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HARVARD UNIVERSITY
LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY
GIFT OF
ne. i-T 7 9
HISTOIRE NATURELLE
DES
CRUSTACÉS FOSSILES
DE L'IMPRIMERIE DE L.-T. CELLOT.
HISTOIRE NATURELLE
DES
CRUSTACÉS FOSSILES,
sous LES RAPPORTS ZOOLOGIQUES ET GÉOLOGIQUES.
SAVOIR :
LES TRILOBITES,
Pak Alexandre BRONGNIART,
Membre de l'Académie royale des Sciences , Ingénieur en chef au corps royal des Mines , Professeur de
minéralogie à la Faculté des Sciences de Paris , etc. , etc.
LES CRUSTACES PROPREMENT DITS,
Par Anselme-Gaétan DESMAREST,
Membre titulaire de l'Académie royale de Médecine, Professeur de Zoologie à l'École royale vétérinaire
d'Alfort, Membre de la société philomatique de Paris, Correspondant de la société philosophique de
Philadelphie , etc. , etc.
AVEC ONZE PLANCHES.
(
>4«<^>K»0<
A PARIS,
CHEZ F.-G. LEVRAULT, LIBRAIRE,
BUE DES FOSSÉS-M.-LE-PRINCE , N° 3l ,
ET A STRASBOURG , RUE DES JUIFS , N" 33.
'"^ 1822.
-e-r-^-s
MCZ LIBRARY
HARVARD UNIVERSITY
CA^reRlDGE. MA USA
AVERTISSEMENT.
En rassemblant pour les leçons de géologie que je fis à la Faculté des
Sciences en 1812, les dépouillesfossiles des corps organisés qui me sem-
blaient devoir caractériser les terrains de transition, je fus frappé des
dissemblances remarquables que présentaient entreeuxles corps auxquels
on était accoutumé d'appliquer, d'après Linné , le nom cT Entomolithus
yt?arflJojriay mais je ne tardai pas à m'apercevoir qu'on avait réuni sous ce
nom desanimaux d'espèces très-différentes, quoiqu'ils eussent une cer-
taine ressemblance deAimille. Je m'aperçus presque au même moment
que les roches qui renfermaient ces espèces étaient elles-mêmes diffé-
rentes, et semblaientn'avoir pas appartenu à la mêmeforniiation. Jelus,
le 23 octobre i8i5, à l'Institut un Mémoire sur ce sujet, en même temps
zoologique et géologique; le nombre des figures qui l'accompagnaient
en ayant retardé l'impression ^ je profitai de ce retard pour recueillir nne
plus grande quantité d'espèces et de nouveaux renseignemens, et
j'eus successivement à ma disposition les échantillons renfermés
dans les collections de M. le marquis de Drée et de M. Defrance, dans
le cabinet particulier du roi , formé par M. le comte de Boueivon, etc.
M. Laueillard , dans le voyage qu'il fit en Angleterre, avec M. Cuvier,
ayant emporté les figures des espèces que j'avais déjà , y ajouta les
dessins de celles qui existaient alors dans la collection du Muséum bri-
tannique. Enfin , tout nouvellement M. Stokes , de Londres, vient de
m'envoyer tous les bons et beaux dessins de Trilobites qu'il avait fait
faire. Les remercimens que je lui réitère ici doivent êtrerenduspublics.
Ce n'est pas seulement à moi qu'il a été utile, mais à tous les naturalistes ;
car cette libérale communication aura le double résultat d'encourager
leurs travaux, en donnant l'exemple d'une générosité qui certainement.
VI AMORTISSEMENT.
aura des imitateurs. Le nombre des dessins qtie M, Stokes m'a confiés,
est beaucoup plus considérable que celui que j'ai employé, parce que
j'ai dû ne faire usage que de ceux qui représentaient des espèces bien
distinctes, et que je n'avais pas encore fait figurer.
Pendant les six ans qui se sont écoulés enti'e la lecture de mon Mé-
moire et sa publication actuelle, l'histoire des Trilobites , à peine ébau-
chée alors, a fait de grands progrès. Des extraits de mon travail ont été
insérés dans différens recueils, et notamment dans les nouveaux Dic-
tionnaiies d'histoire naturelle. M. Wahlenberg a publié sur les ani-
maux de la même famille , qui se trouvent dans les terrains de la
Suède, un Mémoire très-étendu qui en a fait connaître un grand nombre ;
et si ce Mémoire a dû diminuer beaucoup l'intérêt que le mien pouvait
présenter, en le rendant pour ainsi dire ancien, il m'a donné les
moyens de le perfectionner par des additions aussi nombreuses qu'im-
portantes.
Pendant ce même intervalle, M. Latreille, M. de Blainville, et
M. AuDOuiN, ont écrit sur les rapports zoologiques qu'on pouvait établir
entre les Trilobites et quelques autres familles d'animaux invertébrés. J'ai
dû profiter, et j'ai fait usage en effet, de tous ces travaux j mais j'ai tâché
néanmoins de distinguer, quand j'ai cru que cela en valait la peine , ce
qui était dans mon premier travail, tel que je l'ai communiqué à l'Ins-
titut, de ce que j'y ai ajouté depuis. J'étais alors encore incertain sur la
formation à laquelle il fallait rapporter les terrains de Dudley, célèbres
depuis si long-temps par les Trilobites qu'ds renferment, M. Buckland
a eu la bonté de m'envoyer sur l'époque de formation à laquelle il croit
que ces terrains appartiennent, des renseignemens qui ont levé les doutes
que j'avais sur ce sujet.
Mon Mémoire de i8 1 5 s'est donc transformé en un travail très-étendu
sur les Trilobites j mais ce qui contribuera à donner beaucoup plus d'im-
portance, d'utilité, et par conséquent d'intérêt à ce travail, c'est le bon-
heur que j'ai eu de pouvoir y joindre un ouvrage à peu près du même
AVERTISSEMEINT. Vit
genre, entrepris depuis long-temps par M. DESMARESxsur les Crustacés
fossiles, et dont il a publié un prodrome très-succinct dans la seconde
édition du Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle. Par cette
heureuse circonstance, nous avons l'avantage d'oft'rir aux naturalistes ,
tant zoologistes que géologues, non pas une simple monographie, mais
une histoire assez complète sous les deux points de vue de la zoologie
et de la géologie de tous les animaux fossiles de la classe des Crustacés.
On sent bien que quels que soient les soins que nous avons pris ,
quels que soient les secours nombreux et empressés que nous avons
reçus, il y aura encore, tant dans les Trilobites que parmi les Crus-
tacés, beaucoup d'espèces qui nous sont restées inconnues; nous osons
espérer que les naturalistes, avertis par ce premier ouvrage, du genre de
nos recherches et instruits de ce qui nous manque , voudront bien con-
tribuer à rendre ces recherches plus fructueuses, et leur résultat plus
utile pour les sciences, en nous communiquant ce qu'ils savent sur c(;
sujet, et ce qu'ils verront que nous avons ignoré.
Notre intention n'est pas de faire une seconde édition de cet ouvrage,
mais de publier dans quelques années les nouvelles espèces et les nou-
veaux renseignemens qui nous seront parvenu s, et de faire profiter ainsi
les naturalistes des secours que nous attendons et que nous aurons
reçus d'eux.
Les figures ont été faites avec d'autant plus d'exactitude , qu'elles sont dues
à deux personnes qui ne sont point étrangères à l'histoire naturelle , M. Meu-
nier et M. Lesueur. Ce dernier a prouvé par les observations qu'il a publiées,
qu'il n'était pas moins bon zoologiste qu'habile dessinateur.
TABLE DES MATIÈRES.
Des TRILOBITES, par Alex. Brongniart. Page i
Art. I. Caractères dés Trilobites , détermination des genres et
description des espèces
II. Rapports des Trilobites avec les animaux connus. ... 4o
m. Gissement des Trilobites
Ordre second. .
Ordre troisième.
ERRATA.
Page 20 , ligne i, Revel ; lisez Reval.
Page 35 dernière ligne de la note , Entomostracides ; Usez Enlomostracites.
Page 45', ARTICLE troisième; il faut ARTICLE TROISIÈME.
Page 53, ligne 3o, Asaphe à queue; Usez Asaphe caudigère.
Page 77 , ligne 4, lî et 16 , Doripes ; lisez Dorippes.
Page 81 , ligne 9, Dive; lisez Dives.
Page 83, ligne 32 , Gelasimus; lisez Gslasima.
Page 106, ligne 2, Ocypoda ; lisez Ocypode.
46
Des CRUSTACÉS FOSSILES , par A. G. Desmarest. ... 67
Description des espèces de Crustacés fossiles.
Ordre premier •
85
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DES
CORPS ORGANISES FOSSILES
NOMMES
TRILOBITES.
PAR ALEXANDRE BRONGNIART (l).
On a trouvé près de Dudley en Angleterre, il y a déjà plus de cent
ans (2) , et dans des couches calcaires puissantes et profondes, des corps
organisés, d'une forme très-singulière, différens de toutes les pétrifica-
tions qu'on avait vues jusqu'alors et de tout ce qu'on connaissait de
vivant à la surface du globe : on n'a cependant pas hésité à les regarder
comme appartenant au règne animal^ mais on n'a su pendant long-
temps à quelle classe de ce règne les rapporter, et Linné lui-même,
tout en les plaçant parmi les insectes, leur a trouvé une forme si
éloignée de celle des animaux de cette classe, qu'il a donné à l'espèce
particulière qu'il a décrite le nom à' insecte paradoxal (^entomolithus
paradoxus ). Mais on a bientôt appliqué ce nom à tous les corps
fossiles qui , par leur forme générale, avaient quelque ressemblance avec
l'animal décrit par Linné ^ on l'a même donné à celui de Dudley, et il
(1) Développenieiit d'un mémoire lu à l'Instiliil le 23 octobre i8i5.
(a) LuTD, phil. Trans. , année 1698.
I
TRILOBITES.
en est résulté pendant quelque temps beaucoup de confusion dans la
détermination de ces singuliers entomolithes.
On sent que des êtres aussi remarquables , enfouis presque seuls dans
les couches les plus profondes de la terre, ont dû exciter les recherches
des naturalistes : aussi le nombre des mémoires, des dissertations, etc.,
qu'on a écrits sur ces animaux est-il déjà très-considérable j nous comp-
terions plus de vingt notices publiées depuis Luyd, qui en a parlé le
premier, jusqu'à M. Schlotheim, qui vient derflièrement ( en 1810 j
d'en faire connaître une espèce nouvelle (i).
Néanmoins la manière d'étudier les pétrifications est si différente
actuellement de ce qu'elle était il y a vingt ans, qu'on peut, en
reprenant cet ancien sujet, trouver encore des faits nouveaux suscep-
tibles de faire avancer la géologie. On a vu dernièrement comment
l'examen de quelques coquilles avait fait connaître une classe toute en-
tière de terrains immenses dont l'existence était à peine soupçonnée
par les géologues. En appliquant successivement à toutes les pétrifica-
tions renfermées dans les couches de la terre cette nouvelle manière de
les considérer, on peut espérer d'arriver à des résultats aussi intéressans
par eux-mêmes que propres à diriger dans la recherche des matières
minérales utiles.
Cette méthode consiste à s'attacher pour ainsi dire minutieusement à
deux points pendant long-temps négligés : la détermination précise des
espèces , et la distinction exacte des couches de la terre dans lesquelles
chaque espèce est renfermée.
C'est sous ce double point de vue que j'ai étudié l'espèce de pétrifica-
tion dont il va être question dans ce Mémoire; presque tous les natura-
listes qui en ont traité , à l'exception de M. Schlotheim (2) , ont négligé
ces deux considérations.
Mon but sera donc : i" de faire voir qu'il y a eu un assez grand nom-
bre d'animaux confondus sous le nom dH entomoUthus paradoxus ou de
(i) Depuis lors (i8i5), M. Walilenbeig et M. Latrcille ont publié, le premier, une
Description des entomolithes Je Suède ; le second, un Mémoire sur la place qu'on peut assi-
gner à ces animaux parmi les invertébrés.
(2) El de M. Walilenberg, dont le travail inséré dans le tome viu des Acla societatis regia'
scienliarum VpsalU'iisis , n'est venu à ma connaissance qu'en 1819.
TRILOBITES.
TrilobiteSj de distinguer et de décrire aussi nettement qu'il me sera pos-
sible les espèces qui composent cette famille 5 2" de chercher à quelle
classe, à quel ordre même du règne animal on peut rapporter ces êtres
singuliers; 3° de montrer que plusieurs de ces espèces sont propres à
des terrains dont la formation appartient à des époques dillérentes.
Le nombre des écrits qui ont été publiés sur ces corps fossiles est,
comme je viens de le dire, déjà très-considérable : ce n'est pas ici le
lieu de les analyser ; je ne les citerai même que pour donner à mes dé-
terminations et à mes conclusions tout le degré d'exactitude ou de cer-
titude qu'elles peuvent comporter 5 mon objet principal étant de faire
connaître avec précision ce que j'ai observé par moi-même.
ARTICLE PREMIER.
CARACTÈRES DES TRILOBITES.
Détermination des genres, et description des espèces.
Malgré les différences considérables qui existent entre plusieurs des
corps auxquels on a donné d'abord le nom à' EntomoUtJies et ensuite
celui de Trilobites , on reconnaît néanmoins entre eux des points de res-
semblance importans et propres à caractériser une famille très-naturelle.
Leur corps, comme dans la plupart des insectes et dans quelques crus-
tacés, peut être divisé transversalement en trois parties principales. Mais
ce qu'ils présentent tous de caractéristique, ce qui les distingue essen-
tiellement de tous les animaux connus, c'est leur division longitu-
dinale en trois parties ou lobes, par deux sillons profonds et parallèles
à l'axe du corps : cette structure remarquable a frajipé tous les obser-
vateurs. D'abord on n'a remarqué que les queues, et les prenant pour des
coquilles, on leur a donné le nom de concha triloha. On a ensuite
transporté cette désignation aux animaux entiers en les appelant Trilo-
hites f dénomination qui a été donnée premièrement par Knorr, et
ensuite employée d'une manière systématique par Brlnnich et Blu-
MENRACH.
Je leur conserverai cette dénomination comme nom de famille.
I.
4 TRILOBITES.
Les Trilohites semblent devoir former une famille distincte dans
la grande division des animaux qu'on nomme articulés; nous examine-
rons plus bas leur place précise dans cette division.
Les animaux de cette famille nous ont présenté jusqu'à présent la
réunion des caractères suivans :
Leur corps est divisé en trois parties plus ou moins distinctes; l'an-
térieure, que nous nommerons bouclier (tète, Walch, etc.), parait
offrir la réunion de ce qu'on appelle généralement dans les insectes la
tête et le corselet; la partie moyenne du corps, divisée par des articu-
lations transversales très-distinctes , peut être considérée comme l ab-
domen ou tronc de Walch, BuïJnnich, Wahlenberg, ou réunion du
ventre et du dos; la partie postérieure, souvent séparée nettement de
la moyenne, quelquefois aussi se confondant presque avec elle, divisée
par des articulations ou plis transversaux moins prononcés , portera le
nom Ae post-abdomen. Tous les naturalistes l'ont appelée queue, par
analogie avec la partie à laquelle on donne ce nom, tout aussi impro-
prement, dans les crustacés; le canal intestinal la traverse, mais comme
il y a, outre cette partie, une véritable cjueue , nous n'avons pu lui laisser
ce dernier nom. C'est à l'extrémité de cette prolongation de l'abdomen
que se voit, dans plusieurs espèces, un appendice coriace ou crustacé et
allongé, soit sans articulations, comme dans les limules , soit composé
de plusieurs feuilles disposées en éventail comme dans les écrevisses; celte
partie appendiculaire, ne renfermant aucun viscère, doit porter le nom
de queue.
Ces deux abdomens sont divisés longitudinalement dans tous les Iri-
lobites par deux sillons profonds en trois parties ou lobes longitudinaux
d'inégale largeur : celui du milieu est généralement le plus étroit, le
plus distinctement articulé; les latéraux, plus larges, s'étendent même
quelquefois sous forme d'expansions presque membraneuses qui sem-
blent être soutenues par des côtes ou appendices dures et costiformes
partant de l'abdomen et du post-abdomen. INous appellerons^««cj-, avec
M. Audouin , ces lobes ou parties latérales : nous avons dit que c'était le
caractère essentiel des trilobites ; il ne manque dans aucune espèce, et
ne se voit avec celte netteté dans aucun animal vivant connu.
I^e bouclier est toujours divisé en trois parties [)lus ou moins dis-
TRTLOBITES.
tinctes : une moyenne, qu'on peut appeler/ronf , avec Walch , et deux
latérales auxquelles on peut conserver le nom de joues qu'il leur a
donné.
On remarque sur ce front ou partie moyenne du bouclier deux ou
plusieurs tubercules, et souvent, sur les parties latérales ou joues, deux
autres tubercules saillans très-difïerens des premiers, qui ont été assimi-
lés à des yeux.
La ressemblance de position, de forme générale , de structure réti-
culaire entre ces parties et les yeux à réseau des insectes, et notam-
ment des crustacés, dont quelques espèces les ont très-saillans, ne me lais-
sent presque aucun doute surl'analogie que je crois pouvoir établir entre
ces tubercules et les yeux, surtout depuis que j'ai vu ce rapprochement
admis par M. Wahlenberg, et fortifié par les échantillons dessinés
dans le Muséum britannique , et dont je donne les figures planche II ,
tig. 4? A a, B Z» et C.
Les articulations de l'abdomen et du post-abdomen sont quelque-
fois prolongées latéralement en appendices saillans.
Tantôt la cpieue n'existe pas , tantôt elle est formée d'une membrane
c|ui se termine en pointe ou d'un appendice crustacé en forme d'alêne.
Enfin ni moi , ni aucun des observateurs qui ont étudié ces animaux
n'y ont jamais rien vu qui pût être comparé à des antennes ou à des
pattes.
Les Trilobites sont tous des animaux marins; leur association cons-
tante dans les mêmes roches avec des coquilles et d'autres productions
marines ne peut laisser de doute sur ce point. Il parait qu'ils étaient
susceptibles de se multiplier prodigieusement^ à en juger par la ma-
nière dont certaines ampelites et certains calcaires en sont remplis, au
point que ces pierres semblent en être entièrement composées.
Plusieurs d'entre eux avaient la faculté de se contracter en boule à la
manière des sphéromes; mais il paraît que cette faculté était restreinte
au genre Calymène et peut-être aussi à quelques espèces incerlaines du
genre Asaphe; on ne la retrouve plus dans les autres genres. Les Ogygies
et les Paradoxides se présentent toujours étendus, plies ou brisés, mais
jamais contractés par un mouvement volontaire. Nous ferons remar-
quer, en parlant des Calymènes, une articulation en genou entre le
bouclier et l'abdomen, propre à leur donner cette faculté.
6 TRILOBITES.
Walch , auteur du texte de Rnorh , avait très-bien senti la néces-
sité de séparer les animaux de cette famille en plusieurs espèces et même
en plusieurs genres; mais aucun naturaliste, du moins à ma connais-
sance n'avait mis à exécution cette division. Je l'ai essayée dans ce tra-
vail , parce que j'ai cru qu'il était utile de le faire, non-seulement sous
le point de vue zoologique, mais encore sous le rapport géologique,
celte division devant donner aux géologues des moyens nouveaux de ca-
ractériser les terrains auxquels chaque genre appartient plus spécia-
lement.
En rassemblant tous les animaux de cette famille que j'ai eu occasion
d'observer, et ceux qui sont assez clairement et exactement figurés et
décrits dans les ouvrages de quelques naturalistes, j'ai cru pouvoir divi-
ser les Irilobites en cinq genres assez distincts , renfermant chacun plu-
sieurs espèces ; ce sont ces genres et ces espèces que je vais d'abord
décrire avant d'entrer dans l'examen des autres considérations que pré-
sente leur histoire.
TABLEAU DES GEINRES ET DES ESPÈCES
DE LA FAMILLE DES TRILOBITES.
( Les espèces marquées d'un astérisque sont celles dont je n'ai vu que des figures, el qui
sont par cela même incertaines. )
PREMIER GENRE.
CALYMÉNE.
Corps contractile en sphère presque hémicjlindrique.
boucher pointant plusieurs tubercules ou plis, deux tubercules oculiformes
réticulés.
Abdomen et post-abdomen à bords entiers, l'abdomen divisé en douze ou
quatorze articles.
Point de queue prolongée.
Espèces»
1. C. de Blumenbach. A. Br.
2. C. de Tristan. A. Br.
TRILOBITES. n
3. C? variolaire. Park.
'\. C? macrophtalme. A. Br,
DEUXIÈME GENRE.
ASAPHE.
Corps large et assez plat; lobe moyen saillant et très-distinct.
Flancs ou lobes latéraux ayant chacun le double de la largeur du lobe
moyen.
Expansions submembraneuses dépassant les arcs des lobes latéraux.
Bouclier demi-circulaire , portant deux tubercules oculiformes réticulés.
Abdomen divisé en huit ou douze articles.
Espèces.
1. A? cornigère. Schlott.
2. A. de Debuch. A. Br.
3. A. de Hausmann. A. Br.
4. A. caiidigère. A. Br.
* 5. A. large queue. Wahl.
TROISIÈME GENRE.
OGYGIE.
Corps très-déprimé , en ellipse allongée , non contractile en sphère.
Bouclier bot^dé ; un sillon peu profond , longitudinal , partant de son extré-
mité antérieure.
Point d'autres tubercules que les oculiformes.
Protubérances oculiformes, yoew saillantes , non réticulées ; angles posté-
rieurs du bouclier prolongés en pointes.
Lobes longitudinaux peu saillans.
Huit articulations à l'abdomen.
Espèces,
I. O. de Guettard. A. Br.
X. O. de Desmarest. A. Br.
8 TRILOBITES.
QUATRIÈME GENRE.
PARADOXIDE.
Corps déprimé, Jion contractile.
Flancs beaucoup plus larges que le lobe mojen.
Bouclier presque demi-circulaire ; trois rides obliques sur le lobe mojen.
Point de tubercules oculiformes.
Abdomen à douze articulations.
Arcs des flancs abdominaux et post-abdominaux plus ou moitis prolongés
hors de la membrane qui les soutient.
Espèces.
' I. P. de Tessin. Wahl.
2. P. spinuleux. TVahl.
* 3. P. scaraboïde. Wahl.
* 4- P? gibbeux. Wahl.
* 5. P. lacinié. Wahl.
Espèces de genre incertain.
Trilobile granulé. Wahl.
ponctué. Wahl.
bucéphale. Wahl.
lentaculé. Schl.
CINQUIÈME GENRE.
AGNOSTE.
Corps ellipsoïde , hémicjlindrique.
Bouclier et flancs bordés , à bords un peu relevés.
Lobe moyen ne présentant que deux divisions transversales d'une seule
pièce chacune.
Deux tubercules glanduleux à la partie antérieure du corps.
Espèces.
1. A. pisiforme. A. Br.
PREMIER GENRÏ.
CALYMÉNE (i).
Le premier genre, que je nomme Caljmène , renferme le Trilobite
qui a été le mieux et le plus souvent décrit sous le nom de fossile de
Dudley ; c'est XEutonioUthus paradoxus de Blumenbach (2), qui,
comme on le verra plus bas, n'est point celui de Linné.
On peut donner pour caractères à ce genre d'avoir un bouclier portant
plusieurs tubercules ou plis , dont deux latéraux peuvent être assimilés
à des yeux ;
Douze à quatorze articulations à l'abdomen;
Les bords de l'abdomen entiers ;
Le post-abdomen sans extension ni prolongement membraneux.
Je conviens qu'excepté le nombre des articulations de l'abdomen,
les autres caractères sont ou vagues ou peu importans. Je conviens
également que les premières espèces du genre suivant se lient par des
nuances insensibles aux dernières de celiii-ci; mais en comparant les
extrêmes , on trouvera tant de différences qu'on jugera peut-être comme
moi qu'il y a des motifs suffisans pour les séparer.
Les Calymènes sont ellipsoïdes, presque demi-cylindriques dans leur
épaisseur. Le bouclier présente en avant un chaperon ou lèvre supé-
rieure plus ou moins relevée.
On voit, dans tous les individus bien conservés, non-seulement de ce
genre, mais du suivant, un petit sillon fig. i A, B, qui semble indi-
quer une séparation entre la partie supérieure de cette espèce de lèvre et
sa partie inférieure , et comme une ouverture entre ces deux portions de
la même partie.
Les côtés sont élevés en forme de joues qui portent ce que nous
appelons les yeux ; ces yeux sont saillans , à cornée ordinairement rou-
geàtre, et laissant voir, quoique rarement, la structure très-nette des
(1) Par contraction de Cecalymènc , obscure, cachée.
(2) Bti'MEKBACH, Abbild. luitur. Hist. gcgenst. 5 th. tab. 5o.
fO TRILOBITES.
yeux des crustacés; mais ce qui rend cette observation difficile contribue
précisément à appuyer cette analogie; car il est rare que ce que nous assi-
milons à la cornée soit aussi bien conservé que le reste du test. Presque
toujours cette partie , qui était plus saillante et plus mince , est usée, et on
n'en voit avec peine que quelques lambeaux. Je ne suis pas le seul qui ait
remarqué la structure réticulaire de ces tubercules et qui les ait comparés
aux yeux sessiles des insectes ; Martin Brunnich avait déjà fait un sem-
blable rapprocliemenl. Les figures faites par M. Laurill.vrd , au Muséum
britannique, et la figure 3 de la planche II du Mémoire de M. Wahlen-
berg, indiquent la structure des yeux qu'on nomme à réseau. Nous re-
viendrons plus loin sur ce sujet. Enfin, il y a sur le front six tubercules
disposés sur deux lignes longitudinales. Ces particularités rendent le
bouclier des Calymènestrcs-reconnaissable et peuvent même servir aussi
pour caractériser ce genre.
Ce que je nomme \ abdomen, sans assurer cependant que cette partie
en ait rempli les fonctions, est divisé transversalement par un grand
nombre d'articulations Irès-distinctes ; celles qui m'ont semblé lui ap-
partenir plus particulièrement sont au nombre de quatorze au plus,
douze au moins ; ce même abdomen est divisé longitudinalement en
trois parties par deux sillons profonds; les côtes, ou arcs costaux des
lobes latéraux ou flancs, sont aplaties de devant en arrière et semblent
se terminer en lames , comme le fait voir la fîg. 2 , A et D de la pi. I.
Enfin, dans la troisième partie du corps, que nous appelons yooj"^-
ahdonien^ et que presque tous les naturalistes ont nommée improprement
queue, le lobe ou région moyenne est articulé comme l'épine de l'abdo-
men ; mais les arcs costaux des lobes latéraux semblent avoir soutenu
une membrane ou peau coriace. Ces arcs sont bifurques vers leur extré-
mité, et celte disposition est encore un caractère qui appartient sans ex-
ception aux espèces de ce genre.
Le test des Calymènes est tubercule ou chagriné plus ou moins forte-
ment.
Les espèces que je peux rapporter à ce genre sont au nombre de
quatre.
CALYMENES. Il
1. CALYMÈNE DE lîLUMEÎ^BACH.
( PI. I,ng. 1, A,B,C,D. )
I
CALYMENE B LVMENBACHII {i).
Clfpeo rotundafOj tiiberculis sex disù'nctis in fronts; oculis in genis eminentis-
simis ; corpore luberculato.
C'est dans cette espèce que le chaperon ou lèvre supérieure présente
un sillon parallèle à ses bords ; cette lèvre est droite. Les joues sont peu
saillantes. Il y a six lubercules arrondis sur le front, et quatorze articula-
tions au dos; la queue est petite ; le test est couvert de petits tubercules
arrondis d'inégale grosseur. Tels sont ses caractères spéciliquesdistinctifs.
On l'a trouvée principalement à Dudley, dans le Worcestershire.
C'est l'espèce et le lieu le plus anciennement connus 5 mais je crois pou-
voir y rapporter, et avec de grandes probabilités, les Trilobiles observés
dans les lieux suivans :
1° Un individu parfaitement conservé, qui m'a été envoyé par
M. CoRREA DE Serra, et qui a été trouvé, d'après ce savant, près de Le-
banon, dans la province de l'Ohio, aux États-Unis d'Amérique.
2° Un abdomen et une queue adhérens sur un silex pyromaque , ac-
compagné de silex terreux qui renferme aussi des entroques et des valves
de térébratules absolument semblables aux mêmes corps qui accom-
pagnent les Trilobites de Dudley. Il fait partie delà collection de M. de
France et vient du canton de Genessée, dans l'état de New- York.
Brùnnich dit qu'on en trouve dans le calcaire de Rennesl, où on
exploite de la pierre à chaux pour castine.
(1) Fossile de Dudley, Littieton , Transactions philosoph. , année ijSo, tab. ^^6 et 48. —
Trilobite, Knorb, T. IV, Suppl.pl. y, f. fig. i à 5. — Entomoslracitcstuhcrculatus , Wahl. ,
n°6. — Trilobiles paradoœus? Sculot. , Pclrcfactcnfiuncle, 1820, p. 58,n°2. — Le gissement
dans le schiste argileux ne convient pas à l'espèce que je décris ici, et M. Sclilolheini ne
cite qu'avec doute la figure de Blumenbach.
12 , TRILOBITES.
2. CALYMÈNE DE TRISTAN.
( PI. I,f.g. 2,A-R. )
CALYMENE TRISTAN I (i).
Clrpeo fornicato , genis injlalis , oculis exsei'tis , rugis tribus in fronte , laie-
ralibus, obliquis , rolundis; corpore scabro.
Son chaperon ou lèvre supérieure est en forme de voûte ou de gout-
tière renversée. Ses joues sont très-grosses et laissent entre elles et le front
un sillon profond; elles portent à leur extrémité les yeux qui semblent
avoir été très-saillans. Le front est marqué de trois gros plis obliques ar-
rondis à leur crête. J'ai compté quatorze articulations au dos. La queue
est très-grande et ses parties latérales ])ai'aissent susceptibles d'une
grande extension. L'aplatissement, en forme de lames , des côtes de l'ab-
domen, et la bifurcation de celles de la queue sont très-sensibles. La
surface du test a tout-à-fait la texture de ce cuir qu'on nomme du
chagrin, û^. 2,K.
Ces différences spécifiques, déjà nombreuses et bien tranchées, sont
rendues encore plus sen.sibles par les figures exactes et. soignées que je
présente ici.
Ce Calymène n'a d'abord été connu que par des parties de son abdo-
men qui avaient à peine conservé quelques fragmens du bouclier. Ce
sont celles qui sont représentées fig. 2, C, D, E; elles viennent du
cabinet de M. de Drée. J'ai ensuite trouvé dans celui de M. de France
des chaperonspresqueentiersavec des portions d'abdomen, engagés dans
la roche (fig. 0.., F, G). Ces partiesm'ont amené à reconnaître que j'avais
dans ma collection l'animal entier (fig. 2, A,Bj; et, par la comparaison
de la queue de cet individu avec des queues venant du même lieu
et engagées dans la même roche que les tètes et les abdomens précédens,
je suis parvenu à reconnaître , sans aucun doute, que ces queues (fig. 2,
H, I) étaient celles du Calymène de Tristan. J'ai réussi à compléter
ainsi un animal dont la détermination était très-importante pour la
question géologique que je me proposais de résoudre.
(1) Tbistan, Journal tics niiîics, vol. xxui, n' i55, p. 21
CALYMÈNES. l3
Ce Calymène paraît avoir été susceptible d'arriver à des dimensions
très-grandes et de prendre des formes assez variées. Quelques portions
de sa tête, de son abdomen et de sa queue , que j'ai vues , indiquent un
animal qui devait avoir eu douze centimètres de long au moins. Le cha-
peron, qui termine sa tête et qui se présente comme une espèce de
mufle , semble avoir pu prendre, par la dilatation et la contraction, ou
peut-être aussi par la pression des roches qui l'ont enveloppé, des formes
très-variées; on en voit de tout-à-fait obtus ou camards , comme ceux
de la fig. 2 , C , D , E ; d'autres dilatés et relevés comme ceux des figures
F, G. Enfin le défaut de symétrie qu'on remarque dans plusieurs de
ses empreintes ou de ses dépouilles , concourt à indiquer que son test
était d'une nature cornée et coriace , capable d'extension , de contraction
et de flexibilité à la manière de la peau coriace des phyllidies, de quel-
ques holothuries, etc., etqu'il était bien éloigné d'avoir la dureté des tests
calcaires des coquilles, ou même de celui de l'espèce précédente qu'on
trouve plutôt brisée que défoi'mée.
Les parties de Calymène représentées par les figures 2, D, E, F, G,
se sont trouvées à la Hunaudière, près de Nantes, dans des roches tle
schiste argileux grisâtre ou jaunâtre. C'est M. de Tristan qui les a dé-
crites le premier.
Le Calymène entier, représenté fig. 2, A,Bj vient de Breuville
près de Briquebec , dans le Cotentin. On en trouve aussi à Siouville ,
dans un phyllade pailleté presque luisant et un peu carburé, et dans
beaucoup d'autres lieux des environs de Valogne et de Cherbourg.
On ne peut rapporter à cette espèce, avec une entière certitude, au-
cun des Trilobites décrits ou figurés. J'ai trouvé, dans des notes de
M. Uesmarest, qui m'ont été communiquées par son fils^, une figure
médiocre, mais qui semble indiquer que ce naturaliste avait connu cette
seconde espèce. Il paraît que les queues de ce Ti'ilobite ont été souvent
trouvées dans d'autres lieux. Je soupçonne que les portions deTrilobite
que Walch désigne aussi comme des queues, et qui sont représentées
par Rnorr, Suppl., tom. IV, tab. IX, fig. i à 8, pourraient être rap-
portées en totalité ou en partie au Calymène de Tristan; mais ces figures
sont trop vagues pour qu'on puisse rien avancer de certain à cet égard.
Enfin je soupçonne aussi que les empreintes deTrilobite qu'on voit sur les
ardoises d'Angers n'appartiennent pas toutes au genre Ogygie, mais que
l4 TRILOBITES.
plusieurs d'entre elles sont dues à des portions du Calymène de Tristan,
défigurées par la compression qu'elles ont dû éprouver entre les feuillets
de ces roches fissiles.
Aux deux espèces précédentes nettement déterminées sur des échan-
tillons nombreux et bien caractérisés, j'ajoute les deux espèces suivantes
dont la détermination est moins sure, parce qu'elles ont été décrites sur
des échantillons en mauvais état.
3. CALYMÈNE VARIOLAIRE.
\ (PI. i,r.g. 5, A,B,C.)
CALYMENE VARIOLARIS (i).
Cljpeo lotundato , lobis injlatis valde tuhercidatis , anglais extemo-posticis in
mucrone productis.
Le chaperon semble divisé eu trois masses hémisphériques; celle du
milieu est la plus grosse. Elle ne présente pas les six tubercules, ou les sil-
lons des espèces précédentes. Les latérales font voir sur leur angle ex-
térieur une sorte d'appendice qui se prolonge sur les côtés de l'abdo-
men, jusque vers la sixième articulation.
Ces parties sont couvertes de petits grains ou boutons beaucoup plus
nombreux et beaucoup plus saillans que dans les espèces précédentes,
et qui sont percés d'un petit trou à leur sommet à la manière des tuber-
cules des oursins du genre Cidarite.
Je n'ai pu voir distinclemcat les yeux ni sur les échantillons , ni sur
l'empreinte en plâtre que je possède, ni sur les figures qui ont été pu-
bliées ou dont j'ai eu communication. Cependant la forme de ceTrilobite,
sa consistance qui se rapproche beaucoup de celle du Calymène de Blu-
menbach portent à croire qu'il avait des yeux comme celui-ci. On peut
même remarquer sur l'angle antérieur des parties latérales du chaperon
une dépression ou rugosité qui semble indiquer la place de ces organes (2).
(1) Pabkikson, Organic remains , tab. \\n,fig. iG. (Partie antérieure seulement.)
(2) Je n'ai plus de doute sur l'existence et la position de cet organe, d'après un nouvel
échantillon de cette espèce , qui m'a été remis par M. Underwood.
cal\mènes. i5
On compte douze ou treize anneaux sur la partie que nous considé-
rons comme le dos ou le dessus de l'abdomen.
La queue est petite, la structure des anneaux du dos et de ceux de
la queue est semblable en tout à celle des mêmes parties dans le Caly-
mènc de Blumenbach.
On remarque que ce Calymène a le corps plus trapézoïdal que
les espèces précédentes , et qu'il s'en distingue ainsi par un très-grand
nombre de caractères.
Je ne connais pas le lieu où l'on a trouvé l'individu figuré pi. I, (ig. 3,
B; mais la figure 3, A , que je tiens de M. Stokes, a été faite d'après
un individu qui venait de Dudley, et qui est dans la collection de
M. Johnson, à Bristol.
4. CALYMÈNE MACROPHTALME.
(PI. 1 , (îg. 4 et 5. )
CALYMENE MACROP HTALMA.
Clfpeo anticè, cauddque posticè attenuatis , oculis inagnis , exsertis.
Ce Trilobite est remarquable par la grosseur et la saillie des protubé-
rances que nous considérons comme les yeux. Il se distingue encore par
le prolongement en forme de bec de la partie antérieure du bouclier,
prolongement qui se manifeste très-clairement sur les deux échantillons
et sur l'empreinte en plâtre que je rapporte à cette espèce, malgré
leur état d'imperfection.
Le lobe moyen du bouclier est marqué sur'ses côtés des trois plis
obliques qu'on observe sur le Calymène de Tristan.
Le dos toujours très-distinct de la queue, et dont la séparation est
même indiquée par une cassure , comme cela se voit dans l'individu figuré,
porte douze à treize articulations; la queue est courte, mais pointue et
n'olîre aucune expansion.
J'ai trois échantillons de ce Calymène. L'un m'a été remis par M. Du-
CATEL, et vient des États-Unis d'Amérique sans autre indication de lieu.
Il est transformé en jaspe grossier rougeàtre.
Je ne connais pas avec certitude le lieu oii s'est trouvé l'échantillon
figuré pi. I, fig. 4j il est indiqué comme venant de la Hunaudière, patrie
TRTLOBITES.
des Calymènes de Tristan; et en effet, le schiste argileux qui en a pris
la ])lace est assez semblable à celui de la Hunaudière (i).
Enfin le troisième échantillon est une empreinte grossière en plâtre
envoyée par M. Hosack à l'Académie royale des Sciences. Il est beau-
coup plus gros que les autres individus , et a près de neuf centimètres de
longueur. C'est avec doute que je rapporte cette empreinte très-peu
nette à l'espèce actuelle; mais malgré ses formes obtuses , et l'absence de
tout détail , elle est si remarquable par la grosseur de ses yeux et par
le prolongement de son bouclier qu'on peut présumer qu'elle appar-
tient au Calymène macrophlalme, et avec d'autant plus de probabilité
qu'elle vient aussi des États-Unis d'Amérique. FAle a été trouvée, sui-
vant M. HosACK, dans un schiste.
L'individu représenté figure 5, d'après des dessins de M. Stores,
vient de Coal-Brook-Dale en Shropshire.
(i) Le 11° 6, pi. ix', tom. iv du Supplément de K>orr, parait appartenir à celle espèce;
elle a été trouvée dans les roches en blocs épars de Stargard dans le Mccklenbourg.
ASAPHES, in
DEUXIÈME GENRE.
ASAPHE (l).
Les Trilobites assez nombreux qui composent ce genre, ce sous-genre
ou celle simple section , car il est difficile de se décider sur la valeur de
leurs caractères distinctifs, ces Trilobites, dis-je, font le passage du genre
Calymène au genre Ogygie, et sont par cela même difficiles à circonscrire;
mais si on n'eût pas fait ce sous-genre, il eût fallu laisser tous les Trilo-
bites réunis sous le même nom ; or il suffit de jeter un coup d'oeil sur les
figures pour être frappé des diftérences notables et peut-être essentielles
qui existent entre les Ogygies et le Calymène de Blumenbach.
Les Asaphes oftVent au premier aspect de grandes dilFérences dans les
dimensions en largeur du lobfc moyen et des lobes ou expansions laté-
rales, et cette différence, c[ui est surtout très-sensible sur les queues, a
cela d'heureux cju'on trouve bien plus souvent les queues de ces ani-
maux que l'animal entier. Dans les Asaphes , la largeur du lobe du mi-
lieu , vers la partie moyenne du corps , est au plus la moitié de celle de
chaque lobe latéral.
Ces lobes, étendus en expansion comme membraneuse, dépassent
loujours plus ou moins les espèces de côtes qui les soutiennent. Cette
expansion se prolonge souvent au delà du post-abdomen en forme de
queue longue et pointue.
Les côtes des Asaphes, qui correspondent pour le nombre et pour
la position aux articulations du lobe moyen, sont quelquefois simples,
au moins dans le post-abdomen, tandis qu'elles sont toujours bifur-
quées dans les Calymènes.
Le bouclier est presque régulièrement demi-circulaire; ses angles
postérieurs se prolongent en pointes plus ou moins longues.
La division du bouclier en trois lobes longitudinaux, quoique moins
prononcée que dans le genre précédent, est encore très-distincte. Le
lobe du milieu présente des dépressions ou sillons transversaux. On
voit sur les lobes latéraux, près des sillons de séparation, une protu-
bérance oculiforme très-sensible.
fi) C'est-à-dire obscur, difficile à déterminer.
i8
IKILOBlïES.
Les yeux paraissent souvent très-nettement réticulés.
Enfin le clos, presque toujours parfaitement distinct du post-abdo-
men, est composé de huit à douze arliculations. Le nombre de celles
du posl-abdomen parait très-variable, tantôt on n'en voit qu'une, tantôt
il y en a un grand nombre.
I. ASAPllE CORNIGÈRE.
(PI. II , fig. I, A, B, et 1)1. IV, fig. 10.)
ASAPHUS CORNIGERVS (i).
Clypeo rohmdato , com^exo , lœvi; oculîs magnis suhpedunculatis ; abdominù
aTticidis octo ; caudâ magnâ , articulis vix couspicuis.
Cette espèce semble s'éloigner beaucoup des suivantes et former une
division particulière. Elle constituerait à elle seule le genre Asaphe, si
des observations ultérieures prouvaient que les autres espèces doivent
être réunies soit aux Calymènes, soit aux Ogygies.
Le bouclier et la queue ont, dans quelques individus, à peu près
la même dimension et la même forme.
Le premier est sans tubercules ni plis, sa surface paraît avoir été assez
lisse, et sa division en trois lobes par des sillons longitudinaux est pres-
que insensible. On voit à son extrémité antérieure comme une espèce de
lèvi'c qui semblerait avoir été séparée des joues par une fente qui va
du bord antérieur du bouclier à l'œil et qui aurait permis à cette partie
de se mouvoir de bas en haut à la manière de la lèvre supérieure d'une
carpe. Cette structure n'est pas particulière à cette espèce, nous l'avons
fait remarquer dans les Calymènes ; mais elle est ici beaucoup plus sen-
sible. Les protubérances oculiformes sont cylindriques, très-saillantes, et
M. ScHLOTHEiM , lésa comparées à des tentacules ou cornes.
Il y a, sur l'individu que je décris, huit articulations très-distinctes au
dos, nombre qui s'accorde fort bien avec celui que M. Vahleisberg in-
(i) Trilohiies cor/i/ge/ns , ScHLOTUF.ur, /mLeonhard Taschenluch; (te, vol. 4. t-tb. 1 , fig i.
— Trilohiies cornigerus. Idem, petre/aetenhitnde , 1820, p. 38i, n. l. — lùttonioslraciles ex-
pansus, WAULElSBKRr,, Jcl. SOC. irg. sc. Ups. , vol. vui , u. I.
ASAPUES. ig
diqiie. Les côtes des lobes latéraux paraissent avoir été libres à leur ex-
trémité. La queue abdominale ou post-abdomen est arrondie, lisse, et
laisse à peine distinguer les arcs osseux qui la soutiennent. Les articula-
tions du lobe moyen sont les seules qui soient visibles dans quelques
individus.
Telles sont les particularités caractéristiques qu'ofïre cette espèce.
Je ne doute pas que ce ne soit celle que M. Schlotheim a décrite et
figurée dans le Taschenhuch de Léonhard , quelque imparfaites qu'en
soient les figures. Je ne doute pas non plus que ce ne soit \ Entomostra-
cites expansiis de M. Wahlenbkrg, puisqu'il cite les figures du Ta-
schenhuch^ mais je doute beaucoup que ce soit le Trilohites dilatatus
de BrÛnnich. La description qu'en donne ce naturaliste ne lui convient
pas du tout. En ajoutant même aux articulations du dos, celles de la
queue, qu'on distingue à peine, on n'arrivera jamais au nombre de
vingt que cet auteur donne comme un des caractères de son Trilobite
dilaté. Ces motifs m'ont empêché d'adopter aucun des noms donnés à
cette espèce avant M. Schlotheim; car aucun n'a une antériorité déter-
minée sur les autres, puisqu'on ne peut être sûr de l'identité des espè-
ces. Ici le respect pour le nom imposé le premier, pouvant augmenter
la confusion, j'ai cru devoir adopter celui de cornigère^ donné derniè-
rement par M. Schlotheim à l'espèce que je décris, quelque impropre
qu'il soit.
On remarquera que M. Wahlenberg dit que ces Trilobites présentent
quelquefois des dimensions considérables, et cette particularité éloigne-
rait ceux-ci des nôtres, si le même naturaliste ne disait qu'il y en a aussi
de fort petits , ce qui doit faire présumer dans ces animaux une grande
rapidité de croissance, comme on le remarque dans les Apus, et si
la queue figurée en B et l'individu représenté pi. IV, fig. lo , n'annon-
çaient déjà des variations de grandeur assez considérables dans ceux des
environs de Saint-Pétersbourg. Les échantillons que je possède vien-
nent de Koschelewa, près de Saint-Pétersbourg. Us sont dans un cal-
caire compacte, gris de cendre, rempli d'un grand nonibre de petites
lamelles cristallines et de petits grains noir-verdàtre , paraissant par
conséquent appartenir à la formation calcaire inférieure à la craie.
Celui que M. Schlotheim décrit a été trouvé, dans les environs de
20 ÏRILOBIÏES.
Revel, près deMemel, dans un calcaire qu'il rapporte au terrain de
transition (i).
Nous ne citerons que ces deux localités, parce que ce sont les seules
que nous puissions attribuer avec exactitude à l'Asaphe cornigère. Les
auteurs mentionnés plus haut, c'est-à-dire Brùivnich, M. Wahlenberg
et M. ScHLOTHEiM lui-mêuie, en indiquent bien d'autres; mais quand on
voit qu'ils nomment des lieux qui l'enferment des espèces évidemment
différentes de celle-ci, du moins pour nous, nous aimons mieux les
omettre que d'augmenter aussi la confusion sous ce l'apport.
2. ASAPHE DE DEBUCII.
(PI. II,fig.2,A,B,C.)
ASAPHVS DEBUCII II.
Corpore oonto , aniice ohfuso ; pays caudœ menihranacea ad niarginern longi-
l tudinah'ler striata (2).
La forme générale de cet Asaphe est celle d'un œuf, la tète est du
côté du gros bout.
Le lobe moyen du bouclier est assez distinct, il se termine en pointe
antérieurement et parait marqué de quelques tubercules, à peu près dis-
posés comme dans les Calymènes. Les lobes latéraux ou joues sont trian-
gulaires, l'angle postérieur et extérieur est un peu prolongé. Les tuber-
cules oculiformes sont situés dans l'angle antérieur.
Les arcs costaux des lobes latéraux du dos sont bien f.ensiblement
doubles, ceux de l'abdomen caudal le sont moins sensiblement. La
partie moyenne de cet abdomen est à peu près pyramidale 5 la mem-
brane coriacée qui recouvrait les arcs, les dépassait et était striée longi-
tudinalement vers son bord ; les stries de la partie flottante paraissaient
(1) Die pctrefactenkimde, Gotha. 1820, p. 38. — M. SctiLOTllElM, dans son mémoire
inséré dans le Taschenbuch ., etc., de Leonhard , avait désigné ce calcaire comme appartenant
au calcaire coquillier moderncj celte désignation convient beanconp mieux au calcaire qui
renferme les échantillons de Koschclcwa, que celle de calcaire de transition.
(2) Parkinson , Org. rnnains , vol. Ui, pi. XVII, fig. i3.
\SAPHKS. 21
moins serrées que celles delà partie portée par l'extrémité des arcs. {J^oy.
les figures 2 , B et C. )
Cette espèce, comme tous les Trilobites, excepté peut-êtrele Calymène
de Rlumenbach, parait varier beaucoup de grandeur, La figure 2. B,
représente une partie de l'abdomen caudal d'un individu que je regarde
comme appartenant à l'Asaphe de Debuch, et qui devait être au moins
trois fois plus grand que celui de la figure 2 A.
L'Asaphe de la figure 2 A , vient de Dynevors-Park , dans le pays de
Galles; il est dans im psanimite calcaire, compacte, noir, assez dur et
micacé.
Je rapporte à cette espèce une queue d'Asapbe qui ne diffère des
précédentes que par ses stries plus larges et par sa peau, qui paraît
avoir été moins raboteuse. Elle vient d'Éger, en Norwége; elle est
engagée dans un phyllade noir-pailleté ( schiste argileux , noir, micacé),
appartenant aux terrains de transition.
3. ASAPHE DE HAUSMANN.
(PI. II, fig,3. A,B.)
ASAPHUS HAVSMANNI.
Cauda rohmdata; cute coriaceâ tuberculis minimis, spinuïosis tectâ.
Je ne connais que la queue de cet Asaphe, mais elle est si différente
delà queue des autres Trilobites, que je n'hésite pas à établir une espèce
particulière sur la considération de cette seule partie.
Sa forme générale est celle de la moitié d'une ellipse , son lobe moyen
représente un cône très-effilé. Les arcs costaux des lobes latéraux parfai-
tement distincts, paraissent simples. Je n'ai pu y apercevoir le moindre
indice de bifurcation. Cette disposition caractérise déjà assez bien cette
espèce; mais ce qui contribue encore à la faire distinguer des autres, ce
sont des petits points élevés, épars et par conséquent peu serrés, dont sa
peau ou épidémie était couverte comme l'est celle de la queue de \ Apus
cuncriformis.
Cette partie d' Asaphe est dans un calcaire homogène, compacte, noi-
as TBILOBITES.
latte, qui ue présente aucune autre sorte de pétrification. J'ignore de
quel pays vient ce morceau qui faitpartiedela collection Je M. deDrée.
Mais le cabinet niinéralogique particulier du roi renferme deux post-
abdomens de cette même espèce, qui sont étendus comme dans celle
qui vient d'être décrite, et dont l'un, privé de sa peau, fait voir que les
arcs osseux des lobes latéraux sont doubles comme dans les autres Trilo-
bites.
Ces individus sont dans un calcaire très- compacte et même un peu
sublamellaire, gris foncé-bleuàtre , traversé de veines de calcaire
spatliique, et faisant voir quelques parties de zinc sulfuré; il possède
par conséquent toutes les apparences extérieures du calcaire de tran-
sition et vient des environs de Prague.
4.ASAPHE CAUDIGÊRE.
(PI. II,fig. 4, A, B;C, D.)
ASAPHVS CAUDATUS [^).
(Jlypeo antice suhroiundalo , poslice valdc eniarginalo , ongulo extcmo in
mucronem prodiicto ; oculis exsertis, conicis , Inincatis , distincte reticulatis ;
post-abdomine in caudam membranaceam , acutam extenso.^
Je n'ai d'abord eu sous les yeux que la queue de ce Trilobiie, fig. 4 13 '•,
mais le dessin, lig. 4 C, fait au Muséum britannique avec une scrupu-
leuse exactitude par M. LALT.iLi.Ar.D , et les dessins fig. 4 A, B, qui m'ont
été communiqués par M. Stores, ne me laissent presque aucun doute
sur l'identité des animaux qu'ils représentent avec celui auquel apparte-
nait la queue figurée 4 D. La forme pyramidale allongée du lobe moyen
de cet abdomen caudal, la bifurcation des arcs des lobes latéraux dans
toute leur longueur, et la forme générale de cette partie, sont des carac-
tères communs. Ces lobes sont bordés par une membrane coriacée, très-
finement ponctuée, qui se prolonge en queue pointue. La queue de
l'individu représenté fig. 4 C, ne montre pas cette membrane; mais on
(i) Trilobus C3.yiàà.i\xi. BRuamcH in Kiceb. Selsk. Skrivt. nye Saml. i, 1781 , p. 892, n. 3.
ASAPHES. 23
voit que ses bords et que son extrémité ont été lron([ués et privés par
cette altération de cette partie accessoire.
Je regarde donc ces deux individus comme ayant appartenu à la
même espèce; et je reprends la description de l'animal sur ceux du Mu-
séum britannique et de M. Stokes.
Le bouclier qui se voit de face en A et B et de profil en C, parait avoir
eu un prolongement à son lobe moyen, prolongement détruit par l'al-
tération de l'écliantillon A. Ce lobe présente trois plis transversaux vers
sa partie postérieure , caractère commun aux Asaphes. Les lobes laté-
raux ou joues, triangulaires et prolongés en pointe par leur angle posté-
rieur et extérieur, sont peu étendus et portent des protubérances coni-
ques, tronquées, semi-lunaires, à convexité extérieure, qui ne sont pas
ici seulement oculiformes, mais de véritables yeux à réseau comme ceux
des limules. M. Wahlenberg fait remarquer la netteté étonnante de cette
structure dans l'espèce qu'il a décrite, et qui parait être voisine de celle-
ci, si elle n'est la même; les figures de M. Stokes représentent très-bien
ces yfeux , et M. Laurillard , qui n'était guidé par aucune opinion à dé-
fendre, qui n'a dessiné que ce qu'il a vu, a parfaitement figuré la
structure réticulaire de ces organes, qu'on ne peut se refuser de con-
sidérer comme des yeux (i J.
Le lobe du dos, étroit comme dans tous les Asapbes, présente douze
articulations bien distinctes, et éloigne cette espèce des précédentes par
ce caractère. Les lobes latéraux sont composés d'arcs bifurques, dont les
deux branches sont presque d'égale longueur.
L'abdomen caudal est parfaitement distinct du dos ou partie supé-
rieure de l'abdomen dorsal.
J'ignore d'où vient l'individu fig. 4 C, mais je soupçonne qu'il se trouve
aussi àDudley, lieu d'où viennent l'abdomen caudal de la figure D, et
l'individu des fig. 4 A et B.
Malgré la différence qu'offre au premier coup d'ceil la figure deBRÙN-
jvich, je ne doute point qu'elle ne représente un individu de l'Asaphe
j»
i) Un individu de cette espèce trouvé à Dudley, et qui m'a été donné par M. Underwood,
utre de la manière la plus nette cl la plus complète, la structure réticulaire de ces
Y-
( .
nioutre de
yeux
24 TRILOBITES.
caudigère; premièrement la queue est parfaitement scni])lable à celle
que je décris et que je rapporte à cette espèce. Les différences qu'on re-
marque dans la partie antérieure viennent et de l'état de conservation
de l'individu , et plus encore de l'imperfection de la figure. On y recon-
naît les parties principales semblables dans l'un et l'autre individu
par leur position, leur nombre et leurs formes essentielles. Le prolon-
gement du lobe moyen du bouclier et son rebord festonné sont peut-
être exagérés dans la ligure de BRiJNNiCH, ou tronqués par accident dans
l'individu figuré pi. 1 1, fig. 4- Brunnich dit qu'on le trouve à un mille
de Coal-brock-dale en Angleterre.
Mais il y a un autre Trilobite ( pi. III ^ fig. 9), auquel M. Wahlen-
BERG a aussi donné le nom de caudatus {i) , en le considérant comme
étant de la même espèce que celui de Brijnnich; quoique je n'aie con-
naissance de ce Trilobite que par la figure publiée par M. Wahlea-
BERG, je crois en voir assez pour oser ne pas partager son opinion. La
forme générale du corps, celle du bouclier, qui est parfaitement ellipti-
que , sans aucune indication de prolongement ou de feston, la forme
de l'abdomen caudal, et des arcs de ses lobes latéraux, celle de la queue,
ou appendice caudal, pointue et comme articulée avec l'extrémité du
post-abdomen , me paraissent des indices sufFisans pour distinguer ce
Trilobite du précédent, et lui donner un autre nom, par exem])le celui
^Asaplius nmcronalus , en laissant au Trilobite décrit par Brïjnnich,
fig. 4 vl<" wom d'A. caudigère, A. caudatus.
5. ASAPHE LARGE QUEUE.
(Pi. m, fig. 8.)
ASAPHUS LATICAUDA (2).
Clypeo imncaio, ocuh's ad latus capitis ; capitc valdc convexo ; caiidâ suborbi-
cuJari,Unibo laùsshno, pianissimo ^ iutegarimo.,.
Les yeux sont placés vers les côtés de la tcte, qui est très-convexe j
(0 Enlomoslracitcscaudatus. Wahlenberc, n°4, tab. ii, fig. 3.
(2) Eiilomosiracitcs lalicauda. Waiilenberg , n" 3, tab. il, fig. 7. et 8.
ASAPHES. aS
la queue est presque orbiculaire et le limbe en est très-large, plane, très-
entier, marqué de plis superficiels rayonnans.
Il se trouve principalement dansl'Osmundberg en Dalécarlie, dans le
calcaire blanc , et pourrait bien être un individu adulte de l'espèce que
M. Wahlenberg nomme crassicauda.
Le rapport de largeur ^i^^obe moyen aux lobes latéraux que
M. Wahlenberg fait remarquer, la membrane qui bordait la queue,
sont des caractères qui conviennent aux Asaphes,> et qui placent cette
espèce dans ce genre. Je ne l'ai pas vue.
IJK. crassicauda du même auteur appartient peut-être aussi à ce
genre, mais la figure qu'il en donne ne m'a pas paru suffisante pour éta-
blir avec certitude la distinction et la place de ce Trilobite.
11!
4
TROISIEME GENRE.
OGYGIE (i).
Les Trilobites qui composent ce genre peu nombreux en espèces, ont
un aspect si différent des autres, que c'est à eux que je dois l'idée de di-
viser celle famille en plusieurs genres. On les avait remarqués depuis
bien long-temps sur les ardoises des environs d'Angers , et ils ont été
l'objet de plusieurs dissertations deGuETTARD.
Malgré ces différences si apparentes dans l'ensemble de l'animal, il est
cependant assez difficile d'assigner à ce genre des caractères tranchés ;
mais on sait que c'est le cas de presque toutes les familles très-nalu-
l'elles.
Les Ogyoies ont la forme d'une ellipse allongée, terminée en pointes
à peu près égales à ses deux extrémités.
Ils sont tous très-déprimés, et on ne peut guère attribuer cet apla-
tissement à la compression.
La tête et le corselet sont réunis en un bouclier assez étendu; on voit
sur la partie antérieure du chaperon , un sillon droit longitudinal qu'on
n'aperçoit sur aucun autre Trilobite, et sur les côtés, deux sillons arqués.
Les protubérances oculiformes ne montrent point la structure réti-
culaire, ni l'espèce de rebord qui entoure la cornée, comme dans les autres
Trilobites ; ces protubérances semblent indiquer la place des yeux, mais
ne laissent voir rien qui puisse être comparé à ces organes. Elles sont
situées vers le milieu du bouclier. Cette partie du bouclier est saillante ,
mais elle ne présente pas les tubercules , qu'on observe dans les autres
genres.
Le boucher se prolonge de chaque côté en une pointe très-allongée
qui est lout-à-fait séparée du corps, et qui s'étend jusqu'à plus de fe
moitié de la longueur de l'animal. Ce prolongement du bouclier est
fort remarquable ; il est déjà comme indiqué dans quelques Asaphes ,
et se retrouve dans les Paradoxides.
(i) Qui est de la plus grande ancienneté.
0GYGIE9. 27
L'abdomen est, ainsi que le post-abdomen, divisé en trois parties par
deux sillons longitudinaux, et en un grand nombre d'articulations trans-
versales : c'est le caractère commun des Trilobites. Les articulations de
l'abdomen m'ont paru être constamment au nombre de huit , tandis
qu'on en compte treize à quatorze dans les Calymènes.
On remarque à leur surface, non pas des tubercules, mais des stries -
partant en divergeant d'un angle des écailles ; ces stries sont analogues à
celles qu'on voit sur les écailles des oscabrions, on y remarque aussi des
plis et des échancrures semblables à ceux que montrent les écailles
de la queue des crustacés, dans les parties qui s'emboîtent. Le post-ab-
domen est à peu près disposé comme l'abdomen; on y compte environ
dix anneaux ou articulations j ses parties latérales paraissent avoir été
beaucoup moins écailleuses, moins sensiblement articulées, et par con-
séquent plus membraneuses que les parties latérales de l'abdomen. On
voit sur les deux côtés de la queue d'un des individus que j'ai figurée
(pi. III, fig. I, B ), deux paquets ovoïdes, beaucoup plus épais que le
reste du corps. Ces paquets, dont la structure est indéterminable, sem-
blent cependant par leur forme et leur position, indiquer la place des
œufs, place et forme analogues à celles que présentent les paquets d'œufs
dans plusieurs entomostracés, tels que les Cyclopes et les Branchiopodes.
Les individus d'une même espèce ont entre eux de grandes différences
de taille; en ne comparant que ceux qui sont évidemment de la même
espèce, on en trouve qui ont neuf centimètres, etd'autres qui ont jusqu'à
vingt-huit centimètres de long.
L'Ogygie ne parait encore avoir été observé entier par aucun natu-
raliste. GuETTARD, qui a publié dans les Mémoires de l'Académie ( i) une
dissertation sur les empreintes des schistes d'Angers, n'a décrit et figuré
que des parties séparées de l'abdomen de cet animal, et encore la descrip-
tion et les figures qu'il en a données sont si vagues qu'on ne peut en tirer
aucun résultat. Il avait eu aussi connaissance des Calymènes, mais
il les a confondus avec les Ogygies. J'ai trouvé dans les notes de M. Des-
MAKEST, que M. son fils a bien voulu me remettre, une figure de l'ani-
mal entier. Quoique encore très- vague, elle est beaucoup moins impar-
faite qu'aucune de celles de Guettard.
(i) Mém. de l'Académie royale des sciences de Paris, année 1757, p. Sa, pi. 7-9.
4*
28 TRILOBITES.
Comme j'ai eu en même temps l'individu d'après lequel elle a été faite,
je l'ai fiut dessiner avec la précision nécessaire (pi. III, fig. i , A ). On y
remarque absolument la inéme structure que dans celui de la collection
du Musée; mais les parties ovoïdes que j'ai considérées comme des
paquets d'œufs ne s'y voient pas, l'animal étant probablement trop
jeune pour produire.
1. ÔGYGIE DE GUETTARD.
(Pl.IIl,fig. i,A,B.)
OGYGIA GUETTA RDI.
Corpore depj'csso oiato, idrinque acuniinato; clypeo anticè subbijido ; postiçc
in duobus mucronibus corporis ferè longiludinc , elongato.
Le corps de cet Ogygie est elliptique, environ trois fois plus long
que large , il est terminé en pointe aux deux extrémités , et les diffé-
rentes parties qu'on y voit participent de son allongement.
Cette espèce, dans l'état de conservation complète sous lequel nous
la décrivons, est fort rare; mais ses fragmens, au contraire, sont très-
communs dans les schistes ardoises des environs d'Angers.
Cependant je ne puis croire que toutes les empreintes à trois lobes et
à articulations transversales qu'on trouve dans ces schistes, appartiennent
à la même espèce, et soient toutes des abdomens ou post-abdomens de
rOgygie de Guettard. Ils sont si différens les uns des autres parleur di-
mension, leur épaisseur, leur forme même, qu'ils pourroient bien avoir
appartenu à des espèces différentes, que nous ne pouvons caractériser, ne
les ayant jamais vues entières, 11 serait même possible qu'il y eût parmi
ces empreintes des post-abdomens du Calymène de Tristan.
2. OGYGIE DE DESMAKEST.
(PI. m, fig. 2.)
OGYGIA DESMARESTII.
Corpore depresso , ovato ; anticè obtuso ; clypeo angulis posticîs in duobus mu-
cronibus brenbus desinenie.
Le corps est ellipsoïde^ tout au plus une fois et demie plus long que
large; le bouclier est arrondi et presque écliancré antérieurement.
■-«»>
OGYGIES. 29
Je ne crois pas pouvoir attribuer à un simple effet de la contraction,
une différence aussi grande dans les proportions et même dans les formes
do toutes les parties, que celle qu'on observe entre cette espèce et la
précédente.
Outre sa dimension remarquable, puisque l'animal entier devait avoir
an moins trente-cinq centimètres de long, toutes ses parties sont rac-
courcies, et comme il paraît aussi complètement étendu que les autres y
on ne peut pas attribuer ce raccourcissement à la faculté de se con-
tracter en boule, que possèdent la plupart des Trilobites. D'ailleurs on
remarque que le bouclier, qui, par sa nature, ne paraît susceptible ni de
contraction , ni de flexion , est également et beaucoup plus court et
plus arrondi, que SCS pointes sont moins prolongées, que ses protubé-
rances oculiformes sont rondes et non pas ovales.
On reconnaît dans cette espèce les sillons du chaperon , et toutes les
autres particularités qui caractérisent ce genre.
Cet Ogygie se trouve avec l'espèce précédente dans le schiste ardoise
des environs d'Angers.
/îîîia'IOV.-; .
#
QUATRIÈME GENRE.
PARADOXIDE.
Ce quatrième genre renl'erme les espèces de la famille des Trilobites ,
qui ont été décrites par Linné , sous le nom d'EntomoIithus para-
cîoxiis , nom qu'on a étendu, comme je l'ai dit, à des animaux que
le naturaliste suédois n'avait pas eu en vue, et qu'il n'avait pas même
connus. C'est par respect pour lui, et pour rappeler que c'est ici le vé-
ritable E ntoniolithus parada jc us y ci\xe\ ai donné à ce genre le nom de
Paradoxide, nom peut-être un peu singulier, mais qui rappelle, comme
l'avait voulu Linné, les formes singulières de ces animaux.
Les Paradoxides ont le corps très-déprimé, les flancs larges par rap-
port au lobe moyen.
Le bouclier est généralement arqué en avant , presque demi-circu-
laire.
Les lobes latéraux sont unis, et ne paraissent point porter d'yeux
réels , ni même de protubérances oculiformes.
Le lobe moyen est marqué de trois sillons transversaux, ou au moins
de trois rides.
On ne voit ni les lignes ni les articulations qui divisent le bord anté-
rieur du bouclier dans les Calymènes, les Asaphes et les Ogygies.
Le nombre des articulations du corps ou de l'abdomen proprement
dit , ne parait pas être moindre de douze.
Celles du post-abdomen ne passent pas quelquefois quatre ou cinq.
Mais ce qui caractérise surtout les Paradoxides et les distingue d'une
manière encore plus absolue des autres Trilobites, c'est d'avoir les arcs
des flancs, et surtout ceux de la queue, prolongés en dents, en pointes ou
en épines au-delà de la membrane qu'ils soustendent. Ce dernier carac-
tère, s'il est constant, c'est-à-dire s'il se trouve toujours dans les Trilo-
bites qui ont d'ailleurs tous les autres caractères des Paradoxides, les dis-
tinguera sûrement , puisque dans les genres précédens, un des carac-
tères tiré de la queue ou de post-abdomen , est d'avoir une membrane
qui, non-seulement lie ces arcs latéraux de la queue jusqu'à leur extré-
'«^'
PARADOXIDES. 3l
mité mais la dépasse quelquefois considéiablement, comme cela se voit
dans les Asaphes. " -
Les Paradoxides se rapprochent des Ogygies par la forme déprimée
de leur corps ^ par la ténuité de leur peau , et par l'absence des yeux ré-
ticulés. Il ])arait qu'il y en a un assez grand nombre d'espèces; mais
parmi ces espèces , nous n'en avons vu qu'une seule. Nous donnons
les autres d'après M. Wahlenberg.
Nous diviserons ce genre en deux sections, établies sur la forme du
chaperon.
Irc SECTION.
Bord antérieur du chaperon à peu près en arc de cercle.
I. PARADOXIDE DE TESSIN.
(PI. IV, fig. I, figura Wahleiibergii. )
PARADOXIDES TESSINI (i).
Cœcus ; capite seminularî , rnunito cornibus validis retrorsum exeuntibus .
fronte turbinatâ , annulatâ ; caudâ spinis ininci postremis triplo breviore ,
^Vahl.
Le chaperon, arrondi antérieurement , se prolonge postérieurement
en deux parties qui dépassent la moitié du corps.
Le lobe moyen ou la tête , est arrondi et dilaté en avant , et marqué
de trois plis transversaux.
Les joues ou lobes latéraux semblent porter de chaque côté une pro-
tubérance oculiforme, mais non pas un œil.
La figure n'indiquant pas la distinction de l'abdomen et du post-ab-
domen, on compte vingt à vingt-deux articulations, en réunissant celles
qui appartiennent à ces deux parties; la véi'itable queue qui semble
(i) Entomostracites paradoxissimus , Wahl, n° g , tab. I, fig. i. — Enlomolithus
paradoxus, LiKN. , Mus. tess, , tab. III, fig. i (pcssima).
32 TRILOBITES.
ici composée de trois anneaux sans parties latérales serait , suivant
M. Wahlenber , plus courte que dans aucune autre espèce.
Ce Paradoxide paraît acquérir une très-grande dimension ; on en cite
de plus de trois décimètres de long.
Malgré l'imperfection delà figure de l'Entomolithe décrit par Linné
dans le muséum de Tessin , nous ne pouvons douter, en la comparant
à celle de M. Wahlenberg , que Linné n'ait décrit le même animal.
M. Wahlenberg n'en doute pas non plus, puisqu'il donne cet Ento-
molithe du Museutn Tessinianum^ comme synonyme du sien.
Cette espèce , dit ce naturaliste , ne s'est encore trouvée qu'en
Westrogothie, dans les couches d'ampelitealumineux, et seulement à une
grande profondeur. On en a trouvé quelques vestiges dans les exploita-
lions de Damman.
2. PARADOXIDE SPINULEUX.
(PI. IV, fig. 2 et 3.)
PARADOXIDES SPINULOSUS (i).
Cœcus; cïypeo semilunari, postlcc tnmcato , anguUs externis in spinâ porrectis ;
abdomine duodecim articulis , postabdomine sexdecim ; costis in spinis re-
trorsum Jlexis , desinentibus.
La tête égale presque en largeur la longueur de l'animal , elle est semi-
circulaire.
Le lobe moyen est marqué do trois plis transversaux disposés en che-
vrons ou V renversés. Il est plus étroit en avant qu'en arrière, ce qui
distingue essentiellement cette espèce de la précédente.
On ne voit sur les lobes latéraux aucune protubérance oculiforme ,
mais ces lobes montrent clairement des stries ondulées à peu près trans-
versales. Ils se prolongent dans l'individu dont M. Wahlenberg a donné
la figure (et qu'on a copiée fig. 3), en deux pointes ou épines qui attei-
■■'(iy Entàmolkhiis paradoxus",^ Lmsi. , Act. Stocth. 1759, tab. I , fig. i, 2, 3. 4- —
EnlomoslracUes spinulosus ; Waul. , n° 1 1 , tab. I , fig. 3.
PARADOXIDES. 35
gnent à peu près la moiiic du corps. Ces épines ne se voient pas dans
celui de la collection de M. Defrance, dont je donne la figuie (lig. a);
mais on remarque cpie l'extrémité b de ces lobes est cassée, et on croit
même apercevoir en c, sur la pierre, une trace de l'existence de ces pro-
longemens éj)ineux.
On compte douze articulations sur ce qu'on peut regarder comme
l'abdomen , et six en tout sur la réunion du post-abdomen avec la véri-
table queue en e.
L'individu que je décris (pi. iv, fig. 2) se montre comme un relief
très-plat, cependant assez net , sur un ampelite alumineux 5 il est noir
comme cette pierre. Mais le post-abdomen et la queue ( rf et e j sontpy-
riteux. On voit en avant du chaperon une raie oblique qui ressemble à
une antenne , mais qui n'est que l'indice peu net du chaperon d'un
autre individu qui a laissé l'empreinte d'une très-petite partie de son
corps sur cette même pierre et dans un sens inverse; ce qui tend à le
prouver, c'est qu'on voit enydes stries ondoyantes et semblables à celles
que nous avons fait remarquer en «y cette circonstance me fait soup-
çonner que cet échantillon pourrait bien être celui qui a été figuré par
Linné dans les Mémoires de l'Académie de Stockholm. On sait qu'on y
a dessiné des antennes; il est possible que cette empreinte ait été prise
pour cette partie par le peintre.
Malgré les nombreuses ressemblances qu'il y a entre l'individu que je
décris et celui qu'a figuré M. Wahlenbero, je ne suis pas parfaitement
sûr que ce soit le même. Les figures font assez bien voir les diflerences
pour que je n'aie pas besoin d'allonger cette description en les désignant
spécialement; je me contenterai de rappeler cpe l'état toujours très-
imparfait de ces empreintes, en efl'açant ou faisant même disparaître
certaines parties, établit souvent des différences qui ne sont qu'illu-
soires.
L'ampelite alumineux qui présente l'individu figuré, offre des restes
d'un grand nombre d'autres Paradoxides plus ou moins grands. D'au-
tres échantillons du même ampelite, en offrent encore davantage, mais
ils sont plus petits. Ils appartiennent à la collection de M. de Drée, et
sont cités comme venant d'Andrarum en Scanie. C'est aussi le lieu qu'iu-
5
3/, TRILOBITES.
dique M. Wahlenberg. II dit qu'on trouve des fragmens de la lèle de
cette espèce en Westrogolhie (i).
Les espèces suivantes sont toutes tirées du Mémoire de M. Wah-
lenberg.
3. PARADOXIDE SCAllABOlDE.
(PI. lil, fig. 5.)
PARADOXIDES SCARABOIDES (2).
Cœcus; capûc hemisphœrico , antice rolundatojronte subovalâ antrorsum an-
gustiorc ; caudâ uinrique sinnalo-lridcntatâ. Wahl.
La tête est hémispliérique , arrondie en avant; le front est pres-
que ovale , plus étroit aniérieurement; le bord de la queue est sinueux
et muni de trois dentelures.
On voit sur les parties postérieures de la tête quelques lignes ou sillons
transverses , très-superficiels. Le lobe du bouclier est remarquable-
ment étroit par rapport à la tête ou lobe moyen. Le lobe moyen de la
queue ou post-abdomen est plus court que cette partie; il est marqué de
trois anneaux.
Cette espèce s'est trouvée, mais en échantillons très-rarement entiers,
dans les lits d'odeur fétide de l'ampelite alumineux. Wahlejnberg.
(1) Ce sont ces deux espèces, le Paradoxide de Tessiii et le Paradoxide spJiuilcux, qui ont reçu
le nom à'' Entoniolilhus paradoxus. On les a d'abord, et pendant long-temps, confondues
ensemble ; mais la confusion n'en est pas demeurée là : on a appliqué la même dénomination à
tous les Trilobites , aux Calymcnes , aux Asaphcs, aux Ogygies ; et le Calymène de Blumenbacii
a été rapporté par ce célèbre naturaliste lui-même à l' E nlomolilhus paradoxus de Linné. Celle
confusion régnait encore, au moins en grande partie , lorsque, frappé des différences de formes
et de gissemcnt des Trilobites d'Angers et de ceux de Dudicy, j'essayai, en i8i5, de faire ressor-
tir ces différences zoologiques et géologiques, en divisant en genres et en espèces cette lamillc,
que je trouvai dès lors assez nombreuse, et en lisant sur ce sujet un mémoire à l'insiilut, le 3.3
octobre i8i5.
(2) Enlomostracites scarahoides , Wahl., n° i3, tab. 1 , fig. 4-
PARADOXIDES. 35
Ile SECTION.
Bord antérieur du chaperon en ligne droite ou comme tronqué.
. 4. PARADOXIDE GIBBEUX.
(PI. III,fig.6.)
PARADOXIDES GIBBOSÛS (i).
(Jœcus : capile antice Inincalo planiusculo ;Jronte obloiigâ jugoque dorsal!
gibboso; caudâ Iriangulaii lUriiique dentatd. Wahl.
La tête est tronquée anlérieurement, presque plane; le front est
oblong, et le lobe du dos comme bossu ; la queue triangulaire, mar-
quée de deux dents de chaque côté.
C'est l'espèce la plus commune dans les lits d'ampelite alumineux. On
y trouve principalement et séparément la tête et la queue. On n'a guère
vu d'exemplaires complets que dans l'ampelite des mines d'Andrai'um
en Scanie. Le bord antérieur de la tête et son bord postérieur sont ab-
solument rectilignes. On voit en outre une bandelette ou ligne parallèle
à ces bords, qui divise la tète ou bouclier en deux parties; il y a géné-
ralement quinze articulations au tronc. Les lobes latéraux de la queue
sont planes et marqués d'un sillon court qui part de chaque articulation.
Ils sont munis à leur angle antérieur d'une dent marginale. Wahlenberg.
5. PARADOXIDE LACINIÉ.
(PI. III,fig. 3.)
PARADOXIDES LACINIATVS (2).
Oculis margiaalibus ? capile antrorsum suhquadralo postice alato ; froriie
coTwexâ laicribus iuberosâ ; caudâ utrinque bilobâ : plicis dupUcatis.
La tète esr rectangulaire antérieurement^ comme appendiculée ou
ailée postérieurement ; le lobe moyen ou front, est comme de chaque
(1) Enlomoslracites gibbosiis , Wahl. , n" i 2, lab. i, fig. 4.
(2) Entomosiracides laciniatus, Wahl., n° 8, lab. II, fig. 2.
5.
36 TRILOBITES.
côté de trois gros plis; la queue bilobée sur ses deux côtés, porte deux
doubles plis.
M. Wahlenberg dit n'avoir jamais vu aucun exemplaire complet de
ceTrilobile, et il n'en rapporte les parties à une même espèce que parce
qu'il les a constamment vues dans le même lieu et dans la même roche.
On a trouvé ces vestiges dans le schiste argileux blanc supérieur, du
mont Moserberg en Westrogothie.
Espèces de Trilobites de genre incertain.
Entomostraciies ^ranulatus , "Wahl. , n° 5, tab. II, fig. 4-
(PI. m. fig. 7.)
Yeux placés sous le lobe du front, qui est renflé antérieurement en
forme de toupie; bouclier exactement circulaire en devant, prolongé en
pointe à ses angles postérieurs, couvert de points verruqueux.
Abdomen lisse.
Post-abdomen couvert également de points verruqueux; les arcs cos-
taux des flancs prolongés en forme d'épines.
On en trouve les parties séparées dans le schiste argileux supérieur
varié du mont AUeberg en Westrogothie , principalement sur le col dit
Allebergsande.
EntoinostîYicites punctatus , Wahl. , n" 7, tab. II, fig. i (i).
(PI. III, f.g. 40
Yeux presque invisibles sur le bord du bouclier; tête équarrie anté-
rieurement; front très-convexe couvert de tubercules en dehors; trois
rangées de points élevés, verruqueux sur le post-abdomen.
Cette espèce ne s'est encore trouvée qu'en Golhlande, mais jamais en-
tière, en sorte que ce n'est que parce que les parties tigurées se sont tou-
jours rencontrées dans la même roche, que ]M. Wahlenberg les a rap-
portées à la même espèce.
(1) Entomolilhus n° 2, Linn. Vcl. acad. IiandI. , lySg, tab. i, fig. 2. ( Il est bien difficile, si on
n'a eu que celle figure, de la rapporter exactement à aucune espèce.)
PARADOXIDES. 3^
Tîilohiles tentaculatus , Schl., Pelrefactenkunde 1820, p. 38, n" 4,
fig. 9, a, c.
Il n'est pas possible de déterminer , d'après la ligure donnée par
M. ScHLOTHEiM, si cc Trilobitc cst unc cspècc particulière, ni même à
quel genre le rapporter.
Il a été trouvé dans un calcaire compacte d'Oberwiederstadt , que
M. ScHLOTHEiM croit être différent du calcaire de sédiment coquillier
( muscheljlotz kalkstein. )
CINQUIÈME GENRE. — '
AGNOSTE (i).
Ce singulier reste d'un corps évidemment organisé et très-probable-
ment animal, s'éloigne, par sa structure, de tout ce que nous connais-
sons soit vivant, soit fossile. Nous en parlons à la suite ou même dans
la famille des Trilobites, parce qu'il a le corps divisé en trois lobes longi-
tudinaux, caractère parliculier à cette famille.
Comme il n'y a qu'une espèce, nous ne pouvons suivre la marche or-
dinaire des descriptions, et donner ici les caractères du geare; nous ne
saurions oîi les prendre : nous devons nous contenter de décrire ce corps
auquel nous donnerons le nom d'Agnoste pisiforme.
AGNOSTE PISIFORME.
(PI. lV,f,s. 4, A,B.)
AGNOSTUS PISIFORMIS (2).
Il est à peu près de la grosseur d'un pois, et représente une ellipse
tronquée. Je regarde cette troncature comme la partie antérieure
de l'animal , sans pouvoir affirmer que je ne me méprends pas; et
je dois prévenir que les dénominations que je vais appliquer aux autres
parties, ne sont que conventionnelles; je n'ai pas voulu dire par-là que ces
parties aient les usages ou les analogies que leur nom semble indiquer.
Le corps de l'animal ressemble à celui d'une casside, ou de quelque
espèce de cliermès. Je le diviserai en limbe et en lobe moyen.
Le lobe moyen est demi-cylindrique , divisé transversalement en
deux parties.
La partie antérieure, ou corselet, est la plus petite dans les individus,
variétés ou espèces A. Elle porte sur son dos, et tout ])rès de la section
transversale , un petit tubercule arrondi plus ou moins sensible.
Cette partie a ses angles antérieurs comme tronqués pour recevoir
deux tubercules ou hémisphères oculiformes.
(i) C'est-à-dire inconnu.
(7.') EnloinoslraciUs pisiformis , WAiiL.jn" \!\, lab. l,fig. 5.
AGNOSTES. 39
La partie poslérieure du lobe moyeu, ou abdomen, est lisse, plus
grande dans les exemplaires A , et plus petite dans les exenij)laires B.
Le limbe entoure par un large bord le lobe moyen, il dépasse de
beaucoup la partie abdominale, mais s'arrête à la partie antérieure du
corselet et ne la borde pas. Ce limbe qui semble avoir été corné à la ma-
nière des élytrcs des cassides , présente un petit rebord en gouttière.
Le corps est très-luisant, et paraît avoir eu beaucoup de consistance 5
le limbe est très-finement cbagriné^ et moins épais.
Les individus ou variétés B, montrent quelques différences que la
figure exprime.
La partie antérieure du corps ou corselet, est beaucoup plus grande
comparativement à la partie postérieure ou abdominale.
On ne voit que très-raremcnt et très-difficilement le tubercule scutel-
liforme.
Le limbe est proportionnellement plus grand, et il porte à sa partie
postérieure un sillon ou fente longitudinale qui tantôt le divise entiè-
rement, et tantôt s'arrête au bord en gouttière.
On ne voit rien autre chose sur ce singulier corps, et on ne sait à quelle
classe des règnes organiques le rapporter. Les notions c[ue l'on possède
sont trop peu nombreuses pour chercher à opérer ce rapprochement
avec succès, et ce serait se livrer à de vaines conjectures que de le tenter.
On trouve ce petit corps en quantité innombrable, et formant pres-
que la masse de la pierre, dans un calcaire noirâtre ou brunâtre , solide
et sublamellaire , fétide. Les échantillons que j'ai examinés, et qui faisaient
partie d'une collection de Cronstedt qui est maintenant dans la possession
de M, Brochant, viennent, suivant leur étiquette, d'Heltris en Suède.
M. Wahlenberg nous apprend qu'on le trouve dans les bancs calcaires
de tous les terrains d'ampelite ahimineux qui renferment de ces bancs.
11 dit que ces petits Trilobites varient en dimension depuis la gros-
seur d'un grain de moutarde jusqu'à celle d'un pois; mais il fait ob-
server comme une chose très-remarquable que les individus d'un même
banc de pierre sont tous delà même taille, et qu'ils sont si nombreux
qu'ils donnent à cette pierre calcaire l'ajjparence d'une oolithe.
'|0 TRILOBITES.
ARTICLE SECOND.
RAPPORTS DES TRILOBITES AVEC LES ANIMAUX CONNUS.
Je viens de décrire, d'une manière absolue, les différentes espèces de
la famille des Trilobites, sans cherclier à rapprocher ces animaux d'au-
cun des êtres qui vivent actuellement à la surface du globe.
En effet, pour l'objet principal des géologues, qui est la distinction
précise des débris organiques qu'on peut faire servir à caractériser les dif-
férentes couches de la terre, il suffit de bien décaire les restes de l'ancien
monde et de leur assigner des noms simples. La considération des êtres
vivans auxquels ils peuvent se rapporter est particulièrement du do-
maine de la zoologie et étend beaucoup ce domaine ; cependant cette
considération a , comme on n'en doute plus maintenant, des liaisons si
intimes avec la géologie, que nous devons y avoir égard quand il est
en notre pouvoir de le faire ; je vais donc essayer de déterminer à quelle
classe et même à quel ordre du règne animal les Trilobites peuvent être
rapportés.
Les naturalistes ont eu sur ce sujet des opinions extrêmement variées :
les uns (J. G. Lehmann, Klein, Ltjyd, Woltersdorf ) ont regardé les
Ti'ilobites comme des coquilles à trois lobes; cette idée a été la première
émise et la première entièrement abandonnée; les autres ( M. Schlo-
theim) (i) , les ont rapportés aux oscabrions ( chiton ), et cette opinion
a encore quelques partisans. Walch dit que l'analogue vivant des Trilo-
bites est inconnu; mais que l'animal dont il se rapproche le plus est l'os-
cabiùon des Islandais, qui est notre Cjmothoa ; d'autres, les ont pris
pour des larves; le plus grand nombre les ont considérés comme des in-
sectes ou des crustacés. M. Latreille avait d'abord regardé ces animaux
comme voisins des insectes et comme pouvant remplir assez bien le
vide qui sépare les myriapodes des crustacés (2); mais, abandonnant cette
idée, il est revenu à l'opinion qui tend à rapprocher les Trilobites des
(1) Taschenhuchfnr die gesamnlc ., etc. , par LÉo:su\RD, vol. 4) 1810, p. i. Il convient ce-
pendant qu'il en diffère en plusieurs points.
(2) Le Règne animal, etc., par M. Cuvier; t. ni, par M. L/viREit.T.E, 1817, p. i5i.
TKILOBITES. 4 I
laolhisqiies, et notammeiu des phyllldies et des oscabrions (i) : quel-
ques-uns, parmi lesquels on compte Linisé, Mortbier , Wilkens ,
Brunnicii et Blumenbacii les ont rapprochés des insectes aptères (aj, et
spécialement des crustacés (3) nommés apus, limules , branchipes.
M. Wahlenberg a principalement insisté sur la ressemblance de ce
dernier cruslacé avec les Trilobites. Il suppose que les pattes et les
mâchoires étaient, comme dans ces animaux , placées sous le bouclier.
La forme générale du corps des Trilobites , sa division constante en
une tête confondue avec le corselet , en un abdomen et en une queue
ou post-abdomen^ la position sessile des yeux, les rugosités et les tuber-
cules de la peau et surtout la division du corps en un grand nombre
d'articulations transversales, enfin jusqu'à l'habitude de se contracter en
boules, qui est particulière aux Calymènes, offre une réunion de carac-
tères qui ne conviennent qu'aux crustacés de l'ordre des Gymnobran-
ches, tels que les ligies, les sphéromes, les cymothoa , etc., et qui, à
l'exception du dernier (celui de se contracter en boules), ne laissent
aucune analogie réelle entre les Trilobites et les oscabrions.
Mais deux ordres de caractères fort remarquables semblent éloigner
les Trilobites de ces crustacés, sans pour cela les rapprocher des osca-
(i) Voyez son mémoire dans les Mémoires du Muséum d'hist, nat. , 1820, t. 7, p
Toutes les considérations qai peuvent faire rapprocher les Trilobites des oscabrions, sont
réunies dans ce mémoire, et présentées avec la valeur que devait y donner un naturaliste
aussi habile que M. Lalreille, et d'une aussi puissante autorité lorsqu'il s'agit des animaux
articules. C'est donc avec une sorte de crainte que j'ose dire que je ne partage pas
encore son avis ; je n'aurais peut-être pas hésité à l'adopter , si d'une part mon opinion n'était
appuyée par celle d'un grand nombre de naturalistes , et si de l'autre je n'avais eu l'avantage
d'examiner beaucoup d'échantillons de Trilobites appartenant aux diflerens genres que j'ai
établis.
Je ne me permettrai pas néanmoins de combattre l'opinion de M. Latreiile ; je me contenterai d'ex-
poser mes observations et d'en déduire les conséquences qui me paraissent devoir en résulter ;
j'insisterai seulement un peu plus que je l'avais fait en i8i5 , sur les caractères qui me semblent pro-
pres à fortifier l'opinion de LiNNÉ , de BaiJîNNiCH , de Wahlenberg , dont la mienne n'est que
l'extension et l'application plus spéciale.
{2) Blttmenbach Abbildungen , 5' part.
(3) Guettard, Mém. de l'Acad. roy. des Sciences, 1767, p. 02, en parlant des empreintes
des ardoisières d'Angers, les compare à des crabes ; maison ne peut lui savoir aucun gré de
ce rapprochement, car la manière dont il les a fait dessiner permet d'y voir tout ce que
l'on veut; aussi n'a-t-il pas omis les pattes antérieuses, en forme de pinces, de ces cms-
6
\î TRILOBtTES.
brions : les uns, négatifs, sont l'absence des antennes et celle des pattes :
l'autre, positif, est la division de l'abdomen et delà queue en trois lobes
longitudinaux.
Nous allons examiner successivement la valeur de ces deux ordres de
caractères.
Il est très-probable que ces animaux étaient dépourvus d'antennes et
•le pattes; car, à l'exception de Linné, aucun naturaliste ne dit en avoir
aperçu dans les nombreux échantillons qu'on a eu occasion d'examiner;
mais, outre que la figure donnée par Linné est la seule qui indique des
antennes, on sait par Brijnnich, que l'écliantillon sur lequel cette figure
a été faite, était très-imparfait, en sorte que ce naturaliste élève les
doutes les plus forts sur l'exactitude de ce dessin. Ces doutes ont été
partagés par beaucoup d'autres naturalistes, et je crois même avoir indi-
qué d'oii pouvait venir cette erreur : or si ces animaux eussent eu de lon-
gues antennes et de longues pattes solides comme les aselles, les idotées,
les ligies, etc., il est probable qu'on en aurait vu cfuelques traces; si
donc ils ont été pourvus de ces parties, elles devaient être fort petites et
rentrées sous les rebords de la tète et du corps, comme elles le sont dans
les cymotlioa, les sphéromes, les bopyres femelles, etc. Je crois même
pouvoir aller plus loin, et dire que toutes les présomptions raisonnables
se réunissent pour nous faire admettrequ'ilsn'avaientpoint de pattes pro-
prement dites; car, quelque petits qu'eussentété ces membres, ils devaient
servir ou à la marche , comme dans les crustacés, ou à donner aux Tri-
lobitesle moyen de se fixera d'autrescorps, comme danslescymothoa, etc.
Mais, dans ces deux cas, ces membres eussent été cornés, et au moins aussi
solides et aussi susceptibles d'être conservés fossiles que les autres par-
ties du corps de ces animaux. On devi'ait donc en trouver quelques
vestiges dans les pierres, souvent tendres, qui renferment des Trilobiles,
et qui font voir, en même temps, une multitude de débris de leurs arti-
culations, sans qu'on puisse jamais rencontrer rien qui ait appartenu à
une patte, proprement dite. Enfin on peut dire ici , mais en se fondant
sur d'autres principes, qu'ils ne devaient pas en avoir; cette conséquence
résulte des notions aussi curieuses que nouvelles que l'on a acquises
depuis peu sur la structure des parties solides des insectes, et qui sont
dues aux travaux de M. Audouin ; le mémoire qu'il a lu à la Société
TRILOBITES. 4^
philoma tique , sur ce sujet, en février 1821 (i), et dont je donne ici un
très-court extrait, rassemble, en faveur de celte opinion, toutes les
preuves et tous les développeinens nécessaires.
(1) Recherches sur les rapports naturels qui existent entre les Trilohiles et les animaux
articulés.
M. AuDOUIN s'élant adonné d'une manière spéciale à l'étude du système corné des ani-
maux articulés, a été conduit par ce travail à rechercher dans les Trilobites les mêmes élé-
mens qu'il avait rencontrés ailleurs , et il est arrivé à conclure que ces fossiles appartiennent,
sans aucun doute, à la grande division des animaux articulés; il le prouve de diverses ma-
nières :
Jl fixe d'abord la valeur que l'on peut accorder aux nombreuses divisions transversales
ainsi qu'aux deux divisions longitudinales qui se montrent sur le dos ; il (ait voir que ces dernières ,
étant dues au développement relatif de certaines parties , ne peuvent constituer un caractère impor-
tant que dans une série d'individus ; mais non dans la classe tout entière. 11 passe ensuite à la déter-
mination de chaque partie.
Le lobe moyen répond à ce qu'il nomme tergum ; mais il est formé par autant de tergums qu'il y
a de segmens transversaux.
Les lobes latéraux représentent les flancs et offrent comme eux , dans leur composition , deux
pièces principales , Ve'pisternum et Vépimère, Quant au sternum , l'auteur n'a pu l'étudier parce que,
jusqu'à présent , aucun Trilohite ne lui a montré la partie inférieure du ventre ; il ne met rependant
pas en doute l'existence de cette pièce.
M. AuDOUiis pouvait se borner à cette détermination , et les preuves qu'il avait apportées
étaient suffisantes pour démontrer l'analogie des Trilobites avec les animaux articulés. Tou-
tefois il envisage son sujet sous un autre point de vue, qui n'est pas d'un moindre intérêt.
Il signale l'état particulier de chacune des pièces qu'il vient d'énumérer; apprécie les carac-
tères qu'elles présentent dans leur soudure, leur direction, leur étendue, leur position, etc.,
et fait voir que toutes les modifications qu'elles éprouvent, loin de leur cire propres , appar-
tiennent , quoiqu'à un degré souvent moins marqué , aux animaux articulés vivans à la sin -
face actuelle du globe , et sont dues, en dernière analyse , au plus ou moins de développement
qu'ont pris certaines d'entre elles. C'est ainsi, par exemple, que la division trilobaire qui
caractérise d'une manière si évidente les Trilobites, résulte simplement du peu d'étendue
transversale du tergum, qui a permis alors aux flancs de se rapprocher de la ligne moyenne,
et de paraître sur le dos. Tout animal articulé en effet, chez lequel le tergum existe sans oc-
cuper en entier la partie supérieure, dçvîent par ccla même trilobé'. C'est le cas des Trilo-
bites ; c'est aussi celui des ligies , des cymollioa , de l'abdomen d'un grand nombre d'in-
sectes; du protorax des lépidoptères, etc., etc. Toutes les espèces du genre araignée offrent
l'extrême de cette particularité; car il n'existe plus chez elles de tergum ou de lobe moyen,
et les flancs continuant de marcher l'un vers l'autre, se réunissent entre eux sur la ligne
médiane.
Après s'être livré à plusieurs considérations de même nature, l'auteur aborde la question de l'exis-
tence ou de la non-existence des pattes.
Il est de feit que jusqu'ici il ne s'en est offert aucune trace, et on a conclu de ce caractère
négatif, sinon que ces animaux en étaient certainement privés, du moins que cela semljlait
très-probable. L'auteur se fondant sur une connaissance exacte et approfondie des rapports
6.
/j/| TRILOBITES.
D'ailleurs, c'est précisément dans l'ordre des crustacés gymnobran-
chcs que les antennes deviennent très-petites ou manquent tout-à-fait, et
que les pattes, transformées en nageoires et en branchies, perdent par ce
changement d'usage, beaucoup de leur solidité, et sont en outre cachées
sons le large bouclier de la léte et du corps, comme on le remarque
dans les polyphèmes ( litnidus poljphemiis ) et dans les branchipes
( apus cancriforniis^ Bosc).
Par conséquent, l'absence des pattes, et même celle des antennes, quand
même elle serait réelle, ne pourrait point être une raison d'éloigner ces
animaux de l'ordre des crustacés gymnobranclies.
Le second caractère , celui qui est tiré de la division longitudinale de
l'abdomen et de la queue, est bien plus remarquable et bien plus parti-
culier à ces animaux; cette division ne se voit aussi complètement dans
auciuie espèce d'animal connu , soit qu'on la cherche dans la classe des
insectes ou dans celle des mollusques; mais, si nous avons à trouver quel-
que indice ou quelque raison de son existence, ce seront encore la classe
des crustacés et l'ordre des gymnobranclies qui nous l'offriront.
Dans l'ordre des crustacés cryptobranches, on peut déjà remarquer
sur le Palinurus quadricornis{\di langouste), des pièces articulées, mo-
biles sur les parties latérales des écailles transversales de la queue; si ces
parties étaient plus grandes et plus bombées, la queue de ce palinure
serait trilobée.
Dans les crustacés gymnobranclies, on voit, sur les côtés du corps
composé de nombreux anneaux des gammarus et des taljtres^ des
pièces articulées distinctes des hanches; ces pièces donneraient aux an-r
neaux du corps la triple division qui aj^partient à ceux des Trilobites si
elles étaient plus grandes et plus bombées. On peut observer la même
chose sur un animal de la Méditerranée, que M. Risso nomme Tjpliis
ovoïde. On avait annoncé que cet animal, dont M. Leschenault atrouvé
qui existent entre le développement des parties cornées , montre que l'absence des pattes ( et
par pattes il entend des appendices analogues à ceux du thorax des crustacés et des insectes ) est un
résultat nécessaire de l'organisation du squelette des Trilobites; il admet cependant, mais comme une
simple hypothèse, que ces pattes très-réduites sont devenues branchiales , et qu'en même temps
qu'elles avaient pour fonction principale de servir à la respiration , elles étaient aussi de quelque
usage dans la progression , et opéraient des raouvemens en harmonie avec ceux des anneaux du
forps.
THILOBITES. 4^
aussi une espèce dans les mers de Java , avait la plus grande analogie
avecles Trilobites. M. Latreille, qui a eu la complaisance de me com-
muniquer les planches qui le représentent , et même de me faire voir
l'insecte , convient cjue cette opinion n'a aucun fondement réel.
Les cynnothoa présentent aussi, sur les extrémités latérales de leurs an-
neaux, des petites parties articulées; enfin, en examinant avec attention
le cloporte de mer (//g-/« oceanica), on voit, sur chaque côté du corps,
une ligne longitudinale enfoncée, c|ui semble annoncer la division en
trois lobes du corps des Trilobites.
Mais, quand même on n'admettrait dans aucun crustacé des indices
de la triple division , ou si on ne voulait reconnaître aucune analogie
entre ces indices et la division tranchée du corps des Trilobites, ne pour-
rait-on pas considérer les deux rangées latérales d'arcs cornés des flancs ,
comme les parties qui portent les branchies ? On trouverait alors dans
les branchiopodes un point d'analogie ; car si les arcs costaux, qui , dans
ce crustacé, soutiennent les branchies, étaient plus larges et réunis par
leurs bords, le corps de cet animal prendrait entièrement l'aspect de ce-
lui des Trilobites.
Enfin, si l'on veut admettre que les dépressions ovoïdes que j'ai vues
sur les extrémités latérales de la queue d'un Ogygie, étaient la place des
paquets d'œufs , les branchiopodes et les cyplopes, crustacés de l'ordre
des gymnobranches, présentent encore un exemple de cette disposition
particulière.
Je ne pousserai pas plus loin la recherche des points de ressemblance
qui rapprochent ces animaux des crustacés; je crois en avoir assez dit
pour que les naturalistes concluent avec moi que, si les Trilobites, dans
l'état où on les a trouvés jusqu'à présent, offrent quelques caractères
d'analogie avec certains animaux , c'est avec les crustacés de l'ordre des
gymnobranches (i); mais qu'ils diffèrent cependant de tous les genres
de cette division par des caractères assez prononcés,pour qu'on ne puisse
les rapporter ni à aucun de ces genres, ni même à aucune des sections
(i) Brîjnnich a émis à peu près la même opinion, et a dit formellement que ces animaux
avaient de la ressemblance avec le llmule poly^hème ou branchiopode , mais que diffé-
rant néanmoins de tous les animaux connus, on devait leur conserver le nom de Tri|o-
bite.
^6 TIlILOBITES.
de cet ordre ; on devra donc faire de ces crustacés une section à part,
sous le nom de Trilobites, et cette section sera composée, dès ce mo-
ment, de cinq genres ou sous-genres, et de plus de vingt espèces assez
bien déterminées.
AKXICLE TROISIÈME.
Sur le gissement des Trilobites.
Nous voici arrivés maintenant à l'objetprincipal de notre travail. Tout
ce que nous avons dit précédemment, etqui a pu paraître un peu étranger
à la géognosie, tendait cependant uniquement à nous y amener; c'est
parce que cette route semble tout-à-fait détournée, que peu de natura-
listes font prise; et c'est faute de l'avoir suivie qu'on a fait si peu de pro-
grès dans l'application des pétrifications à la géognosie. On ne peut plus
se contenter maintenant d'indiquer d'une manière vague , et par de sim-
ples noms de genres, les corps organisés fossiles qui se trouvent dans un
terrain. L'insuflisancede ce moyen est démontrée; il faut, pour caracté-
riser les terrains, non-seulement désigner les espèces qui s'y trouvent ,
mais les désigner toutes, les déterminer très-exactement, de manière à
ne pas donner le même nom à des corps qui n'ont que des ressemblances
apparentes, mais qui sont cependant des espèces distinctes , quoique
très-voisines les unes des autres. Telle est la liaison imporiante de la
zoologie avec la géologie. C'est par celte double considération qu'on at-
teindra le but que se propose cette dernière science , qui est la connais-
sance exacte des rapports d'ancienneté des couches qui forment l'écorcc
du globe.
Nous allons donc examiner les divers groupes de terrains ou de roches
qui composent la partie connue de fécorce delà terre, les suivre à peu
près dans l'ordre de succession le plus généralement admis, et voir quels
sont ceux dans lesquels on a découvert des Trilobites , et surtout quels
genres et quelles espèces on y a découverts.
Les roches primordiales de structure cristalline, telles que les porphy-
res, les syénites, les granités même, alternent, comme on ne peut plus en
douter, avec des roches de structure compacte, telles que des schistes, des
calcaires compactes et même avec des roches d'agrégation, telles que des
TRILOBITES. 47
psammites micacés, etc. On ne connaît pas encore l'ordre précis de for-
mation successive de ces différentes roches, si toutefois il y en a un qui-
soit constant; mais on suppose que celles que nous avons désignées sous
les noms de schiste ardoise et de schiste argileiuc^ et celle que l'on con-
naît sous celui de calcaire de transition^ calcaire généralement noi-
râtre et quelquefois lamellaire , sont des plus anciennes.
On n'a rencontré que très-rarement dans les premières , surtout dans
celles qui portent plus particulièrement le nom d'ardoise, des débris de
corps organisés; les seuls peut-être qu'on y ait vus sont ceux que nous
venons de décrire sous les noms d'Ogygies de Gueltard et de Desma-
rcst. On y trouve aussi des empreintes d'abdomen de Trilobites, qui,
par leur petitesse, leur épaisseur et leur forme, pourraient bien appar-
tenir au Calymène de Tristan; ce sont les seuls corps organisés qu'on
ait encore indiqués, du moins à ma connaissance, dans les schistes de
cette ancienne formation. Il parait donc qu'on n'y trouve aucune des
autres espèces des différens genres delà famille des Trilobites, et que
celle qui est la plus célèbre, le Calymène de Blumenbach, ne s'y est point
encore rencontrée; par conséquent il faut rectifier, par rapport au gis-
sement comme par rapport à la distinction des espèces, les citations c[ue
l'on a faites, en attribuant indistinctement la dénomiiiaiion vague de
Trilobites aux animaux qui se sont présentés dans les schistes.
Une roche d'agrégation très-semblable à ces schistes , mais qui en
diffère par moins de compacité, par un grain plus grossier et surtout par
les paillettes de mica qui y sont disséminées ; roche que je désigne sous
le nom Ae psainmite schistoïde micacé' , et de phjllade pailleté', sui-
vant qu'elle est. plus sablonneuse ou plus argileuse, et qui est appelée
tantôt schiste argileux de transition , tantôt schiste delà grauwacke
par les géognostes allemands, paraît alterner dans un grand nombre de
cas avec l'ardoise. Le Hartz en offre de nombreux exemples. J'ai vu, dans
un de ces psammites micacés, une queue de Trilobite qu'on peut attri-
buer à un Calymène de Tristan. Mais il parait que ces pétrifications sont
accompagnées ici d'autres débris de corps organisés que nous cherche-
rons à faire connaître dans une autre occasion.
Des schistes argileux tendres, dont la couleur lire sur le jaunâtre , le
verdâtre ou le rougeàtre , parsemés de petites paillettes de mica, présen-
tent, à la Hunaudière près de Nantes, tant par leur structure que par
48 xr, ILOBITKS.
leur position présumée, la plus grande analogie avec lespsammites scliis-
toïdes du Hartz. C'est dansées schistes que MM. Bigot de Morogues el
DE Tristan ont découvert l'animal de la famille des Trilobites auquel j'ai
donné le nom de Calymène de Tristan. Il serait possible, d'après quel-
ques traces de végétaux que J'y ai aperçus, qu'ils renfermassent aussi
d'autres débris de corps organisés.
Enfin, ce même Trilobite se trouve à Breuville, entre Bric|uebec et
Cheibourg, et dans plusieurs autres parties du Cotentin , au milieu des
roches schistoïdes qui alternent avec les granités, comme M. Prévost
vient de l'observer dernièrement ; des fragmens de cet animal sont en-
gagés en grand nombre dans un phyllade pailleté de ces contrées, très-dif-
férent par son aspect des ardoises d'Angers. Or, j'ai fait voir dans un autre
mémoire (i), que la plus grande partie du Cotentin appartenait à la classe
des terrains de transition.
Deux autres roches à texture compacte, alternent dans les terrains
primordiaux avecles roches à texture cristalline, ce sont : i° celles que j'ai
désignées sous les noms de cornéenne trapp et de cornéenne Ijdie/me,
et que j'ai cherché à distinguer dans ma Minéralogie par des caractères
aussi précis qu'il est possible d'en trouver ; i" le calcaire dit de transi-
tion. La Norwège offre de nombreux exemples de cette alternation re-
marquable, reconnue d'une manière évidente par MM. Debuch ettlAuss-
MANN. C'est dans des échantillons de cornéenne trapp et de psammite
schistoïde d'Eger en Norwège, qu'est renfermé l'asaphe de Debuch.
Ce célèbre géologue indique lui-même les Trilobites comme apparte-
nant au calcaire de transition de Norwège, et s'y trouvant en société
avec les orthocératites et les autres pétrifications qui lui sont propres ;
mais il ne désigne pas l'espèce qu'il y a reconnue, et renvoie d'une ma-
nière vague aux dissertations que Strom et BrxJnnich ont publiées. Or,
les échantillons d'Eger, que j'ai entre les mains, et qui présentent l'A-
saphe de Debuch, ne sont point calcaires ainsi que je viens de le dire, tan-
dis que le Trilobite que Brijnnich décrit sous le nom de Trilobus dilatatiis
comme venant d'Eger, a été trouvé dansun calcaire noir, tant dans ce lieu,
que près de Skemfiord, aux environs de Fossum. Mais, i° la figure de
Linné que BrtJnnich cite, quoique très-médiocre , peut convenir assez
(i) Journal des mines , février i8j4,n" 3o6.
TRILOBITES. 49
bien à IWgnoste dont il est question, et ne présente, comme la nôtre, que
la partie postérieure du corps ; 2" on sait que les cornéennes trapps et les
psammites schistoïdes sont également des roches de transition qui alter-
nent fréquemment avec le calcaire, et qui peuvent par conséquent con-
tenir les mêmes pétrifications que lui.
M. Wahlenberg nous a fort bien fait connaître les terrains de la
Suède qui renferment différentes espèces de Trilobites; on voit que ce
sont toujours des terrains de transition très-caractérisés, mais composés
de roches qui présentent quelques différences dans leur nature, leur po-
sition et les espèces de Trilobites qu'elles renferment.
Ces terrains sont, d'après M. Wahlenberg, en allant des plus in-
férieurs aux supérieurs.
1° Des couches de schiste alumineux mêlé de calcaire fétide, qui ren-
ferment principalement les Trilobites aveugles qu'on ne trouve jamais
hoi's de ce banc, et qui n'y sont réunis avec aucune autre pétrification,
qu'une fort petite ammonite.
2° Un dépôt calcaire très-puissant, dans lequel on rencontre les plus
grandes pétrifications, notamment des orlhocératites et des Trilobites
énormes en proportion des autres.
3° Une troisième couche qui est composée d'un schiste argileux es-
sentiellement différent du schiste alumineux, qui ne renferme ni cal-
caire fétide, ni aucune sorte de calcaire, et dans lequel on ne distingue
plus aucun Trilobite.
C'est principalement dans le schiste alumineux de l'ile d'Oëland et
vers sa partie méridionale, qu'on a trouvé le plus de Trilobites.
C'est ensuite dans les hautes montagnes de la Westrogothie, qui
bordent le lac Wester, à l'orient et notamment vers la partie méridio-
nale du mont Rinnekulle , que se trouvent encore de très-grands Trilo-
bites, associés avec des orthocératitesetles échinitesque M. Wahlenberg
a nommées échinosphérites.
Les mêmes schistes alumineux d'Olstorp, dans la paroisse de Dumbo,
renferment les Trilobites aveugles.
Enfin la Scanie présente, dans sa partie méridionale et orientale, un
terrain de transition remarquable par la couleur noire de ses roches. Le
schiste alumineux des environs d'Andrarum , contient une quantité
7
5o TIUI.OBÎTES.
prodigieuse de Trilobitcs; et le calcaire de la plaine une association de
Trilobiles et d 'orihocëratites.
M. Wahlenberg croit avoir remarqué un gissemenl géognostiqué par-
ticulier à chacune des familles de Trilobites qu'il a établies.
Ceux qu'il considère comme aveugles , parce qu'on n'y voit aucune
trace d'yeux, se trouvent uniquement dans le schiste alumineiix c[ui al-
terne avec le calcaire fétide, et par consécpient dans les couches les plus
anciennes des terrains de transition j on ne les a , dit-il, trouvés encore
qu'en Suède.
Les Trilobites pourvus d'yeux paraissent appartenir à une génération
plus nouvelle j ils se trouvent dans le calcaire et le schiste supérieurs.
On peut reconnaître en France, en Angleterre et en Russie, une dis-
tribution géognostiqué des familles deTi'ilobites, qui a quelque analogie
avec celle que M. Wahlenberg a observée en Suède.
Aussi, quoique nous ne connaissions pas, dans ces parties de l'Europe,
de Trilobites entièrement privés d'yeux, nous ferons remarquer que les
Ogygies, où ces organes ne sont, pour ainsi dire, qu'indiqués par deux tu-
bérosités sur le chaperon, appartiennent à des terrains de transition
schisteux, qui paraissent généralement inférieurs à certains terrains cal-
caires où se trouvent les Calymènes qui sont munis des yeux les mieux
caractérisés et les plus saillans.
Les terrains dans lesquels on a observé des Trilobites , tant en France
qu'en Suède et en Norwége, appartiennent, sans aucun doute, aux ter-
rains de transition; c'est une détermination admise maintenant par les
géologues, et quoique les Trilobites qui s'y rencontrent aient dû avoir
vécu à peu près dans la même époque géologique, ils présentent cependant
des différences spécifiques assez nombreuses de couche à couche , et
même de pays à pays. En examinant le gissement de ces animaux dans
d'antres pays, nous allons être conduits au même résultat, qui sera
toujours d'autant plus sensible que les terrains dans lesquels nous allons
rencontrer d'autres espèces seront d'une époque de transition plus
nouvelle et plus voisine de celle des terrains de sédiment inférieurs.
On trouve, dans plusieurs cantons de l'Angleterre, des Trilobites en
grande abondance et d'espèces très-variées. Les terrains qui les renfer-
ment sont maintenant assez bien connus, au moyen des travaux des géo-
logues anglais, et notamment de ceux de M. Bucrland; c'est même de
TRILOBITES. 5l
te dernier que je tiens entièrement tout ce que je vais rapporter sur le
gissement des Trilobites de Dudley.
Mais avant d'arriver à cette localité, très-remarquable à beaucoup
d'égards, nous devons parler des Trilobites d'Angleterre qui se trouvent
dans des terrains de transition non équivoques. C'est aussi de M. Buk-
LAND que je tiens ce que je vais en rapporter.
Ce sont i" : l'Asaphede Debuch qui se trouve à Landrindriod- Wells,
au nord de Builth en Brecknockshire dans le pays de Galles méridional,
aumilieu d'un psammite schistoïde grossier, qui alterne avec le psammite
( grauvvacke ) de transition.
2° Le même Asaphe qui est enveloppé dans des couches de calcaire
noirâtre mi-compacte , mais peu sublamellaire et micacé , passant au
psammite calcaire et subordonné au psammite de transition, àLlandilo
dans le comté de Caermarthen, pays de Galles méridional.
L'ordre de superposition des couches ou terrains dans ces cantons
est, d'après M. Buckland, en partant du terrain houiller, et allant en
s'enfonçant :
1° Le terrain houiller composé de couches alternatives de psammite,
d'argile schisteuse et de houille.
2° Un psammite quarzeux à grains très-grossiers employé en quelques
endroits comme m eules à moudre ( mill stone grit ).
3° Un calcaire noirâtre, compacte, sublamellaire , que M. Buckland
compare au calcaire de Namur, auquel il rapporte le calcaire du Der-
byshire, et que les géologues anglais nomment niountai?i liniestone.
4° Des couches de psammite rougeàtre( vieux grès rouge) qui pas-
sent au poudingue , quelquefois au schiste compacte, et insensiblement
au psammite micacé [grauwacke^ dans les assises les plus inférieures.
5° Le calcaire compacte sublamellaire ou calcaire de transition mêlé
de phyllade et de psammite schistoïde, se désaggrégeant facilement en
argile.
6° Des couches d'un calcaire argileux qui alternent avec d'autres cou-
ches d'une argile schisteuse, et qui sont ordinairement remplies des dé-
bris organiques caractérisant les terrains de transition les plus évidens ;
ce sont les Trilobites mentionnés plus haut, accompagnés d'évomphales,
d'orthocératites, de madrépores et de térébratules d'une espèce parti-
culière.
7-
D2 TRILOBITES.
7° Enfin le psammite schistoïde et le phyllade pailleté passant au
schiste ardoise, et possédant par conséquent les caractères et la position
des roches de transition les plus communes.
Cette roche schisteuse, ou plutôt de phyllade pailleté très-fissile , me
paraît analogue en tout à celle d'Angers, qui renferme les Ogygies, et
contribue à placer, comme je l'ai indiqué, ces Trilobites dans les assises
les plus inférieures, et par conséquent les plus anciennes des terrains de
transition.
Nous devons maintenant arriver à Dudley et à Abberley dans le Wor-
cestershire, lieux qui renferment des espèces de Trilobites tout différens,
et notamment le Calymène de Blumenbach et l'Asaphe caudigère.
Nous allons encore suivre M. Buckland dans la description qu'il a eu
la complaisance de m'envoyer de ce teri'ain , et la transcrire ici presque
littéralement.
Le calcaire qui enveloppe ces Trilobites est placé immédiatement an-
dessous d'une série considérable de couches appartenant au terrain
houiller , et renfermant des lits puissans et d'une excellente qualité de ce
combustible.
Ce calcaire est en couches fortement inclinées, mais on doit remar-
quer que sa stratification est parallèle ou concoi^lante à celle des cou-
ches du terrain houiller qui le recouvre.
On doit encore remarquer que le psammite quarzeux (^mill stone
grit)^c\uï sépare ailleurs le terrain houiller du calcaire métallifère, manque
ici , que le calcaire métaUifère, dont le Derbyshire offre un exemple
bien déterminé, manque aussi à Dudley , et qu'enfin le psammite rou-
geàtre (oW red sandstone ) manque également.
En comparant cette série jusqu'au point où nous venons de l'amener,
avec l'énuraération des roches qui composent le terrain de transition,
dans le pays de Galles méridional, on voit que les n°' 2, 3 et 4 man-
quent ici. M. BucKLANP en conclut que le calcaire à Trilobite, qui est
alors immédiatement placé sous le terrain houiller, est analogue au cal-
caire n° 5 du pays deG'-illes, ou au vrai calcaire de transition , et il dé-
veloppe et prouve cette opinion par les considérations suivantes :
« Le calcaire de transition de Dudley est par conséquent à peu près
» de même âge que les couches les plus modernes du terrain de Graii-
" wacke.
TRILOBITFS.
» On ne peut pas voir cette disposition dans les environs mêmes de
» Dudley, le terrain étant couvert par la culture, mais dans plusieurs
» endroits du même pays , ce calcaire reparaît, de sorte qu'on ne peut
» pas douter de son identité avec le calcaire à Trilobites, et, comme dans
» ces derniers endroits on a une coupe très-distincte qui démontre son
" ancienneté et sa position relative, je puis dire avec une pleine certi-
» tude, continue M. Buckland, que le calcaire de Dudley qui renferme
» les Trilobites, est plus ancien que celui qui porte le nom de mouiitain
» limesione dans \e pays de Galles méridional, le Glocestershire, le
" Sommersetshire et le Derbyshire , et qui se trouve immédiatement
» au-dessous du psammite quarzeux ( mill stone grit ).
» Enfin, on peut conclure que le calcaire à Trilobites de Dudley est
» le même que celui qui se trouve dans plusieurs endroits en couches su-
» bordonnées, dans la partie la plus récente de la formation de grau wacke,
- et que quant à son âge , il diffèie très-peu de celui de la formation des
■' ardoises d'Angers. »
Je suis loin de contester des résultats d'observations faites dans un
pays dont la géologie a été étudiée avec tant de soin , dans un pays que
je n'ai point vu , et surtout des résultats admis par un géologue
aussi célèbre et un observateur aussi judicieux que M. Buckland.
Mais je ne puis m'empêcher de faire remarquer, à l'occasion de ces
résultats et en comparant de nouveau entre eux les échantillons que je
possède de ces différens lieux,
1° Qu'il y a une grande analogie entre les roches calcaires noires,
micacées, schistoïdes, qui renferment, dans le pays de Galles méridional,
et à Eger en Norwége , la mêine espèce de Trilobite (l'Asaphe de De-
buch), ou deux espèces si voisines l'une de l'autre que je n'ai pu y trouver
aucun caractère distinctif susceptible d'être énoncé.
1° Que le calcaire de Dudley, qui renferme le Calymène de Blumen-
bach et l'Asaphe à queue, associés avec plusieurs coquilles dont la déter-
mination ne peut pas être faite ici , qui est brunâtre ou jaunâtre , com-
pacte^ fin, mais sublamellaire, qui ne m'a pas montré la moindre
parcelle de mica, dont l'apparence en petit n'indique aucune disposition
fissile, que ce calcaire, dis-je , a un aspect tout-à-fail différent de
celui qui renferme des Trilobites aussi très-différens.
.54 TRILOBITES.
3° Que, d'après M. Bucklatnd, ce calcaire faisant partie des couches les
plus récentes de la formation de grauwacke , n'ayant aucune ressem-
blance avec les ardoises d'Angers qui appartiennent, au contraire , aux
couches les plus anciennes de cette formation, doit en être distingué,
juscfu'à ce qu'on ait vu ce même calcaire , renfermant toujours les
mêmes corps organisés, alterner avec cette grauwacke ; jusque là,
les règles de la géologie doivent le faire regarder comme d'une autre
époque, puisque dans le même bassin géologique (en Angleterre),
il renferme des débris organiques très-différens de ceux que con-
tient le calcaire noir micacé alternant avec les psammites schistoïdes
qui lui sont inférieurs ; car, comme j'ai cherché à le prouver ailleurs (i),
les générations différentes indiquentbeaucoup plus sûrement des époques
géologiques différentes, que tous les autres caractères tirés de la nature
des roches, de leur parallélisme, etc.
Outre les lieux que je viens de citer, et sur lesquels portent les re-
cherches les plus importantes relatives au gissement des Trilobites, on
trouve encore de ces fossiles en Angleterre, dans plusieurs autres endroits.
A Coal-brooke-dale, dans un schiste argileux d'un gris jaunâtre, qui,
suivant les géologues anglais, fait partie d'un terrain de transition ;
c'est X Asaphus caudatus.
A Fortworth en Glocestershire, et à Ashforden Derbyshire; mais les
fragmens que j'en connais, au moyen des figures de M. Stokes, sont in-
déterminables comme espèces.
Il en est de même des fragmens de Trilobites qui paraissent se rapporter
aux Asaphes, autant qu'on puisse en juger d'après les dessins de M. Sto-
kes. On sait seulement qu'ils viennent, l'un du calcaire de transition de
Beadnell dans le Northumberland, près d'un filon de basalte(^?7«';?rf/Ae),
l'autre (celui qui est gravé pi. iv,fig. 12), d'un calcaire noir des environs
de Dubhn.
On cite encore des gîtes de Trilobites dans plusieurs autres parties
du continent de l'Europe ; mais leur position géognostique dans ces lieux
est beaucoup moins bien connue que dans ceux que je viens de décrire ,
(i) Sur les caractères zoologiques des terrains de craie. — Description géologique des
environs de Paris, dans les recherches sur les ossemcns fossiles, par M. Cuvier , éd. de 1821 ,
t. U, p. 326.
TRILOBITES. S5
el souvent même les terrains qui les renferment sont assez difficiles à
déterminer.
I ° Au mont Calvarius près de Prague : un terrain schisteux , mêlé de
calcaire compacte gris, jaune foncé ou bleuâtre, regardé par conséquent
comme appartenant aux terrains de transition, ainsi que je fai déjà
dit page 22. On y trouve des portions de fAsaphe d'Hausmann, que
M. ScHLOTHEiM (i) a considéré , mais avec doute, comme des parties
presque indéterminables de l'Asaphe cornigère. Du moins je suppose
que nous avons eu l'un et l'autre en vue les mêmes parties deTrilobite.
2" AReval, près de Memel; on y trouve un terrain que M. Schlot-
HEiM rapporte aussi au calcaire de transition, l'espèce que ce naturaliste
a décrite dans le Taschejihuch de Leonhard ^ année 18 10 , et que j'ai
désignée sous le nom d'Asaphe cornigère.
Ce lieu et cette espèce nous conduisent au gissement desTrilobites dans
diverses parties delà Russie. Je ne puis parler avec quelque certitude que
de ceux qui viennent de Rosclielewa , non loin de Saint-Pétersbourg.
Je les ai rapportés à l'espèce précédente, c'est-à-dire, à l'Asaphe cornigère,
malgré la différence de grosseur que présentent plusieurs individus; mais,
ici la roche qui renferme les Trilobites semble indiquer un terrain très-
différent de tous les autres : c'est un calcaire d'un gris jaunâtre, com-
pacte-fin dans la plus grande partie de l'échantillon que je possède , un
peu sublamellaire dans d'autres, mais rempli de grains verls , absolu-
ment semblables aux grains verts de la craie chloritée, et indiquant, par
conséquent , aussi-bien qu'un échantillon , et qu'un seul échantillon
puisse le faire, un calcaire beaucoup plus nouveau que tous ceux qu'on
connaît jusqu'à présent pour renfermer desTrilobites.
La même espèce, offrant seulement des individus plus gros et mieux
conservés, ( figurée pi. xi, fig. i B, et pi. iv,tig. 10 ) , est indiquée dans
les dessins de M. Stokes, comme venant de Colomenca.
Un autre Trilobite, qui ressemble beaucoup aux petits individus du
Calymène macrophtalme , mais que je n'ai pas osé décrire comme une
espèce particulière d'après une simple figure, est désigné comme se
{i) Petrefactenkunde , 1820, p. 38.
56 TRILOBITES.
trouvant à Himalo-Sarry, près de Saint-Pétersbourg, dans un calcaire
de transition.
D'autres Trilobites, très-différens et qui me paraissent se rapprocher
du genre Agnoste, autant qu'on puisse en juger, sont indiqués dans ces
dessins comme venant, celui delà fig. 5, pi. iv, de Pontyelova au sud
du lac Ladoga; et celui de la fig. 8, de Paulovca , près de Saint-Péters-
bourg.
On doit désirer que ces Trilobites soient recherchés avec soin, et qu'on
en trouve de plus entiers; car il y a tout lieu de croire qu'ils mettront
sur la voie de connaître plus complètement le singulier genre Agnoste,
dont ils paraissent beaucoup se rapprocher.
Avant de quitter l'ancien continent, je dois encore faire mention de
quelques lieux où on a indiqué des Trilobites, dans les roches mêmes qui
font parties fondamentales de ces lieux.
Ces indications étant prises dans différens auteurs , ne peuvent avoir
l'importance de celles qui ont été faites sur des descriptions exactes des
lieux, ou sur les échantillons que j'ai pu examiner moi-même, et je ne
les donne ici que pour ne rien omettre de ce qui est venu à ma connais-
sance concernant les Trilobites.
M. ScHLOTHEiM, daus l'ouvrage que j'ai souvent cité, désigne, outre
les Trilobites que j'ai pu rapporter aux espèces que j'ai décrites, et ils sont
en bien petit nombre, quelques autres individus dont je n'ai pu me faire
une idée assez juste pour indiquer les espèces ou même les genres dont
ils se rapprochent; leurs descriptions, extrêmement brèves, ou même
nulles, ne sont accompagnées d'aucune figure, ce qui est fort à regretter;
car les terrains dans lesquels on trouve ces Trilobites paraissent appar-
tenir à des formations non-seulement très-différentes, mais beaucoup
plus nouvelles que celles qui offrent ordinairement ces corps organisés
fossiles; il est probable que ces espèces doivent aussi beaucoup différer
des autres, comme la courte description qu'en donne M. Schlotheim
le fait présumer.
Ce sont:
Le Trilobites hituminosus , Schloth , qui se trouve dans le schiste
marneux , bitumineux et cuivreux de Riegelsdorf en Hesse , et de
Schermbacii près de Gotha.
Le Trilobites leyitaculatus, du calcaire compacte de Oberwieder-Stadt.
TRILOBITES. Sn
M. ScHLOTHEiM CH doniic bien un dessin ou plutôt une esquisse ,
dans la figure g A C de la planche xxxx ; mais il est bien difficile, même
avec ce renseignement, de s'en faire une idée. Les seules parties que l'on
voie sont la tcte et le commencement du dos; or, ce commencement
est beaucoup plus long et plus pointu que dans les autres Trilobites ; la
partie antérieure de la tête se rétrécit et s'étend plus en avant; le dos est
séparé de la tête par un bourrelet très-élevé; mais, ce qui est fort remar-
quable , ce sont les corps coniques en forme de dentales articulés , qui
sont répandus dans la même pierre , et que M. Schlotheim regarde
comme des espèces de tentacules qui avaient été insérés sur les tuber-
cules latéraux de la tête de ce Trilobite, etqui par conséquentlui appar-
tenaient (i).
Le calcaire dans lequel on trouve cette espèce, nécessairement très-dif-
férente des autres, quelque incomplets qu'on suppose et l'individu décrit
et sa description , est, d'après M. Schlotheim, un calcaire qui a été rap-
porté à cette formation si connue en Allemagne sous le nom de mu-
schelkal/c, et dont nous avons de la peine à nous faire une idée exacte.
Enfin le dernier est celui qu'il nomme Trilobites prohlematicus ,
et qu'on trouve à Glucksbrunn , dans le calcaire caverneux ( hohleii
Kalkstein) qui n'est probablement qu'un membre du calcaire du
Jura. Les caractères de ce petit animal sont trop peu saillans pour
qu'une simple description puisse en donner une idée.
Les Trilobites sont aussi connus dans le nouveau continent, et nous
possédons même plusieurs espèces de ces animaux fossiles, venant de
lieux très-différens , mais se trouvant toujours, comme on va le voir,
dans les terrains de sédiment les plus anciens.
Un modèle en plâtre de Trilobite envoyé à l'Académie des sciences, en
juillet 1819, par M. Hosack, et que j'ai rapporté, autant que la chose
était possible, et toujours avec doute, au Calymènemacrophtalme,a été
(>) Une chose également remarquable, c'est la présence de corps absolument semblable à ceux-ci
sur le calcaire compacte gris de fumée bleuâtre de Dudley , qui renferme le Calyraène de Blumenbach
et l'Asaphe caudigère, avec un grand nombre de corps marins tels que des térébralules, des mil-
lepores rameux , etc. Je tiens encore de M. Stokes l'échanlillonqui présente ce singulier rapprocLe-
ment.
8
58 tAilobitcs.
trouvé dans le terri loi te d'Albany, état de New- York. Or, les environs
de cette ville sont indiqués, sur la carte géologique de M. Maclure, comme
formés de terrains de transition. M. Hosack dit qu'il a été trouvé au
milieu d'un rocher ardoisé, c'est-à-dire, dans un schiste probablement
analogue à celui des environs d'Angers, qui renferme les Ogygies , et
ce Trilobite se rapproche un peu de ce genre par la grosseur des tuber-
cules qui recouvrent les yeux ou en tiennent la place.
Un autre individu de la même espèce, mais très-différent de celui de
M. HosACK, par sa taille beaucoup plus petite, changé en jaspe rouge,
vient aussi des États-Unis d'Amérique, mais sans désignation de lieu.
Une espèce bien distincte de celle-ci , et semblable en tout au Caly-
mène deBlumenbach,m'a été envoyée par M. Correa de Serra, comme
ayant été trouvée sur les bords du Miami près de Lébanon, dans la pro-
vince d'Ohio. Je n'ai pas des renseignemens aussi précis sur la nature
du sol de cette province que sur celle des environs d'Albany. M. Maclure
la désigne comme faisant partie du terrain secondaire ; mais comme je
l'ai fait voir ailleurs, on comprenait, sous ce nom trop généi"al et bien
vague, des terrains de foi'mation très-différentes. J'ai la preuve que dans
le vaste territoire désigné sous ce nom dans les États-Unis d'Amérique ,
à l'ouest des AUeghanys, il y a des terrains d'époques très-différentes ;
je ne puis en développer ici les preuves, je me contenterai de les faire
pressentir en rapportant les faits suivans :
On trouve, au sud du lac Ontario, un calcaire compacte noirâtre, un
peu sublamellaire , formant de vastes couches , renfermant des ortlio-
céralites , et rempli d'entroques.
M. Defrance possède un fragment de Tiilobite engagé dans un silex
altéré et mêlé d'entroques, qui vient des bords de la Genessée.
Un schiste argileux trappoïde, se montre près du canal de Niagara.
Une térébratule noire, assez semblable à celles qu'on trouve dans les ter-
rains anciens, a été ramassée par M. Michaud sur les bords du lac Erié.
Enfin , encore plus au sud-ouest dans le pays de Cayuga , on voit
des grès remplis de grosses térébratules striées, assez semblables à celles
des terrains de transition, et entièrement différentes des térébrattdes des
calcaires du Jura.
On remarquera, en jetant les yeux sur la carte, que tous ces lieux sont
a peu près placés sur une même ligne se dirigeant du nord-est au sud-
TRILOBITES. 59
ouest, comme la plupart des montagnes des Étals-Unis , et parallèle
par conséquent à la directiou générale des différoûs terrains ou forma-
tions de ce pays.
Enfin j'ai reçu tout nouvellement (182 1), de M. Silliman, des roches
de transition de l'Amérique septentrionale qui renferment des Tri-
lobites évidemment différens de tous les précédens , mais qui île sont
pas assez entiers pour qu'on puisse en déterminer l'espèce.
L'un de ces Trilobites, dont les divers fragmens indiquent un Caly-
mène ou un Asaphe qui parait avoir quelques ressemblances avec
l'Asaphe caudigère, est dans un calcaire noir, sublamellaire, bitumi-
neux, mais non fétide, qui montre en outre quelques petites térébratules
semblables à celles qui accompagnent les Calymènes à Dudley. Ce cal-
caire vient de Glenn's falls, sur la rivière d'Hudson, à cinquante-quatre
milles au-dessous d'Albany ; il est pétri de débris de ces Trilobites.
L'autre roche offre l'empreinte d'un petit Trilobite qui appartient
très-probablement au genre Ogygit, qui ressemble même, mais en petit,
al'Ogygie de Guettard, car il n'a guère que quinze millimètres de long;
c'est un phyllade ardoisé noir , renfermant quelques paillettes de
mica et ne faisant aucune effervescence avec les acides. Cette roche vient
des environs de Schenectady sur le Mohawk, état de New-York.
N'est-il pas assez remarquable que jusque dans l'Amérique , les Tri-
lobites voisins des Asaphes et des Calymènes , se trouvent dans les
roches calcaires, et que ceux qui appartiennent au genre des Ogygies se
trouvent dans les schistes argileux non calcaires, comme nous le voyons
assez généralement en Europe.
Ces citations, tirées uniquement des échantillons que je possède et
que j'ai réunis sous ce point de Vue général , suffisent pour indiquer ,
1° qu'il y a dans cette vaste étendue de terrains, si vaguement nommés
secondaires, une bande d'un terrain particulier d'une époque de forma-
tion voisine de celle de transition ; 2'' que ce terrain parait avoir quel-
que analogie avec ceux du Cotentin en France, et du Worcestershif e
en Angleteri'c, tant par la nature de ses roches que par celle des corps
organisés fossiles qu'elles renferment. Or, c'est précisément de cette bande
que viennent le Trilobite des bords du Miami, envoyé par M. Correa,
et celui des rives de la Génessée, que possède M. de France. Ces Trilobite»
ont la plus grande ressemblance avec le Calymène de Blumenbach qu'on
8.
6o TRILOBITES.
trouve aux environs de Dudley, dans le Worcestershire j et celui de
M. CoRREA , qui est parfaitement conservé, est tellement identique avec
lui, que je craindrais qu'il y eût quelque erreur, si la liaison de ce
fait avec ceux que je viens de citer, ne tendait à le confirmer, et surtout si
je ne tenais celte pièce d'un savant aussi distingué et d'un observateur
aussi scrupuleux que M. Correa (i).
Mais il est un autre fait très-remarquable dans l'bistoire des Trilobites,
et que je dois consigner ici ^ il pourra jeter un grand jour sur l'origine de
certaines roches hors de place, dont on recherche depuis long-temps la
position primitive; je veux parler de ces blocs de roches de toute nature
qui sont épars sur le terrain sablonneux ou d'atterrissement compris
depuis les montagnes de la Saxe et de la Silésie jusqu'à la mer Baltique.
En lisant les descriptions que Walch a faites des pétrifications figu-
rées par Rnorr, on remarque avec étonnement que presque tous les
heux d'oii viennent les Trilobites qu'il décrit, sont situés dans un pays
de sable où l'on ne connaît aucune roche en place : on ne voit dans toutes
ces planies que des masses isolées, de gros fragmens de roches très-va-
riées et abondamment répandus sur le sol ; on avait déjà observé, et j'a-
vais eu moi-même occasion de le faire dans les environs dePostdam, etc.,
que ces roches, généralement cristallines, pouvaient presque toutes être
rapportées à celles qui , d'après les observations de MM. de Buch ,
Raumer, Brochant, etc. , font partie des terrains de transition; ce sont
en général des syénites, des diabases, des amphibolites, destrapps, des
porphyres, etc. On n'y trouve, il est vrai, que très-peu de roches calcaires,
etd'autant moins qu'on s'approche davantage des grandes villes et des
grandes routes, parce que ces roches ont été enlevées les premières pour
faire de la chaux; mais c'est précisément en brisant ces grosses masses,
afin de les rendre propres à cet usage, qu'on y aura reconnu les Trilobites
qui ont orné les collections où Rnorr a puisé les échantillons dont il nous
a donné les figures.
(i) J'ai eu ie bonlieur de revoir M. CoRREA à Paris, depuis la rédaction de ce passage, et
il m'a assuré qu'on ne pouvait avoir aucun doute sur l'origine américaine de cet échan-
tillon.
TKiLOlilTES. Cl
Ainsi il en est un grand nombre venant du duclié de Mccklembourg :
les uns de Gnoien entre Roslock et Demmin, les autres plus avant dans
les terres, se sont trouvés en allant du nord-e^t au sud-ouest près de Neu-
Brandebourg, de Stargard, de Neu-Strélltz, de Neu-Ruppin et de Ha-
velberg. En allant plus à l'est, mais toujours sans sortir du terrain de
sable , d'autres Trilobites ont été recueillis près de Sukow dans l'Uker-
mark , près de Francfort sur l'Oder , de Dantzick, de Memel, et même
dans les environs de Reval en Esthonie. La plupart des roches qui les
renferment sont désignées, les unes comme des calcaires noirs fétides ,
quelques autres comme des calcaires gris ou jaunâtres : les corps marins
qui les accompagnent, sont des ortliocératites; par conséquentla plupart
de ces roches montrent les caractères que l'on attribue à celles des terrains
de transition : il faut cependant en excepter le calcaire qui renferme les
Trilobites de Reval , que M. Schlotheim considère co.ume un calcaire
coquillier plus nouveau (i). Or, on sait qu'il n'y a pas un seul rocher en
place près d'aucun des lieux que nous venons de nommer, tout est ici
sable, terrain de transport ou d'atterrissement : il faut nécessairement,
si ces indications. d'origine sont vraies, ce dont on ne peut douter au
moins pour le plus grand nombre, il faut, dis-je, que les Trilobites aient
été retirés des masses calcaires qui se trouvent isolées sur ces terrains,
comme les autres roches que j'ai citées plus haut.
Si les figures de Rnorr et des autres naturalistes qui ont fait connaître
ces Trilobites eussent été plus précises, on aurait pu déterminer avec
exactitude les espèces de ces fossiles, et arriver, parce moyen, d'une ma-
nière presque indubitable, à la connaissance du terrain, et peut-être du
pays d'où ces masses ont été arrachées pour être amenées dans les plaines
de la Basse-Allemagne , par des causes encore inexplicables.
Malgré l'incorrection des figures de Rnorr, on peut présumer, i° que
ces Trilobites sont différens du Calymène de Blumenbachj 2° qu'ils ont
même quelque analogie , soit avec le Calymène de Tristan , soit avec les
(i) M. Wahlenberg dit égalemenl dans un Mémoire inséré dans le vu' vol. des Act. soc.
reg. scientiarum. Ups.^et dont je n'ai eu connaissance qu'en «819, que les pétrifications qui se
trouvent dans les roches répandues dans l' Allemagne septentrionale, viennent des fragmens de
roclies qui y ont été amenées par les anciennes révolutions du globe, de Gothland , de l'île
d'CEIand, etc., p. 8. *^
0
()3 TBILOBITES.
Asaphes, genres et espèces delà famille des Trilobites qui appartiennent
comme nous venons de le voir, aux terrains de transition. Mais ce que
l'état de la science des fossiles ne nous permet pas de faire actuellement
pourra probablement s'exécuter dans la suite , et la détermination exacte
des diverses espèces de Trilobites et de leur gissement, aura faitrésoudre
imedes questions de géologie les plus intéressantes, et Tune de celles qui
ont occupé si long-temps Deluc et d'autres célèbres naturalistes.
En reprenant maintenant les principales espèces de la famille des Tri-
lobites décrites dans ce Mémoire , et l'énumération des lieux et des ter-
rains où on les trouve, et placantles espèces en regard des terrains, ran-
gés dans l'ordre présumé d'ancienneté de formation , ou au moins le
plus généralement admis , nous aurons le tableau suivant :
( J'omets les espèces incertaines et celles dont le gissement n'est pas détermine avec assez de
précision. }
I. TERRAINS DE TRANSITION SCHISTOIDES,
Regardés assez généralement comme les plus anciens.
„ - T-i {Bretagne.
Calymene de Tnstan ; rrance \n ^ j-
■' J Lotentm.
macrophtalme {France Cotentin.
(Amérique sept. Albany.
Asaphe? large queue.. .:...... Suède.
Ogygie de Guettard France Angers.
de Desmarest France Angers.
Paradoxide de Tessin. Suède.
et tous les Paradoxides.
II. TERRAINS DE TRANSITION CALCAIRES.
Calcaire noirâtre, sublamellaire.
•
Asaphe de Debuch \
^Angleterre.
de Hausmami Bohême. .
Agnoste pisiforme.. Suède.
Pays de Galles.
Prague.
TKILOBITES. C?>
m. TEKKAINS DE TRANSITION?
Calcaire gris de fumée ou gris verdâlre, compacte-fin avec térébratules.
Calymène de Blumenbach ■< > • . ,
l^ménçue sept. Miami, Genesséé.
Asaphecaudigère. . Angleterre. . . Dudley.
IV. TERRAINS DE SÉDIMENT INFÉRIEURS.
Calcaire gris de cendre ou jaunâtre, compacte, quelquefois avec des
grains verts cliloriteux.
x\saphe cornigère Russie. Koschelewa près St.-Pétersôourg.
Tous les crustacés gymnobranches de la famille des Trilobites fai-
saient donc partie d'une génération qui vivait à la surface de la terre à
l'époque où les roches de ci'istallisation se formaient encore , et où les
terrains de sédimens les plus anciens, mêlés de minéraux pierreux et
métalliques en dissolution, se déposaient abondamment sur toutes les
parties du globe. Ces terrains enveloppaient les Trilobites qui vivaient
alors, non-seulement en Suède , en Norvège, en Allemagne, en France,,
en Angleterre, mais dans l'Amérique septentrionale , et probablement
dans bien d'autres parties de la terre où on ne les connaît pas encore ,
peut-être uniquement parce qu'aucune des circonstances propres à les y
faire découvrir ne s'est encore présentée.
Si toute cette nombreuse famille d'animaux n'a pas été entièrement
détruite par la cause qui a produit les terrains de transition , très-peu y
ont survécu , et même il n'est pas prouvé qu'aucune des espèces qui
existaient alors ait continué de vivre dans l'époque géognostique sui-
vante , caractérisée par des roches et des générations d'animaux toutes
différentes , car les Trilobites qu'on trouve dans les terrains qu'on peut
considérer comme postérieurs à l'époque de transition , et comme ap-
partenant à celle de sédiment inférieur, sont spécifiquement différensdes
premiers, et d'ailleurs cette formation de sédiment inférieur n'est pas
tellement distincte de celle de transition, qu'on puisse établir une limite
64 TEILOBITES.
tranchée entre les roches sédimenteuses de ces deux formations, et les gé-
nérations dont elles ont englouli les débris.
Je ne crois pas qu'on ait trouvé de crustacés de la famille des Tri'
lobiies au-dessus de cette formation calcaire qui , toute nouvelle
qu'elle est en comparaison des terrains de transition , est cependant
encore de beaucoup inférieure à la craie. Il parait qu'on y ren-
contre des animaux qui , comnie les Trilobites , sont de l'ordre des
gymnobranches; mais ces fossiles qui, par leur place dans les couches
de la terre, se rapprochent un peu plus des temps actuels , se rap-
prochent aussi par leur genre des gymnobranches connus; les uns
ont la plus grande ressemblance avec les Limules ; tels sont ceux
qu'on a trouvés dans l'argile à foulon en Angleterre , tel est celui de
Solenhofen près de Pappenheim, décrit par Andrée, et dont on va
retrouver la description et la figure dans le Mémoire de M. Desmarest.
D'au très paraissent avoir de l'analogie avec lesAselles ou les Idotées, et
ceux-ci se sont montrés, quoique fort rarement, dans les marnes gypseuses
des environs de Paris.
Les Trilobites offrent donc, parmi les pétrifications de crustacés , un
ordre entier d'animaux dont on ne connaît encore aucune espèce analogue
dans la nature vivante. Plusieurs genres et espèces de cet ordre sont en-
fouis dans les couches les plus profondes de la terre ; ils paraissent d'a-
bord presque seuls , et semblent avoir été les premiers habitans solides
des premières eaux marines qui aient laissé dans nos couches des traces
de vie. L'ordre dont ces animaux singuliers se rapprochent le plus, est
celui des gymnobranches; et quand les animaux connus de cet ordre
commencent à paraître dans des terrains plus nouveaux, les Trilobites
ont disparu , sinon en totalité, nous n'osons l'assurer, au moins en très-
grande partie. Cette loi lemarquable de la nature, annoncée pour
la première fois par M. CuviEn, que les animaux fossiles diffèrent
d'autant plus des êtres qui vivent actuellement^ qu'ils sont envelop-
pés dans des couches plus anciennes du globe , reçoit , des observa-
lions que je viens de présenter, une nouvelle confirmation ; et s'il était
permis de chercher à appuyer une conséquence qui résulte de l'obser-
vation, par des raisonnemens tirés de l'analogie, on pourrait presque
dire que les lois qui semblent régir sur la surface actuelle de la terre la
distin( tion des espèces, exigeaient que la chose fût ainsi.
TRILOBITES.
On peut comparer les différentes surfaces que le globe a dû avoir
successivement, et que nous indiquent ses divers groupes de couches^
aux différens climats qui partagent sa surface actuelle. Chaque climat
a non-seulement ses productions propres, mais il n'y a peut-être pas
une production animale de la zone torride qui se trouve absolument la
même dans les zones tempérées , en prenant le milieu de chaque zone.
La prétendue ressemblance parfaite qu'on a cru trouver entre certains
animaux de régions très-éloignées , résulte souvent du peu d'attention
qu'on a mis à en observer les différences, légères il est vrai, mais remar-
quables par leur constance. Les observations de M. De France sur les
coquilles des côtes méridionales et septentrionales de l'Europe, celles
de Péron sm- les productions des différentes mers , appuient fortement
cette opinion. Pai-mi les exemples que nous pourrions donner, nous
n'en choisirons qu'un seul. Les entomologistes ont cru pendant long-
temps que le papdlon nommé Belle-dame {Papilio cardai), se trouvait
sur tout le globe; mais quand on examine avec attention ceux qui vien-
nent d'Europe, d'Afrique et d'Amérique, on trouve entre eux des dif-
férences telles qu'on pourrait, en ouvrant les caisses d'un voyageur qui
n'aurait rapporté que ce seul papillon, dire quelle partie du monde il a
visitée. Il en est probablement de même des productions organiques
enfouies dans les diverses couches du globe, si ce n'est que les différences
sont bien plus sensibles dans le sens vertical que dans le sens horizontal.
Quand on aura pu déterminer avec exactitude en quoi se distinguent les
espèces qui paraissentles plus semblables entreelles, on pourra peut-être
parvenir à dire avec certitude à laquelle des anciennes surfaces de la
terre ,1a roche qui les renferme aura appartenu ; ainsi la détermination
précise des espèces, étude si sèche en apparence, pourra servir un jour
à la solution d'une des plus hautes questions de l'histoire du globe. C'est
ce que nous pouvons entrevoir dès à présent, et le but de ce Mémou^e et
de celui qui va suivre a été d'apporter quelques faits pour cet immense
travail.
9
\V\\\\VVV\V\\VVVXVVVV\V\VV\VV\\VVVKA^*VVVVV\VVWVVV\\\AVVVVVVVVVV\'V\.VVVVV\\\V\^'VVVVVVV\^^
DES
CRUSTACES FOSSILES.
Par Anselme-Gaëtan DESMAREST.
Depuis quelques années seulement l'étude des corps organisés fossiles
prenant une marche nouvelle , se dirige vers un but utile, et voit dispa-
raître toute la sécheresse, toute la stérilité que jusqu'alors on lui avait
reprochée avec fondement.
Dans le cours du dernier siècle, on s'était contenté en effet de recon-
naître que les couches de la terre qui paraissaient les dernières formées,
et que pour cette raison on noiamait seco/idaires ou te/^tîaires , ren-
fermaient dans leur sein une énorme quantité de débris ou d'empreintes
de corps organisés, qu'on a qualifiés à juste titre de médailles de la na-
ture. Un petit nombre de savans (i), méditant sur quelques-uns de ces
vestiges, essayèrent, à l'aide de ce trop faible secours, de détailler la chro-
nologie du globe, et d'expliquer d'une manière tranchée la succession
des cataclysmes qu'il a éprouvés.
Ces savans écrivaient à l'époque où l'on commençait seulement à s'a-
percevoir que les parties des continens qui sont maintenant à sec, avaient
dûêtre submergées autrefois; et ce qu'ils se proposaientsurtoul de prou-
ver, c'était que les différens corps que l'on rencontrait dans le sein de la
terre avaient une analogie qiielconque avec les productions de nos
mers; aussi se bornaient-ils à publier des descriptions et des figures
qui , tout imparfaites cj^u'elles étaient, désignaient cependant des corps
uiarins.
(l) KiRCHER, SCUEUCHZER, CU.
f
adif ■
G8 CRUSTACÉS FOSSILES.
D'autres auteurs (i), tout en paraissant pressentir que l'examen at-
tentif des corps fossiles pourrait conduire à des résultats précieux
pour l'histoire de la terre, se bornèrent à décrire avec plus ou moins
de soin , à figurer avec plus ou moins d'exactitude , selon les moyens
qui étaient à leur disposition et les époques auxquelles ils vivaient, ces
restes nombreux des premiers habitans du monde, ces médailles, pour
nous servir encore de cette figure, que de plus habiles antiquaires
devaient classer un jour.
La géologie, qui n'est devenue une véritable science que du moment
où, éloignant les hypothèses et recueillant des faits, elle a eu pour but
principal la distinction des couches terrestres et la détermination de
leur antériorité relative; la géologie devait naturellement s'associer la
zoologie, et surtout la zoologie qui compare les débris renfermés dans
ces couches aux parties correspondantes des êtres vivans dont l'étude
est son objet spécial, et qui en apprécie les rapports, en assignant aux
ressemblances ou aux différences qu'elle reconnaît des valeurs plus
ou moins considérables, selon la loi si heureusement proposée et si
judicieusement appliquée par l'un de nos savans les plus illustres, celle
de la subordination des caractères, en histoire naturelle.
Cette association de deux sciences qui paraissaient si éloignées dans
leur objet , a eu lieu en effet , et il en est résulté une sorte de révolution
dans la première d'entre elles, la géologie. Celle-ci , d'abord appliquée
à l'étude des terrains primitifs ou de cristallisation, dédaignait pres-
que entièrement de s'occuper des terrains secondaires et tertiaires, ou de
sédiment et des terrains adventices ou d'alluvion : elle s'attachait pres-
que exclusivement à la description minutieuse des roches qui composent
les sommités des montagnes les plus élevées, sans pouvoir en déterminer
la superposition; tandis qu'elle négligeait l'examen de ces vastes dépôts
remphs de fossiles qui composent les montagnes du second ordre , et qui
sont la base des pays de plaines.
Mais ces dépôts ont enfin fixé l'attention des observateurs , et l'on a
reconnu que chacun de leurs lits ou de leurs bancs, était pour ainsi dire
une page écrite de l'histoire des dernières révolutions du globe.
(l) LaI^GIUS , BaIER , BOURGUET, KnORR , GUETTARU , etc.
CHUSTACIÎS FOSSILES. 69
Depuis lors la zoologie a puissamment secondé la géologie, et déjà
l'étude des osseraens des quadrupèdes a produit d'étonnans résultats :
on a appris que tous leurs débris véritablement fossiles appartiennent à
des espèces qui n'existent plus maintenant , et que celles de ces espèces
qui diffèrent davantage de nos animaux vivans par leur structure sont
les plus profondément enfouies, bien cependant que les assises dans les-
quelles on les rencontre soient de formation très-récente.
Déjà l'examen réfléchi des coquillages pétrifiés a fait distinguer plu-
sieurs classes de dépôts bien différens entre eux , tels que les divers ter-
rains d'eaU' douce, le calcaire à cérithes ou calcaire grossier, le terrain
crayeux, le calcaire compacte, etc., et déterminer leurs rapports de
position les uns à l'égard des autres.
Déjà l'observation des débris de plusieurs grands reptiles est venue
confirmer les distinctions qu'on avait cru devoir admettre entre diverses
formations terrestres.
Déjà la découverte de plusieurs animaux , voisins des crustacés par
leur organisation générale (les Trilobiles) , a fait rentrer dans la série
des terrains secondaires, plusieurs roches de cristallisation très-répan-
dues dans la nature (i), et qui jusqu'alors avaient été confondues
avec le granité même.
Mais ces grands résultats de l'alliance de la zoologie à la géologie ne sont
pas les seuls que nouspourrions citer ici,etil nous suffira dédire que tous
ontétéla conséquence de la détermination précise des fossiles que renfer-
ment les diverses couches que l'on a comparées entre elles. Ce ne sont
pas sans doute aussi les derniers que l'on doive espérer ; mais , pour en
obtenir de nouveaux, il devient nécessaire démultiplier ces détermina-
tions, en décrivant aussi exactement qu'il est possible de le faire ,
les corps organisés fossiles qui n'ont pas encore été signalés , ou ceux qui
ne l'ont été que d'une manière imparfaite. Il devient utile d'augmenter
et de chercher à compléter le Système de la nature antédiluvienne ,
dont les premières bases ont été posées par quelques-uns de nos plus cé-
lèbres naturalistes.
C'est ainsi, par exemple , que les animaux quadrupèdes dont on a
(i) I.c,< syénilcs.
no CRUSTACiiS FOSSILES.-
trouvé des osseinens enfouis ont été divisés en espèces et en genres par
M. CuviER , et que le même savant a rassemblé et discuté tout ce qui
avait été publié jusqu'à lui sur les reptiles fossiles et les ornitholithes ^
en y joignant le produit de ses propres ruc^herches ; c'est ainsi que
;VI. DE Blainville a classé méthodiquement les nombreux ichthyolithes
que renferment nos collections; c'est ainsi que M. De Lamarck, par son
travail sur les coquilles fossiles de Giignon et de Courtagnon,a concouru
à faire connaître la composition du sol sur lequel nous nous trouvons,
en fournissant des données certaines aux auteurs de Y Essai sur la géo-
graphie mine'ralogiffue des environs de P ai is ; c'estainsiqueM.BRON-
GNiART a caractérisé et représenté avec soin les coquillages dont la dis-
tinction lui a fourni les moyens de séparer les deux sortes de terrains
d'origine d'eau douce dont il a reconnu l'existence, etc.
Mais si, d'une part, des travaux d'une telle importance sur quelques
classes de fossiles, ont ouvert d'une manière brillante la carrière que
leurs auteurs ont tracée, d'un autre côté, certains groupes n'ont encore
fixé l'attention d'aucun naturaliste de nos jours.
Dans ce nombre se trouve celui des Crustacés, qui offre des restes
assez nombreux, mais en général mal conservés, et dont la plupart
n'ont été encore indiqués et figurés que d'une manière très-vague et bien
éloignée de la précision qu'on exige maintenant en histoire naturelle.
Pensant qu'unnonveau travail sur ces vestiges, où l'on rassemblerait ,
en les classant, tous les documens de quelque valeur qui ont été fournis
jusqu'à cette époque par les anciens oryctographes, et dans lequel on
introduirait de nouvelles observations , remplirait une des nombreuses
lacunes qui existent encore dans l'histoire des fossiles, et pourrait être
de quelque utilité à la géologie ; nous nous sommes proposé de remplir
cette tâche, et après avoir recueilli pendant plusieurs années les rensei-
gnemensqui nous ont paru nécessaires, nous nous déterminons aujour-
d'hui à publier le résultat de nos recherches.
Tous les anciens auteurs qui ont traité des Crustacés fossiles ne l'ont
lait, eu général, que très-sommairement, et ont accomjiagné leur texte
de figures dont les contours, assez vaguement tracés, ne peuvent donner
une idée suffisante des objets qu'elles représentent. Ija plupart d'entre
eux se sont plutôt appliqués à décrire ou à expliquer le mode de pétri-
fication de ces fossiles, qu'à en détailler les caractères, et d'autres n'en
CRUSTACÉS FOSSILES. ^t
ont traité que clans des articles de catalogues de collections : aussi
doit-on, à quelques exceptions près, se méfier des analogies que des au-
teurs plus récens ont voulu reconnaître entre ces figures et les animaux
de la classe des Crustacés actuellement vivans.
Si nous passions en revue, dans l'ordre chronologique, les ouvrages
des oryctographes qui ont donné quelques notions sur lesCrustacés fos-
siles, nous serions obligés de répéter, pour la plupart d'entre eux, ce que
nous venons de dire en général. Cependant nous devons en excepter ceux
de Mercatus (i), deRuMPHius (2), ainsi que ceux de KnorrcI Walch(3),
qui renferment les meilleures figures , et presque les seules que nous
croyons pouvoir citer positivement dans notre travail.
Parmi les auteurs qui nous fourniront , tout au plus pour quelques
espèces , des rapprochemens plus ou moins probables , nous nous borne-
rons à indiquer principalement Gesner (4), Aldrovande (5), Calcéo-
LAR (6),-M0SCARD (7), SCHEUCHZER (8), WaGNER (9) , LaNGIUS (io),
LocHKER (il), Bajer (12), Richter (i3), Lesser (i4)j Mylius (i5),
Sera (i6) , D'Annone (17), Sachs (18) , etc.
Pour exécuter le plan que nous nous sommes proposé , nous avons
dû nous procurer avec le temps, et successivement, tous les Crustacés
fossiles que renferment les collections de Paris , et tous ceux que les na-
turalistes avec lesquels nous sommes en rapport ont pu mettre à notre
disposition. Nous les avons décrits à mesure qu'ils nous étaient com-
muniqués, et nous les avons fait dessiner par d'habiles artistes, MM. Le-
suEUR et Meunier. Souvent nous avons trouvé sur les pièces qui étaient
soumises à notre observation , des parties qui n'étaient pas visibles , ou
qui étaient mal caractérisées dans d'autres, et toutesces pièces employées
(i) Metallotheca valicana, p. 3o6, 171g. — (2) Amboinsche rarileit Kamer, 1705, p. 335,
pi. 60. — (3) Recueil des monum. des catastrophes que le globe a essuyées , t. i, 1560. —
(4) Rer.fossil. cap. i4 , i565. — (5) In mus. metallic. lib. 4> p- 4^0, 164.0. — (6) Mus. F'ero-
nense, sect. 3, p. 429, 1625. — (7) Musœo, i656. > — (8) Piscium querelœ etvindiciœ, 1708. —
{Of) Hist. nal. Helvet., p. 33i , 1715. — (10) Histor. lapidumJiguratorumHelvetiœ, 1708. —
(i i) Mus. Besler. , pi. 33 , p. g5 , 1716. — (12) Oryctographia norica , 1780. — (i3) Mus. ,
1743. — {i^) Lilkothéologie , § 38o. — (iS) Saxon, subterran. :i , ly 18. _ (16) Thesaur.
reruin natiir. , t. 4 j pi. 107 , fig. ag et 3o, 1740.— (17) Âcta helvelic, tom. 3. — (iS) Gam-
marologia, i665.
■^2 CRUSTACES FOSSILES.
simultanément , nous ont servi à reproduire, autant qu'il a été possi-
ble, les espèces auxquelles elles avaient appartenu.
Les collections qui nous ont fourni le plus de matériaux utiles, et qui
nous ont été ouvertes avec une véritable libéralité, sont , après celle du
Muséum d'histoire naturelle, la plus complète de toutes, cellesde MM. De
Drée, De France, Brongniart , Gillet-Laumont , Sage , Faujas-de-
Saint-Fond, Resley, Lucas fils, etc. MM. Leach, Fleuri au de Belle-
vue, Grévil, de Boissy, etc. , ont bien voulu aussi> nous transmettre ,
pour les étudier, quelques espèces rares que nous ne possédions pas
encore.
La plupart des dépouilles ou des empreintes de Crustacés que les col-
lections renferment étaient autrefois désignées par les noms variés de
Crustacites, Carcinites, Astacolithes , Gaminarolithes , Astacopo-
ilium, Bacillus entomolithuç. Cancer lapideus, Cancer petrefaclus,
Pasurus lapideus , Chelonites, etc. ; et par d'autres encore qui in-
diquaient des rapports plus ou moins marqués avec difFérens ordres de
Crustacés.
La description de ces Crustacés présente plus de difficultés qu'on ne
le penserait d'abord. La plupart d'entre eux sont dans un tel état de
mutilation, ou tellement renfermés dans la roche, qu'on ne peut
apercevoir le plus souvent qu'une portion de la surface supérieure de
leur corps, ou de la carapace y tandis que la face inférieure, com-
posée des pièces assez nombreuses du plastron ou du sternum, donnant
attache à des pattes composées de plusieurs articulations , et présen-
tant aussi les parties extérieures de la bouche , se trouve, à cause des
nombreuses anfractuosités formées par ces diverses pièces , totale-
ment engagée dans les substances qui la renferment.
Les antennes et les patteS;, d'ailleurs, sont le plus souvent brisées et
isolées du corps , ce qui est aisé à concevoir, si l'on se rappelle avec
quelle facilité ces dernières parties se détachent dans les crustacés vivans,
qui les perdent, soit en combattant les uns contre les autres, soit même
lorsqu'ils exécutent quelques mouvemens violens.
Dans nos l'echerches, nous avons donc été forcés de renoncer à peu
près totalement aux caractères que pouvaient nous offrir les pattes et
les antennes , presque les seules parties qui en présentent aux zoolo-
gistes dans leurs déterminations, et il nous était prescrit impérieusement
* CRUSTACÉS FOSSILES. ']3
tle nous en tenir aux données que procurait l'observation du test brut,
ou delà carapace.
Juscpi'à présent cette carapace n'avait fourni , pour les descriptions
des espèces vivantes , que des caractères secondaires, et celles de ses par-
ties qu'on se contentait de remarquer, se réduisaient aux bords anté-
rieurs et latéraux et au bord inter-orbitaire, pour en compter les dente-
lures ouïes plis, et l'on décrivait aussi d'une manière très-succincte la
forme générale de ce test en indiquant simplement s'il était lisse, velu,
rugueux , épineux , tuberculeux , etc. , ou en en faisant connaître les
couleurs. Tous ces caractères étaient insufïisans pour décrire les fossiles,
qui en général ont acquis la teinte de la pierre qui les contient, ou qui
en ont pris une particulière à la substance qui les a pénétrés , et dont les
diverses aspérités du test devaient être soigneusement distinguées , à
défaut de meilleurs renseignemens.
Examinant avec soin les carapaces d'un très-grand nombre de Crabes
de divers genres, que Fabricius et des entomologistes plus modernes
ont distingués, nous avons reconnu que le hasard ne présidait point à
la distribution des parties saillantes de ces carapaces, quelques formes ir-
régulières ou bizarres qu'elles semblent affecter, et qu'au contraire, dans
tous les genres de Crustacés, la disposition de ces inégalités était cons-
tante et soumise à quelques lois qui n'étaient jamais contrariées.
Réfléchissant d'ailleurs que les Crustacés ont leurs principaux organes
intérieurs situés immédiatement sous le test ou la carapace, nous avons
été conduits à rechercher s'il existait des rapports marqués entre la place
qu'occupent ces viscères et la distribution des inégalités extérieures du
test. Nous étions d'autant plus fondés à admettre ces rapports, qu'on sait
qu'à une certaine époque de l'année tous les Crustacés, après avoir perdu
leur vieille enveloppe solide, se trouvent revêtus d'une peau tendre qui
durcit à son tour, et se change, au bout de quelques jours, en une croûte
aussi résistante que celle qu'elle remplace; et nous pouvions présumer
que dans les premiers momens la nouvelle peau se moulait, jusqu'à un
certain point, sur les organes intérieurs, et que son ossification était
ensuite influencée par les inouvemens propres à ces organes , ou par
le plus ou moins de développement de chacun d'eux.
Partant de cette idée, nous avons fait en quelque sorte, sur une cara-
pace de Crustacé , l'apphcation du système de M. le docteur Gall sur
10
'J/'l CRUSTACÉS FOSSILES. *
le crâne humain ; cl nous nous sommes crus d'autant plus autorisés
à faire cette application^ que les organes mous qui, chez les Crustacés,
peuvent modifier les formes extérieures, sont parfaitement distincts
les uns des autres, et ont des fonctions bien reconnues. ( Voy. pi. I,
fig. I et 2.)
Il est facile de s'assurer, en effet, que les rapports qvie nous avons
pressentis existent j car, si l'on enlève avec quelques précautions le test
d'un crabe de l'espèce la plus commune sur nos côtes {Cancer Mœnas
LïNN.), on observe, fig. i, derrière le bord inter-orbitaire, un estomac
membraneux, vésiculeux, ayant deux grands lobes "'^ en avant et deux
petits °' "' en arrière, soutenu dans son milieu par un mince osselet trans-
versal en forme d'arc ^'^, et ayant en dessus, entre les deux grands lobes
et sur la ligne moyenne , deux muscles longitudinaux " qui s'attachent
d'une part au bord antérieur du test, et de l'autre à l'osselet transversal.
Si l'on examine comparativement la carapace que l'on a détachée, fig. 2,
on reconnaît sur celle-ci ^ •» l'indication des deux lobes antéi'ieurs de
l'estomac avec une ligne enfoncée moyenne, qui correspond à l'inter-
valle qui sépare les deux muscles dont il a été fait mention.
Derrière l'estomac se voient , fig. i , &o, des corps blanchâtres sinueux,
en forme d'intestins et faisant plusieurs circonvolutions. Ce sont les or-
ganes préparateurs de la génération, les vésicules spermatiques chez les
mâles, et les ovaires chez les femel^gs. Ils aboutissent en dessous dans
des lieux dilTérens (i); mais en dessus, ils occupent la même place dans
les deux sexes. Rapprochés de la carapace, fig. 2, ces organes nous ont
paru occuper l'espace^, qui se trouve circonscrit par des lignes enfoncées
et que l'on voit derrière celui qui répond à l'estomac.
En arrière encore, tig. i, dans un enfoncement assez marqué, on trouve
le cœur ^^ qui est déprimé en dessus, et qui en remplit toute l'étendue : ses
battemens font facilement reconnaître cet organe. Chaque bord latérale
de la cavité où il est placé est solide, très-relevé, et formé par une cloison
verticale qui se rend du sternum à la carapace, et qui contribue à donner
de la solidité à celle-ci, en étant fixée entre ces deux surfaces, à peu près
(i) Chez les mâles, à la Lase de la queue à droit* et 5 gauche ; et chez les femelles, vers le milieu de
la seconde pièce steruale de chaque côté.
CRUSTACÉS FOSSILES. 'j5
comme l'esl 1 ame d'un violon entre ses deux tables. Cette même cloison
sert de support à d'antres cloisons transversales, qui sont en nombre égal à
celui des séparât ions des pièces sternales, et dans l'intervalle desquelles sont
situés les muscles moteurs des pattes. La carapace, fig, 2, ^^ nous montre la
place du cceur bien dessinée, dans la situation même où l'on voit cet
organe dans le crabe ouvert , et sur chacun de ces cotés on remarque
deux petites lignes enfoncées qui se rapportent aux points d'attache des
deux cloisons osseuses entre lesquelles ce cœur est situé.
A droite et à gauche des organes préparateurs de la génération et du
cœur, sont deux grands espaces, fig. 1,^5 où les branchies sont rangées et
étendues sur deux tables osseuses obliques, qui ferment en dessus toutes
les loges où sont fixés les muscles des pattes. Ces branchies sont au nombre
de cinq de chaque côté, et chacune présente un double rang de petites
lames branchiales iransverses; leur point d'attache est en dehors, et
toutes leurs sommités sont dirigées vers la ligne qui sépare du cœur
les organes préparateurs de la génération. Le test, fig. 2, ^,5, présente,
au-dessus de ces parties de chaque côté du corps, un espace bombé qui,
par son étendue, se rapporte parfaitement avec la place qu'elles occupent
en dessous.
Enfin, des deux côtés de l'estomac et en avant des branchies, se mon-
trent le foie, fig. I, *,^, qui est très-volumineux; sa consistance estmolle,
sa couleur estjaunàtre, etsa surface présente une multitude de petites par-
ties vermiculées. Ce foie plonge en dessous des viscères médians que nous
avons décrits, et se prolonge fort en arrière jusqu'à la base de la queue,
en ^, de telle façon qu'on le voit encore de derrière le cœur. Il a, dans
ce point, le même aspect et la même structure qu'en avant du corps,
et il est divisé en deux lobes qui, d'ailleurs, se touchent assez exactement.
Dans la carapace, les parties qui recouvrent les endroits où le foie est
visible , lorsqu'on l'a enlevé , fig. 2, 6,6 et 4, sont moins bombées que les
autres, et sont distinctes à cause même de ce manque de saillie, surtout
les antérieures.
Ayant disséqué dans les mêmes vues plusieurs autres Crustacés d'es-
pèces variées, qu'il est possible de se procurer vivans à Paris, tels que le
CA'a.heTour\.eau (Caticer Pagurus),V^ln\\e{Portimus piiber^^V Araignée
de mevilnaclius Squinado)^ nous avons reconnu les mêmes rapports entre
la distribution des organes internes et la configuration extérieure du test.
10.^
76 CRUSTACÉS FOSSILES.
Dès lors, pouvant nous étayer de l'analogie , nous avons recherché et
nous avons trouvé dans la presque totalité des Crustacés brachyures ou des
Cancers de Linné, les lignes enfoncées qui séparent les espaces qui ré-
pondent aux parties internes dont nous venons d indiquer les posi-
tions relatives. Dans quelques-uns néanmoins, plusieurs de ces indica-
tions manquent presque tout-à-fait, comme dans certaines Leucosiespar
exemple ; mais dans ce cas, la carapace est toute lisse, et aucun autre sil-
lon n'indique de divisions qui ne seraient pas correspondantes à celles
que nous avons annoncées.
Dans quelques autres, la surface delà carapace est, au contraire, mar-
quée d'une infinité de lignes enfoncées et de nombreuses aspérités {^Can-
cer variolo s us et C. incisus). Mais les divisions principales se retrou-
vent toujours dans la même disposition.
Nous avons cru devoir donner le nom de j^égions aux divers espaces
de la carapace qui recouvrent les organes intérieurs , et distinguer ces
régions par des désignations spéciales qui rappellent le rapport qu'elles
ont avec ces mêmes organes. Ainsi :
La région stomacale , ou celle qui recouvre l'estomac , est médiane
ou antérieure , (ig. 2, ^,'.
La région génitale est médiane, et située immédiatement en arrière
de la stomacale ^,2.
La région cordiale est médiane , et placée en arrière de la génitale 3.
Les régions hépatiques sont au nombre de trois : deux antérieures,
situées une de chaque côté de la stomacale et en avant des bran-
chiales 6,6 ; une postérieure médiane , qui vient entre la cordiale et le
bord postérieur de la carapace 4.
Les régions branchiales , au nombre de deux , une de chaque côté ,
sont placées entre les régions cordiale et génitale d'une part, et les bords
latéraux de la carapace de l'autre ^,5.
Ces régions varient en étendue dans les divers genres de Crustacés
brachyures, et sont plus ou moins fortement tracées. Ainsi les Leucosies,
les Dromies, les Pinnothères et les Corystes les ont, pour la plupart, à
peine distinctes, tandis que les Inachus, les Doripes, et les Mictyris sur-
tout, les ont au contraire très-prononcées. Les Crabes proprement dits ,
les Fortunes, lesGonoplaces tiennent àpcu prèslc milieu entre tous, sous
ce rapport.
CRUSTACES FOSSILES. 'T
La stomacale est ordinairement très-développée dans la plupart de
ces crustacés, et située sur la même ligne transversale que les régions
hépatiques antérieures; mais dans quelques genres, comme les Inachus,
les Macropodes et autres Crustacés oxjM-hynques ; et dans les Doripes
elle fait saillie en avant, et contribue à donner à la forme du corps une
figure triangulaire.
La région génitale est, en général, assez distincte, et se prolonge pres-
que toujours sur le centre de la stomacale en formant une sorte de
pointe qui paraît diviser celle-ci en deux.
La région du cœur est constamment apparente et toujours située à la
même place , c'est-à-dire un peu en arrière du centre de la carapace , si
ce n'est dans les Doripes , où elle confine au bord postérieur de cette
même carapace, en faisant disparaître le région hépatique postérieure.
Les régions branchiales , au contraire, varient beaucoup ; elles n'ont
rien de bien remarquable dans les Crabes et les Fortunes; tandis qu'elles
sont très-saillantes et bombées chez les Doripes et les Inachus. Dans le
dernier de ces genres elles sont même tellement renflées, qu'elles se tou-
chent en arrière, et prennent à leur tour la place delà région hépatique
postérieure. Dans les Ocypodes ou crabes de terre , elles sont planes
en dessus, et indiquent sur les côtés une partie de la forme carrée de ces
Crustacés. Aft'ectant la même figure dans les Grapses ou Crabes d'eau
douce, elles présentent chez ceux-ci, à leur surface, des lignes saillantes
obliques, qui paraissent correspondre aux paquets de branchies qui sont
au-dessous. Dans la plupart des espèces dont les angles latéraux de la ca-
rapace sont très-marqués, il en part une ligne transverse saillante qui
dessine le bord antérieur de ces régions branchiales; c'est surtout ce
qu'on remarque dans la plupart des Fortunes et dans les Podo-
phthalmes.
Les Gécarcins ou tourlouroiix, dont le test est en cœur et largement
tronqué en arrière, ont les régions branchiales si bombées en avant,
qu'elles envahissent la place des régions hépatiques.
Quant aux régions hépatiques, recouvrant des organes inertes de leur
nature j elles ne forment jamais de saillies très-marquées; elles se distin-
guent même des autres régions par leur aplatissement. Les deux anté-
rieures sont le plus ordinairement bien apparentes chez les Crustacés bra-
chyures dont la carapace est carrée ou demi-circulaire, tandis qu'elles
ng CRUSTACES FOSSILES.
sont presque effacées chez ceux dont la forme est triangulaire. La pos-
térieure suit à peu près les mêmes lois.
Après les Crustacés brachyures, les Macroures doivent attirer notre
attention, et nous devons y chercher les diverses régions que nous avons
reconnues dans les premiers.
Si nous prenons l'Écrevlsse ordinaire [Astacusfluviatilis) pour type
de cette famille, nous remarquons (pl.I, fig. 3 et 4 ), que le test de ce
Crustacé présente une ligne transversale enfoncée, arquée en arrière, qui
le partage en deux portions à peu près égales, et qui semble indiquer
la séparation d'une tête et d'un corselet ; mais lorsque nous enlevons le
test, nous reconnaissons que ce qui est en avant de cette ligne recouvre
non-seulement les parties qui appartiennent à la tête , mais encore l'es-
tomac et le foie.
L'estomac, fig. 3,°'',«'"'^ est situé dans la ligne moyenne, et le foie ^,*
se trouve placé sur les côtés et en arrière de celui-ci ; deux forts
muscles 's'S attachés contre la paroi interne de la carapace , servent à
mouvoir les mâchoires. La trace de leur insertion est indiquée au dehors
par un espace ovalaireplus finement ponctué et rugueux que ce qui l'en-
vironne. Sur la seconde partie de la carapace^ celle qui est placée derrière
le sillon transversal dont nous avons parlé plus haut, se voient en dessus,
fig. 4, deux lignes enfoncées longitudinales, tout-à-fait analogues à celles
qu'on observe dans les Crabes à droite et à gauche du cœur, et qui , chez
ceux-ci, séparent la région cordiale des branchiales. L'inspection du des-
sous, fig. 3, montre la même disposition, c'est-à-dire, le cœur au miheu '^,
placédans une cavité formée par la carapace en dessus, et par les cloisons
qui donnent attache aux muscles des pattes de chaque côté, et les bran-
chies '^/ sur les parties latérales, dans la portion la plus large du test. Les
organes préparateurs de la génération S, S sont situés auprès et en avant du
cœur, à peu près comme dans les Crustacés brachyures, mais derrière le
foie.En dehors, leur place n'est marquée que par quelques rides, fig. l^^"^.
Le foie se montre de nouveau en arrière du cœur, fig. 3, c, mais se
trouve tout-à'fait sous le bord postérieur de la carapace , fig. 4? ^•
Il est donc possible de distinguer, sur la carapace de l'Ecrevisse ,
plusieurs régions , savoir :
En avant du sillon transversal :
^° Une région stomacale fort vaste, fig. 4? S avec laquelle les ré-
CRUSTACES FOSSILES. "][)
ylons hépatiques anlt'rieures sont confondues de manière a ne pouvoir
ttre séparées.
En arrière de ce sillon ,
2° Une région cordiale moyenne, 3, avec laquelle se trouve aussi
confondues la région génitale qui répondrait au n° ^ de celte figure, et
l'hépatique postérieure qui se rapporterait au n° ^.
3° Deux régions branchiales , situées latéralement, ^,5.
Le Homard {Astacus niarinus^ présente les mêmes détails.
D'autres Crustacés macroures ont cependant les régions hépatiques
antérieures et génitales assez bien marquées.
Les Galathées ont une région stomacale, une cordiale, deux bran-
chiales ; et de plus deux hépatiques tout-à-fait latérales comme chez les
Crabes.
Les Scyllares ont la région stomachique triangulaire et très-large en
avant , deux petites hépatiques latérales, une génitale très-bombée et
épineuse, une cordiale encore plus relevée, également épineuse, et
deux branchiales étroites, tout-à-fait latérales.
La Langouste [Palinurus quachicornis^ a son test plus compliqué;
la région génitale y est plus indiquée , et dans quelques espèces du
même genre, les branchiales forment de chaque côté une saillie très-
remarquable.
Nous bornerons à ceux que nous venons de rapporter, les exemples
de Crustacés macroures relativement à la conformation extérieure de
leur test. Nous ajouterons seulement que, dans les Bernards-l'ermite ou
Pagu7-us, ce test mou, tout déformé et modifié qu'il est par la coquille
dans laquelle il est enfoncé, n'en présente pas moins les régions sto-
macales et hépatiques , séparées des cordiales et des branchiales par le
sillon transverse qu'on trouve dans les Écrevisses et les Homards.
Ces diverses régions ne sont plus distinctes dans les Crustacés ma-
croures dont le test, très-mince et flexible , conserve l'apparence cornée,
tels que les Palœmons, les Penées, les Alphées , les Crangons , etc. ;
ce qui rend ceux-ci plus difllciles à caractériser.
Quant aux Squilles, ou Crustacés stomapodes , leur carapace n'offre
plus que la région stomacale dans son milieu, avec deux ailes ou appen-
dices libres, une de chaque côté. La position du cœur dans la partie cau-
dale, et celle des branchies, changées en sorte de pattes, sous celte même
8o CRUSTACES FOSSILES.
partie , ne laisse aucune trace sur le test , proprement dit, des régions
destinées à recouvrir ces viscères.
L'examen attentif de toutes les régions du test, telles qu'elles viennent
d'être distinguées dans les Crustacés, nous a le plus souvent fourni les
moyens de caractériser précisément les espèces fossiles que nous avons pu
étudier, quelque mutilées qu'elles fussent; mais nous n'avons pas né-
gligé cependant de décrire et de figurer les autres parties lorsqu'elles
existaient dégagées de leur enveloppe pierreuse.
Dans quelques cas, l'occasion s'est présentée , de voir les pièces de la
bouche les plus exléneures ,\es pieds-7nachoires {ou palpes extérieurs
de Fabricius). Bien plus souvent pour distinguer les sexes dans les Crus-
tacés brachyures , nous avons pu décrire la queue, large et ovale dans
les femelles, étroite et en languette dans les mâles, et en compter les
articles dont le nombre varie entre cinq et sept, ce qui existe aussi
chez les macroures. Le dessous du corps, à découvert et formé de
trois ordres de pièces qui correspondent à une seule en dessus , ou la
carapace, nous a, dans quelques occasions, mis à même de faire connaître
plus complètement nos fossiles, et alors il a été possible de faire mention
des pièces sternales ou médianes (au nombre de six à sept dans les Crus-
tacés brachyures vivans ), et des pièces latéro-sternales, petites , inter-
posées de chaque côté entre les sutures des sternales, et servant de point
d'appui aux hanches des pattes (i).
Enfin les pattes, plus ou moins bien conservées, pourvues quelque-
fois de leurs pinces, et les appendices foliacés qui forment la nageoire
delà queue de quelques Crustacés macroures fossiles, ont encore donné,
dans quelques circonstances, les moyens d'ajouter à nos descriptions.
Le nombre des vrais crustacés fossiles que nous avons pu examiner
est de trente-quatre. Ils ont été trouvés dans différens terrains, et leur
mode de pétrification n'est pas toujours le même. Les uns ont gardé
leur propre test, et les autres n'offrent que des empreintes extérieures
ou des moules intérieurs. Quelques-uns sont pétrifiés en matière cal-
caire, et d'autres sont changés en fer sulfuré. Les plus anciennement en-
(i) Les pièces latéro-sternales ne correspondent point pour le nombre, aux pièces sternales,
ç.ir on n'en compte que quatre paires, tandis qu'il y a six ou sept pièces au sternum.
CRUSTACÉS FOSSILES. 8i
fouis sont ceux des bancs de la pierre calcaire argileuse de Pappenheim,
qu'on est fondé à considérer comme dépendante de la formation du
calcaire du Jura ; c'est là que l'on trouve la seule espèce assez différente
de celles qui vivent maintenant, pour être considérée comme apparte-
nant à un genre distinct; c'est là aussi où l'on rencontre le Limule, qui
constitue un genre étranger aux rivages européens.
Les argiles bleues inférieures à la craie , auxquelles les Anglais
donnent le nom de hlue-lias , et qui composent une partie du pied des
falaises de Normandie, entre le Havre et Dive, les écueils connus sous
le nom de Kaclies noires , et une partie des rochers du Calvados ,
renferment, avec des ossemens de crocodiles, des débris de Crus-
tacés, et notamment ceux d'une espèce à longues pattes et à grande
queue qui parait être une Langouste, ainsi que ceux de deux autres
en trop mauvais état pour être décrites, mais dont une se rapporte, à
n'en pas douter, au genre Scyllare.
Ija formation de Saint-Pierre de Maëstricht contient avec des co-
quilles bien reconnues pour appartenir au dépôt crayeux, des pinces de
Crustacés isolées, qui ont été figurées par M. Faujas, comme étant
celles d'un Pagure, et M. Mantell vient de trouver dans la craie d'An-
gleterre, les débris de plusieurs Crustacés macroures et brachyures..
Ij'argile plastique dont est composée l'île Shepey à l'embouchure de
la Tamise , contient assez fréquemment les carapaces d'un crabe déter-
terminable et des fragmens de Crustacés macroures.
La formation du calcaire de sédiment supérieur, ou terrain tertiaire
(dé ignée pour les environs de Paris sous le nom de calcaire grossier^^
nous a fourni quelques Crustacés, et dans ce nombre nous plaçons ceux
de Dax et de Vérone, et celui que nous avons trouvé nous-mêmes dans
les bancs de marne calcaire de Montmartre, qui forment la ligne de dé-
marcation entre les dernières couches du calcaire marin et la formation
gypseiise d'eau douce. Les terrains calcaiéo-trappéens du Viceiitin ,que
M. Brongniart regarde comme de formation contemporaine à celle du
calcaire de sédiment supérieur, nous ont offert des Crustacés fort voisins
de deux espèces qui vivent sur nos côtes, le Crabe commun ( Cancer
Mϕias), et la Langouste (Palinurus quadricornisy
Enfin, si aux Crustacés proprement dits, on joiut les Aselloles et
les Entomoslracés, on aura retrouvé deux représenlans lossilcs de ces
ga CRUSTACÉS FOSSILES.
familles dans les terrains les plus récemment déposés. Les couches ma-
rines de marnes verdàtres supérieures au gypse, à Montmartre , nous
ont oftert, dans un de leurs feuillets, au-dessus d'un banc de coquilles
bivalves qu'on a rapporté au genre cy thérée, et au milieu de nombreux
spirorbes, un Crus tacé, peu déterminable, il est vrai , à cause de sa
petitesse,' mais qu'on ne peut cependant éloigner des Sphéromes ou des
Idotées. Enfin le terrain d'eau douce de la vallée de l'Allier en Bour-
bonnais, a présenté des bancs épais, tout pétris de petites coquilles bi-
valves, que nous avons cru devoir rapporter à cause de leurs formes gé-
nérales et de leur minceur, au genre des cypris.
Un assez grand nombre de fossiles particulièrement rapprochés des
Ocypodes ou des Crustacés voisins de ceux-ci, nous sont rapportés des
Philippines et des autres îles de l'archipel Indien. Ils sont incrustés
dans un calcaire grisâtre d'aspect marneux, assez dur, et qui n'est pas
susceptible de se délayer ou de faire pâte avec l'eau.
Le test de ces Crabes est ordinairement conservé; mais sa nature
a été modifiée : il est bien plus solide que celui des espèces qui vivent
maintenant, et renferme beaucoup moins de matière animale (i). Quel-
ques voyageurs assurent que ces débris se rencontrent sur les bords de la
mer, et paraissent croire qu'ds appartiennent à des crabes dont les es-
(i) M. LasSAigne, prëparateur du cours àe chimie de l'École royale vélérinaiie d'Alfort , ayant
eu la complaisance d'examiner chimiqucmeiit quelques fragmens de tcft de ces Crustacés des Plii-
linj. incs , a reconnu qu'ils étaient composes : de carbonate de cliaux presque enlioremcnt , d'oxide de
fer qui lescolore, H d'une trace de matière animale.
Les analyses de lests de Crustacés , rapportées par M. John , offrent les résultats suivans.
Selon M. Hatcueït ces enveloppes sont formées de carbonate de chaux, d'un peu de phosphate
de chaux, de cartilage et d'un principe colorant, soluble dans l'alcool.
M. MÉRAT-GuiLLOT donne ponr les enveloppes de homards, les proportions suivantes :
C«rSonale de chaux 4°
Phosphate de chaux '4
Gélatine 18
Eau et perle ^"
100
Les enveloppes d'écrevisse lui ont fournî :
Carbonate de chaux 60
Phosphate de chaux 12
Cartilage 28
100
CRUSTACÉS FOSSILES. 83
pèces vivent acluellenienlj qui s'empàtcnt ainsi dans l'argile, commele font
quelques petits poissons sur les côtes d'Islande, de la Rochelle , de Sca-
pezzano, dans la Marche d'Ancônc, etc. Cette assertion paraît avoir peu
de probabilité , car il est ircs-remarquablc que ces Crustacés ainsi en-
croûtés soient aj)portës des contrées lointaines où on les trouve, en si
grand nombre, et que les espèces vivantes qu'où dit être les leurs , soient
encore tout-à-fait inconnues.
Néanmoins. si cette analogie ëlait démontrée, on ne devrait pas pour
cela retirer delà série des Crustacés fossiles les espèces dont il s'agit, car
elles ont acquis toutes les conditions des corps pétrifiés, c'est-à-dire
qu'elles sont maintenant soustraites aux causes qui opèrent la décom-
position et la totale disparution des êtres organisés après leur mort. Ce
serait un ordre de fossiles nouveau 5 celui des fossiles contemporains à
notre création, et dont quelques naturalistes nient encore l'existence.
Telle est la disposition géologique des débris de Crustacés, sur la
surface du globe. Leur série commence où celle des Trilobites finit,
et elle s'étend jusqu'aux dépôts les plus rëceus.
Dans la description des espèces que nous avons recueillies, nous avons
adopté la nomenclature de MM, Latreille et Cuvier , telle qu'elle est
exposée dans le troisième volume de l'ouvrage intitulé : Le Règne ani-
mal distribué d'après son organisation.
Le premier ordre, ou celui des Crustacés décapodes, se compose pour
nous de deux familles.
La première, ou celle des décapodes brachyures,renferme viDgt-quatre
espèces partagées en douze genres ; savoir :
Fortune ; Portunus. 1 esp.
Podophthalme 5 Podophthalmus. i esp.
Crabe ; Cancer. 5 esp.
Grapse; Grapsus. i esp.
Gonoplace ; Gonoplax. ^ esp.
Gélasirae ; Gelasinius. i esp.
Gécarcin ; Gecarcinus. i esp.
Atélécycle ; Atelecjclus. i esp.
Leucosie ; Leucosia. 3 esp.
Liachus; Inachus. \ esp.
Dorippe ; Dorippe. \ esp.
II.
84 CRUSTACÉS FOSSILES.
Ranine ; Rcmina. i esp.
La seconde, ou celle des décapodes macroures, contient six espèces
divisées en cinq genres, savoir :
Pagure ; Pagunis. i esp.
Langouste ; Palinurus. i esp.
Palémon; PalœmoJi. i esp.
Eryon ; Eryon. i esp.
Scyllare ; ScjUai^us. i esp.
Le second ordre (i), ou celui des Crustacés isopodes , ne fournit
que deux esjièces que nous plaçons avec doute dans le genre Sphéroine.
Le troisième ordre, ou celui des Crustacés branchtopodes , n'a en-
core présenté qu'une seule espèce du genre Limule, et une autre du
genre Cypris.
(i) Le second ordre dans la méthode de MM. Latreii.le et CuviER, ou celui des Crustacés
Stomapodes, et le troisième celui des Ainphipodes , n'offrent point d'espèces fossiles. Le quatrième
ordre de cette même méthode , celui des Isopodes , devient le second pour nous.
Description des espèces de Crustacés fossiles.
ORDRE PREMIER.
CRUSTACÉS DÉCAPODES.
ïéte confondue avec le ti'onc; yeux mobiles, situés dans des cavités
du front ; branchies recouvertes par la carapace ; dix pieds.
PREMIÈRE FAMILLE.
DÉCAPODES BPxAGHYURES.
Carapace vaste ; queue plus courte que le tronc , sans appendices
à sou extrémité , étroite et en languette dans les moles, large
et ovale dans les femelles.
SECTION PREMIÈRE.
LES NAGEURS.
Test en arc de cercle en avant , avec les angles latéraux bien prononcés ;
pieds de la dernière paire aplatis en nageoires à leur extrémité.
PREMIER GENRE.
FORTUNE ; Portunus,, Daldorf , Fabricius ; Cancer., LiNNiEus.
Carapace plane, non tuberculeuse, pluslarge ou aussi largeque longue,
dentelée sur ses bords latéro-antérieurs , et rétrécie entre les bords la-
téro-postérieurs 5 angles latéraux quelquefois prolongés en une pointe
aiguë; bord inter-orbitaire plus ou moins denté ou sinueux ; orbites mé-
diocrement écartées , renfermant des yeux à pédoncules courts ; bord
postérieur du test à peu près droit, aussi large que l'espace inter-orbi-
laire; région stomacale assez vaste, ayant les deux régions hépatiques an-
térieures sur ses côtés ; région génitale terminée en avant par un angle
aigu qui se porte sur le milieu de la stomacale ; régions branchiales gêné-
86 CRUSTACÉS FOSSILES.
ralement planes , se terminant sur les côtés aux angles latéraux de la ca-
rapace, souvent séparées des régions antérieures par une ligne transverse
très-prononcée; région cordiale, située à peu près vers les deux tiers de
la ligue moyenne de la carapace , et laissant derrière elle un espace pour
la région hépatique postérieure.
Pieds de la dernière paire, aplatis en nageoire à leur extrémité, un
peu relevés à leur base. .
Queue des mâles , formée de cinq pièces, dont l'antépénultième est
la plus grande, et pourvue de chaque côté de sa base, d'une production
assez saillante.
Queue des femelles , composée de sept pièces, dont la dernière est
beaucoup plus petite que la pénultième , triangulaire et aiguë.
I. FORTUNE LEUCODONTE.
( PI. VI , fig. 1 , 2 et 3 ; individu mâle. )
PORTVNVS LEVCODON.
Carapace assez unie en dessus , ayant les bords latéro-antérieurs
à huit dents; pinces grosses, ayant leurs doigts munis, du côté interne,
de tubercules arrondis dont les postérieurs sont les plus gros, et de cou-
leur blanche.
Crabe pétrifié , Davila, Catalog. tom. 3, pi. III, fig. G.
( Long. 0,075 , larg. 0,100.) La carapace est assez lisse en dessus ;
tout son bord antérieur est dentelé en scie , et chaque côté entre l'angle
latéral et l'œil, présente huit dents assez aiguës , les antérieures surtout.
Les pattes paraissent assez longues, .surtout celles de la première paire,
ou celles qui portent les pinces, dont la troisième pièce est armée de trois
fortes dents du côté intérieur et d'une seule moins aiguë en dehors. Les
pinces sont grandes, bombées, brunes et lisses comme tout le restant de
la carapace, et les dents qui les garnissent sont blanches et au nombre
de huit sur la principale pièce, dont les quatre de la base sont beaucoup
plus grosses que les autres et tuberculeuses ; le doigt mobile en a neuf ou
dix, dont la première est un très-gros tubercule.
C'est l'un des plus grands crustacés fossiles conservés dans les cabinets
d'histoire naturelle. 11 vient de l'Inde, et nous avons eu entre les mains
FORTUNES. 87
des échantillons de la collection du Muséum d'hisloirenalurelle de Paris,
qui avaient été rapportés deSiampar M. Nègre, missionnaire, en i^Si,
ou de Manille, par M. Cossigny fils, en 1754; nous en avons vu d'autres
qui avaient été envoyés des Philippines jiarM. Poivre. La couleur de ce
Fortune est généralement brune, à l'exception des dentelures et des tu-
bercules du bord intérieur des doigts des pinces. Il est toujours plus ou
moins fracturé et incrusté dans un calcaire argileux assez dur, qui n'a
point la propriété de faire pâte avec l'eau.
L'individu vu en dessus, fig. i , et la pince isolée, fig. 3 , appartien-
nent à la collection du Muséum d'histoire naturelle. Le portune repré-
senté en dessous, fig. 2, fait partie de la collection de M. de Drée.
La coquille , fig. 4? nous parait appartenir au genre Pyrène, oîi l'on a
placé les cérithes à canal court et droit, qui vivent à l'embouchure des
grands fleuves. Elle est adhérente à la pince isolée de la fig. 3.
2. PORTUNE D'HÉRICART.
(PI. V, fig. 5, augmentée d'un tiers. )
PORTUNUS HERICARTIL
Carapace à régions légèrement senties; cinq petites épines sur le bord
inter-oibitaire; cinq autres sur chaque bord latéro-autérieur, et une
forte pointe aux angles latéraux de la carapace.
(Long. 0,016, larg. 0,016.) La carapace est plane et à peu près aussi
large que longue; le bord inter-orbitaire est avancé et divisé en cinq poin-
tes aiguës, assez égales entre elles, dont les latérales sont un peu relevées,
et l'intermédiaire est horizontale ; l'angle oculaire externe est très- marqué
et relevé , ainsi que trois pointes plus petites qui appartiennent au bord
latéro-antérieur; l'angle latéral a une très-forte épine, hoiizontale, assez
mince , et pourvue elle-même d'une petite dentelure, sur son côté anté-
rieur et vers la moitié desalongueur; le bord la téro-postérieur est dessiné
par une ligne cordonnée; le b rd postérieur est très-droit et ses angles
sont très-sentis. Les régions cordiale et génitale sont bien marquées,
et les branchiales légèrement onduleuses.
Ce petit Portune, dont nous ne possédons que des carapaces d'un beau
blanc et de nature calcaire, parfaitement isolées , a été trouvé par M. le
38 CRUSTACÉS FOSSILES.
vicomte Héricart - Ferrand , dans le sable des carrières de grès (i)
d'Étrepilly, à deux lieues an nord de Meaux, qui renferme aussi beau-
coup de coquilles marines isolées et notamment des cérilbes.
DEUXIÈME GENRE.
PODOPHTHALME ; Podophthalmus , Lamarck ; Portunus, Fabr.
C«m/?ace plane, non tuberculeuse, beaucoup plus large que longue, et
terminée de chaque côté par un angle très-aigu, sans dentelures sur les
bords antérieurs , mais les ayant creusés d'une fosse ou sillon où se lo-
gent les yeux placés sur de très-longs pédoncules; une saiUie du test rem-
plaçant le bord inter-orbitaire. Régions de la carapace généralement peu
prononcées, et disposées comme dans les Fortunes.
Pieds de la dernière paire , aplatis en nageoire à leur extrémité, nn
peu relevés à leur base.
Queue des mâles, formée de cinq pièces, dont l'antépénultième
est la plus grande, et pourvue de chaque côté de sa base d'une produc-
tion saillante.
I. PODOPHTHALME DE DE FRANCE.
(PI. V,fig.6,7et8. )
PODOPHTHALMUS DEFRANCII.
(Long. o,o35, larg. 0,076.) Ce crustacé, dont nous n'avons vu qu'un
moule intérieur de nature calcaire assez détérioré et tout couvert de
fentes et de gerçures, nous paraît appartenir évidemment an genre Po-
dophthalme, bien cependant qu'il ne présente pas les deux pédoncules
des yeux; mais il en a tous les autres caractères; savoir :1e test déj)rinié
et très-large; les angles latéraux très-aigus;sonbordanlérienrnon denté
comme celui des Portunes, mais uni et un peu creusé en gouttière; le
milieu du front un peu avancé en forme de chaperon ; les bases des deux
(i) De la formalion du grès marin supi-rieur de MM. Cuvier et Broisgniart.
PODOPHTHALMES. 89
dernières pattes situées très en arrière et relevées; les pièces sternales
très-larges et en palettes, comme dans les Fortunes, etc.
La difterence principale de cette espèce avec le Podophthalme épi-
neux, Portunus vigil, Fabr. {Voy. Latr. Gen. crust. et ins,,tom. I, pi.,
tom. 1 ), espèce vivante la seule connue de ce genre, consiste principa-
lement dans le manque des deux épines très-aiguës qui terminent les
angles latéraux delà carapace de cette dernière. Mais l'absence de ces
épines n'est peut-être qu'apparente , puisque le moule que nous décri-
vons ne peut les représenter.
L'individu que nous décrivons est un mâle; il provient de la collec-
tion de M. DE France, à Sceaux près Paris. On ignore dans quel lieu il a
été trouvé.
12
SECTION DEUXIÈME.
LES ARQUÉS.
Test évasé., coupé par devant en arc de cercle, rétréci et tronqué en arrière ;
pieds de la dernière paire non relevés à leur base , terminés en pointe.
TROISIÈME GENRE.
CRABE; Ca7^cf7•, Fabr. Latiï.
Carapace plane et assez bombée en dessus, un peu plus large que lon-
gue, tantôt dentelée en scie , tantôt entière sur ses bords antérieurs qui
décrivent un arc de cercle; bords latéraux-postérieurs se rapprochant
un peu en arrière; espace inter-oculaire dentelé ou sinueux; yeux à pé-
doncules courts. Régions de la carapace, plus ou moins senti es et quelque-
fois très-marquées; la stomacale très-grande, formant avec la génitale
une sorte de trapèze; celle-ci étant prolongée en pointe sur le milieu delà
première; les hépatiques antérieures assez grandes, et situées sur la
même ligne transversale que la stomacale; les branchiales commençant
en avant des angles latéraux delà carapace, et bien indiquées; la cordiale
placée aux deux tiers de la ligne moyenne du corps, laissant en arrière
un espace pour la région hépatique postérieure.
P/ef/j ayant tous , à l'exception des pinces, leur extrémité terminée
en pointe.
Queue des mâles, formée de cinq ou de six pièces , et celle des fe-
melles de sept.
I. CRABE PAGUROÏDE.
(PI. V, ftg. g. La pince seulement. )
CANCER PAGUROIDES.
Carapace plane, analogue dans son milieu, pour la distinction des ré-
gions, à celle du Crabe TouT^teau ou Poupard {Cancer Pagurus) ; pin-
ces très-grosses , ayant six dents tuberculeuses sur le côté interne du
doigt immobile, et une forte saiUie à la base du doigt mobile.
CRABES. gi
(Long. 0,980 ; larg. 0,160.) Ce crabe appartientaii cabinet de minéra-
logie de la Monnaie, et nous a été communiqué par M. Sage, de l'Institut,
conservateur de ce cabinet. Il est à peu près grand comme un tourteau
de moyenne taille, et ses dimensions principales sont proportionnées à
celles de ce crabe , dont il a l'apparence au premier aspect.
L'échantillon unique que nous avons examiné, est tellement incrusté
dans une pierre assezdureet pesante, de nature argilo-sablonneuse, qu'on
n'en voit qu'une très-petite partie; sa carapace, dont on ne peut distin-
guer aucun bord, paraît être assez plane et presque lisse; la région sto-
macale est fort grande; les régions branchiales sont bien marquées; la
cordiale est très-apparente, et présente deux éminences placées l'une à
côté de l'autre dans le sens transversal; l'on en voit aussi une près du
bord postérieur de cette carapace.
La pince, seule partie bien conservée, et que nous avons t'ait repré-
senter au trait , est fort grosse , surtout au milieu ; le doigt immobile
présente six dents qui diminuent de grosseur à compter de la plus in-
terne, ou la première, jusqu'à celle de l'extrémité du doigt. Le doigt
mobile est très-fort et assez épais ; il a une très-grosse dent à sa base.
Le corps de la pince paraît être très-finement chagriné, du moins aux
environs de l'articulation des doigts , qui sont lisses ailleurs.
2. CRABE AUX GROSSES PINCES.
(PI. VII,fig. 1 et 2.)
CANCER MACROCHELVS.
Carapace bombée, ayant ses régions peu marquées et ses bords sans
dentelures prononcées ; orbites fort écartées ; pinces très-larges et grosses,
avec une rangée de tubercules sur leur bord supérieur.
Cancer lapide scens. Rumphius , Amboinsche rariteit Kamer , lib. 2,chap. 84,
pi. 60, fig. 3.
(Long. 0,087, larg. ^^^07.) L'individu que nous décrivons est un
mâle ; son test est presque entièrement détruit en dessus ; mais en des-
sous, il est assez bien conservé, et laisse voir la base des pattes fort dis-
tinctement.
12.
ga CRUSTACES FOSSILES.
La forme générale du corps, celle des pinces, et la disposition des
pattes, nous ont fourni les principaux motifs pour regarder ce fossile
comme appartenant au genre des Cralaes. Son diamètre longitudinal est
un peu plus court que le transversal. Il y a lieu de croire, d'après ce
moule intérieur, que la carapace n'offrait pas d'inégalités ou de protubé-
rances remarquables en dessus.
Les pinces sont fort larges, aplaties, et ont leurs doigts sans aucune
dentelures du côté interne , mais on en voit quelques-imes sur le bord
supérieur delà pièce principale; les autres pattes sont assez minces, al-
longées; la queue se compose de pièces, dont la seconde est fort élargie
sur ses angles antérieurs, ou les plus rapprochés du corps.
Ce fossile , de nature calcaire, appartient à M. de Drée; il est indi-
qué dans sa collection comme venant de la Chine. Il avait anciennement
fait partie du cabinet de M. de Joubert.
3. CRABE POINTILLÉ.
( PI. VII , fig. 3 et 4. )
CANCER PUNCTULATÏJS.
Carapace couverte de points enfoncés, légèrementbombée, ayant ses
régions faiblement indiquées , avec de petites dents sur ses bords laté-
raux-antérieurs ; orbites assez rapprochées; pinces assez fortes et lisses.
Crabe pétrifié. Knorr et Walch , Monumens du déluge, tom. i , pi. 16A,
fig. 2 et 3.
( Long. 0,062 , larg. 0,080. ) Cette espèce , qui est assez commune
dans les cabinets, vient particulièrement des environs de Vérone, et
appartient sans doute aux dépôts calcaires qui avolsinent cette ville ; on
la trouve aussi, dit-on, dans plusieurs points de l'Italie, comme dans les
environs de Vicence, de Bologne, deNaples, etc. Le Muséum d'histoire
naturelle en possède plusieurs individus rapportés d'Italie en 1^57, par
feu M. Séguier, qui avait rassemblé à Nîmes une magnifique collectioix
de fossiles.
Sa grandeur varie. Nous avons vu des individus dont le diamètre
transversal était d'un peu plus de huit centimètres, et le diamètre Ion-
CRABES. q3
gitudinal de six, tandis que d'autres nous ortt paru d'un tiers plus pe-
tits dans ces deux dimensions.
La carapace de ce Crabe présente plusieurs ondulations ou sinuosités
peu sensibles, et qui indiquent la position des principaux organes qui
étaient au-dessous; partout elle est marquée de petits points enfoncés,
à peu près comme ceux des dés à coudre ; et ces points, rapprochés les
uns des autres, sont très-également distribués. Le bord antérieur de la
carapace dessine une demi-ellipse dans le sens transversal , et se termine
de chaque côté par une saillie qu'on peut considérer comme l'angle la-
téral. Dans les individus bien conservés , tout ce bord est garni de
petites dents. Les orbites sont grandes, assez écartées l'une de l'autre, et
entourées d'un bourrelet en dessus. A partir des angles latéraux et
en arrière, les bords latéraux de la carapace se rapprochent rapidement
jusqu'au bord postérieur, qui est un peu large et comme tronqué.
Un individu femelle, fig. 4, que nous avons eu l'occasion d'examiner,
avait la queue fort large, formée de sept pièces , dont les deux dernières
et surtout la pénultième étaient les plus grandes; les pinces étaient
moyennes, un peu comprimées, mais non en forme de crête comme
celles deshépates, et les doigts ne présentaient point de dentelures ni de
tubercules; mais ceci n'indique pas suffisamment qu'il n'y en avait
pas, car ces pinces étaient dépourvues de leur test, et ne présentaient
par conséquent qu'un moule intérieur , d'après lequel on ne saurait con-
clure, dans tous ses détails, la forme extérieure de ce même test,
4. CRABE QUADRILOBÉ.
(PI. VIII, fig. I et 2.)
CANCER QUADRILOBATVS.
Carapace assez bombée, à régions peu prononcées, ayant les bords
latéraux-antérieurs sinueux; orbites très-grandes, peu écartées; bord in-
ter*orbi taire quadrilobé.
(Long. 0,060, la,rg. 0,072.) Celui-ci, très-voisin du précédent par
ses formes générales , a été trouvé assez communément dans le dépôt de
coquilles des environs de Dax , dépôt qui a beaucoup d'analogie avec
qA CRUSTACES FOSSILES.
celui qui forme le calcaire grossier, ou pierre à bâtir, des environs de
Paris, et dont les fossiles sont si abondans à Grignon, près de Versailles.
On voit le plus souvent, dans les collections , de simples moules in-
térieurs de cette espèce de Crabe. Le dessus de la carapace , qui est assez.
mince et non ponctué comme celui des Crabes de Véroiie , est presque
toujours détruit , mais le plastron et la queue conservent ordinairement
leur test.
Le bord antérieur de la carapace dans ces moules, est demi-elliptique
dans le sens transversal , et les côtés présentent trois légères ondulations
qui se reproduisent sans doute sur le test, qui semble devoir être sans
épines ou dentelures; les orbites sont moins écartées l'une de l'autre dans
cette espèce que clans la précédente ; mais ce cjui la caractérise tout par-
ticulièrement, ce sontlesquatrelobesque présente lebordluter-orbitaire,
et dont les deux intermédiaires sont les plus saillans. Les angles latéraux
sont assez marqués, et le bord postérieur est comme tronqué.
Un mâle , dont le dessous est bien conservé, fig. a, nous a laissé aper-
cevoir un pied-màchoire assez entier , dont la division intérieure a ses
deux premiers articles à peu près carrés, et la division extérieuï'e son
premier article allongé, comme cela se remarque dans la bouche des Cra-
bes proprement dits. La première pièce sternale est fort grande, éclian-
crée en avant, et avec deux tubercules de chaque côté; les suivantes
ont une forme assez irrégulière , parce qu'elles résultent de la réunion
intime des pièces sternales proprement dites avec les pièces latéro-ster-
nales;la queue médiocrement étroite, est formée de cinq articles.
5. CRABE DE BOSC.
(PI. VIII, fig. 3 et 4.)
CANCER BOSCH.
Carapace très-bombée, avec les régions fort peu distinctes; bords laté-
raux-antérieurs ayant chacun six petites dentelures; orbites fort écartées ;
bord inter-orbitaire formant une avance sinueuse très-prononcée.
( Long. 0,048 , larg. oo,63. ) Ce Crabe, de nature calcaire, nous
été communiqué par M. Bosc, de l'Institut , qui l'a trouvé dans une
CHAbEb. ^5
couche de marne sablonneuse, très -épaisse, située au-dessous de plusieurs
bancs de pierre calcaire grossière delà colline sur laquelle est construite
la citadelle de Vérone. Il n'en reste que le moule intérieur, seule-
ment visible en dessus, avec une portion des bords de la cai'apace.
Il a surtout de la ressemblance dans sa forme générale avec le Crabe
eorallin, et, comme lui, il se rapproche un peu, sous ce rapport, des
Crusiacés des genres Hépate et Calappe,
Son test , très-bombé, est beaucoup plus large que long, et sa
courbure principale est dans le sens d'avant en arrière j ses régions
sont peu senties, si ce n'est la cordiale, qui est située à peu près aux
trois quarts de la ligne moyenne de la carapace. L'espace inter-orbitaire
qui est fort large, à cause de l'écartement des yeux, est avancé, dirigé
en en bas, et a la forme d'un grand lobe à trois festons peu découpés.
Les orbites ne sont pas très-grandes. Les bords latératix-antérieurs ont
chacun six dents peu marquées j les côtés de la carapace sont arrondis ,
ne forment point d'angle aigu , et se relèvent par une ligne saillante
transverse de chaque coté, qui se dirige en s'effaçant progressivement,
sur la région du cœur. Le bord postérieur est étroit.
Tout le dessous de ce Crabe est engagé dans une pierre calcaire ten-
dre. On ne peut apercevoir, en avant, qu'une partie des pinces, qui
sont comprimées.
6. CRABE DE LEACH.
(Pk VIII,fig. 5et6.)
CANCER LE A CHU.
Carapace bombée, ayant sa surface entièrement ponctuée et forte-
ment bosselée sur les régions génitale, cordiale, branchiales et hépati-
que postérieure, qui sont très-distinctes; trois tubercules sur chaque
bord latéral-antérieur ; orbites médiocrement écartées.
(Long. 0,046, larg. o,o53. ) On voit cette espèce très -fréquemment
ilans les cabinets d'histoire naturelle ; mais presque toujours elle est dans
un mauvais état de conservation. On l'a trouvée principalement dans les
argiles plastiques de l'ile Shepey (à l'embouchure de la Tamise j , les-
quelles sont d'une formation postérieure à celle de la craie. Ses dé-
q6 crustacés fossiles.
pouilles sont toujours d'un noir foncé, et souvent elles sont recou-
vertes, en partie, d'une légère pellicule de pyrite ou de sulfure de fer,
qui leur donne un aspect bronzé.
Le Crabe auquel elles appartiennent parait être de la division de ceux
que M. le docteur Leach place dans son genre Xantho ^ sa carapace , à
bord elliptique, est tuberculeuse et partout marquée de points enfoncés
assez rapprochés et également distribués; les yeux sont assez écartés l'un
de l'autre , et logés dans des fossettes médiocrement grandes. Nous n'a-
vons pas bien pu voirie front; les bords latéravix-antérieurs sont épais
et présentent chacun trois tubercules, dont le plus éloigné des or-
bites est le plus gros. Celui-ci forme l'angle latéral de la carapace. La
région slomacale est fort relevée, avec une dépression sensible dans son
miheu. Au delà et dans la ligne moyenne, on aperçoit trois gros tuber-
cules, dont le premier, ovale-transverse, appartient à la région génitale,
et les deux autres ovales en long et presque joints, représentent , l'un
la région cordiale et le dernier la région hépatique postérieure. Chaque
région branchiale , outre le gros tubercule latéral du bord de la cara-
pace qu'elle supporte, en a encore quatre autres en dessus, lesquels sont
fort saillans et disposés à peu près en losange, le plus gros étant à côté
et sur la même ligne transverse que celui de la région génitale.
Des fragmens de ce Crabe , que nous devons à la bienveillance de
M. Leach, nous ont fait reconnaître que ses pinces étaient très-grosses.
La femelle a la queue ample , avec l'avant-dernière pièce la plus large
et la dernière à peu près figurée en triangle équilatéral.
SECTION TROISIÈME.
LES QUADR IL A TÈ R ES.
Test presque entré ou en cœur; bord inter-orhiiaire tantôt irès-lnrge et droit ,
tan tut très étroit et plus ou moins prolongé en fonne de chaperon : pieds
de la dernière paire tenninés en pointe.
QUATRIÈME GENRE.
GRAPSE; Grapsus, Lam., Lair. ; Cancer , F abh.
Carapace plane, peu bombée, carrée, avec les orbites situéesaux an-
gles antérieurs; bord inter-orbitaire transversal et uni; bord postérieur
étroit; régions stomacale et génitale à peu près confondues, la première
ayant un enfoncement sur sa partie moyenne et antérieure; régions cor-
diale et hépatique postérieure aussi réunies, et formant ensemble une
saillie remarquable; régions branchiales occupant en arrière les côtés et
les angles postérieurs de la carapace, marquées souvent sur leur bord
externe de lignes élevées, parallèles entre elles et obliques, qui répon-
dent à la direction des organes branchiaux internes.
Queue des mâles et des femelles composée de sept pièces.
Pieds des quatre dernières paires , semblables entre eux, très-longs,
latéraux et terminés par un article pointu.
I. GRAPSE DOUTEUX.
( PI. VIII , fig. 7 et &.')
GRAPSUS DUBIUS-
( Long Larg. o,023. ) Nous n'avons vu de cette espèce, dans la
collection de M. de Drée, qu'une carapace mal conservée, dontla partie
antérieure manquait entièrement; aussi n'est-ce qu'avec incertitude que
nous nous sommes déterminés à la considérer comme étant celle d'un
Crustacé du genre Grapse. Toutefois, sa forme carrée et assez déprimée,
et surtout la bande carrée longitudinale et saillante qu'elle offre dans
son miheu , nous ont porté à la placer dans ce genre, au moins provi-
i3
n8 CRUSTACES FOSSILES.
soirement, jusqu'à ce qu'on ait pu observer des échantillons plus com-
plets que celui que nous avons eu à notre disposition.
Cette carapace est, ainsi que nous venons de le dire, presque carrée et
plane, avec deux sillons enfoncés dans son milieu , entrelesquels se trouve
une Lande relevée qui paraît correspondre à la partie où sont situés, dans
les Grapses vivans, le cœur et les organes préparateurs de la génération.
Elle est surtout remarquable par une espèce de facette oblique qui sem-
ble tronquer son bord postérieur, et par un appendice relevé qui garnit
ce même bord sur toute sa largeur, mais que nous n'avons pas pu ob-
server convenablement, pour le bien décrire, dans l'échantillon que
nous avons eu sous les yeux.
Ce Crustacé de couleur brune est empâté d'argile grisâtre , comme
ceiix cpii viennent des Indes. Toute sa surface est parsemée de points
enfoncés, assez gros et assez distans les uns des autres.
CINQUIÈME GENRE.
GONOPLACE; Gonoplax, Leacu.
Carapace plane, peu bombée, presque carrée, transverse, plus large
en avant qu'en arrière \ bord antérieur légèrement sinueux et terminé
par un angle bien marqué de chaque côté; espace inter-orbitaire pro-
longé en une saillie étroite, le plus souvent spatuliforme, et cjuelquefois
simplement anguleuse; yeux portés sur d'assez longs pédoncules. Ré-
gions bien distinctes : la stomacale très-large, placée sur la même ligne
transversale que les hépatiques antérieures; celles-ci assez grandes et si-
tuées dans les angles antérieurs de la carapace; régions branchiales peu
bombées, mais assez développées; troisième article des pieds-mâchoires
extérieurs, inséré à l'angle interne de l'extrémité du second.
Sept pièces dans la queue des mâles et des femelles.
Pattes très-longues ayant les jambes carrées; pinces de moyenne
grosseur, égales entre elles.
GONOPLACES. 99
I. GONOPLACE DE LATREILLE.
(PI. IX, fig. .,2,3,4.)
GONOPLAX LATREILLII.
«
(Long. 0,040. Larg. en avant de la carapace o,o5i; du bord posté-
rieur 0,025. ) Carapace sub - trapézoïdale ayant ses angles antérieurs
très-aigus et tridentés latéralement; espace inter-orbitaite très-étroit et
avancé, spatuliforme; corps partout recouvert de petits points ronds
saillans ou petits tubercules , qui en rendent la surface rugueuse.
Cette espèce, dont les débris ne sont pas rares dans les collections, et
qui vient des Indes orientales, a des caractères très-saillans et faciles à sai-
sir. Toute la partie supérieure de sa carapace, fig. 2, dont les diflérentes
régions sont marquées par des lignes enfoncées très-distinctes, est chagri-
née ou couverte de points ronds élevés, plus nombreux sur ses bords que
dans son milieu. Ses bords sont dessinés par un cordon très-net, formé
de ces mêmes points ; l'antérieur est tout-à-fait transversal, arqué en avant
de chaque coté et oflVe de chaque côté à la base du chaperon que forme
lebord inter-orbitaire, un sinus assez profond; le chaperon est avancé,
plus large à son extrémité qu'à sa base, et 'ressemble , jusqu'à un cer-
tain point, à celui des insectes coléoptères du genre Goliath; il est
sillonné dans sa longueur, et légèrement échancré à son bout. Le bord
latéral de la carapace offre antérieurement trois épines aplaties , dont les
deux premières sont les plus fortes, et presque égales entre elles. Le bord
postérieur est uni. Les pièces sternales sont , fig. i, de forme à peu près
]iarallélogrammique et chagrinées comme le dessus de la carapace. Les
pièces de la cjueue, que nous n'avons pu voir entières sur aucun individu,
sont au contraire lisses. La première pièce des pieds-màchoires est trapé-
zoïdale et pas plus longue que large, avec son côté interne lobé, et sa sur-
face marquée d'une ligne enfoncée oblique qui part de son point d'ar-
ticulation ; la division extérieure de ces mêmes pieds-màchoires est
allongée , linéaire, et légèrement renflée dans son milieu.
Les jambes proprement dites, ou les troisièmes pièces des pattes, sont
anguleuses, à quatre faces et quatre angles bien marqués, et l'on ne voit
i3.
200 CRUSTACÉS FOSSILES.
d'aspérités qu'auprès des arêtes seulement. Les pinces , fig. 3 et 4, sont
moyennes, légèrement comprimées 5 leur doigt mobile ne présente qu'un
seul tubercule très-fort , et très-saillant, plan à son extrémité, et garni
sur ses bords d'un grand nombre de petites dentelures; le doigt im-
mobile est mince et muni, sur son bord interne, d'une douzanie de
semblables dentelures qui vont progressivement en grossissant depuis sa
base jusqu'à sa pointe.
Les Crustacés de cette espèce sont ordinairement incrustés dans un cal-
caire argileux grisâtre assez dur, et qui ne se délaie pas dans l'eau. Aussi
avons-noi^is en vain passé beaucoup de temps pour cbercher à en débar-
rasser un de ces Crabes.
a. GONOPLACE INCISÉE.
(PI. IX, fig. 5el6.)
GONOPLAX INCISA.
Carapace presque carrée, transverse, très-finement chagrinée, ayant
ses angles antérieurs obtus et marqués d'une échancrure assez profonde;
région génitale ayant son bord postérieur fort saillant; une ligne étroite,
élevée, granuleuse , en forme d'S allongé sur chaque région branchiale,
près du bord latéral.
Cancer lapidescen s , Rdmph. Rarit. Kamer. , tab. 60 , fig. i et 2.
Knorr , Monum. du déluge, tom. i , pi. 16, A, lî.
( Long. 0,022. Larg.en avant 0,082 ; en arrière 0,027.) Cette espèce a
les régions de sa carapace, fig. 5, un peu moins distinctes que celles de la
précédente; cependant la stomacale est très-apparente, et la génitale
l'est aussi, surtout postérieurement où son bord est relevé. La cordiale est
très-enfoncée entre les branchiales , et presque carrée; les bords internes
de ces dernières sont aussi très-prononcés; l'hépatique postérieure est
étroite et relevée ; enfin les hépatiques antérieures sont peu séparées des
branchiales. Le bord antérieur de la carapace esl plus droit, mais dessiné
de même que dans la Gonoplace de Latreille, par une ligne cordonnée
saillante. Nous ne saurions décrire la forme du chaperon ou du bord
GONOPLACES. lOI
inter-orbitaire, ne l'ayant vu entier dans aucun individu; mais nous
avons seulement remarqué que sa base présente un sillon longitudinal,
et qu'elle est rebordée de chaque côté, comme le test même.
Les angles latéraux et antérieurs de la carapace sont comme tronqués,
par une ligne oblique également rebordée, et au milieu de laquelle est une
échancrure profonde de deux millimètres; les angles postérieurs sont
aussi très-obtLis, et le bord postérieur est lisse. Les régions bran-
chiales ont une éminence marquée à leur bord interne, près delà région
cordiale, et, à quelque distance du bord externe, vme ligne! saillante
étroite , formée par des granulations , légèrement courbée en S , et qui
est à peu près parallèle à ce même bord.
En dessous, fig. 6, les pièces sternales sont presque de forme parallé-
logrammique comme dans l'espèce précédente, mais encore plus allongées
dans le sens transversal. Elles sont lisses, commelesjambes, qui présen-
tent aussi quatre faces et quatre angles. La première pièce de la division
intérieure des pieds -mâchoires est presque carrée, avec tous ses angles
arrondis ; son bord interne est droit.
Le mâle, dont nous donnons la figure, a la queue assez étroite et
composée de pièces de largeur à peu près égale entre elles, si ce n'est la
première près du corps, qui est plus étroite d'avant en arrière, mais qui
s'étend beaucoup plus latéralement.
Cette espèce est assez souvent apportée des Indes. Son état de conser-
vation est le même que celui de la Gonoplace de Latreille. Elle est in-
crustée dans une pierre calcaire grise, argileuse et sablonneuse : sa cou-
leur est le brun d'écaillé.
3. GONOPLyVCE ÉCHANCRÉE.
( PI. IX , fig. 7 et 8. )
GONOPLAX EMARGINATA.
Carapace un peu trapézoïdale, légèrement transverse, chagrinée , avec
une échancrure peu marquée aux angles antérieurs; point de ligne élevée
en forme d'Ssur les régions branchiales.
( Long. 0,020. Larg. antér. 0,028, post. 0,01 6.) Cette Gonoplace a
beaucoup de rapport avec la précédente, et nous avons été quelque temps
102 CRUSTACES FOSSILES.
sans pouvoir l'en dislinguer. Cependant, outre les différences qui ont
fourni les caractères spécifiques de ces deux espèces, nous en avons encore
remarqué quelques autres: ainsi la Gonoplace échancrée, quoique plus
petite,ales régions de sa carapace beaucoup plus marquées que celles de
la Gonoplace incisée; sa région stomacale est plus courte à proportion,
et la cordiale plus étendue; les régions branchiales sont moins bom-
bées et ne présentent pas la ligne élevée et contournée en S qu'on re-
marque dans la première espèce. Le bord antérieur de la carapace est
aussi plus sinueux, et forme à la base du chaperon deux saillies qui ne
se trouvent pas dans la Gonoplace incisée.
L'individu que nous décrivons est une femelle. Sa queue , fig. 8, a
beaucoup de largeur et est à peu près orbiculaire; les pièces en sont assez
étroites d'avant en arrière, et leurs bords antérieur et postérieur présen-
tent dans leur milieu une inflexion remarquahle ; les deux dernières man-
quent. Les pattes sont semblables à celles des deux espèces précédentes,
et l'on voit quelques rugosités sur leurs faces. La première pièce de la
division intérieure des pieds-mâchoires esttriangulaire, son bord interne
étant oblique et fortement rebordé.
L'aspect de ce Crustacé est à peu près le même que celui des deux
premiers. Sa couleur est un brun d'écaillé, et ses membres sont en-
veloppés dans une pierre calcaire à la fois argileuse et sablonneuse , et
d'un gris jaunâtre.
On le voit fréquemment dans les collections, et il y est indiqué
comme venant des Indes orientales.
4. GONOPLACE ENFONCÉE.
(PI. VIII, fig. i3 et 14.)
GONOPLAX IMPRESSA.
Carapace à peu près carrée, légèrement chagrinée, avec le bord échan-
cré et relevé vers les angles latéraux; régions très-séparées par des im-
pressions profondes.
(Longueur, depuis l'extrémité du chaperon jusqu'à la base de la queue,
0,016; du chaperon, 0,002. Largeur de la carapace en avant 0,016.)
Cette petite espèce est très-remarquable par sa forme carrée, et encore
GONOPLACES. Io3
plus déprimée que celle des précédentes. Son chaperon , on bord inter-
orbiuiire est à peu près carré , rebordé , avec un sillon longitudinal dans
le milieu. Sa carapace est rebordée antérieurement, et son contour est
granuleux. La région qui résidle de la stomacale et de la génitale, con-
fondues, est en forme de trèfle renversé, c'est-à-dire cpi'elle est divisée
en trois lobes distincts par deux impressions obliques et latérales ; ses
lobes sont pointus etsaillansen arrière, surtout le postérieur, et toute sa
surface est Irès-finement chagrinée. La région cordiale est, au contraire,
rugueuse; et elle est jointe à l'hépatique postérieure sans interruption 5
les hépalic[ues antérieures sont un peu bombées, et les branchiales assez
inégales.
Nous n'avons pu bien voir les bords latéraux de la carapace dans le
seul individu de cette espèce qu'il nous a été possible d'examiner, parce
qu'ils étaient recouverts par la pierre 5 mais nous avons bien remarqué
cependant que ces bords, près des angles antérieurs , se relevaient ( par
exemple comme les bords du corselet du Memhracls aurita) , et qu'au
delà, ils présentaient une échancrure peu profonde.
Cet échantillon offrait deux particularités remarquables ; c'est queles
pinces et les pédoncules des yeux étaient conservés.
Les pinces avaient neuf millimètres de longueur; elles étaient médio-
crement épaisses , et leur face externe,, qui était lisse, présentait deux
lignes enfoncées longitudinales , une sur le bord inférieur, et l'autre vers
le tiers supérieur de sa hauteur. Le doigt mobile était mince, peu arqué,
et caréné en dessus; du côté intérieur il n'avait qu'une seule dent , qui
se trouvait fort rapprochée de l'articulation, tandis que le doigt im-
mobile en avait une semblable, située plus loin de cette articulation.
En général la forme de ces pinces avait beaucoup de rapport avec celle
des pinces des Gélasimes.
Les yeux, ou plutôt les supports des yeux , étaient minces, à peu près
cylindriques, dirigés latéralement, et leur longueur était de quatre mil-
limètres environ.
La partie des pieds qui n'était pas incrustée dans l'argile calcaire en-
durcie, présentait des faces planes et des angles à peu près droits, comme
ceux des espèces précédentes. Ces pieds étaient lisses, et leurs jambes
quadrangulaires.
Tels sont les caractères que nous avons pu remarquer dans ce petit
jO/V CRUSTACÉS FOSSILES.
Crustacé qui semble le rapprocher des autres espèces du même genre
qui nous viennent des Indes orientales, par sa couleur et son empâ-
tement dans une masse de pierre calcaire argileuse. Aiissi sommes-nous
très-portés à le regarder comme provenant d'un gissement semblable.
Cependant nous devons dire que cet échantillon, qui provient des ma-
gasins du Muséum d'histoire naturelle, était enveloppé lorsqu'on nous l'a
confié, d'un papier portant pour étiquette : Dumont Marins, à Rome,
rapporté par M. Cuvier.
5. GONOPLACE INCERTAINE
(Pi. VIII, % 9.)
GONOPLAX INCERTA.
Carapace ayant ses angles antérieurs légèrement obtus , avec un sinus
d'où part une ligne enfoncée située sur le milieu de chaque région hé-
patique antérieure ; deuxhgnes enfoncées transversales de chaque côté,
parallèles entre elles, l'une en avant des régions branchiales , l'autre sur
ces régions mêmes.
Ocypode incerlaîn , Desm. , Nouv. dict. d'iiist. nat. , 2- édit. , art. Crustacés
fossiles , tom. 8, pag. Soi.
( Long Larg. o,o3i.) Ce Crustacé, bien différent de ceux
que nous avons placés parmi les Gonoplaces, n'est uialheureusement
pas assez bien conservé pour que nous puissions assurer qu'il appartient
au même genre. La forme aplatie et quadrilatère de sa carapace , la con-
figuration d'un de ses angles antérieurs , et l'avance que l'on remarque
au bord inter-orbi taire, nous ont seuls déterminés à le placer provisoi-
rement ici.
L'individu que nous avons fait figurer était une femelle qui apparte-
nait à M. le marquis de DrÉe. Il manquait de pattes , si l'on en excepte
cependant deux fragmens de jambes postérieures droites, qui par leurs
fortes dimensions , indiquaient suffisamment que les membres entiers
avaient beaucoup de longueur.
La carapace, considérée généralement, formait une voûte légère d'un
côté à l'autre. Le bord antérieur était mal conservé , mais on voyait que
GONOPLACE. I05
les cavités destinées à loger les pédoncules des yeux étaient peu distantes
l'une de l'autre 5 le chaperon formait une saillie, mais on ne pouvaitdéter-
miner sa forme. Les bords latéraux présentaient des plis dont trois surtout
très-sentis, transversaux, à peu près parallèles les uns aux autres, et les
deux postérieurs les plus longs. Le dessus de cette carapace finement
chagriné en avant et ponctué en arrière, était très-composé ; la région
stomacale assez étendue surtout dans le sens transversal avait sa sé-
paration avec les régions hépatiques antérieures très-marquée ; elle
était renflée et offrait dans son milieu une assez forte dépression, qui
s'avançait sur le chaperon. La région génitale , la plus saillante ,
avait la forme d'une losange dont la plus grande diagonale était en
travers; en avant elle formait un prolongement très-pointu qui s'éten-
dait sur la région stomacale et la partageait en deux. La région cor-
diale, également en forme de losange, avait ses deux diagonales à peu
près égales ; elle était plus petite que la génitale. Les deux régions hépa-
tiques antérieures, aussi très-distinctes, offraient deux sortes de lobes qui
partaientdes angles antérieurs de la carapace et se dirigeaient vers le cen-
tre ; chacune présentait dans son milieu une ligne fortement enfoncée
assez large, aussi dans cette direction, et qui ne s'étendait pas dans toute
sa longueur. Les régions branchiales paraissaient très-développées, mais
leur partie postérieure avait été détruite , ainsi que la région hépa-
tique postérieure entière : à leur partie antérieure, elles étaient marquées
d'une ligne enfoncée transversale et parallèle à celle qui les séparait des
régions hépatiques antérieures. Ces diverses lignes enfoncées formaient
sur le bord du test les plis dont nous avons parlé d'abord; les parties
inférieures de ce test étaient parsemées de petits tubercules assez nom-
breux et bien saillans.
i4
J06 CRUSTACÉS FOSSILES.
SIXIÈME GENRE.
GÉLASIMEj Gelasima, Latr. ; OcjyooJa , Fabe.
Carapace plane, peu bombée, en forme de trapèze transversal , et
plus large au bord antérieur, dont le milieu ou bord inter-orbitaire est
avancé en forme de chaperon spatuliforme ou simplement aigu; yeux
situés sur de grands pédoncules, logés dans une fossette longue et linéaire
du bord antérieur prolongée jusqu'aux angles latéraux cpii sont tiès-
niarqués ; pieds-mâchoires extérieurs rapprochés l'un de l'autre, et ayant
leur troisième article inséré à l'extrémité supérieure et latérale du précé-
dent. Régions distinctes, assez saillantes; la stomacale moyenne 5 la cor-
diale grande ; les hépatiques antérieures petites et situées sur la même
ligne transverse que la stomacale ; les branchiales très - développées
tout du long des bords latéraux.
Queue composée de cinq pièces dans les mâles et les femelles.
P/er/j longs. L'une des pinces, tantôt la gauche, tantôt la droite ex-
trêmement grande et forte, tandis que l'autre est très-petite et comme
cachée.
I. GÉLASIME LUISANTE.
(Pl.8,fig.7et8.)
GELASIMA NITIDA.
Gonoplace luisante; Desm., Nouv. dict. d'hist. nat. , 2" édit. , art, Crustacés
Jossiles , tom. 8, pag. 5o5 , n° i4-
(Long, 0,020. Larg, en avant 0,040. Larg. en arrière 0,018.) Par sa
taille et ses formes générales, ce fossile a de si nombreux rapports avecla
Gélasime Maracoani de M. Latkeille(i), que nous avons cru d'abord
(l) Gelasima Maracoani , Latr. Nouv. dicl. d'hist. nat., tom. 12, p. Sig. — Ocypode hetero-
chelos , Bosc. Oi.iv. — Maracoani, PisoN , Iiid. , p. 77 Seb^, ihes. , tom, 3, tab. 18, Cg. 8,
• — Herbst. cancr. , lab. i , fig. 11.
GELASIMES. 107
qu'il n'en différait pas spécifiquement; néanmoins une observation plus
attentive nous a fait reconnaître quelques dissemblances, et entre autres
celle-ci, que la Gélasime Maracoani aies bords latéraux épineux prés des
angles antérieurs de la carapace, tandis que notre Gélasime luisante a ces
bords lisses.
Les caractères différentiels du test de ce Crustacé, avec ceux des Gono-
places ne sont pas bien sensibles, quoique le corps soit moins épais que
dansées derniers, et que la forme trapézoïdale de la carapace soit pltts
nettement indiquée; mais l'existence des débris d'une grosse pince gauche
nous suffit pour ramener cette espèce au genre Gélasime. En effet, le
carpe, ou la pièce qui précède la pince, est renflé et verruqueux comme
dans le Maracoani, et les vestiges de la pince elle-même, plus longs que
le corps n'est large, ont la forme linéaire qu'on retrouve dans les pinces
des animaux de ce groupe.
Le bord antérieur de la carapace, ou le plus large, est légèrement si-
nueux , et présente vers son milieu deux échancrures où se trouvaient
les points d'attache des pédoncules des yeux, et entre ces échancrures est
une pelite avance anguleuse, qui n'est que le chaperon ou le rudiment du
bord inter-oibitaire. Les angles antérieurs du test sont très-aigus ; les
bords latéraux sont unis, légèrement rentrés en dedans, et se rappro-
chant l'un de l'autre en arrière pour former le bord postérieur, qui est
à peu près droit.
Tout le dessus de la carapace est d'un noir luisant, sans tubercules
ou inégalités autres que ceux qui sont forméspar les différentes régions,
lesquelles sont très-distinctes, surtout la stomacale et les branchiales.
Le dessous du corps du seul individu de cette espèce que nous ayons
pu examiner, était trop engagé dans une pierre argileuse assez dure, pour
qu'il nous fût possible d'en reconnaître les caractères.
Nous ignorons dans quels lieux ce fossile, qui appartient à la collec-
tion du Muséum d'histoire naturelle, a été trouvé, mais nousavonslieu
de croire qu'il ne provient pas du même gissement que 4es espèces de Go-
noplacesque nous avons décrites, si nous en jugeons du moins parla coi-
leur de la pierre qui l'enveloppe, et même par la sienne propre , beau-
coup plus foncée que celle de ces Gonoplaces.
14.
I08 CRUSTACÉS FOSSILES.
SEPTIÈME GENRE.
GÉC AUCUN ; Gecaranus, Leach., Latr. ; Cancer, Fabr.
Carapace plus large que longue, un peu bombée d'avant en arrière,
en cœur, largement tronquée postérieurement, et médiocrement dilatée
antérieurement, ayant le bord inter-orbitaire assez large, presque droit ou
peu sinueux ; yeux écartés, placés sur des pédoncules courts, et logés dans
des fossettes arrondies 5 pieds-màchoires extérieurs écartés l'un de l'au-
tre, ayant leur troisième article inséré au bord supérieur du second (i);
régions moyennes, c'est-à-dire la stomacale, la génitale, la cordiale et
l'hépatique postérieure fortementséparées des latérales, ou des hépatiques
antérieures et des branchiales, par des lignes plus enfoncées que celles qui
divisent ces diverses régions entre elles.
Pattes assez longues; pinces grosses, courtes, quelquefois inégales.
I. GÉCARCIN TROIS-ÉPINES.
(PI. 8,fig.io.)
GECARCINUS TRISPINOSUS.
(Long. 0,017. Larg. entre les yeux 0,0 1 1. Plus grande largeur 0,026.
Larg. du bord postérieur 0,01 5.) Ce fossile, assez commun dans les col-
lections, présente encore le même mode de conservation que les précé-
dens. Il est de la grosseur d'une châtaigne, dont il a presque la couleur;
sa forme est à peu près en cœur tronqué postérieurement ; sa plus
(i) Le caractère quefournit i'énartement des (jieds-mâchoires extérieurs est employé par M. La-
TREiLLE , pour séparer des Gécarcins , les Tlielphuscs, les Eripliies cl les Potamopliilcs. N'ayant
pu apercevoir ces parlies dans l'espèce fossile que nous décrivons ci-après, nous ne pouvons la rap-
porter à l'une de ces divisions plutôt qu'à l'autre , la (orme du corps étant d'ailleurs la même. La
longueur relative des diverses paires de pieds ne peut non plus nous servir d'indice , puisque ces
organes locomoteurs mauquent presque totalement. Nous avons préféré la désignation de Gécarcj,n
aux autres, parce que c'est la plus anciennement admise, et que, suivant l'intention de M. Leacu
qui l'a proposée , elle comprend toutes les espèces dont M. Latreille, se fondant sur de nouvelles
considérations , a composé les divers genres dont nous venons de rapporter les noms.
GECARCINS. 10
grande dimension est dans le sens transversal. Le bord antérieur de sa
carapace, dans les individus que nous avons examinés, est en trop mau-
vais état pour qu'il nous soit possible de le décrire; mais en général il
n'est point tranchant. On aperçoit de chaque côté une petite fossette
ronde, légèrement creuse, qui est, à n'en pas douter, le point où l'œil ,
qui devait avoir un court pédoncule, était logé dans le repos. La carapace
est arquée en voûte de devant en arrière, légèrement rugueuse, et
présente des lignes peu enfoncées qui dessinent ses différentes régions.
Celle de l'estomac est traversée longitudinalement par un prolongement
pointu de la région génitale ; celle-ci etla région du cœur, sont confondues
en une large bande saillante légèrement sinueuse sur ses bords, laquelle
seprolonge jusqu'au bord postérieur de la carapace, et partage ainsi le test
en d{ iix parties distinctes. Les régions hépatiques antérieures situées
près du bord antéro-latéral de la carapace sont dans ce crabe, légè-
rement renflées , très-séparées de la région de l'estomac par une ligne
enl'oncée; et l'on voit sur le même bord, dans les individus bien con-
servés, trois épines , dont la plus forte est l'intermédiaire. Ces épines ,
dans les échantillons frustes, sont remplacées par des cassures qui en
font très-bien reconnaître la place (i).Les régions branchiales sont assez
sinueuses. Le bord postérieur est assez droit et presque tronqué net.
Nous n'avons vu que des individus mâles, dont la queue était fort
étroite et allongée. Le sternum sur lequel elle se recourbait avait
un sillon très -étroit et assez profond pour la recevoir : il était formé
de cinq pièces , dont les trois antérieures plus grandes que les autres ,
la première surtout. Celle-ci était trapézoïdale et rebordée ; les deux sui-
vantes , en forme de parallélogrammes transverses et légèrement recour-
bées en avant, avaient à peu près une égale dimension.
Deux individus, l'un appartenant au cabinet de la Monnaie, l'autre
faisant partie de la collection de M. de Drée, avaient conservé l'une de
leurs pattes antérieures, laquelle était assez forte et renflée. Cette patte
avait ses deux premières pièces petites, arrondies , lisses, et ne présen-
tant rien de bien remarquable ; la troisième était aussi lisse, renflée , et
(i) Si la présence des épines sur cliaque Lord autéro-latéral de la carapace, était un caraclère g^-
nériqne , nous n'Iiésiterions pas à placer ce Cruslacé dans le genre Thelphusc de M. Latreili.e,
IIO CRUSTACÉS FOSSILES.
avait une arétc marquée de petits points élevés et placés à la suite les
uns des autres; la quatrième, presque cuboïde, avait ses faces antérieure
et postérieure légèrement granulées ; enfin la cinquième ( ou le gros de
la pince ) était surtout renflée et portait au côté extérieur des tubercules
très-distincts , plus gros et plus nombreux vers le point d'attache de cette
pièce qu'ailleurs , et dont plusieurs, des plus remarquables, paraissaient
disposés sur trois lignes longitudinales. Dans l'individu du cabinet de
la Monnaie , on remarquait sur cette pince une épine à la partie anté-
rieure de l'articulation qui l'unissait avec la précédente : les doigts étaient
dans tous les deux trop mal conservés pour être décrits.
SECTION QUATRIÈME.
LES ORBICULAIRES.
Test orblculaire ou elliptique et ne se rétrécissant pas par degrés en avant ;
pieds de la dernière paire terminés en pointe.
HUITIÈME GENRE.
ATÉLÉCYCLE; Alelecydus, Leach; Ca«cer, Oliv.
Carapace bombée, tuberculeuse, presque circulaire ; à bords tran-
clians et dentelés antérieurement et latéralement, se rapprochant l'un de
l'autre en arrière , de manière à se joindre; boid inter-orbitaire dentelé;
yeux assez écartés , leur orbite ayant deux fissures à leur bord supérieur
et une seule à l'inférieure. Régions bien distinctes; la stomacale grande,
bombée; les hépatiques antérieures très-petites et un peu reculées; la
cordiale très-saillante; les branchiales presque circulaires et bombées.
Queue des mâles et des femelles composée de cinq articles.
Pattes âs&Gz longues:, pinces égales, comprimées.
I. ATELECYCLE RUGUEUX.
(Pl.9,fig. 9.)
ATELECYCLVS RVGOSUS.
(Long. 0,014. Larg. 0,020.) Sa carapace est bombée, tuberculeuse ,
presque circulaire, à bords saillans, tranchans et découpés, et se réu-
nissant postérieurement, ce qui est l'un des principaux caractères du
genre Atélécjcle. Les yeux sont assez distans rundel'antre, et ils sont
séparés par un bord inter-orbitaire assez avancé. Le bordantéro-latéral
présente de chaque côté quatre découpures principales, dont la pre-
mière est presque tridentée, la seconde bidentée , et les deux dernières
entières. Le bord latéro-postérieur est muni de cinq dents peu aiguës ;
enfin , tout-à-fait en arrière, le cercle est complété par trois lobes , peu
marqués. La région stomacale est divisée en trois parties distinctes ;
une antérieure remplit l'avance entre les yeux, et deux latérales sont
IIJ CRUSTACÉS FOSSILES.
situées derrière ces mêmes yeux ; vm quatrième lobe placé en arrière du
premier, et représentant la région génitale, est allongé , caréné,
avec un tubercule au milieu. La région du cœur est fort irrégulière , et
celles des branchies tout-à-faitlatérales, sont très -développées, déforme
circulaire, bombées, et présentent cinq tubercules, dont quatre sont
situés vers le bord extérieur, et le cinquième , un peu plus fort, est placé
du côté interne.
Ce Crustacé fossile, de nature calcaire, a été trouvé au Boutonnet,
carrière située dans un des faubourgs de Montpellier, dans un terrain
analogue au calcaire grossier.
Il fait partie de la collection de M. le marquis de Drée.
NEUVIÈME GENRE.
LEUCOSIE5 Leucosia,F\Bii., La.tr., Leach.
Carapace ronde , bombée, comme globuleuse, acuminée en avant,
et offrant dans un court rétrécissement de cette partie antérieure, deux
petites fossettes très-rapprocliées l'une de l'autre, logeant de petits yeux
à pédicules courts; pieds-mâchoires extérieurs pointus, formant en-
semble un grand triangle dont la pointe la plus aiguë est en avant.
Régions souvent très-peu distinctes, mais quelquefois nettement indi-
quées par des lignes très-enfoncées (^ij.
P«Zfej fort longues, surtout les pinces qui sont égales et très-minces.
Queue des mâles composée de cinq pièces très-étroites , ayant l'an-
tépénultième la plus longue et fort large à sa base. Queue des femelles
de quatre pièces très-larges, le dernier article en étant fort petit; mais
le pénultième extraordinairement grand et bombé, de façon à former
avec la cavité steruale une sorte de boite très-spacieuse , lorsqu'elle est
appliquée contre le corps.
(i) Parmi les espèces vivantes de ce genre , il en est une Irès-remarquablc par l'extrême pro-
longement de ses régions branchiales sur les côtés , ce qui lui a valu le nom de Leucosia
cylindrica.
LEUCOSIES. Il3
I. LEUCOSIE CRANE.
(PI. IX, fig 10 et- II.)
LEUCOSIA CRANIUM.
Carapace lisse , à peu près orblciilaire, légèrement déprimée , ayani
so!) prolongement antérieur peu saillant; région cordiale seule dis-
tincte; bord postérieur étant indiqué par une ligne assez saillante.
(Long. 0,020. Larg. o,oiio.) Cette Leucosie est la i)lus grande de celles
que nous ayons observées ; sa taille , ses proportions et ses formes géné-
rales la rapprochent particulièrement de la Leucosie graveleuse de
Fabricïus; mais elle en diffère notamment en ce que sa carapace n'est pas
comme la sienne, couverte de rugosités. Celte carapace, au contraire ,
est finement ponctuée ou a peu près lisse, et présente seulement une lé-
gère dépression en devant, vers le point où les deux bords latéraux se rap-
prochent pour former un rostre bien court. Celui-ci est percé de deux
petites loges ou fossettes dans lesquelles ont dû être situés les yeuX;, et qui
sontà peine éloignées d'un millimètre l'une de l'autre. Postérieurement
on remarque deux lignes enfoncées longitudinales, entre lesquelles saille
légèrement la région du cœur, qui est seule apparente dans cette espèce.
Les bords latéraux sont carénés, et le test est fortement creusé en dessous
dans les femelles, parce que les pièces latéro-sternales sont très-saillantes,
et forment un bourrelet à peu près circulaire, légèrement échancré en
avant, pour loger la dernièie pièce de la queue lorsqu'elle est repliée, et
interrompu en arrière pour l'articulation de la base de cette même
queue. Le bord postérieur de la carapace proprement dite jirésente
aussi une échancrure arrondie.
Le test de cette Leucosie est d'un brun clair , il est encroûté tantôt
d'un sable siliceux à gros grains , et mêlé de débris de coquilles qui.ont
encore un peu de leur éclat nacré, tantôt d'une sorte de marne jaunâtre et
tendre. Le mode de conservation de ce fossile est le même que celui
que présentent les espèces qui viennent des Indes orientales.
i5
Il4 CRUSTACÉS FOSSILES.
2. LEUCOSIE SUBRHOMBOÏDALE.
(PI. IX, f.g. 12.)
LEUCOSIA SUBRHOMBOIDALIS.
Carapace lisse, luisante, irès-bonibée, presque rhomboidale , assez
prolongée en avant; fossettes des yeux placées sur le prolongement, et
séparées l'une de l'autre par une mince cloison; aucune des régions de
la carapace distincte.
(Long. 0,019. Larg. 0,018.) Le test de cette petite espèce est d'un brun
noir luisant; sa carapace présente antérieurement de chaque côté une
impression qui en relève le milieu pour former le petit prolongement
qu'on remarque en celte partie. De ce prolongement le bord se porte de
chaque côté, jusque vers le milieu de la carapace, où se trouve un pli
très-sensible, et qui n'est visible que latéralement ou eu dessous; ensuite
ce même bord se porte en arrière, jusqu'au point où s'articule la queue
sur une sorte de bourrelet transversal, assez épais, de huit millimètres
de largeur, et qui est le bord postérieur de la carapace.
On ne peut distinguer aucune région, pas même celle du cœur. Deux
très-légères saillies qu'on remarque en arrière du rostre , l'une à droite
et l'autre à gauche , pourraient cependant correspondre aux deux lobes
antérieurs de la région st niacale.
Le seul individu de cette espèce que nous aj^ons examiné , fait partie
delà collection de M. Brongniart; ses parties inférieures manquent
complètement.
Cette Leucosie se rapproche singulièrement de la Leucosie cranio-
Laire de Fabricius; mais elle a le rostre un peu plus court, et le corps,
au contraire, généralement plus allongé.
3. LEUCOSIE DE PRÉVOST.
*
(PI. IX, % ^%)
LEUCOSIA PREVOSTIANA.
Carapace orbiculaire, plus large que longue, très-granuleuse, avec
des lignes profondes qui séparent nettement toutes ses régions.
LEUCOSIES. 11^
Long. o,oi I. Larg. 0,0 1 5. ) Nous avons trouve plusieurs fois cette
jolie espèce de Crustacé fossile, conjointement avec M. Constant Prévost,
à qui nous la dédions, dans une marne calcaire jaunâtre, de la troisième
masse gypseuse de Montmartre, au milieu de beaucoup d'autres fossiles
marins, identiques avec ceux de Grignon; de sorte qu'on doit la re-
garder comme ayant vécu à l'époque où se déposaient les couches de la
pierre à bâtir dont on fait usage à Paris (i). Le test a disparu, ce qui est
commun à tous les fossiles de la couche de marne dans laquelle elle se
rencontre; mais son moule extérieur est parfaitement net, et sa conser-
vation si parfaite, qu'on peut considérer ce moule comme étant le test
lui-même de l'espèce que nous décrivons.
La carapace est orbiculaire, et partout granuleuse, avec des lignes
profondes qui séparent les différentes régions; cette forme nous a prin-
cipalement engagés à placer ce Crabe parmi les Leucosies; mais nous de-
vons avouer que les principaux caractères, tels que ceux qu'offrent le
rostre et la disposition des yeux, manquent ici pour le rapporter à ce
genre avec certitude.
La division très-prononcée des régions, par des sillons profonds, rap-
proche aussi ce Crustacé de ceux qui composent le genre mjctiris de
M. La.treille.
Toutefois il paraît bien certain qu'il appartient à une espèce qui n'a
pas encore été décrite. La région de l'estomac, confondue avec celle
qui recouvrait les organes préparateurs de la génération , est très-
grande ; ses contours dessinent à peu près un rhombe dont les angles
sont arrondis, et l'on y remarque trois tubercules principaux, placés vers
les deux angles latéraux et vers l'angle postérieur. Deux autres régions ,
situées en avant et de chaque côté, sont les hépatiques antérieures,
presque confondues avec les régions des branchies. Celles-ci ont
deux tubercules assez voisins l'un de l'autre. La région du cœur est
distincte, tout-à-fait postérieure, et présente une saillie irès-marquée
dans son milieu.
Lespattes n'existaient plus dans les individus que nous avons observés.
(i) Nous avons décrit ce gissement avec détail dans un Mémoire inséré dans le Journal des
mines , année 1809 , tome 25 , page 2i5 et suivantes.
i5.
SECTION CINQUIÈME.
LES TRIANGULAIRES.
Test rhombdidal ou oi>oïde , toujours rétréci en mant et renfle en ariière ;
pattes de la dernière paire teiminées en pointe.
DIXIÈME GENRE.
INACHUS; Inachus, Fabr., Lkach. , Latr.
Carapace^ plus longue que large, arrondie et dilatée en arrière,
rétrécie en avant, ayant l'espace inter-orbitaire plus ou moins prolongé
en forme de rostre, et ses bords latéro-antérieurs, ainsi que sa surface,
le plus souvent hérissés de pointes ou de tubercules. Régions ordinai-
rement très-distinctes et gibbeuses : la stomacale et les hépatiques
antérieures situées dans la partie rétrécie du corps; les branchiales,
en formant la partie élargie, souvent placées très en arrière et se rap-
prochant l'une de l'autre postérieurement; région cordiale très-
saillante ; la génitale petite et transversale.
Queue composée de six pièces dans les deux sexes.
Pattes généralement grandes, quelquefois très-grêles et démesuré-
ment allongées, ainsi que le rostre.
I. INACnUS DE LAMARCK.
(PI. IX, fig. i4 et i5.)
INACHUS LAMARCKIJ.
( Long. 0,027. Larg. en arrière, o,025. ) Nous avons eu à notre dis-
position deux individus de cette espèce; l'un nous a été communiqué
par M. Sage, membre de l'Institut, et l'autre par M. Fleuriau de
Bellevue. Ce dernier fait partie du cabinet d'histoire naturelle de la
Tlochelle.
Ce Cruslacé est d'un noir lustré, et présente de nombreuses aspé-
iNACHUS. 117
rites, comme toutes les espèces congénères. Sa l'orme générale est ovale
et très-renflée postérieurement. La région stomacale est très-grande ,
elli|)tiqne, et porte quatre tubercules assez saillans, deux de chaque
côté , un en avant et un second en arrière et en dehors de celui-ci. La
région génitale, presque réunie avec la stomacale, forme une pointe
en avant , dont les contours sont parallèles à ceux du rostre, et eu
ariière, on y voit deux gros tubercules assez rapprochés l'un de l'autre.
La séparation de cette région et de la cordiale est bien marquée, et
dans l'enfoncement qui en fait la limite, il y a vm pli saillant, trans-
versal et rugueux. La partie antérieure de cette même région présente
un sillon longitudinal qui se prolonge jusque près de l'extrémité d'un
rostre triangulaire, à bords unis et à pointe assez mousse. Les régions
hépatiques antérieures, peu saillantes, offrent chacune un gros tuber-
cule, et sont bordées par trois épines, dont l'antérieure forme le bord
extérieur de l'orbite, et dont les deux suivantes sont aplaties et di-
rigées latéralement. Les yeux sont fort écartés pour une espèce de ce
genre ; le bord intérieur de leur orbite se prolonge en avant, sans den-
telure ni tubercule, pour former celui du rostre.
La région cordiale , la plus relevée de toutes est fort apparente ,
et forme comme un gros tubercule au milieu et en arrière de la ca-
rapace. Les deux régions branchiales, tout-à-fait postérieures, et
se touchant en arrière , sont séparées des premières régions par
une ligne enfoncée transverse, qui fait suite à celle qui distingue la
région génitale de la cordiale. Chacune d'elles offre dans son milieu
une ligne transverse très-saillante et très-rugueuse , qui la sépare en
deux parties, dont l'antérieure très - inégale a deux tubercules , un
petit en avant, et un plus gros en arrière, sur le bord interne, et
I une épine assez forte au bord externe ; la partie postérieure de ces
régions branchiales est bombée et fortement chagrinée, et il y a, un
peu au delà de la ligne saillante transverse , sur son bord externe, une
épine aplatie très-forte. En arrière ces deux régions sont confondues. Le
bord postérieur de la carapace a un sinus assez fortement prononcé
dans son milieu , pour l'articulation de la queue.
Toutes les autres parties de ce Crustacé sont tellement enveloppées
dans la pierre , qu'on ne saurait les distinguer, ni les décrire. Ce que
l'on aperçoit de mieux caractérisé dans les deux échantillons qui nous
Il8 CRUSTACÉS FOSSILES.
ont servi , c'est la grande pièce de la pince , qui paraît lisse , renflée ,
d'un assez gros volume , et qui porte un petit tubercule sur son bord
supérieur.
Nous ignorons de quels lieux provient ce Crustacé ; mais sa couleur
foncée et luisante pourrait porter à penser qu'il se trouve dans le gisse-
ment de l'ile Shepey.
SECTION SIXIEME.
LES NOTOPODES.
Test renjle en arrière , toujours tronque' en avant ; les deux pieds postérieurs ^
ou même les quatre , terminés en crochet^ attachés en arrière de lu carapace
et dirigés en dessus ; enfoncement stemal situé en arrière et non en dessous.
ONZIÈME GENRE.
DORIPPE; JDorippc, Fabr. , Latr. , Léach.
Carapace plus étroite en avant qu'en arrière , tronquée carrément
et dentelée dans cette partie , ayant ses régions distinctes, les orbites
des yeux situées vers les angles de la troncature antérieure et le bord
postérieur très-large et sinueux. Région stomacale médiocre, bordée
de chaque côté par les hépatiques antérieures qui sont très-développées
comparativement à celles des autres Crustacés ; la génitale moyenne,
terminée en pointe en avant, et bien séparée en arrière de la cordiale;
celle-ci très-distincte , arrondie et touchant le bord postérieur de la
carapace; régions branchiales déprimées , bordant toute la partie pos-
térieure renflée du test , et plus ou moins rugueuses ; ouverture buc-
cale terminée en pointe; pièces slernales des secondes, troisièmes et
quatrièmes paires de pattes en forme de trapèze, dont la partie la
plus large est extérieure; pièces latéro-sternales très-petites; enfonce-
ment on sillon du sternum , ne commençant qu'à la seconde paire
de pattes, et ouvert postérieurement.
Queue formée de sept pièces dans les femelles.
Pattes très-longues ; les quatre dernières relevées sur le dos , et
terminées par des crochets simples.
I. DORIPPE DE RISSO
(lM.X,fig. i,2el3.)
DORIPPE RISSOANA.
( Long. o,o3o. Larg. de la troncature antérieure 0,017. P'"^ grande
larg. du test en arrière 0,082.) Nous avons vu cette belle espèce dans le
120 CRUSTACÉS FOSSILliS.
cabinetdc M.DEFRANCE,etnousla rapportons, sans hésiter, augenre Do-
rippe de rABRicius.Ellea,commelesCriistacésplacésdansce genre,letest
ovale tronqué et plus étroit en avant. Son front était probablement ter-
miné parunepointc dont on voit encore le commencement, et sans doute
aussi il existait une forte épine au côté extérieur des yeux, qui sont mé-
diocrement écartés l'un de l'autre, et une autre également forte, en
dessous et en dedans de ces mêmes yeux. La région stomacale est irré-
gulière, médiocre , peu saillante; la génitale, plus distincte, est irré-
gulière etmarquéede cinq petits tubercules. Deux plis obliques et relevés
séparent antérieurement les régions branchiales, qui sontgrandes, bom-
bées et ont chacune trois tubercules assez saillans et disposés sur une
ligne oblique de dedans en dehors. La région du cœur est très-distincte,
ovale et plus étroite en avant; son milieu est partagé par une ligne
saillante longitudinale , à droite et à gauche de laquelle est un petit
tubercule , et elle-même en offre un à peu de distance du bord pos-
térieur du test; antérieurement , entre cette région et la génitale, se
trouve un espace relevé qui supporte un petit tubercule en arrière. Le
contour latéral de la carapace est dentelé : le postérieur présente trois
sinus, dont celui du milieu est le moins profond, et il est rebordé. Les
trois premiers anneaux de la queue sont conservés; le plus rapproché
du corps est presque carré et sans tubercules ; les deux autres sont
plus larges et en présentent chacun trois , rangés sur une ligne trans-
versale.
Le test, vu en dessous, est fort compliqué, et nous n'entreprendrons
pas de le décrire ; nous dirons seulement que l'ouverture buccale est
presque en ogive, que la première pièce du sternum est fort grande ,
qu'elle forme un angle antérieur très-marqué , et que celles qui suivent
sont couvertes de rugosités.
Il y a l>ien quelques rapports entre ce Crustacé et le Dorippe Fac-
chino de MM. Latreille et Risso, qui vit dans les mers d'Italie ^ et qui
est figuré par Plancus ( De conchœ minus nous, tab. 5, fig. i . ) ; mais
il y en a bien plus encore avec le crabe figuré par Herbst, pi. ii,
fig. 70, sous le nom de Dorippe Frascone^ et surtout avec une espèce
de ce genre rappoitée de la Nouvelle-Hollande par Péron, et nommée
Dorippe nodosa.
Nous sommes d'autant |)lus portés à le considérer comme étant au
RANINES. 121
moins très-voisin de ce dernier, que nous avons cru remarquer que
l'échantillon que nous avons décrit pourrait bien n'être véritablement
pas fossile. En effet, quoique brun et luisant comme les crabes fossiles
qui nous viennent des Indes-Orientales, il est bien plus léger, plus
friable , et n'est pas aussi empâté d'argile que ces derniers.
DOUZIEME GENRE.
RANINE; ifam«a, Latr. Albunea , Fabk.
Carapace oblougue, large en avant, et tronquée ou obtuse, ayant
ses bords latéraux, sans dentelures ou épines, et le postérieur assez
étroit , transversal et droit ; cavité buccale rétrécie et an^ondie à son
extrémité; articles de la base des pieds-mâchoires étroits et allongés,
l'externe terminé en pointe.
Queue étendue, en triangle allongé, formée de sept articles.
Pieds propres à la natation , terminés par une lame ovoïde pointue
et un peu arquée à son extrémité ; ceux de la dernière paire insérés
sur le dos \ pinces comprimées en forme de triangle dentelé.
I. RANINE D'ALDPiOVANDE.
(Pl.X, % 5, Gel 7. PI. XI,%, I.)
RANINA ALDROVANDI.
Sepites saxum os Sepiœ iniitans effosum in agro Bononîensi. Aldrov. , Mus.
metall. , pag. 4^1 •
Spada. Corporum lapidefactorum agri Veronensis catalogus, tab. 8,
fig. I ; edit. 2, Veron. , 1744-
Bemipes sii/ca/iis ; J)i.&m. , ^ou\. dict.dliist.na1., édit. 2, 1817. tom. 8,
pag. 5 12, art. Crusiacés fossiles.
Ranina AldrovanJi. Ranzani, Mem. di storia naturale. Deçà prima., pag. 78 ,
tav. 5, Bolonia, 1820.
(Plus grande largeur dé la carapace o,o44' Longueur de cette même
carapace au moins 0,046, les parties antéi'ieures et postérieures n'exis-
ant pas dans l'individu mesuré. ) On trouve dans beaucoup de coUec-
16
t23 CRUSTACES FOSSILES.
lions j des fragmens de pierre calcaire jaunâtre à grains grossiers, et que-
l'on dît venir de Vérone et de Bologne , sur lesquels on remarque des
plaques assez larges ou des tVagmens de tests bombés ou arqués et tra-
versés de nombreuses stries crénelées dans le même sens. Ces fossiles
sont généralement regardés comme des Palais de poissons pétrifiés, et
il est assez difficile en effet de les rapporter à autre chose dans leur état
ordinaire de conservation. Le hasard nous a servis au mieux pour faire
connaître la vraie nature de ces prétendus palais de poissons. Nous avons
trouvé chez M. de France, un fragment qui ne nous a laissé aucun
doute à ce sujet; c'était la partie antérieure d'un test avec son rebord
inférieur, et des fragmens de pieds-mâchoires assez longs, mais peu lar-
ges, qui ne pouvaient appartenir qu'à un Crustacé. Voy. pi. X, fig. 5, 6, 7.
Partant de cette donnée, nous parcourûmes ensuite la série des ani-
maux de cette classe , et nous ne trouvâmes que les deux seuls genres
Hippe et Remipède dont le corselet ait quelque analogie, dans sa forme
générale ou dans les stries trànsverses qui le traversent , avec le corps
pétrifié. Les Hippes ont des sillons transversaux assez marqués; mais
leur carapace n'est pas évasée en devant comme celle du fossile ; tandis
que dans les Remipèdes la partie la plus large du test est environ vers
le tiers de sa longueur, ce qui montre plus de ressemblance avec ce der-
nier. Outre cela, le fossile et le Remipède ont les côtés du test rebordés,
ce qui n'existe point dans les Hippes; enfin, dans ceux-ci les pieds-
mâchoires ont une largeur considérable qu'on ne remarque point dans
les pieds-mâchoires des premiers. Les Remipèdes , il est vrai , n'ont
pas les sillons transversaux delà carapace très-distincts, tandis qu'ils
sont fortement marqués dans le fossile, qui a aussi de beaucoup plus
grandes dimensions ; mais ces différences ne nous paraissaient être
que du plus au moins, et nous pensions qu'elles pouvaient caractériser
seulement des espèces.
Nous nous déterminâmes conséquemmeut à placer ce fossile dans le
genre des Remipèdes, seulement sous la considération que c'était à lui
qu'il convenait le plus de le rapporter, et nous déclarâmes que l'on ne
pourrait toutefois le faire définitivement que lorsqu'on aurait des
pièces plus complètes que celles que nous avions eues à notre disposi-
tion , et surtout des restes qui présenteraient des fragmens de la queue
ou des pieds.
R AN INES. 12,3
M. le professeur Ranzajvi a été plus heureux que nous. Il a trouvé dans
le cabinet d'histoire naturelle de l'université de Bologne , fondé par Al-
DROVANUE , un de ces fossiles bien plus complet que ceux que nous avions
pu examiner , et le même que ce célèbre naturaliste avait décrit et tiguré
dans son 3Iuséuni métallique , publié après sa mort par Bartolomeo
Ambrosini. Cette pièce présentait le dessus de la carapace presque en-
tier, et une grande partie du dessous. Comparée par M. Ra?<zani avec la
figure delà Ranine dentée de M. Latreille, publiée par Eumvhius {Am-
boinsche Rariteit Kamer, tab. vu, fig. t et v ), il a remarqué entre elles
des ressemblances si nombreuses qu'il n'a pas hésité à les rapporter si-
non à la même espèce , du moins au même genre ; et nous nous plaisons
à reconnaître la justesse de ce rapprochement.
Nous terminerons cet article par un extrait de la note que M. RanzanicI
insérée dans son recueil de Mémoires d'histoire naturelle, publié en 1820,
en y joignant une copie exacte de la figure qu'il donne de la face infé-
rieure de la ranine d'Aldrovande, seulement réduite d'un quart. Voyez
pi. XI, fig. I.
« Parmi les caractères du genre Ranine àe M. Latreille, dit M. R an-
ZAKi, on remarque la forme delà carapace généi'alement oblongue et
tronquéeà son bord antérieur; celle des pieds-mâchoires externes qui ont
leur division intérieure longue et étroite; celle des pieds qui suivent les
pinces ou les bras, et dont deux paires sont situées au-dessus des autres ;
et celle de la queue, qui est courte et constamment étendue comme
celle des Cinislacés macroures de M. Latreille, ou des Exochnata de
Fabricius. Maintenant si l'on examine comparativement la carapace de
notre Crustacé (pi. X, fig. 5, 6 et 7, et pi. XI, fig. i),on reconnaît qu'elle
est oblongue et tronquée transversalement en avant, comme celle des
espèces vivantes du genre Ranine^ et que la division interne des pieds-
mâchoires (pi. XI , fig. I c ) a la même étroitesse que celle de ces ani-
maux. Quoique les pieds manquent dans ce fossile, il y a cependant des
motifs de croire qu'ils étaient situés à peu près comme dans les Ranines,
puisque leur seconde paire est articulée avec le tronc, fort en arrière
(pi. XI, fig. I, ^), et que l'espace qui reste pour l'articulation des der-
niers est trop petit pour que ceux-ci n'aient pas été superposés les uns
sur les autres. «
Pour ce qui concerne la queue, un petit fragment qui reste à la suite
16.
124 CRUSTACES FOSSILES.
delà partie supérieure de la carapace suffit pour prouver qu'elle n'était
])as très-étroite à sa base; d'ailleurs il semble que le rapprochement et
la superposition déjà indiqués des pieds, et la brièveté de la queue,
donnent des caractères subordonnés l'un à l'autre; car si la queue eût été
longue, les pieds auraientdû être écartés les uns des autres afin de conser-
ver au corps l'équilibre nécessaire pour la marche et la natation : or, les
pieds du fossile d'Aldrovande ayant dû se trouver attachés au corps dans
un espace très-étroit, comme ceux des Ranines vivantes, on peut en con-
clure que la queue de ce fossile devait être aussi proportionnelle à celle
des Ranines. En outre, on peut croire que cette queue, au lieu de se
tenir habituellement infléchie , comme celle des Crustacés brachyures,
était constamment droite comme celle des macroures , puisque les pieds
de la seconde paire (fig. i, *) et même ceux de la paire suivante, sont
entre eux et à leur base rapprochés de façon que si la queue se repliait
en dessous, elle ne trouverait pasde place pourseloger entre eux, comme
cela existe dans les Crustacés brachyures.
L'espace qui reste de chaque côté despieds-iuâchoires externes (tig. i,
'^, ^) montre clairement que les bras de notre Crustacé étaient non-seu-
lement aussi longs, mais aussi larges que ceux des Ranines vivantes.
Enfin la lame sternale (fig. i, '^ ) et les pièces plus petites qui s'y joi-
gnent latéralement, et en arrière dans sa partie retrécie, sont à très-peu
i)rès conformées comme les pièces correspondantes dans les Ranines.
M. Ranzani propose pour nom spécifique de cette espèce, celui de
Ranina Aldrovandi , que nous adoptons et que nous substituons
à celui de Remipes sulcatus que nous lui avions d'abord assigné.
Le test de cette espèce fossile n'offrant pas d'épines en avant de la ca-
rapace, comme celui des deux seules Ranines vivantes connues, les Ra-
nina dentata et dorsipes , on ne peut la confondre avec elles. M. 1{an-
zANien donne la définition suivante: Ranina Jldrovandi ^ R. testa
ovato-ohlonga , punctis promiîientibus in arcus dispositis ornata ;
pedipalpis exterioribus , ac lamina sternali pimctata , punctis pro-
niinentihus , sparsis.
A cette occasion, nous ferons remarquer que la figure que M. Ran-
zani donne de son crustacé, diffère un peu de ce qui existe surlcs pièces
que nous avons examinées, dans la disposition des lignes iransverscs, sail-
lantes et granuleuses du dessus delà carapaccDans le fossile du Muséum
RANINES. 125
de Bologne, ces lignes représentent de petits arcs dont la convexité est
tournée vers la partie postérieure du test, et ces arcs s'entrecoupent les
uns les autres , comme le font les contours des écailles d'un poisson. Dans
les nôtres , la plupart des lignes saillantes traversent d'un bord à l'autre
et sont irrégulièrement sinueuses.
Il ne serait pas impossible que ces différences dussent faire distinguer
deux espèces voisines l'une de l'autre, dans le genre Ranine.
Ici se termine la série des Crustacés décapodes brachyures dont nous
avons pu constater l'existence et détailler les principaux caractères. lien
est encore beaucoup, sans doute, qui ne nous sont pas connus on qui
^sont indéterminables , bien cependant qu'on puisse les rapporter à
l'ordre de Crustacés où ils doivent prendre place. Parmi ces derniers,
nous citerons seulement, i° les grands Crabes enfouis dans les feuillets
du calcaire marneux de Monte-Bolca, dont la carapace n'est jamais bien
conservée. Ils ont la taille du Cancer Mœnas , et la coupe de leur corps
les en rapproche beaucoup, ainsi que la forme et la disposition de leurs
membres. La collection du Muséum d'histoire naturelle en possède, un
dont les pattes sont surtout bien conservées. 2° Un Po7'/7<7?e en très-
mauvais état, de la collection deM.oEDRÉE, et indiqué comme venant
des environs de Bordeaux. 3" Un Inachns, de la marne jaunâtre de Mont-
martre, oii se trouve la Leucosie de Prévost. 4" Un Crabe j trouvé dans
des argiles verdâtres et sablonneuses des environs de Béziers^ et qui fait
partie de la collection du Muséum d'histoire naturelle de Paris. 5° Un
Crabe venant sans doute des Indes orientales, si l'on en juge par son
mode de conservation, et qui est un peu plus petit que le Cancer Mœnas^
avec la carapace ponctuée et garnie sur chaque bordantéro-latéral de huit
ou neuf dentelures. 6° et 7° Deux Crabes de l'Amérique septentrionale,
dont M. Lesueur nous a envoyé des croquis.
M. Ma>tell a trouvé dans la craie d'Angleterre les débris de cinq
espèces de Crustacés brachyures qui nous sont inconnues, mais dont
l'une, par la forme ellipsoïdade de son test, et par les dentelures de ses
bords latéraux-antérieurs, semble se rapporter au genre Cojystes plutôt
qu'à tout autre.
126 CRUSTACES FOSSILES.
En général , les Crustacés brachyures fossiles observés jusqu'à ce jour,
Anennent , pour l'Asie , des côtes du Malabar , de Tranquebar , de Coro-
mandel, de Chine et du Japon, de Java, des Philippines, etc. Pour l'Eu-
rope, outre les lieux cités plus haut, des schistes du canton de Claris en
Suisse, et principalement du Legerberg et du Schnekenberg, de quelques
points de la Franconie , du pays d'Hanovre , etc.
Des pinces ont été trouvées par Lamanon , dans les carrières d'Aix
en Provence , et M. Audouin nous a remis quelques portions de test
indéterminables qu'il a recueillies dans les couches inférieures à la craie ,
au cap la Héve près du Havre.
Nous regarderons comme de véritables fossiles le Cancer spini-
frons, le Maia Squinado , ainsi que le Pagurus Bernhardus , etc. ,
trouvés par M. Risso avec des coquilles qui vivent à présent dans la Mé-
diterranée et qui ont conservé leurs couleurs, dans une couche de sable
delà presqu'île de Saint-Hospice , près de Nice. Néanmoins, n'ayant
pu les comparer nous-mêmes aux espèces analogues, nous nous abs-
tiendrons d'en faire ici mention.
SECONDE FAMILLE.
DÉCAPODES MACROURES.
Carapace; plus longue que large , le plus souvent cjlindroide ,
queue très-grande , étendue , terminée par des appendices na-
tatoires.
PREMIER GENRE.
PAGURE ; Pngunis, Fabr. , Latr., Leach.
Corps et Queue très-mous, ne paraissant pas susceptibles de pétrifi-
cation. Carapace présentant des régions très-distinctes dans les espèces
vivantes.
Pieds de la première paire terminés en pinces; de grandeur inégale
(le plus gros étant ordinairement le droit); ces pieds se présentant à
l'ouverture d'une coquille où l'animal se loge.
I. PAGURE DE FAUJAS.
( PI. XI , fig. 2. ) :
PAGLRVS FAUJASII.
Bernard l'hermite. Faxjjas , Hist. tle la montagne de Saint-Pierre de Maës-
tricht , page 179, pi. 32, fig. 5 et 6.
M. Faujas, dans l'ouvrage que nous citons, a décrit et figuré des
pinces de Crustacés, qu'il a trouvées fréquemment dans la montagne de
Saint-Pierre et dans les collines du voisinage qui sont formées de la même
pierre. Ces pinces, dont l'enveloppe est blanche et calcaire, sont toujours
par paires, .sans trace de corps ou d'autres parties; aussi M. FaujasIcs a-t-il
regardées comme étant celles d'un Pagure ou d'un Bernard-l'ïier-
mite, et ce rapprochement est d'autant plus vraisemblable que la courbure
de ces pinces, leur grosseur relative, leur direction, sont en tout sembla-
bles à ce qu'un observe dans les Pagures vivans. L'espèce à laquelle elles
ont appartenu est, selon M. Latreille, très-voisine de la plus commune
(le Pagurus Bernhardus);ciiY ic'\, comme dans l'autre, c'est le bras droit
1^^ CRliSTAClîS FOSSILES.
qui est le plus fort; la main a la même foniie dans les deux; la principale
différence qui existe, consiste simplement dans un plus grand nombre
d'asiiéiités et dans un allongement des doigts un peu plus grand chez le
fossile, que dans le Pagurus Bernhaidm.
La pince du fossile est assez renflée et légèrement comprimée, et ses
deux bords, supérieur et inférieur, sont marqués d'une ligne saillante
granuleuse qui s'étend dans toute leur longueur; les deux doigts sont à
peu près de même force et de même forme, c'est-à-dire, longs et un
peu arqués l'un vers l'autre ; leurs bords internes sont aussi garnil^de
lignes saillantes granuleuses. La pièce qui précède la pince , ou le carpe,
a son bord antérieur dessiné par une ligue saillante granuleuse, et les
angles de ce même bord sont aussi pourvus d'une ligne transversale peu
étendue, dentelée. La pièce qui se trouve avant celle-ci, ou la seconde de
la patte, est granuleuse, et la première^ ou la plus petite de toutes, est lisse.
Le terrain où l'on trouve ces pinces, est une craie grossière sablonneuse
qui renferme des coquilles fossiles des genres Baculite , Ammonite, Pec-
ten, Térébratule, etc., des ossemens nombreux de tortues marines,
et ceux d'une très-grande espèce de reptile saurien rapportée d'abord
aux Crocodiles, mais que M. Guvier regarde comme appartenant au
genre des Monitors.
DEUXIÈME GENRE.
ÉRYON; Eryon, ÎSoB.
Carapace plane, large, ovale^ fortement découpée sur ses bords
antérieurs, droite sur ses bords latéx-aux ; antennes mitoyennes très-
courtes, bifides, multiarticulées, avec leur division interne à peu près
égale à l'externe ; antennes extérieures courtes, ayant leur pédoncule al-
longé et recouvert par une écaille assez large ovoïde et fortement échan-
crée du côté intérieur ; ouverture buccale allongée et assez étroite.
Queue assez courte, terminée par cinq écailles natatoires, dont les
deux latérales sont assez larges et un peu arrondies au côté interne,
et dont les trois moyennes sont triangulaires.
Pieds de la première paire à peu près aussi longs que le corps, grêles
ERYONS. t29
et terminés en pinces, à doigts minces et peu arqués ; les suivans plus
petits, et étant (au moins ceux des deux premières paires) également
terminés par une pince.
I. ERYON DE CUVIER.
(PI. x,ng. 4.)
ERYON CVFIERI.
Locusfa marina seii carabus. Baier , Oryctographia norica , suppi; pag. i3 ,
tab. 8 , fig. I et 2.
Aslacus Jluvialllis lapideits in tabula Pappenheimensi , cujus chelœ rufo colore
tinctœ. RiCHTER, Muteum Richtcrianum, tab. i3, M n" 82.
Brachyiirus thorace laieribus inciso. Wa],cu et Knorr, Rec. desmonum. des
calast. du globe, tom. i , pag. i36et iSy, pi. \l^i , i4iA, i4iB, i5, 2, 4.
Cancer arcticus. Schlotheiîm .
Ce Crustacé a été souvent trouvé dans la pierre calcaire fissile de
Pappenheim, de Solnhofen et d'Aichstedt, dans le margraviat d'Ans-
pach. L'individu que nous figurons entier appartenait à M. Faujas.
Les caractères les plus frappans de ce fossile remarquable sont tirés
de son test très-large, déprimé, chagriné en dessus^ finement dentelé
sur ses bords latéraux, qui sont droits, et qui présentent en avant deux
échancrures profondes et assez larges; sa tête forme une légère saillie ,
munie d'antennes sétacées, fort courtes; ses pattes antérieures au moins
aussi longues que le corps, sont terminées par des pinces à doigts assez
grêles et peu arqués; la queue est formée de six segmens, dont les cinq
premiers ont les bords anguleux; il y a cinq écailles caudales, dont les
trois du milieu triangulaires , et les deux autres à peu près ovales.
Ce genre, par l'aplatissement de son test et la forme de sa queue,
a quelques rapports avec les Scyllares; mais il en diffère éminemment
par ses longues pinces, et il s'éloigne des Langoustes par ses antennes
externes, sétacées, multiarticulées, minces et courtes; tandis que ces
mêmes parties ont dans ces derniers Crustacés une longueur extraordi-
naire, et que dans les Scyllares, elles sont réduites seulement aux arti-
cles de la base, très-aplalis et élargis, et qui forment comme une sorte
de crête.
17-
[3o CRUSTACES FOSSILES.
TROISIÈME GENRE.
SCYLLARE; 5cy//fl/M5 , Fabr. Latk.
Carapace presque carrée , présentant de fortes tubérosités ou a spé-
rités; région stomacale triangulaire, plane, tronquée transversalement
en avant; région génitale formant un gros tubercule au milieu du test,
et suivie de la cordiale qui présente aussi une saillie remarquable ; ré-
gions branchiales petites, allongées et médiocrement saillantes ; yeux
très-écartés ; les deux premiers articles des antennes extérieures très-
larges, aplatis et dentelés en forme de crête.
Tous les /?iWj terminés par une simple pointe; la première paire
légèrement plus grosse que les autres.
Queue formée de six articulations et terminée par cinq lames na-
tatoires.
I. SCYLLARE DE MANTELL.
( Non figuré. )
SCYLLARUS MANTE LU.
(Long, de la carapace, 0,027. Larg., o,o3o.) Nous ne possédons
qu'une carapace de cette espèce , qui a été trouvée sur la côte d'Angle-
terre. Sa surface est grossièrement chagrinée et ses régions sont bien
marquées ; deux sillons obliques très- en foncés, viennent de chaque côté
depuis l'angle antérieur latéral , où se voit la fossette de l'œil, jusque
vers le miheu du lest , et dessine ainsi la région stonaacale. La région
génitale forme une colline qui s'étend en s'abaissant jusqu'au bord an-
térieur du test. La région cordiale lui est liée en arrière , et fait une
saillie remarquable. Une profonde excavation sépare de chaque côté
ces régions de la branchiale. Les bords latéraux paraissent irréguliè-
rement rugueux. Les antennes extérieures manquent ; mais en dessous,
les bases des cinq paires de pattes ont la disposition qu'on remarque
dans les Scyllares vivans.
«
LANGOUSTES. l3l
QUATRIÈME GENRE..
LANGOUSTE; J°«//m^n/5, Fabe., Latr., Leach.
Carapace cylindroide allongée^ ayant diverses régions , surtout la
stomacale et les branchiales, bien nettement marquées, et présentant
desanfractuosités et des lignes enfoncées plus nombreuses que celles du
test des autres Crustacés macroures; antennes latérales très-longues et
très'fortes.
Pieds terminés par des articles pointus.
Nota. Un Crustacé de la collection du Muséum, compris dans les
feuillets du calcaire marneux de Monte-Bolca , appartient évidem-
ment à ce genre; car ses antennes et ses pieds présentent clairement les
caractères que nous avons indiqués , et sa taille est à peu près celle
de la langouste commune { Palinurus qiiadricornis ). Sa carapace
n'étant pas bien conservée, nous nous abstiendrons de la décrire.
Il nous reste deux Crustacés dont nous ne possédons au contraire
que le test, et cette partie ne nous paraît pas suffisante pour les faire
rapporter avec certitude à ce genre. Néanmoins nous les y laisserons
provisoirement , attendu qu'on ne pourrait les ranger dans les autres
genres de la famille des Macroures, dont la forme générale est la
même. Les Alphées , les Penées et les Palémons ont en effet la tête ter-
minée par un rostre très-comprimé, avancé, relevé et denté en scie,
tandis que nos Crustacés ont le rostre médiocre , placé dans la direction
générale du corps, triangulaire et creusé en gouttière. Tous les autres
genres voisins de ceux que nous venons de nommer , tels que les
Processes, les Crangons, les Pandales, etc., ont d'ailleurs, comme eux,
le test très-mince et très-lisse, sans régions distinctes , et les Galatées ont
le leur divisé en un grand nombre de petites écailles, ou tout-à-fait
lisse et saillantsur les côtés; enfin les vraies Écrevisses ou Homards n'ont
de distinctes que les régions de l'estomac et du cœur, sans autres traces
de division de leur carapace.
'7-
l32 CRUSTACES FOSSILES. -
I. LANGOUSTE DE LESUEUR.
( PI. X ., fig. 8. Carapace vue en dessus , et fig. 9 , la même vue de côté. )
PALINVRVS SVERII.
(Long, de la carapace, 0,082. Larg. prise vers le milieu des régions
branchiales, 0,026. Hauteur o,oi4- ) Nous n'avons vu qu'une ca-
rapace pëtrifiée en matière calcaire, et qui nous a été prêtée par
M. le général polonais Corvin Rosakoski. Elle est à peu près de la
taille de celle d'une écrevisse ordinaire , et partout granuleuse ; elle a
un très -petit rostre triangulaire, creusé en gouttière, et point d'é-
pines en avant ; le reste du bord antérieur est trop peu complet
pour être décrit. Sa surface est partagée en trois parties distinctes
par des lignes enfoncées, transversales, la première peu sinueuse,
et la seconde plus large, en forme de V , et rebordée. Les deux
premières parties séparées par ces lignes sont tuberculeuses : l'une
d'elles, l'antérieure, est la région stomacale, et la seconde la région
génitale. La troisième partie, qui correspond à la place des branchies
de chaque côté, est simplement granulée, et il est probable que la
région du cœur est confondue avec elle vers le bord postérieur, qui
est sinueux , arrondi et marqué d'une double ligne saillante qui en suit
tout le contour.
Nous ignorons de quel lieu vient ce fossile.
2. LANGOUSTE DE REGLEY.
(PI. XI, fig. 3.)
PALINURUS REGLEY ANUS.
(Long, approximative de la carapace, 0,082, — de la région stomacale
o,oi5, — des régions génitale etcordiale réunies 0,017. Hauteur de cette
carapace, à la région branchiale, 0,014. Son épaisseur, au même point,
0,012.) Des deux individus de cette jolie espèce, que nous avons exa-
miné ., l'un appartient à M. Regley , et l'autre qui fait partie de la col-
lection d'histoire naturelle de Besançon, nous a été confié par le con-
LANGOUSTES. l33
servateur de cette collection, M. Gévril. Ils sont renfermés tous les deux
dans une pierre calcaire de couleur rose, à grain assez grossier, ibr-
mant une sorte de caillou roulé , de la grosseur du poing , et ils ont été
trouvés au village de Ru, près Vcsoul.
Dans celte espèce la carapace est allongée , comprimée, rebordée sur
ses contours , et partout couverte de points granuleux assez espacés
entre eux. La région stomacale est un peu anguleuse et marquée en
dessus, dans son milieu, d'une ligne un peu saillante en avant, mais
qui se change postérieurement en un sillon droit, prolongé jusqu'à
la région du cœur : on voit une ligne saillante, granuleuse, longitu-
dinale, sur chaque côte de cette région, et, près de son bord posté-
rieur , on remarque un petit sillon transversal peu étendu aussi de
chaque côté. Le grand sillon transversal de la carapace, situé en ai'-
rière de la région de l'estomac , est très - fortement prononcé. La
région génitale est très-large et partagée en deux parties par la ligne en-
foncée , longitudinale , qui vient du milieu de la région stomacale.
Chacune de ces parties a latéralement une petite impression trans-
versale. La région cordiale est d'une moyenne étendue, de forme pen-
tagonale, marquée dans son milieu d'une petite carène relevée, qui
est la suite du sillon moyen des régions génitale et stomacale. De
chaque côté est un petit appendice triangulaire, allongé. Les x'égions
branchiales, fort distinctes, sont séparées l'une de l'autre par une ligne
moyenne enfoncée, et le sont aussi des régions cordiale et génitale par
une autre ligne oblique , qui se rend sur les côtés de la carapace, au
point où aboutit son grand sillon transversal.
CINQUIÈME GENRE.
PALÉMON ; Palœmon, Fabr. , Latk. , Leach.
Carapace cylindroïde , assez courte , mince , sans régions dis-
tinctes, terminée le plus souvent, à sa partie antérieure, par un rostre
comprimé, très-aigu, plus ou moins denté en scie sur les bords supé-
rieur et inférieur ; antennes très-longues, les intermédiaires étant for-
mées de trois filets, dont deux plus grands que le troisième.
Les quatre pieds antérieurs terminés en pince.
l34 CRUSTACÉS FOSSILES.
1. PALÉMON SPINIPÈDE.
(PI xi,fig.-4.)
PALEMON SPINIPES.
Baiek, Oryclog. norica suppl. , tab. 8, fig. 9.
Locusia brnchiis conti-acfis. Walch. et Knoru., Monuni. du déluge, tom. I,
pi. i3. Tî. I , i^T C I et 2 , 16 I et 2 , i3 A.
( Longueur totale, mesurée depuis le JDOut du rostre jusqu'à l'ex-
trëmité de la queue, 0,1 55. Longueur du rostre, o,025. Long, des na-
geoires de la queue, 0,028. ) Ce crustacé se trouve fréquemment dans
la pierre calcaire, bitumineuse, fissile de Pappenheim et de Solnbofen;
mais il y est rarement bien conservé.
N'ayant jamais vu de pièce plus entière que celle qui est figurée dans
l'ouvrage de Knoer et Walch ( pi. i3, B. ) , nous nous bornerons à
décrire celle-ci ; mais auparavant nous devons dire quels sont les
motifs qui nous ont déterminés à placer cette espèce plutôt dans le
genre Palémon que dans les genres voisins. Nous tirons ces motifs ,
1° de ce que nous trouvons les filets des antennes intermédiaires au nom-
bre de trois; ce qui n'est que dans ce seul genre, et ce qui se voit très-bien
dans la pi. i3 B de Rnorr ; 1° de ce que deux de ces filets sont presque
aussi longs que les antennes extérieures; 3" de ce que les deux dernières
paires de'pieds, au moins dans les individus que nous avons examinés, ne
sont pas terminés par des pinces, et que d'après la ligure i3 B de Rnorr,
déjà citée', il paraîtrait que les deux premières en seraient pourvues, l'une
d'elles les ayant assez fortes mais linéaires; 4° enfin, de ce que le test
est terminé en avant par un rostre très-avancé , comprimé et cultri-
forme.
Le Crustacé de Rnorr et de Walch dont nous donnons une copie
est vu comme de profil. Son rostre , relevé vers sa pointe , n'a pas de
dentelures sensibles, soit qu'elles n'aient jamais existé, soit qu'elles
n'aient pas été conservées. Les antennes intérieures ne laissent voir
que leurs longs filets ; les extérieures sont plus fortes et infléchies.
Les extrémités des pieds sont en général mal conservées. Les quatre
premières paires de ces pieds ont la face postérieure de leurs premiers
PALÉMONS. l35
articles munie d'épines fort longues et rangées en une seule série comme
les dents d'un râteau. Les pattes de la dernière paire sont très-grêles,
allongées, et l'une d'elles, bien apparente, semble terminée par un seul
crochet. La queue est formée de six articulations dont la dernière
donne attache anx pièces de la nageoire caudale, dont nous n'avons
pas pu bien déterminer les formes.
Tels sont les Crustacés décapodes macroures , véritablement détermi-
nables , qui sont à notre connaissance , et cependant les dépouilles
de ces animaux ne sont pas plus rares , dans le sein de la terre , que
celles des Crustacés décapodes brachyures. On les trouve tout aussi
souvent, mais comme leur test était formé de- parties plus nombreuses
et ordinairement fort Kîinces, leur conservation a été moins facile. On
ne peut même le plus souvent arriver à la détermination de leurs
genres, et cela a lieu surtout pour les Palémons, les Alphées, les Penées,
les Processes de Léach ( ou Nikas de Risso ) , qui ne diffèrent entre
eux que par le nombre de leurs serres ou des filets de leurs antennes
intérieures, toujours perdus dans les fossiles.
Quoiqu'il en soit, nous croyons utile d'indiquer ici quelques-uns
des Crustacés macroures dont les ouvrages font mention , ou ceux dont
nous avons vu des échantillons. Cette énumération pourra engager les
naturalistes à prendre de nouveaux renseignemens pour arriver à la
connaissance plus parfaite de ces espèces. Ainsi , outre la Langouste
trouvée dans la pierre calcaire feuilletée de Monte-Bolca dont nou«
avons dit quelc[ues mots en traitant du genre Langouste, une seconde es-
pèce parait indiquée dans Rnorr, tom. i, pi. XIV A fig. a; on la recon-
naît surtout aux portions d'antennes placées sur un support épineux,
ainsi c[u'à ses pattes courtes et crochues; et c'est peut-être aussi à cette
espèce qu'il faut rapporter l'échantillon très-détérioïé, figuré pi. XIII,
B, n° 2 du même ouvrage, sur un fossile également trouvé dans les car-
rières des environs de Pappenheim.
Les mêmes carrières ont encore fourni les Crustacés figurés par Knorr
pi'. XV , n° I , 3,5, que Walch rapporte au genre Astacus à cause
de leurs grosses pinces , et qui nous paraissent trop frustes pour être
placés définitivement dans un genre quelconque, bien c[ue le rappro-
l36 CRUSTACÉS FOSSILES.
cliement de Walch ne nous paraisse pas tout-à-fait inadmissible , ainsi
qu'on pourra en juger d'après la description suivante et la figure 5,
pi. XI, que nous donnons d'une pièce qui appartient à la collection
du Muséum, et qui vient des carrières d'Aichstedt. Ce petit Crus-
tacé dont la carapace proprement dite a environ 0,012 de longueur
sur 0,007 ^^ largeur, est vu en dessus et tout-à-fait aplati: il est
principalemeut caractérisé par son rostre avancé et aigu , sans carène
ni dentelure sensible; par les traces de ses antennes qui paraissaient
avoir environ la longueur du corps; mais surtout par ses pinces assez gros-
ses, terminées par des doigts longs, robustes et à bord interne droits et
sans dentelures, se lecourbanl en crochet et s'entre-croisant seulement
à l'extrémité.
Notre individu n'a pas la queue étendue , ce qui fait que l'on ne
peut juger par sa figure, de sa grandeur réelle. Les parties de sa cara-
pace c|ui restent paraissent très-minces et lisses.
Nousavons vu dans le cabinet de M. de France des vestiges d'un Crus-
tacé du même genre que celui-ci, mais un peu plus grand , et dont le
test plus épais est chagriné. Nous croyons qu'il doit constituer une
espèce particulière, et c'est à l'une ou à l'autre qu'il faudra rapporter la
fig. 8, pi. 8, de VOryctographia norica ^ suppl. de Baier. On a trouvé
également à Pappenheim un test sans pattes ni antennes , qui par la
courbure et la petitesse de son corps ressemble assez aux CrangoJis.
Un Crustacé (figuré par Baier, Orjctogr. norica , tab. 8 , fig. 4 et 9]
est de la taille de l'écrevisse, son corps, assez endommagé, est muni de
deux bras très-longs, composés de pièces à peu près d'égale diamètre
dans toute leur étendue, terminés par une serre dont le doigt immobile
est très-allongé et obhque , et le doigt mobile court et arqué.
La même espèce est encore figurée par Knorr^ tom. I, pi. i4 B. 2 ;
mais moins nettement que par Baier et par J. G. Keyssls. Rei-
sen , etc. ( Voyage en Allemagne ). C'est en vain que nous avons
voulu la rapprocher de quelque espèce vivante. Nous n'en avons trouvé
aucune qui eût les serres conformées comme les siennes , et quant à la
proportion des bras relativement au volume du corps, nous n'avons
remarqué un peu de ressemblance que dans le Palœtnon Carcinus
de Fabricius, figuré par Rumphius {Amhoinche rareitet Kainer^ tab. 1,
fig. Bj, ou dans la Galathée spinipède.
CRUSTACÉS FOSSILES, l'd-]
La singulière forme des bras de ce Criistacé, nous a engagés à repro-
duire la figure de Baier dans notre pi. V (voy. la fig. ^) /O/
M. Mantell, savant géologue anglais , qui s'occupe maintenant d'un
grand travail sur la craie d'Angleterre , ayant communiqué à MM. Cu-
viER et Brongniart quelques échantillons des fossiles qu'il a découverts
dans cette formation , et ces savans ayant bien voulu nous per-
mettre d'examiner quelques débris des Crustacés qui s'y trouvaient ,
nous avons reconnu qu'ils se composaient de fragmens de pinces
assez fortes, de forme allongée, très-rugueuses en dehors et ayant les
doigts linéaires , lesquelles étaient portées par des bras assez grêles.
Le Crustacé auquel appartenaient ces pinces avait la forme ordinaire
des Macroures , et ne présentait , sur les pièces que nous avons vues ,
d'autres caractères extérieurs que ceux qui consistaient dans la présence
de trois forts tubercules sur chaque côté de la carapace qui était d'ailleurs
très-rugueuse. Il était un peu plus grand que l'Ecrevisse fluviatile.
Le genre des Galathées est celui dont il se rapproche le plus.
M. DE RoissY nous a communiqué dernièrement un corps de Crus-
tacé trouvé dans les rochers des Vaches-Noires en Normandie, qui par
ses dimensions et ses formes générales , a quelque rapports avec l'écre-
visse ordinaire. Ses caractères sont trop effacés pour que nous puissions
le décrire; mais nous n'hésitons pas, d'après ce que nous avons , à y
reconnaître qu'il appartient à une espèce inconnue.
Enfin le catalogue de Davila donne encore l'indication de quelques
Crustacés macroures. Ce sont desAstacoliteset des Squilles pétrifiées
pyriteuses d'Angleterre, et d'autres de DieuJouard en France. Nous
n'avons pas eu l'occasion d'en examiner aucun individu.
M. DE Drée possède aussi des fragmens de divers Crustacés , prove-
nans des rochers des Vaches-Noires et des étangs de Dieulaville en
Lorraine.
r8
ORDRE SECOND.
CRUSTACÉS ISOPODES.
Corps composé d'une tête distincte et de sept anneaux portant chacun
une paire de pieds simples et plus ou moins courts; queue composée
d'un nombre vai'iable d'anneaux ( i — 7 ) recouvrant des lames ou
feuillets disposés par paires sur deux rangs, qui portent ou recouvrent
les branchies et servent à la natation. ( Latr. )
Nous ne rappellerons ici que pour mémoire les deux espèces fossiles
que nous avons trouvées , parce que leur mauvais état de conservation
et leur petitesse ne nous permettent pas de les décrire et de les faire
figurer.
Ces deux espèces appartiennent cependant à la section des crustacés
Isopodes nommée des Ptérygibranches par M. Latreille , et au genre
Sphérome, ainsi qu'on en peut juger par leur corps ovoïde, ayant la
partie postérieure élargie en forme de voûte et dépassée par deux petits
appendices natatoires, l'ua à droite et l'autre à gauche. Ils ont les
pattes latérales débordant le corps, mais indistinctes.
L'une est de forme plus allongée que l'autre, et a été trouvée dans un
fragmentde pierre calcaire blanche à grain fin, analogue sous ce rap-
port à la pierre de Pappenheim, mais dontnous ignorons l'origine. Nous
lui donnons le nom de Sphérome antique {Spherotna anti(jua).
La seconde, observée dans les lits horizontaux de marne verte fissile
qui se trouvent à Montmartre , en dessus de la formation gypsouse ,
était mêlée avec des Spirorbes. Nous l'appellerons Sphérome des marnes
{SpherojJia mar^aruJJiy
ORDRE TROISIÈME.
CRUSTACÉS BRANCHIOPODES.
Corjîs recouvert d'un test corné ou membraneux , tantôt simple, tantôt
divisé transversalement en plusieurs pièces; affectant quelquefois la
forme d'une coquille bivalve ; tête rarement séparée du tronc ; pieds
garnis d'appendices branchiaux.
PREMIÈRE SECTION.
BRANCHIOPODES PMCILOPES.
Test en forme de bouclier; tête confondue avec le tronc ; pieds nombreux , les
postérieurs natatoires.
PREMIER GENRE.
LIMULE ; Limulus , Fabr., Latr. ; Monoculus, Linn;
Test déprimé formé de deux pièces, et terminé par un style roide et
pointu \ pièce antérieure en forme de croissant, très-bombée en dessus ,
portant les yeux supérieurement, et recouvrant la boucheet ses pieds-
màchoires ; la postérieure plus petite, recouvrant les pieds-nageoires,
et armée sur ses bords d'épines mobiles.
I. LIMULE DE WALCH.
(PI. XI , fig. 6, vue en dessous, et fig. 7 , vue de la lame interne du test antérieur, en dessus.)
LIMVLUS TVALCHIl.
Cancer peiversus. Walch et Knorr , Monum. du déluge , tome I, page i36,
pi. i4, fig. 2.
(Long, du test, depuis son bord antérieur jusqu'à l'épine postérieure,
o,o52. Larg. du test postérieurement, mesurée entre les deux pointes la-
térales de ses bords, 0,089. Distance entre le bord du test et l'angle
i8.
I/^O CRUSTACÉS FOSSILES.
du rebord situé en avant sur la ligne moyenne, 0,017. Largeur de cet
angle, 0,029. Distance de l'angle latéral du test à l'épine latérale du bord
postérieur, o,o3i. Distance de cette épine latérale à celle du milieu du
bord postérieur, 0,019. Longueur de la queue, 0,084. Longueur du
corps depuis le bord de la carapace j usqu'à l'extrémité de la queue, o, 1 7 7 .}
La pièce dont nous venons de rapporter les dimensions (fig. 7 ), appar-
tient à la collection du Muséum d'histoire naturelle. C'est la seule que nous
ayons examinée en nature. Elle ne présente distinctement que des débris
de la première pièce du test, et seulement les restes internes de sa table
inférieure, ce qu'indiquent suffisamment les traces de l'angle qu'on voit
en dessous et à l'avant du bouclier antérieur de tous les Limules vivans.
11 y a, comme dans ceux-ci ,des indications de trois épines saillantes.
Comparé au test des espèces vivantes, ce Limulenous paraît en différer
par deux points importans, 1° parce que l'angle du bord antérieur est
beaucoup moins aigu que dans celles-ci, et qu'il a plus de largeur;
2° parce que les trois éjiines du bord postérieur sont beaucoup plus
rapprochées les unes des autres, et que les latérales sont plus éloignées
du bord externe de la carapace. La seconde pièce du test n'offre rien
de distinct. La pointe de la queue, assez grêle, est marquée en dessus
de deux sillons longitudinaux et parallèles entre eux , qui la divisent
en trois parties.
La figure de Rnorr que nous avons fait copier exactement (fig. 6),
représente un Limide vu tout-à-fait en dessous; l'angle antérieur du
rebord de la première pièce du test est encore moins saillant que ce-
lui du fossile que nous venons de décrire ; il est même presque arrondi.
La seconde pièce laisse voir ses contours, quoique d'une manière vague
cependant, et l'on y compte sur chaque bord, cinq grandes pointes,
entre lesquelles en sont de plus petites. Le nombre de ces pointes, dans
les espèces vivantes, est toujours plus considérable, et leursproportions
sont différentes chez elles : celles de ces pointes qui font partie inhéi-ente
du test sont les plus petites , et les épines intermédiaires et mobiles sont
les plus longues : ici, il semble que les épines mobiles sont les moindres,
et que les plus saillantes soient une dépendance du test.
Les Limules fossiles sont des pièces rares dans les collections, on ne
les a encore rencontrés que dans le calcaire fissile bitumineux de Soln-
hofenet de Pa])penheim.
DEUXIEME SECTION.
BRANCHIOPODES LOPHYROPES.
Test le plus soiwenl compose de deux pièces réunies en forme de vahes de
coquilles , mais sans charnière , el n étant qu'un développement de la peau
ou de V enveloppe cornée de l'animal ; d'autres Jois ce test étant fort court et
laissant le coips nu ou presque nu ; pieds au nombre de six à douze , uni~
quemeni propres à la natation, tantôt simples tantôt en forme de rames.
DEUXIÈME GENRE.
CYPRIS; Cypris, Muller, Latr.
2^est en forme de coquille bivalve, un peu réniforme.
I. CYPRIS FÈVE.
( PI. XI , f,g. 8. )
CYPRIS FABA.
Cypris Fève. Desm. , Nouv. bull. des sciences , par la Soc. Philom. , année
i8i3 , page 269 , pi. 4, n» 8.
( Long. 0,001 5.) Ce petit fossile dont il ne reste que la coquille , d'a-
bord signalé par M. le professeur Cordier, comme étant très-abondant
dans un amas situé près de la montagne de Gergovia , département du
Puy-de-Dome, a été retrouvé ensuite par M. deDrée , enénormequan-
tité dans un calcaire de formation d'eau douce de la balme d'Allier, entre
Vichy-les-Bains et Ciisset; et nous l'avons décrit et figuré dans le Bulletin
de la Société Philomatique. Nous avions d'abord pensé à le rapporter à
la classe des Mollusques acéphales ; mais l'absence totale de charnière ,
le redoublement et l'épaisseur assez considérable du bord par lequel s'ou-
vrent les valves, qui en éloignaient d'une part ce fossile, le rapprochaient,
au contraire , de la section de!> Crustacés branchiopodes lophyropes de
M. Latreille, ou des Entomostracés de Muller, et principalement du
genre Cjpris ; et c'est en effet dans ce genre que nous avons cru devoir
le placer. Son test est réniforme, c'est-à-dire, que son bord antérieur
1^2 CHUSTACÉS FOSSILES.
présente un sinus ; sa figure, moins allongée que celle de la Cjpris dé-
tecta et de la C.fasciata de Muller ( Eiitomost,)^ l'est davantage que
celle des C. piibera , Monacha, levis , pilosa , Vidua et candida du
même auteur. Son test n'offre point la gibbosité de la C. crassa^ et se
rapproche assez de ceux des C. strigata et ornata y cependant il est d'une
plus grande dimension que celui de la première , et son sinus est moins
prononcé ; il est aussi plus petit que celui de la dernière , et ce même
sinus, au lieu d'être situé près du bout le plus mince, l'est vers le milieu
du bord antérieur, à distance à peu près égale des deux extrémités de
la coquille.
EXPLICATION DES PLANCHES.
TRILOBITES.
Planche I.
Fig. I. A. CALYMÈNE DE BLUMENBACH , contracté, vu de profil.
B. Le même, vu de face.
C. La même espèce, étendue , d'après un individu venant de Dudley,
et qui est dans la collection du Muséum d'histoire naturelle.
D. Tubercules du test, grossis.
Fig. 2. A. CALYMÈNE DE TRISTAN , contracté et vu de profil. Individu
du Cotentin.
B. Le même, vu de face.
C. La même espèce, étendue. Venant de la Hunaudière.
D. E. Le m.êm,e vu de profil en D et de face en E.
F. G. La même espèce; F, chaperon dans le schiste vu en dessus ; G vu
de profil,
H. I. La même espèce, la queue sur le schiste ; H. va en raccourci par
son extrémité ; I. vu de profil.
K. Portion du test, grossi.
Fig. 3. A. CALYMÈNE VARIOLAIRE de Dudley, étendu, d'après un dessin
de M. Stokes.
B. La mêm,e espèce, contractée, vue de profil.
C. Portion du test grossi.
Fig. 4. CALYMÈNE MACROPHTHALME, contracté.
A. Côté de la tête, vue par-dessus.
B. Côté du dos et de la queue, vus par-dessus.
Fig. 5. La mêm.e espèce, de Coal-brook-dale , contractée.
A. La tête et le dos vus par-dessus.
B. Vue de face.
C. Vue de profil d'après les derniers dessins de M, Stokes.
I
Planche II.
Fig. I. A. ASAPHE CORNIGÈRE, étendu sur sa roche, vu de profil.
B. La même espèce, étendue sur sa roche , vue en-dessus ; de Colo-
menca en Russie , d'après un dessin de M. Stokes.
Fig. 2. A. ASAPHE DE DEBUCH , étendu sur sa roche ; du pays de Galles.
llyl^^ EXPLICATION DES PLANCHES.
B. La même espèce : abdomen caudal faisant voir les stries de la mem-
brane marginale.
C. La m£m,e espèce : très-grand individu de Llandrindriod au nord
de Builth, pays de Galles méridional ; d'après un dessin de
M. Stokes.
Fig. 3. A. ASAPHE DE HAUSMANN : queue de cet Asaphe.
B. Les arcs costaux des bords latéraux , grossis pour faire voir les
tubercules.
Fig. 4. A. ASAPHE CAUDIGÈRE , entier , mais un peu déformé , étendu
et vu en dessus.
B. La même espèce : le chaperon et les yeux. — b. L'œil et ce qui
l'entoure vu de profil, a. L'œil grossi ; d'après des dessins de
M. Stokes.
C. La même espèce, vue de profil ; d'après un dessin fait au Muséum
Britannique par M. Laurillard.
D. La même espèce : la queue sur sa roche calcaire.
• Planche IIL
Fig. I. A. OGYGIE DE GUETTARD : individu entier, étendu et de la gran-
deur de l'échantillon.
B. La même espèce: partie postérieure seulement d'un autre individu
beaucoup plus grand et entier.
Fig. 2. OGYGIE DE DESMAREST : moitié de la partie antérieure du
corps qui était entière , réduite environ de moitié.
Fig. 3. PARADOXIDE LACINIÉ, d'après la figure donnée par M. Wah-
lenberg.
Fig. 4. ENTOMOSTRACITES PUNCTATUS , d'après la figure
donnée par M. Wahlenberg.
Fig. 5. PARADOXIDE SCARABOIDE , d'après une figure publiée par
M. Wahlenberg.
Fig. 6. PARADOXIDE GIBBEUX , d'après M. Wahlenberg.
Fig. 7. ENTOMOSTRACITES GRANULATUS, d'après M. Wah-
lenberg.
Fig. 8. ASAPHE LARGE-QUEUE , d'après M. Wahlenberg.
Fig. g. ASAPHE MUCRONÉ, Entomostrackes caudatus de Wahlenberg,
d'après la figure que ce naturaliste en a donnée.
'' Planche IV.
Fig. I . PARADOXIDE DE TESSIN, d'après la figure donnée par M. Wah-
lenberg.
EXPLICATION DES PLANCHES. l45
Fig. 2. PARADOXIDE SPINULEUX, d'après un cchanllllon de la col-
lection de M. Défiance.
Fig. 3. La même espèce , d'après M. Wahlenberg.
Fig. 4. A. AGNOSTE PISIFORME, variété A, considérablement grossie ;
a, de grandeur naturelle.
B. AGNOSTE PISIFORME, variété B , considérablement grossie.
Fig. 5. Fragment de TRILOBITE qui paraît avoir quelque ressemblance
avec la partie postérieure des Agnosles de Pontyelova au sud
du lac Ladoga en Russie ; d'après un dessin de M. Stokcs.
Fig. 6. TRILOBITE dont le genre ne peut être déterminé avec certitude ;
mais qui paraît se rapprocher un peu de TAsaphe cornigère ;
il vient de Llandcilo (dessins de M. Stokes).
F.7.A,B.C. Fragmens de TRILOBITES qui ont quelque ressemblance avec
diverses parties du corps du précédent : du même lieu (dessins
de M. Stokes).
Fig. 8. Fragment de TRILOBITE indéterminable ; venant de Paulovca
près de Saint-Pétersbourg (dessins de M Slokes).
Fig. 9. TRILOBITE de Dudley , vu en dessous. Echantillon d'après
lequel M. Stokes a fait faire le dessin qui a donné cette figure.
{Nota. Les appendices comme épineux de la queue, et la fo^^me
de chaperon, semblent indiquer une espèce différente du Ca-
lymène de Blumenbach.)
Fig. 10. ASAPHE CORNIGÈRE : très-gros individu étendu et vu de profil.
Il montre très-bien la forme lamellaire et la disposition en re-
couvrement des arcs costaux ; d'après un dessin de M. Stokes.
Fig. II. Chaperon d'un TRILOBITE qui paraît différent de toutes les
espèces décrites. Cette portion n'est pas suffisante pour qu'on
puisse déterminer le genre de Trilobites auquel elle appartient.
Elle vient , suivant M. Stokes qui en a fourni le dessin , de
Llandeilo.
Fig. 12. Post-abdomen d'un Trilobite du genre ASAPHE. Il diffère de celui
de toutes les espèces connues. Il a été trouvé, d'après M. Stokes,
dans un calcaire noir des environs de Dublin, a De grandeiir
naturelle ,b grossi du double.
CRUSTACÉS.
* *- Planche Y.
Fig. I. CRABE MÉNADE; Cancer Mœnas , Linn. , Fabr. ; ouvert en
dessus.
l46 EXPLICATION DES PLANCHES.
aa. Grands lobes antérieurs de Xestomac.
«'"'. Petits lobes postérieurs de ï estomac,
bh. Foie , visible en avant et de chaque côte,
c. Foie , apparent à l'arrière du corps.
^. Cœur,
ee. Branchies , divisées de chaque côté en cinq principaux faisceaux
de doubles lames branchiales.
ft. Planchers crustacés sur lesquels reposent les branchies.
êe. Organes préparateurs de la génération.
^^. Osselet en forme d'arc , dépendant de l'estomac.
». Muscles attachés d'une part à cet osselet, et de l'autre au bord
antérieur du test.
Fig. 2. Carapace du Crabe Ménade, avec l'indication des diverses régions.
1,1. Région stomacale., ou de l'estomac.
2. Région génitale, ou des organes préparateurs de la génération.
3. Région cordiale, ou du cœur.
4. Région hépatique , ou du foie (postérieure).
^,5. Régions branchiales, des branchies ou des organes respiratoires.
6,t>. Régions h^paticjues , ou du foie {antérieures).
Fig. 3. ÉCPiEVLSSE COMMUNE ; Astacus flmiatiUs , Linn. , Fabu. ;
ouverte , en dessus.
°«. Grands lobes antérieurs de Vestomac.
«'. Lobe postérieur de Vestomac , presque divisé en deux par une
impression moyenne longitudinale.
bb^bb^bb_ /b/e se montrant, i° en avant de chaque côté de l'estomac , et
2.° en arrière de ce viscère, divisé en quatre lobes.
c. Foie visible en arrière du cœur.
d. Cœur.
<^,<^. Branchies divisées en cinq faisceaux principaux, moins distincts
que ceux des branchies du Crabe Ménade.
Jf. Tables ou planchers crustacés, sur lesquels les brandîtes sont
placées.
E,S- Organes prépnrali'urs de la génération.
bji. Muscles puissans , moteurs des mâchoires , et adhérens. à la ca-
rapace.
Fig. 4- Carapace de l'Écrcvisse commune.
«• Régions stomacale et hépatirpies antérieures confondues.
2. Place au-dessous de L-upielle sont les organes préparateurs de la
génération, ou Région génitale.
3. Région cordiale , ou du cœur.
k. Place de la Région hépalit/ue postérieure.
Fig.
5.
Fig.
6.
Fig.
n
Fig.
8.
Fig.
9-
Fig.
lO.
EXPLICATION DES PLANCHES. 1 47
5,5, Régions branchiales, ou des branchies ( organes respiratoires).
FORTUNE D'IiÉRICART ; en dessus (grossi d'un quart).
PODOPHTHALME DE DEFRANCE, (mâle) en des,sus.
Le même , en dessous.
Le même, en avant, pour faire connaître le rapport de son épais-
seur à sa largeur.
Pince détachée du CRAP.E PAGUROÏDE; au trait.
CRUSTACÉ MACROURE , indéterminé , à très-longues pinces :
de Solnhofen (tiré de VOryctographia norica deBaiev).
y
Planche YI.
Fig. 1 . PORTUNE LEUCODONTE ; en dessus , et au trait.
Fig. 2. Le même (mâle); en dessous.
Fig. 3. Une pince de la même espèce, détachée.
Fig. 4- Coquille du genre Pyrène , adhérente à la pince ci-dessus men-
tionnée , et détail de sa bouche.
Planche VIL
CRABE AUX GROSSES PINCES ; en dessus (moule intérieur).
Le même (individu mâle) i en dessous et avec son test.
CRABE PONCTUÉ ; en dessus.
Individu femelle de la même espèce ; en dessous.
/
Planche YIII.
CRABE QUADRILOBÉ ; en dessus.
Individu mâle de la même espèce ; en dessous.
CPiABE DE BOSC ; en dessus (moule intérieur).
Le même individu; en avant, ayant les contours de son test bien
conservés.
CRABE DE LEACH ; en dessus.
Individu femelle de la même espèce ; en dessous.
GÉLASIME LUISANTE; en dessus.
La même ; en avant.
GONOPLACE INCERTAINE ; en dessus.
GÉCARCIN TROIS-ÉPINES ; en dessus.
GRAPSE DOUTEUX; en dessus.
Le même ; en avant et au trait.
GONOPLACE ENFONCÉE ; en dessus.
Fig. i4- La même; en avant et au trait.
ig.
Fig.
I.
Fig.
2.
Fig.
3.
Fig.
4.
Fig.
I.
Fig.
2.
Fig.
3.
Fig.
4.
Fig.
5.
Fig.
G,
Fig.
7-
Fig.
8.
Fig.
9-
Fig.
lO.
Fig.
II.
Fig.
12.
Fig.
i3
Fig.
I.
Fig.
o _
Fig.
3.
Fig.
4-
Fig.
5.
Fig.
6.
Fig.
7-
Fig.
8.
Fig.
9-
Fig.
lO.
Fig.
11.
Fig.
12.
Fig.
i3.
Fig.
i4.
148 EXPLICATION DES PLANCHES. *
^ Planche IX.
GONOPLACE DE LATREILLE ; en dessous.
Le même ; en dessus.
Pince de la même espèce ; de profil.
Autre pince ; en dessous.
GONOPLACE INCISÉE ; en dessus.
Le Tuêine individu , (mâle) ; en dessous.
GONOPLACE ECHANCRÉE ; en dessus.
Le même individu (femellej en dessous.
ATÉLÉCYCLE RUGUEUX ; en dessus.
LEUCOSIE CRANE; en dessus.
La même , de profil et au trait.
Le même (femelle ); en dessous.
LEUCOSIE SUBRHOMBOÏDALE ; en dessus.
LEUCOSIE DE PRÉVOST ; en dessus.
i Planche X. .
Fig. I. DORIPPE DE RISSO ; en dessus.
Fig. 2. Le //îe/?!*; ; en dessous.
Fig. 3. Le même; en avant et au trait.
Fig. 4. ERYON DE CUVIER ; en dessous, tiré de Knorr, mais modifié
pour quelques détails.
Fig. 5. RANINE D'ALDROVANDE ; en dessus. ( Voyez aussi la plan-
che XL)
Fig. 6. Autre individu de la même espèce , vu en dessous et sur lequel on
distingue les pieds mâchoires extérieurs.
Fig. 7. Le même , vu de profil pour faire juger de l'épaisseur du corps
de ce Crustacé.
Fig. 8. LANGOUSTE DE LESUEUR ; en dessus.
Fig. 9. La même; vue de profil.
j
Planche XI.
Fjg. 1 . RANINE D'ALDRO VANDE ; en dessous et copiée d'après Ranzani.
a. Vestige de la base des pieds de la pi-emière paire , ou des pinces.
b. Place o\x la seconde paire était articulée. ,
. Division interne des pieds-mâchoires extérieurs.
d. Division externe des pieds-mâchoires extérieurs.
. Première pièce sternale.
EXPLICATION DES PLANCHES. l49
Fig. 2. PAGURE DE FAUJAS ; pinces toujours inégales en grosseur , et
seuls restes connus de l'animal.
LANGOUSTE DE REGLEY.
PALÉMON SPIISIPÈDE; copié de l'ouvrage de Knorr, tom. I,
pi. i3 B.
CRUSTACE MACROURE IISDÉTERMINÉ ; qu'on croit se rap-
procher du genre des Palemons.
LIMULE DE WALCH ; en dessous et copié de l'ouvrage de
Knorr, tom. I, pi. i4, fig. 2.
Le même, vu en dessus, moule intérieur, d'après un fossile de
la collection du Muséum d'histoire naturelle.
Fig. 8. CYPRIS FÈVE ; à l'extérieur en avant , en arrière et en dedans.
Fig.
Fig.
3
4.
Fig.
5,
Fig.
6.
Fig.
7
TABLE ALPHABETIQUE.
A.
Agnoste. Genre de Trilobites : ses caractères ,
page 38. — A. pisiforme, ibid.
Ardoise. Gîte des Ogygies et du Calymène de
Tristan. Voyez Schiste.ardoise , page 47-
Argiles bleces. Page 8i.
PLASTIQUES, intermédiaires à la craie et au
calcaire grossier. Elles renferment la cara-
pace d'un Crabe , et d'autres débris de Crus-
tacés brachyures ou macroures, 81.
AsiPHE. Genre de Trilobites : ses caractères, 1 7.
— A. caudigère , 22. — A. cornigère , 18.
— A. de Debuch, 20. — A. de Hausmann,
21. — A. larg<:-queue , 24.
AsELLOTES. Famille de Crustacés , qui paraît
avoir deux représeiitans fossiles , du genre
Splwrome , 81 et 1 58 .
Astacolilhes. L'un des noms que les Crustacés
macroures, en général, ont reçus des an-
ciens oryctographes, 72.
Aslacopodium. Désignation des pattes de Crus-
tacés fossiles, isolées, 72.
Atélécvcle. Genre de Crustacés brachyures
fossiles : ses caractères, 111. — A. rugueux,
1 12.
B.
Bacillus enlomolilhus. L'un des noms appli-
qués aux fragmens de pattes de Crustacés
fossiles, 72.
Behnard-l'ermite de Faujas. Voyez Pagure de
Faujas , 127.
Bleue-lias. Argile ainsi nommée par les An-
glais. Elle est située au-dessous de la craie,
et renferme des débris de Crustacés ,81.
C.
Calcaire CAVERNEUX, ou du Jura? Renfermant
le Trilobites problemalicus de Schlotheim ,
57.
COMPACTE clilorileux , provenant de
Russie, et renfermant des Trilobites indé-
♦ terminés, 55.
Calcaire GROSSIER, ^oj'e; Calcaire de sédiment
supérieur.
NOIR, DE TRANSITION, d'Eger cn Norwége.
Il a offert le Trilobite décrit par Brunnicb,
SOUS le nom de Trilobus dilatatus , l'Ag-
noste pisiforme , etc. ,
DE SÉDIMENT infébibdr, 55 et 63.
DE SÉDIMENT SUPÉRIEUR. Terrain tertiaire
ou Calcaire grossier. On a trouvé dans ce
calcaire les Crabes ponctué, quadrilobé et
de Bosc ( à Dax et à Vérone ) , l'AtélécycIe
rugueux (à Montpellier), et la Leucosie de
Prévost (dans les bancs inférieurs de Mont-
martre) , 8 1 .
DES TERRAixs trappéens du Viccntin. Il
renferme des Crustacés , et entre autres un
Crabe voisin du Cancer Mœnas, et une Lan-
gouste très-semblable au Palinurus quadri-
coriiis , 8i.
CaitmÎîne. Genre de Trilobites : ses caractè-
res, 9. — C. de Blumenbacb , 1 1 . — C. ma-
crophthalrae , i5. — C. de Tristan, 12. —
C. variolairc, 14.
Cancer. T'oyez Crabe , 90.
petrefacliis. L'un des noms donnés aux
Crustacés fossiles, 72.
lapidescens de Rumphius (Crabe aux
grossespinces),gi;(Gonoplace incisée), 100.
/fl/;/V/('i/A'. Désignation desCrabes pétrifiés
dans quelques anciens ouvrages, 72.
pen'ersus de Walch. Voyez Limule de
"Walch. 10g.
Carciniles. L'un des noms que les oryctogra-
phes ont donnés aux Crabes, ou Crustacés
brachyures fossiles, 72.
Chelonites. Pinces de Crustacés fossiles, dé-
tachées , 72.
Chilon. Voyez Oscabrion.
Coucha triloba. L'une des désignations des
Trilobites, 3.
TABLE ALPHABETIQUE.
i5i
CoRNÉENNE LTDiEKifE et Cohkéehde Tka^p. Al-
ternant avec le calcaire de transition : ces
roches renferment l'Asaphe de Debuch, éfS.
CoHYSTE. Genre de Crustacés brachyures
vivans. M. Manlell a figuré une carapace
trouvée dans la craie, et qui paraît s'y rap-
porter, 125.
Crabe, Cancer. Genre de Crustacés brachyu-
res : ses caractères , go. — C. paguroïde ,
ibiti. — C. aux grosses pinces, 91. — C.
pointillé, 92. — C. quadrilobé, gS. — C.
de Bosc , g4. — C. de Leacli , g5.
Ménade. Détail de son organisation in-
térieure pour servir -à la détermination des
régions du lest des Crustacés braihyures,74-
voisin du C. Ménade, dans le terrain cal-
caréo-trappéen de Monle-Boica, iiS.
des environs de Bézitrs, aj)partenant à
la collection du Muséum d'histoire natu-
relle. Ce pourrait être un Fortune ? laS.
des Moluques. T'ojez Limule, i3g.
CaAiE. Voyez Formation crayeuse.
Crangons. Genre de Crustacés macroures. On
trouve quelques vestiges qu'on rapporte ,
avec doute, à ce genre, dans la pierre calcaire
bitumineuse fissile de Pappcnhcim, i56.
Crtjstacés fossiles. Généralités , (J7. — Leur
étude spéciale n'a encore fix.é l'attenlion
d'aucun naturaliste, 70. — Liste des au-
teurs anciens qui en ont décrit et figuré
quelques espèces, 71. — Noms généraux
qu'ils portent dans les ouvrages des divers
oryctographes. — Difficulté de leur étude,
72. — Leur carapace qui estle plus souvent
conservée, présente des rapports constans
entre sa conformation extérieure et la distri-
bution des organes vitaux qu'elle recouvré ;
ces rapports peuvent fournir des caractères
comparatifs, 73, 74» 75. — Distinction des
régions de la carapace des Crustacés bra-
chyures, qui doivent, suivant leur position,
recevoir les noms de régions stomacale,
génitale , cordiale , hépatiques antérieures ,
branchiales et hépatique postérieure , 76.
— comparaison des divers genresde Crusta-
cés brachyures vivans, d'après cet le nouvelle
considération, 77. — Examen de la cara-
pace des Crustacés macroures sous le même
point de vue, 78 et 7g. — Parties caractéris-
tiques des Crustacés vivans qu'on retrouve
le plus souvent dans les fossiles, el qui peu-
vent aussi servir à distinguer ceux-ci, 80.
— Le nombre de Crustacés déterminables
reconnus jusqu'à ce jour est de trente-qua-
tre, ihid. — Leur mode de conservation,
ibid. — Leur distribution méthodique d'a-
près la classification de MM. Latreille et
Cuvier, 85 et 84. — Ordre premier , Cntis-
TACÉs DÉCAPODES, 85. Première famille, Dé-
capodes brachyures , ibid. Sections : i» les
Nageurs , ibid. ; 2° les Arqués, gi ; 5° les
Quadrilatères , g7 ; 4° les Orbiculaires, 1 1 1 ;
S" les Triangulaires, 116; 6° les Notopodes,
117 (appendice, i25 ). Seconde famille,
Décapodes macroures, 127 (appendice, i35).
— Ordre deuxième, Cbustacés isopodes, i58.
— Oi'dre troisième. CRrsTACÉs bran CHIOPODES,
lôg. Première section, Branchiopodes pœ-
cilopes , i3g,- seconde section, Branchio-
podes lophyropes, \^i. — Distribution géo-
logique des Crustacés fossiles ; leur série
commence où celle des Trilobiles finit, et
dans cette classe entière, la loi de la nature
annoncée par M. Cuvier, est encore con-
firmée : Les animaux fossiles diff'èivntd' au-
tant plus des êtres (jui vivent actuellement ,
qu'ils sont enveloppés dans les couches les
plus anciennes du globe, 64 et 85.
Les Crustacés fossiles de Nice appartien-
nent, selon M. Risso, aux espèces qui vivent
actuellement dansla mer Méditerranée, 126.
— Les Crustacés , aussi fossiles, qui sont,
apportés des îles de l'Archipel Indien, «ont
dit-on , vivans dans les mêmes parages, 82.
— Doutes sur la réalité de cette assertion,
85. — L'analyse chimique de ces Crabes
prouve qu'ils ont acquis toutes les condi-
tions des corps pétrifiés. On pourrait les-
considérer comme des fossiles contempo-
rains de notre création, ibid.
Crustacites. Désignation générale des Crus-
tacés fossiles, 72.
Cypris. Genre de Crustacés branchiopodes i
ses caractères, i4i- C. Fève, ibid.
l52
TABLE ALPHABETIQUE.
D.
DoRiPPE. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 119. — D. de Risso , ibid.
E.
EcREVissE COMMCNE , Aslacus fluvialiUs, Linn.
Détail de son organisation intérieure , pour
servir à la détermination des régions du
test des Crustacés macroures, 78.
FOSSILE de Pappenheim. Crustacé peu
déterminé et rapporté avec doute au genre
Astacns , i35.
Entomolilhus paradoxus de Linné. Cet auteur
a décrit sous ce nom commun deux espèces
qui sont : :" le Paradoxide de Tessin , 5i ;
3° le Paradoxide spinuleux, 52.
Enlomostraciles caiidatus de Wahlenberg. Ce
Trilobite ne paraît pas être le même animal
que le Trdobus caudatus de Brunnich, ou
l'Asaphe caudigère , 24.
crassicauda, Wahl. Il pourrait ne pas
différer d'espèce a.\ecV Enlomostraciles cau-
datus du même auteur, ou Asaphe large-
queue , 35.
expansus, Wahl. C'est l'Asaphe caudi-
gère , 18.
gibbosus, Wahl. Il se rapporte au Para-
doxide spinuleux , 35.
granulatus , Wahl. Trilobite de genre
incertain , 36.
laciniatas , Wahl. Synonyme du Para-
doxide lacinié , 35.
laticauda , Wahl. C'est l'Asaphe large-
queue , 24.
paradoxissimus , Wahl. C'est le premier
Entomolithus paradoxus de Linné, ou le
. Paradoxide de Tessin, 3i.
pisiformh, Wahl., ou Agnoste pisilbr-
me , 58.
punctalus , Wahl. Espèce de Trilobite de
genre incertain , 56.
scarahoides , Wahl. C'est le Paradoxide
scaraboïde , 54.
spimdosus , Wahl. Synonyme du Para-
doxide spinuleux. Sa.
tuberculatus . Wahl. C'est le Calymènc
de Blumenbach , mal à propos confondu
avec V Entomolithus paradoxus de Linné, 1 1.
Eryon. Genre nouveau de Crustacés macrou-
res fossiles, voisin de celui des. Scyllares :
ses caractères, 138. — E. de Cuvier, 12g.
F.
Formation crayeuse. Le calcaire de Maëstricht
rapporté i cette formation a offert des pin-
ces, conservées par paires , qu'on a rappor-
tées au genre Pagure , 8 1 et 1 27. — La craie
d'Angleterre a présenté quelques débris in-
déterminables de Crustacés qui ont été dé-
crits et figurés par M. Mantell, 81.
Fossile de Dudley, ou Calymène de Blumen-
bach, II.
G.
Gammarolithes. Les oryctogr.iphes donnent ce
nom aux Crustacés fossiles qu'ils comparent
aux Chevrettes, ou Salicoques, 72.
GÉCARCiN. Genre de Crustacés brachyures :
ses caractères, 108. — G. trois-épines, ibid.
GÉLASiMË. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 106. — G. luisante, ibid.
Maracoani, Latr. Espèce vivante du Bré-
sil, très-voisine de notre Gélasime luisante,
loG.
G0NOPLACE. Genre de Crustacés brachyures :
ses caractères , 96. — G. échancrée, 101.
— G. enfoncée , 102. — G. incertaine ,
104. — G. incisée, 100. — G. de Latreille,
99-
Grapse. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 97. — G. douteux, ibid.
H.
HÉPATE. Genre de Crustacés brachyures dont
le Crabe fossile de Bosc , se rapproche par
sa forme générale , 95.
Inachcs. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 116. — I. de Lamarck, ibid.
— Espèce indéterminable trouvée dans la
marne calcaire à Montmartre, i25. — Ina-
chus Squinado des dépôts marins de Saint-
Hospice , près de Nice, laG.
TABLK ALP 11 A liKTIQUi:.
l53
Langouste. Genre de Crustacés macroures : ses
caractères, i3i. — L. deLesueur, i5i>.. — L.dc
Rcglcy, ibid. — Langouste voisine de l'es-
pèce Tulgaire, trouvée i Mônte-Bolca , iô5
et i5i.
Leucosie. Genre de Crustacés brachyures: ses
caractères, lia. — L. Crâne, ii5. L. sub-
rboniboïdale, 114. — L. de Prévost, ibid.
LiMiTLE. Genre de Crustacés branchiopodes :
ses caractères, iSg. — L. de Walch , ibid.
Locusta brachiis contracds deKnorr et Walch.
f oyez Paléuion spinipèdc, ij^.
IM.
RlinicOANT. Nom brasilien d'un Crustacé
décrit et figuré par Pison , et qui a beaucoup
de ressemblance avec notre Gélasime lui-
sante, 106.
Marnes vertes argileuses, situées au-dessus
du gypse des environs de Paris. Elles ont
offert dans leurs feuillets des Crustacés de
la famille des Asellotes et vraisemblablement
du genre Sphe'ronie , 82 et i38.
Muschelkalk. Sorte de roche calcaire qui ren-
ferme un Trilobite décrit par Schlotheim ,
O.
Ocypode helèrochelos de Bosc. C'est la Géla-
sime Maracoani de Latrcille ; espèce de
Crustacé brachyure du Brésil, très-voisine
de notre Gélasime luisante, 106.
OcTPODE INCERTAIN. Datis l'article Cruslacëfos-
sile de la 2' édition du nouveau Dictionnaire
d'Histoire naturelle , nous avions d'abord
désigné sous ce nom l'espèce à laquelle
nous donnons maintenant celui de Gono-
place incertaine, 104.
Ogygie. Genre de Trilobites : ses caractères ,
26. — O. de Desmarest, 28. — O. de Guet-
tard, ibid.
OscADRioNs, ou Chiton. On a rapporté les Tri-
lobites à la famille de ces animaux Mollus-
ques, 40 et 4i.
P.
Pagi'he. Genre de Crustacés macroures : ses
caractères, 127. — P. de Faujas, ibid.
Pagunts lapideus. L'un des noms employés
par les oiyclographes, pour désigner les
crabes fos.sile3, ^'2.
Palais de foissons. On a pris pour tels, pen-
dant long-temps, des moules intérieurs de la
carapace d'un Crustacé brachyure du genre
Ranine, 123.
Palémon. Genre de Crustacés macroures : ses
caractères, i35. — P. spinipède, i34'
AUX lONGS bras. On peut nommer ainsi
. un Crustacé de Pappenheim assez vaguement
figuré parBaïer et par Rnorr , et qui paraît
se rapprocher, à cause de la longueur et de
la minceur de ses pinces, du Palœinon Car-
cinus de Fabricius, i36.
Paliniiriis. Voyez Langouste.
Pakadoxide. Genre de Trilobites : ses carac-
tères, 3i. — P. gibbeux,55. — P. Xâcmié, ibid.
— P. scaraboïde, 54. — P. spinuleux, 32.
— P. de Tcssin , 3i.
Phyuade pailleté. Roche de transition schis-
teuse , des environs de Cherbourg : elle al-
terne avec les granités el renferme le Caly-
mène de Tristan, espèce de Trilobite, 48.
MICACÉ. Voyez Psammite schistoïde mi-
cacé.
Podophthalme. Genre de Crustacés brachyures:
ses caractères, 88. — P. de Defrance, ibid.
Polyphemus. Voyez Limule , i38.
Porti'ne. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 85. — P. leucodonte, 86. — P.
d'Héricart, 87. — Portune indéterminable,
des environs de Bordeaux, de la collection
de M. de Drée, i25.
Psammite schistoïde micacé et phyuade micacé
(schiste argileux de transition et schiste de
la Grauwake). Cette roche du Cotentin ren-
ferme le Calymène de Tristan , espèce de
Trilobite, 47-
R.
Ranine. Genre de Crustacés brachyures : ses
caractères, 121. — R. d'Aldrovaode, ibid.
RÉMiPÈDE SILLONNÉ, Desm. Nouveau Diction-
naire d'Histoire naturelle, a* édil. article
Crustacés fossiles. Voyea Ranine d'AIdro-
vande, 121.
Roches de transition. Elles présentent les gis-
semens ordinaires des Trilobites. — Celles
20
i:H
lÂBLE ALPHABIiTIQUE.
«h
delà Suède renfeimcnt desTrilobites décrits
par Walhenberg, 49. —Cet auleur croit
avoir remarque un gissemenl géognosti-
que particulier à cliacune des espèces qu'il
a distinguées, 5o. — Description du gissc-
ment desTrilobites de Dudleypar M. Buck-
land, 5i à53. — Remarques sur l'analogie qui
existe entre les roches de transition de la
Norwége qui renferment desTrilobites, et la
roche calcaire noire du pays de Galles mé-
ridional; différences que présente au con-
traire le calcaire de Dudiej , comparé à ces
dernières, 58. Foyez Trilobites, Terrains
de transition, Psammite schisloïde micacé,
cl Schiste ardoise.
S.
ScnisTE ARDOISE. Ccttc rochc renferme les Tri-
lobites les plus anciens, ceux du genre
Ogygie et peut-être aussi le Calymène de
Tristan , 47-
ARGILEUX DE TRANSITION. Voyez Psanimitc
scliistoïde micacé, 47-
DE LA Grauware. Voycz Psammite schis-
toïde micacé , 47-
ScYLiARE. Genre de Crustacés macroures :
ses caractères, i3o. — S. de Mantell, ihid.
Sepites saxuin os Sepiœ imilans , d'AIdro-
vande. Voyez Ranine d'Aldrovande, 121.
■Sphéroaie. Genre de Crustacés isopodes, 1 58.
— S. anli([iie, ibid. — S. des marnes, ibid.
T.
Perrain d'eat DorCE delà vallée de l'Allier, en
JJouibonnais, 82. Il renferme de très-petites
coquilles bivalves , qui paraissaient appar-
Irnir au genre de Crustacés entomostracés
appelé Cypris par Muller, 82 et i4i-
DE SÉDIMENT INFERIEUR ET SliPERlEDR. Voy.
Calcaire de sédiment . 55, Gô et 81.
TERTIAIRE. Voycz Calcairc de sédiment
Mipéiieur , 81 .
'J'EI1RAI^S DE ÏRANSinOTV' SCHISTOÏDES, 1 EHRAINS DE
TRANSITION CVLCAIRES, TERRAINS DE TRANSITION
CALCAIRES CRIS -DE -FUMÉE OU VERDATRES ,
AVECTÉRÉBRATLLEs. Gîtes dcs Trilobilcs. Voy.
le Tableau de leurs espèces avec leur dis-
Iribution géognostique et géographique, 62
Trilobites. Généralités, 1. — Art. 1. Caraclércs
des Trilobites; détermination des genres et
description des espèces , 5. — Caractères
généraux , 4- — Tableau synoptique des
genres et des espèces, 6. ■ — Art. 2. Rapports
des Trilobites avec les animaux connus, 40.
— Art. 3. Sur le gissemenl des Trilobites ,
46. — Tableau de la distribution géognosti-
que des diverses espèces de Tillobiles, dans
les différens terrains de transition et dans
les terrains de sédiment inférieurs, 62. — On
a considéré successivement les Trilobile?
comme des Coquilles à trois lobes , des Os-
cabrions, des Cymothoés, des Larves d'in-
sectes eldes Crustacés branchiopodes,62. —
Motifs qui portent à admettre ce dernier rap-
prochement et à rejeter les autres, 40 ù 45-
— Recherches sur les rapports qui existent
entre les Trilobites et les animaux articu-
lés , par M. Audouin , 43. [Note.) Lieux où
l'on trouve les Trilobites en France, 47 el
48 ; en Norwége, ibid.; en Suède, 49et 5o;
en Angleterre, 5o à 54; en Bohême , 55 ; en
Prusse , en Saxe , en Silésie, dans des blocs
de roches hors déplace, 55, Go et 61 ; en
Russie, 55 et 56; en Allemagne , 55 et 57;
en Amérique, 5- à 59. — Conclusions, 63
et 64. Voyez les articles Roches et Terrains
de transition, Calcairc de sédiment infé-
rieur , Psammite scliistoïde , Schiste ar-
doise , etc.
Trilobites cornigcras de Schlolheim. C'est l'A-
saphe cornigère, 18.
dilatatus de Brunnich. C'est vraisem -
blablement une espèce difl'ércnle de l'Asa-
phe cornigère , 19.
problemalicus de Schlolljeim. Espèce
peu déterminable : son gissemenl , 57.
tentaculatus de Schlolheim Espèce de
Trilobile de genre incertain , 37.
Trilobus caudatiis AcVtxnnwKh. C'est l'Asaphe
caudigère, 22.
X.
Xantho. Genre de Crustacés brachyures, établi
aux dépens du genre C«/icc/'de Fabricius, el
auquel pourrait se rapporlcr le Crabe de
Leach, 96.
I IV.
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/ji/A f/f' û S'nyf/m
CRTTSTAeMS
JGE. MA USA
/',JZ
't/k de (r Etiptintûjm
miTSTACES,
^m
lieprinlfd fmiii COI'KIA, Mlfjl, No. 2, pp. 237-238, .luiii^ l'I
l'rinlrd in i\ S. A.
i àHu^K^ijy
OBSERVATIONS ON THE SPA^VXI^G OF
SURGEONFISHES (ACANTHURIDAE) IN
THE SOCIETY ISLANDS.— Few observations
hâve becii madc on the actual spawning of marine
fishes, and notliing lias becn found in the litera-
ture concerning the reproduction of smgeoii-
fishes. The author was fortnnate to observe the
spawning of tvvo acanthurids in the Society Is-
lands, Ctenochaetus striatus (Qnoy and Gaimard)
and Zehrnsoma scopas (Cuvier). A detailed ac-
coiint of the spawning of a third snrgconfish,
Acanthurus triostegus (Linnaeus), in the Tuamotu
Archipelago appears in a large paper dcaUng with
the biology of this species (Randall, in press, Pa-
cific Science).
Ctenochaetus striatus is the raost common acan-
thurid and perhaps the most abundant reef fish
of moderate size (it attains about 200 mm. stand-
ard length) in the Society Islands. It appears nni-
form dark brown underwater; however, if seen
at close range, blue longitudinal Unes may be
visible on the body and small orange spots on
the head. The spawning of this species was ob-
served in Tahiti on February 17, 1957. in .\va Iti
Pass, a passage about yO fcct deep through tlie
barrier reef. The lirst indication of spawning was
an luiusual concentration of this fish on the
northwest side of the pass at about 5 p.m. No
further notice was taken until about an hour
later when a striking color change of the fish
becarae apparent which the author had not seen
previously. Instead of appearing iniiform dark
brown, the fish wcre pale tan except for about
the outer G mm. of the médian fins, the mouth,
and middorsal part of the head and nape which
were abruptly black (the mid-ventral région of
the head was not seen; possibly a black band was
présent there too). The fish were aggregated lin-
carly along the reef edge at a depth of about 8
to 25 feet. None was seen to swira to ihe bottom
to fecd. Nearly ail in the group in the deeper
Icvcls exhibited the color change, but most of the
fish near the surface were entirely dark. Pos-
sibly this différence was associated with the prox-
iraity of the observer at or near the surface,
for the pale, dark-margincd fish altered within
a few seconds to dark brown when approached.
They appeared to be just as wary of a swimmer
at this time as during non-spawning periods. The
fish were more active than usual and millcd con-
Ntanllv. .\ctual spawning took place when about
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COPEIA, 1961, NO. 2
three to five hsh swam veiy rapidly iipwaid
about four to five feet above the main school aiul
alniost as rapidly dowii again. The fish rcmaincd
nmarkably close togcther diiring the asceiit.
Therc was no pause at the upper terminus of tlu-
vertical movement; the lish turncd abiuptly and
dispersed as they returned to the school. A small
cloud of white, presumably milt, could be seen
at the pcak of the movement. Ail of the hsh hi
the small spawning groups seemed to be in ihc
pale, dark-edged color phase. It was impossible
to ascertain how many timcs individual fish par-
ticipated in the spawning act, for this ncver
took place doser than 15 feet, and in tlie failing
light (darkness ensued at 7 p. m.) the indi\idiials
which had just spawned were soon lost in tlie
main school. A female which ivas speared was dis-
tended with transparent cggs less than 1 mm in
diametcr which were readily relcascd Ijy apply-
ing slight pressure to the abdomen. No inter-
férence from other species of fishes was observcd.
On May 8, 1957, at about 5 to 6 p.m., in the
lagoon of Raiatca near the pass off Uturoa, the
dark brown Zebrasoma icopas was observed to
spawn. .\s wilh C. strialii.s, a milHng aggregation
first attracted attention. Several small schools were
notetLat depths of 10 to 20 feet over coral heads
at thc^dge of the decp part of the lagoon next
to the barrier reef. Fish were seen chasing one
another, and none was feeding. No color change
was apparent. The same sudden upward swim-
ming of small gioiips of fish, followed by down-
ward movemciil and dispersai occurrcd; however
the spawning groups usually consisted of eight to
10 fish and their movements were less rapid and
not as consistently vertical (Le. more often di-
agonally upward) as those of C. striatus. Five
spécimens of Z. scopas were speared at this time;
ail were nnining ripe maies or females.
Tlu- lliree dilfercnt acanthurids which were
observcd spawning had ail choscn localities where
a stiong current set to the opcn sea.
Al.so comnion to ail three was the time of day
at whiili spawning took place, dusk. Prior to any
of Ihese observations of spawning acanthurids,
considérable effort was expended to observe the
reproduction of Acanthunis trioslegus in Hawaii
during hours of bright sunlight, but without suc-
cess. The data from counting the numbcrs of
ripe females in samplcs of adéquate sizc through-
oul llie period of a month in the spawning
sea.son (December to July) indicate that about 90
percent of the spawning of trinstegus occurs from
12 days before to two days after full muon. It
was theii thought that spawning might take place
at nighi when the moon was shining. Repeated
niglu diving with an underwater light failed to
reveal any reproductive activity. .'\fter chancing
upon spawning fish in the Tuamotus at thisk.
il was rcalized that no concertée! attempt had b^-en
niadc to watch thèse hsh in Hawaii at this time
of day. Spawning late in the day is prcbably char-
acteristic oi A. triostegtis and perhaps of ail acan-
thurids. At Cat Cay in the Hahamas in early
May, 1958, a large group of blue tang, Acaiithui us
coeriilcus (Bloth and .Schneider), was seen ac-
tively milling about very late in the day in the
same manner as the acanthurids prcviously dis-
cussed, and it is believed that this represented
pre-spawning behavior. It was necessary to leavc
the arca while some daylight prevailed, and no
actual spawning was observed.
The prépondérance of spawning near the time
of full moon by A. trioitegus may apply to other
acanthurids. Thèse fortuitous observations of the
spawning of singeonfishes were ail made witliin
five days of full moon.
The most striking feature of the spawning of
thèse fishes is the sudden upwartl rush, release of
sperm and eggs at the acme of this movement,
followed by downward swiinming to rejoin the
main gioup of fish. This same pattern bas been
noted for five West Indian parrotfishes (Scaridae)
and one wrasse, Tlmlassoma bijascintum (Bloch)
(Randall, ms), ail of which lay pelagic eggs. .\t
first it was thought that the rapid upwaid move-
ment scrved the pmpose of confusing possible
predators. It is now believed that the primary
function of this movement is to facilitate the
release of cggs and sperm by the expansion of
the airbladdcr within the body cavity duc to the
lowering of pressine by swift upward swimming.
The flexure of the bodies of the fishes at the pcak
of their movement as they turn sharply to head
downward probably also helps release gonadal
products. The abrupt change in direction follow-
ing the flcet upward dash at the moment eggs
and sperm are extruded may assist in their raix-
iine aiid dispersai. — John E. Rand.\ll, Tlie Mn-
liiir I.iihoKiloiy. Viiwersity of Miami. Contribu-
tion No. 312.
Date Due
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J968
AUC 1 4 1968
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