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Full text of "Histoire naturelle des crustac©s fossiles, sous les rapports zoologiques et g©ologiques"

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HARVARD  UNIVERSITY 


LIBRARY 


OF  THE 
MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY 


GIFT  OF 


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HISTOIRE  NATURELLE 


DES 


CRUSTACÉS  FOSSILES 


DE   L'IMPRIMERIE    DE    L.-T.   CELLOT. 


HISTOIRE    NATURELLE 

DES 

CRUSTACÉS  FOSSILES, 

sous  LES  RAPPORTS  ZOOLOGIQUES  ET  GÉOLOGIQUES. 

SAVOIR  : 

LES    TRILOBITES, 

Pak  Alexandre  BRONGNIART, 

Membre  de  l'Académie  royale  des  Sciences ,  Ingénieur  en  chef  au  corps  royal  des  Mines ,  Professeur  de 
minéralogie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris  ,  etc. ,  etc. 


LES   CRUSTACES  PROPREMENT  DITS, 

Par  Anselme-Gaétan  DESMAREST, 

Membre  titulaire  de  l'Académie  royale  de  Médecine,  Professeur  de  Zoologie  à  l'École  royale  vétérinaire 
d'Alfort,  Membre  de  la  société  philomatique  de  Paris,  Correspondant  de  la  société  philosophique  de 
Philadelphie ,  etc. ,  etc. 


AVEC    ONZE    PLANCHES. 


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A   PARIS, 


CHEZ  F.-G.    LEVRAULT,   LIBRAIRE, 

BUE  DES    FOSSÉS-M.-LE-PRINCE  ,  N°  3l  , 

ET  A  STRASBOURG ,   RUE  DES  JUIFS ,  N"  33. 
'"^    1822. 


-e-r-^-s 


MCZ  LIBRARY 
HARVARD  UNIVERSITY 

CA^reRlDGE.  MA  USA 


AVERTISSEMENT. 


En  rassemblant  pour  les  leçons  de  géologie  que  je  fis  à  la  Faculté  des 
Sciences  en  1812,  les  dépouillesfossiles  des  corps  organisés  qui  me  sem- 
blaient devoir  caractériser  les  terrains  de  transition,  je  fus  frappé  des 
dissemblances  remarquables  que  présentaient  entreeuxles  corps  auxquels 
on  était  accoutumé  d'appliquer,  d'après  Linné  ,  le  nom  cT Entomolithus 
yt?arflJojriay  mais  je  ne  tardai  pas  à  m'apercevoir  qu'on  avait  réuni  sous  ce 
nom  desanimaux  d'espèces  très-différentes,  quoiqu'ils  eussent  une  cer- 
taine ressemblance  deAimille.  Je  m'aperçus  presque  au  même  moment 
que  les  roches  qui  renfermaient  ces  espèces  étaient  elles-mêmes  diffé- 
rentes, et  semblaientn'avoir  pas  appartenu  à  la  mêmeforniiation.  Jelus, 
le  23  octobre  i8i5,  à  l'Institut  un  Mémoire  sur  ce  sujet,  en  même  temps 
zoologique  et  géologique;  le  nombre  des  figures  qui  l'accompagnaient 
en  ayant  retardé  l'impression  ^  je  profitai  de  ce  retard  pour  recueillir  nne 
plus   grande    quantité  d'espèces    et    de  nouveaux  renseignemens,   et 
j'eus    successivement  à    ma    disposition    les    échantillons   renfermés 
dans  les  collections  de  M.  le  marquis  de  Drée  et  de  M.  Defrance,  dans 
le    cabinet  particulier  du  roi ,  formé  par  M.  le  comte  de  Boueivon,  etc. 
M.  Laueillard  ,  dans  le  voyage  qu'il  fit  en  Angleterre,  avec  M.  Cuvier, 
ayant  emporté  les  figures  des  espèces  que  j'avais  déjà  ,  y  ajouta  les 
dessins  de  celles  qui  existaient  alors  dans  la  collection  du  Muséum  bri- 
tannique. Enfin ,  tout  nouvellement  M.  Stokes  ,  de  Londres,  vient  de 
m'envoyer  tous  les  bons  et  beaux  dessins  de  Trilobites  qu'il  avait  fait 
faire.  Les   remercimens  que  je  lui  réitère  ici  doivent  êtrerenduspublics. 
Ce  n'est  pas  seulement  à  moi  qu'il  a  été  utile,  mais  à  tous  les  naturalistes  ; 
car  cette  libérale  communication  aura  le  double  résultat  d'encourager 
leurs  travaux,  en  donnant  l'exemple  d'une  générosité  qui  certainement. 


VI  AMORTISSEMENT. 

aura  des  imitateurs.  Le  nombre  des  dessins  qtie  M,  Stokes  m'a  confiés, 
est  beaucoup  plus  considérable  que  celui  que  j'ai  employé,  parce  que 
j'ai  dû  ne  faire  usage  que  de  ceux  qui  représentaient  des  espèces  bien 
distinctes,  et  que  je  n'avais  pas  encore  fait  figurer. 

Pendant  les  six  ans  qui  se  sont  écoulés  enti'e  la  lecture  de  mon  Mé- 
moire et  sa  publication  actuelle,  l'histoire  des  Trilobites  ,  à  peine  ébau- 
chée alors,  a  fait  de  grands  progrès.  Des  extraits  de  mon  travail  ont  été 
insérés  dans  différens  recueils,  et  notamment  dans  les  nouveaux  Dic- 
tionnaiies  d'histoire  naturelle.  M.  Wahlenberg  a  publié  sur  les  ani- 
maux de  la  même  famille ,  qui  se  trouvent  dans  les  terrains  de  la 
Suède,  un  Mémoire  très-étendu  qui  en  a  fait  connaître  un  grand  nombre  ; 
et  si  ce  Mémoire  a  dû  diminuer  beaucoup  l'intérêt  que  le  mien  pouvait 
présenter,  en  le  rendant  pour  ainsi  dire  ancien,  il  m'a  donné  les 
moyens  de  le  perfectionner  par  des  additions  aussi  nombreuses  qu'im- 
portantes. 

Pendant  ce  même  intervalle,  M.  Latreille,  M.  de  Blainville,  et 
M.  AuDOuiN,  ont  écrit  sur  les  rapports  zoologiques  qu'on  pouvait  établir 
entre  les  Trilobites  et  quelques  autres  familles  d'animaux  invertébrés.  J'ai 
dû  profiter,  et  j'ai  fait  usage  en  effet,  de  tous  ces  travaux  j  mais  j'ai  tâché 
néanmoins  de  distinguer,  quand  j'ai  cru  que  cela  en  valait  la  peine  ,  ce 
qui  était  dans  mon  premier  travail,  tel  que  je  l'ai  communiqué  à  l'Ins- 
titut, de  ce  que  j'y  ai  ajouté  depuis.  J'étais  alors  encore  incertain  sur  la 
formation  à  laquelle  il  fallait  rapporter  les  terrains  de  Dudley,  célèbres 
depuis  si  long-temps  par  les  Trilobites  qu'ds  renferment,  M.  Buckland 
a  eu  la  bonté  de  m'envoyer  sur  l'époque  de  formation  à  laquelle  il  croit 
que  ces  terrains  appartiennent,  des  renseignemens  qui  ont  levé  les  doutes 
que  j'avais  sur  ce  sujet. 

Mon  Mémoire  de  i8 1 5  s'est  donc  transformé  en  un  travail  très-étendu 
sur  les  Trilobites  j  mais  ce  qui  contribuera  à  donner  beaucoup  plus  d'im- 
portance, d'utilité,  et  par  conséquent  d'intérêt  à  ce  travail,  c'est  le  bon- 
heur que  j'ai  eu  de  pouvoir  y  joindre  un  ouvrage  à  peu  près  du  même 


AVERTISSEMEINT.  Vit 

genre,  entrepris  depuis  long-temps  par  M.  DESMARESxsur  les  Crustacés 
fossiles,  et  dont  il  a  publié  un  prodrome  très-succinct  dans  la  seconde 
édition  du  Nouveau  Dictionnaire  d'histoire  naturelle.  Par  cette 
heureuse  circonstance,  nous  avons  l'avantage  d'oft'rir  aux  naturalistes  , 
tant  zoologistes  que  géologues,  non  pas  une  simple  monographie,  mais 
une  histoire  assez  complète  sous  les  deux  points  de  vue  de  la  zoologie 
et  de  la  géologie  de  tous  les  animaux  fossiles  de  la  classe  des  Crustacés. 

On  sent  bien  que  quels  que  soient  les  soins  que  nous  avons  pris , 
quels  que  soient  les  secours  nombreux  et  empressés  que  nous  avons 
reçus,  il  y  aura  encore,  tant  dans  les  Trilobites  que  parmi  les  Crus- 
tacés, beaucoup  d'espèces  qui  nous  sont  restées  inconnues;  nous  osons 
espérer  que  les  naturalistes,  avertis  par  ce  premier  ouvrage,  du  genre  de 
nos  recherches  et  instruits  de  ce  qui  nous  manque ,  voudront  bien  con- 
tribuer à  rendre  ces  recherches  plus  fructueuses,  et  leur  résultat  plus 
utile  pour  les  sciences,  en  nous  communiquant  ce  qu'ils  savent  sur  c(; 
sujet,  et  ce  qu'ils  verront  que  nous  avons  ignoré. 

Notre  intention  n'est  pas  de  faire  une  seconde  édition  de  cet  ouvrage, 
mais  de  publier  dans  quelques  années  les  nouvelles  espèces  et  les  nou- 
veaux renseignemens  qui  nous  seront  parvenu  s,  et  de  faire  profiter  ainsi 
les  naturalistes  des  secours  que  nous  attendons  et  que  nous  aurons 
reçus  d'eux. 

Les  figures  ont  été  faites  avec  d'autant  plus  d'exactitude  ,  qu'elles  sont  dues 
à  deux  personnes  qui  ne  sont  point  étrangères  à  l'histoire  naturelle  ,  M.  Meu- 
nier et  M.  Lesueur.  Ce  dernier  a  prouvé  par  les  observations  qu'il  a  publiées, 
qu'il  n'était  pas  moins  bon  zoologiste  qu'habile  dessinateur. 


TABLE  DES   MATIÈRES. 


Des  TRILOBITES,  par  Alex.  Brongniart. Page       i 

Art.      I.  Caractères  dés  Trilobites  ,  détermination  des  genres  et 

description  des  espèces 

II.  Rapports  des  Trilobites  avec  les  animaux  connus.  ...  4o 

m.  Gissement  des  Trilobites 


Ordre   second.  . 
Ordre  troisième. 


ERRATA. 


Page  20  ,  ligne  i,  Revel  ;  lisez  Reval. 

Page  35    dernière  ligne  de  la  note  ,  Entomostracides  ;  Usez  Enlomostracites. 

Page  45',  ARTICLE  troisième;  il  faut  ARTICLE  TROISIÈME. 

Page  53,  ligne  3o,  Asaphe  à  queue;  Usez  Asaphe  caudigère. 

Page  77  ,  ligne  4,  lî  et  16 ,  Doripes  ;  lisez  Dorippes. 

Page  81  ,  ligne  9,  Dive;  lisez  Dives. 

Page  83,  ligne  32  ,  Gelasimus;  lisez  Gslasima. 

Page  106,  ligne  2,  Ocypoda  ;  lisez  Ocypode. 


46 


Des  CRUSTACÉS  FOSSILES  ,  par  A.  G.  Desmarest.  ...  67 

Description  des  espèces  de  Crustacés  fossiles. 
Ordre  premier • 


85 
i38 
139 


V\\\V  \\AV\AV,\\*'\\\'V\>V\\'VXV^\W\\VVV'V\ 


V\\VWV*VW\VV\VVVW»VV\VV>VVVVVVVVVVV\W**VKVVVVk(VVVVV»V*^*VV\\VWW\V\VVVVX^ 


DES 


CORPS  ORGANISES  FOSSILES 


NOMMES 


TRILOBITES. 


PAR      ALEXANDRE     BRONGNIART    (l). 


On  a  trouvé  près  de  Dudley  en  Angleterre,  il  y  a  déjà  plus  de  cent 
ans  (2) ,  et  dans  des  couches  calcaires  puissantes  et  profondes,  des  corps 
organisés,  d'une  forme  très-singulière,  différens  de  toutes  les  pétrifica- 
tions qu'on  avait  vues  jusqu'alors  et  de  tout  ce  qu'on  connaissait  de 
vivant  à  la  surface  du  globe  :  on  n'a  cependant  pas  hésité  à  les  regarder 
comme  appartenant  au  règne  animal^  mais  on  n'a  su  pendant  long- 
temps à  quelle  classe  de  ce  règne  les  rapporter,  et  Linné  lui-même, 
tout  en  les  plaçant  parmi  les  insectes,  leur  a  trouvé  une  forme  si 
éloignée  de  celle  des  animaux  de  cette  classe,  qu'il  a  donné  à  l'espèce 
particulière  qu'il  a  décrite  le  nom  à' insecte  paradoxal  (^entomolithus 
paradoxus  ).  Mais  on  a  bientôt  appliqué  ce  nom  à  tous  les  corps 
fossiles  qui ,  par  leur  forme  générale,  avaient  quelque  ressemblance  avec 
l'animal  décrit  par  Linné ^  on  l'a  même  donné  à  celui  de  Dudley,  et  il 


(1)  Développenieiit  d'un  mémoire  lu  à  l'Instiliil  le  23  octobre  i8i5. 
(a)  LuTD,  phil.  Trans.  ,  année  1698. 

I 


TRILOBITES. 


en  est  résulté  pendant  quelque  temps  beaucoup  de  confusion  dans  la 
détermination  de  ces  singuliers  entomolithes. 

On  sent  que  des  êtres  aussi  remarquables  ,  enfouis  presque  seuls  dans 
les  couches  les  plus  profondes  de  la  terre,  ont  dû  exciter  les  recherches 
des  naturalistes  :  aussi  le  nombre  des  mémoires,  des  dissertations,  etc., 
qu'on  a  écrits  sur  ces  animaux  est-il  déjà  très-considérable  j  nous  comp- 
terions plus  de  vingt  notices  publiées  depuis  Luyd,  qui  en  a  parlé  le 
premier,  jusqu'à  M.  Schlotheim,  qui  vient  derflièrement  (  en  1810  j 
d'en  faire  connaître  une  espèce  nouvelle  (i). 

Néanmoins  la  manière  d'étudier  les  pétrifications  est  si  différente 
actuellement  de  ce  qu'elle  était  il  y  a  vingt  ans,  qu'on  peut,  en 
reprenant  cet  ancien  sujet,  trouver  encore  des  faits  nouveaux  suscep- 
tibles de  faire  avancer  la  géologie.  On  a  vu  dernièrement  comment 
l'examen  de  quelques  coquilles  avait  fait  connaître  une  classe  toute  en- 
tière de  terrains  immenses  dont  l'existence  était  à  peine  soupçonnée 
par  les  géologues.  En  appliquant  successivement  à  toutes  les  pétrifica- 
tions renfermées  dans  les  couches  de  la  terre  cette  nouvelle  manière  de 
les  considérer,  on  peut  espérer  d'arriver  à  des  résultats  aussi  intéressans 
par  eux-mêmes  que  propres  à  diriger  dans  la  recherche  des  matières 
minérales  utiles. 

Cette  méthode  consiste  à  s'attacher  pour  ainsi  dire  minutieusement  à 
deux  points  pendant  long-temps  négligés  :  la  détermination  précise  des 
espèces ,  et  la  distinction  exacte  des  couches  de  la  terre  dans  lesquelles 
chaque  espèce  est  renfermée. 

C'est  sous  ce  double  point  de  vue  que  j'ai  étudié  l'espèce  de  pétrifica- 
tion dont  il  va  être  question  dans  ce  Mémoire;  presque  tous  les  natura- 
listes qui  en  ont  traité ,  à  l'exception  de  M.  Schlotheim  (2) ,  ont  négligé 
ces  deux  considérations. 

Mon  but  sera  donc  :  i"  de  faire  voir  qu'il  y  a  eu  un  assez  grand  nom- 
bre d'animaux  confondus  sous  le  nom  dH entomoUthus  paradoxus  ou  de 


(i)  Depuis  lors  (i8i5),  M.  Walilenbeig  et  M.  Latrcille  ont  publié,  le  premier,  une 
Description  des  entomolithes  Je  Suède  ;  le  second,  un  Mémoire  sur  la  place  qu'on  peut  assi- 
gner à  ces  animaux  parmi  les  invertébrés. 

(2)  El  de  M.  Walilenberg,  dont  le  travail  inséré  dans  le  tome  viu  des  Acla  societatis  regia' 
scienliarum  VpsalU'iisis ,  n'est  venu  à  ma  connaissance  qu'en  1819. 


TRILOBITES. 


TrilobiteSj  de  distinguer  et  de  décrire  aussi  nettement  qu'il  me  sera  pos- 
sible les  espèces  qui  composent  cette  famille  5  2"  de  chercher  à  quelle 
classe,  à  quel  ordre  même  du  règne  animal  on  peut  rapporter  ces  êtres 
singuliers;  3°  de  montrer  que  plusieurs  de  ces  espèces  sont  propres  à 
des  terrains  dont  la  formation  appartient  à  des  époques  dillérentes. 

Le  nombre  des  écrits  qui  ont  été  publiés  sur  ces  corps  fossiles  est, 
comme  je  viens  de  le  dire,  déjà  très-considérable  :  ce  n'est  pas  ici  le 
lieu  de  les  analyser  ;  je  ne  les  citerai  même  que  pour  donner  à  mes  dé- 
terminations et  à  mes  conclusions  tout  le  degré  d'exactitude  ou  de  cer- 
titude qu'elles  peuvent  comporter  5  mon  objet  principal  étant  de  faire 
connaître  avec  précision  ce  que  j'ai  observé  par  moi-même. 

ARTICLE    PREMIER. 

CARACTÈRES  DES  TRILOBITES. 

Détermination  des  genres,  et  description  des  espèces. 

Malgré  les  différences  considérables  qui  existent  entre  plusieurs  des 
corps  auxquels  on  a  donné  d'abord  le  nom  à' EntomoUtJies  et  ensuite 
celui  de  Trilobites ,  on  reconnaît  néanmoins  entre  eux  des  points  de  res- 
semblance importans  et  propres  à  caractériser  une  famille  très-naturelle. 

Leur  corps,  comme  dans  la  plupart  des  insectes  et  dans  quelques  crus- 
tacés, peut  être  divisé  transversalement  en  trois  parties  principales.  Mais 
ce  qu'ils  présentent  tous  de  caractéristique,  ce  qui  les  distingue  essen- 
tiellement de  tous  les  animaux  connus,  c'est  leur  division  longitu- 
dinale en  trois  parties  ou  lobes,  par  deux  sillons  profonds  et  parallèles 
à  l'axe  du  corps  :  cette  structure  remarquable  a  frajipé  tous  les  obser- 
vateurs. D'abord  on  n'a  remarqué  que  les  queues,  et  les  prenant  pour  des 
coquilles,  on  leur  a  donné  le  nom  de  concha  triloha.  On  a  ensuite 
transporté  cette  désignation  aux  animaux  entiers  en  les  appelant  Trilo- 
hites  f  dénomination  qui  a  été  donnée  premièrement  par  Knorr,  et 
ensuite  employée   d'une  manière  systématique  par  Brlnnich  et  Blu- 

MENRACH. 

Je  leur    conserverai   cette  dénomination   comme  nom  de  famille. 

I. 


4  TRILOBITES. 

Les  Trilohites  semblent  devoir  former  une  famille  distincte  dans 
la  grande  division  des  animaux  qu'on  nomme  articulés;  nous  examine- 
rons plus  bas  leur  place  précise  dans  cette  division. 

Les  animaux  de  cette  famille  nous  ont  présenté  jusqu'à  présent  la 
réunion  des  caractères  suivans  : 

Leur  corps  est  divisé  en  trois  parties  plus  ou  moins  distinctes;  l'an- 
térieure, que  nous  nommerons  bouclier  (tète,  Walch,  etc.),  parait 
offrir  la  réunion  de  ce  qu'on  appelle  généralement  dans  les  insectes  la 
tête  et  le  corselet;  la  partie  moyenne  du  corps,  divisée  par  des  articu- 
lations transversales  très-distinctes ,  peut  être  considérée  comme  l ab- 
domen ou  tronc  de  Walch,  BuïJnnich,  Wahlenberg,  ou  réunion  du 
ventre  et  du  dos;  la  partie  postérieure,  souvent  séparée  nettement  de 
la  moyenne,  quelquefois  aussi  se  confondant  presque  avec  elle,  divisée 
par  des  articulations  ou  plis  transversaux  moins  prononcés ,  portera  le 
nom  Ae post-abdomen.  Tous  les  naturalistes  l'ont  appelée  queue,  par 
analogie  avec  la  partie  à  laquelle  on  donne  ce  nom,  tout  aussi  impro- 
prement, dans  les  crustacés;  le  canal  intestinal  la  traverse,  mais  comme 
il  y  a,  outre  cette  partie,  une  véritable  cjueue ,  nous  n'avons  pu  lui  laisser 
ce  dernier  nom.  C'est  à  l'extrémité  de  cette  prolongation  de  l'abdomen 
que  se  voit,  dans  plusieurs  espèces,  un  appendice  coriace  ou  crustacé  et 
allongé,  soit  sans  articulations,  comme  dans  les  limules  ,  soit  composé 
de  plusieurs  feuilles  disposées  en  éventail  comme  dans  les  écrevisses;  celte 
partie  appendiculaire,  ne  renfermant  aucun  viscère,  doit  porter  le  nom 
de  queue. 

Ces  deux  abdomens  sont  divisés  longitudinalement  dans  tous  les  Iri- 
lobites  par  deux  sillons  profonds  en  trois  parties  ou  lobes  longitudinaux 
d'inégale  largeur  :  celui  du  milieu  est  généralement  le  plus  étroit,  le 
plus  distinctement  articulé;  les  latéraux,  plus  larges,  s'étendent  même 
quelquefois  sous  forme  d'expansions  presque  membraneuses  qui  sem- 
blent être  soutenues  par  des  côtes  ou  appendices  dures  et  costiformes 
partant  de  l'abdomen  et  du  post-abdomen.  INous  appellerons^««cj-,  avec 
M.  Audouin  ,  ces  lobes  ou  parties  latérales  :  nous  avons  dit  que  c'était  le 
caractère  essentiel  des  trilobites  ;  il  ne  manque  dans  aucune  espèce,  et 
ne  se  voit  avec  celte  netteté  dans  aucun  animal  vivant  connu. 

I^e  bouclier  est  toujours  divisé  en  trois  parties  [)lus  ou  moins  dis- 


TRTLOBITES. 


tinctes  :  une  moyenne,  qu'on  peut  appeler/ronf ,  avec  Walch  ,  et  deux 
latérales  auxquelles  on  peut  conserver  le  nom  de  joues  qu'il  leur  a 
donné. 

On  remarque  sur  ce  front  ou  partie  moyenne  du  bouclier  deux  ou 
plusieurs  tubercules,  et  souvent,  sur  les  parties  latérales  ou  joues,  deux 
autres  tubercules  saillans  très-difïerens  des  premiers,  qui  ont  été  assimi- 
lés à  des  yeux. 

La  ressemblance  de  position,  de  forme  générale ,  de  structure  réti- 
culaire  entre  ces  parties  et  les  yeux  à  réseau  des  insectes,  et  notam- 
ment des  crustacés,  dont  quelques  espèces  les  ont  très-saillans,  ne  me  lais- 
sent presque  aucun  doute  surl'analogie  que  je  crois  pouvoir  établir  entre 
ces  tubercules  et  les  yeux,  surtout  depuis  que  j'ai  vu  ce  rapprochement 
admis  par  M.  Wahlenberg,  et  fortifié  par  les  échantillons  dessinés 
dans  le  Muséum  britannique ,  et  dont  je  donne  les  figures  planche  II , 
tig.  4?  A  a,  B  Z»  et  C. 

Les  articulations  de  l'abdomen  et  du  post-abdomen  sont  quelque- 
fois prolongées  latéralement  en  appendices  saillans. 

Tantôt  la  cpieue  n'existe  pas ,  tantôt  elle  est  formée  d'une  membrane 
c|ui  se  termine  en  pointe  ou  d'un  appendice  crustacé  en  forme  d'alêne. 

Enfin  ni  moi ,  ni  aucun  des  observateurs  qui  ont  étudié  ces  animaux 
n'y  ont  jamais  rien  vu  qui  pût  être  comparé  à  des  antennes  ou  à  des 
pattes. 

Les  Trilobites  sont  tous  des  animaux  marins;  leur  association  cons- 
tante dans  les  mêmes  roches  avec  des  coquilles  et  d'autres  productions 
marines  ne  peut  laisser  de  doute  sur  ce  point.  Il  parait  qu'ils  étaient 
susceptibles  de  se  multiplier  prodigieusement^  à  en  juger  par  la  ma- 
nière dont  certaines  ampelites  et  certains  calcaires  en  sont  remplis,  au 
point  que  ces  pierres  semblent  en  être  entièrement  composées. 

Plusieurs  d'entre  eux  avaient  la  faculté  de  se  contracter  en  boule  à  la 
manière  des  sphéromes;  mais  il  paraît  que  cette  faculté  était  restreinte 
au  genre  Calymène  et  peut-être  aussi  à  quelques  espèces  incerlaines  du 
genre  Asaphe;  on  ne  la  retrouve  plus  dans  les  autres  genres.  Les  Ogygies 
et  les  Paradoxides  se  présentent  toujours  étendus,  plies  ou  brisés,  mais 
jamais  contractés  par  un  mouvement  volontaire.  Nous  ferons  remar- 
quer, en  parlant  des  Calymènes,  une  articulation  en  genou  entre  le 
bouclier  et  l'abdomen,  propre  à  leur  donner  cette  faculté. 


6  TRILOBITES. 

Walch  ,  auteur  du  texte  de  Rnorh  ,  avait  très-bien  senti  la  néces- 
sité de  séparer  les  animaux  de  cette  famille  en  plusieurs  espèces  et  même 
en  plusieurs  genres;  mais  aucun  naturaliste,  du  moins  à  ma  connais- 
sance n'avait  mis  à  exécution  cette  division.  Je  l'ai  essayée  dans  ce  tra- 
vail ,  parce  que  j'ai  cru  qu'il  était  utile  de  le  faire,  non-seulement  sous 
le  point  de  vue  zoologique,  mais  encore  sous  le  rapport  géologique, 
celte  division  devant  donner  aux  géologues  des  moyens  nouveaux  de  ca- 
ractériser les  terrains  auxquels  chaque  genre  appartient  plus  spécia- 
lement. 

En  rassemblant  tous  les  animaux  de  cette  famille  que  j'ai  eu  occasion 
d'observer,  et  ceux  qui  sont  assez  clairement  et  exactement  figurés  et 
décrits  dans  les  ouvrages  de  quelques  naturalistes,  j'ai  cru  pouvoir  divi- 
ser les  Irilobites  en  cinq  genres  assez  distincts ,  renfermant  chacun  plu- 
sieurs espèces  ;  ce  sont  ces  genres  et  ces  espèces  que  je  vais  d'abord 
décrire  avant  d'entrer  dans  l'examen  des  autres  considérations  que  pré- 
sente leur  histoire. 

TABLEAU   DES  GEINRES  ET  DES  ESPÈCES 
DE  LA  FAMILLE  DES  TRILOBITES. 

(  Les  espèces  marquées  d'un  astérisque  sont  celles  dont  je  n'ai  vu  que  des  figures,  el  qui 
sont  par  cela  même  incertaines.  ) 

PREMIER  GENRE. 

CALYMÉNE. 

Corps  contractile  en  sphère  presque  hémicjlindrique. 

boucher  pointant  plusieurs  tubercules  ou  plis,  deux  tubercules  oculiformes 

réticulés. 
Abdomen  et  post-abdomen  à  bords  entiers,  l'abdomen  divisé  en  douze  ou 

quatorze  articles. 
Point  de  queue  prolongée. 

Espèces» 

1.  C.  de  Blumenbach.  A.  Br. 

2.  C.  de  Tristan.  A.  Br. 


TRILOBITES.  n 

3.  C?  variolaire.  Park. 

'\.  C?  macrophtalme.  A.  Br, 

DEUXIÈME    GENRE. 

ASAPHE. 

Corps  large  et  assez  plat;  lobe  moyen  saillant  et  très-distinct. 

Flancs  ou  lobes  latéraux  ayant  chacun  le  double  de  la  largeur  du  lobe 

moyen. 
Expansions  submembraneuses  dépassant  les  arcs  des  lobes  latéraux. 
Bouclier  demi-circulaire ,  portant  deux  tubercules  oculiformes  réticulés. 
Abdomen  divisé  en  huit  ou  douze  articles. 

Espèces. 

1.  A?  cornigère.  Schlott. 

2.  A.  de  Debuch.  A.  Br. 

3.  A.  de  Hausmann.  A.  Br. 

4.  A.  caiidigère.  A.  Br. 

*  5.  A.  large  queue.  Wahl. 

TROISIÈME     GENRE. 

OGYGIE. 

Corps  très-déprimé ,  en  ellipse  allongée ,  non  contractile  en  sphère. 

Bouclier  bot^dé  ;  un  sillon  peu  profond ,  longitudinal ,  partant  de  son  extré- 
mité antérieure. 

Point  d'autres  tubercules  que  les  oculiformes. 

Protubérances  oculiformes,  yoew  saillantes ,  non  réticulées  ;  angles  posté- 
rieurs du  bouclier  prolongés  en  pointes. 

Lobes  longitudinaux  peu  saillans. 

Huit  articulations  à  l'abdomen. 

Espèces, 

I.  O.  de  Guettard.  A.  Br. 
X.  O.  de  Desmarest.  A.  Br. 


8  TRILOBITES. 

QUATRIÈME   GENRE. 

PARADOXIDE. 

Corps  déprimé,  Jion  contractile. 
Flancs  beaucoup  plus  larges  que  le  lobe  mojen. 

Bouclier  presque  demi-circulaire  ;  trois  rides  obliques  sur  le  lobe  mojen. 
Point  de  tubercules  oculiformes. 
Abdomen  à  douze  articulations. 

Arcs  des  flancs  abdominaux  et  post-abdominaux  plus  ou  moitis prolongés 
hors  de  la  membrane  qui  les  soutient. 

Espèces. 

'  I.  P.  de  Tessin.  Wahl. 
2.  P.  spinuleux.  TVahl. 

*  3.  P.  scaraboïde.  Wahl. 

*  4-  P?  gibbeux.  Wahl. 

*  5.  P.  lacinié.  Wahl. 


Espèces  de  genre  incertain. 

Trilobile  granulé.  Wahl. 
ponctué.  Wahl. 
bucéphale.  Wahl. 
lentaculé.  Schl. 

CINQUIÈME    GENRE. 

AGNOSTE. 

Corps  ellipsoïde ,  hémicjlindrique. 

Bouclier  et  flancs  bordés ,  à  bords  un  peu  relevés. 

Lobe  moyen  ne  présentant  que  deux  divisions  transversales  d'une  seule 

pièce  chacune. 
Deux  tubercules  glanduleux  à  la  partie  antérieure  du  corps. 

Espèces. 

1.  A.  pisiforme.  A.  Br. 


PREMIER   GENRÏ. 

CALYMÉNE  (i). 

Le  premier  genre,  que  je  nomme  Caljmène ,  renferme  le  Trilobite 
qui  a  été  le  mieux  et  le  plus  souvent  décrit  sous  le  nom  de  fossile  de 
Dudley  ;  c'est  XEutonioUthus  paradoxus  de  Blumenbach  (2),  qui, 
comme  on  le  verra  plus  bas,  n'est  point  celui  de  Linné. 

On  peut  donner  pour  caractères  à  ce  genre  d'avoir  un  bouclier  portant 
plusieurs  tubercules  ou  plis  ,  dont  deux  latéraux  peuvent  être  assimilés 
à  des  yeux  ; 

Douze  à  quatorze  articulations  à  l'abdomen; 

Les  bords  de  l'abdomen  entiers  ; 

Le  post-abdomen  sans  extension  ni  prolongement  membraneux. 

Je  conviens  qu'excepté  le  nombre  des  articulations  de  l'abdomen, 
les  autres  caractères  sont  ou  vagues  ou  peu  importans.  Je  conviens 
également  que  les  premières  espèces  du  genre  suivant  se  lient  par  des 
nuances  insensibles  aux  dernières  de  celiii-ci;  mais  en  comparant  les 
extrêmes ,  on  trouvera  tant  de  différences  qu'on  jugera  peut-être  comme 
moi  qu'il  y  a  des  motifs  suffisans  pour  les  séparer. 

Les  Calymènes  sont  ellipsoïdes,  presque  demi-cylindriques  dans  leur 
épaisseur.  Le  bouclier  présente  en  avant  un  chaperon  ou  lèvre  supé- 
rieure plus  ou  moins  relevée. 

On  voit,  dans  tous  les  individus  bien  conservés,  non-seulement  de  ce 
genre,  mais  du  suivant,  un  petit  sillon  fig.  i  A,  B,  qui  semble  indi- 
quer une  séparation  entre  la  partie  supérieure  de  cette  espèce  de  lèvre  et 
sa  partie  inférieure  ,  et  comme  une  ouverture  entre  ces  deux  portions  de 
la  même  partie. 

Les  côtés  sont  élevés  en  forme  de  joues  qui  portent  ce  que  nous 
appelons  les  yeux  ;  ces  yeux  sont  saillans ,  à  cornée  ordinairement  rou- 
geàtre,  et  laissant  voir,  quoique  rarement,  la  structure  très-nette  des 


(1)  Par  contraction  de  Cecalymènc ,  obscure,  cachée. 

(2)  Bti'MEKBACH,  Abbild.  luitur.  Hist.  gcgenst.  5  th.  tab.  5o. 


fO  TRILOBITES. 

yeux  des  crustacés;  mais  ce  qui  rend  cette  observation  difficile  contribue 
précisément  à  appuyer  cette  analogie;  car  il  est  rare  que  ce  que  nous  assi- 
milons à  la  cornée  soit  aussi  bien  conservé  que  le  reste  du  test.  Presque 
toujours  cette  partie ,  qui  était  plus  saillante  et  plus  mince ,  est  usée,  et  on 
n'en  voit  avec  peine  que  quelques  lambeaux.  Je  ne  suis  pas  le  seul  qui  ait 
remarqué  la  structure  réticulaire  de  ces  tubercules  et  qui  les  ait  comparés 
aux  yeux  sessiles  des  insectes  ;  Martin  Brunnich  avait  déjà  fait  un  sem- 
blable rapprocliemenl.  Les  figures  faites  par  M.  Laurill.vrd  ,  au  Muséum 
britannique,  et  la  figure  3  de  la  planche  II  du  Mémoire  de  M.  Wahlen- 
berg,  indiquent  la  structure  des  yeux  qu'on  nomme  à  réseau.  Nous  re- 
viendrons plus  loin  sur  ce  sujet.  Enfin,  il  y  a  sur  le  front  six  tubercules 
disposés  sur  deux  lignes  longitudinales.  Ces  particularités  rendent  le 
bouclier  des  Calymènestrcs-reconnaissable  et  peuvent  même  servir  aussi 
pour  caractériser  ce  genre. 

Ce  que  je  nomme  \ abdomen,  sans  assurer  cependant  que  cette  partie 
en  ait  rempli  les  fonctions,  est  divisé  transversalement  par  un  grand 
nombre  d'articulations  Irès-distinctes  ;  celles  qui  m'ont  semblé  lui  ap- 
partenir plus  particulièrement  sont  au  nombre  de  quatorze  au  plus, 
douze  au  moins  ;  ce  même  abdomen  est  divisé  longitudinalement  en 
trois  parties  par  deux  sillons  profonds;  les  côtes,  ou  arcs  costaux  des 
lobes  latéraux  ou  flancs,  sont  aplaties  de  devant  en  arrière  et  semblent 
se  terminer  en  lames ,  comme  le  fait  voir  la  fîg.  2  ,  A  et  D  de  la  pi.  I. 

Enfin,  dans  la  troisième  partie  du  corps,  que  nous  appelons  yooj"^- 
ahdonien^  et  que  presque  tous  les  naturalistes  ont  nommée  improprement 
queue,  le  lobe  ou  région  moyenne  est  articulé  comme  l'épine  de  l'abdo- 
men ;  mais  les  arcs  costaux  des  lobes  latéraux  semblent  avoir  soutenu 
une  membrane  ou  peau  coriace.  Ces  arcs  sont  bifurques  vers  leur  extré- 
mité, et  celte  disposition  est  encore  un  caractère  qui  appartient  sans  ex- 
ception aux  espèces  de  ce  genre. 

Le  test  des  Calymènes  est  tubercule  ou  chagriné  plus  ou  moins  forte- 
ment. 

Les  espèces  que  je  peux  rapporter  à  ce  genre  sont  au  nombre  de 
quatre. 


CALYMENES.  Il 

1.  CALYMÈNE  DE  lîLUMEÎ^BACH. 

(  PI.  I,ng.  1,  A,B,C,D.  ) 

I 

CALYMENE   B  LVMENBACHII  {i). 

Clfpeo  rotundafOj  tiiberculis  sex  disù'nctis  in  fronts;  oculis  in  genis  eminentis- 

simis  ;  corpore  luberculato. 

C'est  dans  cette  espèce  que  le  chaperon  ou  lèvre  supérieure  présente 
un  sillon  parallèle  à  ses  bords  ;  cette  lèvre  est  droite.  Les  joues  sont  peu 
saillantes.  Il  y  a  six  lubercules  arrondis  sur  le  front,  et  quatorze  articula- 
tions au  dos;  la  queue  est  petite  ;  le  test  est  couvert  de  petits  tubercules 
arrondis  d'inégale  grosseur.  Tels  sont  ses  caractères  spéciliquesdistinctifs. 

On  l'a  trouvée  principalement  à  Dudley,  dans  le  Worcestershire. 
C'est  l'espèce  et  le  lieu  le  plus  anciennement  connus  5  mais  je  crois  pou- 
voir y  rapporter,  et  avec  de  grandes  probabilités,  les  Trilobiles  observés 
dans  les  lieux  suivans  : 

1°  Un  individu  parfaitement  conservé,  qui  m'a  été  envoyé  par 
M.  CoRREA  DE  Serra,  et  qui  a  été  trouvé,  d'après  ce  savant,  près  de  Le- 
banon,  dans  la  province  de  l'Ohio,  aux  États-Unis  d'Amérique. 

2°  Un  abdomen  et  une  queue  adhérens  sur  un  silex  pyromaque  ,  ac- 
compagné de  silex  terreux  qui  renferme  aussi  des  entroques  et  des  valves 
de  térébratules  absolument  semblables  aux  mêmes  corps  qui  accom- 
pagnent les  Trilobites  de  Dudley.  Il  fait  partie  delà  collection  de  M.  de 
France  et  vient  du  canton  de  Genessée,  dans  l'état  de  New- York. 

Brùnnich  dit  qu'on  en  trouve  dans  le  calcaire  de  Rennesl,  où  on 
exploite  de  la  pierre  à  chaux  pour  castine. 


(1)  Fossile  de  Dudley,  Littieton  ,  Transactions  philosoph.  ,  année  ijSo,  tab.  ^^6  et  48. — 
Trilobite, Knorb,  T.  IV,  Suppl.pl.  y,  f.  fig.  i  à  5.  —  Entomoslracitcstuhcrculatus ,  Wahl. , 
n°6. — Trilobiles  paradoœus? Sculot. ,  Pclrcfactcnfiuncle,  1820,  p.  58,n°2.  — Le  gissement 
dans  le  schiste  argileux  ne  convient  pas  à  l'espèce  que  je  décris  ici,  et  M.  Sclilolheini  ne 
cite  qu'avec  doute  la  figure  de  Blumenbach. 


12  ,  TRILOBITES. 

2.   CALYMÈNE  DE  TRISTAN. 
(  PI.  I,f.g.  2,A-R.  ) 

CALYMENE  TRISTAN I  (i). 

Clrpeo fornicato ,  genis  injlalis ,  oculis  exsei'tis ,  rugis  tribus   in  fronte ,  laie- 
ralibus,  obliquis ,  rolundis;  corpore  scabro. 

Son  chaperon  ou  lèvre  supérieure  est  en  forme  de  voûte  ou  de  gout- 
tière renversée.  Ses  joues  sont  très-grosses  et  laissent  entre  elles  et  le  front 
un  sillon  profond;  elles  portent  à  leur  extrémité  les  yeux  qui  semblent 
avoir  été  très-saillans.  Le  front  est  marqué  de  trois  gros  plis  obliques  ar- 
rondis à  leur  crête.  J'ai  compté  quatorze  articulations  au  dos.  La  queue 
est  très-grande  et  ses  parties  latérales  ])ai'aissent  susceptibles  d'une 
grande  extension.  L'aplatissement,  en  forme  de  lames ,  des  côtes  de  l'ab- 
domen, et  la  bifurcation  de  celles  de  la  queue  sont  très-sensibles.  La 
surface  du  test  a  tout-à-fait  la  texture  de  ce  cuir  qu'on  nomme  du 
chagrin,  û^.  2,K. 

Ces  différences  spécifiques,  déjà  nombreuses  et  bien  tranchées,  sont 
rendues  encore  plus  sen.sibles  par  les  figures  exactes  et.  soignées  que  je 
présente  ici. 

Ce  Calymène  n'a  d'abord  été  connu  que  par  des  parties  de  son  abdo- 
men qui  avaient  à  peine  conservé  quelques  fragmens  du  bouclier.  Ce 
sont  celles  qui  sont  représentées  fig.  2,  C,  D,  E;  elles  viennent  du 
cabinet  de  M.  de  Drée.  J'ai  ensuite  trouvé  dans  celui  de  M.  de  France 
des  chaperonspresqueentiersavec  des  portions  d'abdomen,  engagés  dans 
la  roche  (fig.  0..,  F,  G).  Ces  partiesm'ont  amené  à  reconnaître  que  j'avais 
dans  ma  collection  l'animal  entier  (fig.  2,  A,Bj;  et,  par  la  comparaison 
de  la  queue  de  cet  individu  avec  des  queues  venant  du  même  lieu 
et  engagées  dans  la  même  roche  que  les  tètes  et  les  abdomens  précédens, 
je  suis  parvenu  à  reconnaître ,  sans  aucun  doute,  que  ces  queues  (fig.  2, 
H,  I)  étaient  celles  du  Calymène  de  Tristan.  J'ai  réussi  à  compléter 
ainsi  un  animal  dont  la  détermination  était  très-importante  pour  la 
question  géologique  que  je  me  proposais  de  résoudre. 


(1)  Tbistan,  Journal  tics  niiîics,  vol.  xxui,  n'  i55,  p.  21 


CALYMÈNES.  l3 

Ce  Calymène  paraît  avoir  été  susceptible  d'arriver  à  des  dimensions 
très-grandes  et  de  prendre  des  formes  assez  variées.  Quelques  portions 
de  sa  tête,  de  son  abdomen  et  de  sa  queue ,  que  j'ai  vues ,  indiquent  un 
animal  qui  devait  avoir  eu  douze  centimètres  de  long  au  moins.  Le  cha- 
peron, qui  termine  sa  tête  et  qui  se  présente  comme  une  espèce  de 
mufle ,  semble  avoir  pu  prendre,  par  la  dilatation  et  la  contraction,  ou 
peut-être  aussi  par  la  pression  des  roches  qui  l'ont  enveloppé,  des  formes 
très-variées;  on  en  voit  de  tout-à-fait  obtus  ou  camards ,  comme  ceux 
de  la  fig.  2 ,  C ,  D ,  E  ;  d'autres  dilatés  et  relevés  comme  ceux  des  figures 
F,  G.  Enfin  le  défaut  de  symétrie  qu'on  remarque  dans  plusieurs  de 
ses  empreintes  ou  de  ses  dépouilles ,  concourt  à  indiquer  que  son  test 
était  d'une  nature  cornée  et  coriace ,  capable  d'extension ,  de  contraction 
et  de  flexibilité  à  la  manière  de  la  peau  coriace  des  phyllidies,  de  quel- 
ques holothuries,  etc.,  etqu'il  était  bien  éloigné  d'avoir  la  dureté  des  tests 
calcaires  des  coquilles,  ou  même  de  celui  de  l'espèce  précédente  qu'on 
trouve  plutôt  brisée  que  défoi'mée. 

Les  parties  de  Calymène  représentées  par  les  figures  2,  D,  E,  F,  G, 
se  sont  trouvées  à  la  Hunaudière,  près  de  Nantes,  dans  des  roches  tle 
schiste  argileux  grisâtre  ou  jaunâtre.  C'est  M.  de  Tristan  qui  les  a  dé- 
crites le  premier. 

Le  Calymène  entier,  représenté  fig.  2,  A,Bj  vient  de  Breuville 
près  de  Briquebec ,  dans  le  Cotentin.  On  en  trouve  aussi  à  Siouville  , 
dans  un  phyllade  pailleté  presque  luisant  et  un  peu  carburé,  et  dans 
beaucoup  d'autres  lieux  des  environs  de  Valogne  et  de  Cherbourg. 

On  ne  peut  rapporter  à  cette  espèce,  avec  une  entière  certitude,  au- 
cun des  Trilobites  décrits  ou  figurés.  J'ai  trouvé,  dans  des  notes  de 
M.  Uesmarest,  qui  m'ont  été  communiquées  par  son  fils^,  une  figure 
médiocre,  mais  qui  semble  indiquer  que  ce  naturaliste  avait  connu  cette 
seconde  espèce.  Il  paraît  que  les  queues  de  ce  Ti'ilobite  ont  été  souvent 
trouvées  dans  d'autres  lieux.  Je  soupçonne  que  les  portions  deTrilobite 
que  Walch  désigne  aussi  comme  des  queues,  et  qui  sont  représentées 
par  Rnorr,  Suppl.,  tom.  IV,  tab.  IX,  fig.  i  à  8,  pourraient  être  rap- 
portées en  totalité  ou  en  partie  au  Calymène  de  Tristan;  mais  ces  figures 
sont  trop  vagues  pour  qu'on  puisse  rien  avancer  de  certain  à  cet  égard. 
Enfin  je  soupçonne  aussi  que  les  empreintes  deTrilobite  qu'on  voit  sur  les 
ardoises  d'Angers  n'appartiennent  pas  toutes  au  genre  Ogygie,  mais  que 


l4  TRILOBITES. 

plusieurs  d'entre  elles  sont  dues  à  des  portions  du  Calymène  de  Tristan, 
défigurées  par  la  compression  qu'elles  ont  dû  éprouver  entre  les  feuillets 
de  ces  roches  fissiles. 

Aux  deux  espèces  précédentes  nettement  déterminées  sur  des  échan- 
tillons nombreux  et  bien  caractérisés,  j'ajoute  les  deux  espèces  suivantes 
dont  la  détermination  est  moins  sure,  parce  qu'elles  ont  été  décrites  sur 
des  échantillons  en  mauvais  état. 

3.  CALYMÈNE  VARIOLAIRE. 

\  (PI.  i,r.g.  5,  A,B,C.) 

CALYMENE  VARIOLARIS  (i). 

Cljpeo  lotundato ,  lobis  injlatis  valde  tuhercidatis ,  anglais  extemo-posticis  in 

mucrone  productis. 

Le  chaperon  semble  divisé  eu  trois  masses  hémisphériques;  celle  du 
milieu  est  la  plus  grosse.  Elle  ne  présente  pas  les  six  tubercules,  ou  les  sil- 
lons des  espèces  précédentes.  Les  latérales  font  voir  sur  leur  angle  ex- 
térieur une  sorte  d'appendice  qui  se  prolonge  sur  les  côtés  de  l'abdo- 
men, jusque  vers  la  sixième  articulation. 

Ces  parties  sont  couvertes  de  petits  grains  ou  boutons  beaucoup  plus 
nombreux  et  beaucoup  plus  saillans  que  dans  les  espèces  précédentes, 
et  qui  sont  percés  d'un  petit  trou  à  leur  sommet  à  la  manière  des  tuber- 
cules des  oursins  du  genre  Cidarite. 

Je  n'ai  pu  voir  distinclemcat  les  yeux  ni  sur  les  échantillons  ,  ni  sur 
l'empreinte  en  plâtre  que  je  possède,  ni  sur  les  figures  qui  ont  été  pu- 
bliées ou  dont  j'ai  eu  communication.  Cependant  la  forme  de  ceTrilobite, 
sa  consistance  qui  se  rapproche  beaucoup  de  celle  du  Calymène  de  Blu- 
menbach  portent  à  croire  qu'il  avait  des  yeux  comme  celui-ci.  On  peut 
même  remarquer  sur  l'angle  antérieur  des  parties  latérales  du  chaperon 
une  dépression  ou  rugosité  qui  semble  indiquer  la  place  de  ces  organes  (2). 


(1)  Pabkikson,  Organic remains ,  tab.  \\n,fig.  iG.  (Partie  antérieure  seulement.) 

(2)  Je  n'ai  plus  de  doute  sur  l'existence  et  la  position  de  cet  organe,  d'après  un  nouvel 
échantillon  de  cette  espèce ,  qui  m'a  été  remis  par  M.  Underwood. 


cal\mènes.  i5 

On  compte  douze  ou  treize  anneaux  sur  la  partie  que  nous  considé- 
rons comme  le  dos  ou  le  dessus  de  l'abdomen. 

La  queue  est  petite,  la  structure  des  anneaux  du  dos  et  de  ceux  de 
la  queue  est  semblable  en  tout  à  celle  des  mêmes  parties  dans  le  Caly- 
mènc  de  Blumenbach. 

On  remarque  que  ce  Calymène  a  le  corps  plus  trapézoïdal  que 
les  espèces  précédentes ,  et  qu'il  s'en  distingue  ainsi  par  un  très-grand 
nombre  de  caractères. 

Je  ne  connais  pas  le  lieu  où  l'on  a  trouvé  l'individu  figuré  pi.  I,  (ig.  3, 
B;  mais  la  figure  3,  A ,  que  je  tiens  de  M.  Stokes,  a  été  faite  d'après 
un  individu  qui  venait  de  Dudley,  et  qui  est  dans  la  collection  de 
M.  Johnson,  à  Bristol. 

4.   CALYMÈNE  MACROPHTALME. 

(PI.  1 ,  (îg.  4  et  5.  ) 

CALYMENE  MACROP HTALMA. 

Clfpeo  anticè,  cauddque  posticè  attenuatis ,  oculis  inagnis ,  exsertis. 

Ce  Trilobite  est  remarquable  par  la  grosseur  et  la  saillie  des  protubé- 
rances que  nous  considérons  comme  les  yeux.  Il  se  distingue  encore  par 
le  prolongement  en  forme  de  bec  de  la  partie  antérieure  du  bouclier, 
prolongement  qui  se  manifeste  très-clairement  sur  les  deux  échantillons 
et  sur  l'empreinte  en  plâtre  que  je  rapporte  à  cette  espèce,  malgré 
leur  état  d'imperfection. 

Le  lobe  moyen  du  bouclier  est  marqué  sur'ses  côtés  des  trois  plis 
obliques  qu'on  observe  sur  le  Calymène  de  Tristan. 

Le  dos  toujours  très-distinct  de  la  queue,  et  dont  la  séparation  est 
même  indiquée  par  une  cassure ,  comme  cela  se  voit  dans  l'individu  figuré, 
porte  douze  à  treize  articulations;  la  queue  est  courte,  mais  pointue  et 
n'olîre  aucune  expansion. 

J'ai  trois  échantillons  de  ce  Calymène.  L'un  m'a  été  remis  par  M.  Du- 
CATEL,  et  vient  des  États-Unis  d'Amérique  sans  autre  indication  de  lieu. 
Il  est  transformé  en  jaspe  grossier  rougeàtre. 

Je  ne  connais  pas  avec  certitude  le  lieu  oii  s'est  trouvé  l'échantillon 
figuré  pi.  I,  fig.  4j  il  est  indiqué  comme  venant  de  la  Hunaudière,  patrie 


TRTLOBITES. 


des  Calymènes  de  Tristan;  et  en  effet,  le  schiste  argileux  qui  en  a  pris 
la  ])lace  est  assez  semblable  à  celui  de  la  Hunaudière  (i). 

Enfin  le  troisième  échantillon  est  une  empreinte  grossière  en  plâtre 
envoyée  par  M.  Hosack  à  l'Académie  royale  des  Sciences.  Il  est  beau- 
coup plus  gros  que  les  autres  individus ,  et  a  près  de  neuf  centimètres  de 
longueur.  C'est  avec  doute  que  je  rapporte  cette  empreinte  très-peu 
nette  à  l'espèce  actuelle;  mais  malgré  ses  formes  obtuses ,  et  l'absence  de 
tout  détail ,  elle  est  si  remarquable  par  la  grosseur  de  ses  yeux  et  par 
le  prolongement  de  son  bouclier  qu'on  peut  présumer  qu'elle  appar- 
tient au  Calymène  macrophlalme,  et  avec  d'autant  plus  de  probabilité 
qu'elle  vient  aussi  des  États-Unis  d'Amérique.  FAle  a  été  trouvée,  sui- 
vant M.  HosACK,  dans  un  schiste. 

L'individu  représenté  figure  5,  d'après  des  dessins  de  M.  Stores, 
vient  de  Coal-Brook-Dale  en  Shropshire. 


(i)  Le  11°  6,  pi.  ix',  tom.  iv  du  Supplément  de  K>orr,  parait  appartenir  à   celle  espèce; 
elle  a  été  trouvée  dans  les  roches  en  blocs  épars  de  Stargard  dans  le  Mccklenbourg. 


ASAPHES,  in 

DEUXIÈME   GENRE. 


ASAPHE    (l). 

Les  Trilobites  assez  nombreux  qui  composent  ce  genre,  ce  sous-genre 
ou  celle  simple  section  ,  car  il  est  difficile  de  se  décider  sur  la  valeur  de 
leurs  caractères  distinctifs,  ces  Trilobites,  dis-je,  font  le  passage  du  genre 
Calymène  au  genre  Ogygie,  et  sont  par  cela  même  difficiles  à  circonscrire; 
mais  si  on  n'eût  pas  fait  ce  sous-genre,  il  eût  fallu  laisser  tous  les  Trilo- 
bites réunis  sous  le  même  nom  ;  or  il  suffit  de  jeter  un  coup  d'oeil  sur  les 
figures  pour  être  frappé  des  diftérences  notables  et  peut-être  essentielles 
qui  existent  entre  les  Ogygies  et  le  Calymène  de  Blumenbach. 

Les  Asaphes  oftVent  au  premier  aspect  de  grandes  dilFérences  dans  les 
dimensions  en  largeur  du  lobfc  moyen  et  des  lobes  ou  expansions  laté- 
rales, et  cette  différence,  c[ui  est  surtout  très-sensible  sur  les  queues,  a 
cela  d'heureux  cju'on  trouve  bien  plus  souvent  les  queues  de  ces  ani- 
maux que  l'animal  entier.  Dans  les  Asaphes ,  la  largeur  du  lobe  du  mi- 
lieu ,  vers  la  partie  moyenne  du  corps ,  est  au  plus  la  moitié  de  celle  de 
chaque  lobe  latéral. 

Ces  lobes,  étendus  en  expansion  comme  membraneuse,  dépassent 
loujours  plus  ou  moins  les  espèces  de  côtes  qui  les  soutiennent.  Cette 
expansion  se  prolonge  souvent  au  delà  du  post-abdomen  en  forme  de 
queue  longue  et  pointue. 

Les  côtes  des  Asaphes,  qui  correspondent  pour  le  nombre  et  pour 
la  position  aux  articulations  du  lobe  moyen,  sont  quelquefois  simples, 
au  moins  dans  le  post-abdomen,  tandis  qu'elles  sont  toujours  bifur- 

quées  dans  les  Calymènes. 

Le  bouclier  est  presque  régulièrement   demi-circulaire;  ses  angles 

postérieurs  se  prolongent  en  pointes  plus  ou  moins  longues. 

La  division  du  bouclier  en  trois  lobes  longitudinaux,  quoique  moins 
prononcée  que  dans  le  genre  précédent,  est  encore  très-distincte.  Le 
lobe  du  milieu  présente  des  dépressions  ou  sillons  transversaux.  On 
voit  sur  les  lobes  latéraux,  près  des  sillons  de  séparation,  une  protu- 
bérance oculiforme  très-sensible. 


fi)  C'est-à-dire  obscur,  difficile  à  déterminer. 


i8 


IKILOBlïES. 


Les  yeux  paraissent  souvent  très-nettement  réticulés. 

Enfin  le  clos,  presque  toujours  parfaitement  distinct  du  post-abdo- 
men, est  composé  de  huit  à  douze  arliculations.  Le  nombre  de  celles 
du  posl-abdomen  parait  très-variable,  tantôt  on  n'en  voit  qu'une,  tantôt 
il  y  en  a  un  grand  nombre. 

I.  ASAPllE  CORNIGÈRE. 

(PI.  II ,  fig.  I,  A,  B,  et  1)1.  IV,  fig.  10.) 

ASAPHUS  CORNIGERVS  (i). 

Clypeo  rohmdato ,   com^exo ,  lœvi;  oculîs  magnis  suhpedunculatis  ;  abdominù 
aTticidis  octo  ;  caudâ  magnâ  ,  articulis  vix  couspicuis. 

Cette  espèce  semble  s'éloigner  beaucoup  des  suivantes  et  former  une 
division  particulière.  Elle  constituerait  à  elle  seule  le  genre  Asaphe,  si 
des  observations  ultérieures  prouvaient  que  les  autres  espèces  doivent 
être  réunies  soit  aux  Calymènes,  soit  aux  Ogygies. 

Le  bouclier  et  la  queue  ont,  dans  quelques  individus,  à  peu  près 
la  même  dimension  et  la  même  forme. 

Le  premier  est  sans  tubercules  ni  plis,  sa  surface  paraît  avoir  été  assez 
lisse,  et  sa  division  en  trois  lobes  par  des  sillons  longitudinaux  est  pres- 
que insensible.  On  voit  à  son  extrémité  antérieure  comme  une  espèce  de 
lèvi'c  qui  semblerait  avoir  été  séparée  des  joues  par  une  fente  qui  va 
du  bord  antérieur  du  bouclier  à  l'œil  et  qui  aurait  permis  à  cette  partie 
de  se  mouvoir  de  bas  en  haut  à  la  manière  de  la  lèvre  supérieure  d'une 
carpe.  Cette  structure  n'est  pas  particulière  à  cette  espèce,  nous  l'avons 
fait  remarquer  dans  les  Calymènes  ;  mais  elle  est  ici  beaucoup  plus  sen- 
sible. Les  protubérances  oculiformes  sont  cylindriques,  très-saillantes,  et 
M.  ScHLOTHEiM ,  lésa  comparées  à  des  tentacules  ou  cornes. 

Il  y  a,  sur  l'individu  que  je  décris,  huit  articulations  très-distinctes  au 
dos,  nombre  qui  s'accorde  fort  bien  avec  celui  que  M.  Vahleisberg  in- 


(i)  Trilohiies  cor/i/ge/ns ,  ScHLOTUF.ur,  /mLeonhard  Taschenluch;  (te,  vol.  4.  t-tb.  1  ,  fig  i. 
—  Trilohiies  cornigerus.  Idem,  petre/aetenhitnde ,  1820,  p.  38i,  n.  l.  — lùttonioslraciles  ex- 
pansus,  WAULElSBKRr,,  Jcl.  SOC.  irg.  sc.  Ups. ,  vol.  vui ,  u.  I. 


ASAPUES.  ig 

diqiie.  Les  côtes  des  lobes  latéraux  paraissent  avoir  été  libres  à  leur  ex- 
trémité. La  queue  abdominale  ou  post-abdomen  est  arrondie,  lisse,  et 
laisse  à  peine  distinguer  les  arcs  osseux  qui  la  soutiennent.  Les  articula- 
tions du  lobe  moyen  sont  les  seules  qui  soient  visibles  dans  quelques 
individus. 

Telles  sont  les  particularités  caractéristiques  qu'ofïre  cette  espèce. 
Je  ne  doute  pas  que  ce  ne  soit  celle  que  M.  Schlotheim  a  décrite  et 
figurée  dans  le  Taschenhuch  de  Léonhard  ,  quelque  imparfaites  qu'en 
soient  les  figures.  Je  ne  doute  pas  non  plus  que  ce  ne  soit  \ Entomostra- 
cites  expansiis  de  M.  Wahlenbkrg,  puisqu'il  cite  les  figures  du  Ta- 
schenhuch^ mais  je  doute  beaucoup  que  ce  soit  le  Trilohites  dilatatus 
de  BrÛnnich.  La  description  qu'en  donne  ce  naturaliste  ne  lui  convient 
pas  du  tout.  En  ajoutant  même  aux  articulations  du  dos,  celles  de  la 
queue,  qu'on  distingue  à  peine,  on  n'arrivera  jamais  au  nombre  de 
vingt  que  cet  auteur  donne  comme  un  des  caractères  de  son  Trilobite 
dilaté.  Ces  motifs  m'ont  empêché  d'adopter  aucun  des  noms  donnés  à 
cette  espèce  avant  M.  Schlotheim;  car  aucun  n'a  une  antériorité  déter- 
minée sur  les  autres,  puisqu'on  ne  peut  être  sûr  de  l'identité  des  espè- 
ces. Ici  le  respect  pour  le  nom  imposé  le  premier,  pouvant  augmenter 
la  confusion,  j'ai  cru  devoir  adopter  celui  de  cornigère^  donné  derniè- 
rement par  M.  Schlotheim  à  l'espèce  que  je  décris,  quelque  impropre 
qu'il  soit. 

On  remarquera  que  M.  Wahlenberg  dit  que  ces Trilobites  présentent 
quelquefois  des  dimensions  considérables,  et  cette  particularité  éloigne- 
rait ceux-ci  des  nôtres,  si  le  même  naturaliste  ne  disait  qu'il  y  en  a  aussi 
de  fort  petits ,  ce  qui  doit  faire  présumer  dans  ces  animaux  une  grande 
rapidité  de  croissance,  comme  on  le  remarque  dans  les  Apus,  et  si 
la  queue  figurée  en  B  et  l'individu  représenté  pi.  IV,  fig.  lo  ,  n'annon- 
çaient déjà  des  variations  de  grandeur  assez  considérables  dans  ceux  des 
environs  de  Saint-Pétersbourg.  Les  échantillons  que  je  possède  vien- 
nent de  Koschelewa,  près  de  Saint-Pétersbourg.  Us  sont  dans  un  cal- 
caire compacte,  gris  de  cendre,  rempli  d'un  grand  nonibre  de  petites 
lamelles  cristallines  et  de  petits  grains  noir-verdàtre ,  paraissant  par 
conséquent  appartenir  à  la  formation  calcaire  inférieure  à  la  craie. 

Celui  que  M.  Schlotheim  décrit  a  été  trouvé,  dans  les  environs  de 


20  ÏRILOBIÏES. 

Revel,  près  deMemel,  dans  un  calcaire  qu'il  rapporte  au  terrain  de 
transition  (i). 

Nous  ne  citerons  que  ces  deux  localités,  parce  que  ce  sont  les  seules 
que  nous  puissions  attribuer  avec  exactitude  à  l'Asaphe  cornigère.  Les 
auteurs  mentionnés  plus  haut,  c'est-à-dire  Brùivnich,  M.  Wahlenberg 
et  M.  ScHLOTHEiM  lui-mêuie,  en  indiquent  bien  d'autres;  mais  quand  on 
voit  qu'ils  nomment  des  lieux  qui  l'enferment  des  espèces  évidemment 
différentes  de  celle-ci,  du  moins  pour  nous,  nous  aimons  mieux  les 
omettre  que  d'augmenter  aussi  la  confusion  sous  ce  l'apport. 

2.  ASAPHE  DE  DEBUCII. 

(PI.  II,fig.2,A,B,C.) 

ASAPHVS    DEBUCII II. 

Corpore  oonto  ,  aniice  ohfuso  ;  pays  caudœ  menihranacea  ad  niarginern  longi- 
l  tudinah'ler  striata  (2). 

La  forme  générale  de  cet  Asaphe  est  celle  d'un  œuf,  la  tète  est  du 
côté  du  gros  bout. 

Le  lobe  moyen  du  bouclier  est  assez  distinct,  il  se  termine  en  pointe 
antérieurement  et  parait  marqué  de  quelques  tubercules,  à  peu  près  dis- 
posés comme  dans  les  Calymènes.  Les  lobes  latéraux  ou  joues  sont  trian- 
gulaires, l'angle  postérieur  et  extérieur  est  un  peu  prolongé.  Les  tuber- 
cules oculiformes  sont  situés  dans  l'angle  antérieur. 

Les  arcs  costaux  des  lobes  latéraux  du  dos  sont  bien  f.ensiblement 
doubles,  ceux  de  l'abdomen  caudal  le  sont  moins  sensiblement.  La 
partie  moyenne  de  cet  abdomen  est  à  peu  près  pyramidale  5  la  mem- 
brane coriacée  qui  recouvrait  les  arcs,  les  dépassait  et  était  striée  longi- 
tudinalement  vers  son  bord  ;  les  stries  de  la  partie  flottante  paraissaient 


(1)  Die  pctrefactenkimde,  Gotha.  1820,  p.  38.  — M.  SctiLOTllElM,  dans  son  mémoire 
inséré  dans  le  Taschenbuch .,  etc.,  de  Leonhard ,  avait  désigné  ce  calcaire  comme  appartenant 
au  calcaire  coquillier  moderncj  celte  désignation  convient  beanconp  mieux  au  calcaire  qui 
renferme  les  échantillons  de  Koschclcwa,  que  celle  de  calcaire  de  transition. 

(2)  Parkinson  ,  Org.  rnnains  ,  vol.  Ui,  pi.  XVII,  fig.  i3. 


\SAPHKS.  21 

moins  serrées  que  celles  delà  partie  portée  par  l'extrémité  des  arcs.  {J^oy. 
les  figures  2 ,  B  et  C.  ) 

Cette  espèce,  comme  tous  les  Trilobites,  excepté peut-êtrele  Calymène 
de  Rlumenbach,  parait  varier  beaucoup  de  grandeur,  La  figure  2.  B, 
représente  une  partie  de  l'abdomen  caudal  d'un  individu  que  je  regarde 
comme  appartenant  à  l'Asaphe  de  Debuch,  et  qui  devait  être  au  moins 
trois  fois  plus  grand  que  celui  de  la  figure  2  A. 

L'Asaphe  de  la  figure  2  A ,  vient  de  Dynevors-Park ,  dans  le  pays  de 
Galles;  il  est  dans  im  psanimite  calcaire,  compacte,  noir,  assez  dur  et 
micacé. 

Je  rapporte  à  cette  espèce  une  queue  d'Asapbe  qui  ne  diffère  des 
précédentes  que  par  ses  stries  plus  larges  et  par  sa  peau,  qui  paraît 
avoir  été  moins  raboteuse.  Elle  vient  d'Éger,  en  Norwége;  elle  est 
engagée  dans  un  phyllade  noir-pailleté  ( schiste  argileux ,  noir,  micacé), 
appartenant  aux  terrains  de  transition. 

3.  ASAPHE  DE  HAUSMANN. 

(PI.  II,  fig,3.  A,B.) 
ASAPHUS    HAVSMANNI. 
Cauda  rohmdata;  cute  coriaceâ  tuberculis  minimis,  spinuïosis  tectâ. 

Je  ne  connais  que  la  queue  de  cet  Asaphe,  mais  elle  est  si  différente 
delà  queue  des  autres  Trilobites,  que  je  n'hésite  pas  à  établir  une  espèce 
particulière  sur  la  considération  de  cette  seule  partie. 

Sa  forme  générale  est  celle  de  la  moitié  d'une  ellipse ,  son  lobe  moyen 
représente  un  cône  très-effilé.  Les  arcs  costaux  des  lobes  latéraux  parfai- 
tement distincts,  paraissent  simples.  Je  n'ai  pu  y  apercevoir  le  moindre 
indice  de  bifurcation.  Cette  disposition  caractérise  déjà  assez  bien  cette 
espèce;  mais  ce  qui  contribue  encore  à  la  faire  distinguer  des  autres,  ce 
sont  des  petits  points  élevés,  épars  et  par  conséquent  peu  serrés,  dont  sa 
peau  ou  épidémie  était  couverte  comme  l'est  celle  de  la  queue  de  \ Apus 
cuncriformis. 

Cette  partie  d' Asaphe  est  dans  un  calcaire  homogène,  compacte,  noi- 


as  TBILOBITES. 

latte,  qui  ue  présente  aucune  autre  sorte  de  pétrification.  J'ignore  de 
quel  pays  vient  ce  morceau  qui  faitpartiedela  collection  Je  M.  deDrée. 

Mais  le  cabinet  niinéralogique  particulier  du  roi  renferme  deux  post- 
abdomens de  cette  même  espèce,  qui  sont  étendus  comme  dans  celle 
qui  vient  d'être  décrite,  et  dont  l'un,  privé  de  sa  peau,  fait  voir  que  les 
arcs  osseux  des  lobes  latéraux  sont  doubles  comme  dans  les  autres  Trilo- 
bites. 

Ces  individus  sont  dans  un  calcaire  très- compacte  et  même  un  peu 
sublamellaire,  gris  foncé-bleuàtre  ,  traversé  de  veines  de  calcaire 
spatliique,  et  faisant  voir  quelques  parties  de  zinc  sulfuré;  il  possède 
par  conséquent  toutes  les  apparences  extérieures  du  calcaire  de  tran- 
sition et  vient  des  environs  de  Prague. 

4.ASAPHE  CAUDIGÊRE. 

(PI.  II,fig.  4,  A,  B;C,  D.) 

ASAPHVS  CAUDATUS  [^). 

(Jlypeo  antice  suhroiundalo ,  poslice  valdc  eniarginalo ,  ongulo  extcmo  in 
mucronem  prodiicto  ;  oculis  exsertis,  conicis  ,  Inincatis  ,  distincte  reticulatis  ; 
post-abdomine  in  caudam  membranaceam ,  acutam  extenso.^ 

Je  n'ai  d'abord  eu  sous  les  yeux  que  la  queue  de  ce  Trilobiie,  fig.  4  13  '•, 
mais  le  dessin,  lig.  4  C,  fait  au  Muséum  britannique  avec  une  scrupu- 
leuse exactitude  par  M.  LALT.iLi.Ar.D ,  et  les  dessins  fig.  4  A,  B,  qui  m'ont 
été  communiqués  par  M.  Stores,  ne  me  laissent  presque  aucun  doute 
sur  l'identité  des  animaux  qu'ils  représentent  avec  celui  auquel  apparte- 
nait la  queue  figurée  4  D.  La  forme  pyramidale  allongée  du  lobe  moyen 
de  cet  abdomen  caudal,  la  bifurcation  des  arcs  des  lobes  latéraux  dans 
toute  leur  longueur,  et  la  forme  générale  de  cette  partie,  sont  des  carac- 
tères communs.  Ces  lobes  sont  bordés  par  une  membrane  coriacée,  très- 
finement  ponctuée,  qui  se  prolonge  en  queue  pointue.  La  queue  de 
l'individu  représenté  fig.  4  C,  ne  montre  pas  cette  membrane;  mais  on 

(i)  Trilobus  C3.yiàà.i\xi.  BRuamcH  in  Kiceb.  Selsk.  Skrivt.  nye  Saml.  i,  1781  ,  p.  892,  n.  3. 


ASAPHES.  23 

voit  que  ses  bords  et  que  son  extrémité  ont  été  lron([ués  et  privés  par 
cette  altération  de  cette  partie  accessoire. 

Je  regarde  donc  ces  deux  individus  comme  ayant  appartenu  à  la 
même  espèce;  et  je  reprends  la  description  de  l'animal  sur  ceux  du  Mu- 
séum britannique  et  de  M.  Stokes. 

Le  bouclier  qui  se  voit  de  face  en  A  et  B  et  de  profil  en  C,  parait  avoir 
eu  un  prolongement  à  son  lobe  moyen,  prolongement  détruit  par  l'al- 
tération de  l'écliantillon  A.  Ce  lobe  présente  trois  plis  transversaux  vers 
sa  partie  postérieure  ,  caractère  commun  aux  Asaphes.  Les  lobes  laté- 
raux ou  joues,  triangulaires  et  prolongés  en  pointe  par  leur  angle  posté- 
rieur et  extérieur,  sont  peu  étendus  et  portent  des  protubérances  coni- 
ques, tronquées,  semi-lunaires,  à  convexité  extérieure,  qui  ne  sont  pas 
ici  seulement  oculiformes,  mais  de  véritables  yeux  à  réseau  comme  ceux 
des  limules.  M.  Wahlenberg  fait  remarquer  la  netteté  étonnante  de  cette 
structure  dans  l'espèce  qu'il  a  décrite,  et  qui  parait  être  voisine  de  celle- 
ci,  si  elle  n'est  la  même;  les  figures  de  M.  Stokes  représentent  très-bien 
ces  yfeux ,  et  M.  Laurillard  ,  qui  n'était  guidé  par  aucune  opinion  à  dé- 
fendre, qui  n'a  dessiné  que  ce  qu'il  a  vu,  a  parfaitement  figuré  la 
structure  réticulaire  de  ces  organes,  qu'on  ne  peut  se  refuser  de  con- 
sidérer comme  des  yeux  (i  J. 

Le  lobe  du  dos,  étroit  comme  dans  tous  les  Asapbes,  présente  douze 
articulations  bien  distinctes,  et  éloigne  cette  espèce  des  précédentes  par 
ce  caractère.  Les  lobes  latéraux  sont  composés  d'arcs  bifurques,  dont  les 
deux  branches  sont  presque  d'égale  longueur. 

L'abdomen  caudal  est  parfaitement  distinct  du  dos  ou  partie  supé- 
rieure de  l'abdomen  dorsal. 

J'ignore  d'où  vient  l'individu  fig.  4  C,  mais  je  soupçonne  qu'il  se  trouve 
aussi  àDudley,  lieu  d'où  viennent  l'abdomen  caudal  de  la  figure  D,  et 
l'individu  des  fig.  4  A  et  B. 

Malgré  la  différence  qu'offre  au  premier  coup  d'ceil  la  figure  deBRÙN- 
jvich,  je  ne  doute  point  qu'elle  ne  représente  un  individu  de  l'Asaphe 


j» 


i)  Un  individu  de  cette  espèce  trouvé  à  Dudley,  et  qui  m'a  été  donné  par  M.  Underwood, 
utre    de    la   manière   la    plus    nette    cl    la    plus    complète,    la   structure   réticulaire  de    ces 

Y- 


(      . 

nioutre    de 
yeux 


24  TRILOBITES. 

caudigère;  premièrement  la  queue  est  parfaitement  scni])lable  à  celle 
que  je  décris  et  que  je  rapporte  à  cette  espèce.  Les  différences  qu'on  re- 
marque dans  la  partie  antérieure  viennent  et  de  l'état  de  conservation 
de  l'individu ,  et  plus  encore  de  l'imperfection  de  la  figure.  On  y  recon- 
naît les  parties  principales  semblables  dans  l'un  et  l'autre  individu 
par  leur  position,  leur  nombre  et  leurs  formes  essentielles.  Le  prolon- 
gement du  lobe  moyen  du  bouclier  et  son  rebord  festonné  sont  peut- 
être  exagérés  dans  la  ligure  de  BRiJNNiCH,  ou  tronqués  par  accident  dans 
l'individu  figuré  pi.  1 1,  fig.  4-  Brunnich  dit  qu'on  le  trouve  à  un  mille 
de  Coal-brock-dale  en  Angleterre. 

Mais  il  y  a  un  autre  Trilobite  (  pi.  III ^  fig.  9),  auquel  M.  Wahlen- 
BERG  a  aussi  donné  le  nom  de  caudatus  {i) ,  en  le  considérant  comme 
étant  de  la  même  espèce  que  celui  de  Brijnnich;  quoique  je  n'aie  con- 
naissance de  ce  Trilobite  que  par  la  figure  publiée  par  M.  Wahlea- 
BERG,  je  crois  en  voir  assez  pour  oser  ne  pas  partager  son  opinion.  La 
forme  générale  du  corps,  celle  du  bouclier,  qui  est  parfaitement  ellipti- 
que ,  sans  aucune  indication  de  prolongement  ou  de  feston,  la  forme 
de  l'abdomen  caudal,  et  des  arcs  de  ses  lobes  latéraux,  celle  de  la  queue, 
ou  appendice  caudal,  pointue  et  comme  articulée  avec  l'extrémité  du 
post-abdomen ,  me  paraissent  des  indices  sufFisans  pour  distinguer  ce 
Trilobite  du  précédent,  et  lui  donner  un  autre  nom,  par  exem])le  celui 
^Asaplius  nmcronalus  ,  en  laissant  au  Trilobite  décrit  par  Brïjnnich, 
fig.  4  vl<"  wom  d'A.  caudigère,  A.  caudatus. 

5.  ASAPHE  LARGE  QUEUE. 

(Pi.  m,  fig.  8.) 

ASAPHUS  LATICAUDA  (2). 

Clypeo  imncaio,  ocuh's  ad  latus  capitis  ;  capitc  valdc  convexo  ;  caiidâ  suborbi- 
cuJari,Unibo  laùsshno,  pianissimo  ^  iutegarimo.,. 

Les  yeux  sont  placés  vers  les  côtés  de  la  tcte,  qui  est  très-convexe  j 


(0  Enlomoslracitcscaudatus.  Wahlenberc,  n°4,  tab.  ii,  fig.  3. 

(2)  Eiilomosiracitcs  lalicauda.   Waiilenberg  ,  n"  3,  tab.   il,  fig.  7.   et   8. 


ASAPHES.  aS 

la  queue  est  presque  orbiculaire  et  le  limbe  en  est  très-large,  plane,  très- 
entier,  marqué  de  plis  superficiels  rayonnans. 

Il  se  trouve  principalement  dansl'Osmundberg  en  Dalécarlie,  dans  le 
calcaire  blanc  ,  et  pourrait  bien  être  un  individu  adulte  de  l'espèce  que 
M.  Wahlenberg  nomme  crassicauda. 

Le  rapport  de  largeur  ^i^^obe  moyen  aux  lobes  latéraux  que 
M.  Wahlenberg  fait  remarquer,  la  membrane  qui  bordait  la  queue, 
sont  des  caractères  qui  conviennent  aux  Asaphes,> et  qui  placent  cette 
espèce  dans  ce  genre.  Je  ne  l'ai  pas  vue. 

IJK.  crassicauda  du  même  auteur  appartient  peut-être  aussi  à  ce 
genre,  mais  la  figure  qu'il  en  donne  ne  m'a  pas  paru  suffisante  pour  éta- 
blir avec  certitude  la  distinction  et  la  place  de  ce  Trilobite. 


11! 


4 


TROISIEME   GENRE. 


OGYGIE  (i). 


Les  Trilobites  qui  composent  ce  genre  peu  nombreux  en  espèces,  ont 
un  aspect  si  différent  des  autres,  que  c'est  à  eux  que  je  dois  l'idée  de  di- 
viser celle  famille  en  plusieurs  genres.  On  les  avait  remarqués  depuis 
bien  long-temps  sur  les  ardoises  des  environs  d'Angers ,  et  ils  ont  été 
l'objet  de  plusieurs  dissertations  deGuETTARD. 

Malgré  ces  différences  si  apparentes  dans  l'ensemble  de  l'animal,  il  est 
cependant  assez  difficile  d'assigner  à  ce  genre  des  caractères  tranchés  ; 
mais  on  sait  que  c'est  le  cas  de  presque  toutes  les  familles  très-nalu- 
l'elles. 

Les  Ogyoies  ont  la  forme  d'une  ellipse  allongée,  terminée  en  pointes 
à  peu  près  égales  à  ses  deux  extrémités. 

Ils  sont  tous  très-déprimés,  et  on  ne  peut  guère  attribuer  cet  apla- 
tissement à  la  compression. 

La  tête  et  le  corselet  sont  réunis  en  un  bouclier  assez  étendu;  on  voit 
sur  la  partie  antérieure  du  chaperon ,  un  sillon  droit  longitudinal  qu'on 
n'aperçoit  sur  aucun  autre  Trilobite,  et  sur  les  côtés,  deux  sillons  arqués. 

Les  protubérances  oculiformes  ne  montrent  point  la  structure  réti- 
culaire,  ni  l'espèce  de  rebord  qui  entoure  la  cornée,  comme  dans  les  autres 
Trilobites  ;  ces  protubérances  semblent  indiquer  la  place  des  yeux,  mais 
ne  laissent  voir  rien  qui  puisse  être  comparé  à  ces  organes.  Elles  sont 
situées  vers  le  milieu  du  bouclier.  Cette  partie  du  bouclier  est  saillante  , 
mais  elle  ne  présente  pas  les  tubercules  ,  qu'on  observe  dans  les  autres 
genres. 

Le  boucher  se  prolonge  de  chaque  côté  en  une  pointe  très-allongée 
qui  est  lout-à-fait  séparée  du  corps,  et  qui  s'étend  jusqu'à  plus  de  fe 
moitié  de  la  longueur  de  l'animal.  Ce  prolongement  du  bouclier  est 
fort  remarquable  ;  il  est  déjà  comme  indiqué  dans  quelques  Asaphes  , 
et  se  retrouve  dans  les  Paradoxides. 


(i)  Qui  est  de  la  plus  grande  ancienneté. 


0GYGIE9.  27 

L'abdomen  est,  ainsi  que  le  post-abdomen,  divisé  en  trois  parties  par 
deux  sillons  longitudinaux,  et  en  un  grand  nombre  d'articulations  trans- 
versales :  c'est  le  caractère  commun  des  Trilobites.  Les  articulations  de 
l'abdomen  m'ont  paru  être  constamment  au  nombre  de  huit ,  tandis 
qu'on  en  compte  treize  à  quatorze  dans  les  Calymènes. 

On  remarque  à  leur  surface,  non  pas  des  tubercules,  mais  des  stries  - 
partant  en  divergeant  d'un  angle  des  écailles  ;  ces  stries  sont  analogues  à 
celles  qu'on  voit  sur  les  écailles  des  oscabrions,  on  y  remarque  aussi  des 
plis  et  des  échancrures  semblables  à  ceux  que  montrent  les  écailles 
de  la  queue  des  crustacés,  dans  les  parties  qui  s'emboîtent.  Le  post-ab- 
domen est  à  peu  près  disposé  comme  l'abdomen;  on  y  compte  environ 
dix  anneaux  ou  articulations  j  ses  parties  latérales  paraissent  avoir  été 
beaucoup  moins  écailleuses,  moins  sensiblement  articulées,  et  par  con- 
séquent plus  membraneuses  que  les  parties  latérales  de  l'abdomen.  On 
voit  sur  les  deux  côtés  de  la  queue  d'un  des  individus  que  j'ai  figurée 
(pi.  III,  fig.  I,  B  ),  deux  paquets  ovoïdes,  beaucoup  plus  épais  que  le 
reste  du  corps.  Ces  paquets,  dont  la  structure  est  indéterminable,  sem- 
blent cependant  par  leur  forme  et  leur  position,  indiquer  la  place  des 
œufs,  place  et  forme  analogues  à  celles  que  présentent  les  paquets  d'œufs 
dans  plusieurs  entomostracés,  tels  que  les  Cyclopes  et  les  Branchiopodes. 

Les  individus  d'une  même  espèce  ont  entre  eux  de  grandes  différences 
de  taille;  en  ne  comparant  que  ceux  qui  sont  évidemment  de  la  même 
espèce,  on  en  trouve  qui  ont  neuf  centimètres,  etd'autres  qui  ont  jusqu'à 
vingt-huit  centimètres  de  long. 

L'Ogygie  ne  parait  encore  avoir  été  observé  entier  par  aucun  natu- 
raliste. GuETTARD,  qui  a  publié  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  (  i)  une 
dissertation  sur  les  empreintes  des  schistes  d'Angers,  n'a  décrit  et  figuré 
que  des  parties  séparées  de  l'abdomen  de  cet  animal,  et  encore  la  descrip- 
tion et  les  figures  qu'il  en  a  données  sont  si  vagues  qu'on  ne  peut  en  tirer 
aucun  résultat.  Il  avait  eu  aussi  connaissance  des  Calymènes,  mais 
il  les  a  confondus  avec  les  Ogygies.  J'ai  trouvé  dans  les  notes  de  M.  Des- 
MAKEST,  que  M.  son  fils  a  bien  voulu  me  remettre,  une  figure  de  l'ani- 
mal entier.  Quoique  encore  très- vague,  elle  est  beaucoup  moins  impar- 
faite qu'aucune  de  celles  de  Guettard. 

(i)  Mém.  de  l'Académie  royale  des  sciences  de  Paris,  année  1757,  p.  Sa,  pi.  7-9. 

4* 


28  TRILOBITES. 

Comme  j'ai  eu  en  même  temps  l'individu  d'après  lequel  elle  a  été  faite, 
je  l'ai  fiut  dessiner  avec  la  précision  nécessaire  (pi.  III,  fig.  i  ,  A  ).  On  y 
remarque  absolument  la  inéme  structure  que  dans  celui  de  la  collection 
du  Musée;  mais  les  parties  ovoïdes  que  j'ai  considérées  comme  des 
paquets  d'œufs  ne  s'y  voient  pas,  l'animal  étant  probablement  trop 
jeune  pour  produire. 

1.  ÔGYGIE  DE  GUETTARD. 

(Pl.IIl,fig.  i,A,B.) 
OGYGIA   GUETTA  RDI. 

Corpore  depj'csso  oiato,  idrinque  acuniinato;  clypeo  anticè  subbijido  ;  postiçc 
in  duobus  mucronibus  corporis  ferè  longiludinc ,  elongato. 

Le  corps  de  cet  Ogygie  est  elliptique,  environ  trois  fois  plus  long 
que  large ,  il  est  terminé  en  pointe  aux  deux  extrémités ,  et  les  diffé- 
rentes parties  qu'on  y  voit  participent  de  son  allongement. 

Cette  espèce,  dans  l'état  de  conservation  complète  sous  lequel  nous 
la  décrivons,  est  fort  rare;  mais  ses  fragmens,  au  contraire,  sont  très- 
communs  dans  les  schistes  ardoises  des  environs  d'Angers. 

Cependant  je  ne  puis  croire  que  toutes  les  empreintes  à  trois  lobes  et 
à  articulations  transversales  qu'on  trouve  dans  ces  schistes,  appartiennent 
à  la  même  espèce,  et  soient  toutes  des  abdomens  ou  post-abdomens  de 
rOgygie  de  Guettard.  Ils  sont  si  différens  les  uns  des  autres  parleur  di- 
mension, leur  épaisseur,  leur  forme  même,  qu'ils  pourroient  bien  avoir 
appartenu  à  des  espèces  différentes,  que  nous  ne  pouvons  caractériser,  ne 
les  ayant  jamais  vues  entières,  11  serait  même  possible  qu'il  y  eût  parmi 
ces  empreintes  des  post-abdomens  du  Calymène  de  Tristan. 

2.  OGYGIE   DE   DESMAKEST. 

(PI.  m,  fig.  2.) 

OGYGIA  DESMARESTII. 

Corpore  depresso ,  ovato  ;  anticè  obtuso  ;  clypeo  angulis  posticîs  in  duobus  mu- 
cronibus brenbus  desinenie. 

Le  corps  est  ellipsoïde^  tout  au  plus  une  fois  et  demie  plus  long  que 
large;  le  bouclier  est  arrondi  et  presque  écliancré  antérieurement. 


■-«»> 


OGYGIES.  29 

Je  ne  crois  pas  pouvoir  attribuer  à  un  simple  effet  de  la  contraction, 
une  différence  aussi  grande  dans  les  proportions  et  même  dans  les  formes 
do  toutes  les  parties,  que  celle  qu'on  observe  entre  cette  espèce  et  la 
précédente. 

Outre  sa  dimension  remarquable,  puisque  l'animal  entier  devait  avoir 
an  moins  trente-cinq  centimètres  de  long,  toutes  ses  parties  sont  rac- 
courcies, et  comme  il  paraît  aussi  complètement  étendu  que  les  autres  y 
on  ne  peut  pas  attribuer  ce  raccourcissement  à  la  faculté  de  se  con- 
tracter en  boule,  que  possèdent  la  plupart  des  Trilobites.  D'ailleurs  on 
remarque  que  le  bouclier,  qui,  par  sa  nature,  ne  paraît  susceptible  ni  de 
contraction ,  ni  de  flexion  ,  est  également  et  beaucoup  plus  court  et 
plus  arrondi,  que  SCS  pointes  sont  moins  prolongées,  que  ses  protubé- 
rances oculiformes  sont  rondes  et  non  pas  ovales. 

On  reconnaît  dans  cette  espèce  les  sillons  du  chaperon  ,  et  toutes  les 
autres  particularités  qui  caractérisent  ce  genre. 

Cet  Ogygie  se  trouve  avec  l'espèce  précédente  dans  le  schiste  ardoise 
des  environs  d'Angers. 


/îîîia'IOV.-;  . 


# 


QUATRIÈME    GENRE. 

PARADOXIDE. 

Ce  quatrième  genre  renl'erme  les  espèces  de  la  famille  des  Trilobites , 
qui  ont  été  décrites  par  Linné  ,  sous  le  nom  d'EntomoIithus  para- 
cîoxiis ,  nom  qu'on  a  étendu,  comme  je  l'ai  dit,  à  des  animaux  que 
le  naturaliste  suédois  n'avait  pas  eu  en  vue,  et  qu'il  n'avait  pas  même 
connus.  C'est  par  respect  pour  lui,  et  pour  rappeler  que  c'est  ici  le  vé- 
ritable E  ntoniolithus  parada  jc  us  y  ci\xe\  ai  donné  à  ce  genre  le  nom  de 
Paradoxide,  nom  peut-être  un  peu  singulier,  mais  qui  rappelle,  comme 
l'avait  voulu  Linné,  les  formes  singulières  de  ces  animaux. 

Les  Paradoxides  ont  le  corps  très-déprimé,  les  flancs  larges  par  rap- 
port au  lobe  moyen. 

Le  bouclier  est  généralement  arqué  en  avant ,  presque  demi-circu- 
laire. 

Les  lobes  latéraux  sont  unis,  et  ne  paraissent  point  porter  d'yeux 
réels ,  ni  même  de  protubérances  oculiformes. 

Le  lobe  moyen  est  marqué  de  trois  sillons  transversaux,  ou  au  moins 
de  trois  rides. 

On  ne  voit  ni  les  lignes  ni  les  articulations  qui  divisent  le  bord  anté- 
rieur du  bouclier  dans  les  Calymènes,  les  Asaphes  et  les  Ogygies. 

Le  nombre  des  articulations  du  corps  ou  de  l'abdomen  proprement 
dit ,  ne  parait  pas  être  moindre  de  douze. 

Celles  du  post-abdomen  ne  passent  pas  quelquefois  quatre  ou  cinq. 

Mais  ce  qui  caractérise  surtout  les  Paradoxides  et  les  distingue  d'une 
manière  encore  plus  absolue  des  autres  Trilobites,  c'est  d'avoir  les  arcs 
des  flancs,  et  surtout  ceux  de  la  queue,  prolongés  en  dents,  en  pointes  ou 
en  épines  au-delà  de  la  membrane  qu'ils  soustendent.  Ce  dernier  carac- 
tère, s'il  est  constant,  c'est-à-dire  s'il  se  trouve  toujours  dans  les  Trilo- 
bites qui  ont  d'ailleurs  tous  les  autres  caractères  des  Paradoxides,  les  dis- 
tinguera sûrement ,  puisque  dans  les  genres  précédens,  un  des  carac- 
tères tiré  de  la  queue  ou  de  post-abdomen  ,  est  d'avoir  une  membrane 
qui,  non-seulement  lie  ces  arcs  latéraux  de  la  queue  jusqu'à  leur  extré- 


'«^' 


PARADOXIDES.  3l 

mité  mais  la  dépasse  quelquefois  considéiablement,  comme  cela  se  voit 
dans  les  Asaphes.  "  - 

Les  Paradoxides  se  rapprochent  des  Ogygies  par  la  forme  déprimée 
de  leur  corps  ^  par  la  ténuité  de  leur  peau  ,  et  par  l'absence  des  yeux  ré- 
ticulés. Il  ])arait  qu'il  y  en  a  un  assez  grand  nombre  d'espèces;  mais 
parmi  ces  espèces ,  nous  n'en  avons  vu  qu'une  seule.  Nous  donnons 
les  autres  d'après  M.  Wahlenberg. 

Nous  diviserons  ce  genre  en  deux  sections,  établies  sur  la  forme  du 
chaperon. 

Irc    SECTION. 

Bord  antérieur  du  chaperon  à  peu  près  en  arc  de  cercle. 
I.    PARADOXIDE    DE   TESSIN. 

(PI.  IV,  fig.  I,  figura  Wahleiibergii.  ) 
PARADOXIDES   TESSINI  (i). 


Cœcus  ;  capite  seminularî ,  rnunito  cornibus    validis  retrorsum  exeuntibus . 
fronte  turbinatâ  ,  annulatâ  ;  caudâ  spinis  ininci  postremis  triplo  breviore  , 
^Vahl. 

Le  chaperon,  arrondi  antérieurement ,  se  prolonge  postérieurement 
en  deux  parties  qui  dépassent  la  moitié  du  corps. 

Le  lobe  moyen  ou  la  tête ,  est  arrondi  et  dilaté  en  avant ,  et  marqué 
de  trois  plis  transversaux. 

Les  joues  ou  lobes  latéraux  semblent  porter  de  chaque  côté  une  pro- 
tubérance oculiforme,  mais  non  pas  un  œil. 

La  figure  n'indiquant  pas  la  distinction  de  l'abdomen  et  du  post-ab- 
domen, on  compte  vingt  à  vingt-deux  articulations,  en  réunissant  celles 
qui  appartiennent  à  ces  deux  parties;  la  véi'itable  queue  qui  semble 


(i)     Entomostracites    paradoxissimus ,     Wahl,    n°  g ,  tab.    I,   fig.    i.    —   Enlomolithus 
paradoxus,  LiKN. ,  Mus.  tess, ,  tab.  III,  fig.  i  (pcssima). 


32  TRILOBITES. 

ici  composée  de  trois  anneaux  sans  parties  latérales  serait ,  suivant 
M.  Wahlenber  ,  plus  courte  que  dans  aucune  autre  espèce. 

Ce  Paradoxide  paraît  acquérir  une  très-grande  dimension  ;  on  en  cite 
de  plus  de  trois  décimètres  de  long. 

Malgré  l'imperfection  delà  figure  de  l'Entomolithe  décrit  par  Linné 
dans  le  muséum  de  Tessin  ,  nous  ne  pouvons  douter,  en  la  comparant 
à  celle  de  M.  Wahlenberg  ,  que  Linné  n'ait  décrit  le  même  animal. 
M.  Wahlenberg  n'en  doute  pas  non  plus,  puisqu'il  donne  cet  Ento- 
molithe  du  Museutn  Tessinianum^  comme  synonyme  du  sien. 

Cette  espèce ,  dit  ce  naturaliste ,  ne  s'est  encore  trouvée  qu'en 
Westrogothie,  dans  les  couches  d'ampelitealumineux,  et  seulement  à  une 
grande  profondeur.  On  en  a  trouvé  quelques  vestiges  dans  les  exploita- 
lions  de  Damman. 

2.  PARADOXIDE  SPINULEUX. 

(PI.  IV,  fig.  2  et  3.) 

PARADOXIDES   SPINULOSUS  (i). 

Cœcus;  cïypeo  semilunari,  postlcc  tnmcato ,  anguUs  externis  in  spinâ  porrectis  ; 
abdomine  duodecim  articulis ,  postabdomine  sexdecim  ;  costis  in  spinis  re- 
trorsum  Jlexis ,  desinentibus. 

La  tête  égale  presque  en  largeur  la  longueur  de  l'animal ,  elle  est  semi- 
circulaire. 

Le  lobe  moyen  est  marqué  do  trois  plis  transversaux  disposés  en  che- 
vrons ou  V  renversés.  Il  est  plus  étroit  en  avant  qu'en  arrière,  ce  qui 
distingue  essentiellement  cette  espèce  de  la  précédente. 

On  ne  voit  sur  les  lobes  latéraux  aucune  protubérance  oculiforme , 
mais  ces  lobes  montrent  clairement  des  stries  ondulées  à  peu  près  trans- 
versales. Ils  se  prolongent  dans  l'individu  dont  M.  Wahlenberg  a  donné 
la  figure  (et  qu'on  a  copiée  fig.  3), en  deux  pointes  ou  épines  qui  attei- 


■■'(iy  Entàmolkhiis    paradoxus",^  Lmsi. ,  Act.   Stocth.  1759,   tab.   I ,  fig.    i,  2,  3.  4-  — 
EnlomoslracUes  spinulosus  ;  Waul.  ,  n°  1 1  ,  tab.  I ,  fig.  3. 


PARADOXIDES.  35 

gnent  à  peu  près  la  moiiic  du  corps.  Ces  épines  ne  se  voient  pas  dans 
celui  de  la  collection  de  M.  Defrance,  dont  je  donne  la  figuie  (lig.  a); 
mais  on  remarque  cpie  l'extrémité  b  de  ces  lobes  est  cassée,  et  on  croit 
même  apercevoir  en  c,  sur  la  pierre,  une  trace  de  l'existence  de  ces  pro- 
longemens  éj)ineux. 

On  compte  douze  articulations  sur  ce  qu'on  peut  regarder  comme 
l'abdomen ,  et  six  en  tout  sur  la  réunion  du  post-abdomen  avec  la  véri- 
table queue  en  e. 

L'individu  que  je  décris  (pi.  iv,  fig.  2)  se  montre  comme  un  relief 
très-plat,  cependant  assez  net ,  sur  un  ampelite  alumineux  5  il  est  noir 
comme  cette  pierre.  Mais  le  post-abdomen  et  la  queue  (  rf  et  e  j  sontpy- 
riteux.  On  voit  en  avant  du  chaperon  une  raie  oblique  qui  ressemble  à 
une  antenne ,  mais  qui  n'est  que  l'indice  peu  net  du  chaperon  d'un 
autre  individu  qui  a  laissé  l'empreinte  d'une  très-petite  partie  de  son 
corps  sur  cette  même  pierre  et  dans  un  sens  inverse;  ce  qui  tend  à  le 
prouver,  c'est  qu'on  voit  enydes  stries  ondoyantes  et  semblables  à  celles 
que  nous  avons  fait  remarquer  en  «y  cette  circonstance  me  fait  soup- 
çonner que  cet  échantillon  pourrait  bien  être  celui  qui  a  été  figuré  par 
Linné  dans  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Stockholm.  On  sait  qu'on  y 
a  dessiné  des  antennes;  il  est  possible  que  cette  empreinte  ait  été  prise 
pour  cette  partie  par  le  peintre. 

Malgré  les  nombreuses  ressemblances  qu'il  y  a  entre  l'individu  que  je 
décris  et  celui  qu'a  figuré  M.  Wahlenbero,  je  ne  suis  pas  parfaitement 
sûr  que  ce  soit  le  même.  Les  figures  font  assez  bien  voir  les  diflerences 
pour  que  je  n'aie  pas  besoin  d'allonger  cette  description  en  les  désignant 
spécialement;  je  me  contenterai  de  rappeler  cpe  l'état  toujours  très- 
imparfait  de  ces  empreintes,  en  efl'açant  ou  faisant  même  disparaître 
certaines  parties,  établit  souvent  des  différences  qui  ne  sont  qu'illu- 
soires. 

L'ampelite  alumineux  qui  présente  l'individu  figuré,  offre  des  restes 
d'un  grand  nombre  d'autres  Paradoxides  plus  ou  moins  grands.  D'au- 
tres échantillons  du  même  ampelite,  en  offrent  encore  davantage,  mais 
ils  sont  plus  petits.  Ils  appartiennent  à  la  collection  de  M.  de  Drée,  et 
sont  cités  comme  venant  d'Andrarum  en  Scanie.  C'est  aussi  le  lieu  qu'iu- 

5 


3/,  TRILOBITES. 

dique  M.  Wahlenberg.  II  dit  qu'on  trouve  des  fragmens  de  la  lèle  de 
cette  espèce  en  Westrogolhie  (i). 

Les  espèces  suivantes  sont  toutes  tirées  du  Mémoire  de  M.  Wah- 
lenberg. 

3.  PARADOXIDE  SCAllABOlDE. 

(PI.  lil,  fig.  5.) 
PARADOXIDES  SCARABOIDES  (2). 

Cœcus;  capûc  hemisphœrico ,  antice  rolundatojronte  subovalâ  antrorsum  an- 
gustiorc  ;  caudâ  uinrique  sinnalo-lridcntatâ.  Wahl. 

La  tête  est  hémispliérique ,  arrondie  en  avant;  le  front  est  pres- 
que ovale  ,  plus  étroit  aniérieurement;  le  bord  de  la  queue  est  sinueux 
et  muni  de  trois  dentelures. 

On  voit  sur  les  parties  postérieures  de  la  tête  quelques  lignes  ou  sillons 
transverses  ,  très-superficiels.  Le  lobe  du  bouclier  est  remarquable- 
ment étroit  par  rapport  à  la  tête  ou  lobe  moyen.  Le  lobe  moyen  de  la 
queue  ou  post-abdomen  est  plus  court  que  cette  partie;  il  est  marqué  de 
trois  anneaux. 

Cette  espèce  s'est  trouvée,  mais  en  échantillons  très-rarement  entiers, 
dans  les  lits  d'odeur  fétide  de  l'ampelite  alumineux.  Wahlejnberg. 


(1)  Ce  sont  ces  deux  espèces,  le  Paradoxide  de  Tessiii  et  le  Paradoxide  spJiuilcux,  qui  ont  reçu 
le  nom  à'' Entoniolilhus  paradoxus.  On  les  a  d'abord,  et  pendant  long-temps,  confondues 
ensemble  ;  mais  la  confusion  n'en  est  pas  demeurée  là  :  on  a  appliqué  la  même  dénomination  à 
tous  les  Trilobites ,  aux  Calymcnes  ,  aux  Asaphcs,  aux  Ogygies  ;  et  le  Calymène  de  Blumenbacii 
a  été  rapporté  par  ce  célèbre  naturaliste  lui-même  à  l'  E nlomolilhus  paradoxus  de  Linné.  Celle 
confusion  régnait  encore,  au  moins  en  grande  partie ,  lorsque,  frappé  des  différences  de  formes 
et  de  gissemcnt  des  Trilobites  d'Angers  et  de  ceux  de  Dudicy,  j'essayai,  en  i8i5,  de  faire  ressor- 
tir ces  différences  zoologiques  et  géologiques,  en  divisant  en  genres  et  en  espèces  cette  lamillc, 
que  je  trouvai  dès  lors  assez  nombreuse,  et  en  lisant  sur  ce  sujet  un  mémoire  à  l'insiilut,  le  3.3 
octobre  i8i5. 

(2)  Enlomostracites  scarahoides ,  Wahl.,  n°  i3,  tab.  1 ,  fig.  4- 


PARADOXIDES.  35 

Ile  SECTION. 

Bord  antérieur  du  chaperon  en  ligne  droite  ou  comme  tronqué. 

.     4.   PARADOXIDE  GIBBEUX. 
(PI.  III,fig.6.) 
PARADOXIDES  GIBBOSÛS  (i). 

(Jœcus  :  capile  antice  Inincalo  planiusculo  ;Jronte   obloiigâ  jugoque   dorsal! 
gibboso;  caudâ  Iriangulaii  lUriiique  dentatd.  Wahl. 

La  tête  est  tronquée  anlérieurement,  presque  plane;  le  front  est 
oblong,  et  le  lobe  du  dos  comme  bossu  ;  la  queue  triangulaire,  mar- 
quée de  deux  dents  de  chaque  côté. 

C'est  l'espèce  la  plus  commune  dans  les  lits  d'ampelite  alumineux.  On 
y  trouve  principalement  et  séparément  la  tête  et  la  queue.  On  n'a  guère 
vu  d'exemplaires  complets  que  dans  l'ampelite  des  mines  d'Andrai'um 
en  Scanie.  Le  bord  antérieur  de  la  tête  et  son  bord  postérieur  sont  ab- 
solument rectilignes.  On  voit  en  outre  une  bandelette  ou  ligne  parallèle 
à  ces  bords,  qui  divise  la  tète  ou  bouclier  en  deux  parties;  il  y  a  géné- 
ralement quinze  articulations  au  tronc.  Les  lobes  latéraux  de  la  queue 
sont  planes  et  marqués  d'un  sillon  court  qui  part  de  chaque  articulation. 
Ils  sont  munis  à  leur  angle  antérieur  d'une  dent  marginale.  Wahlenberg. 

5.  PARADOXIDE  LACINIÉ. 

(PI.  III,fig.  3.) 

PARADOXIDES  LACINIATVS  (2). 

Oculis    margiaalibus  ?  capile  antrorsum   suhquadralo  postice   alato  ;  froriie 
coTwexâ  laicribus  iuberosâ  ;  caudâ  utrinque  bilobâ  :  plicis  dupUcatis. 

La  tète  esr rectangulaire  antérieurement^  comme  appendiculée  ou 
ailée  postérieurement  ;  le  lobe  moyen  ou  front,  est  comme  de  chaque 


(1)  Enlomoslracites  gibbosiis ,  Wahl.  ,  n"  i  2,  lab.  i,  fig.  4. 

(2)  Entomosiracides  laciniatus,  Wahl.,  n°  8,  lab.  II,  fig.  2. 

5. 


36  TRILOBITES. 

côté  de  trois  gros  plis;  la  queue  bilobée  sur  ses  deux  côtés,  porte  deux 
doubles  plis. 

M.  Wahlenberg  dit  n'avoir  jamais  vu  aucun  exemplaire  complet  de 
ceTrilobile,  et  il  n'en  rapporte  les  parties  à  une  même  espèce  que  parce 
qu'il  les  a  constamment  vues  dans  le  même  lieu  et  dans  la  même  roche. 

On  a  trouvé  ces  vestiges  dans  le  schiste  argileux  blanc  supérieur,  du 
mont  Moserberg  en  Westrogothie. 

Espèces  de  Trilobites  de  genre  incertain. 

Entomostraciies  ^ranulatus ,  "Wahl.  ,  n°  5,  tab.  II,  fig.  4- 

(PI.  m.  fig.  7.) 

Yeux  placés  sous  le  lobe  du  front,  qui  est  renflé  antérieurement  en 
forme  de  toupie;  bouclier  exactement  circulaire  en  devant,  prolongé  en 
pointe  à  ses  angles  postérieurs,  couvert  de  points  verruqueux. 

Abdomen  lisse. 

Post-abdomen  couvert  également  de  points  verruqueux;  les  arcs  cos- 
taux des  flancs  prolongés  en  forme  d'épines. 

On  en  trouve  les  parties  séparées  dans  le  schiste  argileux  supérieur 
varié  du  mont  AUeberg  en  Westrogothie  ,  principalement  sur  le  col  dit 
Allebergsande. 

EntoinostîYicites  punctatus  ,  Wahl.  ,  n"  7,  tab.  II,  fig.  i  (i). 

(PI.  III,  f.g.  40 

Yeux  presque  invisibles  sur  le  bord  du  bouclier;  tête  équarrie  anté- 
rieurement; front  très-convexe  couvert  de  tubercules  en  dehors;  trois 
rangées  de  points  élevés,  verruqueux  sur  le  post-abdomen. 

Cette  espèce  ne  s'est  encore  trouvée  qu'en  Golhlande,  mais  jamais  en- 
tière, en  sorte  que  ce  n'est  que  parce  que  les  parties  tigurées  se  sont  tou- 
jours rencontrées  dans  la  même  roche,  que  ]M.  Wahlenberg  les  a  rap- 
portées à  la  même  espèce. 


(1)  Entomolilhus  n°  2,  Linn.  Vcl.  acad.  IiandI. ,  lySg,  tab.  i,  fig.  2.  (  Il  est  bien  difficile,  si  on 
n'a  eu  que  celle  figure,  de  la  rapporter  exactement  à  aucune  espèce.) 


PARADOXIDES.  3^ 

Tîilohiles  tentaculatus ,   Schl.,  Pelrefactenkunde  1820,  p.  38,   n"  4, 

fig.  9,  a,  c. 

Il  n'est  pas  possible  de  déterminer  ,  d'après  la  ligure  donnée  par 
M.  ScHLOTHEiM,  si  cc  Trilobitc  cst  unc  cspècc  particulière,  ni  même  à 
quel  genre  le  rapporter. 

Il  a  été  trouvé  dans  un  calcaire  compacte  d'Oberwiederstadt ,  que 
M.  ScHLOTHEiM  croit  être  différent  du  calcaire  de  sédiment  coquillier 
(  muscheljlotz  kalkstein.  ) 


CINQUIÈME  GENRE.  — ' 

AGNOSTE    (i). 

Ce  singulier  reste  d'un  corps  évidemment  organisé  et  très-probable- 
ment animal,  s'éloigne,  par  sa  structure,  de  tout  ce  que  nous  connais- 
sons soit  vivant,  soit  fossile.  Nous  en  parlons  à  la  suite  ou  même  dans 
la  famille  des  Trilobites,  parce  qu'il  a  le  corps  divisé  en  trois  lobes  longi- 
tudinaux, caractère  parliculier  à  cette  famille. 

Comme  il  n'y  a  qu'une  espèce,  nous  ne  pouvons  suivre  la  marche  or- 
dinaire des  descriptions,  et  donner  ici  les  caractères  du  geare;  nous  ne 
saurions  oîi  les  prendre  :  nous  devons  nous  contenter  de  décrire  ce  corps 
auquel  nous  donnerons  le  nom  d'Agnoste  pisiforme. 

AGNOSTE  PISIFORME. 

(PI.  lV,f,s.  4,  A,B.) 
AGNOSTUS  PISIFORMIS  (2). 

Il  est  à  peu  près  de  la  grosseur  d'un  pois,  et  représente  une  ellipse 
tronquée.  Je  regarde  cette  troncature  comme  la  partie  antérieure 
de  l'animal ,  sans  pouvoir  affirmer  que  je  ne  me  méprends  pas;  et 
je  dois  prévenir  que  les  dénominations  que  je  vais  appliquer  aux  autres 
parties,  ne  sont  que  conventionnelles;  je  n'ai  pas  voulu  dire  par-là  que  ces 
parties  aient  les  usages  ou  les  analogies  que  leur  nom  semble  indiquer. 

Le  corps  de  l'animal  ressemble  à  celui  d'une  casside,  ou  de  quelque 
espèce  de  cliermès.  Je  le  diviserai  en  limbe  et  en  lobe  moyen. 

Le  lobe  moyen  est  demi-cylindrique ,  divisé  transversalement  en 
deux  parties. 

La  partie  antérieure,  ou  corselet,  est  la  plus  petite  dans  les  individus, 
variétés  ou  espèces  A.  Elle  porte  sur  son  dos,  et  tout  ])rès  de  la  section 
transversale  ,  un  petit  tubercule  arrondi  plus  ou  moins  sensible. 

Cette  partie  a  ses  angles  antérieurs  comme  tronqués  pour  recevoir 
deux  tubercules  ou  hémisphères  oculiformes. 


(i)  C'est-à-dire  inconnu. 

(7.')  EnloinoslraciUs pisiformis ,  WAiiL.jn"  \!\,  lab.  l,fig.  5. 


AGNOSTES.  39 

La  partie  poslérieure  du  lobe  moyeu,  ou  abdomen,  est  lisse,  plus 
grande  dans  les  exemplaires  A  ,  et  plus  petite  dans  les  exenij)laires  B. 

Le  limbe  entoure  par  un  large  bord  le  lobe  moyen,  il  dépasse  de 
beaucoup  la  partie  abdominale,  mais  s'arrête  à  la  partie  antérieure  du 
corselet  et  ne  la  borde  pas.  Ce  limbe  qui  semble  avoir  été  corné  à  la  ma- 
nière des  élytrcs  des  cassides  ,  présente  un  petit  rebord  en  gouttière. 

Le  corps  est  très-luisant,  et  paraît  avoir  eu  beaucoup  de  consistance  5 
le  limbe  est  très-finement  cbagriné^  et  moins  épais. 

Les  individus  ou  variétés  B,  montrent  quelques  différences  que  la 
figure  exprime. 

La  partie  antérieure  du  corps  ou  corselet,  est  beaucoup  plus  grande 
comparativement  à  la  partie  postérieure  ou  abdominale. 

On  ne  voit  que  très-raremcnt  et  très-difficilement  le  tubercule  scutel- 
liforme. 

Le  limbe  est  proportionnellement  plus  grand,  et  il  porte  à  sa  partie 
postérieure  un  sillon  ou  fente  longitudinale  qui  tantôt  le  divise  entiè- 
rement, et  tantôt  s'arrête  au  bord  en  gouttière. 

On  ne  voit  rien  autre  chose  sur  ce  singulier  corps,  et  on  ne  sait  à  quelle 
classe  des  règnes  organiques  le  rapporter.  Les  notions  c[ue  l'on  possède 
sont  trop  peu  nombreuses  pour  chercher  à  opérer  ce  rapprochement 
avec  succès,  et  ce  serait  se  livrer  à  de  vaines  conjectures  que  de  le  tenter. 

On  trouve  ce  petit  corps  en  quantité  innombrable,  et  formant  pres- 
que la  masse  de  la  pierre,  dans  un  calcaire  noirâtre  ou  brunâtre  ,  solide 
et  sublamellaire ,  fétide.  Les  échantillons  que  j'ai  examinés,  et  qui  faisaient 
partie  d'une  collection  de  Cronstedt  qui  est  maintenant  dans  la  possession 
de  M,  Brochant,  viennent,  suivant  leur  étiquette,  d'Heltris  en  Suède. 

M.  Wahlenberg  nous  apprend  qu'on  le  trouve  dans  les  bancs  calcaires 
de  tous  les  terrains  d'ampelite  ahimineux  qui  renferment  de  ces  bancs. 
11  dit  que  ces  petits  Trilobites  varient  en  dimension  depuis  la  gros- 
seur d'un  grain  de  moutarde  jusqu'à  celle  d'un  pois;  mais  il  fait  ob- 
server comme  une  chose  très-remarquable  que  les  individus  d'un  même 
banc  de  pierre  sont  tous  delà  même  taille,  et  qu'ils  sont  si  nombreux 
qu'ils  donnent  à  cette  pierre  calcaire  l'ajjparence  d'une  oolithe. 


'|0  TRILOBITES. 

ARTICLE    SECOND. 

RAPPORTS  DES  TRILOBITES  AVEC  LES  ANIMAUX  CONNUS. 

Je  viens  de  décrire,  d'une  manière  absolue,  les  différentes  espèces  de 
la  famille  des  Trilobites,  sans  cherclier  à  rapprocher  ces  animaux  d'au- 
cun des  êtres  qui  vivent  actuellement  à  la  surface  du  globe. 

En  effet,  pour  l'objet  principal  des  géologues,  qui  est  la  distinction 
précise  des  débris  organiques  qu'on  peut  faire  servir  à  caractériser  les  dif- 
férentes couches  de  la  terre,  il  suffit  de  bien  décaire  les  restes  de  l'ancien 
monde  et  de  leur  assigner  des  noms  simples.  La  considération  des  êtres 
vivans  auxquels  ils  peuvent  se  rapporter  est  particulièrement  du  do- 
maine de  la  zoologie  et  étend  beaucoup  ce  domaine  ;  cependant  cette 
considération  a  ,  comme  on  n'en  doute  plus  maintenant,  des  liaisons  si 
intimes  avec  la  géologie,  que  nous  devons  y  avoir  égard  quand  il  est 
en  notre  pouvoir  de  le  faire  ;  je  vais  donc  essayer  de  déterminer  à  quelle 
classe  et  même  à  quel  ordre  du  règne  animal  les  Trilobites  peuvent  être 
rapportés. 

Les  naturalistes  ont  eu  sur  ce  sujet  des  opinions  extrêmement  variées  : 
les  uns  (J.  G.  Lehmann,  Klein,  Ltjyd,  Woltersdorf )  ont  regardé  les 
Ti'ilobites  comme  des  coquilles  à  trois  lobes;  cette  idée  a  été  la  première 
émise  et  la  première  entièrement  abandonnée;  les  autres  (  M.  Schlo- 
theim)  (i)  ,  les  ont  rapportés  aux  oscabrions  (  chiton  ),  et  cette  opinion 
a  encore  quelques  partisans.  Walch  dit  que  l'analogue  vivant  des  Trilo- 
bites est  inconnu;  mais  que  l'animal  dont  il  se  rapproche  le  plus  est  l'os- 
cabiùon  des  Islandais,  qui  est  notre  Cjmothoa  ;  d'autres,  les  ont  pris 
pour  des  larves;  le  plus  grand  nombre  les  ont  considérés  comme  des  in- 
sectes ou  des  crustacés.  M.  Latreille  avait  d'abord  regardé  ces  animaux 
comme  voisins  des  insectes  et  comme  pouvant  remplir  assez  bien  le 
vide  qui  sépare  les  myriapodes  des  crustacés  (2);  mais,  abandonnant  cette 
idée,  il  est  revenu  à  l'opinion  qui  tend  à  rapprocher  les  Trilobites  des 


(1)  Taschenhuchfnr  die  gesamnlc .,  etc.  ,  par  LÉo:su\RD,  vol.  4)  1810,  p.  i.  Il  convient  ce- 
pendant qu'il  en  diffère  en  plusieurs  points. 

(2)  Le  Règne  animal,  etc.,  par  M.  Cuvier;  t.  ni,  par  M.  L/viREit.T.E,  1817,  p.  i5i. 


TKILOBITES.  4 I 

laolhisqiies,  et  notammeiu  des  phyllldies  et  des  oscabrions  (i)  :  quel- 
ques-uns, parmi  lesquels  on  compte  Linisé,  Mortbier  ,  Wilkens  , 
Brunnicii  et  Blumenbacii  les  ont  rapprochés  des  insectes  aptères  (aj,  et 
spécialement  des  crustacés  (3)  nommés  apus,  limules ,  branchipes. 
M.  Wahlenberg  a  principalement  insisté  sur  la  ressemblance  de  ce 
dernier  cruslacé  avec  les  Trilobites.  Il  suppose  que  les  pattes  et  les 
mâchoires  étaient,   comme  dans  ces  animaux  ,  placées  sous  le  bouclier. 

La  forme  générale  du  corps  des  Trilobites ,  sa  division  constante  en 
une  tête  confondue  avec  le  corselet ,  en  un  abdomen  et  en  une  queue 
ou  post-abdomen^  la  position  sessile  des  yeux,  les  rugosités  et  les  tuber- 
cules de  la  peau  et  surtout  la  division  du  corps  en  un  grand  nombre 
d'articulations  transversales,  enfin  jusqu'à  l'habitude  de  se  contracter  en 
boules,  qui  est  particulière  aux  Calymènes,  offre  une  réunion  de  carac- 
tères qui  ne  conviennent  qu'aux  crustacés  de  l'ordre  des  Gymnobran- 
ches,  tels  que  les  ligies,  les  sphéromes,  les  cymothoa  ,  etc.,  et  qui,  à 
l'exception  du  dernier  (celui  de  se  contracter  en  boules),  ne  laissent 
aucune  analogie  réelle  entre  les  Trilobites  et  les  oscabrions. 

Mais  deux  ordres  de  caractères  fort  remarquables  semblent  éloigner 
les  Trilobites  de  ces  crustacés,  sans  pour  cela  les  rapprocher  des  osca- 


(i)  Voyez  son  mémoire  dans  les  Mémoires  du  Muséum  d'hist,  nat. ,  1820,  t.  7,  p 

Toutes  les  considérations  qai  peuvent  faire  rapprocher  les  Trilobites  des  oscabrions,  sont 
réunies  dans  ce  mémoire,  et  présentées  avec  la  valeur  que  devait  y  donner  un  naturaliste 
aussi  habile  que  M.  Lalreille,  et  d'une  aussi  puissante  autorité  lorsqu'il  s'agit  des  animaux 
articules.  C'est  donc  avec  une  sorte  de  crainte  que  j'ose  dire  que  je  ne  partage  pas 
encore  son  avis  ;  je  n'aurais  peut-être  pas  hésité  à  l'adopter ,  si  d'une  part  mon  opinion  n'était 
appuyée  par  celle  d'un  grand  nombre  de  naturalistes ,  et  si  de  l'autre  je  n'avais  eu  l'avantage 
d'examiner  beaucoup  d'échantillons  de  Trilobites  appartenant  aux  diflerens  genres  que  j'ai 
établis. 

Je  ne  me  permettrai  pas  néanmoins  de  combattre  l'opinion  de  M.  Latreiile  ;  je  me  contenterai  d'ex- 
poser mes  observations  et  d'en  déduire  les  conséquences  qui  me  paraissent  devoir  en  résulter  ; 
j'insisterai  seulement  un  peu  plus  que  je  l'avais  fait  en  i8i5  ,  sur  les  caractères  qui  me  semblent  pro- 
pres à  fortifier  l'opinion  de  LiNNÉ  ,  de  BaiJîNNiCH ,  de  Wahlenberg  ,  dont  la  mienne  n'est  que 
l'extension  et  l'application  plus  spéciale. 

{2)  Blttmenbach  Abbildungen ,  5'  part. 

(3)  Guettard,  Mém.  de  l'Acad.  roy.  des  Sciences,  1767,  p.  02,  en  parlant  des  empreintes 
des  ardoisières  d'Angers,  les  compare  à  des  crabes  ;  maison  ne  peut  lui  savoir  aucun  gré  de 
ce  rapprochement,  car  la  manière  dont  il  les  a  fait  dessiner  permet  d'y  voir  tout  ce  que 
l'on  veut;   aussi  n'a-t-il  pas   omis   les  pattes  antérieuses,  en    forme    de  pinces,    de   ces  cms- 

6 


\î  TRILOBtTES. 

brions  :  les  uns,  négatifs,  sont  l'absence  des  antennes  et  celle  des  pattes  : 
l'autre,  positif,  est  la  division  de  l'abdomen  et  delà  queue  en  trois  lobes 
longitudinaux. 

Nous  allons  examiner  successivement  la  valeur  de  ces  deux  ordres  de 
caractères. 

Il  est  très-probable  que  ces  animaux  étaient  dépourvus  d'antennes  et 
•le  pattes;  car,  à  l'exception  de  Linné,  aucun  naturaliste  ne  dit  en  avoir 
aperçu  dans  les  nombreux  échantillons  qu'on  a  eu  occasion  d'examiner; 
mais,  outre  que  la  figure  donnée  par  Linné  est  la  seule  qui  indique  des 
antennes,  on  sait  par  Brijnnich,  que  l'écliantillon  sur  lequel  cette  figure 
a  été  faite,  était  très-imparfait,  en  sorte  que  ce  naturaliste  élève  les 
doutes  les  plus  forts  sur  l'exactitude  de  ce  dessin.  Ces  doutes  ont  été 
partagés  par  beaucoup  d'autres  naturalistes,  et  je  crois  même  avoir  indi- 
qué d'oii  pouvait  venir  cette  erreur  :  or  si  ces  animaux  eussent  eu  de  lon- 
gues antennes  et  de  longues  pattes  solides  comme  les  aselles,  les  idotées, 
les  ligies,  etc.,  il  est  probable  qu'on  en  aurait  vu  cfuelques  traces;  si 
donc  ils  ont  été  pourvus  de  ces  parties,  elles  devaient  être  fort  petites  et 
rentrées  sous  les  rebords  de  la  tète  et  du  corps,  comme  elles  le  sont  dans 
les  cymotlioa,  les  sphéromes,  les  bopyres  femelles,  etc.  Je  crois  même 
pouvoir  aller  plus  loin,  et  dire  que  toutes  les  présomptions  raisonnables 
se  réunissent  pour  nous  faire  admettrequ'ilsn'avaientpoint  de  pattes  pro- 
prement dites;  car,  quelque  petits  qu'eussentété  ces  membres,  ils  devaient 
servir  ou  à  la  marche  ,  comme  dans  les  crustacés,  ou  à  donner  aux  Tri- 
lobitesle  moyen  de  se  fixera  d'autrescorps,  comme  danslescymothoa,  etc. 
Mais,  dans  ces  deux  cas,  ces  membres  eussent  été  cornés,  et  au  moins  aussi 
solides  et  aussi  susceptibles  d'être  conservés  fossiles  que  les  autres  par- 
ties du  corps  de  ces  animaux.  On  devi'ait  donc  en  trouver  quelques 
vestiges  dans  les  pierres,  souvent  tendres,  qui  renferment  des  Trilobiles, 
et  qui  font  voir,  en  même  temps,  une  multitude  de  débris  de  leurs  arti- 
culations, sans  qu'on  puisse  jamais  rencontrer  rien  qui  ait  appartenu  à 
une  patte,  proprement  dite.  Enfin  on  peut  dire  ici ,  mais  en  se  fondant 
sur  d'autres  principes,  qu'ils  ne  devaient  pas  en  avoir;  cette  conséquence 
résulte  des  notions  aussi  curieuses  que  nouvelles  que  l'on  a  acquises 
depuis  peu  sur  la  structure  des  parties  solides  des  insectes,  et  qui  sont 
dues  aux  travaux  de  M.  Audouin   ;  le  mémoire  qu'il  a  lu  à  la  Société 


TRILOBITES.  4^ 

philoma tique  ,  sur  ce  sujet,  en  février  1821  (i),  et  dont  je  donne  ici  un 
très-court  extrait,  rassemble,  en  faveur  de  celte  opinion,  toutes  les 
preuves  et  tous  les  développeinens  nécessaires. 


(1)  Recherches  sur  les  rapports  naturels  qui  existent  entre  les  Trilohiles  et  les  animaux 
articulés. 

M.  AuDOUIN  s'élant  adonné  d'une  manière  spéciale  à  l'étude  du  système  corné  des  ani- 
maux articulés,  a  été  conduit  par  ce  travail  à  rechercher  dans  les  Trilobites  les  mêmes  élé- 
mens  qu'il  avait  rencontrés  ailleurs  ,  et  il  est  arrivé  à  conclure  que  ces  fossiles  appartiennent, 
sans  aucun  doute,  à  la  grande  division  des  animaux  articulés;  il  le  prouve  de  diverses  ma- 
nières : 

Jl  fixe  d'abord  la  valeur  que  l'on  peut  accorder  aux  nombreuses  divisions  transversales 
ainsi  qu'aux  deux  divisions  longitudinales  qui  se  montrent  sur  le  dos  ;  il  (ait  voir  que  ces  dernières  , 
étant  dues  au  développement  relatif  de  certaines  parties  ,  ne  peuvent  constituer  un  caractère  impor- 
tant que  dans  une  série  d'individus  ;  mais  non  dans  la  classe  tout  entière.  11  passe  ensuite  à  la  déter- 
mination de  chaque  partie. 

Le  lobe  moyen  répond  à  ce  qu'il  nomme  tergum  ;  mais  il  est  formé  par  autant  de  tergums  qu'il  y 
a  de  segmens  transversaux. 

Les  lobes  latéraux  représentent  les  flancs  et  offrent  comme  eux ,  dans  leur  composition  ,  deux 
pièces  principales ,  Ve'pisternum  et  Vépimère,  Quant  au  sternum ,  l'auteur  n'a  pu  l'étudier  parce  que, 
jusqu'à  présent ,  aucun  Trilohite  ne  lui  a  montré  la  partie  inférieure  du  ventre  ;  il  ne  met  rependant 
pas  en  doute  l'existence  de  cette  pièce. 

M.  AuDOUiis  pouvait  se  borner  à  cette  détermination ,  et  les  preuves  qu'il  avait  apportées 
étaient  suffisantes  pour  démontrer  l'analogie  des  Trilobites  avec  les  animaux  articulés.  Tou- 
tefois il  envisage  son  sujet  sous  un  autre  point  de  vue,  qui  n'est  pas  d'un  moindre  intérêt. 
Il  signale  l'état  particulier  de  chacune  des  pièces  qu'il  vient  d'énumérer;  apprécie  les  carac- 
tères qu'elles  présentent  dans  leur  soudure,  leur  direction,  leur  étendue,  leur  position,  etc., 
et  fait  voir  que  toutes  les  modifications  qu'elles  éprouvent,  loin  de  leur  cire  propres ,  appar- 
tiennent ,  quoiqu'à  un  degré  souvent  moins  marqué ,  aux  animaux  articulés  vivans  à  la  sin - 
face  actuelle  du  globe  ,  et  sont  dues,  en  dernière  analyse  ,  au  plus  ou  moins  de  développement 
qu'ont  pris  certaines  d'entre  elles.  C'est  ainsi,  par  exemple,  que  la  division  trilobaire  qui 
caractérise  d'une  manière  si  évidente  les  Trilobites,  résulte  simplement  du  peu  d'étendue 
transversale  du  tergum,  qui  a  permis  alors  aux  flancs  de  se  rapprocher  de  la  ligne  moyenne, 
et  de  paraître  sur  le  dos.  Tout  animal  articulé  en  effet,  chez  lequel  le  tergum  existe  sans  oc- 
cuper en  entier  la  partie  supérieure,  dçvîent  par  ccla  même  trilobé'.  C'est  le  cas  des  Trilo- 
bites ;  c'est  aussi  celui  des  ligies ,  des  cymollioa ,  de  l'abdomen  d'un  grand  nombre  d'in- 
sectes; du  protorax  des  lépidoptères,  etc.,  etc.  Toutes  les  espèces  du  genre  araignée  offrent 
l'extrême  de  cette  particularité;  car  il  n'existe  plus  chez  elles  de  tergum  ou  de  lobe  moyen, 
et  les  flancs  continuant  de  marcher  l'un  vers  l'autre,  se  réunissent  entre  eux  sur  la  ligne 
médiane. 

Après  s'être  livré  à  plusieurs  considérations  de  même  nature,  l'auteur  aborde  la  question  de  l'exis- 
tence ou  de  la  non-existence  des  pattes. 

Il  est  de  feit  que  jusqu'ici  il  ne  s'en  est  offert  aucune  trace,  et  on  a  conclu  de  ce  caractère 
négatif,  sinon  que  ces  animaux  en  étaient  certainement  privés,  du  moins  que  cela  semljlait 
très-probable.    L'auteur   se  fondant  sur  une    connaissance   exacte   et  approfondie    des  rapports 

6. 


/j/|  TRILOBITES. 

D'ailleurs,  c'est  précisément  dans  l'ordre  des  crustacés  gymnobran- 
chcs  que  les  antennes  deviennent  très-petites  ou  manquent  tout-à-fait,  et 
que  les  pattes,  transformées  en  nageoires  et  en  branchies,  perdent  par  ce 
changement  d'usage,  beaucoup  de  leur  solidité,  et  sont  en  outre  cachées 
sons  le  large  bouclier  de  la  léte  et  du  corps,  comme  on  le  remarque 
dans  les  polyphèmes  (  litnidus  poljphemiis  )  et  dans  les  branchipes 
(  apus  cancriforniis^  Bosc). 

Par  conséquent,  l'absence  des  pattes,  et  même  celle  des  antennes,  quand 
même  elle  serait  réelle,  ne  pourrait  point  être  une  raison  d'éloigner  ces 
animaux  de  l'ordre  des  crustacés  gymnobranclies. 

Le  second  caractère  ,  celui  qui  est  tiré  de  la  division  longitudinale  de 
l'abdomen  et  de  la  queue,  est  bien  plus  remarquable  et  bien  plus  parti- 
culier à  ces  animaux;  cette  division  ne  se  voit  aussi  complètement  dans 
auciuie  espèce  d'animal  connu  ,  soit  qu'on  la  cherche  dans  la  classe  des 
insectes  ou  dans  celle  des  mollusques;  mais,  si  nous  avons  à  trouver  quel- 
que indice  ou  quelque  raison  de  son  existence,  ce  seront  encore  la  classe 
des  crustacés  et  l'ordre  des  gymnobranclies  qui  nous  l'offriront. 

Dans  l'ordre  des  crustacés  cryptobranches,  on  peut  déjà  remarquer 
sur  le  Palinurus  quadricornis{\di  langouste),  des  pièces  articulées,  mo- 
biles sur  les  parties  latérales  des  écailles  transversales  de  la  queue;  si  ces 
parties  étaient  plus  grandes  et  plus  bombées,  la  queue  de  ce  palinure 
serait  trilobée. 

Dans  les  crustacés  gymnobranclies,  on  voit,  sur  les  côtés  du  corps 
composé  de  nombreux  anneaux  des  gammarus  et  des  taljtres^  des 
pièces  articulées  distinctes  des  hanches;  ces  pièces  donneraient  aux  an-r 
neaux  du  corps  la  triple  division  qui  aj^partient  à  ceux  des  Trilobites  si 
elles  étaient  plus  grandes  et  plus  bombées.  On  peut  observer  la  même 
chose  sur  un  animal  de  la  Méditerranée,  que  M.  Risso  nomme  Tjpliis 
ovoïde.  On  avait  annoncé  que  cet  animal,  dont  M.  Leschenault  atrouvé 


qui  existent  entre  le  développement  des  parties  cornées ,  montre  que  l'absence  des  pattes  (  et 
par  pattes  il  entend  des  appendices  analogues  à  ceux  du  thorax  des  crustacés  et  des  insectes  )  est  un 
résultat  nécessaire  de  l'organisation  du  squelette  des  Trilobites;  il  admet  cependant,  mais  comme  une 
simple  hypothèse,  que  ces  pattes  très-réduites  sont  devenues  branchiales  ,  et  qu'en  même  temps 
qu'elles  avaient  pour  fonction  principale  de  servir  à  la  respiration  ,  elles  étaient  aussi  de  quelque 
usage  dans  la  progression ,  et  opéraient  des  raouvemens  en  harmonie  avec  ceux  des  anneaux  du 
forps. 


THILOBITES.  4^ 

aussi  une  espèce  dans  les  mers  de  Java  ,  avait  la  plus  grande  analogie 
avecles  Trilobites.  M.  Latreille,  qui  a  eu  la  complaisance  de  me  com- 
muniquer les  planches  qui  le  représentent  ,  et  même  de  me  faire  voir 
l'insecte  ,  convient  cjue  cette  opinion  n'a  aucun  fondement  réel. 

Les  cynnothoa  présentent  aussi,  sur  les  extrémités  latérales  de  leurs  an- 
neaux, des  petites  parties  articulées;  enfin,  en  examinant  avec  attention 
le  cloporte  de  mer  (//g-/«  oceanica),  on  voit,  sur  chaque  côté  du  corps, 
une  ligne  longitudinale  enfoncée,  c|ui  semble  annoncer  la  division  en 
trois  lobes  du  corps  des  Trilobites. 

Mais,  quand  même  on  n'admettrait  dans  aucun  crustacé  des  indices 
de  la  triple  division  ,  ou  si  on  ne  voulait  reconnaître  aucune  analogie 
entre  ces  indices  et  la  division  tranchée  du  corps  des  Trilobites,  ne  pour- 
rait-on pas  considérer  les  deux  rangées  latérales  d'arcs  cornés  des  flancs  , 
comme  les  parties  qui  portent  les  branchies  ?  On  trouverait  alors  dans 
les  branchiopodes  un  point  d'analogie  ;  car  si  les  arcs  costaux,  qui ,  dans 
ce  crustacé,  soutiennent  les  branchies,  étaient  plus  larges  et  réunis  par 
leurs  bords,  le  corps  de  cet  animal  prendrait  entièrement  l'aspect  de  ce- 
lui des  Trilobites. 

Enfin,  si  l'on  veut  admettre  que  les  dépressions  ovoïdes  que  j'ai  vues 
sur  les  extrémités  latérales  de  la  queue  d'un  Ogygie,  étaient  la  place  des 
paquets  d'œufs ,  les  branchiopodes  et  les  cyplopes,  crustacés  de  l'ordre 
des  gymnobranches,  présentent  encore  un  exemple  de  cette  disposition 
particulière. 

Je  ne  pousserai  pas  plus  loin  la  recherche  des  points  de  ressemblance 
qui  rapprochent  ces  animaux  des  crustacés;  je  crois  en  avoir  assez  dit 
pour  que  les  naturalistes  concluent  avec  moi  que,  si  les  Trilobites,  dans 
l'état  où  on  les  a  trouvés  jusqu'à  présent,  offrent  quelques  caractères 
d'analogie  avec  certains  animaux  ,  c'est  avec  les  crustacés  de  l'ordre  des 
gymnobranches  (i);  mais  qu'ils  diffèrent  cependant  de  tous  les  genres 
de  cette  division  par  des  caractères  assez  prononcés,pour  qu'on  ne  puisse 
les  rapporter  ni  à  aucun  de  ces  genres,  ni  même  à  aucune  des  sections 


(i)  Brîjnnich  a  émis  à  peu  près  la  même  opinion,  et  a  dit  formellement  que  ces  animaux 
avaient  de  la  ressemblance  avec  le  llmule  poly^hème  ou  branchiopode ,  mais  que  diffé- 
rant néanmoins  de  tous  les  animaux  connus,  on  devait  leur  conserver  le  nom  de  Tri|o- 
bite. 


^6  TIlILOBITES. 

de  cet  ordre  ;  on  devra  donc  faire  de  ces  crustacés  une  section  à  part, 
sous  le  nom  de  Trilobites,  et  cette  section  sera  composée,  dès  ce  mo- 
ment, de  cinq  genres  ou  sous-genres,  et  de  plus  de  vingt  espèces  assez 
bien  déterminées. 

AKXICLE    TROISIÈME. 

Sur  le  gissement  des  Trilobites. 

Nous  voici  arrivés  maintenant  à  l'objetprincipal  de  notre  travail.  Tout 
ce  que  nous  avons  dit  précédemment,  etqui  a  pu  paraître  un  peu  étranger 
à  la  géognosie,  tendait  cependant  uniquement  à  nous  y  amener;  c'est 
parce  que  cette  route  semble  tout-à-fait  détournée,  que  peu  de  natura- 
listes font  prise;  et  c'est  faute  de  l'avoir  suivie  qu'on  a  fait  si  peu  de  pro- 
grès dans  l'application  des  pétrifications  à  la  géognosie.  On  ne  peut  plus 
se  contenter  maintenant  d'indiquer  d'une  manière  vague ,  et  par  de  sim- 
ples noms  de  genres,  les  corps  organisés  fossiles  qui  se  trouvent  dans  un 
terrain.  L'insuflisancede  ce  moyen  est  démontrée;  il  faut,  pour  caracté- 
riser les  terrains,  non-seulement  désigner  les  espèces  qui  s'y  trouvent , 
mais  les  désigner  toutes,  les  déterminer  très-exactement,  de  manière  à 
ne  pas  donner  le  même  nom  à  des  corps  qui  n'ont  que  des  ressemblances 
apparentes,  mais  qui  sont  cependant  des  espèces  distinctes ,  quoique 
très-voisines  les  unes  des  autres.  Telle  est  la  liaison  imporiante  de  la 
zoologie  avec  la  géologie.  C'est  par  celte  double  considération  qu'on  at- 
teindra le  but  que  se  propose  cette  dernière  science ,  qui  est  la  connais- 
sance exacte  des  rapports  d'ancienneté  des  couches  qui  forment  l'écorcc 
du  globe. 

Nous  allons  donc  examiner  les  divers  groupes  de  terrains  ou  de  roches 
qui  composent  la  partie  connue  de  fécorce  delà  terre,  les  suivre  à  peu 
près  dans  l'ordre  de  succession  le  plus  généralement  admis,  et  voir  quels 
sont  ceux  dans  lesquels  on  a  découvert  des  Trilobites  ,  et  surtout  quels 
genres  et  quelles  espèces  on  y  a  découverts. 

Les  roches  primordiales  de  structure  cristalline,  telles  que  les  porphy- 
res, les  syénites,  les  granités  même,  alternent,  comme  on  ne  peut  plus  en 
douter,  avec  des  roches  de  structure  compacte,  telles  que  des  schistes,  des 
calcaires  compactes  et  même  avec  des  roches  d'agrégation,  telles  que  des 


TRILOBITES.  47 

psammites  micacés,  etc.  On  ne  connaît  pas  encore  l'ordre  précis  de  for- 
mation successive  de  ces  différentes  roches,  si  toutefois  il  y  en  a  un  qui- 
soit  constant;  mais  on  suppose  que  celles  que  nous  avons  désignées  sous 
les  noms  de  schiste  ardoise  et  de  schiste  argileiuc^  et  celle  que  l'on  con- 
naît sous  celui  de  calcaire  de  transition^  calcaire  généralement  noi- 
râtre et  quelquefois  lamellaire ,  sont  des  plus  anciennes. 

On  n'a  rencontré  que  très-rarement  dans  les  premières ,  surtout  dans 
celles  qui  portent  plus  particulièrement  le  nom  d'ardoise,  des  débris  de 
corps  organisés;  les  seuls  peut-être  qu'on  y  ait  vus  sont  ceux  que  nous 
venons  de  décrire  sous  les  noms  d'Ogygies  de  Gueltard  et  de  Desma- 
rcst.  On  y  trouve  aussi  des  empreintes  d'abdomen  de  Trilobites,  qui, 
par  leur  petitesse,  leur  épaisseur  et  leur  forme,  pourraient  bien  appar- 
tenir au  Calymène  de  Tristan;  ce  sont  les  seuls  corps  organisés  qu'on 
ait  encore  indiqués,  du  moins  à  ma  connaissance,  dans  les  schistes  de 
cette  ancienne  formation.  Il  parait  donc  qu'on  n'y  trouve  aucune  des 
autres  espèces  des  différens  genres  delà  famille  des  Trilobites,  et  que 
celle  qui  est  la  plus  célèbre,  le  Calymène  de  Blumenbach,  ne  s'y  est  point 
encore  rencontrée;  par  conséquent  il  faut  rectifier,  par  rapport  au  gis- 
sement  comme  par  rapport  à  la  distinction  des  espèces,  les  citations  c[ue 
l'on  a  faites,  en  attribuant  indistinctement  la  dénomiiiaiion  vague  de 
Trilobites  aux  animaux  qui  se  sont  présentés  dans  les  schistes. 

Une  roche  d'agrégation  très-semblable  à  ces  schistes ,  mais  qui  en 
diffère  par  moins  de  compacité,  par  un  grain  plus  grossier  et  surtout  par 
les  paillettes  de  mica  qui  y  sont  disséminées  ;  roche  que  je  désigne  sous 
le  nom  Ae  psainmite  schistoïde  micacé' ,  et  de phjllade  pailleté',  sui- 
vant qu'elle  est.  plus  sablonneuse  ou  plus  argileuse,  et  qui  est  appelée 
tantôt  schiste  argileux  de  transition ,  tantôt  schiste  delà  grauwacke 
par  les  géognostes  allemands,  paraît  alterner  dans  un  grand  nombre  de 
cas  avec  l'ardoise.  Le  Hartz  en  offre  de  nombreux  exemples.  J'ai  vu,  dans 
un  de  ces  psammites  micacés,  une  queue  de  Trilobite  qu'on  peut  attri- 
buer à  un  Calymène  de  Tristan.  Mais  il  parait  que  ces  pétrifications  sont 
accompagnées  ici  d'autres  débris  de  corps  organisés  que  nous  cherche- 
rons à  faire  connaître  dans  une  autre  occasion. 

Des  schistes  argileux  tendres,  dont  la  couleur  lire  sur  le  jaunâtre  ,  le 
verdâtre  ou  le  rougeàtre ,  parsemés  de  petites  paillettes  de  mica,  présen- 
tent, à  la  Hunaudière  près  de  Nantes,  tant  par  leur  structure  que  par 


48  xr,  ILOBITKS. 

leur  position  présumée,  la  plus  grande  analogie  avec  lespsammites  scliis- 
toïdes  du  Hartz.  C'est  dansées  schistes  que  MM.  Bigot  de  Morogues  el 
DE  Tristan  ont  découvert  l'animal  de  la  famille  des  Trilobites  auquel  j'ai 
donné  le  nom  de  Calymène  de  Tristan.  Il  serait  possible,  d'après  quel- 
ques traces  de  végétaux  que  J'y  ai  aperçus,  qu'ils  renfermassent  aussi 
d'autres  débris  de  corps  organisés. 

Enfin,  ce  même  Trilobite  se  trouve  à  Breuville,  entre  Bric|uebec  et 
Cheibourg,  et  dans  plusieurs  autres  parties  du  Cotentin  ,  au  milieu  des 
roches  schistoïdes  qui  alternent  avec  les  granités,  comme  M.  Prévost 
vient  de  l'observer  dernièrement  ;  des  fragmens  de  cet  animal  sont  en- 
gagés en  grand  nombre  dans  un  phyllade  pailleté  de  ces  contrées,  très-dif- 
férent par  son  aspect  des  ardoises  d'Angers.  Or,  j'ai  fait  voir  dans  un  autre 
mémoire  (i),  que  la  plus  grande  partie  du  Cotentin  appartenait  à  la  classe 
des  terrains  de  transition. 

Deux  autres  roches  à  texture  compacte,  alternent  dans  les  terrains 
primordiaux  avecles roches  à  texture  cristalline,  ce  sont  :  i°  celles  que  j'ai 
désignées  sous  les  noms  de  cornéenne  trapp  et  de  cornéenne  Ijdie/me, 
et  que  j'ai  cherché  à  distinguer  dans  ma  Minéralogie  par  des  caractères 
aussi  précis  qu'il  est  possible  d'en  trouver  ;  i"  le  calcaire  dit  de  transi- 
tion. La  Norwège  offre  de  nombreux  exemples  de  cette  alternation  re- 
marquable, reconnue  d'une  manière  évidente  par  MM.  Debuch  ettlAuss- 
MANN.  C'est  dans  des  échantillons  de  cornéenne  trapp  et  de  psammite 
schistoïde  d'Eger  en  Norwège,  qu'est  renfermé  l'asaphe  de  Debuch. 

Ce  célèbre  géologue  indique  lui-même  les  Trilobites  comme  apparte- 
nant au  calcaire  de  transition  de  Norwège,  et  s'y  trouvant  en  société 
avec  les  orthocératites  et  les  autres  pétrifications  qui  lui  sont  propres  ; 
mais  il  ne  désigne  pas  l'espèce  qu'il  y  a  reconnue,  et  renvoie  d'une  ma- 
nière vague  aux  dissertations  que  Strom  et  BrxJnnich  ont  publiées.  Or, 
les  échantillons  d'Eger,  que  j'ai  entre  les  mains,  et  qui  présentent  l'A- 
saphe  de  Debuch,  ne  sont  point  calcaires  ainsi  que  je  viens  de  le  dire,  tan- 
dis que  le  Trilobite  que  Brijnnich  décrit  sous  le  nom  de  Trilobus  dilatatiis 
comme  venant  d'Eger,  a  été  trouvé  dansun  calcaire  noir,  tant  dans  ce  lieu, 
que  près  de  Skemfiord,  aux  environs  de  Fossum.  Mais,  i°  la  figure  de 
Linné  que  BrtJnnich  cite,  quoique  très-médiocre  ,  peut  convenir  assez 

(i)  Journal  des  mines ,  février  i8j4,n"  3o6. 


TRILOBITES.  49 

bien  à  IWgnoste  dont  il  est  question,  et  ne  présente,  comme  la  nôtre,  que 
la  partie  postérieure  du  corps  ;  2"  on  sait  que  les  cornéennes  trapps  et  les 
psammites  schistoïdes  sont  également  des  roches  de  transition  qui  alter- 
nent fréquemment  avec  le  calcaire,  et  qui  peuvent  par  conséquent  con- 
tenir les  mêmes  pétrifications  que  lui. 

M.  Wahlenberg  nous  a  fort  bien  fait  connaître  les  terrains  de  la 
Suède  qui  renferment  différentes  espèces  de  Trilobites;  on  voit  que  ce 
sont  toujours  des  terrains  de  transition  très-caractérisés,  mais  composés 
de  roches  qui  présentent  quelques  différences  dans  leur  nature,  leur  po- 
sition et  les  espèces  de  Trilobites  qu'elles  renferment. 

Ces  terrains  sont,  d'après  M.  Wahlenberg,  en  allant  des  plus  in- 
férieurs aux  supérieurs. 

1°  Des  couches  de  schiste  alumineux  mêlé  de  calcaire  fétide,  qui  ren- 
ferment principalement  les  Trilobites  aveugles  qu'on  ne  trouve  jamais 
hoi's  de  ce  banc,  et  qui  n'y  sont  réunis  avec  aucune  autre  pétrification, 
qu'une  fort  petite  ammonite. 

2°  Un  dépôt  calcaire  très-puissant,  dans  lequel  on  rencontre  les  plus 
grandes  pétrifications,  notamment  des  orlhocératites  et  des  Trilobites 
énormes  en  proportion  des  autres. 

3°  Une  troisième  couche  qui  est  composée  d'un  schiste  argileux  es- 
sentiellement différent  du  schiste  alumineux,  qui  ne  renferme  ni  cal- 
caire fétide,  ni  aucune  sorte  de  calcaire,  et  dans  lequel  on  ne  distingue 
plus  aucun  Trilobite. 

C'est  principalement  dans  le  schiste  alumineux  de  l'ile  d'Oëland  et 
vers  sa  partie  méridionale,  qu'on  a  trouvé  le  plus  de  Trilobites. 

C'est  ensuite  dans  les  hautes  montagnes  de  la  Westrogothie,  qui 
bordent  le  lac  Wester,  à  l'orient  et  notamment  vers  la  partie  méridio- 
nale du  mont  Rinnekulle  ,  que  se  trouvent  encore  de  très-grands  Trilo- 
bites, associés  avec  des  orthocératitesetles  échinitesque  M.  Wahlenberg 
a  nommées  échinosphérites. 

Les  mêmes  schistes  alumineux  d'Olstorp,  dans  la  paroisse  de  Dumbo, 
renferment  les  Trilobites  aveugles. 

Enfin  la  Scanie  présente,  dans  sa  partie  méridionale  et  orientale,  un 
terrain  de  transition  remarquable  par  la  couleur  noire  de  ses  roches.  Le 
schiste  alumineux  des  environs  d'Andrarum  ,  contient  une  quantité 

7 


5o  TIUI.OBÎTES. 

prodigieuse  de  Trilobitcs;  et  le  calcaire  de  la  plaine  une  association  de 
Trilobiles  et  d 'orihocëratites. 

M.  Wahlenberg  croit  avoir  remarqué  un  gissemenl  géognostiqué  par- 
ticulier à  chacune  des  familles  de  Trilobites  qu'il  a  établies. 

Ceux  qu'il  considère  comme  aveugles  ,  parce  qu'on  n'y  voit  aucune 
trace  d'yeux,  se  trouvent  uniquement  dans  le  schiste  alumineiix  c[ui  al- 
terne avec  le  calcaire  fétide,  et  par  consécpient  dans  les  couches  les  plus 
anciennes  des  terrains  de  transition  j  on  ne  les  a  ,  dit-il,  trouvés  encore 
qu'en  Suède. 

Les  Trilobites  pourvus  d'yeux  paraissent  appartenir  à  une  génération 
plus  nouvelle  j  ils  se  trouvent  dans  le  calcaire  et  le  schiste  supérieurs. 

On  peut  reconnaître  en  France,  en  Angleterre  et  en  Russie,  une  dis- 
tribution géognostiqué  des  familles  deTi'ilobites,  qui  a  quelque  analogie 
avec  celle  que  M.  Wahlenberg  a  observée  en  Suède. 

Aussi,  quoique  nous  ne  connaissions  pas,  dans  ces  parties  de  l'Europe, 
de  Trilobites  entièrement  privés  d'yeux,  nous  ferons  remarquer  que  les 
Ogygies,  où  ces  organes  ne  sont,  pour  ainsi  dire,  qu'indiqués  par  deux  tu- 
bérosités  sur  le  chaperon,  appartiennent  à  des  terrains  de  transition 
schisteux,  qui  paraissent  généralement  inférieurs  à  certains  terrains  cal- 
caires où  se  trouvent  les  Calymènes  qui  sont  munis  des  yeux  les  mieux 
caractérisés  et  les  plus  saillans. 

Les  terrains  dans  lesquels  on  a  observé  des  Trilobites ,  tant  en  France 
qu'en  Suède  et  en  Norwége,  appartiennent, sans  aucun  doute,  aux  ter- 
rains de  transition;  c'est  une  détermination  admise  maintenant  par  les 
géologues,  et  quoique  les  Trilobites  qui  s'y  rencontrent  aient  dû  avoir 
vécu  à  peu  près  dans  la  même  époque  géologique,  ils  présentent  cependant 
des  différences  spécifiques  assez  nombreuses  de  couche  à  couche  ,  et 
même  de  pays  à  pays.  En  examinant  le  gissement  de  ces  animaux  dans 
d'antres  pays,  nous  allons  être  conduits  au  même  résultat,  qui  sera 
toujours  d'autant  plus  sensible  que  les  terrains  dans  lesquels  nous  allons 
rencontrer  d'autres  espèces  seront  d'une  époque  de  transition  plus 
nouvelle  et  plus  voisine  de  celle  des  terrains  de  sédiment  inférieurs. 

On  trouve,  dans  plusieurs  cantons  de  l'Angleterre,  des  Trilobites  en 
grande  abondance  et  d'espèces  très-variées.  Les  terrains  qui  les  renfer- 
ment sont  maintenant  assez  bien  connus,  au  moyen  des  travaux  des  géo- 
logues anglais,  et  notamment  de  ceux  de  M.  Bucrland;  c'est  même  de 


TRILOBITES.  5l 

te  dernier  que  je  tiens  entièrement  tout  ce  que  je  vais  rapporter  sur  le 
gissement  des  Trilobites  de  Dudley. 

Mais  avant  d'arriver  à  cette  localité,  très-remarquable  à  beaucoup 
d'égards,  nous  devons  parler  des  Trilobites  d'Angleterre  qui  se  trouvent 
dans  des  terrains  de  transition  non  équivoques.  C'est  aussi  de  M.  Buk- 
LAND  que  je  tiens  ce  que  je  vais  en  rapporter. 

Ce  sont  i"  :  l'Asaphede  Debuch  qui  se  trouve  à  Landrindriod- Wells, 
au  nord  de  Builth  en  Brecknockshire  dans  le  pays  de  Galles  méridional, 
aumilieu  d'un  psammite  schistoïde  grossier,  qui  alterne  avec  le  psammite 
(  grauvvacke  )  de  transition. 

2°  Le  même  Asaphe  qui  est  enveloppé  dans  des  couches  de  calcaire 
noirâtre  mi-compacte  ,  mais  peu  sublamellaire  et  micacé  ,  passant  au 
psammite  calcaire  et  subordonné  au  psammite  de  transition,  àLlandilo 
dans  le  comté  de  Caermarthen,  pays  de  Galles  méridional. 

L'ordre  de  superposition  des  couches  ou  terrains  dans  ces  cantons 
est,  d'après  M.  Buckland,  en  partant  du  terrain  houiller,  et  allant  en 
s'enfonçant  : 

1°  Le  terrain  houiller  composé  de  couches  alternatives  de  psammite, 
d'argile  schisteuse  et  de  houille. 

2°  Un  psammite  quarzeux  à  grains  très-grossiers  employé  en  quelques 
endroits  comme  m  eules  à  moudre  (  mill  stone  grit  ). 

3°  Un  calcaire  noirâtre,  compacte,  sublamellaire  ,  que  M.  Buckland 
compare  au  calcaire  de  Namur,  auquel  il  rapporte  le  calcaire  du  Der- 
byshire,  et  que  les  géologues  anglais  nomment  niountai?i  liniestone. 

4°  Des  couches  de  psammite  rougeàtre( vieux  grès  rouge)  qui  pas- 
sent au  poudingue ,  quelquefois  au  schiste  compacte,  et  insensiblement 
au  psammite  micacé  [grauwacke^  dans  les  assises  les  plus  inférieures. 

5°  Le  calcaire  compacte  sublamellaire  ou  calcaire  de  transition  mêlé 
de  phyllade  et  de  psammite  schistoïde,  se  désaggrégeant  facilement  en 
argile. 

6°  Des  couches  d'un  calcaire  argileux  qui  alternent  avec  d'autres  cou- 
ches d'une  argile  schisteuse,  et  qui  sont  ordinairement  remplies  des  dé- 
bris organiques  caractérisant  les  terrains  de  transition  les  plus  évidens  ; 
ce  sont  les  Trilobites  mentionnés  plus  haut,  accompagnés  d'évomphales, 
d'orthocératites,  de  madrépores  et  de  térébratules  d'une  espèce  parti- 
culière. 

7- 


D2  TRILOBITES. 

7°  Enfin  le  psammite  schistoïde  et  le  phyllade  pailleté  passant  au 
schiste  ardoise,  et  possédant  par  conséquent  les  caractères  et  la  position 
des  roches  de  transition  les  plus  communes. 

Cette  roche  schisteuse,  ou  plutôt  de  phyllade  pailleté  très-fissile  ,  me 
paraît  analogue  en  tout  à  celle  d'Angers,  qui  renferme  les  Ogygies,  et 
contribue  à  placer,  comme  je  l'ai  indiqué,  ces  Trilobites  dans  les  assises 
les  plus  inférieures,  et  par  conséquent  les  plus  anciennes  des  terrains  de 
transition. 

Nous  devons  maintenant  arriver  à  Dudley  et  à  Abberley  dans  le  Wor- 
cestershire,  lieux  qui  renferment  des  espèces  de  Trilobites  tout  différens, 
et  notamment  le  Calymène  de  Blumenbach  et  l'Asaphe  caudigère. 

Nous  allons  encore  suivre  M.  Buckland  dans  la  description  qu'il  a  eu 
la  complaisance  de  m'envoyer  de  ce  teri'ain  ,  et  la  transcrire  ici  presque 
littéralement. 

Le  calcaire  qui  enveloppe  ces  Trilobites  est  placé  immédiatement  an- 
dessous  d'une  série  considérable  de  couches  appartenant  au  terrain 
houiller ,  et  renfermant  des  lits  puissans  et  d'une  excellente  qualité  de  ce 
combustible. 

Ce  calcaire  est  en  couches  fortement  inclinées,  mais  on  doit  remar- 
quer que  sa  stratification  est  parallèle  ou  concoi^lante  à  celle  des  cou- 
ches du  terrain  houiller  qui  le  recouvre. 

On  doit  encore  remarquer  que  le  psammite  quarzeux  (^mill  stone 
grit)^c\uï  sépare  ailleurs  le  terrain  houiller  du  calcaire  métallifère,  manque 
ici ,  que  le  calcaire  métaUifère,  dont  le  Derbyshire  offre  un  exemple 
bien  déterminé,  manque  aussi  à  Dudley  ,  et  qu'enfin  le  psammite  rou- 
geàtre  (oW  red  sandstone  )  manque  également. 

En  comparant  cette  série  jusqu'au  point  où  nous  venons  de  l'amener, 
avec  l'énuraération  des  roches  qui  composent  le  terrain  de  transition, 
dans  le  pays  de  Galles  méridional,  on  voit  que  les  n°'  2,  3  et  4  man- 
quent ici.  M.  BucKLANP  en  conclut  que  le  calcaire  à  Trilobite,  qui  est 
alors  immédiatement  placé  sous  le  terrain  houiller,  est  analogue  au  cal- 
caire n°  5  du  pays  deG'-illes,  ou  au  vrai  calcaire  de  transition  ,  et  il  dé- 
veloppe et  prouve  cette  opinion  par  les  considérations  suivantes  : 

«  Le  calcaire  de  transition  de  Dudley  est  par  conséquent  à  peu  près 
»  de  même  âge  que  les  couches  les  plus  modernes  du  terrain  de  Graii- 
"  wacke. 


TRILOBITFS. 


»  On  ne  peut  pas  voir  cette  disposition  dans  les  environs  mêmes  de 
»  Dudley,  le  terrain  étant  couvert  par  la  culture,  mais  dans  plusieurs 
»  endroits  du  même  pays ,  ce  calcaire  reparaît,  de  sorte  qu'on  ne  peut 
»  pas  douter  de  son  identité  avec  le  calcaire  à  Trilobites,  et,  comme  dans 
»  ces  derniers  endroits  on  a  une  coupe  très-distincte  qui  démontre  son 
"  ancienneté  et  sa  position  relative,  je  puis  dire  avec  une  pleine  certi- 
»  tude,  continue  M.  Buckland,  que  le  calcaire  de  Dudley  qui  renferme 
»  les  Trilobites,  est  plus  ancien  que  celui  qui  porte  le  nom  de  mouiitain 
»  limesione  dans  \e  pays  de  Galles  méridional,  le  Glocestershire,  le 
"  Sommersetshire  et  le  Derbyshire ,  et  qui  se  trouve  immédiatement 
»   au-dessous  du  psammite  quarzeux  (  mill  stone  grit  ). 

»  Enfin,  on  peut  conclure  que  le  calcaire  à  Trilobites  de  Dudley  est 
»  le  même  que  celui  qui  se  trouve  dans  plusieurs  endroits  en  couches  su- 
»  bordonnées,  dans  la  partie  la  plus  récente  de  la  formation  de  grau  wacke, 
-  et  que  quant  à  son  âge ,  il  diffèie  très-peu  de  celui  de  la  formation  des 
■'   ardoises  d'Angers.  » 

Je  suis  loin  de  contester  des  résultats  d'observations  faites  dans  un 
pays  dont  la  géologie  a  été  étudiée  avec  tant  de  soin ,  dans  un  pays  que 
je  n'ai  point  vu  ,  et  surtout  des  résultats  admis  par  un  géologue 
aussi  célèbre  et  un  observateur  aussi  judicieux  que  M.  Buckland. 

Mais  je  ne  puis  m'empêcher  de  faire  remarquer,  à  l'occasion  de  ces 
résultats  et  en  comparant  de  nouveau  entre  eux  les  échantillons  que  je 
possède  de  ces  différens  lieux, 

1°  Qu'il  y  a  une  grande  analogie  entre  les  roches  calcaires  noires, 
micacées,  schistoïdes,  qui  renferment,  dans  le  pays  de  Galles  méridional, 
et  à  Eger  en  Norwége ,  la  mêine  espèce  de  Trilobite  (l'Asaphe  de  De- 
buch),  ou  deux  espèces  si  voisines  l'une  de  l'autre  que  je  n'ai  pu  y  trouver 
aucun  caractère  distinctif  susceptible  d'être  énoncé. 

1°  Que  le  calcaire  de  Dudley,  qui  renferme  le  Calymène  de  Blumen- 
bach  et  l'Asaphe  à  queue,  associés  avec  plusieurs  coquilles  dont  la  déter- 
mination ne  peut  pas  être  faite  ici ,  qui  est  brunâtre  ou  jaunâtre ,  com- 
pacte^  fin,  mais  sublamellaire,  qui  ne  m'a  pas  montré  la  moindre 
parcelle  de  mica,  dont  l'apparence  en  petit  n'indique  aucune  disposition 
fissile,  que  ce  calcaire,  dis-je ,  a  un  aspect  tout-à-fail  différent  de 
celui  qui  renferme  des  Trilobites  aussi  très-différens. 


.54  TRILOBITES. 

3°  Que,  d'après  M.  Bucklatnd,  ce  calcaire  faisant  partie  des  couches  les 
plus  récentes  de  la  formation  de  grauwacke  ,  n'ayant  aucune  ressem- 
blance avec  les  ardoises  d'Angers  qui  appartiennent,  au  contraire  ,  aux 
couches  les  plus  anciennes  de  cette  formation,  doit  en  être  distingué, 
juscfu'à  ce  qu'on  ait  vu  ce  même  calcaire  ,  renfermant  toujours  les 
mêmes  corps  organisés,  alterner  avec  cette  grauwacke  ;  jusque  là, 
les  règles  de  la  géologie  doivent  le  faire  regarder  comme  d'une  autre 
époque,  puisque  dans  le  même  bassin  géologique  (en  Angleterre), 
il  renferme  des  débris  organiques  très-différens  de  ceux  que  con- 
tient le  calcaire  noir  micacé  alternant  avec  les  psammites  schistoïdes 
qui  lui  sont  inférieurs  ;  car,  comme  j'ai  cherché  à  le  prouver  ailleurs  (i), 
les  générations  différentes indiquentbeaucoup  plus  sûrement  des  époques 
géologiques  différentes,  que  tous  les  autres  caractères  tirés  de  la  nature 
des  roches,  de  leur  parallélisme,  etc. 

Outre  les  lieux  que  je  viens  de  citer,  et  sur  lesquels  portent  les  re- 
cherches les  plus  importantes  relatives  au  gissement  des  Trilobites,  on 
trouve  encore  de  ces  fossiles  en  Angleterre,  dans  plusieurs  autres  endroits. 

A  Coal-brooke-dale,  dans  un  schiste  argileux  d'un  gris  jaunâtre,  qui, 
suivant  les  géologues  anglais,  fait  partie  d'un  terrain  de  transition  ; 
c'est  X Asaphus  caudatus. 

A  Fortworth  en  Glocestershire,  et  à  Ashforden  Derbyshire;  mais  les 
fragmens  que  j'en  connais,  au  moyen  des  figures  de  M.  Stokes,  sont  in- 
déterminables comme  espèces. 

Il  en  est  de  même  des  fragmens  de  Trilobites  qui  paraissent  se  rapporter 
aux  Asaphes,  autant  qu'on  puisse  en  juger  d'après  les  dessins  de  M.  Sto- 
kes. On  sait  seulement  qu'ils  viennent,  l'un  du  calcaire  de  transition  de 
Beadnell  dans  le  Northumberland,  près  d'un  filon  de  basalte(^?7«';?rf/Ae), 
l'autre  (celui qui  est  gravé  pi.  iv,fig.  12),  d'un  calcaire  noir  des  environs 
de  Dubhn. 

On  cite  encore  des  gîtes  de  Trilobites  dans  plusieurs  autres  parties 
du  continent  de  l'Europe  ;  mais  leur  position  géognostique  dans  ces  lieux 
est  beaucoup  moins  bien  connue  que  dans  ceux  que  je  viens  de  décrire , 


(i)  Sur  les  caractères  zoologiques  des  terrains  de  craie.  —  Description  géologique  des 
environs  de  Paris,  dans  les  recherches  sur  les  ossemcns  fossiles,  par  M.  Cuvier  ,  éd.  de  1821 , 
t.  U,  p.  326. 


TRILOBITES.  S5 

el  souvent  même  les  terrains  qui  les  renferment  sont  assez  difficiles  à 
déterminer. 

I  °  Au  mont  Calvarius  près  de  Prague  :  un  terrain  schisteux ,  mêlé  de 
calcaire  compacte  gris,  jaune  foncé  ou  bleuâtre,  regardé  par  conséquent 
comme  appartenant  aux  terrains  de  transition,  ainsi  que  je  fai  déjà 
dit  page  22.  On  y  trouve  des  portions  de  fAsaphe  d'Hausmann,  que 
M.  ScHLOTHEiM  (i)  a  considéré  ,  mais  avec  doute,  comme  des  parties 
presque  indéterminables  de  l'Asaphe  cornigère.  Du  moins  je  suppose 
que  nous  avons  eu  l'un  et  l'autre  en  vue  les  mêmes  parties  deTrilobite. 

2"  AReval,  près  de  Memel;  on  y  trouve  un  terrain  que  M.  Schlot- 
HEiM  rapporte  aussi  au  calcaire  de  transition,  l'espèce  que  ce  naturaliste 
a  décrite  dans  le  Taschejihuch  de  Leonhard ^  année  18 10  ,  et  que  j'ai 
désignée  sous  le  nom  d'Asaphe  cornigère. 

Ce  lieu  et  cette  espèce  nous  conduisent  au  gissement  desTrilobites  dans 
diverses  parties  delà  Russie.  Je  ne  puis  parler  avec  quelque  certitude  que 
de  ceux  qui  viennent  de  Rosclielewa ,  non  loin  de  Saint-Pétersbourg. 
Je  les  ai  rapportés  à  l'espèce  précédente,  c'est-à-dire,  à  l'Asaphe  cornigère, 
malgré  la  différence  de  grosseur  que  présentent  plusieurs  individus;  mais, 
ici  la  roche  qui  renferme  les  Trilobites  semble  indiquer  un  terrain  très- 
différent  de  tous  les  autres  :  c'est  un  calcaire  d'un  gris  jaunâtre,  com- 
pacte-fin dans  la  plus  grande  partie  de  l'échantillon  que  je  possède ,  un 
peu  sublamellaire  dans  d'autres,  mais  rempli  de  grains  verls  ,  absolu- 
ment semblables  aux  grains  verts  de  la  craie  chloritée,  et  indiquant, par 
conséquent ,  aussi-bien  qu'un  échantillon ,  et  qu'un  seul  échantillon 
puisse  le  faire,  un  calcaire  beaucoup  plus  nouveau  que  tous  ceux  qu'on 
connaît  jusqu'à  présent  pour  renfermer  desTrilobites. 

La  même  espèce,  offrant  seulement  des  individus  plus  gros  et  mieux 
conservés,  (  figurée  pi.  xi,  fig.  i  B,  et  pi.  iv,tig.  10  ) ,  est  indiquée  dans 
les  dessins  de  M.  Stokes,  comme  venant  de  Colomenca. 

Un  autre  Trilobite,  qui  ressemble  beaucoup  aux  petits  individus  du 
Calymène  macrophtalme  ,  mais  que  je  n'ai  pas  osé  décrire  comme  une 
espèce  particulière  d'après  une  simple    figure,  est  désigné  comme  se 


{i)  Petrefactenkunde ,  1820,  p.  38. 


56  TRILOBITES. 

trouvant  à  Himalo-Sarry,  près  de  Saint-Pétersbourg,  dans  un  calcaire 
de  transition. 

D'autres  Trilobites,  très-différens  et  qui  me  paraissent  se  rapprocher 
du  genre  Agnoste,  autant  qu'on  puisse  en  juger,  sont  indiqués  dans  ces 
dessins  comme  venant,  celui  delà  fig.  5,  pi.  iv,  de  Pontyelova  au  sud 
du  lac  Ladoga;  et  celui  de  la  fig.  8,  de  Paulovca ,  près  de  Saint-Péters- 
bourg. 

On  doit  désirer  que  ces  Trilobites  soient  recherchés  avec  soin,  et  qu'on 
en  trouve  de  plus  entiers;  car  il  y  a  tout  lieu  de  croire  qu'ils  mettront 
sur  la  voie  de  connaître  plus  complètement  le  singulier  genre  Agnoste, 
dont  ils  paraissent  beaucoup  se  rapprocher. 

Avant  de  quitter  l'ancien  continent,  je  dois  encore  faire  mention  de 
quelques  lieux  où  on  a  indiqué  des  Trilobites,  dans  les  roches  mêmes  qui 
font  parties  fondamentales  de  ces  lieux. 

Ces  indications  étant  prises  dans  différens  auteurs ,  ne  peuvent  avoir 
l'importance  de  celles  qui  ont  été  faites  sur  des  descriptions  exactes  des 
lieux,  ou  sur  les  échantillons  que  j'ai  pu  examiner  moi-même,  et  je  ne 
les  donne  ici  que  pour  ne  rien  omettre  de  ce  qui  est  venu  à  ma  connais- 
sance concernant  les  Trilobites. 

M.  ScHLOTHEiM,  daus  l'ouvrage  que  j'ai  souvent  cité,  désigne,  outre 
les  Trilobites  que  j'ai  pu  rapporter  aux  espèces  que  j'ai  décrites,  et  ils  sont 
en  bien  petit  nombre,  quelques  autres  individus  dont  je  n'ai  pu  me  faire 
une  idée  assez  juste  pour  indiquer  les  espèces  ou  même  les  genres  dont 
ils  se  rapprochent;  leurs  descriptions,  extrêmement  brèves,  ou  même 
nulles,  ne  sont  accompagnées  d'aucune  figure,  ce  qui  est  fort  à  regretter; 
car  les  terrains  dans  lesquels  on  trouve  ces  Trilobites  paraissent  appar- 
tenir à  des  formations  non-seulement  très-différentes,  mais  beaucoup 
plus  nouvelles  que  celles  qui  offrent  ordinairement  ces  corps  organisés 
fossiles;  il  est  probable  que  ces  espèces  doivent  aussi  beaucoup  différer 
des  autres,  comme  la  courte  description  qu'en  donne  M.  Schlotheim 
le  fait  présumer. 

Ce  sont: 

Le  Trilobites  hituminosus ,  Schloth  ,  qui  se  trouve  dans  le  schiste 
marneux  ,  bitumineux  et  cuivreux  de  Riegelsdorf  en  Hesse  ,  et  de 
Schermbacii  près  de  Gotha. 

Le  Trilobites  leyitaculatus,  du  calcaire  compacte  de  Oberwieder-Stadt. 


TRILOBITES.  Sn 

M.  ScHLOTHEiM  CH  doniic  bien  un  dessin  ou  plutôt  une  esquisse  , 
dans  la  figure  g  A  C  de  la  planche  xxxx  ;  mais  il  est  bien  difficile,  même 
avec  ce  renseignement,  de  s'en  faire  une  idée.  Les  seules  parties  que  l'on 
voie  sont  la  tcte  et  le  commencement  du  dos;  or,  ce  commencement 
est  beaucoup  plus  long  et  plus  pointu  que  dans  les  autres  Trilobites  ;  la 
partie  antérieure  de  la  tête  se  rétrécit  et  s'étend  plus  en  avant;  le  dos  est 
séparé  de  la  tête  par  un  bourrelet  très-élevé;  mais,  ce  qui  est  fort  remar- 
quable ,  ce  sont  les  corps  coniques  en  forme  de  dentales  articulés  ,  qui 
sont  répandus  dans  la  même  pierre ,  et  que  M.  Schlotheim  regarde 
comme  des  espèces  de  tentacules  qui  avaient  été  insérés  sur  les  tuber- 
cules latéraux  de  la  tête  de  ce  Trilobite,  etqui  par  conséquentlui  appar- 
tenaient (i). 

Le  calcaire  dans  lequel  on  trouve  cette  espèce,  nécessairement  très-dif- 
férente des  autres,  quelque  incomplets  qu'on  suppose  et  l'individu  décrit 
et  sa  description ,  est,  d'après  M.  Schlotheim,  un  calcaire  qui  a  été  rap- 
porté à  cette  formation  si  connue  en  Allemagne  sous  le  nom  de  mu- 
schelkal/c,  et  dont  nous  avons  de  la  peine  à  nous  faire  une  idée  exacte. 

Enfin  le  dernier  est  celui  qu'il  nomme  Trilobites  prohlematicus , 
et  qu'on  trouve  à  Glucksbrunn  ,  dans  le  calcaire  caverneux  (  hohleii 
Kalkstein)  qui  n'est  probablement  qu'un  membre  du  calcaire  du 
Jura.  Les  caractères  de  ce  petit  animal  sont  trop  peu  saillans  pour 
qu'une  simple  description  puisse  en  donner  une  idée. 

Les  Trilobites  sont  aussi  connus  dans  le  nouveau  continent,  et  nous 
possédons  même  plusieurs  espèces  de  ces  animaux  fossiles,  venant  de 
lieux  très-différens ,  mais  se  trouvant  toujours,  comme  on  va  le  voir, 
dans  les  terrains  de  sédiment  les  plus  anciens. 

Un  modèle  en  plâtre  de  Trilobite  envoyé  à  l'Académie  des  sciences,  en 
juillet  1819,  par  M.  Hosack,  et  que  j'ai  rapporté,  autant  que  la  chose 
était  possible,  et  toujours  avec  doute,  au  Calymènemacrophtalme,a  été 


(>)  Une  chose  également  remarquable,  c'est  la  présence  de  corps  absolument  semblable  à  ceux-ci 
sur  le  calcaire  compacte  gris  de  fumée  bleuâtre  de  Dudley ,  qui  renferme  le  Calyraène  de  Blumenbach 
et  l'Asaphe  caudigère,  avec  un  grand  nombre  de  corps  marins  tels  que  des  térébralules,  des  mil- 
lepores  rameux ,  etc.  Je  tiens  encore  de  M.  Stokes  l'échanlillonqui  présente  ce  singulier  rapprocLe- 
ment. 

8 


58  tAilobitcs. 

trouvé  dans  le  terri  loi  te  d'Albany,  état  de  New- York.  Or,  les  environs 
de  cette  ville  sont  indiqués,  sur  la  carte  géologique  de  M.  Maclure,  comme 
formés  de  terrains  de  transition.  M.  Hosack  dit  qu'il  a  été  trouvé  au 
milieu  d'un  rocher  ardoisé,  c'est-à-dire,  dans  un  schiste  probablement 
analogue  à  celui  des  environs  d'Angers,  qui  renferme  les  Ogygies ,  et 
ce  Trilobite  se  rapproche  un  peu  de  ce  genre  par  la  grosseur  des  tuber- 
cules qui  recouvrent  les  yeux  ou  en  tiennent  la  place. 

Un  autre  individu  de  la  même  espèce,  mais  très-différent  de  celui  de 
M.  HosACK,  par  sa  taille  beaucoup  plus  petite,  changé  en  jaspe  rouge, 
vient  aussi  des  États-Unis  d'Amérique,  mais  sans  désignation  de  lieu. 

Une  espèce  bien  distincte  de  celle-ci ,  et  semblable  en  tout  au  Caly- 
mène  deBlumenbach,m'a  été  envoyée  par  M.  Correa  de  Serra,  comme 
ayant  été  trouvée  sur  les  bords  du  Miami  près  de  Lébanon,  dans  la  pro- 
vince d'Ohio.  Je  n'ai  pas  des  renseignemens  aussi  précis  sur  la  nature 
du  sol  de  cette  province  que  sur  celle  des  environs  d'Albany.  M.  Maclure 
la  désigne  comme  faisant  partie  du  terrain  secondaire  ;  mais  comme  je 
l'ai  fait  voir  ailleurs,  on  comprenait,  sous  ce  nom  trop  généi"al  et  bien 
vague,  des  terrains  de  foi'mation  très-différentes.  J'ai  la  preuve  que  dans 
le  vaste  territoire  désigné  sous  ce  nom  dans  les  États-Unis  d'Amérique  , 
à  l'ouest  des  AUeghanys,  il  y  a  des  terrains  d'époques  très-différentes  ; 
je  ne  puis  en  développer  ici  les  preuves,  je  me  contenterai  de  les  faire 
pressentir  en  rapportant  les  faits  suivans  : 

On  trouve,  au  sud  du  lac  Ontario,  un  calcaire  compacte  noirâtre,  un 
peu  sublamellaire  ,  formant  de  vastes  couches ,  renfermant  des  ortlio- 
céralites  ,  et  rempli  d'entroques. 

M.  Defrance  possède  un  fragment  de  Tiilobite  engagé  dans  un  silex 
altéré  et  mêlé  d'entroques,  qui  vient  des  bords  de  la  Genessée. 

Un  schiste  argileux  trappoïde,  se  montre  près  du  canal  de  Niagara. 
Une  térébratule  noire,  assez  semblable  à  celles  qu'on  trouve  dans  les  ter- 
rains anciens,  a  été  ramassée  par  M.  Michaud  sur  les  bords  du  lac  Erié. 

Enfin  ,  encore  plus  au  sud-ouest  dans  le  pays  de  Cayuga  ,  on  voit 
des  grès  remplis  de  grosses  térébratules  striées,  assez  semblables  à  celles 
des  terrains  de  transition,  et  entièrement  différentes  des  térébrattdes  des 
calcaires  du  Jura. 

On  remarquera,  en  jetant  les  yeux  sur  la  carte,  que  tous  ces  lieux  sont 
a  peu  près  placés  sur  une  même  ligne  se  dirigeant  du  nord-est  au  sud- 


TRILOBITES.  59 

ouest,  comme  la  plupart  des  montagnes  des  Étals-Unis ,  et  parallèle 
par  conséquent  à  la  directiou  générale  des  différoûs  terrains  ou  forma- 
tions de  ce  pays. 

Enfin  j'ai  reçu  tout  nouvellement  (182 1),  de  M.  Silliman,  des  roches 
de  transition  de  l'Amérique  septentrionale  qui  renferment  des  Tri- 
lobites  évidemment  différens  de  tous  les  précédens ,  mais  qui  île  sont 
pas  assez  entiers  pour  qu'on  puisse  en  déterminer  l'espèce. 

L'un  de  ces  Trilobites,  dont  les  divers  fragmens indiquent  un  Caly- 
mène  ou  un  Asaphe  qui  parait  avoir  quelques  ressemblances  avec 
l'Asaphe  caudigère,  est  dans  un  calcaire  noir,  sublamellaire,  bitumi- 
neux, mais  non  fétide,  qui  montre  en  outre  quelques  petites  térébratules 
semblables  à  celles  qui  accompagnent  les  Calymènes  à  Dudley.  Ce  cal- 
caire vient  de  Glenn's  falls,  sur  la  rivière  d'Hudson,  à  cinquante-quatre 
milles  au-dessous  d'Albany  ;  il  est  pétri  de  débris  de  ces  Trilobites. 

L'autre  roche  offre  l'empreinte  d'un  petit  Trilobite  qui  appartient 
très-probablement  au  genre  Ogygit,  qui  ressemble  même,  mais  en  petit, 
al'Ogygie  de  Guettard,  car  il  n'a  guère  que  quinze  millimètres  de  long; 
c'est  un  phyllade  ardoisé  noir ,  renfermant  quelques  paillettes  de 
mica  et  ne  faisant  aucune  effervescence  avec  les  acides.  Cette  roche  vient 
des  environs  de  Schenectady  sur  le  Mohawk,  état  de  New-York. 

N'est-il  pas  assez  remarquable  que  jusque  dans  l'Amérique ,  les  Tri- 
lobites voisins  des  Asaphes  et  des  Calymènes  ,  se  trouvent  dans  les 
roches  calcaires,  et  que  ceux  qui  appartiennent  au  genre  des  Ogygies  se 
trouvent  dans  les  schistes  argileux  non  calcaires,  comme  nous  le  voyons 
assez  généralement  en  Europe. 

Ces  citations,  tirées  uniquement  des  échantillons  que  je  possède  et 
que  j'ai  réunis  sous  ce  point  de  Vue  général ,  suffisent  pour  indiquer , 
1°  qu'il  y  a  dans  cette  vaste  étendue  de  terrains,  si  vaguement  nommés 
secondaires,  une  bande  d'un  terrain  particulier  d'une  époque  de  forma- 
tion voisine  de  celle  de  transition  ;  2''  que  ce  terrain  parait  avoir  quel- 
que analogie  avec  ceux  du  Cotentin  en  France,  et  du  Worcestershif e 
en  Angleteri'c,  tant  par  la  nature  de  ses  roches  que  par  celle  des  corps 
organisés  fossiles  qu'elles  renferment.  Or,  c'est  précisément  de  cette  bande 
que  viennent  le  Trilobite  des  bords  du  Miami,  envoyé  par  M.  Correa, 
et  celui  des  rives  de  la  Génessée,  que  possède  M.  de  France. Ces  Trilobite» 
ont  la  plus  grande  ressemblance  avec  le  Calymène  de  Blumenbach  qu'on 

8. 


6o  TRILOBITES. 

trouve  aux  environs  de  Dudley,  dans  le  Worcestershire  j  et  celui  de 
M.  CoRREA  ,  qui  est  parfaitement  conservé,  est  tellement  identique  avec 
lui,  que  je  craindrais  qu'il  y  eût  quelque  erreur,  si  la  liaison  de  ce 
fait  avec  ceux  que  je  viens  de  citer,  ne  tendait  à  le  confirmer,  et  surtout  si 
je  ne  tenais  celte  pièce  d'un  savant  aussi  distingué  et  d'un  observateur 
aussi  scrupuleux  que  M.  Correa  (i). 

Mais  il  est  un  autre  fait  très-remarquable  dans  l'bistoire  des  Trilobites, 
et  que  je  dois  consigner  ici  ^  il  pourra  jeter  un  grand  jour  sur  l'origine  de 
certaines  roches  hors  de  place,  dont  on  recherche  depuis  long-temps  la 
position  primitive;  je  veux  parler  de  ces  blocs  de  roches  de  toute  nature 
qui  sont  épars  sur  le  terrain  sablonneux  ou  d'atterrissement  compris 
depuis  les  montagnes  de  la  Saxe  et  de  la  Silésie  jusqu'à  la  mer  Baltique. 

En  lisant  les  descriptions  que  Walch  a  faites  des  pétrifications  figu- 
rées par  Rnorr,  on  remarque  avec  étonnement  que  presque  tous  les 
heux  d'oii  viennent  les  Trilobites  qu'il  décrit,  sont  situés  dans  un  pays 
de  sable  où  l'on  ne  connaît  aucune  roche  en  place  :  on  ne  voit  dans  toutes 
ces  planies  que  des  masses  isolées,  de  gros  fragmens  de  roches  très-va- 
riées et  abondamment  répandus  sur  le  sol  ;  on  avait  déjà  observé,  et  j'a- 
vais eu  moi-même  occasion  de  le  faire  dans  les  environs  dePostdam,  etc., 
que  ces  roches,  généralement  cristallines,  pouvaient  presque  toutes  être 
rapportées  à  celles  qui ,  d'après  les  observations  de  MM.  de  Buch  , 
Raumer,  Brochant,  etc. ,  font  partie  des  terrains  de  transition;  ce  sont 
en  général  des  syénites,  des  diabases,  des  amphibolites,  destrapps,  des 
porphyres,  etc.  On  n'y  trouve,  il  est  vrai,  que  très-peu  de  roches  calcaires, 
etd'autant  moins  qu'on  s'approche  davantage  des  grandes  villes  et  des 
grandes  routes,  parce  que  ces  roches  ont  été  enlevées  les  premières  pour 
faire  de  la  chaux; mais  c'est  précisément  en  brisant  ces  grosses  masses, 
afin  de  les  rendre  propres  à  cet  usage,  qu'on  y  aura  reconnu  les  Trilobites 
qui  ont  orné  les  collections  où  Rnorr  a  puisé  les  échantillons  dont  il  nous 
a  donné  les  figures. 


(i)  J'ai  eu  ie  bonlieur  de  revoir  M.  CoRREA  à  Paris,  depuis   la  rédaction  de  ce  passage,  et 
il    m'a   assuré    qu'on   ne   pouvait   avoir   aucun    doute  sur    l'origine   américaine  de  cet  échan- 


tillon. 


TKiLOlilTES.  Cl 

Ainsi  il  en  est  un  grand  nombre  venant  du  duclié  de  Mccklembourg  : 
les  uns  de  Gnoien  entre  Roslock  et  Demmin, les  autres  plus  avant  dans 
les  terres,  se  sont  trouvés  en  allant  du  nord-e^t  au  sud-ouest  près  de  Neu- 
Brandebourg,  de  Stargard,  de  Neu-Strélltz,  de  Neu-Ruppin  et  de  Ha- 
velberg.  En  allant  plus  à  l'est,  mais  toujours  sans  sortir  du  terrain  de 
sable  ,  d'autres  Trilobites  ont  été  recueillis  près  de  Sukow  dans  l'Uker- 
mark  ,  près  de  Francfort  sur  l'Oder ,  de  Dantzick,  de  Memel,  et  même 
dans  les  environs  de  Reval  en  Esthonie.  La  plupart  des  roches  qui  les 
renferment  sont  désignées,  les  unes  comme  des  calcaires  noirs  fétides  , 
quelques  autres  comme  des  calcaires  gris  ou  jaunâtres  :  les  corps  marins 
qui  les  accompagnent,  sont  des  ortliocératites;  par  conséquentla  plupart 
de  ces  roches  montrent  les  caractères  que  l'on  attribue  à  celles  des  terrains 
de  transition  :  il  faut  cependant  en  excepter  le  calcaire  qui  renferme  les 
Trilobites  de  Reval ,  que  M.  Schlotheim  considère  co.ume  un  calcaire 
coquillier  plus  nouveau  (i).  Or,  on  sait  qu'il  n'y  a  pas  un  seul  rocher  en 
place  près  d'aucun  des  lieux  que  nous  venons  de  nommer,  tout  est  ici 
sable,  terrain  de  transport  ou  d'atterrissement  :  il  faut  nécessairement, 
si  ces  indications. d'origine  sont  vraies,  ce  dont  on  ne  peut  douter  au 
moins  pour  le  plus  grand  nombre,  il  faut,  dis-je,  que  les  Trilobites  aient 
été  retirés  des  masses  calcaires  qui  se  trouvent  isolées  sur  ces  terrains, 
comme  les  autres  roches  que  j'ai  citées  plus  haut. 

Si  les  figures  de  Rnorr  et  des  autres  naturalistes  qui  ont  fait  connaître 
ces  Trilobites  eussent  été  plus  précises,  on  aurait  pu  déterminer  avec 
exactitude  les  espèces  de  ces  fossiles,  et  arriver,  parce  moyen,  d'une  ma- 
nière presque  indubitable,  à  la  connaissance  du  terrain,  et  peut-être  du 
pays  d'où  ces  masses  ont  été  arrachées  pour  être  amenées  dans  les  plaines 
de  la  Basse-Allemagne ,  par  des  causes  encore  inexplicables. 

Malgré  l'incorrection  des  figures  de  Rnorr,  on  peut  présumer,  i°  que 
ces  Trilobites  sont  différens  du  Calymène  de  Blumenbachj  2°  qu'ils  ont 
même  quelque  analogie ,  soit  avec  le  Calymène  de  Tristan ,  soit  avec  les 


(i)  M.  Wahlenberg  dit  égalemenl  dans  un  Mémoire  inséré  dans  le  vu'  vol.  des  Act.  soc. 
reg.  scientiarum.  Ups.^et  dont  je  n'ai  eu  connaissance  qu'en  «819,  que  les  pétrifications  qui  se 
trouvent  dans  les  roches  répandues  dans  l' Allemagne  septentrionale,  viennent  des  fragmens  de 
roclies  qui  y  ont  été  amenées  par  les  anciennes  révolutions  du  globe,  de  Gothland ,  de  l'île 
d'CEIand,  etc.,  p.  8.  *^ 

0 


()3  TBILOBITES. 

Asaphes,  genres  et  espèces  delà  famille  des  Trilobites  qui  appartiennent 
comme  nous  venons  de  le  voir,  aux  terrains  de  transition.  Mais  ce  que 
l'état  de  la  science  des  fossiles  ne  nous  permet  pas  de  faire  actuellement 
pourra  probablement  s'exécuter  dans  la  suite ,  et  la  détermination  exacte 
des  diverses  espèces  de  Trilobites  et  de  leur  gissement,  aura  faitrésoudre 
imedes  questions  de  géologie  les  plus  intéressantes,  et  Tune  de  celles  qui 
ont  occupé  si  long-temps  Deluc  et  d'autres  célèbres  naturalistes. 

En  reprenant  maintenant  les  principales  espèces  de  la  famille  des  Tri- 
lobites décrites  dans  ce  Mémoire ,  et  l'énumération  des  lieux  et  des  ter- 
rains où  on  les  trouve,  et  placantles  espèces  en  regard  des  terrains,  ran- 
gés  dans  l'ordre  présumé  d'ancienneté  de  formation ,  ou  au  moins  le 
plus  généralement  admis ,  nous  aurons  le  tableau  suivant  : 

(  J'omets  les  espèces  incertaines  et  celles  dont  le  gissement  n'est  pas  détermine  avec  assez  de 

précision.  } 

I.  TERRAINS  DE  TRANSITION  SCHISTOIDES, 

Regardés  assez  généralement  comme  les  plus  anciens. 

„  -  T-i  {Bretagne. 

Calymene de Tnstan ;  rrance \n  ^    j- 

■'  J  Lotentm. 

macrophtalme {France Cotentin. 

(Amérique  sept.    Albany. 
Asaphe?  large  queue..  .:......  Suède. 

Ogygie  de  Guettard France Angers. 

de  Desmarest France Angers. 

Paradoxide  de  Tessin. Suède. 

et  tous  les  Paradoxides. 

II.  TERRAINS  DE  TRANSITION  CALCAIRES. 
Calcaire  noirâtre,  sublamellaire. 


• 


Asaphe  de  Debuch \ 

^Angleterre. 

de  Hausmami Bohême.    . 

Agnoste    pisiforme.. Suède. 


Pays  de  Galles. 
Prague. 


TKILOBITES.  C?> 

m.  TEKKAINS  DE  TRANSITION? 

Calcaire  gris  de  fumée  ou  gris  verdâlre,  compacte-fin  avec  térébratules. 

Calymène  de  Blumenbach ■<   >         •  .    , 

l^ménçue  sept.  Miami,  Genesséé. 

Asaphecaudigère.  . Angleterre.  .   .  Dudley. 

IV.  TERRAINS  DE  SÉDIMENT  INFÉRIEURS. 

Calcaire  gris  de  cendre  ou  jaunâtre,  compacte,  quelquefois  avec  des 

grains  verts  cliloriteux. 

x\saphe  cornigère Russie.  Koschelewa  près  St.-Pétersôourg. 

Tous  les  crustacés  gymnobranches  de  la  famille  des  Trilobites  fai- 
saient donc  partie  d'une  génération  qui  vivait  à  la  surface  de  la  terre  à 
l'époque  où  les  roches  de  ci'istallisation  se  formaient  encore ,  et  où  les 
terrains  de  sédimens  les  plus  anciens,  mêlés  de  minéraux  pierreux  et 
métalliques  en  dissolution,  se  déposaient  abondamment  sur  toutes  les 
parties  du  globe.  Ces  terrains  enveloppaient  les  Trilobites  qui  vivaient 
alors,  non-seulement  en  Suède  ,  en  Norvège,  en  Allemagne,  en  France,, 
en  Angleterre,  mais  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  et  probablement 
dans  bien  d'autres  parties  de  la  terre  où  on  ne  les  connaît  pas  encore  , 
peut-être  uniquement  parce  qu'aucune  des  circonstances  propres  à  les  y 
faire  découvrir  ne  s'est  encore  présentée. 

Si  toute  cette  nombreuse  famille  d'animaux  n'a  pas  été  entièrement 
détruite  par  la  cause  qui  a  produit  les  terrains  de  transition  ,  très-peu  y 
ont  survécu ,  et  même  il  n'est  pas  prouvé  qu'aucune  des  espèces  qui 
existaient  alors  ait  continué  de  vivre  dans  l'époque  géognostique  sui- 
vante ,  caractérisée  par  des  roches  et  des  générations  d'animaux  toutes 
différentes ,  car  les  Trilobites  qu'on  trouve  dans  les  terrains  qu'on  peut 
considérer  comme  postérieurs  à  l'époque  de  transition ,  et  comme  ap- 
partenant à  celle  de  sédiment  inférieur,  sont  spécifiquement  différensdes 
premiers,  et  d'ailleurs  cette  formation  de  sédiment  inférieur  n'est  pas 
tellement  distincte  de  celle  de  transition,  qu'on  puisse  établir  une  limite 


64  TEILOBITES. 

tranchée  entre  les  roches  sédimenteuses  de  ces  deux  formations,  et  les  gé- 
nérations dont  elles  ont  englouli  les  débris. 

Je  ne  crois  pas  qu'on  ait  trouvé  de  crustacés  de  la  famille  des  Tri' 
lobiies  au-dessus  de  cette  formation  calcaire  qui  ,  toute  nouvelle 
qu'elle  est  en  comparaison  des  terrains  de  transition ,  est  cependant 
encore  de  beaucoup  inférieure  à  la  craie.  Il  parait  qu'on  y  ren- 
contre des  animaux  qui ,  comnie  les  Trilobites ,  sont  de  l'ordre  des 
gymnobranches;  mais  ces  fossiles  qui,  par  leur  place  dans  les  couches 
de  la  terre,  se  rapprochent  un  peu  plus  des  temps  actuels ,  se  rap- 
prochent aussi  par  leur  genre  des  gymnobranches  connus;  les  uns 
ont  la  plus  grande  ressemblance  avec  les  Limules  ;  tels  sont  ceux 
qu'on  a  trouvés  dans  l'argile  à  foulon  en  Angleterre ,  tel  est  celui  de 
Solenhofen  près  de  Pappenheim,  décrit  par  Andrée,  et  dont  on  va 
retrouver  la  description  et  la  figure  dans  le  Mémoire  de  M.  Desmarest. 
D'au  très  paraissent  avoir  de  l'analogie  avec  lesAselles  ou  les  Idotées,  et 
ceux-ci  se  sont  montrés,  quoique  fort  rarement,  dans  les  marnes  gypseuses 
des  environs  de  Paris. 

Les  Trilobites  offrent  donc,  parmi  les  pétrifications  de  crustacés ,  un 
ordre  entier  d'animaux  dont  on  ne  connaît  encore  aucune  espèce  analogue 
dans  la  nature  vivante.  Plusieurs  genres  et  espèces  de  cet  ordre  sont  en- 
fouis dans  les  couches  les  plus  profondes  de  la  terre  ;  ils  paraissent  d'a- 
bord presque  seuls ,  et  semblent  avoir  été  les  premiers  habitans  solides 
des  premières  eaux  marines  qui  aient  laissé  dans  nos  couches  des  traces 
de  vie.  L'ordre  dont  ces  animaux  singuliers  se  rapprochent  le  plus,  est 
celui  des  gymnobranches;  et  quand  les  animaux  connus  de  cet  ordre 
commencent  à  paraître  dans  des  terrains  plus  nouveaux,  les  Trilobites 
ont  disparu  ,  sinon  en  totalité,  nous  n'osons  l'assurer,  au  moins  en  très- 
grande  partie.  Cette  loi  lemarquable  de  la  nature,  annoncée  pour 
la  première  fois  par  M.  CuviEn,  que  les  animaux  fossiles  diffèrent 
d'autant  plus  des  êtres  qui  vivent  actuellement^  qu'ils  sont  envelop- 
pés dans  des  couches  plus  anciennes  du  globe  ,  reçoit ,  des  observa- 
lions  que  je  viens  de  présenter,  une  nouvelle  confirmation  ;  et  s'il  était 
permis  de  chercher  à  appuyer  une  conséquence  qui  résulte  de  l'obser- 
vation, par  des  raisonnemens  tirés  de  l'analogie,  on  pourrait  presque 
dire  que  les  lois  qui  semblent  régir  sur  la  surface  actuelle  de  la  terre  la 
distin(  tion  des  espèces,  exigeaient  que  la  chose  fût  ainsi. 


TRILOBITES. 


On  peut  comparer  les  différentes  surfaces  que  le  globe  a  dû  avoir 
successivement,  et  que  nous  indiquent  ses  divers  groupes  de  couches^ 
aux  différens  climats  qui  partagent  sa  surface  actuelle.  Chaque  climat 
a  non-seulement  ses  productions  propres,  mais  il  n'y  a   peut-être  pas 
une  production  animale  de  la  zone  torride  qui  se  trouve  absolument  la 
même  dans  les  zones  tempérées ,  en  prenant  le  milieu  de  chaque  zone. 
La  prétendue  ressemblance  parfaite  qu'on  a  cru  trouver  entre  certains 
animaux  de  régions   très-éloignées ,  résulte  souvent  du  peu  d'attention 
qu'on  a  mis  à  en  observer  les  différences,  légères  il  est  vrai,  mais  remar- 
quables par  leur  constance.  Les  observations  de  M.  De  France  sur  les 
coquilles  des  côtes  méridionales  et  septentrionales  de  l'Europe,  celles 
de  Péron  sm-  les  productions  des  différentes  mers  ,  appuient  fortement 
cette  opinion.   Pai-mi    les  exemples  que  nous  pourrions  donner,  nous 
n'en  choisirons  qu'un  seul.  Les  entomologistes  ont  cru  pendant   long- 
temps que  le  papdlon  nommé  Belle-dame  {Papilio  cardai),  se  trouvait 
sur  tout  le  globe;  mais  quand  on  examine  avec  attention  ceux  qui  vien- 
nent d'Europe,  d'Afrique  et  d'Amérique,  on  trouve  entre  eux  des  dif- 
férences telles  qu'on  pourrait,  en  ouvrant  les  caisses  d'un  voyageur  qui 
n'aurait  rapporté  que  ce  seul  papillon,  dire  quelle  partie  du  monde  il  a 
visitée.  Il  en  est  probablement  de  même  des  productions  organiques 
enfouies  dans  les  diverses  couches  du  globe,  si  ce  n'est  que  les  différences 
sont  bien  plus  sensibles  dans  le  sens  vertical  que  dans  le  sens  horizontal. 
Quand  on  aura  pu  déterminer  avec  exactitude  en  quoi  se  distinguent  les 
espèces  qui  paraissentles plus  semblables  entreelles,  on  pourra  peut-être 
parvenir  à  dire  avec  certitude  à  laquelle  des  anciennes  surfaces  de  la 
terre  ,1a  roche  qui  les  renferme  aura  appartenu  ;  ainsi  la  détermination 
précise  des  espèces,  étude  si  sèche  en  apparence,  pourra  servir  un  jour 
à  la  solution  d'une  des  plus  hautes  questions  de  l'histoire  du  globe.  C'est 
ce  que  nous  pouvons  entrevoir  dès  à  présent,  et  le  but  de  ce  Mémou^e  et 
de  celui  qui  va  suivre  a  été  d'apporter  quelques  faits  pour  cet  immense 
travail. 


9 


\V\\\\VVV\V\\VVVXVVVV\V\VV\VV\\VVVKA^*VVVVV\VVWVVV\\\AVVVVVVVVVV\'V\.VVVVV\\\V\^'VVVVVVV\^^ 


DES 


CRUSTACES  FOSSILES. 


Par   Anselme-Gaëtan    DESMAREST. 


Depuis  quelques  années  seulement  l'étude  des  corps  organisés  fossiles 
prenant  une  marche  nouvelle  ,  se  dirige  vers  un  but  utile,  et  voit  dispa- 
raître toute  la  sécheresse,  toute  la  stérilité  que  jusqu'alors  on  lui  avait 
reprochée  avec  fondement. 

Dans  le  cours  du  dernier  siècle,  on  s'était  contenté  en  effet  de  recon- 
naître que  les  couches  de  la  terre  qui  paraissaient  les  dernières  formées, 
et  que  pour  cette  raison  on  noiamait  seco/idaires  ou  te/^tîaires ,  ren- 
fermaient dans  leur  sein  une  énorme  quantité  de  débris  ou  d'empreintes 
de  corps  organisés,  qu'on  a  qualifiés  à  juste  titre  de  médailles  de  la  na- 
ture. Un  petit  nombre  de  savans  (i),  méditant  sur  quelques-uns  de  ces 
vestiges,  essayèrent,  à  l'aide  de  ce  trop  faible  secours,  de  détailler  la  chro- 
nologie du  globe,  et  d'expliquer  d'une  manière  tranchée  la  succession 
des  cataclysmes  qu'il  a  éprouvés. 

Ces  savans  écrivaient  à  l'époque  où  l'on  commençait  seulement  à  s'a- 
percevoir que  les  parties  des  continens  qui  sont  maintenant  à  sec,  avaient 
dûêtre  submergées  autrefois;  et  ce  qu'ils  se  proposaientsurtoul  de  prou- 
ver,  c'était  que  les  différens  corps  que  l'on  rencontrait  dans  le  sein  de  la 
terre  avaient  une  analogie  qiielconque  avec  les  productions  de  nos 
mers;  aussi  se  bornaient-ils  à  publier  des  descriptions  et  des  figures 
qui ,  tout  imparfaites  cj^u'elles  étaient,  désignaient  cependant  des  corps 
uiarins. 


(l)  KiRCHER,  SCUEUCHZER,  CU. 


f 


adif  ■ 


G8  CRUSTACÉS      FOSSILES. 

D'autres  auteurs  (i),  tout  en  paraissant  pressentir  que  l'examen  at- 
tentif des  corps  fossiles  pourrait  conduire  à  des  résultats  précieux 
pour  l'histoire  de  la  terre,  se  bornèrent  à  décrire  avec  plus  ou  moins 
de  soin ,  à  figurer  avec  plus  ou  moins  d'exactitude ,  selon  les  moyens 
qui  étaient  à  leur  disposition  et  les  époques  auxquelles  ils  vivaient,  ces 
restes  nombreux  des  premiers  habitans  du  monde,  ces  médailles,  pour 
nous  servir  encore  de  cette  figure,  que  de  plus  habiles  antiquaires 
devaient  classer  un  jour. 

La  géologie,  qui  n'est  devenue  une  véritable  science  que  du  moment 
où,  éloignant  les  hypothèses  et  recueillant  des  faits,  elle  a  eu  pour  but 
principal  la  distinction  des  couches  terrestres  et  la  détermination  de 
leur  antériorité  relative;  la  géologie  devait  naturellement  s'associer  la 
zoologie,  et  surtout  la  zoologie  qui  compare  les  débris  renfermés  dans 
ces  couches  aux  parties  correspondantes  des  êtres  vivans  dont  l'étude 
est  son  objet  spécial,  et  qui  en  apprécie  les  rapports,  en  assignant  aux 
ressemblances  ou  aux  différences  qu'elle  reconnaît  des  valeurs  plus 
ou  moins  considérables,  selon  la  loi  si  heureusement  proposée  et  si 
judicieusement  appliquée  par  l'un  de  nos  savans  les  plus  illustres,  celle 
de  la  subordination  des  caractères,  en  histoire  naturelle. 

Cette  association  de  deux  sciences  qui  paraissaient  si  éloignées  dans 
leur  objet ,  a  eu  lieu  en  effet ,  et  il  en  est  résulté  une  sorte  de  révolution 
dans  la  première  d'entre  elles,  la  géologie.  Celle-ci ,  d'abord  appliquée 
à  l'étude  des  terrains  primitifs  ou  de  cristallisation,  dédaignait  pres- 
que entièrement  de  s'occuper  des  terrains  secondaires  et  tertiaires,  ou  de 
sédiment  et  des  terrains  adventices  ou  d'alluvion  :  elle  s'attachait  pres- 
que exclusivement  à  la  description  minutieuse  des  roches  qui  composent 
les  sommités  des  montagnes  les  plus  élevées,  sans  pouvoir  en  déterminer 
la  superposition;  tandis  qu'elle  négligeait  l'examen  de  ces  vastes  dépôts 
remphs  de  fossiles  qui  composent  les  montagnes  du  second  ordre ,  et  qui 
sont  la  base  des  pays  de  plaines. 

Mais  ces  dépôts  ont  enfin  fixé  l'attention  des  observateurs ,  et  l'on  a 
reconnu  que  chacun  de  leurs  lits  ou  de  leurs  bancs,  était  pour  ainsi  dire 
une  page  écrite  de  l'histoire  des  dernières  révolutions  du  globe. 


(l)  LaI^GIUS  ,  BaIER  ,  BOURGUET,  KnORR  ,  GUETTARU  ,  etc. 


CHUSTACIÎS     FOSSILES.  69 

Depuis  lors  la  zoologie  a  puissamment  secondé  la  géologie,  et  déjà 
l'étude  des  osseraens  des  quadrupèdes  a  produit  d'étonnans  résultats  : 
on  a  appris  que  tous  leurs  débris  véritablement  fossiles  appartiennent  à 
des  espèces  qui  n'existent  plus  maintenant ,  et  que  celles  de  ces  espèces 
qui  diffèrent  davantage  de  nos  animaux  vivans  par  leur  structure  sont 
les  plus  profondément  enfouies,  bien  cependant  que  les  assises  dans  les- 
quelles on  les  rencontre  soient  de  formation  très-récente. 

Déjà  l'examen  réfléchi  des  coquillages  pétrifiés  a  fait  distinguer  plu- 
sieurs classes  de  dépôts  bien  différens  entre  eux  ,  tels  que  les  divers  ter- 
rains d'eaU' douce,  le  calcaire  à  cérithes  ou  calcaire  grossier, le  terrain 
crayeux,  le  calcaire  compacte,  etc.,  et  déterminer  leurs  rapports  de 
position  les  uns  à  l'égard  des  autres. 

Déjà  l'observation  des  débris  de  plusieurs  grands  reptiles  est  venue 
confirmer  les  distinctions  qu'on  avait  cru  devoir  admettre  entre  diverses 
formations  terrestres. 

Déjà  la  découverte  de  plusieurs  animaux ,  voisins  des  crustacés  par 
leur  organisation  générale  (les  Trilobiles)  ,  a  fait  rentrer  dans  la  série 
des  terrains  secondaires,  plusieurs  roches  de  cristallisation  très-répan- 
dues dans  la  nature  (i),  et  qui  jusqu'alors  avaient  été  confondues 
avec  le  granité  même. 

Mais  ces  grands  résultats  de  l'alliance  de  la  zoologie  à  la  géologie  ne  sont 
pas  les  seuls  que  nouspourrions  citer  ici,etil  nous  suffira  dédire  que  tous 
ontétéla  conséquence  de  la  détermination  précise  des  fossiles  que  renfer- 
ment les  diverses  couches  que  l'on  a  comparées  entre  elles.  Ce  ne  sont 
pas  sans  doute  aussi  les  derniers  que  l'on  doive  espérer  ;  mais ,  pour  en 
obtenir  de  nouveaux,  il  devient  nécessaire  démultiplier  ces  détermina- 
tions, en  décrivant  aussi  exactement  qu'il  est  possible  de  le  faire , 
les  corps  organisés  fossiles  qui  n'ont  pas  encore  été  signalés ,  ou  ceux  qui 
ne  l'ont  été  que  d'une  manière  imparfaite.  Il  devient  utile  d'augmenter 
et  de  chercher  à  compléter  le  Système  de  la  nature  antédiluvienne  , 
dont  les  premières  bases  ont  été  posées  par  quelques-uns  de  nos  plus  cé- 
lèbres naturalistes. 

C'est  ainsi,  par  exemple  ,  que  les  animaux  quadrupèdes  dont  on  a 


(i)  I.c,<  syénilcs. 


no  CRUSTACiiS     FOSSILES.- 

trouvé  des  osseinens  enfouis  ont  été  divisés  en  espèces  et  en  genres  par 
M.  CuviER  ,  et  que  le  même  savant  a  rassemblé  et  discuté  tout  ce  qui 
avait  été  publié  jusqu'à  lui  sur  les  reptiles  fossiles  et  les  ornitholithes  ^ 
en  y  joignant  le  produit  de  ses  propres  ruc^herches  ;  c'est  ainsi  que 
;VI.  DE  Blainville  a  classé  méthodiquement  les  nombreux  ichthyolithes 
que  renferment  nos  collections;  c'est  ainsi  que  M.  De  Lamarck,  par  son 
travail  sur  les  coquilles  fossiles  de  Giignon  et  de  Courtagnon,a  concouru 
à  faire  connaître  la  composition  du  sol  sur  lequel  nous  nous  trouvons, 
en  fournissant  des  données  certaines  aux  auteurs  de  Y  Essai  sur  la  géo- 
graphie mine'ralogiffue  des  environs  de  P ai is ;  c'estainsiqueM.BRON- 
GNiART  a  caractérisé  et  représenté  avec  soin  les  coquillages  dont  la  dis- 
tinction lui  a  fourni  les  moyens  de  séparer  les  deux  sortes  de  terrains 
d'origine  d'eau  douce  dont  il  a  reconnu  l'existence,  etc. 

Mais  si,  d'une  part,  des  travaux  d'une  telle  importance  sur  quelques 
classes  de  fossiles,  ont  ouvert  d'une  manière  brillante  la  carrière  que 
leurs  auteurs  ont  tracée,  d'un  autre  côté,  certains  groupes  n'ont  encore 
fixé  l'attention  d'aucun  naturaliste  de  nos  jours. 

Dans  ce  nombre  se  trouve  celui  des  Crustacés,  qui  offre  des  restes 
assez  nombreux,  mais  en  général  mal  conservés,  et  dont  la  plupart 
n'ont  été  encore  indiqués  et  figurés  que  d'une  manière  très-vague  et  bien 
éloignée  de  la  précision  qu'on  exige  maintenant  en  histoire  naturelle. 

Pensant  qu'unnonveau  travail  sur  ces  vestiges,  où  l'on  rassemblerait , 
en  les  classant,  tous  les  documens  de  quelque  valeur  qui  ont  été  fournis 
jusqu'à  cette  époque  par  les  anciens  oryctographes,  et  dans  lequel  on 
introduirait  de  nouvelles  observations ,  remplirait  une  des  nombreuses 
lacunes  qui  existent  encore  dans  l'histoire  des  fossiles,  et  pourrait  être 
de  quelque  utilité  à  la  géologie  ;  nous  nous  sommes  proposé  de  remplir 
cette  tâche,  et  après  avoir  recueilli  pendant  plusieurs  années  les  rensei- 
gnemensqui  nous  ont  paru  nécessaires,  nous  nous  déterminons  aujour- 
d'hui à  publier  le  résultat  de  nos  recherches. 

Tous  les  anciens  auteurs  qui  ont  traité  des  Crustacés  fossiles  ne  l'ont 
lait,  eu  général,  que  très-sommairement,  et  ont  accomjiagné  leur  texte 
de  figures  dont  les  contours, assez  vaguement  tracés,  ne  peuvent  donner 
une  idée  suffisante  des  objets  qu'elles  représentent.  Ija  plupart  d'entre 
eux  se  sont  plutôt  appliqués  à  décrire  ou  à  expliquer  le  mode  de  pétri- 
fication de  ces  fossiles,  qu'à  en  détailler  les  caractères,  et  d'autres  n'en 


CRUSTACÉS     FOSSILES.  ^t 

ont  traité  que  clans  des  articles  de  catalogues  de  collections  :  aussi 
doit-on,  à  quelques  exceptions  près,  se  méfier  des  analogies  que  des  au- 
teurs plus  récens  ont  voulu  reconnaître  entre  ces  figures  et  les  animaux 
de  la  classe  des  Crustacés  actuellement  vivans. 

Si  nous  passions  en  revue,  dans  l'ordre  chronologique,  les  ouvrages 
des  oryctographes qui  ont  donné  quelques  notions  sur  lesCrustacés  fos- 
siles, nous  serions  obligés  de  répéter,  pour  la  plupart  d'entre  eux,  ce  que 
nous  venons  de  dire  en  général.  Cependant  nous  devons  en  excepter  ceux 
de  Mercatus  (i),  deRuMPHius  (2),  ainsi  que  ceux  de  KnorrcI  Walch(3), 
qui  renferment  les  meilleures  figures ,  et  presque  les  seules  que  nous 
croyons  pouvoir  citer  positivement  dans  notre  travail. 

Parmi  les  auteurs  qui  nous  fourniront ,  tout  au  plus  pour  quelques 
espèces  ,  des  rapprochemens  plus  ou  moins  probables ,  nous  nous  borne- 
rons à  indiquer  principalement  Gesner  (4),  Aldrovande  (5),  Calcéo- 

LAR   (6),-M0SCARD  (7),   SCHEUCHZER    (8),     WaGNER    (9)  ,   LaNGIUS    (io), 

LocHKER  (il),  Bajer  (12),  Richter  (i3),  Lesser  (i4)j  Mylius  (i5), 
Sera  (i6)  ,  D'Annone  (17),  Sachs  (18) ,  etc. 

Pour  exécuter  le  plan  que  nous  nous  sommes  proposé  ,  nous  avons 
dû  nous  procurer  avec  le  temps,  et  successivement,  tous  les  Crustacés 
fossiles  que  renferment  les  collections  de  Paris ,  et  tous  ceux  que  les  na- 
turalistes avec  lesquels  nous  sommes  en  rapport  ont  pu  mettre  à  notre 
disposition.  Nous  les  avons  décrits  à  mesure  qu'ils  nous  étaient  com- 
muniqués, et  nous  les  avons  fait  dessiner  par  d'habiles  artistes,  MM.  Le- 
suEUR  et  Meunier.  Souvent  nous  avons  trouvé  sur  les  pièces  qui  étaient 
soumises  à  notre  observation  ,  des  parties  qui  n'étaient  pas  visibles  ,  ou 
qui  étaient  mal  caractérisées  dans  d'autres,  et  toutesces  pièces  employées 


(i)  Metallotheca  valicana,  p.  3o6,  171g.  —  (2)  Amboinsche  rarileit  Kamer,  1705, p. 335, 
pi.  60.  —  (3)  Recueil  des  monum.  des  catastrophes  que  le  globe  a  essuyées ,  t.  i,  1560.  — 
(4)  Rer.fossil.  cap.  i4  ,  i565.  —  (5)  In  mus.  metallic.  lib.  4>  p-  4^0,  164.0.  —  (6)  Mus.  F'ero- 
nense,  sect.  3,  p.  429,  1625.  —  (7)  Musœo,  i656.  > —  (8)  Piscium  querelœ  etvindiciœ,  1708.  — 
{Of)  Hist.  nal.  Helvet.,  p.  33i ,  1715.  —  (10)  Histor.  lapidumJiguratorumHelvetiœ,  1708.  — 
(i  i)  Mus.  Besler. ,  pi.  33  ,  p.  g5  ,  1716.  —  (12)  Oryctographia  norica  ,  1780.  —  (i3)  Mus. , 
1743.  —  {i^)  Lilkothéologie ,  §  38o. —  (iS)  Saxon,  subterran.  :i  ,  ly  18.  _  (16)  Thesaur. 
reruin  natiir. ,  t.  4  j  pi.  107  ,  fig.  ag  et  3o,  1740.—  (17)  Âcta  helvelic,  tom.  3.  —  (iS)  Gam- 
marologia,  i665. 


■^2  CRUSTACES     FOSSILES. 


simultanément ,  nous  ont  servi  à  reproduire,  autant  qu'il  a  été  possi- 
ble, les  espèces  auxquelles  elles  avaient  appartenu. 

Les  collections  qui  nous  ont  fourni  le  plus  de  matériaux  utiles,  et  qui 
nous  ont  été  ouvertes  avec  une  véritable  libéralité,  sont ,  après  celle  du 
Muséum  d'histoire  naturelle, la  plus  complète  de  toutes,  cellesde  MM. De 
Drée,  De  France,  Brongniart  ,  Gillet-Laumont  ,  Sage  ,  Faujas-de- 
Saint-Fond,  Resley,  Lucas  fils,  etc.  MM.  Leach,  Fleuri  au  de  Belle- 
vue,  Grévil,  de  Boissy,  etc. ,  ont  bien  voulu  aussi>  nous  transmettre , 
pour  les  étudier,  quelques  espèces  rares  que  nous  ne  possédions  pas 
encore. 

La  plupart  des  dépouilles  ou  des  empreintes  de  Crustacés  que  les  col- 
lections renferment  étaient  autrefois  désignées  par  les  noms  variés  de 
Crustacites,  Carcinites,  Astacolithes ,  Gaminarolithes ,  Astacopo- 
ilium,  Bacillus  entomolithuç.  Cancer  lapideus,  Cancer petrefaclus, 
Pasurus  lapideus ,  Chelonites,  etc.  ;  et  par  d'autres  encore  qui  in- 
diquaient des  rapports  plus  ou  moins  marqués  avec  difFérens  ordres  de 
Crustacés. 

La  description  de  ces  Crustacés  présente  plus  de  difficultés  qu'on  ne 
le  penserait  d'abord.  La  plupart  d'entre  eux  sont  dans  un  tel  état  de 
mutilation,  ou  tellement  renfermés  dans  la  roche,  qu'on  ne  peut 
apercevoir  le  plus  souvent  qu'une  portion  de  la  surface  supérieure  de 
leur  corps,  ou  de  la  carapace  y  tandis  que  la  face  inférieure,  com- 
posée des  pièces  assez  nombreuses  du  plastron  ou  du  sternum,  donnant 
attache  à  des  pattes  composées  de  plusieurs  articulations ,  et  présen- 
tant aussi  les  parties  extérieures  de  la  bouche  ,  se  trouve,  à  cause  des 
nombreuses  anfractuosités  formées  par  ces  diverses  pièces  ,  totale- 
ment engagée  dans  les  substances  qui  la  renferment. 

Les  antennes  et  les  patteS;,  d'ailleurs,  sont  le  plus  souvent  brisées  et 
isolées  du  corps ,  ce  qui  est  aisé  à  concevoir,  si  l'on  se  rappelle  avec 
quelle  facilité  ces  dernières  parties  se  détachent  dans  les  crustacés  vivans, 
qui  les  perdent,  soit  en  combattant  les  uns  contre  les  autres,  soit  même 
lorsqu'ils  exécutent  quelques  mouvemens  violens. 

Dans  nos  l'echerches,  nous  avons  donc  été  forcés  de  renoncer  à  peu 
près  totalement  aux  caractères  que  pouvaient  nous  offrir  les  pattes  et 
les  antennes  ,  presque  les  seules  parties  qui  en  présentent  aux  zoolo- 
gistes dans  leurs  déterminations,  et  il  nous  était  prescrit  impérieusement 


*  CRUSTACÉS     FOSSILES.  ']3 

tle  nous  en  tenir  aux  données  que  procurait  l'observation  du  test  brut, 
ou  delà  carapace. 

Juscpi'à  présent  cette  carapace  n'avait  fourni ,  pour  les  descriptions 
des  espèces  vivantes  ,  que  des  caractères  secondaires,  et  celles  de  ses  par- 
ties qu'on  se  contentait  de  remarquer,  se  réduisaient  aux  bords  anté- 
rieurs et  latéraux  et  au  bord  inter-orbitaire,  pour  en  compter  les  dente- 
lures ouïes  plis,  et  l'on  décrivait  aussi  d'une  manière  très-succincte  la 
forme  générale  de  ce  test  en  indiquant  simplement  s'il  était  lisse,  velu, 
rugueux ,  épineux ,  tuberculeux  ,  etc. ,  ou  en  en  faisant  connaître  les 
couleurs.  Tous  ces  caractères  étaient  insufïisans  pour  décrire  les  fossiles, 
qui  en  général  ont  acquis  la  teinte  de  la  pierre  qui  les  contient,  ou  qui 
en  ont  pris  une  particulière  à  la  substance  qui  les  a  pénétrés ,  et  dont  les 
diverses  aspérités  du  test  devaient  être  soigneusement  distinguées  ,  à 
défaut  de  meilleurs  renseignemens. 

Examinant  avec  soin  les  carapaces  d'un  très-grand  nombre  de  Crabes 
de  divers  genres,  que  Fabricius  et  des  entomologistes  plus  modernes 
ont  distingués,  nous  avons  reconnu  que  le  hasard  ne  présidait  point  à 
la  distribution  des  parties  saillantes  de  ces  carapaces,  quelques  formes  ir- 
régulières ou  bizarres  qu'elles  semblent  affecter,  et  qu'au  contraire,  dans 
tous  les  genres  de  Crustacés,  la  disposition  de  ces  inégalités  était  cons- 
tante et  soumise  à  quelques  lois  qui  n'étaient  jamais  contrariées. 

Réfléchissant  d'ailleurs  que  les  Crustacés  ont  leurs  principaux  organes 
intérieurs  situés  immédiatement  sous  le  test  ou  la  carapace,  nous  avons 
été  conduits  à  rechercher  s'il  existait  des  rapports  marqués  entre  la  place 
qu'occupent  ces  viscères  et  la  distribution  des  inégalités  extérieures  du 
test.  Nous  étions  d'autant  plus  fondés  à  admettre  ces  rapports,  qu'on  sait 
qu'à  une  certaine  époque  de  l'année  tous  les  Crustacés,  après  avoir  perdu 
leur  vieille  enveloppe  solide,  se  trouvent  revêtus  d'une  peau  tendre  qui 
durcit  à  son  tour,  et  se  change,  au  bout  de  quelques  jours,  en  une  croûte 
aussi  résistante  que  celle  qu'elle  remplace;  et  nous  pouvions  présumer 
que  dans  les  premiers  momens  la  nouvelle  peau  se  moulait,  jusqu'à  un 
certain  point,  sur  les  organes  intérieurs,  et  que  son  ossification  était 
ensuite  influencée  par  les  inouvemens  propres  à  ces  organes ,  ou  par 
le  plus  ou  moins  de  développement  de  chacun  d'eux. 

Partant  de  cette  idée,  nous  avons  fait  en  quelque  sorte,  sur  une  cara- 
pace de  Crustacé ,  l'apphcation  du  système  de  M.  le  docteur  Gall  sur 

10 


'J/'l  CRUSTACÉS     FOSSILES.  * 

le  crâne  humain  ;  cl  nous  nous  sommes  crus  d'autant  plus  autorisés 
à  faire  cette  application^  que  les  organes  mous  qui,  chez  les  Crustacés, 
peuvent  modifier  les  formes  extérieures,  sont  parfaitement  distincts 
les  uns  des  autres,  et  ont  des  fonctions  bien  reconnues.  (  Voy.  pi.  I, 
fig.  I  et  2.) 

Il  est  facile  de  s'assurer,  en  effet,  que  les  rapports  qvie  nous  avons 
pressentis  existent  j  car,  si  l'on  enlève  avec  quelques  précautions  le  test 
d'un  crabe  de  l'espèce  la  plus  commune  sur  nos  côtes  {Cancer  Mœnas 
LïNN.),  on  observe,  fig.  i,  derrière  le  bord  inter-orbitaire,  un  estomac 
membraneux,  vésiculeux,  ayant  deux  grands  lobes  "'^  en  avant  et  deux 
petits  °'  "'  en  arrière,  soutenu  dans  son  milieu  par  un  mince  osselet  trans- 
versal en  forme  d'arc  ^'^,  et  ayant  en  dessus,  entre  les  deux  grands  lobes 
et  sur  la  ligne  moyenne ,  deux  muscles  longitudinaux  "  qui  s'attachent 
d'une  part  au  bord  antérieur  du  test,  et  de  l'autre  à  l'osselet  transversal. 
Si  l'on  examine  comparativement  la  carapace  que  l'on  a  détachée,  fig.  2, 
on  reconnaît  sur  celle-ci  ^  •»  l'indication  des  deux  lobes  antéi'ieurs  de 
l'estomac  avec  une  ligne  enfoncée  moyenne,  qui  correspond  à  l'inter- 
valle qui  sépare  les  deux  muscles  dont  il  a  été  fait  mention. 

Derrière  l'estomac  se  voient ,  fig.  i ,  &o,  des  corps  blanchâtres  sinueux, 
en  forme  d'intestins  et  faisant  plusieurs  circonvolutions.  Ce  sont  les  or- 
ganes préparateurs  de  la  génération,  les  vésicules  spermatiques  chez  les 
mâles,  et  les  ovaires  chez  les  femel^gs.  Ils  aboutissent  en  dessous  dans 
des  lieux  dilTérens  (i);  mais  en  dessus,  ils  occupent  la  même  place  dans 
les  deux  sexes.  Rapprochés  de  la  carapace,  fig.  2,  ces  organes  nous  ont 
paru  occuper  l'espace^,  qui  se  trouve  circonscrit  par  des  lignes  enfoncées 
et  que  l'on  voit  derrière  celui  qui  répond  à  l'estomac. 

En  arrière  encore,  tig.  i, dans  un  enfoncement  assez  marqué,  on  trouve 
le  cœur  ^^  qui  est  déprimé  en  dessus,  et  qui  en  remplit  toute  l'étendue  :  ses 
battemens  font  facilement  reconnaître  cet  organe.  Chaque  bord  latérale 
de  la  cavité  où  il  est  placé  est  solide,  très-relevé,  et  formé  par  une  cloison 
verticale  qui  se  rend  du  sternum  à  la  carapace,  et  qui  contribue  à  donner 
de  la  solidité  à  celle-ci,  en  étant  fixée  entre  ces  deux  surfaces,  à  peu  près 


(i)  Chez  les  mâles,  à  la  Lase  de  la  queue  à  droit*  et  5  gauche  ;  et  chez  les  femelles,  vers  le  milieu  de 
la  seconde  pièce  steruale  de  chaque  côté. 


CRUSTACÉS     FOSSILES.  'j5 

comme  l'esl  1  ame  d'un  violon  entre  ses  deux  tables.  Cette  même  cloison 
sert  de  support  à  d'antres  cloisons  transversales,  qui  sont  en  nombre  égal  à 
celui  des  séparât  ions  des  pièces  sternales,  et  dans  l'intervalle  desquelles  sont 
situés  les  muscles  moteurs  des  pattes.  La  carapace,  fig,  2,  ^^  nous  montre  la 
place  du  cceur  bien  dessinée,  dans  la  situation  même  où  l'on  voit  cet 
organe  dans  le  crabe  ouvert ,  et  sur  chacun  de  ces  cotés  on  remarque 
deux  petites  lignes  enfoncées  qui  se  rapportent  aux  points  d'attache  des 
deux  cloisons  osseuses  entre  lesquelles  ce  cœur  est  situé. 

A  droite  et  à  gauche  des  organes  préparateurs  de  la  génération  et  du 
cœur,  sont  deux  grands  espaces,  fig.  1,^5  où  les  branchies  sont  rangées  et 
étendues  sur  deux  tables  osseuses  obliques,  qui  ferment  en  dessus  toutes 
les  loges  où  sont  fixés  les  muscles  des  pattes.  Ces  branchies  sont  au  nombre 
de  cinq  de  chaque  côté,  et  chacune  présente  un  double  rang  de  petites 
lames  branchiales  iransverses;  leur  point  d'attache  est  en  dehors,  et 
toutes  leurs  sommités  sont  dirigées  vers  la  ligne  qui  sépare  du  cœur 
les  organes  préparateurs  de  la  génération.  Le  test,  fig.  2,  ^,5,  présente, 
au-dessus  de  ces  parties  de  chaque  côté  du  corps,  un  espace  bombé  qui, 
par  son  étendue,  se  rapporte  parfaitement  avec  la  place  qu'elles  occupent 
en  dessous. 

Enfin,  des  deux  côtés  de  l'estomac  et  en  avant  des  branchies,  se  mon- 
trent le  foie,  fig.  I,  *,^,  qui  est  très-volumineux;  sa  consistance  estmolle, 
sa  couleur  estjaunàtre,  etsa  surface  présente  une  multitude  de  petites  par- 
ties vermiculées.  Ce  foie  plonge  en  dessous  des  viscères  médians  que  nous 
avons  décrits,  et  se  prolonge  fort  en  arrière  jusqu'à  la  base  de  la  queue, 
en  ^,  de  telle  façon  qu'on  le  voit  encore  de  derrière  le  cœur.  Il  a,  dans 
ce  point,  le  même  aspect  et  la  même  structure  qu'en  avant  du  corps, 
et  il  est  divisé  en  deux  lobes  qui,  d'ailleurs,  se  touchent  assez  exactement. 
Dans  la  carapace,  les  parties  qui  recouvrent  les  endroits  où  le  foie  est 
visible  ,  lorsqu'on  l'a  enlevé  ,  fig.  2,  6,6  et  4,  sont  moins  bombées  que  les 
autres,  et  sont  distinctes  à  cause  même  de  ce  manque  de  saillie,  surtout 


les  antérieures. 


Ayant  disséqué  dans  les  mêmes  vues  plusieurs  autres  Crustacés  d'es- 
pèces variées,  qu'il  est  possible  de  se  procurer  vivans  à  Paris,  tels  que  le 
CA'a.heTour\.eau  (Caticer Pagurus),V^ln\\e{Portimus piiber^^V Araignée 
de  mevilnaclius  Squinado)^  nous  avons  reconnu  les  mêmes  rapports  entre 
la  distribution  des  organes  internes  et  la  configuration  extérieure  du  test. 


10.^ 


76  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

Dès  lors,  pouvant  nous  étayer  de  l'analogie  ,  nous  avons  recherché  et 
nous  avons  trouvé  dans  la  presque  totalité  des  Crustacés  brachyures  ou  des 
Cancers  de  Linné,  les  lignes  enfoncées  qui  séparent  les  espaces  qui  ré- 
pondent aux  parties  internes  dont  nous  venons  d  indiquer  les  posi- 
tions relatives.  Dans  quelques-uns  néanmoins,  plusieurs  de  ces  indica- 
tions manquent  presque  tout-à-fait,  comme  dans  certaines  Leucosiespar 
exemple  ;  mais  dans  ce  cas,  la  carapace  est  toute  lisse,  et  aucun  autre  sil- 
lon n'indique  de  divisions  qui  ne  seraient  pas  correspondantes  à  celles 
que  nous  avons  annoncées. 

Dans  quelques  autres,  la  surface  delà  carapace  est,  au  contraire,  mar- 
quée d'une  infinité  de  lignes  enfoncées  et  de  nombreuses  aspérités  {^Can- 
cer variolo  s  us  et  C.  incisus).  Mais  les  divisions  principales  se  retrou- 
vent toujours  dans  la  même  disposition. 

Nous  avons  cru  devoir  donner  le  nom  de  j^égions  aux  divers  espaces 
de  la  carapace  qui  recouvrent  les  organes  intérieurs ,  et  distinguer  ces 
régions  par  des  désignations  spéciales  qui  rappellent  le  rapport  qu'elles 
ont  avec  ces  mêmes  organes.  Ainsi  : 

La  région  stomacale ,  ou  celle  qui  recouvre  l'estomac ,  est  médiane 
ou  antérieure  ,  (ig.  2,  ^,'. 

La  région  génitale  est  médiane,  et  située  immédiatement  en  arrière 
de  la  stomacale  ^,2. 

La  région  cordiale  est  médiane  ,  et  placée  en  arrière  de  la  génitale  3. 

Les  régions  hépatiques  sont  au  nombre  de  trois  :  deux  antérieures, 
situées  une  de  chaque  côté  de  la  stomacale  et  en  avant  des  bran- 
chiales 6,6  ;  une  postérieure  médiane  ,  qui  vient  entre  la  cordiale  et  le 
bord  postérieur  de  la  carapace  4. 

Les  régions  branchiales  ,  au  nombre  de  deux  ,  une  de  chaque  côté  , 
sont  placées  entre  les  régions  cordiale  et  génitale  d'une  part,  et  les  bords 
latéraux  de  la  carapace  de  l'autre  ^,5. 

Ces  régions  varient  en  étendue  dans  les  divers  genres  de  Crustacés 
brachyures,  et  sont  plus  ou  moins  fortement  tracées.  Ainsi  les  Leucosies, 
les  Dromies,  les  Pinnothères  et  les  Corystes  les  ont,  pour  la  plupart,  à 
peine  distinctes,  tandis  que  les  Inachus,  les  Doripes,  et  les  Mictyris  sur- 
tout, les  ont  au  contraire  très-prononcées.  Les  Crabes  proprement  dits , 
les  Fortunes,  lesGonoplaces  tiennent  àpcu  prèslc  milieu  entre  tous,  sous 
ce  rapport. 


CRUSTACES     FOSSILES.  'T 

La  stomacale  est  ordinairement  très-développée  dans  la  plupart  de 
ces  crustacés,  et  située  sur  la  même  ligne  transversale  que  les  régions 
hépatiques  antérieures;  mais  dans  quelques  genres,  comme  les  Inachus, 
les  Macropodes  et  autres  Crustacés  oxjM-hynques  ;  et  dans  les  Doripes 
elle  fait  saillie  en  avant,  et  contribue  à  donner  à  la  forme  du  corps  une 
figure  triangulaire. 

La  région  génitale  est,  en  général,  assez  distincte,  et  se  prolonge  pres- 
que toujours  sur  le  centre  de  la  stomacale  en  formant  une  sorte  de 
pointe  qui  paraît  diviser  celle-ci  en  deux. 

La  région  du  cœur  est  constamment  apparente  et  toujours  située  à  la 
même  place  ,  c'est-à-dire  un  peu  en  arrière  du  centre  de  la  carapace ,  si 
ce  n'est  dans  les  Doripes  ,  où  elle  confine  au  bord  postérieur  de  cette 
même  carapace,  en  faisant  disparaître  le  région  hépatique  postérieure. 

Les  régions  branchiales  ,  au  contraire,  varient  beaucoup  ;  elles  n'ont 
rien  de  bien  remarquable  dans  les  Crabes  et  les  Fortunes;  tandis  qu'elles 
sont  très-saillantes  et  bombées  chez  les  Doripes  et  les  Inachus.  Dans  le 
dernier  de  ces  genres  elles  sont  même  tellement  renflées,  qu'elles  se  tou- 
chent en  arrière,  et  prennent  à  leur  tour  la  place  delà  région  hépatique 
postérieure.  Dans  les  Ocypodes  ou  crabes  de  terre ,  elles  sont  planes 
en  dessus,  et  indiquent  sur  les  côtés  une  partie  de  la  forme  carrée  de  ces 
Crustacés.  Aft'ectant  la  même  figure  dans  les  Grapses  ou  Crabes  d'eau 
douce,  elles  présentent  chez  ceux-ci,  à  leur  surface,  des  lignes  saillantes 
obliques,  qui  paraissent  correspondre  aux  paquets  de  branchies  qui  sont 
au-dessous.  Dans  la  plupart  des  espèces  dont  les  angles  latéraux  de  la  ca- 
rapace sont  très-marqués,  il  en  part  une  ligne  transverse  saillante  qui 
dessine  le  bord  antérieur  de  ces  régions  branchiales;  c'est  surtout  ce 
qu'on  remarque  dans  la  plupart  des  Fortunes  et  dans  les  Podo- 
phthalmes. 

Les  Gécarcins  ou  tourlouroiix,  dont  le  test  est  en  cœur  et  largement 
tronqué  en  arrière,  ont  les  régions  branchiales  si  bombées  en  avant, 
qu'elles  envahissent  la  place  des  régions  hépatiques. 

Quant  aux  régions  hépatiques,  recouvrant  des  organes  inertes  de  leur 
nature  j  elles  ne  forment  jamais  de  saillies  très-marquées;  elles  se  distin- 
guent même  des  autres  régions  par  leur  aplatissement.  Les  deux  anté- 
rieures sont  le  plus  ordinairement  bien  apparentes  chez  les  Crustacés  bra- 
chyures  dont  la  carapace  est  carrée  ou  demi-circulaire,  tandis  qu'elles 


ng  CRUSTACES     FOSSILES. 

sont  presque  effacées  chez  ceux  dont  la  forme  est  triangulaire.  La  pos- 
térieure suit  à  peu  près  les  mêmes  lois. 

Après  les  Crustacés  brachyures,  les  Macroures  doivent  attirer  notre 
attention,  et  nous  devons  y  chercher  les  diverses  régions  que  nous  avons 
reconnues  dans  les  premiers. 

Si  nous  prenons  l'Écrevlsse  ordinaire  [Astacusfluviatilis)  pour  type 
de  cette  famille,  nous  remarquons  (pl.I,  fig.  3  et  4  ),  que  le  test  de  ce 
Crustacé  présente  une  ligne  transversale  enfoncée,  arquée  en  arrière,  qui 
le  partage  en  deux  portions  à  peu  près  égales,  et  qui  semble  indiquer 
la  séparation  d'une  tête  et  d'un  corselet  ;  mais  lorsque  nous  enlevons  le 
test,  nous  reconnaissons  que  ce  qui  est  en  avant  de  cette  ligne  recouvre 
non-seulement  les  parties  qui  appartiennent  à  la  tête  ,  mais  encore  l'es- 
tomac et  le  foie. 

L'estomac,  fig.  3,°'',«'"'^  est  situé  dans  la  ligne  moyenne,  et  le  foie  ^,* 
se  trouve  placé  sur  les  côtés  et  en  arrière  de  celui-ci  ;  deux  forts 
muscles  's'S  attachés  contre  la  paroi  interne  de  la  carapace ,  servent  à 
mouvoir  les  mâchoires.  La  trace  de  leur  insertion  est  indiquée  au  dehors 
par  un  espace  ovalaireplus  finement  ponctué  et  rugueux  que  ce  qui  l'en- 
vironne. Sur  la  seconde  partie  de  la  carapace^  celle  qui  est  placée  derrière 
le  sillon  transversal  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  se  voient  en  dessus, 
fig.  4,  deux  lignes  enfoncées  longitudinales,  tout-à-fait  analogues  à  celles 
qu'on  observe  dans  les  Crabes  à  droite  et  à  gauche  du  cœur,  et  qui ,  chez 
ceux-ci,  séparent  la  région  cordiale  des  branchiales.  L'inspection  du  des- 
sous, fig.  3,  montre  la  même  disposition,  c'est-à-dire,  le  cœur  au  miheu  '^, 
placédans  une  cavité  formée  par  la  carapace  en  dessus,  et  par  les  cloisons 
qui  donnent  attache  aux  muscles  des  pattes  de  chaque  côté,  et  les  bran- 
chies '^/  sur  les  parties  latérales,  dans  la  portion  la  plus  large  du  test.  Les 
organes  préparateurs  de  la  génération  S, S  sont  situés  auprès  et  en  avant  du 
cœur,  à  peu  près  comme  dans  les  Crustacés  brachyures,  mais  derrière  le 
foie.En  dehors,  leur  place  n'est  marquée  que  par  quelques  rides,  fig.  l^^"^. 
Le  foie  se  montre  de  nouveau  en  arrière  du  cœur,  fig.  3,  c,  mais  se 
trouve  tout-à'fait  sous  le  bord  postérieur  de  la  carapace  ,  fig.  4?  ^• 

Il  est  donc  possible  de  distinguer,  sur   la  carapace  de  l'Ecrevisse  , 
plusieurs  régions ,  savoir  : 

En  avant  du  sillon  transversal  : 

^°  Une  région  stomacale   fort  vaste,  fig.  4?  S  avec  laquelle  les  ré- 


CRUSTACES    FOSSILES.  "][) 

ylons  hépatiques  anlt'rieures  sont  confondues  de  manière  a  ne  pouvoir 
ttre  séparées. 

En  arrière  de  ce  sillon  , 

2°  Une  région  cordiale  moyenne,  3,  avec  laquelle  se  trouve  aussi 
confondues  la  région  génitale  qui  répondrait  au  n°  ^  de  celte  figure,  et 
l'hépatique  postérieure  qui  se  rapporterait  au  n°  ^. 

3°  Deux  régions  branchiales ,  situées  latéralement,  ^,5. 

Le  Homard  {Astacus  niarinus^  présente  les  mêmes  détails. 

D'autres  Crustacés  macroures  ont  cependant  les  régions  hépatiques 
antérieures  et  génitales  assez  bien  marquées. 

Les  Galathées  ont  une  région  stomacale,  une  cordiale,  deux  bran- 
chiales ;  et  de  plus  deux  hépatiques  tout-à-fait  latérales  comme  chez  les 
Crabes. 

Les  Scyllares  ont  la  région  stomachique  triangulaire  et  très-large  en 
avant ,  deux  petites  hépatiques  latérales,  une  génitale  très-bombée  et 
épineuse,  une  cordiale  encore  plus  relevée,  également  épineuse,  et 
deux  branchiales  étroites,  tout-à-fait  latérales. 

La  Langouste  [Palinurus  quachicornis^  a  son  test  plus  compliqué; 
la  région  génitale  y  est  plus  indiquée ,  et  dans  quelques  espèces  du 
même  genre,  les  branchiales  forment  de  chaque  côté  une  saillie  très- 
remarquable. 

Nous  bornerons  à  ceux  que  nous  venons  de  rapporter,  les  exemples 
de  Crustacés  macroures  relativement  à  la  conformation  extérieure  de 
leur  test.  Nous  ajouterons  seulement  que,  dans  les  Bernards-l'ermite  ou 
Pagu7-us,  ce  test  mou,  tout  déformé  et  modifié  qu'il  est  par  la  coquille 
dans  laquelle  il  est  enfoncé,  n'en  présente  pas  moins  les  régions  sto- 
macales et  hépatiques ,  séparées  des  cordiales  et  des  branchiales  par  le 
sillon  transverse  qu'on  trouve  dans  les  Écrevisses  et  les  Homards. 

Ces  diverses  régions  ne  sont  plus  distinctes  dans  les  Crustacés  ma- 
croures dont  le  test,  très-mince  et  flexible  ,  conserve  l'apparence  cornée, 
tels  que  les  Palœmons,  les  Penées,  les  Alphées  ,  les  Crangons  ,  etc.  ; 
ce  qui  rend  ceux-ci  plus  difllciles  à  caractériser. 

Quant  aux  Squilles,  ou  Crustacés  stomapodes  ,  leur  carapace  n'offre 
plus  que  la  région  stomacale  dans  son  milieu,  avec  deux  ailes  ou  appen- 
dices libres,  une  de  chaque  côté.  La  position  du  cœur  dans  la  partie  cau- 
dale, et  celle  des  branchies,  changées  en  sorte  de  pattes,  sous  celte  même 


8o  CRUSTACES    FOSSILES. 

partie  ,  ne  laisse  aucune  trace  sur  le  test ,  proprement  dit,  des  régions 
destinées  à  recouvrir  ces  viscères. 

L'examen  attentif  de  toutes  les  régions  du  test,  telles  qu'elles  viennent 
d'être  distinguées  dans  les  Crustacés,  nous  a  le  plus  souvent  fourni  les 
moyens  de  caractériser  précisément  les  espèces  fossiles  que  nous  avons  pu 
étudier,  quelque  mutilées  qu'elles  fussent;  mais  nous  n'avons  pas  né- 
gligé cependant  de  décrire  et  de  figurer  les  autres  parties  lorsqu'elles 
existaient  dégagées  de  leur  enveloppe  pierreuse. 

Dans  quelques  cas,  l'occasion  s'est  présentée ,  de  voir  les  pièces  de  la 
bouche  les  plus  exléneures  ,\es  pieds-7nachoires  {ou  palpes  extérieurs 
de  Fabricius).  Bien  plus  souvent  pour  distinguer  les  sexes  dans  les  Crus- 
tacés brachyures  ,  nous  avons  pu  décrire  la  queue,  large  et  ovale  dans 
les  femelles,  étroite  et  en  languette  dans  les  mâles,  et  en  compter  les 
articles  dont  le  nombre  varie  entre  cinq  et  sept,  ce  qui  existe  aussi 
chez  les  macroures.  Le  dessous  du  corps,  à  découvert  et  formé  de 
trois  ordres  de  pièces  qui  correspondent  à  une  seule  en  dessus ,  ou  la 
carapace,  nous  a,  dans  quelques  occasions,  mis  à  même  de  faire  connaître 
plus  complètement  nos  fossiles,  et  alors  il  a  été  possible  de  faire  mention 
des  pièces  sternales  ou  médianes  (au  nombre  de  six  à  sept  dans  les  Crus- 
tacés brachyures  vivans  ),  et  des  pièces  latéro-sternales,  petites  ,  inter- 
posées de  chaque  côté  entre  les  sutures  des  sternales,  et  servant  de  point 
d'appui  aux  hanches  des  pattes  (i). 

Enfin  les  pattes,  plus  ou  moins  bien  conservées,  pourvues  quelque- 
fois de  leurs  pinces,  et  les  appendices  foliacés  qui  forment  la  nageoire 
delà  queue  de  quelques  Crustacés  macroures  fossiles,  ont  encore  donné, 
dans  quelques  circonstances,  les  moyens  d'ajouter  à  nos  descriptions. 

Le  nombre  des  vrais  crustacés  fossiles  que  nous  avons  pu  examiner 
est  de  trente-quatre.  Ils  ont  été  trouvés  dans différens  terrains,  et  leur 
mode  de  pétrification  n'est  pas  toujours  le  même.  Les  uns  ont  gardé 
leur  propre  test,  et  les  autres  n'offrent  que  des  empreintes  extérieures 
ou  des  moules  intérieurs.  Quelques-uns  sont  pétrifiés  en  matière  cal- 
caire, et  d'autres  sont  changés  en  fer  sulfuré.  Les  plus  anciennement  en- 


(i)  Les  pièces  latéro-sternales  ne  correspondent  point  pour  le  nombre,  aux  pièces  sternales, 
ç.ir  on  n'en  compte  que  quatre  paires,  tandis  qu'il  y  a  six  ou  sept  pièces  au  sternum. 


CRUSTACÉS      FOSSILES.  8i 

fouis  sont  ceux  des  bancs  de  la  pierre  calcaire  argileuse  de  Pappenheim, 
qu'on  est  fondé  à  considérer  comme  dépendante  de  la  formation  du 
calcaire  du  Jura  ;  c'est  là  que  l'on  trouve  la  seule  espèce  assez  différente 
de  celles  qui  vivent  maintenant,  pour  être  considérée  comme  apparte- 
nant à  un  genre  distinct;  c'est  là  aussi  où  l'on  rencontre  le  Limule,  qui 
constitue  un  genre  étranger  aux  rivages  européens. 

Les  argiles  bleues  inférieures  à  la  craie  ,  auxquelles  les  Anglais 
donnent  le  nom  de  hlue-lias ,  et  qui  composent  une  partie  du  pied  des 
falaises  de  Normandie,  entre  le  Havre  et  Dive,  les  écueils  connus  sous 
le  nom  de  Kaclies  noires ,  et  une  partie  des  rochers  du  Calvados  , 
renferment,  avec  des  ossemens  de  crocodiles,  des  débris  de  Crus- 
tacés, et  notamment  ceux  d'une  espèce  à  longues  pattes  et  à  grande 
queue  qui  parait  être  une  Langouste,  ainsi  que  ceux  de  deux  autres 
en  trop  mauvais  état  pour  être  décrites,  mais  dont  une  se  rapporte,  à 
n'en  pas  douter,  au  genre  Scyllare. 

Ija  formation  de  Saint-Pierre  de  Maëstricht    contient  avec  des  co- 
quilles bien  reconnues  pour  appartenir  au  dépôt  crayeux,  des  pinces  de 
Crustacés  isolées,  qui  ont  été  figurées  par  M.  Faujas,  comme  étant 
celles  d'un  Pagure,  et  M.  Mantell  vient  de  trouver  dans  la  craie  d'An- 
gleterre, les  débris  de  plusieurs  Crustacés  macroures  et  brachyures.. 

Ij'argile  plastique  dont  est  composée  l'île  Shepey  à  l'embouchure  de 
la  Tamise  ,  contient  assez  fréquemment  les  carapaces  d'un  crabe  déter- 
terminable  et  des  fragmens  de  Crustacés  macroures. 

La  formation  du  calcaire  de  sédiment  supérieur,  ou  terrain  tertiaire 
(dé  ignée  pour  les  environs  de  Paris  sous  le  nom  de  calcaire  grossier^^ 
nous  a  fourni  quelques  Crustacés,  et  dans  ce  nombre  nous  plaçons  ceux 
de  Dax  et  de  Vérone,  et  celui  que  nous  avons  trouvé  nous-mêmes  dans 
les  bancs  de  marne  calcaire  de  Montmartre,  qui  forment  la  ligne  de  dé- 
marcation entre  les  dernières  couches  du  calcaire  marin  et  la  formation 
gypseiise  d'eau  douce.  Les  terrains  calcaiéo-trappéens  du  Viceiitin  ,que 
M.  Brongniart  regarde  comme  de  formation  contemporaine  à  celle  du 
calcaire  de  sédiment  supérieur,  nous  ont  offert  des  Crustacés  fort  voisins 
de  deux  espèces  qui  vivent  sur  nos  côtes,  le  Crabe  commun  (  Cancer 
Mϕias),  et  la  Langouste  (Palinurus  quadricornisy 

Enfin,  si  aux  Crustacés  proprement  dits,  on  joiut  les  Aselloles  et 
les  Entomoslracés,  on  aura  retrouvé  deux  représenlans  lossilcs  de  ces 


ga  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

familles  dans  les  terrains  les  plus  récemment  déposés.  Les  couches  ma- 
rines de  marnes  verdàtres  supérieures  au  gypse,  à  Montmartre  ,  nous 
ont  oftert,  dans  un  de  leurs  feuillets,  au-dessus  d'un  banc  de  coquilles 
bivalves  qu'on  a  rapporté  au  genre  cy  thérée,  et  au  milieu  de  nombreux 
spirorbes,  un  Crus tacé,  peu  déterminable,  il  est  vrai ,  à  cause  de  sa 
petitesse,'  mais  qu'on  ne  peut  cependant  éloigner  des  Sphéromes  ou  des 
Idotées.  Enfin  le  terrain  d'eau  douce  de  la  vallée  de  l'Allier  en  Bour- 
bonnais, a  présenté  des  bancs  épais,  tout  pétris  de  petites  coquilles  bi- 
valves, que  nous  avons  cru  devoir  rapporter  à  cause  de  leurs  formes  gé- 
nérales et  de  leur  minceur,  au  genre  des  cypris. 

Un  assez  grand  nombre  de  fossiles  particulièrement  rapprochés  des 
Ocypodes  ou  des  Crustacés  voisins  de  ceux-ci,  nous  sont  rapportés  des 
Philippines  et  des  autres  îles  de  l'archipel  Indien.  Ils  sont  incrustés 
dans  un  calcaire  grisâtre  d'aspect  marneux,  assez  dur,  et  qui  n'est  pas 
susceptible  de  se  délayer  ou  de  faire  pâte  avec  l'eau. 

Le  test  de  ces  Crabes  est  ordinairement  conservé;  mais  sa  nature 
a  été  modifiée  :  il  est  bien  plus  solide  que  celui  des  espèces  qui  vivent 
maintenant,  et  renferme  beaucoup  moins  de  matière  animale  (i).  Quel- 
ques voyageurs  assurent  que  ces  débris  se  rencontrent  sur  les  bords  de  la 
mer,  et  paraissent  croire  qu'ds  appartiennent  à  des  crabes  dont  les  es- 


(i)  M.  LasSAigne,  prëparateur  du  cours  àe  chimie  de  l'École  royale  vélérinaiie  d'Alfort ,  ayant 
eu  la  complaisance  d'examiner  chimiqucmeiit  quelques  fragmens  de  tcft  de  ces  Crustacés  des  Plii- 
linj.  incs ,  a  reconnu  qu'ils  étaient  composes  :  de  carbonate  de  cliaux  presque  enlioremcnt ,  d'oxide  de 
fer  qui  lescolore,  H  d'une  trace  de  matière  animale. 

Les  analyses   de  lests  de  Crustacés  ,  rapportées    par   M.   John  ,  offrent    les    résultats  suivans. 
Selon  M.  Hatcueït  ces  enveloppes  sont  formées  de  carbonate  de  chaux,  d'un  peu  de  phosphate 
de  chaux,  de  cartilage  et  d'un  principe  colorant,  soluble  dans  l'alcool. 

M.  MÉRAT-GuiLLOT  donne  ponr  les  enveloppes  de  homards,  les  proportions  suivantes  : 

C«rSonale  de  chaux 4° 

Phosphate  de  chaux '4 

Gélatine 18 

Eau  et  perle ^" 

100 
Les  enveloppes  d'écrevisse  lui  ont  fournî  : 

Carbonate  de  chaux 60 

Phosphate  de  chaux 12 

Cartilage 28 

100 


CRUSTACÉS     FOSSILES.  83 

pèces  vivent  acluellenienlj  qui  s'empàtcnt  ainsi  dans  l'argile,  commele  font 
quelques  petits  poissons  sur  les  côtes  d'Islande,  de  la  Rochelle ,  de  Sca- 
pezzano,  dans  la  Marche  d'Ancônc,  etc.  Cette  assertion  paraît  avoir  peu 
de  probabilité  ,  car  il  est  ircs-remarquablc  que  ces  Crustacés  ainsi  en- 
croûtés soient  aj)portës  des  contrées  lointaines  où  on  les  trouve,  en  si 
grand  nombre,  et  que  les  espèces  vivantes  qu'où  dit  être  les  leurs ,  soient 
encore  tout-à-fait  inconnues. 

Néanmoins. si  cette  analogie  ëlait  démontrée,  on  ne  devrait  pas  pour 
cela  retirer  delà  série  des  Crustacés  fossiles  les  espèces  dont  il  s'agit,  car 
elles  ont  acquis  toutes  les  conditions  des  corps  pétrifiés,  c'est-à-dire 
qu'elles  sont  maintenant  soustraites  aux  causes  qui  opèrent  la  décom- 
position et  la  totale  disparution  des  êtres  organisés  après  leur  mort.  Ce 
serait  un  ordre  de  fossiles  nouveau  5  celui  des  fossiles  contemporains  à 
notre  création,  et  dont  quelques  naturalistes  nient  encore  l'existence. 

Telle  est  la  disposition  géologique  des  débris  de  Crustacés,  sur  la 
surface  du  globe.  Leur  série  commence  où  celle  des  Trilobites  finit, 
et  elle  s'étend  jusqu'aux  dépôts  les  plus  rëceus. 

Dans  la  description  des  espèces  que  nous  avons  recueillies,  nous  avons 
adopté  la  nomenclature  de  MM,  Latreille  et  Cuvier  ,  telle  qu'elle  est 
exposée  dans  le  troisième  volume  de  l'ouvrage  intitulé  :  Le  Règne  ani- 
mal distribué  d'après  son  organisation. 

Le  premier  ordre,  ou  celui  des  Crustacés  décapodes,  se  compose  pour 
nous  de  deux  familles. 

La  première,  ou  celle  des  décapodes  brachyures,renferme  viDgt-quatre 
espèces  partagées  en  douze  genres  ;  savoir  : 

Fortune  ;  Portunus.  1  esp. 

Podophthalme  5  Podophthalmus.  i  esp. 

Crabe  ;  Cancer.  5  esp. 

Grapse;   Grapsus.    i  esp. 

Gonoplace  ;   Gonoplax.  ^  esp. 

Gélasirae  ;  Gelasinius.  i  esp. 

Gécarcin  ;  Gecarcinus.  i  esp. 

Atélécycle  ;  Atelecjclus.  i  esp. 

Leucosie  ;  Leucosia.  3  esp. 

Liachus;  Inachus.  \  esp. 

Dorippe  ;  Dorippe.  \  esp. 

II. 


84  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

Ranine  ;  Rcmina.  i  esp. 

La  seconde,  ou  celle  des  décapodes  macroures,  contient  six  espèces 
divisées  en  cinq  genres,  savoir  : 

Pagure  ;  Pagunis.  i  esp. 

Langouste  ;   Palinurus.   i  esp. 

Palémon;  PalœmoJi.  i  esp. 

Eryon  ;  Eryon.  i  esp. 

Scyllare  ;   ScjUai^us.  i  esp. 

Le  second  ordre  (i),  ou  celui  des  Crustacés  isopodes  ,  ne  fournit 
que  deux  esjièces  que  nous  plaçons  avec  doute  dans  le  genre  Sphéroine. 

Le  troisième  ordre,  ou  celui  des  Crustacés  branchtopodes  ,  n'a  en- 
core présenté  qu'une  seule  espèce  du  genre  Limule,  et  une  autre  du 
genre  Cypris. 


(i)  Le  second  ordre  dans  la  méthode  de  MM.  Latreii.le  et  CuviER,  ou  celui  des  Crustacés 
Stomapodes,  et  le  troisième  celui  des  Ainphipodes ,  n'offrent  point  d'espèces  fossiles.  Le  quatrième 
ordre  de  cette  même  méthode ,  celui  des  Isopodes ,  devient  le  second  pour  nous. 


Description  des  espèces  de  Crustacés  fossiles. 
ORDRE   PREMIER. 

CRUSTACÉS    DÉCAPODES. 

ïéte  confondue  avec  le  ti'onc;  yeux  mobiles,  situés  dans  des  cavités 
du  front  ;  branchies  recouvertes  par  la  carapace  ;  dix  pieds. 

PREMIÈRE    FAMILLE. 

DÉCAPODES    BPxAGHYURES. 

Carapace  vaste  ;  queue  plus  courte  que  le  tronc ,  sans  appendices 
à  sou  extrémité ,  étroite  et  en  languette  dans  les  moles,  large 
et  ovale  dans  les  femelles. 

SECTION  PREMIÈRE. 

LES   NAGEURS. 

Test  en  arc  de  cercle  en  avant ,  avec  les   angles  latéraux  bien  prononcés  ; 
pieds  de  la  dernière  paire  aplatis  en  nageoires  à  leur  extrémité. 

PREMIER    GENRE. 

FORTUNE  ;  Portunus,,  Daldorf  ,  Fabricius  ;  Cancer.,  LiNNiEus. 

Carapace  plane,  non  tuberculeuse,  pluslarge  ou  aussi  largeque  longue, 
dentelée  sur  ses  bords  latéro-antérieurs  ,  et  rétrécie  entre  les  bords  la- 
téro-postérieurs  5  angles  latéraux  quelquefois  prolongés  en  une  pointe 
aiguë;  bord  inter-orbitaire  plus  ou  moins  denté  ou  sinueux  ;  orbites  mé- 
diocrement écartées  ,  renfermant  des  yeux  à  pédoncules  courts  ;  bord 
postérieur  du  test  à  peu  près  droit,  aussi  large  que  l'espace  inter-orbi- 
laire;  région  stomacale  assez  vaste,  ayant  les  deux  régions  hépatiques  an- 
térieures sur  ses  côtés  ;  région  génitale  terminée  en  avant  par  un  angle 
aigu  qui  se  porte  sur  le  milieu  de  la  stomacale  ;  régions  branchiales  gêné- 


86  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

ralement  planes ,  se  terminant  sur  les  côtés  aux  angles  latéraux  de  la  ca- 
rapace, souvent  séparées  des  régions  antérieures  par  une  ligne  transverse 
très-prononcée;  région  cordiale,  située  à  peu  près  vers  les  deux  tiers  de 
la  ligue  moyenne  de  la  carapace ,  et  laissant  derrière  elle  un  espace  pour 
la  région  hépatique  postérieure. 

Pieds  de  la  dernière  paire,  aplatis  en  nageoire  à  leur  extrémité,  un 
peu  relevés  à  leur  base.  . 

Queue  des  mâles ,  formée  de  cinq  pièces,  dont  l'antépénultième  est 
la  plus  grande,  et  pourvue  de  chaque  côté  de  sa  base,  d'une  production 
assez  saillante. 

Queue  des  femelles ,  composée  de  sept  pièces,  dont  la  dernière  est 
beaucoup  plus  petite  que  la  pénultième ,  triangulaire  et  aiguë. 

I.  FORTUNE  LEUCODONTE. 

(  PI.  VI ,  fig.  1  ,  2  et  3  ;  individu  mâle.  ) 
PORTVNVS  LEVCODON. 

Carapace  assez  unie  en  dessus ,  ayant  les  bords  latéro-antérieurs 
à  huit  dents;  pinces  grosses,  ayant  leurs  doigts  munis,  du  côté  interne, 
de  tubercules  arrondis  dont  les  postérieurs  sont  les  plus  gros,  et  de  cou- 
leur blanche. 

Crabe  pétrifié ,  Davila,  Catalog.  tom.  3,  pi.  III,  fig.  G. 

(  Long.  0,075  ,  larg.  0,100.)  La  carapace  est  assez  lisse  en  dessus  ; 
tout  son  bord  antérieur  est  dentelé  en  scie ,  et  chaque  côté  entre  l'angle 
latéral  et  l'œil,  présente  huit  dents  assez  aiguës ,  les  antérieures  surtout. 
Les  pattes  paraissent  assez  longues,  .surtout  celles  de  la  première  paire, 
ou  celles  qui  portent  les  pinces,  dont  la  troisième  pièce  est  armée  de  trois 
fortes  dents  du  côté  intérieur  et  d'une  seule  moins  aiguë  en  dehors.  Les 
pinces  sont  grandes,  bombées,  brunes  et  lisses  comme  tout  le  restant  de 
la  carapace,  et  les  dents  qui  les  garnissent  sont  blanches  et  au  nombre 
de  huit  sur  la  principale  pièce,  dont  les  quatre  de  la  base  sont  beaucoup 
plus  grosses  que  les  autres  et  tuberculeuses  ;  le  doigt  mobile  en  a  neuf  ou 
dix,  dont  la  première  est  un  très-gros  tubercule. 

C'est  l'un  des  plus  grands  crustacés  fossiles  conservés  dans  les  cabinets 
d'histoire  naturelle.  11  vient  de  l'Inde,  et  nous  avons  eu  entre  les  mains 


FORTUNES.  87 

des  échantillons  de  la  collection  du  Muséum  d'hisloirenalurelle  de  Paris, 
qui  avaient  été  rapportés  deSiampar  M.  Nègre,  missionnaire,  en  i^Si, 
ou  de  Manille,  par  M.  Cossigny  fils,  en  1754;  nous  en  avons  vu  d'autres 
qui  avaient  été  envoyés  des  Philippines  jiarM.  Poivre.  La  couleur  de  ce 
Fortune  est  généralement  brune,  à  l'exception  des  dentelures  et  des  tu- 
bercules du  bord  intérieur  des  doigts  des  pinces.  Il  est  toujours  plus  ou 
moins  fracturé  et  incrusté  dans  un  calcaire  argileux  assez  dur,  qui  n'a 
point  la  propriété  de  faire  pâte  avec  l'eau. 

L'individu  vu  en  dessus,  fig.  i  ,  et  la  pince  isolée,  fig.  3  ,  appartien- 
nent à  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle.  Le  portune  repré- 
senté en  dessous,  fig.  2,  fait  partie  de  la  collection  de  M.  de  Drée. 

La  coquille  ,  fig.  4?  nous  parait  appartenir  au  genre  Pyrène,  oîi  l'on  a 
placé  les  cérithes  à  canal  court  et  droit,  qui  vivent  à  l'embouchure  des 
grands  fleuves.  Elle  est  adhérente  à  la  pince  isolée  de  la  fig.  3. 

2.  PORTUNE  D'HÉRICART. 

(PI.  V,  fig.  5,  augmentée  d'un  tiers.  ) 
PORTUNUS  HERICARTIL 

Carapace  à  régions  légèrement  senties;  cinq  petites  épines  sur  le  bord 
inter-oibitaire;  cinq  autres  sur  chaque  bord  latéro-autérieur,  et  une 
forte  pointe  aux  angles  latéraux  de  la  carapace. 

(Long.  0,016,  larg.  0,016.)  La  carapace  est  plane  et  à  peu  près  aussi 
large  que  longue;  le  bord  inter-orbitaire  est  avancé  et  divisé  en  cinq  poin- 
tes aiguës,  assez  égales  entre  elles,  dont  les  latérales  sont  un  peu  relevées, 
et  l'intermédiaire  est  horizontale  ;  l'angle  oculaire  externe  est  très-  marqué 
et  relevé ,  ainsi  que  trois  pointes  plus  petites  qui  appartiennent  au  bord 
latéro-antérieur;  l'angle  latéral  a  une  très-forte  épine,  hoiizontale,  assez 
mince  ,  et  pourvue  elle-même  d'une  petite  dentelure,  sur  son  côté  anté- 
rieur et  vers  la  moitié  desalongueur;  le  bord  la téro-postérieur  est  dessiné 
par  une  ligne  cordonnée;  le  b  rd  postérieur  est  très-droit  et  ses  angles 
sont  très-sentis.  Les  régions  cordiale  et  génitale  sont  bien  marquées, 
et  les  branchiales  légèrement  onduleuses. 

Ce  petit  Portune,  dont  nous  ne  possédons  que  des  carapaces  d'un  beau 
blanc  et  de  nature  calcaire,  parfaitement  isolées ,  a  été  trouvé  par  M.  le 


38  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

vicomte  Héricart  -  Ferrand  ,  dans  le  sable  des  carrières  de  grès  (i) 
d'Étrepilly,  à  deux  lieues  an  nord  de  Meaux,  qui  renferme  aussi  beau- 
coup de  coquilles  marines  isolées  et  notamment  des  cérilbes. 


DEUXIÈME    GENRE. 
PODOPHTHALME  ;  Podophthalmus  ,  Lamarck  ;  Portunus,  Fabr. 

C«m/?ace  plane,  non  tuberculeuse,  beaucoup  plus  large  que  longue,  et 
terminée  de  chaque  côté  par  un  angle  très-aigu,  sans  dentelures  sur  les 
bords  antérieurs ,  mais  les  ayant  creusés  d'une  fosse  ou  sillon  où  se  lo- 
gent les  yeux  placés  sur  de  très-longs  pédoncules;  une  saiUie  du  test  rem- 
plaçant le  bord  inter-orbitaire.  Régions  de  la  carapace  généralement  peu 
prononcées,  et  disposées  comme  dans  les  Fortunes. 

Pieds  de  la  dernière  paire  ,  aplatis  en  nageoire  à  leur  extrémité,  nn 
peu  relevés  à  leur  base. 

Queue  des  mâles,  formée  de  cinq  pièces,  dont  l'antépénultième 
est  la  plus  grande,  et  pourvue  de  chaque  côté  de  sa  base  d'une  produc- 
tion saillante. 

I.  PODOPHTHALME  DE  DE  FRANCE. 

(PI.  V,fig.6,7et8.  ) 
PODOPHTHALMUS  DEFRANCII. 

(Long.  o,o35,  larg.  0,076.)  Ce  crustacé,  dont  nous  n'avons  vu  qu'un 
moule  intérieur  de  nature  calcaire  assez  détérioré  et  tout  couvert  de 
fentes  et  de  gerçures,  nous  paraît  appartenir  évidemment  an  genre  Po- 
dophthalme,  bien  cependant  qu'il  ne  présente  pas  les  deux  pédoncules 
des  yeux;  mais  il  en  a  tous  les  autres  caractères;  savoir  :1e  test  déj)rinié 
et  très-large;  les  angles  latéraux  très-aigus;sonbordanlérienrnon  denté 
comme  celui  des  Portunes,  mais  uni  et  un  peu  creusé  en  gouttière;  le 
milieu  du  front  un  peu  avancé  en  forme  de  chaperon  ;  les  bases  des  deux 


(i)  De  la  formalion  du  grès  marin  supi-rieur  de  MM.  Cuvier  et  Broisgniart. 


PODOPHTHALMES.  89 

dernières  pattes  situées  très  en  arrière  et  relevées;  les  pièces  sternales 
très-larges  et  en  palettes,  comme  dans  les  Fortunes,  etc. 

La  difterence  principale  de  cette  espèce  avec  le  Podophthalme  épi- 
neux, Portunus  vigil,  Fabr.  {Voy.  Latr.  Gen.  crust.  et  ins,,tom.  I,  pi., 
tom.  1  ),  espèce  vivante  la  seule  connue  de  ce  genre,  consiste  principa- 
lement dans  le  manque  des  deux  épines  très-aiguës  qui  terminent  les 
angles  latéraux  delà  carapace  de  cette  dernière.  Mais  l'absence  de  ces 
épines  n'est  peut-être  qu'apparente ,  puisque  le  moule  que  nous  décri- 
vons ne  peut  les  représenter. 

L'individu  que  nous  décrivons  est  un  mâle;  il  provient  de  la  collec- 
tion de  M.  DE  France,  à  Sceaux  près  Paris.  On  ignore  dans  quel  lieu  il  a 
été  trouvé. 


12 


SECTION    DEUXIÈME. 

LES   ARQUÉS. 

Test  évasé.,  coupé  par  devant  en  arc  de  cercle,  rétréci  et  tronqué  en  arrière  ; 
pieds  de  la  dernière  paire  non  relevés  à  leur  base  ,  terminés  en  pointe. 

TROISIÈME   GENRE. 
CRABE;    Ca7^cf7•,  Fabr.  Latiï. 

Carapace  plane  et  assez  bombée  en  dessus,  un  peu  plus  large  que  lon- 
gue, tantôt  dentelée  en  scie  ,  tantôt  entière  sur  ses  bords  antérieurs  qui 
décrivent  un  arc  de  cercle;  bords  latéraux-postérieurs  se  rapprochant 
un  peu  en  arrière;  espace  inter-oculaire  dentelé  ou  sinueux;  yeux  à  pé- 
doncules courts.  Régions  de  la  carapace,  plus  ou  moins  senti  es  et  quelque- 
fois très-marquées;  la  stomacale  très-grande,  formant  avec  la  génitale 
une  sorte  de  trapèze;  celle-ci  étant  prolongée  en  pointe  sur  le  milieu  delà 
première;  les  hépatiques  antérieures  assez  grandes,  et  situées  sur  la 
même  ligne  transversale  que  la  stomacale;  les  branchiales  commençant 
en  avant  des  angles  latéraux  delà  carapace,  et  bien  indiquées;  la  cordiale 
placée  aux  deux  tiers  de  la  ligne  moyenne  du  corps,  laissant  en  arrière 
un  espace  pour  la  région  hépatique  postérieure. 

P/ef/j  ayant  tous ,  à  l'exception  des  pinces,  leur  extrémité  terminée 

en  pointe. 

Queue  des  mâles,  formée  de  cinq  ou  de  six  pièces ,  et  celle  des  fe- 
melles de  sept. 

I.  CRABE  PAGUROÏDE. 

(PI.  V,  ftg.  g.   La  pince  seulement.  ) 
CANCER  PAGUROIDES. 

Carapace  plane,  analogue  dans  son  milieu,  pour  la  distinction  des  ré- 
gions, à  celle  du  Crabe  TouT^teau  ou  Poupard  {Cancer  Pagurus)  ;  pin- 
ces très-grosses  ,  ayant  six  dents  tuberculeuses  sur  le  côté  interne  du 
doigt  immobile,  et  une  forte  saiUie  à  la  base  du  doigt  mobile. 


CRABES.  gi 

(Long.  0,980  ;  larg.  0,160.)  Ce  crabe  appartientaii  cabinet  de  minéra- 
logie de  la  Monnaie,  et  nous  a  été  communiqué  par  M.  Sage,  de  l'Institut, 
conservateur  de  ce  cabinet.  Il  est  à  peu  près  grand  comme  un  tourteau 
de  moyenne  taille,  et  ses  dimensions  principales  sont  proportionnées  à 
celles  de  ce  crabe  ,  dont  il  a  l'apparence  au  premier  aspect. 

L'échantillon  unique  que  nous  avons  examiné,  est  tellement  incrusté 
dans  une  pierre  assezdureet pesante,  de  nature argilo-sablonneuse, qu'on 
n'en  voit  qu'une  très-petite  partie;  sa  carapace,  dont  on  ne  peut  distin- 
guer aucun  bord,  paraît  être  assez  plane  et  presque  lisse;  la  région  sto- 
macale est  fort  grande;  les  régions  branchiales  sont  bien  marquées;  la 
cordiale  est  très-apparente,  et  présente  deux  éminences  placées  l'une  à 
côté  de  l'autre  dans  le  sens  transversal;  l'on  en  voit  aussi  une  près  du 
bord  postérieur  de  cette  carapace. 

La  pince,  seule  partie  bien  conservée,  et  que  nous  avons  t'ait  repré- 
senter au  trait ,  est  fort  grosse ,  surtout  au  milieu  ;  le  doigt  immobile 
présente  six  dents  qui  diminuent  de  grosseur  à  compter  de  la  plus  in- 
terne, ou  la  première,  jusqu'à  celle  de  l'extrémité  du  doigt.  Le  doigt 
mobile  est  très-fort  et  assez  épais  ;  il  a  une  très-grosse  dent  à  sa  base. 
Le  corps  de  la  pince  paraît  être  très-finement  chagriné,  du  moins  aux 
environs  de  l'articulation  des  doigts ,  qui  sont  lisses  ailleurs. 

2.  CRABE   AUX  GROSSES  PINCES. 

(PI.  VII,fig.  1  et  2.) 
CANCER  MACROCHELVS. 

Carapace  bombée,  ayant  ses  régions  peu  marquées  et  ses  bords  sans 
dentelures  prononcées  ;  orbites  fort  écartées  ;  pinces  très-larges  et  grosses, 
avec  une  rangée  de  tubercules  sur  leur  bord  supérieur. 

Cancer  lapide scens.  Rumphius  ,  Amboinsche  rariteit  Kamer ,  lib.  2,chap.  84, 

pi.  60,  fig.  3. 

(Long.  0,087, larg.  ^^^07.)  L'individu  que  nous  décrivons  est  un 
mâle  ;  son  test  est  presque  entièrement  détruit  en  dessus  ;  mais  en  des- 
sous, il  est  assez  bien  conservé,  et  laisse  voir  la  base  des  pattes  fort  dis- 
tinctement. 

12. 


ga  CRUSTACES     FOSSILES. 

La  forme  générale  du  corps,  celle  des  pinces,  et  la  disposition  des 
pattes,  nous  ont  fourni  les  principaux  motifs  pour  regarder  ce  fossile 
comme  appartenant  au  genre  des  Cralaes.  Son  diamètre  longitudinal  est 
un  peu  plus  court  que  le  transversal.  Il  y  a  lieu  de  croire,  d'après  ce 
moule  intérieur,  que  la  carapace  n'offrait  pas  d'inégalités  ou  de  protubé- 
rances remarquables  en  dessus. 

Les  pinces  sont  fort  larges,  aplaties,  et  ont  leurs  doigts  sans  aucune 
dentelures  du  côté  interne  ,  mais  on  en  voit  quelques-imes  sur  le  bord 
supérieur  delà  pièce  principale;  les  autres  pattes  sont  assez  minces,  al- 
longées; la  queue  se  compose  de  pièces,  dont  la  seconde  est  fort  élargie 
sur  ses  angles  antérieurs,  ou  les  plus  rapprochés  du  corps. 

Ce  fossile  ,  de  nature  calcaire,  appartient  à  M.  de  Drée;  il  est  indi- 
qué dans  sa  collection  comme  venant  de  la  Chine.  Il  avait  anciennement 
fait  partie  du  cabinet  de  M.  de  Joubert. 

3.    CRABE    POINTILLÉ. 

(  PI.   VII ,  fig.  3  et  4.  ) 
CANCER  PUNCTULATÏJS. 

Carapace  couverte  de  points  enfoncés,  légèrementbombée,  ayant  ses 
régions  faiblement  indiquées ,  avec  de  petites  dents  sur  ses  bords  laté- 
raux-antérieurs ;  orbites  assez  rapprochées;  pinces  assez  fortes  et  lisses. 

Crabe  pétrifié.  Knorr  et  Walch  ,  Monumens  du  déluge,  tom.  i  ,  pi.  16A, 

fig.  2  et  3. 

(  Long.  0,062  ,  larg.  0,080.  )  Cette  espèce  ,  qui  est  assez  commune 
dans  les  cabinets,  vient  particulièrement  des  environs  de  Vérone,  et 
appartient  sans  doute  aux  dépôts  calcaires  qui  avolsinent  cette  ville  ;  on 
la  trouve  aussi,  dit-on,  dans  plusieurs  points  de  l'Italie,  comme  dans  les 
environs  de  Vicence,  de  Bologne,  deNaples,  etc.  Le  Muséum  d'histoire 
naturelle  en  possède  plusieurs  individus  rapportés  d'Italie  en  1^57,  par 
feu  M.  Séguier,  qui  avait  rassemblé  à  Nîmes  une  magnifique  collectioix 
de  fossiles. 

Sa  grandeur  varie.  Nous  avons  vu  des  individus  dont  le  diamètre 
transversal  était  d'un  peu  plus  de  huit  centimètres,  et  le  diamètre  Ion- 


CRABES.  q3 

gitudinal  de  six,  tandis  que  d'autres  nous  ortt  paru  d'un  tiers  plus  pe- 
tits dans  ces  deux  dimensions. 

La  carapace  de  ce  Crabe  présente  plusieurs  ondulations  ou  sinuosités 
peu  sensibles,  et  qui  indiquent  la  position  des  principaux  organes  qui 
étaient  au-dessous;  partout  elle  est  marquée  de  petits  points  enfoncés, 
à  peu  près  comme  ceux  des  dés  à  coudre  ;  et  ces  points,  rapprochés  les 
uns  des  autres,  sont  très-également  distribués.  Le  bord  antérieur  de  la 
carapace  dessine  une  demi-ellipse  dans  le  sens  transversal ,  et  se  termine 
de  chaque  côté  par  une  saillie  qu'on  peut  considérer  comme  l'angle  la- 
téral. Dans  les  individus  bien  conservés  ,  tout  ce  bord  est  garni  de 
petites  dents.  Les  orbites  sont  grandes,  assez  écartées  l'une  de  l'autre,  et 
entourées  d'un  bourrelet  en  dessus.  A  partir  des  angles  latéraux  et 
en  arrière,  les  bords  latéraux  de  la  carapace  se  rapprochent  rapidement 
jusqu'au  bord  postérieur,  qui  est  un  peu  large  et  comme  tronqué. 

Un  individu  femelle,  fig.  4,  que  nous  avons  eu  l'occasion  d'examiner, 
avait  la  queue  fort  large,  formée  de  sept  pièces ,  dont  les  deux  dernières 
et  surtout  la  pénultième  étaient  les  plus  grandes;  les  pinces  étaient 
moyennes,  un  peu  comprimées,  mais  non  en  forme  de  crête  comme 
celles  deshépates,  et  les  doigts  ne  présentaient  point  de  dentelures  ni  de 
tubercules;  mais  ceci  n'indique  pas  suffisamment  qu'il  n'y  en  avait 
pas,  car  ces  pinces  étaient  dépourvues  de  leur  test,  et  ne  présentaient 
par  conséquent  qu'un  moule  intérieur ,  d'après  lequel  on  ne  saurait  con- 
clure, dans  tous  ses  détails,  la  forme  extérieure  de  ce  même  test, 

4.    CRABE    QUADRILOBÉ. 

(PI.  VIII,  fig.  I  et  2.) 

CANCER  QUADRILOBATVS. 

Carapace  assez  bombée,  à  régions  peu  prononcées,  ayant  les  bords 
latéraux-antérieurs  sinueux;  orbites  très-grandes,  peu  écartées;  bord  in- 
ter*orbi taire  quadrilobé. 

(Long.  0,060,  la,rg.  0,072.)  Celui-ci,  très-voisin  du  précédent  par 
ses  formes  générales ,  a  été  trouvé  assez  communément  dans  le  dépôt  de 
coquilles  des  environs  de  Dax  ,   dépôt  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec 


qA  CRUSTACES     FOSSILES. 

celui  qui  forme  le  calcaire  grossier,  ou  pierre  à  bâtir,  des  environs  de 
Paris,  et  dont  les  fossiles  sont  si  abondans  à  Grignon,  près  de  Versailles. 

On  voit  le  plus  souvent,  dans  les  collections ,  de  simples  moules  in- 
térieurs de  cette  espèce  de  Crabe.  Le  dessus  de  la  carapace ,  qui  est  assez. 
mince  et  non  ponctué  comme  celui  des  Crabes  de  Véroiie  ,  est  presque 
toujours  détruit ,  mais  le  plastron  et  la  queue  conservent  ordinairement 
leur  test. 

Le  bord  antérieur  de  la  carapace  dans  ces  moules,  est  demi-elliptique 
dans  le  sens  transversal ,  et  les  côtés  présentent  trois  légères  ondulations 
qui  se  reproduisent  sans  doute  sur  le  test,  qui  semble  devoir  être  sans 
épines  ou  dentelures;  les  orbites  sont  moins  écartées  l'une  de  l'autre  dans 
cette  espèce  que  clans  la  précédente  ;  mais  ce  cjui  la  caractérise  tout  par- 
ticulièrement, ce  sontlesquatrelobesque  présente  lebordluter-orbitaire, 
et  dont  les  deux  intermédiaires  sont  les  plus  saillans.  Les  angles  latéraux 
sont  assez  marqués,  et  le  bord  postérieur  est  comme  tronqué. 

Un  mâle ,  dont  le  dessous  est  bien  conservé,  fig.  a,  nous  a  laissé  aper- 
cevoir un  pied-màchoire  assez  entier  ,  dont  la  division  intérieure  a  ses 
deux  premiers  articles  à  peu  près  carrés,  et  la  division  extérieuï'e  son 
premier  article  allongé,  comme  cela  se  remarque  dans  la  bouche  des  Cra- 
bes proprement  dits.  La  première  pièce  sternale  est  fort  grande,  éclian- 
crée  en  avant,  et  avec  deux  tubercules  de  chaque  côté;  les  suivantes 
ont  une  forme  assez  irrégulière ,  parce  qu'elles  résultent  de  la  réunion 
intime  des  pièces  sternales  proprement  dites  avec  les  pièces  latéro-ster- 
nales;la  queue  médiocrement  étroite,  est  formée  de  cinq  articles. 

5.   CRABE    DE  BOSC. 

(PI.  VIII,  fig.  3  et  4.) 
CANCER  BOSCH. 

Carapace  très-bombée,  avec  les  régions  fort  peu  distinctes;  bords  laté- 
raux-antérieurs ayant  chacun  six  petites  dentelures;  orbites  fort  écartées  ; 
bord  inter-orbitaire  formant  une  avance  sinueuse  très-prononcée. 

(  Long.  0,048 ,  larg.   oo,63.  )  Ce  Crabe,  de  nature  calcaire,  nous 
été  communiqué  par  M.  Bosc,  de  l'Institut ,  qui  l'a  trouvé  dans  une 


CHAbEb.  ^5 

couche  de  marne  sablonneuse,  très -épaisse,  située  au-dessous  de  plusieurs 
bancs  de  pierre  calcaire  grossière  delà  colline  sur  laquelle  est  construite 
la  citadelle  de  Vérone.  Il  n'en  reste  que  le  moule  intérieur,  seule- 
ment visible  en  dessus,  avec  une  portion  des  bords  de  la  cai'apace. 

Il  a  surtout  de  la  ressemblance  dans  sa  forme  générale  avec  le  Crabe 
eorallin,  et,  comme  lui,  il  se  rapproche  un  peu,  sous  ce  rapport,  des 
Crusiacés  des  genres  Hépate  et  Calappe, 

Son  test  ,  très-bombé,  est  beaucoup  plus  large  que  long,  et  sa 
courbure  principale  est  dans  le  sens  d'avant  en  arrière  j  ses  régions 
sont  peu  senties,  si  ce  n'est  la  cordiale,  qui  est  située  à  peu  près  aux 
trois  quarts  de  la  ligne  moyenne  de  la  carapace.  L'espace  inter-orbitaire 
qui  est  fort  large,  à  cause  de  l'écartement  des  yeux,  est  avancé,  dirigé 
en  en  bas,  et  a  la  forme  d'un  grand  lobe  à  trois  festons  peu  découpés. 
Les  orbites  ne  sont  pas  très-grandes.  Les  bords  latératix-antérieurs  ont 
chacun  six  dents  peu  marquées  j  les  côtés  de  la  carapace  sont  arrondis  , 
ne  forment  point  d'angle  aigu  ,  et  se  relèvent  par  une  ligne  saillante 
transverse  de  chaque  coté,  qui  se  dirige  en  s'effaçant  progressivement, 
sur  la  région  du  cœur.  Le  bord  postérieur  est  étroit. 

Tout  le  dessous  de  ce  Crabe  est  engagé  dans  une  pierre  calcaire  ten- 
dre. On  ne  peut  apercevoir,  en  avant,  qu'une  partie  des  pinces,  qui 
sont  comprimées. 

6.  CRABE   DE  LEACH. 

(Pk  VIII,fig.  5et6.) 
CANCER   LE  A  CHU. 

Carapace  bombée,  ayant  sa  surface  entièrement  ponctuée  et  forte- 
ment bosselée  sur  les  régions  génitale,  cordiale,  branchiales  et  hépati- 
que postérieure,  qui  sont  très-distinctes;  trois  tubercules  sur  chaque 
bord  latéral-antérieur  ;  orbites  médiocrement  écartées. 

(Long.  0,046,  larg.  o,o53.  )  On  voit  cette  espèce  très -fréquemment 
ilans  les  cabinets  d'histoire  naturelle  ;  mais  presque  toujours  elle  est  dans 
un  mauvais  état  de  conservation.  On  l'a  trouvée  principalement  dans  les 
argiles  plastiques  de  l'ile  Shepey  (à  l'embouchure  de  la  Tamise  j  ,  les- 
quelles sont  d'une  formation  postérieure  à  celle  de  la  craie.    Ses  dé- 


q6  crustacés    fossiles. 

pouilles  sont  toujours  d'un  noir  foncé,  et  souvent  elles  sont  recou- 
vertes, en  partie,  d'une  légère  pellicule  de  pyrite  ou  de  sulfure  de  fer, 
qui  leur  donne  un  aspect  bronzé. 

Le  Crabe  auquel  elles  appartiennent  parait  être  de  la  division  de  ceux 
que  M.  le  docteur  Leach  place  dans  son  genre  Xantho ^  sa  carapace  ,  à 
bord  elliptique,  est  tuberculeuse  et  partout  marquée  de  points  enfoncés 
assez  rapprochés  et  également  distribués;  les  yeux  sont  assez  écartés  l'un 
de  l'autre ,  et  logés  dans  des  fossettes  médiocrement  grandes.  Nous  n'a- 
vons pas  bien  pu  voirie  front;  les  bords  latéravix-antérieurs  sont  épais 
et  présentent  chacun  trois  tubercules,  dont  le  plus  éloigné  des  or- 
bites est  le  plus  gros.  Celui-ci  forme  l'angle  latéral  de  la  carapace.  La 
région  slomacale  est  fort  relevée,  avec  une  dépression  sensible  dans  son 
miheu.  Au  delà  et  dans  la  ligne  moyenne,  on  aperçoit  trois  gros  tuber- 
cules, dont  le  premier,  ovale-transverse,  appartient  à  la  région  génitale, 
et  les  deux  autres  ovales  en  long  et  presque  joints,  représentent ,  l'un 
la  région  cordiale  et  le  dernier  la  région  hépatique  postérieure.  Chaque 
région  branchiale ,  outre  le  gros  tubercule  latéral  du  bord  de  la  cara- 
pace qu'elle  supporte,  en  a  encore  quatre  autres  en  dessus,  lesquels  sont 
fort  saillans  et  disposés  à  peu  près  en  losange,  le  plus  gros  étant  à  côté 
et  sur  la  même  ligne  transverse  que  celui  de  la  région  génitale. 

Des  fragmens  de  ce  Crabe ,  que  nous  devons  à  la  bienveillance  de 
M.  Leach,  nous  ont  fait  reconnaître  que  ses  pinces  étaient  très-grosses. 
La  femelle  a  la  queue  ample  ,  avec  l'avant-dernière  pièce  la  plus  large 
et  la  dernière  à  peu  près  figurée  en  triangle  équilatéral. 


SECTION    TROISIÈME. 

LES    QUADR  IL  A  TÈ  R  ES. 

Test  presque  entré  ou  en  cœur;  bord  inter-orhiiaire  tantôt  irès-lnrge  et  droit , 
tan  tut  très  étroit  et  plus  ou  moins  prolongé  en  fonne  de  chaperon  :  pieds 
de  la  dernière  paire  tenninés  en  pointe. 

QUATRIÈME    GENRE. 
GRAPSE;    Grapsus,  Lam.,  Lair.  ;    Cancer ,  F abh. 

Carapace  plane,  peu  bombée,  carrée,  avec  les  orbites  situéesaux  an- 
gles antérieurs;  bord  inter-orbitaire  transversal  et  uni;  bord  postérieur 
étroit;  régions  stomacale  et  génitale  à  peu  près  confondues,  la  première 
ayant  un  enfoncement  sur  sa  partie  moyenne  et  antérieure;  régions  cor- 
diale et  hépatique  postérieure  aussi  réunies,  et  formant  ensemble  une 
saillie  remarquable;  régions  branchiales  occupant  en  arrière  les  côtés  et 
les  angles  postérieurs  de  la  carapace,  marquées  souvent  sur  leur  bord 
externe  de  lignes  élevées,  parallèles  entre  elles  et  obliques,  qui  répon- 
dent à  la  direction  des  organes  branchiaux  internes. 

Queue  des  mâles  et  des  femelles  composée  de  sept  pièces. 

Pieds  des  quatre  dernières  paires ,  semblables  entre  eux,  très-longs, 
latéraux  et  terminés  par  un  article  pointu. 

I.    GRAPSE    DOUTEUX. 

(  PI.   VIII  ,  fig.  7  et  &.') 
GRAPSUS  DUBIUS- 

(  Long Larg.  o,023.  )  Nous  n'avons  vu  de  cette  espèce,  dans  la 

collection  de  M.  de  Drée,  qu'une  carapace  mal  conservée,  dontla  partie 
antérieure  manquait  entièrement;  aussi  n'est-ce  qu'avec  incertitude  que 
nous  nous  sommes  déterminés  à  la  considérer  comme  étant  celle  d'un 
Crustacé  du  genre  Grapse.  Toutefois,  sa  forme  carrée  et  assez  déprimée, 
et  surtout  la  bande  carrée  longitudinale  et  saillante  qu'elle  offre  dans 
son  miheu  ,  nous  ont  porté  à  la  placer  dans  ce  genre,  au  moins  provi- 

i3 


n8  CRUSTACES     FOSSILES. 

soirement,  jusqu'à  ce  qu'on  ait  pu  observer  des  échantillons  plus  com- 
plets que  celui  que  nous  avons  eu  à  notre  disposition. 

Cette  carapace  est,  ainsi  que  nous  venons  de  le  dire,  presque  carrée  et 
plane, avec  deux  sillons  enfoncés  dans  son  milieu  ,  entrelesquels  se  trouve 
une  Lande  relevée  qui  paraît  correspondre  à  la  partie  où  sont  situés,  dans 
les  Grapses  vivans,  le  cœur  et  les  organes  préparateurs  de  la  génération. 
Elle  est  surtout  remarquable  par  une  espèce  de  facette  oblique  qui  sem- 
ble tronquer  son  bord  postérieur,  et  par  un  appendice  relevé  qui  garnit 
ce  même  bord  sur  toute  sa  largeur,  mais  que  nous  n'avons  pas  pu  ob- 
server convenablement,  pour  le  bien  décrire,  dans  l'échantillon  que 
nous  avons  eu  sous  les  yeux. 

Ce  Crustacé  de  couleur  brune  est  empâté  d'argile  grisâtre ,  comme 
ceiix  cpii  viennent  des  Indes.  Toute  sa  surface  est  parsemée  de  points 
enfoncés,  assez  gros  et  assez  distans  les  uns  des  autres. 


CINQUIÈME    GENRE. 
GONOPLACE;    Gonoplax,  Leacu. 

Carapace  plane,  peu  bombée,  presque  carrée,  transverse,  plus  large 
en  avant  qu'en  arrière  \  bord  antérieur  légèrement  sinueux  et  terminé 
par  un  angle  bien  marqué  de  chaque  côté;  espace  inter-orbitaire  pro- 
longé en  une  saillie  étroite,  le  plus  souvent  spatuliforme,  et  cjuelquefois 
simplement  anguleuse;  yeux  portés  sur  d'assez  longs  pédoncules.  Ré- 
gions bien  distinctes  :  la  stomacale  très-large,  placée  sur  la  même  ligne 
transversale  que  les  hépatiques  antérieures;  celles-ci  assez  grandes  et  si- 
tuées dans  les  angles  antérieurs  de  la  carapace;  régions  branchiales  peu 
bombées,  mais  assez  développées;  troisième  article  des  pieds-mâchoires 
extérieurs,  inséré  à  l'angle  interne  de  l'extrémité  du  second. 

Sept  pièces  dans  la  queue  des  mâles  et  des  femelles. 

Pattes  très-longues  ayant  les  jambes  carrées;  pinces  de  moyenne 
grosseur,  égales  entre  elles. 


GONOPLACES.  99 

I.   GONOPLACE   DE  LATREILLE. 

(PI.  IX,  fig.  .,2,3,4.) 
GONOPLAX  LATREILLII. 

« 

(Long.  0,040.  Larg.  en  avant  de  la  carapace  o,o5i;  du  bord  posté- 
rieur 0,025.  )  Carapace  sub  -  trapézoïdale  ayant  ses  angles  antérieurs 
très-aigus  et  tridentés  latéralement;  espace  inter-orbitaite  très-étroit  et 
avancé,  spatuliforme;  corps  partout  recouvert  de  petits  points  ronds 
saillans  ou  petits  tubercules  ,  qui  en  rendent  la  surface  rugueuse. 

Cette  espèce,  dont  les  débris  ne  sont  pas  rares  dans  les  collections,  et 
qui  vient  des  Indes  orientales,  a  des  caractères  très-saillans  et  faciles  à  sai- 
sir. Toute  la  partie  supérieure  de  sa  carapace,  fig.  2,  dont  les  diflérentes 
régions  sont  marquées  par  des  lignes  enfoncées  très-distinctes, est  chagri- 
née ou  couverte  de  points  ronds  élevés,  plus  nombreux  sur  ses  bords  que 
dans  son  milieu.  Ses  bords  sont  dessinés  par  un  cordon  très-net,  formé 
de  ces  mêmes  points  ;  l'antérieur  est  tout-à-fait  transversal,  arqué  en  avant 
de  chaque  coté  et  oflVe  de  chaque  côté  à  la  base  du  chaperon  que  forme 
lebord  inter-orbitaire,  un  sinus  assez  profond;  le  chaperon  est  avancé, 
plus  large  à  son  extrémité  qu'à  sa  base,  et  'ressemble  ,  jusqu'à  un  cer- 
tain point,  à  celui  des  insectes  coléoptères  du  genre  Goliath;  il  est 
sillonné  dans  sa  longueur,  et  légèrement  échancré  à  son  bout.  Le  bord 
latéral  de  la  carapace  offre  antérieurement  trois  épines  aplaties  ,  dont  les 
deux  premières  sont  les  plus  fortes,  et  presque  égales  entre  elles. Le  bord 
postérieur  est  uni.  Les  pièces  sternales  sont ,  fig.  i,  de  forme  à  peu  près 
]iarallélogrammique  et  chagrinées  comme  le  dessus  de  la  carapace.  Les 
pièces  de  la  cjueue,  que  nous  n'avons  pu  voir  entières  sur  aucun  individu, 
sont  au  contraire  lisses.  La  première  pièce  des  pieds-màchoires  est  trapé- 
zoïdale et  pas  plus  longue  que  large,  avec  son  côté  interne  lobé,  et  sa  sur- 
face marquée  d'une  ligne  enfoncée  oblique  qui  part  de  son  point  d'ar- 
ticulation ;  la  division  extérieure  de  ces  mêmes  pieds-màchoires  est 
allongée  ,  linéaire,  et  légèrement  renflée  dans  son  milieu. 

Les  jambes  proprement  dites,  ou  les  troisièmes  pièces  des  pattes,  sont 
anguleuses,  à  quatre  faces  et  quatre  angles  bien  marqués,  et  l'on  ne  voit 

i3. 


200  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

d'aspérités  qu'auprès  des  arêtes  seulement.  Les  pinces  ,  fig.  3  et  4,  sont 
moyennes,  légèrement  comprimées  5  leur  doigt  mobile  ne  présente  qu'un 
seul  tubercule  très-fort ,  et  très-saillant,  plan  à  son  extrémité,  et  garni 
sur  ses  bords  d'un  grand  nombre  de  petites  dentelures;  le  doigt  im- 
mobile est  mince  et  muni,  sur  son  bord  interne,  d'une  douzanie  de 
semblables  dentelures  qui  vont  progressivement  en  grossissant  depuis  sa 
base  jusqu'à  sa  pointe. 

Les  Crustacés  de  cette  espèce  sont  ordinairement  incrustés  dans  un  cal- 
caire argileux  grisâtre  assez  dur,  et  qui  ne  se  délaie  pas  dans  l'eau.  Aussi 
avons-noi^is  en  vain  passé  beaucoup  de  temps  pour  cbercher  à  en  débar- 
rasser un  de  ces  Crabes. 

a.    GONOPLACE  INCISÉE. 

(PI.  IX,  fig.  5el6.) 
GONOPLAX  INCISA. 

Carapace  presque  carrée,  transverse,  très-finement  chagrinée,  ayant 
ses  angles  antérieurs  obtus  et  marqués  d'une  échancrure  assez  profonde; 
région  génitale  ayant  son  bord  postérieur  fort  saillant;  une  ligne  étroite, 
élevée,  granuleuse  ,  en  forme  d'S  allongé  sur  chaque  région  branchiale, 
près  du  bord  latéral. 

Cancer  lapidescen s  ,   Rdmph.  Rarit.  Kamer. ,    tab.  60 ,   fig.    i    et   2. 

Knorr  ,  Monum.  du  déluge,  tom.  i ,  pi.  16,  A,  lî. 

(  Long.  0,022.  Larg.en  avant  0,082  ;  en  arrière  0,027.)  Cette  espèce  a 
les  régions  de  sa  carapace,  fig.  5,  un  peu  moins  distinctes  que  celles  de  la 
précédente;  cependant  la  stomacale  est  très-apparente,  et  la  génitale 
l'est  aussi,  surtout  postérieurement  où  son  bord  est  relevé.  La  cordiale  est 
très-enfoncée  entre  les  branchiales ,  et  presque  carrée;  les  bords  internes 
de  ces  dernières  sont  aussi  très-prononcés;  l'hépatique  postérieure  est 
étroite  et  relevée  ;  enfin  les  hépatiques  antérieures  sont  peu  séparées  des 
branchiales.  Le  bord  antérieur  de  la  carapace  esl  plus  droit,  mais  dessiné 
de  même  que  dans  la  Gonoplace  de  Latreille,  par  une  ligne  cordonnée 
saillante.  Nous  ne  saurions  décrire  la  forme  du  chaperon  ou  du  bord 


GONOPLACES.  lOI 

inter-orbitaire,  ne  l'ayant  vu  entier  dans  aucun  individu;  mais  nous 
avons  seulement  remarqué  que  sa  base  présente  un  sillon  longitudinal, 
et  qu'elle  est  rebordée  de  chaque  côté,  comme  le  test  même. 

Les  angles  latéraux  et  antérieurs  de  la  carapace  sont  comme  tronqués, 
par  une  ligne  oblique  également  rebordée,  et  au  milieu  de  laquelle  est  une 
échancrure  profonde  de  deux  millimètres;  les  angles  postérieurs  sont 
aussi  très-obtLis,  et  le  bord  postérieur  est  lisse.  Les  régions  bran- 
chiales ont  une  éminence  marquée  à  leur  bord  interne,  près  delà  région 
cordiale,  et,  à  quelque  distance  du  bord  externe,  vme  ligne!  saillante 
étroite  ,  formée  par  des  granulations  ,  légèrement  courbée  en  S  ,  et  qui 
est  à  peu  près  parallèle  à  ce  même  bord. 

En  dessous,  fig.  6,  les  pièces  sternales  sont  presque  de  forme  parallé- 
logrammique  comme  dans  l'espèce  précédente,  mais  encore  plus  allongées 
dans  le  sens  transversal.  Elles  sont  lisses,  commelesjambes,  qui  présen- 
tent aussi  quatre  faces  et  quatre  angles.  La  première  pièce  de  la  division 
intérieure  des  pieds -mâchoires  est  presque  carrée,  avec  tous  ses  angles 
arrondis  ;  son  bord  interne  est  droit. 

Le  mâle,  dont  nous  donnons  la  figure,  a  la  queue  assez  étroite  et 
composée  de  pièces  de  largeur  à  peu  près  égale  entre  elles,  si  ce  n'est  la 
première  près  du  corps,  qui  est  plus  étroite  d'avant  en  arrière,  mais  qui 
s'étend  beaucoup  plus  latéralement. 

Cette  espèce  est  assez  souvent  apportée  des  Indes.  Son  état  de  conser- 
vation est  le  même  que  celui  de  la  Gonoplace  de  Latreille.  Elle  est  in- 
crustée dans  une  pierre  calcaire  grise,  argileuse  et  sablonneuse  :  sa  cou- 
leur est  le  brun  d'écaillé. 

3.  GONOPLyVCE  ÉCHANCRÉE. 

(  PI.  IX  ,  fig.  7  et  8.  ) 
GONOPLAX    EMARGINATA. 

Carapace  un  peu  trapézoïdale,  légèrement  transverse,  chagrinée  ,  avec 
une  échancrure  peu  marquée  aux  angles  antérieurs;  point  de  ligne  élevée 
en  forme  d'Ssur  les  régions  branchiales. 

(  Long.  0,020.  Larg.  antér.  0,028,  post.  0,01 6.)  Cette  Gonoplace  a 
beaucoup  de  rapport  avec  la  précédente,  et  nous  avons  été  quelque  temps 


102  CRUSTACES      FOSSILES. 

sans  pouvoir  l'en  dislinguer.  Cependant,  outre  les  différences  qui  ont 
fourni  les  caractères  spécifiques  de  ces  deux  espèces,  nous  en  avons  encore 
remarqué  quelques  autres:  ainsi  la  Gonoplace  échancrée,  quoique  plus 
petite,ales  régions  de  sa  carapace  beaucoup  plus  marquées  que  celles  de 
la  Gonoplace  incisée;  sa  région  stomacale  est  plus  courte  à  proportion, 
et  la  cordiale  plus  étendue;  les  régions  branchiales  sont  moins  bom- 
bées et  ne  présentent  pas  la  ligne  élevée  et  contournée  en  S  qu'on  re- 
marque dans  la  première  espèce.  Le  bord  antérieur  de  la  carapace  est 
aussi  plus  sinueux,  et  forme  à  la  base  du  chaperon  deux  saillies  qui  ne 
se  trouvent  pas  dans  la  Gonoplace  incisée. 

L'individu  que  nous  décrivons  est  une  femelle.  Sa  queue  ,  fig.  8,  a 
beaucoup  de  largeur  et  est  à  peu  près  orbiculaire;  les  pièces  en  sont  assez 
étroites  d'avant  en  arrière,  et  leurs  bords  antérieur  et  postérieur  présen- 
tent dans  leur  milieu  une  inflexion  remarquahle  ;  les  deux  dernières  man- 
quent. Les  pattes  sont  semblables  à  celles  des  deux  espèces  précédentes, 
et  l'on  voit  quelques  rugosités  sur  leurs  faces.  La  première  pièce  de  la 
division  intérieure  des  pieds-mâchoires  esttriangulaire,  son  bord  interne 
étant  oblique  et  fortement  rebordé. 

L'aspect  de  ce  Crustacé  est  à  peu  près  le  même  que  celui  des  deux 
premiers.  Sa  couleur  est  un  brun  d'écaillé,  et  ses  membres  sont  en- 
veloppés dans  une  pierre  calcaire  à  la  fois  argileuse  et  sablonneuse  ,  et 
d'un  gris  jaunâtre. 

On  le  voit  fréquemment  dans  les  collections,  et  il  y  est  indiqué 
comme  venant  des  Indes  orientales. 

4.    GONOPLACE    ENFONCÉE. 

(PI.  VIII,  fig.  i3  et  14.) 
GONOPLAX  IMPRESSA. 

Carapace  à  peu  près  carrée,  légèrement  chagrinée,  avec  le  bord  échan- 
cré  et  relevé  vers  les  angles  latéraux;  régions  très-séparées  par  des  im- 
pressions profondes. 

(Longueur,  depuis  l'extrémité  du  chaperon  jusqu'à  la  base  de  la  queue, 
0,016;  du  chaperon,  0,002.  Largeur  de  la  carapace  en  avant  0,016.) 
Cette  petite  espèce  est  très-remarquable  par  sa  forme  carrée,  et  encore 


GONOPLACES.  Io3 

plus  déprimée  que  celle  des  précédentes.  Son  chaperon  ,  on  bord  inter- 
orbiuiire  est  à  peu  près  carré  ,  rebordé ,  avec  un  sillon  longitudinal  dans 
le  milieu.  Sa  carapace  est  rebordée  antérieurement,  et  son  contour  est 
granuleux.  La  région  qui  résidle  de  la  stomacale  et  de  la  génitale,  con- 
fondues, est  en  forme  de  trèfle  renversé,  c'est-à-dire  cpi'elle  est  divisée 
en  trois  lobes  distincts  par  deux  impressions  obliques  et  latérales  ;  ses 
lobes  sont  pointus  etsaillansen  arrière,  surtout  le  postérieur,  et  toute  sa 
surface  est  Irès-finement  chagrinée.  La  région  cordiale  est,  au  contraire, 
rugueuse;  et  elle  est  jointe  à  l'hépatique  postérieure  sans  interruption  5 
les  hépalic[ues  antérieures  sont  un  peu  bombées,  et  les  branchiales  assez 
inégales. 

Nous  n'avons  pu  bien  voir  les  bords  latéraux  de  la  carapace  dans  le 
seul  individu  de  cette  espèce  qu'il  nous  a  été  possible  d'examiner,  parce 
qu'ils  étaient  recouverts  par  la  pierre  5  mais  nous  avons  bien  remarqué 
cependant  que  ces  bords,  près  des  angles  antérieurs  ,  se  relevaient  (  par 
exemple  comme  les  bords  du  corselet  du  Memhracls  aurita) ,  et  qu'au 
delà,  ils  présentaient  une  échancrure  peu  profonde. 

Cet  échantillon  offrait  deux  particularités  remarquables  ;  c'est  queles 
pinces  et  les  pédoncules  des  yeux  étaient  conservés. 

Les  pinces  avaient  neuf  millimètres  de  longueur;  elles  étaient  médio- 
crement épaisses  ,  et  leur  face  externe,,  qui  était  lisse,  présentait  deux 
lignes  enfoncées  longitudinales  ,  une  sur  le  bord  inférieur,  et  l'autre  vers 
le  tiers  supérieur  de  sa  hauteur.  Le  doigt  mobile  était  mince,  peu  arqué, 
et  caréné  en  dessus;  du  côté  intérieur  il  n'avait  qu'une  seule  dent ,  qui 
se  trouvait  fort  rapprochée  de  l'articulation,  tandis  que  le  doigt  im- 
mobile en  avait  une  semblable,  située  plus  loin  de  cette  articulation. 
En  général  la  forme  de  ces  pinces  avait  beaucoup  de  rapport  avec  celle 
des  pinces  des  Gélasimes. 

Les  yeux,  ou  plutôt  les  supports  des  yeux  ,  étaient  minces,  à  peu  près 
cylindriques,  dirigés  latéralement,  et  leur  longueur  était  de  quatre  mil- 
limètres environ. 

La  partie  des  pieds  qui  n'était  pas  incrustée  dans  l'argile  calcaire  en- 
durcie, présentait  des  faces  planes  et  des  angles  à  peu  près  droits,  comme 
ceux  des  espèces  précédentes.  Ces  pieds  étaient  lisses,  et  leurs  jambes 
quadrangulaires. 

Tels  sont  les  caractères  que  nous  avons  pu  remarquer  dans  ce  petit 


jO/V  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

Crustacé  qui  semble  le  rapprocher  des  autres  espèces  du  même  genre 
qui  nous  viennent  des  Indes  orientales,  par  sa  couleur  et  son  empâ- 
tement dans  une  masse  de  pierre  calcaire  argileuse.  Aiissi  sommes-nous 
très-portés  à  le  regarder  comme  provenant  d'un  gissement  semblable. 
Cependant  nous  devons  dire  que  cet  échantillon,  qui  provient  des  ma- 
gasins du  Muséum  d'histoire  naturelle,  était  enveloppé  lorsqu'on  nous  l'a 
confié,  d'un  papier  portant  pour  étiquette  :  Dumont  Marins,  à  Rome, 
rapporté  par  M.  Cuvier. 

5.    GONOPLACE   INCERTAINE 
(Pi.  VIII,  %  9.) 

GONOPLAX    INCERTA. 

Carapace  ayant  ses  angles  antérieurs  légèrement  obtus ,  avec  un  sinus 
d'où  part  une  ligne  enfoncée  située  sur  le  milieu  de  chaque  région  hé- 
patique antérieure  ;  deuxhgnes  enfoncées  transversales  de  chaque  côté, 
parallèles  entre  elles,  l'une  en  avant  des  régions  branchiales  ,  l'autre  sur 
ces  régions  mêmes. 

Ocypode  incerlaîn  ,   Desm.  ,  Nouv.    dict.  d'iiist.  nat.  ,  2-  édit. ,  art.  Crustacés 

fossiles  ,  tom.  8,  pag.  Soi. 

(  Long Larg.  o,o3i.)  Ce  Crustacé,   bien    différent  de  ceux 

que  nous  avons  placés  parmi  les  Gonoplaces,  n'est  uialheureusement 
pas  assez  bien  conservé  pour  que  nous  puissions  assurer  qu'il  appartient 
au  même  genre.  La  forme  aplatie  et  quadrilatère  de  sa  carapace  ,  la  con- 
figuration d'un  de  ses  angles  antérieurs  ,  et  l'avance  que  l'on  remarque 
au  bord  inter-orbi taire,  nous  ont  seuls  déterminés  à  le  placer  provisoi- 
rement ici. 

L'individu  que  nous  avons  fait  figurer  était  une  femelle  qui  apparte- 
nait à  M.  le  marquis  de  DrÉe.  Il  manquait  de  pattes  ,  si  l'on  en  excepte 
cependant  deux  fragmens  de  jambes  postérieures  droites,  qui  par  leurs 
fortes  dimensions  ,  indiquaient  suffisamment  que  les  membres  entiers 
avaient  beaucoup  de  longueur. 

La  carapace,  considérée  généralement,  formait  une  voûte  légère  d'un 
côté  à  l'autre.  Le  bord  antérieur  était  mal  conservé ,  mais  on  voyait  que 


GONOPLACE.  I05 

les  cavités  destinées  à  loger  les  pédoncules  des  yeux  étaient  peu  distantes 
l'une  de  l'autre  5  le  chaperon  formait  une  saillie,  mais  on  ne  pouvaitdéter- 
miner  sa  forme.  Les  bords  latéraux  présentaient  des  plis  dont  trois  surtout 
très-sentis,  transversaux,  à  peu  près  parallèles  les  uns  aux  autres,  et  les 
deux  postérieurs  les  plus  longs.  Le  dessus  de  cette  carapace  finement 
chagriné  en  avant  et  ponctué  en  arrière,  était  très-composé  ;  la  région 
stomacale  assez  étendue  surtout  dans  le  sens  transversal  avait  sa  sé- 
paration avec  les  régions  hépatiques  antérieures  très-marquée  ;  elle 
était  renflée  et  offrait  dans  son  milieu  une  assez  forte  dépression,  qui 
s'avançait  sur  le  chaperon.  La  région  génitale  ,  la  plus  saillante  , 
avait  la  forme  d'une  losange  dont  la  plus  grande  diagonale  était  en 
travers;  en  avant  elle  formait  un  prolongement  très-pointu  qui  s'éten- 
dait sur  la  région  stomacale  et  la  partageait  en  deux.  La  région  cor- 
diale, également  en  forme  de  losange,  avait  ses  deux  diagonales  à  peu 
près  égales  ;  elle  était  plus  petite  que  la  génitale.  Les  deux  régions  hépa- 
tiques antérieures,  aussi  très-distinctes,  offraient  deux  sortes  de  lobes  qui 
partaientdes  angles  antérieurs  de  la  carapace  et  se  dirigeaient  vers  le  cen- 
tre ;  chacune  présentait  dans  son  milieu  une  ligne  fortement  enfoncée 
assez  large,  aussi  dans  cette  direction,  et  qui  ne  s'étendait  pas  dans  toute 
sa  longueur.  Les  régions  branchiales  paraissaient  très-développées,  mais 
leur  partie  postérieure  avait  été  détruite ,  ainsi  que  la  région  hépa- 
tique postérieure  entière  :  à  leur  partie  antérieure,  elles  étaient  marquées 
d'une  ligne  enfoncée  transversale  et  parallèle  à  celle  qui  les  séparait  des 
régions  hépatiques  antérieures.  Ces  diverses  lignes  enfoncées  formaient 
sur  le  bord  du  test  les  plis  dont  nous  avons  parlé  d'abord;  les  parties 
inférieures  de  ce  test  étaient  parsemées  de  petits  tubercules  assez  nom- 
breux et  bien  saillans. 


i4 


J06  CRUSTACÉS     FOSSILES. 


SIXIÈME    GENRE. 
GÉLASIMEj  Gelasima,  Latr.  ;  OcjyooJa ,  Fabe. 

Carapace  plane,  peu  bombée,  en  forme  de  trapèze  transversal  ,  et 
plus  large  au  bord  antérieur,  dont  le  milieu  ou  bord  inter-orbitaire  est 
avancé  en  forme  de  chaperon  spatuliforme  ou  simplement  aigu;  yeux 
situés  sur  de  grands  pédoncules,  logés  dans  une  fossette  longue  et  linéaire 
du  bord  antérieur  prolongée  jusqu'aux  angles  latéraux  cpii  sont  tiès- 
niarqués  ;  pieds-mâchoires  extérieurs  rapprochés  l'un  de  l'autre,  et  ayant 
leur  troisième  article  inséré  à  l'extrémité  supérieure  et  latérale  du  précé- 
dent. Régions  distinctes,  assez  saillantes;  la  stomacale  moyenne  5  la  cor- 
diale grande  ;  les  hépatiques  antérieures  petites  et  situées  sur  la  même 
ligne  transverse  que  la  stomacale  ;  les  branchiales  très  -  développées 
tout  du  long  des  bords  latéraux. 

Queue  composée  de  cinq  pièces  dans  les  mâles  et  les  femelles. 

P/er/j  longs.  L'une  des  pinces,  tantôt  la  gauche,  tantôt  la  droite  ex- 
trêmement grande  et  forte,  tandis  que  l'autre  est  très-petite  et  comme 
cachée. 

I.    GÉLASIME   LUISANTE. 

(Pl.8,fig.7et8.) 
GELASIMA  NITIDA. 

Gonoplace  luisante;  Desm.,  Nouv.  dict.   d'hist.   nat.  ,  2"  édit. ,  art,  Crustacés 
Jossiles ,  tom.  8,  pag.  5o5  ,   n°    i4- 

(Long,  0,020.  Larg,  en  avant  0,040.  Larg.  en  arrière  0,018.)  Par  sa 
taille  et  ses  formes  générales,  ce  fossile  a  de  si  nombreux  rapports  avecla 
Gélasime  Maracoani  de  M.  Latkeille(i),  que  nous  avons  cru  d'abord 


(l)  Gelasima  Maracoani ,  Latr.  Nouv.  dicl.  d'hist.  nat.,  tom.  12,  p.  Sig.  —  Ocypode  hetero- 

chelos  ,  Bosc.  Oi.iv.  —  Maracoani,  PisoN  ,  Iiid. ,  p.  77 Seb^,  ihes.  ,  tom,  3,  tab.  18,  Cg.  8, 

• —  Herbst.  cancr. ,  lab.  i ,  fig.  11. 


GELASIMES.  107 

qu'il  n'en  différait  pas  spécifiquement; néanmoins  une  observation  plus 
attentive  nous  a  fait  reconnaître  quelques  dissemblances,  et  entre  autres 
celle-ci,  que  la  Gélasime  Maracoani  aies  bords  latéraux  épineux  prés  des 
angles  antérieurs  de  la  carapace,  tandis  que  notre  Gélasime  luisante  a  ces 
bords  lisses. 

Les  caractères  différentiels  du  test  de  ce  Crustacé,  avec  ceux  des  Gono- 
places  ne  sont  pas  bien  sensibles,  quoique  le  corps  soit  moins  épais  que 
dansées  derniers,  et  que  la  forme  trapézoïdale  de  la  carapace  soit  pltts 
nettement  indiquée;  mais  l'existence  des  débris  d'une  grosse  pince  gauche 
nous  suffit  pour  ramener  cette  espèce  au  genre  Gélasime.  En  effet,  le 
carpe,  ou  la  pièce  qui  précède  la  pince,  est  renflé  et  verruqueux  comme 
dans  le  Maracoani,  et  les  vestiges  de  la  pince  elle-même,  plus  longs  que 
le  corps  n'est  large,  ont  la  forme  linéaire  qu'on  retrouve  dans  les  pinces 
des  animaux  de  ce  groupe. 

Le  bord  antérieur  de  la  carapace,  ou  le  plus  large,  est  légèrement  si- 
nueux ,  et  présente  vers  son  milieu  deux  échancrures  où  se  trouvaient 
les  points  d'attache  des  pédoncules  des  yeux,  et  entre  ces  échancrures  est 
une  pelite  avance  anguleuse,  qui  n'est  que  le  chaperon  ou  le  rudiment  du 
bord  inter-oibitaire.  Les  angles  antérieurs  du  test  sont  très-aigus  ;  les 
bords  latéraux  sont  unis,  légèrement  rentrés  en  dedans,  et  se  rappro- 
chant l'un  de  l'autre  en  arrière  pour  former  le  bord  postérieur,  qui  est 
à  peu  près  droit. 

Tout  le  dessus  de  la  carapace  est  d'un  noir  luisant,  sans  tubercules 
ou  inégalités  autres  que  ceux  qui  sont  forméspar  les  différentes  régions, 
lesquelles  sont  très-distinctes,  surtout  la  stomacale  et  les  branchiales. 

Le  dessous  du  corps  du  seul  individu  de  cette  espèce  que  nous  ayons 
pu  examiner,  était  trop  engagé  dans  une  pierre  argileuse  assez  dure,  pour 
qu'il  nous  fût  possible  d'en  reconnaître  les  caractères. 

Nous  ignorons  dans  quels  lieux  ce  fossile,  qui  appartient  à  la  collec- 
tion du  Muséum  d'histoire  naturelle,  a  été  trouvé,  mais  nousavonslieu 
de  croire  qu'il  ne  provient  pas  du  même  gissement  que  4es  espèces  de  Go- 
noplacesque  nous  avons  décrites,  si  nous  en  jugeons  du  moins  parla  coi- 
leur  de  la  pierre  qui  l'enveloppe,  et  même  par  la  sienne  propre  ,  beau- 
coup plus  foncée  que  celle  de  ces  Gonoplaces. 


14. 


I08  CRUSTACÉS     FOSSILES. 


SEPTIÈME    GENRE. 
GÉC AUCUN  ;    Gecaranus,  Leach.,  Latr.  ;  Cancer,  Fabr. 

Carapace  plus  large  que  longue,  un  peu  bombée  d'avant  en  arrière, 
en  cœur,  largement  tronquée  postérieurement,  et  médiocrement  dilatée 
antérieurement,  ayant  le  bord  inter-orbitaire  assez  large,  presque  droit  ou 
peu  sinueux  ;  yeux  écartés,  placés  sur  des  pédoncules  courts,  et  logés  dans 
des  fossettes  arrondies  5  pieds-màchoires  extérieurs  écartés  l'un  de  l'au- 
tre, ayant  leur  troisième  article  inséré  au  bord  supérieur  du  second  (i); 
régions  moyennes,  c'est-à-dire  la  stomacale,  la  génitale,  la  cordiale  et 
l'hépatique  postérieure  fortementséparées  des  latérales,  ou  des  hépatiques 
antérieures  et  des  branchiales,  par  des  lignes  plus  enfoncées  que  celles  qui 
divisent  ces  diverses  régions  entre  elles. 

Pattes  assez  longues;  pinces  grosses,  courtes,  quelquefois  inégales. 

I.  GÉCARCIN    TROIS-ÉPINES. 

(PI.  8,fig.io.) 
GECARCINUS    TRISPINOSUS. 

(Long.  0,017. Larg.  entre  les  yeux  0,0 1 1.  Plus  grande  largeur  0,026. 
Larg.  du  bord  postérieur  0,01 5.)  Ce  fossile,  assez  commun  dans  les  col- 
lections, présente  encore  le  même  mode  de  conservation  que  les  précé- 
dens.  Il  est  de  la  grosseur  d'une  châtaigne,  dont  il  a  presque  la  couleur; 
sa  forme  est  à  peu  près  en  cœur  tronqué   postérieurement  ;   sa  plus 


(i)  Le  caractère  quefournit  i'énartement  des  (jieds-mâchoires  extérieurs  est  employé  par  M.  La- 
TREiLLE  ,  pour  séparer  des  Gécarcins  ,  les  Tlielphuscs,  les  Eripliies  cl  les  Potamopliilcs.  N'ayant 
pu  apercevoir  ces  parlies  dans  l'espèce  fossile  que  nous  décrivons  ci-après,  nous  ne  pouvons  la  rap- 
porter à  l'une  de  ces  divisions  plutôt  qu'à  l'autre  ,  la  (orme  du  corps  étant  d'ailleurs  la  même.  La 
longueur  relative  des  diverses  paires  de  pieds  ne  peut  non  plus  nous  servir  d'indice  ,  puisque  ces 
organes  locomoteurs  mauquent  presque  totalement.  Nous  avons  préféré  la  désignation  de  Gécarcj,n 
aux  autres,  parce  que  c'est  la  plus  anciennement  admise,  et  que,  suivant  l'intention  de  M.  Leacu 
qui  l'a  proposée  ,  elle  comprend  toutes  les  espèces  dont  M.  Latreille,  se  fondant  sur  de  nouvelles 
considérations  ,  a  composé  les  divers  genres  dont  nous  venons  de  rapporter  les  noms. 


GECARCINS.  10 


grande  dimension  est  dans  le  sens  transversal.  Le  bord  antérieur  de  sa 
carapace,  dans  les  individus  que  nous  avons  examinés,  est  en  trop  mau- 
vais état  pour  qu'il  nous  soit  possible  de  le  décrire;  mais  en  général  il 
n'est  point  tranchant.  On  aperçoit  de  chaque  côté  une  petite  fossette 
ronde,  légèrement  creuse,  qui  est,  à  n'en  pas  douter,  le  point  où  l'œil , 
qui  devait  avoir  un  court  pédoncule,  était  logé  dans  le  repos.  La  carapace 
est  arquée  en  voûte  de  devant  en  arrière,  légèrement  rugueuse,  et 
présente  des  lignes  peu  enfoncées  qui  dessinent  ses  différentes  régions. 
Celle  de  l'estomac  est  traversée  longitudinalement  par  un  prolongement 
pointu  de  la  région  génitale  ;  celle-ci  etla  région  du  cœur,  sont  confondues 
en  une  large  bande  saillante  légèrement  sinueuse  sur  ses  bords,  laquelle 
seprolonge  jusqu'au  bord  postérieur  de  la  carapace,  et  partage  ainsi  le  test 
en  d{  iix  parties  distinctes.  Les  régions  hépatiques  antérieures  situées 
près  du  bord  antéro-latéral  de  la  carapace  sont  dans  ce  crabe,  légè- 
rement renflées  ,  très-séparées  de  la  région  de  l'estomac  par  une  ligne 
enl'oncée;  et  l'on  voit  sur  le  même  bord,  dans  les  individus  bien  con- 
servés, trois  épines ,  dont  la  plus  forte  est  l'intermédiaire.  Ces  épines  , 
dans  les  échantillons  frustes,  sont  remplacées  par  des  cassures  qui  en 
font  très-bien  reconnaître  la  place  (i).Les  régions  branchiales  sont  assez 
sinueuses.  Le  bord  postérieur  est  assez  droit  et  presque  tronqué  net. 

Nous  n'avons  vu  que  des  individus  mâles,  dont  la  queue  était  fort 
étroite  et  allongée.  Le  sternum  sur  lequel  elle  se  recourbait  avait 
un  sillon  très -étroit  et  assez  profond  pour  la  recevoir  :  il  était  formé 
de  cinq  pièces ,  dont  les  trois  antérieures  plus  grandes  que  les  autres , 
la  première  surtout.  Celle-ci  était  trapézoïdale  et  rebordée  ;  les  deux  sui- 
vantes ,  en  forme  de  parallélogrammes  transverses  et  légèrement  recour- 
bées en  avant,  avaient  à  peu  près  une  égale  dimension. 

Deux  individus,  l'un  appartenant  au  cabinet  de  la  Monnaie,  l'autre 
faisant  partie  de  la  collection  de  M.  de  Drée,  avaient  conservé  l'une  de 
leurs  pattes  antérieures,  laquelle  était  assez  forte  et  renflée.  Cette  patte 
avait  ses  deux  premières  pièces  petites,  arrondies  ,  lisses,  et  ne  présen- 
tant rien  de  bien  remarquable  ;  la  troisième  était  aussi  lisse,  renflée ,  et 


(i)  Si  la  présence  des  épines  sur  cliaque  Lord  autéro-latéral  de  la  carapace,  était  un  caraclère  g^- 
nériqne  ,  nous  n'Iiésiterions  pas  à  placer  ce   Cruslacé  dans  le  genre  Thelphusc  de  M.  Latreili.e, 


IIO  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

avait  une  arétc  marquée  de  petits  points  élevés  et  placés  à  la  suite  les 
uns  des  autres;  la  quatrième,  presque  cuboïde, avait  ses  faces  antérieure 
et  postérieure  légèrement  granulées  ;  enfin  la  cinquième  (  ou  le  gros  de 
la  pince  )  était  surtout  renflée  et  portait  au  côté  extérieur  des  tubercules 
très-distincts  ,  plus  gros  et  plus  nombreux  vers  le  point  d'attache  de  cette 
pièce  qu'ailleurs  ,  et  dont  plusieurs,  des  plus  remarquables,  paraissaient 
disposés  sur  trois  lignes  longitudinales.  Dans  l'individu  du  cabinet  de 
la  Monnaie  ,  on  remarquait  sur  cette  pince  une  épine  à  la  partie  anté- 
rieure de  l'articulation  qui  l'unissait  avec  la  précédente  :  les  doigts  étaient 
dans  tous  les  deux  trop  mal  conservés  pour  être  décrits. 


SECTION    QUATRIÈME. 

LES    ORBICULAIRES. 

Test  orblculaire  ou  elliptique  et  ne  se  rétrécissant  pas  par  degrés  en  avant  ; 
pieds  de  la  dernière  paire  terminés  en  pointe. 

HUITIÈME    GENRE. 

ATÉLÉCYCLE;  Alelecydus,  Leach;  Ca«cer,  Oliv. 

Carapace  bombée,  tuberculeuse,  presque  circulaire  ;  à  bords  tran- 
clians  et  dentelés  antérieurement  et  latéralement,  se  rapprochant  l'un  de 
l'autre  en  arrière ,  de  manière  à  se  joindre;  boid  inter-orbitaire  dentelé; 
yeux  assez  écartés  ,  leur  orbite  ayant  deux  fissures  à  leur  bord  supérieur 
et  une  seule  à  l'inférieure.  Régions  bien  distinctes;  la  stomacale  grande, 
bombée;  les  hépatiques  antérieures  très-petites  et  un  peu  reculées;  la 
cordiale  très-saillante;  les  branchiales  presque  circulaires  et  bombées. 

Queue  des  mâles  et  des  femelles  composée  de  cinq  articles. 

Pattes âs&Gz  longues:,  pinces  égales,  comprimées. 

I.  ATELECYCLE  RUGUEUX. 

(Pl.9,fig.  9.) 

ATELECYCLVS  RVGOSUS. 

(Long.  0,014.  Larg.  0,020.)  Sa  carapace  est  bombée,  tuberculeuse  , 
presque  circulaire,  à  bords  saillans,  tranchans  et  découpés,  et  se  réu- 
nissant postérieurement,  ce  qui  est  l'un  des  principaux  caractères  du 
genre  Atélécjcle.  Les  yeux  sont  assez  distans  rundel'antre,  et  ils  sont 
séparés  par  un  bord  inter-orbitaire  assez  avancé.  Le  bordantéro-latéral 
présente  de  chaque  côté  quatre  découpures  principales,  dont  la  pre- 
mière est  presque  tridentée,  la  seconde  bidentée ,  et  les  deux  dernières 
entières.  Le  bord  latéro-postérieur  est  muni  de  cinq  dents  peu  aiguës  ; 
enfin ,  tout-à-fait  en  arrière,  le  cercle  est  complété  par  trois  lobes  ,  peu 
marqués.  La  région  stomacale  est  divisée  en  trois  parties  distinctes  ; 
une  antérieure  remplit  l'avance  entre  les  yeux,  et  deux  latérales  sont 


IIJ  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

situées  derrière  ces  mêmes  yeux  ;  vm  quatrième  lobe  placé  en  arrière  du 
premier,  et  représentant  la  région  génitale,  est  allongé  ,  caréné, 
avec  un  tubercule  au  milieu.  La  région  du  cœur  est  fort  irrégulière  ,  et 
celles  des  branchies  tout-à-faitlatérales,  sont  très -développées,  déforme 
circulaire,  bombées,  et  présentent  cinq  tubercules,  dont  quatre  sont 
situés  vers  le  bord  extérieur,  et  le  cinquième ,  un  peu  plus  fort,  est  placé 
du  côté  interne. 

Ce  Crustacé  fossile,  de  nature  calcaire,  a  été  trouvé  au  Boutonnet, 
carrière  située  dans  un  des  faubourgs  de  Montpellier,  dans  un  terrain 
analogue  au  calcaire  grossier. 

Il  fait  partie  de  la  collection  de  M.  le  marquis  de  Drée. 


NEUVIÈME    GENRE. 
LEUCOSIE5   Leucosia,F\Bii.,  La.tr.,  Leach. 

Carapace  ronde  ,  bombée,  comme  globuleuse,  acuminée  en  avant, 
et  offrant  dans  un  court  rétrécissement  de  cette  partie  antérieure,  deux 
petites  fossettes  très-rapprocliées  l'une  de  l'autre,  logeant  de  petits  yeux 
à  pédicules  courts;  pieds-mâchoires  extérieurs  pointus,  formant  en- 
semble un  grand  triangle  dont  la  pointe  la  plus  aiguë  est  en  avant. 
Régions  souvent  très-peu  distinctes,  mais  quelquefois  nettement  indi- 
quées par  des  lignes  très-enfoncées  (^ij. 

P«Zfej  fort  longues,  surtout  les  pinces  qui  sont  égales  et  très-minces. 

Queue  des  mâles  composée  de  cinq  pièces  très-étroites  ,  ayant  l'an- 
tépénultième la  plus  longue  et  fort  large  à  sa  base.  Queue  des  femelles 
de  quatre  pièces  très-larges,  le  dernier  article  en  étant  fort  petit;  mais 
le  pénultième  extraordinairement  grand  et  bombé,  de  façon  à  former 
avec  la  cavité  steruale  une  sorte  de  boite  très-spacieuse ,  lorsqu'elle  est 
appliquée  contre  le  corps. 


(i)  Parmi  les  espèces  vivantes  de  ce  genre  ,  il  en  est  une  Irès-remarquablc  par  l'extrême  pro- 
longement de  ses  régions  branchiales  sur  les  côtés ,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom  de  Leucosia 
cylindrica. 


LEUCOSIES.  Il3 

I.  LEUCOSIE    CRANE. 

(PI.  IX,  fig    10  et-  II.) 
LEUCOSIA  CRANIUM. 

Carapace  lisse  ,  à  peu  près  orblciilaire,  légèrement  déprimée  ,  ayani 
so!)  prolongement  antérieur  peu  saillant;  région  cordiale  seule  dis- 
tincte; bord   postérieur  étant   indiqué   par  une  ligne  assez  saillante. 

(Long.  0,020.  Larg.  o,oiio.)  Cette  Leucosie  est  la  i)lus  grande  de  celles 
que  nous  ayons  observées  ;  sa  taille ,  ses  proportions  et  ses  formes  géné- 
rales la  rapprochent  particulièrement  de  la  Leucosie  graveleuse  de 
Fabricïus;  mais  elle  en  diffère  notamment  en  ce  que  sa  carapace  n'est  pas 
comme  la  sienne,  couverte  de  rugosités.  Celte  carapace,  au  contraire  , 
est  finement  ponctuée  ou  a  peu  près  lisse,  et  présente  seulement  une  lé- 
gère dépression  en  devant,  vers  le  point  où  les  deux  bords  latéraux  se  rap- 
prochent pour  former  un  rostre  bien  court.  Celui-ci  est  percé  de  deux 
petites  loges  ou  fossettes  dans  lesquelles  ont  dû  être  situés  les  yeuX;,  et  qui 
sontà  peine  éloignées  d'un  millimètre  l'une  de  l'autre.  Postérieurement 
on  remarque  deux  lignes  enfoncées  longitudinales,  entre  lesquelles  saille 
légèrement  la  région  du  cœur,  qui  est  seule  apparente  dans  cette  espèce. 
Les  bords  latéraux  sont  carénés,  et  le  test  est  fortement  creusé  en  dessous 
dans  les  femelles,  parce  que  les  pièces  latéro-sternales  sont  très-saillantes, 
et  forment  un  bourrelet  à  peu  près  circulaire,  légèrement  échancré  en 
avant,  pour  loger  la dernièie  pièce  de  la  queue  lorsqu'elle  est  repliée,  et 
interrompu  en  arrière  pour  l'articulation  de  la  base  de  cette  même 
queue.  Le  bord  postérieur  de  la  carapace  proprement  dite  jirésente 
aussi  une  échancrure  arrondie. 

Le  test  de  cette  Leucosie  est  d'un  brun  clair ,  il  est  encroûté  tantôt 
d'un  sable  siliceux  à  gros  grains  ,  et  mêlé  de  débris  de  coquilles  qui.ont 
encore  un  peu  de  leur  éclat  nacré,  tantôt  d'une  sorte  de  marne  jaunâtre  et 
tendre.  Le  mode  de  conservation  de  ce  fossile  est  le  même  que  celui 
que  présentent  les  espèces  qui  viennent  des  Indes  orientales. 


i5 


Il4  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

2.  LEUCOSIE   SUBRHOMBOÏDALE. 

(PI.    IX,    f.g.    12.) 

LEUCOSIA    SUBRHOMBOIDALIS. 

Carapace  lisse,  luisante,  irès-bonibée,  presque  rhomboidale  ,  assez 
prolongée  en  avant;  fossettes  des  yeux  placées  sur  le  prolongement,  et 
séparées  l'une  de  l'autre  par  une  mince  cloison;  aucune  des  régions  de 
la  carapace  distincte. 

(Long.  0,019.  Larg.  0,018.)  Le  test  de  cette  petite  espèce  est  d'un  brun 
noir  luisant;  sa  carapace  présente  antérieurement  de  chaque  côté  une 
impression  qui  en  relève  le  milieu  pour  former  le  petit  prolongement 
qu'on  remarque  en  celte  partie.  De  ce  prolongement  le  bord  se  porte  de 
chaque  côté,  jusque  vers  le  milieu  de  la  carapace,  où  se  trouve  un  pli 
très-sensible,  et  qui  n'est  visible  que  latéralement  ou  eu  dessous;  ensuite 
ce  même  bord  se  porte  en  arrière,  jusqu'au  point  où  s'articule  la  queue 
sur  une  sorte  de  bourrelet  transversal,  assez  épais,  de  huit  millimètres 
de  largeur,  et  qui  est  le  bord  postérieur  de  la  carapace. 

On  ne  peut  distinguer  aucune  région,  pas  même  celle  du  cœur.  Deux 
très-légères  saillies  qu'on  remarque  en  arrière  du  rostre  ,  l'une  à  droite 
et  l'autre  à  gauche  ,  pourraient  cependant  correspondre  aux  deux  lobes 
antérieurs  de  la  région  st  niacale. 

Le  seul  individu  de  cette  espèce  que  nous  aj^ons  examiné  ,  fait  partie 
delà  collection  de  M.  Brongniart;  ses  parties  inférieures  manquent 
complètement. 

Cette  Leucosie  se  rapproche  singulièrement  de  la  Leucosie  cranio- 
Laire  de  Fabricius;  mais  elle  a  le  rostre  un  peu  plus  court,  et  le  corps, 
au  contraire,  généralement  plus  allongé. 

3.    LEUCOSIE   DE   PRÉVOST. 

* 

(PI.   IX,    %    ^%) 
LEUCOSIA  PREVOSTIANA. 

Carapace  orbiculaire,  plus  large  que  longue,  très-granuleuse,  avec 
des  lignes  profondes  qui  séparent  nettement  toutes  ses  régions. 


LEUCOSIES.  11^ 

Long.  o,oi  I.  Larg.  0,0 1 5.  )  Nous  avons  trouve  plusieurs  fois  cette 
jolie  espèce  de  Crustacé  fossile,  conjointement  avec  M.  Constant  Prévost, 
à  qui  nous  la  dédions,  dans  une  marne  calcaire  jaunâtre,  de  la  troisième 
masse  gypseuse  de  Montmartre,  au  milieu  de  beaucoup  d'autres  fossiles 
marins,  identiques  avec  ceux  de  Grignon;  de  sorte  qu'on  doit  la  re- 
garder comme  ayant  vécu  à  l'époque  où  se  déposaient  les  couches  de  la 
pierre  à  bâtir  dont  on  fait  usage  à  Paris  (i).  Le  test  a  disparu,  ce  qui  est 
commun  à  tous  les  fossiles  de  la  couche  de  marne  dans  laquelle  elle  se 
rencontre;  mais  son  moule  extérieur  est  parfaitement  net,  et  sa  conser- 
vation si  parfaite,  qu'on  peut  considérer  ce  moule  comme  étant  le  test 
lui-même  de  l'espèce  que  nous  décrivons. 

La  carapace  est  orbiculaire,  et  partout  granuleuse,  avec  des  lignes 
profondes  qui  séparent  les  différentes  régions;  cette  forme  nous  a  prin- 
cipalement engagés  à  placer  ce  Crabe  parmi  les  Leucosies;  mais  nous  de- 
vons avouer  que  les  principaux  caractères,  tels  que  ceux  qu'offrent  le 
rostre  et  la  disposition  des  yeux,  manquent  ici  pour  le  rapporter  à  ce 
genre  avec  certitude. 

La  division  très-prononcée  des  régions,  par  des  sillons  profonds,  rap- 
proche aussi  ce  Crustacé  de  ceux  qui  composent  le  genre  mjctiris  de 
M.  La.treille. 

Toutefois  il  paraît  bien  certain  qu'il  appartient  à  une  espèce  qui  n'a 
pas  encore  été  décrite.  La  région  de  l'estomac,  confondue  avec  celle 
qui  recouvrait  les  organes  préparateurs  de  la  génération  ,  est  très- 
grande  ;  ses  contours  dessinent  à  peu  près  un  rhombe  dont  les  angles 
sont  arrondis,  et  l'on  y  remarque  trois  tubercules  principaux,  placés  vers 
les  deux  angles  latéraux  et  vers  l'angle  postérieur.  Deux  autres  régions , 
situées  en  avant  et  de  chaque  côté,  sont  les  hépatiques  antérieures, 
presque  confondues  avec  les  régions  des  branchies.  Celles-ci  ont 
deux  tubercules  assez  voisins  l'un  de  l'autre.  La  région  du  cœur  est 
distincte,  tout-à-fait  postérieure,  et  présente  une  saillie  irès-marquée 
dans  son  milieu. 

Lespattes  n'existaient  plus  dans  les  individus  que  nous  avons  observés. 


(i)  Nous  avons  décrit  ce  gissement  avec  détail  dans  un  Mémoire  inséré  dans    le  Journal  des 
mines ,  année  1809  ,  tome  25  ,  page  2i5  et  suivantes. 


i5. 


SECTION    CINQUIÈME. 

LES    TRIANGULAIRES. 

Test  rhombdidal  ou  oi>oïde  ,  toujours  rétréci  en  mant  et  renfle  en  ariière  ; 
pattes  de  la  dernière  paire  teiminées  en  pointe. 

DIXIÈME    GENRE. 
INACHUS;   Inachus,  Fabr.,  Lkach.  ,   Latr. 

Carapace^  plus  longue  que  large,  arrondie  et  dilatée  en  arrière, 
rétrécie  en  avant,  ayant  l'espace  inter-orbitaire  plus  ou  moins  prolongé 
en  forme  de  rostre,  et  ses  bords  latéro-antérieurs,  ainsi  que  sa  surface, 
le  plus  souvent  hérissés  de  pointes  ou  de  tubercules.  Régions  ordinai- 
rement très-distinctes  et  gibbeuses  :  la  stomacale  et  les  hépatiques 
antérieures  situées  dans  la  partie  rétrécie  du  corps;  les  branchiales, 
en  formant  la  partie  élargie,  souvent  placées  très  en  arrière  et  se  rap- 
prochant l'une  de  l'autre  postérieurement;  région  cordiale  très- 
saillante  ;  la  génitale  petite  et  transversale. 

Queue  composée  de  six  pièces  dans  les  deux   sexes. 

Pattes  généralement  grandes,  quelquefois  très-grêles  et  démesuré- 
ment allongées,  ainsi  que  le  rostre. 

I.    INACnUS    DE  LAMARCK. 

(PI.   IX,   fig.   i4  et  i5.) 
INACHUS  LAMARCKIJ. 

(  Long.  0,027.  Larg.  en  arrière,  o,025.  )  Nous  avons  eu  à  notre  dis- 
position deux  individus  de  cette  espèce;  l'un  nous  a  été  communiqué 
par  M.  Sage,  membre  de  l'Institut,  et  l'autre  par  M.  Fleuriau  de 
Bellevue.  Ce  dernier  fait  partie  du  cabinet  d'histoire  naturelle  de  la 
Tlochelle. 

Ce  Cruslacé  est  d'un  noir  lustré,  et  présente  de  nombreuses  aspé- 


iNACHUS.  117 


rites,  comme  toutes  les  espèces  congénères.  Sa  l'orme  générale  est  ovale 
et  très-renflée  postérieurement.  La  région  stomacale  est  très-grande , 
elli|)tiqne,  et  porte  quatre  tubercules  assez  saillans,  deux  de  chaque 
côté  ,  un  en  avant  et  un  second  en  arrière  et  en  dehors  de  celui-ci.  La 
région  génitale,  presque  réunie  avec  la  stomacale,  forme  une  pointe 
en  avant ,  dont  les  contours  sont  parallèles  à  ceux  du  rostre,  et  eu 
ariière,  on  y  voit  deux  gros  tubercules  assez  rapprochés  l'un  de  l'autre. 
La  séparation  de  cette  région  et  de  la  cordiale  est  bien  marquée,  et 
dans  l'enfoncement  qui  en  fait  la  limite,  il  y  a  vm  pli  saillant,  trans- 
versal et  rugueux.  La  partie  antérieure  de  cette  même  région  présente 
un  sillon  longitudinal  qui  se  prolonge  jusque  près  de  l'extrémité  d'un 
rostre  triangulaire,  à  bords  unis  et  à  pointe  assez  mousse.  Les  régions 
hépatiques  antérieures,  peu  saillantes,  offrent  chacune  un  gros  tuber- 
cule, et  sont  bordées  par  trois  épines,  dont  l'antérieure  forme  le  bord 
extérieur  de  l'orbite,  et  dont  les  deux  suivantes  sont  aplaties  et  di- 
rigées latéralement.  Les  yeux  sont  fort  écartés  pour  une  espèce  de  ce 
genre  ;  le  bord  intérieur  de  leur  orbite  se  prolonge  en  avant,  sans  den- 
telure ni  tubercule,  pour  former  celui  du  rostre. 

La  région  cordiale  ,  la  plus  relevée  de  toutes  est  fort  apparente , 
et  forme  comme  un  gros  tubercule  au  milieu  et  en  arrière  de  la  ca- 
rapace. Les  deux  régions  branchiales,  tout-à-fait  postérieures,  et 
se  touchant  en  arrière  ,  sont  séparées  des  premières  régions  par 
une  ligne  enfoncée  transverse,  qui  fait  suite  à  celle  qui  distingue  la 
région  génitale  de  la  cordiale.  Chacune  d'elles  offre  dans  son  milieu 
une  ligne  transverse  très-saillante  et  très-rugueuse ,  qui  la  sépare  en 
deux  parties,  dont  l'antérieure  très  -  inégale  a  deux  tubercules  ,  un 
petit  en  avant,  et  un  plus  gros  en  arrière,  sur  le  bord  interne,  et 
I  une  épine  assez  forte  au  bord  externe  ;  la  partie  postérieure  de  ces 
régions  branchiales  est  bombée  et  fortement  chagrinée,  et  il  y  a,  un 
peu  au  delà  de  la  ligne  saillante  transverse ,  sur  son  bord  externe,  une 
épine  aplatie  très-forte.  En  arrière  ces  deux  régions  sont  confondues.  Le 
bord  postérieur  de  la  carapace  a  un  sinus  assez  fortement  prononcé 
dans  son  milieu  ,   pour  l'articulation  de  la  queue. 

Toutes  les  autres  parties  de  ce  Crustacé  sont  tellement  enveloppées 
dans  la  pierre  ,  qu'on  ne  saurait  les  distinguer,  ni  les  décrire.  Ce  que 
l'on  aperçoit  de  mieux  caractérisé  dans  les  deux  échantillons  qui  nous 


Il8  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

ont  servi ,  c'est  la  grande  pièce  de  la  pince  ,  qui  paraît  lisse  ,  renflée , 
d'un  assez  gros  volume ,  et  qui  porte  un  petit  tubercule  sur  son  bord 
supérieur. 

Nous  ignorons  de  quels  lieux  provient  ce  Crustacé  ;  mais  sa  couleur 
foncée  et  luisante  pourrait  porter  à  penser  qu'il  se  trouve  dans  le  gisse- 
ment  de  l'ile  Shepey. 


SECTION    SIXIEME. 

LES   NOTOPODES. 

Test  renjle  en  arrière  ,  toujours  tronque'  en  avant  ;  les  deux  pieds  postérieurs ^ 
ou  même  les  quatre ,  terminés  en  crochet^  attachés  en  arrière  de  lu  carapace 
et  dirigés  en  dessus  ;  enfoncement  stemal  situé  en  arrière  et  non  en  dessous. 

ONZIÈME    GENRE. 
DORIPPE;  JDorippc,  Fabr.  ,  Latr.  ,  Léach. 

Carapace  plus  étroite  en  avant  qu'en  arrière ,  tronquée  carrément 
et  dentelée  dans  cette  partie  ,  ayant  ses  régions  distinctes,  les  orbites 
des  yeux  situées  vers  les  angles  de  la  troncature  antérieure  et  le  bord 
postérieur  très-large  et  sinueux.  Région  stomacale  médiocre,  bordée 
de  chaque  côté  par  les  hépatiques  antérieures  qui  sont  très-développées 
comparativement  à  celles  des  autres  Crustacés  ;  la  génitale  moyenne, 
terminée  en  pointe  en  avant,  et  bien  séparée  en  arrière  de  la  cordiale; 
celle-ci  très-distincte ,  arrondie  et  touchant  le  bord  postérieur  de  la 
carapace;  régions  branchiales  déprimées  ,  bordant  toute  la  partie  pos- 
térieure renflée  du  test ,  et  plus  ou  moins  rugueuses  ;  ouverture  buc- 
cale terminée  en  pointe;  pièces  slernales  des  secondes,  troisièmes  et 
quatrièmes  paires  de  pattes  en  forme  de  trapèze,  dont  la  partie  la 
plus  large  est  extérieure;  pièces  latéro-sternales  très-petites;  enfonce- 
ment on  sillon  du  sternum ,  ne  commençant  qu'à  la  seconde  paire 
de  pattes,  et  ouvert  postérieurement. 

Queue  formée  de  sept  pièces  dans  les  femelles. 

Pattes   très-longues  ;  les  quatre  dernières  relevées  sur  le  dos  ,  et 
terminées  par  des  crochets  simples. 

I.    DORIPPE    DE    RISSO 

(lM.X,fig.  i,2el3.) 

DORIPPE  RISSOANA. 

(  Long.  o,o3o.  Larg.  de  la  troncature  antérieure  0,017.  P'"^  grande 
larg.  du  test  en  arrière  0,082.)  Nous  avons  vu  cette  belle  espèce  dans  le 


120  CRUSTACÉS     FOSSILliS. 

cabinetdc  M.DEFRANCE,etnousla  rapportons,  sans  hésiter,  augenre  Do- 
rippe  de  rABRicius.Ellea,commelesCriistacésplacésdansce  genre,letest 
ovale  tronqué  et  plus  étroit  en  avant.  Son  front  était  probablement  ter- 
miné parunepointc  dont  on  voit  encore  le  commencement,  et  sans  doute 
aussi  il  existait  une  forte  épine  au  côté  extérieur  des  yeux,  qui  sont  mé- 
diocrement écartés  l'un  de  l'autre,  et  une  autre  également  forte,  en 
dessous  et  en  dedans  de  ces  mêmes  yeux.  La  région  stomacale  est  irré- 
gulière, médiocre  ,  peu  saillante;  la  génitale,  plus  distincte,  est  irré- 
gulière etmarquéede  cinq  petits  tubercules.  Deux  plis  obliques  et  relevés 
séparent  antérieurement  les  régions  branchiales,  qui  sontgrandes,  bom- 
bées et  ont  chacune  trois  tubercules  assez  saillans  et  disposés  sur  une 
ligne  oblique  de  dedans  en  dehors.  La  région  du  cœur  est  très-distincte, 
ovale  et  plus  étroite  en  avant;  son  milieu  est  partagé  par  une  ligne 
saillante  longitudinale ,  à  droite  et  à  gauche  de  laquelle  est  un  petit 
tubercule ,  et  elle-même  en  offre  un  à  peu  de  distance  du  bord  pos- 
térieur du  test;  antérieurement  ,  entre  cette  région  et  la  génitale,  se 
trouve  un  espace  relevé  qui  supporte  un  petit  tubercule  en  arrière.  Le 
contour  latéral  de  la  carapace  est  dentelé  :  le  postérieur  présente  trois 
sinus,  dont  celui  du  milieu  est  le  moins  profond,  et  il  est  rebordé.  Les 
trois  premiers  anneaux  de  la  queue  sont  conservés;  le  plus  rapproché 
du  corps  est  presque  carré  et  sans  tubercules  ;  les  deux  autres  sont 
plus  larges  et  en  présentent  chacun  trois  ,  rangés  sur  une  ligne  trans- 
versale. 

Le  test,  vu  en  dessous,  est  fort  compliqué,  et  nous  n'entreprendrons 
pas  de  le  décrire  ;  nous  dirons  seulement  que  l'ouverture  buccale  est 
presque  en  ogive,  que  la  première  pièce  du  sternum  est  fort  grande  , 
qu'elle  forme  un  angle  antérieur  très-marqué  ,  et  que  celles  qui  suivent 
sont  couvertes  de  rugosités. 

Il  y  a  l>ien  quelques  rapports  entre  ce  Crustacé  et  le  Dorippe  Fac- 
chino  de  MM.  Latreille  et  Risso,  qui  vit  dans  les  mers  d'Italie  ^  et  qui 
est  figuré  par  Plancus  (  De  conchœ  minus  nous,  tab.  5,  fig.  i .  )  ;  mais 
il  y  en  a  bien  plus  encore  avec  le  crabe  figuré  par  Herbst,  pi.  ii, 
fig.  70,  sous  le  nom  de  Dorippe  Frascone^  et  surtout  avec  une  espèce 
de  ce  genre  rappoitée  de  la  Nouvelle-Hollande  par  Péron,  et  nommée 
Dorippe  nodosa. 

Nous  sommes  d'autant  |)lus  portés  à  le  considérer  comme  étant  au 


RANINES.  121 

moins  très-voisin  de  ce  dernier,  que  nous  avons  cru  remarquer  que 
l'échantillon  que  nous  avons  décrit  pourrait  bien  n'être  véritablement 
pas  fossile.  En  effet,  quoique  brun  et  luisant  comme  les  crabes  fossiles 
qui  nous  viennent  des  Indes-Orientales,  il  est  bien  plus  léger,  plus 
friable  ,  et  n'est  pas  aussi  empâté  d'argile  que  ces  derniers. 


DOUZIEME    GENRE. 
RANINE;   ifam«a,  Latr.  Albunea ,  Fabk. 

Carapace  oblougue,  large  en  avant,  et  tronquée  ou  obtuse,  ayant 
ses  bords  latéraux,  sans  dentelures  ou  épines,  et  le  postérieur  assez 
étroit ,  transversal  et  droit  ;  cavité  buccale  rétrécie  et  an^ondie  à  son 
extrémité;  articles  de  la  base  des  pieds-mâchoires  étroits  et  allongés, 
l'externe  terminé   en  pointe. 

Queue  étendue,  en  triangle  allongé,  formée  de  sept  articles. 

Pieds  propres  à  la  natation ,  terminés  par  une  lame  ovoïde  pointue 
et  un  peu  arquée  à  son  extrémité  ;  ceux  de  la  dernière  paire  insérés 
sur  le  dos  \  pinces  comprimées  en  forme  de   triangle  dentelé. 

I.    RANINE    D'ALDPiOVANDE. 

(Pl.X,  %  5,  Gel  7.  PI.  XI,%,  I.) 
RANINA  ALDROVANDI. 

Sepites  saxum  os  Sepiœ  iniitans  effosum  in  agro  Bononîensi.  Aldrov.  ,  Mus. 

metall. ,  pag.  4^1  • 
Spada.  Corporum  lapidefactorum  agri  Veronensis  catalogus,  tab.  8, 

fig.  I  ;  edit.  2,  Veron. ,  1744- 
Bemipes  sii/ca/iis  ;  J)i.&m.  ,  ^ou\.  dict.dliist.na1.,   édit.  2,    1817.   tom.   8, 

pag.  5 12,  art.  Crusiacés fossiles. 
Ranina  AldrovanJi.  Ranzani,  Mem.  di  storia  naturale.  Deçà  prima.,  pag.  78  , 

tav.  5,  Bolonia,  1820. 

(Plus  grande  largeur  dé  la  carapace  o,o44'  Longueur  de  cette  même 
carapace  au  moins  0,046,  les  parties  antéi'ieures  et  postérieures  n'exis- 
ant  pas  dans    l'individu  mesuré.  )  On  trouve  dans  beaucoup  de  coUec- 

16 


t23  CRUSTACES     FOSSILES. 

lions  j  des  fragmens  de  pierre  calcaire  jaunâtre  à  grains  grossiers,  et  que- 
l'on  dît  venir  de  Vérone  et  de  Bologne  ,  sur  lesquels  on  remarque  des 
plaques  assez  larges  ou  des  tVagmens  de  tests  bombés  ou  arqués  et  tra- 
versés de  nombreuses  stries  crénelées  dans  le  même  sens.  Ces  fossiles 
sont  généralement  regardés  comme  des  Palais  de  poissons  pétrifiés,  et 
il  est  assez  difficile  en  effet  de  les  rapporter  à  autre  chose  dans  leur  état 
ordinaire  de  conservation.  Le  hasard  nous  a  servis  au  mieux  pour  faire 
connaître  la  vraie  nature  de  ces  prétendus  palais  de  poissons.  Nous  avons 
trouvé  chez  M.  de  France,  un  fragment  qui  ne  nous  a  laissé  aucun 
doute  à  ce  sujet;  c'était  la  partie  antérieure  d'un  test  avec  son  rebord 
inférieur,  et  des  fragmens  de  pieds-mâchoires  assez  longs,  mais  peu  lar- 
ges, qui  ne  pouvaient  appartenir  qu'à  un  Crustacé.  Voy.  pi.  X,  fig.  5, 6,  7. 

Partant  de  cette  donnée,  nous  parcourûmes  ensuite  la  série  des  ani- 
maux de  cette  classe ,  et  nous  ne  trouvâmes  que  les  deux  seuls  genres 
Hippe  et  Remipède  dont  le  corselet  ait  quelque  analogie,  dans  sa  forme 
générale  ou  dans  les  stries  trànsverses  qui  le  traversent ,  avec  le  corps 
pétrifié.  Les  Hippes  ont  des  sillons  transversaux  assez  marqués;  mais 
leur  carapace  n'est  pas  évasée  en  devant  comme  celle  du  fossile  ;  tandis 
que  dans  les  Remipèdes  la  partie  la  plus  large  du  test  est  environ  vers 
le  tiers  de  sa  longueur,  ce  qui  montre  plus  de  ressemblance  avec  ce  der- 
nier. Outre  cela,  le  fossile  et  le  Remipède  ont  les  côtés  du  test  rebordés, 
ce  qui  n'existe  point  dans  les  Hippes;  enfin,  dans  ceux-ci  les  pieds- 
mâchoires  ont  une  largeur  considérable  qu'on  ne  remarque  point  dans 
les  pieds-mâchoires  des  premiers.  Les  Remipèdes  ,  il  est  vrai ,  n'ont 
pas  les  sillons  transversaux  delà  carapace  très-distincts,  tandis  qu'ils 
sont  fortement  marqués  dans  le  fossile,  qui  a  aussi  de  beaucoup  plus 
grandes  dimensions  ;  mais  ces  différences  ne  nous  paraissaient  être 
que  du  plus  au  moins,  et  nous  pensions  qu'elles  pouvaient  caractériser 
seulement  des  espèces. 

Nous  nous  déterminâmes  conséquemmeut  à  placer  ce  fossile  dans  le 
genre  des  Remipèdes,  seulement  sous  la  considération  que  c'était  à  lui 
qu'il  convenait  le  plus  de  le  rapporter,  et  nous  déclarâmes  que  l'on  ne 
pourrait  toutefois  le  faire  définitivement  que  lorsqu'on  aurait  des 
pièces  plus  complètes  que  celles  que  nous  avions  eues  à  notre  disposi- 
tion ,  et  surtout  des  restes  qui  présenteraient  des  fragmens  de  la  queue 
ou  des  pieds. 


R  AN  INES.  12,3 

M.  le  professeur  Ranzajvi  a  été  plus  heureux  que  nous.  Il  a  trouvé  dans 
le  cabinet  d'histoire  naturelle  de  l'université  de  Bologne ,  fondé  par  Al- 
DROVANUE  ,  un  de  ces  fossiles  bien  plus  complet  que  ceux  que  nous  avions 
pu  examiner ,  et  le  même  que  ce  célèbre  naturaliste  avait  décrit  et  tiguré 
dans  son  3Iuséuni  métallique ,  publié  après  sa  mort  par  Bartolomeo 
Ambrosini.  Cette  pièce  présentait  le  dessus  de  la  carapace  presque  en- 
tier, et  une  grande  partie  du  dessous.  Comparée  par  M.  Ra?<zani  avec  la 
figure  delà  Ranine  dentée  de  M.  Latreille,  publiée  par  Eumvhius  {Am- 
boinsche  Rariteit  Kamer,  tab.  vu,  fig.  t  et  v  ),  il  a  remarqué  entre  elles 
des  ressemblances  si  nombreuses  qu'il  n'a  pas  hésité  à  les  rapporter  si- 
non à  la  même  espèce  ,  du  moins  au  même  genre  ;  et  nous  nous  plaisons 
à  reconnaître  la  justesse  de  ce  rapprochement. 

Nous  terminerons  cet  article  par  un  extrait  de  la  note  que  M.  RanzanicI 
insérée  dans  son  recueil  de  Mémoires  d'histoire  naturelle,  publié  en  1820, 
en  y  joignant  une  copie  exacte  de  la  figure  qu'il  donne  de  la  face  infé- 
rieure de  la  ranine  d'Aldrovande,  seulement  réduite  d'un  quart.  Voyez 
pi.  XI,  fig.  I. 

«  Parmi  les  caractères  du  genre  Ranine àe  M.  Latreille,  dit  M.  R an- 
ZAKi,  on  remarque  la  forme  delà  carapace  généi'alement  oblongue  et 
tronquéeà  son  bord  antérieur;  celle  des  pieds-mâchoires  externes  qui  ont 
leur  division  intérieure  longue  et  étroite;  celle  des  pieds  qui  suivent  les 
pinces  ou  les  bras,  et  dont  deux  paires  sont  situées  au-dessus  des  autres  ; 
et  celle  de  la  queue,  qui  est  courte  et  constamment  étendue  comme 
celle  des  Cinislacés  macroures  de  M.  Latreille,  ou  des  Exochnata  de 
Fabricius.  Maintenant  si  l'on  examine  comparativement  la  carapace  de 
notre  Crustacé  (pi.  X,  fig.  5,  6  et  7,  et  pi.  XI,  fig.  i),on  reconnaît  qu'elle 
est  oblongue  et  tronquée  transversalement  en  avant,  comme  celle  des 
espèces  vivantes  du  genre  Ranine^  et  que  la  division  interne  des  pieds- 
mâchoires  (pi.  XI ,  fig.  I  c  )  a  la  même  étroitesse  que  celle  de  ces  ani- 
maux. Quoique  les  pieds  manquent  dans  ce  fossile,  il  y  a  cependant  des 
motifs  de  croire  qu'ils  étaient  situés  à  peu  près  comme  dans  les  Ranines, 
puisque  leur  seconde  paire  est  articulée  avec  le  tronc,  fort  en  arrière 
(pi.  XI,  fig.  I,  ^),  et  que  l'espace  qui  reste  pour  l'articulation  des  der- 
niers est  trop  petit  pour  que  ceux-ci  n'aient  pas  été  superposés  les  uns 
sur  les  autres.  « 

Pour  ce  qui  concerne  la  queue,  un  petit  fragment  qui  reste  à  la  suite 

16. 


124  CRUSTACES     FOSSILES. 

delà  partie  supérieure  de  la  carapace  suffit  pour  prouver  qu'elle  n'était 
])as  très-étroite  à  sa  base;  d'ailleurs  il  semble  que  le  rapprochement  et 
la  superposition  déjà  indiqués  des  pieds,  et  la  brièveté  de  la  queue, 
donnent  des  caractères  subordonnés  l'un  à  l'autre;  car  si  la  queue  eût  été 
longue,  les  pieds  auraientdû  être  écartés  les  uns  des  autres  afin  de  conser- 
ver au  corps  l'équilibre  nécessaire  pour  la  marche  et  la  natation  :  or,  les 
pieds  du  fossile  d'Aldrovande  ayant  dû  se  trouver  attachés  au  corps  dans 
un  espace  très-étroit,  comme  ceux  des  Ranines  vivantes,  on  peut  en  con- 
clure que  la  queue  de  ce  fossile  devait  être  aussi  proportionnelle  à  celle 
des  Ranines.  En  outre,  on  peut  croire  que  cette  queue,  au  lieu  de  se 
tenir  habituellement  infléchie ,  comme  celle  des  Crustacés  brachyures, 
était  constamment  droite  comme  celle  des  macroures  ,  puisque  les  pieds 
de  la  seconde  paire  (fig.  i,  *)  et  même  ceux  de  la  paire  suivante,  sont 
entre  eux  et  à  leur  base  rapprochés  de  façon  que  si  la  queue  se  repliait 
en  dessous,  elle  ne  trouverait  pasde  place  pourseloger  entre  eux,  comme 
cela  existe  dans  les  Crustacés  brachyures. 

L'espace  qui  reste  de  chaque  côté  despieds-iuâchoires  externes  (tig.  i, 
'^,  ^)  montre  clairement  que  les  bras  de  notre  Crustacé  étaient  non-seu- 
lement aussi  longs,  mais  aussi  larges  que  ceux  des  Ranines  vivantes. 

Enfin  la  lame  sternale  (fig.  i,  '^  )  et  les  pièces  plus  petites  qui  s'y  joi- 
gnent latéralement,  et  en  arrière  dans  sa  partie  retrécie,  sont  à  très-peu 
i)rès  conformées  comme  les  pièces  correspondantes  dans  les  Ranines. 

M.  Ranzani  propose  pour  nom  spécifique  de  cette  espèce,  celui  de 
Ranina  Aldrovandi ,  que  nous  adoptons  et  que  nous  substituons 
à  celui  de  Remipes  sulcatus  que  nous  lui  avions  d'abord  assigné. 

Le  test  de  cette  espèce  fossile  n'offrant  pas  d'épines  en  avant  de  la  ca- 
rapace, comme  celui  des  deux  seules  Ranines  vivantes  connues,  les  Ra- 
nina dentata  et  dorsipes ,  on  ne  peut  la  confondre  avec  elles.  M.  1{an- 
zANien  donne  la  définition  suivante:  Ranina  Jldrovandi  ^  R.  testa 
ovato-ohlonga  ,  punctis  promiîientibus  in  arcus  dispositis  ornata  ; 
pedipalpis  exterioribus ,  ac  lamina  sternali  pimctata  ,  punctis  pro- 
niinentihus ,  sparsis. 

A  cette  occasion,  nous  ferons  remarquer  que  la  figure  que  M.  Ran- 
zani donne  de  son  crustacé,  diffère  un  peu  de  ce  qui  existe  surlcs pièces 
que  nous  avons  examinées,  dans  la  disposition  des  lignes  iransverscs,  sail- 
lantes et  granuleuses  du  dessus  delà  carapaccDans  le  fossile  du  Muséum 


RANINES.  125 

de  Bologne,  ces  lignes  représentent  de  petits  arcs  dont  la  convexité  est 
tournée  vers  la  partie  postérieure  du  test,  et  ces  arcs  s'entrecoupent  les 
uns  les  autres ,  comme  le  font  les  contours  des  écailles  d'un  poisson.  Dans 
les  nôtres ,  la  plupart  des  lignes  saillantes  traversent  d'un  bord  à  l'autre 
et  sont  irrégulièrement  sinueuses. 

Il  ne  serait  pas  impossible  que  ces  différences  dussent  faire  distinguer 
deux  espèces  voisines  l'une  de  l'autre,  dans  le  genre  Ranine. 


Ici  se  termine  la  série  des  Crustacés  décapodes  brachyures  dont  nous 
avons  pu  constater  l'existence  et  détailler  les  principaux  caractères.  lien 
est  encore  beaucoup,  sans  doute,  qui  ne  nous  sont  pas  connus  on  qui 
^sont  indéterminables ,  bien  cependant  qu'on  puisse  les  rapporter  à 
l'ordre  de  Crustacés  où  ils  doivent  prendre  place.  Parmi  ces  derniers, 
nous  citerons  seulement,  i°  les  grands  Crabes  enfouis  dans  les  feuillets 
du  calcaire  marneux  de  Monte-Bolca,  dont  la  carapace  n'est  jamais  bien 
conservée.  Ils  ont  la  taille  du  Cancer  Mœnas ,  et  la  coupe  de  leur  corps 
les  en  rapproche  beaucoup,  ainsi  que  la  forme  et  la  disposition  de  leurs 
membres.  La  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  en  possède,  un 
dont  les  pattes  sont  surtout  bien  conservées.  2°  Un  Po7'/7<7?e  en  très- 
mauvais  état,  de  la  collection  deM.oEDRÉE,  et  indiqué  comme  venant 
des  environs  de  Bordeaux.  3"  Un  Inachns,  de  la  marne  jaunâtre  de  Mont- 
martre, oii  se  trouve  la  Leucosie  de  Prévost.  4"  Un  Crabe j  trouvé  dans 
des  argiles  verdâtres  et  sablonneuses  des  environs  de  Béziers^  et  qui  fait 
partie  de  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  5°  Un 
Crabe  venant  sans  doute  des  Indes  orientales,  si  l'on  en  juge  par  son 
mode  de  conservation,  et  qui  est  un  peu  plus  petit  que  le  Cancer Mœnas^ 
avec  la  carapace  ponctuée  et  garnie  sur  chaque  bordantéro-latéral  de  huit 
ou  neuf  dentelures.  6°  et  7°  Deux  Crabes  de  l'Amérique  septentrionale, 
dont  M.  Lesueur  nous  a  envoyé  des  croquis. 

M.  Ma>tell  a  trouvé  dans  la  craie  d'Angleterre  les  débris  de  cinq 
espèces  de  Crustacés  brachyures  qui  nous  sont  inconnues,  mais  dont 
l'une,  par  la  forme  ellipsoïdade  de  son  test,  et  par  les  dentelures  de  ses 
bords  latéraux-antérieurs,  semble  se  rapporter  au  genre  Cojystes  plutôt 
qu'à  tout  autre. 


126  CRUSTACES     FOSSILES. 

En  général ,  les  Crustacés  brachyures  fossiles  observés  jusqu'à  ce  jour, 
Anennent ,  pour  l'Asie  ,  des  côtes  du  Malabar ,  de  Tranquebar ,  de  Coro- 
mandel,  de  Chine  et  du  Japon,  de  Java,  des  Philippines,  etc.  Pour  l'Eu- 
rope, outre  les  lieux  cités  plus  haut,  des  schistes  du  canton  de  Claris  en 
Suisse,  et  principalement  du  Legerberg  et  du  Schnekenberg,  de  quelques 
points  de  la  Franconie ,  du  pays  d'Hanovre ,  etc. 

Des  pinces  ont  été  trouvées  par  Lamanon  ,  dans  les  carrières  d'Aix 
en  Provence ,  et  M.  Audouin  nous  a  remis  quelques  portions  de  test 
indéterminables  qu'il  a  recueillies  dans  les  couches  inférieures  à  la  craie , 
au  cap  la  Héve  près  du  Havre. 

Nous  regarderons  comme  de  véritables  fossiles  le  Cancer  spini- 
frons,  le  Maia  Squinado ,  ainsi  que  le  Pagurus  Bernhardus ,  etc. , 
trouvés  par  M.  Risso  avec  des  coquilles  qui  vivent  à  présent  dans  la  Mé- 
diterranée et  qui  ont  conservé  leurs  couleurs,  dans  une  couche  de  sable 
delà  presqu'île  de  Saint-Hospice  ,  près  de  Nice.  Néanmoins,  n'ayant 
pu  les  comparer  nous-mêmes  aux  espèces  analogues,  nous  nous  abs- 
tiendrons d'en  faire  ici  mention. 


SECONDE    FAMILLE. 

DÉCAPODES   MACROURES. 

Carapace;  plus  longue  que  large ,  le  plus  souvent  cjlindroide  , 
queue  très-grande ,  étendue ,  terminée  par  des  appendices  na- 
tatoires. 

PREMIER    GENRE. 
PAGURE  ;  Pngunis,  Fabr.  ,  Latr.,  Leach. 

Corps  et  Queue  très-mous,  ne  paraissant  pas  susceptibles  de  pétrifi- 
cation. Carapace  présentant  des  régions  très-distinctes  dans  les  espèces 

vivantes. 

Pieds  de  la  première  paire  terminés  en  pinces;  de  grandeur  inégale 
(le  plus  gros  étant  ordinairement  le  droit);  ces  pieds  se  présentant  à 
l'ouverture  d'une  coquille  où  l'animal  se  loge. 

I.   PAGURE    DE   FAUJAS. 

(  PI.  XI ,  fig.  2.  )  : 

PAGLRVS  FAUJASII. 

Bernard  l'hermite.  Faxjjas  ,  Hist.  tle  la  montagne  de  Saint-Pierre  de  Maës- 
tricht ,  page  179,  pi.  32,  fig.  5  et  6. 

M.  Faujas,  dans  l'ouvrage  que  nous  citons,  a  décrit  et  figuré  des 
pinces  de  Crustacés,  qu'il  a  trouvées  fréquemment  dans  la  montagne  de 
Saint-Pierre  et  dans  les  collines  du  voisinage  qui  sont  formées  de  la  même 
pierre.  Ces  pinces,  dont  l'enveloppe  est  blanche  et  calcaire,  sont  toujours 
par  paires,  .sans  trace  de  corps  ou  d'autres  parties;  aussi  M.  FaujasIcs  a-t-il 
regardées  comme  étant  celles  d'un  Pagure  ou  d'un  Bernard-l'ïier- 
mite,  et  ce  rapprochement  est  d'autant  plus  vraisemblable  que  la  courbure 
de  ces  pinces,  leur  grosseur  relative,  leur  direction, sont  en  tout  sembla- 
bles à  ce  qu'un  observe  dans  les  Pagures  vivans.  L'espèce  à  laquelle  elles 
ont  appartenu  est,  selon  M.  Latreille,  très-voisine  de  la  plus  commune 
(le  Pagurus  Bernhardus);ciiY  ic'\,  comme  dans  l'autre, c'est  le  bras  droit 


1^^  CRliSTAClîS      FOSSILES. 

qui  est  le  plus  fort;  la  main  a  la  même  foniie  dans  les  deux;  la  principale 
différence  qui  existe,  consiste  simplement  dans  un  plus  grand  nombre 
d'asiiéiités  et  dans  un  allongement  des  doigts  un  peu  plus  grand  chez  le 
fossile,  que  dans  le  Pagurus  Bernhaidm. 

La  pince  du  fossile  est  assez  renflée  et  légèrement  comprimée,  et  ses 
deux  bords,  supérieur  et  inférieur,  sont  marqués  d'une  ligne  saillante 
granuleuse  qui  s'étend  dans  toute  leur  longueur;  les  deux  doigts  sont  à 
peu  près  de  même  force  et  de  même  forme,  c'est-à-dire,  longs  et  un 
peu  arqués  l'un  vers  l'autre  ;  leurs  bords  internes  sont  aussi  garnil^de 
lignes  saillantes  granuleuses.  La  pièce  qui  précède  la  pince ,  ou  le  carpe, 
a  son  bord  antérieur  dessiné  par  une  ligue  saillante  granuleuse,  et  les 
angles  de  ce  même  bord  sont  aussi  pourvus  d'une  ligne  transversale  peu 
étendue,  dentelée.  La  pièce  qui  se  trouve  avant  celle-ci,  ou  la  seconde  de 
la  patte,  est  granuleuse,  et  la  première^  ou  la  plus  petite  de  toutes,  est  lisse. 

Le  terrain  où  l'on  trouve  ces  pinces,  est  une  craie  grossière  sablonneuse 
qui  renferme  des  coquilles  fossiles  des  genres  Baculite  ,  Ammonite,  Pec- 
ten,  Térébratule,  etc.,  des  ossemens  nombreux  de  tortues  marines, 
et  ceux  d'une  très-grande  espèce  de  reptile  saurien  rapportée  d'abord 
aux  Crocodiles,  mais  que  M.  Guvier  regarde  comme  appartenant  au 
genre  des  Monitors. 


DEUXIÈME    GENRE. 
ÉRYON;    Eryon,  ÎSoB. 

Carapace  plane,  large,  ovale^  fortement  découpée  sur  ses  bords 
antérieurs,  droite  sur  ses  bords  latéx-aux  ;  antennes  mitoyennes  très- 
courtes,  bifides,  multiarticulées,  avec  leur  division  interne  à  peu  près 
égale  à  l'externe  ;  antennes  extérieures  courtes,  ayant  leur  pédoncule  al- 
longé et  recouvert  par  une  écaille  assez  large  ovoïde  et  fortement  échan- 
crée  du  côté  intérieur  ;  ouverture  buccale  allongée  et  assez  étroite. 

Queue  assez  courte,  terminée  par  cinq  écailles  natatoires,  dont  les 
deux  latérales  sont  assez  larges  et  un  peu  arrondies  au  côté  interne, 
et  dont  les  trois  moyennes  sont  triangulaires. 

Pieds  de  la  première  paire  à  peu  près  aussi  longs  que  le  corps,  grêles 


ERYONS.  t29 

et  terminés  en  pinces,  à  doigts  minces  et  peu  arqués  ;  les  suivans  plus 
petits,  et  étant  (au  moins  ceux  des  deux  premières  paires)  également 
terminés  par  une  pince. 

I.    ERYON   DE   CUVIER. 

(PI.  x,ng.  4.) 

ERYON    CVFIERI. 

Locusfa  marina  seii  carabus.  Baier  ,  Oryctographia  norica  ,  suppi;  pag.   i3  , 

tab.  8  ,  fig.  I  et  2. 
Aslacus  Jluvialllis  lapideits  in  tabula  Pappenheimensi ,  cujus  chelœ  rufo  colore 

tinctœ.  RiCHTER,  Muteum  Richtcrianum,  tab.  i3,  M  n"  82. 
Brachyiirus  thorace  laieribus  inciso.  Wa],cu  et  Knorr,  Rec.  desmonum.  des 

calast.  du  globe,  tom.  i  ,  pag.  i36et  iSy,  pi.  \l^i  ,  i4iA,  i4iB,  i5,  2,  4. 
Cancer  arcticus.  Schlotheiîm  . 

Ce  Crustacé  a  été  souvent  trouvé  dans  la  pierre  calcaire  fissile  de 
Pappenheim,  de  Solnhofen  et  d'Aichstedt,  dans  le  margraviat  d'Ans- 
pach.  L'individu  que  nous  figurons  entier  appartenait  à  M.  Faujas. 

Les  caractères  les  plus  frappans  de  ce  fossile  remarquable  sont  tirés 
de  son  test  très-large,  déprimé,  chagriné  en  dessus^  finement  dentelé 
sur  ses  bords  latéraux,  qui  sont  droits,  et  qui  présentent  en  avant  deux 
échancrures  profondes  et  assez  larges;  sa  tête  forme  une  légère  saillie  , 
munie  d'antennes  sétacées,  fort  courtes;  ses  pattes  antérieures  au  moins 
aussi  longues  que  le  corps,  sont  terminées  par  des  pinces  à  doigts  assez 
grêles  et  peu  arqués;  la  queue  est  formée  de  six  segmens,  dont  les  cinq 
premiers  ont  les  bords  anguleux;  il  y  a  cinq  écailles  caudales,  dont  les 
trois  du  milieu  triangulaires  ,  et  les  deux  autres  à  peu  près  ovales. 

Ce  genre,  par  l'aplatissement  de  son  test  et  la  forme  de  sa  queue, 
a  quelques  rapports  avec  les  Scyllares;  mais  il  en  diffère  éminemment 
par  ses  longues  pinces,  et  il  s'éloigne  des  Langoustes  par  ses  antennes 
externes,  sétacées,  multiarticulées,  minces  et  courtes;  tandis  que  ces 
mêmes  parties  ont  dans  ces  derniers  Crustacés  une  longueur  extraordi- 
naire, et  que  dans  les  Scyllares,  elles  sont  réduites  seulement  aux  arti- 
cles de  la  base,  très-aplalis  et  élargis,  et  qui  forment  comme  une  sorte 
de  crête. 


17- 


[3o  CRUSTACES     FOSSILES. 


TROISIÈME    GENRE. 

SCYLLARE;  5cy//fl/M5 ,  Fabr.  Latk. 

Carapace  presque  carrée ,  présentant  de  fortes  tubérosités  ou  a  spé- 
rités;  région  stomacale  triangulaire,  plane,  tronquée  transversalement 
en  avant;  région  génitale  formant  un  gros  tubercule  au  milieu  du  test, 
et  suivie  de  la  cordiale  qui  présente  aussi  une  saillie  remarquable  ;  ré- 
gions branchiales  petites,  allongées  et  médiocrement  saillantes  ;  yeux 
très-écartés  ;  les  deux  premiers  articles  des  antennes  extérieures  très- 
larges,  aplatis  et  dentelés  en  forme  de  crête. 

Tous  les /?iWj  terminés  par  une  simple  pointe;  la  première  paire 
légèrement  plus  grosse  que  les  autres. 

Queue  formée  de  six  articulations  et  terminée  par  cinq  lames  na- 
tatoires. 

I.    SCYLLARE   DE    MANTELL. 

(  Non  figuré.  ) 
SCYLLARUS   MANTE  LU. 

(Long,  de  la  carapace,  0,027.  Larg.,  o,o3o.)  Nous  ne  possédons 
qu'une  carapace  de  cette  espèce ,  qui  a  été  trouvée  sur  la  côte  d'Angle- 
terre. Sa  surface  est  grossièrement  chagrinée  et  ses  régions  sont  bien 
marquées  ;  deux  sillons  obliques  très- en  foncés,  viennent  de  chaque  côté 
depuis  l'angle  antérieur  latéral ,  où  se  voit  la  fossette  de  l'œil,  jusque 
vers  le  miheu  du  lest ,  et  dessine  ainsi  la  région  stonaacale.  La  région 
génitale  forme  une  colline  qui  s'étend  en  s'abaissant  jusqu'au  bord  an- 
térieur du  test.  La  région  cordiale  lui  est  liée  en  arrière ,  et  fait  une 
saillie  remarquable.  Une  profonde  excavation  sépare  de  chaque  côté 
ces  régions  de  la  branchiale.  Les  bords  latéraux  paraissent  irréguliè- 
rement rugueux.  Les  antennes  extérieures  manquent  ;  mais  en  dessous, 
les  bases  des  cinq  paires  de  pattes  ont  la  disposition  qu'on  remarque 
dans  les  Scyllares  vivans. 


« 


LANGOUSTES.  l3l 


QUATRIÈME  GENRE.. 

LANGOUSTE;   J°«//m^n/5,  Fabe.,  Latr.,  Leach. 

Carapace  cylindroide  allongée^  ayant  diverses  régions  ,  surtout  la 
stomacale  et  les  branchiales,  bien  nettement  marquées,  et  présentant 
desanfractuosités  et  des  lignes  enfoncées  plus  nombreuses  que  celles  du 
test  des  autres  Crustacés  macroures;  antennes  latérales  très-longues  et 
très'fortes. 

Pieds  terminés  par  des  articles  pointus. 

Nota.  Un  Crustacé  de  la  collection  du  Muséum,  compris  dans  les 
feuillets  du  calcaire  marneux  de  Monte-Bolca ,  appartient  évidem- 
ment à  ce  genre;  car  ses  antennes  et  ses  pieds  présentent  clairement  les 
caractères  que  nous  avons  indiqués ,  et  sa  taille  est  à  peu  près  celle 
de  la  langouste  commune  {  Palinurus  qiiadricornis  ).  Sa  carapace 
n'étant  pas  bien  conservée,  nous  nous  abstiendrons  de  la  décrire. 

Il  nous  reste  deux  Crustacés  dont  nous  ne  possédons  au  contraire 
que  le  test,  et  cette  partie  ne  nous  paraît  pas  suffisante  pour  les  faire 
rapporter  avec  certitude  à  ce  genre.  Néanmoins  nous  les  y  laisserons 
provisoirement ,  attendu  qu'on  ne  pourrait  les  ranger  dans  les  autres 
genres  de  la  famille  des  Macroures,  dont  la  forme  générale  est  la 
même.  Les  Alphées  ,  les  Penées  et  les  Palémons  ont  en  effet  la  tête  ter- 
minée par  un  rostre  très-comprimé,  avancé,  relevé  et  denté  en  scie, 
tandis  que  nos  Crustacés  ont  le  rostre  médiocre ,  placé  dans  la  direction 
générale  du  corps,  triangulaire  et  creusé  en  gouttière.  Tous  les  autres 
genres  voisins  de  ceux  que  nous  venons  de  nommer  ,  tels  que  les 
Processes,  les  Crangons,  les  Pandales,  etc.,  ont  d'ailleurs,  comme  eux, 
le  test  très-mince  et  très-lisse,  sans  régions  distinctes ,  et  les  Galatées  ont 
le  leur  divisé  en  un  grand  nombre  de  petites  écailles,  ou  tout-à-fait 
lisse  et  saillantsur  les  côtés;  enfin  les  vraies  Écrevisses  ou  Homards  n'ont 
de  distinctes  que  les  régions  de  l'estomac  et  du  cœur,  sans  autres  traces 
de  division  de  leur  carapace. 


'7- 


l32  CRUSTACES     FOSSILES. - 

I.    LANGOUSTE    DE    LESUEUR. 

(  PI.  X  .,  fig.  8.  Carapace  vue  en  dessus ,  et  fig.  9  ,  la  même  vue  de  côté.  ) 
PALINVRVS  SVERII. 

(Long,  de  la  carapace,  0,082.  Larg.  prise  vers  le  milieu  des  régions 
branchiales,  0,026.  Hauteur  o,oi4-  )  Nous  n'avons  vu  qu'une  ca- 
rapace pëtrifiée  en  matière  calcaire,  et  qui  nous  a  été  prêtée  par 
M.  le  général  polonais  Corvin  Rosakoski.  Elle  est  à  peu  près  de  la 
taille  de  celle  d'une  écrevisse  ordinaire ,  et  partout  granuleuse  ;  elle  a 
un  très -petit  rostre  triangulaire,  creusé  en  gouttière,  et  point  d'é- 
pines en  avant  ;  le  reste  du  bord  antérieur  est  trop  peu  complet 
pour  être  décrit.  Sa  surface  est  partagée  en  trois  parties  distinctes 
par  des  lignes  enfoncées,  transversales,  la  première  peu  sinueuse, 
et  la  seconde  plus  large,  en  forme  de  V  ,  et  rebordée.  Les  deux 
premières  parties  séparées  par  ces  lignes  sont  tuberculeuses  :  l'une 
d'elles,  l'antérieure,  est  la  région  stomacale,  et  la  seconde  la  région 
génitale.  La  troisième  partie,  qui  correspond  à  la  place  des  branchies 
de  chaque  côté,  est  simplement  granulée,  et  il  est  probable  que  la 
région  du  cœur  est  confondue  avec  elle  vers  le  bord  postérieur,  qui 
est  sinueux  ,  arrondi  et  marqué  d'une  double  ligne  saillante  qui  en  suit 
tout  le  contour. 

Nous  ignorons  de  quel  lieu  vient  ce  fossile. 

2.   LANGOUSTE   DE   REGLEY. 

(PI.  XI,  fig.  3.) 
PALINURUS  REGLEY  ANUS. 

(Long,  approximative  de  la  carapace,  0,082,  —  de  la  région  stomacale 
o,oi5,  —  des  régions  génitale  etcordiale  réunies  0,017. Hauteur  de  cette 
carapace,  à  la  région  branchiale,  0,014.  Son  épaisseur,  au  même  point, 
0,012.)  Des  deux  individus  de  cette  jolie  espèce,  que  nous  avons  exa- 
miné .,  l'un  appartient  à  M.  Regley  ,  et  l'autre  qui  fait  partie  de  la  col- 
lection d'histoire  naturelle  de  Besançon,  nous  a  été  confié  par  le  con- 


LANGOUSTES.  l33 

servateur  de  cette  collection,  M.  Gévril.  Ils  sont  renfermés  tous  les  deux 
dans  une  pierre  calcaire  de  couleur  rose,  à  grain  assez  grossier,  ibr- 
mant  une  sorte  de  caillou  roulé  ,  de  la  grosseur  du  poing  ,  et  ils  ont  été 
trouvés  au  village  de  Ru,  près  Vcsoul. 

Dans  celte  espèce  la  carapace  est  allongée  ,  comprimée,  rebordée  sur 
ses  contours ,  et  partout  couverte  de  points  granuleux  assez  espacés 
entre  eux.  La  région  stomacale  est  un  peu  anguleuse  et  marquée  en 
dessus,  dans  son  milieu,  d'une  ligne  un  peu  saillante  en  avant,  mais 
qui  se  change  postérieurement  en  un  sillon  droit,  prolongé  jusqu'à 
la  région  du  cœur  :  on  voit  une  ligne  saillante,  granuleuse,  longitu- 
dinale, sur  chaque  côte  de  cette  région,  et,  près  de  son  bord  posté- 
rieur ,  on  remarque  un  petit  sillon  transversal  peu  étendu  aussi  de 
chaque  côté.  Le  grand  sillon  transversal  de  la  carapace,  situé  en  ai'- 
rière  de  la  région  de  l'estomac ,  est  très  -  fortement  prononcé.  La 
région  génitale  est  très-large  et  partagée  en  deux  parties  par  la  ligne  en- 
foncée ,  longitudinale ,  qui  vient  du  milieu  de  la  région  stomacale. 
Chacune  de  ces  parties  a  latéralement  une  petite  impression  trans- 
versale. La  région  cordiale  est  d'une  moyenne  étendue,  de  forme  pen- 
tagonale,  marquée  dans  son  milieu  d'une  petite  carène  relevée,  qui 
est  la  suite  du  sillon  moyen  des  régions  génitale  et  stomacale.  De 
chaque  côté  est  un  petit  appendice  triangulaire,  allongé.  Les  x'égions 
branchiales,  fort  distinctes,  sont  séparées  l'une  de  l'autre  par  une  ligne 
moyenne  enfoncée,  et  le  sont  aussi  des  régions  cordiale  et  génitale  par 
une  autre  ligne  oblique  ,  qui  se  rend  sur  les  côtés  de  la  carapace,  au 
point  où  aboutit  son  grand  sillon  transversal. 

CINQUIÈME    GENRE. 
PALÉMON  ;    Palœmon,  Fabr.  ,   Latk.  ,  Leach. 

Carapace  cylindroïde  ,  assez  courte ,  mince ,  sans  régions  dis- 
tinctes, terminée  le  plus  souvent,  à  sa  partie  antérieure,  par  un  rostre 
comprimé,  très-aigu,  plus  ou  moins  denté  en  scie  sur  les  bords  supé- 
rieur et  inférieur  ;  antennes  très-longues,  les  intermédiaires  étant  for- 
mées de  trois  filets,  dont  deux  plus  grands  que  le  troisième. 

Les  quatre  pieds  antérieurs  terminés  en  pince. 


l34  CRUSTACÉS      FOSSILES. 

1.    PALÉMON   SPINIPÈDE. 

(PI    xi,fig.-4.) 

PALEMON  SPINIPES. 

Baiek,  Oryclog.  norica  suppl. ,  tab.  8,  fig.  9. 

Locusia  brnchiis  conti-acfis.  Walch.  et  Knoru.,  Monuni.  du  déluge,  tom.  I, 
pi.    i3.  Tî.  I  ,    i^T  C  I  et  2  ,    16  I  et   2  ,    i3  A. 

(  Longueur  totale,  mesurée  depuis  le  JDOut  du  rostre  jusqu'à  l'ex- 
trëmité  de  la  queue,  0,1 55.  Longueur  du  rostre,  o,025.  Long,  des  na- 
geoires de  la  queue,  0,028.  )  Ce  crustacé  se  trouve  fréquemment  dans 
la  pierre  calcaire,  bitumineuse,  fissile  de  Pappenheim  et  de  Solnbofen; 
mais  il  y  est  rarement  bien  conservé. 

N'ayant  jamais  vu  de  pièce  plus  entière  que  celle  qui  est  figurée  dans 
l'ouvrage  de  Knoer  et  Walch  (  pi.  i3,  B.  ) ,  nous  nous  bornerons  à 
décrire  celle-ci  ;  mais  auparavant  nous  devons  dire  quels  sont  les 
motifs  qui  nous  ont  déterminés  à  placer  cette  espèce  plutôt  dans  le 
genre  Palémon  que  dans  les  genres  voisins.  Nous  tirons  ces  motifs , 
1°  de  ce  que  nous  trouvons  les  filets  des  antennes  intermédiaires  au  nom- 
bre de  trois;  ce  qui  n'est  que  dans  ce  seul  genre,  et  ce  qui  se  voit  très-bien 
dans  la  pi.  i3  B  de  Rnorr  ;  1°  de  ce  que  deux  de  ces  filets  sont  presque 
aussi  longs  que  les  antennes  extérieures;  3"  de  ce  que  les  deux  dernières 
paires  de'pieds,  au  moins  dans  les  individus  que  nous  avons  examinés,  ne 
sont  pas  terminés  par  des  pinces,  et  que  d'après  la  ligure  i3  B  de  Rnorr, 
déjà  citée',  il  paraîtrait  que  les  deux  premières  en  seraient  pourvues,  l'une 
d'elles  les  ayant  assez  fortes  mais  linéaires;  4°  enfin,  de  ce  que  le  test 
est  terminé  en  avant  par  un  rostre  très-avancé ,  comprimé  et  cultri- 
forme. 

Le  Crustacé  de  Rnorr  et  de  Walch  dont  nous  donnons  une  copie 
est  vu  comme  de  profil.  Son  rostre  ,  relevé  vers  sa  pointe  ,  n'a  pas  de 
dentelures  sensibles,  soit  qu'elles  n'aient  jamais  existé,  soit  qu'elles 
n'aient  pas  été  conservées.  Les  antennes  intérieures  ne  laissent  voir 
que  leurs  longs  filets  ;  les  extérieures  sont  plus  fortes  et  infléchies. 
Les  extrémités  des  pieds  sont  en  général  mal  conservées.  Les  quatre 
premières  paires  de  ces  pieds  ont  la  face  postérieure  de  leurs  premiers 


PALÉMONS.  l35 

articles  munie  d'épines  fort  longues  et  rangées  en  une  seule  série  comme 
les  dents  d'un  râteau.  Les  pattes  de  la  dernière  paire  sont  très-grêles, 
allongées,  et  l'une  d'elles,  bien  apparente,  semble  terminée  par  un  seul 
crochet.  La  queue  est  formée  de  six  articulations  dont  la  dernière 
donne  attache  anx  pièces  de  la  nageoire  caudale,  dont  nous  n'avons 
pas  pu  bien  déterminer  les  formes. 


Tels  sont  les  Crustacés  décapodes  macroures ,  véritablement  détermi- 
nables ,  qui  sont  à  notre  connaissance  ,  et  cependant  les  dépouilles 
de  ces  animaux  ne  sont  pas  plus  rares ,  dans  le  sein  de  la  terre ,  que 
celles  des  Crustacés  décapodes  brachyures.  On  les  trouve  tout  aussi 
souvent,  mais  comme  leur  test  était  formé  de- parties  plus  nombreuses 
et  ordinairement  fort  Kîinces,  leur  conservation  a  été  moins  facile.  On 
ne  peut  même  le  plus  souvent  arriver  à  la  détermination  de  leurs 
genres,  et  cela  a  lieu  surtout  pour  les  Palémons,  les  Alphées,  les  Penées, 
les  Processes  de  Léach  (  ou  Nikas  de  Risso  ) ,  qui  ne  diffèrent  entre 
eux  que  par  le  nombre  de  leurs  serres  ou  des  filets  de  leurs  antennes 
intérieures,   toujours  perdus   dans  les  fossiles. 

Quoiqu'il  en  soit,  nous  croyons  utile  d'indiquer  ici  quelques-uns 
des  Crustacés  macroures  dont  les  ouvrages  font  mention ,  ou  ceux  dont 
nous  avons  vu  des  échantillons.  Cette  énumération  pourra  engager  les 
naturalistes  à  prendre  de  nouveaux  renseignemens  pour  arriver  à  la 
connaissance  plus  parfaite  de  ces  espèces.  Ainsi  ,  outre  la  Langouste 
trouvée  dans  la  pierre  calcaire  feuilletée  de  Monte-Bolca  dont  nou« 
avons  dit  quelc[ues  mots  en  traitant  du  genre  Langouste,  une  seconde  es- 
pèce parait  indiquée  dans  Rnorr,  tom.  i,  pi.  XIV  A  fig.  a;  on  la  recon- 
naît surtout  aux  portions  d'antennes  placées  sur  un  support  épineux, 
ainsi  c[u'à  ses  pattes  courtes  et  crochues;  et  c'est  peut-être  aussi  à  cette 
espèce  qu'il  faut  rapporter  l'échantillon  très-détérioïé,  figuré  pi.  XIII, 
B,  n°  2  du  même  ouvrage,  sur  un  fossile  également  trouvé  dans  les  car- 
rières des  environs  de  Pappenheim. 

Les  mêmes  carrières  ont  encore  fourni  les  Crustacés  figurés  par  Knorr 
pi'.  XV  ,  n°  I  ,  3,5,  que  Walch  rapporte  au  genre  Astacus  à  cause 
de  leurs  grosses  pinces ,  et  qui  nous  paraissent  trop  frustes  pour  être 
placés  définitivement  dans  un  genre  quelconque,  bien  c[ue  le  rappro- 


l36  CRUSTACÉS      FOSSILES. 

cliement  de  Walch  ne  nous  paraisse  pas  tout-à-fait  inadmissible ,  ainsi 
qu'on  pourra  en  juger  d'après  la  description  suivante  et  la  figure  5, 
pi.  XI,  que  nous  donnons  d'une  pièce  qui  appartient  à  la  collection 
du  Muséum,  et  qui  vient  des  carrières  d'Aichstedt.  Ce  petit  Crus- 
tacé  dont  la  carapace  proprement  dite  a  environ  0,012  de  longueur 
sur  0,007  ^^  largeur,  est  vu  en  dessus  et  tout-à-fait  aplati:  il  est 
principalemeut  caractérisé  par  son  rostre  avancé  et  aigu  ,  sans  carène 
ni  dentelure  sensible;  par  les  traces  de  ses  antennes  qui  paraissaient 
avoir  environ  la  longueur  du  corps;  mais  surtout  par  ses  pinces  assez  gros- 
ses, terminées  par  des  doigts  longs,  robustes  et  à  bord  interne  droits  et 
sans  dentelures,  se  lecourbanl  en  crochet  et  s'entre-croisant  seulement 
à  l'extrémité. 

Notre  individu  n'a  pas  la  queue  étendue ,  ce  qui  fait  que  l'on  ne 
peut  juger  par  sa  figure,  de  sa  grandeur  réelle.  Les  parties  de  sa  cara- 
pace c|ui  restent  paraissent  très-minces  et  lisses. 

Nousavons  vu  dans  le  cabinet  de  M.  de  France  des  vestiges  d'un  Crus- 
tacé  du  même  genre  que  celui-ci,  mais  un  peu  plus  grand  ,  et  dont  le 
test  plus  épais  est  chagriné.  Nous  croyons  qu'il  doit  constituer  une 
espèce  particulière,  et  c'est  à  l'une  ou  à  l'autre  qu'il  faudra  rapporter  la 
fig.  8,  pi.  8,  de  VOryctographia  norica  ^  suppl.  de  Baier.  On  a  trouvé 
également  à  Pappenheim  un  test  sans  pattes  ni  antennes ,  qui  par  la 
courbure  et  la  petitesse  de  son  corps  ressemble  assez  aux  CrangoJis. 

Un  Crustacé  (figuré  par  Baier,  Orjctogr.  norica  ,  tab.  8 ,  fig.  4  et  9] 
est  de  la  taille  de  l'écrevisse,  son  corps,  assez  endommagé,  est  muni  de 
deux  bras  très-longs,  composés  de  pièces  à  peu  près  d'égale  diamètre 
dans  toute  leur  étendue,  terminés  par  une  serre  dont  le  doigt  immobile 
est  très-allongé  et  obhque  ,  et  le  doigt  mobile  court  et  arqué. 

La  même  espèce  est  encore  figurée  par  Knorr^  tom.  I,  pi.  i4  B.  2  ; 
mais  moins  nettement  que  par  Baier  et  par  J.  G.  Keyssls.  Rei- 
sen ,  etc.  (  Voyage  en  Allemagne  ).  C'est  en  vain  que  nous  avons 
voulu  la  rapprocher  de  quelque  espèce  vivante.  Nous  n'en  avons  trouvé 
aucune  qui  eût  les  serres  conformées  comme  les  siennes ,  et  quant  à  la 
proportion  des  bras  relativement  au  volume  du  corps,  nous  n'avons 
remarqué  un  peu  de  ressemblance  que  dans  le  Palœtnon  Carcinus 
de  Fabricius,  figuré  par  Rumphius  {Amhoinche  rareitet  Kainer^  tab.  1, 
fig.  Bj,  ou  dans  la  Galathée  spinipède. 


CRUSTACÉS     FOSSILES,  l'd-] 

La  singulière  forme  des  bras  de  ce  Criistacé,  nous  a  engagés  à  repro- 
duire la  figure  de  Baier  dans  notre  pi.  V  (voy.  la  fig.  ^)  /O/ 

M.  Mantell,  savant  géologue  anglais ,  qui  s'occupe  maintenant  d'un 
grand  travail  sur  la  craie  d'Angleterre ,  ayant  communiqué  à  MM.  Cu- 
viER  et  Brongniart  quelques  échantillons  des  fossiles  qu'il  a  découverts 
dans  cette  formation  ,  et  ces  savans  ayant  bien  voulu  nous  per- 
mettre d'examiner  quelques  débris  des  Crustacés  qui  s'y  trouvaient , 
nous  avons  reconnu  qu'ils  se  composaient  de  fragmens  de  pinces 
assez  fortes,  de  forme  allongée,  très-rugueuses  en  dehors  et  ayant  les 
doigts  linéaires  ,  lesquelles  étaient  portées  par  des  bras  assez  grêles. 

Le  Crustacé  auquel  appartenaient  ces  pinces  avait  la  forme  ordinaire 
des  Macroures ,  et  ne  présentait ,  sur  les  pièces  que  nous  avons  vues  , 
d'autres  caractères  extérieurs  que  ceux  qui  consistaient  dans  la  présence 
de  trois  forts  tubercules  sur  chaque  côté  de  la  carapace  qui  était  d'ailleurs 
très-rugueuse.  Il  était  un  peu  plus  grand  que  l'Ecrevisse  fluviatile. 

Le  genre  des  Galathées  est  celui  dont  il  se  rapproche  le  plus. 

M.  DE  RoissY  nous  a  communiqué  dernièrement  un  corps  de  Crus- 
tacé trouvé  dans  les  rochers  des  Vaches-Noires  en  Normandie,  qui  par 
ses  dimensions  et  ses  formes  générales ,  a  quelque  rapports  avec  l'écre- 
visse  ordinaire.  Ses  caractères  sont  trop  effacés  pour  que  nous  puissions 
le  décrire;  mais  nous  n'hésitons  pas,  d'après  ce  que  nous  avons ,  à  y 
reconnaître  qu'il  appartient  à  une  espèce  inconnue. 

Enfin  le  catalogue  de  Davila  donne  encore  l'indication  de  quelques 
Crustacés  macroures.  Ce  sont  desAstacoliteset  des  Squilles  pétrifiées 
pyriteuses  d'Angleterre,  et  d'autres  de  DieuJouard  en  France.  Nous 
n'avons  pas  eu  l'occasion  d'en  examiner  aucun  individu. 

M.  DE  Drée  possède  aussi  des  fragmens  de  divers  Crustacés ,  prove- 
nans  des  rochers  des  Vaches-Noires  et  des  étangs  de  Dieulaville  en 
Lorraine. 


r8 


ORDRE  SECOND. 

CRUSTACÉS   ISOPODES. 

Corps  composé  d'une  tête  distincte  et  de  sept  anneaux  portant  chacun 
une  paire  de  pieds  simples  et  plus  ou  moins  courts;  queue  composée 
d'un  nombre  vai'iable  d'anneaux  (  i  —  7  )  recouvrant  des  lames  ou 
feuillets  disposés  par  paires  sur  deux  rangs,  qui  portent  ou  recouvrent 
les  branchies  et  servent  à  la  natation.  (  Latr.  ) 

Nous  ne  rappellerons  ici  que  pour  mémoire  les  deux  espèces  fossiles 
que  nous  avons  trouvées ,  parce  que  leur  mauvais  état  de  conservation 
et  leur  petitesse  ne  nous  permettent  pas  de  les  décrire  et  de  les  faire 
figurer. 

Ces  deux  espèces  appartiennent  cependant  à  la  section  des  crustacés 
Isopodes  nommée  des  Ptérygibranches  par  M.  Latreille  ,  et  au  genre 
Sphérome,  ainsi  qu'on  en  peut  juger  par  leur  corps  ovoïde,  ayant  la 
partie  postérieure  élargie  en  forme  de  voûte  et  dépassée  par  deux  petits 
appendices  natatoires,  l'ua  à  droite  et  l'autre  à  gauche.  Ils  ont  les 
pattes  latérales  débordant  le  corps,  mais  indistinctes. 

L'une  est  de  forme  plus  allongée  que  l'autre,  et  a  été  trouvée  dans  un 
fragmentde  pierre  calcaire  blanche  à  grain  fin,  analogue  sous  ce  rap- 
port à  la  pierre  de  Pappenheim,  mais  dontnous  ignorons  l'origine.  Nous 
lui  donnons  le  nom  de  Sphérome  antique  {Spherotna  anti(jua). 

La  seconde,  observée  dans  les  lits  horizontaux  de  marne  verte  fissile 
qui  se  trouvent  à  Montmartre  ,  en  dessus  de  la  formation  gypsouse  , 
était  mêlée  avec  des  Spirorbes.  Nous  l'appellerons  Sphérome  des  marnes 
{SpherojJia  mar^aruJJiy 


ORDRE    TROISIÈME. 

CRUSTACÉS  BRANCHIOPODES. 

Corjîs  recouvert  d'un  test  corné  ou  membraneux ,  tantôt  simple,  tantôt 
divisé  transversalement  en  plusieurs  pièces;  affectant  quelquefois  la 
forme  d'une  coquille  bivalve  ;  tête  rarement  séparée  du  tronc  ;  pieds 
garnis  d'appendices  branchiaux. 

PREMIÈRE    SECTION. 

BRANCHIOPODES    PMCILOPES. 

Test  en  forme  de  bouclier;  tête  confondue  avec  le  tronc  ;  pieds  nombreux  ,  les 

postérieurs  natatoires. 

PREMIER  GENRE. 

LIMULE  ;   Limulus ,  Fabr.,  Latr.  ;  Monoculus,  Linn; 

Test  déprimé  formé  de  deux  pièces,  et  terminé  par  un  style  roide  et 
pointu  \  pièce  antérieure  en  forme  de  croissant,  très-bombée  en  dessus  , 
portant  les  yeux  supérieurement,  et  recouvrant  la  boucheet  ses  pieds- 
màchoires  ;  la  postérieure  plus  petite,  recouvrant  les  pieds-nageoires, 
et  armée  sur  ses  bords  d'épines  mobiles. 

I.    LIMULE   DE    WALCH. 

(PI.  XI ,  fig.  6,  vue  en  dessous,  et  fig.  7 ,  vue  de  la  lame  interne  du  test  antérieur,  en  dessus.) 

LIMVLUS   TVALCHIl. 

Cancer  peiversus.  Walch  et  Knorr  ,  Monum.  du  déluge  ,  tome  I,  page  i36, 

pi.  i4,  fig.  2. 

(Long,  du  test,  depuis  son  bord  antérieur  jusqu'à  l'épine  postérieure, 
o,o52.  Larg.  du  test  postérieurement,  mesurée  entre  les  deux  pointes  la- 
térales de  ses  bords,  0,089.  Distance  entre  le  bord  du  test  et  l'angle 

i8. 


I/^O  CRUSTACÉS     FOSSILES. 

du  rebord  situé  en  avant  sur  la  ligne  moyenne,  0,017.  Largeur  de  cet 
angle,  0,029.  Distance  de  l'angle  latéral  du  test  à  l'épine  latérale  du  bord 
postérieur,  o,o3i.  Distance  de  cette  épine  latérale  à  celle  du  milieu  du 
bord  postérieur,  0,019.  Longueur  de  la  queue,  0,084.  Longueur  du 
corps  depuis  le  bord  de  la  carapace  j  usqu'à  l'extrémité  de  la  queue,  o,  1 7  7 .} 

La  pièce  dont  nous  venons  de  rapporter  les  dimensions  (fig.  7  ),  appar- 
tient à  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle. C'est  la  seule  que  nous 
ayons  examinée  en  nature.  Elle  ne  présente  distinctement  que  des  débris 
de  la  première  pièce  du  test,  et  seulement  les  restes  internes  de  sa  table 
inférieure,  ce  qu'indiquent  suffisamment  les  traces  de  l'angle  qu'on  voit 
en  dessous  et  à  l'avant  du  bouclier  antérieur  de  tous  les  Limules  vivans. 
11  y  a,  comme  dans  ceux-ci  ,des  indications  de  trois  épines  saillantes. 

Comparé  au  test  des  espèces  vivantes,  ce  Limulenous  paraît  en  différer 
par  deux  points  importans,  1°  parce  que  l'angle  du  bord  antérieur  est 
beaucoup  moins  aigu  que  dans  celles-ci,  et  qu'il  a  plus  de  largeur; 
2°  parce  que  les  trois  éjiines  du  bord  postérieur  sont  beaucoup  plus 
rapprochées  les  unes  des  autres,  et  que  les  latérales  sont  plus  éloignées 
du  bord  externe  de  la  carapace.  La  seconde  pièce  du  test  n'offre  rien 
de  distinct.  La  pointe  de  la  queue,  assez  grêle,  est  marquée  en  dessus 
de  deux  sillons  longitudinaux  et  parallèles  entre  eux ,  qui  la  divisent 
en  trois  parties. 

La  figure  de  Rnorr  que  nous  avons  fait  copier  exactement  (fig.  6), 
représente  un  Limide  vu  tout-à-fait  en  dessous;  l'angle  antérieur  du 
rebord  de  la  première  pièce  du  test  est  encore  moins  saillant  que  ce- 
lui du  fossile  que  nous  venons  de  décrire  ;  il  est  même  presque  arrondi. 
La  seconde  pièce  laisse  voir  ses  contours,  quoique  d'une  manière  vague 
cependant,  et  l'on  y  compte  sur  chaque  bord,  cinq  grandes  pointes, 
entre  lesquelles  en  sont  de  plus  petites.  Le  nombre  de  ces  pointes,  dans 
les  espèces  vivantes,  est  toujours  plus  considérable,  et  leursproportions 
sont  différentes  chez  elles  :  celles  de  ces  pointes  qui  font  partie  inhéi-ente 
du  test  sont  les  plus  petites ,  et  les  épines  intermédiaires  et  mobiles  sont 
les  plus  longues  :  ici,  il  semble  que  les  épines  mobiles  sont  les  moindres, 
et  que  les  plus  saillantes  soient  une  dépendance  du  test. 

Les  Limules  fossiles  sont  des  pièces  rares  dans  les  collections,  on  ne 
les  a  encore  rencontrés  que  dans  le  calcaire  fissile  bitumineux  de  Soln- 
hofenet  de  Pa])penheim. 


DEUXIEME   SECTION. 

BRANCHIOPODES    LOPHYROPES. 

Test  le  plus  soiwenl  compose  de  deux  pièces  réunies  en  forme  de  vahes  de 
coquilles ,  mais  sans  charnière  ,  el  n  étant  qu'un  développement  de  la  peau 
ou  de  V  enveloppe  cornée  de  l'animal  ;  d'autres  Jois  ce  test  étant  fort  court  et 
laissant  le  coips  nu  ou  presque  nu  ;  pieds  au  nombre  de  six  à  douze  ,  uni~ 
quemeni  propres  à  la  natation,  tantôt  simples  tantôt  en  forme  de  rames. 

DEUXIÈME    GENRE. 

CYPRIS;    Cypris,  Muller,  Latr. 

2^est  en  forme  de  coquille  bivalve,  un  peu  réniforme. 

I.  CYPRIS    FÈVE. 

(  PI.  XI ,  f,g.  8.  ) 
CYPRIS  FABA. 

Cypris  Fève.   Desm.  ,  Nouv.  bull.  des  sciences ,  par  la  Soc.  Philom.  ,  année 

i8i3  ,  page  269  ,  pi.  4,  n»  8. 

(  Long.  0,001 5.)  Ce  petit  fossile  dont  il  ne  reste  que  la  coquille ,  d'a- 
bord signalé  par  M.  le  professeur  Cordier,  comme  étant  très-abondant 
dans  un  amas  situé  près  de  la  montagne  de  Gergovia ,  département  du 
Puy-de-Dome,  a  été  retrouvé  ensuite  par  M.  deDrée  ,  enénormequan- 
tité  dans  un  calcaire  de  formation  d'eau  douce  de  la  balme  d'Allier,  entre 
Vichy-les-Bains  et  Ciisset;  et  nous  l'avons  décrit  et  figuré  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  Philomatique.  Nous  avions  d'abord  pensé  à  le  rapporter  à 
la  classe  des  Mollusques  acéphales  ;  mais  l'absence  totale  de  charnière , 
le  redoublement  et  l'épaisseur  assez  considérable  du  bord  par  lequel  s'ou- 
vrent les  valves,  qui  en  éloignaient  d'une  part  ce  fossile,  le  rapprochaient, 
au  contraire  ,  de  la  section  de!>  Crustacés branchiopodes  lophyropes  de 
M.  Latreille,  ou  des  Entomostracés  de  Muller,  et  principalement  du 
genre  Cjpris  ;  et  c'est  en  effet  dans  ce  genre  que  nous  avons  cru  devoir 
le  placer.  Son  test  est  réniforme,  c'est-à-dire,  que  son  bord  antérieur 


1^2  CHUSTACÉS     FOSSILES. 

présente  un  sinus  ;  sa  figure,  moins  allongée  que  celle  de  la  Cjpris  dé- 
tecta et  de  la  C.fasciata  de  Muller  (  Eiitomost,)^  l'est  davantage  que 
celle  des  C.  piibera  ,  Monacha,  levis  ,  pilosa  ,  Vidua  et  candida  du 
même  auteur.  Son  test  n'offre  point  la  gibbosité  de  la  C.  crassa^  et  se 
rapproche  assez  de  ceux  des  C.  strigata  et  ornata  y  cependant  il  est  d'une 
plus  grande  dimension  que  celui  de  la  première  ,  et  son  sinus  est  moins 
prononcé  ;  il  est  aussi  plus  petit  que  celui  de  la  dernière ,  et  ce  même 
sinus,  au  lieu  d'être  situé  près  du  bout  le  plus  mince,  l'est  vers  le  milieu 
du  bord  antérieur,  à  distance  à  peu  près  égale  des  deux  extrémités  de 
la  coquille. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES. 

TRILOBITES. 


Planche  I. 

Fig.  I.    A.  CALYMÈNE    DE  BLUMENBACH ,  contracté,  vu  de  profil. 

B.  Le  même,  vu  de  face. 

C.  La  même  espèce,  étendue  ,  d'après  un  individu  venant  de  Dudley, 

et  qui  est  dans  la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 
D.  Tubercules  du  test,  grossis. 
Fig.  2.   A.  CALYMÈNE  DE  TRISTAN ,  contracté  et  vu  de  profil.  Individu 
du  Cotentin. 

B.  Le  même,  vu  de  face. 

C.  La  même  espèce,  étendue.  Venant  de  la  Hunaudière. 
D.  E.  Le  m.êm,e  vu  de  profil  en  D  et  de  face  en  E. 

F.  G.  La  même  espèce;  F,  chaperon  dans  le  schiste  vu  en  dessus  ;  G  vu 

de  profil, 
H.  I.  La  même  espèce,  la  queue  sur  le  schiste  ;  H.  va  en  raccourci  par 
son  extrémité  ;  I.  vu  de  profil. 
K.  Portion  du  test,  grossi. 
Fig.  3.    A.  CALYMÈNE  VARIOLAIRE  de  Dudley,  étendu,  d'après  un  dessin 
de  M.  Stokes. 

B.  La  mêm,e  espèce,  contractée,  vue  de  profil. 

C.  Portion  du  test  grossi. 

Fig.  4.  CALYMÈNE  MACROPHTHALME,  contracté. 

A.  Côté  de  la  tête,  vue  par-dessus. 

B.  Côté  du  dos  et  de  la  queue,  vus  par-dessus. 

Fig.  5.  La  mêm.e  espèce,  de  Coal-brook-dale ,  contractée. 

A.  La  tête  et  le  dos  vus  par-dessus. 

B.  Vue  de  face. 

C.  Vue  de  profil  d'après  les  derniers  dessins  de  M,  Stokes. 

I 

Planche   II. 

Fig.  I.    A.  ASAPHE  CORNIGÈRE,  étendu  sur  sa  roche,  vu  de  profil. 

B.  La  même  espèce,  étendue  sur  sa  roche ,  vue  en-dessus  ;  de  Colo- 
menca  en  Russie  ,  d'après  un  dessin  de  M.  Stokes. 
Fig.  2.    A.  ASAPHE  DE  DEBUCH  ,  étendu  sur  sa  roche  ;  du  pays  de  Galles. 


llyl^^  EXPLICATION     DES    PLANCHES. 

B.  La  même  espèce  :  abdomen  caudal  faisant  voir  les  stries  de  la  mem- 

brane marginale. 

C.  La  m£m,e  espèce  :  très-grand  individu  de  Llandrindriod  au  nord 

de  Builth,  pays  de  Galles  méridional  ;  d'après  un  dessin  de 

M.  Stokes. 
Fig.  3.    A.  ASAPHE  DE  HAUSMANN  :  queue  de  cet  Asaphe. 

B.  Les  arcs  costaux  des  bords  latéraux ,  grossis  pour  faire  voir  les 

tubercules. 
Fig.  4.    A.  ASAPHE   CAUDIGÈRE ,  entier ,  mais  un  peu  déformé  ,    étendu 

et  vu  en  dessus. 

B.  La  même  espèce  :  le  chaperon  et  les  yeux.  —  b.  L'œil  et  ce  qui 

l'entoure  vu  de  profil,  a.  L'œil  grossi  ;  d'après  des  dessins  de 
M.  Stokes. 

C.  La  même  espèce,  vue  de  profil  ;  d'après  un  dessin  fait  au  Muséum 

Britannique  par  M.  Laurillard. 

D.  La  même  espèce  :  la  queue  sur  sa  roche  calcaire. 

•  Planche   IIL 

Fig.   I.    A.  OGYGIE  DE  GUETTARD  :  individu  entier,  étendu  et  de  la  gran- 
deur de  l'échantillon. 
B.  La  même  espèce:  partie  postérieure  seulement  d'un  autre  individu 
beaucoup  plus  grand  et  entier. 

Fig.  2.  OGYGIE  DE  DESMAREST  :  moitié  de  la  partie  antérieure  du 

corps  qui  était  entière  ,  réduite  environ  de  moitié. 

Fig.  3.         PARADOXIDE  LACINIÉ,  d'après  la  figure  donnée  par  M.  Wah- 
lenberg. 

Fig.  4.         ENTOMOSTRACITES  PUNCTATUS  ,    d'après  la  figure 
donnée  par  M.  Wahlenberg. 

Fig.  5.         PARADOXIDE  SCARABOIDE ,  d'après  une  figure  publiée  par 
M.  Wahlenberg. 

Fig.  6.         PARADOXIDE   GIBBEUX  ,  d'après  M.  Wahlenberg. 

Fig.  7.         ENTOMOSTRACITES  GRANULATUS,  d'après  M.  Wah- 
lenberg. 

Fig.  8.         ASAPHE  LARGE-QUEUE ,  d'après  M.  Wahlenberg. 

Fig.  g.  ASAPHE  MUCRONÉ,  Entomostrackes  caudatus  de  Wahlenberg, 

d'après  la  figure  que  ce  naturaliste  en  a  donnée. 

''  Planche  IV. 

Fig.  I .         PARADOXIDE  DE  TESSIN,  d'après  la  figure  donnée  par  M.  Wah- 
lenberg. 


EXPLICATION  DES  PLANCHES.  l45 

Fig.  2.  PARADOXIDE  SPINULEUX,  d'après  un  cchanllllon  de  la  col- 
lection de  M.  Défiance. 

Fig.  3.  La  même  espèce  ,  d'après  M.  Wahlenberg. 

Fig.  4.    A.  AGNOSTE  PISIFORME,  variété  A,   considérablement  grossie  ; 
a,  de  grandeur  naturelle. 
B.  AGNOSTE  PISIFORME,  variété  B  ,  considérablement  grossie. 

Fig.   5.  Fragment  de  TRILOBITE  qui  paraît  avoir  quelque  ressemblance 

avec  la  partie  postérieure  des  Agnosles  de  Pontyelova  au  sud 
du  lac  Ladoga  en  Russie  ;  d'après  un  dessin  de  M.  Stokcs. 

Fig.  6.  TRILOBITE  dont  le  genre  ne  peut  être  déterminé  avec  certitude  ; 
mais  qui  paraît  se  rapprocher  un  peu  de  TAsaphe  cornigère  ; 
il  vient  de  Llandcilo  (dessins  de  M.  Stokes). 

F.7.A,B.C.  Fragmens  de  TRILOBITES  qui  ont  quelque  ressemblance  avec 
diverses  parties  du  corps  du  précédent  :  du  même  lieu  (dessins 
de  M.  Stokes). 

Fig.  8.  Fragment   de  TRILOBITE  indéterminable  ;  venant  de  Paulovca 

près  de  Saint-Pétersbourg  (dessins  de  M   Slokes). 

Fig.  9.  TRILOBITE  de  Dudley ,  vu  en  dessous.  Echantillon  d'après 
lequel  M.  Stokes  a  fait  faire  le  dessin  qui  a  donné  cette  figure. 
{Nota.  Les  appendices  comme  épineux  de  la  queue,  et  la  fo^^me 
de  chaperon,  semblent  indiquer  une  espèce  différente  du  Ca- 
lymène  de  Blumenbach.) 

Fig.  10.  ASAPHE  CORNIGÈRE  :  très-gros  individu  étendu  et  vu  de  profil. 
Il  montre  très-bien  la  forme  lamellaire  et  la  disposition  en  re- 
couvrement des  arcs  costaux  ;  d'après  un  dessin  de  M.  Stokes. 

Fig.  II.  Chaperon  d'un  TRILOBITE  qui  paraît  différent  de  toutes  les 
espèces  décrites.  Cette  portion  n'est  pas  suffisante  pour  qu'on 
puisse  déterminer  le  genre  de  Trilobites  auquel  elle  appartient. 
Elle  vient ,  suivant  M.  Stokes  qui  en  a  fourni  le  dessin  ,  de 
Llandeilo. 

Fig.  12.  Post-abdomen  d'un  Trilobite  du  genre  ASAPHE.  Il  diffère  de  celui 
de  toutes  les  espèces  connues.  Il  a  été  trouvé,  d'après  M.  Stokes, 
dans  un  calcaire  noir  des  environs  de  Dublin,  a  De  grandeiir 
naturelle  ,b  grossi  du  double. 

CRUSTACÉS. 

*  *- Planche  Y. 

Fig.  I.  CRABE  MÉNADE;  Cancer  Mœnas ,  Linn.  ,  Fabr.  ;  ouvert  en 
dessus. 


l46  EXPLICATION    DES      PLANCHES. 

aa.  Grands  lobes  antérieurs  de  Xestomac. 
«'"'.  Petits  lobes  postérieurs  de  ï estomac, 
bh.  Foie ,  visible  en  avant  et  de  chaque  côte, 
c.  Foie  ,  apparent  à  l'arrière  du  corps. 
^.   Cœur, 
ee.  Branchies ,  divisées  de  chaque  côté  en  cinq  principaux  faisceaux 

de  doubles  lames  branchiales. 
ft.  Planchers  crustacés  sur  lesquels  reposent  les  branchies. 
êe.   Organes  préparateurs  de  la  génération. 
^^.  Osselet  en  forme  d'arc  ,  dépendant  de  l'estomac. 
».   Muscles  attachés   d'une  part  à  cet  osselet,  et  de  l'autre  au  bord 
antérieur  du  test. 
Fig.  2.  Carapace  du  Crabe  Ménade,  avec  l'indication  des  diverses  régions. 

1,1.  Région  stomacale.,  ou  de  l'estomac. 

2.  Région  génitale,  ou  des  organes  préparateurs  de  la  génération. 

3.  Région  cordiale,  ou  du  cœur. 

4.  Région  hépatique  ,  ou  du  foie  (postérieure). 

^,5.  Régions  branchiales,  des  branchies  ou  des  organes  respiratoires. 
6,t>.  Régions  h^paticjues  ,  ou  du  foie  {antérieures). 
Fig.  3.         ÉCPiEVLSSE    COMMUNE  ;  Astacus  flmiatiUs  ,    Linn.  ,   Fabu.  ; 
ouverte  ,  en  dessus. 
°«.   Grands  lobes  antérieurs  de  Vestomac. 

«'.  Lobe  postérieur  de  Vestomac ,  presque  divisé  en  deux  par  une 
impression  moyenne  longitudinale. 
bb^bb^bb_  /b/e  se  montrant,  i°  en  avant  de  chaque   côté  de  l'estomac  ,   et 
2.°  en  arrière  de  ce  viscère,  divisé  en  quatre  lobes. 

c.  Foie  visible  en  arrière  du  cœur. 

d.  Cœur. 

<^,<^.  Branchies  divisées  en  cinq  faisceaux  principaux,  moins  distincts 

que  ceux  des  branchies  du  Crabe  Ménade. 
Jf.  Tables    ou    planchers  crustacés,  sur   lesquels  les  brandîtes  sont 
placées. 
E,S-   Organes  prépnrali'urs  de  la  génération. 

bji.  Muscles  puissans ,   moteurs   des  mâchoires  ,  et  adhérens.  à  la  ca- 
rapace. 
Fig.   4-         Carapace  de  l'Écrcvisse  commune. 

«•  Régions  stomacale  et  hépatirpies  antérieures  confondues. 

2.  Place  au-dessous  de  L-upielle  sont  les  organes  préparateurs  de  la 

génération,  ou  Région  génitale. 

3.  Région  cordiale ,  ou  du  cœur. 

k.  Place  de  la  Région  hépalit/ue  postérieure. 


Fig. 

5. 

Fig. 

6. 

Fig. 

n 

Fig. 

8. 

Fig. 

9- 

Fig. 

lO. 

EXPLICATION     DES    PLANCHES.  1 47 

5,5,  Régions  branchiales,  ou  des  branchies  (  organes  respiratoires). 
FORTUNE  D'IiÉRICART  ;  en  dessus  (grossi  d'un  quart). 
PODOPHTHALME  DE  DEFRANCE,  (mâle)  en  des,sus. 
Le  même ,  en  dessous. 

Le  même,  en  avant,  pour  faire  connaître  le  rapport  de  son  épais- 
seur à  sa  largeur. 
Pince  détachée  du  CRAP.E  PAGUROÏDE;  au  trait. 
CRUSTACÉ  MACROURE ,  indéterminé  ,  à  très-longues  pinces  : 
de  Solnhofen  (tiré  de  VOryctographia  norica  deBaiev). 

y 

Planche  YI. 

Fig.   1 .         PORTUNE  LEUCODONTE  ;  en  dessus ,  et  au  trait. 
Fig.  2.  Le  même  (mâle);  en  dessous. 

Fig.  3.  Une  pince  de  la  même  espèce,  détachée. 

Fig.  4-         Coquille  du  genre  Pyrène ,  adhérente  à  la  pince  ci-dessus  men- 
tionnée ,  et  détail  de  sa  bouche. 

Planche   VIL 

CRABE  AUX  GROSSES  PINCES  ;  en  dessus  (moule  intérieur). 
Le  même  (individu  mâle)  i  en  dessous  et  avec  son  test. 
CRABE  PONCTUÉ  ;  en  dessus. 
Individu  femelle  de  la  même  espèce  ;  en  dessous. 

/ 
Planche  YIII. 

CRABE  QUADRILOBÉ  ;  en  dessus. 

Individu  mâle  de  la  même  espèce  ;  en  dessous. 

CPiABE  DE  BOSC  ;  en  dessus  (moule  intérieur). 

Le  même  individu;  en  avant,  ayant  les  contours  de  son  test  bien 

conservés. 
CRABE  DE  LEACH  ;  en  dessus. 
Individu  femelle  de  la  même  espèce  ;  en  dessous. 
GÉLASIME  LUISANTE;  en  dessus. 
La  même  ;  en  avant. 

GONOPLACE  INCERTAINE  ;  en  dessus. 
GÉCARCIN  TROIS-ÉPINES  ;  en  dessus. 
GRAPSE  DOUTEUX;  en   dessus. 
Le  même  ;  en  avant  et  au  trait. 
GONOPLACE  ENFONCÉE  ;  en  dessus. 
Fig.  i4-        La  même;  en  avant  et  au  trait. 

ig. 


Fig. 

I. 

Fig. 

2. 

Fig. 

3. 

Fig. 

4. 

Fig. 

I. 

Fig. 

2. 

Fig. 

3. 

Fig. 

4. 

Fig. 

5. 

Fig. 

G, 

Fig. 

7- 

Fig. 

8. 

Fig. 

9- 

Fig. 

lO. 

Fig. 

II. 

Fig. 

12. 

Fig. 

i3 

Fig. 

I. 

Fig. 

o  _ 

Fig. 

3. 

Fig. 

4- 

Fig. 

5. 

Fig. 

6. 

Fig. 

7- 

Fig. 

8. 

Fig. 

9- 

Fig. 

lO. 

Fig. 

11. 

Fig. 

12. 

Fig. 

i3. 

Fig. 

i4. 

148  EXPLICATION     DES     PLANCHES.  * 

^  Planche  IX. 

GONOPLACE  DE  LATREILLE  ;  en  dessous. 

Le  même  ;  en  dessus. 

Pince  de  la  même  espèce  ;  de  profil. 

Autre   pince  ;  en  dessous. 

GONOPLACE  INCISÉE  ;  en  dessus. 

Le  Tuêine  individu  ,   (mâle)  ;  en  dessous. 

GONOPLACE  ECHANCRÉE  ;  en  dessus. 

Le  même  individu  (femellej  en  dessous. 

ATÉLÉCYCLE  RUGUEUX  ;  en  dessus. 

LEUCOSIE  CRANE;   en  dessus. 

La  même  ,  de  profil  et  au  trait. 

Le  même  (femelle  );  en  dessous. 

LEUCOSIE  SUBRHOMBOÏDALE  ;  en  dessus. 

LEUCOSIE  DE  PRÉVOST  ;  en  dessus. 

i  Planche  X.    . 

Fig.  I.  DORIPPE  DE  RISSO  ;  en  dessus. 

Fig.  2.  Le  //îe/?!*;  ;  en  dessous. 

Fig.   3.  Le  même;  en  avant  et  au  trait. 

Fig.  4.  ERYON  DE  CUVIER  ;  en  dessous,  tiré  de  Knorr,  mais  modifié 
pour  quelques  détails. 

Fig.  5.  RANINE  D'ALDROVANDE  ;  en  dessus.  (  Voyez  aussi  la  plan- 
che XL) 

Fig.  6.  Autre  individu  de  la  même  espèce  ,  vu  en  dessous  et  sur  lequel  on 
distingue  les  pieds  mâchoires  extérieurs. 

Fig.  7.  Le  même ,  vu  de  profil  pour  faire  juger  de  l'épaisseur  du  corps 
de  ce  Crustacé. 

Fig.  8.         LANGOUSTE  DE  LESUEUR  ;  en  dessus. 

Fig.  9.  La  même;  vue  de  profil. 

j 

Planche  XI. 

Fjg.  1 .  RANINE  D'ALDRO VANDE  ;  en  dessous  et  copiée  d'après  Ranzani. 

a.  Vestige  de  la  base  des  pieds  de  la  pi-emière  paire  ,  ou  des  pinces. 

b.  Place  o\x  la  seconde  paire  était  articulée.  , 
.   Division  interne  des  pieds-mâchoires  extérieurs. 

d.  Division  externe  des  pieds-mâchoires  extérieurs. 
.  Première  pièce  sternale. 


EXPLICATION    DES    PLANCHES.  l49 

Fig.   2.         PAGURE  DE  FAUJAS  ;  pinces  toujours  inégales  en  grosseur ,  et 
seuls  restes  connus  de  l'animal. 

LANGOUSTE  DE  REGLEY. 

PALÉMON  SPIISIPÈDE;  copié  de  l'ouvrage  de  Knorr,  tom.  I, 
pi.   i3  B. 

CRUSTACE  MACROURE  IISDÉTERMINÉ  ;  qu'on  croit  se  rap- 
procher du  genre  des  Palemons. 

LIMULE  DE  WALCH  ;  en    dessous  et   copié    de    l'ouvrage  de 
Knorr,  tom.  I,  pi.  i4,  fig.  2. 

Le  même,  vu  en  dessus,  moule  intérieur,  d'après  un  fossile  de 
la  collection  du  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Fig.  8.         CYPRIS  FÈVE  ;  à  l'extérieur  en  avant ,  en  arrière  et  en  dedans. 


Fig. 
Fig. 

3 

4. 

Fig. 

5, 

Fig. 

6. 

Fig. 

7 

TABLE  ALPHABETIQUE. 


A. 

Agnoste.  Genre  de  Trilobites  :  ses  caractères , 
page  38.  —  A.  pisiforme,  ibid. 

Ardoise.  Gîte  des  Ogygies  et  du  Calymène  de 
Tristan.  Voyez  Schiste.ardoise  ,  page  47- 

Argiles  bleces.  Page  8i. 

PLASTIQUES,  intermédiaires  à  la  craie  et  au 

calcaire  grossier.  Elles  renferment  la  cara- 
pace d'un  Crabe ,  et  d'autres  débris  de  Crus- 
tacés brachyures  ou  macroures,  81. 

AsiPHE. Genre  de  Trilobites  :  ses  caractères,  1 7. 

—  A.  caudigère  ,  22.  —  A.  cornigère  ,    18. 

—  A.  de  Debuch,  20.  — A.  de  Hausmann, 
21.  — A.  larg<:-queue  ,  24. 

AsELLOTES.  Famille  de   Crustacés ,   qui  paraît 
avoir  deux  représeiitans  fossiles  ,  du  genre 
Splwrome  ,  81  et  1 58  . 
Astacolilhes.  L'un  des  noms  que  les  Crustacés 
macroures,  en  général,   ont  reçus  des  an- 
ciens oryctographes,    72. 
Aslacopodium.  Désignation  des  pattes  de  Crus- 
tacés fossiles,  isolées,  72. 
Atélécvcle.  Genre  de   Crustacés  brachyures 
fossiles  :  ses  caractères,  111.  —  A.  rugueux, 
1 12. 

B. 
Bacillus  enlomolilhus.  L'un  des  noms  appli- 
qués aux  fragmens  de  pattes  de  Crustacés 
fossiles,  72. 
Behnard-l'ermite  de  Faujas.  Voyez  Pagure  de 

Faujas ,  127. 
Bleue-lias.  Argile  ainsi  nommée  par  les  An- 
glais. Elle  est  située  au-dessous  de  la  craie, 
et  renferme  des  débris  de  Crustacés  ,81. 
C. 
Calcaire  CAVERNEUX,  ou  du  Jura?  Renfermant 
le  Trilobites  problemalicus  de  Schlotheim  , 
57. 

COMPACTE    clilorileux  ,    provenant     de 

Russie,  et  renfermant   des  Trilobites  indé- 
♦  terminés,  55. 


Calcaire  GROSSIER,  ^oj'e;  Calcaire  de  sédiment 
supérieur. 

NOIR,  DE  TRANSITION,  d'Eger  cn  Norwége. 

Il  a  offert  le  Trilobite  décrit  par  Brunnicb, 
SOUS  le  nom  de  Trilobus  dilatatus ,  l'Ag- 
noste  pisiforme  ,  etc. , 

DE  SÉDIMENT  infébibdr,  55  et  63. 

DE  SÉDIMENT  SUPÉRIEUR.   Terrain  tertiaire 

ou  Calcaire  grossier.  On  a  trouvé  dans  ce 
calcaire  les  Crabes  ponctué,  quadrilobé  et 
de  Bosc  (  à  Dax  et  à  Vérone  ) ,  l'AtélécycIe 
rugueux  (à  Montpellier),  et  la  Leucosie  de 
Prévost  (dans  les  bancs  inférieurs  de  Mont- 
martre) ,  8 1 . 

DES  TERRAixs  trappéens  du  Viccntin.   Il 

renferme  des  Crustacés  ,  et  entre  autres  un 
Crabe  voisin  du  Cancer  Mœnas,  et  une  Lan- 
gouste très-semblable  au  Palinurus  quadri- 
coriiis ,  8i. 
CaitmÎîne.  Genre  de  Trilobites  :  ses  caractè- 
res, 9.  —  C.  de  Blumenbacb ,  1 1 .  —  C.  ma- 
crophthalrae  ,  i5.  —  C.  de  Tristan,  12.  — 
C.  variolairc,  14. 
Cancer.  T'oyez  Crabe ,  90. 

petrefacliis.  L'un  des  noms  donnés  aux 

Crustacés  fossiles,  72. 

lapidescens  de    Rumphius  (Crabe  aux 

grossespinces),gi;(Gonoplace  incisée),  100. 

/fl/;/V/('i/A'.  Désignation  desCrabes  pétrifiés 

dans  quelques  anciens  ouvrages,  72. 

pen'ersus  de  Walch.   Voyez  Limule  de 

"Walch.  10g. 
Carciniles.  L'un  des  noms  que  les  oryctogra- 
phes ont  donnés  aux  Crabes,  ou  Crustacés 
brachyures  fossiles,  72. 
Chelonites.  Pinces  de  Crustacés  fossiles,  dé- 
tachées ,  72. 
Chilon.   Voyez  Oscabrion. 
Coucha   triloba.  L'une  des  désignations  des 
Trilobites,  3. 


TABLE     ALPHABETIQUE. 


i5i 


CoRNÉENNE  LTDiEKifE  et  Cohkéehde  Tka^p.  Al- 
ternant avec  le  calcaire  de  transition  :  ces 
roches  renferment  l'Asaphe  de  Debuch,  éfS. 

CoHYSTE.  Genre  de  Crustacés  brachyures 
vivans.  M.  Manlell  a  figuré  une  carapace 
trouvée  dans  la  craie,  et  qui  paraît  s'y  rap- 
porter, 125. 
Crabe,  Cancer.  Genre  de  Crustacés  brachyu- 
res :  ses  caractères  ,  go.  —  C.  paguroïde  , 
ibiti.  —  C.  aux  grosses  pinces,  91.  —  C. 
pointillé,  92.  — C.  quadrilobé,  gS.  —  C. 
de  Bosc ,  g4.  —  C.  de  Leacli ,  g5. 

Ménade.  Détail  de  son  organisation  in- 
térieure pour  servir  -à  la  détermination  des 
régions  du  lest  des  Crustacés  braihyures,74- 

voisin  du  C.  Ménade,  dans  le  terrain  cal- 

caréo-trappéen  de  Monle-Boica,  iiS. 

des  environs  de  Bézitrs,  aj)partenant  à 

la  collection  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle. Ce  pourrait  être  un  Fortune  ?  laS. 

des  Moluques.  T'ojez  Limule,  i3g. 

CaAiE.  Voyez  Formation  crayeuse. 

Crangons.  Genre  de  Crustacés  macroures.  On 
trouve  quelques  vestiges  qu'on  rapporte  , 
avec  doute,  à  ce  genre,  dans  la  pierre  calcaire 
bitumineuse  fissile  de  Pappcnhcim,  i56. 

Crtjstacés  fossiles.  Généralités  ,  (J7.  —  Leur 
étude  spéciale  n'a  encore  fix.é  l'attenlion 
d'aucun  naturaliste,  70.  —  Liste  des  au- 
teurs anciens  qui  en  ont  décrit  et  figuré 
quelques  espèces,  71.  — Noms  généraux 
qu'ils  portent  dans  les  ouvrages  des  divers 
oryctographes.  —  Difficulté  de  leur  étude, 
72.  —  Leur  carapace  qui  estle  plus  souvent 
conservée,  présente  des  rapports  constans 
entre  sa  conformation  extérieure  et  la  distri- 
bution des  organes  vitaux  qu'elle  recouvré  ; 
ces  rapports  peuvent  fournir  des  caractères 
comparatifs,  73,  74»  75.  — Distinction  des 
régions  de  la  carapace  des  Crustacés  bra- 
chyures, qui  doivent,  suivant  leur  position, 
recevoir  les  noms  de  régions  stomacale, 
génitale  ,  cordiale  ,  hépatiques  antérieures  , 
branchiales  et  hépatique  postérieure  ,  76. 
— comparaison  des  divers  genresde  Crusta- 
cés brachyures  vivans,  d'après  cet  le  nouvelle 
considération,  77.  —  Examen  de  la  cara- 


pace des  Crustacés  macroures  sous  le  même 
point  de  vue,  78  et  7g.  —  Parties  caractéris- 
tiques des  Crustacés  vivans  qu'on  retrouve 
le  plus  souvent  dans  les  fossiles,  el  qui  peu- 
vent aussi  servir  à  distinguer  ceux-ci,  80. 
—  Le  nombre  de  Crustacés  déterminables 
reconnus  jusqu'à  ce  jour  est  de  trente-qua- 
tre, ihid.  —  Leur  mode  de  conservation, 
ibid.  —  Leur  distribution  méthodique  d'a- 
près la  classification  de  MM.  Latreille  et 
Cuvier,  85  et  84.  —  Ordre  premier  ,  Cntis- 
TACÉs  DÉCAPODES,  85.  Première  famille,  Dé- 
capodes brachyures ,  ibid.  Sections  :  i»  les 
Nageurs  ,  ibid.  ;  2°  les  Arqués,  gi  ;  5°  les 
Quadrilatères  ,  g7  ;  4°  les  Orbiculaires,  1 1 1  ; 
S"  les  Triangulaires,  116;  6°  les  Notopodes, 
117  (appendice,  i25  ).  Seconde  famille, 
Décapodes  macroures,  127  (appendice,  i35). 

—  Ordre  deuxième, Cbustacés  isopodes,  i58. 
— Oi'dre  troisième.  CRrsTACÉs  bran  CHIOPODES, 
lôg.  Première  section,  Branchiopodes pœ- 
cilopes ,  i3g,-  seconde  section,  Branchio- 
podes lophyropes,  \^i.  —  Distribution  géo- 
logique des  Crustacés  fossiles  ;  leur  série 
commence  où  celle  des  Trilobiles  finit,  et 
dans  cette  classe  entière,  la  loi  de  la  nature 
annoncée  par  M.  Cuvier,  est  encore  con- 
firmée :  Les  animaux  fossiles  diff'èivntd'  au- 
tant plus  des  êtres  (jui  vivent  actuellement , 
qu'ils  sont  enveloppés  dans  les  couches  les 
plus  anciennes  du  globe,  64  et  85. 

Les  Crustacés  fossiles  de  Nice  appartien- 
nent, selon  M.  Risso,  aux  espèces  qui  vivent 
actuellement  dansla  mer  Méditerranée,  126. 

—  Les  Crustacés  ,  aussi  fossiles,  qui  sont, 
apportés  des  îles  de  l'Archipel  Indien,  «ont 
dit-on  ,  vivans  dans  les  mêmes  parages,  82. 

—  Doutes  sur  la  réalité  de  cette  assertion, 
85.  —  L'analyse  chimique  de  ces  Crabes 
prouve  qu'ils  ont  acquis  toutes  les  condi- 
tions des  corps  pétrifiés.  On  pourrait  les- 
considérer  comme  des  fossiles  contempo- 
rains de  notre  création,  ibid. 

Crustacites.  Désignation  générale  des  Crus- 
tacés fossiles,  72. 

Cypris.  Genre  de  Crustacés  branchiopodes  i 
ses  caractères,  i4i-  C.  Fève,  ibid. 


l52 


TABLE     ALPHABETIQUE. 


D. 


DoRiPPE.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  119.   —  D.  de  Risso  ,  ibid. 

E. 

EcREVissE  COMMCNE  ,  Aslacus  fluvialiUs,  Linn. 
Détail  de  son  organisation  intérieure  ,  pour 
servir  à  la  détermination  des  régions  du 
test  des  Crustacés  macroures,  78. 

FOSSILE  de  Pappenheim.    Crustacé  peu 

déterminé  et  rapporté  avec  doute  au  genre 
Astacns ,  i35. 

Entomolilhus paradoxus  de  Linné.  Cet  auteur 
a  décrit  sous  ce  nom  commun  deux  espèces 
qui  sont  :  :"  le  Paradoxide  de  Tessin ,  5i  ; 
3°  le  Paradoxide  spinuleux,  52. 

Enlomostraciles  caiidatus  de  Wahlenberg.  Ce 
Trilobite  ne  paraît  pas  être  le  même  animal 
que  le  Trdobus  caudatus  de  Brunnich,  ou 
l'Asaphe  caudigère  ,  24. 

crassicauda,  Wahl.   Il  pourrait  ne  pas 

différer  d'espèce  a.\ecV Enlomostraciles  cau- 
datus du  même  auteur,  ou  Asaphe  large- 
queue  ,  35. 

expansus,  Wahl.  C'est  l'Asaphe  caudi- 
gère ,  18. 

gibbosus,  Wahl.  Il  se  rapporte  au  Para- 
doxide spinuleux ,  35. 

granulatus  ,  Wahl.  Trilobite  de    genre 

incertain  ,  36. 

laciniatas ,  Wahl.  Synonyme  du  Para- 
doxide lacinié ,  35. 

laticauda ,  Wahl.  C'est  l'Asaphe  large- 
queue  ,  24. 

paradoxissimus ,  Wahl.  C'est  le  premier 

Entomolithus  paradoxus  de  Linné,  ou  le 
.  Paradoxide  de  Tessin,  3i. 

pisiformh,  Wahl.,  ou  Agnoste  pisilbr- 

me ,  58. 

punctalus  ,  Wahl.  Espèce  de  Trilobite  de 

genre  incertain  ,  56. 

scarahoides  ,  Wahl.  C'est  le  Paradoxide 


scaraboïde ,  54. 

spimdosus  ,  Wahl.  Synonyme  du  Para- 
doxide spinuleux.  Sa. 

tuberculatus  .   Wahl.  C'est  le  Calymènc 


de  Blumenbach  ,  mal  à  propos  confondu 
avec  V  Entomolithus  paradoxus  de  Linné,  1 1. 
Eryon.  Genre  nouveau  de  Crustacés  macrou- 
res fossiles,  voisin  de  celui  des.  Scyllares  : 
ses  caractères,  138.  —  E.  de  Cuvier,  12g. 

F. 

Formation  crayeuse.  Le  calcaire  de  Maëstricht 
rapporté  i  cette  formation  a  offert  des  pin- 
ces, conservées  par  paires ,  qu'on  a  rappor- 
tées au  genre  Pagure ,  8 1  et  1 27.  —  La  craie 
d'Angleterre  a  présenté  quelques  débris  in- 
déterminables de  Crustacés  qui  ont  été  dé- 
crits et  figurés  par  M.   Mantell,  81. 

Fossile  de  Dudley,  ou  Calymène  de  Blumen- 
bach, II. 

G. 

Gammarolithes.  Les  oryctogr.iphes  donnent  ce 
nom  aux  Crustacés  fossiles  qu'ils  comparent 
aux  Chevrettes,  ou  Salicoques,  72. 

GÉCARCiN.  Genre  de  Crustacés  brachyures  : 
ses  caractères,  108. — G.  trois-épines,  ibid. 

GÉLASiMË.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  106.  —  G.  luisante,  ibid. 

Maracoani,  Latr.  Espèce  vivante  du  Bré- 
sil, très-voisine  de  notre  Gélasime  luisante, 
loG. 

G0NOPLACE.  Genre  de  Crustacés  brachyures  : 
ses  caractères ,  96.  — G.  échancrée,  101. 
—  G.  enfoncée ,  102.  —  G.  incertaine  , 
104.  —  G.  incisée,  100.  —  G.  de  Latreille, 

99- 
Grapse.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  97.  —  G.  douteux,  ibid. 

H. 

HÉPATE.  Genre  de  Crustacés  brachyures  dont 
le  Crabe  fossile  de  Bosc ,  se  rapproche  par 
sa  forme  générale ,  95. 


Inachcs.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  116.  —  I.  de  Lamarck,  ibid. 
—  Espèce  indéterminable  trouvée  dans  la 
marne  calcaire  à  Montmartre,  i25. —  Ina- 
chus  Squinado  des  dépôts  marins  de  Saint- 
Hospice  ,  près  de  Nice,  laG. 


TABLK    ALP  11  A  liKTIQUi:. 


l53 


Langouste.  Genre  de  Crustacés  macroures  :  ses 
caractères,  i3i. — L.  deLesueur,  i5i>.. — L.dc 
Rcglcy,  ibid.  —  Langouste  voisine  de  l'es- 
pèce Tulgaire,  trouvée  i  Mônte-Bolca  ,  iô5 
et  i5i. 

Leucosie.  Genre  de  Crustacés  brachyures:  ses 
caractères,  lia.  —  L.  Crâne,  ii5.  L.  sub- 
rboniboïdale,    114.   —  L.  de  Prévost,  ibid. 

LiMiTLE.  Genre  de  Crustacés  branchiopodes  : 
ses  caractères,  iSg.  — L.  de  Walch  ,  ibid. 

Locusta  brachiis  contracds  deKnorr  et  Walch. 
f  oyez  Paléuion  spinipèdc,  ij^. 
IM. 

RlinicOANT.  Nom  brasilien  d'un  Crustacé 
décrit  et  figuré  par  Pison  ,  et  qui  a  beaucoup 
de  ressemblance  avec  notre  Gélasime  lui- 
sante, 106. 

Marnes  vertes  argileuses,  situées  au-dessus 
du  gypse  des  environs  de  Paris.  Elles  ont 
offert  dans  leurs  feuillets  des  Crustacés  de 
la  famille  des  Asellotes  et  vraisemblablement 
du  genre  Sphe'ronie ,  82  et  i38. 

Muschelkalk.  Sorte  de  roche  calcaire  qui  ren- 
ferme un  Trilobite  décrit  par  Schlotheim  , 

O. 

Ocypode  helèrochelos  de  Bosc.  C'est  la  Géla- 
sime Maracoani  de  Latrcille  ;  espèce  de 
Crustacé  brachyure  du  Brésil,  très-voisine 
de  notre  Gélasime  luisante,  106. 

OcTPODE  INCERTAIN.  Datis  l'article  Cruslacëfos- 
sile  de  la  2'  édition  du  nouveau  Dictionnaire 
d'Histoire  naturelle  ,  nous  avions  d'abord 
désigné  sous  ce  nom  l'espèce  à  laquelle 
nous  donnons  maintenant  celui  de  Gono- 
place  incertaine,  104. 

Ogygie.  Genre  de  Trilobites  :  ses  caractères  , 
26.  —  O.  de  Desmarest,  28.  —  O.  de  Guet- 
tard,  ibid. 

OscADRioNs,  ou  Chiton.  On  a  rapporté  les  Tri- 
lobites à  la  famille  de  ces  animaux  Mollus- 
ques, 40  et  4i. 

P. 

Pagi'he.  Genre  de  Crustacés  macroures  :  ses 
caractères,  127.  —  P.  de  Faujas,  ibid. 

Pagunts  lapideus.   L'un  des  noms  employés 


par  les  oiyclographes,  pour  désigner  les 
crabes  fos.sile3,  ^'2. 

Palais  de  foissons.  On  a  pris  pour  tels,  pen- 
dant long-temps,  des  moules  intérieurs  de  la 
carapace  d'un  Crustacé  brachyure  du  genre 
Ranine,  123. 

Palémon.  Genre  de  Crustacés  macroures  :  ses 
caractères,  i35.  —  P.  spinipède,  i34' 

AUX  lONGS  bras.  On  peut  nommer  ainsi 

.  un  Crustacé  de  Pappenheim  assez  vaguement 
figuré  parBaïer  et  par  Rnorr  ,  et  qui  paraît 
se  rapprocher,  à  cause  de  la  longueur  et  de 
la  minceur  de  ses  pinces,  du  Palœinon  Car- 
cinus  de  Fabricius,  i36. 

Paliniiriis.  Voyez  Langouste. 

Pakadoxide.  Genre  de  Trilobites  :  ses  carac- 
tères, 3i. — P.  gibbeux,55. — P.  Xâcmié, ibid. 

—  P.  scaraboïde,  54.  — P.  spinuleux,  32. 

—  P.  de  Tcssin  ,  3i. 

Phyuade  pailleté.  Roche  de  transition  schis- 
teuse ,  des  environs  de  Cherbourg  :  elle  al- 
terne avec  les  granités  el  renferme  le  Caly- 
mène  de  Tristan,  espèce  de  Trilobite,  48. 

MICACÉ.  Voyez  Psammite  schistoïde  mi- 
cacé. 

Podophthalme.  Genre  de  Crustacés  brachyures: 
ses  caractères,  88.  —  P.  de  Defrance,  ibid. 

Polyphemus.  Voyez  Limule  ,  i38. 

Porti'ne.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  85.  —  P.  leucodonte,  86.  —  P. 
d'Héricart,  87.  —  Portune  indéterminable, 
des  environs  de  Bordeaux,  de  la  collection 
de  M.  de  Drée,  i25. 

Psammite  schistoïde  micacé  et  phyuade  micacé 
(schiste  argileux  de  transition  et  schiste  de 
la  Grauwake).  Cette  roche  du  Cotentin  ren- 
ferme le  Calymène  de  Tristan  ,  espèce  de 
Trilobite,  47- 

R. 

Ranine.  Genre  de  Crustacés  brachyures  :  ses 
caractères,  121.  —  R.  d'Aldrovaode,  ibid. 

RÉMiPÈDE  SILLONNÉ,  Desm.  Nouveau  Diction- 
naire d'Histoire  naturelle,  a*  édil.  article 
Crustacés  fossiles.  Voyea  Ranine  d'AIdro- 
vande,  121. 

Roches  de  transition.  Elles  présentent  les  gis- 
semens  ordinaires  des  Trilobites.  —  Celles 

20 


i:H 


lÂBLE    ALPHABIiTIQUE. 


«h 


delà  Suède  renfeimcnt  desTrilobites  décrits 
par  Walhenberg,  49.  —Cet  auleur  croit 
avoir  remarque  un  gissemenl  géognosti- 
que  particulier  à  cliacune  des  espèces  qu'il 
a  distinguées,  5o.  — Description  du  gissc- 
ment  desTrilobites  de  Dudleypar  M.  Buck- 
land,  5i  à53. — Remarques  sur  l'analogie  qui 
existe  entre  les  roches  de  transition  de  la 
Norwége  qui  renferment  desTrilobites,  et  la 
roche  calcaire  noire  du  pays  de  Galles  mé- 
ridional; différences  que  présente  au  con- 
traire le  calcaire  de  Dudiej ,  comparé  à  ces 
dernières,  58.  Foyez  Trilobites,  Terrains 
de  transition,  Psammite  schisloïde  micacé, 
cl  Schiste  ardoise. 

S. 

ScnisTE  ARDOISE.  Ccttc  rochc  renferme  les  Tri- 
lobites  les  plus  anciens,  ceux  du  genre 
Ogygie  et  peut-être  aussi  le  Calymène  de 
Tristan ,  47- 

ARGILEUX  DE  TRANSITION.  Voyez  Psanimitc 

scliistoïde   micacé,  47- 

DE  LA  Grauware.  Voycz  Psammite  schis- 

toïde  micacé ,  47- 

ScYLiARE.  Genre  de  Crustacés  macroures  : 
ses  caractères,  i3o.  —  S.  de  Mantell,  ihid. 

Sepites  saxuin  os  Sepiœ  imilans  ,  d'AIdro- 
vande.   Voyez  Ranine  d'Aldrovande,    121. 

■Sphéroaie.  Genre  de  Crustacés  isopodes,  1 58. 
—  S.  anli([iie,  ibid.  —  S.  des  marnes,  ibid. 
T. 
Perrain  d'eat  DorCE  delà  vallée  de  l'Allier,  en 
JJouibonnais,  82.  Il  renferme  de  très-petites 
coquilles  bivalves  ,  qui  paraissaient  appar- 
Irnir  au  genre  de  Crustacés  entomostracés 
appelé  Cypris  par  Muller,  82  et  i4i- 

DE  SÉDIMENT  INFERIEUR  ET  SliPERlEDR.  Voy. 

Calcaire  de  sédiment .  55,  Gô  et  81. 

TERTIAIRE.    Voycz   Calcairc  de  sédiment 

Mipéiieur  ,  81 . 

'J'EI1RAI^S  DE  ÏRANSinOTV'  SCHISTOÏDES,  1  EHRAINS  DE 
TRANSITION  CVLCAIRES,  TERRAINS  DE  TRANSITION 
CALCAIRES     CRIS  -DE -FUMÉE     OU     VERDATRES    , 

AVECTÉRÉBRATLLEs.  Gîtes  dcs  Trilobilcs.  Voy. 
le  Tableau  de  leurs  espèces  avec  leur  dis- 
Iribution  géognostique  et  géographique,  62 


Trilobites.  Généralités,  1. — Art.  1.  Caraclércs 
des  Trilobites;  détermination  des  genres  et 
description  des  espèces ,  5.  —  Caractères 
généraux  ,  4-  —  Tableau  synoptique  des 
genres  et  des  espèces,  6.  ■ — Art.  2. Rapports 
des  Trilobites  avec  les  animaux  connus,  40. 

—  Art.  3.  Sur  le  gissemenl  des  Trilobites  , 
46.  —  Tableau  de  la  distribution  géognosti- 
que des  diverses  espèces  de  Tillobiles,  dans 
les  différens  terrains  de  transition  et  dans 
les  terrains  de  sédiment  inférieurs,  62.  —  On 
a  considéré  successivement  les  Trilobile? 
comme  des  Coquilles  à  trois  lobes  ,  des  Os- 
cabrions,  des  Cymothoés,  des  Larves  d'in- 
sectes eldes  Crustacés  branchiopodes,62. — 
Motifs  qui  portent  à  admettre  ce  dernier  rap- 
prochement et  à  rejeter  les  autres,  40  ù  45- 

—  Recherches  sur  les  rapports  qui  existent 
entre  les  Trilobites  et  les  animaux  articu- 
lés ,  par  M.  Audouin  ,  43.  [Note.)  Lieux  où 
l'on  trouve  les  Trilobites  en  France,  47  el 
48  ;  en  Norwége,  ibid.;  en  Suède,  49et  5o; 
en  Angleterre,  5o  à  54;  en  Bohême  ,  55  ;  en 
Prusse ,  en  Saxe  ,  en  Silésie,  dans  des  blocs 
de  roches  hors  déplace,  55,  Go  et  61  ;  en 
Russie,  55  et  56;  en  Allemagne  ,  55  et  57; 
en  Amérique,  5-  à  59.  —  Conclusions,  63 
et  64.  Voyez  les  articles  Roches  et  Terrains 
de  transition,  Calcairc  de  sédiment  infé- 
rieur ,  Psammite  scliistoïde ,  Schiste  ar- 
doise ,  etc. 

Trilobites  cornigcras  de  Schlolheim.  C'est  l'A- 

saphe  cornigère,  18. 
dilatatus  de  Brunnich.    C'est   vraisem  - 

blablement  une  espèce  difl'ércnle  de  l'Asa- 

phe  cornigère  ,   19. 
problemalicus    de    Schlolljeim.   Espèce 

peu  déterminable  :  son  gissemenl ,  57. 
tentaculatus  de  Schlolheim  Espèce  de 

Trilobile  de  genre  incertain  ,  37. 
Trilobus  caudatiis  AcVtxnnwKh.  C'est  l'Asaphe 

caudigère,  22. 

X. 
Xantho.  Genre  de  Crustacés  brachyures,  établi 

aux  dépens  du  genre  C«/icc/'de  Fabricius,  el 

auquel    pourrait  se  rapporlcr  le  Crabe  de 

Leach,  96. 
I  IV. 


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lieprinlfd  fmiii  COI'KIA,  Mlfjl,  No.  2,  pp.  237-238,  .luiii^  l'I 
l'rinlrd  in   i\  S.  A. 


i    àHu^K^ijy 


OBSERVATIONS  ON  THE  SPA^VXI^G  OF 
SURGEONFISHES  (ACANTHURIDAE)  IN 
THE  SOCIETY  ISLANDS.— Few  observations 
hâve  becii  madc  on  the  actual  spawning  of  marine 
fishes,  and  notliing  lias  becn  found  in  the  litera- 
ture  concerning  the  reproduction  of  smgeoii- 
fishes.  The  author  was  fortnnate  to  observe  the 
spawning  of  tvvo  acanthurids  in  the  Society  Is- 
lands,  Ctenochaetus  striatus  (Qnoy  and  Gaimard) 
and  Zehrnsoma  scopas  (Cuvier).  A  detailed  ac- 
coiint  of  the  spawning  of  a  third  snrgconfish, 
Acanthurus  triostegus  (Linnaeus),  in  the  Tuamotu 
Archipelago  appears  in  a  large  paper  dcaUng  with 
the  biology  of  this  species  (Randall,  in  press,  Pa- 
cific Science). 

Ctenochaetus  striatus  is  the  raost  common  acan- 
thurid  and  perhaps  the  most  abundant  reef  fish 
of  moderate  size  (it  attains  about  200  mm.  stand- 
ard length)  in  the  Society  Islands.  It  appears  nni- 
form  dark  brown  underwater;  however,  if  seen 
at  close  range,  blue  longitudinal  Unes  may  be 
visible  on  the  body  and  small  orange  spots  on 
the  head.  The  spawning  of  this  species  was  ob- 
served  in  Tahiti  on  February  17,  1957.  in  .\va  Iti 
Pass,  a  passage  about  yO  fcct  deep  through  tlie 
barrier  reef.  The  lirst  indication  of  spawning  was 


an  luiusual  concentration  of  this  fish  on  the 
northwest  side  of  the  pass  at  about  5  p.m.  No 
further  notice  was  taken  until  about  an  hour 
later  when  a  striking  color  change  of  the  fish 
becarae  apparent  which  the  author  had  not  seen 
previously.  Instead  of  appearing  iniiform  dark 
brown,  the  fish  wcre  pale  tan  except  for  about 
the  outer  G  mm.  of  the  médian  fins,  the  mouth, 
and  middorsal  part  of  the  head  and  nape  which 
were  abruptly  black  (the  mid-ventral  région  of 
the  head  was  not  seen;  possibly  a  black  band  was 
présent  there  too).  The  fish  were  aggregated  lin- 
carly  along  the  reef  edge  at  a  depth  of  about  8 
to  25  feet.  None  was  seen  to  swira  to  ihe  bottom 
to  fecd.  Nearly  ail  in  the  group  in  the  deeper 
Icvcls  exhibited  the  color  change,  but  most  of  the 
fish  near  the  surface  were  entirely  dark.  Pos- 
sibly this  différence  was  associated  with  the  prox- 
iraity  of  the  observer  at  or  near  the  surface, 
for  the  pale,  dark-margincd  fish  altered  within 
a  few  seconds  to  dark  brown  when  approached. 
They  appeared  to  be  just  as  wary  of  a  swimmer 
at  this  time  as  during  non-spawning  periods.  The 
fish  were  more  active  than  usual  and  millcd  con- 
Ntanllv.  .\ctual  spawning  took  place  when  about 


238 


COPEIA,   1961,  NO.  2 


three  to  five  hsh  swam  veiy  rapidly  iipwaid 
about  four  to  five  feet  above  the  main  school  aiul 
alniost  as  rapidly  dowii  again.  The  fish  rcmaincd 
nmarkably  close  togcther  diiring  the  asceiit. 
Therc  was  no  pause  at  the  upper  terminus  of  tlu- 
vertical  movement;  the  lish  turncd  abiuptly  and 
dispersed  as  they  returned  to  the  school.  A  small 
cloud  of  white,  presumably  milt,  could  be  seen 
at  the  pcak  of  the  movement.  Ail  of  the  hsh  hi 
the  small  spawning  groups  seemed  to  be  in  ihc 
pale,  dark-edged  color  phase.  It  was  impossible 
to  ascertain  how  many  timcs  individual  fish  par- 
ticipated  in  the  spawning  act,  for  this  ncver 
took  place  doser  than  15  feet,  and  in  tlie  failing 
light  (darkness  ensued  at  7  p. m.)  the  indi\idiials 
which  had  just  spawned  were  soon  lost  in  tlie 
main  school.  A  female  which  ivas  speared  was  dis- 
tended  with  transparent  cggs  less  than  1  mm  in 
diametcr  which  were  readily  relcascd  Ijy  apply- 
ing  slight  pressure  to  the  abdomen.  No  inter- 
férence from  other  species  of  fishes  was  observcd. 

On  May  8,  1957,  at  about  5  to  6  p.m.,  in  the 
lagoon  of  Raiatca  near  the  pass  off  Uturoa,  the 
dark  brown  Zebrasoma  icopas  was  observed  to 
spawn.  .\s  wilh  C.  strialii.s,  a  milHng  aggregation 
first  attracted  attention.  Several  small  schools  were 
notetLat  depths  of  10  to  20  feet  over  coral  heads 
at  thc^dge  of  the  decp  part  of  the  lagoon  next 
to  the  barrier  reef.  Fish  were  seen  chasing  one 
another,  and  none  was  feeding.  No  color  change 
was  apparent.  The  same  sudden  upward  swim- 
ming  of  small  gioiips  of  fish,  followed  by  down- 
ward  movemciil  and  dispersai  occurrcd;  however 
the  spawning  groups  usually  consisted  of  eight  to 
10  fish  and  their  movements  were  less  rapid  and 
not  as  consistently  vertical  (Le.  more  often  di- 
agonally  upward)  as  those  of  C.  striatus.  Five 
spécimens  of  Z.  scopas  were  speared  at  this  time; 
ail  were  nnining  ripe  maies  or  females. 

Tlu-  lliree  dilfercnt  acanthurids  which  were 
observcd  spawning  had  ail  choscn  localities  where 
a  stiong  current  set  to  the  opcn  sea. 

Al.so  comnion  to  ail  three  was  the  time  of  day 
at  whiili  spawning  took  place,  dusk.  Prior  to  any 
of  Ihese  observations  of  spawning  acanthurids, 
considérable  effort  was  expended  to  observe  the 
reproduction  of  Acanthunis  trioslegus  in  Hawaii 
during  hours  of  bright  sunlight,  but  without  suc- 
cess.  The  data  from  counting  the  numbcrs  of 
ripe  females  in  samplcs  of  adéquate  sizc  through- 
oul    llie    period    of    a    month    in    the    spawning 


sea.son  (December  to  July)  indicate  that  about  90 
percent  of  the  spawning  of  trinstegus  occurs  from 
12  days  before  to  two  days  after  full  muon.  It 
was  theii  thought  that  spawning  might  take  place 
at  nighi  when  the  moon  was  shining.  Repeated 
niglu  diving  with  an  underwater  light  failed  to 
reveal  any  reproductive  activity.  .'\fter  chancing 
upon  spawning  fish  in  the  Tuamotus  at  thisk. 
il  was  rcalized  that  no  concertée!  attempt  had  b^-en 
niadc  to  watch  thèse  hsh  in  Hawaii  at  this  time 
of  day.  Spawning  late  in  the  day  is  prcbably  char- 
acteristic  oi  A.  triostegtis  and  perhaps  of  ail  acan- 
thurids. At  Cat  Cay  in  the  Hahamas  in  early 
May,  1958,  a  large  group  of  blue  tang,  Acaiithui  us 
coeriilcus  (Bloth  and  .Schneider),  was  seen  ac- 
tively  milling  about  very  late  in  the  day  in  the 
same  manner  as  the  acanthurids  prcviously  dis- 
cussed,  and  it  is  believed  that  this  represented 
pre-spawning  behavior.  It  was  necessary  to  leavc 
the  arca  while  some  daylight  prevailed,  and  no 
actual   spawning  was  observed. 

The  prépondérance  of  spawning  near  the  time 
of  full  moon  by  A.  trioitegus  may  apply  to  other 
acanthurids.  Thèse  fortuitous  observations  of  the 
spawning  of  singeonfishes  were  ail  made  witliin 
five  days  of  full  moon. 

The  most  striking  feature  of  the  spawning  of 
thèse  fishes  is  the  sudden  upwartl  rush,  release  of 
sperm  and  eggs  at  the  acme  of  this  movement, 
followed  by  downward  swiinming  to  rejoin  the 
main  gioup  of  fish.  This  same  pattern  bas  been 
noted  for  five  West  Indian  parrotfishes  (Scaridae) 
and  one  wrasse,  Tlmlassoma  bijascintum  (Bloch) 
(Randall,  ms),  ail  of  which  lay  pelagic  eggs.  .\t 
first  it  was  thought  that  the  rapid  upwaid  move- 
ment scrved  the  pmpose  of  confusing  possible 
predators.  It  is  now  believed  that  the  primary 
function  of  this  movement  is  to  facilitate  the 
release  of  cggs  and  sperm  by  the  expansion  of 
the  airbladdcr  within  the  body  cavity  duc  to  the 
lowering  of  pressine  by  swift  upward  swimming. 
The  flexure  of  the  bodies  of  the  fishes  at  the  pcak 
of  their  movement  as  they  turn  sharply  to  head 
downward  probably  also  helps  release  gonadal 
products.  The  abrupt  change  in  direction  follow- 
ing  the  flcet  upward  dash  at  the  moment  eggs 
and  sperm  are  extruded  may  assist  in  their  raix- 
iine  aiid  dispersai. — John  E.  Rand.\ll,  Tlie  Mn- 
liiir  I.iihoKiloiy.  Viiwersity  of  Miami.  Contribu- 
tion No.  312. 


Date  Due 


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J968 
AUC  1  4  1968 


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