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HISTOIRE NATURELLE
DES CRUSTACÉS.
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HISTOIRE NATURELLE
DES CRUSTACÉS,
contenant leur Description et leurs
Moœurs ; #
AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE,
rar L. À. G BOSC,
Membre des Sociétés d'Histoire Naturelle de
Paris, Bordeaux et Bruxelles ; de la Société
Philomatique de Paris ; de la Société Linnéenne
de Londres, et de l’Académie de Turin.
TOME PREMIER.
DE L’IMPRIMERIE DE GUILLEMINE®T.
A HARRIS,
Chez Dsrervirre, rue du Battoir, n° 16.
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HISTOIRE NATURELLE
DES CRUSTACÉS.
INTRODUCTION.
Les progrès des connoiïssances hu-.
maines n'ont jamais suivi une marche
régulière. On a remarqué, dans toutes
les époques , qu'une branche étoit plus
cultivée qu'une autre, sans qu’on püût
assigner des causes à la préférence
qu'on lui accordoit. Des circonstances
presque toujours inconnues aux per-
sonnes même sur lesquelles elles agis-
sent, donnent aux études une direction
particulière , aux travaux un mode
déterminant, qui se fait sentir pendant
une suite d'années , après lesquelles
Crustacés. T
2 INTRODUCTION.
d’autres causes, du même genre, amè-
nent à un nouvel ordre d'idées domi-
nantes, et obligent les savans à porter
leurs méditations sur des objets jus-
qu’alors dédaignés.
Cette observation s'applique à l’His-
toire Naturelle encore plus qu'aux au-
tres sciences. On a vu, malgré les ra-
pides progrès qu'elle a faits depuis un
siècle, quelques-unes de ses parties res-
ter en arrière des autres, être négli-
gées à un point inconcevable , sans
qu'on puisse dire pourquoi, car plu-
sieurs, parmi ces derniers, avoient un
degré d'utilité plus réel , un but d'étude
plus intéressant que d’autres jouissant
de la faveur académique.
_ Parmi les classes ainsi injustement
délaissées, se présente celle des crus-
tacés, de ces animaux analogues aux
crabes etaux écrevisses, dont beaucoup
fournissent un aliment agréable, ou
sont pourvus d’une organisation remar-
| 142
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INTRODUCTION: se]
quable. On ne l'a que fort peu observée
jusqu’à présent , et la France ne pos-
sède aucun ouvrage propre à la faire
connoître comme elle le mérite.
Les Grecs appeloient les crustacés
Mananostoamer, et les Latins Crustacea ;
c'est-à-dire couverts d'une croûte dure ;
mais non pierreuse, comme celle des
coquillages.
Aristote leur a consacré un chapitre
entier, où 1l les considère sous tous
les rapports, et où 1l décrit les espèces
les plus connues de son temps. Athé-
née et Hypocrate les mentionnent dans
leurs ouvrages, à raison de leur usage
dans les alimens et en médecine.
Pline en a également parlé ; mais 1}
s'étend cependant moins à leur égard
qu'Aristote. On les trouve encore rap-
pelés, par occasion, dans quelques au-
tres auteurs anciens.
Tous ces auteurs, soit grecs, soit la-
tins, ont considéré les crustacés comme
4 INTRODUCTION.
faisant partie de la classe des poissons ,
ou mieux, Comme une classe à part,
intermédiaire entre les poissons et les
coquillages.
Les premiers Naturalistes modernes
qui ont écrit sur les crustacés, tels
que Rondelet, Bélon , Gesner, Aldro-
vande , Jonston, en firent également
une classe particulière, immédiatement
placée après les poissons ou les mollus-
ques.
Mais lorsque Linnæus voulut faire
la grande réforme, qu'on lui doit, dans
toutes les parties de l'Histoire Natu-
relle , 1} trouva que les crustacés a yant
des antennes, des pattes articulées en
charnière , et une enveloppe crustacée,
devoient être placés parmi les insectes,
et en conséquence 1l les mit , sans con-
sidérer leur organisation intérieure ,
dans la classe des insectes sans ailes,
ou aptères. Non seulemeni 1l a commis
celte erreur, qui, quoique conséquente
INTRODUCTION. 5
à ses principes, auroit dû être évitée
par lui, mais, encore, 1l n'a pas porté
sur les crustacés toute l'attention inves-
tisatrice dont 1l étoit pourvu. Il n’a
cherché ni à étudier les caractères d’a-
près lesquels on pouvoit les diviser en
plusieurs £enres, nià débrouiller lechaos
de leurs espèces. Il s'est contenté de les
diviser en deux grandes sections , c'est
à-dire en CRUSTACÉS BRACHYURES,
queue courte , et en CRUSTACÉS MA-
CROURES, queue longue, et de décrire
les espèces les plus saillantes , celles
dont la synonymie n’étoit point dou-
teuse. Enfin, ce grand Naturaliste a été
si fort au-dessous de {lui-même dans
ses travaux sur les crustacés, qu'il a
oublié presque toutes les petites es-
pèces, si communes en Suède comme
par-tout ailleurs; espèces que Muller
a fait connoiître depuis sous le nom gé-
néral d'insectes testacés, ou entomos-
tracés.
(] INTRODUCTION.
Depuis la premuère édition du $ys-
tema Naturæ de Tannæus , jusqu'à l'ap-
parition du Système entomologique de
Joh. Chri. Fabricius, ona fait connoitre,
par descriptions et gravures, beaucoup
d'espèces de crustacés ; mais, à l'excep-
tion de l'ouvrage de Muller, cité plus
haut, 1l n’a rien été imprimé qu’on
puisse dire avoir amélioré les principes
de la science. Quelques auteurs ont
bien distingué les crabes des écrevisses ,
mais sans s'appuyer de raisons suffisam-
ment valables.
C'est donc à Fabricius, à ce célèbre
entomologiste , qui a fait faire des pro-
grès si rapides à l'étude des insectes,
que l'on doit la première amélioration
qui ait été tentée dans la classification
des crustacés.
Comme élève de Linnæus , et par-
tant du principe, alors généralement
reconnu , que les crustacés étoient des
insectes , il les soumit à la méthode
INTRODUCTION. 7
qu'il a créée. En conséquence , il ana-
lysa leur bouche, leurs instrumens du
manger , pour se servir de ses expres-
sions, et le résultat de son examen le
porta à en faire une classe particulière,
qu'il appela agonata , et dont le carac-
tère fut, en langue systématique , Os
maxtillis palpisque quatuor aut sex,
mazxill@ inferiore nulla. T1 plaça cette
classe entre les synistata, qui com-
prennojent les ichneumon, les guêpes,
les abeilles, etc. , et les unogata, qui
comprenoient les libellules , les arai-
gnées, etc.
Fabricius rapporta à cette classe le
genre du scorpion, et 1l divisa les can-
cer de Linnæus, c'est-à-dire tous les
crustacés connus , aux entomostracés de
Muller près, en cinq genres, savoir :
Les Crabes, Cancer ; dont le carac-
tère fut quatre palpes (1) couvrant la
(1) Les palpes sont, dans Fabricius, ce
è INTRODUCTION.
bouche, et quatre antennes filiformes,
dont les postérieures ont la dernière
articulation divisée en deux.
Ce sont les crabes et les cancres des
auteurs français.
Les Pagures, Pagurus ; dont le ca-
ractère fut quatre antennes pédoncu-
lées , inégales, les antérieures sétacées,
les postérieures fliformes , avec la der-
mère articulation bifñde.
Ce sont les bernard l'hermite des
auteurs français.
Les Scyllares , Scyllarus ; dont le
caractère fut deux antennes filiformes,
dont la dernière articulation est bifide ;
deux écailles à deux articulations , en
place des antennes postérieures.
La squille large des Francais.
que Geoffroy appelle les antennules, c’est-
à-dire, ces organes alongés , articulés, qui
se voient à côté de Ja bouche.
INTRODUCTION. 9
Les écrevisses , Astacus ; dont le ca-
‘ractère fut quatre antennes pédoncu-
lées, les antérieures alongées, sétacées,
les postérieures divisées en deux.
Ce sont les homars , les écrevisses
des Français.
Les Crevettes, Gammarus ; dont le
caractère fut quatre antennes simples ,
sessiles, les antérieures courtes , eten
alènes, les postérieures sétacées.
Ce sont les crevettes des Français.
Quant aux autres crustacés, aux en-
tomostracés de Muller, Fabricius les
réunit tous sous le nom générique de
Monoculus, ainsi que Linnæus l’avoit
fait, et les plaça au commencement de
la classe des synistates , à côté des clo-
portes , et leur donna pour caractère
quatre palpes, dont les antérieures sont
filiformes , et des antennes souvent ra-
meuses.
10 INTRODUCTION.
Fabricius conserva cet ordre de
choses dans son Species et son Mantissa
ensectorum ; mais 1l fit quelques chan-
gemens dans l'édition suivante, inti-
tulée, Entomologia systematica.
Là , on ne voit plus les scorpions
avec les crustacés; mais on y trouve
les monocles, et trois genres de plus,
savoir :
Hippa , dont le caractère est deux
antennes pédonculées , sétacées , cou-
vertes de poils ;
Limulus , dont le caractère est qua-
tre palpes de chaque côté ; les trois
postérieurs armés de pinces ; les man-
dibules armées également de pinces ,
et les antennes nulles ;
Cymothoa , dont le caractère est :
bouche sans palpes et sans mandi-
bules ; quatre antennes égales et ses-
siles. |
INTRODUCTION. x
Dans toutes ces éditions, Fabricius
avoit réuni, aux espèces Gont 1l avoit
d'abord étudié le caractère, toutes les
nouvelles espèces dont 1l s'étoit procuré
la vue, et ce, sur leur apparence gé-
nérale , leur faces, comme disent les
Naturalistes, sans s'assurer, par l’ana-
tomie de leur bouche , si réellement
ils appartenoient aux genres parmi les-
quels il les plaçoit. D'un autre côté, le
nombre des espèces, sur-tout dans les
genres crabe et écrevisse, étoit devenu
si nombreux , qu'elles exigeoient de
nouvelles coupures pour pouvoir être
étudiées avec facilité.
Ces considérations déterminèrent
Fabricius , que domine le seul desir
de voir se perfectionner la science,
qu'il cultive avec tant de succès , à
publier, dans un supplément qu'il vient
de faire paroître , un très-grand travail
de son élève et ami Daldorf ; travail
qui change entièrement de face ce qui
12 INTRODUCTION.
avoit été fait jusqu'à présent sur les
crustacés.
Le travarl de Daldorf , adopté par
Fabricius, est d’une grande importance,
et peut même être regardé comme
fondamental. On en auroit donné 1ic1
la traduction entière, si les bornes de
l'ouvrage l’avoient permis. On se con-
iente en conséquence, de donner une
traduction des caractères génériques
abrégés, tels que Fabricius les a fat
imprimer à la tête de chaque genre.
D'abord , 1l faut savoir que l’ancienne
classe agonata a été supprimée , et rem-
placée par trois autres, qui portent de
nouveaux noms.
La première classe, la neuvième du
Système Entomologique, K LELSsT AG-
NATHA , Contient quatorze genres.
Ses caractères sont plusieurs mâchoires
extérieures à la lèvre, et couvrant la
bouche.
INTRODUCTION. 15
Crabe , Cancer. Quatre antennes
presque égales ; les intérieures compli-
quées, rapprochées , repliées dans une
fossette creusée au bord de la tête;
les extérieures sétacées , insérées sur
une saillie du bord du front.
Calappe, Calappa. Quatre antennes
presque égales ; les extérieures sétacées,
insérées dans une fossette sous l’œ1l; les
intérieures à quatre articulations anten-
nuliformes ; le dernier article bifide.
Ocypode , Ocypoda. Deux antennes
très-courtes, sétacées, insérées dans
une excision à la base des yeux.
Leucosie , Leucosia. Deux antennes
antennuliformes, à quatre articulations,
se logeant dans une fossette proémi-
nente du front.
Parthenope, Parthenope. Quatre an-
tennes presque égales ; les extérieures
sétacées , insérées dans une excision
Crustacés. 2
14 INTRODUCTION.
sous les yeux ; les intérieures antennu-
liformes , compliquées, se cachant dans
une fossette latérale et inférieure du
rostre.
Inachus , Inachus. Quatre antennes
égales ; les extérieures sétacées , insé-
rées dans une denture du rostre ; les
intérieures antennuliformes | compri-
mées, en pinces, se repliant dans une
fossette latérale et inférieure du rostre.
Dromie , Dromia. La partie ex-
térieure des mâchoires extérieures en
forme de fouet; quatre antennes, les
intermédiaires antennuliformes; la pre-
mière articulation anguleuse, ayant un
canal qui recoit les autres.
Dorippe, Dorippe. Les mâchoires
secondaires ayant leur partie exté-
rieure , osseuse à son extrémité, placée
entre les antennes. Quatre antennes;
les extérieures sétacées , insérées sur
INTRODUCTION. 15
une fossette des intérieures, qui sont
antennuliformes.
Orithie, Orithia. Les mâchoires ex-
térieures a yant une découpure latérale ,
lancéolée, aiguë et courte. Quatre an-
tennes inégales ; les intérieures plus
longues , antennuliformes.
Portune , Portunus. Tes mächoires
extérieures ayant une découpure laté-
rale en forme de fouet. Quatre antennes
inégales ; les extérieures plus longues,
sétacées ; les intérieures antennuli-
formes.
Matute, Matuta. Deux antennes
courtes , antennuliformes , recourbées
dans la fossette des yeux , à quatre
articulations ; la quatrième plus courte,
recourbée, en alène , bifide.
Hippe, Hippa. Quatre antennes pé-
donculées , inégales ; les intérieures
‘plus courtes , bifides ; les divisions
16 INTRODUCTION.
sétacées , ciliées des deux côtés , insé-
rées entre les pédoncules des yeux ;
les extérieures épaisses , filiformes ,
contournées sur elles-mêmes , ciliées
des deux côtés , cachées sous la mâ-
choire extérieure.
Symethis, Symethis. Deux antennes
très-courtes à quatre articulations, re-
courbées dans une fossette du rostre.
Limule , Limulus. Quatre anten-
nules de chaque côté ; les trois posté-
rieures en pinces. Les antennes nulles.
Classe seconde, la dixième du Sys-
téme Entomologique.
ExocxnATA. Plusieurs mâchoires
extérieures à la lèvre , couvrant les
antennules.
Albunée, Albunea. Quatre anten-
nes inégales , pédonculées ; les inté-
rieures très - longues , sétacées , inté-
rieurement ciliées sur deux rangs ; le
INTRODUCTION. 17
pédoncule excavé en dessous ; les ex-
térieures très-courtes , épaisses, com-
primées , ciliées des deux côtés ; le
pédoncule bifide.
Scyllare, Scyllarus. Quatre antennes
inégales ; les intérieures un peu lon-
gues , filiformes ; la dernière articula-
tion bifide ; les extérieures élargies ,
applaties, épineuses et ciliées.
Palinure , Palinurus. Quatre anten-
nesinésales, pédonculées; le pédoncule
à articulation simple; les intérieures
a , » ,
plus courtes , sétacées , bifides , sans
épines ; les extérieures très - longues ,
sétacées, épineuses.
Palæmon, Palæmon. Quatre anten-
nes inégales , pédonculées ; les supé-
rieures plus courtes, bifides, sétacées,
la découpure intermédiaire plus courte;
les inférieures très-longues , sétacées ,
simples.
se
18 INTRODUCTION.
Alphée, 4A/phœus. Quatre antennes
pédonculées, inégales , sétacées ; les
intérieures courtes, bifides ; les exté-
rieures plus longues, simples ; la pre-
mière articulation du pédoncule portant
une écaille à sa base.
Écrevisse, Astacus. Quatre antennes
pédonculées , inégales , sétacées ; Les in-
térieures plus courtes, bifides; les ex-
térieures simples ; la première articu-
lation des pédoncules épineuse à son
extrémité,
Péné, Penaeus. Quatre antennes
inégales , sétacées , pédonculées , insé-
rées les unes sur les autres ; les supé-
rieures plus courtes, bifides ; les infé-
rieures très-longues , simples ; la pre-
mière articulation du pédoncule avec
une écaille bifide , la découpure exté-
rieure épineuse.
Crangon, Crangon. Les antennules
Ed
INTRODUCTION: 19
extérieures épaisses, ciliées , bifides ;
la découpure extérieure plus courte , en
forme d'éventail. Quatre antennes pé-
donculées , inégales ; les intérieures
plus courtes, bifides ; les extérieures
très-longues , sétacées ; le pédoncule
appuyé contre une écaille cihiée.
Pagure, Pagurus. Quatre antennes
pédoncuülées ; les intérieures filiformes,
le dermer article bifide, le pédoncule
à une seule articulation et épineux ; les
extérieures sétacées.
Galathée, Galathea. Quatre anten-
nes inégales , pédonculées ; Îles inté-
rieures courtes, filiformes, à trois arti-
culations, dont la dernière est bifide ;
la découpure inférieure sétacée, à beau-
coup d’articulations ; la supérieure en
faulx ; les extérieures sétacées à pédon-
eule simple.
Squille, Squrlla, Quatre antennes
20 INTRODUCTION:
presque égales, pédonculées ; les inté+
rieures plus longues, bifides ; Les exté:
rieures simples, à pédoncule bifide.
Posydon , Posydon. Les antennules
extérieures foliacées, onguiculées à leur
extrémité. Quatre antennules sétacées ,
à pédoncule simple. Les intérieures
plus courtes, bifides.
Crevette, Gammarus. Quatre an-
tennes très-simples , pédonculées ; les
antérieures courtes, subulées ; les pos-
térieures séfacées.
Classe troisième, la huitième du Sys-
tème Entomologique.
PoLziIGoNATA. Plusieurs mâchoires
entre les lèvres.
Cloporte , Onrscus. Deux antennules
de chaque côté attachées à la lèvre ;
deux antennes filiformes.
Ligie, Lioia. Point d'antennules z
[e
eux antennes sétacées.
INTRODUCTION. 21
Tdoté, Idotea. Quatre antennules ;
quatre antennes sétacées ; les inférieures
plus longues.
Cymothe , Cymothoa. Deux anten-
nules sétacées ; quatre antennes égales,
sétacées.
Monocle , Monoculus. Quatre an-
tennules de chaque côté ; dont les ar-
ticulations décroissent insensiblement ;
les antennes très-courtes.
Dans l'intervalle qui s’est écoulé en-
tre la troisième et la cinquième édi-
tion de l'Entomologie de Fabricius ,
J.F. W. Herbst publia une Histoire
Naturelle des Crabes, en allemand,
avec un très-grand nombre de figures.
Cet ouvrage n’est qu’une compilation ;
mais 1l présente l'ensemble le plus
complet qu'on possède encore sur les
crustacés , et 1l, paroît aussi bien fait
22 INTRODUCTION.
qu’on a droit de l’exiger; mais on ne
le cite ici que pour observer qu'il a
conservé le genre de Linnæus dans son
intéorité; que , comme Gmelin, dans
son édition du Système de la Nature, 1l
s’est contenté de former des divisions
avec les genres de Fabricius , tels qu'ils
étoient avant le travail perfectionné
dont 1l vient d'être question.
On auroit dû parler , 1l y a déjà long-
temps, de l'ouvrage de Muiler, attendu
que sa date est antérieure à la dernière
édition de Fabricius ; mais la nature
presque microscopique des animaux
dont il parle , détermine à les placer
à la fin de la classe des crustacés , et
on n'a pas voulu interrompre l'exposi-
tion des travaux faits sur les grandes
espèces.
Plusieurs des entomostracés de Mul-
ler ont été connus avant lui sous diffé-
rens noms ; On en trouve de décrits par
Joblot , Baker , FKrisch , Réaumur ,
INTRODUCTION. 23
Degeer , Ledermuller et Geoffroy ;
mais c'est ce dernier, qui, le premier,
les caractérisa d'une manière précise,
sous les noms génériques de Monocles
et de Binocles, genres réunis par Lan-
næus, et qui forment les deux grandes
divisions de Muller.
Les entomostracés ont une organisa-
tion propre, comme on le verra par
la suite, que Muller compare, savoir,
pour les amymones et les nauplies , à
celle des patelles ; pour les argules et
les limules , aux écrevisses ; pour les
polyphèmes et les cyclops, aux crabes;
pour les calliges , aux lernées ; et enfin,
pour les cythérées, les cyprides, les l'yn-
cées, et les daphnies, aux coquillages
bivalves. Ces rapprochemens sont cer-
tanement frappans au premier coup-
d'œil ; mais 1ls ne soutiennent pas un
examen approfondi : aussi Muller ne
les donne-t-1l que pour ce qu'ils va-
lent.
24 INTRODUCTION.
Les caractères génériques des ento-
mostracés sont très-simples.
Première classe. Les monocles ; qui
n'ont qu'un œil.
Première division. Les monocles uni-
valves, c’est-à-dire qui ont leur dos
couvert d’un bouclier d’une seule pièce.
Amymone, Amymone. Quatre pieds.
Nauplie, Nauplius. Six pieds.
Deuxième division. Les monocles
bivalves, c'est-à-dire qui oni leur dos
couvert d’un bouclier de deux pièces.
Cypride , Cypris. Quatre pieds.
Cythère, Cythere. Huit pieds.
Daphnie , Daphnia. Huit à douze
pieds.
Troisième division. Les monocles
crustacés , C'est-à-dire qui ont leur dos
INTRODUCTION. 25
couvert d’un bouclier de plusieurs
pièces.
Cyclops, Cyclops. Huit pieds et deux
antennes.
Polyphème, Polyphemus. Huit pieds
et point d'antennes.
Deuxième classe. Les binocles; ceux
qui ont deux yeux.
Première division. Les binocles uni-
valves, c’est-à-dire dont le dos est cou-
vert d’un bouclier d'une seule pièce.
Argule , Argulus. Les yeux infé-
rieurs.
Calige, Caligus. Les yeux margi-
naux.
Limule, Limulus. Les yeux supé-
rIEUTS.
Deuxième division. Les binocles bi-
valves, c'est-à-dire dont le dos est cou-
vert d'un bouclier de deux pièces.
Crustacés. 3
20 INTRODUCTION.
Lyncée , Lynceus. Les yeux laté-
Faux.
Muller considéroit aussi les animaux
qui composent les genres dont on vient
de lire l’énumération, comme des in-
sectes.
Cuvier, dans les tableaux qui sont
à la suite de ses leçons d'anatomie com-
parée , a , le premier, réformé l'erreur
introduite par Linnæus dans la classi-
fication des crustacés. Ce savant ana-
tomiste, ayant reconnu que les crus-
tacés respiroient uniquement par des
branchies , en a formé une classe par-
ticulière, qu'il a placée entre les vers
et les insectes. IL les divise en deux
grandes sections , les monocles , qui
comprennent cinq genres , et les écre-
visses, qui en renferment sept. Com-
me 1l na pas encore publié le texte
qui doit servir d'appui à ces ta-
bleaux, on ne peut pas entrer ici dans
INTRODUCTION. 27
de plus grands développemens à leur
égard.
Lamarck, saisissant l’appercu de Cu-
vier, lui a donné de grands dévelop-
pemens dans son ouvrage sur ses ani-
maux invertébrés. Là, 1l a aussi fait
une classe particulière des crustacés,
classe qu'il a placée entre les mollus-
ques et les arachnides , autre classe
qui lui est due, et qui lie fort bien les
crustacés aux insectes.
L'organisation, dit donc Lamarck,
étant , de toutes les considérations, la
plus essentielle pour guider dans une
distribution méthodique et naturelle
des animaux, ainsi que pour déter-
miner, parmi eux, les véritables rap-
ports, 1l en résulte que les crustacés
respirant uniquement par des bran-
chies , à la manière des mollusques,
et ayant comme eux un Cœur mus-
culaire , doivent être placés immédia-
tement après eux.
20 INTRODUCTION.
Outre la considération du cœur des
crustacés, des branches dont 1ls sont
munis pour leur respiration, et de leur
défaut de stigmats , et par conséquent
de trachées , ils ont encore la faculté
de s’accoupler et d'engendrer plusieurs
fois pendant leur vie, ce qu'ils ont de
commun avec les mollusques, et ce qui
les distingue fortement des insectes qui
ne jouissent nullement de cet avantage.
D'autre part, les animaux qui ter-
minent la classe des mollusques, les
balanites et les anatifs, ont des tenta-
cules articulés | et semblent vérita-
blement former le passage des mollus-
ques aux crustacés d'une manière re-
marquable.
Un autre rapport qui rapproche en-
core les crustacés des mollusques peut
être emprunté de la considération des
yeux. En effet, on sait que dans beau-
coup de mollusques les yeux sont élevés
sur des pédicules mobiles, et qu'ils sont
INTRODUCTION. 20)
situés, soit à l'extrémité de ces pédicu-.
les , soit au-dessous de cette extrémité.
On retrouve exactement la même chose.
dans beaucoup de crustacés, avec cette
différence que, dans ceux-ci, les pédi-
cules ayant une peau dure et crustacée
ne peuvent pas être aussi contractiles. Ils
le sont effectivement un peu moins,
et ne servent pas davantage.
On va donner l'exposé du travail de
Lamarck; mais auparavant 1l convient
d'observer que , quoique la manière
d'être des crustacés, et les faits ana-
tomiques qu'ils présentent , engagent
ici à adopter l'opinion de Cuvier et de
Lamarck , et qu'on soit déterminé à en
faire une classe particulière, il est en-
core permis de penser que cette opéra-
tion est peut-être prématurée. Latreille,,
dans les préliminaires d’un savant ira-
vail sur les crustacés, préliminaire dont
il a permis de faire usage 1c1, remarque
que la squulle mante et la creveite des
39 {INTRODUCTION
ruisseaux sont certainement des crus-
tacés , et que, cependant l'organe qu’on
suppose étre leur cœur ne diffère pres-
qu'en rien du vaisseau ordinaire que
Yon voit dans les insectes; organe se
dilatant, se contractant sans cesse, et
auquel on refuse la fonction du cœur.
Il ajoute que Cuvier a disséqué, en sa
présence, la squille mante, et s'est con-
vaincu de ce fait, relativement à ce
crustacé. Quant à la crevette des ruis-
seaux, 1l n'y a pas besoin de dissec-
tion pour s'assurer que le vaisseau en
question occupe toute la longueur du
corps, et qu'il jouit d'un mouvement
de systole et de diastole. Il suffit de
regarder un de ces animaux, vivant,
à travers le jour. Sa demi-transparence
permet de voir ée qui se passe dans
son COTPS. |
Mais 1l faut laisser à Cuvier, et aux
autres anatomistes de sa force, le soin
de multplier les observations pour
INTRODUCTION. 51
éclairer cette partie encore obscure de
l'Histoire Naturelle : 1l faut revenir
à l'exposition du système de Lamarck
sur les crustacés.
Ce savant Naturaliste divise les crus-
tacés en deux grandes sections. Les
crustacés pédiocles et les crustacés ses-
siliocles, C'est-à-dire, ceux qui ont les
yeux distincts, élevés sur des pédicules
mobiles, et ceux qui ont les yeux dis-
tincts ou réunis, mais constamment
fixées et immobiles,
Ces deux divisions sont fort natu-
relles, et satisfont l'esprit lorsqu'on ne
considère que l’ensemble de la classe ;
mais quand on entre dans le détail de
l'étude des genres, et encore plus dans
celle des espèces, on est souvent em-
barrassé par les nombreuses anomalies
qui se présentent, et on est déterminé
à croire qu'il est possible de trouver
des moyens de division sujets à moins
d'inconvéniens.
22 INTRODUCTION.
Pour mettre le lecteur à portée d'ap-
précier le travail de Lamarck, on ne
peut mieux faire que de donner ici le
développement de ses genres.
CRUSTACÉS PÉDIOCLES.
1. Crustacés à corps court, ayant une queue
nue, sans feuillets, sans crochets , sans
appendices latéraux, et appliquée contre
le dessous de l’abdomen. Cancri brachyuri
de Linnæus.
À. Crustacés dont le corps est arrondi
ou obtus antérieurement.
Crabe , Cancer. Quatre antennes
courtes, inégales; les deux intérieures
coudées ou phées, à dernier article
bifide ; les deux extérieures sétacées.
Corps court, plus large antérieure-
ment, ou dans la partie moyenne , que
postérieurement. Dix pattes onguicu-
lées; les deux antérieures terminées en
pointes. Cancer pagurus. Fab.
INTRODUCTION. 33
Calappe, Calappa. Quatre antennes,
comme celles des crabes. Corps court,
plus large postérieurement , et ayant
ses bords latéraux postérieurs très-
dilatés, tranchans et saillans en demi-
voute. Dix pattes onguiculées, se re-
tirant , dans le repos, sous les cavités
du côté du corps; les deux antérieures
terminées en pinces , et ayant les mains
comprimées, eten crête. Calappa gra-
nulata. Fab.
Ocypode, Ocypoda. Quatre anten-
nes très-courtes et inégales. Pédicules
des yeux alongés, insérés chacun dans
l'angle latéral du chaperon, et occu-
pant le reste de la longueur du bord
antérieur. Corps presque carré, à cha-
peron étroit, rabattu en devant. Dix
pattes onguiculées; les deux antérieures
terminées en pinces. Ocypoda ceratoph-
thalma. Fab.
Grapse, Grapsus. Quatre antennes
34 .INTRODUCTION.
courtes, articulées , cachées sous le cha-
peron. Les yeux aux angles du chape-
ron, et à pédicules courts. Corps dé-
primé , presque carré , à chaperon
transversal , rabattu en devant. Dix
pattes onguiculées ; les deux anté-
rieures terminées en pinces. Cancer
grapsus. Fab.
Doripe, Doripe. Quatre antennes ;
les intérieures palpiformes , les exté-
rieures sétacées. Corps déprimé, cor-
diforme, plus large postérieurement ,
rétréci, mais tronqué dans sa partie
antérieure. Dix pattes onguiculées; les
deux antérieures terminées en pinces ;
les quatre posiérieures dorsales et pre-
nantes. Cancer granulatus. Fab.
Porture, Portunus. Quatre antennes
inégales , petites, articulées ; les exté-
rieures sétacées et plus longues. Corps
Jarge , court, déprimé, denté sur les
bords, et rétréci postérieurement. Dix
INTRODUCTION. 35
pattes, dont les deux postérieures sont
terminées par une lameapplatieetovale.
Portunus depurator. ab.
Podophitalme ; Podophtalmus. Qua-
tre antennes articulées , inégales; les
extérieures sétacées , plus petites; pé-
dicules des yeux très -rapprochés à leur
insertion, et aussi longs que le bord
antérieur. Corps large, court, déprimé,
anguleux et pointu latéralement. Dix
pattes ; les deux antérieures terminées
en pinces ; les deux postérieures ter-
minées par une lame ovale.
Une espèce de ce genre est au Mu-
séum National.
Matute, Matuta. Quatre antennes ;
deux intérieures quadriarticulées , à
dernier article bifide : deux extérieures
plus courtes, et peu apparentes. Corps
court, déprimé , plus large antérieu-
rement, ou dans sa partie moyenne.
Dix pattes; les deux antérieures ter-
36 ENTRODUCTION.
minces en pinces ; toutes les autres ter-
minées par une lame plate et ovale.
Matuta victor. Fab.
B. Crustacés à corps rétrécr et avancé
en pointe antérieurement.
Maja, Maja. Quatre antennes; les
intérieures palpiformes; les extérieures
sétacées. Corpsovale, conique, pluslarge
postérieurement, rétréci en pointe dans
sa partie antérieure; dix pattes, toutes
onouiculées ; les deux antérieures ter-
minées en pinces. Cancer Eriocheles,
Oliv. Ency. Herbst. Canc. Tab. 15.
Jig. 67. pour LOUE quiont les bras courts.
Cancer langimana. Rumph. Herbst.
Canc. Tab. 19. fig. 105 pour ceux qui
ont les bras longs.
C. Crustacés à corps suborbiculaire.
Porcellane, Porcellana. Quatre an-
tennes inégales ; les deux extérieures
cs 0 L4 ? 2 ,
très-Jongues, sétacées, multiarticulées,
INTRODUCTION. 37
et insérées derrière les yeux. Corps
suborbiculaire, à queue repliée en des-
sous. Dix pattes onguiculées : les deux
antérieures terminées en pinces; les
deux postérieures très-pelites. Cancer
platycheles. Olhiv. Ency. Herbst. Canc.
Tab 2. fig. 26.
Leucosie, Leucosia. Deux ou quatre
antennes, petites, quadriarticulées, in-
sérées entre les yeux. Corps subor-
biculaire, plus ou moins convexe, quel-
quefois renflé, à queue nue, repliéeen
dessous. Dix pattes , toutes onguicu-
lées; les deux antérieures terminées en
pinces. Leucosta craniolaris. Fab.
Arctopsis, Arctopsis. Six antennes
droites, très-longues, simples, garnies
de poils verticillés. Corps ovale-coni-
que, pointu antérieurement. Dix pattes
onguiculées ; les deux antérieures ter-
minées en pinces.
Crustacés, I, 4
38 INTRODUCTION.
4‘
2.° Crustacés à corps oblong , ayant une
queue , alongée, garnie d’appendices, ou de
feuillets , ou de crochets. Cancri macrourt.
Linnæus.
Albunée, A/bunea. Quatre antennes
inégales, ciliées; lesintérieures très-lon-
gues, sétacées , simples. Corps oblons ;
queue presque nue. Dix pattes , dont
les deux antérieures sont terminées en
pinces. A/bunea dentata. Fab.
Hippe, Hippa. Quatre antennes iné-
gales, ciliées. Les intérieures plus cour-
tes’et bifides ; corps oblong ; queue
munie d'appendices latéraux à son or1-
gine. Dix pattes, toutes dépourvues de
pinces. Hippa adactyla. Fab.
Ranine , Ranina. Quatre antennes
courtes ; les deux intérieures à dernier
article bifide. Corps oblong, cimér-
forme , tronqué antérieurement; queue
petite, ciliée sur les bords, Dix pattes;
INTRODUCTION. 39
les deux antérieures terminées en pin-
ces ; les quatre postérieures terminées
en nageoires. Cancer raninus. Rum-
phius. Herbst. Tab. 22. fio. 1.
Scyllare , Scyllarus. Deux antennes
filiformes , articulées, bifides au som-
met. Deux feuillets en crètes, dentés,
cihés, articulés inférieurement, tenant
lieu d'antennes extérieures. Corcelet,
grand ; large queue ; garnie d’écailles
natatoires. Dix pattes antérieures, non
chélifères. Scyllarus antarticus. Fab.
Écrevisse, Astacus. Quatre antennes
inégales, les intérieures plus courtes,
multiarticulées, divisées en deux pres-
que jusqu à la base. Corps oblong sub-
cylindrique , terminée antérieurement
par une pointe courte, saillante entre
les yeux ; queue grande , garme d'é-
cailles natatoires. Dix pattes, dont les
antérieures sont terminées en pinces.
Astacus fluviatilis. Wab,
40 INTRODUCTION.
Pagure | Pagurus. Quatre antennes
inésales ; les intérieures courtes, bifides
au sommet ; les extérieures longues et
sétacées. Corps oblong. Queue molle
ou non crustacée , ayant des crochets
à son extrémité. Dix pattes; les deux
antérieures munies de pinces. Pagurus
bernardus. Fab.
Galathée, Galathea. Quatre anten-
ues inégales ; les deux intérieures fort
courtes , triarticulées, à dermier article
bifide. Les extérieures longues et sé-
tacées. Corps oblong ; queue grande,
garnie d'écailles natatoires. Dix pattes ;
les antérieures terminées en pinces.
Galathea strigosa. Fab.
Palinure, Palinurus. Quatre anten-
nes inégales ; les intérieures plus cour-
tes, mutiques, bifides au sommet; les
extérieures très-longues, sétacées et his-
pides. Corps et queue des écrevisses.
Dix paties, toutes onguiculées , dé-
INTRODUCTION. 41
pourvues de pinces, et ayant des brosses
ou faisceaux de poils à leur extrémité.
Palinurus homarus. Fab.
Crangon, Crangon. Quatre antennes;
deux antérieures courtes et bifñdes ;
deux extérieures fort longues, sétacées,
munies chacune à leur base d’une écaille
oblongue, ciliée. Corps et queue des
écrevisses. Dix pattes onguiculées, les
antérieures terminées en pinces. Cran-
gon vulgaris. Fab.
Palæmon, Palæmon, Quatre anten-
nes ; les intérieures plus courtes et tri-
fides ; les extérieures fort longues et
sétacées. Corps subcylindrique , ter-
miné antérieurement par une pointe
très-saillante , dentée en scie; queue
des écrevisses; pattes onguiculées ; les
antérieures terminées en pinces. Palæ-
mon carcinus. Fab.
Squille , Squilla. Quatre antennes
presque égales ; les intérieures un peu
.,
42 INTRODUCTION:
plus longues et trifides; les extérieures
plus courtes, accompagnées d'un feuillet
oblong. Corcelet court ; queue fort lon-
gue, s'élargissant vers son extrémité ;
garnie d'écailles et de branchies dé-
couvertes. Quatorze pattes ; les anté--
rieures , terminées par une pièce en
scie ou en peigne d'un côté. Squrlla
mantis. Kab.
Branchiopode, Branchiopoda. Qua-
ire antennes simples, sétacées, inégales.
Corps oblong , dépourvu de pattes ,
mais ayant de chaque côté une ou plu-
sieurs rangées de branches oblongues,
cihées, natatoires, qui en tiennent lieu.
Queue nue, articulée, longue, fourchue à
l'extrémité. Gammarus stagnalis. Fab.
CRUSTACÉS SESSILIOCLES.
Crustacés à corps couvert de pièces crusta-
cées , nombreuses, soit transverses , soit
longitudinales.
Crevette, Gammarus. Quatre an-
INTRODUCTION. 43
tennes simples , inégales, sétacées , ar-
ticulées, disposées sur deux rangs. Deux
yeux distincts et sessiles. Corps alongé,
couverts de pièces crustacées, transver-
ses. Des appendices bifides sur les côtés
de la queue, et à son extrémité. Des
pattes articulées et onguiculées. Gam-
marus pulex. Fab.
Aselle, 4sellus. Quatre antennes sé-
tacées, simples, inégales, disposées sur
le même rang. Deux ou quatre anten-
nules. Corps oblong, recouvert de plu-
sieurs pièces crustacées , transverses ,
et terminé par une queue large, mu-
ne de deux appendices bifides. Qua-
torze pattes. Cymothoa entomon Fab.
Chevrolle , Caprella. Quatre anten-
nes inégales. Corps linéaire avec des
renflemens irréguliers, articulé, à seg-
mens plus longs que larges. Queue
nulle ou très - courte , et dépourvue
d'écailles ou d’appendices quelconques.
44 INTTODUCTION
Pattes articulées, disposées par paires
et irrégulièrement distantes. Cancer
linearis. Linnœus.
Cloporte, Oniscus. Deux ‘antennes
sétacées , coudées, ayant Cinq où six
arücles, plusieurs paires de mächoi-
res. Corpsovale, recouvertde plusieurs
pièces crustacées transverses , subim-
briquées. Deux appendices courts et
très - simples à l'extrémité du corps.
Quatorze pattes. Oniscus asellus. Fab.
Forbicine, F orbicind. Deux antennes
longues et sétacées. Bouche munie de
mandibules, de deux mâchoires et de
quatre antennules inégales. Corps alon-
sé , couvert d'écailles. Trois filets
sétacés à la queue. Lepisma sacha-
rina. Fab,
Cyame, Cyamus. Quatre antennes
inégales; les deux antérieures plus lon-
gues, sétacées. Un suçoir simple, ré-
INTRODUCTION. 45
tractile: sortant d’une fente courte, si-
tuée sous la tête. Deux antennules in-
sérées à la base de la bouche. Deux
yeux. Corps ovale, déprimé à six seg-
mens pédifères. Six paires de pattes:
chaque patte terminée par un crochet.
Pyonogonum ceti. Fab.
Ligie , Ligra. Deux antennes séta-
cées, ayant plus de dix articles. Corps
ovale, sabmarginé, recouvert de pièces
crustacées, transverses. Les appendices
de la queue courts et bifides. Ligra
oceanica. Fab.
Cyclops, Cyclops. Deux ou quatre
antennes simples , sétifères. Un seul œil!
apparent. Corps alongé, atténué vers son
extrémité postérieure , et couvert de
pièces crusiacées transverses ; queue
fourchue ou terminée par deux pointes
sétacées. Monoculus minutus. Fab.
Poliphème, Po/yphemus. Point d'an-
46 INTRODUCTION.
tennes ; deux antennules biarticulées et
chélifères. Deux yeux écartés. Corps
couvert par un large bouclier crusta-
cé, divisé en deux pièces inégales par
une suture transverse, et terminé par
une queue subulée. Cinq paires de
pattes. Limulus polyphemus. Fab.
Limule , Limulus. Deux antennes
simples. Deux yeux distincts. Corps
couvert par un bouclier crustacé d'une
seule ou de deux pièces. Monoculus
apus. Fab. :
Daphnie, Daphnia. Deux antennes
rameuses, sétifères. Un seul oœ1l appa-
rent. Corps ovale, convexe , couvert
par un bouclier crustacé , formé de
deux pièces réunies longitudinalement.
Monoculus pulex. Fab.
Amymone , Amymona. Deux an-
tennes simples, sétifères. Un seul œil
apparent. Corps ovale , convexe, cou-
INTRODUCTION. 47
vert par un bouclier crustacé d’une
seule pièce, Monoculus satyrus. Fab.
Céphalocle , Cephaloculus. Point
d'antennes. Deux antennules longues,
fourchues. Un grand œil globuleux,
saillant antérieurement, et imitant une
tête. Monoculus oculus. Fab.
Les animaux de tous les genres dont
on vient de voir les caractères, vivent
habituellement dans l’eau, ou du moins
peuvent y vivre, excepté deux; le clo-
porte et la forbicine, qui y périssent,
par une immersion de quelques instans.
Ils ont donc une organisation différente,
aussi ne leur trouve-t-on point de bran-
chies ; ainsi ils doivent être reportés
dans la classe des insectes. En consé-
quence on n’en parlera pas 1c1.
On l’a déjà dit, et on le répète, le
travail de Lamarck améliore beau-
coup l'état de la science, mais 1l est
susceptible de quelques légères modi-
40 INTRODUCTION.
fications , qui, du moins on le présume,
peuvent conduire à une perfection en-
core plus grande. Il est employé comme
fondamental dans le cours de cet ou-
vrage , Ce qui prouve mieux qu'un
long discours tout le cas qu’on en fait.
Le savant auteur du Précis des ca-
ractères des génériques des insectes,
l'estimable Latreille, regardant, avec
tous les Naturalistes, les crustacés com-
me faisant partie de son domaine, les
a aussi analysés, etil l'a fait avec la sa-
gacité qui lui est propre. On ne par-
lera pas de son premier travail, de
celui consigné dans l'ouvrage qui vient
d'être cité; 11 n'étoit qu'un apperçu: mais
an donnera en entier celui qu'il a ré-
digé pour une nouvelle édition, etdont
il a permis de faire usage ici. Le louer
seroit superflu , puisque le lecteur est
mis à portée d'apprécier toutson mérite.
ES EE A EE TR de don a
INSECTES
Définition. Animal sans vertèbres ,
dont Le corps et Les pattes sont ar-
ticules.
ORDRE PREMIER.
CRUSTACÉS.
Définition. Corps enveloppé d'une
substance crustacée et calcaire, sans
ailes, formé d'une pièce très-crande,
et de quelques autres plus petites, ou
d’une suite d’anneaux presque égaux 3
respirant par des branchies distinctes ;
mandibules portant (presque toujours }
un palpe. Plusieurs palpes maxillaires,
ou plusieurs mâchoires. Deux yeux,
(excepté le seul genre Bopyre) des
antennes ( quatre ou deux) et des pattes
— Crustacés. I, 5
bo INTRODUCTION.
nombreuses (dix- quatorze) propres
uniquement au mouvement. (1)
(r) On connoît si peu l’organisation inté-
rieure des insectes, sur-tout leur principe
de vitalité , il est même si difficile d’en
faire une bonne étude , que je regarde la
formation des classes qu’on vient de faire
dans cette série d'animaux, les crustacés et
les arachnides ; comme prématurée. La
squille mante , la crevette des ruisseaux,
sont certainement des crustacés, et, cepen-
dant l’organe qu’on suppose être les cœurs,
ne diffère presque en rien, dans ces ani-
maux, du vaisseau ordinaire que l’on voit
chez les insectes, organe se contractant et
se dilatant sans cesse, et auquel on refuse
la fonction du cœur. Le citoyen Cuvier
a disséqué , en ma présence , la: squille
mante, et s’est ainsi convaincu de ce fait
relativement à ce crustacé. Quant à la cre-
veite des ruisseaux, l’observation est aussi
trés-aisée à faire , sans la moindre dissec-
tion. Il suffit d'exposer cet animal à la Iu-
mière, pour appercevoir la forme du vais-
seau qui occupe presque toute La longueur
INTRODUCTION. 5x
SECTION PREMIÈRE.
Les crustacés proprement dits.
Mandibules portant un palpe très-
apparent. Plusieurs autres espèces de
palpes formant la bouche, et distincts.
Observations accessoires. Quatre an-
tennes ; yeux pédonculés et mobiles
dans un grand nombre; premier anneau
du corps, souvent très-grand.
du dos. On en voit un semblable dans les
cloportes en enlevant doucement le 5."°€ an-
neau, où son mouvement est plus sensible.
Je me bornerai donc à établir ici des
ordres ; et comme les crustacés me pa-
roissent les mieux organisés , je com-
mencerai par eux. Cette raison me dé-
termine à renvoyer l’ordre des arachnides
après les insectes, proprement dits, immé-
diatement avant l’ordre des entomostracés.
Ces derniers animaux ont une conformation
qui les rapproche certainement des vers. Le
52 INTRODUCTION.
A. Premier segment du corps fort
grand , et dans lequel la tête et le cor-
celet sont réunis ; yeux pédonculés et
mobiles. Les crustacés pédiocles du
citoyen Lamarck.
a. Dix pattes. Premier segment du
corps ou carapace occupant plus du
tiers de la longueur totale ; branchies
cachées sous ses côtés.
caractère essentiel des insectes consiste dans
la présence des pattes ; or, la plupart des
entomostracés n’en ont réellement pas. Elles
pe sauroient leur servir à marcher. Ce sont
plutôt des branchies. Les Zimules , les ca-
liges , qui en ont de véritables, ont même en-
core de ces pattes branchiales. Leurs préten-
dues antennes sont aussi souvent des vérita=
bles branchies. Les crustacés, les insectes
proprement dits , les arachnides ont leurs
pattes terminées par une pointe dure et cor-
née, par un ongle ou deux, que l’on ne voit
pas dans les entomostracés. Les ÿeux dont
les crustacés sont si bien pourvus , commen-
{NTRODUCTION. 53
Queue toujours plus courte que
le reste du corps , terminée par une
seule pièce , n'ayant pas de chaque côté
d'appendices foliacés , géminés et ar-
ticulés.
Observations accessoires. Corps dont
la coupe est figurée en grand segment
de cercle , dont l'angle de la pointe
seroit {ronqué, où carré, ou presque
en cœur; quelquefois ové ou triangu-
laire; antennes du milieu repliées sur
elles-mêmes, et cachées.
memes
cent 1ci à disparoïitre. Les organes de la gé-
nération du mâle sont situés , dans plusieurs
de ces animaux, aux parties que l’on appelle
antennes , de même que dans les palpes des
araignées, ce qui dénote le voisinage des uns
et des autres.
Les caractères que j’assigne aux crustacés
sont un peu longs , parce que j'ai voulu
faire sentir la distinction qui existe entre
ces intectes et les autres, notamment Îles
entomostracés, avec lesquels on aurait pu
les confondre.
.
#
54 INTRODUCTION.
* Diamètre antérieur et transver-
sal de la carapace surpassant, ou égalant
du moins , le diamètre longitudinal ;
coupe en grand segment de cercie ,
ironqué à son angle , ou presque en
cœur, ou carré, ou rond; milieu du
bord antérieur ne formant point de bec.
Observations accessoires. Antennes
du milieu toujours repliées sur elles-
mêmes, et cachées. Bras toujours ter-
minés par une main à deux doigts.
O. Carapace plus large que longue ,
figurée en grand. segment de cercle ,
dont la pointe est tronquée, ou presque
demi- circulaire , en cœur , ni carrée,
m ronde; yeux toujours situés vers le
milieu du bord antérieur.
— Point de pattes aux nageoires , ou
terminées par une pièce large, appla-
ue, foliacée.
Genre premier. Crabe, Cancer. Cara-
pace plane, sans dilatation aux angles
INTRODUCTION. 55
postérieurs ; pièces extérieures fer-
mant la bouche ( palpes ) a yant le deu-
xième article de la tige interne, ou le
plus grand, arrondi à son extrémité ;
mains ne formant pas de crète; pattes
postérieures point repliées sur le dos.
Exemple du genre. Cancer pagu-
rus. Fab.
Genre II. Dromie, Dromia. Cara-
pace sans dilatation aux angles posté-
rieurs , très- bombée ; pièces exté-
rieures fermant la bouche ( palpes )
ayant le deuxième article de la tige
interne , ou le plus grand , arrondi à
son extrémité ; mains ne formant point
de crête ; pattes postérieures repliées
sur le dos.
* Corps très-velu.
Exemple du genre. Dromia Rum-
phu. Fab:
Genre III. Hépate, Hepatus. Cara-
56 INTRODUCTION.
pace sans dilatation aux angles posté-
rieurs ; pièces extérieures fermant la
bouche, ayant le deuxième arücle de
la tige interne pointu; mains figurées
en crête.
Exemple du genre. Calappa angus-
tata. Fab.
Genre IV. Calappe, Calappa. Cara-
pace dilatée aux angles postérieurs ;
pièces extérieures fermant la bouche,
ayant le deuxième article de la tige
interne arrondi à son extrémité ; mains
très -comprimées , hautes, et figurées
en crête
Exemple du genre. Calappa granu-
lata. Fab.
— — Des pattes en nageoires , ou
terminées par une pièce large, applate,
foliacée.
Genre V. Portune , Portunus. Les
INTRODUCTION. br
seules pattes postérieures en nageoires ;
pièces extérieures fermant la bouche,
ayant le deuxième article de la tige in-
terne arrondi à son extrémité.
Exemple du genre. Portunus depu-
rator. Fab.
Genre VI. Matute , Matuta. Les huit
dernières pattes postérieures en nageoi-
res ; pièces extérieures fermant la bou-
che, ayant le deuxième article de la
tige interne pointu.
Remarque. Antennes latérales très-
petites.
Exemple du genre. Matuta victor.
Fab.
OO. Carapace presque en cœur, ou
carrée, ou ronde.
Genre VII. Ocypode, Ocypoda. Ua-
rapace presque en cœur, ou rhomboï-
dale ; yeux portés sur un long pédon-
58 INTRODUCTION.
cule, qui s'étend le long d'une grande
partie du bord antérieur; aucune des
pattes en nageoires.
1.° Carapace bombée, en cœur; ex-
trémité des yeux n’atteignant pas les
angles latéraux. (LES TourLo Uu-
ROUS.)
Exemple du genre et de la division.
Cancer cordatus. Herbst.
2.° Carapace plane , ou peu bombée,
rhomboïdale ; extrémité des yeux attel-
gnant les angles latéraux.
Exemple du genre et de la division.
Cancer vocans. Fab. — Ocypoda cera-
tophtalma. Fab.
Genre VIII. Podophtalme, Podoph-
talmus. Carapace rhomboïdale. Pé-
doncule des yeux très- longs ; pattes
postérieures en nageoires.
Exemple du genre. Podophtalmus
Spinosus. Lamarck.
INTRODUCTION. 59
Genre IX. Grapse, Grapsus. Cara-
pace carrée, déprimée; yeux insérés
aux angles latéraux; les quatre anten-
nes sétacés, dans l'entre-deux; pattes
postérieures, n'étant pas considérable-
ment plus petites que les précédentes.
Exemple du genre. Cancer ruri-
cola. Fab.
Genre X. Porcellane , Porcellana.
Carapace carrée, déprimée ; yeux in-
sérés près des angles latéraux ; deux
antennes situées derrière les yeux et
très-longues ; pièces extérieures , for-
mant la bouche , saillantes et velues ;
pattes postérieures beaucoup plus pe-
tites que les précédentes.
Exemple du genre. Cancer platy-
cheles. Oliv. Cancer minutus. Kab.
Genre XT. Pinnothère ,Pinnotheres.
Carapace orbiculaire, où carrée à angles
arrondis; yeux situés entre les angles
60 INTRODUCTION. se
latéraux et le milieu du bord antérieur;
les quatre antennes insérées dans l’entre-
deux. Deuxième article de la tige in-
terne des pièces extérieures fermant la
bouche, grand et couché sur le premier,
qui est demi- circulaire, et commun
aux deux tiges internes.
Remarque. Animal parasite, vivant
dans les coquilles bivalves.
Exemple du genre. Cancer pi-
sum. Fab.
** Diamètre antérieur et transversal
de la carapace, n’égalant pas celui de
la longueur ; coupe ovée, ou triangu-
ré, 4,40
Observations accessoires. Antennes
du milieu souvent saillantes, du moins
en partie.
Genre XII. Doripe, Doripe. Cara-
pace ovoide , déprimée , tronquée et
rétrécie à sa partie antérieure. Aucune
INTRODUCTION. 6r
des pattes en nageoires ; les quatre pos-
térieures recourbées sur le dos. Arti-
cles de la tige interne des pièces ex-
térieures, fermant la bouche, alongés.
Exemple du genre Dorippe qua-
dridens. Fab.
Genre XIII. Leucosie, Leucosia. Ca-
parace ovée ou arrondie , renflée en
pointe à son extrémité antérieure ; yeux
très-petits ; antennes point ou peu appa-
rentes. Aucune des pattes en nageoires :
pièces extérieures fermant la bouche ,
crustacées, avancées ; le deuxième arti-
cle de la tige interne allant en pointe.
Remarque. Bras longs.
Exemple du genre. Leucosia cranio-
laris. Fab.
Genre XIV. Maïa, Maja. Carapace
presque triangulaire ; la pointe en de-
vant; antennes intermédiaires cachées,
du moins en partie, dans une fossette ;
Crustacés, I, 6
62 INTRODUCTION.
yeux peu saillans et iogés. Aucune des
pattes en nageoires. Deuxième article
de la tige interne des pièces exiérieures
qui ferment la bouche , arrondi ou ob-
tus à son extrémité ; les suivans re-
pliés en dedans, et petits.
Remarque. Corps très-inégal ou fort
rude , couvert de tubercules , ou orné
de pointes ; extrémité antérieure ayant
souvent de fortes dents.
1.° Bras très-orands, dont la lon-
sueur est double de celle du corps,
faisant avec lui un angle droit ; les
mains s'appliquant , dans toute leur
longueur, contre le restant du bras; les
Parthenopes de Fab.
Exemple du genre et de la division.
Parthenope longimana. Fab.
2.0 Bras grands, mais dont la lon-
gueur n’est pas double de celle du corps,
avancés ; les Inachus de Fab.
INTRODUCTION. 63
Exemple du genre et de la division.
Inachus araneus. Fab.
Genre XF. Macrope, Macropus.
Carapace triangulaire ; la pointe en
devant, et formant un bec plus ou
moins long, souvent très-pointu, et en
alène ; yeux saillans et découverts ;
antennes intermédiaires découvertes ,
courtes et bifides ( comme celle des
crabes )}. Aucune des pattes en na-
geoires. Pieces extérieures fermant la
bouche, à tiges alongées; l'interne ayant
Je deuxième article terminé en pointe ;
les suivans presque aussi longs que les
précédens.
Remarque. Pattes excessivement lon-
gues et très-menues ; corps inégal.
Exemple du genre. Inachus phalan-
gium. Fab.
Genre XVI. Onithye, Orithya. Ca-
rapace arrondie postérieurement , un
64 INTRODUCTION.
peu rétrécie en bec tronqué , à sa partie
antérieure; yeux saillans; pattes pos-
térieures en nageoires. Premiers articles
de la tige interne des pièces extérieures
qui ferment la bouche, alongés ; le
deuxième en pointe.
Remarque. Corps tuberculé et garni
de pointes.
Exemple du genre. Orithya mam-
millaris. Kab.
Genre XVII. Syméthis, Symethis. Je
ne le connois point. Fabricius lui donne
pour caractères, de n'avoir, à ce qu'il
paroît, que deux antennes , les intermé-
diaires probablement ; elles sont très-
courtes , quadriarticulées , et logées
exactement, chacune entre deux val-
vules du bec, qui sont bifides dans
leur longueur. Ce Naturaliste ne dit
pas quelle est la forme de la carapace.
Les bras ont leurs mains terminées par
INTRODUCTION. 65
deux doigts ; les autres pattes finissent
en pointe cornée et en faux.
Exemple du genre. Symethis vario-
losa. Fab.
Genre XVIII. Coryste, Corystes.
Carapace ovale, en pointe en devant ;
antennes latérales, ou extérieures, rap-
prochées au-dessous des yeux, avancées
de la [longueur du corps; les intermé-
diaires reçues, du moins en partie, dans
une fossette. Aucune des pattes en na-
geoires ; bras terminés par une main à
deux doigts ; pattes postérieures re-
jetées en arrière ; pièces extérieures
fermant la bouche, à tiges alongées ;
le deuxième article de l’interne fort
long, et en pointe au sommet.
Exemple du genre. Albunea den-
tata. Fab.
Genre XIX. Albunée , 4/bunea.
Carapace triangulaire et dont la base
66 INTRODUCTION.
est en devant; quatre antennes en des-
sous des yeux, sur une même ligne ;
bras grands, terminés par une main
très-comprimée, et n'ayant qu'un seul
doigt en faux ; les autres pattes ter-
minées en nageoires, placées, par paire,
les unes sur les autres; queue étendue ;
ges des pièces extérieures qui ferment
la bouche, alongées, étroites; le deuxiè-
me article de la tige interne, pointu.
Exemple du genre. Albunea dorsi-
pes. Fab.
+ f Dernier article de la queue,
accompagné , à sa base , de chaque
côté d’un appendice foliacé, géminé,
articulé.
* Appendices étroits, écartés ou la-
téraux, petits, et ne se réunissant pas
avec le dernier anneau de la queue,
ou le termimal, pour former à son ex-
trémité une autre queue foliacée, en
éventail, et connivente.
INTRODUCTION. 07
Genre XX. Pagure, Pagurus. Corps
mou; quatre antennes saillantes ; les
latérales longues, composées de beau-
coup d'articles; les intermédiaires cour-
tes, à pédoncule de quelques articles
alongés, terminées par deux filets très-
courts; yeux à pédoncule cylindrique ;
bras terminés par des mains ayant
deux doigts. Aucun des autres en na-
geolres.
Exemple du genre. Pagurus ber-
nardus. Fab.
Genre XXI. Émérite, Emerita. Ca-
rapace ovale , tronquée aux deux bouts;
quatre antennes saillantes , plumeuses ;
les intermédiaires pédonculées et bifi-
des ; yeux à pédoncule cylindrique ; .
bras et pattes terminées par une pièce
ovale; point de doigts ni d'ongles. Hzppa
emeritus. Fab.
Remarque. Gronovius avoit fait, le
68 INTRODUCTION.
premier , de ce crabe un nouveau genre,
sous le nom d'Emerita. Pourquoi Fa-
bricius l’a-t-1l changé?
Genre XXII. Posydon, Posydon.
Quatre antennes, à pédoncule simple ;
celles du milieu plus courtes, et à deux
filets; palpes extérieurs, foliacés, ou
articulés à leur extrémité ; pédicule des
yeux en forme d'écaille ; les mains
des quatre pattes antérieures sans pouce
mobile.
* * Appendices, qui accompagnent
le dernier anneau de la queue , se réu-
nissant , et connmivant avec lui pour
former une autre queue commune,
en éventail ; queue de la longueur du
corps, ou plus.
O. Antennes intermédiaures, cour
bées, a pédoncule de trois articles ,
alongées, terminées par deuxfilets très-
petits; (queue assez plane.)
Genre XXIII. Scyllare, Seyllarus.
INTRODUCTION. 69
Carapace en carré long; antennes la-
térales formées d’une ou plusieurs écail-
les, en forme de crête; point de mains
aux pattes antérieures; toutes les pattes
terminées en pointes ; yeux vers les an-
gles latéraux.
Remarque. Queue à feuillets, dont
une moitié est crustacée, l'autre quasi
membraneuse.
Exemple du genre. Scyllarus arc-
tus. Fab.
Genre XXIV. Langouste, Palinurus.
Carapace cylindrique , alongée ; an-
tennes latérales, sétacées, longues, épi-
neuses ; point de mains aux pattes an-
térieures ; toutes les pattes terminées
par une espèce de brosse ; yeux vers
le milieu,
Remarque. Queue à feuillets à demi-
crustacés, et à demi-membraneux.
Exemple du genre. Palinurus homa-
rus, Fab.
70 INTRODUCTION.
Genre XXV. Galathée, Galathea.
Carapace ovoide ; antennes latérales ,
longues , sétacées ; bras terminés par
une main à deux doigts ; les autres
pattes finissant en pointe, ou crochues ;
yeux vers le milieu du bord intérieur
de la carapace.
Remarque. Un bec applati, court,
denté sur ses côtés.
Exemple du genre. Galathea stri-
gosa. Fab.
O O. Antennes intermédiaires , à
pédoncule court, terminées par un,
deux, ou trois filets sétacés, aussi ou
plus longs que le pédoncule ; queue
plus longue que la carapace.
Genre XXVI. Écrevisse , Astacus.
Carapace presque ovoide, ou quasi cy-
lindrique ; antennes extérieures lon-
gues ; articles du pédoncale ayant des
angles aigus en leurs bords, comme
4
INTRODUCTION. 7È
épineux; point d’écaille latérale remar-
quable ; antennesintermédiaires placées
presque sur la même ligne que les in-
termédiares, courtes, bifides ; les six
ou quatre premières paires de pattes
terminées par des mains à deux doigts;
bras grands ; palpes extérieurs peu
avancés.
Remarque. Un bec applati.
Exemple du genre. Astacus fluvia-
tilis, Fab.
Genre XXVII. Alphée , Alpheus.
Corps arqué, comprimé ; antennes la-
térales , sétacées , longues, accompa-
gnées d'une écaille sans épine ; inter-
médiaires insérées plus haut , plus
courtes, à deux filets ; les quatre pattes
antérieures terminées par des mans à
deux doigts ; les mains des bras plus
grandes ; palpes extérieurs longs et
avancés.
72 INTRODUCTION.
Remarque. Un bec subulé. Je ne
rapporte ces caractères que d'après Fa-
bricius.
Exemple du genre. A/pheus ava-
rus. Fab.
Genre XXVIII. Pénée , Penaeus.
Corps comprimé , arqué ; antennes ex-
térieures placées au-dessous des inter-
médiaires, très-longues; pédoncule ac-
compagné d’une écaille bifide et épi-
neuse ; antennes intermédiaires plus
courtes, à deux filets ; les premières
pattes terminées par des mains; palpes
extérieurs longs et avancés.
Remarque. Bec avancé, comprimé,
et denté, lorsqu'il l'est, aux bords su-
périeur etinférieur , ou à l’un des deux.
Ce genre est très-voisin de celui dont
nous donnerons les caractères sous le
nom de Palæmon. Je ne l'ai point vu.
I! me paroit que les quatre ou six pre-
mières pattes antérieuressont terminées :
INTRODUCTION. 73
par des mains filiformes , et à deux
doigts ; que, de même que dans les
palæmons, les bras ne sont pas les plus
longs.
Exemple du genre. Penaeus mono-
don. Fab.
Genre XXIX. Palæmon, Palæmon.
Corps ärqué , comprimé ; antennes ex-
térieures insérées presque sous les yeux,
sétacées , longues, accompagnées d’une
écaille plus ou moins grande ; antennes
intermédiures insérées un peu au-des-
sus des précédentes, à trois filets ; les
trois ou quatre paires de pattes anté-
rieures terminées par des mains à deux
doigts ; les bras souvent plus petits ;
palpes extérieurs longs, avancés.
Remarque. Bec comprimé , ensi-
forme , denté souvent aux bords supé-
rieurs et inférieurs ; dernier article de
la queue, ou celui du milieu, pointu.
Crustacés, I. 7
74 INTRODUCTION.
Exemp. du genre. Palæmon squilla.
Fab.
Genre X XX. Crangon , Crangon.
Corps comprimé, arqué ; antennes ex-
térieures longues , avec une grande
écaille à leur base ; intermédiaires cour-
tes, à deux filets; yeux très-rappro-
chés sous un bec; paties antérieures, ou
bras , terminées par une main n'ayant
qu'un seul ongle mobile , sans autre
doigt ; les autres pattes simples; pal-
pes extérieurs avancés.
Remarque. Queue terminée en pointe
au milieu.
Exemple du genre. Crangon vulya-
ris. Fab.
b. Plus de dix pattes; premier seg-
ment du corps ou carapace, n'occupant
pas plus du tiers de la longueur du
corps, ou même moins ; branchies ex-
térieures.
INTRODUCTION. 75
Genre XXXI. Squille, Squilla. An-
tennes extérieures simples , accompa-
gnées d’une écaille ; les intermédiaires
pédonculées, à trois filets ; yeux sail-
lans ; quarorze pattes ; les huit anté-
-rieures insérées à la poitrine, et ter-
minées par un ongle crochu; les pre-
mières plus grandes ; ongles fortement
denté en dessous ; les six autres paires
de pattes natatoires, et sans ongle, in-
sérées sous les anneaux qui suivent la
carapace.
Remarque. Corps alongé , presque
cylindrique ; feuillets de la queue épi-
neux.
Exemple du genre. Squilla mantrs.
Fab.
Remarque. Rapportez à cette divi-
sion le cancer pedatus d'Othon Fa-
bricius, Fauna Groenlandica, n.° 225.
Je crois que ce crustacé doit faire un
70 INTRODUCTION.
nouveau genre , que je CaraCiériserai
ainsi :
Mysis , Mysis. Corps comprimé ;
quatre antennes ; deux simples et deux
bifides ; une écaille foliacée accompa-
gant les extérieures ; quatorze pattes
terminées par un ongle; les antérieures,
ou bras, très-courts, ayant une main
avec un ongle, denté inférieurement ;
les autres pattes placées au mihieu de
deux rangs de branchies ; queue à feuil-
lets épineux.
Le cancer oculatus du même Natu-
_ralste, se rapproche aussi beaucoup du
cancer pedatus ; il manqueroit seule-
ment de bras.
Son cancer bipes , paroït faire le pas-
sage des crustacés précédens avec ceux
qui suivent. Ses yeux sont sessiles,
mais mobiles et globuleux ; la carapace
fait , avec le bec qu’elle a à sa partie
antérieure, presque la moitié de la lon-
gueur du corps. Ce bec est court, pres-
INTRODUCTION. 77
que conique , convexe en dessus, en
voûte en dessous, et d’où sortent deux
antennes courtes , triarticulées , termi-
nées par une soie. Au devant de sa poi-
trine est attachée une paire de pattes,
presque de la longueur de la carapace,
sétacées , de quatre articles ; sous le
milieu de la poitrine sont trois autres
paires ; mais très-courtes , et paroïssant
ne servir qu'à retenir les œufs. On voit
ensuite cinq paires de branchies diri-
gées en arrière , insensiblement plus
Jongues , biarticulées et bifides, que
Fabricus appelle pieds. La queue est
formée de six articles , dont les trois
dermiers sont trois fois plus longs que
les premiers; elle a, de chaque côté,
à son extrémité, un style simple, biar-
üculé, sétacé au bout.
B. Premier segment du corps point,
ou à peine plus grand que les au-
tres ; tête distincie ; yeux sessiles, peu
LE)
70 INTRODUCTION.
ou point saillans ; corps formé d'une
suite d'articles presque égaux. Les crus-
tacés sessiliocles du citoyen Lamarck.
a. Une queue ; des branchies en des-
sous , et des pointes articulées au bout.
Genre XXXII. Talitre, Talitrus.
Quatre antennes simples; les intermé-
diaires supérieures, et plus courtes que
le pédoncule des latérales etinférieures;
dix à quatorze pattes,
Exemple du genre. Gammarus lo-
custa. Fab. — Oniscus gammarellus.
Pallas.
Genre XXXTIII. Crevette, Gamma-
rus. Quatre antennes; les latérales ou
antérieures ayant un petit filet ; les in-
termédiaires, supérieures, et plus lon-
gues que le pédoncule des précédentes ;
quatorze pattes ; les quatre antérieures
terminées par des mains.
ENTER OTIEU C T'T'ON: 79
Exemple du genre. Gammarus pu-
lex. Fab.
Remarque. Othon Fabricius décrit
plusieurs crustacés qui doivent se rap-
porter probablement à quelqu'un de
ces deux genres. Je pense qu'il faut
placer dans le premier ses onzscus ser-
ratus , cicada, medusarum ; dans le
second , ses oniscus arenarlus , stræ-
mianus, abyssinus.
b. Point de queue, de branchies ex
térieures, n1 de pointes articulées à la
partie postérieure du corps.
Remarque. Corps de sept anneaux ;
dix à douze pattes terminées par un
crochet.
Genre XXXIV. Iaparis , Liparis.
Corps filiforme, long ; pattes alongées.
(Ovaires placés sous le troisième et
quatrième anneau. }
Exemp. du genre. Squrlla lobata.Kab.
GO INTRODUCTION.
Genre XX XV. Cyame, Cyamus.
Corps large , court ; pattes courtes ;
quatre fausses pattes vers les anneaux
du milieu,
Exemple du genre. Oniscus ceti. Lin.
SECTION SECONDEÆF.
Les crustacés improprement dits.
Mandibules sans palpe apparent :
bouche n'en ayant au plus qu'une ou
deux paires de distincts.
Observations accessoires Quatre ou
deux antennes simples ; yeux sessiles,
souvent peu sensibles ou presque nuls:
corps formé d'une suite d'articulations
sans différence de grandeur extraordi-
naire; quatorze pattes.
A, Quatre antennes, où point du
tout ; des pièces membraneuses , fo-
liacées , insérées vers l'extrémité du
corps ; et dont la direction est dans
INTRODUCTION: GI
le sens de la longueur. (Palpes dis-
tincts dans plusieurs. )
a Des antennes et des yeux distincts ;
pattes très-apparentes.
f Les dernières paires de pattes
moins alongées, et dépassant sensible-
ment les côtés du corps, droites, et pre-
nant leur naissance à peu de distance
descôtés; antennes de longueur inégale.
Genre XX XVI. Tdotée, Idotea. Corps
alongé ; quatre antennes distinctes ;
point de styles, ou pointes, articulés
et bifides à la partie postérieure du
corps qui a des lames foliacées et lon-
gitudinales en dessous.
Exemple du genre. Oniscus mar i-
nus, Entomon Jan.
Genre XXXVII. Aselle, Asellus.
Corps alongé ; quatre antennes distinc-
tes; des styles, ou pointes , articulés
82 INTRODUCTION.
et bifides à la partie postérieure du
Corps.
Exemple du genre. Oniscus aqua-
ticus. Lin.
Genre XX XVIII. Sphérome, $phæ-
roma. Corps ovale , se mettant en
boule; quatre antennes distinctes; point
de styles à l'extrémité postérieure du
corps ; une pièce ou lame large, de
chaque côté, au dernier anneau.
Exemple du genre. Oniscus globa-
tor. Pallas.
+ f Pattes courtes, paroissant naïître
près du milieu de la partie inférieure
du corps, s'appliquant contre une partie
dirigée obliquement , et qui tient Lieu
de hanche ; antennes de longueur
égale.
Genre XXXIX. Cymothoa , Cymo-
thoa. Corps crustacé , convexe, tron-
qué ou très-obtus postérieurement; des
INTRODUCTION. 83
yeux distincts; pattes terminées par
un ongle très-fort.
Exemple du genre. Cymothoa asilus.
Fab.
b. Point d'antennes ni d’yeux dis-
tincts ; pattes excessivement courtes.
Genre XL. Bopyre, Bopyrus. Corps
applati , légèrement crustacé , ové ;
pointe oblique ; pattes excessivement
petites , recoquillées , insérées aux
bords des anneaux ; animal parasite,
vivant sous une loupe qu’il forme à la
parie latérale et antérieure du palæ-
mon squilla. (Mémoires de | Académie
des Sciences de Paris, année 1772.)
B. Deux antennes; des feuillets trans-
versaux à la base de la queue, en
dessous. (Palpes nuls ou difficiles à dis-
tinguer. )
Genre XLI. TLigie , Ligra. Corps
oblong, plat; quatre antennes ; les
04 INTRODUCTION.
extérieures plus longues , et dont la
dernière pièce est composée d’un grand
uombre de petits articles; des styles
saillans à l'extrémité postérieure du.
Corps.
Exemple du genre. Eroia oceanic«a.
Fab.
Te
ORDRE.IT.
ENTOMOSTRACÉS.
Définition. Corps caché , du moins
en partie, sous une pièce clypéacée,
ou renfermé entre deux valves, sem-
blables à celles d’une coquille bivalve,
ou formé d'une suite d'anneaux , dont
le premier est beaucoup plus grand ; en-
veloppe membraneuse, ou plutôt co-
riacée ou cornée, que calcaire; bouche
souvent peu distincte, sans palpes sen-
sibles: (deux mandibules et deux mû-
choires au plus); quatre, deux ou point
INTRODUCTION. 62
d'antennes, ressemblant souvent, ainsi
que tous les pieds, ou quelques-uns, à
des branches ou à des pièces propres
uniquement à la natation (un ou deux
yeux très-petits, souvent peu distincts).
Remarque. Les pattes des insectes
des ordres précédens sont terminées ,
ou par une pointe dure, écailleuse ou
cornée , d’une consistance différente
de la patte, ou par un ou deux petits
crochets, également écailleux, et ar-
ticulés avec la patte, ce qui ne s'ob-
serve pas dans les entomostracés.
SECTION PREMIÈRE.
Les entomostraces hours
Pattes ou du moins la majeure partie
servant à marcher ; corps clypéacé ;
bouclier adhérent sur toute sa surface
intérieure.
Genre XLII, Limule, Limulus.
Crustacés. I, 8
86 INTRODUCTION.
Deux boucliers dorsaux ; point d’än-
tennes sensibles ; deux mandibules
coudées, terminées par deux pinces ;
cinq paires de pattes terminées, les
unes en pointes, les autres par deux
tenailles ; une autre paire à appendices
foliacés ; deux yeux dorsaux ; une
queue dure et pointue, ensiforme.
Exemple da genre. Limulus gigas.
Fab.
Remarque. Gronovius avoit, le pre-
mier , établi ce genre sous 1,2 nom de
bar e.
Genre XLITI. Calige, Caligus.
Deux boucliers dorsaux ; ps antennes
très-sensibles ; bouche peu distincte ;
huit à dix pattes ; les postérieures avec
deux appendices branchiales; deux yeux
marginaux ; deux filets ou tuyaux for-
mant la queue.
Exemple du genre. Caligus curtus,
Caligus productus. Muller.
INTRODUCTION. 07
Remarque. Ces deux entomostracés
diffèrent l'un de l'autre par des carac-
tères essentiels, et on devroit peut-être
en faire deux genres.
Genre XLIV. Binocle , Binoculus.
Un seul bouclier dorsal ; corps hémis-
phérique ; deux antennes petites; une
espèce de bec; six pattes; deux yeux
latéraux ; queue formée d'anneaux,
terminée par des appendices barbus.
Exemple du genre. Brnoculus,n.° 2.
Geoffroi. Histoire des Insectes des en-
virons de Paris. Tom 2. pag. 660,
ponte 3.
SECTION SECONDE
Les entomostracés branchipèdes.
(Schæffer.)
Pattes ne servant point à marcher ;
bouclier ou valves, dans ceux qui en
06 INTRODUCTION.
sont pourvus, n'adhérant pas au corps
par toute sa surface intérieure.
À. Un bouclier ou deux valves en
forme de coquille , couvrant ou ren-
fermant le corps.
Genre XLV. Apus, Apus. Un bou-
clier ; deux antennes ; deux mandi-
bules et deux mächoires ; des pattes
nombreuses et foliacées ; queue annel-
lée , terminées par deux filets.
Exemple du genre. Limulus apus.
Fab.
Remarque. Les am ymones de Muller
qui sont monocles, qui ont deux an-
tennes et quatre pattes. ( Monoculus
satyrus. ab.) Ses nauplies, qui ont
deux ou quatre pattes de plus, { Mono-
culus saltatorius, Fab.) ne sont, sui-
vant le cit. Jurine, que des larves de
cyclope. (Voyez ce genre plus bas.)
INTRODUCTION. 6g
Genre XLVI. Lyncé , Lynceus.
Test bivalve, échancré près du bout
antérieur qui repr ésente un bec; anten-
nes en pinceau ; pattes de même, et
au nombre de huit; deux yeux.
Exemple du genre. Monoculus bra-
chiurus. Fab.
Genre XLVII. Daphnie, Daphnia.
Test bivalve ; une tête apparente ;
avec deux bras; huit à dix pattes ; un
seul œil, une queue.
Exemple du genre. Monoculus læ-
vis. Fab.
Genre XLVITII. Cypnis, Cypris.
Test bivalve ; tête cachée; deux an-
tennes en pinceaux; quatre pattes; un
seul œil, une queue.
Exemple du genre. Monoculus con-
chaceus. Kab.
Genre XLIX. Cythère, Cytherea.
99 INTRODUCTION.
T'est bivalve ; tête cachée ; deux anten-
nes simplement pileuses ; huit pattes.
Exemple du genre. Monoculus vi-
ridis. Fab.
B. Point de bouclier ou de valves;
premier anneau du corps simplement
plus grand, se repliant sur les côtés.
Genre L. Polyphème, Polyphemus.
Un œil en forme de tête; une espèce
de corcelet ; deux rameaux ou bras
dichotomes ; une queue.
Exemple du genre. Polyphemus ocu-
lus. Muller.
Genre LI. Cyclope, Cyclops. Corps
alongé, diminuant insensiblement pour
former une queue; deux à quatre an-
tennes ; six à dix paties soyeuses ; un
seul oil.
Exemple du genre. Monoculus qua-
dricornis. Fab,
INTRODUCTION: CL:
Genre LIT. Branchiopode, Branchio-
poda. Corps alongé, filiforme, dont la
moitié postérieure forme une queue,
terminée par deux filets ; une tête ; deux
antennes capillaires ; deux yeux pé-
donculés; deux avancemens, en forme
de mandibules à la bouche; onze paires
de pattes foliacées, branchiales ; dou-
zième article ayant des ovaires ou des
crochets, suivant les sexes.
Exemple du genre. Branchiopoda
stagnalrs. Larmarck. Cancer stagnalis.
Lan.
ES D ES
On trouve des crustacés décrits et
figurés dans un grand nombre d'auteurs
depuis Rondelet, le premier des mo-
dernes, jusqu'à Herbst, qui, comme
on l'a déjà dit, vient de donner un
ouvrage sur les crustacés avec beau-
coup -de figures coloriées. Les princi-
92 YNTRODUCTION.
paux de ces auteurs sont : Aldrovande,
$vwrammerdam , Rumphius , Séba ,
Jonston, Margrave, Pison, Kempfer,
Sloanne, Brown , Catesby , Petiver,
Gronovius, Knorr, Barelier, Baster,
Klein , Plancus, Pennant , Roesel ,
Degeer , Muller , Linnæus, et Fabri-
cius. On doit aussi citer Sachs, qui a
Jublié, en 1665, un ouvrage latin de 900
pages , intitulé, Gammarologia, où ïl
trarie des crustacéssous tous les rapports,
comme on en pouvoit traiter à cette
époque, c'est-à-dire, que son ouvrage
est une indigeste compilation de tout ce
qui a été écrit par les anciens et les
modernes sur les crustacés.
Actuellement que l'histoire de Îa
science des crustacés a été parcourue,
1l convient de passer aux élémens de
la science même.
Les crustacés sont des animaux dont
le corps et les membres sont articulés
qui ont pour peau une croûte calcaire,
INTRODUCTION. 93
qui se renouvelle tous les ans, un cer-
veau et des nerfs, des branchies pour
la respiration, un cœur musculaire et
des vaisseaux pour la circulation, et
enfin, qui engendrent plusieurs fois
dans leur vie.
Ils diffèrent des poissons et des mol-
lusques avec lesquels ils vivent, parce
qu'ils ont des membres articulés. Ils
diffèrent des insectes avec lesquels 1ls
ont les plus grands rapports d’organt-
sation extérieure, parce qu'ils ont des
branchies. |
Leur corps se divise en tronc et en
extrémité, comme celui de la plupart
des autres animaux. Chez fort peu, la
tête est distincte du corcelet, etelle ne
se remarque que par la place des or-
ganes qui lui sont propres, tels que la
bouche, les yeux et les antennes avec
leurs accompagnemens.
Lesantennes varientennombre, mais
Ja irès-grande majorité en a quatre, de
04 INTRODUCTION.
sorte que cette quantitéest généralement
regardée comme caractère de la classe,
L'orgamisation de ces antennes est diffé-
rente, sous quelques rapports, des mé-
mes parties chez les insectes. Presque
toujours elles sont divisées en deux par-
tes ; l’une, composée d'articles longs et
gros, c'est celle qui est la plus voisine
de la base; l’autre, formée d’une im-
mense quantité d'articles très-étroits ,
arrondis, allant en diminuant de oros-
seur, C'est celle qui la termine.
Aucune autre classe dans la nature
n'a les organes de la manducation si
compliqués. La bouche est toujours
accompagnée d'un formidable appareil
d'instrumens propres à briser, à retenir
la proie. Le nombre des parties qui la
composent varient dans chaque genre.
Aussi , est-ce d’après ces organes que
Fabricius a établi ses caractères géné-
riques et que Latreille a coordonné les
siens. Leur étude est aujourd'hui indis-
INTRODUCTION. 99
pensable à ceux qui veulent apprendre
connoître les crustacés. C'est sur eux
que reposent , on peut le dire sans
exasération, les fondemens de la science
qui les a pour objet. Pour en donner
une idée précise, on va décrire toutes
ces parties d'après Olivier. (1)
Voyez pl. 1, où on a figuré en haut
célles du portune dépurateur , et en
bas , celle de l’écrevisse de rivière
pour faire sentir leur différence de
forme.
Les antennules sont au nombre de
huit. Deux (aa) ont leur attache à la
partie latérale des mandibules ; deux
(66) à la lèvre inférieure ; et quatre
(cc dd) un peu au-dessous de la bouche.
Les deux premières , guère plus
Jonoues que les mandibules, sont fili-
(1) Mémoire sur les parties de la bouche
des insectes. Journal de Physique, juin 1788.
go INTRODUCTION.
formes, velues et composées de deux :
articles bien distincts, dont Le premier
est plus court que le second, et celui-cx
est terminé en pointe. Elles ont leur
attache à la partie latérale externe des
mandibules.
Les secondes, plus longues. que les
premières , sont composées de deux,
articles, dont le premier, alongé, égal,
prismatique, et le second plus mince,
sétacé et recourbé : elles ont leur attache
à la base externe de la lèvre inférieure.
Les troisièmes, immédiatement au-
dessous de celles-ci, sont bifides, ou
composées de deux pièces, dont l’ex-
térieure, semblable à l’antennule pré-
cédente , est seulement un peu plus
grosse ; l'intérieure (}h) est composée
de cinq articles, dont le premier est
court et très-large, le second alongé et
prismatique ; les trois derniers sont
presque égaux, courts et velus.
Les quatrièmes , insérées au devant
{
|
|
INTRODUCTION. 97
des pattes, sont bifides ; la pièce exté-
rieure est semblable à oi de la pré-
cédente ; elle est seulement un peu plus
grosse ; l'intérieure (zz) est composée
de six articles, dont le premier est
large et très-court ; le second alongé
et prismatique ; le troisième large,
applati, et presque rond ; les deux
suivans courts et égaux ; le dernier
terminé en pointe.
La lèvre inférieure (eeee ) est double
et divisée en quatre parties appliquées
sur quatre autres presque semblables ,
dont la moitié d'un côté, et la moitié
de l'autre ; ces pièces sont membra-
reuses , ciliées en leurs bords; on en
voit deux (ffff) de chaque côté, qui
sont très-minces, fortement ciliées, et
qui ressemblent aux mâchoires de la
plupart des insectes; elles sont appli-
quées contre les mandibules (gx). Par
la réunion de ces pièces cihiées, la
bouche se trouve exactement fermée.
Grustacés, I, 9
98 INTRODUCTION.
Peut-être font-elles aussi l'office de mä-
choires.
Les mandibules (22) sont très-fortes
et très-dures, d’une consistance pres-
que osseuse, convexe d’un côté, con-
cave , ou en forme de cuiller, et à
bords tranchans de l’autre. Ces man-
dibules se meuvent latéralement, ainsi
que celles de tous les msectes.
Le corcelet est la partie qui varie le
plus dans les crustacés. Il est oval
ou carré , Ou trapizoide et applati
dans les premiers genres ; globuleux ,
inéoal , dans les suivans. Ensuite 1l
devient cylindrique , même linéaire,
et applati sur les côtés. On ne peut en-
trer 1c1 dans tous les détails relatifs à
cette diversité de formes. On les trou-
vera à la tête de chaque genre.
Tous les crustacés ont une queue;
mais, quoiqu'elle varie moins que le
corcelet , :l wen-est pas plus facile
de la caractériser généralement. Les
INTRODUCTION. 99
genres qui composoient la division
des brachyures de Linnæus ont une
queue plate , simple , presque trian-
gulaire , composée ordinairement de
sept articulations, qui s'emboitent dans
une dépression du ventre. Les genres
qui composoient la division des ma-
croures, du même auteur , en ont une,
composée de même nombre d’articula-
tions ; mais ici elles sont bombées, et
terminées par cinq lames natatoires
qui ne se voient pas dans les pre-
nuères, et elles ne peuvent que se re-
courber sous elles-mêmes. La leucosie
na que deux articulations, mais c’est
un fait isolé. Dans tous, la queue
des femelles est garnie de filets pro-
pres à recevoir les œufs à leur issue du
Corps.
Les pattes, dans les crustacés, sont,
en général, au nombre de dix, com-
posées, chacune de cinq à six articu-
lations inégales , dont la dernière est,
100 INTRODUCTION.
au moins à quelques paires, terminée en
pointe. En général, la première paire
est plus grosse que les autres , et ter-
minée par une pièce plus large et plus
grosse encore que les autres; on l’ap-
pelle main. Le côté intérieur, de cette
main, a une exCision, ou s'amincit subi-
tement pour donner place à une partie
que l’on appelle le doigt , laquelle est
articulée et jouit d'un mouvement Îa-
téral d'ouverture et de fermeture sur
l'autre côté. La réunion de ces parties
constitue la pince, dont la forme, la
grandeur et les accompagnemens va-
rient , non seulement selon les genres,
mais encore selon les espèces.
Toutes les parties qu'on vient de
passer si rapidement en revue, seront
détaillées et caractérisées d’une ma-
nière convenable à la tête de chaque
genre.
L'anatomie des crustacés a été tentée
dès le temps du renouvellement des
INTRODUCTION. IOI
sciences en Europe ; cependant elle est
encore très -imparfaitement connue.
Roesel est celui qui a fourni Les meil-
leurs matériaux à cet égard ; mais ses
connaissances, bornées dans cette partie,
ne lui ont pas permis de donner à ses
excellentes figures tout le développe-
ment que comportoit le sujet. C'est
cependant lui qu'on est obligé de
consulter toutes les fois qu'on veut
parler des organes de la respiration,
de la digestion et de la génération
de ces animaux , Cuvier n'ayant en-
core publié, de ses travaux sur le
même objet, que ce qui concerne les
organes du mouvement et des sen-.
sations.
Le système musculaire des crustacés
se borne aux mouvemens de la queue,
des pattes, des organes de là mandu-
cation , et de quelques autres parties
moinsimportantes; car dans cet ordre 1}
n'y a pont de muscles pour mouvoir
102 INTRODUCTION.
la tête sur Le corcelet, puisque ces deux
pièces sont soudées ensemble. |
On va, d'après Cuvier, passer en
revue les muscles de ces différentes
parties dans le genre de l’écrevisse, qui
tient le milieu dans la série naturelle
des crustacés, c'est-à-dire , qui est à
égale distance des crabes et des cy-
clopes.
Dans les écrevisses, donc, la queue
est formée de six segmens principaux
et terminée par cinq lames. Les ses-
mens varient un peu pour la forme ;
ils sont convexes en dessus et se re-
couvrent les uns et les autres comme
des tuiles. En dessous, 1ls sont plus
étroits et réuuis par une membrane
lâche, qui leur permet un grand mou-
vement. Iis portent là, dans l'angle de
réunion de leur portion inférieure avec
la dorsale, des espèces denageoires crus-
tacées, bordées de cils, et formées de
plusieurs arliculations ; on les nomme
INTRODUCTION. 104
fausses pattes, ou pattes natatoires. Elles
se meuvent de devant en arrière et
un peu de dehors en dedans, à l’aide
de petits muscles contenus dans l'inté-
rieur de chaque articulations, mais,
qui ne diffèrent pas assez de ceux des
vraies pattes pour devoir les décrire
en particulier.
Les cinq lames qui terminent la
queue, sont deux paires et une impaire ;
celle du milieu est articulée directe-
ment avec le dernier segment. C'est
sous cette lame que se trouve l’ouver-
ture de l'anus. Dans quelques espèces,
elle est comme brisée dans son mi-
lieu, et susceptible d’un petit mouve-
ment. Les deux lames latérales sont
supportées par une pièce commune qui
s'articule avec le dernier segment de
Ja queue. La lame la plus externe est
smpleetciliée, commecelle du milieu,
à son extrémité ; mais l’externe est
104 INTRODUCTION.
comme articulée vers son tiers infé-
rieur, ou plutôt formée de deux pièces,
dont la première recouvre par son ex-
trémité, qui est dentée, la petite qui
la suit, dont le bord est garni de cils
très-serrés.
Les muscles qui meuvent cette queue
ont une conformation très-singulière ;
ils forment deux masses distinguées
l'une de l’autre par le canal intestinal:
La masse dorsale est plus menue et
moins composée. On y remarque trois
sortes de fibres. Les premières cons-
tituent un muscle qui s'attache dans
la partie dorsale du corcelet vers son
quart postérieur. Il se dirige ensuite
obliquement de devant en arrière, et
de dedans en dehors, vers les parties
latérales du premier segment de la
queue où 1l s'insère. Lorsque le muscle
d'un côté agit séparément , il porte
Ja queue à droite ou à gauche. Lors-
INTRODUCTION. 105
que tous deux agissent ensemble, ils,
doivent la redresser quand elle est flé-
chie, et la maintenir droite.
La seconde et la troisième séries des
fibres musculaires s'étendent sur toute
Ja longueur du dos en deux lignes pa-
rallèles, très-contigués. Elles viennent
des parties latérales et supérieures de
la cloison du corcelet sur laquelle s’ap-
pliquent les branchies. Elles s’atta-
chent là par divers digitations. Arri-
vées sur le premier anneau de la queue,
on remarque à la surface une petite
intersection, et l’on voit qu'un petit
trousseau de fibres se contourne pour
s'insérer à ce premier anneau, et ainsi
de suite pour chacun de ceux qui sui-
vent. Cette disposition donne à la bande
interne une apparence de corde tordue.
La portion externe de la masse dor-
sale est formée de fibres distinctes et
longitudinales.
La masse ventrale des muscles de la
106 INTRODUCTION.
queue est beaucoup plus épaisse et plus
compliquée que celle du dos. Pour
se faire une idée précise de sa compo-
sition, on la décrira comme vue sous
trois faces.
Le muscle ventral de la queue,
vu par le dos, prend naissance dans
intérieur du thorax , au-dessous de
la partie osseuse , grillagée, qui ren-
ferme les muscles des hanches; ce mus-
cle est alors partagé en droite et gauche;
chacun d'eux est formé de trois lar- :
ges digitations. Arrivés sur le pre-
mier segment de l'abdomen, les fibres
longitudinales plongent sous d’autres,
qui sont contournées , et qui les em-
brassent. Le reste du muscle, sur toute
la longueur de la queue , est aussi for-
imé de deux séries de fibres convexes
et courbées parallèlement les unes à
côté des autres, séparées de droite à
gaucbe par une gouttière dans laquelle
est logée le canal intestinal.
INTRODUCTION. 107
Le muscie ventral de la queue, vu
par-dessous même , présente trois or-
dres de fibres bien marquées. La pre-
mière série est produite par la face
inférieure des digitations qui s'insèrent
sur les grillages osseux du thorax. La
seconde série est formée de fibres obli-
ques qui sont la continuation des pre-
mières, et qui s'étendent de la ligne
moyenne dans laquelle est situé Le cor-
don médullaire des nerfs, jusque sur
les parties latérales des auneaux dans
l'angle qui résulte de Ja réunion de la
portion dorsale avec la venirale. Il y à
deux forts trousseaux de fibres pour
chacun des angles des anneaux, depuis
le premier jusqu'au sixième. Enfin, la
troisième série est produite par des
trousseaux impaires de fibres transver-
ses qui décrivent des arcs dont la con-
vexité est inférieure. Ces cerceaux mus-
culeux , applatis , correspondent à l'ex-
trémité de chacun des anneaux, et
108 INTRODUCTION.
paroissent former autant de poulies dé-
rivatoires pour les fibres obliques dont
on vient de parler.
Enfin, le muscle ventral de la queue,
coupé longitudinalement dans sa partie
moyenne, ressemble à une corde dont
les spires seroient peu obliques. Les
fibres qui correspondent aux trous-
seaux transverses, sont distinctes et plus
étroites.
De cette singulière complication ,:
il résulte que ce muscle isolé de toutes
ses adhérences , ressemble à une tresse
“très-serrée, dont chacun des fils, au
heu d'agir dans la direction longitu-
dinale, se meut obliquement dans le
canal: formé par les fibres voisines.
Chacune des articulations des pattes
a deux muscles, un extenseur et un flé-
chisseur.
L’extenseur de la hanche est situé
dans l’intérieur du corcelet, sur la pièce
cornée qui soutient les branchies, un
INTRODUCTION. 109
peu en devant de la branche, qu'il üre
en avant.
Le fléchisseur de la hanche est aussi
attaché sur la pièce cornée qui soutient
les branchies; mas 1l est placé en ar-
rière et produit le mouvement con-
traire du précédent.
L'extenseur de la cuisse est plus fort
que le fléchisseur ; 1l est attaché dans
l'intérieur de la hanche, à sa portion
antérieure, et s’insère à l'éminence su-
périeure de l'articulation de la cuisse.
I] est plutôt abaisseur.
Le fléchisseur de la cuisse, où mieux
le releveur , est plus court que le pré-
cédent. fl occupe la partie postérieure
interne de la cuisse , et s'insère à
léminence inférieure de l'articulation.
L'extenseur de la jambe est situé
dans l'intérieur de la cuisse, dont il
occupe toute la largeur. IL s’insère au
bord externe de l'articulation de la
jambe.
Crustacés. I. 10
110 INTRODUCTION.
Le fléchisseur de la jambe est moins
fort que son extenseur. Il est couché
sous lui, et s'insère au bord interne de
l'articulation.
L'extenseur de la première pièce du
tarse s'attache intérieurement à tout
le bord supérieur de la jambe, et s'in-
sère à l'éminence la plus élevée de l’ar-
üiculation de la quatrième pièce.
Le fléchisseur de la première pièce
est attaché aussi dans l'intérieur de la
jambe, mais à son bord inférieur ; et
il s'insère à l'éminence la plus basse de
l'articulation.
L’extenseur de la serre et son flé-
chisseur occupent et partagent l'inté-
rieur de la quatrième pièce. Leur place
détermine leurs fonctions.
L’extenseur du pouce est un très-
petit muscle qui occupe la partie supé-
rieure de la pince.
Le fléchisseur du pouce s'attache à
tout le reste de la pince. II a un fort
INTRODUCTION. T1.
tendon , osseux, intermédiaire, plat et
oblons. Il est très-volumineux.
Les crustacés qui ressemblent tant
aux insectes par leurs organes du mou-
vement, quoiqu'ils en diffèrent beau-
coup par ceux de la respiration, ont
aussi un systême nerveux semblable
à celui des. insectes, au moins quant
aux parties essentielles.
Danslesécrevisses, la partie moyenne
de ce systême est un cordon noueux qui
se prolonge d'une extrémité du corps à
l'autre. Dans les crabes , 1l y a au mi-
lieu du corps un cercle médullaire d'où
les nerfs du corps partent comme des
rayons.
Dans ces divers animaux le cerveau
est placé à l'extrémité antérieure du
museau, et par conséquent assez loin
de la bouche, qui s'ouvre sous le cor-
celet. C'est ce qui fait que les cordons
du collier de l'œsophage sont plus alon-
gés que dans d'autres.
T12 ENT O-D'U C TTOMN.
Le cerveau de l'écrevisse est une
masse plus large que longue, dont la
face supérieure est assez distinctement
divisée en quatre lobes arrondis. Les
lobes moyens produisent de leur bord
antérieur chacun un nerf, qui est l'opti-
que. Ce nerfse rend directement dans le
tubercule mobile qui porte l'œil, et il
s'y dilate ei s'y divise en une multitude
de filets qui forment un pinceau, et
aboutissent à tous les petits turbercules
de l'ail.
De la face inférieure du cerveau
naissent quatre autres nerfs qui vont
aux quatre antennes, et qui donnent
quelques filets aux parties voisines. Les
cordons qui forment le collier naissent
du bord postérieur du cerveau. Ils don-
nent chacun, vers le milieu de leur
longueur, un gros nerf qui va aux man-
dibules et à leurs muscles; 1ls se réu-
missent sous l'estomac en un ganglion
oblong qui fournit des nerfs aux di-
INTRODUCTION. 119
verses paires de mâchoires. À partir
de cet endroit, les deux cordons restent
rapprochés dans toute la longueur du
corcelet ; et y forment cinq ganglions
successifs, placés entre les articulations
des cinq paires de pattes. Chaque patte
reçoit un nerf du ganglion qui lui cor-
respond, et ce nerf pénètre jusqu'à son
extrémité ; c’est celui de la serre qui est
le plus gros. Les cordons médullaires,
arrivés dans la queue, s y unissent si
intimement , qu'il n'est plus possible
de les distinguer. [ls y forment six gau-
glions, dont les cinq premiers fournis-
sent chacun deux paires de nerfs. Le
dernier en produit quatre, qui se dis-
tribuent, en rayons, aux nageoires
écailleuses qui terminent la queue.
Le pagure, dont la queue n'est pas
recouverte d'écalles articulées, paroïit
avoir beaucoup moins de ganglions que
l'écrevisse : on ne lui en voit que cinq.
Dans les squilles il y a dix ganglions
CRE]
114 INTRODUCTION.
sans compter le cerveau. Celui qui est
à la réunion des deux cordons qui ont
formé le collier, donne des rameaux aux
deux serres et aux trois paires de pattes
qui les suivent immédiatement, et,
qui, dans ces animaux, sont presque ran-
gées sur une même ligne transversale :
aussi ce ganglion est-1l le plus long
de tous. Chacune des trois paires sui-
vantes a son ganglion particulier. Il y en
a ensuite six dans la longueur de la
queue qui distribuent leurs filets aux
muscles épais de cette partie. Le cer-
veau donne immédiatement quatre
troncs de chaque côté , savoir : l’op-
tique ; ceux des deux antennes et le
cordon qui forme le collier. Comme
les antennes sont placées ici plus en
arrière que le cerveau, leurs nerfs se
dirigent en arrière pour s’y rendre.
Dans les crabes , le cerveau ressem-
ble à celui de l’écrevisse par sa forme
et sa situation. IL fournit aussi des nerfs
INTRODUCTION. 119
analogues , mais qui se dirigent plus
sur les côtés, à cause de la situation des
yeux et des antennes. Les cordons mé-
dullaires qui forment le collier donnent
aussi, chacun, un nerf aux mâchoires,
mais les cordons se prolongent beau-
coup plus en arrière que dans les écre-
visses, sans se réunir : ils ne le font
que dans le milieu du thorax , et là,
commence une masse médullaire, figu-
rée en anneau ovale, évidée dans son
milieu, et huit fois plus grande que le
cerveau. C'est du pourtour de cet an-
neau que naissent les nerfs qui vont
aux diverses parties ; 1] fournit six
nerfs de chaque côté pour les mâchoires
et les cinq pattes, et il y en a un on-
zième, ouimpaire, qui vientde la partie
postérieure , et se rend dans la queue.
Il représente, pour ainsi dire, le cor-
don noueux ordinaire; mais ses gan-
glions, s'il en a, ne sont point visibles.
Dans les cloportes , les deux cor-
116 INTRODUCTION.
dons qui composent la partie moyenne
du système nerveux, ne sont pas en-
tèrement rapprochés. On les distingue
bien dans toute leur étendue. Il y a
neuf ganglions, sans compter le cer-
veau; mais les deux premiers et les
deux derniers sont si rapprochés, qu'on
pourroit les réduire à sept.
Dans les monocles, le cerveau est un
petit globe presque transparent , situé
sous l’intervalledes yeux. Lecordon mé-
dullaire est double, et a un renflement à
chacune des nombreuses articulations
du corps ; mais le tout est si mince et
si transparent, qu'on à peine à s assurer
de sa véritable nature.
Le nerf optique, des crustacés, tra-
verse le tubercule sur lequel leurs yeux
sont placés; et, arrivé au centre de leur
convexité , 1i forme un petit bouton,
d'où partent , ‘en tout sens, des filets
très-fins, qui rencontrent, à quelque
distance, la membrane choroiïde, qui
INTRODUCTION. 117
est à peu près concentrique à la cor-
née, et qui enveloppe cette brosse sphé-
rique de l'extrémité du nerf, comme
le feroit un capuchon. Toute la dis-
tance entre cette choroïde et la cornée ,
est occupée, comme dans les insectes,
par des filets blanchätres, serrés, qui
serendent perpendiculairement de l’une
_à l'autre, et dont l'extrémité qui tou-
che à la cornée, est également enduite
d'un vernis noir.
Ces filets sont la continuation de ceux
qu'a produits le bouton qui termine le
nerf optique, et qui ont percé la cho-
roide.
Actuellement il faut passer à la des-
cription des viscères , et quitter le mé-
thodique Cuvier, pour l'obscur Roesel.
Lorsqu'onenlève la croûte qui couvre
Ja poitrine d'une écrevisse , on voit de
chaque côté, derrière les cavités qui
contiennent, dans le temps du change-
ment de peau, les pierres d'écrevisses
116 INTRODUCTION.
et dans d’autres temps, une matière
verdâtre ; plus bas est l'ouverture des
ouies , fermée de plusieurs feuil-
lets, au milieu desquels est un tuber-
cule qui semble étre leur point central
de mouvement. Cette ouverture com-
munique avec les branchies, qui sont
composées par des lames brunes, fran-
gées , courbées en dessus , et qui res-
semblent à des feuilles. Il est presque
impossible de les compter. Elles sont
accompagnées de filets membraneux,
et plumeux , et de poils noirs et frisés.
Elles embrassent les deux côtés du
corps, comme on le peut voir dans les
écrevisses cuites , où ces parties sont
coriaces et sans goût , de sorte qu'on
ne les mange point. L'estomac est placé
dans la tête même. Il est composé de
fortes membranes , et contient trois
dents écalleuses, à pointes. Ces trois
dents ont une position telle, qu'elles
peuvent se réunir exactement, etbroyer
INTRODUCTION. 119
toutes les matières soumises à leur ac-
tion. Deux sont plus grandes que la
troisième , qui n’a que trois tubercules,
tandis que les autres en ont cinq. Ces
dents, 1l faut le remarquer , n’ont au-
cun rapport avec les deux qui se trou-
vent à l'entrée de la bouche. En des-
cendant vers le milieu du corps, on voit
les testicules , au nombre de trois ,
deux en devant, et un, plus gros, en
arrière. Entre ces testicules et l'ori-
gme de la queue se trouve le cœur,
d'une couleur blanchätre, d’une forme
approchant de la pentagone , duquel
sortent quatre vaisseaux , trois en avant,
etun en arrière. Le vaisseau du milieu,
des premiers, porte le sang à la tête;
les deux autres vont aux côtés; et le
dernier à la queue. Derrière, et sur les
côtés du cœur, se voient des vaisseaux
blancs , qui ressemblent à un gros ff,
occupant un assez grand espace daus le
corps de l'écrevisse ; mais ne se mon-
20 INTRODUCTION.
irant pas, dans tous les temps, d’une
méme épaisseur. Ces vaisseaux ont avec
les testicules une liaison qui ne permet
pas de douter qu’ils ne soient les vais-.
seaux séminaux du mäle. Dans la fe-
melle, cette même partie est remplie
par les ovaires , qui , lorsqu'elle est
gonflée par les œufs , occupent encore
un plus grand espace aux dépens des
branchies.
Mais il faut revenir à l'estomac,
immédiatement sous lequel est l'ou-
verture de la bouche. À sa partie pos-
térieure latérale sont deux globules ,
dont on ne peut deviner l'emploi, et à
sa partie supérieure s'en voit un autre,
qui est la vésicule du fiel. C'est entre
ces trois globules que l'estomac se dé-
charge dans l'intestin , vaisseau droit,
cartilagineux ,qui va se perdre à l’ex-
trémité de la queue, c'est-à-dire, à l’a-
nus. Âveccetintestin marche une veine,
et, comme on l'a déjà observé , un
FINDER O D U CTION I2E
. filet nerveux, parsemé de ganglions.
Quoiqu'on ait dit que les testicules
étoient au nombre de trois, ce n’est
qu'en apparence. Il ny en a ja-
mais qu'un , mais divisé en trois par-
ties. Sa couleur est jaunâtre , sa sur-
face raboteuse , et son intérieur glan-
. duleux. Les deux vaisseaux sperma-
k
tiques prennent leur origine au-dessous
des deux petits lobes , à la partie supé-
rieure du grand. Ces vaisseaux sont
très-minces et très-délicats à leur ori-
gine; mais 1ls augmentent bientôt en
grosseur et en force. Au temps de l’ac-
couplement ils sont plus gonflés, parce
qu'ils sont alors remplis de semence,
substance blanche et dure. Ils sont. si
entortillés, qu'on ne peut que difcile-
ment les étendre ; mais on ne se ha-
sarde pas en disant qu'ils ont plus de
deux décimètres de longueur. Ces vais-
. seaux vont aboutir à la racine des deux
pattes postérieures , à de gros tuber-
Crustecés, I, IL
F22 INTRODUCTION.
cules, qui sont les organes extérieurs
de la génération des mâles. On peut
aisément s'assurer de ce fait en pres-
sant une écrevisse dont les vaisseaux
sont remplis de semence, elle ne tarde
pas à sortir par les trous qui sont à ces
tubercules.
Les écrevisses femelles ont, à l’en-
droit même où est placé le tubercule
du mâle, un corps presque pareil, qui
n'est autre chose que l'ovaire , d’où par-
tent deux gros canaux, qui vont direc-
tement aboutir à la première articula-
tion des pieds du milieu. Cet ovaire,
qu'on trouve en tout temps dans les fe-
melles (mais remarquable par sa gros-
seur , seulement lorsqu'il est rempli
d'œufs), paroît, comme le testicule du
mâle, composé de trois parties ; deux en
haut , égales, géminées, et une en bas,
plus grande. Cet ovaire renferme tou-
jours trois espèces d'œufs, ou mieux des
œulfsde trois grandeursdifférentes. Ceux
INTRODUCTION. 123
quisont les plus avancés, sont plus grands
et bruns. Ceux qui doivent être pondus
l'année suivante , sont peu différens en
grosseur, mais Jaunes. Les autres ont
une couleur blanchâtre , plus ou moins
intense , selon leur âge. Roesel observe
que les premières pontes sont toujours
extrémement peu abondantes, qu'elles
ne sont composées que de quatre à cinq
œufs.
L'œuf , en sortant de l'ovaire, est
attaché à un fil, et reste un instant
pendant en dehors ; mais la femelle,
en courbant fortement sa queue , le
re, et l'attache à un de ces petits filets
membraneux dont elle est garnie. L'é-
crevisse salt eusuite le faire passer d'un
filet à un autre, au moyen de ses pattes,
et cela de manière qu'ils sont égale-
ment distribués sur tous. Ces œufs sont
attachés par la seule slutinosité de leur
fil, mais leur attache est forufiée par
124 INTRODUCTION.
les poils dont les filets sont garnis , et
autour desquels 1l est entortllé.
Lorsqu'on examine un œuf au mi-
croscope , on voit qu'il est entouré ,
outre sa propre peau, d'une seconde en-
veloppe, dont la partie supérieure est
le fil dont on vient de parler. Il se
trouve donc dans un sac.
On peut voir dans Roesel , pi. 58,
59 et 60, les .développemens de toutes
ces parties. Ces planches ont été copiées
par Herbst, pl. 46.
Un des faits les plus étonnans que
nous fassent voir les crustacés, c'est que
quand leurs pinces ou leurs pattes sont
rompues par quelque accident, comme
cela leur arrive souvent , il leur en
pousse de nouvelles, au même endroit.
{l'est même des espèces qui tiennent st
peu à leurs membres, qu'il suffit de
les toucher, de les mettre près du feu,
enfin, de leur faire craindre un danger,
INTRODUCTION. 125
pour les déterminer à les abandonner
en partie, ou en totalité. Le fait est si
généralement connu , que personne ne
s'est avisé de le révoquer en doute.
Les anciens , du moins Aristote et
Pline , en parlent ; mais ce n’est que
dans ces derniers temps qu’on en a cher-
ché l'explication.
Réaumur, à qui les scienses natu-
relles doivent de si nombreuses décou-
vertes , est le premier qui ait tenté des
expériences directes, pour s'assurer des
moyens que la nature emploie pour la
reproduction des pattes des crustacés.
Ce célèbre physicien coupa donc des
jambes à des crabes , à des écrevisses,
et les mit dans ces bateaux couverts
qui communiquent avec l’eau dans une
portion de leur étendue , et qui sont
destinés à conserver le poisson en vie.
Au bout de quelques mois, il vit de
nouvelles jambes qui étoient venues à
la place des anciennes , et qui , à la
126 INTRODUCTION.
grandeur près , leur étoient parfaite-
ment semblables.
Le temps nécessaire pour la repro-
duction des nouvelles jambes n’a rien
de fixe; c'est un des endroits par les-
quels cette régénération diffère de la
génération ordinaire ; elles croissent
d'autant plus vîte , que la saison est
plus chaude , et que l'animal est
mieux nourri. Diverses circonstan-
ces rendent encore cette reproduction
plus prompte ou plus tardive. Une des
plus essentielles est l'endroit où la
jambe a été cassée. Le point de réu-
nion de la seconde articulation avec la
troisième , est le lieu ou elles se cassent
le plus aisément, et où la reproduction
se fait le plus facilement. Là, il y a
plusieurs sutures qui semblent distinc-
tes des articulations , du moins qui n'ont
point de mouvemens. C'est dans ces
sutures, sur-tout dans celle du nulieu,
que la jambe se casse. IL est même plu-
INTRODUCTION. 127
sieurs espèces de crustacés, qui, lors-
qu'on les blesse à quelques autres par-
ties de leur pattes, cassent eux-mêmes
le restant à cette suture pour faciliter la
réparation de leur perte.
Il n'y a pas de pareilles sutures au-
près des autres articulations, aussi , si
on coupe la jambe ailleurs , elle s’y re-
produit moins vite. Mais ce qui mérite
d'être remarqué, c'est qu'il ne renait à
chaque jambe que précisément ce qu'il
faut pour la compléter.
Si c'est pendant l'été que l'on a cassé
les pattes d’un crabe où d'une écrevisse ,
et qu'un jonr ou deux après on observe
les changemens qui sont arrivés , on
voit une espèce de membrane un peu
rougeâtre, qui recouvre les chairs qui
sont immédiatement au bout de l’en-
droit coupé. Sa surface est assez plane,
comme le seroit celle d’un linge étendu
au bout d’un tuyeau cylindrique : aussi
le bout de la jambe ressemble-t-1l alors
120 INTRODUCTION.
à celui d'un tuyau d'écaille. Quatre à
cinq jours après la même membrane
prend une surface un peu convexe, sem-
blable à celle d'un segment de sphère,
et après quelques autres jours , cette
figure sphérique se change en une co-
nique, c'est-à-dire, que la membrane
dont 1l est question s'alonge de façon,
que son milieu s'étend plus que tout
autre endroit de sa surface et elle forme
un petit carré, qui n'a pourtant pour
basequ’une partie de lacirconférence de
l'endroit où la jambe a été cassée. Il
semble que le milieu et les contours
du milieu ont été seuls poussés en haut.
Souvent alors ce petit cône a environ
deux millimètres de hauteur. Sa base
reste toujours la même, mais sa hau-
teur augmente dans [a suite. Après dix
jours elle a environ cinq millimètres.
La couleur de la membrane qui le
forme devient blanche, et ce qu'il y
avoit de rouge à l'extrémité se détache.
INTRODUCTION. 229
On ne doit pas se représenter ce
cône comme creux à l'intérieur. La
membrane qui en fait la surface ex-
térieure sert à envelopper des chairs,
elle tient lieu de matrice. A mesure
que ce fœtus de jambe croit, la mem-
brane qui l'enveloppe s'étend. Comme
elle est assez épaisse , ce n'est qu'après
l'avoir coupée qu'on observe qu'elle
renferme une petite jambe semblable
à celle qu'on a enlevée ; car , lors-
qu'on la regarde extérieurement , ce
que l’on apperçoit, ne semble qu'une
excroissance de chair, de figure eonmi-
que. Quelque témps aprèscette époque,
c'est-à-dire, au bout de douze à quinze
jours, cette figure change un peu, ce
petit cône se recourbe vers la tête
de l'animal, Ensuite, le même corps
charnu se recourbe davantage; le coude
qu'il formoit augmente, 1l prend une
figure assez semblable à celle d'une
jambe morte. Cette même partie,
130 INTRODUCTION.
toujours incapable d'aucune action ,
acquiert jusqu'à sept où huit milli-
mètres dans trente à quarante jours ;
mais, comme la membrane qui la cou-
vre, en s'étendant devient plus mince,
et qu'en même temps toutes les par-
ües de la jambe deviennent plus mar-
quées, en regardant de près, on peut
alors distinguer que ce n'est pas une
simple carnosité. On démêle quelques
jointures , la première sur-toutest sen-
sible, On apperçoit aussi une ligne qui
fait la séparation des deux pinces dont
les bouts forment le sommet du cône
ou de la petite carnosité.
La jambe alors est prête à éclore,
s'il est permis de se servir de cette
expression. À force de s'être étendue,
{a membrane qui l'enveloppe , se dé-
chire ; la jambe dépouillée de ce four-
reau , qui, après avoir servi à la con-
server, ne sert plus qu'à l'embarrasser,
paroît au Jour. Elle est encore molle;
INTRODUCTION. 131
mais, peu de jours après , elle se trouve
revêtue d'une écaille aussi dure que
celle de l’ancienne jambe, I] ne lui
manque que la grandeur et la gros-
seur , et elle les acquiert avec le temps.
Elle est, pour ainsi dire, en âge de
croître dans le temps que l'autre jambe
semble n’y être plus, c'est-à-dire qu'elle
s’'augmente plus rapidement, à cha-
que changement de peau , tant qu’elle
n'est pas arrivée à la même grosseur,
mais quand elle est à ce point, elle suit,
dans ses accroissemens postérieurs , po-
sitivement la même progression que
l'autre.
Les petites jambes repoussent comme
les grandes, mais plus lentement. I]
en est de même des parties saillantes
qui se trouvent souvent sur les pattes
ou sur les côtés du corps ; 1l en est en-
core de même des antennes ou des por-
tions d'antennes , des antennules, des
mächoires, etc.
1232 INTRODUCTION.
Réaumur cherche à expliquer les
causes de cette reproduction des parties
des crustacés. Il se demande si, à la
base de chaque jambe, il ÿ a une pro-
vision de jambes nouvelles , comme
dans les enfans il y a une dent sous la
dent de lait qui doit tomber un jour ?
Si un crustacé peut réparer la perte de
ses jambes d’une manière indéfinie ,
ou, si, après quelques reproductions,
il en est incapable ?
Ce même Naturaliste a voulu sa-
voir si en coupant la queue d’une
écrevisse, 1l en renaitroit une autre ;
mais ses expériences l'ont convaincu
que la mort étoit toujours la suite plus
ou moins prompte de cette opération.
Badier, dans un mémoire sur la re-
production des pattes de crabes, inséré
dans le Journal de Physique, en 1778 ,
nous apprend que, lorsqu'un crabe de
terre des Antilles a perdu une de ses
pinces , et 1l est. du nombre de ceux
INTRODUCTION. 139
qui les perdent le plus facilement, 1l
se cache dans son terrier , en ferme
l'ouverture avec des feuilles, et n’en
sort plus que son membre ne soit re-
poussé. Il assure n’en avoir jamais ren-
contré de mutilés. Il n’en est pas de
même des espèces aquatiques , qui,
quoique sans pinces, vont et viennent,
comme à l'ordinaire.
Tous les crustacés proprement dits,
sont daus le cas de ceux sur lesquels
Réaumur a fait ses expériences. IL est
probable même que les entomostracés
de Muller , ou les sessihiocles de La-.
marck, jouissent aussi d'une semblable
prérogative ; mais leur petitesse n’a pas
permus de les soumettre aux mêmes
essais.
Un autre phénomène que présente
les crustacés est celui de leur change-
ment de peau ou d'écaille.
Les crustacés qui vivent plusieurs
années, et qui grossissent pendant toute
Crustacés. I. 12
134 INTRODUCTION.
leur vie , sont cependant enveloppés ,
comme on l'a déjà dit , d'une croûte
solide, incapable de se distendre sans
se rompre, par conséquent dans le cas
de mettre un obstacle imsurmontable à
leur accroissement , si la nature n’y
avoit pourvu par un moyen, qui, sil
est moins surprenant que celui de la
reproduction des pattes , n'en est
pas moins digne des méditations du
scrutateur de la nature ; c'est par
le dépouillement complet et instan-
tané de leur robe de l’année précé-
dente.
Le test des crustacés est toujours
composé de plusieurs pièces , qui va-
rient en nombre et en forme, selon les
genres. Quelquefois 1l est uni, mais
le plus souvent il est chargé de grains,
de tubercules , d'épines, de trous,
de stries , de figures, et de directions
fort variables; de poils de difiérentes
- matures, etc. Sa couleur varie beaucoup
INTRODUCTION. 135
dans les animaux en vie ; mais lors-
qu'ils sont morts , sur - tout lors-
qu'ils ont été cuits, cette couleur se
change en rouge dans la très-grande
majorité. Ce fait très - remarquable,
ne s'explique pas d’une manière sa-
tisfaisante ; mais il est presque ca-
ractéristique pour les animaux de cette
classe.
Quand on expose des morceaux de
test des crustacés au feu , une partié
brûle avec flamme, en donnant une
odeur animale , semblable à celle de
la corne dans les mêmes circonstances,
mais elle est modifiée d’une manière
particulière. Le reste est une véritable
chaux , dont les molécules ont rare-
ment de la cohérence entre elles, parce
que la partie animale brülée étoit
plus abondante que la partie calcaire.
Lorsqu'à la fin du printemps, la
chaleur commence à se faire sentir dans
le fond des eaux , lorsque la naissance
130 INTRODUCTION.
d’une multitude d'animaux a fourni aux
crustacés une proie facile à se procurer,
qu'ilsont cru, proportionnellement à l’a-
bondance de leur nourriture, 1ls se trou-
vent trop à l’étroit dans leur ancienne
enveloppe. Alors il se forme, entre leur
test et leur chair, un intervalle vide qui
augmente de manière que, si, à cette
époque, on presse leur test, ons'apper-
çoit qu'il cède sous le doigt. Peu après
on trouve les crustacés avec une peau
molle, et souvent dans leurs environs
une dépouille , que l’on peut présumer
être les restes de leur test. Ces faits
ont été connus de tout temps, sur-
tout relativement aux écrevisses ; mais
c'est à Réaumur que l'on doit de les
avoir constatés par des expériences di-
rectes.
Ce physicien a mis des écrevisses
dans des boîtes , percées de trous , et
posées dans la rivière , et dans des
bocaux placés dans son cabinet, à l'é-
INTRODUCTION. 137
poque de l'année où elles devoient
changer de peau , c'est-à-dire en prai-
rial ; et 1l a vü que quelques heures
avant que ce crustacé se dépouillât de
sa peau , 1l se frottoit les pattes les
unes contre les autres, et sans changer
de place; qu'il les remuoit aussi sé-
parément , qu'il se renversoit sur le
dos , replioit sa queue, l'étendoit en-
suite, agiloit ses antennes, etc. Tous
ces mouvemens tendent à donner à
chacune de ses parties un peu de jeu
dans leur fourreau.
Après ces préparatifs , l'écrevisse
gonfle son corps plus qu'à l'ordinare ,
alors le premier des segmens de sa queue
paroît plus écarté de son corcelet. La
membrane qui les unit se brise, son *
nouveau corps paroît. Il se distingue
de la vieille écaille , parce qu'il est
d’un brun foncé , tandis qu’elle est d’un
brun verdâtre.
Les écrevisses ne travaillent point à
138 INTRODUCTION.
se débarrasser de leur écaille inmédia+
tement après que la rupture précédente
a été faite , elles restent quelques temps
en repos ; elles recommencent ensuite
à agiter leurs jambes , et toutes leurs
autres parties. Enfin, l'instant étant ar-
rivé où elles croient pouvoir se tirer
d'un habit incommode , elles gonflent
et elles soulèvent plus qu'à l'ordinaire
les parties recouvertes par le corcelet,
qui s'élève, s'éloigne de l'origine des
jambes, et se décolle. La membrane
qui le’ tenoit tout le long des bords du
ventre, se brise, il ne reste attaché que
vers la bouche; on voit déborder tout
autour , la partie du corps qui en étoit
recouverte auparavant.
Depuis ce moment, jusqu'à ce que
l’écrevisse soit entièrement nue, il ne
s’est passé, dans la rivière, qu'un demi-
quart-d'heure. Dans la chambre cette
opération a été plus longue.
Le corcelet étant soulevé à un cer-
INTRODUCTION. 139
‘point, on voit son bord s'éloigner de la
prenuère pare de pattes ; l’écrevisse
alors tire sa tête en arrière ; elle dégage
ses yeux de leurs étuis; elle dégage en
méme-temps un peu toutes les autres
parties du devant de la tête. Les jam-
bes elles-mêmes sont un peu retirées
en arrière ; elles suivent le corps, car
iln'y en a qu'une paire d’articulée par-
delà le corcelet. Enfin, à diverses au-
tres reprises, elle se gonfle, elle retire
son corps en arrière; elle dépouille , ou
une des grosses jambes, ou toutes les
jambes d’un côté , ou une partie de celles
d'un côté; quelquefois celles des deux
côtés se dégagent en même temps, car
ceci ne se passe pas d’une manière un1-
forme dans toutes les écrevisses ; elles
ne trouvent pas toutes une égale facilité
à reurer les jambes semblablement
placées : 1l y en a quelquefois de si
difficiles à amener , de si serrées dans
leur gaine , qu'elles y restent, et se rom-
.
140 INTRODUCTION.
pent. Tout ce travail est furieusement
rude pour l'animal; Réaumur en a vu
souvent mourir dans l'opération, et sur-
tout des jeunes. Les mouvemens qu'el-
les se donnent dans cet état, sont aussi
différens que les individus. IL en est
qui se contentent de remuer doucement
leurs jambes, d'autres qui les frottent
très-rudement. Il en est qui se mettent
sur le côté ; et celles-là se tirent plus
promptement d’affaires ; d'autre sur le
ventre ; enfin d’autres sur le dos, et ce
sont ces dermères à qu1il arrive le plus
souvent de périr.
Enfin , quand les jambes sont déga-
gées, l’écrevisse retire de dessous son
corcelet sa tête, et les autres parties
qu'il couvroit ; elle se donne aussitôt
un mouvement en avant ; elle étend
brusquement sa queue , et la retire
aussitôt ; par ce dernier mouvement
elle abandonne tout son ancien étui.
Après cette action de vigueur, elle
INTRODUCTION. 141
tombe dans une grande foiblesse ; tou-
tes ses jambes sont si molles, que,
mises à l'air, elles se plient, sur-tout
aux endroits des articulations , comme
un papier mouillé. Si pourtant on prend
l'écrevisseimmédiatement après qu'elle
est sortie, on sent son corps beaucoup
plus dur qu'il n’est naturellement; mais
cette dureté ne ressemble pas à celle
de l’écaille, c'est la masse entière des
chairs qu'on sent dure. L'état convulsif
des muscles est peut-être la cause de
cette solidité remarquable.
Au reste, quand le corcelet est une
fois soulevé, et que les écrevisses ont
commencé à dégager leurs pattes, rien
n'est capable de les arrêter. Réaumur
en a souvent retiré de l’eau dans cet
état, dans l'intention de les conserver à
moitié dépouillées, et elles achevoient,
malgré lui, de muer entre ses mains.
Lorsqu'on jette les yeux sur la dé-
pouille d'une écrevisse, on la pren-
142 INTRODUCTION.
droit pour une autre écrevisse. [] ne lui
manque rien à l'extérieur. Lorsqu'on
l'examine plus en détail, on est sur-
pris du nombre des pièces de ce sque-
lette. Le cartilage qui se voit dans
l'intérieur de la patte , lorsqu'on la
mange , sy trouve. Chaque poil est
une gaine qui recouvroit un poil in-
térieur.
Certainement, 1l est difficile de con-
cevoir comment toutes ces parties se
détachent. Comment elles peuvent se
décoller et se désemboiter. La nature
a des expédiens qu'il n'est pas toujours
donné à l'homme d’appercevoir. Réau-
mur a remarqué une eau glaireuse qui
humecte l'intervaile de l’ancienne à la
nouvelle écaille, et qui doit concourir
à facihter leur séparation.
Il reste cependant à voir comment
ces parties se sont déscagées. Il n'est
pas difficile de se rendre raison de la
sortie des antennes, mais 1l n’en est pas
INTRODUCTION. 143
de même pour les jambes qui sont plus
grosses que le trou par où elles doi-
vent sortir. Il faut appeler l'observation
à son aide. Réaumur a remarqué que,
dans l'opération de la sortie des pièces,
les articulations inférieures se séparent
en deux dans leur longueur; que ces
parties, qui paroissent d’une seule pièce
quand l'écrevisse est vivante , sont
réellement composées de deux pièces
réunies par une membrane, et exacte-
ment jointes l'une contre l'autre.
Mais on a laissé l'écrevisse couverte
d'une membrane molle, au lieu d’une
écaille dure. Elle ne reste pas long-
temps dans cet état. Réaumur a vu la
nouvelle écaille prendre quelquefois la
dureté de l'ancienne en vingt - quatre
heures ; pour l'ordinaire ce n'est ce-
pendant qu'après deux à trois jours.
Le peu de temps que cette écaille met
à se durcir est encore une des singu-
larités qu'offre l'écrevisse.
144 INTRODUCTION.
Les écrevisses prêtes à muer ont tou-
jours deux pierres, connues sous le nom
d'yeux d'écrevisses, qui sont placées
aux côtés de l'estomac , mais qui ne se
voient plus à celles qui ont mué, et
doni l'écaille a pris toute la dureté qui
lui est naturelle ; les deux pierres ont
alors disparu. Les opinions des auteurs
sur l'usage de ces pierres dans l'écre-
visse ont été fort variées. Geoffroy,
qui les a trouvées enveloppées dans le
nouvel estomac, où 1l dit qu'elles di-
minuent insensiblement jusqu'à leur en-
tière destruction, a cru que ces pierres,
ainsi que la membrane du vieil estomac
serveut de nourriture à l'animal pen-
dant la maladie que lui cause sa mue ;
car, dans le temps de cette mue l’écre-
visse est très-foible, et paroït malade.
Mais Réaumur a été d’un tout autre
sentiment; ayant observé que, si, un jour
après la mue, on ouvre une écrevisse,
on trouve les pierres plus petiies qu'on
‘INTRODUCTION. 145
ne l’auroit cru, et que si on ouvre l’é-
crevisse quand son éciulle a pris toute
sa dureté , les deux pierres ne se re-
trouvent plus ; 1l en a conclu que l'une
augmente aux dépens des autres, c'est-
à-dire que ces pierres sont dissoutes,
et que leur suc pierreux est ensuite
porté et déposé dans les interstices que
lussent entre elles les fibres dont la
_ peau molle est composée. Il n’y a plus
de doute aujourd'hui que l'opinion de
Réaumur ne soit vraie. Ce moyen,
employé par la nature pour consolider
promptement l'enveloppe d'un animal
mu et exposé à un grand nombre de
dangers, est très-digne de remarque.
Le même Réaumur a mesuré des
écrevisses avant et après la mue, et 1}
a acquis la preuve qu’elles avoient aus-
menté d'environ un cinquième dans
tous les: sens. Il en conclut cependant
que ces antnaux croissent avec Jen
teur, et ses calculs se trouvent concorder
Crustacés. I. 13
140 INTRODUCTION.
avec l'observation des pêcheurs, qui ont
remarqué qu'une écrevisse de sept à
huit ans est à peine marchande.
La plupart des crustacés , même
ceux qui habitent perpétuellement les
eaux , peuvent vivre plus ou mois
long-temps dans l'air. On peut, pour
tous, prolonger ce temps, en les met-
tant dans un lieu humide , ou entre des
végétaux frais. Il est toujours nuisible,
lorsqu'on veut les conserver en vie ,
dans des baquets, de les couvrir d'eau,
parce qu’ils consomment une si grande
quantité d'air, qu'ils ne tardent pas à
en épuiser l'eau non renouvelée, et à
mourir d’asphyxie. Il faut, dans ce cas,
{eur en donner seulement une quantité
suffisante pour que leurs pattes y
plongent, car alors elles peuvent res-
pirer immédiatement de fair, et l’eau
ne sert qu'à tenir leurs organes dans
l'humidité convenable.
Les mœurs des crustacés varient
INTRODUCTION. 147
sans doute autant que les espèces ; mais
leurs différences ne sont sensibles, pour
l'homme , que dans les masses appelées
genres. On les fera connoitre autant
que possible , dans les généralités qui
précèderont chacun de ces genres. On
se contentera , en conséquence, de
dire ici, que la plus grande partie vi
dans les eaux de la mer , et le reste
dans les eaux douces, ou sur la terres
que dans chacune de ces divisions, 1l
en est qui se cachent dans les trous des
rochers, d’autres sous les pierres, d’au-
tres dans des trous qu'ils se creusent
dans le sable, d’autres dans la boue , etc.
IL en est qui sont obligés de s'emparer
des coquilles univalves vides , pour
y placer la partie postérieure de leur
corps qui n'est point crustacée. Il en
est qui, sans des motifs aussi détermi-
mans, sont dans l'habitude de se retirer
dans les coquilles des bivalves, et de
vivre en bonne intelligence avec les
146 INTRODUCTION.
mollusques acéphales qui les habitent.
Leurs allures ne varient pas moins ;
les uns vont devant eux , comme la
plupart des animaux ; mais le plus
grand nombre marchent de côté ou à
reculons. Il y en a beaucoup qui na-
gent , et parmi eux, les uns nagent sur
le ventre , les autres sur le côté , les
autres sur le dos ; ils suivent , dans
cette opération, des directions aussi va-
riées que ceux qui marchent.
La nourriture des crustacés est géné-
ralement animale: on en cite qui man-
gent aussi des herbes et des fruits; mais
cela a besoin d’être constaté d'une ma-
ère positive. Les animaux morts et
les animaux vivans deviennent évale-
ment et indifféremment leur proie. Is
s'entre-mangent même entre eux, COm-
me 1l a déjà été remarqué.
Les crustacés aquatiques se trou-
vent dans toutes les latitudes, mais ce
nest qu'entre les tropiques qu'on en
INTRODUCTION. 14Q
voit de vivans habituellement sur Ja
terre.
On en trouve assez souvent de fos-
siles en Europe , dont on a pu assi-
gner le genre, mais non encore dé-
terminer les espèces. On ne les a pas
assez étudiés jusqu’à présent pour qu'il
soit possible d'entrer dans de plus
grands détails à leur égard.
On rapporte que sur les côtes des
iles de l'Amérique, où les crabes sont
très-mulupliés, ils se livrent, pendant
le temps de leurs amours, de cruels
combats, dont le résultat est souvent la
mort de beaucoup d'individus, et tou-
jours la perte d’une grande quantité de
leurs membres. IL ne paroït pas que
les crustacés d'Europe se mettent dans
ce cas; mais aussi leur petit nombre,
et la chasse continuelle qu’on leur fait,
ne permet pas d'observer aussi facile-
ment leurs mœurs que dans les pays
chauds, où on dit qu'ils sont d’une
150 INTRODUCTION.
grandeur si démesurée , qu'ils atta-
quent les hommes, et en ont mangé
plusieurs, entre autres le fameux navi-
gateur François Drack, qui, quoique
armé, ne put éviter ce sort.
On pense bien qu’il est difficile de
fixer d'une manière positive la durée
de la vie des crustacés ; mais l'opinion
générale est qu'ils vivent très - long-
temps. Pline rapporte que de son
temps, on croyoit que les crabes pou-
voient vivre plus long-temps que les
hommes. Si on applique aux écrevisses
les calculs de Buffon, sur le rapport
du temps de la vie au temps de la
croissance, on peut aussi leur donner
un siècle d'existence ; car on en cite
qui croissoient même à plus de vingt
ans d'âge constaté. Au reste, 1l est très-
rare que les crustacés puissent acquérir
le privilége de mourir de vieillesse ,
car leurs ennemis sont si nombreux ,
ils sont exposés à tant d’accidens , le
INTRODUCTION. 151
ÿy
changement de peau est pour eux une
crise si dangereuse, qu’il n’est pas pro-
bable qu'ils échappent constamment à
ces causes de destruction. L'observation
prouve qu'il ya toujours, dans les ani-
maux, un rapport entre la longueur de
leur vie, et leurs moyens de reproduc-
tion. Or, les crabes vivant long-temps,
et faisant beaucoup de petits, l’équili-
bre seroit rompu, si des causes étran-
gères n'en détruisoient la plus grande
parte.
C'est principalement dans les pre-
miers Jours, dans les premiers mois,
dans les premières années de leur exis-
tence, que les grandes espèces de crus-
tacés sont exposés à tous les effets de
ces causes. Alors la plupart des pois-
sons, et autres habitans de la mer, les
oiseaux d’eau , etc. , en font une énorme
consommation ; jusqu'aux animaux les
plus mous, aux actinies , par exemple,
152 INTRODUCTION.
vivent à leurs dépens, lorsqu'elles les sai-
sissent dans ce premier âge. [! est vrai
qu'elles sont aussi elles-mêmes la proie
de crustacés , ainsi que bien d'autres
vers marins ; mais leur multiplication
est encore plus facile que la leur, et
souvent le déchirement d’une actimie
par un crustacé, donne lieu à fa nais-
sance d'une douzaine d’autres, ainsi
qu'on la vu dans l'histoire de ce ver
radiaire. À ces causes de destructionon
ne doit pas ajouter celle qu'occasionne
la voracité de l'homme. Ce qu'il prend
de crustacés dans la mer est trop peu
de chose pour être compté , il n'y a
que ce qu'il prend dans les petites ri-
wières qui puisse donner lieu à une dimi-
nution sensible.
L'ous les peuples du monde mangent
des crustacés ; mais les habitans des
bords de la mer principalement , en
font une grande consommation. Dans
INTRODUCTION. 153
certains pays, comme à la nouvelle
Hollande, 1ls font la base de la nour-
riture des indigènes. Toutes les espèces
ne sont pas également bonnes, quel-
ques-unes même sont dangereuses , soit
parce que leurs œufs purgent , soit
parce qu'ils sont imprégnés de parti-
cules empoisonnées. On croit commu
nément dans les Antilles, que les cra-
bes qui y sont vénéneux , ont mangé
du fruit du mancellinier, hrppomane
mancinella , Linn. Mais Jacquin a
remarqué que ces animaux n'attaquent
jamais ce fruit, et on a déjà vu qu'ils
ne mangent que des substances anima-
les. Quelqu'un a prétendu que les crabes,
autour de Saint - Domingue, devoient
leur qualité délétère quelquefois aux
filons de cuivre sous-marins sur lesquels
ils vivoient ; ce fait a besoin d’être
mieux constaté. La chair des crustacés
passe pour être, en général , d’une dif-
ficile digestion, mais elle n'en est pas
154 INTRODUCTION.
moins recherchée par beaucoup de
monde. Les écrevisses sur-tout, parois-
sent sur les tables les plus délicates. La
manière la plus commune d'apprêter
les grandes espèces marines, telles que
celles qu’on appelle crabes , homards,
etc., consiste à les faire cuire simple-
ment dans l'eau de mer. On les mange
en les irempant , à mesure qu'on les
épluche, dans une sauce d'huile et de
vinaigre. Les crevettes et autres petits
crustacés ont leur assaisonnement en-
core plus simple, puisqu'il ne s'agit que
de les faire cuire dans la même eau où
on a introduit quelques pincées de poi-
vre, Ou autres épiceries. La petitesse
de ces espèces, et le peu d'épaisseur de
leur test permet de les manger en en-
tier. Elles sont fort recherchées de plu-
sieurs personnes.
Mais c’est sur les écrevisses de ri-
vières que l'art du cuisinier s'est le
plus exercé. Comme ces animaux ont
INTRODUCTION: 155
une saveur particulière, et fort agréa-
ble, non seulement ont les mange en-
uères, mais ont les emploie encore
pilées, pour donner du goût à d’autres
mets. Le mode le plus commun de les
apprêter est de les faire cuire dans du
vin blanc, que l'on a fortement assai-
sonné avec du sel du poivre, du thym
et du laurier.
Comme la chair des crustacés se
corrompt très-rapidement , et que dans
cet état elle a une odeur et une saveur,
qui lui sont propres, et qui sont extré-
mement désagréables, tous les peuples,
et sur-tout les Européens, s'accordent à
ne pas manger ceux qui sont trouvés
morts. Presque par-tout on les fait
cuire lorsqu'ils sont encore vivans, et
de plus , on les fait cuire lentement,
ce qui prolonge long-temps leur affreux
supplice. On est obligé à cette barba-
rie, parce qu'on a remarqué que lors-
qu'on met les crustacés , du moins les
150 INTRODUCTION.
grandes espèces, dans l'eau déjà bouil-
lante , la première impression de cha-
leur qu'ils éprouvent , les engagent à
abandonner leurs pattes , et qu'on
veut, ordinairement, qu'elles ne soient
pas séparées de leur corps lorsqu'on
les sert sur [a table.
La médecine faisoit autrefois un
grand usage des crustacés ; mais, depuis
que les lumières de la chimie ont
éclairé cette science ; on a reconnu
que toutes leurs propriétés se rédui-
soient à celles de la terre calcaire.
Les écrevisses passent cependant en-
core pour dépurantes, diurétiques et
pectorales , et sont quelquefois em-
ployées dans les maladies de l£ peau,
les embarras des reins , l'asthme, la
phthisie, etc.
On conserve assez bien la char de
pattes et de la queue des grands crus-
tacés en usage dans les aliimens , de la
méme mamère qu'on conserve le thon,
INTRODUCTION. 157
c’est-à-dire en la marinant, et la met-
tant dans de l'huile, ou de la graisse
de bonne qualité.
Les crustacés se prennent de diffé-
rentes manières , selon les espèces et
les pays. Les grands, en général, se
prennent à la main, à la retraite de la
marée , dans les parcs à poissons, que
l'on établit sur les côtes, dans les trous
où 1l reste peu d'eau, etc. On les prend
aussi , sur-tout à l'embouchure des
petites rivières , en mettant , à la marée
montante , au fond de l’eau , un filet
plat, attaché à un cercle, au milieu du-
quel est fortement fixé un morceau de
viande. Les crabes , «et en général tous
les crustacés, qui apperçoivent ou sen-
+ent cette viande, accourent pour la
manger, et lorsqu'il y en a quelques-
uns occupés de cette opération, on re-
tire Le cercle, qui doit être attaché par
trois cordes à un long bâton , et on
enlève tout ce qui est dessus. On em-
Crustacés. I, 14
128 INTRODUCTION.
ploie le même moyen pour les écre-
visses de rivières , ainsi qu'il sera dit
à leur article.
La préparation des grands crustacés
pour les collections d'Histoire Natu-
relle, paroîtextrémement facile , puis
qu'il semble qu'il ne s'agit que de les
laisser dessécher à l'air ; mais elle de-
inande cependant des PIÉARRONS sans
lesquelles on ne peut pas espérer un
succès complet.
Les crustacés se dessèchent en effet
suffisamment bien par leur simple ex-
position à l'air ; mais d'abord , lorsque
le temps est chaud et humide, ils se
corrompent rapidement, ils noircissent,
toutes les articulations se désunissent,
etils ne reste plus qu'un amas informe
de pièces séparées dont on peut diffi-
cilement tirer parti. Lorsque cet in-
convément n'a pas lieu, 1l s'introduit
dans le corps de l'animal des larves de
dermestes, d'anthrennes, de silphes, et
INTRODUCTION. 199
de beaucoup d’autres insectes, qui per-
cent souvent les membranes des arti-
culations, et produisent des effets , sinon
aussi nuisibles , que ceux produits par
la corruption , au moins bons à éviter.
D'un autre côté, les crustacés dessé-
chés deviennent très-friables , leurs an-
tennes, leurs pattes , se brisent au plus
petit attouchement ; ils ne peuvent donc
être transportés, dans cet état, sans ris-
quer de perdre les parties les plus 1m-
portantes à conserver.
Le moyen que Bosc a employé avan-
tageusement pour prévenir ces 1ncon-
véuiens consiste à envelopper chaque
crabe, lorsqu'il est encore en vie, d'un
morceau de toile, et à le mettre dans
l'esprit-de-vin foible où lon a fait dis-
soudre beaucoup de savon, où ils restent
jusqu'à leur arrivée à leur destination.
Là, ou les tire du baril , on les lave,
on étend leurs pattes , leurs antennes,
etc., on les laisse sécher à l'ombre, et
160 INTRODUCTION.
on les place à demeure , soit dans des
tiroirs semblables à ceux où l’on con-
serve les insectes , soit dans des tableaux
fermés de verre.
Ilest d'observation que ces crustacés,
ainsi envoyés dans l’esprit-de-vin, ne
sont plus attaqués par les insectes des-
tructeurs, et que leur chair en se des-
séchant contre les articulations, les con-
solide au pont desirable. Ajoutez à
cela que leurs couleurs sont générale-
ment moins altérées.
À l'égard des petits crustacés , 1l n’y
a d'autre moyen de les conserver que
de les laisser dans l’esprit-de-vin. La
mollesse de leur corps ou la flexibilité
de leur test est tel, qu'on ne peut
plus les reconnoitre après leur dessica-
hon.
= A AE D AP TD M + AP DE D SP D AP A I TS
DES 'CHUSTACES:
CRABE, C4nNcER, Linnœus.
Quatre antennes courtes et inégales ; les
deux antérieures coudées ou pliées, à der-
nier article bifide ; les deux extérieures
sétacées. Corps court , plus large anté-
rieurement , ou dans sa partie moyenne ,
que postérieurement. Dix pattes ongui-
culées ; les deux antérieures terminées en
pinces.
Linvzus , comme on l'a dit dans
les généralités de la classe, avoit , sous
le nom de crabe, fait un seul genre
de tous les crustacés. Beaucoup de Na-
turalistes l'ont imité ; mais Fabriaus,
dès les premières éditions de son En-
tomologie systématique, avoit divisé
ce genre en plusieurs autres, dont l’un
avoit toujours conservé le nom de Lin-
næus.
Fabricius s'en est tenu aux résultats
162 HISTOIRE NATURELLE
de son premier travail, dans les diffé-
rentes éditions qu'il a faites de son ou-
vrage ; 1l s'est contenté de joindre suc-
cessivement les espèces nouvelles, qui
lui étoient communiquées, à celles
qu'il avoit précédemment décrites ;
Mais, dans le supplément qu'il a donné
en dernier lieu, en 1798, il a fait une
refonte générale des crustacés, dans
faquelle il a, d’après les observations
de Daldorf, subdivisé son genre crabe,
proprement dit, en onze nouveaux
geures , dont le premier seul a con-
üuué de porter le nom de Linnæus.
Ti sembloit, qu'après des coupures
aussi nombreuses, le genre crabe n'é-
toit plus susceptible de fournir de nou-
velles subdivisions ; cependant La-
imarck , par un examen plus appro-
fondi, a encore trouvé des caractères
suffisans pour former trois genres aux
dépens de celui de Fabricius, et on
a dù les adopter comme très - fon-
dés.
DES CRABES. .!. ‘163
Ainsi donc les crabes, dont 1l est
question ici, ne comprennent que ceux
de la première division du supplément
de Fabricius. Les deux autres divi-
sions sont comprises dans les genres
ocypode , et grapse du Naturaliste
français.
Les crabes, proprement dits, vivent
tous dans la mer, et leur lustoire est
fortimparfaitement connue, ou mieux,
a élé confondue avec celles des espèces
des autres genres qui portoient ci-
devant leur nom.
Quoi qu'il en soit, ils ont tous les
yeux placés de chaque côté de la tête,
à peu de distance l'un de l’autre, dans
une cavité qui s'y trouve. Chaque œ1l
est couvert d’une peau ou cornée à re-
zeau, semblable à celle des yeux de
presque tous les insectes ; il est placé
sur une espèce de pied ou pédicule
épais, cylindrique, écailleux , qui a
un rétrécissement au milieu, et qui est
mobile à sa base; en sorte que l'an-
104 HISTOIRE NATURELLE
mal peut remuer ses yeux de tous
côtés , et les retirer même un peu
dans la tête en racourcissant le mus-
cle destiné à leur donner le mouve-
ment.
Il n’y a point de distinction sen-
sible entre la tête et le corcelet ; ce-
pendant, en dessous du corps, 1l y a
une espèce de séparation, qui se di-
vise comme en deux portions, dont
J'antérieure peut être regardée comme
la tête. Cette partie antérieure est gar-
nie , en dessous, de pièces mobiles ,
dont il y en a deux plus grandes et
plus longues que les autres , assez
semblables à celles des écrevisses.
Ces pièces, qui sont applaties et de
substance écailleuse , sont divisés en
cinq parties articulées ensemble , et
garnies, plus ou moins, de poils. Cha-
que pièce est accompagnée, à sa base
extérieure, d’un filet conique, divisé
en trois parties, dont les deux pre-
muières sont grosses , et la dernière très-
DES CRABES. 165
petite, et subdivisé en un grand nom-
bre d'articulations. Ce sont les pièces
extérieures des organes de la manduca-
tion, qui, comme on l'a vu, sont les
mandibules , les antennulles et les ma-
choires.
Les antennes, à peine visibles, sont
à filets coniques, et divisées en plu-
sieurs articulations dont celle de la
base est beaucoup plus grosse que les
autres ; elles sont placées entre les yeux,
sous bord recourbé de la tête.
Le dessous du corps est divisé trans-
versalement en cinq bandes écailleuses ,
dont les bords extérieurs sont arron-
dis, et qui ont, au milieu, une grande
cavité triangulaire, profonde , dans
laquelle la queue est engagée de
façon , qu'étant en repos , elle en
occupe toute la capacité , et qu'elle est
de niveau avec les bords.
Cette queue est, dans le mâle, de f-
gure triangulaire et courbée en dessous,
divisée transversalement en sept par-
166 HISTOIRE NATURELLE
ties, par des incisions peu profondes,
et dont les deux plus proches du corps
sont très-étroites. En dessus , du côté
qui est en vue, quand on regarde le
crabe en dessous, la queue est lisse,
plate, écailleuse, bordée de poils et
mobile sur sa base.
En écartant la queue du corps, on
voit que sa surface inférieure est éga-
lement plate et très-mince des deux
côtés; mais tout le long du milieu,
il y a une élévation cylindrique en
forme de boyau, qui renferme l'intes-
tin et qui a son extrémité ou l'anus
tout près du bout de la queue.
À l'origine du dessous de la queue:
du mâle, on voit deux tubercules écail-
leux un peu applatis et mobiles à leur
base, garni au bout d'une brosse de
poils, roides et attachés à un anneau
en forme de cerceau également écaul-
leux, et comme voûté, par l'ouverture
duquel l'intestin passe du corps pour
se rendre dans la queue. Ces deux tiges
DES CRABES. 107
sont les organes de la génération du
mâle. On voit encore divers tubercules
moux et écailleux dans cet endroit,
et plus bas deux autres parties écail-
leuses, courbées, divisées en articula-
tions mobiles, dont l'usage est inconnu.
IL est très - aisé de distinguer le
crabe mâle de la femelle par la seule
inspection de la queue , dont la
figure diffère dans les deux sexes. La
queue du mäle, comme on vient
de le dire, est triangulaire; mais la
queue de la femelle est presque cir-
culaire , ou seulement un peu plus
large que longue et terminée par une
petite plaque arrondie , écailleuse
comme tout le reste. Cette queue
plate et mince,-qui est courbée en
dessous, est divisée, s sans Compter la
peute plaque qui la termine, en six
parties par des incisions peu pr alone ;
et elle est bordée, tout autour, d’une
frange de poils courts, très-serrés : Les
deux premiers anneaux, ou ceux qui
168 HISTOIRE NATURELLE
qui sont près du corps, sont beaucoup
plus étroits que les autres.
Pour voir la surface inférieure de
la queue, il faut la soulever , et alors
on observe d’abord, sur le dessous du
corcelet, deux enfoncemens placés sur
Ja troisième plaque, et dans chacun
desquels il yaun petit tubercule co
nique, qui sont les deux ouvertures
par lesquelles l’insecte est fécondé dans
l'accouplement. Sur le dessous de Ja
queue même , on voit d'abord le boyau :
ou l'intestin relevé qui se trouve placé
dans son milieu et percé à son extré-
mité. De chaque côté de l'intestin , il
y a quatre paires de filets mobiles ,
composés de deux parties, dont l’ex-
térieure est en forme de lame applatie,
qui diminue toujours de largeur jusqu'à
l'extrémité, qui est en pointe mousse.
Elle est garnie , sur les deux côtés,
d'une épaisse frange de poils bruns.
La partie intérieure est un long filet
cyhndrique, divisé en deux pièces arr
DES CRABES. 169
ticulées ensemble, dont la première,
plus grosse, est droite et cylindrique,
et l'autre , qui fait un angle avec elle,
est en filet conique, courbé , et garni
d'aigrettes de poils. Le principal usage
de ces huit paires de filets est de servir
d'attache aux œufs, comme dans tous
les crustacés proprement dits.
Les deux pinces antérieures sont
faites sur le même modèle que dans les
écrevisses , c'est-à-dire composées de
cinq parties articulées ensemble, dont
les deux premières sont’courtes , la
troisième et la quatrième plus grosses,
angulaires, plus ou moins tuberculeuses :
et la cinquième, qui est la serre, ou la
main, grosse, ovale , et terminée par
deux doists , souvent dentés, dont un
seul est mobile.
Les huit autres pattes sont divisées
chacune en six parties, dont les deux
premières sont courtes , el les autres
beaucoup plus longues. La troisième
partie, qui est la cuisse, est plate et large ;
Crustacés. I. SU
170 HISTOIRE NATURELLE
les deux suivantes, qui, ensemble font
la jambe, et dont la séparation est en
ligne oblique, sont souvent garnies de
longs poils et de petites épines. Enfin
la dernière , qui est le tarse, est de
figure conique, un peu courbé , et ter-
miné en pointe déliée. Elle est presque
toujours velue ou épineuse. Toutes ces
pattes sont attachées au corcelet , fort
près les unes des autres.
Les crabes, ainsi qu'on l'a déjà ob-
servé, vivent tous dans la mer. Ils se
tiennent de préférence sur les côtes où
il y a des rochers, entre les fentes des-
quels ils se cachent , pour se mettre à
l'abri du mouvement des vagues et de
la recherche de leurs ennemis. Lorsque
la mer monte ils s'approchent ordinai-
rement du rivage pour s'emparer des
débris des animaux marins que la vague
pousse contre les rochers, et quirevien-
nent blessés ou tués. C'est principale-
ment pendant la nuit qu'ilsse hasardent
le plus dans cette recherche. Commeils
DES CRABES. F7
ne peuvent pas nager, et que leur mar-
che est lente, ils se voient souvent ex-
posés à rester à sec dans les basses eaux.
Alors, lorsqu'ils ne trouvent point de
trou où ils puissent se réfugier , ils se
contractent , se blottissent dans un coin,
et attendent le retour de la marée pour
regagner la grande mer. C’est prin-
cipalement ceux qui sont ainsi délaissés
par les eaux que les pêcheurs ramassent,
car 1ls mordent peu aux appäis, et sont
rarement puis dans les filets. Dans les
isles de { Amérique et de l'Inde, où le
fond de la mer se voit à travers l'eau,
dans les temps calmes, on les harponne
avec une longue perche à laquelle est
emmanchée une fourche de fer. Dans
d'autres endroits, comme à la nouvelle
Hollande , on plonge pour les avoir.
Toutes les espèces ne sont pas égale-
ment bonnes. IL en est une, sur les
côtes de France qu’on appelle le crabe
enragé, dont la chair est si coriace ,
172 HISTOIRE NATURELLE
et le test si dur, qu'elle est dédaignée ;:
méme des plus pauvres gens.
C'est pendant l'été qu'on trouve
le plus de crabes sur les côtes de l'Eu-
rope, mais Cest au printemps qu'ils
sont meilleurs. À cette époque, les
femelles sont garnies d'œufs, dont la
saveur est de beaucoup supérieure à
celle de la chair, et 1ls n’ont pas encore
changé de test, opération qui les mai-
grit considérablement. |
On prend rarement des crabes au
moment même de leur muë, parce
qu'ils se tiennent cachés au fond de la
mer pendant les cinq à six jours qu'elle-
dure. Ce moment est pour eux une
crise fort dangereuse, soit par la diffi-
culté de se débarrasser de leur vieille
peau, soit par la prise que sa privation
donne sur eux à des ennemis qu'ils ne
craignolent pas , quelques heures au-
paravant. Cette crise est positivement
la même que celle décrite dans les
DES CRABES. 173.
généralités de la classe pour les écre-
visses.
On appelle les crabes tourteaux sur
les côtes de France.
Crabe pagure, Cancer pagurus.
Le corcelet peu raboteux , avec neuf plis de chaque
côté.
Pennant. Brit. Zool. 4. tab. 3. fig. 4. Rumph.
Mus. tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 19. fig. 59.
Se trouve dans les mers de l'Europe et de l'Inde.
Crabe à onze dents, Cancer 11 dentatus.
Le corcelet peu raboteux avec onze dents de
chaque côté; les dents dentelées ; le rostre à trois
dents ; le bout des doigts noirs.
Herbst. Canc. tab. 10. fig. 60.
Se trouve dans l'Amérique septentrionale.
Crabe ménade, Cancer mœænas.
Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents de cha-
que côté; le front à trois lobes; le poignet à une
seule dent.
Petiver, Amb. tab. 1. fig. 5. Baster, Subs. 2.
tab. 2. Rumph. Mus. tab. 6. fig. O. Pennant. Brist.
Zool. 4. tab. 2. fig. 5. Herbst. tab. 7. fig. 46.
Voyez pl. 3.fig. 1 , qui le représente au quart de
sa grandeur naturelle.
Se trouve dans les mers d'Europe et d'Asie.
Crabe teinturier , Cancer tinctor.
Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents ds
éhaque côté; le front fendu.
On ignore son pays natal.
154 HISTOIRE NATURELLE
Crabé peintre, Cancer pictor.
Le corcelet peu raboteux , avec quatre dents de
chaque côté; le front fendu.
On ignore son pays natal.
Crabe cuivré ; Cancer æneus.
Le corcelet très-raboteux, obtus, avec quatre
dents de chaque côté.
Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 17. Rumph. Mus:
tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 16: fig. 56.
Se trouve dans l’Indes.
Crabe de Rumpbhius, Cancer Rumphii.
Le corcelet, presque uni, avec cinq dents dé
chaque côté; le front tuberéuleux à quatte dents; les
pinces minces.
Herbst. Canc. tab. 40. fig. 2.
Se trouve dans les Indes.
Crabe rude, Cancer scaber.
Le corcelet peu raboteux, avec cinq deñts de
chaque côté; le front crénelé, fendu ; les pinces
granuleuses.
Se trouve dans l’Inde.
Crabe parvule , Cancer parvulus.
Le corcelet, avec des lignes enfoncées et quatre
dents de chaque côté; le front avec une petite
fente
Voyez pl. 3. fig. 2, où il en représenté.
Se trouve dans les iles de l'Amérique et en Caro-
line, d'où il a été rapporté par Bosc. Les pattes se
decolorent en vieillissant.
Crabe cendré, Cancer cinereus.
Le corcelet uni, rivulerx , à trois dents de chaqwe
DES CRABES, 175
côté , très-finement ponctué ; une trés-grosse dent à la
base interne du doigt mobile.
Se trouve sur les côtes de France, et ne sélève pas
plus de deux centimètres de diamètre.
Crabe gonagre , Cancer gonagra.
Le corcelet inégal, avec six dents aigues de cha-
que côté ; les pinces noduleuses.
Cancer spinifrons. — Herbst. tab. 11. fig. 65.
Voyez pl. 2. fig 3, où il est représenté en des-
sous, de moitié de sa grandeur naturelle.
Se trouve à la Jamaïque et en Caroline.
Crabe noduleux , Cancer nodulosus.
Le corcelet latéralement noduleux et crénelé ; une
épine aux doigts des pieds.
On ignore son pays natal.
Crabe ochtodes, Cancer ochtodes.
Le corcelet uni, à quatre tubercules de chaque côté ;
le front recourbhé, canaliculé ; les pinces tuberculeuses.
Herbst. Canc. tab. 8. fig. 54.
Se trouve dans les Indes orientales.
Crabe prince, Cancer princeps.
Le corcelet uni, avec des séries circulaires de
points rouges ; le front élevé ; les pates avec des fas-
cies rouges.
Herbst. Canc. tab. 38. fig. 2.
Se trouve dans la mer des Indes.
Crabe à deux épines , Cancer 2 spinosus.
Le corcelet avec deux épines de chaque côté; ls
front avec quatre dents ; le poignet épineux.
Herbsi. Canc. tab. 6. fig. 45.
Se trouve dans les Indes orientales,
176 HISTOIRE NATURELLE
Crabe coralline | Cancer corallinus.
Le corcelet uni, à une seule dent; le front à trois lobes.
Herbst. Canc. tab. 5.fig. 40. Séba, Mus. 5. tab. 19.
fig. 2,3. Rumph. Mus. tab. 8. fig. 5.
Se trouve dans l'Inde.
Crabe floride | Cancer floridus.
Le corcelet uni, inégal, maculé ; le bord obtuse-
ment dentelé; les pinces avec des saillies en crête,
Séba , Mus. 3. tab. 19. fig. 18. Knorr. Del. tab. 4.
fig. 3. Herbst. Canc. tab. 3. fig. 30.
Se trouve dans l'Inde.
Crabe maculé, Cancer maculatus.
Le corcelet uni, avec des taches rondes et rouges ;
les côtés à une seule dent; le front à trois lobes.
Petip. Amb. tab. 1. fig. 8. Séba. mus. 3. tab. 19.
Hg. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. tab. 6.
fig. 41.
Se trouve dans les mers d'Asie.
Crabe chauve-souris, Cancer »espertilio.
Le corcelet antérieurement avec trois dents de cha-
que côté; le corps hérissé.
Voyez pl. 2. fig. 1 , où il est représenté de grandeur
saturelle.
Se trouve dans les Indes.
Crabe varioleux , Cancer variolosus.
Le corcelet tuberculeux , crénelé des deux côtés; le
front fendu.
$e trouve dans l'Océan.
Crabe faïence , Cancer faventinus.
Le corcelet uni , largement plissé, à cinq dents de
chaque côté ; l’exfrémité des doigts coneave en dedans.
On ignore son pays natal. 1
TAMIDES CR ABES 177
Cette espèce est très-remarquable par la forme de
l'extrémité de ses pinces ; son corcelet est presque rond,
et, ainsi que ses pattes, d'un blanc de faïence. =
Crabe soyeux , Cancer setosus..
Le corcelet à deux dents de EH côté ; les pattes
velues.
Se trouve dans l'Inde.
Crabe agréable, Cancer amænus.
Le corcelet parsemé de points rouges très-rappro-
chés, avec onze dents de chaque côté; la front tri-
denté.
Herbst. Canc. tab. 49. fig. 3.
. On ignore sa patrie.
Crabe oriental, Cancer ortentalrs.
Le corcelet uni; les côtés carennés et dentelés.
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 117.
On ignore sa patrie.
Crabe hérissé, Cancer hirtellus.
Le corcelet hérissé de poils , à cinq dents de
chaque côté; les mains extérieurement épineuses.
Pennant. Brit. Zool. tab. 6, fig. 11. Herbst.
Canc: tab. 7. fig. 5r.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Crabe fluviatile , Cancer fluviatilis.
Le corcelet ovale, antérieurement dentelé, posté-
rieurement sinueux ; les pinces dentelées à leur base
intérieure.
… Sachs. Gammarol. tab. 4. Head. Canc. tab. ro.
fig. 61.
Se trouve à l'embouchure des fleuves d'Asie et d'A-
mérique , et les remonte souvent fort haut.
170 HISTOIRE NATURELLE
Crabe armadille , Cancer armadillus.
Le corcelet uni, inégal; le bord crénelé ; les
mains écailleues. ÿ
Herbst. Canc. tab. 6. fig. 42, 43.
Se trouve dans la mer des Indes.
Crabe vert , Cancer viridis,
Le corcelet üni,, avec cinq dents de chaque côté ;:
les deux postérieures plus grandes et dorsales.
Herbst. Canc. tab. 7. fig. 47.
On ignore son pays natal. Il ressemble beaucoup
au ménade ; mais il est vert.
Crabe sculpté, Cancer sculptus.
Le corcelet chargé de gros tubercules rapprochés s.
Je bord denté; les doigts des pinces noirs
Herbst. Canc. tab. 21. fig. 121.
On ignore son pays natal.
Crabe perlé, Cancer perlatus.
Le corcelet et les mains couvertes de turbercules
blancs; les pieds hérissés d’épines.
Herbst. Canc. tab. 21. fig. 122.
On ignore son pays natal.
Crabe tire-bouchon, Cancer cochlearis.
Le corcelet uni, latéralement sillenné ; les doigts
en tire-bouchon.
Herbst. Canc. tab. 21. fig. 123.
On ignore sa patrie.
Crabe hydrophyle , Cancer hydrophylus.
Le corcelet uni, à trois dents de chaque cûté :
kes doigts roux.
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 124.
On ignore sa patrie.
DES CRABES. 179
Crabe miliaire, Cancer miliaris.
Le corcelet ovale, alongé , entier, sillonné , gra-
æuleux ; les pinces plissées et granuleuses, leurs doigts
striés.
Voyez pl. 1. fig. 2, où il est représenté de grandeur
naturelle.
On ignoresa patrie.
2
CATLAPPE, C4LaPpPA, Fabricius.
Quatre antennes comme celles des crabes.
Corps court, plus large postérieurement ,
et ayant ses bords latéraux postérieurs ,
très - dilatés., tranchans et saillans, em
demi-voûte. Dix pattes onguiculées , se
retirant, dans le repos, sous les cavités
des côtés du corps ; les deux antérieures
terminées en pinces , et ayant les mains
-comprimées et en crêtes.
Les caractères génériques des ca-
lappes sont fort peu différens de ceux
des crabes, mais la forme de leur corps,
et sur -tout celle de leurs pattes an-
térieures ou pinces, leur donnent une
apparence très-distincte.
En effet, le corps des calappes est
L
w80 HISTOIRE NATURELLE
presque ovale, ou mieux , représente
un triangle etant A - bombé,
à ie ra en dessus ,
denté en ses bords, et toujours con-
cave en dessous, aux noie postérieurs,
pour recevoir ls pattes. Les antennes
sont presque égales , les intérieures
sont cachées dans la fossette des yeüx
et les intérieures ont quatre articles dont
le dernier est bifide. Les veux sont
très-rapprochés, peu saillans, et placés
sur la partie antérieure du corcelet.
La queue est composé de sept ar-
ticulations insérées dans une cavité de
Jabdomen ; elle se prolonge jusque
‘près de la bouche.
Les PAS antérieures ou pinces sont
composées de quatre articulations. La
première petite , et de forme très-
irréoulière ; la seconde, large, ap-
plate, triangulaire , avec un prolonge-
nent denté, qui se replie en dessous ;
la troisième, très-épaisse, large, trian-
gulaire dans le sens contraire à Ja pré-
DES CALAPPES. 181
cédente; enfin, la quatrième, la plus
large de toutes , applatie , courbée ,
triangulaire dans le sens de la seconde,
denté en crête dans son côté supé-
rieur, toujours sranuleuse et tubercu-
leuse dans sa surface extérieure qui
est plus bombée que l'intérieur. Le
pouce mobile, petitet courbe, entouré
et chargé à sa base de quelques gros
tubercules difficiles à décrire , et placé
dans un enfoncement du bord qui est
perpendiculaire à l'horizon.
‘ Les pattes postérieures sont toutes
onguiculées et presque égales.
Une des espèces de calappe est
commune dans la méditerranée, et a été
mentionnée par Aristote et Athénée :
on la connoïît sur les côtes de France
sous le nom de migrane et de cancre
ours, parce que, comme ce quadru-
pède, elle se cache les yeux avec ses
larges pinces ; contracte ses pattes sous
la sullie excavée de son corcelet , et
reste ainsi comme morte tant qu'elle
Crustacés. I. 16
182 HISTOIRE NATURELLE
a quelque danger à craindre. Elle vit
dans la fange. On la mange, mais sa
chair est molle et de mauvais goût,
et elle est repoussée de toutes les tables
délicates.
Si on n’est pas instruit des mœurs
de cette espèce, qui vit dans nos mers,
on l'est par conséquent encore moins
des autres espèces qui ne se rencon-
trent que dans les mers des Indes ou
d'Amérique. On peut présumer qu'elles
ne s'éloignent pas beaucoup de celles
des crabes, puisqu'il ÿ a tant d’ana-
logie entre les caractères de ces deux
genres.
Latreille a fait du calappe angusté
un genre particulier qu'il a appelé hé-
pate , dont les principaux caractères
sont de n'avoir pas de dilatation aux
angles postérieurs du corcelet, et d’a-
voir les mandibules extérieures poin-
tues. On n’a point fait usage de ce genre,
uniquement parce que l'espèce qui le
compose n'a pas été figurée, et qu'on
DES CALAPPES. 183
ne sait rien de son histoire, On invite
les Naturalistes qui auront occasion de
l'observer dans les mers d'Amérique,
où elle se trouve, de prendre note de
ce qu'ils pourront découvrir à son sujet.
Calappe en voûte, Calappa fornicata.
Le corcelet uni, crénelé; les angles postérieurs
plus larges et entiers ; les pinces avec des saillies en
cretes. "»
Peiiver, Gaz. tab. 75. fig, 11. Séba, Mus. 3.
tab. 20. fig. 7, 8. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 2, 3.
Herbst. tab. 12. fig. 73, 74.
Voyez pl. 3. fig. 3, qui le représente réduit du quart.
Se trouve dans les mers d'Amérique.
Calappe denté , Calapa dentata.
Le corcelet inégalement denté sux la totalité de
ses bords antérieurs ; le front échancré ; quelques ta-
ches blanches.
Herbst. Canc. tab. 11. fig. 66,
On ignore son pays natal.
Calappe blanchâtre, Calappa albicans.
Le corcelet finement denté et sinueux sur les côtés,
avec une saillie lancéolée ; les piuces avec un rang
intérieur, et les mains aVèc un rang supérieur d’épines ;
ces dernières extérieurement anguleuses.
Cancer fornicatus. — Herbst. Canc. tab. 13. fig. 79.
80.
Se trouve dans la mer des Indes.
Calappe tuberculé, Calappa tuberculata,
Le corcelet noduleux, à beaucoup de dents; les
184 HISTOIRE NATURELLE
angles postérieurs plus larges, crénelés, dentés; les
pinces dentées. Herbst. Canc. tab. 13. fig. 78.
Se trouve dans le mer du Sud.
Calappe granuleux , Ca/appa granulata.
Le corcelet presque uni, crénelé; le bord posté-
rieur dilaté et à cinq dents; les pinces sillonnées de
crêtes.
Catesby. 2. tab. 36. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 13.
Herb. tab. 12. fig. 75, 76.
Se trouve dans la Méditerranée et sur la côte d’Amé-
rique.
Calappe marbré, Calappa marmorata.
Le corcelet presque plissé, à trois dents de cha-
que côté; le front crénelé et émarginé; les bras
élargis à leur extrémité.
Herbst. tab. 20. fig. 114.
Se trouve dans l'Océan.
Calappe crêté, Calappa cristata.
Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés;
le bord postérieur à sept dents ; l'angle postérieur élargi
et denté.
Se trouve à la Chine.
Calappe lophos, Calappa lophos.
Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés;
fe bord postérieur crénelé à six dents; l’angle postér
ïieur dilaié, à quatre den!s*
Herbst. tab. 13. fig. 77.
Se trouve dans les Indes.
Calappe angusté, Calappa angustata.
Le corcelet uni, crénelé des deux côtés; la dent
postérieure aigue et unie.
Se trouve dans les mers d'Amérique.
DES CALAPPES. 109
Calappe flamme, Ca/appa flammea.
Le corcelet ovale, antérieurement verruqueux, avec
des taches et des lignes irrégulières rouges, et six
grosses dents de chaque côté à sa pariie postérieuge ;
les mains avec une crête en dessus,
Herbst. Can. tab. 40. fig. 2.
Se trouve dans la mer des Indes.
Calappe inconspecte, Ca/appa inconspecta.
Le corcelet verruqueux , avec deux taches rouges
au front, et de grosses dents sur le bord postérieur;
Jes pinces dentées en dessus et tachées de rouge.
Herbst. Canc. tab. 40. fig, 3.
Se trouve dans Ja mer des Indes.
TE EE
OCYPODE, OcyPoD4A, Fabricius.
Quatre antennes très-courtes et inégales. Pé-
dicules des yeux alongés , insérés, chacun,
dans l’angle latéral du chaperon, et occu-
pant le reste de la longueur du bord anté-
rieur. Corps presque carré , à chaperon
étroit , rabattu en devant. Dix pattes
onguiculées ; les deux antérieures termi-
minées en pinces.
CE genre a été établi par Fabricius
dans son supplément; mais Lamarck
106 HISTOIRE NATURELLE
en en modifiant, ou mieux, en en pré-
cisant davantage le caractère, ya réuni
quelques espèces , qui ny avoient pas
été comprises par le naturaliste danois,
et qui faisoient partie des crabes de
ce dermier.
Les ocypodes sont extrêmement voi-
sins des crabes, mais s'en distinguent
bien par leurs yeux toujours portés
sur un long pédicule. Le corcelet,
chez eux, est presque carré, et en
quelquefois plus large que Etes Tantôt
il est uni, tantôt rugueux, rarement
velu. Les antennes sont si petites, qu’il
est difficile de les découvrir. Les yeux
semblent leur en tenir lieu; leurs pattes
ont la même organisation que dans les
crabes ; mais les pinces ont quelques
différences dans leur forme. Quelques
espèces les ont courtes, les autres très-
alongées , les autres inégales en gros-
seur , Ce qui suppose des mœurs dif-
férentes ; aussi, les unes vivent-elles
dans la mer, et les autres sur la terre.
DES OCYPODES. 187
L'ocypode combattant est dans ce
dernier cas. Bosc, qui l'a observé en
Caroline , rapporte qu’une de ses pin-
ces , indifféremment la droite ou la
gauche , mais plus souvent la droite,
est beaucoup plus grosse que l'autre,
et plus longue que tout le corps; que
les troisième et quatrième articles sont
épais et angulaires ; que la main est
large, ovale, plus grande que le cor-
celet; que leur serre est longue, com-
primée , terminée de chaque côté en
pointe courbe, et n'ayant que de très-
petites dents, à peine visibles, en de-
dans. La pince est moins longue que
les pattes.
Ces ocypodes se voient par milliers,
et même par millions sur le bord de
la mer ou des rivières dans lesquelles
remonte la marée. Dès qu'un homme
ou un animal paroît au milieu d'eux,
ils redressent leur grosse pince, la pré-
sente en avant, semblent le défier au
combat, et se sauvent , en courant de
188 HISTOIRE NATURELLÉ
côté, mais conservant toujours la mé-
me position. Leurs trous sont si nom
breux , dans certains endroits, qu'ils se
touchent. Ils sont cylindriques , or-
dinairement obliques et tres-profonds.
Rarement plusieurs individus entrent
dans le même, excepté quand ils sen-
tent le danger trop pressant. On ne les
mange point. Ils ont un grand nombre
d'ennemis parmi les loutres, les ours ,
les oiseaux, les tortues, les alligators,
etc. ; mais leur muluiplhication est si
considérable , que la dévastation que
ces animaux font parmi eux n'est pas
sensible. Ils ne craignent point l'eau
qui les couvre quelquefois , mais
ils ne cherchent pas à y entrer , et
jamais ils n'y restent long-temps de
leur gré, si ce n'est, peut-être, pour
fre leurs petits. Le. a vu les fe-
melles garnies d'œufs dès le mois de
ventôse, mais 1l n'a jamais trouvé de
petits du premier âge. Il faut qu'ils
restent dans d'eau ou dans la terre
DES OCYPODES. 169
pendant l’année de leur naissance. Les
mâles se distinguent des femelles, parce
qu'ils sont plus petits, plus colorés, et
que leur queue est triangulaire. Il n'est
pas vrai , comme le dit Gronovius,
que la grosse patte à gauche déni
le mâle; Bosc s’est assuré qu'elle va-
rioit de position dans les deux sexes.
Les ocypodes appelans ne vivent
que de chair , et on conçoit difii-
cilement comment leur grand nombre
peut leur permettre de trouver assez
de nourriture dans les lieux très-cir-
conscrits qu'ils habitent. Il est vrai
que la marée montante leur apporte
des déjections de la mer , qui sont
mangées trop rapidement pour pou-
voir être apperçus des observateurs.
Bosc les a souvent vus couvrir des cha-
rognes, eten disputer les lambeaux aux
vautours, mais ils n'ont que rarement
d'aussi abondantes curées. Pendant les
trois ou quatre mois d'hiver ils ne pa-
roissent plus , 1ls se tiennent au fond de
190 HISTOIRE NATURELLE
leurs trous, qui, presque toujours se
bouchent, de manière qu'ils sont obli-
gés de le rouvrir au printemps lorsque
la chaleur du soleil est assez intense
pour les déterminer à sortir. Bosc a
inutilement cherché à leur voir faire
ces trous. Ils n'ont jamais voulu tra-
vailler en sa présence , et 1l est assez
difficile de les surprendre , attendu
qu'ils sont toujours sur des plages dé-
couvertes.
I ya plusieurs espèces d'ocypodes
qui ont une pince plus grosse que l’au-
tre, et elles ont été toutes confondues
sous le nom de vocans. Dans Margrave,
seulement, il y en a quatre de figurées.
C'est du dernier dont il vient d'être
question.
D'autres ocypodes ont les pinces éga-
les, et vivent comme ceux dont :1l
vient d'être question, presque toujours
hors de l’eau sur les bords de la mer,
ou des rivières où remonte la marée.
Ils se creusent dans le sable , ou la
DES OCYPODES. 191
terre , des trous, presque semblables
à ceux ci-devant décrits. Bose, qui a
aussi eu occasion d'en voir une espèce,
rapporte qu'elle va à l'eau tous les
jours, mais qu'elle n'y reste pas long-
temps. C'est principalement des corps
marins rejetés par le flot sur la plage
qu'elle se nourrit , et elle ne manque
pas de nourriture. Lorsqu'elle craint
quelque danger , elle se sauve, en mar-
chant de côté, dans son trou, avec tant
de rapidité , que ce Naturaliste a été
long-temps à l’observer avant de se
faire une idée de l'espèce d'animal qui
fuyoit devant lui, qu'enfin il a fallu
toute la vitesse de son cheval pour s'en
procurer quelques exemplaires, encore
après plusieurs courses inutiles. On sent
bien qu'un animal si difficile à pren-
dre , ne peut pas servir habituellement
de nourriture; aussi, dans la Caroline
n'en fait-on aucun usage. Ce crabe se
trouve aussi aux Antilles, et dans l'A-
mérique méridionale , où il porte le
192 HISTOIRE NATURELLE
nom de crabe de terre, mais ce nom
Jui est commun avec tant d'autres, que
ce que les voyageurs en rapportent,
nue peut lui être spécialement ap-
pliqué.
Pline cite des crabes qui se trouvent
sur les côtes de Syrie, et marchent
avec une si grande vitesse que les hom-
mes ne peuvent pas les devancer. Oli-
vier en a rapporté de ce pays, qui
paroissent être de l'espèce dont parle
Pline , et 1ls diffèrent extrêmement
peu de celui dont 1l vient d'être ques-
ton dans leur forme générale, mais
ils ont sur l'extrémité du pédicule des
yeux un faisceau de poils qui les rend
fort remarquables.
Les crabes de terre font toujours leurs
œufs dans l'eau. On ignore encore si
c'est aussi dans ce fluide qu'ils procè-
dent au changement de leur test.
Les mœurs des autres espèces d’o-
cypodes sont peu connues, mais 1l ya
heu de croire qu'elles ne s'éloignent
DES OCYPODES. 193
pas beaucoup de celles qui viennent
d'être mentionnées. Il en est une, l’o-
cypode craniolaire, qu'on trouve très-
fréquemment fossile en France, quoi-
qu'elle soit originaire de l'Inde.
Il paroît que c'est à ce genre qu'il
faut rapporter les tourlouroux crabes
des Antilles dont tous les auteurs fran-
çais ont parlé. On en distingue de trois
sortes, mais on ne peut les caractéri-
ser, faute de description exacte. Ils
se tiennent dans des trous qu'ils font
en terre, et n'en sortent guère que la
nuit pour aller chercher leur nourri-
ture. Chaque année, au printemps, ils
descendent des montagnes en grandes
troupes, et vont pondre leurs œufs dans
la mer. Les habitans en sent alors fort
incommodés, parce qu'ils entrent par-
tout , coupent ou brisent les jeunes
plantes , et font un bruit continuel.
A. leur retour, ils changent de peau.
Avant, ils bouchent leurs terriers, afin
de n’avoir pas à craiudre les ennemis
Crustacés. I, 17
104 HISTOIRE NATURELLE
contre lesquels ils n’auroient point alors
de défense. |
Ocypode cératophtalme , Oc. ceratophtalma.
Le corcelet carré, crénelé; les yeux épais, ter-
minés par une épine.
Cancer et cursor. Cancer uca — Linn. Herbst.
Canc. tab. 1. fig. 8, 9. PaZas, Spicil. Zool. 9.
fab. 5. fig. 71.
Se trouve dans 1 mer des Indes.
Ocypode carré, Ocypoda quadrata.
Le corcelet carré, uni, latéralement crénelé; les
pinces tuberculeuses.
Se trouve à la Jamaïque.
Ocypode chagriné, Ocypoda granulata.
Le corcelet carrée , chagriné ; les pinces plates , sca-
bres; la droite plus grande; les pattes, velues en dessous.
On ignore sa patrie.
Ocypode rhombe , Ocypoda rhombea.
Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque
côté.
On ignore son pays natal.
Ocypode uni, Ocypode lævis.
Le corcelet uni, avec une seuie dent de chaque
aôté ; les pinces unies; la droite plus grande.
Se trouve dans la mer des Indes.
Ocypode petit, Occypoda minute.
Le corcelet uni, avec une dent de chaque côté 3
Îes pinces très-unies et égales.
Se trouve à l'ile de France.
DES OCYPODES. 199
Ocypode trident, Ocypoda tridens.
Le corcelet uni, applati, avec trois dents de cha-
que côté.
Rable 21. fig. 125.
On ignore sa patrie.
Ocypode d’Espagne, Ocypoda hispana.
Le corcelet uni, carré ; le front lobé, émarginé,
glabre.
Herbst. Canc. tab. 37, fig. 1.
Se trouve dans les mers d’Espagne.
Ocypode bourreau, Ocypoda carnifez.
Le corcelet presque carré, avec des points et des
stries noires très- rapprochées et mélangées vermicu-
lairement; une des pinces plus grande.
Herbst. Canc. tab. 4. fig. 1.
On ignore sa patrie.
Ocypode hydrodrome , Ocyp. hydrodroma.
Le corcelet uni; le bord élevé , et une dent der-
rière chaque œil; le poignet avec une seule pince.
Couleur jaune ponctuée de rouge.
Herbst. Canc. tab. 41. fig. 2.
Se trouve dans la mer des Indes.
Ocypode ponctué de roux , Oc. rufo punctata.
Le coreelet applati, glabre , ponctué de roux,
bidenté sur les côtes; le front à six dents; les pattes
et les pinces ponctuées comme le corcelet.
Herbst. Canc. tab. 47, fig. 6.
On ignore son pays natal. Er
Ocypode orange , Ocypoda aurantra.
Le corcelet sans dents sur les côtés; le front tron-
qué , émarginé ; les pinces unies; les pattes com-
primées,
196 HISTOIRE NATURELLE
Herbst. Canc. tab. 48. fig. 5.
Se trouve dans la mer des fndes. -
Ocypode trident , Ocypoda tridens.
Le corcelet uni, antérieurement tridenté de cha-
que côté ; le front entier.
Se trouve dans les Indes orientales.
Ocypode blanc, Ocypoda albicans.
Corcelet presque carré, chagriné, échancré sur
les côtés du bord antérieur ; les mains ovales, héris-
sées de tubercules, dentées en leur bords; les pattes gar-
nies de faisceaux de poils.
Voyez pl. 4. fig. 1, où il est représenté réduit de
moitié.
Se trouve sur les côtes de la Caroline, d’où il
a été rapporté par Bosc.
‘Yeux louguement pédonculés; instrumens exté-
rieurs de la bouche, sans poils et très-blancs.
Corcelet ’ blanchätre , presque cubique , chagriné
sux-tout en ses bords et antérieurement en dessous;
les bords très-entiers, excepté celui de devant qui
est sinué sur les côtés, et terminé par une pointe
avancée ; queue unie; pattes onguiculées, applaties,
blanches, fasciculées de poils en leurs bords ; pinces
hérissées de tubercules épineux, dirigés en avant; le
premier article triangulaire et épineux sur deux de
ses arètes; le second arrondi et armé de deux épines,
La main ovale et dentelée latéralement ; les doigts
courts et tuberculeux en dedans.
Cette espèce est fort voisine , mais distincte du cé-
ratophtalme.
Ocypode ruricole, Ocypoda ruricola.
Les tarses avec des faisceaux de poils; les doigts
avec deux rangs de tubercules.
DES OCYPODES. 107
Cancer. ruricola. Fab. Sluan. Jam. 1. tab. 2. Séba,
Mus. 3. tab. 20. fig. 5 Degeer. Ins.7. tab. 25. fig. 1.
Herb. Canc. tab. 3, fig. 36, et tab. 4. fig: 37. Ca-
tesby , Carol, 2. tab. 32.
Se trouve dans l'Amérique, où il est connu sous
le nom de crabe de terre. Ii y a probablement plu-
sieurs espèces confondues sous ce nom.
Ocypode vieillard, Ocypoda senex.
Le corcelet avec un pli antérieur; le poignet avee
ne épine ; les doigts dentés,
Cancer. Senex. Fab.
Se trouve dans les Tndes orientales.
Ocypode noir, Ocypoda heterochelos,
Les corcelet carré, rugueux, noir, avec une des
piuces très-grosse, brune et fortement dentée à
l'intérieur.
Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 8 Herbst. Canc.
tab. 1. fig. 1. Margrave, Bras. pag. 184. fig. 1.
Se trouve dans l'Amérique méridionale.
Ocypode combattant, Ocypoda pugilator,
Le corcelet plus large que long , trapzoïde, épai,
uni en dessus; une des pinces plus grosse, presque
munie , sans dents intérieures.
Margravre, Bras. pag. 185. fig. 4.
Se trouve dans | Amérique méridionale et septentrio-
nale , et a été observé par Bosc en Caroline.
Yeux longuement pédonculés ; corcelet trapezoïde,
sinué en avant, plus large que long , trés-uni, irès-
entier en ses bords, ponctué gris, avec une tache
violette en avant, et des lignes noires paralleles aux
côtés et sinuées en arrière. Pinces inégales ; lune,
s’est plus souvent la droite, aussi large et deux fois
plus longue que le corps ; l’autre extrêmement petite ;
198 HISTOIRE NATURELLE
toutes deux légérement chagrinées, Les doigts très-
longs, courbés en arcs et unis; les paies applaties,
ponctuées , grises, un peu ciliées.
Ocypode trident, Ocypoda tridens.
Le corcelet uni, applati, avec trois dents latérales:
Herbst. Canc. tabs 21. fig. 125.
On ignore sa patrie.
Ocypode appelant, Ocypoda vocans.
Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque
côté; les yeux rapprochés et unidentés; une des
pinces beaucoup plus grosse que l’autre.
Cancer vocans. Fab, — Degeer. Ins. 7. tab. 26.
fig. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst.
Canc.\tab:.1: f2,170.
Se trouve dans l'Amérique méridionale.
Ocypode angulé , Ocypoda angulata.
Le corcelet uni, bidenté de chaque côté; les
pinces trés-longues.
Cancer angulutus, Fab. — Herbst. Canc. tab. 1.
fg. 13. Penn. Zool. Brit. tab. 0. fig. 10.
Se trouve sur les côtes d'Angleterre.
Ocypode tétragone, Ocypoda tetragona.
Le corcelet, avec des faisceaux de poils sur sa
partie antérieure, et deux dents de chaque côté.
Cancer tetragonus. Fab, — Herbst. tab. 47.
fig. 5.
Se trouve dans les Indes orientales.
Ocypode carré, Ocypoda quadrata.
Le corcelet ani, antérieurement unidenté de cha
qæe côté, postérieurement plissé.
Cancer quadratus F'ub.
Se trouve dans les fndes orientales,
DES OCYPODES. 199
Ocypode rhomboïde, Ocypoda rhomboides.
Le corcelet uni; une épine sur la partie anté-
rieure des côtés; le front tronqué.
Cancer rhomboïdes. Fab. — Herbst. Canc. tab. 1.
fig. 12. 9722. Hist. tab. 31. fig. 2. Barez Icon.
tab. 1286. fig. 2 , et 1287. fig. 1.
Se trouve dans la Méditerranée,
Ocypode petites mains, Ocyp. microcheles.
Le corcelet rhomboïdal , sinué en devant ; le pe-
doncule des yeux très- long ; les pinces très-petites ,
égales ; leurs doigts carénés.
On ignore sa patrie.
GRAPSE, GRAPSUS, Lamarck.
Quatre antennes courtes , articulées , ca-
chées sous le chaperon. Les yeux aux
angles du chaperon, et à pédicules courts,
Corps déprimé , presque carré , àchaperon
transversal, rabattu en devant. Dix pattes
onguiculées ; les deux antérieures termi-
nées en pinces.
LES orapses diffèrent extrêmement
peu des crabes avec lesquels ils ont été
réunis par tous les auteurs. Lamarck,
le premier , les a séparés d'après la
200 HISTOIRE NATURELLE.
considération de la position de leurs
veux. Ils sont, en général, béaucoup
plus applatis, et plus exactement car-
rés que les crabes. Leurs pinces sont
ordinairement plus courtes que les pat-
tes ; ces dernières sont extrémement
comprimées, et très - fortement caré-
nées sur leur bord antérieur.
Bosc, qui a vu beaucoup de grapses
dans la baye de Charleston, a observé
qu'ils se tenoient presque toujours ca-
chés sous les pierres, sous les morceaux
de bois; et, comine ces objets sont
rares dans ce lieu, tous les jours, à la
retraite de la marée, 1l étoit sûr de
trouver des grapses sous ceux où :l
en avoit pris la veille. TI a remarqué
que, quoiqu'ils ne nagent point, ils
ont la faculté de se soutenir momen-
tanément sur l’eau, à raison de la lar-
geur de leur corps et de leurs pattes,
et cela par des espèces de sauts répétés.
Ils fontce mouvement toujours de côté,
jantôt à droite, tantôt à gauche, selon
DES GRAPSES. 20T
les circonstances. On ne les mange point,
mais C'est, sans doute , parce que
d’autres espèces de crabes , dont il sera
question au genre Aoctane). sont plus
abondans et plus gros, car il n’a pas
paru à Bosc que leur chair fût mau-
vaise. Ils parviennent à une grandeur
représentée par près d'un décimètre
carré , et sont toujours marbrés d'un
rouge de sang fort éclatant. Aussi
sont-ils connus sous le nom de crabes
peints dans les Antilles françaises.
: Un autre , qui ne vit pas positi-
vement dans la mer, mais dans les
rivières où elle remonte, ou mieux,
sur leurs bords, car 1l est plus sou-
vent hors que dans l’eau, c'est le grapse
cendré , est encore plus abondant. Il
ne s'élève pas beaucoup au-delà d’un
centimètre carré, mais 1l est propor-
tionnellement plus épais que le pre-
mier. Lorsqu'il se trouve un arbre ren-
-versé dans Îles marais salés , on est
certain d'en trouver dessous d'immenses
203 HISTOIRE NATURELLE
quantités , quelquefois même dessus
lorsque l'écorce est assez peu adhérente
pour leur permettre de s'introduire
entre elle et le bois. Bosc a vu un
arbre, mort sur pied , qui en étoit ainsi
garni jusqu’à la hauteur de deux à trois
mètres. Lorsqu'ils craignent quelque
danger , et qu'ils n’ont pas d’abri, ils
se uen dans l’eau en RS sur
le côté, et en faisant un grand bruit
avec leurs pattes.
Les femelles de ces deux espèces de
grapses ont des œufs en ventôse , épo-
que où elles commencent à reparoître;
car pendant l'hiver les premières res-
tent au fond de la mer, et les secondes
sans doute enfoncées dans la boue.
Grapse peint, Grapsus pictus.
Le corcelet plissé de chaque côté, antérieurement
bidenté ; le front recourbé, quadridenté sur ses côtés ;
le corps de diverses couleurs,
Cancer Grapsus Fab, — Amoen. Acc. 4. tab. 3.
fig. 10: Herbst. Canc. tab. 3. fig. 33, 34. Calesb,
Carol. 2. tab. 36. fig. 1. Séba, Mus. 3. tab. 164
Hp 5016:
Se trouve dans } Amérique méridionale.
DES GRAPSES. 203
Grapse varié, Grapsus variegatus.
Le corcelet uni, tridenté de chaque côté; le front
à quatre dents du chaque côté.
Cancer V'ar'egatus. Fab.
Se trouve dans l'Inde.
Grapse écailleux, Grapsus squammosus.
Le corcelet uni, très-entier , presque carré, avec
quatre dents de chaque côté ; le front à trois lobes ; les
cuisses avec une seule dent.
Herbst. Canc. tab. 22. fig. 113.
On ignore son pays natal.
Grapse strié , Grapsus strigosus.
Le corcelet uni , avec des stries latérales ; le bord
mince, bidenté derrière les yeux ; le chaperon recourbé
et quadrituberculeux.
Herbst. Canc. tab. 47. fig. ”.
Se trouve dans la mer des Indes.
Grapse tétragone , Grapsus tetragonon.
Le corcelet carrè, uni; le front avec une saillie,
en pointe; les mains unies.
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 110.
On ignore son pays natal.
Grapse littéré, Grapsus litteratus.
Le corcelet uni, tridenté de chaque côté, avec
la figure d’une H, imprimée dans son milieu; les
ongles comprimés , ciliés.
Cancer ltteratus Fab. — Herbst. Canc. tab. 48.
fig. 4.
Se trouve dans les Indes orientales.
Grapse applati, Grapsus depressus.
Le corcelet tuberculeux , à quatre dents de chaque
- côté ; les antérienres frontales.
204 HISTOIRE NATURELLE
Cancer depressus Faë.'— Herbst. Canc. tab. 3.
fig. 35. Petiver Gaz. tab. 75. fig. 11.
Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d’A-
imérique.
Grapse cendré, Grapsus cinereus.
Le corcelet inégal, très-entier, gris, varie de bran 3
les pinces tres-minces.
Voyez pl. 5. fig. 1, où il est représenté de gran-
deur naturelle,
Se trouve sur le bord et dans les eaux sanmâtres de
la Caroline , d'où il a été apporté par Bosc.
DORIPE, DoriPzE, Fabricius.
Quatre antennes ; les antérieures palpifor-
mes , les extérieures sétacées. Corps dé-
primé, cordiforme , plus large postérieu-
rement , rétréci, mais tronqué dans sa
partie antérieure. Dix pattes onguiculées ;
les deux antérieures terminées en pinces,
et les quatre postérieures dorsales et pre-
pantes. à
Les doripes faisoient autrefois par-
tie du genre crabe de Fabricius, maisils
en ont été séparés, par ce Naturaliste,
par suite du nouveau travail sur les
DES DORIPES. 205
crustacés, dont il a publié les résultats
dans son dernier supplément, c'est-à-
dire dans celui de 1708. Lamarck et
Latreille ont adopté ce genre, qui, en
effet , est pourvu de caractères parti-
liers , très-saillans.
Le corcelet des doripes est géné-
ralement tronqué en avant et en ar-
rière, élargi postérieurement sur les
côtés, et régulièrement sillonné ou ma-
melonné en dessus ; sa partie antérieure
est presque toujours armée de six épi-
nes Courtes, presque égales, les deux
latérales toujours cependant un peu
plus grandes. Les yeux sont portés sur
de courts pédicules placés entre les
deux dernières épines. Les antennes
sont plus ou moins courtes suivant les
espèces, mais Jamais très-longues.
Les pinces sont généralement plus
courtes que les pattes antérieures, c’est-à-
dire très-petites. Ordinairement le mâle
en a une plus grosse que l’autre, à ce
qu'assure Fabricius. Rarement elles
Crustacés. [. 16
306 HISTOIRE NATURELLE
sontépineuses ou tuberculeuses. Les pat-
tes se divisent en deux sortes. Les deux
premières paires très-grandes , ongui-
culées , écartées, ressemblent à celles
des crabes proprement dits et des gen-
res voisins. Les deux dermières sont
de plus de moitié plus courtes , plus
grêles que les autres, terminées par un
ongle aigu, courbé, susceptible de se
replier entièrement ; elles sont placées
sur la partie postérieure et supérieure
du corcelet, et peuvent parcourir une
de sa surface.
On présume que cette organisation
des doripes leur donne des habitudes
différentes des autres crustacés, et en
effet, le peu que nous savons de leurs
mœurs *, Consiate que , comme les
dromues, elles portent continuellement
sur leur dos des corps étrangers, tels
que des valves de bivalves, et peut-
être des fucus, des éponges, des coral-
lines , etc., au moyen desquelles elles
sont cachées aux yeux de leurs enne-
DES DORIPES. 207
mis, et à ceux des animaux dont elles
font leur pature. Tantôtces boucliersam-
bulans sont immédiatement appliqués
sur le dos même de l'animal , tantôt
ils en sont à une certaine distance, mais
toujours 1ls sont fortement soutenus
par les pattes postérieures, au moyen
des crochets dont elles sont armées.
On n’a aucunes notions particulières
sur les lieux qu'habitent de préférence,
les doripes ; mais la faculté que la na-
ture leur a donnée de se cacher sous un
toit portatif, indique qu'ils n'ont pas
besoim d’habiter les côtes rocailleuses,
qu'ils peuvent, sans inconvéniens, par-
courir les plages sablonneuses , où 1ls
ont moins de concurrens parmi les au-
tres crustacés.
Doripe quadridente, Doripe quadridens,
Le corcelet inégal , en cœur. applati, hérissé ; la
base de la queue à six dents.
Plancus, Conch. 36. tab. 5. fig. t.
Se trouve dans la mer des Indes.
208 HISTOIRE NATURELLE
Doripe rusée, Doripe astuta.
Le corcelet applati, en cœur, hérissé , avec quatre
dents antérieures ; la queue unie.
Se trouve dans la mer des Indes.
Doripe chaude, Doripe callida.
Le corcelet applati, en cœur, nu, avec quatre
dents antérieures ; la queue carinnée.
Se trouve sur les côtes d'Amérique.
Doripe lanugineuse |, Doripe lanata.
Le corcelet couvert de poils blanchätres, avec des
dents latérales ; les deux premières paires de pattes
écartées.
Herbst. Can. tab. 11. fig. 67.
Se trouve dans la Méditerranée.
Doripe noduleuse , Doripe nodulosa.
, Le corcelet chargé de tubercules arrondis et régu-
lièrement disposés, ceux du milieu plus gros; les
doigts des pinces canaliculés et régulièrement dentés
en dedans.
Cancer nodulosus , Olir. Dict. — Herbst. Canc.
tab. 11. fig. 70.
Voyez pl. 4. fig. 2, où il est représenté , presque de
grandeur naturelle.
Se trouve dans la Méditerranée.
Doripe facchine , Doripe facchino.
Le corcelet jaunâtre, renflé latéralement et posté-
rieurement ; deux dents surnuméraires, au-dessous des
antennes ; les deux premitres paires de pattes écartées.
Pzancus, Coneh. tab. 5. fig. 1. Herb. Canc. tab. 11.
fig. 68.
Se trouve dans la Méditerranée.
é
DES DORIPES. 20%
Doripe macaron, Doripe mascaroni.
Le corcelet alongé , brunätre ; les pattes très-écartées
des pinces.
Sulzer, Gesch. Der. Ins. tab. 31.fig. 1. Herbst.
Canc. tab. 11. fig. 69.
Se trouve dans la Méditerranée.
SE SE
PORTUNE, PoRTUNUS , Fabricius.
Quatre antennes inégales, petites , articu-
lées ; les extérieures sétacées et plus lon-
gues. Corps large, court , déprimé , denté
sur les bords, et rétréci postérieurement.
Dix pattes , dont les deux postérieures
sont terminées par une lame applatie et
ovale,
Les portunes ont de très-grands rap-
ports de forme avec les crabes, mais
ils en sont distingués par des caractères
très-positifs , et par des mœurs fort
différentes.
Tous les autres crustacés de la di-
vision des queues courtes sont mar-
cheurs, et ne nagent point, ou ne na-
“
2IO HISTOIRE NATURELLE
gent que par saut; les portunes seules,
nagent quand ils le veulent, et quel-
ques espèces, la pélasgique en parti-
culier , nagent presque continuelle-
ment. ue cela, la nature les a con-
formées d’une manière parüculère;
elle leur a donné un corpslarge etaminci
en devant, pour pouvoir fendre plus
aisément le liquide, et des pattes pos-
térieures disposées en nageoires pour
pouvoir s y soutenir et s’y diriger.
Mais on va entrer dans la descrin-
tion détaillée des parties.
Le corcelet des portunes, est, en
général, plus large que long, peu épais,
aminci sur le on comme on vient
de le dire , arrondi sur le derrière , et
souvent armé, sur les côtés, d’une saillie
plus ou moins longue, et terminée en
pointe aiguë. Sa surface est rarement
rugueuse, rarement velue, mais tou-
jours un peu inégale. Le bord antérieur,
qui fait plus ou moins le demi-cercle,
est toujours dentelé régulièrement.
DES PORTUNES. 211
Les yeux sont très-courts , renfermés
dans une fossette, placée exactement
sur le bord du corcelet, et leur écarte-
ment est juste le tiers de ce bord. Les
antennes sont placées entre les yeux ;
ce sont des filets sétacés, très-déliés et
fort courts.
Les pièces extérieures des instrumens
de la manducation ferment la bouche.
Comme on a donné, dans les généra-
lités de la classe et dans ie plus grand
détail, la description et la figure de ces
parties, d’après Olivier on y renvoie le
lecteur,
Les pinces sont, tantôt longues,
tantôt courtes, mais toujours angu-
lures; le troisième de leurs articles est
généralement le plus long, et presque
toujours 1l est, ainsi que le quatrième,
épineux du côté intérieur. Les paites
sont ordinairement plus courtes que
les pinces , toujours très-applaties et
velues sur les côtés ; les dermières ont
toujours leur ongle extrêmement large,
212 HISTOIRE NATURELLE
extrêmement mince, et garni sur ses
bords de longs poils très - serrés. Ce
sont là les nageoires, comme on l’a déjà
observé. Les espèces qui nagent conti-
nuellement, comme la pélasgique, ont
même tous les ongles ainsi conformés,
mais toujours ceux de la dernière paire
sont plus larges que les autres.
La queue des portunes est généra-
lement plus large que celle des autres
crustacés à queue courte. Il paroit
qu'ils l'emploient aussi quelquefois
dans l'action de nager.
Les portunes, sont par-tout, fort esti-
més, comme aliment, quand ils sont
gros. Le dépurateur , et le pied large
de Rondelet , est communément mangé
sur les côtes de l'Océan ; et, ainsi que
Bosc le rapporte , l’hastate sur celles
de l'Amérique septentrionale. Ce der-
nier sert de nourriture journalière aux
nègres, dont l'habitation est peu éloi-
gnée de la mer ou des rivières où l’eau
salée remonte. Ils en prennent de gran-
DES PORTUNES. T19
des quantités, à la marée montante,
avec des filets en cercles attachés à un
long bâton; filet sur lequel ils ont fixé
un morceau de poisson ou de charogne.
Bosc lui-même en a pris plusieurs fois,
en moins d'une heure, des centaines,
de cette manière. Leur chair est très-
savoureuse , et généralement tendre.
Cette espèce, dont les pattes antérieures
sont onguiculées, marche autant qu'elle
nage, mais elle nage très-bien. Ordinai-
rement ces crustacés marchent sur les
bords de la mer ou des rivières, lorsque
la marée monte, pour chercher leur
nourriture; mais lorsqu'elle descend, 1ls
s'en retournent toujours nageant, parce
qu'ils n'ont plus rien à trouver , et
qu'ils craignent d'être laissés par le flot.
Dans l'état de tranquilité 1ls marchent
et 1ls nagent en avant ; mais lorsqu'ils
ont quelque chose à redouter , 1ls se
sauvent en nageant sur les côtés, même
quelquefois en arrière. Pendant l'hiver,
1ls disparoissent de la côte, s'enfoncent
214 HISTOIRE NATURELLE
dans la profondeur des mers, et ne
reviennent que lorsque le soleil com-
mence à échauffer les eaux; alors ils
sont garnis d'œufs , et sont plus estimés.
Bosc en a pris dans des eaux parfaite-
ment douces, mais trop peu éloignées
des eaux saumâtres, pour ne pas croire
qu'ils avoient été transportés, où qu'ils
y étoient allés d'eux-mêmes, car ils
sortent quelquefois de l’eau pendant la
nuit, à ce qu'ou rapporte, pour aller
ECS leur vie sur la grève.
Une autre espèce , qui seroit presque
aussi bien placée parmi les matutes, le
portune pélasgique, a été également ob-
servée par Bosc , en très-grande quantité
sur les fucus qui flottent dans le grand
Océan, entre l'Europe et l Amérique.
Cette espèce , qui vit dans une mer
sans fond , n'a probablement jamais
d’autres DORE de repos que les fucus
dont il est question. Elle nage presque
continuellement , etce , avec aisance ,
et on pourroit même de avec grace.
1
DES PORTUNES. 215
Elle peut se soutenir sur l’eau, sans se
donner de mouvement apparent, pen-
. dant un assez long espace de temps.
Les longues épines dont son corcelet
est latéralement armé, la rendent un
manger dangereux pour beaucoup de
poissons , et c'est probablement à l'abri
_ de ce moyen de défense qu’elle se con-
serve au milieu des ennemis qui l’en-
tourent. Les matelots rapportent que
ce moyen n'est pas suffisant cependant
contre les tortues de mer, qui, avec
leurs robustes mächoires brisent leur
test , et les avalent sans inconvémient.
Ils rapportent encore que cette espèce
est une des plus délicates qu'ils con
noissent.
Les portunes ont été divisés par
Fabricius, en quatre sections prises du
nombre des dents qu'on compte sur
les bords de leur corcelet.
216 HISTOIRE NATURELLE
Le corcelet avec deux dents de chaque côté.
Portune vigilant, Portunus »igil.
Le corcelet uni, avec deux dents de chaque côté 3;
les bras épineux.
Se trouve dans la mer des Indes.
Le corcelet avec quatre dents de chaque côté.
Portune de Rondelet, Portunus Rondeletir.
Le corcelet alongé, uni, latéralement quadridenté ;
le front épineux.
Rondelet , Poiss. pag. 405; le large pied. Herëst.
Canc. tab. 21. fig. 126.
Se trouve dans la Méditerranée,
Le corcelet avec cing dents de chaque côté,
Portune pubère, Portunus puber.
Le corcelet en cœur, velu, avec cinq dents de
chaque côté; les pinces à une seule dent , noires à leur
pointe.
Voyez pl. 5. fig. 2, où il est représenté au tiers de
sa grandeur naturelle,
Se trouve dans la Méditerranée.
Portune dépurateur , Portunus depurator.
Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté;
les pinces comprimées à leur extrémité.
Rumph. Mus. tab. 6. fig. P. Séba, Mus. 3. tab. 18,
fig. 9. Herbst, Canc. tab. 7. fig. 48.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Portune oisif, Portunus feriatus.
Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté:
es pinces anguleuses , ovales ; le carpe à une seule dent.
Se trouve dans la mer des Indes.
DES PORTUNES. 217
Portune porte-lance, Portunus lancifer.
Le corcelet un peu tuberculeax, avec une seule
épine quadridentée en devant; les pattes antérieures
linéaires.
Se trouve dans la mer du Sud.
Portune holsate , Portunus Ao/satus.
Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté,
et autant au front,
Se trouve dans les mers d'Europe.
Portune velours , Portunus velutinus.
Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et cou-
vert de poils bruns; la main avec plusieurs rangées
d’épines.
Pennant. Brit. Zool. tab. 4. fig. 8. Herbst, Canc.
tab. 7. fig. 40.
Se trouve sur les côtes d'Angleterre.
Portune ridé, Portunus corrugatus.
Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et ridé
transversalement.
Pennant. Brit. Zool. tab. 5. fig. 9. Herbst. Canc.
tab, 7. fig. 5o.
Se trouve sur les côtes d'Angleterre.
Le corcelet avec six dents de chaque côté.
Portune bimaculé , Portunus bimaculatus.
Ie corcelet ovale, avec six dents et une grande
tache rouge de chaque côté:
Herbst. Canc. tab, 18. fig. 101.
On ignore d’où il vient.
Portune six dents, Portunus sex dentatus.
Le corcelet avec six dents de chaque côté; le front
à huit dents ; les pinces épineuses.
Crustecés. I, 19
218 HISTOIRE NATURELLE
Cancer sex dentetus. Fab. — Rumph. Mus.tab. 6,
fig. P. Petiver. Gaz. Opt. tab. 1. fig. 6. Herbst.
Canc.tab. 7. fig. 52, et 8. fg. 55.
Se trouve dans l'Inde. Les figures de Herbst an-
noncent deux espèces distinctes.
Portune sanguinolent, Por, sanguinolentus.
Le corcelet à six dents de chaque côté, et granulé
de rouge ; le front à huit dents ; les pinces épineuses,
granulées de rouge , ainsi que les pattes.
Herbst. Canc. tab. 40. fig. 1.
Se trouve dans l'Inde.
Portune annelé , Portunus annulatus.
Le corcelet uni, avec six dents de chaque côté ;
le front à huit dents; les pattes annelées de violer.
Se trouve dans la mer Ges Indes.
Portune varié, Portunus sariegatus.
Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de
chaque côté ; la dent postérieure plus grande ; le
front à huit dents ; les pinces épineuses.
Se trouve dans la mer des Indes.
Portune velouté, Portunus holosericeus.
Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de
chaque côté; le front à huit dents; les pinces épi-
neuses.
Se trouve dans la mer des Indes.
Portune tronqué , Portunus truncatus.
Le corcelet en cœur, velu , avec six dents de
chaque côté; le front tronqué , à huit dents.
Se trouve dans la mer des Indes.
Portune porte-croix , Porfunus crucifer.
. Le corcelet presque uni, à six dents de chaque
DES PORTUNES. 219
eûté; la dernière émarginée ; le front à huit dents.
Se trouve dans la mer des Indes.
Portune lucifer, Portunus lucifer.
Le corcelet presque uni, à six dents; le front à
huit dents ; les doigts roux , noirs à leur extrémité.
Se trouve dans la mer des Indes.
Le corcelet avec neuf dents de chaque côté.
Portune tranquebarique, P. tranquebaricus.
Le corcelet uni, avec neuf dents égales de chaque
côté.
Se trouve dans la mer des Indes , où il se mange.
Portune hastate, Portunus hastatus.
Le corcelet rugueux, avec neuf dents de chaque
eôté; la dent postérieure plus grande; le front à
quatre dents ; les dents égales.
Se trouve dans les iles de l’ Amérique.
Portune armiger , Portunus armiger.
Le corcelet presque uni, avec neuf dents de
ehaque côté; la dernière plus grande ; le front à cinq
lobes ; les bras dentés de chaque côté.
Se trouve dans la mer du Sud.
Portune gladiateur, Portunus gladiator.
Le corcelet velu , avec neuf denis de chaque côté ;
la dernière plus grande ; les pinces tachées de rouge.
Se trouve dans les mers d'Asie.
Portune pélasgique , Portunus pelasgicus.
Le corcelet uni, avec neuf dents de chaque côté ;
la dernière plus grande ; les pinces en prisme à plu-
sieurs angles.
220 HISTOIRE NATURELLE
Degeer. Mus. 7. tab. 26. fig. 8. Rumph. Mos. tab. 5.
fig. R. Herbst. tab. 8: fig. 5.
Voyez pl. 5. fig. 3, qui la représente réduite des trois
quarts.
Se trouve dans la haute mer parmi les fucns.
Portune sanguinolent, Por. sanguinolentus.
Le corcelet ani, avec neuf dents de chaque côté ;
la dernière plus grande, testacée; trois taches rouges
sur le bord postérieur.
Herbst. Canc. tab 8. fig. 56, 57.
Se trouve dans la mer des Indes.
Portune défenseur, Portunus defensor.
Le corcelet unni, avec neuf dents; la dernière
courte ; le front à quatre dents ; les intérmédiaires
irès-courtes.
Se trouve dans la mer du Sud.
Portune hastatoïde , Portunus hastatoides.
Le corcelet velu, inégal, avec neuf dents de
chaque côté; la dernière plus grande; la partie posté-
rieure avec une dent de chaque côté.
Se trouve dans les mers de l'Inde.
Portune tennaille, Portunus forceps.
Le corcelei uni , avec neuf dents de chaque côté;
la dent postérieure plus grande ; les doigts très-longs
et filiformes,
Se trouve dans l'Océan.
Portune pontique , Portunus ponticus.
Le corcelet inégal, avec neuf dents de chaque côté ;
la derniére plus grande; les pinces filiformes ; les doigts
très-couris.
Se trouve dans la mer des Indes.
DES PORTUNES. LES
Potune cédonule, Portunus cedonulli,
Le corcelet avec neuf dents de chaque côté; le
front avec quatre épines ; les pinces très-longues et
ängulaires.
Herbst. Canc. tab. 39.
Se trouve dans la mer des Indes.
ED AS A TS
PODOPHTALME, PODOPHTALMUS,
Lamarck.
Quatre antennes articulées , inégales ; les ex-
térieures sétacées , plus petites. Pédicule
des yeux très-rapproché à leur insertion,
et aussi longs que le bord antérieur. Corps
large, court, déprimé , anguleux et pointu
latéralement, Dix pattes ; les deux anté-
rieures terminées en pinces ; les deux pos-
térieures terminées par une lame ovale.
LamaArcK a établi ce genre sur une
seule espèce qui se voit au Muséum
national, et il a tiré son nom de la
longueur du pédicule de ses yeux qui
surpasse quatre centimètres. 1 paroit
fort peu distinct des portunes, dont lé
222 HISTOIRE NATURELLE
caractère physique, celui qui leur donne
des mœurs différentes de tous les au-
tres crustacés de leur division , est
d'avoir les pattes postérieures en na-
geoires, comme le podophtalme. Ce
genre paroit faire le passage entre les
portunes et les ocypodes.
EE
ORITHIE, ORITHYA, Fabricius.
Quatre antennes inégales ; les intérieures
plus longues et palpiformes. Corps ovale.
Dix pattes ; dont les postérieures sont
applaties , larges et pinnées.
FABRICIUS a formé ce genre sur
une seule espèce qui vient des mers de
la Chine, et qui n'a pas été figurée.
fl paroit, par la courte description qu'il
en a donnée, que sa forme l'éloigne
un peu des portunes, puisqu'elle est
globuleuse, et que la leur est applatie.
Le corcelet de l’orithie est donc,
DES ORITHYES: 223
comme on vient de le dire, globuleux.
IL est, de plus, armé de trois épines
de chaque côté, et en avant de trois dents
et d’une épine à trois dents. La queue
a deux épines. Les pinces sont courtes
et dentées. Les pattes postérieures sont
applaties, découpées en leurs bords,
et terminées par un lobe lancéolé. L'es-
pèce est appelée mamillaire.
!
SR EM
MATUTE, MaATuUTA, Fabricius.
Quatre antennes ; les deux intérieures qua-
driarticulées, à dernier article bifide ; les
deux extérieures plus courtes et peu ap-
parentes. Corps court, déprimé , plus
large antérieurement , ou dans sa partie
moyenne. Dix pattes ; les deux antérieures
terminées en pinces ; toutes les autres
terminées par une lame platte et ovale.
Lrs matutes diffèrent si peu des
portunes, au'on pourroit se demander
si elles méritoient bien réellement de
224 HISTOIRE NATURELLE
faire un genre particuher: En effet,
elles ont la même forme générale ,
et plusieurs portunes, tels que la pé-
lasvique et la cédonule , ont comme
elles les ongles de toutes les pattes en
naoseoires.
Degeer , qui a donné une descrip-
ton fort détaillée d’une espèce de ma-
tute, la vainqueur , dit que ses anten-
nes sont à peine visibles ; que les yeux
ne sont pas fort éloignés, et placés sun
des pédicuies enfoncés dans une pro-
fonde excavation. Le corcelet est pres-
que ovale , applati, avec une longue
pointe de chaqne côté; sa parte anté-
rieure a huit Aeneies de chaque
côté, et trois éntre les yeux.
Les pinces sont courtes, angulaires.
Les mains ovales , convexes, avec des
pointes et des tubercules. Les doigts
sont courts et dentés intérieurement.
Les pattes sont presque aussi longues
que les pinces, très-applaties. Leurs
doigts sont tous très-munces, très-larges,
DES MATUTES. 225
et velus sur leurs bords; ceux des deux
premières paires un peu plus longs et
moins larges que ceux des deux autres;
tous ont une nervure dans leur milieu.
La queue est courte, presque trian-
gulaire. 3
La plupart de ces caractères con-
viennent aux portunes cités plus haut.
Les matutes nagent sans doute per-
pétuellement dans l'Océan. On les
trouve dans les mers des pays chauds,
en Asie ct en Amérique. On ne sait
rien de particulier sur leurs mœurs.
Matute vainqueur, Matuta victor.
Le corcelet ponctué des deux côtés; les pattes
simples.
Séba, Mus. 3. tab. 20. fig. 10,11. Rumph. Mas.
tab. 7. fig. 5. Herbst. Canc. tab. 6. fig. 44. Degeer.
Ins. 7. tab. 26. fig. 4, 5.
Voyez pl. 4. fig. 3, où il est représenté au tiers de sa
grandeur naturelle.
Se trouve sur la côte du Malabar.
Matute pieds plats, Matuta planipes.
Le corcelet postérieurement strié.
Se trouve dans la mer des Indes.
Matute appendiculée | Mat. appendicu/ata.
Le corcelet vermiculé de rouge; les pattes posté-
226 HISTOIRE NATURELLE
xieures avec un appendice au côté interne de l'avant-
dernière articulation.
Herbst. Canc. tab. 48. fig. &7
On ignore son pays natal.
A A AA
DROMIE, DRroMI4, Fabricrus.
Quatre antennes très-courtes ; les intermé-
diaires en forme d’antennulles. Le corps
presque globuleux , les pinces grosses et
courtes ; les deux premières paires de
pattes onguiculées ; les deux dernières re-
pliées sur le dos , et armées d’une petite :
pince.
CE genre a été formé par Fabri-
cius, aux dépens des crabes , de ses
premières éditions ; 1] n'a pas été adopté
par Lamarck, mais bien par Latreille.
II se rapproche beaucoup des doripes
par les mœurs des espèces qui le com-
posent; ils’en écarte par la forme et les
caractères.
Les dromies sont presque rondes,
extrêmement bombées en dessus, et
DES DROMIES, 227
méme en dessous. Leur corcelet est
ordinairement anguleux en devant,
toujours couvert de longs poils. Les
yeux sont fort rapprochés, portés sur
de très - petits tubes. Leurs antennes
sont à peine visibles. Les pinces ont
leur troisième et quatrième articles
très-épais , presque aussi gros et aussi
longs que la main. Le tout est couvert
de poils, excepté les doiots, qui sont
courts, et légèrement dentés. Les deux
, premières paires de pattes sont velues,
onguiculées, et moins longues que les
pinces. Les deux dernières sont de
moitié plus courtes , insérées presque
sur le dos, et terminées par une très-
petite pince à ongles égaux et égale-
ment courbes. Le tout toujours très-
velu.
Une des espèces de ce genre, la dro-
mie tête de mort, se trouve dans la
méditerranée. On sait qu'elle s'empare
d'une espèce d’alcyon , qu'à cause de
cet emploi on a appelé alcyon domon-
228 HISTOIRE NATURELLE
cule, le fixe sur son dos, et sous cet
abri, brave les recherches de ses enne-
mis , et surprend les animaux dont
elle fait sa nourriture. Elle n’est point
rare dans la mer voisine de Montpel-
lier, mais elle est d'une difficile ob-
servation, parce qu’elle s'approche ra-
rement des bords. Draparnaud , l’es-
timable professeur d'Histoire Natu-
relle à l’école centrale de cette ville, a
cependant pris sur elle et sur son singu-
her bouclier, des notes qu’il ne tardera
pas sans doute à donner au public.
Quoique l'alcyon domoncule soit ac-
croché à demeure par les pinces des
pattes postérieures de la dromie tête
de mort, et que son corps soit obligé
de prendre ia forme du dos de ce crus-
tacé , il n'en conserve pas moins le peu
de vitalité dont il est pourvu, 1l n'en
croît pas moins dans toutes ses dimen-
sions, seulement 1l augmente irrégu-
lièrement, à raison des compressions
qu'il éprouve.
DES DROMIES. 229
Les autres espèces de dromies n’em-
ploient sans doute pas la même arme
défensive que celle dont il vient d'être
question, mais elles se servent très-
probablement de moyens analogues. La
nature , dans les genres véritablement
naturels, passe rarement avec rapidité
d’un mode dans un autre. Toutes les
dromies ont des pinces aux pattes pos-
térieures ; toutes doivent se couvrir le
corps d'objets étrangers. C'est aux ob-
servateurs à faire connoître ce que les
circonstances les mettront à portée de
remarquer à cet égard.
Dromie de Rumphius, Dromia Rumphii.
Le corcelet hérissé, à cinq dents de chaque côté ;
les quatre pattes postérieures égales.
Rumph. Mus. tab. 11. fig. 1. Séba , Mus. 3. tab. 18.
fig. 1, 3. Herbst. Canc. tab. 18. fig. 103.
Se trouve aux Indes dans les profondeurs des mers,
Elle est très-voisine de la dromie tête de mort.
. LA Lèr Se . .
Dromie égagropille , Dromia æœgagropilla.
Le corcelet globuleux, sans épines, très-velu ; les
doigts nus et dentés.
Se trouve dans la Méditerranée.
Crustacés. I, 20.
230 HISTOIRE NATURELLE
Dromie artificieuse, Dromia artificiosa.
Le corcelet velu , avec trois dents de chaque côté;
les pattes postérieures plus grandes.
Se trouve dans la mer des Indes.
Dromie tête de mort, Drom.caput mortuum.
Le corcelet applati, très-velu, avec sept dents lon-
guement ciliées de chaque côté.
Cancer caput mortum Linn. — Cancer fabilosus
Herbst. Canct tab. 48. fig. 2, 3.
Voyez pl. GC. fig. 1, où elle est représentée antiers
de sa grandeur naturelle.
Se trouve dans la Méditerranée, et se couvre de
Falcyon domoncule.
SD A
PORCELLANE, PORCELLANA,
Lamarck.
Quatre antennes inégales ; les deux exté-
rieures , très-longues , sétacées, maltiarti-
culées , et insérées derrière les yeux. Corps
suborbiculaire , à queue repliée en des-
sous. Dix pattes onguiculées ; les deux
antérieures terminées en pinces ; les deux
postérieures très-petites.
Les espèces de porcellanes , citées
par Lamarck, semblent, au premier
aspect , appartenir aux leucosies ; mais,
quand on examine avec attention la
DES PORCELLANES. 93H
position de leurs antennes , on voit
qu'elles sont insérées au côté extérieur
des yeux , ce qui fournit un caractère
qui ne se trouve dans aucun des crus-
tacés de leur division , et oblige par-
conséquent à l'établissement d’un genre
nouveau.
On ne sait rien de particulier sur
les porcellanes connues qui sont rares
dans les collections de Paris; mais
on va donner la description absolue
d'une espèce nouvelle , qui s'éloigne
des autres par sa forme applatie et l'or-
ganisation de son test, absolument sem-
blable à celle de la galathée striée, et
qu'on appellera en conséquence por-
cellane galathine.
Le corcelet est applati , ovale,
ironqué en arrière, couvert de stries
transverses , irréguhères , d’où sortent
des poils extrêmement courts, égaux,
et toujours dirigés en avant. Le front
est un peu saillant, accompagné de
deux épines de chaque côté , entre
232 HISTOIRE NATURELLE
et au-dessous desquelles est la cavité
des yeux. De la base de la dernière,
en dessous, sortent les grandes an-
tennes, composées, autant qu'on a
pu en juger, de trois articles; les deux
premiers très-gros et très-courts, et le
dernier très - long, sétacé et subdi-
visé en une grande quantité d’articula-
tions. Yeux très-gros, portés sur de
courts pédicules. Pièces extérieures fer-
mant la bouche , très - longues , et se
repliant sur elles-mêmes. Queue très-
large, velue. Pinces applaties, larges;
le troisième article fortement denté du
côté intérieur. La main sans épines,
et les doigts sans dents. Les deux pre-
mières paires de pattes plus courtes
que les pinces, et onguiculées. La der-
nière encore plus courte, extrêmement
grêle , relevée sur le dos ; le dernier
article sans ongle. Toutes , ainsi que
les pinces, velues , et composées d'é-
cailles disposées de la même manière
que les stries du corcelet.
DES PORCELLANES 2353
Les caractères de cette espèce , et
des autres, peuvent être réduits ainsi :
Porcellane galathine , PorceZlana galathina.
Corcelet applati , strié longitudinalement ; les pinces
plates , à cuisses dentées,
Voyez pl. 6. fig. 2, qui la représente de grandeur
naturelle.
On ignore son pays natal.
Porcellane longicorne , Porcell. longicornis.
Le corcelet orbiculaire , uni ; les pinces petites ;
le rosire à trois pointes ; les antennes très-longues.
Acta. Help. 5, tab. 5. fig. 447. Bart. Subsc. 2,
tab. 4. fig. 3. Pennant: Zidol! Brit, 4. tab. 1. fig. 3.
Seéba, Mus. 3. tab. 17. fig. 1, 4. Herbst. Canc. tab. 2.
fig. 23.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Porcellane hexape , Porcellana hexapus.
Le corceïet orbiculaire ,, uni, entier ; les antennes
de la longueur du corps; les paites postérieures très-
courtes.
Herbst. Canc. tab. 2. fig. 122.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Porcellane larges pinces, Porcel. platycheles.
Le corcelet lisse, entier, orbiculaire; pinces plates,
larges, ciliées en dessous; antennes très-longues.
Pennant. Brit. Zool. 4 tab. 6. fig. 12. Herbst,
Canc. tab. 2, fig. 26.
Se irouve dans les mers d'Europe.
254 HISTOIRE NATURELLE
LEUCOSIE , LEUCOSI14 , Fabricius.
Deux ou quatre antennes inégales, plus où
moins longues, grêles , insérées derrière
ou sous les yeux. Corps suborbiculaire ,
plus où moins convexe. Queue nue, re-
pliée en dessous. Dix pattes onguiculées ;
les postérieures souvent très-petites.
LA forme des leucosies, et le poli
brillant dont la plupart sont pour-
vus , peuvent Îles faire reconnotire
au milieu de tous les crustacés ; mais
leurs caractères génériques , 1l faut l'a-
vouer, n'ont pas la précision qu'il se-
roit à desirer qu'ils eussent. Ils varient
dans presque toutes les espèces.
Les leucosies sont des crustacés slo-
buleux, dont les antennes sont tantôt
longues, tantôt courtes, mais toujours
inégales et filiformes. Leurs yeux sont
très-rapprochés, et portés sur des pé-
dicules courts. Les instrumens de la
manducation ferment exactement la
DES LEUCOSIES. 233
bouche. Les pinces sont tantôt courtes
et épaisses, tantôt longues et grèles , et
rarement tuberculeuses ou épineuses.
Les pattes sont toutes onguiculées, et
les dernières plus petites que les autres.
La queue est seulement de deux piè-
ces , dont la première est très-lon-
gue , repliée en dessous, ordinairement
bombée ; et la seconde, très-petite ,
touche à la base des instrumens de la
manducation. Ce caractère très-re-
marquable de la queue , s'il est gé-
néral, est très-bon pour distinguer les
leucosies des autres genres.
Les mœurs des leucosies, si on en
peut juger par le peu que nous en sa-
vons , diffèrent à peine de celles des
crabes proprement dits. Ces crustacés ,
qui ne peuvent pas nager, se tiennent
au fond de la mer, et sont souvent je-
tés par le flot sur les rivages. Lors-
qu'ils craignent quelque danger , 1ls ra-
massent leurs pattes entre leur corps,
et attendent qu'il soit passé. Ils ont
236 HISTOIRE NATURELLE
peu de vivacité dans leurs mouvemens,
et il paroit qu'ils comptent beaucoup
sur la dureté de leur test, effective-
ment plus considérable que dans la
plupart des crustacés , et sur leur peu
d'importance , car ils sont en général
petits , pour échapper aux ennemis qui
les recherchent.
C'est probablement à la solidité de
leur test qu'on doit de les trouver dans
l'état fossile , plus fréquemment que
les autres genres des crustacés.
Leucosies à pinces Jili ormes.
Leucosie ponctuée, Leucosie punctata.
Le corcelet ovale, postérieurement crénelé et à trois
dents ; les doigts sans épines,
Brown. Jam. tab. 42. fig. 3.
Se trouve dans les iles Antilles.
Leucosie fugace , Leucosia fugax.
Le corcelet oblong, avec trois dents postérieures
la dent du milieu plus iongue et recourbée; les doigts
des pinces dentés.
Herbst. tab. 2. fig. 15 , 16. Rumph. Amb. tab. re.
He. C.
Se trouve dans les Indes orientales.
DES LEUCOSIES. 237
Leucosie noix, Leucosia nucleus.
Le corcelet orbiculaire , avec deux épines posté-
rieures ; les bras granuleux.
Sulz. Hist. Ins. tab. 31. fig. 3. Herbst, Canc.
tab. 2. fig. I4.
= Voyez pl. 6. fig. 4, où elle est représentée un peu
plus petite que nature.
Se trouve dans la Méditerranée.
Leucosie à sept épines, Leucosia 7 spinosa.
Le corcelet avec une épine alongée et très-aiguë de
chaque côté, et avec cinq épines postérieures.
Herbst, tab. 20. fig. 112.
Se trouve dans la mer des Indes.
Leucosie hérisson, Leucosia erinaceus.
Le corcelet ovale, trés-épineux ; les épines margi-
nales plus longues et dentées; les bras épineux.
Herbst. tab. 20. fig. 111.
Se trouve dans la mer des Indes.
Leucosie cylindrique , Leucosia cylindrus.
Le corcelet à deux sillons; les côtés dilatés, eyx-
lindriques, avec une épine à leur extrémité.
Herbst. tab. \11 Gp 029; 30,121.
Se trouve dans la mer des Indes.
Leucosie scabriuscule, Leucos. scabriuscula.
Le corcelet applati, couvert d’aspérités; le front
émarginé.
Se trouve dans les Indes orientables.
Leucosie balle, Leucosia prla.
Le corcelet globulenx, avec une dent élevée dans
son milieu , et le bord crénelé et denté.
Se trouve dans la mer des Indes.
2306 HISTOIRE NATURELLE
Leucosie double épine, Leucosia bispinosa.
Le corcelet uni, portant deux épines de chaque
côté et quatre dents au front ; les pinces épineuses et
dentées.
Herbst. Canc. tab. 6. fig. 45.
On ignore sa patrie.
Leucosie globuleuse, Leucosia globulosa.
Le corcelet uni, presque crénelé ; la queue avec
deux nodosités à sa base ; les bras couverts d’aspérités.
Se trouve sur la côte de Malabar.
Leucosie craniolaire , Leucosia crantolaris.
Le corcelet uni, très-entier, ovale, uni, antérieu-
ment épais, à trois dents ; les pinces unies.
Petiver, Gazoph. tab. 9. fig. 3. Rumph. Mus.
tab..ro. fig. A, B. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 4,
10. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 17.
Se trouve dans l'Inde, et fréquemment fossile en
Europe.
Leucosie résidu, Leucosia residuus.
Le corcelet, presque rond; le front émafginé des
deux côtés.
Herbst. Canc. tab. 48. fig. 1.
On ignore sa patrie.
Leucosie porcelaine , Leucosia porcellana.
Le corcelet uni, ovale, antérieurement obtus ; les
bras granuleux. |
Herbst. Canc. tab. 2. fig. .18. Séba, Mus. 3.
tab 19 S-TIS 2:
Se trouve dans la mer des Indes.
Leucosie plane, £eucosia planata.
Le corcelet orbiculaire applati; les côtés à deux
&ents; le front à trois dents,
Se trouve à la terre de feu.
DES LEUCOSIES. 239
Leucosie treillis, Leucosia cancellus.
Le corcelet uni , denté tout-au-tour ; les mains
tranchantes sur leurs bords.
Herbst. Canc. tab. 2. fig. 21.
On ignore son pays natal.
Leucosie canard, Leucosia anas.
Le corcelet uni , globuleux , denté tout autour ; les
mains unies; les doigts tranchans,
Herbst. Canc. tab. 2. fig. 19.
On ignore son pays natal.
TE SE M
PINNOTHÈRE ; PINNOTHERES,
Latrerlle.
Corcelet orbiculaire ou carré , à angles ar-
rondis. Yeux situés entre les angles laté-
raux et le milieu du bord antérieur. Qua-
tre antennes à peine visibles dans l’entre-
deux. Dix pattes onguiculées ; les deux
antérieures terminées en pinces,
Les pinnothères différent sans doute
fort peu des crabes et des grapses ; mais
enfin elles en diffèrent, et leurs mœurs
240 HISTOIRE NATURELLE
les en éloignent si fort, qu'on est dis-
posé à chercher à les en séparer, plutôt
qu'à les y réunir.
On verra par la suite que les pagures
ayant été privés, par la nature, du test
qui recouvre la queue des autres crusta-
cés, ont obteru d'elle l'industrie de
s'emparer descoquillesunivalves vides,
et d'y cacher les parties postérieures de
leur corps. Les pinnothères ne sont
privées d'aucune partie de leur test;
mais ce test est si peu solide , que si
elles n'avoient pas de moyens pour se
mettre à l'abri des attaques de leurs
ennemis , elles seroient toutes dévo-
rées , et bientôt leur espèce anéantie.
C’est dans les coquillages bivalves
vivans que les espèces de ce geure
trouvent la retraite qui convient à leur
foiblesse. Elles s’y logent donc, et y
vivent en bonne intelligence avec le
propriétaire. Les anciens , et nom-
mément Aristote et Pline, qui avoient
connoissance de ce fait, croyolent que
DES PINNOTHÈRES. 241
ce petit crustacé naissoit avec l'animal
de la pinne , car c’est dans cette co-
quille qu'on l'a d'abord observé , pour
sa conservation , en lui servant de gar-
dien. Ils ont imaginé que, pendant que
la pinne, qui est sans yeux , et n'est
pas douée d'un sentiment fort exquis,
a les battans de sa coquille ouverts, 1ly
entre des petits poissons , et qu'elle en
est avertie par une légère morsure ;
enfin que, fermant sa coquille, ils se
trouvent pris, et qu'ensuite la pinne et
son hôte se partagent le butin. C'est
d'après cette opinion qu'ils ont imposé
le nom de pinnothère ou de pinnophy-
lax, à ce crustacé.
Plusieurs Naturalistes modernes ,
Einnæus même , ont cru à la réalité
de cette histoire ; mais actuellement
qu'on sait que la pinne ne vit pas de
chair, qu'elle ne peut fermer complé-
tement sa coquille, qu'on ne trouve pas
des pinnothères dans toutes , et qu'on
en rencontre également dans les mou-
Crustacés. I. 2
242 HISTOIRE NATURELLE
les, les huitres, etc. ; on la repousse
comme apocryphe.
Le fait n’en reste pas moins vrai,
n'en prouve pas moins la grande fécon-
dité de la nature dans les moyens
qu'elle emploie pour conserver les
espèces que leur foiblesse met le plus
dans le cas d'être détruites. On trouve
fréquemment de ces pinnothères dans
les moules que l'on mange à Paris, et
on peut s'assurer qu'elles sont toujours
dans un état analogue à celui où est
une écrevisse qui vient de changer de
peau. Du reste, on n'a aucune notion
sur la manière d'être des espèces de
ce genre. Il est probable qu'elle ne
diffère pas beaucoup de celle des cra-
bes et des grapses.
Il y a quelques motifs de croire que ce
genre est nombreux en espèces; mais
elles sont peu connues, leur petitesse et
leur mollesse ne permettent pas de les
conserver dans les collections d'une
mamière utile, de sorte qu’elles ne peu-
DES PINNOTHÈRES. 245
vent être étudiées que sur le: vivant.
Il est même douteux que toutés celles
que l’on indique 1c1, excepté les deux
premières ,- lui appartiennent réelle-
ment; mais au moins elles en appro-
chou infiniment.
Les pinnothères sont , en général,
globuleuses et unies; leurs pattes sont
courtes , et leur queue fort large.
Pinnothère des anciens , Pinnother, veterum.
Le corcelet très-uni, applati en avant ; la queue
nodulense et carennée en son milieu.
Jonst. Exsang. lab. 20. fig. 3.
Se trouve dans les coquilles de pinnes , dans la Médi-
terranée et dans l'Inde.
Pinnothère pinnophyle, Pinn. pinnophylaz.
Le corcelet orbiculaire , inégal ; les deux dernières
paires de pattes, presque dorsales.
Herbst. Canc. tab. 2. fig. 27.
Voyez pl. 6. fig. 3, où elle est représentée de gran-
deur naturelle.
Se trouve sur les côtes d'Amérique dans la Chame
Lazare.
Pinnothère pois, Pinnotheres pisum.
Le corcelet rond, uni, entier , obtus; la queue de
la largeur du corps.
Cancer pisum F'ab.—Pennant , Zool. Brit. 4. tab. 1.
fig: Te
Se trouve dans les mers d'Europe.
244 HISTOIRE NATURELLE
Pinnothère petite, Pinnotheres minutus.
Le corcelet uni, très-entier, presque carré; les
bords amincis; les pieds comprimés.
Cancer minutus Fab. — Baster, Sub. 2. tab. 4.
fig. 12. Pennant, Zool. Brit. 4. tab. 1. fig. 12. Herbst.
Canc. tab. 2. fig. 32.
Se trouve fréquemment dans la haute mer.
Pinnothère pusille, Pinnotheres pusillus.
Le corcelet uni, carré, très-entier; le tarse à une
seule dent.
Cancer pusillus, Fab,
Se trouve dans la mer du Nord.
Pinnothèretrès-glabre , Pinnot. glaberimus,
Le corcelet applati, entier ; le front tronqué, den-
telé ; les pieds unis; une grande tache blanche ou bleue,
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 115. -
Se trouve dans la haute mer sur les fucus , cù elle a
été observée par Bosc. Elle se rapproche beaucoup du
pinnothère pusille.
Pinnothère ferrugineuse, Pinn. ferrugineus.
Le corcelet globuleux , ferrugineux , à quatse dents ;
le front tronqué.
Herbst. Canc. tab. 21. fig. 127.
On ignore sa patrie.
Pinnothère plissée, Pinnotheres plicatus.
Le corcelet uni, plissé des deux côtés, avec quatre
dents sur le devant.
Cancer plicatus. F'ab.
Se trouve dans la mer de la Chine.
Pinnothère six pieds, Pinnotheres sexpes.
Le corcelet uni, très-entier 3 le front émarginé ; six
pieds.
DES PINNOTHÈRES. 24)
Cancer sexpes. Fab.
Se trouve dans la mer des Indes.
Pinn. demi - cylindrique , P. semicylindrus.
Le corcelet uni, très-entier ; le front recourhbé,
bifide.
Cancer. semicylindricus. Fab.
Se trouve dans la mer des Indes,
Pinnothère oreillée, Pinnotheres auritus,
Le corcelet antérieuremeut a une seule épine; le
dos canalicalé ; le test mollasse.
Cancer auritus. Fab.
Se trouve en Islande.
L
SE Se
MAJA, MAJ4, Lamarck.
Quatre antennes ; les intérieures palpifor-
mes ; les extérieures sétacées. Corps ovale,
conique , plus large postérieurement, ré-
tréci en pointe dans sa partie antérieure,
Dix pattes onguiculées.
LAMARCK a réuni, sous ce nom,
deux genres que Fabricius avoit établis,
dans son supplément, aux dépens des
crabes des premières éditions de son En-
tomologie, genresqui, en effet, ne sont
246 HISTOIRE NATURELLE
pas pourvus de caractères assez impor-
tans, pour être conservés ainsi qu'on peut
s'en convaincre par l'analyse des parties
essentiellement consacrées à les fournir.
Ces genres sont appelés parthenope et
znachus. Tous deux sont généralement
composés d'espèces à corps globuleux ,
pointus en avant, outriangulaires, sur-
chargé d’aspérités de différentes for-
mes; mais celles du premier ont des
pinces dont les jambes et les cuisses sont
démesurément longues , grosses et tu-
berculeuses, tandis que, chez celles du
second, ces mêmes parties sont plus
courtes que les pattes, et bien moins
hérissées. Ce qui fournit à Lamarck
deux divisions dans son genre, qui,
quoique peu précises soni dans le cas
d'étre adoptées.
Latreille a encore tiré du genre de
Lamarck, ou mieux, des znachus de
Fabricius, un autre genre qu'il a appelé
macrope, macros, dont le caractère
est d’avoir un corcelet triangulaire,
DES MAJA. 247
terminé en bec, souvent très-pointu ,
et en alène. Yeux saillans et décou-
verts. Antennes intermédiaires décou-
vertes , courtes et bifides. Pièces ex-
térieures, fermant la bouche, à tiges
alongées ; l'interne ayant le second ar-
ticle terminé en pointe.
Ce genre est fondé sur de bons ca-
ractères, et renferme des espèces fort
remarquables par leur pointe antérieure
et par leurs pattes excessivement Ion-
gues et très-menues ; mais la difficulté
de les séparer des maya, dont quelques-
uns ont la même apparence n'a pas per-
mus de l employer : il,
Ce même Naturaliste a remarqué
que les yeux du maja vulgaire, cancer
maja, Lann. éloient si rapprochés qu'ils
se touchoient presque, et que les an-
tennes leur étoient, par conséquent, ex-
térieures. Il en conclut que cette es-
pèce seroit peut-être encore dans le cas
de faire un nouveau genre.
Les maja ne sont point rares dans
240 HISTOIRE NATURELLE
les mers d'Europe; mais cependant leur
histoire est fort peu connue. C'est dans
les lieux pierreux, et vaseux en même
temps, qu'ils se plaisent. Ils sont ga-
rantis de la recherche de leurs enne-
mis par leur forme semblable à une
pierre hérissée d'aspérités , couverte de
ange, et de leur attaque par la dureté
de leur test. Dès que ces crustacés crai-
gnent un danger, 1ls se blottissent contre
une pierre , et attendent dans la plus
absolue immobilité qu'il soit passé ou
qu'il agisse sur eux; dans ce dernier
cas , ils cherchent à se défendre avec
leurs pinces comme la plupart des
autres crustacés. Parmi eux, il en est
une connue des Français, sous le nom
d’araignée de mer, à raison de ses
longues pattes, qu'on dit avoir la pro-
priété de faire sortir du dessous de
son corps de petites vessies, et de les
enfler comme les grenouilles enflent
celles des côtés de leur bouche. Ce fait
a besoin d'être confirmé par des obser-
DES MAJA. 249
vateurs instruits; 1] n’est connu que par
des rapports sur lesquels on ne peut.
pas absolument compter.
C'est de la Méditerranée que vien-
nent la plus part des espèces de maja 3
maloré leur nombre, 1l en est encore
plusieurs de cette mer, qui ne sont
pas connues des Naturalistes , Mais que
Bosc se souvient d’avoir vu , et même
possédés.
Les maja se mangent, mais leur
peu de grosseur et la dureté de leur
test les font peu rechercher.
es anciens ont connu quelques es-
pèces de ce genre. Une d'elle, la squi-
nado, passoit pour être le modèle de
la sagesse, et pour aimer la musique.
Elle étoit, en conséquence , pendue,
comme emblème, au cou de la Diane
d'Ephèse.
A pinces longues et épaisses.
Maja macrochelos, Maja macrochelos.
Le corcelet en cœur , tuberculeux , sillonné, laté-
ralement denté; les pinces très-longues, dentées,
granuleuses.
250 HISTOIRE NATUREÉLET
Séba , Mus. 3. tab. 20. fig. 12. Herb. Canc. tab. 19
fig. 107.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja hérissonné , Maja echinatus.
Le corcelet en cœur, couvert de verrues et de
tubercules, épineux en ses bords; les pattes et les
pinces épineuses et turberculeuses.
Herëst. Canc. tab. 108 et 1009.
Se trouve dans le mer des Indes.
Maja pérasite, Maja panser.
Le corcelet en cœur, un peu épineux ; les côtés
dentés, et deux grosses épines à leurs extrémités; les
pinces très-longues et très-epineuses.
Herbst. Canc. tab. 41. fig. 3.
On ignore sa patrie.
Maja voûté, Maja fornicata.
Corcelet inégal ; l'angle postérieur dilaté et en
voûte.
Parthenope fornicata. Fab.
Se trouve dans les Indes.
Maja giraffe, Maja giraffa.
Le corcelet épineux ; les épines rameuses; les
pinces très-longues, tuberculées en dessous.
Parthenope giraffla. Fab.
Se trouve dans les Indes orientales,
Maja longue main, Maja longimana.
Le corcelet épineux ; les épines simples; les pinces
très-longues , unies en dessous.
Parthenope Zlongimana. — Fab. Rumph. Mus.
tab. 2. fig. 2. Petri». Amb. tab. 2. fig. 15. Séba.
Mus. 1. tab. 20. fig. 12. Herbst. tab. 19. fig. 105;
106.
DES MAJA. 251.
Voyez pl. 7. fig. 1, où il est représenté réduit des, .
deux tiers. «
Se trouve dans les mers d'Asie.
Maja horrible , Maja horrida.
Le corcelet aigu, noueux ; les pinces ovales; la
queue cariée.
Parthenope horrida. Fab, — Petir. Amb. tab. 1.
fig. 7. Rumph. Mus. tab. 9. fig. 1. Herbst. Canc.
tab. 14. fig. 88.
Se trouve dans les mers d'Asie.
Maja lar, Maja Jar,
Le corcelet inégal, à quatre dents; les bords épi-
nèux ; les pinces unies.
Parthenope Zar. Fab.
Se trouve dans l'Inde.
Maja vulgaire , Maja vulgaris.
Le corcelet épineux ; les pinces ventrues, épi-
neuses ; les doigts hérissés par des pinceaux de poils.
Parthenope maja. Fab. — Séba, Mus. 3. tab. 18.
fig. 10, et tab. 22. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 15.
fig. 87.
Se trouve dans les mers du Nord.
Maja douteux, Maja dubia.
Le corcelet uni; les pinces comprimées, ciliées ; les
pattes postérieures très- courtes et relevées sur le dos.
Parthenope dubia. F'ab.
Se trouve dans la mer des Indes.
Maja héros, Maja heros.
Le corcelet en cœur , antérieurement granuleux
et denté; le rostre bifide et épineux; les doigts des
pinces courts.
Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2.
Se trouve dans la mer des Indes.
252 HISTOIRE NATURELLE
Maja barbue , Maja larbata.
Le corceiet carré, antérieurement très -épineux 3
les antennes très-longues ; les pattes parsemées de gros
faisceaux de poils roux.
Herbst. Canc, tab. 42. fig. 3.
Se trouve dans la Méditerranée.
A pinces longues et, filiformes.
Maja scorpion, Maja scorpio.
Le corcelet velu, avec quatre épines droites; les
pattes antérieures tres-longues.
Tnachus scorpio. Fab.— Penn. Brit. Zool. 4.tab. 9.
fig. 16.
Se trouve dans la mer du Nord.
Maja phalange, Maja phalangium.
Le corcelet velu, avec trois épines droites antérieures
et des tubercules obtus postérieurs ; le rostre bifide.
Inachus phalangium. Fab, — Penn. Brit, Zool. 4.
tab- 0, fig. 17-
. Se trouve dans la mer du Nord.
Maja longirostre, HMaja longirostris.
Le corcelet épineux, épais, relevé; le rostre
pointu bifide.
Inachus Longirostris. Fab. —Herbst. Can. tab. 6.
fig. 92.
Voyez pl. 8. fig. 1, où il est représenté au tiers
de sa grandeur naturelle.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja à longs pieds, Maja longipes.
Le corcelet épineux ; les pinces ovales, hérissées de
tubercules ; les pattes postérieures très-longues.
Inachus longipes. Fab. — Rumph. Mus. tab. 6. fig. 4.
Herbst. Canc. tab. 16. fig. 03.
Se trouve dans la mer des Indes,
DES MAJA. 253
Maja porte-épine, Maja spinifer.
Le corceiet inégal , avec une seule épine sur sa partie
postérieure ; la seconde paire de pattes très-longue.
Inachus spinifer. Fab.
Se trouve dans les mers d’ Asie.
Maja lar, Maja Jar.
Le corcelet hérissé de poils; la ligne dorsale épi-
neuse, et une épine latérale de chaque côté.
Inachus lar. Fab,
Se trouve dans les Indes.
Maja hérisson, Maja erinacea.
Le corcelet couvert d’épines droites ; six beaucoup
plus longues sur les bords ; le rostre très-saillant , avec
deux épines fourchues à sa base, en dessous; les pinces
muriquées à leur base, à peine aussi grosses et aussi
longues que les pattes.
Voyez pl. 8. fig. 2, où il est représenté au tiers
de sa grandeur naturelle.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja sagittaire , Maja sagittartis.
Le corcelet ovale, uni; le rostre trés-long , dentelé
des deux côtés.
Inachus sagittarius.
Se trouve aux Antilles.
Maja macaron, Maja mascaronia.
Le corcelet presque uni, ovale, sans épines ; le
rostre bifide ; ses lobes bidentés.
Inachus mascaronius. Fab. — Sulz. ]ns. tab, 31.
fig. 1. Herbst. Canc. tab. 11. fig. 69.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja nasute , Maja nasuta.
Le corcelet épineux des deux côtés; le rostre bi-
Crustacés. I. 22
254 HISTOIRE NATURELLE
fide, avec deux dents en dessus et une seule em
dessous.
Inachus nasutus. Fab.
Se trouve dans la mer du Nord.
Maja angusté, Maja angustata.
Le corcelet atténué en avant, uni; le rositre épais,
velu , émarginé.
Inachus Angustatus.
Se trouve aux Indes orientales.
Maja faucheur , Maja opilio.
Le corcelet épineux ; le bord postérieur à trois
dents ; les pinces presque unies.
Ineachus opilio. Fab.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja condyle, Maja condyliata.
Le corcelet ovale, épineux, avec trois épines
droites au-dessus de la queue ; les pinces épineuses,
Inachus condyliatus. F'ab.—Herbst. Canc. tab. 18.
Bg. 90.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja tétraodon , Maya tetraodon.
Le corcelet ovale, inégal, très-épineux ; le rostre à
quatre épines, les deux intermédiaires réunies par le
base ; les pinces courtes, noduleuses.
Penn. Zool. Brit. 4. tab. 8. fig. 15.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja épineux , Maja aculeata.
Le corcelet épinenx des deux côtés; le rostre alonge
bifide, avec cinq dents en dessus et une en dessous
Inachus aculeatus. Fab.
Se trouve dans la mer du Nord.
DES MAJA. 255
.Maja goutteux , Maja chiragra.
Le corcelet noueux , inégal ; le rostre applali , tron-
qué ; les pattes noduleuses.
Inachus chiragra. — Herbst. Canc. tab. 19. fig. 96,
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja cornu , Haja rostrata.
Le corcelet velu, presque en cœur, avec deux longues
épines sur le dos ; les mains oblongues et comprimées.
Penn. Brist. Zool. tab. o. fig. 17. Jonst. Exsang.
tab. 6. fig. 13, 14. Rondelet. pag. 411, l'Araignée
de mer. Herbst. Canc. tab. 16. fig. 92.
Se trouve dans la mer du Nord et la Méditerranée.
Maja séticorne , Maja seticornis.
Le corcelet en cœur , inégal ; le rostre très-
alongé et terminé par une soie trois fois plus lon-
gue que lui; les pinces et les pattes très-longues.
Herbst. Canc. tab. 16. fig. 91.
Voyez pl. 7, fig. 2, où il est représenté au tiers
de sa grandeur naturelle,
Se trouve dans la Méditerranée,
Maja crapaud, Maja bufo.
Le corcelet en cœur, rugueux et noduleax; le
‘ postre bifide, avec une grosse dent derrière les yeux.
Herbst. Canc. tab. 17. fig. 95.
On ignore son pays natal.
Les pinces cylindriques , médiocres,
Maja muriqué, Maja muricata.
Le corcelet hérissé, inégal ; une ligne dorsale avec
deux épines de chaque côté ; quatre épines marginales ;
les pattes hérissées,
Inachus muricatus. Fab. — Herbst. Canc. tab. 12,
fig. 75, 76.
Se trouve dans les Indes orientales.
256 HISTOIRE NATURELLE
Maja hybride, Maja hybrida.
Le corce'et herisse, une ligne dorsale avec deux
épines de chaque côte; quatre epines marginales ; les
pattes nues à Jeur extrémiié.
JInachus hybridus. Fab.
Se trouve dans l'Inde.
Maja mouton , HMaja ovis.
Le corcelet ovale, hérissé, avec quatre épines de
chaque côté.
Inachus ovis. Fab.— Herbst. Canc. tab. 13. fig. 82.
Se trouve dans la mer des Indes.
Maja bélier, Maja hircus.
Le corcelet lanugineux, tuberculeux ; les bras
épineux ; les pinces unies.
JInachus hircus. Fab.
Se trouve à la Jamaïque.
Maja voleur , Maja prædo.
Le corcelet en cœur, latéralement épineux ; le
rostre à quatre épines, dont les intermédiaires sont
divergentes , plus longues et plus hérissées que toutes
les autres.
Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2.
Se trouve dans la Méditerranée.
Maja ours, Maja ursus.
Le corcelet ovale, couvert de paquets de poils; les
pinces unies.
Tnachus ursus. Fab.
Se trouve dans la mer du Sud.
Maja cornu , Maja cornuta.
Le corcelet épineux ; le rostre avec des épines en
forme de cornes barbues; les pinces arrondies.
DES MAJA. 297
Inachus cornutus F'ab.
Se trouve dans les mers d'Europe.
Maja araignée, Maja aranea.
Le corcelet inégal; les bords crénelés des deux
côtés, antérieurement dilatés et aigus.
Inachus erinaceus.— Jonst. Exsang. tab. 5. fig. 13.
Penn. Zool. Brist. 4. tab. 9. fig. 16. Herbst, tab. 13.
y otre
Se trouve dans les mers d Europe.
Maja squinado , Maja squinado.
Le corcelet ovale, inégal, granuleux , avec sept
grandes épines de chaque côté , hérissées de poils ; le
front à deux épines ; les pieds velus.
Rondezet, Hist. des poissons , fig. 402. Jonst. Exs.
tab. 5. fig. 5. Séba, Mus. tab. 18. fig. 2, 3. Petir.
Gazoph. 1. tab. 155. fig. 2. Herbst. Canc. tab. 14.
fig. 84, 85.
Voyez pl. 7. fig. 2, qui le représente à moitié de
sa grandeur naturelle,
St trouve dans la Méditerranée.
Maja ours , Maja ursus.
Le corcelet ovale , granuleux avec neuf épines iné-
gales de chaque côté; le front avec deux épines
obtuses. Le tout couvert de poils , excepté les pinces.
Herbst. Canc. tab. 14. fig. 86.
Se trouve dans les mers de l’Europe méridionale.
Maÿa supercilieuse , Maja superciliosa.
Le corcelet pyriforme , avec cinq épines de cha-
que côté ; les oculaires trifides ; le front bifide.
Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 11.
Se trouve dans la mer des Indes.
Maja spinipe, Maja sprnipes.
Le corcelet en cœur, velu, épineux en ses bords;
258 HISTOIRE NATURELLF.
les bras et les cuisses avec de grosses épines; leg
mains noduleuses ; les doigts excavés et denticulés.
Herbst. Canc. tab. 17. fig. 94. ;
Se irouve dans les mers d'Amérique.
_Maja pipa, Maja pipa.
Le corcelet presque en cœur, inégal , noduleux;
le front obtus; les pattes et les pinces couvertes d’é-
pines très-fines.
Séba, Mus. 3. tab. 58. fig. 7. Herbst. Canc. tab. 17.
fig. 97.
Se trouve dans la mer des Indes. Il porte ses œufs
sur le dos comme le crapaud pipa.
Maja bilobé, Maja Eiloba.
Le corcelet ovale, épineux en dessus et sur les
côtés; le front saillant, bilobé, épineux et tuber-
culeux. À
Rumph. Mus. tab. 8. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 18.
Hg. 98.
Se trouve dans la mer des Indes,
Maja hispide, Maja hispida.
Le corcelet en cœur, épineux en ses bords; Ja
front bifide ; les pattes et les bras hérissés d’épines;
les mains unies.
Herbst. tab. 18. fig. 100.
On ignore sa patrie.
FIN DU TOME PREMIER.
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