-
père après l'avoir exercée quelque tems, et y avoir amassé (Je
grandes richesses, revint dans les Gaules, et alla s'établir à Ca-
hors, où il mourut en paix.
Har. an. ♦05.11. Gi| ' Divers écrivains sont tombés dans des erreurs deconfu-
ii' U8'i"vin! !o sion presque impardonnables à l'égard de ce Rhéteur. Les uns
Aus. j. 161. j»Qj^j pj.jg pQjjj. jg prêtre ou œconome de l'Eglise de Rour-
deaux de même nom que lui, dont S. Paulin de Noie fait men-
tion dans ses letres; et l'ont fait Evoque de Toulouse. D'au-
tres ont cru que c'est le même qu'Exupere Evêque de Cahors
en ce IV siècle. Mais ce sont quatre personnes réellement
distinctes les unes des autres, quoique de même nom. Il est
certain que notre Rhéteur n'est point le même que S. Exupere
Evêque de Toulouse qui vivoit encore en 409 ou même 411,
comme il paroît par S. Jérôme, puisqu'il étoit mort lorsqu'-
Ausone faisoit son éloge, et qu'Ausone n'étoit plus lui-même
au monde à la fin du IV siècle. On doit faire le même rai-
sonnement à l'égard d'Exupere prêtre de Rourdeaux. On ne
peut pas dire non plus qu'il soit l'Evêque de Cahors de mê-
me nom. Car il n'est pas croïable qu'Ausone qui étoit si bien
instruit de l'histoire de sa vie, et qui en relevé des traits oui
n'en valent pas la peine , eût oublié son épiscopat dans l'élo-
ge qu'il nous a laissé de ce Rhéteur.
Vers le même tems qu'Exupere professoit l'éloquence à
Narbone, ou qu'il joûissoit des avantages que lui avoit pro-
Aus. prof. c. 13. curés sa profession, ' Cilarius enseignoit la grammaire gréque
à Rourdeaux, Il étoit natif de Siracuse en Sicile. Mais aparem-
ment la réputation du collège de Rourdeaux l'atira dans celte
ville. Il contribua beaucoup à y faire fleurir les sciences tapt
par son aplication à instruire la jeunesse que par son talent à
laire des vers. Ausone qui avoit été son ami le compare à
Aristarque et à Zenodote pour l'érudition , et à Simonide
pour la beauté de sa poésie gréque, dans laquelle il excelloit
Seal. leci. in Aus. même dès sa jeunesse. ' Scaliger croit que l'épigramme quç
1. 1. c. 12. ^^^g avons sur les pasteurs, est de ce grammairien. ' Citarius
épousa à Rourdeaux une femme noble et riche, et y mourut
sans enfans. Voici l'éloge entier qu'Ausone a consacré à sa
mémoire.
Et Gitari dilecte mihi memorabere, dignus
R> v^q 1J< Grammaticos inter qui celebrere bomos.
Esset
Aus. ibid.
I
l CONCILE DE PARIS. 129
Esset Aristarchi tibi gloria Zenodotique IV SIECLE.
Graiorum, antiquus si scqueretur honos.
Carminibus, qua; prima tuis sunt condita in annis,
CoDcedit Cei Musa Simonidci.
Urbe satus Sicula, nostram peregrinus adisli :
Excultam studiis quam prope reddideras.
Conjugium nactus cilo nobilis et locupletis,
Invidia fati non genitor moreris.
At nos defunctum memori celebramus honore,
Fovimus ul vivum munere amicitiœ.
I CONCILE DE PARIS.
ON ne convient pas unanimement de l'année en laquelle
se tint ce Concile. Quelques-uns le placent dès l'an 360,
d'autres le renvoient en 362, et quelques autres le rejelent
encore plus loin. Mais l'opinion la mieux fondée est celle qui
le met en 361. ' En effet il paroît certain qu'il fut un de ceux tju. h. e. t.«. p.
Îu'assembla S. Hilaire de Poitiers aussi-tôt après son exil, d'où *^'
revint avant la fin de l'an 360, comme on le verra dans la
suite.
' On a un juste sujet de présumer que ce grand Evêque, sni.hht.i. 2.n.60.
que Dieu par un miracle tout extraordinaire de sa providen- ses"*.'*»'" ""'
ce avoit rétabli dans son siège au même tems qu'on chassoit
les autres des leurs, n'eut rien de plus pressant que de réparer
le tort qu'avoit fait à la foi le Concile de Rimini . ' S. Jérôme Hier. chr. i. ». p.
dit expressément qu'en celte même année les Gaules condam- '**'
nerenl les fourberies de ce faux Concile. ' D'ailleurs la ré vol- tui. ibid.
te de Julien, qui vers ce même tems prit le titre d'Auguste
dans les Gaules, put bien faciliter cette condamnation , et ' ' '
donner aux Evoques de l'Eglise Gallicane le moïen de se ren-
dre en cela l'exemple de toute l'Eglise.
' D'abord S. Hilaire ne savoit à quoi se résoudre, parce que sni. uiid. p. «is.
la plupart étoient d'avis de n'admettre point du tout à la com- *"•
munion ceux qui avoient aprouvé le concile de Rimini. Mais
fiour lui, il jugea plus à propos de rapeller tout le monde à
a pénitence. 11 assembla donc à cet effet, dit S. Sulpice, plu-
sieurs Conciles dans les Gaules. Là presque tous les Evêques
aïant reconnu l'erreur où il étoient tombés, S. Hilaire fit
Tome I. See. Part. R
î
130 I CONCILE DE PARIS.
IV SIECLE, condamner ce qui s'étoit fait à Rimini, et rétablit ainsi la foi
■ de l'Eglise en l'état où elle étoit auparavant.
On voit par-là quel fut le motif de la convocation du Con-
sul, iiid. p. «5. cile de Paris et une partie de ce qui sly passa. ' Cefutapa-
remment dans cette même assemblée que Paterne de Péri-
gueux homme lâche, qui refusoit de reconnoître qu'il avoil
pris part à la perfidie Ariene, se vit déposé de l'épiscopat. On
y confirma l'excommunication déjà portée contre Saturnin
d'Arles , convaincu d'hérésie et devenu odieux pour ses cri-
mes. Ce coup, qui priva les Ariens de leur chef dans les Gau-
les, y affoiblit considérablement leur parti. L'on pardonna
aux autres Evêques qui eurent assez d'humilité pour recon-
noître leur faute.
Nous ignorons quels furent les Evêques qui composèrent
ttM- cette assemblée et en quel nombre il s y trouvèrent. ' Il pa-
roît néanmoins indubitable que S. Hilaire, qui aux termes de
S. Sulpice eut le plus de part à sa convocation, y assista en
personne, et en fut même comme l'ame. Tout le monde con-
venoit effectivement que ce fut par les soins de ce grand Evê-
1 .» .a .1 que, que nos Gaules furent purgées du crime de l'hérésie Arie-
ne. On a aussi un légitime sujet de croire que S. Servais de
Tongres et S. Phébade d'Agen, qui avoient eu le malheur de
tomber à Rimini, saisirent l'ocasion du Concile de Paris pour
se relever de leur chute, et qu'ainsi ils augmentèrent le nom-
Hii. fr. 11. p. bre des Evêques qui le composèrent. ' Nous sommes redeva-
bles à S. Hilaire de la letre synodale de ce Concile, qu'il avoit
insérée dans son grand ouvrage sur le progrès de l'Arianisme
en Occident, et que nous avons encore parmi les fragmens
qui nous restent de cet ouvrage.
Tiii. ibid. p. 457. ' Cette Ictrc est comme la réponse à une autre letre des
Evêques d'Orient, déposés et bannis par le Concile de Cons-
Hii. ibid. n. 2. tautinople au commencement de l'an 360. ' Ce qui le per-
suade, est la teneur même de la letre. Les Evêques des Gau-
les y parlent du Concile de Rimini comme d'une chose ré-
cente, et s'en retractent comme ne l'aïant point encore fait
jusqu'alors. Ilss'yjustifientdusoupçondeserreursdeSabellius,
dont les Orientaux les croïoient tachés, ainsi qu'il paroît par la
justification que S. Hilaire fut obligé d'en faire au Concile de
sui. ibiii. n. 19. 60. Seleucic. ' Ces Prélats donc, qui un an auparavant avoient
•*■ admis S. Hilaire comme Evêque dans ce dernier Concile, et
TiiLibid. qui avoient connu son courage àConstantinople, 'lui écri-
1 CONCILE DE PARIS. \M
virent à dessein peut-être de se soutenir dans leur opression , iv siècle.
par la société et l'union de ce grand Evêque et des autres Oc- ~
cidentaux. ' Par leur letre ils aprou voient le terme de substan- hu. ibid. n. 4.
ce, et demandoient, 1". que l'on tînt pour excommuniés Au-
xence, Ursace, Valens, Caïus, Megase et Justin ; 2". que
l'on rejetât aussi tous les Evêques apostats mis à la place de ceux
que l'on avoit chassés; 3". que l'on condamnât quelques
propositions qu'ils avoient jointes à leur letre.
' Les pères du Concile de Paris répondant à ces Evêques n.i.
d'Orient, rendent d'abord grâces à Dieu de les avoir délivrés
eux-mêmes de l'hérésie, et de leur avoir fait connoître les vé-
ritables sentimens des Orientaux. ' Ensuite faisant une profes- n.î.3.
sion ouverte de leur foi, avec une retractation du Sabellianis-
me, et une explication très-claire de la consubstantialité, sans
rejeter néanmoins le terme de semblable au Père, ' ils revo- „. 4.
quent et retractent tout ce qui s'étoit fait par ignorance con-
tre leur devoir. Ils promettent de plus d'exécuter tout ce que
les Orientaux demanaoient d'eux, sous peine de déposition et
d'excommunication contre ceux oui y contreviendroient dans
les Gaules, sur tout au sujet de l'excommunication d'Auxen-
ce et des autres. Ils finissent en les avertissant que Saturnin
d'Arles avoit été excommunié par tous les Evêques des Gau-
les , qui avoient déjà écrit deux letres touchant son excom-
munication.
' Cette letre synodale porte pour titre : Incipit fides catholica p. 1353.
exposita apud Fariseam civitatem ab Episcopis Gallicanis ad
Orientales Episcopos. ' Et finit ainsi : Explicit fides catholica p. law.
exposita apud Fariseam civitatem, etc. Mais depuis que cette
pièce a paru dans le public, personne n'a douté qu'il nefalût lire
Parisiam, pour Fariseam. Nicolas le Févre est le premier qui la Conc. t. 2. p. 823.
publia entre les fragmens de S. Hilaire. Le P. Sirmond l'aïant
trouvée depuis dans un ancien manuscrit de S. Rémi de Reims,
l'inséra dans sa collection des Conciles de France, d'où elle est
passée dans lesautres collections générales des Conciles,' et dans Dnb. hist. ecc. par.
l'histoire de l'Eglise de Paris par le P. Dubois. *• '• "■ ®-
Rij
IV SIECLE.
132 PAUL.
PAUL
EvEQUE DE Paris.
A
VANCER des conjectures sans en donner de raisons, ou
au moins les apuïer de quelques vraisemblances , c'est
s'exposer à ouvrir une voie aux contestations, plutôt que de
fournir un moien propre à découvrir la vérité. Mais on évite cet
inconvénient lorsqu'apuïé sur un fondement If^gitime, quoi-
3ue seulement aparent, on avance une opinion pour tâcher
'arriver à la connoissance d'une chose qui n'est pas encore
connue. Alors la conjecture d>it être admise, jusqu'à ce qu'il
vienne de nouvelles lumières suffisantes pour éclaircir entiè-
rement le fait dont il est question. C'est sur ce principe que
nous donnons ici une conjecture au sujet de Paul Evêque de
Paris.
Genn. vir. ui. c. ' Gcunade entre les premiers Ecrivains ecclésiastiques qui
"• composent son catalogue, parle d'un Evêque nommé Paul,
qui avoit écrit un traité de la pénitence . Dans cet opuscule l'au-
teur prescrivoit pour règle aux pénilens, de concevoir une tel-
le douleur de leurs péchés, qu'ils ne se laissassent point em-
porter par un excès de tristesse dans l'abyme du désespoir.
G'esl-là tout ce que Gennade nous aprend de cet auteur et
de son ouvrage, qui ne subsiste plus aujourd'hui.
11 est sans difficulté que le nom et la dignité de cet Ecri-
vain conviennent à l'Evêque, qui fait le sujet de cet article.
Le tems n'y convient pas moins, comme l'on va s'en convain-
Monch. demis. I. crc. ' Ce Prélat est compté pour le septième entre ceux qui ont
Gaii.*ch?.TTt.*i. gouverné l'Eglise de Paris depuis S. Denys son premier Evê-
p- *«3- que. Il vivoit du tems du Concile de Paris, dont nous venons
ae parler, c'est-à-dire en 361 ; et il n'y a pas de doute qu'il ne
fût du nombre des pères qui le composèrent. Or il paroît que
ce fut en ce même tems, ou peu après que fut composé l'ou-
vrage en question. C'est ce que fait juger le principal sujet
dont il traitoit. Selon les termes de Gennade, il étoit fait en
particulier pour munir les pénitens contre le désespoir. Cette
[trecaiition convenoit parfaitement dans les Gaules en ce tems-
à. Elle y étoit même nécessaire.
Ici il faut se rapeller qu'alors la conduite pleine de dureté.
EVEQUE DE PARIS. 133
et les écrits peu mesurés de Lucifer deCagliarine tendoient iv siècle.
à rien moins qu'à faire autant de désespérés qu'il y avoit de
pénitens. Les maximes outrées de cet Evêque firent de l'éclat
particulièrement dans les Gaules. ' Non seulement il blâma la Hii.acsyi.pr.n.9.
charité et la condescendance dont S. Hilaire de Poitiers avoit
usé dans son traité des Synodes; ce qui engagea ce S. Prélat
à en faire l'apologie; ' mais il publia aussi vers ce même tems, Bib.pp.i.4.p.8i7|
c'est-à-dire en 360, un ouvrage que nous avons encore sous JIb';"^' '• '• •"•
ce titre : Quil ne faut point épargner ceux qui pèchent
contre Dieu.
Qui nous assurera que Lucifer n'ait pas également blâmé
' le pardon que l'on acorda dans les Conciles des Gaules aux suKMsU^a.n.eo.
Evêques tombés à Rimini? Il est certain, selon S. Sulpice, ^'
au'il se sépara de leur communion. 11 y a même beaucoup
'aparence que c'étoit sur ses principes que plusieurs Prélats
Gaulois, dont nous avons parlé au sujet du Concile de Paris,
ne vouloient pas que l'on rapellât à la pénitence ceux qui
étoient tombés. Au moins sa conduite le fait-elle légitime-
ment présumer. Tout cela fut d'autant plus capable de jetter
la terreur dans les consciences timorées, que Lucifer avoit
alors et plus d'autorité et plus de réputation, en qualité de
confesseur de la foi de la consubstantialité. L'on peut donc
aisément croire ' que nos Evêques tombés à Rimini, mais ra- p. «4.
pelles à la pénitence par S. Hilaire, et relevés de leur chute
dans le Concile de Paris, ne furent pas insensibles aux traits
de la doctrine de Lucifer, et qu'ils eurent besoin d'être con-
solés par quelque écrit qui les rassurât contre ses maximes
outrées.
C'est justement ce que semble avoir fait l'auteur du traité
dont il est ici question. De sorte qu'il n'y a point de tems au-
3uel on puisse mieux le raporter, qu'au tems que nous venons
e marquer, ni de lieu où il fût plus nécessaire que dans nos
Gaules. Son auteur étoit un Evêque, et se nommoit Paul;
l'Evêque de Paris, qui vivoit alors, portoit ce nom, et pou-
voit mieux que bien d'autres être instruit de toutes les circon-
stances marquées : on peut donc conclure que de tous les Evê-
ques, qui en ce IV siècle ont porté le nom de Paul, nous n'en
connoissons point à qui l'on puisse plus légitimement atribuer
ce traité de la pénitence qu'à Paul Evêque de Paris.
Que cet auteur au reste ait vécu dans le siècle où nous le
pla:çons, cela est certain par le rang que lui assigne Gennade.
1 0
134 PAUL, EVEQUE DE PARIS.
IV SIECLE. Car bien que cet Ecrivain ne garde pas un ordre exactement
chronologique entre les auteurs dont il parle, il est néanmoins
vrai que les 38 premiers chapitres de son catalogue ne con-
tiennent que des auteurs qui ont fleuri ou commencé à fleu-
rir dans le IV siècle, et que le 31' traite de l'auteur dont il
s'agit ici.
Autre observation qui confirme admirablement notre con-
Apo.despp.p.21. jecture. 'Elle est du savant Auteur de l'Apologie des Pères.
Gennade en dressant son catalogue, l'a particulièrement com-
posé des Ecrivains ecclésiastiques des Gaules, comme lui étant
plus connus. Ainsi l'on est fondé à regarder comme Gaulois
plutôt que comme étranger, l'Evêque Paul qu'il y a inséré.
Geun. ibid. not. p. ' Il n'importe que quelques manuscrits de l'ouvrage de Gen-
nade à l'article de ce Paul le nomment Paulin. Les plus an-
ciens manuscrits, comme celui de Corbie qui a près de mille
ans d'antiquité, retiennent constamment la leçon que nous
suivons. La faute des autres ne sera aparemment venue que
de l'inadvertance de quelque copiste, qui sachant que S. Pau-
lin de Noie avait écrit un traité de la pénitence, et ne pre-
nant pas garde que Gennade lui donne son titre dans la suite,
se sera imaginé qu'en cet endroit il aura voulu désigner S.
Paulin de Noie.
SATURNIN,
EvEQUE d'Arles.
CE Prélat a fait un trop grand personnage dans le parti
des Ariens, pour ne pas raporter ici ce que l'on sait de
son histoire. D'ailleurs il composa quelques écrits, qui quel-
que mauvais qu'ils fussent, ne nous permetent pas de l'ou-
blier dans le recueil de nos Ecrivains.
uaii.chr.nov. il. ' ^^ succcda dans le siège épiscopal d'Arles à Valentin, dont
I' ■•**• le nom se lit entre ceux des autres Evêques qui ont souscrit
au Concile de Sardique tenu en 347. Mais il semble qu'il ne
fut ordonné qu'après le fameux conciliabule d'Arles en 353
ou 354; puisqu'on ne l'y voit point paroître.
lin. fr. 11. n. 2 1 Autant que nos bons Evoques témoignèrent de zèle pour
V6 ' fi''''"'3»7 *iis '" 'i'^^'^^se et le maintien de la foi catholique, autant Satur-
' ' ''^ uin fil voir d'ardeur pour acréditer l'Arianisme auquel il s'é-
SATURNIN, EVEQUE D'ARLES. 135
toit livré. G'étoit un très-méchant homme, d'un esprit entie- iv siècle.
rement corrompu, qui à l'infamie de l'hérésie avoit ajouté
plusieurs crimes énormes. Factieux et emporté, il tyrannisoit
les Eglises des Gaules, tandis que les autres Evêques s'effor-
çoientdeles défendre contre la fureur des Ariens. 'Pour in- Hu.dejyn.n.s.
timider tout le monde il em'ploïoit les menaces, les violences
et la crainte des Magistrats. En un mot il étoit dans les Gaules
pour l'Arianisme, ce qu'Ursace et Valens étoient en Illyrie et
dans tout l'Orient. IJni de sentimens et de conduite avec fr. 2. n. ts.
ces deux fameux Ariens, il fut un des plus ardens persécuteurs
de S. Athanase. ' En cette qualité il avoit tout crédit auprès r.aii. chr. iWti. p.
de l'Empereur Constance, aussi ataché aux Ariens qu'ennemi '**•
de ce samt Docteur.
' La conduite scandaleuse et tyrannique de Saturnin étant Hii. de syn. n. 2 1
venue à la connoissance de tout le monde, S. Hilaire et grand i"i^^"'i."' * ' ''
nombre d'autres Evêques, particulièrement ceux des Gaules,
se séparèrent de sa communion. Ces derniers publièrent mê-
me son excommunication par leurs letres. ' Saturnin et ceux in const. n. t \ in
de sa faction, ne pouvant souffrir cette flétrissure sans en ti- ^"*' "'•
rer vengeance, firent assembler à Beziers en 356 le Concile
dont nous avons donné l'histoire. Notre Prélat y assista en per-
sonne avec d'autres Evêques Ariens. 11 y a même (juelque apa-
rence qu'il y présida, puisque ses partisans faisoient courir le •
bruit qu'il y avoit condamné S. Hilaire de Poitiers.
Mais ils n'y firent pas tout le mal qu'ils voulurent, sans y
trouver de fortes opositions. ' Le même S. Hilaire s'y oposa de syn. n. a 1 in
ouvertement aux blasphèmes des hérétiques, et s'y rendit dé- ^"''*'"'*-
nonciateur contre les fauteurs de l'Arianisme, s'offrant de jus-
tifier que Saturnin entre autres étoit coupable d'hérésie. Les
Ariens ne se défendirent que par les fourberies et les violen-
ces, leurs armes ordinaires. Saturnin au nom du Concile dres-
sa une fausse relation de ce qui s'y étoit passé, et l'envoïa à
l'Empereur pour le tromper, et en obtenir l'exil de S. Hilai-
re. Ce projet d'iniquité réussit, et le Saint fut relégué en Phry-
gie. 'On lui associa Rodane de Toulouse, cjui l'avoit imité, sui. iwd. n. 53. p.
en résistant dans le même Concile aux ennemis de la foi. ^^^"
' En 335 Saturnin se trouva aussi au Concile de Milan, et eut Bar. m. 355. n. e.
sans doute part aux vexations des Eusebiens, qui y dominè-
rent. Une des suites de cette assemblée fut l'exil de S. Eusebe
de Verceil, de S. Denys de Milan et de Lucifer de Cagliari,
tous défenseurs intrépides de la consubstantialité du Verbe.
i36 SATURNIN, EVEQUE D'ARLES.
IV SIECLE. D'Occident Saturnin passa en Orient, pour trouver plus d'o-
casion de signaler son faux zèle en faveur de l'Arianisme. En
360 il assista au Concile de Constantinople, qui ne fut guéres
Hii.ad Coi.g. 1. 2. moins fatal à la foi et à ses défenseurs que celui de Milan. ' Ce
"•' '• fut en cette ocasion que S. Hilaire, qui au retour du Concile
de Seleucie se trouvoit à Constantinople, présenta une requê-
te à l'Empereur pour avoir une conférence réglée avec Satur-
nin, s'offrant de le contraindre à avoiier les faussetés qu'il avoit
avancées. Mais le rusé Prélat éluda un si juste défi.
de»yn.n.3. 'Ni 868 artificcs, ni ses violences, ni tout ce qu'il sut met-
tre en usage, ne furent point capables d'ébranler la fermeté
des bons Evoques des Gaules. Ils persistèrent toujours con-
t. u.D. 4. stamment à lui refuser leur communion. ' Us firent encore da-
vantage. Car après qu'il eut été convaincu d'hérésie et de plu-
sieurs crimes abominables que l'on dissimuloit depuis long-
tems, il fut déclaré indigne du nom d'Evêque dans le Conci-
le de Paris en 361, déposé, chassé de l'Eglise, et dénoncé
Mab. «na. 1. 3. p. *. commc tel aux Evêques Orientaux. 'C'est sans doute pour
ces raisons que le nom de .ce Prélat, non plus que celui de
Marcien l'un de ses prédécesseurs, ne se trouve pomt dans une
ancienne liste des Evêques d'Arles que l'on croit tirée des
diptyques de cette Eglise. On ignore ce que Saturnin devint
dans la suite.
Outre la fausse relation de ce qui s'éloit passé dans le Con-
cile de Beziers, dressée par , ce Prélat, comme nous avons dit,
Hii.fr. 11. n. 4. ' la Ictrc syuodale du Concile de Paris nous aprend en géné-
ral qu'il avoit encore composé d'autres écrits, mais qui ne res-
piroient que l'impiété de la nouvelle hérésie des Ariens. Ainsi
il nous importe peu de savoir en détail quels étoient ces écrits ;
et ce n'est pas une grande perte pour l'Eglise de ce qu'ils ne
subsistent plus aujourd'hui.
ALCIME,
Historien, Orateur et Poète.
Au., prof. e. s. ' â LCiME quc l'on dcvroit plutôt nommer Aléthe, puis-
iVqu'il portoit les noms de Latinus Alcimus Aletnius,
et que le dernier nom des personnes qui en avoient plusieurs,
étoit leur nom propre, passoit pour l'un des plus doctes et des
plus
ALCIME, HIST., ORATEUR ET POETE. 137
plus éloquens hommes de son siècle. •!! étoit de l'Agenois, iv siècle.
ou de la ville même d'Agen, selon S. Sidoine. •• Ausone le r^JTYTTT*
met au nombre des professeurs (^ui ont enseigné publiquement "• p- i'o78. 1079.'
l'éloquence à Bourdeaux, et lui donne le second rang, non " ^'"- ''''''•
pour l'ancienneté, mais pour le mérite. ' S. Jérôme dit en mer. chr. 1. î. p.
en effet qu'Alcime et Delphide avoient professé la rhétorique en '**'
Aquitaine avec une très-grande réputation.
'Dans l'éloge qu'Ausone nous a laissé d'Alcime, il ne sait aus. ibid.
ce qu'il doit lé plus louer, ou l'intégrité de ses moeurs, ou ses
divers talens pour les letres. Il relevé beaucoup sa modestie,
sa douceur, sa gravité, sa libéralité envers les mdigens, sa vie
exemle d'ambition et toujours réglée jusqu'à la mort : quali-
tés qui passèrent même à ses enfans. Pour les letres, Alcime
n'étoit pas moins habile dans le Grec que dans le Latin, ni
moins bon Poëte que grand Orateur. Il ne se borna pas seule-
ment à enseigner l'éloquence aux autres, il en fit lui-même
usage dans le barreau, où il brilla avec autant d'éclat que sur le
Parnasse. En un mot Alcime seul, au jugement d' Ausone, éga- -
loit tous les anciens tant Grecs que Romains.
Opponit unum quem vins prioribas .
iEtas recentis temporis.
Palmœ forensis et Camœnarum decus,
Exemplar unum ia literis ;
Quas aut Athenis docta coluitGrœcia,
Aut Roma per Latium colit.'
'Alcime composa quelques ouvrages, où il parloit avec tant u,id.
d'éloge de Julien l'Apostat et de Saluste préfet des Gaules sous
son règne, qu'Ausone ne craint pas de dire qu'ils étoient plus
propres à immortaliser Julien que la pourpre dont il avoitété
revêtu, et qu'ils faisoient plus d'honneur à Saluste que le con-
sulat même auquel il avoit été élevé.
Et Julianum tu magis famse dabis,
Quam sceptra quse tenuil brevi.
Sallustio plus confèrent libri tui,
Quam consulatus addidit.
9.
On ne sait pas au reste quels éTôîétlt ce? êdtiiÉ d*Alcime. sc»i. uet. m am.
' Scaliger croit que c'étoit l'histoire de son teins, c'est-à-dire '*'■ °
Tome 1. Sec. Part. S
1 0 *
138 SEDATUS,
IV SIECLE, de l'Empire de Julien. Le terme dont se sert Ausone, fait ju-
ger que ce pouvoit être quelque gros ouvrage. Sans cela on
seroit porté à croire que ce n'éloit que quelque panégyrique
ou même quelque poëme. 11 ne nous reste plus rien de tous
ces écrits. Ce que nous avons sous le nom d'Alcime, est d'un
autre auteur bien différent, avec lequel néanmoins quelques
Ecrivains n'ont pas laissé de confondre notre poëte. Il faut
pourtant en excepter l'épigramme sur Homère et Virgile, qui
porte le nom d'Alcime, et qui nous paroîl être celui qui lait
le sujet de cet éloge. La voici.
Ep. ei poct. vet. 1. ' Maconio Vati qui par aut proximus esset,
*■ P ••■"• Consultas Pean risit, et hiuc cecinit :
Si poluit nasci quem tu sequereris, Homère,
Nascetur qui te possit, Homère, sequi.
SEDATUS,
HllÉTElîR.
AiH. prof. c. 19. 'cKDATiis, dout AusouB son Compatriote nous a aussi con-
Oservé la mémoire, naquit à Bourdeaux à la fin du III sié-
(^le, ou tout au plus tard au commencement du suivant. Il y
fut instruit dans la connoissance des belles letres, et alla en-
suite les enseigner ailleurs. D'abord il ne fil qu'errer d'un en-
droit à un autre, sans avoir de lieu fixe; mais enfin une chai-
re d'éloquence le fixa à Toulouse, où il s'acquit la réputation
d'un des plus célèbres Rhéteurs de son siècle.
Et fama magno qualis est par Rlietorl.
Il se maria dans celte ville, et y amassa des biens considéra-
bles, dont il jouit jusques dans une heureu.se vieillesse.
11^^ 'Après que ce Rhéteur eut paie le tribut à la nature, ses
parens et les autres ciloïcns de Bourdeaux firent transporter
son corps dans le lieu de sa naissance, afin que n'aïanl pu joiiir
de sa présence pendant sa vie, ils eussent au moins la conso-
iii.iiiAns.i. 163. J^'io" *ie posséder sa dépouille après sa mort. ' Mais pour mar-
quer d'une manière plus éclatante l'estime qu'ils faisoient du
merile de ce grand homme, et en conserver la mémoire à la
j)osterité, ils firent tirer son portrait en pierre. On voïoit en-
RHETEUR. 139
core cette figure à Bourdeaux au lieu que Ton nomme le pui- iv siècle.
de-Paùlin , du tems que Vinet et Scaliger écrivoient, c'est-
à-dire après le milieu du XVI siècle. C'étoit un buste qui re :
présentoit un homme vénérable , vêtu d'une robe de profes-
seur, et tenant de la main pn livre sur sa poitrine , avec cette
inscription :
D. M.
SEDATUS.
'Le savoir de Sedatus ne mourut point avec lui. Outre le Aw.ibid.
grand nombre de disciples qu'il forma en divers lieux, sur-
tout à Toulouse , il laissa des enfans héritiers de sa science et
de sa profession, qui lorsqu'Ausone faisoit l'éloge de leur pè-
re, Iravailloient avec succès à soutenir l'empire chancelant
des belles lelres à Rome et à Narbone. C'est ce que ce poëte
a voulu dire dans les deux vers suivans :
Est tua nuac soboles : moremque sequuta parentis
Narbonem ac Romain nobilitat stucliis.
S. HILAIRE,
ÊVEQUE DE POITIERS, DOCTEUR
DE l'Egmse et Confesseur. 'u
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
'^ HiLAiRE, qui a toujours été regardé comme l'un des An?, in jni. i. i.
O. plus zélés défenseurs de la foi orthodoxe contre les hé- "' ^'
rétiques, ' naquit à Poitiers vers le commencement du IV Hier, in Gai. i. a.
siècle, d'une des meilleures familles des Gaules. * Plusieurs 5~-.p- ^^'^i J?""-
,., , . , y» _^, , . , . , IJ. jan. p. 790.
croient qu il etoit né Païen. U autres a qui les raisons n en pa- • jHii. vit. n. 3. e i
roissent pas convaincantes, pensent le contraire, et s'autori- JsijSIv.^' ''^■^"
sent de Fortunat auteur de la vie de notre Saint. Le premier
des deux sentimens est néanmoins le plus commun, comme
le mieux apuïé ; et nous ne faisons pas difficulté de l'embrasser.
Ce que les anciens nous aprennent de l'éloquence et de
l'érudition de S. Ililaire, et les écrits qui nous restent de lui,
Sij
140 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, montrent qu'il avoit étudié les belles letres, et qu'il y avoit
fait de grands progrès. Nous avons fait voir ailleurs combien
elles étoient alors florissantes dans les Gaules.
Hii.deTrin.i.i.n. ' S.Hilaire se convertit à la foi par la lecture des livres sa-
*• *'• crés , et reçut ensuite une nouvelle naissance par le baptême.
ep. n. T. ' 11 étoit marié; et il eut de son mariage au moins une fille
nommée ' Abra. Sa femme et sa fille embrassèrent comme lui
la foi de J. C. soit après ou avant sa conversion.
dïiyn. n. 91. ' Dcpuis le baptême de S. Hilaire jusqu'à son épiscopat, il
se passa un assez long espace de tems, dont il ne nous a rien
Tiu. ibid. p. 438. apris. Peu d'années avant son exil, qui arriva en 356 , ' il fut
élevé sur la chaire épiscopale de Poitiers, ce que l'on rapor-
Bou. ibid. te à l'an 350, peut être un peu trop tôt. ' Sa pieté, son érudition,
une «'.onduite régulière , un mérite universellement reconnu
lui atirerent les sufi'rages de toute la ville. On se porta d'autant
plus volontiers à l'élire pour Evêque, qu'il paroissoit plus di-
gne de l'être. Car n'étant encore que laïque et engagé dans le
mariage, il sembloit posséder déjà la grâce du sacerdoce.
Mais si par sa vertu il mérita les honneurs de l'épiscopat , il
sut encore mieux en remplir les devoirs par son zèle et sa vi-
Ang. doci. chr. 1. 2. gilaucc. Ce fut alors qu'il fit un merveilleux usage ' pour la
"■**■ construction de l'Arche, des trésors de l'Egypte, dont il s'étoit
enrichi dans le Paganisme, c'est-à-dire, de tout ce que les au-
Boii. ibid. p. 791. teurs Païcus contiennent de meilleur. ' Bien-tôt sa réputation
se répandit au-delà des Gaules, et même par toute la terre.
Soi. vit. M. h. 4. p. ' Elle atira près de sa personne, et au nombre de ses disciples
le grand S. Martin, qui devoit être après lui la gloire et l'or-
nement de l'Eglise Gallicane, et qui fut dans les Gaules le
premier instituteur de la vie monastique.
' Dès l'an 355, lorsque l'Eglise étoit horriblement troublée
par l'Arianisme, S. Hilaire commença à se déclarer par une
Hii.»dCon»t. 1. 1. requête qu'il envoïa à l'Empereur Constance. ' Il y conjure
cePrinced'arrêter les persécutions que soufîroient les Eglises
Catholiques de la part de plusieurs Evêques ; de défendre aux
juges séculiers de se mêler des affaires de l'Église; de ne don-
ner aucun apui aux Ariens; de rapeller les Evêques exilés ; de
Permettre aux fidèles d'écouter la parole de Dieu, et de céle-
. ^. ^. .„. rer les saints mystères avec leurs pasteurs. ' C'est ainsi que S.
Hilaire en qualité d'Evêque se considérant comme le père de
446 I dial.3, n. Si.
Bar. an. 355. n. 72.
n. 1. 3. 4.
440.
Mor. H. p. 609. i. ' ' ^^ derniers éditeurs de Moreri ont confondu le nom de U fille de S. Hilaire
avec celui de eafeoune que l'on i|nore.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET GONFESS. 141
toute l'Eglise, crut devoir s'oposer comme un mur pour la iv siècle.
maison d'Israël. Et certes il étoit digne de lui de ne pas alen-
dre qu'on le vînt ataquer, mais de prévenir l'ennemi, et de
s'exposer lui-même au péril pour tâcher d'en tirer les autres.
' L'année suivante 356 , le zèle de ce grand Evêque parut iwd.
encore avec plus d'éclat dans le Concile de Beziers, dont
nous avons donné l'histoire en son lieu. S. Hilaire s'y oposa hh. de»yn. n. s.
ouvertement aux blasphèmes des hérétiques, et s'y rendit dé-
nonciateur devant les Evêques des Gaules contre ceux qu'il
croioit être les fauteurs de l'Arianisme. ' Il s'offrit de justifier inCon»». n.aifr.
comment ils étoient hérétiques. Il représenta que sous le nom ' "• *• '■
de S. Athanase on ne prétendoit rien moins que de condam-
ner la vérité orthodoxe. Il fit voir que l'on corrompoit l'Evan-
gile, que l'on ruinoit la foi, et qu'à la faveur d'une fausse con-
fession du nom de J. G. on introduisoit le blasphème dans l'E-
glise.
Mais l'iniquité prévalut. Au sortir du Concile S. Hilaire in const. n. s, i ad
.1. 2. n. 2 I
cbr. I. 2. p.
fut banni par les orâres de Constance, que des hommes sans ni'","' ' ' " * '
religion avoient prévenu, en lui envolant une fausse relation, **♦
où ils chargeoient ce grand Evêque, quoiqu'il eût pour témoin
de son innocence Julien même alors César. ' Non seulement Hn.detyn. n.78.
il accepta volontiers son exil, mais il eût encore été ravi d'y fi-
nir sa vie, si par-là il eût pu contribuer à éclaircir la vérité
qu'il défendoit. ' Il auroit pu, comme il le dit lui-même, pour u. i. n. s.
peu qu'il eût voulu se fermer les yeux sur ce qui se passoit, et
se prêter à la corruption de la vérité évangelique, vivre com-
me tant d'autres Evêques dans l'abondance de toutes les com-
modités du siècle , jouir en paix de ses délices, avoir part aux
faveurs de la Cour, et se rendre formidable par-tout. Mais il
aima mieux s'exposer à souffrir toute sorte de mauvais traite-
mens pour la cause de Dieu, que d'aspirer à cet état de félici-
té aparente et de fausse élévation, en trahissant aussi criminel-
lement et sa conscience et sa foi. ' La Phrygie fut le lieu de Hier. iwd.
son exil. 'Il y eut pour associé Rodane Evêque de "Toulouse, sui.i.i»t.i.â.n.55.
qu'il avoit merveilleusement soutenu par son exemple et son ^' ^''"
union avec lui à résister aux ennemis cle la vérité.
' Sur la fin de l'an 357 S. Hilaire reçut des nouvelles de hh de syn. n. a i
l'atachement que les Evêques des Gaules conservoient pour ' .'..',''
lui et pour la foi de l'Eglise. Le saint Confesseur de son côté
prit soin de leur écrire le plus souvent qu'il luifut possible, afin
de les informer des mesures qu'il prenoit avee le» bons Eve-
2
142 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, ques d'Orient pour la défense de la vérité. 'Ce lui étoil un
al ConM I. 2. n. g^aud sujet de consolation de se voir ainsi en communion avec
toutes les Eglises des Gaules, et de penser que bien qu'«;xilé
il ne laissoit pas de distribuer encore l'Eucharistie à son trou-
rp n. 1. 7. peau par le ministère de ses prêtres. 'Ce fut aussi en ce même
tems qu'il reçut des letres de sa fille Abra, à laquelle il fit ré-
ponse en lui envoiant deux hymnes, l'une pour le matin, l'au-
tre pour le soir,
desyn.n. 5. ' Entre les Evêques Gaulois qui lui écrivirent, quelques-
uns le prioicut de leur expliquer quels étoient les desseins des
Orientaux dans tant de diverses professions de foi qui couroicnt
par-tout, et de leur faire savoir ce qu'il en pensoit lui-même.
S. Hilaire sensible à leur prière, écrivit son livre des Synodes
rieirin. 1. 10. n. *. pour Satisfaire leur juste désir. ' Cet ouvrage fut suivi de près,
s'il ne fut pas même précédé des douze livres de la Trinité,
qui sont, comme l'autre, un fruit de l'exil du Saint Confesseur,
sni. ibiu. 11. 58 1 ' Il y avoit déjà plus de deux ans, ou même plus de trois,
1 . 1 1 . p. 450. gg|^^ g Sulpice, que S. Hilaire étoit exilé, lorsqu'au mois de
septembre 359, il fut apellé avec les autres Evêques au Con-
sul, ibid. cile de Seleucie en Isaurie. ' L'Empereur n'avoit point donné
d'ordre en particulier de l'y envoïer : mais le Vicaire du Préfet
et le Modérateur du Concile sur la commission générale qu'ils
avoient d'y assembler tous les Evêques, l'obligèrent à s'y ren-
dre, et lui firent fournir ce qui étoit nécessaire pour le voïage.
Dieu, remarque S. Sulpice, le voulut ainsi par un dessein par-
ticulier de sa providence , afin qu'un Evêque si bien instruit
de la théologie se trouvât présent aux disputes que l'on auroit
sur la foi dans cette a.ssemblée. Arrivé à Seleucie, on lui fit un
acueil extraordinaire, et si-tôt qu'il y fut connu, il gagna tous
les cœurs.
Hii. m Consi. M. ' A cc Coucilc sc trouvcrcnt 100 Evêques, 105 deini-
**■ Ariens , 19 Anoméens, et autant de blasphémateurs qu'il plut
à Con.stance d'y en assembler. S. Hilaire fut le seul avec quel-
ques-uns de ceux d'Egypte, qui y soutinrent généreu.scmcnt la '
Sui. ibid. consubstantialilé du Verbe. ' D'abord il commença par rendre
un témoignage authentique à la foi des Occidentaux, qui n'é-
loient pas encore tombés au Concile de Rimini, qui se leiioit
alors, assurant qu'ils n'avoicnl point d'autre foi (jue celle du
Concile de Nicée. Ensuite il fut mis au nombre de ceux qu'
Ha. ibid. n. 13. 14. devoicut opincr daus l'asscmblée. 'Mais il eut la douleur d'y
entendre ûes blasphèmes si horribles, qu'il ne pe.ut les raporter
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 143
sans exécration. "L'on ne laissa pas néanmoins d'y déposer jy siècle.
quelques Evoques qui furent jugés les plus coupables, et qui ^ — — — —
se retirèrent aussi-tôt h Constantinople auprès de l'Empereur, *"' ^'' '
où ils savoicnt trouver une protection assurée.
' S. Hilaire après le Concile, alla lui-même à Constantino- sui.ibid. n.co.
pie avec ces Prélats, pour savoir ce que Constance ordonne-
roit (le lui. I! eut encore la douleur d'y voir comme à Seleucie,
la vérité entièrement oprimée par le crédit des purs Ariens
qui dominoient à la Cour. ' Là se rendirent presque en même hii. adconsi. i. 2.
tems les députés du Concile de Rimini avec une relation de fr.*o.''^^.'a.'3.*'
tout ce qui s'y étoit passé. A ces nouvelles S. Hilaire se crut
obligé d'oposer une profession publique de la divinité du Ver-
be. 11 soutint donc publiquement que J. C. est véritablement
Dieu, que Dieu est véritablement son père, qui l'a engendré
avant tous les tems. Mais cettegénéreuse confession ne fit qu'ir-
riter les bérétiques qui l'entendirent ; et ces misérables s'éle-
vèrent avec de grands cris contre le saint Evoque , en donnant
une explication toute Ariene à l'éternité du Fils de Dieu.
' Ce fut en celte ocasion que S. Hilaire présenta à l'Empe- .j oonst. 1. 2 1
riMu- une seconde requête célèbre dans l'antiquité, pour obte- ^^^- ^'"- '" '■
nir de lui une conférence réglée avec l'auteur de son exil. Ce-
loi l Saturnin d'Arles, qui se trouvoit alors à Constantinople.
' Il s'y prometloit d'obliger son adversaire à avouer les fausse- hu. ibu. n. 2. 3.
tés qu'il avoit mises en œuvre pour le perdre; s'engageant lui-
même à vieillir dans la pénitence au rang des simples fidèles,
si l'on pouvoit prouver qu'il eût commis quelque chose d'in-
digne non seulement de la sainteté d'un Evêque, mais de la
probité même d'un laïque.' Il suplioit ensuite l'Empereur de lui n.s. lo | Sui. ibid.
acorder une audience, où il pût traiter de la foi selon les Ecri- p *'*
tures, tant en sa présence de lui Empereur, que de tout le Con-
cile, et même à la vùë de tout lo mOnde. Mais les Ariens em-
pêchèrent le Prince de lui rien acorder. Et comme ils con-
noissoient la force des armes du saint Confesseur, et qu'ils en
redoutoient les coups, ils prirent h; parti de le faire renvoïer
dans les Gaules, comme un homme qui troubloit la paix de
l'Orient.
' Alors S. Hilaire voiant et que sa requête et que toute la Bar. an. 36o. n. s
modéraUon dont il avoit usé jusques à présent, étoient inuti-
les , crut qu'il ne devoit plus rien ménager. ' Il écrivit donc Hu.inConsi.
le livre, ou plutôt l'invective contre Constance que nous
avons encore, ' et dont le style n'est propre qu'à un homme thi. iuid. p. 453.
144 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS.
IV SIECLE, qui a le martyre dans le cœur, • comme témoignoit l'avoir
notre Saint par les paroles suivantes de cet endroit : Ad mar-
fr. l'r.' i!'. 13. /ynt/m per cas voceveareamM^. 'On croit que ce fut aussi vers ce
tems-là qu'il composa, ou plutôt qu'il commença à composer
son ouvrage contre Ursace et Valens, où il faisoit l'histoire
des Conciles de Seleucie et de Rimini.
Après avoir donné dans l'Orient des marques aussi éclatan-
tes de son zèle , ce généreux Confesseur revint à Poitiers en
Hier. ciir. 1. 4. p. 360, OU tout au plus tard ' au commencement de l'année sui-
sui. ibid. I vil. M. vante 361. ' Il y fut renvoie, dit S. Sulpice, sans que l'on re-
D. 4. p. m. voquât l'ordre qui l'avoit d'abord exilé. Il put aussi se faire que
Constance se repentant de l'avoir banni, ce repentir le portât
Tiii.ibid. p. 45*. ensuite à le renvoïer. ' Quoiqu'il en soit, on peut juger quelle
joie eut toute l'Eglise des Gaules, et celle de Poitiers en par-'
Hier, in Lucif. p. ticuHer, du rctourdc ce saint Evêque. ' Il y fut reçu, selon l'ex-
pression de S. Jérôme , comme un victorieux qui revenoit
triomphant du combat.
Soi. hi-=t. n. 60 1 ' Uu dc sBs premiers soins fut de travailler à rapeller à la pé-
'" ' " nitence ceux qui avoient eu le malheur de tomber. Pour cet
effet il assembla divers Conciles dans les Gaules, où il fit re-
Bar. an. Mi. n. tracter cc qui s'étoit fait à Rimini. ' L'on ne doute point que
aîid. p^. 75». ' l'un de ces Conciles ne soit celui de Paris , dont nous avons
la letre synodale dans les fragmens de notre Saint , qui s'y
Sui. ibid. trouva présent. ' De sorte que tout le monde a reconnu que
nos Gaules furent redevables à S. Hilaire seul du bonheur
qu'elles eurent de se voir délivrées de l'hérésie.
iccr. 1. 3. r. 10. p. ' L'état dc la religion ainsi affermi dans les Gaules , le Saint
13. 'p."ii4 ) fiiL voulant procurer le même avantage à l'Italie, y passa l'an 363.
"''''■ •*• *'■*■ Là de concert avec S. Eusebe de Verceil , autre Confesseur
de la consubstantialité du Verbe, il y rétablit la foi de Nicée
Tiii. i.sid. p. 459. gf la paix des Eglises. ' Il y étoit encore , lorsque Valentinien ,
élu Empereur le 26 de février 364 , se trouva à Milan vers le
mois de novembre de la même année. Ce Prince qui aimoit
Hii. in Aux. n. 7. Ja paix, ' fît UD édit très-fâcheux, mais coloré du prétexte de
l'amour de l'unité, par lequel il obligeoit tout le monde à se
soumettre à Auxence Evêque de Milan, afin de réiinir cette
Eglise divisée. S. Hilaire ne put le souffrir ; et sans craindre de
passer ou pour téméraire ou pour importun, il présenta une
requête à l'Empereur, par laquelle il dénonçoit Auxence com-
me blasphémateur et ennemi caché de J. C.
ibid. ' Valentinien touché de cette déclaration , ordonna qu'Hi-
laire
DOCTEUR DE L'ÉGLISE ET CONFESS. 145
laire et Auxence conféreroient ensemble avec dix autres Eve- iv siècle.
ques, en présence du Questeur et du grand Maître du palais.
Auxence se trouva étrangement embarassé ; et voïant le dan-
ger qu'il y avoit à se déclarer contre la foi catholique, il aima
mieux dire qu'il croioit que le Fils est vrai Dieu, et qu'il a la
même substance et la même divinité que le Père. On fit écri-
re cette profession ; et de peur que la mémoire de ce qui s'é-
toit passé, ne vînt à se perdre, S. Hilaire en dressa une rela-
tion. Il la présenta aussi-tôt à l'Empereur, et la joignit au li-
vre qu'il écrivit incontinent après contre Auxence.
' Toute l'assemblée fut aussi d'avis que ce Prélat fit une con- Mab. ana. iwd.
fession publique de ce que contenoit sa déclaration. Mais il
s'en acquitta d'une manière si tortueuse et si enveloppée, ' que n. 7.8.
sous le son de termes catholiques il eut le secret de cacher
tout le venin de l'hérésie, et de tromper l'Empereur par cet
artifice. 'Ce Prince qui le croioit sincère, s'atacha à sa com- n. 9.
munion. Mais S. Ililaire ne fut pas long-temps sans démasquer
l'hypocrite, et découvrir le mystère d'iniquité. C'est ce qu'il
manifesta au grand jour, en se plaignant hautement qu'Au- '
xence se joûoit et de Dieu et des hommes.
'Cependant comme S. Hilaire troubloit la fausse paix dont Tiii. ibij. p. 46!*.
on étoit bien aise de jouir, ' on lui signifia un ordre qui lui en- Hii. iWd.
joignoit de sortir de Milan. Il obéit ; mais ce ne fut qu'après
avoir adressé à tous les Evéques et les peuples catholiques un
écrit contre Auxence, par lec^uel il leur aprend ce qui s'étoit
passé en cette ocasion. L'apui et le crédit que cet Evêque Arien
avoit trouvé auprès de l'Empereur, et à la faveur desquels il
soûtenoit son hérésie, donnent sujet à notre Saint d'insérer
dans cet écrit d'excellens avis, qui sont de tous lesteras. C'est
sur-tout par ces derniers travaux qu'il a mérité ' les qualités de Socr. ibi.i 1 soz
restaurateur de la saine doctrine dans les Gaules et l'Italie, et ''''''
de défenseur invincible de la foi de Nicée, que lui donnent 1
Socrate etSozomene.
Depuis ce tems-là on ne trouve plus rien de ce qu'a fait
S. Hilaire jusqu'à sa mort. ;Seuleraent il est à présumer qu'il
emploïa le reste de ses jours à instruire son troupeau de vive
voix, et à composer pour toute l'Eglise une partie de ses ou-
vrages. ' Enfin arrivé à une plénitude de foi et de sainteté, il cr.T.bisi.Fr.i.i.
mourut à Poitiers sous l'empire de Valentinien et de Valens, ."i ?hid"l'il'; iblV
le 13°-jour de janvier de l'an 368. * Sa fête est marquée en ce n.isGiTiii.iuV
"' ^ 1>. 463. 464.
1 La plupart defi écrivains ne Vacordent pas sur, l'année de reHe mort. S. iSoIpica
Tome I. Sec. Part. T
SCS.
14fl S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, jour dans le martyrologe qui porte lo nom de S. Jérôme, et
généralementdanstou.s les latins. S. Ililaire a cela de particu-
lier avec S. Martin son disciple, qu'ils sont les deux premiers
Mnh. lit. I. 3. p. Confesseurs connus dont l'Eglise a fait l'office public, On voit
177. n. 6. même par un très-ancien missel à l'usage de la France, écrit
après le commencement du VI siècle, mais qui est passé de
France dans la bibliothèque de la Reine de Suéde, que l'on
faisoit mention de ces deux saints Confesseurs dans le canon
Boii. ibid. p. 79i. de la messe après S. Côme et S. Damien. ' Dieu gratifia notre
"' saint Evêque du don des miracles et pendant sa vie et après
sa mort. On dit même qu'il ressuscita un enfant mort sans bap-
tême. Mais tout ce que DieU fit par son ministère en faveur
de la foi de l'Eglise, est encore un plus grand miracle ,
S. Ililaire réùnissoit en sa personne toutes les excellentes
Rnf. I. c. 31. p. qualités qui font les grands Evêques. ' A un naturel doux et
paisible, a un don particulier de s'insinuer dans les esprits et
Fuig.degr. i.4.n. de persuâder, ' il joignoit une sainte vigueur, qui a servi de
Fac. in Moc. p. diguc aux hérésies naissantes. ' S'il a fait admirer sa prudence
dans le gouvernement de l'Eglise, il y a fait éclater aussi, lors-
que l'occasion l'a demandé, un zèle et une fermeté apostolique
cms. lie inc. I. T. c. quft rïen ne pouvoit abatre.' Oui, dit l'abbé Cassien, S. Ili-
2». p. 1H7-11I8. jgjpgg possédé toutes les vertusavec toutce qui peut relever
le mérite d'un homme incomparable. Il n'a pas été moins il-
lustre par sa vie que par son éloquence. Comme il étoit le Do-
cteur et l'Evêque des Eglises, il a ajouté aux fruits de sa pro-
pre justice ceux que ses instructions et sesécrits ont produits
dans les autres. Il a été si ferme et si immobile parmi les tem-
p<Hes des persécutions, que la force de sa foi toujours invin-
Tiii. ibid. p. 433. ciblc, lui a acquis le glorieux titre de Confesseur, ' pendant
3ue tant d'autres ne méritoient que la qualité de lâches et
'apostats.
Fort. i.c. c. 7. p. Tant de rares vertus l'ont fait connottre et révérer depuis
ÎAàg.'nJoii- 1- 1* Grande Bretagne jusqu'aux Indes." Non, ajoute S. Augu-
" ^- slin, il n'est personne qui puisse ne pas connoître cet Evêque.
si vénérable, ce défenseur si invincible de l'Eglise catholique
contre l'hérésie, en un mot ce Prélat si relevé entre tous les
autres par ses mérites, si célèbre et si illustre dans tout le mon-
la met en la lixiéme année après qiie le Flenri la met dus .te?. Dans celte diver-
Saint fat revenu de Phrygie. Robert dn site d'opinions nous avons cm devoir nous
Mont saivi de Vincent de Beauvais et de en tenir à 8. Jerdme, comme le plus an-
Guillaame Cave, la place en 3G9. Tri- cien, qni Hv place en 368.
theiP0 la renvoie à t'.innée 371 j et Mr
DOCTEUR DE L'EGLISE ET GONFESS. 147
de. » " Ne vous semble-t-il pas, dit S. Jérôme à S** Eustoquie iv siècle.
» qu'IIilaire cet insigne confesseur de notre tems, et S. Gy- . Hier, in is. c. eo.
» prien ce martyr si disert et si éloquent, qui ont été l'un et p «2.
w l'autre comme deux grands cèdres dans le siècle, ont le plus
w contribué à élever l'édifice de l'Eglise de Dieu ?» On n'a
point d'épitaphe originale de S. Hilaire. Mais les vers sui-
vans, qui sont de Forlunat de Poitiers, peuvent lui en servir.
Us représentent assez bien son principal caractère, et tiennent
même quelque chose du genre de l'épitaphe.
Si Hilaiium quxTig quis ait cognoscere, Icctor ; pon. 1. a. c. ic. p.
Allohrogus refcrunt l'iclaviis gcnilum. ^•
Cuiii populum roguret ilivina mente saccrdos,
.Servabal Icgis fœdera sollicilus.
Improbus ut vidit plèbes quod scinderet error,
Uniicorum \ irii8 protulit in inodiuin,
Vipereo promunt seniper qui ex corde vcnena,
Filins ut dicaul quia est creatura Dei.
Queis magis auxilium jinestal sapicntia mundi,
De ingenito genitum quic negat esse Deum;
Ouam mole complexus, rupiens calcarc Prophelas,
Arriua infelix, cura rctinet, crepuit.
Bgregius Uoctur velerum nionimcnta sequulus,
Uucin Stephanus vidit, comprobat esse Dcum.
Vinclus amoru Dei, contcmto principe mundi,
Intcraerata fides pertulit exsilium.
In Pâtre, qui omnipolens Deus est, cognoscere Natum,
Divinis tantum vocibus insinuât.
Pcrpeluum lumen Cbristum, Duminumque Dcumque
liissenis populos cdocet esse libris.
S- H-
ECHITS QUI NOUS RESTENT DE LUL
S Hilaire n'a pas seulement été utile à l'Eglise pendant sa tiii h. e. t. 7. p.
• vie par ses lumières, sa sagesse et son courage ; il l'a en- *** "'
coro servie après .sa mort par ses écrits, qui l'ont toujours fait
honorer comme l'un de ses plus illustres Docteurs et de ses
Pères. Nous en avons dc-ja touché quelque chose dans l'histoire
de sa vie ; mais c'est ici le lieu d'en parier avec quelque détail.
148 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
I V siKC LE. 1". ■ Son commentaire sur P Evangile de S. Matthieu paroît
. „ , . ~ être selon l'ordre des temsle premier des ouvrages qui nous re-
• Hil. m Mal. p. 1 1 • K n 1 « i • > i i mi
(i09-75i. stenl de lui. " S. Jérôme dans son traite des hommes illustres
ïoo!*"^ ^"' "' "' ^6 lui attribue positivement, et en fait mention avec éloge en
Hii. ibui. aiim. n. divcrs autres endroits. 'On le croit écrit vers l'an 352. Il y a
"■ au moins tout sujet de croire qu'il le fut avant que S. Hilai-
re eût oui parler des Ariens, ou qu'il eût connu leurs subtili-
tés, et par conséquent avant les faux Conciles d'Arles et de
Beziers, C'est ce que fait juger la manière dont il explique et
le témoignage que le Père Eternel rendit àJ. C. dans son bap-
tême, et la confession de S. Pierre. En ces deux endroits
non plus qu'ailleurs, il ne dit rien qui ait rapport à l'Arianisme,
comme il fait dans les autres écrits qui ont suivi ce commen-
taire.
Si S. Hilaire n'est pas le premier Père Latin qui ait écrit
sur S. Matthieu, son commentaire est au moins le plus ancien
de tous ceux qui nous restent des Ecrivains de l'Eglise Lati-
num. 7. ne sur cet Evangeliste. ' U y a même bien del'aparence que
nul autre Latin ne l'avoit commenté avant lui. Sans cela il ne
l'auroit pas entrepris. C'est ce qu'il paroît témoigner lui-mê-
me en avertissant qu'il ne dit rien sur l'Oraison Dominicale,
qui en fait partie, parce qu'il sa voit que S. Cyprien et Ter-
tuUien l'avoient expliquée. .
nuui.3. ' Le style de cet ouvrage est serré, concis et nerveux, l'Au-
teur y disant beaucoup de choses en peu de mots. Il faut pour-
tant avouer qu'il s'y rend souvent obscur, à force de vouloir
être court , et que l'on a quelquefois de la peine à entendre
ce qu'il veut dire à moins que l'on n'ait lu auparavant le tex-
te qu'il commente. On remarque aussi qu'il ne s'est pas tou-
jours ataché scrupuleusement aux règles de la grammaire. Son
but principal est d'y découvrir le sens spirituel et caché sous
c. 21. II. 13. la letre. 'Car il reconnoît lui-même qu outre le sens literal,
f. 19. n. 4. le S. Esprit en a eu encore un autre en vue, ' et que les faits ra-
portés dans l'Evangile contiennent des ligures de ce qui de7
c. 7. n.8. voit arriver dans la suite. ' Mais il a soin d'avertir que dans le
genre d'écrire qu'il a choisi, il n'a point suivi son esprit parti-
culier, ni accommodé son texte à sa manière de penser, mais
sa manière dépensera son te.xte. Non nos intelligentiam fin-
(jimus, sed gesta ipsa intelligentiam. impertiuntur. Il y a insé-
ré plusieurs excellentes remarques historigues et morales.
AJ" "•«• Ce Commentaire se trouve porter divers titres dans les
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 149
manuscrits. Dans les uns il est intitulé Traités, dans, d'autres [>• siècle.
Exposition, et enfin dans la plupart Commentaires. Ce dernier
titre est celui sous lequel S. Jérôme en parle; 'et il semble na. ibu. c. s. u. i.
par un endroit de l'ouvrage que c'est aussi celui que S. Hilaire
avoit emploie lui-même. ' Il avoit mis à la tête de ce Commen- cass. do inc. i. t. c.
taire une préface que Cassien avoit lue, et dont il cite quel- ^*
3ues endroits. ' Nous ne l'avons plus aujourd'hui» Mais au lieu un. ii.ij. adm. n
e cette préface on trouve dans les anciennes éditions une li- "•
ste des articlos contenus dans l'ouvrage avec ce titre Elenchus
Canonum au nombre de 33. Dans la nouvelle édition l'on a
substitué à ce titre celui-ci Capitula, conformément aux meil-
leurs manuscrits.
2». L'autre écrit de S. Hilaire qui suivit de plus près celui
dont nous venons de parler, ' est sa première requête à l'Em- m, a,i consi. i. i.
pereur Constance. Il la lui présenta, comme nous l'avons dit p '^''-i^i*.
ailleurs, dès l'an 355. Il est certain qu'elle ne peut avoir été
faite plutôt ; ' puisqu'il y est parlé du Concile de Milan tenu la num. 8.
même année. ' S. Hilaire y parle dans le commencement au n. i.tiTiii. h.e
nombre plurier, pour avoir peut-être porté plusieurs Evoques '• '• ''• '*"•
des Gaules à la signer, ou à la présenter, afin qu'elle eût plus
de force. ' Mais sur la,fin il y parle au nombre singulier. 'C'est nii. ii,j,i. n. s. •
ce qui peut servir à confirmer l'opinion de quelques Savans, «adm. n. «.
qui croïoient ou qu'il manque quelque chose à cet écrit ,
ou gu'il aura été mêlé avec quelque autre, auquel on l'au-
ra joint dans la suite. Il est clair par ce qu'il dit du Concile
de Nicée au nombre huitième, qu'il en avoit déjà parlé dans
le même écrit. Cependant on n'en lit rien dans tout ce qui
précède. ' Quoiqu'il en soit, cette pièce se trouve avec cette num. s.
imperfection dans les plus anciens njanuscrits. ' Ce peut être u. p. ise?.
de cette requête qu'a été pris le passage qu'Arnobe le jeune
raporte de S. Hilaire d'après le Pape S. Celestin I, et que l'on
trouve entre les fragmens de notre Saint.
' L'endroit de l'écrit qui supose que S. Hilaire y parloit du '• *• "• »•
Concile de Nicée, raproché'de la fin de son traité des Syno- deSyn.n.gi.
des, où il dit qu'il n'avoit oui parler de ce Concile qu'à la
veille de son exil, ne seroit-il pas un sujet l^itime de juger
que la requête ne fut faite et présentée qu'en 356, peu avant
le Conciliabule de Beziers? Peut-être n'y a-t'on pas encore fait
assez d'atention. Nous n'avons pas laissé néanmoins de suivre
l'opinion commune qui lui assigne l'année précédente.
' Le dessein de S. Hilaire dans cet écrit, est d'engager l'Em- "J consi.i. i. n.
11-
IV SIECLE.
ad Consi. I.
5.6.
num. 7.
l.n.8.
num. (>.
uum. ;i.
llinr.
1UU.
Vir. ill. c.
Hil. de Syn.
lUy-!20(J.
pr^ n. 1.
!'•
150 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
pereur à interposer son autorité pour faire cesser les violences
et les persécutions des Ariens, et à accorder quelque protec-
tion aux Catholiques qui les soufl'roient en paix. ' Afin de fai-
re plus d'impression sur l'esprit du Prince, il lui représente d'u-
ne manière pathétique la grandeur des maux que ces héréti-
ques faisoient à l'Eglise, et des scandales qu'ils y causoienl.
» ' Ils sont^si grands, ajoute S. Ililaire après en avoir fait la
» peinture, que si l'histoire nous raportoit de semblables cho-
» sesdestems passés, nous ne pourrions les croire. Et ce qu'il
» y a de plus déplorable, c'est qu'ils n'usent de tant de vio-
M lences, que pour contraindre tout le monde non à se ren-
w dre Chrétien, mais à devenir Arien. »
' De celte violence qu'emploioient les héréliques, S. Ili-
laire prend ocasion de représentiT à Constance qu'une telle
conduite est lout-à-fait contraire et à l'esprit do Dieu et à la
pratique de l'Eglise. Il lui dit que Dieu n'a point extorqué,
mais enseigné lui-même la connoissance de sa divinité. Qu'en
rendant ses précef)les dignes de créance par ses œuvres tou-
tes célesles qui ont atiré l'admiration des hommes,'il a mon-
tré qu'il lejeltoit une volonté qui le coiifesseioit et le reconnoî-
ti"oit malgré elle. Que si l'on s'avisoit d'u.ser de pareille vio-
lence pour forcer à embrasser la vraie foi, les Evoques Ca-
tholiques sauroient bien la reprimer, en y oposant la doctri-
ne de l'Eglise.
'A la peinlure des violences des Ariens, S. Hilaire joint une
courte description de leurs ruses et de leurs artifices : de leurs
ruses à séduire les simples sous le voile d'expressions recher-
chées et l'aparence du nom Chrétien, afin de les faire donner
dans leurs filets, et de les env(;lop(;r avec eux dans leur per-
te : 'de leurs artifices à gagner la faveur de la Cour, à surpren-
dre la religion du Prince, à en obtenir des ordres pour sévir
coulre ceux qui refusoient de se soumettre.
' S. Jérôme paroît n'avoir pas connu cette première requê-
te de S. Hilaire àConslance. Il e.stau moins vrai qu'il n'en
dit rien dans le dénombrement de .ses autres écrits; quoiqu'il
y fasse mention de la seconde et de la troisième, dont nous
parlerons dans la suite.
' 3". Le livre on traité îles Synodes ou de la foi des Oinen-
tmix, suii selon l'ordre des lems la première requête à l'Empe-
reur. ' Erasme et Scullet prétendent que S. Hilaire le composa
ottdans le Concile de Seleucie, ou après ce Concile lors<ju'il
I
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 151
(•toit à Constantinople, ou même après qu'il fut revenu de iv siècle.
son exil. Mais ils se trompent en toutes ces différentes opi-
nions. Il est constant par plusieurs traits de cet écrit qu'il fut
fait après le mois d'Août 358, et avant le mois de Mai de l'an-
née suivante, par conséquent et durant l'exil de S. Hilaire, et
avant le Concile de Seleucife qui ne se tint qu'au mois de Sep-
tembre 359. Il n'y a qu'à lire le nombre 8 de ce traité pour
ne pas douter un moment de ce que nous avançons.
'L'ouvrage est adressé aux Evêques des Gaules, des deux aeSyn.p.nr;o.
Germapies, de la grande Bretagne, au Clei^é de Toulouse,
dont l'Evêque Rodane étoit alors exilé, et aux peuples de la
province de Narbone, où Saturnin d'Arles fameux Arien do-
minoit. Ce furent, comme nous l'avons remarqué ailleurs, les
Evoques des Gaules qui firent naître à S. Hilaire le dessein et
l'ocasion de composer cet écrit. ' Ils l'avoient prié durant son •>«>">. r;. t.
exil de leur expliquer ce que prétendoient les Orientaux par
tant de différentes formules de foi qu'ils publioient depuis le
Concile de Nicée.
Outre le désir de satisfaire à leur demande, S. Hilaire avoit nom. s.
deux autres puissans motifs qui le portèrent à mettre la main
à la plume. L'un étoit d'éclaircir les différens soupçons que les
Evêques des Gaules et ceux d'Orient avoient les uns contre
les autres. ' Car ceux d'Orient étoient ou coupables ou au Tiii.ii)i<i. i>. tis.
moins suspects d'Arianisme; ' et les Ariens acusoient ceux des sui.iiist. i.s.n.w»
Gaules d'être dans les sentimens des Sabelliens. * L'autre mo- rin^'ibi,!,
lif qu'avoif S. Hilaire d'entreprendre cet ouvrage, étoit de
préparer et d'instruire les Evêques auxquels il l'adresse, pour
tes Conciles à venir. Il avoit apris que bien-tôt il s'en devoit
tenir deux, l'un à Ancyre, d'où néanmoins il fut transféré ?t
Seleucie où il se tint, l'autre à Rimini, où l'on devoit con-
voquer tous les Evêques des Gaules , ou au moins deut de
chaque province. Il étoit bien aise qu'ils fussent en état d'y
paroîlre avec honneur, et d'y briller même entre les autres
Prélats. Ainsi il souhaitoit qu'ils n'ignorassent pas même jus-
qu'à l'interprétation des nouveaux termes qu'on mettoit en usa-
ge, afin qu'ils pussent se soutenir dans l'unanimité de sentimens
où ils étoient sur la foi qu'ils avoient reçue des Apôtres, sans
s'en écarter le moins du monde.
' Entrant en matière S. Hilaire commence par faire l'éloge mim. 2. s. 7.
de l'intégrité de leur foi, et de leur générosité à la soutenir.
Puis passant à l'explication de ces formulaires des Orientaux,
152 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, il les soumet à leur jugement, en déclarant néanmoins que
s'il y a des fautes, il ne prétend point en* répondre, parce qu'il
Hii. ibiu. n. 10. 11. ne fait que raporter ce qui s'est passé. ' Sans garder l'ordre des
tems où les choses se sont faites, il raporte quatre formulai-
res ou professions de foi des Orientaux : 1 . la seconde de Sir-
mich, qu'il qualifie toujours le blasphème des Ariens, et
nom. a. 13. quelquefois nommément d'Osius et de Potamius , ' et à la-
quelle il opose les Anathématismes du Concile d'Ancyre, qu'il
num. S8. 29. a soiu d'cxpliqucr : 2. ' celle qui fut dressée au Concile d'An-
tioche à l'ocasion de la dédicace de cette Eglise en 341 : 3.
num. 33. 3*. ' celle du Concile de Sardique assemblé en 347 de plusieurs
nnm. 38. provinccs de l'Empire : 4. ' enfin celle qui fut signée au Con-
cile de Sirmich contre Photin en 351 .
Tiii. ibid. ' Comme ce traité n'est pas fait pour soutenir la foi contre
les hérétiques, mais pour en éclaircir les difficultés, S. Hilai-
re y fait paroître toute la modération et toute la douceur que
les Historiens lui atribuent. Il y donne un borf sens à tout ce
qui en est susceptible ; il y excuse tout ce qui se peut excuser ;
il y justifie tout ce qui n'est pas absolument mauvais. Il en
usoit ainsi sans doute, et pour tâcher de diminuer le nombre
des ennemis de la vérité, et pour faire en sorte de réunir les
Hii. ibiti. n. «. 32. espHts, au cas que cela se pût, sans préjudice de la foi. ' Mais
il a soin d'avertir plus d'une fois, que l'on ne juge point de
son sentiment que par la fin de son livre, qui en est la plus bel-
le partie, où il se déclare ouvertement pour la consubstantia-
lité du Verbe.
Hii ibid.n. 6. sa. 'Il conclut en demandant pardon à ses confrères, d'avoir
entrepris de traiter une matière aussi relevée et aussi difficile.
Mais il ajoute qu'il n'a pu le refuser ni à l'amitié qu'il avoit
pour eux, ni à ce qu'il devoit en qualité d'Evêque et à l'Egli-
se et à la vérité. Enfin il les exhorte à se souvenir de lui dans
leurs prières, et à conserver toujours leur foi dans sa pureté,
comme ils avoient fait jusqu'alors.
pr.n. 4. ' Scultet après Gillot a avancé, l'on ne sait sur quel fonde-
ment, que ce traité des Synodes avoit été traduit de latin en
grec. Erasme au contraire soutient que S. Hilaire l'a traduit
lui-même de grec en latin. L'un est aussi peu vrai que l'autre.
Seulement S. Hilaire a mis de grec en latin les formules do
iiosyn. n. 0. foi qu'il y raporte : ' ce qu'il dit avoir déjà été fait auparavant
de mot <i mot, d'où il pouvoit naître, oomme il l'avoit aper-
çu lui-même, quelque obscurité, à cause de la difi'érence qui
se
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 153
IV SIECLi;.
Hier, ibid | rp.
p. 6.
Hil. [r. 1. n. 4.6
se trouve entre le génie de l'une et l'autre langue.
' S. Jérôme en plusieurs endroits reconnoît cet écrit pour
un véritable ouvrage de S. Hilaire. Il l'avoit même copié de
sa propre main, lorsqu'il éloit à Trêves, tant il en faisoit d'esti-
me. A cette ocasion il le nomme un très-long traité, prolixum
vaide de Synodis librum. Cet écrit est néanmoins assez court ;
et l'on n'y trouve plus aujourd'hui de quoi justifier la prolixi-
té que lui atribuë S. Jérôme. C'est ce qui feroit soupçonner
qu'il y avoit anciennement quelque autre chose qui faisoit
comme une seconde partie de ce traité, et qui se sera perdue
dans la suite. ' On trouve dans les fragmens de S. Hilaire de-
quoi apuïer ce soupçon. L'on voit en effet par-là, que ce S. Do^:-
teur avoit fait touchant ce qui s'étoit passé en Occident dans
la grande atTaiie de l'Arianisme, un ouvrage à peu-près sem-
blable au traité des Synodes qui traite de ce qui s'étoit passé
en Orient. Mais il y avoit cette différence entre l'un et l'au-
tre, qu'il parloit dans le second avec autant de vigueur, qu'il
avoit usé de modération dans l'autre. Il commençoit ce der-
nier écrit par ce qui s'étoit passé au faux Concile d'Arles en
353. ' Il y avoit inséré, comiue il le dit lui-même, les actes
originaux de ce qui s'étoit fait et par les Evêques assemblés,
et par les particuliers. ' C'est ce qui paroît par la letre synodale
du Concile de Paris, par les diverses letres du Pape Libère, et
par quelques autres monumens, qui se trouvent sans ordre dans
les manuscrits parmi les fragmens dont nous parlons. Nous ne
disons rien des autres pièces qui y sont contenues, et qui
peuvent être les débris de l'ouvrage contre Ursace et Valens,
comme nous le dirons ailleurs.
De sorte que l'écrit que nous suposons sur un fondement
aussi légitime, traitant des Conciles en Occident, comme le
livre des Synodes traite de ceux d'Orient sur le même sujet,
il pouvoit être assez étendu, et passer pour faire une suite, ou
même la seconde partie de l'autre. Par-là il est aisé de com- ■'
prendre que S. Jérôme les joignant ensemble, aura eu sujet
de nommer l'ouvrage un très-long traité.
4°. ' A la fin du livre des Synodes, nous avons une espèce de apo. p. laoe-isos.
petite apologie de ce même écrit. Ce ne sont cependant que
de courtes notes marginales que S. Hilaire ajouta dans la
suite aux endroits que certaines personnes en avoient blâmés.
'Elles n'avoient point encore paru dans le public. Nous en deSyn. pr. ». t.b.
sommes redevables à Dom Pierre Goûtant dernier éditeur de
fr. 1. n.
fr. 10. 11. 12.
1 1 *
Tome I. Sec. Pari.
154 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS, '
IV SIECLE. S. llilaire, qui les aïant trouvées dans divers anciens manus-
' iijij crits, ' les a jointes à la nouvelle édition des œuvres de ce Pè-
re. Elles y portent ce titre, Apologetica ad reprehensores libri
de Synodis responsn .
Tiii.ibid. p. 447. ' Dans CCS Hotcs S. Ililairc parle avec le même esprit de
paix et de douceur, qui l'avoit porté à ménager les Orientaux
Uii. ibid.n. ♦. 10. daus le corps de l'ouvrage. ' Il y fait néanmoins sentir qu'avec
ces ménagemens il n'a pas prétendu les aprouver, ni eu des-
sein de les louer : puisqu'il dit expressément qu'il les a épar-
gnés, et que leur déclarant qu'ils donnoient une grande apa-
rence de rétablir la vraie foi, il leur a dit assez ouvertement
n. i. 6. qu'ils n'y étoient pas encore. ' Il s'y adresse quelquefois à un
Lucifer, avec des termes qui font juger qu'il étoit Evoque.
dcSyn. pr.n. 9. ' Aussi croit-OH quc c'cst le même que l'Evêque de Cagliari
de ce nom ; et la conduite qu'il tint dans la suite, ne laisse
aucun lieu d'en douter.
ip. p. iio!)-i2is. 5°. ' Nous avons encon; de S. llilaire une letre qu'il écrivit
du lieu de son exil à sa tille Abra, comme il paroît par les
adin. premières lignes. Erasme n'a pas craint toutefois de dire que
cette pièce est la production d'un homme ignorant et oisif qui
cherche à badiner : nugamentum hominis otiose indocti. Gil-
lot, Scultet et M. Dupin la donnent à Forlunat. Mais il est plus
juste d'en croire Fortunat lui-même, qui l'atribue à S. llilai-
re, et qui assure que de son tems, c'est-à-dire deux siècles après
la mort du Saint Docteur, on la gardoit encore à Poitiers
op.ibiu. écrite de la main de S. lUlaire même. 'Cette letre est pour
détourner sa fille, sous une allégorie aussi pieuse qu'ingénieu-
Tiii. ibid. p. 741. se, de prendre d'autre époux que J. C. ' 11 est vrai que le sty-
le n'en est pas relevé comme celui des autres ouvrages de S.
Hilaire. Mais il ne s'y trouve rien de bas et d'indigne de la no-
blesse, de l'esprit et de la pieté de ce S. Evêque. D'ailleurs
il faut se souvenir que c'est un père qui parle à sa fille, qui est
uii.ibid. n. 7. représentée comme fort jeune. ' On voit par la fin de la letre
que la mère de cette enfant, femme de S. Hilaire, vivmt encore.
UAi. 6°. 'A cette letre le S. Docteur avoit joint deux hymnes
pour servir de prières à sa fille, l'une pour le matin, l'autre
p. iii3i2u. jiour le soir. ' Nous avons encore la première, à laquelle il
paroît néanmoins qu'on a ajouté après coup la dernière stro-
phe, qui contient la doxologie. Quant à l'autre hymne nui
étoit pour le soir, elle n'est pas venue jusqu'à nous. A sa pla-
ce on en trouve dans quelques manuscrits une autre, que
Hil. de Trin.
765-1114.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 155
Dom Coûtant n'a pas laissé de nous donner. Mais il avertit iv siècle,
qu'elle ne lui paroît pas être de S. Hilaire.
7°. ' Le principal ouvrage de S. Ililaire sont ses douze livres
de la Trinité^ qu'il composa pour la défense de la foi contre les
Ariens. L'on ignore quel titre précis l'Auteur leur donna d'ar
bord. C'est sans doute pourquoi ' ils s'en trouvent porter tant
de difTérens dans les manuscrits et les autres monumens de
l'antiquité. ' S. Jérôme les intitule les livres contre les Ariens.
Ailleurs il ne les nomme que les douze livres de S. Hilaire ,
dans lesquels, dit-il, il a suivi le nombre de ceux de Quinti-
lien, comme il y a imité le style. ' Après tout il n'est pas
croiable que S. Hilaire, qui bien qu'il ait entrepris cet ouvrage
contre les Ariens , a néanmoins pris à tâche de ne les y jamais
nommer, lui ait fait porter le titre que lui donne S. Jérôme,
' On pourroit avec autant de sujet l'intituler contre toug les
hérétiques, ou contre toutes les hérésies, que contre les Ariens
ou l'Arianisme ; puisque non seulement S. Hilaire y réfute les
principales de celles qui avoient déjà paru, mais qu'il y don-
ne encore les principes pour combattre toutes les autres. Aus-
si se trouve-t'il intitulé de la sorte dans quelques manuscrits ;
et l'exemplaire que l'Abbé Ansigise en avoil mis dans sa bi- Spic
bliolheque de S. Germer au commencement du IX siècle ,
portoit pour titre, Contre les hérétiques.
On vient de voir par le témoignage de S. Jérôme, que dès
le siècle même de S. Hilaire ces livres étoient constamment
regardés comme l'ouvrage du Saint Evêque. ' Gela n'a pas
toutefois empêché que quelques Ecrivains ou Copistes du
moïen Age ne les aient atrioués à S. Athanase. Mais depuis
long-tems personne ne doute au'ils ne soient de S. Ililaire.
' Il n'y a pas nop plus lieu de douter qu'ils ne soient un fruit
de son exil. Il le dit si clairement, ' que l'on ne peut
assez s'étonner de ce que Mr. Dupin ' prétende le contraire.
pr. n. 2-3.
Hier. Vir. ill. c.
100 I ep. 83. p. 657.
Hil. ibid. n.8.
n. S.
n. 3.
1.3. p. 2*1.
Hil. ib. n. I.
I. 10. n.4.
Dupin, bib.
286.2.
1.2. p.
< ' M. Dupin prétend que S. Hilaire
composa ses liTres de la Triniln avant son
exil . Kt pour le prouver, il cite un passage
tiré do dixième livre n. 4, ' où S. Hilaire
fait voir que l'état malheureux 01) se trou-
voit alors la reliKion, étoit un accomplis-
sement de cette prophétie de l'Apotre S.
Paul : Erit teminis cum $anam doctritiam
nontn»tinebunt,sedndtuadetiderincnneer-
vabuHliibi magistroi etc. Voici le passage
de S. Hilaire : Sed licet nune a multis,
coacervantibui tibitecundum desideria tua
magittrot, tana doctrina exiulet ; non la- Ibid.
men a Sanctii miibiuque prœdieationisve-
ritat ex$ulabit. Liiquemur enim extulti per
hot libros, et termo Dei, qui vineiri non Hil. ibid. n. i.
point, liber excurrft, de hoo eodem apotto-
licœ propheliœ admonent lempore: utcum
audituê veritatii impatient deprehenditur,
et secundum desideria humana coacervati
maqiitri reperiuntur jam de tempore non
amhigatur; $eil in eo coexsulare, exsulan-
tihus tanœ fidei prœdicatoribui, veritas tn-
telligatur.Acdetemporibus non queremur
Vij
Mil. ibiil. 1.3. n. 3.
156 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, jvjous en faisons juges les Lecleurs. Qu'ils se donnent la pei-
ne de lire le passage que nous renvoïonsdansla note , et ils
verront si l'on peut dire avec ce Savant que ces livres sont
écrits avant l'exil du S. Docteur. Il paroît qu'ils l'ont été à dif-
férentes reprises ; mais il seroit difficile d'en fixer les époques.
Tout ce qu'il y a de certain, c'est que l'Auteur y a travaillé
pendant son exil, et qu'ils étoient finis avant l'an 360.
Entre les motifs oui portèrent S. Hilaire à les entrepren-
dre, il marque d'abord la nécessité qu'il y avoit de résister aux
hérétiques, qui par leur fausse et pernicieuse doctrine met-
1. c. n. 2. toient en danger la foi de l'Eglise. 'Ensuite il dit qu'il l'a fait
par l'obligation que l'Eglise en l'élevant à l'épiscopat, lui im-
posoit de prêcher la vérité, et par le désir qu'il avoit de ser-
vir au salut de plusieurs âmes, dans la confusion et le péril où
l'impiété de l'hérésie les avoit jeflées.
' - "■ -- ^- ' Comme il entreprend d'y traiter des choses qui sont infini-
I. I M S-. 38, ment au-dessus de la portée ordinaire de l'homme, ' il recon-
noîtavec humilité qu'il est incapable d'y réussir sans la grâce ,
la miséricorde et les lumières de Dieu. Et pour les obtenir , il
lui adresse une prière d'autant plus touchante, qu'elle est plus
humble. Il la finit par le prier de lui éclairer l'entendement ,
afin de comprendre la signification des termes , et de parler
d'une manière propre à faire honneur à son sujet ; de lui acor-
der la grâce de croire la vérité qu'il va annoncer , et celle de
l'annoncer conformément à sa croïance.
On ne sauroit assez admirer avec quel respect il traite sa
matière, et s'atache scrupuleusement h la foi ae l'Eglise en la
1. 7. n. 3. traitant. ' Il déclare que ce au'il y avance, il ne le tire point de
I.1.II. iH. gQjj propre fonds, mais de la doctrine des Apôtres : Ailleurs
il avertit que lorsqu'il est question des choses de Dieu, il faut
s'en raporter à lui-m/^me pour ce qui regarde sa connoissan-
quin etiam gauilebimui, quia iniquilat se expressif quo celui-ci 'f L'on auruit t)eau
per hoc exsilii nottri lempui ottenderit, dire qu'eu ccl endroit S. Hilaire parle de
iiuoveritatitimpatiennanœdoetrinieprw- l'exil do S. Paulin de Trêves, relégué rn
iticatoret,utteatndumde$ideria$ua coacer- Phrygie dés 353, de celai de S. Eusebo de
vel tibi magistrat, relegnt : txsilio nostro Verc(ùl cl de Lucifer de C.agliari, bannis
latanUi et extultanles in Domino, eontti- en 3.'>5, et du sien propre comme dcTant
titteinnot>itplenitudlnem upoitolieaipro- l)ien-tcit arriver: cette explication est for-
phetiie. cce, ut n'dte rien de la force <la passage.
P""- "• -'• Ceux qui soutiennent que S. Hilaire ' On a été si persuadé dans l'antiquité quo
composa ses livres de la Trinité pendant cet ouvra^je fut composé dans l'exil do S.
on exil (lourroient-iU prouver leur son- Hilaire, <|uo plusieurs anciens manuscrits
ment par un passaKO pins flair ot plus lo portent expressément.
IJOCTRUU DE L'ÉGLISE ET CONFESS. îoT
ce. Qu'il n'y a qu'à se soumettre avec un respect acompagné iv sikcle.
de pieté, à ce qu'il lui plaît de nous en aprendre. Qu'il sait
bien se rendre témoignage à lui-même, et que ce n'est que
par lui seul qu'on le connoît. « C'est ce que j'ai apris, dit-il i. g. 11.20.
« encore en taisant le détail de quelques points de notre foi ;
« c'est ce que j'ai cru, et j'y suis si fortement ataché, que je ne
« veux, ni ne puis même avoir d'autre croïance. »
' Le premier des douze livres est comme la préface de tout 1. 1. „. 1-33.
l'ouvrage, et contient des sommaires dos onze livres suivans.
D'abord S. Hilaini y décrit par quels degrés il est parvenu à
la connoissance de la vérité, et instruit par-là les autres à y
arriver en prenant la même route. Il raporte et réfute les di-
vers sentimens des philosophes et ceux de la populace tou-
chant la béatitude et la Divinité, et montre que c'est dans les
livres sacrés qu'il en faut puiser la vraie connoissance. De la
connoissance d'un seul Dieu tout-pui.?sant, il passe à la con-
noissance de l'incarnation du Verbe ; et de l'une et de l'autre
il conclud l'immorlalité de l'ame et sa vraie béatitude. Mais il
a soin d'avertir que ces sublimes connoissances ne sont pas du
ressort de l'esprit humain , et que l'on n'y peut ateindre que
par la foi. Il fait observer que c'est pour avoir voulu les me-
surer sur la petitesse de l'esprit de l'homme , que sont venues
les hérésies. Il se propose d'encombaltre deux en particulier ,
celle d'Arius et celle de Sabellius. Il donne ensuite d'excel-
lentes ràglt's pour lire la parole de Dieu, et finit par la prière
dont nous avons déjà parlé, et que nous avons raportée en
partie.
Ce qu'il dit de la manière de lire la parole de Dieu , peut
s'apliquer à toute autre lecture, et ne devroit être ignoré de
personne. « ' Un Lecteur, dit S. Hilaire, fait voir qu'il ml num. 12.
« lire comme il faut, lorsqu'à mesure qu'il lit, il prend le sens
« des paroles au lieu de leur donner le sien, et que bien loin
« d'y substituer sa pensée, il prend au contraire celle de l'au-
« teur. 11 ne doit pas non plus vouloir à toute force y décou-
« vrir ce que ses préjugés auroient voulu y trouver, avant que
« de le lire, » •
' Le second livre est emploie à traiter de la foi de la Tri- 1.2. n. 1-35.
nité en général, et de chacune des Trois Personnes en particu^
lier. Il débute par dire qu'il suffiroit aux Chrétiens d'en avoir
la connoissance qu'ils en ont reçue dans le baptême, par les
paroles de l'Evangile que l'on y emploie. Mais que les héré-
158 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, tiques le forcent par leurs blasphèmes à expliquer avec plus
d'étendue des mystères qui sont au-dessus de l'espril humain.
De-là il passe à l'origine des hérésies, et dit nuelque chose en
particulier de celles qui ataquoient la foi ae la Trinité. Il
nomme Sabellius et llebion ; mais il ne fait que désigner les
Ariens, sans les nommer. Après avoir raporté ce qu'il croit
du Père, il montre qu'il est impossible d'expliquer par des pa-
roles la grandeur de cet Etre souverain. Il vient ensuite à par-
ler du Fils. Il avoue que sa génération est incompréhensible ,
et reprend sévèrement ceux qui voudroient rexpli(juer. Il lail
voir quelle seroit leur témérité de le tenter, vu qu'il y a tant
de choses dans l'ordre de la nature, dont ils ne sauroicnl ren-
dre raison. Il montre néanmoins que bien qu'elle ait été in-
connue aux Sages du siècle, aux Juifs et aux hérétiques, elle
se trouve pourtant dévelopée dans l'Evangile de S. Jean. Kii-
fin il passe à l'existence du S. Esprit, dont il établit la divinité
et la distinction entre le Père et le Fils. Il parle rvw. rpiel-
que détail de ses efl'ets, de ses dons, du besoin que nous en
avons, et finit par exhorter à le demander avec instance, à
tâcher de le mériter, et à le retenir par la foi et l'observation
des commandemens de Dieu.
I. 3. n. 1-26. ' Dans le troisième livre S. Hilaire y établit la généralion
éternelle du Verbe, sur-lout par ces paroles de J. C. pri.scs (h;
S, Jean : Je suis dans mon Père, et mon Père est dans moi.
Après quoi il fait voir par le changement de l'eau on vin, et la
multiplication des pains raporlée dans l'Evangile, que I)i<'u
peut faire beaucoup de choses, que l'esprit humain ne j)eul
comprendre. Il raporte ensuite le raisonnement que l'on faisoit
{)Our prouver qu'il ne peut y avoir de naissance en Dieu , et
e réfute par plusieurs raisons : \ . parce que ce rai.sonnf^
ment ne vient que de la prudence de la chair, que Dieu
dans ses Ecritures a promis de détruire : î. parce qu'il vaut
mieux s'en raporter à J. C. qui s'est fait homme pour nous in-
struire des cho.ses divines: 3. parce que ne ptui vaut même-
comprendre les actions extérieures de J. C. il nous est fi plus
forte raison impossible de comprendre .sa génération éternelh; :
4. enfin parce que c'est le propre de la nature humaine, en-
tant qu'elle est créée et imparfaite, de ne pouvoir compren-
dre son Créateur qui est un Etre parfait et infini. Il pas.se de-l;\
à louer la sagesse des fidèles, qui renoncent à leurs propres
lumières et à la raison même, jtour s'en raporter à la toule-
puissance de Dieu on ce qui le regarde.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 159
" S. Hilaire emploie le quatrième livre à munir la simplici- i v siècle.
té des fidèles contre les ruses et les artifices des ennemis de . i. 4. n. i-*9.
la divinité du Verbe, dont il prend la défense. Afin de mieux
fairo sentir le loible et le ridicule de leurs faux raisonnemens ,
il les raporte en détail, et y joint la profession de foi qu'A -
rius, qu'il s'abstient néanmoins de nommer, et ceux de son
parti envoïerent à Alexandre Evoque d'Alexandrie. Il réfute
ensuiliï le.- mauvais sens qu'ils donnoient aux endroits de l'E-
crilui(! dont ils se scrvoient pour apuïer leurs erreurs, et dé-
clare que l'Eglise les déteste et ne les connoît point. Il s'ata-
clu; en particulier à réfuter le tour artificieux qu'ils donnoient
à l'endroit de Moyse, qui établit l'unité d'un Dieu, et montre
par plusieurs passages de l'ancien Testament, que bien que
l)i(!U soit un par sa nature, il n'est pas néanmoins un Dieu so-
litaire, puisqu'il a un Fils qui participe à sa nature et à sa di-
vinité. Dans ce quatrième livre comin(^ dans le suivant, S. Hi-
laire a|)uïe beaucoup sur les aparitions faites aux Patriarches ,
firétendant avec plusieurs autres Pères de l'Eglise que c'est
e Fils qui s'est rendu visible aux hommes dans ces rencontres.
l^e cinquième livre est une continuation du sujet traité 1. 5. n. 1-39.
dans le livre précédent. Sur la fin S. Hilaire y j)rouve que
le Pcre et le Fils ne sont qu'un seul Dieu en deux Person-
nes distinctes l'une de l'autre. Il répond par-là au sophisme
des Ariens, qui nioienl que le fils fût Dieu, sous prétexte
d'éviter et l'erreur qui fait deux Dieux du Père et du Fils , et
l'hérésie de Sabellius qui de l'un et de l'autre ne faisoit qu'une
mêmi! Personne. Dans ces deux livres S. Hilaire n'emploie
que des passages pris de l'ancien Testament. ' Il donne en un n. ai
endroit une règle qu'il seroità souhaiter que l'on eût toujours
observée dans les écoles. « Il faut bien se donner de garde,
« dit-il, de parler autrement de Dieu, qu'il nous a aprislui-
« même à en parler en s'acommodant à notre portée. »
' Après avoir touché dans le sixième livre quelque chose du 1. «. n. i-sa.
progrès de la nouvelle hérésie et de ses pernicieux effets, et
découvert quelques-uns des motifs qui lui ont fait prendre la
plume pour la combattre, il transcrit de nouveau la profession
de foi d'Arius ; afin que l'aïant réfutée dans les livres précé-
dens par le témoignage de la Loi et des Prophètes, il la réfu-
te dans celui-ci par l'autorité de l'Evangile et des écrits des
Apôtres. Il passe ensuite à établir la foi de l'Eglise sur la divi-
nité du Fils. Et comme il avoit déjà prouvé qu'il est le vrai
IV SIKCI. K.
n. I.
f. 7. n. i-il.
160 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
Fils du Père, il monire ici qu'il n'est point Fils adoptif, mais
Fils naturel de Dieu. C'est ce qu'il exécute en se servant du
témoignage du Père, de celui du Fils même, de l'aveu des
Juifs, des Gentils et même de celui des démons. ' Dès le com-
mencement du livre il y taxe d'impudence la hardiesse qu'a-
voient les Ariens de se prévaloir de leur grand nombre, et de
s'en servir pour acréditer leur secte, en le donnant pour preu-
ve du parti où se trouve la vérité, et en faisant entendre qu'il
y a moins de danger d'errer avec la multitude.
' S. Hilaire avertit lui-même que le septième livre peut être
regardé comme le premier, ou le principal des six autres pré-
cédens pour l'importance du sujet qu'il y traite. 11 y décrit
d'abord en peu de mots les ruses, les subtilités, les artifices
dont usoit la nouvelle hérésie pour se faire des partisans, el
touche eu passant les motifs qui le portent à la combatre. il
montre ensuite le risque que l'on court en réfutant les enne-
mis de la Trinité. Car lorsqu'on eu réfute les uns, on semble
favoriser les autres. Il fait néanmoins voir que leurs erreurs
par leur contrariété et leur oposition entre elles, se combat-
tent et se détruisent les unes les autres à l'avantage de l'Eglise
qui demeure triomphante de leur victoire. Victoria enimeo-,
•um Ecclesiœ triiimphits ex omnibus est. a Oui, dit-il , la
force de la vérité est si grande, que bien qu'elle puisse se
faire connoître par elle-même, elle ne devient toutefois ja-
mais plus brillante que lorsqu'on lui résiste. Toujours im-
mobile de sa nature , elle ne fait qu'acquérir tous les jours
un nouvel affermissement par les ataques qu'on lui livre.
En effet, ajoûte-t-il, c'est le propre de l'Eglise de vaincre,
lorsqu'on la blesse ; de se faire connoître, lorsqu'on lui in-
sulte ; de demeurer victorieuse, lorsqu'on l'abandonne.
Elle voudroit bien à la vérité que tous leshommes lui fussent
unis, et demeurassent dans son sein : elle souhaiteroit n'avoir
jamais la douleur de voir les uns s'y perdre, et d'être obligée
d'en chasser d'autres qui se rendent si indignes de la société
d'une telle mère, et de les priver de la paix qu'ils y goûtoient.
Mais lorsqu'il arrive que les hérétiques en sortent d'eux-
mêmes, ou qu'elle les en chasse, autant qu'elle perd par-là
en se voïant privée de l'ocasion de leur communiquer le salut,
autant elle gagne par un autre endroit en faisant connoître à
l'avantage de la foi, que c'est en elle seule qu'on trouve le
vrai bonheur. » Le reste du Hvre est pour établir l'unité de
nature
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 161
nafttrë entre le Père et le Fils. C'est ce que S. Hilaire prouve i v ^iÉCLK.
par la naissance que le Fils tire du Père, et par son égalité
avec lui. Il prouve ensuite cette naissance et cette égalité par
le nom de Dieu qui est donné au Fils dans tout le nouvea*
Testament , et par ce qui est raporté de sa naissance, de sa
piriàsance, de ses actions, qui sont les mêmes par raport au
Fils que par raport au Père.
' Le huitième livre est emploie à détruire d'abord lessub* i.s. n, i. sa.
lilités dont les Ariens se servoient pour tâcher d'établir entré
le Père et le Fils une union seulement de volonté et de senti-
ment ; et ensuite à soutenir le dogme catholique qui y recon*
noîl une unité d'essence et de nature. S. Ililaire y prouve cet-
te vérité par onze raisonnemens démonstratifs. Mais en y éta-
blissant 1 unité essentielle du Fils avec le Père contre la nou-
velle hérésie, il a soin d'y établir aussi la distinction des pôf'-
sonnes pour éviter de paroître donner dans le Sabellianisme. »< «•-»«
' Entre les raisonnemens dont il se sert, il en emploie un tiré num. i».
de la présence réelle de J. C. dans l'Eucharistie ; ce qui est re*-
hiarquable. ' Nous ne devons pas passer non plus sans le re* num. i.
marquer, ce qu'il dit des principales qualités nécessaires atrx
Pasteurs de l'Eglise. S. Hilaire veut après S. Paul qu'il cite et
qu'il explique, qu'ils réunissent en leur personne la sainteté de
vie avec la science ecclésiastique. L'une sans l'autre ne suffit
pas. Car s'ils n'ont que de la pieté, sans avoir de la science,
ils ne seront utiles qu'à eux seuls : de même s'ils n'ont que du
savoir sans avoir de la pieté, leur doctrine sera sans poids, «t
par conséquent sans fruit. « Il faut donc, conclud S. Hilaire; .1* .iwwi
« que le savoir dans un Evoque soit relevé par la sainteté de sa
« vie, et que la sainteté de sa vie donne du relief à son savoir :
« ut et vita ejm ometur docendo, et doctrina vivendo, »
'Après avoir établi dans le livre précédent l'unité d'ebwn- 1.9.11.1.75.
ce et de nature entre le Père et le Fils, S. Hilaire emploïfe le ! ■
neuvième à réfuter les objections qu'y oposoient les hérétiques.
Elles consistent en cinq fameux passages tirés de l'Evangile
dont les Ariens abusoient pour soutenir leur hérésie. S. Hilai-
re y répond par ordre l'un après l'autre, et en découvre le sens
véritable et naturel, bien différent de celui qu'y atachoierrt le»
Ariens. Mais avant que d'en venir-là, il pose deux principe^
incontestables qui sont comme des réponses générales : 1 . qae
pour prendre le sens propre et naturel de l'Ecriture, il ne faut
pas en expliquer les endroits en les détachant du reste, mais
Tome I. Sec. Part. X
lt>2 S. lilLAiKE, EVEUUE DE POITIERS,
IV siECLp. en les joignant à ce qui suit et à ce qui précède, et en aïant
— ' égard au sujet dont ils traitent : 2. qu'il ne faut pas confondre
en J. C. les deux natures qui y sont réunies, l'une selon la-
quelle il est Fils de Dieu, l'autre selon laquelle il est Fils de
I homme.
1.10. n. I. 71. ' Dans le dixième livre S. Hilaire entreprend de résoudre
les objections, que les Ariens tiroient en faveur de leur héré-
sie, des passages de l'Ecriture où il est dit que J. C. a été su-
jet à la faim, à la soif, à la tristesse, à la douleur, etc. Le Saint
y répond par un genre de raisonnement qui dans l'opinion où
éloient ces hérétiques, devoit à la vérité leur fermer la bouche,
mais où il se trouve certaines expressions, qui ne paroissent pas
d'abord tout-à-fait conformes au sentiment de l'Eglise. Mais
il faut faire ici ce que l'Auteur prie que l'on fasse dans son li-
vre des Synodes, c'est-à-dire, ne juger de son sentiment que
nnm.oï. par la fin du livre. ' On y voit en elTet qu'il s'y explique très-
exactement, en raportanl les souffrances de Jesus-Christ à la
nature humaine, qui est unie en lui avec la nature divine,
.r * as qui y a fait en même tems remarquer .ses opérations. C'est ce
qui lui fait dire : Habes in conquerente ad mortetn relictwn se
esse, quia homo est : habes eum qui morilur, profitentem se
nam. il. tn parodixo regnare, quia Deus est. ' A l'égard de la sueur de
sang et de l'Ange qui aparut pour fortifier Jesus-ChrisI, comme
S. Luc le raporte, S. hilaire observe que cet endroit ne se trou-
ve point dans plusieurs exemplaires grecs et latins de cet Evan-
geliste. Ainsi il n'ose avancer ou qu'il manque dans ceu.\-là,
num. M. ou qu'il soit de trop dans les autres. ' Aïant eu ocasion de par-
ler de l'origine de l'ame, il enseigne qu'elle ne vient point par
transfusion , mais qu'elle est immédiatement créée de Dieu. 11
y enseigne aussi par oca.sion la doctrine touchant le péché ori-
r, . ginel.
I. M. II. i-w. Dans l'onzième livre S. Hilaire fait d'abord observer qu'il
ji'y a qu'une foi, comme il n'y a qu'im Dieu et un baptême,
et "que cette foi qui est une, ne se trouve [«tint chez les Ariens,
Ou ils se servent de l'incarnation du Fils de Dieu pour lui
disputer sa divinité; prenant ainsi d'un mystère qui a opéré le
salut du monde, des sujets d'établir une impielé monstrueuse.
II vient ensuite à détruire les objections <pii' les Ariens tiroient
de divers passiiges de l'Evangile et des écrits des Apôtres,
lui regardent J. C. ressuscité et glorieux. S. Hilaire y répond
le manière à montrcj- que ces endroits de l'Ecriture établis-
l
DOCTEUR DE L'EGLISE ET COxNFESS. 103
sent tout Ifî contraire de ce que prétendoient ces héréliqiii s , iv sieclk.
et qu'ainsi la vérité se trouve dans ce qu'ils emploient même ' '
pour la combattre : ut iUic veritas reperiatur, ubin-^gatur.
' En citant un passage de l'FilpîIre aux Ephèsiens, il a recours mim. 17.
au texte grec, comme plus énergique que la vulgate. ' En un num. 24.
autre endroit il donne d'excellens avis pour ne pas rougir de
changer de sentiment, lorsqu'on s'aperçoit en avoir de con-
traires à la vérité.
'Le douzième et dernier livre est emploie à défendre la 1. li. n. 1. 57.
naissance éternelle et tonte divine de J. C. contre ces fameux
axiomes des Ariens : Que le Fils n'étoit point avant que de
naître : Qu'il a été tiré des choses qui n'avoient ))oint 1 être :
axiomes qu'ils avoient toujours à la bouche, et qu'ils apuïoient
sur ce passage des Proverbes, c. 8. v. 22. où la Sagesse par-
lant d'clloméme dit : Dieu mn créée, le commencement de wv
voies. * S. Ililaire expliquant cet endioit de l'incarnation du
Verbe, montre par ce qui précède et par ce qui suit dans le
même chapitre, qu'il n'y a jamais eu un seul instant où cette
sagesse n'ait été et qu'elle possedt^ tous les mêmes caractères de
di\'inité que le Père. Sans alfoiblir en rien les autres objections
des hérétiques qu'il combat, il les met dans toute leur force,
et les réfute avec la même solidité qu'il a fait toutes les au- ** "^
très dans les livres précédens. Il finit celui-ci par une profes-
sion de foi touchant le Père, le Fils et le S. Esprit. Il y joint " "
une courte prière pour demander à Dieu qu'il conserve sans
tache dans son cœur jusqu'au dernier .soupir cette même foi
qu'il vient de professer, et qu'il avoit déjà professée dans son
baptême : « afin, dit-il à Dieu, que je vous adore, vous qui
« êtes notre Père, et votre Fils avec vous, et que je mérite de
« recevoir votre S. Esprit qui procède de vous par votre Fils
« unique.»
' Comme S. Hilaire entreprend dans ce douzième livre d'é- Tiii. oàd. p. 4*9.
tablir et de défendre la divinité du S. Esprit, quelques Savans
en ont pris sujet de juger que l'ouvrage ne fut fait qu'après
que Macédonius eut commencé à dogmatiser. 'Mais d'autres hu. iwj. pr. n. is.
f)rétendent qu'il n'y agit que contre les Ariens, comme dans
es autres li \ res, et soutiennent qu'il étoit de son dessein d'établir
contre eux la divinité du S. Esprit, après avoir prouvé celle
* C'eit ainsi qn'on lisoit C6t endroit an porte : Lt Seigneur m'a pottédée au com-
tamt de S. Hilaire, conrurmément à la meneemettt de tet vuïet, ce qui expriim*
version gréqne : au lieu que notre vulgali; mieux l« texte hobreo.
X ij
IVSliCL^.
Till.ibid. p. 450.
CasJ. inst.e.l6. p.
M9. 3.
Hil. ib. n. 35.
.ing. ep. 180. n. 3.
Hiar. ep. crit. p.
163.
«p. 83. p. 657.
Uil. ibid. .
.K| .tM'l
I. t. ad CoDst. p.
f-iiS. lias I Hier.
Vir iU. ibid.
164 S. HILAIRE, EVEQUË DE POITIERS,
du Verbe, sans quoi il ne les auroit pas entièrement réfutés et
vaincus.
' Les Pères tant grecs que latins ont fait beaucoup d'esti-
me de cet ouvrage, et s'en sont souvent servis contre les Nes-
toriens et les Eutychiens. Cassien et S. Ephrem d'Antiocjie
les nomment les livres de la foi, ou sur la foi. ' Cassiodore re-
connoît qu'ils sont écrits avec autant d'éloquence que de pé-
nétration . Cet Ecrivain y compte treize livres, ' ^çms doute
parce qu'il joignoit aux douée ordinaires, le livre des Syno-
des, comme quelques copistes en ont usé dans d'anciens ma-
nuscrits de plus de mille ans, où ce traité est mis immédia-
tement après les douze livres de la Trinité, et compté pour
le treizième. ' S. Augustin admire la manière lumineuse avec
laquelle S. Hilaire explique dans le neuvième livre ces paro-
lescélebres de l'Evangile : que le Fils de l'homme ne sait pas le
jour dit jugement. ' Et S. Jérôme renvoie à l'onzième livre le
)rêtre Amand qui l'avoit prié de lui expliquer comment le
î'ils, après que toutes choses lui auront été soumises, sercftt
ui-même soumis au Père. C'est une question, dit-il, que S.
Hilaire a fort bien éclaircie dans son onzième livre contre les
Ariens.
' Le même S. Jérôme, comme on l'a déjà remarqué, r«-
connoissoit dans cet ouvrage de S. Hilaire le ipême style .dwU
s'étoit servi Quintilien. ' Mais quelques modernes n'en jugent
pas de même, et n'y croient apercevoir d'autre ressemblance
qu'en ce qui re;garde une certaine affectation de subtilité. Il y
a néanmoins cette différence entre la subtilité de ces (Jeux
Ecrivains , que celle de Quintilien peut être affectée; ms^s
que celle de S. Hilaire ne vient que de l'élievation naturelle de
sop esiprit. Ce *er,pit lui fa^re injure que de penser aplr/a^B^t,
et de croire qu'il eîlt écrit comme il a fait, pour faire ipjyrade
d'uije vaine éloquence . Etant le premier des Latins qui,» écrit
çjjfttre les Arieuis, doit-il paroître étrange qu'il se^itexprf^-
in^ en 4es terpies differens de ceux qui sont aujourd'hui à now
tf« usa^e, q.uoiqu'il pensât comme nous surnosmystefÇiB?^.
Augustin observe que S. Hilaire s'est étudié entre autre* chÀr
sfis à y être court ; mais il s'y est encore plus apliqyié à y^^»
dier (|e l'iOrçlie et de la méthode.
8°. ' La seconde requête de S . Hilaire à l'Empereur Con-
stsmcp wivjt ^'#^e;f près les douze livres (Je la Ifm^ , Jglle
fut faita.et préseiitée à Çonstguitiflople, où le l^^çii sje trimi^pjt
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 165
W retour du Concile de Seleucie. Nous avons marqué ailleurs iv siècle.
quels furent le motif, le dessein et l'ocasion de cet écrit. S. '~
Hilaire y parle tout à la fois en exilé et en défenseur de la
foi de l'Eglise, en sujet plein de respect pour son Prince, et
en Evêque qui ne sait rien craindre que de manquer à son de-
voir.
' II commença par déclarer qu'il est un Evêque catholique nam. a.
des Gaules, exilé non pour aucun crime, mais par les brigues
d'hommes satis foi et sans religion. ' Ensuite il demande deux num. 3.
grâces à l'Empereur : une conférence publique avec Saturnin
d'Arles auteur de son exil, afin de le convaincre des fausses
acusations dont il l'avoil chargé ; ' et une audience en pré- nom. s.
sence du Concile qui se tenoit alors, afin de pouvoir parler en
faveur de la foi conformément à la parole de Dieu. ' Comme nom. 3.
la première grâce le regardoit personnellement, il n'insiste
pas pour l'obtenir. ' Mais il demande l'autre avec beaucoup nom. 3. s.
d'instance, comme regardant le bien public, l'avantage de
toutes les Eglises, et celui de l'Empereur même. ' Afin de num. 10.
mieux engager ce Prince à la lui acorder, il lui proteste
qu'aiant à parler devant lui et en présence d'un Concile divisé
sur une affaire de cette importance, il ne dira rien qui ne soit
à l'honneur de son Empire et de sa religion, et qui ne tende
à l'union et ;i la paix de l'Orient et de l'Occident. ' Et pour nom. s. 10.
Dje le pas laisser douter de la parole qu'il lui donne, ill'assure
qu'il n'emploiera que les expressions propres de l'Ecriture.
' Il ne laisse pas néanmoins de lui représenter dans cet écrit nom. *. 7.
d'une manière aussi vive qu'admirable, la confusion, le désor-
dre, le danger où mottoient la foi tant de différens synaboles
et formulaires que l'on fabriquoit tous les jours. « Quand nom. *.
« une fois, dit- il, on a pris le parti de faire de nouvelles for- •
« mules de foi, au lieu de s'en tenir à celles qu'on avoit re-
« eues de ses pères, on ne se met plus en peine de défendre
« celles-ci, et l'on ne tient pas fortement aux autres. De sorte
« que la foi est devenue la foi des tems plutôt que la foi de
« lEvangile : Et facta est fides temporum potïus quam Evan-
« geliorum. C'est ce qui arrive pour vouloir faire tous les ans de
« nouveaux symboles, au lieu de s'en tenir à la foi que nous
« avons professée au baptême. C'est une chose tout4i-fait déplo-
« rable que le danger qui nous menace. On voit aujourd'hui au-
« tant de ces différens symboles qu'il plaît aux particuliers d'en
« proposer . Nous sommes aussi parIagéS;aurla,4Qctrijje, que ^î-
1 2
166 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
I V siEc L E. « ferens en nos manières d'agir. Autant de reproches que l'on
« se fait, autant de sources de blasphèmes,... De sorte qu'à
« force de varier sur la foi, l'on commence à n'en avoir au-
« eu ne.
nom. 6. « ' On la cherche ensuite cette foi, comme sî nous n'en avions
« point. On la rédige par écrit, comme si elle n'étoit pas déjà
« écrite dans notre cœur. Après avoir reçu par la foi une nou-
« velle naissance, on veut no;is remetire à oprendre notre foi,
« comme si cetle nouvelle naissance avoit pu se faire, sans que
« nous fussions instruits de ce que nous devons croire. On veut
(. nous instruire sur Jesns-Christ après notre baptême, comme
« s'il pouvoit y avoir un baptême ' sans la foi et la connoissance
nom. 5. « de Jesus-Christ. ' Hélas ! tandis que l'on se bat sur des termes,
« que la nouveauté partage les esprits, que l'on fait servir ce
« qui a un double sens à entretenir ses divisions, que tout re-
« tentit des plaintes que l'on fait contre ceux qui écrivent , que
« l'on fait les difficiles pour s'acorder, que l'on se traite mutuel-
« lement d'hérétique, on est bien près de voir que personne ne
« sera à J. G. »
Il faudroit copier l'écrit en entier, si nous voulions en ra-
nnm. M. porter tous les traits dignes de remarque. ' S. Ililaire le termi-
ne par une belle profession de foi sur la consubslantialité du
Verbe.
incongt. p. 1137. 9°. ' Le livrc ou l'invective contre l'Empereur Constan-
**®" ce fut fait aussi-tôt après la seconde requête à ce Prince,
et à l'ocasion, comme il paroît, du relus qu'il fit d'écou-
Hier. vir. iii. c. ter la pricre de Saint Hilaire. ' Saint Jérôme prétend néan-
*""■ moins, et quelques autres après lui , qu'il ne fut composé
qu'après la mort de cet Empereur. Mais il n'y a qu'à lire le
commencement de cet écrit pour se convaincre de l'époque
HU.ibid. n. j. que nous lui assignons. ' S. Hilaire y compte clairement cmq
années commencées depuis que lui et les autres Evêques des
Gaules s'étoient séparés de la communion de Saturnin d'Ar-
les, d'Ursace et de Valens : ce qui revient à l'an 360, lorsque
le Saint étoit encore à Constantinople.
TOI. ibid. p. 751. ' D'ailleurs il seroit hors de toute aparence qu'un homme
™' aussi grave et aussi sincère que S. Hiiaire, eût été capable de
faire un livre tel que celui-là après la mort de Constance,
* s. Hilaire parle ici da baptême tel l'on avoit grand soin d'ia>traire tnptn-
qu'on le confaroit de son tcms. Alors on vant des mystères de notre foi.
ne le donnoit presque qu'aux adultes, que
753.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET GONFESS. 167
lorsque tout ce qu'il y dit auroit été faux, et n'auroit plus sub- iv siècle.
sisté. Mais ce qui a pu tromper S. Jérôme, c'est que S. Hilaire
ou par le conseil de ses amis , ou par d'autr< s motifs aura pu
suprimer ce livre jusqu'après la mort de cet Empereur. ' En Fieu. h. e. t. 3. p.
effet on croit qu'il ne le publia qu'après la mort de ce Prince; ^"'
et plusieurs doutent qu'il soit achevé. ' Cependant le dernier hh. iWd. diss. n.
Editeur des ouvrages de S. Hilaire assure qu'il est entier, quoi- ""
qu'il paroisse avoir reçu des additions considérables par des
endroits des livres de la Trinité que l'on y a joints, depuis le
nombre 28 jusqu'au 33 : additions que cet Editeur a mises en
caractères differens de ceux du reste de l'ouvrage, pour mar-
quer qu'elles lui sont étrangères.
' S. Hilaire parle dans cet écrit avec beaucoup de feu , et in Const. n. 7. a.
y déclame avec véhémence contre la conduite de l'Empe- "•*^*'-
reur En y décrivant la persécution qu'il faisoit ii l'Eglise, il ne
craint pas de dire qu'elle surpassoit celles qu'elle avoit autrefois
souffertes de la part des Nerons, des Dtces, des Maximiens.
Il va même jusqu'à traiter plusieurs fois Constance d'Anté-
christ. De sorte que l'on ne peut nier que le style de cet écrit
ne soit très-vif et très-véhément.
' Mais les circonstances des tems le demandoient. La per- diss. n. 7.
sécution s'échauffoit de nouveau; et un style froid et plus mo-
déré n'auroit produit aucun fruit. Les esprits étoient frapés de
la terreur que jcUoient par-tout les cdils du Prince ; et il fal-
loil crier pour se faire entendre. Ce seroit faire injure à un S.
Evêque aussi brûlant de charité, aussi rempli de douceur, et
aussi porté ;i la modération, que l'etoit S. Hilaire, comme il
paroit par tout ce que nous en avons dit jusqu'ici, que de croi-
re que le feu et la vivacité qu'il fit paroître en cette ocasion ,
fussent l'tffet de quelque passion déréglée', comme de son res-
sentiment contre Constance qui Tavoit exilé, ou du mépris
«ju'il auroit fait des puissances séculières.
' Il a eu soin de prévenir lui-même ces deux fausses idées inConst. n. 2. 3.
que l'on auroit pu prendre de son (crit. Il dit à l'égard de la
Première, que si l'on fait atention à l'injure qu'il a reçue par
exil qu'il souffre en paix depuis tant d'années, et au silence
qu'il a gardé depuis ce tems-là , de peur qu'il ne passât pour
un homme qui ne pensant qu'à lui seul auroit cherché à se
justifier, personne qui fera usage de sa prudence ordinaire,
ne jugera que ce soit ni l'impatience ni la colère qui le fasse
parler de la sorte. ' Ce n'étoit pas non plus le mépris pour les fr. 1. n. 5.
108 S. HILAIRÉ, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, puissances, puisqu'il étoit persuadé, comme ilTen^ifigne hii-
même, que l'on ne peut avoir trop de respect pour son Sou-
inconst. n. 6. vcraiu, la roïauté étant d'institution divine. ' Il est vrai qu'il a
scnli lui-même que c'étoit pousser bien loin la hardiesse, et
que l'on pourroit le taxer de témérité, que d'oser donner
à Constance la qualification d'Antéchrist. Mais il prouve en
même tems que de le faire dans les circonstances et dan» le
dessein qu'il le faisoit, cette espèce de témérité n'étoit que l'ef-
fet d'une constance soutenue par la foi, et une saillie de sa-
gesse, non de légèreté; de confiance, non d'emportement,
nnm. 1. ' H n'y cut donc que de saints motifs qui le portèrent à par-
ler avec tant de force et de liberté. 11 nous les découvre lui-
même ces motifs , et ils valent bien la peine d'être remarqués.
Ce fut 1 . le désir de justifier son silence sur les maux de VE-
glise, silence qu'il regardoil comme une marque de défiance
et de pusillanimité plutôt que comme un effet de modéra*
tion et de retenue ; parce, dit-il. qu'en ce cas il n'y a pas moins
de péril à se taire toujours, qu'à toujours parler : quia non mtnUs
nnm. 3. 9. pericuH €st semper tdcuisse , quammmquam. 2.' L'obligation où
il se croioit être de parler, et de parler pour la défense de la cause
nom. 1. de J. C. cui ex reliquo me intelligo dcbere, ne taceam. 3. ' L'a-
mour de la vérité qui lui faisoit craindre que manquant à l'an-
noncer, comme il s'y sentoit intérieurement porté, il ne fût en-
traîné dans le mensonge par l'esprit d'erreur : et per Spiritum
Sanctum sequamur veritatem, ne per spiritum erroris credth-
mus mendacio. 4. Enfin l'ardeur qu'il avoit pour le martyre,
ce qu'il exprime par ces paroles toutes de feu : ad martyrium
per ea* voces exeamus. . . commoriamur Christo.
De sorte que cet écrit, à le bien prendre, n'est qu'une jus-
tification du silence que S. Hilaire se reprochoit d avoir gar-
dé si long- tems, malgré la nécessité de parler, et un effet du
juste zèle qui l'animoit pour la défense de la foi, qu'il voïoit
(Usa. n. î. ataquée si puissamment de toutes parts. ' Au reste quelque dif-
férence qu'il y ail entre le style de cet écrit et celui du traité
des Synodes, il ne faut pas croire pour cela que S. Hilaire eût
cliangé ni de dessein ni de sentiment, ou qu'il eût moins dans le
in Const. n. 2. cœur l'amour de la paix. ' Il y déclare expressément qu'il étoit
toujours disposé à écouter les justes propositions qu'on poor-
disj.ibia. roit lui faire. ' Seulement la face des choses étant changée,
il s'étoil trouvé engagé à changer aussi sa manière de parler.
Cet écrit contiefit plusieurs faits curieux et interessans, qui
regardent
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 169
regardent l'histoire, sur-tout les vexations des Ariens contre iv siècle
les Catholiques. Et l'on y doit d'autant plus faire de fonds,
'que l'auteur proteste plus solennellement ne rien avancer inconst.n. 6. u.
qui ne soit certainement vrai. L'on y trouve aussi quelques **•
particularités touchant le Concile de Seleucie, que Ton cher-
cheroit inutilement aiih uis. Le Saint y a encore inséré di-
vers raisonnemens qu'il opo3e à la plupart des subtilités qu'em-
ploient les Ariens pour soûtt nir leur hérésie. C'est ce qui
a donné occasion d'y faire des additions prises des livres de
la Trinité, dont nous avons déjà parlé. ' Il est à observer que num. e. "
S. Hilaire y cite comme Ecriture sainte le second livre des
Maccabées, et qu'il donne le titre de Martyr à l'un de ceux
dont il porte le nom.
Cet opuscule de S. Ililaire contre Constance et ses deux
requôtes au même Prince, sont placés de suite dans la nou-
velle édition de ce Père, suivant l'ordre que nous leur don-
nons, et qui est le plus naturel. Mais dans les éditions pré-
cédentes cet ordre est si renversé , que le livre contre Con-
stance y tient le premier rang.
10". ' Nous avons de S. Ililaire un autre ouvrage, ou plù- fr.p. UTS-iâe».
tôt les débris d'un , ou même de deux autres ouvrages , sous le
titre de Fragmens. La suite du titre porte que ces fragmens
sont tirés du livre de S. Ililaire de Poitiers dans la province
d'Aquitaine , qui explique entièrement de quelle manière ,
)Our quelles raisons, et à l'instance de qui l'on assembla sous
'Empire de Constance le Concile de Rimini contre le sym-
3oIe de Nicée qui avoit réprimé toutes les hérésies. On a abré-
gé ce titre au haut des pages, où on lit les fragmens de l'ou-
vrage historique de S. Hilaire , ' conformément à ce qu'on adm. nnm. j.
trouve dans les manuscrits à la fin d'un des fragmens.
' Personne ne doute que ces précieux débris n'aient fait au- n. ♦. s.
Irefois partie de quelque ouvrage de S. Hilaire. Quelque con-
fusion qu'il s'y trouve, sur-tout dans les manuscrits, et quel-
ques défigurés qu'en soient certains endroits, on y reconnoît
encore tout le génie du S. Docteur. Il ne faut même que lire
le premier fragment pour découvrir tous ses caractères.
On ne fait pas non plus difficulté de croire que l'ouvrage n- 12 i3.
d'où ces fragmens ont été pris , ne soit ' l'écrit contre Ursace Hier. ibid.
et Valens, qui contenoit l'histoire des Conciles de Seleucie
et de Rimini, et que S. Jérôme compte entre les autres ou-
vrages de S. Hilaire. La plupart des pièces que contient le
Tome I. Sec. Part. Y
1 2 *
170 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, recueil dont nous parlons, justifient de reste cette idée, par
raport au Concile de Rimini. Mais il n'y paroît rien pour assu-
rer la même chose du Concile de Seleucie. 11 ne faut peut-
être s'en prendre qu'à l'Abréviateur, qui aura pris ce qui au-
ra été de son goût, et laissé le reste. Car il y a toute aparence
que ce recueil de fragmens n'est autre chose qu'un abrogé
mal assorti, que quelque personne peu habile et de mauvais
goût aura dressé dans les siècles d'ignorance, où les gros livres
n'étoient ni lus ni goûtés , pour quelque dessein particulier
au'il avoit en vùë. Ensuite cet abrégé aura fait négliger et per-
re l'original, comme il est arrivé à tant d'autres. Après tout
si l'on se fût bien passé du travail de l'Abréviateur, on doit
néanmoins lui avoir obligation pour les pièces originales qu'il
a insérées dans son abrégé.
Quoiqu'il en soit, outre l'ouvrage contre Ursace et Valens
que l'on reconnoît en partie (lans ces fragmens, on y aperçoit
encore le dessein et des débris d'un autre ouvrage encore plus
considérable. C'est ce qui paroît a.ssez visiblement et par la
préface dont on a fait le premier fragment, et par divers au-
tres endroits de la suite. N'importe que le litre ne fasse men-
tion que d'un seul écrit. Il est clair que ce titre est arbitraire,
et ajouté après coup. La préface en particulier annonce quel-
que chose de plus que l'histoire des Conciles de Seleucie et
ae Rimini.
»!. fr. 1. n. 4. ' En effet S. Ililaire y promet un ouvrage d'importance et de
très-grande étendue , ùpiis tcnto grave et multiplex : un ouvrage
3ui soutTroit de grandes difficultés, et qui deinandoit beaucoup
'esprit, à cause des ruses diaboliques dont les hérétiques s'é-
toient servi dans le personnage qu ils avoient joué : un ouvrage
contre lequel la dissimulation de plusieurs et Ja crainte des au-
tres feroient naître de forts préjugés, et qui surprendroit dans les
lieux mêmes où les choses s'étoient passées, et où lui qui le com-
posoit, se trouvoit actuellement, parce que l'on ne s'atendoit
pas à une telle production : un ouvrage qui devoit contenir des
choses déjà passées depuis long-tems, mais que le silence que
l'on avoit gardé, rendoit nouvelles : un ouvrage dont à l'oca-
sion d'une paix masquée conclue depuis long-tems, on avoit
presque oubhé le sujet qu'il se proposoil d'y traiter, mais que
d'insignes trompeurs faisoient revivre par une fourberie recen-
I""". s. te et pleine d'impiété : ' un ouvrage où il alloit examiner avec
un soin tout particulier toute la grande affaire de l'Arianisme ,
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 171
propensiore curarem omnemhocvolumine placuit exponere:* iv sikcliï.
un ouvrage enfin qui devoit commencer par ce qui s'étoit passé Tm~û~i~îrT
au Concile d'Arles en 353, et où l'on trouveroit les actes de ce nnœ. 7.
grand nombre de Conciles tenus sur cette affaire, avec les
letres écrites sur le même sujet. Voilà l'idée juste que S. Hi-
laire donne lui-même de s'on ouvrage : idée magnifique qui
doit nous faire extrêmement regreter la perle d'un monument
aussi précieux.
Il est clair, sans qu'il soit besoin de s'arrêter davantage à le
prouver, que tous ces caractères suposent autre chose qu'une
simple histoire des Conciles de Seleucie et do Riniini, qu'ils
ne présentent rien de moins à l'esprit que l'idée d'une histoire
entière de l'Arianisme en Occident. Nous disons en Occident :
1°. parce que cette histoire commençoit par le Concile d'Ar-
les, qui fut le premier coup d'éclat des Ariens dans cette se-
conde partie du monde : 2°. parce que S. Hilaire parlant des
lieux où les choses s'étoionl passées, et où il demeuroit lors-
qu'il les écrivoit, et nommant ensuite la ville d'Arles, il dési-
gne l'Occident : 3°. parce qu'il avoit déjà fait pour la plus gran-
de partie l'histoire de ce qui s'étoit passé en Orient dans son
traité des Synodes.
Ici l'on ne sauroit légitimement nous oposer le silence de S.
Jérôme, comme s'il n'avoit pas connu l'ouvrage de S. Hilai-
re dont il est question. Nous avons montré ailleurs qu'il est
très-probable que ce Père en a eu connoissance, et que l'aïant
pris pour une suite, ou même pour la seconde partie du livre
des Synodes, parce qu'il traitoit en particulier des Conciles
tenus en Occident dans l'affaire de l'Arianisme, c'est pour cela
' qu'il nomme le livre des Synodes un très-long iTQ\iè,prolixum Hier. ep. ♦. p. «
valde de Synodis librum. S. Jérôme auroit-il pu avec vérité
nommer ainsi cet écrit, qui est très-court tel que nous l'avons,
s'il n'avoit pas eu une suite ou une autre partie encore plus con-
sidérable?
Il doit donc demeurer pour constant que les fragraens qui
nous restent de S. Hilaire, outre l'ouvrage contre IJrsace et
Valens, suposent encore une histoire entière de l'Arianisme
en Occident. ' S. Hilaire entreprit celui-là, comme l'on croit, hu. fr. n. n. u.
et commença à y travailler dès qu'il étoit à Çonstantinople
en 360. Mais il ne le continua que par intervalles, et n'y mit
la dernière main que plusieurs années après.
' A l'égard de l'autre ouvrage, S. Hilaire ne le composa fr <• »• »• *•
Y ij
172 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, qu'après son exil, mais du vivant de l'Empereur Constance :
. ce que l'on doit raporter à l'an 301. C'est ce qui paroît par la
préface que l'on nous en a conservée en son entier, comme
i:ii fi. i.D. 1.2. il semble, et qui est vraiment digne de son Auteur, ' S. Hi-
laire y parle d'abord des avantages de la foi, de l'espérance,
de la charité, et- de l'excellence de celle-ci au-dessus des au-
num. 3. 1res. ' Il dit que c'est par la force de cotte charité qu'il a eu le
bonheur de rendre, avec plusieurs autres, témoignage à la vé-
rité persécutée, de demeurer attaché à J. C. de mépriser les
pompes, les délices, les commodités même de la vie présente,
et de leur préférer son devoir.
nom. 4. 5. ' H fait cusuite une courte mais vive peinture de la persécu-
tion que Constance continuoit de faire à l'Eglise.
nom. 5. ' S. Hilaire se plaint encore dans cette préface de ce que
Constance interposoit son autorité dans les jugemens des Evo-
ques; de ce qu'il jugeoit lui-même sans connoissance de cau-
se; de ce qu'il avoit fait condamner par force S. Athanase,
nam. 4. quoiqu'abseut. ' Il y traite d'erreur l'opinion où étoit presque
tout le monde, à l'égard des Evêques exilés pour avoir refusé
de souscrire à la condamnation de ce grand Evêque, en pré-
tendant que cela ne valoit pas la peine qu'ils s'exposassent 4
num. 6. l'exil. ' Il y rend un illustre et magnifique témoignage à la gé-
nérosité que fit paraître S. Paulin de Trêves dans le Concile
num. 7. d'Arles en 353. ' S. Ililaire finit celte belle préface par exhor-
ter à lire son ouvrage d'un bout à l'autre avec une sérieuse
atention, et par montrer qu'il en vaut bien la peine. « Il s'y
« agit, dit-il, de la vraie connoissance que l'on doit avoir di^
« Dieu, de l'espérance des biens élernels, du point précis 014
« l'on pourra trouver la vérité sans altération. Il est donc bien
« juste, conclut-il, que s'agissant de choses aussi importantes,
« chacun ne néglige rien pour s'en instruire, afin qu'il soit en
« état de s'en tenir à son propre jugement, sans être obligé de
« s'en rapporter à l'opinion des autres. »
Les autres principales pièces contenues dans ce recueil
sont la letre synodale du Concile de Sardique en 347, celle
du Conciliabule de Pliilippople la même année, plusieurs le-
tres du Pape Libère, quelques-unes d'Ursace et de Valens,
divers monuraens qui concernent le Concile de Rimini e^
359, la letre synodale du I Concile de Paris en 361 .
Nicolas le Févre fut le premier qui tira de la poussière ce
recueil de fragmens. Il le publia à Paris en 1598, sur un ma-
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 173
nuscrit de la bibliothèque de Pierre Pithou, avec une savan- iv siècle.
te préface de sa façon, et des commentaires du même Père ^
sur quatre Pseaumes qui n'avoient pas. encore vu le jour. Dans
la suite ces fragmens ont été joints aux autres écrits de S. Hi-
laire dans les éditions qui en ont été faites. Les pièces qui les
composent y sont placées fort confusément. Dom Coûtant
dans la dernière édition de ce Père a cru les devoir mettre
selon l'ordre chronologique : ce qui y répand beaucoup de
lumière.
11°. ' L'écrit ou Manifeste contre Auxence Evéque Arien de m\. m a«x. p.
Nilan est adressé aux Evêques et à tous les peuples qui demeu- **^-**'*'
rent dans la foi de leurs pères, et qui détestent l'hérésie Arie-
ne. ' S. Jérôme en parle comme d'une fort belle ^lece^ elegans Hier.vir. m. ibid.
libellus. ' S. Hilaire la composa en 364, lorsqu'il étoit à Milan, hii. ibid. .i.im. n.
comme nous l'avons déjà dit. Toutefois Baronius et Blonde! **•
trompés par une fausse leçon, ont cru qu'il ne l'avoit faite
qu'en 369 ; mais il y avoit un an que le Saint n'étoit plus au
monde. ' Elle est diversement intitulée dans les manuscrits, num. g.
Les uns lui donnent pour titre Letre aux Catholiques tou-
chant Auxence ; d'autres, Traité ou Livre contre les Ariens
ou Auxence de Milan.
' Comme l'Empereur Valentinien \, qui avoit d'ailleurs du in. Aux. n. 7.
Christianisme, avoit publié un fâcheux édit pour rétablir la •
paix dans l'Eglise de Milan entre les Catholiques et les Ariens,
et que ceux-ci se couvroient du spécieux prétexte de paix pour
se maintenir, ' S. Hilaire débute par établir en quoi consiste nnm. i.
une paix véritable. 11 soutient qu'il n'y en a point d'autre que
celle de J.>^j. et que cette paix supose un acord parfait de l'E-
glise avec l'Evangile. 11 ajoute que c'est cette paix ou trou-
blée ou même bannie qu'il a tâché de rapoller et de suivre;
mais que les désordres de son siècle lui ont envié ce mérite,
et que les mauvais ministres de l'Eglise précurseurs de l'An-
téchrist y ont formé un obstacle insurmontable.
' Il déplore ensuite les malheurs de son temps, où Ton croïoit nnm. 3. i. s.
les secours humains nécessaires pour soutenir la cause de Dieu,
et où l'on emploïoit à force la puissance temporelle pour dé-
fendre l'Eglise de J. C. Il montre qu'il n'en a pas été de mê- num.3.4.
me du tems des Apôtres et de leurs successeurs. ' C'est pour- num. 3.
quoi il exhorte ceux à qui il adresse son écrit, de ne pas re-
chercher la protection des Rois de la terre ; parce que i'Eglii»
se ne s'est acruë qu'au milieu de leur haine et de leurs perse-
174 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, cutions. 'Il les conjure de ne pas faire consister la paix dans
.„;, j .„ „ ,, des bâlimens de bois et «Je pierre, de peur de lomb r dans
1 heresie, en sataclianl avec excès a ces Eglises maiérieiles,
où l'Antéchrist doit s'asseoir un jour.
nnm.6. ' S. Hilaire y réfute aussi, mais en pf^u de mots, quelques-
uns di s Sopliismes des Ariens, et s'atache plus particulière-
ment à réfuter la profession de foi d'Aiixence. Il en pesé les
termes, en découvre les ruses et les subtilités affectées, en fait
sentir le venin ; et afin que tout le monde en puisse juger par
nom. 13-15. la lecture, ' il la raporte en son entier à la fin de son écrit. " Il
• num. 7. y avoit joiut aussi la relation de ce qui s'étoit passé dans la
conférence qu'il eut avec cet iCvêque Arien, mais elle ne s'y
trouve plus aujourd'hui. Peut-être y avoit-il ajouté encore la
requête qu'il présenta à l'Empereur pour obtenir cette con-
férence.
Il faut avouer qu'Auxence n'est point épargné dans tout cet
écrit. 11 n'y a pas au reste de quoi s'en étonner. S. Hilaire fait
voir qu'il étoit un Arien dangereux, et qu'il y alloit du .salut
de beaucoup de monde de le faire connoître pour ce qu'il
étoit. Il y avoit plus de preuves qu'il ne falloit, que c'étoit un
num. 8. Arien déclaré. ' Il avoit été ordonné Prêtre dans la secte mê-
me d'Arius à Alexandrie sous le fameux Grégoire usurpateur
fr. 11. n. 4. du siège du grand Athanase ; ' et il y a toute aparence que c'est
ce même Auxence que le Concile de Paris en 361, excom-
munia avec Ursace, Valens, et (laïus, à la prière des Evê-
in Au», n. 5. qucs d'Oricut. ' Ce qui le fait croire, c'est que S. Hilaire comp-
te Auxence avec ces mêmes insignes Ariens, qu'il lui asso-
cie, pour autant de successeurs d'Arius.
inPs. p. 1-596. 12". ' Enfin nous avons de S. Hilaire un commentaire sur
adm. n. 8. les Pseaumcs, ' que'l'on regarde comme l'un desderniers fruits
de ses veilles. 11 est au moins certain qu'il fut composé après
in Ps. 67. n. 15. SCS livrcs dc la Trinité, ' qu'il indique en écrivant sur le Pseau-
me 67, où il touche les hérésies d'Ebion, de Photin, d'Arius
adm. ibjd. et de Sabellius. ' On croit même trouver dans l'ouvrage de.
quoi prouver que S. Hilaire ne le fit qu'après son retour de
num. M. SB. Milan en 364. On donne aussi d'assez bonnes preuves pour,
nous persuader, qu'il aura d'abord prononcé ce commentai-
re devant son peuple en forme d'homélies; après quoi il le
rédigea en la forme que nous l'avons en y faisant quelques
changemens.
iu Pi. p. 1-596. ' Nous n'avons aujourd'hui dans ce commentaire que les
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 17o
explications de 79 Pseaumes: des 1, 2,9, 13, 14, depuis le 51* iv siècle.
jusqu'au 69% du 91% et depuis le 1 1 8 jusqu'au dernier. 'S. Je- Hier. vir. iii. iwd.i
rôme, qui parle souvent d • cet ouvrage, et qui l'avoit à lui, «p. 4. p. 6.
dit qu'il consistoit, selon ce qu'il en avoit dans son recueil, en
un commentaire sur les mêmss Pseaumes que nous venons de
marquer, hors les 9, 13, 1 i, 03, Oi, G.'), 0(5, 67, 68, 69, et
91. ' Cassiodore ne recoimoit pareillement de S. Hilaire que casd.iMt. c. 4.p.
des explications de quelques Pseaumes. **'■ *"
'Mais cela n'empêche pas que l'on ne croie que notre Saint Hn.inPs. »dm. n.
a comment*^ tout le Pseautier. C'est ce qui paroit tant par les *' '"
commentaires sur plusieurs Pseaumes que nous avons, et qui
manquoient à S. Jérôme, que par plusieurs auteurs, dont S.
Ililaire fait lui-même mention en divers endroits de ses écrits.
' Aussi Fortunat Auteur de la vie de ce Saint dit-il en parlant nom. 7.
de cet ouvrage, que c'étoit une explication complète de tous les
Pseaumes : librum Psnlmorwn, ou Scr/pta Davidici carminis
sermone cothurnato per sinf/u/a reseravit. ' S. Jérôme même, Hier. cp. 7. p.6î7.
qui depuis qu'il avoit lini son traiti' des Ecrivains Ecclésias-
tiques, avoit peut-être recouvré ce qui lui manquoit de ce com-
mentaire, reconnut dans la suite qu'il étoit entier. C'est dans
sa letre 74* à S. Augustin, où faisant l'énumôralion de ceux
3ui ont écrit sur les Pseaumes, et ne prétendant jiarler que
e ceux qui ont expliqué tout le Pse^utior, sed nunc de intsgro
psatmorum corpore dicimus, met expressément S. Hilaire de
ce nombre, apiid iMùios aulem Ililarius Pictaviensis .
On ne peut donc raisonnablement douter que S. Hilaire
n'ait commenté tous les Pseaumes. C'est ce que supose assez
manifestement la préface qu'il met à la tête de son ouvrage. Il
n'y a qu'à la lire avec atention pour en convenir de bonne
foi. 'En effet après qu'il y a éclairci en peu de mots les prin- iiii.in. Pi. pr. n.
cipales difficultés qui regardent les Ps'-aumes en général, il dit *^-
sans user de restriction qu'il va les expliquer eux-mêmes. Ce-
pendant nous n'a ons point ces commentaires entiers, com-
me l'on vient de voir. 11 nous en manque plusieurs traités, qui
sont ou perdus, ou cachés dans les bibliothèques. Peut-être
en sortiront-ils peu à peu. Le dernier Editeur de S. Hilaire en
a encore recouvré deux, et le commencement d'un troisième,
qui n'avoient pas encore paru. C'est l'e.xplication des Pseau-
mes 9% 91*, et des premiers versets du 13*.
' S. Hilaire dans sa préface ne reconnoît point tous les Pseau- nom. i. s.
mes pour être de David. Il atribuë ceux qui portent un autre
176 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, nom dans le titre, aux Prophètes qui y sont nommés. C'eèl
pourquoi il ne voudroit pas que l'on dit, les Pstaumes de Da-
vid, mais le livre des.Pseaumes conformément au titre que
nom. 3. 4. lui donnent les Actes des Apôtres. ' Il prétend sur une ancien-
ne tradition qu'il dit dans la suite être venue d'Esdras, que les
Pseaumes qui sont sans nom d'Auteur, apartiennent au Pro-
nnm. «. phéto qui cst uommé à la tête de celui qui précède. ' Il remar-
que cependant que ceux qui portent dans quelques exemplai-
res les noms de Jérémie, d'Aggée et de Zacharie, ne sont
point de ces Prophètes. La raison qu'il en donne, e.st qu'ils
ne portent point ces noms dans les meilleurs exemplaires de
la version des Septante, qu'il regarde comme autnentique,
ni dans quelques autres exemplaires grecs et latins.
num. 5. 6. 'Il soutient que tout ce que contiennent les Pseaumes, re-
garde la nouvelle alliance ; (ju'il n'y faut chercher que J. C.
ses mystères et son Eglise ; qu'on ne peut en avoir l'intelligen-
ce qu'en l'entendant de celte sorte ; et que c'est pour cela que
nnm. «. les Pseaumcs sont un livre scellé par les gens charnels. ' 11
fait mention de la coutume qu'observoient les fidèles de ne
point jeûner ni se prosterner dans la prière les jours de Diman-
che.
nnm. 8. ' Il marque croire sur la tradition que ce fut Esdras qui re-
cueillit en un volume les Pseaumes auparavant épars. Mais il
soutient que ce fut les Septante qui les mirent dans l'ordre
Su'ils ont, et qui les divisèrent comme nous les avons aujour-
'hui.
■n p». I. n. 6. ' Sur le second verset du premier Pseaume, il observe que le
Prophète exige autre chose que la crainte pour l'observance
de la loi de Dieu. C'est pourquoi, dit-il, heureux estl'honvme
num. 7. qui y demeure ataché non par crainte, mais par amonr. 'Il
y explique admirablement de quelle manière on peut médi-
ter jour et nuit cette sainte Loi, et prier sans cesse suivant le
f)récepte de S. Paul. On s'acquite de ses devoirs, dit-il, si
g jour et la nuit on se conduit conformément à cette loi, et
que l'on ne fasse rien que d'agréable à Dieu, et qui tende 4
sa gloire,
in p». s. n. s3. ' En Commentant le second Pseaume, il parle avec beaucoup
d'éloge et du savoir des Septante, et de leur version gréque
de l'Ecriture. Il dit qu'ils étoient les dépositaires des myste-
, ., re» les plu» secrets de la Loi, et que ce dépôt étoit passé de
num. 16. main eii' iMW depuis Moyse jusqu'à eveH. 'Dans h suite du
commentaire
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET CONFESS. 177
commentaire il établit fort bien la liberté de l'homme, et re- iv siècle.
jeté toute prémotion nécessitante. ' Il y parle des deux natu- „„„. 23.
res en J. C. presque comme l'on a fait depuis l'hérésie qui les
a confondues. ' Sur la (in il enseigne clairement qu'aussi-tôt num. 48.
après la mort les médians sont précipités dans l'enfer, et les
justes conduits j)ar les Anges dans le séjour des bienheureux.
Nihil illic dilationis nul morœ est.
' Le traité sur le neuvième Pseaume ne contient, tel que inP». 9. n. 1. *.
nous l'avons, que l'explication du titre seul. On y trouve à la
fin de quoi justifier ce (jue nous avons avancé, savoir que S.
Ililaire avoit d'abord prononcé ces traités devant son peuple,
avant que de leur donner la forme de commentaire. 'La mê- inP». 13. n. e.
me preuve se rencontre à la fin du treizième Pseaume.
Saint Ililaire l'expliquant y montre d'abord avec quel res- nnm. 1.
pectondoit ou traiter, ou entendre la parole de Dieu. 'Il y nom. 3-5.
parle ensuite de la chûlo du genre humain, des péchés qu'elle
a atirés après elle, et de la nécessité où il étoit d'un souverain
Médecin. « Ni Moyse, dit il, ni Elie, ni les autres Prophètes
« ne l'avoient pu donner. Toutes les œuvres de la loi etoient
« trop impuissantes pour guérir de si grands maux. Il falloit un
« Médecin qui par un seul et même remède pût guérir un si
« grand nombre de diverses maladies dont tout le monde est
« infecté. »
' Sur le quatorzième Pseaume il enseigne que hors de l'Eglise m p». 14. n. 4.
il n'y a point de ciel à espérer, ' et que les meilleures actions nnm. 8.
sans la loi ne rendent point saints ceux qui les font. ' 11 y par- nom. 10.
le du mensonge officieux comme utile en certaines ocasions,
par exemple, pour tromper un malade que l'on ne peut gué-
rir autrement; ' mais il est à croire que S. Hilaire avoit pris not. iwd.
ce sentiment d'Origen(;, comme oii l'a marqué à la marge
dans l'une des premières éditions de ses ouvrages. ' Dans la nnm. 15.
suite il condamne fortement l'usure comme tout-à-fait indi-
gne d'un Chrétien. Ce qu'il dit à ce sujet, est très-pathétique.
' Sur le 51'' Pseaume il enseigne que quelques bonnes œu- inP». 51. n. 53.
vres qu'on puisse avoir faites, et quelque sainteté qu'on ait ac-
quise, on a toujours besoin de la miséricorde de Dieu, qui
est un plus grand mérite que tout le reste.
'En expliquant le P.scaume suivant, il parle du renonce- in Ps. ss. n. 12.
ment de S. Pierre, comme ne lui aiant pas fait perdre la foi
et la résolution de confesser Jésus-(^lirist jusqu'à l'effusion de
son sang. 'Au verset troisième de ce Pseaume il fait une sortie nnm. 13.
Tome I. Sec. Pari. Z
178 S. IIILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
fv sjKCT.E. sur ces Pasteurs qui mangent le peuple deDifu, comme por-
te ce verset; « qui selon l'expression de l'Apôtre, f.nt leur
« l^ieu de leur ventre ; (|ui convertissent leur ministère en un
« négoce honteux ; qui s'enrichissent des ofVrandes et des dons
« du peuple ; qui se font faire des festins somptueux sous pré-
« texte de religion, qui remplissent leurscaves et leurs greniers
« de ce que la pif'lé dos fidèles leur fait offrir, sans qu'ils en
« aient besoin, et qui devroit servir, suivantl'instilMtion des Apô-
« treS;hla nourriture journalier' de ceux qui renoncent au mon-
« de, ou qui sont dans l'indigence. »
1. n.7.8. 'Kn expliquant le l's'annie 118% il dit que tout ce monde
est r mpli d'Anges, ( t qu'il n'est rien à quoi leur ministère ne
s'élend<'. Qu'ils sont témoins non seulement de toutes nos ac-
tions, mais aussi de nos plus secrètes pensf^-es. De-là il tire cet-
te belle reflexion morale, qui si l'on craint de faire le mal,
lorsqu'on a quelqu'un pour tr'moin de son action, l'on doit à
f)lus forte raison craindre de commettre le moindre péché sous
es yeux de ces bienlieureux Esprits à qui rien n'échape.
Nous passerions les bornes que nous nous sommes prescri-
tes, si nous poussions plus loin ces extraits. En voil;\ assez pour
faire juger du mérite de l'ouvrage. Il est parsemé de mille au-
tres traits sur le dogme, la morale et la discipline, semblables
à ceux que nous venons de raporter^ et toucliés avec une lu-
mière qui éclaire l'esprit, une pieté qui embrase le cœur,
une onction qui inspire du goût et de l'amour pour les véri-
tés qui y sont énoncées.
Ang.injni. x.i.n. ' Lcs Peres I atinsont fait beaucoup de cas de ce commen-
*'■*'' taire de S. Hilaire. S. Augustin en a emploiV' plusieurs passa-
mer, «p. crit. p. ges contre les Pélagiens. De même, ' quoique S. Jérôme pa-
roisse y reprendre quelques fautes, il ne laisse pas d'en parler
in Mich. 1. 2. pr. avcc élogc cu plusicurs endroits. 'Il est vrai qu'il reconnoît
6J7*f«po.Tï!p.' que S. Hilaire s'y est beaucoup servi d'Origene, et qu'il en a
"'• pris quantité de choses, ce qu'il dit aller à près de quarante
mille versets, tant pour ce commentaire sur les Pseaumes, que •
«p. 33. p. 851. pour celui qu'il composa aussi sur Joh. ' Mais il avoue lui-mê-
me en même tems que S. Hilaire s'est tellement servi des
écrits d'Origene pour composer ceux-là, que sans s'assujetir
servilement à la letre, comme feroient des ignorans, il s'est
rendu maître de son Auteur, et en a pris ce qu'il a jugé à pro-
pos en l'acommodant au génie de la langue en laquelle il écri-
vit : sfid qnast captivo.9 sensus in mam linguam victoris jure
DOCTEUR DE L'EtlLlSE ET CONFESS. 179
trmisposuït . "Et ailleurs S. Jérôme loue ces endroits que S. Hi- iv siec;.::
laire a fait passer di'S écrits d'Origene dans les siens, comme . «p.4i.p. ^,40. ..
traduits non avec la contrainte d'un interprète, mais avec la li-
berté d'un Auteur qui compose de son propre fonds. 'En un vir. m. i\u.
mot S. llilaire imita de telle sorte Urigeue dans son commen-
taire sur l»;s Pseaumes, que de l'aveu même de S. Jérôme il y
ajouta diverses choses de sa propre invention. 'C'est de quoi hii. in p». adm.
le dernier Editeur de S. llilaire donne des preuves plus que """"■ '* "*
suffisantes.
'Les critiques observent que parmi lt;s sermons imprimés in p<. «1. 4i*i
plusieurs fois sous le nom de Zenon de Vérone, il s'en trouve î^.eyîî!''' '^' ''
quelques-uns qui apartiennenl à S. llilaire. 'Sixte de Sienne six. bit. 1.4. p. 333.
en particulier assure que ceux qui sont sur les Pseaumes de-
puis le 126" jusqu'au 130 inclusivement, ont été pris de mot
à mot du commentaire des Pseaumes de ce Père.
c
S- m.
SES ECRITS PERDUS.
E que nous venons de dire des ouvrages qui nous restent
de S. llilaire, joint à l'édification et au fruit qu'en tire
tous les jours l'Eglise, doit nous faire beau('oup legreter la
perte de ceux qui ne .sont pas venus jusqu'à nous. Voici le dé-
nombrement de ceux qui ont (-lé coinius des anciens, el dont
le malheur des tems nous a privés.
1°. ' S. Jérôme en plus d'un endroit fait mention d'un opus- Hier. vir. ai. e.
culecjueS. llilaire composa contre un médecin nommé Dios- *<><• i «p- «^.p. 657.
eore, et dans lequel il montroit quelle etoit son érudition,
quid in literis posset osteiidil. Dans les éditions des œuvres de
notre Saint cet écrit se trouve intitulé, contre le Préfet Salus-
te, et contre Dioscore médecin. 'C'est ce qui a fait croire à B*r. «n. 3<a. n.
Baronius que ce livre étoit écrit contre les violences de Sa- **''
lusle préfet des Gaules sous l'Empire de Julien l'Apostat, et
que Dioscore étoit son Vicaire ou lieutenant de la Préfectu-
re. 'Mais comme Théodoret témoigne que Saluste persuada Thdrt. 1. 3. e. 11.
à cet Empereur de faire cesser la pi rsécution contre les Chré- ^' "''
tiens, ' il est à croire qu'il étoit eniieni de la cruauté, et que Jiu. pr.n. 19.
S. llilaire s'adressa à lui pour se plaindre de Dioscore, qui peut-
être exécutoit avec trop de rigueur les ordres du Prince. Ainsi
cet ouvrage n'étoit pas intitulé contre Saluste, mais à Saluste
contre Dioscore, comme porte un très-ancien manuscrit de
Zij
180 S. niLAIBE, EVEgUE DE POITIEHS,
IV SIECLE. Corbie, sur lequel Uom Martianay a donné le traité des Ecri-
~. — „ ... .... vains Ecclésiastiques par S. Jrrômo ; ' et cette leçon a été re-
Hir. Vir. ill. ibid. . T . ï ' *•, , c ti-
nul. p. 188. tenue dans les éditions qui en ont paru dans la suite. * b. Hi-
• Fien. H. E. t. *. Jairc le composa, lorsijue Julien avoit été déjà déclaré Augus-
"*' " te : ce que M. l'Abbé Eleury raporte en l'an 362, ajoutant que
cet écrit étoit aparemment pour la défense de la religion Chré-
tienne.
Hier. Vir. ill. ibid. 2°. ' Saint Jérôme nous aprend encore que S. Ililaire avoit
in ep. Gai. 1.8. pr. laissé de sa façon un recueil entier d'hymnes, ' dans l'une des-
quelles il traitoit d'indociles les Gaulois ses compatriotes,
isid. o«. 1. i.c.6. 'Notre Saint passe véritablement pour le premier entre les
Latins, qui ait exercé sa plume à cette sorte de poésie (îhré-
Hii. pr. n. 20. tienne. ' Nous aprenons du treizième Canon du IV Concile
de Tolède tenu en 633, que lui et S. Ambroise en avoient
composé plusieurs pièces à l'honneur de Dieu et sur les triom-
nuni.2i. phes des Apôtres et des Martyrs. Il est même probable que
l'on en emploïoit quelques-unes dans l'office de l'Eglise.
up. bU). t. 2. th. p. ' C'est aparemment sur ces principes qu'en 1 i80 on impri-
''■ ma à Paris avec un commentaire un recueil d'hymnes sous le
nom de S. Hilaire, qui fut réimprimé à Rouen en 1505. Mais
on est persuadé aujourd'hui que ce recueil n'est point, et ne
■* contient peut-être rien qui apartienne à notre S. Evêque. Il
faut porter le même jugement des cinq hymnes, qui se trou-
vent sous son nom à la fin du Pseautier de Thomasius et par-
Bou. 13. Jan. p. mi Ics collectious de Bartliius. ' Toutefois quelques Ecrivains
'^' n'ont pas laissé de croire que l'hymne de S. Jean qui commen-
ce par ce vers : Ut queant Iaxis, ctc, et celle de la Passion : Pon-
ge lingua gloriosi prœlium certamims, sont de la façon de S.
Hilaire. Mais nous ferons voir en son lieu que la dernière apar-
tient à Mamert Claudien Prrtre de l'Eglise de Vienne.
Mab. Ut. 1. 3.C. 4. 'Alcuin et plusieurs autres qui lonl suivi en cela, préten-
**■ "*■ dent que S. Hilaire est encore Auteur de l'hymne Glona in ex-
Tiii. H. E. t.8. p. celsis, que nous chantons à la messe. ' Mais on ne voit point
*^' sur quoi Alcuin apuïe cette opinion. Il semble même que cet-
te hymne est plus ancienne (|ue S. Hilaire, puisqu'elle se trou-
ve dans les Constitutions Apostoliques. Elle est aussi dans le
Ann.ben.t.4.app. livre de la Virginité atribué à S. Athanase. 'Abbon Abbéde
''■ ■ Fleuri à la fin du X siècle dans ses réponses à quelques ques-
tions de certains Moines d'Angleterre, atribuë encore à S.
Tiii. ibid. 1. 13. p. Hilaire le célèbre cantique, Te Deum laudamus. ' Mais on le
donne <^ tant d'autres anciens .\iileurs, qu'il est difficile de
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS- 181
savoir de qui il est précisément. De sorte que nous sommes iv siècle.
obligés d'avouer que de toutes les hymnes que S. Hilaire a
pu composer, nous ne sommes point assurés d'en avoir d'au-
tre que celle qu'il adressa à sa fille, -et dont nous avons déjà
parlé.
3" ' S. Jérôme continuant le catalogue des ouvrages de S. œer.vir. ui. lUd.
Hilaire , nomme encore un livre des Mystères , qui paroît par-
là avoir été un écrit d'importance. ' Mais il ne nous en reste Hu.pr.n.83.
plus que ce titre. On peut néanmoins croire que l'ouvrage
aura été inséré, ou en tout ou en partie, dans les offices de
l'Eglise. Il sera ensuite arrivé que par les divers changemens
qu'on y a faits , le nom de Saint Hilaire aura disparu. Presque
la même chose est arrivée au Sacramentaire de Saint Gré-
goire, qui pour avoir été acommodé à l'usage propre de cha-
aue Eglise , se trouve à peine retenir le nom de son Auteur
ans quelques exemplaires.
4°, ' Nous aprenons encore de S. Jérôme qu'il y avoit des Hier.Und.
letres de S. Hilaire à diverses personnes. ' Il paroît en efl'et par mi. de Syn n. i.
quelques endroits de S. Hilaire même, qu'il en avoit écrit
plusieurs ; et le personnage qu'il a fait pendant plus de dix ans
dans l'Eglise ne permet pas d'en douter. ' S. Severe Sulpice sui. hm. i. s. n.
fait mention de ces letres de S. Hilaire, et dit que le Saint y ^ ^ ^^'
raportoit la chute d'Osius alors âgé de plus de cent ans. La
manière dont en parle cet Historien, feroit juger qu'il y en
avoit un recueil. Il ne nous reste cependant que celle à sa fil-
le Abra. L'on voit à Rome dans la bibliothèque de M. le Car^
dinal Ottoboni un manuscrit qui pourroit tromper par son
aparence ceux qui desireroient recouvrer ce précieux: monu-
ment de S. Hilaire. Il porte en tête ce titre spécieux, le mê-
me que l'on trouve dans Saint Jérôme : Epistolœ S. Hilariiad
diversos. Mais ce manuscrit sous un si beau dehors ne contient
que la letre à Abra, et quelques autres pièces de peu d'au-
torité.
5° Un des plus célèbres, comme peut-être un des plus con-
sidérables écrits de S. Hilaire, entre ceux que nous avons per-
dus, ' sont les traités sur Job. C'est ainsi que S. Jérôme nom- mer. ibiji apo. i.
me cet ouvrage dans son catalogue des Ecrivains Ecclésiasti- p. \,^^ ' *''■ ^'
ques, où il dit que S. Hilaire les avoit traduits du grec d'O-
rigene, dont il avoit pris le sens, sans se laisser asservir par la
letre. Ailleurs il donne à cet ouvrage le titre d'homélies ; ' et Aug. in Jui. 1. 1. b.
c'est sous ce nom que S. Augustin le cite contre Julien le Pé- "■
!V
SIECLE.
72.
ual.
el
«!'■ II.
»Hil.
1366.
fr.
P-
1365.
182 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
lagien. Ce dernier Père en cet endroit, ' et dans le 62* cha-
pitre de son livre de la nature et de la grâce, nous a conser-
vé deux passages de ces homélies, *• que Ion a eu soin de ra-
porter à la fin de la nouvelle édition de S. Hilaire après les
autres fragmens. S. Hilaire dans le premier de ces passages
établit clairement le péché originel et ses suites, et relevé la
bonté ineffable de Dieu d'avoir avantageusement n'paré les
perles que nous avons faites en Adam, et de faire tourner par sa
miséricorde la malice même du Diable à notre sanctification.
cnsd. inst. c. 6. p. ' Gassiodorc parle d'un livre anonyme sur Job, qu'il jugeoit
543. 1. pgj. jg gj^jg p(juyoif êij.g jg s Hilaire, et dont il recomman-
de la lecture à ses Moines. On ne sait point d'ailleurs ce que
iiab.it.itai.p.208. pouvoit être cet écrit. ' Dom Mabillon dans le cours de son
voïage d'Italie trouva à Polironne ou San-Benedetto abbaie
de Bénédictins près de Mantouë, un manuscrit qui contient
trois homélies sur Job, tirées d'Origene avec une préface. Il
y' est marqué que ces livres ont été traduits par l'Evêque Hi-
laire. Mais Dom Mabillon ne juge pas que ce soit là son sty-
le ; et il assure que l'on n'y trouve point le passage cité par S.
Hii.pr.n.25. Augustiu. ' M. Hucl, au raport de Dom Coûtant, témoigne
même que cet Auteur rejeté le terme de consubslantiel , et
donne de grands éloges à S. Lucien dont les premiers Ariens
se disoient les disciples : ce qui est fort oposé et à la foi et à la
doctrine de S. Hilaire.
Vit. n. 44. 'Quelques Savans croient que ce fut pendant son exil que
ce Père travailla à son commentaire sur Job. La raison qu ils
en donnent est qu'entre tous les livres de l'Ecriture sainte,
il n'en est point dont la médilalicn soit plus utile et plus pro-
pre à inspirer du courage, et à soutenir la constance au milieu
des peines inséparables de l'exil. Mais peut-être S. Hilaire
eut-il as.sez d'ocupalion du traité des Synodes et des li-
vrets de la Trinité qu'il composa pendant ce tems-là ; sans
parler des letres qu'il fut obligé d'écrire, et des autres distrac-
tions que lui atirerent et le Concile de Seleucie et les besoins
des Eglises du pais. D'ailleurs le titre d'homélies que S. Jé-
rôme et S. Augustin donnent à ce commentaire , fait tout na-
turellement naitre l'idée que c'étoit un recueil des instructions
que S. Hilaire a oit faites à .son peuple , à mesure qu'on lui
lisoit le livre de Job, suivant l'usage de ces premiers siècles.
Hier. apo. 1. 1. p. ' Cc quc S. Jcrôme a pensé du commentaire de S. Hilaire
«Î.'mô. ■ **■ *■ sur les Pseaumes, par raport à l'usage qu'il y avoit fait des
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 1»3
écrits d'Origene, il l'a pensé aussi de ses Homélies sur Job. iv siècle.
Ainsi Fon doit juger de ce dernier ouvrage par l'idée que nous
avons donnée de l'autre. ' Au reste quelque chose que S. Hi- ep. 36. p. 276 1 ep.
laire prit d'Origene, il eut soin de n'en prendre que ce qui '^'
étoit utile et irrépréhensible. C'est ainsi qu'Eusebe de Verceil
et S. Jérôme même qui le raporte, en usèrent : Uterque nos-
trûm, dit ce Père, noxia qnœque detnincans, utiliatranstulit.
11 semble néanmoins que S. Hilairo en particulier avoit traduit
quelques homélies sous le nom même d'Origene ; ' puisqu'il Ruf. i. 3. p. mt.
1 avoit fait de manière que le bien et le mal qui s'y trouvoit, ne
pou voit rtre atribué au Traducteur , mais à l'Auteiîr original.
' De-Ià on conjecture que l'une des causes pour lesquelles nous mi. pr. n.sg.
avons perdu tant d'ouvrages de S. Hilaire, est qu'en son siècle
et les suivans on étoit persuadé qu'il avoit traduit et imité dans
ses écrits beaucoup d'endroits d'Origene, dont le nom étoit alors
odieux.
6°. ' S. Jérôme marque aussi un ouvrage sur le Cantique mer.vir. iii. ibid.
des Cantiques, qu'il n'avoit pas vu à la vérité , mais que quel-
ques-uns atribuoient àS. Hilaire. C'est-là tout ce que l'on nous
en aprend ; et peut-être ne devons-nous pas nous atendre à
en savoir davantage. Après tout il y a quelque difficulté à croi-
re que ' S. Hilaire qui n'a pas voulu expliquer l'Oraison Do- Hii. in Mati. e. 5.
minicale, parce qu'il savoit que TertuUien et S. Cyprien l'a- """"■ *'
voient fait avant lui, ait entrepris d'écrire sur le Cantique des
Cantiques, ' que S. Retice d'Autun avoit commenté en notre hw. ibid. c. ss.
langue quelques années auparavant.
7°. ' Le même S. Jérôme citant les Pères tant Grecs que «p. 30 p. 241 1 hii.
Latins qui avoient avantageusement parlé du nombre impair , {bij.";*.^. esl'""
nomme entre autres S. Cyprien et S. Hilaire. Puis il ajoute ,
comme le portent les anciennes éditions de ses œuvres , que
S. Hilaire a fait voir dans son livre à Fortunat quelle estime
il faisoit du nombre de Sept : ce qui se trouve dans le livre
de l'exhortation au martyre par S. Cyprien, chapitre 11. C'est
sur cette autorité que Marianus Victorius atribuë à S. Hilaire
cette exhortation au martyre. De -là naissent naturellement
deux Questions : la première , savoir si ce traité qui a toujours
porté le nom de S. Cyprien, doit être atribué à S. Hilaire ,
comme le prétend Victorius l'un de ses Editeurs ? la seconde ,
savoir si S^ Hilaire n'a pas aussi écrit sur le nombre impair "?
'Quant à la première question, elle ne souffre plus de dif- cyp. not. p. sos.
ficulté, dit le dernier Editeur de S. Cyprien, depuis l'éclair-
184 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, cissement qu'en ont donné Dom Coulant et Dom Martianay.
Hii. ibid. | Hier. En effet CCS deux Editeurs l'un de S. Hilairo, l'autre de S.
ibid. noi. Jérôme, ont fait voir que Marianus Victorius avoit été trom-
pé par une leçon corrompue ; puisque tous les anciens manus-
crits que l'on a consultés pour la nouvelle édition de ce der-
nier Père, portent, quorum Cyprianus, au lieu de, quorum
Tiii.ibid. Hilarius, comme on lit dans les anciens imprimés. ' D'ailleurs
il est impossible, remarque M. de Tillemont, d'avoir lu le trai-
té dont il s'agit ici, sans reconnoître que le style, l'air et les
pensées sont entièrement de S. Cyprien ; et ni Bellarmin ni
Kivet ne disent pas même que ce livre lui soit contesté.
A l'égard de l'autre question, savoir si S. Hilaire n'a pas
Hier. ep. 30. p. 24. aussi écHt sur le nombre impair ? ' C'est de quoi S. Jérôme ne
laisse aucun lieu de douter. Il le nomme expressément entre
les Grecs et les Latins, qu'il assure avoir écrit sur ce sujet.
Mais nous manquons de preuves , pour assurer que S. Hilaire
ait composé là-dessus quelque traité particulier. Peut-être S.
Hii. in Ps. 118. \. Jérôme en parlant ainsi de S. Hilaire, n'â-t'il eu en vùë ' que
ce qu'il avoit lu de lui touchant le nombre de sept dans son
explication du Pseaume 118. S. Hilaire y relevé beaucoup
ce nombre, et donne diverses raisons pour le regarder com-
me un nombre sacré.
Spic.t. 4.P.483. 8». ' Hariulfe Moine de S. Riquier dans le Ponthieu, Au-
teur du XI siècle, témoigne que depuis plus de deux cens
ans l'on conservoit dans la bibliothèque de son monastère les
questions de S. Hilaire sur le Pentateuque, avec celles de S.
Cyprien, de S. Jérôme, de S. Augustin , et de S. Avite sur les
mêmes livres. Comme cet Ecrivain dans le même article et
immédiatement auparavant nomme les livres de la Trinité de
notre S. Docteur, il ne laisse aucun lieu de douter qu'il ne dé-
signe S. Hilaire de Poitiers plutôt que tout autre. Au reste
l'on ignore absolument quel pouvoit être cet ouvrage ; et S.
Jérôme ne l'a point connu.
Hu. pr. n. 27. 9». ' Le douziémc canon du ii Concile de Seville fait men-
tion de l'explication d'une des Epitresde S. Paul àTimothée,
faite par S. Hilaire. On y en a même inséré un passage que
l'on trouve à la fin des œuvres de ce Père entre ses autres frag-
mens. Cela feroit croire que S. Hilaire auroit écrit sur les Epî-
tres de S. Paul, au moins sur une des deux à Timothée. Mais
l'on n'en a point d'autres preuves ; et S. Jérôme n'en parle
nulle part.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 185
10". Trithéme, qui est néanmoins un Ecrivain trop modor- iv sif.ci.e.
ne pour faire quelque autorité de poids en des choses aussi
éloignées de son siècle, sur-tout lorsqu'il ne parle point d'après
les anciens, ' atribuë encore à S. Ililaire un livre sur les héré- inih. scripi. ecei.
sies. D'abord on pourroit croire que par ce dernier ouvrage '• '"•
il entend les livres de la Trinité, ou l'écrit contre Ursace et
Valens, ou môme celui contre Auxcnce de Milan , qui est
aussi intitulé contre les Ariens, ou enfin le traité des Syno-
des. Mais Trithéme éloigne lui-même cette idée , puisqu'il
spécifie tous ces ouvrages dans le catalogue qu'il fait de ceux
de S. Hilaire. Tout ce qui paroît avoir trompé cet Ecrivain ,
c'est que les livres de la Tnnité ont porté dans quelques ma-
nuscrits, comme nous l'avons déjà remarqué, cet autre titre ,
contre toutes les hérésies. De sorte que Trithéme, n'y regar-
dant pas autrement de trop près, aura divisé cet ouvrage en
deux à cause de ses deux difîérens titres. La même chose lui
est arrivée à l'égard de l'écrit contre Auxence, dont il en a
fait deux, l'un contre Auxence, l'autre contre les Ariens. Pour
ce qui est du livre de Chroniques qu'il donne à S. Hilaire , on
n'en trouve nul vestige dans toute l'antiquité.
' L'on ne sauroit dire précisément de quel ouvrage perdu Ha. fr. p. ises.
de S. Hilaire a été pris ce beau passage qu'en raporte le IV
Concile de Tolède. C'est une explication de ces paroles de
l'Evangile : Donnez-nous aujourd'hui notre pain de chaque
jour. « Qu'est-ce, dit S. Hilaire, que Dieu désire davantage,
« sinon que J . -C . qui est le pain de vie , le pain qui est descendu
« du ciel, demeure tous les jours en nous 1 Ainsi comme cette
a prière est pour chaque jour, on prie pour obtenir ce pain
« aussi chaque jour. »
S- IV.
SES ECRITS SUPOSÉS. ,
ON est si convaincu depuis long-tems que les ouvrages
dont il est ici question, n'apartiennent point à S. Hilai-
re, qu'il seroit presque inutile d'en parler. De peur néanmoins
qu'il ne parût manquer quelque chose à son histoire, nous en
allons faire l'énumeration, sans nous y arrêter beaucoup.
1°. ' Louis le Mire dans l'édition de S. Hilaire qu'il publia ffii. apo. p. laen.
en 1544, y inséra sous son nom un poëme sur la Génese qu'il "" «.'p. m. 1.
avoit tiré de la bibliothèque de S. Victor. Depuis il a été im-
primé plusieurs fois encore sous le nom du même Père, Mais
Tome I. Sec. Part. A a
1 3 *
186 S. HILAIRE, EVEQUE DE POIT/ERS,
IV SIECLE, on a peine à comprendre comment on a alribué une pièce à
S. Hilaire de Poitiers, à la tête de laquelle on voïoit paroltre
le nom du Pape S. Léon à qui elle est adressée. C'est ce qui
l'a fait donner à S. Hilaire d'Arles. Si c'est avec plus d'aparen-
ce, ce n'est peut-être pas avec plus de vérité. Nous en parle-
rons plus amplement en faisant son histoire,
nor. bib. p. 198. 2». ' En IGOo, le P. du lîosc Célestin publia encore sous le
*"*• nom de S. Hilaire un poëme sur le martyre des Maccabées.
Il est vrai qu'il marque avoir douté si cette pièce apartient à
S. Hilaire de Poitiers plutôt qu'à S. Hilaire d'Arles , quoiqu'il
levé aussi-tôt son doute en déclarant que le style aproche plus
de celui du premier. 11 en juge par sa conformité avec le style
du poëme précédent sur la Ciénese, ce qui ne prouve rien.
Aussi convient-on que ni l'un ni l'autre de ces poëmes n'est
de notre S. Docteur.
Hii. ibid. j>. 1M3- 3".' On porto le même jugement des petits traités qui ont
"'? 'luv'fb'iS'*^' P**^^ ^^^^ ^°" ^^^^^ '"^'^^ ^^^ titres de l'unité et de l'essence du
297. 1. ■ * Père et du Fils. Dès 1535 qu'on mit le premier sous la presse,
on s'aperçut que ce n'étoit qu'une rapsodie formée de divers
endroits du second, et particulièrement du neuvième livre de
la Trinité, avec une addition tirée d'ailleurs sur les divers noms
de J.-C. Le traité de l'essence contre les hérétiques n'est non
plus qu'un tissu assez mal assorti de divers endroits des douze
livres de la Trinité.
Hii. ibid. p. 1377. 4». ' On donna aussi en 1578 sous le nom de S. Hilaire un
"''"• fragment de sermon, comme l'on croïoit , dont on avoit fait
des leçons pour la fêle de la Trinité. Leunclavius l'avoit trou-
vé en grec sous le nom du S. Evêque. Mais on a reconnu de-
puis que ce n'est autre chose que ce qu'on nomme la foi d'Al-
cuin. Dès le IX siècle Enée de Paris l'avoit citée sous ce titre
en la donnant à son véritable Auteur.
Riy ibid 5°. ' Enfin l'on a cru pondant quelque tems que les deux le-
Ires qui portent le nom d'Hilaire, et qui sont adressées à S.
Augustin, étoicnt de S. Hilaire de Poitiers. L'erreur étoit assez
grossière pour se faire sentir par elle-même. En effet ces lelres
portent avec elles toutes les marques nécessaires, pour y re-
connoître un Auteur qui n'est venu que long-tems après lui.
Elles sont adressées à S. Augustin, qui ne commença à fleu-
rir qu'à la fin du IV siècle; et il y est parlé des suites de l'héré-
sie ae Pelage qui ne fut connue qu'au siècle suivant.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 187
e V, • ÏV SIECLE.
SA MAiNIERE D'ECRIRE, SON ERUDITION
ET SA DOCTIUNE.
APRÈS ce que nous avons déjà dit des ouvrages qui nous
restent de S. Hilaire, et les extraits que nous en avons
donnés, l'on seroit en état de juger de sa manière d'écrire. En
parlant de son commentaire sur S. Matthieu, nous avons ob-
servé que le style en est serré, concis, nerveux, et que l'Au-
teur y a trouvé le secret d'y dire beaucoup de choses en peu
de mots. Tels sont, ou peu s'en faut, les caractères du style
qu'il a emploie dans ses autres écrits. Seulement il est un peu
plus diffus dans son commentaire sur les Pseaumes. Le grand
usage qu'il a fait d'Origene pour composer cet ouvrage en est
peut-être la cause. Peut-être aussi S. Hilaire enaura-t'il usé de
la sorte pour se rendre plus intelligible à son peuple, devant
qui il y a toute aparence qu'il prononça ces explications des
Pseaumes, avant que de leur donner la forme de commen-
taire.
En général les expressions di; S. Hilaire sont nobles, éner-
giques, convenables à son sujet, quoiqu'elles ne soient pas
toujours bien latines. Uy a beaucoup de justesse dans ses pen-
sées, de force dans ses raisonnemens ; et le tour ingénieux
dont il les acompagne, leur donne un nouveau prix. Ses des-
criptions sont vives et pathétiques, ses instructions lumineuses
et pleines d'onction, sa critique sévère, mais juste et bien sou-
tenue, ses figures fréquentes et pour l'ordinaire placées à pro-
pos. En un mot son éloquence est telle qu'elle frappe, qu'elle
étonne, qu'elle abbat, qu'elle instruit, qu'elle presse ; et il est
difficile que l'esprit et le cœur ne se laissent entraîner par sa
force et sa rapidité. 'C'est ce qui a fait dire à S. Jérôme que Hier. ap. 1.2. p.
S. Hilaire étoit non seulement très-éloquent, et l'homme le *\l \\aEkupi. S'.
plus disert de son siècle, mais qu'il étoit même un torrent de p- ^3.
l'éloquence latine, latinœ eloqiientiœ Rhodanus, et que par sa
rapidité il s'étoit rendu célèbre dans tous les pais, où le nom
Romain étoit connu. ' C'est pour cela encore qu'il renvoie aux in is. pr. s- p. sot.
écrits de S. Hilaire les personnes qui recherchent un fleuve
d'éloquence, et qui aiment le bel ordre et l'arrangement dans
le discours. A cette ocasion il ne fait pas difficulté de mettre de
niveau les écrits de notre Saint avec ceux des plus célèbres
Aaij
188 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
lY SIECLE. Orateurs du Paganisme, et des plus éloquens Por -s de l'E-
Kuf.i. i.c. 3i.p. g'ise. ' Rufin n'en fait pas moins de cas pour la noblesse el les
**»• grandes beautés du style.
8id. 1. 4. ep. 3. p. 'Entre tous ces traits d'éloquence, S. Sidoine découvroit
une élévation merveilleuse, qu'il marque comme un caractè-
re propre à l'éloquence de S. Ililaire. En effet l'élévation de
style lui est si naturelle, que c'est ce qui peut contribuer à le
Hier. p. 83.^657 1 rendre moins clair.' Car bien que S. Jérôme reconnoisse qu'il
*''■*■*'■ a imité le style de Quintilien, il avoue néanmoins ailleurs
qu'il est un peu enflé, et que les longues périodes qu'il y mê-
le selon le génie Gaulois avec les beautés de la Grèce, em-
barassent son discours, et le rendent moins intelligible à ceux
«■p. 57. p. 596. qui n'ont ou'une érudition médiocre.' Cela n'empêchoit pas
au reste qu il ne jugeât ses écrits à la portée du sexe le moins
letré, à qui il en conseille la lecture,
la. in Pi. 8. n.8. 'S. Hilaire paroît avoir eu quelque légère teinture de la
Hier. ep. crit. p. lauguc hébraïque. ' Mais il étoit bien éloigné de la posséder,
selon S. Jérôme. Il étudia la gréque avec plus de succès;
quoic^u'au jugement du même Père il ne la sût pas à fonds. Il
ne laissa pas d'entreprendre, comme on l'a vu, de traduire
ep. 33. p. «51. divers ouvrages d'Origene ; 'et il le fit de manière à s'atirer
ep. crii.ibid. l'aprobatiou desSavans. 'Il est vrai que S. Jérôme qui lui rend
ce témoignage, dit que S. Hilaire fut aidé dans ce travail par
un Prêtre de ses amis nommé Heliodore. Quoiqu'il en soit,
en raprochant les endroits de S. Jérôme les uns des autres,
on sera toujours en droit d'avancer que S. Hilaire savoit assez
bien le grec.
Aug. d^et. chr. 1. ' Pour la literature profane, S. Augustin reconnoît qu'il s'en
étoit enrichi, et qu'il l'avoit fait servir à l'édification de l'E-
glise. On voit en efl'et par la lecture de ses écrits, qu'il n'a-
voit pas négligé les mt;illeurs Auteurs profanes. L'usage qu'il
a fait des écrits d'Origene, doit faire juger qu'il avoit à cœur
de s'instruire de ce que les Pères tant Grecs que Latins, qui
l'avoient précédé, avoient laissé à la po.stcrilé sur la doctrine.
Outre Origene il avoit au moins lu Tertullien et S. Cypriti.
Cependant il ne grossit point ses ouvrages par les citations de
' H : ceux qui avoient écrit avant lui. Parfaitement instruit de l'E-
criture et de la tradition, il tire de ces deux sources tout ce
qu'il avance, et renvoie continuellement ou à l'une ou à l'au-
tre, et souvent à toutes les deux,
de Trin. 1. 6. n. 11. ' Une éfudition de cette nature lui a acquis les titres de Père de
DOCTEUR DI-; L'EGLTSE ET CONFESS. 189
l'Eglise, qui avoit une aiUoril*^ particulière, soil en expliquant iv sikcle.
l'Ecriture, soit en élab1iss;uil les dogmes de la foi; 'd'honi- inj,,, , o „_^
me docte, qui avoit un lalnil parlicu'ier pour la dispute; Me r^ss. insi. ,■. is. i>.
Docteur subtil et profond; d'itit; r[»reto sage et discret des I> "'" "
critures, qui en sonde avtc respect les divins abymes , qui
avec le secours de la lumière de Dieu dévelope clairement
les paraboles et les énigmes, ' qui pénètre et aprofondit les inPs.pr. c. 12. p.
choses divines d'une manière toute lumineuse. *' *'
Si de l'éloquence et de l'érudition de S. Hilaire nous pas-
sons à sa doctrine, nous verrons qu'elle est encore plus admi-
rable. Il n'est point de dogme dans notre religion qu'il n'ait
ou établi, ou défendu contre ceux qui les ataquoient. Per-
sonne n'a expliqué plus clairement que lui le mystère de la
Trinité, la distinction des Personnes, la divinité du Fils et du
S. Esprit. Personne non plus n'a parlé de Dieu et de ses divins
atributs d'une manière plus sublime, plus noble, en un mot
plus digne de cet Etre sUi)rême. Il avoit une si haute idée de
sa grandeur, ' qu'il veut que nous reconnoissions que non seu- Hii. inPs. us. j.
lement la première lueur de notre sîdut vient de Dieu ; mais ^' "' *'
qu'il n'y a même en nous aucun bien qui n'émane de cette
source comme de son principe. ' Qu'il y a autant de folie que in. Pi.si. n. m.
d'impiété à ne pas reconnoître que nous ne vivons que dépen-
damment de Dieu et sous son souverain domaine, et à aimer
mieux nous confier en nos propres forces, qu'en cet Etre tout
puissant de qui nous vient tout ce que nous avons. ' Que puis- in Ps. 123. n.2.
que toutes choses nous viennent de lui, et qu'en toutes cho-
ses nous avons besoin de sa miséricorde, nous n'avons par con-
séquent aucun sujet de nous glorifier en nous-mêmes.
On sait que S. Hilaire est le premier entre les Latins qui a
pris la défense de la consubstantialité du Verbe, et que ce
fut pour cela qu'il écrivit ses douze livres de la Trinité. Il a
encore établi le mystère de l'Incarnation dans toutes ses par-
ties, la Conception de J.-C. la réalité de sa chair prise dans le
sein d'une Vierge, la vérité de ses souffrances et de sa mort,
sa présence réelle dans l'Eucharistie, la distinction des deux
natures et leur union hypostatique. Il soutient l'immortalité de
l'ame, sa nature spirituelle et différente de celle du corps ; la
chute d'Adam, le péché originel et ses suites; la nécessite d'un
Médiateur, le dogme du libre arbitre et le mérite des bonnes
œuvres, la nécessité de la grâce non seulement pour éclairer
l'entendement et avoir l'intelligence de la loi, mais aussi pour
190 S. HILAIRE, EVEQUE DE POITIERS,
IV SIECLE, faire agir la volont,', pour acomplir les préceptes, pour re-
pousser les tentations, en un mot pour acquérir la vie éternelle.
On a déjà vu qu'il reconnoit que les justes et les réprouvés
aussi-tôt après leur mort sont heureux ou malheureux : ainsi i I
n'a point donné dans les erreurs des Millénaires. Il fait con-
sister la béatitude dans la vûë de Dieu. Il parle admirable-
ment en plus d'un endroit du ministère des Ang( s ; et ce qu'il
en dit, inspire beaucoup de respect pour ces bienheureux Es-
prits et une grande confiance en leur protection. H loue l'in-
vocation des Saints et la vénération de leurs reliques. Il re-
commande la pénitence, le jeûne, la mortification des sens,
et élevé le célibat au-dessus du mariage.
Sa morale est aussi exacte que sa théologie, et la discipline
au'il enseigne, aussi sainte que sa morale est exacte. Il con-
damne, et déclame souvent contre le luxe, la mollesse, l'a-
varice, l'insensibilité pour les besoins des pauvres, l'usure, la
simonie, etc.
Aug. in Joi. I. 2. ' C'est pour sa doctrine en particulier, que dès le siècle qui
nnin.26. g^jj immédiatement sa mort, il mérita les glorieux titres
d'homme de Dieu et d'illustre Docteur de l'Eglise, que lui
Hier. ep. 57. p. donuc S. Augustin. ' S. Jérôme rend un insigne témoignage à
■''^" la doctrine de S. Ililairc, lorsqu'écrivant à Lœta et lui conseil-
lant à elle et aux autres personnes de son sexe la lecture des
écrits de ce Père, il lui dit qu'elle les peut lire avec la même
sûreté que ceux de S. Athonase, sans craindre d'y rien trou-
ver qui puisse blesser ou affoiblir sa foi : Athanasii epistolas, et
Conc. t. 4. p. IÏ62. HUarii Uhros moffcruo dectivrat pede. 'Le Concile de Rome
tenu en 494 sous le Pape S. Gclase, et composé de 70 Evo-
ques, n'en avoit pas une idée moins avantageuse. En eflet cet-
te assemblée faisant le dénombrement des écrits que reçoit
l'Eglise pour règle de sa foi, marque ceux de S. Hilaireavec
ceux de S. Cyprien, de S. Athanase et des autres anciens Pè-
res de l'Eglise.
Malgré des aprobations aussi respectables en faveur de la
doctrine de S. Ililairc, on n'a pas laissé de voir s'élever cer-
tains Censeurs, qui l'ont jugé répréhensible en divers points.
Hii. dd Trin.i. 1. Dc sortc qu'oubliant les règles ' qu'il donne lui-même pour li-
"■ "■ re les écrits des autres, et dont la première est de bien pren-
dre le sens de l'Auteur au lieu de lui prêter le sien, ils se sont
imaginé de voir dans ses ouvrages des endroits qui leur ont pa-
ru s'éloigner de la saine doctrine, mais qui ne leur auroient
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 191
pas paru tels, s'ils se fussent donné la peine de les bien en- iv siècle.
tendre.
' On lui reproche, 1°. d'avoir cru que J.-G. n'avoit point re- hu. pr. n. 4i.
çu de la Sainte Vierge la matière dont son' corps étoit formé.
2". ' D'avoir dit que les Fidèles éloient une même chose avec num. 76.
le Père et le Fils par nature, et non point par adoption, ou
par conformité de sentiment et de volonté. 3°. ' D'avoir nié num. 98.
que J.-C. ait été sujet à la faim, à la soif, à la crainte, à la dou-
leur, etc. 4°. ' D'avoir avancé qu'avant que J.-C. eût expiré num. leo.
sur la croix, le Verbe s'étoit séparé du corps auquel il s'étoit
uni. 5". ' Que dans J.-C. ressuscité et glorieux il ne restoit plus num. iss.
rien de l'homme, parce que la nature humaine dans cet état
de gloire avoit été entièrement changée et transformée en la
nature divine. 6°. ' Qu'à la fin des siècles les Fidèles ne su- num. 220.
biroient point le Jugement, parce que leur foi n'étoit pas dou-
teuse, et que les Infidèles n'y seroient point admis* parce
qu'ils étoient déjà jugés, et que leur infidélité étoit constatée.
■7". ' De n'avoir reconnu pour livres canoniques de l'ancien inPj.pr.n.15.
Testament que les vingt-deux que recevoient les Juifs, et d'a-
voir rejeté ceux que l'on nomme deuterocanoniques.
Voilà les principales erreurs que quelques Ecrivains ont
imputées à S. Hilaire. Mais Dom Piere Coûtant dernier Edi-
teur des œuvres de ce Père , montre clairement que ces im-
putations ne viennent que faute d'avoir bien pris sa pensée
et bien entendu ses termes. C'est ce qu'il fait voir et dans la
belle préface qu'il a mise à la tête de son édition, et dans les
savantes notes dont il a orné le corps de l'ouvrage. Il y justi-
fie S. Hilaire sur tous ces points d'une manière si solide et par
des passages si précis, qu'il ne paroît plus aucun doute sur la
foi et la doctrine de ce grand Evêque. Après tout s'il y en
avoit encore , ' il seroit dissipé , dit excellemment un ancien et ci. m. de an. 1.2.
célèbre Auteur, par la gloire de ses soufi'rances; et tout ce «^^ 9- p- <o»- *•
3ue l'on pourroit reprendre en lui , ne diminueroit jamais rien
e son mérite.
S- VL
ÉDITIONS DE SES ŒUVRES.
LA première édition des ouvrages de S. Hilaire fut faite hïi. pr. n. 5.
par les soins de George Cribellus; mais on ne marque
point en quelle année, ni en quel volume elle parut. Elle com-
prenoit seulement les livres de la Trinité et aes Synodes , les
192 S. HILAIRE, EVEQUE IJE POITIERS,
IV siK CLE. opuscules adressés à Conslaiico avec ceux qui; S. llilairc com-
posa contre cet Empereur et contre Auxcnce de Milan. Jean
Solidus de Cracovie donna ensuite le commentaire sur les
Pseaumes.
iwa I Bibi.cass. ' En 1510 ' avant Pâques Josse Bade publia une autre édi-
tion de S. Hilaire en un volume in-folio , qui outre ces pre-
miers ouvrages là comprcnoit encore la letre à Abra et les
commentaires sur S, Matthieu, gue Guillaume le Petit con-
fesseur du Roy avoit tiré de la bibliothèque de S. Bénigne de
Dijon. Ce fut Robert Fortunat de S. Malo qui travailla à cet-
te édition.
Cave. p. 135. ' Six aus après en 1516 Erasme en publia une autre en mê-
me volume , mais peu exacte. Elle fut faite à Basle chez Fro-
Hii. ibid. p. c| ben, 'où elle parut de nouveau en 1523. Erasme y fit quel-
Bit, cat. Bail. qygg corrections sur les livres de la Trinité ; mais il ne toucha
presque point aux autres ouvrages. Il mit à la tête de celte
édition une préface dans laquelle il maltraite étrangement S.
Hilaire , et lui atribue plusieurs erreurs pour avoir sujet d'ex-
cuser les adversaires du S. Evêque. Aussi cette préface si in-
jurieuse à la mémoire de ce S. Docteur a-t-elle été censurée et
par l'Inquisition de Rome, et par la Faculté de Théologie de
Fris. bibi. ph. p. Paris. 'Cela n'empêcha pas que Henri Pétri Imprimeur au
**■ *■ même endroit ne donnât de nouveau cette même édition au
Hu. ibid I Bib. ca- public cu 1526. ' C'cst cc que Froben fit encore en 1535,
**"■ en y joignant un petit traité faussement atribué à S. Hilaire
sous ce titre, de l'unité du Père et du Fils.
Hii.ibid.n.8|Bib. 'En 1550 ccttc même édition parut tout de nouveau au
s. vin. cen. même endroit chez le même Imprimeur. Elle fut revûë par
Martin Lypsius, qui y corrigea quelques fautes d'impression,
mais qui se mit peu en peine de la revoir sur les manuscrits,
ni même sur celle de Pans dont nous allons parler :
Hii.ibid.p.7|Bib. Celle-ci fut dirigée par Louis le Mire, et publiée à Paris
ffr."tad cenl.""*" chcz la veuvc Charlotte Guillar en un volume in-folio dès l'an
1544. Elle est beaucoup plus exacte et plus correcte que cellç
d'Erasme. Elle est aussi devenue fort rare. On l'a cnerchée
inutilement dans la plupart des Bibliothèques de Paris. Elle
se trouve dans èelle du grand Couvent des Carmes. Il s'en
trouve aussi deux exemplaires dans le Maine, l'un à l'Abbaïe
deN. D. d'Evron, l'autre chez les Dominicains du Mans. Le
Dupio, bibl. t. S. 1 H. Dopin, qui fait quelques autres fautes en parlant des éditions de S. Hilairs,
p. 'SU. S85. met celle de Josse Bade en ISOO.
Mire
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 193
Mire y ajouta le traité de l'essence du Père et du Fils ; le Poë- iv siècle.
me sur la Genèse; et les deux letres à S. Augustin : ouvrages
suposés, que nous avons observé n'être pas de S. Hilaire.
' Cette édition de le Mire parut derechef à Basle chez Eu- hh. ib. n. 9.
sebe Episcopus l'an 1570 en un volume in-folio. L'on mit à
la tête une vie de S. Hilaire composée par Jean Jaques de Gri-
gny, ce que personne n'avoit encore fait. Mais cette vie est
pleine de fautes. Une des plus grossières est que de Grigny
atribue à S. Hilaire Evêque de Poitiers ce que S. Jérôme dit
contre le Diacre Hilaire qui rejetoit le baptême des héréti-
ques, et que ce Père nomme par ironie le Deucalion de l'u-
nivers.
' En 1572 Jean Gillot fit remetre sous la presse les œuvres ^ù/cen^'*'' *'''
de S. Hilaire à Paris chez Nivelle et Michel Sonnius en un
volume in-folio. Il réfuta à la vérité ce qu'Erasme dans sa
préface et de Grigny dans la vie de S. Hilaire avoient avancé
contre ce grand Evêque ; mais il ne corrigea rien dans le texte
original de ce père. Les Imprimeurs ont même par leur né-
gligence laissé glisser plusieurs fautes dans cette édition, qui
d'ailleurs est fort bien conditionnée pour le papier et les ca-
ractères.
'Les Libraires de Paris en 1 605 donnèrent une nouvelle n/ii.is.
édition de S. Hilaire , dans laquelle on insera les fragmens
publiés dès 1598. ' Elle fut renouvellée à Cologne l'an 1617 Bib. s. Aib. And.
ches Antoine Hierat en un volume in-folio, où il est marqué
qu'elle est faite sur celle de Gillot. ' Elle parut tout de nou- Hii. id. 1 Bib. s.
veau à Paris les années 1631 et 1652 en même volume. Quoi- ^^' ^^'
que les Imprimeurs qui la donnèrent au public, fissent retou-
cher le texte sur les manuscrits, néanmoins elle est fort défec-
tueuse , et moins exacte que celles qui ont été faites à
Basle.
' Enfin la dernière édition des ouvrages de S. Hilaire , est B'b s. vin. cen,
celle que publia Dom Pierre Coûtant Religieux de notre
Congrégation l'an 1693 en un gros volume in-folio ^ chez
François Muguet Imprimeur à Paris. C'est sans contredit la
plus belle, la plus exacte, la plus parfaite de toutes celles qui
ont paru jusqu'à présent; et elle a mérité à juste titre l'estime
et l'aprobation de tous les Savans de l'Europe.
L'Editeur a eu soin de revoir ou par lui-même ou par ses
amis le texte original tant sur les imprimés que sur les meil-
leurs manuscrits de France et d'Italie , et de marquer au bas
Tome I. Sec. Part. B b
194 HELIODORE,
IV SIECLE, des pages les différentes leçons qui en valent la peine. Il a
même augmenté son édition de quelques opuscules de S. Hi-
laire qui n'avoient pas encore vu le jour, comme des traités
sur quelques Pseaumes et la petite apologie pour le livre des
Synodes. A la tête de l'édition se voit une belle et savante
préface de plus de 80 pages, dans laquelle Dom Coûtant
traite à fona tout ce qui regarde et les écrits et la doctrine de
son Auteur. Cette préface est suivie d'une nouvelle vie de S.
Hilaire tirée de ses propres ouvrages et des Auteurs les plus di-
gnes de foi. Après quoi l'on trouve la vie qu'en a écrite For-
tunat au VI siècle. Hors le commentaire sur les Pseaumes
qu'il a placé le premier, afin de faire précéder ce qui regarde
1 Ecriture Sainte , dans le reste des ouvrages il a presque sui-
vi l'ordre chronologique. Outre ce qu'il en dit dans sa pré-
face générale, il a encore poussé son travail et son atention,
jusqu'à mettre à la tête de chaque écrit en particulier un aver-
tissement ou petite préface, qui y répand une nouvelle lu-
mière. La même érudition qui se fait admirer dans la grande
• préface et les autres plus courtes , brille encore dans les sa-
vantes notes dont il a orné le bas des pages aux endroits qui
demandent quelque éclaircissement. Enfin pour rendre son
travail plus parfait et abréger celui de ses lecteurs , il s'est don-
né la peine de dresser une table très-ample et très-exacte de
toutes les matières, qu'il a mise à la fin , et qui peut passer
pour une espèce de concordance de l'ouvrage. (VIII.)
HELIODORE,
Prêtre a Poitiers.
Hier. ep. erit. p. ' f\^ "6 connoît la personuc de cet Ecrivain que par
'•'• \J la dignité du Sacerdoce dont il étoit revêtu , et par ses
liaisons avec S. Hilaire de Poitiers. C'est déjà un grand pré-
jugé en faveur de son mérite , que son union avec un aussi
Saint et savant Evêque. S. Hilaire pendant son exil en Phry-
gie aïant pris un goût particulier pour les ouvrages d'Orige-
ne , forma le dessein d en traduire quelques-uns, et l'exécuta
après son retour à Poitiers. Il en fît même passer plusieurs en-
droits dans ses propres écrits. Pour y réussir il falloit qu'il pos-
sédât la langue gréque. Il en avoit sans doute une connoissan-
PRETRE A POITIERS. 195
ce plus que médiocre avant son e.vil. Nous avons montré ail- iv siècle.
leurs quon l'enseignoit publiquement dans nos principales
villes, et qu'elle étoit même aussi commune que la latine en
divers endroits des Gaules. Ce qu'il en savôit déjà, il eut oca-
sion de le perfectionner par le fréquent commerce qu'il eut pen-
dant son exil avec les Orientaux , qui ne parloient presque
point d'autre langue. Mais ne la possédant pas encore à fond,
il choisit le Prêtre Heliodore, comme y étant plus habile, et
se l'associa dans son genre d'étude. Ce fut avec son secours
qu'il composa ses commentaires sur Job, sur les Pseaumes, et
peut-être aussi sur le Cantiques des Cantiques, en y faisant
entrer beaucoup de choses û'Origene, comme nous avons dit
en son lieu.
' S. Jérôme qui ne s'exprime pas toujours de la même ma- Hier. um.
niere en parlant des mêmes faits, reprend en un endroit
quelques fautes dans le Commentaire sur les Pseaumes, et les
rejeté sur Heliodore. ' Mais à s'en tenir à ce qu'il dit ailleurs op. 33. 41. p. 251.
et de cet ouvrage et des autres pour lesquels S. Hilaire s'é- '**
toit servi d'Origene, on voit qu'il n'en parle que très-avanta-
geusement; et cet éloge retombe sur Heliodore, comme y
aiant eu beaucoup de part.
' Quelques savans modernes suposent qu'Heliodore étoit tïii. h. e. c i. p.
associé avec S. Hilaire pour ses études dès avant son exil, et '**'
qu'il suivit ce Saint Evêque relégué en Phrygie. Ce seroit un
nouveau sujet d'éloge pour lui. Néanmoins, comme les Ira- '' '
ductions de grec en latin que S. Hilaire fut obligé de faire des
formules de foi, insérées dans son traité des Synodes qu'il
composa alors, sont d'un style embarassé et peu naturel , il est
à croire que cela ne seroit pas arrivé, si dès lors Heliodore
avoit été associé avec lui, et qu'il l'eût suivi dans son exil.
D'autres ont cru que cet Heliodore est le même que celui ■*^-
qui fut depuis Evêque d'Altino. Mais cette opinion est insou-
tenable. Ce dernier n'étoit pas même encore clerc en 373,
plusieurs années après la mort de S. Hilaire, du vivant duquel
l'autre étoit déjà Prêtre.
Gennade nous aprend qu'un Prêtre nommé Heliodore Ceu. vir. ni. c. 6.
avoit composé un livre intitulé, De naturis rerum exordia- ^
Hum, Des principes. C'est ce que Gennade raporte dès le sixième
chapitre de son traité des hommes illustres. C'est par consé-
quent une preuve que cet Ecrivain fleurissoit assez long-tems
avant la fin du IV siècle. On en a vu la raison à l'article de
Paul Evêque de Poitiers. B b ij
196
SALUSTE,
IV SIECLE.
Gcnn.vir. ill.c.29.
Nous ne connoissons point d'Heliodore à qui ces traits con-
viennent mieux gu'au compagnon d'étude de S. Hilaire. 11 y
en avoit à la vérité deux autres, qui vivoient dans le même
siècle. Mais l'un avoit un titre plus relevé que celui de Frêtre,
puisqu'il étoit Evêque d'Allino ; ' l'autre étoit un Prêlre d'An-
tioche, (jue Gennade a eu soin de distinguer ' lui-même de
Apo. d«« pp. 21. celui qui fait le sujet de cet article. ' On pourroit apuier ces
, raisons de la remarque que nous avons faite ailleurs après l'Au-
teur de l'apologie des Pères. C'est que les Ecrivains, dont
Gennade a composé son traité des hommes illustres, sont pres-
que tous Gaulois.
' Heliodore dans son ouvrage montroit qu'il n'y a qu'un seul
principe. Qu'il ne peut y avoir rien qui soit coëternel avec
Dieu. Qu'il est tellement le Créateur de tous les biens, qu'il a
aussi créé la matière, c'est-à-dire l'homme, qui s'est porté au
mal, après que la malice s'est introduite dans le monde ; mais
qui n'est point pour cela auteur du mal. Qu'il n'est rien de ma-
tériel qui ne soit redevable de sa création à Dieu, et qu'il n'y
a point d'autre Créateur des choses que lui-même. Que Dieu
sachant par sa science éternelle que l'homme tomberoit dans
la mort, l'avoit averti par avance de ce châtiment. On voit par-
là que cet écrit étoit pour réfuter quelques restes des erreurs de
Cerdon, deMarcion, d'Hermogene.
G«nn. c. 6.
Genn. ib. e. 6. 29.
532.
Mor. H. p,
Corrigé'daos l'édit
de 1732.)
< ' Gennade distingae bien expressé'-
ment ces deux Heliodores ; puisqu'il leur
assigne à chacun son chapitre particulier :
le sixième au Prêtre Uehodore Auteur du
livre des principes, et le vingt-neuviémp
à Heliodore Prêlre d'Anlioche. Celui-ci
avoit laissé de sa façon un excellent traité
de la Virginité. Une distinction si bien éta-
blie n'a pas empêché ' que les derniers
Editeurs de Moreri n'aient confondu ces
deux Prêtres. Nous ne nous arrêtons pas
ici à raporter ce que l'on trouve d'un He-
liodore Prêlre, dans le catalogue des dou-
ze Docteurs faussement atribué & S. Jerd-
me et au vénérable Vede, parce que tout
ce que débite cet Auteur, ne mérite aucu-
ne créance.
SALUSTE,
Préfet des Gaules.
)nl.
252.
ad Ath. not. p.
or. 8. p. 247.
98.
Thdft. L. 3. e. H.
p 133.
' n ALusTE, l'un des plus intègres Officiers des règnes de Con-
Î5 stance et de Julien l'Apostat, étoit Gaulois de nation. Con-
stance le donna à Julien, lorsque celui-ci vint gouverner les
Gaules en qualité de César à la fin de l'an 355, et le chargea
de l'administration de la justice. 'C'est-à-dire, comme l'ateste
PREFET DES GAULES. 197
Theodoret, que Saluste fut fait Préfet du Prétoire. Quoi qu'é- iv siècle.
levé à cette première charge de magistrature, dont l'exercice
demandoit son homme tout entier, ' il ne laissa pas de trouver Jui. or. a. p. 2*7.
du tems de reste pour le donner aux mêmes études qui fai- ***"
soient la principale ocupation de Julien. Il joignit ainsi à la
science des loix celle de la philosophie, ' et les autres connois- or. 4. p. «t.
sauces encore plus vaines, qui amusoient criminellement ce
Prince. Saluste y prit lui-même tant de goût, que Julien lui
dédia deux de ses ouvrages en ce genre de literature : l'un sur
les Saturnales, qui est perdu, ' l'autre sur le Soleil, que nous p. 130.
avons encore.
' Le premier dessein de Constance sur Saluste en le donnant ad. Ath. p. i^^.
à Julien, étoit qu'il l'observeroit, comme l'on observe un en-
nemi, et qu'il veilleroit à ce qu'il ne se portât à quelque fâ-
cheuse entreprise. 'Mais Saluste se rencontrant dans les mêmes or. ». p. 2«. 24a.
sentimens et les mêmes inclinations que Julien, ce Prince
' en sut si bien profiter, que de son espion, il en fit son meilleur p. 24*. 24».
ami et son confident le plus intime. C'est tout dire ; il se forma
entre l'un et l'autre la même amitié et la même union, qu'au-
trefois entre Scipion l'Africain et le célèbre Laelius. ' Julien p. 2<i.s48.
en tira de grands secours dans la conduite des affaires, et ne
faisoit rien sans consulter Saluste, à qui il s'ouvroit avec une
confiance parfaite.
De-là il est aisé de juger que Saluste n'avoit point d'autre
religion que celle de Julien, et qu'ils étoient Païens l'un et
l'autre. ' Theodoret le dit expressément. Néanmoins malgré le xiiin. ib.
Paganisme qu'il professoit, n ne laissoit pas d'avoir de la clé-
mence et de grands égards pour les Chrétiens. L'on remarque
même qu'il travailla à faire cesser la persécution 'contre eux.
' C'est pourquoi S. Hilaire lui adressa un écrit pour se plaindre Hii. pr. n. 19.
des violences du Médecin Dioscore contre les Catholiques
déjà vexés par les Ariens.
A la clémence et la douceur Saluste joignoit une grande jui. ib. p. 243.
prudence et beaucoup de franchise. Non seulement il don-
noit de bons conseils à Julien , mais il le reprenoit aussi avec
une entière liberté, qu'il savoit assaisonner d'amitié et de ten-
dresse, et où il ne paroissoit jamais ni fierté ni aigreur. De-
sorte que l'on atribuoit à ses avis tout ce que ce Prince faisoit
de bon, ' et que Julien le regardoit comme son maître et son p. 245. 246.
précepteur , ou comme un autre Pericle , un autre Anaxa-
goras. . i-
1 «
198 CLAUDK MAMERTIN.
V SIECLE. • Une union si étroite excita la jalousie des autres Officiers,
iTâiâ " *I"^ rendirent Saluste suspect à Constance. ^ Cet Empereur se
b 2*3. 247 251 p. laissaut aller à ces sinistres impressions, retira Saluste d'auprès
de Julien sur la fin de 357 pour l'emploïer quelque tems ou
ad Aih. p. 282. en Thracc ou en Illyrie, ' et lui donna Lucien pour successeur,
or. 8 p. 240-252. ' Julien sentit vivement cette séparation, et composa à ce su-
jet un discours que l'on nous a conservé. En y disant adieu à
son ami, il en fait un éloge magnifique, et lui donne les plus
grandes marques de sa tendresse et de son atachement.
Amm. I. 21. p. ' Quel^ues aunécs après Saluste revint dans les Gaules, où il
353'i'T?ii'''Km*' ^^ trouvoit dès l'an 361. Julien y aïant été déclaré Auguste
14. p. 526. l'année précédente, y laissa Saluste en qualité de Préfet. En 363
cet Empereur le prit pour Collègue dans le Consulat ; et il pa-
rut nouveau qu'un Prince fût Consul avec un particulier. En
effet cela ne s'étoit point vu depuis les Consulats de Diocle-
tien et d'Aristobule en 285 , de Maximien et de Janvier en
288. Saluste, soit qu'il eût quelque pressentiment de la défaite
de Julien, soit qu il crût que les aîîaires de l'Etat ne deman-
doient pas une si grande précipitation, écrivit à cet Empe-
reur à Cereuse en Mésopotamie, pour l'engager à différer son
expédition de Perse. Ce fut inutilement. Julien couroit à sa
Amm. 1. 2.".. p. perte ; et il fut tué la même année dans cette guerre. ' Après sa
429. 4;io. j^Qj.j ' Neyitg^ Dagalaïphe et les plus distingués d'entre les
Gaulois, s'acorderent à élire Saluste pour Empereur. Mais il
s'en excusa sur ses maladies et sur sa vieillesse. On ne trouve
point ce qu'il devint dans la suite. Au reste il ne le faut pas con-
fondre avec Salustius Secundus Préfet du Prétoire d'Orient.
CLAUDE MAMERTIN,
Orateur.
DÉS 289 on a vu paroître sur le théâtre des Savans, un autre
Orateur de même nom que celui qui se montre ici. ' Cet-
te identité de nom et de profession a fait douter à quelques mo-
dernes si ce ne seroit pas une même et seule personne. Mais il
n'y a nulle aparence à le croire, si l'on a égara au long espace
de tems qui s'est passé depuis 289, que l'un commença à se
faire connoître, jusqu'en 361 , que l'autre commença à figu-
rer dans le monde. Plus de 70 ans qui se trouvent d'une épo-
ORATEUR. 199
aue à l'autre, suffisent assurément de reste pour distinguer ces i v s i e c l e.
eux Orateurs.
' On ne trouve nulle part en quel païs avoit pris naissance ce- pa». b. p. ssa. i.
lui qui fait le sujet de cet éloge. Le P. de la Baune a penché
fiour le faire de Messine. Sa conjecture paroît sans fondement.
1 y en a davantage à le croife fils de l'autre Orateur de même
nom, et par conséquent Gaulois de nation comme lui. Il est
certain qu'en ces premiers tems les noms de Mamert et Ma-
mertin ont été assez communs dans nos Gaules. On en a déjà
vu des preuves ; et l'on en verra encore plusieurs autres dans la
suite. D'ailleurs il n'est pas moins certain que cet Orateur
étoit né en Occident, et qu'il avoit passé quelques années au-
près de Julien, lorsque ce Prince faisoit sa résidence ordinaire
a Paris.
' Mamertin a eu soin de se peindre lui-même en partie dans p- sss »»
ce qui nous reste de ses écrits. Il n'étoit pas riche des biens de
la lortune. Mais, s'il l'en faut croire, il l'étoit beaucoup en
vertu, telle qu'on la voioit chez les Païens. Il avoit de la gé-
nérosité, du désintéressement, une douceur à l'épreuve des in-
jures, et une constance qui avoit toujours tenu contre l'envie.
Jamais il n'avoit usé ni de flaterie ni de bassesse. Jamais en un
mot il n'avoit rien fait d'indigne d'un homme d'honneur. Ce fut
pour toutes ces belles qualités que Julien l'éleva aux premiè-
res charges de l'Empire. Il le fit Thresorier gênerai de son
épargne, Préfet du Prétoire et enfin Consul. Mamertin avoue
Îtu'il n'auroit pas osé porter ses prétentions au-delà de la Pré-
ecture, lorsqu'on lui vint annoncer qu'il étoit désigné pour
remplir le Consulat. Il éloit déjà vieux ; et quoiqu'il eût désiré
dès son enfance cette haute dignité, il proteste néanmoins
ne l'avoir jamais recherchée ni demandée, ce qu'il dit être
sans exemple. ' Il paroît qu'il avoit quelque naissance, puis- Amm. i. 21. p.
qu'Ammien Marcellin reproche à Julien de lui avoir donné *"'
pour Collègue Nevite qui n'en avoit point.
' Ce fut peu de tems après son avènement à l'empire et dès i- ai- ^6. p. m.
361, que Julien donna à Mamertm la charge de Thresorier
gênerai de son épargne et la Préfecture d'IUyrie. Il y ajouta
depuis celles d'Italie et d'Afrique; et Valentinien I, qui suc-
céda à Julien en 364, le conserva dans ces trois Préfectures.
' Comme il avoit suivi Julien à Constantinople, ce Prince l'asso- 1. s*, p. «96.
cia avec quelques autres à Saluste Second, Préfet du Prétoire
d'Orient, pour l'exercice de la chambre de justice qu'il avoit
tSS. 303. 453.
200 CLAUDE MAMERTIN, ORATEUR.
lY SIECLE, établie. Cela se passa en 361. " L'année suivante Mamertin se
o I. 21. 22. 26. p. vit élevé au Consulat. Il étoit alors à Constantinople , où il
Prononça le jour de la cérémonie un discours à la louange de
Empereur, et où il donna les jeux du cirque le troisième jour
de Janvier et les deux suivans.
1. 87. p. 491 1 Tiii. ' Malgré sa prétendue probité, Mamertin ne laissa pas d'être
Emp. t. 5. p. 29. acusé dc peculat en 367 par Avitien autrefois Vicaire d'Afri-
que . Il fut mis en justice ; et il ne paroît pas qu'il se soit justi-
fié de cette acusation. On ne voit pas non plus ce qu'il devint
dans la suite. Mais il est visible qu'aïant vécu au moins jus-
qu'en 367 il ne peut pas être cet autre Orateur qui figuroit dès
289, et peut-être auparavant.
Pan. D. p. 283 1 ' Nous avons cncore le discours que fit Mamertin le jour qu'il
^*- entra dans le Consulat. C'étoitle premier de Janvier 362. Il fut
prononcé en présence de Julien, et à Constantinople même,
que l'Auteur nomme le lieu de la naissance de ce Prince. La
première partie est emploïée à faire l'éloge de Julien, et la se-
conde à lui marquer la reconnoissance de Mamertin, pour l'a-
voir élevé au Consulat et aux autres charges dont nous avons
parlé. Les louanges excessives qu'il donnoit à cet Empereur
idolâtre, qu'il ne craint pas de représenter comme un Prince
exemt des vices des autres hommes ; l'éloge qu'il fait de son
genre de philosophie, qui étoit la magie la plus détestable, et
des mystères d'Eleusine qu'il avoit rétablis ; l'impiété par la-
quelle il atribue à Jupiter ce qui ne convient qu'au vrai Dieu :
tout cela fait voir que ce Panégyriste n'avoit point d'autre reli-
gion que celle du Prince, qui étoit le Paganisme. Du reste
ce discours contient peu de faits , hors ceux qui regardent
l'histoire de l'Orateur, et où il paroît un amour propre ex-
cessif, avec une assez grande éloquence, mais telle qu'elle
p. 2ni. ètoit alors en usage. ' On ne sauroit se tromper à l'atribuer à
Claude Mamertin , puisqu'il a eu soin d'insérer lui-même ses
deux noms dans le corps de la pièce. Elle a été imprimée
avec celles de l'autre Mamertin et des autres Panégyristes de
l'Empire. On en peut voir les difl"erentes éditions à l'article du
premier de ces Orateurs.
HELLESPONCE
201
HELLESPONCE,
Orateur et Philosophe.
IV SIECLE.
H
p. 807.
ELLESPONCE fleurissoit au même tems que le fameux Eunap' p. 203.
Chrysanlhe, après le milieu du IV siècle. Il étoit Gau-
lois de nation, ou avoit au moins pris naissance dans les Gau-
les. On ne dit pas en quel endroit. Comme la langue gréque
lui étoit fort familière, on pourroit croire que ce fut en quel-
que lieu de l'ancienne Narbonoise. Eunape, qui l'avoit connu
personnellement, assure qu'il réunissoit en sa personne toute
sorte d'excellentes qualités. Il acquit une si grande réputation
pour son savoir et l'intégrité de ses mœurs, qu'il passoit sans dif-
ficulté pour le second Sophiste de son tems; n'y aiant que
Chrysanlhe qui pût lui disputer la palme.
' Poussé par le désir de trouver quelqu'un plus habile que lui, ibid.
et la passion de faire de nouvelles découvertes dans la philoso-
phie, il entreprit une infinité de voïages, et parcourut presque
toute la terre. Il trouva enfin à Sarde de Lydie en la personne
de Chrysanlhe ce qu'il cherchoit depuis long-tems. ' Si-tôt
qu'il eut entendu raisonner ce fameux Sophiste, il fut si épris de
la beauté de ses discours, qu'il ne lui en falut pas davantage
pour fixer ses courses. Il quita toute autre entreprise, s'atacha
à ce nouveau Maître, et se rendit son disciple. Comme il étoit
déjà avancé en âge, il croïoit rajeunir en écoutant ses leçons.
Il s'imaginoit découvrir de si excellentes choses dans sa doctri-
ne, qu'il déploroit le tems qu'il avoit perdu à d'autres recher-
ches. Son atachement pour Chrysanlhe alloit jusqu'à ce point,
que voiant un jour qu'on lui avoit tiré du sang un peu trop
en abondance pour un vieillard de son âge, il entra en une
espèce de fureur contre Eunape, qui avoit fait l'opération.
Mais s'apercevant ensuite que le vieillard ne s'en portoit que
mieux, il reprit son calme de Philosophe, et loua le Médecin.
' 11 avoit des assiduités particulières auprès de ce Sophiste, et
n'entreprenoit rien sans le consulter; Eunape semble même
dire qu il le soulageoit dans le soin qu'il prenoit d'instruire ses
disciples.
' Sur la fin de ses jours Hellesponce fut ataqué d'une colique
Tame I. Sec. Part. C c
p. 206.
1 4 *
202 AGRICE,
IV SIECLE, fâcheuse, qui l'obligea ù se retirer à Apamée en Bitliynie.
Ce fui là qu il mourut avant Chrysanthe son Maître. En mou-
rant il recommanda fort à Procope son compagnon d'étude ,
de ne point s'atacher à d'autre Maître que ce Sophiste, comme
ibid. I jons. 1. 1. r. étant le plus habilequ'il sauroit jamais trouver; ' Ce Chrysanthe,
" quoique Philosophe de la secte des Pythagoriciens , n'éloit
cependant qu'un Magicien outré, qui n'avoit d'autre religion
que le Paganisme. Ilellesponce paroît avoir suivi en tout le
génie de son Maître ; et l'on ne voit point qu'il ait rien écrit
non plus que lui.
AGRICE,
Rhéteur.
Seal. in. Aus. 1. 1, ' i->t ENSORHis Alticus Agricius, OU Agrœtius, ne doit pas être
i. "s.^'" '"*"'■ ^ confondu, comme quelques Savans semblent l'avoir vou-
lu faire, avec Argicius aïeul du Rhéteur Arbore, et bis-aïeul
Ans prof. c. 1*. maternel du Poète Ausone. ' 11 est environ le vingtième des
l*rofe.sseurs de Rourdeaux, dont celui-ci nous a laissé les éloges.
. * ., Mais, quoiqu'il ne le place qu'après plusieurs autres, il avoue
néanmoins au'il auroit mérité pour la beauté de son éloquence
de tenir un des premiers rangs.
Ëloquii mcrito primis sequandc , fuisti ,
Agrici , positus posteriore loco.
ibid. ' Agrice étoit issu d'une famille aussi illustre par sa nobles.se
qu'il le devint ensuite lui-même par la gloire qu il s'acquit dans
l'art de bi-n parler. Il possedoit parfaitement toutes les beau-
tés de la langue gréque et de la latine , et pouvoit à juste titre
aller de pair en ce genre de literature avec Nazaire et Paté-
re, ces célèbres Professeurs de rhétorique, dont nous avona
parlé.
Tarn gencris libi cuisus apex , quam gloria fandi :
Gloria Allicnasi cognila st-de loci ;
Naiario et claro quondam dclata Patène ,
' " Egregie mullos qui excoluit juvenes.
sid. 1. 5. op. 10. p. ' C'est ainsi qu'Ausone s'en explique. S. Sidoine de son côté
RHETEUR. 203
voulant relever le mérite des écrits de Sapaude, qui faisoit iv siècle.
un des plus grands ornemens des Gaules pour les letres au "
V siècle, dit que l'on y voïoit^ toute la régularité du discours
que l'on avoit admirée dans Agrice.
' Le même siècle, qui avoit vu naître ce Rhéteur, le vit mou- aus ib.
rir. Il pouvoit être né vers' 315, et il paroît qu'il n'étoit plus
au monde vers 370: Il laissa une veuve et des enfans, dont il
n'y avoit qu'une fille qui fût établie. On ti-ouve peu après le
milieu du siècle suivant ' un Agréce Evêque dans les Gaules, Ler. p. 784.
aui aida de ses libéralités S. Rustique pour faire bâtir l'église ,
e Narbone. Il pouvoit descendre de la famille de nôtre
Rhéteur.
' Nous avons sous Ib nom d'un Agréce un traité, ou fragment
de traité de la propriété et de la différence dé la langue latine. Auct. am. lat. p.
Cet Agréce est sans difficulté le même que celui dont parle S. ^^*^' ""'
Sidoine ; et il ne paroît pas y avoir lieu de douter que celui
de S. Sidoine ne soit l'Agricius d'Ausone. Agréce dans ce trai-
té examine la différence qu'il y entre les termes qui paroissent
synonymes : par exemple, entre temperantia, temperalin et
temperies. Il avertit que le premier se dit des personnes , le se-
cond des choses, et le troisième de l'air et des vents. De même
entre percussus et perculsus. On se sert, dit-il, du premier
loi-squ'il s'agit du corps ; et de l'autre, lorsqu'on parle de l'es-
[)ril. 11 appuie ce qu'il avance de l'autorité des meilleurs Auteurs
atins, comme Terence, Giceron, Horace, Tite-Live et Vir-
gile. On voit par-là combien il éloit versé dans la lecture des
Auteurs de la belle latinité.
' Ce reste de traité a- été imprimé plusieurs fois avec les an- Kon. wb. vet. etc.
ciens Grammairiens, qui ont écrit sur le même sujet. George bSJ.iat.'app.'p^ss!
Fabricius fut le premier qui le donna au public. Ensuite Ro-
naventure Vulcanius le fit reimprimer à Rasle l'an 1577, à la
fin des origines de S. Isidore de Seville. Il parut encore à
Hanawen 1605 par les soins d'Elie Putschius, toujours avec
les anciens Grammairiens lafins. Dès 1585 Denys Godefroy
l'inséra dans son gros recueil des anciens Auteurs de la langue
latine, qui a été souvent mis sous la presse. (IX.)
Ce ij
204
V SIECLE.
Ans. prof. c. 4- S.
DELPHIDE,
Rhéteur, Orateur et Poète.
ATTius Tiro Delphidius étoit fils du Rhéteur Patere, dont
nous avons donné l'éloge. II tiroit son nom de la ville
de Delphe ; comme Phœbicius son aïeul paternel et un de ses
oncles de même nom tiroient le leur d'Apollon, à qui cette
n. s. ville étoit consacrée. ' Delphide vint au monde avec d'excellen-
tes qualités. Il avoit l'esprit vif, agréable, enjoué, une gran-
de facilité à parler et à écrire, et un talent merveilleux pour la
poésie. Il sut soutenir ces qualités naturelles par une éloquen-
ce et une érudition qui le rendirent célèbre dans les pais éloi-
gnés comme dans sa propre patrie.
Gelebrata varie cujus eloquentia
Domi forisque claruit.
ibid. ' Dès les premières années de son âge il réussit à faire des
vers; et il n'étoit pas encore sorti de l'enfance, lorsqu'un de
. ses poèmes remporta le prix, et lui mérita un des premiers
rangs sur le Parnasse. Bientôt cet heureux succès lui inspira de
plus hauts desseins. Il entreprit le genre de poëme épique ; et
l'on convient que personne n'avoit plus de dispositions que lui
pour cette sorte de poésie. Heureux s'il se fût borné à cette
douce et tranguille ocupation des Muses ! Il auroit garanti sa
réputation de ai verses taches qui la ternirent dans la suite.
Ibid. ' Mais peu content de sa fortune, il voulut s'avancer dans
les charges. Il entra dans le barreau, et y exerça la profession
d'Avocat. Ce nouvel emploi lui fut plus nuisible qu'avanta-
geux. Car il y ménagea si peu le monde^ qu'il s'attira la haine
Amm. 1. 18. p. publiouB. ' En 358 il acusa de péculat devant Julien alors Cé-
'"*■ sar, Numerius Gouverneur de la Narbonoise. Celui-ci nia les
faits qu'on lui objectoit. Delphide, ne pouvant les prouver,
s'écria avec sa véhémence ordinaire : « Quel coupable, illus-
« tre César, ne passera pas pour innocent, s'il suffit de nier ses
« crimes? » Surquoi Julien lui fit sur le champ cette réponse si
sage, remarquée par plusieurs Historiens : « Et quel innocent
« ne passera pas pour coupable , s'il suffit d'être acusé ? »
Ans ib. ' Delphide déjà odieux au public pas son ambition, courut
DELPHIDE, RHETEUR, ORATEUR, etc. 205
risque de se perdre sans ressource, en croïant s'élever dans le i v s i e c l e.
parti d'un Tyran près duquel il semble qu'il eût obtenu quel-
que charge. 'On croit que ce Tyran est Procope qui se révolta rm. Emp. 1. 1. p.
sous Valens en 365. 'Mais Delphide fut sauvé de sa perte par "us. ib.
les larmes de Paterius son père.
' Toujours mécontent de son état et toujours passionné de iwa.
passer de lui-même à un autre, sans l'atendre de l'ordre de la
providence, il ne fit que courir après Ic; charges, sans en pos-
séder aucune, quoiqu'il eût mérité d'en posséder plusieurs, s'il
avoit eu plus de conduite. Enfin se voïant le jouet de son am-
bition, il prit le parti de se mettre à professer l'éloquence. 11
étoit né pour cet emploi ; ' et il l'exerça avec une très-grande. Hier. ehr. p ist.
réputaUon , selon S. Jérôme. ' Ausone témoigne néanmoins aus. ib.
qu'il n'y donna pas toute l'assiduité qu'il devoit : ce qui l'em-
pêcha de faire d'aussi bons écoliers qu'il y avoit sujet de l'a-
tendre.
' Delphide fut arrêté au milieu de sa course par une mort ib.sui. ws. i. s. n.
prématurée, qui lui épargna la douleur de voir le suplice d'Eu- ll\ | Pr;,f.''cbr*".'
crocie sa femme et la honte de Procule sa fille. Celle-ci s'é- '^e.
tant laissée surprendre par les Priscillianistes vers l'an 380,
on l'acusa de s'être abandonnée à Priscillien même que sa mè-
re avoit reçu dans une de ses terres, et d'avoir étouffé son fruit
par des médicamens. Eucrocie s'étant engagée dans les mê-
mes erreurs, eut la tête tranchée à Trêves vers l'an 385 avec
plusieurs autres personnes de cette secte. ' Son suplice à la vérité p*»- i> ses.
fut desaprouvé par les Chrétiens les mieux instruits des règles
de l'Eglise, et par les Païens mêmes. Pacatusl'un d'entre ceux-
ci, qui écrivoit quelques années après, ne s'arrêtantqu'à la pro-
fession extérieure d'une vie plus austère que faisoient les Pris-
cillianistes, entreprend la justification d'Eucrocie en ces ter-
mes: « Quels étoient, dit-il les crimes atroces de cette Da-
« me veuve d'un illustre Poète, qui meritoient qu'on la traînât
w au suplice avec un crocîOnnel'acusoitque d'être trop reli-
« gieuse; on ne lui reprochoit qu'un trop grand atachement au
« culte de la Divinité. »
Il paroît par ce qu'en dit S. Jérôme, que Delphide étoit "'«r. ep. ad Hed.
Païen comme Paterius son père. Mais s'il eut le malheur de "'' *^^'
ne point sortir des ténèbres du Paganisme, et d'avoir une fem-
me et une fille engagées dans l'hérésie, sa famille eut la gloire
de donner avant la fin de ce siècle un excellent sujet en la
personne d'Hcdibie, célèbre au siècle suivant. C'éloit une veu-
206 ANASTASE, GRAMMAIRIEN,
IV SIECLE, ve d'une pieté ejiemplaire, qui paroît avoir été instruite des
belles Ifitres, et qui s'apliquoit particulièrement à la lecture des
livres saints. Ce fut ellequi proposais. Jérôme douze ques-
tions, sur l'Ecriture, qui ont lourni la matière à la belle letre
que le Saint lui écrivit.
Hier. ibid. 'Il 06 nous restc plus aujourd'hui aucun des ouvrages de Del-
phide, Il est néanmoins certain qu'il en avoit composé plu-
sieurs en prose et en vers. C'est ce qui fait dire de lui à S. Je-
si<j. 1. 3. ep. 10. rôme : omnes Gallias prosœ versw/tie siio illiiMravit mfjem'o.'
S. Sidoine reconnoissoit dans les écrits de Delphide une abon-
dance, qui en faisoit comme le caractère dislinctif.
ANASTASE,
GnAMMAiniKN,
ET R U F U s,
Rhéteui».
Au5. prof. c. 10. ' i MMOisius Anastasius nAquit à Bourd( aux vers le com-
iVmejicement du IV siècle. 11 y enseigna quelque tems
la grammaire. Comme il avoit et peu de caj)acité et peu de
mérite, il ne s'acquit pas dans cet emploi une grande réptila-
tion. Se rapellant peut-êtn- l'avis di; l'Kvangile, que nul n'est
Prophète en son pais, et se datant qu'il pourroit faire fortune
ailleurs, il quita sa patrie pour se retirer h Poitiers. II y pro-
fessa la grammaire comme à Bourdeaiix, mais avec aussi peu
de fruit ; de sorte qu'il avoit bien de la peine à y subsister. Il
y mourut pauvre et presque sans nom, dans un âge fort avan-
cé. Le peu d'honneur qu'il fit aux Ictres malgré sa profession,
a fait déclarer à Ausone, qu'il ne parle de lui, que pour ne pas
laisser son nom enseveli avec ses cendres.
Ce que nou3 venons de dire d'Anastase, fait voir à la lelrc-
»pi. i;u>. en sapersonne l'acomplissement'd'uneépigrammed'Ausone, où
ce Poëte prétend que l'on ne vit jamais un Grammairien
faire fortune et devenir heureux selon le monde, et que s'il
est arrivé que quelqu'un le soit devenu, c'est un de ces phénoT
mw^ extraordinaires.
F;etix Qrammaticus non est , sed nec fuit unquam :
Ntc quis^am est felùi noraine. Graramaticui:
ET RUFUS, RHETEUR. 207
At si quis felix prœtcr ralum cxstitit unquam , IV SIECLE.
Is demum excessit grammalicos canoncs.
' Au même lems qu'AnasIase enseignoU la grammaire a «pi- m l Egas. Bai
Poitiers, un nommé lUifus y professoit la rhétorique. Mais ce ' "*
Rhéteur y acquit encore moins de réputation que le Gram-
mairien. C'étoit un homme sans nul talent pour la profession
qu'il exerçoit. Elle con.sistoit à enseigner l'art de bien parler ;
et il éloit presque aussi muet qu'une image. C'est ce qu'Auso-
ne a assez ingénieusement exprimé dans les deux épigrammes
suivantes :
Ore pulcro et ore muto , sciro vis quae sim? Volo.
Imago Rufi Rhctoris Pictavici.
Uiccretsed illc vcIIiot Rhctor hoc ml. Non po^-st.
Cur T Ipse Rhctor est ima;;o imaginis.
/Ha>c Ruii tabula est. Nil verius. Ipso uhi Rufus? *"*• *P'- *''•
In callicdra. Uuid agit? hoc quod cl iii tabula.
' Ce sujet faisoit tant de plaisir à la Muse d'Ausone, qu'il en ep« *» at.
prit ocasion de composer huit épigrammes que nous avons
encore.
Il n'y a donc nulle aparence suivant ce portrait de Ru- Ega». bui ii..
fus, ' qu'il soit le même que Scxtus Rufus Auteur d'un abrégé
de l'histoire Romaine, qui présenta son ouvrage à Valenti-
nicn I. C'est néanmoins ce qu'ont cru quelques Écrivains, au
raport de M' du Boulay, qui ne paroît pas éloigné du même;
sentiment.
URSULUS ET HARMONIUS,
GltAMMAIRIENS.
Rsi'Lus et Ilarmonius enseignoient ensemble h gram- aus. ep. is.
maire à Trêves sous l'empire de Valentinien I. Les *»** **^-
A écoles, comme nous l'avons remarqué ailleurs, y éloient alors
I très-florissantes. La cour y faisoit son séjour ordinaire, et con-
tiibuoit à y attirer les plus habiles Professeurs et grand nom-
\ hre d'étudians. Ausone qui la suivoit alors, en qualité de Pré-
I cepteur du jeune Gratien depuis Empereur, étoit fort lié avec
I les deux Grammairiens dont nous parlons, et se faisoit un plai-
£
k
u
208 URSULUS ET HARMONIUS,
IV SIECLE, sir de leur rendre service dans les rencontres. C'est ce que nous
aprenons d'une de ses lelres à Ursulus.
Vin. in Ans. ?. ' Depuis fort long-temps les Empereurs avoient de coutume
*" de donner au commencement do chaque année des étrenes
aux personnes qu'ils honoroient de leur bienveillance. Les Pro-
fesseurs qui prenoieni le soin d'instruire la jeunesse, avoient
ordinairement part à cette sorte de libéralité, sur-tout lors-
Ans, ib. p. 6ii. qu'ils étoient à portée. ' Il arriva cependant qu'une année Ur-
.sulus fut oublié dans la distribution qui se fit des largesses de
p. 645. 616. l'Empereur. ' Il eut recours à Ausone son ami, alors Questeur
de l'Empire, qui lui obtint une somme assez considérable,
p. 646. 618. C'est ce qui fait le sujet de sa letre h Ursulus. ' Mais la manière
entortillée dont Ausone s'explique sur le nombre des écus qu'il
fil donner à Ursulus, a fort embarassé les Savans. Il paroît
néanmoins que toutes ses différentes expressions étudiées ne
signifient que le nombre de douze. Après tout, ce qu'il y a
de plus remarquable dans cette letre pour l'histoire d'Ursulus,
c'est qu'il donnoit six heures de son tems chaque jour à l'in-
struction de la jeunesse dans les belles letres.
p. Gio. ' Harmonius son collègue dans la môme profession passoit
pour un homme d'une érudition consommée. S'il en faut croire
Ausone, il n'étoit pas indigne d'aller de pair en genre de li-
terature avec les Scaurus, les Claranus, les Varrons et les
autres Savans les plus célèbres de l'antiquité. Il possedoit par-
faitement le grec et le latin ; et il y a toute aparence qu'il don-
noit des leçons en l'une et l'autre langue. Ne pouvant plus
suporter le triste état où il voïoil les poésies d'Homère, qui
se trouvoient alors fort négligées, il entreprit d'en faire un re-
cueil : ce qu'il exécuta en y ajoutant des notes de sa façon,
pour faire observer ce qui s'étoit glissé d'étranger dans le texte
de cet ancien Poète. C est en partie à ses soins que nous som-
mes redevables de ce que nous avons d'Homère aussi entier
qu'il est aujourd'hui. Pour ne rien ôter au portrait que l'on
nous a laissé d'Harmonius, nous allons donner ici les propre?
traits avec lesquels Ausone l'a peint en écrivant à Ursulus son
Cjollegue.
Ursule Collega nobilis Harmonio,
Harmonio.quem Claranus, quem Scaurus et Asper,
Quem siii ffonferret Varro priorque Crates :
Quique sacri lacerum collegit corpus Homeri ,
Quique notas spuriis Versibus apposuit :
CecropiiP
I. CONCILE DE VALENCE.
iiY.\
Cccrojiiiu coininuno decus, Latia'qui.' Caniœiui',
Soluï! qui (Jliiuin luisci'l ol Aiiimiiicuin.
IV SIECI.K.
Till. II. E. t.
551.
p. 800.
I. CONCILE DE VALENCE.
EN 374 le douzième jour de Juillet sous le Consulat de com-. t. a. p. 904
Gralien et d'Equice, on tint Concile à Valence dans la ^'^'
Viennoise. Il s'y trouva vint et un Evêques, ou même trente
s'il faut s'en raporter à un manuscrit.' Il y en avoil de plusieurs p. i807.
provinces des Gaules; mais la plupart étoient de l'ancienne
Narbonoise. ' De sorte que l'on peut regarder cette assemblée Tiii. ii. e. t. ». p.
comme un Concile gênerai de toutes les Gaules.
' Les noms des Prélats qui y assistèrent, se trouvent et dans
l'inscription des letres de ce Concile et dans les signatures
qui se lisent au bas. Mais ils y sont avec un ordre bien diffé-
rent, dont on n'a pu encore donner de bonnes raisons. Il n'y
est point marqué de quelles Eglises ces Prélats étoient Evê-
aues.' M"* de Sainte-Marthe croient que S. Florent, Evêque Gaii.chr. Vet. t.i.
e Vienne, présida à ce Concile, comme tenu dans sa pro- p- "'^■
vince. Les autres principaux Evêques qui y assistèrent,' furent cone. ib. p.iso? |
S. Phébaded'Agen, qui est nommé le premier dans l'inscription ^ni-ib. p. s-^u.
des letres sous le nom de Foegadius, et qui paroît par-là y avoir
présidé plutôt que S. Florent de Vienne; Emilien Evêque de
Valence, qui l'a aussi été de Die selon quelques-uns ; Emere,
ou Eumere, ou bien Evemere de Nantes; Arteme d'Embrun,
qui avoit succédé depuis peu à S.Marcellin; S. Paul de Tri-
castin ou Troischasteaux;Simplice de Sens, ou plutôt d'Au-
tun ; S. Just de Lyon ; S. Euvort d'Orléans; Britton,ou Brit-
tanne, ou même Pritane de Trêves; Concorde d'Arles; Ni-
cet de Maience ; et Constance d'Orange.
' Le sujet de la convocation de ce Concile fut quelque di-
vision arrivée dans l'Eglise Gallicane. Maison n'a pas jugé à
propos d'en conserver la connoissance à la postérité. Celte af-
laire heureusement terminée, divers Prélats proposèrent de re-
médier à quelques désordres trop criminels pour être soufferts,
mais aussi trop communs pour être condamnés avec la sévé-
rité qu'ils meritoient. ' Les Pères du Concile firent donc qua- p. 905.
tre Canons pour éloigner de l'Eglise, comme ils parlent eux-
mêmes, les scandales qui la deslionoroient, et y maintenir la
sainteté des mœurs qui lui convienl.
Tome I. Sec. Part. 1) d
Couc.
1887.
ibU. p. 901.
210 l. CONCILE DE VALENCE.
IV SIECLE. ' Le premier Canon regarde ceux qui aïant été mariés deux
(;„„f ibi,|. fois, OU qui aïant épousé des veuves, étoient élevés àM'état
ecclésiastique. Le Concile déclare que cela n'est jamais per-
mis, non pas même quand ces mariages auroient précédé le
baptême. Mais il. ne dépose point ceux qui auroient été élus
de la sorte, s'ils n'avoient fait quelqu'autre faute qui les auroit
rendus indignes de leur ministère.
ibki. ' Le second Canon ne veut pas même que l'on acorde ai-
sément la pénitence aux jeunes femmes, qui après s'être con-
sacrées à Dieu, étoient passées volontairement à l'état du ma-
riage. Il ajoute que si on la leur acorde, elles ne doivent point
être admises à la communion, qu'elles n'aient pleinement sa-
tisfait à Dieu.
ibid. ' Dans le troisième les Pères du Concile se fondant sur celui
de Nicée, acordent à C(îux qui étoient tombés dans l'idolâ-
trie, ou qui s'étoient fait rebaptiser, la grâce de pouvoir salis-
Tiu. ibid. p. 552. faire à l'Eglise par la pénitence canonique.' II semble qu'ils
avoient en vue le treizième Canon de Nicée. Mais au lieu
que le onzième du même Concile acorde aux apostats la
communion après douze ans de pénitence, les Pères de Va-
lence n'en fixent le terme qu'au dernier jour de la vie. Encore
n'est-il pas clair s'ils leur acordent la communion à la mort.
Aussi c'étoit un bien plus grand crime d'abandonner la foi vic-
torieuse et triomphante que de la renoncer, lorsqu'elle étoit
persécutée.
oone. ib. p. 905. ' Le quatrième Canon est remarquable. Il se trouvoit des
"•'""• personnes qui pour éviter l'état ecclésiastique, qui leur paroissoit
redoutable, se declaroient chargés de quelque péché mortel,
qoi les en excluoit selon les Canons. Les Pères du Concile
louent leur modcsCe et leur fraïeur religieuse. Mais voïant
d'un côté avec regret que cet aveu laissoit de mauvaises im-
pressions dans l'esprit du peuple, toujours porté à croire le
mal; et de l'autre qu'ils ne pouvoient se condamner eux-
mêmes non plus qu'une tierce personne, ils ordonnèrent que*
ceux qui se trouveroient dans le cas, seroient crus sur leur pa-
role. En conséquence ils les excluent du Sacerdoce , comme
coupables ou du crime dont ils s'acuseroient, ou de mensonge
contre eux-mêmes.
p. 906. 907. ' Pendant la tenue de ce Concile les Pères eurent une oca-
sion de mettre cette ordonnance en pratique. L'Eglise de Fré-
jus avoit élu depuis peu tout d'une voix pour son Evêque une
THEODORE, SECRETAIRE D'ETAT. 211
personne nommée Accepte, qui se trouvoit justement dans le
cas du Canon. Concorde l'un des Evêques du Concile en ren-
doit un très-bon témoignage à l'assemolée. Mais les Pères ne
crurent pas devoir violer le Canon qu'ils venoient d'établir.
Ils prirent le parti d'écrire à l'Eglise de Fréjus une letre, par
laquelle ils lui rendent compte de leur ordonnance.
' Nous avons encore cette lelre avec une autre du même
Concile, dans laquelle sont insérés les quatre Canons dont
nous venons de parler. C'est tout ce qui nous reste des actes
de ce Concile. La lelre qui contient les Canons, est adressée
à tous les Evêques des Gaules, ' et à ceux des cinq provin-
ces : c'est-à-dire à ceux de la Lyonoise et de la Belgique, qui
sont proprement ce que l'on nommoit alors les Gaules ; de
l'Aquitaine, qui ne faisoit encore que deux provinces ; et de
la Narbonoise, qui pouvoit bien n'être encore divisée qu'en
trois. ' On cite quelques autres Canons ou décrois du Conci-
le de Valence ; mais ils ne sont pas assez autorisés pour les
compter entre ses véritables décisions.
IV SIECLE.
Conc. ibid.
907.
p. 904.
p. 1807 I Till. ibid.
p. 553.
Conc. ibid. p. 907.
i9 I nol. ibid.
Till. Emp. I.
p. 702.
THEODORE,
Secuétaiui; d'Etat.
'rpnEODouE, dont nous entreprenons l'éloge, est fameux Amm. i. «)._ p
idans les écrits de S. Chrysoslonie et d'Ammien Mar-
cellin. 11 est certainement le même dont parlent l'un et l'au-
tre, quoiqu'en dise le Cardinal Ikironius. Mais il ne le faut
pas confondre avec un autre Théodore Consul en 399, à qui
Symmaque adresse plusieurs letrcs de son cinquième livre.
Selon S. Chrysostome, Théodore étoit né en Sicile, où son
père pouvoit exercer quelque charge, lorsque sa mère le mit
au monde. Mais Ammien MarccUin assure qu'il étoit Gaulois
de nation, et que sa famille tenoil dans les Gaules, un rang
distingué par l'ancienneté de sa noblesse.
' Théodore reçut une éducation conforme à sa naissance. Dès Amm. ib.
sa première jeunesse il fit paroîlre be;iucoup de modestie, de
prudence, de bonté et de politesse. Il s'apliqua à l'étude des
belles letres avec tant de succès, qu'il .s'y rendit très-habile,
Hteris omatissimus. Il étoit parfaitement bien fait en sa taille et
sa figure ; et personne ne savoit mieux que lui retenir sa langue.
D d ij
212 AUSONE,
IV SIECLE. Mais autant qu'il avoit de discrétion pour ne rien dire d'im-
prudent, autant il avoit de liberté à parler, lorsque l'ocasion
ou la nécessité le demandoient. En un mot il réunissoit en sa
personne tant d'excellentes qualités, qu'il parut toujours au-
dessus des grandes charges qu'il remplit, et qu'il se rendit ai-
mable à tout le monde.
Amm. ibid.p.Ms. ' Tous ccs avautagcs de l'esprit et du corps le firent choisir
par l'Empereur Valens pour son second Secrétaire. C'étoit une
charge qui demandoit un homme de beaucoup d'esprit et de
savoir, et qui donnoit tout accès et un grand crédit auprès du
p. 548.554. Prince. ' Il y avoit déjà quelque lems que Théodore la rem-
plissoit avec honneur, lorsque les Païens ermuiés du règne de
Valens, conspirèrent contre lui, et voulurent savoir par la
magie qui lui succederoit. Ililaire et Patrice fameux Magiciens
furent emploies pour le découvrir. Il leur parut que ce seroit
p. 548. Théodore dont nous parlons. ' Et certes, dit Ammien Mar-
cellin, il étoit bien digne de l'Empire. Théodore étoit Païen.
Ainsi il n'est pas surprenant qu'un Auteur Païen parle de lui
p. 554. aussi avantageusement. ' Quoique d'abord il ne sût rien de ce
qui se passoit, l'ambition ne laissa pas ensuite de trouver en-
trée dans son cœur, et de le faire consentir sans peine à ce
dont les prétendus oracles le flatoient. Mais la conspiration
aïant été bien-tôt découverte, il fut convaincu de trahison,
sur-tout par les letres qu'il avoit écrites furtivement à ce sujet
à Hilaire, l'un des deux Magiciens dont on s'étoit servi pour la
p. 555. divination. ' Théodore porta donc la peine de son ambition,
et découvrit par-là la fausseté des oracles. Il eut la tête tran-
Tiii. ib. p. 107. chée avec ses complices ' l'an de .T. C. 374, le onzième de
l'Empire de Valens. Il laissa un fils nommé Iquere ou Hiere,
qui se rendit célèbre par son savoir. Nous en parlerons en son
heu.
AUSONE,
Médecin.
Ans. cpic. p. 297. ' j uLius Ausouius nâquit à Basas en Aquitaine vers l'an 287.
«^ I par. c. 1. p. J jj g^ijj^ depuis s'établir à Bourdeaux, et y exerça la méde-
cine qui étoit la profession qu'il avoit embrassée. Il s'acquit
dans cet art beaucoup de réputation, et mérita de passer pour
MEDECIN. 213
un des premiers Médecins de son temps. * Sans s'arrêter à la iv siècle.
méthode ni d'Hippocrate ni de Galien, ni d'aucun autre Me- . vin. in. Ans. i
decin de l'antiquité, il s'y fraïa des routes nouvelles, '' qui eu- J^^^ ^
rent un heureux succès. Mais quoiqu'il ne suivît pas la métho-
de d'Hippocrate, il imitoit néanmoins son exemple, ' en exer- epic. p. sm.
çant gratuitement la médecine envers tout le monde. Ainsi
il n'amassa point de richesses dans cette profession, et demeu-
ra toujours dans une honnête médiocrité des biens de la fortu-
ne, non opulens, nec egens.
' Il étoit encore jeune, lorsqu'il se maria; et ses enfans au- ep. i. p. ses.
roient pu être ses frères. ' Il épousa yEmilia yEonia fille d'Ar- par. c. i. 2.
bore d'Autun. ' De ce mariage, où ils passèrent 45 ans avec epic. p. 3001 par.
une union et une fidélité inviolable de part et d'autre, sor- '' "" "" "' ^'
tirent quatre enfans, deux garçons et deux filles. Le Poëte
Ausone, dont nous parlerons en particulier, fut l'aîné des gar-
çons, et le plus illustre de toute la famille. Avitien homme
d'esprit et de grande espérance fut le second. Il embrassa la
proiession de son père; mais il fut enlevé de ce monde dès la
fleur de son âge. i^îmilia Melania l'aînée de tous mourut étant
encore à la mamelle. Julia Dryadia la plus jeune des filles,
qui est louée pour ses mœurs et son savoir au-dessus de son
sexe, épousa Pomponius Maximus Sénateur à Bourdeaui ,
qui la laissa veuve de bonne heure.
' Jule Ausone ne se rendit pas seulement célèbre par son epic. p. J97. 300.
habileté dans l'art de la médecine, il le devint encore da-
vantage par une régularité de conduite, où brillèrent toutes
les vertus morales. ' Sa sagesse étoit si universellement recon- par. c. i.
nue, que son siècle le regardoit sans difficulté comme l'un
des sept sages de l'ancienne Grèce. On disoit tout communé-
ment de lui : « Comme Ausone n'avoit personne qui put lui
« servir de modèle dans son genre de vie, de même il n'a per-
« sonne qui l'imite aujourd'hui. »
Si le portrait qu'on nous a laissé de ses vertus, n'est point
flaté, Ausone pouvoit à juste titre passer pour le Philosophe
le plus acompli de son tems. ' Toujours égal à lui-même, «pic p. ms.
il fut toute sa vie uniforme en sa table, ses habits et ses ma-
nières. ' Comme il étoit naturellement vif et porté à la colère, p. 300.
il avoit un soin infini pour en retenir les saillies; et s'il lui arri-
voit quelquefois de se laisser surprendre, il s'en punissoit sé-
vèrement lui-même. Infiniment éloigné de tout esprit de fac-
tion et de cabale, il passa toute sa vie sans procès et sans con-
15
2i4 A U S 0 N E ,
IV SIECLE, teslation, et n'entra jamais dans aucun jugement, sur-tout
contre les coupables. Aussi réservé à mentir qu'à jurer, il eut
encore une horreur extrême et pour la calomnie et pour la
médisance. Toujours atentif à répondre à la bonne opinion
qu'on avoit de lui, il ne manqua jamais aux devoirs mêmes
ae la bienséance, et sut toujours rendre ce qu'il devoil aux
personnes selon leur rang et leur qualité. Il garda toujours à
ses amis une fidélité sincère et inviolable. Jamais la curiosité,
les vaines espérances, les solicitudes pour l'avenir ne trou-
blèrent son esprit. Jamais non plus ni l'envie ni l'ambition ne
trouvèrent entrée dans son cœur. Indiffèrent pour les riches-
ses, mais œconome sans avarice, il conserva le bien qu'il avoit
reçu de ses pères sans l'acroître. Il eut toujours de l'aversion
pour le tumulte, les cohues, les fausses amitiés des Grands. Il
se trouvoit par-là exemt de llaterio. Et ce qu'il y a de plus ad-
mirable, c'est qu'il passoit pQur un homme acompli aux yeux
des autres, sans en avoir de vaine complaisance en lui-
même.
Ans. cpi. p. 299. ' Scs maximes de morale étoient aussi édifiantes que sa con-
^- duite. Il faisoit consister l'honneur à ne rien faire contre son
devoir, et à prévenir les loix par les bonnes mœurs. 11 estimoit
heureux, non celui qui a ce qu'il désire, mais celui qui ne
r«r. c. 1. désire point ce qu'il n'a pas. ' Il fit lui-même consister en cela
son propre bonheur. Tout ce qu'il voulut, lui n-ussit; et tout
ce qu'il souhaita, il le vit arriver comme il l'avoit souhaité,
parce qu'il ne souhaita jamais rien que dans l'ordre.
Dans tout cet éloge, où le Poêle Ausone nous représente
son père comme un grand Philosophe, il ne dit pas un mot
de son Christianisme. On iw peut pas néanmoins douter qu'il
i.2t>. ne fût ChnHien; ' puisque l'on a des preuves que sa famille
faisoit même profession de pieté.
ipif . p. «« I Vil. ' Un mérite aussi émiiient joint à sa science dans la médeci-
ne, valut à Ausone la dignité de premier Médecin de l'Em-
pereur Valentinien I, à laquelle il fut élevé. Son fils étoit
alors Précepteur du jeune Gratien ; et peut-être que son cré-
dit auprès du Prince contribua beaucoup à l'élévation du pe-
ej.ic.p. .wi-Tiii. re. Quoiqu'il en soit, Au.sone ne tarda pas ' à se voir encore
Kmp. t. .-.. p. 148. ^jgy^ j, (j autres hoimeurs. Car bien qu'il ne les recherchât pas,
. il ne les refusa pas non plus, lorsqu'on les lui offrit. Il fut fait
Préfet de l'Illyrie, aparemment ajprès Probe, qui exerça long-
tems cette charge sous Valentinien I, avec la Préfecture de
MEDECIN. 215
l'Italie. * Il n'étoit point alors étrange de voir les personnes de iv siècle.
la profession d'Ansone , sur-tout les premiers Médecins , mon- . ooa. Tu. i. 3.
ter aux plus hautes charges de l'Empire. Sous le règne de ^4 , ^u ' 'côlif •[•
Graticn , Yindicien fut Proconsul et Vicaire des Préfets. On 4.c. 3. '
en pourroit nommer beaucoup d'autres. ' Mais il semble aus. u». i tiu. ib.
qu'Ausone n'avoit seulement comme honoraire , que le titre, le
rang et les apointemens de Préfet. ' Il fut de même Sénateur Aus. ib. p. «98.
honoraire dans deux différens Sénats à Rome et à Bourdeaux.
' Arrivé enfin à une heureuse vieillesse , il mourut paisible- p. 300. soi. 303
ment , après avoir vu les deux Préfectures de son fils aîné , et
le Proconsulat d'IIespere son petit-fils , qui l'exerça en 376
et partie de 377. Mais il ne vil point le Consulat du premier
en 379 , ni la Préfecture du second en 378. Ainsi sa mort ar-
riva en 377 , lorsqu'il achevoit la 90' année de son âge. ' Il par. c. i.
est marqué ailleurs qu'il ne vécut que 22 Olympiades, qui
font 88 ans. Mais il y a aparence que la contrainte des vers
en cet endroit n'a pas permis que l'on exprimât les deux an-
nées de la 23" Olympiade commencée. Le Poète Ausone
nous a laissé deux différens éloges de notre Médecin. Nous
n'avons proprement fait que copier le plus long, (*) et nous don- C) Dans ce quon
nons l'autre ici en son entier, pour lui servir d'épitaphe.
vient (le lire.
Cura Dci, placidœ functus quotl honore sciicctac, ,^jj
Undfcies binas vixit olympiades.
Omniu qiKB voluit, qui prospéra vidit : et idem
Optavit quidquid, coutigit ut voluit.
Non quia fatorum niiiiia indulgcntia, sed quod
Tam moderata illi vota fucrc viro.
Uucin sua contundit septeni Sapientibus œtas,
Quorum doctrinam moribus cxcoluit :
Viverct ut potius, quam diceret arte Sophorum .
Quaiiquam et facundo non radis ingénie.
Pneditus et vitas liominuni ratione medeudi
Porrigerc, et latis amplilicarc moras.
Inde et perfuncta^ manet hajc rcverentia vitap,
iEtas nostra illi quod dcdit hunciitulum ;
Ut nuiluni Ausonius, qucm sectaretur , liabebat,
Sic nuUum , qui se nunc imitetur, habet.
' Ju le Ausone avoit deux frères, Claudius Contentus et Ju- c. 7.
lius Calippo. Le premier mourut à la fleur de son âge dans la
216 AUSONE, MEDECIN.
IV SIECLE, grande Bretagne, où il avoit amassé de grands biens par son
trafic. L'autre vécut jusqu'à la vieillesse, mais sans bien et sans
avoir figuré dans le monde. Ni l'un ni l'autre ne laissèrent de
Ans. ib. C.Î6.27. postérité. ' Il avoit aussi deux Sœurs, Julia Vcnera etJulia
Calaphronia. Celle-ci préfera l'amour de la virginité au ma-
riage , et passa toute sa vie dans les exercices de la pieté Chré-
c. M. tienne. ' L'autre fut mariée , et eut , ce semble , de son ma-
riage Julia Idalia, que le poëte Ausone qualifie de sa cousine ,
ep. 24. p. 687. fille dc sa tante maternelle. ' Il y avoit entre Ausone et le pè-
re de S. Paulin, depuis Evêque de Noie , une étroite amitié ,
3ui fut le principe de l'union mutuelle qui se forma entre leurs
eux fils, comme l'on verra par la suite.
par. c. 1. ' Jule Ausone ne manquoit ni d'érudition ni de noblesse
dans ses pensées; quoiqu'il se fût beaucoup plusapliqué à imi-
ter les mœurs des Anciens , qu'à acquérir leur savoir et leur
epic. p. 298. éloquence. ' Il avoit quelque difficulté à parler la langue la-
tine. Mais il possedoit parfaitement et parloit de même Ta gré-
que ; parce aparemment que l'étude de la médecine l'avoit
engagé à la cultiver plus que l'autre, qui devoit lui être plus
naturelle. (X.)
Mar de Med. pr. ' Il laissa quclqucs écrits sur la médecine, dont les malheurs
'*' ^^' des tems nous ont privés. Nous n'en avons d'autre connois-
sance que ce que nous en aprend Marcel surnommé l'Empi-
rique , qui écrivoit au commencement du V siècle , et qui té-
moigne s'en être servi pour composer les siens. Ceux-ci sont
vjenus jusqu'à nous au moins en partie. Mais on n'y découvre
point autrement ce que Marcel a pris de ceux d'Ausone.
.r. 25. p. 353. Seulement à l'article des remèdes propres à guérir la sciati-
que, il est fait mention d'un qu'Ausone avoit éprouvé sur lui-
même avec succès, et dont il avoit fait usage à l'égard d'autres
personnes, qui ne pouvant se remuer qu'avec des douleurs
extrêmes, avoient été guéries dans l'espace de sept jours par
la vertu de ce remède.
MARCEL
217
IV SIECLE.
Ans. prof. V,. 18.
C.18.
MARCEL,
Gra.mm.\irien ;
ET NEPOTIEN,
GRAMMAiniEN ET RuETEUR.
MARCEL et Nepotien paroisserit avoir fleuri en même
tems, quoiquen différens lieux. C'est pour cela en par-
tie que nous réunissons leurs éloges. ' Le premier naquit à
Bourdeaux quelques années après le commencement de ce
siècle. Il étoit fils d'un père de même nom que lui. Sa mère,
qui meritoit mieux la qualité de marâtre cruelle, n'aiant ja-
mais pu le souffrir, le chassa enfin de la maison paternelle, et
lui fit quitter la ville. La bonne fortune de Marcel le condui-
sit à Narbone. Là Clarentius l'un des premiers Citoiens de la
ville, touché de son malheur, le reçut généreusement dans sa
maison, et lui fit ensuite épouser une de ses filles. Bien-tôt "" '
Marcel ouvrit une école de Grammaire, où il enseigna avec
un grand concours d'étudians. Il amassa dans cette profession
des richesses considérables. Mais son peu de conduite, son
mauvais génie, et d'autres défauts qu'Ausone n'a pas jugé à
propos de relever, lui firent tout perdre à la fois.
'Quelques Ecrivains prétendent que ce Grammairien étoit vin.inAus. jimi
fils de Marcel célèbre Médecin, et l'un des premiers Officiers p*^'. *""• '*■
de l'Empereur Théodose le grand. Us pou voient à la vérité
sortir de la même famille, puisqu'ils étoient de Bourdeaux l'un
et l'autre; mais l'opinion de ces Ecrivains est contre toute
aparence. Ce seroit plutôt le Médecin qui auroit pu être fils
du Grammairien. Car celui-ci étoit déjà mort depuis quelques
années, lorsqu'Ausone faisoit son éloge vers 386 : au lieu que
Marcel le Médecin n'écrivoit qu'au commencement du V
siècle, et ne commença à être célèbre que vers l'an 395. (XL)
' Du temps de Marcel qui fait le sujet de cet article, vivoit tiii. Emp. t. *. p.
un autre Grammairien de même nom, avec lequel il ne le faut *'*•
pas confondre. Celuici portoit le prénom de Nonius, et a
laissé un ouvrage de sa façon sur la propriété des termes la-
lins. Le titre de son livre nous aprend que l'auteur étoit de
Tivoli.
Tome 1. Sec. Part.
£ e
218 MARCEL, GRAM. ET NEPOTIEN, RIIET.
lY SIECLE. • On ne nous dit point quel fut le lieu de la naissance de
• Au» ibid c 15 Nepotien. Mais on sait qu'il étoit un des plus célèbres Pro-
fesseur du Collège de Bourdeaux après le milieu du IV siècle.
Il y enseigna d'abord la grammaire, et y donna ensuite des
leçons d'éloquence. Il réùnissoit en sa personne toutes les qua-
lités qui font l'homme de mérite et l'homme de letres.
Ibid. ' Naturellement doux, poli, honnête, on n'entendit jamais
sortir de sa bouche que des paroles obligeantes et gracieuses.
Quoique d'une humeur enjouée et agréable, qu'il conserva
jusqu à la vieillesse, il parloit très-peu. Mais lorsqu'il le fai-
soit, c'étoit avec une grâce qui charmoit tous ceux qui l'enten-
doient, et qui monlroit combien il étoit habile dans l'art de sa-
voir mêler le sérieux avec l'agréable : Tarn seriorum guam
jocorum particeps. Il joignoil à tout cela beaucoup de retenue
et de modestie. Il étoit économe, frugal, sobre, et d'une pro-
bité reconnue. Ausone son ajni inséparable, qui l'avoit logé
chez lui, témoigne, qu'il faisoit ses plus chères délices de sa
compagnie, et qu'il ne connoissoit point d'homme d'un meil-
leur conseil.
Ibid. ' Pour les letres, Nepolien pouvoit à juste titre aller de
pair avec les plus sa vans hommes de son siècle. Il sa voit par
cœur tous les écrits des célèbres Scaurus et Probus, qui ont
traité à fond de la grammaire. Il possedoit parfaitement la
dialectique, et ne cédoit à nul autre llhêteur pour bien écrire :
Facunde, nulli Rhetorum cedens atylo. Il avoit la mémoire si
heureuse, qu'Ausone ne fait pas difficulté de le comparer en
ce point au fameux Gineas Ambassadeur du Roi des Epirotes,
Vin. in.Ansj. 139. ' qui le lendemain de son entrée dans Rome salua tous les Sé-
nateurs et tous les Chevaliers chacun par son nom.
Au», ibid. ' Nepotien vécut jusqu'à l'âge de 90 ans, et laissa deux fils,
que l'histoire ne nous fait pas autrement connoître. Il paroît
par le vers suivant qui fait partie de son éloge, qu'il avoit exer-
cé quelque charge dans la Préfecture ou le gouvernement de
quelque province, et qu'il s'y étoit acquis beaucoup de gloire.
Honore gesti i)i-œsidatus iaclytos.
219
IV SIECLE.
S. J U S T,
Disciple de S. IIilaire de Poitiers.
468.
IbiU.
E' NTRE les disciples de S. Hilaire de Poitiers, que l'on Bouck. ann. 1. 1
connoît peu, si l'on en excepte S. Martin, on nomme un "" *""
S. Just que l'on assure avoir écrit la vie de ce S. Docteur. C'est
ce qui nous engage à parler ici et de la personne et de l'ou-
vrage de cet Ecrivain. ' On raporte beaucoup de choses de Mar. gaii. p. 930
sa personne. Nous n'en dirons néanmoins que très-peu ; parce
qu il y en a peu ou même point du tout d'assurées, il fut, dit-
on, ordonné Prêtre par S. IIilaire même, ' puis envoie en Pé- Boucii. ibid. c. h
rigord, où il mourut, et fut inhumé à quatre lieues de Limo-
ges. ' M. du Saussay dans son martyrologe de France marque Mar. Caii. iwj.
sa fête au 25 do Novembre. ' Mais tout ce que lui et Jean Tiii. h. e. t. 7. p
Bouchet nous en débitent, dépend des pièces qu'ils ont vîiës,
et que nous n'avons point. Car pour leur autorité seule, quel-
que respectable qu'elle soit sur d'autres faits, ils sont des Ecri-
vains trop modernes, pour s'y arrêter en ce qui regarde des
tems aussi éloignés d'eux.
' Quant à l'histoire de S. Hilaire que l'on attribue à S. Just,
et que l'on disoit, il y a plus de deux siècles, se conserver à
Poitiers dans le thrésor de S. IIilaire le grand, on en raporte
des choses si étranges, que l'on ne peut avoir égard à tout ce
que l'on en cite. D'ailleurs cette pièce neparoU point; et les
faits extraordinaires que l'on dit s'y trouver, suffisent seuls
pour faire juger qu'elle n'est pas d'un disciple de S. Hilaire.
'Il ne faudroit même que la fable plus qu'insoutenable d'une
dispute entre S. Hilaire de Poitiers que 1 on confond ici avec
S. Hilaire d'Arles, et entre S. Léon, pour prouver que l'his-
toire où elle se trouve, est une pièce suposée. C'est en vain
que Bouchet cite Fortunat pour apuïer cette fable. Il est cer-
tain qu'il n'en dit pas un mot. Que si elle se trouvoit dans la
vie qu'il nous a laissée de S. Hilaire, cette vie seroit à rejeter
comme celle qu'on atribuë à S. Just.
Outre cette mauvaise pièce que l'on voit clairement ne
fjouvoir être l'ouvrage d'un disciple de S. Hilaire, ' Bollandus
ui donne le premier livre de celle qui a été écrite par Fortu-
nat. U prétend que S. Just l'aura composé aussi-tôt après la
E e ij
p. 757.
..t.diJ
Boll. 13. Jan. p.
785.
220 EUTROPE, HISTORIEN.
IV SIECLE, mort du Saint, et qu'ensuite Foitnnal l'aura retouchée en son
Bail. 13 jan. lab. temp, et y aura ajouté le second livre. ' MrBailletest presque
«"'• dans la même opinion, et soutient que Fortunat, dont le nom
se lit à la tête de cette vie de S. Hilaire, en est moins l'Auteur
original, que le Paraphraste et le Continuateur.
Mais si l'on y fait de sérieuses réflexions : pourra-l'on se per-
suader qu'un disciple de S. Hilâire entreprenant d'écrire sa vie,
y auroil oublié les plus beaux traits de son histoire? Ne se sent-
on aucune difliculté à croire qu'il n'y auroit parlé ni du Con-
cile de Beziers, où S. Hilaire lit un si beau personnage, ni de
l'affaire de Saturnin d'Arles, h laquelle il eut tant de part, ni
enfin de ce qui se passa à Milan entre lui et Auxence, et qui
fit tant d'éclat dans l'Eglise d'Occident? C'est de quoi néan-
moins l'écrit que l'on \ eut donner à S. Just, ne fait nulle men-
tion. Il est donc plus raisonnable de dire que S. Just n'est pas
plus l'Auteur du premier livre de la vie de S. Hilaire qui por-
te le nom de Fortunat, qu'il l'est de celle que lui a voulu prê-
ter Jean Bouchet. (XII.)
>. ^ .
EUTROPE,
HISTORIEN.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
E nom d'Eulrope fut fort commun dans l'Empire en ce
J siecle-ci et le suivant. 11 y parut plusieurs grands hom-
mes qui le portoient : ce qui dans la suite a donné ocasion de
les confondre les uns avec les autres. Nous tâcherons d'évi-
ter ici lemêmeécueil.
Mar. de mei. pr. p. ' Cclui dout uous entreprenons l'éloge, étoit de même pais
que Jules Ausone, dont nous avons déjà parlé, c'est-à-dire,
ou de Bourdeaux, ou de quelque aulre endroit d'Aquitaine
Sjm. iib.3. p. 53. du côté de Basas. ' Symmaque ami particulier d'Eutrope con-
firme ce sentiment, en disant qu'il avoit des terres contigues
à celles du Consul Ausone fils de Jule '. On voit par-là qu'Eu-
< Il est visible qu'il sVst glissé une faute admirator luus, tcripto ex Atia nuperal-
dans la lelre où Symmague rend ce téinoi- lato mutilari agrot tuoi qui tuit conjun-
gnage. On y lit : Auiontui vir Consularis, gtmtur, accepit. 11 est certain qa'Ausone
L
m
EUTROPE, HISTORIEN. 221
Irope fleurissoit en même lems qu'Ausone le fils, qui étoit un iv siècle.
de ses grands admirateurs, et du fameux Symmaque, dont
nous avons un recueil de Ictres. ' GVsl ce qui s'acorde parfai- Mar. ibid.
tement avec ce que nous en aprend Marcel le Médecin, qui
écrivoit au ccmmenceuient du V siècle. Celui-ci ajoute qu'Eu-
trope fut élevé à de grands honneurs, sans néanmoins nous
les faire autrement connoîlre. Sur cette idée on pourroit
prendre aussi Eutrope' pour le Proconsul d'Asie de même nom, Amm. i. 29. p.
dont parle Ammien Marcellin sur les années 371 et 373, et *'*l"°'' "*•
qui fut Préfet du Prétoire en 380 et 381. Mais on sait d'ail-
leurs que ce Proconsul étoit neveu et disciple d'Acace, et So-
phiste Grec de nation : ce qui ne convient pas à celui dont
nous faisons l'histoire ; quoiqu'il pût fort bien exercer aussi vers
le même tems quelque charge considérable en Orient. 11 n'é-
toit du tout point nouveau de voir en même tems deux per-
sonnes de même nom dans les premières charges de l'Etat.
On avoit déjà vu, sous Constance et Julien un, Saluste Préfet
d'Orient, et un autre Saluste Préfet des Gaules.
' Eutrope étoit, ce semble, à la Cour, qui faisoit sa rési- sym.ibid. «p so.
dence hors d'Italie, ' lorsque le Rhéteur Pallade, par qui Sym-
maque lui adressa une de ses letres, y fut apelé de Home. Il
semole aussi qu'il exerçoit quelque charge. ' Symmaque dans 1. 3. ep. 47. 50.
cette lelre comme dans les sept autres qu'il lui a écrites, lui **' ^'
parle toujours comme à un homme d'un savoir éminent. ' 11 ep. 47.
y en a une entre autres, où il nous a fait plus particulièrement
son caractère par raport à son talent pour les letres. C'est la
47 du 3* livre. Elle ml écrite sous le règne de Gratien, et
selon toute aparence en 378, après que cet Empereur eut dé-
fait les Allemans.
' D'abord Symmaque reproche agréablement à Eutrope de ibid.
se donner du loisir et d'aporter de la négligence à contmuer
d'écrire, en un tems où l'on voïoit l'Empire auparavant chan-
celant reprendre sa première vigueur sous Gratien, qui avoit
autant de bonheur à le gouverner, qu'il y faisoit paroître de
n'eat jamais de bion f»nds en Asie, et que d'Anch métropole de Basas, et non pas ex
ses terres ctoiunt situées et en Saintonge Asia.
et prés d<3 Basas. Comnifnl donc aunut-
il apris d'Asie qu'on i-nvahissoit une* 1- H y avoit alors denx Cours impéria-
fiartie de ses terres ? D'ailleurs on verra par les, celle de Valens en Orient, l'autre de
a suite qu'Eiiti ope à >iui Symmaque mande Gntien à Trêves dans les Gaules. C'est
celte parliculnril<>, étoit lui-mcme en Asie. pliUot de la première que de la seconde
Il faut 'Jo.'ic li e dans ce texte : Ex Autcia qu'il s'agit ici.
222 EUTROPE.
IV SIECLE, sagesse et de puissance. Ensuite craignant d'entrer dans le dr-
tail des grandes actions de ce Prince, Symmaque dit à Eutro-
pe que l'exécution de son histoire est réservée à sa plume pré-
férablement à celle de tout autre Ecrivain, parce qu'il a un ta-
lent tout particulier pour écrire : Sed hœc stylo exsequenda tibi
ante alios, cm pollet Minerva, roncedimus.
On a été fort long-tems en peine pour trouver dans l'anti-
quité les caractères personnels d'Eutrope l'Historien. C'est ce
qui a fait naître sur ce sujet divers sentimens aussi peu fondés
Eotr. pr. 2. les uus quc les autres. ' Les uns, comme Elie Vinet, ont cru
que cet Historien étoit de Constantinople, ou Grec de Na-
snid. E. p. 914. tiou. ' D'autrcs, commc Suidas, voïant bien par son histoire
qui est en latin et en un style bien dilTérent de celui des Grecs,
que son Auteur n'étoit point Grec lui-même, en ont fait un
Sophiste Italien. Jusqu'ici ces deux opinions ont partagé
tous les Savans. Mais quiconque voudra bien se défaire d»;
tout préjugé, et faire atention à ce que nous venons de rapor-
ter de la vie d'Eutrope, y reconnoîtra sans peine la personne
de l'Historien.
Pour s'en convaincre davantage, il n'y a qu'à raprocher de
la fin de l'histoire d'Eutrope écrite avant l'an 375, ce que
Symmaque lui écrivit en 378, et que nous venons de copier.
Il est visible que Symmaque dans sa letre fait allusion à cet en-
Euir. 1. 10. p. 140. droit d'Eutrope.' Eutrope en effet y avertit, qu'aïant poussV
son abrégé d'histoire jusqu'à Valentmien et Valens, il reserve
celle de l'Empire de ces deux Princes pour la traiter en par-
ticulier et avec plus de soin. C'est justement pour le faire res-
souvenir d'acquiler sa promesse et peut-être le porter à y join-
dre l'histoire de Gratien, que Symmaque sous le règne flo
rissant de celui-ci, hii parle comme on vient de le voir.
Mar. ibid. ' Quoiquc Marccl témoigne s'être servi des écrits qu'Eutro-
pe avoit laissés sur la médecine pour composer ceux que nous
avons de lui, ce n'est pas à dire pour cela qu'Eutrope fût M''-
decin.. Marcel a soin d'avertir lui-même que tous ceux qui*
avoient écrit sur cette matière, et dont il avoit tiré du secours,
ne faisoient pas néanmoins profession do médecine. Tels sont
entre autres les deux Plines qu'il nomme.
Divers Ecrivains prétendent qu'Eutrope étoit Chrétien.
Mais ce n'est peut-être qu'en le confondant mal-à-propos avec
un Prêtre de même nom, comme on le verra dans la suite.
A en juger par l'ouvrage qui nous reste de lui, il seroit diffi-
HISTORIEN. 223
cile de dire précisément quelle religion il professoit. 'En ef- iv siècle.
fet il paroît d'une part qu'il n'aprouvoit pas le Paganisme; et . Eutr. pr. s.
de l'autre il n'est pas assez clair qu'il suivit la religion Chré-
tienne. ' Il est vrai qu'en parlant de Julien TApostat, qu'il loue i- «o. p. 139.
néanmoins excessivement, il remarque qu'il poursuivit les
Chrétiens avec trop d'animosité. Mais il n'est point d'Histo-
rien Païen qui se piquant de fidélité dans l'histoire, n'en dît
autant. Ammien Marcellin peut servir d'exemple en ceci.
' D'ailleurs si Eutropeavoit été véritablement Chrétien, il n'au- T'»- Emp. t. s.
roit pu s'empêcher de se déclarer en parlant de Dioclétien et de *"'
Constantin le grand.
' Il dit lui-même qu'il suivit la profession des armes sous Eutr. ibid. p. las.
Julien , et qu'il se trouva avec lui à la guerre de Perse , où
cet Empereur perdit la vie. On ignore quel rang Eutropetint
dans les armées, et à quels autres honneurs il fut élevé dans
la suite. Il est néanmoins certain , comme on l'a déjà vu , qu'il
exerça des charges assez considérables. ' On lui donne à la tiii. ibid.
têle de (juel(|ues éditions de ses ouvrages le titre de Clarissi-
rae , qui étoit celui des Sénateurs. Il paroît qu'après la mort
de Julien et de Jovien , dont le règne fut de peu de durée ,
Eutrope suivit la Cour ou l'armée de Valens. ' Ce fut en effet Eutr. 1. 1. p. a.
à la prière cet Empereur qu'il composa l'abrégé d'histoire
que nous avons de lui.
' Sigonius et Balthasar Boniface donnent à cet Historien pr. 4. sinot.ibid.
le prénom de Flavius. Mais il y a toute aparence qu'ils l'ont
fait de leur autorité privée. Ni les imprimés de son ouvrage
qui avoient paru avant ces deux Ecrivains , ni les manuscrits
que les Savans en ont vus , ne le nomment de la sorte.
Pour avoir négligé de prendre connoissance de l'histoire de
sa vie, on l'a confondu avec plusieurs autres personnes de mê-
me nom. ' Les uns ont cru qu'il étoit le même qu'Eutrope Amm. 1. ta. p.
Proconsul d'Asie et Préfet du Prétoire d'Orient, célèbre dans S. "*' '"*''
Grégoire de Nazianze et dans le Sophiste Libanius. ' D'autres Eutr. pr. 3 1 Geno.
par une erreur intolérable l'ont pris pour le prêtre Eutrope ^"'- •"• *• *®-
dont parle Gennade , et qu'il leur a plû de faire disciple de
S. Augustin, sans penser que cette circonstance trahissoit leur
opinion. ' Codin au contraire le fait vivre un siècle auparavant, Eutr. ibid.
et dit qu'il vit la fondation de Constantinople , et qu'il en a
même laissé quelque écrit. Si cela est , il faut qu'il fût bien
jeune alors ; puisqu'il ne commença guéres à se faire connol-
tre que près de 50 ans après, du teins que fleurissoient le Poëte
224 EUTROPE,
IV SIECLE. Ausone et l'Orateur Symmaque vers 374. On ne voit pas ' que
• Fab. bib. lat. p. CB que d'autres raportent d'Eutrope , en le faisant Secrétaire
""• d'Etat sous Constantin le grand , ait un fondement plus solide.
Enir. iiiij. ' Enfin il ne faut pas confondre notre Historien avec un Gram-
mairien de même nom que lui cilé par Priscien.
8- II.
SES ECRITS.
Suia. E. p. 9ii. ' ■f-j'UTROPE, selon Suidas, laissa divers écrits de sa façon.
LjLe plus connu, et l'unique qui nous reste de lui, est
" ' un abrégé de l'histoire Romaine , divisé en dix livres. Le pre-
mier commence à Remus et Romulus ; le second à l'an 365
de la fondation de Rome ; le troisième à la première guerre
Punique ; le quatrième à celle contre Philippe Roi de Macé-
doine ; le cinquième à la défaite des Consuls Marcus Mani-
lius et Quintus Caepio par les Cimbres, les Teutons et les au-
tres; le sixième au Consulat d'yEmilius Lepidus et Quintus
Catulus l'an de Rome 67S ; le septième à la mort de César et
à l'avènement d'Auguste à l'Empire ; le huitième au règne de
Néron ; le neuvième à celui de Maximin I ; le dixième enfin à
celui de Constance Chlore et de Galère Maxime , et finit à Jo-
vien inclusivement.
Entr. 1. 1. p. 2 1 ' Cc fut SOUS l'Empire de Valentinien et de Valens , et par
1. 10. p. 140. l'ordre de celui-ci qu'Eutrope composa cet abrégé. 11 l'avoit
fini par conséquent avant 375 , qui est l'année de la mort de
Valentinien. On lit à la tête une petite préface en forme d'E-
pitre dédicatoire à Valens , par laquelle il paroît que ce Prin-
ce ignoroit entièrement l'histoire de l'Empire qu'il gouver-
noit , et que c'ètoit pour s'en instruire qu'il avoit demandé cet
ouvrage. Eutrope lui promet de lui donner en peu de mots
une suite chronologique des principaux évenemens arrivés
dans l'Empire, soit par raport au gouvernement civil, soit par
raport à la guerre , et d'y joindre les actions les plus mémoraT
^ blés des Princes qui l'ont gouverné.
' Eutrope a fort bien exécuté son dessein , et l'on voit peu
d'abrégés d'histoire plus parfaits. Non seulement il nous y a
donné un abrégé suivi de toute l'histoire Romaine jusqu'à son
tems, mais il y a encore inséré des faits pris de Saluste et de
Gesn. b«)i. ani. Titc-Live qui ne subsistent plus dans les originaux. ' On croit
aussi y trouver des endroits d'autres Historiens plus corrects,
pr. 3. 4.
t. 1. p. 238. I.
HISTORIEN. 225
qu'ils ne sont pas dans les éditions de leurs propres ouvrages, i v siècle.
A tous ces avantages Eutrope a encore joint celui de bien
prendre le caractère des personnes dont il parle.
' Quant à son style, A'ossius et Sigonius y trouvent peu d'é- Euir. Md.
legance. ' Il est vrai qu'Eutrope n'a pas la politesse des an- i>f- ^■
ciens Ecrivains de l'histoire Romaine, et que souvent même
ses expressions sont peu latines. Mais quoiqu'il soit un des der-
niers, et qu'il use quelquefois de termes barbares, il n'a pas
écrit avec moins d'éloquence que les anciens. Et s'il en faut
croire Sconhovius, il les a même surpassés pour le jugement.
D'ailleurs sa manière de raporter les choses en les abrégeant,
est aussi agréable que commode. En un mot cet Historien,
bien que concis, est clair et point embarassé. On y sent régner
un certain air aisé qui plait, et en fait aimer la lecture. Sa chro-
nologie est au moins aussi exacte que celle d'aucun autre His-
torien. ' On remarque toutefois qu'il ajoute trois ans de plus i. <o. p. 139. uo.
à l'époque commune de la fondation de Rome. . ""'■
' C'est pour tous ces avantages que l'on juge Eutrope pré- pr. i.
férable et à Aurelius Victor et à Florus. Quiconque voudroit
entreprendre de les lire tous trois, devroit commencer par
Eutrope. 11 tireroit ensuite plus de fruit des deux autres. ' Les Tiii. Emp. t. s.'p.
Latins ont toujours fait beaucoup d'estime de cet Historien. "*'
S. Jérôme le copie souvent dans sa chronique; et divers au-
tres Auteurs le citent aussi. ' Mr Valois entre les modernes re- Eus. not. p. 270.1.
garde Eutrope comme un Historien très-assuré, et même très-
élegant, malgré le jugement qu'en ont porté Vossius et Sigo-
nius. Les Grecs n'en ont pas fait moins de cas. C'est ce qui
paroît par les deux traductions qu'ils ont eu soin d'en faire en
leur langue, comme nous dirons en son lieu.
Il y avoit plus de quatre cens ans que l'ouvrage d'Eutrope
conservoit toutes ses beautés, 'lorsque du temps de Charlema- Fab. bibi. lat. p.
gne Paul Winfroy Diacre d'Aquilée les lui fit perdre en croïant "* ' '^'"''' •"■■ *'
l'embellir. Ce fut à la prière d'Adilberge fille de Didier Roi
des Lombards et femme d'Archus ou Arichis Duc de Bene-
vent, qu'il rendit à Eutrope ce mauvais service. Car aiant
entrepris de le retoucher, il le fit de manière qu'il en renver-
sa toute l'œconomie. Il en retrancha beaucoup de choses, en
transposa beaucoup d'autres, et y en ajouta encore davanta-
ge de son cru. Il ne se contenta pas de retoucher ainsi les dix ., , \
livres d'Eutrope, il entreprit encore de le continuer. On a
recueilli sa continuation dont on a fait huit livres, qui con-
Tome I. Sec. Pari. F f
226 EUTKOPE,
IV SIECLE, duisent jusqu'à rEmpereur Léon l'isaurien, et à la déposition
de S. (jîerinain Patriarche de Conslantinople, après les premie-
Fai.. ibid. res années du VIll siècle. A l'exemple de Winfroy' Landul-
phe Sagax,ou un autre Auteur inconnu, entreprit aussi de con-
tinuer cette liistoire, et y fit des additions qui vont ju.squ'à l'an
de .1. C. 806. L'ouvrage ainsi refondu et augmenté contient
24 livres, et porte le titre d'histoire mêlée. Il fut imprimé sé-
parément à Paris en i531 , et à Basic eu 1509. Canisiuset Gru-
ter l'ont inséré depuis, l'un dans ses anciennes leçons, l'autre
dans le recueil d'Historiens qu'il fit imprimer à Hanaw l'an
1611. On l'a fait entrer aussi dans le treizième tome de la bi-
bliothèque des Pères, édition de Lyon; et Mr Muratori l'aïanl
revu sur d'anciens manuscrits l'a mis à la tête des Historiens
d'Italie.
L'ouvrage d'Eutrope aiant perdu par-là son plus grand mé-
rite, fut fort négligé dans la suite des tems. Ce ne fut qu'au
XVI siècle qu'il regagna l'estime qu'il avoit perdue , après
que divers critiques lui eurent rendu sa première pureté. An-
toine Sconhovius passe communément pour y avoir travaillé
Kab. bibi. lat. p. le premier. ' Mais Jean-Baptiste Egnatius y avoit mis la main
'" avant lui ; et Elie Vinet acheva ce que les deux autres avoienl
heureusement commencé. C'est ce que nous dirons plus en
détail en faisant le dénombrement des éditions de cet Histo-
rien.
Outre l'abrégé de l'histoire Romaine jusqu'à Valentinien
suid. K. p. no. et Valens, ' Eiitrope au ra[)orl de Suidas lit aussi un abrégé
deTile-Live, que Capiton de Lycie traduisit en grec. On ne
Koin. bis. scri I. counolt poiut d'aillcurs ce second abrégé d'Eutrope, ' et Syl-
s.p. 903. I. burge soupçonne que Suidas n'ait ici nommé Eulrope au Heu
de Florus, qui avoit dt'Ja fait des abrégés ou sommaires des
livres de Tite-Live,.
Mar. denied.pr.p. ' Marcel l'Emjurique at(!sle aussi qu'Eutrope avoit compo-
sé quelques ouvrages sur la médecine, quoiqu il ne fijt pas Mé-
decin lui-même. Mais il ne nous en donne point d'autre con--
noissance que de dire qu'il s'en servit pour écrire ce qu'il nous
a laissé sur la même matière ; et cet ouvrage d'Eutrope ne pa-
roît aujourd'hui nulle part, non plus que celui de Jule Au-
sone dont Marcel avoit aussi tiré quelque secours.
Enir. 1. 10. p KO. ' Eulropc cu fiuissaut son abrégé de l'histoire Romaine pro-
mettoit d'écrire en particulier et avec plus d'étendue et de soin
celle de l'Empire de Valentinien I , et de Valens son frère.
1 H \Ai ^\
HISTORIEN. 227
Mais on ne voit point qu'il ait acquit^ sa promesse, ni qu'il iv siècle.
ait entrepris celle du règne de Gratien, à quoi Symmaque
semble l'avoir voulu porter, comme on l'a df^ja vu.
' Il parut à Paris cnez Ilobert Etienne l'an 1544 en un vo- Bibi. Bai. t. s. p.
lume m-8°. sous le nom d'Eutrope un abrégé de la guerre des '^
Gaules, tiré des écrits de Suétone qui ne sont pas venus jus-
qu'à nous. ' Cet abrégé fut encore imprimé ailleurs dans la sui- ... Barb. i. p. 387
te sous le nom du même Auteur, nommément à Francfort l'an jiis^.""'' '' ^ •*
1575, et à Leyde en 1593. ' Mais les Savans ont remarqué ...Bai. ibid.
que cet abrégé est de Paul Diacre, et non pas d'Eutrope.
^. I".
EDITIONS DE SON HISTOIRE.
OM ne vit point d'édition du texte pur d'Eutrope , jusqu'à
celle qu'en publia .lean-Bapli.ste Egnatius. Toutes cel-
les qui en parurent jusqu'alors, et même quelques autres de-
puis, contiennent son ouvrage défiguré, lel que l'avoit rendu
Paul Diacre en le relouchant. Les premières éditions de cet
abrégé ainsi travesti ' furent faites à Rome en 1471, à Venise Fab. biw. u. p.
1 480 en un volume in-folio^ et à Cracovie 1510 en un volu- ""'
me m- 4", par les soins de Michel Coccinius. ' Gesner fait men- ccsn.bibi.uni.i.i.
lion d'une autre faite à Venise chez Aide en un volume ///-S", p '*^*
avec les huit livres de la continuation de Paul Diacre et les
commentaires de César, mais il n'en marque pas l'armée.
En 1512, Nicolas Maillard de Rouen fil réimprimer à Bibi.ff.Pr«P.i.c«n.
Paris chez Gilles Gourmont pour Gecfroi de Marnef l'histoire
d'Eutrope avec les huit livres d'additions de Paul Diacre, (^et-
le édition que quelques-uns marquent de l'année 1513 est en
un volume in-folio. ' Il y en eut une autre m-S". à Venise chez . ..coib. i. s. p.
Aide, avec Suétone et Aurelius Victor en l'an 1516. '""
Jean-Baptiste Egnatius aiant recouvré quelque manuscrit Fab. ibid .p. 172.
de l'abrégé d'Eutrope, tel qu'il étoit sorti de sa plume, avant
que Paul Diacre y mît la main, le fil imprimer dans sa pure-
té. L'édition en parut à Venise l'an 1520. ' Dès l'année sui- Bibi. Teii. p. 27!».
vante Eutrope i\it réimprimé chez Aide au même endroit et ''
sur la même édition, en un volume m-H" dans lequel on a joint
à Eutrope Paul Diacre son Continuateur, Suétone et Aur. Vic-
tor. ' La même édition servit encore de modèle pour don- Fab. ibid
ner Eutrope dans la suite entre les autres Ecrivains de l'histoi-
re Romaine. ' En 153t Simon de Colines le remit séparément Bibi. ff. Min. cen.
Ffv
228 EUTROPE,
IV SIECLE. SOUS la presse à Paris, et le publia en un volume m-8".
Tell p 273 1 Froben imprimeur à Basle en fil de même l'année suivan-
te 1332, et joignit à Eutrope les six livres de Paul Diacre de
l'histoire des Lombards, avec les vies des Empereurs Grecs.
Cette édition qui fut revûë par Sigismond Gelenius, est en
un volume in-folio, et ne contient pas le texte pur de notre
Entr.pr. 2. Ilistoricn. ' Elle est si ample, dit Elie Vinet, qu'il y a dix fois
Dibi. s. Serg. And. plus de matière que n'en contient l'original d'Eutrope. ' Simon
de Colines redonna en 1539 celle qu'il avoit publiée en 1531 ,
en même volume que la première fois.
Boid. bibi. hisi. p. ' En 1543, on réimprima k Basle l'abrégé d'Eutrope ; et cel-
les I Eutr. p. 5. jg édition fut regardée comme la plus correcte de toutes cel-
les qui avoient paru jusqu'alors. Le public en est redevable
à Antoine Sconhovius qui donna dans celle édition le texte
de son Auteur purgé de toutes les additions , changemens
et altérations qui y avoit faites Paul Diacre. Sconhovius se
servit pour rendre ainsi à Eutrope sa première intégrité, d'un
manuscrit de l'Abbaïe de Saint lîavon à Gand. Ce fut sur son
édition qu'Eutrope entra dans le recueil des Ecrivains de
l'histoire Romaine, qui parut à Paris chez Henri Estienne l'an
Fab.ibid. 1368 en 4 volumes m-8". 'et qu'il fut réimprimé séparément
en même volume à Lyon 1394. P;ml Merula prit soin de cet-
te édition, et l'enrichit des notes de Henri Glarean et d'Elie
Boid. ibid.. Viuet. ' On vit encore paroître au même endroit deux autres
éditions d'Eutrope, l'une m-12". en 1332, l'autre m-S". en
1596; mais on ne marque point celle qui leur avoit servi de
modèle, ni ceux qui y ont mis la main.
Ce qu'Egnatius et Sconhovius avoient déjà fait en faveur
Eutr. pr. 2. du tcxtc d'Eutropc, ' fut porté à sa perfection par les soins
d'Elie Vinet. Ce critique se servit pour cela d'un manuscrit de
la bibliothèque des Dominicains de Bourdeaux, sur lequel il
donna la meilleure édition d'Eutrope qui eût encore vu le
jour. C'est conformément à ce manuscrit qu'il fit porter à l'ou-
vrage le titre de Breviarium, qu'il a retenu depuis. L'édition
Bibi. Lug. Bal. p. dc Yinct parut pour la première fois à Poitiers l'an 1533,' puis
Tp. Ut! ""*'■ '■ à Basle les années 1554 et 1559 en un volume m-8». dans le-
quel on a joint les notes de Henri Glarean à celles de Vinet.
Fab. ibid. 'Elle fut encore renouvellée à Paris en un volume m-12''. l'an
Bibi. s. Serg. And. 1500, ' et derechef quatre ans après au même endroit chez
Jérôme de Marnef. Cette dernière édition qui est m-1 6. con-
tient et les notes de Vinet et la continuation de Paul Diacre.
HISTORIEN. 229
'Mais la plus belle de toutes les éditions d'Eutrope qui ont iv siècle.
paru, ou par les soins de Vinet, ou sur celles qu'il avoitpu- l ir~MÏn~cën'
bliées, est l'édition de Poitiers de la même année 1564,
après que Vinet eut revu le texte de l'Auteur. Elle est sortie
des presses d'Anguilbert de Marnef en un volume m-i". 'En • • ff- Prœd. Cen.
1620, Jean Libert Imprimeur à Paris donna encore le texte
d'Eutrope sur une des éditions de Vinet, en un petit volume
m-24 dans lequel il ajouta les Césars d'Ausone.
Après tant' de difl'érentes éditions de l'abrégé d'Eutrope,
on le vit passer dans le recueil diîs Ecrivains de l'histoire Ro-
maine, imprimé à Francfort chez les héritiers d'André We-
chel en trois volumes in-folio, les années 1588, 1389 et 1390.
Il se trouve dans le premier et le troisième volume. Dans ce-
lui-ci on l'a acompagné de la version gréque de Pœanius, de
laquelle nous parlerons bien-tôt. ' Frédéric Sylburge , qui Rom. Ust. t. s. p.
prit soin de l'édition de ce recueil, avant que d'y insérer le ^*''°^^-
texte original d'Eutrope, le revit sur un excellent manuscrit
du collège de Fulde, et sur les éditions de Sconhovius et de
Vinet, les meilleures qui eussent encore paru.
' Denys Godefroi le fit aussi entrer dans la collection des Fab. iWd. app. p.
mêmes Historiens qu'il fit imprimer à Lyon l'an 1591. Ceux ^''^'
qui se chargèrent de publier les divers autres recueils d'Ecri-
vains de l'histoire Romaine, tels que celui qui vit le jour à
Leyde chez Raphelenghe en 1607 in-S". et ceux qui paru-
rent à Genève les années 1609 et 1633, le premier en un et
l'autre en deux volumes in-folio, y ont encore inséré l'ouvra-
ge d'Eutrope. On le trouve aussi avec Florus, Velleius Pa-
terculus et plusieurs autres semblables Ecrivains imprimés à
Amsterdam chez Guillaume et Jean Jansson les années 1623
et 1630, et à Leyde chez Jean le Maire 1632 en un volume
m-16. Dans celte dernière édition Eutrope est acompagné des
notes de Marc Boxhorn-Zuerius.
Outre ces éditions communes à Eutrope et à d'autres His-
toriens, il y en a encore eu plusieurs particulières faites en
divers teras. ' Il fut imprimé de la sorte dès 1592 à Leyde chez Bibi. cord.p. f24.
les Elzevirs en un volume in-S". que l'on a grossi de la con-
tinuation de Paul Diacre. ' Il fut ensuite remis sous la pressé à BoU. ibid.
Francfort l'an 1617 en un volume in-i". avec les notes de di-
vers Savans. ' Christophe Cellarius aïant joint au texte origi- Fab. bibi. ut. p.
nal d'Eutrope la version gréque qui nous en reste, publia l'un *"'
et l'autre à Ciza l'an 1678 en un volume m-8". qu'il à eu soin
230 EUTROPE,
IV SIECLE, d'enrichir el des différentes leçons el de notes choisies. 'Cet-
~z .... ,-. te édition gréque et latine d'Eulropi? parut de nouveau à Ox-
• KoD. bibl. p. 479. j-^AO « 1
fort 1 an l/Oo en même volume.
Bi')i. s. Vin. cen. ' Vingt BUS avaut que celle-ci vît le jour, Mademoiselle le
Févre, depuis Madame Dacicr, donna au public celle qu'elle
avoit préparée pour l'usage de Mr le grand Dauphin. Elle est
faite à Paris chez Antoine Cellier l'an lG83enun petit volu-
me m-4''. et acompagnée de divers orncmens et de savantes re-
marques, où l'on aperçoit sans peine l'érudition du père mê-
lée avec celle de la fille. Olte édition d'Eutrope est sans
contredit la plus parfaite que l'on ait encore vue , et peut-être
Kon. ibid. aussi la plus ulilc. ' En 170a on réimprima encore cet Histo-
rien à Londres en un petit volume iw-lS".
Euir. pr. 1. 6. ' Lcs Grccs , commc nous l'avons dit, ont voulu avoir en
leur langue l'abrégé d'Eutrope. On prélend même qu'ils en
ont eu deux différentes versicins. La promiere fut faite, dit-
on, par les soins de Capiton de Lycic, et l'autre par P.ea-
nius nomme peu versé dans la langue latine, que le célèbre
Cujas a néanmoins confondu avec Capiton, croïant que ce
n'etoil qu'un seul et même Traducteur. Il ne nous reste plus
rien de la version du premier. On (;roit que c'est celle-là dont
s'est servi Jean d'Anlioche pour faire passer dans ses écrits di-
vers endroits d'Eutropt;; et Vim juge par ce qu'il en cite que
cette version étoit plus élégante que celle de Pîcanius. Mais
à dire le vrai , l'on i)eut légitimement douter si elle a j;tmais
existé. En effet on ne l'établit que ' sur ce qu'en dit Suidas. Or
Suidas ne dit point que Capiton ait traduit en grec l'abrégé,
de l'hi-sloire lîomaine par Eulrope, mais seulement l'abrégé
de Titc-Live, qui est un ouvrage tout dillérent de l'autre. Et
comme Jean d'Anlioche, dans ce qu'il cite d'Eutrope, ne nom-
me point ce Capiton, ses citations n'établissent point la ver-
F.iirr. pr. 1. sion gréquc clout il s'agit ici. ' D'autre.? Savans remarquent
même que l'on ne .sauroit dire au juste si cet Ecrivain a puisé
dans quelque version gréque plutôt que dans l'original latin.
Rom. hiJi. ibid. p. 'Quaut à la versioH de Paeanius, qui est venue jusqu'à nous,
*'■ Sylburge la croit presque aussi ancienne qu'Eutrope môme.
Néanmoins elle n'en est pas plus fidèle. Pecanius y a changé
et omis plusieurs difi'érentes choses importantes, et en a dé-
tourné d'autres en un sens éloigné de celui de son Auteur et
de la vérité de l'histoire. Sylburge est le premier qui a publié
cette version. Il la tira de la bibliothèque de Mr Pithou, et la
Sai<l. K. r-âiO.
(» :
HISTORIEN. 231
donna dans le ti'oisiéme tome de son recueil des Ecrivains de iv sieclk.
l'histoire Romaine imprimée à Francfort en l.')90, avec le
texte latin à côté, comme no«s l'avons déjà dit. Elle a été de-
puis réimprimée de la sorte en un volume particulier à Ciza
et à Oxfort. Outre les défauts de cette version que nous avons
marqués, et qui lui viennent du Traducteur Grec, il y man-
que quelque chose après le commencement du sixième et sep-
tième livre. La fin y manque aussi, c'est-à-dire, ce qui re-
garde les règnes de Jovien, de Julien, et partie de celui de
Constance.
Les François ont voulu comme les Grecs avoir le plaisir
de lire Eutrope en leur langue. 'Il en parut une traduction Biu. ff. miu. cen.
françoise avec celle de Florus l'an 1580 chez Jacques Berjon
en un volume m-S". On en est redevable h L. Constant, qui la
dédiaàllfnri de la Tour Vicomte de Turene. 'Depuis quel- ...s. uerm. Par.
ques années il y en a eu une autre incomparablement meil-
leure, imprimée l'an 1717 à Paris chez les frères Barbou en
un volume m-12. Elle est de Mr l'Abbé Lezeau, qui l'a en-
richie de notes et d'une belle disserialion, qui donne une idée
générale du génie des Romains et de leur Empire. On en
trouve aussi une traduction Italiene imprimée à \enise m-S".
en 1544. (XIII.)
VICTORIUS,
Gram.m.\irien ,
ET DYNAMIUS,
Rhéteur.
YicTORii's, qu'il ne faut pas confondre avec plusieurs au- au*. prof. c. ai.
très grands hommes (jui de son tems porloient le mê-
me nom, lleurissoit après le milieu de ce IV siècle. Il éloit
Sousprincipal du Collège de Bourdeaux : ce qu'Ausone, qui
nous le fait connoître, exprime par les fermes latins de Sub-
doctor et Proscholus. Il y donna aussi pendant quelques tems des
leçons de Grammaire. .Mais il s'acquit peu de réputation dans
l'exercice de cet emploi. Ce n'est pas néanmoins qu'il man-
quât de talens. Il avoit de la mémoire, du feu, de l'ardeur et
232 VICTORIUS, GRAM. ET DYNAMIUS, RH.
IV SIÈCLE, de l'assiduité au travail. Il étoil par conséquent en état de fai-
re honneur à sa profession, s'il n'avoit mieux aimé tourner
tous ses travaux à l'étude de l'antiquité, mais d'une antiquité
stérile. et méprisée, qui n'étoit pas du goût de son siècle, com-
me Ausone le lui reprochoit après sa mort. Les loix fabuleu-
ses de Themis et de Minos, l'ancien droit des Athéniens et des
Lacedemoniens, les généalogies des Sabins, les privilèges et
les usages de leurs Prêtres avant Numa Pompilius second Roi
de Rome, l'histoire des Rois barbares par un certain Castor,
et autres semblables monumens faisoient toute l'ocupation de
Victorius, et lui tenoient lieu des bons Auteurs. Ce Gram-
mairien aïant entrepris un voïage en Sicile, alla ensuite du
côté de Rome, où il mourut quelque tems avant qu'Ausone
composât son éloge, que nous n'avons fait qu'abréger. (XIV.)
ibid. f. S3. 'Dynamius naquit à Bourdeaux, et fleurit au même tems
que Victorius. Il exerça d'abord l'emploi d'Avocat. Mais aïant
été acusé d'adultère, il quita Bourdeaux vers 360, et se re-
tira à Lerida en Espagne, où il épousa une femme fort ri-
che. De peur d'être découvert il changea de nom, et prit ce-
lui de Flavinius. C'est sous ce nom suposé qu'il enseigna la
Rhétorique à Lerida. Après une assez longue absence il re-
vint à Bourdeaux, mais il n'y fit pas long séjour. Il retourna
en Espagne, et mourut à Lerida. 11 éloit intime ami d'Auso-
ne, qui nous a conservé sa mémoire. Au reste il ne faut pas
Amm. 1. 15. p.76. le confondrc avec un autre' Dyname fameux par ses fourbe-
ries sous l'Empereur Constance, qui l'en récompensa par le
gouvernement de Toscane, quoiqu'il n'eût auparavant que
le soin de tenir le regître des bêtes de somme.
Para. ver. p. 148. ' Mclchior Goldast dans son recueil d'anciennes exhorta-
"*• "^ tions nous a donné une letre qui porte le nom d'un Dynamius
Grammairien à son disciple. Il témoigne l'avoir trouvée dans
deux divers manuscrits avec cette inscription : Dynamius Gram-
maiicus ad discipulum suum ait. Elle est fort courte, mais elle
est assurément digne d'un homme animé de l'esprit de l'Evan-
gile; et son style n'est pas éloigné de celui des pièces du IV
siècle. L'Auteur débute par déplorer amèrement la condition
des hommes, qui méprisent l'invitation d'un Dieu qui les apel-
le au ciel, pour suivre aveuglément les suggestions du Démon,
qui ne cherche qu'à les précipiter dans l'enfer. Dyname con-
clud en établissant la nécessité de nous atacher uniquement à
l'auteur de notre salut.
Goldast
G
GKAÏIËN, EMPEREUR. 233
"Goidast et Vossius qui l'a suivi, placent ce Dyname à la iv siècle.
fin du V siècle, et le confondent avec Dyname le Patrice, ;;
qui a écrit la vie de S. Maxime Evêque de Riez. Mais cette h,"t!'iat.V. a. c°i8.
confusion détruit le sentiment qui fait vivre cet Auteur dès le
V siècle, puisqu'il est constant que Dyname Ecrivain de la vie
de S. Maxime ne lleurissoit qu'à la fin du VI, comme on le
verra en son lieu. L'on peut assurer que la lettre dont il s'a-
git ici, est d'un style beaucoup au-dessus de celui de la fin du
VI siècle. Amsi le Dyname dont elle porte le nom, est plu-
tôt Dyname le Rhéteur dont parle Ausone, que Dyname le
Patrice qui a composé la vie de S. Maxime.
GRATIEN,
Empereur.
RATIEZ, l'un des Princes le plus acomplis qui eussent tui. Emp. t. s. p.
jusqu'alors gouverné l'Empire, naquit en l'année 359.
On ne convient pas du jour précis. Les uns sont pour le 18'
d'Avril, les autres pour le 23'' du mois suivant. '\ji ville de vkt. epit. p. 231.
Sirmich en Pannonie fut le lieu de sa naissance. Mais nos Gau-
les sont en droit de le revendiquer et de le compter au nom-
bre de leurs élevés. En effet y aïant été porté dès son enfan-
ce, il y passa presque tout le reste de sa vie, et y finit ses jours.
' Il eut pour père Valentinien I, qui fut déclaré Empereur cinq xiii. iwd.
ans après en 364, ' et pour mère Valeria Severa. ?»«• *•
'Il aporta en nais.sant d'excellentes dispositions, qui don- Amm. 1.87.31.
nerent de lui de grandes espérances pour l'avenir. Il avoit sur- vict!u;id.7Au^ '
tout reçu de la nature un génie heureux pour les letres, et un epl'i.''' '*' ^^ '
talent particulier pour l'éloquence. On croïoit voir revivre
en lui et le feu de Publius Sulpicius, cet Orateur si célèbre
dans Ciceron, et la gravité de Gracchus l'ancien. Autant qu'il
avoit de dispositions pour les letres, autant il eut d'ardeur à
les cultiver; et il le fit avec un succès égal à son ardeur. Il
devint bon Poëte et bon Orateur, et acquit beaucoup d'ha-
bileté dans les afi"aire3. Aussi se plaisoit-il à démêler les plus
embrouillées. Lorsqu'il parloit dans le conseil, c'étoit avec
une sagesse et une éloquence qui charmoient ses auditeurs.
' Ce fut le Poëte Ausone qui prit soin de l'instruire et de diri- Am. Cods. p. 701.
ger ses éludes. Il eut soin à son tour de l'en recompen.ser en If. ' ^^' *' " **
Tom. I. Sec. Part. • G g
1 S *
234 GRATIEN,
IV SIECLE. grand Prince, l'élevant lui et ses proches aux premières char-
ges de l'Empire.
Aniin.i.â7.p.489 1 ' Graticu uc lîùsoit que d'entrer dans la neuvième année de
tiTi'Htr'c":?: son âge, lorsque le 24" d'Août 307 l'Empereur son père le fit
2- p- '8«- déclarer Auguste à la tête dos armées, (liiacun se porta à l'en-
vi àreconnoitre pour son Souverain un Prince qui bien qu'en-
core enfant donnoit dès lors à connoitre ce qu'il seroit un
Amm. ihid. p. 418. jour. La cérémonio s'en fit à Amiens selon S. Jérôme. 'Dès
*^' l'année suivante Valenlinien le mena avec lui dans .ses expé-
ditions; et quoique le jeune (iratien fût encore en un âge
1. ai. p. 638. trop tendre pour .suporter les fatigues de la guerre, ' il ne lais-
.sa pas d'en ])rofiter pour se former au métier. Il devint par-là
un Prince belliqueux , adroit dans les exercices militaires ,
Au5.edy.i3.p.508. prompt et vigilant dans la guerre. ' T)e sorte que se distinguant
dès lors entre les plu« anciens Capilaines, on reronnoissoit
en lui le courage el la valeur de .son père, et qu'on le rcgar-
doil comme un des plus fermes apuis de l'I-lmpire. C'est ainsi
u'Ausone son maître en parloit à ^'alentinien en .se servant
es expressions de Virgile.
Tuque, puerquc tiius, mngn.-B spes aller Rom»,
Flo.s velerum , virtusque virûm , mon niaxiraa cura ,
.Norainp avum rcffirens, aniino manibusque parenlom.
dr
Tiu.ibid. p. 139. 'Valenlinicn étant mort le 17* de Novembre 375, Gratien
P- '^- se trouva cliargé du gouvernement de tout l'Empire d'Occi-
dent. C'est proprement à cette époque qu'il faut raporter le
commencemeni de .son règne. Il n'avoit pas encore dix-sept
ans acomplis; et malgi-é eelte grande jeunesse il étoit dès lors
en état de commander lui-même ses armées. En moulant sur le
llirûne, il fil voir qu'il étoit bien éloigné d'y fiiire monter avec
lui celte jalousie qui avoit tyranni.sé tant d'autres Empereurs
Aus.cnns.p. 701 1 qui l'avoiriit précédé. 'II commença par associer à l'Empire
Hil. ibid. p. 187. ' • i- Ar i ,• • ii * • i . . «• i
' son jeune Irere Naionlinien II, pour qui il eut toujours les
mêmes «'gards el la même afleclion que s'il eût été «on pro-
Tiii p. 707.709. prc fils. 'Mais comme celui-ci n'éloil pas encore en âge d'à -
ui. gir, Grafien tant qu'il vécut, gouverna seul l'Occident. 'En-
suite il rapclla près de sa personne .sa niere Valeria Severa
que .son [<ere avoil répudiée pour épouser Justine, et se ser-
vit ufilement de ses conseils. Vers le commencement de l'an
376, Valens Empereur d'Orient et oncle paternel de Gratien,
M 0 .Vvw'\ .-i^V, A
EMPEREUR. 235
' lui députa dans les Gaules Themistius célèbre Philosophe. iv sieclk.
On ppfloit alors du mariage de notre jeune Empereur avec aThem.or. »3. p.
la fille de Constance, nommée Constancie qu'il épousa effecti- '63. lei. i67.
vement, mais qui mourut avant lui.
Gratien signala les commencemens de son règne par des
lois célèbres, qui font voir quel éloit son amour pour l'Eglise
et pour les lettres. ' Le 1 7 de Mai 376 il en adressa une à divers coa. Th. ibij- 1. 1.
Evêques qui lui avoient écrit, et qui tenoient alors un Con- '' ^^' ^' ^"' ^"'
cile. Par cette loi qui est aussi adressée à Arteme, l'Empereur
déclare que les affaires au sujet de la religion doivent être
jugées sur les lieux par les Conciles de la province, c'est-à-
dire comme l'on croit devoir l'expliquer, du département d'un
Vicaire de Préfet. Mais si c'est quelque action criminelle qui
regarde les loix, le Prince veut qu'elle soit portée devant les
Juges civils. ' La même année il rendit une ordonnance que i.6. p. lu. m.
nous n'avons plus, mais qui est marquée dans quelques loix, *^*'
pour défendre aux Donatisles, et généralement à tous les hé-
rétiques, de tenir aucune assemblée Ecclésiastique ; voulant
que tous les lieux ou il s'asembleroicnt hors les Eglises fus-
sent confisqués.' 11 confirma celle ordonnance à l'égard de • c.t.s.i.i.p. n*.
tous les hérétiques par une autre en date du 22' d'Avril de
l'an 378. Dés l'année précédente il en avoit publié uue au-
tre du cinquième de Mars, pour exemter des charges perso-
nelles tous ceux du Clergé, même les Soudiacres, les Exor-
cistes, les Lecteurs et les Portiers. Il fit encore durant son rè-
gne plusieurs autres reglemens pour l'avantage de l'Eglise et
de ses Ministres, mais il seroit trop ennuieux de les rapporter
en détail.
' La loi en faveur des letlros dans les Gaules est du 23' de is. t. s. i. ii. p.
Mai 376. Elle porte que l'on augmentera ce que l'épargne ^^' *"'
avoit accoutume de donner aux Professeurs dans toutes les Mé-
tropoles, et particulièrement à la trés-illuslre ville de Trêves.
Celle-ci est spécifiée en particulier avec éloge, parce que
depuis long-tems les Empereurs d'Occident en faisoient le
lieu de leur résidence ordinaire.
En ' 378 Gratien marcha contre les Allemans, et les défit jiii.ibia. p-. ir,o.
près de Cohnar et de Brissac en Alsace. 11 donna par-là en ■"* i *"'• ''"•'•
une seule année la paix aux frontières du Rhin et du Danube.
' De-là il mena son armée au secours de l'Empereur Valens Amm. i. si.p.cii.
son oncle contre les Gots. Mais avant qu'il le joignît, ce mal-
heureux Empereur ' périt à la journée d'Andrinople le neuvié- tui. ibid. p. m.
G 154.
23(i G HAT 1 EN,
IV siEtXK. me d'Août de la même aimée. Celle mial reiidit Gralien maî-
tre de l'Orient, et lui ouvrit la voie pour tirer l'Eglise Orien-
coj. Th. 16. i.s. laie de l'oppression où (ille /-toit. ' Il se liAta aussi-lôt d'aller
VV c.'l.pMii'iT '1 Constanliiiople. \A voulant faire éclater la piété qu'il avoil
2^f- '•:'•«• 2- p- dans le cœur, et montrer (combien il étoit indigné des vexa-
493. "' ' ■ ''' lions que Valens avoit faites au Catholiques, il rapj)ela les
Evêques bannis au gouvernement de leurs troupeaux, rendit
les biens et la liberté aux autres exilés, et répara les domma-
ges qu'ils avoient soufferts. 11 fit ensuite une loi pour permet-
tre à tous ceux qui professoient quelque religion, de tenir li-
brement leurs assemblées, exceptant néanmoins de ce nom-
Tiii. ibid. p. i.'ii. brc les Eunomiens, les Pholiniens, el les Manichéens. ' Le
trouble où étoit alors l'Empire, ne lui permit pas de faire cette
fois là davantage pour l'Orient,
cod. ibid. t. 6. 1. 2. ' Mais pour l'Occident, dés le 17" d'Octobre de la même
•■■ " année il publia une autre loi contre les Donatistes, qui len-
doit à détruire entièrement les restes de cette Secle. Par la mê-
me loi il déclara généralement qu'il ne prétendoil point que
l'on onseignût d'autre doctrine que colle qui est conforme à
la foi de l'Evangile el des Apôtres, el à la tradition de l'Eglise.
Tiidri. ibid. c. .1. p. 'Les Gots continuant leurs ravages en Orient, Gralien y
p"*733 '''^''*' ''"^' fi'ivoïa d'Espagne le jeune Théodose à la tête d'une armée
pour les combattre. Ce Général remporta sur eux une victoi-
re si complète qu'il les contraignit de repasser le Danube.
i>iosp. ibid. I Aiig. Après celle glorieuse expédition, ' Gralien plus passionné d'a-
Tiid'ruibid.c'.G^i'.. voir un Collègue d'une fid'''lilé reconnue, que d'étendre sa
2o;i I Vici.ibid. puissaucc, scntant d'ailleurs nue le poids d'une si vaste domi-
n.ntion étoit trop pesant pour lui, il .se résolut par une sagesse
qui passoit de beaucoup son âge, d'associer Théodose à l'Em-
pire. Son choix, dit Aurele Vi( lor, fut aplaudi de tout le mon-
Tiii. ibid. p. I.-.7. de. ' 11 le déclara Augu.ste h Sirmioh le 19" de Janvier 379,
"**• '"■ el lui céda l'Orient, la Thracf el l'illyrie Orientale,
p. 158. i.n». ' Au retour de ce voïage (Jratien pas.sa par l'Italie, où il eut
enfin la consolation de jouir de la compagnie de S. Ambroi-
Amb.cp 1.11.1-2 I S'.'. ' 11 porloil à ce S. Evêque un j-e.spect infini. Le Saint avoit
HMi.i. 1. 1 pr. n. r;>,.j|)i.oq,i(;nient pour lui une tendriwe el un alachemenl sans
bornes. Sa foi, sa vie et sa gloire faisoient la joïe de son amc.
Il le suivojt dans toutes ses démarches. Il ne perdoil point de
vûë .SCS armées, veillant continuellement sur cllfs jmr ses prie-
l'cs. Dès l'année précédente Gralien persuadé (pie la victoire
dépend plus de la foi du Prince, (pie du courage de ses sol-
HMPEREIJH. 237
dais avoit engagé S. Anibioise à lui (''crire uïi ouvrage sur la iv siècle.
foi, ' afin de Mi munir de ce boucliei- eontre la puissance for- jotid.i. 2.c. ig. n.
midable des Harbaros (|u'il vainquit eiïeclivenient. ' Dans la ^^''•
visite qu'il rendit à Mihin, il l'engagea encore à ajouter aux
deux premiers livres t)(tis autres sur la même matière. ' Et Conc t. 4. p. lac.
comme l'un ne se lassoil point de travailler pour la religion,
ni l'autre de recevoir ce que le Saint écrivoil, ' Gratien exi- Amb..ieSp. i. i.c
gea encore de lui qu'il écrivît sur la divinité du S. Esprit : ce ^ ' "''' '' "''
que S. Ambroise exécuta pour satisfaire aux pieux désirs de ce
Prince.
' Gratien se trouvoil dans les Gaules et à Trêves même sur Aus.cons. p.734-
la fin de l'année 379. Ce ful-là et en sa présence qu'Ausone '^"
prononça son panégyrique, pour le remercier des lionneurs
auquels il l'avoit élevé. Cet Empereur paroît avoir été assez
libre d'ennemis les deux années suivantes. Il profita de cette
Iranquilité pour le bien de l'Eglise, qu'il semble avoir eu plus
à cœur que sa propre gloire. ' 11 fit ou renouvella diverses loix Cod. tii. is. t. 7.
en faveur de la religion : les unes pour protéger les Calholi- 371!
ques, d'autres pour absoudre les criminels, et quelques autres
pour régler les mœurs des Cliréliens. '11 convoqua, ou don- ciir.p.ioii Amb.
na les ordres pour convoquer le Concile d'Aquilée, qui se '"^'' *' "' ' ^'
tint en 381 contre les .Ariens.
' Une de ses plus éclatantes actions fut de faire ôter l'autel Amb. ep. 17. n.s.
de la Victoire, et d'en confisquer au profit de l'épargne les re- ^'^'
venus destinés aux frais des sacrifices et à l'entretien des Pon-
tifes des idoles. Cet autel faisoit revivre le Paganisme au mi-
lieu de Home. Le détruire c'étoit remporter une victoire éter-
nelle sur le Démon ; c'étoit offrir ses dépouilles à J. C. et éle-
ver à Dieu un trophée de pieté.
' Pendant que (îratien travailloit ainsi pour le bien de l'E- Pros. t. chr.p.
glise et de l'Etat, Maxime songeoit à le détrôner. 11 étoit Lieu- 735! ^""' ''"• ^'
tenant pour les Romains dans la grande Bretagne. S'y étant ré-
volté en 383, il passa au.ssitùt dans les Gaules et y usurpa
l'Empire. 'Dès lors il ne songeai d'autres ennemis qu'à Gra- thi. iWii. p. 177-
tien, et marcha contre lui avec une nombreuse armée. Gra- "'"'■
tien se di.spos<'uit à lui faire tête, fut inhumainement trahi par
celui à qui il avoit confié le soin de .ses provinces. 11 se vit
ensuite abandonné de ses li-oupes qui se rangèrent du parti de
Maxime, et fui contmint de se sauver par la fuite. ' Dans cet Amb. inP». (ii.n.
état d'abandon il pioferoit ces paroles louchantes qu'il avoil "'
aprises de celui auquel il s'éloit consacré : Mon ame n'esl-elle
238 GKATIEN,
IV SIECLE, pas entre les mains de Dieu seul ? Vous pouvez tuer mon
corps, mais vous ne pouvez nuire ni à mon ame ni ù ma ver-
Tiii. ib. p. «79. tu. ' Toutefois Dieu voulant peut-être ou purifier ce Prince
des fautes qu'il avoit commises, ou le préserver de celles
3u'il n'auroit pu éviter dans un élal aussi dangereux nue celui
'un Empereur, permit qu'étant arrivé près de Lyon, il fut pris
Ir'n.^aw. '' '^''' ^' ^^^ P^^ Andragathius le Si) de Juillet sous le consulat de
Merobaude et de Saturnin, c'est-à-dire l'an 383. Oralien avoit
alors 2i ans passés, et en avoit régné huit moins trois h qua-
.\mi). Je ob. Val. trc mois, di'puis la mort de son péi-e. ' Son corps fut [)orté de-
"■ '*■ puis à Milan, où il fut inhumé.
Tiii. ibid. p. 181. ' Il avoit épousé en premières noces Constancie qui mourut
Tbdrt. I. 5. c. 12. avant lui. 11 épou.sa ensuite Lœtci ; ' mais en mourantil ne laissa
L!m.' L i7. 'ai'.'p. point d'enfant pour lui succéder. Tous les Historiens qui par-
49;^^638^Uus^B. lent de ce jeune Empereur, ne le font (lu'avec éloge. C'étoit
un Prince parfaitement bien fait et pour la taille et pour les
traits du visago, brave et vaillant dans la guerre, qui à ces avan-
tages extérieurs réunissoit toutes lis qualités d'un excellent
cœur et d'un bon esprit, et qui savoit relever toutes ces per-
fections par une grandeur d'ame et une libéralité digne d'un
Souverain. Il avoit de la bonlé, de la modération, de la dou-
ceur , de la prudence , de la piété ; et la manière dont il gou-
verna les peuples, n'annonce autre chose. Non seulement il
recevoitavcc affabilité ceux qui s'adressoient à lui; mais i! les
exhortoit aussi à lui parler avec une entière liberté, et préve-
noit ses amis dans les civilités ordinaires. II poussoit l'huma-
nité jusqu'à visiter dans leurs maladies les simples soldats com-
me les personnes de distinction, et à leur rendre toute sorte
de bons ofiices. Ennemi des excès du vin et de toute autre
débauche, il étoit ft'ugal en ses repas, et parfaitement réglé
Amb. lie ob. Val. en toute sa conduite. ' Aussi chaste de corps qu'il l'étoit de
°""'"' cœur, il ne connut jamais d'autre femme que la sienne pro-
pre. Pour la piété l'on a vu par son histoire jusqu'oii il la por-
Aus. ib. p. 726. toit. C'étoit un Prince fidèle au Seigneur, ' qui dès son enian--
ce n'avoit jamais rien entrepris sans implorer le secours de
Amm. ib. Dieu. ' En un mol il étoit, selon le sentiment d'un Païen mê-
me, pour égaler les plus grands Princes de l'antiquilé, si Dieu
lui eût accordé une plus longue vie. Il est vrai, et il ne le faut
•" "I'" pas dissimuler, qu'il eut près de lui des personnes dont la mau-
vaise conduite fit tort à ses bonnes qualités, qui n'étoient
pas encore ni assez mtires ni assez affermies à cause de son jeu-
ne âge.
EMPEREUR. 239
Gratien fit un très-grand nombre de loix tant en faveur de iv siècle.
l'Eglise, que pour maintenir le bon ordre dans l'Etat, com-
me on l'a pu remarquer dans ce que nous avons raporté de
son histoire. On a enrichi le Code Theodosien de toutes celles
que l'on a pu recouvrer ; et elles font aujourd'hui partie de l'an-
cien droit Romain.' Symmaque parle aussi d'un discours ou Sym. i. lo. op. •.
déclaration de Gratien en faveur du Sénat. Ce Prince l'avoit
faite pour remédier à un desordre qui se glissoil dans le gouver-
nement , et délivrer les Sénateurs de la mort dont la tyrannie
du Préfet Ma.ximin les avoit menacés.' On a aussi un re-crit Conc. n. <-p. p.
de lui pour achever de soumettre le parti d'Ursin Conlendant
du Pape S. Dama.se.
C'est à la foi et à la pieté de Gratien que nous sommes re-
devables , comme on l'a vu des cinq livres sur la foi et des trois
sur le S. Esprit que S. Ambroise composa, et que nous avons
encore. 'La lotre que cet Empereur lui écrivit à ce sujet, se Amb. «p. p. s.
trouve à la tête de celles de ce grand Evoque. 'Elle mérite à «p. i.n.3. 4| tu.
juste titre les éloge.s qu'il lui donne; et les Savans y reconnoi.s- '"• p- *^-
sent autant d'esprit et d'élégance , que le Saint y admiroit de
foi, de pieté et d'humilité.
Aussi avons-nous montré que ce Prince avoit été fort bien
instruit dans les belles letn-s , et qu'il y avoit fait des progrès
proportionnés à l'heureux caractère de son génie et à l'habi-
leté du Maitre qui dirip;eoit ses études. 'Un Orateur du tems Sjm. i. ». «p. i.s.
ne fait pas même difficulté de le a\ia.\i(\er,eruditissîmiis Impera-
tor. ' Gratien prenoit tant de plaisir aux exercices des Muses, aus. epu. p. •. *.
qu'il savoit toujours trouver du tems pour l'y emploïer, malgré
les embaras de la guerre, et quoique souvent environné des
Gots, des Huns et des Sarma'es. Presque toujours aussi-tôt
qu'il avoit quilé les armes, il prenoit la plume pour faire des
vers, et y réussissoit autant qu'à remporter des victoires. C'est
ce qu'Ausone, qui en éloit et le témoin et le juge , décrit assez
agréablement dans une epigramme qui mérite de trouver ici
sa place.
Rellandi fandique potens Auf,'uslus, lionorom
Bis mcret : ut geminel titulo.s, qui pirelia Musis
Tempérât , et Gclicum inodcratur A|ioIline Martem.
Arma inter Chunosque Iruces, furtoque nocciitcs
Sauromatas, quantum cessât de tcmporc bclli ,
Indulget Clariis tantuni inter castra Camœni.s.
IV SIECLE.
240 I. CONCILE DE ROIIRPEAUX.
Vix posuit volucrus stridcnliu tcla E;i},'itlas,
Musarum ad calamos fcitur iiiamis, olia ncscit,
Elcommutata mcililaturaruiuliiKMiaimen.
Sed rarmou nonmollo inodis, liclla horrida Marlis.
Odrysii , ïlicessiKquc viragiiiis arma rctraclat.
Exsulta iEacide , celebraris vate supcibo
Rursum : Roinanusquc tibi contiogil Homerus.
I. CONCILE DE BOURDEÂUX.
o:
kN a déjà vu quel étoit le caractère des Priscillianistes ,
'qui donnèrent ocasion à ce Concile , et de quelle ma-
nière ils furent traités en Espagn;^ où ils avoient pris naissan-
SuLhis. i.s.n.63. cc. ' Malgré la condamnation portée contre eux au Concile
^' ***■ de Saragoce en 380, ces hérétiques remuèrent encore plus
dans la suite qu'ils n'avoient fait auparavant. Bien loin de se
soumettre à l'autorité de l'Eglise, ils cherchèrent ou à l'éluder,
p. 42*. 485. ou même à se fortifier contre elle. ' Ils y réussirent par le moïen
de quelques personnes puissantes à la cour, qui y rendoient
toutes choses vénales. Une grosse somme d'argent donnée à
Macedone Grand-Maître du palais, leur obtint de l'Empereur
Gratien un rescrit favorable à leurs desseins. De sorte qu'Itha-
ce leur plus vif adversaire fut contraint de sortir d'Espagne ,
et de venir chercher un asyle dans quelqu'une de nos pro-
vinces,
n. C4. p. 426 1 'Vers ce mêmetems, ou peu après, Maxime aiant pris la
Prof. ciir. p. 735. pom-pj-g ja^g la grande Bretagne, entra dans les Gaules, et y
agit en Souverain. Lorsqu'il fut à Trêves, Ithace qui s'y Irou-
voit, lui présenta une requête, où il exposoit avec beaucoup
de véhémence les crimes de Priscillien et de ses sectateurs.
Maxime en fut si touché, qu'il envoïa ordre au Préfet des
Gaules et au Vicaire d'Espagne, de faire conduire à Bour-
deaux tous ceux qui suivoienl cette secte, afin qu'ils y fussent
Fiea. H. E. t. 4. p. jugés par le Concile qui devoit bien-tôt s'y assembler. ' Il s'y
m H. E. 1. 8. p. assembla en effet dès l'an 383, selon Mr. l'Abbé Fleuri, ' mais
505.' 793. plus vraisemblablement l'année suivante 384 ; car il y a toute
aparence que Maxime ne le convoqua qu'après que les trou-
bles de l'Empire furent appaisés. Or Gratien, comme on l'a
vu.
I. CONCILE DE BOURDEAUX. 241
vu, ne fut tué que le 25 d'Août 383; et il fallut bien quelque iv sif.Cle;
lems aux Evêques pour s'y rendre. On ignore les noms de
ceux qui s'y trouvèrent , parce que l'on n'en a jamais publié
les actes. ' Idace le Clironologiste semble dire que S. Mar- xm. h. k. t. h.
tin de Tours y assista. Mais S. Sulpice ne le disant point, on p- ''''
a tout lieu, remarque Mr de Tillemont, de douter de ce fait,
' Cependant Dom Luc d'Acheri assure comme une chose cer- spio. i. r,. pr. p. n.
taine, qu'il paroît avoir aprise du P. Vignier. de l'Oratoire
.son ami particulier , qui avoit entre les mains les actes de ce
Concile, que S. Martin s'y trouva en personne, et que S. Del-
phin Evêque du lieu y présida.
' Ce qu il y a d'incontestable, c'est qu'Instance et Priscillien sni. ib. i Pro». lu.
y furent amenés. Le premier ayant eu ordre de parler pour sa •' "f^-
défense, se justifia si mal, que le Concile le déclara indigne
de l'épiscopat. Priscillien jugeant bien qu'il seroit traité de la
même manière, refusa de répondre, et en apella à l'Empe-
reur. ' Comme ses crimes étoient certains et notoires, les Pe- s„i. ui. p. tn.
res du Concile, observe avec raison S. Sevore Sulpice, ne dé-
voient avoir aucun égard h son oposition ; ou s'ils étoient sus-
pects, ils dévoient reser\er la connoissance de cette cause à
d'autres Evêques, sans la renvoier au jugement du Prince. Ils
eurent néanmoins la foiblesse de déférer à cet apel : ce qui
eut de fâcheuses suites, ' et qui fut blâmé depuis comme une n «.%. p. 4m.
chose inoilie et sans exemple, par S. Martin en parlant à l'Em-
pereur même.
' Priscillien et ses complices furent donc conduits à Maxi- n. 64. p. 4a-
me. Idace et Ilhace, leurs accusateurs trop passionnés, les y
suivirent de près. ' A la solicitation de ceux-ci et de leurs as- n. &s. p. ♦«.
sociés, l'affaire s'engagea jusqu'à répandre le sang de ces héré-
tiques contre l'esprit de l'Eglise. Ce fut en vain que pour leur
sauver la vie, S. Martin qui se trouvoit alors à Trêves, où étoit
la Cour, emploïa ses remontrances et ses réprimandes auprès
d'Ithace, son crédit et ses prières auprès de l'Empereur.
Ce Prince après les avoir convaincus de diverses infamies,
' fit trancher la tête à Priscillien et à quelques autres de ses p. 430 1 Pro«. ii».
sectateurs vers l'an 385. Cette cruauté exercée à la poursuite
d'Ithace et de ses partisans, donna naissance à la secte des Itha-
ciens, comme nous avons dit ailleurs. Telles furent les suites
du Concile de Bourdeaux, qui nous sont plus connues, que
ce qui se passa dans l'assemblée même.
On prétend que le P. Vignier de l'Oratoire en avoit les Spic. ii». 1 thi. ib.
Tomf f. fipr. Part. 11 h '' '^''
2i2 "^ ' S. SK15VAIS, '"'^^^ ■
IV siKCLE. actes, et qu'ils ont pass('(l(|mis entre l(s mains de Mr Kaiire
(irand-VioainMl»' lU'inis. (le seroil un pirsenl à faire au pu-
blic, qui n'a rien aulre rhose di^ ce Concile, que <•(,' que S.
Severe Sulpiee et S. l'rosper noiis en ont eonservé. l'un dans
son histoire sacréi;, l'aulre dans sa chroniijue.
S. S E 11 V A 1 S ,
KvEQi K or To\(;Rr,s.
ON ne connojl point de nom qui soit exprimé en lanl
de diverses manières, que Test le nom latin de ce IV-
sui.hisi. 1-9.11. •;!>. latdans les anciens auleiirs qui ont })arlé de lui. ' Les uns,
L'c^'s.nôub.iÂlii'. comme S, Sevcre Sulpiec le nomment Serrnfio; d'autres,
".'"oic^nc.'^iion.V. <'<»mrnfîS. Grigoiredf! Tours, Arvatins, Aramtiii.s et même
^"'679 i^Roti' 'i3" ^'^^'^o.tius ; {a'xw-c'i , vominv. ^. Allumase et la lefre synculale
mai. p. 21.'-° li. is! du Coucile de Sardique, SnriHttw.-t ; ceux-là, comme (îenna-
i\e^ Sahliattm ; enlin tous les autres U\ nomment SetTatii/\ ,
dont nous avons formé le nom vulgaire qu'il porte.
Ce qui paroitra ici nouveau, et (ju'il est im|)ortant de prou-
ver, est que Sabbaliiis ' dont pai-le Genuade, soit le même
que S. Servais Evê(|ue de ïon<4res. IJien cependant n'est plus
plausible ; et voici les niisoiis (pii ne permettent pas d'en dou-
Cfna. il». ter: ' 1°. la qualité d'I-lvêque et d'Evêque de l'Eglise Gallica-
ne, que lui donne Gennade; 2". la ressenddance du n(»m de
3"^"'8i'!'^«"r' '■ ^'l'^batius ' avec celui de Sarbalius, que tout le monde con-
■ ** ■ '■ vient être b' même que Serbatius. On voit qu'entre Sarbatius
et Sabbalius il n'y a qu'une seule letre cjiangée, peut-êlie pour
en adoucir la prononciation. 3". La troisiénu; rai.son est fondée
sur le tems auquel Geimade place Sabbalius, qu'il met entre
les Ecrivains du IV siècle. Car bien que cet Auteur, comme.
nousTavonsdéja observé ailleurs, ne suive pas une exactecbro-
Siil. Vil. M. n. 2.';. 1 On Ironvo dans S. Si'vi'rc Siil|iiriHiii Cel.is.' on 4i)4 fuil iiir>iiiinii il'iin aulre
P- ■*'"• SabaliHs disriplo de S. Marlin Kv('(|iic <\o Sat)l)aliiis Mrctlqup, donl il condamne
Tours, :i Maiinonliur. Mais onln^ i|iiii Ixs m-iils um-c cxeiTHlion, comint- ceux
noas n« .'Uivo'is point si c-rlin-ri fui j.'iiiiais dos pi in» iK'ri'tiqiii's, <>rinllie, Mai-
élevfiA l'épiiicupul, Ion» le» lariuiii-nii sous «ion. Vulnilln, pU;. Aiii.si Ton uiil par-IA
lisqui'l» l'annn SahIntJus nmi.'» rsl ivprc- mu- m licTi'liipip n'est point SaWialms
fionii. ib. nol. p. s<'nl«. convipnn.-nt lr<i|i iiahinH.'uii-nl à dont |iail« (>«nnad<'. ' Lalinus l.:iiiriiiiii
^,'- 8. Servais d« Tonpi-cs, pour Ir-s , ,.orlcr h d:ins sa bildiollicqun sacrée ci profain- a
(.onc. t. 4. p. 1S6S. nn .autre. ' bt I nur.ilf do Roinn sous S. pris reliij.ri ptmr S. Pliéliadf^d'Avfi).
EVEQUE DE TONliHES. 243
iiologie, il est néanmoins certain que les trente-huit premiers iv siècle.
chapitres de son caialogue des hommes iHustres, ne traitent
que do ceux qui ont Henri, ou conmicMieé à lleurir an IV siècle
et que le vingl-cinquiéme chapitre est enlploïé à parler de
Sahbatius. 4". Enfin le sujet que Sahbalius avoit entrepris de
liaiter dans son ouvrage contre Valentin et Marcion , Aëtius
et Eunomius, est une matière qui convient fort au IV siècle,
etàS. Servais en particulier comme défenseur de la Consub-
slanlialité du Verbe, dont l'ouvrage Irailoit.
«Juelqne long (|u'ait été l'épiscopat de S. Servais, et quel-
que grand personnagi; que le Saint ail fait dans l'Eglise, on
n'a toutefois que peu de faits crrtains pour son histoire. 'Ses Uoii. ib.
plus anciens actes cités par un Auteur du XI siècle, portent
<|u'ilét(til issu d'une ancicimc; noblesse, et qu'il avoit reçu une
cducalidii encore au-dessus de sa iiais.sin<'e. Son mérite l'éle-
va ensuite sm- le siège épisc<»pal de Tongres dans la Belgique ;
maison ignore en queib; année. Il est compte pour le dixième
Evêqui'ùe cette Eglise : ce qui est sans doute ou faire remonter
Iroj) haut l'établissement de; la loi dans ce diocèse, ou donner
trop peu de temsà l'épiscojjal d(- :(!S premiers Evéques. (XV.)
'Il y avoit iléja quchpi • teins que S. Servais gouvernoit Couc. t. 2. p. 679.
l'Eglise de Tungrcs, lorsq;i'<;n !J 17 il se trouva avec (ilusieui-s
autres Prélats (iaulois au ('oncile de Sardique, où S. Athana-
se fut absniis. Notre Saint eut part à cette bonne œuvre, et
aux autres reglemens qui se firent dans cette assemblée pour
le bien de l'Eglist;. Il faut qu'il se fût rendu bien recomman- .vni. il. ». c. !».
dabli' par son mérite, pour qu<! le Tyran Magnence ne ju-
geât pei-sonne plus propre que lui à lui m'-nager les bonnes
grâces de l'Enqif-reur Clonstar»;!-, après qu'il eût M; la vie et
ravi l'Empire à l'Empereur Constant yon frère. 11 le députa
donc en Orient vers ce Prince, et lui doima pour associés un
autre Prélat (iaulois nommé Maxime, (l deux laïcs de distinc-
tion (^Ilemence et Valens. ' S. Senais se comporta en cette BoIi. ib. p. su.n.
occasion à l'égard de Magnence, comme firent depuis S. Am-
broise et S. Martin à l'égard du Tyran Maxime après l'assassi-
Jiat de l'Empereur (iratien. Le repos de l'Eglise dépendoit
de ces usurpateurs. Ces Saints dans cette vûë leur obéirent
comme k leurs Princes légitimes. On ignore quelle fut l'issue
de l'ambassade de S. Servais. ' Seulement oi» sait qu'elle lui ahi. ih
procura la consolation de voir S. Athanase en passant par Ale-
xandrie. C'est cequi fournit aux ennemis de ce Saint un faux " ' w »
Hhij
tu s. SEirVAIS, i
IV siECLK. prétexte de le calomnier de nouveau, eu l'acusant auprès d<;
Constance d'avoir des intelligences avec le Tyran. Ceci se
passa en 331.
Sui. ib. p. 108. Huit ans après en 359 ' S. Servais assista avec divers autres
Evêques des Gaules au fameux Concile de Rimini. Lui et S.
Phebade d'Agen furent les deux Prélats Catholiques qui y
firent paroître et plus de zélé pour la foi de Nicée, et plus de
constance à la soutenir. Ils virent presque tous les autres Evê-
ques Catholiques céder au tems et abandonner lâchement
la vérité, sans en être ébranlés. Us n'en devinrent même que
plus fermes. Ce fut en vain que le Préfet Taurus Modérateur
du Concile, pour les faire sucomber comme les autres, em-
ploia les prières et les larmes, les raisonnemens et les mena-
p. 410. ces. ' Mais ils manquèrent malheureusement ou de force ou
de lumière pour tenu- également contre les artifices et les ruse»
d'Ursace et de Valens. Malgré la sage précaution qu'ils eurent
de dresser eux-mêmes des formules particulières de foi, pour
éviter de signer celles des Ariens, ils ne laissèrent pas de se
laisser tromper par ces deux fourbes, en y insérant par leur
suggestion. Que le Fils n'est pas une créature comme les au-
tres. C'étoit néanmoins le reconnoître pour créature, mais
pour créature plus excellente que les autres ; et c'est en cela
que consistoit la fraude et qu'étoit contenu le venin de l'A-
rianisme.
Il n'y a pas lieu de douter que S. Servais s'étant ensuite
aperçu de l'erreur, comme tant d'autres Prélats Gaulois, ne
retractât ce qu'il avoitfait en cette ocasion. Nous avons par-
lé ailleurs de ce que l'on fit dans les Gaules pour réparer le
scandale de Rimini. S. Servais y contribua sans doute. On
peut même assurer qu'il ne manqua pas de .se trouver à quel-
qu'un des Conciles convoqués à cet effet, et peut-être même
à celui de Paris tenu en 361 . Voila ce que l'on sait de certain
-ii.i: r, . ^ touchant l'histoire de S. Servais. Ce que l'on en dit de plus,
auroit besoin de meilleurs garans que les Auteurs dont on 1«
tire.
Toutefois, après ce que nous en venons de raporter, on
Or. T. ib. ne doit pas faire difficulté ' d'en croire S. Grégoire de Tours,
lorsqu'il nous représente S. Servais comme un Prélat d'une
sainteté éminente, qui par ses veilles, ses jeûnes, ses prières
iii. I iioi. p. 5a. I acompagnées de larmes, imploroit sans cesse la miséricorde
BtU^ ib. p. 213. j^ jjig^ p^y^ |g^ besoins de son troupeau. ' L'on prétend que
EVEUUE UE TOiNGKES. 245
sur les alarmes des incursions des Huns, ou plutôt des Vanda- i v siècle.
les, il quita la ville de Tongres, pour se retirer à Mastricht sur '
la Meuse, et qu'il y mourut le treizième de Mai 384, * après i
un épiscopat de plus de 37 ans. D'autres ajoutent que ce fut
lui-même qui y transfera le siège episcopal ; quoique cela ne
se fît qu'au siècle suivant, après qu'Attila eut détruit la ville
de Tongres. De Mastricht ce siège a été depuis transféré à
Liège.
' S. Servais étant le même que Sabbatius dont parle Genna- («nn. ih.
de, comme nous l'avons prouvé, a mérité par ses écrits,
quoiqu'il ne nous en reste plus rien, d'être mis au rang des
Auteurs Ecclésiastiques. A la prière d'une Viei^e Chrétienne,
il composa un ouvrage sur la foi contre Valentin et Mar-
cion, Aëtius et Eunomius son disciple. S. Servais l'avoit di-
visé en deux parties. Dans la première contre Valentin et
Marcion, il démontroit par la raison et l'autorité de l'Ecri-
lure, qu'il n'y a qu'un seul principe de la Divinité et non pas
deux, comme ces hérésiarques l'avoient enseigné. Qu'il n'y
a qu'un seul Dieu. Que ce Dieu est auteur de l'éternité, et a
créé de rien le monde que nous voïons. Venant à J. C. S,
Servais prouvoit qu'il a eu un véritable corps sujet aux mêmes
foiblesses que le nôtre, à la nécessité de manger et déboire,
à la lassitude, à la tristesse, aux souffrances, à la mort même.
Qu'il est ressuscité dans ce corps, et que par là il a fait voir
qu'il étoit un vrai homme, contre l'opinion damnable de ces
hérésiarques, qui prétendoient qu'il n'avoit eu que l'aparence
de la chair.
' Dans la seconde partie de l'ouvrage, S. Servais faisoit voir ibid.
contre l'hérésie d'Aëtius et d'Éunomius, que le Père et le Fils
ne sont point de deux natures différentes. Qu'ils n'ont l'un et
l'autre qu'une seule et même essence. Que le Fils procède du
Père, et lui est néanmoins coëternel.
'Tritheme ajoute que S. Servais avoit encore composé l'iirith. sei. eeci.
quelques autres ouvrages, qui n'étqient pas venus à sa con- "^ '^'
noissance. Cela peut être \Tai, et le grand personnage qu'a
fait S. Servais dans l'Eglise ne permet guéres d'en douter ;
mais l'autorité seule de Tritheme ne suffit pas pour l'assurer
positivement.
t ' La dernière édiUun du dictionaiio plus de 56 ans : m qui non-seolement Mor. S. p. M7. i.
de Moreri prolonge la vie à S. Servai» jus- n'est fondé »ur aacnne autorité, mais qui
2u'à l'an 403, auquel elle place sa mort. «st encore contre tonte apai'ence.
'est donner à ce Saint an épiscopat de
17
246
IV SIECLE.
SIBURE,
Préfet i>u Puétoihe.
Mai. d« nied. pr. 'qibure étoit de mêmc païs qu'Eufrope el Jule Ausoiio,
«jrïi.I^'coii." ^dont nous avons parlé, c'est-à-dire, ou de Bourdeaux ou
Th. ciir. p. 100. (jg gagas. On nous le représente comme un grand homme de
letres, fort ataché à la vénérable antiquité. Il fleurissoit du tems
d'EuIrope sous l'Empire de Gratien, qui l'eleva à de grands
honneurs. 11 lui au moins Préfet du Prétoire eu 379, com-
me il paroîl par un(( loi du troisième de Décembre de cette
même année. On ne nous aprend point quelle Préfecture il
exerça. Ce n'étoit pas celle des Gaules, qui éloit alors ocupée
par le Poëte Ausone et son- lils llespere conjointement. Mais
il y a toute aparence que c'éfoit culle de l'Italie.
sjiii. il), «p. 4;i. Dès (|u'il fui en cliaige, ' Symmaque son ami lui écrivit
pour le congratuler de ce qu'il étoit entre à la satisfaction gé-
nérale de tout le monde dans des emplois dignes de son mé-
rite, se ilatant qu'il surpasseroit encore toute l'espérance que
qi. i.i. le public en avoit conçue. ' Néanmoins quelque homme de
bien que pût être Sibure, il ne fut pas en son pouvoir d'évi-
ter de se voir chargé d'acusations injustes. Mais il s'en justifia
si parfiiitement que le publie fut pleinemeni convaincu de son
innocence. C'est de quoi Symmaque se rejoiiitdansunedeses
letres. Il lui mai(jue en même tems la peine que lui causoient
ses fréquens voïnges,' qui l'obligeoient de s'éloigner de Ho-
me, où il dési roi i extrêmement de le revoir reprendre les no-
bles oeupations du cabinet, la lectiiic et la conqjosition.
'■;>. '-i- '■• ' 11 paroit que Sibure et Symmaque s'écrivoi(!nt souvent
l'un à l'aulic. (^elui-ei relevé beau(;oup la politesse du style qui
regnoit dans les letres de son ami. Mais nous en sommes mal-
heureusement privés; el nous n'en pouvons juger par nous-
mêmes. Outre cet Orateur Uomain, Sibure éloit aussi en com-
merce de 1( Ires avec le lameu.x Sophiste Ubanius, dont il nous
"•'»■ '!'• reste quelques-unes des lelres qu'il lui adressa. ' il y avoit dé-
jà du tems que Sibure n'étoit plus au monde, lorsqu'au com-
mencemenl du V siei^le Marcel l'Empirique éciivoit son trai-
té des remèdes, dans la préface duquel il parle de lui avec
éloge. De sorte que nous pouvons placer sa mort vers l'an 388.
THEON ET PROCULE, POETES. 247
'Nous aprenoiis du même Auteur que Sibure avoit laissé iv siècle.
quelques écrits de sa façon sur la médecine ; quoiqu'il ne fil Mar. ibiR. "
pas profession de cet art. Mais il ne nous en donne point d'au-
tre connoissance que de dire qu'il en avoit tiré du secours pour
composer son ouvrage.
'Sur cela Jean Cornaro avoit d'abord penché à croire que ep.ded.p.ato.
Siburius dont nous parlons, étoit le même que Scribonius
I^rgus, dont Marcel a inséré les écrits en entier dans les
siens. Ainsi il soupçon noit (|u'il y avoit faute de la part des
Copistes à écrire Siburius pour Scribonius. Mais s'étant ensuite
aperçu que Scribonius vivoit du tems de l'Empereur Claudel,
et même dès l'Empire de Tibère , et que Marcel assure que
Sibnre ne lleurissoit qu'au siècle qui avoit immédiatement
précédé celui auquel il écrivoit, il a mieux aimé dire que Si-
bure a élé l'interprète de Scribonius ; qu'aïant traduit de grec
en latin l'ouvrage île Scribonius , il en avoil retranché le nom
de l'Auteur original , et qu'il y avoit mis le sien.
Mais la conjecture de Cornaro , touchant la traduction de
l'ouvrage de Scribonius de grec en latin par Sibure, ne peut
se .soutenir. ' En clTet Scribonius dit lui-même qu'il a écrit en smb. com. me.i.
latin, et assure qu'il n'éloit point Crée. 'Son ouvrage est in- RTc/ ai. prin.1.2.
litulé. De la composition des remèdes, et se trouve entre les ^JJ^
écrits des autres principaux Médecins, qui ont écrit depuis
Hipocrate et Galien. Pour ce qui est de l'ouvrage de Sibure,
il paroît entièrement perdu, hors ce que Marcel en a inséré
dans le sien, mais qu'il seroit impossible de démêler. Comme
Sibure étoit un homme de cabinet , selon Symraaque , il peut
avoir lai.ssé encore d'autres écrits qui .seront également perdus.
187.
«)5.
THEON ET PROCULE,
Poètes.
iHEON étoit d'Aquitaine. Il faisoit sa demeure ordinaire aus. ep. 4. p. r.7i
à Medounc ou Medoc entre l'Océan et la Garonne. 4^.'"' '"' ^"^' ^''
C'est ce qui fait dire à Ausone en parlant de lui, qu'il cultivoit
des sables le long de la mer. Il paroît que c'étoit un bon esprit,
qui entendoit parfaitement raillerie. Son génie pour les letres
se porta pnrticulicrement à la poésie.
'Dès sa jeunesse il fut lié d'amitié avec le poëte Ausone, Au», ep. 7. p. 595.
'Tl
248 THEON ET PllUCULE, POETES.
IV siECLi;. qui dès-lors lui communiquoit les productions de sa Muse. "Si-
• Ans. «p.*. r,n. tôt que celui-ci eut été choisi pour précepteur de Gralien , il
'■»'»• eut soin d'en donner avis à Theon par sa quatrième letre , qui
fait encore l'admiration des Savans, tant pour l'érudition que
pour la galanterie qui y régnent. Il est vrai qu'à la prendre à
ia letre , elle seroit très-piquante ; puisque Theon y est traité
pp. 7. p. ast. de païsan, d'esprit rustique et de plagiaire. 'Mais Ausone nous
avertit ailleurs que ce n'est-là qu'un jeu et une ironie conti-
nuelle. Gomme Theon faisoit sa demeure à la campagne, et
qu'il y donnoit plus de tems à la chasse , à la pêche et aux au-
tres ocupations de la vie champêtre qu'aux letres , et sur-tout
à la poésie qu'il sembloit avoir choisie pour l'objet de ses amu-
semens, Ausone lui en fait un reproche enjoué , qui marque
une grande familiarité entre ces deux amis,
pp. e. p. 594. 'Il en use de même dans ses autres letres à Theon. Si celui-
ci lui envoïoit des vers de sa façon, Ausone ou les condam-
«p.*. p. 570. 588. noit comme mauvais , 'ou acusoit Theon de les avoir pillés
du Poëte Clementinus. C'est-là le véritable sens d'Ausone;
soai. in. Ans. ic!-i. 'quoique Scaliger ait cru que Clementinus fût le surnom de
1. 2.C.12. Tneon. C'étoit un Poëte différent du nôtre, et aparemment
Gaulois comme lui , mais que l'on ne connoît que par cet en-
Au."!. op. 5. 7. p. droit. 'Ausone ne fut pas de retour en son pais, après avoir
quité la Cour, qu il renouvella son ancien commerce de lue-
rature avec Theon. Il lui écrivoit souvent , et le pressoit autant
de fois ou de lui rendre visite , ou de lui envoier de ses vers,
ep. 4.7. p. 574. ' Gettc longuB liaison entre deux Poètes donna sans doute
ocasion a beaucoup de pièces de poésies de part et d autre.
Mais il ne nous en reste plus rien que quatre letres d'Ausone
à Theon. La première, qui est la plus considérable, est pour
lui aprendre qu'il étoit précepteur de Gratien. C'est ce qui fait
Îiu'Ausone donne à Theon la qualité de païsan , parce qu'il
aisoit sa résidence à la campagne, et que lui Ausone étoit à
la Cour de l'Empereur. Ausone prend de-là ocasion de plai-
santer, et de tourner en ridicule les Muses de Theon. Dans la
seconde Ausone se plaint de ce que Theon avoit été trois
mois entiers sans le venir voir. Ausone avoit alors quité la
Cour, et s'étoit retiré à sa maison de Lucaniac près de Con-
date. La troisième letre est peu de chose , et ne contient que
six vers. Ausone y plaisante encore sur les poésies de Theon.
La qualricme enfin est pour se plaindre de ce que Theon ne
répondoit pas k ses plaisanteries, et de ce qu'il cessoit de faire?
des
393. 595.
395
THEON ET PKOCULE, POETES. "249
des vers. Ausone prit ocasion de la lui écrire, lorsque Theon lui iv siècle. -
envoïa une trentaine de belles huitres.
'Plusieursde nos Ecrivains modernes, qui ont entrepris de g^^^'-yj***^'; pj,'["
parler du Poëte qui fait le sujet de cet éloge, l'ont confondu l^'p es.*"'
avec le Sophiste Tneon Grec de naissance, qui fleurissoit sous
Julien l'Apostat, et dont nous avons un ouvrage sur la rhétori-
que écrit avec beaucoup de politesse et de jugement.
'Entre les giutres hommes de letres dont Ausone nous a con- Ans. epi. 31.
serve la mémoire, et qui faisoient l'ornement des Gaulés en
son tems , il nous fait connoître un Procule , qui au talent
d'écrire et de parler avec grâce et politesse joignoit celui de
faire aisément des vers. Les termes dont se sert Ausone en
faisant son éloge, suposent qu'il exerçoit quelque charge con-
sidérable. ' C'est ce qui a fait croire à Vinet que ce Procule vin. ib. a m.
est le même que celui qui est qualifié Préfet du Prétoire dans
divers rescrits des Empereurs Valentinien , Theodose et Ar-
cade. Il pouvoit descendre d'Alirelius Proculus Gouverneur
delà Seçjuanoise en 295, et compter, entre les grands hom-
mes sortis de sa famille, Procule Proconsul d'Afrique en 340,
et Valerius Proculus Préfet de Rome en 351 et 352. Ce
qu'il y a de moins douteux , c'est qu'il paroît être le même
'que Procule à qui Ausone adresse la troisième épigramme sur Au», ep. U9.
ses fastes. Ausone dans celte petite pièce flate Procule du
Consulat , lui faisant espérer qu'il y seroit bien-tôt élevé. L'on
ne trouve point néanmoins son nom dans les fastes publics
entre ceux des Consuls ordinaires. ' Autant que Procule avoit epi. s*,
de facilité à faire des vers , autant il avoit de retenue à les pu-
blier. C'est pour blâmer sa timidité ou sa négligence, et lui
inspirer plus d'émulation , qu'Ausone lui adressa l'épigramme
suivante :
Irascor l*roculu, cujus facundia taula est
Quantus honor : scripsit plarima quae cohibet.
Uunc studco ulcisci, et promta est hxc ultio vati :
Qui sua non edit carmiaa, nostra legat.
Hujus in arbiirio est , seu te* juvenescere cedro , * Libelle.
Seujubeat duris vermibus esse cibum ;
lluic ego, quod nobis superest igaobilis oti , v
Deputo : sive legat qua; dabo, sive tegai.
Tome I. Sec. Part.
250
IV SIECLE.
PARMENIEN,
EVEQUE DONATISTK DE CartHAGE.
Opt. 1. 1. 11.
I. 2. II. 7.
IIISTOIRE DE SA VIE.
PARMENIEN , l'un des plus fameux Evêques qu'ait eu le
parti de Donat, <5toit étranger à l'égard des Africains.
'S. Of)tat le met assez clairement au nombre des prosélytes
que faisoient les Donatistes en courant la mer et la terre ; et
la suite de son raisonnement fait voir qu'il étoit ou d'Espagne
ou des Gaules. Nous ne le trouvons point dans la bibliothè-
que Espagnole : ce qui nous, donne un nouveau droit de le
placer dans cette histoire au rang de nos hommes de letres.
Au reste c'est moins pour faire honneur à notre nation que
nous en usons ainsi, que pour satisfaire à l'exactitude que nous
nous sommes prescrite.
ib|iiisi.don.p.30| 'Tout inconnu qu'étoit Parmenien à l'Eglise de Carthage,
"" ''■ il en fut ordonné Evêque vers l'an 355. Cétoit néanmoins
violer les canons qui défendoient d'ordonner Evêque ou
Prêtre un étranger. Mais les Donatistes n'étoient pas si reli-
opt. I. X n. 3. gieux observateurs des loix de l'Eglise. ' La cérémonie de son
ordination se fit , non à Carthage, mais dans le lieu où les
Evoques Donatistes ses consécrateurs étoient alors exilés.
C'est au moins le sens que présentent les expressions de S.
Optât.
Aug. iii l'ai. I. 3. ' Parmenien succéda dans le siège de Carthage immédia-
a.' c. 17 1 iiisj"(ion'. tement au grand Donat , qui étoit mort dans son exil peu de
f. i^l'-zis.*^' '■'*■ ^^"^s auparavant. Tout le monde ne convient pas néanmoins
de co fait, quoiqu'il paroisse suffisamment constaté. Il faut
sans doute que Parmenien eût de bien éminentes qualités,
pour être ainsi choisi par les Donatistes à la place de leur
^'hir«**'"' " Cloryphée. 'Au moins fit-il voir par son zélé à entretenir leur
. schisme, qu'il n'étoit pas tout-à-fail indigne de ce choix. Il se
rendit même si célèbre parmi eux , qu'ils en portèrent quel-
quefois le nom de Parmenianistes.
Il est certain qu'ils n'eurent point d'Evêque en qui il parut
et plus de savoir et plus d'éloquence. Il composa divers écrits
. rjO . t ÎMniN'J ï
PARMENIEN, EVEQUE DONAT. DE GARTH. 251
en faveur de sa secte. Il en fit et contre l'Eglise Catholique iv siècle.
et contre ceux même des Donatistes qui ruinoient les princi-
pes du parti. ' Il semble même qu'il eut l'avantage d'être le thi. ibw. p. ibo.
premier entre ceux de sa communion qui osa prendre la plu-
me pour en défendre la cause. Mais il trouva deux puissans
adversaires, l'un en la personne de S. Optât, l'autre on celle
de S. Augustin, qui réfutèrent avec avantage tout ce qu'il*
avoit écrit, le premier du vivant même de Parmenien , et
l'autre après sa mort.
' Dès avant l'an 392 le fameux Primien avoit succédé à Par- Tiu. ibid. p. leo."
menien dans le siège Donatiste de Carthage. De sorte que l'on
peut mettre la mort de celui-ci en 390, après qu'il eut passé
environ 35 ans dans l'épiscopat. Il est au moins vrai qu'il y
avoit déjà plusieurs années qu'il n'étoit plus au monde, ' lors- Aug. in Par. 1. 1;
que S. Augustin réfuta son écrit contre Ticone : ce qu'il fît
vers 399 ou l'année suivante. ' Pendant que Parmenien gou- Opt. hisi.don.p.ao.
verna l'Eglise de. Carthage pour les Donatistes, les Catholi-
ques eurent successivement pour Evêques dans la même Egli-
se S. Restitule et Genethle.
$. "
SES ECRITS.
ON ne connoît que deux ouvrages de la façon de Par- opi. pr.n. s.
menien. Quoiqu'ils fussent écrite pour affermir l'er-
reur, et qu'ils ne subsistent plus depuis long-tems, ils n'ont
pas laissé de devenir très-fameux par la réfutation qu'en ont
faite S. Optât et S. Augustin. Parmenien dans ces deux ou-
vrages traitoit des sujets différens. Aussi n'y suivoit-il pas la
même division ni la même méthode. Mais dadis l'un et dans
l'autre c'étoient les mêmes invectives contre l'Eglise Catho-
lique.
1". Celui qui paroît avoir été écrit le premier, étoit divisé '• i-n.c.
en cinq livres ou articles. ' Les Donatistes en relevoient beau- Aug. in Cres. 1. 1.
coup l'éloquence, mais on ne nous en a pas même conservé
le titre. ' Dans le premier livre Parmenien faisoit de grands opt. jbid. n< .•>. e.
éloges du baptême ; et voulant en prouver l'unité, il raportoit
plusieurs figures ou comparaisons de ce sacrement, comme le
déluge et la circoncision. A l'injure près qu'il faisoit à la chair
sacrée de J. C. ' qu'il disoit avoir été une chair pécheresse, "«">• s.
mais qui avoit été purifiée par son immersion dans le Jour-
1 i ij
I
252 - PAKMRNIEN.
IV SIECLE, dain, " cette partie de l'ouvrago de Parmenien étoit assez ex-
"T — ~ 7" acte. Aussi S. Optât lui fit voir qu'elle favorisoit plus les Ca-
tholiques que les Uonatistes.
ibM. ' Parmenien emploïoit le second livre ii montrer qu'il n'y a
qu'une seule Eglise, de laquelle les hérétiques sont exclus.
Mais il avoit évité de marquer où se trouvoit cette Eglise uni-
que,
ibid. ' Dans le troisième il chargeoit d'acusations graves les Tra-
diteurs, sans prouver néanmoins qu'aucun eût été convaincu
du crime qu'il prétendoit.
iwa. ' Le quatrième livre étoit pour décrier ceux qui avoient tra-
noi. p. 163. 2. vaille à rétablir l'union, ' c'est-à-dire Paul et Macaire, qui par
ordre de l'Empereur Constant avoient tâché de ramener les
Donatistes à l'Eglise Catholique.
1.1. n.G. ' Enfin dans le cinquième livre Parmenien traitoit en par-
not. ibid. ticulicr de l'huile et du sacrifice du pécheur : ' expressions qui
1. 1. 1). i. marquent tout ce qui regarde les fonctions du sacerdoce. ' Les
autres Donatistes s'étoient contentés de défendre seulement
de vive voix la cause de leureecte : Parmenien de peur de par-
ler en l'air et sans fruit, comme ils avoient fait, s'avisa de
mettre ses sentimens par écrit, en suivant le plan que nous
venons de marquer.
Ibid. ' Son ouvrage étoit déjà entre les mains de beaucoup de
personnes, lorsque S. Optât Evêque de Mileve entreprit de le
réfuter. C'est ce qu'il exécuta en six ou sept livres que nous
avons encore sous ce titre : Du Schisme des Dmmtùtes. Nous
disons six ou sept, parce que tout le monde ne convient pas
que le septième soit de lui. S. Optât dans cette réfutation
traite toujours avec honneur la personne de Parmenien, le
nnm. .1. qualifiant son frère et son collègue dans l'épiscopat. ' Il lui re-
proche toutefois de n'avoir eu d'autre dessein dans tout son
écrit, que d'insulter indignement à l'Eglise Catholique. « Mais
« votre ouvrage, lui dit-il, a trahi votre dessein ; puisque tout
« ce que vous y avancez, ne nous est pascontraire, yaiantplu-
« sieurs choses qui nous sont favorables. »
•wd. ' 11 l'acuse ensuite d'avoir été mal instruit des faits qu'il tou-
che, et d'avoir cru trop témérairement ce qu'il n'avoit pas
vu. A cela près, il lui promet de lui montrer que son ouvra-
ge contient des choses qui favori.sent les Catholiques, et qui
préjudicient à la cause dont il a pris la défense. OiJ'il s'y en
trouve d'autres qui font autant pour l'Eglise que pour le par-
KVEQUE DONATISTE DE CARTHAGE. 253
li (le Donat. Qu'cnlln il y en a avaiici' d'autres par ignorancr, v sikclr.
qui combalent ontieremint les principes de sa secte. De sor- "
le, ajoùle-t'il, (pie si l'on retranchoit de l'ouvrage d(; Parme-
nien les calomnies et les injures, il soroit tout Catholique.
' S. Optât lui reprocl»! encore de s'être étendu à pure per- nnm.!).
le à faire dans son premier livre une description ennuieuse et
des hérétiques qui avoient erré sur le baptême, et de toutes
leurs rêveries à ce sujet ; vu que leurs noms comme leurs er-
reurs paroissoient être ignorés dans toute l'Afrique. ' Ce fut pr. n. i.
en 370 que S. Optât réfuta l'ouvrage de Parmenien, qui pou-
voit par conséquent l'avoir publié l'année précédente.
2°. ' L'autre écrit de Parmenien fut une letre, qu'il écrivoit Aug. in Par. 1. 1.
à Ticone pour tâcher de le corriger et le rapeller à ses pre- "" ''
miers sentimens. Ce Ticone étoit un Donatiste, quifrapé par
l'éclat des grandes vérités qu'il lisoit dans toutes les pages des
livres sacrés, se réveilla et aperçut l'Eglise de Dieu répandue
par toute la terre. Pénétré de cette vérité fondamentale, il
entreprit de la prouver contre les principes de sa propre se-
cte, et l'exécuta avec beaucoup de force par un grand nom-
bre de raisons et de passages clairs et précis. Son ouvrage con-
tenoit le détail de quelques autres vérités, qu'il établissoit com-
me la précédente, sans néanmoins sortir des ténèbres du Schis-
me pour suivre la lumière qu'elles lui présentoient.
Ce fut pour réfuter ces écrits que Parmenien mit pour la iwa.
seconde fois la main à la plume. ' Mais il n'oposoit à la force nnm. s.
éclatante des passages allégués par Ticone, que l'autorité de
son propre témoignage : comme si elle eût dû, remarque S.
Augustin, l'emporter sur celle de Dieu. ' Parmenien dans cet inCres. i. .rn.ai.
ouvrage, au raport du même Père, faisoitparoître une arro-
gance et un orgueil insuportable, prétendant contre l'auto-
rité de l'Ecriture et des Pères de l'Eglise, que le grain étoit
déjà séparé de la paille, ce qui ne doit se faire qu'au derniei-
jour.
' Il y usoit de menaces envers Ticone, et n'osoit néanmoins op. 93. n. «. 4i.
contester les faits que celui-ci avoit allégués. Il n'y avoit qu'-
un point sur lequel Parmenien le pressoit jusqu'à l'étouffer.
C'est que si l'Eglise devoit être répandue par tout le monde,
et que personne n'y fût souillé par les péchés des autres, com-
me Ticone le prétendoit, il avoit grand tort de demeurer
dans le parti de Donat, et de rejeter la communion de leurs
adversaires communs h cause des Traditeiirs, En cela Parme-
1. l.n.1.
elr. I. 8. c. 17.
"lU SAINT JUST,
IV SIECLE, nien raisonnoit cons<^quemment et convainquoit Ticone de
ne pas agir confornif^menl à ses lumières.
Tiii. H. E. t. 6. p. ^ On met l'écrit de Ticone vers l'an 372. La réfutation
qu'en fit Parmenien semble avoir suivi de près, et doit être
Aug. in Par. p. 9- placée en la même année ou la suivante. ' Ce ne fut qu'en 309
ou 400, que S. Augustin réfuta à .son tour l'écrit de Parme-
nien, contre lequel il composa un ouvrage divisé en trois livres
que nous avons encore. Il emploie le premier livre à détruire
les injures dont Parmenien chargeoit les Catholiques, et les
deux autres à examiner les passages de l'Ecriture dont il abu-
soit, et à montrer quel en est le véritable sens. ' Il débute par
déplorer amèrement l'obstination de Parmenien et des autres
Donatistes, qui bien loin de se rendre aux vérités que Tico-
ne leur montroit si clairement, aimèrent mieux les combatre
avec opiniâtreté , que de reconnoître que les Catholiques
avoient raison. ' S. Augustin témoigne ailleurs traiter et résou-
dre dans ce même ouvrage contre Parmenien cette grande
question, savoir si dans l'unité et la communion des mêmes
sacremens les méchans ne souillent point les bons, et faire
voir Qu'ils ne les souillent point en effet.
Telle est l'idée que S. Optât et S. Augustin nous donnent
des ouvrages de Parmenien. II ne nous en reste plus rien au-
jourd'hui, que ce que ces Pères nous en ont conservé dans
la réfutation qui en a été faite.
S. JUST,
•EvEQiiE DE Lyon.
snr. î. Sept. p. 6. 'o JusT fut d'abord Diacre de l'Eglise de Vienne. De-là
Tiii. H. E. I. 8. p. O. il passa ensuite à la dignité d'Evéque de Lyon, ' qui
'***■ étoit alors la Métropole de tout ce qui portoit le nom de Gau-
le Celtique. Il est compté pour le treizième des Evêques qui
ont rempli ce siège, et passe pour le plus illustre qu'ait eu cet-
te Eglise depuis S. Irenée jusqu'à S. Eucher. On ne nous
aprend point en quelle année il fut ordonné Evêque. Seule-
mi. fr.2. n. I. 15. meut on tient qu'il succéda à Verissime, ' dont on trouve la
souscription dans la letre synodale du Concile de Sardique as-
snr. ibid. semblé en 347, ' et qu'il pas.^a plusieurs années dans l'épiscopat.
EVEQUE DE LYON. 255
•En 374 il assista au Concile de Valence dans la Viennoi- iv siècle.
se, et eut part aux reglemens qui s'y firent pour la discipline rconc. t. 8 p 906
Ecclésiastique, ' On ne fait aucun doute que ce ne soit ce Just, thi. ibia.
à qui sont adressées deux letres de S. Âmbroise,' qui supo- p.M7.
sent une grançle union entre ces deux Saints Prélats.
' S. Just releva son épiscopat par beaucoup d'autres endroits, sm. iwa.
Une pureté exemplaire dans les mceurs, une intégrité exem-
te de reproches, une humble modestie, une patience à l'é-
f»reuve, un soin particulier des besoins des pauvres, une fide-
ité exacte à acomplir la loi de Dieu, une aplication infatiga-
ble aux fonctions de sa chaîne et à l'avancement de son peu-
file, furent autant de vertus qui le rendirent célèbre parmi les
plus illustres Pontifes du Seigneur.
' Mais s'il fut grand dans l'épiscopal, il le devint encore da- p- '•
vantage par l'abdication volontaire qu'il en fil. ' Une faule p «
qu'il crut avoir commise en livrant au peuple de Lyon un
meurtrier qui s'étoit réfugié dans l'Eglise, el à qui ce peupli;
contre sa promesse et son serment ôla aussi-tôt la vie, fut la
cause de son abdication. ' Il exécuta le dessein qu'il en avoit p. 7| Ainh.aci.AK.
formé, a|)rès qu'il fut de retour du Concile d'Aquilée, où il 'îi»^ wj.' ' " ''*
assista au mois de Septembre 381 , en (jualité de député de la
(îaule Celtique, et où il condamna des premiers Pallade Evè-
que Arien. Revenu dans les Gaules, il évita de retourner à sm. iua.
Lyon de peur que l'affeclion de son troupeau ne l'y retînt, et
alla s'embarquer à Marseille, d'où il passa en Egypte. Là il
se mit au nombre des Saints Ermites, qui y étoient alors en
une si haute réputation de sainteté. Et afin de pouvoir plus
aisément pratiquer l'humifité, qui étoit le principal sujet de
sa fuite, il eut soin de leur cacher et son nom et sa dignité
d'Evé(]ue. Ce pieux artifice lui réussit, jusqu'à ce qu'une per-
sonne de» Gaules étant allée visiter les Solitaires de ce paï.s-
là, reconnut le Saint Evêque, et le fit connoître aux autres
pour ce qu'il étoit.
Après avoir passé plusieurs années dans le déserta mener im.
une vie presque angélique, S. Just quila la terre pour aller
au ciel le 14" jour de Septembre vers l'an 390. ' Les citoiens p-s-
de Lyon ne tardèrent pas à aller chercher son orps, qu'ils
rapcffterent en leur pais. 'Il fut inhumé dans une Eglise qui sia. 1. .%. ep. ij. p.
porta depuis le nom de notre Saint, et qui étoit fort célèbre uô.inr ' '' "*"
dès le V siècle. Les Evêques Catholiques qui en 499 finrent
à Lyon une C(»nférence, où les Ariens furent ewifondus, atri-
256 S. JUST, EVEUUE DE LYON.
IV si.EOLE. huèrent particulièrement à l'intercession de S. .(ust la victuin;
fiaii.chr.vot. I. i. 9^8 Dicu leur acorda en celte ocasion. ' L'on trouve encore
• Tm'ibia p !i«). ^°" épilaphe telle que nous la donnons ici. ' Elle paroît assez
55«- • ••• • jjjgjj lig^^g pjj^j. g|j.g jj^ jy Q^ Y sigçig Peut-être est-elle du
même Auteur qui écrivit la vie du Saint Evêque, et que l'on
croit être le célèbre Constance Prêtre de l'Eglise de Lyon.
MM. Clu. ibiJ. ' Hic patris aiUiqui coudigno uomiae JUSTI ,
In spe perpétuas ruquiescunt pignora vibB ;
Membra beata satis, quae semper dcdita Christu,
Per varios semet cruce conflxêre laborca ,
Ut melius céleri rapiantur in aërc nubc
Cum cœlo adveniens Judex efTulserit ipse.
Hic fuit egregius primum Levita Viennas ,
Inde gregem Domini doctrina insignis et actu ,
Gonspicuus Prœsul LUGDUNl pavit in urbc.
Post anachoreticic vits nammatus amore,
Longinquae <!Egypti sitiens déserta petivit ,
Uuo senibus sacris pietatis fœdere junclus
Cum miram extremo clausisset luniine vitaiu ,
PIcbis amore suse patriam revocatus ad urbem ,
Cum Viatore pio Ghristi tuniulatur ad aram :
Ut qoos pervigili vivens pietate nutrivit ,
Gontinuis precibus foveat per sœcula nato.s.
ibid. 'Cette épitaphe, comme on le voit, nous représente S. Just
comme un Prélat célèbre par sa doctrine. Outre les marques
qu'il en donna dans les divers Conciles auxquels il assista pen-
Amb. ep. 7. K. liant son épiscopat, ' nous en trouvons encore d'autres plus
particulières dans les letres de S. Ambroise, avec lequel il
cp.7.11. 1. étoit en grande relation.' Ce S. Docteur nous yaprend que
S. Just l'avoit prié de consentir qu'ils quitassent les discours
ordinaires dont on remplit les letres, et qu'ils fissent des Sain-
tes Ecritures le sujet de leurs entretiens. Paroles remarqua-
bles, qui su posent et une grande pieté dans S. Just, et un fré-
quent commerce de letres entre ces deux SS. Evêques. De
toutes les letres qu'ils s'écrivirent cependant, il ne nous en re-
ste plus que deux. Elles sont toutes deux de S. Ambroise, oui
y répond aux éclaircissemens que S. Just lui avoit demandés
sur certains endroits de l'Ecriture. On voit par-là que notre
Saint suivit exactement le plan qu'il avoit lui-même tracé.
ICÂIRE, COMTE iJ'ORiENT. 2Î>7
•'Dans la première S. Ambroise éclaircit un endroit de l'Exo- iv sinctt:.
de, dont S. Just lui avoit demandé l'explication. "Dansl'au- avmi). op. 7. n.
Ire letre S. Ambroise montre que bien que les Ecrivains sa- [ j^-^ ^ ^^^
crés aient écrit selon la grâce et conformément à ce que le S.
Esprit leur inspiroit, ce qui est au-dessus de tout art, l'Ecritu-
re néainnoins ne manque point de l'art qui lui est nécessai-
re . G'étoit pour répondre à la demande que S . Just lui avoit
faite, savoir s'il étoit vrai, comme quelques-uns le préten-
doient, que les Auteurs sacrés eussent écrit sans art?
' Notker le Bègue qui vivoit à la fin du IX siècle et au com- Pez^îuiecd^i.^i._pr.
mencement du X, atribnë à nôtre S. Evêgue un Commen- Lri. c.2"
taire sur le Cantique des Cantiques, qu'il dit être un ouvrage
fort sententieux, quoique fort court. ' Mais il y a toute apa- Rayu. i. s. p. 74.
rence que Notker confond ici S. Just de Lyon avec Just
Evéque d'Urgel en Espagne, ' qui selon S. Isidore deSeville a isid. Scn. c. ti.
véritablement compose un semblable Commentaire que nous
avons encore. De manière qu'il ne nous reste plus aujourd'hui
aucun monument du savoir de S, Just, suposé qu'il en soit sorti
d'autres de sa plume que les letres qu'il écrivit à S. Ambroise.
I
ICAIRE,
Comte d'Orient.
CAIRE l'un des plus savans hommes de son siècle, étoit au^. Cont. 1. 1. e.
fils de Théodose Secrétaire de l'Empereur Valens, dont Emp.L*5.^p"i«7.
nous avons donné l'histoire. Il eut pour mère une personne ^^- ™-
de mérite et de condition, qui à la mort funeste de son mari
aïant perdu ses biens et sa liberté, se vit réduite à servir pour
pouvon- subsister. Nous parlons de cet Icaire comme étant le
même, ainsi qu'il y a tout lieu de le croire, qu'Icherius ou
Ilierius, ' Professeur de Rhétorique à Rome et célèbre dans 1
S. Augustin. 'Son père étoit certainement Gaulois. Mais on Amm. 1.29. p.3i9.
ne sauroit précisément dire si Icaire naquit dans les Gaules,
ou en Orient. 'S. Augustin lui donne le surnom de Syrien, par- Aug. lu.
1 C'est ainsi qa'il est nomiUK dans la Iclicrius. S. Oic^'ulm ilu Naziuiiiie lU Lilj;i-
(lernierc vJition «les œuvres de S. Aupu- iiius, qui ont cciil en Grec, le nomment
Hlin. Mais ilans les éilitions de BuJe, d'A- Ixiptoç, qui est le même nom différem-
mei'hacli, d'Erasme et dans quatre anciens nient exprimé et dont nous avons fait
manuscrits du même Père, il est nomme Icaire.
Tome I. Sec. Part. K k
258 ICAIRE,
IV 81 Ec i.E. ce qu'il ^toit né, ou avoit ëlé élevé en Syrie, lorsque son père
y exerçoit quelcjue charge.
Aiij.ibid. ' Icaire aprit en perfection la langue gréque et toutes les
beautés de l'éloquence latine. Il enseigna cêlle*ci à Rome, au
même tems que S. Augustin exerçoit le même emploi à Mi-
lan. 11 passait pour être tout ensemble et un maitre incompa-
rable et un des plus savons Philosophes de son siècle. S. Au-
guslin ne l'avoit jamais vu, mais il l'aimoit pour la réputation
de son savoir éminent. Aiant oui raporter de lui quelques pa-
roles qui lui avoient paru fort belles, il conçut le desir d'être
connu de ce Professeur, pour qui il avoit une si haute estime.
Son genre d'étude et un ouvrage qu'il venoit de finir lui four-
nirent le moïen de verjir à la connoissance de cet homme si
1. 13. n. M. célèbre. Il lui adressa donc ' ses livres De la bienséance et de h
beauté, qu'il avoit composés vTrs l'an 380.
A la faveur de son savoir Icaire s'avança dans les charges
Greg. Naz. ep. 76. dc l'Empirc. 'Il cu cxorçoil qucIqu'unc fu Orient dès l'année
382 . Car dès-lors il écrivit avec Olympe de la part de l'Empe-
reur à S. Grégoire de Nazianzc pour l'engager à retourner à
Constantinople, où il avoit déjà refusé de se trouver. S. Gré-
goire lui fit réponse pour s'en ex(!user de nouveau.
Tiii. ibid. p. 227. ' Vers 384 ou 385 Prccule Comte d'Orient aiant été déposé,
Icaire fut mis à sa place. Celte dignité éloit considérable et
avoit de grandes prérogatives. Elle donnoit entrée dans le
Conseil du Prince et la première part aux faveurs et à l'auto-
rité. En quelque degré d'élévation qu'elle mit Icaire, il ne
laissa pas de lier avec le fameux Sopliiste Libanius une étroi-
te amitié, qui se trouvoit soutenue par la profession qu'ils fai-
soient l'un et l'autre des mômes sciences, et peut-être de la
même religion. H est au moins vrai que si Icaire n'étoit pas
Païen comme Libanius, Ttiéodore son père l'avoit été, ainsi
qu'on l'a vu dans son histoire.
p. 2!». ' Libanius paroît s'être tenu fort honoré d'une telle union.
Il fit à la louange d'icaire un discours qui est perdu, et lui en
adressa au moins un autre que nous avons encore. Mais si ce
Sophiste y relevé les bonnes qualités d'icaire, comme de ne
s'être jamais laissé vaincre ni à l avarice, ni au sommeil, ni aux
atraits des femmes, il n'y taîlpas ses défauts. Ill'acuse sur-tout
d'avoir été un esprit déliant et soupçonneux: cequil'empê-
choit de profiter des bons conseils de ses amis, et qui lui lai-
soit donner sa confiance à des gens de néant, qui le trom-
SYAGRE, POETE. 259
poient et lui faisoient faire de grandes fautes. Icaire manqua iv siècle.
aussi et de conduite et de compassion dans la famine qui afili-
gea la ville d'Antioche, lorsqu'il entra en charge.
On ne nous aprend point si un homme aussi habile dans
les sciences et aussi éloquent laissa quelque monument de son
savoir.
SYAGRE,
Poète.
AFRANius Syagrius étoit ou de Lyon même, ou du voi- sid. s. 1. 1. ep. 7 1
sinage de cette ville. Sa famille où il fit entrer les pre- ^; *97i"| 'sym.'î'
mieres dignités de l'Empire, fut long-tems en très-grand hon- **p- *^-
neur dans les Gaules. Aux deux noms d'Afranius Syagrius
qu'il portoil, Onuphre a encore ajouté celui de Postumius,
Mais les savans conviennent que c'est .sans nul fondement.
On ne nous aprend rien de l'éducation de Syagre. Seulement
il paroit par le peu que l'on sait de son histoire, qu'il fut fort
bien instruit dans les belles letres , et qu'il cultiva particuliè-
rement et avec succès l'éloquence et la poésie.
Ce furent sans doute encore plus son savoir et son mérite
que le bénéfice de sa naissance, qui l'éleverent aux premiers
honneurs de la république. ' Il se vil trois fois Préfet du Pré- sid. i. i.ep.7 1 1.7.
loire et une fois Consul avec Antoine, qui pouvoit être le ?oJ9VTiiî'..'Emp-
beau-pere d(i l'Empereur Théodose. En 380 et 382 il exer- »• *• p- *<*'• '*>•
çoil la Préfecture d'Italie, et en 3 "51 celle des Gaules. Sur la
fin de la même année il alla à Milan, comme il semble, pour
y commencer son Consulat au premier de Janvier 382. ' Com- tui. iwa. p. 719.
me Flavius Syagrius avoit été Consul l'année précédente,
cette circonstance jointe à la ressemblance des noms a fait
confondre ces deux Consuls, et a fait dire que Syagre dont
nous parlons, l'avoit été deux fois. Mais c'est ce qui étoit alors
très-rare pour des particuliers, et sans exemple dans deux an-
nées de suite.
' Le mérite de Syagre et le rang qu'il tenoit, lui donnoient sym. 1. 1. ep.ss
beaucoup de crédit à la Cour. Il n'avoil gueres moins de bon- *"''
té à s'en servir en faveur des autres. C'est un des sujets de son
éloge dans Symmaque, qui connoissant les nobles et géné-
reuses disposilions de son cœur, savoit les mètre souvent à
K k ij
260 SYAGRE, POETE.
IV SIECLE, l'épreuve en lui recommandant la cause de diverses personne.*
de ses amis. Il y avoit une étroite amitié entre ces deux grands
hommes, quoique de dilTerenle religion. Car Syagre éloit
Chrétien, et Symmaque, comme l'on sait, un Païen zélé. 11
nous reste encore quatorze lelres de leurs mutuelles relations.
Elles sont toutes de Symmaque, et les dernières de son pre-
mier livre. On y trouve divers témoignages de l'éloquence do
Syagre. Symmaque lui adressoit quelquefois ses plaidoïers,
comme à un homme d'un profond examen et d'une critique
severe;etil paroît que l'estime qu'il en faisoit, inspiroit à
Symmaque une nouvelle émulation.
Anv pr. 2. ▼. .•». ' Entre les autres amis de distinction et gens de letres avec
**■ lesquels Syagre étoit uni,Ausone semble avoir tenu un des
premiers rangs. Ce poëte faisoit tant de cas du savoir du Sya-
gre, qu'en publiant le premier recueil de ses poésies, il le
choisit pour son Mécène, et voulut que son nom parût à la
tête de ses ouvrages. Il en usa de la sorte, comme il le dit
lui-même, afin que l'on pût aussi-tôt les atribuer à Syagre
qu'à leur vrai Auteur,
sid. 1. 5. ep. r.. p. ' Syagre publia lui-même des poésies de sa façon, qui se
*" lisoient encore plus de 70 ans après sa mort. S. Sidoine qui
les avoit entre les mains, en relevé la beauté avec éloge. Il
dit à ce sujet que le savoir et l'habileté de ce Poëte lui au-
roient fait ériger des statues, si les grandes dignités dont il
avoit été revêtu ne lui eussent déjà procuré cet honneur.
Aujourd'hui il ne nous reste plus rien des productions de sa
*p. 17. p. 990. Muse. ' Nous aprenons du même Ecrivain que Syagre fut
inhumé près de l'Eglise S. Just, à quelque distance de la
ville de Lyon, où l'on voioit encore son tombeau après le
milieu du V siècle. De-là on pourroit conjecturer que Syagre
ne seroit mort que plusieurs années après S. Just, et après
qu'on lui eût bâti une église. Mais celle où il fut enterré exi-
stoit déjà auparavant, et portoit le nom des Maccabées. Ce
ne fut que dans la suite qu'elle prit celui de S. Just. Ainsi rien
n'empêche que Syagre n'eût quité cette vie la même année
que ce Saint Evêque de Lyon , ou peu après.
261
=^ IV SIECLE.
VALENTINIEN II,
Empereur.
VALENTimEN II du noiïi , qui auroit fait un des plus
grands ornemens de l'Eglise et de l'Empire , si Dieu lui
eût acordé une plus longue vie, nâguit dans les Gaules ' sur Tiii. Emp. i. r.. p.
la fin de l'an 371. Le lieu de sa naissance fut tr^s-probable- ^'^•^^- •
ment la ville de Trêves. C'étoit-là que l'Empereur Valenti-
nien I son père faisoit sa résidence la plus ordinaire, depuis
qu'il eut partagé l'Empire avec son frère Valens, et qu'il eut
passé les années 365 et 366 en diverses villes des Gaules. II
eut pour mère l'Impératrice Justine, qui lui donna trois sœurs,
Justa, Grata et Galla. Celle-ci fut seconde femme de l'Em-
pfreur Theodose; et les deux autres vécurent toujours dans
le célibat. Valentinien eut aussi pour frère l'Empereur Gra-
tien; mais d'une première femme de son père, comme nous
l'avons dit ailleurs.
' Il vint au monde avec un riche naturel, des inclinations snz. i. ?. e.. n. p.
comme naturellement portées au bien, et avec toutes les quali- ''^^'
tés qui font les grands Princes. ' Il n'avoit encore que 4 ans, Amm. i. 30. p.
lorsqu'au mois de novembre 395 il perdit son père, et que l]'^;_ sllp.^m'*
les principaux Officiers de l'armée le déclarèrent Empereur.
Cette proclamation se fit en Ulyrie.' Gratien^ qui étoit alors Ans. con». p. toi.
dans les Gaules, la confirma peut-être sans le savoir, en asso-
ciant ce jeune Prince à l'Empire, par une affection et une
tendresse qui le lui firent toujours regarder comme s'il eût été
son propre fils.
' Dès l'année suivante Valentinien fut fait Consul avec l'Em- tiii. ih. \>. «3.
pereur Valens son oncle. On ne sait rien de bien positif tou-
chant son éducation ; mais on ne doit pas douter qu'elle n'ait
été conforme à sa naissance. Il passa toute sa jeunesse en Uly-
rie et en Italie, ' qui avec l'Afrique devinrent son apanage p. 157.
dans la suite. Nous disons, dans la suite ; parce que Gratieti
ne partagea l'Empire avec lui, ' quoiqu'ils portassent l'un et p- ne. 70-.
l'autre le titre d'Empereur, qu'en 379 après la mort de Va-
lens, lorsqu'il fit Theodose Empereur, à qui il céda l'Orient.
' Comme Valentinien étoit encore enfant, Justine sa mère p- «*
ovoit toute l'autorifé, et regnoit sous le nom du fils. Mais si-
1 8
26?
VALENTINIEN H,
IV SIECLE.
> Amm. ib.
o TiU. ih.
Thilrt. I. 5. ('
p. 218.
m.
Till. ib. p. 284.
p. tas. 298.
|i. 2!)S.
tôt qu'il eût atteint l'Age de 12 à 13 ans, aïant alors perdu Gra-
tien " qui malgré sa jeunesse lui tenoit lieu de père, '' il neman-
quoit gueres dans les ocasions un peu importantes de consul-
ter Theodose. Les conseils de ce pieux Empereur lui furent
aussi salutaires, que le secours qu'il lui prêta contre le Tyran
Maxime lui fut avantageux. ' En effet Theodose le guérit d'a-
bord des plaies que la doctrine impie de Justine sa mère,
Ariene déclarée, avoit faite à son âme, et le fil rentrer dans
la foi des Pères. ' Ensuite aïant armé puissamment contre Ma-
xime, qui non content d'avoir envahi la grande Bretagne et
les Gaules sur Gratien, à qui il avoit fait inhumainement ôter
la vie , vouloit encore dépouiller Valentinien , ce généreux
Empereur ' défit entièrement l'Usurpateur, et rétablit nôtre
jeune Prince dans ses Etats et dans ceux que son frère avoit
possédés.
' Presque en même tems Valentinien perdit l'Impératrice sa
mère. Il se vit alors en une pleine liberté pour ne se conduire
que par les impressions de Theodose et sur-tout de S. Am-
broise. Ce fut par leurs avis qu'il rétablit la foi Catholique
dans l'Italie et dans les autres provinces de son Empire. Depuis
cette mort il aima et s'atacha S. Ambroise avec d'autant
plus d'affection, qu'il l'avoit autrefois persécuté avec plus d'in-
Anib. de ob. Val. justicc à la pcrsuasiou de Justine. ' S. Ambroise de son côté
n 1. ,v 7.n. 80. avoit pour cet Empereur un alachement tendre et sincère; et
les éloges qu'il nous en a laissés en divers endroits de ses écrits,
montrent assez quelle estime il faisoit et de sa vertu et de ses
talens.
.1.3. 19 1 pp. 17. 11. ' Avec les instructions de ce Saint Docteur Valentinien de-
:i I .p. 18. 11. I. yj,j, y^ Prince vraiment Chrétien, aimé de Dieu et chéri des
peuples; et quoique dans un âge encore jeune, il avoit déjà
les mœurs et la giavilé d'un vieillard, et l'ardeur de sa foi le
.leob. Val. n. 1». rcudoit uu liomme parfait. ' Sa foi et sa pieté éclatèrent par-
lieulierement dans le refus généreux qu'il fit au Sénat de l'au-
tel do la Victoire, malgré l'avis de quelques-uns de ses Con-
.seillers, qui bien que Chrétiens opinoieni à le rendre, et à
faire ainsi revivre le Paganisme dans Rome. ' Autant que ce
jeune Prince avoit de religion, autant il avoit d'équité et de
tendresse pour ses sujets. Plein de lumière et de vigueur, ja-
mais nulle considération ne l'empêchoit d'aller droit à ce
qu'exigeoit la justice. Se regardant comme le père et le pro-
tecteur de .ses peuples, il ne voulut jamais souffrir qu'on les
20,
Till. il>.
MC.
EMPEREUR. 2G3
chargeât de nouveaux impôts. " Il aimoit ses amis jusqu'à iv siècle.
souhaiter de mourir plutôt que de les exposer pour lui. *■ Il avoit , xui. ii,. p 341.
beaucoup de modération et d'amour pour la paix et la tfen- b p. 309. 340. 3*9.
auillité. Mais il-n'avoit pas moins de courage ; et' il en donna
es preuves en diverses oçasions contre les Sarmates et les
François.
'Tel étoit le jeune Valentinien, orné de toutes les qualités p. 348. 354.
de l'esprit et du corps, qui le rendoient parfaitement digne
de régner, ' lorsque le Comte Arbogaste Général de ses ar- p. ssr. 1 p»os. «hr.
mées, par une cruauté la plus barbare le fit étrangler, pour fi "^,' |'Hie°"'ep.
s'emparer de l'Empire, et le céder au Tyran Eugène. L'est ^s. p. 273.
ce qui s'exécuta près de Lyon, ou à Vienne même où Valen-
tinien éloil venu depuis quelques années. ' Ce Prince vrai- tui. ib. p. 33c.
ment digne d'un meilleur sort, perdit la vie le 15 de Mai veil-
le de la Pentecôte de l'an 393, étant alors dans la vingt-et-
uniéme année de son âge, après avoir porté 16 ans et quelques
mois le titre d'Auguste.
Comme il n'étoit que Catécumene, il avoit écrit à S. Amb. ep. la. ». 1.
Ambroise pour l'engager à venir lui donner le baptême, qu'il
désiroit recevoir de sa main. Mais il fut prévenu par la mort,
avant qu'il pût recevoir cette consolation. ' Son corps fut por- tui. ib. p. mm.
té à Milan et enterré auprès de celui de l'Empereur Gratien.
A la cén'monie de ses obsèques S. Ambroise prononça son Amb. Ou ob. vai.
oraison funèbre , que nous avons encore. Entre les éloges "' '' ^^' ^^'
qu'il y fait du mérite et de la vertu de ce Prince, il ne craint
pas de nous assurer de son salut, quoique mort sans baptême.
lien donne aussi-tôt la raison. C'est, dit-il, qu'il l'avoit de-
mandé ; et que s'étant purifié dans sa foi, il avoit reçu de J. C.
même ce qu'il n'avoit pu recevoir par le ministère des
hommes.
Valentinien aimoit les letres et ceux qui les eu Iti voient.
C'est sur cette considération que divers Auteurs de son règne
le choisirent pour leur Mécène. ' Sextus Rufus Eestus Avie- Fab. bib. )at. p.
nus lui adressa un abrégé dos victoires et des provinces du ^^^- *"^' *^-
peuple rumain. Flavius Vegetius Renatus lui dédia un abré-
gé d'instructions pour la guerre. ' Symmaque relevé beaucoup sym. 1. 1. ép. .mî.
son éloquence, et le loue d'avoir acordé dans son palais une
place honorable aux Muses. La letre où cet Orateur s'expri-
me de la sorte, est sans inscription. Mais elle paroit écrite à
Valentinien, qui y est qualifié un jeune Empereur.
■ Nous avons dans le Code de Theodose et dans l'appen-
a Till. ib.
P-
246.
260.
309
1
tod.
Th.
app.
P-
722
72.$.
Tii.
73S
264 I. CONCILE DE iNlSMES.
IV SIECLE, dice qu'en a donné le P. Sirinon, plusieurs loix que Valen-
tinien publia pour le règlement de l'Empire. 11 s'y en trouve
quelques-unes qui portent des marques éclatantes de sa pieté
et de son amour pour l'Eglise et pour ses Ministres. Une de celles
qui lui acquit le plus d'estime est l'Ordonnance générale et
perpétuelle qu'il fil pour délivrer les prisonniers ton» les ans à
Pâque. Il en excepte néanmoins les sacrilèges, les adultères,
les faux monnoïeurs, les empoisonneurs, les homicides,
les criminels de leze-majesté, et ceux qui étoient coupables
Tiu. H. E. i. 10. de rapt et de maléfices. ' Cette loi d'indulgence et de bonté
'■■"'*■ fut publiée à Milan le 25 de Février 385.
Il paroît par l'histoire de Valentinien qu'il écrivit grand
nombre de letres tant à S. Âmbroise et à Theodose, qu'au
Sénat et à ses Officiers. Mais de toutes ces letres on n'en trou-
ve plus qu'une que Baronius nous a conservée. Elle est écrite
à Saluste Préfet de Rome, pour faire rebâtir l'Eglise de S.
Krap. ib. p. 737. Paul auprès de la ville. ' C'est à nôtre Empereur que s'adressent
'^' presque toutes les letres qu'écrivit Symmaque étant Préfet de
Rome, et qui font la plus grande partie de son dixième livre,
quoique plusieurs portent une autre inscription.
738,
N-
I, CONCILE DE NISMES.
ous avons déjà fait plus d'une fois une observation que
nous ne saurions trop répéter. Les malheurs des tems
nous ont enlevé tant d'actes, et même dérobé la connoissan-
ce de tant de Conciles tenus dans les Gaules comme ailleurs,
que les moindres particularités qui ont échapé du naufrage,
nous en deviennent très-précieuses. C'est ce qui nous porte à
recueillir ici avec soin le peu que l'on trouve de l'histoire d'un
Concile tenu à Nismes vers la fin de ce IV siècle.
Nui.oiai. a. 11.13. Tout ce que l'on en sait de certain, se tire de S. Severe
i.. 5«. Sulpice. Cet Ecrivain nous aprend donc que S. Martin y
aïant été invité refusa constamment de s'y trouver. Mais que
comme le Saint Prélat désiroit fort néanmoins de savoir ce
qui s'y passeroit, il en fut instruit par un Ange, lorsqu'il étoit
en un voïage par eau avec le même S. Sulpice; Qu'enfin ses
disciples après la tenue du Concile s'étant exacteinent enquis
de ce qui s'y étoit fait, reconnurent qne tout étoit conforme
pour le jour de l'assemblée et pour les décrets que l'on y
I. CONCILE DE NISMES. 265
avoit arrêtés, à ce que l'Ange en avoit apris à S. Martin, iv siècle.
' On ne convient point de l'année en laquelle se tint cette .■: t: ~
I • • 1» 7fcr»rk / T\» 1 ^onc. t. z. p. 840.
assemblée. Quelques-uns lui assignent 1 an 389. D autres la Tiii. h. e. t. lo. p.
rejetent jusqu'en 393, et même encore plus loin. ' Ce qu'il suip.,uai.3. n. ts.
y a d'incontestable, c'est que dès 386, S. Martin à son p ■>^^- '^■
retour de Trêves, où il avoit été obligé malgré lui de com-
muniquer avec les Ithaciens, avoit pris la résolution de ne
plus assister à aucun Concile, et qu'il vécut plusieurs années
depuis sans s y trouver. Ainsi il est hors de doute que celui de
Nismes auquel il refusa d'aller , se tint dans cet espace de
temps-là.
Mais on peut douter si ce n'est pas ' ce Concile dont parle Amb. de ob. v»i.
S. Ambroise dans l'oraison funèbre de Valentinien le jeune,
et qui se tenoit vers le tems de la mort de cet Empereur,
c'eest-à-dire vers le mois de mai 392. S. Ambroise décrivant
l'empressement avec lequel Valentinien désiroit qu'il le vînt
trouver dans les Gaules, où étoit alors ce Prince, pour rece-
voir le baptême de sa main, dit qu'il l'avoit assuré que s'il lui
faisoit tant d'instances pour venir, ce n'étoit point pour assi-
ster au Concile des Evêques des Gaules, mais seulement afin
qu'il le baptisât. Ces paroles marquent bien clairement qu'il se
tenoit alors , ou devoit bien-tôt se tenir un Concile dans les
Gaules. Or comme ce Concile ne nous est point connu d'ail-
leurs, et que l'on sait que celui de Nismes se tint vers ce mê-
me tems, on peut croire que c'est le même dont parle S. Am-
broise. Au reste il étoit à propos que Valentinien voulant ati-
rer ce Saint Prélat, l'avertit que ce n'étoit pas pour se trouver
à ce Concile qu'il le mandoit, parce que le Saint s'étoit sou-
vent excusé d'assister aux assemblées aes Evêques Gaulois, à
cause de leurs trop fréquentes divisions.
On ignore et le sujet de la convocation de ce Concile et
ce qui y fut décidé. Il paroit néanmoins par ce que nous en
avons raporté d'après S. Sulpice, que S. Martin en avoit in-
struit ses disciples, et qu'eux-mêmes l'avoient apris d'ailleurs.
Il est fâcheux que Gallus, qui étoit du nombre, et qui parle
par la plume de S. Sulpice, nen ait rien dit dans sa relation.
Après tout, il semble qu'il n'y ait pas lieu de douter que ce ne
fût pour l'affaire des Ithaciens, qui causoit alors tant de trou-
bles dans l'Eglise des Gaules, que l'on assembla ce Concile.
'Ce fut-là le sujet de plusieurs autres assemblées, ou confe- conc. ib. p. io3c.
rences d'Evêques sur-tout à Trêves, dont on a voulu faire '°^''
Tome I. Sec. Part. Ll
1 8 *
IV SIECLE.
266
I. CONCILE DE NISMES.
quel(jues Conciles réglés; mais elles parnissent avoir ùiè
trop irrégulieres pour mériter le nom de Concile.
S. P H E B A D E,
EvEQUE d'AgEN.
Till.
427.
H. E. t. 6.
Mil. de Syn.
3. 10.
n. 2.
Pliuib. p. 300. 304.
Sul.hist.I. 2.n.57.
59.
I.
HISTOIRE DE SA VIE.
ON ignore quelles furent et la naissance ' et l'éducation
de S. Phébade. *0n ne sait point non plus en quelle
année il fut élevé à l'épiscopat. Mais le peu que l'on nous a
conservé de son histoire, nous,aprend qu'il devint un des plus il-
lustres Prélats de l'Eglise (lallicane en ce IV siècle, et un des
plus zélés défenseurs de la foi (Catholique contre les Ariens.
Il ocupa long-tems le siège d'Agen, pour lequel la provi-
dence l'avoit formé. ' Son nom ne paroît point entre les sous-
ciiptions des autres Evéques Gaulois au Concile de Sardi-
quetenu en 347. On juge de-là qu'il ne fut fait Evêque qu'a-
près ce tems-là. Il l'étoit au moins dès 357, ' lorsqu'on envoïa
dans les Caules la seconde formule de Sirmich, fabriquée par
Potamius Evêque de Lisbone et signée par Osius de Cordouë.
S. Phébade ne se contenta nas de la rejeter et la condamner
avec les autres Prélats de l'Eglise (lallicane ; ' il la réfuta enco-
re d'un bout à l'autri; av(!c beaucoup d'esprit et de solidité.
Après avoir doimé en cette oca.sion des marques aussi écla-
tantes de son juste zélé contre l'Arianisme, ' il alla avec les au-
tres Evêques des Gaules au Concile de Ri mi ni assemblé en
359. L'Empereur vouloit fournir aux frais du voiag(î ; mais S.
Phébade ai les autres Evêqu(!s d'Aquitaine refusèrent géné-
reusement de profiter de cette faveur. C'étoit non-.seulement
marquer du désintéressement ; c'étoit encore faire voir qu'ils
désiroient de jouir d'une entière liberté. Leur désir ne fui pas
1 Quelques Ecrivains oui Iciiié de- l«
fair* KspafrnnI ilo nation. Mais oulro
qu'ils u'cti (luiiiii-nt aucune preuve suliilc,
son nom qui osl grec supose qn'il iHoit ou
de la Gaule Narbonoise nu d'AquilainB.
On a vn combien celle sorte ■'••• noms et
la langus graque màoie étoieni commans
IJ
dans ces deux provinces.
2 Son nom se irnnvA ilirreremmcnt e«-
primé dans les ancien» niduumens. oâ il
est nommé Sij^.iec, Sebadi\ Kegade,
KiUulo. Il esl aujourd'hui connu suns U
nom du Kiari parmi le peuple du païs.
s. PHEBADE, EVEQUE D'A-GEN. 267
acompli. S. Phébade se lia d'une manière plus particulière iv siècle.
avec S. Servais Evêque de Tongres. ' Le Concile étant ou- ^I7~d7~s~^
vert, eux et les autres Prélats Catholiques y soutinrent la foi 722. n. ». '
du Concile de Nicée avec beaucoup de zélé et de fermeté,
et déposèrent Ursace, Valens et les autres Evêques Ariens,
qui ne voulurent pas s'y soûmelre.
' Cependant l'Empereur envoïa à Rimini une nouvelle for- iiidn. 1. 2. c. ih.
mule signée à Nice en Thrace par les Députés du Concile, '': 37^ p^ti.'" ^"
et entièrement conforme à la seconde de Sirmich, excepté
qu'elle déclaroit le Fils semblable au Père, sans ajouter en
toutes choses. ' Constance avoit aconipagné cette formule d'un Sui. ib. p. 407
ordre qui enjoignoit aux Evêques d'y souscrire et de ne se
point séparer sans l'avoir signée. La plupart des Evêques vain-
cus, partie par foiblesse, partie par enimi d'un si long séjour
dans un pais étranger, se soumirent à ce que l'on demandoit
d'eux ; et les Catholiques, qui faisoient d'abord le plus grand i' '
nombre, se virent réduits à vingt. A leur tête étoient S. Phé-
bade et S. Servais, (|ui montaient d'autant plus de courage
qu'ils se voïoient moins soutenus des autres.
' Alors le Préfet Taurus Mod/rateur du Concile, s'apper- p. «s.
cevant qu'ils étoient h l'épreuve de la crainte et des menaces,
les ataqua par ses prières, ses larmes, ses raisonnemens.
Rien ne put ébranler la constance de S. Phébade en particu-
lier. 11 prolesta hautement qu'il aimoit mieux souffrir l'exil et
la mort même que de souscrire à la formule de foi des Ariens.
11 tint ferme. Mais au bout de quelques jours Ursace et Va-
lens lui alant persuadé de dresser lui-même une formule de sa
façon,' le désir de terminer cette grande affaire lui fît pren- 5. 410.
dre cette voie. S. Phébade et S. Servais dressèrent donc leurs
formules dans lesnuelles ils condamnoient sans détour la per-
sonne et l'hérésie d Arius, et reconnoissoient non seulement
l'égalité du Fils avec le Père, mais encore son éternité.
Valens, à qui comme aux autres Ariens, cette formule ainsi 'Wd.
conçue auroit enlevé tout sujet de triomphe, engagea nos
deux Evêques à y ajouter, Que le Fils n'est pas une créature
comme les autres créatures. ' Cette proposition artificieuse ren- "j l Amb. de nd. 1.
fermoit tout le venin de son hérésie, sans le montrer. Car sous
prétexte de distinguer ainsi le Fils des créatures, c'étoit en faire
une véritable créature, seulement relevée au-dessus des autres.
' S. Phébade et les autres Evêques qui pensoient comme lui, sui. ib 1 Amb. ib.
, Tl^Tr '[j 129-131
n y soupçonnant aucune ruse, se laissèrent surprendre par cet
L 1 ij
268 S. PHEBADE,
IV SIECLE artifice. Ilsavoient, dit S. Ambroise, la simplicité delà co-
lombe ; mais ils manquoient de l'adresse du serpent. Trompés
par le son des paroles, ils n'aperçurent pas le piège qu'on leur
tendoit ; et ne songeant qu'à s'atacher à la foi, ils eurent le
malheur de prendre l'hameçon de l'hérésie.
Tiii. ib. p. 457. ' On croit que les professions de foi dressées en cette ocasion
*^" par S. Phébade et S. Servais ne sont autre chose que les
anathémes raportés par S. Jérôme. Ce Père dit les avoir tirés
des actes mêmes du Concile de Rimini, tels qu'ils étoient alors
dans les archives de toutes les Eglises, mais qui ne sont pas
venus jusqu'à nous.
Sui. ib. p. m. ' On fut quelque tems sans ouvrir les yeux sur la fourberie
Hier, in Lucif. 1. dcs Aricns.' Mais enfin on se reveilla sur-tout au bruit qu'ils
' " *■ publioient hautement que la foi de Nicée avoit été condam-
née. Alors tout le monde se vit avec étonnement devenu
sui. il). II. -M. Arien, sans y penser, et gémit de cette surprise. ' Aussi-tôt les
Evêques des Gaules, et sans doute S. Phébade des premiers,
comme un des plus atachés à la foi de la Consubstantialité,
avouèrent presque tous leur, erreur, et condamnèrent ce qui
Hii. fi. II. s'étoit fait a Rimini. ' C'est ce que l'on a vu dans l'histoire du
Concile de Paris, où nos Evêques confessèrent que leur sim-
plicité avoit été abusée par les fourberies de ceux qui leur
avoient fait suprimer le terme de Substance.
Thdri. ib. o. n. p. ' On vit même paroître un écrit composé à ce sujet. Les
**'*■ Evêques, dit Theodoret qui nous aprend ce fait, y décla-
roient qu'ils avoient été surpris, et qu'ils avoient regret de ce
que l'on avoit abusé de leur simplicité, n'aïant jamais eu in-
tention de rien faire contre les décisions du Concile de Nicée.
Hier. Ttt. iii. c. Si cct écrit n'est pas un ' de ceux dont S. Phébade enrichit
"**■ l'Eglise, il est au moins presque certain, comme nous le
Amb. app. p. 345. moutrcrons daus la suite, ' qu'il en publia un autre que nous
***■ avons encore, pour combatre le Concile de Rimini, et re-
lever l'autorité de celui de Nicée, dont il raporte et explique le
symbole.
S. Phébade ainsi relevé de sa chute, fut depuis en quelque
sorte dans l'Eglise d'Occident ce qu'étoit Osius avant la sienne
dans toute l'Eglise Catholique, un des principaux apuis de la
i;oiic. t a. p- 'jo«. foi et le père des Conciles.' Il se trouva à ceux de Valence
et de baragoce : 1 un tenu en 374 au sujet de quelque
différend arrivé dane cette Eglise, l'autre en 380 contre les
Priscillianistes. Il est même à croire qu'il présida à l'un et à
<0U!). 1807.
EVEQUE D'AGEN. 269
l'autre. Au moins est-il nommé le premier dans les souscrip- iv siècle.
lions, quoique S. Delphin de Bourdeaux son Métropolitain lût "
présent à celui de Saragoce.' C'est un rang que la dignité de thi. ii). p. *i»\
son siège ne lui pouvoit donner. Mais le respect pour son '■ * ''• '^^*'
âge, sa pieté et sa science le lui auront procuré, comme
autrefois à Osius au Concile de Sardique. La même chose se
fit encore, selon S. Basile, à l'égard de Musone Evêque de
Césarée dans le Pont.
' S. Phebade étoil lié par une sainte amitié avec S. Delphin Amb. ep. 87.
et S. Ambroise. Celui ci leur écrivit quelquefois à l'un et à
l'autre. Mais leur union étoit si étroite, qu'ils ne vouloient pas
même qu'il séparât leurs noms. De sorte que ses letres, dont
il ne nous reste plus qu'une seule, étoient adressées à tous les
deux ensemble. Ils en usoient de même de leur côté, lors-
qu'ils écrivoient à S. Ambroise, le faisant par une même lelre
qui leur étoit commune.
' Il paroit que S. Phébade gouverna l'Eglise d'Agen prés Tiii. ib. t. c.
de 40 ans au moins; ' puisqu'il vivoit encore, mais dans un Hier. ib.
âge décrépit, en 392. C'est ce que nous aprenons de l'éloge
3ue nous en a laissé S. Jérôme, (jui écrivoil alors son traité
es Auteurs Ecclésia.stiques. ' L'Eglise d'Agen fait aujourd'hui boii. a;, api. p.
mémoire de notre S. Kvêque le 2.) du mois d'Avril. ^^'' " '"'
8 n.
SES ECRITS.
S. Phébade ne se borna pas à défendre el soutenir de vive-
voix la foi de l'Eglise ; ' il le fit encore par ses écrits. Il en Hi«i. vu. iii. c.
composa plusieurs, selon le témoignage de S. Jérôme, qui '"*'
néanmoins n'en avoit encore lù qu'un seul en 392, lorsqu'il
en parloit. Les autres nous sont absolument inconnus, si tou-
tefois nous en exceptons un, que nous croions devoir rendre
à nôtre Saint, comme aïant des preuves suffisantes pour mon-
trer, qu'il lui apartient plutôt qu'à tous les autres Auteurs à
qui on le donne. C'est ce que nous examinerons, après que
nous aurons parlé de celui que personne ne lui dispute.
1". ' L'unique ouvrage qui porte aujourd'hui le nom de S. Phœb. p. 3o«. sus
Phébade , est un traité contre les Ariens, et le même, ce sem-
ble, qu'avoit lu S. Jérôme; puisqu'il lui donne le même titre.
S. Phébade le composa pour l'oposer à la seconde formule de
Sirmich, qu'il y réfute d'un bout à l'autre. Il y établit en par-
270 S. PHEBADE,
IV SIECLE, ticulier par des passages choisis de l'Ecriture le mystère de la
' ■ Trinité. Il y relevé l'autorité des Pères de Nicée, et soutient
'•"■'^ qu'il n'y a en Dieu qu'une substance, et qu'il faut conserver
ce terme et celui de Consubstantiel que l'on avoit retranché de
la formule qu'il combat.
piiœb. p. 301. 1. ' II y traite aussi, mais en passant, du mystère de l'Incarna-
tion. Il en prit ocasion d'une letre de Potame de Lisbone, en-
voïée par tout l'Orient et l'Occident, et remplie d'erreurs
i grossières. Cet Evêque Arien y disoit entre autres impertinen-
ces, que la chair et l'esprit de .1. C. étant unis par le sang de
Marie, et réduits en un seul corps, Dieu étoit devenu passible;
en sorte que de l'esprit de Dieu et de la chair de l'homme il
s'étoit formé, je ne sais quelle troisième chose, qui n'é-
toit proprement ni Dieu ni homme. S. Phébade montre donc
par l'Ecriture les propriétés différentes des deux substances en
J. C. Voilà une idée générale de ce Traité. Mais il s'y trou-
ve divers traits particuliers qui ne sont pas indignes de re-
marque.
p. 300.1. ' D'abord S. Phébade déclare que ce qui l'a obligé à pren-
dre la plume, est le péril extrême où il voïoit lafoi. [/héré-
sie, dit-il, a tellement gagné presque tous les esprits, qu'ils
faut y souscrire et l'embrasser nous-mêmes, si nous voulons
que l'on nous donne le nom de Catholiques. Il se promet
néanmoins que son écrit sera un témoignage de sa foi et le
fera reconnoîiro pour orthodoxe par ceux qui se seront mis
au-dessus de la crainte et de l'ambition du siècle.
ib. ' Venant ensuite à la formule de foi qu'il entreprend de ré-
futer, il la qualifie la perfidie des Ariens, et montre qu'elle est
pleine d'artifices et de fourberies en ce qu'elle contient même
de meilleur en aparcnee. Qu'elle ne parle pas même de l'unité
d'un Dieu, et n'en exclut pas toute pluralité, sans cacher
28 1 303. 1. quelque fraude sous ces expressions catholiques.' Que si les
Ariens d'alors n'y parloient pas si ouvertement que ceux qui
les avoient précédés, ils n'en pensoient pas moins que le Fils
étoit une pure créature. Qu'ils n'usent de plus de subtilité, que
p. 300. s. pour mieux séduire les simples et les ignorans. ' Qu'il est aisé
de reconnoître dans cette pièce le langage et les artifices d'Ur-
sace, de Valens et de Potame.
n». ' De-là S. Phébade passe à expliquer les endroits de l'Ecritu-
re dont les Ariens abusoient pour tâcher de prouver que le
Fils est inférieur au Père. Il leur fait voir qu'ils confondent
EVEQUE D'AGEN. «71
dans ces textes les deux étals, ou difTerentes natures qui sont Vf siècle.
en J. C. la nature humaine selon laquelle il est inférieur au
Père, et la nature divine qui le rend égal à lui. ' Et comme ils piiœb. p. 302. 2.
insistoient sur ce que le Père est plus grand que le Fils en hon-
neur , en gloire , et en majesté ; S. Phébade y réponds par ces
raisonnemens invincibles. « Si cela est , dit-il , pourquoi Dieu
« nous ordonne-t'il d'honorer le Fils comme le Père? Si cela
« est , nous proferons des blasphèmes autant de fois que nous
« rendons grâces , ou que nous offrons le sacrifice; puisque ces
« actes de religion s'adressent au Fils comme au Père ... La
« majesté qui convient à un seul Dieu , dit-il encore , ne peut
« être que parfaite. Or elle ne sera point telle, ajoùte-t-il, si
« elle est inégale par raport au Père et par raport au Fils ; et
« elle devient inégale, si-tôt qu'elle est moindre dans le Fils : ce
« qui est la détruire entièrement. »
' A l'égard d'un commencement d'être que les Ariens p. 303. 2.
vouloient donner au Verbe , S. Phébade les réfute de la sorte.
« Prouver, dit-il, que le Fils n'a pas été avec le Père et clans
« le Père avant tout commencement , c'est prouver que le Père
« a pu être un tems sans sa Sagesse, sans son Verbe, sans Rai-
« son, sans sa Puissance, sans son Esprit. Tout manque au Père,
« si quelque chose lui manque. Or il lui manque quelque chose,
« s'il y a eu un tems où son Fils , c'est-à-dire la plénitude de pa
« Puissance n'avoit pas été. »
' Il acuse ses adversaires de travailler à détruire la vérité p. 301. 1.
pour établir sur ses ruines le mensonge , qui ne savoit se soute-
nir sans cela. Mais cette vérité, ajoûte-t'il, est incorruptible
par sa nature ; il est impossible do la détruire. Elle subsistera
toujours, et punira les mains sacrilèges qui auront osé aten-
ter sur elle.
' 11 y touche et réfute en divers endroits l'hérésie de Sa- p. 302. 2. 30t. 2.
bellius, qui ne faisoit du Père et du Fils qu'une seule et mê- "''■ *'
me Personne sous deux noms différens. 'il soutient que J. G. a p. 303. 1.
détruit et cette hérésie et colle d'Arius tout ensemble .par cette
seule parole : Je suis dans mon Père, et mon Père est en moi.
' S- Phébade dans cet écrit suit la manière de parler de p- 30*. 2.
Tertullien, nommant corps tout ce qui subsiste: nom qu'il
étend jusqu'aux êtres spirituels et invisibles, sans en excepter
Di< u même. ' Il y cite le livre de la Sagesse sous le nom de Sa- p- •■502. 2.
lomon. ' II adresse son ouvrage à ses très-chers frères, que p. 300. 1
l'on croit avec beaucoup d'aparence être les autres Evêques
des Gaules.
272 S. PHEBADE,
IV SIECLE. ' Il le finit par établir le mystère de la Sainte Trinité, un
rrr — . ^ Dieu en trois Personnes réellement distinctes, le Père, le Fils
et le S. Esprit, qui toutes trois néanmoins ne font qu'un seul
et même Dieu. Ensuite il dit, quec'est-là sa foi et celle des
autres Catholiques ; que cette foi est fondée sur les Prophètes
et les Evangelistes , et ateslée par les souffrances des Martyrs.
Après quoi il prononce analhéme contre quiconque s'éinan-
ciperoit d'en enseigner une autre , fut-il un Ange même. En-
fin il répond à l'objection aue l'on auroit pu tirer de la chute
d'Osius. Mais nous avons déjà rapporté ailleurs ce qu'il répond
à ce sujet.
Cet ouvrage fut fait en 357 ou 358 au plus tard. Il est écrit
avec justesse et précision , sans ce que la brièveté que l'Auteur
s'y est prescrite le rende obscur , ou diminue la force des
DnPin.bib. i. 2. raisonnemeus. ' Les Critiques observent que le style en est
''■ ''^" clair, net, assez poli, et le sujet traité d'une manière fort dé-
gagée. Qu'il s'y trouve de tems en tems des saillies d'esprit,
qui font voir que l'Auteur avoit beaucoup de feu et de fa-
cilité.
Amh. app. p. .■»«. ' L'ouvragc fini, S. Phébadele communiqua à un de ses
amis, qui l'aiant trouvé de son goût, en prit une copie. Il le
pria ensuite de le faire savoir aux Savans , sans néanmoins en
faire connoître l'Auteur , afin que par leur avis il pût en re-
trancher ce qu'ils y trouveroient de superflu , ou y ajouter ce
qu'ils jugeroient y manquer. Que si toutefois l'ouvrage leur
p. S46. paroissoit exact , il pourroit en ce cas le donner au public. ' Ce-
la arriva ; l'ouvrage fut généralement aplaudi de tout ceux oui
le lurent. Mais comme quelques-uns en le lisant avec plus
d'attention , y trouvèrent certaines choses qui leur parurent
mériter quelque éclaircissement , l'Auteur reprit la plume et
composa un autre écrit pour les satisfaire. Voilà l'origine de
l'autre ouvrage que nous soutenons apartenir à S. Phébade,
comme nous l'allons montrer, après avoir parlé des différen-
tes éditions du premier.
Bib. Tell. p. M. ' Dès 1570 Beze le publia avec les quatre livres de S. Ba-
îôs^'not"'' *"" *■ sile contre Eunomius , les dialogues de la Trinité sous le
nom de S. Athanase et quelques autres anciens opuscules.
Ce recueil fut imprimé par Henri Ëstienne en un volume in-
8'. Depuis cette édition , l'ouvrage de S. Phébade est passé
dans toutes les Bibliothèques des Pères, tant de Paris, que de
Cologne et de Lyon.
'En
EVEQUE D'AGEN. 273
"En 1586 Pierre Pithou le donna de nouveau au public iv siècle.
parmi les écrits des divers anciens Théologiens Gaulois, et . Bib. leii. ib. 27.
sous le titre suivant que l'on ne voit point autrement fondé : 2 1 Hier. ib.
Liber contra epistolam, sive edictum, sub nomine Constatith
emùsum in Synodo Mediolanensi. Cette édition est faite à Paris
chez Nivelle en un volume in-¥. ' Mr du Pin la marque de Du Pin, ib. p. 313.
i 589 ; mais il y a toute apparence que c'est une faute d'Impri-
meur, qui aura mis un 9 pour un 6. ' Gaspar Barthius revit Bib. Teu.p. 32. 2.1
depuis l'ouvrage de S. Phébade, et l'aiant enrichi de notes de "'*'" '*'■
sa façon, il le fit reimprimer séparément en un volume m-8°.
à Francfort chez Wechel l'an 1623. 'Enfin Mr Delalande Conc. Si.iip. p s--'.
dans son suplément des Conciles de France imprimé en 1666,
nous a donné le même ouvrage, à la place des actes qui nous
manquent du Concile où les Evêques des Gaules rejetèrent
la formule de Sirmich.
2. Outre l'écrit dont nous venons de parler, et que person-
ne ne refuse à S. Phébade, il y en a un autre qui ne porte
point son nom, et que nous sommes néanmoins persuadés être
de lui. Le Lecteur judicieux verra lui-même si c'est à tort ou
avec raison. Nous le faisons juge de nos preuves. Cet écrit
est le quarante-neuvième discours entre ceux de S. Grégoire
de Nazianze. D'abord il paroît étrange qu'on se soit avisé de
donner à un Père Grec, comme originairement écrit en cette
langue, un ouvrage dont la simple lecture supose un Auteur
Latin à l'exclusion d'un Grec. La même surprise saisit, lors-
que l'on voit attribuer à Rufin comme une traduction faite sur
le grec, une pièce originairement latine. La chose est si pal-
pable par elle-même, que plusieurs depuis long-tems s'en sont
desabusés, et ont attribué cet ouvrage à S. Ambroise. Il se trou-
ve effectivement imprimé sous son nom dans quelques-unes
des premières éditions de ses œuvres; et il est à croire qu'en
cela on a suivi les manuscrits.
La critique s'étant perfectionnée dans le dernier siècle, ' on Amb. n.. p. 343.
a fait voir que l'écrit en question n'est d'aucun de ces deux p^tL?'"' '''■
Pères. En effet, il ne convient point à leur tems, et paroît
devoir se rapporter à la fin du règne de Constance. Il combat
le Concile de Rimini,. et ataque assez clairement Ursace et
Valens, qui vi voient et troubloient encore l'Eglise par la puis-
sance impériale. D'ailleurs en parlant du S. Esprit, ce qu'il
fait avec exactitude, il ne dit rien des contestations que ce
point avoit fait naître au tems de S. Ambroise et de S. Gre-
Tome 1. Sec. Part. M m
274 S. PHEBADE,
IV SIECLE, goire deNazianze, et en condamnant les hérésies d'Arius,
do Sabellius et de Pliotin, il ne fait nulle mention de celle
de Macedonius. Do sorte que tous ces caractères, et beau-
coup d'autres que l'on verra dans la suite, montrent que cet
écrit fut fait (;n 360 ou 361 au plus tard, peu de tems après
le Cohcile de Rimini.
Amb. il), p. 3Hi. ' Mais après que l'on a ôté cet ouvrage à ces deux Pères
de l'Eglise, et que l'on s'est mis en devoir de lui assigner un
Auteur , les Critiques se sont partagés à ce sujet. Les uns,
comme le P. Chifflet, ont tenté de le donner à Vigile do
Tapse. D'autres, comme le P. Quesnel, l'ont atribué à Gré-
goire d'Elvire. Les uns et les autres ont allégué diverses rai-
sons pour apuier leurs sentimens. Celles des premiers ne na-
roissent pas avoir persuadé personne. Aussi sont-elles très-loi-
blcs. Celles des autres ont fait plus d'impression sur les esprits.
Mais nous osons dire que celles-ci comme les autres, ne sont
que de simples conjectures, qui ne sauroient tenir contre la
solidité des preuves que nous allons donner, pour rendre à S.
Phébade comme à son véritable Auteur l'ouvrage dont il est
question. La plupart même de ces conjectures favorisent nos
preuves; et celle qui entre les autres paroît la plus forte, ne
l'est qu'en aparence. On en va juger.
1,00. cii.si. 4. p. ' Elle est établie sur une citation que fait S. Augustin de l'au-
719. 720. torité de S. Grégoire de Nazianze touchant l'invisibilité de
Dieu par sa nature, au moment même qu'il se faisoit voir aux
Patriarches. De-là on conjecture que comme ce sentiment se
trouve établi dans l'ouvrage en question, c'est le même que
S. Augustin a eu en vue, et qu'ainsi il faut que dès le tems de
ce Père il portât le nom de quelque Grégoire. Voilà la plus
forte conjecture. Gar pour celle que l'on fonde sur le titre
que porte l'ouvrage, et sur l'autorité de Gennade qui témoigne
que Grégoire d'Elvire en avoit composé un sous le même
titre, elle est très-équivoque. En effet cet ouvrage n'a pas tou-
jours porté le même titre. Ici il est intitulé De la foi ; ailleurs-
il a pour titre De la divinité et consuhstantialité du Fils. De
plus, la conjecture que l'on tire du témoignage de Gennade en
faveur de Grégoire d'Elvire, on la peut tirer également en
On. 11 ,-. faveur de S. Phébade; ' puisque cet Ecrivain assure qu'il avoit
^' laissé divers écrits de sa façon, dont il avoit lû celui qui étoit
contre les Ariens.
Quant à la citation de S. Augustin dont on s'autorin*!, il
EVEQUE D'AGENi 275
est très-facile d'y répondre, et d'y répondre sans réplique. 1°. iv s clk.
' Ce Père ne marquant point nommément l'ouvrage de Saint ^„ e,,. 1 48^,7
Grégoire de Nazianze, dont il a pris le sentiment qu'il en ra- lo^
porte, on ne peut point dire qu'il l'ait pris du 49* discours,
par exemple, plutôt que d'un autre où ce même sentiment
se trouveroit. ' Or il se trouve clairement établi dans le 34* creg. Naz. or 3*.
discours; et ce discours est incontestablement de S. Grégoire v-^*^-
de Nazianze. 2° S. Augustin étoit et trop habile et trop aten-
tif, pour citer sous le nom d'un Père Grec un ouvrage qui
porte sur son front tous les caractères et toutes les marques
qu'il a été originairement écrit en latin. Cela posé, venons aux
preuves qui ne permettent pas de refuser cet ouvrage à Saint
Phébade.
1°. ' L'Auteur dit qu'il y avoit déjà du tems qu'il avoit pu- a . iwa. 345.
blié un autre écrit contre les Ariens : Jampridem adversu^ Arïa-
nos libellum edideram. C'est ce qui, pris à la letre, convient
parfaitement à S. Phébade, comme on l'a vu, et ne peut s'apli-
quer à Grégoire d'Elvin;.
2°. Le style de l'écrit contesté est le même que celui du trai-
té de S. Phébade. Il n'y a qu'à les lire l'un après l'autre pour
s'en convaincre. C'est la même manière de citer, et de se ser-
vir des citations de l'Ecriture. C'est le même tour et la mê-
me force de raisonnement. Ce sont enfin souvent les mêmes
termes. Dans l'un et dans l'autre écrit le symbole de Nicée est
nommé Nicœnœ synodi tractatus, ou Nicœnus tractatus.
3°. Non seulement c'est le même style dans les deux écrits ;
mais c'est encore la même doctrine. Dans l'un et dans l'autre
c'est la même manière de s'expliquer sur la vûë de Dieu par
raport à Moyse. Que l'on se donne la peine de confronter la
seconde colonne de la 303' page du premier traité avec la 355*
du second. Dans l'un et dans l'autre le livre de la Sagesse est
cité sous le nom de Salomon. Dans l'un et dans l'autre on
joint la condamnation de l'hérésie de Sabellius à la condam-
nation de celle d'Arius : circonstance remarquable qui dési-
gne un Auteur Gaulois plutôt qu'un autre. Il n'y a qu à se sou-
venir de ce que nous avons dit ailleurs au sujet de l'acusation
de Sabellianisme que l'on portoit contre nos Evoques Gau-
lois, et du soin qu'ils avoient de se justifier de cette fausse im-
putation. Nous pouirions aporter plusieurs autres traits de
conformité de doctrine entre les deux écrits, si cela n'étoit
et trop long et trop ennuieux. Nous dirons cependant enco-
M m ij
276 S. PHEBADE,
[V SIECLE, re que dans le premier écrit on insiste beaucoup sur l'autorité
du Concile de Nicée. Dans le second on le fait encore da-
vantage ; et tout ce qu'on y dit, n'est proprement qu'une ex-
plication du symbole de ce Concile.
Amb. ibid.p. 346. 4". ' L'écrit contesté supose manifestement le premier do S.
Phébade, et en est un éclaircissement. C'est l'Auteur qui le dé-
clare lui-même. Et afin qu'on ne prenne pas le change en l'en-
tendant de tout autre ouvrage, il a soin de le caractériser par
tant de traits ressemblans, qu'il est presque impossible de h;
p. 345. méconnoître. ' Il dit que ce premier écrit étoit contre les A-
p. .347. riens. ' Qu'il y avoit condamné l'hérésie de Sabellius: ce que
l'on y trouve effectivement en trois endroits bien marqués.
Qu'il y avoit établi la distinction des Personnes suivant leurs
dénominations, en se servant du texte, Effo et Pater unum su-
pinKii. p 304. mus: ' C'est ce qui s'y lit expressément. Nous omettons beau-
coup d'autres traits, qui reviendront dans la suite.
5" Enfin dans l'un et dans l'autre écrit c'est le même Auteur
qui combat les mêmes adversaires. On ne peut s'y tromper ;
fmisqu'il les peint avec les mêmes couleurs. Dans l'un et dans
'autre ce sont des hérétiques qui veulent retrancher et abo-
lir le terme de substance, non pas tant parce qu'il ne se trou-
ve pas dans l'Ecriture, qu'à cause que sa signification les in-
commode : des hérétiques qui se servent artificieusement d'au-
tres expressions orthodoxes, afin de mieux séduire les person-
nes simples.
En faut-il davantage pour restituer à S; Phébade l'ouvrage
contesté? Il seroit peut-être bien difficile de trouver entre
deux autres écrits d'un même Auteur autant de conformité,
que nous en venons de marquer entre le traité que tout le
monde acorde à S. Phébade, et celui que nous soutenons lui
apartenir. Ce que nous en allons extraire, fortifiera encore
nôtre juste prétention, et ne permettra pas de douter que ce-
Amb. p. 348. lui-ci ne soit un fruit de ses veilles aussi-bien que l'autre. ' Com-
me il y ataque en particulier ceux qui avoient retranché le
terme de Consubstantiel, pour lui substituer celui de sembla-
Tiii. ibid. blc en substance, ' il y a toute aparence que S. Phébade le
composa pour se relever de la faute qu'il avoit faite à Rimini.
Amb. Und. p. 343. ' L'écrit cu lui-mêmc est proprement un commentaire ou
une explication du symbole de Nicée que l'Auteur a mis en
son entier à la tête de l'ouvrage. Mais comme il y agit contre
des adversaires qui niant que le Fils fût de la même .substance
EVEQUE D'AGEN. 277
IV SIIÎCI.K.
que le Père , rejetoient le terme de Consubstantiel , quoiqu'ils
admissent celui de semblable en substance, et qui prétendoient
que le Fils n'étoit point invisible et immuable par sa nature ,
puisqu'il s'étoit fait voir aux Patriarches : l'auteur s'atache par-
ticulièrement à réfuter ces deux erreurs. Il montre donc que
les Ariens par le retranchement du terme de Consubstantiel
renouvelloient l'hérésie d'Arius en tout son entier. Après quoi
il répond aux faux raisonnemens qu'ils faisoient pour s'autori-
ser à rejeter ce terme ; leur prouvant que le mot de substan-
ce se trouve emploie dans l'Ecriture, et que bien qu'on ne
puisse ni comprendre ni expliquer clairement cette unité de
substance entre le Père et le Fils, on ne doit pas néanmoins la
rejeter. Il passe ensuite à prouver que le Fils pour s'être ren-
du quelquefois visible, n'avoit rien perdu de son invisibilité
et de son immutabilité. Qu'il l'avoit fait d'une manière pro-
portionnée à la foiblesse de l'homme, sans rien perdre de
Sa Majesté, ni changer son essence en nulle manière. A tout
cela il a soin de joindre une exposition de sa foi touchant la
distinction des Personnes , afin d'éloigner de lui tout soupçon
de Sabellianisme. Il enseigne donc à ce sujet qu'il y a en Dieu
trois Personnes distinctes l'une de l'autre, sans que néanmoins
cette distinction établisse une pluralité de Dieux.
'Après avoir raporté le symbole de Nicée, et avant que Amb. iind.p 3r.
d'entrer en matière, l'Auteur a fait une petite préface , dans
laquelle il nous aprend d'abord quel fut le sort de son premier
ouvrage , comme nous l'avons raporté d'après lui. Il entre-
prend ensuite d'expliquer certains endroits de ce même ou-
vrage, qui avoient paru souffrir quelque difficulté. L'on avoit
jugé que le terme de Verbe dont il s'étoit servi dans son pre-
mier écrit pour exprimer la personne du Fils, pourroit s'en-
tendre comme l'entendent les Grammairiens. Il commence
par montrer que ce n'a point été là son sens. On s'étoit ima-
giné en second lieu, qu'en se servant de l'expression d'un seul
Dieu , il sembloit nier la pluralité des Personnes. C'est ce qu'il
prouve n'être nullement fondé, et rapelle à ce sujet les rai-
sonnemens qu'il avoit emploies dans son premier écrit et la
condamnation expresse qu'il y fait de l'hérésie de Sabellius.
On avoit cru aussi qu'il prétendoit que le Fils étoit une ex-
tension et une partie du Père. Il nie encore que ce soit là sa
pensée, et donne une profession claire et précise de sa foi tou-
chant la Trinité; reconnoissant un seul Dieu en trois Person
1 9
3*7.
278 S. PHEBADE,
IV siKCLB. nés, qui ont la môme essence, la même majesté, la même puis-
sance, et qui néanmoins ne font qu'un seul Dieu.
Tel est le sujet de celte préface qui fournit des preuves
non équivoques que ce second écrit est l'ouvrage de S. Phé-
l'ii.ib. p. 3w. 1. bade. ' Dans le premier il avoit emploie ce premier verset
du Pseaume ii : Eructavit cor meum verbum bonum. C'est jus-
tement ce qui put faire naître la pensée qu'il réfute d'abord dans
sa préface. De même , pour établir la naissance, éternelle du
Fils , il s'étoit servi de ce passage de S. Jean : Ego de Pâtre px-
ivi et de sinu Patris. De-là sera venu le soupçon de l'extension
prétendue qu'on lui impufoit.
Ami), ib. p. 352.1. 'Dans le corps de l'ouvrage l'Auteur cite, comme nous
l'avons déjà remarqué, le livre de la Sagesse sous le nom de
Salomon, et la prophétie de liaruch sous le nom de Jeremie.
p 3"'i 'Il y raisonne de la grandeur de Dieu à peu près comme
l'on a vu que S. Hilaire de Poitiers en raisonnoit lui-même.
On n'en a , dit-il , une digne idée, que lorsque l'on comprend
p •■'•w qu'il est incompréhensible. ' Il faut croire qu'il est tout ce qu'il
a voulu qu'on le crût être, et tout ce qu'il est par lui-même.
H ajoute (jue d'entreprendre d'établir des comparaisons entre
Dieu et les créatures poui- jugtîr de cet Etre suprême, c'est
moins rendre raison di; ce qu'il est , qu'entretenir les disputes et
nourrir les altercations.
ibiu. ' En ra portant les divers noms que l'Ecriture donne au Fils
de Dieu, par exemple, lorsqu'elle le nomme la pierre de l'an-
gle, l'agneau, le lion, etc. , il dit que ces noms lui sont donnés
improprement, non pour signifier ce qu'il e.^t par lui-même,
I' ^'^> mais pour marquer ^;cs opérations divines. ' En acordant qu'il
s'est rendu visible aux Patriarches, il dit que les diverses for-
me.s sous lesquelles il leur a aparu , étoient des figures de ce
(|ui devoit arri\er dans l'Eglise. S'il s'est montré à Abraham ,
dit-il, et à Jacob s(us la forme d'un h(»mnie, c'étoit pour an-
noncer (ju'il se feroit liomme dans les derniers tems. S'il s'est
fait voir aux Israélites dans une nuée j)endant le jour et dans
un(! colonne de feu pendant la nuit, c'étoit j)Our figurer le
baptême parla nuéi-, et le don du S. Esprit par le feu.
p. 3«. ' 11 avoit déjà prié ses Lecteurs dans sa préface, que si aprt'S
les éclaircissemens qu'il y donne, ils trouvoient encore quel-
que ambiguïté dans ses termes , ils eussent la bonté de les
confi-on 1er avec ses .senlimens, afin d'en avoir la véritable in-
V 35<; lelligence. ' Dans le corps de l'ouvrage il les prie encore îiu
EVE QUE D'AGEN. 279
nom de Dieu de ne point donner un tour d'ambiguité à la iv siècle.
simplicité de ses sentimens, et de ne point prendre ce qu'il dit '
en un autre sens qu'il n'a intention de le dire.
'Il finit en condamnant expressi'ment les hérésies d'Arius, Ami. ïbM. p. 357.
deSabellius, de Photin, et s'il y en a, dit-il, quelques autres ^^'
semblables et contraires à la règle de la vérité. 'Il avoit déjà p- 35*.
condamné plus haut celle de Sabellius, ' et avoit rapellé dans p. 347.
sa préface la condamnation qu'il en avoit portée dans son pre-
mier écrit. ' 11 ajoute tout à la fin du second, que lui et les au- p. 358. .
très Catholiques s'atachent de toute leur force au symbole de
Nicée, comme fait pour repousser toutes les hérésies , et ren-
dre la vérité triomphante.
'Il a eu soin de marquer la situation où se trouvoit l'Eglise, p. 351.
lorsqu'il écrivoit. Elle étoit encore troublée et agitée par les
vexations des Ariens. Qm etiamnunc, leur dit-il, en s'adressant
à un d'entre eux, vi, ambitione et potentia exagitant , turhant
omnia : ce qui montre que l'écrit fut fait au tems où nous le pla-
çons, c'est-à-dire vers la fin du règne de Constance.
Pour ce qui est du style de cet ouvrage , nous avons déjà
remarqué qu'il est semblable à celui du premier traité de S.
Phébade. Seulement les apostrophes et les saillies d'esprit y
sont plus vives et plus fréquentes que dans l'autre.
' Celui dont il est ici question a été imprimé séparément Lco. iua.p. 7i<j.
deux difîérentes fois sous ce titre, De la foi. Il parut pour la pre-
mière fois à Strasbourg en lîiOS, puis à Lcipsich en 1522.
Ensuite on l'inséra parmi les œuvres de S. Creffoire de Na- Creg. Nm. or. w.
zianze, dont il fait encore aujourd'hui le 49* discours. *0n le . Amb apn p 345.
trouve aussi, mais mutilé, entre les écrits de S. Ambroise, à
ui l'on a cru long-tems qu'il apartenoit. ' Le dernier Editeur p- 315-358.
e ce Père l'a donné en son entier, mais comme une pièce
n'en lui a suposée. C'est pourquoi il l'a renvoïée dans l'appen-
ice de son édition , où elle est divisée en huit chapitres avec
ce titre, rfe la foi orthodoxe contre les ariens. Au lieu de ce titre
elle portoitdans les autres éditions celui-ci. De la divinité et
de la consubstantialité du Fils. Autrefois on en a détaché un
fragment pour le coudre au traité de l'unité du Père et du Fils,
ui a porté le nom de S. Hilaire, et au 113" sermon entre ceux
e l'appendice de S. Augustin. On doit juger par-làtle l'estime
Sue l'on a faite de cet écrit, pour l'avoir ainsi atribué à tous ces
ères de l'Eglise.
3°. Il y a encore un autre petit écrit que nous créions être
l
280 ' S. PHEBADE,
IV SIECLE, en droil de revendiquer pour le rendre à S. Phébade. "C'est le
. Léo ibij SO^ discours entre ceux de S. Grégoire de Nazianze. Les Sa-
vans conviennent que cet opuscule, qui est intitulé De la foi de
Mce'e,.nes[ ni de ce Père, ni d'aucun autre Auteur Grec,
p. 720. Ti-2. mais que c'est la production d'un Ecrivain Latin. Sur cela le
P. Quesnel prétend et prouve fort bien qu'il est du même Au-
teur que le 49" discours qui le précède dans le même recueil
de S. Grégoire de Nazianze. Or comme nous avons montré
d'une manière qui nous paroît convaincante et sans réplique,
que ce 49" discours apartient , non à Grégoire d'Elvire, ainsi
que le supose leP. Quesnel, mais à S. Phébade; par conséquent
le 50" dih:(îOurs est également do lui. Cet écrit est très-court ,
ne contenant qu'une page in-4''. C'est proprement une profes-
sion de foi, qui contient avec quelques courtes explications
la foi de Nicée. Elle paroît assez visiblement tirée du discours
précédent , qui n'est , comme on l'a vu , qu'une plus ample ex-
plication de la même foi. Seulement dans la plus courte il y
a à la fin un article sur la résurrection des corps , qui ne se
trouve pas dans lautre. A cela près, la plus courte est un pré-
cis ou un abrégé de la plus ample.
7ii. 72J 'Il est vrai que le P. Quesnel , après avoir parfaitement bien
prouvé que ces deux pièces sont du même Auteur, ne réussit
pas également à montrer que la plus ample n'a été faite que
pour expliquer la plus courte. De sorte que celle-ci seroit l'ou-
vrage que l'Auteur dit dans sa préface avoir publié quelque
lems auparavant contre les Ariens. Ici l'Editeur de S. Léon
emploie avec esprit beaucoup de raisonnemens pour prouver
son opinion.
Mais tout ce qu'il dit, montre fort bien que le petit discours
est un précis de l'autre , mais non pas que l'ouvrage marqué
dans le plus ample soit ce plus petit discours. Deux raisons seu-
les en vont convaincre.
1°. il est hors de doute, pour peu que l'on veuille faire aten-
tion aux termes et les peser, que l'Auteur en disant qu'il avoit
déjà composé un traité contre les Ariens , désigne non une
simple profession de foi aussi courte que l'est le [)etit discours
en question , mais un ouvrage polémique, où il s'atachoit à
ri'futer l'Arianisme en particulier. Or on trouve à la letre dans
le traité de S. Phébade contre les Ariens l'idée complette de
l'ouvrage annoncé ; et on ne peut pas dire avec vérité qu'on
la trouve dans la petite profession de foi , qui est autant con-
tre
EVEQUE D'AGEN. 281
tre les Valentiniens, les Photiniens, les Sabelliens et autres ivsieclk.
anciens hérétiques, que contre les Ariens. Joignez à cela que
la brièveté de celte pièce, sa nature, sa constitution ne pré-
sentent nullement à l'esprit l'ouvrage que l'on cherche.
2". L'Auteur, comme l'on a vu, assure que dans cet ouvra-
ge il condamnoit nommément l'hérésie de Sabellius. Or quoi-
que la petite profession de foi contienne les principes oposés
H cette hérésie, elle ne la nomme cependant ni elle ni aucu-
ne autre. Au contraire nous avons montré que S. Phébade la
nomme et la condamme spécialement en trois différens en-
droits de son premier traité. Nous pourrions ajouter, si cela
n'étoit plus que suffisant, que si l'Auteur dans son premier écrit
s'étoit expliqué sur la distinction des Personnes, d'une ma-
nière aussi claire et aussi précise qu'il le fait dans sa profession
de foi, jamais on ne l'auroit acusé, comme il arriva, de les
avoir confondues, et en avoir semblé nier la pluralité.
' Au reste cette profession de foi a été souvent imprimée en Creg. Nai. or. î>o.
f^ r — TCMî TOT
divers recueils. Elle fait, ainsi qu'on l'a dit, le 50* discours de ' '
S. Grégoire de Nazianze. Usserius nous l'a donnée dans la
suite à la fin de son traité des Symboles, ' et le P. Quesnel en- i^o. t. a. p. 719
tre les monumens dant il a acompagné les œuvres de S. Léon.
A U S 0 N E,
Rhetel'k, Orateur et Poète.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
MAGNUs ' Ausonius naquit à Bourdeaux sous l'Empire aus. uA. c ^^.
du grand Constantin vers l'an 309. ' Il eut pour père Ju- p-ass 1 pr. 2ip.ir.
le Ausone célèbre Médecin dont nous avons donné l'éloge , '
1 Quelques écrivains lui onl encore qui ne signifioit que Divus, et dont on
donné le prénom de Decius, ou plutôt aura fa't Uecius et Decimus. Bade à la tê-
Decimus qu'ils placent avant Magnns. te de l'édition de ce Poète, ajoilte à tous
Mais on ne trouve rien dans son histoire ces prénoms celui de Pa;onius, que l'on
pour fonder ce prénom. Il y a toute apa- aura formé de Pseonus Médecin des Dieux,
rence qu'il ne lui sera venu que de l'erreur célèbre dans le cinquième livre de l'Ilia-
de ceux qui le prenant pour S. Ausone de, et que l'on aura donné au Poète Au-
Evêquc d'Angouléme, comme Trithéme, sone en le confondant avec Ausone son pe-
script. eccl. c. lU, l'auront cilé avec un rc Médecin de profession .
n. majuscule devant «on proprn nom : r-'
Tome I . Sec. Part. N 11
1 9 *
282 AUSONE.
IV SIECLE, et pour mero yKmilia /Konia, fonime sage et vertueuse, qui
Ans. par. c. 3. i. *^'*^' ^'^ ^^''^' quoiqu'oiif^ifiaire d'Aulun par son père. ' La na-
ture avoit gratifié Ausone de tant d'heureuses dispositions ,
qu'on augura d^s son enfance qu'il feroit un jour la gloire et
<:• 23. l'ornernenl de sa famille. ' /l'imilia Dryadia sa tante maternelle
Prof. c. 10. prit soin de sa première éducation. ' Après quoi il s'apliqua à
l'étude des Ictrcs. Il y eut pour premier Maitre Macrin, un
f-ip «• des tîrammairiens du Collège de Bourdeaux. ' DcTélude de
la grammaire il passa à celle d»' l'éloquence. 11 aprit celle-ci
sous Tiberius Victor Minervius. qui après l'avoir enseignée
avec réputation à Bourdeaux, à Constanliiiople et à Rome,
revint en-uile conliniici' les mêmes fonctions à Bourdeaux sa
••'p » patrie. ' .Ausone doima aussi quelque tems à l'élude de la lan-
gue gréque. Mais il n'en acquit qu'une connoissance medio-
pr. ï I p.ii . .-. 3 1 cre, comme il le témoigne lui-même. ' Avec ces avances il
alla de I^ourdeaux à Toulous(i se perfectionner dans l'éloquen-
ce, sous ylùniliiis Magnus Arhorius son oncle maternel, qui
enseignoit la Bhéloiique dans celle ville,
pi '-î Ses éludes tiiii(;s. Ausone hanta le barreau, où il plaida
quelque Icms. Mais il aima mieux s'apliquer à enseigner. Il
professa d'abord la (irammaire, puis la Bhétorique à Bour-
deaux même . et continua long-tems l'exercice de ces em-
P«i c. «. ;>. plois. ' Etant cep(!ndant en Age d»; se marier, il épou.sa Attusia
Eucana Sabina, (ille d'Atlu.sius Lucanus Tali-sius d'une des
premières famill(;s de Senateui s à Bourdeaux. Ils ne vécurent
ensemble tjue peu d'années; la mort lui aïant enlevé celte di-
gne épouse, lors(|u'ils éloient (sncore jeunes l'un et l'autre.
Aiis(»n(î ne pensa plus Ji se remarier, et demeura veuf tout le
<• 10. M. H. reste de sa vie. ' Il eut néanmoins de son mariage trois enfans,
i'.uii. eiicii. V. •n. deux {farcons et une tille. ' Les rarcons .se nommoient, l'un Au-
■"■ .som; qui mourui en .son enlance, et I autre llespere, qui après
avoir été élevé aux premières charges de l'Empire, vivoil en-
core au commencement du V siècle. La fille ne se trouve
Vus pioi. p. .iii. nommée nulle part. ' Il semble qne son père la fil étudier et
pir. 0. 14 1 Tiii. suivre les classes du (Collège. ' l'allé contracta deux illustres al-
7Aiî' '■ ' ''" '** liances. D'abord elle épou.sa \ alerius Latinus Euronius issu
d'une ancienne noblesse;, et qui passa par les plus grands hon-
neurs ; et en secondés noces elle s'allia avec Thalasse Procon-
sul d'Afrique en 378.
Ausone ne fut prs moins heureux en disciples qu'en enfans.
Il en forma un grand nombre aux belles letres. Le plus cèle-
U3-l(6.
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 283
bre pour la pielécomino pour la IWsie, lut sans difficulté S. iv siècle.
Paulin- depuis Evrque de Noie. ' Non seulement Ausoue prit Au,..p. 21. 23. p-
le soin de lui former l'esprit, et de lui donner les premiers prin- I.'^rio'^^^; y'"^!;
cipes d'une éducation Clirélienne; il le poussa encore aux pre-
mières charges et dignités de l'Empire. C'est ce que S. Paulin,
depuis même qu'il eut renoncé au monde, reconnoissoit avec
autant de justice que de gratitude. Rien n'est plus tendre et en
même lems plus honorable pour .\usone, que ce qu'il lui dit
à ce sujet.
Tibi disciplinas, dijçnitatcm , lilcras ,
Linguœ , lopc, famas ducua ,
Provectus, altus, institutus duboo,
Patrone, pnvcep(or, patur.
— qui (l)eus) si quid in aclu
Ingcniovc nioo sua di-rnuin ad niunia vidil .
Gralia prima tibi , tibi ^doiia del)ita a-det ,
Cujus pra.'ceptiâ parluin estquod Cbristus aioarcl.
' Il y avoit 30 ans ou environ, qu'Ausone profe.ssoit les bel- \iis. m. 2. v. it
les letres à Bourdeaux, lorsque l'Empereur Vaîintinien lia- ^. ""* •'•''""*■
fella à la cour, qui éloit à Trêves, pour instruire le jeune
Jratieh son fils déjà déclaré Auguste en 307. Il faut sans dou-
te que ce Profes.sem- se fill acquis ime réputation bien éclatan-
te, et qu'il eût un mérite bien conim pour êlre ainsi choisi
Précepteur d'un César, préferablement à tant d'autres per-
sonnes d'érudition, comme il l'avoue lui-même. Cette pla-
ce lui valut les premières charges et les plus hautes digni-
tés de l'Empire. Il fut d'abord Comte du Pahiis, puis Questeur,
ensuite Préfet du Prétoire et etiliu Consul. Gratien ne borna
pas à Au.sone seul sa libéralité et sa reconnois.sance pour les
soins qu'il prit de l'instruire; il les étendit encore à ses pro-
ches qu'il éleva à de très-grands honneurs. 'Depuis même ihem 01. g. 1
qu'il eut succédé à l'Empire, il conserva pour Au.«one un res-
pect extraordinaire et toute la soumission d'un simple parti-
culier.
Il se trouve des Ecrivains qui prétendent (ju'Ausone eut
aussi l'honneur d'enseigner Yalenlinien II frtre de Gratien.
Mais cela ne peut se soutenir; puisque ce Prince passa pres-
que toute son enfance en lilyrie, et toute sa jeunesse en Ita-
N ij
125.
2U AU SUN H,
IV siKOLK. lie, et que la Cour qu'Ausone suivoit, faisoit sou séjour or-
dinaire à Trêves dans les Gaules.
prot. p. 317. ' Ausone exerça la Questure sous deux Empereurs consécu-
tivement, Valentinien I et Gratien son fils : Quœstor ut Atigu-
Sjm.,1. I cp. 17. slis, patri natoque crearer. ' Nous avons encore une letre que
Symmaque lui écrivit, pour le féliciter de cette promotion.
Cette charge étoit des plus considérables. Elle donnoit entrée
dans le conseil du Prince, rendoit celui qui y étoit élevé com-
me l'arbitre des faveurs d(; la Cour, et lui confioit le soin de
dresser les loix pour le règlement des affaires.
Ans. epic. p. 3W| ' Quaut à la Préfecture, Ausone déclare qu'il ne la devoil
7Î8|T^iii.™!i.j™p: ^"'^ '* ^^"^^ libéralité de Gratien. Il eut deux fois cette char-
707. 711.' 712.' ge, premièrement pour l'Italie et l'Afrique avant 377, et en-
suite pour les Gaules à la fin de 378, et pendant toute l'année
379, et peut-être même la suivante. 11 est au moins vrai qu'il
possedoit encore cette dernière Préfecture à la fin de son Con-
sulat. Il l'exerçoit conjointement avec Hespere son fils, en
faveur de qui il paroit qu'on l'avoit partagée. C'est ce que sem-
ble dire Ausone lui-même,, en s'exprimanl ainsi à ce sujet: /î-
heralius divisa quam juncta^ quum teneanms duo ititegram.
Aus.e(ivi.8.p.!i45| Ce fut à Sirmich au milieu des Barbares, que Gratien en
(ik.ns. 703. 718. 3yg nomma Ausone et Olj^brius pour être Consuls l'année
suivante. Et comme on lui demanda lequel des deux devoit
être le premier, il répondit que cet honneur apartenoit sans
cons. p. 708. 7«o. difficulté à Ausonc, parcc qu'il étoit Préfet. 'Ce Prince lui écri-
p. 7:23. vit lui-même pour lui donner avis de sa nomination, ' et lui
envoïa la robe consulaire. C'étoit l'habit que portoient les Em-
p. 705. 706. pereurs, lorsqu'ils triomphoient. 'Ausone assure n'avoir jamais
ni souhaité, ni recherché, encore moins brigué celte éminen-
te dignité, au'il témoigne ne devoir qu'à la seule bonté de
edji. a. p 343-310. Graticu, 'Elle ne laissoit pas toutefois de flaler agréablement
ep. p. 92. 93. ,.. . * -i 11 ° .. I • »
son ambition et son amour propre, comme il 1 avoue lui-mê-
me dans ses écrits. Aussi étoit-elle le comble de l'honneur
Sun. 1. ),op. li. pour un particulier. ' Symmaque son ami lui en faisant com-
pliment, le flate encore à ce sujet, en lui disant qu'il n'en étoit
redevable qu'à la gravité de ses mœurs et aux charmes de son
érudition.
Cous p ru. 735. ' Gratien n'aïant pu assister à la cérémonie de l'entrée d'Au-
sone dans le Consulat, voulut au moins .se trouver à celle de
sa sortie. Ausone dit même que cet Empereur acourut des ex-
trémités de la Thrace avec une diligence incroïable pour ho-
KHÉTEUH, UKATEUU ET POETE. 2H5
nurer cette solennité par sa présence. "La cérémonie se lit à iv siècle.
Trêves. Ce fut en cette ocasion qu'Ausone prononça devant ^TTis.
(jratien le panégyrique que nous avons encore , pour remer-
cier ce Prince du Consulat et des autres dignités dont il l'avoit
gratifié.
A tous ces honneurs par lesquels Ausone avoit déjà passé ,
on croit que l'Empereur Théudose, dont notre Poëte éloil Arcji. i.i«. fug. i. ;.
Irès-consideré , ajouta encore la dignité de Patrice. Mais on '"' ' '
ne fonde cette opinion que sur la letre obligeante de cet Em-
pereur à Ausone, dans laquelle on n'en trouve rien.
Tant que (ïratien Aècut, Ausone ne quita point la Cour.
Ni l'embaras du grand monde, ni le tumulte et le bruit des
armes, lorsqu'il acompagnoil le Prince dans ses expéditions
militaires ; ni les délices du palais d'un Empereur ne lui firent
rien perdre de son amour pour les belles letres. Elles furent
toujours sa passion favorite, comme elles firent sa principale
ocupation. 11 s'y rendit si habile, qu'il passa pour un des hom-
mes le plus éloquens et un des meilleurs Poêles de son siècle.
Cette réputation soutenue par le crédit qu'il avoit à la Cour,
(;l les charges qu'il avoit remplies , le lia d'amitié avec tout ce
qu'il y avoit de plus savant et de plus distingué dans l'Empire.
Après la mort de Gratien en 383 ' Ausone se retira d'abord aus. «p. :;. s. 14.
à Bourdeaux sa patrie, et de-là en une de .ses terres. Il en avoit ^ '
au moins deux, l'une près de Condate nommée Lucaniac , et
l'autre en Saintonge. 11 nous a lai.ssé une description de la pre-
mière , qu'il dit avoir été l'héritage de son père, de son aïeul
elbis-aieul. Il avoit dans l'autre, qu'il nomme quelque part
le nid de sa vieillesse, une bibliothèque choisie, riche sur-tout
en Poêles et autres Auteurs de la belle literature. Il paroît par
ses letres qu'il passa le reste de sa vie alternativement dans l'u-
ne et dans l'autre de ces terres , occupé des divertissemens or-
dinaires de la campagne, la chasse, la pêche , le soin de bien
acueillir ses amis, les exercices du cabinet. 11 s'apUqua néan-
moins d'une manière plus particulière à la poésie ; et ce fut
dans sa retraite et sa vieillesse qu'il composa la plupart des
écrits qui nous restent de lui.
' 11 donnoit aussi un tems considérable à entretenir dans les |P- s- »5. n. 10.
pais éloignés comme dans sa patrie un commerce de literature
avec les Savans de sa connoissance. Il en avoit jusqu'à Rome.
Le plus connu , comme le plus illustre selon le monde , étoit
l'Orateur Symmaque. Entre ceux de son voisinage, S. Paulin
286 AUSOiNE,
IV SIECLE, étoit sans contredit le plus célebri! pour la Poésie, comme le
■ plus illustre pour la pieté. Aiisone n'oultlioit rien envers lui cl
envers les autrfs de ses voisins, qui avoient quelque talent
d'écrire en vers ou en prose, pour leur inspirer une noble ému-
lation. De sorte que sa retraite en [trovince y fut d'un grand
secours pour y ranimer les éludes languissantes. Elle y reveil-
fa de leur assoupissement les hommes de letres , et y fit pro-
duire quantité de pièces de poësieet autres, que les malheurs
des tems nous ont enlevées,
cp. 23-25 I Paul. ' Lcs dcmieres actions d'Ausone, dont nous avons connois-
?03.' 203^ "' * *' 5*ûnce, sont quelques-unes de ses letres à S. Paulin déjà retiré
du monde et caclié dans sa solitude de Barcelone. Ils avoieni
coutume de s'écrire l'un à l'autre, comme l'on vient de voir.
Mais le Saint n'écrivant plus depuis sa j-etraite en Espagne,
où les letres n'étoient pas rendues , le bruit coiumençoit à
se répandre qu'il vouloit quiler le moniltî et vendre .son bien.
Ausone, qui pensoit et vivoit bien dilVéremment, lui écrivit
sur cela une grande leire, où il se plaint de ce (|ue Paulin
rompoit l'amitié si étroite qui les unis.soit depuis si long-lems.
il va même jusqu'à le traiter d'impie, connue coupable d'a-
voir violé la foi qu'il devoit à un si ancien, si fidèle et si cher
ami, qui avoit pris le soin de l'instruire et de le pousser aux
premières charges de l'Empire. Ausom- ne recevant point de
réponse à cette première letre di^ re})ioches , eu écrivit une
seconde, où il se plaint amèrement du silence de Paulin , et
le pique encore sur le suj»t de l'amitié. S. l'aulin ne i épon-
dant point non plus à celle-ci. Au.sone en hazarda une troisiè-
me qui est perdue. C'éloit apareiniiienl dans celle-là qu'il se
plaignoit de ce qu'il il y avoit déjà trois ans que S. Paulin avoit
quité son pais. Enfin il lui en écrivit une quatrième , où il
continue à se plaindre de sii fierté < l de son obstination à ne
point répondre ; l'acusant d'avoir changé de mœurs, d'avoir
perdu sa douceur ordinaire, délie devenu tout sauvage et un
misanthrope. 11 finit j)ar un^; prière qu'il adresse aux.:iuses,.
afin qu'elles rapellassent h; iSaint à l'amour de la poésie.
Paul. car. 10. li. Auboiit de quatre ans S. Paulin reçut trois de ces leires
p. 26-37. d'Ausone tout<s à la l'ois. Comme elles étoient en vers, il y
ré[)ondit de même ; et sa r/'ponse forme ses deux excellens poè-
mes à Ausone, le 10' et 11' que nous avons encore. Le Saint
y joignant la douceur à la force , les protestations d'amitié aux
marques de reconnoissaiice et d'atachement pour son cher
RHÉTEUR, ORATEUR ET POETE. 287
Maître, à qui il avoue devoir tout ce qu'il a été dans le mon- iv siècle.
de, il lui témoigne que rien n'est capable de faire échouer le
dessein qu'il a pris de renoncer au siècle et de se consacrer en-
tièrement à Dieu. Que toutes les instances -qu'il lui fait pour
retourner aux Muses profanes, sont inutiles. Qu'il leur a dit
im adieu éternel, et qu'il ne vouloit plus vivre que pourJ. C.
On ne sait point si une résolution aussi généreuse et aussi
Chrétienne, et un exemple aussi frapant firent quelques salutai-
res impressions sur le cœur d'Ausone, pour lui faire quiter
tant d'inutilités qui l'ocupoient dans sa \ieillesse, et le faire
pensera une éternité qui n'étoit pas loin. En effet 'on croit Egas. Bui. 1. 1. p.
qu'il mourut en cette 4' année de la retraite de S. Paulin qui ''^'
éloit la SSW de notre ère vulgaire. Il avoitalois 85 ans ou en-
viron. Personne que nous sachions, ne s'est mis en devoir de
faire l'épilaphe d'Ausone , qui en avoit tant fait lui-mAme pour
d'autres. Mais voici une pièce, qui peut d'autant mieux lui
en servir, qu'elle est plus originale , et qu'elle aproche davan-
tage du genre d'épitaphe. Elle est d'Ausone même , qui y a
fait un abrégé de toute sa vie.
' Ausonius gcnitor nobis : ego nomine eoilcm *"»■ P'- '•
Qui sim, qua secta , stirpn , lare et patiia ,
A(lscri|)si, utnosses, l)one vir, quicumque fuissem ,
Et notuin memori me colères aairno.
Vasates patria est patri : gens ^ua inatri :
De pâtre Trabellis, Fcii genitrix ab Aquis.
Ipse ego Curdigaluigcnitus. Divisa pcrurbcs
Quatuor anliquas stirpis oi'igo ineo!;
Hinc late fusa i-st cognatio : nurnina niultis
Ex iio.-^lra, ut placitum, ducta doino veniant
Dcrivata aliis; iiobl.'^ ab stcnimalc primo
Et non cognali , scd gcnitiva placent.
Sed redeo ad seriein : genitor studuit medidnaa,
Disciplinarum qua; dédit una Duum.
Nos ad grammaticen sludium convertimus, et mox
Rhrtori es etiam quod satis attigimus.
Nec fora non citlubrata miiii : sed cura docendi
Cultiur, et Domt-n drammatici merui :
Non tam grande quidcm quo gloriu nostra subiret
iEmilium anl Scauruni . Berytiumque Probum •
288 AlISONE, r<-in-^rxy
s I RC L E. 5;^^ q^Q nostrates, Aquitanica nomina , multo»
Collatus, non et subditus, ndspicercfli.
Exatisquc dehinc per trina dccennia fastis
Asserui doclor municipatem operam.
Aurea et Augusli palatia jussus adirc
Augustam sobolcm Grammuticus docui :
Mox ctiam Rlietor. Nec cnim fiducia nobis
Vana, aut non solidi glorin jndicii.
Cedo tamen fuorint fania potion-, Miigistri ,
Dumnulli fucrit discipulusmclior.
fiujus ego Cornes, et Qu'estor et culmen lionoruni ,
Prœfeclus Gallis et Libya?. et Lalio :
Et prior indeptus fasces, Latiamque curulem ,
Consul, Collega posteriorc, fui.
Hic ego Ausonius
Presque tous les anciens et les modernes, qui ont parlé
d'Ausone, ont fait beaucoup d'eslime de son mérite et de son
savoir. C'est ce que nous examinerons plus particulièrement
dans la suite.
Il est tout à fait surprenant de trouver des Ecrivains diamé-
tralement oposés les uns aux autres au sujet de la religion d'Au-
sone, sans qu'aucun des deux partis ait donné dans la vérité.
Tiiih. scri. c. u*. ' Ceux-ci , comme Trithéme, en ont fait un S. Evêçjue d'An-
Fris.bib.ph.p.68. goulêmc, 'ou uu Evêque de Bourdeaux, comme Frisius. Ceux-
"■ là au contraire ont même douté qu'il fût baptisé, et ont mis
son Christianisme en problème. Il est certain que l'opinion des
uns est aussi intolérable que celle des autres. Celle des premiers
a été déjà rejetée, il y a long-tems. Celle des autres ne mérite
gueres moins de l'être.
Il est vrai que la licence , quelquefois efl'renée , qu'Ausono
s'est donnée en quelques endroits de ses poésies, est une preu.-
ve qu'il n'avoit ni le cœur, ni l'esprit, ni peut-être les mœurs
assez chastes pour un Chrétien. Mais il n'y a qu'à lire quelques
autres de ses pièces, comme son Ephemeride et son Idylle
sur la fête de Pâque , pour ne pas douter un seul moment do
son Christianisme. Un y voit un homme, qui non seulement
est parfaitement instruit de nos principaux mystères, mais qui
ilans la prière cpi'il y a insérée, parle même à Dieu avec beau-
coup
RHÉTEUR, ORATEUR ET POETE. 289
coup de foi et de pieté. D'ailleurs soutenir qu'Ausone étoit iv sieclr.
Païen pour la religion, c'est d'une part faire abstraction de la
pieté éminente de S. Paulin et de Gratien ses deux disciples
favoris, et de l'autre oublier ce qu'étoit Valentinien I, qui
l'avoit choisi entre tant d'autres pour Précepteur de Gratien.
Comment pouvoir allier l'indignation Chrétienne et héroique,
que ce Prince avant son élévation à l'Empire, témoigna pour
l'idolâtrie sous le règne et les yeux même de Julien l'Apostat
qui l'autorisoit, avec le dessein de confier à un Païen l'éduca-
tion de son fils aîné? Il ne faut pas non plus oublier ici la pie-
té dont les parens d'Ausone faisoient profession, et qui forme
une nouvelle preuve en faveur de son Christianisme. ' iEmilia Ans. par. <■. g.
Hilaria sœur de sa mère embrassa la virginité, et devint cé-
lèbre par sa vertu. ' De même Julia Cataphronia sœur de son c. 26.
père préfera aussi la virginité au mariage, et y vécut jusqu'à
un âge fort avancé.
Tout ce que nous venons de dire de la famille d'Ausonr
dans le cours de son éloge, et ce que nous en avons déjà dit
ailleurs en parlant de Jule Ausone son père et d'Arboré son
oncle maternel, est plus que suffisant pour la faire connoître.
Il en reviendra encore quelque chose dans l'histoire du siècle
suivant. Nous ajouterons seulement ici, ' qu'Ausone comptoil <•. i;. is.
entre ses alliés Pomponius Maximus et Flavius Sanctus, qui
étoient l'un et l'autre ses beaux-freres. ' Le premier étoit Se- c u. r,.
nateur à Bourdeaux, où il étoit très-estimé, et avoit épousé
Julia Dryadia sœur d'Ausone. ' De ce mariage sortirent Pom- c. iT.
ponius Maximus Herculanus, qui réiinissoit en sa personne
toutes les belles qualités de l'esprit et du corps, mais qui mou-
rut tout jeune , ' et Megentire femme d'un Paulin , qui fut r. 23. 2*.
Gouverneur de la Tarragonoise , et exerça divers autres em-
plois considérables. ' Il semble aussi qu'Arbore le jeune qui c m.
fut Préfet de Rome en 380, étoit frère de Megentire. Celui-
ci avoit épousé Veria Liceria arrière-petite fille d'un Eusebe
célèbre par son savoir dès le siècle précédent. ' Quant à Fia- <■. is. m.
vins Sanctus, il avoit épousé Namia Pudentilla sœur de Sabi-
ne femme d'Ausone, et fut Gouverneur de la grande Bretagne.
<ti ai '
Toinp I. Spc. Part . 0 o
IV SIECLE.
200 AUSONE,
S- H.
SES ECRITS.
V
ES écrits (l'Ausnne qui nous r^^slent , sont presque tous
envers, si l'on en excopte une seule do sos lolres et son
panégyrique de Gratien. Il seroit très-difficile dans le dénom-
brement que nous en allons faire, de suivre exactement l'or-
dre chronologique que nous nous sommes proposé et que
nous suivons ailleurs. Ce sont pour la plupart de petites pie-
ces de poésie faites en divers tems, qui composent difïerens
recueils, dont les uns en conli(!nnent d'une date (juelquefois
la même, quelquefois diiïérento aussi des pièces qui contien-
nent les autres. De sorte que pour leur assigner leurs vérita-
bles époques, il faudroit continuellement passer d'un recueil
à un autre, et de celui-ci à un troisième. D'ailleurs on ignore
en quel tems précisément ont été fails la plupart de ces re-
cueils: si celui des letres, par exemple, a précédé celui des
épigrammes, ou si celui des Idylles n'est pas de plus ancien-
ne date que les deux autres. Pour éviter celle confusion et ce!
embaras, nous suivrons dans rérniniéralion que nous en al-
lons faire, l'ordre que ces recueils ont entre eux dans les der-
nières éditions de nôtre Poëte. Cela n'empècheia pas Ifluio-
fois qu'à mesure que nous parleron.s des pièces de chaque re-
cueil, nous ne lui assignions la dale qu'elles nous paroltra avoir.
xii». pr. 1-x 1" ' A la tête de ces éditions se lisent trois diverses préfa-
ces d'Ausone. La première, qui est en vers élegiaques, s'a-
viii. it. Ans. •!. I. dre.sse à l'Empereur Tliéodose, et paroit être une réponse';!
la letre que ce prince lui avoit écrite pour lui demander ses
écrits. Théodose en avoit déjà lu quelques-uns. Mais Au.sone
en aiant publié quelques autres depuis, cet Empereur étoil
d'autant plus ai.se de les lire, que le public en parloit avec
plus d'éloge.
Cette préface seule devroit, ce semble, suffire pour cxm-
!ah. iiib. lat. p. stater la vérité de la letre dont il s'agit, ' et que quelques Ecri-'
vains ont regardée mal k propos et sans sujet comme une pièces
su.specte ou suposée. On n'y voit ab.solurtient rien qui ne con-
vienne et à Théodose et à Ausone; et c'est assurément faire
injure à la mémoire de celui-ci, que de l'avoir retranchée de
Vin. iii. ses œuvres, ' à la tête desquelles Vinef l'avoit placée. Théo-
dose l'écrivit de sa propre main. Il y témoigne beaucoup d'e-
stime pour l'esprit d'Ausone et pour son érudition. Il lui mar-
RHÉTEUR, ORATEUR ET POETE. 291
que que la demande qu'il lui fait de ses écrits, n'est point par iv sieoll
l'autorité impériale, mais en considération de l'amitié qu'ils
se portoient l'une à l'autre. Pour mieux l'engager à lui acor-
der, il lui propose l'exemple des Savans du tems d'Auguste,
à qui ils s'empressoient de communiquer leurs ouvrages, l'as-
surant que si cet Empereur en a admiré quelqu'un plus que
lui Tliéodose n'admire Ausone, il n'en a jamais aimé aucun
|)lus qu'il l'aime.
Aune lettre aussi obligeante Ausone répond, qu'il n'y a aus. pi. i.
pas moïen de se défendre de ce qu'un Souverain comme
Théodose témoigne désirer. Qu(î sa demande devient pour lui
un commandement irréfragable. Que bien qu'il n'ait pas d'es-
prit, un tel ordre est capable de lui en donner. Qu'enlin s'il
méditoil déjà de publier la suite de ses poésies, lorsque per-
sonne ne les df^mandoit, ce lui seroit maintenant un crime
de larder à le faire, et (|ue d'ailleurs il n'avoit garde de se
priver de la gloire de se voij" entn; les mains d'un Empereur,
il [)aroit i)ar-là que dès le vivant d'Ausone il se fit diverses
éditions de ses poésies.
' La second(! préface est aussi v.n vers élégiaques, et la plus im. -.
considéiabl(; lies trois. On y InMive un abrégé de la vie d'Au-
sone de|)uis .sa naissance jusqu'à son Consulat inclusivement.
Ainsi elle ne fui faite qu'après l'an ;{70. Ausone l'avoit mise à
la tête d'un recueil de ses écrits, et l'adressoit au Poète Sya-
gre dont nous avons parlé, et qu'il choisissoit pour son Me
ceiH'. Il en avoit us(; de la sorte, comme il dit lui-même, afin
que b; public voiaiit à la tête d(! son recueil le nom de Sya-
gre, pût aussi-tôl le lui attribuer qu'à son véritable auteur.
' La troisième préface est peu de chose. Ce n'est qu'un pe- i" -•
lit comjtlimenl en vers saphiques à Latinus Pacatus Drepa-
nius, en lui adressant ou le même recueil de poésies qu'à Sya-
gre, ou un autre diUéirul. Ausone ne donne point à Drepane
d'aulre titre qu«; celui de fils, parce que celui-ci étoit beau-
coup |>Ius jeune qu'Ausone. Ue sorte que celle petite préface
lut faite avant 3'.)0, que Drepane étoil iVoconsul d'Afrique:
ccqu'Au.soie n aiiroil pas oublié de marquer, comme nous
v«-rrnnsqu il lit dans la suite en une autre ocasion. Du reste
il nous le représente comme un des premiers Poêles de son
siècle.
2" 'Les épigiammcs d'iVusone forment le premier recueil «pi. i>. »-!»3.
de st^s jioësies. Elles sont au nombre de 150, en y ci»mpre-
Ooij
292 AUSOiNE,
IV SI liOLE. liant les 4 sur les fastes Romains, qu'il avoit composés, et qui
sont perdus. Ces 4 dernières épigrammes avec la première,
qui est pour louer la valeur et le savoir de l'Empereur Gra-
tien, sont les plus considérables. Elles seules valent mieux que
toutes les autres ensemble. Entre celles-ci il y en a quelques-
unes toutes en grec, d'autres mêlées de grec et de latin, et
plusieurs indignes de la plume d'un honnête Païen, pour les
obscénités qu'elles contiennent. Ausone auroit eu juste sujet de
rougir de cette partie de ses épigrammes, et de lui apliquer ce
o.i.\ . |i. osj. qu'il disoit de quelques autres de ses poésies : ' mets etiam intra
me er-ubesco.
pr. ' G'est-là une des raisons pour lesquelles Scaliger le père
est allé jusqu'à souhaiter que nôtre poète ne se fût jamais avi-
sé d'écrire d'épigrammes. Outre, dit-il, que celles qu'il nous
a laissées, sont presque toutes peu travaillées et dures à l'o-
reille et à la prononciation, il s'y en trouve de plus quelques-
unes ineptes, d'autres froides ou frivoles et quelques autres
détestables pour leurs obcenités, et non seulement indignes
de la plume d'un Poète, mais aussi des yeux ou des oreilles
d'un Lecteur. Il semble, ajoûte-t'il, que pour les châtier, il
faudroit les brûler entièrement.
luouii. Cens. auci. ' D'autrcs Critiques observent qu'Ausone parut faire revivre
I'. 270. Martial en écrivant des épigrammes. Mais il y a autant de
différence entre les épigrammes de ces deux Poètes, qu'il y
a de distance du siècle de l'un au siècle de l'autre. Du tems
d'Ausone, comme nous l'avons déjà remarqué ailleurs, la bel-
le latinité avoit déjà commencé a déchoir, et l'art de la poë-
.vu.s. F. diss, p. i-. sie à perdre de ses anciens agréraens. 'Cela n'empêche pas
"■ "■ que les plus habiles connoisseurs ne trouvent beaucoup de dé-
licatesse dans quelques-unes de ses épigrammes.
S)ii. iKjë. ciiiiFai.. ' Quoiqu'il en soit, il paroît qu'elles sont les premières de
inb. lui. p. 177. ggg productions qui ont vu le jour depuis le commencement
de l'imprimerie. Elles furent imprimées à Venise dès l'an 1496
en un volume in- fol. avec la préface de Barthelemi ou Geor-
.vus.ibid. v.ss. 11. ge Merula. ' Elles y parurent même, comme d'autres l'obser-
'" vent, dès 1472, puis en 1494.
.\u.s. p. 97-107. 3". L'éphemeride d'Ausone, qui suit ses épigrammes, con-
tient en vers de différentes mesures toutes les actions d'une
journée sainte, depuis le lever jusqu'au coucher. Mais nous
'■-' '1 "-i ne l'avons point en son entier. Il y manque diverses choses
sur la lin. Elle semble avoir été faite pour 1 usage de I9 jeunesse
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 293
qu'Âusone prenoit soin d'instruire ; et l'on voit par-là, à Thon- iv siècle.
neur de ce Poète, qu'au même tems qu'il enseignoit les belles
letres à ses disciples, il tâchoit de leur donner aussi les princi-
pes d'une éducation Chrétienne. C'est ce que S. Paulin un d'en-
tre eux reconnoissoit lui-même, comme on l'a vu. Cette pie-
ce est assurément la plus estimable de toutes les poésies d'Au-
sone, et lui meriteroit le titre de Poëte Chrétien, si quelques
autres de ses pièces ne l'en rendoient indigne. Il y a renfermé
ce que la plus pure philosophie enseigne dans sa morale ; et il
y donne tous les préceptes, les pratiques et les prières mê-
me d'une journée Chrétienne. La prière qu'il y a insérée pour
demander à Dieu la grâce de passer saintement la journée,
ne respire que la pieté et une foi très-pure sur nos mystères.
11 y parle clignement de Dieu, et y insiste sur l'éternité du
Verbe, peut-être à dessein de munir la jeunesse contre les er-
reurs des Ariens, qui de son tems causoient tant de trouble
dans l'Eglise. On ne sera pas fâché de trouver ici quelque cho-
se de cette pièce, afin d'en pouvoir juger plus sainement.
Omaipotuns , Solo mentis mihi cognitc cuitu , p. t)7.
Ignorate malis, et nuUi ignotc piorum ,
Principio extremoque carens : antiquior .tvo
Quod fuit, aut venict : cujui; formamqiic modumque
Nec mens complecti poterit, nec lingua profari.
Ipse Opifex reruiii , rébus causa ipsa creandis,
Ipse Dei Verbuni, Verbum Deus , anticipator
Muadi quem facturus eral : generatus in illo
Tempore, quo terapus nondum fuit : editus anlc
Quam jubar et rutilus cœlum illustrarct eous :
Quo sine nil actum , per quem facta omnia. ...
' Da l'aler învictam conlni omnia crimina mcntcm , P- îW-
Vipereumque nefas nocituri averte veneni.
8it satis, antiquam serpens quodperdidit Evara,
l)eceptumque adjunxit Adam : nos sera nepotum
Scmina, veridicis œtas prœdicta Prophetis,
Vitemus laqueos, quos letifer iraplicat anguis.
20
294 AUSONE,
IV SIECLK. Da Pater hajcnostro Ueri rata vota prccutu.
J ~ ■ Nil metuani, cupiamque nihil , salis hoc rear esse
Quod satis est. Nil turpe velim , ncc causa pudoris
Sim mihi. Non faciani cuiquum, qux tempore euduin
Nolim facta mihi. Nec vcro crimine lo^dar,
Nec maculer du bio. Paullum distarc videtur
Suspcctus verusque reus. Maie posse facultas
Nulla sit : at beac posse adsit tranquilla potestas.
Sim tenui victu, atque habitu : sim carus amicis....
,, 101. 'Ausone dans cette éphemeride marque l'heure du dîner à 1 1
heures du matin.
svii. po.:. ciii. I ' Cette pièce a paru si Chrétienne à quelques Ecrivains,
oW. iwe. i. p. qy'iig fyj^[ (.fy \g^ (Jevolr ôter à Ausone pour la donner à S. Pau-
lin de Noie, à qui ils ont jugé qu'elle convenoit mieux. On la
trouve sous le nom de ce Sajnl et daris l'édition de ses œu-
vres par Rosweide, et dans les Orlliodoxographes imprimés à
liasle en 1 5G9, comme aussi dans le chœur des Poètes La-
tins. Adam Siberus l'a aussi insérée dans son Manuel de pie-
té pour la jeunesse, qu'il publia à Leipsick en 1580. ' Elle fut
imprimée séparément ïn-A". dès 1517 à Paris chez Josse Badè.
\iiv i.ai. i<. 107- 4°. ' Après l'éphemeride viennent les Parentalïa, c'est-à-di-
Ohor. iM»e. l. p
31»
Aus. 1''. ibiil.
m.
re les éloges des parens d' Ausone qui étoient déjà morts, ou
les devoirs rendus à leur mémoire. Ils sont divisés en 30 cha-
pitres, sans y comprendre les deux petites préfaces, l'une en
prose el l'autre en vers, et contiennent les éloges de plus de
30 personn(!S. Ces éloges sont presque tous en vers élegiaques.
f. !i. il. *,). ' Ausone les composa après son Consulat, et même après avoir
quilé la Cour, el s'être retiré dans sa terre en Sainlonge. 11 y
,, n,7 avoit alors 30 ans qu'il éloit veuf. ' On aprend de la petite pré-
lace qui (!st en prose, qu'Ausone avoit déjà publié quelques
autres poésies, lorsqu'il composa celles dont il est ici question.
il a assez de modestie pour avouer que les premières n'avoient
pas été entièrement goûtées, et qu'en cela on leur avoit ren-
du justice. Il a bien raison, s'il s'agit de ses épigrammes et de
.ses autres .semblables pièces. Quant aux Parentalia, il dit
qu'ils ne paroitront agréables ni par leur titre, ni par le sujet
dont ils traitent. Il faut néanmoins convenir qu'ils ne laissent pas
de nous donner beaucoup de lumière pour l'histoire de ce IV
siècle; et l'on a pu s'apercevoir que nous en avons souvent
fait usage. Ce recueil, non plus que le suivant, ne se trou-
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 295
vent point dans les premières éditions des oeuvres d'Ausone. iv siècle.
ri". ■' Les éloges ou épitaphes des Professeurs de Rourdeaux Prof. p. im-iso.
ne furent composés qu'après les Parentalia. Ils sont même pos-
térieurs au suplice d'Eucrocie femme du Poëte Delphide, la-
quelle fut exécutée selon S. Prosper en 38?}. Ce recueil con-
tient 2i chapilres, sans y comprendre la petite préface qui est
à la tête et les deux petits épilogues. On y trouve les éloges
de plus de 30 personnes, en vers de presque toutes les diffé-
rentes mesures. Ausone y a fait entrer les étrangers qui ont en-
seigné à Rourdeaux, comme les naturels du pais qui ont pro-
fessé ailleurs. ' 11 semble s'être borné à n'y parler que des Pro- p. 172.
fesseurs du IV .siècle. ' Il dit expressément qu'il ne donne les p. t88.
éloges que de ceux qui étoienl morts, lorsqu'il les composoit ;
priant ses Lecteurs d'y chercher moins les beautés du discours,
que les marques de sa vénération pour les Savans de son païs.
11 déclare de même qu'il n'entreprend point de parler des
Avocats, des Historiens, des Poètes, des Médecins, des Phi-
losophes, mais seulement des Professeurs de Grammaire et de
Rhétorique. C'est assurément une perte pour l'histoire literai-
re de la France, de ce qu'il n'ait pas emploie sa plume pour
nous faire connoîtro ceux-là comme les autres. C'en est en-
core une plus grande de ce qu'en chaque siècle et en chaque
province des Gaules, il ne s'est pas trouvé autant d'Ausones
ui aient rendu le même service et à la mémoire des Savans
e leur connoissance, et à la république des lelres. Le peu que
nous a conservé Ausone de ce qu'il savoit de ceux de son païs,
nous a été d'un grand secours pour l'histoire de ce IV siècle.
6"' Les éloges dos Professeurs de Rourdeaux sont suivis ii«ro. p. i«9-2i*.
des épitaphes des Héros, qui se trouvèrent à la guerre de
Troïes. Cet ordre est naturel ; puisqu'Ausone assure avoir ajou-
té ces épitaphes aux éloges précédents, non pour en faire com-
me une suite, mais pour empêcher qu'elles ne se perdissent.
11 déclare que ce n'est qu'une traduction latine de ce qu'il avoit
trouvé dans les écrits d'un Philologue Grec. Ces épitaphes sont
au nombre de 26. Ausone y en ajouta encore 12 autres sur
différentes personnes célèbres, comme Niobé fille de Tanta-
le, Didon, Diogene le Cynique, et autres. ' Nous dirons en Bionn. ib. p. am
passant que les Connoisseurs font grand cas des traductions
u'Ausone a faites de grec en latin, comme y aïant beaucoup
e subtilité, de sel et d'elegance. Au reste ce recueil ne nous
présente rien qui indique le tems auquel il a été fait.
a
3:
296 AUSONE,
IV SIECLE. 7". * On nolrouve non plus rien qui puisse fixer l'époque des
ri — ë 7i7 Césars d'Ausone. 11 semble que ce fut une des premières
• Ans. liirs. p. 210- 1-1 »» 1-1 1 r , TT
287. productions de sa Muse, en ce qu ils sont adresses a Hes-
pere spn fils. 11 étoit aparemment encore tout jeune lors-
qu'Ausone les composa pour lui donner par-là quelque tein-
ture de l'histoire des Empereurs. D'abord il lui représente en
douze vers la suite des douze Césars, dont Suétone nous a
laissé l'histoire. En douze autres vers il lui trace le tems du rè-
gne de chacun d'eux, et en douze autres le genre de leur mort :
tous vers héroïques. Enfin il lui peint en autant de quatrains
composés de vers élegiaques le caractère de tous les Empe-
reurs, depuis Jule César jusqu'au temps qu'il composa l'ouvra-
ge. Ce qui nous en reste, ne va que jusqu'à Heliogabale, en-
core n'avons-nous que deux vers sur ce dernier. On voit qu'-
Ausone dans ces portraits en racourci a fort bien pris le plus
souvent le génie de ceux qu'il y a voulu représenter.
Syii. poë ciir. ' On a quelquefois détaché ces Césars d'Ausone du corps
de ses autres poésies, pour les joindre aux petits Ecrivains de
l'histoire des Empereurs. Il&se trouvent nommément dans l'é-
dition qu'en publia Nicolas Reufner à Leipsick en 1572. On
les a mis aussi à la suite de Lucain des éditions de Basle 1551 ,
Poi'. lai. cor. p. et de Cologne 1560. Les 42 premiers vers ont été imprimés
p^'^Je.^'"^' ''"'■ par erreur dans quelques recueils à la fin des poésies de S. Si-
doine, comme s'ils en faisoient partie.
Au'i. urb. p. 228- 8°. ' Lcs villcs célebrcs est un autre ouvrage d'Ausone, où
*'^' en 14 chapitres ou articles composés de vers héroïques il a
fait les éloges, et quelquefois donné la description de 17 vil-
les choisies. Voici le rang qu'il leur donne entre elles : Rome,
Constantinople , Carlhage , Antioche , Alexandrie , Trêves ,
Milan, Capouë , Aquilée, Arles, Lerida, Athènes, Catane,
Syracuse, Toulouse, Narbone, Bourdeaux. L'article de Ro-
me ne contient qu'un seul vers ; et personne ne dit s'il n'y man-
que rien, comme il semble y manquer. Ausone s'étend beau-
coup plus sur Bourdeaux, comme le lieu de sa naissance, que
sur les autres villes. 11 n'y oublie pas les bons vins du pais. II
dit qu'il avoil été Consul dans cette ville comme à Rome :
ce qui doit s'entendre de quelque charge de Police, que l'on
nommoit ailleurs Duumvirat, et qui retient encore le nom de
Consulat dans quelques villes de Guiene. Nous aurions par-
p. Ï.1-. là une date pour assigner une époque à cet ouvrage. Mais ce
qu'Ausone dit sur Aqnilée. nous en fournit une plus récente.
RHETEUR, URATEUR ET POETE. 297
V laisanl mention de la défaite du Tyran Maxime devant cette iv siècle.
ville ; ce qui arriva en 388, il fait voir que l'ouvrage est poste-
rieur à cette action.
' Ce traité des villes célèbres parut dans le public en un vo- Bihi. TcU. p. 27c.
lume séparé l'an 1565. On est redevable de cette édition à Elie ''
Vinet, qui aiant déterré un ancien manuscrit très-correct, le
fit imprimer la même année à Poitiers chez de Marnef, avec
un assez ample commentaire de sa façon, le tout en un volu- '. ■
me m-8°. Depuis, il est passé dans le traité des acroissemens v,
des villes par Hippolytede Colli; lat, aCollibus.
9°.' Le jeu des sept Sages est en vers dedifl'érentes mesures, Ans. sap. p. aat-
et adressé à Latinus Pacatus Drepanius qualifié Proconsul, *'"'■
par une petite letre en vers élegiaques. On voit par cette
qualification de Drepane que l'écrit ne fut composé tout au
plutôt qu'en 390, qui est l'année à laquelle il entra dans son
Proconsulat ou gouvernement d'Afrique. Ausone a trouvé le
secret de faire entrer dans ce traité tous les beaux senlimens
des anciens Sages de la Grèce, qui tendent tous à la vertu.
11 y fait paroitre tous ces Sages en particulier, et leur met en
la bouche les maximes qu'ils ont autrefois enseignées. Il n'y a
pas même oublié les principes de la philosophie naturelle,
selon les idées de ces Philosophes. Il y propose en divers ar-
ticles les sentimens de Pythagore, de Zenon, d'Epicure et de
quelques autres. 11 s'y trouve trois à quatre lacunes en divers
endroits, mais elles ne paroissent pas considérables.
' Il paroît qu'on a fait une estime particulière de ce traité Biw. s. vin. Cen.
d' Ausone, puisqu'on en trouve quelques éditions faites sépa-
rément de ses autres écrits. Il fut imprimé dès 1526 à Basle.
chez Jean Froben, avec les distiques- qui portent le nom de
Caton , et les observations d'Erasme, le tout en un volume m-8°.
Jean Brouchier de Troïes fit depuis un commentaire sur ce
traité, et joignit l'un et l'autre au recueil de ses poésies, qu'il
fiublia en même volume à Paris chez Simon de Cohnes
'an 1528. Dans l'une et dans l'autre édition cetécrit est intitulé
Apophthegmes ou Sentences des sept Sages .
10°. ' Les Idylles d' Ausone sont sans difficulté la plus belle Aus. ojy.' p. 294-
partie de ses poésies. On en compte jusqu'à vingt; quoique ^^'
dans les anciennes éditions on en ait porté le nombre jusqu'à
33, parce qu'on y a inséré sous le même titre VEclogarium,
ou pièces qui forment le recueil des endroits choisis de divers
anciens Auteurs. Ces Idylles sont autant de petits poèmes
Tome I. Sec. Pari. P p
2 c *
BlouD. ib. p. 270.
298 AUSONK,
IV siKCLK. égaies qui contiennent des descriptions de lieux, et des narra-
tions d'avantures agréables. ' Les critiques les regardent en gé-
néral comme de l'ort bonnes pièces de poésies, et dignes
d'un grand Poëte. 11 faut pourtant avouer qu'ils ne sont pas
tous de même prix, soit pour les sujets dont ils traitent, soit
j)our la beauté de la poésie. Il y en a d'infâmes, comme le
<'ento iivptialis. 11 y en a d'excellens, comme; la Mosell., et de
Ans. 0.1)1. 1. 11. r.. dignes d'un Poëte Chrétien, ' comme le premier, qui est sur
*"' la fête d(; Pâque. Ausone y parle fort bien du mystère de la
Trinité, et y insiste, comme dans son éphemeride sur l'éter-
nité du Verbe, qu'il recwmoît non seulement semblable, mais
encore égal au Père. 11 le finit par une prière en faveur des
deux Empereurs qui regnoient alors et du (lé-sar (i ration. Ces
deux Empereurs étoienl les deux fnjres Valeatinien 1 et Va-
lens. J)e sorte que cet Idylle fut fait avant la lin de l'année
37o, qui est celle de la mort du pi-emier. Tous les autriîs sont
composés de vers ou héroïques, comme celui-ci, ou élegiaques.
Ans. V. iiii.i. et faits en divers tems.' Ce premier Idylle a été imprime'' séparc;-
inenl m-i", à Paris chez .losse JJade l'an 151S.
eiji '.:. p. ae7-3o:). ' Le second Idylle «'sl intitulé Epiccdioti. inpatreni sinon .la-
lium Aufion'nim. Vj\"f\\\\\ petit poëmi;, ou une éli.-gie sur la
mort de Juie Ausone Médecin (!t})ere de nôtre Poëte. Celui-(;i y
a Iracé en abrège; la vie de; ce; Médecin^ (;t divers traits d<; l'Iiis-
toireî de sa famille-. Les Crées donne)ie;nl le- tilre' d' Kj//rediou
aux poëines lugub)e;s qu'ils eeimposoie-nl pe)ur le-s ob.se-quejs de
leurs morts, et le tilre; d7i'/y//«/;/r^;< à ce;ux que; l'on ne faisoil
qu'après leur sépulture. Suivant celte noiiejn e>n pourroil croi-
re-que; e-et Idylle; fui fait de>s les obsèques de Jule Ausone.
Mais la suite fait \e)ir epi'il ne- fut e;e)mpe)sé qu'asse-z long-lems
après, puisqu'il y e^l fait mention du Consulat d'Ausone; son
filsejui n'y fui éle-véqu'i'n 371), et que; Jule- Ausone étenl me»rl
dès 377. (x' pe)ëm(' e;.st pn-e-ede; d'une ()eiile; j)réfae.'e en prose
adressée- aux l.,ecU-urs. Ausone- y avertit quil ave)it composé cet
éle)ge i)e)ur être; mis au bas du portrait de- sejn ])e;i-e, où il
se- lise)il, avant epi'i! le lit pa.ssci- dans le ree;ue-il de ses poe-sies.
Il [)rote^ste n'y rien avancer, que; ce; ejui éle)il corum de tous
ceux qui ave>i(-nl vécu ave.;c le défunt ; ajoùlant qu'il se feroil
le- mêmee-rime efavancer de-s chose-s fau.sse-s, epie de; taire ce
ejei'il y avoilde- vrai. Ilprie- aus.>*i s»-s Lecte uis de- croire- eju'il
s'est bien moins jwrlé à faire ce; poëme dans le dessein d'alire-r
à son père des louanges de la part de;s hommes ; ce qui
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 200
nofcroitque h' charger après sa mort; que pour lui gagner iv sieclk.
leur hi<'nveillanc(!, et rendre justice h sa mémoire.
' Dans ridylle suivant, qui est le troisième, Ausone nous a odyi. x p. .wi-ar..
laissé en vers élegiaqucs la description d'une de ses terres,
qu'il dit avoir été l'héritage de ses pères. Elle étoit située à une
petite distance de la ville, aparemment de Basas, où l'on al-
îoit par eau. En parlant de ce petit héritage, comme il le
iionnne lui-même, il prend ocasion de déclamer contre la cu-
pidité. Lorsqu'on n'y met point de bornes, dit-il, on n'en met
point non plus à la passion d'acumuler richesses sur richesses.
' Au haut de la pièce se lit une inscription qui porte qu'Au.sone p- ^fi-
ne la lit (|u'après avoir quité la Cour, et lorsqu'il se fut retiré
dans celle lerre.
'L'Idylle i'' intitulé ProlrrpticondeslKflïopiœt'ili, esiuneex- p.i>i. i p.mvsio.
hortation en vers iKîxanietres au jeune Ausone son petit-fils
par sa (ille, pour le porter à l'étude, et l'animer à marcher sur
les traces de ses pères. {)n trouve dans ce poëme beaucoup
d'élégance et une grande érudition; quoique l'Auteur té-
moigne l'avoir proportionné à l'âge de l'enfant. Ausone l'a-
drr-ssa par une courte letre en prose à Ilespen^ .son fils, et on-
cle paternel de l'enfant, alin qu'il y lit ses remarques et ses
corrections. Après avoir exhorU' dans le poëme son petit-fils
à ne point craindre la rigidité et lesehàtimens de .ses Maîtres,
il lui trace un plan irétiide convenable à .sa jeunesse, et con-
forme à ce qu'il avoit mis lui-même en usage, lorsqu'il onsei-
gnoit. Il lui marque ensuite i)ar ordre les Auteurs qu'il doit
lire avec soin : Homère et Menandre <'ntre les Grecs, Terence.
Ciceron, Horace, \irgile entre les Latins. Et afin de lui
inspirer plus d'émulation, il lui rapelle les grands honneurs
auxquels son père et .'^on oncle étoient parvenus, et auxquels
il avoit été élevé lui-même en considération de son savoir.
Ausone éloit déjà vieux, lors^ju'il composa ce 4" Idylle.
' Claude Minos y aïant fait un Commentaire de sa façon le nih s. .ini. t.h.
publia avec un autre Idvlle du même l'oëte, à Paris, chez Jean
Richeri;i82in-8".
' Nous n'avons pas le 5'' en son entier. 11 est en vers de mê- ody. ■.. p. .';i»;>. .îi.
me mesure que le précédent, et a pour titre Genethliacon ad
ciirndcm Atisonium nepotem. 11 fut fait pour le jour de la nais-
sance du jeune Ausone, lorsqu'il enlroitdans la douzième an-
née de son Age, et qn'Ausone .s^)n aiful éloil dans sa vieillesse.
L'Idylle 6* aussi en vers héroïques est fort ingénieux. 11 .mIj. e. p. .'ki-.tt.'?.
■ rf i \/1 "T'
300 ' • • AUSONE, ■
IV SIECLE, contient la fable de Cupidon ataché à une croix par les Héroi-
nés. Ausone l'adresse par une petite letre en prose à un Gré-
goire qu'il qualifie son fils, comme beaucoup plus jeune que
lui, et peut-être comme aïant été son disciple. Nous croïons
que ce Grégoire est le même que celui qui étoit Préfet des
Gaules en 383. Ainsi l'Idylle fut fait avant cette date, puisque
l'Auteur dans le titre ne fait nulle mention de cette Préfecture.
Ausone dit qu'il tira d'un tableau qu'il avoit vu à Trêves le
sujet de ce poëme, et qu'il n'y avoit dans la pièce que ce sujet
Bionn. ibid. scul qui fût de SOU goût. Cependant les Critiques ne laissent
pas d'en faire beaucoup d'estime.
Aus.eUyi.7.p.338. ' On n'a qu'uuc partie du 7" Idylle intitulé Bissula. Il est
'**• acompagné de trois épigrammes sur le même sujet, et de
deux petites préfaces. La première en prose et en vers s'adresse
à Axius Paulus ami d'Ausone, à qui il avoit demandé ce poë-
me. L'autre préface toute en vers est adressée au Lecteur. Au-
sone y déclare que la pièce qui la suit n'est pas faite pour des
f (^sonnes qui sont à jeun, et qu'il faut avoir bû pour en avoir
'intelligence. On ne voit pas au reste ce qui peut avoir porté
Ausone à parler ainsi de celte pièce : à moins que ce ne soit
ce qui y manque. Il paroît par ce qui nous en reste que le
tout étoit três-peu de chose ; n'étant que le portrait et les avan-
p. 3.3S. tures d'une esclave Germaine. Ausone ' semble témoigner que
c'étoit-là une des premières productions de sa Muse.
o.iyi. 8. o.p. 343- ' Les 8° et 9" Idylles furent faits, l'un la veille, et l'autre le
^"- jour même qu' Ausone entra dans le Consulat. Ils sont fort courts
l'un et l'autre, et ne contiennent presque autre chose que des
vœux pour une heureuse et abondante année.
r.i>i. 10. p. 3*7- ' L'Idylle dixième est sans contradiction le plus considérable
• m'oon. il.. ^6 tous, ct la plus belle pièce des poésies d'Ausone. Elle seule
suffiroit pour mériter le nom de Poète à son Auteur. LesCon-
noisseurs y remarquent autant d'esprit que d'art, tant pour la
disposition et l'élégance, que pour la beauté des figures.
Ans. il.. ' Ausone y fait en 500 vers héroïques ou environ et une des-
cription agréable et un éloge pompeux tout ensemble de la
p. m. rivière de Moselle, dont l'Idylle a pris le nom. 'L'on ne peut
se tromper en l'atribuant à nôtre Poëte ; puisqu'il a eu
soin de marquer son nom et sa patrie dans le corps de l'ouvra-
ge. Il le composa à Trêves, lorsqu'il étoit à la Cour des Em-
f»ereurs Valentinien et Gratien son fils, et du vivant de celui-
à : par conséquent avant 375, qui est l'année de sa mort. ' Il
;■ û ■'
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 301
y fait par ocasion un petit éloge du Rhin, sur lequel il pro- iv siècle.
met d'exercer plus amplement sa Muse , lorsque les Princes ~
l'auront renvoie dans son pais.' il y promet aussi de relever aus. p. 4i:.-.i;H).
par ses vers, lorsqu'il jouira du repos et du loisir que la vieil-
lesse lui faisoit espérer, les actions mémorables des Belges, les
mœurs, l'éloquence dos grands hommes de son pais, les hon-
neurs, les charges, les dignités par lesquelles ils ont passé.
' L'on croit que c'est ce qu'il exécuta dans la suite par les élo- w.a. p. ti-.
ges des Professeurs de Bourdeaux, et ceux de ses parens. Mais
à dire le vrai, il faut convenir que ces deux écrits ne remplis-
sent pas l'idée qu'Ausone nous donne ici de sa promesse. De
sorte qu'il paroit assez visiblement qu'il n'y a satisfait qu'en
partie, ou s'il l'a fait en tout, son ouvrage est perdu.
' Nous avons une letre de Symmaque à Ausone, dans la- sym. i i.cp. 8.
quelle cet Orateur fait l'éloge de ce poëme, jusqu'à le mettre
de niveau avec les poésies de Virgile. L'éloge est un peu ou-
tré. ' Il est étonnant que cette pièce, composée exprès pour spic 1. 12. p. 20c.
faire honneur au pais de Trêves, y fût si rare au Xli siècle,
3u'un Auteur de ce tems étoit obligé de renvoïer à Bour-
eaux pour en avoir connoissance.
'Il y a eu une édition particulière de la Moselle d'Ausone iiib.Tcii.p.213.2.
avec les commentaires de Marquardus Freher pour l'expli-
quer. Le tout est imprimé en un volume in-folio à Heidelberg
chez Vœgelite l'an 1619. On trouve aussi le même ouvrage
avec son commentaire à la fin des origines Palatines du mê-
me Freher. ' Dès 161 ij Paul Duizius l'avoit publié à Pont-à- Kai>. bib. lai. p.
Mousson, avec quelques élégies choisies de Tibulle, dePro- "**'
perce et un commentaire de sa façon.
' L'Idylle suivant, qui est le onzième, amis à la torture tous aus. cjyi. u. p.
les Commentateurs qui ont entrepris de l'expliquer. C'est pro- ■*"• "-•
prement une énigme qu'Ausone proposa à table un jour qu'il
donnoit à manger à ses amis. Les Anciens avoicnt de coutu-
me d'en user de la sorte. L'Idylle est en 90 vers héroïques,
et intitulé Griphns, c'est-à-dire, projiosition que l'on donne à
deviner sous des termes obscurs, et souvent contradictoires.
11 roule sur le nombre de trois; et son Auteur en traitant un
sujet si stérile en aparence, a trouvé le secret d'y faire entrer
divers traits d'érudition, ' André Schot y trouve même beau- wonn. ui. p. «e».
coup d'esprit, et le Gyraldi une grande variété, des recher- *'"■
ches curieuses, mais peu de jugement et aussi peu de poli-
tesse. .»;.«;., ,i ...;.,„Ji
302 A 11 S ONE, ""
IV siECLK. Adiré co quo nous en pensons, la piecf nous paroît peu
-xûTibrp. 447. ~ inleressanto. Ausone néanmoins ne la jugea pas indigne d'ê-
tre dédié(î à l'Orateur Symmaque par une assez longue letre
itib, 5. Vin. On, en prosc. 'De mf^'UK! deux de nos Critiques du XVI siècle
n'ont pas crû perdre leur tenis que de l'emploiera enrichir
de leurs commentaires ce même Idylle. Le premier qui y a
travaillé est François Dubois ou Silvius, qui publia le sien
avec le texte d'Ausonc dès l.'ilG h Paris cb.ez Made en un
..s. Jiii. Tm. volume 2>/-4". ' L'aulre est Claude Mignaut ou Minos de Di-
jon, qui fit imprimer b; sien aussi avec le texte original, à
Paris chez Denys du Pré l'an l.iTi (u même volume, i-tde-
Fuis encore à Paris chez Jean Kieber en un volume m-8".
an 158!{. ' Ausone lémoignc <|ii'il \ avoit déjà du tems qu'il
avoit composé cet Idylle, lorsqu'il l'envoia à Symmaque. On
n'y trouve rien (jui puisse autrement en fixer la date.
.•.lyi. 12. !.. i-'i. Il n'en est pas ainsi ' du douzième intitulé Tcrlutnpii'finio,).
L'on voit par la première dédicace d<'(vlni-ii , (jui eslàPaca-
lus l)i-epanius, (jualilié Proconsul, (|u'il ne fut fait au pinlôl
qu'en 390 ; ainsi sur la fin de la vied'Ausone. Cet Idylle, de
l'aveu de son pntftre Auteur, ]!'( si qu'un jeu de mots, et à le
bien prendre, un anuisement puérile, où il ne paroil que de
l'imagination. Il traite de divers s'.ijcis qui p'iiveiil foi-rnir au
dessein assez bizarre d»- la pièce, eonr.nc des faux Dieux, des
membres du cor[)s, des AJandes, du prinîems, etc. Chaque
vers de la prernien- parti;- coMUDcnec par un monosyllabe, et
finit [lar un autre, i\\\\ \'m\. le coinnienecmcnl du vers suivant.
Dans le reste A\\ poënn b-s ver- lini.sscj»! connue les précedens
par un monosyllabe ; mais ils ne conunencent pas de même.
De .sorte qu'on |)onrrnil le nonnni lie poëme des monosyllabes.
Il est tout-à-fait sur]>renant qu'Au.sone , qui avoit de l'esprit et
du goût, i^ii soit annis<; danssa \ifille.s.si' même à une semblable
puérilité. Il la jugea néarnnoins digne* d'être adres.sée non-
seulement à Drepane, mais aussi à S. Paulin, qui s'ocufM^it
alors d(^ choses incomparablement plus excellentes dans le*
lieu de sa niraite, (»ù il étoil ap!i<[iié à la pratique de toutesles
vertus Chrétiennes, (Hiur répondri- à la sainteté qu'il avoit re-
çue depuis peu dan.s h; .'sacrement delà régénération.
.m|}|. I! p. l'i'i- ' J/Idylle l;)'' adress«' à Axiu> Paulus, n'est au jugemenî
d'Ausone même, qu'une pièce frivctie, de nul mérite, où il
nVsl entré ni es|)iit, ni fi'ii. et (jui ne lui a conté ni peine ni
travail. Il potivoil ajouter, (juil a\(iit au moins réu.'^si à en fai-
iuii:tkuh, orateur et poète. 303
le une très-mauvaise pièce, tout-à-fait indigne d'un Chrétien , i v s 1 1: c l k.
et même d'un honnèt(! i*aïen. 11 a beau dire cju'il ne la corn-
posa que par ordre de l'Empereur Valentinien 1 ; il a beau
citer les exemples de plusieurs Poêles de Tuntiquitc^, qui bien
que d'une vie irréprochable, n'ont pas laissé d'égaïer les sujets
qu'ils ont traités; il a beau se parer de ce vers de Pline et de
Martial, iMsciva esi nohis paijiiia^ vUaproba: tout cela ne sau-
roit le justifier d'avoir rempli d'obscénités l'Idylle dont nous
parlons. 11 est tout comixjsé de diverses parties tirées mot
pour mot des vers de N'irgile, et cousues ensemble pour for-
mer le plus souvent contre leur sens propre et naturel, ce
qu'il a nommé lui même Cenio m/p(ialis,cesl-ix-dire une rapso-
die bizarre, afin d'exprimer tout ce qui se; passe de plus secret
entre les nouveaux mariés. On sait que des personnes Chré-
tiennes, comme Eudocia et Pr(»bii h'alconia ces célehn^s
Poétesses de ranfi(|nilé, ont imité ce j^enre de poésie, en com-
|)Os<uil coinme Auson*; des Cejitons tirés des vers d'iiomere
et de Virgile. Maison suit aussi qu'elles ne l'ont l'ail qu'à la
louange d(! .1. C. el à l'honneur de la religion Chrétienne.
' Aiisoui^ composa lesien, lors(jiril insli-uisoit le jcime (iratien «dyi. i:.. p. :.(ts.
dans li!S lelres.
(Juoique (rette pièce ne fût bonuiî qu'à brûler, on n'a pas
laissé d'en multiplier les e\eiiqilaires iùllcurs que dans les édi-
tions d'Ausone. Henri Maibomius l'a jointe; aux autres Cen- Sjii. poo. du
Ions tirés de Virgile «pTil lit imprimer l'an l.')'.)7 en un volume
in-i". h llelmstad. On la trouve aussi avec les amours de JJau-
dius, et à la lin de ijlusieui-s éditions de Pelrone, avec le J'ervi-
tjilium Veneris , aulre pièce; de même alloi.
'On a lo]ig-lems airibué à Virgile les Idylles li'' \(Y 17"" el Ans.iii. .imi.|. -.io.
18', et dans celle pcnsic on les a souvent imprimés entre les
petites poésies d(; cet ancien l'oi-te. Mais l'on convient de-
jiuis plus d'un siècle et demi, (|u'ils sont d'Ausone. Eeli^esl ;;'i.vi- n. \>. :>•>».
en vers élegiaques , et a [)our iilre Les lioses. 11 se trouve à la '''■
fui d(; quelques-unes des dernier(;s éditions de l'elroiie. ' Le p. «*>. ■>.».
16' et 17" sont fort courts. Les sujets dont ils trailenl ont été
pris d(! Pythagoie. L'un a |iour liire , Ik t homme du bien , et
l'antre , fj' oui et le non. ' Le 18'' sur les âges des animaux est )•• :>n-:M.
aussi fort court, et pris d'Hésiode pour la iiia;i:'re.
Le sujet du lo*" est encore tiré du grec de Pj ihagore ; Au- p. rm. sis.
sone y Inïite de l'ambiguité sur le choix d'un genre de vie. Ce
petit poëme, qui est en vei-s héroïques, a de gi-andes beautés.
30i AUSONE,
IV siECLK. L'auleur y i'ail le dénombrement de presque lous les divers
genres de vie, et des peines , qui en sont inséparables. De-là
il conclud , non avec les Chrétiens , mais avec les Philoso-
phes du Paganisme , qu'il n'est point avantageux de naître , si
l'on ne meurt aussi-tôt après que l'on est né. L'on ne trouve
au reste dans cette pièce aucun trait qui en fasse connoîlrc la
date.
uib. s. Jui. Tui. ' Cet Idylle est un de ceux d'Ausone que Claude Minos a
commentés. Il le fit imprimer dès 1582 à Paris chez Jean
Richer, en un volume m-S". avec le Protrejtticon du même
Poète, et les observations dont il avoit enrichi l'un et l'autre.
Frédéric Jamot de Bethune aiant mis en vers grecs celui dont
il est ici question, le publia avec le texte original , à la fin des
Idylles de Moschus et de Bion. Il se trouve à la page 328 de
Kiii. bii). p. m. l'édition de 1584, et à la page 58 de l'édition de 1620. 'Il y
a même une édition particulière de cet Idylle d'Ausone, faite
à Hambourg l'an 1037, en un volume m-S".
Aus. ib. 1.. 530- 'Les deux derniers Idylles, c'est-à-dire le ID^et le 20*sonl
"'**■ peu de chose. L'un traite en douze vers héroïques des travaux
d'Hercule, et l'autre des inventions et des offices des neuf Muses
en onze vers aussi héroïques.
11°. Nous avons déjà remarqué que les divers petits poèmes,
qui composent ce qu'on nomme V Èclogarium d'Ausone, c'est-
à-dire un recueil de quelques endroits choisis des Anciens,
cciua. p. 538.-567. faisoit autrefois une suite des Idylles. 'Mais on a jugé à pro-
pos de l'en séparer dans les dernières éditions de ce Poète.
Ces endroits choisis par Ausone traitent de divers sujets. Il y
en a sur les signes célestes, sur les quatre saisons, sur les mois
et les jours de l'année , sur le solstice dans l'équinoxe , sur les
feries des Romains, sur les luttes et les combats dans le cirque.
rp. P.Ô07-B98. 12*. ' Les letrcs d'Ausone, au nombre de 25 , ne sont sans
doute que la moindre partie de celles qu'il avoit écrites. C'est
de quoi l'on verra diverses preuves par la suite de ce que nous
allons dire. Il n'y en a qu'une seule qui soit toute entière en
prose. Toutes les autres sont ou en vers , ou mêlées de vers et
de prose, et quelques-unes de grec et de latin. L'ordre chrono-
logique n'est point exactement gardé dans le rang qu'on leur
assigne.
p. M7-573. ' Les trois premières ne contiennent rien de bien intéressant.
L'une est adressée à Jule Ausone père de l'Auteur, pour lui don-
ner avis qu'il lui étoit né un fils, qui le faisoit grand-pere. Les
deux
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 305
deux autres sont écrites ù Ilespere fils d'Ausone, l'une de Tré- iv siècle.
ves où celui-ci se trouvoit encore, lorsque Maxime eut pris la
pourpre, et l'autre en une autre rencontre.
' La 4* avec les trois suivantes sont écrites de divers lieux à aih. op. p. ,',74-
un Theon Poëte, ancien ami d'Ausone. La première de ces •'"
quatre letres est particulièrement estimée pour l'érudition, les
railleries fines et le tour ingénieux qui y régnent. Ausone l'é-
crivit à la suite de l'armée de l'Empereur, lorsqu'il étoit déjà
chargé de l'instruction du jeune Gratien. La 5* et la 6* sont peu
de chose. La 7" est une vieille pièce qu'Ansone avoit compo-
sée dans sa jeunesse , et qu'il eut la complaisance de retoucher
sur la fin de sa vie. Ce n'est toutefois qu'un jeu de mots sur une
trentaine d'huitres dont un de ses amis lui avoit fait présent.
' Il y en a sept adressées à Axius Paulus Rhéteur et ami par- p. 598. -csq.
ticulier d'Ausone. Ce sont la 8^ et les six suivantes. Elles ne
sont presque ou que des exhortations pour ranimer les études
de ce Rhéteur , ou des billets d'invitation pour le presser d'al-
ler voir Ausone dans sa terre en Sainlonge, où il dit s'être re-
tiré afin d'être plus à portée de jouir de la compagnie de cet
ami. La 13' n'est composée que de deux vers grecs. Celle qui
précède et celle qui suit, sont partie en grec, partie en latin.
'La 15* n'est intéressante, qu'en ce qu'elle nous apprend p. can-ar,.
qu'il y avoit alors à Angoulême une école publique, à laquel-
le présidoit un Tétrade, fameux Poëte à qui cette letre est
adressée.
' ï^ 16* est en prose accompagnée de vers épodes ou petits p. cso-oss.
vers, et s'adresse à Sextus Petronius Probus Préfet du Prétoire.
Ausone l'écrivit, lorsqu'il étoit à la Cour, et l'envoïa à Sir-
mich , où Probe se trouvoit. C'est pour lui donner avis qu'il lui
adressoit les fables d'Esope de la traduction de Titien , avec
l'histoire de Cornélius Nepos pour l'instruction de ses enfans.
'La 17' toute en prose, s'adresse à Symmaque, et fait la p- cw-ch 1 sym
26* de celles de son premier livre. Ellle contient un éloge pom- ' ' '^^' "'
peux de l'éloquence de cet Orateur. Ausone la lui écrivit pour
s'excuser de lui composer l'ouvrage qu'il lui avoit demandé
pour son instruction. On y voit divers traits de l'union un peu
trop grande d'Ausone avec ce Païen, quoiqu'ils fu.ssent d'un
âge bien difl'erentl'un de l'autre. Cette letre en supose d'aulres
du même Auteur à Symmaque. ' Nous en avons encore trente sym. ib. p. 7-37.
de celui-ci à Ausone. qui sans doute ne lui en aura pas moins
écrit.
Totiie I. Soc. Part. Q q
30G AUSONE,
IV SIECLE. " Quoique la plus grande partie de la 1 S" letre ne soit qu'un
• AïK. il., p. (jii. F" ^^ ïï*ots pour exprimer le nombre de douze , cette letre ne
''*» laisse pas d'avoir son mérite. Elle est on vers élegiaques, et
nous fait connoître deux grands hommes qui professoient les
belles letres à Trêves du tems qu'Ausone exerçoit la charge
de Questeur,
p. fi.%o-c!>8. ' Les sept dernières letres d'Ausone, c'est-à-dire la 19* avec
les suivantes, sont toutes écrites à S. Paulin, les unes avnnt,
les autres après sa retraite. Dans la 19' Ausone fait l'éloge du
Poëme que Paulin avoit composé en mettant en abrégé les trois
livres de Suétone sur les Rois, et qu'il avoit envoie à Ausone.
La 20" est peu de chose. L'Auteur y loue encore en peu de
vers le talent qu'avoit Paulin pour la poésie. La 21* mêlée de
prose et de vers, est pour remercier Paulin do quelques pré-
sens qu'il avoit envoies à Ausone. Il y est aussi parlé d'un opns-
cule que Paulin lui avoit adressé pour le retoucher. Paulin fai-
soit sa demeure dans sa terre d'Hebromage , lorsqu'il reçut
cette letre et la suivante, qui est la 22'". Ausone lui écrivit
celle-ci en faveur d'un certain Philon qui avoit été son fer-
mier ou son homme d'affaires pour sa terre de Lucaniac. Les
vers qui font la seconde partie de cette letre , y sont rapportés
avecquelques lacunes qui en supposent d'autres perdus. Ausone
dit qu'il ajouta ces vers comme un caractère qui discernoit ses
letres de celles des autres, et sans lequel Paulin auroit pu ne
pas les reconnoîlre.
Nous avons déjà assez amplement parlé ailleurs des trois
p. 67.v6!)8. dernières letres, la 23% 24* et 25*. ' Elles sont pour se plain-
dre du silence opiniâtre de Paulin qui étoit alors dans sa re-
traite de Barcelone, /out ocupé des exercices de la pieté Chré-
tienne. Elles en suposent au moins une autre sur le même su-
jet , mais qui est perdue. Ausone dans ces trois letres emploie
tous les traits de la tendresse d'un ami et tous les reproches d'un
maître offensé, ou pour rapeller Paulin dans son pais , ou
Paul. car. 10. 11. pour lui faire reprendre l'exercice de la poésie. ' S. Paulin ré-*
pondit enfin à toutes les importunités d'Ausone par deux poè-
mes qui font le 10* et H* entre ceux qui nous restent de lui.
Ans. con». p. 599- 13».' L'action de grâces, ou le Panégyrique de Gratien,
f)our remercier cet Empereur d'avoir élevé Ausone au Consu-
al, fut prononcé h Trêves dans les Gaules, à la fin de l'an 379,
lorsqu'Ausone sortoit de celte dignité. La pièce est en prose ;
et l'Auteur semble l'avoir divisée en deux parties. 11 emploie
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 307
la première ;i relever la magnificence de Gratien, sa libéralité, i v siècle.
son inclination à obliger : ce qu'Ausone fait particulièrement '
tomber sur le Consulat qu'il avoit reçu de ce Prince, et les au-
tres honneurs dont il l'avoit gratifié lui et plusieurs personnes
de sa famille. L'autre partie est emploies à louer les autres
grandes qualités d<î Gralien. Ausone parmi toutes ses louan-
ges n'a pas laissé d'insérer plusieurs faits importans pour l'hi-
stoire de ce IV siècle, et en particulier pour celle de cet Em-
pereur. On ne peut nier que ce panégyrique ne contienne de
grandes beautés. On y trouve du feu, de l'élévation, de l'or-
dre, de la justesse dans les pensées, du choix dans les figures ;
et malgré l'art on y sent régner un certain naturel, qui montre
que c'est autant le cœur qui y parle que l'esprit. Mais avec
toutes ces beautés, la pièce pour le style se sent un peu du gé-
nie de .son siècle.
On i'a détachée des autres écrits d'Ausone pour la placer h
la suite des discours des autres Panégyristes de l'Empire. On
la trouve dans presque toutes les éditions que nous en avons
marquées à l'article de Claude Mamertin, si l'on en excepte
colle qu'en a publiée le P. de la Baune. ' Il y en a même une nii'- Baib. 1. 1. 1>.
édition particulière faite à Maïence l'an 1617, eu un volume
in-A\
14°. ' Nous avons encore d'Ausone des sommaires sur cha- aus. p. 137-772.
que livre de l'Iliade vt de l'Odyssée d'IIomere. Ausone y
explique d'abord en un ou deux vers, quelquefois davantage,
puis en prose le sujet dont traite chaque livre. Il a mis à la tê-
te une [)elite préface en prose pour rendre compte de son des-
sein. Il sembleroit qu'il auroit fait cet écrit pour servir particu-
lièrement à la jeunesse qui étudie les belles letres. Voilà tout
ce qui nous reste aujourd'hui et des poésies et des autres écrits
d'Ausone.
Mais ce ne sont pas-là tous ceux qui étoient sortis de sa plume.
Outre grand nombre de letres qui se sont perdues, comme
nous l'avons montré, ' il avoit dressé des Fastes Consulaires, opi. p.91.
qui seroient sans doute un ouvrage très-intéressant, s'il nous
avoit été conservé. Ausone le commençoit à l'origine de Ro-
me, et l'avoit conduit au moins jusqu'à son Consulat. Nous
n'avons de ce grand ouvrage que l'épigramme par laquelle l'a-
dressant à Hespere son lils, il le prioit de le continuer après
lui. L'on ne sait point s'il l'exécuta, ni si l'ouvrage étoit en
prose ou en vers. Voici les propres termes dans lesquels Au-
sone s'en explique. 0 <i ij
308 ÂUSONE,
IV SIECLE. Iguola uiterua; ne sint tibi tcmpora Roma;,
■ ■" "" Rogibus et patrum ducla sub impeiiis,
Digessi Fastos, et nomina peqielis œvi :
Sparsajacent Latiamsiqua pur historiam,
SU tuus hic fructus; Vigilatas accipe noctes :
Obscquitur studio nostra lucerna tuo.
Tu quoque venturos pcr longum conserc Janos,
Ut mea congessit pagina prajtcritos.
Ëxemptum jam Patris habes; ut protinus et tu
Aggregct Ausoniis purpura Consulibus.
Au». cun». 1». 7U3. ' Kn qualité de Questeur de l'Empire, charge qu'Ausone
exerça plusieurs années sous Valentinien et Gratien son fils,
il avoit le soin de dresser les loix et les déclarations que le
Prince publioit pour le règlement de l'Eglise et de l'Etat. De
sorte qu'il faut regarder comme l'ouvrage d'Ausone la plupart
Siui. I. I. cp. 17. de celles qui parurent sous ces deux Empereurs. ' Symmaque
ami d'Ausone parle avec complaisance d'une de ses déclara-
tions, que Gratien avoit envoïée à Rome , et qui avoit fait
beaucoup de plaisir au Sénat. Les termes dont il se sert font
bien voir qu'il savoit que c'étoit son ami qui l'avoit dressée.
Ans. e.i>i. 10. p. ' Si Ausone a exécuté le projet qu'il avoit formé d'emploïer
4i7-»33. gjj Muse à faire l'éloge du Rhein, des Belges, et ceux de tous
les grands Hommes de son pais, comme il se le proposoit en
composant sa Moselle, il faut compter encore ces écrits entre
les ouvrages de ce Poète que nous avons perdus. Car il ne
nous paroît point, ainsi que nous l'avons déjà observé qu'il ait
pleinement satisfait à sa promesse à l'égard du second de ces
trois écrits, parce qu'il nous a laissé sur ses parens et les Pro-
«p. 10. p. C.31. fesseurs de Bourdeaux. ' De même il avoit promis à Sexlus Pe-
Ironius Probus Préfet du Prétoire d'écrire un jour l'histoire de
sa vie, comme Chœrilus avoit écrit celle d'Alexandre le
grand. Si Ausone l'a fait, c'est encore un ouvrage dont nous
sommes privés.
Fab. bib. lai. app ' Quclques Ecrivaius lui atribuent aussi les Distiques qui por*
•*■ "■ lent le nom du Caton. Mais d'autres observent que ce recueil
est l'ouvrage d'un Païen, et qu'Ausone n'en peut être l'Auteur.
Au reste on fait porter à ces Distiques le nom de Caton, plu-
tôt à cause du sujet dont ils traitent qu'à cause de l'Auteur,
dont on ignore le nom comme le tems auquel il a vécu. De
sorte qu'on n'a pas plus de preuves pour le donner à Ausone
qu'à tout autre Ecrivain.
IV SIECLE.
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 309
S-n.
SON GENIE, SON ERUDITION, SA MANIERE D'ECRIRE.
' Tout le monde convient qu'Ausone avoit l'esprit aisé, sub- aus. pr i Entr. sur
til, agréable, enjoué. Quelques-uns jugent même que son gé- m. m i Vay. l'.
nie aproche de celui d'Anacreon. Il paroît à quelques autres |^ug*V. 'i^ pÎ'to'"'
tant de génie, de délicatesse et d'autres beautés dans plusieurs
de ses écrite-, que l'on croit lui devoir rendre cette justice,
que s'il eût vécu du tems d'Auguste, il ne seroit pas demeuré
au-dessous de ces célèbres Auteurs, qui acquirent tant de ré-
putation quatre à cinq cens ans avant qu'il se montrât sur le
Parnasse.
Ce que la nature avoit donné de talens à Ausone pour la poé-
sie, il le sut cultiver par une profonde érudition. Trente ans
3u'il emploïa à professer publiquement les belles letres à Bour-
eaux, et plusieurs années qu'il passa encore depuis à instruire
en particulier le jeune Empereur Gratien, lui fournirent l'o-
casion et les moïens de se perfectionner dans la connoissance
de la belle antiquité. Aussi voit-on par ce gui nous reste de
ses ouvrages, qu'il possedoit presque tous les meilleurs Au-
teurs Grecs et Romains. ' On y trouve répandues avec art les Aus. pr.
plus belles expressions de Lucille, de Plante, deTerence, de
Lucrèce, de Varron, de Ciccron , d'Horace , de Virgile et
autres. ' C'est sur cela sans doute que l'Empereur Theodose vin. in auj. ç. i.
ne faisoit pas moins de cas de l'érudition d'Ausone, que de son
génie, ' et que S. Sidoine le regardoit comme un très-grand su. i. i. ep. ii.
Poëte. ' ScaJiger le père, qui étoit si bien capable d'en juger, aus. si».
convient au moins qu'il étoit le plus- savant de tous ceux qui
avoient paru depuis l'Empereur Domitien.
Après tant de belles qualités, et acquises et naturelles, réu-
nies en la personne d'Ausone, on seroit en droit de ne rien
atendre de lui que de parfait et d'achevé. Mais on est bien
éloigné de compte. Et pour mieux faire sentir combien l'on se
tromperoit, si l'on étoit dans cette atente, il faut distinguer
deux choses dans ses écrits : les sujets qu'il a entrepris d'y trai-
ter, et la manière dont il les traite. L'un fera voir qu'il n'y a
le plus souvent dans ce Poëte ni goût, ni choix, ni discerne-
ment; l'autre, qu'il n'y a ni douceur ni politesse dens la plupart
de ses poésies ; et l'un et l'aulre qu'il s'y trouve autant d'inéga-
lité que de négligence.
2 1
310 • AUSONE,
IV SIECLE. Pour les sujets «ju'Ausone a entrepris de traiter, la plus
grande partie ne valoit pas même la peine qu'il y pensât. Il
n'y a qu'à voir ses épigrarnmes et son Technopœgnion en par-
ticulier pour en convenir. On y trouve des sujets si puériles,
qu'un commençant voudroit à peine s'en servir pour Ifîs pre-
miers essais de sa Muse. Et s'il lui étoit permis ae choisir, on
peut assurer qu'il feroitvoir plus de goût dans son choix qu'Au-
sone n'en a montré dans le sien.
Outre ces sujets qui ne méritoicfnt point d'ocuper la Muse
d'un Poêle de quelipie réputation, il s'y en rencontre encore
d'autres, comme nous l'avons déjà remarqué, qui sont tout-
à-fait indignes d'un homme d'honiii;ur. Tels sont plusieurs épi-
grammes d'Ausouj; et son Cejito nuptialis. La licence qu'il
s'est donnée d'y faire entrer tout ce nue l'imagination la plus
déréglée peut représenter de plus sale et de plus malhonnête,
lui a atiré la juste indignation de tous les sages Ecrivains qui
Aus. pr. ont parlé de lui. ' Quelques-uns en ont ét<' si frapés, qu'ils ont
Tiii. Enip. t. 5. p. même douté que FAuteur fût Chréti(în. ' D'autres qui n'en pou-
""■ voient douter, ont souhaité pour l'honneur du Christianisme
itar. an. 3!)i. ». qu'il nc l'cût jauiais été. ' Ceux-ci n'ont pas fait difficulté de
*"' dire, qu'il méritera toujours de passer plutôt poui- un Païen
itaii. jug. .les. s,i. que pour un Chrétien. ' iMilin ceux-là se sont plaints de ce que
poe. lai. p. 470. j^g sicclcs sui\'ans ont souffert que tant d'infamies soient ve-
nues jusqu'à nous.
Aus. ipi. !) I «iiy. ' Ausone j)ressentit hien lui-même de son vivant que la posté-
^■'•'"' rilé Chrétienne ne les lui passeroit pas impunément, et qu'u-
ne ocupalion aussi indigne d'un honnête homme pourroit pré-
judicier à sa réputation. C'est ce qui l'engagea à tâcher de se
justifier par avance sur cela. Il prie que l'on ne juge point de
ses mœur.s par ses vers, s'efforçant de persuader que si sa Mu-
se est un peu licentieuse, sa conduite n'en est pas moins régu-
lière.
Salv:i mihi vcluruin mancat duiu régula moruui,
l.udut peruiistis subria Musu jocis.
Mais de telles excuses ne peuvent gueres servir qu'à le ren-
dre plus coupable; puisqu'elles font voir qu'il savoit que d(;
telles productioiis étaient mauvaises, et qu'il ne lais.soit pas d.;
Ips publier.
Au reste iHui faut rendre justice en ce qu'il la mérite. Si pour
le malheur de sa réputation il a traité des sujets capables do fai-
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 311
ro rougir un honnête Païon, et s'il s'est amusé A plusieurs autres iv siècle.
li'op puériles, il a exercé sa Muse sur quel'|iies autres propres
à lui faire honneur, même en qualité de Chrélien et (lignes
d'un grand Poète. Tel est entre ceux-là son Ephemeride qui
pourroit porter pour titre, Exercice du Chrétien pour passer
chrétiennement la journée. Tel est son Idylle sur le jour de
PAque, où la foi e( la pieté parlent de concert. Tel est son jeu
des sept Sages, où il établit une morale très-pure. Tel est en-
tre les aufi^s sa Moselle, que les plus grands Critiques regardent
comme une excellente pièce de poésie, et qui passe pour le
chef-d'œuvre de son Auteur. Tel est encore son Exhortation
à l'étude pour son pelil-fds, où l'on découvre de grandes beau-
tés. Tels sont enfin les éloges des Professeurs de Bourdeaux et
ceux des personnes de sa famille. Voilà des sujets dignes d'ocu-
per la Muse d'un Poëte et même d'un Poëte Chrétien.
Autant qu'Ausone a fait paroltre peu de discernement dans
le choix des sujets qu'il a traités, autant il montre d'inatention
et de négligence à soutenir son style en les traitant. On juge
de ce qu'il étoit capable de faire par quHques-unes des pièces
aue nous venons d»! nommer, où l'on trouve de l'élégance,
e la politesse, de l'élévation. Il y en a encore quelques au-
tres qui aproelient du prix de celles-là. ' On ne peut rien voir,
par exemple, de plus beau, dit un Moderne, que son action
de grâces à l'Empereur Graticn .sur le sujet de son Consulat.
Pline le jeune lui auroit envié cet ouvrage. De même rien n'est
plus ingénieux que le .suplice de ('upidon aux champs Elyséens,
et que le suplice que lui fireni souffrir les Héroïnes qui avoient
toutes quelque sujet de se plaindre de lui. ' Scaliger trouve aus. pr.
aussi beaucoup de génie et de bonne poésie dans l'Idylle inti-
tulé Ctnj'phiis.
Si l'on se bornoit à faire tomber sur ces pièces d'Ausone les
grands éloges que Symmaque et ses autres partisans ont fait
de ses écrits, ' en disant; les uns, qu'ils sont comparables à sym. i. i.cp. h.
ceux de Virgile, qu'on y découvre la douceur et les agrémens ^'•
de ceux de Ciceron ; ' les autres, que tout ce qu'il y a dans juj. des sa. ib. p.
Ausone, est un fruit de la bonne latinité, que tout y est fort in-
génieux, bien choisi, bien travaillé : peut-être ces louanges,
quoiqu'un peu excessives, seroient-elles tolerables. Mais qu'il
s'en faut que toutes les pièces d'Ausone méritent de tels élo-
ges ! On vient de s'en convaincre par raport aux sujets dont
1 Di- 1.1 vraii^ ni faiissiî l)(>aiil<'' ili'S inivr.-ii.'es il^^sprit, par Mr. iln la Vultftrifi.
♦67 -479.
312 AUSONE,
IV SIECLE, elles trailent ; on va voir la même chose par raport au style qui
y est emploie.
Quand les meilleurs critiques ne conviendroient pas de la
dureté, du style d'Ausone, il n'y auroil qu'à lire la plupart de
Aus. pr. ses écrits pour n'en pas douter. ' A cette dureté de style il y a
joint une négligence que Scaliger ne lui peut pardonner, |)ar-
ce qu'il étoit capable ae mieux faire. Kn effet, ajoute cet ha-
bile connoisseur, il a as.sez bien réussi dans quelques-unes de
ses pièces ; mais il fait voir en d'autres un Auteur tout-à-fait né-
gligent. De même, il y a de ses ïambes assez bien commencés
et d'une assez grande pureté, mais dont la fin est très-mauvaise
et rampante jusques dans la pous.siere, faute d'être soutenus,
revus et corrigés.
Entr. ib. D'aillcurs quoi de plus ridicule pour un Poëte, ' qui avoit
de si beaux talens, que de s'amuser à des poésies gênées et con-
traintes ! En décrivant le printems, par exemple, il s'amuse à
des puérilités, affectant de terminer tous ses vers par un mo-
nosyllabe, comme si la matière n'eût pas eu de quoi exercer
plus noblement sa Muse. 11 en faut dire autant de ses autres pie-
ces de même genre, dans quelques-unes desquelles il y a une
double affectation ; les vers y commençant et finissant par un
mono.syllabe. De sorte que pour ramasser en deux mois les di-
vers jugemens que l'on porte des écrits d'Ausone, on peut dire
que comme il y a du bien et du mal pour les choses, il s'y trou-
ve aussi du bon et du mauvais pour la manière de les traiter.
Arcii. ib. I Bay. ib. C'est cc qui coustatc ' l'extrême inégalité que l'on reconnoît
dans les ouvrages de ce Poëte. 11 est vrai que ceux qui veulent
le traiter avec indulgence, rejetent plutôt cette inégalité sur
des défauts étrangers, que sur celui de son esprit et de son gé-
nie. Ils prétendent qu elle vient et du défaut de son siècle, et
des dispositions oii ce Poëte pouvoit se trouver à mesure qu'il
travailloit. Que dans ces momens ou de pesanteur ou de dissi-
pation, il lui a pu échaper quelques-unes de ces constructions
vicieuses , et quelques termes peu propres au sujet qu'il trai-
toit. Que ses Muses étoient peut-être un peu trop journalières.
Que l'on a pu insérer dans ses poésies des pièces qu'il n'avoil
fait qu'ébaucher. Que des rai.sons particulières l'ont pu obliger
à laisser courir des vers qu'il n'avoit pas eu le tems de polir.
S-
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 313
§. IV. IV SIECLE
EDITIONS DE SES ŒUVRES.
On a pu remarquer par divers traits de l'histoire d'Ausone et
du sort qu'ont eu ses écrits, qu'il en avoit publié lui-même de
son vivant différentes éditions, les unes moins les autres plus
complettes. Les copies qui s'en sont faites dans la suite, auront
été aussi différentes gue les originaux, sur lesquels on les avoit
tirées. C'est rette différence de manuscrits, qui est cause que
les premières éditions des oeuvres de ce Poëte, qui ont paru
depuis l'origine de l'imprimerie , sont ihcomplettes , parce
qu'on est tombé d'abord sur des exemplaires qui ne conte-
noient qu'une partie de ses écrits. De sorte que plusieurs de
ses opuscules et même des plus considérables ne virent le jour
qu'après les quatorze à qumze premières éditions de cet Au-
teur.
' La première édition des écrits d'Ausone réunis ensemble, J"a''- wb. lai. p.
que l'on sache être sortie des presses de quelque Imprimeur, est
celle qui fut faite à Milan en l'année 1490. On ne marque pas
la qualité du volume, ' non plus que de celle qui parut à Par- Bib. Vaiikei.
me par les soins de Thadée Ugoletti en 1499. On lit à la fin
de celle-ci que l'on y a ajouté les épigrammes d'Ausone tels
qu'on disoit qu'ils étoient sortis de la bibliothèque de George
Alexandre, aparemment sur l'édition qu'on en avoit publiée à
Venise dès 1496, ou même 1472, ou 1494. Nous ne rapel-
lons point ici cette édition, non plus que les autres qui se sont
faites de divers Ofiuscules d'Ausone séparément de ses autres
ouvrages. On se souvient sans doute que nous les avons mar-
quées à l'article de chacun de ces opuscules. ' Tout ce que l'on ^«s F- djss. p. 33.
en avoit déterré jusqu'alors se trouve imprimé à Venise chez
Jean Tacuini, en 1507, par les soins de Jérôme Avantius,
doi)t on loue beaucoup le travail.
' En 1513 Jérôme Alexandre aïant préparé une nouvelle édi- ■•• S' vin. Ccn.
tion des écrits d'Ausone, la publia à Paris chez Josse Bade en
un volume in-A". Cet éditeur y joignit l'Idylle des roses, qui
jusques-là avoit été atribué à Virgile, et imprimé avec ses au-
tres poésies. Alexandre ne donna point alors de commentaire
sur le texte, et se contenta seulement de le promettre. On ne
voit point qu'il ait satisfait à sa promesse ; ' quoique le même ■■■^- ^"'p- ''''•
Imprimeur renouvellàt son édition en 1517. ' La même année ...Baib.t.i.p.os.
en vit paroître encore une autre in-i". comme les deux précé- "'
J'orne I. Sec Part R r
2 1 *
314 AUSONE,
iv SIECLE, dentés. Celle-ci fut faite à Venise. On no dit pa» le nom de
~ — '~^j. l'Imprimeur. ' Dès 1515 Richard Crocus de son côté avoit
aussi donné les œuvres d'Ausone. Elles furent imprimées en
ntiême volume à Leipsik chez Val Schurtian.
uib. Cas. ucu. ' Ellcs furcot remiscs sous la presse en un volume m-8". à
Basie chez Valentiïi Curion l'an 1523. On y fit quelques cor -
rtections aux Sommaires d'Ausone sur chaque livre de l'Iliade
S511. |wo. chr. et de l'Odyssée d'IIomere. ' A Rome l'année suivante 1524
en parut line nouvelle édition in-folio, avec les notes de Ma-
Kii.. Cas. ««11. rie-Ange Accursius. ' Il y en eut une autre moins considéra-
...I!. M. .le Ebro. blc à Lyon chez Sebastien Gryphe l'an 1537 m-8». ' Mais trois
ans après en 1540 le même Imprimeur en donna une qui
étoit plus complette qu'aucune autre qui eût encore paru. Cet-
te édition qui est m-8° contient une partie du Technopœqnion
qui n'avoit point encore vu le jour, et le traité des villes cé-
lèbres un peu plus correct. U est vrai que ce dernier opuscu-
le se trouvant encore défectueux, et Elie Vinet en aïant re-
couvré un manuscrit plus fidèle, le fit ensuite réimprimer sé-
parément, comme nous l'avons dit en son lieu,
itay. a. p. 4»t. | ' Ou vit cucorc les œuvres d'Ausone sortir des presses du
Arci.. i. ± 1). «I. jjj^jjjg Imprimeur en 1549. Ce fut de Ducheri qui prit soin de
i!ii.. I). .lu Loich. cette édition. ' Deux ans après en 1551 parut à Paris chez Ja-
ques Kerver en un volume iw-lG, par les soins de Jaques Gou-
pyl, celle qu'EIiiî Vinet avoit préparée. Celte édition, com-
me presque toutes les précédentes, donne encore à Ausoiie le
surnom de Pœonius ; vX quelques-unes y ajoutent même le titre
de Médecin, en le confondant ainsi avec Jule Ausone son
père.
Da). il» I Aïoii. iij. ' Encore à Lyon en 1557 Jean de Tournes mit au jour en
un volume m-S". une autre édition d'Ausone. Le public est
redevable de celle-ci à Louis le Mire; et les Critiqués en font
beaucoup de cas. (Icpendant il s'en faut de beaucoup qu'elle
soit aussi ample ' que celle que le même Imprimeur donna l'an-
née suivante 1558 <-n même volume. Ce fut Etienne Charpin
Chanoine de l'Eglise de Lyon, qui prit le soin de la préparer
sur un manuscrit de l'abbaïe de l'Isle-Barbe le plus complet que
l'on eût encore pu recouvrer. Au moïen de ce monument l'é-
dition se trouva augmentée d'un poëme au Lecteur, des Parcit-
talia, des éloges dis Professeurs de Rourdeaux, des épilaphes
des Héros, de l'Eclogarium et de quelques autres petits poè-
mes, de quelques letres. L'Editeur y ajouta aussi le poëme de
liil). s. Soru'.AiiJ.
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 315
Sulpicia Proba. Ce fut par les soins de Guillaume do la Barge iv sieci.e.
Chanoine de la même Eglise, que cette édition vit le jour.
' En 1507 les œuvres d'Ausone parurent de nouveau à An- Pab. ii..
vers, ' où elles furent réimprimées l'année suivante, l'une et Bib. aurpi.
l'autre fois en un volume m-10, et avec les notes de Théodo-
re Pulman. Comme nous n'avons pu voir ces éditions par nous-
mêmes, nous ne saurions dire si elles furent faites ou sur celle
de Charpin, qui étoit alors la plus complette, ainsi qu'on le vient
de voir, ou sur quelque nouveau n^anuscrit.
Elie Vinet, qui dès 1551 avoit publié une édition fort im-
parfaite de nôtre Poëte, aïant fait de nouvelles découvertes à
ce sujet, et profitant de celles des autres, en prépara une nou-
velle édition qui l'emporta sur toutes les autres et pour la fi-
délité du texte et pour le savant commentaire dont il l'énrichit.
' Cette édition parut d'abord à Bourdeaux m-4'*. l'an 1570, Bib. coih. p. «ni
puis en trois endroits différens tout à la fois et la même année, 2'''|Ba''y'.ibYAn-b.
qui étoit 1575; mais sans le commentaire de Vinet et seule- 'i> i Bit. Miss. cen.
ment avec les leçons de Joseph Scaliger : h. Bourdeaux chez
Simon Millange en un volume in-A". à Lyon chez Antoine
Gryphe tn-H°. et à Genève chez Jaques Stoër en un gros volu-
me m-16.
' Vinet y aïant ensuite joint son commentaire, et divers an- Kb. Waj. m.,n
ciens monumens qui peuvent s n-vir à éclaircir le texte de son
Auteur, comme les lotres de Symrnaque et les poëmes de S.
Paulin à Ausone, cette édition reparut comme toute nouvelle,
d'abord à Bourdeaux chez le même Imprimeur et en même
volume l'an 1580, ' et depuis en 1588 à Genève chez Stoër Boid.bib. bisi. p.
m-16, " et à Heidelberg chez Commelin m-8''. *• Le Catalogue /pab. ib.
de la bibliothèque de M. le Cardinal Barberin en marque une a-J*'^ .*"''"''■ ' '''
édition faite à Bourdeaux dès 1546 en un volume m-4°. avec
les notes de Vinet et de Scaliger. Mais il y a toute aparence
que la date est infidèle.
'Après que celle édition eut été ainsi multipliée, Simon .s. vm. dn
Millange Imprimeur à Bourdeaux, sur divers avis de Savans
qui ne jugeoient pas que toutes les observations dont on avoit
jusques-!à acompagné le texte d'Ausone, fussent suffisantes, re-
cueillit tout ce que les plus habiles Critiques avoient fait à ce
sujet, et le joignit au texte original. Il remit de la sorte Au-
sone sous la presse l'an 1590 en un volume m-4". où l'on trou-
ve et le commentaire de Vinet et les remarques d'Adrien Tur-
nebe, de du Jun, de Juste Lipse, de Guillaume Canter, de
R r ij
3i0 AUSONE,
IV SIECLE. Scaliger, et à la fin la chronique de Gabriel de Lurbe. ' L'a-
*r~Ançcri s" ^^^^^ '1^® ^^^ '® public à Ausone si bien cclairci, porta Millan-
Ài)'i). Ami. ge à le réimprimer encore en même volume les années 1 598 et
1604..
syii. poc.ciir I itib. ' Jaques Stoër de son côté en fit de même à Genève, où il
An-'d' I ^"^ 'Lug- en multiplia les éditions jusqu'à cinq différentes fois en moins
Baf. ib I ... s.jui. (Je 18 ans : les années 1591, 1595, 1596, 1598 et 1608. Tou-
tes ces éditions sont en un volume in-ld, excepté celle de 1598
Bib. D. Fior. qui cst m-12". Celle-ci fut revûë en partie par Isaac Vossius. Il
y a aparence que celle qui parut à Lyon l'an 1625 en un volu-
me in-A". fut faite sur les dernières de Bourdeaux.
... D. (le Lorcii i ' Lcs Imprimeurs d'Amsterdam a l'envi des autres publie-
syii. poi-. cbi. j,gj^j g^ygg- |gg Qgnyj.gg d'Ausone, mais sans notes. On en trouve
trois éditions m-24 fort bien conditionnées, l'une de 1621 chez
(iuillaume Jansson, l'autre de 1629, et la 3" de 1631 chez
Bib. s. Vin. con. Guillaume Blaeu. ' Libert Imprimeur à Paris en donna encore
une sans notes m- 16 l'an 1629.
Après tant de différentes éditions Jaques Tollius entreprit
d'en publier une nouvelle encore plus correcte el plus métho-
dique que toutes les autres. A cet effet il mit les divers opuscu-
les d'Ausone dans un nouvel ordre, tel que nous l'avons suivi,
lorsque nous en avons fait le dénombrement, et corrigea le
texte, non sur les manuscrits, comme il le déclare lui-même,
mais seulement sur les observations des Critiques, Puis aïant
choisi entre tout'ce que l'on avoit écrit tant sur les ouvrages de
ce Poëte en général, que sur chaque opuscule en particulier,
ce qu'il y a de plus propre à en éclaircir les difficultés, il l'a
apliqué aux endroits qui en avoient besoin. Ce choix supose du
discernement et du travail pour abréger ainsi une matière aussi
ample. Mais sans prétendre rien diminuer du mérite de l'un et
de l'autre, on peut dire que l'on n'a pas encore assez abrégé la
plupart de ces notes. L'Editeur a encore eu soin d'ajouter à la
fin de l'ouvrage d'autres plus courtes notes pour augmenter,
expliquer ou corriger ce qu'il avance dans les autres, ou même
quelquefois pour expliquer le texte original. Ces additions et
corrections sont suivies des éloges historiques d'Ausone compo-
sés par Scaliger, Vinet, Crinitus et le Gyraldi. Après quoi vien-
nent les diverses tables toujours utiles dans les ouvrages de
longue haleine. On ne sait pourquoi Tollius a omis la letre de
l'Empereur Theodose à nôtre Poëte. S'il ne la jugeoit pas di-
gne de paroître à la tête du recueil de ses poésies, comme elle
RHETEUR, ORATEUR ET POETE. 317
fait dans plusieurs autres éditions, elle mériloit bien do n'être iv siècle.
pas au moins entièrement oubliée.
Celte édition de Tollius ainsi préparée vit le jour pour la ■
première fois en \ 669 , comme le marque l'Editeur à la tête
de l'avertissement de la suivante. ' Elle parut depuis pour la se- bmi. s. vin. du.
conde fois en un gros volume in-ii°, à Amsterdam chez Jean
Blaeu, l'an 1671, 'et pour la troisième fois après avoir été re- nii.. Lug. Uii. iii.
touchée par l'Editeur, au même endroit l'an 1680 m-l2°.
Mais de toutes ces éditions d'Ausone aucune n'aproche que
de loin de la dernière qu'on a publiée en 1730 , sur le modèle
de celles des Auteurs de la belle latinité à l'usage de Monsei-
gneur la grand Dauphin. Le public en est redevable à M. Sou-
chay de l'Académie des Inscriptions et belles letres, qui l'a por-
tée à sa perfection. 'M. l'Abbé Fleuri Chanoine de Chartres, Aus.Fr.pr. p. 3.4.
après nous avoir donné Apulée, s'étoit encore chargé d'Auso-
ne. 11 avoit déjà beaucoup avancé l'ouvrage, et même com-
mencé à le faire imprimer , lorsqu'il se vit comme obligé de
l'abandonner par la faute des Libraires. Après sa mort , M. Sou-
chay a bien voulu reprendre son travail , et y mètre la dernière
main. 'Il n'a pu revoir le texte sur les manuscrits, à cause de p. .i.
leur rareté ; mais il a aporté tous ses soins pour le corriger sur les
meilleurs imprimés. Il a suivi dans celte édition lemême ordre
que Tollius dans la sienne, par raportaux écrits d'Ausone. Seu-
lement il a renvoie à la fin les trois petites préfaces que cet au-
tre Editeur avoit placées à la têto. De même il a détaché du
corps de l'ouvrage ce qu'il y a de plus obscène , et l'a placé à la
fin comme dans une espèce d'appendice , afin que ceux qui
voudront lire Ausone, puissent le faire, sans que leur pudeur
en soit blessée. Cette édition diffère encore des précédentes , en
ce qu'elle est enrichie d'une interprétation perpétuelle sur le
texte, et d'une table très-ample qui doit avoir coûté beaucoup
de travail. D'ailleurs, les notes en sont plus châtiées , et par
conséquent plus claires et plus utiles.
M. Souchayamisà la tête une petite préface pour rendre
compte de son travail et de celui de M. l'Abbé Fleuri. Cette
préface est suivie d'une savante dissertation sur la vie et les écrits
d'Ausone et les principales éditions qu'on en a faites. Après
quoi viennent les letres des Anciens écrites à ce Poëte , entre
lesquelles M. Souchay n'a pas oublié celle de l'Empereur
Theodose. On trouve ensuite les divers témoignages que les
Anciens et les Modernes ont rendus à la mémoire de nôtre
318 PAUL,
IV SIECLE. Poêle. Tout à la fin sont placées en une espèce d'appendice,
d'excellenlcs remarques tant historiques que critiques de la fa-
Pii). s. Vin. en. çoiî du dernier Editeur. 'Celle rdilion ainsi ornée et enrichii;
est sortie en un gros volume in-A". des presses de Jaques (Juc-
rin, Imprimeur à Paris, qui montre par là qu'il peut taire hon-
neur au bel art de l'Imprimerie.
Poi'. lai. cor. p. 'Outre toutes ces éditions particulières d'Ausone, ses poë-
po6*"i'!"i^ i..*;w7-i' sies se trouvent encon; dans les divers recueils des anciens Poë-
^"*- tes latins. (XVIII.)
PAUL,
Rhetkur kt Poète.
.vus.op. ii.p.6i6. ' A Xiqs Paulus étoit du pais de Bigorre dans l'ancienne
pp. 9. p. 601 1 cjy. xV Aquitaine troisième , pas loin des monts Pyrénées. 11
1.1. p. ;ioi. ç^^ ggg études avec le Poëte Ausone , soit à lîourdeaux soit;\
Toulouse ; et l'étroite amitié qu'ils lièrent dès-lors ensimble ,
.p. 10-is. dura toute leur vie. ' Paul s'apliqua particulièrement à l'élo-
quence et la poétique, et ne négligea pas la langue gréquc. Il
fit de si grands progrès dans ces divers genres d'étude, qu'il
semble que le grec lui fût aussi familier que le latin, et qu'il
devint un homme éloquent, et sur-tout un des premiers Poë-
p. 008. tes de son siècle. 'C'est ce qui fait dire de lui à Ausone.
l'auk', Cyinœnaruin ccichi'iiirm' Castalinruin
Aluiiiiic quonilaiii, iiuiic patur.
«p. M. p. 61 '. 'Ses études finies, Axius Paulus se mit à hanter le barreau,
«p. 8. p. .W8. coo. et y plaida quelque teins. 11 quita ensuite cet emploi pour
prendre une chaire de rhétorique. On ignore précisément l'en-
droit où il professa ainsi l'éloquence ; et dans tout ce qu'Ausone
nous raf)orte de ce llhéteur, on ne trouve rien pour le déter-
-p. 10. p. 610. niiner, ' D'abord on pourroit croire que c'étoil a Bourdeaux ,.
où on le voit quelquefois paroître ; et l'on n(; sauroit tirer une
preuve du coniraire, de ce qu'Ausone ne parle point de lui en-
tre les autres Professeurs de cette ville. La raison en est qu'Au-
sone déclare positivement ne doimer les éloges que de ceux qui
éloient morts, et qu'Axius Paulus vivoit encore, lorsqu'il les
composa. Mais cette o[)inion ne se peut soutenir, lorsque l'on
«p. 8. u. p. :m. fait alention ' qu'Ausone retiré de la Cour dans sa terre de Lu-
RIlRTEUn ET POETE. 319
caniac sur la Garonne , écrit à son ami qu'il a quilé ce séjour iv siècle.
pour celui de la terre qu'il avoit en Saintonge, afin d'être plus
à portée de le voir et de jouir de sa compagnie. C'est ce que
naturellement Ausone n'auroit pas fait, si nôtre Rhéteur avoit
eu sa chaire à Bourdeaux , dont la terre de Lucaniac étoil in-
comparablement plus près que l'autre t(;rre d'Ausone en Sain-
tonge. De sorte qu'il y a bien de l'aparence que c'étoit à Sain-
tes même qu'enseignoit ce Professeur. Mais n'en aiant point de
preuves positives , nous n'osons pas l'assurer.
Quoiqu'il en soit, 'Ausone témoigne n'avoir point eu de .vus. cp. r. u.
|)lus grand plaisir à sa campagne , que d'y posséder ce Rhé-
teur, tant il trouvoit de charmes en ses ehtretiens. Nous avons
encore sept des letres que lui écrivit Ausone , dont quelques-
unes sont mêlées de grec et de latin , et qui toutes sont autant
ou d'exhortations à le venir voir , ou de reproches de ce qu'il
ne le faisoit pas assez souvent. 'Ce fut à sa sollicitation qU'An- cdyi. 7. p. xvj.
sone publia son 7'' Idylle, qu'il lui dédia par une espèce d'épi-
tre qui fait honneur au savoir de l*aul. Ausone parle ailleurs ep. 8. p. ooo.
des pièces d'éloquence qui sortoient de son école comme de
morceaux dignes de la curiosité des Savans.
' Nôtre Rhéteur toutefois ne donnoitpas tellement tout son 11. |cp. 10. p.(io;<.
tenis aux fonctions de son emploi , qu'il n'en réservât pour la '''''
composition. Il s'apliquoit particulièrement à la poésie, pour
laquelle il avoit un génie extraordinaire. Il faisoit des vers do
toutes les façons ; ' elce qu'il en publioit , étoit si achevé ettoû- «.lyi. 7. p. .«u.
jours si bien reçu, qu'il se trouvoit à couvert de la censure.
' Ausone en particulier étoitsi frapé de la beauté des poésies de ep. n. p.oixuu.
son ami , qu'elles lui firent suprimer, ou tout au moins différer
d'exposer au grand jour plusieurs de ses propres productions.
' Quoique Paul travaillât en tout genre d(î poésie, il paroît «p 10 11. h. p.
néanmoins que le genre dramatique l'ocupoit plus que tout au-
tre. Il s'exerçoit indifféremment au comique comme au tragi-
J|ue. Ausone fait mention d'une de ses comédies comme la plus
amouse, qui étoit intitulée Ifelirus, c'est-à-dire l'Exti'avagant.
Il .semble même que Paul présidoit en persoime aux représen-
tations de ces sortes de pièces, auxquelles la maison d'Ausone
servoit souvent de théâtre, etcju'il composoit aussi des airs pour
les entr'acles. ' Au moins Ausone releve-t'il à ce sujet son ha- p- •*»!*• «'3-
bileté dans la musique. Un homme de ce caractère étoit assez
digne ' de la dédicace qu'Ausone lui fit de son Cento nuptialis, «••>'■ <3. p. 499.
que nous avons déjà fait connoîtrc pour tout ce qu'il vaut.
320 GREGOIRE,
IV SIECLE. 'Axius Paulus éloil déjà vieux lors de ce fréquent commer-
• Aus. ep. n. p. ^^ *^^^ Ausone. S'il a survécu celui-ci , ce ne peut pas être de
•i^i- beaucoup. Au reste les siècles suivans ne nous ont rien conservé
des productions de sa Muse, quoiqu'il paroisse qu'elles fussent
fort répandues dès le vivant de ce Poète.
GREGOIRE,
Préfet des Gaules.
ON ignore quelle fut la patrie de ce Préfet. Mais person-
„_, ,. ne ne doute qu'il ne fût Gaulois de nation. Quelques
10. p. iu. Ecrivains sont allés même jusqu'à le faire fils du Poète Auso-
Aus. ca.i.G.p.32i. ne: ce qui est absolument faux. ' 11 est vrai qu'Ausone lui adres-
*"• sant son Idylle de Cupidon ataché à une croix , le qualifie son
fils parce qu'il avoit été son disciple , et qu'en celte qualité il
lui étoit tout dévoué,
sjm. 1.3. op. 18. 'Grégoire avoit reçu de la nature tous les dons du corps et
**• de l'esprit qui font les grands hommes. C'étoil un génie rare
qui faisoit l'admiration des beaux esprits de son tems. Il avoit
un talent particulier pour bien écrire. Tout ce qui sortoit de
sa plume étoit assaisonné du sel d'une sagesse que l'on ne pou-
voit assez loiier. Outre cet avantage qui en devoit faire le
principal mérite , on y voïoit briller la nouveauté des pensées
sous les termes de la savante antiquité. L'Orateur Symma-
que un de ses amis et un de ses plus grands admirateurs , étoit
si charmé de la beauté de son style , qu'il lui faisoit presque
continuellement des reproches , de ce qu'il ne lui écrivoit pas
op. i7-*i |i.8.cp. assez souvent. 'Nous avons encore sept letres de cet Orateur
'^' à Grégoire, qui en suposent beaucoup d'autres de l'un à l'au-
tre, et qui sont remplies de cette sorte de reproches.
1. 3. cp. 18. 'Symmaque dans une de ces letres fait mention d'un dis-
cours de la composition de son ami, qu'il insinue avoir reçu
Tiii. Einp. t. ,i. p. de grands aplaudissemens. 'On croit que c'est une déclaration
de Gratien que Grégoire avoit envoiée à Symmaque pour
être lûè dans le Sénat en 376. On juge par-là que Grégoire
étoit alors Questeur de l'Empire , aïant succédé à Ausone dans
cette charge, qui demandoit, comme l'on sait , un homme
sym. ibij. cp. 17- éloqucHt ct versé dans la connoissance des loix.' Il est au moins
^' certain , suivant ces mêmes letres , que Grégoire étoit emploie
dans
147.
&i
PREFET DES (.AULES. 321
dans lesaflaircs |)ul)li(|U('s; •' clil n'y a pas même lieu de don- ivsiecle.
ter, que ci; ne soit le inrine qui romplissoit la charge de Pré- ^-liii ibùi ij t^--
fet du Prétoire des Gaules et d'Espagne avec Probe en l'an-
née 3H3.
' Grégoire y fil paroîlre beaucoup de zèle pour la justice et Sui.hisi.i.'j.n.cs.
pour la vérité contre les Priscillianisles. Ithace persécuté par
ces hérétiques, et contraint de se réfugier dans les Gaules, eut
recours à nôtre Préfet, et lui raconta ce qui s'étoit passé en Es-
pagne au sujet de celle grande alfaire. Grégoire l'écoula favora-
blement, et donna aussi-tôt ordre qu'on lui amenât les auteurs
du trouble. Et afin que l'Empereur ne se laissât pas surprendre
par les ruses des hérétiques, il lui fit un raport fidèle de toutes
choses. Mais ses bonnes intentions furent frustrées, et sa dili-
gence inutile. L'avarice de quelques Courtisans, qui rendoient
toutes choses vénales, rompit toutes ses sages mesures. Aumoïen
d'une somme considérable comptée à Macédoine, un des pre-
miers Officiers du Paiaisdu Prince, les hérétiques obtinrent que
la connoissance de leur cause fût ôlée au Préfet et renvoïée au
Vicaire d'Espagne. G'étoit Marinien, qui gagné comme Macé-
doine favorisa les Priscillianisles de tout son pouvoir.
' Grégoire avoit au moins un fils, qui suivant la coutume de Sym. i. 7 ep. rt
la plupart de nos jeunes Gaulois de ces tems-là, étoit allé à
Rome, hanter le barreau. Nous avons une letre par laquelle
Symmaque qui étoit prié de veiller sur ses études, le recom-
mande à Messala ' homme habile dans lesletres, et depuis Pré- tui. iWii. p. -m.
fet d'Italie en 399. 'Symmaque dans cette letre parle de Gré- sym ii.i.i.
goire comme d'un homme du premier mérite, qui n'étoit
plus au monde. De sorte qu'il mourut quelques années avant
la fin de ce IV siècle. Il ne nous reste plus aujourd'hui aucun
monument ' de cette grande éloquence que Symmaque admi- 1. ■'«p. 2.!
roit si fort en lui, et qui lui faisoit dire en lui parlant à lui-
même, Oratione mirabilis es.
RUFIN,
MiNîSTRK d'Etat.
OUoique le Principal personnage que fit Rufin, fût sur
le théâtre des premières dignités de l'Empire, il ne
laissa pas de paroître avec distinction entre les beaux esprits et
Tome J. Sec. Part. S s
322 HUFIN,
IV siKCLK. les hommes de lelrcs do son tems. '' il ('lojt Gaulois do nation,
"T'. — "TT do l'aveu même des Ecrivains ('trancers, et faisoil sa deinouro
a Val. iiol. Gall. p. d • » • • • ■> n .••
187. 'J. | Till. Kmp. aKuseou Eause dans 1 ancienne Aqnitame troisième. Jl hîu-
77i'i^ym.L!3..!|.'. nissoit Cil sa pcrsonru! toutcs Ics qualiti'squl concourcnt h ren-
Fièch^hi.^ de^t!. dre un homme acompli. Parfaitement bel extérieur pour le
1. 4. p «3. corps, grande facilité à s'énoncer, délicatesse dans les bons
mots, politessedans les manières, élévation, vivacité, étendue
d'esprit : rien ne lui manquoit. Seulement il eut été à sou-
haiter, comme l'on verra par la suite, qu'il eût eu le cœur aussi
' bien placé qu'il avoit l'extérieur parfait et gracieux.
Sym. 1. 3.op.«i I ' Vers le Commencement de l'Empire de Tliéodose, Rufin
Tiu. ibid I Ficcii. qjjjjg ^^ patrie et alla à la Cour de Constantinoph- où regnoit ce
Prince. Comme il avoit l'esprit aussi souple et insinuant que
vif et élevé il eut bien-tôt gagné les bonnes grâces de l'Empereur.
De sorte (|ue Tliéodose croiaiit voir en lui beaucoup de candeur
et de probité, lui donna toute sa conliance, et l'éleva aux plus
Amb.ej). .-,2. n. 1 ! grauds liouneurs. ' Dès l'année 3î)U au plus tard il lui donna
2iÎ5''i Tiir: ihùLp: la charge de grand Maître du Palais ; et en 392 il le fit Consul
3t.%. .m. i2i. avec Arcade son fils pour Collègue. Pendant son Consulat il
h; revêtit encore de la dignité de Préfet du Prétoire; et deux
ans après allant faire la guerre au Tyran Eugène, il le laissa
auprès des jeunes Princes Arcade et Honorius maître absolu
de tout l'Orient. On voit même par le Comte Marcellin qu'il eut
aussi la dignilé de Patrice.
Tiii. ibid. p. 423 1 ' Ce fut pendant l'absence de Théodose que Rufin fit assem-
H. E. i. 9. p. Kta. j^j^j. j^,g pij^g illustres iwêqiiesd'Orient, pour faire la dédicace
d'une Eglise qu'il avoit fait bâUr avec un palais de son nom
/ auprès de Calcédoine, et recevoir le baptême h cette solennité.
Au sortir des fonts, les Evêques le mirent entre les mains du
S. Solitaire Ammofte, pour les conseils duquel Rufin eut tou-
jours dans la suite beaucoup de déférence et de respect. C'est-là
peut-être le plus ancien exemple que nous aïons de donner des
parains aux adultes.
Tant de dignités entassées les unes sur les autres, un si haut
degré de faveur auprès d'un Prince aussi éclairé et aussi juste
qu(! l'éloit Théodose, des actions aussi- éclatantes de pieté,
suposent dans Rufin un grand fonds de mérite et de religion.
Amb. ibi.i. ' L'estime qu'en faisoit S. Ambroise, qui le regardoit comme
m.'"423"'''428. "î son ami, et se réjoiiissoit de son élévation, en donne la même
w'i''6'^c''i**' idée. • Mais l'ambition et l'avarice ternirent horriblement tout
•W ' ''" ce qu'il y avoit de plus louable en ce Ministre. L'une en fi.
MINISTHK MET Aï. 323
un perfide, l'autre un tyran. 11 poussa celle-ci jusqu'à dépouil- iv siècle.
Icr les familles les plus opulentes et à piller toute la terre. On
rejeté même sur lui la cruauté que Théodose exerça à Thessa-
lonique. Il porta l'ambition jusqu'à prétendre doimer sa lille
en mariage à Arcade, et à faire entrer les Huns dans l'Empi-
re, afin de pouvoir devenir lui-même JMnpereur. Enfin sa mort
mit des bornes à l'une et à l'autre. Il périt misérablement le
S?"" de Novembre 305, dix mois après la mort de Théodose,
' par l'instigation du fameux Stilicon son cival irréconciliable, piùiosi. i. h. n. 3.
'Autant que iîufin fut élevé en honneur pendant sa vie, au- iiier. e^ .t-.. p.
tant sa mémoire fut déshonorée après sa mort. On porta com- |1?| 4!^' '"'*"' ''
me en triomphe sa tête par les rues de Constantinople ; et
après lui avoir coupé la main droite, on la fit courir de por-
te en porte comme pour mandier, et venger par cette déri-
sion les suites de son insatiable avarice. Le Poëte Claudien de
son côté pour faire plaisir à Stilicon son Héros et pour élever
sa gloire sur les débris de celle d(! Kufin, composa contre ce-
lui-ci une invective sanglante que nous avons encore.
' Symmaque ami de Ilufin et un de ses plus grands admira- sym. 1. :\. op. sa.
teurs, loue beaucoup son éloquence, la beauté de son style, "'' ** ^'
ses saillies d'esprit, ses railleries fines et ingénieuses. ' Il nous cp. si-oi 1 i.h. q..
niste encore douze letres de leur commerce mutuel. Elhis "
sont toutes de Symmaque et il n'en paroît aucune de Rufin,
non plus qu'aucun autre monument de son éloquence.
Seulement nous croions devoir lui donner' la fable de l'a- Kpi. ei pœ. voi. 1.
siphaé en vers d'autant de différentes mesures qu'il s'en trouve ^oiî'p^iw.' ''"'''''
dans les Poésies d'Horace. Ce qui nous fait juger que celte
pièce apartient plutôt à Hufin qu'à tout autre , c'est que dans
quelques exemplaires elle porte le nom de Rufin homme
Consulaire. On la trouve dans le recueil des épigrammes et
p:'tites poésies des Anciens, et à la fin de quelques éditions
de Pétrone. Cruquius, dit-on, fut le premier qui la publia, et
après lui Claude Binet et Jean Dousa ou de Doès.
S s ij
:\2i
IV SIECLE
ANONYME,
Homme de Letres.
LE défaut de titre à la tête de plusieurs letres de Symma-
que, est cause que nous ignorons le nom du Savant dont
nousentreprenons de parler ici. D'abord il pourroit venir en
pensée qu'il n'est autre que le Poëte Ausone, dont nous avons
déjà donné l'histoire. Il faut avouer que presque tous les traits
avec lesquels on nous le représente, sont forts ressemblans
avec plusieurs de ceux de la vie de ce Poëte. Mais il s'y trou-
ve néanmoins entre l'un et l'autre une différence, qui écarte
s>ii. I. -j. cip. h:;, la première pensée, et ne permet pas de les confondre. ' C'est
qu'il paroîtque nôtre Anonyme, etSymmaque qui nous aprend
ce que nous savons de lui, ne se conoissoientque de réputation
Ans. «11.17, p. oK. et par leurs écrits, sans s'être jamais vus. Au contraire 'Auso-
ne et Symmaque, avant que de se lier ensemble, s'étoient
connus personnellement à la Cour, celui-ci étant encore jeu-
ne, et l'autre déjà avancé en âge. Cela posé, il est clair que
nôtre Anonyme est différent d'Ausone, quelque ressemblance
qu'il paroisse d'ailleurs entre l'un et l'autre.
sym. ibiii. ' Il étoit Gaulois, né sur la Garonne, peut-être à Toulouse,
ou à Agen, ou même à Bourdeaux. Il avoit beaucoup cultivé
les belles letres, et s'y étoit acquis une si grande réputation,
qu'il fut choisi pour instruire un des fils de l'Empereur. Ce
n'étoit pas Gratien dont Ausone étoit déjà chargé, mais Va-
lentinien son frère puîné, qui fut élevé partie à Sirmich, par-
tie à Milan , où Justine sa mère avoit sa Cour : au lieu que
Gratien et Yalentinien son peretenoienl la leur à Trêves.
ii'iii ' La réputation de savoir oii étoit nôtre Anonyme, faisoit
désirer depuis longtems à Symmaque d'entrer en liaison avec
lui. Mais il fut retenu de le tenter parla crainte de passer pour
un homme qui auroit recherché la faveur d'une Cour où
l'Anonyme exerçoit un emploi qui l'y meltoit en grand cré-
dit. Celui -ci favorisa le désir de Symmaque en lui écrivant le
premier à l'ocasion de quelques-uns de ses ouvrages qui étoient
venusàsa connoissance. Symmaqne charmé de cette ouver-
ture, lui en marqua sa juste sensibilité par une letre que nous
avons encore. Il lui parle dans cette Ictre comme à un hom-
ANONYME, HOMME DE LETRES. 325
me d'un savoir éminent et d'une censure judicieuse dans les iv sieci-e.
ouvrages des autres , et le prie, s'il trouve quelque chose de
i^préhensible dans les siens, de lui en donner avis afin qu'il le
corrige.
' A cette ocasion Symmaque se déclare grand partisan de Sym. ibid.
l'éloquence Gauloise, comme en aïant été instruit par un Pro-
fesseur Gaulois de même pais que nôtre Anonyme. Ces traits
désignent assez clairement ou Tiberius Victor Minervius na-
tif de Bourdeaux , ou un des fils de Sedatus son compatriote ,
qui enseignoient l'un et l'autre l'éloquence à Rome après le
milieu de ce siècle , comme nous l'avons dit ailleurs. Sym-
maque passionné de pouvoir encore puiser dans la même sour-
ce , prie nôtre Anonyme d'en faire couler quelque ruisseau
jusqu'à lui , afin de continuer à arroser les heureux commen-
cemens qu'il y avoit déjà puisés. «Vous me le devez, lui
« ajoute Symmaque, puisque je suis en quelque sorte un élevé
« de vos écoles , aiant été instruit par un Maître qui en éioit
« sorti : Est mihicum ScholtsvestrisperDocioremJustacogna-
« tïo. Oui , j'avoue que tout ce que je sais, quoique ce soit peu
« de chose, j'en suis redevable à vôtre pais : Quidquid in me est,
« quod scio quam sit exiguum, cœlo tuo debeo. »
S. AMBROISE,
EvEQUE DE Mn.AN, DoCTEUft DE l'EgLISE ET CONFESSEUR.
S- I.
HISTOIRE DE SA VIE.
C
E seroit sortir de nôtre dessein , que d'entrer dans un dé-
tail entier de toutes les actions qui ont rendu S. Am-
broise un des plus saints et des plus grands Evoques de l'Egli-
se. Nous nous bornerons presque à celles qui regardent son
savoir et sa doctrine, et à ce qui concerne ses ouvrages.
'S. Ambroise étoit issu d'une des plus illustres familles de tui. h.e.i lo p
l'Empire Romain. On y comptoit des Consuls et des Préfets. J^^"^ ^^y^^ ,
Mais ce qui est encore plus glorieux pour lui , *il s'y trouvoit '• «• si). "
2 2
326 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. un(! Vierge qui avoit souffert le martyre pour J. C," et que
l'Elglise honore sous le nom de Ste Sotere.
Amb.'vit. n. 3. ' AmbroisB , père de nôtre S. Docteur, étoit Préfet du Pré-
toire des Gaules sons Constantin le jeune. Cette charge étoit
Tiii. ibid. 1). xo. alors très-considerable ; 'sa jurisdiclion s'étendant non-seule-
ment sur toutes les Gaules, mais encore sur la grande Breta-
gne, l'Espagne et la Mauritanie Tingitane. Le Préfet des Gau-
les en ce tems-là , comme les Empereurs d'Occident pen-
dant presque tout ce IV siècle, faisoit sa résidence ordinaire
p. 84. 749. à Trêves. Ce fut-là plutôt qu'à Lyon ou à Arles' que naquit
S. Ambroise vers lan 340. Il y fut élevé pendant tout le tems
Amb.ihid | cic.de quc son pcre y exorça la Préfecture. 'N'étant encore qu'au
div.i. 1. p. 483. [jerceau , on eut un présage de la douceur de son éloquence ,
le même qu'on avoii tu autrefois de celle du Philosophe Pla-
ton. Un essain d'abeilles vint se poser sur son visage , lorsqu'il
dormoit la bouche ouverte. C<* Mouch(;s après y être entrées et
sorties sans lui faire de mal , s'envolèrent si haut dans l'air
qu^on les perdit entièrement de vûë.
Amb. ibid. n. 1. ' Après la mort de son pore le jeune Ambroise demeura à
Rome en la compagni»! de sa mère, de Ste Marcelline sa sœur
Bar. vii.Amb.i..3. aînée et d'uue aulrc Vierge qui vivoit avec elle. 'L'éducation
qu'il recul en une si .sainte; compagnie, servit beaucoup à le pré-
server des désordres qui regnoient alors dans cette grande ville,
Amb. vil. n. :.. ' U eniploïa sa première jeunesse à l'étude des letres humai-
Tiii. ibid. p. «.-.. nos, ' où il réussit de la manière qu'on le peut juger par les ou-
,, )«i. vrages qu'il composa dans !a suite. ' Il étudia la langue gré-
que aussi bien que la laliiie. Que s'il n'en eut pas une profon-
de connoissanc*;, on peut dire au moins qu'après S. Jérôme
il n'est peut-être pas de Père Latin qui paroisse en avoir été
mieux inslniil que lui.
ihi.i I Amii. vii.ib. 'Après ses étude.s il se mil dans le barreau, et plaida quel-
que tems hors de Rome dans l'auditoire du Préfet du Prétoi-
re, dont le siège ordinaire étoit à Milan. Il s'aquila de cet
emploi avec tant d'éclat , que le Préfet le choisit pour son
Conseiller, c'est-à-dire aparemmcnl qu'il le fit son Assesseur.
Ce Préfet étoit Sextus Petronius Probus, le plus illustre et le
plus puissant Officier qui fût alors en Occident.
Amb. ibid. ' Bien-tôt de la charge d'Assesseur de Préfet Ambroise passa
à celle de Consulaire ou Gouvern(!ur de la Ligurie et de l'E-
Tiii. ibid. p.8(i.87. milic, ' c'cst-ù-dirc, ce semble, de tous les pais que compre-
nent aujourd'hui les Archevêchés de Milan , de Turin , de Gé-
DOCTEUR DE L'Ef.TJSE ET CONFESSEUR. 327
lies, de Boulogne et de Ravenne. En partant pour son gou- iv siècle.
vernement en 373 ou 374, ' Probus lui dit cotlo parole remar- Amb. ibia. d. 8.
quable, que révenem(;nt fil regard(T comme une espèce de
prophétie : Allez, et agissez, non en juge et en Magistral , mais
en Evoque.
A peine Ambroise avoil-il passé quelque tems à Milan , le
siège ordinaire du Gouverneur de la province , ' qu'Auxence num. «.
fameux évêque Arien , qui avoil tyrannisé cette Eglise pendant
près de 20 ans , fut enlevé du monde. ' Aussi-tôt les Evoques tiii. ii. p.. .smm).
de la province s'assemblèrent [)our lui donner un successeur.
Mais cette élection n'étoil pas facile à faire. ' Les citoiens de Ruf. i. a. c. n.p.
Milan divisés entre eux, les Orthodoxes d'une part, les Ariens ^t'^I^'^J'^v.'' *'
de l'autre , chaque parti vouloit avoir un lilvêque de son sen-
timent. La division alloit à une sédition ouverte. Ambroise ou
pour la prévenir ou pour l'apniser, alla à l'Eglise en qualité de
Gouverneur. Il parla au |.(;iiple, et dit beaucoup de choses
pour le porter à faire l'élection sans tumulte, il parloit encore ,
lorque dune commune voix toute l'assemblée, tant Ariens
que Catholiques, s'écria en demandant Ambroise pour Evo-
que. 'On tient que ce fut un enfant qui commença à crier le Amb. ibi.i.
premier et qu'aussi-tôl il fui suivi de tout le monde.
' Ambroise frapé delà saintijté éminente que demande l'é- ep.63,n.«8.fti.er,.
{(iscopat, ' fit tout son possible pour l'éviter. Mais tous les vu. n. s. 9.
moiens (ju'il sut mettre en usage pour y réiis.sir, furent inutiles.
La fuite même qu'il emploia à deux différentes fois, ne lui
servit de rien. Il lui fallut se rendre à la volonté de Dieu qui le
vouloit Evêque de Milan. Valentinien qui regnoit alors en
Occident , ravi de joie de ce que l'on demandât pour Evê-
que un homme qu'il avoil envoie pour Juge , donna ordre
qu'on fit diligence pour consommer son élection. Aussi-tôl ,
Ambroise, qui n'étoit que Catécumene, 'fut baptisé le 30" de tjh. ibid. p. 9^.
Novembre 374 , et ordonné Evêque huit jours après, le 7* de ^**' '^
Décembre qui tomboit un Dimanche. Si en celle rencontre
l'on n'observa pas l'ordre prescrit par l'Eglise dans les ordina-
tions, on n'alla point pour cela contre l'esprit de ses loix. Au-
cun des défauts qui ont donné ocasion de les faire , n'étoil ici
à craindre. L'ordination de S. Ambroise fut la destruction de
l'Arianisme et le rétablissement de la foi Catholique dans tou-
te l'Italie. Aussi est-elle honorée par une fête chez les Grecs
comme chez les Latins.
'Si-tôt qu'Ambroise se vit Evêque, il signala son épisco- Amb. vit. n. .■w.
328 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV siEO!,F,. pat parla distribution de tout son argent aux pauvres, et de
toutes ses terres à l'Eglise. Seulenient il en réserva l'usufruit à
sa sœur. Après quoi son premier soin fut de s'instruire de ses
devoirs. Il comprit aussi-lôt que la charge pastorale est un état
non d'oisiveté et de délices, mais de travail , de peines et de
fatigues. C'est sur celte idée qu'il nîgla dès-lors toute sa con-
duite. Sa vie ne fut plus ou qu'ime abstinence extraordinaire ,
ou qu'un jeûne presque contmuel , et un travail jamais inter-
rompu. A moins que son corps ne fût entièrement abalu par
auelque incommodité , il ne se dispensoit pas même d'écrire
e sa propre main ce qu'il composoit. ' Il en usoit ainsi, tant
pour être plus maître de ce qu'il écrivoit et le peser avec plus
de maturité, que [)0ur ne [>as incommoder s(^s gens , sur-tout
lorsqu'il travailloit la nuit. Bel exemple de bonté et de dou-
ceur ! Quoique continuellement acablé d'une foule de per-
sonnes qui avoient afTaire à lui et qu'il assistoit dans leurs be-
soins ; quoique le peu de temps qui lui restoit , lui laissât à pei-
ne le loisir de réparer les forces de son corps par les soutiens
nécessaires à la vie, et celles de son esprit par la lecture, sa
porte néanmoins n'étoit jamais fermée à personne. Tout le
monde entroit librement chez lui , sans qu'on l'avertît même de
ceux qui venoient.
offic. c. 1. n. 5-4. ' Ambroisc instruit des vérités de la religion , en travaillant
Aug. cous. t. 8. c. pour en instruire les autres, ' les expliquoit au peuple tous les
**• l)imanches. Ses discours étoient aussi doctes que solides. Et
s'ils n'avoient pas pour les expressions et la grâce de s'expli-
quer, tous les agrémens et les charmes que l'on remarquoit
en ceux de quelques personnes qui faisoient parade d'une vai-
ne éloquence , il avoient au moins assez de douceur pour
plaire à ceux même qui n'y considéroient que les paroles. S.
1. n. c. 13. u. Augustin qui parle ainsi de l'éloquence de S. Ambroise, 'mé-
rite d'autant mieux d'en être cru qu'il en avoit plus efficace-
ment éprouvé la force. Ce fut par elle et par l'estime que tout
le monde en faisoit , que Dieu atira peu à peu ce grand génie à
la connoissance de la vérité.
Tiii.ibid. p. 99. ' Dès Ics premières années de l'épiscopat de S. Ambroise,
'"**■ il se forma entre lui et S. Basile une union mutuelle qui dura
jusqu'à la mort. On en voit des traits aussi édifians qu'instructifs
paK. 98. ■ dans les letres qu'ils s'écrivirent l'un à l'autre. Mais ce qui
n'est pas moins glorieux à l'humilité do S. Ambroise qu'à la
réputation de S. Basile , c'est que celui-là se servit beaucoup
des
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 329
des ouvrages de l'autre, et en suivit même les pensées dans iv siècle.
ses écrits.
Cependant quelque talent qu'eût S. Ambroise de toucher
les cœurs, ' ses exhortations faisoient moins de fruit à Milan, Amb. deVirg.i. i.
que dans les pais étrangers. C'est ce qui lui faisoit quelquefois '• ^'^- "• "'*'''■
dire agréablement, qu'il vouloit y aller prêcher pour toucher
ceux de Milan, Il avoit continuellement à la bouche les louan-
ges de la virginité. Les éloges qu'il en faisoit enfantèrent à
J. C. un grafid nombre de vierges à Plaisance, à Boulogne et
même jusqu'aux extrémités de la Mauritanie. ' Ce fut à leur i- s. c. i.n. 3.
Eriere qu'il composa ses livres de la Virginité. ' Ceux-ci furent iw. i- 1- pr. n. i-i.
ien-tôt suivis de ceux de la Foi, qu'il écrivit à la solicitation "''"
de l'Empereur Gratien. Il avoit pour ce Prince, comme nous
l'avons dit ailleurs, une tendresse et un atachement incompa-
rable.
La tendresse et l'humanité dont S. Ambroise étoit capable,
éclatèrent sur-tout envers les captifs que les Gols ' avoient faits tui. ib. p. m.
en grand nombre en Thrace et en Illyrie. Les autres facultés
lui manquant pour soulager ces misérables, ' il n'hésita point en Amb, off. 1. 2. c.
cette rencontre à faire rompre les vases sacrés pour en racheter **" "'
ces captifs. Rare exemple de désintéressement et de foi, qu
a servi de modèle dans la suite à plusieurs Saints, ' et qui a été Aug. \it. c. a*,
mis en pratique nommément par S. Augustin en de semblables
ocasions !
S. Ambroise sut profiter pour le bien de l'Eglise de son union
avec l'Empereur Gratien. ' On croit en effet que les Loix que tiii. ib. p. 121.
fit ce Prince contre les hérétiques et en faveur des Orthodo-
xes, furent le fruit des conseils et de la pieté de ce grand Evê-
que. Valentinien le jeune, ainsi qu'on l'a déjà vu, ne céda en
rien à Gratien son frère pour l'atachement et le respect envers
S. Ambroise. Mais autant que ces deux Empereurs lui étoient
atachés, ' autant Justine mère de Valentinien lui étoit oposée. Amb. vit. n. \2.
Néanmoins tout ce que son zélé et son dévouement pour l'A-
rianisme lui firent faire contre le saint Docteur, ne servit qu'a
faire éclater davantage sa générosité épiscopale. ' Il en donna n. u.
une preuve particulière en faisant ordonner Anéme Evêque de
Sirmich, malgré la puissance de cette Impératrice et la conspi-
ration du peuple qui l'apuioit.
' Gratien aïant indiqué un Concile à Aquilée, où il se tint aci.aq. n. i. ;i. .;.
au commencement de Septembre 381, S. Ambroise y assista,
et fut comme l'ame de cette assemblée. Il y est nommé et y
r>« e I. Sec. Part. T t
SM) S. AMBJUUSK, EVKOIIK DE Mll.AN ,
IV siKOLK. souscrit 1(! second ; son liiimililé lui aïaul fait ccdcr le promior
ranp; à S. N'alcricii Evêque du lieu. Apirs la coudauiualion
Ainb. cp !). II. 1. dft Pallade et d(î Sccoiidicii grands sectateurs d'Arius, ' leCon-
*■ elle avant (jue de se séparer écrivit aux Evêques d(; la province;
de Vienne et de celli; de Narbone pour les remercier de lui
avoir envoie des Députés, vÀ leur faire part de ce qui s'y étoit
]>assé. La letre se trouve j)armi celles de S. Ambroise ; et il y
a tout lieu de croire que ce fut lui qui eut charge d(; l'écrire,
-p. 10. l'j. ' On doit juger la même chose des autres (jui la suivent, et qui
sont adi-essées au nom du Concile au.x trois Empereurs (ira-
lien, Valcnlinicn II et Theodo.se.
Vit. 11. DiTiii. ib. ' L'anné(! suivante il fit un voïage à Homo pour as-sister au
'' '"■ Concile qui s'y tint sur la lin de l'année, et à la convocation
Amii. Vil. 11. 1!» I duquel il avoit le plus travaillé. ' Ajji'ès la mort de (iratien, qui
•p. it. u. o7. f^^ jy^. ,^^ ^^1^ d'Août 3S:{, il entreprit un autn; voïage enco-
re plus difficile. 11 s'agissoit d'ullcr à Trêves demander la paix
au n(tm du jeune Valenlinien au Tjran Maxime, vers qui on
l'envoïoit en embassade. Ouoique l'on fût au cœur de l'hiver,
et que le Saint n'aimât pas à quiter st)ii diocèse, il se crut néan-
moins obligé de prtMidre en (;elte 0(;asiou la d(f(;nse d(;s inte-
•p. .'11. 11. ->:;. rets d'un Piinc(t mineur. ' Son Noïage eut un iieunux succès, il
(empêcha Ma.xime de passer en Italie; et la paix fut conclue en-
tn; ce Tyran et le jeune iilmpereur.
Vil. 11. i;i. ' Dès celle première ambassade S- .Andiroise refusa la com-
munion à Maxime, et lui rej)i(»cha avec- sa générosité ordinai-
II. a> I .p. ..7. 11. t. re le meurtre commis en la p(;rsoniu! de Cratien. ' 11 ne fit pas
moins éclater celti; vigueiir éjdscopale en s'oposant à la de-
mande (|ue fit le Sénat (k' Rome à deux diil'erenlos fois, pour
(pi(! les Ihnps'icurs lui ri-udis.seul i'autel delà Victoire. 11 em-
{)èclia par-là que l'un ne fil revivre le Paganisme au milieu d(î
,).. .in. 11. 1. ■>. 11,. Uome. ' Il ((ifusa ;îvec la même conslance et la même fermeté
la bâsiliqiic Porliene (pii élnit hms des murs dt; Milan, et la ba-
sili(|ue n(;uve enfermée dans l'eiicriaiiî de la ville, <jue It s
Arif'is, apuïésdc; l'autorité di; la Cour, demandoient avec em-
pire.
"^70 i'tÎm.' iii' p. 'I*(>ur venger ce refus, et se défaire d'un adversaire incom-
^"- , mode', rimi)ératrice .liisline oubliant h s si'ivices (luc le saint
ivt. ••.vc(pie iuj avoil rendus a elle et a son iils auprès de Maxime,
viK "i'i['i!'l 1 iK "tiV 'ui fit une perséculi(»n oii\erte (|ui dura deux ans. "Mais si elk;
î'«"ii) '''■ '' " ^"^ une autre Jezabel à l'égard de S. Ambroise, on peut dire
qu'elle trouva en sa personiK! un autre Elie. 'vVpiès avoir tenté
DOCTEUR m I/RGLISR ET CONEESSEUn. 331
|)<>ur l'éloigner de Milan Inus les artifices imaginables, que ivsikcij;.
l)ieu p.ir une proteelion [)arli('uliere rondil innlile^, elle lui lit
signilier un onln- de s(; retirer où bon lui sianbleroit. Ea crain-
te du peuple qui cliérissoit son iwêque empreba qne l'on ne
prît un parti \iolent. M'abord S. Ambroise voulut se livrer à
la mauvaise volonté de la Co'iir ; ' mais sur l'avis de ses Prêtres Ami», ep. 30, „. -,
il se résolut à demeurer, tout disposé néanmoins à répandre son
sang, non-seulemeni pour son peuple, mais encore pour ceux
(|ui le persécutoient. f.e peupb; Catholique de son côté crai-
gnant que le saint Evêque ne lui éehapât, soit de son bon gré,
soil par la malice de ses ennemis,' passa plusi(!urs jours et plu- Aa-. cmf. 1. >>. .
sieurs nuits de suite à le veiller el le garder dans l'Eglise ('). '' "" ''■
Ce fut alors que l'on ccmimença à célébrer les veilles dans Amb. vii. n. n 1
ri'>glise de Milan, et que l'on ordonna que l'on chanleroit ^"«- '''
des hymnes, des antienn<rs et des pseaumes selon l'usage de
ri'^glise d'Orient, afin dt^ soutenir le peupb; dans un si long et
si |)énible travail. Depuis, cette sainle institution continua tou-
jours dans l'Eglise de Milan ; et dès \v. tems de S. Augustin el-
le étoil déjà passée à priîsque toutes les autres Eglises de l'Occi-
d(nl. ' Ce fut aussi en cette ocasion que S. Ambroise pronon- Ami., in. \in. n
ça son excellent discours contre Au,\<;nee, fameux Evêque ' '
Arien que Justine reteiioit à la (]our, et «jui fut encore plus
mortel ennemi de S. Ambroise, (pic \v premier .Xu.xcnce ne
l'avoit été de S. Uilaire de Poitit rs.
' Enfin Dieu arrêta la fureur de celte persécution, en rêve- vu. n. it. i.-.
lant ù son serviteur en ce tems-ià (|ui éloit l'année 380, les ^"^ ''' " ''
corps de S. (iervais et de S. Protais. Si <•( l évencriunt n'eut pas
assez de force pour con\crlir .lustiiie, Dieu ne laissa pas de
s'en servir p(»ur diminuer \v. parti des Ari(;ns. el augmenter 'a
foi de son Eglise.
' Cette même année plusieurs désirant de savoir le sentiment Ami., p].. «.r i..
(le S. Ambroise. loucliani 1<; jour auquel on devoit célébrer **■ "'"''
Pàque rann(>e suivante, il ('crivif sur cette matière sa 23" letre
aux Evêques d'Emelie. 11 y soutient (|u'il ialloil fair'c; t^ette fêle,
non le 18*' d'Avril qui tombeit un Dimanche, [)arce que co
n"<'toit que le iV de la lune, mais le Dimanche suivant (jui
éloit le 25" du mi'memois. I^'année 387 {>our laquelle il avoit
1 ' I.CS oîîlises (II! rc li-ins-l:i (■iiiiriil le si'rvic? iliviii. ,\iiisi IHn ii",a p.is ili> [ii'iiir» Till. ib. p. IS4.
.iioinp;i;,'noi's il'iiiK' i;i,iiiili> eiircii.lc. ili; li:i- ;'i roinpiiiKln' n^i- le |.ii|]!i! pi'it diMiieuntr
lirnRris.qiii sci-voioiil n li.j;i'il('< K.i'cicsiasii- (.liisiciirs ]oiir>; ihms lï'nlisi! s;ins imi suilir.
•lues, el uui autres cIukos ii.'ii-;-:.niic ; poiii-
332 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV siECMî. ainsi réglé le jour de Pâque, est devenue célèbre dans l'Eglise,
J~^ ' par le baptênne que S. Augustin et S. Alipe y reçurent de la
Anib. ib. p. 195. main de S. Ambroise. ' Peu de tems après il fut envoie pour
la seconde fois en ambassade vers Maxime, pour lui deman-
der encore la paix et le corps de Gratien. Ce second voïage
n'eut pas le même succès que le premier. Mais nôtre Saint ne
p. 200. tarda pas cà s'en voir vengé, ' par la défaite et la mort de ce Ty-
ran, qui arrivèrent l'année suivante 388.
p. 209. ' Le meurtre de Thessalonique, dont Theodose étoit coupa-
Amb. pp. 51. n.c. blc, arHva, comme on le croit, en 390. 'S. Ambroise tenoit
un Concile avec quelques Evêques des Gaules, lorsqu'il aprit
ce sanglant événement. Tout le monde sait de quelle manière
il se conduisit en cette ocasion. Il suffit de dire ici qu'elle servit
à faire voir tout à la fois, et avec quelle discrétion il savoit
ménager les esprits des Princes pour ne les pas aigrir, et avec
quelle fermeté il en usoit envers eux pour les soûmetre à la pé-
Thdrt. I. 5. c. 18. nitencc. ' On auroit peine à dire ce qu'il y eut ici de plus admi-
•■■ *"■ rable, ou la généreuse liberté de l'Evêque, ou l'humble obéïs-
Fac. 1. lii. c. 5. p. sance de l'Empereur. ' C'est «e qui a fait remarquer à un ancien
''''^' Auteur, que l'on Irouveroit encore un Theodose, si Dieu dans
sa miséricorde nous donnoit encore quelque Ambroise.
Bar. an. 390. n. ' On croit quc le Concilc de Milan dont nous venons de
parler, est celui où Jovinien fut condamné avec sa pernicieuse
doctrine. Ce nouvel Hérésiarque s'éloit avisé depuis peu de s'é-
Ami). np. 12. n. 1. levcr coutrc l'honneur des Vierges. ' Nous avons la letre Sy-
nodale de ce Concile, écrite au pajie Sirice au nom de S. Am-
broise et des autres Evêques qui composoient l'assemblée,
pp. 50. II. 1. 2. 1 ' L'année suivante 391 il se tint un aulre Concile à Capouë.
23C.' 75i'. ''■ ""■ S. Ambroise fut encore, si non le chef, au moins l'ame de ce
Coneile. On y traita particulièrement de la réunion de l'Eglise
d'Antioche divisée entre Flavien et Evagre ; ce qui troubloit
tout le monde Chrétien. Outre cette principale alTaire, on y
fit aus.si quelques autres reglemens pour le bien de l'Eglise.
Ainb. cp. :>3. n.2. Peu de tcms après, au mois de mai 392, ' S. Ambroise eut
une affliction extrême, qu'il a peine lui-même à exprimer, en
aprenant la mort du jeune Empereur Valentinien. Ce Prince
revenu des faux préjugés qu'il avoit reçus de Justine sa mère,
iicob. Val. n. 79. ' aimoit le S. Evoque comme son père, et le respectoit comme
son libérateur. S. Ambroise se mettant au-dessus de sa douleur,
fit lui-même ses funérailles, et y prononça son oraison fune-
n- 78. bre que nous avons encore. ' C'est un illustre témoignage de
DOCTEUR DE I.'EGLISE ET CONFESSEUR. 333
l'atachement de S. Ambroise jiour ce Prince et pour l'Empe- iv siècle.
reur Gratien son frcre, dont il y rapelle la mémoire.
' S. Ambroise sachant qu'Eugène, qui avoit pris la place du vit. n. ae. 2- 1 c-.).
jeune Valentinien par les voies que personne n'ignore, venoit
à Milan, après avoir rendu au Sénat de Rome l'autel de la Vi-
ctoire avec ses revenus, il crut devoir s'en absenter pour'éviter
la rencontre de ce Tyran souillé d'un sacrilège. ' Mais son ab- vu. n. 43 1 ep. 57.
sence n'empêcha pas qu'il ne lui fit sentir sa vigueur épiscopale. "•''•''•
Il lui écrivit pour lui reprocher son crime, et le menacer d'ex-
communication, et défendit à ses Prêtres de recevoir son of-
frande à l'autel.
' Dieu fit voir en plus d'une manière qu'il aprouvoit l'absen- vit. n. 28. 29.
ce du S. Evêque. A Florence, il ressuscita par ses mérites
le fils de l'hôte chez qui il logeoit ; et il lui fit faire à Boulogne
la découverte des corps de S. Vital et de S. Agricole.
' Enfin le tems arriva auquel Dieu vouloit associer à Elie ce "• ♦''.
grand Evêque, qui avoit eu tant de raport avec ce Prophète,
Par l'intrépidité avec laquelle il en usa envers les Rois et les
uissances de la terre. ' H tomba malade ; et si tôt que le Com- "• *5-
te Stilicon l'eut apris, il ne put s'empêcher de dire que si ce
grand homme venoit ji moinir, l'Ilalic étoit menacée de sa ruine.
La crainte de l'événement le porta à engagi^ les premiers de la
ville à aller trouver le Siiinl poiii- lui persuader de demander à
Dieu la prolongation de .sa vie. S. Ambroise ne leur répondit
que par ces belles pai'olcs : « Je n'ai point vécu parmi vousd'u-
« ne manière que je doive avoir honte- de vivre encore quelque
« temps. .!(,' ne crains pas aii.=.si de mourir, pariM'qiie nous avons
« aflaire ;"i un bon iMailre. » Mais céloit un fruit mûr pour
le Ciel ; et la terre n'éloit j)liisdign(;de le posséder. ' [/heure de n. 47.
sa mort aprochant, il rr;;ul le .saint Viatique des mains d'Ho-
norat Evêque de Verecil. Puis se in( llani à j)rier les bras éten-
dus en forme de croix, il rendit l'cspril, ' A^é d'environ 57 ans, Tiii. ii.. p. m.
le 4" d'Avril 397, qui étoit la veille de Pâque. ''«'■■'"-
' Telle a été la vie du plus illustre et du plus généreux Pré- p- ^'
lat que le IV sieclt;, le plus fécond en grands hommes, ait
donné à l'Occident. Ses actions seules suffisent pour faire son
éloge. Ce seroit l'obscurcir, que d'entreprendre d'en vouloir
relever l'éclat par des couleurs étrangères. On a bien vu de
grands Evêques posséder, comme S. Ambroise, la pieté, la
science et la sagesse, mais il est bien rare d'en trouver, qui aient
joint à ces avantages une générosité aussi héroïque et un coura-
:\Xl s. AMRROISK, KVKnUK DE MILAN,
V siKCLi;. g(i aussi invincible, (|ii<) celui (\\i\ni a pu remarquer clans Joule
la conduite (le c(! saint Docteur. Il n'est |)as moins rare do voir
réimie en la même [lersoimc; une vij^ueur aussi épiscopaleàune
humilité la plus profonde. Ce.sten (juoi S. Amhroi.se s'est en-
core rendu admirahle. Presque Ions .ses écrits sont rem|»lis de
traits de cette vertu, (ju'il nommr! lui-même la tête de loules
Tiii. Vf. «i. II. 'j les autres. ' Lorsqu'on l'avertissoil des fautes que l'on (;roïoil
trouver dans ses ouvrages, il rej,^u(loit cet avis comme inie
grâce, persuadé qu'il pou voit se tromper en ce qu'il savoit le
mieux.
C'est par tous ces endroits que S. .4mhroise s'aquit une ré-
putation, (jui s'élanl répandue au-delà des hornes de la va.slo
étendue de l'Empire Uomain, pénéira jii.squi'schez les Harlm-
vii. n. '■r,. res les plus éloignés. ' On vit venir de l*(;r.sc à Milan doux des
plus grands Seigni'urs du )taïs, e\|)rès pour êtn; témoins eux-
" w- mêmes delà sagesse de l'iionuTKMle Dieu. ' lùigitil Heine d: .^
Marcomans, que nôtre Saint .avoit convertie à la foi, entrej)rit
»-^ le même voiage et pour le même sujet. ' On sait ce que les
Rois des l'rancois, après leur défaite et la paix conclu»! avec
Arbogaste qt;ï les avoit vaincus, disuienIdeS. Amhroise hci:
(îéneral, qui se glorilioit d'être Son ami. Comte, lui dis(»ienl
« ces Princ(!s, il ne faut pas s'ét(inner(|ue v(»us demeuriez vie-
« torieux; puisque; vous avez i'aiiiilié d'un liomnu! qui com-
« mande au soleil de s'arrêter, et il .s'arrête aussi-tôt. »
Les Pères (jr(;cs et les Latins, tant ceux qui ont vécu du
temps de ce grand Evê(iu(!, que ceux qui l'ont suivi, sont tous
i!:i-;. CI», .vi. |>. 8*. pleins de; .ses éloges. ' Dès qui! lut enln; dans l'épiscopat, S.
P.a^ile relevfn't la grandeur de .sa naissance, la sii|)ériorité de .son
génie, la splendeur de .sa vi<! exemplaire, la force de .son élo-
riidri. I. :;. I-. 1.1. quence. ' Theodorct ne parh; jamais de lui qu'avec admira-
•"*iiiw. 'i|!o.*L'2. lion, et comme d'un Prélat tout dévoué au martyre. " Rutin
I' *'-• le regardoit comme la colonne et la citadelle imprenahh; ,
non seulement de l'Eglise de Milaji, mais aussi de toutes les
AiiK. (■.«■nf. 15. 11. j'^glises du ni(mde. ' C'étoit, .selon S. Augustin, im des plus-
«(xcellens Evoques de l'Eglise de Dieu, et connu pour tel gé-
nérahîment de tout l'univers.
Miir. vir. iii. .-. ' n ^,§1 y,-^j (ju(; J,. .(eromr par liue raison peu recevahie,
.'-'excu.soil en 392 de jctindre l'élogi; de nôtre Saint à ceux des
•■p. 30. p. 237. autres Ecrivains Ecclésiastiques qu'il avoit comius. ' Mais deux
ou trois ans après, écrivant contre .lovinien, il répara glorieu-
sement sa faute, (hi verra dans la suite par ocasion quelques au-
UOCTKIIH l)K L'EGI.ISK ET (X)NFKSSi:UI{. 33S
1res preuves de la justice que; ce Père a rendue à sa personne et i v s i k c l r:.
u ses ouvrages.
Les Empereurs ne faisoieni [tas moins d'estime de S. Ain-
broise, que les Evè(iues ses collègues. ' Gratien adiniroit par- Ami., ai-i.aq.n .*.
liculierement deux clioses en lui ; le mérite de sa vie et les
i'rands dons (lue Dieu lui communiquoit. ' Valentinien son «i; •'-.t n. s. s i d«
Irere avoit tant de conlianec! en ses mentes, qu il regardoil
comme un grand avantage de recevoir le baptême de sa main.
'Theodose disoit hautement, (ju'il ne connoissoit (ju'Ambroisc ''"J'i *'' p- 223.
qui mcrilàl à jusie titre l; nom d'Evèque. De tous les témoi-
gnages rendus à .son mérite, nous croïons devoir raporter en
entier' celui que lui rend S. Ennod(; Evêque de Pavic, parce '■""• "i" ''• ****•
que tenant du génie di; l'épilaphe, il pourra en servir à nôtre
Saint.
Egit quod ducuit iiicritis et lioiiorr su|km'sI(;.-<
Ainhmsius vaU-s iiioiilms, ingenio
l'ioscidii ifirifico r.ui fulsil iiiui-ic(' liiiguii.
Vcrc su • |iiiif.'c;ii.s {,'(;riiiiiKi qu:i; voluil.
StTta rodiinilus {çcstidnil lucida Ironie,
Uistiiii'luin ;:('iiiiiiis on; pur.diiU opus.
liisliluil i)()|iulos ;.:cslu, |irol»itiilc, |iudorf,
Kovit n-spicitiis, |»«Tc.ulit, adinoiiuil.
Vocis ut officium iiostroinapcricula iioscuiil.
Sic leiuîias culpas (jui Uiiu'l iiisuquilur.
Succinctus gladiis, clyiHsi de puiidcrc tulus.
l'i'clora claudchat li-xlilibus caljbis.
Kihiis lialjct vin.-s vitioruni a'clor cl hoiitis :
Vijrrd non lan},'it sr|uanjfa tiT^si viri.
Nous ne connoissons des parens de S. Ambroise, ' que Ami.. 1. ± p. uc.
Marcclline sa sœur, à (jui il adresse ses trois livres sur les Vier-
g(!S, ' (!t Satyre son frère, dont il a l'ail l'orai.son, funèbre, i». un.
'Marcelline, comme on l'a vu, avoil embrassé la virginité. El- vu. n. .%.
le paroil avoir été l'aînée des deux frères. ' C(^ que S. Ambroise Je virg. 1. 3. c. i,
dit de ses vertus, doit nous la faire regarder comme une gran- f^,^'^' "' **' **'
de Sainte. Il ne craignoit pas lui-même de lui donner ce litre
dès son vivant. Satyre, suivant le portrait que nôtre Saint nous
en a tracé, étoil un liomrne acompli et un excellent Chrétien.
Aj)rès avoir brillé dans le barreau, il fut pourvu d'un gouver-
nement de province, où il se conduisit plutôt comme un père
que comme un Officier du Prince.
336 S. AMBKOISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. Quand aux disciples de S. Ambroise, il en eut plusieurs. Le
Auft ep 147 n P^"^ illustre de tous fut sans difficulté S. Augustin. ' Non seule-
r.2 1 in Jui. 1. 1. n. ment Dieu se servit du ministère de S. Ambroise pour le re-
tirer de l'erreur et lui conférer le saint baptême ; mais il vou-
lut encore se servir de lui pour cultiver et arroser les divers
Paul. ep. 3. n. i. dons qu'il avoit mis en lui. ' De même S. Paulin de Noie se
glorifie d'avoir eu part aux soins et à la charité de S. Ambroi-
se, qui l'avoit instruit des règles du Sacerdoce, et nourri des
instructions de la foi. S. Alipe peut aussi être mis au nombre
des disciples de S. Ambroise ; puisqu'il reçut le baptême de sa
main.
Tiii. ib. p. 279. 'Paulin, qui servoit de Secrétaire au Saint Docteur, lors-
qu'il mourut, et qui a écrit sa vie, est devenu célèbre, et a
rendu un grand service à l'Eglise en se portant pour dénoncia-
Amb. vit. n. 3s. tcur coulre Pelage et Caeleslius son disciple. ' Theodule qui
l'avoit servi en la même qualité de Secrétaire, gouverna de-
puis l'Eglise de Modéne à la satisfaction de tout le monde. Vé-
nère et Félix deux de ses Diacres, furent aussi élevés à l'épis-
copat, Venere à Milan après la mort de Simplicien succes-
seur immédiat de S. Ambroise, et Félix à Boulogne. Celui-ci
vivoit encore, lorsque Paulin qui nous le fait connoître, écri-
voit. Caste et Poléme, deux autres Diacres de nôtre Saint,
sont loués comme des fruits dignes de l'excellent arbre qui les
Ugbci. t.5. p. 238. avoit produits. ' On dit aussi que S. Provin que l'on fait second
Evêque de Come, fut encore disciple de S. Ambroise.
g. IL
ECRITS QUI NOUS RESTENT DE LUL
Ce n'est pas seulement par sa vie et par ses disciples, que S.
Ambroise a édifié l'Eglise. Il l'a fait aussi, et continue encore
à le faire par ses écrits. Quoiqu'il en ail laissé beaucoup moins
que quelques autres Pères ; il est néanmoins surprenant com-
ment un Evêque qui avoit tant d'autres ocupations, et qui n'a
pas vécu jusqu'à la vieillesse, ait pu tant écrire. Voici le cata-
logue chronologique de ce qui nous reste des productions de
sa plume.
Ainb. d(! par. p. 1".' Un Iwre SUT le Parodis. S. AmhToisPi lienVeuirée de ccl
n6. 182. ^pj,j^^ gj^ ^j,^çg lg pijjj^ jj (j^,(.jypg qy'ii l'a entrepris pour mon-
trer ce que c'étoit que ce Paradis terrestre, oîi il étoit situé,
de quelle maniera et par quelle fourberie nos premiers pères y
ont
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 337
ont été tentés, et sont tombés dans le péché. Toutefois son but iv siècle.
principal est d'y réfuter les disciples d'Appellès, qui comba- '
toient l'autorité de l'ancien Testament , et sous leur nom les
Manichéens qui infectoient alors l'Eglise de Milan, ' y expli- Amb. (i« par. c. s.
quant d'une manière mystique la description de ce Paradis, il "" '""'*•
dit qu'il représente l'ame de l'homme fertile en vertus. Que la
source d'eau vive n'est autre que J. C. Que les quatre fleuves
qui arrosent le Paradis, signifient les quatre vertus cardinales :
la prudence, la tempérance, la force et la justice.
'A l'ocasion de la difficulté qu'il y a à expliquer ce que c'é- c. 2. n. 7.
toit que l'arbre de vie et l'arbre de la science du bien et du mal,
il dit que dans l'Ecriture il se rencontre plusieurs choses qu'il ne
faut pas mesurer sur la foiblesse de nôtre esprit, mais sur la pro-
fondeur de la conduite de Dieu. Que ne pouvant les enten-
dre, nous devons bien nous garder de les critiquer. ' Sur la n. 10.
tentation de nos premiers pères, il remarque que le Diable a
bien la permission de nous tenter, mais qu'il n'a pas le pou-
voir de nous perdre, si nous ne voulons. ' Il montre un peu au- n. n.
paravant combien cette tentation nous est utile, pour éprouver
nôlre fidélité envers Dieu, et nous faire mériter la récompen-
se qu'il a promise à ceux qui lui sont fidèles. 'Au sujet de l'a- c. n. n. 71.
veu qu'Eve fit de sa faute, il établit la nécessité de confesser
ses péchés pour en obtenir le pardon. Neque enimpotest guis-
quant justificari a peccato, nisi fuerit peccatum ante confessus.
' S. Ambroise dans une letre que l'on croit écrite en 389, dit cp. 45. n. 1.
qu'il y avoit long-tems qu'il avoit composé ce traité sur le Pa-
radis, n'étant alors que tout nouvellement Evêque. ' C'est pour- "le par. adm. p.
quoi on le place en 375 ou en 376 au plus tard. Mais on n'ose 1" p^j'ds."' ''' ''
pas assurer que ce soit son premier ouvrage. Ceux qui entrepre-
nent de lire ce traité, doivent y joindre la lecture de la 45* le-
tre de nôtre Saint, laquelle contient beaucoup de choses sur
le même sujet.
2". ' Deux livres sur Cdin et Abel. S. Ambroise dès lecom- Amb. de carn. p.
mencement de cet ouvrage avertit qu'il n'est que comme une *^"-^*-
suite de celui sur le Paradis. Aussi croit-on qu'il fut fait en la
même année. 'Ces deux frères oposés l'un à l'autre nous re- 1. 1. c. i. n. 4.
présentent, dit S. Ambroise, deux sortes d'hommes oposées
aussi l'une à l'autre. Celle qui est figurée par Caïn, est de ceux
qui raportentà l'esprit de l'homme, comme s'il en étoit le prin-
cipal auteur, tout ce qu'il font, ou ce qui se passe dans le mon-
de. L'autre représentée par Abel, est de ceux qui l'atribuent à
Tome I. Sec. Part. V v
n. ir.,
c. 7n. an.
338 s. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN ,
IV SIECLE. Dieu, comme à celui qui aïant créé toutes choses, les gouver-
do caïn 1 ^^ toutcs avcc la même puissance. ' Il dit aussi que ces deux
1. c'a. n. ri.' frères peuvent signifier; l'un, le j)euple Juif devenu parricide
et rebelle ; l'autre, le peuple Chrétien ataché au culte de Dieu :
-.4. n. 1S-U. en un mot celui-là, la Synagogue, celui-ci l'Eglise. ' Il passe
ensuite à en faire l'aplication à chaque Chrétien ; tant il trouve,
comme il le dit lui-même, de mystères profonds cachés sous
la letre de l'Ecriture. II dit donc que Caïn elAbel, comme
Esaù et Jacob, et ces deux femmes dont il est parlé au 21*
chapitre du Deuteronome, sont la figure du vice et de la ver-
tu, de la chair et de l'esprit, qui sont toujours en contradiction
dans chacun de nous. Ici S. Ambroise fait une description élo-
qiiente et pathétique de tous les artifices que la volupté met en
usage pour nous séduire. ' Après quoi il détaille avec la même
éloquence les atraits dont use la vertu pour nous garantir de la
séduction et nous atirer à elle.
' En parlant de l'offrande que Gain fit à Dieu, il en prend
ocasion de toucher les promesses qu'on lui fait, afin d'en obte-
nir quelque faveur. Lorsqu'on a obtenu ce que l'on demandoit,
dit-il, c'est une ingratitude de différer à acquiter sa promesse.
De même, poursuit-il, c'est une stupidité de s'atribuer le bien
que l'on fait, ou de raporter à ses propres forces plutôt qu'à la
grâce de celui qui en est l'auteur, ce que nous ne recevons que
de la bonté de Dieu. Ce n'est pas un moindre orgueil que de
reconnoître Dieu pour l'auteur de tous les biens, et néanmoins
d'atribuer à nôtre propre sagesse ou aux mérites de nos autres
vertus, les grâces qui nous viennent de lui.
' En marquant les qualités de la prière, il insiste particuliè-
rement sur ce qu'il faut prier pour tout le corps de l'Eglise,
pour tous les membres de celte mère, au nombre desquels on
se trouve. Il n'y a nul orgueil à craindre, dit-il, en priant de la
sorte. Au contraire il y a plus d'humilité, plus de mérite ; et
c'est en quoi l'on fait paroître la charité mutuelle que l'on se
doit les uns aux autres.
I. 2. c. !). n. 31 |c. ' Sur ces paroles, Im voix du sang de vôtre frère est venue
jusqu'à moi, et les suivantes, S. Ambroise établit deux choses :
l'immortalité de l'ame en général, et la béatitude de l'ame du
juste après sa séparation du corps qu'elle animoit. Du reste, S.
Ambroise explique presque toujours d'une manière morale et
mystique, le texte de l'Ecriture qui contient l'histoire des deux
frères Caïn et Abel. On a divisé cet ouvrage en deux livres ;
c. !). n. 34-39.
10. II. ;«i. 37.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 339
* mais on observe que cette division n'est point naturelle, et iv siècle.
qu'elle est plutôt de quelque Copiste que de l'Auteur origi- i^~^ ~
nal. II paroi t par divers endroits que S. Ambroise s'y est beau-
coup servi des écrits de Philon le Juif, mais avec la liberté d'un
Auteur, et non l'assujetissement d'un Copiste.
3°. ' Un livre sw^ Tobie. Après y avoir parlé en peu de mots de Tob. p.
des vertus de ce saint homme, S. Ambroise passe à l'usure,
et montre qu'elle est oposée au droit divin, et qu'elle n'est pas
un crime moins énorme que l'idolâtrie et l'homicide. C'est ce
qui fait le sujet de tout l'ouvrage. De sorte que l'on pourroit
aussi-bien lui donner pour titre. Traité de l'usure, que celui
qu'il porte. Il paroît que c'est un recueil de sermons que S.
Ambroise faisoit à son peuple sur cette matière, à mesure qu'on
lisoit le livre de Tobie dans les assemblées ecclésiastiques. C'est
ce que confirme le commencement de l'ouvrage.
' Erasme et quelques autres ont refusé de l'atribuer à S. Am- adm. v as»-
broise. Mais les derniers Editeurs de ce Père montrent par des
preuves invincibles qu'il est véritablement de lui. En effet tous
les caractères de l'écrit et l'autorité de S. Augustin qui le cite
sous le nom de S. Ambroise, ne laissent aucun lieu a 'en dou-
ter. Comme S. Dasile avoit traité la matière de l'usure dans son
homélie sur le Pseaume 14, S. Ambroise en a tiré une grande
partie qu'il a fait passer dans cet ouvrage. Il traduit même
quelques endroits de mot à mot. On voit par-là une nouvelle
marque de l'estime qu'il faisoit des écrits de S. Basile. Au reste
on croit devoit placer le livre sur Tobie ou en 376, ou l'an-
née suivante.
4". ' Trois livres sur tes Vierges, qui paraissent formés des «i» virg. 1. 1. p.
sermons que S. Ambroise avoit prêches sur ce sujet en différen-
tes ocasions. La préface qu'il a mise à la tête, est tout à la fois
et un témoignage de sa profonde humilité et une preuve de
la juste crainte où il étoit de perdre son tems à des ocupations
inutiles. Après la préface vient l'éloge de S*" Agnès, qui fait le
commencement du corps de l'ouvrage. On voit par-là que ce
premier sermon avoit été prononcé le jour de la fête de cette
Sainte. ' C'est de cet ouvrage que nous aprenons les vives et •• <•»• s^-s'J
salutaires impressions que les exhortations de S. Ambroise tou-
chant la Virginité faisoient sur l'esprit et le cœur des jeunes
filles, tant dans les provinces éloignées que dans le voisinage
de Milan. Elles aliroient non seulement de Plaisance et de Bou-
logne, mais encore du fond de l'Afrique à Milan des Vierges
V v ij
340 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
I V s I E c L E. qui y venoient recevoir le voile des mains du Saint Evêque. ' 11
-— — -— -j- marque que les Vierges de Boulogne étoient au nombre de
"i.r.'cô" "*■ ' vingt. Il ajoute qu'elles travailloient de leurs mains, non seu-
lement pour vivre, mais aussi pour faire des libéralités, et qu'el-
les avoient un zélé et une industrie singulière pour alirer d'au-
D. m. très filles à cette sainte profession. ' Il exhorte les filles à se
n. S9. consacrer, même malgré leurs parens. ' Plusieurs d'entre ceux-
• 31 35. ci se plaignoient qu'il relevoit trop la Virginité. ' Mais de peur
qu'on ne lui reprochât de désaprouver le mariage, il a soin de
prévenir cet injuste reproche. Bien loin de le blâmer, dit-il,
je le conseille, et condamne ceux qui le blâment. Je ne fais,
ajoûte-t'il, que détailler les avantages de la Virginité, qui sur-
passent de beaucoup ceux du mariage .
I. i "-30. ' S. Ambroise composa ce recueil la 3' année de son épisco-
pat, c'est-à-dire en 377. Il y adresse quelquefois la parole à
sainte Marcelline sa sœur, qui comme nous l'avons dit avoit
1. 3. 0. 1. 3. embrassé à Rome la profession des Vierges. ' Il y raporte mê-
me le discours que le Pape Libère prononça à la cérémonie
de sa consécration dans 1 Eelise de S. Pierre le jour de Noël.
On juge de-là que ce fut à la prière de sainte Marcelline que
S. Ambroise recueillit ainsi en un corps d'ouvrage les discours
qu'il avoit faits sur la Virginité, parce qu'elle nepouvoitles
aller entendre, et qu'elle desiroit de les voir. C'est peut-être
Hier. cp. i«. p. 37. aussi pour cela ' que S. Jérôme parlant de ce recueil, le nom-
cp.aa Aig. p. 198. me les opuscules adressés à la sœur de S. Ambroise. ' Ailleurs
"*"■ il les cite sous le titre des livres de la Virginité, comme étant
écrits pour les Vierges en général. Ce Père non seulement en
copie plusieurs endroits, mais il en fait encore valoir l'autori-
té et ^s raisonnemens. Il dit que l'Auteur a trouvé le secret
d'y dire beaucoup de choses en peu de mots : m paucis multa
cp. 18. p. 37. comprfhendens. Et dans le premier endroit cité il en relevé
l'éloquence, comme d'un ouvrage dans lequel S. Ambroise
a recueilli, et expliqué avec un ordre merveilleux, et un sty-
le encore plus admirable, tout ce qui peut servir à relever le
mérite des Vierges: In quitus, dit-il, tanto seeffudit eloquio,
ut quidquid ad laudes Virginumpertinet , exquisierit, exprès-
serity ordinaverit.
Ce n'est pas sans sujet que S. Jérôme loue la beauté du style
de cet ouvrage: Les deux premiers livres sur-tout sont extrê-
.Wb. ib. 1. 2. n, mement ileuris; et ' S. Ambroise lui-même s'est cru obligé
Aug doct chr. \. d'en faire quelque sorte d'excuse. ' S. Augustin en cite deux en-
4. c. îl. * *
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 341
droits pour servir de modèle, l'un d'une éloquence vive et iv siècle.
pressante, l'autre d'un style plus simple et plus tempéré.
' Dom Joseph Mege Religieux de nôtre Congrégation a Bib. s. vin. Cen.
traduit en nôtre langue ces trois livres de S. Ambroise, afln de
les rendre utiles aux personnes qui n'entendent pas la langue
originale en laquelle ils ont été écrits. Il y a joint une traduction
de deux autres traités du même Père sur le même sujet, com-
me nous le dirons en son lieu. Et afin de disposer les Vierges
Chrétiennes à lire ces traductions avec plus de plaisir, et en ti-
rer plus de fruit, il a mis à la tête une savante dissertation sur
l'état des anciennes Vierges. Le tout est imprimé en un volu-
me m-12°. à Paris chez Arnoul Seneuze l'an 1689. Il seroit à
souhaiter que ce Traducteur eût entrepris le même travail à l'é-
gard des deux autres traités De la Virginité, eiDe F exhortation
à la Virginité. L'on auroit eu par-là une traduction entière de
tout ce que S. Ambroise a écrit en particulier sur ce sujet.
5°. ' Les derniers Editeurs de ce Père, fondés surlesmanus* Amb. de. virg. p.
crits, font du dernier livre sur les Vierges un traité séparé *'^"-"'-
sous le titre De la Virginité, qu'ils placent après celui sur les
Veuves, comme n'étant écrit qu'après, vers l'an 378. Nous
créions à cette ocasion devoir interrompre l'ordre des tems
aue nous nous étions prescrit dans l'énumeration des ouvrages
e S. Ambroise, afin de mètre de suite ceux qu'il a compo-
sés sur le même sujet. Dans ce traité de la Virginité le
Saint a fait entrer plusieurs endroits de l'ancien et du nouveau
Testament, qu'il y explique d'une manière mystique, mais tou-
jours instructive et convenable au sujet qu'il entreprend d'y
traiter. Il s'y défend contre ceux qui l'acusoient de persuader la
Virginité, et de défendre le mariage aux filles consacrées à
Dieu. Il avoue nettement le fait. ' Mais il montre que la Vir- 33.36.
ginité, n'est ni mauvaise, ni nouvelle, ni inutile. « On se plaint
« dit-il, que le genre humain va manquer. Je demande, qui a
« cherché une femme sans en trouver; quel meurtre ou quelle
« guerre on a vu pour une Vierge ? Ce sont des suites du maria-
« ge que de tuer Uadultere et de faire la guerre au ravisseur. Le
« nombre des hommes est plus grand dans les lieux où la Virgi-
« nité est plus honorée. Informez-vous, continue-t'il, combien
« l'église d'Alexandrie, celles de tout l'Orient et d'Afrique ont
« acoûtumé de consacrer de Vierges tous les ans. Il y en a plus
« que ce païs-ci ne produit d'hommes. »
6°. ' Nous avons encore un autre traité de S. Ambroise sur mst. virg. p. wo.
274.
2 3
342 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE, le même sujet, tant il l'avoit à cœur. 11 est intitulé De la conduite
d'une Vierge^ et de la Virginité perpétuelle de la M ère de Dieu.
S. Ambroise le composa pour l'instruction d'une Vierge nommée
Tiii. ib. p. 107. Ambroisie, et l'adresse à un Eusebe, ' que l'on croit être le Saint
"*■ Evêque de Boulogne de même nom, et père ou aïeul d'Am-
broisie. Il paroît à quelques Savans que ce traité est fait du
sermon que S. Ambroise prononça à la profession de cette
Vierge, comme cela lui étoit ordinaire. Mais la pièce est trop
longue pour que ce ne soit qu'un discours prononcé de vive
voix. Ce discours à la vérité aura fait le fonds du traité, ce
que montre le commencement etlafm; mais S. Ambroise en
le rédigeant par écrit y aura ajouté bien des choses.
Amb. ib. c. 5-11. ' Il en emploie une grande partie à rélever et à défendre
rai. ib. contre Bonose la virginité de la Mère de Dieu. ' L'on voit
par-là que le traité ne fut écrit qu'après l'an 391, parce que la
cause de ce Bonose ne fut jugée qu'après le Concile de Ca-
Amb. ib. p. 249. pouë, tcuu à la fin de cette même année. ' Aussi les derniers
Editeurs de S. .\mbroise placent-ils ce traité en 392, ou en-
viron. Le point qu'y touche S. Ambroise à l'égard de la Sainte
Vierge, est ce qui a fait donner au traité la seconde partie du
An. Meii. scri. c. titre qu'il porte. ' L'anonyme de Molk, Auteur du XII sie-
"• cle, ne le marque que sous cette seconde partie du titre.
Amb. ib. n. iti. ' S. Ambroisc relevé encore dans cet opuscule l'excellence
de la Virginité, comme un avantage, qui non-seulement met
à couvert du crime l'un et l'autre sexe, mais qui l'appelle aus-
n. 104. si et l'excite à la grâce. ' Il dit que les Vierges retracent sur la
terre la vie angélique, que nous avons perdue dans le paradis
„. 25. de délices. ' Il y avance une opinion assez singulière. Il pré-
tend que le péché de la première femme fut moindre que celui
d'Adam. La raison qu'il en donne, est que celui-ci ne fui tenté
que par une créature inférieure, et qu'ainsi sa tentation fut
moins violente. Au lieu qu'Eve fut tentée par un Ange, mau-
vais à la vérité, et qui s'étoit caché sous la forme du serpent,
représenté dans l'Ecriture comme le plus fin et le plus rusé de
tous les animaux de la terre. Ce traité est un de ceux que Dom
Joseph Mege a mis en nôtre langue, et dont il a joint la tra-
duction aux trois livres sur les Vierges,
.xh. virg. p. 277. 7". ' Eu 393. S. Ambroisc composa sur le même sujet un au-
'"^ tre traité, qui porte pour titre Exhortation à la Virginité. I^
fonds de celui-ci est encore pris d'un sermon que le Saint avoit
prononcé à Florence, où il se trou voit, lorsqu'il avoit quité Mi-
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 343
lan pour éviter la rencontre du Tyran Eugène. Ce traité com- iv siècle.
mence pr l'éloge des Saints Martyrs Agricole et Vital , parce
que S. Ambroise avoit enrichi de leurs reliques l'église où il
prêcha le sermon qu'il y a fait entrer. '11 les avoit aportées exh. vir^. n. i.o.
de Boulogne, où il s'étoit trouvé à la découverte des corps de *"• ''•^•
ces deux Martyrs. Ce n'étoît que des clous et du bois de la
croix, instrument de leur suplice; car on ne touchoit pas en-
core aux corps saints pour en séparer les parties. Arrivé à Flo-
rence , S. Ambroise déposa ces reliques sous l'autel d'une égli-
se dont il fit la dédicace. Une sainte Veuve nommée Julien-
ne l'avoit fait bâtir. ' Elle avoit un fils nommé Laurent, et trois n. 13-27.
filles , qui tous se consacrèrent à Dieu. C'est pourquoi le ser-
mon qu'il fit à cette dédicace , porte pour titre, Exhortation à
la Virginité, comme étant principalement emploie à l'instru-
ction de ces Vierges. ' S. Ambroise y marque que c'étoit ordi- n. 42.
nairement à la solennité de Pâque que les Vierges recevoient
le voile sacré. L'on a déjà vu que sainte Marcelline l'avoit re-
çu le jour de Noël. Ainsi c'étoit presque toujours à quelque
grande solennité que sefaisoit cette sorte de cérémonie.
8". ' Outre ces quatre opuscules sur les Vierges et la Virgini- Lap. virK. p. 305,
té, l'on croit deyoïr donner encore à S. Ambroise le traité sur ^'^■
la chute et une Vierge consacrée à Dieu . Il ne paroît pas en quel
tems précisément le saint Evêque le composa. C'est une sévè-
re réprimande en forme de sermon, à une Vierge nommée Su-
sanne, qui après avoir fait vœu de Virginité, et reçu le voile
le saint jour de Pâque, eut ensuite le malheur de violer ses pro-
messes. Ce crime la jetta dans un autre encore plus énorme , à
dessein de pouvoir cacher le premier. Mais une précaution
aussi criminelle fut inutile, et ne servit qu'à la rendre plus cou-
pable. Elle n'en étoit venue à cette extrémité que par degrés.
Trois ans avant sa chute, elle avoit commencé à se relâcher
de ses devoirs, et à donner sujet de mal parler d'elle. Sa chute
y mit le comble , et fut un grand scandale pour les Juifs et
les Païens. Son Evêque en étant instruit, mit cette personne
en pénitence publique. Ce fut alors qu'il prononça ce discours,
où après lui avoir représenté la grandeur de son double crime,
il lui en fait néanmoins espérer le pardon ; pourvu qu'elle soit
fidèle à en faire pendant toute sa vie une pénitence convenable
et proportionnée à son énormité. Il lui prescrit de réciter tous
lesjoursle Pseaume 50^ .
' Ce traité a été atribué à S. Jérôme , et il se trouve encore Hier app. p. ne.
182.
344 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
V s I E c L E. enire les ouvrages de ce Père sous ce litre, In Smannam lapsam
■ objurgatio. Mais le dernier Editeur l'a renvoie dans l'appendice
de son édition, comme lui apartenant moins qu'à S. Am-
Anii). ib. adm. p. broisB,- ' à qui tous les manuscrits l'atribuent.. 11 est vrai que le
*'*• Concile de Douzi le cite également sous le nom de S. Jérô-
me et sous celui de S. Ambroise. Il est encore vrai que le sty-
le de cette pièce est un peu différent du style des autres ouvra-
ges de celui-ci. Tout cem joint à l'atribution que Gennade fait
d'un traité semblable à Nicetas Evêque des Daces, a porté
quelques Savans à lui donner l'opuscule dont il est ici question.
Mais l'autorité de tous les manuscrits a déterminé les derniers
Editeurs de S. Ambroise à le mètre à la suite de ses autres trai-
tés sur les Vierges et la Virginité. Il est assez ordinaire de voir
qu'un Père traite du même sujet dont un autre Père avoit déjà
traité avant lui. Il ne l'est pas moins de trouver quelque diver-
sité de style entre les écrits d'un même Père. D'ailleurs celui
dont il est ici question, ne contient rien qui soit indigne de S.
Ambroise , et qui ne convienne à son tems. Aussi le Tradu-
cteur de ses autres traités n'a pas fait difficulté de traduire en-
core celui-ci sous son nom, et de le joindre aussi aux deux
autres.
(le virt. p. i8r-2io. 9°. ' Ze traité sur les Veuves suivit de près les trois livres sur
les Vierges qui y sont cités dès le commencement. C'est pour-
quoi on le place en la même année 377. Le but de cet opuscu-
le est de relever la gloire de l'état des Veuves, et de leur mon-
trer les obligations auxquelles il les engage. Il paroît que S.
Ambroise fut déterminé à y mettre la main par une ocasion
particulière. Une veuve affligée de la mort de son mari , s'étoit
adressée au saint Evêque pour y trouver de la consolation ; et
il l'avoit exhortée à cesser de s'affliger excessivement , et mê-
me à quiter les marques trop éclatantes de son deuil. Mais la
veuve ne se contentant pas de suivre cet avis, vouloit encore
se remarier, quoiqu'elle eût déjà des filles ou nubiles ou mê-
me engagées dans le mariage. Ce fut pour l'en détourner que
S. Ambroise entreprit ce traité, qui semble être composé de
quelque sermon prononcé de vive voix. Il y montre les fâcheu-
ses suites qu'atirent toujours les secondes noces, et prouve que
la viduité est beaucoup plus excellente que le mariage , et
qu'elle aproche de l'excellence de la virginité. Mais il traite
ce sujet avec tant de discrétion, qu'il ne peut être acusé d'avoir
donné dans l'excès, en condamnant les secondes noces. Il a
soin
A
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 345
soin de déclarer que ce qu'il y dit de la viduité, n'est qu'un con- i v s i e c liî .
seil salutaire et non pas un précepte. '
' Il y parle fortement contre un autre excès encore plus per- tiu. iwu.
nicieux , qui est de condamner les premiers mariages. On croit
qu'en cet endroit il alaque les Marcionites, les Manichéens et
les autres hérétiques qui tomboient dans cet excès, beaucoup
plus par un esprit de libertinage , que par l'amour de la chaste-
té qu'ils ne connoissoient gueres.
' Il y établiten passant l'intercession des Saints en ces termes: Amb. ib. n. 53.
« 11 faut , dit-il, prier pour nos besoins les Anges qui nous sont
« donnés pour nous garder. 11 faut aussi invoquer les Martyrs,
« dont les corps semblent nous être des gages de leur protection ,
« Quoiqu'ils aient été autrefois sujets à quelques péchés, ils s'en
« sont purifiés dans leur sang; et cela n'empêche pas qu'ils ne
« puissent prier pour les autres. Ils sont tout à la fois et les fi-
« delestém.oinsdeDieu,et les inspecteurs de nôtre vie et de nos
« actions. Ne rougissons donc point de les prendre pour les in-
« tercesseurs de nos foiblesses. Us connoissent eux-mêmes par
« l'épreuve qu'ils en ont faite dans leur victoire, quelles sont les
« infirmités de la chair. »
10°. ' Cinq livres sur la foi à F Empereur Gratien. C3 prince Je ûd. i).4*3.59t).
se préparant en 378 à marcher au secours de Valens son oncle
contre les Gots, voulut se munir d'un préservatif contre les
mauvaises doctrines qui avoient cours en Orient. Persuadé
d'ailleurs que la victoire dépend plus de la foi du prince que
du courage des soldats, il étoit bien aise de se couvrir de ce
bouclier contre la puissance formidable des barbares. Dans ce
dessein il s'adressa à S. Ambroise, et lui demanda un traité qui
établît la divinité de J. G. contre les hérétiques. Le saint Evê-
que pour le satisfaire composa les deux premiers de ces cinq
livres. 11 montre d'abord dans le premier en quoi consiste la
foi de l'Eglise, établissant l'unité ae la nature divine, et latri-
nité des Persones. Puis aïant prouvé la divinité du Fils, il ré-
fute d'une manière précise les principales erreurs des Ariens:
que le Fils fût dissemblable au Père : qu'il eût un commence-
ment ; qu'il fût créé. Dans le second livre S. Ambroise conti-
nue à prouver que les atributs de la divinité conviennent au
Fils. Il y explique comment il est envoie par le Père, com-
ment il lui est soumis , comment il est moindre. C'est ce qu'il
exécute en distinguant ce qui lui convient comme Dieu , et en
tant qu'homme, et entre autres les deux volontés. ' S. Ambroi- • isg. ivi.
Tome I. Sec. Part. X x
2 3 *
Uiid
346 S. AMBROISE, ËVEQUE DE MILAN ,
IV SIECLE, se finit en promellant à l'Empereur la victoire sur les (jlots,
qu'ildilêtre ceuxquisontnommésGogdaris l'Ecriture; victoire
Tui. ibid. i). 110. ^ont il espère que la protection de l'Eglise sera le fruit. ' Gra-
tien les vainquit en etTet par la valeur de Theodose Général de
ses armées.
' Ces deux premiers livres de S. Ambroise sur la foi ont été
fort célèbres dans l'antiquité. Plusieurs Pères de l'Eglise les ci-
tent avec éloge, et s'en sont servis avec succès conire les hé-
Coiic. i. A. II. &13. résies. ' Le Concile général d'Ephese en 431 en raporle di-
vers passages, pour établir le dogme de la foi conire Nestorius.
Vin. liv. 11. 5. ' De même Vincent de Lerins dans son mémoire fait beaucoup
valoir l'autorité du second et du 3" livre coiilri; les Ariens.
r!ï' ii'-t'i fii/'^b 'I-''année suivante 370 Gralien de retour en Occident, écri-
p.' 120 kl. " vit à S. Ambroise pour le priei* de lui envoier une seconde fois
les deux livres dont nous \ enons de p.irler, apWis qu'il y auroit
fait quelques addilions louchairtla di\init(''duS. Esprit . S. Am-
broise s'en étant excusé pour lors, l'Empci-eur passant par Mi-
lan, le pressa encore de vive voix de salisfiire à son désir. Les
instances de ce prince jointes à quelt|ui's objcictions que les
hérétiques avoient faites conire les deux premiers livres, dé-
terminèrent le saint Evêque àeii composer trois autres. CeuxHîi
semblent écrits particulièrement coiilro les faux Evêques l*al-
lade et Secondien, qui suivoienl la doctrine des Ariens en 11-
lyrie, (juoiqu'ils en rejetiissent le nom, parce qu'il étoit alors
trop odieux. Ce sont ces mêmes Evêcjues (jui furent depuis
condamnés dans le Coni-ih; d'A(|uilée en 381 .
i)iii>iii. i.iii. t..;. |). ' Les Criti(jU(:s font beaucoup de cas d(! ces cinq livres sur
ïlii-'iij."''' "*' ''■ ''ifoi. A leur avis, eiilrc le grand nombre des traités qui ont
été fails sur celle matière, il n'y en a point où les dil'ficullés
lliéologi(|ues sur b; mystère de la Ti-inité soient mieux discu-
tées et mi(;ux éclaii'cies qu'en ceux-ci. Li!s objections les plus
subtiles y sont proposées d'une manière intelligible, et ré.so-
lues avec une iielielé cjui met Tous rage à la portée de tout le
monde. On y découvre beaucoup d'esprit, de subtilité et d'a-
grément. On reraar(|ue néanmoins que l'Auteur n'y raisonne
pas toujours ju.sle , et qu'il y emploie quel(|uefois des [)reuves
«jui ne sont pas fort et incluantes. Divers Ecrivains du moien
âge les citent sous le titre du livres sur la Trinité , et (|uelques
manuscrits retiennenl h; n]ême lilre. Mais ils sont plus connus
sous le nom de li\res sur la foi ; el c'est ainsi <|ue S. Ambroise
les cite lui-même. Quoiqu'ils soient écrits parliculicremeul
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 317
contre les erreurs d'Arius, S. Ambroise ne laisse pas d'y réfu- iv siècle.
1er celles des Manichéens, des Sabelliens et des Photiniens.
11". ' La même année 37'.), ou même dès la précédente S. ^"']'- 'i'- satyr. p.
Ambroise composa deux traités à l'ocasion do la mort de S. Sa- iin.iV p. m'j.' 73',.
lyre son frère. F^e premier est V Oraison funéhre Ae ce Saint qu'il
prononça en présence du corps exposé à découvert, et où il
pleure sa mort. L'autre est un discours qu'il prononça le sep-
tième jour après son décès, lorsqu'on revint au tombeau pour
faire les prières acoiiiumétis. ' Dans le premier S. Ambroise '^'"•'- '"'i'';
fait l'éloge de son frère, et en relevé le mérite et la vertu. Il
loue sur-tout sa simplicité, sa tempérance, sa chasteté , sa libé-
ralité envers les pauvres, sa foi pour l'Eucharistie. On y voit
que les Chrétiens la portoient avec eux dans leurs voïages , el
qu'ils la regardoient comme; un préservatif dans les périls. Le
second discours est emploie pour montrer comment on se doit
consoler de la perte des personnes (jui nous sont les plus chè-
res, par la foi de la résurrection. Aussi cet écrit en traite avec
étendue, et en a pris le titre. ' On croit que S. Ambroise dési- thi. iiiid. p. n».
gne l'un et l'autre , lorsqu'écrivant sur le premier Pseaume, il
cite ses livres de la consolation et de la résurrection. S. Augus-
tin les cite aussi sous ce dernier titre. ' il paroît |)ar le coinmen- '^"''' ''•' '•"'' "• *
cernent du second discours que c(! fut S. Ambroise qui le rédi-
gea lui-même en forme de traité divisé en deux livres, comme
nous l'avons aujourd'hui.
'On trouve dans l'Antidote contre les hérésies un fragment Amid. p. o*. -m
d'ouvrage sous le nom de S. Ambroise , touchant la foi de la
réinsertion. Il ne faut pas se laisser tromper par ce titre spé-
cieux, qui pourroit faire croire que ce fragment, rempli de fautes
d'ailleurs, seroitpris du second livre de l'opuscule dont nous
venons de parler. Ce n'est qu'un extrait mal assorti, que l'on a
tiré du traité de la Trinité faussement atribué à S. Ambroise.
12". Pour continuer le catalogue chronologique des écrits du
saint Evêque , celui qui paroît avoir suivi de plus près l'épo-
que du précédent , ' est son livre sur Noé et de t Arche. " Dans Amb. do nob, p.
un manuscrit de Corbieil est \x\K\\\)\k De ï krvhe de Noé; et c'est «adm- p. aa;.
ainsi qu'il est cité par S. Augustin. Nous ne l'avons que fort
imparfait en divers endroits. Ainsi l'on ne doit point s'éton-
ner de n'y point trouver les paroles qu'en raporte ce Père. Le
but général de S. Ambroise dans ce traité, est de décrire la
vie et les mœurs de Noé. Mais son dessein particulier est d'y
expliquer l'histoire de la structure de l'Arche et du déluge uni-
X X ij
348 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE versel. C'est ce qu'il exécute avec beaucoup d'art, et selon le
■ sens literal et selon le sens allégorique , d'où il tire à son or-
dinaire d'excellentes instructions pour les mœurs.
o;r. 1. 1. n. 78. ' S. Ambroise cite lui-même ce traité dans ses Offices, mais
seulement en désignant le 8' chapitre, sans nommer l'ouvrage.
(lo Noii, n. GO. 'Dans le 17" chapitre il fait mention comme d'une chose assez
récente , de l'usage des indictions qui commençoient l'année
aiim. p. 225. au mois dc Septembre. ' Il y déplore souvent les calamités
publiques , que l'on croit être celles qui suivirent de près la
mort de l'Empereur Valons. C'est une des raisons qui font met-
tre ce traité en l'année 379. On y lit quelques endroits qui pa-
roissent pris du livré de Philon sur l'agriculture.
(in^sp. s. p. coo. 13». 'Les trois livres sur le S. Esprit furent composés à la
prière de l'Empereur Gratien, à qui ils sont adressés. Ce prince
les avoit demandés , comme nous l'avons dit , dès 379, afin de
s'instruire sur cette matière, ainsi qu'il l'éloit déjà sur la divinité
du Fils. S. Ambroise toutefois n'y mit la dernière main qu'en
381 . C'est ce qui paroît par la préface , où il désigne la mort
d'Athanaric Roi des Gots , arrivée à Constantinople le 2."> de
Janvier de cette même année. D'ailleurs comme il y nomme
pour Evêques de Rome, d'Alexandrie et de Constantinople
Damase , Pierre et Grégoire , il montre qu'il ignoroit alors la
mort de Pierre et l'abdication que fit Grégoire dans le Con-
cile général qui se tint cette même année à Constantinople.
De sorte que ne faisant même nulle mention de ce Concile ,
il faut dire que l'ouvrage fut fini avant sa tenue. Saint Am-
broise y agit et contre les Ariens et contre les Macé-
doniens, et y prouve que le S. Esprit est Dieu , égal au Père
et au Fils, et de même substance. Que c'est lui qui a parlé
par les Prophètes et les Apôtres. Que c'est lui qui sanctifie
toutes les créatures qui sont saintes , en quoi éclate son infinie
bonté. Que ses opérations sont les mêmes que celles du Père
et du Fils. Qu'on lui doit par conséquent la même adoration ,
comme aïant la même divinité.
a.im. p. 596. ' Dans quclques manuscrits cet ouvrage porte pour titre De la
Trinité, ainsi que les cinq livres sur la foi , et il se trouve
*"c' sr'n '^4ti' '■ ^^^^ ^^ ^* ^^^*^ P"^^ quelques Ecrivains. ' S. Augustin témoi-
gne que S. Ambroise y emploïa un style simple , parce que le
sujet qu'il y traite n'avoit pas besoin des ornemens de Vélo-
Ami). aim. ibid. queuce pour faire impression sur lés esprits. ' Baronius croit que
S. Ambroise a tiré une grande partie de cet ouvrage de celui
DOCTEUR DE L'EGLISE ET GONFESS. 349
que S. Basile avoit adressé à S. Amphiloque sur la même ma- i v siècle.
tiere. 'Mais S. Jérôme et Rufin assijrent que c'est deDidyme Hicr.apo. i. 2. pi
d'Alexandrie : de quoi S. Jérôme parle en des termes que Ru- *32-'*34.
fin a cru devpir repousser comme injurieux à la mémoire de
S. Ambroise.
' Au reste en confrontant ce traité avec celui de Didyme, ^^^- "''''• !•■ ''^*-
l'on ne peut s'empêcher d'y apercevoir de la conformité, sur-
tout en ce que l'un et l'autre contiennent louchant l'effusion du
S. Esprit, la sanctification qu'il opère, sa science et ses autres
dons. Cela n'empêche pas néanmoins que l'on n'y observe
que S. Ambroise s'y est aussi servi des autres Auteurs grecs,
comme de S. Athanase, de S. Grégoire de Nysse, et particulière-
ment de S. Basile dont il emploie judicieusement les preuves et
les pensées, pour les faire connoître à l'Eglise d'Occident. C'est
ce qui a fait dire aux Pères du Concile de Florence, qu'il
avoit pris beaucoup de choses de ce dernier Docteur. ' Ces conc. t. 4. p. 12c.
trois livres sur le S. Esprit et les cinq sur la foi sont ces huit li-
vres que le PapeHormisdas dit avoir été faits par S. Ambroise
pour satisfaire à la letrede Gratien ; l'un ne se lassant point de
travailler pour la foi, ni l'autre de recevoir ce que le S. Evo-
que lui adressoit.
14°. Le traité sur le mystère de rincarnation du Seigneur^ Amb. de im-. p.
ne fut fait qu'après les cinq livres sur la foi qui y sont cités. C'est ™*"""-
pourquoi on le place en l'année 382. S. Ambroise y établit so-
lidement la divmité du Verbe contre les Ariens, et y réfute
avec la même solidité les erreurs des Apollinaristes, dont il
tait néanmoins le nom. Il fait voir contre les uns et les autres
qu'il y a en J. C. deux natures complettes : la nature divine se-
lon laquelle il est égal au Père, et la nature humaine selon la-
quelle il est vrai homme, aiant un corps réel et une ame in-
telligente. ' C'est ce qui fait quelquefois donner à ce traité Tiii. ibid. p. itr..
le nom de livre contre les dogmes d'Apollinaire. Plusieurs
Pères l'ont cité avec succès contre les mêmes erreurs, et en
général contre les hérétiques qui ont combatu l'Incarnation
du Verbe.
' Ce n'est proprement que le discours que S. Ambroise avoit Amb. iwd. adm.
prononcé devant son peuple à l'ocasion d'une question que ^' ' "'
deux Chambellans de Gratien lui avoient faite avec beaucoup
do fierté sur ce sujet. Mais il le retoucha dans la suite, et y
ajouta diverses choses suivant sa coutume. ' Ces deux Offi- va. n. is.
350 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN? ^'"^
IV SIECLE, ciers Ariens de profession avoient proposé leur difficulté à S.
Ambroise, afin qu'il r('pon<lît h) lendemain dans la basilique
Portiene, où fout le monde avoit promis de se rendre. Mais
ces malheureux méprisèrent de se trouver à l'assemblée. Pour
l'éviter ils moulèrent sur un cliariol, et allèrent se promener
hors la ville. Ils portèrent aussi-tôt la peine de leur mépris;
car étant tombés de leur chariot, ils demeurèrent morts sur la
place. S. Ambroi.se ne sachant rien de cet accident, se rendit
il l'église où il les atendit assez long-tems inulilcment. Voïant
qu'ils ne venoient point, il ne laissa pas de s'aquiter de .sa pro-
messe, et prononça le discours ((u'ils l'avoient engagé à pré-
<!<' inr. II. I. M. parcr. ' Afin de leur donner le tems de se rendre, S. Ambroise
commença par expliquer les .sicrifices d'Abel et de Caïu. Il
aplique aux hérétiques la malédiction que Dieu prononçacon-
tre le sacrific(^ de celui-ci, et fait ensuite un dénombrement
des principales hérésies, jusqu'à celle des Apollinaristes inclu-
sivement.
i). 7Î0. -32. '.Alafindece traité de S. Ambroisr sur l'Incarnation, les
derniers éditeurs nous ont donné en grec et en latin un frag-
ment raporté par Théodonit, c(»mme pris d'un livre du même
S. Ambroise .sur l'explication de; la foi. I^'on ne sait point au
reste de quel ouvrage de ce saint Evêque Théodoret a tiré ce
fragment. Comme il a beaucoup de raport avec le traité sur
le mystère de l'Incarnation, l'on a jugé à propos de le mettre
à la fin de ce traité. En eflel il roule tout entier sur les deux
natures en . T. C Mais il y a toute aparence qu'il e.sl moins de
S. Ambroise que d'un Auttuir posiérieur, qui avoit connois-
sance des hérésies de Ne.storius et d'Eutichès.
.1- .loi) , p. («li. I -^J"- ' ^<?* qvatrejivres de la plainte de Joh et de David,
"" ont chacun leur titre particulier. Le premier est intitulé De la
plainte de Job etde lafoiblesse, de l'homme ; le second elle qua-
trième de la plainte de David; et le troisième delà plainte de
a.ini. 11. f.22. «lob. ' Ils sc trouvcnt tous quatre sous les mêmes titres et avec,
le même ordre dans un manu.scrit ancien au moins de mille
ans, sur lequel les derniers éditeurs les ont donnés. Le com-
mencement du premier et du troisième livre fait voir que c'esl-
là leur ordre naturel. Les éditicns de Rome avoient mis dans
t!23. ces livres une confusion intolérable. ' Du premier et du troi-
sième elles avoient fait un commenlaire sur le livre de Job;
et du second joint au quatrième séparés des autres, elles avoient
formé des explications sur les Pseaumes 11 , 42, et 72.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 351
'' Le second livre manque dans les plus anciennes éditions i v siec l k
de S. Ambroise. Erasme fui le premier qui le publia en l'ôtant 7.,^^ ^
à son véritable Auteur, pour le donner à celui qui a fait le traité
de la Vocation des Gentils. Mais cette tentative dénuée de
tout apui, n'a pu l'emporter sur les raisons invincibles qui atri-
buent ce livre à S. Ambroise, et qui ne permetli nt pas de
le séparer des autres trois, que personne ne lui ajamais contes-
tés. ' On fait voir par d'assez bonnes preuves que ces quatre p. «as.
livres ont été écrits vers l'an 383, et composés de divers ser-
mons prêches au peuple.
' S. Ambroise emploie le premier livre à expliquer les plain- Md.
tes que Job et David font sur les misères de l'homme, tant par
raportà l'ame qu'au corps, et particulièrement sur l'assujetisse-
menl au péché. C'est ce qu'il exécute en se servant des pre-
miers chapitres du livre de Job, et y faisant aux principaux
endroits des observations fort instructives. Il continue le même
sujet dans le second livre en y expliquant les Pseaumcs 41 et
42. Il y distingue trois diderens sujets de plainte: les misères
qui acompagnent la vie présente; le délaides biens futurs, et
sur-tout du dernier avènement de J. C. et la nécessité où nous
nous trouvons de vivre parmi les médians.
Les deux derniers livres sont emploies pour repousser les ibi.i.
plaintes de ceux qui trouvent ù redire, que les méchans soient
heureux en cette vi(!, et les bons malheureux. S. Ambroise y
montre que ie bonheur des premiers n'est qu'un bonheur apa-
rent (|ui ne peut les rendre véritablement heureux ni - n cette
vie ni en l'autre. Qu'au contraire les maiix que souffrent les
bons, sont un gage assuré d'un bonheur éternel. Uconfirme ces
grandes vérités, qui ne sauroient être trop connues en tous les
tems, par une excellente explicalion du Pseauine 72.
10°.' Les deux livres de la pénitence sont écrits particulière- .ic \wi\. p. mi.
nient contre les Novatiens, qui la détruisoient en prél(;ndant *'"■
que tous les péchés étoient irrémissibles. ' En 393 S. Ambroise in ps. 37. n. 1.
écrivant sur le Pseaume 37, disoit en parlant de ces deux
livres, qu'il y avoit déjà long-tems qu'il les avoil composés : de
pamitentia duos jamdudum scripsi Ubellos. ' C'est ce qui 'le ikuh. adm. p
joint à quelques autres circonstances marquées dans ces livres,
les lit mettre en 384, après la grande affaire sur l'autel de la
Victoire. S. Augustin en trois dillérens endroits de ses écrits cite
ces mêmes livres sous le nom de S. Ambroise, qui les recon-
noît lui-même comme l'on vient de le voir pour être de lui.
387.
352 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN, '^*
IV SIECLE. Après quoi il est étonnant qu'il se trouve des critiques qui osent
les lui disputer. C'est ce qu'on apelle vouloir critiquer à pure
perle. Il n'est gueres d'ouvrages des Anciens, où l'on trouve
mieux établies et l'autorité de remettre les péchés que l'Eglise
a reçue de J. G. et la nécessité de les confesser et d'en faire pé-
nitence.
1- I n. 1. 96. •' S. Ambroise commence le premier livre par l'éloge de la
modération et de la douceur Chrétienne, pour l'oposer à la
rigueur et à la dureté des Novatiens. Ensuite il établit le pou-
voir incontestable confié à l'Eglise de remettre toute sorte de
péchésquelsqu'ilspuissent être, et montre que Dieu est plus
porté à la miséricorde et à la clémence, qu'à la justice et à
la sévérité. Après quoi il emploie le reste du livre à résoudre
les objections des hérétiques. 11 s'arrête particulièrement à celle
qu'ils tiroient de ces paroles de la première épitre de S. Jean.
tly aunpéché qui va à la mort, et ce n'est pas pour celui-là
que je vou^ dis que vous priiez. S. Ambroise prouve par S.
Jean mêmeaue le sens qu'y atachoient les Novatiens, est bien
éloigné de celui du S. Apôtre, aussi-bien que la doctrine de S.
Paul et de toute l'Ecriture. En réfutant ainsi les erreurs des hé-
rétiques, et confirmant le dogme de l'Eghse, l'Auteur a soin d'in-
sérer d'excellens avis pour porter ses lecteurs à veiller avec
une circonspection infatigable sur leurs sens et leurs cœurs, afin
de ne donner aucune entrée au péché .
n. yo. « ' Sur la fin du livre on lit ces paroles remarquables : « Je
« veux, dit-il, que le coupable espère le pardon. Je veux qu'il
« le demande avec larmes etgémissemens, qu'il y emploie mê-
« me les larmes de tout le peuple, et qu'il use d'instance pour
« l'obtenir. Que si l'on diffère deux ou trois fois de l'admettre à
« la communion, qu'il s'impute lui-même ce délai. Qu'il croie
« qu'il vient de ce que ses prières n'ont pas été assez ardentes.
« Qu'il redouble donc ses pleurs; qu'il revienne ensuite dans
« une posture encore plus humiliante; qu'il se jette aux pieds
« des Fidèles ; qu'il les embrasse, qu'il les baise, qu'il les baigntî
« de ses larmes, et qu'il ne les quite point, afin que le Seigneur
« Jésus dise de lui ; Beaucoup de péchés lui sont remis, par-
ti ce qu'il a beaucoup aimé.
n. 9» » ' J'ai connu, ajoute S. Ambroise à cette ocasion, j'ai con-r
« nu des personnes, qui à force de pleurer pendant le tems de
« leur pénitence se sont gâté le visage, qui ont formé comme
« des sJlons sur leurs joues par leurs larmes continuelles, qui se
sont
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 353
« sont prosternées en terre pour être foulées aux pieds de tout le iv siècle.
« inonde; qui par leurs jfîûnes continuels se sont rendu le visage
« si pâle et si défiguré, qu'elles portoient dans un corps vivant
« l'image de la mort. » On ne voit plus de tels exemples de pé-
nitence.
Dans le second livre S. Ambroise enseigne d'abord qu'il ' ' n 1. 107.
faut être atentif et studieux à ne pas diférer d'embrasser la pé-
nitence qu'exigent nos péchés. II passe ensuite à réfuter les
deux principales objections des Novatiens : prises, l'une du
passage de l'Epitre aux Hébreux, où il est dit qu'il est impossi-
ble ^ ceux qui ont une fois perdu la grâce du baptême d'être
renouvelles ; l'autre de ce que J. C. dit du péché contre le S.
Esprit. Après cette réfutation où les Théologiens des siècles sui-
vans ont puisé tant de lumière, S. Ambroise vient à exhorter
les Fidèles à la pénitence, dont il leur explique les conditions,
et la manière de la faire. Entre ces conditions l'on en remar-
que cinq principales. 1 , Les pécheurs demandoient eux-mê-
mes à être mis en pénitence ; 2, en les mettant en pénitence
on les séparoit de la communion ; 3, ils faisoient pénitence pu-
bliquement; 4, ils pratiquoient beaucoup déjeunes, d'austé-
rités, d'humiliations pendant leur pénitence; 5, cette sorte
de pénitence ne s'imposoit qu'une fois : sicutunum baptisma,
ita una pœnitentia.
Outre cette sorte de pénitence, S. Ambroise en distingue " 9"..
une autre qui doit se pratiquer tous les jours. Celle-ci est pour
les péchés les plus légers ; au lieu que la première étoit pour
les plus griefs. ' En faisant le détail des moïens de pratiquer " 8i.<»(i
l'une et l'autre, il marque la prière, le jeûne, l'aumône, les lar-
mes, les gémissemens, la privation du sommeil même néces-
saire, et des autres choses qui Hâtent les sens, le renoncement
au siècle et à soi-même, afin de devenir une nouvelle créatu-
re. ' Mais il veut que la foi et la charité animent toutes ces pra- " «^
tiques, faute de quoi elles seroient inutiles. Quid enim prodest
cullatio pairirnonii sine gratia caritatis? ' Il a aussi porté l'a- "• *♦•
tention à marquer les défauts que l'on y doit éviter, comme la
vanité et la vaine gloire. Ceux qui y tombent, dit-il , ont déjà
reçu leur récompense dès cette vie, et n'ont plus rien à espérer
dans l'autre. ' Il ne veut pas non plus que l'on se porte à la pé- " ^■
nitence par le seul remords de sa conscience et la seule crainte
de l'enfer ; parce qu'ordinairement ces sortes de personnes n'y
perséverentpas. Il faut encore éviter de se repentir d'avoir fait pé-
Tome I. Sec. Pari Y y
II. S7.
11.89
3rii s. AMBROISR, EVEQUE DE MILAN,
V SIECLE, nitence, ce que feroient, par exemple, ceux qui se reproclie-
roient d'avoir donné luur bien aux pauvres.' S. Arabroise taxe
encore ceux qui ne demanderoient la pénitence, qu'afin d'ê-
tre aussi-tôt admis à la communion. « Ceux-ci, dit-il, ne desi-
« rent pas tant d'être déliés, que de lier le prêtre. En effet,
« ajoûte-t-il, ils ne déchargent point leur conscience, et ne font
« que charger celle du Prêtre, à qui il est défendu de donner
« les choses saintes aux chiens, et de jetler des pierres pré-
« cieuses devant les pourceaux : c'est-à-dire d'admettre faeile-
« ment les âmes impures à la communion sacrée. »
Il faudroit traduire ici tout le reste de ce livre, si nous vou-
lions raporter tout ce qui y est digne de remarques. Nous nous
bornerons à ces deux autres traits. « ' Il y en a d'autres, con-
« tinue S. Ambroise, qui font consister la pénitence à s'absle-
« nir simplement des sacremens. C'est être un cruel juge con-
« Ire soi-même; puisque c'est éviter le remède, et se prescrire
« une peine qu'il faudroit pleurer, en ce qu'elle nous prive de
« la grâce du Ciel. D'autres enfin dans l'espérance de faire un
<f jour pénitence, prennent de-là un sujet de croire qu'ils ont
« plus de liberté pour pécher, sans considérer que la pénitence
« est un remède contre le péché, et non pas un atrait pour por-
te ter au péché. C'est à la plaie que le remède est nécessaire, et
« non pas la plaïe au remède. Ce n'est pas pour le remède que
« se fait la plaïe, mais c'est pour la plaïe que le remède se pré-
« pare. D'ailleurs l'espérance que l'on établit sur le tems, est
« bien foible; puisque tout tems est incertain, et que l'espc-
« rance ne dure pas au-delà du tems. »
n.%. ' Après que S. Ambroise a ainsi détaillé les conditions re-
quises pour la pénitence et les défauts que l'on y doit éviter,
il s'est crû obligé .de déclarer qu'il est plus facile de trouver
des personnes qui ont conservé l'innocence de leur baptême,
que d'en voir qui après l'avoir perdue, en fassent une péniten-
ce convenable.
n,K.. Dav. p. 6-,'.. 17°.' L'Apolo(jie du Prophète David [\xi faite peu après lamort.
"•** de Gratien, que S. Ambroise y déplore au cnapitre sixième.
Elle paroît visiblement composée des sermons que le saint Evê-
que avoit prêches devant son peuple. Le but qu'il s'y propose,
est de lever l'espèce de scandale que souffroient quelques-uns
en lisant dans l'Ecriture la chute d'un si grand Prophète dans
un double crime, l'adultère et l'homicide. S. Ambroise ne l'en
excuse point. Seulement il entreprend de montrer, qu'aussi-
DOCÏEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 355
tôt qu'il les reconnut, il en fit une sérieuse pénitence. Qu'il ré- iv siècle.
para sa faute par quantité de bonnes actions. Que c'est pour ~
nous instruire, que Dieu permit qu'il tombât dans ce double
péché. La plus belle partie de cet écrit est l'explication du
IVaume 50* qui commence au 8* chapitre, et qui comprend
tous les suivans. ' Dans l'édition de Rome cette explication se aJ'». p «7t.
trouve séparée de l'Apologie : ce qui est contre l'autorité des
manuscrits et des anciennes éditions de S. Ambroise.
' Selon un manuscrit ancien de plus de mille ans, qui iij. iTiii.ib.p.aih».
a apartenu à M. de Thou, cette Apologie est adressée à l'Em-
pereur Thcodose, h qui S. Ambroise put fort bien en envoler
une copie après le meurtre de Thessalonique. ' On a suivi ce Amii. Apo. Dav.p.
manuscrit dans la dernière édition de ce père, où se lit le nom
de cet Empereur dans le titre de la pièce, comme lui étant
adressée. Elle fut faite, ainsi qu'on l'a dit, peu après la mort aJm. ib.
de (îratien, ' et elle se trouve citée dans^ le Commentaire de in uc. adm. p.
S. Ambroise sur S. Luc, qui ne fut fini qu'en 380, quoique **'^'
commencé dès 385. C'est ce qui détermine à assigner à celte
Apologie l'an 384.
1 8". On vient de voir par avance l'époque qui convient' au i» Luc. p. mn.
Commentante sur S. Luc, qui est un des principaux ouvrages *'**'
de S. Ambroise. ' C'est sans nul fondement que Baronius a «dm. p. tm.
voulu le placer dès 376. Outre l'Apologie du prophète David qui
y est citée, comme on vient de le dire, S. Amoroise y cite en-
core ses livres sur les veuves, sur la foi et sur le S. Esprit, dont
les derniers ne furent écrits qu'en 381 . 11 paroit par plusieurs
endroits de ce Commentaire, que ce n'est qu'un recueil d'ho-
mélies ou de sermons que le saint Evêque avoit prêches de-
vant son peuple. Il les retoucha depuis, et emploïa près de deux
ans à les rédiger dans l'ordre que nous les avons aujourd'hui,
divisés en dix livres.
' Quoique S. Ambroise n'ait entrepris d'expliquer dans cet vm.
ouvrage que le texte de S. Luc, il ne laisse pas toutefois d'y
éclaircir divers endroits des autres Evaiigelistes. Il le- fait sur-
tout, lorsqu'ils paroissent avoir quelque difficulté particulière,
ou qu'ils ont été omis par S. Luc. II s'atache particulièrement
à concilier les endroits des quatre Evangelistes, qui paroissent
opposés les uns aux autres. De même quoiqu'il se soil proposé
de suivre le sens literal et historique, cela n'empêche pas qu'il
ne donne .souvent dans le sens mystique el .spirituel, dont il
.sait tirer d'exccUens préceptes do morale. Il y a aussi inséré,
Y y ij
356 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
(V SIECLE, lorsque le texte lui en a fait naître l'ocasion, divers points de
controverse pour combalre les hérésies qui avoient cours en son
tems. Il y combat entre autres les Manichéens, les Photiniens,
et particulièrement les Ariens.
in i.iic. pi. 11. 1.8. A la tête se lit une préface de l'Auteur pour relever l'ex-
cellence de la sagesse qui brille dans toute l'Ecriture, nommé-
ment dans l'Evangile, et pour tracer le caractère des quatre
Evangelistes. Il dit que S. Jean est le plus sublime de tous.
Qu'il s'est élevé au-dessus des nuées, au-dessus des Vertus cé-
lestes, au-dessus des Anges, et jusqu'au sein de Dieu même, où
il a trouvé le Verbe. Que S. Matthieu s'est plus ataché à dé-
crire la naissance de J. G. et à instruire les nommes sur les
mœurs. Que S. Marc a su tout à la fois et inspirer l'admira-
tion, et montrer la voie qui conduit à l'immortalité. Que S.
Luc s'atache davantage à l'ordre historique, et raporte plus
de faits que de préceptes.
I 1. n. 2. ' Sur les premières paroles de S. Luc S. Ambroise fait l'é-
numération de divers Evangiles que l'on voïoit encore de son
tems. Il nomme celui que l'on atnbuoit aux douze Apôtres, un
second de Basilides, un troisième que l'on donnoit à S. Tho-
mas, et un quatrième qui portoit le nom de .««aint Matthias.
« Nous en lisons quelque chose, dit-il, non pour le retenir,
« mais pour le réfuter. » Il ajoute que l'Eglise les rejetoit parce
qu'ils n'étoient pas écrits par l'inspiration du S. Esprit, comme
le sont les quatre qu'elle a à son usage, et qui cependant n'en
font qu'un par l'unité de doctrine qu'ils s'acordent à enseigner.
a.iin. ibid. ' On observe que S. Ambroise dans les premiers livres de ce
(^iOmmentaire se sert quelquefois des écrits d'Origene, mais
en Tacommodant à .son dessein, et sans en suivre entièrement
la doctrine. Au reste s'il a pris des Pères qui l'avoient précédé
certaines choses pour composer cet ouvrage, les Pères qui l'ont
suivi y en ont puisé beaucoup davantage. S. Maxime de Tu-
rin entre autres en a tellement enrichi ses sermons, que Lan-
franc cite quelquefois sous son nom certains endroits de ce
Tiii. ibiii. p. !!)'.>. môme Commentaire de S. Ambroise. S. Augustin ' et divers
autres Pères latins le citent sou vent aussi, et montrent par-là
|:..s.i. i,is. c. 7. p. l'estime qu'ils en faisoient. ' Cassiodore le nomme un ouvrage
• Tiii. i!)i.i. admirable. =" S. Jérôme même, qui d'abord en avoit parlé avec
moins d'estime, ne laisse pas dans ses derniers ouvrages d'y
renvoïer ses Lecteurs. Aussi es[-cv le premier Commentaire
sur S. Luc qui soit sorti de la plume des Pères latins.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR: 357
1 9°. * Les deux livres sur Abraham furent faits peu de tems i v siècle.
après le Commentaire sur S. Luc. On les met en 1 année 387. . Amb. de Abr. p.
Peut-être furent-ils précédés du Commentaire sur le Pseaume ^si. 352.
H8*.Maisnous remettons àparler de cet ouvrage, pour le join-
dre à l'explication que le saint Evêque a donné de quelques
autres Pseaumes. Quelques Ecrivains du moien âge ont cité
les deux livres sur Abraham, sous le titre du livre sur les Pa-
triarches. 'S. Ambroise déclare néanmoins lui-même que leur »• ••". 1
titre est Abraham : Abraham libri hujus lïtuius est. Il ne parle
que d'un livre comme on le voit. ' Cependant il s'en trouve deux adm. p. !rt8.
aujourd'hui. L'on croit que d'abord il n'y en avoit effective-
ment qu'un seul, mais divisé en deux parties, et que de ces deux
parties on en aura fait ensuite deux livres.
' Le but de S. Ambroise dans cet ouvrage est, comme il le i- 1- n. 2.
dit lui-même, d'imiter en quelque sorte Platon le prince des
Philosophes, et Xenophon son condisciple. Comme ces deux
disciples de Socrate ont entrepris de nous représenter, l'un
dans sa République les règles d'un bon gouvernement, et l'au-
tre dans son Instruction de Cyrus, quel doit être un prince vé-
ritablement digne de commander : de même S. Ambroise se
propose de nous donner ici le portrait d'un homme sage selon
Dieu. Mais il y a cette différence essentielle entre l'exécution
de son dessein', et les ouvrages de ces deux Philosophes, que
ceux-ci, comme il le remarque lui-même, ont tiré de leur ima-
gination tout ce qu'ils nous disent, et qu'au contraire le saint
Evêque ne fait qu'emploïer les traits que Dieu même a tracés
dans la conduite d'Abraham raportée par Moïse. Dans la suite
de l'ouvrage S. Ambroise, à mesure qu'il relevé les vertus de
ce Patriarcne, s'atache à en tirer un sens spirituel, eti'apliquer
aux voies qui peuvent conduire à la perfection.
' Le premier livre est composé des sermons que S. Ambroi- aum. p. 279.
se avoit fait aux Catécumenes, qui s'étoient faits inscrire pour
recevoir le baptême. Pour le second livre, il est fort défectueux,
et l'on soupçonne qu'une main hérétique y a fait des additions,
des transpositions, et en a même retranché certaines choses.
20". ' Des autres sermons que S. Ambroise prêcha aux Ca- Jo is»»- 355. shi.
técumenes la même année 387, il a composé son livre d'Isaac
et de rame. ' Il est ainsi intitulé, remarque Sixte de Sienne, sixi. 1. 4. p. 220. 2.
parce qu'à l'ocasion de la naissance d'isaac et de son mariage
avec Rebecca, S. Ambroise y traite de l'amour qui est entre
J. C. représenté par Isaac, et l'ame figurée par Rebecca. ' Ce Amb. ibiu. n. 7.8.
2 4
358 S. AMBUOISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE qu'il y dit de l'union entre J. C. et l'ame, il le dit aussi de
adm. p. 3.i3. l'union entre J. G. et l'Eglise.' C'est pour mieux exprimer cette
union mystique, qu'il y emploie une partie du Cantique des
casd. ib. c. o. p. Cantiques, avec une explication ' qui a mérité les éloges de
'^'^- *• Cassiodore, et qui peut passer pour une espèce de Commen-
taire sur ce livre sacré. C'est de cette explication en particulier
que Guillaume Abbé de S. Thierri a tire son Commentaire sur
le même livre, en y joignant les autres endroits où S. Ambroi-
se en explique quelque chose, comme sur le Pseaume ^^8^
Aniij. adm. iijid. ' Ou regarde ce traité sur Isaac et sur l'ame comme un con-
tinuation du précèdent sur Abraham ; et les {trcmieres paro-
Tiii. ib. p. 290. les de l'ouvrage confirment cette opinion. ' S. Augustin, qui
t étoit du nombre des Gatécumenes à qui furent prêches les ser-
mons qui le composent, devoit bien le connoître. Aussi le
cite-il en divers endroits.
Amb. ibid. u. G. ' S. Ambroisc y fait en doux mots le portrait ue l'ame par-
faite. « Elle a, dit-il son corps en aversion. Elle fuit, elle évite
« tout ce qui est excessif, tout ce qui n'est que passager, tout ce
« qui peut porter au mal. Elle aune atention extrême à ne con-
« tracter aucune souilleure. Elle donne toute son aplication aux
« choses de Dieu, jusqu'à oublier les soins du corps. Mais sa
« fuite ne consiste pas à éviter d'habiter ce monde ; elle consiste
" à y pratiquer la justice et la tempi'rance, à renoncer aux vi-
« ces, et non à l'usage des choses nec ssaires à la vie. »
doiwn.moi. p.;««). 21".' Ce fut lamêmc! année 387, que S. Ambroise compo-
*'*■ .sa son livre ^Zm bien de la mort. Il paroît par les premiers mots
de ce traité qu'il est comme une suite du précèdent, qui y est
Sa. ii>i(i. nommé.' Aussi quelques Ecrivains l'ont-ils regardé comme
n'en faisant que la seconde partie. Le titre qu'il porte, lui vient
de ce que l'Auteur y relevé les avantages que l'épouse tire de
la mort, pour s'unir à l'époux et vivre éternellement avec lui.
Amb. iiùd.idni.p. ' Il est composé , ainsi que les préccdens, des sermons j)rêchés
aux Gatécumenes. Dans un mannscrit de la bibliothèque du
!U>i, il est inlitulé : Liber terthus ex lihro de Patriarchis,qui
intilulatur de bono înorlis.
<■■■ I. n. 1. 2. 'S. Ambroise après avoir montré la connexion de cet écrit
avec le précèdent qui trait;; de l'ame, se fait cette objection :
comment la mort n'est-elle point nn mal, puisqu'elle est con-
traire à la vie '? ' Sur quoi il distingue trois sortes de morts : la
mort que cau.se le péché et qui tuë l'ame; la mort au péché,
qu'ilnonnne une mort mystique ; et la mort naturelle , qui ter-
^!. 11. :t.
11. i. G.
38.
l. n. ri I r.'). Il
DOCTEUFl DE I;EGIJSE ET CONFESSEUR. 359
mine le cours de la vie. et sépare l'àme d'avec le corps. Nous i v sikclk.
convenons, ajoûte-t-il, que la première sorte de mort est im
très grand malheur, comme lasecondeestungrandbien.il
n'en est pas de même de la troisième, Les Justes la regardent
comme un bonheur ; et plusieurs autres la craignent comme
une grande peine. A ce sujet' S. Ambroise fait remarquer que
celte crainte ne vient que de nôtre foiblesse et de l'illusion que
nous font les faux plaisirs de la vie présente. ' Pour la dissiper
cette crainte, il fait voir de combien de peines, d'afflictions,
d'amertumes, de ciiagrins, d'eimuis, de tentations, de périls,
etc. nous sommes enviroimés dans ce monde, et que plus nous
y demeurons, plus nous nous trouvons chargés de péchés. Il
montre ensuite que la mort nous délivrant de tous ces maux,
elle doit être regardée comme un avantage, et que l'on ne
doit pas la craindre.
' ('/est ce qu'il appuie par cesconsidérations consolantes, que
la mort est la fin du péché, et l'faitrée à une meilleure vie ;
qu'elle n'est qu'un passage de celte vie mi.sérable et mortelle
à un état de paix, de bonheur, de gloire, d'immortalité.' Mais "•" '"• *" "•
il veut que l'on s'y prépare par une mortification sérieuse et
entière de tous ses sens. Ce que S. Ambroise dit à ce sujet, est
aussi touchant qu'instructif.' Après avoir établi comme en pas- "• *- "•
sant le dogme de l'immortalité de l'ame, ' il finit ce traité par "• ■•'*• ^■'•
une description du bonheur éternel qui nous est préparé, et
vers lequel il nous exhorte d'une manière la plus pathétique
de soupirer sans cesse et de nous hâter d'arriver . Et afin de
faire plus d'impression sur nos cœurs, il nous met en la bou-
che cette excellente prière qu'il adresse à J. C. comme à nô-
tre chef qui nous a précédé dans ce roiaume éternel pour nous
y préparer des demeures. ' « Nous y marchons après vous, Sei- "• ■'■*•
« gneur Jésus, mais apellez-nous à vous, afin que nous vous
« suivions efficacemment, parce quesans vous personne ne peut
cv aller à vous. Vous êtes la voie, la vérité et la vie. C'est vous
« qui nous donnez le pouvoir et la foi , comme vous nous don-
« nez la récompense. Hecovez-nous puisque vous êtes la voie :
« rassurez-nous, puisque vous êtes la vérité; donnez-nousla vie
« puisque vous êtes la vie même. Découvrez-nous ce bien dans
« la jouissance duquel vous être entré, et que David desiroit
« avec tant d'ardeur.... Montrez-nous ce bien qui est toujours le
« même, toujours permanent, toujours immuable, où nous de-
'< viendrons immortels par la coni!ois.saîiceque nous aurons de
« la source de loul hien. »
360 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
[V SI KG LE. 'S. Ambroise dans ce traité fait beaucoup d'usage du 4* li-
; — ;: rrr vre d'Esdras, qu'il cite comme Ecriture sainte. Mais il déclare
,•.".' "' ' lui-même la raison pourquoi il en use de la sorte. C'est, dit-il,
afin de montrer aux Païens, que ce qu'ils admirent dans les
a.im. p. 387. écrits de leurs Philosophes, a été pris de nos Ecritures. ' Au
reste quelques autres anciens Pères avant S, Ambroise avoient
cité le même livre d'Esdras, comme S. Clément Alexandrin,
l'Auteur de l'ouvrage imparfait sur S Matthieu, et ce semble
n. 4G-18. même S. Cyprien. 'C'est sur l'autorité de ce même livre que
nôtre Saint a avancé certaines choses, qui prises à la letre
pourroient faire croire qu'il auroit douté (jue les âmes des Jus-
tes après la mort jouissent de la vue de Dieu jusqu'après le ju-
gement dernier.
Mais on ne peut refuser de convenir que ces endroits sont
obscurs, et que par conséquent, selon les règles de la bonne
critique, ils doivent être expliqués par les autres endroits du
même Père sur ce sujet, qui sont des plus clairs. Or il s'en trouve
un grand nombre dans les ouvrages de S. Ambroise, où il dit
i>. 49. nettement ' que les âmes des Justes jouissent dès à présent de
la vue de Dieu ; qu'elles voient cette lumière divine qui éclai-
re tous les hommes qui viennent au monde : Justi hanc remu-
7ierationem hahent, ut videant f'aciem Dei, et lumen illud
quod illuminât omnem hominem. Ce sont les propres termes
dans lesquels il s'en explique dans le livre même qui fait naître
de caïn,i. 2. n.9. la difficulté.' AUlcurs il dit aussi clairement que ces amesjouis-
*'■ sent de de la lumière éternelle ; qu'après s'être dépouillées de
leurs corps, elles retournent au ciel d'où elles avoient été créées
pour les animer.
Si cela ne suffit pas pour justifier ce grand Evêque d'un tel
de ob. Th. n. 40. soupçou, ' l'ou Y peut ajoùtcr ce qu'il dit de l'état où il croïoit
lésâmes de ValenUnien, de Theodose, de sainte Pulquerie,
de l'Impératrice Flacille et du grand Constantin. Il déclare
bien clairement que Theodose uni à ces saints personnages,
est établi dans le Roïaume de J. C. où il considère les beau-
do ob. Val. n.77. tés de son temple. 'Et en parlant de Valentinien et de Gra-
tien son frère, il assure qu'ils sont montés du désert de
ce monde à ce lieu abondant en délices, où ils jouissent du
bonheur de la vie éternelle.
D'ailleurs les endroits qui forment la difficulté, peuvent
s'entendre du corps de l'Eglise en général, qui ne sera entiè-
rement dans la gloire qu'après la fin du monde. Cette expli-
cation
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 361
cation est d'autant plus recevable, qu'elle est mieux fondée, iv siècle.
étant prise de S. Ambroise même. 'Voici de quelle manière .„,.„,
il s en explique dans une de ses letres a Horontien. « Ouoi-
« que les Saints, dit-il, jouissent en assurance de la récompense
« due à leurs mérites, ils ne laissent pas néanmoins d'être su-
« jets à la compassion, parce que la rédemlion du corps entier
« de l'Eglise n'est pas encore parfaite. El comment se pourroit-
« il faire qu'y aïant encore dans les souffrances des membres
« du même corps, les autres membres, quoique déjà dans le
« ciel, ne compatissent pas à la peine de ceux qui sont encore
« dans les travaux ? »
22"' On place en la même année 387 le irait é de la fuite Uj fug. p. «7. 4io.
du siècle. Il paroîl que c'est un recueil de divers discours, ou
même un seul sermon prêché au peuple, ' particulièrement aux aam. p. nr,.
nouveaux baptisés pendant l'octave de Pâque. On ne sait pour-
?[Uoi dans quelques manuscrits il est intitulé D'Esaù et de la
uite du siècle. S. Augustin, qui le devoit mieux connoitre que
personne, ne le cite point autrement que sous le titre qu'il a
dans les imprimés.
' S. Ambroise emploie ce traité à exhorter les Fidèles à fuir n. n.
les vanités et la corruption du siècle. Cette fuite consiste,
dit-il, à s'abstenir de tout péché, à retracer en soi l'image et
la ressemblance de Dieu par la pratique des vertus ; à faire tous
ses efforts pour copier, autant que la foiblesse de l'homme le
peut permettre, le modèle que Dieu même nous a donné. ' 11 n. i-a.
est vrai, comme il l'observe lui-même, et qu'il en détaille les
raisons, que cet ouvrage est au-dessus des forces de l'homme
dénuées d\i secours de Dieu. Mais avec ce secours l'homme peut
en venir à bout. ' Il en prescrit la manière en se servant de di- c. 2-5. 9.
verses allégories prises de l'Ecriture, dont il tire plusieurs in-
structions morales aussi ingénieuses qu'édifiantes.
23°. ' On croit devoir aussi raporter à la même année les Jejac.p. U3 iso.
deicx livres de Jacob et de la vie bienheureuse. Dans le premier
S. Ambroise donne diverses instructions pour la pratique de la
vertu, en montrant que les plus grands maux et les plus fâ-
cheuses adversités, bien loin de nous être préjudiciables pour
arriver à la béatitude, servent au contraire à nous la faire ac-
quérir. ' 11 s'arrête particulièrement à faire voir que dès cette ' •
vie-ci même l'homme peut être heureux, pourvu qu'il soitjuste
et qu'il possède la vertu. Rien de plus admirable que la des-
7 orne I. Sec. Part. 'L z
2 4 *
1. n. iK. 3).
1. 2. n. 1.
;«).
n. 40. r>:i.
Cus.l. il)i.l.
c. 6
. |i.
5.3. I.
Ainb. il). 1
. I.
II.-
10. *i.
i:
302 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE, cription que fait ici S. Ambroisc avec son rloquence ordinaire
de ce bonheur de l'homme juste.
' Ce qu'il a avancé dans le {iremier livre, il le prouve dans
le second par l'exemple de Jacob. 'A cet exemple, il joint
ceux du prêtre Eleazar et des saints Martyrs Maccabées. ' II
traite l'histoire de ceux-ci, remarque Cassiodore, avec toutes
les fleurs de son éloquence.
' Dans le premier livre S. Arabroisc dit par occasion d'ex-
cellentes choses touchant la volonté de l'homme , et sa li-
berté, touchant la loi et la grâce. II montre que nous ne
faisons le bien ou le mal que volontairement. Que c'est sanssu-
et que nous nous en prenons à la fragilité de la chair. Que c'est
a volonté qui est l'auteur du péché, et non pas la chair qui n'est
que le ministre de la volonté. Que la vraie liberté de l'hom-
me consiste à être soumis à la justice. Il fait \oir ensuite l'in-
suffisance de la loi sans la grâce du Rédemteur.
a,i,n. p. t'.i. ^^et ouvrage semble composé, comme les précedens, des
sermons prêches aux Néophytes. Lorsqui; S. Ambroise vient
à y parler d'Esaii, il dit à ce sujet tout ce qu'il y a de plus beau
sur la même matière dans le livre de Philon intilulé : Que tout
homme de hien est libre.
•le Jos. p. «iso. 24". ' Le traité sur le Patriarche Joseph jjaroît formé com-
me les autres, d'un ou de plusieurs discours prononcés de vive
voix. L'histoire de l'Eunuque Calligone, dont ily est parlé, etquel-
ques autres circonstances font voir que cet écrit fut composé
en 387.
„. I. 'S. Ambroise le commence par ces belles paroles: La vie
des Saints est pour les autres un modèle de conduite. C'est
pourquoi aïaiit montr/' dans Abraham le modèle d'une obéis-
sance pleine d'ardeur et de foi ; dans Isaac celui d'une pureté
simj)le el sincère ; et dans Jacob celui d'une force d'esprit dans
les travaux et d'une patience extraordinaire : de ces vertus gé-
nérales S. Ambroise vient aux ])articulieres. la lecture de l'E-
criture que l'on faisoit publiquement dans l'Eglise avoit con-
„. -j. duit apar(!mmenl à l'histoire de Joseph. ' Le saint Evêque s'en
servit pour montrer (in la personne de ce Patriarche un exem-
ple éclatant de chasteté. Il ne laisse pas néanmoins de parler
de ses autres vertus. ' Il touche parliculiercîment sa douceur et
sa charité : sa douceur j)Our ne s'être pas irrité de l'injure qu'il
avoit reçu»; de ses frères ; sa cliarili' pour n'en avoir pas tiré
vengeance en rendant le mal pour le mal.
II. :(
DOCTEUR DE 1;EGL1SE ET CONFESSEUR. 363
' A l'ocasion de la haine que les fn^res tie.loseph lui porloient, i v sikc lk.
S. Amhroise a soin (l'instruire les parens de; quelle manière ils , „ ,.,
doivent aimer leurs enfaiis. Il li'ur fait observer que la trop
grande tendresse qu'ils ont pour eux leur est souvent nuisible,
et que la predilecticm qu'ils auroient pour l'un, seroit l'écueil
de l'amitié fraternelle qu'ils* se doivent les uns aux autres. ' 11 "• 7. s.
n'oublie jias de faire voir que Joseph a été une excellente figure
deJ. C.
25". Le traité sur les bénédictions des Patriarches contient ii« bnej. p. •ii-
une explication mystique; des bénédictions que Jacob donna à
.sesenfansau lit de la mort. S. Ambroise le composa avant qu'il Tiii. w,. p. *ii.
partît pour sa seconde ambassade vers le Tyran Maxime. ' On Amb. ij). n. ai.
y trouve cité le 3" livre de son commenlaire sur S. Luc, qui
fut fini, comme nous l'avons montré, en 386. ' De sorte que adm. p. rai.
ce traité apartienl encore à l'année 387. Il est comme une suite
des précedens, sur-tout de celui de Joseph, dont il semble faire
comme une seconde partie. ' Dès le commencement du IX* spic 1. 3. p. t-.s
siècle ils se trouvoienl l'un et l'autre dans la bibliothèque de
S. Wandrille joints ensemble en un même volume, comme ne
faisant qu'un seul et même écrit sous le titre De Joseph et des
douze Patriarches. 'Il y a beaucoup d'aparence que tous cestrai- Anii>. a.ii.i. ii.i.i.
tés que nous mettons de suite, comme composés la même année
forment' les sept livres que Cassiodoreatribuë à S. Ambroise sur cisti. ii). p. .'..w. a.
les Patriarches. 11 est vrai qu'il pourroit aussi y comprendre
ceux de Noé et de l'Arche, et les plaintes de Job et de David.
En ce cas il auroit réuni plusieurs de ces traités ensemble pour
n'en faire qu'un de deux. Quoi qu'il en soit, il reconnoît que
S. Ambroise y a expliqué dans des questions proposées d'une
manière agréable, plusieurs endroits de l'ancien Testament.
' Dans celui qui fait le sujet de cet article, S. Ambroise dé- Amb. iui.i. ». \.
bute par établir la prérogative qu'ont les pères et les mères
de bénir leurs enfans, et relevé beaucoup le mérite de cette
bénédiction. « Dieu, dit-il, a acordé cette prérogative aux pa-
« rens, afin de tenir les enfans dans le respect et le devoir. Que
« les enfans bien nés 'honorent donc leur père à cause de la
« grâce atachée à cette bénédiction. Que les enfans dénaturés
« l'honorent aussi pour la crainte d'en être privés. Que si leur
« père est pauvre, et qu'il n'ait point de grands biens à leur
« laisser, il a néanmoins l'héritage de sa dernière bénédiction,
« qui est préférable aux richesses, en ce qu'elle est une source
« de prospérité pour ceux qui lui succèdent. Car c'est un
Z 7. ij
30 i S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. « plus grand avantage d'être heureux que de devenir riche. »
T ^i 3i» 2^"- ^"^ assigne encore pour époque l'année 387 * au Livre I
itmys.p. .... -. ^^^ Mystères, ou rfesrfîWw* #y.v/<?re5, comme portent les pi us
anciens manuscrits, ou bien de ceux qui sont initiés aux My-
stères, comme on lit dans les premières éditions. Il n'y a qu'à
lire ce traité pour reconnoître S. Ambroise, à ne s'y pas trom-
per. Il s'y montre lui-même tout à découvert dès les premie-
p. 32i-3â*. res lignes de l'ouvrage. ' Cela n'a pas empêché qu'Erasme n'ait
semblé douter de l'autorité de cet écrit. Quelques Calvinistes
après lui sont encore allés plus loin, et l'ont combatuë ouver-
tement. Mais ils ne l'ont fait que sur de très-foibles preuves,
comme l'ont montré les derniers Editeurs de S. Ambroise,
Tiii. ibid. p. 209. gui les out détruitcs avec beaucoup de solidité. ' C'est ce qui
fait dire à un grand homme, que quiconque ne reconnoît pas
ce livre et les autres de cette nature pour la véritable règle de
sa croïance sur ces matières, fait voir qu'il se plaît à suivre ses
imaginations, et qu'il ne cherche pas la vérité de la doctrine
de l'Eglise. Au reste on pénètre aisément le véritable motif qui
a porté les Calvinistes à rejeter cet écrit, elle refuser à S. Am-
broise. Leur doctrine n'avoit garde de s'acommoder des sen-
timens qu'il enseigne sur l'Eucharistie,
ibid. ' Cet ouvrage est formé d'un discours prononcé à Pâque de-
vant les Néophytes, qui avoient déjà reçu le corps de J. C.
S. Ambroise les y instruit des mystères du Baptême et de l'Eu-
charistie, qu'on n'avoit pas osé leur découvrir auparavant. L'é-
crit est fort beau. L'on y aprend et l'ordre que l'Eglise gardoit
dans les cérémonies du Baptême, et la croïance qu'elle tâchoit
d'inspirer aux Fidèles sur l'Eucharistie, en une ocasion où il
ne s'agissoit point de relever les mystères par des métaphores
et des figures qui pussent les embarasser, mais d'enseigner sim-
plement la vérité qu'elle avoit reçue des Apôtres.
Amb. ii)id.c.i.7. 'S. Ambroisc, après y avoir rapeilé aux Néophytes les in-
structions qu'on leur avoit données auparavant sur les mœurs,
emploie les sept premiers chapitres à leur expliquer par ordre
les cérémonies du Baptême qu'ils venoient de recevoir. 11 leur
rend raison pourquoi l'on ne leur avoit pas plutôt découvert
ces divins mystères. C'est, dit-il, que nous aurions crû les pro-
faner plutôt que de les découvrir. D'ailleurs la lumière qui les
1 Dans la petite préfao.o ou avertisse- faute d'impression. On y lit 377 pour 387,
ment sur ce traité oU l'Editeur marque Vè- ee qui a Hi- (■nrrifté à la marine de la page
poque qui lui ronvieni, il s'est glissé nnu suivante.
DOCTRUR 1)K 1 /EGLISE ET CONFESSEUR. 30:;
acompagne et à laquelle vous ne vous atendiez pas, vous a iv siècle.
plus Irapés, que si vous en aviez eu connoissance auparavant. """
Ici tout est remarquable ; mais les bornes que nôtre dessein
nous prescrit, ne nous permettent pas de raporter tout ce qui
mériteroit de l'être. ' S. Ambroise leur fait remarquer entre au- n. lo. 20. a*,
très choses, que ce n'est point l'eau dans laquelle ils avoient été
plongés qui les a purifiés, mais le S. Esprit descendu autrefois
sous la figure d'une colombe. ' Qu'il n'y a que le Baptême con- n. 20.
feré au nom du Père, du Fils et du S. Esprit, qui remette les
péchés et confère la grâce. ' Qu'il n'y faut pas avoir égard aux n. 27.
mérites de ceux qui l'administrent, parce que c'est J. C même
2ui agit en leur personne. 'Que les habits blancs dont ils ont n. 31.
té revêtus, sont le symbole de l'innocence qu'ils y ont acqui-
se, après s'être dépouillés des haillons du péché. ' Qu'étant amsi n. 41. 4».
purifiés, ils ont reçu les sept dons du S. Esprit en recevant le
Sacrement de la Confirmation.
'Les deux derniers chapitres sont emploies à expliquer ce c. ». 9.
qui regarde l'Eucharistie , que les Néophytes recevoient avec
les deux autres Sacremens. S. Ambroise y exprime clairement
la foi de l'Eglise touchant la présence réelle dans l'Eucharistie.
' 11 dit que c'est un festin où l'on reçoit le corps et le sang de n. «. i<).
J. C. dont la manne et le sacrifice de Melchisedech n'étoient
que la figure. « Or la lumière , ajoûte-t-il , est plus excellente
« que l'ombre, la vérité que la figure, le corps même de l'auteur
« de la manne, que la manne qu'il a fait tomber du ciel. ' Vous p- ♦■■«.
« me direz peut-être, poursuit S. Ambroise : Je vois autre cho-
« se ; comment m'assurez-vous que je reçois le corps de J. C?
« Et c'est ce qui me reste à vous prouver. Par combien d'exem-
« pies pouvons-nous vous montrer, que ce n'est pas le corps que
« la nature a formé, mais que la bénédiction a consacré, et que
« la bénédiction a plus de force que la nature, puisqu'elle chan-
<f ge la nature même. » ' S. Ambroise raporte ensuite plusieurs n. 51. 53.
miracles, comme ceux de Moïse, d'Elie , d'Elisée , celui de la
création du monde tiré du néant, enfin celui de l'Incarnation
du Ver'be : d'où il conclud que si la bénédiction des hommes
a eu la vertu de changer la nature , la consécration divine , où
les paroles mêmes du Sauveur opèrent, doivent avoir encore
plus de pouvoir. « Quoi ! dit-il , la parole de J. C. a pu faire de
« rien ce qui n'étoit pas ; ne peut-elle donc pas changer ce qui
« est en ce qui n'étoit point ?. . . personne ne doute qu'une Vier-
« ge n'ait enfanté contre l'ordre de la nature : et le corps que
.•.8.
300 S. AMBROISE, EVEQUK DE MILAN,
IV siEoi.F, « nous consarrons est hTiirme i\w. celi:i qui pst né de la Vier-
« ge. Pourquoi donc cherchez-vous dans le Sacrement du corps
« de J. C. cet ordre de la nature, puis(|ue sa naissance d'une
« Vierge est contre la nature mêir.e?
n. M. « ' J C. nous dit hautement hii-mème : Ceci est mon corps.
« Avant la bi'nédiction qu'y opèrent les paroles célestes cela se
« nomme autrement ; mais après la consécration on ne le nom-
« me point autrement que le corps de J. C. Il nous dit: ('eciest
<t monsattg. Avant la consécralioii c(!la est tout autre chose; mais
« après la consécration on le nomme 1(^ sang de J. C. Vous ré-
« pondez vous-même : Amen, c'est-à-dire, cela est vrai. Croïcz
« donc intérieurement ce que vous professez de bouche; et (jue
« vos sentimens s'acordent avec vos paroles. » On voit ici que
les paroles de la consécration se prononçoient tout haut, puis-
que les Fidèles y répondoient Amen.
'S. Ambroise finit ce traité en disant quehjue chose des (.-f-
fets de ce divin mystère, et en recommandant deux choses
principales aux Fidèles ; le secret et une conduite sainte et ir-
réprochable . Il leur demande le secret , c'est-à-dire de n'en
f)oint parler à qui il ne convient pas , de peur de l'exposer à
a langue trop licentieuse des Païens. Il leur demande une vie
innocente , pour n'en pas souiller la saiiitelé par des mœurs
corrompues.
'Il est à remarquer qu'à Milan entre les cérémonies du Bap-
tême on lavoit les pieds aux Néophytes , lorsqu'ils étoient sor-
tis des fonts , et qu'on leur avoit fait l'onction acoûtumée. Nous
avons déjà observé que ce fut en 387 que S. Augustin reçut
le Baptême. De sorte que ce traité étant formé du discours que
S. Ambroise lit cette même année aux Néophytes, S. Augus-
tin s'y trouva présent. Il y en a même qui croient que S. Ani-
Bib. vaiiicei. broisc le fit particulièrement à son ocasion. 'On en trouve une
édition particulière faite à Anvers chez Jean Steelsius en 1534.
...Biub.t.i.p..r,. Il y a bien de l'aparence que c'est le même écrit que celui
' qu'on voit dans la bibliothèque de M. le Cardinal Barberin, im-
primé à Hanaw l'an l.-)27 in-i". sous le titre De l' Eucharistie.
Amb. hex. p. t. 27". 'On pkcc V IlexameroH , ou traité sur les six jours à la
'**• tête de tous les autres ouvrages de. S. Ambroise, parce que
dans les éditions qui en ont été faites, on suit plutôt l'ordre
des matières que celui des tems. Ce traité est divisé en six li-
vres, qui répondent aux six jours de la création du monde ,
et ne mt mis en la forme que nous l'avons aujourd'hui que
n. 31. Xi.
DOCTEUR DR J/KGLISK ET CONFESSEUR. 367
vers 389. S. Ambroise y explique le premier chapitre de la Ge- i v siècle.
ncse, en y insérant à son ordinaire plusieurs rellexions mysli-
ques et morak's. 11 y touche aussi quelcpies points de contro-
verse, 'et débute par réfuter les erreurs dès anciens Philoso- i. i. n. i. *.
phes sur l'unité et la durée du monde. 'Il emploie tout le pé- i. c. n. 5. 7*.
nultieme chapitre de son traité à relever l'excellence du corps
humain, au sujet de quoi il dit beaucoup de belles choses. Il
paroît entre ce chapitre et la première partie du livre de La-
ctance, intitulé De [ouvrage de Dieu, un grand raport au moins
pour le dessein. Cet ouvrage de S. Ambroise a\ec les huit au-
tres du même Père dont nous avons parlé , c'est-à-dire, ceux
sur le Paradis, Gain et Abel, Noé et l'Arche , Abraham , Isaac ,
Jacob , Joseph , et les bénédictions des douze Patriarches ,
peuvent passer pour un commentaire entier sur la Genèse, mais
un commentaire plus spirituel que literal. 'On remarque que admon.
l'Ilexameron est composé de neuf sermons , comme celui de
S. Rasile , et (|ue ces sermons furent prêches en six jours ; car
S. Ambroise en certaines ocasions prêchoit deux fois par jour,
ainsi que S. Basile môme. ' S. Jérôme assure que S. Ambroise mor.op.ii.p.sie.
a tiré cet ouvrage particulièrement des écrits d'Origene , en
s'atacliant néanmoins davantage aux sentimens de S. Ilippo-
lyte et de S. Basile. Quelques Ecrivains modernes veulent six. qaa. i.
même (jue ce ne soit presque qu'une traduction de l'ouvrage
(jue ce dernier Père avoit composé sur le même sujet et sous
le môme litre. 'Mais les derniers Editeurs de S. Ambroise ne Amb. iwa.
sont pas de cette opinion. Us acordent, ce qui est vrai , que nô-
tre siiint l'>êquea imité S. Basile et suivi quelques-uns de ses
sentimens; mais qu'il ne laisse pas de s'en éloigner en plu-
sieurs endroits ; qu'il le corrige même en quelques autres ,
quoique sans le nommer ; qu'enfin s'il le traduit quelquefois ,
c'est avec une liberté entière qui lui fait retrancher, ajouter et
changer ce qu'il juge à propos.
' Cassiodore témoigne que l'on trouve dans ce traité l'élo- casd. ibiJ.i.
quence ordinaire de S. Ambri>ise. Ce Docteur , dit-il , qu'on
lit avec d'autant plus d'agrément qu'il parle avec plus de net-
teté. ' Motker le bègue dit qu'effectivement l'Hexameron de S. Notk. im. scri. c.
Ambroise est un ouvrage agréable à lire et à relire souvent pour '• p- *•
ceux qui se plaisent à considérer la beauté des créatures. ' Il y Bib.vaiiic.i. 1 ...
en a eu une traduction en Italien , imprimée à Florence chez '""••• p- ^^- *•
l^urent Torrentino l'an 1560 en un volume m-8". Le tradu-
cteur fut François Calani de Diacetto Chanoine de Florence el
Protonotaire apostolique.
II. t
II. 45. T.).
368 S. AMBHUISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. 28°. On croit devoir raporler à l'an 390 le traité sur Ëlie et le
^^^j^ g|.^ — jeûne. 'Ce n'est proprement qu'une exhortation à éviter les ex-
•âs. '562* '*' '' ces du vin et la bonne chère comme la source de tous les vices ,
et à pratiquer le jeûne et l'abstinence. Quoiqu'il soit intitulé
d'Elie, ce n'est pas que S. Ambroise y parle beaucoup de ce
n. r,. Prophète. ' Il avertit lui-même qu'il évite d'y en parler, de
peur de tomber dans des redites, en aïant traité amplement
aJui. p. 531. ailleurs. ' Mais c'est qu'à l'ocasion du jeûne d'Elie, il y traite
du jeûne, particulièrement de celui du Carême. C'est pour-
quoi ce traité dans quelques manuscrits porte pour litre. Ser-
mon sur le jeûne ^ sansy faire mention d'Elie. Il paroît qu'il y
a beaucoup de choses prises de la 10'" homélie de S. Basile sur
le même sujet. ' Le commencement fait voir oue les discours
qui le composent furent prononcés aux aprocnes du Carême.
Anniintiemus solennitatis diem, simulnohis et certamen immi-
net et Victoria repromtttitur. . .eertamen nostnimjejimium est.
'D'autres endroits donnent àjuger que ce fut en présence des
Catécuménes qui avoient donné leur nom pour le Baptême.
aJiu. 11. 533. ' Cet opuscule est un des écrits de S. Ambroise qui étoient le plus
défigurés dans les anciennes éditions. Mais ceux qui ont pris
soin de la dernière, l'ont rétabli dans sa perfection originale, à
l'aide d'un manuscrit de la bibliothèque de M. Colbert, qui pa-
roît ancien de plus de mille ans.
,.. 531. 'La lecture de ce traité fait assez voir qu'il est formé de di-
verses pièces de raport, de sorte qu'on y distingue trois par-
ties. La première est emploïée à parler du jeûne du Carême
en particulier. S. Ambroise en montre l'excellence , les effeLs
salutaires, l'ancienneté. A quoi il opose les suites toujours fâ-
cheuses de l'intempérance. Dans la seconde partieil déclame
fortement contre la débauche et les déreglemens de table , qui
étoient très-communs en son tems. Les femmes même s'y
portoient avec tant d'excès, qu'on les vpïoit quelquefois cou-
rir les rues comme des Baccantes, et y faire des choses indi-
gnes de leur sexe. Dans la troisième partie S. Ambroise fait voir
que ces excès entraînent après eux tous les autres vices, sur-
tout l'avarice et le désir des richesses, afin d'avoir de quoi four-
nir à ces débauches. Il finit par exhorter à fuir tous ces desor-
dres, à racheter .ses péchés par l'aumône , à s'alacher h. la loi
de Dieu, à recourir au souverain médecin qui saura guérir nos
playes sans se .souvenir de nos ofi'enses passées.
ik off. p. I. i4i. 29*. ' Les trois livres des offices ou devoirs des Ministres fu-
i ' rent
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 369
rent composés, comme l'on croit, en l'année 391 ou environ , iv siècle.
il est certain par divers endroits de cet ouvrage , qu'il y avoit
déjà long-tems que S. Ambroise étoit Evêque lorsqu'il y mit
la dernière main. 'Dans les premières éditions et quelques p. i. not.
manuscrits assez nouveaux , le titre en étoit tronqué , ne por-
tant simplement que des offices. Mais les plus anciens ma-
nuscrits présentent le titre tel que nous venons de le raporter.
'S. Ambroise explique et justifie lui-même ce titre. Il ne fait 1. 1. n. 24. sb.
pas difficulté d'avouer que dans ce genre d'écrire , il a imité
Ciceron, comme celui-ci avoit imité Panœtius, qui avoit écrit
avant lui sur le même sujet parmi les Grecs. De sorte que
comme Ciceron entreprit ses livres des Offices pour instruire
son fils, de même S. Ambroise se porta à composer les siens
pour former ses Ecclesiastiotues qu'il nomme ses enfans.
' Il est si vrai qu'ils sont mits pour les Ecclésiastiques en par- Tiii. ib.p. 277.208.
ticulier, que le saint Evêque s'y adresse souvent aux Diacres,
et aux autres personnes qu'il avoit 'ciioisies pour le ministère
du Seigneur. 11 n'oublie rien pour les y instruire de leurs prin-
cipaux devoirs : en quoi on voit combien il étoit exact pour
les choses importantes. ' C'est ce qui fait dire à S. Augustin et Aug. ep. 82. n. 21.
à Cassiodore que cet ouvrage est plein de préceptes très-uti- f.tg^'-i!'' '' '" ''
les, et contient beaucoup d'instructions sur la discipline et la
conduite que l'on doit observer dans l'Eglise. Cassiodore ajou-
te que la manière dont ces trois livres sont écrits, respire une
douceurcharmante, Mellifluilibri. Ils sont non-seulement un
des ouvrages de S. Ambroise les plus agréables à lire , mais
aussi un de ceux où il y a plus à profiter,
'Le Saint les comraefice par 1 obligation où est un Evêque Amh.iii.i.i.n 1.
d'instruire ceux qu'il élevé pour le ministère Ecclésiastique, de *'
le faire avec humilité, et de s'instruire lui-même pour être en
état d'enseigner les autres. C'est ce qu'il montre avec beau-
coup de modestie n'avoir d'abord pu faire lui-même, puisque
aïant été inopinément et tout d'un coup élevé des tribunaux
séculiers à la dignité épiscopale , il n'étoit point instruit de ce
qu'il devoit savoir.
'Il entre ensuite dans le détail des dangers auxquels on est n. tm.
exposé par salangue, et touche les avantages du silence. « Com-
« bien y en a-t-il qui pèchent en parlant, ce sont ses termes, lors-
« qu'à peine il s'en trouve qui pèchent en ne parlant pas ! C'est
« pourquoi il est plus difficile, ajoute S, Ambroise, de savoir se
« taire que parler. » Mais il ne veut pas que ce silence soit un si-
Tome 1. Ser. Part. A a a
370 S. AMBROISE, EVRQIIR DE MILAN, *
IV SIECLE, lence oisif et infructueux. Il veut au contraire qu'il nous serve
à aprendre à garder nôtre cœur et à conduire nôtre langue. Il
enseigne qu'il i^st utile et quelquefois n( (Tssaire de le rompre ,
pourvu qu'on h; fasse avec douceur , avec modestie , à propos
II. .11. et avec circonspection. 'C'est ainsi , dil-il , que David nous
aprend à garder le silence : manière de le garder bien différen-
te de celle que Pythagore en.seignoit à ses disciples.
„. 2s-ef). Delà S. Ambroise passe à son fjrincipal dessein, qui est de
traiter des offices. Il explique les motifs qui l'ont porté à l'en-
treprendre , et distingue d'après les anciens Irois sortes d'offi-
ces, l'bonnêle , l'utile et l'agréable. Mais il les réduit à l'honur-
te, parce qu'il n'y a rien d'utile, ni ri(;n d'agréable qui ne doive
se raporter au bonheur de la vie éternelle, (''est sur cette idée
qu'il a formé le dessein de son ouvrage, où il ne traite que des
offict s qui ont raport à rhonncteté.
„. 40-65. il y établit comme en pa.^isant et par ocasion le dogme de
la providence de Dieu . et montre contre les erreurs des Phi-
losophes, qu'elle s'étend à toutes les créatures. Il a soin de r'-
pondre h l'objection qui se présente naturellement : pourq-uoi
les méchans sont-ils dans la prospérité? Après y avoir satistail,
il vient à prescrire les devoirs de chaque état en particulier.
11. (i.'i. 8». 'D'abord il touche ceux des jeunes gens, à qui il recom-
mande fortement la modestie et la pudeur , non-seulement au
dehors, comme en leurs habits , leurs démarches, leurs mou-
vemens, leurs discours, mais encore par l'intérieur en ce qui
regarde la crainte de Dieu, le respect di) aux parens, la nio-
i> K.-s!i. df'ration qui r'priinf; les passions de l'ame. ' Il donne ensuite
d'excellens avis pour éviter les écueils de la modestie et de la
pudeur qu'il exige, surtout des Ecclésiastiques. 'Il y en joint
d'autres pour reglef les [lensées d(! l'esprit et les désirs du cœur.
' Le reste du premier livre roule sur les règles générales pour
bien faire ses actions, et sur diverses vertus eu particulier, nom-
mément la prudence, la force, la tempérance et la justice. Ces
règles générales , S. Ambroise les réduit h trois : à soûmetl?-e'
les passions à la lai-sou ; à garder une juste modération dans ce
([ue l'on entreprend; à le faire dans Idrdre et à propos. Il dit
sur tout cela milli- belles choses qu'il confirme par des exem-
ples pris de la conduite des jilus saints personnages de l'ancien
tir,. Testament. ' Il en tire au.ssi d); l'histoire l"'e(lesiaslique, i-omme
le martyre de sjiiute Agnès (!l ceux de S. .Xysie et de S. I anreni,
qu'il propose c(»?Time dr-s modèles d'uiu' eonslauce héroïque
11. 0. un.
11. ur>. si!i.
DOCTEUR DE l/EGf.ISE ET CONFESSEUR. 371
" Avant que de finir S. Ambroise insiste sur la fuite de l'avarice i v si k cl i;.
comme contraire à la liberté nécessaire à un Ecclésiastique, et , ^^ ^^.^ ,„j
capable de défigurer en lui l'image de Dieu. ' 11 veut que leur „ aj-i. i^i.
ministère soit irréprochable ; qu'ils ne soient point adonnés au
vin ni à aucun des autres vices que nomme l'Apôtre ; qu'ils vi-
vent enfin de manière qu'ils soient un sujet d'édification pour
tous ceux qui les connoitront, soit Fidèles, soit Païens. 'S. Am- n. i-.s.
broise entre les vertus qu'il exige des E(;clesiasliques, parle de
la continnuce comme d'obligalion au moins pour les Prêtres
et les Diacres.
11 emploie le second livre à traiter de la béatitude. Après i. ■i. ,,.1. lu;.
avoir réfuté les erreurs de Ciceron et des autres Philosophes
sur ce sujet, il montre qu'elle consiste dans la connoissance de
Dieu et le fruit d'une sainte conduite. Que c'est-là que mené
l'hoimélefé dont il a parlé dans le livre précèdent. Que le bien
utile dont il parle dans celui-ci n'est autre chose que l'honnê-
teté même. Qu'entre les biens les plus utiles, l'amitié, ladou-
«;eur, la libéralité, les conseils, la justice, la prudence, la fi-
délité, l'aflabililé, la protection des pauvres, le desinterisse-
ment, l'hospitalité, la modération, tiennent le premier rang.
S. Ambroise entre sur tous ces points dans un détail aussi ad-
mirable qu'instructif. ' Ce qu'il dit dans tout le chapitre 24* est n. ii". i-r..
particulièrement remarquable. 11 y trace en abrégé les dispo-
sitions où doivent être les Ecclésiastiques par raport aux ()f-
lices et Rénéfices de l'Eglise, et la manière dont ils doivent
s'y conduire. ' Il veut que ces Rénéfices soient conférés plu- u. i-jii. i-ii.
tôt à des sujets [)auvres qu'à des riches.
' 11 revient encore ici à l'avarice qu'il tâche de bannir de n. i*t. ui.
l'Eglise, afin de lui substituer le désintéressement et la com-
passion envers les pauvres. « ' L'Eglise, dit-il à ce sujet, a da „. ta.
« l'or, non pour le garder, mais pour le distribuer et subvenir
« aux nécessités des indigens. » C'est à cette ocasion qu'il en-
seigne qu'on doit en pareils cas rompre même les vases sacrés,
plutôt que de laiss(!r périr les membres vivans de J. C. ' 11 l'a- „. isy.
voit pratiqué lui-mêm(; pour racheter des captifs. Ce qui lui
fait dire: «,1e reconnois que le sang de J. C. répandu dans
« l'or, n'y a pas seulement brillé, mais qu'il y a encore impri-
w mé la vertu de la rédemption. » On voit pai--là ce que S. Am-
broise croioit de la liqueur contenue dans le Calice.' Com- „. ii3.
me dés ce tems-là il y avoit dans les Eglises des vases consa-
crés, et d'autres qui ne l'étoient pas, il veut que dans les cas
A a a ij
I. 3. n. 1. 138.
II. 27.
372 S. AMBROISE , EVEQUE DE MILAN ,
IV SIECLE, de nécessité l'on commence par ceux-ci, el que s'ils ne suffi-
sent pas, on y emploie aussi les autres.
' Le but principal du 3* livre est d'établir ces deux grandes
vérités : Qu'un Chrétien, et sur tout un Ecclésiastique, doit
toujours préférer l'honnête à l'utile. Qu'il est obligé à cher-
cher l'avantage des autres préferablement au sien propre. De
ces deux vérités générales, S. Ambroise tire quantité de belles
maximes particulières qu'il apuïe d'exemples pris de l'ancien
et du nouveau Testament. ' Sur ces principes il décide la ques-
tion que l'on avoit de coutume de proposer : savoir si dans un
naufrage un homme de bon sens peut légitimement ôter à un
insensé la planche qu'il auroit saisie pour se sauver ? S. Am-
broise répond que bien qu'il lui paroisse plus avantageux, se-
lon l'usage commun, que le premier se sauve plutôt (]ue l'au-
tre, il lui semble néanmoins qu'un Chrétien ne doit pomt cher-
cher à sauver sa vie aux dépens de celle d'un autre. C'est sur
les mêmes principes qu'il soutient qu'il ne lui est point permis
de se batre contre un voleur qui viendroit l'ataquer. Il en rend
raison. De peur, dit-il, qu'en défendant sa vie, il ne deshono-
re sa pieté : ne dum salutem défendit, pietatem contaminet. '•
' C est encore sur les mêmes principes qu'il regarde comme
une usure la conduite d'un homme, qui aiant recueilli quan-
tité de grains, les garderoit pour les vendre plus chers dans
un temps de famine. Lucrum tuum, dit-il, en apostrophant cet
:,7. u.. homme, damnum publicum est. ' Il fronde également la con-
duite de ceux qui usent d'adresse pour enlever le bien d'autrui,
et n'oublient rien pour s'enrichir des successions des autres.
Cette avidité, dit-il, est indigne d'un Chrétien. Après quoi il a-
'■' joute ces belles paroles : « ' Il est du devoir d'un Evêque et d'un
« Prêtre de ne nuire à personne, de vouloir être utile à tout le
« monde ; car de pouvoir l'être effectivement, il n'apartient qu'à
« Dieu seul. » 'S. Ambroise finit cet excellent ouvrage par l'é-
loge de l'amitié, et les conditions (jue l'on y doit aporter pour
qu'elle ne dégénère pas en vice.
uirVirii) , 777 ^^ * ^^* **"* d'estime de ces trois livres des offices dans
les siècles qui ont suivi celui de S. Ambroise, que chacun les
vouloil avoir. Ceux qui avoient plus de loisir en faisoient mê-
me des abrégés, que l'on trouve encore à présent. Il seroit à
souhaiter que les Chrétiens de nos jours, et particulièrement
les Ecclésiastiques eussent la même émulation. 11 n'est gueres
d'ouvrages plus utiles pour aprendre à tous les Chrétiens les
II. o7. ii.
II. lii. 137.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 373
principes et les maximes de la morale toute sainte qu'ils pro- iv sikclk.
fessent. C'est ce qui a contribué à en multiplier les éditions.
Nous ne parlerons ici que de celles qui s'en sont faites sépa-
rément.
' 11 y en a unef très-ancienne édition en un volume m -4° Bib.Bai.t.i.p.ieo.
sans nulle date, ni nom de lieu et d'Imprimeur. ' Il en pa- ...cas. Ben. •
rut une autre en même volume à Paris chez Guiot Marchand
l'an 1494 avant Pâque. 'Elle fut suivie de celle que Jean Petit s. Sui. Bit.
Imprimeur au même endroit mit au jour l'an 1504, en même
volume que les deux autres.
' Erasme aïant revu depuis cet ouvrage de S. Ambroise com- s. vin. cem.
me les autres, Michel Vascosan le remit sous la presse, d'où
il sortit par les soins de Nicolas Strabon l'an 1533, m-4°.' A iwa.
Anvers Jean Stéelsius l'imprima à son tour en un volume in-
8». l'an 1542. ' En 1553 il v en eut une autre édition à Venise Bib. Bai. i. 2. p.
■ ,n "' 909.
m-16.
' François le Boulanger, en latin Pislorius, revit le texte ori- ...s. sui. Bit.
ginal, et le publia en un volume îW-16 l'an 1565, à Paris, ' où . ...s. Jui. Tut.
il fut réimprimé chez Sebastien Nivelle l'an 1 583 en même vo-
lume et sur la même édition. ' A Mayence il s'en fit une au- ....Teii. p. 33. 1.
tre édition chez Jean Albin l'an 1602, en un volume in-S". avec
les trois livres de Ciceron sur le même sujet, dont le texte est
tellement placé, qu'il répond à celui de S. Ambroise. 'En 1612 ....s. vin. Cen.
le même Imprimeur publia de nouveau le même ouvrage de
ce Père, mais sans celui de Cicéron, en un volume m-12.
'L'année 1609 en vit deux autres éditions, l'une à Paris m-16, Barb. 1. 1. p. a:;. 1.
l'autre à Milan m-8". Celle-ci est accompagnée de laletrede
S. Ambroise aux Evêques d'Emilie touchant le jour de Pâque
de l'an 387, avec les notes du Père- Boucher, et le traité de
la dignité sacerdotale atribué à S. Ambroise.
Diverses Nations non contentes d'avoir les Offices de ce Pè-
re en latin, ont encore voulu avoir le plaisir de les lire en leur
langue vulgaire. ' François Catani de Diacetto Chanoine de ...vaiiicei|...imp.
Florence, qui traduisit depuis l'Hexameron du même saint Do- ^- ^^' *'
cteur, mit aussi en Italien les trois livres des Offices. Cette
traduction fut imprimée au même endroit chez Laurent Tor-
rentino l'an 1558, en un volume m-4°. ' Diego Garcias en fit ...Bai. t. 2. p. 999.
une autre en Castillan, qui parut à Salamanque en un volu-
me m-8M'an 1574.
Nos François n'ont pas moins témoigné d'émulation à ce
sujet, que les Nations étrangères. ' On trouve en effet deux dif- ...ff pncd. cen.
2 5
37i S. AMBKOISK, EVKQUE DE MILAN,
IV SIECLE. ferentes traductions des Offices en leur langue. (Jn est rede-
vable de la première à Jaques Tigeou Angevin, qui la pu-
blia à Paris chez Guillaume Chaudière en 1 588. lille est en un
volume in-^". grossi par la traduction de quatre lelres de saint
Ambroise, et de son discours contre Auxence. Ces letrcs sont
s. Vin. «;uii. les 29, 30, 32 et 3".i des anciennes éditions. ' L'autre traduction
Françoise des Offices est celle de M. l'Abbé de Bellegarde,
imprimée à Paris en 1089, chezSeneuze, en un volume m-12.
30" Revenons au dénombrement chronologique des autres
Anih.do ob. Val. Ecrits de S. Aiiibroïse. ' Sou Oraison funèbre de l'Empereur
''■ ' Valenlinien II fut faite en 392 l'année de sa mort, et pronon-
cée à ses funérailles, lorsque son corps eut été aporté des Gau-
les à Milan. Elle est intitulét; : Consolation sur la mort de Va-
aiiiii. 1». 117^.!. lentinien, ' et porte divers autres litres dans les manuscrits et
les anciennes éditions. C'est un illustre témoignage de la ten-
dresse qu'avoit S. Ambroise pwur cej«ïune Empereur eldel'es-
,ic u!.. V..1. n. I. lime qu'il faisoit d<î son mérite et de sa pieté. ' 11 paroît par l'es-
pèce de peti If préface qui. suit le commencement de cette pièce,
que S. Ambroise la rédigea par écrit peu de tims après qu'il
l'eut prononcée de vive voix.
Tiii. ib. p. -:;»;. ' On a peine à comprendre comment Casaubon a pîi douter
qu'elle fût véritablement de S. Ambroise. On y découvre en
effet non-seulement son style et son esprit, mais encore tous
les caractères, pour ainsi dire, de sa tendresse et de son cœur.
D'ailleurs si cet Ecrit n'est pas de S. Ambroise, il faut nier que
sa letre 53" à l'Empereur Theodose où se trouvent plusieurs
des mêmes-faits et des mêmes expressions, comme écrite sur
le même .sujet, soit aussi de ce siuiit Evêquc ; ce que personne
n'oseroit nier.
iiioud. sii.. 1. 2. r. On ik; (Joii pas èlie moins surpris de voir ' que quelques'
Ecrivains aient pris ocasion des dernières paroles de ce dis-
cours, maturd res^urredione compenses, * de prétendre qu<î
.saint Ambroise a été dans l'opinion dis deux résurrections qu'ad-
mettoient les Millénaires: mais assurément cet endroit ne le
prouve point, et Blondel y trouve avec rai.son un sens tout
oposé. 11 est vrai que le terme maturus dans Plante et dans
Horace signifie quelquefois subit et précipité ; mais presque
par-tout ailleurs il signifie le contraire, et c'est en ce sens que
Ainb. ib. n. 80. l'aprisS. Ambroiso. Cela est si vrai, ' qu'il l'opose à immaturus
1 C'est aiii>i i|ii°i>ii lit ii:tii!f li:s iincicii- formuiniinl à lous les inaniisiTits, malurà
nus Hilitioiis, mais la iiouvullu |K>rtc cuii- rtturrtetiotu: tuteiltt et rettttcitt».
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 375
dans le même endroit : Te quœsn^ dit-il, s^imme Deus... ut iv siècle.
immafurum hune, en parlant du jeune Valentinieu mort dans
la 21'' année de son âge, vitœ istius cursiim matitriore suscita-
tione compenses. C'e,sl-à-dire, Seigneur, acordez-lui une résur-
rection d'autant plus durabje, que le cours de sa vie a été de
moindre durée. Au reste nous aurons encore ocasion ailleurs
d'examiner si S. Ambroise a été réellement dans l'erreur
qu'on voudroit lui prêter ici.
' S. Ambroise prononça ce discours en présence des sœurs n. «-m. .
du défunt qu'il tâche de consoler. Il y avoit alors deux mois
qu'elles pleuroient leur frère. De sorte que ce Prince aïant été
tué le 15"" de Mai, ce fut vers le milieu de Juillet que se firent
ses funérailles. ' Après l'Orai.soii funèbre S. Ambroise offrit les n. se.
saints mystères pour le repos desoname, et exhorta les assis-
fans h unir leurs prières aux siennes. C'est ce qui se pratique
encore aujourd'hui en .'semblables ocasions. ' Comme ce Prm- "• m. m. -7.
ce n'avoit point reçu le baptême, mais qu'il l'avoit demandé,
S. Ambroise assure que le désir qu'il avoit de le recevoir, et
sa pieté y avoient supléé, ainsi que le sang y suplée dans les
simples Caticumen(îs qui souffrent le martyre.
' A Valenlinien S. Ambroi.se joint l'Empereur Cratien son n. r.. .i*. 7i. m.
frère dont il renouvelle la mémoire dans ce discours, qui peut
f)asser pour l'Oraison funèbre de l'un comme de l'autre, pour
e grand nombre de belles choses qu'il y dit au sujet de Gra-
tien. ' Il y fait au.ssi mention de Valentinien leur père, dont n. .v..
il relevé la constance héroïque qu'il fit paroître sous Julien
l'apostat, en préférant sa religion aux premières dignités de
l'Empire. ' Quoique S. Ambroise ne doutât nullement de la n. n. ?«.
félicité des deux jeunes Princes dont il fait l'éloge funèbre, il
s'engage néanmoins à ne les jamais oublier dans ses sacrifices
et dans ses prières. On voit par là ce qu'il pensoit de l'étal des
âmes justes après la mort, et de l'effet des prières qu'on fait
pour les défunts.
'M".' L'Ciraison fwiehre de r Empereur Theodoseful pronon- deobTi..]). inn.
cée quarante jours après le drcès de ce Prince, qui mourut à '"'*
Milan le 17 de Janvier 395. C'est un illustre monument de l'es-
time que S. Ambroise faisoit de la foi et de la tendre pieté de
Theodose le grand, qui avoit lui-même pour le saint Evêque
d'autant plus de vénération et de respect, qu'il connoissoit
mieux tout son mérite. ' Les Centuriateurs de Magdebourg et adm. p. nixi.
quelques autres ont osé douter que cette pièce fût de S. Am-
n. 3. 7. 54.
:n. r>6.
:\ia s. AMBROISE, EVEQUi: nE MILAN,
IV SIECLE, broise. Mais toulos sortes de preuves tirées et du style et des
autres circonstances, soit de Inistoire, soit de la manière d'ex-
pliquer l'Ecriture, détruisent ce doute que l'on n'apuie d'au-
cune raison.
' S. Ambroise prononça ce discours en présence de l'Em-
pereur Honorius fils du défunt, et de toute l'armée. Il y mar-
3ue que les uns observoient le troisième et le trentième jour
u décès, d'autres le septième et le quarantième, et montre par
l'Ecriture que l'une etl'autre pratique est autorisée.* En apostro-
phant l'Empereur Honorius, il le console sur la douleur qu'il
avoit de n'avoir pu acompagner le corps du défunt jusqu'à
n. 6-9. 11. Constantinople où il devoit être inhumé. ' En adressant la pa-
role aux soldats, il leur fait remarquer que c'est à la foi de Theo-
dose qu'ils doivent les victoires qu'ils ont remportées, et les
triomphes qui faisoient leur gloire. Il les exhorte à avoir pour
ses enfans une fidélité inviolable, et à moins considérer en
eux la foiblesse de l'âge que les obligations qu'ils avoient à
leur père.
n. 12-14. 27. 28. ' En faisant l'éloge des vertus du défunt, il relevé particu-
lièrement sa foi, sa pieté, sa clémence, sa pénitence, et l'hu-
milité dont il avoit donné de si illustres exemples sous la pour-
n. 231. pre dont il étoit revêtu. ' Il ne craint pas d'assurer ses auditeurs
que ce grand Prince n'a point quité l'Empire, qu'il n'a fait
que changer celui de la terre contre celui du ciel. Que sa pie-
n. 15. té lui a donné entrée dans cette céleste Jérusalem, ' où il sera
n. 32. un puissant protecteur pour ses enfans, ' où il jouit de cette
lumière éternelle et de cette heureuse paix qui n'aura jamais
n. 39. 40. ,52. dc fin. ' Qu'il s'y voit en la compagnie des saints, et de plu-
sieurs pieux Princes et Princesses que S. Ambroise nomme
n. 40. 48. ici. ' A cette ocasion il s'étend beaucoup sur sainte Hélène
mère de Constantin le grand, et raporle l'histoire de la dé-
couverte de la Croix que l'on doit aux soins de cette sainte
Impératrice.
le^Nab. p. .565. 'i^". ' Le traitésuv Nûboth fk Jpzroel paroitcomi^osé d'unou
de deux discours prononcés de vive voix. S. Ambroise y dé-
clame avec son zèle ordinaire contre l'avarice et la tyrannie
des riches qui opriment trop souvent les pauvres. L'ocasion
a.im. p .5fi3. en fut l'histoire du Roi Achab et du pauvre Naboth. ' C'est
{)Ourquoi ce traité dans quelques manuscrits se trouve intitu-
é. De Achab rege et de NaJbuthe paupere . ' S. Ambroise dé-
bute par dire qu'il y a des Achabs dans tous les tems, et que le
nombre
S88
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 377
nombre en étoit très grand lorsqu'il en parloit.'Cet endroit iv sieclç.
joint à ce qu'il dit plus bas de l'avarice des Seigneurs de la TTlTëT
Cour et des Magistrats , semble désigner la fin de l'empire du adm. ib. i tui. ib.
grand Theodose, lorsque la minorité et la foiblesse d'Honorius p ^^^•
son fils et son successeur, donnoit aux plus forts la liberté d'o-
{)rimer les autres. C'est ce qui fait raporter cet Ecrit à ces tems-
à, vers l'an 395 ou 396. On croit y découvrir quelques en-
droits tirés ou imités de l'Homélie de S. Basile sur l'avarice et
sur les riches!
33". ' Un des ouvrages les plus intéressans de S. Ambroise A>nb. Ep.' p. 751.
est le recueil de ses letres. Elles sont en tout au nombre de 91 ,
et divisées en deux classes. On a rangé de suite dans la pre-
mière celles qui portent avec elles quelqu'époque ou quelque
date. Entre celles-ci se trouve le discours contre Auxence
Evêque Arien de Milan. Celles qui ne présentent aucun in-
dice du teros auquel elles ont été écrites, sont renvoïées dans
la seconde classe. 'C'est-là l'ordre que les derniers éditeurs de aJm. p. 733. 7*6.
S. Ambroise ont crû devoir donner à ses letres. Us ont soin
de prouver la chronologie de celles que contient la première
classe par des raisons ou des circonstances tirées desjetres
mêmes.
' On a des preuves que S. Ambroise en avoit écrit un plus p. 733.
grand nombre qu'il ne nous en reste de lui. Il paroît sur tout
?[ue nous en avons beaucoup perdu qui étoient adressées à son
rere S. Satyre , et à sainte Marcelline sa sœur , à l'Empereur
Theodose, au tyran Eugène, à S. Phébade d'Agen, et a saint
Delphin de Bourdeaux. La perte en est d'autant plus considé-
rable, que les letres des grands hommes sont ordinairement
leurs plus précieux monumens. C'est-là qu'ils ont acoutumé de
se peindre au naturel. On y voit le caractère de leur génie, et
tous les traits de leur vertu. Quoique S. Ambroise se fasse as-
sez connoître dans ses autres Ecrits , il a néanmoins plus parti-
culièrement réussi à le faire dans ses letres qu'ailleurs.
' Dans les unes il fait paroître tout son zèle à défendre la H'iJ.
religion Chrétienne contre les efforts des Païens. On découvre
dans d'autres son attention et son ardeur pour soutenir les dog-
mes catholiques , jusqu'à la disposition de répandre son sang
pour une si juste cause. Dans celles-ci l'on voit briller tous les
traits de sa charité et de sa grandeur d'ame envers ses enne-
mis. Dans celles-là on admire son courage , sa fermeté , sa vi-
gueur épiscopale , lorsqu'il s'agit de traiter avec les Empereurs
Tome I. Sec. Pari. B b b
2 5 *
378 S. AMBHUISE, LIVEOUE l)K Mll.AN,
IV SIECLE, et les Grands du siècle. Dans plusieurs autres on trouve des
marques éclatanlesde sa sol ici lu de pastorale, non-seulement
{)our l'Eglise de Milan en particulier, mais aussi pour toutes
es autres Eglises du monde Ghn'licn ; et presque toutes ne
nous présentent autre chose que des preuves signalées de son
exactitude pour la morale Chrétienne et la discipline ecclé-
siastique, de sa foi, de sa piété, de sa sagesse, en un mot de
ce profond savoir qui le faisoit regarder comme l'oracle géné-
ral de l'Eglise d'Occident. Tell« e.st l'idée qu'on doit se former
des letres de S. Ambroise. Nous n'entreprendrons point d'en-
trer dans le détail de chacune en particulier. Cette entreprise
nous conduiroit trop loin. Seulement nous ferons qui-lques
remarques sur les endroits qui nous paroîtront le mériter da-
vantage.
cp. p. 751. 7.v>. 'A la tête de ce recueil de letres se lit celle que l'Empe-
reur Gratien écrivit à S. Ambroise en 379, pour lui deman-
der le traité sur la foi , qu'il lui avoit d('jà envoie, ( t le prier
d'y ajouter quelque instruction sur h; S. Esprit, on l'a ainsi pla-
cée, parce que la première de S. Ambroise qui commence le
.p. I. M. I. 10. recueil, en est la réponse. 'Cette première letre de nôtre Saint
contient un éloge magnifique de la foi et de la piété de Gra-
tien, et un engagement de la part de S. Ambroisi; de lui dres-
ser un traité sur le S. Esprit : ce qu'il fit dans la suite , comme
on l'a vu.
cp. -isii. Ko.i. ' Entre la 8* et la 9" lelre se trouv(! ce qui nous reste des
Actes du Concile d'Aquilée tenu en 381 contre Pallade et Se-
condien Evêques Ariens qui y furent condamnés. C'est avec
juste sujet que l'on place ces Actes entre les écrits de S. Am-
broise, qui y eut le plus de part , s'il ne les dressa pas lui-mê-
«p. y. n. me, comme aïant été l'ame de c(î Concile. ' Les six lelres qui
suivent ces actes, sont écrites, les <jualre premières au nom
de l'assemblée aux Empereurs Gi-atien, Valentinien le jeune
etTheodose, et aux Evêijues des Gaules, pour les remercie/-
d'avoir concouru à la convocation du Concile, et leur apren-
dre ce qui s'y étoit fait. Les deux autres sont adressées à Theo-
dose seul au ncm des Evêques d'ilalie, louchant les troubles
qui agitoient alors les Eglises d'.\niioclie et de Constantino-
ple, et pour remercier cet Empereur d'avoir rendu li;s Eglises
aux Catholiques, et lui faire agréer qu«i l'on examinât à Rome
dans un Concile le sujet des divi.sions qui lroubh)ient l'Eglise
d Orient. S. Ambioise est nommé le premier dans l'inscriplion
DOCTFAIR DE î /EGLISE ET CONFESSEUR. 370
de ces deux lelres ; et l'on y reconnoît tout son style, aussi bien iv siec le.
que dalis les quatre autres : de sorte que l'on ne peut pas dou-
ter que ce ne soit lui qui les ail écrites. Les quatre premières
sont de la même aimée que h. Concile d'Aquilc^e , et les deux
autres de l'année suivante 382.
'La 17" letre et la 18" sont des plus importantes. Elles fu- cp. n.i». p.ssi.
rent écrites en 38i , et sont adressées a l'Empereur Valenti- "*-
nien. En voici l'ocasion et le sujet. Le Sénat de Rome où il
se trouvoit encore alors plusieurs Sénateurs idolâtres, aïanl
arrêté que l'on demanderoit à l'Empereur le rétablissement de
l'Autel de la Vicloire, des droits, des privilèges ôtés aux Païens,
et la restitution des biens dont on les avoit dépouillés ; Sym-
maque l'Orateur, Préfet de Rome cette même année , et dé-
puté du Sénat, en dressa une relation en forme de plainte qu'il
présenta à Valenlinien le jeune. Dans celte relation qui est
écrite avec beaucoup d'arî et d'éloquence , et que l'on a pla-
cée entre les deux lelres de S. Ambroise , Symmaque fait par-
ler Rome, et lui fait dire entre plusieurs choses, qu'elle veut
garder la religion d(»iit elle s'est bien trouvée ; qu'elle est trop
âgée pour changer ; qu'étant libre, elle veut vivre à sa manière
acoûtumée ; que c'est lui faire injure que de la corriger dans
sa vieillesse ; que c'est .son culte envers les Dieux de ses pères
qui lui a soumis toute la terre ; que c'étoitpour l'avoir oboli que
l'on voïoit tant de calamités publiqui-s.
'S. Ambroise aïant eu avis de cette relation , écrivit aus.si- ep.n. n.4. i(i|c|..
tôt la première de ces deux letns à l'Empereur pour empê- '"' "' ''
cher qu'il ne se laissât prévenir par les Païens. ' Il lui remon- ep. n. n. i.
tre avec autant de respect que de vigueur, que comme tous
les sujets de l'Empire Rc^main sont obligés de lui être soumis ,
il est obligé de l'être lui-même au seul vrai Dieu .souverain maî-
tre de toutes choses. ' A' rès ce début il lui propose tous les n. *. n.
motifs qu'il jugeoit les plus propres à l'empêcher d'écouter la
demande des Païens. 11 insiste particulièrement sur l'exemple
de l'Empereur Gratien son frère, qui avoit contribué à abo-
lir leurs superstitions idolâtres, 'et prie Valentinien de lui n. isiep.is. n. i.
faire donner une copie de la relation de Symmaque , afin de
pouvoir y répondre plus amplement.
'Aïant reçu cette copie, S. Ambroise entreprit de réfuter ep. is. n. i. 39.
la requête ou relation. C'est ce qu'il exécuta par la 18" letre.
' Il réduit les moïens de Symmaque à trois principaux. La de- n. 3.
mande que faisoit la ville de Rome de ses anciennes cérémo-
R b b ij
380 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE.
n. 7. Il
n. 12. 16.
n. 17. 20.
nies ; l'injustice aue l'on prétendoit être faite aux Vestales et
aux Prêtres des taux Dieux; enfin la vengeance que ces Dieux
en avoient tirées en envoiant une famine. ' S. Ambroise répond
au premier moïen par une autre prosopopée qu'il opose a cel-
le de Symmaque, en faisant avouer à nome qu'elle condam-
ne ses anciennes superstitions, et qu'elle ne doit pas ses victoi-
res à ses Dieux qui lui étoient communs avec ses ennemis,
mais à la valeur de ses guerriers. ' Il répond au second en mon-
trant la différence qu'il y a entre les Vestales et les Vierges
Chrétiennes, entre les Prêtres des faux Dieux et les Evêques
des Chrétiens. Les Vestales ne gardent la virginité qu'à cause
des avantages temporels et du lucre qui y est alaché. Les
Vierges Chrétiennes au contraire ne reclierchent point d'au-
tre récompense que leur propre vertu. Les Prêtres Païens ne
croient pas que leurs cérémonies puissent subsister sans être lu-
cratives : ceux des Chrétiens au contraire méprisent toutes les
pertes temporelles. L'Eglise dont ils sont les ministres n'a rien
à elle que sa foi. Si elle a des revenus, c'est pour nourrir les
pauvres. ,
'Enfin S. Ambroise répond au troisième moïen en faisant
voir que si ce sont les faux Dieux qui ont envoïé la famine
qui avoit désolé l'Empire l'année précédente , il faut qu'ils
soient, ou bien insensibles, ou bien foibles pour ne pas con-
tinuer à se venger, puisque l'abondance avoit alors succédé à
la disette. 'D'ailleurs celte famine, ajoute S. Ambroise, n'a point
été générale. Plusieurs Provinces, et entre autres les Gaules, ont
recueilli plus de grains que de coutume. ' Et ce qui est encore
plus remarquable, il y a plusieurs années que le culte de ces
Dieux prétendus est aboli par tout lemonde ; d'où vient qu'ils
s'avisent si tard à venger 1 injure qu'on leur a faite?
' Ces deux écrits ou letres de S. Ambroise furent lues dans
le Conseil de l'Empereur, où il se trouvoitun Conseiller Païen,
qui n'empêcha pas que le Prince ne se rendît aux raisons du
saint Evêque. En conséquence les Païens se virent frustrés de
leur demande. ' C'est ce que S. Ambroise explique lui-même
au tyran Eugène dans sa 57" letre, dont la* lecture donne un
sym. auci. p. 318. grand jour aux deux autres. ' C'est pourquoi on les a jointes
333- ensemble pour les imprimer à la fin du recueil de celles de
Symmaque, où elles se trouvent au moins dans les éditions de
1580 et de 1604.
Enn. Epi. p. 6«. ' Le succès qu'curcnt les deux letres de S. Ambroise, donna
n. ai
n. 19.
op. r>7. n. 3.
n. 2. 3.
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 381
ocasion aux deux vers suivans, qui furent faits sur le champ ;\ iv siècle.
ce sujet. Ils se trouvent parmi les épigrammes de S. Ennode,
qui éloit alors trop jeune pour les avoir faits lui-même.
Diccndi palmam Victoria tollit amico,
Transit ad Ambrosium ; plus favet ira Dcœ.
•
'Paulin auteur delà vie de S. Ambroise paroît avoir réuni la Amb. vU. n. se.
17* et la 18" lelre qu'il compte pour un excellent écrit con-
tre Symmaque. ' Il y a eu une édition particulière de celle-ci , nji" Barb. i. i. p.
faite à Paris l'an 1614 en un volume m-8°. 'Elles ont été im- a.'.'.TPii. p. 409.2.
primées l'une et l'autre en même volume avec quelques-unes
de celles de Symmaque, et celles du Grand Turc mises en latin
par le Chevalier Laudin. Cette édition parut à Basle chez Fro-
ben l'an 1549. 'Jaques Tigeou les aiant traduites en nôtre langue -ff. pra-n. cen.
avec quelques autres de S. Ambroise, les publia avec les trois
livres des Offices, à Paris chez Guillaume Chaudière, l'an 1588
m-8°. 'On en trouve une autre traduction imprimée à Paris ...Tpii. p. 32. 1.
chez Camuzat l'an 1646 en un volume m-12, dans lequel on a
joint une traduction de la requête de Symmaque.
' La 20* letre de S. Ambroise est importante pour l'histoi- Amb. ep. 20. n. 1.
re. Elle est adressée à sainte Maroelline sa sœur, dont elle fait ^'
connoître le vif intérêt qu'elle prenoit aux affaires de l'Eglise,
et contient une relation aussi belle que touchante de ce qui se
fiassa à Milan en 385, lorsque Justine Impératrice Arienne vou-
ut enlever aux Catholiques la basilique neuve et la Portien-
ne pour les livrer à ceux de sa communion. C'est dans cette
letre que paroît l'intrépidité de S. Ambroise dans tout son lustre.
On y découvre un cœur tout disposé et même tout brûlant
d'ardeur pour le martyre. Cette letre est une de celles que Ti-
geou a traduites en nôtre langue , et fait imprimer avec les Of-
fices.
' La 31* letre est proprement une requête envoïée à l'Em- op- ai. n. i. 21.
pereur, qui avoit fait citer S. Ambroise par Dalmace Tribun
et Secrétaire à comparoître devant son Conseil avec Auxence
Evêque Arien , et les Juges qu'ils auroient choisis de part et
d'autre. Il s'agissoit du refus de livrer les basiliques. S. Ambroi-
se y expose les raisons qu'il avoit de décliner ce jugement, di-
sant entre autres choses que les Evêques, selon la maxime des
Empereurs même , ne pouvoient être jugés que par d'autres
Evêques.
:W2 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV siECLK. "C'éloiten 380; et comme le peuple qui avoitapris qu'on
• in Aux n 1 ~t7 *voit cilé SOI! Evêque devant ri.mpcrcur , en étoit alarmé,
S. Ambroise pour le rassurer lui fil un discours patliétique que
l'on a mis à la suite de la requête précédente, il est intitulé,
Sermon contre Auxence touchant laremise des liasiliqucs. On
voit encore ici des marques éclatantes et de la vigueur épiscopale
de S. Ambroise, et de son atacliement pour le troupeau que
Dieu avoit confié à st^s soins. Nous avons déjà remarqué que
ce discours a été traduit en François et imprimé avec les Offi-
ces en 1588.
ep. *». n. I. Al. ' La 22'' letre fut écrite la même année ?83. Elle est adres-
sée à sainte Marcelliue, et contient l'histoire de l'invention
des corps des Martyrs S. Gervais et S. Protais, et une partie du
discours que S. Ambroise prononça en cette ocasion.
•p- ST 2* 'A cette même année apartiennent encore les deux letres
suivantes, la 23'" et la2i'". L'une est adressée aux Evêques d'E-
milie pour régler le jour de Pàque de l'année suivante 387, et
l'autre à l'Empereur Valentinien le jeune, pour lui rendre
compte de sa seconde ambassade à Trêves vers Maxime. Cel-
le-ci est particulièrement importante pour l'histoire de ce
tems-là.
«p. p. 9^». 909. ' La 42* est préc(!dée d'une letre du Pap(! Sirice à l'Eglise
de Milan, et en est la réponse. C'est proprement une letre sy-
nodale d'un concile tenu à Milan vers 389, dans lequel on
avoit confirmé la condamnation (jue ce Ponfife avoil déjà
faite de Jovinien, d'Au.\<'nce , et de divers autres héréU<iues
ep. i2. n. ^. 11. nommés dans sa letre. 'Comme ils ala(juoient la virginité de
la sainte Vierge, qu'ils blâmoient la virginité en général , sous
prétexte de prendre. kl défense du mariage, et qu'ils cundam-
noient la viduité et le jeûne, cette letre synodale établit tous
les points de la foi catlioliqu(î contre les erreurs oposées. On
• lit à la tète les noms de S. Ambroise, de Sabin, de Bassien , et
à la fin ceux de sept à huit autres Evêques. Entre ceux-ci se
trouve un Theodose et un Constance , deux Evêques Gau- '
lois, l'un d'Octodure, ou Martignac, et l'autre d'Orange. On
y voit aussi un prêtre nommé Aper, qui ysouscrit par ordre de
(icrminien son Evêque préstmt au Concile. Il y est encore
marqué que tous les Ordres avoient souscrit ; maisles souscrip-
tions n'y sont pas raportées.
ep. 56. n. 1.7. ' S. Ambroisc adresse la 56" à Théophile d'Alexandrie. Elle
regarde le différent entre Evagre et Flavien d'Antioche que
DOCTEUK m VEGIASE ET CONFESSEUR. 383
le Concile de Capouë renvoïoil à la décision de Théophile et iv siècle.
des autres Evêques d'Egypte. S. Ambroise promet d'acquies-
cer à cette décision , pourvu qu'elle ne blesse ni la paix , ni la
communion qui est entre les Evêques, et qu'elle soit du goût
de l'Eglise de Rome, à qui il avertit de la communiquer. On
met cett(; letre en 392.
' A l'ocasion du Concile de Capouë dont il y est parlé, on i'- 'o"»- '*'<»>•
l'a acompagnée d'une autre letre qui paroît être du Pape Si-
rice , touchant les erreurs et les écrits de l'Evêque Bonose ,
qui prélendoit que la sainte Vierge après avoir enfanté J. C.
avoit eu encore d'autres enfans. L'Auteur est d'avis que l'on
suive le règlement du Concile de Capouë qui avoit commis
cette afTaire au jugement des Evêques de Macédoine. Il y est
parlé de S. Ambroise comme aïanl été conseillé de s'en tenir
à ce jugement. On remarque que cetle letre est effectivement ^«i»" >'' v «^i
du Pape Sirice, sous le nom duquel M. llolstenius l'a donnée
au public. Aussi les derniers éditeurs de S. Ambroise l'ont-ils
mise en un caractère didVrent de celui des autres letres de ce
Père, poui- montrer qu'ils ne la croient pas de lui.
' La 58'' est adressée à l'iwêque Sabin, (^l fut écrite en 393. *!"''• «i'- ^- "• '•
Elle contient l'éloge de saint Paulin depuis Evêque de Noie,
et de Tlierasie sa femme, et l'apologie^ de leur conduite con-
tre les Grands du siècle, qui ne pouvoient souffrir l'action hé-
roïque qu'il venoient de fain; en distribuant leurs grands biens
aux pauvres, pour vivre dans la pauvreté volontaire et la re-
liaite.
' On croit que la 63'" apartienl à l'an 396. C'est la dernière «v- 63. n. i. m.
de la première classe, et la plus longue de toutes celles de
S. Amoroise. Elle est adressée à l'Eglist^ de Verceil . pour tâ-
cher d'y faire cesser la division qui la privoit d'un Evêque de-
puis long-tems. On trouve dans celle letre une infinité d'ex-
cellentes instructions, et sur les qualités que doit avoir un Evê-
que pour gouverner une Eglise, et sur la pratique des
principales vertus Chrétiennes.' Comme il y avoit alors à Ver- « 7. 4o
ceil deux Moin(;s apostats Sarmation et Barbatien , qui prê-
choienl contre le jeûne et la mortification en général, et s'ef-
forçoient de persuader que ni rabslinence, ni la virginité n'é-
loient d'aucun mérite , S. Ambroi.se emploie une bonne par-
tie de cette letre à réfuter ces erreurs grossières, et à relever le
mérite de ces saintes pratiques.
34° 'A la fin du second volume des Oeuvres de S. Am- Hym. p. i*ij>.
384 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE, broise, on nous a donné quelques-unes de ses hymnes. *I1 est
— ; 7ZT constant qu'il en avoit composé plusieurs. C'est ce qui paroît
1217. par quelques endroits de se s autres écrits, et par les autorités
de Paulin auteur de sa vie, de S. Augustin , de Gassiodore , et
de plusieurs autres Ecrivains de l'antiquité. Il passe même pour
le second, après S. Hilaire de Poitiers, qui entre les Latins
FaM.si.a(if,T.p.553. s'cst distingué par cette sorte de poésie. 'Fauste de Riez dans
2. 53é. i. yjj ouvrage fait avant l'an 449, témoigne qu'il se chantoit des
hymnes de ce Père dans toutes les Eglises d'Italie et des Gau-
Pr.,s.T.ciir.p.2n. Ics, ' et Prospcr Tiro observe qu'elles furent les premières que
l'Eglise Latine emploïa dans son chant,
ajm. ib I syii. i)oë. ' G'ost sur cc principe que l'on en a fait imprimer en divers
'^'"^ tems un grand nombre sous le nom du saint Evêque. Mais il
est très-difficile de discerner celles qui sont véritablement de
lui, de celles qui apartiennent à d'autres auteurs. Gillot lui en
a attribué seize qui se trouvent à la fin de l'édition qu'il a don-
née des Ouvrages de ce Père. Les éditions de Rome y en ont
ajouté dix-huit autres, et les éditions suivantes de Paris encore
davantage : tout cela sans nul solide fondement. D'autres Ecri-
vains de ces derniers siècles ne sont pas moins partagés sur ce
sujet sans en avoir plus de raison.
Amb. ib. ' Enfin les derniers Editeurs de S. Ambroise après avoir
mûrement examiné ce point de critique, ont réduit toutes ces
hymnes au nombre de douze, qui sont incontestablement de ce
Père , comme citées de lui , au moins en partie, par les anciens
qui en ont parlé. Ils ne nient pas toutefois qu'il ne puisse y en
avoir d'autres qui apartiennent h nôtre Saint , même entre cel-
les que l'Eglise emploie dans ses Heures canoniales. Mais il est
presque impossible de les marquer précisément.
Quant au célèbre cantique Te Deum laiidamus, que quel-
ques-uns atribuent à S. Ambroise, nous avons déjà remarqué
qu'il est aussi atribué à divers autres anciens Pères. De sorte
que l'on ne sauroit dire au juste à qui il apartient à l'exclusion
de tous les autres.
35°. S. Ambroise travailla aussi sur lesPseaumes.Nous avons
de lui deux differens Ouvrages sur ce sujet que nous rapor-
tons ici les derniers , parce que l'un fut effectivement le
dernier auquel le saint Evêque mit la main et que nous n'en
avons pas voulu séparer l'autre, comme étant sur la même ma-
tière,
in Ps. 737. 908. ' L'utt de ces deux Ouvrages est intitulé, Eccplicatioîis sur
douze
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 385
douze pseaumes de David, c'est-à-dire, sur le premier, le SK*" iv siècle.
avec les cinq suivans, et les 43, 45, 47, 48, Gl. ' Outre le .^^J^T'^j^ '
commentaire sur le Pseaume 118, dont nous parlerons dans
la suite. S, Ambroisc expliqua encore plusieurs autres Pseau-
mes. Mais comme il ne le fit que par ocasion, et à mesure
. que les sujets qu'il traitoit dans ses Ouvrages, où ces explica-
tions se trouvent insérées, le demandoient, il ne s'agit pas ici
de cette sorte d'explication intercalée. Il n'est question que de
celles qui forment le recueil sur les douze Pseaumes que nous
avons nommés.
' Elles furent faites en divers tems, et prêchées au peuple ibu.
en diverses ocasions, comme il paroît par plusieurs endroits.
On juge que l'explication du premier Pseaume, et celles des
quatres derniers, c'est-à-dire, des 45, 47, 48 et 61 , sont faites
vers l'an 390, et que celle du 35 et des cinq suivans ' n'ont p- "5.
point précédé le 13* jour de Septembre 393. ' Pour ce qui est vit. n. «.
de l'explication du 43* Pseaume, ce fut la dernière à laquelle
S. Amoroise travailla. Il la dictoit au diacre Paulin son Se-
crétaire les derniers jours de la maladie dont il mourut; et il
ne put même la finir. ' On voit par-là que l'ordre que tiennent in.Ps. adm. p. 734.
ces explications, et dans les manuscrits et dans les imprimés,
n'est point de S. Ambroise, puisqu'elles y sont de suite selon
l'ordre du Pseautier.
' La préface du Saint sur ces explications, et la promesse ibia.
qu'il fait sur le Pseaume 36* d'expliquer le 57*, ont donné à
plusieurs ocasion de croire que le dessein de S. Ambroise étoit
d'expliquer de la sorte tous les Pseaumes. Mais d'autres remar-
quent avec plus de fondement, que cette préface n'est qu'une
imitation de celle de S. Basile, qui n'avoit point entrepris ce
travail, et qu'elle est formée d'un discours fait au peuple sur
l'éloge des Pseaumes en général, sans promesse de les expli-
3uertous. 'Un Prêtre Allemand qui vivoit au commencement Mat. mus. it. p. oc.
u onzième siècle, assure avoir trouvé à Vérone l'explication ^'^ *•*■
de S. Ambroise sur le Pseaume 15* où il étoit traité de la mort
de Gratien, et l'avoir envoïée à Milan. ' De même l'anonyme An. meii. ?.n\. 11.
de Molk, Auteur du siècle suivant, dans le catalogue des écrits
de S. Ambroise, marque l'explication du Pseaume, Domine
guis habitabit etc. qui est le 14*. Par où l'on voit que nous n'a-
vons pas tout ce que ce Père a écrit sur les Pseaumes. Mais ce
n'est pas à dire qu'il les eût tous expliqués, ni même entrepris
de le faire. ' Cassiodore qui ne vivoit que deux siècles apI•^s lui, casd.ib.c.^.p.Mi.
Tome I. Sec. Part. C c c
386 S. AMBROISE , EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE.
parlant de son travail sur les Pseaumes, dit expressément qu'il
n'en avoit commenfé que quelques-uns.
Amb.in.Ps.pr.n.7. Rien u'cst plus pompeux que l'éloge que S. Ambroise fait
du Psoautier dans sa préface. On y trouve tout ensemble, dit-
il, l'histoire qui apreiuî les choses passées, la prophétie qui an-
nonce les futurns, la loi qui marqi:e le devoir, des corrections
qui répriment le vice, des moralités qui inspirent l'amour de
la vertu. Il y a à profiter pour tout le monde. Tout le monde
y peut puiser des moiens de salul, et des remèdes propres à
n. H. guérir ses passions. ' C'est là que sont annoncés tous les mys-
n- 9. teres de J. C. ' Il n'est point d'Auteur qui n'ait fait passer dans
ses écrits quelque chose des Pseaumes. Ils .sont pour Dieu une
source de louanges, comme il sont pour le peu[)le une source
de bénédiction. Il sont la voix de l'Eglise, et une profession
éclatante de sa foi. Ceux qui sont dans la tristesse y trouvent
des sujets de joie, et ceux qui sont dans lajoie de quoi l'en-
tretenir.
En expliquant les Pseaumes, il le fait quelquefois en suivant
le sens literal ; mais il s'atache plus souvent au sens mystique,
d'où il tire toujours d'excellentes instructions pour les mœurs.
inPs. 36. pr. n. 2. ' U moutrc que les Pseaumes présentent eux-mêmes ce triple
sens, et qu'ils fournisent encore plus de choses pour le sens
moral que pour les autres.
inPs..T?. pr. n.ii. ' L'cxpositiou sur le Pseaume 37" avec la belle préface qui
est à la tête, peut passer pour un troisième traité sur la Péni-
tence. C'est S. Ambroise qui nous en donne lui-même cette
idée. « 11 y a déjà du tems, dit-il, que j'ai composé deux trai-
te tés sur la Pénitence; et je crois devoir encore traiter ce; sujet.
« Premièrement, parce qu'il est important de demander fous les
« jours pardon de ses péchés, et que d'ailleurs mes deux pre-
« miers traités ne sont proprement qu'une exhortation à la pé-
« nitence. C'est déjàqutlqu(! chose si l'on se porte à l'embrasser.
« Mais ici je m'en vais expliquer comment il le faut faire. Car^
« il ne sert de rien de faire pénitence, si on ne le fait comme il
« faut : Nihil prodest agere, nisi ita cujatur ut oportct. Nous
« avons un excellent modèle de celte pratique dans le saint Roi
«David, qui me semble n'être tombé dans le péché que pour
« aprendre aux autres le secret pour pouvoir l'effacer. » Voilà
le plan que se forme S. Ambroise dans l'explication de ce
Pseaume : la pénitence de David.
Après avoir donné un modèle de pénitence dans le Pseau-
in. Ps. 38. n. 1.
DOCTEUR DE L'EGLISE, ET CONFESS. 387
me 37% il se prépose de nous tracer dans le suivant un mode- i v s i k c l e.
li; de patience.' Il dit sur ce Pseaume plusieurs belles choses ,""^7^^
touchant le silence, ' la circonspection à parler et l'amour des ,1.9. n.
ennemis. ' 11 y ataqce ouvertenionl les NoValiens qui ne re^ "• 37. 38.
connoissoient ni péniiencc, ni rémission de péchés, et insiste
pai'ticulierement sur celle-ci.
S. Ambroise explique particulièrement de J. C. et de ses
mystères, les Pseaumes 39, 40, 43, et 45.' Il paroît par divers ■;> l's. *o. n. *. ;«>.
endroits du commentaire sur le Pseaume 40'", que ce Père pour
mi(!ux entrer dans le sens dos Pseaumes avoit recours aux dif-
férentes versions, à celles de Theodotion, de Symmaque et
d'Aquila. Pour la version des Septante , c'est celle qu'il suit
dans ses explications. Sur le 40" Pseaume ' il observe que la '"''s- *5. n. ^ji.
paix profonde dont jouit l'Empire Romain sous Auguste, lui
fut acordée à dessein que les Apôtres pussent aller siuis ob-
stacle prêcher la foi part.iut le monde. De-là il arri\aoncore
que tous les hommes vivans .sous une seule domination ,
aprirenl à reconnoîlre et à se soumettre avec fidélité à l'Empire
du seul Dieu tout-puissant. Ici S. Ambroise marque que de
son tems on croïoil que S. Thomas avoit prêché dans les Indes
et S. Matthieu en Perse.
'S. Jérôme en divers endroits assure que presque tous les Him. op. 'i4.|..(M7.
Ouvrages de S. Ambroise, et principalement ses commentai- ' L'a' wi.'' ^''
r(!s sur les Pseaumes sont pleins des sentimens d'Origene.
' C'est ce dont les derniers Editeurs de S. Ambroise ne discon- aihL. ib. aiim. p.
viennent pas, sur tout par raport aux expositions sur les Ps( au-
mes 3G, 37 et 38. Ils avouent même qu'en quelques endroits
il ne s'est pas assez éloigné des .sentirat^ns de cet ancien Père
Grec, et en particulier touchant la ré.surrection et la purifica-
tion des Elus parle feu. ' Us marquent ailleurs un de ces en- inPs. i.h.m. noi.
droits où nôtre Saint pourroit paroîlre favoriser l'erreur des •' ™'^'
Millénaires en admettant deux résurrections.
'C'est dans son explication sur le premier Pseaume, où ibi.i.ii. .%«.
après avoir aporté le texte de S. Jean pris du 29* verset du 5*
chapitre de son Evangile, dans lequel il est parlé de deux sor-
tes de résurrections, et le 6« verset du 20'" chapitre de son
Apocalypse, Heureux celui qui aura part à la première résur-
rection. « Ceux-ci, dit-il, parviennent à la grâce sans subir le
M jugement. Mais pour ceu.v qui n'arrivent point à la pvena'ere
« résurrection, etquisontréscrvés pour la seconde, ils brûleront
«c jusqu'à ce qu'ils acomplissent les tems marqués entre la pre-
Cc c ii
388 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. « miere et la seconde résurrection : ou s'ils ne l'acomplissent
_ ^^ p^g^ ils seront plus long-temps tourmentés.
Voilà ce semble, dit-on , deux résurrections clairement
marquées. Mais c'est assurément dans un sens bien oposé à ce-
lui des Millénaires; et il est surprenant que l'on ait si aisément
abandonné S. Ambroise sur ce point de doctrine. Nous avons
déjà montré ailleurs en éclaircissant une difficulté à peu près
semblable, que ce Père avoit été fort éloigné de donner dans
l'erreur dont on le soupçonne ici. Ce que nous avons déjà dit
en cet endroit, pourroit suffire pour le justifier de ce soupçon.
Mais il ne sera pas inutile d'y donner encore un plus grand
éclaircissement. Nous le tirerons de l'écrit même où l'on trou-
ve la difficulté.
Il n'y a qu'à lire avec quelque atention celte exposition
même sur le premier Pseaume, pour se convaincre que saint
Ambroise n'entend par la première résurrection que la résur-
rection qui se fait dès cette vie-ci à la grâce, et par l'autre
résurrection celle qui se fera de tous les hommes au dernier
n 5*. 55. jour. ' La première résurrection se fait, dit-il, lorsque dès ce
monde, hic positif nous sortons du tombeau des vices qui re-
tiennent ensevelis et comme morts ceux qui y sont sujets.
Lorsque bien-loin d'être des ossemens secs et arides, nous
montrons que nous avons reçu la rosée de la grâce du Fils de
Dieu, et l'onction du Saint Esprit. Lorsque J. C. par une voix
puissante nous apelle comme il apella Lazare, et que nous
aïant délivrés des liens de la mort par le ministère de ses dis-
ciples, il nous introduit dans Bethanie, c'est-à-dire dans la
maison d'obéissance,
.lo rcs. n. 63. ' Pour cc qui cst de la seconde résurrection, elle se fera à la
n. 93. fin du monde. ' Alors comme nous sommes tous venus au mon-
de par voie de naissance, nous aurons aussi tous part à cette
in l's. 1. n. 34. résurrcction . ' Mais il y aura cette différence, que ceux qui
n. 56. auront mérité de participer à la première, ' c'est-à-dire, qui
auront eu une foi pure, et auront vécu conformément à leur
foi, résuscileront dans l'assemblée des Justes, sans subir de ju-
gement. Les pécheurs qui seront morts dans la grâce de Dieu,
mais sans avoir satisfait à sa jusfice, ressusciteront non dans
l'assemblée des Justes, mais pour être jugés. Quant aux im-
pies, ils ne ressusciteront ni dans l'assemblée des Justes, ni pour
être jugés, parce qu'ils le seront déjà, pour n'avoir pas crû
en celui qui justifie l'impie. Seulement ils ressusciteront pour
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 389
porter la peine que mérite leur impieté. iv siècle.
C'est ainsi que S. Ambroise explique lui-même sa pensée
louchant ces deux résurrections. Il le fait, comme on le voit
bien clairement, d'une manière fort éloignée de celle des Mil-
lénaires. 'Ticon Donatiste dans son commentaire sur l'Apo- Ccnn. vitiii.c.iR.
calypse, où il entreprend de combatre l'erreur des Millénai-
res, ne laisse pas d'admetre les deux mêmes résurrections, et
presque dans les mêmes termes que S. Ambroise. En effet il
en distingue "une qui se fait dès cette vie-ci par la grâce du
Baptême, et une autre générale qui se fera à la fin du monde.
'Il semble même que S. Ambroise dans un autre endroit Amb. deres.n.ca.
ait pris à tâche de contredire l'opinion erronée sur les deux
résurrections, que l'on voudroit lui prêter. Voici de quelle ma-
nière il s'en explique dans un écrit où il traite expressément
de la résurrection. « C'est avec raison, dit-il, que la résurrec-
« tion des morts est remise à la fin du monde, afin qu'il ne nous
« faille plus revenir dans ce siècle malheureux. C'est pour cela
« même que J. C. a souffert pour nous en délivrer afin de ne
« nous pas voir une seconde fois gémir sous le poids des tenta-
« tions de cette vie, et qu'il ne fût nuisible d'y revenir, si nous
« y revenions pour pécher. »
Il seroit inutile de dire pour soutenir la fausse imputation
que l'on fait à S. Ambroise, ' que ce Père dans le même Ou- n. so.
vrage emploie l'expression de la millième année. Il ne s'en sert
en effet que dans le sens ' que s'en est servi depuis S. Augus- Aug. civ. i. 20. c. 7.
tin, pour exprimer la plénitude des tems par un nombre par-
fait. C'est ainsi à peu près que l'exprime S. Ambroise même Amb. ibid. n. es.
en se servant dans le même écrit du terme d'année lorsqu'il
dit : Mundi tempora annus unus est. ■
36°.' Enfin l'autre Ouvrage de S. Ambroise sur les Pseaumes, in Ps. hs. p. ioti.
et le dernier de ceux que nous avons de lui, dont il nous reste '^^'
à parler, est un commentaire sur le Pseautne 118. Il est parta-
gé en vingt-deux sermons, suivant le nombre des letres hébraï-
ques, qui divisent le Pseaume en autant de sections. S. Am-
broise commence chaque sermon par expliquer la letre alphabé-
tique qui est à la tête de chaque section du Pseaume. Après
avoir marqué le sens qu'elle présente selon l'interprétation qu'il
lui donne, il en prend ordinairement ocasion d'entrer en matiè-
re. ' Les 22 sermons qui composent ce commentaire furent pro- adm. p. oeo.
nonces devant le peuple de Milan en diverses rencontres et à
divers jours, soit de jeûnes ou de fêtes de Saints. Il y est fait
390 S. AMBHOISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE, mention de celles desmartyrsS. Sebastien, S. Gervais, S. Vvo-
lais, quiselon toute aparence, se célébroienl dès-lors, comme en-
core à présent, l'une au 20* de Janvier, et l'autre au 1 9" de Juin.
Il semble que S. Ambroise y marque aussi quelques circonstan-
ces qui drsignent la persécution que lui fit l'Impératrice Jus-
tine en 385 et 38G. Cette époque jointe à la citation de ce
commentaire dans le iraité sur Isaacetsurl'ame composé en
387, fait croire que S. Ambroise le finit l'année précédente
386, ou peut-être seulement les premiers mois de l'an 387,
Tiii. ibid p. 769. aprés la fête do S. Sebastien. ' Toutefois M. de Tillemont ne
le place qr.e deux ans après au plutôt, en389 : ce que l'on ne
peut acord(ir avec la date du traité sur Isuac, où ce commen-
taire se trouve cité.
!.. «s. ' Quoiqu'il en soit, il passe pour l'ouvrage le plus beau et
le plus édifiant de tous ceux de S. Ambroise. Les hérétiques
mêmes en parlent avec beaucoup d'ostimo, et des Catholi-
ques très-habiles jugent que S. Ambroise est celui de tous les
Pères qui a le mieux réussi sur un sujet si difficile. On remar-
que qu'il fut plus de sept mois sur ce grand ouvrage.
Ami., ib. ' S. Ambroise y explique une grande partie du Cantique des
Cantiques, et fait à l'Eglise l'aplication des mystères qu'il con-
tient. On y trouve aussi plusieurs points importans de doctri-
sciiii. 8 11. 48. ne sur le dogme et la discipline. Il a eu .soin d'y établir en
plu.sieurs endroits ce qu'il pensoit de l'Eucharistie, et ce qu'il
vouloit (|ues(;s auditeurs en p(!nsassent eux-mêmes. C'est se-
lon lui un festin céleste où l'on reçoit le corps de J. C. qui de-
vient pour ceux qui le reçoivint une .source abondante de gra-
sei. i.'i 11. as. CCS pour cette vie-ci et pour l'autre;. ' C'est un breuvage où le
désir des Fideks, en y trouvant la remission des péchés, trouve
aussi une yvre-sse qui leur fait oublier les soins du siècle pré-
sent, et les m(!t au-de.sus de la crainte et di.'s in(]uiétudes de
la mort : une yvresse qui bien loin de faire chancelier le corps,
le relevé, et lui donne la vie, et bien loin de troubler l'esprit,
Sor, iK. II. 38. lui communique la sainteté. ' C'est ce pain dont il est écrit :
7'oi/s cevx qui s éloùfncid de vous, périront. Si vous vous en
éluigiiez, vous périrez. Si au conlruire vous vous en aprochez,
V(*i s vivrez. C'est le pain dévie, celui donc qui mange la
vie, ne peut mourir.
M ) auroil milh autres belles remarques à faire sur ce com-
iiieiitairc, pai- rapoil aux points de doctrine que nous avons
nommés, mais nous sortirions des bornes que nous nous som-
DOCTEUR DE L'EGLISE Et CONFESS. 391
mes prescrites. On peut consulter les endroits cités à la mar- iv siècle.
ge, ony trouvera plusieurs pai licularités touchant la Com-
munion, le Jeûne, les prières de l'Eglise, etc. qui méritent
de n'être prs ignorées. Il y a encore de beaux endroits sur la
trop grande facilité à reconcilier les pécheurs, sur le retarde-
ment à recourir à la pénitence. Pour la morale, le commen-
taire n'en est presque qu'un tissu continuel. Dans chaque ser-
mon S. Ambroise fait entrer huit versets du Pseaume, et de
chaque verset il sait tirer diverses moraliif s aussi ingénieuses
qu'édifiantes, soit pour censurer le vice, ou pour inspirer l'a-
mour de la vertu. Il y a eu une édition particulière de ce ^^- Angei.
commentaire faite à Rome en 1585. C'est particulièrement
de cet Ouvrage, que (îuillaume Abbé de S. Thierry a tiré
son explication, ou commentaire sur le Cantique des Canti-
ques, imprimé à la fin du premier volume des œuvres de saint .
Ambroise .
37°. Avant que de finir ce qui regarde les écrits qui nous
restent de S . Ambroise, il est à propos d'avertir ' qu'on trouve ^^- pp- s- p- 9"-
sous son nom à la fin du 8" tome de la Bibliothèque des Pè-
res, dernière édition de Paris, plusieurs distiques en vers he-
xamètres sur les diverses peintures ou représentations de l'an-
ci(!n et du nouveau Testament dont on avoit orné l'Eglise de
Milan. Quoique personne n'ait inséré ces vers dans le recueil
des écrits du saint Docteur ils ne paroissent pas cependant
indignes de lui, et peuvent être effettivement une production
de sa Muse Chrétienne. Il faut porter le même jugement ' d'une Enn-^car. 1. 1 noi.
inscription en vers élégiaques (jui porte aussi son nom dans
quelques monumens ecclésiastiques, et que le Père Sirmond
a insérée dans ses nott^ sur les poésies de S. Ennode. Cette
inscription qui contient dix vers, est pour conserver à la pos-
térité la mémoire de la translation que S. Ambroise fit des
Reliques de S . Nazaire dans la basilique des Apôtres .
S- ni.
SES ECRITS PERDUS.
Non-seulement il s'est perdu plusieurs letres de S. Ambroi-
se, et quelques-unes de ses explications sur les Pseaumes, nom-
mément sur le 14' et le 15% comme nous l'avons observé,
mais nous n'avons plus aussi beaucoup de ses autres Ouvra-
ges. On jugera dt; la grandeur de cette perte par ce que nous
392 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIÈCLE, allons dire de ces écrits, et par les titres que nous en allons
■ raporter.
Amii.domys.n.i. • 'S. Ambroisc témoigne lui-môme avoir expliqué les pro-
verbes pour instruire les Calécumenos de la morale Chrétien-
ne, et les préparer au Baptême. Cependant nous n'avons point
c. 2. pr. p. 6. ce commentaire. ' Il est vrai qu'il a pu se faire, comme l'ob-
servent les derniers Editeurs de ce Père, que ces explications
n'auront pas été rédigées par écrit, et que S. Ambroise se sera
contenté de les faire de vive voix. Mais il.y a encore plus d'a-
parence qu'il en usa au sujet de ces explications, comme il
en usoit au sujet de celles qu'il faisoit sur les autres livres de
l'Ecriture, et dont il avoit soin de composer des traités.
Casd. insi. c. 2. p. 2°. ' Il Semble que nous avons aussi perdu un sermon sur le
^***""' jugement des deux femmes publiques rendu par Saloraon.
Cassiodore marque cet écrit entre ceux qui composoient sa
Triiu.scri. ceci. c. Bibliothcquiî j ' et c'est peut-être le même que Trithême fait
*"■ entrer dans le catalogue des Ouvrages de S. Ambroise sous
Amb. ib. ce titre : De judiciis. ' Néanmoins les derniers Editeurs de ce
Père croient que ce peut être une Homélie sur le même su-
jet qui aura été jointe au livre de la Virginité, dont elle fait
le commencement, et auquel elle ne paroît pas convenir,
casd.ibid.c. 5. p. 3°.' Cassiodorc nous aprend qu'outre l'écrit précèdent, il
^^^' *■ en avoit encore un autre de S. Ambroise sous le titre d'Ho-
mélies sur la sagesse. Ce recueil ne paroît plus aujourd'hui nulle
part ; et l'on ne peut pas dire que ce soit quelqu'un des com-
mentaires du saint Evêque sur l'Ecriture, parce que Cassiodo-
re les spécifie presque sous les mêmes titres qu'ils ont aujour-
d'hui.
Amb.in.Luc.pci.i. 4". S. Ambroisc assure lui-même avoir fait un commentaire
'^- "• •'*• sur le Prophète Isaïe, qu'il cite dans le second livre de son
Ouvrage sur l'Evangile de saint Luc, composé en 386, com-
Aug. in. 2. cp. 1. 4. me on l'a déjà vu. ' Ce commentaire se trouve encore cité sous
n. 20. 31. jg j^Qjj^ jjg g^ Ambroise par S. Augustin, qui en raporte plu-
An .Mei. sci. c. ii. sieurs passages contre les erreurs des Pélagiens. ' L'anonyme
de Molk le marque aussi entre les autres écrits de nôtre saint
Docteur; et la manière dont il en parle, feroit juger qu'il exis-
toit encore en son tems, qui étoit le douzième siècle .
Ami). de Eiia, n. 5. ' 5*. ' S. Ambroisc témoiguc bien clairement qu'outre ce
qu'il avoit déjà dit d'Elie dans le cours de ses autres Ouvra-
ges, il avoit composé un écrit exprès à sa louange ; c'est pour-
quoi dans son traité d'Elie et du Jeûne, où il nous aprend ces
particularités
DOCTEUR DE L'EULISE ET CUNEESS. 393
particularités, il s'excuse de parler au long de ce Prophète, iv siècle.
de peur de tomber dans des redites; nous n'avons point cet
Ouvrage non plus que les précedens.
6*. ' Cassiodore fait encore mention d'un commentaire sur casd. ib. c. 3. p.
les Prophètes en général, que l'on attribuoit à S. Ambroise, ^*"'-
mais que cet Abbé n'avoit encore pu recouvrer, et qui nous
manque comme lui.
7'. ' Le même Auteur témoigne aussi qu'en son tems, qui c. s. p. sm-i.
étoit le sixième siècle de l'Eglise, S. Ambroise passoit pour avoir
fait des notes sur toutes les Epitres de S. Paul, où l'on trou-
voit autant de lumières que d'agrémens. Mais il ajoute qu'il
n'avoit encore pu les avoir à lui, enjoignant à ses Moines de
les rechercher avec toute sorte de soin. ' L'Abbé Ansigiseau spic. i. 3. p. 2*1.
commencement du neuvième siècle fut plus heureux en cela
que Cassiodore. Cet ouvrage lui tomba entre les mains, et il
en enrichit sa bibliothèque de S. Germer. ' Notker le bègue Noik.im.scri.c. 4.
qui écrivoit à la fin du même siècle, parle aussi du même ou- ^'
vrage, sous le titre de Commentaire abrégé de toutes les Epi-
tres de S. Paul. ' 11 semble qu'il existoit encore au douzième An. Meii. itid.
siècle, puisque l'anonyme de Molk en fait mention en le joi-
gnant au commentaire, du même Père sur S. Luc. On trouve
encore aujourd'hui deux divers écrits de S. Ambroise sur les
Epitres de S. Paul ; mais ce ne sont point ceux qu'il avoit com-
posés, et dont parlent les anciens. Nous aurons ocasion d'en
dire davantage à ce sujet, lorsque nous en serons à ses ouvra-
ges suposés.
8". Il nous manque encore ' l'excellente letre, comme la Amb. lUs. n. 36.
nomme le Diacre Paulin, que S. Ambroise adressa à Frigitil
Reine des Marcomans. Cette Princesse, après avoir embrassé
la foi de J. C. envola à Milan demander des instructions au
saint Evêque, qui lui écrivit la letre dont il est question, en
forme de Catéchisme, afin de rendre plus intelligibles les in-
structions qu'il y inseroit. ' Un très-habile homme a cru que cet tiii. h. e. 1. 10. p.
écrit pourroit bien être ce que Theodoret nomme l'Exposition
de la foi, et Léonce de Bysance l'Explication du sens du di-
vin Symbole. Néanmoins il se pourroit faire que par cette
exposition de la foi, le premier a entendu le traité des divins
mystères. Quoiqu'il en soit, on peut assurer que ce n'est point
l'explication de la foi dont nous parlerons dans la suite entre
les écrits suposés à S. Ambroise.
9°. ' Le saint Evêque se trouvant à Florence en 393 ou 394, Amb. vit. n. as.
Tome I. Sec. Part. D d d
2 6 *
394 S. AMBROISE, IIVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. lorsqu'il évitoit la rencontre du tyran Eugène, y ressuscita un
enfant nommé Pansophc, et composa un livre pour son instru-
ction. Cet écrit a eu le même sort que celui qui fut adressé à
la Reine Frigitil, et n'est point venu jusqu'à nous.
c. 2 ne. p, 5. Aug. 10*. ' s. Augustin fait souvent mention du livre de S. Am-
in.Jui. 1. 2. II. it. ijpQigg intitulé : Des Sacremens ou de la Philosophie, qu'il
nomme aussi quelquefois , le litjre de la Philosophie contre
Platon, et ailleurs, le livre de la régénération du sacrement
Auj;. ep. 31 . n. 8. OU dc Itt régénération. ' Le même Père écrivant à S. Paulin, ex-
plique encore mieux quel étoit ce livre de S. Ambroise, qu'il té-
moigne souhaiter beaucoup, ne l'aiant pas encore à lui. Selon
ce qu'il nous enaprend, il y en avoit plus d'un ; et S. Ambroise
les avoit écrits avec beaucoup d'exactitude et d'étendue contre
certaines personnes aussi ignorantes que superbes, qui prélen-
doient que .1. G. avoit apris grand nombre de choses des Ouvra-
ges de Platon ; prétendant m/'me qu'il y avoit puisé les senti-
n)ents et les règles qu'elles ne pouvoient s'empêcher d'admirer
dans son Evangile. Nous sommes encore privés de cet ouvrage
de S. Ambroise, qui étoit sans doute important, selon l'idée que
S. Augustin vient de nous en donner. Ce n'est point assurément
celui qui se trouve imprimé avec les autres écrits de S. Ambroi-
se sous le titre Des sacremens, comme nous le dirons plus au
long dans la suite.
Tiii. ihid. 11"' On ne trouve point non plus l'écrit de S. Ambroise
sur le mariage de la sainte Vierge avec S. Joseph, quoiqu'il
Aiub. ibid. p. ti. dise après l'an 391 en avoir traité amplem(!nt. ' Mais il n'est
peut-être pas nécessaire de reconnoître ici un ouvrage fait ex-
près sur ce sujet. Pour que S. Ambroise pût parler de la sorte,
il suffisoit qu'il eût traité cette matière dans quelques-uns de
iiiLiit. I. m. 1.7. ses autres (crits. 'Il l'a fait réellement et au commencement
Mnsi.viif;.ii.3.%. ^g gQ,^ Commentaire sur S. Luc, et dans son instruction pour
la conduite d'ime Vierge, i'eut-être en avoit-il traité aussi dans
son commentaire sur Isaïe, à l'ocasion de la prophétie qui re-
garde le mysteie d'une Vierge mère.
Tiii. il), p. 305. 12". ' 11 nous manque aussi les écrits que S. Ambroise sem-
ble avoir faits contre les Priscillianistes.
Ainb. i. 2. pr. p. (j. 13*. ' De même nous n'avons point non plus ce que le mê-
me Père parolt avoir écrit contre l'hérésie d'Apollinaire. On
nous aprend au moins que Paterne Evêque de Brague, qui
avoit embrassé cette; hérésie, se convertit à la foi par la lecture
des Ouvrages de S. Ambroise contre les Apollinaristes. Le
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESS. 395
Saint a bien frondé celte hérésie dans quelques-uns des écrits iv siècle.
qui noiis restent de lui : mais il ne fait que la toucher en passant ~ '
et le trait d'histoire de Paterne supose quelque traité particu-
lier sur ce sujet.
14". Si S. Ambroise a satisfait ' à la promesse qu'il donnoit de sp, s. i. 2. pr.
en travaillant à ses livres sur le Saint Esprit , de traiter à fond "• **■
l'histoire de Samson, il faut encore compter cet Ouvrage en-
tre ceux de ce Père que nous avons perdus.
15". 'M. de Tillemont sur un endroit des Soliloques de tui. ibid. p. aoe.
S.Augustin, où ce Père semble désigner S. Ambroise, croit
que celui-ci a encore composé un traité sur l'immortalité de
1 ame, qui nous manqueroit. '11 est vrai que d'autres jugent Amb. t. ». pr. p.7.
que S. Augustin veut seulement dire que S. Ambroise avoit
traité cette matière dans ses autres Ouvrages, ou simplement
dans ses prédications non écrites. Mais ce qui fortifie le senti-
ment de M. de Tillemont, 'c'est que Mamert Glaudien dans ci. 1». de an. 1. s.
ses livres sur l'ame, composés entre le milieu et la fin du cin- '^' ^" ^' *°^" ^
quiéme siècle, raporte d'après S. Ambroise ces belles paroles:
« Séparons-nous du corps, contre lequel il faut que nous com-
battions sans cesse, si nous voulons nous sauver. » Or cet Au-
teur citant ces paroles, comme prises d'un sermon au peuple
de Milan, tels que sont presque tous les Ouvrages de S. Am-
broise, et ces paroles regardant le sujet dont il s'agit ici, et ne
se trouvant pas dans les écrits de ce Père qui nous restent, il y
a bien de l'aparence qu'elles ont été tirées du traité que saint
Augustin semble désigner.
16°. ' L'Abbé Cassien dans son traité sur l'Incarnation , cite Cas8.inc.i.7.c.2.5.
aussi un passage pris d'un sermon de S. Ambroise sur le jour de "*'
Noël, où ce Père établissoit la virginité perpétuellede Marie dans
son enfantement, après son enfantement, etavant qu'elle conçut
le Verbe Eternel dans son sein. ' Un Auteur anonyme dans un *»«• '■ *• ^pp p-
sermon qui a porté le nom de S. Augustin , cite aussi quelque
chose du même passage, mais sans nommer S. Ambroise. Or
ce sermon atribué à S. Ambroise par Cassien , ne paroît plus
aujourd'hui nulle part.
S- IV.
ECRITS QU'ON LUI A SUPOSÉS.
Si nous avons perdu plusieurs Ouvrages de S. Ambroise,
on a eu soin de lui en atribuer par une espèce de dédommage-
D d d ij
IV SIECLE.
Amb. t.
73*.
l.p.707.
p. 703-706.
p. 7Î0. 728. n.
G2.
39.
390 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
ment, encore un plus grand nombre d'autres qui ne sont
pas de lui. Comme ces derniers se trouvent pour la plupart mêlés
et confondus avec les véritables écrits de ce Père qui sont ve-
nus jusqu'à nous , il est important d'en donner le catalogue
pour les faire connoitre. Sans cette connoissance , ou pourroit
s'y tromper, surtout en se servant des anciennes éditions, où
cette confusion est plus grande, et où il se trouve moins de cri-
tique pour y remédier.
1°. 'Outre l'Apologie de David dont nous avons parlé en
traitant des véritables écrits de S. Ambroise, les manuscrits en
présentent une autre sous son nom , que l'on a imprimée à la
suite de la première. 'Les Critiques sont fort partagés sur l'Au-
teur de cette seconde Apologie. Les uns soutiennent qu'elle
est véritablement de S. Ambroise, et ils ont pour eux l'auto-
rité des manuscrits. Les autres apuïés sur de fortes raisons,
prétendent le contraire ; c'est ce qui a retenu les derniers Edi-
teurs de ce Père, et les a empêché de prononcer définitivement
sur cette difficulté qu'ils ont abandonnée au jugement des
Lecteurs. Il paroît néanmoins qu'il y a beaucoup plus de fonde-
ment à regarder cette pièce comme suposée , que comme une
production de la plume de S. Ambroise.
A la vérité elle a beaucoup d'air de ses autres Ouvrages. On
y trouve même plusieurs de ses expressions les plus familières,
et il lui étoit assez ordinaire de traiter plus d'une fois le même
sujet. Mais toutes ces raisons fortifiées même par l'autorité des
manuscrits, ne peuvent tenir contre celles qui les contredisent.
1 . Quelqu'art qu'ait emploie l'Auteur de cette seconde Apo-
logie pour y réprésenter S. Ambroise, on n'yreconnoît point la
force et la beauté de son style. 2. L'Auteur se sert d'une ver-
sion de l'Ecriture différente de celle que S. Ambroise suit dans
tous ses Ouvrages, ce qui est d'un très-grand poids. 3. 'Il y
parlé des opérations en J. C. d'une manière qui n'étoit point
encore connue dans le quatrième siècle qui étoil celui de saint
Ambroise, ni même dans le suivant. 4. Le dessein de son Apo-
logie est le même que celui de la première que l'Auteur ne
fait le plus souvent que copier ou amplifier. Or quoique saint
Ambroise ait traité plusieurs fois le même sujet dans ses écrits,
il ne le fait jamais en se copiant, comme l'Auteur le copie dans
cette seconde Apologie. Ce seroit même faire injure à la fé-
condité de ce Père que de l'en croire capable.
Quant à l'autorité des manuscrits, il est aisé qu'un des pre-
DOCTEUR DE L'ÉGLISE ET CONFESS. 397
miers Copistes de S. Ambroise se soit laissé éblouir en voïant iv siècle.
que cette pièce avoit beaucoup d'air des autres écrits de ce Père;
ce qui , sans un plus séiieux examen, l'aura porté à lui donner
son nom. Ensuite son exemplaire aura servi de modèle aux ma-
nuscrits que l'on en voit aujourd'hui.
2°. 'A la .suite des mystères de S. Ambroise, on a imprimé »• -■ p- 3*9- 386.
un autre traité sous le titre Des Sacremens, divisé en six livres,
qui paroissent formés d'autant de sermons prêches aux Néo-
phytes. 'Cet Ouvrage a donné beaucoup d'exercice aux Cri- p- 3**-3i8.
tiques pour en déterrer le véritable Auteur. Les derniers Edi-
teurs de S. Ambroise ont recueilli dans un bel avertissement
qu'ils ont mis à la tête , et qui peut passer pour une savante
Dissertation, tout ce que l'on a dit, ou que l'on peut dire de
plus important à ce sujet. II paroît par-là que cet Ouvrage a
été atribué à S. Ambroise presque sans variation pendant huit
à neuf siècles. Toutefois malgré une tradition aussi constante
et aussi longue en faveur de ce Père, il y a des raisons encore
plus puissantes qui ne permettent pas de l'en regarder comme
l'Auteur. ' C'est aujourd'hui le sentiment des plus habiles Cri- ™- h- E-.t. lop.
tiques, dont quelques-uns prétendent même que l'Ouvrage a i. s', p.^^s'
été corrompu. Les principales raisons que l'on a pour ne le
pas atribuer à S. Ambroise, sont presque les mêmes qui empê-
chent de lui donner la seconde Apologie de David. Nous ne les
repéterons pas ici. Il suffit de dire que le traité des Sacremens
n'est qu'une froide imitation du traité des Mystères dont nous
avons parlé en son lieu, et de quelques endroits du traité sur la
conduite d'une Vierge. ' Dom Mabillon avoit vu un manuscrit Mab. mus. ib.p.7.
de cet Ouvrage, ancien de mille ans, dans lequel il se trouve sans
nom d'Auteur , et divisé en sept sermons pour autant de jours
de la semaine de Pàque ; le sixième tel qu'il est imprimé, étant
partagé en deux.
3°. 'Ceux qui ont pris soin de l'Edition de S. Ambroise faite Amb.app.p. 1.20.
à Rome, nous ont donné sous son nom un traité des quarante-
deux stations des Israélites dans le désert. Mais outre que l'on
ne trouve dans ce traité ni la beauté du style de S. Ambroise,
ni l'élévation et la force de son génie, on y lit divers endroits
[)ris de S. Jérôme et d'Origene selon la version latine de Rufm,
aquelle étoit à peine publique du tems de S. Ambroise. Ce
traité est le premier de l'appendice qui contient les écrits supo-
sés à ce Père.
A''.'\\eslS'U\vid'uncommentairesurtreizeEpitresdeS.Paul p. 25. -sis. p. 21.
p. 6.
398 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE, 'qui a long-tems porté le nom de S. Ambroise, et qui est plus
âTÎn.lbidTV-2»ï^ conuu SOUS le titre A'Ambrodaster. Ce n'est pas sans quelque
fondement que l'on a alribué ce commentaire au saint Evêque,
puisque les anciens nous aprennent qu'il avoit effectivement
travaillé sur S. Paul. Mais son véritable Ouvrage, comme nous
l'avons déjà remarqué ailleurs, est ou perdu, ou enseveli dans
la poussière de quelque bibliothèque ; et celui qui paroît sous
son nom , n'est point de lui. C'est le sentiment général de tou-
tes les personnes habiles, qui n'y reconnoissent ni son style ni
sa doctrine et dont plusieurs le croient d'Hilaire Diacre de Rome,
qui fit schisme sous le Pape Libère.
Bib. s. Peir.Moi). 5". 'Il sc trouve aussi un commentaire sur l'Epitre aux Hé-
breux, imprimé sous le nom de S. Ambroise à Anvers l'an 1540
en un volume ew-S". Mais il n'est point de ce Père, non plus
Notk. int.sii.c.4. quc le précédent, et pour les mêmes raisons. 'C'est sans dou-
te le même que l'on joignoit au commentaire abrégé de saint
Ambroise sur toutes les Epitres de S. Paul dès le neuvième
siècle, selon le témoignage de Notker le bègue, et que plusieurs
dès ce tems-là soûtenoient conformément à la vérité, n'être
point l'ouvrage de S. Ambroise.
Amb. app. p. 321. - 6". ' Ou a eucorc atribué à ce Père un traité sitr laTrim'té,
330. autrefois intitulé Sur le Symbole des Apôtres. Mais on a recon-
nu depuis que cet écrit a été composé pour soutenir lesdécisions
de foi du I Concile de Tolède et du second de Brague tenu
en 563. Il est par conséquent de beaucoup postérieur à S. Am-
broise.
p. 345.-3B8. 7». 'Le traité de la foi orthodoxe contre les Arie?is , plus connu
autrefois sous le titre de la divinité et consubstantialité du Fils,
a porté long-tems le nom du même; Père. Divers Critiques en
M- ^*^- ont fait aussi le 49* discours entre ceux de S. Grégoire de Na-
zianze, mais les S.ivans ont reconnu dans la suite, qu'il n'apar-
tenoit ni à S. Grégoire, ni à S. Ambroise, et l'ont donné les
• uns à Vigile de Tapse , et d'autres ù Grégoire d'Elvire, C'est
• ce que nous avons montré à nôtre tour ne pouvoir se soutenir ,'
en prouvant que ce traité est de S. Phébade d'Agen.
p. 357. 36*. go. ' On a encore imprimé autrefois entre les véritables écrits
Tiii. ib. p. 299. de S. Ambroise, un traité de la dignité sacerdotale, ' mais il
n'est point de ce père. îl convient mieux pour toutes choses au
Amb. ib. p. X». XI" siècle. 'Aussi un manuscrit de S. Martial de Limoges l'a-
tribue-t-il à Gilbert , ou plutôt G(;rber le philosophe, qui fut
Pape sous le nom de Silvestre IL Cet écrit au reste porte pres-
344
DOCTEUR DE L'ÉGLISE ET CONFESS. 399
que autant de titres difîerens qu'il s'en trouve de divers ma- iv siècle.
nuscrits : comme Liber Pastoralis, de cura Pastorali, deoh-
sei'vantia Episcopoimm, et autres semblables.
9°. ' L écrit à une pieuse Vierge, qui a aussi passé pour être p. ses. ses.
de S. Ambroise, ne présente rien qui aproche de l'éloquence et
de l'érudition de ce Père. On croit que c'est l'ouvrage de quel-
que Moine, ou Solitaire des tems postérieurs. Dans les éditions
de Rome il est intitulé, De la manière que se doit conduire une
Vierge : titre qui a d:i raport avec celui d'un Ouvrage de saint
Ambroise sur le même sujet, et qui aura peut-être le plus con-
tribué à lui faire porter son nom.
10". ' Dans l'appendice des OEuvres de ce Père que nous sui- p. 391 . «s.
vous ici, l'on a recueilli jusqu'à soixante-trois sermons , qu'on
a souvent imprimés entre ses véritables écrits. 'Vincent de vin. Bel. 1. 19. c.
Beauvais lui en a même atribué jusqu'à soixante-quinze. "Mais "Imb. ib. p. 470.
de tous ceux qui ont jamais paru sous son nom , les derniers
Editeurs n'en reconnoissent que quatre ' qui soient véritable-
ment de ce saint Docteur. Ces quatre sermons sont les Orai-
sons funèbres de Valentinien II et de Theodose le grand,
et les deux discours, l'un sur les basiliques, et l'autre sur l'in-
vention des Martyrs S. Gervais et S. Protais. Us sont tous qua-
tre insérés parmi les véritables écrits de S. Ambroise , et nous
en avons parlé en leur lieu. ' Tous les autres lui ont été prêtés p- 367. sso.
sans aucun fondement solide ; et l'on fait voir qu'ils apartien-
nent à d'autres Auteurs , nommément à S. Maxime de Turin,
• qui en a fait le plus grand nombre. An reste il n'est pas surpre-
nant que nousaïons aujourd'hui si peu d'/crits de S. Ambroise
sous le titre de Sermons . Nous avons observé en plus d'un en-
droit, que presque tous les Ouvrages qui nous restent de lui ,
sont composés des sermons qu'il avoit prêches à son peuple.
'M. de Tillemont n'aprouve pas néanmoins qu'on lui ôte tui. Utid. p. t.
le 5* et le 6* entre ses Homélies diverses , qui sont le 43" et le
44* de l'appendice de la nouvelle édition, sur la seule raison de
la différence de style, qu'il assure n'être pas si sensible qu'elle
puisse être une raison absolue pour les rejetter. D'ailleurs ils
ne contiennent rien qui soit indigne de S. Ambroise. ' Dans ^n*- ^- v- **«•
le premier de ces deux sermons le saint reprend le peuple et
le Clergé de n'avoir pas été assidu au service de l'Eglise pen-
dant son absence, pour se trouver à une assemblée d'Evêques,
1 On devroit dire six au lien de quatre, tyre, et de celui qui fut prononcé lioit jours
à cause du discours sur la mort de S. Sa- après sur la résurrection.
iOO s. AMBROISK, EVEQUE DE MILAN,
_iv siBCLE^__ L'autre semble cire une suitedu preiuier, et avoir ('•té fait pour
consoler le peuple à (jui la correction précédente avoit été un
sujet de douleur et de tristesse. ApW;s tout, ces deux sermons
sont très-courts et ont plus l'air d'être des fragmens de sermons
■ que des sermons entiers.
p. 470-190. 11°. ' Il se trouve aussi quatre lelres qui ont porté assez long-
tems le nom de S. Ambroise , mais qui ne sont point de lui ;
p- "8. ' la fameuse letre à Démétriade que l'on donne à tant d'autres
célèbres auteurs, a été encore atribuée à S. Ambroise à qui elle
n'apartient nullement, de l'aveu de tous les Gens de letres.
p. 489-198. 12". ' Les deux prières pour se préparer à la Messe , dont on
a fait jusqu'ici S. Ambroise l'auteur, ne sont point non plus de
Tiii. ib. p. 303. ce Père, quoique le Cardinal Bona soutienne le contraire. A
706. 767. j^ vérité elles ne contiennent rien qui les rende indignes de
lui ; maison y découvre beaucoup de traits et d'expressions qui
ne sont pas de son siècle. D'ailleurs on n'y voit ni le style ni l'air
des autres écrits de S. Ambroise.
Hib. s. Vin. cen. 13». ' Qu lui a donué aussi quelquefois t explication des sept
590.'" ■ ■ '^"'*'" visions de l'Apocalypse^ et l'on en trouve une édition sous son
nom faite à Paris chez Vascosan l'an 1554 en un volume in-A".
Elle est plus correcte et plus entière dans l'appendice de ses
Amb. ibid. p. 498. œuvrcs. ' Mais il y a déjà du tems que l'on a reconnu que cet
Ouvrage est de beaucoup postérieur à S. Ambroise , n'aïant été
fait que depuis 774. Le nom de son véritable Auteur est Beren-
gaude, comme on l'a trouvé écrit d'une manière assez énigma-
tique dans quelques manuscrits.
p. 589. 606. 14°. 'A la suite de l'Ouvrage précédent on a imprimé ww livre
sur la pénitence , que Gillot s'avisa de donner pour la premiè-
re fois sous le nom de S. Ambroise, quoique l'on avouât qu'il
n'étoit point de lui, et qu'à la fin il portât le nom de Victor.
Depuis on a reconnu qu'il apartienl à Victor de Tunes Evêque
Africain .
p. 605. 608. 150, ' Ce fut encore Gillot qui publia pour la première fois
un Opuscule sur le S. Esprit, comme étant de S. Ambroise,-
parce qu'il se trouve à la fin des trois livres de ce Père sur le
même sujet dans un manuscrit de l'Abbaye de S. Denys en
France. Mais on a toujours reconnu que cet écrit ou fragment
d'écrit n'est point de S. Ambroise, quoiqu'il He contienne rien
de mauvais.
p. 608. 610. 16». ' Il en faut dire autant du petit écrit intitulé. De l accord
de S. Mathieu et de S. LttcsurlagénéalofjiedeJ.C. Gillotl'aïant
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 401
tiré de deux manuscrits qui l'atribuent à S. Ambroise, soute- iv siècle.
noit que le style et le sujet conviennent à ce Père. Aujour- '
d'hui néanmoins on en juge autrement, et avec raison. Les
seules paroles suivantes qui se lisent dans cet écrit suffisent pour
convaincre qu'il est d' in Auteur qui n'a vécu que long-tems
apr^s S. Ambroise : Sed hiijusquœstioim talis àpatribus solutio
datur.
il" .' Le traité de la dignité de la création de t homme, qu'on p. cm. cia.
a donné à S. Ambroise, paroît n'être qu'un fragment d'un plus
long écrit. L'Auteur y montre combien Ihomme est relevé au
dessus des autres créatures, aiant été fait à l'image et à la res-
semblance de Dieu. S. Ambroise a touché ailleurs cette ma-
tière comme nous l'avons observé; mais ce traité-ci ne lui
apartient point. On en trouve le commencement et la fin dans
Alcuin sous ce titre : Dicta B. AlbiniLevitœ super illudGene"
seos : faciamus homiiiem, etc.
18"- ' L'appendice des Ouvrages suposés de S. Ambroise finit p. eis. eu.
par un exorcisme qui est inséré dans le Rituel Romain; mais
divisé en plusieurs parties. Il se trouve entier sous le nom de
ce Père dans un manuscrit du Vatican ancien de 600 ans.
L'ancienneté de cette pièce paroît en ce que l'on y emploie
l'Ecriture suivant une version différente de nôtre Vulgate.
19°. ' Quelques éditions de S. Ambroise présentent un traité p. 372.
De r arbre défendu. Il est ainsi intitulé, parce qu'il traite du ''"'• ''''''• p- ***•
f)éché d'Adam, que quelques-uns prétendoient venir, non du
ibre arbitre de l'homme, mais de la mauvaise qualité de l'ar-
bre défendu, et par-là ils en faisoient Dieu Auteur. 'Ce pou- Tiii. ibid. p. 742.
voient être quelques Marcionites; car il semble qu'ils reje-
toient l'ancien Testament et ne recevoient que le nouveau.
Ils reconnoissoient que le vin est bon, ce qui marque qu'ils
n'étoient pas purs Manichéens.
Ce traité dans les anciens manuscrits est divisé assez natu- ibid.
rellement en deux sermons, que les anciennes éditions et les
anciens manuscrits atribuent à S. Augustin. Il se lisent encore
dans l'appendice du neuvième tome de ce Père sous ce titre :
De r arbre de la science du bien et du mal., et forment le pre-
mier sermon de l'appendice de la nouvelle édition. De sorte que
ni les Docteurs de Louvain, ni les derniers Editeurs de S. Au-
gustin ne les croient pas de lui. ' Ceux qui ont donné lader- Amb. ibid.
niere édition de S. Ambroise en jugent de même par raport
à ce dernier Père, ' à qui ces sermons ne paroissent pas même Tiu. ibid.
Tome I. Sec. Part. E e e
402 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
V SIECLE, atribués dans les meilleurs manuscrits. Au moins il est certain
que le plus ancien qu'on ait vu ne présente aucun nom d'Au-
teur : ce qui forme un grand préjugé contre cette pièce parce
que d'ordinaire on n'omet pas le nom d'un Auteur illustre.
Tiii. ibid. 'Au TCstc OU ne voil pas que l'on allègue aucune autre rai-
son qui empêchât de les laisser à S. Ambroise. Il est visible que
la matière convient assez à son tems, et qu'il s'y trouve plu-
sieurs manières de s'exprimer, et divers autres traits qui se li-
sent dans ses autres Ouvrages les plus avérés. La chose vaut
bien la peine qu'on l'examine avec un nouveau soin, si l'on
entreprend jamais de remettre les œuvres de S. Ambroise
sous la presse.
i> 7«* 20°. On a encore fait paroître sous le nom de ce Père quel-
ques opuscules sur divers endroits des écrits de Salomon. Mais
ces opuscules ont été retranchés de la dernière édition de ses
Œuvres, comme n'étant pas de lui. Le traité ou sermon sur
ces paroles, Mulierem fortem quis inveniet, etc. qui est de ce
nombre, apartient à S. Augustin,
p *»• 21". ' Le petit livre intitulé Du mystère de Pdque, qui se
4M. ' '' trouve au 4* tome de la pénultième édition de S. Ambroise, fait
dans l'appendice de la nouvelle édition le 35* sermon, et le se-
cond sur Pâque, et n'est rien moins que l'ouvrage de ce Père.
Tai. ib. p. 303. 22°. ' On lui a aussi atribué les deux livres de la vocation des
Bib. Cas. Bên. Gcntils. ' Dès 1491 OU les imprima sous son nom à Milan avec
...s. Vin. con. quclques autres de ses Ouvrages. ' 11 y en a eu depuis des édi-
; ;;|; p"^- jj|,„- tions faites séparément à Basle en 1524, et à Paris en 1533 et
1534 encore sous le nom de S. Ambroise. Dans la suite on a
donné ces deux livres à divers autres Auteurs. Mais sans nous
THi ib. I Apo.dos arrêter à cette difficulté, qui pourra re venir ailleurs,' il est cer-
. . .c. . p... ^^ qu'ils ne sont point de nôtre saint Evêque. La raison en
est sans réplique, puisqu'il y est parlé des Pelagiens, qui ne
commencèrent à paroître qu'après sa mort.
Bib. ff. min. cen. 23". 'En 1525 Mclaucthon fit paroître à Cologne sous le
nom de S. Ambroise une traduction latine des cinq livres de '
Amb. t. 2.pr.p.4. l'histoirc qui porte le nom d'Hegesij)pe, ' et qui n'est qu'un
abrégé de celle de Joseph sur la guerre dés Juifs et la ruine de
Jérusalem. Mais il n'y a nulle aparence que S. Ambroise soit
auteur de celte traduction.
Tiii. ib.t.4.p.74o. 24°.' Il y a plus do 800 ans qu'on a atribué à ce Père les
actes du martyre de S. Sebastien; et Bollandus ne s'éloigne
pas de ce sentiment. Néanmoins M. de Tillemont fait voir
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 403
par de puissantes raisons que ces actes no sont point de nôtre iv siec.lk.
saint Docteur. Le style même, sur lequel s'apuïe Bollandus ~
n'a ni la force, ni la vivacit*'; de celui de S. Ambroise. ' Les Amb. ibici.p. *.
derniers Editeurs de ses Œuvres en portent le même juge-
ment.
25°. ' On a fait aussi porter quelquefois le nom de S. Am- tïh. ib. t. 5. p.
broise aux actes des saints Cantiens, mais le style en est si bas *^'"
qu'il ne paroît digne que des siècles les plus barbares.
26°. ' Le traité qui a pour titre. Du combat des vices et des Aig. t, e. app. p.
vertus, est atribué à S. Ambroise dans l'édition de ses (Euvres
faite à Rome en 1585. Et afin de mieux soutenir cette atribu-
tion, l'on a ajouté à ce titre, qu'il étoit adressé à S. Simpli-
cien. On a aussi donné ce môme écrit à S. Augustin et à saint
Isidore de Seville entre les Ouvrages desquels il a été impri-
mé. Mais il n'apartient à aucun de ces trois Auteurs. Il est de
beaucoup postérieur à leur siècle, puis(|u'il est de S. Ambroise
Antpert Abbé de S. Vincent à Renevent, qui lleurissoit au mi-
lieu du 8' siècle de l'Eglise. Ce sera aparemment la conformité
de nom qui l'aura fait donner au grand S. Ambroise.
27°. ' Il couroit au 5* siècle un écrit composé par des héréti- conc. t. *. p. laes.
ques sous le nom respectable de S. Ambroise, et avec ce titre,
ÏÂber physiologus. Le Concile de Rome sous le Pape (Jflase en
494 découvrit l'imposture, et déclara cet écrit apocryphe.
28". ' Divers Ecrivains font S. Ambroise instituteur de l'Of- Mab. mus. ii. p.
fice, tel qu'il s'est pratiqué depuis dans l'Eglise de Milan, *<**<>i-
et que l'on nomme effectivement l'Ordre ou le Rit Ambro-
sicn. D'autres prétendent au contraire que cette Lyturgie n'a
ftris le nom de S. Ambroise, que parce que c'est celle de son
îglise, et qu'il s'en est servi lui-même. ' Ce qu'il y a de plus p. 104. loe.
certain, c'est que le Rit Ambrosien de nos jours est sembla-
ble en quelques choses, et dilTerent en d'autres de ce que l'on
trouve s'être pratiqué à Milan du tems de S. Ambroise. Ainsi
l'on pourroit dire que le Saint s'est servi de ce qu'il a trouvé
établi dans son Eglise, et qu'il a changé ou ajouté ce qu'il
a jugé à propos : ce que d'autres auront encore fait sans doute
après lui.
29°. ' On trouve dans quelques bibliothèques un livre m-8°. wh Ange! 1 nii.
qui porte pour titre, ton/essio Arnbrosiana, et qui ete nnpn- }.. 73.
mé à Cologne en 15S0 par les soins de Jean Nopelius. Ce
n'est qu'un précis ou abrogé divisé en quatre livres, des écrits
de S. Ambroise, parliculieiement de ceux qu'il adressa à l'Em-
pereur Gralien. E e e ij
iOi S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV SIECLE. 30". "11 y a aussi un volume m-/b/w d'Homélies Urées des
T^ttârMoiT Ouvrages de S. Ambroise. C'est le travail d'un Prêtre de Mi-
lan nommé Etienne Leïnatius, qui a bien voulu prendre la
peine de faire cette compilation, à laquelle il a donné la for-
me et le titre d'Homélies. Ce volume est sorti des presses de
Christophe Plantin à Anvers l'an 1525.
31°. Il se trouve encore soit dans les manuscrits, soit dans
les anciennes éditions de S. Ambroise, ou de quelques autres
Pères, divers autres opuscules qui portent faussement son nom.
Tel est entre autres l'écrit sur les trois choses impossibles dont
parle Salomon dans les Proverbes. Mais il ne faut pas mettre
de ce nombre le traité qui est danS l'appendice de la nouvelle
édition de S. Jérôme sous ce titre : In Susanam lapsam objur-
(jatio. Quoique ce traité ait paru douteux à quelques Criti-
ques, nous avons montré ailleurs qu'il apartient à S. Ambroise.
11 n'en est pas de même de l'écrit sur les moeurs des Brachma-
nes qui se trouve sous le nom de S. Ambroise avec l'Ouvra-
ge de Pallade touchant les peuples des Indes. C'est faire in-
jure à nôtre saint Evêque que de lui attribuer une pièce aussi
ridicule.
■ §. V.
SA MANIERE D'ECRIRE, SON ERUDITION,
SA DOCTKINE.
Aucun des Pères Latins n'a mieux réussi que S. Ambroise à
réunir ensemble les deux principales qualités que les Anciens
exigent d'un Ecrivain : l'art de plaire et le talent d'instruire. 11
est vrai que la beauté de son style ne consiste pas précisément
dans l'élégance, quoique ses écrits n'en soient pas dénués. Il
Amb. dooff. 1. 1. a suivi en cela ' le plan qu'il avoit tracé aux autres. Il veut que
n.ioi. jg^ manière d'écrire d'un Ecclésiastique soit simple, pure, clai-
re, nette, qu'elle ait plus de poids et de gravité que d'élegan-
ce; mais il veut aussi que l'on n'y néglige pas l'agrément. Voi-
là le vrai caractère de celle qu'il a emploïée. De sorte qu'à le
Tiii. H.K.i. lo.p. bien prendre, ' son style est plein de majesté, de grandeur et
•"Amb.t.i.pr.p.e. de force, qui dit beaucoup en peu de mots. "Mais quoique
I Cas. inst. c. 20. coHcis daus les périodes, il ne laisse pas d'être diffus dans les
^" ** ' ' pensées et les sentences. De même, quoique l'on y découvre
toute la gravité qu'il exige des autres, on y trouve néanmoinà
du feu, de la vivacité, de l'élévation, et une certaine violences
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. i05
laquelle l'esprit se laisse emporter avec plaisir. * Tout cela est iv siècle.
acompagné d'une douceur, d'un agrément, d'une pieté, d'une . casd. ib c le p
politesse, d'une onction qui pénètrent jusqu'au cœur. 'C'est ce 519. a.
qui a fait dire à Erasme que S. Ambroise mérite à juste titre le p'^'si. s.""" '
nom de Docteur doux comme le miel. On ne sait ce que l'on
doit le plus admirer dans ses écrits, ou la fécondité des pen-
sées, ou le tour naturel et ingénieux qu'il leur donne, ou la grâ-
ce et la noblesse avec lesquelles il les exprime, ou enfin l'a-
gréable diversité de ses expressions.
' S. Sidoine ajoute à tout cela le talent de se soutenir égale- siu. 1. 4.ep. a.
ment par-tout, comme un caractère particulier à S. Ambroise.
C'est ainsi que nous croïons devoir entendre la pensée de cet
Auteur, qui l'exprime parle terme de persévérance. Il est pour-
tant visible que tous ses écrits ne sont pas de la même beauté
pour le style. Il y en a qui sont plus travaillés et plus polis les
uns que les autreâ. Mais il est faux ' qu'il y en ait, comme pré- Dupin , Bib. t. 3.
tend un Critique moderne, qui soient fort négligés. Dans ceux ^' ***'
même que l'on supose tels, on trouve plusieurs beautés qui su-
pléent a ce qui leur manque d'ailleurs. On y découvre de la
noblesse, de la douceur, de l'agrément et une gravité épisco-
pale qui en relèvent le mérite.
' Ceux qui passent pour les plus excellens, et où S. Ambroi- p- ses.
se a pris le plus de peine, sont ses traités de morale. Il y a aussi
quelques-unes de ses letres que l'on peut regarder comme des
chefs-d'œuvre, particulièrement celles qui sont adressées aux
Empereurs. ' On sent aisément que celui qui les a écrites, est 'wa. 1 Amt. ibid*
une personne de naissance, élevée à la Cour, et dans l'éloquen-
ce du barreau.
Quelque talent qu'eût S. Ambroise pour écrire, il ne l'a
cependant jamais fait par ostentation, ou sans nécessité. Il ne
f)arle dans ses écrits que pour instruire ; et il a cela de particu-
ier, que presque tous les ouvrages qui nous restent de lui, ne
sont que des fruits de ses prédications.
Sa manière d'expliquer l'Ecriture, n'est pas moins estimable
que sa manière d'écrire en elle-même. ' Il y distingue trois sor- Amb. ibia. p. 7.
tes de sens : l'historique ou literal, le spirituel ou mystique, et
le moral. Il est admirable en quelqu'une de ces trois manières
qu'il explique le texte sacré. C est un des Pères qui a su le mieux
tirer de l'écorce de la letre les mystères de la religion qui y
sont cachés. Le sens moral est celui qui lui est le plus fami-
lier, comme le plus propre aux fonctions de son ministère, qui
2 7
406 S. AMBROISE, ËVEQUE DE MILAN ,
IV SIECLE, étoit d'instruire et de former aux bonnes mœurs les peuples que
Dieu avoit confiés à ses soins. Mais il s'atache tellement au
sens moral et à l'allégorique, qu'il n'a point négligé le literal,
Ang. op. 147. n. S4. oui est Ic fondement des deux autres. ' C'est ce qui a porté saint
1 148. n. 6. Augustin à le qualifier un docte Interprète des saintes Ecritu-
res, et un homme très-savant dans leur intelligence, qui par
ses écrits a rendu de grands services à l'Eglise, et beaucoup
avancé les bonnes études des Fidèles.
Amb. do off. 1. 1. ' Lorsquc S. Ambroise fut fait Evêque, il n'avoit nulle con-
"■ *■ noissance des matières Ecclésiastiques. C'est ce qu'il avoue lui-
même en se plaignant de ce qu'aïant été arraché des tribu-
naux de la magistrature sécuUere pour être aussitôt élevé à l'E-
piscopat, il n'avoit pas eu le loisir d'être disciple avant que de
devenir maître, et avoit été contraint d'enseigner aux autres
ce qu'il n'avoit pas encore apris. Mais il paroît par ses écrits
gu'il avoit dès lors un grand fonds de literature profane ; et les
fréquentes maximes de politique qu'il y a répandues, font ju-
ger qu'il étoit fort versé dans les grandes affaires. Il possédoit
les Poètes, les Historiens, les Orateurs, les Philosophes, sur-
tout les Platoniciens.
A cette érudition profane, il joignit bien-tôt la science Ec-
clésiastique, par l'aplication infatigable qu'il donna à l'acqué-
rir. Il est visible qu'il aprit non-seulement l'Ecriture sainte,
mais qu'il lut encore exactement les différons Interprêtes des
livres saints qui l'avoient précédé, car il les cite souvent. Il faut
qu'il ait beaucoup étudié Origene, puisque S. Jérôme nous as-
sure que presque tous ses ouvrages sont pleins de pensées de cet
habile interprète. Outre Origene, il parolt avoir beaucoup
profité des écrits de S. Hippolyte, de Didyme, et particuliè-
rement de S. Bazile, quoiqu'il écrivît en même tems que ce-
lui-ci, et qu'il ne l'ait pas survécu de vingt ans. Il avoit encore
d« ruvr. n. 28. lû uvcc fruit Philon le juif, grand homme d'érudition ,' et
n'avoit pas négligé les Ouvrages des hérétiques, puisqu'il cite
le 38" tome d'Apellès disciple de Marcion.
«p. 48. 11. I. ' Ce profond savoir dans S. Ambroise étoit relevé par un
fonds d humihté et de modestie, qui lui faisoit craindre d'ex-
poser ses productions au grand jour. Aussi il ne les répandoil
point dans le public, qu'il ne les eût fait examiner par des
personnes habiles. Sabin Evêque de Plaisance étoit son Cen-
seur ordinaire, qui ne pouvoit s empêcher de donner aux écrits
de son ami l'aprobation qu'ils méritoient. Mais c'étoit unique-
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 407
ment en vue de l'amour de l'exactitude et de la vérité que iv siècle.
S. Anibroise en usoit ainsi, et non pour avoir des Aprobateurs.
' C'est pourquoi il conjure Sabin d'aporter tous ses soins et la " ^■
critique la plus rigide pour faire cet examen. « Faites des no-
« tes, lui dit-il , au momdre.mot qui vous paroltra douteux, ou
« avoir peu de justesse, afin que les ennemis de la vérité ne puis-
« sent l'interpréter en faveurdeleurssentimens.» Il faudroitra-
porter ici en son entier sa 48* letre, pour donner une juste
idée de son atention à rendre exacts tous les écrits qui sor-
toient de sa plume.
Après cela il n'est point surprenant de voir que S. Ambroi-
se ait été si souvent et si hautement loué pour l'exactitude et
la pureté de sa doctrine. ' Chaque Père Latin a son mérite par- Go»n. ibid. i.
ticulier; mais S. Ambroise, au jugement d'Erasme, est celui
de tous qui mérite le plus d'éloges. Personne n'a traité avec
plus de sincérité que lui les saintes Ecritures, et personne n'a
évité avec plus de précaution de donner dans des sentimens
suspects. ' C'est pour cela principalement que les Grecs, qui tiu. iwd. p. .-«e.
ont peu d'estime, et souvent peu de connoissance des Auteurs
latins, témoignent néanmoins un grand respect pour les écrits
de S. Ambroise. S. Cyrille d'Alexandrie, "Theodoret et saint
Ephrem entre autres les citent avec les plus grands éloges.
' En 431 les Orientaux mettoient S. Ambroise entre les plus Conc. t. 3. p. 74o.
illustres Pères dont ils vouloient suivre la foi, comme ils avoient
eux-mêmes suivi avec exactitude celle des Prophètes et des
Apôtres. ' Ils envoïerent un de ses écrits à l'Empereur comme p. 730.
une règle de foi ; et ils faisoient un crime à leurs adversaires
de suivre une doctrine différente de celle de ce grand Evêque.
Mais leurs adversaires, qui étoient les Pères du Concile a E- tui. iwa.
phese, n'avoient pas eux-mêmes moins de respect pour lui.
S. Sophrone le qualifie une règle parfaite et de la foi ortho- Phot.c.Mt.p.ssg.
doxe, et de la générosité épiscopale.
Il seroit inutile d'aporter des témoignages de l'estime que
les Latins ont fait de la doctrine de nôtre Saint. Il y auroit de
quoi faire un traité entier. Mais la chose est si notoire, que
personne ne la révoque en doute. Il suffit d'observer ' que le Conc. t. 4.p.is62.
Concile de Rome sous le Pape Gelase en 494, met les écrits
de S. Ambroise au nombre de ceux que l'Eglise a choisis pour
règle de sa foi.
Nous n'entrerons point dans le détail des divers points de
sa doctrine. Cette entreprise nous conduiroit trop loin. Il n'est
408 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
I V s lECLE. gueres de sujets qui regardent le dogme, la morale et l'ancien-
~ ne discipline, qu'il n'ait touch<^s dans ses Ouvrages. Nous en
avons déjà raport«5s quelques traits dans le cours de leur histoi-
re, et ceux-làsuffisentpour juger des autres. Quiconque vou-
droit s'en instruire à fond, pourroit consulter le troisième vo-
lume de la critique de M. Dupiu par les Bénédictins de saint
Vanne. On a eu soin d'y recueillir assez au long tout ce que
S. Ambroise a avancé de plus remarquable sur les différentes
matières de Théologie, comme sur les principaux points de
l'ancienne discipline et de la morale Chrétienne. On y a mê-
me joint un recueil des traits d'histoire les plus importans qu'il
a répandus dans ses écrits, et de presque toutes les remarques
qu'il y fait sur les livres sacrés. Ces recueils sont propres non-
seulement à donner une juste idée de toute sa doctrine, mais
encore à faire connoître l'étendue de son érudition.
§• VI.
EDITIONS DE SES ŒUVRES.
Amb.i. 1. pr.p.i. ' La plus ancienne édition des Œuvres de S. Ambroise, que
l'on connoisse, est celle qu'en publia MaffellUs Venia Reli-
gieux de l'Ordre de S. Augustin. Ni l'année, ni le lieu où elle
a été faite, ni le nom de l'Imprimeur qui y a mis la main, n'y
sont point marqués. Mais comme elle est semblable à celle
de Rome et pour la forme du volume, et pour la figure des
caractères, et qu'elle a été dédiée à Ambroise Corano ou Co-
riolano Général de l'Ordre des Augustins, qui mourut en 1485,
on a sujet de croire que cette édition parut au plus tard cette
même année et en Italie.
I|m4. 'La seconde fut faite à Milan par les soins d'un Prêtre nom-
mé Cribellius, et sortit de l'Imprimerie de Léonard Pachel
l'an 1490. Ces deux éditions qui sont très-imparfaites, et qui
ne contiennent qu'un très-petit nombre de traités, se trouvent
dans la bibliothèque de sainte Geneviève à Paris.
jbid I Bill. ff. Min. ' Deux ans après Jean d'Amerbach Imprimeur et Citoïen
de Basle, aiant ramassé grand nombre d'exemplaires des Ou-
vrages de S. Ambroise, les donna au public divisés en trois
parties et autant de volumes. Pour rendre son édition plus utile,
il engagea Jean de la Pierre Chartreux de Paris, à diviser les
livres en chapitres, et mettre des sommaires à chaque chapi-
Ci-n
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR. 409
tre. La première partie de cette édition contient les livres des iv siècle.
Offices et les autres Opuscules de S. Ambroise. La seconde
comprend tous ses Ouvrages sur l'ancien et le nouveau Testa-
ment. La troisième enferme ses letres, ses sermons et ses au-
tres écrits. Il auroit été à souhaiter que le grand nombre de
traités qu'Amerbach y a publiés, eussent été plus corrects.
' Cela n'empêcha pas que cette édition ne parût de nou- Amb.ib.p.aiBib.
veau encore à Basle 1 an 1506, ' en trois volumes petit folio, *'*^' *'""•
Ce fut Jean'Petri de Langendorf Imprimeur et citoïen du
même endroit, qui prit soin de la publier. Il n'y ajouta qu'un
grand indice intitulé, Registrum ^origerum, qui parut d'une
si grande utiHté à Conrad Leontorms, Moine de Cîteaux, qu'il
en fit l'éloge en vers et en prose.
' Erasme entreprit ensuite une nouvelle édition des Œuvres Amb.ib.|Bib.Caa.
de S. Ambroise, qu'il divisa en quatre tomes. Le premier ^"'"
contient les Œuvres morales ; le second les polémiques ; le
troisième les oraisons, les letres, les sermons; et le quatrième
les commentaires sur l'ancien et te nouveau Testament. Ces
quatre tomes font deux gros volumes in-folio, qui parurent à
Basle chez Jean Froben l'an 1527. Erasme dans cette édition
n'a ajouté qu'un ou deux traités à ceux qui avoient déjà vu le
jour. Il y a fait aussi quelques corrections, qu'il a mises au
commencement de chaque tome , mais elles n'ont répondu
ni à l'estime que l'on avoit pour cet Editeur, ni à l'attente des
Savans.
' C'est pourquoi l'édition d'Erasme sembla si imparfaite, que Amb. ib. i Bib. s.
l'on crut devoir la retoucher. On le fit presqu'aussi-tôt, en y **"■ **' *^'*''
changeant plusieurs choses dans le texte, et y en ajoutant plu-
sieurs autres aux marges. Outre ces changemens et ces addi-
tions on joignit aussi comme dans les autres éditions qui s'en
firent à Basle, divers traités qui manquoient dans la première
édition. Les QEuvres de S. Ambroise ainsi retouchées furent
remises sous la presse à Paris chez Gervais Chevalon les an-
nées 1529 et 1539 en deux volumes in-folio. ' Dès 1538 Fro- Gesn. Bib. uni. i.
ben les publia de nouveau à Basle en même volume, après *• P/^*-
qu'elles eurent été revues sur divers manuscrits, tant par Eras-
me même que par d'autres gens habiles, nommément Sigis-
raond Gelenius.
' Quelque estime que l'on fit de cette édition d'Erasme ainsi Bib. s. Pet. Burg.
revue, cela n'empêcha pas que Louis le Mire ne fit de nou-
« On lit dans M. Dupin 1606, ce qui est une fantâ d'impression. Dupin, Bib. t. 3.
Tome L Sec. Part. Fff ^'^'
2 7 *
410 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN,
IV siBCLE. velles corrections au texte du S. Ambroise, qu'il publia à son
tour. L'édition s'en fit à Paris chez la veuve Charlote Guil-
lard et Guillaume des Bois en deux volumes in-folio. Elle fut
commencée en 1549, et finie en 1551. Ces deux époques se
trouvent, l'une au frontispice du premier volume, et l'autre
à la fin du second.
Amb. ibid. ' Après Le Mire, Jean Costier Chanoine Régulier de saint
Martin de Louvain entreprit de donner une nouvelle édition
de S. Ambroise. D'abord il revit les letres sur un ancien ma-
nuscrit de la bibliothèque de S. Laurent de Liège, puis les
autres ouvrages sur divers autres manuscrits, dont le plus esti-
mable avoit été aporté d'Angleterre en Flandre. Costier assure
avoir corrigé plus de deux mille fautes dans le texte, et avoir
mis plus de vmgt versets aux endroits où ils manquoient dans
les éditions précédentes. Il semble néanmoins avouer qu'il n'a
pas trouvé dans les exemplaires , ou manuscrits ou imprimés
dont il s'est servi, tous les secours qu'il auroit souhaité, et que
pour résoudre certaines difficultés, il a fallu avoir recours aux
avis de quelques Savans, c'est-à-dire pour parler plus simple-
itib. cord. p. 36. mcut, user de conjectures. ' Cette édition ainsi préparée vit
le jour à Basle chez Episcopius l'an 1555 en trois volumes in-
..Barb.t.i.p.35. folio. ' Elle y fut renouvcllce en 1567 par les soins de Sigis-
mond Gelenius, qui y ajouta les notes de Pierre Nanuiuset
la vie de S. Ambroise par Paulin avec celle que Costier en
avoit dressée.
Amb. ib. p. 2. 3. ' Jcau Gillot Champenois aiant remarqué que Costier, à cau-
se du petit nombre de manu.scrits, ii'avoit pu rendre son ouvra-
ge parfait, en ramassa un bien plus grand nombre qu'il trouva
dans les bibliothèques de Paris. Aïant ensuite travaillé sur ces
manuscrits, il fit imprimer les (I^^uvres de S. Ambroise à Paris
chez Guillaume Merlin, Sebastien Nivelle, et la veuve Guil-
laume des Bois l'an 1509 en trois volumes in-folio. Son édi-
tion, quoique la plus correcte; qui eût encore paru, est néan-
moins demeurée la plus inconnue, et a été entièrement obscur-
cie par celle de Rome qui suivit peu de temps après.
Amb. ib.p.3.|itib. ' Ce fut le Cardinal Félix de Montalte, depuis Pape sous
. p. 30. jg j^yj^ jg ^\xiQ V, qui étant encore Cordelier et Général de
son Ordre, entreprit ce travail à la solicitation et par l'ordre
des Papes Pie lY et Pie V. Mais divers voïages et d'autres
ocupations indispensables l'obligèrent de l'interrompre. Aïant
été fait Cardinal, il reprit l'Ouvrage, et avec le secours de
DOCTEUR DE L'EGLISE ET CONFESSEUR, ill
quelques autres personnes , il en publia quatre tomes qu'il dé- iv siècle.
(lia au Pape Grégoire XIII dans le cours des années 1 579 ou
1580, 1581 et 1582. Ces quatre tomes ne font que deux justes
volumes. Le 3* qui contient le 5* et le 6* tome, ne parut que
sous le Pontificat de l'Flditeur en 1585, et lui fut dédié par
Jean-Baptiste Bandini. Cette édition contient plusieurs trai-
tés qui ne sont pas dans les précédentes ; et le nouvel arange-
ment que l'on y a mis est plus commode que les autres. On
a aussi ajouté dans les trois premiers tomes, pour l'utilité du
lecteur, le texte de l'Ecriture, sur lequel S. Ambroise a tra-
vaillé.
' Il est cependant fôcheux que dans une édition pour la- Amb. ib. p. 3. j
quelle on s'étoit donné tant de peine, on trouve beaucoup do
choses desaprouvées avec justice autant par les Catholiques
auepar les nérétiques , outre quantité d'autres défauts qui la
éfigurent. M. Dupin les a fait sentir d'tme manière un peu vi-
ve. Nous ne les détaillerons pas ici , parce que cela nous con-
duiroit trop loin. Tout cela n'a pas empêché que dès que cette
édition eut paru, elle ne devînt le modèle et l'original de tou-
tes celles qui se firent depuis ce tems-là, sans que l'on y ait fait
aucun changement de conséquence. ' Dès 1.580 elle fut renou- h'Ij t«ii p «) i-
vellée à Paris , et continua d'y paroître de nouveau très-sou-
vent dans la suite. On en trouve des exemplaires de 1603,
1604, 1614, 1642. 'Elle fut retouchée par Ferdinand Vello- ■■■« Pf»d «^«n
silli Evêque de Lugo, qui l'aïant enrichie de ses remarques,
la fit paroître à Cologne l'an 1616 en deux volumes in-folio.
Cette édition ainsi retouchée paroît fort rare.
Enfin les Religieux de nôtre Congrégation en ont publié
une nouvelle sur un très-grand nombre de manuscrits dont ils
donnent le catalogue. Non-seulement ils y ont évité tous les
défauts des autres éditions , mais ils n'ont même rien oublié
pour la rendre parfaite. Ils ont eu soin de distinguer par une
juste critique les Ouvrages qui sont certainement de S. Am-
broise, de ceux ou qui n'en sont pas, ou qui sont très-douteux.
Tous ces derniers sont renvoies dans un appendice à la fin du
second volume. Seulement ils ont laissé parmi les premiers ,
on ne sauroit bien dire pourquoi , la seconde Apologie de Da-
vid, et leslivres des Sacremens, que nous avons montré ne point
apartenir à S. Ambroise.
Ce qui augmente le mérite de cette édition , est l'atention
que les Editeurs ont eu de ne rien mettre dans le texte qui
Fffij
412 S. AMBROISE, EVEQUE DE MILAN, etc.
IV SIECLE, ne soit apuïé sur l'autorité d'un ou de plusieurs manuscrits. On
en a retranché le texte de l'Ecriture qu'on avoit assez inutile-
ment inséré dans l'édition de Rome , et l'on y a laissé de suite
les commentaires de S. Ambroise en la manière qu'il les a
composés. L'on y conserve cependant la distinction des cha-
pitres introduite dans d'autres éditions précédentes pour le sou-
lagement du lecteur. On y a placé les divers traités dans un
ordre simple et naturel , en marquant à la marge le tems au-
quel chacun a été composé. Les îetres y sont rangées suivant
1 ordre de 4eurs dates, autant qu'on a pu les connoître. Celles
où l'on n'en a découvert aucun vestige, sont renvoiées dans une
seconde classe à la suite des premières.
A la tête de chaque Ouvrage se lit un avertissement oii ces
derniers Editeurs font ordinairement un abrégé de chacun,
en marquant le tems auquel il a été composé, et en y insé-
rant divers autres traits de critique qui méritent de n'être pas
ignorés. Les bas de pages sont enrichis de notes , qui ne con-
tiennent pas seulement les différentes leçons des manuscrits ,
mais où 1 on trouve encore des éclaircissemens très-utiles sur
les endroits difficiles du texte, dont le sens y est exprimé avec
beaucoup de pénétration et de justesse. On y use ordinaire-
ment de précision , sans jamais s'écarter en des questions étran-
gères qui ne servent de rien pour l'intelligence du texte de
Dnpiii, ib. p. 869. l'Autcur. ' De sorte que l'on convient que cette édition est la
plus belle et la plus correcte qui ait paru jusqu'ici. Ceux d'en-
tre nos Religieux qui y ont le plus travaillé et dirigé tout l'Ou-
vrage, sont Dom Jaque du Friche et Dom Nicolas le Nourri,
Bib. s. Vin. Cen. ' Cette édition est sortie des presses de Jean-Baptiste Coignard
Imprimeur à Paris, en deux volumes in- folio, dont le premier
parut en 1686, et l'autre en 1690.
Comme les exemplaires en sont devenus très-rares, on pense
depuis plusieurs années à la renouveller, et l'on y travaille
actuellement Pour l'exécuter avec plus de perfection, l'on a
coUationné deux ou trois manuscrits fort anciens qui avoient
échapé aux Editeurs précedens. Dom Nicolas le Nourri et
Dom Jean Carré ancien Professeur de Théologie avoient com-
mencé à y mettre la main; mais l'ouvrage est passé depuis à
Dom Louis Lemerault l'un des Bibliothécaires de l'Abbaie de
S. Germain des Prés. (XIX.)
'■' ■?. 413
IV SIECLE.
u
s. MARTIN,
EvEQUE DE Tours et Confesseur.
N petit écrit qu'on nous a conservé sous le nom de saint
Martin, et la haute réputation de sa doctrine ne nous
permettent pas de l'oublier dans cette histoire. 'S. SevereSul- suip.diai.s.n.ai.
pice regardoit comme une si grande faveur l'avantage qu'ont
eu nos (jaules d'être illustrées par la présence de S. Martin ,
qu'il ne fait pas difficulté de la mettre presque de niveau avec
le bonheur qu'a eu la Grèce d'être instruite par les prédica-
tions de S. Paul. On ne doit pas néanmoins s'attendre que
nous entreprenions d'entrer dans le détail de toutes les actions
éclatantes qui l'ont rendu un des plus illustres Evoques de son
tems. Une telle entreprise n'est pas de nôtre dessein.
'S. Martin naquit à Sabarie dans l'une des Pannonies en vu. M.n.iicr.T.
l'onzième année de l'empire du grand Constantin, vers l'an 31 6 •'"'•*''■■'•'•"• '*•
de nôtre ère vulgaire. Sa famille étoit Païenne, mais distinguée
selon le monde. II reçut sa première éducation à Pavie en Italie.
' Dès son enfance il désira d'êlre tout à Dieu ; et n'aïant encore sui. ib. p. 441.
aue dix ans, il se fit Catécumene malgré ses parens. Il avoit tant
'ardeur pour servir Dieu sans partage , que deux ans après il
se seroit retiré dans un désert, si un âge encore aussi tendre le
lui eût pu permettre. Il n'avoit de passion que pour se faire ou
Clerc ou Moine.
' Mais il se vit obligé à l'âge de quinze ans de suivre la pro- ibw.
fession des armes en qualité de fils de Vétéran , son père aïant
servi et s'étant avancé jusqu'à la charge de Tribun ou Colo-
nel. Martin servit à son tour sous Constance, puis sous Julien
l'apostat, l'espace de 23 ans. Il mena dans cette profession une
vie si réglée, qu'il y vécut plutôt en Moine qu'en soldat. ' A dix- n. 2. p. «3.
huit ans il reçut le saint Baptême, et à trente-huit ou environ ,
' il demanda son congé qu'il n'obtint qu'avec peine. n. 3. p. us.
'Après avoir quité le service, il se retira à Poitiers auprès n. 4. p. ut.
de S. Hilaire Evêque du lieu, qui connoissant dès-lors tout
son mérite, voulut l'atacher à son Eglise en lui conférant le
Diaconat. Mais l'humilité de Martin ne lui permit de consen-
fir qu'à être Exorciste. Bien-tôt il quita Poitiers, peut-être à
l'ocasion de l'exil de S. Hilaire en 356, et fit un voïage en
UA S. MARTIN, EVEQIIE DE TOURS
IV s I B c L E. son païs. Son dessein étoit de tâchor i\ retirer ses pnrens des t<^-
^ j^^ nebres du Paganisme. ' Il y réussit a l'égard de sa mère ; mais
son père persévéra dans son erreur. Martin eut le bonheur de
souffrir dans son voïage pour la foi de la divinité de .1. C, Il fut
foueté publiquement pour sa défense, puis chassé de la ville.
i>. +4«. ' Il se relira à Milan, où il se bâtit un monastère. Mais Auxence
chef des Ariens en ces quartiers-là . le contraignit bien-tôt par
ses vexations à quiter ce lieu , et aller chercher un asyle dans
l'isle Gallinaire.
ibki. ' Peu de tems après Martin aiant apris que S. Ililaire étoit de
retour de son exil de Phrygie , d'où il revint sur la fin de 360,
II. 5. p. Mi». ' il reprit le chemin de Poitiers, et se rendit auprès de lui.
Le samt Prélat le reçut avec une extrême joie. Martin toujours
passionné pour la solitude, érigea un monastère qui fut le pre-
mier que l'on eût encore vu dans les Gaules. Le lieu se nom-
moit Ligugé, etn'étoit qu'à une petite distance de la ville.
Il 7. p. i.-.i. ' Au bout de quelques années Martin fut enlevé par la ruse
Î[ue tout le monde sait, pour gouverner l'Eglise de Tours. Ce
ùt vers l'an 371. ' L'épiscopat ne changea rien ni dans ses
sentimens, ni dans tout son extérieur. Il continua toujours à
y vivre en Moine, et ne se relâcha jamais sur la modestie et
la pauvreté en ses habits. Mais quelque méprisable qu'il parût
au dehors, pour n'avoir aucun de ces ornemens dont usoient
les personnes de sa dignité pour relever le caractère Episco-
pal, il savoit incomparablement mieux le soutenir qu'eux tous.
II. il. p. w^. Lorsque ceux-ci paroissoient devant le Prince, ils ne savoient
lui faire leur cour que par des bassesses indignes de leur rang.
S. Martin étoit le .seul qui ne savoit point avilir en ces oca-
p «w. «17. sions l'autorité épiscopale. ' On sait ce qu'il fit mangeant un
jour à la table de l'Empereur Maxime , lorsqu'après avoir bû
il donna au Prêtre qui l'accompagnoit la coupe que l'Empereur
s'atendoit à recevoir "de sa main. Mais S. Martin ne croïoit pas
que dans toute la compagnie il y eût personne plus digne de
boire après lui que son prAtre. Il fit en cette ocasion, remarque •
S. Sulpice, ce que nul autre Evêque n'auroit eu la fermeté de
faire à la table du moindre Magistrat.
Il 7.p. 4.-KI. 455. ' Pour éviter la foule du monde qui l'acabloit, il bâtit un
monastère à une demi lieue ou environ de sa ville épiscopale.
C'est aujourd'hui la célèbre Abbaïe de Marmoutier. On y
vit sous sa conduite jusqu'à quatre-vingt Moines, dont il
ocupoil les plus jeunes à copier des livres. Il y en avoil plu-
ET CONFESSEUR. 415
sieurs de famille noble, et la plupart furent élevés à l'Episco- iv sikcle.
pat. Car quelle étoit ou la Ville ou l'Eglise, s'écrie S. Sulpi-
ce, qui ne souhaitât d'avoir un Evêque formé dans le mo-
nastère de S. Martin !
Nous suprimons le détail de toutes les merveilles que Dieu
opéra par le ministère de cet incomparable Evêque. Il suffit
pour nôtre dessein d'observer qu'il fut le plus grand destruc-
teur des idoles qu'on eût peut-être encore vu depuis les Apô-
tres, ' et que les Ithaciens n'eurent jamais de plus grand ad- His. i. 2. n. cr,.
versaire. ' Avant son Episcopat, presque toute la campagne vi.M.n.io. p.458.
aux environs de Tours étoit encore plongée dans les ténèbres
du Paganisme. Mais bien-tôt sa solicitude pastorale et l'éclat
"de ses vertus y firent un si merveilleux changement, qu'on la
vit toute remplie ou d'Eglises, ou de Monastères.
'S. Martin mourut à Cande sur les confins de son Diocèse ad.Bass.p.iooiGi.
le 11* jour du mois de Novembre, après avoir vécu l'espace ■ ' • "• *^-
de 81 ans. Pour l'année, quelque célèbre qu'elle ait été au-
trefois en France, où elle a servi en quelques lieux comme
d'ère vulgaire , on n'en convient pas aujourd'hui uniformé-
ment. Les uns la placent en 399, d'autres en 400, d'autres
encore plus tard. La petite Chronique de Tiro Prosper la
marque sur l'an 397 , ' ce mii s'acorde assez avec ce que nous Gr. t. ib.
en aprend S. Grégoire de Tours, ' et ce qu'en insinue Gallus Sui.iUai.a. n.so.
« disciple de S. Martin même. Rien n'empêche que nous ne
nous en tenions à cette époque comme la plus autorisée.
' S. Martin n'avoit point étudié les sciences profanes , ni vii. m . n. ■m. p.
l'éloquence humaine. Mais par un prodige assez rare. Dieu *"
ne voulut point que cet avantage manquât à son serviteur,
qu'il avoit enrichi de tant d'autres dons. S. Sulpice assure par
écrit ce que l'on avoit peine à croire, lorsqu'il le raportoit de
vive voix, et l'ateste en prenant J. C. à témoin, afin de dissi-
per toute incrédulité, qu'il n'avoit jamais trouvé en personne
1 ' Gallos depais sa retraite dn monde, r^rartoil. Orc'étoit en 405 que Gallus par- ^i^- 2- n- 3. 5.
demeura toujours auprès do S. Martin, oi loil ainsi; et il n'y a pas de Joute qu'il n'ait
l'acompagnoit ordinairement dans ses voulu marquer l'époque la plus récente,
voïatîes. II itarolt s'être trouvé à sa mort, alin que l'on donndt plus de créance i son
aprrs laquelle il se retira auprès do S. Sove- discours. " Ce calcul touchant la mort de S.
re Sulpice.* Au bout de quelques années il Martin est fortilié par l'opinion commune '"■ ^ *^' '^'
se trouva obligé de parler des merveilles de où étoit au IS^sieclc l'Eglise de Tours, qui t Mm-i »m -ill
S. Martin, et d'en raportcr quelques sen- la plavoit en la même année que nous, » 'gl^^ • "^"^ • ■
tentes. Lorsqu'il le faisoit, il dit que c'cloit connue il pareil par un Auteur du païs " '
la huitième anuée depuis qu'il avoit oui qui éciivoit en ce tems-là.
de sa propre bouche une partie de ce qu'il
416 S. MARTIN s EVEQUE DE TOURS
IV SIECLE, au monde ni tant d'esprit, ni tant de savoir, ni tant de politesse
diai. 1. n. 60. ^* d'élooiience, qu'il en avoit découvert en S. Martin. ' 11 est
vrai qu'il méprisoit tous lesornemens du discours, etaprenoit à
Vit. M. ibij. ses disciples à en faire autant : 'mais cela n'empêchoit pas qu'il
ne fit parottre dans la conversation autant de grâce que de gra-
vité. Ses discours étoient persuasifs et pleins de feu. Il avoit
sur-tout une facilité merveilleuse à résoudre les difficultés sur
Diai.3.ii.8i.p.i57. l'EcrituTe Sainte. ' S. Sulpice va encore plus loin, et ne craint
pas de dire que ni Corinthe ni Athènes n'ont vu ni plus de
sagesse en Platon, ni plus de courage et de fermeté en So-
Diai.2.n-5.p.536. cratc, qu'il en a paru en S. Martin. Il pousse même son élo-
ge jusqu'à le comparer aux Prophètes et aux Apôtres aux-
quels l'ardeur de sa foi et le don extraordinaire des miracles
1 ont rendu semblable.
AdBass. «1. 49â. ' La Ictrc de S. Sulpice à Bassule contient plusieurs senten-
ces édifiantes et spirituelles que le saint Evêque profera au lit
de la mort, telles que S. Sulpice les avoit aprises de la bou-
Diai.2.n.ii.i2.i6. chc do coux mêmes qui y étoient presens. ' On en trouve aussi
plusieurs autres dans le second dialogue du même Auteur dont
n- 16. Gallus a fourni la matière. ' Celle qui regarde la fin du mon-
de, est particulièrement remarquable pour sa singularité. Si
Gallus n'y a rien changé, Néron et l'Antéchrist doivent venir
avant que le monde finisse. L'un après avoir subjugué dix Rois
régnera dans l'Occident, et y excitera des persécufions pour
faire adorer les idoles des Gentils. L'autre établira son empi-
re dans l'Orient, et Jérusalem en sera la capitale. Il rebâtira
• ' *' cette ville, et rétablira le temple. Sa persécution tendra à faire
renoncer J. G. et à se faire reconnoître pour le Christ. Il fera
circoncire tout le monde selon la loi des Juifs. Il exterminera
Néron, et réduira sous sa puissance le monde entier, jusqu'à
ce que J. C. paroisse en personne pour détruire cet impie.
Diai. 3. n. 18. ' Sur la fin du 3* dialogue Gallus raporte deux autres belles
sentences de S. Martin, qui sont d'autant plus remarquables,
qu'elles sont plus de pratique, et néanmoins plus négligées.*
Les disciples du Saint voulant lui persuader de retenir pour
l'usage de son monastère quelque cnose d'une aumône consi-
dérable qu'on lui avoit faite, et qu'il avoit ordonné d'emploier
à racheter des Captifs, il répondit : « l'Eglise aura soin qu'il ne
« nous manque rien pour la nourriture et le vêtement, pourvu
« que nous fassions paroître un entier détachement pour nôtre
« propre nécessaire, » En une autre ocasion quelques-uns vou-
lant
ET CONFESSEUR. 417
lanl porlor lo Saint à déposor du Sac(!rdocfi le Prêtre Brice iv siècle.
ou Briction, à cause des injures dont il chargeoit S. Martin,
celui-ci leur répondit avec sa tranquillité ordinaire : « puisque
a .]. C. a soufTert le traître Judas, pourquoi ne soufîrirai-je pas
« ce Brice. »
' On nous a conservé sous le nom de S. Martin une pro- Bib. pp. i. .-i. p.
fession de foi touchant le mystère de la sainte Trinité. C'est '*^*-
une très-petite pièce écrite d'un style fort simple et obscur en
quelques endroits. Aussi l'Auteur reconnoît-il que le sujet qu'il
y traite est au dessus de la portée de l'esprit humain. Que nulle
bouche, quelque éloquente qu'elle pût être, ni tous les livres
que l'on sauroil faire, ne seroient pas capables de l'expliquer.
Que nous n'en avons de connoissance que par la foi, et que
c'est pourquoi la profession que nous sommes obligés d en '
faire, doit être simple. Tout ce qu'il y dit de ce mystère, se
réduit à y reconnoître trois Personnes réellement distinctes,
qui ne font qu'une seule et même divinité, qui sont égales en
majesté, en puissance, en vertu, et qui ont donné l'être à tout
ce qui existe en le tirant du néant. Que le Père est tellement
dans le Fils, le Fils dans le Père, et le Saint-Esprit dans l'un
et l'autre, que le Père n'est point le Fils, ni le Fils le Père, ni
le Saint-Esprit le Père et le Fils. Que J. C. est né du Saint-
Esprit et de la Vierge Marie pour être nôtre médiateur, et qu'il
est sans commencement entant que Fils de Dieu.
' Cette profession de foi se trouve non-seulement dans la ib. | Conc. «. 8.
Bibliothèque des Pères, mais encore dans le Recueil des Con-
ciles et ailleurs.' Il y en a eu une édition dès 1512 avec di- bu», s. vin. Cen.
vers autres traités d'anciens Auteurs par les soins de Jérôme
Clichtoue. ' Depuis, Thomas Beaulxamis y fit une espèce de ...b. m. deEbr.
commentaire, et fit imprimer l'un et l'autre à la suite de la vie
de S. Martin par S. Sulpice, et de quelques autres écrits en
un volume m-8". à Paris chez Thomas Belot l'an 1571.
'Au reste les Critiques même Protestants ne font pas diffi- Cavc. p. i74.
culte de regarder ce petit écrit comme étant véritablement de ■' -i
S. Martin. C'est l'unique que l'on sache être sorti de la plume
de ce grand homme.
Tome /. See. Part Gg g
il 8
IV sieclï:.
TETRADE,
Poète.
siii. vil. M. n. 16. ' >-wN trouve dans la vie de S. Martin un Tétrade , hom-
p. «.I. Ume de qualité, qui faisoil quelquefois sa demeure à Trê-
ves, et qui avoit été élevé à la dignité de Proconsul. De Païen
qu'il étoit, il se convertit à la foi de J. C. à l'ocasion d'un mi-
racle que fit S. Martin en faveur d'un de ses domestiques qu'il
noi. p. 4C1. délivra du démon. ' L'on croit que ce Proconsul fut père du
Poël(; de même nom dont nous entreprenons l'éloge.
Aus.flp.i.i.p.fiii;. 'Celui-ci fut d'abord disciple dAu.sone, soit à Bourdeaux,
où Ausone enseigna si long-leins, soit à Trêves oîi, maign*
l'emploi qu'il avoit à la Cour, il lui putdonner quelques le-
çons, sur-tout pour la poétique. Tétrade fil de si grands pro-
grès dans les belles letres sous cet habile maître, qu'il se vit
p. Gin. (!«. bien-tôt en état de les enseigner aux autres, ' et qu'il devint
un des plus célèbres Poètes de son siècle. Il remplit avec au-
tant de succès que de gloire une chaire de Professeur à An-
goulême, où il enseignoit encore lorsque vers 384 ou 383 Au-
sone (juila la Cour pour se retirer dans ses terres.
p. (a;, («fi. 'Tétrade dans la suite abandonna cet emploi, et se donna
tout entier à la poésie. Il avoit sur-toul un talent extraordinain;
pour la satyre. Ses pièces en ce genre éloient si parfaites, soit
pour la richesse des expressions ou les pointes d'esprit, soit
pour la douceur de la versification, ou les autres beautés,
p «i«i- ' qu'Ausone ne faisoit pas difficulté de les regarder comme di-
gnes des bons siècles, et comme comparables à celles du cé-
lèbre Poëte Lucille, si même elles n'étoient plus excellentes.
Mais il .ne nous reste plus rien aujourd'hui de toutes ces poé-
sies tant vantées.
i>. e». ' Ausone en son tems en faisoit ses délices ; et de maître '
qu'il avoit été auparavant de Tétrade, il en devint depuis l'ad-
p. 626.6*9. mirateur. ' Rien n'est plus tendre, ni plu^ touchant aue ce qu'il
écrit à ce cher disciple, pour l'engager à lui rendre ae fréquen-
tes visites, et à lui communiquer les productions de sa Muse.
Pendant qu'il enseignoit à Angoulême, il avoit suporté assez
f)atiemment son absence. Mais depuis qu'il s'étoit aproché de
a terre que lui Ausone avoit en Saintonge, il ne pouvoit plus
TETRADE, POETE. 419
V SIECLE.
vivre sans lui. Il semble par-là que Tétrade , après avoir quilé
sa chaire de Professeur, s'éloit retiré ou à Saintes même, ou
dans quelque autre ville du voisinage.' Là se retrouvoient plu- p. 6«).
sieurs autres grands hommes de letres, entre lesquels Tétrade
paroît avoir brillé et tenu le premier rang. ' Là comme à An- i,. ois. &ai.
goulême il fut d'un très-grand secours pour soutenir et per-
fectionner les études ou chancellantes , ou mal ordonnées des
gens du païs. Mais afin de laisser à cette partie de son éloge
toute son énergie, nous allons copier les propres termes qu'Au-
sone y emploie.
' 0 qui venustos ulmri l'acnndià p. 625.
Sales opiiiias, Tetradi,
(«ivcsquo, ne sit tristis et dulci cai-cns
Amara eoncinnatio :
Qui ftillc Carmen, atquc mello temporaiis,
ToriK're Musas non sinis...
' Paiiterque fucas, quïeque gustu ignava sunl, p. t>2B.
Et quii* sapore tristia,
Rudes Gamœnas qui Suessx pneTcnis,
Alvoque (x-dis, non stylo...
' Peu de tems après le milieu du siècle suivant , S. Sidoine pl'^^gl'^' "''' *""
nous fait connoître un autre Tétrade , qui pouvoit descendre
de nôtre Poëte. C'étoit un grand homme de letres et d'un ex-
cellent conseil , en qui l'on Irouvoit une source très-pure de
science.
D R E P A N E,
Orateur et Poète.
S- I-
HISTOIRE DE SA VIE.
't atinus Pacatus Drepanius fleurissoit sur la fin du IV Aus. pr. 3
J-J siede , sous l'empire du grand Theodose et de ses fils.
'Quelques Ecrivains ont voulu le faire Italien de nation. Mais Pan-B.p.sos.aso.
leur prétention se trouve démentie par son propre témoigna-
tl g gij
120 D K E P A N E ,
IV siKCLE. ge. 11 dit bien clairement qu'il étoit Gaulois. 'En parlant du
~"~ Il , lieu de sa naissance, il ne lait que le désigner par cette partie
des Gaules, où les rivages de l'Océan servent de lit au soleil.
Tiii. Emi». i. 5. p. C'est marquer l'Aquitaine en général. 'On croit néanmoins
SM.'i. 8. cp. 11. p. qu'il étoit natif de Bourdeaux ; ' quoiqu'à prendre S. Sidoine à
'^' la letre, on pourroit aussi-bien croire qu'il auroit été d'Agen.
Au», ibid. ' Il étoit beaucoup plus jeune qu' Ausone, qui le qualifie son
fils. Il ne laissa pas toutefois de contracter d'étroites liaisons
avec ce Poète, comme étant Poêle lui-même. En etTet il pa-
roît que le premier genre de litérature dans lequel il se fit de
la réputation, fut la poésie. Il s'y rendit si habile, qu'il sembloit
éclipser les plus grands Poètes de l'antiquité, si l'on en excepte
Virgile. C'est le jugement qu'en porte Ausone en lui dédiant
un des premiers recueils de ses poésies.
Crcdemus gremio cui fovonduui?
Inveni, trepidîc silcte nugro,
Ncc doctum minus, et magis iKsnignuin,
Quam qucm Gallia pnfbuit Catullo.
Hoc nuUus mihi carior meorum;
Quem pluiia faciunl novcm sorores,
Quam cunctos alios, Marone dcrato.
Pacalum haud dubie, poC'ta, dicis?
Ipso est, intrépide volatc versus.
Siip. pr. p. 2ut. 'En d'autres ocasions Ausone lui dédia encore auelques
|ci)i. ij. p.472. j^yjjpgg productions de sa Muse, comme son jeu des sept
Sages et son Idylle intitulé, Technopœgnion. Non-seulement
Sap. ib. p. 264. Ausouc prcuoit qucIquefois Drepane pour son Mécène, il
l'avoit encore choisi pour son censeur ordinaire. Il témoigne
avoir reconnu en lui une lumière supérieure pour bien juger
des ouvrages des autres. C'est pourt^uoi il s'en raportoit en-
tièrement à lui pour ce qui regardoit ses poésies. Avec son
aprobation il étoit assuré qu'elles pouvoient tenir contre la cen.-
surelaplus sévère. Aussi avoit-il soin de la rechercher avant
que de les exposer au grand jour. Il faut encore l'entendre par-
ler lui-même sur ce sujet.
36:
Ignosccnda isthicc, an cognoscenda rcaris,
Altcnio, Drepani, perlcge judicio.
iËquanimus fiam te judicc : sive Icgcnda,
ORATEUR ET POETE. 421
Sivc tcgenda putes carmina quae dedimus. IV SIECLE.
Nam primum esl meruissc tuum, Pacate, favorem ;
Proxima dcfcnsi cura pudoris crit.
Possum ego censuram lectoris ferre severi,
Et possum modica laude placere mihi.
Drepane brilloit ainsi sur le Parnasse, lorsqu'il se signala en-
core sur le théâtre de l'éloquence, et qu'à la qualité de Poè-
te il joignit aussi le titre d'Orateur et de Panégyriste de l'Em-
pire. Theodo^ le grand étant allé à Rome après la défaite de
Maxime en 388, Drepane fut député de la part des peuples
des Gaules pour y aller féliciter ce Prince de sa victoire. Ce "
fut là qu'au commencement de l'année suivante, il prononça
son panégyrique en sa présence et devant le Sénat. Cette dé-
pulation jointe à son mérite et à son savoir lui ouvrit la porte
aux premières Charges de l'Empire. ' Il fut, comme on le croit, Tiii. ibid.
Proconsul d'Afrique en 390, et Intendant du domaine en 393.
'Rienn'est plus certain'qu'il fut Proconsul, quoique l'onnesache aus. ib i edyi. la.
pas aussi certainement quelle Province il gouverna en celte ''*""
qualité. Ausone son ami lui en donne expressément le titre à
la tête de deux de ses écrits. 'Il y a quelques letres de peu de Sym. i. s. cp. a.
conséquence de l'Orateur Symmaque à Drepane qui étoit Païen ' '' ^' *P" ^' ^'
comme lui.
Au reste il ne faut pas confondre ce Pacatus Drepanius ni
avec un autre Pacatus plus jeune que lui de plus de 30 ans,
et dont nous parlerons dans la suite, 'ni avec Drepanius Flo- sav. inSid.p.4M,
rus Auteur du VII siècle, comme a fait Baronius , au raport de
Savaron.
8 II-
SES ECRITS.
Il est visible par la grande réputation que Drepane s'acquit
sur le Parnasse , qu'il laissa quelques, poésies de sa façon . La
manière dont en parle Ausone ne permet nullement d'en
douter. Comme cet auteur le compare à Catulle, on pour-
roit croire qu'il s'étoit particulièrement apliqué à faire des vers
tendres et erotiques. Mais en quelque genre qu'il ait écrit ,
ses poésies , comme tant d'autres , sont devenues la victime
du malheur des tems, et il ne nous en reste plu&rien aujour-
d'hui. ■ -- ■" -■■'■
Aus. p.. 3.
2 8
422 D R E P A N E ,
IV SIECLE. On ignore s'il composa d'autres pièces d'éloquence," que
—z — - — ~ le Panégyriaue de l'Empereur Theodose le grand, qui est la
s».*"' ' seule de sa façon que l'antiquité nous ait conservée. Drepane
la prononça à Rome, comme nous l'avons déjà remarqué,
en présence de Theodose et du Sénat l'an 389, à pareil jour
que ce Prince étoit parvenu à l'Empire , et par conséquent le
19* jour de Janvier. 11 paroît par-là que ce fut à la dixième an-
née de son règne qui avoit coffimencé en 379; quoique le
Comte Marcellin ne place cette déclamation qu'au premier de
Septembre 391.
ibid. ' L'Auteur semble diviser son Panégyrique en deux parties.
Il loue dans la première la vie privée de Theodose , et relevé
dans la seconde ce qu'il fit depuis son élévation à l'Empire.
Celte pièce contient beaucoup de faits importans pour l'his-
toire de ce siècle , sur-tout pour éclaircir la révolte du tyran
p. 330. 33.%. II. S4. Maxime. ' Drepane y a tracé une description vive et pathétique
**■ des vexations et des cruautés qu'il exerça pendant cinq ans dans
l'Empire, et particulièrement dans les Gaules. 11 y fait aussi un
détail fort circonstancié de sa défaite.
Comme les poursuites des Ithaciens contre les Priscillia-
nistes étoient encore toutes récentes, et continuoient à trou-
bler les Eglises des Gaules , Dn^pane crut devoir en insérer
quelque chose dans sa pièce, pour montrer ce qu'il en pensoit.
11 étoit Païen, ainsi que nous l'avons observé; et en cette qua-
lité ne faisant atenlion qu'à la profession extérieure que fai-
soienl les Priscillianistes d'une vie plus austère et plus retirée ,
p. 33*. 3r>. II. a). ' il ne craint pas de dire qu'on ne les punissoit que pour avoir
été trop apliqués au culte de la Divinité. Ce qu'il ajoute tou-
chant la sévérité dont on usa à leur égard, est d'autant plus
remarquable, que l'Eglise eut plus de soin de la condamner.
« Pourquoi , dit-il , m'arrêlai-je à parler de la mort de tant
« d'hommes? Je n'ai pas oublié que la cruauté est allée jusqu'à
« répandre le sang des femmes, et que l'on a exercé les dernie-
« res rigueurs contre un sexe que l'on épargne dans les guerres
« mêmes. »Puis passant au crime des Evêques, c'est-à-dire d'I-
tace et ses associés , qui avoient poursuivi la mort de ces misé-
rables, Drepane (continue : « Et qu'est-ce que des Evêques acu-
« sateurs pouvoient objecter de plus criminel ? Car on vit alors ,
« oui l'on vit de cette nouvelle espèce de délateurs, Evêques de
«nom, soldais et bourreaux en effet. Non contens d'avoir dé-
« pouillé ce pauvres malheureux des biens le leurs ancêtres ,
ORATEUR ET POETE. 423
rt ils cherchoient encore des prétextes pour leur ôter la vie .... . i v s i e c l e.
« Circonstance encore plus odieuse ! Après avoir assisté à ces ju-
rt geraenscriminels, et trempé leurs mains dans le sang des supli-
« fiés, ils alloient avec ces mêmes mains toutes sanglantes offrir
« le sacrifice, et souilloientaiijsi même extérieurement des céré-
« monies que leur seule disposition intérieure avoit déjà souil-
« lées. »
'Drepane finit son Panégyrique , en disant que s'il n'a pas p. 350. n. «.
été assez heureux pour faire une pièce qui méritât d'être
lue , il a au moins ta consolation de fournir des mémoires à
ceux qui réussiroient mieux que lui , et qu'on liroit avec plus
déplaisir.
11 ne laisse pas d'y faire paroître beaucoup d'érudition , et
une grande connoissance de l'histoire. On y remarque aussi du
génie et de l'invention. Mais le style en est un peu diffus, et
se sent considérablement du siècle de l'Auteur, où l'éloquence
avoit beaucoup perdu de ces anciennes beautés. ' On y trouve p. sm. xa
même quelques expressions barbares, comme celles-ci, diriguit,
converrerat.
La harangue de cet Orateur est imprimée avec celles des
autres Panégyristes de l'Empire presque tous Gaulois, dont
nous avons marqué les différentes éditions à l'article de Clau-
de Mamertin, sur la fin du .3* siècle. Il y en a eu une autre
édition qui est plus rare. ' Cette pièce fut imprimée avec le Bib. s. jui. Tur.
discours d'Eumene, pour le rétablissement du Collège d'Au-
tun, à Paris chez Sébastien Nivelle l'an 1570 en un volume
m-i". François Baudoin qui procura cette édition au public ,
l'enrichit d'observations de sa façon.' Jean Scheffer a entrepris Fab.Bib.ut.p.iM.
de nouveau le même travail en faveur du Panégyrique de Tneo-
dose par Drepane , et l'a fait imprimer séparément m-8', à
Stockolm l'an 1651.
424
IV SIECLE.
Sitl. 1.7. «p. 9. p.
P A L L A D E,
Rhéteur,
't a famille des Pallades étoit fort illustre dans les Gaules au
4«. ' ' JL IV et au V siècle, et avoit beaucoup figuré dans les le-
tres et les dignités Ecclésiastiques. Il n'y a presque aucun lieu
de douter que le Rhéteur qui fait le sujet de cet article, ne fût
Sym. I. 1. ep. 9. de la même famille. ' Il paroît au moins comme certain, qu'il
étoit Gaulois ; et il semble même qu'il avoit été disciple d'Au-
sone. Symmaque, qui témoigne pour son mérite une estime
extraordinaire, ne parle de lui que comme d'un étranger qui
étoit allé à Rome se perfectionner dans le barreau ; et toutes
les letres où il fait son éloge, sont écrites de Rome , ou dans les
Gaules , ou à des Gaulois , comme à Eutrope, à Ausone et à
p, as! Syagre. ' Dans une de celles qu'il adresse à ce dernier, il don-
ne à Pallade la qualité de frère : expression qui feroit croire
que nôtre Rhéteur auroit été ou frère ou beau-frere de Syagre,
que nous avons montré être Gaulois. Ce qui fait naître cette pen-
sée, est la coutume qu'a Symmaque de qualifier ses fils et ses
frères, les fils et les frères de ses amis à qui il écrit. Il y en a
ep. 9. cent exemples dans ses letres. ' D'ailleurs le soin qu'il prit d'en-
voïer à Ausone le premier plaidoïer de Pallade ; le détail qu'il
lui fait de ses perfections et des applaudissemens qu'il avoit re-
çus ; tout cela montre qu' Ausone s'intéressoit d'une manière
particulière à ce qui regardoit ce jeune Orateur. Symmaque
ajoute môme qu'une telle relation convenoit à l'afl'ection qu'Au-
sone lui portoit.
iwd. ' Dès la première fois que Pallade parla en public , il don-
na une haute idée de ses rares talens. On admira la régularité
de sa division , la fécondité de son esprit , la solidité de ses rai-
sonnemens, la justesse de ses pensées, la netteté de son style.
Nos Romains, dit Symmaque à ce sujet, qui conviennent
rarement entr'eux , s'acordent unanimement à faire l'éloge de
ce nouveau venu . Je crois , continue Symmaque dans sa letre
à Ausone, qu'il est d'une race de Rhéteurs; car il a par na-
ture ce que les autres n'aquierent que par art ; et je le trouve
aussi formé à l'art de bien parler, qu à la manière de bien
vivre.
La
a ib. 1. 3. ep. 50.
I. 9. ep. 1.
mise. p. 15.
PALLADE, RHETEUR. 425
» La ville de Rome fut si charmée des grands talens de Pal- iv siècle.
lade, qu'elle l'engagea à enseigner la rhétorique à sa jeunesse.
Il s'aquitta quelque tems de cette fonction avec succès. Mais la
Cour, comme ilparoît, voulant l'élever à quelque charge ou di-
gnité, il se vit obligé de quiter son emploi de Rhéteur. 'C'est i^^i.^^p.ssu.
de quoi Symmaque se plaint à plus d'une personne pour l'a-
vantage que Rome en retiroit, quoiqu'il s'en réjouisse pour
l'avancement personnel de Pallade.
' Quelque tèms après le même Symmaque lui écrivit com-
me à un homme qui étoit en charge, et quiavoit du crédit
à la Cour. Il lui rapelle leur ancienne et mutuelle amitié, et
lui recommande Benoît son ami, qu'une mauvaise fortune,
plutôt gu'un défaut de conduite, avoit privé d'une charge qu'il
exerçoit dans les armées.
n'est évident par ce que nous venons de dire de Pallade,
qu'il est différent du cousin de Rutilius qui portoit le même
nom, 'et avec lequel certains modernes l'ont confondu. Celui
dont nous donnons l'éloge, étoit célèbre dès le tems d'Auso-
ne, et avoit quité Rome avant la mort de Syagre. L'autre au
contraire ne commençoit à figurer dans le monde que plus de
vingt ans après ; puisqu'en 417 il étoit encore tout jeune, et
fréquentoit encore les écoles de Rome. Mais c'est de nôtre
Rhéteur qu'il faut entendre ce que dit S. Sidoine dans une
de ses lettres à Sapaude, où ' parlant des principaux caractères |^; '• *• «p- '"
des Orateurs qui l'avoient précédé, il relevé le style sublime
et pompeux de Pallade, pompam Palladii. On doit juger par-
là qu'encore après le V siècle on trouvoit quelques écrits de
PaHade, quoique depuis long-tems il n'en paroisse plus aucun,
I. CONCILE DE TURIN,
POUR RETABLIR LA PAIX DANS L'EGLISE DES GAULES.
HmcMAR Archevêque de Reims ' a regardé ce Concile Cone.t.i.2.p.i8io.
comme un Concile provincial des Gaules. Mais quoi-
qu'il s'y trouvât plusieurs Evêaues Gaulois, le P. Sirmond
juge que c'étoit plutôt une assemblée d'Evêques d'Italie, con-
voquée néanmoins à la prière de ceux des Gaules , pour ré-
gler diverses difficultés qui en troubloient alors la paix.' Le p. «85.
Tome L Sec. Part. Hhh
2 8 *
426 1 CONCILE DE TURIN.
jvsiBCLE. Concile se tint dans l'Eglise de Turin le 10* des calendes
d'Octobre, c'est-à-dire le 22'' jour de Septembre. L'année n'en
est pas marquée : ce qui a partagé les Savans pour la fixer.
p. H57. H58. ' Les uns, comme Baronius et Binius le placent en 397 ;
p. 1569. ' mais cette opinion ne peut se soutenir. Le Pape Zosime as-
sure qu'on y agita la cause de Brice Evêque de Tours, suc-
cesseur de S. Martin. Or il est constant que S. Martin étoit en-
core au monde au mois de Septembre de cette année 397 ;
S. Brice par conséquent ne pouvoit pas lui avoir succédé. C'est
pourquoi d'autres renvoient ce Concile à l'an 400, ou même
404. Pour nous, il nous semble qu'on peut le mettre dès 398
ou 399, ou tout au plus tard l'année suivante.
Comme l'on ignore l'année précise à laquelle se tint ce Con-
cile, on ignore aussi quels furent les l^^vêques qui le compo-
p. 1155. 1157. serent. Ce qui nous reste de .s(!s actes, n'en dit rien. ' Seule-
ment on y trouve les noms de Procule Evêque de Marseille,
et des Evêques Octave, Ursion , Rémi et Trifere, dont on
ignore les sièges. Au reste il n'y est point dit que ces cinq Evê-
ques y aient assisté, mais que; ce qui les regardoit y a été ré-
glé : ce qui supose qu'ils étoieni présens. Les actes font encore
mention, sans les nommer, des Evêqu(!s d'Arles et de Vienne,
et des Députés de la part des Evêques qui étoient en commu-
p. 1810. nion avec Félix de Trêves. 'Quebjues manuscrits portent qu'il
s'y trouva 20 Evêques. Mais il est diClieile de se persuader qu'il
Léo, p. 586. | iiot, n'y en eût pas un plus grand nombre. ' Turin dépendoit alors
''■ *^- delà Métropole de Milan : ainsi il y a bien de l'aparence que
ce fut S. Simpliciiin successeur de S. Ambroise, ou Venere,
qui fit assembler ce Concile, et qui y présida.
ooiic. ib. p. 1155. ' La première affaire qui y fut Irailée, fut celle de Procule
Evoque de Marseille. (Juoique ce Prélat fût de la Province
de Vienne, il prélendoit néanmoins être Métropolitain de la
seconde Narbonoise.
Il apuïoit sa {)rétention sur ce que diverses Eglises de cette
dernière province avoiciit autrefois fait pjirlie de c(îlle de Mar-
seille , que c'étoit lui qui avoit ordonné l(;s premiers Evê-
p. 11.^6. (jues des autres ; 'et qu'ils étoieni tous ses disciples. " Ceux de
a p. 1155. cette province représentoient au contraire, qu'il n'étoit pas du
bon ordr(! qu'ils eussent un Métropolitain d'une province dif-
férente de la leur.
ibid. ' Pour conserver tout ensemble et l'autorité des Canons et
la paix entre les Eglises, le Concile ordonna que tant que Pro-
I CONCILE DE TURIN. 427
cule vivroit , il auroit le droit de père et de Primat sur ceux iv siècle.
fju'il pouvoit regarder comme ses enfans, c'est-à-dire sur ceux
qui auroient él(^ ses disciples, ou dont les Eglises auroient été
tirées de la sienne. De sorte que ce privilège fut accordé non à
la ville de Marseille, mais à la personne et au mérite de Pro-
cule, ' qui avoit tant travaillé à former plusieurs disciples pour Tiii. h. e. 1. 10.
l'Episcopat. Ce règlement a procuré à la seconde Narbonoise *^'
l'avantage d'avoir après Procule un Métropolitain de la pro-
vince même, et cet honneur a été ensuite ataché à l'Evêque
d'Aix.
' Il y avoit aussi un différent, qui devint encore bien plus fa- ^^on^- ■'' p- "'*
meux dans la suite, entre l'Evêque de Vienne et celui d'Ar-
les, au sujet de la primalie et jurisdiction dans la Viennoise.
Pour le terminer, le Concile ordonna que celui des deux qui
f)rouveroit que sa ville étoit la Métropole, 'c'est-à-dire, selon lco, not. .p 4«o.
a règle du Concile de Nicée, avoit le premier rang dans le
civil,' auroit l'honneur de la primatie dans toute la province, Conc.ibM.
«ju'il en ordonneroit les Evêques, et en visiteroit les Eglises.
Le Concile ajoute que pour faire les choses avec plus de cha-
rité et de paix, chacun des deux Evêques auroit la juridiction
sur les Eglises qui se trouveroient les plus proches de lui, sui-
vant le choix des deux Prélats. 'C'est l'ordre qui subsiste au- '"'"• '*• p- ^^•
jourd'hui; quoique Patrocle en son temps emploïât l'autorité
du Pape Zosime pour le troubler,
'Le Concile de Turin jugea encore l'affaire des Evêques ^0^^' *• p "*^-
Octave, Ursion , Rémi et Trifere , tous quatre de la seconde
Narbonoise, selon le P. Sir-tond. 'Us étoient accusés d'avoir p- "'•«
commis diverses fautes dans les ordinations : de quoi ils s'excu-
soient néanmoins sur ce qu'on ne les avoit pas avertis au-
f)aravant. Les Pères du Concile aïanl égard à leurs excuses,
eur pardonnèrent le passé. Mais ils arrêtèrent que quiconque
violeroit à l'avenir les anciens décrets de l'Eglise, per-
droit le droit d'ordonner , qu'il n'auroit point de voix dans
les Conciles, et que ceux qu'il auroit ordonnés contre l'or-
dre des Canons , seroient privés du Sacerdoce. ' En 439 le »• 3. p. lass.
Concile de Riez fit exécuter ce Canon de Turin à l'égard
des deux Evêques qui avoient entrepris d'en ordonner un à
Embrun.
' Un laïc nommé Pallade avoit calomnié le prêtre Spanus ; «• 2. p. use. 157.
et un autre Prêtre nommé Exuperance avoit outragé l'Evêque
Trifere, qui prononça sentence contre les deux coupables. Le
Hhhij
L
428 I CONCILE DE TURIN.
IV SIECLE. Concile de Turin la confirma, et voulut que Trifere seul pût
leur faire grâce. 11 défendit aussi de recevoir ni les Clercs d un
autre Evêque, ni ceux qu'il auroit excommuniés, comme
aussi d'élever à un degré plus éminent ceux qui auroient eu
des enfans étant ministres de l'Eglise, ou qui auroient été or-
c. 3. p. 1*50. donnés d'une manière irréguliere. ' Ce décret fut confirmé
pour la première partie dans le I Concile d'Orange en 441 .
n. 2. p. «57. ' Une autre affaire plus importante que l'on traita dans le
Concile de Turin, fut celle des Ilhaciens, qui troubloit l'E-
glise des Gaules depuis long-tems. Le Concile se borna à
faire lire les letres du Pape Sirice et de S. Ambroise à ce su-
jet, et conclut qu'il falloit suivre la même conduite. Ces le-
tres portoient que ceux qui voudroient se séparer de la com-
munion de Félix , seroient reçus dans celle de l'Eglise. Fé-
lix avoit été ordonné Evêque de Trêves par les Ithaciens;
et comme il étoit Evêque de la principale ville des Gaules,
le lieu ordinaire de la résidence de la Cour pendant long-
temps , il tenoit un rang distingué. La crainte de perdre son
amitié atachoit beaucoup d'Evêques à sa communion , qui
pouvoient apréhender qu'en la quittant ils auroient de la pei-
ne à rentrer dans celle de l'Eglise. C'est peut-être pourquoi
le Concile voulut les assurer par avance de cette faveur.
''■ "'"'' ' La letre synodale de ce Concile est adressée aux Evêques
des Gaules et à ceux des cinq provinces. Par ces cina pro-
vinces que l'on distinguoit du reste des Gaules dès la fin du
IV siècle, quoiqu'elles en fissent partie, on entend commu-
nément celles qui composoient l'ancienne Narbonoise. C'est-
là tout ce qui nous reste du I Concile de Turin. On n'y trou-
ve rien cependant, ' de l'affaire de S. Brice, Evêque de Tours,
qui selon le Pape Zosime, y fut traitée, et lui déclaré in-
nocent. Faudroit-il dire qu'il y a une partie des actes de ce
Concile qui seroit perdue ?
p. 1S69.
429
=== IV SIECLE.
SULPICE ALEXANDRE,
HISTORIEN.
S,
l'on voit paroUre ici cet Historien, ce n'est pas que nous
aions des preuves qu'il ait été ou Gaulois ou Franc. Nous
ne prétendons pas non plus le donner pour l'Historiographe
en titre de l'une ou de l'autre nation. Seulement comme il a
été des premiers écrivains que l'on sache avoir travaillé à faire
connoîlre celle-ci, nous n'avons pas cru devoir l'oublier dans
ce recueil.
On sait peu de choses de son ouvrage, et encore moins de sa
personne. Tout ce que les siècles postérieurs à son tems nous
en ont apris, se tire de S. Grégoire de Tours. ' Sulpice Aie- *^'"J'''':'''J!j'*
xandre , çelon cet auteur, écrivit une histoire , dans laquelle ' ' ^'
il avoit inséré plusieurs traits touchant la nation des Francs.
Il n'y parloit cependant nulle part de leur premier Roi ; et
l'on ne savoit pas trop qui étoit le premier qui avoit porté ce
titre.
' S. Grégoire qui avoit lu cet ouvrage, sans en avoir tiré, com- ">'<*•
me il paroît, tous les secours qu'il auroit pu pour perfectionner
son histoire, s'est borné à en raporter quelques fragmens pris du
3^ et du 4* livre. Ces fragmens commencent à la défaite du tyran
Maxime près d'Aquilée en 388, et finissent à l'acordque le tyran
Eugène fit avec les Rois des Francs et des AUemans. Cet Eu-
gène fut tué en 394, après avoir envahi l'Empire en 392. De
sorte que ces fragmens ne nous donnent connoissance que de
ce qui s'est passé en moins de six ans. Lorsqu'Alexandre
en vient à cet accord d'Eugène, il donne le titre de Roi aux
Ducs qu'il avoit dit auparavant avoir d'abord gouverné les
Francs.
Comme S. Grégoire ne cite plus cet Historien dans la
suite , ce qu'il n'auroit pas, ce semble, manqué de faire, il
nous donne à entendre qu'il n'avoit pas poussé plus loin son
histoire, et qu'ainsi il écrivoit dès la fin du IV siècle. C'est
ce que paroît aussi montrer le style de cet historien, autant
que l'on en peut juger par le peu qui nous reste de son ou-
vrage. On y aperçoit sans peine le génie de ce siècle, et un
assez beau latin. A l'^rd du grand nombre de faits qu'il y
430 SULPICE ALEXANDRE, HISTORIEN.
IV SIECLE, avoit insérés touchant les Francs, il est à croire qu'ils regar-
(loient plutôt l'origine et les premiers temps de cette nalion,
(juc le progrès de ses armes, sur-tout dans les Gaules, puis-
que S. Grégoire qui les avoit lus, n'en raporle rien, quoi-
que son dessein le demandât.
TARLE CHRONOLOGIQUE
431
TABLE CHRONOLOGIQUE.
Olymp.
45.
2.
95.
1.
112.
1.
An. de in
fondation
de Rome.
155.
354.
422.
An. avant
l'Ere vulg.
1700.
1500.
599.
400.
332.
MERCURE règne dans les Gaules et dans le re-
ste de l'Occident. Il lie les peuples de son
empire par la société du commerce. Il leur don-
ne des loix qui tendent à l'union et à la paix. Il po-
lit leur rudesse par son esprit et par son éloquence.
Les Bardes, les Vates et les Druides, qui
étoient les Poêles , les Devins et les Philosophes
des Gaulois , commencent à se faire connoîlre
dans les Gaules.
Fondation de la ville de Marseille par les Pho-
céens sortis de l'Asie mineure. Cette ville devient
dans la suite une des plus célèbres académies de
l'Univers , jusqu'à l'emporter sur Athènes et pour
la politesse et pour les sciences. L'exemple des
Marseillois aprivoise peu à peu les peuples des
Gaules, leur inspire du goût pour les belles con-
noissances, et fait des Gaules une autre (iréce.
Les Gaulois au nombre de 300,000 sortent des
Gaules poUr aller chercher ailleurs de nouvelles
habitations. Une partie passe les Alpes , entre en
Italie , prend et brûle la ville de Rome , puis s'ha-
bitue dans la Ligurie , l'IIistrie , et les autres pais
en deçà et au delà du Pô , où elle bâtit les villes
de Milan , de Côme , de Bresse , de Vérone , de
Bergame , de Trente et de Vicence. L'autre partie
entre dans l'une et l'autrePannonie, pénétre jus-
qu'en Grèce et en Macédoine , et y fixe sa demeu-
re : ce qui fit porter au pais le nom de Gallogré-
ce , puis de Galatie.
Pylheas et Euthymenes, l'un et l'autre de Mar-
seille, entreprennent de longues courses pour re-
connoître les pais étrangers , et écrivent des ou-
vrages de géographie.
162.
163.
4.
166.
4.
168.
1.
171.
4.
172.
4.
173.
1.
174.
1.
2.
178.
3.
179.
4.
180.
1.
2.
An. delà
fond.deRo.
624.
629.
641.
646.
661.
665.
666.
670.
671.
688.
693.
694.
695.
696.
An. avant
l'Ere vulg.
130.
125.
113.
108.
98.
89.
88.
84.
83.
66.
61.
60.
59.
58.
432
TABLE
Vers ce lems-ci fleurisspit Eralosthenes , Philo-
sophe Gaulois. 11 écrivit l'histoire de sa nation ,
qui ne subsiste plus depuis long-tems.
La partie des Gaules , que l'on nomma depuis
la Gaule Narbonoise, entre les Alpes, le Rhône
et la mer de Ligurie, commence à subir le joug
des Romains par les armes de M. Fulvius Flaccus
Consul.
Naissance de Marcus Antonius Gnipho , Gram-
mairien et Rhéteur.
Naissance de Valere Caton , poêle et Gram-
mairien.
Lucius Ph)tius , Rhéteur Gaulois, enseigne la
rhéthorigue à Rome : ce que personne n'y avoil
encore fait avant lui. Il y est suivi d'un grand
concours d'auditeurs ; et Ciceron encore enfant
se plaint de n'avoir pu être du nombre.
Roscius, le plus fameux Comédien qui eût en-
core paru , fait l'admiration de Rome par ses re-
présentations du théâtre.
Marc Antoine Gniphon enseigne la grammaire
à Rome. 11 y voit César encore jeune au nombre
de ses disciples, et Ciceron après les exercices du
barreau , va prendre de ses leçons.
Valerius Cato , autre Grammairien et Poète ,
donne aussi des leçons de grammaire et de Poéti-
que dans la même ville.
Naissance de Publius Terentius Varro au boui^
d'Atace-sur-Aude dans la Gaule Narbonoise.
Naissance de Cornélius Gallus, Poète.
Mort du Comédien Roscius dans une grande
vieillesse.
Naissance de Vibius Gallus, Orateur.
Les Eduens apellent les Romains à leur secours,
contre les incursions des Germains ligués avec les
Sequanois et les Auvergnats.
César commence à faire la guerre dans les
Gaules. En moins de neuf ans il subjugue tout ce
vaste païs qui est depuis les Pyrénées et le Rhône,
Olymp.
187.
3.
An de la
fond. de Ro.
182.
705
4.
183.
70G
1.
185.
715
2.
724.
An avant
l'Ere vulg.
4.
725.
188.
728.
3.
4.
729.
190.
734.
1.
191.
739.
2.
3.
740.
192.
742.
1.
3.
744.
49.
49.
39.
CHRONOLOGIQUE.
433
30.
29.
26.
25.
20.
15.
14.
12.
10.
Tome I. Sec. Pari
jusqu'au Rhin el à l'Océan. Dèslors on acorde
à plusieurs Gaulois le droit de bourgeoisie Romai-
ne , el même à quelques-uns entrée dans le Sénat.
Divitiac Philosophe Druide , l'un des premiers de
la ville d'Autun , devient un des favoris de César.
C. Valerius Procillus gagne la confiance de ce Gé-
néral des armées Romaines , qui l'envoie en am-
bassade auprès d'Arioviste Roi des Germains.
Mort de Thelon et de Gyarée frères jumeaux ,
habiles Mathématiciens.
P. Terenlius Varro à l'âge de 35 ans étudie le
Grec. Naissance de Votienus Montanus , célèbre
Orateur.
L'Empereur Auguste vient dans les Gaules et
y établit l'ordre du gouvernement selon les loix
romaines. Il y crée des Préteurs, des Présidens,
des Questeurs , qui y rendent la justice en latin.
On vit alors trois langues en usage dans les Gau-
les, le Grec, le latin et le Gaulois.
Cornélius Gallus , célèbre Poëte Gaulois , est
fait Gouverneur de l'Egypte. Ce fut le premier
Gouverneur qu'eurent les Romains dans cette
province , qu il gouverna pendant quatre ans.
Vibius Gallus se fait admirer à Rome dans le
barreau par la force et la beauté de son éloquence.
Cornélius Gallus meurt sous le Consulat d'Au-
guste pour la huitième fois.
Fondation ou rétablissement de la ville de Lyon
par Munacius Plancus , ou Plancius , Gouverneur
de la Gaule Narbonoise , et disciple de Ciceron.
Mort de Publius Terentius Varro , Poëte et His-
torien. Naissance de l'Orateur Julius Florus.
Naissance de Cnœus Domitius Afer , un des
plus célèbres Orateurs de son tems.
Germanicus , ce Prince si chéri des Romains,
naît à Lyon dans les Gaules.
Drusus dédie à Lyon un temple fameux , où se fi-
rent depuis les exercices literaires en grec et en latin.
Trogue Pompée écrit son histoire universelle ,
dont il ne nous reste que l'Abrégé fait par Justin .
Naissance de l'Empereur Claude à Lyon.
I i i
An. dr'
VEre vulij.
5.
AU
TABI.E
10.
12.
15.
18.
20.
28.
30.
36.
38.
Ai).
41.
43.
44.
in.
(îermanicus est adopt<^ par Tibère le 27' de Juin.
Vibius Gallus fameux Orateur meurt à Rome d'un genre de
mort aussi humiliant que sa réputation avoit été éclatante.
Ag rotas , Orateur grec de Marseille , plaide à Rome avec
quelque succès.
La réputation que Tite-Live s'étoit acquise par la douceur
et la fécondité de son éloquence, attire à Rome plusieurs no-
bles Gaulois. Naissance de Marcus Aper , célèbre Orateur
dans la suite.
Oscius et Pacatus enseignent la rhétorique à Marscilh;, puis
à Rome. Germanicus est élevé au Consulat pour la première
fois.
Les écoles de Marseille soutiennent encore leur première ré-
putation.
Germanicus est fait Consul pour la seconde fois, et meurt de
poison à Antioche l'année suivante.
Les écoles d'Autun deviennent fort célèbres dans l'Empire
Romain.
Mort de Votienus Montanus dans les islcs Baléares , où Ti-
bère l'avoit relégué, .hilius Montanus, aussi habile Poëte que
l'autre étoit habile Orateur , encourt la disgrâce du môme
Prince.
Cn. Domitius Afer est fait Préteur. Valerius Asiaticus s'at-
tire l'estime ae tout le monde par ses excellentes qualités.
Claude depuis Empereur est fait Sénateur.
Naissance de Cn. Julius Agricola à Frejus le 13 de Juin.
L'empereur Caligula établit à Lyon les exercices de litera-
ture en grec et en latin. Il élevé au Consulat l'Orateur Cn.
Domitius Afer. Julius Grœcinus Si'nateur , père d'Agricole ,
est mis à mort par l'ordre de Caligula. Naissance do l'Orateur
Julius Secundus.
Claude est élevé à l'Empire le 25 de Janvier , âgé de ."iO ans.
Clodius Quirinalis enseigne la Rhétorique à Rome avec un
tns-grand éclat.
Messaline fait mourir Valerius Asiaticus , homme consulaire
si célebn; dans l'histoire.
Demosthene , Médecin de Marseille, commence à se faire
de la réputation chez les étrangers , où il avoit étudié.
Cn. Domitius Afer, l'un des plus excellens Orateurs de son
siècle , fait l'admiration de Rome. Il exerce la charge d'Inten-
dant des eaux. Julius Florus brille à Rome par son éloquence.
i
, ^ *■.-* « « ^w*'-^
l'Ere vhIij.
47.
CllROxNOLOGlULE.
a^A
435
19.
52.
54.
55.
:;o.
59.
60.
Gl.
65.
06.
68.
69.
70.
74.
L'Empereur Claude publie un édil, pour faire recevoir trois
nouvelles lellres dans l'alphabei lalin. Il fail ordonner par le
Sénat que tous les (iaulois qui éloienl citoïens Homains, pour-
roienl être reçus Séinteurs. Dèslors' on en reçut quelques-uns
qui éloient d'Aulun.
L'Kmpereur Claude augmente l'enceinte de Rome.
Claude achevé l'aqueduc (jue l'Empereur Caligula avoit
commencé à faire construire à Kome.
Mort de l'Empereur Claude le 13* d'Octobre, dans la 64* an-
née de son âge.
L. Stralius Ursulus ou Surculus enseigne la rhétorique dans
les Gaules avec beaucoup de réputation. Mort de Julius Flo-
rus, Prince de rélo(pience des Caules.
Mort de Clodius tjuirinalis, célèbre Orateur.
Mort de l'Orateur Cn. Domitius Afer. Pétrone devient un
des premiers favoris de Néron, et brille à sa cour par son es-
prit.
Zenodore, habile statuaire, est appelle des Gaules à Rome
par l'Empei-eur Néron.
Marcus Anlonius Primus est chassé du Sénat. Seneque le
Pliilosoj)he dédie ses livres des bienfaits à vEbucius Liberalis.
Crinas et Charmis, deux Médecins Marseillois, se font beau-
coup de réputation à Rome.
Mort de Pétrone, dont il nous reste une Satyre en vers et en
prose.
Cajus Julius Vindex Gouverneur de la Celtique se tuë lui-
même. Marcus Anîonius Primus se déclare pour Ves[»asien , et
pousse si vigoureusement la partie de Vilellius, que cet Empe-
reur fut luù et tous ses gens défaits.
Valerius Paulinus est fait Intendant de la Gaule Narbonoi-
se. Valerius Asialicus le jeune, Gouverneur de la Helgique ,
est désigné Consul pour l'année suivante. Vilellius lui promet
s;i fille en mariage.
L'éloquence commence à déchoir de ses premières beautés.
Claudius Cos.sus, Orateur des Helvetiens , se distingue par son
éloquence. vEbucius Liberalis se trouve à la destruction de Jé-
rusalem. Julius Aus|)ex et TuUius Valentinus, Orateurs, se
signalent diversement dans l'assemblée des Gaules tenue à
Reims.
Marcus Aper et Julius Secundus brillent à Rome dans le
barreau . Le jjremier écrit le dialogue des Orateurs. ;
li i ij
An de
l'Ere viilg.
t3C.
TABLE
70.
77.
78.
80.
82.
8o.
86.
89.
90.
93.
9i.
100.
104.
110.
118.
120.
Gn. Julius Agricola est fait Patrice et Gouverneur d'Aqui-
taine. Salvius Liberalis commence à se faire connoître à Rome
dans le barreau par son éloquence.
Gn. Julius Agricola est élevé au Gonsulat , et donne l'année
suivante sa fille en mariage, à l'historien Tacite. Sextus Julius.
Gabinianus enseigne la rhétorique dans les Gaules avec beau-
coup de réputation. Naissance de Favorin, qui devint depuis
si célèbre entre les Sophistes.
Gn. Julius Agricola est fait Gouverneur de la grande Bre-
tagne, où il introduit l'étude des belles letres.
Marcus Antonius Primus retiré à Toulouse sa patrie , y en-
tretient un commerce de literature avec le poêle Martial, dont
il étoit le Mécène. Mort de l'Orateur Julius Secundus dans la
40* année de son âge.
Rufîus enseigne la rhétorique à Rome.
T. Aurelius Fulvius, aïeul paternel de l'Empereur Tite An-
tonin, est fait Consul pour la première fois. Gn. Julius Agri-
cola est rappelé de la grande Bretagne à Rome. Mort du cé-
lèbre Orateur Marcus Aper.
Naissance de l'Empereur Tite Antonin le 19 de Septembre, f h
T. Aurelius Fulvius est élevé au Gonsulat pour la seconde
fois. Mort de Marcus Antonius Primus.
Les poésies de Martial passent à Vienne , qui en fait ses déli-
ces. Artanuï Jurisconsulte fleurit à Narbone.
Mort de Gn. Julius Agricola le 23 d'Août.
L'édit que l'Empereur Domitien publie contre tous les Phi-
losophes en attire quelques-uns dans les Gaules.
Libraires à Lyon. Ils y débitent les écrits de Pline le jeune.
Geminius entretient commerce de letres avec cet Orateur.
Salvius Liberalis plaide à Rome avec beaucoup d'éclat.
Mort de Valerius Paulinus homme de letres , grand ami de
Pline le jeune et de Martial. Abascante, Médecin de Lyon, écrit
sur la médecine.
Florus écrit son abrégé de l'histoire Romaine. Sentius Au-
gustinus se fait admirer par la beauté de ses poésies et par son
éloquence dans le barreau. Trebonius Rufinus , Magistrat de
Vienne, entretient un commerce de letres avec Pline le jeune.
Mort de Salvius Liberalis, après avoir illustré le Barreau
pendant plus de quarante ans.
Tite Antonin, après avoir été Questeur et Préteur, est éle-
vé au Consulat.
l
i 1 i 1
Ah. if
l'Ere vulg.
130.
132.
134.
135.
138.
145.
150.
152.
157.
161.
165.
168.
177.
CHRONOLOGIQUE.
437
180.
188.
193.
195.
196.
198.
2 9
Naissance de S. Irenée, depuis Evêque de Lyon.
Sentius Augurinus est élevé au Consulat.
Favorin l'un des plus fameux Sophistes de son siècle brille â
Athènes par son éloquence.
Marcus Cornélius Fronto passe à Rome pour le plus célè-
bre Avocat au barreau. Il enseigne l'éloquence à Marc Aure-
le et à Lucius Verus depuis Empereur.
Tite Antonin est adopté par l'Empereur Adrien le 25 de Fé-
vrier , feçoit la puissance proconsulaire et du Tribunat , avec le
titre de César. Le 10 de Juillet il se voit seul maître de l'Empire.'
Favorin passe d'Athene» à Rome , où il inspire une nouvelle
émulation pour les belles connoissances.
Charmoiaeus et Menecrates se font beaucoup de réputation
à Marseille par la science du droit. Mort de Favorin.
Tite Antonin écrit à tous les Grecs en Faveur des Chrétiens.
S. Pothin vient dans les Gaules et y jette les premiers fonde-
mens de l'Eglise de Lyon.
La foi se répand à Autun , à Langres , à Dijon , à Besançon ,
à Valence dans la Viennoise.
Mort de l'Empereur Tite-Antonin , après un peu plus de 22
ans de règne.
Zenothemis brille à Marseille par la science du droit.
Mort de Marcus Cornélius Fronto, le plus célèbre Orateur
de son tems.
S. Pothin , Premier Evêque de Lyon, souffre le martyre avec
47 autres personnes. Avant leur martyre ils écrivent au Pape
Eleuthere et aux Eglises d'Asie et de Phrygie. Les Fidèles de
Lyon et de Vienne écrivent l'histoire de ce martyre. S. Irenée
est élu à la place de S. Pothin. •
Fauste écrit les actes du martyre des SS. Andoche et se»
compagnons,
S. Irenée écrit contre Florin et Blaste. Naissance de l'Em-
pereur Caracalla le 4" d'Avril.
S. Irenée écrit ses trois premiers livres contre les hérésies.
S. Irenée écrit ses deux derniers livres contre les hérésies. .
Caracalla est fait César. Caïus , depuis Prêtre et Evêque de*
Nations, et S. Hippolyte depuis Evêque et Martyr, se forment
à Lyon sous la discipline de S. Irenée.
Caracalla reçoit la puissance du'Tribunat , et peut-être aussi
celle d'Auguste. I Concile de Lyon au sujet du jour auquel il
falloit célébrer la fête de Pâques.
A ». '<<
l'Ere vulg.
202.
211.
212.
217.
220.
228.
2:h.
235.
2iO.
245.
438
TABLE
250.
252.
254.
257.
200.
209.
270.
Caracalla est fait Consul avec Severe son père, et épouse
IMaulille. Martyre de S. Irenée. I^ violence de la persécution
disperse ses disciples. Caïus et S. Hippolyte quittent la ville
de Lyon , et se retirent en divers lieux.
Caracalla parvient à l'Empire le 4" de Février.
Caïus, disciple de S. Irenée brille dans l'Eglise de Rome , et
écrit contre divers héreti(jues.
Mort de l'Empereur Caracalla le 8"= d'Avril.
Décadence de la majesté des belles letres et de l'histoire. S.
Trophime est envoie dans les Caules , et fait Evêque d'Arles.
S. Hippolyle Evêque et Martyr , disciple de S. Irenée , pa-
roît avec éclat entre les plus savans hommes de l'Eglise , et
compose plusieurs ouvrages en faveur de la religion.
Les Femmes Druides se mêlent encore de divination.
Julius Titianus enseigne les belles letres à Maximin fds de
l'Empereur Severe. S. Hippolyle a vécu au moins jusqu'en ce
lems-ci.
Julius Titianus enseigne l'éloquence tantôt à Lyon tantôt à
Besançon, et compose divers ouvrages.
Les écoles d'Autun sont encore ilorissantes. L'aïeul de l'O-
raleur Eumene y enseigne avec réputation. S. Saturnin est en-
voie pour prêcher la foi dans ks Gaules. Il établit diverses
Eglises , et en particulier celle d'Eause , dont le siège a été
transféré ensuite à Aucii.
S. Saturnin établit son siège à Toulouse. 11 est suivi ou pn^
cédé dans les Gaules par S. Denys de Paris , S. Martial de Li-
moges , S. Catien de Tours , S. Faul de Narbone , S. Austre-
nioine de (^lermoul en Auvergne, qui exercent le même mi-
nistère. Leurs disciples établissent diverses autres Eglises. Faus-
lin succède à llelie dans le siège épiscopal de Lyon.
L'hérésie de Novatien pénétre dans l(!s Gaules.
Faustiii Evêque de Lyon écrit au Pape , et à S. Cyprien de
Cartilage au sujet de Marcien Evêque d'Arles , engagé dans
l'hérésie de Novati(;n .
S. Peregrin établit l'Eglise d'Auxerre , S. Genulfe celle de
Ciiliors , et S. Savinien quelque tems après celle de Sens.
Naissance de l'Orateur Eumene. Les Gaules divisées par dif-
férentes factions.
Uuine de la ville d'Autun et de ses écoles. On cesse d'y en-
seigner pendant plusieurs années.
Naissance du Hhéleur yEmilius Magnus Arburius. i
* î
An df
l'Ere vulg.
275.
276.
277.
280.
282.
CHRONOLOGIQUE.
439
284.
286.
287.
288.
289.
291.
292.
293.
296.
DifTerens peuples barbares s'emparent de 70 villes des plus
considérables des Gaules, et y causent beaucoup de trouble.
Eusebe Orateur et Poëte enseigne les belles lelres à Bour-
deaux.
L'Emporeur Probe chasse des Gaules les barbares qui y
éloient entrt^s.
Sextus Julius Saturninus prend la pourpre sous l'empire de
Probe , et est tué presque aussi-tôt. Défaite de Procule et de
Bonose qui s'étoient révoltés dans les Gaules.
Carus est élevé à l'Empire au commencement d'Août, et
donne le titre d'Auguste à Carin el Numerien ses fils.
Mort de l'Empereur Carus le 8 décembre, ou le 12 de Jan-
vier de l'année suivante. Carin et Numerien ses fils lui suc-
cèdent.
Mort de l'Empereur Numerien , après 8 ou 9 mois de
règne.
S. Eugène disciple de S. Denys de Paris, à qui l'on atribuë
quelques poésies Chrétiennes, souffre le martyre à Deuil.
Naissance de Julius Ausonius Médecin, père du poëte Au-
sone. Carause le plus habile homme de son siècle dans la ma-
rine , se fait reconnoîlre Empereur. Diocletien et Maximien
Hercule sont obligés de faire la paix avec lui. Martyre de S.
Firmin premier Evêque d'Amiens , après avoir répandu la foi
en divers lieux des Gaules.
La ville de Trêves devient le siège ordinaire de Empereurs
et des Préfets des Gaules qui avoient encore sous eux la grande
Bretagne et l'Espagne. On y voit briller quelques gens de
letres.
Claude Mamertin Orateur prononci' à Trêves le panégyri-
que de Maximien Hercule en présence de cet Empereur.
Claude Mamertin pronoitce un autre panégyrique en pré-
sence de Maximien Hercule , à la louange de cet Empereur et
de Diocletieii son Collègue.
Constance Chlore père de Constantin le grand vient fixer
sa résidence à Trêves , et travaille à faire fleurir les sciences
dans les (iaules.
Carause est tué par Alecte un de ses Officiers. Thalasse en-
seigne la grammaire à Bourdeaux.
Eumene prononce un discours en présence du Préfet des
Gaules pour le rélablissemenl des écoles d'Aulun. Peu deteras
après il en prononce un autro à la louange et en présence de
An de
l'Ere vulg.
297.
29S.
300.
440
TABLE
301.
302.
303.
305.
307.
309.
310.
311.
313.
314.
Constance Chlore , qui l'engage à donner des leçons d'élo-
quence à la jeunesse de cette ville.
L'Empereur Constance Chlore prend un soin particulier de
rétablir la ville d'Autun et ses écoles. Celles de Trêves com-
mencent à devenir célèbres.
S. Rhetice Evêque d'Autun écrit contre l'hérésie de Nova-
tien, et compose peut-être dèslors le commentaire sur le Can-
tique des Cantiques.
S. Genès soufTre le martyre à Arles. Massus Evêque de Pa-
ris écrit, dit-on , les actes du martyre de S. Denys l'un de ses
prédécesseurs. Les Gaules avant la fin de ce siècle deviennent
la mère et la nourrice des Panégyristes de l'Empire. Naissance
de l'Orateur Tiberius Victor Minervius , et ae Sedatus cé-
lèbre Rhéteur dans la suite.
Lactance va d'Afrique à Nicomedio enseigner la rhétori-
que , d'où il fut ensuite apellé dans les Gaules.
Lactance compose la relation de son voïage d'Afrique à Ni-
comedie , et un traité intitulé le Grammairien.
Lactance renonce au Paganisme, se fait Chrétien, et com-
mence à travailler pour la défense du Christianisme.
Naissance de S. Hilaire depuis Evêque de Poitiers. Les Gau-
les jouissent d'une paix profonde et d'une entière liberté sous
l'empire de Constance Chlore.
Un Orateur anonyme prononce à Trêves le panégyrique à
la louange des Empereurs Maximien et Constantin le grand.
Naissance du Poëte Ausone. L'Empereur Constantin le
grand embellit d'ouvrages publics la ville de Trêves.
Eumene prononce à Trêves un 3* discours en présence de
l'Empereur Constantin. Les Gaules sous l'Empire de ce Prince
reprenent un nouveau lustre. Lactance compose son traité de
l'ouvrage de Dieu.
Eumene prononce à Trêves un 4" discours en présence de
l'Empereur Constantin en action de grâces de la faveur qu'il
avoit acordée à la ville d'Autun. Aparition .de la croix à Con-
stantin et à toute, son armée dans les Gaules : ce qui contribue
à y étendre la religion Chrétienne.
Un Orateur anonyme prononce à Trêves un panégyrique à
la louange de Constantin le grand. S. Retice d'Autun , S.
Materne de Cologne et S. Martin d'Arles vont ù Rome par
ordre de l'Empereur pour y juger les Donatistes.
I Concile d Arles le premier jour d'Août contre les Dona-
Ail df
l'Ere vulg.
315.
316.
317.
319.
320.
CHRONOLOGIQUE.
441
321,
324.
32
i).
329.
330.
331.
332.
333.
Tome
listes. L'Empereur Constantin apelle Laclance dans les Gaules
pour enseigner l'éloauence à Crispe son fils aine. Lactance
compose son traité de la mort des persécuteurs.
Naissance du Rhéteur Censorius Atticus Agricius ou Agrœ-
cius.
Nai.ssance de l'Empereur Constantin le jeune le 7 d'Août à
Arles et de S. Martin Evêaue de Tours à Sabarie.
Constantin le jeune est lait César.
L'Empereur Constantin défend de consulter les Aruspices
dans les Gaules comme ailleurs, hors dans des lieux publics.
Mort de Caecilius Argicius Arborius, Philosophe, aïeul ma-
ternel du Poëte Ausone. Constantin le jeune est fait Consul en
la 4* année de son âge. Corinthe, Sperchée et Menesthée en-
seignent la grammaire gréque à Bourdeaux. Phœbicius , Ma-
crinus, Concordius et Sucuro y donnent en même tems des
leçons de grammaire latine. Lactance compose ses institutions
divines.
Constantin le jeune, Consul pour la seconde fois. Nazaire,
Orateur, prononce le premier jour de Mars un panégyrique à
la louange de l'Empereur Constantin le grand. Ce prince pu-
blie une loi qui contient divers privilèges en faveur de ceux
qui professoient les sciences et les beaux arts tant dans les Gaules
qu'ailleurs. Lactance compose son traité de la colère de Dieu.
Constantin le jeune, Consul pour la troisième fois. Mort de
S. Rhétice Evêque d'Autun.
^milius Magnus Arborius enseigne l'éloquence à Toulouse.
Mort de l'Orateur Lactance à Trêves.
Constantin le jeune. Consul pour la quatrième fois.
Exupere enseigne la rhétorique à Toulouse, où il voit entre
ses disciples les Princes Dalmace et Annibalien. Leontius et
Jucundus, frères, donnent des leçons de grammaire à Bour-
deaux. Staphylius en donne de rhétorique à Auch.
^milius Magnus Arborius est apellé à Constantinople pour
y enseigner un des fils du grand Constantin. S. Martin âgé de
15 ans suit la profession des armes. Constance est envolé dans
les Gaules pour les gouverner.
Constantin le jeune, âgé seulement de 16 ans, marche contre
les Gots , les défait , et les soumet à l'Empire. S. Maximin
succède à S. Agrece dans le siège épiscopal de Trêves. .
L'Empereur Constantin publie une loi pour étendre les pri-
vilèges des Professeurs publics.
/. Sec. Part. K k k
2 9 *
An de
l'Ere vulg.
334.
335.
442
TABLK
337.
338.
340.
342.
344.
343.
3i«.
347.
348.
349.
Baptême de S. Martin Evoque de Tours. Kxupere passe à
Narbone, où il continue à exercer l'emploi de Rhéteur.
Constantin le jeune vient gouverner les Gaules en qualité de
leur Souverain, et y reçoit S. Athanase qui est exilé à Trê-
ves. Fatere enseigne la rhétorique à Rome. Mort d'yEmilius
Magnus Arborius h Conslantinople , d'où Constantin renvoie
son corps dans les Gaules. Tiberien est Vicaire d'Espagne.
Ausone commence à enseigner les belles letres et l'éloquence
à Bourdeaux : ce qu'il continue de faire pendant 30 ans.
Constantin le jeune et ses deux frères prônent le titre d'Auguste
le 9 de Septembre , près de 4 mois après la mort de leur
père. Eunomie, fille de l'Orateur Nazaire, devient célèbre par
son éloquence. Tiberien, de Vicaire d'Espagne est fait Préfet
des Gaules. Tiberius Fabius Titianus Consul avec Félicien.
S. Athanase quitte Trêves, lieu de son exil, pour s'en retour-
ner à son Eglise. L'Empereur Constantin le jeune écrit en sa
faveur aux Fidèles d'Alexandrie.
Mort de l'Empereur Constantin le jeune avant le 9 d'Avril.
Un Orateur anonyme prononce à Arles en langue gréque son
Oraison funèbre. Naissance de S. Ambroise à Trêves dans les
Gaules. Baptême de S. Ililaire de Poitiers. Constant vient ha-
biter et gouverner les Gaules en qualilé de leur Souverain. Il y
apelle d'Athènes Proërese célèbre Sophiste.
S. Maximin Evêque de Trêves déconcerte les Ariens qui tâ-
choient de surprendre la religion de l'I^^mpercur Constant.
Leonlius et .lucundus, frères, donnent des leçons de gram-
maire à Bourdeaux.
Glabrio enseigne tiu.ssi la grammaire à Bourdeaux, à la place
d'Ausone, qui passe à une chaire d'éloquence. Luciolus y ensei-
gne aussi la rh'îtorique avec Ausone. S. Servais est fait Evêque
de Tongres. Naissance; d'llesp(;r.! IV. fet des Gaules, fils d'Au-
sone. S. Maximin si; trouve au Concile de Milan, et solicite
avec S. Athanase un Concile général.
Concile de ( Atlttgni;, selon quelques Auteurs, au sujet d'Eu-
phrate, Evêque de la ville.
S. Maximin de Trêves après avoir travaillé à la convocation
du Concile d»; Sardique y assiste avec Verissime de Lyon et S.
Servais de Tongres. Les Ariens prononcent anathême contre
S. Maximin au Concile de Philippople.
S. Phebade est élu Evêque d'Agen.
S. Maximin de Trêves meurt et S. Paulin lui succède.
An de
VËrr. vulg.
350.
351.
352.
353.
354.
355.
350.
357.
CHRONOLOGIQUK.
44»
Censorius Atticus Agricius ou Agrœcius enseigne la rhéto-
rique à Bourdeaux. Crispus et Urbicus y donnent en même tems
des leçons de grammaire gréque et latine. Exupere après avoir
enseigné la rhétorique à Toulouse et à Narbone, exerce une
charge considérable en Espagne. Sedatus enseigne la rhétori-
que à Toulouse. Mort des Rhéteurs Stnphylius et Alethius
Minervius. S. Hilaire est élu Evêque de Poitiers.
S. Servais de Tongres est envoie par Magnonce en ambassade*
près de l'Empereur Constance.
S. Hilaire de Poitiers écrit son commentaire sur S. Matthieu.
II Concile d'Arles où S. Paulin Evêque de Trêves est con-
damné à l'exil, pour s'être oposé avec vigueur à la perfidie des
Ariens. Naissance de S. Paulin depuis Evêque de Noie.
Gennade fameux Avocat brille à Rome dans le barreau.
Pomponius Maximus Herculanus enseigne la grammaire à
Bourdeaux, et meurt dans cet exercice. Tiberius Victor Mi-
nervius, après avoir enseigné l'éloquence à Constantinople,
l'enseigne à Rome avec un très-grand éclat. S.Martin se retire
à Poitiers auprès de S. Hilaire Evêque de la ville.
S. Hilaire de Poitiers adresse une requête à l'Empereur
Constance contre la persécution qu'il faisoit à l'Eglise. Par-
menien est ordonné evêque de Carthage, où il succède im-
médiatement au grand Donat. Saturnin Evêque d'Arles se
trouve au Concile de Milan en faveur de l'Ananisme. Nais-
sance de S. Severe Sulpice en Aquitaine. Julien, alors César,
vient gouverner les Gaules, et y établit la justice et le bon
ordre. Paris, qu'il choisit pour le lieu de sa résidence, com-
mence à devenir célèbre pour les sciences.
Alcime et Delphide enseignent la rhétorique avec beaucoup
de réputation en Aquitaine. Concile de Beziers en faveur de
l'Arianisme. S. Hilaire de Poitiers et Rhodane de Toulouse
sont exilés en Phrygie. S. Martin quitte Poitiers et s'en retourne
en son pais.
Les Evoques des Gaules écrivent à S. Hilaire de Poitiers dans
son exil, sur leur attachement à la foi. Le Saint leur fait ré-
ponse, et les informe des mesures qu'il prend avec les bons
Evêques d'Orient en faveur de la vérité. Il écrit aussi à Abra
sa fille, à laquelle il envoie deux hymnes. Il compose ses dou-
ze livres de la Trinité contre les Ariens. L'Empereur Con-
stance défend les augures, les aruspices et toute autre sorte
de devination dans les Gaules comme ailleurs. Julien apelle
K k kij
Ah de
l'Er» vulg.
358.
444
TABLE
359.
360.
361.
à Paris le Médecin Oribase, qui y publie un abrégé de Ga-
lien.
Delpliide accuse de peculat, devant Julien alors César,
Numerius, Gouverneur de la Narbonoise. S. Hilaire de Poi-
tiers écrit dans son exil le traité des Synodes, sur la fin de cette
année. Mort de S. Paulin de Trêves dans son exil. La géné-
rosité des Evêques Giaulois porte les Prélats qui passoient pour
demi Ariens à tenir le Concile d'Ancyre, où ils condamnent
les blasphèmes les plus grossiers de l'Arianisme. L'Eglise Gal-
licane assemblée dans un Concile que l'on ne connoît point
d'ailleurs, rejette la seconde formule de Sirmich. S. Phébade
d'Agen écrit son traité contre cette formule.
Naissance de l'Empereur Gratien. S. Hilaire de Poitiers se
trouve au Concile de Seleucie en Isaurie. S. Phébade d'Agen,
S. Servais de Tongres et quelques autres Evêques des Gaules
assistent au Concile de Rimlni. Ils y témoignent d'abord beau-
coup de vigueur et de fermeté, et manquent enfin ou de lumiè-
res ou de force. Le Rhéteur Patere brille à Bourdeaux par ses
grands talens.
Exupere revenu d'Espagne à Cahors, y finit ses jours. Cita-
rius enseigne la grammaire gréque à Bourdeaux. Dyname,
qui y donnoit des leçons de rhétorique, quitte cette ville, et
se relire à Lerida en Espagne, où il continue la même profes-
sion. Marcel enseigne la grammaire à Narbone. Tiberius Vic-
tor Minervius revenu de Rome à Bourdeaux, y donne des le-
çons d'éloquence , et y meurt. S. Hilaire de Poitiers va de
Seleucie à Con'stantinople. On y tient un Concile, où se trouve
Saturnin Evêque d'Arles. S. Hilaire présente une seconde re-
quête à l'Empereur pour obtenir une conférence réglée avec
ses adversaires. Le Saint compose son invective contre Con-
stance, et commence son livre contre Ursace et Valens. Il
revient à Poitiers, où il est reçu avec de grandes aclamations.
S. Martin revient auprès de lui, et bâtit à Ligugé le premier
monastère qu'on eût encore vu dans les Gaules. Naissance de
Vigilance , et de S. Honorât depuis Evêque d'Arles , et de
Jean Cassien. Julien parvenu à l'Empire défend d'enseigner
les letres, ce qui porta un grand préjudice à la literature dans
les Gaules. S. Phébade d'Agen compose un autre traité con-
tre les Ariens.
Claude Mamertin est fait Préfet de l'Ulyrie , puis de l'Ita-
lie et de l'Afrique, et Saluste des Gaules. I Concile de Paris ,
tt /t ri
An de
l'Krf vulg.
CHRONOLOG[QUE.
445
3G2.
303.
364.
365.
367.
368.
369.
370.
pour rapeller à la pénitence les Evêques tombés à Rimini. Sa-
turnin d'Arles et Paterne de Perigueux y sont déposés. S. Hi-
laire assemble quelques autres Conciles pour rétaolir la pureté
de la foi et travaille à l'histoire de l'Arianisme en Occident,
dont il ne nous reste que des débris. Paul Evêque de Paris écrit
un traité de la pénitence. Naissance de S. Amand depuis Evê-
que de Bourdeaux, Anastase Grammairien et Rufus Rhéteur
enseignent dans les écoles de Poitiers.
Claude Mamerlin est élevé au Consulat, et prononce le
panégyrique de l'Empereur Julien. Le Prêtre Heliodore tra-
vaille avec S. Hilaire de Poitiers sur Job et le Pseaumes.
S. Hilaire adresse un livre au Préfet Saluste contre Dioscore.
Saluste est fait Consul avec Julien l'Apostat. On veut l'éfire
Empereur à la place de Julien tué cette même année ; mais
Saluste le refuse. S. Hilaire passe en Italie, où il travaille avec
S. Eusebe de Verceil à rétablir la foi de Nicée.
S. Hilaire se trouvant à Milan présente une requête à l'Em-
f)ereur contre Auxence Evêque de la ville. Il contraint cet
'évoque Arien de s'expliquer sur sa croïance, et adresse à tous
les Evêques et les peuples Catholiques un écrit contre lui. Le
Saint est renvoie à Poitiers. Valentmien I" révoque la défense
que Julien avoit faite d'enseigner les letres.
S. Hilaire travaille à son commentaire sur les Pseaumes.
Gratien est déclaré Auguste. Ausone est apellé à la Cour
pour prendre soin de l'instruction de ce Prince. Claude Ma-
mertin est acusé de péculat. Les écoles de Trêves deviennent
Elus florissantes que jamais. Mort d'Alcime un des plus céle-
res Poètes et Orateurs de son tems. Sedalus Rhéteur meurt
la même année.
Ausone reçoit le titre de Comte, et puis est fait Questeur de
l'Empire. Mort de S. Hilaire de Poitiers le 13* de Janvier.
Parmenien Evêque Donatiste de Carthage écrit un traité
contre l'Eglise Catholique.
Eutrope écrit un abrégé de l'histoire Romaine. Harmonius
et Unsulus enseignent les belles letres à Trêves. Mort du Phi-
losophe Hellesponce , et de Censorius Atticus Agricius Rhé-
teur à Bourdeaux. S. Optât de Mileve réfute le traité de Par-
menien contre l'Eglise Catholique. L'Empereur Valentinien I"
donne ù Trêves une loi contre les Magiciens, et une autre qui
porte de sages reglemens pour les étudians.
An df.
l'Ere vulg.
371.
372.
373.
374.
446
TABLE
375.
376.
;{77.
378.
379.
Mort du Rhéteur Delphide. Naissance de l'Empereur Valen-
tinien II. S. Martin est élu Evêque de Tours.
Parmenien Evéque Donaliste de Carthage écrit contre Ti-
cone autre Donatiste.
S. Ambroise est fait gouverneur de la Ligurie et de l'Emilie.
Théodore Secrétaire d'Etat sous Valens a la tête tranchée
pour avoir voulu aspirer à l'Empire. Il se tient un Concile na-
tional à Valence dans les Gaules. S. Just de Lyon et S. Phébade
d'Agen y assistent avec plusieurs autres Evêques Gaulois. Elec-
tion de S. Ambroise pour remplir le siège de Milan. Son bap-
tême le 30 Novembre, son ordination le 8 du mois suivant.
Gratien à la mort de son père se trouve chargé du gouver-
nement de l'Empire d'Occident. Il associe à l'Empire son jeune
frère Valentinien II. S. Ambroise écrit un traité sur le Para-
dis, et deux livres sur Abel et Gain.
Gratien fait diverses loix en faveur de l'Eglise et des letres
dans les Gaules. Grégoire exerce la Questure. S. Ambroise
compose un livre sur Tobie. Hespere est fait Proconsul d'Afri-
que, et entre le lO^jourde Mars dans cette charge , qu'il exer-
ça dix-huit mois. Paulin, fils de ce Proconsul, vient au monde à
Pella en Macédoine, et un mois après est porté en Afrique.
Mort de Julius Ausonius Médecin. S. Ambroise écrit trois li-
vres sur les Vierges, et bientôt après un livre sur les Veuves. Mar-
cel le Médecin est fait Maître des Offices. Mort de Marcel
Grammairien à Narbone, et de Nepotien Rhéteur à Bourdeaux.
Ausone exerce la Préfecture dans les Gaules avec Hespere
son fils. Gratien désigne Ausone avec Olybre pour être Consuls
l'année suivante. Symmaque écrit à l'Historien Kutrope sur l'heu-
reux règne de Gratien. Ce Prince défait les Allemans, et donne
la paix aux frontières du Rhin et du Danube. Il se voit maître
de l'Orient par la mort de son oncle Valens. Il rapelle les
Evêques bannis, reprime les hérétiques. S. Ambroise à la prière
de cet Empereur compose ses deux premiers livres sur la foi.
Il joint aux livres sur les Vierges un traitée de la Virginité. Il fait
l'oraison funèbre de S. Satyre son frère, et un autre écrit pour se
consoler de sa mort par l'espérance de la résurrection. S. Paulin
est fait Consul, subrogé peut-être à l'Empereur Valens mort
celte année. Naissance de S. Eucher depuis Evêque de Lyon.
Ausone encore Préfet des Gaules est élevé au Consulat.
An de
l'Ere vulg.
CHRONOLOGIQUE.
447
380.
381,
382.
383.
384.
prononce à Trêves le panégyrique de Gratien. Ce Prince asso-
cie Theodose à l'Empire. Sibure est Préfet du Prétoire. S. Am-
broise écrit ses trois derniers livres sur la foi. L'Empereur Gra-
lien le prie d'écrire aussi sur le S. Esprit. 11 publie un livre sur
Noé et l'Arche. S. Delphin est élu Evêque de Bourdeaux. Hes-
pere est encore Préfet des Gaules cette année-ci et la suivante.
S. Paulin fait son premier voïage à Noie et se voue à S. Félix.
Paulin surnommé le pénitent, n'aïant encore que trois ans, est
porté d'Afrique à Bourdeaux sa patrie.
Dyname meurt à Lerida , où il enseignoit la rhétorique.
Iquere ou Hiere enseignent l'éloquence à Rome. S. Augustin lui
adresse ses livres de la bienséance et de la beauté. Ausone adresse
ses Fastes au Poêle Procule. Afranius Syagrius est fait Pré-
fet d'Italie. Mort de Victorius Grammairien de Bourdeaux.
S. Jusl, disciple de S. liilairo de Poitiers, écrit, dit-on, la vie
de ce saint Prélat. S. Phébade d'Agen préside au Concile de
Saragoce contre les Priscillianistes. S. Delphin de Bourdeaux
(t quelques autres Evoques d'Aquitaine se trouvent aussi à ce
Concile.
Gratien donne les ordres pour la convocation du Concile
d'Aquilée, qui se tient cette année contre les Ariens. S. Am-
broise assiste à ce Concile et en conduit toute l'action. S. Just
de Lyon, Constance d'Orange, Procule de Marseille, Théo-
dore d'Octodure, Domnin de Grenoble et Amance de Nice se
trouvent à ce Concile. S. Just à son tour renonce à l'épisco-
pat, et se retire parmi les solitaires d'Egypte. S. Ambroise pu-
blie ses trois livres sur le S. Esprit. Afranius Syagrius est fait
Préfet des Gaules. Valerien exerc(^la Préfecture dans Rome.
. Afranius Syagrius encore Préfet des Gaules et d'Italie est
élevé au Consulat. S. Ambroise se trouve à un Concile assem-
blé à Rome. Il écrit un traité sur le mystère de l'Incarnation.
Gratien est trahi et tué auprès de Lyon. Grégoire exerce la
Préfecture des Gaules et de l'Espagne ave Probe. Ausone se
retire dans ses terres. S, Ambroise vient dans les Gaules auprès
de Maxime, qu'il empêche de passer en Italie, et avec qui il
conclud la paix au nom du jeune Empereur Valentinien II. Il
compose ses quatre livres de la plainte de Job et de David.
Tétrade enseigne les belles letres à Angoulême. I" Concile
Bourdeaux contre les Priscillianistes. S. Delphin Evêque de
la ville y préside; et S. Martin de Tours s'y trouve présent.
/In de
Ere vulg.
448
TABLE
385.
386.
387.
388.
389.
il
390.
S. Ambroise écrit deux livres de la pénitence, et sa réponse à
Symmaque oui demandoit qu'on rendît au Sénat l'autel de la
Victoire. Il fait aussi l'Apologie de David. Mort de S. Servais
Evêque de Tongres. Assemblée d'Evêques à Trêves contre les
Priscillianistes.
Eucrocie femme du Rhéteur Delphide a la tête tranchée à
Trêves à cause de l'hérésie de Priscillien. Iquere ou Hiere est
fait Comte d'Orient. Pallade jeune Gaulois enseigne la rhéto-
rique à Rome. Les enfans du Rhéteur Sedatus exercent la même
profession à Rome et à Narbone. Ausone écrit les éloges
des Professeurs de grammaire ou d'éloquence à Bourdeaux et
les épitaphes de ses parens. Valentinien II publie une loi d'in-
dulgence en faveur des prisonniers. S. Ambroise commence
son commentaire sur S. Luc, qu'il finit l'année suivante. L'af-
faire des Ithaciens cauSe entre les Evêques Gaulois des brouil-
leries qui durent plusieurs années.
S. Ambroise fait la découverte des corps de S. Gervais et de
S. Protais. Il écrit pour fixer le jour de Pâques l'année suivante,
et finit son commentaire sur S. Luc.
S. Ambroise confère le baptême à S. Augustin et à S. Alipe.
Il vient dans les Gaules demander le corps de l'Empe-
reur Gratien h Maxime, qui le lui refuse. Il fait son commen-
taire sur le Pseaume 118; deux livres sur Abraham; traité
d'Isaac et de l'Ame; un autre du bien de la mort; deux livres
de Jacob et de la vie bienheureuse; un traité de la fuite du siè-
cle ; un autre sur le Patriarche .loseph ; un livre sur les bénédic-
tions des Patriarches; le traité des mystères.
Naissance de S. Germain depuis Evêque d'Auxerre, et de
Vincent depuis Mqjne à Lerins. Les Evêques des Gaules con-
damnent les Ithaciens. Mort de Sibure Préfet du Prétoire.
Pallade remplit une chaire d'éloquence à Rome , où il han-
toit le barreau.
Latinus Pacatus Drepanius prononce à Rome le 19 de Jan-
vier le panégyrique de l'Empereur Theodose. Axius Paulus
Poète et Orateur entretient commerce ,de letres avec Ausone.
Les Poêles Theon et Procule en font de même. S. Ambroise
compose son Hexameron.
Drepane est fait Proconsul d'Afrique. Rufin devient maî-
tre du Palais. Mort d'Afranius Syagrius Poêle. S. Ambroise
tient un Concile à Milan où se trouve Théodore d'Octodure
An de
F Ere vulg.
CHRONOLOGIQUE.
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391.
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393.
394.
et Constance d'Orange, et où Jovinien et sa doctrine sont con-
damnés. Il refuse l'entrée de l'Eglise à l'Empereur Theodose,
et le soumet à la pénitence publique. Il fait un traité sur Elie
et le jeûne. Il travaille à l'explication de quelques Pseaumes.
Mort de S. Just Evêque de Lyon, et de Parmenien Evêque Do-
natiste de Carthage. S. Delphin confère le baptême à S. Pau-
lin depuis Evêque de Noie, et à son frère dont on ignore le
nom. Minerve, Protade et Florentin frères vont à Rome han-
ter le barreau. Retraite de S. Paulin en Espagne. Cassienvade
Syrie en Egypte, et à Sceté. Naissance de Salvien depuis Prê-
tre de l'Eglise de Marseille.
S. Ambroise se trouve au Concile de Capouë, et en est l'ame.
Il écrit ses livres des Offices. S. Amand Prêtre de Bourdeaux
lie un commerce de letres avec S. Paulin retiré à Barcelone.
Rufîn est fait Consul avec Arcade , et Préfet du Prétoire
d'Orient. Mort de l'Empereur Valentinien II. S. Ambroise fait
la cérémonie de ses funérailles et prononce son Oraison funè-
bre! I Concile de Nîmes. Mort de S. Phébade Evêque d'A-
gen. S. Severe Sulpice renonce aux vanités du siècle, et prend le
parti de la piété. Il commence à se lier avec S. Martin de Tours,
et S. Paulin de Noie. Dèslors il forme le dessein d'écrire la vie
du premier. S. Ambroise écrit contre Bonose sur la virginité
perpétuelle dé la mère de Dieu.
Drepane est fait Intendant du domaine. S. Ambroise écrit
un traité de l'exhortation à la virginité. Il ressuscite un en-
fant mort à Florence, oîi il se trouvoit. S. Jérôme écrit à Di-
dier Prêtre d'Aquitaine, qui prie le Saint de traduire en latin
le Pentateuque sur l'hébreu. S. Severe Sulpice quitte l'Aquitai-
ne et se retire vers Toulouse. Protade exerce la Préfecture dans
Rome. S. Amand Prêtre, puis Evêque de Bourdeaux, con-
sulte S. Jérôme sur diverses difQcultés de l'Ecriture. S. Paulin
est ordonné Prêtre à Barcelone.
Mort du Poëte Ausone dans une grande, vieillesse. Sancte
Poète Chrétien commence à se faire de la réputation, et entre-
tient commerce de letres avec S. Paulin. Vigilance entre en
liaison avec les hommes les plus célèbres de son siècle. S. Jé-
rôme dédie sa traduction de la Genèse au Prêtre Didier, qui
entreprend un voïage en Palestine pour voir ce saint Docteur.
S. Paulin se retire à Noie avec Therasie sa femme pour le reste
de ses jours. Il fait le panégyrique de l'Empereur Theodose.
Naissance de Fauste, depuis Abbé de Lerins et Evêque de Riez.
Tome I, Sec. Part. h 1 l
Au de
VBrt vulg.
395.
450
TABLE
396.
397.
398.
399.
Mort de Hufm Ministre d'Etat le 27 Novembre. S. Ambroi-
se prononce l'oraison funèbre de l'Empereur Theodose. Vigi-
lance fait le voïage de Noie auprès de S. Paulin, et peu de
tems après estordonn*^ Prêtre. Florentin est fait Préfet de Ho-
me le 14 de Septembre, et cohtinuë de l'être au moins les deux
années suivantes. S. Honorât quitte les Gaules et se retire eu
Grèce avec S. Caprais. Mallius Theodorus Préfet des Gaules
travaille à y faire fleurir les sciences.
S. Ambroise fait un traité contre l'avarice, sous le titre de
Naboth de Jezraël. Vigilance va en Palestine visiter S. Jérô-
me, à qui il porte le panégyrique de Theodose composé par S.
Paulin de Noie. De Palestine il passe en Egypte, et revient par
la Palestine dans les Gaules. Vincent succède à iheodore dans
la Préfecture des Gaules, et exerce cette charge jusqu'en 400.
Mariage de Paulin surnommé le pénitent.
Mort de S. Ambroise le 4* d'Avril, et de S. Martin de Tours
le il* de Nov. Gallus disciple de ce dernier se retire avec un au-
tre moine auprès de S. Severe Sulpice. Vigilance de retour dans
les Gaules commence à y dogmatiser, et écrit contre S. Jérô-
me, qui lui répond par sa letre 56*' adressée au Prêtre Ripai-
re, qui lui avoit fait savoir les invectives de Vigilance. S. Sé-
vère Sulpice écrit la vie de S. Martin dès le vivant même de ce
Saint, et l'adresse au Prêtre Didier. Cette vie passe en Italie,
Suis en lUyrie, en Afrique et en Egypte. Après la publication
e cet ouvrage, S. Sulpice écrit cette même année ses letres à
Eusebe et à Aurele pour supléer à cette même vie. Minerve
exerce cette année-ci et la suivante la charge d'Intendant du
domaine. Posthumien fait un voïage en Orient et en Egypte. Cas-
sien retourne à son Monastère de Bethléem, puis delà dans le
désert de Sceté. Naissance de S. Loup depuis Evêque de
Troïes.
Pallade quitte la profession de Rhéteur qu'il exerçoit à Ro-
me pour entrer dans quelque charge. S. Sulpice écrit sa letre
à Baasule sur les circonstances de la mort de S. Martin. Nais-
sance de S. Maxime depuis Evêque de Riez, et de S. Prosper
défenseur de la grâce de J. C.
Mort de Tétrade Poète satyrique. S. Augustin réfute l'écrit
de Parmenien Evêque Donatiste de Carthage contre Ticone.
Naissance de Pallade Poète et Philosophe, et d'Avile depuis
Empereur.
I 1 J
A H lie
l'Ere vnlij.
400.
CHRONOLOGIQUE.
4SI
S. Sulpice forme le dessein d'écrire, et commence à mettre
la main à son histoire sacrée. S. Paulin de Noie compose son
poëme 21* sur le naufrage de Martinien. Gassien sort du désert
de Sceté, et se retire à Gonslantinoplé, où il est fait Diacre dans
la suite. I Concile de Turin en faveur de la paix des Eglises des
Gaules. Procule de Marseille y assiste avec quelques autres Evo-
ques Gaulois. Sulpice Alexandre publie une histoire où il inse-
ra beaucoup de choses qui regardoient la nation des Francs.
FIN DE lA TABLE CHRONOLOGIQUE.
L 1 1
U
NOTES. 453
NOTES
ET OBSERVATIONS DIVERSES
SUR LA SECONDE PARTIE OU TOME PREMIER.
I.
ÉTAT DES Lettres. Page 37; ligne 26.
Cest ce que S. Martin, en particulier, ténungna par ses instances auprès
de Maxime.
Le passage de Snlpice Severe qui nous appVend cela, mérite d'être cité
comme un témoignage de l'esprit véritablement chrétien de l'Eglise, dans ces
premiers temps : «Tum Martinus non desinebat... Maximum orare ut san-
guine infelicium abstineret : satis superque sufficere ut Episcopali sententia
haeretici judicati , Ecclesiis pellerentur : novdm esse et wauwtum nefas , bt
CAUSAM EccLEsiiB judex sœculi judicaret. Quodusque Martinus Treveris fuit,
dilata (Priscillianorum) cognitio est, et mox discessurus, egregia authoritate à
Maxime elicuit sponsionem , nil cruentcm in reos constituendum. Sed postea,
Imperator... a mitioribus consiliis deflexus causam praefecto Evodio, viso
acri et severo permisit. Qui Priscillianum gemino judicio auditum, convictum-
que maleflcii, nec diffitentem obscœnis se studuisse doctrinis; noctumosetiam
tnrpium fœminarum egisse conventus , nudumque orare solitum , nocentem
pronnnciavit... > {Sulp. Sev. Historiœ Sacra, lib. ii, 1647^ in-S**, page 449.)
(i«. «•)
3 0
454 NOTES.
IL
Saint Retice. Page 62. Note.
La méprise reprochée au Moreri de 1723, ne se retrouvoit déjJi i)lus dans
'édition de 1732, et l'article Retice fut enticreraeul refait dans le supplément
de 1735. rédigé par l'abbé Gouget. (n. e.)
m.
Lactance. Images 63-92
I/édition des œuvres de Lactance in-folio faite à Venise' en 1 472, dont nous
itibi., cxq. I. 1. avons parlé sur l'autorité de M. Du Pin . pourroit fort bien être 'la môme que
!'• •* celle de Rome de la même année et en même volmne . qui est marquée dans
la Bibl'wtheca exquisitissimn , file. Mais celle-ci ne «mtieni , suivant le tili'c
([«e les institutions de l'Auteur. Nous avons oublié d'avertir que M. Le Brun
des Mareltes, à qui le Public est redevable de la deriiii^re édition de S. Paulin
de Noie, en avoit pirparé une de toutes les œuvres de Lactjince , à laquelle
nous l'avons vu travailler en 1724. Mais il ne paroit |»as qu'elle ait été mise
encore sous la presse.
On nous fait encore observer que la traduction françoisc du liviv de Lac-
lance sur la mort des Persécuteurs, que nous avons attribuée à M. Burnet, a
été faite sur la traduction angloise que; celui-ci en avoit publiée , avec mo
longue i)réface sur la matière de la persécution. Elle fut iîr.primécî à Uln^chl .
en 1687, in-12, mais après que la traduction angloise eût paru à Amsterdam
en même volume. ;1)om Rivkt. Tome IL 1735. Avei-tiss., page xvi.)
— Dans la secxmde {«rtie de ce volume, où s*-. trouv(!nl l'iiistoire de Lac-
tance et la discussion de ses écrits , nous y marquons, pages 69 et 70. quei-
i»u Vo..".. itii.i.p. ques éditions particulières de son traité intitulé : De l'Ouvrage de Dieu. 'Cet
écrit a été traduit en notre langue \m Jean Brèche, avocit au siège presidial
de Toui-s. et sa Iraduelion imprimée à Tours chez îam Rossct, en 1544, X».
Li traduction des institutions du mêm(( auteur, jKir René Famé, dont nous
1)11 y.ni , jtii.i.. |.. parlons à la page 77, ' fut imprimée dès 1344 , in-folio, à Paris, chez (ialiol
Dn Pré et Klienne Ross<'t. C'est ainsi que se nomme ci'l imprimeur, et non
i;:S.
im:>.
NOTES. 453
(las Bossel, comme il s'ost jçlissc p;ir erreur à la môme page. (D. Rivet.
ïoine IV, 1738. Avcrtiss., page xxxviu.)
— A ce grand nombre d'éditions des œuvres de Lactance, dont nous avons
lait rénumération, il faut joindi'c ' celle qui vient de paroilre cette année-ci, Journal dn Sm.,
1741, à Leipsick, cliés Sam. Benjamin Walther, en un volume in-S". Le public ' *''
la doit aux soins de M. Biintkmann, qui n'a rien négligé pour la rendre aussi
exacte et complettc qu'elle puisse l'être. Seulement il est à craindre que le
papier et les caractères ne répondait pas au travail de l'Editeur. Du reste , il
en a revu le texte sur soixante-deux autres éditions, et l'a collationné à cin-
quante-deux manuscrits. Il l'a de plus illustré des notes choisies de ceux qui
ont travaillé avant lui sur le même texte. (Dose. Rivet. Tome VI, 1742. Aver-
tiss., page ii.)
— Parmi les éditions de Lactance dont nous avons jwrlé, il faudra ajouter
celle qui a paru en 1748 , par les soins de M. l'abbé Lenglet dii Fresnoy.
(>:tte édition, préférable à tous égards, à celles que nous avons indiquées, est
iini»rimée à Paris, chez de Bure, sous ce titre : Lucii Cœcilii Firmiani Lac-
tuntii opéra omnia : Editio novissima, etc., in-i°, 2 volumes. (D. Rivet.
Tome IX, 1780. Averliss., p;ige vi.)
— Au grand nombre d'éditions des œuvres de lactance , il faut ajouter
celle-ci : Lucii CceciUi Firmiani Lactantii opéra, editore Nie. Lenglet de
Fresnoy. Parisiis, de Bure, 1748, in-i», 2 volumes. M. Le Brun des Ma-
rettes, acolyte de Rouen, fils de Bonavenlure Le Bmn, libraire de cette ville,
est le véritable auteur de cette édition des œuvres de Lactance. Ce savant
homme, aussi reconimandable par sa piété et par l'innocence de ses mœurs
que par ses lumières et jwr ses travaux literaires, avoit entrepris l'édition des
œuvres de Lactance, et y avoit même mis la dernière main ; mais la mort, qui
l'enleva le 19 mars 1731, dans un âge très avancé, ne lui permit pas de la
donner lui-même au public. C'est cette étlition que M. Lenglet du Fresnoy a
donnée sous son propre nom. 11 est vrai qu'elle lui apparlenoit , ayant acheté
le manuscrit des parens de M. Le Brun. (UD. Poncet, Colomb, Clemencet et
Clément. Tome XI, 1759. Avertiss., page m.)
— En rendant à Le Brun des Marquetés ce qui lui appartenoit, et ce que
Lenglet du Fresnoy, assez lidèle en cela à ses habitudes, avoit essayé de lui
enlever au moins en partie , les continuateurs de Dom Rivet ont montré leur
équité, leur fermeté ordinaires. Les expressions dont ils se sont servi ont été
d'autiinl plus sévères, qu'ils avoient été mieux trompés , en louant d'abord
l'édition qu^ls regardoient comme l'œuvre de Lenglet, mais qu'un examen plus
attentif leur avoit fait reconnoître pour être celle à laquelle Le Brun des Mar-
quetés, mort en 1731, avoit rais la dernière main. On conçoit donc leur dépit
et leur indignation en reconnoissant que Lenglet s'en étoit attribué la meilleure
part, comme on en pouvoit déjà juger par le titre : Editio novissima... cui
manum primam adhibuit J. B. Le Brun, extremam impostiit N. Lenglet
Du fresnoy. Or il y auroit de l'injustice à soupçonner les passions jansénistes
45(> NOTES.
d'avoir dicté le jugement qu'ils portèrent du procédé de Lcnglet. Les Béné-
dictins n'étoient pas jansénistes ; ils se contentoient d'être gallicatis , ce qui
n'est pas tout à fait la même chose, et ils ne pouvoient nourrir des préven-
tions particulières contre Lenglet qui avoit donné des gages aux sentimens
qu'ils pàrtageoient, en publiant, en 1715, une édition irès-augmentée du
Traité de Pithou et de Du Puy sur les libertés de l'Eglise Gallicane. En réa-
lité, Lenglet ne fut pas mêlé aux querelles des Jansénistes et des Jésuites. Il
n'étoit en contradiction déclarée et permanente qu'avec les bonnes mœurs, la
délicatesse des procédés et des sentimens. C'est pourtant un des écrivains
que les Biographies modernes ont le mieux traités ; il est vrai que ses incar-
tades, ses étourderies et son inconduite l'avoicnt fait traîner cinq ou six fois
à la Bastille ; mais la Bastille n'est pas une attestation de probité.
Si l'on pouvoit oublier la conduite de cet homme, quand pour s'insinuer dans
les bonnes grâces des princes légitimes, il avoit rédigé un mémoire contre le
Régent, et s'étoit fait mettre une première fois à la Bastille pour obtenir la
confiance des conjurés qu'il se hAtoit de dénoncer ; si l'on pouvoit oublier
l'infâme diatribe qu'il écrivit contre l'illustre et malheureux Jean-Baptiste
Rousseau, coupable d'avoir refusé de le recommander au prince Eugène et de
payer à Vienne ses dettes ; si l'on pouvoit oublier les livres qu'il écrivit sous
des noms supposés , l'un pour montrer les dangers de la lecture des romans,
l'autre pour combattre ce qu'il venoit d'écrire ; enfin, si l'on pouvoit oublier
les nombreuses éditions qu'il donna des Uvres les plus obscènes, on pourroit
s'écrier avec l'auteur de la Nouvelle Biographie générale : « L'abbé Lcnglet
est le véritable modèle de l'homme de lettres indépendant. » Mais un pareil
jugement auroit fait sourire d'indignation, ou de pitié, les contemporains de cet
homme doué sans doute d'une certaine activité d'esprit, d'une certaine va-
riété de connoissances, d'une certaine habitude d'études historiques et litté-
raires, mais dont la vie fut constamment souillée d'actions immorales. Delort,
dans son Histoire delà détention des Philosophes et Gens de lettres, etc. Paris,
1829, porte de Lcnglet un jugement dont nos J)lographes auroicnt dû mieux
profiter : « Esprit dangereux , brouillon , intrigant, et le plus caustique des
hommes. » Il etoit le fils d'un perruquier de Beauvais.
M. Victor Le Clerc dans la reimprcssion de notre onzième volume en 18il,
a complété la hste des éditions de Lactance , donnée par D. Rivet et ses con-
tinuateurs : 1» celle de Cellarius, Leipsig, 1698, in-8°; — 2° Liber de Opificio
Dd; donné par Goldner, Géra, 1715, in-8°; — 3° Epitomœ divinarum insti-
tutionum, par Davies, Cambridge, 1718, in-8''; — 4° Symposium, attribué à
Lactance, par Christ. Aug. Heumann , Hanovre, 1722, in-8°; — 5° la répé-
tition de l'édition de Walchius, de 1715, Leipsig, 1735; — 6° autre édition
complète, avec un nouveau commentaire de Christ. Heumann, Gottingueet
lena, 1736, 8° ; — 7° Opéra omnia, in-8°, 14 volumes, 1754-1759. Rome.—
8° Texte de Biinemann, 2 volumes in-8°. Halle, 1764-1765 et aux Deux-
Ponts, 1786 ; — 9° Texte de Le Brun et Lenglet , dans la Bibliothèque des
Pères, donnée par Gallandi, Venise, tome IV, et à Wurtzbourg, 2 volumes in-
NOTES. 457
8", 1783. — lO* Cinquième livre des Institutions divines, revu et commenté
parDalrymple et Hayles, Edimbourg, in-8», — !!• parmi les éditions récentes
celles de Besançon, in-8°, 1838.
En 1697, Godescart publia une traduction françoise de la Mort des Persécu-
teurs , Paris , in-8». Drouet de Maupertuis donna celle du premier livre des
Institutions divines, Avignon, 1710. Si l'on s'en rapporte au témoignage de
Lenglet du Fresnoy, Drçux du Radier avoit traduit le traité de la Colère de
Dieu. Ce travail n'a pas été imprimé.
Deux autres traductions de Lactance sont conservées dans la Bibliothèque
impériale, en manuscrit. L'une , n" 1965 , supp. fr., attribuée à Louis Che-
valier, président au Parlement en 1726; l'autre du Président Cousin, traduc-
teur des Historiens du Bas-Empire. Buchon l'a publiée comme anonyme, en
1837, parmi son C/ioù;d« Monuments primitifs de l'Eglise chrétienne, in-S».
Enfin , ajoute M. Victor Le Clerc : » pour le détail des diverses éditions
« de Lactance, que nous n'avons fait qu'indiquer, comme pour celles que nos
« prédécesseurs auroient pu oublier dans leurs notices et leurs suppléments,
« et en général pour toutes les éditions des Pères de l'Eglise latine , on con-
« sultera avec fruit l'ouvrage publié en 1792 et 1794 , par Schonemann, h
« Leipsig , sous ce titre Bibliotheca historico-litteraria Patrum latinorum,
« 2 vol. in-8° de 672 et 1064 pages. » La notice sur Lactance est au tome I,
pages 177-264.
Nous terminerons la série de ces observations, en signalant une excellente
notice sur Lactance insérée dans la Nouvelle Biographie générale ieMUl. Fir
min Didot; elle est de M. B. Aube. (n. k.)
IV.
NAZAmE, page 92, ligne 33.
Saint Jérôme nous le représente comme un des plus célèbres orateurs de son
temps.
S. Jérôme, ou plutôt Eusebe dont S. Jérôme traduisoit la Chronique. Dans
un autre endroit, sous l'année 337 , les mêmes auteurs nous apprennent que
Nazaire eut une fille qui se fit également une grande réputation d'eloquenc* ;
Nàzarii rhetoris filia, in eloquentiapatri coeeqiiatur. {s. e.)
Tom.I. Sec. Part, Mm m
3 G *
458 NOTES.
ORATEin ANONYME. pagO 104.
Depuis l'édition de l'oraison funèbre prononeée par cet orateur, f;ui parut à
jimrnaidi-iSçav., Paris en grec et en lalin, l'an 1616, la pièce aété reimprimée h la suite d'Ku-
1738, p. 45j. j^j.^p^ ^ imprimé k Oxfort, in-8", en 1703, parles soins de M. Thomas Heamc.
M. Haveramp l'a mise aussi à la suite du môme historien , qu'il a pul)li(5 à
Leide, en 1729, in-8°. (D. Rivet, tome II, ilS">. Avcrtiss. , pa^re xvii.)
Leontius. page 106. ligne 1(1.
On lui fit \)()Tter le surnom de lascif
Voici le passage d'Ausone :
Qui colis laelos hilamsqaR lUurRs ,
Qui dies fcslos, joc.i, voln, ludum,
Annuum funcii memora Leonti
Noniinc Thranuin.
iste lasinvns piitliMis vociri,
Nomi^n iniliKnnin |>rol>itnli! vil.'e
Abiiuit iiiiiiqu.iin , quia i,'ralum ail auri'c
Es-icl aiuiias. (N. K.l
MI.
Patere, pag(î 121, ligne 31.
Ses ancêtres de l'académie des Driiidex.
Il semble que le mol académie soit une méprise d'impression, el que D. Ri-
NOTES. 45Ô
vet dut écrire race ou famille; c'est au moins le juste sens du vers d'Au-
sone :
t. !), l>. ST. 78.
En Bajocassis stirpe Druidaram satus ,
Si fama non fallit fiileni ,
Buleni sacratuni ilutis templu gênas ;
El iiide vobis uomina :
Tibi Paiera;
VUI.
Saimt HiLAUiE, |»ages 139-194.
A.U même temi» que notre premier volume est sorti des presses , ont paru
dans le public les derniei-s volumes de la tres-ample collection d'anciens écri-
vains, par Dom Martene et Dom Durand. ' Entre les précieux documens que Man. Aini.. coll.
contient le neuvième tome, nous trouvons sous le nom de S. Hilaire, à qui
l'on ne peut pas douter qu'elle n'appartienne, l'explication de trois Pseaumes, le
quinzième, le trente-unième et le quarante-unième. Les éditeurs l'ont tirée
d'un manuscrit de l'abbaye d'Anchin, qui comprend plusieurs autres ouvrages
du même Père. Celte découverte confirme le sentiment que nous avons établi
d'aprf'S divers sçjvaiis, que S. Hilaire avoit commenté ou expliqué tout le
i'seautier en entier, et nous fait espérer qu'on pourra ihju à peu recouvrer le
reste qui nous manque (t).
A la suite de l'explication de ces trois Pse;iumes, 'les mômes éditeurs ont p. 78. si.
publié un sermon sur Paque dans lequel l'auteur explique le Pseaume cenl-
quarante-neuviéme , et qui leur semble être au.ssideS. Hilaire. Mais quoique
cette pièce soit ancienne, il seroit difficile d'y trouver des preuves non équi-
voques pour appuyer cette opinion. Le manuscrit d'oîi elle a été tirée n'en
l»eut servir, puisque, de l'aveu des éditeurs, il contient d'autres ouvrages étran-
gers à S. Hilaire.
' Bernon , abbé de Richenon, écrivain de l'onzième siècle, cite sous le nom Vm, cii. auccu., t.
de S. Hilaire un traité des Offices divins, qu'il assure avoir lu en France, et 1'^"''^'^ '^'^' ^'
dont il rapporte un passage. M;iis on voit qu'il y est parlé de l'A vent qui pré-
cède la naissance du Sauveur, comme déjii universellement établi dans l'Eglise
et comprenant irois semaines. 11 n'en fiut jjas davantage pour assurer que le
trait<5d'où est pris ce passjtge, n'est point un ouvrage de S. Hilaire de Poitien;.
(1) L'explication de ces trois pseaumes n'a pas été comprise dans le texte des œuvres de
S. Hilaire donné par l'abbé Guillou. {Cotlettio seUcla EccUiiu: palrum). — Paris, Mt'<i.
Havart, 1830, 4 vol. in-8«. (n. e.)
M m m ij
460 NO T E S.
Ce ne fut qu'un siècle environ après lui, que l'on coiiiniençu à voir dans l'E
glise quelques vestiges de cette solennité. D'ailleurs ni S. Jérôme, ni aucun
autre ancien auteur ne nous apprennent que S. Hilaire ait écrit sur celte sorte
de matière. On pourroit ajouter pour fortifier ce sentiment, que le passage
allégué contient une explication du figuier stérile de l'Evangile, qui semble
faire allusion à celle qu'en donne S. Ambroise. (D. Rivet, tome II, 1733. Aver-
tiss., pages xvii, xviii.)
Nous apprenons de quelques nouveaux monumens de lilcrature, que la
belle édition des œuvres de S. Hilaire, Evoque de Poitiers, par Dom Pierre
Courant, a été renouvellée à Vérone en Italie, l'an 1730. Nous nous bornons
à cette simple annonce, en attendant que nous puissions parvenir à voir par
nous-mêmes si cette copie est conforme à l'original, ou que quelque autre
nous en donne une notice suffisante.
On sera peut-être bien aise de sçavoir qu'un ancien Ecrivain, inconnu
d'ailleurs, ne pouvant justifier autrement S. Hilaire de l'erreur prétendue oii
Ton s'imaginoit qu'il ctoit tombé, ea niant que J.-C. eût été sujet à la dou
leur, s'avisa de lui supposer un écrit pour rétracter cette opinion erronée.
S. Bonaventurc (1) atteste que Guillaume, Evéque de Paris, lui avoit assuré
qu'il avoit vu cet écril, dont personne que l'on sçache n'a fait auparavant au-
cune mention, et qu'on n'a point vu paroitre dans la suite. S. Hilaire au reste
n'avoit point besoin d'un pareil expédient, pour se laver d'une erreur qu'il
n'a jamais avancée, et qui n'a paru telle qu'à ceux qui ne se sont pas donné
la peine de bien entendre ses écrits. C'est ce que Dom Courant, son dernier
éditeur, a démontré, comme nous l'avons dit à la page 191. (D. Rivet, t. VI,
1742. Avertiss., p. 11.)
On n'a point parlé d'une lettre de S. Hilaire, que les chanoines réguliers
de Saint-Sauveur de Bologne ont publiée sous le non! de ce saint Evoque,
dans un recueil d'opuscules des Pères latins ainsi intitulé : Veterum Patrum
latinorum opuscula nunquam anteJiac édita. La lettre dont nous parlons se
trouve dans la première partie du second tome de ce recueil, imprimée à Bo-
logne en 1751. Elle est précédée de deux chapitres, dans lesquels l'éditeur,
Jean-Chrysostome Trombelh, abbé de Saint-Sauveur de Bologne, entreprend
de faire voir : 1» Que la lettre est une production de S. Hilaire; 2» Qu'elle a
été écrite à un Evêque. Vient ensuite la lettre ou opuscule de S. Hilaire, qui
est suivie des remarques de l'éditeur et de trois dissertations. Le tout remplit
13S pages petit in-folio, dont le texte n'en occupe que 13. Si la lettre n'étoit
pas de S. Hilaire, il faudroit convenir que celui qui en est l'auteur a bien profité
de la lecture des ouvrages de ce saint docteur. Non-seulement ses pensées,
mais encore ses expressions subUmes et énergiques s'y trouvent dans les so-
lides instructions que contient la lettre sur ce que la foi nous enseigne tou-
chant la divinité de Jésus-Christ, qui est le principal objet de ce petit écrit.
(1) Sur I« [troisième livre du Maître des Sentences, dist. 16, a.t. t, quesl. 1, ad
primum.
m «1 ^
NOTE S. 461
Les observations et les notes dont il est accomiagiié, donnent une jdéc très-
avantageuse de l'érudition des Editeurs. (Dom Poncet, Colomb, Clemencet et
Clément. Tome XI, 1759. Avertiss., p. iv.)
Les continuateurs de dom Rivet auroient pu encore renvoyer au tome 1"
de la Bibliothèque du Poitou, qui est de 1754, et où Dreux du R^idiera un
article sur saint Hilaire, p. 84-99. Mais ce n'est que plus tard, en 1762, que
parut à Rome la dissertation oit le théologien Ange-Marie Feltre de Saint-An-
toine soutient que la lettre imprimée en 1751 n'est point d'Hilaire de Poi-
tiers. Le Père Mansi, dès 1754, dans son édition de la Bibliothèque de Fa-
bricius, t. III, p. 254, ne semble pas non plus éloigné de croire que la lettre
attribuée à S. Hilaire par TromlKîlli pourroit bien être d'un autre écrivain.
Depuis 1759, les œuvres de S. Hilaire ont été publiées de nouveau, de
1785 à 1788, à Wurtzbourg, en 4 vol. in-8», par Fr. Oberthur. Gallandi,
dans la Bibliothèque des Pères, Venise, 1769, t. V. p. 85-93, n'avoit donné
de S. Hilaire que ce qui manquoit à l'édition de Vérone. Le traité des Syno-
des, avec un commentaire, fait partie de la collection des Conciles des Gau-
les, commencée par les Bénédictins en 1789, t. 1, p. 165-183. (M. V. Le-
CLEnc. Réimpression du tome XI. 1841. Note des nouveaux éditeurs, p. 5.)
IX.
Agiuce, p. 203.
Notre bibliothèque impériale possède un précieux fragment du travail d'A-
gricius ou plutôt Agraecius. On y voit que l'auteur a seulement voulu donner
un complément au traité du grammairien Caper, De Orthographia et de pro-
prietatc et differentia sermonum : « Huic ergo Capri libro De orthographia
« ef (te propmtafe eMi/yerentia sermonum, quœdani adjicicnda subjcci. » fonds iaiin,n«740i,
S'il veut ainsi compléter le travail de Caper, co n'est pas, ajoute-l-il, qu'il
prétende en savoir plus que cet illustre grammairien, mais parce que des
acceptions et des distinctions qui sembloient trop bien connues de Caper
pour être signalées, ne sont plus aussi nettement comprises et demandent
des explications qu'elles ne reclamoient pas au temps de Caper. Quant au
fragment d' Agraecius, il diffère beaucoup de celui qu'on a souvent imprimé
dans les collections d'anciens Grammairiens. Dès les premiers mots , l'au-
teur avoit eu soin de donner l'orthographe de son nom : « Agraetius cum
latine scribas per diphtongon scribendum : non ut quidam putant,isij-j/ctMs.»
Le livre de Caper se trouve dans le même manuscrit, lequel remonte au
X" siècle. Je ne crois pas qu'on l'ait jusqu'à présent consulté.
in-4°.
i62 NOTES.
Cii qu'il faut remarquer aussi, c esl que l'ouvrage fut écrit à la pri(>re de
l'evôque Eucherius, auquel Agraecius envoyoit en môme temps le Imté de
Gij'cr. Cet évoque ne peut guère être que S. Eucher, evèque de Lyon. Or si
Eucber n'abandonna la solitude de Lerins pour remplir le siège de Lyon
que vers 434, ainsi qu'on le verra dans la notice qui lui est consacrée, t. 11,
p. 277, il faut en conclure que le grammairien Agraecius n'est pus le ps-ofes-
seur de Bordeaux vanté par Ausone; il laudroit donc rejeter au v' siècle la
notice qui lui appartient. L'epitre adressée à l'cvôciuc Euclicr est toute entière
conservée dans le manuscrit que nous signalons, et n'a pas été connue de
ceux qui ont jusqu'à présent édité lesfragmens d' Agraecius et de Gaper. (N. E.)
X.
Ausone, médkci.n, p. 216, lig. 16.
Le dysiique, dans lequel Ausone nous a|)itieiid que .son pèreparloil bien le
grec et difficilement le latin, est remarquable :
^'urinouc impromptus latio; vent :• allica liiigua
Suflicit culli vc'cibus i.-loiiuii.
("i"esl-h-dire que pour les c;is où il lalloit p;»'!er eloquemmenl, le medicin
Ausone s'en tiroit mieu.\ en grec qu'en latin. M;iis cela ne senb!e-t-il |)as
lirouvcrquesa langue ordin tire, celle qu'il connoissoit et pratiquoit d'enfance,
n'etoit pas la gi'ocque ou 1 1 latine, mais une sorte de ueolatin, provençal ou
gasconisme primitif. (N. E.)
Xi.
IVLlKCBL, UÉUDCJN, p. 217.
Les Biographies universelles n'ont pas compris ce médecin àms leurs no-
menclatures. (N. E.)
N'OTES. i(i3
s. Ji ST. p. 22(».
L'argumen talion de Dom Rivet coiilre du Bouchel et Bollandus qui ailri-
buent une vie de S. Hilaire à S. Jusl son disciple, ne seml)ie pas ligoureusi;.
D'alwrd il ne s'agit pas, connue le dit dom Rivet, de deux vies distinctes de
S. Hilaire, mais de deux livres de la mAme vie, dont le préaml)ule semble
bien annoncer un écrivain presque contenipoi-ain du sjùnt evéque de Poitiers.
Puis suffit-il que cette vie laisse à désirer la mention de (juehiues evencmens
qui se nillurhent à la vie de S. Hilaire, comme l'affaire de Saturnin d'Arles
cl c«lle d'Auxence, pour refuser d'admettre qnc S. Jusl en soit l'auteur? Ces
oulilis ne sont assurément pas plus faciles ii justifier de la paît de Venancc
l-'ortunat. \\ semble donc assez naturel d'admettre que Forlunat ait écrit le
second livre des miracles tout entier, el qu'il yr. soit consente de retoucher le
premier livre, œuvre d'un auteur plus anc-ien. (N. V,.)
xin.
EiTilovE. p. 220, 234.
.L'édition d'Entrope de 1552, dont nous avons fait mention,' parut à Basic jour, d.s Svarans,
sur le modèle de celle de Vinet; el «-elle qu'en avoil publiée Cellarius fut re- "•^^' !•■ *•''•''
nouvellée à lene* en 1697, in-8". Tannegui le Fevre en donna une à Saumur * /'■-"(.
l'an IWn, en même volume,' avec Aurelius Victor el des notes de s;i façon, inb. .-xq., i. a, j..
Elle y pîirul de nouveau en 1672, et depuis à Londres en 1705. On nous *'•
donne avis qu'il y en eut une autre à Leide l'an 1670, aussi in-S». ' Eutro|K; ^l^"- '*** '^■''*'"'''
publié pitr madame Dacier servit de modèle à l'édition qui en fol faite in-H"
à Oxfort l'an 1696. Celle du môme endroit de 1703, que nous avons déjà
marquée, est l'ouvrage de M. Thomas Hearne, qui l'a revue sur sept manus-
criLs, cl sur les meilleurs imprimés.
Après tontes ces éditions de l'histoire romaine par Enlroi)e,' on en a pu- p. ka.
blié une nouvelle, avec la version grecque de Pae;mins, les notes entières de
Vinet, de Glarean, de Tannegui le Fevre, de sa fille, de Hearne, et les notes
choisies de Sylbnrge et de Cellarius. On y a ajouté Sextus Rnffus, Mes.sala
Corvinus sur la famille d'Auguste, el l'oniison funèbre de ConsUmtin le jeune
464 NOTES.
par un anonyme. Le tout est imprimé à Leide, chez Jean Arnold Laugerak,
i',in 1729, en un volume in-S». On est redevable de celte édition h M. Havcr-
camp, qui l'a fait sur les manuscrits de Leide, et sur celle de M. Heame, et
l'a enrichie de ses noies et de celles de Christophe Auguste Herraann.
Outre les deux traductions françoises de l'histoire d'Eutrope, dont nous
avons fait mention, un scavanl de nos amis nous en a indiqué une autre, im-
primée à Paris dès 1563, chez Morel, en un volume in-8°. Le traducteur y
est désigné de la sorte : par G. Bourdelois. Il nous paroît avec beaucoup de
fondement que c'est Girard sieur du Haillan, qui etoit de Bourdeaux, et qui
vers le même tems s'occupoit à d'autres traductions de cette nature, oii son
liist. doi'Aca.1. fr., "om se lit sans équivoque. ' En 1621, Nicolas Faret, qui fut depuis de l'A
i. 2, p. 402. cadémie fhinçoise, donna une autre traduction d'Eutrope, qui fut imprimée à
Paris in-18.
['
Suivant la remarque du même sçavant, il y eut une édition d'Eutrope faite
à Milan dès l'an 1478, en un volume in-folio, oh se trouvent joints Suétone
et les auteurs de l'Histoire d'Auguste. (Don Rivet. Tom. IL 1738. Avertiss,,
p. XVIII, XIX.) /
A la page 231 de ce premier volume, et aux pp. 18 et 19 de l'avertisse-
ment à la tète du second, nous donnons la liste de plusieurs traductions fran-
çoises de l'histoire d'EuTROPE. Du Verdier nous en fournit une qui paroît
avoir précédé toutes les autres. Elle est de la façon de Guillaume Michel, dit
de Tours, et imprimée à Paris chez Michel le Noir en 1821, in-fol. avec les
additions de Paul diacre d'Aquilée. (Dom Rivet. T. IV. 1738. Avertiss.,
p. XXXVIII.)
Voici maintenant la liste des éditions d'Eutrope les plus recherchées, parmi
celles qui ont paru depuis les dernières indications de YHiitoire littéraire.
1. Eutrofnus, cum tnetaphrasi grceca Pœanii et notis var. acceditRufus
Sextus, cum notis diversorum; recensuit, stiasque adnotationes addidit
Henr. Verheyk. Lugd. Bat. 1762, in-8». Edition de la collection Yariorum,
avec un meilleur index et des notes plus nombreuses que dans l'édition àe
1729, donnée dans la même ville d'Amsterdam.
2. Le même, Paris. Coustelier, 1746, in-lS". Remise en vente en 1784,
chez Jos. Barbou, qui en avoit changé le titre.
3. Le même, par les soins de Capperonnier avec le Sextus Rufns, Paris,
1798.
n. 419.
NOTES. 465
Bieviarium historiœ romanœ recensitum et vii'or. doctorum notis vel
mtegris vel sekctis illustratum, adjedis suis, edidit Ch.-Henr. Tzschticka.
Lipsiœ, 1796, tn-8% et 1804, in-8».
5. Eutropii historiœ romanœ epitome. Sexti Rufi Breviarium. Parisiis,
Renouard, 1796, i/i-lS».
6» La traduction grecque de Pîeanius a été de nouveau imprimée et accom-
pagnée d'une seconde traduction en grec moderne par Néophyte Doucas.
Vienne, 1807, 2 vol. in-S".
Voici le singulier titre de la traduction françoise de Michel, indiquée par
Dom Rivet :
L'ancien trésor historial des impériales couronnes de Rome et de toute
l'Italie, traduit du latin d'Eutrope et de Paul, par Guillaume Michel. Paris,
Michel le Noir, 1521, in-foi. goth.
Enfin la traduction citée de l'abbé Lezeau a été reimprimée à Paris chez
Barbou en 1783 et 1804. On doit cette reimpression à de Wailly, qui avoit
revu la traduction de Lezeau, mais qui avoit oublié de rappeler le nom de cet
abbé.
Maintenant pour ne plus laisser rien à désirer aux précieuses indications
bibliographiques de Dom Rivet, il conviendra de lire avec toute l'attention
qu'ils mentent les prolégomènes de l'édition de YYstoire de H Normant, due
aux soins de M. ChampoUion-Figeac. Paris, Jules Renouart, 1835, 8". L'au-
teur de cet excellent morceau de critique littéraire passe en revue un grand
nombre de manuscrits du Breviarium d'Eutrope, et nous apprend à distin-
guer en quoi consistent les additions de Paul Diacre, oii elles commencent,
où elles s'arrêtent, et comment Paul Diacre a lui-même fait deux éditions
distinctes de ses remanieraens, dont jusqu'à présent on ne pouvoit se rendre
compte. (N. E.)
XIV.
VicTORius, page 232.
Il convient de remarquer que c'est Dom Rivet qui semble plutôt qu'Âusone
reprocher à Victorius d'avoir c tourné ses travaux à l'étude d'une antiquité
< stérile et méprisée. » L'idée que le poète bordelais nous donne de ce pro-
fesseur est celle d'un antiquaire , ou archéologue comme on aime mieux
dire aujourd'hui. S'il eût vécu de notre temps, Victorius eiit appartenu à no-
tre École des Chartes, et sans doute auroil sollicité une place dans l'Acadé'
mie des Inscriptions.
Tom. 1. Sec. .Part. N n n
466 NOTES.
IgnoraUs
Assiduo in libris, nisi oiieita lu);eos,
ICxcsas liiii'is opicasquc cvolvcie cliurtas ,
Major quant proniptis cura tibi in studiis.
Quod jus (loixilicuiu, qua' Tudera : sluiuma quod uliin
Antc Numuiii fuenu sacrificis curibus.
Quod Caslur, i.'unclis de Regibus ambiguis, quod
Coijjugis a libris cdiileral Rbuilojif...
.Vola libi polius quam TuUius «l Maro iiosln ,
1:11 quiJquid Lalia roiiditur hisloria...
Ces deux derniers vers ne nous senil)lent pas contenir un reproche; dail-
leurs la mention des livres de l'époux de Rhodoi)e se rapporte apparemment
à quelque livre apocryphe publié sous le nom de cette fameuse courtisane et
qui pouvoit aller de pair avec le faux Darès, le faux Callisthenes et tant d'au-
Ires romans historiques de l'antiquité. Le résulUit des recheiclies de Castor
sur les rois douteux, devoit se trouver dans le livre de ce rhéteur , Xf ovaà
àyvôr,;j.aTa, Cité pal' Apollodopc, tilrc (juc doHi Rivct a traduit assez bien sous
celui i'Iynomnces chronologiques. Voy. l" partie, p. ISl. (N. E.)
XV.
s. Servais, page 243. ligne 18.
Kt ijul csl sans doiUc ou faire remonter trop haut rétablissement de la foi
dans ce diocèse, ou donner trop peu de temps à l'episcopat de ses prem'urs
evéqiies.
U semble (jue don» Rrvcl, moins prévenu contre le premier établissement
(le la foi dans les Gaules, .seroit ici convenu que ces neuf evêques, désignes
comme prédécesseurs de S. Servais, pai- des auteurs qui n'avoient aucun in-
térêt à le faire, témoignoient encore assez bien de cet ancien établisse-
ment. (N. E.)
XVI.
AusoNE, [jage 281. Note.
Cette observation , sur le nom supiwsé de Decius ou Decimus, n'empêche
N 0 T E S. 467
|);is M. Chesurolles, dans la Nouvelle b'wgraphk' universelle, de l'ajouter à
nnix (le Magniis Ausono. (N. E.)
XVII.
I.F. MftvE. pape 291. lifrne C.
Il semble que ïlieodosc st-xprime ici d'une fiçon encore plus dattenst'
pour Ausone : « Qui (\u{ïiistns) illos liaud sciam an acqualiter ac ego te ad-
« niiratus sit; rerle non ampliusdiligebal. Vale. parens. » (N. E.)
XVIIl.
Lr yttyiv.. paires 281. 31 S.
A la fin (le re (pie nous disions, page 300. du sixit^me Idylle d'Ansone.
intitula : « Cupidon attaché à une croix. » il faul ajoulei- ce qui suit. ' Cette Jour. i1p« Sça.,
pièce fui réimprimée séparément à I; Haye, in-S", l'an 1712. avec les notes "' •*■ '"
d'Accurse. de Vinet. de Scriverius. d'un Anonyme. deScdigeretdcBarthius.
à la suite du Perrigilium Veneris.
La première édition des Œuvres d'Ausone, par Jacques Tollius, fut renou-
vellée à Leyde, l'année suivante. 1070. en un volume in-8°, outre celle
d'Amsterdam en 1671. dont nous avons fait mention. (I). Rivet. 1735. Tom. II;
Avertiss., p. xix.)
— L'écrit du poète Ansone, intitulé : le Jeti des Sept Sages, dont nous
rapportons quelques éditions particulières h la page 297, ' a été traduit en Davenlicr, bib.,
françois par Charles Fontaine, parisien, et imprim(5 avec quelques poésies ^''^- '**•
du traducienr, i» Lyon, chez Jean Brotot. l'an lf>55, in-8». (I^iC siême. 1738.
T. rV. Avertiss., p. xxxviii."!
— Dans le dénombrement des éditions du Poëte Auzo^e que nous avons
fait aux pages ."513-318, on a dit un mot des leçons de Joseph Scaliger, sur le
texte de ce Poëte; mais on n'a point parlé de 'l'édition qu'il en avoit dirigée Bib. Aib Mam.
en conférant le texte à deux manuscrits, l'un de Jean du Tillet, l'autre
dEstienne Charpin de Lyon. Cette édition qui est en un petit volume in-2i,
sans notes, sortit en 1603 des presses.de Plantin, qui étoient alors entre les
?« n n ij
i68 N 0 T E S.
mains de Raphlenghen. A la tête se lit la vie d'Âusone de la façon de l'Edi
tenr. (Le même, 1742, T. VI. Avertiss., p. ii.)
— La question du Christianisme on du Paganisme d'Ausone a été longue-
ment et savamment traitée dans le quatrième mémoire du baron de a
Bastie, sur le Pontificat des Empereurs romains. (Acad. des Inscriptions,
T. XV, 1743, p. 126-138.) L'académicien se prononce pour le Paganisme ;
mais la plus forte raison qu'il en donne, c'est que les pièces chrétiennes
attribuées à Ausone ne sont pas de lui et doivent être rendues à S. Paulin et à
d'autres auteurs. C'est un moyen facile de rompre en visière aux difficultés
de la thèse. Il est singulier que La Bastie n'ait pas même cité sur ce point
l'opinion si judicieuse et si réservée de Dom Rivet. D'ailleurs on trouve* dans
son mémoire de curieuses indications sur le nombre et le mérite des manu-
scrits que les premiers éditeurs d'Ausone ont suivis. Tel est celui de la Bi-
bliothèque de Saint-Eustorge qui fournit à Georges Merula pour l'édition de
1494, la plupart des Epigrammes sur les villes célèbres. Tel est celui de
l'abbaye de L'isle-Barbe, dans lequel Simon Charpin, chanoine de Lyon, avoit
trouvé et communiqué à Scaliger VEphemeride, les Parentalia, les Profes-
seurs de Bordeaux, les Epitaphes des Héros, les Epitres d'Ausone à son
père, à Théo, à Paul. La Bastie rappelle encore les deux manuscrits anciens,
mais très-incomplets de la Bibliothèque du Roi, n»' 4740 et 4902.
Le catalogue de la Bibliothèque de S. Gall signale sous le n- S. 259, un
manuscrit remontant à l'année 867, et contenant entr'autres pièces : « Ausonii
c Mosellam, epitaphia, versus. > Deux autres manuscrits des poésies d'Au-
sone sont conservés en Espagne, l'un k Valence, l'autre dans l'Escurial ; mais
celui-ci ne date que du xv* siècle. (Voy. Haenel, Gatalogi libror. mannscript...
Lipsiae 1830, p. 715, 988 et 1002.)
Depuis la belle édition de l'abbé Souchey, ad usum Delphini, Paris, 1730,
signalée par dom Rivet, on n'a plus à rappeler que celle de 1823, Londres,
3 vol. in-8» de la collection de Valpy, n» 55-57. En 1843, M. E.-F. Corpet
a fourni à la Bibliothèque latine-française de Panckoucke, Paris, 2 vol. in-8°,
une traduction plus satisfaisante que celle de l'abbé Jaubert. Paris, Delalain,
1769, 4 vol. in-18.
— Outre les deux manuscrits conservés dans la Bibliothèque Impériale
sous les n°' 4902 et 4740 (aujourd'hui n" 4887 et 8500), et cités par La
Bastie, la même Bibliothèque en possède encore deux autres, l'un no 8284,
qui ne remonte qu'au xV siècle et qui reunit aux Epigrammes de Martial les
plus obscènes d'Ausone; l'autre, n° 7558, olim 6411 '. provenant de la Bi»-
bliotheqne de Colbert et paroissant remonter à la fin du vin* siècle. Il offre la
réunion des Epitres d'Ausone et de saint Paulin. Il y en a cinq de Paulin, et
quatre d'Ausone, mais la première qui commence ainsi :
Omnipotens solu mentis mihi cognite cnlta,
Ignorait malis et nnlli ignote pionim.
semble attribuée à tort à Sanctut Ausonius ; elle est plutôt de S. Panhn. (N. E.^
NOTES. 469
XIX.
Saint Ambroise, pages 325.412.
A h page 341^ où nous parlons de la traduction des traités de S. Ambroisc
sur les vierges et la virginité, il faut ajouter ceci : 'Le P. Duranti de Bonre- Jonr. des Se».,
cneil, Prêtre de l'Oratoire, a traduit de nouveau les mêmes opuscules de ' ' '"' "
S. Ambroise, que Doni Joseph Mege avoit traduites, et y a joint une traduc-
tion de tous les autres du même Père sur la virginité. De sorte que son recueil
contient les trois livres sur les Vierges, et les quatre suivans dont nous avons
rendu compte. Ces sept opuscules ainsi traduits en notre langue sont imprimés
à Paris, chez Jacques Etienne, l'an 1729, en un volume in-12. 'A la tête se p. 5i4.
lit un discours ou dissertation préliminaire, où le traducteur traite de l'anti-
quité des Vierges, du jour destiné pour leur consécration, des cérémonies qui
l'accompagnoient, de la place qu'elles occupoient dans l'Eglise, enfin de la
nature des exhortations que l'Evêque leur faisoit à cette occasion.
La seconde traduction des letres dix-septieme et dix-huitieme de S. Am-
broise, et de la harangue de Symmaque, dont nous faisons mention à la
page 381, 'est l'ouvrage de M. Giry de l'Académie Françoise, et parut à Paris Hist. del-Ac. Fr.
pour la première fois en 1639, in-12. (D. Rivet, 1735. T. II. Avertiss., ' '^'
p. XIX, XX.).
— En 1596, Philippe du Bec, d'Evêque de Nantes devenu Archevêque de
Reims, publia une traduction françoise du traité de S. Ambroise sur les
Veuves , qu'il dédia à la Reine douairière de France. ' Cette traduction est Bib. d« Lyr.
imprimée sous ce titre : Traité de S. Ambroise sur la viduité, etc., avec les
sermons du Traducteur, à Paris, chez Jean Février, en un volume in-8', belle
édition. (Le même, 1740. T. V. Avertiss., p. i et ii.)
— Les manuscrits des ouvrages réels de Saint Ambroise ou qui lui ont
souvent été attribués, sont pour ainsi dire innombrables. Il doit suffire ici
de relever l'indication des textes antérieurs au xii* siècle , d'après les cata-
logues rassemblés par Haenel et les autres catalogues ou exemplaires que nous
aurons pu reconnottre par nous-mêmes. Ainsiles Opéra varia se trouvent à
Orléans, dans un msc. du ix" siècle; à Montpellier, x* siècle; à Dijon, à
Saint-Omer, à Reims et à Douay, xi* siècle.
Orléans a le livre De lapsu virginis cujusdatn, xi' siècle. Montpellier : De
fide, ad Gratianum imp., «• s. Le même ouvrage, à Boulogne, vii« ou viii»
siècle.
De Satiri excetsu. Boulogne, vu* s.
De&pirituSaneto. S. Gall., x«8. -; U — iûm»
3 1
470 NOTES.
De Incarnatione Christi. MonipeWïcr, X' s. S. G.iU., x'sitcle. Vendôme,
XI* siècle.
De Poenitentia. Boulogne, vu'' s. — Oii<îans, xi" s.
Apologia Davidis. Boulogne, vu*" s.
In Luca. S. Gall., ix* ot x* s.
De bono imirtis. S. Gall., x" s.
De Jacob etvita beata, texte grec. Basic.
De Joseph Patriarclia. Boulogne, vii" s.
])e Benediclione Patriarcharum. Boulogne, vu s.
Dans la Bibliothèque Impériale, les manuscrits qui nous ont paru mériter
d'être signalés sont :
Fonds latin.. — N" 1646. xi« siècle. Deux homélies.
N°1718. IX* siècle. L'//exameron ; le début manque.
N» 1719. XI" s. ],'He^ameron. — Le De Officm. — Les livres De Jsaac.
— De Bonomoi-tis. — De Fuga mculi. - De Jacob. — De Maehahœorum
passione. — De ParadiKo ïerrestri. — De amxolatinnc Valentiniani . —
Epittola ad Vercellfmes. — Liber pastoralis. — De Mnnteriis. — De Saera-
mentis.
N" 1732. ix* siècle, en lettres onci;iles. Livres /)<; EUa. — De Tobia. — Dr
interpellatiojie Job.— David. —Apnlogia David. — DeNabitth. — DeOf-
/îcif-s.
N" 1 733. xi* siècle. Explanationes in psalnws, 1 , 33 à 40, 43, i?>, 48 et 61 .
N" 1740. XI* s. Commentariu.'i in Lucum. — Fides cl carmina lu illius
laudem.
N»' 1743 et 1746. x* siècle. De fide contra Aria non, Ubridiw. — DcSpiritu
Sancto. — De Incarnatione.
N" 1747 et 1750. xi* siècle. DeFide.
N" 1751. XI* siècle. De Virginifale. — De Vidnis. — De lapsu Yirgitm.
— Ad corruptorem Virginis. — De A/)/.sfe)ni.s. — De Sacramentis.
N»' 1760 et 1761. x* siècle. In epistolam PaiiU ad Rnmanoa.
N» 1764. X" s. De festo S. Agnetis.
N» 1770. IX* et x" siècles. Ecriture lombarde. Scripta Ambrosii. — Yita
S. Ambrosii, authore Paulino.
N" 1788. XI* s. Sernu) de S. Petro. — DeinventioneSS. Gervasii el Pro-
thasii. — De Victoria crucis.
N» 1897. XI* siècle. Sermo in Naliritatem B. MarUe. — In nalaliplurimo-
rum martyrum.
N'igiS. XI* siècle. De haac. — De bono mortix. — De fuga saeeuli. —
N 0 ï E S. 471
De Jacob. — De Paradisu. — De consolatione Valentiniaiii. — Ad VerceU
lenses. '
N''2151. xi" siècle. DeSandiss. Tvinilate.
N° 2341 . IX" siècle. Fuies. — De Superbia carnis.
N» 3779. X' s. De SS. Gervado 4t Prothasio.
N" 3780, 3781, 3784/ 3783. xi" siècle. Homilia in Lucam, — In Mat-
thœum. — De perpétua virginitate Deutœ Mariœ. — Adhortatio ad vir-
gines. — Seitnones.
N''4886. xi" s. Liber de lirachmanis tributtis S. Ambrosio.
N» 3343. xi' s. De Jejunio.
Supplément LATIN. — N"»335 t'l33,') bis, xi"s. DeOfficiis. —David. — De
Nabuth. — De Joseph. — De Myslerns. — De Sacramentis. — De Excessu
Salyri. — De Paradiso. — De Isaac.
N° 438. IX" s. Homiliae et Sermones.
N" 394. via' s. Letlres oncial. De Fide.
S.V1NT Germain. — N" 48. ix' s. Ouvrages divers. .
N" 203. viii" s. En lettre lombarde, Vllexameron.
N» 204. IX' s. De Patriurclm. —De Poenitentia. — De Excessu Satyri.—
De Incarnatione. — Epistulae.
N" 206. X' s. Fragmentum de^pirituSanclo.
N" 723. x« s. In Epistula Pauli ad llominos.
N" 726. xi" s. Hexameron.
N» 843. xi" s. De fuga saecuU.
N» 960. virou viiiosiècle ; en letlres onciales. Sermo in capittil , 23 Luc.
N' 1307° ix' ou X' siècle. Contra Novatianum de Poenitentia.
SoiiBONNE. — N" 210. x«s. Commentaire sur le Pseaume 118.
N» 1332. xi« s. De Officiis.
N" 13S3. xi« s. In Psalmum, 118.
Saint-Martin. — N" 73. ix" siècle. De Officiis.
Notre-Dame. — N" 244. ix' s. De Inventione corporum SS. Gervasti et
Prothasii.
PIN DES notes.
TABLE
DES AUTEURS
ET DES PRINCIPALES MATIÈRES
CONTENUES DANS CE VOLUME.
Les Libraires àiant jugé à propos de se servir de deux pi-esses à la fois
pour imprimer t Ouvrage, il a fallu le diviser en deux parties. C'est pour
les distinguer dans cette Table qu'on ajoute un a aux pages de la première
partie, et un b à celles de la seconde. On trouvera joint à quelques chiffres
de la première partie un astérisque *. On l'y ajoute pour distinguer huit
pages, dont on y a répété les chiffres depuis ïa 217 jusqu'à 223.
ABASCAifTE, Médecin i Lyon, p 2S0. a.
Cité par Galien, ibid. N'a écrit qu'en
grec. Votez son éloge, p. 350. a. Pent-étre
le même que Q. Sulp. Abascantas,
p. 251. a.
L. Satr. Abatcantiui, différent d'Abas-
eante le Médecin, p. S50, S51. a.
Àbra, fille de S. Hilaire de Poitiers, p.
140. b. Écrit an Saint dans son exil, p. 142.
b. Ce Saint lai répond et loi enrôle deux
hymnes, p. 154. 6.
Aeadémieieni, lear secte, p. 373. a.
Atadémie, yolei : Écolet.
Accepte, Evéqaeéla de Frejus, p. 311. 6.
S. Achillée, Diacre, disciple de S. Ire-
née, prêche la foi dans les Gantes, p. 226.
•.
C. ^«illtut a écrit en grec des annales
de Rome, p. 132. a.
Actée, affranchie de Néron, son portrait
assez plaisant, p. 193. a.
Adrien, Empereur, sa jalousie contre
eenx qui passoient pour plus savans que
lui, p. 267. 268. o. Adopte Tile Antonin,
p. 278. a.
Aetiui, Htdtre d'Eunomius, ses erreurs,
p. 245. b. S. Servais de 'Tongres écrit
contre loi, ib.
Tem. I Part. II.
X.m. jEonia, femme d'Ansone le Médecin,
et mère du poète de même nom, p. 58.
213. 282. 6.
Dom. An*, célèbre Avocat à Rome,
p. 133. 181. a. Y Toit Quintillien au nombre
de ses disciples, p. 182. a. Y est éleTé à
de grands honneurs, p. 181. a. Vo'iez son
éloge, p. 181 . 184. a. Ses écrits, p. 185.
186. a.
Agit, colonie des Marseillois, p. 46. a.
Agen, fondation de cette Eglise, p. 308.
a. Grands hommes qui en sont sortis, 6.
p. 137.266.6.
Agrèc'e, Evèque de Trêves, assiste au
Concile d'Arles en 314, p. 53. b.
Agréée , Evèque dans les Gaules att
Y* siècle, p. 203. b.
Cen. A. AcBicios, on Acr^tius, Rhéteur,
p. 202. 6. Ses grandes qualités. Voïez son
), p. 202. 203. 6. Ses écrits, p. 203. 6.
Cn. Jnl. Agricola, Gouverneur de la
grande Bretagne, p. 219. ' a. Sa naissance,
p. 219. 320 ' a. Ses études, p. 220. ' a. Il
donne sa fille en mariage à Tacite l'Historien,
p. 221. ' a. Etablit les études dans la
grande Bretagne , ibid. Votez son éloge,
p. 219. 222. ' o.
Agrotas, Avocat, ne plaidoit qu'en Grec,
p. 133. a. Son éloge, p. 149 a.
Ooo
47i
TABLE DES MATIERES.
Ainai, Eglise collégiale à Lyon, autrcfoiii
abbaïe, d'où lui viunt son nom, p. t3T. u.
Albi, comment fat fondée l'Eglise de
cette ville, p. 307. a.
Albutia, maîtresse du Pétrone, nuJ con-
fondue avec Albucilla, p. 191. 192. a.
illctUamdi'afaitrclogedelamort, P.275.U.
Alcime , Historien , Uratenr et Poëtc,
p. 136. 6. L'intégrité desesmujurs.p. 137. t.
Ses talcDS pour les letros, ili. V'uïez son
éloge,p.l3C. 138. 6.Ses écrits, p. 137.138. h.
il/cinuûs, SOS absurdités réfutées parCaïos,
p. 3(30. a.
Alcmœon , le premier philosophe qui a
écrit sur la nature, p. 371. a.
S. Alexandre, disciple de S. Pothin,
p. 332. a.
Alexandre , Médecin de profession, tra-
vaille avec fruit à étendre la religion chré-
tienne dans les Gaules, p. £25. a.
Alexandre , surnommé Pliilalethe , cé-
lèbre Médecin, p. 208. a.
Alexandre de Scleucie, disciple deFavo-
rin, p. 269. a.
Snlp. Alexandre, Historien, en quel toms
ilvivoit, p. 428. 429. 6. Voïe.z son éloge,
ib. Ce qui nous reste de ses écrits,
p. 439. 6.
S. Alipe, disciple de S. Ambroise, reçoit
le baptême de sa main, p. 336. 6.
Amance, Evùque de Nice, assiste eu 381
au Concile d'Aquiléc, p. 3^4. 6.
S. Aubroise , Evèque de Milan , Docteur
de l'Eglise et Confesseur, p. 325. b. Sa fa-
mille, p. 325. 32(i. b. Sa naissance , p. 326.
6 . Son éducation, ibid. Est fuit Gouverneur
de Province, p. 326. 327. b. Elu Evûquu do
Milan, p. 327. b. Son baplôme, son oi-dinu- '
tion , ibid. Sa conduite dans l'épiscupat ,
p. 328. b. Sa tendresse pour les misérables,
p. 329. b. Sa générosité épiscopale, p. 320.
332. 381. 6. Ses liaisons, p. 35. .328. 329.6.
Assiste en 381 au Concile d'Aquilée, et un
est l'amu, p. 34. b. En tient un autre à
Milan contre Jovinicn, i7>. Rejutlc les Pris-
cillianisles, p. 36. 37. b. lilime leurs adver-
saires les ithaciens, p. 37. 6. Son atache-
mont pour l'Empereur Gralicu, p. 236. b.
Travaille pour lui à divers écrits, p. 236.
237.239. 6. Sa tendresse par Valentinien II,
p. 262. b. Fait son Oraison funèbre, p. 263.
265. 6. Refuse do se trouver aux Conciles
des Evéqoes Gaulois i cause de eurs divi-
sions, p. 265. 6. Est persécuté par l'Impé-
ratrice Justine, p. 330. 331. b. Sa mort, p.333
b. Vuïez son élogf, p. 32.5. 336. b. Ses disci
pies, p. 3.36. 6. Son caraclere, p. 377. ,S78. h.
Ecrits qui restent du lui, p. .336. 391. b. ICcrits
perdus, p. 391. 395. b. Ses écrits suj)-
posés, p. 3!)5. 404.6. Sa manière d'écrire, sa
doctrine, son érudition, p. iOJ. 408. 6. Sa
doctrine sur l'état d(!s unies ;i la sortie de
leurs corps, p. 360.361. 374. 387. 389. h.
Editions de ses œuvres, p. 408. 4t2. 6.
Ambroise, Préfet des Gaules, {xire du
Saint du même nom, p. 326. 6.
L'Ami-, sa nature, p. 69. 6. Son origine,
p. 162. b. Son immortalité soutenue jKir les
anciens Gaulois, p. 9. 34-37. o. Qui ren-
seignent à Pythagore, p. 10. 37. a. Etal de
l'ame des Juslus après leur sortie des corps,
p. 360. 361. 374. 376. 387. 389. 6.
Ammimius, Auteur qui a écrit sur la pro-
priété des mots, p. 283. a.
A.MSTASE, Grammairien, euseignu à Poi-
tiers, p. 206. 6.
Anaiimiindre , inventeur du g/iomon ,
p. 271 . a. Composa le premier une géographie
générale, ibid.
Ancyre, il s'y tient un Concile en 35,
p. 29. b. On y rejette la seconde fornmle
de Sirmich , ibid.
S. Anduche, Prêtre, travaille à étendre
la foi dans les Gaules , p. 225. 294. a. Ou
écrit ses actes, p. 294. a.
Angers, fondation decette Eglise, p. 309a.
Les Anges connaissent tout jusqu'à nos
pensées, p. 178. 6. Leur ministère s'étend
■X tout, ibid. Tout le monde eu est rempli ,
ibid. Opinion particulière do Lactance snr
les Anges, p. 85. 86. 6.
Les Anges Gardiens , lenr intercession et
leur culte, p. 3^45. 6.
Aiiijuulême , fondation de cette Eglise,
p. 308. u. Son premier Evoque, t6»d. Ecoles
de cette ville, p. 17. 244. o. 418. 419. 6.
Tétrade y enseigne les belles letrus, p. 17.
418. 6.
Annibalien, frère de Constantin le Grand
en exil à Toulouse, p. 97. b.
Auuibaliea, fils du précèdent, étudie à
Toulouse, p. 127. 6.
Anontme, , Poëte Chrétien, étoit d'Aulun,
p. 95. 6. En quel tems il a vécu, p. 96. b.
Son poëme, p. 95. 97. b. Voies son éloge,
ibid.
Anonyme, Orateur Grec , p. 102. 6. Pro-
nonce à Arles l'Oraison fuuebre de Constau-
TABLE DES MATIERES.
175
Un le Jeune, p. lOS.d. Etoil Chrétien, p. 103.
10(. /). Quelle étoit son éloquence, cotes son
éloge, p. 102.10*. 6.
AîiON-ïiE, Panégyriste do l'Empire, p.50. 6.
Prononce deux li:irangues à la louange do
Constantin le Grand, p. 51. 6. Editions do
ces doux pièces , p. 52. f>. vnîez son éloge,
jt.m.ra. ft.
A>(ONYiiE , homme de Ictrcs , préceptenr
de Valvntinien II, p. 324. 6. viriez son élogo.
p. 324. 325. b.
VAntechrift , son nom, son avènement,
son rogne, p. 3.X1. 345. 367. 368. 393. 399.
a. Opinion assoz, parlicnlioro h son sujet ,
p. 416. ft.
iin((ft«, Colonie des Narseillois, p. 46. a.
Tile Aktoi«!!«, Empereor, son pals, p.2T7.
a. T«msdo sa naissance, tftid.Son édm-a-
lion, p. 278. a. Son éloquence, ibid. Esl
adopté par l'Empereur Adrien, p. 278. a. Est
élevé à l'Empire, ibid. Sa manière do gou-
verner, p. 279. 280. a. Adopte M. Anreleet
L. Verns, p. 279. a. voïez son ologe, p. 277.
281. n. Ses écrits, p. 281. 282.0.
Arrins Antoninns, aïeul maternel de Tito
Antonin, p. 277. n. Kecommandable pour
SCS mceur», p. 277. 278. a. Grand homme
de letre», p. 253. 277. a.
Apellh , disciple de Marcion, a beanconp
écrit, p. 406. 6. Erreurs de ses disciples ré-
futées par S. Ambrnise, p. 337. 6.
Ar. Aper, Préfet du prétoire , donne sa
nile en mariage à l'Emp. Namcrien, p. 414.
a. Sa cruauté et son suplice, ib.
Marcns Aper , Orateur célèbre, brille à
Rome dans le barreau, p. 133. 218. a. Est
élevé à do grands honneurs, p. 218. a.
Grand partisan <lc la nonyclle éloquence,
p. 219. 222. a. votez son éloge, p. 218. 219.
a. Est Auteur du dialogue sur la corrup-
tion du l'uloquence, p. 220. a.
Aur. ApoUinari$, célèbre poëto , p.415.a.
Les ApoUinnristes, leurs erreurs réfutées
par S. Ambroise, p. 394. 395. 6.
Apollon, surnommé Bolcnus, p. 8. a. on
Ténération cheï les Gaulois, qui lui avoicnt
érigé plusieurs temples, ibid.
Aquilée, on y lient un Concile en 381.
contre l'Arianisme, p. 34. 237. 6. Il s'y
trouve plusieurs Ev>iqnes des Gaules, p. 34. 6.
Aquilinus, dont on voïoit autrefois quel-
ques écrits, p. 107. 6.
Vet. Aquilinut, Consul en 286, p. 107. 6.
Aratut d« Cilicie, ses phénomènes tra-
duits par Germanicna, Cioeron et Avienus,
p. 156. 157. a.
Arliitrr, surnom de Pétrone ; votes Pé-
trone.
Arbogatte, Général des armées de Valen-
tinienll, lui âte la vio, p. 363. 6. Livre l'Em-
pire au tyran Eugène, ibid.
Mm. Magnus Arborios, Rhéteur, sa nais-
sance, p. 97. ft. Ses grands talons, ibid. En-
seigne i Toulouse, tfttii. Est appelé à. Con-
stantinople , p. 98. 6. Y meurt, tftid. voi«x
son éloge, p. 97. 98. ft. Ses écrits, p. 98. b.
C.TC. Arg. Arborios, astronome et philo-
sophe, natif d'Antun, p. 58. 6. voïez son
éloge , ibid.
Arborius, Préfet de Rome en 380. p. 99.
b. petit-fils d'j£m. Hag. Arborius, tft.
Archyta$, Philosophe de Tarcnte , axitenr
d'un pigeon de bois qui voloit, p. 271.
272. 0.
L'.<4rtam>m« , sa naissance, p. U.- b.
Gagne presque tout le monde, p. 33. 268.
ft. S'efforce de pénétrer dans les Gaules ,
p. 24. ft. Résistance qu'il trouve de la part
des Evéqucs Gaulois, p. 24. 34. 140. 145.
268. ft. Est condamné dans le Concile de
Paris, p. Xi. 129. 131. ft. Dans celui d'A-
quilée, p. .34. 6. Conciles au sujet de celte
hérésie, p. 25. 27. 30. 34. 115. 119. 143
143. 6. Persécutions qu'elle excite, p. 25.26.
31. 140. 141. 279. ft. voïez les Ariens. S.
Hilaire de Poitiers fait l'histoire de l'Aria-
nisme en Orcidcut, p. 170. 171. 6.
Les Ariens , leurs nises, leurs artifices ,
p. 150. 160. 6. Leurs sublilités, p. 161.163.
1<». 6. réfutas, p. 270. 271. 276. 277. 6.
S. Hilaire de Poitiers écrit contre eux, p. 159.
156. ft. Leurs violences, leurs vexations,
p. US. 119. 12S. 123. 135. 150. 169. b.
ArittopUane a fait l'éloge de la pauvreté ,
p. 275. o.
Arlei, Colonie des Harseillois , p. 46. a.
La Rome des Gaules, p. 49. Son éloge, p. 49
103. o. Ses premiers Evêqttes, p. 304. 306,
308. a. D'Arles la foi se répand ailleurs,
p. ."iOO. a. Conciles qui s'y sont tenus, p. 23.
25. 52. 115. 6. Ou y voit une Cour impé-
riale, p. 3. 103. ft. Grands hommes qu'a
produits celte ville, p. 178. 219. 421. 422.
a. 99. 103. ft. Ses Ecoles, p. 243. a.
Artxkos, Jurisconsulte de Narbone, p.219.
a. Va à Rome, d'où il retourne en son païs,
iftid. Ses liaisgns avec le poëto Martial,
votes son éloge, ibid.
Arteme, Evèqae d'Embrun, assiste an
I Concile de Valence p. 309. 6.
0 00 ij
476
TABLE DES MATIERES.
Arlemon, oaArtemas, disciple de Theo-
dote le Corroïeur, p. 259. 379. a, Caïas
écrit contre lui. ibid.
Aiclepiaie, Evèqne d'Antioche et Martyr;
enqnei tems il avion, p. 80. b.
Atclepîade, Auteur Ecclesiastiqne , qni a
écrit sur la providence de Dieu, p. 80. 6.
Jnl. Aiiatieut, l'Orateur Julias Seeandus
entreprend d'écrire sa vie, p. 217. a.
Val. ilitaticut, grand homme de probité
et de courage, son histoire, p. 128. a. On
songe à le faire Empereur à la place de Ca-
ligula, ibid.
Val. Atiaticu$ , Gouverneur de la Gaule
Belgique, p. 129. a. Se déclare pour Vitel-
lius, qni lui donne sa fille en mariage, ibid.
VAêtrologie ennemie de la vérité,p.323. a.
Ataee dans la Gaule Narbonoise, lieu de
la naissance de P. Ter-Varro, p. ^0S. a.
S. Athanatf, Evèque d'Alexandrie, pros-
crit par les Ariens, p. 122. 123. 6. Accusé
par l'Empereur Constance même, p. 122.6.
Sous son nom l'on n'en veut qu'à la foi or-
thodoxe, p. 141. b. son éloge, p. 102. 6.
Eiiléà Trêves, p. 6. 100. b. Avantage qu'en
tire l'Eglise des Gaules, p. 24. 110. A. Est
traité avec honneur par Constantin le jeune,
p. 100. 6. et par S. Haximin de Trêves,
p. 110. b. Attachement qu'ont pour lui les
autres Evèques des Gaules, p. 24. 25. 117.
6. Est rétabli dans son siège par le Concile
de Sardique, p. 111. 6. Proscrit de nou-
veau dans le li Concile d'Arles, p. 116.117.
6. et dans celui de Besiers, p. 118. 119. b.
Défendu par S. Paulin de Trêves, p. 123. 6.
S. Attale, l'un des premiers Martyrs de
l'Eglise de Lyon, p. 231. 291. a.
L'Avarice indigne d'un Chrétien, p. 372.
376. 377. b. Est un monstre dans un Ec-
clesiastiqne, p. 371. b. Laisse toujoursdans
l'indigence, p. 106. a.
Auch, son premier Evique, p. 307. a.
Le Siège d'Eause y est transféré, t6>d. Ses
Ecoles, p. 14. 15. 114. 6. 244. a. Grands
hommes qni en sont sortis, p. 114. b.
Audileur$, origine assez plaisante de cette
dénomination, p. 177. a.
Avenehe, ville des Helvétiens ; on y cdI-
tivoit anciennement les belles letres, p. 131 .
132. 136. a.
Augura, leur profession fort relevée,
p. 29. a. Condanuée par l'Empereur Gon-
ftance , p. 5. b.
Sent. Adgdkinds, Poète célèbre, p. 244 a.
Fait les délices de Rome, p. 2,^. a. Est Con-
sul en 132, ibid. votez son éloge, p. 252.
Z53 a. Ses poésies, p. 253. 254. a.
Auguste passe dans les Gaules, et y éta-
blit les Loix Romaines, p. 57. 58. a.
S. Augustin, Évèque d'Hippone, converti
par les discours de S. Ambroise , p. 328.
336. 6. Reçoit le baptême de sa main, p. 332.
336. b. Adresse quelques écrits à Icaire ,
p. 258. 6. Réfute les écrits de Parménien,
Evique Donatiste, p. 251. 254. 6.
Sex. Rnf. Fest. Avienu$ fait nn abrégé
des provinces du peuple Romain, p. 263.
6. Ledédie à Valentinien II, ibid.
A vitieu, Evéqne de Rouen, tusiste an Con-
cile d'Arles, en 314, p. 53. 6.
Avitien, Médecin, frère du poète Ausone,
p. 213.6.
5. Autone, premier Evique d'Angoulime
p. 308. a.
JuleAusoNE, Médecin, p. 212. 6. Se frais
des routes nouvelles dans son art, p. 213. b.
Passe pour le philosophe le plus accompli
de son tems, p. 213. 214. 6. Est fait pre-
mier médecin de l'Empereur, p. 214. 6.
Elevé à d'autres honneurs, ibid. Sa famille,
p. 213. 215. 216. 6. Sa mort, p. 215. 6.
voïez son éloge, p. 212. 216. 6. Ses écrits,
p. 216, b.
AusoKE, Rhéteur, Orateur et Poëte,p. 281.
6. Sa naissance, t6td. Son éducation, p. 282.
6. Professe les belles letres et l'éloquence i
Bourdeaux, p. 282. 283.6. Est choisi pour
précepteur de Gratien , p. 283. 6. Est élevé
aux premiers honneurs do l'Empire, p. 283.
284. b. Sa réputation, p.385. 6. Ses liaisons,
p. 285. 286. 6. Sa mort, p. 287. b.
Voïez son éloge, p. 281. 289. 6. Son
Christianisme n'est point un problème,
p. 288. 289. 6. Ses principaux disciples,
p. 283. 289. 6. Sa famille , p. 282. 289. 6.
Ecrits qui nous restent de lui, p. 290. 308.
6. Ses écrits perdus , p. 307. 308. 6. Son
génie, son érudition, sa manière d'écrire,
p. 309. 312. 6. Editions de ses œuvres,
p. 313. 318. 6.
Auione, petit-fils par sa mère du Poëta
du mime nom , p. 299. 6.
}ul. Autpex, Oratear de la ville de Reims,
p. 131. a.
S. Auttremoine, premier Evique de Cler-
monten Auvergne, p. 304. a. En quel tems
il vint dans les Gaules, p. 305. 306. a. Ses
disciples, p. 308. a.
S. Amb. Autpert , Abbé de S. Vincent A
Benevent, Antcnr de l'écrit da Combat des
vices et des vertus, p 403. 6.
Autun, ses divers noms, p. 50. a. Son
éloge, ibid. Ses citolens admis dans le Si'nat
de Rome, p. 127. a. Constantin rétablit
TABLE DES MATIERES.
C»
cette ville et l'embellit, p. 3. 14.48. 6. Ses
Ecoles, p. 134. 843. 316. 319. a. 13. 14. 44.
46. 6. Grands hommes qu'elle a produits ,
p. 96. 394. a. 44. 58. S9. 95. 6.
Auxence, Evèque de Milan, fameux Arien,
p. 144. 174. b. Excommunié dans le I Con-
cile de Paris, p. 131. 6. Ses fourberies dé-
couvertes par S. Hilaire de Poitiers, qui écrit
contre lui, p. 144. 145. 113. 114. b. Sa mort,
p. 3Ï7. b.
Auxenee, autre Evèque Arien, successeur
du précèdent, p. 331. 381. 382. b.
Auxerrt, fondât. d« Mtte Eglise, p. 309. a.
B
LK Baptême , ses efléts , ses cérémonies ,
p. 364. 365. b. Eloit anciennement ac-
compagné de la Confirmation et de l'Eucha-
ristie, p. 365. b. Et à Milan, du lavement
des pieds, p. 366. 6.
Barbares, leurs irruptions dans les Gaules,
p. 309. 314. a. Lear conversion i la loi ,
p. 309. 310. a.
Les Bardei étoient Poètes et Musiciens,
p. 25. a. D'oA leur vient leur nom, ib. Fable
touchant leur origine, p. 2. a. Leurs fonc-
tions, p. 25. 28. a. Leurs poésies, p. 26. a.
Estime et vénération qu'on avoit pour eux ,
p. 26. 21. a. Confondus avec les Druides,
p. 28. a.
Bardut, Roi des Gaulois, p. 2. a.
Le Barreau, Séminaire d'où l'on tiroit
les Officiers de l'Empire, p. 68 a. 10. 11. b.
Motifs qui portoient i le fréquenter, p. 68.
69. 136. a. Les Gaulois l'ont beaucoup illus-
tréà Rome, p. 132.133. a.
Batat , grands hommes qu'il a produits ,
p. 212. b.
S. Batile le Grand, en liaison avec S. Am-
broise, p. 328. 6. Celui-ci a beaucoup puisé
dans les ouvrages de l'autre, p. 328. 329.
349. 361.368.406.6.
La Béatitude, on n'en puise la connois-
sanceque dans les livres sacrés, p. 157. 6.
Belenue, nom que les Gaulois donnoient à
Apollon, p. 8. a. Ce qu'il signifie, p. 8. a.
64. 6.
Les Belgei, peuples anciennement féroces,
p. 13. a. Les pins belliqueux entre les Gau-
lois, p. 28. a.
S. Bénigne, Prêtre, prtche la foi dans
les Gaules, p. 225. a.
Berengaude , Auteur d'une explication
des sept visions de l'Apocalypse, p. 400. 6.
Bergame, ville en Italie, bâtie par les
Gaulois, p. 54. a.
Beron, hérétique, ses erreurs, p. 381.
383.0.
Berylle, hérétique Arabe , ses erreurs,
p. 381. u.
Betanfon, ses Ecoles , p. 244. 319. a.
Betiert, il s'y tient un fameux Concilia-
bule, où les Ariens dominent, et la vérité
est opprimée, p. 26. 117. 119. 135. 141. 6.
Bibliothèque in pa\iiii impérial, p. 11. 6.
Sainte Blandine, l'an des premiers Mar-
tyrs de l'Eglise de Lyon, p. 289. 291 . a.
Bla$te, Prêtre de l'Eglise de Rome, se
conforme aux Asiatiques au sujet de la Pâ-
que, p. 241. 339. a. S. Irenée écrit contre
lui, ibid. Déposé du sacerdoce, p. 339. a.
Le Bonheur éternel qui nons est préparé,
p. 359. 6. Belle prière pour ceux qui y as-
pirent , ibid. Les Justes jouissent de ce
bonheur dès leur sortie de ce monde, p. 360.
361.376. 386. 389. 6.
Bonoie , Evèque , ennemi de la virginité
de la mère de Dieu, p. 342. 383. b. S. Am-
broise écrit contre lui, p. 342. 6. Le Pape
Sirice en fait autant, p. 383. b.
Bonote, fils d'an Grammairien, prend la
pourpre dans les Gaules, p. 314. 31S. 321.
a.
Bourdeaux, son éloge, p. 52. a. On y
assemble un Concile contre les Priscillia-
nistes, p. 36. 240. 242. 6. Ses Ecoles, p. 52.
244. 320. a. 13. 63. 65. 106. 107. 113.114.
120. 121. 124. 128. 131. 218. 231. b. Les
Professeurs étrangers y viennent chercher
de l'emploi, p. 13. 6. Grands hommes qui
en sont sortis , p. 320. a. 63. 65. 106. 107.
113. 120. 126. 127. 138. 139.206. 217.218.
220.231. 232.281.420. 6.
Bourgei , fondation de l'Eglise de cette
ville, p. 208. 0.
Brette, ville en Italie, fondée parlesGaa-
lois, p. 54. a.
Les Bretons et les Gaulois ne faisoient
originairement qu'une même nation, p. 11.
a. Ils prennent de cenx-ci dn goût pour l'é-
loqui>nce, p. 69. 134. a. Leurs Druides plus
inhumains que ceux des Gaulois, p. 11. a.
Bas Breton*, leur langue, p. 64. 65. a.
478
TABLE DES MATIERES.
Britant ou Brilton , Evf qno de Trêves ,
assiste au I CoDcilc ilo Valence, p. iU9- li-
c
fyAhort, fonilalion (le l'Eglise de rcttevilli^,
Lp. 30». a.
Caïus , disciple do S. Ircnée, Evêqno des
nations et Docteur do l'Efliso, p. 226. 233.
3ilC. o. Kleve de l'Egliso do Ljon, p. 303.
Xil. a. Son piiï.s pon connu , p. XiH. n. Se
relire i Rome , p. 357. a. V est ordonne
Evfiqne des nations, ihid. Combats divers
lioriHiqucs, p. 303. 30t. a. Ecrit contre l<w
Millénaires, p. 3«>. 3.'JH. a. roïci .son clo^je,
p. 35(i. 338. n. Ses écrits, p. 311. 312. 3.-)H.
300. a.
CaitM, Evoque Arien , excommunié dans
le i Concile de Paris en 361, p. 131. b.
Jul. Calippo, frère d'Ansonc Médecin, ei
oncle du Poêle Ausonc, p. 213. 210. h.
Le Cimlique des Cantiques expliqué par
Origene, p. Ci. ft. Par S. lU^licc d'Autun,
ilnil. Par S. Hilairede Poiliers. p. 1«3. />.
Par S. Ambroisode Milan, p. X». .3!)0. h.
Capiton a traduit, dit-on , en grec, l'His-
toire d'Eutropc, p. 230. 6.
Ant. Caracnlla , Enipercnr, ses divers
noms, p. ,353. o. Sa naissance, ihid. Son
éilncation , ihid. S«îs bonnes et ses mau-
vaises qualités, p. 3.'>3. XH. a. Ses cruau-
tés, p. 331. .?.%5. a. voifz son bisloirc ,
p. 353. 356. a. Sa mort, p. .3.Vi. o. Ses
loix et ses rescrits, p. 356. a.
Caracalles, sorte d'habit (gaulois, p. 35.3. n.
Caractère» à écrire on nsago chez les
Gaulois, p. 12. IG. 20. a. D'où ils leur sont
venus, ibid. Leur flgure, p. 16. a. Quels
étoiont aucieiincnient les caractères Grecs et
Homains, p. IK. a. D'où ils sont venus au\
Grecs et aux Italiens, p. 19. a. Qnols sunt
ceux des Ej,'ypliens et <les (Chinois, ihid.
Les Germains n'en avoient point ancienne-
ment à leur usage , p. 20. a. Différentes
manières de ^teindre les caractères, p. 2.
21. a.
Carautf, savant homme dans la marine,
p. 321 . a. Sa naissance, tViid. Sa haute for-
tune, ibid. Sa mort funeste, p. .'t22. a.
Cardam a fait l'éloon dn Ui Kontte, p. 275 n.
0pp. Caret enseigne dans la Gaule Ci-
.s,-il|iine , p. 33, a.
Cnriu, Km|iereur, .ses mauvaises qualités,
p. .'121 .413. a. S. eh.arge il son propre père.
p. 412. a.
M. Aur. Oariis, Empereur, p. ,32i. a.
Paii.se par lespremicTS honneurs de la Hépu-
hliquo, p. ill. ((.Tient rang entre les huns
et les mauvais Princes ; vuïez sou éloge ,
p. 411. 412. a. Ses rescrits, ses letres, p. 412.
a. Sa vie écrite en vers, p. M~,. a.
Catiuir , mot Gaulois, ce qu'il signifie,
p. lOH. n.
Caste, un des dlsciplis de S. Ambroiso,
p. .^36. /«.
Castou, Rhéteur, p. l.TO. a. Diverses per-
sonnes qui ont porté le même nom, et avec
qui on l'a confondu, p. 150. 151. (i.
Jul. CalapUrtiiiiii, so'ur du Médecin An-
sone, p. 2K9. /(.
Val. Cato, Poète et Grammairien, p. 88. a.
Sa naiss.'incc, ihid. Enseigne la poëlii|uc :l
Homo , p. .'53. HH. a. vaïez son ('lope, p. 88.
no. n. Ses ('ei ils, p. «10. 92. a.
Cnliiii, les Di-^tiques qui portent son nom
altrihm'-s Adivi'rs Auteurs, p. .308. h.
Cécilieii , Evêque do C.irtliage , absous
dans le Concile de Itoine en 313, p. 23. .52.
6. Dan.s celui d'Arles en 314, p. 53. .'U. b.
Le Cèdre, ancictmemeiit fort emploie pour
écrire, p. 23. o.
Les CfVv» ont donné leur nom i la Cel-
libcrie, p. VM. a. Ils sont les mêmes que les
Gaulois; vi>iez Canluit.
La Cdliberit .ainsi nommée des Cel-
tes. Ses liahilaiis, p. 56. a. Savans qu'elle
a produits dans lus premiers tcms, ibid.
La Celtique, pa'is des Celtes ; quelle
étoil .son étendue, p. 63. a. Son ancienne
lan;;ue, p. 62. 65. a.
Le B. Ceraee, premier évt'^ne d'Eause.
p. .'107. n.
Cerintke, fameux hérésiar(iue, ses er.
reurs réfutées par S. Dciiys d'Alexandriit
et |Kir Caïus, p. 346. a.
Céiar fait la conquête des Gaules, p.
67. a.
Cbakhis, Médecin de Marseille, passe A
Ronii!, p. 133. 211. (t. S'y fait de la répn-
Ijiliou, ibid. Se fraie dans .son art des
roules nouvelles, p. 211.212. a. ruiez son
éloge, ihid.
TABLE DES MATIERES.
479
Ch^rmoi/evs, Jurisconsulte du Marseille,
eu que l'on sait do loi, p. ^87. a.
Chartres, fondation de l'Eglise de cette
vill.!, p. 3()8. a.
Le Cil f ne en sin|;uliun; vénération
clii't les Gaulois, p. 3t). n. Avec qnvllit
su{)orstition ils en eucilloient le gui, p.
39. n.
Les Cbiuiiis, leur nianicro d'écrire, p.
l'J. 24. u.
Les Chrcliens, leurs principaux devoirs,
p. 369. 372. b. Les premiers CUré-
tiens écrivoient peu, p. 224. 30U, u.
Pourquoi'/ ibid.
Lu Chritlianisme; voiez Religion Chré-
tienne.
Chrysanle, lu plus fameux sophiste de
•son li.nis, p. 301, b. Ha;,'icien outré,
p. 202. 6.
Ciceron l'Orateur , critiqué par lis
Anciens, p. 218. * L'empereur Claude fait
son apologie contre Asinius Ualtus, p.
173. a.
Cinéas, Ambassadeur ilu roi des Epi-
rotes; trait remarquable de sa. mémoire,
p. 218, b.
La Cire auciuuuemeul fort eu usage pour
écrire, p, S3. a.
CiTARiiij, Grammairien grec, enseigne
à Bourdeau.x, p, 127. 128. 6. Se dis-
lingue par ses poésies, p. 128. b. vou:
sou éloge, p. 127. 129. b.
La Ctze(ur« fort cultivée dans les Gaules,
p. 138. o.
CuiiDE, Empereur, né à Lyon, re-
çoit sa première éducation dans les Gau-
les, p. 132. 133. 166. 3. Le plu» sa-
vant Empereur qu'eût Itume on son siècle,
p. 132. a. Sa vie privée, son gou-
vernement; voie:; son éloge, p. 166.
171. t(. Seneque fait son aputliéosc par
dérision, p, 17U. ». Son savoir, p.
167. 171. 172. a. Ses écrits, p. 171.
175. a.
Clauditu, Traducteur ilea annales de
C. Acillius de grec en laliu, p. 132. u.
Clermont un Auvergne ; le premier
Evêque de celle Eglise, ii. 304. a. Pour-
quoi elle n'est pas érigée en métropole, p.
309. a. De-là la foi se répand ailleurs,
p. 308. a.
Les ColUiget, pépinières ))oar le barreau,
p. 11. b. voïez Ecoles.
Cologne, fondation de l'Eglise de cette
ville, p. 308. a. On y tient, dit-on, un
Concile en 346, p. 108. 109. 6.
Côme, ville d'Italie, bâtie par les Gau-
lois, p. 54. u.
Conciles, leur utilité, p. 240. a. Ma-
nière d'y procéder, ibid. Divers Conci-
les tenus à Ancyro en 358, p. 29. b.
A Aqfiilée en 381, p. 34. 237. 329.
3.30. 378, b. A Arles, en 314, p. «83,
o2, b. En 353, p, 25, 115. 117. b.
A Beziers en ■.i'M, p. 26. 117. 119. b.
A ISuurdeaux en 384, p. 36. 240. 242.
b. A Cologne en 346 , p. 108. 6. A
CousUntiuople en 360, p. 130. 136.
143. 165. b. Dans les Gaules vers 196,
p. 240. 241. o. en 358, p. 27. b. A
Lyon en 198, p. 296. 298. a. A Mi-
lan en 355, p. 26. 116. 119. 6. En
390, p. 34. 38. 382. b. A Nicéc en
325, oi'i il no se trouve qu'un seul Evê-
que Gaulois, p. 21. /(. A Nisme, p. 264.
265. b. A l'aris en 361, p. 33. 129.
131. b. A Uimini en 359, p. 30. 32.
151. 267. 6. A Rome en 313, oA se
trouvent plusieurs Kvêquos Gaulois, p.
23. b. A Saragoce en 380, p. 25. b. A
Sardiquo en 347, p. 85. 111. 6. Sui-
tes de ce Concile, p. 111. b. A Seleu-
cie en 359, p. 33. 142. 143. b. A Trê-
ves contre les Priscilliiuiistes, p. 37. 38.
b. A Turin, p. 426. 428. b. A Valen-
ce dans la Viennoise, p. 209. 211. b.
A l'occasion du jour de la Pàque, p.
241. 296. a. Histoire des Conciles d'O-
rient et d'Occident au sujet de l'Aria-
nisme, p. 150. 153. 171. b.
Coiicordius. Evéquu d'Arles, assiste au
1 ConcUe du Valence, p, 209, 211. b.
Co.^coBDius, Grammairien, ensuignu à
Bourdeaux, p. 64. 6.
Confession de ses péchés établie comme
nécessaire, p. 337. 352. b. Des péchés
même secrets, en usage au II siècle de l'E-
glise, p. 343. o.
Constance, Evèqac d'Orauge, assiste en
374 au Concile de Valence, p. 209. b; on
.381 à celui d'Aquilée, p. 34. b; en 389 on
390, ù celui de Milan, ibid.
Coutlanee Chlore, Empereur, vient rési-
der dans les Gaules, p. 315. a. Choisit la
ville de Trêves iM)nr sou séjour, p. 3. 6.
Etablit le bon ordre dans ses Etats, ibid.
Sou gouvernement pacifique, p. 316. a.
Ranime l'ardeur pour les lettres, p. 3. 44.
46. b. Favorise ceux qui les cultivent, p.
316. 318. a. Loué par Lactance, p, 71. 6.
par l'orateur Eumene, p. 46. 47. 6.
CoHSlanee, Empereur, fils du grand
i80
TABLE DES MATIERES.
Constantin, Tient goorerner les Gaales,
V. 5. 6. Y envoie ensuite Julien les gouver-
ner à sa place, p. 7. 6. Condamne toutes
sortes de divinations, p. 5. 6. Tout dévoue
à TArianisme, p. 115. 118. 6. Trouble l'E-
glise par ses vexations, p. 5. 6. 115. 119.
123. 172. 6. Se porle pour accusateur
contre S. Atbanase, p. 132. 6. Se trouve i.
Arles en 353, et y assemble un Concile, p.
115. 6. En convoque deux autres,
p. 359. a. A Riminiet à Seleucie, p. 30.
6. S. Hilaire de Poitiers lui présente deux
requêtes, p. 149. 164. 165. b. Ecrit une
invective contre lui. p. 166. 167. 6.
Conttancie, fille de l'Empereur Constan-
tin, première femme de l'Empereur Gratien,
p. 235. b.
Conttant, Empereur, vient gouverner les
Gaules, p. 6. 6. Son canctere, ibid. Pro-
tège l'Eglise et les Savons, p. 6. 111. b.
Ennemi des Ariens, ibid. Combat contre
Constantin son frère, et lui dte la vie, p.
101. b.
Cotutantin le Grand, Empereur ; son
éloge, p. 93. 94. 6. Affermit la religion
dans les Gaules, p. 3. b. Y établit la tran-
quillité et le bon ordre, ibid. Y fait fleurir
les sciences, p. 4. b. Embellit Trêves,
Atttun, etc. p. 3. 14. 48. b. Condamne
les Amspices , p. S. 6. Assemble un
Concile à Rome pour juger les Donatistes,
p. 23. 6. Un autre à Arles, p. 23. 52. 53.
II. Loué par Lactance qu'il appelle dans les
Gaules, p. 67. 73. 6. Par l'Orateur Eu-
mene, p. 47. 48. 6. Par un autre Orateur
anonyme, p. 51. 52. b. Exile S. Athanase
à Trêves, p. 100. 6.
Co:tgTANTm le Jeune, Empereur; sa nais-
sance, p. 99. b. Ses heureuses qualités, ibid.
Son courage, p. 99. 100. b. Déclaré César
p. 99. b. Son appanage, p. 5. b. Vient
gouverner les Gaules, p. 100. 6. Fixe son
séjour à Trêves, p. 5. 100. b. Y traite
avec honneur S. Athanase exilé, p. 100.6.
Protège ce Saint et la foi catholique, p. 6.
6. Son genre de mort, p. 101, 103. 6.
toïez son éloge, p. 99. 102. b. Ses écrits,
p. 101. 102. 6. Son oraison funèbre, p.
lOS. 104. b.
CotiêtantinopU tire des Ecoles Gauloises
des Professeurs pour les belles letres, p.
98. 126. 6.
Contubêlantiel défendu contre les Ariens,
p. 398. a. 270. 276. 277. 6.
Le Contvlat comble de l'honneur pour
un parlicuUer, p. 129 a. 284. b. Deman-
doit du savoir et du mérite pour l'exercer,
p. 129. a. Quelle étoit la robe qu'on por-
toit en y entrant, p. 284. b.
Cl. Contentui, frère d'Ansone Médecin et
oncle du Poêle Ausone, p. 215. 216. b.
Corbilon, ancienne ville fort célèbre
dans les Gaules, aujourd'hui inconnue,
p. 49. o.
CoBiNTHE, Grammairien grec, enseigne
dans les Ecoles de Bourdeaux, p. 65. 6.
Cl. CoMM, célèbre Orateur des Helvé-
tiens, p. 131. 132. a.
La Crainte seule ne suftit pas pour ob-
server la loi, p. 176. 6.
Crémone brûlée 200 ans après sa fonda-
tion, p. 216. ' a.
Crikas, Médecin de Marseille, passe à
Rome et s'y distingue par son habileté, p.
133. 210. a. Auteur d'une nouvelle secte de
Médecins, p. 110. Votez son éloge, p. 210.
211. a.
Crispos, Grammairien grec et latin, en-
seigne dans les Ecoles de Bourdeaux, p. 119.
120. a.
Cydimaque, fille de Menecrate et femme
de Zenothemis , son aventure curieuse;
p. 287. 288. a.
Cynthie, maîtresse du poëte Properce,
p. 111. a.
S. Cyprien, Evéqne de Carthage, se joint
aux Evèques Gaulois pour extirper l'hérésie
des Novatiens, p. 310. a. Ecrit i ce sujet i
S. Faustin de Lyon, p. 405. o. Sa lettre 67
n'est point suposée, ibid. not.
Cytherit, une des maltresses du poëte
Cor. GaUus, p. 102. 104. o.
D
Dalmace, frère de Constantin le Grand,
exilé i Toulouse, p. 97. 6.
ûalmace, fils du précèdent, étudie i
Toulouse, p. 127. 6.
Daphmu, Evéque de Vaison, assiste au
Concile d'Arles en 314, p. 53. 6.
Dom. Z)eci(iiana, femme du célèbre Agri-
cole, p. 221. • o.
La Déclamation, exercice autrefois ordi-
naire à tons les gens de letres, p. 69. a.
At. Tiro DcLtHiDios, Rhéteur, Orateur et
TABLE DES MATIERES.
Ml
Poëte, p. 304. b. Ses f^ands talens, 16.
Hante le barreaa, ib. Son inconstance, p.
205. b. Votez son éloge, p. 204-06. 6.
Ses écrits, p. 206. 6.
S. Delphin , Evêqne do Bonrdeanx, en
liaison avec S. Ambroise, p. 35. b. As-
liste en 380 an Concile de Saragoce, ib.
Rejette les Priscillianistes, p. 36. 6. Pré-
side an Concile de Bounleaux où ils sont
condamnés, p. 241. 6.
Demeire d'Alexandrie, disciple dn So-
phiste Farorin, p. 269. a.
Demetrien, disciple de l'Orateur Lactance,
p. 67. 69. 80. 6.
DEHOSTHr?(E, Médecin de Marseille, snr-
nommé Philalethe, p. 208. a. Célèbre chez
les Grecs et les Romains, pag. 133. a. En
quel tems il a vécu, p. 208. a. Voïfz son
Hoge, p. 208-210. a. Ses écrits, p. 209. a.
S. Denys, Evéqne d'Alexandrie , réfute
le^ Millénaires, p. 346. a.
S. Denys, Evéque de Milan, exilé pour
la foi par les Ariens, p. 119. 135. 6.
S. Denys, premier Evèqne de Paris, p.
30t. a. Tems de sa mis.sion dans les Gaules,
p. 305. 306. a. Ses disciples, p. 308. a.
Ses actes, p. 49. SO. b.
Devint, leur profession fort relevée, p.
99. a. Condamnée par les Empereurs
Chrétiens, p. 5. b.
DiE0, sa natare, p. 332. a. Idée de sa
grandeur, p. 278. 6. Il faut s'en rapporter
d lui-même, lorsqu'il s'agit de .sa connois-
sance, p. 156-l.''i9. 6. Comment on en doit
parler, p. 278. b. La première lueur de
salut et tout autre bien nous viennent de
lui, p. 189. b. La eonnoissance du vrai
Dieu est une grâce qui dépend de sa pure
miséricorde, p, 224. a. En quoi consiste le
culte qu'on lui doit, p. 75. 76. 6. Manière
do lire sa parole, p. 157. 337. 6.
Didyme, célèbre Ecrivain d'Alexandrie,
S. Ambroise a beaucoup profité de ses
écrits, p. 406. 6.
Digne, fondation de cette Eglise et ses
Iiremiers Evêques, p. 23. 6.
Dioieore, Médecin, Vicaire d'an Préfet
des Gaules, p. 179. 6. S. Hilaire de Poi-
tiers écrit contre lui, ibid.
Diptyques, ce que c'est, p. 406. a.
DivrriAC , Philosophe d'Autnn, un des
plussavans entre les Druides, p. 96. a. Va
& Rome implorer dn secours pour défendre
Tom. 1. Part. II.
son païs, i5i(/. Foies son
97. a.
ge, p. 96.
Domnin, Evéque de Grenoble, assiste en
381. au Concile d'Aquilée, p. 34. 6.
Domnorix, frère du Philosophe Diviliac,
esprit inquiet et remuant, p. 97. a.
Les Donatistet, quelquefois nommés Par-
menianistes, p. 250. 6. Leur conduite^ t6.
Demandent des Evêques Gaulois pour leurs
juges, p. 23. b. Sont jugés à Rome et à
Arles, p. 23. .'52-54. 6. En appellent à l'Em-
pereur, p. 57. b. S. Optât de Mileve écrit
contre eux, p. 251-253. b. S. Augustin en
fait de même, p. 254. 6. Tienne Donatisto
le fait aussi, p. 253. 6.
Lat. Pac. Drepranius, Orateur et Poëte,
p. 419. 6. Son païs, 419. 420. h. Son talent
pour la Poésie, p. 291. 420. 6. Pour l'élo-
quence, p. 42t. 6. Prononce le panégy-
rique de l'Emp. Theodose, ib. Est élevé il
la dignité de Proconsul, p. 297. 421. 6.
Votez son éloge, p. 419-421. b. Ses
écrits, p. 421-424. b. Ausone lui adressa
quelques-uns des siens, p. 291. 297. 302. 6.
Les Druides, étymologie de leur nijm, p.
30. a. Fable à leur sujet, p. 2. a. Les pre-
miers Philosophes des Gaulois, p. 10. a.
Les seuls savans de la nation, p. 31. a.
En quel temps ils ont commencé à philo-
sopher, p. 10. 30. a. N'écrivoient ni ne
faisoient rien écrire à leurs disciples, p.
20. 40. 41. a. Republique qu'ils formoient,
29-35. a. En quelle estime et quel crédit
ils étoient, p. 31. 32. 34. a. Leurs privi-
lèges, p. 32. a. Leurs fonctions, p. 32.
33. .38. 40. 41. a. Leur culte barbare en
fait de religion, p. 33. 42. a. Aboli par
l'Empereur Claude, 175. a. Leurs assem-
blées générales , p. 34. .39. SO. a.
Leur police, p. .34. n. Leur politique,
p. 33. 36. 37. o. Leur théologie,
p. 34-37. a. Leur morale, p. 37. a.
Leur médecine, p. 38-40. o. Enseignoient
toutes les sciences, p. 38. a. Leurs écoles,
p. 40. 41. o. Leur maniera d'enseigner,
ib. Leurs femmes se mêlent de science,
p. 41. 42. o. Caractères de celles-ci, p. 323.
o. Se méloient encore de divination au
Ill« siècle, «6. La secte des -Druides dura
jusqu'au IV siècle, p. 42. a. Les Druides
Bretons inhumains à l'excès, p. 11. a. Ce
ne sont point eux qui ont instruit des belles
connoissances les Druides Gaulois, ib.
Drusus élevé & Lyon un temple fameux
en l'honneur d'Auguste, p. 137. a.
Les Dryades, quelles elles étoient, p.
323. a.
Mm. Dryadia, tante dn poëte Ausona,
p. 58. 283. b. Jul. Dryadia, sœur dn
P PP
482
TABLK DES MATIERES.
poêle AnsonA, fomnie savante, p. 213.
289. b.
Dryus, quatrième roi dos Gaulois, p.
2. a.
Buumvirat, charge de magistrature; pour-
quoi ainsi nommée, p. ■ii\). 2.10. a.
Dyctis de Crète; l'Empereur CUude fait
multiplier les exemplaires do son ouvrage,
p. 174. a.
Dtnamivs, Rhéteur, p. iM. h. Hante
d'abord le barreau k Bourdeaux, p. 2.32. b.
Puis se retire à Lerida, où il cnsei^'ne, ib.
Votez son éloge, p. 131. 232. h. Ce qui
nous reste de ses écrits, p. 232. 233. b.
Dyname, Patrice, Auteur de la vie dn
S. Maxime de Ries, p. 2.33. h. Cniifumlu
mal-à-prop'is avec le Grammairien ou le
Rhéteur précèdent, ib.
Dyname, Gouverneur de Toscane, fa-
meux par ses fourberies, p. 232. 6.
E
Eaute, ancienne Métropole, sa foiidalion,
p. 307. a. Le siège transféré ;\ Auch, ib.
Les Eccletiasliquea, leurs devoirs essen-
tiels, p. 369. 372. 6. Quel doit élre leur
style, 404. b. Ecclésiastiques usuriers, ex-
communiés, p. 56. b. Doivent demeurer
dans le lieu où ils sont onlonnés, p. .'i4.
ne. b.
Ecules dans les Gaules > à Angoulènie,
p. 244. a. 17. 418. 419. b. A Arles, p.
243. a. A Auch, p. 244. a. A Autun, p.
50. 1.3r>. 243. a. A Besanvon, p. 24t. 319.
a. A Bourdeaux, p. îti. 24 i. 320. a. 13.
63. 65. 106. 107. 113. 114. 120. 121.
124-128. 137. 218. 231. 6. Des Druides, p.
40. 41. a. A Lyon, p. 136. 1.37. a. 177.
216. 243. 319. h. A Marseille, p. 42. 44-
47. 52. 134. 178. 243. o. A Narboniie, p.
49. o. 98. 127. 139. 217. 6. A Orléans,
p. 244. a. Du Palais, p. 10. 6. A Poitiers,
244. rt. 206. 207. 6. A Toulouse, p. 134.
136. 180. 243. a. 14. 98. 127. 139. h. A
Trêves, 136. 244. 316. 317. a. 10-12.
207. 208. b. Dans d'autres villes, p. 126.
130. 131. 134-136. ai3. 0.9. 12. 13. 15.
6.
Eciilf* Clirêlienncs dans les Gaules,
p. 232. 233. 240. 307. a.
Eerilure, voïez : Caraettrex A écrire. Si
elle est nécessaire pour cultiver les sciences,
p. 17. 20. a.
l.'Ecriliirr Sainte; on y distingue trois
sortes de sens, p. 405, 406. 6. Règle in-
dispensable pour en prendre le vrai sens,
p. 161. 16i. 6. Ce qui s'y trouve de diffi-
cile à entendre, ne doit point être critiqué,
3.37. h. Autres règles pour la lire, ib. L'E-
criture et la Traililion, seules sources oii
les Anciens puisoient leur théologie, p.
233. 234. a. Règles dans les Conciles, p.
240. a.
Les Eduent, Autun leur capitale, p. 50.
a. Leur union avec les Romains, ib.
Les Egyptien», leur manière d'écrire, p.
19. 2i. a.
VEglixf, m.arques de la vraie Eglise, p.
74. 75. b. Ses propriétés, p. 160. 6. Elle
est le domicile de la foi, p. 74. 6. Hors
d'elle point de salut, 177, b. C'est chez elle
que se trouve la Tradition pure, .3.32. 343.
a. Et le vrai bonheur, p. 160. b. Elle tire
son triomphe de la contrariété des héré-
sies, i'6. N'a pas besoin de secours hu-
main, p. 173. 6. S'est accrue dans la
persécution, ib. A le pouvoir de remettre
toutes sortes de p(':chés, p. 352. 6. Divisée
au sujet du jour île laPàque, p. 241. 296.
297. a. Obscul-cie par l'Arianisme, p. 30.
33. lKi-119. 123. 142. 143. 267. 268. 6.
Ne laisse pas de briller, p. 33. b.
VEglite Gallicane, son établi.ssement.
p. 125. 126. 223-226. «. Comment elle
s'est formée, p. 301-310. a. L'Eglise Gréque
et la Latine concourent à sa formation, p.
;t04. o. Suit d'abord le rit grec et emploie
la langue gréque, puis le rit latin et la
langue latine, p. .305. a. Ses premiers
Evéques, p. 225. 280. 301. 304-310. a.
Ses premiers Elevés, p. 225. 226. a. Ca-
ractère de ses Ecrivains, p. 239. 240. a.
Devient dès son établissement une pepi-
nirre d'ouvriers Evangeliqnes, p. 226. 307.
a. Son état brillant. 301. 302. a. 22-25. 27-
29. b. Intégrité et pureté de sa foi, p. 305.
a. 23. 24. 28. 6. Etat de sa doctrine au-
III siècle, p. 304. 305. 310. 311. a. Se
si(;nalc contre l'Arianisme, p. 25-29. 129-
! 131. 114. b: Troublée au sujet des Ilha-
ciens, p. 38. 427. 428. 6. Voïei : Les
Evéques Gaulois.
L'Efilise Orientale, triste description de
son état, p. 29. 6. Ses différentes formule»
de foi touchant l'Arianisme, p. 152. 6.
L'fluculion n'est que l'écorcc de l'élo-
quence, p. 239. a.
TABLE DES MATIERES.
483
L'Eloquence, en quoi consiste la vérita-
ble cloqucnce, p. 239. o. Nécessaire |x)ui'
le bien public, p. 144. 218. a. Pour parvc-
nii- aux charges et dignités, p. 06-70. «.
Utile pour la défense do la vérité, p. 66. h.
Maniero de l'enseigner anciennement. 141.
1 13. a. Maxime pernicieuse à l'éloquence,
p. 183. a. Sa décadence, p. 139. 243. 322.
a. Cause de colle ilécadence, p. 139-143. a.
Elle se soùlieul dans les Gaules en même
lems qu'elle tombe ailleurs, p. 243. 322.
417. a. Ancienneiiienl fort cultivée par les
Gaulois, p. 68-70. 126. 127. 132. 133. 'i.
6. 8. 10-17. 21. b. Symbole sous lequel ils
rcpréseutoient, p. 7. «.
Embrun, fondation de celle K^'lis'. p.
23. b.
Emere, ou Eremere, va l)ien Eumcre,
Kvèque de Nantes, assisti^ an I Concile de
Valence, p. 209. b.
EmilieH, Evèquc de Valence et de Uie,
se trouve au I Concile de Valeiict', p. 2icj. b.
Eodal , homme éloquent, p. 309. a.
Velt. Epagathui, célèbre Martyr de Lyou,
p. 289. a. Surnommé l'.^vocal des Ciiié-
tiens, ib. Pourquoi? ibid. Son mérite, p.
289. 291. a.
S. Epieedion, ce que lesAnciemt enleii-
doient par-là, p. 208. b. Oifi'urencc entre
Epicédion et epitapUion, t6.
Epictete; Favorin écrit contre lui, p. 273.
a. Galien en prend la défense, ib.
Epipode, disciple du S. Pothiii, p. 232. a.
Erasme a fait l'éloge de la folie, p.
275. a.
Eratostuene, pliitosopUe et historien,
mal-à-propos confondu avec Eralostliene de
Cyrcne, p. 80. 81. u. Ses écrits, p. Hl-83.
«. Voiez son éloge, p. 80-83. a.
Esope traduit de vers grecs en prose latine
par Titien, p. 4fti. a. 305. 6.
Le S. Etprit, sa divinité établie, p. 348. b.
Eludet, ordre qu'on y observoit ancien-
nement, p. 67. 68. a. VoUz : Les Lelrts.
Loix en faveur des Etudes, p. 8. 9. 11. 12.
h. Loix. contre les Etudes, p. 8. 6.
L'Evangile favorise le progrés des scien-
r^iS, et les sciences fraient le chemin à l'E-
vangile, p. 227. 228. a.
Les 4. Evauijelistes, leurs caractères,
p. 306. b.
Les Eubages, ou Euhages, les mêmes que
les Vates, p. 29. a.
L'Eucharistie contient réellement le corps
et le sang de J. C, p. 344. 3%!. 352. a.
161. 365. 366. 371. 390. /-. Exij,'» de ceux
qui la reçoivent, une vie innocente, p. 366.
b. Ses effets, p. 340. 6. Les Clirétiens la
portoieut avec eux en voïage, p. 347. 6.
Eiici'iicie, femme de l'Orateur Delpbidc,
Su laissa séduhe par Priscillien, p. 36. 205.
b. Son supplice, p. 205. 6. Desaprouvé des
Chrétiens et des païens, ibid.
Euducia, célèbre Poétesse Chrétienne,
p. 303. b.
Les Eoêques, qualités (lu'ils doivent avoir,
p. 382. b. La sainteté de vie et la science
leur sont inilisix'nsubles, p. 161. 6. Leurs
devoirs, p. 328. 369. 372. *. Caractère des
bons Evéques, p. 235. 236. a. Ancienne-
ment ou n'cxigeoit pas d'eux qu'ils sussent
les lelrcs humaines ni les langues, p. 238.
(I. Les seuls Mailtes qui enseignoient les
Chrétiens, p. 23.5. a. Leur manière d'en-
seigner, p. 235. 236. a. Ne doivent être
jugés que par d'autres Evéques, p. 381. b.
Les Lrc.iuen Gaulois. Leur attachement
à l'ancienne doctrine, p. 34. b. Se déclarent
en toute ocasion contre l'erreur, p. 310. a.
M. 35. 6. Ont soin de faire avancer leurs
disciples dans les letres comme dans la
vertu, p. 232. 306. 307. a. Leur manière
deiLseigner, p. 233-240. 301. a. Leur ma-
nière d'écrire, p. 312. 313. a. En garde
conU'o le Novatianisme, p. 310. a. Leur léle
conlre cette hérésie, p. 310. 311. a. En
garde contre l'.Vriauisme, p. 24. 27. 34. b.
Attachés à S. Athanase, p. 24. 25. 6. Sonp-
Vonnés de Sabellianisme, p. 130. b. S'en
juslilienl, p. 130. 131. b. Ilejettent la se-
conde foi Uiule de Sirinich, p. 27. 28. 29. 6.
Excommunient Saturnin cl'.^rles, p. 27. 29.
130. 135. b. Se trouvent au Concile de Ri-
mini, p. 38. b. S'y signalent, p. 31. 6. Puis
tombenl, p. 32. 130. b. Se relèvent de leur
chute, p. 33. 34. 130. 131. 268. b. L'éclat
de leur foi reveille celle des Orientaux, p.
28. 29. 130. 131. b. .\ssistent eu 381 au
Concile' d'Aquilée, p. 34. 6. Et en 390 à
celui de Milan, t6. Consultés par S. Am-
bioise, p. X>. b. En liaison avec le laème
et aveu S. Jérôme, S. Augustin, p. 39. b.
Divisés au sujet dos Ithaciens, p. 38. 265.
b. Eu grande réputation pour la science et
l'intégrité de la loi, p. 23. 2i. 151. 152. 6.
Uel éloge de leur foi, p. 29. b. Vuez :
L'Eglise Gallicane.
S. EuGENK, Martyr prés de Paris, voiez
son article, p. 415. 416. a. Poésies qu'on
Ini attril>ue, p. 416. a.
Eugène déthrone Valentinien le Jeune
p. 333. 6. Condoile de S. Ambroise envers
loi. ibid.
Pppij
484
TABLE DES MATIERES
Eoheue, Oratenr et Panétryrista de l'Em-
pire, p. 316. 317. a. 44. 6. Né à Autun, p.
44. 6. Elevé i la charge de Secrétaire d'E-
tat, p. 318. a. 44. b. Enseigne la rhétori-
que â. Autnn, p. 318. a. 44. 4S. b. Y rétablit
les Ecoles dans leur splendeur, p. 14. 44.
45. 6. Sa générosité envers ce collège, p. 319.
a. Votez son éloge, p. 4i. 45. b. Son rai-
sonnement sur l'union d'Hercule avec les
Muses, p. 7. o. Ses écrits, p. 45-48. 6.
Editions de ses ouvrages, p. 48. 49. 6.
Eunape, Sophiste grec, traite injustement
les Gaulois, p. 6. 6. Se mêle de médecine,
p. 201. 6.
EuHomie, fille de l'Orateur Nazuirc, se
distingue par son éloquence, p. 93. b.
Eunomiuê, disciple d'Aëtius. S. Servais
de Tongres écrit contre lui, p. S45. b. Ses
erreurs, ibid.
Euphrase, Maître des Offices, loué pour
son savoir, p. 19. 6. Sa disgrâce, p. 19.
80. 6.
Val. Lat. Euroniut, gendre du poëte Au-
sone, 382. 6.
S. Eu$ebe,Eyèqne deVerceil, exilé pour
la foi par les Ariens, p. 25, 119, 135. b.
Travaille à rétablir la foi de Nicée, p.
144. 6.
Eutebe, Professeur de belles letres à Bour-
deaux, p. 320. a.
EuTHTHENE, Géographe et Historien, dif-
féremment nommé, p. 78. a. Son p^'s, t6jd.
Ses écrits, p. 79. 80. o. Voiez son éloge,
p. 78-80. a.
Eutrope, Prêtre, qu'on fait disciple de S.
Augustin, p. 223. b.
Eutrope, Historien, son pals. p. 220. b.
N'est point Grec de nation, p. 222. 6. Ni
un Sophiste Italien, ib. Mais Gaulois de
nation, p. 220. 222. 6. Suit la profession
des armes, p. 223. 6. Est élevé à de grands
honneurs, p. 221. b. Ecrit un abrégé de
l'histoire romaine, p. 223. 224. b. Mal con-
fondu avec d'autres de même nom, t6td.
Voiez son éloge, p. 220-224. 6. Ses écrits,
p. 224-227. 6. Editions de son histoire Ro-
maine, p. 227-230. 6. Traductions gréqnes,
p. 230. 231. 6. Traductions francoises et
italiennes, p. 231. 6. Sa manière d'écrire,
p. 225. 6. Son ouvrage retouché et aug-
menté par Paul Diacre, p. 225. 226. 6. Et
par Landolphe Sagax, p. 226. 6.
Eutrope, Grammairien, cité par Priscien,
p. 224. 6.
Eutrope, Proconsul d'Asie, Préfet du Pré-
toire, p. 221. 223. b.
S. Euvert, Evéque d'Orléans, assista au
I Concile de Valence, p. 209. b.
Exupere, Evéque de Cahors, p. 128. b.
Exupere, Evéque de Toulouse, p. 128. b.
Exupere, Prêtre de l'Eglisede Bourdeaax,
p. 128. b.
ExtiPERE, Professeur d'éloquence, p. 127.
b. Enseigne à Toulouse, puis à Narbone,
t6i(j. Sa mort, p. 128. 6. N'a point été
Evéque, ib. Voiez son éloge, 127-128. b.
ARria Fadilla, mère do l'empereur Tile
Antonin, son extraction, p. 227. a.
Proba Faleonia, célèbre poétesse chré-
tienne, p. 303. b.
Favorin, le plus célèbre Sophiste de son
tems, p. 244. 266. a. Sa naissance, p. 265.
a. Ses grands talens, p. 266. a. Ses vola-
ges, >&. Ses liaisons, p. 267. a. Votez .son
éloge, p. 265-270. a. Ses disciples, p. 269.
a. Ses écrits, p. 270-276. a. Ses bons mots,
p. 268. 269. 274. a.
Fadste, Auteur des actes de S. Andoche,
p. 294. a.
Faunfe, femme de Constantin le Grand et
mère de Constantin le Jeune, p. 99. 104.
6. Son caractère, p. 104. b.
S. Fadstin, Evéque de Lyon, son télé
pour la pureté de la foi et contre l'hérésie,
p. 310. 405. a. Ecrit au Pape Etienne et &
S. Cyprien contre l'hérésie de Novatien, ib.
Voiez son éloge, p. 405-406. a.
An. Gai. Fauitina, femme de l'Empereur
Tile Antonin, p. 278. a.
An. Fauttina, fille de la précédente, et
femme de M. Aurele, p. 278. a.
S. Félix, Prêtre, disciple de S. Irené«,
travaille à étendre la foi dans les Gaules,
p. 226. a.
S. Félix de Sanlieu, prêche l'Evangile
dans les Gaules, p. 225. a.
Félix, disciple de S. Ambroite, depuis
évèque de Boulogne, p. 336. 6.
TABLE DES MATIERES.
485
S. Ferreol, Prêtre, disciple de S. Irenée,
prêche la foi dans les Gaules, p. 336. a.
S. Ferrutien, Diacre, disciple de S. Ire-
née, continue à répandre la foi dans les
Gaules, p. 336. a.
Les Figuret de l'Ecriture Sainte établies
par les Pères, p. 313. 34*. 368. 369. 398.
a. 148. 378. 337. 338. 6.
S. Firmin, premier Evêque d'Amiens,
p. 307. a. Ses travaux apostoliques, t&. Son
martyre, ibid.
Les Flamand!, I^ur langue, p. 64. a.
S. Florent, Evèque de Vienne, assiste,
ou préside même an I Concile de Valence,
p. 309. 6.
Flori», disciple de S. Polycarpe, Prêtre
de Rome, p. 338. a. Ses erreurs, p. 385.
a. Déposé du Sacerdoce, p. 338. a. S. Ire-
née écrit contre loi, p. 3;*7-.339. o. S. Hip-
polyte ne l'a point fait, p. 385. a.
Jul. FJortj» de Trêves, différent de l'O-
rateur de même nom qui suit, p. 176. a.
Jul. Florus, Orateur, brille à Rome par
non éloquence, p. 133. o. Passe pour le
Prince de l'éloquence des Gaules, p. 175.
Nal-Â-propos confondu avec Florus l'Histo-
rien, p. 78. a. Vuies son éloge, p. 175-
178. a.
L. An. Jul. Florcs, Historien, étoit Gau-
lois, p. 344, 255-357. o. Les Espagnols ne
laissent pas de le mettre au rang de leurs
écrivains, ib. Son talent pour l'histoire, p.
337. 358. a. Pour la poésie, p. 337. o.
Confondu mal-à-propos avec Florus l'Ora-
teur, p. 178. a. Votez son éloge, 355-357.
a. Son histoire Romaine, p. 358. 359. a.
Kn quel tems il l'a écrite, ib. Editions de
cette histoire, p 360-365. a. Traductions,
p. 364. 365. a. Ses autres écrits, p. 259.
260. a.
La Foi, sans elle point d'actions saintes,
p. 177. 6. Ne se persuade point par la
violence, p. 150. 6. Formule de Foi, voïei :
Formulée. La Foi prise comme religion,
voïez : Religion Chrétienne.
Formules de foi, leur inutilité, p. 34.
166. 6. Préjudiciables à la foi même, p.
163. 166. b. Celle des Orientaux au sujet
de l'Arianisme, p. 153. b. La seconde de
Sirmich, p. 27. 266. 6. Rejettée par l'Eglise
Gallicane, p. 28. 29. 6. Réfutée par S. Phe-
bade d'Agen, p. 28. 366. 269. 373. 273. 6.
Supprimée dans le Concile d'Ancyre, p. 29.
6. Celles qui furent présentées à Rimini,
p. 30. 31. 32. b. Dont l'une y fut signée,
p. 32. 6.
S. Fortunat, Diacre, disciple de S. Irenée,
travailla à répandre la foi dans les Gaules,
p. 226. a.
Les François se jettent dans les Gaules,
p. 314. 315. a.
Frejut, Colonie Romaine, p. 10t. a.
Grands Hommes qui en sont sortis, p. 101.
129. 163. 219. 343. a.
Frigitil, Reine dos Marcomans, convertis
à la foi par S. Ambroise, p. 334. 6. L»
Saint lui adresse un écrit, p. 393. 6.
Fronto Catins, célèbre Avocat sous Tra-
jan, ne doit pas être confondu avec celui
qui suit, p. 384. a.
M. Cor. Fronto, Orateur, le second Maî-
tre de l'éloquence Romaine après Ciceron,
p. 344, 282. a. Son pais, p. 283. a. Est
choisi pour enseigner M. AnreleetL. Verus,
t6. Voiez son éloge, p. 383-384. a. Ses
écrits, p. 384-386. a. Son style, p. 384. a.
M. Aus. Fronto, petit-flls de l'Orateur M.
Cor. Fronto, p. 284. a.
Fronton, fils de l'Orateur M. Cor. Fronto,
p. 284. a.
Fronton de Cirte, fameur orateur, ca-
lomnie les Chrétiens, p. 286. a.
T. Aur. Fulvius, ou Fulvus, aïeul da
l'Empereur Tita Antotiin, p. 130. a. Sa
patrie, ses dignités, ib. Est le premier des
Gaulois qui soit allé s'établir en Italie, ibid.
Aur. Fulvius, Qls du précèdent, loué pour
l'intégrité de ses mceurs, p. 130. a.
G
GAbales, aujourd'hui Mande, fondation de
l'Eglise de cette ville, p. 308. a.
Sex. Jul. GABmunus, Rhéteur, p. 133.
214. a. Regardé comme le Prince de l'élo-
quence, de son tems, p. 215. a. Voiez son
éloge, p. 314. 315. o.
Les Galates sortis des Anciens Gaulois,
p. 4. a. Esprits pesans et grossiers, p. 3.
4. a. Pourquoi? ibid.
La Galatie, la même que la Gallogréce,
p. 55. a. Les Gaulois s'y habituent et lui
donnent leur nom, p. 56. 83. a. Savans
qu'elle a produits anciennement, p. 56. a.
Catien, ses écrits contre Favorin, p. 373.
3 2
m
TABLE DES MATIERES.
a. En faveur de Soerate et d'Epietete, ibid.
Galla, Soeur de Valentinien II, et seconde
femme du Theodose le Grand, p. 361. 6.
La Gallogivce, voïeï : Galatie.
C. .-Elius Ca<(u«, confondu mal-à-propos
avec Cor. Gallus, qui suit, p. 103. a.
Cor. Galliis, céli>bre Poète, p. 101. a.
Natif de Frcjus, non du Friouî, ib. nol.
Grand ami de Virgile, p. lOï. a. Est fait
Gouverneur d'Egypte, ihid. Sa mort, p. 103.
a. Vuiez son éloge, p. iai-103. a. Ses
écrit», p. 101-108. o.
Vib. Gallus, Orateur, fait ladmiration
de Roffle, p. 132. a. Brille dans le barreau,
p. 145. a. Votez son éloge, p. 135. 146. a.
S. Catien, premier Evoque de Tours, p.
304. a. Tems de sa mission ilaiis les Gau-
les, p. 303. 306. o. Ses disciples, p. 309. a.
Gavidiu,i, Evéque en Aquitiiiiie, assiste
au Concile de lUmini, p. 30. b.
La Gaule Cisalpine, ainsi nomiuée d(!s
Gaulois qui la conquirent, p. 54. u. Sun
élimduc, ibid. Se signale dans les lutres, p.
53. 54. a. Grands liommes de lutres qu'ullu
a produits, 54. 53. a.
La Gaule Naibonoisc, voioi : Narba-
noise.
Les Gaules, leur situation ut luur étun-
due, p. 10. o. Leur division, p. 13. a. On
y suit des coutumes 'lifférenles, ih. Mer-
cure y règne et y élablit une louable i)olice,
p. 5. C. o. Los l'Iiocéons s'y (lablissunl et
on renouvellunt la faci;, p. 10. ii. 46. 47.
i«. Y porluut lus maxiiuus des Grecs, p. 42.
43. a. Les Gaules duivuni à la Grèce une
partie de luur politesse et du savoir qu'on
y a admiré, p. 3. u. Lu contraire est une
fable, p. 2. 3. a. l'rogrùsdes sciomos dans
les Gaules, p. 52. 53. m. 126. 127. 130.
131. a. 2. b. Elles sont conquises (lar les
itomains, p. 57^ a. Kpousuut les niaxiinos
Romaines, p. 56-.>8. a. Rome en lire do
grands liommes, p. 69. 83. 86-88. 92. 101.
109. 127. 132-134. a. 13. 16. b. Elles foiir-
nissenl i l'Empire presque Idus les l'ané-
gyrislus du 111, IV et V siucle, p. 317. n.
Forment les premiers avocats de la Grande
Brutugne, p. C9. 134. ». La Religion Ghré-
lionno n'y fut {loint établie an 1 sioil.s de
l'Eglise, p. 125. 126. a. Les sciences y sont
encore tros-florissanles au IV sied'', p. 1.
2. 4. ». 15-17. 18. 6. Les Gaules troublées
par lus incursions des barbares et les per-
sécutions des païens, p. 30!l. 311. u. 2. 7.
b. l'aciTiéus et policées |iur les Empereurs,
p. 3. 7. 6. Qui y établissent leur cour iu-
l)érialo, p. 313. 316. a. 3. 5. 9. b. Elles
tombenl un partage à Constance Chlore,
Constantin le Jeune, Consianl son trere et
à Gralien, p. 5. 6. 100. 6. Etendue de la
Préfecture des Gaules, p. 326. 6. Il s'y
retire de Rome quelques Philosophes, p. 138.
a. L'Eglise des Gaules, votez : VEglisf
Galticane. Ecoles dvius les Gaules : volez
Ecoles. Ecoles Chrélieuocs dans les Gaules,
p. 232-240. o.
Les Gaiiloii lapporteut luur origine i
Mutoo, p. 37. a. La première origine des
sciences parmi eux est incorlaino, p. 1. 2.
5. a. Scnlimens fabuluuv â ce sujet, p. 2.
3. a. Inventés par un Italien, p. 3. a. Ont
néanmoins cultivé lus sci.-nces de temps
immémorial, p. 9. a. Peu|de civilisé qui
avoit do grandes dispositions |iour les
sciences, p. 4. 3. a. Peuple barbare en quel
sens, p. 4. a. Uulliqueux, p. 7. 8. 28. «.
Ingénieux, qui avoit de l'industrie, de
crédulité et de la curiosité, p. 4. 5. a. Né
pour I .^s beaux arts, p. 3. a. Esprits indo-
ciles en quel sens, ib. Su |)erfectionaent
sous lu rogne de Mercure, p. 6. a. Portent
nue vénération parliculiore à ce faux Dieu,
ibid. A Hercule, p. 7. a. A Apollon, Mi-
nei-vis Mars, Jupiter, Pluton ct.i toutes les
autres divinités, p. 8. 28. 29. a. Savans
dans la mythologie, ibid. Luur thuologie
plus subiimu ot plus raisonnable que collo
dos autres païens, p. 8. 9. u. Tonuieiil
l'immortalité de l'àiuo, p. 9. 34-37. a.
Avuiuiit puisé ce soiitimoiil dans la doctrine
dus Palriarclies, p. 9. a. Ont procédé les
Grecs dans la profession do la pliilosupbio,
p. 4. 10. a. Leurs Philosophes, p. 29-33.
(t. Leurs Poiites, p. 25-28. «. Leurs Vates
ou Devins, p. 28. a. Leur republique, p. 31.
34. (i. Leur première Langue, 62-63. a. Ils
on avoieiit trois i leur usage, p. 58. a. La
Latine luur devient naturelle, p. 38. 61. 62.
». Se seiTuient de la Gréquu, p. 47. 58.
61. a. S'apliqnoiunt parliculiuremont à l'é-
loquence, p. 68-70. 126. a. Avoicnt le
talent de parler avec grâce et avec esprit,
p. 7. 8. a. Ne parloieiit que par sentences,
en énigme, par synecdoche, p. 40. ». Don-
iioreiil aux Romains le premier goi'it pour
les boites loties, p. 33. a. Excelloient dans
la médecine, p. 133. ». Fort adonnés aux
divinations, p. S. 6. Uans lesquelles ils
e\cclloient, p. 28. o. N'aimoienl que les
occupations sérieuses, p. 7. b. Avoiont le
secret de l'art de l'écriture, p. 12. a. D'où
ils l'avoient reçu, p. 16. 17. ». Deux dif-
férentes opinions à eu sujet, p. 16. 20. a.
U est plus probable qu'ils l'ont reçu des
Phocéens, t6. Leur première manière d'é-
crire, p. 12. a. S'ils ont écrit autrefois de
la droite à la ifaucbe, p. SI. S2. a. Se
servoient d abord do caractères Grecs, p.
12. 16. 20. a. Puis du caractères Romains,
TABLE DES MATIERES.
487
p. H. 15. o. Forme des anciens caractères
à liMir usage, p. 16. a. N'ont rien laissô
par écrit, p. 3. 12. a. Leurs Ecoles, p.
40-42. 4». 47. 49. 50. 52. 126. 130. 132.
134. 136. 243. 244.* «. 9. 12. 13. 15. b.
Voïez : Ecoles. Eux et les Bretons ne fai-
snicnt oripinairemcnt qu'une même nation,
p. 11. a. S'emparent d'une partie do l'Itîl-
lie. s'y habituent et y bâtissent plusieurs
villes, p. .54. a. Savans qu'ils pourroient
compter en ce païs-là, p. 54. 5."'>. a. Comme
aussi' dans la ('eltiberie et la Galalio, p.
.55. 50. n. Tous leur» savans ne sont pas
connu», p. 70. a. Ils obtiennent le droit de
bourgeoisie Romain?, et entrée dans Is Sé-
nat de Rome, p. 57. 174. a. Moins éloi-
gnés que les autres peuples iilul;Ures de
recevoir l'Evangile, p. 229. a. Pourquoi 'i*
ihid. Ils doivent aux Grecs la première
connoissance de la foi, p. 227. ". No de-
vienrnt Chrétiens que peu à pi-n, p. 300.
a. Cultivent les .sciences au IV siecio avec
un nouvel éclat, p. 2. 4. 6. h. Surtout
l'éloqui-nco et la poésie, p. 6. 8. 10-17. b.
Donnent à l'Empin; beaucoup ))lus de pa-
négyristes qu'aucune autre nation, p. 417.
a. En relation avec les savans des paîs
étrangers, p. 39. h. Insultés p;ir Eun.ipe,
p. 6. /'. Loués par Julien l'Apostat, p.
7. 6.
Aula CflU, disciple du Sophiste Favorin,
p. 269. a. Et de l'Orateur Cor. Fronlo,
p. 283. a.
Gehimos, homme de letres; son pats, p.
247. a. En commerce de letres aven Pline
le Jeune, p. 231 . 247. a. Peut-être le même
que Varius Ueminius, p. 248. a. l'nïez son
«loge, p. 247. 2tX. a.
S. Gênés, Martyr i Arles, p. 421 . 422.
a. Son talent particulier d'écrire en notes.
Voies son éloge, ibid.
Gexnade, Orateur, brille & Rome dans h-
barreau, p. 119. 120. h. Son pats, p. 120.
6. Votez son éloge, p. 119. 12(J. b.
S. Genoul, ou Geitulfe, premier Evèque
lie Cahors, p. 309. a.
Gevijraphet que les Gaulois ont produits
anciennement, p. 71.78.401. a.
Gerbert, depuis Pape Silvestre II, Auteur
du traité de la dignité sacerdotale, p. 398.
.399. b.
Les Germains, frères des Gaulois, p. 20.
a. N'ont eu que tard le secret d« l'écriture
ihid.
Germahicus, César, sa famille, p. 152.
:>,i iiuissance, ibid. Ses grandes actions.
Voïez son éloge, p. 152-1.55. a. Ses écrits
et'leurs éditions, p. i55-l.'i8. a.
Ace. Glvhmo , Grammairien , enseigne
dans les Ecoles de Bourdeaux, p. 107. 6.
Glaucut, Professeur d'éloquence au Col-
lège d'Autun, p. 318. •.
La Glu, remède le plus sacré des Drui-
des, p. .38. a. De quoi ils la faisoient. p.
39. a.
Gnomon, qui en est le premier inven-
teur, p. 271. a.
Gnoftiquet, hérétiques. Yo'i'ex : Mareo-
tiem.
I M. Ant. G^iTPRon, célèbre Grammairien,
son pals, p. 83. a. Enseigne à Rome avec
I réputation, p. 53. 86. a. Votez son
' éloge, p. R5-87. a. Ses écrits, p. 87. a.
Gordien, Auteur de l'Antoniade, p. 281.
I a. Prend la pourpre et le nom d'Augnttc,
\ ihid.
La Grate, sa nécessité, p. 189. 190. 6.
Pomp. Gnvciiin, Dame Romaine, peut-
être soeur de Jul. Gnrcinus qui suit, p.
i 1«>. o.
Jul. Gn.eciMis, Philosophe, p. 163. a.
Fait beaucoup d'honneur au Sénat de
Rome où il est admis, p. 132. a. l'oïez son
éloge, p. 163-l(i5. o. Ses écrits, p. IKi.
lliO. a.
I GraMiiiairirH. idéequ'attachoient les An-
ciens \ celte profession, p. 86. a. 13. 63.
I b. Jani.-iis <Manim:iirien ne lit fortune, p.
{ 206. b. Granmiairions qu'ont produits lits
I Gaules, p. «5. 8«. o. 63-<i5. 106. 107. 119.
127. 128. 203. 206. 207. 217. 218. 231.
j 2.32. h.
I 6't'a(a, Sieur de l'Empereur Valentinien II,
i p. 2il. h.
GlATiETi, Empereur, sa famille et sa nais-
sance, p. 23.'!. h. Ses grandes qualités, p.
233. 2.38. b. Son talent pour les letres, p.
233. 6. Devient Poiile et Orateur, ib. Est
déclaré Auguste, p. 234. b. Gouverne seul
l'Empire d'Occident, ih. De tous les Empcv
reurs le plus favorable aux lelrm, p. 9. 11 .
12. 235. 6. Son zélé pour l'EglLsu, p. 23:,-
2.37. 6. Assemble un Concile à Aquilée, p.
'.H. 237. 6. Engages. Ambroise à lui com-
poser divers écrits sur la foi, p. 236. 237.
2.39. b. Ausoiie prononce son panégyrique,
p. .306. 3U7. b. Vvie» Son ci>ige, p. 233-
239. b. Sa mort, p. 238. 6. S. Ambroise
fait son oraison funèbre avec celle de son
frère Yalentinien, p. 375. 6. Ses ordouiun-
ces et ses loix, p. 2.35. 239. 6.
488
TABLE DES MATIERES.
I.CS Greet viennent s'établir dans les Gau-
les, volez : Les Phocéent. Ont appris di-
verses choses anx Gaalois, p. 3. 47. a. Et
leur sont redevables do quelques antres, p.
10. a. Leurs caractères à l'usage des Gau-
lois, p. 12. 16. 20. a. d'oli ils leur étoient
venus, p. 19. a. Leur ancienne manière
d'écrire, p. 21. a. Ils furent des premiers
qui se servirent de la cire pour cet usage,
p. 23. a. Leur langue passe à l'usage des
Gaulois, voïez: Langue Gréque. Ils sont
les premiers qui portent la lumière de l'E-
vangile dans les Gaules, p. 225. a.
S. Grégoire, premier Evèqus du Poy en
Vêlai, p. 308. a.
Grégoire, Préfet des Gaules, Questeur en
376, p. 220. b. Son talent pour bien
écrire, »6. Pour l'éloquence, p. 321. 6.
Zélé pour la justice, t6. Votez son éloge,
p. 320. 321. 6. Ansone lui adresse quel-
que écrit, p. .300. h.
Guillaume, abbé de S. Thierri, Auteur
d'un Commentaire sur le Cantique des Can-
tiques, tiré des écrits de S. Ambroise, p.
358. 391. 6.
Gtarïe, Astronome et Mathématicien, p.
99. a. Grand homme de mer, p. 100. a.
Voïez son éloge, p. 99. 100. a.
TT
HARMOîilts, Grammairien savant en grec
et en latin, enseigne à Trêves, p. 207.
208- 6. Fait nn recueil des poésies d'Ho-
roere, p. 208. 6. Votez son éloge, p. 207.
208. 6.
Hedibie, Dame de pieté et de mérite, in-
struite des belles-letres, p. 125.205. 20C. b.
S. Hélène, mère de Constantin le Grand,
recouvre la croix du Sauveur, p. 376. 6.
Helicon, ou Hélix, ses erreurs, p. 381.
383. a.
Helie, Evêqne de Lyon, préilecessenr de
S. Faustin, p. 405. a.
Ueliodore, Evêqne d'Allino, confondu
mal-à-propos avec le suivant, p. 193.
196. b.
Heliodorg, PrStra & Poitiers, compagnon
d'étude de S. Ililaire, p. 194. 195. b. S'il
l'accompagne dans son exil, p. 195. b. Mal
confondu avec d'autres de même nom, p.
195. 196. 6. Votez son éloge, p. 194-196.
b. Ses écrits, p. 195. 186. b.
Heliodore, Prêtre d'Antioche, mal con-
fondu avec le précèdent, p. 196. b.
Hellesponce, Orateur et Philosophe, p.
201. b. Le second Sophiste de son tems,
ib. Ses divers voïages.Koïe^ son éloge, p.
201. 202. 6.
Les Helvelieni faisoient partie des Gau-
les, p. 12. 131. a. Se servoient de caractè-
res Grecs, p. 12. a. Quelques hommes de
letres qu'ils ont produits, p. 131. 131. a.
Pom. Max. HERCCLAitics, Grammairien,
enseigne dans les Ecoles de Bourdeaux, p.
119. 121. 6.
Hercule, honoré des Gaulois, qui le con-
fondoient avec Mercure, p. 6. 7. a. Figure
mystérieuse sous laquelle ils le représen-
toient, ib. Son union avec les Muses, p. 7
a.
Les Héreties, source de toutes les Héré-
sies, p. 157. 6. Leur contrariété avanta-
geuse pour l'Eglise, p. 160. b. Contribuent
à soutenir les letres et les sciences, p. 212.
a. 3. b. Diverses hérésies : celles des
Apollinaristes, p. 394. 395.6. Refutées par
5. Ambroise, ib. D'Arius, p. 24. 6. Com-
mence à Alexandrie, ibid. S'efforce de ré-
pandre son venin dans les Gaules, p. 24-29.
6. Voïez : Arianisme. Celles des Gnosti-
ques, p. 242. 327. a. Des Ithaciens, p. 37-
39. 422. b. Des Marcionites, p. .345.6. Des
Marcosiens, p. 242. 327. a. Des Millénai-
res, p. 304. 333. 346. 358. a. 85. 388. 389.
6. Des MonUnistes, p. 289. 290.292. 295.
303.358. o. Des Noëtiens, p. 383. .384. a.
Des Novatiens, p. 310. 311. 406. a. 61.
,351. ,352. 387. 6. Des Priscilli,aniste.s, p.
35-37. 321. 422. 6. Des Valentiniens, p.
242. 327. a. De Vigilance, p. 41. 42. b.
Divers Auteurs qui ont écrit contre toutes
les Hérésies, p. 304. 329. 383. a. 1,55.
185. 6.
Hermat, si son livre est Ecriture sainte?
p. 345. 1.
Herodet Atticas, Maître de Favorin, p.
267. o.
Herodei, fils du précèdent, disciple et
héritier de Favorin, p. 269. 270. a.
Herophile, chef d'une secte de Médecins,
qui portent son nom, p. 208. 209. a. En
quel tems il l'établit, p. 208. a.
Hetpere, fils du Ponte Ansone, p. $82.
299.30.5. 307. 308. b.
TABLE DES MATIERES.
489
Hexameron, on les six jours de la créa-
tion; qui sont ceux qui ont écrit sur ce su-
jet, p. 372. a. 366. 367. b.
Hieriut, Toïez : Icaire.
S. HiLAiRE, Evéque de Poitiers, Docteur
de l'Eglise et Confesseur, p. 139. 6. Sa
naissance, ibid. Son éducation, p. 139.
140. b. Car.icterede son esprit, p. 146. 6.
Sa conversion à la foi, p. 140. 6. Son ordi-
nation, ibid. Son lele pour la foi Ortho-
doxe, p. 140. 14t. 6. Le fléau des Ariens,
p. 26. 6. Assiste ;(■ Concile de Besiers et
s'y signale, p. 26. 118. 135. 141. 6. Exilé
en Phrygie, p. 26. 119.141. 6. Y écrit son
livre des Synodes, p. 29. 6. Assiste au Con-
cile de Seleucie, p. 33. 142. 6. Se trouve
& celai de Constantinople en 360, p. 143.
b. Est renvoie à son Eglise, p. 33. 143. 144.
b. Rapelle tout le monde à la pénitence, p.
33. 129. 144. b. Assemble divers Conciles,
p. 144. 6. Nommément celui de Paris et y
assiste, p. 130. 144. 6. Passe en Italie et y
travaille i rétablir la foi de Nicée, p. 144.
145. b. Combat Auxence, Evéque Arieo de
Milan, ibid. Lucifer de Cagliari blâme sa
condescendance, p. 133. b. Sa mort, p.
145. 146. 6. Voiez son éloge, p. 139-147.
b. Ecrits qui nous restent de lui, p. 147-
179. b. Ses écrits perdus, p. 179-185. b.
Ses écrits supposés, p. 185. 186. 6. Sa ma-
nière d'écrire, p. 187. 6. Son érudition, p.
188. 189. Sa doctrine, p. 189-191. 6. Er-
reurs qu'on lui a imputées, et sa justiflca-
tion, p. 191. 192. 6. Editions de ses œu-
vres, p. 191-194. 6.
UUaire, Diacre de Rome, Auteur de
X'Avubrotiaiter, p. 398. b.
Uilaire, fameux Magicien, p. 312. b.
Mm. Hilaria, sœur du médecin An-
toine, savante dans la médecine, p. 58.
S89. 6.
S. HiPPOiTTË, Evéque et Martyr, Doc-
teur de l'Eglise, p. 361. a. Disciple de S.
Irenée et Elevé de l'Eglise de Lyon, p.
303. 368. a. Né probablement dans les
Gaules, p. 361. a. Son éducation, p. 36t.
362. a. Se rend habile dans toutes les
sciences, p. 362. a. Elevé à l'épiscopat, t6.
Son siège incertain, p. 362. 363. a. Porte
la Foi en divers pais, p 226. 233. a. Tra-
vaille sur presque tous les livres de l'Ecri-
ture, p. 304. 364. 371-379. o. A servi de
modèle à Origene, p. 304. 364. a. Donne
beaucoup dans la figure, p. 313. 368. 369.
a. Finit sa vie par le martyre, p. 364. a.
L'époque de sa mort incertaine, ibid Voiez
son éloge, p. 361-365. a. Ecrits qui res-
tent de lui, p. 365-371. o. Ses écrits per-
du», p. 371-393. o. Ses écrits supposé»,
Tome I. Part. IL
3 2*
p. 393-397. a. Son érudition, sa doctrine,
sa manière d'écrire, p. 397-399. o. Edi-
tions de ses ouvrages, p. 399. 400. a. S.
Ambroise a beaucoup puisé dans ses ou-
vrages, p. 406. 6.
Hippolyte de Thebes, Auteur d'une
Chronique, p. 395. 396. a. Mal confondu
avec S. Hippolyte Martyr, ibid.
VHittoire, commencement de sa déca*
dence, p. 245. a. Se soutient encore dans
les Gaules au II et au IV siècle, p. 245. a.
21. b.
Historien» qu'ont produits les Gaules,
p. 71. 78. 80. 108. 114. 166. 255. 265. o.
18. 136. 137. 220. 6.
Homère, en quel tems il a vécu, p. 80.
o. Ses écrits revus et corrigés par Harmo-
nius au IV siècle, p. 208. b.
S. Honette, Prêtre de Nismes, Apâtre de
la Navarre, p. 307. a.
Les donneur», puissant motif pour culti-
ver les sciences, p. 66. 67. a.
S. Honorât, second Evéque de Tou-
louse, p. 307. o.
VHumilitë est la tête de toutes les ver-
tus, p. 334. b.
Hymnet, S. Uilaire de Poitiers est le
premier entre les Latins qui en ait com-
posé, p. 180. b.
Siscen.' lacehtu enseigne les belles letre»
dans la Gaule Cisalpine, p. 53. a.
latromathematiciem, nouvelle secte de
Médecin», p. 210. a.
Icaire, Comte d'Orient, un des plus élo-
qnens de son siècle, et des plus savans
Philosophes, p. 257. 258. 6. Professe d'a-
bord la' rhétorique à Rome, ibid. Est élevé
aux premières charges de l'Empire, p. 258.
6. Ses liaisons avec les Savans de son siè-
cle, ibid. voïez son éloge, p. 257-259. 6.
Icheriue, voie» : Icaire qui précède.
Idace, un des principaux accusateurs de»
Priscillianistes, p. 37. 341. b.
S. Jean l'Évangeliste, son caractère, p.
356. b. opinion assez extraordinaire à son
sujet, p. 394. a,
Qqq
«M
TABLE Di:S MATIERES.
S. Jttimt vient i Trêves, p. \t. b. V
commence à se convertir, ibid. Y popie
ileuK ouvrages de S. Hilairo de Poitiers,
ibid. Critique les écrits de S. Raie», p.
63. 6.
Jesus-Christ, sou il^'e, p. 343, a. Ses
mystères, p. 332. 333. u. Ses deux nat i-
res, p. 38t. 383. a. Ses deux aveiiemens,
p. 362. a. 189. 6.
Jeune du carême, son excellunue, ses ef-
fets, son ancieiiiiitc, p. 368. b. Ce. qu'un dit
S.lrenée, p. 3S2. a. La diversité qu'un y
observoit anciennement, p. 297. u.
La Jeunesse, manière de l'éluver, p. 139.
140. a. Défauts à y éviter, tb.
Jmbetause, Evèque de Reims, assiste au i
I Concile d'Arles, p. 53. 6.
L'Ingratitude envers Dieu, ses caractères, '
p. 338. 6. !
Jiistanee, Evêqae Priscillianistu, déposé ;
dans le Concile de Bunrdeaux, p. 241. 6.^
Job, S. Hilaire de Poitiers avoit écrit sur
ce livre, p. 181-183. b. ,
Jovinini, .son erreur, p. 332. 6. Con- \
damné dans un Concile, p. 34. 332. ;t82. b.
S. iRzyÈE, Evéquo de Lyon, Docteur du |
l'Eglise et Martyr, p. 324. u. Tonis de sa i
naissance, ibid. Son éducatiua, ibid. Sa I
mission dans les Gaules, p. 32.'>-32ti. u. Sa
dé|jutation à Rome, p. 2;K). 32(i. u. V.n i
Asie, et n'y va pas, ibid. Fait Evèque de
Lyon, p. 225. 289. u. Rend presque toute
la ville Clirotieuiie, ibid. S.;M zelo et ses ■
traviiux apostoliques, p. 301.302. ,{27. «. I
Est le premier dos Pères qui ait travaillé I
sur l'Ecriture, p. 304. u. Ecrit contre KIo- j
rin, p. .337-3,39. a. Contre lî|a~te, p. 241.
301. a. Contre toutes les liéresies, p. 242.
Ï43. 301. o. Au l'ape S. Victor piiurnudc-
rer son zélé contre les Quarludccinians, p.
Î41. 297. a. Calme cette disputr, p. 2il.
S42. <i. Sa mort, p. 328. «. Voiez sou
cloge, p. 324-329. a. Ses disciples, p. 220.
302. 303. a. Ses écrits subsislans, p. 329-
337. o. Ses écrits perdus, p. 337. 3t3. a.
Idée de ses écrits, p. 301. 302. 33(i. ;J37.
a. Son savoir, p. 325. 328. o. Eu quelle
langue il a écrit, p. 33i.a. Divers points
du sa doctrine, p. 343-340. a. Erreurs
qu'on lui a imputées, p 345. 3i0. a. Donne
dans les sentimens des Millenaijes, p. ,°!25.
a. Son attention pour conserver jiuie la
TradiUon, p. 302. 303. o. Son style, p.
337. a. Donne dans la figure, p. 34t. a.
Version latine de ses livres contre les liérc-
sies, p. 335. 336. a. Editions de ses ou-
vrages, p. 347. 350. a. fragmens de s«3ou-
vrages, p. 350-352. a. La ventaUe causH
de la perte de ses écrits, p. 305. o.
Les Italient, d'où leur est venu l'art île
l'écriture, p. 19. o. Leur manière d'écnru,
p. 24. a.
Illiace, Evèque en Espagne, principal ac-
cusateur des Priscillianistes, obligé de so
retirer dans les Gaules, p. 36. 240. 321. 6.
Les jiousse avec trop de chaleur, p. 37.
241. 6. Devient chef des Itbaciens, p. 37.
38. 241. 6. Sou portrait, p. 39. b.
Les Hh.iricns, comment se forme leur
parti, p. 37. 6. Causent d'étranges divi-
sions dans l'Eglise des Gaules, p. 37. 39.
b. Privés de la communion, p. 38. 6. Dé-
clarés innocens par d'autres, ih. Plusieurs
Conciles à ce sujet, p. 2ta. 366. 427. b.
Leurs cruautés blâmées même par les
païens, p. 422. 423. 6.
Jtci.'j(iirs, Grammairien à Buurdeaiu, p.
100. 6.
Jule l'Africain, Auteur d'une Clironiquo
attribuée à S. Hippolytc, p. 39(i. 400. a.
Julie, mère de Caracalla, son caractère,
p. .■I."i3. ;iHj. o.
S. Julien, ApOtredu Maine, p. 309. «.
Julien r.\postat viewt gouverner les Gau-
les, p. 7. 6. Y établit la paix et la justice,
ibid. Choisit Paris pour le lieu de son sé-
jour, ibid. S'y applique il la philosophie,
ibid. Y appelle beaucoup do Savans, ibid.
Y mené une vie dure, ibid. Y est déclaré
Auguste eu ,'iGO, p. 7. 8. b. Change de
cundiiit(!, p. 8. b. Fait défcn.se d'étudier en
quelque manière que ce soit, ibid. Adresse
quel(|iies écrits à Saluste Préfet des Gaules,
p. 1J7. /(. En fait son Confident, p. 197.
19S. b. Ch'.uile Mamertin prononce son
éh'go, p. 2(X). b. Est loué par .VIcinic, p.
1.17. 6. Tue de ses belles réponses, [i. 201.
b. Sa mort, p. 198. 6.
JujiiUr III vénération chez les Gauloi.-t ,
p. 8. rt.
JurisconsuUe» qu'ont produits lus Gaules,
p. 219. 206. 287. a.
S. Just , Evèque de Lyon . auparavant
Diacre de l'Eglise de Vienne, p. 254. b.
Son ordination, ibid. Assiste au I Concile da
Valence, p. 209. 2:i5. b. Et en 381 à eelai
d'.Vquilée, p. 31. 255. 6. En relation avec
S. Ambi'oise. Vuiez son éloge, p. 25J.
'2r,i. b.
Just, Evèque d'I'igel, écrit sur U> Can-
tique des Cantiques, p. 257. 6.
.S. Just , disciple du S. Hilaire de Poitiers;
on no sait rien d'assuré de son histoire.
TABLE DES MATIERES.
491
p. 219. 6. Savoir s'il a écrit la vie de S. Hi- i
birn, p. 2in. 220. /). \
Justn, sœur de l'Empereur Valenlinien II. i
p. 261. h.
Justin, E\èqiic \rifln, excommunié par
le I Concile de Paris, p. 131. b.
Justin, Al)revi.iii'Hr de Trojjue Pompé*,
p. IIG. 117. a. Mal-à-propos confondu avec
S. Juslin Marlyr, p. 117. o.
Justine, seconde femme de Valenlinien I,
p. 23t. b. Dévouée A l'Arianismo, p. 262. 6.
Rogne sous le nom de son fds , p. 261. 6.
Persécute S. Ambroise, p. 329. 330. ."Wl. 5.
Sa mon, p. 262. b.
I
L.f.'<a, seconde femme de l'EmixTeur (îni- I
lien, p. iXi. b. j
L.VCT.45CE, Oraleur Clirélicn rt défenseur |
de l'Kglisc. , p. 6."». b. Son pan, ibid. S"s i
éludes, ibid. Sa conversion, p. (i(>. b. Vii'Ut i
dans les (iaules, p. 67. b. Y dirige les é'ai- ;
des do Crisiii! , fds atné de Conslautio le !
lirand, ibid. y'oï',: son élojçe, p. «.I-CK. b.
Ses écrits suhsistans, p. (W-79. ft. ; scsécrits |
perdus, |i. 7il-H2. h.; SM écrils supiMisés,
p. 82. 83. 6.: son style, divers traits de sa
doctrine, p. 83-86. 6. Editions de ses au- i
vr-ss, p. 86-92. b.
Les Langues; leur coimoissance n'étoit
point néci'ssaire auv Minisires de l'Evauffile,
p. 2;18. u. Ou faiioit anci<^nnemeiil les lec-
tures, les prières publii|ues cl les instruc-
tions en la langue lu plusuomuiuiiedupnis,
p. 238. (I. l,an).'ucs à l'usage dus Gaulois,
p..'>8. <i. La Celtique ou Gauloise, p. 62. c.
Son origine et son antiquité, p. 62-63. a.
Fort répandue, p. 65. a. Regtnlée comme
langue matrice, ibid. La Françoise, p. 66. n.
La Gréque fort cultivée dans l''S Gaules ,
p. 47. .'*-6l. I.'t7. 138. u. Tonle commune
a Arles et à Lyon, p. 228-230. a. Passe des
Marseillois aux Uonuiins, p. ,"18. 59. a. A
l'usage de l'Eglise Gallicane, p. 30.">. a.
Comment elle j est lomb<!-e , ibid. Ensei-
gnée puhliquenient dans les Gaules au IV
siècle, p. 9. 12. 13. 21. 22. 6. La Latine
vulgaire dans les Gaules, p. .S8. 61. 62.
i:«.231. 2.'^2 rt 22. 6.
I.atro, sarnommé pour son adresse le
prodige des jeux, p. I^. a.
Porc. Lniro, sa manière bizarre d'ensei-
gner, p. 176. a. Ses disciples nommés Audi-
teurs par dérision, p. 177. a.
Lecteur, règle indispensable poor teat
Lecteur, p. 157. 6.
Leonille, Dame de Langres, savante dans
la médecine, p. 294. a.
Ledmius, Grammairien, enseigne dansles
écoles de Bourdeaux, p. 106. b.
Lerida en Espagne tire des Gaules des
Professeurs pour les belles letres, p. 232. b.
Lcsbie , Maîtresse du Poéto Catulle,
p. 111. a.
Li's ladres nécessaires pour parvenir aux
cli.argos et dignités, p.66. a. Mofifs pour les
rnltiver, p. 66. 67. a. Contribuent au pro-
grés de la Keligion, p. 22. b. voi>z : Scien-
ces.
Lnicndie , Maîtresse du Poète Varron,
p. 109.110. a.
Libanins , célclire Sophiste grec, en liai-
son avec Siburo et Icairo, p. 246. b.
Adresse quelques écrits à celui-ci, dont il fait
l'éloge, p. 2.-W. b.
F.butius Lii:eralis, Philosophe; sa nais-
.sanie, p. 12!). 213. o. Ses dignités , ibid.
Fait honneur aux letres et aux armes ,
p. 1.30. a. Grand ami de Seneque le fils ,
p. 213. a. Celui-ci le choisit pour son Me-
CHiic. ibii. Voïez son élog!, p. 213. 214. a.
Se trouve à la destruction de Jérusalem ,
p. 214. fl.
Salvius LiBEiuLis , Orateur, plaide lon^-
lems à Rome, p. 251. a. Députe de l'Aqui-
taine, ibid. Voïez son éloge, p. 251. 252. a.
La IJbèralitd , son éloge et ses règles ,
p 213. 248. n.
Largus Licinius introduit dans le barreau
une maxime iieniicieusc à l'éloquence ,
p. 183. o.
Ligugé prés île Poitiers, premier Monas-
tère qu'on vit dans les Gaules, p. 42.414. b.
Est passé aux Jésuites , p. 42. fc.
Limoges, son premier l'-vèque, p. 304. n.
Pourquoi celte Eglise n'a p.is été érigée en
Métropole, p. 309. a. De là la fui se répand
ailleurs, p. 308. a.
La Literahire. Voïez : Sciences.
Livre, origine de ce mot, p. 24. a. Soin
qu'on avoil anciennement d'en avoir de ri-
chement conditionnés, p. 24.25. a.
La Loi ancienne, son impuissance, p. 177
Q <I M ij
m
TABLE DES MATIERES.
b. Son insuffisanco «ans la grâce du fte-
demteur, p, 363. b.
S. Lue, Evangeliste, commenté par S. Am-
broise, p. 355. .356. 6. Premier Commen-
taire sur cet Evangeliste, p. 356. 6. Ca-
ractère de son Evangile, ibid.
Lueain critiqué par Pétrone , qui tombe
dans les mêmes défauts, p. 194. 195. a.
Lucifer , Evèqae de Cagllari, exilé aux
extrémités de I Empire par les Ariens, p. â5.
119. 135. 6. Ses maximes outrées et leurs
suites, p. 34. 133. 6. BUme la condescen-
dance de S. Hilaire de Poitiers, qui répond
à ses reproches, p. 133. l.'U. 6. Se sépare
de communion des Evèqnes tombés à Ri-
^^Di, p. 133- b.
Ldciolus, Professeur d'éloquence à Bonr-
deaux, p. 113. b.
Luerne, Roi des Auvergnats, p. 27. a.
Lyeorit, la même que Cytherù, p. 104.
111. a.
Lydan, confondu avec Lygdame, soldat
Marseillois, p. 100. a.
Lydia, Maîtresse du Poète Valent Caton ,
p. 90. a.
Lyon, sa fondation, p. 51. 314. a. Son
éloge, p. 51 . a. Ses Citoïens admis dans le
Sénat de Rome, p. 137. a. On y établit des
jeux literaires en grec et en latin , p. 136.
137. a. Ses foires solemnelles, p. 293. o.
Son embra.<;ement , p. 214. a. La langue
gréqae y est commune, p. 238-230. o. On
y voit des Libraires an II siècle de l'Eglise,
p. 231. a. La première ville des Gaules qui
devient Chrétienne, p. 33S. a. Cette Eglise
tire son origine de celles d'Asie et de Phrygie,
p. 390. a. De-là la foi se répand en plusieurs
lieux, p. 235. 236. a. Ses premiers Martyrs,
p. 288. 289. o. Ils écrivent de leur pri.son à
Rome et aux Eglises d'Asie et de Phrygie,
p. 29U. a. Leur humilité et leur charité,
p. 292. a. En quel tems ils ont souffert,
p. 289. a. Les Fidèles de Lyon et de Vienne
écrivent l'Iiistoire de leur martyre, p. 289.
290. a. Eloge de cette hist. p. 324. 388. 290-
293. a. Conciles tenus à Lyon, p. 241. 295-
298. a. Ses écoles, p. 177. 216. 243. 319./1.
Grands hommes qui en sont sortis, p. 139.
153. 166. 213. 231. 245. 250. 303. 326. n.
359. 6.
M
-mAcRiMJs , Grammairien , enseigne d.ins
|U les Ecoles de Bourdeanx, p, 64. 6.
La Magie tire son origine de la médecine,
p. 38. a. Condamnée par les Empereurs
Chrétiens, p. 5. 6.
Magut, second Roi des Gatiles; ce qu'on
en dit est fabuleux, p. 2. a.
Mamertin, Evéque d'Eause , ou de Tou-
louse, assiste au I Concile d'Arles, p. 53. 6.
Cl. Mamertin I, Orateur, Panégyriste de
Maximilien Hercule, p. 315. 317. 417. a.
Prend soin des Ecoles de Trêves, p. 417. a.
Ne doit pas être confondu avec le suivant,
p. 417. 418. o. Votez son éloge, p.
417. 418. o. Ecrits qui nous restent de
lui, p. 418. 419. a. Ses écrits perdus,
p. 419. a. Editions de ses écrits , p. 420.
421.0.
Cl. Mahertin II, Orateur, Panégyriste de
Julien l'Apostat , p. 198. b. Fils du précè-
dent, p. 199. 6. Elevé à de grands honneurs,
p. 199. 200. 6. Votez son éloge, p. 198.
200. 6. Ses écrits , p. 200. 6.
Le Mant, fondation de l'Eglise de cette
ville, p. 309. a.
Marc , Egyptien , hérétique Valentinien .
chef de la secte des Marcosiens ou Gnosti-
qnes, p. 242. a. Répand son hérésie le long
du Rhône, ibid. Son caractère, p. 330. a.
Marc, Egyptien, hérétique Priscillianiste,
travaille à étendre cette hérésie, p. 35. b.
S. Marcel, disciple de S. Pothin, Evé-
que de Lyon , porte la foi dans la Sequa-
noise, p. 225. a,
Marcel d'Ancyre condamné dans le con-
ciliabule d'Arles, p. 117 6.
Marcel de Campanie , Légat du Pape, as-
siste au conciliabule d'Arles , p. 115. b. Y
cède aux violences des Ariens, p. 116. 6.
Harcel, Grammairien; sa naissance, p. 217.
6. Ses aventures, ibid. Enseigne i Nar>
bone, i&t'ci. Votez son éloge, p. 317. b.
Marcel, qualifié Médecin, Officier de Then-
dose le Grand, p. 217. b.
Nonius Mareellut, Grammairien , différent
du Grammairien précèdent, p. 217. b.
S. Mareellin, premier Evéque d'Embrun,
p. 23. 6. Ses disciples fondent l'Eglise de
Digne, ibid.
Sainte Marcelline, sœur de S. Ambroiso,
prend soin de son éducation, p. 326. 6.
Son éloge, p. 335. 381. b. Le Saint lui
adresse quelques écrits , p. 335. b.
Marcien , Evéque d'Arles, engagé dans
l'hérésie de Novatien, p. 310. 405. a. Jufé
et déposé pour cet effet, p. 311. 406. o.
TABLE DES MATIERES.
493
Uareien, à qni S. Ircnée adresse un de
ses écrits, p. 340. a.
Marcion, hérésiarque, ses erreurs, p. 245.
S, Irenéea écrit contre lui, p. ."Ul. o. S.
Pippolyte l'a fait aussi , p. 385. a. S. Ser-
vais de Tongresenafaildemtime,p.245. 6.
Les Marcionilet; S. Ambroise de Milan
réfute quelques-unes de leur erreurs, p. 345.
MU. b.
Les Mareotiem, ou Gnostiques, sortis
des ValenUniens, p. 212. a. Quel étoit leur
chef, p. 242. 330. o. S. Irenée les réfute,
p. 242. 327. 330. a.
S. Marin, Evéque d'Arles, assiste en 313
ao Concile de Rome, p. 23. 6. Pré.side en
314 à celui d'Arles, p. 53. 6.
Marmoutier, célèbre Abbaïe , chef d'or-
dre, p. 43. 6. Doit son oripae à S. Martin
de Tours, p. 42. 43. 414. 6. Les occupa-
tions de ses premiers Moines, p. 43. 6. Pé-
pinière d'Evêques , p. 43. 415. 6. Grands
hommes qui s'y sont formés, p. 43. 6.
Mari en vénération chez les Ganlois,
p. 8. a.
Marteille, l'année de sa fondation, p. 43.
a. Son gouvernement, ses loix, sa discipline,
p. 43-46. 1.34. a. La rigueur de ses loix,
p. 2T6. a. Ses Colonies , p. 46. 47. a.
Voïez : Marieillois. Ses Ecoles, p. 42. 44.
47. 52. 134. 178. 243. a. Les Grecs et les
Romains y viennent étudier, p. 45. a. Grands
hommes qui en sont sortis, p. 71. 78. 81. 86.
99. 187. 208.210. 211. 276. 287. o.
Les Marseilloii, leur origine, p. 42. 43. a.
Leurs mœurs, leur doctrine, p. 36. 43-46.
134. a. Lear joie aux funérailles de leurs
parensetamis.p. 36. a. Excelloient dans la
marine , p. 463 a. Ecrivoient beaucoup ,
p. 17. a. Ont donné des Auteurs long-tems
avant J.-C. ibid. Lear union et commerce
avec les Romains, p. 46. 58. a. Ceux-ci en
prennent l'usage de la langue gréque , p. 58.
58. a.
S. Martial, premier Evèque de Limoges,
p. 304. 406. a. Tems de sa mission dans
les Ganles, p. 305. 306. 407. a. Voïez son
éloge, p. 406. 409. a. Ses disciples, p. 308.
a. Deux letres qu'on lui suppose, p. 407. a.
Preuves de leur supposition, p. 408-409. a.
Leurs différentes éditions, p. 407. 408. a.
Martia , ses poésies entre les mains des
Ganlois, p. 136. a. Ce qui le llale extrê-
mement , ibid.
S. Martiii, Evéqoe de Tours et Confes-
seur, p. 413 6. Sa naissance, sa famille,
son édacalion, ibid. Porte les armes , puis
quitte le service, ibid. Se relire à Poitiers
pour la première fois, p. 140. 413. b. Re-
tourne en son païs où il souffre pour la foi,
p. 414. 6. Revient à Poitiers, ibid. Pre-
mier Instituteur de l'ordre monastique dans
les Gaules, p. 42. 140. 6. Elu Evéque de
Tours, p. 414. 6. Sa conduite dans l'épis-
copat, ibid. Grand destructeur des idi)les,
p. 41.5. 6. Condamne les Priscillianistes,
p. 37. 6. Sollicite néanmoins pour leur sau-
ver la vie, p. 241 . 6. Assiste au Concile de
Bourdeaux contre eiu, t6. Grand adversaire
des Ithaciens, p. 37. 415. 6. Refuse de se
trouver an Concile de Nismes, p. 264. b.
Apprend par un Ange ce qui s'y fait, p. 264.
265. 6. Sa mort, p. 415. 6. Foïez son éloge,
p. 413-417. b. Son éloquence , p. 415,
416. b. Quelques-unes de ses sentences,
p. 416. 417. b. Sa profession de foi,
p. 417. b.
Les Martyrs, bonnenr qn'on lenr doit,
p. 42. 6. Combattus par Vigilance, p. 41.
42. 6. Votez : les Sainti,
Massds, Evèque de Paris; en quel tems il
a vécu, p. 49. 6. S'il a écrit des actes de
S. Denys Martyr, p. 50. 6.
S. Materne, EvAque de Cologne, se trouva
en 313 au Concile de Rome, p. 23. b. El en
314 à celui d'Arles, p. 23. S3. b.
Materne, célèbre Avocat i Rome, Auteur
de quelques tragédies, p. 221. a.
S. Matthieu, son caractère, p. 356. 6.
A prêché en Perse, p. 387. 6. Son Evan-
gile commenté par S. Hilaire de Poitiers,
p. 148. b. C'est le plus ancien commentaire
qu'on ait sur cet Evangile, ibid.
S. Mature, l'un des premiers Martyrs de
Lyon, p. 291. a.
Maxime usurpe l'Empire, p. 237. 240. 6.
Dethrdne Gratien et lui fait Ater la vie,
p. 237. 238. b. Convoque un Concile i
Bourdeaux, p. 240. b. Veut dethrâner Va-
lentinien H, p. 262. 6. S. Ambroise lui re-
fuse sa communion, p. 330. b. Sa mort,
p. 332. b.
Maximien Hercule établit sa résidence
ordinaire dans les Gaules , p. 315. a. Cl.
Mamertin prononce deux Panégyriques à sa
louange, p. 418-420. a.
S. Maxi«in , Evèque de Trêves, sa nais-
sance, p. 110. 6. Son ordination, ibid. Le
premier Evèque de son tems dans les Gau-
les, ibid. Son zèle pour la foi et ses Défen-
seurs, p. 110. 111. b. Consoles. Athanase
dans son exil , p. 24^ 110. b. Prend sa dé-
fense, p. 25. 111. 6. Travaille à la convoca-
tion du Concile deSardique, p. 111. b. Est
excommunié par les Eusebiens, p. 25. b.
Sa mort, p. 112. 6. Votez son éloge, p. 110,
tl2. b. Ses écrits, p. 112. b.
i9i
TAni-E DES MATIERES.
l'onip. Al<uin;u>, l)ean-fri";rc <lii Pofile
Ausuue, p. 389. b.
Meaux, fondation do l'Ef^lise du cetlc villii,
p. 308. a.
La Médecine, forl cultivée par les (îaii-
lois, p. 1.13. a. Quelle étoitcellis des Druides,
p. 38-W. a.
Les Medetinx élevés anciennement aux
premières dijinili!? de l'Empire, p. i. 21 i.
21"). 6. Ceux que les Gaules ont produits,
p. 133. 13i. t»()8. 210. 211. 2.Ï0. o. 18. 212.
213. b.
Jircf/o.?c, Evêqiie Arien, excommunié dans
le I Concile do Paris, p. 131. b.
Mknf.c.rate, Jurisconsulte do Marseille,
passoit pour un autni Scievola, p. 276. 2H7.
a. Sa disgrâce, son rclaldisscment , p. 277.
rt. Vuïez son éloge, p. 27G. 277. a.
Menestuék , Grammairien grec, enseigne
dans les Kculirs du Ituunluaux, p. (>5. b.
Menienet , nom que' portoient anciuone-
mcnt les Kcolcs d'Anlun, p. IS."». (i.
Satyres Uruiiipéti, leur origine, explica-
tion de ce tenu», p. 192. o.
Mercure règne dans los (Jaiil's, p. .*>.</.
En quel tems, p. G. a. Il civilise les pouplus >
de* son empire, p. (i. 9. a. Idée qu'avoient
de lui les diversi's nalions, p. G. a. Particu-
lièrement h'inorû du' liaulcis , iliiA. Ils lui
élèvent une statue faincuse, p. 133. a.
Les Mères obligées de droit naturel à
n lurrir olles-mcmcs leurs enfans, p. 13!).
liO. a. lieaux e.xumides de l'anliquilé à ce
sujet, p. liO. o.
La Melemiisiiiiise, par ipii inv: nice et où
puisée, p. 10. 37. ».
Métropole, ce droit n'a point été accordé
A l'ancienneté, p. 309. a. Mais au rang que
tcnoient les villes dans le civil, ibid.
Milan bâti par les Gaulitis , p. r>i. n. Il
s'y lient un Concile en 3."k>, où la vérité est
op|iriméu, p. 2<). lUi. 119. b. Unaulie vers
:t90. contre Jovinien, p. 31. b. Un lioisiénie
coniro les Ithaciens , p. 38. b. Il s'y trouve
quelques Evoques des Gaules, p. 31. 3j. b.
Les Millénaires , leurs erreurs , p. ;il)l.
3.33. 3ki. .389. «. 8.'>. 6. Réfutées p.ir les
IVre«, p. 301. 31(i. .355. 358. o. 389. 6.
S. Ambroise ne les a point embrassées,
p. 360. .371. .375. 387-389. />.
Minerve en vénération cbez les Gaulois,
p. 8. a. Pour quel sujet , ibitl.
Vlelh. MiNERVius, Professeur d'éloquence
:'i !!c)urd«aux, p. 11.3. 127.6.
Tib. "Vie. MiNEKVii s. Orateur et Rliétcur
|ir..fi.N>io l'éloquence à Hourdeaux, p. 126. b.
Puis h Conslanlinopic , ibid. De-14 à Rome.
//<i(/. r».;-; son éloge, p. 12(i. 127. b. S-
écrits, p. 127. b.
L.i Mtxericorde de Dieu toujours néces-
saire, p. 177. b. Le plus grand mérite Je
riiomnie, ihUI.
Les J/o/ncs, leurs occupations ordinaires,
p. 13. il. b. Cultivoii^nt les letros, ibid. On
leur esl nili'vahle des bons livres de l'anli-
quilé, p. 41. 6. Voïez : (hdre monastique.
Manasleret, Ecoles pour la pielé et les
lelres , p. 12. b. Pépioienw d'IIvèqui's .
p. l.i. /;.
Le Monde , sa durée selon le» Ancieus,
p. 7(i. 6. Erreurs de Platou & ce sujet
réfutées, p. 3.-i9. ,360. 388. a.
Les MuHianistex, leurs erreurs réfutées
par (laius, p. .358. a.
Jul. MoNT.VNus, l'oëte, se distingue à
Ilowi! par SCS poésies, p. 132. a. l'oie; sou
éloge, p. 161-163. o.
Vût. MoNTAXi's, Orateur, paroit à Rome
avec éclat, p. 132. n. Défauts de son élo-
quence, p. 139. a.yiiïez son éloge, p. I"i8.
I(». II.
La Miirl inévilablu A. tous les hommes,
p. 106. 107. n. Est un bien pour les Juslt'.s,
p. .3.58. 3.'>9. b. Crainte de la mort et cause
de cette crainte, p. :l.">9. b. Trois .sortes de
mort, p. 358. .T19. b.
Les Moris, priere.s pour le repos de
leurs auies d'ancien usage, p. 317. .375.
376. b.
La Motelle, rivière, sa description et son
éloge, p. ,300. 301. h.
Ant. Musa, Médecin, ordonnoit les bains
d'eau froide en hiver, p. 212. a.
Mmee A, Alexandrie, ce que c'étoit, p.
174. n. L'Empereur Claude y en établit un
noii\cau, ibid.
Les Mttsex, leur uniou avec Hercule, p.
7. n. Voïez .Science».
l^is MysUrex, S. Hilaire de Poitiers a
écrit un traité sur les Mystères, p. 181. h.
S. Ambroise eu a fait autant, p. 361.,
:n*>. b.
N
Anrbone, la plus ancienne ville des
Gaules, p. 48. <(. Son éloge, tbid. Colonie,
TABLE DES MATlERE.S.
m
des Komains, ibid. Son premier KvèqOe,
p. 30i. u. Dc-là la foi so ré;jand ailleurs,
p. 309. a. Ses Ecoles, p. 243. o. U. 49.
8. 127. 139. 217. 6. Grands hommes qui
en su:it sortis, p. 49. 319. ' 411. 413. u.
La Marbonoisc, Province la mieux dvili-
sée des Gaules, p. 47. 48. a. Passe auK Ko-
mains, p. 48. a. De -là les sciences se répan-
dent dans le reste des Gaules et ailleurs, p.
52-54. a. A donné du grands hommes à la
republique Romaine, p. 48. 81. 84. 88.
93. 97. 101. 108. 137. a.
Nazaire, Orateur et Rhéteur, p. 93. b.
Son pais, p. 93. b. Panégyriste du l'Em-
pire, «6i<J. Votez son éloge, p. 92. 93. b.
Ses écrits, p. 93-95. 6.
Nepotie.x, Grammairien et Rhcicnr, lU-
si-i;,'ne avec éclat à Bounlcaux, p. 217. 2IS.
b. Avoit une niem>'ire prodigieuse, p. 218.
6. Vuiez son éloge, ib.
fficaiie, Evoque do Die, le seul Prélil
Gaulois qui assiste au Gomile de Nicée, p.
•H. b. En porte la définition dans les
Gaules, ibid.
Sice, Colonie des Marscillois, p. 4l>. a.
fiicrt, Evè(|ue de Man-ncu, assistu au
I Concile do Valence, p. 209. 6.
Sitmt», capitale des Arecoiuiciens, p.
51. a. Etat de sa Republique, p. 51.52. u.
Grands hommes qu'elle a produits, p. 130.
181. 377. II. Ou y tient un Concile, p. SBi.
365. 6.
Noël, hérésiarque, ses erreurs, en qael
lems il vivoit, p. 383. 381. a.
Les Miw.Hicns, leur liéresie et ses suite.s,
p. 405. 406. a. G2. 6. Pénétre dans les
Gaules, p. 310. 311. a. (il. 6. Y est com-
attué, ibid. Trouble l'Eglise d'Arles en
particulier, p. 405. MKi. a. Réfutée par S.
Reticc d'Anlun, p. Cl. 02. 6. El par S.
Ambroise, p. 351. 353. 387. b.
M. Aur. NuMERUriis, Empereur; sou
païs, p. 413. o. Ses grandes qualités, 321.
413. a. Sou talent pour la poeie et |M>ur
l'éloquence, p. 414. 415. o. Voïtz son
éloge, p. 413. 415. «. Ses écrits, p. 41 1.'
415. a.
Olymp. Numerianm, célèbre Puete .\fri-
cairi, p. 115. u.
0
Ogmitu, nom que les Gaulois doonoient
à leur Uercuie, p. 7. a.
I (Mbie, Colonie des Marseillois, p. 46. a.
S. Optai, Evèque do Mileve. réfute les
! écrits de Parmenieu, p. 351. 353. b.
I Oiulcui, sa définition, p. 235. a. Qua-
lités requises pour un Orateur, p. 184.
235. o. Manière d« lo former, p. 141. 143.
I 18'i. u. Ses avantages, p. 144. a. Fait plus
]iaroitre son esprit en traitant de petits su-
Jets, <&. Orateurs qu'ont produits les Gau-
i les, p. 92. 131. 145. 147. 149. 158. 175.
I 181. 214. 21ti. 218. 317. " 343. 349. 251.
1 2&5. 282. 414. «17. o. 17. 19. 44. 50. 92.
! 97. 102. 104. 119. 130. 137. 130. 198.
I 200. 333. 2.57. 2.58. 306. 307-319. 321.
321. 335. 419. 421. 6.
L'Ordre monastique, son origine dans les
Gaules, p. 42. 6. Ses progrès, p. 43.
.Vvantageux pour les letres, p. 43. 44.
i b. Blùmépar Vigilance, p. 41. b.
I ORiB.tsc, célèbre Médecin, vient à Paris,
)>. 7. 6. V publie un abrégé de Galieu,
ibid.
Oriental, Evèque de Boardeaux, assiste
j en 314 au Concile d'.Vrles, p. 53. b.
Oriijrne s'est formé sur S. Uippolytu
pour i-xpliquer l'Ecriture, p. 304. 364. a.
S. Hilaire de Poitiers s'est beaucoup servi
de ses ouvrages pour composer les siens,
p. 178. 179. 181. 183. b. S. Ambroise
en a fait de même, p. 367. 387. 406. 6.
Orléans, ses Ecoles, p. 244. a.
Oroie, Evèqne de Marseille, assiste un
314 au Concile d'Arles, p. 53. b.
Oscits, ou OscDS, Orateur; son éloquence
hérissée de pointes malignes, p. 132. a.
Votez son éloge, p. 147. 148. a.
Ositt», u\ilé pour la foi, p. 35. 6. Préside
au Concile de Sardique, p. 2(;9. b. Sa
chiite, et ce que les Evèques Gaulois eo
pensoient, p. 38. 6.
Ociili-, défauts qu'on hd reprocboil, p.
159. a.
P.\CATUS, Rhétenr, enseigne & Marseille,
p. 119. o. Voiez son éloge, p. 149. 150.,
u.
Min. Pacalut, Grammairien d'Alexan-
drie, p. 150. a.
km
TABLE DES MATIERES.
Pœaniut tradait en grec l'histoire d'Eu-
trope, p. 230. 331. 6.
Paix, en quoi consiste one paix véritable,
p. 173. 174. 6.
Pallade, Evéque Arien en Illyrie, S.
Ambroise écrit contre lai, p. 346. 378. b.
Pallade, Rhéteur, sa famille, p. 424. 6.
Va étudier à Rome, ibid. Y brille par son
éloquence, ibid. Y enseigne la rhétorique,
p. 425. b. Elevé à de grands honneurs,
ibid. Votez son éloge, p. 424. 425. b.
Ses pièces d'éloquence, p. 425. b.
Panegyriitei de l'empire, les Gaules en
fournissent plus que nul autre païs, p. 417.
a. Ceux qu'elles ont donnés, p. 417. a.
44. 50. 93. 103. 137. 198. 306. 419. 6.
Papiat, disciple des Apdtres, Maître de
S. Irenée, p. 334. 325. a.
Le Papier, son origine et son usage, p.
24. a.
Papinien, le pins célèbre Jurisconsulte
de son tems, mis à mort par Caracalla, p.
354. a.
S. Papoul, premier Evéque de la ville
de même nom, p. 307. a.
La Pâque doit se célébrer par-tont le
même jour, p. 54. 6. Diversités de prati-
ques à ce sujet, p. 340. 341. 296-298. a:
Troubles qu'elle causa dans les Eglises,
>6><1.
Le Paradis terrestre, S. Ambreise a
écrit sur ce sujet, p. 336. 337. 6.
Le Parchemin, son origine et son usage,
p. 33. 34. a.
Parie, son premier évêque, p. 304. a.
Pourquoi ne fut pas érigé dès lors en Métro-
pole? p. 309. a. De-U la foi se répand
ailleurs, p. 308. a. Julien fait de Paris an
théâtre de Sa vans, p. 7. ft. Y est procla-
mé Empereur, p. 7. 8. 6. Cette ville com-
mence alors à devenir célèbre, p. 7. b. Il s'y
tient un Concile en 361, p. 33. 129-131. b.
Les Evéques Gaulois tombés à Rimini y
reconnoissent la vérité, »6. On y répond
aux letres des Evéques OrienUax, p. 130.
131. 6. On y excommunie divers Ëvéqaes
Ariens, ibid.
PARHEifiEN, Evéque Donatiste de Car-
tbage, p. 350. b. Gaulois de nation, ibid.
Son ordination, ibid. Avoit da savoir et de
l'éloquence, ibid. Sa mort, p. 251. b.
Voiez son éloge, p. 250. 351. 6. Ses
écrits, p. 231-354. 6. Réfutés par S. Op-
tât et S. Augustin, ibid.
Pauerat a fait l'éloge de l'avenglement,
p. 375. a.
Patteurt avares et intéressés, leur por-
trait, p. 178. b.
At. Patera, Professeur d'éloquence à
Bourdeaux, p. 124. Son origine, ibid.
Passe ik Rome, où il enseigne, p. 135. 6.
Foi'ez son éloge, p. 124. 126. b.
Paterne, Evéque de Perigueux, fameux
Arien, p. 38. 6. Excommunié dans le
I Concile de Paris, p. 130. b.
Patrice, fameux Magicien, p. 313. 6.
S. Paul de Constantinople, exilé à Trê-
ves, p. 111. 6. Y est traité avec honneur
par S. Maximin, ibid.
S. Paul, premier Evéqae de Narbone,
p. 304. a. Tems de sa mission dans les
Gaules, p. 305. 306. a.
Paul, Evêque de Paris, se trouve au
I Concile tenu en cetteville, p. 133. 6. Le
même que l'Evêque Paul dont parle Gen-
nade. Votez son éloge, p. 132.134. 6. Re-
médie au scandale que causoit Lucifer de
Cagliari, p. 34. b. Ecrit un traité de la
pénitence, p. 133-134. b.
S. Paul, Evêque de Trois-Ch&teanx, asi»
siste an I Concile de Valence, p. 209. 6.
Paul, Diacre d'Aqnilée, retouche et re-
fond l'histoire d'Eulrope, p. 235. 326. b.
S. Paulin, depuis Evéque de Noie, disci-
ple da Poëte Ausone, p. 383. 289. b.
Poussé par son m^tre aux premiers hon-
neurs, p. 283. b. Leur liaison, p. 286. 287.
306.. 6. Sa retraite, p. 286. 287. 302. b.
Instruit par S. Ambroise, p. 336. b. Son
éloge et son apologie, p. 383. 6.
S. Paclw, Evéque de Trêves, sa nais-
sance, p. 131. 6. Son ordination, ib. Se
trouve au faux Concile d'Arles, p. 117.
122. b. Y fait tête à l'Empereur, ib. Prend
la défense de S. Athanase, p. 23. 117. 123.
b. Son courage et sa fermeté, p. 25. 117.
123. 133. 6. Donne à l'Occident l'exemple
d'une générosité épiscopale, ibid. Relégué
en Phrygie, p. 117. 123. b. Où il meurt,
p. 123. 6. Votez son éloge, p. 131. 133. b.
Ses écriu, p. 124. 6.
Paulin, Secrétaire de S. Ambroise, Au»
teur de sa vie, p. 336. b. ,
Paulin, Gouverneur de la Tarragonoise,
p. 121. 389. b.
Val. Padlincs, Sénateur, Intendant de la
Narbonoise, p. 245. a. Sa naissance, p.
129. a. Ses talens, ibid. Fait honneur aux
letres et aux armes, p. 130. a. Son amour
pour la justice, p. 345. a. Se lie avec le
Poëte Martial et Pline le Jeune, p. 246. a.
Fait Consul en 101, ib. Voiez son éloge,
p. 245-247. a.
TABLE DES MATIERES.
497
Axias Pauli's, Poêle el Hliéleur, son
païs, p. 318. 6. Hante le barreau, ib. Puis
enseigne la rhétorique, ib. Excelle ilans
l'éloquence et la poi'sie, p. 319. b. S'ap-
plique sur tout au genre dramatique, ibid.
Votez son él -.ge, p. 318-320. 6. Ses éi-rils
perdus, p. 319. .320. 6.
Cl. T'a II /il», Historien peu connu, peut-
être Gaulois, p. 132. a.
Le Prehé originel prouvé par S. Irent'-e,
p. .3M. a. Par S. Relice d'Aulun, p. 61 . b.
Ses suites, p. 182. 189. 196. 6.
Ijî Pfché actuel, sa cause, p. 379. b. Ses
suites radieuses, p. 351. 6. Pouvoir de re-
mettre les pecliés accordé à l'Eglise, p. 61.
352. 6. Confession de ses pechi^s établie
comme nécessaire, p. .337. 352. n. Des pé-
chés secrets on usage au II siècle de l'E-
glise, p. 343. a.
La Pénitence, où elle se trouve, p. 7.').
6. Sans nécessité, p. 77. 352. 386. 6. Son
éloge, p. 77. a. Ses conditions, p. 3.'>3. b.
Suppose la douleur de ses péchés, mnis ex-
clud le désespoir, p. 132. 6. Beaux exem-
ples, p. 3.'>2. 3)3. 6. Défauts à y éviter, p.
353. 354. 6. La vraie pénitence estlrès-raro,
p. .3'>4. b. Deuxsortes de pénitence, p. 353. ''.
La fcnitencc quelquefois prolongée jusqu'à
la mort, 343. a. Pseaumes sur la pénitence,
.si ce titre est ancien, p. 375. a. Traités sur
Ja Pénitence, p. 132. 351-r.4. ,386. 6.
Le PenlaUuque, Divers Auteurs ont fait
des questions sur ces livres, p. 18i. 6.
S. Peregrin, premier Evêque d'Auxerre,
p. 309. a.
Les Perrt et les mères, leurs devoirs en-
vers leurs enfans, p. 363. 6. Prérogative
de leur bénédiction pour ces mêmes en-
fans, ibid.
La Perfection Chrétienne, en quoi elle
consiste, p. 358. 360. 6.
Perigueux, fondation de l'Eglise de cette
ville, p. 308. a.
Perticut, favori de l'Empereur Claude,
p. 128. a.
Petosirit, fameux Mathématicien, qui se
regloit sur le cours des astres pour le boire
et le manger, p. 211 .a.
PetricM, qui a écrit sur la médecine,
mal confondu avec Pétrone, p. 196. a.
Pétrone, Poêle, sa naissance, sa famille,
son éducation, p. 187. a. Fait les délices
de la Conr de Néron, p. 133. 188. a. Votez
son éloge, p. 186-191. a. Ses écrits perdus,
p. 191. 192. a. Sa satyre, p. 192-195. a.
Sa manière d'écrire, p. 196-199. o. Ses
fragmens, p. 199-202. a. Editions de sa
satyre, p. 203-208. a. Traductions fran-
(oises, p .206. 208. a.
Tome I. Part. II.
Dom Pezron, son opinion snr la langue
des anciens Celtes, p. 64. 65. a.
S. Phebade, Evêque d'Agen, un des plus
illustres Prélats de l'Eglise Gallicane, p.
266. b. Le père des Conciles, p. 2 8. 269.
b. Réfute la seconde formule de Sirmich,
p. 26. 266. 269-272. 6. Assiste au Concile
de Himini, p. .30. 266 b. S'y signale p. 31.
.32. 967. b. Pnis tombe, p. 32. 367. 6. Se
trouve au I Concile de Paris, et s'y re-
levé de sa chdie, p. 130. 268. b. Ecrit
contre le Concile de Rimini, p. 268. 276.
277. o. Et en faveur du Concile de Nicée,
i6. Préside au I Concile de Valence, pag.
209. 268. 6. Assiste ou même préside :l
celui de Saragoce, p. .35. 268. 269. 6. En
liaison avec S. Ambroise, p. 37. 269. 6. Sa
mort, p. 269. 6. Votez son éloge, p. 266-
269. b. Ses écrits, p. 969 281. b. Leurs
éditions, p. 272. 973. 279. fc.
Philon, Juif, grand homme d'érudition.
S. Ambroise a beaucoup puisé dans ses
écrits, p. 406. b.
Philoiophes qu'ont produits les Gaules,
p. 27-35. 71. 80. 96. 99. 163. 213. 265. a.
58. 201. 2.58. 6.
Les Phocéeni, sortis de Grèce, s'établis-
sent dans les Gaules, et eu renouvellent la
face, p. 16. 42. &. 47. a. Y b&tissent
Marseille, p. 43. a. Voïez : Grecs.
Phoeiitiiis, Grammairien, enseigne dans
les Ecoles de Bonrdeaux, p. 6t. b.
Phronéme, Préfet de Constantinople,
loué pour sa science, p. 19. b. Sa disgrâce,
p. 19. 20. b.
S. Pierre va prêcher k Rome, en quel
tems, p. 169. a. 71. b. Son genre da
mort, p. 71. b.
Platon est le premier qui a écrit par dia-
logue, p. 271. a. Le traité d'Alcyon n'est
point de lui, ib. Tems de sa mort. ib. En
quoi consistoit sa succession, p. 105. b.
Favorin écrit en sa faveur, p. 272. 274. o.
Ses erreurs sur le monde refutées, p. 3.59.
360. 388. a.
Plautille, femme de Caracàlla, sa riche
dot, p. 25*. a.
Pline le Jenne, ses écrits entre les mains
des Gaulois, p. 232. a. S'applaudit de
l'estime qu'ils en font, ibid.
L. Plotius, Rhéteur, le premier qui en-
seigne la rhétorique à Rome, p. 53. 83.
84. a. Ses écrits, p. 85. a. Votez .son
éloge, p. 83. 85. a.
Plntarque adresse quelques-uns de ses
R r r
(M
TABLE DES MATIERES.
ouvrages à FaTorin, p. 2C7. n. Dispui<'
avnc Ini A qni en composcroil <lavaiilaji«,
p. 270. a. Favorinécril conirn lui, p. 273.
273. a.
Pluton, honoré des Gaaiois, p. 8. n.
Qni croient en tirer lenr origine, p. .17. /i.
La Poâfie. c.sl la prcmicre srionre qn'on
a rnllivi'e, p. 25. a. Quelle ('lolt relie (les
Banics, p. 26. a. Cullivén parlirullere-
menl des Gaulois au IV siècle, p. 2t. h.
Avoil alors perdu ses premières beanlrs,
ihid.
Les Poêles sont les premiers saT.in.<!
qu'aient eu les Gaulois, p. 2.1. «. Quelque-
fois adulateurs à {,'»«?. P- 27. a. Poètes
qu'ont produits les Gaules, p. 2.'. -28. 88.
101. 108. 152. 160. 22.'i. 2j2. 411. n. 17.
18. 9.1. 103. l.TC. 204. 23.'?. 2*7. 2*9.
259. 281. 318. 323. 418. 419. I>.
l'ollierx, fondation île retio Eglise, p.
.•JOS. o. Ses Ecoles, p. 244. a. 17. 206.
207. b. Grand.s hommes qui en sont sortis.
(1. iV3. II.
l'oleme, disciple de S. Ambroise, p.
.13(>. h.
Polenion, fameux Sopliisle, grand .ad-
versaire de Favorin, p. 2t>7. n.
S. Pohjcarpe, disciple des A|)<ilres, Mai-
Ire de S. Irenéo, p. ,{24. 338. a. S'il l'a
envolé dans les Gaules, p. 326. a. Son
7.élo contre l'erreur, p. .3.'J8. n. Fait un
voïage .1 Rome au sujet du jour de la P;i-
que, p. 241. 2'n. 298. n.
Trogue Pompke, Historien, sa iwtrie, p.
114. a. Sa famille, ili. Ses talen», p. 115.
II. Bn quel tems il a vécu, i7). ('me: son
éloge, p. 114-116. a. Editions do son his-
toire p. 11912*. n. Traductions p. J24.
o.
Pulame, Evéque do Lisbonc, Autour de
la .seconde formule de Sirmich, p. 27.
2(16. 6. Une de ses lettres pleines d'erreurs
court l'Orient et l'Occident, p. 270. 6. Ses
niscs, iUid.
S. Pothin, disciple des Apôtres, p. 22."î.
23*. 289. «. Premier Evèqno de Lyon,
p;i(,'. 22:;. 289. a. Son martyre, p. 2«!l.
II. Ses disciples, p. 225. a.
La Princ, qualité qu'elle doit avoir, p.
,338. h. Prières pour les Morts, voir/
Morh.
.H. Ant. PRmts, surnommé Bec ilo coq.
Poi'le, fjùl himneur aux lettres et aux ar-
mes, p. 1,39. 223. 22*. a. Se» bonnes et
mauvaises qualités, vuiez son élojrc, p.
216". 217'. 22.3. rt.
l-es Prhcillinni'lf, qttelques Iraiti de
lenr portrait, p. 422. /). Leur secte com-
mence en Espagne, p. 2iO. b. Ses pro-
grès, p. .35. 36. b. En quoi elle lon-
siïtoit, p. 36. b. Leurs menées, p. .321.
6. Jugés dans le Concile do Bourdcanx,
dont ils ap|)ellent i Maxime, p. 3(i. 2*1 .
b. Condamnés ;V Trêves à perdre la vio, p.
.Ki. .37. 241. b.
Priicillien, chef des Prlscillianistes, p.
.35. 6. Condamné A Sarajroce, ib. Se réfu-
gie dans les Gaules, ibiil. Cliassé de Bour-
<le.aHX et d'Italie, p. 36. 6. Condamné
dans le Concile do Bourdcaux, p. 241. b.
Apiielle \ Mixime, p. 36. 241. 6. Y trouve
sa perte, p. 3(>. ,37. 241. 6.
Pritane, Evèqno ilo Trêves, volez : Brit-
ton.
S. Prient, premier Évêqno de Galialcs,
aujourd'hui Mande, p. .308, a.
Probe, Préfet de Prétoire, p, 305, .321, b.
Le plus illustre Officier de l'Empire en son
tems, p. 3Î7, b. Ausone avoit promis d'é-
crire sa vie, p. .308. /).
C. Val. PftociLLDS, favori et Ambassadeur
de Cés.ar, p. 97. a. l'oïci son éloge, p. 97-
98. n. Peut-être le même que lo suivant.
Procillii», le plus excellent Grammairien
do son siwlo, p. 98. n.
Procle, ou Prociile, .avec qui le Prêtre
Caïus eut une célèbre conférence, p. .357-
358.»,
S. Priifiili', Evèque île Marseille, assiste
en .381 au Concile d'Aquilée, p. 3*. 6. Son
affaire agitée an Concile île Turin, p. 42t>.
*27 '). Y est déclaré Primat, ibiil.
Pno<;ii.K, Poète, écrivoit avec grâce et po-
litesse, p. 2*9. b. Voies .son éloge, ibiri.
ProciUe, Gouvcmcnr de la Scqaanoisc
en 29.5, p. 2*9. b.
Prncnle, Proconsul d'Afrique en 340,
p. 2*9. A.
Proenle, Comte d'Orient vers 384, p. 2,58.
Proeiih, Préfet de Rome en 531, p. 249..
h.
Procuh, rdlo de l'Ordenr ILIpliide, se
duile par Priscillien, p. .Ki, 4. Sun sort,
p. 205. h.
Proërett, Sophiste d'.Vlhencs, vient dans
les G.aules, p. (i. b.
Prnfesseursdcfi belles Letres, .science <-l an-
tres qualités qu'ils dévoient avoir, p. 4. 8.
12.13. A. Leurs ap[H)inlemcnsas.signo.s surl'é-
TABLE DES MATIERES.
«M
I>ar(;iie du Prince, p. 9. 14. b. Leurs privi-
.cgus, p. 4. h.
S. /'(«IHH, ilisciplc fie S. Ambroiso, de-
puis Evùque (le Cùmc, p. 33G. b.
Les /'scHH/Hcj, leur rUtge, p. 3tt(). 6. Ne
soiil pas lous de David, p. 175, 176. b.
Tout l'i! i|u'ils coulienneiil regarde la nou-
vclli' alliance, p. 176. 6. Coniiiieiilés pnr
S. llilaire de l'oiliers, p. 174-178. b. Et par
S. Ambroise, p. 385-387. b.
Num. l'udf.HliUa, tncnr do la femme du
Poêle Ausone, p. iS). b.
Lo Puij en Vêlai, fuiidalion de c.;lle
Eplise, p. 308. a.
/'i/rronieiis, leur secle, p. 27i-273. «.
l'illhayore, instruit par les Gauluis, p. 1(1.
II. U'uù d ferme sun s>sluuie sur la uié-
einpsycosi', p. 10-37. u.
l'vTiiEAS, Pliilosophe, Astronome et Oéo-
^lapli", .son pays, p. 71. a. En quel lems il
a IleHii, l'AiiJ. Ses j(rands voiaîi'i's, foïes son
éloge, p. 71-74. «. Ses écrits surs l'astrono-
mie, p. 38-78. (I.
l'ijUieai, Urateui' d AlLeues, p. 78. «
U
LA Questure, prérogatives de cette charge,
p. 484. 6.
QuinliUif, Maîtresse du Poète Calvus,
p. 111. a.
Clud. Ul'iRiXALis, Rhéteur, enseigne à
Hume l'éloqueuee avec suicès, p. 133. a.
Votez son éloge, p. 178. 179. a.
» A Itebaplizatiun des hérétiques con-
Lidamnée par le Concile d'Arles, p. 53. 6.
S. Hcgule, Evèque d'Arles et de Seulis,
p, 306. 308. a.
Reimt, assemblée des Gaules qui s'> tint
eu 70, p. 131. o. On y cultive les belles
lettres, p. 136. a.
La ndiijiuu Chrétienne, c'est cUvi elle
que su trouve la véritable justice, p. 75. h.
Et la vraie Sitgessc, p. 74. 6. Ce qu'elle
exige de l'homme, p. 75-76. b. Tire de grands
avantages de la connoissanco des lettres,
p. 437-238. M. 44 6. En quel lems établie
dans les Gaules, p. 143. 146. 444. 225. a.
D'où elle y passa, p. 445. o. Elle s'y étend
et s'y affermit, p. 24,j. 447. 300-310. «. 3.
44-24. h. Manière dont elle s'est répandue
et affermie, p. 426. 300-310. u.
FI. Veg. //«nutui, fait un traité sur la
guerre, p. 263. 6. Le dédie à Valcnlinien U,
ibiil.
La Jtcxurirction dos corps établie, {i.
381. o. Deux sortes de Résurrection, p.
387-389. b. Traité sur ce sujet, p. 347. 6.
S. ItETiCE, Evèque d'Aulun, en quel tcms
il lleurissuil, p. 59. b. Prélat de très-grande
autorité, (6. Assiste au Concile de Rome
contrôles Dunatistes, p. 23. 59. 60. 6. Au
1. d'Arles, p. 63. 59. b. Ecrit contre les
Novatiens, p. .'ill. n. 61. b. Sur le Can-
tique des Cantiques, p. 311. u. 62. b.
l'iiiV: son éloge, p. 59. 60. b. Ses écrits,
p. 61-63. 0. Jugement qnu les anciens en
ont porté, p. 311. u. 61. 62. b. Divers traits
de son histoire, p. 9."j. 96. b,
Ithi'liurs, défauts qu'ils apportoienl à
fiirmer eurs Elevés, p. 142. 113. u. Illié
leurs qu'ont produits les Gaules, p. 83. S:>.
133. 134. 119. 150. 178. 179. 414. 411. ,(.
97. 113. 144-147. 136-139. 402-406. 417.
418. 4;il. 232. 481. 318. 44t. 6.
Hiiiiini, Constance en 339 y assemble un
Concile, p. 30. ft. Ce qui s'y passe, p. 30-
34. 6. Ses suites, p. 32. 33. b. S. Hilaire
de Poitiers en a écrit l'histoire, p. 169-171.
b. S. Pliébode d'Agen écrit contre le Con-
cile, p. 273. 474. 476. b.
Kodaue, Evèque de Toulouse, se signale
dans le faux Concile de Bcziers, p. 46.
118.119. 135. 141.6. Exilé en Phrygie,
meurt dans son exil, p. 26. 118. 133. b.
Les Rumaiiii: envoient une colonie A,
Narbone et se rendent les maîtres de tout
son territoire, p. 48. u. Unis et en com-
merce avec les Marseillois, p. 46. 53. 56.
a. En preinient l'usage de la langue gréque,
p. 58-59. il. En union avec les Éduens, p.
50. a. Deviennent maîtres de toutes les
Gaules, et y établissent leur gouvernement
et leurs coutumes, p. 56-58. a.
Home inend des Gaulois le premier goût
l)onr les belles Ictres, p. 53. a. On y voloil
autrefois plus de vingt Ecoles,' îfc. Tire des
Gaules de très-grands hommes, p. 69. 83.
86. 88. 92. 101. 109. 147. 134. 133. 134.
u. 15. 16. b. En particulier plusieurs Pro-
fesseurs d'éloquence, p. 83. 86. 109. 180.
218*. a. 123. 146. 139. 444. 6.
(j. Rosoivs,, le plus célèbre Comédien de
l'antiquité, p. 92. a. Sa naissance, ibid.
Ses grands talens, p. 93. 94. a. Sa mort,
p. 95. tt. Voiez son éloge, p. 92-96. o. Ses
écrits, p. 95. o.
R t r ij
500
TABLE DES MATIERES.
RuFiiii, Ministre U'Ktal, sua pais, p. 3i\.
3S2. 6. Va à la Cour du Constantinopic,
323. b. Y est élevé aux premiers lion-
nears, ib. Son baptême célébré, ib. Sun
ambition et son avarice, p. 332. 323. b.
Sa tin malheureuse, p. 323. b. Voiez
son histoire, p. 321-323. b. Auteur de la
fable de Pasiphaé, p. 323. 6.
Treb. RuriRi's, Orateur, en commerce
avec Pline le Jeune, p. 249. a. Abolit à
Vienne sa patrie des jeux de lutte, ibid.
Voiez son éloge, p. 249. 230. a. .
Satr. RvFUS, Orateur, enseigne à Romo,
p. 218*. a. Critique l'éloquence de Cicoron,
p. 133. 218" o. Voïez son éloge, p. 217'.
218". o.
Rurus, Rhéteur, enseigne à Poitiers sans
succès, p. 206. 207. 6. Voiez son histoire,
t6td.
Sex. Rufus, Aateur d'un abrégé de l'his-
toire Romaine, diflérent du précédent, p.
207. 6.
Sabbaliut, Evèque Gaulois, le même que
S. Servais de Tongres, p. 242. b.
Sabbatius, hérétique dont les écrits fu-
rent condamnés par le Pape Gelase, p. 242.
b. DOt.
Sabin, Evèque de Plaisance, Censeur
ordinaire des ouvrages de S. Ambroise, p.
406. 407. b.
Luc. Sabina, femme du Puëte Ausone,
p. 282. 6.
Landul. Sagax continue l'histoire d'Eu-
trope, refondue par Paul Diacre, p. 226. b.
Saintes, fondation de cette Eglise, p.
308. a.
Les Saints, leur culte, p. 42. b. Com-
battu par Vigilance, p. 41 . 42. b. Leur in-
vocation et leur culte établi, p. 343. b.
Salvste, Préfet des Gaules, p. 196. b.
Confident de Julien l'Apostat, p. 199. b.
Travaille à calmer la pei'sécution contre
les Chrétiens, p. 179. 197. 6. S. Hilaire de
Poitiers lui adresse un écrit A. ce sujet, p.
179. b. Est élu Empereur et le refuse, p.
198. b. Loué par Alcimo, p. 137. b. Voiez
son éloge, p. 196-198. b.
Salutte Second, Préfet du Prétoire d'O-
rient, p. 198. 199. 6. Ne doit pas être
confondu avec le précédent, pag. 198. b.
Samothèt. premier Roi des Gaules, p.
2. o.
Sancte, Diacre de l'Eglise de Vienne, p.
33. 331. 391. a.
FI. Sanclus, beau-frere du Poète Ausone,
p. 289. b.
Saragoce, il s'y tient un Concile contre
Priscillien et ses sectateurs, p. 35. 240.
6. 11 s'y trouve plusieurs Evéques des Gau-
l.-s, p. 33. 6.
Sarron, troisième Roi des Gaules, fable
qu'on en débile, p. 2. a.
Sarronides, Théologiens Gaulois, p. 2.3.
a. N'ont point pris leur nom de Sarron, ib.
S. Saturnin, premier évéque de Tou-
louse, p. 304. a. Tems de sa mission dans
les Gaules, p. 305-30). o. Fonde des Egli-
ses en Espagne, p. 307. a. Ses Disciples,
ib.
Saturki.'v, Evéque d'Arles, suu ordina-
tion, p. 135. b. Zélé partisan de l'Aria-
nisme, p. 26. 117-119. 134. 6. Condamne
S. Athanase, p. 26. (i. Préside au Concile
de Bcziers, p. 135. b. Sa conduite scanda-
leuse et tyran..iquc, ib. Comment traité par
les Evéques Gaulois, p. 26. 27. 130. 131.
136. b. Voiez son histoire, p. 134.-136. 6.
Ses écrits, p. 136. 6.
Pub. Semp. 5a(urntnu<, Tyran sous Gai-
lien, p. 409. a.
Fir. Saturninus Proculus, Tyran sous
Aurelien, ibid.
Sex. Jul. Satu«>inis, Tyran sous Probe,
p. 409. a. Forcé de prendre la pourpre, p.
321. 410. o. Fort versé dans les belles le-
Ires, p. 409. 411. a. Voïez son éloge, p.
.409-411. a. Fragment d'un de ses discours,
p. 411. a.
S. Satyre, frère de S. Ambroise, son
éloge abrégé, p. 335. b. Son Oraison funè-
bre, p. 347. 6.
S. Savinien, premier Evéqne de Sens,
p. 309. o.
Les Sciences,, peut-on les cultiver sans
l'artde l'écriture'/ p. 17 .20 a. Eniiemiesdu
tumulte, p. 2. b. Utiles à la Religion, p.
237. 238. 314. «. 22. 6. Ont servi de Con-
ducteur aux'Gentils pour les amener à J. C.
p. 227. a. L'Evangile a favorisé leur pro-
grès, comme elles ont fraie le chemin à
l'Évangile, p. 227. 307. a. Tirent de l'a-
vantage des hérésies, p. 242. a. N'étoient
point nécessaires pour l'èpiscopat et la prê-
trise, p. 238. a. Leur progrés lié avec le
gouvernement de l'Etat, p. 126. a. Oitt
été cultivées de tems immémorial par les
Gaulois, p. 9. o. Leur progrès dans les
Gaules, p. 52. 53. o. S'y étendent à me-
sure que la foi s'y répand, p. 300. 307. a.
Lc'ir progrès à Rome et ailleurs, p. 53. 54.
n. Voïez : £co/ej et Letres. Souffrent de
l'altération sous les règnes de Calignla, de
Claude, de Néron, de Caracalla, p. 126. 313.
a. Se soutiennent néanmoins dans les
Gaules, p. 130. 131. 313. «. Y sont encore
TABLE DES MATIERES.
50 i
florissantes aux III et IV siècles, p. 3I().
317. a. 1. 2.4. 2i. 6. Leur décadence et ses
caases, p. 313. 314. a. En quoi consiste
la véritable science, p. 238. 239. 351. a.
Scribonius Largus, mal confondu avec
Siburius, p. 247. 6. En quel tems il a
vécu, (6. Son traité sur la îfédecine, ibid.
La Sculpture cultivée dans les Gaules, p.
138. a.
Secondien , Evéqne Arien en Illyrie,
contre qui S. Ambroise écrit, p. 246. 376.
6.
Jul. Seccndcs, Orateur célèbre, grand
ami de Quintillien, p. 216. b. Passe des
Gaules & Rome, ibid. Y brille par son élo-
quence, p. 133. a. Avoit d'abord de la
peine à réussir dans l'éloquence, p. 177. a.
Votez son éloge, p. 216. 217. a. Ses écriu,
p. 217. a.
Sedatvs, Rhéteur, sa naissance, p. 138.
6. Enseigne en divers endroits, ib. Se fixe
à Toulouse, ib. Votez son éloge, p. 138.
139. b. Ses enfans lui succèdent, et en-
seignent à Rome et à Narbone, p. 139. 6.
Seleucie, il s'y tient en 359 un fameux
Concile, p. 30. 33. 142. 143. b. Son issue
et ses suites, p. 32. 33. 6. S. Hilaire en
a écrit l'histoire, p. 169-171. 6.
Senlit, fondation de cette Eglise, p. 303.
a.
Sent, son premier Evéque, p. 309. a.
Cd. Sentius, père du Poète Sentius Augnri-
nus. Préteur, p. 253. a. Se distingue dans ia
guerre contre les Juifs et lei Bretons, ibid.
Sept, nombre sacré, p. 184. 6. Divers
Auteurs ont écrit sur ce nombre, p. 183.
184. 6.
Les Septantet, leur éloge, p. 176. b.
L«ar version authentique, ib.
S. Servais, Evêque de Tongres ses di-
vers noms I..atin8, p. 242. b. Le même
que Sabbatius, dont parle Gennade, p. 242.
243. b. Son ordination, p. 243. 6. Assisie
au Concile de Sardique, ibid. Député vers
l'Empereur Constance, (6. Se trouve au
Concile de Rlmini, p. 30. 244. 6. S'y si-
gnale, p. 31. 244. b. Puis tombe, p. 32.
244. b. Assiste au 1 Concile de Paris, p.
30. 6. S'y relevé de sa chiite, p. 30. 244.
Sa mort, p. 245. 6. Votez son éloge, p.
242-245. b. Ses écrits, p. 245. b.
Val. Severa, mère de l'Empereur Gratien,
p. 233. 234. 6.
Severe, Gouverneur de la Lyonoise, de-
puis empereur, père de Caraealla, p. 353.
354. 356. a.
3 3
Severe, femme de l'Empereur Philippe,
p. 389. a.
SiBVHE, Préfet du Prétoire, son pais,
p. 246. b. Elevé à de grands honneurs, tt.
Voiez son éloge, p. 246. 247. 6. Ses
écrits, p. 247. 6.
Le Silence, ses avantages, p. 369. b.
Manière de le garder, p. 370. b. Quand il
est utile de le rompre, t6.
Simon le Magicien la tige de tous les
autres hérétiques, p. 331. a.
Sintplice, Evéque d'Autun, assiste au I
Concile de Valence, p. 209. b.
Sirmich, la seconde formule de Sirmich
envolée dans les Ganles, p. 27. 6. Com-
ment reçue, p. 27-28. 6. Refutée par S.
Phébade, p. 28. 269-272. b. Rejetée dans
le Concile d'Ancyre, p. 29. b.
Sacrale, ouvrit le premier une Ecole
pour former des Orateurs, p. 271. o. Fa-
vorin écrit contre lui, et Galien en prend la
défense, p. 273. 274. a.
Soldures, qui ils étoient, p. 36. a. Leur
attachement inviolable pour leur Seigneur,
ib.
Sophiste, quelle étoit sa profession et ce
qu'entendoient par-là les Anciens, p. 266.
tt. 8. 6.
Ste Solere, Vierge et Martyre de la fa-
mille de S. Ambroise, p. 326. b.
SpERCHÉE, Grammairien Grec, enseigne
dans les Ecoles deBourdeaux, p. 6S. b.
Staphilids , Professeur d'éloquence à
Bourdeaux, p. 113. b. Sa naissance, p.
114. <i. Ses grandes qualités. Voiez son
éloge, p. 113. 114. b.
Cxcil. Slatitu, a beaucoup enrichi la
Langue Latine, p. 54. 55. a.
Pub. Pap. Statiut, Auteur de la Thé-
haïde, mal à propos confondu avec Statius
Ursulus, p. 180. a.
L'art Statuaire cultivé dans les Gaules,
p. 133. a.
Style, ou manière d'écrire, les quatre
différentes sortes en usage chez les An-
ciens, p. 284. a.
SucuRO , Grammairien, enseigne dans les
Ecoles de Bourdeaux, p. 64. b.
Les Supentitioni,, ennemies de la véri-
té, p. 323. a. Fort communes dans les
Gaules, «6.
Surculus, Voïez : L. Stat. Ursulut.
Suianne, son histoire expliquée par S.
Hlppolyte, p. 369. a.
ooa
TABLE DES MATIERES.
Ml. SvAGHius, Poëte, sa nais^uiicc, p.
259. b. Elevé aux premiers liunncuis île la
République, (6. Consul en 38a. ib. Ses
liaisons avec lus Savans de son leiiis, p.
260. 6. Koi>z son éloge, p. 259. 360. b.
Ses poésies, p. 260. 6.
FI. Syaijiiux, Consul cm 381, nu titili
pas être confondu avec le précédoni, |i.
239. 6.
Symnia(jue, l'Oralciur, élevé des Ecoliw
Gauloises, p. 325. b. En liaison ])nrlicu-
liere avec nos Savant Gaulois, p. 220. 2.'>9.
305. 320. 321. 321. 424. b. Présente au
Sénat une requête en faveur de l'idolâtrie,
p. 379. b. que S. Ambroiso réfute, 379.
380. 6.
S. Sijmphoricii, illiulre Martyr «l'Aulun,
p. 294. a.
Spiese, a fait l'ilogo d'une tétc cbauvt.'.
p. 275. a.
ï
Tablettct, leur invention et leur usa^'c,
p. 22. a.
Taureuce, Colonie dos Marseillois, p.
16. a.
Tauius, Modérateur du Concile de Uimi-
ni, p. 31. b. Conduite qu'il y tient, p. 31.
32. 214. 207. b.
Tklon, Astronome et Matlieniatieien, p.
!I9. (1. Grand homme de mer, p. 100. ii.
t'uiez sou éloge, p. 99. 100. u.
La Tcntaliun, son utilité, p. 337. b.
Teiiuue l'ui'le sil>rique, sa famille, p.
lis. b. Sun éiliUMliiiii, ibiil. Ensoignu à
Ali^uulèiue, ib. Ses poésies. Vuicz son
éloge, p. 118. 419. b.
Ti'liuiU-, Granil liomme de letres , dilVc-
lentdu l'oétu du même nom, p. 118. b.
l'elavins Ti'ucvr enseigne dans la Gaule
Cisalpine, p. 53. «.
Thalasse, Grammaiiion, enseigne dans
les Ecoles de Itourdeaux, p. 63. b.
Thalatte, l'roconsul d'Afrique, gendre du
l'oéte Ausouu, p. 63. 282. b.
Iai Théâtre défendu sou.s peine d'excom-
munication, p. S5. 6. Dangereux pour la
jeunesse, p. 67. 140. a.
Thcmistins, célèbre Sophiste, député a
Gr.aiun dans lus Gaules, p. 235. b.
Théodore. Evèr/ue d'Octodnrc, assiste en
3S1 au Concile d'.Vquilée, p. 31. 6. El en
390 à celui de MiUh, »6.
TuEnDORK, Secrelairu d'Etat, ses grandes
qualités, p. 211. 212. 6. Misa mort en
394, p. 212. b. l'uiez son uloge, p. 211.
il2. b.
Théodore, Consul en 399, différent du
précédent, p. 211. 6.
Mallius Theodurtis, Préfet des Gaules, >
fait fleurir les Sciences, p. 9. b.
Ihnodosv le Grand, associé à l'empire \>av
Gralien, p. 2,16. ((. EiKiuse Galla en secon-
des noi-es, p. 2(>l . b. De graml .secours à
Valenlinien 11, p. 2li2. u. Soumis à la [lé-
nilence après le meurtre de 'riiessalonii|Ui',
p. 3.'t2. b. Sa foi, sa piélé, sa clémence, etc.
p. 376. b. Uréiianu prononce son panégy-
rique, p. 122.123. b. Mort à Milan ri en-
terré ù Cl', p. 37.'). 376. 6. S. Amlnoisn
fait son Oraison funèbre, ib. Sa lettre au
Poêle Ausonc! n'est (winl une pièce suppo-
sée, p. 290.291. b.
ThcuiUile, disciple do S. Ambroiso, de-
puis évéqiie do Modene, p. 3;i6. b.
La Théoluijie des Anciens en i|Uoi elle
consistoit, p. 2:t3.23i. <i. iUaiiiere de l'en-
seigner, p. 235-239. u. Se |>erfectiounc
chez les Gaulois, p. 4. b.
Theo>, Poète, .son pais, p. 247. b. En
grande liaison avec le Poëtc Ausone, p.
2ts. b. Son génie, voirz son éloge, p. 217-
219. 6.
Tli-uii, Sophiste Grec, mal confondu avec
. lu précédent, p. 219. b. Son Traité sur la
llliélorique, ib.
fheiuutc, fameu\ Médecin à Home, p.
110. u.
S. Th>iis>>, biacie, disciple de S. Poly-
carpe. travaille à réiMudre la foi dans les
Guules, p. 225. 291. «.
An. Tiberi<xuat, Comte d'Afrique, p.
105. b.
Jun. TiberiuMM, Consul, Préfet de Uome,
p. 104. b.
TiiiERiEN, Préfet des Gaule», p. 104. b.
Sou pais, j>. lU'i. b. Vuïiz .son éloge, p.
101. 105. b. Ses écrits, p. 105. b.
TitoHf, Donatiste, écrit contre les prin-
cipes de sa Secte, p. 253. b Kefuté pal
TATILE DES MATIERES.
503
Parmcnicn, ih. No se rond point A la lii-
mieredela voiité, p. 953. â">i. h.
Jiil. Titianns, le père, Oratnur, confondu
avor le snivani, p. .330. 101. .403. a.
Jul . TiTiANDS, Gcoprapho, Orateur cl Rln-
tcur, filsdu précralcnl, p. 401. n. Surnom-
mé li' Sin;;e do son Tems. p. iOi. a. Ou'lf
Siniic des Orateurs, p. 40i. a. Choisi poui
précepteur du César Maximin, p. iOl. n.
Préside allirn.alivement aux Kcoles de Lyon
et de itesanvon, p. 319. ». A Ijcaucuup Ir.i-
vaillé à soutenir l'éloquence, p. 332. *03.
VU. a. i'oïrz son éloge, p. 401. 40i. ».
Ses écrits sur divers sujels, p. t03-tOt. ii.
Til). Fab. Tilianut, Consul en 3(5, p.
401. a.
Tib. Fab. Titianut, Consul en 391, p.
401. n.
Titien, Préfet des Gantes en 3^«5, p. 401 .
Tongres, ses premiers Evèquos, p. 243.
'). Son siège Iransferé à Masiricli, puis à
Liège, p. 94S. h.
Proc. Ti'rpacidu, Médecin Chrétien, pn"-*
de Severe depuis Empereur, ]i. .Ti3. «.
Les Totcnns, et les Grecs eroploïercnl les
premiers la cire pour écrire, p. 23. «.
Timlimxe, surnommée Pnllailia, p. 50. a.
Son éloge, i6. Fondation de celte Eglise,
p. 304-3OT. a. Ses écoles, p. 1,34. l.T(i.
180. 243. a. 14. 08. 137. 139. 6. Grands
liommus qui en sont sortis, p. 179, 180.
333. a.
Tour*, 'son premier Eréqne, p. .304. a.
Uc-lil la foi se répand dans le Maine, l'An-
jou, etc., p. 309. (I.
La Tradition^ et l'Ecritnre, les seules
sources oii les Anciens puisoienl leur théo-
logie, et les seules règles dans les Conci.es,
p. 333. 334. 240. a. C'est dans l'Egli-e
qu'elle se trouve .sans mélange, p. 333. a.
Attention des anciens Pères à la conserver
pure, p. 234. 303. 339. a.
Trente, bâtie par les Gaulois, p. 54. a.
Trêve», une antre Rome, p. 316. a. Son
éloge, p. 10. 6. Devient le séjour ordinaire
dos Empereurs aides Préfets, p, 315. ». 3.
6. 8. 9. 100. 110. 261. 320. b. Envoie en
70. un Orateur à l'assemblée générale des
Gaules, p. 131. a, Con.slantin le Grand
l'embellit, p. 3. 6. Lieu de l'exil de S.
Atbanase, p. 6. 100. b. Ses Ecoles, 136.
244. 316. 317. 417. a. 10. 12. ,50. 207.
308. 335. 417. b. Grands hommes qui on
sont sortis, p. 417. a. 50. 907. 308. 361.
33»>. 418. 6. On y tient quelques Conciles,
p. 37. 38. 365. 266. 6.
La Trinité, Ecrits qui traitent de ce
mystère, p. 156-163. 945. 270-280. ,345.
346. 348. 417. b.
S. Trnphime, premier Evéqne d'Arles,
p. 304. ». Tems de sa mission dans les
Gaules, p. .305. ,30(i. a.
Turin, on y lient un Concile en 398, ou
.399, pour rétablir la paix dans l'Eglise des
Gaules, p. 426-438. 6.
Vnlenee, dans la Viennoise, on y tient nn
Concile en .374, p. J09-311. h. Ses Ca-
nons, p. 210. b,
r«/cn», fameux Evéquo Arien, voïeï ;
lJr.incc, son compagnon inséparable.
f'alens, Empereur d'Orient, p. 234. b.
Eng.age Eatrope à écrire un abrégé de l'his-
toire Romaine, p. 324. b. Pérltàla jonrnco
d'Andrinoplo, p. 235. b. Ses vexations con-
tre les Catholiques, p. 3.36. 6.
Valeiitin, Evèque d'Arles, souscrit au
Concilede Sardique, p. 134. 6. Saturnin lui
suecede, ibid.
Valenlin, Auteur de la secte des Valen-
tiniens, p. 342. ». En quel tems il dogma-
tisoit, i6«l. Ses erreurs, p. 845. 6. S. Ser-
vais do Tongrcs a écrit contre, ibid.
Valrntiiiien I, Empereur, pero de Gra-
licn, p. 2.33. 6. Et de Valentinien II, p.
361. b. Son caractère, p. 8. 6. Sa con-
stance Chrétienne el héroïque sons Julien
l'Apostat, p. 289. 375. 6. En quel temps
élevé à l'Empire, p. 144. 933. b. Fait son
.séjourdans les Gaules, p. 8. b. Condamne
toute sorte de Magiciens, p. S. 6. Publie
des loix en faveur des letres, p. 8. 9. b.
Donne un cdil fâcheux, p. 173. 6. Sa con-
duite envers S. Hilaire de Poitiers et
Auxence, Evéquo Ariea de Milan, p. 144.
14.5. h. Sa mort, p. 3.34. b.
Vai.extwiex II, Empereur, sa naissance,
p 361 . 6. Ses grandes qualités, ib. Dé-
claré Auguste à l'âge de quatre ans, p. 261
b. Associé à l'Empire par Gralicn, p. 334.
b. Son zélé pour la foi, p. 361. 6. Son res-
pect pour S. Ambroise et Theodose le
Grand, ib. Son gouvernement, p. 263. 963.
ib. Sa mort. Votez son éloge, p. 361-964,
Mi
TABLE DES MATIERES.
6. S. Ambroise fait son oraison fanebrc,
p. 374. 375. b. Son talent pour l'élo-
quence et son amour pour les Lelres, p.
S63. b. Ses loix et ses ordonnances, p.
363. 264. b.
Les Valentinient, hérétiques disciples de
Valentin, p. 331. a. Refutés par S. Irenée,
p. 24S. â43. 330-333. a. Volez Valentiti
leur chef.
Tnl. VaUntiniu, Orateur de la ville de
Trêves, p. 131. o.
S. Valerien, disciple de S. Pothin, tra-
vaille à étendre la foi dans les Gaules, p.
33S. b.
P. Ter. Varro, Poëte et Historien, p.
108. a. Confondu roal-à-propos avec M.
Ter. Varro, p. 108. 112. a. Ses grands
Miens, p. 108. 109. a. Va s'établir à
Rome, p. 109. a. Totez son éloge, p. 108.
109. a. Ses écrits, p. 110-114. a. Imités
par Yirgife, p. 112. a.
Les Voies des Gaulois, p. 24. o. Con-
fondus avec les Druides, p. 28. 29. a.
Leurs fonctions, ibid.
Venere, disciple de S. Ambroise, fut de-
puis Evèque de Milan, p. 336. 6. •
Le Verbe, sa génération éternelle éta-
blie, p. 158.293. 298. 6. Sa divinité prou-
vée par S. Irenée, p. 344. a. Par S. Hip-
polyte, p. 398. a. ParLactance, p. 85. b.
Par S. Hilaire de Poitiers, p. 159. 163. b.
Par S. Ambroise, p. 345. 346. 349. h.
Comment il s'est rendu visible, p. 277.
2'i8. b. Son Incarnation, p. 349. b.
La Vérité ne se trouve que dans l'Eglise
Catholique, p. 332. 343. a. 74. a. Sa
force, p. 160. b. Elle ne peut être détruite,
p. 271. 6. Devient plus brillante, lorsqu'on
lui résiste, p. 160. 163. b. Comment on
en acquiert la connoissance, p. 72. 78. 6.
Motifs pour l'acquérir, p. 74. 6. Ne se
persuade point par la violence, p. 116.
150. b. Motifs qui peuvent engager à par-
ler pour elle, p. 168. b. Tire de l'avantage
de l'Eloquence, p. 66. 6. Peut aussi se
passer des appuis étrangers, p. 66. 73. b.
Vérone en Italie, bâtie par les Gaulois,
p. 54. a.
La Vertu, sa force, p. 78. 6.
Verut, Evéque de Vienne, assiste en 314
an Concile d'Arles, p. 53. b.
L. Vestinui, favori de l'Empereur Claude,
p. 127. a. I
Vieenee on Italie, bâtie par les Gaulois, |
p. 54. o. ... .;
S. I'«c<oi-, Pape, menace d'excommunier,
ou excommunie mémo les Asiatiques, p.
241. 297. 298. 340. a. S. Irenée lui écrit
plusieuri; letrcs à ce sujet, p. 241. 297.
298. 339. 340. a.
Victor, Evéque. de Tunes, Auteur d'un
traité sur la pénitence, p. 400. a.
ViCTORius , Grammairien , enseigne à
Bourdeaux, p. 231. 6. Voïez son éloge, p.
231. 232. 6.
La Viduité, ses avantages au-dessus du
mariage, p. 344. b.
La Vieillette représentée avec .ses carac-
tères, p. 106. a.
Vienne, la plus illustre Métropole des
Gaules, p. 49. 50. a. Son éloge, ibid. Ses
foires solennelles, p. 292. a. On y cultive
les belles letrcs, p. 136. o. Grands hom-
mes qui en sont sortis, p. 128. 129. 219.
a. Il y avoit une Eglise tonte formée avant
l'épiscopat de S. Irenée, p. 225. a. Elle
écrit conjointement avec celle de Lyon
l'histoire de sas premiers Martyrs, p. 289.
290-292. a. Voïez : Lyon.
La Viennoise, ainsi nommée de Vienne
sa capitale, p. 49. a. Grands hommes
qu'elle a produits, p. 128. 129. a.
Les Vierges consacrées à Dieu, excellence
de leur état, p. 339. 342. b. Elles s'y con-
sacroient ordinairement à quelque grand
jour de fête, p. 340. 343. b.
Vigilance, le premier monstre qu'aient
produit les Gaules, p. 41. 6. Ses erreurs,
p. 41. 42. b. Comment étouffées, ibid.
Vigilius, qu'on met an II siècle à la télé
d'une Académie à Orléans, inconnu aux An-
ciens, p. 244. a.
Vincent de Capone, Légat du Pape, se
trouve au Conciliabule d'Arles, p. 115. 'ft.
V cède aux violences des Orientaux, p.
116. 6.
C. Jul. Vindex, Gouverneur de la Gaule
Celtique, grand homme de -guerre, p. 129.
o. Se déclare le premiercontre Néron, >6td.
La Violente en matière de foi est contre
l'esprit de Dieu et la pratique de l'Eglise,
p. 150. 6. Voïez : Vérité.
La Virginité, ses avantages an-dessns da
mariage, p. 339-342. 6. Traité sur cesujet,
p. 339-344. 383. 6.
Universités, établissement fabuleux qu'on
leur prête, p. 2. a.
Votius, Ëvèque de Lyon, assiste en 314
au Concile d'Arles, p. 53. 6.
Popp. Vopise^is, natif de Vienne, Consul,
p. 129. a.
TABLE DES MATIÈRES.
505
Urdicus, Grammairien grec el latin, en-
seigne dans les Ki-oles de BourJeaux, p.
119. 120. b. Son genre d'éloquence, votez
son éloge, ibiil.
Ifrbicus, connu par Symmaque, différent
dn Grammairien, p. lit. 6.
Vrtncr et Valens, deux chefs insépara-
ble.s de l'Arianisme, p. 26. 27. 122. b.
Leurs ruse.*, p. 270. 6. Leurs fonctions in-
dignes do leur caractère, p. 115. b. Se
trouvent au Conciliabule d'Arles, p. 115.
116. b. Leur retracUtion, p. 122. 6. Assis-
tent au Concile dcRitnini, p. 32. 244. 267.
h. Conduite qu'ils y tiennent, ibid. Y sont
déposés, p. 267. b. Excommuniés dans ce-
lui de Paris, p. 131. b. S. Hilairede Poi-
tiers écrit coutreenx, p. 169. 171. <>.
Ursuli's, Grammairien, enseigne dans les
Ecoli's de Trêves, vuiez son éloge, p. 207.
208. b.
L. Statius L'rsulus, Rhéteur, enseigne
l'éloquence dans les Gaules, puis à Rome,
coïe: son éloge, p. 179. 180. o.
VUture indigiie d'un Chrétien, p. 91.
177. 6. Crime comparable à l'idolâtrie et à
l'homicide, p. 339. 6.
Paul Winfroi, voïeï : PmU Diacre d'A-
quilée.
Zenubie, Reine de Palmire, en quel tems
elle a commencé à régner, p. 390. a.
2eno(io)'f, excellent Sculpteur, p. 138. a.
Est appplé des Gaules à Rome, ibii.
S. Zenon, Evcque de Vérone, tous les
sermons qui portent son nom, ne sont pas
de lui, p. 179. 6.
Zenothehis, Jurisconsulte, sa générosité
héroïque, t)ot«z son éloge, p. 287. 288. a.
FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DU PREMIER VOLUME.
Tome I. Part. IL
S s s
1)07
APPnOBATION
t'ai li'i par ur.lii' di- iH<>i)srif,'neiir le riiinli! dos Sceaux un Mniinsciil intitula : Jlialoire
" Lileraire dr In Fraiire, etc. ïom. I. l'ne pnlrepiise aussi l'-tciKliii! ilemaïKlu uiiclcclurp
iiiGnic, beaucoup d'cxai-liluilp ot de critique. L'Aiilcur me paroit réunir toutes ces qualités,
et je croi que son Ouvrage, qui devient tous les jours plus nécessaire, sera reçu avec plai-
sir. A Paris ce deuxième Mars mil siqil cens lreiilc-deu\.
I.ANr.F.LOT.
rnniLKi.i: nu roy
TÊ OtIS PAR Lk (;RAcr DE DiF.c ItoY DF. FitAUcK FT DK N vTAiiiiF, : A 1101 amcz cl Teaux (Innscillers les
*-' Cens Icnans nos Cours de Parleniens, M.iîlres des lleqiiêlcs ordinaires de notre Hôtel, (Jrand ConsFil,
Prcrol de l'aris, Baillifs, Sëncchaux, leurs Licnicnuns Civils, et antres nos Justiciers iju'il a|i|iHrlieudra,
Salit. Notre bien-amé Pikkrk-.Micufi. Hiart l'aiiié, l.ihrairc à l'aris, Xous ayant fait remontrer qu'il
lui luroit été mis en main deux OnrraRcs qui ont imur litre : i'Histuirk Litkrairf de i.a Fk (m:i: : Les
.XTriQiiTEs KcixEsiASTiuiEs, TRADi iTKN OS l'A:«.i,iiis DR JosEFii BiNiniAM, qu'il .>-onliaiti'riiit faire
imprimer cl donner au Public, s'il Nous plaisait lui accorder nos Lettres de Privilège sur ce nécessaires;
olfrant pour cet effet de les faire imprimer en bon papier et beaux caractères, suivant la feuille im-
primée et attachée pour modèle, sous le l'.ontrocel des Présentes : A ces caises, toulant traiter favn-
rublement ledit Kxposant, Nous lui a\oiis permis et pernietions par ces Présentes de faire imprfmcr
li'sdils Livres ci-dcssns s|>eciriés, en un ou plusicnr> voluincs, conjointement ou séparément, et autant
d ' fois que bon Ini semblera, sur papiiT et caractères loiifornies a ladite I'cbIIIc inipriniéc et attacljée sou<
U)trc dil ContrcsrcI, et de les vendre, faire vendre et débiter par Innl notre Itoyauni.", pcmiani le lem-
dehuil années riins.'cutiïes, a compter du jour delà date desdites l'réscnles; Taisons défenses a touti s
sorles de iicrsonnes de queli|uc qualité et condition qu'elles soient, d'en introduire d'ijiipression élraii-
Kere dans aucun lieu de notre obéissance; rnmnie aussi ii tous Imprimeurs, Libraires et autres, d'il:)-
primer, faire inijirimi'r, vendre, faire tendre, débiter ni contrefaire Icsdits Litres ci-dessns exposés, e.i
tout ni en partie, ni d'en faire aucuns extraits sous quelque prétexte que ce soit, d'ancmcntalion, cor-
rection, cbangenient de titre on autrement, sans la permission expresse 1 1 par écrit duilit Kx|iosant, uu
de ceux qui auront droit de lui; ii peine de ronOscaîion des exemplaires contrefaits et de quiuzc ce.is
livres d'aniende contre chacun des coutrevenans, dont un tiers à Nuns, un tiers à l'IliVel Dieu de Paris,
l'antre tiers andit Ex|)osant, et de tous déiiens, dommages cl inti^rcts; a la charge que ces rrcsi'utes
seront enregistrées tout au long sur le Itegistrc de la i;ommunautc des Imprimeurs cl Libraires de Paris,
dans trois mois de la date d'icelles, que l'impression desdits Livres sera faite dans notre lloyanmc et non
ailleurs, et que l'Impétrant se conformera en tout aux Uct:leiuens de lu Librairie, et notamment a celai
d!i dix Avril mil s<'pt cens vingt -cinq; et i|u'avant que de rexpo;cr en vente, le Manuscrit ou Imprime
qui aura servi de copie .i l'imiiression desdils Livres, sera remis dnis le même état où l*.\ppr(>bation jr
aura été donnée, es mains de notre Ircscbir ci fe.d Chevalier (larde des Sceaux de France le sieur
Chauvelin ; et qu'il en sera ensuite rcais deux Kxi iiipLiires dans nuire Itibliolheqne publique, un dans
relie de nuire Château du Louvre, cl un dans cille de notre trés-clicr et féal Chevalier Garde des Sceaux
de France le sieur Chauvelin; lu tout il peine de unllité des Présentes; Du contenu desquelles vous
mandons et enjoignons de faire jouir rex|H>sanl uu si's ayans cause, pleinement et paisiblement, sans
>ouffrir qu'il leur soit fait aucun troubli' on enipèi heiueiil ; Voulons que la copie desdites Présentes qui
sera imprimée tout an long auconimencenicnl ouii la On dcsdiLs Livres, soit tenue |Miur dûcmenl signifiée,
et qu'aux copies rollaiiouuees par l'un ile nos amez et f^aux (jinseillers et S.:cretaires foi soit ajoutée
e^Mnuic à l'original : Commandons an premier noire Huissier ou Sergent de faire peur l'exerution d'ieelln:
S S S ij
508
tous Actes rvqnis et lecesHires, sans demander autre permission, et nonbbslant clameur de Haro, Charte
Normande et Lettres à ce contraires ; Car tel est notre tlais:» : DomiÉ à Paris le trentième jour du
mois de Najr, l'an de Rrace mil sept cens trcnte-deui, et de notre Règne le dix-septiéme. Parle Roy et
son Conseil. SAINSON
J'ai associé au préaeni Privilège les sieurs Charles Osmont, Gissey, Guillaume Darirt, Cbauhert et
('busiiT, cl.aruu pour un siticmc. l'.c vingt Juin mil sept cens Irenle-deux.
Sifué, HuART, fdiné.
Itegistrr, entembU la Cettion, lur le Registre viii« de la Chambre Hoyale dei Libraires
et Imprimeurs de Paris, N" 393. fol. 378. conformément aux anciens Reglemens, cmifir-
méi jiar lelui du 28« Février 1723. A Paris le ^Juillet «732.
Signé, G. Martin, Syndic.
Paris. — Impr. Ptiul Uupont, rae do Gront'Ile-SaiDt-Hjnuré, 4'i.
Date
Due
FORM lOS
/
110821