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Full text of "Histoire naturelle, générale et particulière, des reptiles : ouvrage faisant suite à l'Histoire naturelle générale et particulière, composée par Leclerc de Buffon, et rédigée par C.S. Sonnini"

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Durant, Imprimeur-Täbraire et éditeur, 
rue des Noyers, N° 22; 
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Et chez les principaux Läbraires de l’Europe. 


HISTOIRE N ATURELLE ! 


GÉNERALE ET PARTICULIÈRE 


MP S TRE PLIS: 


OuvrAGE faisant suite aux Œuvres de LEecLerc DE 
Burron,et partie du Cours complet d'Histoire naturelle 
rédigé par C. S. So NNINït, membre de plusieurs 
Sociétés savantes. 


Pan E. L NL 079 


“% 


MEMBRE DES SOCIÉTÉ S D'HISTOIRENNATURELLE 
ET PHILOMATHIQUE DE PARIS. 


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DE L’'IMPRIMERIE DE F. DUFART, 


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DES REPTILES. 


SUITE DES COULEUVRES. 


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AURORE ( 


pi espèce, Re DER de la cou- 
leuvre bali par sa forme , est d’un jaune 


(1) Coluber aurora; ex flavescente lividus , suprà 
tæntä He D . , Squamis dorsalibus ad basir 
rubellis ; caudé.. 

Scutis abdom. 179. — Scutellis Ur 2 57 - 216. 

Coluber aurora. Lin. Syst. nat.—Mus. Adolp. Frid. 
p. 25, pl. x1x , fis. 1. — Jdem. Gmelin, Syst. nat. 
P. 1406. — Cerastes aurora. Laurenti, Synops. reptil. 
p. 62, n° 169. — Jaculus. Seba , Thes. tom. II, 
pl. zxxwvirt, fig. 5. — J'aurore. Daubenton, Dict. 
erpêt. Encye. méthod. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens , in-12 , tom. IT, p. 84. — La couleuvre 
aurore. Latreille , Hist. nat. des reptiles, in-18, 
tomPV,.p.172. 

AS 


6 HISTOIRE: 
roux un peu livide, avec une bande dor- 
sale jaune ; prolongée depuis la tête jus- 
qu'au bout de la queue. La tête est aussi 
de couleur Jauñe tachetée de rouge ; on 
voit également une teinte d’un rouge au- 
rore à la Jointure des écailles sur le dos, 
Linnæus en a vu un individu dans la 
collection du prince Frédéric Adolphe; il 
avoit cent soixante-dix-neuf grandes plaques 
abdominales , et trente-sept doubles sous- 
caudales. Le serpent représenté par Seba, 
tom. II, pl. Lxxvrr, fig. 3, paroît être le 
même animal. Laurénti la indiqué sous le 
nom de céraste aurore. 


DES :COULEUVRES 7 


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G: Scans DpERla décrit , sous le nom 
d’élaps ‘annelé; un ophidien qu'il ne faut 
pas confondre avec la couleuvre anneléé 
que j'ai fait connoître à la fin du sixième 
volume , quoiqu'il appartienne au même 
genre. Un individu, placé dans la collection 
de feu Bloch de Berlin, avoit sous le corps 
cent soixante-dix-neuf plaques entières, plus 
courtes que dans la plupart des couieuvres, 
et vingt doubles sous sa queue, qui est 
mince dès sa base. Les écailles sont rhom- 
boïdales, brunes, mélées de blanc; il y a 
environ soixante - dix anneaux ou zones 


(1) Coluber thalia ; zonis aut annulis ex nigro 
J'uscis circà vo , squamis rhombeis , scutis abdomina- 
libus brevibus ; caudé brevi..... 

Scutis abdom. 179.— Scutellis subeaud. 20 - 199. 

Elaps annulatus, Schneider , Hist. amph. fasc. 2, 
pag. 505. 


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d’un brun noirâtre autour du corps et de 
fa queue. On voit dix-sept plaques autour 
de la lèvre supérieure , quinze autour. de 
linférieure, et huit autres sur le sommet 
de la tête. sa 
Schneider soupconne que la couleuvre 
thalie est le même reptile que la coronelle 
enguiforme de Laurenti:(Synops: reptil 
n° 162 ir mais je. suis convaincu du con- 
iraire. | 


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1. COULEUVRE NASIQUE. 
2.COULEUVRE SAURITE. 


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DES COULEUVRES. 3 


LA COULEUVRE NASIQUE 


DU BENGALE (a). 


"Planche LIX à . 4; planche LXXXI, EM 


Livxvaus, Daubenton et tous les autres 
naturalistes modernes qui se sont occupés 
de l'histoire naturelle des serpens , Ont 
réuni ensemble plusieurs couleuvres très- 
différentes , de lancien et du nouveau 
continent, sous les noms de coluber mycleri- 
zans , de nez. retroussé et. de. nasique. Les 
recherches .que j'ai faites et les reptiles 
qui m ont été communiqués par plusieurs 


ne purs myclerisans ; suprà Lætè , CUM 
he: Jlavä in genud ad collum protensé , ali :4 flaves- 
éente in luteribus abdominis et alter in PRE sCcu- 
lellorum ,naso anticè molli et acuto ; caudé ferè <.. 

© Scutis abd. 178: — Scutellis suboaud. 166: 344. 

a 74 —— 148 - 595; 

—— 195 —— 157-550 selon Labiéte. 
: Paseriki- pam, pastiletti, Russel, Hist. nat. of 
Coromand. et Indian serpents , in -{6l. p.10 n° r5,; 
pl xir. — Boëla- paseriki, Russel ; Hist. nat. of 
Coromand. et Tndian serpents , p: 18 u° 43, pl. xrt. 
— La nasique. Lacépède, ist. nat. dés serpens, 


to > AH TI STOREX 
voyageurs, ainsi que le bel ouvrage de 
Russel, m'ont convaincu que la couleuvre 
nasique n'existe que dans l'Inde, princi- 
palement au Bengale et à Ceilan, et qu’on 
ne doit pas là confondre avec Iles serpens 
d'Amérique qui ont le museau simplement 
aminci, alongé, et non terminé par une 
pointe écailleuse et molle. f 
‘Russel en a figuré deux individus un 
peu différens, dans son ouvrage sur les 
serpens du Coromandel: il les a confondus, 
par erreur, avec le coluber myClerizans. dé 
Linnœus. $e 

_ La Se ‘couleuvie nasique ést uom- 
mée paseriki - pam et pastileiti, “par es 
indiens du Bengale, selon Russel. 

‘La tête est plus large que le cou: ) 
oblongue, aplatie, arrondie sur ses côtés, 
un peu comprimée prés des yeux et pro= 
longée ensuite en un museau alongé, amincl 


in-12, tom, Il; phiv, fig. 2.— La couleüvre nasique. 
Loto e, Hist. nat. des rept.in-18 ,.tom.IV, p. 122. 
Nota. Je ne cite pas ici toutela synonymie indiquée 
par Lacépède, dans la crainte d’y mettre des noms'qui 
devroient se rapporter aux couleuvres fouet-de-cocher} 
bleue à deux raies ; fl, etc. La figuré; que Latreïlle'a 
donnée dans son ouvrage, doit être regardée comme 
celle de la conleuvre bleue à deux raies. È 


Tr ai ET 


DES COULEUVRES. 1 
et terminé par une petite pointe molle: 
L’occiput est: couvert d’écailles arrondies 
et imbriquées. Le sommet de la tête, entre 
les, yeux etle: museau , est revêtu de 
onze plaques. Les deux antérieures sont 
pyramidales; arrondies à leur base; la paire 
suivante : est: dei la même forme,  eb plus 
large: il y a ensuite une troisième paire 
petite et triangulaire ; la plaque du milieu 
entre les yeux est en forme de spatule ; 
celles des .côtés sont coniques; la paire 
postérieure est un peu en cœur. 

_ La bouche est large, avec la mâchoire 
supérieure un peu plus longue que l'infé- 
reure. La plaque du front n’est pas échan- 
_ crée: Les dents sont courbées, minces ef 
pointues ; les antérieures de la mâchoire 
d'en bas sont plus: grosses et plus longues. 
11 y a deux rangées marginales et deux pa- 
latales à la mâchoire supérieure. Les yeux 
sont latéraux, ovales, saillans et dorés. Les 
narines sont petites, et situées sur les côtés 
du museau près le bout; le corps est ur peu 
triangulaire. Le dos est légèrement caréné ; 
un ‘peu comprimé sur les côtés, et::le 
ventre est aplati. Les écailles sont linéaires ! 
lancéolées , peu serrées près-du cou , «et 
avant le corps ; mais ensuite elles sont 


12 TE SIC DAR FE 
rapprochées et imbriquées. Les écailles: sûr 
le sommet du dos et celles près des: LE Ar 
sont rondes etovales.: 2 57 2: 
Les grands individus sont:longs de qu 
pieds six pouces; en y comprenant:la queue 
qui a un pied dix pouces. ba: circonférence 
du cou est.-de:neuf lignes! Ba partie la plus 
épaisse du corps: l’est: d'un: pouce let demi 
La queue est: cylindrique ; très - longue et 
mince , couverte d'écaiiles ovales et im- 


briquées ; :son extrémité est si petite vers 


la fin, qu'il est difficile de compter en des- 
sous les doubles plaques. 


-; La couleur. de dla tête ressemble: À:un 


velours verd',:avec une raie: jaune::suür 
chaque joue, et prolongée: sur le cou:'Le 
corps et la queue sont d’un jaune:tirant 
sur le verd pré, quand lanimak est en 
repos; mais, lorsqu'on le met en::colère, lé 
cou et une partie du corps s’enflent, et:les 
écailles se séparant l’une de l'autre laissent 
voir la blamcheur de la peam; et-les écailles 
étant noires en dessus, on voit un très- 
agréable mélange de noir et-de blanc; avec 
une: teinte verte qui prédomine. : Quand 
lenflure cesse, ou que l’änimal-: meurt;sles 
écailles se: resserrent entre:ekes. et: ass 
sent une couleur verte umforme. 5! :12:5 


D a 


DES /COULEUMVRES. 15 


La région de l'anus el chaque côté du 
ventre ont-une ligne d’un ‘blanc jaunâtre 
qui se prolonge sur chaque côté de la 
queue ; ensuite deux lignes courtes, d’un 
jaune luisant, sont placées près des plaques 
abdominales , elne se prolongent pas 
sur la queue: Les: plaques et les doubles 
plaques en dessous sont d’un jaune verd 
Juisant. Lo he BE 
Ce serpent est très - commun ch le 
Vizagapatam et dans le Carnate. On pré- 
tend qu'il attaque les passans aux yeux ; 
mais sa morsure réilérée ne produit que 
des douleurs sans accident fâcheux. Le 
nombre des doubles plaques sous.la queue 
varie beaucoup dans les mdividus; celui 
des grandés plaques est plus constant. I est 
remarquable par son extrême maigreur. La 
queue est souvent mutilée. 

Linnæus indique le coluber mycterizans 
comme venimeux, el cette erreur a été 
heureusement corrigée par le docteur 
Grey (1), dans son Mémoire intéressant 
sur les amphibies. 

Les indiens donnent le nom de botla- 
paseriki au second individu , figuré par 


(1) Grey , Philos. transact. vol, XX XIX , part. y. 


tn dc a 


14 ET STORE 

Russel lorsque le reptile étoit vivant , et 
c'est sans doute ce qui cause ses principales 
différences avec le précédent. 

Ce serpent diffère du précédent par plu- 
sieurs caractères. La tôte est beaucoup plus 
épaisse que le cou, oblongue, aplatie ou 
déprimée en dessus , arrondie.sur les côtés, 
rétrécie près des yeux, avec le museau 
alongé, aminci, terminé par une petite 
pointe molle. L'occiput:est couvert d’écailles 
arrondies, imbriquées ; le sommet de la tête 
et le dessus du museau sont revêtus de 


onze plaques assez semblables par leur forme 


à celles de l'espèce précédente. La bouche, 
les dents.et les mâchoires, ainsi que les 
yeux, les narines, le corps et les écailles 
ne présentent aucune différence sensible. 
La longueur est de quatre pieds un pouce; 
la circonférence du cou est d’un pouce trois 
lignes, ainsi que le corps, excepté dans l’en- 
droit le plus épais où il a deux pouces et 
demi. La queue est cylindrique, très-amin- 
cie et couverte d'écailles ovales et imbri- 
quées ; elle est terminée en une pointe 
aiguë, et longue d’un pied six pouces quatre 


lignes. 


La couleur de la tête et de tout le corps 
ressemble un peu à un velours verd. Les 


DES COULEUVRES. 15 
lèvres et la gorge sont d’un jaune foncé. On 
voit à chaque extrémité des plaques trans- 
versales un long filet blanc, entre-coupé de 
petits traits obliques d’un jaune orangé. Le 
ventre et une partie de la queue en dessous 
sont d’un jaune verdâtre clair dans les deux 
individus ; mais, dans le dernier, on voit 
de plus des plaques entières et doubles, de 
couleur: citron, élégamment tachetées de 
noir et de jaune clair, avec leur bord pos- 
térieur teint d’un jaune légèrement obscur, 
ce qui produit des traits disposés en travers. 

_ Le botla - paseriki est plus rare que le 
paseriki-pam, selon Russel, et paroît plus 
méchant ; car il élève souvent sa tête et 
_ son cou. de même que la vipère à lunettes, 
etil ouvre sa bouche en sifflant avec fureur. 
Sa morsure n’est pas dangereuse, et s'il a 
quelquefois des dents plus longues à la mâ- 
choire supérieure , elles ne sont ni creuses, 
ni munies d’une vésicule à venin à leur 
base. | 


Le nombre des plaques transversales varie 
depuis cent soixante -treize jusqu'à cent 
soixante-dix-huit grandes plaques sous le 
corps, et depuis cent quarante-huit jusqu’à 
cent soixante-six doubles sous la queue. 

Quoique Russel soit porté à croire que 


16 HISTOIRE. | 
ces deux couleuvres sont deux variétés dis- 
tinctes , je les regarde comme parfaitement 
semblables; car 11 dit expressément qu’elles 
n’offrent aucune différence après leur mort. 
Je regarde au contraire comme une es- 
pèce parliculière la couleuvre verte à ventre 
jaune (1), et longue de trois pieds ,; que Van- 
Ernest dit avoir trouvée sur un arbre dans 
l’île de Sumatra; mais comme il ne m’en a 
pas donné la description, je ne puis la décrire 
dans cet ouvrage. bririoi ti 
J'ai vu plusieurs individus de la cou- 
leuvre nasique dans la collection du museum 
d'histoire naturelle de Paris. | 


(1) Voyez l’article du scingue à sept raies et à 


queue noire, de l’inde , tom. IV, p. 282. 


LA 


DES COULEUVRES. :7 


LA COULEUVRE 


AH I D RALES 0 


Crrre nouvelle espèce a été rangée par 
Schneider parmi ses élaps ; il l’a observée 
dans la collection de Bloch. 

Le corps est blanchâtre , orné de huit 
ligues longitudinales d’un brun foncé, dont 
les deux intermédiaires plus larges et réu- 
nies entre les yeux. Une bande transver- 
sale brune passe sur les yeux, se courbe 
en devant , se prolonge de chaque côté jus- 
qu'aux lèvres, et près des yeux il y a une 
tache brune en forme de croissant, pro- 


(1) Coluber octolineatus ; albicans , suprà lineis ocio 
longisudinalibus fuscis , quarum mediæ ducæ latiores, 
cum jfascié transversä super oculos ef antrorsm 
sinuaté ; caudé.. t 

Scutis abdom. Le — Scutellis subcaud. 56 - sa 

Ælaps octolineatus. Schneider » Hiët. nat. “ae 
fasc. 2 , p. 299. 


Aeptiles. Tower VII. E 


8 HISTOIRE 


longée au delà du coin de la bouche, et 
courbée postérieurement vers le haut. Les 
yeux soût de moyenne grandeur. Le corps 
est lisse, glissant, garni en dessous de cent 
soixante-dix-huit grandes plaques , et sous 
la queue les doubles sont au nombre de 
cinquante-six. 


DES COULEUVRES  :à0 


LA: CO OOU LE UV 
MAS SE 


Crrrs couleuvre est assez commune en 
Allemagne et en France, jusqu'aux environs 
de Paris, où je l'ai trouvée plusieurs fois, et 


(1) Coluber austriacus ; suprà griseo-cinereus, lœævis, 
ucidus , paulisper nigricante maculatus , fascié ocu- 
dari et maculé occipitali fuscis , subtés pallidus imma- 
culatus ; caudä +. 


Scutis abd. 178.— Scutellis subcaud.46 - 224. 


—— 165. : —— 56 - 221 selon Sturm. 
—— 150. bo - 209 selon le même. 
AN 184: —— 56 - 240 ? selon Goeze et 
WE Bechstein. 
Coluber austriacus. Lin. Syst. nat. — Zdem. Gmel. 
Syst. nat. p. 1114: — Coronella austriaca. Laurenti, 


(e) 


Synops. rept. p. 84, n° 178, pl. v, fig. 1. — Die 
osterreichische natter, Goeze , Europ. Faun.,p. 194, 
n° 6.— Idem. Jacob Sturm, Deutschlands Fauna, 
in -18 , amphib. fasc. 2, fig. 1 , 2. — Schrank , Faun. 
boïca , p. 291. — La lisse. Lacépède , Hist. nat. des 
serpens, in-12, tom.I, p. 349. — La couleuvre lisse. 
Laireille , Hist. nat. des reptiles, in -18, tom. IV, 
p.92, fig. 1.—La couleuvre chatoyante. Razoumowski, 
Hist. nat. du Jorat. — Coluber ferrugineus. Sparrman, 
Act. soc, Stockholm , ann. 1705. | 

B 2 


20 HIS FOUTRE 
cependant elle n’avoit pas été décrite exac= 
tement par les naturalistes avant Lacépède. 
Elle est timide, innocente , toujours prête 
à fuir dès qu’on l’aperçoit : sa taille est un 
peu inférieure à celle de la couleuvre à 
collier. 

La tête est petite, déprimée en dessus ; 
conprimée sur ses côtés, triangulaire, obtuse, 
et assez semblable à celle du lézard gris des 
murailles. Elle est revêtue de neuf plaques 
disposées sur quatre rangs sur son sommet, 
avec sept plaques sur chaque bord de la 
mâchoire supérieure, et six sur les côtés de 
l'inférieuré. Il y a deux rangées longitu- 
dinales, de trois plaques chacune, sous la , 
gorge. à | 

Le corps est alongé , cylindrique, presque 
d’égale grosseur dans toute son étendue, à 
peine plus aminci que la tête vers l’occiput, 
revêtu d’écailles lisses, rhomboïdales, pres- 
que hexagones et imbriquées. Les grandes 
plaques sont au nombre de cent cinquante- 
neuf à cent soixante-dix huit, et les doubles 
varient de quarante -six à cinquanie-six. 
Goeze et Bechstein croient même que les 
grandes plaques vont à cent quatre-vingt- 
quatre, ce qui est trop considérable. 

La couleur principale est d’un gris cendré; 


DES COULEUVRES. 21! 
tirant quelquefois sur le roussâtre en dessus, 
variée de quelques petites taches plus fon- 
cées sur le dos ; d’un gris blanchâtre et sans 
aucune tache en dessus et sur les lèvres, 
avec une bande brune allant de la narine 
sur l’œil jusqu’au coin de la bouche; une 
tache brune, oblongue sur chaque côté du 
cou , et une autre derriére la tête. La cou- 
leuvre lisse a, selon L'aurenti et Silurm, des 
petites taches brunes disposées alternative- 
ment sur le dos : le dernier auteur croit 
même d’après Jacquin, que la femelle est 
cendrée et le mâle roux, mais ceci est. 
inexact. Les yeux sont peu saillans, et ont 
leur iris de couleur dorée. 

Laurenti nous apprend que la couleuvre 
lisse n’est pas rare dans les fossés et dans 
les lieux humides des environs de Vienue. 
Je l'ai trouvée plusieurs fois dans les bois; 
exposée au soleil, parmi les herbes et dans 
des fourmilières. Sturm a compté quatre- 
vingt-quatre dents aux deux mâchoires. 
Elle rampe avec vivacité, en agitant sa 
langue au dehors de la bouche ; mais elite 
siffle rarement, et mord presque toujours 
sans percer la peau. Les paysans la con- 
fondent ordinairement avec la vipère, à 
cause de ses couleurs sombres ; aussi la 

E 3 


32 HISTOIRE. 
redoutent-ils, quoiqu’elle me soit pas veni- 
meuse. Elle ne vit qu'en Europe et non 
dans les Indes occidentales et orientales, 
comme Lacépède Fa cependant assuré. 
Elle a communément un pied et demi, et 
rarement deux pieds, de longueur totale : 
je ne crois donc pas qu'il convienne d'y 
rapporter la couleuvre innocente de Sar- 
daigne , nommée vipère de terre ( vipera di 
secco), parce qu’elle a, selon Cetti, le dessus 
du corps tacheté de noir, et le dessous noi- 
râtre comme la vipère : sa longueur est de 
trente pouces. ; 
Latreille rapporte à la couleuvre lisse 
celle que Razoumowski a nommée /a cha- 
toyante, dans son Histoire naturelle du 
Jorat. Celte couleuvre non venimeuse, de 
Suisse, est longue d’un pied et demi, lui- 
sante, d’un gris cendré en dessus, parsemée 
de taches brunes sur le dos, et recouverte 
de petites écailles rhomboïdales , oblongues, 
presque ovales. Les plaques abdominales 
sont au nombre de cent cinquante-six à 
cent soixante-une, et les sous-caudales vont 
à Cinquante-six paires. Ces plaques et ces 
écailles offrent des reflets bleus, chatoyans. 
Je la regarde comme nne espèce différente. 


DES COULEUVRES. 3 


LAC O U LE UV me 
COR ATS 


O+ trouve dans l’ouvrage de Seba et de 
Klein plusieurs couleuvres décrites sous le 
nom brésilien 2biboboca , que je conserve 
seulement à une espèce voisine de la clélie;: 
et afin d'éviter toute confusion dans la dis- 
tinction des espèces, je désigne sous le nom 
de couleuvre coraïs un ‘reptile nommé cebra 
de corais au Brésil, et appelé ibiboca par 
Lacépède, parce qu’il a été envoyé sous ce 
nom au museum d'histoire naturelle de 
Paris. 

La tête est revêiue en dites de neuf 
grandes plaques. Les écailles sont rhom- 
boïdales, lisses, grisâtres , bordées de blanc, 


(x) Coluber corais; dorso griseo squarmis aibo mar- 
ginatis ; caud& =. 
Scutis abdom,. 176.— Scutellis subeaud. 121 - 207. 
L’ibiboca. Lacépède , Hist. nat. des serpens, in-12, 
tom. IT, p. 126. — La couleuvre ibiboca. Tatreille, 
Hist. nat. des reptiles ,in-18, tom. IV, p.151. 
ù BA 


24  Î S'TONR EN 
quelquefois un peu séparées les unés, deë 
auires , à cause de la dilatation de la peaü. 

La longueur totale est de cinq pieds cinq 

pouces six ligiies, et la queue prolongée en 
pointe a un pied sept pouces une ligne, ce 
qui fait à peu près les deux septièmes. 

_ Lacépède a compté cent soixante-seize 
plaques abdominales, et cent vingt - une 
doubles sous-caudales: 


Lt 


DÉS COULEUVRES. 23 


PA COoULEUVIES 
RANÉE  () 


Le E espèce de couleuvre a quatre raies 
sur le dos, et habite en Europe; elle est 
surnommée la quatre raies. Ce nom pour- 
roit aussi convenir à celle-ci, car elle a : 


(x) Coluber lineatus ; suprà cœærulescens lineis qua- 
uor longitudinalibus fuscis usque ad apicem caudeæ , 
subtus albescens ; caudä —. 

Scutis abdom. 169. — Scutellis a 84 - 2553. 
156. —— 88-264 selon Russel. 
—— 162 —— 74-250. 

165. —— 63 - 248. 

Coluber lineatus. Lin. Syst. nat. — Idem. Mus. 
Adolph. Frid. tom. I, p. 3o, pl. x11 , fig. 3. — Idem. 
Gmelin, Syst. nat. —.Scba, Mus. tom. II, pl. xrr, 
fig. 3. — Le rayé. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. 
méthod. — La rayée. Lacépède, Hist. des serpens, 
in-12, tom. 1, p. 417.— La couleuvre rayée. Latreille, 
Hist. nat. des rept. tom. IV, p. 151.— Condanarouse. 
Russel, Hist, nat. of Coromand. serpents, in - fol. 
p- 32,n° 27, pl. xxvir. — An idem? Seba, Thes. 
tom. Il, pl. xzv, fig. 5; et pl. Lxux , fig. 2, 


26 HISTOIRE 


quatre raies brunes, qui s'étendent sur le 
dos jusqu’à l'extrémité de la queue, et 5€ 
détachent d’une manière très - agréable sur 
la couleur bleuâtre des écailles. Le dessous 
est blanchâtre. 

Linnæus, qui a observé cette espèce dans 
le museum du prince Adolphe Frédéric, a 
trouvé cent soixante-neuf grandes plaques 
sous le ventre, et quatre-vingt-quatre doubles 
sous la queue. Elle ne parvient pas à une 
longueur considérable ; quoique sa longueur 
totale ne soit pas indiquée ; aussi ne puis-je 
faire connoître exactement les proportions 
comparatives de la queue qui paroissent 
être d’un tiers, d’après le nombre des doubles 
plaques qui la recouvrent en dessous. 

Elle habite en Asie, à Ceilan selon Seba. 

Latreille, dans son histoire des serpens, 
dit que cette espèce a plus de dix-huit à 
vingt-un pouces de longueur; et il ajoute 
qu’elle a quelquefois cent soixante - deux 
plaques sous le corps, et soixante-quatorze 
doubles sous la queue. 

Russel a décrit et figuré une couleuvre 
du Bengale qu’il croit semblable à celle-ci, 
et qui me paroît en différer cependant un 
peu par ses couleurs. é 


DES COULEUVRES. 27 

La téte est un peu plus large que le 
cou , ovale, oblongue, amincie en devant, 
couverte de neuf plaques en dessus : il y 
a des dents aiguës, courbées et petites sur 
les branches marginales et palatales des 
nrâchoires, et quelques-unes sont un peu 
plus longues en avant des branches margi- 
nales de la mâchoire supérieure. 

Le corps est long, cylindrique, à peine 
renflé vers le milieu de sa longueur, cou- 
vert d’écailles ovales, oblongues et lisses. 
La queue fait environ le quart de la lon- 
gueur totale; elle est amincie et pointue. 
Les plaques transversales sont au nombre 
de cent soixante-seize grandes sous le corps, 
et quatre-vingt-huit doubles sous la queue. 

La couleur de la couleuvre rayée du 
Bengale est, selon Russel, d’un brun clair, 
ornée sur chaque côté du dos par une ligne 
longitudinale jaune partant derrière l'œil, 
et bordée contre le dos d’un trait brun très- 
foncé, presque noirâtre : ces raies sont dis- 
posées en dessus de telle manière, qu’on 
en compile Jusqu'à sept; savoir, une brune 
sur le milieu du dos, deux noirâtres et deux 
jaunes sur les côtés du dos, puis deux larges 
et brunes sur les flancs. Le dessous est d’un 


28 HISTOIRE 
jaunâtre clair, avec un très-petit filet lon- 
gitudinal d’un brun verdâtre sur chaque 
côté des plaques transversales. 

Cette couleuvre a été envoyée à Russel 
de Ganjam sous le nom de condanarouse , 
en octobre 1788, par Snodgrass, qui assure 
que les indiens la croient dangereuse, quoi- 
qu’elle n'ait pas d'organes à venin. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Russel. 


pieds. pouc. ligx 
Lonmentiotale 220.147 47, 2410 00e 
Longueur de la queue . . . . . . » 7 G 
Circonftrence du corps . . . « . » 2 6 


Je soupçonne que la couleuvre rayée, 
décrite précédemment d’après Russel, a été 
représentée par Seba dans son ouvrage, 
tom. Il, pl. xev, fig. 5, et pl. Lxur, fig. 2. 


DES COULEUVRES. 9 


eg 


{ 


Ed OC OU L'E'UV RE 


UNICOLORE (i). 


Corre couleuvre a été très-incomplette- 
ment décrite par Gronovius et Boddaert ; 
elle a cent soixante - seize grandes plaques 
abdominales, et soixante-dix doubles sous- 
caudales. 

Le dos est d’une couleur uniforme, avec 
les flancs marqués d’une ligne prolongée 
jusqu’à Panus. | 
_ Le museau est aigu. 


(1) Coluber unicolor; rostro acuto , dorso unicolore, 
jateribus ad anum usque lineaiis ; caudä.... 

Scutis abdom. 176. — Scutellis subcaud. 66 - 242. 

Coluber unicolor. Gmelin, Syst. nat. Pe 1103. — 
Gronovius, Zooph. tom. I, p.22, n° 107.—Boddaert, 
nov. Act, acad, Cæs, tom. VII, p. 27, n£ 27. 


30 HISTOIRE 


BL A -4CHO UE Ù ve 
D’'ES$ Ç U L À PE.) 


Csrrs couleuvre habite dans plusieurs 
parties de l’Europe , et ne paroît pas avoir 
été connue de Linnæus. Lacépède l’a nommée 
serpent d'Esculape, parce qu'il croit qu’elle 
a été consacrée au dieu de la médecine, et 
son opinion n'est fondée que sur ce que 
cette couleuvre innocente existe aux envi- 
rons de Rome. Sans chercher à reconnoître 


(1) Coluber Æsculapii, suprà rufescens , cum tænié 
longitudinali fusc4 in utroque latere dorsi , et inferné 
nigricante ; subtus albescens submaculatus ; caudé =. 

Scutis abdom. 175. — Scutellis subcaud. 64 - 239. 

Le serpent d’Esculape. Lacépède, Hist. nat. des 
serpens, in-12, tom. J,p. 357. — Anguis Æsculapis. 
Ray ps Synops. serp. gen. p. 291. — La couleuvre 
d’Esculape. Latreille, Hist. nat. des reptiles ,in-18 , 
t. IV ,p. 54.— Coluber Æsculapii: æsculapschlange. 
Sturm, Deutschlands Fauna , fasc. 2, pl. x, 11. — 
Nic. Jos. Jacquin , Collectarea ad botanicam , che- 
miam et hist. nat. spectantia, cum fig. vol. IV, 


Vicenue , 1700. 


DES COULEUVRES. 3: 
la vérité de cette assertion, je préfére, à 
l'exemple de ce naturaliste, lui conserver 
ce nom plutôt qu’à la couleuvre d'Esculape 
qui , selon Linnæus, existe dans les Indes, et 
que j'ai décrite vers la fin du sixième volume 
de cet ouvrage, sous le nom de couleuvre 
à bandes noires. | 

La couleuvre d’Esculape a la tête assez 
grosse, oblongue, plus large que le cou, 
garnie de neuf plaques en dessus. Les écailles 
du dos sont ovales, presque hexagones, ca- 
rénées ; celles des flancs sont lisses et un peu 
plus larges. La queue occupe la cinquième 
partie de la longueur totale ; elle est cylin- 
drique comme le corps, et terminée en 
pointe. Les plaques transversales sont au 
nombre de cent soixante - quinze grandes, 
et de soixante-quatre doubles. 

Sa couleur est en dessus d’un roux plus 
ou moins clair, avec une bande longitudi- 
nale, obscure, presque noire sur chaque 
côté du dos, et plus foncée vers le ventre: 
les écailles voisines des plaques transversales 
sont blanches, bordées de noir en dessous. 
Le dessous de l'animal est blanchâtre, avec 
des teintes plus foncées. 


L 


32 HISTOIRE 


Dimensions de cette couleuvre, selon Lacépède. 


pieds pouc. lignes 
Longueur totale. ele) telle te ra [re ce 3 10 » 


Longueur de la queues 7 0 9 3 


Sturm a figuré deux couleuvres d’'Escu- 
lape dans sa Faune d'Allemagne; il prétend 
que le mâle est en dessus d’un brun clair, 
et jaune en dessous, avec deux rangées 
d’écailles d’un verd clair sur les flancs; 
tandis que la femelle est .en dessus d’un gris 
sombre, d’un bleu clair en dessous, avec 
une rangée d’écailles d’un bleu d’indigo sur 
ies flancs ; mais ces différences ont lieu pour 
les individus et non pour les sexes. On trouve 
irès - communément cette espèce dans les 
montagnes et les prairies de la Liburmie et 
de la Dalmatie; elle monte sur les arbres, 
avale des grenouilles, desoiseaux, des lézards, 
et même des poissons. Dans le mois de 
juin 1780, lorsque Jacquin étoit occupé; à 
chercher quelques plantes rares sur les mon- 
tagnes voisines de la mer Adriatique et vers 
ses bords, il trouva une couleuvre d’'Es- 
culape, longue de six pieds, grosse de deux 
pouces , auprès des racines d’un térébinthe 
(pistacia terebinthus Lin.), occupée à guetter 

les 


DES COULEUVRES. :3 
les petits oiseaux qui sautilloient sur les buis- 
sons voisins. Lorsqu'il eut pris celte cou- 
leuvre, elle rendit par le vomissement cinq 
jeunes fauvettes et du sang, puis mourut. 
Son estomac renfermoilt encore un muge 
de mer à grosse tête (mugil cephalus Lin.) 
et un lézard commun. Sur quinze individus, 
Jacquin n’observa qu’une femelle qui pondit 
cinq œufs alongés, cylindriques, arrondis 
aux deux extrémités. L'intérieur renfermoit 
un liquide qui avoit une odeur très-forte; 
et on voyoil au nulieu de ce liquide un em- 
bryon semblable à un 6l rouge, long de deux 
lignes. Les habitaus de la Liburuie croient 
que la couleuvre d'Esculape avale la vipère 
ammodyte, et qu’elle s’entortille quelquefois 
aux pieds des hommes, 


Reptiles. Tome VIT. C 


54 PLHISMOIRE 
L A C'O PR EU V & E 
À GOLLLIER (} 
PI LXXXI, fig 1; pl. LIX , fig 18. 
dE espèces de serpens qui existent en 


Europe sont peu nombreuses, et ne sont 
pas parées de couleurs brillantes. Leurs 


(1) Coluber natrix ; suprà griseo cinéreus , maculis 
subtransversis nigris , nuch& flavé posticè nigro mar- 
ginaté ; subtüs Dé et AGEN Haies ris $ 
caudä =. 


Seutis abd. 170.— Scutellis subcaud. 5 _ “25. 


170. 60 - 250 selon Linnæus. 
—— 144. —— 58 - 202 selon Weigel. 
—— 172. —— 58 - 250 selon le même. 
—— 174. —— 62 - 256 selon le même. 
—— 175. —— 635 - 258 selon le même. 
—— 174. —— 54 - 228 selon le même. 
—— 170. —— 64 - 254 selon le même. 
—— 170. 52 - 222 selon le même. 
—— 166. —— 48 - 216 selon le même. 
—— 172. —— 58 - 250 selon le même. 

170. —— 68 - 238 selon le même. 


Coluber natrix. Lin. Syst. nat. — Amæn. acad. 
tom. 1, p. 304, n° 55, — Mus. Adolph. Frid, tom. I, 


| 


De sene (el, «ZZ, Racrne :" 


1. COULEUVRE A COLLIER. 


2, oncon Le lx Coukuvre yalrlhee ; 
LA « 


DES COULEUVRES. 35 
écailles grises ou rembrunies, la morsure 
eñvenimée des uns et la brusque agilité des 
autres les font égalenient redouter; cepen- 
dant les espèces dangereuses sont plus rares, 
vivent plus à l’écart, se cachent dans l'ombre 
sous des pierres humides, ou dans l’herbe 
pour épier leurs victimes ; et les couleuvres 


p. 27, pl. xxt, fig. 2. — Faun. suec. 288. — ter 
gotl. 146. — Gronovius, Mus. tom. II, p. 63, n° 27. 
— Zooph. n°115. — Weïgel, Abh. der hall. naturf. 
ges. tom.T,p. 25,n°° 29-38. — Idem. Gmelin , Syst. 
nat. p. 1100, — Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. 
tom. VII, p.24, n° 50.— Natrix vulgaris , et longsis- 
sima. Laurenti, Synops. rept. p: 75 ,n° 149 et 145. 
— Nuütrix torquata. Ray, Synops. anim. 334. — 
Hydrus ; seu natrix : the water snake. Robert Sibbald, 
Scot.illustr. seu Prodrom: hist. nat. Edimbourg, 1684. 
— Ringed snake. Zool. Brit. tom. III » Pe 32, pl. xxv, 
n° 13. — Nätrix torquata. Gesner, Serpent. nat, 
p. Ge Serpens domesticus he carbonarius. 
Gesner , de Serpent. nat. p 64 — Naërix. Wulf, 

Ichthyol. cum Amphib. regn. boruss. — Ze serpent à 
collier. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. mêtb. — La 
couleuvre à collier. Lacépède, Hist. nat. des ser pens, 
in-12,4om. T, p, 355, pl. iv, fig. 2.— Idem. Latreille, 
Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. EV , p. 38.— 
Colubro nero, serpe nero , carbon, carbonazzo , Serpené 
charbonnier , anguille de haies. — Gemeine schlance. 


Meyer, Thiere, tom. I, p. 52-54, pl. zxxxrx - xc. 
C 2 


56 | HISTOIRE. 
innocentes se plaisent au contraire dans les 
lieux où brille le soleil, recherchent les 
terrains secs, se roulent en spirale au bord 
des haies, et quelquefois elles osent témié- 
rairement ramper vers le voyageur étonné, 
siffler en se redressant devant lui, et s exposer 
ainsi à ses coups. | 
La couleuvre à collier est commune dans 
nos campagnes; elle est connue des villageois 
qui ne la craignent pas, et qui la tuent im- 
pitoyablement malgré les services qu’elle leur 
rend; car elle détruit un grand nombre d’in- 
sectes , de souris, de mulots et d’autres ani- 
maux nuisibles. On la nomme vulgairement 
serpent d’eau ou nageur, anguille de haies. Elle 
a rarement au delà de trois pieds et dem de 
longueur totale : la tête ovale, obtuse, à 
peine plus large que le cou, déprimée, et 
couverte de neuf plaques disposées sur quatre 
rangs, a ses deux mâchoires presque égales 
en longueur, et garnies, sur les branches 
marginales et palatales, de petites dents 
aiguës, courbées et nombreuses: les plaques 
labiales sont au nombre de quinze à dix- 
sept, et la rostrale est large, demi-circulaire: 
Chaque narine est percée dans une plaque 
carrée, oblongue , et entourée d’une petite 
peau molle à peine distincte; quelquefois 


DES COULEUVRES. 37 
on voit quatre ou cinq plaques derrière 
chaque oil , indépendamment des neufs 
grandes. Le corps est long, cylindrique , 
peu renflé, couvert d’écailles alongées, hexa- 
gones , légèrement carénées sur le dos, lisses 
et plus larges vers les plaques transversales, 
dont le nombre varie considérablement. On 
en a compté cent quarante - quatre à cent 
_soixante- quinze grandes sur le ventre, et 
quarante-huit à soixante-huit doubles sous 
la queue, qui est amincie, terminée à sa 
pointe par un pelit ergot droit et corné. 

La couleur de l'animal est d’un gris cendré 
quelquefois teint de roussâtre en dessus, avec 
une double tache transversale d’un beau 
jaune en demi - collier sur la nuque, et 
bordée en arrière par une large tache noire 
très-foncée ; les taches en dessus de l’animal 
sont plus ou moins régulièrement disposées, 
et presque toujours placées sur quatre ou 
cinq rangées longitudinales; ces taches sont 
noires , toutes transversales , très-petites sur 
le dos, plus grandes sur les flancs, et’ pro- 
longées jusques sur lé commencement des 
plaques transversales. La couleur de ces 
plaques est d’un noir sombre, parsemé de 
taches d'un blanc jaunâtre, quelquefoismême 
elles sont à moitié blanches et noires, et 

C5 


38 H I SOI R EE. 
arrangées de manière que ces deux couleurs 
alternent irrégulièrement çà et là. La cou- 
leur de cet ophidien est très-sujelte à va- 
rier, suivant les lieux de Europe où il 
habite ; mais rarement la tache jaune en 
demi - collier est effacée, et l’on reconnoît 
toujours la large tache noire qui la suit. Il 
ne faut pas s'étonner que la nombreuse 
multiplication de cette espèce ait induit 
plusieurs naturalistes en erreur , et qu'ils 
aient regardé comme des espèces distinctes 
plusieurs variétés de celle - ci. 


Première variété. 


CoULEUVRE À COLLIER : d’un brun noiï- 
râlre , parsemée de points jaunes et rares 
en dessus, cendrée en dessous. ( Laurenti, 
Synops. rept. pag. 74, n° 145.) 


Seconde variété. 


CoULEUVRE A COLLIER : marquée sur 
le dos de taches jaunes dans leur centre. 

Laurenti a trouvé, dans la collection 
des reptiles qui lui fut donnée par le 
comte de Turn, une couleuvre dont ïl 
n’a décrit que les couleurs, et qui habite 
à Gemona près de Fréjus. Les détails sui- 
vans paroissent rapprocher cetie couleuvre 


DES COULEUVRES. 3g 
de celle à collier ; c’est pourquoi je lai 
placée ici en attendant qu'on ait reconnu, 
par le nombre de ses plaques et de ses 
doubles plaques, la place qu’elle doit dé- 
finitivement occuper dans ce genre. 

Sa tête est bigarrée antérieurement : entre 
les yeux il y a une bande courte et noire; 
une très-longue sur l’occiput, et une très- 
large sur le milieu du front. On voit deux 
autres taches plus grandes sur la nuque , 
qui sont suivies par des moindres, dispo- 
sées sur deux rangées, et ensuite confon- 
dues ensemble vers l’extrémilé du corps. 
Ces taches sont jaunes dans leur centre, et 
sont répandues en grand nombre sur tout 
le corps. : | 

Laurenti prétend que le mâle a une 
couleur jaune brillante sur les écailles, 
entre les plus grandes taches ; tandis que 
dans la femelle cette couleur est blanche. 
. ( Laurenti, Synops. rept. pag. 76, n° 153.) 

Troisième variete. 

COULEUVRE A COLLIER : ayant une tache 
et plusieurs traits aurores (1). ( Meyer, 
hier. tom. I, pl. rxxxviIr et Lxxx VII. ) 


_ (1) Areis flammeis. Cette expression indique des 
4raits coulenr de flamme. 


C 4 


‘(us HISTOIRE 
Quatrième variété. 


CoULEUVRE A COLLIER : bleue, à points 
noiratres et à lignes transversales ondulées: 
( Gmelin, Syst. nat. var. e, pag. 1100. ) 


Cinqui eme variele. 


CoULEUVRE AÀ COLLIER : bléue, avec 
une pelite bande blanche de chaque côté, 
des taches noiïrâtres éparses, les carènes des 
écailles blanches, et le ventre blanc mar- 
qué d’une tache nonâtre de chaque côté. 
( Gmelin, Syst. nat. var. f, pag. 1100.) 


Sixième varielé. 


CoULEUVRE A COLLIER : ayant le cou 
tachelé de rouge. 

Pallas a trouvé plusieurs individus de 
celte variéié dans les marécages près de 
l'Iaïk, vers les bords de la mer Caspienne. 
( Pallas, Voyage en Russie, in-8°, tom. IH, 
pag. 555.) 


Septième variété. 


CoULEUvVRE À coLLIEr : d’un bleu cen- 
dré, noirâtre en dessous, avec une tache 
blanche arquée et une autre noire sur 


C1 


chaque cèté de l’occiput, et le dos: ondulé 


DES COULEUVRES. A 
de noir. (Coluber gronovianus. Gmelin, Syst. 
nat. pag. 1101. — Laurenti, Synops. rept. 
pag. 75, n° 150. — Seba, Thes. tom. If, 
plexxxtmni fig. 12) 


Huitième variété. 


CoULEUVRE A €eoLLIER : du Tyrol. — 
278. — 60 -— 256. 

Selon Scopoli, cette couleuvre a cent 
soixante-dix -huit grandes plaques sous le 
corps, et soixante doubles sous la queue. 
Ælle pond quatorze œufs réunis ensemble, 
blancs, coriaces, avec le jaune latéral et 
le blanc ou lalbumen trouble et aqueux. 
Ces œufs sont placés dans les fentes des ro- 
chers. (Scopoli, Annal. hist. nat. tom. IF, 
pag. 39. — Gmelin, Syst. nat. pag. 1102. ) 


Neuvième variété. 
COULEUVRE A COLLIER : brune sans 


taches, avec le ventre noirâtre. — 174. — 
60 - 254. (Coluber arabicus. Gmelin , Syst. 


naluiæ, pag. 1102. — Gronovius, Mus. 
tom. if, pag. 61, n° 22. — Zooph. iom. I, 
pag. 22, n° 108. — Coluber. Boddaert, 


Nov act. acad. Cæs. tom. VII, pag. 24, 
n° 26. — Serpens arabica fusca. Seba, Thes. 
rom. HE)-pas. 32, pl. Xxkx Tr, Hg. 2.) 


42 HISTOIRE 


La couleuvre à collier pond ses œufs 
réunis en un chapelèt, et au nombre de 
quatorze à vingt-deux, dans des trous de 
terre ou dans le fumier, et elle se tient 
ordinairement à côté d’eux pour les dé- 
fendre contre les belettes et d’autres pe- 
tits animaux. Lorsqu'on lirrite, elle siffle 
avec un peu de force, serre le doigt qu’on 
approche d'elle entre ses dents, et répand 
par la bouche une exhalaison assez dé- 
sagréable , légèrement musquée. Elle se 
taisse facilement apprivoiser , paroît alors 
rechercher les caresses des enfans, et elle 
est très-avide de lait et de fromage ; aussi 
croit-on dans les campagnes qu’elle entre 
dans les étables et qu'elle fréquente les pà- 
turages pour y telter les vaches. Le nom 
de serpent nageur ne lui convient pas plus 
qu'aux autres couleuvres ; elle nage, il est 
vrai, pendant quelques instans, et traverse 
ainsi des pelits marais et des ruisseaux, 
mais elle épuise bientôt toutes ses forces 
et se noye quelquefois, sur - tout si elle 
est contrainte de lutter contre un courant 

rapide. | 


mn = 


L'X 
2Ÿ 


ZranmbertS 


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Adol Dautn de 


T 
L' 


ATE. 


1.COULEUVRE ECARL 


2, 


Le 


’ 


4 Tate) Touged , 


24 


ER ASSUS, D, VU ER LeSSOUd , 


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voncon de Lx Couleuvre 


cs 


Œ, VE 


DES COULEUVRES 43 


a ———— 


LA COULEUVRE 


ECARLATE (1) 
Planche LX X XIII, jig. 1. 


Garprx a le premier découvert dans Ia 
Floride cette couleuvre, indiquée par Lin- 
næus , et ensuite décrite par Blumenbach 
dans l'édition du Systema naturæ de Gmelin. 
. Bosc en a rapporté une bonne description 
et un dessin de la Caroline, et Latreille 
en a fait usage pour son intéressant travail. 
Palisot Beauvois m'a communiqué cette 
couleuvre des Etats-Unis; elle est très-jolie 
par la variété et la disposition de ses cou- 


(1) Coluber coccineus ; suprà rubro - sanguineus 
Jfasciis 21-22 transversis flavis nigro marginatis anticé 
et posticè , subtùs albidus immaculatus ; caudé =. 
Scutis abdom. 161. — Scutellis subcaud. 45 - 204. 


172. 40 - 212 selon Bose. 


—— 199. 55-210 selon Linnæus. 

Couleuvre écarlate. Latreille, Hist. des reptiles, 

in-18, tom. IV, p. 148. — Coluber coccineus. Lin. 
Syst, nat. — Zdem. Gmelin, Syst. nat. p. 1097. 


A CORISTOLRE 


leurs. Elle est en dessus d’une belle couleur 
roûge de sang, avec vingt-une ou vingt- 
deux bandes transversales jaunâtres, bor- 
dées d’un trait noir en devant et en arrière. 
La première bande est située sur la partie 
postérieure de la tête. Les flancs sont mar- 
qués de quelques petites taches irrégulières 
noires. Le dessous du corps est blanchâtre, 
sans aucune tache. La tête est petiie, étroite, 
lisse, et couverte en dessus de dix plaques 
de même que celle de la couleuvre à raies 
rouges ; mais avec celte différence, que 
chaque plaque au dessus de l'œil est très- 
petite, et que celle du milieu de la tête 
est plus grande et un peu en forme d’un 
cœur. Toutes les écailles sont lisses, légè- 
rement bombées dans leur centre. Si l’on. 
en enlève une avant la mue, celle qui 
paroît au dessous est terminée par une 
petite saillie à son bord postérieur. | 

J'ai compté cent soixante - une plaques 
abdominales, et quarante - trois caudales; 
mais ce nombre varie. L’anus est simple. 
La queue occupe un seplième de la lon- 
gueur totale, qui est ordinairement , de 
deux pieds. 

Elle est rare, suivant Bosc. ,; en _ Caroline ; 


DES COULEUVRES. 45 


et on ne l’y voit que pendant le printems 
dans les lieux sablonneux. Linnæus à pré- 
tendu qu’elle vit aussi dans la nouvelle 
Espagne, et que les habitans, à cause de la 
vivacité de ses couleurs, prennent sa peau 
pour s’en faire des colliers. 

La couleuvre écarlate, selon Palisot Beau- 
vois, se nourrit de sauterelles et d’autres 
insectes. | | 


é CTHTSTORRTE 


LASCOULDEUTS 
MALIGNE () 


Russez a donné, dans son ouvrage sur 
les serpens du Coromandel, la description 
et la figure d’une espèce qui me paroît 
avoir de grands rapports avec les vipères; 
mais comme cet auteur n’assure pas positi- 
vement qu’elle ait des crochets venimeux, 
je l’ai rangée provisoirement parmi les cou- 
leuvres. 

La tête est ovale, déprimée, obtuse, un 
peu plus élargie que le cou , revêtue de 
neuf plaques dessus sa moitié antérieure, 
et garnie en arrière d’écailles semblables à 
celles du dos. La bouche est petite , avec 


(1) Coluber malisnus ; suprà nigricans , maculis 
transversis albidis circà 20 suprà dorsum , cum line& 
alb& in utroque latere, subtùs cæœrulescente albidus ; 
caudé = 

Scutis abdom. 154.— Scubellis subcaud. 40 - 214: 

Gajou-tutta. Russel, Hist. nat. of serpents Corom. 
et Indian, n° 16, pl. czxr. 


> 


DES COULEUVRES 47 
ses mâchoires d’égale longueur , garnies 
de dents nombreuses, pointues et courbées 
en arrière sur des branches marginales et 
palatales. Russel a remarqué que les dents 
du devant des branches marginales de la 
mâchoire supérieure sont plus longues que 
les autres. 

Le corps est cylindrique, garni en dessus 
d’écailles ovales, élargies, imbriquées ; il 
est terminé par une queue petite, mince, 
pointue, et faisant un septième de la lon- 
gueur totale, qui est d’un pied deux pouces. 
La circonférence du cou est d’un pouce 
trois. lignes , et l'épaisseur du corps est de 
deux pouces environ. 

La couleur de la tête est d’un verd 
obscur et sans taches. Le corps et la queue 
sont noirâtres, variés de teintes d’un verd 
foncé, et sur tout le dos on voit une ran- 
gée de vingt taches, ou environ, éiroites, 
d’un blanc jaunâtre , avec deux rangées 
longitudinales, sur les côtés du corps et la 
la base de la queue, formées de petits traits 
blancs. Les plaques transversales , d’un blanc 
bleuâtre, sont au nombre de cent soixante- 
quatorze grandes sous le corps, et de qua- 
rante doubles sous la queue. 


se EU T STI EUR 


Russel termine la description de ce ser- 
pent, en fusant observer qu'il ressemble 
beaucoup par ses couleurs au bongare 
bleu , quoique les taches soient disposées 
différemment. Il ajoute qu’il n’a pas bien 
observé les longues dents du devant de la 
mâchoire supérieure, et qu’on pourroit les 
prendre pour des crochets venimeux. Les 
habitans du Bengale nomment ce serpent 
gajou-tutta; il est rare au Re et 
n’est pas sans doute aussi dangereux qu on 
le croit dans le pays. 


LÀ 


DES COULEUVRES. %j 


TAN CIO:U L'E'U/V RUE 
É LAN C HE) 


Lixvzus a observé, dans le museum du 
prince Adolphe Frédéric, une espèce de 
couleuvre qui est blanche sans aucune 
tache , et garnie de plaques transversales 
au nombre de cent soixante - dix entières 
sous le corps, et de vingt doubles sous la 
queue. 

Merrem a ensuite figuré dans son ouvrage 


(1) Coluber albus ; suprà fuscescens , subtis albus, 
et immaculatus ; caud& circà —. 

Scuitis abdom. 170.— Scutellis subeaud. 20 - 190. 

—— 174 —— 26 - 200. 

Coluder albus. Lin. Syst, nat. — Mus. Adolp. Frid. 
tom. 1, p.24, pl. xiv, fig. 2. — /dem. Gmelin, Syst. 
nat. p. 1093. — Siumpfschwanzigte natter ( couleuvre 
_ à queue obtuse). Bl. Merrem, Beytræge naturg. amph. 
fasc. 2 , p.36, pl. vir. — Le blanc. Daubenton, Dict, 
erpét. Encycl. méth. — Za blanche. Lacépède , Hist. 
nat. des serpens , in -12, tom. 1, p. 580. — La cou- 
leuvre blanche. Latreille, Hist. nat. des reptiles , in-18, 
tom.IV , p. 145. 


Reptiles. Tome VII. D 


5o HAS TOUR E 

une couleuvre qu'il regarde comme de la 
même espèce, quoiqu'elle soit brune en dessus 
et d’un blanc jaunâtre en dessous. Je suis 
porté à adopter son opinion, et je suppose 
comme lui que la couleuvre observée par 
Linnæus avoit été complettement décolorée. 
La tête est d’un gris verdâtre en dessus, €Ë 
le brun du dos devient très - pâle sur les 
flancs. 

La tête est petite, ovale, déprimée eË 
amincie en devant : sa mâchoire inférieure 
est plus courte que la supérieure , et elles 
ont l’une et l’autre des petites denis aiguës, 
courbées et disposées sur les branches mar- 
ginales et palatales. La langue est fourchue, 
très - extensible , et peut se retirer dans un 
petit fourreau. Le dessus de la tête a neuf 
plaques placées sur quatre rangs; les lèvres 
sont aussi bordées de plaques. 

Le corps est épais, cylindrique, presque 
aussi gros que la tête en devant, peu renflé 
vers son milieu, et couvert en dessus d’é- 
cailles lisses, rhomboïdales, el sous le corps 
il y a cent soixante - quatorze grandes pla- 
ques; celle de l'anus est double. La queue 
est courte, grosse , obtuse, et garnie en 
dessous de vingt-six doubles plaques. 


DES COULEUVRES. Si 


On ne sait pas dans quelle partie de la 
terre habite cette couleuvre ; Linnæus dit 
qu'elle vit dans les Indes, ce qui est assez 
insignifiant. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem, 


pieds. pouc. ligrs 


Longueur totale, 4,0, M Gi + 75 “+ 
Longueur de la tête . . . . . . » » 9 
Harséurde:la téteinsik 4 etes it) AE 
Honpueur du corps +. 1. +. 21 06 
Ciscontérence du Corps... +: 0) 200 


Longueur de la queue . : . + - « » XF 10 


D 2 


52 HISTOIRE 


LA COULEUVES 
D.A.R D...(i}. 


Lr nom que les naturalistes donnent à 
cette couleuvre doit indiquer qu'elle a une 
extrème agilité dans sa course, car elle n’est 


(x) Coluber jaculus ; suprà griseo cinereus cum lineis 
tribus atris margine nigro in dongitudine dorsi, subtus 


albescens ; caudé..... 
Scutis abd. 163. — Scutellis subcaud. 77 - 240 selon 
Gronovius. 
173. —— 78 - 251 selon Boddaert. 


Coluber jaculatrix. Lain.Syst. nat.— Jlem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1102.— Gronovius, Mus. tom. IT, p.63, 
n° 26. — Zooph. n° 114. — Coluber cinereo-cæru- 
lescens , lineis longitudinalibus nigris. Boddaert, nov. 
Act. acad. Cæs. tom. VIT, p. 21 ,n° 15. — Jaculairix 
surinamensis. Scheuchzer , Phys. sacra, pl. pccxv, 
fig. 2. — Serpens americana lemniscaia , xequipiles 
dicta. Seba , Thes. tom. II, p. 5, pl. 1, fig. 9. — Le 
dard. Daubenton, Dict. erpét. Encyc. méth. — Jdem. 
Lacépède , Hist. nat. des serpens, in-12,tom. IT, p.85. 
— La couleuvre dard. Laireille, Hist, nat, des reptiles, 
in-18, tom. 1V, p. 175. 


DES COULEUVRES. 55 


pas dangereuse par sa morsure. Elle est d’un 
gris cendré ou bleuâtre, avec une bande 
noirâtre plus foncée sur ses bords, et située 
depuis le museau, sur le dos, jusqu’à lex- 
trémité de la queue; une autre bande, de 
la même couleur et plus étroite, est située 
sur chaque côté du corps; les plaques trans- 
_versales sont blanchâtres, au nombre de 
cent soixante-trois à cent soixante - treize 
grandes sous le corps, et de’ soixante-dix- 
sept à soixante - dix -huit doubles sous la 
queue, selon Gronovius et Boddaert,. 

La couleuvre dard habite à Surinam selon 
Seba, Scheuchzer et le docteur Schene. 
Seba l’a représentée , tom. IT, pl. 1, fig. 9, 
sous le nom de xequipiles. Linnæus la re- 
garde comme voisine de la couleuvre rayée. 


b4 HISTOIRE À 


LA COULEUVRE AZURÉE (1): 


Lx naturaliste Lacépède est le seul qui 
at observé jusqu’à présent cette espèce de 
couleuvre qui habite aux environs du cap 
Verd , et dont on conserve un individu dans 
la collection du museum de Paris. Elle est 
d'un très-beau bleu foncé et azurée sur le 
dos, plus claire sur les flancs, et presque 
blanchâtre sur les plaques transversales qui 
sont au nombre de cent soixante - onze 
grandes sur le ventre, et de soixante-quatre 
doubles sous la queue. 

La tête est couverté de neuf srandes 
plaques disposées sur quatre rangs en. dessus ; 
les écailles du corps sont ovales et lisses. 

La longueur est de deux pieds, et cellé 
de la queue est de cinq pouces trois lignes, 
ve qui fait environ les deux neuvièmes du 
total. 


(1) Coluber cœrulescens ; suprà cæruleus lateribus 
Dadlidis et abdomine subalbido ; caudä& — 

Scutis abdom. 171: — Scutellis ana 64 - 255: 

L'azurée, Lacépède, Hist. nat. dés serpens, in-12 ; 
tom. IT, p. 59. — Za couleuvre azurée. Latreille, 
Hist nat. @cs reptiles, in-18, tom LV , p. 121. 


DES COULEUVRES. 55 


bobo Out L-B:DV RE 


- 


GALATHÉE (à) 
Planche LX XXII > Jigure 2. 


Rousses à figuré cette jolie couleuvre 
dans son ouvrage sur les serpens du Coro- 
mandel, sous le nom de karetta, qui lui 
est donné par les indiens. Il lui a compté 
cent soixante-onze grandes plaques abdo- 
minales, et quarante - une sous- caudales ; 
mais il r’en a pas donné la description, 
parce quil a perdu celle qu'il en avoit 
faite ; mais comme la figure de cette cou- 
leuvre est bien exécutée, il est facile d’in- 
diquer ses principaux caractères. 

La tête est ovale, déprimée, couverte 


(1) Coluber galathea ; supri rufescens cum maculis 
nigris Ovaéis ef magnis circà 15 ; caud&..... 

Seutis abdom. 171.— Scutellis subcaud. 41 - 212. 

K'aretta. Russel, Hist. nat. of Coromand. et Indian 
serpents, p. 352, n° 26, pl. xxvr. 


D 4 


56 HE STORE 


de neuf plaques comme dans les autres 
couleuvres. On voit en dessus, depuis l’oc- 
ciput jusqu’au bout de la queue, une quin- 
zaine de grandes taches noires, ovales, régu- 
lières et écartées, sur un fond couleur de 
chair, qui paroît roussâtre et tacheté; et 
sur le dos, entre ces taches, on aperçoit 
une bande étroite, longitudinale, rougeûtre. 
La queue est très-courte et pointue. 


Z LA 
CL 


De d'eve del. 


: Dahrel 


COULEUVRE BOIGA. 


DES COULEUVRES. 57 


LA COULEUNV ME 
SUISSE (1) 


Ox trouve, dans l’ouvrage sur l’histoire 
naturelle du Jorat, la description d’une es- 
pèce de serpent que Razoumowski appelle 
la couleuvre vulgaire , sans doute parce qu’elle 
ést assez commune en Suisse. Latreille la 
regarde comme synonyme de la couleuvre 
à collier; mais je crois au contraire, à 
l'exemple de Lacépède, que c’est une es- 
-pèce parfaitement distincte, sur-tout à cause 
_ de la grande quantité de ses plaques sous- 
caudales. | is 

La couleuvre suisse est d’un gris cendré; 


(1) Coluber helveticus ; griseo cinereus , cum parvis 
lineis nigris in utroque latere, fasciâque dorsali ex 
lineis transversis et pallidis formaté ; subtùs niger 
albido maculatus ; caudé.... 

Scutis abdom. 170. — Scutellis subcaud. 127 - 297. 

La couleuvre vulgaire. Razoumowski , Hist. nat. du 
Jorat et de ses environs, in-8°, tom. I , p. 121 et 188. 
— La suisse. Lacépède, Hist. nat. des serpens, 
in -12, tom. IT, p. 125. — Latreille, Hist. nat. des 
reptiles , in-18 , tom. IV, p. 46. 


5$ HISTOIRE 
avec de petites raies noires sur les flancs ; 
et il y a sur le dos une bande longitudinale 
composée de petites raies transversales plus 
étroites et plus pâles. Le dessous de Fanimal 
est noir, avec quelques taches d’un blanc 
bleuâtre, plus grandes sous le ventre que 
sous la queue. Les écailles du dos sont ovales 
et carénées. Razoumowski a compté cent 
soixante-dix plaques entières sous le.corps, 
et cent vingt-sept doubles sous la queue. 
Selon cet observateur , la couleuvre suisse 
a quelquefois jusqu’à trois pieds de longueur; 
elle préfère le voisinage des eaux el les 
ombres épaisses; elle aime séjourner sous 
les buissons placés dans les terrains humides, 
et on la rencontre quelquefois dans les 
bois du Jorat. On prétend qu’elle pond en 
été dans le fumier quarante œufs et même 
plus, tous attachés ensemble en forme de 
chapelet. Lorsque le serpenteau sort de l'œuf 
il a environ six pouces de longueur ; il rampe 
avec agilité, et ses couleurs sont plus tran- 
chées que celles des adultes. Quoiqu'on re- 
garde cette couleuvre comme venimeuse, 
cependant elle n’est ni méchante ni dange- 
reuse, ses mâchoires n'ayant que des, petites 
dents, et pas de crochets creux comme fa 
vipère. 


DÉS COULEUVRES-. bg 


LA COULEUVRE 


DÉMI-COLLIER (a) 


* 
Lrssrècr que nous appelons ainsi, d’après 
Lacépède , habite au Japon, où elle est 
connue sous le nom de #okura. L’individu, 
qui est conservé au museum d'histoire na- 
turelle de Paris, a un pied sept pouces de 
longueur , et la queue a quaire pouces dix 
lignes , ce qui fait environ le quart de la 
longueur iotale. Le dessus de sa tête est 
revêtu de neuf plaques disposées sur quatre 


(1) Coluber monilis ; suprà fuscus lineis transversis 
@lbis nigro marginatis ; caud4 circà —. 

Seutis abd. 170. — Scutellis subcaud. 85 - 255 selon 

Lacépède. 

164. —— 82 - 246 selon Linnæus. 

Coluber monilis. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1103. — Le collier. Daubenton, Dict. 
erpét. Encyc. méthod. — Le demi-collier. Lacépède ;, 
Hist. nat. des serpens, in-12 ,tom. I, p. 568; pl. virr, 
5g. 2. — La couleuvre demi - collier, Yatreille, Hist. 
mat. des reptiles ; in -18, tom, IV, p. G1. 


6o ct EAST OUR E 


rangs. Les écailles sont en losange, et relevées 
par une arête saillante où carène. Il y a 
cent soixante-dix plaques sous le corps, et 
quatre - vingt - cinq doubles sous la queue, 
selon Lacépède; et Linnæus a trouvé de 
moins à un autre individu six paires de 
grandes plaques, et trois doubles. 

La couleuvre demi-collier a des couleurs 

très-agréables ; elle est brune en dessus, avec 
de petites bandes transversales blanchâtres, 
bordées d’une petite raie noirâtre. La tête 
est blanche en dessus , bordée de brun, avec 
trois taches brunes et alongées; le dessus 
du cou est orné d’un demi-collier formé de 
trois taches rondes et blanches. 
 Linnæus a observé ce serpent dans, le 
museum de De Géer : il annonce qu'il vit 
en Amérique; mais c’est sans doute une 
erreur, car il n’est pas vraisemblable que 
la même espèce de serpent puisse habiter 
dans deux continens séparés, au Japon et 
en Amérique. 

Il ne faut pas le confondre avec la vipère 
Psyché , que j'ai oublié de décrire après la 
vipère de Weigel, et que je ferai connoître 
dans les Additions, à la fin du huitième 
et dernier volume de cet .ouvrage, 


DES COULEUVRES. G1 


LA COULEUVRE 


ALLER OS KR A TE 5 0m 


Le y a dans le museum d'histoire naturelle 
de Paris une nouvelle espèce de couleuvre 
qui a été trouvée en Afrique, et que le 
professeur Lacépède a décrite et figurée dans 
son ouvrage sur les serpens. 

Cette couleuvre a sa tête courte , déprimée, 
un peu plus large que le cou, et revêtue 
de neuf plaques disposées sur son sommet. 
La couleur est d’un roux plus ou moins 
clair, avec trois raies longitudinales, plus 
foncées, allant depuis le museau, sur le 


(1) Coluber trilineatus ; rufescens , lineis tribus lon= 
gitudinalibus atris supr& dorsum usque ad apicem 
caudæ ; caudà =. 

Scutis abdom. 169.— Scutellis subcaud. 54 - 203. 

La trois raies. Lacépède, Hist nat. des serpens, 
in-12 , tom. IT ,p. 50, pl. xx, fig. 1. — La couleuvre 
à trois raies. Latreille , Hist. nat, des rept. in-18, 
tom. IV , p. 120. 


62 HISTOIRE 


dos, jusqu’au bout de la queue. Les mà- 
choires n’ont que des dents simples et aiguës, 
et pas de crochets venimeux. Les écailles 
du dos sont lisses et en losanges. 

La longueur est d’un pied cinq pouces 
six lignes, et la queue fait elle seule deux 
pouces huit lignes, ce qui répond à peu 
près aux deux treizièmes du total. 


DES COULEUVRES 63 


PAPE OU LE ÜY RE 
BOTCG A" (1H: 
Fajes planche LXXXIV. 
Ï L n'existe dans toutes les parties du nou- 


veau continent aucune espèce de serpent 
qui réunisse dans un plus haut dégré, 


(1) Coluber ahætulla ; colore margaritaceo , capite 
suprà cæruleo cum line4 cærule& in utroque latrre 
dorsi , line nigré post oculos , lubiisque albis ; caudä 
cirecd —, 


Scutis abd. 166. — Scutellis subcaud. 128 - 204. 


—— 163. —— 150 - 3513 selon Linnæus. 
—— 165. —— 152-53:7 selon Gronovius. 
—— 169. —— 175 -342 selon Weigel. 
— 361. —— 141-502 selon le même. 
—— 163. —— 152-515 selon le même. 
—— 166. —— 160 - 326 selon moi. 
—— 165. —— 152-317 selon moi... 
160. 167 - 327 selon moi. 


Coluber ahætulla. Lin. Syst. nat. — Amænit. acad. 
tom. 1,p.115,n°2;p. 495, n° 12. — Mus. Ad. Frid. 
tom. 1, p. 55, pl. xxn, fig. 5. — Gronovius, Mus, 
tom. 11, p. 61, n° 24. — Weigel, Abh. der hall. 
naturf. ges. tom. 1, p. 40, n° 58-60. — dem, Gmel, 


64 HISTOIRE 

que la couleuvre boiïga, tous les attributs 
qui sont les plus propres à embellir cet ordre 
d'animaux. La forme élégante, élancée de 
son corps, _la variété et la beauté de ses 
couleurs qui brillent avec l'éclat des pierres 
précieuses et des métaux dans les nombreux 
contours de son corps, la vivacité, la grace, 
la légèreté de ses mouvemens, la douceur 
de ses habitudes, son séjour presque conti- 
nuel au milieu des feuillages et sur les 
branches des arbres, doivent réclamer pour 
elle une exception à l'effroi que nous ins- 
pirent les couleuvres, et à la proscription 
dont elles sont les victimes. 


Syst. nat. p. 1116.— Coluber capite, collo dorsique 
anterioris parte cæruleis, cetero corpore exalbido, iridis 
coloribus superbiente. Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. 
1 VII, p.22,n° 23. — Natrix ahætulla. Laurenti, 
Syn. rept. p. 79, n° 161. — Long green borneo snake. 
Petiver , Gazoph. pl. c , fig. 5. — Serpens ornatissima 
amboinensis bonguatrora. Seba , Thes. tom. II, 
pl.zxxxir, fig. 1, pl. zxtrs, fig. 5 ; pl. x1r, fig. 3. — 
Bradley, Natur. pl. 1x, fig. 2. — Serpens indicus , 
gracilis , viridis,ahætuila seylonensibus. Ray, Synops. 
p:331.—Le boiga. Daubent. Dict. erpét. Encyc.méth. 
— Idem. Lacépède, Hist. nat. des serp. in-12 , tom. I, 
p.425, pl. x1, fig, 1. — La couleuvre boiga. Latreille, 
Elist. nat. des reptiles , in-18, tom, IV, p.112. 


Quelques 


DES COULEUVRES, 65 


Quelques personnes, séduites par la beauté : 
de cette couleuvre , ont exagéré tous ses 
autres avantages ; il y en a même qui ont 
été jusqu’à désigner sous le nom de chant 
le foible sifflement qu'elle fait entendre ; 
qui ne diffère en rien de celui des autres 
couleuvres. Le boiga est doux par sa nature 
et ne peut avaler que des insectes, à cause 

de sa forme délicate et très-déliée. Si l’on en 
croit le rapport de quelques voyageurs, les 
nègres esclaves, sur-tout ceux de Surinam, 
ont ce serpent en grande vénération; et les 
sybilles, ou les magiciennes qui vivent parmi 
eux, et qui conservent sur leur esprit un 
grand pouvoir, savent, dit-on, charmer par 
le son de leur voix le serpent ammodyte 
‘ou papaw, qui est le même que la cou- 
leuvre boiga, et parviennent à faire tomber 
_le serpent au pied de l'arbre où il étoit 
monté, entretenant par ce moyen Îa su- 
perstition des nègres afin d’en profiter. Selon 
Stedman , ce serpent, long de trois à cinq 
pieds, ne craint pas de se laisser toucher 
par l’homme : l'éclat de ses couleurs paroît 
avoir engagé les nègres à l’adorer; ils ne le 
tuent et ne le blessent jamais ; ils le regardent 
au contraire comme leur protecteur et leur 
ami, et s’estiment trés-heureux de le voir 


Reptiles, Tome VIL E 


66 FH À S TOOMMRE 


entrer dans leurs cabanes. Lorsqu'ane sybille 
négresse a charmé le serpent papaw, ou 
lui a persuadé de descendre de larbre, il 
est assez ordinaire de voir ce reptile s’en- 
tortiller autour du bras, du corps et du 
cou de cette magicienne , comme sil se 
plaisoit à entendre sa voix, et en. même 
tems elle le flatte et le caresse de la main. 

Les naturalistes ont confondu jusqu’à 
présent, comme une même espèce de boiïga , 
plusieurs couleuvres également élégantes , 
entre autres l’argentée et la bleue à deux 
raies; cette erreur fut principalement occa- 
sionnée par Seba, qui a représenté dans 
son ouvrage plusieurs espèces comme au- 
tant de variétés l’une de l’autre : Linnæus, 
Gmelin, etc., ont réuni sous ce même nom 
des serpens de l’Asie, de l’Inde, et des 
diverses parties de l'Amérique, et cependant 
tous les boigas que j'ai observés jusqu’à pré- 
sent ont été trouvés sur le continent dans 
l'Amérique méridionale , principalement à 
Cayenne et à Surinam. \ 

La couleuvre boiga à la tête petite, 
oblongue, obtuse en devant, plus large que 
le cou , déprimée , et recouverte en dessus de 
neuf grandes plaques disposées sur quatre 
rangées ; on en voit trois autres derrière 


DES COULEUVRES. 67 
les yeux. La lèvre inférieure est un peu 
plus courte que la supérieure. Le cou est 
très-mince, et le corps s’épaissit insensible- 
ment vers son milieu. Les écailles sont 
petites, hexagones sur la partie postérieure 
de la tête, et pentagones sur les côtés de 
l’occiput. Les écailles se prolongent ensuite 
peu à. peu dessus le cou et le corps, où elles 
sont plus grandes etrhomboïdales, oblongues, 
légèrement carénées sur les côtés du dos. 
La rangée d’écailles vertébrales, et celle qui 
est voisine des grandes plaques transversales, 
sont lisses. star 

Toutes les couleurs de cette couleuvre 
_sont tellement variées et chatoyantes, qu’on 
croit voir briller, lorsqu'elle est au soleil, 
plusieurs rangées de pierres précieuses, d’é- 
meraudes, de saphirs, de topazes, de rubis 
et d'améthystes ; toutes les couleurs de Firis 
sy nuancent et s’y mêlent dans des sens 
trés - variés, ou plutôt toutes ces écailles : 
ont l'éclat et les couleurs de la nacre des 
perles : et cette disposition des couleurs est 
cependant très -régulière, car le dessus de 

la tête est d’un beau bleu d'outre-mer, 

bordé d’un trait noir derrière chaque œil, 

et ce bleu s'étend sur chaque côté du cou 

en dessus en une bande qui s'amincit, et 
EX 


65 SH ES TOPRMRE 
ne forme ensuite qu'un petit filet sur les 
côiés du dos. Lorsque ces écailles se séparent 
un peu par le gonflement du corps, on 
aperçoit entre elles la couleur noire de la 
peau. Les lèvres sont blanches, et toutes 
les plaques transversales sont d’un blan- 
châtre nacré, très - chatoyant ; elles sont 
larges, plates en dessous , avec leurs extré- 
milés relevées sur Îes flancs, comme aux 
couleuvres comprimée, audacieuse, argentée, 
lien, elc., etc. Le nombre des grandes pla- 
ques varie depuis cent soixante-neuf jusqu’à 
cent soixante, et celui des doubles plaques 
va de cent soixante-treize à cent quarante- 
une; ces dernières sont assez grandes et 
régulièrement hexagones. La queue est très- 
mince, et occupe environ les deux cin- 
quièmes de la longueur totale, qui est de 
quatre pieds au plus : elle est terminée par 
un très-petit ergot droit. 

J'ai observé jusqu'à présent onze individus 
de cette espèce, et j'en conserve un très- 
bien coloré dans ma collection : il nra été 
douné par Marin de Baize, colon de Su- 
rinam. 


DES COULEUVRES. 6) 


LAC UOU L EU VIRE 


EHHMPELET (Gi) 


À, couleuvre chapelet a des couleurs peu 
brillantes ; mais elles sont disposées avec tant 
d'art et de symétrie sur tout son corps, 
qu’elle doit être regardée comme une des 
plus jolies. Sa couleur en dessus est bleue, 
avec trois raies longitudinales blanches, et 
celle intermédiaire est formée par une 
grande quantité de petits traits blancs par- 
faitement ovales , et tous séparés par deux 
points noirs entre lesquels 1l y a un point 
blanc. Sur chaque côté de la tête on voit 
trois et quelquefois quatre taches , qui 
forment une ligne longitudinale qui se pro- 


(1) Coluber moniliger ; suprà cœruleus lineis lon- 
gitudinalibus tribus albis , intermediä punctis nipris 
resulariter aspersé ; subiis alb& cum serie punctorum 
nigrorum 11 uiroque latere scutorum ; caudd —. 

- Scutis abdom, 166.— Scutellis subcaud. 1053 - 269. 

Le chapelet. Lacépède, Hist. nat. des serpens, 
in-12, tom. Il, p. 21,pl.x, fig. 1. — La couleuvre 
chapelet Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18 ;, 
tom, IV, p. 116. 

PE 3 


70 HISTOTRE 

longe sur les yeux; et sur son sommet il y 
a aussi des taches d’un bleu clair, bordées 
de noir, et placées avec une grande résgula- 
rité. L'animal est entièrement blanc sur ses 
lèvres et en dessous, avec un petit point à 
chaque exirémité des plaques transversales, 
ce qui fait deux rangées de points sous le 
corps. | | 

_ La tête est assez grande, déprimée , cou- 
verte de neuf plaques disposées sur quatre 
rangs, et plus élargie que le cou. Le corps 
est long, délié, peu renflé dans son milieu, 
garni en dessus d’écailles lisses et en lo- 
sanges, et en dessous de cent soixante-six 
grandes plaques transversales. La queue a 
ses doubles plaques au nombre de cent trois; 
elle est terminée en pointe, et occupe près 
du liers de la longueur totale. 

Cette espèce nouvelle est placée dans le 
museum d'histoire naturelle de Paris. Il 
ne faat pas la confondre avec la couleuvre 
chapelet, figurée par Catesby, et que jai 
décrite sous le nom de couleuvre à goutte- 
leties, tom. VI, pag. 261. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Lacépède. 
pieds. pouc. lign. 

Lonsnéur totale 2 2980: 4000 ES NES 

Longueur de la/quene ts Ve 5 6 


DES COULEUVRES. 1 


LA COULEUVRE 


N TÊTE DE VIPERE (1) 


Br. Merrem désigne sous ce nom, dans soi 
ouvrage sur les serpens, une espèce de cou- 
leuvre qui a l’air très- dangereux, sans 
cependant avoir de crochets venimeux, et 
qui a été décrite par Seba sous le nom de 
serpent d'Amérique, semblable à la vipère. 
Elle a cent soixante-six grandes plaques sous 
le corps, et quatre-vingt-sept doubles sous 
la queue. Par sa forme et ses couleurs, elle 
ressemble beaucoup à la couleuvre angu- 
_leuse; et quoique ses écailles soïent égale- 


(1) Coluber Aorridus ; suprà griseus , fasciis {rans= 
versis dorsalibus latis nigro marginatis , subis flaves- 
 cente albidus; caudä —. 

Scutis abdom. 166. — Scusellis subcaud. 87 - 253. 

Vipernkopfiste natter. Bl. Merrem , Beytræge 
nalurg. der amphib. in- 49, fasc. 2, p. 45 , pl. x. — 
Serpens americana viperæ æmula. Seba, Thes. tom. IT, 
P- 14, pl. xu, fig. 1.— Coluber viperæ capite crassius- 
culo ; miro artificio pictus. Klein , Tent. herpet. p. 4x. 


E 4 


2 'ATS SEL CRORME 
ment carénées , elle a cépendant des plaqués 
disposées d’üne manière toute particulière 
sous là mâchoire inférieure. 

La tête est grande, triangulaire, vwbtuse 


et déprimée en devant, un peu élevée par 


derrière comme à la couleuvre bordelaise, 
et plus large que le cou : le sommet est 
revêtu de dix grandes plaques, dont neuf 
rangées comme celles de la couleuvre à 
collier, et la dixième est située entre les 
deux paires de plaques antérieures. La maà- 


e- 


choire inférieure est plus courte que la supé: 


rieure , et bordée comme elle de plaques 
labiales un peu nombreuses. On voit de plus 
sous le milieu de la gorge une rangée trans- 
versale de huit longues plaques, séparées en 
deux par un sillon longitudinal ; le reste de 
la gorge est garni de petites écailles lisses 


et rhomboïdales. Les dents sont petites, 


aiguës, et placées sur les branches margi- 
nales et palatales. s | 
Lé corps est cylindrique, un peu renflé 
Vers son milieu, couvert d’écailles rhom- 
boïdales, carénées et imbriquées, excepté 
celles des flancs contre les plaques qui sont 
lisses et plus larges. La plaque de lPanus est 
deri-circulaire et double. La queue ; d’abcrd 
tomprimée à sa base, devient ensuite cyline 


DES COULEUVRES. 73 
drique , el se termine en une longue pointe; 
elle occupe la huitième partie de la lon- 
gueur totale. 

La couleur est en dessus d’un gris ferru- 
gineux assez clair, principalement sur la 
tête, avec de larges bandes transversales 
rapprochécs , plus foncées et bordées de 
noir ; on voit sur la tête quelques taches 
D Abies savoir : une en forme de trèfle 
entre les narines; deux sur l’occiput ; un 
trait derrière chaque œil, el un autre entre 
les deux taches de l’occiput. La partie infé- 
rieure des flancs et le ventre sont d’un blanc 
jaunâtre , avec des taches ou gros points noiï- 
râtres à l’extrémilé de quelques plaques 
transversales. La plaque anale et les sous- 
caudales sont brunes, avec leurs deux extré- 
mutés plus claires. 

La couleuvre à têté de vipère habite en 
Âmérique, selon Seba. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem. 


pieds. pouc. ligu. . 


Longueur totale. CC e ° ° ° 2. 9 > = 
Longueur de la /téte 2. "5/0 A) Des 
Harpeur dela ttes 0e Sn pen LT 


Longuèur du corps . . . . . 1 11 
Circonférence du corps. . . . » 2 
Longueur de la queue . à . , » 8 


7% 5. HASTOTRE 


LA COULEUVRE 
CÉACLEÉE.G). 


Laixwaus a décrit le premier cette espèce 
de couleuvre qui habite en Caroline, et qui 
lui fut envoyée par le docteur Garden : elle 
est petite, blanchâtre, avec des anneaux 
noirs formés par des plaques transversales, 
et qui n'entourent pas exactement tout le 
ventre, mais qui sont disposés alternati- 
vement en dessous; ces anneaux sont plus 


{zx} Coluber doliatus ; albidus , annulatus, annulis 
nigris , subtis interruptis ek A ; caud@ + 

Scutis abd. 164. — Scutellis subcaud. 45 - 207 Fr 
Linnæus. 

—— 166. —— 40 - 206 selon Boddaert. 

Coluber doliatus. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 

Syst. nat. p. 1006. — Coluber albidus , annulis nigris 

per paria digestis. Boddaert , nov. Act. ac. Cæs. t. VIT, 


p. 22, n° 22. — Z’annelée. Daubenton, Dict. erpét. 
Encyc. méth.— 7dem. Lacépède, Hist. nat. des serp. 
in -12, tom. I], p. 81. — La couleuvre annelée. 


Latreille, Hist. nat. des rept. in-18, tom. IV , p.126. 


DES COULEUVRES. 95 


résuliers et entiers sur le dos. 11 y a cent 
soixante - quatre grandes plaques abdomi- 
nales, et quarante-trois doubles sous la 
queue. 

Boddaert a observé un individu blan- 
châtre avec des anneaux noirs rangés deux 
à deux : il avoit cent soixante-six grandes 
plaques et quarante doubles. 

11 existe au museum d'histoire naturelle 
de Paris une couleuvre que Lacépède rap- 
porte à cette espèce, et qu’il appelle l’anne- 
lée, d’après Daubenton, quoique ce nom 
convienne mieux à une espèce que j'ai ainsi 
nommée dans le tome VI, pag. 509, avec 
Linnæus. La couleuvre cerclée, dont parle 
Lacépède, est d’un blanc ordinairement 
assez éclatant, avec des anneaux disposés 
comme je l'ai indiqué précédemment d’après 
Linnæus : il ajoute qu’elle a quelquefois une 
petite bande longitudinale d’une couleur 
très-foncée sur toute la longueur du dos, 
ce qui la rapproche de la couleuvre iphise. 
Le cou est blanc ; la tête est presque noire, 
couverte en dessus de neuf plaques. Les 
écailles dorsales sont lisses et rhomboïdales. 
La queue a un pouce cinq lignes, ce qui 
fait environ les deux neuvièmes de ia lon- 


76 HISTOIRE 
gueur totale, qui est de sept pouces quatre 
lignes. | 

La couleuvre cerclée, qui est dans la 
galerie du museum d'histoire naturelle, a 
été envoyée de Saint-Domingue : elle n’a 
que des petites dents et pas de crochets 
venimeux. 


DES COULEUVRES. 77 


l 


MU COULEUSRE 
A A PRG 


Corre couleuvre, qu’il ne faut pas con- 
. fondre avec le fouet-de-cochier (coach-vhup 
snake), quoiqu'elle soit connue sous le même 
nom aux Etais-Unis d'Amérique, est une 
espèce.très-douce et innocente , qu’on peut 


(x) Coluber filiformis ; suprà obscurè-lividus, line4 
Jusc4 utrinque ponè oculos usque in collum protensé ; 
subtüs albidus , lonsitudine filiformi ; caudé ferè +. 

… Scutis abdom. 165. — Scutellis subcaud. 158 - 353. 

Coluber filiformis. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph, 
Frid. p. 36,pl. xvir, fig. 2. — Jdem. Gmelin, Syst. 
nat. p. 1117. — Anguis flagelliformis. Catesby, Hist. 
nat. Carol. pl. Liv. — Coach-whip snake , des anglo- 
américains. — Natrix filiformis. Laurenti, Synops. 
rept.-p. 78 ,n° 159 — Ze fil. Daubenton, Dict. erpét. 
Encyc. méth. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. des serp. 
in-12 , tom. IT , p. 7 et suiv. pl. x1 , tom. [, fig. 2. — 
La couleuvre filiforme. Latreiile , Hist. des reptiles, 
in -18,tom. AV, P. 79, fig. 2. si Serpent à liane , des 
colons américains. — Serpent fouet. Stedman, Voyage 
à Surinam et dans l’intérieur de la Guiane, in-8°, 
tom. IT, p. 320. 


78 EM SMMOHR:E 

manier sans danger, et qu’on doit d'autant 
moins craindre qu’elle ne peut nuire par sa 
morsure aux plus petits quadrupèdes. La 
couleuvre fil paroît très-voisiie de la cou- 
leuvre boiga, par la forme de son corps, de 
ses écailles, -de ses plaques, et par ses habi- 
tudes ; elle n’en diffère principalement que 
par ses couleurs. Catesby est le premier na- 
turaliste qui ait observé ce reptile, et il Pa 
figuré sous le nom d’anguis fouet-de-cocher 
dans son Histoire naturelle de la Caroline, 
planche Liv. Il dit que ce serpent est long 
de quatre à six pieds, et tellement mince, 
sur-tout à sa partie postérieure, qu’il a en 
quelque sorte la forme d’un fouet ; il est en- 
tièrement brun, ou d’une couleur obscure, 
et livide en dessus, et blanchâtre en dessous, 
avec un trait noir près de chaque œil, pro- 
longé sur les côtés du cou. Il rampe avec 
une vitesse extrême; ses mouvemens sont 
très-prompts > sa morsure n'est pas. mal- 
faisante: à peine parvient-il à écorcher la 
peau à l’aide de ses dents, qui sont petites 
et aiguës. Les indiens prétendent, mais à 
tort, qu’il peut, d’un seul coup de sa queue, 
couper un homime en deux parties, lorsqu'il 
est irrité. La couleuvre fil, selon Linnæus, 
est noire, très-mince, blanche en dessous, 


DES COULEUVRE 79 


avec la tête un peu plus large que L corps, 
qui est long et filiforme ; 1l a compté cent 
soixante-cinq grandes plaques sous le ventre, 
et cent cinquante-huit doubles plaques sous 
la queue. Gmelin prétend qu'elle habite 
aussi dans l’Inde; mais je suis convaincu 
qu’elle n’existe qu’en Amérique. Lacépède 
a écrit que ce serpent se roule avec facilité, 
se tortille avec souplesse autour des divers 
arbres , et parcourt rapidement les branches 
les plus élevées : on le voit souvent dans les 
bois de palmier se suspendre en différens 
sens aux rameaux: et c’est sans doute à 
cause de ces habitudes qu’on le nomme dans 
quelques parties de l'Amérique serpent à 
liane. 

Un individu, envoyé d'Amérique sous ce 
nom au museum d'histoire naturelle de 
Paris, a ses yeux gros, ses mâchoires dé- 
pourvues de crochets venimeux , sa tête 
assez grosse et garnie en dessus de neuf 
plaques lisses, et ses écailles en losanges et 
carénées. Ce serpent a un pied six pouces 
de longueur totale, selon Lacépède, et sa 
queue a quatre pouces six lignes, ce que 
fait près du tiers. 

On doit peut-être rapporter à la cou- 
leuvre fil le serpent fouet, observé par 


80 HISTOIRE 


Bartram, et rangé provisoirement par moi 


comme synonyme de la couleuvre fouet- 
de-cocher, ainsi que celui du même nom 
dont Stedman à fait mention dans la Rela- 
tion de son voyage à Surinam. Ce dernier 
est assez semblable à un fouet; il est à peine 
plus gros qu’une plume de cygne, et sa lon- 
gueur est de cinq pieds environ; son dos 
est de couleur plombée, et son ventre est 
blanc. Les nègres prétendent sans preuve, 
et seulement par un préjugé invraisem- 
blable, qu’il peut avec sa queue donner un 
coup très-fort, 


LA 


1 


DES, COULEUVRES. 81 


LA CTOrU: LE UV RME 


BLANCHATRE () 


Carre espèce, indiquée par Gronovius 
et Boddaert, a. été représentée par Seba 
sous le nom de cobra d’4mérique, iom. IE, 
pl. XXI, fig. 3. Le museau est arrondi, ob- 
tus; la couleur est blanchâtre , avec environ 
quarante bandes ou fascies brunes; elle a 
cent soixante-cinq plaques abdominales, et 
soixante-quinze doubles sous-caudales. 

La couleuvre blanchâtire habite en Amé- 
rique. 


(1) Coluber subalbidus ; coloré subalbido , fasciis 40 
brunneis , rostro-rotundato obtuso ; caudé.... 

Scutis abdoim. 165. — Scutellis subcaud. 55 - 240. 

Coluber subalbidus. Gmelin, Syst. nat. p. 1103. — 
Gronovius, Mus. tom. II, n° 25. — Zooph. n° 111- 
— Idem. Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. tom. VIT, 
p.20, n° 14. — Cobra americana, Seba, Thes. tom. ÎT, 


pl. xxr, fig. 3. 


Reptiles. Tome VIL F 


82 HISTOIRE 


E AC O'D PMEUVRE 


AHZONIES (@). 


Ccrre espèce est très-voisine des cou- 
leuvres iphise, cerclée et rembrunie; mais 
elle en diffère cependant par le nombre de 
ses plaques transversales et par la disposition 
de ses anneaux, d’une couleur très-foncée , 
plus où moins larges, et qui font le tour dé 
son corps; ces anneaux sont placés sur un 
foud blanc dessus et dessous, et quelques- 
unes des écailles blanches sont tachetées de 
roussatre à leur extrémité. La tête est garnie 
en dessus de neuf plaques, et les lèvres sont 
bordees d’autres plaques toutes blanchâtres, 
et bordées de brun ou de roux; les écailles 


(1) Coluber cinctus ; albus, sgamis posticè rufrs , 
annulis atris corpus et caudam cingentibus:; caudé +, 
Scutrs abdom. 165.— Scutellis subcaud. 35 - 200. 

La couleuvre à zones. Licépède , Hist. nat. des serp. 
in-12,iom. I], p 154.— ‘dem. Latreille, Hist. nat. 
des repuiles,in-18 , tom. IV, p. 154.| 


DES COULEUVRES. 83 
sont lisses, rhomboïdales et imbriquées. Il 
y a sous le corps cent soixante-cinq grandes 
plaques, et sous la queue trénte-cinq doubles 
plaques. La queue occupe exactement la 
huitième partie de la longueur totale, qui 
est d’un pied. 
La couleuvre à zones n’est pas veni- 
meuse ; je crois qu’elle vit dans l Amérique 
méridionale. 


SR 21 HASUTIOCGE ET 


si 


LoË pniG oO EE ES TOME 


154 


BLEU TE (sq 


La couleuvre bluet , figurée par. Seba ; 
ton. IT, pl. xr1r, fig. 5, a élé décrite d’après 
nature par Linnæus dans ses Aménités aca- 
démiques; elle a le dessus de la tête bleuâtre, 
les écailles du dos ovales et à moitié blanches 
et bleues, avec la queue bleue plus foncée 
que le corps et sans aucune tache. Les 
plaques transversales sont blanches, au 
nombre de cent soixante-cinq grandes sous 
le corps, et de vingt-quatre doubles sous 
la queue, qui est très-amincie et prolongée 
en pointe. 
Elle habite en Amérique. 


(1) Coluber cæruleus ; suprà cæruleus , subiis albus, 
squaznis corporis altero latere albis ; caudä acuté...… 
Scutis abdom. 165. — Scutellis subcaud. 24 - 189. 

Coluber cœruleus. Lin. Syst. nat. — Amænit. acad. 
tom. I, p. 505 ,n° 31. — Idem. Gmelin, Syst. nat. 
p- 1095. — Le bluet. Daubenton , Dict. erpét. Encyc. 
méthod. — fdem. Lacépède, Hist. nat. des serpens, 
in-12,tom. IT ,p. 754. — La couleuvre bluet. Latreille, 
-Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. IV, p. 170. 


DES COULEUVRES. 60 


LA (COULEUVRE 


D É! PA N AM A! (1) 


Bo DDAERT:a observé une. couleuvre 
bleuâtre ;, dont les écailles sont bordées, et 
qui a cent soixante-quatre plaques sous le 
corps,et trente-huit doubles sous la queue. 
Cet auteur y rapporte la couleuvre de Pa- 
nama, représentée par Seba, tom. ll, 
plrxviyifis. da : 


=: 1 


” (1) Coluber panamensis ; cæœrulescens bed) mar- 

ginalis ; ceaud&.……. 

_ Scutis abdom. 164. —— nue abc 38 - 202. 
Coluber panamensis. Gmelin, Syst. nat. p. 1095. — 

Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. tom. V IT, p. 19, n° 7- 

+rColuber Æsculapii, ex Panama. Seba ,Thes. tom. If, 

pl. Lxvr ge 10. 


86 HISTOIRE 


L' A s CHOIW LE UVRE 
BRUNATRE. (1). 


Cevre espèce a été très-incomplettement 
décrite par Gronovius et Boddaert. Ses 
plaques transversales sont au nombre de 
cent soixante-trois grandes sur le ventre, 
et de soixante - dix - sept doubles sous la 
queue. On lui indique pour seul caractère 
une bande longitudinale noire, et l’on y 
rapporte comme synonymes deux figures 
publiées par Seba, dans son ouvrage sur 
l’histoire naturelle. 


(1) Coluber subatratus ; colore atrato , vitéä nigrä, 
caud4.... 
Scutis abdom. 165. — Scutellis subcaud. 77 - 240. 
 Coluber atratus. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1105.— Gronovius, Mus. tom. II , n° 26. 


— Seba , Thes, tom. 11, pl. 1, fig. 0, pl. 1x, fig. 2. 


DES COULEUVRES. 8 


E AIC" OU L E'U'V KR 8 
SERPENTINE () 


Csrre couleuvre, figurée par Merrem 
dans son ouvrage sur les serpeus, est très- 
remarquable par sa taille très - longue et 
déliée, ainsi que par ses couleurs. Elle pa- 
roît appartenir à la même seclion que les 


(1) Coluber serpentinus ; albidus sub-flavescens , 
fasciis transversis rufis dorsum cingentibus ; caud& 
acuté —-. R 

Scutis abd. 163. — Scutellis subcaud. 55 - 218 selon 

® Gronovius. 
—— 155. —— 52-207 selon le même. 
—— 151 —— 51-202 selon le même. 
—— 150  —— 652-202 selon Merrem. var. A. 
—— 150. —— 53-203 selon lemême.var B. 
—— 147. —— 45(*)-192 selonle même. var. C. 
——— 148. —— 54 - 202 selonlemême. var. D. 
—— 152  —— 51 - 203 selon lemême. var. FE. 


152. ——54-205 selon le même. 
Geschlangelte natter. B\. Merrem, Bcytræge zur 

naturg. der amphib. in-4°, fasc. 2, p. 59, pl. vixr. — 

Gronov. Mus. ichth. tom. IT, p° 65. — Zooph. p. 23. 


(*) La queue avoit sans doute été légèrement mutilée. 


F 4 


88 Hi: F ST UOMOR EE 0 
couleuvres annelée , cerclée, à zones, etc. 
On ia trouve communément dans l’Amé- 
rique méridionale, et paroît sujette à va- 
rier beaucoup par le nombre de ses plaques 
transversales; car il y a depuis cent soixante- 
trois jusqu’à cent quarante-sept plaques ab- 
dominales, et cinquante -une à cinquante- 
cinq doubles plaques sous-caudales. 

La tête est ovale, un peu déprimée, 
plus large que le cou, revêtue en dessus de 
neuf plaques, et bordée d’autres plaques 
sur les lèvres. Les dents des branches mar- 
ginales et palatales sont petites, aiguës et 
recourbées en arrière. Le corps est long, 
mince, cylindrique en dessus, légèrement 
aplati en dessous , avec ses écailles lisses .et 
rhomboïdales. Sous la gorge il y a trois 
paires de plaques d’où partent immédiate- 
ment les plaques transversales. | 

La couleur de la couleuvre serpentine 
n'est pas exactement la même dans tous 
les individus; elle est d’un blanc jaunâlre, 
avec des bandes transversales rousses et 
nombreuses sur tout le dessus du corps et 
de la queue, et lon voit en outre, sur la 
tête et sur les plaques transversales, de pe- 
tites taches rousses. | 


DES! COULEUVRES. 8q 
Merrem a observé cinq variétés de cette 


espèce. 
Première variélé. 


COULEUVRE SERPENTINE : d’un brun de 
foie sur le dos; grise sur les flancs et 
en dessous, avec des anneaux d’un brun 
de bistre entourant ordinairement tout le 
corps. La queue un peu obtuse. 


pieds. pouc: lign. 
Lonaueurdotale.. 2% on 


Dongueur-de la tête. . .,...,..,:2, 14 
Hirceur dela tete. 2 2 00 mr 
Longueur du corps . . . . . + . 1 


SO EE = SA 


9 
Gireonference du Corps... 2 01 > 112 
Longueur de la queue . ... . . . » 4 


Seconde variété. 


CoULEUVRE SERPENTINE : ayant [a tête 
un peu plus grosse et plus pointue; le som- 
. met du dos d’un gris d'acier noirâtre, et le 

ventre d’un jaune d’ocre. 


pieds pouc. lign. 
Longueur-totale , . . . .. 11 :18:u04 
Longueur de la tête . . . . » » 10 
Largeur de latétes saunas » 5 


je le 5e 


M 
b 


onoueur du corps 212 ir (ie 
Circonférence du corps . , :: » x 
Longueur de la queue. . . . », 3 


È NY R 


36 HISTOIRE 
Troisième varieté. 


COULEUVRE SERPENTINE : ayant le som- 
met du dos noirâtre, avec des bandes sur 
les côtés d’un gris brun; l'intervalle des 
bandes et le ventre blanchâtres, et la queue 
terminée en pointe. 


pieds. pouc. lign. 


Lonvgaeur totale. -. ... .). . 1 605 
Lonsusur'de la tête. 5...» 5» 9 = 
Ponsueur du Corps © . 4 T7 URSS 

Longueur de larqiede ; : : .° » 3 1502 


Quatrième variété. 


CoULEUVRE SERPENTINE : ayant la tête 
d'un brun olivâtre, le sommet du dos d’un 
brun foncé qui devient noir sur la queue, 
avec les plaques transversales jaunes. 


pieds. pouc. lign. 
Lonsuenr totales. ou LA. ps 10e 


Fonpneur de Ja tétes" © "2 Nhy to g 
Éongueur du corps . . . . . D 10  » 
Longueur de la quene . + . + » 20 81 
Cinquième variété. 
CoULEUVRE SsERPENTINE : d'un brun 
noirâtre presque uniforme en dessus, avec 


DES COULEUVRES. 9L 
des raies en 7ig - Zzags ; gris sur les côtés, 
et le ventre d’un blanc jaunâtre. 


pieds. pouc. lign. 


Ponsueur totale 3... . . 4. x y 
Longueur de la tête. . . . . »  » 8 
Largeur de la tête : : 4 
Longueur du corps + . + . . » 10 5 
Circonférence du corps . . . vL4 
Longueur de la queue : . . . » 2 5 À 


g2 HISTOIRE 


L AC 0 U D'E UV RE 
M NL AT UR ECM) 


Lrxnzus a observé, dans le museum du 
prince Adolphe Frédéric, cette couleuvre 
qu'il dit habiter dans les Indes, et dont 
les plaques transversales sont au nombre 
de cent soixante - deux grandes sous le 
corps, et de cinquante-neuf doubles sous 
la queue. Sa couleur est en dessus d’un 
brun plus foncé sur le milieu du dos, plus 
clair sur les flancs, avec toutes ses écailles 
marquées d’un point blanc; le dessous de 
la tête, du corps et de la queue est de 
couleur blanche. 


(1) Coluber miliaris; suprà fuscus , squamis maculé 
albé notatis , subtis albus ; caudä.... 

Scutis abdom. 162.— Scutellis subcaud. 59 - 221. 

Coluber miliaris. Tin. Syst. nat. — Mus. Ad. Frid. 
p. 27. — Idem. Gmelin , Syst. nat. p. 1099. — Le mi- 
liaire. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méth. — La 
miliaire. Lacépède , Hist. nat. des serpens , in-12, 
tom. I, p. 411. — La couleuvre miliaire. Latreille, 
Hüist. nat. des reptiles, in-18 , tom. IV , p. 150. 


DES:COULEUVRES 03 


LA ' COULEUVRE 
us. RAIES HO UC EST? 
Op LEXXIIT, fig >. 


où ETTE nouvelle espèce n’est pas rare 
dans les Etats - Unis d'Amérique, où elle 
a été observée plusieurs fois par Palisot 
Beauvois, qui a bien voulu me commu 
niquer un individu de sa collection. La 
couleuvre à raies rouges est remarquable 
par la disposition de ses couleurs. Elle est 
en dessus d’un noirâtre sombre, avec une 
ligne longitudinale rouge sur la colonne 
vertébrale, et avec une autre parallèle et 
semblable sur chaque côté du des. Les flancs 
sont jaunes, avec la base de chaque écaille 
rouge. Toutes les plaques et” F démi-plaquées 


; 


(1) Ce erythrogrammus ; É suprè nigricans lineis 
tribus longitudinalibus rubris ; lateribis flavis Squamis 
rubro maculatis ; subtùs rubro _ série lonsitu= 
dinali punctorum nisrorum ; caudé) 2} He 
. Scutis abdom. 162. — Scutelhs stbcaud. 49= 211. 


94 HISTOIRE 
du dessous du corps sont rouges, bordées 
de jaune inférieurement ; de plus il y a à 
chaque extrénnité des plaques un gros point 
noir, et un autre au milieu de ces plaques; 
ce qui fait trois rangées longitudinales de 
points noirs sous le corps. 

L'animal parvient jusqu’à cinq pieds de 
longueur totale, et la queue occupe près 
d'un sixième de cette longueur. La tête 
petite et plus étroite que le corps est cou- 
verte de dix plaques lisses ; savoir, une 
petite sur le museau ; deux sur le front, 
et deux autres en avant des yeux; chaque 
œil est bordé en dessus par une plaque de 
moyenne longueur et carrée oblongue ; 
entre ces plaques et sur le milieu de la 
tête il y en a une autre pentagone et à 
peine plus grande; puis sur chaque côté 
de la partie postérieure de la tête on voit 
une autre grande plaque à cinq ou six 
angles. Toutes les écailles et les plaques 
sont lisses, excepté les écailles qui recou- 
vrent la colonne dorsale ; elles sont caré- 
nées de manière à former trois stries lon- 
gitudinales sallantes. 

J'ai compté cent soixante-deux plaques. 
abdominales, dont quatre gulaires, et qua- 


DES COULEUVRES. 95 


rante-neuf doubles plaques sous-caudales. 
L'anus est simplement garni en devant 
d’une grande plaque. Lorsqu'on examine 
avec soin chaque plaque abdominale, elle 
paroît formée de deux plaques parallèles, 
à cause d’une rainure qui la sépare en 
deux dans le sens de la longueur. 

Elle se nourrit, suivant Palisot Beau- 
Vois, de rats amphibies, d'oiseaux , de 
srenouilles , de jeunes tortues et de sala- 
mandres. Elle a dix dents à la branche 
externe de la mâchoire supérieure ; quinze 
ou seize à chaque branche intérieure de 
la mâchoire supérieure ; dix ou douze à 
chaque côté de la mâchoire inférieure; ce 
qui fait un total de soixante - dix à soixante- 
seize denis. 


96 HISTOIRE 


LA COULEUVRE 
C'É ASD'OMT A NT 


Razov MOWSKI a trouvé en Suisse, 
principalement aux environs de Lausanne, 
une petite couleuvre qui parvient à un 
pied six pouces de longueur, et dont la 
grosseur égale celle d’une grosse plume de 
cygne. Le nom qu’elle porte vient de ce que 
ses écailles sont lisses, luisantes comme si 
elles étoient enduites d'huile, et chatoyantes 
en dessous au grand jour, de manière à y 
produire çà et là des reilets d'un beau 
bleu. Sa couleur est d’un gris cendré en 


(rx) Coluber versicolor ; suprà griseo cinereus cum 
£æni& dorsali maculis transversis fuscis formatä, 
subis rubescente fuscus allo maculatus et margine 
scutorurn cærulescente ; caud&.... | 

Scutis abdorm. 161.— Scutellis subcaud. 113 - 274. 

0: ——— 115 - 269. 

La chatoyante. Razoumowski , Hist. nat. du Jorat 
et de ses environs , tom. I, p. 122, pl. vi, fig. a et b. 
— Idem. Lacépède, Hist. nat. des serpens , tom. IF, 
pag. 121. 

dessus , 


DES COULEUVRES. 97 
dessus, avec une bande longitudinale de 
pelites raies brunes, et disposées transversa- 
lement en forme de zig-zag. Les plaques 
transversales d’un brun rouge, tachetées 
de blanc et bordées de bleuâtre en arrière, 
sont au nombre de cent cinquante - six à 
cent soixante-une grandes sous le corps , et 
de cent treize doubles sous la queue. I] y a 
une tache brune presque en forme de cœur 
sur les neuf grandes plaques du sommet de 
la tête. Les yeux sont vifs et noirs, avec 
leur iris d’un rouge doré. 

La couleuvre chatoyante n’est pas regar- 
dée comme venimeuse. Elle vit de préfé- 
rence dans les lieux et les fossés humides, 
et au bord des eaux. La couleur de son 
dos est moins chatoyante que celle du 
venire. 


Reptiles. Tome VII. G 


98 HISTOIRE 


LA COULEUVRE MALPOLE 
ou SIFFLEUR (1). 


{ins naturalistes modernes désignent, sous 
les noms de malpolon et de sifleur , une 
couleuvre innocente et assez jolie, qui est 
conservée dans le museum d'histoire na- 
turelle de Paris, et qui est figurée dans 
l'ouvrage de Seba, tome IT, planche zrr, 
-fis. 4, planche zvi, fig. 4, planche cvtr, 
Hg. 4. 


Selon Lacépède, la couleuvre malpole 


(1) Coluber malpolon; cærulescens maculis nume- 
rosis nipris in seriebus longitudinalibus dispositis ; 
cum maculà albé nigro marginaté suprà caput ; 
caudä =. 

Scutis abdom. 160.— Scutellis subeaud. 100 - 260. 

Coluber sibilans. Lin. Syst. nat. — Amænit. acad. 
tom. 1, p. 302 ,n° 50.—/dem. Gmel. Syst. nat. p. 1106. 
— Malpolon. Seba , Thes. tom. If, pl. ini, fig. 4 ; plivi, 
fig. 4; pl. cvn, fig. 4. — Le malpole. Daubenton, 
Dict. erpét. Encycl. méth. — Zdem. Lacépède , Hist. 
nat. des serpens, in-12 , tom. I, p. 418, pl. 1x, fig. 2. 
— La couleuvre malpole. Latreille, Hist. nat. des 
reptiles ,in-18, tom, IV , p. 80. 


DES COULEUVRES. 99 
a neuf grandes plaques sur la tête, les 
écailles du dos ovales et carénées. Ses cou- 
leurs très-belles et distribuées avec art sont 
difficiles à conserver dans l’esprit de vin. 
Elle est bleue, avec un grand nombre de 
taches noires très-petites, et placées de ma- 
nière à former des raies longitudinales. On 
voit une tache très-blanche bordée de noir 
et située entire les plaques de la tête jusqu’au 
museau. : 

Le corps de celte couleuvre est très- 
mince, garni en dessous de cent soixante 
grandes plaques, et la queue prolongée en 
pote a cent doubles plaques, et occupe 
exactement le quart de la longueur totale, 
qui est ordinairement d’un pied six pouces. 

Latreille regarde la première figure indi- 
quée d’après Seba, comme se rapportant 
seule à la couleuvre malpole , qui habite 
dans lile de Ceilan en Âsie, selon ce der- 
nier observateur. 

Je ne pense pas, comme Lacépède paroît 
cependant le croire, que cette espèce puisse 
habiter également dans trois continens dif- 
férens, en Asie, en Afrique et en Amé- 
rique. Linnæus l’a fait connoître sous un 
nom spécifique, qui semble indiquer que ce 


reptile peut siffler avec force. 
| G 2 


100 HISTOIRE 


L A, C OU LE U V RME 
VARIÉE (1). 


Crrre couleuvre n'a été indiquée que 
trés-lésèrement par Gronovius et Boddaert : 
elle est nourâtre, avec ses flancs variés de 
blanc et de noir. Lies plaques transversales 
sont au nombre de cent soixante pour le 
corps, et de soixanie - dix doubles sous la 
queue. 


(1) Coluber varius ; nigricans, lateribus albis ni- 
grisque variegatis ; caudä.... 

Scutis abdom. 160. — Scutellis subcaud. 10 - 23o. 

Coluber varius. Gmelin , Syst. nat. p.1101. — Gro- 
novius, Mus. tom. IT, p.64, n° 28. —Zooph. tom. 1, 
p.23, n° 116. — Coluber nigricans. Boddaert, nov. 
Act. acad. Cæs. tom. VIE, p. 21, n° 16. 


DES COULEUVRES. 1o1 


Re 


LA COULEUVRE VERTE 
DE D E (0). 


C’s57 dans l'Amérique septentrionale, et 
principalement dans la Caroline, la Floride 
et la Louisiane , qu’on rencontre cette jolie 
petite espèce, qui s’entortille et se joue avec 
graces et légèreté autour des tiges et parmi 
les feuilles des kalinia, des andromeda, du 
calycanthus odorant, et sur la cîme des 
arbres élevés. Sa couleur d’un verd clair en 
dessus est presque blanche en dessous, se con- 
fond avec la verdure et les fleurs; aussi ne 
la distingue - t-on ordinairement sur les 


(1) Coluber æstivus, suprà lætè viridis, subtis albido 
viridis , labiüsque pallidis ; caudé acutä =. 

Scutis abd. 155.— Scutellis subcaud. 144 - 209 selon 

Linnæus. 
—— 159.  —-— 128 - 287 selon moi. 

Coluber æstivus. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1114. —— La verdätre. Daubenton , Dict. 
erpêt. Encycl. méthod. — Zdem. Lacépède , Hist. nat. 
des serpens , in-12, tom. IT, p. 109. — Za couleuvre 
verdätre. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 
tom. IV, p. 140. — T'he green snake (le serpent verd). 
Catesby , Carol. tom. IT , planche xzvir. — Bartram , 
Voyage en Carol. et en Floride , tom. I, p. 16. 


G 5 


102 HISTOIRE 


. 


arbustes qu’à ses mouvemens , et à l’éclat de 
ses écailles lorsque les rayons du soleil vien- 
nent frapper sur elle : sa couleur modeste 
est alors plus animée, et elle offre aux yeux 
une richesse de reflets qui éblouit et qui 
plaît. Linnæus dit qu’elle ressemble à la 
couleuvre boiga par sa forme et par ses 
écailles lisses; il ajoute que sa couleur est 
entiérement bleue en dessus et d’un verd 
clair en dessous ; cependant je suis convaincu, 
d'après la figure qu’en a donnée Catesby, 
qu’elle est d’un verd brillant en dessus ; et 
un individu conservé dans la collection de 
Bosc, est devenu bleuâtre dans l'esprit de 
vin; cest sans doute d’après une altération 
semblable que Linnæus aura commis cette 
méprise. | 
La couleuvre verte d’été est parfaitement 
semblable à la couleuvre saurite, par l’élé- 
gance de sa taille, par tous les détails de 
sa conformation ; ses écailles sont seulement 
rhomboïdales et très-légèrement carénées. 
Sa tête a la même forme, et est revêtue 
du même nombre de plaques. Le corps 
est cylindrique, à peine comprimé sur les 
côtés, et terminé par une longue queue très- 
pointue, qui occupe les deux cinquièmes 
de la longueur totale, qui est d’un pied neuf 


DES COULEUVRES. 103 


pouces. Le nombre des plaques transversales 
varie depuis cent cinquante - cinq jusqu’à 
cent cinquante- neuf grandes sous le corps, 
et de cent quarante-quatre à cent vingt-huit 
doubles plaques sous la queue. 


Dimensions de cette couleuvre , selon mot. 


pieds. pouc. lign. 
Ponsaeur (ofaleré 2. 2 20. "420. 


Bousdeur:de-latète.: 2 0.7». 16 


ON 


Hhiseut delttiétes +... 0 
Largeur du'éôus .1)."4 0,11 ph 
Énrseur duicosps fist HD TN DEAÆ 
Largeur de la queue à sa base . » » 2 
Fonsueur de ls queue > : 19,4 6: 8 
Voici ce que Bartram dit de ce reptile 
dans la Relation de son voyage en Caroline, 
tom. IT, pag. 16. &Le serpent.verd est une 
belle et innocenle créature : il a près de 
deux pieds de long, mais il n’est pas si 
gros que le petit doigt, et il est du plus 
beau verd possible. On le trouve très -fré- 
quemment ; et le plus souvent il est posté 
en embuscade sur les grosses branches des 
arbres et arbrisseaux ; 1l se nourrit d'insectes 
et de reptiles, sur-tout du petit caméléon 
verd (anolis roquet). Le milan à queue 
fourchue les mange l’un et l’autre, les 
emportant entrelacés du milieu d’un buisson 


ou d’un arbre creux ». 
Cr 


104 HISTOIRE 


L'A PCFONU ETF UV 


SAURITE (1). 


Voyez planche LX XXI, fig. 2. 


Lrs naturalistes modernes désignent sous 
ce nom une très-jolie petite couleuvre qui 
vit dans l’Amérique septentrionale, princi- 
palement aux Etats-Unis où elle est appelée 
ribon-snake , c'est-à-dire, serpent ruban, à 


(1) Coluber saurita ; suprà fuscus lineis tribus lon- 
gitudinalious #pallidè viridibus , subtüs albescente 
viridis ; caudé —-. 

Scutis abd. 156—Scutellis subcaud. 121-277 selon 


Linnæus. 
156. —— 60-216 selon Bosc. 
— 154. 117 - 271 selon moi. 
159. 122 - 281 selon moi. 


Coluber saurita. Lin. Syst. nat. — Gmelin, Syst. 
nat. p. 1109. — Æibon snake (serpent ruban). Catesby, 
Carol. tom. IE, pl. 2. — Le saurite. Daubenton , Dict. 
erpét. encycl. méth. — Jdem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens ,in-12 , tom. 11, p. 101. — La couleuvre 
saurite. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in -16, 
tom. IV, p. 178. 


DES COULEUVRES. 105 


cause des trois raies longitudinales paral- 
lèles, blanches ou d’un verd clair, qui s’éten- 
dent sur toute la couleur brune foncée du 
dessus de son corps. Le dessous de l’animal 
est d’un verd très-clair, et non pas blan- 
châtre, comme on l’a cependant écrit jusqu’à 
présent. | 

La tête est petite, oblongue, revêtue de 
neuf plaques en dessus. Le corps est cylin- 
drique, un peu plus mince que la têle en 
devant, et à peine aussi gros vers son milieu, 
couvert en dessus de petites écailles hexa- 
gones, oblongues, carénées. La couleur en 
dessus est d’un brun foncé, avec une ligne 
d’un verd clair qui se prolonge sur chaque 
flanc en une ligne semblable à celle du dos. 
La queue est prolongée en une pointe très- 
aiguë , et elle occupe le tiers de la longueur 
totale, qui est d’un pied trois poutes dans 
l'individu que je possède. Le nombre des 
grandes plaques est de cent cinquante-quaire 
à cent-cinquante neuf, et les doubles vont 
de cent dix-sept à cent vingt-deux. 

La couleuvre saurite court avec agilité 
sur les arbres, comme la couleuvre verte 
d'été, à l’aide de ses plaques transversales 
et de son corps long et délié. Elle est très- 
douce, et se cache souvent, selon Bosc, sous 


306 TS POTRE 

les écorces des arbres. On la voit commu- 
nément en Caroline, et elle sort de sa tor- 
peur dès la fin de lhyver. Tinnæus a décrit 
cette espèce d’après le docteur Garden, son 
disciple. Je soupconne que Bosc a indiqué 
soixante et quelques plaques seulement , 
d’après un individu dont la queue avoit été 
mutilée ; car j'ai vu dans sa collection plu- 
sieurs saurites qui avoient au delà de cent 
dix-sept doubles plaques. 


DES COULEUVRES. 107 


DAC ODLE UV RS 


PYTHONISSE () 


No Us avons déjà vu dans le cours de cet 
ouvrage qu'une couleuvre existe continuel- 
lement dans l’eau , selon le témoignage du 
voyageur Pallas : l’espèce nouvelle que je 
nomme pythonisse, et qui est connue au 
Bengale sous les noms indiens de mutta- 
pan et de ally-pam, a les mêmes habitudes 
que la couleuvre hydre, car elle a été 
pêchée dans le lac de Aukapilly à l’aide 
d’un verveux pour prendre des anguilles. 
Schneider , ne faisant consister les caractères 


(1) Coluber pythonissa ; suprà cæruleo niger, subtus 
albido JÎlavescens cum lineä cærulescenfe longitudinadi 
in abdomine et sub caudä ; faudé acute. 

Scutis abdom. 159.— Scutellis subeaud. 52 - 211. 

Mutta-pam , ally-pam. Russel, Hist. nat. of Corom. 
et Indian serpents ,in-folio , p.55, n° 30, pl. xxx.— 
Ty drus enhydris. Schneider, Hist. nat. ampbh. fase. r, 
p. 245, n° 6. — Enhydre bleue. Latreille, Hist. nat. 
des reptiles, in-18 , tom. IV, p.202 


108 HIS TOFRE 

génériques des serpens principalement que 
dans les habitudes, à placé cette espèce 
paru ses hydrus, sous le nom de kyÿdrus 
enhydris ; cependant elle a sa queue très- 
déliée et pointue , et non aplatie comme celle 
des enhydres. 

La tête est petite, un peu plus élargie 
que le cou, ovale, obtuse , déprimée , cou- 
verte de dix plaques en dessus, bordée 
d’autres plaques sur ses lèvres. La bouche 
est de moyenne grandeur, avec ses mà- 
choires presque d’égale longueur, et garnies 
de dents petites, courbées et rangées sur 
les branches marginales et palatales, sans 
aucuns crochets venimeux; aussi cette cou- 
leuvre n'est-elle pas redoutée des indiéns. 

Le corps est cylindrique , long, revêtu 
en dessus d’écailles ovales, ciliées et imbri- 
quées, excepté près des plaques transver- 
sales où elles sont orbiculaires. La queue 
est mince, petite, terminée en poinie aiguë, 
quelquefois carénée en dessus et comprimée 
sur les côtés. 

La couleur est noire sans aucune tache, 
avec des reflets bleuâtres: et les trois ran- 
gées d'écailles au bas des flancs sont d’un 
bianc jaunâtre, et celles-ci sont partagées 


DES COULEUVRES. 109 
dans leur aulieu par une ligne d’un bleu 
foncé. Il y à cent cinquante - neuf grandes 
plaques abdominales, et cinquante - deux 
doubles sous la queue. 


Dimensions principales de la couleuvre pythonisse, 
selon Hussel, 
= pieds. pouc. lign. 
Lonsueur (totale .,. . .: |. . 1, 8  » 
Circonférence du cou près latête » x 3 
Epaisseur du corps. + « + + # + » 2 3 


110 HISTOIRE 


EL A °C OF EL VRe 
ROUSS ATREÉ 


ou HOTAMBOYE (i) 


Ox voit dans Seba la description et la 
figure de cette couleuvre , qu'il dit être 
fétide, et qui habite dans l'ile de Ceiïlan où 
elle est nommée, selon lui, Aotambæia. Sa 
tête est couverte en dessus de grandes pia- 
ques d'un jaune pâle, et d’une large tache 
rousse sur son sommet; tout le dessus du 
corps est d’un jaune de paille un peu foncé, \ 


(1) Coluber rufescens; flavus aut ex rufo albus, 
fasciis duabus saturatioribus, capite superné ruÿo; 
caudä,... 

Scutis abdom.15g.— Scutellis subcaud. 42-201. 

Coluber rufescens. Lin. Syst. nat. — Jdem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1094. —Gronovius, Mus. ichth. tom. If, 
u° 29.— Serpens ceylanica fætida. Seba , Thes.tom.I, 
pl. xxxin, fig. 6. — Hotambæia. Seba , Thes. ibid. — 
Laurenti, Synops. rept. p. 85, n° 181. 


DES COULEUVRES. 11 


et les plaques sont d’un jaune pâle. La lon- 
sueur totale de cette couleuvre, suivant la 
figure, est de deux pieds environ, et la 
queue est mince et très-courte à proportion 
du corps. 

Gronovius prétend avoir vu un individu 
de cette espèce, qui avoit cent ciiquante- 
neuf plaques sous le ventre, et quarante- 
deux doubles sous la queue. 


112 HISTOIRE 


; 


LA COULEUVRE SOMBRE 


A DEUX RAIES (à). 


Czrre espèce, qu'il ne faut pas confondre 
avec la couleuvre rembrunie ( coluber atro- 
fuscus), a été figurée plusieurs fois par Seba, 


— 


(1) Coluber fuscus ; suprà griseo plumbeus , subtus 
albidus , cum lineé longitudinali albé in utroque laine 


caudä ferè =. 
Scutis er 140. — Scutellis bo 17 - 266 selon 
Linnæus. 
—— 155. —— 109-264 selon Weigel. 
—— 157. —— 127-284 selon Merrem. 


Coluber fuscus. Lin. Syst. nat. — Mus. Ad. Frid. 
tom. I, p.32, pl. xvu, fig. 1. — dem. Gmel. Syst. 
nat. p. 1108. — Weigel, Abh. der hall. naturf. ges. 
tom. I, p. 55, n° 46. — Serpens americana , ex Ja- 
maica. Seba , Thes. tom. 11, pl. zv1, fig. 3. — Coluber 
arboreus. Klein , Tent. herpet. p. 38. — Seba , Thes. 
4. ID, plie, fig; pl ixxn, flo 1; phaexeue) 
fig. 1; pl. xc1, fig. 1. — Le sombre. Daubenton, Dict. 
erpét. Encycl. méth. — La sombre, Lacépède , Hist. 
nat. des serpens , in-12 , tom. II ,p. 1. — La couleuvre 
sombre. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 
tom. IV, p. 152.— Chirons natter. Merrem, Beytræge 
zur ges. Ger ampb. fase. 1,p. 57, pl. x. 

selon 


DES COULEUVRES, 113 
selon Tainnæus, qui en a observé un indi- 
vidu dans la collection du prince Adolphe 
Frédéric : elle a cent cinquante-sept à cent 
quarante - neuf plaques sous le corps, et 
cent neuf à cent vingt-sept doubles plaques 
sous la queue. Linnæus dit qu’elle est d’un 
cendré brun, avec une tache brane oblongue 
près des yeux ; qu'elle a environ quaire pieds 
de longueur , et qu’elle ressemble beaucoup 
par sa forme à la couleuvre boiga. 

Merrem me paraît avoir connu cette 
espèce, qu'il a Égurée dans le premier fas- 
cicule de son ouvrage sur les serpens, sous 
le nom de couleuvre chiron. 

La tête est ovale, peu obtuse, couverte 
de neuf grandes plaques en de. et bordée 
sur ses lèvres d’autres plaques. Le cou est 
plus étroit, et il s’épaissit insensiblement 
de même que le corps, qui est légèrement 
comprimé sur ses côlés, et caréné. sur le 
dos. Le ventre est plat, couvert de cent 
cinquante - sept grandes plaques dont les 
extrémulés remontent vers les flancs. La 
queue , d’abord carénée à sa base, devient 
ensuite cylindrique, se prolonge en une 
pointe très-aisuëê, et elle a en dessous cent 
vinst-sept doubles plaques qui sont toutes 
régulièrement hexagones. 


Reptiles. Tome VII. H 


a14 HISTOIRE 

La couleur de cette couleuvre est d’un 
gris de fer ou de plomb en dessus, blan- 
châtre en dessous, et bordée sur le milieu 
de chaque flanc d’une raie longitudinale 
blanche. | 

La couleuvre sombre à deux raies habite 
en Asie, dans l’ile d'Amboine, selon Lin- 
næus; et Seba dit aussi qu’elle vit en Amé- 
rique dans File de la Jamaïque. 

Il ne faut pas confondre avec cette espèce 
la vipère verte que j'ai décrite dans cet 
ouvrage , et que Linnæus a cependant rap- 
portée parmi les synonymes. | 


Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem. 


pieds. pouc. lign. 


Longueur, totale .,: + …. ., 4 4 
Longueur de la tête . . . . . » 1 3 
Largeur de la tête. . . . . . » » 6 
Longueur du corps . . . . . 2 6 :… 
Circonférence du cou près la 

Ltée 21. diauctéose ie ie HAITI SAR ES 


Circonférence de la plus grande 
épaisseur du corps. . - . « + + » 2 6 
_ Longueur de la queue . . . - 1 5 » 


DES COULEUVRES. 3115 


mp 


mme BR 


Pi TCTOULEUV RE 
CARÉNÉE (1) 


Lirnwnæus a observé cette espèce dans la 
collection du prince Adolphe Frédéric : 
selon lui elle habite dans les Indes, et elle 
a cent cinquante-sept grandes plaques sous 
le corps, et cent quinze doubles sous la 


(1) Coluber curinaëus; suprà plumbeus, squamis 
margine pallidis , dorso carinato , subtüs albus ; caudé& 
Zineë medid pallidä.... 

Scutis abd.157.—Scutellis subcaud. 115 -272 selon 

Linnæus. 
An —— 1367. —— 125 - 292? selon Boddaert, 
AÂAR —— 193. 90 -263 ? selon Weigel. 

Coduber carinatus. Tän. Syst. nat.— Mus. Ad. Frid. 
tom. T,p. 51. — /dem. Gmelin, Syst. nat. p. 1109. — 
An coluber nigro-cærulescens, lateribus maculis ovatis 
albis , dorso carinato ? Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. 
tom. VIT, p.19, n° 8. — An? Weïigel , Abh. der hall. 
naturf. ges. tom. I, p. 35 , n° 48. — Ze caréné. Dau-- 
benton, Dict. erpét. Encyc. méth. — Lacépède, Hist. 
des serpens, in-12 , tom, Il, p. 4 — La couleuvre 
carénée. Latreille, Hist, nat. des reptiles, in-18, 


tom, IV, p. 153. 


H 2 


116 ÉCHISTOTRE 

queue. Elle a plus de six pieds de longueur: 
la tête obituse, avec de grands yeux saillans; 
le dos caréné , couvert d’écailles plus pâles 
sur leurs bords; laqueue cylindrique,amincie 
peu à peu, marquée sous son milieu d’une 
ligne pâle : de plus, sa couleur est plombée 
en dessus et blanche en dessous. 

Linnæus paroît douter que la couleuvre 
d’un noir bleuêtre, à dos caréné et à taches 
ovales blanches sur les flancs , observée 
par Boddaert , garnie de cent soixante- 
sept grandes plaques abdominales , et de 
cent vingt-cinq doubles sous-caudales , soit 
synonyme de la couleuvre à dos caréné; 
Lisnœus a aussi Ja même opinion de la cou- 
leuvre indiquée par Weisel, et garnie de 
ceut quatre- vingt-treize grandes plaques 
sous le corps, ei de qualre-vingt-dix doubles 
sous la queue. Je soupçonne que la cou- 
leuvre sombre à deux raies, que j'ai fait 
connoître précédemment d’après Merrem, 
est semblable à la couleuvre à dos caréné, 
ou du moins qu'elle en est très-voisine. 


DES: COULEUVRES. 117 


PA EE CULE U Vous 
DA TL CO RIN PNEU) 


Curre couleuvre, qui me paroît avoir 
beaucoup de ressemblance avec les deux 
précédentes, a été vue par Linnæus dans 
la collection du prince Adolphe Frédéric. 
Elle est longue d’un pied neuf pouces six 
lignes. La tête est oblongue, livide , avec le 
museau carré, oblus, etles yeux assez grands. 


(x) Coluber saturninus ; lividus, cinereo-nebulosus, 
capite oblongo , livido ; caud& attenuatä —-. 
Scutis abd. 147.—Scutellis subcaud. 120 - 267 selon 
Linnæus. 
—— 197. —— 114-9271 selon Weigel. 
Coluber saturninus. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. I, p. 52, pl. 1x, fig. 1. — Zdem. Gmelin;, 
Syst. nat. p. 1108. — Natrix saturnina. Laurent, 
Synops. amphib. p. 79 ,n° 174. — Weigel, Abh. der 
ball. naturf, ges. tom. I, p. 34, n° 47. — Le saturnin. 
Daubenion , Dict. erpét. Encycl. méth. — La satur- 
nine. Lacépède , Hist. nat. des serp. iu-12 , tom. I], 
p. 3. — La eculeuvre saturnine. Latreille, Hist. nat. 
des reptiles, in-18 , tom. IV , p. 153. 


H 5 


118 HISTOIRE 

Le corps est long, et s’'amincit peu à peu; 
ainsi que la queue qui occupe la cinquième 
partie de la longueur totale. La couleur 
de la couleuvre saturnine est livide, et d’un 
cendré plus ou moins foncé çà et là. Elle 
habite dans les Indes. 

Elle a, selon Linnæus, cent quarante-sept 
grandes plaques abdominales et cent vingt 
doubles sous-caudales; et Weigel en a ob- 
servé une autre qui avoit jusqu’à cent cin- 
quante - sept des premières, et seulement 
cent quatorze des autres. Ce dernier nombre 
ne diffère que d’une double plaque de celui 
indiqué par Linnæus à la couleuvre carénée. 


DES COULEUVRES va 


PA FCO VU L'E U VrRrE 


RHOMBOIDALE (1). 


Lies principales descriptions des couleuvres 
que Linnæus a observées, ont été faites pres- 
que toutes d’après des individus conservés 


(x) Coluber rhombeatus; cœrulescens, triplici macus= 
larum subrhombearum medio cærulearum serie longi= 
tudinali ; caudä.... 


Soutis abd. 157.— Scutellis subcaud. 70 - 227 selon 


Linnæus. 
—— 141, —— 56 - 197 selon Gronovius. 
—— 140  —— 75 -215 selon Boddaert,. 


Coluber rhombeatus. Lin. Syst. nat. — Mus, Adolp. 
Frid. p. 27, pl. xx1v , Gg. 2. — Zdem. Gmelin, Syst. 
nat. p. 1099. — Gronovius, Zooph. p. 24, n° 127. — 
Coluber cærulescens reticulatus. Boddaert , nov. Acts 
acad. Cæs. tom. VII, p. 19, n° 10. — Laurenti, 
Synops. amphib. p. 82, n° 170. — Vipera ex albo 
cærulescens atro reticulata. Scheuchzer , Phys. sacra ; 
pl. »ccxzvi, fig. 2. — Le rhombordal. Daubenton, 
Dict. erpét. Encyc. méth. — La rhombordale. Lacé- 
pède, Hist. nat. des serpens, in-12, tom. I, p. 412. 
— La couleuvre rhomboidale. Tatreille, Hist. nat. 
des reptiles, in - 16, tom. IV, p. 150. 


H 4 


180 HT ST OT RE 
dans le museum du prince Adolphe Fré- 


déric. La couleuvre rhomboïdale, placée 


dans cette collection , habite dans les Indes: 
elle est bleuâire, avec une iriple rangée 
longitudinale de taches presque rhomboï- 
dales, bleues dans leur milieu : par ses autres 
caractères elle resseñible beaucoup à la cou- 
leuvre bali. Ses plaques transversales sont 


au nombre de cent cinquante-sept grandes 


Es 


et dé soixante - dix doubles. 

- Gronovius en a vu uñe à laquelle il n’a 
compté que cent quarante - une des pre- 
nuères et cinquante - six des secondes; la 
couleuvre bleuâtre, réticulée, est synonyme 
de celle-ci, et elle a, selon Boddaert, cent 
quarante grandes plaques abdominales, eë 
soixante = quinze doubles sous - caudales. 
Linnæus rapporte encore à cette espèce 
le serpent représëénté par Scheuchzer , 
pl pccxivi, fig. 2. see 


DÉS COULEUVRES. ii 


a 


Eu CO U'L E UV RE 
COBEL (1) 
C ETTE couleuvre est très-commune dans 


les contrées méridionales de l'Amérique, 
principalement dans la Guiane et la Terre- 


(1) Coluber cobella ; supra fuscus fasciis transversis 
irregularibus et numerosis albidis, subtüs flavicans 
scutis et scutellis alternatim fuscis ; caudé = + aut +. 

Scutis.abdom. 150. — Scutellis subcaud. 54 - 204. 

— 151 —— 51-202 selon Gronovius. 
—— 155. —— 68-213 selon Weigel. 
—— 154. —— 40-194 selon le même, 
—— 151. —— 54-205 selon le même. 
—— 152. —— 53-205 selon le même. 
—— 151 —— 51 - 202 selon le même. 


—— 150. —— 50 - 200 selon le même. 
—— 150. —— 54-204 selon le même. 
—— 154. —— 50 - 504 selon le même. 
—— 152 —— 50 - 202 selon le même. 
—— 197. —— 55 - 212 selon le même. 
—— 153. —— 50-205 selon le même, 
52 = 202 selon le même, 


—— 150. 

Coluber cebella. Tin. Syst. nat. — Amæu. acad. 
tom.T, p.117 ,n° 14; p. 502, n° 28; p. 496 , n° 14.— 
Jim. Gmelin, Syst. nat, p. 1095. — Gronovius, 


122 HISTOIRE 
Ferme; et comme elle est très-féconde, il 
ne faut pas s'étonner qu'elle soit sujette à 
varier beaucoup dans ses couleurs, ainsi 
que tous les naturalistes modernes, entre 
autres Linnæus et Weigel, l'ont reconnu. 
Sa taille est de neuf pouces à un pied et 
demi ; et même elle parvient, selon Lin- 
næus, Jusqu'à deux pieds neuf pouces neuf 


lignes. Le nombre des grandes plaques est 


de cent cinquante à cent cinquante-sept, et 
celui des doubles plaques est de cinquante 
à cinquante-huit ; Weigel à même observé 
un individu qui avoit que quarante de ces 
dernières. 


La tête est ovale, déprimée, garnie de neuf 


Mus. tom. 11, p.56, n° 32.— Coluber ater, lineolis 
albis. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. tom. VIT, p. 19, 
n° 9. — Weigel, Abh. der hall. naturf. ges. tom. TI, 
p. 17, n° 12 - 23. — Cerastes cobella. Taurenti, 
Synops. rept. p. 82, n° 192.— Serpentes «americanæ, 
cobellas dicéæ. Seba', Thes. tom. IX, p.4, pl. u, fig. 6, 
an ? fig. 5. — Le cobel. Daubenton, Dict. erpèt. 
Encyc. méth. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. des serp. 
in-12 , tom. IT, p. 78. —La couleuvre cobel. Latreille, 
Hist. nat. des reptiles , in-18, tom. IV, p. 171. — 
Geschlangelte natter. B\. Merrem , Beytræge naturg. 
der amphib. in-4®, fasc. 1, p. 16, pl. 1v.— ÆVaps 


cobella. Schneider , Hist, amph, in-89 , fasc.2, p. 296. 


DES COULEUVRES. 133 


plaques en dessus, avec la mâchoire infé- 
rieure un peu plus courte que Pautre ; et 
toutes les deux n’ont que des petites dents 
aiguës, placées sur les branches marginales 
et palatales. Le corps à peine plus étroit que 
la tête près la nuque, grossit légèrement 
jusques vers son milieu , et il est cylindrique, 
avec le sommet du dos un peu caréné. 
Toutes ses écailles sont petites, lisses, hexa- 
gones, ainsi que celles du dessus de la queue 
qui a une forme régulièrement cylindrique, 
terminée en pointe et longue du quart, du 
cinquième ou quelquefois du sixième de la 
longueur totale. | 

La couleur de la couleuvre cobel est 
ordinairement d’un cendré brunâtre, avec 
des bandes transversales, étroites, un peu 
irrégulières, nombreuses, rapprochées, blan- 
châtres en dessus , et le dessous est d’un 
blanc jaunâtre, avec les plaques à moitié 
brunes , et disposées de manière que cette 
couleur alterne presque toujours de chaque 
côté avec l’autre moitié jaunâtre; la tête 
est brune en dessus, jaunâtre sans taches 
en dessous, et marquée d’un trait cendré, 
comme plombé derrière chaque oil. 


124 HISTOIRE. 
Dimensions principales de la conleuvre cobel , qus est 


placée dans ma collection. 


: pieds. pouc. ligr. 
Longueur totale . . . . . .. . . 1, 2809 


Bongueur dela têtes: / : .: . : : wlomtup 
Parseurdelététe.:., . 6 .9 m0 
Longueur du corps . . . . . . « » 10 6 
Circonférence du corps. . . . - . » 1 6 
Longueur de la queue . + : : . +: » 2  G 


BL Merrem a donné une figure très- 
exacte de cette couleuvre dans son inté- 
ressant ouvrage sur les serpens, fasc. 1, 
planche 1v. 

Je soupçonne qu’elle a été décrite plu- 
sieurs fois sous des noms différens dans le 
Systema naturæ , et qu'il faut y réunir 
comme semblable le serpent que j'ai nommé 
d’après Gmelin vipère sveinée, tom. VI, p.106, 
et que Seba a fait peindre dans son ouvrage, 
tom. If, planche x, fig. 5, 


DES COULEUVRES. 125 


RE 


Lbdin6 OU TV IE 
VIPERINE (à) 


| 
La ressemblance que cette couleuvre pa- 
roît avoir au premier abord avec les vipères, 
lui a mérité ce nom qui lui a été donné par 
Latreille dans son Histoire naturelle des 
reptiles. Elle habite dans les contrées méri- 
dionales de la France, principalement aux 
environs de Toulouse et de Brives. 

La tête est ovale, oblongue, obtuse en 
devant et munie en dessus de neuf grandes 
plaques. Le corps est long, cylindrique, un 
peu plus mince en devant que la tête, légère- 
ment renflé vers son milieu , revêtu d’écailles 
ovales sur seize à dix-huit rangées, et caré- 
nées, excepié celles situées contre les plaques 


(1) Coluber viperinus ; suprà griseo-virescens , line& 
longitudinali nigricante dorsali sinuaté cum maculé& 
ftivicante aut viridli in utroque sinu, maculisque nigris 
viridi punctatis in lateribus ; caudé —. 

Scutis abdom. 157. — Scutellis subcaud. 51 - 208. 

—— 153. —— 48-201. 
—— 153. —— 47 - 200. 

La couleuvre viperine. Latreille, Hist. nat. des 

reptiles, in-18, tom. IV, p. 47, fig. 4. 


136 HISTOIRE 
transversales qui vont à cent cinquante-sept 
_ grandes abdominales et à cinquante -une 
doubles sous -caudales. La longueur est 
ordinairement d’un pied et demi, et la queue 
occupe elle seule un peu plus de quatre 
pouces, ou à peu près la cinquième partie 
de cette dimension totale. | 
La couleur en dessus est d’un gris ver- 
dâtre , avec les lèvres jaunâtres entrecoupées 
de noirâtre, On voit deux raies d’un verd clair 
bordées de noirâtre en forme de V derrière 
les yeux; une raie longitudinale noirâtre en 
zis-zag est placée sur le milieu du dos et 
marquée, dans ses angles rentrans, d’une 
petite tache verte ou jaunâtre ; il y a ensuite 
une rangée de taches noirâtres, isolées, en 
losange et d’un verd clair dans leur centre; 
puis on voit une raie en Zig-Zag noiratre 
dessus la queue. Les flancs sont ornés d’une 
rangée de taches ou de petites bandes noi- 
râtres qui correspondent aux angles ren- 
trans du zig-zag intermédiaire. Les plaques 
transversales sont d’un jaunâtre clair, avec 
deux bandes longitudinales, irrégulières , 
composées .de taches noires bleuâtres, mar- 
quées de points jaunâtres; sous la queue il y 
a des petites fascies disposées sur deux ran- 
gées, et qui disparoissent vers son extrémité. 


DES COULEUVRES. 1% 


Latreille a reçu la couleuvre viperine de 
Lapierre, observateur instruit et très-zélé ; 
et dans le local où elle étoit il y avoit une 
autre couleuvre un peu différente, que 
Latreille a décrite ainsi. La longueur est 
d’un pied et demi, et la queue occupe à peu 
près la cinquième partie de ce total. La 
couleur en dessus est d’un roussâtre tirant 
sur le gris, avec des teintes verdâtres. Le 
dos est orné de deux rangées d’une cin- 
quantaine de taches noires, alongées, al- 
ternes et contiguës de manière à former 
une sorte de chaîne; le noir de ces taches 
est principalement au bord des écailles ; 
d’autres taches ou fascies transversales noires 
partent des plaques et répondent aux inter- 
valles des taches dorsales. Les écailles sont 
carénées.en dessus ; l'animal est en dessous 
d’un blanc jaunâtre ou roussätre, avec une 
ou deux taches d’un noir bleuâtre sur chaque 
plaque en forme d’une ligne en zig-zag. 11 
y a cent cinquante-trois grandes plaques, 
et quarante-sept à quarante-huit doubles. 

J'ai observé deux fois la cou:euvre vipe- 
rine : je crois qu’elle habite dans diverses 
parties de la Gascogne et aux environs de 
Cahors. | 


126 RH SETOURE 


de 


LA COUV RE UV RE 
PACE. Cr 


Ox trouve à Surinam en Amérique, et 
non dans l'Inde, cette espèce de couleuvre 
que Linnæus a figurée dans le Catalogue 
du museum du prince Adolphe Frédéric 
(pl. vir, fig. 2.) : elle est d’un gris pâle, 
parsemé cà et là de petites taches grises et 


(1) Coluber pallidus ; colore pallido , maculis griseis 
vagis punctisque fuscis, cum lineolis binis interruptis 
nisricantibus et lateralibus; caudä acutä..., 

Scutis abd. 155. — Scutellis subcaud. 96 - 251 selon 


Linnæus. 
—— 140. —— 84-224 selon Weigel. 
—— 148. —— 90-238 selon le mème. - 


Coluber pallidus. Tin. Syst. nat. — Amæn. acad: 
tom. 1, p. 494, n° 11. — Mus. Adolph. Frid. tom. 1; 
p. 51, pl. vu, fig. 2. — Idem. Gmelin, Syst. nat. 
p. 1104 — Weigel, Abh. der hall. naturf. ges. tom. z, 
p. 50, n° 59- 40. — Le pâle. Daubenton, Dict. 
erpét. Encycl. méthod. — Lacépède , Hist. nat. des 
serpens, in-12, tom. I, p.415: — Lacouleuvre pâle, 


Latreille, Hist. des reptiles , tom. IV ,in-18, p.106. 
de 


DES COULEUVRES. 129 
de points bruns; elle a de plus deux lignes 
interrompucs , longitudivales et noirâtres 
sur les flancs. La longueur 1otale est d’un 
pied six pouces. Ses écailles sont ovales et 
lisses, et elle a neuf grandes plaques sur 
sa tête. Le nombre de ses plaques trans- 
versales est de cent quarante à cent cin- 
quante-cinq grandes sous le corps , et de 
quatre - vingt-quatre à quatre - vingt -seize 
doubles sous la queue, qui est terminée en 
une pointe aiguë. 


Reptiles. Tous VII. I 


456 ‘HIS TOTRE 


Lido OO DLE TUE VS 
RUBANNÉE (à: 
Le NNÆUS a observé Cette couleuvre dd. 


le museum du prince Adolphe Frédéric ; 
Gronovius et Boddaert l’ont ensuite indi- 


{1) Coluber vittatus ; subfuscus , cum macul& lat& 
nigré albo cinctä in utroque latere occipitis, tænié albi- 
cante in lateribus, vittäque albà dentaté sub caudä... 

Scutis abd. 142.— Scuéellis subcaud. 78 - 220 selon 

Linnæus. 
—— 155. —— 62 - 217 selon Gronovius. 

Coluber svittatus. Lin. Syst. nat. — Amæn. acad. - 
tom. 1, p. 30, n° 27. — Mus. Adolph. Frid. p. 26, 
pl. xvin, fig, 2. — Idem. Gmel. Syst. nat. p. 1098. — 
Gronovius, Mus. tom. Il, p. 65, n° 51. — Zoophyl. 
tom. 1, p. 25, n° 1109. — Boddaert, nov. Act. acad. 
Cæs. tom. VII, p. 21, n° 17. — Natrix vittata. 
Laurenti, Synops. rept. p. 74, n° 147. — Rotange. 
Seba, Thes. tom. I, pl. xxxv, fig. 4 ; tom. IT, pl.xrv, 
fig. 5. — Terragona. Seba , Thes. tom. 11, pl. 1x, 
Îs.2,5.— An coluber ? Seba, Thes. tom. I, pl. c1x ; 
fig. 8. — Le moqueur. Daubenton , Dict. erpét. Encyc. 
méthod. — Za rubannée. Lacépède, Hist. nat. des 
serpens ,in-12, tom. 11, p.91.—Za couleuvre rubannée. 
Tatreille, Hist. mat. des reptiles , tom. IV, p. 175. 


DES COULEUVRES. 131 


quée dans leurs ouvrages; et Seba l’a figurée 
sous trois noms différens. Cette espèce par- 
vient ordinairement jusqu’à trois pieds de lon- 
gueur ; 1l y a sur chaque côté de l’occiput une 
large tache noire bordée d’une petite ligne 
blanche, d’où part une bande blanchître 
prolongée sur toute la longueur du corps, 
qui est bordé de brun en dessous et marqué 
sous la queue d’une bande longitudinale 
blanche dentelée. Linnæus a compté cent 
quarante-deux grandes plaques et soixante- 
dix-huit doubles; mais Gronovius a trouvé 
cent cinquante- cinq des premières, et seu- 
lement soixante-deux des autres. -Boddaert 
et Lacépède ont écrit que cette couleuvre 
a le dos blanchâtre, avec des lignes longitu- 
dinales noirâtres. Linnæus dit qu’elle habite 
en Amérique; Seba s’est donc trompé en 
figurant cette espèce sous le nom de rotange 
de Ceilan, iom.T, pl. xxx v, fig. 4. Je crois 
qu’il faut regarder comme un jeune rotange 
le petit serpent figuré par le même auteur, 
tom. I, pl. c1x, fig. 8 : il est blanc, marqué 
de trois raies longitudinales noires sur le dos, 
et de quelques taches noires sur la tête. 
Linnæus rapporte encore à la couleuvre 
rubannée le serpent terragone, représenté 
par Seba, tom. IT, pl. Lx, fig. et 3. 
1 2 


FAN . HIS TOTIR'E 


LA GE OU LUE D Vs 
ARDOISÉE (1) 


Ox trouve cette espèce dans le Bengale, 
où elle est nommée chittee par les indiens, 
selon Russel , qui l’a figurée dans le Supplé- 
ment à son ouvrage sur les serpens du Co- 
romandel. Elle a la forme de la couleuvre 
lisse, neuf plaques sur la tête, les écailles 
du dos lisses et ovales. La bouche est de 
moyenne grandeur. Les dents sont simples, 
et 1] n’y a pas de crochets venimeux. Le 
corps est cylindrique, un peu plus étroit 
en devant que la tête, légèrement renflé 
vers son milieu, et terminé par une queue 
mince et très-pointue. La couleur est d’un 
bleuâtre ardoisé uniforme sur la tête, le 


es 


(1) Coluber schistosus ; suprà cœrulescens immacu- 
latus , subtüs fulvidus ; caudé acuté 

Scutis abdom, 154. — Scutellis subcaud. 67 - 221. 

Chitiee. Russel, Hist. nat. of Coromand. et Indian 


serpents , Supplem. p.5,n° 4,pliv. 


DES: COULEUVRES. :155 
corps et la queue, et fauve comme du cuir 
tanné sous le ventre. La longueur est d’un 
pied sept pouces, et la queue a trois pouces 
neuf lignes, ce qui fait la cinquième partie 
du total. Il y a cent, cinquante - quatre 
grandes plaques transversales, et soixante 
sept doubles. 


134 HISTOIRE 


L'AUC OU L'EUVRE 
C'RÉOPPAD IN € (). 


Liinwnzus a décrit, dans sa Mantssa 
planiarum , cette espèce qui a cent cin- 
auante - quatre plaques abdominales, et 
quarante — trois doubles sous - caudales. Le 
nom qu'elle porte indique qu’elle est grande, 
et qu’elle ressemble par sa forme à un cro- 
tale. Sa couleur est cendrée, marquée de 
grandes taches alternes, noirâtres, effacées, 
et le dessous est jaunâtre légèrement teint 
de brun. La tête est en forme de cœur : 
la queue occupe la septième partie de la 
longueur totale. 


L L ? L3 LA 
(1) Coluber crotalinus; cinereus maculis magnis 
alëernis obsolete nisricantibus , subis flavescens fusco 
Se ANSE 
irroratus ; caudé —. 
Scutis abdom. 154. — Scutellis subcaud. 45 - 197. 
Coluber crotalinus. Lin. Mantiss. plant. alt. p. 528, 


— idem. Gmelin, Syst. nat. p. 1094. 


La het 


DES COULEUVRES. 1255 


HA CO VIE -E U VE 
TYPHIE () 


Lixxzus a vu dans. la collection de De 
Géer et désigné:sous ce nom une couleuvré 
bleuâtre, longue d’un pied deux pouces six 
lignes, garnie en dessous. de cent quarante 
grandes plaques, et de cinquante-trois dou- 
bles. Il y rapporte celle observée par Weigel, 


(1) Coin typhius; suprà cærulescensimmaculaius, 
squamis ad, basin .albis, subiùs. albus ; caudé acuté 
circà +. 


Scukis ae An  Seutellis subcaud. 53 - 195 selon 


Linnæus. 
——— 141. —— 57 - 198 selon moi. 
—— 154. —— 38 - 192 selon Weigel. 


An TT 5o - 191 ? selon Lacépède. 

Coluber typhius. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1094. — Weigel , Abh. der naturf. ges. 
tom.T,p.15,n° 6. — Le typhie. Daubenton , Dict. 
erpét. Encycl. méth. — Zdem. Lacépède; Hist. nat. 
des serpens, in-12, tom. I, p.382. — La couleuvre 
typhie. Latreïlle , Hist. nat, des reptiles, in-18, 
tom. IV, p.77. 


I 4 


156 HIS TIOURE I 


et qui a cent cinquante-qualre plaques ab- 
dominales, et trente - huit doubles sous- 
caudales. . | 

La couleuvre typhie est placée A la 
collection de Levaillant , et elle habite à 
Surinam et non dans l’Inde, comme Linnæus 
la cependant écrit. Sa couleur en dessus, 
y compris l’extrémité des plaques transver- 
sales ,'est d’un bleu d’ardoise uniforme et 
sans taches, avec les écailles lisses, rhom- 
boïdales, imbriquées et blanchâtres à leur 
base. La gorge ét toutes les plaques trans- 
versales sont blanches, sans aucune. tache ; 
le nombre des plaques est de cent quarante- 
une sous le corps, et de cinquante - sept 
doubles sous la queue qui est pointue , ‘et 
qui accupe environ les deux neuvièmes de 
la longueur totale. La couleuvre typlie a 
beaucoup de rapports, par sa forme, avec 
la couleuvre bal. 

Je soupçonne que la couleuvre rapportée 
a cette espèce par Lacépède, et qu est 
placée dans le museum d'histoire naturelle 
de Paris, doit être plutôt regardée comme 
différente, quoiqu’elle ait seulement trois 
doubles plaques de moins sous la queue. 
Sa couleur est d’un verd très-foncé en 


DES COULEUVRES. 237 


dessus, et elle est jaunâtre en dessous, avec 
deux rangées longitudinales de points noi- 
râtres sous le corps, et une seule rangée 
sous la queue. Les écailles sont ovales et 
carénées. La longueur totale est d’un pied 
sept pouces six lignes, et la longueur de la 
queue est de trois pouces dix lignes, ce qui 
fait un cinquième de la dimension. | 


138 HAS TOUR E. 


s 1 
2 + / Le . F hp 144, æ : : y RE | 
TT 25 > ts 182 L: ’ r ? L n pa 2 27.3 . 


F4 122 VOUS LasL ICI A 


Pr COTE UNE 


2NRNIELLE (0 


(urean est le seul qui ait observé 
cette espèce, et sa description est beaucoup 
trop incomplette. File est blanche avec des 
lignes et des taches noires. Les plaques 
transversales sont au nombre de cent cin- 
quante - trois grandes sur le ventre, et de. 
cinquante doubles sous la queue. 


(x) Coluber nœvius; albus , lineis maculisque nigris ; 
eaudä.... 

Seutis abdom. 155. — Scutellis subcaud. 50 - 203. 
, Coluber nœvius. Gmelin, Syst. nat. p. 1095. — 
Gronovius, Mus. tom. IT , n° 34: 


DES  COULEUVRES. 199 


EA COULEUYRE 
CENCHARUS, (1). 


Ox a envoyé d'Asie au museum d'histoire 
naturelle de Paris cette couleuvre innocente, 
dont la tête à neuf plaques én dessus et pas 
de crochets venimeux aux mâchoires. Le 
dessus du corps est marbré de brun et de 
blanchâtre , avec des bandes transversales 
irrégulières , étroites et blanchâtres. me 
VS sont lisses, hexagones. 

* La couleuvre rue a, suivant Lacé- 
 pède, deux pieds de longueur, et la queue 
trois pouces sept lignes, ce qui fait environ 
le septième de la dimension totale. 11 y a 
cent cinquante - trois plaques-abdominales, 
et quarante-sept doubles sous-caudales. | 


Re ee 


(1) Coluber cenchrus ; suprà fusco et aibido mar- 
moratus , 'asciis irregularibus et transversis RAS : 
caudä + 

Sie DL 155 Le Scutellis subeaud. 47 - 200. 

Le cenchrus. Yacépède, ist. nat. des serpens, 
in-12, tom. II, p. 24. — La couleuvre cenchrus. 
Latreille , Hist. nat. des rept.in-18, tom, IV, p. 115. 


140 HISTOIRE 


EA CIO'U:LIE UV VARLE 
TREILLISSÉE () 


Ru SSEL a figuré cette. couleuvre. dans 
son ouvrage sur les serpens du Coromandel: 
elle y est connue des indiens sous le nom 
de reeli-koea. La tête est assez grande, ovale, 
élargie, déprimée, un peu plus large que 
le cou, et couverte de neuf grandes plaques, 
non compris les trois situées dérrière chaque 
œil. La bouche est assez. large, avec la mâ- 
choire inférieure un peu courle, et des 
petites dents nombreuses, aiguës et courbées 
sur les branches marginales et palatales.. Lie 


(1) Coluber anostomosatus ; suprà cinereo flavescens, 
maculis parvis rotundis nioris lineis obliquis junctis et 
reticulatis ; caud& acuté =. is 

Seutis abdom. 152. — Scutellis subeaud. 80 - 232. 

Neeli-koea. Russel , Hist. nat. of Corom. et Indian 
serpents ,in-fol. p. 58, n° 55, pl xxxiu. — //ydrus 
piscator. Schneider , Hist. amph. fase. 1, p. 247; n° 8. 
— Enhydre pécheur. Laireille, Hist. nat. des reptiles, 


10, tone LV p.20. T 


DES COULEUVRES. 41 
corps est renflé vers son milieu, couvert 
en) dessus: d’écailles ovales,  carénées, im- 
briquées, excepié celles près des plaques 
qui sont lisses et arrondies. La queue est 
légèrement carénée , prolongée en une pointe 
très-aigsuë , et longue de onze pouces, ce qui 
fait le tiers de la longueur totale, qui est de 
deux pieds neuf pouces six lignes; la cir- 
conférence du corps est de trois pouces six 
lignes. Les plaques transversales sont au 
nombre de cent cinquante - deux grandes 
sous le ventre , et de quatre-vingts doubles 
sous la queue. | 

La couleur est d’un cb dre jaunâtre en 
dessus, avec des rangées nombreuses de 
points noirs en forme de petites taches jointes 
ensemble par des filets noirs disposés régu- 
lièrement en sens obliques : l’intervalle est 
marqué çà et là de quelques petites taches 
formées de trois à quatre écailles d’un jaune 
clair : ie dessous est d’un jaune blanchâire. 

Ce reptile fréquente les terres humides, 
et est regardé comme un serpent d’eau: 
dans sa marche rapide, il tient sa tête re- 
dressée, et s’élance aussitôt qu’on veut le 
provoquer. Il n’est ni méchant ni venimeux ; 
Russel n’a pu parvenir à lui faire mordre 


142 HIS 110 BR E : 
un poulet, mais il lui a fait avaler une 
petite anguille ; et l’on croit qu’il mange des 
poissons assez gros. : 
Schneider a eu tort de séparer cette espèce 
des couleuvres, et de le décrire sous le nom 
d’hydre pêcheur; il a induit Eatreille en 
erreur , car il la placée parmi les enhydres; 
quoiqu'il n'ait nullement la queue com- 
primée. 


DES COULEUVRES. 145 


L'A VCIONWLEUYRE 
M AU RE. (6) 


Lix NÆUs.croit que cette espèce habite, 
d’après Brander, aux environs d'Alger. Elle 
est en dessus de couleur brune avec deux 
lignes longitudinales sur le dos, desquelles 
partent plusieurs bandes noires jusques sur 
le ventre qui est noir âtre. Ses plaques trans- 
versales sont au nombre de cent cinquante- 
deux grandes sous le corps; et de soixante 
six doubles sous la queue. Lacépède croit que 
les écailles du dos sont ovales et carénées. 


| 


* (1) Coluber maurus ; sprl fuscus , lineis duabus 
dorsalibus , cum fasciis pluribu$ nigris a lineis usque 
in abdomine atro prodnctis ; caudä... © 

Seutis abdom. 152.— Scutellis subcaud. 66 - 218. 

Coluber maurus. Tin. Syst. nat.— Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1098.— Le maure. Daubeñton, Dici. 
erpét. Encyc. méthod. — La maure. Liacépède , Hist. 
nat. des serpens, in-12, tom. 1h, p. 51. — Le cou- 
leuvre maure: Latreille , Hist. nat. des AEHLIES, in-18, 


tom. IV, p. 78. 


144 HISTOIRE 


6 À} C O UE UTEE 
OMBRÉE (1). 


Rosser a décrit, dans le Supplément de 
son Histoire des serpens du Coromandel, 
cette couleuvre qui est connue des indiens 
du Bengale sous le nom de doublee. La tête 
est un peu plus large que le cou, ovale, 
oblongue , un peu comprimée, et revêtue en 
dessus de neuf plaques placées sur quatre 
rangs. Les mâchoires n’ont pas de crochets 
venimeux. Le corps est alongé, cylindrique, 
légèrement renflé vers son milieu, et ter- 
miné par une queue très-amincie et pointue. 
Les écailles du dos sont ovales, carénées et 
lisses près des plaques transversales, qui sont 
au nombre de cent cinquante-une grandes 


(x) Coluber umbratus ; colore atro , maculis dorsa- 
libus obsoletè flavescentibus ; caudé acuté —.. 
Scutis abdom. 151. — Scutellis subcaud. 95 - 244. 
Doublee. Russel, Hist. nat. of Corom. et Indian 
serpents , Supplem. p. 5, n° 3, pl. mt, fig.2. 
sous 


/ 


DES COULEUVRES. 145 
sous le ventre, et de quatre-vingt-treize 
doubles sous la queue. 

La longueur totale est de treize pouces ; 
et la queue a quatre pouces. La couleur de 
la tête est d’un brun clair; dessus le corps 
on voit des taches jaunâtres effacées sur un 
fond noirâtre. Les plaques sont d’un blanc 
jaunâtre , avec leurs ‘extrémités presque 
entièrement noires. 


«eptiles. Tome VII. K 


#6. 2'H VS T OHR)PELAA 


t-À 


LA IC OU LUE UV 
ane CSM OO Ua EE A0) 0e di 


C ?Esr dans le Canada que Kalm, disciple 
du célèbre Linnæus, a trouvé cette cou-. 
leuvre dont les couleurs, sans être trêés-bril- 
lantes , sont cependant assez agréables par 
leur disposition, et la font beaucoup ressem- 
bler à la couleuvre saurite. Le dessus de son 
corps est brun, avec trois raies longitudi- 
nales d’un verd changeant en bleu. Le dos, 
suivant Linnæus, est légèrement strié, ce qui 
indique que les écailles sont carénées. 

On lui à trouvé cent cinquante grandes 


(1) Coluber sirtalis ; suprà fuscus lineis tribus lon- 
gitudinalibus è viridi-cæruleis ; caudé.... 

Scutis abdom. 150. — Scutellis subcaud. 114 - 264. 

Coluber sirtalis. Lin. Syst. nat. — Zdem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1107. — Le sirtale. Daubenton, Dict, 
erpêt. Encyel. méthod. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens, in-12 , tom. IT, p. 106. — Za couleuvre 
sirtale. Latreille, Hist, nat. des reptiles, in-18, 
tom. IV, p. 6a. 


DES COULEUVRES. 147 
plaques sous le corps, et cent CADRE 
doubles sous la queue. 

Cette description, donnée par : Ka est 
beaucoup trop incoinpletie, car elle n’in- 
dique pas quelle est la longueur ordinaire 
de cette couleuvre : il importe cependant 
aux naturalistes de connoître les dimensions 
respectives de chaque serpent et de leur 
queue, afin de pouvoir s’en servir parmi 
les caractères spécifiques. 


K 2 


148 HISTOIRE 


É A C'ODSEU VAR 
SIPÉDON (à) 


Czrre couleuvre, improprement appelée 
le sipède par quelques naturalistes français, 
a été découverte par Kalm dans l'Amérique 
septentrionale, et elle n’a depuis été décrite 
par aucun voyageur; cependant il seroit 
important de la mieux connoître, car la 
description qu’en a donnée Kalin est trop 
incomplette ; 1} dit seulement qu’elle est 
brune et qu’elle a ordinairement cent qua- 
rante- quatre plaques sous le ventre, et 
soixante-treize doubles sous la queue. 


(1) Coluber sipedon ; fuscus, subtùs albus , labiisque 
albis ; caud& +. " 

Scutis abd. 1,4.—Scutellis subc. 75-217 selon Kalm. 

—— bo. 77 - 227. 

Coluber sipedon. Lin. Syst. nat. — /d:m. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1098. — Le sipède. Daubenton, Dict. 
erpét. Encycl. méthod. — Zdem. Lacépède, H: t. nat. 
des serpens , in-12, tom. 11, p. 96. — La couleuvre 
sipède. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in -19, 
tom. IV , p. 177. 


DES:COULEUVRES. 249 
:. Kalin a rendu sans doute de grands ser- 
vices à l’histoire naturelle par.ses travaux, 
et par son voyage. dans l'Amérique septen- 
trionale; mais on peut. cependant lüi repro+ 
cher, comme aux autres disciples de Laän- 
næus, d'avoir indiqué plutôt que déerit, 
les. objets qu'ils avoient découverts. Ces dis- 
ciples infatigables se. regardoient . comme 
très - heureux lorsqu'ils pouvoient. ajouter 
quelques espèces nouvelles-au.$rand cata- 
logue systématique de la. Nature, composé 
par leur-maître; mais presque toutes. les 
phrases spécifiques qu'ils y,ont insérées sont 
trop courtes pour qu’on puisse reconnoî!re 
maintenant dans les collections les êtres qu'ils 
ont prétendu citer. Ils ont donc rendu nos 
recherches plus pénibles, et se sont souvent 
trompés en regardant comme nouveaux des 
êtres déja décrits; c’est sur-lout dans la 
classe des reptiles et parmi les serpens, qu’on 
rencontre beaucoup de doubles emplois et 
méme des erreurs ; mais, pour les rectifier, 
il faudroit avoir des collections considérabies 
à décrire. 
J'ai observé dans la collection de Bosc 
une grosse couleuvre longue de quatre pieds 
et demi, en y comprenant [a queue qui a 


K 5 


150 HISTOIRE 
elle seule un pied de longueur, ét qui est 
terminée en pointe ; le nombre de ses 
plâques et ses couleurs m'ont déterminé à 
la regarder comme le même animal que la 
couleuvre sipédon: Elle à cent cinquante 
grandes plaques sous le corps, et: soixante 
dix-sept doubles sous la qüeue. Sa tête est 
grosse, élargie, recouverte en : ‘dessus par 
neuf grandes plaques, avec les lèvres des 
deux mâchoïres bordées d’autres : ‘plaques: 
Les écailles en dessus sont carénées ; rhoim- 
boïdales. La couleur est brunâtré en dessus ; 
blanche en dessous ; ; avec les lèvres blanches, 


PEN Sr 
13 ” } 


DES COULEUVRES. 158 


£ | 4 1 QE L/ Los 5 ÿ- +72 


RERTE Tr ITR ENET 


LA UCOULEUYRE 


KL'a%9 CG tiBEIn OS SUOIOr HAN 86 HOVYS 
TRI Pi oi A NoGi 02): 
114 | L # 


Crrrr nouvelle espèce de couleuvre a 
été observée dans la riche collection du 
museum d'histoire naturelle de Paris par le 

of sel L4 de . 5 qe Cr Æ L] 111 
_ professeur Lacépède, qui l’a décrite ainsi qu”i 
suit : Q Son corps est blanchâtre en dessus, 
avec trois rangées longitudinales de taches 
d’une couleur foncée ; et le dessous est varié 
de blanchâtre et de brun. Le dessus de sa 
tête est garni de neuf grandes plaques lisses ; 
ses écailles sont ovales et carénées. Elle a 


—- 


(1) Coluber triseriatus; albescens, serie triplici eë 
longitudinali macularum fuscarum , subis fusco va- 
riesatus ; caudä ferè ——. | 

Scutis abdom. 150. — Scutellis subcaud. 52-202. 

Le triple-rang. Lacépède , Hist. nat. des serpens, 
in-12 , tom. IT, p. 151, pl. av, fig. 2. — La couleuvre 
ériple-rang (coluber terordinatus). Latreïlle, Hist. nat. 
des reptiles ,in-18, tom. IV, p. vo. 


K 4 


252 HISTOIRE 


cent cinquante grandes plaques sous le corps, 
et cinquante-deux doubles sous la queue, 
qui a près d’un sixième de la longueur totale ; 
car un individu, long d’un pied dix pouces, 
avoit sa queue longue de quatre pouces ». 

«On trouve la couleuvre triple - rang en 
Amérique. 


DES COULEUVRES. 155 


———— 


Ludo COTE OU: VRTE 


HÉTÉRODON (à). 


Voyez la planche L'X, figure 28. 


Doir-ox placer dans un genre particu- : 
lier entre les vipères et les couleuvres, un 
serpent dont la tête grosse et courte a deux 
dents plus longues et imperforées près de 
l'origine de chaque branche externe de la 
mâchoire supérieure ; où bien convient - il 
de laisser dans une section, parmi les cou- 
leuvres, ce serpent qui ne paroïît pas avoir 


(1) Coluber heterodon ; naso sub - erecto , élato , 
anticé acuto, suprà carinato ; dentibus duabus lon- 
gioribus ef simplicibus in utroque latere maxillæ SUpe= 
Tioris ; caudé =. 

Scutis abdom. 119.— Scutellis subcaud.38 - 157. 
4o et ultrà:- 165 selon 

‘’Latreille. 
—— 150.— Scutis subcaud. 40 - 190 selon 


—— 125. 


| Linnæus. 
Hétérodon à large nez. ( heterodon platirhinos ). 
Tatreille ; Hist. des reptiles , in-18, tom. IV, p. 52, 
dig. 1,2,3.— Hog-nose snake , des anglo-américains. 


154 HISTOTRE 


de crochets à venin, et qui est cependant 
regardé, dans le pays qu’il habite, comme 
venimeux et ovovivipare ? Je pense que 
cette dernière opinion doit être admise, s’il 
n'y a pas de crochels à venin, et quand 
même 1l seroit reconnu que. l'animal est 
réellement ovovivipare. 

La tête est courte, triangulaire, élargie, 
avec son museau Abe, élargi, un peu re- 
dressé, légèrement pointu., et surmonté en 
dessus d’une pelite car rène. Le dessus de la 
iète est revêtu de neuf plaques lisses. 

Les écailles sont carénées petites, . et 
rires dessus le cou et la queue, ovales 
et moins petites sur le dos, plus grandes et 
presque carrées sur les flancs. La rangée 
décailles, qui est la plus voisine des pla- 
ques, est lisse. 

Beauvois a remarqué que. cet BAR 
varie par sa taille et par ses couleurs. IL a 
ordinairement: quinze à dix-huit pouces'de 
longueur; mais on en-trouve qui ont jusqu’à 
trois pieds. J'en possède un individu qui m'a 
été donné par P.'A. Adet : il est entière- 
ment nojrâtre sans taches en dessus, et 
blanc châtre en dessous. D'autres. hétérodons 


>) 


que J'ai examimés étoient noirâtres en dessus! 


DES COULEUVRES. 155 
avec vingt à vingt-cinq bandes irrégulières, 
souvent obliques et bifides, d’un gris rou- 
geâtre pâle : 1 y a de plus une tache noi- 
râtre irrégulière au bas de chaque bande 
sur les flancs. Le dessous de l’animal est 
d'un gris blanchâtre saüs taches. Quelques 
vieux individus ont une couleur verdâtre 
en dessus. 

Latreille a copié à un, individu 2 
vingt-cinq plaques abdominales, et quarante 
et quelques doubles sous la queue: j'ai trouvé 
à un autre cent dix-neuf plaques, et trente- 
huit doubles. La queue occupe les deux 
onzièmes de la longueur totale. 

La couleuvre hétérodon n’est. pas rare 
aux environs de Philadelphie. 

Le hog-nose snake des anglo-américains 
est évidemment le même animal que la 
couleuvre hétérodon; Catesby , Linnæus.et 
les auteurs plus modernes ont donc eu tort 
de rapporter le Âog-nose (ou nez de cochon) 
au Dboa contortrix que Latreille a rangé 
parmi les scytales, et que J'ai placé parmi 
les cenchris sous le nom de cerichris mokeson. 


156 4 H ES TIO: ER E 


EL A8 CODE TVR 
Li AMIRONN IE “(r): 


M srreu a décrit cette espèce dans le 
premier fascicule de son ouvrage sur les ser- 
pens, et il y a rapporté les serpens de Siam 
figurés par Seba, t. IT, pl xxx1v, fig. 3 et 4, 
et l’orvet du cap de Bonne - Espérance du 
même auteur, tom. If, planche x£rrr, fig. 3. 

La couleuvre latonie a beaucoup de rap- 
port avec celles à bandes noires et iphise. 
Sa tête est ovale, un peu déprimée, obtuse, 
revêtue de neuf plaques en dessus ; ses nià- 
choires n’ont que des petites dents et pas 


(1) Coluber latonia ; albido flavus , annulis resula- 
ribus ni gris, fasciä nigrä anté oculos, dé litter& N nigr& 
in vertice ; caud& circà =. | 

Scutis abdom. 150. = Se utellis Rene 20-370: 

Vau natter. Bl: Merrem , Beytræge naturg..der 
ampli. in-4°, fase. 1, p.0, pl. #1. = Serpens siamensis. 
Seba , Thes. tom. If, pl. xxxiv, fig. 4. — Serpens 
corallina siamensis. Seba , tom. II, pi. xxx1v, fig. 5. 
— Anguis lubricus, ex promontorio Bonæ Spei. Seba, 
Thes. tom. II, pl. xzuir, fig. 5. — Natrix lubrica. 
Laurenti, Synops. rept. p. 80 , n° 164. 


DES COULEUVRES. 2157 
de crochets venimeux. Vue en dessus, elle 
ressemble beaucoup à un orvet : son corps 
est cylindrique, également gros par-tout , 
couvert de petites écailles ovales, lisses, 
imbriquées. Il y a cent cinquante grandes 
plaques abdominales, et vingt doubles sous- 
caudales ; la plaque de l’anus est double et 
demi-circulaire. La queue est courte, cylin- 
drique, un peu amincie et obtuse. La cou- 
leur est d’un blanc jaunâtre , avec une bande 
noire transversale devant les yeux, et une 
tache noire anguleuse en forme de V sur 
le sommet derrière les yeux. Le corps et 
la queue sont entourés d’anneaux ou .de 
bandes noires, dont les deux premières plus 
larges, et les autres deviennent un peu 
anguleuses en dessus. | 

Il paroît que ceite espèce habite dans 


Vancien continent, en Afrique ou dans 
l'Inde. 


Dimensions principales de cette couleuvre , selon 
Merrem. 


pouc. lign. 
Longueur totale. . . . . .!. . 8 


La] 


Longueur de la tête . . . . .: . » 6 


fn 51e he 


Largeur de latête . . . « + . . » 3 


pe 
P 


Longueur du corps « + + + . + + 7 
Circonférence du corps «+ . + + + » 10 
Longueur de la queue . , . + + » 7 


al" 


158 HISTOIRE 


EL A" C'O DU 'LD'E UV EE 
PROVENCALE (i) 


Ox trouve dans les contrées méridionales 
de la France, principalement en Provence 
eten Languedoc, cette jolie petite couleuvre, 
dont je possède un individu bien conservé, 
qui ma été envoyé de Montpellier par 
Marcel Serres, avec plusieurs autres reptiles 
rares ou nouveaux ; tels sont le lézard 
gentil , la grenouille plissée et la salamandre 
marbrée. 

La couleuvre provençale ressemble beau- 
coup à la couleuvre lisse par sa forme et 
par ses écailles lisses; mais elle a des cou- 
leurs un peu différentes. Sa couleur en 
dessus est d’un gris assez clair , marquée de 
grandes taches cendrées sur la tête , derrière 


(1) Coluber meridionalis ; suprà griseus maculis 
cinereis quadruplici serie longitudinali dispositis , in- 
termediis alternatim contiguis, lateralibus separatis 
subtüs albis nigrisque ; abdomine albido maculis qua- 
dratis nigris ; caudé acuité =. 


Scutis abdom, 145, — Scutellis subcaud, 50 - 1082 


DES COULEUVRES. 159 
les yeux, avec le bord des plaques labiales 
noirâtre : sur toute la longueur de l’animal 
en dessus, on voit quatre rangées longitu- 
dinales de taches cendrées, nombreuses, 
marquées presque toutes de noïrâtre autour 
des écailles. Les taches dorsales se touchent 
alternativement, et celles des flancs sont 
toutes séparées, munies en dessous de deux 
ou trois écaiiles blanches, bordées en dessous 
par les extrémités noires des plaques trans- 
versales, qui sont au nombre de cent qua- 
rante - huit grandes sous le corps, et de 
cinquante doubles sous la queue. Le dessous 
est blanchâtre, avee des taches noires carrées 
assez grandes , placées ordinairement en sens 

alterne sur le milieu des plaques, et con- 
 tiguëés. Le milieu du dos est légèrement 
carence. 


Dimensions principales de cette couleuvre , selon moi, 


ñ pouc. lign. 
Ponsueur folle rte. 0618 
Jongueurde latéle à 0 dl en Le 


Hneeur de la sete et DR Si) se 


Ponoueur du corps. 22 2). M ANS à 0 
Largeur du GOT ps dans l'endroit le 
DUB CDS ed ne 


Parseurdu coù , 42. 


. ee + + » 


Longueur de la queue, . . . .., < Lr 2 


[S) 


160 HISTOIRE 


L'A 7 C"O"0'L' EU TUE 
DÉCOLORÉE (1) 


Less naturalistes modernes donnent ce 
nom, d’après Linnæus, à une couleuvre 
des Indes qui a beaucoup de ressemblance 
avec les couleuvres boiga et bleue à deux 
raies, et elle n’est peut-être qu’une variété 
de la couleuvre verte d'été qui habite dans 
les contrées les plus chaudes de l'Amérique 
septentrionale. 

Sa couleur est d’un bleu clair tirant sur 
le cendré, avec les plaques des lèvres blan- 
ches. Elle a cent quarante-sept plaques 
sous le corps, et cent trente-deux doubles 
sous la queue. 


(1) Coluber exoletus ; ex cinereo cærulescens , scutis 
labialibus albis ; caudé long acutä.... 

Scutis abdom. 147. — Scutellis subcaud. 152 - 270. 

Coluber exoletus. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. 1, p. 54, pl. x, fig. 2. — idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1110. — Le décoloré. Daubenton, Dict. 
erpét. Encye. méth.— La décolorée. Lacepède , Hist. 
nat. des serpens , in -12 , tom. IV, p. 5. — La cou- 
leuvre décolorée. Latreille , Hist. nat. des reptiles , 
in-18 , tom. IV, p. 154. — Natrix exoleta. Laurenti, 


Synops. répt. p. 78, n° 160. 
LA 


DES COULEUVRES. 161 


PA CO[ÙDULE UV 0e 
CHAVOQUE (à). 


Srsa est le premier naturaliste qui ait 
observé cette espèce de couleuvre, et qui 
Vait figurée dans son grand ouvrage ; mais 
la gure coloriée qu'il en a donnée n’est pas 


mes 


(r) Coluber stolatus ; supra fuscescens, cum lineis 
duabus et longitudinalibus flavidis, albo punctatis, 
réticulisque aibidis transversis suprà dorsum ; caud& 
acut —. 

Scutis abdom. 145.— Scutellis subcaud. 70-213. 
143. —— 76-219 selon Linnæué, 
147 —— 71-216. 

146. —— 57-293. 
145.  —— 66-271. 
AS 7 22 Te 

Coluber stolatus. Lin. Syst. nat. — Mus. Ad. Prid. 

pl. xxur, fig. 1.— Idem. Gmelin , Syst.nat. — p. 1098. 


TTTT 


Laurenti,; Synops. rept. n° 208. — Chayquarona. 
Seba , Mus: tom.'TE, pl. 1x, fig. 1 , lé mâle , fig. 2, la 
femelle. — Le chayque. Daubent. Dict. erpét. Encyc. 
méthod.— Zdem, Lacépède, Hist. des serpens, in-12, 
tom. I, p. 286. — La vipère chayque. Latreille, Hist, 
des reptiles ,in- 18, tom. IV , p. 1. — 7#Ÿ’unñnna - pam. 
Russel, Hist. serpents Ind. p. 14, n° 10; pl. x et xr. 
Reptiles. Tome VII. L 


162 HISTOIRE 


parfaitement exacle, parce qu’elle n’a été 
faite que d’après des individus un peu déco- 
lorés par l'esprit de vin. 

La tête est à peine plus large que le cou; 
obtuse ovale, déprimée, raccourcie, cou- 
verte de neuf plaques principales et d’autres 
plus petites. 

La bouche est large, avec la mâchoire 
inférieure plus courte. Les dents sont petites, 
pointues, courbées; elles garnissent les bran- 
ches marginales et palatales de la mâchoire 
supérieure. Les yeux sont larges, orbicu- 
laires et saillans. 

Le corps est cylindrique, revêtu d’écailles 
ovales et carénées, excepté les deux ran- 
gées les plus voisines du ventre, qui sont 
lisses. | 
La longueur de ce serpent est d’un pied 
et demi, selon Russel, en y comprenant la 
queue qui occupe un quart de cette lon- 
gueur. La circonférence du cou est d'un 
pouce trois lignes, et celle du corps, dans 
lendroit le plus épais, n'excède pas deux 
pouces trois lignes. La queue est cylindrique, 
conique, subitement amincie, et longue seu- 
lement de quatre pouces et denu. 

La couleur de la tête et du cou est d’un 
verd noirâtre; les côtés de la gorge sont 


DES COULEUVRES. 163 


jaunes. Sur le cou il y a deux bandes noi- 
râtres , avec un trait d’un jaune brun, qui 
se prolongent sur chaque côté du corps au 
dessus des flancs, jusques sur une partie de 
la queue; elles sont variées de petits points 
blancs placés à égale distance entre eux, et 
opposés de chaque côté : de plus, presque 
tout le corps est embelli, entre les deux 
lignes, de bandes blanchâtres plus claires, 
transversales; et entre les mêmes lignes et 
Fabdomen il y a des traits blancs, longi- 
tudinaux, interrompus çà et là. La cou- 
leur verte de presque tous les individus 
tire sur le noir. Sur chaque côté de la queue 
jusqu’à l'anus, il y a une ligne longitudinale 
d'un jaunâtre un peu rembruni. Les plaques 
du ventre et les doubles du dessous de la 
queue sont d’une couleur de perle ternie, 
et les premières ont souvent un point noir 
de chaque côté. 

Russel n’a pas eu la facilité de faire des 
expériences avec ce serpent vivant; mais il 
croit, d’après linspection des mâchoires, 
qu'il n’est pas venimeux, tandis que le co- 
luber stolatus de Linnæus est indiqué comme 
venimeux. Comme Russel a observé une 
rangée de dents marginales sans crochets, 
il pense que Linnæns a été induit en erreur, 

| LUE 


164 HISTOIRE 
et le docteur Grey le pense aussi (1). Il a 
recu en 1788 cette belle couleuvre du doc- 
teur Roxburgh, qui l’a trouvée à Raja-Mun- 
drah; puis Snodgrass lui en a envoyé deux 
autres de Ganjam sous deux noms différens , 
quoique de même espèce. Le prenrier,nommé 
neerogady , a cent quarante-six plaques ét 
soixante-dix-sept doubles. E/autre, appelé 
neersady , a cent quarante -sépt plaques, 
et soixante-onze doubles. - 
Le wanna-cogli, ou wanna-pam, figuré 
par Russel planche xr, est une autre va- 
riété de la couleuvre chayque qui est plus 
rembrunie, et qui a cent quarante - cinq 
plaques sous le ventre et soixante-six doubles 
sous la queue. Le docteur Roxburgh l’a en 
voyée de Samul-Gottah, en juillet 1786, à 
Russel. Enfin 1l ÿ en a une quatrième va- 
riété qui a été trouvée dans le Bengale, qui 
y est nommée £urharria, et qui ne diffère 
que par le nombre de ses plaques. Les 
grandes, sous le ventre, sont au nombre 
de cent quarante-quatre ; et sous la queue 
il y en a soixante-dix-sept doubles. 


(1) Grey, Philos. transact. vol. LXXEIX , part. 1. 


DES COULEUMNMRES.  e05 


WA | CAO-U L'E.U.W RMS 
Al DEUX ALAÏLE S: (a) 


Ce reptile doit être regardé comme très- 
Voisin des vipères à lunettes et haje, ainsi 
que nous le verrons bientôt par l'habitude 
qu'il a de gonfler son cou, quoiqu'il ne soit 
cependant pas muni de crochets venimeux. 

Schneider l’a placé dans son genre elaps. 
Le premier individu, qui est rangé dans la 
collection de Bloch de Berlin, a élé envoyé 
des Indes orientales par John : il à sous le 
ventre cent vingt-cinq grandes plaques, et 
sous la queue cinquante-huit doubles : un 
autre individu en a cent quarante - quatre 
des premières, et soixante-cinq des secondes. 
La queue est grèle. 

Le corps est en dessus d’une couleur de 
perle, avec deux lignes blanches, larges, 


(1) Coluber bilineatus ; corpore margaritaceo supra 
lineis duabus albis, et fasciis nigris transversis, abdo- 
mine griseo-albicante ; caudä.... 

Seutis abdom. 125.— Scutellis subcaud, 58 - 183. 
65 - 200. 


Dé 
Elaps bilineatus. Schneider , Hist. amph. fasc. 2, 
P- 209. — Xomberumuken , au Malabar, selon John. 


L. 5 


166 HISTOIRE 
longitudinales, et des fascies ou bandes 
transversales noires. Le ventre et la queue 
sont en dessous d’un gris blanchâtre. Il y 
a quinze rangées longitudinales d’écailles 
oblongues , rhomboïdaies et carénées; et la 
rangée plus voisine des plaques est formée 
d’écailles lisses, plus larges. Les plaques de 
la tête et les dents ressemblent à celles de 
la couleuvre à collier. La fente de la bouche 
est un peu relevée en arrière de chaque côté. 
Dans la note que John a envoyée avec 
ce serpent, il y est dit qu’on le nomme 
komberumuken au Malabar, parce qu'il a 
l'habitude de monter sur le sommet des 
arbres. Les indiens du Malabar croient que 
cet animal monte avec vitesse sur le sommet 
de l'arbre le plus voisin, dès qu’il a mordu 
quelqu'un, et que de là il guette l’homme 
jusqu'à ce qu'il soit mort par l'effet rapide 
du venin. John regarde cette opinion des 
indiens comme très-mal fondée; car 1l assure 
ne lui avoir trouvé aucun crochet venimeux 
en lui ouvrant la bouche. Ce mênie voyageur 
prétend que son corps a une joke couleur, 
sur-tout lorsqu'on l’irrite au point de lui 
faire gonfler son cou par la colère, car alors 
on aperçoit sa peau bleue à travers ses 
_écailles. | 


DES. COULEUVRES. ; 167 


HAL2C'O D LE U VAE 
CERBÈRE (). 


Carre couleuvre a été envoyée de Ganjam 
par Snodgrass en juillet 1788, à Russel, sous 
le nom de Karou-bokadam qui lui est donné 
par les habitans du Bengale. La tête est 
grosse, élargie poslérieurement , un peu 
convexe en dessus, comprimée sur les côtés, 
avec la face courte, élargie, obtuse, et 
couverte de petites plaques nombreuses 
jusques derrière les yeux; la partie posté- 
rieure est plus renflée, plus grande, et 
couverte d'écailles assez larges, carénées, 
ovales, et imbriquées. La bouche n’est pas 


(1) Coluber cerberus ; capite suprà nigricante , dorso 
obscurè griseo ; gul& , abdomine et caud& inferiore 
flavescentibus ; caud& subacut4 —-. 

Scutis abdom. 144. — Scutellis subcaud. 59 - 203. 

Æarou-bokadam. Russel , Hist. nat, of Coromand, 
et Indian serpents, p:23,n° 17, pi. xvir, — Æydrus 
rynchops. Schneider, Hist. amphib. fase. x , p. 246, 
n° 7.— Enhydre muselière, Latreille, Hist. nat, des 
reptiles , in-18 , tom. IV, p. 202, 


L 4 


168 HISTOIRE 


grande ; ses mâchoires sont presque d’égale 
longueur, avec leurs dents petites, rappro- 
chées, courbées, et placées sur les branches 
marginales et palatales. 

Le corps est cylindrique, un peu plus 
élroit en devant que la tête; ensuite il est 
renflé, épaissi vers son milieu, couvert d’é- 
cailles semblables à celles de ia tête, mais 
beaucoup plus grandes; il est terminé par 
une queue légèrement comprimée, et pro- 
longée en une pointe obtuse. 

La couleur en dessus est d’un gris foncé 
très-obscure , plus noire dessus la tête, avec 
la gorge, le ventre, et le dessous de la queue 
d’un jaune obscurci, qui paroît avoir été 
altéré par l'esprit de vin. 

Le nombre des plaques transversales est 
de cent quarante-quatre grandes et de cin- 
quante - neuf doubles, ce qui fait un toial 
de deux cent trois. 

La couleuvre cerbère a l'aspect hideux 
de la vipère noire ; aussi doit-on la regarder 
comme venimeuse dans les lieux où elle 
habite. Schneider , dans le premier fascicule 
de son histoire des amphibies, place parmi 
les hydres cette espèce sous le nom d’Aydrus 
rynchops , quoiqu’elle n'ait pas la queue 
plate. Latreïlle, à l'exemple de cet auteur, 


| u 
DES COULEUVRES. 169 


la décrite sous le nom d’ezhydre muselière. 
Schneider prétend, sans aucune preuve, 
qu'elle doit vivre dans l’eau. 


Dimensions principales de cette couleuvre | selon 
Russel, é 
pieds. pouc. ligæ 
Ponsheur totale 7. 2. 54 ,3%:4:10 
Parsenurducou .,.0. : ... 1 >) 35 
Largeur du milieu du corps .« .« » 4 6 
Longueur de la queue . . . « » 6 » 


à; a 
170 HISTOIRE 


E A  COUMPEUVRSE 


SCHNÆÉIDÉRIENNE (1). 


Scanrrnrr:a décrit sous le nom de 
Eva moluroïde cette espèce de couleuvre, 
qui a beaucoup de rapports avec la molure 
à cause de sa grandeur et de la disposition 
de ses taches. La tête est un peu courte, 
médiocrement large, ainsi que la bouche. 
Il y a treize plaques irrégulières en devant 
des yeux, une plaque oblongue sus-orbilaire, 
deux rostrales, et des écailles entre les yeux 
et sur l’occiput. 

Les dents situées sur la partie antérieure 
de la mâchoire inférieure sont un peu plus 
longues que les autres; et la gorge a un 
sillon lisse en dessous , ce qui est commun 


(1) Coluber Schneiderianus ; sunrà colore ardesiace 
vel schistoso, subtüs rufescente albo mixto; caudé..." 
Scutis addom. 144. — Scutellis subeaud. 57 - 20r. 

Boa moluroidea, Schneider , Hist. amplb. fasc.2, 


Pag- 2790. 


+ 


DES COULEUVRES. 171 


aux boas, aux vipères, et à la plupart des 
ophidiens dont les os maxillaires peuvent 
s’écarter l’un de l’autre. Le corps est cylin- 
drique , épaissi, non comprimée sur ses 
côtés, couvert en dessus de vingt-cinq rangées 
longitudinales d’écailles oblongues, arrondies, 
et toutes carénées, excepté la rangée voisine 
des plaques transversales, qui sont au nombre 
de cent quarante - quatre grandes sous le 
ventre, et de cinquante-sept doubles sous 
la queue. 

La couleur est d’un bleuâtre ardoisé en 
dessus, et roussâtre mélangée de blanc en 
dessous. 

Schneider a vu deux individus de celte 
espèce dans la collection de l’université de 
Jena. 


172 HISTOIRE 


LA COULEUVRE RÉGINE (1). 


Crrrr espèce habite dans les Indes, selon 
Linnæus, qui l’a observée dans le museum 
du prince Adolphe Frédéric. Elle est en 
dessus d’un brun violet, avec la gorge et 
le dessous de la queue blancs; ses plaques 
abdominales , au nombre de cent trente- 
sept à cent quarante-trois, sont à moitié 
blanches et brunâtres en sens alternes : les 
doubles sous-caudales sont de soixante-dix 
à soixante-quatorze. 


(1) Coiuber resinæ; supra ex violaceo fuscus, mento 
et caudä subtus albis, abdomine alternatim seuts 
semi abris et albis vario, caud& acutä.... 

Scutis abd. 157. — Scutellis subcaud. 70 - 207 selon 

Linnæus. 
143. —— 7}-217 selon Weïgel 

Coluber reginæ. Lin. Syst. nat.— Mus. Adolp. Frid. 
tom. 1,p.24, pl. xuit , fig. 5. — dem. Gmelin, Syst. 
nat. p. 1096. — Weigel, Abh. der hall. naturf. ges. 
tom. Ï,p.22,n° 24. — Le régine. Daubenton, Dict. 
erpét. Encyel. méthod. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens, in-12,tom.]J,p. 584. — La couleuvre de 
la reine. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 
tom. LV, p.145. 


DES COÛLEUVRES. 293 


© 


LA COULEUY HE 
VAT ONLIE TT ED) 


Lacérèpe à donné ce nom à une jolie 
couleuvre placée dans la collection du mu- 
seum d'histoire naturelle de Paris, et assez 
semblable par sa forme à Ja lisse : elle a 
neuf plaques sur la tête, dés écailles lisses 
et rhomboïdales sur le corps ; avec cent 
guarante-troïis grandes plaques-et vingt-cinq 
doubles. La couleur est d’un violet plus ou 
moins vif où foncé én dessus, blanchâtre 
avec de grandes tachés violettes situées alter- 
nativement en dessous. La longueur totale 
_est d’un pied cinq pouces trois lignes, et 
la queue n’a que deux pouces trois lignes. 


_— 


— 


(1) Coluber violaceus; suprà violaceus , subis 
. cum maculis Éd rt se disposits; 
eaud& acut& ferè —-. 

Seutis abdom. 143. — Scutellis subcaud. 35 - 168. 

ANT ——> 148. 24-165 selon Gronov. 

La violette. Lacépède , Hist. nat. des serpens, 
in-12, tom. T,p. 567, pl. varr , fig. 1. — La Couleuvre 
violette. KLatreillé, Hist. nat. des reptiles, im-18, 
tom. IV, p. 08: — An coluber dubius ? Gmelin, Syst. 
nat. p. 1086. — Gronovius, Mus. tom, IT, n° 24. — 
Seba , Thes. tom. IT, pl. xcvin, fig. 1. 


174 HISTOIRE 


L'ANTCTOUIRE UNS 
S,Y LE RL O ULE 40) 


Crrre espèce est placée dans le museum 
d'histoire naturelle de Paris : Lacépède la 
ainsi nommée à cause de la régulière dispo- 
sition de ses couleurs. Le dessus ‘est brun, 
avec une rangée de petites taches noirâtres 
sur chaque côté jusqu’au tiers de la lon- 
sueur du corps : le dessous est blanc, avec 
des bandes et des Etes biunes sous 
le ventre. | 

: La tête est garnie de neuf plaques; les 
écailles sont petites, ovales ét lisses sur le 


(1) Coluber symetricus ; suprà fuscus line macu- 
Zärum nigrarum in uné serie laterali et in parte: ante- 
riore corporis, subis albus abdomine resulariter alter- 
ratim et transversim fusco maculato ; caudé, + 

Scutis abdom. 142.— Scutellis subcaud, 26- 168. 

La symétrique. Lacépède , Hist. nat. Ges serpens,, 
in-12, tom. IL ,p. 26. — La couleuvre symétrique. 
Latreille ; Hist. nat. ii rept. in-18 ,-tom. EV, p. 119: 


dos. 


DES COULEUVRES. 195 


dos, et il y a cent quarante-deux grandes 
plaques abdominales , et vingt-six doubles 
sous - caudales. La longueur de ce reptile 
est d’un pied cinq pouces six lignes, et celle 
de la queue n’est que de deux pouces trois 
Hgnes. 

… La couleuvre symétrique habite à Ceilan: 


176 HISTOIRE 


m5 


LA COULEUVRE 


/ 


BRAMINE (à 


O * connoit au Bengale, sous le nom indien 
‘ de paragoudou , cette couleuvre qui a quelque 
ressemblance, par sa forme principale et par 
les plaques de sa tête , avec la couleuvre à 
collier, quoique son museau ne soit pas 
obtus. Les dents sont nombreuses, aiguës, 
rangées sur les branches marginales et pala- 
tales. Le corps est cylindrique, aminci près 
de la tête et de la queue, renflé vers son 
nulieu, et couvert d’écailles ovales, oblon- 
gues et carénées. La queue est cylindrique, 
et prolongée en une pointe aigué. 


(1) Coluber braminus ; suprà flavescens reticulo 
Jusco cum maculis rhomboïdeis atris in medio areola- 
rum ; caudé acutä —. | 

Scutis abdom. 140. — Scutellis subcaud. 49 - 160. 

Paragoudou. Russel, Hist. nat. of Coromand. et 
Indian serpents, p. 25 ,n° 20, pl. xx. — #n coluber? 
Seba , Thes. tom. IT, pl. zirr, fig. 1. — //ydrus pa- 
lustris. Schneider , Hist. amph. fasc. 1 , p. 249, n° q. 
— Enhydre des marais. Tatreille , Hist. nat. des 
reptiles, in-18 , tom. IV, p. 205. 

Il 


DES COULEUVRES. 77 


Il y a cent quarante grandes plaques, et 
quarante-neuf doubles. 

La couleur en dessus est d’un gris jaunâtre 
avec de larges mailles formées de filets 
obliques et bruns, et dans le milieu de ces 
mailles il y a des taches rhomboïdales plus 
foncées. Le dessous est de la couleur des 
perles, tirant un peu au roussäire sous la 
queue. | 

La couleuvre branine est assez commune 
au Bengale sur les terrains humides et au 
bord des fontaines : ce n’est pas un enhydre, 
comme Latreille l’a cependant cru d’après 
Schneider. Elle parvient à plus de deux 
pieds de longueur. | 


Dimensions de l’individu observé par Russel. 


pieds. pouc. lign. 
Hongneur'totale 2007 OR RS RES, Vs 
Circonférence du milieuducorps » 3 » 
Longueur de la queue . . .. . » 5 ‘6 


Reptiles. Tome VIL . M 


178 HISTOIRE 


LA COUREUTe. = 


PONCTUEE (Ur. 


Quorou'etrr ait beaucoup de rapports 
avec la couleuvre à raies rouges, elle ne 
doit pas lui être réunie comme synonyme. 
Garden l’a d’abord découverte en Caroline ; 
Bosc l'y a ensuite observée et décrite avec 
beaucoup plus d’exactitude ; c’est pourquoi 
je vais faire usage ici de son travail qu'il à 
bien voulu me communiquer. : 
La queue occupe les deux neuvièmes de 


(1) Coluber punctatus ; suprà plumbeus , torque alba 
occipitali, dabiis albis, subius flavido rubellus cum 
in uiroque scuto abdominali punctis tribus fuscis ; 
caudé —. 

Scutis abdom. 140. — Scutellis subcaud. 48 - 188. 

—— 156 —— 43-179 selon Linnæus. 

Coluber punctatus. Lan. Syst. nat. — Jdem. Gmel. 
Syst. nat. p. 1089. — Le ponctué. Daubenton, Dict. 
erpét. Encyc. mêth. — ZLa ponctuée. Lacépède, Hist. 
nat. des serp. in-12, tom. IT, p. 74. — La couleuvre: 
ponctuée. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-16, 
tom. IV ; p. 156, fig. 2. 


DES COULEUVRES. 179 


la longueur totale, qui est de neuf pouces; 
et la circonférence du venire est de sept 
lignes et demie. 

La tête est à peu près ovale, aplatie; 
d'une couleur plombée, avec une tache 
blanche ou collier disposé en travers sur 
l’occiput. Les lèvres sont blanches : le corps 
est en dessus plombé et finement pointilié 
de gris. Le dessous est d’un jaune rougeâtre, 
avec trois rangées longitudinales el parailèles 
de points plombés presque triangulaires : la 
queue seule n’a pas de points. Bosc a compté 
cent quarante plaques abdonxnales, et qua- 
rante-huit doubles ; mais Linnæus n’a trouvé 
que cent trente-six des premières, et qua- 
rante-trois des autres. 

Bosc a observé plusieurs fois en Car dis 
celte petite couleuvre sous des écorces d'ar- 
bres, dans les endroits huaudes et imare- 
Cageux. : 


fo HISTOIRE. 


EE 


LA COULEUVRE 
OA DOM À HU) 


D espèce peu remarquable habite en 
Amérique, suivant Linnæus, qui l’a observée 
dans-le museum du prince Adolphe Fré- 
déric. Elle est livide, avec des bandes trans- 
vérsales et des points-linéaires de couleur 
brune; le dessons est marqueté de taches 
garrées brunes. il y a cent quarante grandes 
plaques sous le corps, el vingt-deux doubles 
sous la queue. 


(r) Coluber calamarius ; lividus , fasciis punctisque 
linearibus fuscis, subtüs fusco tessellatus ; caudi brevi…. 
Scutis abdom. 140. — Scutellis subcaud. 22 - 162. 

Coluber calamarius. Län. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. I,p. 23, pl. vi, fig. 5. — Idem. Gmeiïin, 
Syst. nat. p. 1086. — Le calmar. Daubenton, Dict. 
erpét. Encyc. méthod. — dem. Lacépède, Hist. nat. 
des sergens, in-12 , tom. IT, p. 114. — La couleuvre 
calmar. Latreiïlle, Hist. nat. des reptiles, in -18, 
tom. IV, p. 180. — Ænguis calamaria. Laurent, 


Synops. rept. p. 68 ,n° 127. 


DES COULEUVRES. 181 


PA DO UL EU VE 
IBIBE () ; 


Cerre espèce , qu'il ne faut pas confondre 
avec les couleuvres ibiboboca et corais, 
quoiqu’elles aient été désignées toutes les 
trois sous le nom d’zh:boboca dans divers 
ouvrages , a été découverte en Caroline par 
Garden et Catesby. Sa couleur est bleuâtre, 
marquée de taches noires et nuageuses, avec 
une rangée de points noirs sous les flancs à 


(1) Coluber ibibe ; capite suprà cœruleo maculis 
fuscis punctisque duobus albis sub-connexis , dorso ex 
eæruleo fuscescente cum line& intermedi& longitudi- 
nali pallidä , punctisque nigris in utroque latere abdo- 
minis ; caudé acuté cirrä +. 

Scutis abd. 158. — Scutellis subeaud. 52 - 210 selon 


Linnæus. 
—— 138. —— 74, - 212 selon Gronovius. 
—— 37. —— 65 - 202 selon Bosc. 


Coluber ordinatus. LAn. Syst. nat.— Jdem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1097. — Gronovins, Mus. tom. II, 
n° 57. — Coluber cærulescens , nigro maculato-nebu- 
dosus , lateribus serie punctorum nigrorum. Boddaert, 
nov. Act. acad. Cæs, tom. VIT ,p. 22, n° 21.— Serpens 
ibiboboca brasiliensis. Seba, Thes. iom. II, pl. xx, 
Hg. 2, — Catesby , Carol. tom. If, pl. zrrr. — ZL'ibibe. 

M 3 


182 HISTOIRE 
l'extrémité des grandes plaques, et une raie 
claire ou d’un verd foncé sur le dos, selon 
Bodldaert et Linnæus. Catesby dit au con- 
t'are que la couleur est en dessus d’un 
verd tachelé. Il y a neuf plaques sur la 
tète, cent trente-huit grandes sous le ventre, 
etsoixante-louze à soixante-quatorze doubles 
sous la queue. 

Une couleuvre ibibe, placée dans la galerie 
du museum d'histoire. naturelle, a quatre 
plaques entières sous la base de la queue 
contre l’anus, ce qui est un défaut de con- 
formation plutôt qu’un caractère fixe. 

La longueur totale est de deux pieds, et 
la queue a quatre pouces dix lignes. Ce petit 
reptile est innocent, et paroît rechercher 
les œufs d'oiseaux. Il faut sans contredit 
rapporter ici comme synonyme la couleuvre 
biponctuée , regardée par Bosc comme une 
espèce particulière, et qu’il a trouvée assez 
rarement dans les grands bois en Caroline. 


Danbenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — Zdem. 
Lacepède, Hist. nat. des serpens, in-12, tom. IT, 
p. 110. — La couleuvre ibibe. Yatreille, Hist. nat. des 
reptiles , in-18 , tom. IV, p. 70. — La couleuvre bi- 
ponctuée. Latreille, Hist. nat. des reptiles , in -18, 
tom. IV, p.85, fig 1. — Coluber bipunctatus, Bosc, 
Note manuscrite communiquée. 


DES COULEUVRES. 185 


La couleuvre biponctuée a beaucoup de 
ressemblance avec la couleuvre saurite. La 
tête est un peu plus large que le cou, dé- 
primée, ovale, oblongue, couverte de neuf 
plaques, avec toutes les dents de ses mà- 
choires simples, petites et aiguës. Le corps 
est cylindrique, légèrement caréné sur le 
dos, muni d’une queue prolongée en pointe. 
La couleur est en dessus d’un bleu ternñi, 
avec des taches brunes un peu effacées, dis- 
posées en quinconces, et deux points blancs 
rapprochés à la jonction des grandes plaques 
sur le sommet de la tête; les flancs sont 
d’un bleu pâle, avec des fascies ou bandes 
à la jonction des écailles. On voit sur toute 
la longueur du dos une raie longitudinale 
d'un blanc bleuâtre, et sur chaque flanc 
une autre raie peu apparente. Le dessous 
de Flanimal est d’un blanc légèrement 
bleuâtre , avec le bord des plaques d'un bleu 
plus tranché. La couleuvre biponctuée a 
cent trente - sept plaques abdominales, et 
soixante - cinq doubles sous - caudales. La 
longueur totale est de deux pieds quatre 
pouces; la queue a six pouces, et le grand 
diamètre du corps est de neuf lignes. Les 
écailles sont étroites, alongées, un peu 
rhomboïdales et légèrement carénées. * 


M 4 


18; HS NO NE :E- 


rom eq mire hS 
A ————————————_——————_————————— 2 


LA COULEUVRE VAMPUM, 


OU FA SCTÉE (1) 


LS indiens qui habitent vers les Etats- 
Unis d'Amérique , donnent le nom de 
vampum à une monnoie composée de petits 
coquillages taillés régulièrement, et enflés 
avec un cordon bleu et blanc; ou plutôt le 
vampum des indiens est un bâion entouré 
de cercles blancs sur un fond noir. C’est à 
cause de sa ressemblance avec ce bâton, 
que la couleuvre, dont nous allons donner 
la description, a été surnommée vampum 


(1) Coluber fasciatus ; lineis flavidis 30 ef ultrà in 
utroque latere furcatis, colcre suprà nigro-cærules- 
cente ; scutis et srutellis flavidis, utroque apice &fris ; 
squarnis carinatis ; caud& —-. 

Scutis abd, 158.—Seutellis sube. 66- 204 selon mor. 

—— 128. —— 67 - 195 selon Linnæus. 

Coluber fasciatus. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. — Ze vampum. Daubenton, Dict. erpét. 
Encyel. méth. — Zdem. Liacépède , Hist. des serpens, 
in -12, tom. 1f, p. 76. — La coulèuvre vampum. 
Latroille, Hist. des rent. in-18, tom. IV, p. 72. — 
WVampum snake. Catesby , Hist. nat: Caroi. pl Eviié. 


DES COULEUVRES. 185 
par les anglo - américains, et par Catesby 
dans son ouvrage sur l’histoire naturelle de 
la Caroline. 

La couleuvre vampum est d’un noir 
bleuâtre en dessus, avec plus de trente 
chevrons jaunâtres , disposés alternative- 
ment sur chaque flanc, et quelques lignes 
transversales jaunâtres sur le dos , fourchues 
sur les flancs. Les plaques et les doubles 
plaques ont toutes en devant une teinte 
bleuâtre très-large sur leur bout, bordéées 
en arrière d’une couleur jaunâtre. La tête 
est noirâtre , revêtue de neuf plaques, avec 
les lèvres de la mâchoire inférieure jau- 
nâtres : la tête est plus étroite que le corps, 
ainsi que dans la plupart des autres cou- 
 leuvres. Les dents de la mâchoire supérieure 
sont aiguës, petites et courbées en arrière. 
Toutes les écailles sont hexagones, oblongues 
et carénées, excepté celles de la dernière 
rangée contre les plaques; ces dernières 
écailles sont lisses , plus grandes, hexagones 
et irrégulières. 

Palisot Beauvois m'a prêté un individu 
qui a cent trente-huit plaques abdominales, 
et soixante-six doubles sous-caudales. Lin- 
næus en a observé un autre qui avoit cent 
vingt-huit plaques et soixante-sept doubles. 


186 HISTOIRE 


On trouve quelquefois des individus de 
cette espèce qui ont jusqu’à quatre et même 
cinq pieds de longueur, en y comprenant 
la queue, qui occupe un cinquième de cette 
dimension. 

La couleuvre vampum habite en Virginie 
et en Caroline : quoique sa morsure ne soit 
pas nuisibie, elle est audacieuse et très- 
vorace ; elle mange de petits animaux, et 
lorsqu’elie est bien repue, sa peau se gonfle 
de manière que toutes ses écailles s’écartent 
les unes des autres. Elle a beaucoup de 
ressemblance avec la couleuvre chaîne par 
les couleurs du dessus de son corps; mais 
elle en diffère essentiellement par ses écaiiles 
carénées, et par ses plaques moins nom- 
breuses. Les écailles qui garnissent les côtés 
de son cou sont d’un gris jun avec 
leur carène noirâtre. 


DES COULEUVRES. 187 


LA COULEUVRE 


DPLA PM OR TiU:A LP EAU 


TT 


O trouve dans le Bengale, aux environs 
de Ganjam, une espèce qui est nommée 
naugealled keaka par les indiens, et dont 
Russel a publié la figure dans son bel ou- 
vrage sur les serpens. Elle est innocente, 
ainsi que le prouve la forme de ses dents . 
disposées sur les branches marginales et 
palatales des mâchoires; mais sa couleur 
plombée, obscure et parsemée cà et là de pe- 
tites taches plus claires en forme de flammes 
grises ou jaunâtres, la font regarder comme 
venimeuse par les indiens, et lui donnent 
quelque ressemblance avec la vipère noire 


(1) Coluber mortuarius ; suprà atro plumbeus , cum 
maculis flammentis griseis ; sublüs flavescente albidus; 
caudé acut4... 

Scutis abdom. 133. — Scutellis subcaud.... 

Naugealled keaka. Russel, Hist. nat. of Corom. 
et Indian serpents, p. 53, n° 28, pl. xxvuu. 


188 HISTOIRE 

ou prester. Le dessous est d’un blanc jau- 
nätre. Le sommet de la tête est garni de 
neuf plaques, et la partie postérieure, ainsi 
que le dessus du corps ont des écailles 
ovales, carénées et imbriquées. Le corps 
est cylindrique, à peine renflé vers son 
milieu , avec cent trente - huit grandes 
plaques en dessous. La queue terminée en 
pointe avoit été mutilée à deux pouces en- 
viron de lPanus, de sorte que Russel n’a pu 
compter ses doubles plaques, ni connoître 
sa dimension. La tête et le corps étoient 
Jongs de quaiorze pouces, et le dernier 
avoit deux pouces neuf lignes de eircon- 
férence. 


DES COULEUVRES. 38 


HA C OU L EU Y RUE 


PORTE-CROIX (1) 


Msrrem a Sguré cette jolie petite espèce, 
qu’il regarde avec raison comme nouvelle, 
dans son ouvrage sur les serpens, et il la 
croit des Indes orientales. 

La tête est ovale, oblongue,; déprimée, 
plus large que le cou, couverte de grandes 
plaques en dessus, avec des dents simples 
et plus longues en devant de la mâchoire 
inférieure. Le corps est légèrement renflé 
_ vers son milieu, cylindrique et revêtu en 
dessus d’écailles ovales , plat et garni en 


= dessous de cent trente-six grandes plaques. 


L’anus a en devant une double plaque demi- 
circulaire. La queue cylindrique se termine 


1 


(1) Coluber crucifer; griseus , cum maculis obscuris 
et rhomboidæis suprà caput et collum in cruce dispo- 
sitis , lineäque dorsali fuscé ; caudé acutä :. 

Scutis abdom. 136. — Scutellis subcaud. 62 - 198. 

Kreutz natter. Bl. Merrem , Beytræge naturg. der 
amphib. in - 49, fase. 1, p.13, pl. 1. 


190 HISTOIRE 


en une pointe aiguë, et elle a en dessous 
soixante-deux, doubles plaques. 

La couleur est grise en dessus, d’un blanc 
jaunâtre en dessous : sur ie sommet de la 
tête on voit une grande tache alongée d’ur 
gris foncé, puis une moyenne derrière chaque 
œil , buis déux rhomboïdales derrière la 
se et‘une autre sur chaque côté de 
la tache rhomboïdale antérieure. Merrem 
prétend que ces diverses taches sont rangées 
en forme de croix dessus la tête et la partie 
antérieure du cou, et de la dernière tache 
part une bande brune prolorigee sur le dos 
jusqu’au bout de la queue. La gorge est 
tachetée de gris, et il y a un petit point gris 
à chaque extrémité des plaques transversales. 


Dinensions principales de cette couleuvre , selon 


Merrem. 
pouc. lign. 
Fénsnenr totale 4): Or} RS 
Bonsueur dela télé. +. . . +. » Se 
Lcecurde hi ie 2 2.0. D 2. 
Longueur du corps. . . . . . +: 6 2 
Circonférence du corps « + . « «+  » 7 
2 


Longueur de la queue. . . . . . 2 


DES COULEUVRES. 191 


mms 


LAUDCI OT L-EUU" VÉRVE 
D'OR A F5 


Lis indiens du Bengale désignent sous le 
nom de dora, selon Russel, une espèce de 
couleuvre innocente, qui a cenc trente-cinq 
grandes plaques sous le ventre, et soixante- 
treize doubles sous la queue. Sa tête est un 
peu. plus large que le cou , oblongue, obtuse, 
Jésèrement comprimée sur les côlés, et re- 
vêtue en dessus de neuf plaques disposées 
sur quatre rangées transversales. La bouche 
est assez fendue, avec des dents simples, 
aiguës, disposées sur les branches marsi- 
nales, plus larges en devant de la mâchoire 
inférieure, et sans crochets venimeux. Le 
corps est cylindrique, un peu plus gros vers 


(1) Coluber dora ; suprà obscurè fuscus macudlis 
subflavescentibus variegatus ,subtùs albido-flavescens; 
caudé acuté& +. 

Seutis abdom. 135. — Scutellis subcaud. 73 - 208. 

Dora. Russel, Hist. nat. of Coromand. et Indian 
serpents, in-folio, Supplem. p.6,n° 5, pl. v. 


= 


192 H:E1S T'ONRR'E 


son milieu, terminé par une queue pointue | 
et garni en dessus d’écailles ovales, carénées 
sur le dos, et lisses près des plaques trans- 
versales. 

La tête est d’une couleur dé boue, et le 
corps est beaucoup plus obscur, varié, et 
irrégulièrement bigarré de taches jaunâtres 
un peu ternies. Le dessous est au contraire 
d’un blanc jaunâtre. 


Dimensions principales de cette couleuvre, selon 
Russel. 
pieds. pouc. lignu. 
Eongueur totale: : 2 MTS) 220720 
Longueur de la queue . . . + . . » 7 6 
- Circonférence du con . . . . « . » 1 6 
Circonférence de l'endroit le plus 


SEUS AU CODE su à » je ee cc NU 


LE 


DES COULEUVRES. 195 


t 


Re 


LA COULEUVRE BALI 
où PLICATILE (i) 


Vore: une très - belle espèce qui existe 
dans beaucoup de collections d'histoire na- 
turelle, et qui n’est pas aussi bien connue 
qu’elle devroit être, puisqu’elle habite dans 
l'Amérique méridionale, et non dans les 
îles de T'ernate, comme ious les naturalistes 


(1) Coluber plicatilis ; suprà fuscus, subtus flavidus, 
punctis nigris in laté serie gemin& dorsali, in quadru- 
plici serie scutorum et in geminé serie scutellorum , 
_ cum squamis laterum nigris margine-albo ; caud& sub- 
acuté ferè —. | 

Scutis abd, 131. — Scutellis subcaud. 46 - 175 selon 

Linnæus. 
—— 155. —— 37-170 selon moi. 
—— 155. 48 - 183 selon Schneider. 

Coluber plicatilis. Lin. Syst. nat. — Amænit. acad. 
om. [, p. 3o1 ,n° 26. — Mus. Adolp. Frid. tom. 1], 
_ p. 25.— /dem. Gmelin, Syst. nat. p. 1088. — Cerastes 

pécatilis. Laurenti, Synops. rept. p. 81, n° 168. — 
. ÆElaps plicatilis. Schneider , Hist. nat. amph. fasc. 2 


2 9 : 


p- 294. — Bali-salan - boekié. Seba, Thes. tom. }, 
pl. zvu, fig. 5. — Le bali. Daubenton , Dict. erpét. 
Æncycl. méthod. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. des 


Reptiles. Tous VII. AN 


194 HISTOIRE 

l'ont cependant prétendu jusqu’à présents 
d’après le témoignage de Seba. J'ai vu cet 
ophidien bien conservé dans la collection des 
reptiles de Surinam que possède Levaillant, 
et 1l a été décrit avec exactitude par la 
plupart des auteurs qui en ont fait mention. 

La couleuvre bali, ainsi appelée par Dau- 
benton, parce que les habitans de Ternate, 
suivant Seba , la nomment £ali-salan-boekik, 
ressemble par sa forme à un certain nombre 
de couleuvres d'Amérique, entre autres aux 
couleuvres nébuleuse , blanche, etc. 

La têle est ovale, presque triangulaire ; 
déprimée et revêtue de neuf grandes plaques 
en dessus, comprimée sur les côtés, avec 
le museau aminci; les lèvres sont bordées 
de sept à huit plaques sur chaque bord, et 
sous la gorge il y a un sillon longitudinal 
entre trois paires de plaques oblongues. Les 
dents sont simples, petites, aiguës, placées 
sur les branches marginales et palatales des 


reptiles ,in-12, tom. I,p. 371 ,pl. 1x , fig. 1. — La 
couleuvre bali. Latreille, Hist. nat. des reptiles, 
in - 18, tom. IV, p.09. — Der wickeler. Muller, Lin. 
naturf. — Die wickelnatter. Meidins, Nomenk]. — 
Ketten-natter. B1. Merrem, Beyiræge zur naturg. der 
amph. in-49, fase. 2 , p.28, pl. v. — Serpens éæniolis 
ét catenulis ornata. Seba , Thes.tom.1, pl. cx, fig. ze 


DES COULEUVRES. 405 


machoires. Le corps est en avant presque 
aussi large que la tête; il s’épasssit ensuite 
légèrement vers son milieu, et il est terminé 
par une queue dont la pointe.est à peine 
obtuse; sa forme est cylindrique. Toutes 
les écailles sont lisses, de moyenne grandeur , 
rhomboïdales, presque hexagones, un peu 
plus larges que longues. 

Cette couleuvre n'est pas remarquable 
par la beauté de ses couleurs, mais plutôt 
par l’extrème régularité de leurs dispositions. 
Son dos brun uniforme est marqué dans 
toute son étendue, depuis le sommet de la 
tête jusques vers le bout de la queue, de 
deux rangées de points noirs très- écartés : 
sur chaque flanc il y a trois rangées d’écailles 
noirâtres , bordées de blanc, à leur partie 
postérieure. Le dessous de celte couleuvre 
est entièrement d’un blanc jaunâtre, avec 
des rangées longitudinales de points noirs 
trés-rapprochés, au nombre de deux rangées 
sous la gorge et le cou, de quatre sous le 
ventre, puis de deux sous la queue. Toutes 
les plaques transversales sont ponctuées, au. 
nombre de cent trente-cinq à cent trente- 
une grandes sous le corps, et de quarante- 
huit à trente-sept doubles sous la queue. 


N 2 


à9 HISTOIRE à 


‘ Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem. 


ER : pieds poac. lign. 
Lonsueur totale... 4/7 4 2 120 ur ur 
Longueur dé er 7 à I » 

C?Æérseur deMaftétets 1,1, PSE CE 
-': Longueur du corps. .. . . 1: 
: Circonférence du-corps . .. . » 


OX D OX 
ON OI A 


Longueur de la queue. . . +: ». 


La couleuvre bali n’existant pas dans 
inde , et. n'étant d’ailleurs pas venimeuse, 
Seba a eu tort d'y rapporter le serpent 
montagnard (1) trouvé par Basile Valentin 

a Amboine, qui tient la tête élevée pour 
être prèt à blesser mortellement les animaux 
qui passent auprès de lui, et dont la queue 
communique du venin comme celle des 
scorpions. Celte asserlion de Valentin est 
trop absurde pour mériter d’être réfulée. 
Il ya, dans la galerie du museum d’his- 
toire natui relle de Paris, une couleuvre bali 
qui à, suivant ER , Jusqu'à six, pieds 
six pouces de longueur; celles que j’ai vues 
n’avoient au plus que trois pieds. 
Ho ee en lt neutre RE 

(1) 8. Valentin, Hist. anim, Amb. tom, II, p. 290. 


1 
LE | 


DES COULEUVRES. ig7 


& | 


LA COULEUVRE 
M BIX TO A IN E (1 


Le seul ca ractère que Linnæus a donné 
à cet ophidien, n’est pris que du nombre 
des écailles ou plaques qui sont dessous le 
corps et la queue; mais ce naturaliste n’a 
rien dit des couleurs ni de la taille. Les 
premières plaques, c'est-à-dire, les grandes 
sont au nombre de cent trente - quatre, et 
les paires de plaques sous - caudales vont à 
soixante-dix-sept. | 
J'ai observé, dans le cabinet de reptiles 


(1) Coluber mexicanus ; supra fuscescens annulis 
distantibus griseis, subius albescente pallidus ; caudà 
acuté circà = 

Soutis über 154. — Scuteilis subcard..s7 -21i ne 

; Linnæns. 
—— 131. —— 75 - 206 selon moi. 

Coluber mexicanus. Lin. Syst. nat.—7dem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1097. — Le mexicain. Daubenton, Dict. 

_erpèt. Encycl. méthod. — Za mexicaine. Lacépède, 
Hist. nat. des serpens , in-12, tom. Il, p.93. — La 
couleuvre mexicaine. Latreille , Hist. nat. des reptiles, 
in-19 , tom. IV, p. 176, 


IN 53 


299 ‘“'HESMOTMR ECC 


apportés de Surinam par Levaillant, uné 
espèce de couleuvre qui paroït voisine de 
la mexicaine, au moins par le nombre: de 
ses plaques ; elle a de moins que la précé- 
dente trois plaques abdominales et deux 
sous-caudales. Par sa longueur et par sa 
forme, elle est voisine de la couleuvre lisse; 
sa queue est seulement un - plus longue 
par rapport, au corps. Quant à sa couleur, 
elle est variée d’ anneaux étroits et gris, peu 
apparens, écartés et disposés sur un fond 
brunâtre, avec le dessous de tout le corps 
plus pâle. On pourroit soupconner que la 
couleuvre mexicaine des auteurs cités est 
synonyme de cette couleuvre de Surinam, 
d'autant plus qu’elles vivent l’une et l’autre 
dans l'Amérique méridionale. Les écailles 
sont lisses, presque ovales, imbriquées. La 
longueur totale est d'environ un pied et 
demi, et la queue occupe à peu près la 
cinquième partie de cette dimension. 


DES COULEUVRES. 98 


LE 0 


LA COULEUVRE LUTRIX (1). 


Lirxwaus est le seul naturaliste qui ait 
observé cette couleuvre, et la description 
qu'il en donne est trop courte, car il ne fait 
mention ni de la taille ni de la forme des 
écailles ; il paroît même indécis sur sa vraie 
patrie, en disant qu’elle vit dans l'Amérique 
méridionale et dans l’Inde. Il nous apprend 
seulement que sa couleur est jaune, avec 
les flancs bleuâtres, et qu’elle a cent soixante- 
une plaques transversales, savoir, cent trente- 
quatre sous le ventre, et vingt-sept doubles 
sous la queue. | 

Daubenton et Lacépède ont conservé 
le nom de lutrix à cette espèce d’ophidien ; 
mais ils n’ont rien ajouté à son histoire, et 
je ne lai trouvé dans aucune collection. 

(1) Coluber lutrix ; flavus a4 latera cϾrulescens ; 
ceaudä.... 

Scutis abdom. 154.— Scutellis subcaud. 27 - 161. 

Coluber lutrix. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin ; 
Syst. nat. p. 1086. — Le lutrix. Daubenton, Dict. 
erpét. encycl. méth. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens ,in-12 , tom. I, p. 370. — La coulenvre 
lutrix. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 


tom. IV, p. 143. 
N 4 


g00 HISTOIRE 


ee 


L'A::C. O DOL'E U VE 


S /FRMLIA DIU LL Ë E/ (0: 


Liixnrus a le premier ‘fait connoitre 
cette petite espèce d’après Garden, et il lui a 
indiqué cent vingt-six à cent trente grandes 
plaques abdominales, et vingt-cinq à qua- 
rante-cinq doubles sous la queue. 


(1) Coluber striatulus ; suprà pallidè fuscus unicolor 
émmaculatus et striatus, subis griseo albidus ; caudé 


acui& +. 
_ Scutis abdom. 152. — Scutellis subcaud. 32 - 164. 
—— 126 —— 45-171 selon Linnæus. 
150. —— 25 - 155 selon le mème. 


Coluber striatulus. Lan. Syst. nat.— [dem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1087. — Le strié. Daubenton, Dict. 
erpét. Encycl. méthod. — Za striée. Lacépède , Hist. 
nat. des serpens ,in-12, tom. IT, p. 72. — La cou- 
leuvre striatulée. Latreille, Hist. nat. des reptiles, 
in-18, tom. IV, p. 84, fig. 2. — Coluber striatulus. 
Bosc, Note manuscrite communiquée. | 

Nota. La couleuvre à stries décrite par Latreille \ 
d’après Bosc, est nommée couleuvre sillonnée dans ce 
volume, pour qu’on ne puisse pas la éonfondre ayea 
la striatulée, | 


DES COULEUVRES. z2or 


Bosc a trouvé la couleuvre striatulée dans 
les grands bois de la Caroline , sous les écorces 
des arbres. 

La tète est ovale, couverte de neufplaques, 
un peu courbée, d’un brun clair, ainsi que le 
dessus du corps, avec les écailles rhombot- 
dales et très-carénées, de manière à former 
des stries longitudinales. Les plaques trans- 
versales sont d’un gris blanchâtre, au nombre 
de cent trente-deux grandes sous le corps, 
et de trente-deux doubles sous la queue. 


Dimensions principales de cette couleuvre, selon Bosc. 


pouc. lign. 
Ponsueur iofales : +. w 4 où 
Parseur du corps 4... 1 » 


Lonsueur de laiqueue. + . -, e . 21 


Lacépède soupçonne que la couleuvre à 
ventre couleur de cuivre rouge, figurée 
par Catesby planche xLvr, est la même 
que celle-ci; c’est au contraire un synonyme 
de la MIeEcre sillonnée. 


202 HA TS MMNOPFR E 


LA: CO UAL'E U'V'REE 


DÜUBERRIE (4). 


SCHNEIDER a rangé parmi ses élaps cette 
couleuvre innocente dont il a observé plu- 
sieurs individus, et qu'il a trouvée repré- 
sentée dans l’ouvrage de Seba, tome IE, 
planche 1, fig. 6, sous le nom de duberne 
de Ceilan. Selon Seba, le dos et la queue 
sont ornés d’une large bande bleue, réticulée, 
marquée de points roux dans son milieu, 
avec les écailles des flancs brunes, et les 
plaques du ventre cendrées, teintes de jau- 
nâire. L’individu que Schneider a vu dans 
la collection de feu Bloch n’avoit pas la 


— 


= 


(1) Coluber duberria ; suprà ex cinereo cærulescens, 
cum puncéis atris in serie intermediä squamarum dor- 
salium , lateribus fuscis , et abdomine in medio albi- 
cante ; caudé subacut& brevi.... 

Scutis abdom. 129. — Scutellis subcaud, 30 - 159. 

Elaps duberria. Schneider , Hist. amphib. fasc. 2, 
P. 297. — Æydra zeylanicæ, duberria dicta. Seba, 
Thes, tom. 11, pl.1, fig. 6. —Coluber duberria. Klein, 
T'ent. berpet. p.31,0° 53. 


DES COULEUVRES. 203 


bande du dos bleue, mais d’un gris blan- 
châtre, avec le ventre blanchâtre sur son 
milieu, et teint aux deux extrémités de 
ses cent vingt-neuf plaques transversales 
d’un brun effacé, de même que les quatre 
rangées d’écailles les plus voisines. Outre 
ces rangées d'écailles, 1l y en avoit sept 
autres sur le dos , dont une intermédiaire 
à chaque écaille marquée d’un point brun. 
Il a compté sous la queue trente doubles 
plaques. 

Une autre couleuvre duberrie placée dans 
la collection de Lampi, étoit assez grande, 
d’un cendré bleuâtre marqué de points noi- 
râtres en dessus, avec cinq rangées d’écailles 
_bleuâtres, noires à leur base, et variées de 
blanc sur chaque flanc. Toutes les plaques 
du ventre étoient d’un blanc jaunâtre, mar- 
quées d’une sirie noire à leurs deux ex- 
trémités. 

Cette couleuvre n’est évidemment pas la 
mème que celle à ventre étroit, décrite par 
Merrem, parce que les plaques abdominales 
de cette dernière sont beaucoup plus courtes 
et moins nombreuses. C’est donc par erreur 
que Merrem a regardé comme variété de 
sa couleuvre la duberrie de Ceilan, dont 
je viens de faire mention d’après Seba, 


20/4 HISTOIRE 


LA TC OUE'E. UNE 
SILLONNÉE (à). 


Ce TTE espèce nouvelle, assez commune 
en Caroline dès les premiers jours du prin- 
temns, a élé découverte par Bosc. Sa longueur 
totale est de deux pieds, et sa queue occupe 
sept pouces et demi; la circonférence du 
corps est d’un pouce six lignes. 

Fa couleur est brune en dessus, parsemée 
cà et là de taches plus foncées , avec des fas- 
cies rougeâtres peu apparentes sur les flancs, 


(1) Coluber porcatus ; suprà fuscus maculis sparsis 
obseuris , cum fasciis rubellis in utroque latere , eë 
abdomine atbido rufis maculis ; caudé acut& circà +. 

Scutis abdom. 128.— Scutellis subcaud. 68 - 196. 

La couleuvre à ‘stries. Latreille, Hist. nat. des 
reptiles, in-18 , tom. IV, p. 82, fig. 1.— Coluber por- 
catus. Bose, Note manuscrite communiquée. — 
Copper - belly snake. Catesby, Hist. nat. of Carol. 
tom. IT, pl. xevr. è 

Nota. F'ai changé le nom que Tatreille a donné 
récemment à cette espèce , pour la mieux distinguer 
de Îa coulenuvre striatulée décrite précédemment 
d’après Bssc, et nommée /a striée par Lacépède, 


DES COULEUVRES. 205 


“et qui disparoiïssent ensuite. Le dessous est 
blanchâtre tacheté de rouge, chaque plaque 
étant marquée à sa base de deux taches 
presque triangulaires , tantôt au milieu, 
et tantôt sur ses bouts; et ces derniëéres, 
placées le plus souvent de quatre en quatre 
plaques, donnent naissance aux fascies ou 
bandes latérales. Le corps a une forme cylin- 
drique, et sa queue très-amincie a sa cou- 
leur blanche et ses taches rouges moins 
distinctes. 

La tête est large, ovale, déprimée , garnie 
de neuf plaques en dessus, sur ses côtés 
de plaques labiales päles bordées de brun, 
avec des dents placées sur les branches mar- 
ginales et palatales des mâchoires : les dents 
marginales, en avant de la mâchoire supé- 
 rieure, sont plus alongées que les autres, 
et les palatales au contraire sont plus courtes. 
Les écailles sont rhomboïdales, imbriquées 
et carénées de manière à former des stries 
très-apparentes. Il y a cent vingt-huit plaques 
abdominales, et soixante-huit doubles sous- 
caudales. 

_ La couleuvre sillonnée vit près des eaux, 
sy nourrit de”grenouilles et de poissons : 
quoiqu'on la croie venimeuse, elle ne 
cherche pas à mordre et n’a pas de crochets 


. 


206 HISTOZRE 

ni de vésicule à venin. En été son ventre 
est quelquefois brun ou rougeâtre uniforme ; 
les taches du dos se confondent aussi avec 
la couleur principale. 

Je crois qu'il faut rapporter ici, et non 
à la couleuvre striatulée, comme la cepen- 
dant pensé Lacépède, la couleuvre à ventre 
couleur de cuivre rouge, décrite par Catesby 
planche xLvr. Sa longueur égale quelquefois 
celle d’un crotale de moyenne taille. Elle 
est brune, avec son ventre d’un rouge foncé 
un peu cuivré. On la voit près des eaux, où 
elle prend vraisemblablement des poissons: 
elle chasse aussi aux oiseaux, et sintroduit 
lorsqu'elle le peut dans les basse-cours pour 
y manger les œufs et les pelits poulets. 


DES COULEUVRES. 07 


__ 


LA COULEUVRE TÉTRAGONE (1). 


Lrouvracr publié par mon collègue 
Laireiile sur les salamandres, présente au 
tommencement un tableau de tous les rep- 
tiles qui habitent dans les diverses contrées 
de la France ; on y voit entre autres l’in- 
dication et la phrase spécifique d’une nou- 
velle espèce de couleuvre qu’il a surnommée 
tétragone. Il l'a ensuite décrite plus en détail 
dans son important ouvrage sur l’histoire 
naturelle des reptiles, et l'a placée après la 
couleuvre lisse. 

L'individu, qu'il a observé dans la collec- 
tion du museum d'histoire naturelle de 
Paris, a dix pouces de longueur totale; 


(1) Coluber tetragonus ; lœvis , lucidus , griseo- 
viridescens aut cinereus, line& dorsali intermediä& 
punctorum nigrorum ; abdomine flavescente cum line& 
alterä punctorum nisrorum in utroque latere ; caudä +? 

Scutis abd. 126 aut128.—Scutellis subcaud. 4o-166 

aut 168. 

Couleuvre tétragone. Yatreille, Tableau des reptiles 
indigènes , au commencement de son histoire des sala- 
mandres de France. — dem. Latreille, Hist. des 
reptiles, in-18 , tom. IV, p. 97. 


2O8 HISTOIRE 


mais il est à croire qu'on doit en trouver 
de plus grands. R 

La couleuvre tétragone est très - lisse, 
luisante, d’une forme tétragone, et assez 
semblable par ses couleurs à la couleuvre 
à quatre raies et à l’orvet commun. Le dos 
est d’un gris verdâtre ou cendré, marqué 
sur son milieu par une ligne longitudinale 
de points noirs ; les côtés du cou, du corps 
et de la queue sont d’un gris roussâtre. Le 
dessous de cet animal est jaunâtre avec un 
rang longitudinal de points noirs sur chaque 
côté. Il y a cent vingt-six à cent vingt-huit 
plaques abdominales, et quarante doubles 
sous-caudales. 

Il paroît, suivant le témoignage du savant 
naturaliste qui a publié cette description, 
que la couleuvre tétragone habite dans 
quelques contrées de la France. Je dois 
observer ici que la forme du corps de cet 
ophidien ne lui est pas réellement particu- 
lière ; car il y a des couleuvres et des orvets 
qui sont plutôt tétragones que cylindriques. 

La couleuvre tétragone n’est nullement 
nuisible; et quoiqu’elle soit assez différente 
de la couieuvre provençale, cependant elle 
en est un peu voisine par le nombre de ses 
plaques et de ses doubles plaques. 


LA 


DES COULEUVRES. 209 


ee 


PA" C OU L'E UV EE 


ANCULEUSÉE 


{a couteuvre anguleuse qui habite dans 
l'Amérique méridionale, principalement à 
Surinam, et non dans l’Asie, comme la 


(1) Coluber angulatus ; suprà obscurè griseus, subis 
albus cum fasciis circà 56 , latioribus et contiguis 
suprà dorsum, alternatimque in medio abdominis et 
caudæ productis ; caudé acuté , apice subcalcaraté , 
ulkra =. 

Soutis abd. 117. —- Scutellis suboaud. 70 - 187 selon 

Linnæus. 
==—— 120. —— 66 - 180 selon le même. 
—— 124. —— 60-184 selon le même. 
—— 120 —— 50-170 selon le même. 
—— 117  —— 70 - 187 selon moi. 

—— 120. —— 68 - 188 selon moi. 
—— 119. —— 74-105 selon Gronovius. 
—— 129. —— 75-200 selon le même. 
—— 117 77 -H9A4selon W eisel, 
AR —— 170. —— 42-212? selon le même. 
o——— 515  —— 71 - 186 selon Merrem. 

Coluber angulatus. Tin. Syst. nat. — Amæn. acad. 

amphib. Gyllenborg. tom. 1, p. 119, n° 9.— Mus. 


Reptiles, Tome VIT. 0 


210 HISTOIRE 


cependant cru Linnæus. est sujette à varier 
dans le nombre de ses plaques transversales, 
qui va de cent quinze à cent vingt-cinq 
grandes sous le ventre, et de cinquante à 
soixante - dix-sept doubles sous la queue. 
Par la forme de la tête et du corps elle 
ressemble beaucoup aux couleuvres blanche 
et bali; elle n’en diffère seulement que par 
ses écailles carénées sur le dos, par sa cou- 
leur obscure en dessus, blanche en dessous, 
et par environ trente-six bandes noires très- 
larges et très-rapprochées sur le dos, plus 
étroites sur les flancs, et prolongées jusques 
sur le nulieu des plaques transversales en 
sens presque toujours alternes, de telle 
manière que ces plaques paroissent d’abord 
avoir été coupées en deux sous toute la 
longueur de l'animal. Ces bandes sont quel- 


Adolph. Frid. tom. 1, p.25, pl. xv, fig. 1. — Idem. 
Gmelin, Syst. nat. p. 1093. — Weigel , Abb. der hall. 
naturf. gesch. tom. I, p. 14, n°° 4, 5. — Seba , Thes. 
tom. II, pl. cxxui, fig. 1. — Æckigte natter. Merrem, 
Beytræge zur naturg. der amphib. in-4°, fasc. 2, p.32, 
pl. vr.— L’anguleux. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. 
méthod. — L’anguleuse. Lacépède , Histoire nat. des 
serpens, in-12 , tom. I , p. 405. — La couleuvre 
anguleuse. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-16; 


tom, IV ,p. 75. 


DES COULEUVRES. 211 


quefois un peu moins foncées dans leur 
centre. 

Le corps et la queue sont cylindriques, et 
celle-ci est amincie, terminée en pointe et 
munie à son extrémité d’un petit ergot corné. 
Les nègres de Surinam redoutent beaucoup 
cette couleuvre innocente qu’ils confondent 
avec une espèce de vipère, et qu’ils appellent 
ouroucoucou, de mème que plusieurs autres 
couleuvres qui leur paroissent suspectes, 
seulement à cause de leurs couleurs sombres. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem, 


pieds. pouc. lign. 
Longüeur totale 4.8, Ji RUB UR 


Longueur de la tête :.. +. »,15» 9 
Larseur de la tète. , : on» 5 
Longueur du corps + .« « + . D 10 11 


le 5h sp 


m 
BR 


Circonférence du corps . . . » 2 
Longueur de la queue . . . . » 5 6 


Il y a dans la collection de Levaillant une 


couleuvre anguleuse, qui a environ deux 
pieds et demi de longueur totale. 


O 2 


212 HISTOIRE 


LA COULEUVRE 


CAMUSE Q) 


Gares a découvert dans la Caroline 
cette espèce de couleuvre dont la tête est 
arrondie, bombée, avec le museau obtus et 
camus , et dont les plaques transversales 
sont au nombre de cent vingt-quatre grandes 
sous le corps, et de quarante-six doubles 
sous la queue. 

On voit une petite bande noire et courbe 
entre les yeux, avec une croix blanchâtre 


(1) Coluber simus ; capite simo , cum fasciolé nigr4 
curvatà inter oculos et cruce albid& medio punctaté in 
sertice , corpore nigro et quasi suprà albo fasciato ; 
caudä.... 

Scutis abdom. 124. — Scutellis subcaud. 46 - 170. 

Coluber simus. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1086. — Le camus. Daubenton Dict. 
erpét. Encycl. méth. — La camuse. Lacépède , Hist. 
nat. des serpens, in-12, tom. II, p.71. — La couleuvre 
camuse. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 


tom. 1V , p. 169. 


DES: COULEUVRES. 213 
marquée dans son milieu d’un point noir 
sur le sommet de la tête. Le corps est varié 
en dessus de blanc et de noir, et comme 
fascié de blanchâtre ; sa couleur est noire 
en dessous. 

Cette espèce me paroît avoir beaucoup 
de rapports avec la couleuvre hétérodon, 
qui vit aussi dans les Etats - Unis d’Amé- 
rique. 


O 3 


214 HISTOIRE: 


APC'O DL EU VE 
RÉMDÉE (1 


Cr TE Couleuvre est une espèce des 
Indes entièrement blanche, selon Linnæus, 
ou qui a sans doute été décolorée, et qui est 
munie en dessous de cent vingt-une grandes 
plaques abdominales, et de cinquante-huit 
doubles sous-caudales. Lacépède la regarde 
comme très-voisine de la blanche, dont elle 
ne paroîit différer que par le nombre de 
ses plaques : elle a moins de grandes plaques 
et plus de doubles. 


(5) Coluber alidras; totus albus ; caudä.... 

Scutis abdom. 121. — Scutellis subcaud. 58 - 179. 

Coluber alidras. Tin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1088. — L’alidre. Daubenton, Dict. 
ernét. Encycl. méth.— Idem. Lacépède, Hist. nat. 
des serpens , in-12, tom. I, p. 4o1.— £a couleuvre 
alidre. Latreille, Hist, nat. des reptiles, in-18, 
tom. IV, p. 147. | 


DES COULEUVRES. a15 


ae 


LA COULEUVRE CYANÉE, 
O U 


LA VERTE er BLEUE (1). 


Carre espèce a beaucoup de rapports 
par sa forme avec la couleuvre boïiga, et 
n’est pas moins élégamment ornée. Elle est. 
en dessus d’un beau bleu foncé, sans aucune 
sorte de taches, et le dessous est d’un verd 
pâle. Ses écailles du dos sont ovales, presque 
hexagones et lisses. Elle a cent dix-neuf 


(1) Coluber cyaneus ; suprà cyaneus immaculatus , 
subtüs pallidè-viridis ; caudé =. 

Scutis abdom. 119.— Scutellis subcaud. 110 - 229. 

Coluber cyaneus. Lin. Syst. nat. — Amaæn. acad. 
Surinam. Grill. 10. — Zdem. Gmel. Syst. nat. p. 1100. 
— Seba ,Thes. tom. IT, pl. x, fg.2.— Le verd et 
bleu. Daubenton , Dict. erpét. Encycl. méthod. — Za 
verte et bleue, Lacépède , Hist. des serpens ,in-12, 
_ tom. IT, p. 97.—La couleuvre verte et bleue. Latreille, 
Hist, nat. des reptiles, in-18 , tom. IV , p. 127. 

0 4 


216 HISTOIRE 


grandes plaques sous le ventre, et cent dix 
doubles sous la queue. Le dessus de la tête 
est couvert de neuf grandes plaques lisses. 

La longueur totale est de deux pieds , et 
la queue a elle seule six pouces, ce qui a. 
le quart de cette longueur. 

La couleuvre cyanée habite en Amérique ; 
sur-tout dans la colonie de Surinam , selon 
Linnæus, qui lui rapporte comme synonyme 
la couleuvre figurée par Seba (Thes. t. II, 
planche xzxrr, fig. 2). 


DES COULEUVRES. 217 


LA CO UE EU VYRE 
TACHETÉE (). 


Ox trouve dans la Louisiane cette espèce 
de couleuvre que Lacépède a décrite dans 
son ouvrage sur les serpens, d’après un 
individu long de deux pieds, qui est placé 
dans la galerie du museum d’histoire natu- 
relle de Paris. Elle est blanchâtre en dessus 
avec de grandes taches en losanges plus ou 
moins régulières et rougeâtres , bordées 
d’une couleur très-foncée noirâtre : il y a 
souvent depuis le cou jusqu’au quart de la 


(1) Coluber maculatus ; suprà albescens maculis 
rhombeis subrufis atro marginatis in duplici serie 
dorsali, subtüs albidus lœviter maculatus ; caud& 
circàa +. 

Seutis abdom. 119.— Scutellis subeaud. 70 - 189. 

La tachetée. Lacépède , Hist. nat. des serpens, 
in-12, tom. IT, p. 128. — La couleuvre tachetée. 
Latreille, Hist. nat. des reptiles, in -18 , tom. IV, 
p. 75. — Le serpent de bled, Catesby, Hist. nat- of 


Carol. tom. IE, pl. zv. 


218 HISTOIRE 


longueur du corps, une double rangée de 
ces taches placées de manière à former une 
raie en Zig-Zag; le ventre est blanchâtre, 
et souvent tacheté. 

Elle est innocente, couverte de neuf 
plaques sur la tête, revêtue sur le corps 
d’écailles carénées, hexagones, et en dessous 
de plaques transversales au nombre de cent 
dix-neuf grandes abdominales, et de soixante- 
dx doubles sous la queue, qui est longue de 
cinq pouces quatre lignes. 

Lacépède paroît regarder le serpent de 
blé, qui vit en Virginie et en Caroline, 
selon Catesby, comme le même reptile que 
la couleuyre tachetée. : 


DES COULEUVRES. 219 


PA COULELUVRES 
DES DAMES (1) 


OO» trouve, dans l’Inde , sur la côte de 
Malabar, selon Seba, cette petite espèce 
innocente qui me paroît très- voisine des 
couleuvres iphise, à bandes noires, etc., 
par la forme de sa tête et de son corps, 
par la figure de ses écailles, et même par la 
disposition de ses couleurs. Elle est blanche, 
avec des bandes noirâtres qui se prolongent 
en dessous sur les plaques, où elles se réu- 
nissent. | 


(1) Coluber domicella ; albus , fasciis nigricantibus 
subtüs concurrentibus ; caudé.... 

Scutis abdom. 118.— Scutellis subcaud. 60 - 178. 

Coluber domicella. Lin. Syst. nat. — Idem. Amæn. 
acad. tom. Ï, p. 117, n° 5.— Jdem. Gmelin, Syst. 
nat. p. 1088. — Seba , Thes. tom. II, pl. iv, fig. 1, 
— Le serpent des dames. Daubenton, Dict. erpét. 
Encycl. méth. — La couleuvre des dames. Lacépède, 
Hist. nat. des serpens, in-12, tom. I, p. 574. — 
Idem. Tatreille , Hist. nat. des reptiles , in-18, 
tom. IV, p. 143. 


220 HISTOIRE 

Linnæus a compté cent dix-huit grandes 
plaques sous le ventre, et soixante doubles 
sous-caudales. 

La couleuvre des dames est ainsi nommée, 
parce qu’on a cru, d’après Seba, que les 
femmes du Malabar se plaisent à la réchauffer 
dans leur sein, à lui rendre caresse pour 
caresse ; mais celte opinion me paroit in- 
vraisemblable ; je crois même que cet ophi- 
dien n’habite pas dans l’Inde, mais dans 
VAmérique méridionale. 


DES COULEUVRES. oa1 


LA COULEUVRE 


À VENTRE ÉTROIT (a). 


B:. Merrem a figuré, au commencement 
de son ouvrage sur les serpens, cette nou- 
velle espèce assez voisine de la couleuvre 
janthine par sa forme, et de la couleuvre 
duberrie par ses couleurs. F 

Sa tête ovale, légèrement obtuse et ar- 
rondie en devant, déprimée et couverte de 
neuf plaques en dessus, et de six alongées 
en dessous, est un peu plus large que le 
cou, avec des dents simples sur les branches 
marginales et palatales. Le cou, le corps 
et la queue sont assez amincis, de forme 
cylindrique en dessus ou aplatie en dessous, 
avec les plaques transversales courtes , au 
nombre de cent dix-sept grandes abdomi- 


(1) Coluber arctiventris ; suprà pallidè fuscus , late- 
ribus atro - ferrugineis , subtüs albescente flavidus ; 
caud& sub-acuté = et ultrà. 

Scutis abdom. 117. — Scutellis subcaud. 38 - 155. 

Schmahibauchigte natter. Bl. Merrem, Beytræge 
naturs. der amphib. in-4, fasc. 1 , p.7, pl. 1. — 
Seba, Thes. tom. IX, pl, zxxxvi, fig. 5. 


222 HISTOIRE 


nales , et trente-huit doubles sous-caudales. 
Les écailles sont lisses, hexagones , oblongues. 

Le dessus est d’un brun assez clair, tirant 
sur la couleur chocolat, avec les côtés d’un 
gris de fer bleuâtre plus foncé, et le ventre 
étroit d’un beau jaune clair. La queue oc- 
cupe un peu plus du quart de la longueur 
totale, et son extrémité est amincief un peu 
obtuse. 

11 ne faut pas confondre celte espèce 
d’ophidien avec la couleuvre duberrie pré- 
cédemment décrite, quoique Merrem les 
ait regardées comme deux variétés. Schneider 
rapporte à la figure donnée par Merrem la 
couleuvre à plaques transversales blanches 
et courtes, représentée par Seba, tome If, 
planche Lxxxvi, fig. 5, et la peinture n° 66 
du museum de Linck, où les plaques sont 
d’un blanc ochracé en dessous, avec les 
flancs cendrés. 


Dimensions de cette couleuvre , selon Merrem. 


pouc, lign.. 
Longueur totale .. + . + . + + +. Q 11 
Lousneur des 1ète 4e D 


Earseunde laiête: (4.0.1. sn DR DE 
Longueur du:cerps:. 2 RCE 
2 


Longueur de la queue . . 3 


DES P I'ATIUIRNE.S. 225 


PRÉIZIÉÈME GENRE 


PLATURE; plalurus. 


Corps long, cylindrique: queue très- 
aplate : de grandes plaques peu nombreuses 
(neuf environ) dessous la tête; des écailles 
nombreuses dessus le corps et la queue : 
des plaques entières sous le ventre, et des 
doubles plaques sous la queue, qui est ter- 
minée par une ou deux grandes écailles : 
anus simple , transversal et sans ergots. 
Langue longue, extensible et fourchue. 

Dents aiguës : des crochets venimeux en 
devant de la mâchoire supérieure. 


Les ophidiens que nous avons observés 
jusqu’à présent dans cet ouvrage, ont tous 
la queue entièrement cylindrique, ou cylin- 
drique en dessus et comprimée sur les côtés 
et en dessous : ils diffèrent donc de ce nou- 
veau genre dont la queue est large, aplatie 
comme celle des enhydres, des pélamides 
et des hydrophis. Les platures ont, indépen- 
damment de leur queue plate, des crochets 


224 HISTOIRE 


venimeux, selon Lacépède, Schneider et 
Gray, ce qui doit servir à les distinguer 
des enhydres qui en sont dépourvus, et 
avec lesquels ils ont d’ailleurs de grands 
rapports. Le plature, qui est le mieux connu 
des naturalistes, a été rangé par Linnæus 
et par Lacépède dans le genre des cou- 
leuvres, sous le nom de couleuvre à queue 
plate ( coluber laticaudatus ) : il a été mis par 
Laurenti dans un genre particulier qu’il a 
nommé large queue (/aticauda) (1), et dans 
lequel il a placé deux espèces très-distinctes, 
regardées à tord par Gmelin comme deux 
variétés l’une de l’autre : la seconde, ayant 
même été très-incomplettement décrite par 
Laurenti, mériteroit sans doute d’être ré- 
formée. 

Les platures ont la langue longue, exten- 
sible et fourchue : leurs dents sont courtes 
et pointues; et les crochets venimeux sont 
ordinairement au nombre de deux en devant 
de chaque branche marginale de la mâchoire 
supérieure : le crochet postérieur est un 
peu plus court que l’autre, plus mobile, 
et paroît destiné à remplacer le premier 


(:) Voyez ses caractères, tome I de cet ouvrage, 


page 314. | 
lorsqu'il 


DES P LA T'U"EMES. 925 


lorsqu'il vient à tomber , de même que dans 
les autres ophidiens venimeux. On peut 
donc regarder les platures comme des vipères 
à queue plate; ils sont aux couleuvres ce 
que les hydrophis sont par rapport aux 
orvels. Je crois qu'ils vivent dans l’eau, et 
qu'ils vont aussi sur les rivages. 

ne faut pas confondre avec les platures 
l'orvet plature, que je décrirai dans cet 
ouvrage sous le nom de pélarmide bicolore, 
dont la queue n’est pas déprimée en dessus, 
mais comprimée latéralement vers sa base, 
et dont les mâchoires sont dépourvues de 
dents, selon Lacépède. 


Reptiles. Tomz VIEIL. P 


226 HISTOIRE 


LE PLATURE FASCIÉ (1) 


PL LXXXV, fig. 1. ri 


L: plature fascié, qui est nommé coz- 
leuvre large queue par quelques naturalistes 
d'après Linnæus , habite dans les Indes 


(r) Platurus fasciaëus ; colore cinereo aut plumbeo, 
cum fasciis fuscis corpus cingentibus ; caud& depressé, 
= | 
apice scutaté ;. 
Scutis abd. 220.—Scutellis subcaud. 42 - 262 selon 


Linnæus. 
—— 220. —— 38 - 258 selon le même. 
—— 220. —— 42 - 268 selon Lacépède. 
—— 220. —— 5 - 265 selon Schneider. 


216. 32 - 248 selon Thunbersg. 

Coluber laticaudatus. Lan. Syst. nat. — Mus. Adolp. 
Frid. tom. !, p.51, pl. xvr, fig. 1. — 7dem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1107. — Laticauda scutata. Taurenti , 
Synops. rept. p. 109, n° 240. — Le serpent large-queue. 
Daubenton, Dict. erpét. Encyc. méthod. — La queue 
plate. Lacépède, Hist. nat. des serp. in-12, tom. I, 
p. 591. — La plature fasciée. Latreille, Hist. nat. 
des reptiles ,in-18, tom. IV, p. 185; tom. INT, p. 186, 
fig. 5. — Coluber laticaudatus. Gray , Phil. transact. 
— Idem.'Thunberg, Dissert. 1; Mus. nat. acad. Upsal, 
1787, p.11. — Hydrus colubrinus. Schneider , Hist. 
_ nat. amph. in-8°, fasc. 1, p.258, n°1. 


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1. PLATURE FASCIE. 
2.ERIX TURC vx en dessu, 


De S'ere del. ZBRacrne d. 


D. Vu el WlSSOU, 


DES PLATURES. 227 
orientales et jusqu’auprès des rivages de 
île Tongatobou dans la mer du Sud. 

La tête est ovale, obtuse, avec ses yeux 
situés sur les côtés, et neuf grandes plaques 
placées sur quatre rangs dessus son sommet 
comime à la plupart des couleuvres. Ses 
écailles sout rhomboïdales, lisses, imbri- 
quées. 11 y a deux cent vingt grandes 
plaques sous le ventre, et quarante - deux 
doubles sous la queue, selon Linnæus; mais 
ce nombre des plaques transversales est 
sujet à varier dans les individus, car il y 
en a déjà eu cinq d’observés jusqu’à présent 
dans diverses collections en Europe, par 
Lacépède, Schneider et Thunberg, et ils 
ont tous présentés des différences, depuis 
deux cent seize jusqu’à deux cent vinst- 
six plaques abdominales, et trente-deux à 
quarante-cinq doubles sous-caudales. 

Le plature fascié, conservé dans le mu- 
seum d'histoire naturelle de Paris, a deux 
pieds de longueur, et sa queue a elle seule 
deux pouces neuf lignes, ce qui fait à peu 
près la neuvième partie de cette dimension. 
La forme de cette queue a très-bien été 
décrite par Lacépède dans son ouvrage sur 
les serpens. « Au lieu d’être cylindrique 
comme celle des couleuvres, elle est, dit-il, 

PR 


228 H I'SFTMOTR E 


comprimée par les côtés, et tellement 
aplatie, sur-tout vers son extrémité, que 
l'on pourroit la comparer à une lame ver- 
ticale ; et le bout de cette queue si com- 
primée est terminé par deux grandes écailles 
arrondies. et appliquées l’une contre l’autre 
dans le sens de l’aplatissement. Lorsque la 
couleuvre se meut, sa queue ne touche à 
terre que par une sorte de tranchant occupé 
par les doubles plaques qui sont très-peu 
sensibles , et ne diffèrent guère en-grandeur 
des écailles du dos. Cette conformationi doit 
faire présumer que ce serpent se sert peu de 
sa queue pour ramper, et cette partie paroît 
lui être plus utile pour frapper à droite et 
à gauche, ou pour se diriger en nageant et 
agir sur l’eau comme un aviron (1)». 
Schneider a décrit ce plature sous le nom 
d’zydre couleuvrin dans son ouvrage sur les 
amphibies, d’après un individu qu'il a observé 
dans la collection de Lampian. Il a compté 
neuf (2) petites plaques en avant des yeux, 
savoir , deux nasales, deux ensuite, puis 


(1) Lacépède, loco citato. 
(2) Dans le texte Schneider dit sept, parce qu'il 


ne comprend pas dans ce nombre les deux plaques 
nasales. 


DES PLATURES. 229 


cinq autres; il y a aussi trois plaques entre 
les yeux, et deux autres derrière ; on voit 
sous la gorge onze rangées transversales 
d’écailles presque rhomboïdales. Les plaques 
transversales sont assez étroites sous le ventre; 
la plaque anale est fendue, et outre les 
doubles plaques sous -caudales, l'extrémité 
de la queue est terminée par une plaque 
ronde. Sur la branche externe de la mä- 
choire supérieure, on voit d'un côté un 
crochet venimeux, et de l’autre deux cro- 
chets. La couleur du plature fascié est 
plombée avec des bandes ou anneaux régu- 
lers et bruns autour du corps. 

Thunberg a décrit cette espèce remar- 
quable en 1787, dans la première Disserta- 
tion sur le museum d'histoire naturelle de 
lacadéane d’'Upsal. 


EE 


230 HISTOIRE 


LE PLATURE 


D'E RPPUMC EN OR ETIE 


L: première espèce de ce genre observée 
par Linnæus a, suivant Laurenti, la queue 
comprimée , d’abord étroite, ensuite élargie 
peu à peu, à trois côtes ou sillons de chaque 
côté, avec son extrémité obtuse, arrondie. 
L'autre espèce que je décris maintenant 
d’après Laurenti , et qu’il a nommée /large- 
queue imbriqué, a sa queue aiguë et lancéo- 
lée ; elle habite à Surinam, et est conservée 
dans le museum du roi de Suède. 
Cette description donnée par Laurenti 
est très-incomplette, et je suis porté à croire 
que ce plature doit appartenir à un autre 


(1) Platurus Laurentii ; caudé acuté lanceolatä... 

Scutis abdom.... — Scutellis subcaud.... 

Laticauda imbricata. Laurenti, Synoyps. rept. in-8°, 
p. 110, n° 241. — Warietas À colubri laticaudati. 
Gmelin, Syst. nat.p. 1107. — An anguis laticauda ? 
Lin. Syst. nat. — Mus. Adolp. Frid. tom. I}, p. 48. — 
An idem ? Gmelin, Syst. nat. p. 1124. 


DES PLATAUMRES. 231 
senre d'ophidien; c’est pourquoi j'invite les 
naturalistes qui auront occasion de lexa- 
miner dans la collection où il est placé, à 
le faire mieux connoître. Je ne crois pas, 
comme Gmelin la cependant écrit, qu'il 
soit une variété du précédent. Le nom que 
lui a donné Laurenti semble indiquer qu'il 
est entièrement couvert d’écailles imbri- 
quées, et alors ce seroit l’orvet à large queue 
comprimée, aiguë (anguis laticauda Tan.) (1) 
dont la couleur est pâle, avec des fascies 
brunes, et qui-habite à Surinam, suivant 
Linuæus qui en à observé un individu dans 
le museum du prince Adolphe Frédéric. 
Si ce soupçon se confirme, il faudra ranger 
ce plature de Laurenti parmi les pélamides 
s’il est innocent, ou parmi les hydroplhis 
s’1l est venimeux. C'est peut-être le même 
que l’hydrophis obscur, et alors il habite 
au Bengale et non à Surinam. | 


(1) Voyez la description de la pélamide bicolore. 
| 


P 4 


232 HISTOIRE 


QUATORZIÈME GENRE. 
ENHYDRE; erhydris. 


Corps long, cylindrique en dessus; queue 
très-aplatie; de grandes plaques peu nom- 
breuses ( neuf environ) dessus la tête; des 
écailles nombreuses dessus le corps et la 
queue; des plaques entières sous le ventre, 
et des doubles sous la queue : anus simple, 
transversal et sans ergots. Langue longue, 
extensible et fourchue. 

Dents aiguës ; pas de crochets venimeux 
en devant de la mâchoire supérieure. 


Quand je commençai cet ouvrage sur 
les reptiles, j’adoptai la plupart des obser- 
vations et des nouveaux genres établis par 
-imes prédécesseurs, lorsque mes propres re- 
marques ne paroissoient pas exiger la réforme 
de ces nouveaux genres. C’est ainsi que j'ai 
conservé le genre enhydre formé par mon 
collègue Latreille avec les hydres de Schnei- 
der ; mais depuis que j'ai étudié ce genre 
avec plus d'attention, je me suis convaincu 
qu'il a été formé sur des caractères trop 


DES ENHYDRES. 233 


peu essentiels , et que les hydres, dont 
Schneider a fait mention d’après Russel, 
sont des couleuvres, qui ne diffèrent des 
autres que parce qu’elles ont l’habitude de 
vivre dans les lieux humides et marécageux, 
ou même au fond des eaux comme les an- 
guilles (1) ; une autre, nommée par Linnæus 
coluber laticaudatus , est le plature fascié ; il 
ne reste donc, 1° que l’hydre caspienne que 
j'ai rangée parmi les couleuvres à l'exemple 
de Pallias, de Linnæus et de Lacépède ; 2° et 
l’hydre d’Heriman que je laisse seule et pro- 
visoirement dans le genre enhydre, quoi- 
qu'elle me paroisse avoir beaucoup d’ana- 
logie avec lhydrophis obscur dont Russel 
a donné la figure dans le Supplément à son 
ouvrage sur les serpens du Coromandel. 
Quant aux hydres fascié, bicolor et granulé 
de Schneider , ils appartiennent à mon 
genre pélamide, et ils ont des caractères 
différens de ceux qui ont été assignés aux 
enhydres, puisqu'ils n’ont que des écailles 
au lieu de plaques transversales en dessous. 


(1) 1°. L’hydrus rynchops est le karou-bokadam de 
Russel et ma couleuvre cerbère; 2° {’Lydrus piscator 
est le neehli kocha de Russel et ma couleuvre treil- 
lssée ; 5° l’hydrus palustris , ou le paragoudou de 
Russel , est enfin ma couleuvre bramine. 


234 HES TOFRE 


Les caractères donnés par Latreille aux 
enhydres ont elté indiqués dans le premier 
volume de cet ouvrage à la page 347. 
Schneider a rangé parmi ses hydres tous les 
serpens voisins des orvéts dont le corps, an- 
térieurement cylindrique et grèle, grossit 
ensuite peu à peu, et est terminé par une 
queue étroite ou comprimée de chaque côté; 
et ces caractères ne peuvent convenir qu’au 
plature fascié, qui a en outre des plaques 
transversales, et à l’'enhydre dorsale, si sa 
queue n’est pas aplatie horisontalement, 
c'est-à-dire, déprimée. 


DES ENHYDRES. 235 


L’'ENHYDRE DORSALE (1). 


O x trouve dans l'intéressant ouvrage que 
feu Herman, naturaliste très - recomman- 
dable de Strasbourg, a publié il y a quelques 
années sur les affinités des animaux, la 
description d’un serpent à queue très-aplatie 
que Schneider a placé à la fin des hydres, 
et que Latreille a nommé enhydre dorsale. 

L’enhydre dorsale est de la grosseur da 
petit doigt, longue d’un pied environ, aves 
_sa queue longue d’un pouce, et garnie de 
quarante - trois rangées d’écailles. La tête 
a une forme ovale, alongée : le cou est 


(1) Enhydris dorsalis ; collo constricto, abdomine 
carinato , colore albido cum fasci& albidä dorsalz 
nisr& , margine repando eË sinuato; caud& compres- 
sissimd =, 

Squam.abdom...,— Squam. subcaud. 45 - .... 

J. Herman, Tabulæ affinit. animal. in-4°, p. 260.—- 
Schneider , Hist. nat. amphib, in - 8°, fasc. 1 , p. 250. 
— Enhydre dorsale. Latreille, Hist. nat. des reptiles, 
in-18 , tom. IV, p. 206. 


236 HISTOIRE 
étroit, l'abdomen caréné, et la queue très- 
comprimée. 

La couleur est d’un blanc sale, avec une 
Jarge bande noire sur tout le dos, prolongée 
cà el là sur les flancs, avec des sinuosités 
plus profondes et plus rapprochées à mesure 
qu’elles deviennent plus voisines de la queue 
et de son extrémité. 


DES LANGAHAS. 237 


QUINZIÈME GENRE. 


LANGAHA; langaha. 


Corps et queue lonss, cylindriques, re- 
vêtus d’écailles en dessus, avec des plaques 
transversales en dessous jusques derrière 
anus; puis des plaques circulaires en forme 
d’anneaux, et enfin de petites écailles sous 
l'extrémité de la queue : des plaques peu 
nombreuses (sept environ) dessus la tête. 
Anus simple , transversal, et sans ergots. 
Eansue..... 


Dents aiguës; des crochets venimeux en 
devant de la mâchoire supérieure. 


L'animal remarquable qui a servi à former 
ce nouveau genre , existe dans l’île de Ma- 
dagascar, et l’on en doit la découverte à 
Bruguière , naturaliste célèbre, mort depuis 
peu d'années dans le cours d’un voyage, 
entrepris avec Olivier en Turquie et en 
Perse. Sa description a été insérée dans le 


258 HISTOIRE 
Journal de physique 1784, et dans l'ouvrage 
de Lacépède qui en a publié la figure. 

Les caractères que j’ai indiqués ci - dessus 
semblent convenir en même tems à plusieurs 
serpens, car le langaha tient des vipères par 
ses crochets venimeux et par ses plaques 
transversales , des orvets par ses petites 
écailles sous l’extrémité de la queue, et 
même des amphisbènes par ses plaques 
voisines de l’anus, qui sont en forme d’an- 
neaux. C'est donc à cause de ce dernier 
caractère que Schneider, dans son ouvrage 
sur les amphibies, a placé le langaha à la 
fin des amphisbènes. Cependant il paroît, 
selon Bruguière, que les anneaux de cet 
ophidien ne sont pas formés de comparti- 
mens écailleux , mais plutôt par des plaques 
ransversales entières; et c’est ce que paroîïît 
aussi prouver la figure que Lacépède et 
Eatreille ont publiée de ce serpent. 

La forme mince , élancée de son corps 
et de sa queue; sa ressemblance avec les 
couleuvres nasique et boiga, et la figure de 
ses plaques transversales semblent indiquer 
que le langaha est doué d'une grande agilité 
et de la faculté de monter sur les arbres; 
ce qui le rend d’autant plus redoutable 


DES LANGAHAS. 239 


qu'il est armé de crochets venimeux à sa 
mâchoire supérieure. 

Je n’ai observé cet ophidien remarquable 
dans aucune collection, et je desire infini- 
ment le connoître ; car les descriptions qu’on 
en a données jusqu’à ce jour ont été copiées 
sur celle de Bruguière , et n’offrent pas tous 
les renseignemens nécessaires. 


0 HISTOIRE 


A 


LE LANGAHA 


DE MADAGASCAR (i). 


Ce serpent venimeux ressemble beaucoup 
à la couleuvre nasique du Bengale par sa 
forme cylindrique , élancée, et par son mu- 
seau prolongé en une longue saillie écailleuse 
et terminée en pointe. Le dessus de sa tête 
est couvert de sept grandes plaques disposées 
_ sur deux rangs, savoir, trois plaques en 


(1) Langaha madagascariensis ; naso longo , acuto, 
squamoso , coiore rubescente violaceo, cum se ad 
basin squamarum ; caudé longé , acutd. 

Scutis abdom. go. — Scutis subcaud. Ds — Scutis 
annularibus intermed. 42 - 184. 

Langaha de Madagascar. Bruguière , Lettre 
adressée à Broussonnet , et publiée dans le Journal de 
physique, février 1784. — Idem. Lacépède, Hist. 
nat. des serpens, in-12, tom. II, p. 504, pl. xr, 
fig. 1. — Idem. Latreille , Hist. nat. des reptiles, 
in-18 , tom. IV, p. 187, fig. 1. — Amphisbæna lan- 
gaha. Schneider, Hist. nat. amphib. fasc. 2, p. 357. 

devant 


DES LANGAHAS. 2/41 


devant des yeux, et quatre en arrière. Les 
lèvres sont bordées de petites plaques nom- 
breuses et lisses, et les écailles qui sont 
placées dessus son corps et sa queue sonE 
rhomboïdales, rougcâtres , teintes à leur 
base d’un petit cercle gris, avec un point 
jaune. Le cou est un peu plus étroit que 
la tête, avec ses plaques transversales un 
peu courtes, et augmentant insensiblement 
en longueur à mesure qu'elles s’éloignent 
de la tête, de telle manière que, lorsqu’eiles 
sont parvenues au nombre de cent qua- 
rante - deux sous le corps, elles forment 
ensuite autour de lui des anneaux entiers : 
au nombre de quarante - deux. Après ces 
anneaux, ou plutôt vers leur milieu, com- 
mençoit la queue apparente que recouvroient 
de très-petites écailles; mais la véritable 
queue étoit beaueoup plus longue, puisque 
la plaque demi-ciuculaire de lanus étoit 
placée entre la quatre-vinst-dixième et la 
quatre-vingt-onzième grande plaque trans- 
versale, au nmulieu de quaire pièces écail- 
leuses. 

Le langaha de Madagascar à, suivant 
Bruguière, des dents de même forme et en 
même nombre que celles de la vipère; ce 
qui semble indiquer que c’est un animal 

Reptiles. Toue VIL Q 


242 HISTOIRE 


redoutable, muni de crochets venimeux ; 
aussi les habitans de Madagascar craignent-ils 
infiniment sa morsure. Bruguière a remarqué 
que le nombre des grandes plaques et des 
anneaux est sujet à varier dans les individus ; 
et sur trois qu'il a vus, il y en avoit un 
violet, avec des points plus foncés sur le 


dos. 


Dimensions principales de cet ophidien , selon 


Bruguière. 
pieds. pouc. lign. 
Éansaeur totalet.”." 1. 0%. 0e 76 Em 
Diamètre de l'endroit Le plus gros 
HR cocns Hi LON A T EU. Do en NS 


Longueur de lappendice tendi- 
neuse et flexible du museau . . . » » 9 


Nous regretions de ne pas connoître la 
longreur exacte de a queue, comparée avec 
celle du corps. | 


DES ERPETONS. 243 


SEIZIÈME GENRE. 
"ERPÉTON; erpelon. 


C orpPs et queue longs, cylindriques, en- 
lièrement revêtus d’écailles imbriquées , ca- 
rénées, dont une rangée longitudinale plus 
grande sous tout le corps et non sous la 
queue : tête revêtue de plaques peu nom- - 
breuses (neuf environ), entremêlées avec 
des écailles. Anus transversal, sans ergots, 
couvert d’une double plaque demi - circu- 
laire, et bordé inférieurement de très- 
petites écailles. Langue épaisse, courte, 
adhérente, et ne paroissant consister' que 
dans un cylindre creux. 

Dents petites, aiguës; pas de crochets 
venineux. : 


Ce nouveau genre de serpens a été formé 
par le profésseur Lacépède , d’après un 
animal très- curieux et bien conservé, qui 
fait partie’ de la collection du museum d’his- 
toire naturelle de Paris; 11 l’a fait connoître 
dans un Mémoire particulier qu'il a lu il y 
a environ deux ans à l’Institut, et qui est 


Q 2 


244 HISTOIRE © 
inséré dans le dixième cahier des Annales 
du museum. À # 
Les caractères qu'il lui a donnés semble- 
roient indiquer que ce serpent ne diffère 
des couleuvres que parce qu’il est dépourvu 
de plaques transversales sous la queue; maïs 
l'examen que j’en ai fait m'a convaincu que 
l’erpéton doit former un genre. voisin des 
éryx, parce qu’il a comme eux une rangée 
longitudinale d’écailles sous le corps, et non 
des plaques; et je suis d'autant plus fondé 
à proposer ce changement, que les grandes 
écailles ont toutes une double carène, ce. 
qui forme deux stries longitudinales. Ces 
écailles, prolongées jusqu’à la double plaque 
qui recouvre l'anus, n'existent plus sous la 
queue, et l’on n’y voit au contraire que 
des écailles simples et carénées, toutes d’é- 
gale lougueur. Si l’erpéton n’avoit pas cette 
rangée de plus grandes écailles sous le corps, 
il appartiendroit évidemment au genre des 
orvets. 
Parmi les genres de serpens que j'ai déjà 
décrits dans cet ouvrage, je n’en ai fait 
connoître qu’un seul qui ait l’anus bordé 
inférieurement de petites écailles ; c’est celui 
des pythons : ce même caractère existe aussi 
dans l’erpéton ; mais cet animal n’a pas 


/ 


DES ERPETONS. 325 
comme eux un ergot corné sur chaque côté 
de l'anus, et ce caractère, ainsi que Fab- 
sence des grandes écailles sous la queue, 
doivent servir à le distinguer des éryx. Ses 
mâchoires sont : garnies: de petites dents 
minces, aiguës, cachées en partie dans les 
gencives; et l’on ne voit pas, eu avant des 
branches marginales, des crochets venimeux;, 
ce qui le sépare des clothonies. 


246 HISTOIRE 


L’ERPÉTON TENTACULÉ (1). 


PI LXXXVI. 
No US avons vu, parmi les reptiles précé- 
demment décrits, quelques espèces remar- 
quables par les appendices ou saillies dont 
leur tête est munie. Les tortues d’eau douce, 
revêtues d’un cuir, ont toutes le museau 
prolongé en une trompe cylindrique et 
molle ; un caméléon de l’inde nous a étonnés 
à cause de ses deux longues saillies com- 
primées, écailleuses, qui se prolongent assez 
loin au devant du museau. La vipère céraste 
a une corne saillante, écailleuse au dessus 
de chaque œil : le museau de la vipère 


(1) Ærpeton tentaculaius ; ex flavescente pallidus , 
cum tentaculis binis squamatis in rostro , et squamis 
bicarinatis in medio abdominis ; caud& acutä =. 

Squamis majoribus abdom. 125. — Series squam. 

subcaud. 09 - 224 selon Lacépède. 
06 - 216 selon moi. 


—— 120. 
Erpéton tentaculé. Lacépède , Annales du museum 
d'histoire naturelle de Paris, in-4°,tom.Ï1,10° cahier, 
fig. — Idem. Latreille , Hist. nat. des reptiles ,in-16, 
tom. IV, p. 190. 


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DES ERPETONS. 2457 
ammodyte est surmonté d’une pointe écail- 
leuse et redressée : celui de la couleuvre 
nasique, du langaha et de lorvet à loug 
museau, est muni d’une pointe écailleuse. 
T'erpéton tentaculé est lui-même très-sin- 
gulier par la forme bizarre de sa tête, qui 
est alongée, plus large en arrière, déprimée 
en dessus, légèrement comprimée sur les 
côtés et très-obtuse en devant, avec une 
sorte de saillie mince, très-flexible, couverte 
d'écailles, longue de quatre lignes environ, 
et prolongée horisontalement en avant de 
chaque narine. Ces deux saillies ont la forme 
de tentacules, mais elles ne doivent pas 
servir exactement aux mêmes fonctions & 
cause des écailles qui les recouvrent : elles 
ne sont pas rétractiles, et ne peuvent par 
conséquent être comparées aux tentacules 
des. cécilies , comme on l’a cependant an- 
noncé. Les plaques de la tête ne diffèrent 
pas beaucoup de celles de la couleuvre à 
collier, mais elles ne sont pas disposées de 
la même manière. La plaque rostrale est 
élargie, demi-circulaire ; ensuite on voit de 
petites écailles nombreuses et arrondies , qui 
s'étendent à la base des faux tentacules et 
jusqu'aux narines. En dessus de cette plaque, 
entre ces tentacules, il y a une petite plaque 


Q 4 


248 2 HFSM OR RE: 

ronde, avec trois écailles sur chaque côté; 
et une autre petite en arrière à la partie 
antérieure des deux plaques situées entre 
les narines; plus avant sont deux paires 
de plaques, dont la postérieure plus grande, 
avec une petite écaille entre elles. Sur chaque 
œil il y a une plaque orbitaire entourée de 
petites écailles, avec une grande plaque 
pentagone entre les yeux, et deux grandes 
piaques en ellipse irrégulier. La parlie pos- 
térieure de la tête est un peu renflée, garnie 
d'écailles très - petites. Les yeux sont de 
moyenne grandeur et situés latéralenient: 
La bouche est large, fendue, avec ses deux 
mâchoires d’égale longueur , et linférieure 
irès-échancrée en devant. J'ai compté dix- 
sept petites plaques labiales carrées sur cha- 
que côté de la mâchoire inférieure, quatre 
autres plaques aux coins de la. bouche ; ét 
quatorze plaques dont les antérieures bom- 
bées et prolongées comme des petites dents 
sur chaque côté de la mâchoire supérieure: 
Les narines consistent dans une petite fente 

latérale peu apparente située entre l'œil et 
le tentacule, qui a huit rangées transversales 
d’écailles , et dont lextrémité est un peu 
comprimée. La gorge est entièrement re- 
vêlue de petiles écailles carénées, noïm- 


DES ERPETONS. 249 


breuses, et qui semblent disposées sur des 
rangées longitudinales. Le cou est plus étroit, 
et le corps s’épaissit ensuite peu à peu; la 
queue se termine ensuite en pointe. Toutes 
les écailles sont rhomboïdales, imbriquées, 
réticulées et carénées de manière que le 
corps a trente-sept siries longitudinales, y 
compris les deux formées par les deux ca- 
rèñes des écailles abdominales. Ces grandes 
écailles hexagones sont au nombre de cent 
vinst-cinq; elles commencent vers le milieu 
du dessous du cou. La queue est entourée 
de quatre-vingt-dix-neuf rangées d’écailles 
carénées, et elle occupe le tiers de la ion- 
gueur totale, qui est de trois pouces huit 
lignes de longueur dans l’individu décrit par 
 Lacépède dans son Mémoire lu à l'Institut; 
et j'ai compté seulement cent vingt grandes 
écailles sous le corps et quatre-vingst-seize 
rangées circulaires d’écailles à la queue de 
l’autre individu qui est figuré dans les An- 
nales du museum d'histoire naturelle de 
Paris, et qui vient du cabinet du stathouder. 

L’erpéton tentaculé, qui m'a servi à faire 
cette description, a sans doute été décoloré:; 
il est d’un blanc jaunâire. sali, légèrement 
roussätre , et l’on aperçoit en dessous des 
bandes étroites, longitudinales, parallèles, 


250 HISTOIRE. 
Blanches, ou plus claires que le fond, et 
bordées d’un trait plus foncé ; telle est entre 
autre la bande qui s'étend sur les carènes 
des grandes écailles du ventre, et sur les 

eux rangées d’écailles correspondantes de 
la queue. | 

On ne sait rien sur les habitudes de ler- 
_péton tentaculé, qui me paroît habiter dans 
les îles des Indes orientales, appartenantes 
aux hollandais, de même que le caméléon 
nez-fourchu , dont j'ai donné une figuré 
très - exacte. | 


Dimensions de l’erpéton tentaculé , selon moi. 


pieds. pouc. lign, 
Mo onguenur Otalen et de. N. en rx 
Longueur de la tête . .,. ... . - (9 © a 10 
Longueur des tentacules . . . . . » » 4 
Intervalle des tentacules . . . . . » oo» 3 
Distance de la base d’un tentacule à 
RÉ GE LUN RQ AA RONA HOME A ÉRE AUS 
Largeur de la tête aux yeux . . . » » 4 
Largeur de la tête en arrière . . . » 3 7 
Honcueur duicorps:.. +. 1052 
Circonférence du corps près la tête. » 1 6 
 Circonférence de l’endroit le plus | 
tros. du Corps 2e MNT NES EE Re 
Longueur de la queue. . . . + . » 6 4 
Circonférence de la queue à sa base. » I  » 


DES ERMEÆ 251 


er 


DIX-SEPTIÈME GENRE. 
ERYX; eryx. 


Lx corps et la queue cylindriques, alongés, 
obtus, couverts de petites écailles très-nom- 
breuses ; une rangée longitudinale d’écailles 
plus larges en forme de plaques sous le corps 
et la queue : des grandes plaques peu nom- 
breuses ( neuf au plus) dessus la tête. Anus 
simple et sans ergots. La langue courte, 
épaisse, échancrée. | 
Dents aiguës, très-petites; pas de crochets 
_venimeux : bouche peu feñdue. 


Les ophidiens que je place dans ce nou- 
veau genre avoient été confondus jusqu’à 
présent par Linnæus, Schneider et d’autres 
naturalistes, dans le genre des orvets, aux- 
quels ils ressemblent beaucoup par leurs 
habitudes, leur forme, et par leurs petites 
écailles , mais dont ils différent par une ran- 
gée longitudinale d’écailles plus grandes, en 
forme de plaques, sous le milieu du corps et 
de la queue ; et ce caractère est d'autant plus 
important pour la séparation de ce genre 


252 HISTOIRE 


d'avec les orvets, qu’on pourroit en placer 
quelques - uns parmi les boas, sur - tout 
ÎIorsque les grandes écailles sont assez larges 
pôdr être confondues au premier moment 
avec les plaques entières des boas. L'un 
d'eux, l’éryx turc, a même été décrit et 
figuré sous le nom de boa turc par le célèbre 
entomologiste Olivier, daus la Relation de 
son voyage dans l'empire Ottoman. 

Les éryx sont tous autant redoutés que 
les orvets, dans les lieux où ils vivent: 
on les croit très-dangereux quoiqu’ils n’aient 
m la force , ni les moyens convenables pour 
mure : leurs dents sont infiniment pelites, 
€t l’on pense même que quelques espèces 
en sont privées. Leurs habitudes sont très- 
douces; ils ont beaucoup de timidité, et 
dès qu'ils entendent le moindre bruit, ow 
dés qu’ils voient un animal qu'ils craignent, 
ils s’enfuient avec vitesse, se cachent dans 
lombre ou sous des touffes d'herbes, : et 
parviennent même quelquefois à s'enfoncer 
entièrement dans le sable: mobile. Comme 
ils sont très -petits , et que leurs branches 
maxillaires ne sont pas susceptibles d’une 
grande dilatation , ils ne peuvent se nourrir 
que de petits animaux, tels que des insectes 
et des vers: 


DES ERY EX 253 
- Les éryx que j'ai décrits dans cet ouvrage 
sont au nombre de neuf espèces ; on les 
trouve principalement dans l’ancien conti- 
nent, en Russie, en Perse, en Arabie-et 
dans lIndostan ; il doit y en avoir aussi 
dans d’autres parties de l'Asie, en Chine, 
à Siam et au Japon. Je crois qu’on pourroit 
réunir dans la suite à ce genre l’orvet rouge 
ou corallin de l'Amérique méridionale; car 
il a aussi une rangée longitudinale d’écailles 
plus grandes sous le corps et la queue. 
Les éryx ne diffèrent des clothonies que 
parce qu'ils n’ont pas de crochets venimeux. 


254 HISTOIRE 


L’ÉRYX CÉRASTE (1). 


N ous avons décrit une espèce de vipère 
sous le nom de céraste , parce qu’elle a été 
ainsi nommée par les anciens à cause d’une 
corne écailleuse qu’elle a au dessus de chaque 
œil : nous avons aussi désigné un autre 
serpent sous le noin de cérastin (acanthoplhus 
cérastin ), parce que ses yeux ont leur plaque 


(1) Ervx cerastes ; dentibus duabus maxillæ infe- 
rioris superiorem perforantibus post oculos uti duo 
cornua ; colore nigro et albido variegato et maculato ; 
caudé obtusé —. | 

Squamis abdom. circà 200. — Squamis subcaud. 

15 - 215, 

Anguis cerastes. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1120. — Idem. Hasselquist, Act. acad. 
Upsal , 1750, p.28. — Lier Æzgypt. p. 320 , n° 66. — 
Idem. Schneider , Hist. amphib. fac. 2, pag. 317. — 
Le cornu. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méth. — 
Idem. VLacépède, Hist. nat. des serpens, in-12, 
tom, Il, p. 275. — L’anguis cornu. Laireille, Hist. 
nai. des reptiles , in-18, tom. IV,p.222. — ÆXarbaji 
des arabes. 


BE S'EIRNX 255 
supérieure bombée : un troisième serpent 
rangé par Hasselquist parmi les orvets est 
également appelé céraste, parce qu’'outre ses 
petites dents aiguës sur chaque mâchoire, 
il en a deux autres molaires très - longues 
qui traversent la mâchoire supérieure, et 
qui s'élèvent au dessus comme deux petites 
cornes. Cette espèce est connue des arabes 
sous le nom de harbaji, qu’ils donnent aussi 
à une espèce de FR que j'ai fait con- 
noître. 

La longueur de tout le corps est d’un 
pied neuf pouces; la tête est longue de six 
lignes, la queue de deux pouces et obtuse 
à son extrémité; la grosseur du corps égale 
celle du petit doist. 

La tête un peu triangulaire, Dettes légé- 
rement déprimée sur son sommet, inclinée 
sur ses côtés, a sa base bombée, son mu- 
seau obtus, les yeux petits et situés laté- 
ralement, les narines obliques placées devant 
les yeux, très-près de l’extrémité du mu- 
seau. La mâchoire supérieure est un peu 
plus iongue et plus aiguë, lésèrement échan- 
crée en dessous. La bouche est de moyenne 
grandeur, avec la langue très - fendue. La 
tête et la gorge sont couvertes d’écailles 


256 HISTOIRE 
arrondies ; le corps cylindrique, plus étroit 
en devant que la tête, est couvert sur le 
dos d’écailles très-pelites, oblongues- ellip- 
tiques , nombreuses , imbriquées; sur les 
flancs on voit des écailles rhomboïdales, 
sous le milieu du ventre une rangée lon- 
gitudinale de grandes écailles hexagones, 
oblongues, au nombre de deux cents en- 
viron, et de quinze semblables sous la queue. 
La couleur de la tête est bigarrée de blan- 
châtre et de noir; le dos est varié et irrégu- 
liérement tacheté cà et la de noirâtre et de 
blanchâtre : le ventre est blanchâtre, maïs 
les flancs sont variés de petites taches noi- 
râtres. Ce serpent habite en Egypte, selon 
Hasselquist. 


L'ERYX 


DES ERYX 257 


L'ÉRYX JAVELOT (à) 


Hissecouisr a décrit cet éryx, ainsi 
qu’il suit, dans l’Appendix de son voyage en 
Egypte. La longueur totale est de quatorze 
pouces ; la queue n’a qu’un pouce; la tête 
seulement trois lignes, et la grosseur du 
corps est moindre que celle du petit doigt; 
Ja tête est petite, convexe, Un peu compri- 
mée sur chaque côté, un peu inclinée vers 
le muséau qui est court, obtus, protubérant 


(1) Eryx jaculus; suprà nigricans maculis irregula- 
ribus transversis numerosis , angustis et Ni subis 
albidus ; caudä minis crassé corpore = aut =. 

Squamis abdom. 186. — Squamis Mo 23 - 20. 

Anguis jaculus. Lin, Syst. nat. — Mus. Ad. Frid. 
tom. IL, p. 48. — Zdem. Gmelin , Syst. nat. p. 1120. 
— Idem. Hasselquist, Iter Ægypt. Append. p. 568, 
._n® 64. — Le trait. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. 
méthod. — Zdem. Lacépède , Hist. nat. des serpens, 
in-12 ,iom. IT, p.272. — Ænguis javelot. Latreille, 
Hist. nat. des reptiles, in -18 , tom. 1V, p. 221. 
— Anguis jaculus. Schneider, Hist. amphib. al 2 
pag- 319. 

Reptiles. Tome V IL. [ss 


256 HISTOIRE 


près des mâchoires, dont la supérieure est 
plus longue, épaisse, peu échancrée, et 
plus aiguë; la langue est très - fourchue:; 
les dents sont très- pelites, pointues, avec 
les deux antérieures de la mâchoire infé- 
rieure plus longues, et les yeux petits ainsi 
que les narines. Les écailles du dos, des 
flancs, de la gorge, de la tête, du ventre 
et de la queue, sont REbrine à celles de 
léryx céraste : il y a une rangée lonsitu- 
dinale de cent quatre - vingt-six nee 
écailles hexagones transversales sous le 
corps, et de vingt-trois sous la queue. 

La couleur est noirâtre en dessus, variée 
de taches irrégulières blanchâtres, nom- 
breuses , étroites ; le dessous est blanchâtre. 

Tiunæœus a fait aussi connoître le même 
éryx d'après un individu placé dans la 
colleciion du prince Adelphe Frédéric, et 
qui fut envoyé d'Egypie sans doute par 
Hlasselquist. 11 a le même nombre d’écailles 
sous le corps et la queue. 

Le corps long de deux pieds, et de la 
grosseur d’un doigt, est très-agréablement 
varié de pâle et de brun. La queue occupe 
un dixième de la longueur totale. 

Latreille paroît soupçonner que cet éryx 


… 


D ES (ERIME 25 


est le même que l’éryx turc découvert par 
Olivier dans les îles de la Grèce, principa- 
lement à cause du nombre des grandes 
écailles de lPun et de l’autre; mais si la 
description de léryx javelot publiée par 
Hasselquist est exacte, ce sont deux espèces 
distinctes, l’éryx javelot ayant la tête plus 
grosse, et le corps plus long, plus épais. 


} 


260 HISTOIRE 


‘L'ÉRYX GRONOVIEN (1). 


Groxovivs a décrit celte espèce dans 
son Zoophylacium , n° 84, et Schneider 
est le seul auteur qui en aît fait mention 
après lui. La tête est revêlue en dessus de 
plaques semblables à celles des couleuvres. 
La couleur est jaunâtre en dessus avec le 
bord des écailles légèrement roussâire, et 
blanchâtre en dessous. 

L'éryx gronovien a trois pieds de longueur 
totale, et sa queue aiguë, subulée, occupe 
la moitié de cette dimension. Il est garni 
sous le corps d’une rangée longitudinale de 
cent quatre-vingts grandes écailles, et sous 
la queue de soixante -douze autres écailles, 
semblables aux précédentes. 


(1) Eryx gronovianus ; suprà flavicans margine 
squamarum sub-rufescente , subtis albidior ; caudé& 
subulaté , acuminatä =. 

Squamis abdom. 180.— Squamis subcaud. 72 - 252, 

Anguis. Gronovius, Zoophyl. n° 80. — ÆAnguis 
gronovianus. Schneider , Hist. nat. amphih. fase, 2, 
pag. 350. 


DES ERY X: 261 


L’'ÉRYX COULEUVRIN (i). 


H. SSELQUIST est le seul naturaliste 
qui ait observé jusqu’à présent cette espècé 
en Egypte ; et le nom qu’il lui a donné dans 
la Relation de son voyage, et que nous 
adoptons, indique qu'il a beaucoup de rap- 
ports avec les couleuvres à cause de ses 
grandes écailles assez semblables aux plaques 
siluées sous le ventre des couleuvres. Par 
la forme de sa tête, de sa langue et de son 


#e 
(1) Eryx colubrinus ; fuseus , maculis parvis rhom- 
boidæis albis varius ; caud@ brevi, parumper acumi- 
naté. ... 
Squamis abdom. 180.— Squamis subcaud. 18 - 198. 
Anguis colubrinus. Lin. Syst. nat. — Îdem. Gmel. 
Syst. nat. p. 1119. — Jdem. Hasselquist , Iter Palest. 
p. 320, n° 65. — idem. Schneider, Hist. amphib. 


fasc. 2, p. 358. — Ze colubrin. Daubenton , Dict, 
erpêt. Encycl. méth. — fdem. Laäcépède, Hist. nat. 
des serpens, in-12, tom. IT, p. 271. — L’anguis 


colubrix. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18 ; 
tom. IV, p. 221. 


RS 


252 HISTOIRE 


corps, il ressemble beaucoup aux orvets. 
Ses écailles transversales, ou plaques scu- 
tellaires, sont au nombre de cent quatre- 
vingts sous la rangée du ventre, et de dix- 
huit seulement sous celle de la queue. Les 
autres écailles sont distinctes , rhomboïdales ; 
l'ouverture de l’anus est assez large. La 
couleur est brune, variée de petites taches 
blanches, rhomboïdales. 

La longueur de l’éryx couleuvrin est de 
cinq empans, c’est-à-dire , de deux pieds 
et plus. Il a son corps gros comme le pouce, 
et la queue courte, légèrement pointue. 


DES ER Y X. _ 263 


EDR SN X- RO: ( 


Gronovius a décrit cette espèce dans 
le Catalogue dé son museum, et cependant 
Laurenti et Gmelin ont commis une grande 
erreur ; le premier en lindiquant sous le 
nom d'anguis rufus, sans citer Gronovius, 
et le second en le décrivant sous deux 
noms différens, savoir, sous celui d’anguis 
striatus d'après Gronovius, et d’anguis rufus 
à l'exemple de Taurenti. 

L'éryx roux a le corps d’égale grosseur 


«+ (1) Eryx rufus ; colore rufo cum dineis lateralibus 
transversis albis interruptis vario; caudé obtusä, apice 
mucronatà , brevissimä. | 

Squamis abdom, 179.— Squamis subcaud. 7 - 186. 

Anguis striatus. Lin. Syst. nat. — Jlem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1119.—- /dem. Boddaert , nov. Act. acad. 
Cæs. tom VIT, p. 25, n° 3. — Gronovins , Mus. 
tom. 11,p. 51,n°6. — Anguis rufus. Gmelin , Syst. 
nat. p. 1123. — {dem. Laurenti , Synops. rept. p. 71, 
n° 158. — Idem. Schneider, Hist. amphib. fasc. 2, 
p. 335. — Amphisbæna isebequensis. Scheuchzer, 
Phys. sacr. pl pocxzvur, fig. 6. — Mus. Linck. 
pl. cxxvin.— Jb;ara brasiliensium. Seba , Thes. t. IT, 
plxxv, fig. 1. 

KR 4 


264 ELI:S T0 FRE: 
dans toute son étendue, lisse, roux, avec 
des lignes blanches, transversales, et dis- 
posées alternativement sur les côtés ; ïl est 
garni en dessous de cent soixante-dix-neuf 
grandes écailles placées sur un rang, et de 
sept autres sous la queue. 
Schneider a observé, dans le museum de 
Berlin, un individu dont la queue obtuse 
se terminoit en pointe, et sous son milieu 
il y avoit aussi sept écailles. Le corps étoit 
revêtu d’écailles rondes, un peu plus grandes 
sur les flancs. La couleur rousse étoit variée 
de lignes blanches, interrompues et placées 
en sens alternes sur les côtés droit et gauche: 
sous le ventre on voyoit des lignes alterna- 
tivement blanches et rouges. La lêle, revêtue 
de plaques comme celle des couleuvres, 
avoit des petits yeux; cet individu, ayant 
passé dans le cabinet de Bloch, y fut mis 
dans une liqueur vineuse, et sa couieur 
devint alors d’un gris ardoisé. La mâchoire 
supérieure avoit deux denis plus grandes 
que celles de l’inférieure, et elles étoient 
immobiles; mais Schueider ne dit pas si 
elles.étoient venimeuses. Dans le cas où les 
dents seroient reconnues être de véritables 
crochets, il faudroit reporter cet animal dans : 
le genre des clothonies. 


D' ES: 'E RM TE 265 


Scheuchzer paroît avoir représenté cet 
éryx dans sa Physica sacra, pl. DcCxL VIT, 
fig. 6, sous le nom d'amphisbæna isebe- 
guensis. Il est aussi figuré à la pl'LxxvVI 
du museum de Linck, et on l’a rapporté 
par erreur à lorvet maculé. Schneider 
réunit aussi à cet ophidien la figure donnée 
par Seba, tom. Il, planche xxv, fig. 1; 
sous le nom d’ibyare du Brésil. 

Il y a un éryx roux assez grand, conservé 
dans le museum de Linck. La tête est ornée 
d’une tache blanche en forme de couronne; 
le dos est marqueté de blanc et de noir, 
de même que le ventre qui est d’un blanc 
jaunâtre; mais la queue est au contraire 
entourée de zones blanches et dun brun 
foncé. Les écailles du dos sont rhomboïdales, 
puis elles deviennent légèrement hexagones 
ou arrondies sur les flancs; leur couleur 
est d’un brun foncé, et on aperçoit quel- 
quefois entre elles une peau blanche sur 
laquelle elles sont fixées. Derriére les pla- 
ques nasales 1l y a deux grandes plaques 
marquées chacune d’une tache blanche ar- 
rondie; un anneau blanc entoure l’occiput 
et le cou, un autre semblable enveloppe 
le ventre et les flancs, et plus loin on en 
voit un troisième plus prolongé sur les 


266 HISTOIRE 
côtés du dos; le quatrième demi - anneau 
entoure le ventre, ensuite vient un cinquième 
plus élevé; enfin le reste du ventre, jusqu'à 
la queue, est agréablement orné de bandes 
transversales , tantôt entières, et tantôt in- 
terrompues : un anneau enveloppe presque 
entièrement la queue, qui est courte. Les 
yeux sont petits avec leur iris de couleur 
bleue. La mâchoire supérieure est un peu 
plus longue que l’inférieure; un autre indi- 
vidu n’avoit pas le bord de ses écailles 
dorsales blanchâtre, parce qu’elles n’étoient 
pas séparées l’une de l’autre : il ne différoit 
du précédent que par ses denn-anneaux 
prolongés presque sur le milieu du dos, et 
quelquefois entiers. 

1} paroît que cet animal habite dun 
l'Amérique méridionale, au Brésil, ou à 
Surinam. 


POCREX CCD RO 10 
PI, LXXXV, fig. 2; pl. LXI, fig. 54, 3. 


C’rsr au savant entomologiste Olivier , 
membre de lInshtut national de France, 
qu'on doit la découverte de cette nouvelle 
espèce d’éryx qu'il a trouvée à Polino, dans 
les îles de la Grèce, et dont il a publié la 
figure à la planche xvr, fig. a et 2, de 
son voyage dans l'empire Ottoman, sous le 
nom de oa turc. 

La tête est ovale, obtuse, non déprimée, 
couvertesur sa partie antérieure d’une plaque 
rostrale étroite, de deux paires de plaques 


(1) Eryx turcicus ; corpore cylindrico crassiusculo , 
colore griseo flavescente , cum maculis irregularibus 
sub nebulosis et pallidè atris; caudé obtusé ferè = 

Squarmis abdom. 172.— Squamis subcaud. 32 - 194. 

Le boa turc. Olivier, Voyage dans l’empire Otto- 
man et en Grèce, pl. xvr, fig. 2, À, B. — Idem. 
Latreille, Hist. nat. des reptiles , in-18, tom. IV, 
p. 153. — Idem. Bosc, Dict. d’hist. nat. édit. d 
Déterville. 


268 HISTOIRE 


en devant des yeux, avec d’autres petites 
plaques au bord des lèvres. Tout le reste . 
de la peau est couvert de petites écailles 
rondes presque hexagones, lisses, carénées, 
réticulées entre elles, et non imbriquées. 
Les yeux sont petits et non saillans. La 
bouche large est fendue jusques vers le 
milieu des côtés de la tête, avec ses mâchoires 
presque d’égale longueur , et garnies de pe- 
tites dents aiguës, sans crochets venimeux. 
Il y a cent soixante-douze grandes écailles 
hexagones, disposées en travers sur une 
rangée longitudinale sous le corps qui est 
épais, cylindrique, et vingt-deux écailles 
semblables sous la queue qui est très-courte 
et obtuse. 

La couleur est d’un gris jaune varié, et 
comme nuagé en dessus de taches irrégu- 
hères noirâtres, plus ou moins effacées. 

L'éryx turc n'est pas grand, car il a un 
pied un pouce trois lignes de longueur to- 
tale, et sa queur a elle seule un pouce trois 
lignes , ce qui fait environ la onzième parue 
de cette dimension. Latreiile, dans son his- 
toire naturelle des reptiles, Va mis à la fin 
des boas, et il ajoute que ce reptile , ayant 
le port d’un orvet, pourroit bien être rangé 


ve 


DÉS ERYIX 269 


un jour dans ce genre par les naturalistes, 
malgré ses grandes écailles sous le corps et 
la queue. Son soupçon judicieux se trouve 
maintenant réalisé, puisque j'ai placé dans 
un genre très-voisin des orveis cet ophidien 
remarquable, dont Olivier a eu la com- 
plaisance de me donner un individu que je 
conserve dans ma collection. 


270 HISTOIRE 


' Y #12) 
a  ——— 


L'ÉRYX MILITAIRE (1. 


J Ar regardé pendant quelque tems, avec 
les naturalistes Lacépède et Latreille, Panguis 
miliaris trouvé par Pallas sur les bords de 
la mer Caspienne, comme appartenant au 
genre des orvets; mais Je suis assuré main- 
tenant qu'il doit être mis au nombre des 
éryx, à côté de l’éryx pintade, dont il 
paroît différer principalement par ses cou- 
leurs. Il a beaucoup d’analogie avec l’éryx 
bramine que Russel a trouvé au Bengale. 
Voici la description telle que Pallas la con- 
signée dans son Voyage. 

« Ce serpent est gros comme le petit doigt, 


(1) Æryx miliaris; capite griseo nigro adsperso , 
corpore atro punctis creberrimis pallidis ad latera , eë 
grisers ad dorsum ; caud& obtusé , albo variegatä +. 

Squamis abdom. 170.— Squamis subcaud. 52 - 262. 

Anguis miliaris. Gmelin, Syst. nat. p. 1120. — 
Idem. Pallas, Voyage en Russie, in-6®, tom. VIIT. 
— Variété de l’anguis pintade. Lacépède, Hist. des 
serpens, tom. 11], p. 267. — Laireille , Hist. des rept. 
tom.1IV ,p.2:0. 


DES ERY X. 271 
et long seulement de quatorze pouces, en 
y comprenant la queue qui en a deux seu- 
lement. Il a la même forme à peu près que 
l’orvet rouleau (anguis scytale). Sa tête est 
grise, parsemée de noir. La queue est un 
peu plus mince que le corps, cylindrique, 
abtuse, et entièrement mélangée de blanc. 

Le corps est noirâtre, parsemé sur le dos 
de petites écailles grises, et sur les flancs 
d’autres petites écailles ou de points pâles 
trèés-nombreux. Les écailles scutellaires sont 
au nombre de cent soixante - dix sous le 
corps, et de trente-deux sous la queue. 


L’éryx miliaire se renconire sur les bords 
de la mer. Caspienne. 


272 HISTOIRE 


——s 


L’ÉRYX PINTADE (1). 


Ïr existe dans les ouvrages de Schneider 
et de quelques autres naturalistes modernes, 
une assez grande confusion relativement à 
cet éryx, que les uns confondent.avec le 
miliaire découvert par Pallas, et que à | 
autres regardent comme différent. 

L’'éryx pintade est ainsi appelé à cause 
de, la manière agréable dont ses écailles 
très-lisses sont colorées et tachetées de blanc 


(1) Eryx meleagris ; corpore subæquali glauco, cum 
puncto nigro.in singulis squamis muléiplici ordine dis- 
. positis ; caudé obtusé circà =. 

Squarmis abdom. 165.—Squamis subcaud. 32 - 197. 

Anguis meleagris. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. IT, p. 48.— dem. Gmelin, Syst. nat. 
p.1119. — dem. Laurenti, Synops. reptil. p. 68, 
n° 124.—Seba , Thes. tom. IT, pl. xx1, fig. 4. — Zdem. 
Schneider, Hist. nat. amphib. fasc. 2, p. 320. — La 
pintade. Lacépède, Hist. nat. des serp.in-12, tom. III. 
— Idem. Daubeuton, Dict. erpét. Encyc. méthod. — 
L’anguis pintade. Latreille, Mist. nat. des reptiles, 
in-18, tom. IV, p. 219. 

sur 


DES ER YX. 273 
sur un fond noir. Il est long de sept pouces 
environ : on le trouve dans les Indes, 

Linnæus nous apprend que ce petit 
ophidien est assez voisin du seps bipède, 
et que sa couleur est glauque, c’est-à-dire, 
d’un verd de mer, avec des points noirs 
disposés sur des rangées longitudinales très- 
nombreuses, Il a cent soixante-cinq grandes 
écailles sous le corps, et trente - deux sous 
la queue, dont la longueur égale à peu 
près la sixième partie du total, et dont les 
écailles sont un peu plus grandes en dessous. 


Première variélé. 


ERYXxX PINTADE A POINTS BRUNS. 
{Laurenti, Synops. rept. var. à.) 


Deuxième variété. 


ERYX PINTADE : ayant des points 
gris au nombre de deux cenis, sur dix-huit 
rangées longitudinales. { £innæus , Mus. 
Adoiph. Frid. ) 

Schneider prétend que léryx pintade 
est figuré parmi les peintures du cabinet de 
Eanck , n° 84 On voit sur le dos, jusqu’à 
extrémité de la queue, six rangées d’écailles 
un peu élargies, arrondies, bordées de brun, 

Reptiles. Tone VII. h) 


274 HISTOIRE 


avec une tache brune à la partie supérieure 
de la rangée la plus voisine de chaque côté. 
La queue, un peu plus mince que le corps 
et obtuse à son extrémité, à un sixième 
de la longueur totale. Le dessous de ce 
petit serpent est d’un blanchâtre tirant sur 
le jaune. Les yeux sont pelils; et l’on voit 
une large plaque au bout du museau, avec 
deux très- petites narines au dessus, puis 
une plaque ronde et de moindre grandeur. 
Le devant de la lèvre inférieure est revêtu 
d’une grande plaque qui recouvre la moitié 
de cette lèvre, comme dans l’orvet réticulé. 

Lacépède a réuni à cet éryx le miliaire 
que Pallas a découvert aux environs de la 
mer Caspienne ; mais je ne crois pas devoir 
adopter ceite opinion, car l’éryx miliaire 
n'a pas les mêmes caractères. 


DES ERYEX 275 


L’ÉRYX A POINTS NOIRS (1). 


C'£sr à Russel que nous devons ja con- 
noissance de cette nouvelle espèce d’ophi- 
dien , qui habite au Bengale, où elle est 
connue des indiens sous le nom de rordou- 
éaloulou- pam. Schneider l’a ensuite décrit 
parmi les orvets dans son ouvrage sur les 
amphibies, et l’a placé à la suite de lorvet 
miliaire. La tête est aussi large que le cou, 
ovale, obtuse, convexe en dessus, et cou- 
verte de plaques au nombre de sept; savoir, 
deux nasales, une transversale au dessus, 
une autre ovale élargie entre les yeux, 
puis une cinquième anguleuse, et enfin deux 


(1) Eryx melanostictus ; ex rufo fuscus, cum octo 
vel decem lineis punctorum atrorum ; caudä ferè &. 

Squamis abdom. 151.—Squamis subcaud. 120-271. 

Rondou-taloulou-pam. Russel, Hist. nat. of Indian 
et Coromand. serpents, p. 48 , n° 42, pl. xru. — 
Anguis melanostictus. Schneider, Hist. ampli. fase. 2, 
p. 3525. — Anguis meleagris musei ducalis brunovi- 
censis, Schneider , Hist, amphib. fase, 2, p. 322. 


S 2 


276 HISTOIRE 


oblongues, ovales, situées en travers sur 
Joccipul. La bouche est étroite, avec ses 
mâchoires d’inégale longueur, garnies de 
petites dents courbes; les deux branches 
palatales paroissent pectinées. Les yeux sont 
peliis, ovales, latéraux, peu saillans ; les 
deux narines sont piacées près l’exirémité 
du museau. 

Le corps est cylindrique, presque égale- 
ment gros dans toute sa longueur, avec 
huit ou dix rangées longitudinales parallèles 
de petites écailles arrondies, imbriquées jus- 
qu’à l’extrémité de la queue, et toutes mar- 
quées d’un point noir. Russel 2 compté cent 
cinquante-une écailles sous le ventre, et 
cent vingt sous la queue. 

La longueur totale est de dix pouces six 
lignes ; l'épaisseur du corps égale celle d’une 
plume de cygne. La queue est cylindrique, 
lisse, longue de quatre pouces et demi, 
d’égale grosseur, et terminée en une pointe 
obtuse. La couleur est d’un brun roux, avec 
une partie de la queue cendrée ou d’un bleu 
pâle ; la rangée abdominale et sous-caudale 
de grandes écailles est d’un blanc luisant, 
et sans aucun poinis. 

Les indiens prétendent que, lorsque cette 


DES ER YX. 277 
espèce est poursuivie, elle s’enfuit avec une 
grande vitesse , et parvient souvent à percer 
le sable, à l’aide de sa tête, assez prompte- 
ment pour sy cacher. Russel 1a regarde 
comme différente de l’anguis meleagris Lan. 
ou de l’éryx pintade, à cause de la plus grarde 
longueur de sa queue. Cet auteur a figuré 
une seconde espèce d’éryx à la planche x£rix 
de son ouvrage ; mais il n’a pu reconnoître 
le nombre des écailles sous le ventre et la 
queue. Il nous apprend que ce second ser- 
peut est désigné sous le même nom que 
Véryx à points noirs par les habitans du 
Bengale. Je lui donne le nom d’éryx bra- 
mine. | 

Je rapporte provisoirement à cette espèce 
un éryx placé dans la collection du duc de 
Brunswich , et confondu par erreur avec 
Véryx pintade, puisque sa queue fait la 
moitié de la longueur du corps. La tête est 
revêtue en devant et sur les côtés d’écailles 
polygones , imbriquées , avec une plaque 
triangulaire entre les yeux, puis trois autres 
disposées en travers, et une grande arrondie 
derrière elles. Les orbites sout entièrement 
garnies en dessus d’écailles imbriquées. De- 
puis le sommet de la tête jusques vers le 


SE 


278 H ESSTO TR E 

milieu du dos on voit une ligne étroite, 
sinuée entre les deux rangées d’écailles ar- 
rondies, placées dessus Ja colonne verté- 
brale; et contre chacune d'elles il y a trois 
hignes de points. Les flancs et le ventre sont 
ornés d'écailles tachées de noir sur leur mi- 
heu ,et bordées d’une couleur cendrée sem- 
blable à celle du dessus du corps. La queue 
samincit foiblement et peu à peu; son 
extrémité est obtuse. 


= 


DES EFRMLX 270 


de 7 


L’ÉRYX BRAMINE (x) 


Cr petit serpent, nommé par les indiens 
au Bengale rondou-taloulou-pam, ainsi que 
le précédent, me paroît très-voisin de léryx 
miliaire ; mais ie doute qu’it doive lui être 
réuni comme synonyme, quoique Russel 
n’a pas pu s'assurer du nombre des grandes 
écailles rangées sous le milieu du ventre et 
de la queue. 

La tête de ce petit reptile est cylindrique, 
pas plus large que le cou, obtuse, couverte 
de trois ou quatre plaques sur. sa partie 
antérieure , et le reste est revêtu d'écailles. 
La bouche est très-petite, située près du mu- 
seau; les dents n’ont pu être aperçues par 
Russel. Les yeux sont placés verticalement, 
de forme orbiculaire, et un peu saillans; 


(1) Eryx braminus ; capite tri aut quadriscutato , 
colore ex albo cremoris , punctis creberrimis atris quasi 
pulverulentus ; caudé obtus4.... 

Squamis addom..... — Squamis subcaud..... = 

Rondou-taloulou-pam. Russel , Hist. nat. ef Indian 
et Coromand, serpents ,p. 48, n° 45, pl. x1im. 


S 4 


. 280 H LS T'OPBRE 

les narines sont très-petites et près de lex< 
trémité du museau. Le corps est cylin- 
drique, presque également épais dans toute 
sa longueur , et il s'amincit un peu vers la 
queue. | 

La couleur de l’éryx bramine est d’un 
Elanc de crême, parsemé et comme poudré 
d’une quantité innombrable de points noirs. 

La longueur totale est de six pouces, et 
la grosseur égale celle d’une plume de 
cygne. 

L’érÿx à points noirs ét celui-ci ressern- 
blent par leur forme à un serpent à deux 
têtes ; car la tête et la queue sont presque 
d’égale grosseur. On ne les trouve pas com- 
munément au Vizagapatam, et ils ne sont 
pas dangereux, quoiqu’ils soient redoutés 
des habitans. 


DE SCERYE 281 


L'ÉRYX DE CLÈVES (i} 


Gasver a le premier observé cette espèce, 
et Laurenti en a ensuite fait mention d’après 
lui, en assisnant pour caractère une cou- 
leur d’un brun cendré, avec une grande 
plaque en cœur sur le front. Gmelin, dans 
le Sysiema naturæ, a cité ces auteurs, mais 
il à omis la description suivante qu’en à 
donnée Gronovius. dans le Catalogue de son 
cabinet, pag. 54, n° 8. 

_ La tête est petite, plus étroite en devant, 
obtuse à son museau, un peu convexe en 


(1) Eryx clivicus; ex cinerco et Jusco mixius , cor- 
pore versüs anum subcrassiore , caud& brevi paulülum 
graciliore et in apicem crassum , obtusum ef rotundura 
desinente.,. 

Squamis abdom. 157. — Squamis subcaud. 43 - 180. 
Anguis clivicus. Lin. Syst. nat. — /dem. Gmclia, 
Syst. nat. p.1122. — dem. Gesner , Serpent. hist ee 
Idem. Laurenti, Synops. rept. p. 69, n° 129. — 
Idem. Gronovius, Mus. p. 54 ,u° 8. — fdem.Schneïder, | 
Hist. amphib. fase. 2, p. 324. — Idem. Gronovius, 

Zoophyl. n° 86. 


282 HISTOIRE 


dessus, comprimée sur les côtés, couverte 
de grandes plaques, dont la centrale est plus 
grande et en forme de cœur. Les yeux sont 
petits et noirâtres ; les narines sont situées 
sur le museau à l'extrémité de la mâchoire 
supérieure, qui est un peu plus alongée. Il 
. y a sur les branches maxillaires des dents 
assez distinctes, d’égale longueur, aiguës ét 
courbées en arrière. La langue est large et 
fendue. Le corps est cylindrique, plus épais 
vers l’anus, muni en dessus de cent trente-sept 
écailles , et l’on n’en voit que quarante-trois 
sous la queue, qui est un peu plus mince 
que le milieu du corps, épaisse, obtuse, 
arrondie à son extrémité. La couleur est 
mélangée de cendré et de brun. 

Cet éryx est commun aux environs de 
Clèves ; on le trouve aussi en Angleterre et 
prés d'Aix-la-Chapelle, selon Gronovius. 


DES CLOTHONIES. 283 


DIX-HUITIÈME GENRE. 


CLOTHONIE; clothonia. 


Lez corps et la queue cylindriques, obtus; 
couverts de petites écailles très-nombreuses; 
une rangée longitudinale d’écailles plus larges 
sous le corps et la queue; de grandes pla- 
ques peu nombreuses (neuf au plus) dessus 
la tête. Anus simple et sans ergots. 

Dents aiguës, irès- petites ; des crochets 
venimeux en devant des branches margi- 
nales de la mâchoire supérieure; bouche 
peu fendue. 


Ce genre nouveau ne renferme encore 
qu'une espèce, qui a été confondue avec 
les orvets à cause de sa forme extérieure : 
mais, comme le dessous du corps et de la 
queue présente une rangée longitudinale de 
grandes écailles, ce caracière lui donne 
beaucoup de rapports avec les éryx; et 
comme sa mächoire supérieure est armée 
de crochets redoutables , j’ai cru nécessaire 
d'en former un genre particulier. 


284 HISTOIRE 


Les clothonies sont de petits animaux 
assez vifs dans leurs mouvemens, et qui ne 
se nourrissent que d'insectes et de vers; aussi 
leur morsure envenimée ne semble-t-elle 
destinée qu’à les défendre contre les attaques 
de leurs ennemis. Elles paroissent avoir les 
mêmes habitudes que les éryx et les orvets; 
elles se creusent des trous dans le sable, et 
$y cachent lorsqu'elles sont poursuivies, ou 
lorsque la saison, devenue trop froide, les 
condamne à un engourdissement de plu- 
sieurs Mois. re) 

Nous avons vu précédemment qu’une 
espèce d’éryx a déjà été confondue avec les 
boas; il en est de même de l'espèce qui m'a 
ser vi à établir ce nouveau genre. 

L'éryx roux est peut-être muni lui-même 
de crochets veuimeux, et il appartiendroit 
alors au genre des clothonies. 


DES CLOTHONIES. 285 


LA CELOTHONTE 


ANGUIFORME (i) 


Ces reptile, décrit par Schneider sous le 
nom de boa anguiforme, est piacé dans la 
collection de feu Bloch de Berlin, et il a 
été trouvé dans les Indes orientales. Il a 
plus d’un pied de longueur, et ressemble 
beaucoup par sa forme à un orvet. Il y a 
cent quatre-vingt-dix grandes écailles sous 
le corps, et trente-neuf sous la queue, dont 
les treize dernières sont divisées; ce qui 
_feroit croire d’abord que cet animal devroit 
appartenir au genre des hurriahs. 

La queue, triangulaire en dessus et plate 
en dessous, est entourée de cinq bandes 
noires; à l’extrémité du corps il y a cinq 


(1) Clothonia anguiformis ; fasciis nigris éransversis; 
caudé circä %. 
Squamis abdom. 190.— Squamis subcaud. 26. — 
Squarulis subcaud. 13 - 229 selon Schueider. 
—— 185. —— 57 - 222 selon moi. 
Boa anguiformis. Schneider, Hist. amphib. fase. 2, 


pag. 260. 


286 HISTOIRE 


autres bandes semblables et plus obscures: | 
Dans un autre individu plus grand et plus 
épais on voit en dessus des écailles arrondies, 
légèrement carénées. La queue a trente-huit 
grandes écailles, dont les douzième, trei- 
zième, quatorzième et vingt-sixième jusqu’à 
la trente-quatrième, sont divisées. Les na- 
rines sont étroites et situées obliquement. 
Schneider a cru reconnoître deux ergots près 
de l’anus comnie aux boas; mais je doute 
qu'il en soit réellement pourvu. La mâ- 
choire supérieure avoit en devant de chaque 
branche marginale deux longues dents mo- 
biles ; les autres dents étoient plus courtes, 
immobiles; mais celles de la mâchoire infé- 
rieure étoient plus longues et immobiles. 
Un troisième individu de moyenne gran- 
deur avoit d’abord vingt-huit grandes écailles, 
puis six autres divisées; on ne voyoit aucun 
ergot près de l'anus. La queue étoit angu- 
leuse comme au premier; tandis que celle 
du second étoit épaisse et cylindrique, de 
même que tout le corps. Ils avoient tous un 
sillon sous la gorge, des plaques sur la tête 
jusques derrière les yeux, le front et les 
côtés de la tête couverts de petites écailles 
rondes, les yeux de moyenne grandeur, les 


DES CLOTHONIES. 287 


dents de la mâchoire inférieure plus longues 
en devant, avec la langue noire et fendue. 

J’ai aperçu une clothonie anguiforme ar- 
mée de deux crochets venimeux sur chaque 
côté de la mâchoire supérieure : elle a cent 
quatre- vingt-cinq grandes écailles sous le 
corps, et trente - sept semblables sous la 
queue , qui a deux pouces six lignes de lon- 
gueur, ce qui fait environ la septième partie 
de la longueur totale, qui est d’un pied cinq 
pouces. Je crois que cet animal a été trouvé 
dans l’Inde. Sa couleur, en partie effacée 
par l'esprit de vin, est entourée de plusieurs 
bandes noirâtres ; il est placé dans la col- 
lection du museum d'histoire naturelle de 
Paris. 


388 HISTOIRE 


DIX-NEUVIÈME GENRE. 
ORVET; Gnguis. 


Le corps et la queue cylindriques, alon- 
gés, obtus, couverts par-tout de petites 
écailles semblables, très-nombreuses, sans 
grandes écailles en dessous. De grandes 
plaques peu nombreuses (neuf environ) 
dessus la tête; des paupières. Anus simple 
et sans ergots. 

Dents aiguës, très-petites; pas de branches 
palatales, ni de crochets venimeux : bouche 
peu fendue. 


Les orvets sont des serpens très-redoutés 
dans tous les pays où ils vivent, et cepen- 
dant ils réunissent la timide innocence à 
une grande foiblesse. Ils sont également in- 
capables de nuire et de mordre; le moindre 
bruit les effraie, et dès qu’ils entendent 
quelqu'un marcher auprès d'eux, ils se 
sauvent avec vivacité sous les feuilles sèches, 
et cherchent à se mettre en sûreté dans les 
trous qu'ils se sont creusés auprès des souches 

arbres 


DES ORVETS. 289 
d'arbres à demi-détruits par le tems. Ils fré- 
quentent ordinairement les collines cou- 
vertes de bois exposées aux rayons ardens 
du soleil, et se retirent dans leurs trous dès 
les premiers jours de l’automne, même dans 
les climats tempérés. 

Leur forme cylindrique presque égale- 
ment grosse dans toute son étendue; leur 
tête courte et petite, munie de petits yeux 
non saillans ; leur bouche étroite et peu 
fendue , ainsi que l’absence des oreilles ex- 
ternes, et leur queue obtuse, aussi grosse 
à peu près que la tête, ont fait désigner 
ces ophidiens par les anciens sous les nonts 
d'amphisbènes, de double-marcheurs, de 
serpens aveugles ; dans quelques provinces 
de France on les appelle encore vuigaire- 
ment borgnes , aveugles, anveaux. Les deux 
premiers noms conviennent en effet aux 
orvets, dont le corps, entièrement couvert 
de petites écailles, peut se mouvoir en tout 
sens sur le sol, soit en avant, soit en arrière; 
et les autres ne leur sont donnés que parce 
que leurs yeux sont trop petits pour être 
facilement aperçus : ce sont pour quelques- 
uns des serpens de verre, à cause de leur 
extrême fragilité. Les amphisbènes des an- 
ciens sont les orvets des modernes; et les 


Reptiles. Tome VIL. #} 


200 HISTOIRE 


naturalistes désignent à présent sous ce nom 
d’amphisbène un genre très-remarquable de 
serpens qu'on ne rencontre que dans les 
contrées les plus chaudes de l Amérique, et 
que je ferai bientôt connoître. On a aussi 
nommé les orvets serpens à deux tétes , parce 
qu'on a cru faussement qu’ils avoient une 
têle à chaque extrémité de leur corps : l’on 
a même prétendu que, pendant qu’une tête 
sommeilloit, l’autre faisoit sentinelle. 

Les orvets présentent dans léur confor- 
malion générale une certaine analogie avec 
l2 queue des lézards ; ils sont formés d’an- 
peaux aussi nombreux que les vertèbres, 
et réunis ensemble par une sorte d’engrè- 
nement réciproque des muscles, sans qu'ils 
soient liés ensemble par des ligamens ; c’est 
ce qui est cause de leur facilité à se rompre 
au moindre coup qu’on leur donne. Si l’on 
casse leur queue, elle repousse de la même 
manière que celle des lézards; mais ce n’est 
plus alors qu'un simple cartilage sans ver- 
tèbres, formé seulement par la prolongation 
des muscles et de la peau, qui s'étendent 
. peu à peu jusqu'à la longueur de la partie 
détachée. Je conserve un orvet qui m'a été 
envoyé de Bordeaux par Rodrigues, fon- 
dateur et directeur du museum d'instruction 


DES ORVETS. 291 
publique de cette ville; sa quèue paroit 
avoir été cassée vers son milieu, et la por- 
tion inférieure, n'ayant pas été détachée 
entièrement, semble comme soudée par un 
étranglement à la portion principale. Les 
orvets jouissent, ainsi que les amphisbènes 
et les cécilies, de la faculté de ramper en 
tous sens, soit en avant, soit en arrière. 

D'après ka forme. et l’organisation princi- 
pales des orvets, il seroit assez convenable 
de les rapprocher des sauriens , ou du moins 
de les comparer aux lézards et aux taky- 
dromes. Schneider nous apprend qu'ils ont 
des rudimens de sternum et de bassin; que 
leur crâne, très-semblable à celui des lézards, 
a un os inter-maxillaire commun, qui sou- 
tient la membrane du tympan recouverte 
paï les muscles et par la peau écailleuse. Il 
y a des conduiis demi-circulaires sur la face 
externe de l’occiput, et une cavité du tÿm- 
pan assez grande pour la petitesse du crâne, 
selon la remarque de Scarpa. La mâchoire 
supérieure n’a pas de branches palatales; 
les viscères ressemblent à ceux des lézards. 
On voit un double poumon; des intestins 
un peu roulés et non droits; un ovaire 
double dans la région inférieure de l’abdo- 
men ; des côtes prolongées jusqu’à l'anus. Il 

: L2 | 


292 HISTOIRE 

paroît enfin que le nombre des vertèbres 
est inférieur à la moitié du nombre de 
rangées transversales d’écailles ; car Meyer 
n’a compté que cent vingt-huit vertèbres à 
l’orvet fragile, tandis qu'il a au moins deux 
cent soixante rangées d’écailles. 

Ces remarques générales sur les orvets 
peuvent se rapporter également aux ophi- 
saures ou serpens de verre des Etats - Unis 
d'Amérique, qui ont de plus un tympan 
externe comme les lézards. 

Schneider , dans son ouvrage sur les am 
phibies, a regardé les orvets comme très- 
voisins de ses lézards chamæsaures (les chal- 
cides et les seps), des scinques, et sur-tout 
des élaps, c’est-à-dire, ioutes les couleuvres 
et vipères dont la tête n’est pas plus grosse 
que le cou, et dont la queue est obtuse à 
son extrémité; telles sont la couleuvre lato- 
nie et la vipère psyché (1). Les caractères 
génériques qu’il leur assigne consistent dans 
12s suivans : 

Le corps cylindrique , presque d’égale grosseur par- 
tout , entièrement couvert d’écailles courtes, arron- 


. (1) Voyez la figure de la vipère psyché, à la fin 
du huitième volume de cette Histoire naturelle des 


reptiles , pl. C, fig. 1. 


DES ORVETS. 293 


dies, imbriquées , sans plaques entières sous le ventre, 
ni doubles plaques sous la queue; l’extrémilé de la 
queue obtuse , avec une pointe à son milieu. La tête 
couverte de plaques, avec ses yeux petits, en partie 
nus, en partie couverts par les plaques ; ses narines 
très-peites ; un os inter-maxillaire simple ; la bouche 
étroite et courte , et des petites dents coniques toutes 
immobiles et non venimeuses , de même que celles 
des lézards. 


D'après ces caractères qui doivent en effet 
servir à distinguer les orvets des autres 


serpens , j'ai cru nécessaire de séparer de 
ce genre, 


1°. Les éryx; sans crochets venimeux, à 
grandes écaiiles sous le corps et la queue sur 
un seul rang. 

2°, Les clothonies ; à crochets venimeux, 
et à grandes écailles sous le corps et la queue 
sur un seul rang. 

3°. Les erpétons ; sans crochets yenimeux, 
- et à grandes écailles sur un seul rang sous 
le corps seulement. | 

4°. Les pélamides ; sans crochets veni- 
meux ni grandes écailles en dessous, mais à 
queue plate. 

5°. Les hydrophis ; à crochets venimeux, 
sans grandes écailles en dessous , et à queue 
plate, | 

| T à 


294 HISTOIRE 

6°. Les ophisaures ; sans crochets veni- 
meux n1 grandes écailles en dessous, à queue 
cylindrique , pointue, avec des oreilles ex- 
ternes, et un creux longitudinal sur les côtés 
du ventre. 

Peut-être devra-t-on former aussi un 
genre particulier de l’orvet à long museau 
(anguis nasutus) sous le nom d’ancdophis, 
s’il est prouvé que ses mâchoires sont dé- 
pourvues de dents, que sa queue est pro- 
longée en pointe, et qu'il a ses yeux situés 
dessus la tête et non pas latéralement. L’or- 
vet fascié, n'ayant pas de dents, pourroit 
aussi être placé dans ce nouveau genre. 

Je soupçonne enfin que l’orvet rouge ou 
corallin d'Amérique doit être reporté dans 
le genre des éryx, sil n’a pas de crochets 
venimeux, ou dans celui des clothonies, 
s’il en a. AE 

Les serpens venimeux ne sont pas seuls 
ovovivipares; on a reconnu la même fonc- 
tion aux orvets; on croit aux Etats-Unis 
que la couleuvre hétérodon produit ses 
petits vivans, et l’on a observé la même 
chose par rapport à quelques salamandres. 

_ Les orvets forment le trente - sixième 
genre des reptiles, et le dix- neuvième des 
cphidiens. 


DES ORVETS. 295 
Gmelin a décrit, d’après Laurenti, plu- 
sieurs reptiles qu'il place parmi les orvets, 
et que Schneider a reconnu appartenir à 
d’autres genres. 
1°. L'orvet calmar est le même animal 
que la couleuvre qui porte son nom. 
20, L'orvet blanc est la couleuvre blanche. 
. 3°. Les orvets bleu, décussé et marqueté 
sont les mêmes que des espèces mieux con- 
nues sous d’autres noms, et ils n’ont été 
décrits par Laurenti que d’après les figures 
qu'en a publiées Seba : le bleu a été réuni à 
lorvet scytale par Gronovius, et les deux 
autres à l’orvet maculé par le même auteur. 
4. L'orvet plature est notre pélamide 
bicolore; et c’est aussi parmi les pélamides 
qu'il faut placer l’orvet à large queue. 
Valentin, dans son Histoire naturelle de 
île d'Amboine, tom. IIT, pag. 290, fait 
mention d'un orvet sous le rom d'angel- 
slang; on le trouve dans les sentiers des bois, 
et l’on prétend qu’il s’élance et saute sur les 
passans et sur les animaux. Ses mâchoires 
ne sont pourvues d’aucunes dents, et sont, 
dit-il, seulement aiguës comme celles des 
scarabées ; elles font cependant des plaies qui 
occasionnent une soif brülante et mortelle ; 
on prétend qu'avant de mordre il enfonce 
T 4 


296 HISTOIRE 


dans la peau un aiguillon ou crochet rétrac- 
tile et venimeux, situé à l'extrémité de sa 
queue obtuse. 1l est long d’un pied environ, 
et ne diffère de l’orvet fragile que par sa 
tête plus large, par son cou plus étroit, par 
son ventre élargi, de couleur jaune, et par 
son dos jaunâtre terni. Quelquefois sa cou- 
leur est noirâtre en dessus, avec le ventre 
gris varié de brun foncé. Cet orvet n'est pas 
assez connu des naturalistes pour qu’on 
puisse être certain de son existence : d’ail- 
leurs la pointe venimeuse de la queue sem- 
bleroit indiquer que Valentin a voulu parler 
d'un scorpion ‘lutôt que d’un orvet. 

Je ne sais aussi où doit être placé le rep- 
tile décrit ainsi qu'il suit par Laurenti sous 
le nom d’orvet annelé, pag. 69, n° 131. Le 
corps, presque d’égale grosseur dans toute 
son étendue, est blanc, avec des bandes 
brunes, droites, réunies en dessous; et ïl 
est terminé par une queue amincie, cou- 
verte en dessous par une double rangée 
d’écailles imbriquées. Ce dernier caractère 
paroît le rapprocher de l’erpéton tentaculé, 
qui a de plus une double rangée longitudi- 
nale d’écailles transversales sous le ventre. 

Schneider a divisé le genre des orvets en 
deux sections : la première est celle des 


DES :O'R"V EMFS. 2097 
orvels proprement dits; la seconde, celle 
des typhlops, renferme les orvets dont les 
yeux couverts ne peuvent voir le jour qu’à 
travers les écailles ; tels sont les orvets lom- 
bric, à museau pointu, fascié, cendré , à sept 
stries, dont le museau est large, arrondi, 
couvert de grandes plaques en dessus, et 
avec la bouche en dessous. Il place aussi dans 
cette seconde section l’orvet oxyrynque, 
l’'ophisaure, et même lacrochorde sous le 
nom d’orvet granule. 


298 HISTOIRE 


L’'OR V ET °C'OR A E'DPAN 
Go R90! UD: G:E 61} 


J= range provisoirement parmi les orvets 
cet ophidien de l'Amérique méridionale , 
qui est d'autant plus remarquable qu'il a 
été décrit sous deux noms différens par 


(1) Ænguis corallinus ; corpore supr& rubro (aut in 
spiritu vini albido), cum fasciis atris transversis 
plerumque abdomen cingentibus ; caud& obtusé +. 

Series squamarum abd. 240. — Series squamarum 

subcaud. 12 - 252 selon Lacépède. 
—— 2/0. —— 135-253 selon Shaw. 

Anguis corallinus. Gmelin , Syst. nat. p. 1123. — 
Idem. Laurenti, Synops. rept. p.71, n° 156. —Seba, 
Thes. tom. IT, pl. zxxin, fig. 2. — Anguis ater. 
Gmelin, Syst. nat. p. 1 125.—1dem. Laurenti, Synops. 
rept. p.71 ,n° 157.—Seba, Thes. tom.Il, plzxxim, 
fig. 3. — Anguis corallinus ef ater. Schneider , Hist. 
amphib. fasc. 2, p. 351. — Le rouge. Lacépède, Hist. 
nat. des serpens, in-12, tom. 11, p. 278, pl. vin, 
fig. 2. — L'anguis rouge. Latreille , Ffist. nat. des 
reptiles ,in -18, tom. IV, p.224. — Serpent coral. 
Gumilla, Hist. nat. de l’Orénoque ; Lyon, 1758, 
tom. 111, p. 89 et suiv. — Scheuchzer, pl. cerxvirt, 
fig. b. — Anguis scytale, the painted snake. G. Shaw, 


Naeturalist. miscell. in-8°, n° 2, 1791, pl. v. 


DES ORVETS 209 


Laurenti , selon la remarque de Schneider; 
qu'il paroît avoir , de même que lorvet- 
rouleau , une rangée d’écailles plus grandes 
en dessous , comme les éryx et les clothonies, 
et qu'il pourroit bien être placé dans ce 
dernier genre , si l’on parvient à prouver 
que sa bouche a des crochets venimeux 
comme les vipères. : 

Il est en dessus d’une belle couleur rouge, 
ce qui lui a fait donner le nom de serpent 
de corail'par les habitans de la Guiane; 
le dessous est d’un rouge plus clair : toutes 
ses écailles sont hexagones et bordées de 
blanc , suivant Lacépède, ou de brun, selon 
Seba , qui l’a représenté deux fois dans son 
grand ouvrage , tome IT, pl. Lxxrir, fig. 2 
“et 3. Il est orné de bandes transversales, 
noirâtres , qui s'étendent la plupart jusques 
dessus le ventre, en forme d’anneaux irré- 
guliers. our 

 Laborde, qui en a envoyé un individu au 
museum d'histoire naturelle de Paris , a 
dit que sa morsure est venimeuse et très- 
dangereuse ; et qu'on le regarde comme 
une vipère à la Guiane , d'autant plus que 
Pindividu piacé dans la galerie du museum 
étoit accompagné de deux jeunes, sortis 
tout formés du ventre de leur mére. IL a, 


300 HISTOIRE 


selon Lacépède , deux cent quarante écailles 
sous le corps, et seulement douze sous la 
queue, qui n’a que six lignes d’étendue, 
tandis que la longueur totale est d’un pied 
six pouces. 

Voici ce que Gumilla raconte sur cet 
ophidien , dans son Histoire naturelle de 
l’Orénoque. « Je ne puis passer sous silence, 
dit-il , le serpent nommé coral à cause de 
sa couleur incarnaie , qui est enire-mêlée de 
taches noires, grises , blanches et jaunes. .… 
Il n’y en a point , si l’on en excepte la 
couieuvre macaurel, dont la morsure soit 
plus dangereuse. » Les remèdes, que cet 
ancien auteur rapporte pour guérir de la 
morsure de ce serpent , sont tous plus ou. 
moins insuffisans ; je les ai indiqués dans le 
premier volume de cet ouvrage, page 140. 

Schneider prétend , d’après une figure 
colorée , placée dans la collection de Linck, 
que cet orvet, d’un rouge de corail en dessus, 
et de couleur safranée en dessous, a son 
museau noir : il est aussi orné de bandes 
transversales noires , tantôt courtes, tantôt 
entières comme des anneaux ; la première 
de ces bandes passe sur les yeux et le cou. 
Georges Shaw a figuré ce reptile sous le 
nom d’anguis scytale, et il lui donne deux 


\ 


D'E 5 OR V' ETS. 501 
cent quarante écailles sous le corps, et treize 
sous la queue. La couleur de cet orvet est 
d’un rouge de corail en dessus, plus clair 
sur les flancs, et jaune clair en dessous, 
avec un très-grand nombre de bandes irré- 
gulières et transversales noires, dont la pre- 
mière est placée dessus la partie. postérieure 
de la tête : le peintre a oublié d'indiquer 
les yeux. On le voit en grand nombre dans 
les bois de l'Amérique méridionale , où il 
dévore beaucoup d'insectes, et sur-tout des 
scolopendres dontilest, dit-on , irès-avide. 
Sa couleur est quelquefois blanche et noire, 
ou rose et noire. Il change de peau comme les 
autres ophidiens , et il n’a pas de crochets 
venimeux.Je soupçonne que l’orvet scylale, 
observé par Tännæus, est le même animal 
que celui-ci, principalement à cause du 
nombre de ses rangées d’écailles. 


302 EPS "EUR LA 


L° O KV ET MENT rRr 
ou ROULEAU (1). 


Voyez la planche LYXXX VII, fig. 1. 


Css 7 dans J Amérique méridionale, prin- 
cipalement à Cayenne et à Surinam , et 
non dans les Indes , qu’on trouve cet ophi- 
dien assez semblable par ses couleurs à 


(1) Anguis scytale ; albus cum fasciis transversis 
aut annulis nigris circà 60, cum squamis Imarpine 
lerrugineis ; caud& obtusé circà —. 


An? Series squamarum abd, 240.— Series squarm. 

subcaud. 15 - 255 selon Linnæus. 

—— 227. —— 14 - 241 selon Gronovius. 
——— 219. —— 15 - 252 selon Weigel. 
—— 224. —— 11-235 selon le même. 
—— 228. —— 11-259 selon le même. 
= 2217 —— 12-259 selon le même. 
—— 2923. —— 135 - 256 selon le même. 
—— 224. —— 10 -254 selon le même. 
—— 226. —— 12 - 259 selon le même. 
—— 2532. —— 11-245 selon le même. 
—— 227. —— 13 - 240 selon le même. 

Anguis seytale. Lin. Syst. nat. — Amæn. acad. 


tom, J,p 206. — Mus. Adolph. Frid. tom.T, p. 21, 


De deve del. 


1. ORVET ROULEAU. 
2. ORVET COMMUN ox fragtk . 


ETAT 


RS EE D 


RENTE 


Juke Leremberé S' 


DES! ORNE MS. : 305 
lorvet corallin , et qui pourroit, comme 
lui, appartenir an genre des éryx, à cause 
d’une rangée lonsitudinale d’écailles un peu 
plus grandes en dessous. Il est assez com- 
_mun dans les collections ; j’en possède plu- 
sieurs individus qui m'ont été donnés par 
M. Debaize, médecin à Surinam. Sa tête, 
petite , ovale, déprimée, arrondie en devant, 
a les yeux très-petits , places au milieu 
d’une plaque, de même que les narines. 
Son corps et sa queue sont cylindriques, 
d’égale grosseur par-tout, couverts d’écailles 
lisses , rhomboïdales , réticulées entre elles, 
non imbriquées , formant deux cent dix- 
neuf à deux cent trente-deux rangées trans- 


pl. vi, fig. 2. — Gronovius , Mus. tom. IT, n° 4. — 
Weigel , Abh. der hall. naturf. ges. tom. 1, p. 46, 
im 69-77.— Anguis ex albo nisroque varius. Boddaert, 
nov. Act. acad. Cæs. tom. VII, p. 25, n° 2.—[Laurenti, 
Synops. rept. p. 70, n° 153. — Seba , Thes. tom. Il, 
fig.ret4, pl. vir, fig. 4. — Anguis cœrulea, fasciis 
aliernè candidis el saturatè cœruleis. Laurenti 5 
Synops. rept, p. 71, n° 135.— Sybille Merian, Surin. 
ins. pl. Lx1x. — Seba , Thes. tow. IE, pl. xxx, fig. 3. 
—-Le rouleau. Daubenton, Dict. erpét. Encyc. méth. 
— Idem. Lacépède, Hist. nat. des serpens ,in-12, 
tom. IL, p. 269. — L’anguis rouleau. Latreille, Hist. 
nat. des reptiles , in-18 , tom. IV, p. 220. 


Q 


30; HISTOIRE 


versales sous le corps, et dix à quatorze 
sous la queue. Les dents sont toutes très- 
petites, simples , aiguës, d’égale longueur, 
légèrement courbées en arrière, et l’on ne 
voit parmi elles aucun crochet venimeux. 
Le sommet de la tête est revêtu en devant 
de trois plaques, de même que le devant 
de la mâchoire inférieure ; j'ai compté treize 
plaques autour de chacune des deux lèvres. 

La couleur de l’orvet scytale est d’un 
blanc légèrement jaunâtre , entouré d’en- 
viron soixante bandes noires , irrégulières ; 
transversaies, et forment la plupart des an- 
neaux interrompus, dont les deux extrémités 
en dessous ne sont pas en face l’une de 
l'autre , mais alternent presque toujours 
entre elles ; plusieurs écailles en dessus sont 
teintes de brun ou de roussâtre sur leur 
bord postérieur. 

La longueur totale n’est ordinairement 
que de deux pieds , et ne paroïît guère 
excéder deux pieds six pouces ; la queue 
fait à peu ue la trentième partie de cette 


dimension ; le diamètre de la tête , du corps 


et de la queue n’est que de cinq à huit 
lignes. 
Ta nourriture principale de =. orvet 


consiste en vers, en chenilies, en mouches 
et 


Ps 


DES ORVETS. 305 


et autres insectes, sur-tout en fourmis. 
On croit qu'il a les mêmes habitudes que 
les véritables amphisbènes , avec lesquels 
il a beaucoup de rapports par la forme , 
par la petitesse de ses yeux, placés chacun 
dans le centre d’une petite plaque, et par 
sa bouche peu fendue ; aussi est-il désigné 
sous le nom impropre d'amplhisbène par 
quelques colons dans l'Amérique méridio- 
nale. Les nègres le craignent beaucou» , 
sans doute parce qu'ils le confondent avec 
la vipère galonnée qui a presque la même 
forme , des couleurs semblables |; et des 
anneaux noirs rapprochés trois à trois. 

Je doute que l’orvet rapporté à celui-ci 
par Linnæus soit le même animal; car cet 
auteur lui indique jusqu’à deux cent qua- 
rante écailles sous le corps et treize autres 
sous la queue : d’après ce nombre, il doit 
plutôt être rapporté à l’orvet corallin ou 
rouge , qui n’a qu’une rangée de moins sous 
la queue , selon Lacépède. 

Gimelin a réuni à ce reptile deux orvets dé- 
crits par Laurenti. Le premier est une espèce 
distincte , très - voisine de l’orvet scylale ; 
mais le secondime paroît être synonyme, 
car il n’en diffère que par ses bandes ou 
anneaux d’un bleu foncé sur un fond blanc. 


Keptiles. Tome VII V 


_ 


506 HISTOIRE 


PE = 


L°.OR VE T:FAIS C L'Éu(n}: 


À He naluralistes modernes, qui se sont 
occupés avec succès de l’histoire des reptiles, 
ont désigné sous ce nom une espèce peu 
connue et assez mal décrite d’orvet, dont 
les principaux caractères consistent dans les 
suivans : sa tête, semblable par sa forme à 
celle des orvets lombric, cendré, à long 
museau , etc. est revêtue de trois plaques en 
devant sur la mâchoire supérieure et de trois 
en dessous. Sa queue, de grosseur égale à 
celle du corps, est terminée au milieu de 
son extrémité par une pointe, et elle est 
revêtue en dessus de seize rangs d’écailles. 
La langue est noire, bifide ; mais Schneider 


(1) Anguis fasciatus ; colore albo cum fasciis fuscis 
obliquè AU caudé obtusé , et in medio apice 
aculeatä.. 

Series syuamarum abdom....— Series squamarum 

subcaud. 16 - .... | 

Anguis fasciätus. Laurenti, Synops. rept. p. 70 ; 
n° 154.— Anguis fasciatus. Schneider ; Hist. amphib. 
fasc. 2, p. 340. 


DES OR VE S. 307 
p’a pu découvrir des dents aux mâchoires. 
Sa taille est moindre que celle de lorvet 
commun ; sa couleur est blanche, avec des 
bandes brunes prolongées obliquement, soit 
entières, soit incomplettes , avec ses yeux. 
peu distincts, ou même invisibles selon Lau- 
renti, qui en a trouvé un individu dans la 
collection du comte de Turn. Schneider en 
a vu un-autre dans le cabinet de Bloch, 
et il l’a placé parmi ses typhlops. 
Gmelin, dans la treizième édition du $ys- 
tema naturæ , a regardé cette espèce comme 
une variété de lorvet scytale. 


308 HISTOIRE 


L’ORVET LOMBRIC (à). 


S1 l'on en croit ce qui a été écrit jusqu’à 
ce jour sur cet orvet, on le trouve dans 
diverses parties très - éloignées de l’ancien 
et du nouveau continens, savoir dans l'Inde, 
l’île de Chypre et la Jamaïque. Je suis per- 


(1) Ænguis lumbricalis ; unicolor ex albo lividus, 
capite anticè suprà tr - scutato ; caud& obtus& 
circ® —. | 

Series squamarum abdom. 230.—Series squamarum 

subcaud. 7 - 237 selon Gronovius. 

Anguis lumbricalis, Lin. Syst. nat.—/dem. Gmelin, 
Syst. nat. p.1121.— Gronovius, Mus. tom. T1, p. 52, 
n° 5. — /dem. Laurenti, Synops. rept. p. 75 , n° 144. 
— Idem. Schneider , Hist. amphib. fasc. 2 , pag. 339. 
— Amphisbæna subargentea. Browne, Jamaïc. Hist. 
nat. p. 460 , pl. xuv, fig. 1. — ÆAnguis unicolor splen- 
dens. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. tom. VIL, 
p.24,n° 1.—Seba, Thes. tom. I, pl. zxxx V1, fig. 2. 
Le lombric. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méth. 
— Idem. Lacépède, Hist. nat. des serpens, in-12, 
tom. 11, p. 287, pl. 1x, fig. 2. — Z’anguis lombric. 
Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. IV, 
p. 226. — Anilios , dans l’île de Chypre. — Serpent 
d'oreille , dans l’Inde. 


DES ORVE®ES. 30q 
suadé , d’après les raisons que j'ai détaillées 
ailleurs dans cet ouvrage, qu’une même 
espèce de serpent ne peut habiter à la fois 
dans deux continens; car il n’est pas même 
encore prouvé que les reptiles d'Europe se 
rencontrent également en Afrique et dans les 
Indes orientales. On a sans doute confondu 
ensemble sous le nom de /ombric plusieurs 
espèces distinctes de très-petits orvets, seu- 
lement à cause de leur ressemblance géné- 
rale avec un ver de terre ; mais en attendant 
qu’on ait mieux observé ces petits animaux 
et qu’on soit parvenu à prouver par de 
bonnes descriptions que le lombric, nommé 
anilios dans lile de Chypre, n’est pas le 
même que celui qui a été envoyé des Indes 
orientales au museum d'histoire naturelle 
sous le nom de serpent d'oreilles, ni que 
celui de la Jamaïque appelé par Br owne 
arnphisbène argenté , je crois convenable de 
citer ici la description que Lacépède en a 
donnée dans son savant ouvrage sur les ser- 
peus : (Un des caractères, dit-il, auquel on 
fait le plus d’attention lorsqu'on examine 
le lombric, c’est la proportion générale de 
son corps, moins gros vers la tête qu’à l’ex- 
trémité opposée, de telle sorte que, si l’on 
ne considéroit pas la position des écailles de 

| V3 


510 HISTOIRE 


cet orvet, on seroit tenté de prendre le bout 
de sa queue pour la tête, d'autant plus que 
cette dernière partie n’est pas plus grosse 
que l’extrémité du corps à laquelle elle tient, 
et que les yeux ne sont que de petits points 
très-peu sensibles et recouverts par une 
membrane ainsi que ceux des amphisbènes. 
Le museau du lombric est très- arrondi et 
percé de deux petits trous presque invi- 
sibles qui tiennent lieu de narines à l’animal ; 
mais 1l ne présente d’ailleurs aucune ouver- 
ture pour la gueule. Ce n'est qu’au dessous 
du museau et à une petite distance de cette 
extrémité qu'on aperçoit une petite bouche, 
dont les lèvres n'ont que deux lignes de 
tour dans le plus grand individu des lom- 
brics conservés dans la collection du mu- 
seum. La mâchoire inférieure, plus courte 
que celle de dessus, s'applique si exacte- 
ment contre cette mâchoire supérieure qu’il 
faut beaucoup d'attention pour reconnoître 
la place de la bouche lorsqu'elle est fermée. 
Nous n’avons pu voir des dents dans aucun 
des lombrics que nous avons examinés (1), 


_ (G) Le lombric étoit regardé à la Jamaïque comme 
Venimeux ; mais Browne dit qu’il n’a jamais pu cons- 
tater l'existence du venin de ce reptile. (Browne, 


Hist. nat. de la Jamaïque ; Londres, 1756, p. 460.) 


DES ORVET"TS. 312 
mais nous avons remarqué dans tous une 
peiite langue ‘appliquée et comme collée 
contre la mâchoire inférieure. 1. © 

» Le corps entier du lombric est presque 
cylindrique, excepté à l'endroit de la tête 
qui est un peu aplati par dessus: et: par 
dessous. Ce serpent est :entiérement recou- 
vert de très-petites écailles très-unies et 
très-luisantes, placées les unes au dessus des 
autres comme les ardoises des toits, toutes 
de même forme et de même grandeur, tant 
sur le ventre que sur la queue et sur le dos, 
et présentant par-tout une couleur uniforme 
d’un blanc livide, de telle sorte que le des- 
sous du corps n’est distingué du dessus ni 
par la forme, ni par la position, ni par la 
couleur des écailles. Le museau est couvert 
par dessus de trois écailles un peu plus 
grandes que celles du dos et placées à côté 
l’une de lautre ; et trois écailles semblables 
en revêtent le dessous au devant de lou 
verture de la bouche. 

» L'anus est situé très-près de l'extrémité 
du corps dont il n’est éloigné que d’une 
ligne et demie dans un des individus que 
nous avons décrits. Celte ouverture, faite 
en forme de fente. très -étroite, n’avoit, 
dans cet individu, qu'une demi- ligne de 

Va 


312 :HIS'TOIRE 


longueur , et ne pouvoit être aperçue que 
lorsqu'on phoit le corps de l’animal du côté 
opposé à celui où étoit l'anus. La très-courte 
queue du lombric est terminée par- une 
écaille pointue et dure ; la manière dont 
nous l’avons vue repliée dans plusieurs orvets 
de cette espèce, et la force avec laquelleelle 
étoit roidie, ainsi que le reste du corps, 
prouvent la facilité avec laquelle le lombrie 
peut se tourner et se plier en différens sens. 

». Nous iguorons jusqu'à quelle grandeur 
les lombrics peuvent parvenir. Le plus grand 
de ceux que nous avons vus avoit huit 
pouces onze lignes de longueur, et deux 
lignes de diamètre dans l’endroit le plus 
gros du corps. Ii avoit été apporté de l’ile de 
Chypre sous le nom d’amilios, maïs ce n’est 
pas seulement dans cette île qu’il habite; 
on le trouve aussi aux grandes, Indes d’où 
on a envoyé au museum un très - petit 
serpent long de quatre pouces neuf lignes, 
et n’ayant pas une ligne de diamètre; mais 
qui d’ailleurs est entièrement semblable au 
lombric, et qui évidemment est un jeune 
animal de la même espèce. Ii est arrivé 
sous le nom de serpent d'oreille; nous ne 
savons pas ce qui peut avoir donné lieu à 
cette dénomination. Fe 


D ES: OR VE TS. 315 


» La conformation du lombric, la grande 
faciüité qu'il a de se replier plusieurs fois 
sur lui-même, et celle avec laquelle il peut 
s'insinuer dans les plus petites cavités , doi- 
vent donner à sa manière de vivre beau- 
coup de ressemblance avec celle de l’orvet 
commun , dont il se rapproche à beaucoup 
d’égards, ainsi qu'avec celles de plusieurs 
vers proprement dits que l'espèce du lom- 
bric lie, pour ainsi dire, à l’ordre des ser- 
pens par de nouveaux rapports, et parti 
culièrement par la petitesse de son anus, 
ainsi que par la position de sa bouche ». 

Gronovius a compté deux cent trente 
rangées transversales d’écailles sous le corps 
du lombric, et sept seulement sous la queue, 
TLinnæus prétend qu’il vit en Amérique, ét 
que sa couleur est blanchâtre tirant sur le 
jaune. Schneider le place au commencement 
de sa division des orvets nommés #yphlops, 
c’est-à-dire, de ceux dont les yeux sont cachés 
et ne peuvent voir qu'à travers les écailles. 


€ 


- + 


514 HISTOIRE 


DORE CT 


OXYEHYNQUE G) 


C’r57 dans les Indes orientales que celte 
espèce nouvelle a été découverte par John, 
qui en a envoyé deux individus à Bloch. 
Le museau est étroit, corné et roux. Les 
lèvres sont bordées de plaques, dont les 
quatre dernières sont graduellement plus 
grandes; on voit deux plaques nasales et 
deux sus-oculaires, et entre ces dernières 
deux grandes plaques frontales garnies cha- 
cune latéralement d’une autre plaque trian- 
gulaire. Schneider n’a pu sentir que deux 


(1) Anguis oxyrynchus ; rostro-corneo angusto rufo, 
colore suprà fusco , subtüs dilutiore ; caud& scuto 
corneo ovali rufo.... 

Series squamarum abdom. 222.—Scries squamarurm 

subeaud... 8 - 230. 
Anguis oxyrynchus. Schneider , Hist. amphib, 
fase. 2, p. 341. 


DESIORIVE MS... 515 
dents à la mâchoire supérieure et non à 
linférieure. Le cerps est entièrement cou- 
vert d’écailles hexagones d’égale grandeur en 
dessus, un peu plus grandes et placées sur 
deux cent vingt-deux rangées transversales 
en dessous. Le second individu , envoyé avec 
_ le dessin du Zacerta punciaia de Linnæus, 
avoit entre l’anus et l’extrémité de la queue 
huit écailles dont six plus grandes. 

La couleur de lorvet oxyrynque, ainsi 
nommé à cause de son museau pointu, est 
d’un brun obscur en dessus, et plus pâle 
en dessous. On voit à l'extrémité de la queue 
une plaque cornée, ovale et rousse, qui 
offre quelque analogie avec l'extrémité cornée 
et rousse du museau. 


316 HISTOIRE 


L’'ORVET 


À BONG MUSEAU (1: 


Wsierr a décrit une espèce d’orvet 
sous le nom d’anguis rostratus, dans le 
tome III des Mémoires de la société des 
naturalistes de Berlin. Gmelin l’a ensuite 
appelé anguis nasutus, dans la treizième 
édition du Système de la nature. Enfin 


(1) Anguis rostratus , ex virescente niger , subtus, 
ad latera, capitis apice , caudæ fascié lat& et puncto 
ad apicem ceroceus ; roséro prominente ; caud& apice 
obtuso rigido, circà +. 

Series squamarum abdom. 218. — Series squam, 

subeaud. 12 - 230. 

Anguis rostratus, languafige, schuppenschlange. 
Weigel, Schrift. der Berlin, naturf. ges. tom. LIT, 
p. 190. — Anguis nasutus. Gmelin, Syst. nat. p. 1120. 
— Anguis crocotatus. Schneider, Hist. amph. fasc.2, 
p. 340. — Le long-nez. Lacépède, Hist. nat. des 
serpens, in-12 , tom. IL, p. 283. — L’anguis long-nez. 
Latreille , Hist. nat. des rept. in-18, tom. IV, p. 228. 


DES ORVETS 31 


Schneider, qui a observé l'individu décrit 
par Weigel, et un autre plus petit dans 
la collection de Bloch, l’a nommé anguis 
crocotalus. 

Cet ophidien est long d’un pied, et sa 

queue a elle seule les trois huitièmes d’un 
pouce. Le museau est prolongé, avec la 
mâchoire inférieure plus courte : la bouche 
est un peu fendue et dépourvue de dents: 
le corps a vingt rangées (sans doute lon- 
gitudinales ) d’écailles hexagones , toutes 
d'égale grandeur sur le dos comme sous le 
ventre. La queue est revêtue d’écailles très- 
petites à son extrémité, obtuse et roide. 
Les yeux sont situés sur le sommet de la 
tête, et non sur les côtés comme dans les 
atitres serpens. : 
_ La couleur est d’un noir verdâitre, avec 
le dessous, les flancs, le sommet de la tête, 
une large bande sur la queue et un point 
à son extrémité de couleur jaune. 

L'orvet à long museau habite dans la 
colonie hollandaise de Surinam, en Amé- 
rique. 

Schneider stone que le museau de cet 
orvet ressemble par sa forme à celle des 
orvets lombric et fascié. Il a reconnu que 


._ 818 : HISTOIRE 


la langue est blanche et bifide , et en tâtant 
le palais il a senti une sorte d’aspérité; mais 
il n’a pas découvert des dents aux mâchoires 
de cet orvet n1 à celles du fascié. 

Cet orvet a des dimensions à peu près 
semblables à celles de l’orvet corallin ; mais 
ce dernier a le museau court, obtus, et 
arrondi en devant. 


DES ORVETS.  3i 


LORVETL MACULÉE Ch 


Davsenrox a fait connoître, d’aprè 
Linnæus et Gronovius, cette espèce d’orvet 
sous le nom dé miguel, qui lui est donné 


(1) Ænguis maculatus ; suprà luteo vel fusco cum 
serie geminé macularum separatarum lineis tribus 
atris ; fasciis éransversis , fuscis albisque in abdomine 


alternis ; caudé brevissimé =, =. 


Series squamarum. abdom. 204. — Series squam. 
subcaud, 12 -216 selon Linnæus. 
00: —— 12 - 212 selon le même. 
—— 195. —— 5 - 198 selon Schneider, 
—— 195. —— 6 - 199 selon le même. 
19. —— 7-202 selon Gronovius. 


‘Anguis maculatus. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. Ï, p. 21, pl. xxr, fig. 5.— {dem. Gmelin, 
Syst. nat.-p. 1120. — Laurenti, Synops. rept. p. 72; 
n° 140. — Gronovius , Mus. tom. 11 ,p. 53 ,n° 5. — 
Idem. Schneider , Hist. amphib. fasc. 2 , p. 328. — 
Sebz, Thés tom. If, plc) His. > :;'tom: TI, pl. Lui ; 
fig. 7. — Scheuchzer, Phys. sacr. pl. povi. — Ze 
miguel. Daubenton, Dict. erpét. Encyc. méth.—ZJdem, 
Lacépèede, Hist. nat. des serp.in-12, tom. IT, p- 274 
— L’orvet migrei, Latreille, Hist. nat, des reptiles, 


520 HISTOIRE 


dans le Paraguai, et dans plusieurs autres 
contrées de l'Amérique méridionale, si lon 
doit en croire le témoignage de Seba. | 

La tête est petite, lisse, couverte d’écailles 
imbriquées , avec ses yeux petits, ses narines 
à peine visibles, sa mâchoire supérieure 
plus alongée , et l’inférieure munie en des- 
sous d’un sillon longitudinal. Le corps cylin- 
drique est revêtu en dessous de deux cent 
à deux cent quatre rangées transversales 
d’écailles, et la queue obtuse n’en a que 
douze. La couleur jaune en dessus est di- 
visée par une ligne brune longitudinale, 
avec quarante - cinq lignes transversales un 
peu plus larges, ayant chacune quarante- 
cinq paires de taches jaunes. 

Gronovius rapporte à cet orvet décrit par 
Linnæus celui qu'il a reçu de Surinam, et 
qui a les caractères suivans. La tète de même 
grosseur que le corps el le cou, est un peu 
inclinée vers le museau, et couverte en 
dessus de plaques dont ceile du mulieu est 


in-18 , tom. IV, p. 222. — Anguis hepaticus. Lau- 
renti, Synops. rept. p.72, n° 150. — idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1125. — Anguis tessellatus. Laurenti , 
Synops. rept. p.72, n° 142. — Îdem. Gmelin , Syst. 
nat. p. 1125. #e 
triangulaire : 


| DES ORVETS. 321 
triangulaire : cet auteur prétend que les 
narines, les yeux, les mâchoires, la langue, 

les dents et la forme du corps sont sem- 
blables à celles de l’orvet scytale. Les écailles 

- sont lisses, grandes, minces, luisantes, au 
nombre de cent quatre-vingt-quinze rangées 
sous le corps, et de sept doubles sous la 
queue. La couleur, variée d’un brun de foie 
et de blanc, forme sur le dos et sur chaque 
flanc une ligne couleur de foie, prolongée 
depuis la tête jusqu’à la queue, et l’on voit 
entre ces trois lignes, sur les flancs, des 
taches blanchâtres arrondies. 

Schneider a observé dans la collection de 
Bloch deux orvets maculés envoyés des 
Indes orientales : le premier a sous le ventre 
cent quatre-vingst-treize rangées iransver- 
sales de grandes écailles arrondies, et cinq 
seulement sous la queue; celles du dos et 
des flancs sont hexagones et plus petites. 
Les yeux sont petits; la langue est fendué ; 
les dents des deux mâchoires sont petites. 
Le dessus du corps est orné d’une double 
rangée de grandes taches carrées ou arron- 
dies, bleuâtres, séparées par des lignes lon- 
situdinales et transversales : les lignes trans- 
versales et bleuâtres du ventre sont tantôt 


Reptiles. Tome VII. X 


822 H ESYTOWR E 


parallèles et tantôt alternes, plus larges 
qu'en dessus : le fond de la couleur est 
d’un blanc jaunâtre en dessous, et en dessus 
il est gris avec le bord des écailles d’un 
brun roux. La tête a neuf plaques, et sa 
mâchoire inférieure est un peu plus courte. 
Un autre individu avoit six rangées d’écailles 
sous la queue. 
Schneider a observé avec raison que l’an- 


guis hepaticus de Laurenti et de Gmelin, 


est le même animal que l’orvet maculé. 

11 y a dans le museum d'histoire naturelle 
de Paris un individu long d’un pied, et 
dont la queue n’a que trois lignes. 


Dimensions de l’orvet maculé, selon Gronovius. 


pouc. ligu. 
Longueur, totale... .1.,. . 1.1.1 9 8 
Lonsueur de la queue... 1... D. 42 
Grosseur du museau . . 1.4.2...) 0 Aro 
Grosseur de la tête 27.10 00). ose 
Grosseur du corps derrière la tête . » 2 = 
Grosseur du milieu du corps. . . . ©» 4 ‘ 
Grosseur du corps pès l’anus . +. 0» 2 :. 
Grosseur de l’extrémité de la queue. oo» 17 


Il faut aussi réunir à cet orvet l'arguis 
tessellatus de Laurenli, figuré par Seba 


Re... 


DES'OR VERS 335 


tome I, planche c, fig. 2, et que Gmelin 
a décrit lui-même sous deux noms diftérens 
d’après Laurenti. Ce serpent, nommé par 
Seba serpent amphisbène oriental, a ses deux 
extrémités presque également grosses ; sa 
longueur ne paroît être que d’un pied au 
plus : selon lui on le trouve dans lInde, 
où il sert de nourriture aux grands pango- 
lins, mommés par les siamois diables de 
Tajova. | 

- de crois que l’orvet maculé habite dans 
les Indes orientales el non en Amérique, 
comme quelques auteurs l'ont cependant 
prétendu. | ; 


X 2 


594 HISTOIRE 


L'ORVET.iR ÉDICUME, (0) 


L'orver réticulé a la tête très - petite , 
lésèrement arrondie, un peu aiguë en de- 
vant, couverte en dessus de grandes écailles 
polygones, avec la langue large et à peine 
fendue. Le corps est aussi gros que la tête, 
cylindrique, un peu aminci postérieure- 
ment, revêtu de petites écailles formant 
cent soixante-dix-sept rangées lransversales 
sous le ventre, et seulement trente - sept 
sous la queue, qui est plus mince. 


(1) Anguis reticulatus ; colore ex cinereo nigricante, 
squamarum disco albicante, abdomine ex fravo albi-. 
cante ; caud& obtusä = 

Series squamarum us 177. — Series squam. 

subcaud. 37 - 214 selon Gronovius. 

Anguis reticulatus. Lin.Syst. nat.— Idem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1120.— Gronovius, Mus.tom. II, p.54, 

9 7.— Laurenti, Synops. rept. p. 69, n° 128. — 
Scheuchzer , Phys. sacr. pl. ncoxzvu, fig. 4. — Idem. 
Schneider , Hist. amphib. iu-8°, fasc. 2, p. 325. — Le 
réseau. Daubenton, Dict. erpét. Encyc.méth.— dem: 
Lacépède , Hist. nat. des serpens, in-12,tom. II, 
p. 275. — Anguis réseau. Latreille, Hist. nat. des 
reptiles , in-18 , tom. IV, p. 223. 


DES ORVETS 325 

La couleur du dos est d’un cendré noi- 
râtre, avec le milieu de ses écailles blanc, 
ce qui le fait paroître comme réticulé ; le 
ventre est d’un blanc jaunâtre. La queue 
fait la sixième partie de la longueur totale; 
qui est de huit pouces. 

Il habite à Surinam. 

Schneider a ajouté à cette description, 
publiée par Gronovius, les détails suivans 
qu'il a reconnus sur deux individus placés 
dans les collections de Bloch et de Lampi. 
Le corps est couvert d’écailles ovales, im- 
briquées , le dessus de la tête de plaques, 
la lèvre inférieure et le menton d’une grande 
plaque d’où partent des écailles ovales. 

La queue est presque aussi grosse que le 
corps, et obtuse. La couleur ést cendrée, 
avec la partie antérieure du dos couverte 
d'écailles bianchâtres en devant et brunes 
en arrière, et la partie postérieure du dos 
garnie d’autres écailles blanches en arrière, 
et brunes en devant et sur le rebord ; toutes 
ces écailles sont disposées sur six rangées. 
En examinaut avec soin les écailles, elles 
paroissent rudes au toucher, et parsemées 
de petites lignes saillantes plüs distinctes à 
leur jonction. On voit sur la partie anté- 
rieure de la tête une grande plaque trian- 
ps X 5 


326 HISTOIRE 


gulaire où sont percées les narines, dans un 
sillon horisontal dirigé en arrière; et cette 
même plaque couvre en même tems presque 
la moitié dela lèvre ; il y a ensuite deux : 
plaques de moindre grandeur, puis une 
quatrième triangulaire, petite, entre deux 
autres plaques postérieures. Les dents de 
la mâchoire d'en bas sont assez grandes, 
écartées et coniques ; la mâchoire supérieure 
est plus alougée, avec son museau obtus 
et arrondi. a 

Cette espèce d’orvet, nommé le réseau par 
Daubenton , paroît être figurée dans l’ou- 
vrage de Scheuchzer, pl. pccxLviT, fig. 4. 
Cet animal est de couleur d’ocre sous le 
corps et à l'extrémité de la tête, avec les 
écailles dorsales d’un brun foncé , bordées 
d’une teinte ternie. 


# 


Dimensions de cette espèce , selon Gronovius. 


pou Hgn, 

Longueur totale + . . : nn. 17 08 

Longueur de la queue "4% "2114 
Longueur de la tête jusqu'aux coins 

de la bonche. . ... . . . . .. « », 2 
Largeur de la tête dans le même 


He] 


EDATOILS MTS PS ete en 
Largeur du milieu du corps . + . » 
Largeur du corps à l'anus : + + + 


LD © 


COR 


DÉS! O'R VE TS. 327 


L’ORVET COMMUN 
PC ARR G TL EG) 


PI LXXXVIL, fée. 2 ; pl. LXI, fig. 58 , 50. 


C'ssr. lespèce la plus commune et la 
plus jolie de tous les orvets connus : elle 
he brille pas par l'éclat et la variété de ses 


(1) Anguis fragilis ; subtetragonus, colore in abdo= 
mine et lateribas chalybeo, suprà albo subargenteo 
cum puncto nigro inter oculos et line&' longitudinali 
£enuissimé nieras 5 ae obtusé cb longitudine 
corporis.. |! :. | 

Series: squamarurm abdom. 155. — Séries squam. 

suboaud. 135 - 270 selon Linnæus. 

—— 144 0 —— 144 - 288 selon moi. 
ie fragilis. Lin. Syst. nat. — Faun. Suec. 2809: 
— Idem. Gmelin ; Syst. nat. p. r122.— Weigel, Abh: 
der hall. natnrf. ges. tom. I, p.50, n° 78. — Jdem. 
Laurenti, Synops. rept. p. 68, n° 135 ; p. 178, pl. v,: 
£g. 2. — Idem. Wulf, Ichthyol. cum amphib. resni 
borussici. — Anguis .eryx. Retzius, Faun. suec. — 
Schrank , Faun. boïga. — Cæociliæ vulsaris. Aldrov. 
Elist. serpent. 215. —  Cœcilia. Gesner , Hist. nat. 
serpent. — Cæcilia Gesneri. Imperati, Natur. 916.24 
Cæcilia typhlus, Ray, Synops:quadr, 280. — Typhlops,- 

X 4 


328 HISTOIRE 

couleurs ; mais elle plait par leur simplicité; 
par la manière régulière dont le dos est 
orné , par la douceur de ses habitudes, 
par sa taille qui est moindre que celle des 
autres serpens, et par ses mouvemens presque 
sans ondulation et assez comparables à ceux 
des iules , qui semblent plutôt glisser que 
ramper. 

.L'orvet,commun habite dans toutes les 
parties de l’Europe ,en Russie , en Pologne, 
en Danemarck, en Suède , en Prusse, en 
Allemagne , en France et en Italie ; mais 
mais on ne le rencontre dans aucune contrée 


éæcilia , a blind-worm. Robert Sibbald, Scotia illustr. 
= Idem. Zool. Brit. tom. III ,p. 35, pl. xxv, n° 15. 
Orvet. Daubenton, Dict.erpét. Encyc. méth.— dem: 
 Lacépède, Hist. nat. des sérpens ,in-12, tom. II, 
p. 255. — Anguis orvet. Latreille, Hist. nat. des 
reptiles, in -18 , tom. IV, p. 209, 374. — Anveau, 
anvoie, en Charñpagne. — Borone , aveugle , en Lor- 
raine. — Serpent de verre, dans d’autres parties de la. 
France.— Blind-sworm, en Angleterre. —Æazelworm, 
en Hollande.— Gripia , dans PArragon en Espagne: 
— Ormsla , ou koppar-orm , en Suède. — Van Läer, 
Traité des serpens du pays de Drente; Amsterdam, 
1581 , p. 222, figure coloriée. — Introductio in zoclo- 
 gium Arragoniæ ; p. 94 — Dufay, Mémoires et 
observations sur diverses parties de l’histoire natu- 


xelle; Paris, 1783 , p.6b. 


DES ON V'AMS. 32q 
de l'Afrique ; quoique plusieurs naturalistes 
J'aient cependant écrit. 

Il a beaucoup de ressemblance avec le 
seps quadrupède tridactyle par sa forme, 
_ses écailles, ses proportions, et la disposi- 
tion de ses couleurs, ou du moins, il en 
diffère peu par ce dernier caractère, et il 
n'appartient pas au même genre, car il est 
pourvu de pattes ; il rampe d’ailleurs par 
un mécanisme pareil , les pattes ne servant 
aux seps que pour se tenir en équilibre sur 
le sol. L'orvet est long, mince, presque 
d’égale grosseur par-tout, un peu plus 
aminci postérieurement jusqu’à l’extrémité 
de la queue, qui est obtuse. La tête de Porvet 
fragile n’est pas revêtue de neuf plaques 
disposées sur quatre rangs, comme l’a écrit 
Lacépède ; elle en a un plus grand nombre; 
car jen ai compté treize petites, carrées ou 
rhomboïdales, y compris celles des narines, 
depuis le bout du museau jusqu’à la grande 
plaque entre les yeux : on voit six plaques 
sus - orbitaires , imbriquées, et placées sur 
deux rangs obliques : derrière chaque œil en 
dessus il y a deux petites plaques carrées, 
et quatre autres grandes sur la partie posté- 
rieure de la tête. J'ai aussi compté neuf 
plaques sur chaque côté des lèvres, et neuf 


2360. : H lMS/TOTREÆE 


écailles sur le bord de chaque paupière in- 
férieure. La tête est courte , amincie en 
devant , un peu plus étroite qué le corps, 
avec ses yeux latéraux, munis d’une pau- 
pière inférieure ; ses narines ouvertes conire 
le museau, qui est légèrement obtus ; sa 
bouche étroite et fendue au-delà des yeux; 
sa langue courte et comme échancrée en 
croissant ; ses dents petites, aiguës , cour- 
bées en arrière, et disposées sur ses branches 
marginales , qui ne peuvent pas s’écarter 
une de l'autre. Ce dernier caractère et 
Fabsence des branches palatales donnent à 
Porvet quelque analogie avec les sauriens , 
ét doivent servir à l’éloigner de lerpéton: 
que J'ai décrit dans cet ouvrage. Les yeux 
de Vorvet ne sont pas tellement petits 
qu'on ne puisse les distinguer ; ils ont une 
ligne de diamètre, et sont très - brillans 
lorsque l'animal est en vie. 

. Nous avons déjà observé plusieurs espèces 
parmi les couleuvres dont le corps est 
alongé , tétragone ; mais cette forme ne leur 
est pas particulière; elle est également propre 
à l’orvet fragile : on peut le comparer à un 
solide mince , long, presqu’à quatre faces, 

\dont la supérieure seroit entièrement d’un 
lanc uniforme, luisant et argenté ; les 


DES ORVETS. 531 


côtés et le dessous d’une couleur plombée, 
luisante , très-foncée, principalement contre 
la bande blanche , ou d’une couleur d'acier 
poli. On voit un point noir entre les yeux 
sur le front , et une autre tache noire , 
oblongue, sur la partie postérieure de la tête, 
d’où part un filet noir très-étroit qui sépare 
la bande dorsale en deux parties égales , et 
qui se prolonge jusqu’au bout de la queue. 
Les écailles sont très-petites, arrondies, im- 
briquées, disposées sur vingt-deux rangées 
longitudinales , un peu plus grandes sous 
le ventre, et les écailles plombées sont bor- 
dées d’une teinte légèrement cendrée qu’on 
ne peut apercevoir que lorsqu'on regarde 
l'animal de très - près. L’anus est simple, 
trausversal, demi- circulaire et garni d’é- 
cailles imbriquées semblables à celles du 
ventre. : ; 

L'orvet fragile paroît avoir ordinairement 
ün nombre égal de rangées transversales 
d'écailles sous le corps et sous la queue, 
quoique celle-ci soit ordinairement un peu 
plus longue. Linnæus en a compté cent 
trente-cinq sous le corps et autant sous la 
queue ; j'en ai observé cent quarante-quatre 
sous l’un et autant sous l’autre. 

Cet anunal parvient ordinairement à huit 


332 H EST" R E 

ou dix pouces de longueur totale , rarement 
à un pied et demi, et jamais à'trois pieds 
comme plusieurs naturalistes l’ont cependant 
prétendu ; j'en 21 observé jusqu'à présent. 
onze individus , dont trois sont placés dans 
ma collection. On le trouve quelquefois aux 
environs de Paris, sous les pierres ; parmi 
les herbes et les mousses , sous lécorce 
d'arbres morts. Lorsqu'on le prend, il se 
roidit avec une telle force , selon Laurenti, 
qu'il se casse quelquefois en deux morceaux, 
et ses parties séparées continuent à se mou- 
voir encore pendant plusieurs heures. Il est 
tellement doux qu'il ne cherche jamais à 
mordre ; ses dents ne peuvent percer Îla 
peau , et si l’on parvient , par adresse, à 
hi faire mordre la chair écorchée d’un petit 
oiseau et à l’imprégner de sa salive, il n’en 
résulte aucun symptôme de poison. 

L'orvet se creuse des trous profonds de 
trois à quatre pieds environ dans la terre, 
y forme divers circuits et plusieurs issues 
à l’aide de sôn museau. Il s’y cache pendant 
la pluie, durant une partie du jour et de 
la nüit, lorsqu'il est poursuivi par quelque 
énnemi, ou pendant les grandes gelées de 
Fhyver. Un observateur très - digne de foi 
a même prétendu qu'il perce quelquefois 


DES ORVETS. 333 
la neige qui couvre son trou , pour élever 
sa tête au dessus , afin de respirer Pair ex- 
térieur. | 

Il paroît capable de supporter le froid 
plus aisément que la plnpart des autres ophi- 
diens ; car non seulement on le rencontre 
au nord de l’Europe à des latitudes très- 
froides, mais il sort aussi de son engourdisse- 
ment dès les premières chaleurs, ou lorsque 
les grandes gelées ont cessé. Le mâle et la 
femelle s’accouplent comme les autres ophi- 
diens, en s’entortillant l’un autour de Pautre, 
et restent ainsi serrés étroitement pendant 
une heure et demie environ. La femelle étant 
ovovivipare, les pelits naissent tout formés 
au bout de six semaines à peu prés, etils sont 
alors longs de dix-huit à vingst-une lignes , 
ou même de deux pouces, selon Van Lier. 
Une femelle ne met bas que six à douze 
serpentaux , et sa fécondité paroît propor- 
tionnée en quelque sorte à la grandeur de 
sa taille et à la chaleur du climat. On a 
vu dans le midi de la France des orvets 
faire leurs petits au printems , et d’autres 
en automne ; ce qui sembleroit indiquer 
qu’une femelle peut mettre bas deux fois 
par an. 


Dufay assure , dans ses Mémoires sur 


354 HISTOIRE 


histoire naturelle , qu’il a vu sortir de la 
bouche d’une femelle morte un jeune orvet 
dont le ventre étoit marqué de deux lignes 
blanches, de même que celui d'un autre 
jeune qu'il retira du corps de cette mère, qui 
n’avoit pas de lignes semblables en dessous. 

L'orvet commun quitte sa vieille peau 
vers le milieu du mois de juillet. On a beau- 
coup exagéré sa voracité ; Car on a pré- 
iendu qu'il peut avaler des grenouilles , 
des crapauds et des petits rats ; sa bouche, 
très- étroite , ne lui permet de se nourrir 
que de petits insectes, de mouckherons, de 
vermisseaux et de vers de terre. Lacépède 
rapporte qu’un de ses correspondans , Sept- 
Fontaines , trouva dans le corps d’un orvet 
un lombric long de six pouces, gros comme 
un tuyau de plume , et qui se mit à ramper 
dès qu'il fut mis au dehors. Je me souviens 
d’avoir fait la même découverte relativement 
à une chenille du sphinx du ülleul, que 
je retirai vivante du corps d’une grenouille 
rousse (rana temporaria). L’orvet en cap- 
tivité refuse avec obstination , comme la 
plupart des autres serpens , de prendre 
quelque nourriture , à moins qu'on ne 
puisse parvenir à l’apprivoiser. J'ai gardé, 
il y a plusieurs années , un orvet qui mourut 


DES ORVETS. 335 


au bout de deux mois et demi, après avoir 
refusé constamment toute nourriture. Cet 
innocent reptile a un grand nombre d’en- 
nemis ; il devient la proie de plusieurs oi- 
seaux , entre autres des poules, des canards, 
des oies et des cigognes : les hérissons , les 
couleuvres, les. grenouilles et les gros cra- 
pauds le mangent aussi. 


Dimensions de l’orvet fragile , selon moz. 
pouc. lign. 

Ponraeur iotale. 2.0." 3 12 
Longueur de la tête. Ro nee. D) ON 
Largeur de la tête aux narines. el 
Largeur de la tête derrière les yeux » 2 
Longueur du corps.ssl). fau 45050 » 


be 


pis 


Largeur du. corps à son milieu . .«  » 2 À 
Largeur du corps à l'anus... 3» 1 2 + 
Pongueur de la queue... . . . . 4) 9 
Largeur de la queue à son milieu. » 2 
Largeur de la queue à son extré- 

HAMG LME PeC USR SE TE EE 


Première variété. 


ORVET FRAGILE : à dos roussâtre , avec 
une seule ligne noire sur le milieu du dos, 
et le bord des écailles d’un cendré rous- 
sâtre sur un fond plombé. 

Cette variété: est rare en France: je ne 
lai vue qu’une seule fois aux environs de 


346 HISTOIRE 


Beauvais, dans un chemin : elle a été figurée 
par Van Lier, dans son ouvrage sur les 
serpens du pays de Drente, publié à Amster- 
dam , en 1781. 

Seconde variété. 


ORVET FRAGILE: à dos roussâtre , avec 

une double figne noire sur le milieu du dos. 

Schneider et plusieurs autres naturalistes 

ont décrit celle-ci comme le type de l'espèce. 
| Troisième varieté. 

ORVET FRAGILE ‘ayant toutes ses écailles 
bordées de roux, luisantes et comme dorées, 
avec deux lignes parallèles et longitudi- 
nales, brunes sur le dos. 

C’est à celte variété qu'il faut rapporter 
l’orvet décrit et figuré par Laurenti, dans 
son ouvrage sur les reptiles. On la trouve 
en Allemagne. 

Meyer a représenté, sur la planche xcr 
du tome premier de son ouvrage, le sque- 
lette de l’orvet commun ; il lui a compté 
trois vertèbres collaires , soixante - deux 
dorsales , et soixante - trois caudales. I’a- 
nimal a la faculté, selon Sept-Fontaines , 
de tenir quelquefois tout son corps redressé 
verticalement , en roulant sa queue en plu- 


sieurs tours de spirale. 
L'ORVET 


DES ORVETS 357 


L'ORVET ÉEXX OU 


Eds 


Lrs éryx forment un genre particulier, et 
sont remarquables par une rangée d’écailles 
plus grandes sous le corps et la queue; il 
paroît qu’on ne doit pas placer parmi eux 


(1) Anguis eryx ; suprà griseo fuscescens cum lineis 
éribus nigris longitudinalibus in' dorso et lateribus; 
subtüs plumbeus ; cuudä longiore. | 

Squamis abd. 126. — Squam. subcaud. 136 - 262. 
120: sr 107 107 

Anguis eryx. Lin. Syst. nat. — Î[dem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1121. — Gronovius, Mus. tom. IT, p.35, 
n° 9. — Zocphyl. n° 87.— Idem. Schneider , Hist. 
amphib. fasc. 2, p.515. =. noirs longicaudus. Lau- 
renti, Synops. rept. p. 60, n° 130. — Seba, Thes, 
tom. IL, pl. xx1, fig. 4 ? — D). Schene, manuscrit. — 
Pont Tour in Scotiland , 1569, FR — 
Zool. Brit. tom. IT, p. 55, — Anguis dorso trilineato, 
Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. tom. VIT, p. 25 ,n° 4 
— Eryx. Daubenton, Dict. erpêt. encycl. mêth. — 
Idem. Lacéptde, she nat. des serp. in-12, tom. Il, 
p. 265. — Anguis eryx. Latreille , Hist. nat. des 
reptiles , in-18, tom, IV, p. 216. — Aberdeen , dans 
VAberdeen. — Slire, en Angleterre. | 


Reptiles. Toux VII ra 


338 HISTOIRE 


le pelit reptile nommé anguis eryx par plu- 
sieurs naturalistes, d’après Gronovius ; c’est 
un orvet cendré en dessus, muni de trois 
lignes noires prolongées depuis la tête jus- 
qu'à l'extrémité de la queue, avec le dessous 
bleuâtre ou plombé , garni de cent vingt-six 
rangées d’écailles sous le ventre, et de cent 
trente-six sous la queue. Gronovius a ob- 
servé deux pelits trous, non compris ceux 
des narines; et il a comparé ce petit animal 
avec celui représenté par Seba, tom. II, 
pl. xxI, Big. 4, et rapporté par Linnæus à 
l’éryx pintade. Laurenti a indiqué ce ser- 
pent sous le nom d'orvet à longue queue, 
et il n’a pas cité Gronovius, quoiqu'il n'ait 
fait usage que de sa description; aussi Gme- 
lin a-t-il rapporté par erreur cet orvet à 
léryx pintade. 

La patrie de cette espèce ne paroît pas 
être bien connue; car on l’a d’abord cru de 
Surinam , et ensuite il a été trouvé par le 
docteur Schene en Angleterre. Suivant ce 
dernier auteur, l'orvet éryx a, cent vingt 
écailles sous le corps, et cent trente-sept 
sous la queue. Selon Pennant, il est long 
de quinze pouces, de couleur bleuñtre, 
marqué de petiles taches blanches disposées 
irrégulièrement sous le ventre, avec le dos 


DÉS ORVETS. 339 


et tout le reste d’un brun grisâtre, rehaussé 
de trois lignes longitudinales noires. 
Retzius, dans sa Fauna suecica, rapporte 
que léryx est d’un rouge de brique pâle, 
avec les flancs cuivreux, et trois lignes noires 
dont une sur le milieu du dos; la longueur 
totale est d’un pied un pouce, et la queue 
occupe elle seule sept pouces de cetie di- 
mension. Îl prétend que cet orvet n’est pas 
le même que l’orvet fragile (anguis fra- 
gilis), auquel il ne donne que six à huit 
pouces; selon cet auteur on le trouve en 
Suède et en France. Je crois au contraire 
que Retzius a pris l’orvet fragile pour l’éryx, 
et que celui qu’il rapporte à l’orvet fragile 
est une espèce nouvelle, entièrement cui- 
vreuse, que j'ai observée deux fois en France 
il y a quelques années, mais que je n’ai pu 
décrire, parce qu’elle n’est pas placée dans 
les diverses collections que j'ai examinées. 
Il est possible que lorvet cuivreux soit 
figuré dans l'Histoire naturelle des serpens, 
par Lacépède, in-12, tom. IE, pl. vx, fig. 1. 


540 HISTOIRE 


L’'ORVET MAMILLAIRE (1). 


Cecre espèce nouvelle a été figurée par 
Russel dans son ouvrage sur les serpens du 
Coromandel, pl. xziv ; il paroît soupcçonner 
qu’elle est semblable à l’orvet scytale décrit 
par Linnæus, qui habite dans l'Amérique 
méridionale , principalement à Surinam, et 
qui est placé dans ma collection et dans celle 
de Levaillant. L’orvet scytale est fascié de 
brun ou de noir sur un fond blanc; tandis 
que celui-ci est noir, fascié de blanc; 
d’ailleurs la forme singulière de sa queue, 
qui est ronde et comme mamelonnée à son 
extrémité, doit servir sur-tout à le dis- 
tinguer de l’orvet scytale. Les indiens le 
nomment fatta-pam. La tête est à peine 


(1) Anguis mamilluris ; niger cum fascis latera- 
libus et transversis albis circà Go plerumque insuper 
coalitis ; caudé crassiore , apice rotundo mamillato , 
ferè =. 

Series squam. abd....—Series squam. subcaud, ... 

Tatta-pam. Russel, Hist. nat. of Indian et Corom, 
serpents , p.49, n° 44, pl. xLIv. 


DE S RIVES. 841 
plus large que le cou, petite, arrondie, ob- 
tuse, couverte d’une paire de plaques na- 
sales triangulaires, d’une paire sermbiable et 
plus petite au dessus, de deux plaques sur 
les yeux, d’une autre hexagone intermé- 
diaire , de deux autres grandes postérieurés, 
et déère elles de trois petites. 

La bouche n’est pas grande , avec ses mâ- 
choires presque d’égale longueur, garnies sur 
leurs branches marginales et palatales de 
petites dents pointues et courbées en arrière. 
Les yeux sont situés latéralement. 

Le cou est cylindrique , lisse et couvert 
d’écailles ovalés, pelites, imbriquées. Le 
sommet du dos est un peu caréné, avec ses 
côtés légèrement inclinés. Le ventre est 
arrondi, et revêtu , ainsi que le dos el la 
queue , de petites écailles orbiculaires, ser- 
rées les unes contre les autres, et non im- 
briquées. La queue, d’abord aplatie de 
chaque côté, est ensuite arrondie à son 
extrémité et munie d’une petite pointe; ce 
qui lui donne un peu la forme d’un mame- 
lon : elle est un peu plus grosse que la têle 
et le corps. 

La tèle est noire, ainsi que le corps et la 
queué, avec cinquante-huit taches trans- 
versales coniques, d’un blanc jaunâtre sur 

V3 


342 HISTOIRE 
les côtés, et réunies ensemble dessus le mi- 
lieu, principalement sur le cou et la queue. 


Dimensions principales de cet orvet, selon Russel. 


” pieds. pouc. lign. 
Lonsreupiotale Lise à RUES AN S1700S 


Circonférence du cou . . . . .« . »  » 9 
Circonférence de la queue . . + .« » x 3 
Longueur de la queue. . . +. . » 2.» 


Ce serpent a été trouvé sur le rivage de 
la mer au Vizagapatam , en août 1788. Il 
étoit trés-alerte dans ses mouvemens, mais 
il ne paroissoit nullement disposé à mordre. 
Russel l'ayant placé dans un vase rempli 
d’eau de mer pour tenter avec lui quelques 
expériences, il mourut au bout de plusieurs 
minutes. 


DÉS ORVEÉTS. 3: 


L’'ORVET 


A'SEPT STRIES 


O x doit la connoissance de cet orvet à 
Schneider, qui en a observé un individu 
dans la collection de Lampi. Il est couleur 
de paille, et revêtu d’écailles rondes, toutes 
marquées d’un point brun noirâtre; ce qui 
forme sept lignes ou stries longitudinales ; 
on voit en outre sur chaque flanc une autre 
ligne presque effacée. La queue, plus épaisse 
que la têle, est revêtue en dessous de près 
de douze rangées transversales d’écaiiles, et 
terminée par un piquant oblus. La tête, 


2 


(1) Anguis septemstriatus ; dorso stramineo squamis 
fusco punctatis et septem lineas formantibus, et alter& 
line in utroque latere evanidé ; caudä crassicre, brevi 
aculeo obtuso terminatä.... 

Series squamarum abdom...., —, Series squam. 

subcaud, 12 - .... 

Anguis septemstriatus. Schneider , Hist. amphib, 
fasc, 2, p. 341. 

Ÿ 4 


844 HISTOIRE. 
revétue en devant de trois plaques, dont 
celle du milieu; trés-grande, ressembloit par 
sa forme à celle des orvets fascié et à long 
museau: sur chacure des deux petites pla- 
ques est placée l'ouverture de la narine. 

_Schnerler 1f'a pas indiqué le nombré des 
rangées d’écailies sous le corps ,.et n’a pu 
savoir dans quelle partie de la terre habite 
cet orvet: 


DES ORVETS. 345 
L'ORVET CENDRÉ G) 


ScHneinee a observé dans la collection 
de Rebelt, à Berlin, un orvet assez voisin 
du fascié, et qui étoit conservé sec. Il avoit 
un pied six pouces de longueur. La queue 
épaisse étoit munie au milieu dé son extré- 
mité d'un piquant : l'anus étoit plus écarté 
de cetle extrémité de la queue que dans 
le fascié: et la plaque ronde, située sur le 
milieu du front, étoit aussi plus grande. 
L'auteur, d’après lequel je publie cette des- 
cription, prétend que l'animal sec avoit une 
couleur cendrée; mais il'est possible qué 
cette couleur ne provint que d’une altéra- 
tion et de la dessication. On doit regretter 
qu’il n'ait pas indiqué le nombre des ran- 
gées transversales d’écailes sous lé corps ét 
la queue. 


+ 3) YA DR NO ROUES CL 1 } 


(1) Anguiïs cinereus ; colore cinereo ; caud& crassioré 
ét aculeo in apicis medio terminctà.... 
Series squam. abd... — Series squam. subcaud. .. 
Anguis cinereus. Schneider , Hist. amphib. fase. 2; 


pag. 547. | 


346 HISTOIRE 


VINGTIÈME GENRE. 


OPHISAURE; ophisaurus. 


Corps un peu épais, cylindrique, oblong, 
muni sur chaque côté du ventre d'un ph 
longitudinal ou sillon creux ; queue longue, 
cylindrique et prolongée en pointe mince. 
Des plaques lisses, peu nombreuses (neuf 
environ) sur la tête; des paupières ;' des 
oreilles externes; la langue extensible, élar- 
gie, échancrée en forme de croissant à son 
extrémité. Des écailles carrées, disposées sur 
des rangées longitudinales, et qui peuvent 
aussi paroître transversales. Anus simple et 
transversal. 

Des dents aiguës et petites à chaque mä- 
choires; pas de branches palatales, ni de 
crochets venimeux. 


Le nom que j'emploie, pour désigner ce 
nouveau. genre, indique évidemment qu'il 
doit renfermer des reptiles intermédiaires 
entre les serpens et les sauriens. En effet il 
résulte dés travaux de plusieurs naturalistes 
modernes que les reptiles dont ce genre est 


Ca 
DES OPHISAURES. 347 


formé, sont sans pattes comme les serpens, 
et qu'ils tiennent cependant aux sauriens 
par plusieurs autres caractères. Mon col- 
lègue Latreille, dans les Additions qui ter- 
minent le quatrième volume de son Histoire 
naturelle des reptiles (pag. 374), annonce 
avec raison que l’anguis ventralis Lin. ne 
diffère essentiellement des seps que par le 
défaut de pattes, et il fonde cetie opinion 
sur les caractères suivans, qui sont propres 
aux sauriens : 1° Les deux mâchoires de 
Vanguis ventralis ne sont munies que d'un 
rang de petites dents, et elles ont leurs arcs 
osseux exactement liés l’un à l’autre en de- 
vant ; 2° la langue, quoique beaucoup plus 
épaisse vers sa naissance, w'offre pas ce four- 
reau, cette gaine qu'on remarque dans les 
ophidiens; 5° les ouvertures des oreilles sont 
très- apparentes; 4° enfin on peut ajouter 
que les sillons creux et latéraux des flancs 
de l’arniguis. ventralis se retrouvent dans les 
chalcides. Les observations de Schneider sur 
Vorganisation générale des orveis et sur leur 
structure intérieure établissent encore une 
nouvelle analogie avec les sauriens, sur- 
tout si l’on considère que les ophisaures 
sont encore plus rapprochés d’eux par leur 
forme exiérieure que les véritables orvets. 


» 

548 HISTOIRE 

Schneider assure que leurs viscères res= 
semblent à ceux des lézards; qu'ils ont un 
double poumon, des intestins un peu roulés, 
un ovaire double et même des rudimens de 
sternum et de bassin. Les orvets et les ophi- 
saures différent encore des ophidiens, parce 
qu’ils ont des paupières comme les sauriens. 
D'après ces considérations il ne faut donc 
pas être surpris que Grey, Schueider eb 
d'autres naturalistes modernes aient placé 
l'anguis ventralis parmi les sauriens, quoi- 
qu'il soit dépourvu de pattes. Cette opinion 
n'est pas aussi dépourvue de vraisemblance 
qu'on pourroit le croire; car nous avons vu 
parmi les sauriens des espèces qui sont mu- 
nies de pattes tellement courtes et foibles, 
qu’elles deviennent des organes réellement 
superflus pour ces animaux; tels sont les 
seps et les chalcides; j'ai donc été forcé de 
recourir à des caractères plus essentiels pour 
séparer ces sauriens en deux genres; et je 
n'ai eu recours aux pattes, à leur position 
et au nombre des doigts que pour distinguer 
les espèces. Les chalcides diffèrent principa- 
lement des seps, parce qu'ils ont un sillon 
creux sur les côtés du corps, de même que 
l'anguis ventralis : d'ailleurs on seroit obligé; 
si l’on n’avoit recours qu’au nombre et à la 


La 
DES OPHISAURÉS. 349 


position des pattes dans les seps et les chal- 
cides , de faire presque autant de genres 
qu'il y a d'espèces : savoir, un genre des 
seps quadrupèdes, un des chalcides quadru- 
pèdes, un des seps bipédes à pieds anté- 
rieurs, un des chalcides bipèdes à pieds 
antérieurs, un des seps bipèdes à pieds pos- 
térieurs, et enfin un autre des chalcides 
bipèdes à pieds postérieurs. II résulte donc 
de ces considérations que, dans une classi- 
fication naturelle des animaux, il est néces- 
saire d'établir les genres sur les caractères 
les plus tranchés, et non sur un seul exclu- 
sivement à tout autre. Je crois donc que 
Bosc, dont je connois d’ailleurs l’excellente 
manière de voir et de juger en histoire na- 
turelle , n’a sans doute prétendu parler que 
d'une méthode purement systématique et 
artificielle , mais non d’une classification 
naïurelle fondée en même tems sur l’orga- 
nisation extérieure et intérieure des reptiles, 
lorsqu'il a prétendu, dans le Dictionnaire 
d'histoire naturelle récemment publié par 
Déterville, qu'on ne peut, dans une bonne 
méthode erpétologique, réunir dans un 
même genre , comme je l'ai fait, des espèces 
- à quatre et à deux pieds. Que penseroit-il 


Al 


à plus forte raison d’une méthode qui com- 


. 
350 HISTOIRE 


prendroit, parmi les sauriens, les orvets ou 
du moins les ophisaures, quoiqu'’ils soient 
dépourvus de pieds? [L'opinion de Grey, 
de Schneider, de Latreille et d’autres savans 
naturalistes est maintenant en suspens sur 
cet objet. Schneider a mêmie placé l’anguis 
veniralis d’abord parmi ses chamæsaures, 
ensuite dans le genre des orvets ; et quoique 
je sois, comme tous ces auteurs, dans lin- 
décision, je crois cependant devoir provi- 
soirement adopter l’opinion de Linnæus, de 
Gimelin , de Catesby , de Lacépède, etc., en 
laissant les ophisaures dans l’ordre des ophi- 
diens à cause de leur corps dépourvu de 
pattes, et sur-tout à cause de leur double 
verge garnie d’aspérités. 

Les ophisaures sont des animaux qui ne 
vivent que dans le nouveau continent, et 
dont la queue est tellement fragile qu’elle 
se casse dès qu’on la touche avec une ba- 
guette ; aussi sont-ils nommés serpens de 
verre par les français, ou glass-snake par 
les anglo-américains. Ils paroissent recher- 
cher les Lieux déserts et sablonneux et lin- 
térieur des grands bois, où ils se nourrissent 
d'insectes, de moucherons, de vers et d’au- 
tres petits animaux. 

Il existe sans doute plusieurs espèces 


# 
DES OPHISAURES. 351 


d'ophisaures; car , indépendamment de celui 
de l'Amérique septentrionale, que Bosc a 
décrit deux fois, dans le Dictionnaire que 
j'ai cité précédemment, sous les noms d’an- 
guis ventral et d'anguis lamproie , il paroiît 
qu’il y a dans l'Amérique méridionale , vers 
la colonie de Surinam , un autre serpent de 
verre qui est innocent, quoique très-re- 
douté, et dont personne n’a publié jusqu’à 
ce jour la description. 


55 HISTOIRE Le 


L’OPHISAURE VENTRAL () 
PL, LXXX VII ; “ LXI, fig. 4o ek 4x. 


Crer ophidien est entièrement cylindrique, 
un peu plus gros en devant, et il s’amincit 
ensuite insensiblement jusqu’au bout de 


à a 
LS 


(1) Ophisaurus ventralis ; suprà fuscus striis qua- 
guordecim nigris ,punctoque gemino ex flavo viridi in 
utrâque squamdä ; subtus fravescente albidus ; caud& 
aeut& , duplo longiore. 

Series squamarum abdom. 127. — Series square 

subeaud. 225 - 350 selon Linnæus. 
240 - 360 selon Bosc. 


- 120. 
122. —— 256 - 580 selon moi. 

Anguis ventralis. Lin. Syst. nat. — Idem. Gmelin , 
Syst. nat. p. 1122. — Îdem. Schneider , Hist. amphib. 
fase. 2 , p. 342. — Chämæsaura ventralis. Schneider, 
Hist. amphib. fase. 2 , p.215. — Gray, Trans. Phyl. 
— Cæcilia maculata. Catesby, Hist. Carol. pl. Lrx.— 
Glass-snake, des anglo-américains.— Serpent de verre, 
des français. — Bartram, Voyage en Caroline. — Le 
jaune et brun. Daubenton , Dict. erpét. Encyc. méth. 
— [dem. Tiacépède, Hist. nat. des serpens, in-12, 
tom. I, p. 276. — L’anguis jaune et brun. Tatreïlle , 
Hist. nat. des reptiles, in - 18, tom. IV, p. 223. — 
Anguis ventral, anguis lamproie. Bosc, Dict. d’hist. 
nat. édit..de Déterville, tom.T, p. 4ro et 4x1. 


la 


DES OPHISAURES. 555 
la queue. La tête est assez semblable à celle 
de la plupart des scinques, et la disposition 
de ses couleurs lui donne quelqu’analogie 
avec le scinque ocellé que j’ai figuré tom. IV, 
pl. LVI de cet ouvrage. 

J’ai observé sept individus de cette espèce 
dans diverses collections, et 1lsm'ont toujours 
offert la même disposition dans les couleurs, 
les écailles et les: proportions. Il y a sur le 
dos et sur la queue quatorze rangées lon- 
gitudinales d’écailles rhomboïdales, presque 
carrées ; mais sous le ventre on voit douze 
autres rangées longitudinales d’écailles lisses, 
plus ou moins régulièrement hexagones, et 
formant cent vingt à cent vingt-sept rangées 
transversales semblables à des anneaux. Sous 
la queue on voit des écailles pareilles à celles 
du ventre, et placées sur deux cent cinquante- 
huit anneaux. J'ai compté vingt-cinq pla- 
ques dont une grande rostrale autour de la 
mächoire supérieure, et vinst-trois autour 
de linférieure. L’anus demi-circulaire est 
couvert en devant par sept écailles. 

La couleur de ce reptile est d’un brun 
ou noir bleuâtre en dessus, avec les côtés 
de la têle et du cou variés et pointillés de 
noir ; de plus, toutes les écailles dessus le 


Reptiles. Tome VII. 7 


354 HISTOIRE 


corps et la queue sont marquées de deux 
points d’un verd clair ou jaunâtre. 


Dimensions de cetie espèce , selon moi. 


pieds. pouc. ligm 
Lonsueur'iotie/5tere vo: D SMITE 
Longueur de la tête. . . . . . » » IO 


Largeur de la tête au museau . » » 2 
‘Largeur de la tête aux yeux.  » » 4 
Barseurde con... . "NDS 
Distance du museau au coin de | 

IRboucher 2 RES Se RP De EEE 
Distance du coin de la bouche à 

doreilles 1 2 ini NE PRES 
Distance de l'oreille au sillon 

croix, des flancs: "dre us Jar CON G 
Longueur du museau à l’anus .  » 6 
Longueurdu Corps:.. . : + D: 7, 6 
Larreur dCOpps. . 2 te 2.0 ee 20 DDR 
Fonsutur dé lqueue + “107 


Largeur de la queue à l’anus . D» 5 EG 
Largeur de la queue à son milieu » « 4 


On trouve aux Etats - Unis d'Amérique 
des serpens de verre longs de deux pieds 
et demi, sur neuf lignes environ de dia- 
mètre. Ces animaux ne sont nullement dan- 
gereux , et leur queue très-fragile, jointe à 
leur couleur d’un verd bleuâtre et commé 
Vitrée en dessus, leur a mérité le surnom 


DES OPHISAURES. 365 
qu'ils portent dans ce pays. Le peuple croit 
en Amérique que les parties dau corps et de 
la queue du serpent de verre, séparées l’une 
de l’autre, se recherchent d’elles-mêmes, se 
rapprochent et se rejoignent : mais cette 
opinion est aussi invraisemiblable que la 
fable imaginée par les poëtes anciens sur 
l'hydre de Lerne, dont les têtes, au nombre 
de sept, repoussoient à mesure qu'on les 
coupoit. Lorsqu'il se croit en süreté, :l 
cherche les insectes parmi les herbes, ou 
quelquefois il les guette en s’entortillant 
autour des arbustes et des tiges des plantes. 

Catesby l’a figuré à la planche x1x de 
son ouvrage sur l'Histoire naturelle de la 
Caroline , sous le nom de cécilie tachetée 
( cæcilia maculata.) Daubenton l’a appelé 
le jaune et brun, à cause de ses couleurs, 
et cette dénomination a été adoptée par 
Lacépède et par Latreille ; cependant lépi- 
thète de ventralis, employée par Linnæus, 
sert mieux à distinguer ce serpent de tous 
les autres, et elle semble indiquer que le 
ventre est séparé du dos par un sillon creux, 
lequel s'étend jusqu'à l'anus où il disparoît. 
Bosc vient de publier, dans le Dictionnaire 
d'histoire naturelle , édition de Déterville, 
la description de cet ophisaure sous le nom 


Zi 2 


996 HISTOTRE 

d’anguis ventral : 1] dit lavoir souvent trouvé 
en Caroline, et qu'il est très-innocent, quoi- 
qu'il soit regardé comme dangereux ; il ajoute 
que ses mœurs sont parfaitement semblables 
à célles de l’orvet commun. Ce même natu- 
raliste a décrit ensuite, dans le même ou- 
vrage, sous le nom d’anguis lamproie (anguis 
petromizalus ), un jeune individu long de 
seize pouces et large de quatre lignes; il 
n'offre d'autre différence d'avec celui que 
je viens de décrire que parce qu'il est d’un 
verd foncé au dessus, avec les points noirs 
du cou, prolongés sur deux rangées sur les 
flancs ; quant aux douze stries élevées, peu 
distinctes, placées sur son dos, je les ai 
remarquées également à tous les ophisaures. 


DES PELAMIDES. 557 


VINGT-UNIÈME GENRE. 
PÉLAMIDE; pelamis. 


Lr corps long, légèrement cylindrique ; 
terminé par une queue aplatie, obtuse; l’un 
et l’autre entièrement revêtus de petites 
écailles très-nombreuses, sans grandes écailles 
en dessous. De grandes plaques peu nom- 
breuses (neufenviron) dessus la tête. Langue 
courte, épaisse, échancrée. Anus simple et 
sans ergots. 

Dents aiguës ; pas de crochets venimeux. 


Les animaux qui sont placés dans ce genre 
ont , ainsi que les couleuvres hydre , pytho- 
nisse et les platures, l'habitude singulière 
de vivre dans l’eau ; aussi le connoît-on 
dans quelques endroits de l’Inde sous le nom 
de serpent d’eau, qui est aussi donné à plu- 
sieurs espèces de murènes : on doit sans 
doute être bien surpris de savoir que ces 
serpens vivent dans la mer, principale- 
ment la pélamide bicolore, ainsi que le nom 
générique semble l’indiquer; mais on sera 
aussi également étonné d’apprerdre que les 


7 


fi À 


356 HISTOIRE 


pélamides paroissent avoir été connues des 
anciens ainsi que les hydrophis, qui n’en 
diffèrent que parce qu'ils oni des crochets 
venimeux. On trouve, suivant Elien (16. 8.), 
des hydres à queue plate dans la mer des 
Indes, et d’autres grands hydres dans les 
marais; et ce genre d'animaux marins à, 
dit-1}, des dents très-aiguës qui paroissent 
être venimeuses. Ctesias rapporte ( 16. 45.) 
ue les serpens du fleuve d’Argada, dans la 
province de Sittacène, sont noirs, avec leur 
tête blanche, longs de quatre coudées, et 
qu'ils se tiennent cachés au fond des eaux 
pendant le jour, tandis que pendant la nuit 
ils s'avancent contre les personnes qui na- 
gent ou qui javent du linge, afin de leur 
donner la mort par leur morsure(1). Arrien, 
dans le Périple de ia mer Erythée, main- 
tenant la mer Rouge, fait mention des 
pélamides dans trois articles différens. Les 
pilotes, dit-il, reconnoissent qu'ils appro- 
chent de l'embouchure du fleuve Sinthe 
lorsqu'ils aperçoivent quelques couleuvres 


(1) Mare indicum gignit hydros planis caudis, etiam 
paludes hydres MmaxinoS : genus tamen hoc marina 
serralos magis dentes quam morsum venen@ltum habere 
videtur. Ælianus, H, À. 16, 8. 


— 


DES PELAMIDES. 559. 
nager au devant d’eux : ils appellent ces 
couleuvres graas. Le voisinage du fleuve 
Borake et des sept îles adjacentes est aussi 
indiqué , parce qu’on découvre d’abord de 
grandes couleuvres noires, et dans les régions 
suivantes on voit ensuite d’autres couleuvres 
de moindre taille, d’une couleur verte et 
dorée. Enfin, dans le troisième paragraphe 
il prétend que des couleuvres noires, aux 
yeux rouges, à têle de dragon et moins 
grandes, annoncent que l’on approche des 
côtes (1). | 

Ces premiers détails ne peuvent se rap- 
porter qu’à des serpens; car les murènes 
et les lamproies étoient bien connues des 
anciens. 

Les serpens noirs , à tête blañche et veni- 
meux , cités par Ciésias, ainsi que les hydres 
des marais quise nourrissent de grenouilles, 
selon Élien, doivent sans doute être des 
hydrophis à crochels venimeux; et les hydres 
marins de ce dermer auteur, de même que 
les couleuvres graas de la mer Rouge se- 
roient alors des pélan:ides. On peut ensuite 
ranger parmi les animaux fabuleux les 
hydres et les enhydrides dont Pline fait 


(1) Arrianus, Opera, edit, Hudsoni, p. 22,25 et 5x, 


4 4 


360 HISTOIRE 


mention dans plusieurs passages de ses ou= 
vrages, et qui effrayèrent Onésicrite lors- 
qu'il naviguoit avec Néarque dans le golfe 
Persique, à cause de leur longueur de vingt 
coudées (1). Les serpens, selon Aristote, sont 
presque tous terrestres, et quelques-uns sont 
aquatiques et vivent dans les eaux douces. Il 
existe aussi des serpens marins qui ne diffè- 
rent des terrestres que par leur tête assez 
semblable à celle du congre. Les espèces de 
serpens marins sont nombreuses et de diffé- 
rentes couleurs; ils vivent dans les goufres 
profonds de la mer (2). Il seroit possible de 
réunir à ces renseignemens, consignés dans 
l'ouvrage de Schneider (3), d’autres cita- 
tions des ouvrages d'Hérodote, de Xéno- 
phon, de Lucain, elc. sur les hydres cu 
serpens marins; mais comme elles ne pour- 
roient offrir aucun éclaircissement avanta- 
geux, je vais donner la description des 
serpens placés dans le genre des pélamides, 
et qui vivent dans la mer des Indes et 
jusques dans l’océan Pacifñqaue. 


(1) Pline, Hist. nat. lib. 6 , sect. 26. 
(2) Aristote , Opera , H. A.2 , 14. 


(3) Schneider, Hist. amphib. fase, 1, pag. 255 et 
saivantes. 


DES PELAMIDES. 561 


Les pélamides ont assez de ressemblance 
par leur forme principale et par leurs 
mœurs avec les murènes, mais elles n’ont 
ni nageoires, ni branchies : elles nagent à 
l’aide d’ondulations successives et plus ou 
moins rapides de leur corps et de leur queue 
aplatie presque comme une rame. Leur 
nourriture consiste en mollusques , peut- 
être aussi en petits poissons, et ce ne seroit 
pas les seuls serpens piscivores, car il y a 
déjà un scytale qui porte ce surnom; et j'ai 
souvent trouvé des arêtes ainsi que des 
écailles de poissons dans les intestins de plu- 
sieurs couleuvres terrestres, entre autres des 
couleuvres sipédon et vampum qui vivent 
dans l'Amérique septentrionale. 

Ce genre comprend trois espèces , savoir 
une nouvelle décrite par Schneider sous 
le nom d’hydrus granulatus , et les anguis 
platuros et laticauda de Tin. edit. 13 du 
S'ystema naturæ : elles ont servi à Latreille 
pour former son genre hydrophis ; mais 
comme elles habitent dans la mer, je les 
ai appelées de préférence pélammides, et J'ai 
substitué le nom d’Aydrophis aux orvets à 
queue plate et venimeux qui vivent dans 
l’eau douce. 


302 HISTOIRE 


LA PÉLAMIDE FASCIÉE (1). 


Je range parmi les pélamides le serpent 
appelé orvet large - queue par Linnæus, la 
queue lancéolée par Daubenton, dans son 
Dictionnaire erpétologique, et l’Aydre fas- 
ciée dont Schneider a ensuite donné la des- 
cripuon dans son ouvrage sur les amphibies. 


(1) Pelamis fasciatus ; splendidè niger , fasciis 
flavidis cinctus , cunr squarnis trigoné in medio apice 
caudæ ; caudä ancipitt, brevi.. 

Series squarmarum abdom. 200. — Series squam. 

subcaud. 50 - 250 selon Lainnæus. 

Anguis laticauda. Lan. Syst. nat. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. IT, p. 48. — Idem. Gmelin , Syst. nat. 
p. 1121. — Vosmaër , Monogr. Amstelodami, 1974, 
fig. 2. — Hydrus fasciatus. Schneider, Hist. amphib. 
in-89, fascic. 1, p. 240 , n° 2. — La queue lancéolée. 
Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — dem. 
Lacépède, Hist. nat. des serpens, in-12, tom. IE, 
p. 278. — L’hydrophis à queue lancéolée. Tatralie, 
Hist. nat. des reptiles, in-18 , tom. IV, p. 195. — 
An laticauda imbricata? Taurenti, Synops. rept. 
D. 10,0 241. — Voyez le plature de Laurenti à la 
page 250 de ce volume. — Serpent à large queus. 
Valment de Bomare, Dict. d’hist. nat, 


DES PELAMIDES. 563 
La tête garnie en dessus de neuf plaques, 
comime à la plupart des couleuvres, a sa 
mâchoire supérieure obluse, un peu plus 
longue que linférieure, avec une dent alon- 
gée, courbe, renfermée dans la gencive sur 
chaque côté, et d’autres dents très-petites 
sur les branches palatales, ainsi que sur 
les deux marginales de la mâchoire infé- 
rieure. Si cet animal a des crochets veni- 
meux , il faut le placer dans le genre dés. 
hydrophis; je soupçonne même que c’est 
Thydrophis obscur trouvé par Russel au 
Bengale, ainsi que semble le prouver la 
description publiée par Linnæus, qui nous 
apprend que la queue est comprimée, aiguë, 
pâle, avec des bandes transversales brunes. 
11 a compté deux cents rangées d'écailles 
sous le corps, et cinquante sous la queue. 
Schneider n’a trouvé dans l’intérieur du 
corps ni d'os pubis, ni de traces ou rudimens 
de paites. Le plus grand des quatre indivi- 
dus, placés dans la collection de feu Bloch 
de Berlin, a son organe mâle, inégal, par- 
semé de très-petits grains, mais sans aucune 
aspérité apparente. Un autre individu, con- 
servé dans la collection de l’université d'Iena, 
et plus grand aue les précédens, a la pre- 
nuère dent sur chaque côté de la mâchoire 


# 


364 ETS ITIOMRIR Æ 

supérieure, écartée de l'extrémité, beaucoup 
plus longue et plus épaisse que les autres des 
branches palatales; mais les dents de la 
mâchoire inférieure sont d’égale longueur ; 
l'anus est fendu en long. Sa couleur est d’un 
noir luisant, avec des fascies transversales 
jaunâtres ; et il y a une grande écaille tri- 
gone au milieu de l'extrémité de la queue, 
qui est étroite, selon Schneider. 

Celui que Linnæus a observé dans le 
nuseum du prince Adolphe Frédéric, et 
qu'il a très-imcomplettement décrit, comme 
nous l’avons vu précédemment, est un jeune 
individu de la pélamide fasciée , maïs il y en 
a dans la collection de Barbi un autre assez 
grand , dont la tête est bigarrée. Vosmaër 
Va figuré dans un Mémoire publié à Ams- 
terdam en 1774; et il nous apprend qu’on 
le trouve dans la mer des Indes auprès des 
rivages. 

Schneider réunit à ce reptile, dont il a 
omis de donner les dimensions, un serpent 
figuré par Russel, dans son ouvrage sur les 
serpens du Coromandel, pl. xr1v, sous le 
_ nom vulgaire deatta-pam, qui lui est donné 
par les indiens; mais comme il est terrestre 
et non marin, puisque Russel le fit périr 
assez promptement en Je plongeant dans 


DES PELAMIDES. 565 
des vases pleins d’eau de mer; je lai décrit 
précédemment à la page 340 de ce volume, 
sous le nom d’orvet mamillaire.. 

Daubenton et Lacépède ont placé ce. 
reptile , à l'exemple de Linnæus , parmi les: 
orvets, et l'ont nommé {a queue lancéolée. 
Ce dernier auteur croit qu'on pourroit y 
rapporter le serpent à queue aplatie, vu 
par le célèbre voyageur anglais Banks, près 
des côtes de la nouvelle Hollande, de la 
nouvelle Guinée et de la Chine, nageant et 
plongeant avec facilité pendant les tems 
calmes , et décrit par Vosmaëér. 

Latreille a décrit cet ophidien sous le 
nom d’Aydrophis à queue lancéolée, dans sou 
ouvrage sur les reptiles. 


566 HISTOIRE 


LA PELAMIDE BICOLORE ({i). 


PI LXXXIX,; pl. LX, fig. 31. 


Cserre espèce, figurée par Seba, tom. IF, 
planche zxxvir, fig. 1, et par Vosmaër 
dans un Mémoire publié à Amsterdam 
en 1774, fig. 1, a ensuite été décrite comme 
espèce nouvelle sous le nom d’anguis pla- 
uros par Gmelin, d'après Forster, qui l’a 
découverte auprès des rivages de Pile des 
Pins, dans la mer Pacifique. Le corps, long 
-d’an pied et demi, noir en dessus, blanc 
en dessous, revétu de pelites écailles ar- 
rondies et non imbriquées, est terminé par 


(1) Pelamis bicolor ; suprà niger, subtus flavidus ; 
caudé& albo , flavido nigroque maculatä =. 

Series squam. abd... — Series squam. subcaud... 

Anguis platuros. Gimelin, Syst. nat. p. 1122. — 
Seba, Thes. tom, Ii, pl. zxxvu, fig. 1. — Vosmaër, 
Monograph. Amstelodami , 1774, fig. 1. — Aydrus 
bicolor. Schneider, Hist. nat. amphib. fasc. 1, p. 242. 
— Naila - wahlagillee - pam. Russel, Hist. nat. of 
Indian et Coromand. serpents , p. 47, n° 41, pl. xrx. 
— Hÿdrophis à queue obtuse. Latreïlle , Hist. nat. des 
reptiles, in-18 , tom. IV, p. 197. 


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PELAMIBE BICOLORE.. 


DES PELAMIDES. 367 
une queue comprimée, obtuse, qui occupe 
la neuvième partie de la longueur totale, 
et qui est variée de blanc et de noir. La 
tête est oblongue, assez lisse, et sans dents. 

Cette description se rapporte évidemment 
à la pélamide bicolore du Bengale que jar 
fait représenter ici, et la différence princi- 
pale ne consiste que dans les mâchoires 
qui ne sont pas dégarnies de dents, comme 
Forster l’a cependant prétendu. C’est l’hydre 
bicolore de Schneider, et l’hydrophis à queue 
obtuse décrit par Latreille. 
_ Russel, dans son ouvrage sur les serpens 
du Coromandel, a très-bien figuré cette 
pélamide sous le nom de nalla-wahlagillee- 
pam, que lui donnent les habitans du Ben- 
gale. La. tête est oblongue, arrondie, un 
peu bombée derrière les yeux, légèrement 
comprimée sur ses côtés, avec son museatt 
alongé ; très-obtüs, ainsi que l'indique Ja 
fig. 5, pl. xt, tom. V. On voit en devant, 
et entre les yeux, neuf grandes plaques dis- 
posées comme dans les couleuvres. T/occiput 
est couvert de petites écailles orbiculaires. 
Fa bouche est très-fendue , avec ses mÂ- 
choires longues, rétrécies, et presque d’é- 
gale longueur. Les dents sont petites, poin- 
iues, courbées et nombreuses, disposées sur 


5608 HISTOIRE 


les branches marginales et palatales des mà- 
choires. Les yeux ont une forme ovale, et 
sont de moyenne grosseur : la situation des 
narines est verticale, ce qui les rapproche 
l'une de l’autre. Le corps d’abord un peu 
plus étroit que la tête, ensuite légèrement 
renflé vers le milieu, a le dos un peu caréné 
sur la colonne vertébrale, foiblement incliné 
sur ses côtés : toute la peau est couverte 
d’écailles orbiculaires, non imbriquées, et 
tellement petites et nombreuses, qu’on ne 
peut les compter avec exactitude. La queue 
est aplatie, non amincie, et arrondie à son 
extrémité. 

La couleur de cette pélamide est tres- 
remarquable ; elle est noire sur la tête et 
le corps, avec une très-jolie bande longitu- 
dinale un peu élargie, d’un jaune de soufre, 
partant des joues, et prolongée régulièrement 
sur chaque flanc jusqu’à deux pouces avant 
l'anus : le dessous de la tête et du ventre 
est d’un gris verdâtre tirant un peu sur le 
jaune, avec quelques petites taches noires 
arrondies sous sa moitié postérieure ; mais 
la queue est entièrement marquée de grandes 
taches irrégulières noires, blanches et jaunes ) 
et ces dernières paroissent formées par la 
prolongation des bandes jaunes des flancs. 

Dimensions 


DES PELAMIDES.  3%69 


Dimensions principales de cette pélamide , selon 
Russel. 


pieds pouc. lignes 
Longueur totale. *. . . .. . . 2 4 10 


Epaisseur du corps ,environ . . . » 3 » 
Longueur de la queue . . . . . . » 3 » 


Ce serpent marin est rare au Vizagapa- 
tam ; il s'approche rarement des côtes, selon 
les pêcheurs qui le regardent à tort comme 
dangereux, puisqu'il n’a pas d'organes ve- 
nimeux. Russel en à eu un individu qui 
fut pris sur le rivage du Vizagapatam en 
janvier 1768; et on lui en envoya un autre 
plus petit dans le mois de mai suivant. 

Ginelin a annoncé, d’après Forster, que 
la pélamide bicolore habite auprès de l’île 
des Pins : Schneider s'est ensuite procuré 
d’autres renseignemens du mème voyageur 
qui l’a aussi trouvé dans la mer voisine 
d'O-Taïti, et qui s’est convaincu que les 
habitans de cette île la pêchent pour s’en 
nourrir , et la désignent sous le nom de 
etcona - tôre. Schneider n’a observé qu'un 
os inter - maxillaire comme aux orvets, et 
non un double comme aux couleuvres, 


à un individu placé dans la collection de 
Bloch. 


Reptiles. Tone VIL Aa 


370 HISTOTRE 


LA PÉLAMIDE GRANULÉE (1). 


S CHNEIDER a découvert cette pélamide 
dans la collection de Lampi. Elle a sa tête 
déprimée en dessus, élargie, couverte par- 
tout de petites écailles, et comme tron- 
quée à sa partie antérieure; la mâchoire 
inférieure, qui est plus courte et plus large 
que la supérieure, se relève un peu vers 
son milieu pour remplir une échancrure 
de la supérieure; on voit en outre à celle 
d’en bas deux petits os réunis en devant par 
une membrane lâche, de manière que les 
deux branches de cette mâchoire peuvent 
beaucoup s'écarter : les yeux sont petits 
et placés sur la même ligne que les ouver- 
tures des narines : les branches marginales 
et palatales sont garnies de petites denis 


(:) Pelamis granulatus ; corpore scabro, fuliginoso, 
fascis albis in ventre latioribus cincto ; caudé& cultri- 
Jermi subcompressé 5 aut =, 

Series squam. abd:..— Series squam. subcaud. .. 

Hydrus granulatus. Schneider , Hist. amph. in-8°, 

Lena, 1799, fase. 1, p. 245, n° 4. 
cs û «4 > en SI 4 


DES PELAMIDES. 31 


toutes semblables; la langue courte, entière 
et non échancrée , paroît située en avant 
du larynx. Le corps très-mince en devant, 
s’épaissit vers son milieu, puis diminue de 
grosseur vers la queue qui est comprimée, 
tranchante , plus épaisse en dessous. Les 
écailles sont petites, rondes, non imbriquées, 
mais carrelées à côté les unes des autres, 
et munies d’une carène plus distincte vers 
le ventre, et sur-tout sous le milieu de cette 
partie et de la queue où elle forme une 
suture trés-relevée. La longueur totale ex- 
cède deux pieds, et la queue a seulement 
deux pouces six lignes. 

La couleur est d’un brun de suie, avec 
des bandes transversales blanches plus larges 
sous le ventre. Schneidér regarde ce serpent 
comme voisin de l’acrochorde de Java: il 
en a vu des dépouilles envoyées des Indes 
orientales par John. 

Latreille, dans son Histoire naturelle des 
reptiles, a réuni par mégarde cette péla- 
mide avec la précédente , qu’il a nommée 
hydroplus à queue obtuse. 


372 HISTOIRE 


VINGT-DEUXIÈME GENRE. 


HYDROPHIS; hydrophus. 
. 

L> corps long, mince, légèrement cylin- 
drique , terminé par une large queue aplaüe, 
obtuse; l’un et l’autre entièrement revêtus 
d’écailles très - nombreuses, sans grandes 
écailles en dessous. De grandes plaques peu 
nombreuses (neuf environ) dessus la tête, 
Langue courte , épaisse, échancrée. Anus 
simple et sans ergots. 

Dents aiguës, très - petites; des crochets 
venimeux à la mâchoire supérieure. 


Les hydrophis, ainsi que je l'ai dit pré- 
cédemment , paroissent être les serpens ve- 
nimeux des marais dont quelques auteurs 
anciens ont fait mention dans leurs écrits: 
leur forme extraordinaire et même bizarre 
doit servir à les faire distinguer des autres 
ophidiens ; car la tête est petite, ainsi que 
le cou, et le corps qui est très-long, qui 
s’épaissit insensiblement, et qui est terminé 
par une large queue aplatie, dont l’extré- 
mité est arrondie, obtuse; cette queue, 


DES HYDROPHIS. 373 


assez semblable à une rame, doit beaucoup 
aider les hydrophis à nager, et elle peut 
aussi leur tenir lieu de gouvernail pour les 
diriger à leur gré dans les eaux. Cet apla- 
tissement singulier de la queue n’est pas 
propre à ces seuls reptiles; nous l’avons 
observé à plusieurs geckos de l’Afrique et 
du Chili; si même nous reportons nos re- 
gards sur les animaux des classes supérieures, 
nous voyons la même conformation dans Îa 
queue déprimée du castor, dans celle com- 
primée de l’ondatra, qui sont l’un et l’autre 
des quadrupèdes amphibies très-industrieux 
de l'Amérique septentrionale; et cette ana- 
logie est d’autant plus grande, que ces diffé- 
rens animaux ont tous la queue écailleuse, 
très-mobile. 

Latreilie, dans son Histoire naturelle des 
reptiles, a formé un genre qu’il désigne sous 
le nom d’Aydrophis, et il y a placé seule- 
ment deux espèces, savoir, les hydrophis à 
queue lancéolée, et à queue obtuse. Le 
caractère qu’il emploie pour les séparer des 
orvets consiste dans la forme de leur queue, 
qui est très -comprimée et lancéolée. J'ai 
refondu ce genre avec celui des pélamides, 
et les deux animaux qu'il contient sont 
décrits dans cet ouvrage sous les noms de 


Aa 3 


97/4 HISTOIRE 

pélamides fasciée et bicolore. Les véritables 
hydrophis, ceux à qui je conserve ce nom, 
ont été décrits et très-bien figurés dans 
l'ouvrage de Russel sur les serpens du Co- 
romandel. 

Russel rapporte que les cinq espèces qui 
sont indiquées ci-après, ont été trouvées 
dans les eaux salées d’une rivière près de 
Calcutta, qui partage en deux la contrée 
du Bengale, nommée en anglais le Sunder- 
Bunds. Elles nagent avec beaucoup d’agilité, 
me peuvent se remuer qu'avec peine sur la 
terre, et y meurent en peu de tems. Plon- 
gées dans l’eau douce, elles y périssent éga- 
lement; et quoiqu’elles ne vivent que dans 
l’eau salée, on ne les voit que dans les rivières 
et les marais, où cependant elles sont rares. 


# 


DES HYDROPHIS. 375 


ss 


L’'HYDROPHIS OBSCUR (1). 


Ox trouve, à la planche vrrr du Supplé- 
ment de l'ouvrage publié par Russel sur les 
serpens du Coromandel, cet hydrophis qui 
est connu des indiens sous le nom de Falla- 
shoutur-sun. La tête est petite, un peu plus 
élargie que le cou, ovale, aplatie en dessus 
et sur ses côtés, et recouverte de neuf 
plaques, non compris celle triangulaire du 
museau. La bouche est large, avec sa mâ- 
choire inférieure un peu plus courte; les 
dents sont petites, aiguës, disposées sur les 
branches marginales de la mâchoire infé- 
rieure, avec un pelit crochet venimeux en 
devant de la mâchoire supérieure sur chaque 
_côté, et troïs autres dents simples, écartées 
sur les branches palatales. Les yeux situés 


(1) Æydrophis obscurus ;, colore, atro cœrulescente 
1n lateribus et caudé dilutiore,cum fasciis annularibus 
Jlavidis circa Go posticé laétioribus ét in dorso inter- 
ruptis ; caud& plané à. 

Series squamarum abdom. 558. — Series squam. 

subcaud, 48 - 386. 

Kalla-shoutur-sun. Russel, Hist. nat. of Indian ef 

Coromand. serpents, Supptem, p.9, n° 8, pl. vu. 
Aa A 


376 HISTOIRE 

vers le sommet de la tête sont orbiculaires 
et petits. Le cou est alongé, mince, cylin- 
drique, et s’épaissit graduellement, ainsi que 
le corps qui est également cylindrique. Le 
dos est convexe, avec ses côtés inclinés et 
le ventre caréné; la queue est plus courbe 
et plus obtuse que celle des autres hydro- 
phis, avec le milieu plus épais. De plus, 
les écailles sont carénées , ovales ou légère- 
ment orbiculaires, toutes imbriquées; et 
celles du ventre sont plus petites. Il y a 
trois cent trente-huit rangées transversales 
d'écailles sous le corps, et quarante - huit 
sous la queue. 

Le cou est d’un noir bleuâtre, avec des 
bandes transversales jaunes : le dos est aussi 
d’un bleu noirâtre, avec quelques teintes 
plus claires...-Les flancs et le ventre sont 
entourés dé larges anneaux plus effacés à 
l'extrémité de la queue, qui est plus claire 
sur ses côtés. Sur la tête on voit une tache 
jaune derrière les narines, et une autre 
derrière chaque œil. 

Dimensions principales de cet hydrophis, selon Russei 
pieds. pouc. lign. 

Longueur totale... . 0. 5 #02 

Longueur de la quene . . . . . » 5 6 

Longueur de la tête +: . « . « » » 9 

Circonférence de la tête. . « « » 1 2 


fUxe. | | S. 7.17 877 


De Jove del. ; CVoysard JE 
HYDROPHIS CLORIS. 


DES HYDROPHIS. 357 


ms mn 
————— 


L'HYDROPHIS CLORIS (à). 


> 


PI. XC. 


] 


ir nom que je donne à cette jolie espèce 
indique qu’elle est très-agréablement teinte 
de verd, ainsi que le représente la figure 
soigneusement coloriée que Russel a publiée 
dans le Supplément à son ouvrage sur. les 
serpens du Coromandel : suivant cet obser- 
vateur anglais, les indiens l’appeïlent shou- 
tur-sun. | 

La tête est un peu plus épaisse que le 
cou, extrêmement petite, oblongue, aplatie 
en dessus et sur les côtés, avec les mâchoires 
obtuses et d’égale longueur. I y a douze 
plaques sur la têle, y compris la plaque 
rostrale triangulaire. La bouche est large, 
avec un petit crochet venimeux sur chaque 


_ (1) Æydrophis cloris ; atro cœruleus , cum annulis 
viridibus in collo , et fasciis transrersis sub abdomine 
ct caudé circ& 60 ; caud& plané cicà —. 
Series squamarum abdom. 332. — Series squam. 
subcaud. 40 - 372. 
Shoutur - sun. Russel, Hist. nat. of Indian et 
Coromand. serpents, Supplem. p.68, n° 7, pl. vu. 


378 HIS TOR E% 


branche marginale, et trois dents simples 
sur chaque palatale de la mâchoire supé- 
_meure; les dents de l’autre mâchoire infé- 
rieure sont très-petites et courbées en ar- 
rière. Les yeux ont une forme orbiculaire. 
Le cou, long et très-mince , s’épaissit in- 
sensiblement , ainsi que le corps qui est 
cylindrique en dessus, incliné sur les côtés, 
et caréné sous le venire; la queue, large 
et plate, a son extrémité obtuse, arrondie. 
Les écailles, carénées et imbriquées, sont 
ovales sur le dos, orbiculaires dans d’autres 
endroits, et plus étroites sur la carène du 
ventre. Russel a compté trois cent trente- 
deux rangées transversales d’écailles sous Île 
ventre, et quarante sous la queue. 

Cet hydrophis est d’un bleu sombre, avec 
une soixantaine ou environ de bandes trans- 
versales d’un beau verd clair sous la queue 
et le ventre, et formiant des anneaux entiers 
autour du cou. Ces couleurs s’altèrent plus 
ou moins dans l'esprit de vin. 

Russel a trouvé dans le ventre d’une 
femelle ; 1° un jeune bien conformé, par- 
faitement semblable à sa mére par sa forme 
et ses couleurs, et long d’un pied deux 
pouces trois lignes sur un pouce de large ; 
2° un autre jeuue long de neuf pouces; 


DES HYDROPHIS. 379 


3° et un œuf qui n’étoit pas encore éclos. 
Ceci est donc une preuve évidente que les 
hydrophis sont des reptiles ovovivipares. 


Dimensions de cet hydrophis, selon Russel. 


pieds pouc. lign; 
Honeueun totale 2.502412 120. #9 1179 
Longueur de:la-queue. 2...» :4...6: 
Ponruenr dellttète.. "5 Je D Y12 219 
Circonférence de la tête . . , . » zx » 
Circonférence du corps dans l’en- 
CRDILIC pins épais, 0) 0 4 VO 


380 HISTOIRE 


À 


L’HY DR 'OPHIS 
À BANDES NOIRES (à). 


Les habitans du Bengale donnent le nom 
de Kerril-pattee à cet hydrophis, représenté 
par Russel dans le Supplément de son ou- 
vrage sur les serpens du Coromandel. La 
tête est très-petite, oblongue , obtuse, légè- 
rement convexe en dessus, aplatie sur ses 
côtés : les plaques principales qui la recou- 
vrent sont au nombre de dix. La plaque 
rostrale est triangulaire ; les deux plaques 
suivantes sont oblongues et perforées par 
les narines, qui sont situées presque verti- 
calement et arrondies ; la paire suivanie est 
sub-orbiculaire ; la plaque entre les yeux 
est orbiculaire , prolongée en pointe aiguë ; 


(1) Æydrophis nigrocinctus ; viridi-olivaceus, cum 
Jasciis aut annulis cæruleo - nigricantibus 6o et ultrà 
znsuper latioribus ; caudé plané circà =. 

Series squammarum abdom. 323. — Series squam. 

subcaud. 46 - 369. 

A rbpale Russel, Hist. nat. of Indian et Corom. 

serpents , Supplem. p.6,n°6, pl. vi 


DES HYDROPHIS. 381 


les deux sus-orbitaires sont oblongues ; 
les deux autres postérieures ont une forme 
oblongue , presque en cœur, et partagée 
par la dixième plaque. 

La bouche est large, avec ses mâchoires 
également longues. On voit un ou plusieurs 
petits crochets sur la mâchoire supérieure , 
dans le même endroit qu'aux autres serpens 
dangereux. Il y a en outre de très-petites 
dents simples sur les deux branches pala- 
tales, et sur les deux marginales de la mâ- 
choire inférieure ; les yeux sont situés sur Îes 
côtés de la tête. Le cou est mince, un peu 
plus élargi que la tête, cylindrique, et long 
de même que le corps qui s’épaissit insensi- 
blement , qui est cylindrique sur le dos, 
incliné sur les côtés, et caréné sous le venire. 
Le corps est assez gros vers l’anus, où il s’a- 
mincit un peu; il est terminé par une queue 
courte , aplatie, avec sa pointe arrondie. 
Les écailles, imbriquées, ovales dessus le 
cou, et lisses, sont carénées dans d’autres 
parties , ovales sur le dos , orbiculaires sur 
les flancs et le ventre, et beaucoup plus 
larges sous le ventre et la queue ; les ran- 
gées d’écailles sont au nombre de trois cent 
vingt-trois sous le corps , et de quarante- 
six sous la queue. 


382 HISTOIRE 


L’hydrophis à bandes noires est d’un verd 
olivâlre en dessus , jaune en dessous, avec 
cinquante-huit bandes d’un noir bleuâtre 
foncé autour du corps , et neuf autour de 
la queue. Les bandes sont des anneaux 
très-réguliers , larges dessus le corps, étroits 
en dessous. 


Dimensions principales de cet hydrophis, selon Russel. 


pieds. pouc. lign. 


Longueur totale ...: . us). 1519 2040008 
Honsueuride la quene, "5: D AURES 
Circonférence de la tête . . . «© » x 3 
Circonférence du cou . . . .« . .« » 1 6 
Circonférence de la partie la plus 

épaisse du corps. +... . + .. : » 519 
Largeur du ventre . . . . . . + D» 2 4 


Un oiseau, mordu à la cuisse par cet 
hydrophis, mourut dans les convulsions 
au bout de sept nunutes. 


DES HYDROPHIS. 535 


L'HEYDROPEHES 


A BANDES BLEUES (1). 


Cr hydrophis , nommé chittul par les 
Indiens qui habitent au Bengale , a été 
figuré par Russel dans le Supplément à son 
intéressant ouvrage sur l’histoire naturelle 
des serpens du Coromandel. Il a sa tête 
petite , un peu plus élargie que le cou, 
oblonsue , arrondie , obtuse, couverte en 
dessus de neuf plaques, non compris la 
plaque rosirale , qui est triangulaire. La 
bouche est petite, avec un petit crochet 
venimeux à chaque branche marginale de 


(1) Æydrophis cyanocinctus ; fasciis annularibus 
transversis lœtè cyaneis circà 60 eé flavo - albidis ; 
eaudé pland Æ. R 

Series squamarum abdom. 308. — Series squUam. 

subcaud. 48 - 356. 

Chittul. Russel, Hist. nat. of Indian et Coromand. 


serpents, Supplem, p.10,n° 9, pl:1x. 


384 HISTOIRE 


la mâchoire supérieure , et quatre dents 
simples à chaque branche palatale ; on ne 
voit au contraire que de petites dents minces 
et courbes à l’autre mâchoire. Le cou est 
cylindrique , mince , presque d’égale épais- 
seur, avec le corps un peu épaissi, arrondi 
en dessus , légèrement caréné sous le ventre, 
et terminé par une queue plate, moins 
courbe que celle de l’hydrophis obscur. Les 
écailles petites, lisses, imbriquées, sont orbi- 
culaires sur les côtés, ovales dans d’autres 
parties , orbiculaires et ciliées sur leur bord 
dessous le ventre, où elles sont plus grandes 
qu'aux autres hydrophis, et au nombre de 
trois cent huit rangées transversales; tandis 
qu'il n’y a que quarante-huit autres ran- 
gées semblables sous la queue. 

Russel à remarqué que la couleur de cet 
ophidien aquatique est formée denviron 
soixante bandes transversales ou anneaux 
d’un beau bleu clair, élargis, tous séparés 
par d’autres anneaux d’un blanc jaunâtre 
assez semblables. 

Russel a observé qu’un oiseau, mordu à - 
la cuisse par ce reptile venimeux, mourut 
au bout de huit minutes. 


Dimensions | 


DES HYDROPHIS. 385 


Dimensions de cet hydrophis , selon Russel. 


pieds. pouc. lign. 
Ponguenr totale. , 1. 2 M0 0 CNRS 
Longueur de la queue. . . . . . » 
‘Lonaueur de la fêle .,.,. .,. ie 1» 
Circonférence de la tête . . . . . > 
Circonférence du cou . © + + 2. », 
Circonférence du corps dans paies 


droit le plustépais ,:. . . . 147, 5 4 


mu ON nm (Un 


D À © & 


Reptiles. Tome VELL. | Bb 


386 HISTOIRE: 


L’'HYDROPHIS ARDOISÉ (1). 


L'avpropnrs , que je vais décrire ici 
d’après Russel, est connu des Indiens qui 
habitent au Bénssile sous le nom de Aougli- 
patlee. Il présente à peu près les mêmes 
caractères que les précédens , et n’en diffère 
principalement que par sa couleur , qui est 
bien soigneusement indiquée sur la figure 
coloriée que Russel en a publiée dans le 
Supplément à son ouvrage sur les serpens 
du Coromandel. 

La tête est oblongue, obtuse, un peu plus 
épaissie que le cou, couverte en dessus de 
neuf plaques, non compris la plaque trian- 
sulaire du museau. Ce serpent a sa bouche 
assez large , avec un petit crochet venimeux 


(1) FHydrophis schistosus ; capite nigro, caudé et 
dorso cærulescentibus , abdomine et lateribus colore 
bufalino subpallido ; caud& plané circà —-. 

Series squamarum abdom. 306. — Series squam. 

subcaud. 52 - 358. 

Hougli-pattee. Russel, Hist. nat. of Indian et 

Corom. serpents, Supplem. p. 11,n°10, pl. x. 


p 


DES HYDROPHIS. 587 


sur les branches marginales , et trois dents 
simples sur les branches palatales de la 
mâchoire supérieure ; les dents de lauire 
mâchoire sont petites. Les veux sont de 
forme ovale ; le cou est presque cylindrique 
ainsi que le dos , avec les côtés inclinés, 
comprimés , et le ventre caréné; la queue 
est plate, un peu pointue , plus claire sur 
ses côtés. Les écailles sont ovales, carénées 
et imbriquées sur le dos; lisses sur les côtés: 
petites, ovales, imbriquées et lisses sur la 
carène du ventre ; au nombre de trois cent 
six rangées transversales sous le corps, et 
de cinquante-deux sous la queue. 

Cet hydrophis a la tête noire, la queue 
bleue , les flancs et le ventre d’une couleur 
_ de bufle pâle. 


Dimensions principales de cette espèce , selon Russel, 


pieds. pouc. lign, 
Ponoueur totale....2 ft. 35 2); 6 
Longueur de la queue . , « . . » 5 » 
Ponsueur de la tête. . . . . » 1x 
Circonférence de la tête . . . . » 1: 


Russel a remarqué qu’un oiseau, mordu 
par cet ophidien , mourut au bout de cinq 
minutes. 


Bb 2 


388 HISTOIRE 


VINGT-TROISIÈME GENRE. 


ACROCHORDE; acrochordus. 


Lr corps et la queue cylindriques , entië- 
rement revêtus d'écailles ou de tubercules 
écartés; des écailles dessus la tête. Langue 
courte, épaisse, échancrée. Anus simple et 
sans ergots. 

Dents aiguës, très-petites ; pas de crochets 
veuimeux, ni de branches palatales. 


Ce genre d’ophidien , établi par Hornstedt 
dans les Mémoires de l'académie des sciences 
de Stockholm en 1787, ne comprend qu’une 
espèce beaucoup plus grande que tous les 
orvets connus , et qui n’a été trouvée Jus- 
qu'à présent que dans l'ile de Java. La 
peau est conservée dans le cabinet d'histoire 
naturelle du roi de Suède ; et cependant 
on n'a pu se procurer, depuis cel auteur, 
aucun renseignement positif sur la place 
qu'il doit occuper dans l’ordre ; cependant 
plusieurs naturalistes célèbres ont émis des 
conjectures qui paroïissent assez vraisem-— 
blables, et qui ont été adoptées par Schneider 


DES ACROCHORDES. 58 
dans son ouvrage lalin sur les amphibies. 
Le corps et la queue sont garnis seulement 
de petits tubercules , selon Hornstedt ; mais 
où présume avec quelque motif que l’acro- 
chorde n’est qu’une grande espèce d’orvet, 
dont le corps est tellement enflé, que toutes 
les petites écailles sont séparées les unes des 
autres, de manière à imiter de petits tuber- 
cules. On pourroit comparer cette sépara- 
tion des écailles à celle qui a lieu dans un 
grand nombre de serpens , principalement 
aux vipéres naja et haje lorsqu'elles gonflent 
leur cou. D'ailleurs lacrochorde ne doit pas 
avoir de vrais tubercules, puisqu'ils sont 
garnis de trois carènes comme les écailles 
proprement dites ; et ce nom ne peut être 
donné qu'aux petits grains peu apparens qui 
sont dispersés sur la peau des cécilies. 
Nous avons déjà vu précédemment que 
les orvets, quoique dépourvus de crochets 
venimeux , produisent leurs petits tout for- 
més,et que leurs œufs éclosent dans lin- 
térieur de leur corps : cette observation, 
nous l’avons également faite dans la des- 
cription qüe nous avons donnée de la cou- 
leuvre hétérodon ; elle se rapporte de même 
aux acrochordes. 


Bb 3 


L’ACROCHORDE DE JAVA (1). 
PI LXI, fig. 42. 


Léivorvinv observé par Hornstedt a 
huit pieds trois pouces de longueur totale ; 
et sa queue est longue de onze pouces, cy- 
lindrique, terminée en pointe, et beaucoup 
plus mince dès sa base que le corps. Les 
tubercules ou écailles sont surmontés cha- 
cun de irois carènes. Le corps est noir en 
dessus , blanchâtre en dessous, avec ses 
flancs tachetés de noir sur un fond de même 
couleur que le ventre. La tête, déprimée 


(1) Acrochordus javensis ; suprà niger , subtüs 
albidus , lateribusque albidis Juseo maculatis ; caud& 
fenut +. 

Acrochordus. TEornstedt , Mémoires de lPacadémie 
des sciences de Stockholm, 1787, p. 306, fig. — Acro- 
chorde. Journal de physique , 1788 , p. 284. — L’acro- 
chorde de Java. Lacépède, Hist. nat. des serpens, 
in-12, tom. IT, p. 508, pl. x1, fig. 2.— //acrochorde. 
Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. IV, 
p. 229, fig. 2, — Acrocherdus. George Shaw, Natu- 
ralist’s miscellany , n° 148. — Anguis granulatus , vel 
acrochordus, Schueider, Hist. amphib. fase. 2, p. 344. 
— Aiguis granulatus. Mus. Hounttuyn, p.29, n° 293. 


DES ACROCHORDES. ‘391 
et revêtue de petites écailles, a sa bouche 
peu fendue, point de crochets venimeux , 
mais seulement une double rangée de petites 
dents aiguës à chaque mâchoire. La région 
de l’anus est la plus grosse partie du corps, 
et son diamètre excède trois pouces, tandis 
1e celui de la queue n’est que de six À Hi 

à sa base. | | 

Lorsque Hornstedt toyaseait | dans File 
de Java, et qu'il se livroit à des recherches 
assidues sur l’histoire naturelle de ce pays, 
encore mal connu des naturalistes, il décou- 
vrit un acrochorde femelle dans une forêt 
de poivriers; et l'ayant ouvert , il trouva 
dans son ventre cinq petits tout formés, 
long chacun de neuf pouces. Les chinois, 
qui accompagnoient cet observateur, man- 
gerent avec empressement la chair de ce 
serpent , ét prétendirent qu'elle étoit excel- 
lente. 

Schneider désigne cette espèce sous le 
nom d'orvet granulé ; il y rapporte d’abord 
un individu placé dans la collection d’Hout- 
tuyn, et qui est indiqué comme étant un 
orvet rare du Bengale, dont la peau est en- 
tièrement couverte d’écailles semblables à 
des grains , ainsi que le prouve la figure 148 
publiée par Shaw dans ses Mélanges d’his- 


Bb 4 


592 HISTOIRE 


toire naturelle. Ce dernier auteur a remar- 
qué qu’un acrochorde long de: trois pieds, et 
conservé dans le museum britannique, est 
muni d’écailles coniques , légèrement caré- 
nées dans le milieu de leur longueur, et 
différentes des vrais tubercules, et les écailles 
plus petites vers la queue ont en outre une 
autre petite carène sur chaque côté. Les 
“yeux sont petits, situés sur le milieu de la 
partie antérieure de la tête : Shaw conclut 
de la forine de ces écailles, que l’acrochorde 
a quelques lègers rapports avec. les lézards 
proprement dits; ce qui me pu peu vrai- 
LA 


DËS AMPHISBENES. 295 


er 


L 4 


VINGT-QUATRIEME GENRE 


AMPHISBÈNE; amphisbæna. 


Lez corps épais, cylindrique, ainsi que la 
tête et la queue; celle-ci courte. La bouche 
peu fendue; yeux très-petits. Des plaques 
lisses sur la tête; des anneaux nombreux et 
à compartimens écailleux aulour du corps et 
de la queue. Anus simple, transversal, muni 
d'une rangée de grains poreux en devant. 

-. Des petites dents à chaque mâchoire ; pas 
de crochets venimeux à la mâchoire supé- 
rieure. 


Les animaux qui entrent dans, ce genre 
sont nommés amphisbènes ou double-mar- 
cheurs , parcé que leur corps gros, alongé, 
. cylindrique, est muni d'une tête et d’une 
queue d’'égale grosseur qu'on ne peut aisé- 
ment distinguer l’une de lautre ; les yeux 
étant très-petits et au niveau de la peau, 
et la bouche étant peu fendue. Il arrive 
fréquemment dans l'Amérique méridionale 
que , lorsqu'on voit un amphisbène ramper, 
on hésite, pendant quelques instans, pour 


594 HISTOIRE 
savoir s’il rampe en avant ou à reculons: 
Si l’on compare les organes qui servent aux 
mouvemens progressifs de ces singuliers rep- 
tiles avec ceux des vers de terre ou lom- 
brics, on reconnoît qu’il y a entre eux une 
grande analogie, et que le ramper doit avoir 
lieu de la même manière, c’est-à-dire, par 
des ondulations successives contre le sol à 
laide des anneaux nombreux qui entourent 
le corps et la queue. Toutes les relations des 
voyageurs et des colons s'accordent en effet 
à dire que les amphisbènes rampent avee len- 
teur et à peu près comme les vers de terre; 
et quelques - unes ajoutent que les serpens 
de ce genre peuvent aussi ramper pendant 
quelques instans sur le dos et les côtés. 
Lorsqu'un animal présente quelque sin- 
sularité dans sa conformation, le vulgaire 
s'empresse de lui attribuer des habitudes 
extraordinaires et invraisemblables ; il saisit 
avec empressement tout ce qui lui paroît 
tenir heu du merveilleux : c’est ainsi que 
les colons et les nègres de Surinam désignent 
quelquefois les amphisbènes sous le nom de 
serpent avetgle, parce que leurs yeux sont 
à peine visibles; et ils ajoutent qu'il y a 
dans cette colonie de grosses fourmis nom- 
mées Xusjes, selon Hartsink, qui sont sans 


DES AMPHISBENES. 39 


cesse occupées à nourrir ces serpeñs aveu- 
gles; ce qui leur a fait donner le surnom 
de roi des fourmis (1). 

Les mâchoires des amphisbènes sont sem- 
blables à celles des orvets, et leur langue 
a la même forme que celle des ophisaures. 
Cette langue est large, plate, hérissée eu 
dessus de petites papilles pointues, avec 
lextrénuité libre et un peu fourchue. La- 
trelile a remarqué, dans son ouvrage sur les 
reptiles, que les divisions de cette fourche 
semblent être plus fortifiées et plus épaisses : 
en dessous et sur les côtés, si on les exa- 
mine en dessous. | | 

Les amphisbènes sont lents dans leurs 
mouvemens ; ils paroissent se creuser des 


(1) « Je remarquai encore un autre serpent d’en- 
viron trois pieds de long, couvert d’anneaux, et qu’on 
nomme amphisbène, parce qu’on süppose qu’il a deux 
têtes; mais la vérité est qu’en raison de sa forme 
cylindrique , sa tèle et sa queue se ressemblent au 
point que l’erreur est presque pardonnable ; ses yeux 
d’ailleurs sont presque imperceptibles. C’est ce mème 
serpent que de grosses fourmis nourrissent, dit le 
vulgaire , lorsqu'il est aveugle , et qu’en conséqnencé 
on honore daus ce pays sous le noin de roi des fourmis ». 
Stedman, Voyage à Surinam et dans l’intérieur de la 
Guiane , in-6°, tom. IT, pag. 406, 


596 HISTOIRE 


trous en terre, de même que les vers de 
terre. Ils ne sont pas venimeux et ne peuvent 
que serrer leur proie entre leurs petites 
dents aiguës, et non pas la blesser. Il faut 
sans doute les ranger parmi les ophidiens qui 
sont véritablement ovipares, et non parmi 
les vivipares ou plutôt les ovovivipares, 
quoique mademoiselle Mérian les ait crus 
des animaux vivipares. Je possède dans ma 
collection un jeune amphisbène qu’on a pris 
dans la colonie de Surinam aûu moment où 
il sortoit de l'œuf. Un colon m'a de plus 
assuré que l’amphisbène blanchet, qui res- 
semble, disoit-1l, & un long boudin blanc, 
pond jusqu’à trente œufs dans des tas de 
feuilles ou dans des fumiers exposés à l’ar- 
deur du soleil ; et que, lorsqu'il est surpris 
par le froid, il se retire dans son trou, ou 
même quelquefois dans des fourmilières. De 
à sans doute provient l'opinion des nègres 
dont j'ai fait mention précédemment. 

Seba nous a donné, dans son grand ou- 
vrage, plusieurs figures d’amphisbènes que 
Lauren!ti et Linnæus ont regardées comme 
autant d'espèces distinctes, Jai déjà observé 
dans diverses collections vingt-un amiphis- 

ènes , et je me suis assuré que Lacépède a 
eu raison de n’en reconnoiître seulement que 


DES AMPHISBENÉS. 597 


deux espèces, à l’exemple de PDaubenton. 
Les quatre premières espèces de Linnæus 
sont des variétés de l’amphishbène enfumé, 
la dernière est notre amphisbène blanchet,. 
Les amphisbènes n'existent que dans les 
parties les plus chaudes du nouveau conti- 
nent , et non pas dans l’île de Ceilan, comme 
Va cependant prétendu Seba. | 
Parmi les contes bizarres qu’on débite 
dans les colonies, relativement aux amphis- 
bènres, il y en a de tellement absurdes qu’on 
n’a besoin que de les citer pour en prouver 
la fausseté. Ces serpens, dit-on, jouissent de 
la faculté de se rejoindre en entier, si on 
les coupe en plusieurs morceaux; aussi les 
nègres et les colons crédules croient-ils que 
ces animaux, séchés et réduits en poudre, 
peuvent servir à racommoder les membres 
cassés. On ajoute aussi que chaque portion 
d’un amphisbène , placée dans un lieu hu- 
mide , peut devenir un animal entier. Dans 
la treizième édition du $ystena naturæ, 
Ginelin a mis une note au bas de la 
page 1124, dans laquelle il annonce que 
quelques personnes, entre autres Couplet, 
dans les Mémoires de l’académie des sciences 
de 1701, regardent les amphisbènes comme 
dégoûtans et comme capables de causer des 


398 HISTOIRE 

pustules aux mains , lorsqu'on les touche 
sans précaution; mais ceci est d'autant moins 
croyable que plusieurs nègres en mangent 
quelquefois la chair sans aucun risque, et 
que la peau de ces reptiles ne peut secréter 
aucune liqueur par des verrues, comme 
celle des crapauds; et quand même cela 
existeroit , 1l ne paroît pas croyable que 
ette liqueur produisit des pustules, car celle 
des crapauds n’est réellement pas nuisible, 
ainsi que je n’en suis assuré par plusieurs 
expériences. 

Les amphisbènes n’ont pas d’écailles pro- 
prement dites, mais leur peau est seulement 
revêtue d’anneaux dont les compartimens 
peuvent être comparés en quelque sorte 
à des écailles. Je ne crois donc pas, avec 
mon collègue Latreille , dont j'apprécie 
d’ailleurs infiniment les travaux et les ta- 
lens, que la peau des amphisbènes soit aussi 
nue que celle des rainettes, des grenouilles 
et des crapauds. 

Dobrizshoffer rapporte que les guaranis 
désignent les amphisbènes sous le nom 
d'ybiya (1); ce qui les assimile en quelque 


(1) Dobrizhofer, Hist. abiponensium, tom. IT, 
pag: 404. 


DES AMPHISBENES. 399 


sorte avec les ibiares ou cécilies : en effet 
ils leur ressemblent par leur forme, par la 
petitesse de leurs yeux, et parce que leur 
peau n’est pas, à proprement parler , revêtue 
d’écailles. 

Voici ce que Schneïder a remarqué sur 
l'anatomie des amphisbènes (1) : 
… Le crâne est convexe, plus élevé à sa par- 
tie antérieure, plus déprimé et plus large 
à sa partie postérieure ; sa structure est sem- 
blable à celle de plusieurs sauriens. Il n’y 
a pas d'os zygomatique, ni ces différentes 
apophyses qui doivent se réunir à l'os inter- 
maxillaire ; et c’est à cause de cette confor- 
mation que les orbites ne sont pas closes 
postérieurement. L’os temporal est compri- 
mé dès la région orbitaire, et il s’élargit 
davantage vers la jonction postérieure de 
Vos maxillaire. Los occipital situé dans une 
position presque perpendiculaire se réunit 
au même endroit que l’os temporal, de ma- 
nière à former ensemble l'angle de l’occi- 
put, comme aux lézards. L’apophyse de la 
portion condyloïde est jointe avec l'os occi- 
pital, et ils sont ensuite unis avec l'os inter- 


= 


(t) 3. Gottlob Schneider, Hist. amphib. fase. 2, 
Lena, 1801 , in-8°, pag. 354. 


400 HISTOIRE 


maxillaire comman. Les apophyses palatales 
ne sont pas fléchies en dehors, comme aux 
lézards, mais elles se joignent avec le sphé- 
noïdal à l’os inter-maxillaire commun et à 
la mâchoire inférieure, laquelle est beau- 
coup plus courte que dans les lézards, et un 
peu plus longue que la moitié du crâne. Le 
condyle occipital est divisé dans son milieu, 
et comme double. Il y a trois vertèbres col- 
laires, dont la seconde semble être formée 
de deux vertèbres soudées ensemble. Les 
dix suivantes out une petite apophyse infé- 
rieure arrondie auprés de leur face anté- 
rieure. Les vertèbres costales s'étendent jus- 
qu'à l'anus, et les autres vertèbres n’ont plus 
que des apophyses droites, aiguës et trans- 
rersales. Il n’y a aucune trace de sternum ni 
de bassin. | | 
Schneider, après ces remarques sur le 
sauelette des amphisbènes, décrit le lan- 
saha, qu'il regarde sans doute comme un 
amphisbène ; ce qui me paroît peu conforme 
avec les observations publiées par Bruguière 
sur cet ophidlien de Madagascar, que j'ai 
décrit précédemment aux pages 240 et sui- 
“antes, dans un genre particulier, à exemple 
de Lacépède, de Cuvier , de Brongniart et 
de Latreille. 
L’AMPHISBÉNE 


à 


Du Eat m: 


L 


2.AMPEHSPENE: ENFUME . 


\ 


1. AMPHISBENE BLANCHET- 


x 


© + 


De d'eve et. 


DES AMPHISBENES. 4or 


9 À 6 à ge 


L’AMPHISBENE BLANCHET (1). 
PI. XCI, fig. r. | 


Corre espèce est très-facile à reconnoître, 
parce que sa couleur est enlièrement d’un 
blanc pâle, tirant un peu sur le jaunûtre, 


(1) Amphisbæna alba ; flavescente-albida imma- 

sulata ; caud& —-. 
Ænnulis squamatis abdom. 223. — Annulis squam. 
caudalibus 16-259 selon Linnæus. 


—— 254, —— 18-252 selon Gronovius. 
—— 255. —— 16 - 249 selon moi. 
—— 220. —— 24 - 244 selon moi. 
——— 230. —— 15-245 selon Houttuyn. 


= Amphisbæna alba. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolp. 
Frid, tom. I, p.26, pl.1v, fig. 2. — Idem. Gmelin, 
Syst. nat. — Laurenti, Synops. rept. n° 118. — Seba, 
Thes. tom. Il, pl. xx1v , fig. 1. — /dem. Schneider, 
Hist. amphib. fasc. 2, p. 549. — Le blanchet. Dau- 
benton , Dict. erpét. Encyc. méthod. — Jdem. Lacé- 
- pède, Hist. des serpens,in-12,tom. IT, p. 100, pl.x, 
fis. 1. — L’amphisbène blanchet. Latreille, Hist. nat. 
des reptiles, in-18, tom. IV, p. 255.— Amphisbæna 
alba. Gronovius, Zooph. n° 59. — Amphisbæna alba, 
anticè rufescens. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. 
tom. VIT, p. 25, n° 2. — Scheuchzer , Phys. sacxa , 
tom. IE, pl. pevrr, fig. 1. 


Keptiles. Tome VII. Ce 


4o2 HISTOIRE 


et sans aucune tache. Elle a neuf plaques 
lisses sur la tête, savoir une plaque arrondie 
au bout du museau, qui est assez oblus; 
ensuite deux plaques carrées oblongues et 
transversales sur le front, au nulieu des- 
quelles sont percées les deux narines; puis 
deux autres plaques grandes et pentagones 
en avant des yeux, et de plus deux plaques 
moyennes triangulaires sur le centre de la 
tête; les yeux sont très- difficiles à distin- 
guer, de même que les narines, à cause de 
leur petitesse , et chacun d’eux est situé au 
milieu d’une moyenne plaque triangulaire 
placée sur les côtés de la dernière paire, 
précédemment indiquée. Toutes les paires 
de plaques sont séparées par ua sillon lon- 
gitudinal qui parcourt le dessus de la tête. 
Le professeur Lacepède n’a compté que six 
plaquessur la tête de lamphisbène blanchet, 
sans doute parce qu'il a passé sous silence 
la plaque du museau et les deux oculaires. 
Sous la mâchoire inférieure 1l y a deux 
paires de grandes plaques, puis une rangée 
transversale de quatre à six petites plaques. 
La tète est grosse, courte , et sa bouche 
un peu fendue. Sous la gorge il y a deux 
demi-anneaux courts, et deux autres qui se 
prolongent derrière les coins de la bouche 


DES AMPHISBENES. 403 
jusques sur les joues. J’ai compté depuis 
deux cent trente-neuf jusqu’à deux cent 
quarante-quatre anneaux autour du corps 
et de la queue : celle-ci est terminée par 
un anneau à peu près hémisphérique ; elle 
fait la onzième partie de la longueur totale 
de cet amphisbène, qui n’a jamais plus d’un 
pied six à neuf pouces de long. Les mâ- 
choires sont munies de dents nombreuses, 
petites : elles sont dépourvues de crochets 
venimeux. | 

Les détails que j'ai donnés dans les volumes 
précédens sur les sauriens , nous ont appris 
que plusieurs d’entre eux, savoir la dragonne, 
les lézards , les stellions , les geckos et les 
chalcides sont munis sur les deux côtés de 
l'anus d’une rangée de grains poreux , rem- 
brunis, rudes au toucher, et qui paroissent 
donner issue à une sécrétion particulière. 
Nous retrouvons des grains poreux sem- 
blables dans les amphisbènés ; mais ils sont 
disposés au nombre de huit sur deux ran- 
gées situées à la suite l’une de l’autre dessus 
l'anneau qui borde la partie antérieure de 
Janus. Ce nombre de grains ne paroît pas 
varier dans les amphisbènes , au moins dans 
ceux que j'ai vus; ils sont seulement moins 
gros et moins apparens à l’amphisbène blan- 

Ce 2 


404 HISTOIRE 
chet qu’à l’enfumé. L’anus est transversal 
et recouvert en devant par une plaque ou 
saillie demi-circulaire et lisse. 

L’amphisbène blanchet a deux cent vingt- 
trois anneaux autour du corps, et seize 
autour de la queue, selon Linnæus; mais 
ce nombre est irès-sujet à varier, car j'en 
conserve un dans ma collection qui a deux” 
cent quarante-quatre anneaux , dont vingt- 
quatre autour de la queue; et Gronovius 
en a vu un autre qui avoit jusqu'à deux 
cent cinquante-deux anneaux , dont dix- 
huit autour de la queue. 

On trouve cette espèce dans l'Amérique 
méridionale ; j'en possède un individu qui 
vient de Surinam, et qui m'a été donné 
par M. Marin de Baïize , médecin français 
établi dans ceite colonie hollandaise. : 

Linnæus a écrit que cet amphisbène a 
le front couvert d’anneaux ; mais cette 
expression n’est pas exacte; car le front est 
au contraire revêtu de plaques lisses, ainsi 
que je lai dit précédemment. 


VARIÉTÉ. A. Amphisbène blanchet , 
roussâtre en devant. 
Nota. Boddaert a observé cette 
variété dans sa collection 
des reptiles. 


+: DES AMPHISBENES. 405 


VARIÉTÉ B. Amphisbène blanchet, plus 
foncé , et tirant sur le brun 
roussâtre en dessus, blan- 
châtre en dessous. 


Nota. Je l’ai trouvé dans la 
collection du museum d’his- 
toire naturelle de Paris. 


C2 
(e) 
633 


406 HISTOIRE 


=—— 


 L’'AMPHISBÈNE ENFUMÉ (1). 


# 

Crrre espèce est aussi commune à peu 
près que la précédente dans les contrées 
les plus chaudes de l’Amérique , sur-tout 
à Cayenne, à Surinam et au Brésil; mais 
on ne la trouve pas dans la Lybie, dans 
ZA ° : > 

île de Lemnos, ni dans aucune autre partie 
de l’ancien continent, quoique Linnæus et 
d’autres naturalistes plus modernes, entre 
autres Lacépède, l’aient prétendu d’après 


Seba. 


(1) Amphisbæna fuliginosa ; colore ex atro et albido 
vario ; caudé Æ aut minus. 
Annulis aa 200. — Annulis caudal. 30 - 230 le 


Linnæus. 
—— 209. 25 - 234 selon Gronovius. 
Amphisbæna fuliginosa. Tan. Syst. nat. — Amæn. 


acad. tom. I ,p. 301 ,n° 295. — Mus. Adolph. Frid. 
tom. I, p. 20. — Idem. Gmelin, Syst. nat, p.1123.— 
Gronovius, Mus.tom. II ,p.1,2,52 ,n° 2.—Amphis- 
bæna ex albo et nigro varia. Boddaert, nov. Act. acad. 
Cæs. tom. VIT, p.25, n° 1.— Amphisbæna vulgaris. 
Laurenti , Synops. rept. p. 66 , n° 119. — Schneider, 
Hist. amph. fase, 2, p, 349. — Ray, Quadrup. p. 268- 


DES AMPHISBENES. 4o7 


Ta description que nous avons donnée 
précédemment de lamphisbène blanchet, 
peut également se rapporter à amphisbène 
enfumé, qui ne paroît guère en différer 
que par ses proportions, par ses couleurs, 
et par le nombre de ses anneaux. Il a 
d’ailleurs les mêmes habitudes et la même 
patrie. 

L’amphisbène enfumé a ordinairement 
un pied et demi de longueur totale , et 
rarement il parvient à deux pieds. Son 
corps est plus alongé que celui de lespèce 
précédente ; mais sa queue est beaucoup 
plus petite ; car elle n’a jamais plus d’un 
dix-huitième sur la longueur totale, et 
Lacépède à même observé un individu dont 
la queue n’occupoit que la vingt-septième 
partie. Nous voyons par ces proportions, 
comparées avec celles du blanchet ; que 
lenfumé en diffère par sa queue plus courte, 


— L’enfumé. Daubenton , Dict. erpét. Encye. méth. 
— Idem. Lacépède , Hist. des serpens ,iu-12, tom. I], 
p. 292. — L’amphisbène enfumé. Latreille, Hist. nat. 
des reptiles , in-18 , tom. IV, p.235, fig.2. 

Lacépède rapporte à l’enfumé les noms suivans : 

Trasgobane. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat, 
— Ibijara , par les brasiliens. — Bodty.— Cega , cobre 
vega, et cobra de las cabecas , par les portugais. 


Cc 4 


_ 408 HISTOIRE 
et cependant elle est munie d’un plus grand 
nombre d’anneaux ; car Linnæus a compté 
deux cents anneaux autour du corps, et 
jusqu'à trente autour de la queue. Gro- 
novius en a ensuite compté deux cent Se 
des premiers, et vingt-cinq des seconds, 
un autre individu. | 

Cet ophidien est surnommé l'enfumeé ; 
parce que sa couleur est noire , plus ou 
moins variée de brun , de cendré , et de 
blanc. Au reste, il est sujet à varier dans 
la disposition de ses couleurs, et c’est ce 
qui a induit en erreur Seba , et ensuite Lau- 
renti, Linnæus et Gmelin; car ces auteurs 
ont décrit quatre espèces d’amphisbènes, 
qu’il faut évidemment rapporter à l’enfumé 
seulement comme des variétés peu remar- 
quables ; Lacépède et Latreille eux-mêmes 
ont désapprouvé l'opinion des auteurs pré- 
cédens , en réunissant, comme une même 
espèce , ces quatre variétés. 


Var. A. Amphisbène enfumé, varié de noir 
et de blanc. 
Amphisbæna fuliginosa. Voyez 
la synonymie citée précédemment. 
Seba , Thesaur. rerum natural. 
tom. Il, pl. 1, fig. 5.— pl. xvIx, 
fig. 2,—pl xxit, fig. 8. 


DES AMPHISBENES. 40g 


Var. B. Amphisbène variéde blanc, de noir, 
de bai et de gris. 
Seba , Thesaur. rerum natur. 
tom.Il, pl. Lxxxvur, fig. 3. 
Amphisbæna varia. Taurenti ; 
5ynops. rept. pag. 66, n° 120. — 
Lin. Syst. nat. — idem. Gmelin, 
Syst. nat. pag. 1124. 
Sa longueur est de deux pieds 
environ. Sa tête est courle, jaune, 
marquée de taches noiïrâtres et 
garnie de grandes plaques. Tout 
son corps et sa queue paroissent 
formés , suivant lexpression de 
Seba , de nombreux anneaux collés 
les uns contre les autres , et barrés 
d’écailles oblongues , très-petites. 
La nouvelle peau qui le recouvre 
au printems est extrêmement lisse 
et polie. 

C. Amphisbène magnifique , varié de 
pourpre, de violet et de jaune, 
avec la tête jaunâtre et une bande 
pourprée dessus les yeux. 

Seba, Thes. rerum natur. tom.1!. 
plc, h63. 

Æmphisbæna magnifica. Tau- 

renti, Synops. rept. pag. 66 , n° 121. 


410 . HISTOIRE 
— idem. Tän. Syst. nat. — idem. 
Gimelin, Syst. nat. pag. 1124. 
VAR. D. Amphisbène varié de blanc et de 
brun , avec la tête jaune. 
Seba , Thes. rerum nat. tom. IE, 
pl. LXxXTI, fig. 4 
Æmphisbæna. Laurenti, nl 
rept. pag. 67, n° 122. — idem. Lan. 
Syst. nat. — idem. Gmelin, Syst. 
nat. pag. 1124. 


à] 


Parmi les noms donnés à ce singulier 
reptile par les habitans du Brésil, Lacépède 
cite celui d’éyara. En effet, il résulte des 
travaux de Marcgrave et de Pison, que ce 
nom pouxroit appartenir à un amphisbène 
plutôt qu'à une cécilie ; et cependant Dau- 
benton a appelé ce dernier genre IBIARE. 


DES CECILIES. AE 


VINGT-CINQUIÈME GENRE. 


CÉCILIE; cæcelia. 


Lin corps alongé, couvert d’une peau nue 
fnement granulée, et de forme cylindrique, 
ainsi que la queue, qui est obtuse et presque 
nulle; avec une rangée longitudinale de plis 
disposés en travers sur chaque côté, et for- 
mant ensuite des anneaux entiers. Yeux 
placés dans la peau et à peine distincts. 
Langue courte, épaisse, adhérente, large, 
légèrement mobile sur ses côtés. Anus rond, 
ayant ses bords rayonnés. 

! Des dents très-peltites, aiguës et nom- 
breuses ; pas de crochets venimeux. 


Linnæus est le premier de tous les na- 
turalistes qui ait observé les cécilies; il a 
fait connoître la cécilie ibiare de la collec- 
tion de Grill, dans le tome premier des 
Aménités académiques; puis la cécilie vis- 
queuse du cabinet du prince Adolphe Fré- 
déric. Daubenton, Lacépède , Latreille, etc. 
n'ayant pu découvrir ces animaux dans au- 
cune collection, se sont ensuite servis des 


Â12 HISTOIRE 
descriptions publiées par Linnæus. Grono- 
vius en a fait mention d’après la pl. xx, 
tom. II, fig. 2 de Seba. Sentzen a reconnu 
ensuite que la langue de la cécilie ibiare est 
large, épaisse, ovale, attachée en dessous 
par le milieu de sa longueur, et légèrement 
mobile sur ses côtés. Enfin Schneider a 
donné de nouveaux détails sur les cécilies, 
et 1l a publié quelques renseignemens sur la 
forme du squelette de la cécilie visqueuse ; 
il a vu deux individus de libiare dans la 
collection de Lampi, et cinq autres dans 
celle du duc de Brunswick. 

On croiroit, d’après cet exposé, que les 
cécilies sont suffisamment connues mainte- 
nant, et qu’en réunissant tous les renseigne- 
mens déjà publiés, on pourroit donner une 
histoire assez complette de ces singuliers ani- 
maux ; cependant il résulte, de mes nropres 
recherches sur deux nouvelles espèces de 
cécilies, que les naturalistes ont tous été 
induits en erreur sur les caractères qui con- 
viennent à ce genre. 

Les cécilies sont longues, cylindriques, à 
peu près d’ésale grosseur dans toutes leurs 
parties, et légèrement amincies en devant. 
On est d’abord disposé à les placer parmi 
les poissons anguilliformes dépourvus de 


DES CECILIES. 413 


nageoires, mais is n’ont pas de branchies ni 
d'ouverture branchiale ; ils ne vivent pas 
dans l’eau, et ne sont pas pourvus d’écailles, 
comme Schneider l’a cependant prétendu 
récemment dans le second fascicule de son 
Histoire des amphibies. « Les cécilies , dit-il, 
sont un genre de serpens très - voisins des 
poissons, sur-tout des murènes; leur corps 
est revêtu d’écailles très-peliles, comme en- 
foncées dans la peau, avec des rides d’abord 
latérales, ensuite circulaires contre la queue, 
qui est très- courte; les yeux sont petits, 
couverts d’une peau commune, et les na- 
rines sont munies d’un tentacule très-court ». 
Je vais examiner successivement ces diffé- 
rens caractères. 

_ Il existe parmi les poissons quatre genres 
remarquables qui sont très-voisins des céci- 
lies : le premier, celui des éyphlies (1), est 


(1) Lacépède a donné le nom de cécilie à ce genre 
de poisson qui ne comprend encore qu’une espèce 
trouvée dans la Méditerranée sur les côtes d'Alger : 
c’est le muræna cæca de Linnæus. J’ai cru nécessaire 
de substituer à ce genre le nom de éypAe, tiré du 
grec , et qui signifie aveugle, afin d'éviter toute con- 
Fusion ; car il me semble qu’on ne peut se permettre, 
én histoire naturelle , de donner un nom semblable à 
deux genres différens. 


414 HISTOIRE 

entièrement privé de nageoires et d’yeux; 
et il a l'ouverture des branchies sous le cou. 
Le second comprend les gastrobranches, qui 
sont des poissons cartilagineux , aveugles, 
avec les ouvertures des branchies sous le 
ventre. Les deux derniers genres, les spha- 
gébranches et les synbranches , ne diffèrent 
lun et l’autre des typhlies que parce qu'ils 
ont des yeux. Les cécilies ont au contraire 
de très-petits yeux, sans nageoires ni bran- 
chies. Leur organisation est assez semblable 
à celle des orvets, et sur-tout des amphis- 
bènes. La peau, dont la tête, le corps et la 
queue sont entièrement couverts, consiste 
dans un épiderme très-poreux, et dans un 
derme assez fort, entre lesquels on voit, au 
lieu du tissu papiilaire , une quantité innom- 
brable de petits globules ronds, placés les 
uns à côté des autres, et transparens comme 
de la gomme. Ces globules sont, à propre- 
ment parler, des glandes cutanées très-peu 
adhérentes, qui soulèvent la surface de 
lépiderme, de manière à former de très- 
petits grains à peine distincts, que Schneider 
a sans doute pris pour des écailles. Ces 
glandes renferment toutes une humeur vis- 
queuse qui suinte abondamment en dehors 
lorsque l’animal souffre ou lorsqu'on veut 


DES CECILIES. 415 


le prendre. Cette humeur , assez comparable 
à celle des salamandres , des anguilles et des 
limaces, est roussâtre et gélatineuse. Aussi- 
tôt qu’on plonge dans lesprit de vin ou 
dans toute autre liqueur spirilueuse une 
cécilie, l'humeur qui recouvre la peau se 
coagule, et forme une pellicule qu’on pour- 
‘roit confondre avec la vieille peau détachée 
par lambeaux. Cette pellicule étant plus 
tenace sur la tête, et recouvrant aussi les 
yeux, aura fait croire que les cécilies sont 
aveugles ; peut-être que les tentacules des 
parines, indiquées par Linnæus aux cécilies 
ibiare et visqueuse, ne sont elles-mêmes for- 
imées que par une très-petite portion de 
cette pellicule; car je n’ai pas trouvé la 
plus légère apparence de tentacules aux 
deux espèces que j'ai observées dans la col- 
lection de Levaillant. 

On ne sait pas encore parfaitement quelles 
sont les habitudes propres à ces animaux 
de l'Amérique méridionale; mais on croit 
qu'ils ressemblent aux amphishbènes par 
leurs mouvemens progressifs ; que leur 
nourriture consiste principalement en pe- 
tits insectes et en vers : quelques colons de 
Cayenne et. de Surinam prétendent qu'ils 
vivent dans la terre un peu humide, comme 


B6, HISTOIRE 


les lombrics ou vers de terre. Bosc croit 
même que, d’après leur conformation exté- 
rieure, ils doivent habiter dans l’eau. L’anus 
est un trou rond, très-pelit, situé presque 
sous l'extrémité postérieure , et ses bords 
sont garnis de plis en forme de rayons; ce 
qui me fait croire qu’il peut s’élargir beau- 
coup pour donner issue aux excrémens. 
Schneider a fait les observations suivantes 
sur le squelette des cécilies. Le crâne n’a 
aucune trace des orbites, mais il est garni 
en dessus de petites cellules ou cavités. La 
mâchoire inférieure n’est pas jointe à loc- 
ciput par un os inter-maxillaire simple ou 
double comme aux oiseaux, aux lézards, 
aux orvets, aux couleuvres, etc. etc.; mais 
elle est articulée avec l’occiput comme aux 
quadrupèdes vivipares, sans qu’il y ait d'os 
zygomatique apparent. Les deuts de la mâ- 
choire supérieure sont toutes courbes, plus 
petites sur les os du palais, plus alongées en 
devant de chaque mâchoire. Après les deux 
plus longues dents de la mâchoire infé- 
rieure, on en voit deux autres courbées , 
plus petites ; ses deux branches ne sont pas 
attachées ensemble par un ligament, mais 
par une süture harmonique comme aux 
lézards. 
Les 


DES CECILIES. 4 


Les vertèbres ne sont pas jointes comme 
celles des lézards et des serpens , maïs de la 
Même manière à peu près que dans les 
poissons; Car elles ont chacune à leur partie 
antérieure et postérieure une cavité en forme 
d’entonnoir, dans laquelle il y a un liga- 
ment qui les attache et les applique réci- 
proquement les unes contre les autres. 
TL'apophyse épineuse supérieure des ver- 
tébres ressemble à celle des amphisbènes et 
du cou des oiseaux, car elle est déprimée, 
et elle imite une très-petite carène. Les côtes 
sont courtes, droites, dirigées en arrière, 
triangulaires et fourchues en dessus comme 
‘aux oiseaux, de manière qu’elles tiennent 
à chaque face et aux apophyses latérales 
‘des vertèbres par leurs deux branches. 


Reptiles. Tome VIL. | D d 


418 HISTOIRE 


LA CÉCILIE VISQUEUSE (1). 


Luix NÆUS a observé cet ophidien dans le 
museum du prince Adolphe Frédéric; et 
voici comment il l’a décrit : La tête est pe- 
tite, lisse, avec ses narines situées en devant 
du museau, sans aucun barbillon apparent; 
les yeux assez petits sont couverts d’une 
membrane ; les dents tr ès-pelites sont dispo- 
sées sur une double rangée aux deux mâ- 
choires ; le GOrps est cy lindrique, un peu plus 


(1) Cæcilia slutinosa ;_corpore tenui ef longissimo : 
subfuscescente , cum line& albidé latiusculé in utroque 
latere ; caudä obtus& subnullé. 

Plicis simplicibus et duplicatis in utroque latere 340. 

— Plicis circularibus in caud& 10 - 350. 

Cæcilia slutinosa. Tan. Syst. nat. — Mus. Adojiph. 
Frid. tom. I, p. 19 : pl. 1v, fig. 1. — dem. Gmel. Syst. 
nat. p.1125.— Laurenti, Synops. rept. p. 65, n° 117. 
— Caæcilia ceylonica. Seba, Thes. tom. IT, pl. xxv, 
fig. 2. — Schneider , Hist. amphib. fase. 2 , p. 363. — 
Le visqueux. Daubenton, Dict. erpét. Encyc. méthod. 
— Idem. Lacépède, Hist. nat. des serpens, in -12, 
tom. II, p. 505. — La cécilie visqueuse. Latreille , 
Hist. nat. des reptiles , in-18, tom. IV, p. 258. 


Fo 


DES CECILIES. 419 
épais à sa partie postérieure, avec trois cent 
quarante plis transversaux à chaque côté du 
corps, réunis en angle aigu contre la suture 
du ventre; la queue, très-courte, légère- 
ment aiguë, a dix autres plis seulement, et 
Vanus est situé sous la partie postérieure. La 
couleur est brune, avec une ligne blanchâtre 
un peu élargie sur chaque côté du corps. 

L'animal est gros comme le petit doigt, 
long de plus d’un pied ; et lorsqu'il est 
vivant, sa peau est enduite d’une humeur 
visqueuse comme celle des lamproies; c’est 
à cause de cela que Lianæus lui a donné 
le nom que nous lui conservons, quoi- 
qu'il puisse également convenir aux autres 
espèces. | | 

11 faut lui rapporter la cécilie représentée 
par Seba, tom. IL, pl. xxV, ü£. 2, qui a 
une ligne blanchâtre sur chaque flanc, et 
qui habite dans l'Amérique méridionale ;, 
mais non pas à Ceilan, ni dans l'Inde. 


Dd 2 


420 HE S-P-OH RE 


LA CECILIE LOMBRICOIDE (1). 


PL XCIT, fig 1. 


Eye ne peut mieux comparer cette cécilie 
qu’à un lombric ou ver de terre, à cause 
de sa forme qui est mince, très-longue, 
d'égale grosseur depuis la tête jusqu’au bout 
de la queue : celle-ci est même foiblement 
déprimée et munie d’un sillon longitudinal 
en dessous. La peau est très - finement 
tuberculeuse lorsqu'on la regarde à la loupe, 
et elle est entièrement d’une couleur noi- 
râtre rembrunie, uniforme. La tête a la 
même forme que celle de la cécilie à venire 
blanc; les narines n’ont pas de tentacules; 
toutes les parties de l’animal offrent des 
caractères semblables dans leur conforma- 
tion, et elles n’en diffèrent seulement que 


(1) Cæcilia lombricoïdæa ; corpore tenui et longis: - 
simo , ex fuscescente obscuro immaculato ; caudé obtusé 
subnullé. SE 5 

Plicis lateralibus simplicibus 87.— Plicis latera- 
libus duplicatis 204. — Plicis circularibus simpli- : 
eibus 33 - 324. 


PVxcx V4, 120. 


\\ 
il HA \ 
A APE NA 
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À 77) Li 


(A 
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) 


] 


1} 
I} 


De J'eve del. VeTrireut d. 


1. CECILIE 2 ventre blanc. 
9. CECILIE Ær/ruotée . 


DES CECILIES. 421 
parce qu’elles sont plus minces et plus 
alongées. Comme l'individu que j'ai observé 
avoit été tué avant d’avoir achevé sa mue, 
j'ai eu de la peine à compter le nombre 
de ses plis; c’est pourquoi j'offre le suivant 
comme très-approximatif. On voit d’abord 
_en devant sur chaque côté quatre - vingt- 
sept plis simples et transversaux, ensuite 
deux cent quatre doubles plis transversaux, 
puis trente-trois plis circulaires, simples et 
rapprochés. Nous verrons dans la description 
de la cécilie à ventre blanc, que sa peau 
est couverte de petits tubercules de deux 
sortes, les uns plus distincts, et les autres 
imicroscopiques ; la cécilie lombricoïde n'a 
au contraire qu'une sorte de tubercules 
dont la petitesse est telle qu’on ne les dis- 
tingue qu'avec peine à la vue simple. La 
tête est plus amincie que l’anneau presque 
hémisphérique de la queue. L’anus est un 
petit trou rond; après avoir enlevé sa vieille 
peau, j'ai reconnu qu'il est rayonné sur ses 
bords, comme celui de la cécilie à ventre 
blanc et des deux autres. Chaque œil est 
un point brun, très-petit et luisant. 

On trouve la cécilie lombricoïde à Su- 
rinam dans les lieux sombres et humides: 
elle se creuse des trous en terre comme les 

D d 3 


PS TR TA 


ste 


422 H LS'T' OT RE 
lombrics ; elle a beaucoup de rapports avec 
la cécilie visqueuse; mais on ui voit moins 
de plis, et pas de raie blanchâtre sur les 
côtés. 


_ Dimensions de la cécilie lombricoide , selon moi. 


= pieds. pouc. lign. 
Honsueur-dofale, 4.2: ... je; Teunr 
Mossneur de iriète 2 .". 5. Von 
Largeur de la tête en arrière. . »  » 
Largeur de la tête aux yeux. . » » 


ON QT À 
Din D [n 


Largeur de la tête aux narines. D» » 


plu 


Largeur de la tête au bout du 
mu seau. e > Û ° Ê . . e 0 ° ° » » I 
Longueur de la maächoire supé- 


rieure jusqu’au coin de la bouche. » » 2 = 
Longueur de la mâchoire infé- 

rieure jusqu’au coin de la bouche. »  » 2 
Distance des grandsplis latéraux »  » 2 
Longueur de l’anneau hémisphé- 

rique de la queue, depuis Panns . » oo» 2 > 
Largeur de cet anneau . . . . » Di NE 


Largeur du cou . «+ + «+ + + + D » 


4H O1 


Largeur da corps . « - + + . D D 
Le 


DES CECILIES. 423 


————— ms 


LA: :C ÉCHLEÉE 
A VENTRE BL'AN CM) 
PI. XCII, fig. 2. 


Cie nouvelle espèce, que j'ai observée 
dans la collection de Levaillant, habite à 
Surinam , et se distingue des autres cécilies 
parce que son ventre est blanc, ou du 
moins varie de blanc. 

Sa forme est très-semblable à celle de 
la cécilie ibiare; car la tête, le cou et le 
corps sont tous à peu près du même dia- 
meétre. 

La tête est un peu déprimée postérieure- 
ment, légérement arrondie en dessus, plus 
étroite en devant, avec le museau prolongé, 
irès-obtus à son extrémité, qui est plus 
avancée en dessus contre les narines, les- 


(1) Cæcilia albiventris ; ater corpore crasso , cum 
abdomine ex albo flavescente variegato, naribus non 
tentaculatis ; caud4 subnulld. 

Plicis lateralibus simplicibus 91. — Pois latera- 
libus duplicatis 46. — Plicis circularibus in latere 


duplicatis5.—Plicis circularibus simplicibus 11-153, 


D d 4 


) 


424 HISTOIRE 

quelles sont écartées, trés-petites, sans aucun 
tentacule. On voit les deux yeux sur chaque 
côté de la tête vers la bouche: ils ont une 
ressemblance parfaite avec ceux des am- 


phisbènes, et ressemblent chacun à un petit 


point blanc non saiilant qu'on auroit fait 
sur la peau. La lèvre inférieure est plus 
courte que l’autre, aussi large, arrondie, et 
non obtuse en devant. Les dents sont très- 
courtes, aiguës, et disposées sur les branches 
marginales des mâchoires; mais je n'ai pas 
observé de branches palatales. La langue 
large, aplatie , est assez courte; elle remplit 
le dedans de la mâchoire inférieure , et elle 
m'a paru munie en devant, sur ses deux 
côtés, d’une petite saillie charnue, grisâtre 
comme elle. 

Toute la peau est d’un noir sombre légé- 
rement bleuñtre , variée en dessous de taches 
très-irrégulières d’un blanc jaunâtre, et en- 
tiérement couverte de très-petits grains où : 
tubercules ronds, infiniment nombreux, se 
touchant tous, et presque microscopiques. 
Ces grains paroissent êlre, vus à la loupe, 
des petites élévations imperceptbles de la 
peau, un peu plus claires que le fond noi- 
râtre, et l’on en voit de deux grosseurs sur 
les côtés. 


DES CECILIES. 425 
J'ai compté quatre-vingt-onze plis laté- 
raux simples sur chaque flanc, plus loin 
quarante-six doubles latéraux dont chaque 
double plus court, puis trois plis circulaires 
formant deux anneaux marqués sur chaque 
côté d’un pli court, de plus onze autres plis 
circulaires formant des anneaux étroits et 
simples, dont le dernier presque hémisphé- 
rique tient lieu de queue. L’anus, placé en 
dessous contre ce dernier anneau, est un 
trou rond, ridé tout autour comme par 
des petits rayons. Le nombre de ces plis 
latéraux et circulaires est de cent vingt-huit 
sur chaque côté, non compris les petits 
latéraux, ou de cent cinquante - deux en 
les comptant. 


Dimensions de la cécilie à ventre blanc , selon moi. 


pieds. pouc. lign. 


Borsueutitotale . ie .\.}. 12) n'es 
Ponsuenr delafiètel |. |... nt 
Largeur de la tête en arrière . »  » 7 
Largeur de la tête aux yeux . » » 5 


Largeur de la tête aux narines. » » 4 
Largeur de la tête au bout du 

MUSEAUE RE De Ne U a A AN De er) 2 
Longueur de la mâchoire supé- 


pin 


rieure jusqu’au coin de la bouche . » oo» 6 


426 HISTOIRE. 


Longueur de la mächoire infé- 
rieure jusqu’au coin de la bouche. 
Distance des grands plis latéraux 
Longueur de l’anneau hémisphé- 
rique de ia-queue , depuis l’anus. 
Largeur de cet anneau . « . 
Lairsenrduicon JTE, CR 
Largenr du corps . . . . . . 


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DES 'CECFLIPS:. 427 


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Tic nom qui sert à désigner cette espèce a 
été employé par Marcgrave, d’après les 
habitans du Brésil, pour lamphishène en- 
fumé ; il a éte ensuite employé par plusieurs 
naturalistes modernes pour distinguer Île 
genre des cécilies. 


(1) Cæcilia 1biara ; naribus sub - cirrhosis , corpore 
crasso et atro unicolore ; caud4 subnullä. 

Plicis simplicibus et duplicatis in utroque latere 135. 
— Plicis cireularibus in caudä.... 

Cœæcilia tentaculata. Lin. Syst. nat. — Âmæn. acad. 
tom. 1, p. 480; n°5, pl. xvar , fig. 2. — Mus. Adolph. 
Frid. tom. 1, p.15, pl. v, fig. 2. — dem. Gmelin, 
Syst. nat. p. 1124. —Gronovius , Mus. tom. II, p.52, 
n° 1.— Laurenti, Synops. rept. p. 65, n° 116. — 
Cæcilia cœruleo-fusca. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. 
tom. VII, p. 26, n° 5. — Jbiaram brasiliensium. 
Pison , Elist. Bras. p. 282. — Schneider , Hist. amph. 
fasc. 2, p. 561. — L’ibiare. Daubenton, Dict. erpét. 
Encycl. méthod. — dem. Lacépède, Hist. nat. des 
serpens, in-12, tom. II, p. 501, pl. x, fig. 2. — La 
cæcilie ibiare. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, 
tom. IT, p.257, fig. 2.— Bosc, Dict. d’hist. nat. édit. 
de Déterville. 


428 HISTOIRE 

Linnæus, qui a désigné cette cécilie sous 
le nom spécifique de tentaculée, lui assigne 
près d’un pied de longueur et un pouce 
d'épaisseur : elle est entièrement cylin- 
drique et d’égale grosseur depuis la tête 
jusqu’à la queue. Sa peau nue, sans aucune 
écailles, a des petits points saillans sur le 
dos, et cent trente-cinq plis transversaux 
sur chaque côté. La tête lisse, arrondie, 
a contre chaque narine un tentacule ou 
barbillon très-court. Les narines ressemblent 
à une petite piquure d'épingle; et les yeux 
inutant eux-mêmes de très - pelits points, 
paroissent à travers une pellicule mince qui 
les recouvre. Les dents sont simples comme 
celles des couleuvres innocenties, et plus 
petites à la mâchoire supérieure. La queue, 
épaisse et presque nulle, a des plis circulaires 
très-serrés les uns contre les autres. Ean- 
næus compare cette espèce aux poissons 
chondroptérygsiens, à cause de sa lèvre supé- 
rieure, obtuse, très-proéminente, de telle 
sorte que la bouche est reculée sous la tète 
presque de même qu'aux squales ou ce , 
aux raies, etc. 

La couleur est d'un brun bleuâtre uni- 
forme, sans aucune tache. 

On trouve celte espèce d’ophidien dans 


DES CECIIIES 44 


la colonie hollandaise de Surinam en Aumé- 
rique. Elle vit aussi au Brésil, suivant Piscn, 
et ele y est nommée ibiaram par les habi- 
tans ; c’est à cause de cela que les raturalistes 
pie l'ont appelée ibiare. 

Schneider a vu dans la collection de tn 
pian deux individus de cette espèce, et cinq 
auires dans celle du duc de Brunswich ; 
lun d'eux étoit de couleur cendré. Il ne 
leur a pas vu de tentacules ou de barbillons 
proprement dits, mais deux petites papilles 
ou verrues au bout du museau. | 

La cécilie figurée par Seba, et rapportée 
par Fannæus à cette espèce, est synonyme 
de la cécilie visqueuse à cause de sa bande 
blanche sur chaque côté du ventre. 


Fin du septième" Volume. 


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Des matières contenues dans ce seplième 


Volume. 


AY viTE des couleuvres. La couteuvre aurore. Page 


La couleuvrre thalie. 


—— nasique du Bengale, pl. LIX et LXXXI. 


—— à luit raies. 
—— lisse. 

—— COrais. 

—— raÿée. 

—— unicodore. 
—— d'Esculape. 
—— à collier, pl. LX XXII et LIX. 
Première variété. 
Seconde variété. 
Troisième variété. 
Quatrième variééé. 
Cinquième variété. 
Sixième variété. 
Septième vartété. 
Huitième vartété. 
Neuvième variété. 


La couleuyre écarlate , pl, LKXXIEIT. 


TABLE. 431 


La couleuvre maligne. 46 
—— blanche. 7 49 
—— dard, 52 
|<—-— azurée. 54 
— salatée, pl. LX XXII. | 55 
ee suisse. 5z 
=—— demi-collier. | 5g 
UNE roiee raies. GE 
<<< boiga, pl. LXXXIV. 63 
—— chapelet, 6g 
—— à tête de vipère. 74 
—— cerclée, | 74 
Je AT. 
—— blanchâtre,. S1 
=— à zones. "Sato 82 
==— bluer. Sr nioas — 84 
—— de Panama. 35 85 
—— brunâtre. - 86 
— serpentine. gars 37 
Première variété, S: 89 
Seconde variété. :: -1bid 
Troisième variété, 13 —90 
Quatrième variété. su ibid 
Cinquième variété. 0) . -ibid 
La couleuvre miliaire. ENpt-sX ga 
—— à raies rouges, pl, LXXXIII 0h 93 


__— chatoyante. \ 96 


\ 


432 


ELA BE 


La couleuvre malpole ou siffleur. 


variée. 


verte d'été. 


saurite, pl LXXXT. 


pythonisse. 


roussätre ow hotamboye. 


à deux raies. 
carénée. 
saturnine. 
rhomboidale. 
cobel. 
yipérinee 
pâte. | 
rubannée. 
ardoisée. 
crotaline. 
typhie. 
nævielle. 
cenchrus. 
treillissée. 
maures 
ombrée. 
siréale. 
sipédon. 
triple-rang. 
hétérodon, ph LX. 


latonte. 


TABLE 
La couleuvre provençale. 
tétragone, 
décolorée. 
chayque. 
à deux raies. 
cerbère. tie 
schneidérienne. 
régine. 
violette, 
symétrique, 
ponctuée. 
calmar. 
tbibe. 
vampum ou fasciée. 


drap mortuaire. 


HE TPE EE 


porte-croix. 

dora. 

bali ou plicatile. 
mexicaine. 
lutrix. 

striatulée. 
duberrie. 
silonnée, 
tétragone. 


anguleuse. 


Bail ii 


Cause, 


Éeptiles. Tome VII. Ee 


LA 
SE: 44 
4 en 5 


454 TABLE 
La couleuvre alidre. 


é 


cyanée , ou la verte et bleue. 


tachetée. 
—— des dames. 


& ventre étroik. 


Treisième genre. Plature. 
Le plature fascié, pl. LXXXV. 


de Laurenti. 


Quatorzième genre. Enkydre. 
L’enhydre dorsale. 

Quinzième genre. Langaha. 

Le langaha de Madagascar. 
Werzième genre. Erpéton. 

L'erpéton tentaculé , ph LXXX VI. 
Dix-septième genre. Éryx. 


ZL'éryx céraste. 


javelot. 

—— gronovien. 

= couleuvrin. 

—— roux. 

— jure, pe LXXXV et LXI. 


L’éryx miliaire. 


—— pintade. 


Première variété. 
Dêèuxième variété. 
‘L’éryx à points noirs. 


dramine. 


sÿ 


T A B L FE. 
L’éryx de Clèves. 
Dix-huitième genre. Clothonie. 
La clothonie anguiforme. 
Dix-neuvième genre. Orvet. 
L’orvet corullin ou rouge. 
—— scytale ou rouleau , pl. LXXX VIT. 
—— fascié. 


lombric. 


—— oxyrynque. 
—— à long museau. 
—— maculé. 


—— réticulé. 


—— commun ou fragile, pl. UXXXVII 


Première variété. 


Seconde variété. 


_ Troisième variété. 


L'orvet éryx. 


mamillaire. 
——— à sepé stries. 


cendré. 


Vingtième genre. Ophisaure. 


L’ophisaure ventral , pl. LXXX VII eé LXI. 


V'ingt-unième genre. Pélamide. 
La pélamide fasciée. ( 
—— bicolore, pl. LXXXIX et LX. 


La pélamide granulée. 


Fe 2 


Fu 7 ingt-deuxième genre. Hydrophis. | 
L’hydrophis obscur. 
cloris , pl. XC. 


—— à bandes noires. 


— à bandes bleues. 


ardoisé. 


Vingt-troisième genre. Acrochorde. 
L’achrocorde de Java, pl. LXT. 


Vingt-quatrième genre. Amphisbène. 


L’amphisbène blanchet, pl. XOI. 
enfumé, pl. XCI. 


V'ingt-cinquième genre. Cécile. 


La cécilie visqueuse. 
—— Jombricoide, pl. XCIT. 
—— à ventre blanc, pl. XCIK. 


/ 


—— ibiare, 


Fin de la Table. 


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