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Full text of "Histoire naturelle des crustacés : contenant leur description et leurs murs; avec figures dessinées d'après nature"

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HISTOIRE NATURELLE 


DES CRUSTACÉS. 


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HISTOIRE NATURELLE 
DES CRUSTACÉS, 


contenant leur Description et leurs 
Moœurs ; # 


AVEC FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE, 


rar L. À. G BOSC, 


Membre des Sociétés d'Histoire Naturelle de 
Paris, Bordeaux et Bruxelles ; de la Société 
Philomatique de Paris ; de la Société Linnéenne 
de Londres, et de l’Académie de Turin. 


TOME PREMIER. 


DE L’IMPRIMERIE DE GUILLEMINE®T. 


A HARRIS, 
Chez Dsrervirre, rue du Battoir, n° 16. 


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HISTOIRE NATURELLE 


DES CRUSTACÉS. 


INTRODUCTION. 


Les progrès des connoiïssances hu-. 
maines n'ont jamais suivi une marche 
régulière. On a remarqué, dans toutes 
les époques , qu'une branche étoit plus 
cultivée qu'une autre, sans qu’on püût 
assigner des causes à la préférence 
qu'on lui accordoit. Des circonstances 
presque toujours inconnues aux per- 
sonnes même sur lesquelles elles agis- 
sent, donnent aux études une direction 
particulière , aux travaux un mode 
déterminant, qui se fait sentir pendant 
une suite d'années , après lesquelles 
Crustacés. T 


2 INTRODUCTION. 


d’autres causes, du même genre, amè- 
nent à un nouvel ordre d'idées domi- 
nantes, et obligent les savans à porter 
leurs méditations sur des objets jus- 
qu’alors dédaignés. 

Cette observation s'applique à l’His- 
toire Naturelle encore plus qu'aux au- 
tres sciences. On a vu, malgré les ra- 
pides progrès qu'elle a faits depuis un 
siècle, quelques-unes de ses parties res- 
ter en arrière des autres, être négli- 
gées à un point inconcevable , sans 
qu'on puisse dire pourquoi, car plu- 
sieurs, parmi ces derniers, avoient un 
degré d'utilité plus réel , un but d'étude 
plus intéressant que d’autres jouissant 
de la faveur académique. 

_ Parmi les classes ainsi injustement 
délaissées, se présente celle des crus- 
tacés, de ces animaux analogues aux 
crabes etaux écrevisses, dont beaucoup 
fournissent un aliment agréable, ou 
sont pourvus d’une organisation remar- 


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INTRODUCTION: se] 


quable. On ne l'a que fort peu observée 
jusqu’à présent , et la France ne pos- 
sède aucun ouvrage propre à la faire 
connoître comme elle le mérite. 

Les Grecs appeloient les crustacés 
Mananostoamer, et les Latins Crustacea ; 
c'est-à-dire couverts d'une croûte dure ; 
mais non pierreuse, comme celle des 
coquillages. 

Aristote leur a consacré un chapitre 
entier, où 1l les considère sous tous 
les rapports, et où 1l décrit les espèces 
les plus connues de son temps. Athé- 
née et Hypocrate les mentionnent dans 
leurs ouvrages, à raison de leur usage 
dans les alimens et en médecine. 

Pline en a également parlé ; mais 1} 
s'étend cependant moins à leur égard 
qu'Aristote. On les trouve encore rap- 
pelés, par occasion, dans quelques au- 
tres auteurs anciens. 

Tous ces auteurs, soit grecs, soit la- 
tins, ont considéré les crustacés comme 


4 INTRODUCTION. 


faisant partie de la classe des poissons , 
ou mieux, Comme une classe à part, 
intermédiaire entre les poissons et les 
coquillages. 

Les premiers Naturalistes modernes 
qui ont écrit sur les crustacés, tels 
que Rondelet, Bélon , Gesner, Aldro- 
vande , Jonston, en firent également 
une classe particulière, immédiatement 
placée après les poissons ou les mollus- 
ques. 

Mais lorsque Linnæus voulut faire 
la grande réforme, qu'on lui doit, dans 
toutes les parties de l'Histoire Natu- 
relle , 1} trouva que les crustacés a yant 
des antennes, des pattes articulées en 
charnière , et une enveloppe crustacée, 
devoient être placés parmi les insectes, 
et en conséquence 1l les mit , sans con- 
sidérer leur organisation intérieure , 
dans la classe des insectes sans ailes, 
ou aptères. Non seulemeni 1l a commis 
celte erreur, qui, quoique conséquente 


INTRODUCTION. 5 
à ses principes, auroit dû être évitée 
par lui, mais, encore, 1l n'a pas porté 
sur les crustacés toute l'attention inves- 
tisatrice dont 1l étoit pourvu. Il n’a 
cherché ni à étudier les caractères d’a- 
près lesquels on pouvoit les diviser en 
plusieurs £enres, nià débrouiller lechaos 
de leurs espèces. Il s'est contenté de les 
diviser en deux grandes sections , c'est 
à-dire en CRUSTACÉS BRACHYURES, 
queue courte , et en CRUSTACÉS MA- 
CROURES, queue longue, et de décrire 
les espèces les plus saillantes , celles 
dont la synonymie n’étoit point dou- 
teuse. Enfin, ce grand Naturaliste a été 
si fort au-dessous de {lui-même dans 
ses travaux sur les crustacés, qu'il a 
oublié presque toutes les petites es- 
pèces, si communes en Suède comme 
par-tout ailleurs; espèces que Muller 
a fait connoiître depuis sous le nom gé- 
néral d'insectes testacés, ou entomos- 
tracés. 


(] INTRODUCTION. 

Depuis la premuère édition du $ys- 
tema Naturæ de Tannæus , jusqu'à l'ap- 
parition du Système entomologique de 
Joh. Chri. Fabricius, ona fait connoitre, 
par descriptions et gravures, beaucoup 
d'espèces de crustacés ; mais, à l'excep- 
tion de l'ouvrage de Muller, cité plus 
haut, 1l n’a rien été imprimé qu’on 
puisse dire avoir amélioré les principes 
de la science. Quelques auteurs ont 
bien distingué les crabes des écrevisses , 
mais sans s'appuyer de raisons suffisam- 
ment valables. 

C'est donc à Fabricius, à ce célèbre 
entomologiste , qui a fait faire des pro- 
grès si rapides à l'étude des insectes, 
que l'on doit la première amélioration 
qui ait été tentée dans la classification 
des crustacés. 

Comme élève de Linnæus , et par- 
tant du principe, alors généralement 
reconnu , que les crustacés étoient des 
insectes , il les soumit à la méthode 


INTRODUCTION. 7 


qu'il a créée. En conséquence , il ana- 
lysa leur bouche, leurs instrumens du 
manger , pour se servir de ses expres- 
sions, et le résultat de son examen le 
porta à en faire une classe particulière, 
qu'il appela agonata , et dont le carac- 
tère fut, en langue systématique , Os 
maxtillis palpisque quatuor aut sex, 
mazxill@ inferiore nulla. T1 plaça cette 
classe entre les synistata, qui com- 
prennojent les ichneumon, les guêpes, 
les abeilles, etc. , et les unogata, qui 
comprenoient les libellules , les arai- 
gnées, etc. 

Fabricius rapporta à cette classe le 
genre du scorpion, et 1l divisa les can- 
cer de Linnæus, c'est-à-dire tous les 
crustacés connus , aux entomostracés de 
Muller près, en cinq genres, savoir : 


Les Crabes, Cancer ; dont le carac- 
tère fut quatre palpes (1) couvrant la 


(1) Les palpes sont, dans Fabricius, ce 


è INTRODUCTION. 


bouche, et quatre antennes filiformes, 
dont les postérieures ont la dernière 
articulation divisée en deux. 

Ce sont les crabes et les cancres des 
auteurs français. 


Les Pagures, Pagurus ; dont le ca- 
ractère fut quatre antennes pédoncu- 
lées , inégales, les antérieures sétacées, 
les postérieures fliformes , avec la der- 
mère articulation bifñde. 

Ce sont les bernard l'hermite des 
auteurs français. 


Les Scyllares , Scyllarus ; dont le 
caractère fut deux antennes filiformes, 
dont la dernière articulation est bifide ; 
deux écailles à deux articulations , en 
place des antennes postérieures. 

La squille large des Francais. 


que Geoffroy appelle les antennules, c’est- 
à-dire, ces organes alongés , articulés, qui 
se voient à côté de Ja bouche. 


INTRODUCTION. 9 


Les écrevisses , Astacus ; dont le ca- 
‘ractère fut quatre antennes pédoncu- 
lées, les antérieures alongées, sétacées, 
les postérieures divisées en deux. 

Ce sont les homars , les écrevisses 
des Français. 


Les Crevettes, Gammarus ; dont le 
caractère fut quatre antennes simples , 
sessiles, les antérieures courtes , eten 
alènes, les postérieures sétacées. 

Ce sont les crevettes des Français. 


Quant aux autres crustacés, aux en- 
tomostracés de Muller, Fabricius les 
réunit tous sous le nom générique de 
Monoculus, ainsi que Linnæus l’avoit 
fait, et les plaça au commencement de 
la classe des synistates , à côté des clo- 
portes , et leur donna pour caractère 
quatre palpes, dont les antérieures sont 
filiformes , et des antennes souvent ra- 
meuses. 


10 INTRODUCTION. 


Fabricius conserva cet ordre de 
choses dans son Species et son Mantissa 
ensectorum ; mais 1l fit quelques chan- 
gemens dans l'édition suivante, inti- 
tulée, Entomologia systematica. 

Là , on ne voit plus les scorpions 
avec les crustacés; mais on y trouve 
les monocles, et trois genres de plus, 
savoir : 


Hippa , dont le caractère est deux 
antennes pédonculées , sétacées , cou- 
vertes de poils ; 


Limulus , dont le caractère est qua- 
tre palpes de chaque côté ; les trois 
postérieurs armés de pinces ; les man- 
dibules armées également de pinces , 
et les antennes nulles ; 


Cymothoa , dont le caractère est : 
bouche sans palpes et sans mandi- 
bules ; quatre antennes égales et ses- 
siles. | 


INTRODUCTION. x 


Dans toutes ces éditions, Fabricius 
avoit réuni, aux espèces Gont 1l avoit 
d'abord étudié le caractère, toutes les 
nouvelles espèces dont 1l s'étoit procuré 
la vue, et ce, sur leur apparence gé- 
nérale , leur faces, comme disent les 
Naturalistes, sans s'assurer, par l’ana- 
tomie de leur bouche , si réellement 
ils appartenoient aux genres parmi les- 
quels il les plaçoit. D'un autre côté, le 
nombre des espèces, sur-tout dans les 
genres crabe et écrevisse, étoit devenu 
si nombreux , qu'elles exigeoient de 
nouvelles coupures pour pouvoir être 
étudiées avec facilité. 

Ces considérations déterminèrent 
Fabricius , que domine le seul desir 
de voir se perfectionner la science, 
qu'il cultive avec tant de succès , à 
publier, dans un supplément qu'il vient 
de faire paroître , un très-grand travail 
de son élève et ami Daldorf ; travail 
qui change entièrement de face ce qui 


12 INTRODUCTION. 
avoit été fait jusqu'à présent sur les 
crustacés. 

Le travarl de Daldorf , adopté par 
Fabricius, est d’une grande importance, 
et peut même être regardé comme 
fondamental. On en auroit donné 1ic1 
la traduction entière, si les bornes de 
l'ouvrage l’avoient permis. On se con- 
iente en conséquence, de donner une 
traduction des caractères génériques 
abrégés, tels que Fabricius les a fat 
imprimer à la tête de chaque genre. 

D'abord , 1l faut savoir que l’ancienne 
classe agonata a été supprimée , et rem- 
placée par trois autres, qui portent de 
nouveaux noms. 

La première classe, la neuvième du 
Système Entomologique, K LELSsT AG- 
NATHA , Contient quatorze genres. 
Ses caractères sont plusieurs mâchoires 
extérieures à la lèvre, et couvrant la 


bouche. 


INTRODUCTION. 15 


Crabe , Cancer. Quatre antennes 
presque égales ; les intérieures compli- 
quées, rapprochées , repliées dans une 
fossette creusée au bord de la tête; 
les extérieures sétacées , insérées sur 
une saillie du bord du front. 


Calappe, Calappa. Quatre antennes 
presque égales ; les extérieures sétacées, 
insérées dans une fossette sous l’œ1l; les 
intérieures à quatre articulations anten- 
nuliformes ; le dernier article bifide. 


Ocypode , Ocypoda. Deux antennes 
très-courtes, sétacées, insérées dans 
une excision à la base des yeux. 


Leucosie , Leucosia. Deux antennes 
antennuliformes, à quatre articulations, 
se logeant dans une fossette proémi- 
nente du front. 


Parthenope, Parthenope. Quatre an- 
tennes presque égales ; les extérieures 
sétacées , insérées dans une excision 

Crustacés. 2 


14 INTRODUCTION. 


sous les yeux ; les intérieures antennu- 
liformes , compliquées, se cachant dans 
une fossette latérale et inférieure du 
rostre. 


Inachus , Inachus. Quatre antennes 
égales ; les extérieures sétacées , insé- 
rées dans une denture du rostre ; les 
intérieures antennuliformes | compri- 
mées, en pinces, se repliant dans une 
fossette latérale et inférieure du rostre. 


Dromie , Dromia. La partie ex- 
térieure des mâchoires extérieures en 
forme de fouet; quatre antennes, les 
intermédiaires antennuliformes; la pre- 
mière articulation anguleuse, ayant un 
canal qui recoit les autres. 


Dorippe, Dorippe. Les mâchoires 
secondaires ayant leur partie exté- 
rieure , osseuse à son extrémité, placée 
entre les antennes. Quatre antennes; 
les extérieures sétacées , insérées sur 


INTRODUCTION. 15 


une fossette des intérieures, qui sont 
antennuliformes. 


Orithie, Orithia. Les mâchoires ex- 
térieures a yant une découpure latérale , 
lancéolée, aiguë et courte. Quatre an- 
tennes inégales ; les intérieures plus 
longues , antennuliformes. 


Portune , Portunus. Tes mächoires 
extérieures ayant une découpure laté- 
rale en forme de fouet. Quatre antennes 
inégales ; les extérieures plus longues, 


sétacées ; les intérieures antennuli- 
formes. 


Matute, Matuta. Deux antennes 
courtes , antennuliformes , recourbées 
dans la fossette des yeux , à quatre 
articulations ; la quatrième plus courte, 
recourbée, en alène , bifide. 


Hippe, Hippa. Quatre antennes pé- 
donculées , inégales ; les intérieures 
‘plus courtes , bifides ; les divisions 


16 INTRODUCTION. 

sétacées , ciliées des deux côtés , insé- 
rées entre les pédoncules des yeux ; 
les extérieures épaisses , filiformes , 
contournées sur elles-mêmes , ciliées 
des deux côtés , cachées sous la mâ- 
choire extérieure. 


Symethis, Symethis. Deux antennes 
très-courtes à quatre articulations, re- 
courbées dans une fossette du rostre. 


Limule , Limulus. Quatre anten- 
nules de chaque côté ; les trois posté- 
rieures en pinces. Les antennes nulles. 


Classe seconde, la dixième du Sys- 
téme Entomologique. 

ExocxnATA. Plusieurs mâchoires 
extérieures à la lèvre , couvrant les 
antennules. 


Albunée, Albunea. Quatre anten- 
nes inégales , pédonculées ; les inté- 
rieures très - longues , sétacées , inté- 
rieurement ciliées sur deux rangs ; le 


INTRODUCTION. 17 


pédoncule excavé en dessous ; les ex- 
térieures très-courtes , épaisses, com- 
primées , ciliées des deux côtés ; le 
pédoncule bifide. 


Scyllare, Scyllarus. Quatre antennes 
inégales ; les intérieures un peu lon- 
gues , filiformes ; la dernière articula- 
tion bifide ; les extérieures élargies , 
applaties, épineuses et ciliées. 


Palinure , Palinurus. Quatre anten- 
nesinésales, pédonculées; le pédoncule 
à articulation simple; les intérieures 

a , » , 
plus courtes , sétacées , bifides , sans 
épines ; les extérieures très - longues , 
sétacées, épineuses. 


Palæmon, Palæmon. Quatre anten- 
nes inégales , pédonculées ; les supé- 
rieures plus courtes, bifides, sétacées, 
la découpure intermédiaire plus courte; 
les inférieures très-longues , sétacées , 
simples. 


se 


18 INTRODUCTION. 


Alphée, 4A/phœus. Quatre antennes 
pédonculées, inégales , sétacées ; les 
intérieures courtes, bifides ; les exté- 
rieures plus longues, simples ; la pre- 
mière articulation du pédoncule portant 
une écaille à sa base. 


Écrevisse, Astacus. Quatre antennes 
pédonculées , inégales , sétacées ; Les in- 
térieures plus courtes, bifides; les ex- 
térieures simples ; la première articu- 
lation des pédoncules épineuse à son 
extrémité, 


Péné, Penaeus. Quatre antennes 
inégales , sétacées , pédonculées , insé- 
rées les unes sur les autres ; les supé- 
rieures plus courtes, bifides ; les infé- 
rieures très-longues , simples ; la pre- 
mière articulation du pédoncule avec 
une écaille bifide , la découpure exté- 
rieure épineuse. 


Crangon, Crangon. Les antennules 


Ed 

INTRODUCTION: 19 
extérieures épaisses, ciliées , bifides ; 
la découpure extérieure plus courte , en 
forme d'éventail. Quatre antennes pé- 
donculées , inégales ; les intérieures 
plus courtes, bifides ; les extérieures 
très-longues , sétacées ; le pédoncule 
appuyé contre une écaille cihiée. 


Pagure, Pagurus. Quatre antennes 
pédoncuülées ; les intérieures filiformes, 
le dermer article bifide, le pédoncule 
à une seule articulation et épineux ; les 
extérieures sétacées. 


Galathée, Galathea. Quatre anten- 
nes inégales , pédonculées ; Îles inté- 
rieures courtes, filiformes, à trois arti- 
culations, dont la dernière est bifide ; 
la découpure inférieure sétacée, à beau- 
coup d’articulations ; la supérieure en 
faulx ; les extérieures sétacées à pédon- 
eule simple. 


Squille, Squrlla, Quatre antennes 


20 INTRODUCTION: 

presque égales, pédonculées ; les inté+ 
rieures plus longues, bifides ; Les exté: 
rieures simples, à pédoncule bifide. 


Posydon , Posydon. Les antennules 
extérieures foliacées, onguiculées à leur 
extrémité. Quatre antennules sétacées , 
à pédoncule simple. Les intérieures 
plus courtes, bifides. 


Crevette, Gammarus. Quatre an- 
tennes très-simples , pédonculées ; les 
antérieures courtes, subulées ; les pos- 
térieures séfacées. 


Classe troisième, la huitième du Sys- 


tème Entomologique. 
PoLziIGoNATA. Plusieurs mâchoires 


entre les lèvres. 


Cloporte , Onrscus. Deux antennules 
de chaque côté attachées à la lèvre ; 
deux antennes filiformes. 

Ligie, Lioia. Point d'antennules z 

[e 
eux antennes sétacées. 


INTRODUCTION. 21 


Tdoté, Idotea. Quatre antennules ; 
quatre antennes sétacées ; les inférieures 
plus longues. 


Cymothe , Cymothoa. Deux anten- 
nules sétacées ; quatre antennes égales, 
sétacées. 


Monocle , Monoculus. Quatre an- 
tennules de chaque côté ; dont les ar- 
ticulations décroissent insensiblement ; 
les antennes très-courtes. 


Dans l'intervalle qui s’est écoulé en- 
tre la troisième et la cinquième édi- 
tion de l'Entomologie de Fabricius , 
J.F. W. Herbst publia une Histoire 
Naturelle des Crabes, en allemand, 
avec un très-grand nombre de figures. 
Cet ouvrage n’est qu’une compilation ; 
mais 1l présente l'ensemble le plus 
complet qu'on possède encore sur les 
crustacés , et 1l, paroît aussi bien fait 


22 INTRODUCTION. 


qu’on a droit de l’exiger; mais on ne 
le cite ici que pour observer qu'il a 
conservé le genre de Linnæus dans son 
intéorité; que , comme Gmelin, dans 
son édition du Système de la Nature, 1l 
s’est contenté de former des divisions 
avec les genres de Fabricius , tels qu'ils 
étoient avant le travail perfectionné 
dont 1l vient d'être question. 

On auroit dû parler , 1l y a déjà long- 
temps, de l'ouvrage de Muiler, attendu 
que sa date est antérieure à la dernière 
édition de Fabricius ; mais la nature 
presque microscopique des animaux 
dont il parle , détermine à les placer 
à la fin de la classe des crustacés , et 
on n'a pas voulu interrompre l'exposi- 
tion des travaux faits sur les grandes 
espèces. 

Plusieurs des entomostracés de Mul- 
ler ont été connus avant lui sous diffé- 
rens noms ; On en trouve de décrits par 


Joblot , Baker , FKrisch , Réaumur , 


INTRODUCTION. 23 


Degeer , Ledermuller et Geoffroy ; 
mais c'est ce dernier, qui, le premier, 
les caractérisa d'une manière précise, 
sous les noms génériques de Monocles 
et de Binocles, genres réunis par Lan- 
næus, et qui forment les deux grandes 
divisions de Muller. 

Les entomostracés ont une organisa- 
tion propre, comme on le verra par 
la suite, que Muller compare, savoir, 
pour les amymones et les nauplies , à 
celle des patelles ; pour les argules et 
les limules , aux écrevisses ; pour les 
polyphèmes et les cyclops, aux crabes; 
pour les calliges , aux lernées ; et enfin, 
pour les cythérées, les cyprides, les l'yn- 
cées, et les daphnies, aux coquillages 
bivalves. Ces rapprochemens sont cer- 
tanement frappans au premier coup- 
d'œil ; mais 1ls ne soutiennent pas un 
examen approfondi : aussi Muller ne 
les donne-t-1l que pour ce qu'ils va- 
lent. 


24 INTRODUCTION. 


Les caractères génériques des ento- 
mostracés sont très-simples. 


Première classe. Les monocles ; qui 
n'ont qu'un œil. 


Première division. Les monocles uni- 
valves, c’est-à-dire qui ont leur dos 
couvert d’un bouclier d’une seule pièce. 


Amymone, Amymone. Quatre pieds. 

Nauplie, Nauplius. Six pieds. 

Deuxième division. Les monocles 
bivalves, c'est-à-dire qui oni leur dos 
couvert d’un bouclier de deux pièces. 

Cypride , Cypris. Quatre pieds. 

Cythère, Cythere. Huit pieds. 

Daphnie , Daphnia. Huit à douze 
pieds. 


Troisième division. Les monocles 
crustacés , C'est-à-dire qui ont leur dos 


INTRODUCTION. 25 
couvert d’un bouclier de plusieurs 
pièces. 


Cyclops, Cyclops. Huit pieds et deux 


antennes. 


Polyphème, Polyphemus. Huit pieds 


et point d'antennes. 


Deuxième classe. Les binocles; ceux 
qui ont deux yeux. 


Première division. Les binocles uni- 
valves, c’est-à-dire dont le dos est cou- 
vert d’un bouclier d'une seule pièce. 


Argule , Argulus. Les yeux infé- 


rieurs. 


Calige, Caligus. Les yeux margi- 
naux. 


Limule, Limulus. Les yeux supé- 
rIEUTS. 


Deuxième division. Les binocles bi- 
valves, c'est-à-dire dont le dos est cou- 


vert d'un bouclier de deux pièces. 
Crustacés. 3 


20 INTRODUCTION. 


Lyncée , Lynceus. Les yeux laté- 


Faux. 


Muller considéroit aussi les animaux 
qui composent les genres dont on vient 
de lire l’énumération, comme des in- 
sectes. 

Cuvier, dans les tableaux qui sont 
à la suite de ses leçons d'anatomie com- 
parée , a , le premier, réformé l'erreur 
introduite par Linnæus dans la classi- 
fication des crustacés. Ce savant ana- 
tomiste, ayant reconnu que les crus- 
tacés respiroient uniquement par des 
branchies , en a formé une classe par- 
ticulière, qu'il a placée entre les vers 
et les insectes. IL les divise en deux 
grandes sections , les monocles , qui 
comprennent cinq genres , et les écre- 
visses, qui en renferment sept. Com- 
me 1l na pas encore publié le texte 
qui doit servir d'appui à ces ta- 
bleaux, on ne peut pas entrer ici dans 


INTRODUCTION. 27 


de plus grands développemens à leur 
égard. 

Lamarck, saisissant l’appercu de Cu- 
vier, lui a donné de grands dévelop- 
pemens dans son ouvrage sur ses ani- 
maux invertébrés. Là, 1l a aussi fait 
une classe particulière des crustacés, 
classe qu'il a placée entre les mollus- 
ques et les arachnides , autre classe 
qui lui est due, et qui lie fort bien les 
crustacés aux insectes. 

L'organisation, dit donc Lamarck, 
étant , de toutes les considérations, la 
plus essentielle pour guider dans une 
distribution méthodique et naturelle 
des animaux, ainsi que pour déter- 
miner, parmi eux, les véritables rap- 
ports, 1l en résulte que les crustacés 
respirant uniquement par des bran- 
chies , à la manière des mollusques, 
et ayant comme eux un Cœur mus- 
culaire , doivent être placés immédia- 
tement après eux. 


20 INTRODUCTION. 


Outre la considération du cœur des 
crustacés, des branches dont 1ls sont 
munis pour leur respiration, et de leur 
défaut de stigmats , et par conséquent 
de trachées , ils ont encore la faculté 
de s’accoupler et d'engendrer plusieurs 
fois pendant leur vie, ce qu'ils ont de 
commun avec les mollusques, et ce qui 
les distingue fortement des insectes qui 
ne jouissent nullement de cet avantage. 

D'autre part, les animaux qui ter- 
minent la classe des mollusques, les 
balanites et les anatifs, ont des tenta- 
cules articulés | et semblent vérita- 
blement former le passage des mollus- 
ques aux crustacés d'une manière re- 
marquable. 

Un autre rapport qui rapproche en- 
core les crustacés des mollusques peut 
être emprunté de la considération des 
yeux. En effet, on sait que dans beau- 
coup de mollusques les yeux sont élevés 
sur des pédicules mobiles, et qu'ils sont 


INTRODUCTION. 20) 


situés, soit à l'extrémité de ces pédicu-. 
les , soit au-dessous de cette extrémité. 
On retrouve exactement la même chose. 
dans beaucoup de crustacés, avec cette 
différence que, dans ceux-ci, les pédi- 
cules ayant une peau dure et crustacée 
ne peuvent pas être aussi contractiles. Ils 
le sont effectivement un peu moins, 
et ne servent pas davantage. 

On va donner l'exposé du travail de 
Lamarck; mais auparavant 1l convient 
d'observer que , quoique la manière 
d'être des crustacés, et les faits ana- 
tomiques qu'ils présentent , engagent 
ici à adopter l'opinion de Cuvier et de 
Lamarck , et qu'on soit déterminé à en 
faire une classe particulière, il est en- 
core permis de penser que cette opéra- 
tion est peut-être prématurée. Latreille,, 
dans les préliminaires d’un savant ira- 
vail sur les crustacés, préliminaire dont 
il a permis de faire usage 1c1, remarque 
que la squulle mante et la creveite des 


39 {INTRODUCTION 


ruisseaux sont certainement des crus- 
tacés , et que, cependant l'organe qu’on 
suppose étre leur cœur ne diffère pres- 
qu'en rien du vaisseau ordinaire que 
Yon voit dans les insectes; organe se 
dilatant, se contractant sans cesse, et 
auquel on refuse la fonction du cœur. 
Il ajoute que Cuvier a disséqué, en sa 
présence, la squille mante, et s'est con- 
vaincu de ce fait, relativement à ce 
crustacé. Quant à la crevette des ruis- 
seaux, 1l n'y a pas besoin de dissec- 
tion pour s'assurer que le vaisseau en 
question occupe toute la longueur du 
corps, et qu'il jouit d'un mouvement 
de systole et de diastole. Il suffit de 
regarder un de ces animaux, vivant, 
à travers le jour. Sa demi-transparence 
permet de voir ée qui se passe dans 
son COTPS. | 

Mais 1l faut laisser à Cuvier, et aux 
autres anatomistes de sa force, le soin 
de multplier les observations pour 


INTRODUCTION. 51 


éclairer cette partie encore obscure de 
l'Histoire Naturelle : 1l faut revenir 
à l'exposition du système de Lamarck 
sur les crustacés. 

Ce savant Naturaliste divise les crus- 
tacés en deux grandes sections. Les 
crustacés pédiocles et les crustacés ses- 
siliocles, C'est-à-dire, ceux qui ont les 
yeux distincts, élevés sur des pédicules 
mobiles, et ceux qui ont les yeux dis- 
tincts ou réunis, mais constamment 
fixées et immobiles, 

Ces deux divisions sont fort natu- 
relles, et satisfont l'esprit lorsqu'on ne 
considère que l’ensemble de la classe ; 
mais quand on entre dans le détail de 
l'étude des genres, et encore plus dans 
celle des espèces, on est souvent em- 
barrassé par les nombreuses anomalies 
qui se présentent, et on est déterminé 
à croire qu'il est possible de trouver 
des moyens de division sujets à moins 
d'inconvéniens. 


22 INTRODUCTION. 

Pour mettre le lecteur à portée d'ap- 
précier le travail de Lamarck, on ne 
peut mieux faire que de donner ici le 
développement de ses genres. 


CRUSTACÉS PÉDIOCLES. 


1. Crustacés à corps court, ayant une queue 
nue, sans feuillets, sans crochets , sans 
appendices latéraux, et appliquée contre 
le dessous de l’abdomen. Cancri brachyuri 
de Linnæus. 


À. Crustacés dont le corps est arrondi 
ou obtus antérieurement. 


Crabe , Cancer. Quatre antennes 
courtes, inégales; les deux intérieures 
coudées ou phées, à dernier article 
bifide ; les deux extérieures sétacées. 
Corps court, plus large antérieure- 
ment, ou dans la partie moyenne , que 
postérieurement. Dix pattes onguicu- 
lées; les deux antérieures terminées en 
pointes. Cancer pagurus. Fab. 


INTRODUCTION. 33 
Calappe, Calappa. Quatre antennes, 
comme celles des crabes. Corps court, 
plus large postérieurement , et ayant 
ses bords latéraux postérieurs très- 
dilatés, tranchans et saillans en demi- 
voute. Dix pattes onguiculées, se re- 
tirant , dans le repos, sous les cavités 
du côté du corps; les deux antérieures 
terminées en pinces , et ayant les mains 
comprimées, eten crête. Calappa gra- 
nulata. Fab. 


Ocypode, Ocypoda. Quatre anten- 
nes très-courtes et inégales. Pédicules 
des yeux alongés, insérés chacun dans 
l'angle latéral du chaperon, et occu- 
pant le reste de la longueur du bord 
antérieur. Corps presque carré, à cha- 
peron étroit, rabattu en devant. Dix 
pattes onguiculées; les deux antérieures 


terminées en pinces. Ocypoda ceratoph- 
thalma. Fab. 


Grapse, Grapsus. Quatre antennes 


34 .INTRODUCTION. 


courtes, articulées , cachées sous le cha- 
peron. Les yeux aux angles du chape- 
ron, et à pédicules courts. Corps dé- 
primé , presque carré , à chaperon 
transversal , rabattu en devant. Dix 
pattes onguiculées ; les deux anté- 
rieures terminées en pinces. Cancer 


grapsus. Fab. 


Doripe, Doripe. Quatre antennes ; 
les intérieures palpiformes , les exté- 
rieures sétacées. Corps déprimé, cor- 
diforme, plus large postérieurement , 
rétréci, mais tronqué dans sa partie 
antérieure. Dix pattes onguiculées; les 
deux antérieures terminées en pinces ; 
les quatre posiérieures dorsales et pre- 
nantes. Cancer granulatus. Fab. 


Porture, Portunus. Quatre antennes 
inégales , petites, articulées ; les exté- 
rieures sétacées et plus longues. Corps 
Jarge , court, déprimé, denté sur les 
bords, et rétréci postérieurement. Dix 


INTRODUCTION. 35 


pattes, dont les deux postérieures sont 
terminées par une lameapplatieetovale. 
Portunus depurator. ab. 


Podophitalme ; Podophtalmus. Qua- 
tre antennes articulées , inégales; les 
extérieures sétacées , plus petites; pé- 
dicules des yeux très -rapprochés à leur 
insertion, et aussi longs que le bord 
antérieur. Corps large, court, déprimé, 
anguleux et pointu latéralement. Dix 
pattes ; les deux antérieures terminées 
en pinces ; les deux postérieures ter- 
minées par une lame ovale. 

Une espèce de ce genre est au Mu- 
séum National. 


Matute, Matuta. Quatre antennes ; 
deux intérieures quadriarticulées , à 
dernier article bifide : deux extérieures 
plus courtes, et peu apparentes. Corps 
court, déprimé , plus large antérieu- 
rement, ou dans sa partie moyenne. 
Dix pattes; les deux antérieures ter- 


36 ENTRODUCTION. 


minces en pinces ; toutes les autres ter- 
minées par une lame plate et ovale. 
Matuta victor. Fab. 


B. Crustacés à corps rétrécr et avancé 
en pointe antérieurement. 


Maja, Maja. Quatre antennes; les 
intérieures palpiformes; les extérieures 
sétacées. Corpsovale, conique, pluslarge 
postérieurement, rétréci en pointe dans 
sa partie antérieure; dix pattes, toutes 
onouiculées ; les deux antérieures ter- 
minées en pinces. Cancer Eriocheles, 
Oliv. Ency. Herbst. Canc. Tab. 15. 
Jig. 67. pour LOUE quiont les bras courts. 
Cancer langimana. Rumph. Herbst. 
Canc. Tab. 19. fig. 105 pour ceux qui 
ont les bras longs. 


C. Crustacés à corps suborbiculaire. 


Porcellane, Porcellana. Quatre an- 
tennes inégales ; les deux extérieures 
cs 0 L4 ? 2 , 
très-Jongues, sétacées, multiarticulées, 


INTRODUCTION. 37 


et insérées derrière les yeux. Corps 
suborbiculaire, à queue repliée en des- 
sous. Dix pattes onguiculées : les deux 
antérieures terminées en pinces; les 
deux postérieures très-pelites. Cancer 
platycheles. Olhiv. Ency. Herbst. Canc. 
Tab 2. fig. 26. 


Leucosie, Leucosia. Deux ou quatre 
antennes, petites, quadriarticulées, in- 
sérées entre les yeux. Corps subor- 
biculaire, plus ou moins convexe, quel- 
quefois renflé, à queue nue, repliéeen 
dessous. Dix pattes , toutes onguicu- 
lées; les deux antérieures terminées en 
pinces. Leucosta craniolaris. Fab. 


Arctopsis, Arctopsis. Six antennes 
droites, très-longues, simples, garnies 
de poils verticillés. Corps ovale-coni- 
que, pointu antérieurement. Dix pattes 
onguiculées ; les deux antérieures ter- 
minées en pinces. 


Crustacés, I, 4 


38 INTRODUCTION. 


4‘ 


2.° Crustacés à corps oblong , ayant une 
queue , alongée, garnie d’appendices, ou de 
feuillets , ou de crochets. Cancri macrourt. 
Linnæus. 


Albunée, A/bunea. Quatre antennes 
inégales, ciliées; lesintérieures très-lon- 
gues, sétacées , simples. Corps oblons ; 
queue presque nue. Dix pattes , dont 
les deux antérieures sont terminées en 
pinces. A/bunea dentata. Fab. 


Hippe, Hippa. Quatre antennes iné- 
gales, ciliées. Les intérieures plus cour- 
tes’et bifides ; corps oblong ; queue 
munie d'appendices latéraux à son or1- 
gine. Dix pattes, toutes dépourvues de 
pinces. Hippa adactyla. Fab. 


Ranine , Ranina. Quatre antennes 
courtes ; les deux intérieures à dernier 
article bifide. Corps oblong, cimér- 
forme , tronqué antérieurement; queue 
petite, ciliée sur les bords, Dix pattes; 


INTRODUCTION. 39 


les deux antérieures terminées en pin- 
ces ; les quatre postérieures terminées 
en nageoires. Cancer raninus. Rum- 


phius. Herbst. Tab. 22. fio. 1. 


Scyllare , Scyllarus. Deux antennes 
filiformes , articulées, bifides au som- 
met. Deux feuillets en crètes, dentés, 
cihés, articulés inférieurement, tenant 
lieu d'antennes extérieures. Corcelet, 
grand ; large queue ; garnie d’écailles 
natatoires. Dix pattes antérieures, non 
chélifères. Scyllarus antarticus. Fab. 


Écrevisse, Astacus. Quatre antennes 
inégales, les intérieures plus courtes, 
multiarticulées, divisées en deux pres- 
que jusqu à la base. Corps oblong sub- 
cylindrique , terminée antérieurement 
par une pointe courte, saillante entre 
les yeux ; queue grande , garme d'é- 
cailles natatoires. Dix pattes, dont les 
antérieures sont terminées en pinces. 
Astacus fluviatilis. Wab, 


40 INTRODUCTION. 


Pagure | Pagurus. Quatre antennes 
inésales ; les intérieures courtes, bifides 
au sommet ; les extérieures longues et 
sétacées. Corps oblong. Queue molle 
ou non crustacée , ayant des crochets 
à son extrémité. Dix pattes; les deux 
antérieures munies de pinces. Pagurus 
bernardus. Fab. 


Galathée, Galathea. Quatre anten- 
ues inégales ; les deux intérieures fort 
courtes , triarticulées, à dermier article 
bifide. Les extérieures longues et sé- 
tacées. Corps oblong ; queue grande, 
garnie d'écailles natatoires. Dix pattes ; 
les antérieures terminées en pinces. 


Galathea strigosa. Fab. 


Palinure, Palinurus. Quatre anten- 
nes inégales ; les intérieures plus cour- 
tes, mutiques, bifides au sommet; les 
extérieures très-longues, sétacées et his- 
pides. Corps et queue des écrevisses. 
Dix paties, toutes onguiculées , dé- 


INTRODUCTION. 41 


pourvues de pinces, et ayant des brosses 
ou faisceaux de poils à leur extrémité. 
Palinurus homarus. Fab. 


Crangon, Crangon. Quatre antennes; 
deux antérieures courtes et bifñdes ; 
deux extérieures fort longues, sétacées, 
munies chacune à leur base d’une écaille 
oblongue, ciliée. Corps et queue des 
écrevisses. Dix pattes onguiculées, les 
antérieures terminées en pinces. Cran- 


gon vulgaris. Fab. 


Palæmon, Palæmon, Quatre anten- 
nes ; les intérieures plus courtes et tri- 
fides ; les extérieures fort longues et 
sétacées. Corps subcylindrique , ter- 
miné antérieurement par une pointe 
très-saillante , dentée en scie; queue 
des écrevisses; pattes onguiculées ; les 
antérieures terminées en pinces. Palæ- 
mon carcinus. Fab. 


Squille , Squilla. Quatre antennes 
presque égales ; les intérieures un peu 


., 


42 INTRODUCTION: 


plus longues et trifides; les extérieures 
plus courtes, accompagnées d'un feuillet 
oblong. Corcelet court ; queue fort lon- 
gue, s'élargissant vers son extrémité ; 
garnie d'écailles et de branchies dé- 
couvertes. Quatorze pattes ; les anté-- 
rieures , terminées par une pièce en 
scie ou en peigne d'un côté. Squrlla 
mantis. Kab. 


Branchiopode, Branchiopoda. Qua- 
ire antennes simples, sétacées, inégales. 
Corps oblong , dépourvu de pattes , 
mais ayant de chaque côté une ou plu- 
sieurs rangées de branches oblongues, 
cihées, natatoires, qui en tiennent lieu. 
Queue nue, articulée, longue, fourchue à 
l'extrémité. Gammarus stagnalis. Fab. 


CRUSTACÉS SESSILIOCLES. 


Crustacés à corps couvert de pièces crusta- 
cées , nombreuses, soit transverses , soit 
longitudinales. 


Crevette, Gammarus. Quatre an- 


INTRODUCTION. 43 


tennes simples , inégales, sétacées , ar- 
ticulées, disposées sur deux rangs. Deux 
yeux distincts et sessiles. Corps alongé, 
couverts de pièces crustacées, transver- 
ses. Des appendices bifides sur les côtés 
de la queue, et à son extrémité. Des 
pattes articulées et onguiculées. Gam- 
marus pulex. Fab. 


Aselle, 4sellus. Quatre antennes sé- 
tacées, simples, inégales, disposées sur 
le même rang. Deux ou quatre anten- 
nules. Corps oblong, recouvert de plu- 
sieurs pièces crustacées , transverses , 
et terminé par une queue large, mu- 
ne de deux appendices bifides. Qua- 
torze pattes. Cymothoa entomon Fab. 


Chevrolle , Caprella. Quatre anten- 
nes inégales. Corps linéaire avec des 
renflemens irréguliers, articulé, à seg- 
mens plus longs que larges. Queue 
nulle ou très - courte , et dépourvue 
d'écailles ou d’appendices quelconques. 


44 INTTODUCTION 

Pattes articulées, disposées par paires 
et irrégulièrement distantes. Cancer 
linearis. Linnœus. 


Cloporte, Oniscus. Deux ‘antennes 
sétacées , coudées, ayant Cinq où six 
arücles, plusieurs paires de mächoi- 
res. Corpsovale, recouvertde plusieurs 
pièces crustacées transverses , subim- 
briquées. Deux appendices courts et 
très - simples à l'extrémité du corps. 
Quatorze pattes. Oniscus asellus. Fab. 


Forbicine, F orbicind. Deux antennes 
longues et sétacées. Bouche munie de 
mandibules, de deux mâchoires et de 
quatre antennules inégales. Corps alon- 
sé , couvert d'écailles. Trois filets 


sétacés à la queue. Lepisma sacha- 
rina. Fab, 


Cyame, Cyamus. Quatre antennes 
inégales; les deux antérieures plus lon- 
gues, sétacées. Un suçoir simple, ré- 


INTRODUCTION. 45 


tractile: sortant d’une fente courte, si- 
tuée sous la tête. Deux antennules in- 
sérées à la base de la bouche. Deux 
yeux. Corps ovale, déprimé à six seg- 
mens pédifères. Six paires de pattes: 
chaque patte terminée par un crochet. 
Pyonogonum ceti. Fab. 


Ligie , Ligra. Deux antennes séta- 
cées, ayant plus de dix articles. Corps 
ovale, sabmarginé, recouvert de pièces 
crustacées, transverses. Les appendices 
de la queue courts et bifides. Ligra 
oceanica. Fab. 


Cyclops, Cyclops. Deux ou quatre 
antennes simples , sétifères. Un seul œil! 
apparent. Corps alongé, atténué vers son 
extrémité postérieure , et couvert de 
pièces crusiacées transverses ; queue 
fourchue ou terminée par deux pointes 
sétacées. Monoculus minutus. Fab. 


Poliphème, Po/yphemus. Point d'an- 


46 INTRODUCTION. 


tennes ; deux antennules biarticulées et 
chélifères. Deux yeux écartés. Corps 
couvert par un large bouclier crusta- 
cé, divisé en deux pièces inégales par 
une suture transverse, et terminé par 
une queue subulée. Cinq paires de 
pattes. Limulus polyphemus. Fab. 


Limule , Limulus. Deux antennes 
simples. Deux yeux distincts. Corps 
couvert par un bouclier crustacé d'une 
seule ou de deux pièces. Monoculus 
apus. Fab. : 


Daphnie, Daphnia. Deux antennes 
rameuses, sétifères. Un seul oœ1l appa- 
rent. Corps ovale, convexe , couvert 
par un bouclier crustacé , formé de 
deux pièces réunies longitudinalement. 
Monoculus pulex. Fab. 


Amymone , Amymona. Deux an- 
tennes simples, sétifères. Un seul œil 
apparent. Corps ovale , convexe, cou- 


INTRODUCTION. 47 


vert par un bouclier crustacé d’une 
seule pièce, Monoculus satyrus. Fab. 


Céphalocle , Cephaloculus. Point 
d'antennes. Deux antennules longues, 
fourchues. Un grand œil globuleux, 
saillant antérieurement, et imitant une 
tête. Monoculus oculus. Fab. 


Les animaux de tous les genres dont 
on vient de voir les caractères, vivent 
habituellement dans l’eau, ou du moins 
peuvent y vivre, excepté deux; le clo- 
porte et la forbicine, qui y périssent, 
par une immersion de quelques instans. 
Ils ont donc une organisation différente, 
aussi ne leur trouve-t-on point de bran- 
chies ; ainsi ils doivent être reportés 
dans la classe des insectes. En consé- 
quence on n’en parlera pas 1c1. 

On l’a déjà dit, et on le répète, le 
travail de Lamarck améliore beau- 
coup l'état de la science, mais 1l est 
susceptible de quelques légères modi- 


40 INTRODUCTION. 


fications , qui, du moins on le présume, 
peuvent conduire à une perfection en- 
core plus grande. Il est employé comme 
fondamental dans le cours de cet ou- 
vrage , Ce qui prouve mieux qu'un 
long discours tout le cas qu’on en fait. 

Le savant auteur du Précis des ca- 
ractères des génériques des insectes, 
l'estimable Latreille, regardant, avec 
tous les Naturalistes, les crustacés com- 
me faisant partie de son domaine, les 
a aussi analysés, etil l'a fait avec la sa- 
gacité qui lui est propre. On ne par- 
lera pas de son premier travail, de 
celui consigné dans l'ouvrage qui vient 
d'être cité; 11 n'étoit qu'un apperçu: mais 
an donnera en entier celui qu'il a ré- 
digé pour une nouvelle édition, etdont 
il a permis de faire usage ici. Le louer 
seroit superflu , puisque le lecteur est 
mis à portée d'apprécier toutson mérite. 


ES EE A EE TR de don a 


INSECTES 


Définition. Animal sans vertèbres , 
dont Le corps et Les pattes sont ar- 
ticules. 


ORDRE PREMIER. 
CRUSTACÉS. 


Définition. Corps enveloppé d'une 
substance crustacée et calcaire, sans 
ailes, formé d'une pièce très-crande, 
et de quelques autres plus petites, ou 
d’une suite d’anneaux presque égaux 3 
respirant par des branchies distinctes ; 
mandibules portant (presque toujours } 
un palpe. Plusieurs palpes maxillaires, 
ou plusieurs mâchoires. Deux yeux, 
(excepté le seul genre Bopyre) des 
antennes ( quatre ou deux) et des pattes 
— Crustacés. I, 5 


bo INTRODUCTION. 


nombreuses (dix- quatorze) propres 
uniquement au mouvement. (1) 


(r) On connoît si peu l’organisation inté- 
rieure des insectes, sur-tout leur principe 
de vitalité , il est même si difficile d’en 
faire une bonne étude , que je regarde la 
formation des classes qu’on vient de faire 
dans cette série d'animaux, les crustacés et 
les arachnides ; comme prématurée. La 
squille mante , la crevette des ruisseaux, 
sont certainement des crustacés, et, cepen- 
dant l’organe qu’on suppose être les cœurs, 
ne diffère presque en rien, dans ces ani- 
maux, du vaisseau ordinaire que l’on voit 
chez les insectes, organe se contractant et 
se dilatant sans cesse, et auquel on refuse 
la fonction du cœur. Le citoyen Cuvier 
a disséqué , en ma présence , la: squille 
mante, et s’est ainsi convaincu de ce fait 
relativement à ce crustacé. Quant à la cre- 
veite des ruisseaux, l’observation est aussi 
trés-aisée à faire , sans la moindre dissec- 
tion. Il suffit d'exposer cet animal à la Iu- 
mière, pour appercevoir la forme du vais- 
seau qui occupe presque toute La longueur 


INTRODUCTION. 5x 
SECTION PREMIÈRE. 


Les crustacés proprement dits. 


Mandibules portant un palpe très- 
apparent. Plusieurs autres espèces de 
palpes formant la bouche, et distincts. 


Observations accessoires. Quatre an- 
tennes ; yeux pédonculés et mobiles 
dans un grand nombre; premier anneau 
du corps, souvent très-grand. 


du dos. On en voit un semblable dans les 
cloportes en enlevant doucement le 5."°€ an- 
neau, où son mouvement est plus sensible. 

Je me bornerai donc à établir ici des 
ordres ; et comme les crustacés me pa- 
roissent les mieux organisés , je com- 
mencerai par eux. Cette raison me dé- 
termine à renvoyer l’ordre des arachnides 
après les insectes, proprement dits, immé- 
diatement avant l’ordre des entomostracés. 
Ces derniers animaux ont une conformation 
qui les rapproche certainement des vers. Le 


52 INTRODUCTION. 


A. Premier segment du corps fort 
grand , et dans lequel la tête et le cor- 
celet sont réunis ; yeux pédonculés et 
mobiles. Les crustacés pédiocles du 
citoyen Lamarck. 


a. Dix pattes. Premier segment du 
corps ou carapace occupant plus du 
tiers de la longueur totale ; branchies 
cachées sous ses côtés. 


caractère essentiel des insectes consiste dans 
la présence des pattes ; or, la plupart des 
entomostracés n’en ont réellement pas. Elles 
pe sauroient leur servir à marcher. Ce sont 
plutôt des branchies. Les Zimules , les ca- 
liges , qui en ont de véritables, ont même en- 
core de ces pattes branchiales. Leurs préten- 
dues antennes sont aussi souvent des vérita= 
bles branchies. Les crustacés, les insectes 
proprement dits , les arachnides ont leurs 
pattes terminées par une pointe dure et cor- 
née, par un ongle ou deux, que l’on ne voit 
pas dans les entomostracés. Les ÿeux dont 
les crustacés sont si bien pourvus , commen- 


{NTRODUCTION. 53 


Queue toujours plus courte que 
le reste du corps , terminée par une 
seule pièce , n'ayant pas de chaque côté 
d'appendices foliacés , géminés et ar- 
ticulés. 

Observations accessoires. Corps dont 
la coupe est figurée en grand segment 
de cercle , dont l'angle de la pointe 
seroit {ronqué, où carré, ou presque 
en cœur; quelquefois ové ou triangu- 
laire; antennes du milieu repliées sur 
elles-mêmes, et cachées. 


memes 
cent 1ci à disparoïitre. Les organes de la gé- 
nération du mâle sont situés , dans plusieurs 
de ces animaux, aux parties que l’on appelle 
antennes , de même que dans les palpes des 
araignées, ce qui dénote le voisinage des uns 
et des autres. 

Les caractères que j’assigne aux crustacés 
sont un peu longs , parce que j'ai voulu 
faire sentir la distinction qui existe entre 
ces intectes et les autres, notamment Îles 
entomostracés, avec lesquels on aurait pu 
les confondre. 


. 


# 


54 INTRODUCTION. 

* Diamètre antérieur et transver- 
sal de la carapace surpassant, ou égalant 
du moins , le diamètre longitudinal ; 
coupe en grand segment de cercie , 
ironqué à son angle , ou presque en 
cœur, ou carré, ou rond; milieu du 
bord antérieur ne formant point de bec. 

Observations accessoires. Antennes 
du milieu toujours repliées sur elles- 
mêmes, et cachées. Bras toujours ter- 
minés par une main à deux doigts. 


O. Carapace plus large que longue , 
figurée en grand. segment de cercle , 
dont la pointe est tronquée, ou presque 
demi- circulaire , en cœur , ni carrée, 
m ronde; yeux toujours situés vers le 
milieu du bord antérieur. 

— Point de pattes aux nageoires , ou 
terminées par une pièce large, appla- 
ue, foliacée. 

Genre premier. Crabe, Cancer. Cara- 
pace plane, sans dilatation aux angles 


INTRODUCTION. 55 
postérieurs ; pièces extérieures fer- 
mant la bouche ( palpes ) a yant le deu- 
xième article de la tige interne, ou le 
plus grand, arrondi à son extrémité ; 
mains ne formant pas de crète; pattes 
postérieures point repliées sur le dos. 


Exemple du genre. Cancer pagu- 


rus. Fab. 


Genre II. Dromie, Dromia. Cara- 
pace sans dilatation aux angles posté- 
rieurs , très- bombée ; pièces exté- 
rieures fermant la bouche ( palpes ) 
ayant le deuxième article de la tige 
interne , ou le plus grand , arrondi à 
son extrémité ; mains ne formant point 
de crête ; pattes postérieures repliées 
sur le dos. 

* Corps très-velu. 


Exemple du genre. Dromia Rum- 
phu. Fab: 


Genre III. Hépate, Hepatus. Cara- 


56 INTRODUCTION. 


pace sans dilatation aux angles posté- 
rieurs ; pièces extérieures fermant la 
bouche, ayant le deuxième arücle de 
la tige interne pointu; mains figurées 
en crête. 

Exemple du genre. Calappa angus- 
tata. Fab. 


Genre IV. Calappe, Calappa. Cara- 
pace dilatée aux angles postérieurs ; 
pièces extérieures fermant la bouche, 
ayant le deuxième article de la tige 
interne arrondi à son extrémité ; mains 
très -comprimées , hautes, et figurées 
en crête 


Exemple du genre. Calappa granu- 
lata. Fab. 


— — Des pattes en nageoires , ou 
terminées par une pièce large, applate, 
foliacée. 


Genre V. Portune , Portunus. Les 


INTRODUCTION. br 


seules pattes postérieures en nageoires ; 
pièces extérieures fermant la bouche, 
ayant le deuxième article de la tige in- 
terne arrondi à son extrémité. 


Exemple du genre. Portunus depu- 
rator. Fab. 


Genre VI. Matute , Matuta. Les huit 
dernières pattes postérieures en nageoi- 
res ; pièces extérieures fermant la bou- 
che, ayant le deuxième article de la 
tige interne pointu. 


Remarque. Antennes latérales très- 
petites. 

Exemple du genre. Matuta victor. 
Fab. 


OO. Carapace presque en cœur, ou 
carrée, ou ronde. 


Genre VII. Ocypode, Ocypoda. Ua- 
rapace presque en cœur, ou rhomboï- 
dale ; yeux portés sur un long pédon- 


58 INTRODUCTION. 


cule, qui s'étend le long d'une grande 
partie du bord antérieur; aucune des 
pattes en nageoires. 


1.° Carapace bombée, en cœur; ex- 
trémité des yeux n’atteignant pas les 
angles latéraux. (LES TourLo Uu- 
ROUS.) 


Exemple du genre et de la division. 
Cancer cordatus. Herbst. 


2.° Carapace plane , ou peu bombée, 
rhomboïdale ; extrémité des yeux attel- 
gnant les angles latéraux. 


Exemple du genre et de la division. 
Cancer vocans. Fab. — Ocypoda cera- 


tophtalma. Fab. 


Genre VIII. Podophtalme, Podoph- 
talmus. Carapace rhomboïdale. Pé- 
doncule des yeux très- longs ; pattes 
postérieures en nageoires. 


Exemple du genre. Podophtalmus 


Spinosus. Lamarck. 


INTRODUCTION. 59 
Genre IX. Grapse, Grapsus. Cara- 


pace carrée, déprimée; yeux insérés 
aux angles latéraux; les quatre anten- 
nes sétacés, dans l'entre-deux; pattes 
postérieures, n'étant pas considérable- 
ment plus petites que les précédentes. 


Exemple du genre. Cancer ruri- 
cola. Fab. 


Genre X. Porcellane , Porcellana. 
Carapace carrée, déprimée ; yeux in- 
sérés près des angles latéraux ; deux 
antennes situées derrière les yeux et 
très-longues ; pièces extérieures , for- 
mant la bouche , saillantes et velues ; 
pattes postérieures beaucoup plus pe- 
tites que les précédentes. 


Exemple du genre. Cancer platy- 


cheles. Oliv. Cancer minutus. Kab. 


Genre XT. Pinnothère ,Pinnotheres. 
Carapace orbiculaire, où carrée à angles 
arrondis; yeux situés entre les angles 


60 INTRODUCTION. se 


latéraux et le milieu du bord antérieur; 
les quatre antennes insérées dans l’entre- 
deux. Deuxième article de la tige in- 
terne des pièces extérieures fermant la 
bouche, grand et couché sur le premier, 
qui est demi- circulaire, et commun 
aux deux tiges internes. 


Remarque. Animal parasite, vivant 
dans les coquilles bivalves. 


Exemple du genre. Cancer pi- 
sum. Fab. 


** Diamètre antérieur et transversal 
de la carapace, n’égalant pas celui de 
la longueur ; coupe ovée, ou triangu- 
ré, 4,40 


Observations accessoires. Antennes 


du milieu souvent saillantes, du moins 
en partie. 


Genre XII. Doripe, Doripe. Cara- 
pace ovoide , déprimée , tronquée et 
rétrécie à sa partie antérieure. Aucune 


INTRODUCTION. 6r 


des pattes en nageoires ; les quatre pos- 
térieures recourbées sur le dos. Arti- 
cles de la tige interne des pièces ex- 
térieures, fermant la bouche, alongés. 


Exemple du genre Dorippe qua- 
dridens. Fab. 


Genre XIII. Leucosie, Leucosia. Ca- 
parace ovée ou arrondie , renflée en 
pointe à son extrémité antérieure ; yeux 
très-petits ; antennes point ou peu appa- 
rentes. Aucune des pattes en nageoires : 
pièces extérieures fermant la bouche , 
crustacées, avancées ; le deuxième arti- 
cle de la tige interne allant en pointe. 


Remarque. Bras longs. 


Exemple du genre. Leucosia cranio- 
laris. Fab. 


Genre XIV. Maïa, Maja. Carapace 
presque triangulaire ; la pointe en de- 
vant; antennes intermédiaires cachées, 


du moins en partie, dans une fossette ; 
Crustacés, I, 6 


62 INTRODUCTION. 


yeux peu saillans et iogés. Aucune des 
pattes en nageoires. Deuxième article 
de la tige interne des pièces exiérieures 
qui ferment la bouche , arrondi ou ob- 
tus à son extrémité ; les suivans re- 
pliés en dedans, et petits. 


Remarque. Corps très-inégal ou fort 
rude , couvert de tubercules , ou orné 
de pointes ; extrémité antérieure ayant 
souvent de fortes dents. 


1.° Bras très-orands, dont la lon- 
sueur est double de celle du corps, 
faisant avec lui un angle droit ; les 
mains s'appliquant , dans toute leur 
longueur, contre le restant du bras; les 
Parthenopes de Fab. 


Exemple du genre et de la division. 
Parthenope longimana. Fab. 


2.0 Bras grands, mais dont la lon- 
gueur n’est pas double de celle du corps, 
avancés ; les Inachus de Fab. 


INTRODUCTION. 63 


Exemple du genre et de la division. 
Inachus araneus. Fab. 


Genre XF. Macrope, Macropus. 
Carapace triangulaire ; la pointe en 
devant, et formant un bec plus ou 
moins long, souvent très-pointu, et en 
alène ; yeux saillans et découverts ; 
antennes intermédiaires découvertes , 
courtes et bifides ( comme celle des 
crabes )}. Aucune des pattes en na- 
geoires. Pieces extérieures fermant la 
bouche, à tiges alongées; l'interne ayant 
Je deuxième article terminé en pointe ; 
les suivans presque aussi longs que les 
précédens. 


Remarque. Pattes excessivement lon- 
gues et très-menues ; corps inégal. 


Exemple du genre. Inachus phalan- 
gium. Fab. 


Genre XVI. Onithye, Orithya. Ca- 
rapace arrondie postérieurement , un 


64 INTRODUCTION. 
peu rétrécie en bec tronqué , à sa partie 
antérieure; yeux saillans; pattes pos- 
térieures en nageoires. Premiers articles 
de la tige interne des pièces extérieures 
qui ferment la bouche, alongés ; le 
deuxième en pointe. 


Remarque. Corps tuberculé et garni 
de pointes. 


Exemple du genre. Orithya mam- 
millaris. Kab. 


Genre XVII. Syméthis, Symethis. Je 
ne le connois point. Fabricius lui donne 
pour caractères, de n'avoir, à ce qu'il 
paroît, que deux antennes , les intermé- 
diaires probablement ; elles sont très- 
courtes , quadriarticulées , et logées 
exactement, chacune entre deux val- 
vules du bec, qui sont bifides dans 
leur longueur. Ce Naturaliste ne dit 
pas quelle est la forme de la carapace. 
Les bras ont leurs mains terminées par 


INTRODUCTION. 65 


deux doigts ; les autres pattes finissent 
en pointe cornée et en faux. 


Exemple du genre. Symethis vario- 
losa. Fab. 


Genre XVIII. Coryste, Corystes. 
Carapace ovale, en pointe en devant ; 
antennes latérales, ou extérieures, rap- 
prochées au-dessous des yeux, avancées 
de la [longueur du corps; les intermé- 
diaires reçues, du moins en partie, dans 
une fossette. Aucune des pattes en na- 
geoires ; bras terminés par une main à 
deux doigts ; pattes postérieures re- 
jetées en arrière ; pièces extérieures 
fermant la bouche, à tiges alongées ; 
le deuxième article de l’interne fort 
long, et en pointe au sommet. 


Exemple du genre. Albunea den- 
tata. Fab. 


Genre XIX. Albunée , 4/bunea. 
Carapace triangulaire et dont la base 


66 INTRODUCTION. 

est en devant; quatre antennes en des- 
sous des yeux, sur une même ligne ; 
bras grands, terminés par une main 
très-comprimée, et n'ayant qu'un seul 
doigt en faux ; les autres pattes ter- 
minées en nageoires, placées, par paire, 
les unes sur les autres; queue étendue ; 
ges des pièces extérieures qui ferment 
la bouche, alongées, étroites; le deuxiè- 
me article de la tige interne, pointu. 


Exemple du genre. Albunea dorsi- 
pes. Fab. 


+ f Dernier article de la queue, 
accompagné , à sa base , de chaque 
côté d’un appendice foliacé, géminé, 
articulé. 

* Appendices étroits, écartés ou la- 
téraux, petits, et ne se réunissant pas 
avec le dernier anneau de la queue, 
ou le termimal, pour former à son ex- 
trémité une autre queue foliacée, en 
éventail, et connivente. 


INTRODUCTION. 07 


Genre XX. Pagure, Pagurus. Corps 
mou; quatre antennes saillantes ; les 
latérales longues, composées de beau- 
coup d'articles; les intermédiaires cour- 
tes, à pédoncule de quelques articles 
alongés, terminées par deux filets très- 
courts; yeux à pédoncule cylindrique ; 
bras terminés par des mains ayant 
deux doigts. Aucun des autres en na- 
geolres. 


Exemple du genre. Pagurus ber- 
nardus. Fab. 


Genre XXI. Émérite, Emerita. Ca- 
rapace ovale , tronquée aux deux bouts; 
quatre antennes saillantes , plumeuses ; 
les intermédiaires pédonculées et bifi- 
des ; yeux à pédoncule cylindrique ; . 
bras et pattes terminées par une pièce 
ovale; point de doigts ni d'ongles. Hzppa 
emeritus. Fab. 


Remarque. Gronovius avoit fait, le 


68 INTRODUCTION. 


premier , de ce crabe un nouveau genre, 
sous le nom d'Emerita. Pourquoi Fa- 
bricius l’a-t-1l changé? 

Genre XXII. Posydon, Posydon. 
Quatre antennes, à pédoncule simple ; 
celles du milieu plus courtes, et à deux 
filets; palpes extérieurs, foliacés, ou 
articulés à leur extrémité ; pédicule des 
yeux en forme d'écaille ; les mains 
des quatre pattes antérieures sans pouce 
mobile. 


* * Appendices, qui accompagnent 
le dernier anneau de la queue , se réu- 
nissant , et connmivant avec lui pour 
former une autre queue commune, 
en éventail ; queue de la longueur du 
corps, ou plus. 

O. Antennes intermédiaures, cour 
bées, a pédoncule de trois articles , 
alongées, terminées par deuxfilets très- 
petits; (queue assez plane.) 

Genre XXIII. Scyllare, Seyllarus. 


INTRODUCTION. 69 


Carapace en carré long; antennes la- 
térales formées d’une ou plusieurs écail- 
les, en forme de crête; point de mains 
aux pattes antérieures; toutes les pattes 
terminées en pointes ; yeux vers les an- 


gles latéraux. 


Remarque. Queue à feuillets, dont 
une moitié est crustacée, l'autre quasi 
membraneuse. 


Exemple du genre. Scyllarus arc- 
tus. Fab. 


Genre XXIV. Langouste, Palinurus. 
Carapace cylindrique , alongée ; an- 
tennes latérales, sétacées, longues, épi- 
neuses ; point de mains aux pattes an- 
térieures ; toutes les pattes terminées 
par une espèce de brosse ; yeux vers 
le milieu, 


Remarque. Queue à feuillets à demi- 
crustacés, et à demi-membraneux. 


Exemple du genre. Palinurus homa- 
rus, Fab. 


70 INTRODUCTION. 
Genre XXV. Galathée, Galathea. 


Carapace ovoide ; antennes latérales , 
longues , sétacées ; bras terminés par 
une main à deux doigts ; les autres 
pattes finissant en pointe, ou crochues ; 
yeux vers le milieu du bord intérieur 
de la carapace. 


Remarque. Un bec applati, court, 
denté sur ses côtés. 


Exemple du genre. Galathea stri- 
gosa. Fab. 


O O. Antennes intermédiaires , à 
pédoncule court, terminées par un, 
deux, ou trois filets sétacés, aussi ou 
plus longs que le pédoncule ; queue 
plus longue que la carapace. 


Genre XXVI. Écrevisse , Astacus. 
Carapace presque ovoide, ou quasi cy- 
lindrique ; antennes extérieures lon- 
gues ; articles du pédoncale ayant des 
angles aigus en leurs bords, comme 


4 


INTRODUCTION. 7È 


épineux; point d’écaille latérale remar- 
quable ; antennesintermédiaires placées 
presque sur la même ligne que les in- 
termédiares, courtes, bifides ; les six 
ou quatre premières paires de pattes 
terminées par des mains à deux doigts; 
bras grands ; palpes extérieurs peu 
avancés. 


Remarque. Un bec applati. 


Exemple du genre. Astacus fluvia- 
tilis, Fab. 


Genre XXVII. Alphée , Alpheus. 
Corps arqué, comprimé ; antennes la- 
térales , sétacées , longues, accompa- 
gnées d'une écaille sans épine ; inter- 
médiaires insérées plus haut , plus 
courtes, à deux filets ; les quatre pattes 
antérieures terminées par des mans à 
deux doigts ; les mains des bras plus 
grandes ; palpes extérieurs longs et 
avancés. 


72 INTRODUCTION. 


Remarque. Un bec subulé. Je ne 
rapporte ces caractères que d'après Fa- 
bricius. 


Exemple du genre. A/pheus ava- 
rus. Fab. 


Genre XXVIII. Pénée , Penaeus. 
Corps comprimé , arqué ; antennes ex- 
térieures placées au-dessous des inter- 
médiaires, très-longues; pédoncule ac- 
compagné d’une écaille bifide et épi- 
neuse ; antennes intermédiaires plus 
courtes, à deux filets ; les premières 
pattes terminées par des mains; palpes 
extérieurs longs et avancés. 


Remarque. Bec avancé, comprimé, 
et denté, lorsqu'il l'est, aux bords su- 
périeur etinférieur , ou à l’un des deux. 
Ce genre est très-voisin de celui dont 
nous donnerons les caractères sous le 
nom de Palæmon. Je ne l'ai point vu. 
I! me paroit que les quatre ou six pre- 
mières pattes antérieuressont terminées : 


INTRODUCTION. 73 


par des mains filiformes , et à deux 
doigts ; que, de même que dans les 
palæmons, les bras ne sont pas les plus 
longs. 


Exemple du genre. Penaeus mono- 
don. Fab. 


Genre XXIX. Palæmon, Palæmon. 
Corps ärqué , comprimé ; antennes ex- 
térieures insérées presque sous les yeux, 
sétacées , longues, accompagnées d’une 
écaille plus ou moins grande ; antennes 
intermédiures insérées un peu au-des- 
sus des précédentes, à trois filets ; les 
trois ou quatre paires de pattes anté- 
rieures terminées par des mains à deux 
doigts ; les bras souvent plus petits ; 
palpes extérieurs longs, avancés. 


Remarque. Bec comprimé , ensi- 
forme , denté souvent aux bords supé- 
rieurs et inférieurs ; dernier article de 


la queue, ou celui du milieu, pointu. 
Crustacés, I. 7 


74 INTRODUCTION. 


Exemp. du genre. Palæmon squilla. 
Fab. 


Genre X XX. Crangon , Crangon. 
Corps comprimé, arqué ; antennes ex- 
térieures longues , avec une grande 
écaille à leur base ; intermédiaires cour- 
tes, à deux filets; yeux très-rappro- 
chés sous un bec; paties antérieures, ou 
bras , terminées par une main n'ayant 
qu'un seul ongle mobile , sans autre 
doigt ; les autres pattes simples; pal- 
pes extérieurs avancés. 


Remarque. Queue terminée en pointe 
au milieu. 


Exemple du genre. Crangon vulya- 
ris. Fab. 


b. Plus de dix pattes; premier seg- 
ment du corps ou carapace, n'occupant 
pas plus du tiers de la longueur du 
corps, ou même moins ; branchies ex- 
térieures. 


INTRODUCTION. 75 


Genre XXXI. Squille, Squilla. An- 
tennes extérieures simples , accompa- 
gnées d’une écaille ; les intermédiaires 
pédonculées, à trois filets ; yeux sail- 
lans ; quarorze pattes ; les huit anté- 
-rieures insérées à la poitrine, et ter- 
minées par un ongle crochu; les pre- 
mières plus grandes ; ongles fortement 
denté en dessous ; les six autres paires 
de pattes natatoires, et sans ongle, in- 
sérées sous les anneaux qui suivent la 
carapace. 


Remarque. Corps alongé , presque 
cylindrique ; feuillets de la queue épi- 
neux. 


Exemple du genre. Squilla mantrs. 
Fab. 


Remarque. Rapportez à cette divi- 
sion le cancer pedatus d'Othon Fa- 
bricius, Fauna Groenlandica, n.° 225. 
Je crois que ce crustacé doit faire un 


70 INTRODUCTION. 
nouveau genre , que je CaraCiériserai 
ainsi : 

Mysis , Mysis. Corps comprimé ; 
quatre antennes ; deux simples et deux 
bifides ; une écaille foliacée accompa- 
gant les extérieures ; quatorze pattes 
terminées par un ongle; les antérieures, 
ou bras, très-courts, ayant une main 
avec un ongle, denté inférieurement ; 
les autres pattes placées au mihieu de 
deux rangs de branchies ; queue à feuil- 
lets épineux. 

Le cancer oculatus du même Natu- 
_ralste, se rapproche aussi beaucoup du 
cancer pedatus ; il manqueroit seule- 
ment de bras. 

Son cancer bipes , paroït faire le pas- 
sage des crustacés précédens avec ceux 
qui suivent. Ses yeux sont sessiles, 
mais mobiles et globuleux ; la carapace 
fait , avec le bec qu’elle a à sa partie 
antérieure, presque la moitié de la lon- 
gueur du corps. Ce bec est court, pres- 


INTRODUCTION. 77 


que conique , convexe en dessus, en 
voûte en dessous, et d’où sortent deux 
antennes courtes , triarticulées , termi- 
nées par une soie. Au devant de sa poi- 
trine est attachée une paire de pattes, 
presque de la longueur de la carapace, 
sétacées , de quatre articles ; sous le 
milieu de la poitrine sont trois autres 
paires ; mais très-courtes , et paroïssant 
ne servir qu'à retenir les œufs. On voit 
ensuite cinq paires de branchies diri- 
gées en arrière , insensiblement plus 
Jongues , biarticulées et bifides, que 
Fabricus appelle pieds. La queue est 
formée de six articles , dont les trois 
dermiers sont trois fois plus longs que 
les premiers; elle a, de chaque côté, 
à son extrémité, un style simple, biar- 
üculé, sétacé au bout. 


B. Premier segment du corps point, 
ou à peine plus grand que les au- 
tres ; tête distincie ; yeux sessiles, peu 


LE) 


70 INTRODUCTION. 


ou point saillans ; corps formé d'une 
suite d'articles presque égaux. Les crus- 
tacés sessiliocles du citoyen Lamarck. 


a. Une queue ; des branchies en des- 
sous , et des pointes articulées au bout. 


Genre XXXII. Talitre, Talitrus. 
Quatre antennes simples; les intermé- 
diaires supérieures, et plus courtes que 
le pédoncule des latérales etinférieures; 
dix à quatorze pattes, 


Exemple du genre. Gammarus lo- 
custa. Fab. — Oniscus gammarellus. 


Pallas. 


Genre XXXTIII. Crevette, Gamma- 
rus. Quatre antennes; les latérales ou 
antérieures ayant un petit filet ; les in- 
termédiaires, supérieures, et plus lon- 
gues que le pédoncule des précédentes ; 
quatorze pattes ; les quatre antérieures 
terminées par des mains. 


ENTER OTIEU C T'T'ON: 79 


Exemple du genre. Gammarus pu- 
lex. Fab. 


Remarque. Othon Fabricius décrit 
plusieurs crustacés qui doivent se rap- 
porter probablement à quelqu'un de 
ces deux genres. Je pense qu'il faut 
placer dans le premier ses onzscus ser- 
ratus , cicada, medusarum ; dans le 
second , ses oniscus arenarlus , stræ- 
mianus, abyssinus. 


b. Point de queue, de branchies ex 
térieures, n1 de pointes articulées à la 
partie postérieure du corps. 


Remarque. Corps de sept anneaux ; 


dix à douze pattes terminées par un 
crochet. 


Genre XXXIV. Iaparis , Liparis. 
Corps filiforme, long ; pattes alongées. 
(Ovaires placés sous le troisième et 
quatrième anneau. } 


Exemp. du genre. Squrlla lobata.Kab. 


GO INTRODUCTION. 
Genre XX XV. Cyame, Cyamus. 


Corps large , court ; pattes courtes ; 
quatre fausses pattes vers les anneaux 
du milieu, 


Exemple du genre. Oniscus ceti. Lin. 


SECTION SECONDEÆF. 
Les crustacés improprement dits. 


Mandibules sans palpe apparent : 
bouche n'en ayant au plus qu'une ou 
deux paires de distincts. 


Observations accessoires Quatre ou 
deux antennes simples ; yeux sessiles, 
souvent peu sensibles ou presque nuls: 
corps formé d'une suite d'articulations 
sans différence de grandeur extraordi- 
naire; quatorze pattes. 


A, Quatre antennes, où point du 
tout ; des pièces membraneuses , fo- 
liacées , insérées vers l'extrémité du 
corps ; et dont la direction est dans 


INTRODUCTION: GI 


le sens de la longueur. (Palpes dis- 
tincts dans plusieurs. ) 


a Des antennes et des yeux distincts ; 
pattes très-apparentes. 


f Les dernières paires de pattes 
moins alongées, et dépassant sensible- 
ment les côtés du corps, droites, et pre- 
nant leur naissance à peu de distance 
descôtés; antennes de longueur inégale. 


Genre XX XVI. Tdotée, Idotea. Corps 
alongé ; quatre antennes distinctes ; 
point de styles, ou pointes, articulés 
et bifides à la partie postérieure du 
corps qui a des lames foliacées et lon- 
gitudinales en dessous. 


Exemple du genre. Oniscus mar i- 
nus, Entomon Jan. 


Genre XXXVII. Aselle, Asellus. 
Corps alongé ; quatre antennes distinc- 
tes; des styles, ou pointes , articulés 


82 INTRODUCTION. 


et bifides à la partie postérieure du 
Corps. 


Exemple du genre. Oniscus aqua- 
ticus. Lin. 


Genre XX XVIII. Sphérome, $phæ- 
roma. Corps ovale , se mettant en 
boule; quatre antennes distinctes; point 
de styles à l'extrémité postérieure du 
corps ; une pièce ou lame large, de 
chaque côté, au dernier anneau. 


Exemple du genre. Oniscus globa- 
tor. Pallas. 


+ f Pattes courtes, paroissant naïître 
près du milieu de la partie inférieure 
du corps, s'appliquant contre une partie 
dirigée obliquement , et qui tient Lieu 
de hanche ; antennes de longueur 
égale. 


Genre XXXIX. Cymothoa , Cymo- 
thoa. Corps crustacé , convexe, tron- 
qué ou très-obtus postérieurement; des 


INTRODUCTION. 83 


yeux distincts; pattes terminées par 
un ongle très-fort. 


Exemple du genre. Cymothoa asilus. 
Fab. 

b. Point d'antennes ni d’yeux dis- 
tincts ; pattes excessivement courtes. 


Genre XL. Bopyre, Bopyrus. Corps 
applati , légèrement crustacé , ové ; 
pointe oblique ; pattes excessivement 
petites , recoquillées , insérées aux 
bords des anneaux ; animal parasite, 
vivant sous une loupe qu’il forme à la 
parie latérale et antérieure du palæ- 
mon squilla. (Mémoires de | Académie 
des Sciences de Paris, année 1772.) 


B. Deux antennes; des feuillets trans- 
versaux à la base de la queue, en 
dessous. (Palpes nuls ou difficiles à dis- 
tinguer. ) 


Genre XLI. TLigie , Ligra. Corps 
oblong, plat; quatre antennes ; les 


04 INTRODUCTION. 


extérieures plus longues , et dont la 
dernière pièce est composée d’un grand 
uombre de petits articles; des styles 
saillans à l'extrémité postérieure du. 
Corps. 


Exemple du genre. Eroia oceanic«a. 


Fab. 


Te 


ORDRE.IT. 


ENTOMOSTRACÉS. 


Définition. Corps caché , du moins 
en partie, sous une pièce clypéacée, 
ou renfermé entre deux valves, sem- 
blables à celles d’une coquille bivalve, 
ou formé d'une suite d'anneaux , dont 
le premier est beaucoup plus grand ; en- 
veloppe membraneuse, ou plutôt co- 
riacée ou cornée, que calcaire; bouche 
souvent peu distincte, sans palpes sen- 
sibles: (deux mandibules et deux mû- 
choires au plus); quatre, deux ou point 


INTRODUCTION. 62 


d'antennes, ressemblant souvent, ainsi 
que tous les pieds, ou quelques-uns, à 
des branches ou à des pièces propres 
uniquement à la natation (un ou deux 
yeux très-petits, souvent peu distincts). 


Remarque. Les pattes des insectes 
des ordres précédens sont terminées , 
ou par une pointe dure, écailleuse ou 
cornée , d’une consistance différente 
de la patte, ou par un ou deux petits 
crochets, également écailleux, et ar- 
ticulés avec la patte, ce qui ne s'ob- 
serve pas dans les entomostracés. 


SECTION PREMIÈRE. 
Les entomostraces hours 


Pattes ou du moins la majeure partie 
servant à marcher ; corps clypéacé ; 
bouclier adhérent sur toute sa surface 


intérieure. 


Genre XLII, Limule, Limulus. 
Crustacés. I, 8 


86 INTRODUCTION. 


Deux boucliers dorsaux ; point d’än- 
tennes sensibles ; deux mandibules 
coudées, terminées par deux pinces ; 
cinq paires de pattes terminées, les 
unes en pointes, les autres par deux 
tenailles ; une autre paire à appendices 
foliacés ; deux yeux dorsaux ; une 
queue dure et pointue, ensiforme. 


Exemple da genre. Limulus gigas. 
Fab. 


Remarque. Gronovius avoit, le pre- 
mier , établi ce genre sous 1,2 nom de 
bar e. 


Genre XLITI. Calige, Caligus. 
Deux boucliers dorsaux ; ps antennes 
très-sensibles ; bouche peu distincte ; 
huit à dix pattes ; les postérieures avec 
deux appendices branchiales; deux yeux 
marginaux ; deux filets ou tuyaux for- 
mant la queue. 


Exemple du genre. Caligus curtus, 
Caligus productus. Muller. 


INTRODUCTION. 07 


Remarque. Ces deux entomostracés 
diffèrent l'un de l'autre par des carac- 
tères essentiels, et on devroit peut-être 
en faire deux genres. 


Genre XLIV. Binocle , Binoculus. 
Un seul bouclier dorsal ; corps hémis- 
phérique ; deux antennes petites; une 
espèce de bec; six pattes; deux yeux 
latéraux ; queue formée d'anneaux, 
terminée par des appendices barbus. 


Exemple du genre. Brnoculus,n.° 2. 
Geoffroi. Histoire des Insectes des en- 
virons de Paris. Tom 2. pag. 660, 


ponte 3. 
SECTION SECONDE 


Les entomostracés branchipèdes. 


(Schæffer.) 


Pattes ne servant point à marcher ; 
bouclier ou valves, dans ceux qui en 


06 INTRODUCTION. 


sont pourvus, n'adhérant pas au corps 
par toute sa surface intérieure. 


À. Un bouclier ou deux valves en 
forme de coquille , couvrant ou ren- 
fermant le corps. 


Genre XLV. Apus, Apus. Un bou- 
clier ; deux antennes ; deux mandi- 
bules et deux mächoires ; des pattes 
nombreuses et foliacées ; queue annel- 


lée , terminées par deux filets. 


Exemple du genre. Limulus apus. 


Fab. 


Remarque. Les am ymones de Muller 
qui sont monocles, qui ont deux an- 
tennes et quatre pattes. ( Monoculus 
satyrus. ab.) Ses nauplies, qui ont 
deux ou quatre pattes de plus, { Mono- 
culus saltatorius, Fab.) ne sont, sui- 
vant le cit. Jurine, que des larves de 
cyclope. (Voyez ce genre plus bas.) 


INTRODUCTION. 6g 


Genre XLVI. Lyncé , Lynceus. 
Test bivalve, échancré près du bout 
antérieur qui repr ésente un bec; anten- 
nes en pinceau ; pattes de même, et 
au nombre de huit; deux yeux. 


Exemple du genre. Monoculus bra- 
chiurus. Fab. 


Genre XLVII. Daphnie, Daphnia. 
Test bivalve ; une tête apparente ; 
avec deux bras; huit à dix pattes ; un 


seul œil, une queue. 

Exemple du genre. Monoculus læ- 
vis. Fab. 

Genre XLVITII. Cypnis, Cypris. 
Test bivalve ; tête cachée; deux an- 
tennes en pinceaux; quatre pattes; un 
seul œil, une queue. 


Exemple du genre. Monoculus con- 
chaceus. Kab. 


Genre XLIX. Cythère, Cytherea. 


99 INTRODUCTION. 


T'est bivalve ; tête cachée ; deux anten- 
nes simplement pileuses ; huit pattes. 


Exemple du genre. Monoculus vi- 
ridis. Fab. 


B. Point de bouclier ou de valves; 
premier anneau du corps simplement 
plus grand, se repliant sur les côtés. 


Genre L. Polyphème, Polyphemus. 
Un œil en forme de tête; une espèce 
de corcelet ; deux rameaux ou bras 
dichotomes ; une queue. 


Exemple du genre. Polyphemus ocu- 
lus. Muller. 


Genre LI. Cyclope, Cyclops. Corps 
alongé, diminuant insensiblement pour 
former une queue; deux à quatre an- 
tennes ; six à dix paties soyeuses ; un 
seul oil. 


Exemple du genre. Monoculus qua- 
dricornis. Fab, 


INTRODUCTION: CL: 


Genre LIT. Branchiopode, Branchio- 
poda. Corps alongé, filiforme, dont la 
moitié postérieure forme une queue, 
terminée par deux filets ; une tête ; deux 
antennes capillaires ; deux yeux pé- 
donculés; deux avancemens, en forme 
de mandibules à la bouche; onze paires 
de pattes foliacées, branchiales ; dou- 
zième article ayant des ovaires ou des 
crochets, suivant les sexes. 


Exemple du genre. Branchiopoda 
stagnalrs. Larmarck. Cancer stagnalis. 


Lan. 


ES D ES 


On trouve des crustacés décrits et 
figurés dans un grand nombre d'auteurs 
depuis Rondelet, le premier des mo- 
dernes, jusqu'à Herbst, qui, comme 
on l'a déjà dit, vient de donner un 
ouvrage sur les crustacés avec beau- 
coup -de figures coloriées. Les princi- 


92 YNTRODUCTION. 


paux de ces auteurs sont : Aldrovande, 
$vwrammerdam , Rumphius , Séba , 
Jonston, Margrave, Pison, Kempfer, 
Sloanne, Brown , Catesby , Petiver, 
Gronovius, Knorr, Barelier, Baster, 
Klein , Plancus, Pennant , Roesel , 
Degeer , Muller , Linnæus, et Fabri- 
cius. On doit aussi citer Sachs, qui a 
Jublié, en 1665, un ouvrage latin de 900 
pages , intitulé, Gammarologia, où ïl 
trarie des crustacéssous tous les rapports, 
comme on en pouvoit traiter à cette 
époque, c'est-à-dire, que son ouvrage 
est une indigeste compilation de tout ce 
qui a été écrit par les anciens et les 
modernes sur les crustacés. 

Actuellement que l'histoire de Îa 
science des crustacés a été parcourue, 
1l convient de passer aux élémens de 
la science même. 

Les crustacés sont des animaux dont 
le corps et les membres sont articulés 
qui ont pour peau une croûte calcaire, 


INTRODUCTION. 93 


qui se renouvelle tous les ans, un cer- 
veau et des nerfs, des branchies pour 
la respiration, un cœur musculaire et 
des vaisseaux pour la circulation, et 
enfin, qui engendrent plusieurs fois 
dans leur vie. 
Ils diffèrent des poissons et des mol- 
lusques avec lesquels ils vivent, parce 
qu'ils ont des membres articulés. Ils 
diffèrent des insectes avec lesquels 1ls 
ont les plus grands rapports d’organt- 
sation extérieure, parce qu'ils ont des 
branchies. | 

Leur corps se divise en tronc et en 
extrémité, comme celui de la plupart 
des autres animaux. Chez fort peu, la 
tête est distincte du corcelet, etelle ne 
se remarque que par la place des or- 
ganes qui lui sont propres, tels que la 
bouche, les yeux et les antennes avec 
leurs accompagnemens. 

Lesantennes varientennombre, mais 
Ja irès-grande majorité en a quatre, de 


04 INTRODUCTION. 


sorte que cette quantitéest généralement 
regardée comme caractère de la classe, 
L'orgamisation de ces antennes est diffé- 
rente, sous quelques rapports, des mé- 
mes parties chez les insectes. Presque 
toujours elles sont divisées en deux par- 
tes ; l’une, composée d'articles longs et 
gros, c'est celle qui est la plus voisine 
de la base; l’autre, formée d’une im- 
mense quantité d'articles très-étroits , 
arrondis, allant en diminuant de oros- 
seur, C'est celle qui la termine. 
Aucune autre classe dans la nature 
n'a les organes de la manducation si 
compliqués. La bouche est toujours 
accompagnée d'un formidable appareil 
d'instrumens propres à briser, à retenir 
la proie. Le nombre des parties qui la 
composent varient dans chaque genre. 
Aussi , est-ce d’après ces organes que 
Fabricius a établi ses caractères géné- 
riques et que Latreille a coordonné les 
siens. Leur étude est aujourd'hui indis- 


INTRODUCTION. 99 


pensable à ceux qui veulent apprendre 
connoître les crustacés. C'est sur eux 
que reposent , on peut le dire sans 
exasération, les fondemens de la science 
qui les a pour objet. Pour en donner 
une idée précise, on va décrire toutes 
ces parties d'après Olivier. (1) 

Voyez pl. 1, où on a figuré en haut 
célles du portune dépurateur , et en 
bas , celle de l’écrevisse de rivière 
pour faire sentir leur différence de 
forme. 

Les antennules sont au nombre de 
huit. Deux (aa) ont leur attache à la 
partie latérale des mandibules ; deux 
(66) à la lèvre inférieure ; et quatre 
(cc dd) un peu au-dessous de la bouche. 

Les deux premières , guère plus 
Jonoues que les mandibules, sont fili- 


(1) Mémoire sur les parties de la bouche 
des insectes. Journal de Physique, juin 1788. 


go INTRODUCTION. 


formes, velues et composées de deux : 


articles bien distincts, dont Le premier 
est plus court que le second, et celui-cx 
est terminé en pointe. Elles ont leur 
attache à la partie latérale externe des 
mandibules. 

Les secondes, plus longues. que les 
premières , sont composées de deux, 
articles, dont le premier, alongé, égal, 
prismatique, et le second plus mince, 
sétacé et recourbé : elles ont leur attache 
à la base externe de la lèvre inférieure. 

Les troisièmes, immédiatement au- 
dessous de celles-ci, sont bifides, ou 
composées de deux pièces, dont l’ex- 
térieure, semblable à l’antennule pré- 
cédente , est seulement un peu plus 
grosse ; l'intérieure (}h) est composée 
de cinq articles, dont le premier est 
court et très-large, le second alongé et 
prismatique ; les trois derniers sont 
presque égaux, courts et velus. 

Les quatrièmes , insérées au devant 


{ 


| 
| 


INTRODUCTION. 97 


des pattes, sont bifides ; la pièce exté- 
rieure est semblable à oi de la pré- 
cédente ; elle est seulement un peu plus 
grosse ; l'intérieure (zz) est composée 
de six articles, dont le premier est 
large et très-court ; le second alongé 
et prismatique ; le troisième large, 
applati, et presque rond ; les deux 
suivans courts et égaux ; le dernier 
terminé en pointe. 

La lèvre inférieure (eeee ) est double 
et divisée en quatre parties appliquées 
sur quatre autres presque semblables , 
dont la moitié d'un côté, et la moitié 
de l'autre ; ces pièces sont membra- 
reuses , ciliées en leurs bords; on en 
voit deux (ffff) de chaque côté, qui 
sont très-minces, fortement ciliées, et 
qui ressemblent aux mâchoires de la 
plupart des insectes; elles sont appli- 
quées contre les mandibules (gx). Par 
la réunion de ces pièces cihiées, la 


bouche se trouve exactement fermée. 
Grustacés, I, 9 


98 INTRODUCTION. 


Peut-être font-elles aussi l'office de mä- 
choires. 

Les mandibules (22) sont très-fortes 
et très-dures, d’une consistance pres- 
que osseuse, convexe d’un côté, con- 
cave , ou en forme de cuiller, et à 
bords tranchans de l’autre. Ces man- 
dibules se meuvent latéralement, ainsi 
que celles de tous les msectes. 

Le corcelet est la partie qui varie le 
plus dans les crustacés. Il est oval 
ou carré , Ou trapizoide et applati 
dans les premiers genres ; globuleux , 
inéoal , dans les suivans. Ensuite 1l 
devient cylindrique , même linéaire, 
et applati sur les côtés. On ne peut en- 
trer 1c1 dans tous les détails relatifs à 
cette diversité de formes. On les trou- 
vera à la tête de chaque genre. 

Tous les crustacés ont une queue; 
mais, quoiqu'elle varie moins que le 
corcelet , :l wen-est pas plus facile 
de la caractériser généralement. Les 


INTRODUCTION. 99 


genres qui composoient la division 
des brachyures de Linnæus ont une 
queue plate , simple , presque trian- 
gulaire , composée ordinairement de 
sept articulations, qui s'emboitent dans 
une dépression du ventre. Les genres 
qui composoient la division des ma- 
croures, du même auteur , en ont une, 
composée de même nombre d’articula- 
tions ; mais ici elles sont bombées, et 
terminées par cinq lames natatoires 
qui ne se voient pas dans les pre- 
nuères, et elles ne peuvent que se re- 
courber sous elles-mêmes. La leucosie 
na que deux articulations, mais c’est 
un fait isolé. Dans tous, la queue 
des femelles est garnie de filets pro- 
pres à recevoir les œufs à leur issue du 
Corps. 

Les pattes, dans les crustacés, sont, 
en général, au nombre de dix, com- 
posées, chacune de cinq à six articu- 
lations inégales , dont la dernière est, 


100 INTRODUCTION. 


au moins à quelques paires, terminée en 
pointe. En général, la première paire 
est plus grosse que les autres , et ter- 
minée par une pièce plus large et plus 
grosse encore que les autres; on l’ap- 
pelle main. Le côté intérieur, de cette 
main, a une exCision, ou s'amincit subi- 
tement pour donner place à une partie 
que l’on appelle le doigt , laquelle est 
articulée et jouit d'un mouvement Îa- 
téral d'ouverture et de fermeture sur 
l'autre côté. La réunion de ces parties 
constitue la pince, dont la forme, la 
grandeur et les accompagnemens va- 
rient , non seulement selon les genres, 
mais encore selon les espèces. 

Toutes les parties qu'on vient de 
passer si rapidement en revue, seront 
détaillées et caractérisées d’une ma- 
nière convenable à la tête de chaque 
genre. 

L'anatomie des crustacés a été tentée 
dès le temps du renouvellement des 


INTRODUCTION. IOI 


sciences en Europe ; cependant elle est 
encore très -imparfaitement connue. 
Roesel est celui qui a fourni Les meil- 
leurs matériaux à cet égard ; mais ses 
connaissances, bornées dans cette partie, 
ne lui ont pas permis de donner à ses 
excellentes figures tout le développe- 
ment que comportoit le sujet. C'est 
cependant lui qu'on est obligé de 
consulter toutes les fois qu'on veut 
parler des organes de la respiration, 
de la digestion et de la génération 
de ces animaux , Cuvier n'ayant en- 
core publié, de ses travaux sur le 
même objet, que ce qui concerne les 
organes du mouvement et des sen-. 
sations. 

Le système musculaire des crustacés 
se borne aux mouvemens de la queue, 
des pattes, des organes de là mandu- 
cation , et de quelques autres parties 
moinsimportantes; car dans cet ordre 1} 
n'y a pont de muscles pour mouvoir 


102 INTRODUCTION. 


la tête sur Le corcelet, puisque ces deux 
pièces sont soudées ensemble. | 

On va, d'après Cuvier, passer en 
revue les muscles de ces différentes 
parties dans le genre de l’écrevisse, qui 
tient le milieu dans la série naturelle 
des crustacés, c'est-à-dire , qui est à 
égale distance des crabes et des cy- 
clopes. 

Dans les écrevisses, donc, la queue 
est formée de six segmens principaux 
et terminée par cinq lames. Les ses- 
mens varient un peu pour la forme ; 
ils sont convexes en dessus et se re- 
couvrent les uns et les autres comme 
des tuiles. En dessous, 1ls sont plus 
étroits et réuuis par une membrane 
lâche, qui leur permet un grand mou- 
vement. Iis portent là, dans l'angle de 
réunion de leur portion inférieure avec 
la dorsale, des espèces denageoires crus- 
tacées, bordées de cils, et formées de 
plusieurs arliculations ; on les nomme 


INTRODUCTION. 104 


fausses pattes, ou pattes natatoires. Elles 
se meuvent de devant en arrière et 
un peu de dehors en dedans, à l’aide 
de petits muscles contenus dans l'inté- 
rieur de chaque articulations, mais, 
qui ne diffèrent pas assez de ceux des 
vraies pattes pour devoir les décrire 
en particulier. 

Les cinq lames qui terminent la 
queue, sont deux paires et une impaire ; 
celle du milieu est articulée directe- 
ment avec le dernier segment. C'est 
sous cette lame que se trouve l’ouver- 
ture de l'anus. Dans quelques espèces, 
elle est comme brisée dans son mi- 
lieu, et susceptible d’un petit mouve- 
ment. Les deux lames latérales sont 
supportées par une pièce commune qui 
s'articule avec le dernier segment de 
Ja queue. La lame la plus externe est 
smpleetciliée, commecelle du milieu, 
à son extrémité ; mais l’externe est 


104 INTRODUCTION. 


comme articulée vers son tiers infé- 
rieur, ou plutôt formée de deux pièces, 
dont la première recouvre par son ex- 
trémité, qui est dentée, la petite qui 
la suit, dont le bord est garni de cils 
très-serrés. 

Les muscles qui meuvent cette queue 
ont une conformation très-singulière ; 
ils forment deux masses distinguées 
l'une de l’autre par le canal intestinal: 
La masse dorsale est plus menue et 
moins composée. On y remarque trois 
sortes de fibres. Les premières cons- 
tituent un muscle qui s'attache dans 
la partie dorsale du corcelet vers son 
quart postérieur. Il se dirige ensuite 
obliquement de devant en arrière, et 
de dedans en dehors, vers les parties 
latérales du premier segment de la 
queue où 1l s'insère. Lorsque le muscle 
d'un côté agit séparément , il porte 
Ja queue à droite ou à gauche. Lors- 


INTRODUCTION. 105 


que tous deux agissent ensemble, ils, 
doivent la redresser quand elle est flé- 
chie, et la maintenir droite. 

La seconde et la troisième séries des 
fibres musculaires s'étendent sur toute 
Ja longueur du dos en deux lignes pa- 
rallèles, très-contigués. Elles viennent 
des parties latérales et supérieures de 
la cloison du corcelet sur laquelle s’ap- 
pliquent les branchies. Elles s’atta- 
chent là par divers digitations. Arri- 
vées sur le premier anneau de la queue, 
on remarque à la surface une petite 
intersection, et l’on voit qu'un petit 
trousseau de fibres se contourne pour 
s'insérer à ce premier anneau, et ainsi 
de suite pour chacun de ceux qui sui- 
vent. Cette disposition donne à la bande 
interne une apparence de corde tordue. 

La portion externe de la masse dor- 
sale est formée de fibres distinctes et 
longitudinales. 

La masse ventrale des muscles de la 


106 INTRODUCTION. 


queue est beaucoup plus épaisse et plus 
compliquée que celle du dos. Pour 
se faire une idée précise de sa compo- 
sition, on la décrira comme vue sous 
trois faces. 

Le muscle ventral de la queue, 
vu par le dos, prend naissance dans 
intérieur du thorax , au-dessous de 
la partie osseuse , grillagée, qui ren- 
ferme les muscles des hanches; ce mus- 
cle est alors partagé en droite et gauche; 
chacun d'eux est formé de trois lar- : 
ges digitations. Arrivés sur le pre- 
mier segment de l'abdomen, les fibres 
longitudinales plongent sous d’autres, 
qui sont contournées , et qui les em- 
brassent. Le reste du muscle, sur toute 
la longueur de la queue , est aussi for- 
imé de deux séries de fibres convexes 
et courbées parallèlement les unes à 
côté des autres, séparées de droite à 
gaucbe par une gouttière dans laquelle 
est logée le canal intestinal. 


INTRODUCTION. 107 


Le muscie ventral de la queue, vu 
par-dessous même , présente trois or- 
dres de fibres bien marquées. La pre- 
mière série est produite par la face 
inférieure des digitations qui s'insèrent 
sur les grillages osseux du thorax. La 
seconde série est formée de fibres obli- 
ques qui sont la continuation des pre- 
mières, et qui s'étendent de la ligne 
moyenne dans laquelle est situé Le cor- 
don médullaire des nerfs, jusque sur 
les parties latérales des auneaux dans 
l'angle qui résulte de Ja réunion de la 
portion dorsale avec la venirale. Il y à 
deux forts trousseaux de fibres pour 
chacun des angles des anneaux, depuis 
le premier jusqu'au sixième. Enfin, la 
troisième série est produite par des 
trousseaux impaires de fibres transver- 
ses qui décrivent des arcs dont la con- 
vexité est inférieure. Ces cerceaux mus- 
culeux , applatis , correspondent à l'ex- 
trémité de chacun des anneaux, et 


108 INTRODUCTION. 


paroissent former autant de poulies dé- 
rivatoires pour les fibres obliques dont 
on vient de parler. 

Enfin, le muscle ventral de la queue, 
coupé longitudinalement dans sa partie 
moyenne, ressemble à une corde dont 
les spires seroient peu obliques. Les 
fibres qui correspondent aux trous- 
seaux transverses, sont distinctes et plus 
étroites. 

De cette singulière complication ,: 
il résulte que ce muscle isolé de toutes 
ses adhérences , ressemble à une tresse 

“très-serrée, dont chacun des fils, au 
heu d'agir dans la direction longitu- 
dinale, se meut obliquement dans le 
canal: formé par les fibres voisines. 

Chacune des articulations des pattes 
a deux muscles, un extenseur et un flé- 
chisseur. 

L’extenseur de la hanche est situé 
dans l’intérieur du corcelet, sur la pièce 

cornée qui soutient les branchies, un 


INTRODUCTION. 109 


peu en devant de la branche, qu'il üre 
en avant. 

Le fléchisseur de la hanche est aussi 
attaché sur la pièce cornée qui soutient 
les branchies; mas 1l est placé en ar- 
rière et produit le mouvement con- 
traire du précédent. 

L'extenseur de la cuisse est plus fort 
que le fléchisseur ; 1l est attaché dans 
l'intérieur de la hanche, à sa portion 
antérieure, et s’insère à l'éminence su- 
périeure de l'articulation de la cuisse. 
I] est plutôt abaisseur. 

Le fléchisseur de la cuisse, où mieux 
le releveur , est plus court que le pré- 
cédent. fl occupe la partie postérieure 
interne de la cuisse , et s'insère à 
léminence inférieure de l'articulation. 

L'extenseur de la jambe est situé 
dans l'intérieur de la cuisse, dont il 
occupe toute la largeur. IL s’insère au 
bord externe de l'articulation de la 


jambe. 
Crustacés. I. 10 


110 INTRODUCTION. 


Le fléchisseur de la jambe est moins 
fort que son extenseur. Il est couché 
sous lui, et s'insère au bord interne de 
l'articulation. 

L'extenseur de la première pièce du 
tarse s'attache intérieurement à tout 
le bord supérieur de la jambe, et s'in- 
sère à l'éminence la plus élevée de l’ar- 
üiculation de la quatrième pièce. 

Le fléchisseur de la première pièce 
est attaché aussi dans l'intérieur de la 
jambe, mais à son bord inférieur ; et 
il s'insère à l'éminence la plus basse de 
l'articulation. 

L’extenseur de la serre et son flé- 
chisseur occupent et partagent l'inté- 
rieur de la quatrième pièce. Leur place 
détermine leurs fonctions. 

L’extenseur du pouce est un très- 
petit muscle qui occupe la partie supé- 
rieure de la pince. 

Le fléchisseur du pouce s'attache à 
tout le reste de la pince. II a un fort 


INTRODUCTION. T1. 


tendon , osseux, intermédiaire, plat et 
oblons. Il est très-volumineux. 

Les crustacés qui ressemblent tant 
aux insectes par leurs organes du mou- 
vement, quoiqu'ils en diffèrent beau- 
coup par ceux de la respiration, ont 
aussi un systême nerveux semblable 
à celui des. insectes, au moins quant 
aux parties essentielles. 

Danslesécrevisses, la partie moyenne 
de ce systême est un cordon noueux qui 
se prolonge d'une extrémité du corps à 
l'autre. Dans les crabes , 1l y a au mi- 
lieu du corps un cercle médullaire d'où 
les nerfs du corps partent comme des 
rayons. 

Dans ces divers animaux le cerveau 
est placé à l'extrémité antérieure du 
museau, et par conséquent assez loin 
de la bouche, qui s'ouvre sous le cor- 
celet. C'est ce qui fait que les cordons 
du collier de l'œsophage sont plus alon- 
gés que dans d'autres. 


T12 ENT O-D'U C TTOMN. 


Le cerveau de l'écrevisse est une 
masse plus large que longue, dont la 
face supérieure est assez distinctement 
divisée en quatre lobes arrondis. Les 
lobes moyens produisent de leur bord 
antérieur chacun un nerf, qui est l'opti- 
que. Ce nerfse rend directement dans le 
tubercule mobile qui porte l'œil, et il 
s'y dilate ei s'y divise en une multitude 
de filets qui forment un pinceau, et 
aboutissent à tous les petits turbercules 
de l'ail. 

De la face inférieure du cerveau 
naissent quatre autres nerfs qui vont 
aux quatre antennes, et qui donnent 
quelques filets aux parties voisines. Les 
cordons qui forment le collier naissent 
du bord postérieur du cerveau. Ils don- 
nent chacun, vers le milieu de leur 
longueur, un gros nerf qui va aux man- 
dibules et à leurs muscles; 1ls se réu- 
missent sous l'estomac en un ganglion 
oblong qui fournit des nerfs aux di- 


INTRODUCTION. 119 
verses paires de mâchoires. À partir 
de cet endroit, les deux cordons restent 
rapprochés dans toute la longueur du 
corcelet ; et y forment cinq ganglions 
successifs, placés entre les articulations 
des cinq paires de pattes. Chaque patte 
reçoit un nerf du ganglion qui lui cor- 
respond, et ce nerf pénètre jusqu'à son 
extrémité ; c’est celui de la serre qui est 
le plus gros. Les cordons médullaires, 
arrivés dans la queue, s y unissent si 
intimement , qu'il n'est plus possible 
de les distinguer. [ls y forment six gau- 
glions, dont les cinq premiers fournis- 
sent chacun deux paires de nerfs. Le 
dernier en produit quatre, qui se dis- 
tribuent, en rayons, aux nageoires 
écailleuses qui terminent la queue. 

Le pagure, dont la queue n'est pas 
recouverte d'écalles articulées, paroïit 
avoir beaucoup moins de ganglions que 
l'écrevisse : on ne lui en voit que cinq. 

Dans les squilles il y a dix ganglions 


CRE] 


114 INTRODUCTION. 


sans compter le cerveau. Celui qui est 
à la réunion des deux cordons qui ont 
formé le collier, donne des rameaux aux 
deux serres et aux trois paires de pattes 
qui les suivent immédiatement, et, 
qui, dans ces animaux, sont presque ran- 
gées sur une même ligne transversale : 
aussi ce ganglion est-1l le plus long 
de tous. Chacune des trois paires sui- 
vantes a son ganglion particulier. Il y en 
a ensuite six dans la longueur de la 
queue qui distribuent leurs filets aux 
muscles épais de cette partie. Le cer- 
veau donne immédiatement quatre 
troncs de chaque côté , savoir : l’op- 
tique ; ceux des deux antennes et le 
cordon qui forme le collier. Comme 
les antennes sont placées ici plus en 
arrière que le cerveau, leurs nerfs se 
dirigent en arrière pour s’y rendre. 
Dans les crabes , le cerveau ressem- 
ble à celui de l’écrevisse par sa forme 
et sa situation. IL fournit aussi des nerfs 


INTRODUCTION. 119 
analogues , mais qui se dirigent plus 
sur les côtés, à cause de la situation des 
yeux et des antennes. Les cordons mé- 
dullaires qui forment le collier donnent 
aussi, chacun, un nerf aux mâchoires, 
mais les cordons se prolongent beau- 
coup plus en arrière que dans les écre- 
visses, sans se réunir : ils ne le font 
que dans le milieu du thorax , et là, 
commence une masse médullaire, figu- 
rée en anneau ovale, évidée dans son 
milieu, et huit fois plus grande que le 
cerveau. C'est du pourtour de cet an- 
neau que naissent les nerfs qui vont 
aux diverses parties ; 1] fournit six 
nerfs de chaque côté pour les mâchoires 
et les cinq pattes, et il y en a un on- 
zième, ouimpaire, qui vientde la partie 
postérieure , et se rend dans la queue. 
Il représente, pour ainsi dire, le cor- 
don noueux ordinaire; mais ses gan- 
glions, s'il en a, ne sont point visibles. 

Dans les cloportes , les deux cor- 


116 INTRODUCTION. 

dons qui composent la partie moyenne 
du système nerveux, ne sont pas en- 
tèrement rapprochés. On les distingue 
bien dans toute leur étendue. Il y a 
neuf ganglions, sans compter le cer- 
veau; mais les deux premiers et les 
deux derniers sont si rapprochés, qu'on 
pourroit les réduire à sept. 

Dans les monocles, le cerveau est un 
petit globe presque transparent , situé 
sous l’intervalledes yeux. Lecordon mé- 
dullaire est double, et a un renflement à 
chacune des nombreuses articulations 
du corps ; mais le tout est si mince et 
si transparent, qu'on à peine à s assurer 
de sa véritable nature. 

Le nerf optique, des crustacés, tra- 
verse le tubercule sur lequel leurs yeux 
sont placés; et, arrivé au centre de leur 
convexité , 1i forme un petit bouton, 
d'où partent , ‘en tout sens, des filets 
très-fins, qui rencontrent, à quelque 
distance, la membrane choroiïde, qui 


INTRODUCTION. 117 


est à peu près concentrique à la cor- 
née, et qui enveloppe cette brosse sphé- 
rique de l'extrémité du nerf, comme 
le feroit un capuchon. Toute la dis- 
tance entre cette choroïde et la cornée , 
est occupée, comme dans les insectes, 
par des filets blanchätres, serrés, qui 
serendent perpendiculairement de l’une 
_à l'autre, et dont l'extrémité qui tou- 
che à la cornée, est également enduite 
d'un vernis noir. 

Ces filets sont la continuation de ceux 
qu'a produits le bouton qui termine le 
nerf optique, et qui ont percé la cho- 
roide. 

Actuellement il faut passer à la des- 
cription des viscères , et quitter le mé- 
 thodique Cuvier, pour l'obscur Roesel. 

Lorsqu'onenlève la croûte qui couvre 
Ja poitrine d'une écrevisse , on voit de 
chaque côté, derrière les cavités qui 
contiennent, dans le temps du change- 
ment de peau, les pierres d'écrevisses 


116 INTRODUCTION. 


et dans d’autres temps, une matière 
verdâtre ; plus bas est l'ouverture des 
ouies , fermée de plusieurs feuil- 
lets, au milieu desquels est un tuber- 
cule qui semble étre leur point central 
de mouvement. Cette ouverture com- 
munique avec les branchies, qui sont 
composées par des lames brunes, fran- 
gées , courbées en dessus , et qui res- 
semblent à des feuilles. Il est presque 
impossible de les compter. Elles sont 
accompagnées de filets membraneux, 
et plumeux , et de poils noirs et frisés. 
Elles embrassent les deux côtés du 
corps, comme on le peut voir dans les 
écrevisses cuites , où ces parties sont 
coriaces et sans goût , de sorte qu'on 
ne les mange point. L'estomac est placé 
dans la tête même. Il est composé de 
fortes membranes , et contient trois 
dents écalleuses, à pointes. Ces trois 
dents ont une position telle, qu'elles 
peuvent se réunir exactement, etbroyer 


INTRODUCTION. 119 


toutes les matières soumises à leur ac- 
tion. Deux sont plus grandes que la 
troisième , qui n’a que trois tubercules, 
tandis que les autres en ont cinq. Ces 
dents, 1l faut le remarquer , n’ont au- 
cun rapport avec les deux qui se trou- 
vent à l'entrée de la bouche. En des- 
cendant vers le milieu du corps, on voit 
les testicules , au nombre de trois , 
deux en devant, et un, plus gros, en 
arrière. Entre ces testicules et l'ori- 
gme de la queue se trouve le cœur, 
d'une couleur blanchätre, d’une forme 
approchant de la pentagone , duquel 
sortent quatre vaisseaux , trois en avant, 
etun en arrière. Le vaisseau du milieu, 
des premiers, porte le sang à la tête; 
les deux autres vont aux côtés; et le 
dernier à la queue. Derrière, et sur les 
côtés du cœur, se voient des vaisseaux 
blancs , qui ressemblent à un gros ff, 
occupant un assez grand espace daus le 
corps de l'écrevisse ; mais ne se mon- 


20 INTRODUCTION. 


irant pas, dans tous les temps, d’une 
méme épaisseur. Ces vaisseaux ont avec 
les testicules une liaison qui ne permet 
pas de douter qu’ils ne soient les vais-. 
seaux séminaux du mäle. Dans la fe- 
melle, cette même partie est remplie 
par les ovaires , qui , lorsqu'elle est 
gonflée par les œufs , occupent encore 
un plus grand espace aux dépens des 
branchies. 

Mais il faut revenir à l'estomac, 
immédiatement sous lequel est l'ou- 
verture de la bouche. À sa partie pos- 
térieure latérale sont deux globules , 
dont on ne peut deviner l'emploi, et à 
sa partie supérieure s'en voit un autre, 
qui est la vésicule du fiel. C'est entre 
ces trois globules que l'estomac se dé- 
charge dans l'intestin , vaisseau droit, 
cartilagineux ,qui va se perdre à l’ex- 
trémité de la queue, c'est-à-dire, à l’a- 
nus. Âveccetintestin marche une veine, 
et, comme on l'a déjà observé , un 


FINDER O D U CTION I2E 


. filet nerveux, parsemé de ganglions. 


Quoiqu'on ait dit que les testicules 
étoient au nombre de trois, ce n’est 
qu'en apparence. Il ny en a ja- 
mais qu'un , mais divisé en trois par- 
ties. Sa couleur est jaunâtre , sa sur- 
face raboteuse , et son intérieur glan- 


. duleux. Les deux vaisseaux sperma- 


k 


tiques prennent leur origine au-dessous 
des deux petits lobes , à la partie supé- 
rieure du grand. Ces vaisseaux sont 
très-minces et très-délicats à leur ori- 
gine; mais 1ls augmentent bientôt en 
grosseur et en force. Au temps de l’ac- 
couplement ils sont plus gonflés, parce 
qu'ils sont alors remplis de semence, 


substance blanche et dure. Ils sont. si 


entortillés, qu'on ne peut que difcile- 


ment les étendre ; mais on ne se ha- 


sarde pas en disant qu'ils ont plus de 
deux décimètres de longueur. Ces vais- 


. seaux vont aboutir à la racine des deux 


pattes postérieures , à de gros tuber- 


Crustecés, I, IL 


F22 INTRODUCTION. 


cules, qui sont les organes extérieurs 
de la génération des mâles. On peut 
aisément s'assurer de ce fait en pres- 
sant une écrevisse dont les vaisseaux 
sont remplis de semence, elle ne tarde 
pas à sortir par les trous qui sont à ces 
tubercules. 

Les écrevisses femelles ont, à l’en- 
droit même où est placé le tubercule 
du mâle, un corps presque pareil, qui 
n'est autre chose que l'ovaire , d’où par- 
tent deux gros canaux, qui vont direc- 
tement aboutir à la première articula- 
tion des pieds du milieu. Cet ovaire, 
qu'on trouve en tout temps dans les fe- 
melles (mais remarquable par sa gros- 
seur , seulement lorsqu'il est rempli 
d'œufs), paroît, comme le testicule du 
mâle, composé de trois parties ; deux en 
haut , égales, géminées, et une en bas, 
plus grande. Cet ovaire renferme tou- 
jours trois espèces d'œufs, ou mieux des 
œulfsde trois grandeursdifférentes. Ceux 


INTRODUCTION. 123 


quisont les plus avancés, sont plus grands 
et bruns. Ceux qui doivent être pondus 
l'année suivante , sont peu différens en 
grosseur, mais Jaunes. Les autres ont 
une couleur blanchâtre , plus ou moins 
intense , selon leur âge. Roesel observe 
que les premières pontes sont toujours 
extrémement peu abondantes, qu'elles 
ne sont composées que de quatre à cinq 
œufs. 

L'œuf , en sortant de l'ovaire, est 
attaché à un fil, et reste un instant 
pendant en dehors ; mais la femelle, 
en courbant fortement sa queue , le 
re, et l'attache à un de ces petits filets 
membraneux dont elle est garnie. L'é- 
crevisse salt eusuite le faire passer d'un 
filet à un autre, au moyen de ses pattes, 
et cela de manière qu'ils sont égale- 
ment distribués sur tous. Ces œufs sont 
attachés par la seule slutinosité de leur 
fil, mais leur attache est forufiée par 


124 INTRODUCTION. 


les poils dont les filets sont garnis , et 
autour desquels 1l est entortllé. 

Lorsqu'on examine un œuf au mi- 
croscope , on voit qu'il est entouré , 
outre sa propre peau, d'une seconde en- 
veloppe, dont la partie supérieure est 
le fil dont on vient de parler. Il se 
trouve donc dans un sac. 

On peut voir dans Roesel , pi. 58, 
59 et 60, les .développemens de toutes 
ces parties. Ces planches ont été copiées 
par Herbst, pl. 46. 

Un des faits les plus étonnans que 
nous fassent voir les crustacés, c'est que 
quand leurs pinces ou leurs pattes sont 
rompues par quelque accident, comme 
cela leur arrive souvent , il leur en 
pousse de nouvelles, au même endroit. 
{l'est même des espèces qui tiennent st 
peu à leurs membres, qu'il suffit de 
les toucher, de les mettre près du feu, 
enfin, de leur faire craindre un danger, 


INTRODUCTION. 125 


pour les déterminer à les abandonner 
en partie, ou en totalité. Le fait est si 
généralement connu , que personne ne 
s'est avisé de le révoquer en doute. 
Les anciens , du moins Aristote et 
Pline , en parlent ; mais ce n’est que 
dans ces derniers temps qu’on en a cher- 
ché l'explication. 

Réaumur, à qui les scienses natu- 
relles doivent de si nombreuses décou- 
vertes , est le premier qui ait tenté des 
expériences directes, pour s'assurer des 
moyens que la nature emploie pour la 
reproduction des pattes des crustacés. 

Ce célèbre physicien coupa donc des 
jambes à des crabes , à des écrevisses, 
et les mit dans ces bateaux couverts 
qui communiquent avec l’eau dans une 
portion de leur étendue , et qui sont 
destinés à conserver le poisson en vie. 
Au bout de quelques mois, il vit de 
nouvelles jambes qui étoient venues à 
la place des anciennes , et qui , à la 


126 INTRODUCTION. 


grandeur près , leur étoient parfaite- 
ment semblables. 

Le temps nécessaire pour la repro- 
duction des nouvelles jambes n’a rien 
de fixe; c'est un des endroits par les- 
quels cette régénération diffère de la 
génération ordinaire ; elles croissent 
d'autant plus vîte , que la saison est 
plus chaude , et que l'animal est 
mieux nourri. Diverses circonstan- 
ces rendent encore cette reproduction 
plus prompte ou plus tardive. Une des 
plus essentielles est l'endroit où la 
jambe a été cassée. Le point de réu- 
nion de la seconde articulation avec la 
troisième , est le lieu ou elles se cassent 
le plus aisément, et où la reproduction 
se fait le plus facilement. Là, il y a 
plusieurs sutures qui semblent distinc- 
tes des articulations , du moins qui n'ont 
point de mouvemens. C'est dans ces 
sutures, sur-tout dans celle du nulieu, 
que la jambe se casse. IL est même plu- 


INTRODUCTION. 127 
sieurs espèces de crustacés, qui, lors- 
qu'on les blesse à quelques autres par- 
ties de leur pattes, cassent eux-mêmes 
le restant à cette suture pour faciliter la 
réparation de leur perte. 

Il n'y a pas de pareilles sutures au- 
près des autres articulations, aussi , si 
on coupe la jambe ailleurs , elle s’y re- 
produit moins vite. Mais ce qui mérite 
d'être remarqué, c'est qu'il ne renait à 
chaque jambe que précisément ce qu'il 
faut pour la compléter. 

Si c'est pendant l'été que l'on a cassé 
les pattes d’un crabe où d'une écrevisse , 
et qu'un jonr ou deux après on observe 
les changemens qui sont arrivés , on 
voit une espèce de membrane un peu 
rougeâtre, qui recouvre les chairs qui 
sont immédiatement au bout de l’en- 
droit coupé. Sa surface est assez plane, 
comme le seroit celle d’un linge étendu 
au bout d’un tuyeau cylindrique : aussi 
le bout de la jambe ressemble-t-1l alors 


120 INTRODUCTION. 


à celui d'un tuyau d'écaille. Quatre à 
cinq jours après la même membrane 
prend une surface un peu convexe, sem- 
blable à celle d'un segment de sphère, 
et après quelques autres jours , cette 
figure sphérique se change en une co- 
nique, c'est-à-dire, que la membrane 
dont 1l est question s'alonge de façon, 
que son milieu s'étend plus que tout 
autre endroit de sa surface et elle forme 
un petit carré, qui n'a pourtant pour 
basequ’une partie de lacirconférence de 
l'endroit où la jambe a été cassée. Il 
semble que le milieu et les contours 
du milieu ont été seuls poussés en haut. 
Souvent alors ce petit cône a environ 
deux millimètres de hauteur. Sa base 
reste toujours la même, mais sa hau- 
teur augmente dans [a suite. Après dix 
jours elle a environ cinq millimètres. 
La couleur de la membrane qui le 
forme devient blanche, et ce qu'il y 
avoit de rouge à l'extrémité se détache. 


INTRODUCTION. 229 


On ne doit pas se représenter ce 
cône comme creux à l'intérieur. La 
membrane qui en fait la surface ex- 
térieure sert à envelopper des chairs, 
elle tient lieu de matrice. A mesure 
que ce fœtus de jambe croit, la mem- 
brane qui l'enveloppe s'étend. Comme 
elle est assez épaisse , ce n'est qu'après 
l'avoir coupée qu'on observe qu'elle 
renferme une petite jambe semblable 
à celle qu'on a enlevée ; car , lors- 
qu'on la regarde extérieurement , ce 
que l’on apperçoit, ne semble qu'une 
excroissance de chair, de figure eonmi- 
que. Quelque témps aprèscette époque, 
c'est-à-dire, au bout de douze à quinze 
jours, cette figure change un peu, ce 
petit cône se recourbe vers la tête 
de l'animal, Ensuite, le même corps 
charnu se recourbe davantage; le coude 
qu'il formoit augmente, 1l prend une 
figure assez semblable à celle d'une 
jambe morte. Cette même partie, 


130 INTRODUCTION. 


toujours incapable d'aucune action , 
acquiert jusqu'à sept où huit milli- 
mètres dans trente à quarante jours ; 
mais, comme la membrane qui la cou- 
vre, en s'étendant devient plus mince, 
et qu'en même temps toutes les par- 
ües de la jambe deviennent plus mar- 
quées, en regardant de près, on peut 
alors distinguer que ce n'est pas une 
simple carnosité. On démêle quelques 
jointures , la première sur-toutest sen- 
sible, On apperçoit aussi une ligne qui 
fait la séparation des deux pinces dont 
les bouts forment le sommet du cône 
ou de la petite carnosité. 

La jambe alors est prête à éclore, 
s'il est permis de se servir de cette 
expression. À force de s'être étendue, 
{a membrane qui l'enveloppe , se dé- 
chire ; la jambe dépouillée de ce four- 
reau , qui, après avoir servi à la con- 
server, ne sert plus qu'à l'embarrasser, 
paroît au Jour. Elle est encore molle; 


INTRODUCTION. 131 


mais, peu de jours après , elle se trouve 
revêtue d'une écaille aussi dure que 
celle de l’ancienne jambe, I] ne lui 
manque que la grandeur et la gros- 
seur , et elle les acquiert avec le temps. 
Elle est, pour ainsi dire, en âge de 
croître dans le temps que l'autre jambe 
semble n’y être plus, c'est-à-dire qu'elle 
s’'augmente plus rapidement, à cha- 
que changement de peau , tant qu’elle 
n'est pas arrivée à la même grosseur, 
mais quand elle est à ce point, elle suit, 
dans ses accroissemens postérieurs , po- 
sitivement la même progression que 
l'autre. 

Les petites jambes repoussent comme 
les grandes, mais plus lentement. I] 
en est de même des parties saillantes 
qui se trouvent souvent sur les pattes 
ou sur les côtés du corps ; 1l en est en- 
core de même des antennes ou des por- 
tions d'antennes , des antennules, des 
mächoires, etc. 


1232 INTRODUCTION. 


Réaumur cherche à expliquer les 
causes de cette reproduction des parties 
des crustacés. Il se demande si, à la 
base de chaque jambe, il ÿ a une pro- 
vision de jambes nouvelles , comme 
dans les enfans il y a une dent sous la 
dent de lait qui doit tomber un jour ? 
Si un crustacé peut réparer la perte de 
ses jambes d’une manière indéfinie , 
ou, si, après quelques reproductions, 
il en est incapable ? 

Ce même Naturaliste a voulu sa- 
voir si en coupant la queue d’une 
écrevisse, 1l en renaitroit une autre ; 
mais ses expériences l'ont convaincu 
que la mort étoit toujours la suite plus 
ou moins prompte de cette opération. 

Badier, dans un mémoire sur la re- 
production des pattes de crabes, inséré 
dans le Journal de Physique, en 1778 , 
nous apprend que, lorsqu'un crabe de 
terre des Antilles a perdu une de ses 
pinces , et 1l est. du nombre de ceux 


INTRODUCTION. 139 


qui les perdent le plus facilement, 1l 
se cache dans son terrier , en ferme 
l'ouverture avec des feuilles, et n’en 
sort plus que son membre ne soit re- 
poussé. Il assure n’en avoir jamais ren- 
contré de mutilés. Il n’en est pas de 
même des espèces aquatiques , qui, 
quoique sans pinces, vont et viennent, 
comme à l'ordinaire. 

Tous les crustacés proprement dits, 
sont daus le cas de ceux sur lesquels 
Réaumur a fait ses expériences. IL est 
probable même que les entomostracés 
de Muller , ou les sessihiocles de La-. 
marck, jouissent aussi d'une semblable 
prérogative ; mais leur petitesse n’a pas 
permus de les soumettre aux mêmes 
essais. 

Un autre phénomène que présente 
les crustacés est celui de leur change- 
ment de peau ou d'écaille. 

Les crustacés qui vivent plusieurs 


années, et qui grossissent pendant toute 
Crustacés. I. 12 


134 INTRODUCTION. 


leur vie , sont cependant enveloppés , 
comme on l'a déjà dit , d'une croûte 
solide, incapable de se distendre sans 
se rompre, par conséquent dans le cas 
de mettre un obstacle imsurmontable à 
leur accroissement , si la nature n’y 
avoit pourvu par un moyen, qui, sil 
est moins surprenant que celui de la 
reproduction des pattes , n'en est 
pas moins digne des méditations du 
scrutateur de la nature ; c'est par 
le dépouillement complet et instan- 
tané de leur robe de l’année précé- 
dente. 

Le test des crustacés est toujours 
composé de plusieurs pièces , qui va- 
rient en nombre et en forme, selon les 
genres. Quelquefois 1l est uni, mais 
le plus souvent il est chargé de grains, 
de tubercules , d'épines, de trous, 
de stries , de figures, et de directions 
fort variables; de poils de difiérentes 
- matures, etc. Sa couleur varie beaucoup 


INTRODUCTION. 135 


dans les animaux en vie ; mais lors- 
qu'ils sont morts , sur - tout lors- 
qu'ils ont été cuits, cette couleur se 
change en rouge dans la très-grande 
majorité. Ce fait très - remarquable, 
ne s'explique pas d’une manière sa- 
tisfaisante ; mais il est presque ca- 
ractéristique pour les animaux de cette 
classe. 

Quand on expose des morceaux de 
test des crustacés au feu , une partié 
brûle avec flamme, en donnant une 
odeur animale , semblable à celle de 
la corne dans les mêmes circonstances, 
mais elle est modifiée d’une manière 
particulière. Le reste est une véritable 
chaux , dont les molécules ont rare- 
ment de la cohérence entre elles, parce 
que la partie animale brülée étoit 
plus abondante que la partie calcaire. 

Lorsqu'à la fin du printemps, la 
chaleur commence à se faire sentir dans 
le fond des eaux , lorsque la naissance 


130 INTRODUCTION. 


d’une multitude d'animaux a fourni aux 
crustacés une proie facile à se procurer, 
qu'ilsont cru, proportionnellement à l’a- 
bondance de leur nourriture, 1ls se trou- 
vent trop à l’étroit dans leur ancienne 
enveloppe. Alors il se forme, entre leur 
test et leur chair, un intervalle vide qui 
augmente de manière que, si, à cette 
époque, on presse leur test, ons'apper- 
çoit qu'il cède sous le doigt. Peu après 
on trouve les crustacés avec une peau 
molle, et souvent dans leurs environs 
une dépouille , que l’on peut présumer 
être les restes de leur test. Ces faits 
ont été connus de tout temps, sur- 
tout relativement aux écrevisses ; mais 
c'est à Réaumur que l'on doit de les 
avoir constatés par des expériences di- 
rectes. 

Ce physicien a mis des écrevisses 
dans des boîtes , percées de trous , et 
posées dans la rivière , et dans des 
bocaux placés dans son cabinet, à l'é- 


INTRODUCTION. 137 


poque de l'année où elles devoient 
changer de peau , c'est-à-dire en prai- 
rial ; et 1l a vü que quelques heures 
avant que ce crustacé se dépouillât de 
sa peau , 1l se frottoit les pattes les 
unes contre les autres, et sans changer 
de place; qu'il les remuoit aussi sé- 
parément , qu'il se renversoit sur le 
dos , replioit sa queue, l'étendoit en- 
suite, agiloit ses antennes, etc. Tous 
ces mouvemens tendent à donner à 
chacune de ses parties un peu de jeu 
dans leur fourreau. 

Après ces préparatifs , l'écrevisse 
gonfle son corps plus qu'à l'ordinare , 
alors le premier des segmens de sa queue 
paroît plus écarté de son corcelet. La 
membrane qui les unit se brise, son * 
nouveau corps paroît. Il se distingue 
de la vieille écaille , parce qu'il est 
d’un brun foncé , tandis qu’elle est d’un 
brun verdâtre. 

Les écrevisses ne travaillent point à 


138 INTRODUCTION. 

se débarrasser de leur écaille inmédia+ 
tement après que la rupture précédente 
a été faite , elles restent quelques temps 
en repos ; elles recommencent ensuite 
à agiter leurs jambes , et toutes leurs 
autres parties. Enfin, l'instant étant ar- 
rivé où elles croient pouvoir se tirer 
d'un habit incommode , elles gonflent 
et elles soulèvent plus qu'à l'ordinaire 
les parties recouvertes par le corcelet, 
qui s'élève, s'éloigne de l'origine des 
jambes, et se décolle. La membrane 
qui le’ tenoit tout le long des bords du 
ventre, se brise, il ne reste attaché que 
vers la bouche; on voit déborder tout 
autour , la partie du corps qui en étoit 
recouverte auparavant. 

Depuis ce moment, jusqu'à ce que 
l’écrevisse soit entièrement nue, il ne 
s’est passé, dans la rivière, qu'un demi- 
quart-d'heure. Dans la chambre cette 
opération a été plus longue. 

Le corcelet étant soulevé à un cer- 


INTRODUCTION. 139 
‘point, on voit son bord s'éloigner de la 
prenuère pare de pattes ; l’écrevisse 
alors tire sa tête en arrière ; elle dégage 
ses yeux de leurs étuis; elle dégage en 
méme-temps un peu toutes les autres 
parties du devant de la tête. Les jam- 
bes elles-mêmes sont un peu retirées 
en arrière ; elles suivent le corps, car 
iln'y en a qu'une paire d’articulée par- 
delà le corcelet. Enfin, à diverses au- 
tres reprises, elle se gonfle, elle retire 
son corps en arrière; elle dépouille , ou 
une des grosses jambes, ou toutes les 
jambes d’un côté , ou une partie de celles 
d'un côté; quelquefois celles des deux 
côtés se dégagent en même temps, car 
ceci ne se passe pas d’une manière un1- 
forme dans toutes les écrevisses ; elles 
ne trouvent pas toutes une égale facilité 
à reurer les jambes semblablement 
placées : 1l y en a quelquefois de si 
difficiles à amener , de si serrées dans 
leur gaine , qu'elles y restent, et se rom- 


. 


140 INTRODUCTION. 


pent. Tout ce travail est furieusement 
rude pour l'animal; Réaumur en a vu 
souvent mourir dans l'opération, et sur- 
tout des jeunes. Les mouvemens qu'el- 
les se donnent dans cet état, sont aussi 
différens que les individus. IL en est 
qui se contentent de remuer doucement 
leurs jambes, d'autres qui les frottent 
très-rudement. Il en est qui se mettent 
sur le côté ; et celles-là se tirent plus 
promptement d’affaires ; d'autre sur le 
ventre ; enfin d’autres sur le dos, et ce 
sont ces dermères à qu1il arrive le plus 
souvent de périr. 

Enfin , quand les jambes sont déga- 
gées, l’écrevisse retire de dessous son 
corcelet sa tête, et les autres parties 
qu'il couvroit ; elle se donne aussitôt 
un mouvement en avant ; elle étend 
brusquement sa queue , et la retire 
aussitôt ; par ce dernier mouvement 
elle abandonne tout son ancien étui. 
Après cette action de vigueur, elle 


INTRODUCTION. 141 


tombe dans une grande foiblesse ; tou- 

tes ses jambes sont si molles, que, 
mises à l'air, elles se plient, sur-tout 
aux endroits des articulations , comme 
un papier mouillé. Si pourtant on prend 
l'écrevisseimmédiatement après qu'elle 
est sortie, on sent son corps beaucoup 
plus dur qu'il n’est naturellement; mais 
cette dureté ne ressemble pas à celle 
de l’écaille, c'est la masse entière des 
chairs qu'on sent dure. L'état convulsif 
des muscles est peut-être la cause de 
cette solidité remarquable. 

Au reste, quand le corcelet est une 
fois soulevé, et que les écrevisses ont 
commencé à dégager leurs pattes, rien 
n'est capable de les arrêter. Réaumur 
en a souvent retiré de l’eau dans cet 
état, dans l'intention de les conserver à 
moitié dépouillées, et elles achevoient, 
malgré lui, de muer entre ses mains. 

Lorsqu'on jette les yeux sur la dé- 
pouille d'une écrevisse, on la pren- 


142 INTRODUCTION. 


droit pour une autre écrevisse. [] ne lui 
manque rien à l'extérieur. Lorsqu'on 
l'examine plus en détail, on est sur- 
pris du nombre des pièces de ce sque- 
lette. Le cartilage qui se voit dans 
l'intérieur de la patte , lorsqu'on la 
mange , sy trouve. Chaque poil est 
une gaine qui recouvroit un poil in- 
térieur. 

Certainement, 1l est difficile de con- 
cevoir comment toutes ces parties se 
détachent. Comment elles peuvent se 
décoller et se désemboiter. La nature 
a des expédiens qu'il n'est pas toujours 
donné à l'homme d’appercevoir. Réau- 
mur a remarqué une eau glaireuse qui 
humecte l'intervaile de l’ancienne à la 
nouvelle écaille, et qui doit concourir 
à facihter leur séparation. 

Il reste cependant à voir comment 
ces parties se sont déscagées. Il n'est 
pas difficile de se rendre raison de la 
sortie des antennes, mais 1l n’en est pas 


INTRODUCTION. 143 


de même pour les jambes qui sont plus 
grosses que le trou par où elles doi- 
vent sortir. Il faut appeler l'observation 
à son aide. Réaumur a remarqué que, 
dans l'opération de la sortie des pièces, 
les articulations inférieures se séparent 
en deux dans leur longueur; que ces 
parties, qui paroissent d’une seule pièce 
quand l'écrevisse est vivante , sont 
réellement composées de deux pièces 
réunies par une membrane, et exacte- 
ment jointes l'une contre l'autre. 

Mais on a laissé l'écrevisse couverte 
d'une membrane molle, au lieu d’une 
écaille dure. Elle ne reste pas long- 
temps dans cet état. Réaumur a vu la 
nouvelle écaille prendre quelquefois la 
dureté de l'ancienne en vingt - quatre 
heures ; pour l'ordinaire ce n'est ce- 
pendant qu'après deux à trois jours. 
Le peu de temps que cette écaille met 
à se durcir est encore une des singu- 
larités qu'offre l'écrevisse. 


144 INTRODUCTION. 


Les écrevisses prêtes à muer ont tou- 
jours deux pierres, connues sous le nom 
d'yeux d'écrevisses, qui sont placées 
aux côtés de l'estomac , mais qui ne se 
voient plus à celles qui ont mué, et 
doni l'écaille a pris toute la dureté qui 
lui est naturelle ; les deux pierres ont 
alors disparu. Les opinions des auteurs 
sur l'usage de ces pierres dans l'écre- 
visse ont été fort variées. Geoffroy, 
qui les a trouvées enveloppées dans le 
nouvel estomac, où 1l dit qu'elles di- 
minuent insensiblement jusqu'à leur en- 
tière destruction, a cru que ces pierres, 
ainsi que la membrane du vieil estomac 
serveut de nourriture à l'animal pen- 
dant la maladie que lui cause sa mue ; 
car, dans le temps de cette mue l’écre- 
visse est très-foible, et paroït malade. 
Mais Réaumur a été d’un tout autre 
sentiment; ayant observé que, si, un jour 
après la mue, on ouvre une écrevisse, 
on trouve les pierres plus petiies qu'on 


‘INTRODUCTION. 145 


ne l’auroit cru, et que si on ouvre l’é- 
crevisse quand son éciulle a pris toute 
sa dureté , les deux pierres ne se re- 
trouvent plus ; 1l en a conclu que l'une 
augmente aux dépens des autres, c'est- 
à-dire que ces pierres sont dissoutes, 
et que leur suc pierreux est ensuite 
porté et déposé dans les interstices que 
lussent entre elles les fibres dont la 
_ peau molle est composée. Il n’y a plus 
de doute aujourd'hui que l'opinion de 
Réaumur ne soit vraie. Ce moyen, 
employé par la nature pour consolider 
promptement l'enveloppe d'un animal 
mu et exposé à un grand nombre de 
dangers, est très-digne de remarque. 
Le même Réaumur a mesuré des 
écrevisses avant et après la mue, et 1} 
a acquis la preuve qu’elles avoient aus- 
menté d'environ un cinquième dans 
tous les: sens. Il en conclut cependant 
que ces antnaux croissent avec Jen 
teur, et ses calculs se trouvent concorder 
Crustacés. I. 13 


140 INTRODUCTION. 


avec l'observation des pêcheurs, qui ont 
remarqué qu'une écrevisse de sept à 
huit ans est à peine marchande. 

La plupart des crustacés , même 
ceux qui habitent perpétuellement les 
eaux , peuvent vivre plus ou mois 
long-temps dans l'air. On peut, pour 
tous, prolonger ce temps, en les met- 
tant dans un lieu humide , ou entre des 
végétaux frais. Il est toujours nuisible, 
lorsqu'on veut les conserver en vie , 
dans des baquets, de les couvrir d'eau, 
parce qu’ils consomment une si grande 
quantité d'air, qu'ils ne tardent pas à 
en épuiser l'eau non renouvelée, et à 
mourir d’asphyxie. Il faut, dans ce cas, 
{eur en donner seulement une quantité 
suffisante pour que leurs pattes y 
plongent, car alors elles peuvent res- 
pirer immédiatement de fair, et l’eau 
ne sert qu'à tenir leurs organes dans 
l'humidité convenable. 

Les mœurs des crustacés varient 


INTRODUCTION. 147 


sans doute autant que les espèces ; mais 
leurs différences ne sont sensibles, pour 
l'homme , que dans les masses appelées 
genres. On les fera connoitre autant 
que possible , dans les généralités qui 
précèderont chacun de ces genres. On 
se contentera , en conséquence, de 
dire ici, que la plus grande partie vi 
dans les eaux de la mer , et le reste 
dans les eaux douces, ou sur la terres 
que dans chacune de ces divisions, 1l 
en est qui se cachent dans les trous des 
rochers, d’autres sous les pierres, d’au- 
tres dans des trous qu'ils se creusent 
dans le sable, d’autres dans la boue , etc. 
IL en est qui sont obligés de s'emparer 
des coquilles univalves vides , pour 
y placer la partie postérieure de leur 
corps qui n'est point crustacée. Il en 
est qui, sans des motifs aussi détermi- 
mans, sont dans l'habitude de se retirer 
dans les coquilles des bivalves, et de 
vivre en bonne intelligence avec les 


146 INTRODUCTION. 


mollusques acéphales qui les habitent. 

Leurs allures ne varient pas moins ; 
les uns vont devant eux , comme la 
plupart des animaux ; mais le plus 
grand nombre marchent de côté ou à 
reculons. Il y en a beaucoup qui na- 
gent , et parmi eux, les uns nagent sur 
le ventre , les autres sur le côté , les 
autres sur le dos ; ils suivent , dans 
cette opération, des directions aussi va- 
riées que ceux qui marchent. 

La nourriture des crustacés est géné- 
ralement animale: on en cite qui man- 
gent aussi des herbes et des fruits; mais 
cela a besoin d’être constaté d'une ma- 
ère positive. Les animaux morts et 
les animaux vivans deviennent évale- 
ment et indifféremment leur proie. Is 
s'entre-mangent même entre eux, COm- 
me 1l a déjà été remarqué. 

Les crustacés aquatiques se trou- 
vent dans toutes les latitudes, mais ce 
nest qu'entre les tropiques qu'on en 


INTRODUCTION. 14Q 


voit de vivans habituellement sur Ja 
terre. 

On en trouve assez souvent de fos- 
siles en Europe , dont on a pu assi- 
gner le genre, mais non encore dé- 
terminer les espèces. On ne les a pas 
assez étudiés jusqu’à présent pour qu'il 
soit possible d'entrer dans de plus 
grands détails à leur égard. 

On rapporte que sur les côtes des 
iles de l'Amérique, où les crabes sont 
très-mulupliés, ils se livrent, pendant 
le temps de leurs amours, de cruels 
combats, dont le résultat est souvent la 
mort de beaucoup d'individus, et tou- 
jours la perte d’une grande quantité de 
leurs membres. IL ne paroït pas que 
les crustacés d'Europe se mettent dans 
ce cas; mais aussi leur petit nombre, 
et la chasse continuelle qu’on leur fait, 
ne permet pas d'observer aussi facile- 
ment leurs mœurs que dans les pays 
chauds, où on dit qu'ils sont d’une 


150 INTRODUCTION. 


grandeur si démesurée , qu'ils atta- 
quent les hommes, et en ont mangé 
plusieurs, entre autres le fameux navi- 
gateur François Drack, qui, quoique 
armé, ne put éviter ce sort. 

On pense bien qu’il est difficile de 
fixer d'une manière positive la durée 
de la vie des crustacés ; mais l'opinion 
générale est qu'ils vivent très - long- 
temps. Pline rapporte que de son 
temps, on croyoit que les crabes pou- 
voient vivre plus long-temps que les 
hommes. Si on applique aux écrevisses 
les calculs de Buffon, sur le rapport 
du temps de la vie au temps de la 
croissance, on peut aussi leur donner 
un siècle d'existence ; car on en cite 
qui croissoient même à plus de vingt 
ans d'âge constaté. Au reste, 1l est très- 
rare que les crustacés puissent acquérir 
le privilége de mourir de vieillesse , 
car leurs ennemis sont si nombreux , 
ils sont exposés à tant d’accidens , le 


INTRODUCTION. 151 


ÿy 

changement de peau est pour eux une 
crise si dangereuse, qu’il n’est pas pro- 
bable qu'ils échappent constamment à 
ces causes de destruction. L'observation 
prouve qu'il ya toujours, dans les ani- 
maux, un rapport entre la longueur de 
leur vie, et leurs moyens de reproduc- 
tion. Or, les crabes vivant long-temps, 
et faisant beaucoup de petits, l’équili- 
bre seroit rompu, si des causes étran- 
gères n'en détruisoient la plus grande 
parte. 

C'est principalement dans les pre- 
miers Jours, dans les premiers mois, 
dans les premières années de leur exis- 
tence, que les grandes espèces de crus- 
tacés sont exposés à tous les effets de 
ces causes. Alors la plupart des pois- 
sons, et autres habitans de la mer, les 
oiseaux d’eau , etc. , en font une énorme 
consommation ; jusqu'aux animaux les 
plus mous, aux actinies , par exemple, 


152 INTRODUCTION. 

vivent à leurs dépens, lorsqu'elles les sai- 
sissent dans ce premier âge. [! est vrai 
qu'elles sont aussi elles-mêmes la proie 
de crustacés , ainsi que bien d'autres 
vers marins ; mais leur multiplication 
est encore plus facile que la leur, et 
souvent le déchirement d’une actimie 
par un crustacé, donne lieu à fa nais- 
sance d'une douzaine d’autres, ainsi 
qu'on la vu dans l'histoire de ce ver 
radiaire. À ces causes de destructionon 
ne doit pas ajouter celle qu'occasionne 
la voracité de l'homme. Ce qu'il prend 
de crustacés dans la mer est trop peu 
de chose pour être compté , il n'y a 
que ce qu'il prend dans les petites ri- 
wières qui puisse donner lieu à une dimi- 
nution sensible. 

L'ous les peuples du monde mangent 
des crustacés ; mais les habitans des 
bords de la mer principalement , en 
font une grande consommation. Dans 


INTRODUCTION. 153 


certains pays, comme à la nouvelle 
Hollande, 1ls font la base de la nour- 
riture des indigènes. Toutes les espèces 
ne sont pas également bonnes, quel- 
ques-unes même sont dangereuses , soit 
parce que leurs œufs purgent , soit 
parce qu'ils sont imprégnés de parti- 
cules empoisonnées. On croit commu 
nément dans les Antilles, que les cra- 
bes qui y sont vénéneux , ont mangé 
du fruit du mancellinier, hrppomane 
mancinella , Linn. Mais Jacquin a 
remarqué que ces animaux n'attaquent 
jamais ce fruit, et on a déjà vu qu'ils 
ne mangent que des substances anima- 
les. Quelqu'un a prétendu que les crabes, 
autour de Saint - Domingue, devoient 
leur qualité délétère quelquefois aux 
filons de cuivre sous-marins sur lesquels 
ils vivoient ; ce fait a besoin d’être 
mieux constaté. La chair des crustacés 
passe pour être, en général , d’une dif- 
ficile digestion, mais elle n'en est pas 


154 INTRODUCTION. 


moins recherchée par beaucoup de 
monde. Les écrevisses sur-tout, parois- 
sent sur les tables les plus délicates. La 
manière la plus commune d'apprêter 
les grandes espèces marines, telles que 
celles qu’on appelle crabes , homards, 
etc., consiste à les faire cuire simple- 
ment dans l'eau de mer. On les mange 
en les irempant , à mesure qu'on les 
épluche, dans une sauce d'huile et de 
vinaigre. Les crevettes et autres petits 
crustacés ont leur assaisonnement en- 
core plus simple, puisqu'il ne s'agit que 
de les faire cuire dans la même eau où 
on a introduit quelques pincées de poi- 
vre, Ou autres épiceries. La petitesse 
de ces espèces, et le peu d'épaisseur de 
leur test permet de les manger en en- 
tier. Elles sont fort recherchées de plu- 
sieurs personnes. 

Mais c’est sur les écrevisses de ri- 
vières que l'art du cuisinier s'est le 
plus exercé. Comme ces animaux ont 


INTRODUCTION: 155 


une saveur particulière, et fort agréa- 
ble, non seulement ont les mange en- 
uères, mais ont les emploie encore 
pilées, pour donner du goût à d’autres 
mets. Le mode le plus commun de les 
apprêter est de les faire cuire dans du 
vin blanc, que l'on a fortement assai- 
sonné avec du sel du poivre, du thym 
et du laurier. 

Comme la chair des crustacés se 
corrompt très-rapidement , et que dans 
cet état elle a une odeur et une saveur, 
qui lui sont propres, et qui sont extré- 
mement désagréables, tous les peuples, 
et sur-tout les Européens, s'accordent à 
ne pas manger ceux qui sont trouvés 
morts. Presque par-tout on les fait 
cuire lorsqu'ils sont encore vivans, et 
de plus , on les fait cuire lentement, 
ce qui prolonge long-temps leur affreux 
supplice. On est obligé à cette barba- 
rie, parce qu'on a remarqué que lors- 
qu'on met les crustacés , du moins les 


150 INTRODUCTION. 


grandes espèces, dans l'eau déjà bouil- 
lante , la première impression de cha- 
leur qu'ils éprouvent , les engagent à 
abandonner leurs pattes , et qu'on 
veut, ordinairement, qu'elles ne soient 
pas séparées de leur corps lorsqu'on 
les sert sur [a table. 

La médecine faisoit autrefois un 
grand usage des crustacés ; mais, depuis 
que les lumières de la chimie ont 
éclairé cette science ; on a reconnu 
que toutes leurs propriétés se rédui- 
soient à celles de la terre calcaire. 
Les écrevisses passent cependant en- 
core pour dépurantes, diurétiques et 
pectorales , et sont quelquefois em- 
ployées dans les maladies de l£ peau, 
les embarras des reins , l'asthme, la 
phthisie, etc. 

On conserve assez bien la char de 
pattes et de la queue des grands crus- 
tacés en usage dans les aliimens , de la 
méme mamère qu'on conserve le thon, 


INTRODUCTION. 157 


c’est-à-dire en la marinant, et la met- 
tant dans de l'huile, ou de la graisse 
de bonne qualité. 

Les crustacés se prennent de diffé- 
rentes manières , selon les espèces et 
les pays. Les grands, en général, se 
prennent à la main, à la retraite de la 
marée , dans les parcs à poissons, que 
l'on établit sur les côtes, dans les trous 
où 1l reste peu d'eau, etc. On les prend 
aussi , sur-tout à l'embouchure des 
petites rivières , en mettant , à la marée 
montante , au fond de l’eau , un filet 
plat, attaché à un cercle, au milieu du- 
quel est fortement fixé un morceau de 
viande. Les crabes , «et en général tous 
les crustacés, qui apperçoivent ou sen- 
+ent cette viande, accourent pour la 
manger, et lorsqu'il y en a quelques- 
uns occupés de cette opération, on re- 
tire Le cercle, qui doit être attaché par 
trois cordes à un long bâton , et on 
enlève tout ce qui est dessus. On em- 

Crustacés. I, 14 


128 INTRODUCTION. 

ploie le même moyen pour les écre- 
visses de rivières , ainsi qu'il sera dit 
à leur article. 

La préparation des grands crustacés 
pour les collections d'Histoire Natu- 
relle, paroîtextrémement facile , puis 
qu'il semble qu'il ne s'agit que de les 
laisser dessécher à l'air ; mais elle de- 
inande cependant des PIÉARRONS sans 
lesquelles on ne peut pas espérer un 
succès complet. 

Les crustacés se dessèchent en effet 
suffisamment bien par leur simple ex- 
position à l'air ; mais d'abord , lorsque 
le temps est chaud et humide, ils se 
corrompent rapidement, ils noircissent, 
toutes les articulations se désunissent, 
etils ne reste plus qu'un amas informe 
de pièces séparées dont on peut diffi- 
cilement tirer parti. Lorsque cet in- 
convément n'a pas lieu, 1l s'introduit 
dans le corps de l'animal des larves de 
dermestes, d'anthrennes, de silphes, et 


INTRODUCTION. 199 


de beaucoup d’autres insectes, qui per- 
cent souvent les membranes des arti- 
culations, et produisent des effets , sinon 
aussi nuisibles , que ceux produits par 
la corruption , au moins bons à éviter. 

D'un autre côté, les crustacés dessé- 
chés deviennent très-friables , leurs an- 
tennes, leurs pattes , se brisent au plus 
petit attouchement ; ils ne peuvent donc 
être transportés, dans cet état, sans ris- 
quer de perdre les parties les plus 1m- 
portantes à conserver. 

Le moyen que Bosc a employé avan- 
tageusement pour prévenir ces 1ncon- 
véuiens consiste à envelopper chaque 
crabe, lorsqu'il est encore en vie, d'un 
morceau de toile, et à le mettre dans 
l'esprit-de-vin foible où lon a fait dis- 
soudre beaucoup de savon, où ils restent 
jusqu'à leur arrivée à leur destination. 
Là, ou les tire du baril , on les lave, 
on étend leurs pattes , leurs antennes, 
etc., on les laisse sécher à l'ombre, et 


160 INTRODUCTION. 


on les place à demeure , soit dans des 
tiroirs semblables à ceux où l’on con- 
serve les insectes , soit dans des tableaux 
fermés de verre. 

Ilest d'observation que ces crustacés, 
ainsi envoyés dans l’esprit-de-vin, ne 
sont plus attaqués par les insectes des- 
tructeurs, et que leur chair en se des- 
séchant contre les articulations, les con- 
solide au pont desirable. Ajoutez à 
cela que leurs couleurs sont générale- 
ment moins altérées. 

À l'égard des petits crustacés , 1l n’y 
a d'autre moyen de les conserver que 
de les laisser dans l’esprit-de-vin. La 
mollesse de leur corps ou la flexibilité 
de leur test est tel, qu'on ne peut 
plus les reconnoitre après leur dessica- 
hon. 


= A AE D AP TD M + AP DE D SP D AP A I TS 


DES 'CHUSTACES: 


CRABE, C4nNcER, Linnœus. 


Quatre antennes courtes et inégales ; les 
deux antérieures coudées ou pliées, à der- 
nier article bifide ; les deux extérieures 
sétacées. Corps court , plus large anté- 
rieurement , ou dans sa partie moyenne , 
que postérieurement. Dix pattes ongui- 
culées ; les deux antérieures terminées en 
pinces. 


Linvzus , comme on l'a dit dans 
les généralités de la classe, avoit , sous 
le nom de crabe, fait un seul genre 
de tous les crustacés. Beaucoup de Na- 
turalistes l'ont imité ; mais Fabriaus, 
dès les premières éditions de son En- 
tomologie systématique, avoit divisé 
ce genre en plusieurs autres, dont l’un 
avoit toujours conservé le nom de Lin- 
næus. 

Fabricius s'en est tenu aux résultats 


162 HISTOIRE NATURELLE 


de son premier travail, dans les diffé- 
rentes éditions qu'il a faites de son ou- 
vrage ; 1l s'est contenté de joindre suc- 
cessivement les espèces nouvelles, qui 
lui étoient communiquées, à celles 
qu'il avoit précédemment décrites ; 
Mais, dans le supplément qu'il a donné 
en dernier lieu, en 1798, il a fait une 
refonte générale des crustacés, dans 
faquelle il a, d’après les observations 
de Daldorf, subdivisé son genre crabe, 
proprement dit, en onze nouveaux 
geures , dont le premier seul a con- 
üuué de porter le nom de Linnæus. 

Ti sembloit, qu'après des coupures 
aussi nombreuses, le genre crabe n'é- 
toit plus susceptible de fournir de nou- 
velles subdivisions ; cependant La- 
imarck , par un examen plus appro- 
fondi, a encore trouvé des caractères 
suffisans pour former trois genres aux 
dépens de celui de Fabricius, et on 
a dù les adopter comme très - fon- 
dés. 


DES CRABES. .!. ‘163 


Ainsi donc les crabes, dont 1l est 
question ici, ne comprennent que ceux 
de la première division du supplément 
de Fabricius. Les deux autres divi- 
sions sont comprises dans les genres 
ocypode , et grapse du Naturaliste 
français. 

Les crabes, proprement dits, vivent 


tous dans la mer, et leur lustoire est 


fortimparfaitement connue, ou mieux, 
a élé confondue avec celles des espèces 
des autres genres qui portoient ci- 
devant leur nom. 

Quoi qu'il en soit, ils ont tous les 
yeux placés de chaque côté de la tête, 
à peu de distance l'un de l’autre, dans 
une cavité qui s'y trouve. Chaque œ1l 
est couvert d’une peau ou cornée à re- 
zeau, semblable à celle des yeux de 
presque tous les insectes ; il est placé 
sur une espèce de pied ou pédicule 
épais, cylindrique, écailleux , qui a 
un rétrécissement au milieu, et qui est 
mobile à sa base; en sorte que l'an- 


104 HISTOIRE NATURELLE 


mal peut remuer ses yeux de tous 
côtés , et les retirer même un peu 
dans la tête en racourcissant le mus- 
cle destiné à leur donner le mouve- 
ment. 

Il n’y a point de distinction sen- 
sible entre la tête et le corcelet ; ce- 
pendant, en dessous du corps, 1l y a 
une espèce de séparation, qui se di- 
vise comme en deux portions, dont 
J'antérieure peut être regardée comme 
la tête. Cette partie antérieure est gar- 
nie , en dessous, de pièces mobiles , 
dont il y en a deux plus grandes et 
plus longues que les autres , assez 
semblables à celles des écrevisses. 
Ces pièces, qui sont applaties et de 
substance écailleuse , sont divisés en 
cinq parties articulées ensemble , et 
garnies, plus ou moins, de poils. Cha- 
que pièce est accompagnée, à sa base 
extérieure, d’un filet conique, divisé 
en trois parties, dont les deux pre- 
muières sont grosses , et la dernière très- 


DES CRABES. 165 


petite, et subdivisé en un grand nom- 
bre d'articulations. Ce sont les pièces 
extérieures des organes de la manduca- 
tion, qui, comme on l'a vu, sont les 
mandibules , les antennulles et les ma- 
choires. 

Les antennes, à peine visibles, sont 
à filets coniques, et divisées en plu- 
sieurs articulations dont celle de la 
base est beaucoup plus grosse que les 
autres ; elles sont placées entre les yeux, 
sous bord recourbé de la tête. 

Le dessous du corps est divisé trans- 
versalement en cinq bandes écailleuses , 
dont les bords extérieurs sont arron- 
dis, et qui ont, au milieu, une grande 
cavité triangulaire, profonde , dans 
laquelle la queue est engagée de 
façon , qu'étant en repos , elle en 
occupe toute la capacité , et qu'elle est 
de niveau avec les bords. 

Cette queue est, dans le mâle, de f- 
gure triangulaire et courbée en dessous, 
divisée transversalement en sept par- 


166 HISTOIRE NATURELLE 


ties, par des incisions peu profondes, 
et dont les deux plus proches du corps 
sont très-étroites. En dessus , du côté 
qui est en vue, quand on regarde le 
crabe en dessous, la queue est lisse, 
plate, écailleuse, bordée de poils et 
mobile sur sa base. 

En écartant la queue du corps, on 
voit que sa surface inférieure est éga- 
lement plate et très-mince des deux 
côtés; mais tout le long du milieu, 
il y a une élévation cylindrique en 
forme de boyau, qui renferme l'intes- 
tin et qui a son extrémité ou l'anus 
tout près du bout de la queue. 

À l'origine du dessous de la queue: 
du mâle, on voit deux tubercules écail- 
leux un peu applatis et mobiles à leur 
base, garni au bout d'une brosse de 
poils, roides et attachés à un anneau 
en forme de cerceau également écaul- 
leux, et comme voûté, par l'ouverture 
duquel l'intestin passe du corps pour 
se rendre dans la queue. Ces deux tiges 


DES CRABES. 107 


sont les organes de la génération du 


mâle. On voit encore divers tubercules 
moux et écailleux dans cet endroit, 
et plus bas deux autres parties écail- 
leuses, courbées, divisées en articula- 
tions mobiles, dont l'usage est inconnu. 

IL est très - aisé de distinguer le 
crabe mâle de la femelle par la seule 
inspection de la queue , dont la 
figure diffère dans les deux sexes. La 
queue du mäle, comme on vient 
de le dire, est triangulaire; mais la 
queue de la femelle est presque cir- 
culaire , ou seulement un peu plus 
large que longue et terminée par une 
petite plaque arrondie , écailleuse 
comme tout le reste. Cette queue 
plate et mince,-qui est courbée en 
dessous, est divisée, s sans Compter la 
peute plaque qui la termine, en six 
parties par des incisions peu pr alone ; 
et elle est bordée, tout autour, d’une 
frange de poils courts, très-serrés : Les 
deux premiers anneaux, ou ceux qui 


168 HISTOIRE NATURELLE 


qui sont près du corps, sont beaucoup 
plus étroits que les autres. 

Pour voir la surface inférieure de 
la queue, il faut la soulever , et alors 
on observe d’abord, sur le dessous du 
corcelet, deux enfoncemens placés sur 
Ja troisième plaque, et dans chacun 
desquels il yaun petit tubercule co 
nique, qui sont les deux ouvertures 
par lesquelles l’insecte est fécondé dans 
l'accouplement. Sur le dessous de Ja 


queue même , on voit d'abord le boyau : 


ou l'intestin relevé qui se trouve placé 
dans son milieu et percé à son extré- 
mité. De chaque côté de l'intestin , il 
y a quatre paires de filets mobiles , 
composés de deux parties, dont l’ex- 
térieure est en forme de lame applatie, 
qui diminue toujours de largeur jusqu'à 
l'extrémité, qui est en pointe mousse. 
Elle est garnie , sur les deux côtés, 
d'une épaisse frange de poils bruns. 
La partie intérieure est un long filet 
cyhndrique, divisé en deux pièces arr 


DES CRABES. 169 
ticulées ensemble, dont la première, 
plus grosse, est droite et cylindrique, 
et l'autre , qui fait un angle avec elle, 
est en filet conique, courbé , et garni 
d'aigrettes de poils. Le principal usage 
de ces huit paires de filets est de servir 
d'attache aux œufs, comme dans tous 
les crustacés proprement dits. 

Les deux pinces antérieures sont 
faites sur le même modèle que dans les 
écrevisses , c'est-à-dire composées de 
cinq parties articulées ensemble, dont 
les deux premières sont’courtes , la 
troisième et la quatrième plus grosses, 
angulaires, plus ou moins tuberculeuses : 
et la cinquième, qui est la serre, ou la 
main, grosse, ovale , et terminée par 
deux doists , souvent dentés, dont un 
seul est mobile. 

Les huit autres pattes sont divisées 
chacune en six parties, dont les deux 
premières sont courtes , el les autres 
beaucoup plus longues. La troisième 
partie, qui est la cuisse, est plate et large ; 


Crustacés. I. SU 


170 HISTOIRE NATURELLE 


les deux suivantes, qui, ensemble font 
la jambe, et dont la séparation est en 
ligne oblique, sont souvent garnies de 
longs poils et de petites épines. Enfin 
la dernière , qui est le tarse, est de 
figure conique, un peu courbé , et ter- 
miné en pointe déliée. Elle est presque 
toujours velue ou épineuse. Toutes ces 
pattes sont attachées au corcelet , fort 
près les unes des autres. 

Les crabes, ainsi qu'on l'a déjà ob- 
servé, vivent tous dans la mer. Ils se 
tiennent de préférence sur les côtes où 
il y a des rochers, entre les fentes des- 
quels ils se cachent , pour se mettre à 
l'abri du mouvement des vagues et de 
la recherche de leurs ennemis. Lorsque 
la mer monte ils s'approchent ordinai- 
rement du rivage pour s'emparer des 
débris des animaux marins que la vague 
pousse contre les rochers, et quirevien- 
nent blessés ou tués. C'est principale- 
ment pendant la nuit qu'ilsse hasardent 
le plus dans cette recherche. Commeils 


DES CRABES. F7 


ne peuvent pas nager, et que leur mar- 
che est lente, ils se voient souvent ex- 
posés à rester à sec dans les basses eaux. 
Alors, lorsqu'ils ne trouvent point de 
trou où ils puissent se réfugier , ils se 
contractent , se blottissent dans un coin, 
et attendent le retour de la marée pour 
regagner la grande mer. C’est prin- 
cipalement ceux qui sont ainsi délaissés 
par les eaux que les pêcheurs ramassent, 
car 1ls mordent peu aux appäis, et sont 
rarement puis dans les filets. Dans les 
isles de { Amérique et de l'Inde, où le 
fond de la mer se voit à travers l'eau, 

dans les temps calmes, on les harponne 

avec une longue perche à laquelle est 
emmanchée une fourche de fer. Dans 

d'autres endroits, comme à la nouvelle 

Hollande , on plonge pour les avoir. 

Toutes les espèces ne sont pas égale- 
ment bonnes. IL en est une, sur les 
côtes de France qu’on appelle le crabe 

enragé, dont la chair est si coriace , 


172 HISTOIRE NATURELLE 


et le test si dur, qu'elle est dédaignée ;: 
méme des plus pauvres gens. 

C'est pendant l'été qu'on trouve 
le plus de crabes sur les côtes de l'Eu- 
rope, mais Cest au printemps qu'ils 
sont meilleurs. À cette époque, les 
femelles sont garnies d'œufs, dont la 
saveur est de beaucoup supérieure à 
celle de la chair, et 1ls n’ont pas encore 
changé de test, opération qui les mai- 
grit considérablement. | 

On prend rarement des crabes au 
moment même de leur muë, parce 
qu'ils se tiennent cachés au fond de la 
mer pendant les cinq à six jours qu'elle- 
dure. Ce moment est pour eux une 
crise fort dangereuse, soit par la diffi- 
culté de se débarrasser de leur vieille 
peau, soit par la prise que sa privation 
donne sur eux à des ennemis qu'ils ne 
craignolent pas , quelques heures au- 
paravant. Cette crise est positivement 
la même que celle décrite dans les 


DES CRABES. 173. 


généralités de la classe pour les écre- 
visses. 


On appelle les crabes tourteaux sur 
les côtes de France. 


Crabe pagure, Cancer pagurus. 
Le corcelet peu raboteux , avec neuf plis de chaque 
côté. 
Pennant. Brit. Zool. 4. tab. 3. fig. 4. Rumph. 
Mus. tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 19. fig. 59. 
Se trouve dans les mers de l'Europe et de l'Inde. 


Crabe à onze dents, Cancer 11 dentatus. 

Le corcelet peu raboteux avec onze dents de 
chaque côté; les dents dentelées ; le rostre à trois 
dents ; le bout des doigts noirs. 

Herbst. Canc. tab. 10. fig. 60. 

Se trouve dans l'Amérique septentrionale. 


Crabe ménade, Cancer mœænas. 


Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents de cha- 
que côté; le front à trois lobes; le poignet à une 
seule dent. 

Petiver, Amb. tab. 1. fig. 5. Baster, Subs. 2. 
tab. 2. Rumph. Mus. tab. 6. fig. O. Pennant. Brist. 
Zool. 4. tab. 2. fig. 5. Herbst. tab. 7. fig. 46. 

Voyez pl. 3.fig. 1 , qui le représente au quart de 
sa grandeur naturelle. 

Se trouve dans les mers d'Europe et d'Asie. 


Crabe teinturier , Cancer tinctor. 


Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents ds 
éhaque côté; le front fendu. 
On ignore son pays natal. 


154 HISTOIRE NATURELLE 


Crabé peintre, Cancer pictor. 
Le corcelet peu raboteux , avec quatre dents de 
chaque côté; le front fendu. 
On ignore son pays natal. 


Crabe cuivré ; Cancer æneus. 


Le corcelet très-raboteux, obtus, avec quatre 
dents de chaque côté. 

Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 17. Rumph. Mus: 
tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 16: fig. 56. 

Se trouve dans l’Indes. 


Crabe de Rumpbhius, Cancer Rumphii. 


Le corcelet, presque uni, avec cinq dents dé 
chaque côté; le front tuberéuleux à quatte dents; les 
pinces minces. 

Herbst. Canc. tab. 40. fig. 2. 

Se trouve dans les Indes. 


Crabe rude, Cancer scaber. 

Le corcelet peu raboteux, avec cinq deñts de 
chaque côté; le front crénelé, fendu ; les pinces 
granuleuses. 

Se trouve dans l’Inde. 


Crabe parvule , Cancer parvulus. 

Le corcelet, avec des lignes enfoncées et quatre 
dents de chaque côté; le front avec une petite 
fente 

Voyez pl. 3. fig. 2, où il en représenté. 

Se trouve dans les iles de l'Amérique et en Caro- 
line, d'où il a été rapporté par Bosc. Les pattes se 
decolorent en vieillissant. 


Crabe cendré, Cancer cinereus. 


Le corcelet uni, rivulerx , à trois dents de chaqwe 


DES CRABES, 175 


côté , très-finement ponctué ; une trés-grosse dent à la 
base interne du doigt mobile. 

Se trouve sur les côtes de France, et ne sélève pas 
plus de deux centimètres de diamètre. 


Crabe gonagre , Cancer gonagra. 


Le corcelet inégal, avec six dents aigues de cha- 
que côté ; les pinces noduleuses. 

Cancer spinifrons. — Herbst. tab. 11. fig. 65. 

Voyez pl. 2. fig 3, où il est représenté en des- 
sous, de moitié de sa grandeur naturelle. 

Se trouve à la Jamaïque et en Caroline. 


Crabe noduleux , Cancer nodulosus. 


Le corcelet latéralement noduleux et crénelé ; une 
épine aux doigts des pieds. 
On ignore son pays natal. 


Crabe ochtodes, Cancer ochtodes. 

Le corcelet uni, à quatre tubercules de chaque côté ; 
le front recourbhé, canaliculé ; les pinces tuberculeuses. 

Herbst. Canc. tab. 8. fig. 54. 

Se trouve dans les Indes orientales. 

Crabe prince, Cancer princeps. 

Le corcelet uni, avec des séries circulaires de 

points rouges ; le front élevé ; les pates avec des fas- 


cies rouges. 
Herbst. Canc. tab. 38. fig. 2. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Crabe à deux épines , Cancer 2 spinosus. 


Le corcelet avec deux épines de chaque côté; ls 
front avec quatre dents ; le poignet épineux. 

Herbsi. Canc. tab. 6. fig. 45. 

Se trouve dans les Indes orientales, 


176 HISTOIRE NATURELLE 


Crabe coralline | Cancer corallinus. 


Le corcelet uni, à une seule dent; le front à trois lobes. 

Herbst. Canc. tab. 5.fig. 40. Séba, Mus. 5. tab. 19. 
fig. 2,3. Rumph. Mus. tab. 8. fig. 5. 

Se trouve dans l'Inde. 


Crabe floride | Cancer floridus. 


Le corcelet uni, inégal, maculé ; le bord obtuse- 
ment dentelé; les pinces avec des saillies en crête, 

Séba , Mus. 3. tab. 19. fig. 18. Knorr. Del. tab. 4. 
fig. 3. Herbst. Canc. tab. 3. fig. 30. 

Se trouve dans l'Inde. 


Crabe maculé, Cancer maculatus. 

Le corcelet uni, avec des taches rondes et rouges ; 
les côtés à une seule dent; le front à trois lobes. 

Petip. Amb. tab. 1. fig. 8. Séba. mus. 3. tab. 19. 
Hg. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. tab. 6. 
fig. 41. 

Se trouve dans les mers d'Asie. 

Crabe chauve-souris, Cancer »espertilio. 

Le corcelet antérieurement avec trois dents de cha- 
que côté; le corps hérissé. 


Voyez pl. 2. fig. 1 , où il est représenté de grandeur 
saturelle. 


Se trouve dans les Indes. 


Crabe varioleux , Cancer variolosus. 


Le corcelet tuberculeux , crénelé des deux côtés; le 
front fendu. 


$e trouve dans l'Océan. 


Crabe faïence , Cancer faventinus. 


Le corcelet uni , largement plissé, à cinq dents de 
chaque côté ; l’exfrémité des doigts coneave en dedans. 
On ignore son pays natal. 1 


TAMIDES CR ABES 177 


Cette espèce est très-remarquable par la forme de 
l'extrémité de ses pinces ; son corcelet est presque rond, 
et, ainsi que ses pattes, d'un blanc de faïence. = 


Crabe soyeux , Cancer setosus.. 
Le corcelet à deux dents de EH côté ; les pattes 
velues. 
Se trouve dans l'Inde. 


Crabe agréable, Cancer amænus. 


Le corcelet parsemé de points rouges très-rappro- 
chés, avec onze dents de chaque côté; la front tri- 
denté. 

Herbst. Canc. tab. 49. fig. 3. 

. On ignore sa patrie. 


Crabe oriental, Cancer ortentalrs. 


Le corcelet uni; les côtés carennés et dentelés. 
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 117. 
On ignore sa patrie. 


Crabe hérissé, Cancer hirtellus. 


Le corcelet hérissé de poils , à cinq dents de 
chaque côté; les mains extérieurement épineuses. 

Pennant. Brit. Zool. tab. 6, fig. 11. Herbst. 
Canc: tab. 7. fig. 5r. 

Se trouve dans les mers d'Europe. 


Crabe fluviatile , Cancer fluviatilis. 


Le corcelet ovale, antérieurement dentelé, posté- 
rieurement sinueux ; les pinces dentelées à leur base 
intérieure. 

… Sachs. Gammarol. tab. 4. Head. Canc. tab. ro. 
fig. 61. 

Se trouve à l'embouchure des fleuves d'Asie et d'A- 

mérique , et les remonte souvent fort haut. 


170 HISTOIRE NATURELLE 


Crabe armadille , Cancer armadillus. 
Le corcelet uni, inégal; le bord crénelé ; les 
mains écailleues. ÿ 
Herbst. Canc. tab. 6. fig. 42, 43. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Crabe vert , Cancer viridis, 


Le corcelet üni,, avec cinq dents de chaque côté ;: 
les deux postérieures plus grandes et dorsales. 

Herbst. Canc. tab. 7. fig. 47. 

On ignore son pays natal. Il ressemble beaucoup 
au ménade ; mais il est vert. 


Crabe sculpté, Cancer sculptus. 


Le corcelet chargé de gros tubercules rapprochés s. 
Je bord denté; les doigts des pinces noirs 

Herbst. Canc. tab. 21. fig. 121. 

On ignore son pays natal. 


Crabe perlé, Cancer perlatus. 
Le corcelet et les mains couvertes de turbercules 
blancs; les pieds hérissés d’épines. 
Herbst. Canc. tab. 21. fig. 122. 
On ignore son pays natal. 


Crabe tire-bouchon, Cancer cochlearis. 


Le corcelet uni, latéralement sillenné ; les doigts 
en tire-bouchon. 

Herbst. Canc. tab. 21. fig. 123. 

On ignore sa patrie. 


Crabe hydrophyle , Cancer hydrophylus. 
Le corcelet uni, à trois dents de chaque cûté : 
kes doigts roux. 
Herbst. Canc. tab. 20. fig. 124. 
On ignore sa patrie. 


DES CRABES. 179 


Crabe miliaire, Cancer miliaris. 


Le corcelet ovale, alongé , entier, sillonné , gra- 
æuleux ; les pinces plissées et granuleuses, leurs doigts 
striés. 

Voyez pl. 1. fig. 2, où il est représenté de grandeur 
naturelle. 

On ignoresa patrie. 


2 


CATLAPPE, C4LaPpPA, Fabricius. 


Quatre antennes comme celles des crabes. 
Corps court, plus large postérieurement , 
et ayant ses bords latéraux postérieurs , 
très - dilatés., tranchans et saillans, em 
demi-voûte. Dix pattes onguiculées , se 
retirant, dans le repos, sous les cavités 
des côtés du corps ; les deux antérieures 
terminées en pinces , et ayant les mains 
-comprimées et en crêtes. 


Les caractères génériques des ca- 
lappes sont fort peu différens de ceux 
des crabes, mais la forme de leur corps, 
et sur -tout celle de leurs pattes an- 
térieures ou pinces, leur donnent une 
apparence très-distincte. 

En effet, le corps des calappes est 


L 
w80 HISTOIRE NATURELLE 


presque ovale, ou mieux , représente 
un triangle etant A - bombé, 
à ie ra en dessus , 
denté en ses bords, et toujours con- 
cave en dessous, aux noie postérieurs, 
pour recevoir ls pattes. Les antennes 
sont presque égales , les intérieures 
sont cachées dans la fossette des yeüx 
et les intérieures ont quatre articles dont 
le dernier est bifide. Les veux sont 
très-rapprochés, peu saillans, et placés 
sur la partie antérieure du corcelet. 

La queue est composé de sept ar- 
ticulations insérées dans une cavité de 
Jabdomen ; elle se prolonge jusque 
‘près de la bouche. 

Les PAS antérieures ou pinces sont 
composées de quatre articulations. La 
première petite , et de forme très- 
irréoulière ; la seconde, large, ap- 
plate, triangulaire , avec un prolonge- 
nent denté, qui se replie en dessous ; 
la troisième, très-épaisse, large, trian- 
gulaire dans le sens contraire à Ja pré- 


DES CALAPPES. 181 


cédente; enfin, la quatrième, la plus 
large de toutes , applatie , courbée , 
triangulaire dans le sens de la seconde, 
denté en crête dans son côté supé- 
rieur, toujours sranuleuse et tubercu- 
leuse dans sa surface extérieure qui 
est plus bombée que l'intérieur. Le 
pouce mobile, petitet courbe, entouré 
et chargé à sa base de quelques gros 
tubercules difficiles à décrire , et placé 
dans un enfoncement du bord qui est 
perpendiculaire à l'horizon. 

‘ Les pattes postérieures sont toutes 
onguiculées et presque égales. 

Une des espèces de calappe est 
commune dans la méditerranée, et a été 
mentionnée par Aristote et Athénée : 
on la connoïît sur les côtes de France 
sous le nom de migrane et de cancre 
ours, parce que, comme ce quadru- 
pède, elle se cache les yeux avec ses 
larges pinces ; contracte ses pattes sous 
la sullie excavée de son corcelet , et 


reste ainsi comme morte tant qu'elle 
Crustacés. I. 16 


182 HISTOIRE NATURELLE 


a quelque danger à craindre. Elle vit 
dans la fange. On la mange, mais sa 
chair est molle et de mauvais goût, 
et elle est repoussée de toutes les tables 
délicates. 

Si on n’est pas instruit des mœurs 
de cette espèce, qui vit dans nos mers, 
on l'est par conséquent encore moins 
des autres espèces qui ne se rencon- 
trent que dans les mers des Indes ou 
d'Amérique. On peut présumer qu'elles 
ne s'éloignent pas beaucoup de celles 
des crabes, puisqu'il ÿ a tant d’ana- 
logie entre les caractères de ces deux 
genres. 

Latreille a fait du calappe angusté 
un genre particulier qu'il a appelé hé- 
pate , dont les principaux caractères 
sont de n'avoir pas de dilatation aux 
angles postérieurs du corcelet, et d’a- 
voir les mandibules extérieures poin- 
tues. On n’a point fait usage de ce genre, 
uniquement parce que l'espèce qui le 
compose n'a pas été figurée, et qu'on 


DES CALAPPES. 183 


ne sait rien de son histoire, On invite 
les Naturalistes qui auront occasion de 
l'observer dans les mers d'Amérique, 
où elle se trouve, de prendre note de 
ce qu'ils pourront découvrir à son sujet. 


Calappe en voûte, Calappa fornicata. 

Le corcelet uni, crénelé; les angles postérieurs 
plus larges et entiers ; les pinces avec des saillies en 
cretes. "» 

Peiiver, Gaz. tab. 75. fig, 11. Séba, Mus. 3. 
tab. 20. fig. 7, 8. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 2, 3. 
Herbst. tab. 12. fig. 73, 74. 

Voyez pl. 3. fig. 3, qui le représente réduit du quart. 

Se trouve dans les mers d'Amérique. 


Calappe denté , Calapa dentata. 


Le corcelet inégalement denté sux la totalité de 
ses bords antérieurs ; le front échancré ; quelques ta- 
ches blanches. 

Herbst. Canc. tab. 11. fig. 66, 

On ignore son pays natal. 


Calappe blanchâtre, Calappa albicans. 

Le corcelet finement denté et sinueux sur les côtés, 
avec une saillie lancéolée ; les piuces avec un rang 
intérieur, et les mains aVèc un rang supérieur d’épines ; 
ces dernières extérieurement anguleuses. 

Cancer fornicatus. — Herbst. Canc. tab. 13. fig. 79. 
80. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Calappe tuberculé, Calappa tuberculata, 


Le corcelet noduleux, à beaucoup de dents; les 


184 HISTOIRE NATURELLE 


angles postérieurs plus larges, crénelés, dentés; les 
pinces dentées. Herbst. Canc. tab. 13. fig. 78. 
Se trouve dans le mer du Sud. 


Calappe granuleux , Ca/appa granulata. 


Le corcelet presque uni, crénelé; le bord posté- 
rieur dilaté et à cinq dents; les pinces sillonnées de 
crêtes. 

Catesby. 2. tab. 36. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 13. 
Herb. tab. 12. fig. 75, 76. 

Se trouve dans la Méditerranée et sur la côte d’Amé- 
rique. 


Calappe marbré, Calappa marmorata. 


Le corcelet presque plissé, à trois dents de cha- 
que côté; le front crénelé et émarginé; les bras 
élargis à leur extrémité. 

Herbst. tab. 20. fig. 114. 

Se trouve dans l'Océan. 


Calappe crêté, Calappa cristata. 


Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés; 
le bord postérieur à sept dents ; l'angle postérieur élargi 
et denté. 

Se trouve à la Chine. 


Calappe lophos, Calappa lophos. 


Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés; 
fe bord postérieur crénelé à six dents; l’angle postér 
ïieur dilaié, à quatre den!s* 

Herbst. tab. 13. fig. 77. 

Se trouve dans les Indes. 


Calappe angusté, Calappa angustata. 


Le corcelet uni, crénelé des deux côtés; la dent 
postérieure aigue et unie. 
Se trouve dans les mers d'Amérique. 


DES CALAPPES. 109 
Calappe flamme, Ca/appa flammea. 


Le corcelet ovale, antérieurement verruqueux, avec 
des taches et des lignes irrégulières rouges, et six 
grosses dents de chaque côté à sa pariie postérieuge ; 
les mains avec une crête en dessus, 

Herbst. Can. tab. 40. fig. 2. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Calappe inconspecte, Ca/appa inconspecta. 


Le corcelet verruqueux , avec deux taches rouges 
au front, et de grosses dents sur le bord postérieur; 
Jes pinces dentées en dessus et tachées de rouge. 

Herbst. Canc. tab. 40. fig, 3. 

Se trouve dans Ja mer des Indes. 


TE EE 


OCYPODE, OcyPoD4A, Fabricius. 


Quatre antennes très-courtes et inégales. Pé- 
dicules des yeux alongés , insérés, chacun, 
dans l’angle latéral du chaperon, et occu- 
pant le reste de la longueur du bord anté- 
rieur. Corps presque carré , à chaperon 
étroit , rabattu en devant. Dix pattes 
onguiculées ; les deux antérieures termi- 
minées en pinces. 


CE genre a été établi par Fabricius 
dans son supplément; mais Lamarck 


106 HISTOIRE NATURELLE 


en en modifiant, ou mieux, en en pré- 
cisant davantage le caractère, ya réuni 
quelques espèces , qui ny avoient pas 
été comprises par le naturaliste danois, 
et qui faisoient partie des crabes de 
ce dermier. 

Les ocypodes sont extrêmement voi- 
sins des crabes, mais s'en distinguent 
bien par leurs yeux toujours portés 
sur un long pédicule. Le corcelet, 
chez eux, est presque carré, et en 
quelquefois plus large que Etes Tantôt 
il est uni, tantôt rugueux, rarement 
velu. Les antennes sont si petites, qu’il 
est difficile de les découvrir. Les yeux 
semblent leur en tenir lieu; leurs pattes 
ont la même organisation que dans les 
crabes ; mais les pinces ont quelques 
différences dans leur forme. Quelques 
espèces les ont courtes, les autres très- 
alongées , les autres inégales en gros- 
seur , Ce qui suppose des mœurs dif- 
férentes ; aussi, les unes vivent-elles 
dans la mer, et les autres sur la terre. 


DES OCYPODES. 187 


L'ocypode combattant est dans ce 
dernier cas. Bosc, qui l'a observé en 
Caroline , rapporte qu’une de ses pin- 
ces , indifféremment la droite ou la 
gauche , mais plus souvent la droite, 
est beaucoup plus grosse que l'autre, 
et plus longue que tout le corps; que 
les troisième et quatrième articles sont 
épais et angulaires ; que la main est 
large, ovale, plus grande que le cor- 
celet; que leur serre est longue, com- 
primée , terminée de chaque côté en 
pointe courbe, et n'ayant que de très- 
petites dents, à peine visibles, en de- 
dans. La pince est moins longue que 
les pattes. 

Ces ocypodes se voient par milliers, 
et même par millions sur le bord de 
la mer ou des rivières dans lesquelles 
remonte la marée. Dès qu'un homme 
ou un animal paroît au milieu d'eux, 
ils redressent leur grosse pince, la pré- 
sente en avant, semblent le défier au 
combat, et se sauvent , en courant de 


188 HISTOIRE NATURELLÉ 

côté, mais conservant toujours la mé- 
me position. Leurs trous sont si nom 
breux , dans certains endroits, qu'ils se 
touchent. Ils sont cylindriques , or- 
dinairement obliques et tres-profonds. 
Rarement plusieurs individus entrent 
dans le même, excepté quand ils sen- 
tent le danger trop pressant. On ne les 
mange point. Ils ont un grand nombre 
d'ennemis parmi les loutres, les ours , 
les oiseaux, les tortues, les alligators, 
etc. ; mais leur muluiplhication est si 
considérable , que la dévastation que 
ces animaux font parmi eux n'est pas 
sensible. Ils ne craignent point l'eau 
qui les couvre quelquefois , mais 
ils ne cherchent pas à y entrer , et 
jamais ils n'y restent long-temps de 
leur gré, si ce n'est, peut-être, pour 
fre leurs petits. Le. a vu les fe- 
melles garnies d'œufs dès le mois de 
ventôse, mais 1l n'a jamais trouvé de 
petits du premier âge. Il faut qu'ils 
restent dans d'eau ou dans la terre 


DES OCYPODES. 169 


pendant l’année de leur naissance. Les 
mâles se distinguent des femelles, parce 
qu'ils sont plus petits, plus colorés, et 
que leur queue est triangulaire. Il n'est 
pas vrai , comme le dit Gronovius, 
que la grosse patte à gauche déni 
le mâle; Bosc s’est assuré qu'elle va- 
rioit de position dans les deux sexes. 
Les ocypodes appelans ne vivent 
que de chair , et on conçoit difii- 
cilement comment leur grand nombre 
peut leur permettre de trouver assez 
de nourriture dans les lieux très-cir- 
conscrits qu'ils habitent. Il est vrai 
que la marée montante leur apporte 
des déjections de la mer , qui sont 
mangées trop rapidement pour pou- 
voir être apperçus des observateurs. 
Bosc les a souvent vus couvrir des cha- 
rognes, eten disputer les lambeaux aux 
vautours, mais ils n'ont que rarement 
d'aussi abondantes curées. Pendant les 
trois ou quatre mois d'hiver ils ne pa- 
roissent plus , 1ls se tiennent au fond de 


190 HISTOIRE NATURELLE 


leurs trous, qui, presque toujours se 
bouchent, de manière qu'ils sont obli- 
gés de le rouvrir au printemps lorsque 
la chaleur du soleil est assez intense 
pour les déterminer à sortir. Bosc a 
inutilement cherché à leur voir faire 
ces trous. Ils n'ont jamais voulu tra- 
vailler en sa présence , et 1l est assez 
difficile de les surprendre , attendu 
qu'ils sont toujours sur des plages dé- 
couvertes. 

I ya plusieurs espèces d'ocypodes 
qui ont une pince plus grosse que l’au- 
tre, et elles ont été toutes confondues 
sous le nom de vocans. Dans Margrave, 
seulement, il y en a quatre de figurées. 
C'est du dernier dont il vient d'être 
question. 

D'autres ocypodes ont les pinces éga- 
les, et vivent comme ceux dont :1l 
vient d'être question, presque toujours 
hors de l’eau sur les bords de la mer, 
ou des rivières où remonte la marée. 
Ils se creusent dans le sable , ou la 


DES OCYPODES. 191 


terre , des trous, presque semblables 
à ceux ci-devant décrits. Bose, qui a 
aussi eu occasion d'en voir une espèce, 
rapporte qu'elle va à l'eau tous les 
jours, mais qu'elle n'y reste pas long- 
temps. C'est principalement des corps 
marins rejetés par le flot sur la plage 
qu'elle se nourrit , et elle ne manque 
pas de nourriture. Lorsqu'elle craint 
quelque danger , elle se sauve, en mar- 
chant de côté, dans son trou, avec tant 
de rapidité , que ce Naturaliste a été 
long-temps à l’observer avant de se 
faire une idée de l'espèce d'animal qui 
fuyoit devant lui, qu'enfin il a fallu 
toute la vitesse de son cheval pour s'en 
procurer quelques exemplaires, encore 
après plusieurs courses inutiles. On sent 
bien qu'un animal si difficile à pren- 
dre , ne peut pas servir habituellement 
de nourriture; aussi, dans la Caroline 
n'en fait-on aucun usage. Ce crabe se 
trouve aussi aux Antilles, et dans l'A- 
mérique méridionale , où il porte le 


192 HISTOIRE NATURELLE 


nom de crabe de terre, mais ce nom 
Jui est commun avec tant d'autres, que 
ce que les voyageurs en rapportent, 
nue peut lui être spécialement ap- 
pliqué. 

Pline cite des crabes qui se trouvent 
sur les côtes de Syrie, et marchent 
avec une si grande vitesse que les hom- 
mes ne peuvent pas les devancer. Oli- 
vier en a rapporté de ce pays, qui 
paroissent être de l'espèce dont parle 
Pline , et 1ls diffèrent extrêmement 
peu de celui dont 1l vient d'être ques- 
ton dans leur forme générale, mais 
ils ont sur l'extrémité du pédicule des 
yeux un faisceau de poils qui les rend 
fort remarquables. 

Les crabes de terre font toujours leurs 
œufs dans l'eau. On ignore encore si 
c'est aussi dans ce fluide qu'ils procè- 
dent au changement de leur test. 

Les mœurs des autres espèces d’o- 
cypodes sont peu connues, mais 1l ya 
heu de croire qu'elles ne s'éloignent 


DES OCYPODES. 193 


pas beaucoup de celles qui viennent 
d'être mentionnées. Il en est une, l’o- 
cypode craniolaire, qu'on trouve très- 
fréquemment fossile en France, quoi- 
qu'elle soit originaire de l'Inde. 

Il paroît que c'est à ce genre qu'il 
faut rapporter les tourlouroux crabes 
des Antilles dont tous les auteurs fran- 
çais ont parlé. On en distingue de trois 
sortes, mais on ne peut les caractéri- 
ser, faute de description exacte. Ils 
se tiennent dans des trous qu'ils font 
en terre, et n'en sortent guère que la 
nuit pour aller chercher leur nourri- 
ture. Chaque année, au printemps, ils 
descendent des montagnes en grandes 
troupes, et vont pondre leurs œufs dans 
la mer. Les habitans en sent alors fort 
incommodés, parce qu'ils entrent par- 
tout , coupent ou brisent les jeunes 
plantes , et font un bruit continuel. 
A. leur retour, ils changent de peau. 
Avant, ils bouchent leurs terriers, afin 
de n’avoir pas à craiudre les ennemis 

Crustacés. I, 17 


104 HISTOIRE NATURELLE 


contre lesquels ils n’auroient point alors 
de défense. | 


Ocypode cératophtalme , Oc. ceratophtalma. 


Le corcelet carré, crénelé; les yeux épais, ter- 
minés par une épine. 

Cancer et cursor. Cancer uca — Linn. Herbst. 
Canc. tab. 1. fig. 8, 9. PaZas, Spicil. Zool. 9. 
fab. 5. fig. 71. 

Se trouve dans 1 mer des Indes. 


Ocypode carré, Ocypoda quadrata. 
Le corcelet carré, uni, latéralement crénelé; les 
pinces tuberculeuses. 
Se trouve à la Jamaïque. 


Ocypode chagriné, Ocypoda granulata. 
Le corcelet carrée , chagriné ; les pinces plates , sca- 


bres; la droite plus grande; les pattes, velues en dessous. 
On ignore sa patrie. 


Ocypode rhombe , Ocypoda rhombea. 

Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque 
côté. 

On ignore son pays natal. 


Ocypode uni, Ocypode lævis. 


Le corcelet uni, avec une seuie dent de chaque 
aôté ; les pinces unies; la droite plus grande. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Ocypode petit, Occypoda minute. 
Le corcelet uni, avec une dent de chaque côté 3 
Îes pinces très-unies et égales. 
Se trouve à l'ile de France. 


DES OCYPODES. 199 
Ocypode trident, Ocypoda tridens. 


Le corcelet uni, applati, avec trois dents de cha- 
que côté. 

Rable 21. fig. 125. 

On ignore sa patrie. 


Ocypode d’Espagne, Ocypoda hispana. 

Le corcelet uni, carré ; le front lobé, émarginé, 
glabre. 

Herbst. Canc. tab. 37, fig. 1. 

Se trouve dans les mers d’Espagne. 


Ocypode bourreau, Ocypoda carnifez. 


Le corcelet presque carré, avec des points et des 
stries noires très- rapprochées et mélangées vermicu- 
lairement; une des pinces plus grande. 

Herbst. Canc. tab. 4. fig. 1. 

On ignore sa patrie. 


Ocypode hydrodrome , Ocyp. hydrodroma. 

Le corcelet uni; le bord élevé , et une dent der- 
rière chaque œil; le poignet avec une seule pince. 
Couleur jaune ponctuée de rouge. 

Herbst. Canc. tab. 41. fig. 2. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Ocypode ponctué de roux , Oc. rufo punctata. 

Le coreelet applati, glabre , ponctué de roux, 
bidenté sur les côtes; le front à six dents; les pattes 
et les pinces ponctuées comme le corcelet. 

Herbst. Canc. tab. 47, fig. 6. 

On ignore son pays natal. Er 

Ocypode orange , Ocypoda aurantra. 
Le corcelet sans dents sur les côtés; le front tron- 


qué , émarginé ; les pinces unies; les pattes com- 
primées, 


196 HISTOIRE NATURELLE 


Herbst. Canc. tab. 48. fig. 5. 
Se trouve dans la mer des fndes. - 


Ocypode trident , Ocypoda tridens. 


Le corcelet uni, antérieurement tridenté de cha- 
que côté ; le front entier. 
Se trouve dans les Indes orientales. 


Ocypode blanc, Ocypoda albicans. 


Corcelet presque carré, chagriné, échancré sur 
les côtés du bord antérieur ; les mains ovales, héris- 
sées de tubercules, dentées en leur bords; les pattes gar- 
nies de faisceaux de poils. 

Voyez pl. 4. fig. 1, où il est représenté réduit de 
moitié. 

Se trouve sur les côtes de la Caroline, d’où il 
a été rapporté par Bosc. 

‘Yeux louguement pédonculés; instrumens exté- 
rieurs de la bouche, sans poils et très-blancs. 

Corcelet ’ blanchätre , presque cubique , chagriné 
sux-tout en ses bords et antérieurement en dessous; 
les bords très-entiers, excepté celui de devant qui 
est sinué sur les côtés, et terminé par une pointe 
avancée ; queue unie; pattes onguiculées, applaties, 
blanches, fasciculées de poils en leurs bords ; pinces 
hérissées de tubercules épineux, dirigés en avant; le 
premier article triangulaire et épineux sur deux de 
ses arètes; le second arrondi et armé de deux épines, 
La main ovale et dentelée latéralement ; les doigts 
courts et tuberculeux en dedans. 

Cette espèce est fort voisine , mais distincte du cé- 
ratophtalme. 


Ocypode ruricole, Ocypoda ruricola. 


Les tarses avec des faisceaux de poils; les doigts 
avec deux rangs de tubercules. 


DES OCYPODES. 107 


Cancer. ruricola. Fab. Sluan. Jam. 1. tab. 2. Séba, 
Mus. 3. tab. 20. fig. 5 Degeer. Ins.7. tab. 25. fig. 1. 
Herb. Canc. tab. 3, fig. 36, et tab. 4. fig: 37. Ca- 
tesby , Carol, 2. tab. 32. 

Se trouve dans l'Amérique, où il est connu sous 
le nom de crabe de terre. Ii y a probablement plu- 
sieurs espèces confondues sous ce nom. 


Ocypode vieillard, Ocypoda senex. 


Le corcelet avec un pli antérieur; le poignet avee 
ne épine ; les doigts dentés, 

Cancer. Senex. Fab. 

Se trouve dans les Tndes orientales. 


Ocypode noir, Ocypoda heterochelos, 

Les corcelet carré, rugueux, noir, avec une des 
piuces très-grosse, brune et fortement dentée à 
l'intérieur. 

Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 8 Herbst. Canc. 
tab. 1. fig. 1. Margrave, Bras. pag. 184. fig. 1. 

Se trouve dans l'Amérique méridionale. 


Ocypode combattant, Ocypoda pugilator, 


Le corcelet plus large que long , trapzoïde, épai, 
uni en dessus; une des pinces plus grosse, presque 
munie , sans dents intérieures. 

Margravre, Bras. pag. 185. fig. 4. 

Se trouve dans | Amérique méridionale et septentrio- 
nale , et a été observé par Bosc en Caroline. 

Yeux longuement pédonculés ; corcelet trapezoïde, 
sinué en avant, plus large que long , trés-uni, irès- 
entier en ses bords, ponctué gris, avec une tache 
violette en avant, et des lignes noires paralleles aux 
côtés et sinuées en arrière. Pinces inégales ; lune, 
s’est plus souvent la droite, aussi large et deux fois 
plus longue que le corps ; l’autre extrêmement petite ; 


198 HISTOIRE NATURELLE 


toutes deux légérement chagrinées, Les doigts très- 
longs, courbés en arcs et unis; les paies applaties, 
ponctuées , grises, un peu ciliées. 


Ocypode trident, Ocypoda tridens. 


Le corcelet uni, applati, avec trois dents latérales: 
Herbst. Canc. tabs 21. fig. 125. 
On ignore sa patrie. 


Ocypode appelant, Ocypoda vocans. 


Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque 
côté; les yeux rapprochés et unidentés; une des 
pinces beaucoup plus grosse que l’autre. 

Cancer vocans. Fab, — Degeer. Ins. 7. tab. 26. 
fig. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. 
Canc.\tab:.1: f2,170. 

Se trouve dans l'Amérique méridionale. 


Ocypode angulé , Ocypoda angulata. 
Le corcelet uni, bidenté de chaque côté; les 
pinces trés-longues. 
Cancer angulutus, Fab. — Herbst. Canc. tab. 1. 
fg. 13. Penn. Zool. Brit. tab. 0. fig. 10. 
Se trouve sur les côtes d'Angleterre. 


Ocypode tétragone, Ocypoda tetragona. 

Le corcelet, avec des faisceaux de poils sur sa 
partie antérieure, et deux dents de chaque côté. 

Cancer  tetragonus. Fab, — Herbst. tab. 47. 
fig. 5. 


Se trouve dans les Indes orientales. 


Ocypode carré, Ocypoda quadrata. 
Le corcelet ani, antérieurement unidenté de cha 
qæe côté, postérieurement plissé. 
Cancer quadratus F'ub. 
Se trouve dans les fndes orientales, 


DES OCYPODES. 199 
Ocypode rhomboïde, Ocypoda rhomboides. 


Le corcelet uni; une épine sur la partie anté- 
rieure des côtés; le front tronqué. 

Cancer rhomboïdes. Fab. — Herbst. Canc. tab. 1. 
fig. 12. 9722. Hist. tab. 31. fig. 2. Barez Icon. 
tab. 1286. fig. 2 , et 1287. fig. 1. 

Se trouve dans la Méditerranée, 


Ocypode petites mains, Ocyp. microcheles. 


Le corcelet rhomboïdal , sinué en devant ; le pe- 
doncule des yeux très- long ; les pinces très-petites , 
égales ; leurs doigts carénés. 

On ignore sa patrie. 


GRAPSE, GRAPSUS, Lamarck. 


Quatre antennes courtes , articulées , ca- 
chées sous le chaperon. Les yeux aux 
angles du chaperon, et à pédicules courts, 
Corps déprimé , presque carré , àchaperon 
transversal, rabattu en devant. Dix pattes 
onguiculées ; les deux antérieures termi- 
nées en pinces. 


LES orapses diffèrent extrêmement 
peu des crabes avec lesquels ils ont été 
réunis par tous les auteurs. Lamarck, 
le premier , les a séparés d'après la 


200 HISTOIRE NATURELLE. 


considération de la position de leurs 
veux. Ils sont, en général, béaucoup 
plus applatis, et plus exactement car- 
rés que les crabes. Leurs pinces sont 
ordinairement plus courtes que les pat- 
tes ; ces dernières sont extrémement 
comprimées, et très - fortement caré- 
nées sur leur bord antérieur. 

Bosc, qui a vu beaucoup de grapses 
dans la baye de Charleston, a observé 
qu'ils se tenoient presque toujours ca- 
chés sous les pierres, sous les morceaux 
de bois; et, comine ces objets sont 
rares dans ce lieu, tous les jours, à la 
retraite de la marée, 1l étoit sûr de 
trouver des grapses sous ceux où :l 
en avoit pris la veille. TI a remarqué 
que, quoiqu'ils ne nagent point, ils 
ont la faculté de se soutenir momen- 
tanément sur l’eau, à raison de la lar- 
geur de leur corps et de leurs pattes, 
et cela par des espèces de sauts répétés. 
Ils fontce mouvement toujours de côté, 
jantôt à droite, tantôt à gauche, selon 


DES GRAPSES. 20T 


les circonstances. On ne les mange point, 
mais C'est, sans doute , parce que 
d’autres espèces de crabes , dont il sera 
question au genre Aoctane). sont plus 
abondans et plus gros, car il n’a pas 
paru à Bosc que leur chair fût mau- 
vaise. Ils parviennent à une grandeur 
représentée par près d'un décimètre 
carré , et sont toujours marbrés d'un 
rouge de sang fort éclatant. Aussi 
sont-ils connus sous le nom de crabes 
peints dans les Antilles françaises. 

: Un autre , qui ne vit pas positi- 
vement dans la mer, mais dans les 
rivières où elle remonte, ou mieux, 
sur leurs bords, car 1l est plus sou- 
vent hors que dans l’eau, c'est le grapse 
cendré , est encore plus abondant. Il 
ne s'élève pas beaucoup au-delà d’un 
centimètre carré, mais 1l est propor- 
tionnellement plus épais que le pre- 
mier. Lorsqu'il se trouve un arbre ren- 
-versé dans Îles marais salés , on est 
certain d'en trouver dessous d'immenses 


203 HISTOIRE NATURELLE 


quantités , quelquefois même dessus 
lorsque l'écorce est assez peu adhérente 
pour leur permettre de s'introduire 
entre elle et le bois. Bosc a vu un 
arbre, mort sur pied , qui en étoit ainsi 
garni jusqu’à la hauteur de deux à trois 
mètres. Lorsqu'ils craignent quelque 
danger , et qu'ils n’ont pas d’abri, ils 
se uen dans l’eau en RS sur 
le côté, et en faisant un grand bruit 
avec leurs pattes. 

Les femelles de ces deux espèces de 
grapses ont des œufs en ventôse , épo- 
que où elles commencent à reparoître; 
car pendant l'hiver les premières res- 
tent au fond de la mer, et les secondes 
sans doute enfoncées dans la boue. 


Grapse peint, Grapsus pictus. 


Le corcelet plissé de chaque côté, antérieurement 
bidenté ; le front recourbé, quadridenté sur ses côtés ; 
le corps de diverses couleurs, 

Cancer Grapsus Fab, — Amoen. Acc. 4. tab. 3. 
fig. 10: Herbst. Canc. tab. 3. fig. 33, 34. Calesb, 
Carol. 2. tab. 36. fig. 1. Séba, Mus. 3. tab. 164 
Hp 5016: 

Se trouve dans } Amérique méridionale. 


DES GRAPSES. 203 


Grapse varié, Grapsus variegatus. 
Le corcelet uni, tridenté de chaque côté; le front 
à quatre dents du chaque côté. 
Cancer V'ar'egatus. Fab. 
Se trouve dans l'Inde. 


Grapse écailleux, Grapsus squammosus. 

Le corcelet uni, très-entier , presque carré, avec 
quatre dents de chaque côté ; le front à trois lobes ; les 
cuisses avec une seule dent. 

Herbst. Canc. tab. 22. fig. 113. 

On ignore son pays natal. 


Grapse strié , Grapsus strigosus. 

Le corcelet uni , avec des stries latérales ; le bord 
mince, bidenté derrière les yeux ; le chaperon recourbé 
et quadrituberculeux. 

Herbst. Canc. tab. 47. fig. ”. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Grapse tétragone , Grapsus tetragonon. 


Le corcelet carrè, uni; le front avec une saillie, 
en pointe; les mains unies. 

Herbst. Canc. tab. 20. fig. 110. 

On ignore son pays natal. 


Grapse littéré, Grapsus litteratus. 


Le corcelet uni, tridenté de chaque côté, avec 
la figure d’une H, imprimée dans son milieu; les 
ongles comprimés , ciliés. 

Cancer ltteratus Fab. — Herbst. Canc. tab. 48. 
fig. 4. 

Se trouve dans les Indes orientales. 


Grapse applati, Grapsus depressus. 


Le corcelet tuberculeux , à quatre dents de chaque 
- côté ; les antérienres frontales. 


204 HISTOIRE NATURELLE 


Cancer depressus Faë.'— Herbst. Canc. tab. 3. 
fig. 35. Petiver Gaz. tab. 75. fig. 11. 

Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d’A- 
imérique. 

Grapse cendré, Grapsus cinereus. 

Le corcelet inégal, très-entier, gris, varie de bran 3 
les pinces tres-minces. 

Voyez pl. 5. fig. 1, où il est représenté de gran- 
deur naturelle, 

Se trouve sur le bord et dans les eaux sanmâtres de 
la Caroline , d'où il a été apporté par Bosc. 


DORIPE, DoriPzE, Fabricius. 


Quatre antennes ; les antérieures palpifor- 
mes , les extérieures sétacées. Corps dé- 
primé, cordiforme , plus large postérieu- 
rement , rétréci, mais tronqué dans sa 
partie antérieure. Dix pattes onguiculées ; 
les deux antérieures terminées en pinces, 
et les quatre postérieures dorsales et pre- 
pantes. à 


Les doripes faisoient autrefois par- 
tie du genre crabe de Fabricius, maisils 
en ont été séparés, par ce Naturaliste, 
par suite du nouveau travail sur les 


DES DORIPES. 205 


crustacés, dont il a publié les résultats 
dans son dernier supplément, c'est-à- 
dire dans celui de 1708. Lamarck et 
Latreille ont adopté ce genre, qui, en 
effet , est pourvu de caractères parti- 
liers , très-saillans. 

Le corcelet des doripes est géné- 
ralement tronqué en avant et en ar- 
rière, élargi postérieurement sur les 
côtés, et régulièrement sillonné ou ma- 
melonné en dessus ; sa partie antérieure 
est presque toujours armée de six épi- 
nes Courtes, presque égales, les deux 
latérales toujours cependant un peu 
plus grandes. Les yeux sont portés sur 
de courts pédicules placés entre les 
deux dernières épines. Les antennes 
sont plus ou moins courtes suivant les 
espèces, mais Jamais très-longues. 

Les pinces sont généralement plus 
courtes que les pattes antérieures, c’est-à- 
dire très-petites. Ordinairement le mâle 
en a une plus grosse que l’autre, à ce 


qu'assure Fabricius. Rarement elles 
Crustacés. [. 16 


306 HISTOIRE NATURELLE 


sontépineuses ou tuberculeuses. Les pat- 
tes se divisent en deux sortes. Les deux 
premières paires très-grandes , ongui- 
culées , écartées, ressemblent à celles 
des crabes proprement dits et des gen- 
res voisins. Les deux dermières sont 
de plus de moitié plus courtes , plus 
grêles que les autres, terminées par un 
ongle aigu, courbé, susceptible de se 
replier entièrement ; elles sont placées 
sur la partie postérieure et supérieure 
du corcelet, et peuvent parcourir une 
de sa surface. 

On présume que cette organisation 
des doripes leur donne des habitudes 
différentes des autres crustacés, et en 
effet, le peu que nous savons de leurs 
mœurs *, Consiate que , comme les 
dromues, elles portent continuellement 
sur leur dos des corps étrangers, tels 
que des valves de bivalves, et peut- 
être des fucus, des éponges, des coral- 
lines , etc., au moyen desquelles elles 
sont cachées aux yeux de leurs enne- 


DES DORIPES. 207 


mis, et à ceux des animaux dont elles 
font leur pature. Tantôtces boucliersam- 
bulans sont immédiatement appliqués 
sur le dos même de l'animal , tantôt 
ils en sont à une certaine distance, mais 
toujours 1ls sont fortement soutenus 
par les pattes postérieures, au moyen 
des crochets dont elles sont armées. 

On n’a aucunes notions particulières 
sur les lieux qu'habitent de préférence, 
les doripes ; mais la faculté que la na- 
ture leur a donnée de se cacher sous un 
toit portatif, indique qu'ils n'ont pas 
besoim d’habiter les côtes rocailleuses, 
qu'ils peuvent, sans inconvéniens, par- 
courir les plages sablonneuses , où 1ls 
ont moins de concurrens parmi les au- 
tres crustacés. 


Doripe quadridente, Doripe quadridens, 


Le corcelet inégal , en cœur. applati, hérissé ; la 
base de la queue à six dents. 

Plancus, Conch. 36. tab. 5. fig. t. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


208 HISTOIRE NATURELLE 


Doripe rusée, Doripe astuta. 


Le corcelet applati, en cœur, hérissé , avec quatre 
dents antérieures ; la queue unie. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Doripe chaude, Doripe callida. 


Le corcelet applati, en cœur, nu, avec quatre 
dents antérieures ; la queue carinnée. 
Se trouve sur les côtes d'Amérique. 


Doripe lanugineuse |, Doripe lanata. 


Le corcelet couvert de poils blanchätres, avec des 


dents latérales ; les deux premières paires de pattes 
écartées. 


Herbst. Can. tab. 11. fig. 67. 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Doripe noduleuse , Doripe nodulosa. 


, Le corcelet chargé de tubercules arrondis et régu- 
lièrement disposés, ceux du milieu plus gros; les 
doigts des pinces canaliculés et régulièrement dentés 
en dedans. 

Cancer nodulosus , Olir. Dict. — Herbst. Canc. 
tab. 11. fig. 70. 

Voyez pl. 4. fig. 2, où il est représenté , presque de 
grandeur naturelle. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Doripe facchine , Doripe facchino. 


Le corcelet jaunâtre, renflé latéralement et posté- 
rieurement ; deux dents surnuméraires, au-dessous des 
antennes ; les deux premitres paires de pattes écartées. 

Pzancus, Coneh. tab. 5. fig. 1. Herb. Canc. tab. 11. 
fig. 68. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


é 


DES DORIPES. 20% 


Doripe macaron, Doripe mascaroni. 


Le corcelet alongé , brunätre ; les pattes très-écartées 
des pinces. 

Sulzer, Gesch. Der. Ins. tab. 31.fig. 1. Herbst. 
Canc. tab. 11. fig. 69. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


SE SE 


PORTUNE, PoRTUNUS , Fabricius. 


Quatre antennes inégales, petites , articu- 
lées ; les extérieures sétacées et plus lon- 
gues. Corps large, court , déprimé , denté 
sur les bords, et rétréci postérieurement. 
Dix pattes , dont les deux postérieures 
sont terminées par une lame applatie et 
ovale, 


Les portunes ont de très-grands rap- 
ports de forme avec les crabes, mais 
ils en sont distingués par des caractères 
très-positifs , et par des mœurs fort 
différentes. 

Tous les autres crustacés de la di- 
vision des queues courtes sont mar- 
cheurs, et ne nagent point, ou ne na- 


“ 
2IO HISTOIRE NATURELLE 


gent que par saut; les portunes seules, 
nagent quand ils le veulent, et quel- 
ques espèces, la pélasgique en parti- 
culier , nagent presque continuelle- 
ment. ue cela, la nature les a con- 
formées d’une manière parüculère; 
elle leur a donné un corpslarge etaminci 
en devant, pour pouvoir fendre plus 
aisément le liquide, et des pattes pos- 
térieures disposées en nageoires pour 
pouvoir s y soutenir et s’y diriger. 

Mais on va entrer dans la descrin- 
tion détaillée des parties. 

Le corcelet des portunes, est, en 
général, plus large que long, peu épais, 
aminci sur le on comme on vient 
de le dire , arrondi sur le derrière , et 
souvent armé, sur les côtés, d’une saillie 
plus ou moins longue, et terminée en 
pointe aiguë. Sa surface est rarement 
rugueuse, rarement velue, mais tou- 
jours un peu inégale. Le bord antérieur, 
qui fait plus ou moins le demi-cercle, 
est toujours dentelé régulièrement. 


DES PORTUNES. 211 


Les yeux sont très-courts , renfermés 
dans une fossette, placée exactement 
sur le bord du corcelet, et leur écarte- 
ment est juste le tiers de ce bord. Les 
antennes sont placées entre les yeux ; 
ce sont des filets sétacés, très-déliés et 
fort courts. 

Les pièces extérieures des instrumens 
de la manducation ferment la bouche. 
Comme on a donné, dans les généra- 
lités de la classe et dans ie plus grand 
détail, la description et la figure de ces 
parties, d’après Olivier on y renvoie le 
lecteur, 

Les pinces sont, tantôt longues, 
tantôt courtes, mais toujours angu- 
lures; le troisième de leurs articles est 
généralement le plus long, et presque 
toujours 1l est, ainsi que le quatrième, 
épineux du côté intérieur. Les paites 
sont ordinairement plus courtes que 
les pinces , toujours très-applaties et 
velues sur les côtés ; les dermières ont 
toujours leur ongle extrêmement large, 


212 HISTOIRE NATURELLE 


extrêmement mince, et garni sur ses 
bords de longs poils très - serrés. Ce 
sont là les nageoires, comme on l’a déjà 
observé. Les espèces qui nagent conti- 
nuellement, comme la pélasgique, ont 
même tous les ongles ainsi conformés, 
mais toujours ceux de la dernière paire 
sont plus larges que les autres. 


La queue des portunes est généra- 
lement plus large que celle des autres 
crustacés à queue courte. Il paroit 
qu'ils l'emploient aussi quelquefois 
dans l'action de nager. 

Les portunes, sont par-tout, fort esti- 
més, comme aliment, quand ils sont 
gros. Le dépurateur , et le pied large 
de Rondelet , est communément mangé 
sur les côtes de l'Océan ; et, ainsi que 
Bosc le rapporte , l’hastate sur celles 
de l'Amérique septentrionale. Ce der- 
nier sert de nourriture journalière aux 
nègres, dont l'habitation est peu éloi- 
gnée de la mer ou des rivières où l’eau 
salée remonte. Ils en prennent de gran- 


DES PORTUNES. T19 


des quantités, à la marée montante, 
avec des filets en cercles attachés à un 
long bâton; filet sur lequel ils ont fixé 
un morceau de poisson ou de charogne. 
Bosc lui-même en a pris plusieurs fois, 
en moins d'une heure, des centaines, 
de cette manière. Leur chair est très- 
savoureuse , et généralement tendre. 
Cette espèce, dont les pattes antérieures 
sont onguiculées, marche autant qu'elle 
nage, mais elle nage très-bien. Ordinai- 
rement ces crustacés marchent sur les 
bords de la mer ou des rivières, lorsque 
la marée monte, pour chercher leur 
nourriture; mais lorsqu'elle descend, 1ls 
s'en retournent toujours nageant, parce 
qu'ils n'ont plus rien à trouver , et 
qu'ils craignent d'être laissés par le flot. 
Dans l'état de tranquilité 1ls marchent 
et 1ls nagent en avant ; mais lorsqu'ils 
ont quelque chose à redouter , 1ls se 
sauvent en nageant sur les côtés, même 
quelquefois en arrière. Pendant l'hiver, 
1ls disparoissent de la côte, s'enfoncent 


214 HISTOIRE NATURELLE 


dans la profondeur des mers, et ne 
reviennent que lorsque le soleil com- 
mence à échauffer les eaux; alors ils 
sont garnis d'œufs , et sont plus estimés. 
Bosc en a pris dans des eaux parfaite- 
ment douces, mais trop peu éloignées 
des eaux saumâtres, pour ne pas croire 
qu'ils avoient été transportés, où qu'ils 
y étoient allés d'eux-mêmes, car ils 
sortent quelquefois de l’eau pendant la 
nuit, à ce qu'ou rapporte, pour aller 
ECS leur vie sur la grève. 

Une autre espèce , qui seroit presque 
aussi bien placée parmi les matutes, le 
portune pélasgique, a été également ob- 
servée par Bosc , en très-grande quantité 
sur les fucus qui flottent dans le grand 
Océan, entre l'Europe et l Amérique. 
Cette espèce , qui vit dans une mer 
sans fond , n'a probablement jamais 
d’autres DORE de repos que les fucus 
dont il est question. Elle nage presque 
continuellement , etce , avec aisance , 
et on pourroit même de avec grace. 


1 


DES PORTUNES. 215 


Elle peut se soutenir sur l’eau, sans se 
donner de mouvement apparent, pen- 
. dant un assez long espace de temps. 
Les longues épines dont son corcelet 
est latéralement armé, la rendent un 
manger dangereux pour beaucoup de 

poissons , et c'est probablement à l'abri 
_ de ce moyen de défense qu’elle se con- 
serve au milieu des ennemis qui l’en- 
tourent. Les matelots rapportent que 
ce moyen n'est pas suffisant cependant 
contre les tortues de mer, qui, avec 
leurs robustes mächoires brisent leur 
test , et les avalent sans inconvémient. 
Ils rapportent encore que cette espèce 
est une des plus délicates qu'ils con 
noissent. 

Les portunes ont été divisés par 
Fabricius, en quatre sections prises du 
nombre des dents qu'on compte sur 
les bords de leur corcelet. 


216 HISTOIRE NATURELLE 
Le corcelet avec deux dents de chaque côté. 


Portune vigilant, Portunus »igil. 
Le corcelet uni, avec deux dents de chaque côté 3; 
les bras épineux. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Le corcelet avec quatre dents de chaque côté. 
Portune de Rondelet, Portunus Rondeletir. 
Le corcelet alongé, uni, latéralement quadridenté ; 
le front épineux. 
Rondelet , Poiss. pag. 405; le large pied. Herëst. 
Canc. tab. 21. fig. 126. 
Se trouve dans la Méditerranée, 


Le corcelet avec cing dents de chaque côté, 


Portune pubère, Portunus puber. 


Le corcelet en cœur, velu, avec cinq dents de 
chaque côté; les pinces à une seule dent , noires à leur 
pointe. 

Voyez pl. 5. fig. 2, où il est représenté au tiers de 
sa grandeur naturelle, 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Portune dépurateur , Portunus depurator. 

Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté; 
les pinces comprimées à leur extrémité. 

Rumph. Mus. tab. 6. fig. P. Séba, Mus. 3. tab. 18, 
fig. 9. Herbst, Canc. tab. 7. fig. 48. 

Se trouve dans les mers d'Europe. 


Portune oisif, Portunus feriatus. 


Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté: 
es pinces anguleuses , ovales ; le carpe à une seule dent. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


DES PORTUNES. 217 


Portune porte-lance, Portunus lancifer. 


Le corcelet un peu tuberculeax, avec une seule 


épine quadridentée en devant; les pattes antérieures 
linéaires. 


Se trouve dans la mer du Sud. 


Portune holsate , Portunus Ao/satus. 


Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté, 
et autant au front, 


Se trouve dans les mers d'Europe. 


Portune velours , Portunus velutinus. 


Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et cou- 
vert de poils bruns; la main avec plusieurs rangées 
d’épines. 

Pennant. Brit. Zool. tab. 4. fig. 8. Herbst, Canc. 
tab. 7. fig. 40. 

Se trouve sur les côtes d'Angleterre. 


Portune ridé, Portunus corrugatus. 


Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et ridé 
transversalement. 


Pennant. Brit. Zool. tab. 5. fig. 9. Herbst. Canc. 
tab, 7. fig. 5o. 
Se trouve sur les côtes d'Angleterre. 


Le corcelet avec six dents de chaque côté. 


Portune bimaculé , Portunus bimaculatus. 
Ie corcelet ovale, avec six dents et une grande 
tache rouge de chaque côté: 
Herbst. Canc. tab, 18. fig. 101. 
On ignore d’où il vient. 
Portune six dents, Portunus sex dentatus. 
Le corcelet avec six dents de chaque côté; le front 
à huit dents ; les pinces épineuses. 


Crustecés. I, 19 


218 HISTOIRE NATURELLE 


Cancer sex dentetus. Fab. — Rumph. Mus.tab. 6, 
fig. P. Petiver. Gaz. Opt. tab. 1. fig. 6. Herbst. 
Canc.tab. 7. fig. 52, et 8. fg. 55. 

Se trouve dans l'Inde. Les figures de Herbst an- 
noncent deux espèces distinctes. 


Portune sanguinolent, Por, sanguinolentus. 


Le corcelet à six dents de chaque côté, et granulé 
de rouge ; le front à huit dents ; les pinces épineuses, 
granulées de rouge , ainsi que les pattes. 

Herbst. Canc. tab. 40. fig. 1. 

Se trouve dans l'Inde. 


Portune annelé , Portunus annulatus. 


Le corcelet uni, avec six dents de chaque côté ; 
le front à huit dents; les pattes annelées de violer. 
Se trouve dans la mer Ges Indes. 


Portune varié, Portunus sariegatus. 


Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de 
chaque côté ; la dent postérieure plus grande ; le 
front à huit dents ; les pinces épineuses. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Portune velouté, Portunus holosericeus. 


Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de 
chaque côté; le front à huit dents; les pinces épi- 
neuses. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Portune tronqué , Portunus truncatus. 
Le corcelet en cœur, velu , avec six dents de 
chaque côté; le front tronqué , à huit dents. 
Se trouve dans la mer des Indes. 
Portune porte-croix , Porfunus crucifer. 
. Le corcelet presque uni, à six dents de chaque 


DES PORTUNES. 219 


eûté; la dernière émarginée ; le front à huit dents. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Portune lucifer, Portunus lucifer. 


Le corcelet presque uni, à six dents; le front à 
huit dents ; les doigts roux , noirs à leur extrémité. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Le corcelet avec neuf dents de chaque côté. 


Portune tranquebarique, P. tranquebaricus. 
Le corcelet uni, avec neuf dents égales de chaque 
côté. 
Se trouve dans la mer des Indes , où il se mange. 


Portune hastate, Portunus hastatus. 


Le corcelet rugueux, avec neuf dents de chaque 
eôté; la dent postérieure plus grande; le front à 
quatre dents ; les dents égales. 


Se trouve dans les iles de l’ Amérique. 


Portune armiger , Portunus armiger. 

Le corcelet presque uni, avec neuf dents de 
ehaque côté; la dernière plus grande ; le front à cinq 
lobes ; les bras dentés de chaque côté. 

Se trouve dans la mer du Sud. 


Portune gladiateur, Portunus gladiator. 


Le corcelet velu , avec neuf denis de chaque côté ; 
la dernière plus grande ; les pinces tachées de rouge. 
Se trouve dans les mers d'Asie. 


Portune pélasgique , Portunus pelasgicus. 


Le corcelet uni, avec neuf dents de chaque côté ; 
la dernière plus grande ; les pinces en prisme à plu- 
sieurs angles. 


220 HISTOIRE NATURELLE 


Degeer. Mus. 7. tab. 26. fig. 8. Rumph. Mos. tab. 5. 
fig. R. Herbst. tab. 8: fig. 5. 


Voyez pl. 5. fig. 3, qui la représente réduite des trois 
quarts. 


Se trouve dans la haute mer parmi les fucns. 


Portune sanguinolent, Por. sanguinolentus. 


Le corcelet ani, avec neuf dents de chaque côté ; 


la dernière plus grande, testacée; trois taches rouges 
sur le bord postérieur. 


Herbst. Canc. tab 8. fig. 56, 57. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Portune défenseur, Portunus defensor. 


Le corcelet unni, avec neuf dents; la dernière 


courte ; le front à quatre dents ; les intérmédiaires 
irès-courtes. 


Se trouve dans la mer du Sud. 


Portune hastatoïde , Portunus hastatoides. 


Le corcelet velu, inégal, avec neuf dents de 
chaque côté; la dernière plus grande; la partie posté- 
rieure avec une dent de chaque côté. 

Se trouve dans les mers de l'Inde. 


Portune tennaille, Portunus forceps. 


Le corcelei uni , avec neuf dents de chaque côté; 
la dent postérieure plus grande ; les doigts très-longs 
et filiformes, 

Se trouve dans l'Océan. 


Portune pontique , Portunus ponticus. 


Le corcelet inégal, avec neuf dents de chaque côté ; 
la derniére plus grande; les pinces filiformes ; les doigts 
très-couris. 


Se trouve dans la mer des Indes. 


DES PORTUNES. LES 


Potune cédonule, Portunus cedonulli, 


Le corcelet avec neuf dents de chaque côté; le 
front avec quatre épines ; les pinces très-longues et 
ängulaires. 

Herbst. Canc. tab. 39. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


ED AS A TS 


PODOPHTALME, PODOPHTALMUS, 


Lamarck. 


Quatre antennes articulées , inégales ; les ex- 
térieures sétacées , plus petites. Pédicule 
des yeux très-rapproché à leur insertion, 
et aussi longs que le bord antérieur. Corps 
large, court, déprimé , anguleux et pointu 
latéralement, Dix pattes ; les deux anté- 
rieures terminées en pinces ; les deux pos- 
térieures terminées par une lame ovale. 


LamaArcK a établi ce genre sur une 
seule espèce qui se voit au Muséum 
national, et il a tiré son nom de la 
longueur du pédicule de ses yeux qui 
surpasse quatre centimètres. 1 paroit 
fort peu distinct des portunes, dont lé 


222 HISTOIRE NATURELLE 


caractère physique, celui qui leur donne 
des mœurs différentes de tous les au- 
tres crustacés de leur division , est 
d'avoir les pattes postérieures en na- 
geoires, comme le podophtalme. Ce 
genre paroit faire le passage entre les 
portunes et les ocypodes. 


EE 


ORITHIE, ORITHYA, Fabricius. 


Quatre antennes inégales ; les intérieures 
plus longues et palpiformes. Corps ovale. 
Dix pattes ; dont les postérieures sont 
applaties , larges et pinnées. 


FABRICIUS a formé ce genre sur 
une seule espèce qui vient des mers de 
la Chine, et qui n'a pas été figurée. 
fl paroit, par la courte description qu'il 
en a donnée, que sa forme l'éloigne 
un peu des portunes, puisqu'elle est 
globuleuse, et que la leur est applatie. 

Le corcelet de l’orithie est donc, 


DES ORITHYES: 223 


comme on vient de le dire, globuleux. 
IL est, de plus, armé de trois épines 
de chaque côté, et en avant de trois dents 
et d’une épine à trois dents. La queue 
a deux épines. Les pinces sont courtes 
et dentées. Les pattes postérieures sont 
applaties, découpées en leurs bords, 
et terminées par un lobe lancéolé. L'es- 
pèce est appelée mamillaire. 


! 


SR EM 


MATUTE, MaATuUTA, Fabricius. 


Quatre antennes ; les deux intérieures qua- 
driarticulées, à dernier article bifide ; les 
deux extérieures plus courtes et peu ap- 
parentes. Corps court, déprimé , plus 
large antérieurement , ou dans sa partie 
moyenne. Dix pattes ; les deux antérieures 
terminées en pinces ; toutes les autres 
terminées par une lame platte et ovale. 


Lrs matutes diffèrent si peu des 
portunes, au'on pourroit se demander 
si elles méritoient bien réellement de 


224 HISTOIRE NATURELLE 


faire un genre particuher: En effet, 
elles ont la même forme générale , 
et plusieurs portunes, tels que la pé- 
lasvique et la cédonule , ont comme 
elles les ongles de toutes les pattes en 
naoseoires. 

Degeer , qui a donné une descrip- 
ton fort détaillée d’une espèce de ma- 
tute, la vainqueur , dit que ses anten- 
nes sont à peine visibles ; que les yeux 
ne sont pas fort éloignés, et placés sun 
des pédicuies enfoncés dans une pro- 
fonde excavation. Le corcelet est pres- 
que ovale , applati, avec une longue 
pointe de chaqne côté; sa parte anté- 
rieure a huit Aeneies de chaque 
côté, et trois éntre les yeux. 

Les pinces sont courtes, angulaires. 
Les mains ovales , convexes, avec des 
pointes et des tubercules. Les doigts 
sont courts et dentés intérieurement. 

Les pattes sont presque aussi longues 
que les pinces, très-applaties. Leurs 


doigts sont tous très-munces, très-larges, 


DES MATUTES. 225 


et velus sur leurs bords; ceux des deux 
premières paires un peu plus longs et 
moins larges que ceux des deux autres; 
tous ont une nervure dans leur milieu. 
La queue est courte, presque trian- 
gulaire. 3 
La plupart de ces caractères con- 
viennent aux portunes cités plus haut. 
Les matutes nagent sans doute per- 
pétuellement dans l'Océan. On les 
trouve dans les mers des pays chauds, 
en Asie ct en Amérique. On ne sait 
rien de particulier sur leurs mœurs. 
Matute vainqueur, Matuta victor. 


Le corcelet ponctué des deux côtés; les pattes 
simples. 

Séba, Mus. 3. tab. 20. fig. 10,11. Rumph. Mas. 
tab. 7. fig. 5. Herbst. Canc. tab. 6. fig. 44. Degeer. 
Ins. 7. tab. 26. fig. 4, 5. 


Voyez pl. 4. fig. 3, où il est représenté au tiers de sa 
grandeur naturelle. 


Se trouve sur la côte du Malabar. 


Matute pieds plats, Matuta planipes. 


Le corcelet postérieurement strié. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Matute appendiculée | Mat. appendicu/ata. 


Le corcelet vermiculé de rouge; les pattes posté- 


226 HISTOIRE NATURELLE 


xieures avec un appendice au côté interne de l'avant- 
dernière articulation. 

Herbst. Canc. tab. 48. fig. &7 

On ignore son pays natal. 


A A AA 


DROMIE, DRroMI4, Fabricrus. 


Quatre antennes très-courtes ; les intermé- 
diaires en forme d’antennulles. Le corps 
presque globuleux , les pinces grosses et 
courtes ; les deux premières paires de 
pattes onguiculées ; les deux dernières re- 
pliées sur le dos , et armées d’une petite : 
pince. 


CE genre a été formé par Fabri- 
cius, aux dépens des crabes , de ses 
premières éditions ; 1] n'a pas été adopté 
par Lamarck, mais bien par Latreille. 
II se rapproche beaucoup des doripes 
par les mœurs des espèces qui le com- 
posent; ils’en écarte par la forme et les 
caractères. 

Les dromies sont presque rondes, 
extrêmement bombées en dessus, et 


DES DROMIES, 227 


méme en dessous. Leur corcelet est 
ordinairement anguleux en devant, 
toujours couvert de longs poils. Les 
yeux sont fort rapprochés, portés sur 
de très - petits tubes. Leurs antennes 
sont à peine visibles. Les pinces ont 
leur troisième et quatrième articles 
très-épais , presque aussi gros et aussi 
longs que la main. Le tout est couvert 
de poils, excepté les doiots, qui sont 
courts, et légèrement dentés. Les deux 
, premières paires de pattes sont velues, 
onguiculées, et moins longues que les 
pinces. Les deux dernières sont de 
moitié plus courtes , insérées presque 
sur le dos, et terminées par une très- 
petite pince à ongles égaux et égale- 
ment courbes. Le tout toujours très- 
velu. 

Une des espèces de ce genre, la dro- 
mie tête de mort, se trouve dans la 
méditerranée. On sait qu'elle s'empare 
d'une espèce d’alcyon , qu'à cause de 
cet emploi on a appelé alcyon domon- 


228 HISTOIRE NATURELLE 


cule, le fixe sur son dos, et sous cet 
abri, brave les recherches de ses enne- 
mis , et surprend les animaux dont 
elle fait sa nourriture. Elle n’est point 
rare dans la mer voisine de Montpel- 
lier, mais elle est d'une difficile ob- 
servation, parce qu’elle s'approche ra- 
rement des bords. Draparnaud , l’es- 
timable professeur d'Histoire Natu- 
relle à l’école centrale de cette ville, a 
cependant pris sur elle et sur son singu- 
her bouclier, des notes qu’il ne tardera 
pas sans doute à donner au public. 

Quoique l'alcyon domoncule soit ac- 
croché à demeure par les pinces des 
pattes postérieures de la dromie tête 
de mort, et que son corps soit obligé 
de prendre ia forme du dos de ce crus- 
tacé , il n'en conserve pas moins le peu 
de vitalité dont il est pourvu, 1l n'en 
croît pas moins dans toutes ses dimen- 
sions, seulement 1l augmente irrégu- 
lièrement, à raison des compressions 
qu'il éprouve. 


DES DROMIES. 229 


Les autres espèces de dromies n’em- 
ploient sans doute pas la même arme 
défensive que celle dont il vient d'être 
question, mais elles se servent très- 
probablement de moyens analogues. La 
nature , dans les genres véritablement 
naturels, passe rarement avec rapidité 
d’un mode dans un autre. Toutes les 
dromies ont des pinces aux pattes pos- 
térieures ; toutes doivent se couvrir le 
corps d'objets étrangers. C'est aux ob- 
servateurs à faire connoître ce que les 
circonstances les mettront à portée de 
remarquer à cet égard. 


Dromie de Rumphius, Dromia Rumphii. 


Le corcelet hérissé, à cinq dents de chaque côté ; 
les quatre pattes postérieures égales. 

Rumph. Mus. tab. 11. fig. 1. Séba , Mus. 3. tab. 18. 
fig. 1, 3. Herbst. Canc. tab. 18. fig. 103. 


Se trouve aux Indes dans les profondeurs des mers, 
Elle est très-voisine de la dromie tête de mort. 
. LA Lèr Se . . 
Dromie égagropille , Dromia æœgagropilla. 


Le corcelet globuleux, sans épines, très-velu ; les 
doigts nus et dentés. 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Crustacés. I, 20. 


230 HISTOIRE NATURELLE 


Dromie artificieuse, Dromia artificiosa. 
Le corcelet velu , avec trois dents de chaque côté; 
les pattes postérieures plus grandes. 
Se trouve dans la mer des Indes. 
Dromie tête de mort, Drom.caput mortuum. 


Le corcelet applati, très-velu, avec sept dents lon- 
guement ciliées de chaque côté. 

Cancer caput mortum Linn. — Cancer fabilosus 
Herbst. Canct tab. 48. fig. 2, 3. 


Voyez pl. GC. fig. 1, où elle est représentée antiers 
de sa grandeur naturelle. 


Se trouve dans la Méditerranée, et se couvre de 
Falcyon domoncule. 


SD A 


PORCELLANE, PORCELLANA, 


Lamarck. 


Quatre antennes inégales ; les deux exté- 
rieures , très-longues , sétacées, maltiarti- 
culées , et insérées derrière les yeux. Corps 
suborbiculaire , à queue repliée en des- 
sous. Dix pattes onguiculées ; les deux 
antérieures terminées en pinces ; les deux 


postérieures très-petites. 


Les espèces de porcellanes , citées 
par Lamarck, semblent, au premier 
aspect , appartenir aux leucosies ; mais, 
quand on examine avec attention la 


DES PORCELLANES. 93H 


position de leurs antennes , on voit 
qu'elles sont insérées au côté extérieur 
des yeux , ce qui fournit un caractère 
qui ne se trouve dans aucun des crus- 
tacés de leur division , et oblige par- 
conséquent à l'établissement d’un genre 
nouveau. 

On ne sait rien de particulier sur 
les porcellanes connues qui sont rares 
dans les collections de Paris; mais 
on va donner la description absolue 
d'une espèce nouvelle , qui s'éloigne 
des autres par sa forme applatie et l'or- 
ganisation de son test, absolument sem- 
blable à celle de la galathée striée, et 
qu'on appellera en conséquence por- 
cellane galathine. 

Le corcelet est applati , ovale, 
ironqué en arrière, couvert de stries 
transverses , irréguhères , d’où sortent 
des poils extrêmement courts, égaux, 
et toujours dirigés en avant. Le front 
est un peu saillant, accompagné de 
deux épines de chaque côté , entre 


232 HISTOIRE NATURELLE 


et au-dessous desquelles est la cavité 
des yeux. De la base de la dernière, 
en dessous, sortent les grandes an- 
tennes, composées, autant qu'on a 
pu en juger, de trois articles; les deux 
premiers très-gros et très-courts, et le 
dernier très - long, sétacé et subdi- 
visé en une grande quantité d’articula- 
tions. Yeux très-gros, portés sur de 
courts pédicules. Pièces extérieures fer- 
mant la bouche , très - longues , et se 
repliant sur elles-mêmes. Queue très- 
large, velue. Pinces applaties, larges; 
le troisième article fortement denté du 
côté intérieur. La main sans épines, 
et les doigts sans dents. Les deux pre- 
mières paires de pattes plus courtes 
que les pinces, et onguiculées. La der- 
nière encore plus courte, extrêmement 
grêle , relevée sur le dos ; le dernier 
article sans ongle. Toutes , ainsi que 
les pinces, velues , et composées d'é- 
cailles disposées de la même manière 
que les stries du corcelet. 


DES PORCELLANES 2353 


Les caractères de cette espèce , et 
des autres, peuvent être réduits ainsi : 


Porcellane galathine , PorceZlana galathina. 


Corcelet applati , strié longitudinalement ; les pinces 
plates , à cuisses dentées, 
Voyez pl. 6. fig. 2, qui la représente de grandeur 
naturelle. 
On ignore son pays natal. 


Porcellane longicorne , Porcell. longicornis. 
Le corcelet orbiculaire , uni ; les pinces petites ; 
le rosire à trois pointes ; les antennes très-longues. 
Acta. Help. 5, tab. 5. fig. 447. Bart. Subsc. 2, 
tab. 4. fig. 3. Pennant: Zidol! Brit, 4. tab. 1. fig. 3. 
Seéba, Mus. 3. tab. 17. fig. 1, 4. Herbst. Canc. tab. 2. 
fig. 23. 
Se trouve dans les mers d'Europe. 


Porcellane hexape , Porcellana hexapus. 

Le corceïet orbiculaire ,, uni, entier ; les antennes 
de la longueur du corps; les paites postérieures très- 
courtes. 

Herbst. Canc. tab. 2. fig. 122. 

Se trouve dans les mers d'Europe. 


Porcellane larges pinces, Porcel. platycheles. 
Le corcelet lisse, entier, orbiculaire; pinces plates, 
larges, ciliées en dessous; antennes très-longues. 
Pennant. Brit. Zool. 4 tab. 6. fig. 12. Herbst, 
Canc. tab. 2, fig. 26. 
Se irouve dans les mers d'Europe. 


254 HISTOIRE NATURELLE 
LEUCOSIE , LEUCOSI14 , Fabricius. 


Deux ou quatre antennes inégales, plus où 
moins longues, grêles , insérées derrière 
ou sous les yeux. Corps suborbiculaire , 
plus où moins convexe. Queue nue, re- 
pliée en dessous. Dix pattes onguiculées ; 
les postérieures souvent très-petites. 


LA forme des leucosies, et le poli 
brillant dont la plupart sont pour- 
vus , peuvent Îles faire reconnotire 
au milieu de tous les crustacés ; mais 
leurs caractères génériques , 1l faut l'a- 
vouer, n'ont pas la précision qu'il se- 
roit à desirer qu'ils eussent. Ils varient 
dans presque toutes les espèces. 

Les leucosies sont des crustacés slo- 
buleux, dont les antennes sont tantôt 
longues, tantôt courtes, mais toujours 
inégales et filiformes. Leurs yeux sont 
très-rapprochés, et portés sur des pé- 
dicules courts. Les instrumens de la 
manducation ferment exactement la 


DES LEUCOSIES. 233 


bouche. Les pinces sont tantôt courtes 
et épaisses, tantôt longues et grèles , et 
rarement tuberculeuses ou épineuses. 
Les pattes sont toutes onguiculées, et 
les dernières plus petites que les autres. 
La queue est seulement de deux piè- 
ces , dont la première est très-lon- 
gue , repliée en dessous, ordinairement 
bombée ; et la seconde, très-petite , 
touche à la base des instrumens de la 
manducation. Ce caractère très-re- 
marquable de la queue , s'il est gé- 
néral, est très-bon pour distinguer les 
leucosies des autres genres. 

Les mœurs des leucosies, si on en 
peut juger par le peu que nous en sa- 
vons , diffèrent à peine de celles des 
crabes proprement dits. Ces crustacés , 
qui ne peuvent pas nager, se tiennent 
au fond de la mer, et sont souvent je- 
tés par le flot sur les rivages. Lors- 
qu'ils craignent quelque danger , 1ls ra- 
massent leurs pattes entre leur corps, 
et attendent qu'il soit passé. Ils ont 


236 HISTOIRE NATURELLE 


peu de vivacité dans leurs mouvemens, 
et il paroit qu'ils comptent beaucoup 
sur la dureté de leur test, effective- 
ment plus considérable que dans la 
plupart des crustacés , et sur leur peu 
d'importance , car ils sont en général 
petits , pour échapper aux ennemis qui 


les recherchent. 

C'est probablement à la solidité de 
leur test qu'on doit de les trouver dans 
l'état fossile , plus fréquemment que 
les autres genres des crustacés. 


Leucosies à pinces Jili ormes. 


Leucosie ponctuée, Leucosie punctata. 


Le corcelet ovale, postérieurement crénelé et à trois 
dents ; les doigts sans épines, 

Brown. Jam. tab. 42. fig. 3. 

Se trouve dans les iles Antilles. 


Leucosie fugace , Leucosia fugax. 


Le corcelet oblong, avec trois dents postérieures 
la dent du milieu plus iongue et recourbée; les doigts 
des pinces dentés. 

Herbst. tab. 2. fig. 15 , 16. Rumph. Amb. tab. re. 
He. C. 

Se trouve dans les Indes orientales. 


DES LEUCOSIES. 237 


Leucosie noix, Leucosia nucleus. 


Le corcelet orbiculaire , avec deux épines posté- 
rieures ; les bras granuleux. 

Sulz. Hist. Ins. tab. 31. fig. 3. Herbst, Canc. 
tab. 2. fig. I4. 
= Voyez pl. 6. fig. 4, où elle est représentée un peu 
plus petite que nature. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Leucosie à sept épines, Leucosia 7 spinosa. 


Le corcelet avec une épine alongée et très-aiguë de 
chaque côté, et avec cinq épines postérieures. 

Herbst, tab. 20. fig. 112. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Leucosie hérisson, Leucosia erinaceus. 


Le corcelet ovale, trés-épineux ; les épines margi- 
nales plus longues et dentées; les bras épineux. 

Herbst. tab. 20. fig. 111. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Leucosie cylindrique , Leucosia cylindrus. 


Le corcelet à deux sillons; les côtés dilatés, eyx- 
lindriques, avec une épine à leur extrémité. 

Herbst. tab. \11 Gp 029; 30,121. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


Leucosie scabriuscule, Leucos. scabriuscula. 
Le corcelet applati, couvert d’aspérités; le front 
émarginé. 
Se trouve dans les Indes orientables. 
Leucosie balle, Leucosia prla. 


Le corcelet globulenx, avec une dent élevée dans 
son milieu , et le bord crénelé et denté. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


2306 HISTOIRE NATURELLE 


Leucosie double épine, Leucosia bispinosa. 


Le corcelet uni, portant deux épines de chaque 


côté et quatre dents au front ; les pinces épineuses et 
dentées. 


Herbst. Canc. tab. 6. fig. 45. 
On ignore sa patrie. 


Leucosie globuleuse, Leucosia globulosa. 

Le corcelet uni, presque crénelé ; la queue avec 
deux nodosités à sa base ; les bras couverts d’aspérités. 

Se trouve sur la côte de Malabar. 

Leucosie craniolaire , Leucosia crantolaris. 

Le corcelet uni, très-entier, ovale, uni, antérieu- 
ment épais, à trois dents ; les pinces unies. 

Petiver, Gazoph. tab. 9. fig. 3. Rumph. Mus. 
tab..ro. fig. A, B. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 4, 
10. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 17. 

Se trouve dans l'Inde, et fréquemment fossile en 
Europe. 

Leucosie résidu, Leucosia residuus. 

Le corcelet, presque rond; le front émafginé des 
deux côtés. 

Herbst. Canc. tab. 48. fig. 1. 

On ignore sa patrie. 


Leucosie porcelaine , Leucosia porcellana. 
Le corcelet uni, ovale, antérieurement obtus ; les 
bras granuleux. | 
Herbst. Canc. tab. 2. fig. .18. Séba, Mus. 3. 
tab 19 S-TIS 2: 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Leucosie plane, £eucosia planata. 


Le corcelet orbiculaire applati; les côtés à deux 
&ents; le front à trois dents, 
Se trouve à la terre de feu. 


DES LEUCOSIES. 239 


Leucosie treillis, Leucosia cancellus. 


Le corcelet uni , denté tout-au-tour ; les mains 
tranchantes sur leurs bords. 

Herbst. Canc. tab. 2. fig. 21. 

On ignore son pays natal. 


Leucosie canard, Leucosia anas. 


Le corcelet uni , globuleux , denté tout autour ; les 
mains unies; les doigts tranchans, 

Herbst. Canc. tab. 2. fig. 19. 

On ignore son pays natal. 


TE SE M 


PINNOTHÈRE ; PINNOTHERES, 
Latrerlle. 


Corcelet orbiculaire ou carré , à angles ar- 
rondis. Yeux situés entre les angles laté- 
raux et le milieu du bord antérieur. Qua- 
tre antennes à peine visibles dans l’entre- 
deux. Dix pattes onguiculées ; les deux 
antérieures terminées en pinces, 


Les pinnothères différent sans doute 
fort peu des crabes et des grapses ; mais 
enfin elles en diffèrent, et leurs mœurs 


240 HISTOIRE NATURELLE 


les en éloignent si fort, qu'on est dis- 
posé à chercher à les en séparer, plutôt 
qu'à les y réunir. 

On verra par la suite que les pagures 
ayant été privés, par la nature, du test 
qui recouvre la queue des autres crusta- 
cés, ont obteru d'elle l'industrie de 
s'emparer descoquillesunivalves vides, 
et d'y cacher les parties postérieures de 
leur corps. Les pinnothères ne sont 
privées d'aucune partie de leur test; 
mais ce test est si peu solide , que si 
elles n'avoient pas de moyens pour se 
mettre à l'abri des attaques de leurs 
ennemis , elles seroient toutes dévo- 
rées , et bientôt leur espèce anéantie. 

C’est dans les coquillages bivalves 
vivans que les espèces de ce geure 
trouvent la retraite qui convient à leur 
foiblesse. Elles s’y logent donc, et y 
vivent en bonne intelligence avec le 
propriétaire. Les anciens , et nom- 
mément Aristote et Pline, qui avoient 
connoissance de ce fait, croyolent que 


DES PINNOTHÈRES. 241 


ce petit crustacé naissoit avec l'animal 
de la pinne , car c’est dans cette co- 
quille qu'on l'a d'abord observé , pour 
sa conservation , en lui servant de gar- 
dien. Ils ont imaginé que, pendant que 
la pinne, qui est sans yeux , et n'est 
pas douée d'un sentiment fort exquis, 
a les battans de sa coquille ouverts, 1ly 
entre des petits poissons , et qu'elle en 
est avertie par une légère morsure ; 
enfin que, fermant sa coquille, ils se 
trouvent pris, et qu'ensuite la pinne et 
son hôte se partagent le butin. C'est 
d'après cette opinion qu'ils ont imposé 
le nom de pinnothère ou de pinnophy- 
lax, à ce crustacé. 

Plusieurs Naturalistes modernes , 
Einnæus même , ont cru à la réalité 
de cette histoire ; mais actuellement 
qu'on sait que la pinne ne vit pas de 
chair, qu'elle ne peut fermer complé- 
tement sa coquille, qu'on ne trouve pas 
des pinnothères dans toutes , et qu'on 


en rencontre également dans les mou- 
Crustacés. I. 2 


242 HISTOIRE NATURELLE 


les, les huitres, etc. ; on la repousse 
comme apocryphe. 

Le fait n’en reste pas moins vrai, 
n'en prouve pas moins la grande fécon- 
dité de la nature dans les moyens 
qu'elle emploie pour conserver les 
espèces que leur foiblesse met le plus 
dans le cas d'être détruites. On trouve 
fréquemment de ces pinnothères dans 
les moules que l'on mange à Paris, et 
on peut s'assurer qu'elles sont toujours 
dans un état analogue à celui où est 
une écrevisse qui vient de changer de 
peau. Du reste, on n'a aucune notion 
sur la manière d'être des espèces de 
ce genre. Il est probable qu'elle ne 
diffère pas beaucoup de celle des cra- 
bes et des grapses. 

Il y a quelques motifs de croire que ce 
genre est nombreux en espèces; mais 
elles sont peu connues, leur petitesse et 
leur mollesse ne permettent pas de les 
conserver dans les collections d'une 
mamière utile, de sorte qu’elles ne peu- 


DES PINNOTHÈRES. 245 


vent être étudiées que sur le: vivant. 
Il est même douteux que toutés celles 
que l’on indique 1c1, excepté les deux 
premières ,- lui appartiennent réelle- 
ment; mais au moins elles en appro- 
chou infiniment. 

Les pinnothères sont , en général, 
globuleuses et unies; leurs pattes sont 
courtes , et leur queue fort large. 


Pinnothère des anciens , Pinnother, veterum. 

Le corcelet très-uni, applati en avant ; la queue 
nodulense et carennée en son milieu. 

Jonst. Exsang. lab. 20. fig. 3. 

Se trouve dans les coquilles de pinnes , dans la Médi- 
terranée et dans l'Inde. 


Pinnothère pinnophyle, Pinn. pinnophylaz. 

Le corcelet orbiculaire , inégal ; les deux dernières 
paires de pattes, presque dorsales. 

Herbst. Canc. tab. 2. fig. 27. 

Voyez pl. 6. fig. 3, où elle est représentée de gran- 
deur naturelle. 


Se trouve sur les côtes d'Amérique dans la Chame 
Lazare. 


Pinnothère pois, Pinnotheres pisum. 
Le corcelet rond, uni, entier , obtus; la queue de 
la largeur du corps. 
Cancer pisum F'ab.—Pennant , Zool. Brit. 4. tab. 1. 
fig: Te 
Se trouve dans les mers d'Europe. 


244 HISTOIRE NATURELLE 


Pinnothère petite, Pinnotheres minutus. 

Le corcelet uni, très-entier, presque carré; les 
bords amincis; les pieds comprimés. 

Cancer minutus Fab. — Baster, Sub. 2. tab. 4. 
fig. 12. Pennant, Zool. Brit. 4. tab. 1. fig. 12. Herbst. 
Canc. tab. 2. fig. 32. 

Se trouve fréquemment dans la haute mer. 


Pinnothère pusille, Pinnotheres pusillus. 
Le corcelet uni, carré, très-entier; le tarse à une 
seule dent. 
Cancer pusillus, Fab, 
Se trouve dans la mer du Nord. 


Pinnothèretrès-glabre , Pinnot. glaberimus, 
Le corcelet applati, entier ; le front tronqué, den- 
telé ; les pieds unis; une grande tache blanche ou bleue, 

Herbst. Canc. tab. 20. fig. 115. - 

Se trouve dans la haute mer sur les fucus , cù elle a 
été observée par Bosc. Elle se rapproche beaucoup du 
pinnothère pusille. 

Pinnothère ferrugineuse, Pinn. ferrugineus. 

Le corcelet globuleux , ferrugineux , à quatse dents ; 
le front tronqué. 


Herbst. Canc. tab. 21. fig. 127. 
On ignore sa patrie. 


Pinnothère plissée, Pinnotheres plicatus. 


Le corcelet uni, plissé des deux côtés, avec quatre 
dents sur le devant. 

Cancer plicatus. F'ab. 

Se trouve dans la mer de la Chine. 


Pinnothère six pieds, Pinnotheres sexpes. 


Le corcelet uni, très-entier 3 le front émarginé ; six 
pieds. 


DES PINNOTHÈRES. 24) 


Cancer sexpes. Fab. 
Se trouve dans la mer des Indes. 
Pinn. demi - cylindrique , P. semicylindrus. 


Le corcelet uni, très-entier ; le front recourhbé, 
bifide. 


Cancer. semicylindricus. Fab. 
Se trouve dans la mer des Indes, 


Pinnothère oreillée, Pinnotheres auritus, 


Le corcelet antérieuremeut a une seule épine; le 
dos canalicalé ; le test mollasse. 

Cancer auritus. Fab. 

Se trouve en Islande. 


L 


SE Se 


MAJA, MAJ4, Lamarck. 


Quatre antennes ; les intérieures palpifor- 
mes ; les extérieures sétacées. Corps ovale, 
conique , plus large postérieurement, ré- 
tréci en pointe dans sa partie antérieure, 
Dix pattes onguiculées. 


LAMARCK a réuni, sous ce nom, 
deux genres que Fabricius avoit établis, 
dans son supplément, aux dépens des 
crabes des premières éditions de son En- 
tomologie, genresqui, en effet, ne sont 


246 HISTOIRE NATURELLE 


pas pourvus de caractères assez impor- 
tans, pour être conservés ainsi qu'on peut 
s'en convaincre par l'analyse des parties 
essentiellement consacrées à les fournir. 
Ces genres sont appelés parthenope et 
znachus. Tous deux sont généralement 
composés d'espèces à corps globuleux , 
pointus en avant, outriangulaires, sur- 
chargé d’aspérités de différentes for- 
mes; mais celles du premier ont des 
pinces dont les jambes et les cuisses sont 
démesurément longues , grosses et tu- 
berculeuses, tandis que, chez celles du 
second, ces mêmes parties sont plus 
courtes que les pattes, et bien moins 
hérissées. Ce qui fournit à Lamarck 
deux divisions dans son genre, qui, 
quoique peu précises soni dans le cas 
d'étre adoptées. 

Latreille a encore tiré du genre de 
Lamarck, ou mieux, des znachus de 
Fabricius, un autre genre qu'il a appelé 
macrope, macros, dont le caractère 
est d’avoir un corcelet triangulaire, 


DES MAJA. 247 


terminé en bec, souvent très-pointu , 
et en alène. Yeux saillans et décou- 
verts. Antennes intermédiaires décou- 
vertes , courtes et bifides. Pièces ex- 
térieures, fermant la bouche, à tiges 
alongées ; l'interne ayant le second ar- 
ticle terminé en pointe. 

Ce genre est fondé sur de bons ca- 
ractères, et renferme des espèces fort 
remarquables par leur pointe antérieure 
et par leurs pattes excessivement Ion- 
gues et très-menues ; mais la difficulté 
de les séparer des maya, dont quelques- 
uns ont la même apparence n'a pas per- 
mus de l employer : il, 

Ce même Naturaliste a remarqué 
que les yeux du maja vulgaire, cancer 
maja, Lann. éloient si rapprochés qu'ils 
se touchoient presque, et que les an- 
tennes leur étoient, par conséquent, ex- 
térieures. Il en conclut que cette es- 
pèce seroit peut-être encore dans le cas 
de faire un nouveau genre. 

Les maja ne sont point rares dans 


240 HISTOIRE NATURELLE 


les mers d'Europe; mais cependant leur 
histoire est fort peu connue. C'est dans 
les lieux pierreux, et vaseux en même 
temps, qu'ils se plaisent. Ils sont ga- 
rantis de la recherche de leurs enne- 
mis par leur forme semblable à une 
pierre hérissée d'aspérités , couverte de 
ange, et de leur attaque par la dureté 
de leur test. Dès que ces crustacés crai- 
gnent un danger, 1ls se blottissent contre 
une pierre , et attendent dans la plus 
absolue immobilité qu'il soit passé ou 
qu'il agisse sur eux; dans ce dernier 
cas , ils cherchent à se défendre avec 
leurs pinces comme la plupart des 
autres crustacés. Parmi eux, il en est 
une connue des Français, sous le nom 
d’araignée de mer, à raison de ses 
longues pattes, qu'on dit avoir la pro- 
priété de faire sortir du dessous de 
son corps de petites vessies, et de les 
enfler comme les grenouilles enflent 
celles des côtés de leur bouche. Ce fait 
a besoin d'être confirmé par des obser- 


DES MAJA. 249 


vateurs instruits; 1] n’est connu que par 
des rapports sur lesquels on ne peut. 
pas absolument compter. 

C'est de la Méditerranée que vien- 
nent la plus part des espèces de maja 3 
maloré leur nombre, 1l en est encore 
plusieurs de cette mer, qui ne sont 
pas connues des Naturalistes , Mais que 
Bosc se souvient d’avoir vu , et même 
possédés. 

Les maja se mangent, mais leur 
peu de grosseur et la dureté de leur 
test les font peu rechercher. 

es anciens ont connu quelques es- 
pèces de ce genre. Une d'elle, la squi- 
nado, passoit pour être le modèle de 
la sagesse, et pour aimer la musique. 
Elle étoit, en conséquence , pendue, 
comme emblème, au cou de la Diane 
d'Ephèse. 

A pinces longues et épaisses. 


Maja macrochelos, Maja macrochelos. 


Le corcelet en cœur , tuberculeux , sillonné, laté- 
ralement denté; les pinces très-longues, dentées, 
granuleuses. 


250 HISTOIRE NATUREÉLET 


Séba , Mus. 3. tab. 20. fig. 12. Herb. Canc. tab. 19 
fig. 107. 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja hérissonné , Maja echinatus. 


Le corcelet en cœur, couvert de verrues et de 
tubercules, épineux en ses bords; les pattes et les 
pinces épineuses et turberculeuses. 

Herëst. Canc. tab. 108 et 1009. 

Se trouve dans le mer des Indes. 

Maja pérasite, Maja panser. 

Le corcelet en cœur, un peu épineux ; les côtés 
dentés, et deux grosses épines à leurs extrémités; les 
pinces très-longues et très-epineuses. 

Herbst. Canc. tab. 41. fig. 3. 

On ignore sa patrie. 


Maja voûté, Maja fornicata. 
Corcelet inégal ; l'angle postérieur dilaté et en 
voûte. 
Parthenope fornicata. Fab. 
Se trouve dans les Indes. 


Maja giraffe, Maja giraffa. 
Le corcelet épineux ; les épines rameuses; les 
pinces très-longues, tuberculées en dessous. 
Parthenope giraffla. Fab. 
Se trouve dans les Indes orientales, 


Maja longue main, Maja longimana. 


Le corcelet épineux ; les épines simples; les pinces 
très-longues , unies en dessous. 

Parthenope Zlongimana. — Fab. Rumph. Mus. 
tab. 2. fig. 2. Petri». Amb. tab. 2. fig. 15. Séba. 
Mus. 1. tab. 20. fig. 12. Herbst. tab. 19. fig. 105; 
106. 


DES MAJA. 251. 


Voyez pl. 7. fig. 1, où il est représenté réduit des, . 
deux tiers. « 
Se trouve dans les mers d'Asie. 


Maja horrible , Maja horrida. 


Le corcelet aigu, noueux ; les pinces ovales; la 
queue cariée. 

Parthenope horrida. Fab, — Petir. Amb. tab. 1. 
fig. 7. Rumph. Mus. tab. 9. fig. 1. Herbst. Canc. 
tab. 14. fig. 88. 

Se trouve dans les mers d'Asie. 


Maja lar, Maja Jar, 


Le corcelet inégal, à quatre dents; les bords épi- 
nèux ; les pinces unies. 

Parthenope Zar. Fab. 

Se trouve dans l'Inde. 

Maja vulgaire , Maja vulgaris. 

Le corcelet épineux ; les pinces ventrues, épi- 
neuses ; les doigts hérissés par des pinceaux de poils. 

Parthenope maja. Fab. — Séba, Mus. 3. tab. 18. 
fig. 10, et tab. 22. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 15. 
fig. 87. 

Se trouve dans les mers du Nord. 


Maja douteux, Maja dubia. 
Le corcelet uni; les pinces comprimées, ciliées ; les 
pattes postérieures très- courtes et relevées sur le dos. 
Parthenope dubia. F'ab. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Maja héros, Maja heros. 


Le corcelet en cœur , antérieurement granuleux 
et denté; le rostre bifide et épineux; les doigts des 
pinces courts. 

Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2. 

Se trouve dans la mer des Indes. 


252 HISTOIRE NATURELLE 
Maja barbue , Maja larbata. 


Le corceiet carré, antérieurement très -épineux 3 
les antennes très-longues ; les pattes parsemées de gros 
faisceaux de poils roux. 

Herbst. Canc, tab. 42. fig. 3. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


A pinces longues et, filiformes. 
Maja scorpion, Maja scorpio. 
Le corcelet velu, avec quatre épines droites; les 
pattes antérieures tres-longues. 
Tnachus scorpio. Fab.— Penn. Brit. Zool. 4.tab. 9. 
fig. 16. 
Se trouve dans la mer du Nord. 
Maja phalange, Maja phalangium. 
Le corcelet velu, avec trois épines droites antérieures 
et des tubercules obtus postérieurs ; le rostre bifide. 
Inachus phalangium. Fab, — Penn. Brit, Zool. 4. 
tab- 0, fig. 17- 
. Se trouve dans la mer du Nord. 
Maja longirostre, HMaja longirostris. 
Le corcelet épineux, épais, relevé; le rostre 
pointu bifide. 
Inachus Longirostris. Fab. —Herbst. Can. tab. 6. 
fig. 92. 
Voyez pl. 8. fig. 1, où il est représenté au tiers 
de sa grandeur naturelle. 
Se trouve dans la Méditerranée. 
Maja à longs pieds, Maja longipes. 
Le corcelet épineux ; les pinces ovales, hérissées de 
tubercules ; les pattes postérieures très-longues. 
Inachus longipes. Fab. — Rumph. Mus. tab. 6. fig. 4. 
Herbst. Canc. tab. 16. fig. 03. 
Se trouve dans la mer des Indes, 


DES MAJA. 253 

Maja porte-épine, Maja spinifer. 
Le corceiet inégal , avec une seule épine sur sa partie 
postérieure ; la seconde paire de pattes très-longue. 


Inachus spinifer. Fab. 
Se trouve dans les mers d’ Asie. 


Maja lar, Maja Jar. 
Le corcelet hérissé de poils; la ligne dorsale épi- 
neuse, et une épine latérale de chaque côté. 
Inachus lar. Fab, 
Se trouve dans les Indes. 


Maja hérisson, Maja erinacea. 

Le corcelet couvert d’épines droites ; six beaucoup 
plus longues sur les bords ; le rostre très-saillant , avec 
deux épines fourchues à sa base, en dessous; les pinces 
muriquées à leur base, à peine aussi grosses et aussi 
longues que les pattes. 

Voyez pl. 8. fig. 2, où il est représenté au tiers 
de sa grandeur naturelle. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja sagittaire , Maja sagittartis. 
Le corcelet ovale, uni; le rostre trés-long , dentelé 
des deux côtés. 


Inachus sagittarius. 
Se trouve aux Antilles. 


Maja macaron, Maja mascaronia. 


Le corcelet presque uni, ovale, sans épines ; le 
rostre bifide ; ses lobes bidentés. 

Inachus mascaronius. Fab. — Sulz. ]ns. tab, 31. 
fig. 1. Herbst. Canc. tab. 11. fig. 69. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja nasute , Maja nasuta. 
Le corcelet épineux des deux côtés; le rostre bi- 
Crustacés. I. 22 


254 HISTOIRE NATURELLE 


fide, avec deux dents en dessus et une seule em 


dessous. 
Inachus nasutus. Fab. 


Se trouve dans la mer du Nord. 


Maja angusté, Maja angustata. 


Le corcelet atténué en avant, uni; le rositre épais, 
velu , émarginé. 

Inachus Angustatus. 

Se trouve aux Indes orientales. 


Maja faucheur , Maja opilio. 
Le corcelet épineux ; le bord postérieur à trois 
dents ; les pinces presque unies. 


Ineachus opilio. Fab. 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja condyle, Maja condyliata. 


Le corcelet ovale, épineux, avec trois épines 
droites au-dessus de la queue ; les pinces épineuses, 
Inachus condyliatus. F'ab.—Herbst. Canc. tab. 18. 


Bg. 90. 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja tétraodon , Maya tetraodon. 

Le corcelet ovale, inégal, très-épineux ; le rostre à 
quatre épines, les deux intermédiaires réunies par le 
base ; les pinces courtes, noduleuses. 

Penn. Zool. Brit. 4. tab. 8. fig. 15. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja épineux , Maja aculeata. 


Le corcelet épinenx des deux côtés; le rostre alonge 
bifide, avec cinq dents en dessus et une en dessous 

Inachus aculeatus. Fab. 

Se trouve dans la mer du Nord. 


DES MAJA. 255 


.Maja goutteux , Maja chiragra. 
Le corcelet noueux , inégal ; le rostre applali , tron- 
qué ; les pattes noduleuses. 
Inachus chiragra. — Herbst. Canc. tab. 19. fig. 96, 
Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja cornu , Haja rostrata. 


Le corcelet velu, presque en cœur, avec deux longues 
épines sur le dos ; les mains oblongues et comprimées. 

Penn. Brist. Zool. tab. o. fig. 17. Jonst. Exsang. 
tab. 6. fig. 13, 14. Rondelet. pag. 411, l'Araignée 
de mer. Herbst. Canc. tab. 16. fig. 92. 

Se trouve dans la mer du Nord et la Méditerranée. 


Maja séticorne , Maja seticornis. 

Le corcelet en cœur , inégal ; le rostre très- 
alongé et terminé par une soie trois fois plus lon- 
gue que lui; les pinces et les pattes très-longues. 

Herbst. Canc. tab. 16. fig. 91. 

Voyez pl. 7, fig. 2, où il est représenté au tiers 
de sa grandeur naturelle, 

Se trouve dans la Méditerranée, 

Maja crapaud, Maja bufo. 

Le corcelet en cœur, rugueux et noduleax; le 
‘ postre bifide, avec une grosse dent derrière les yeux. 

Herbst. Canc. tab. 17. fig. 95. 

On ignore son pays natal. 


Les pinces cylindriques , médiocres, 
Maja muriqué, Maja muricata. 
Le corcelet hérissé, inégal ; une ligne dorsale avec 
deux épines de chaque côté ; quatre épines marginales ; 


les pattes hérissées, 
Inachus muricatus. Fab. — Herbst. Canc. tab. 12, 


fig. 75, 76. 
Se trouve dans les Indes orientales. 


256 HISTOIRE NATURELLE 


Maja hybride, Maja hybrida. 

Le corce'et herisse, une ligne dorsale avec deux 
épines de chaque côte; quatre epines marginales ; les 
pattes nues à Jeur extrémiié. 

JInachus hybridus. Fab. 

Se trouve dans l'Inde. 


Maja mouton , HMaja ovis. 
Le corcelet ovale, hérissé, avec quatre épines de 
chaque côté. 
Inachus ovis. Fab.— Herbst. Canc. tab. 13. fig. 82. 
Se trouve dans la mer des Indes. 


Maja bélier, Maja hircus. 
Le corcelet lanugineux, tuberculeux ; les bras 
épineux ; les pinces unies. 
JInachus hircus. Fab. 
Se trouve à la Jamaïque. 


Maja voleur , Maja prædo. 

Le corcelet en cœur, latéralement épineux ; le 
rostre à quatre épines, dont les intermédiaires sont 
divergentes , plus longues et plus hérissées que toutes 
les autres. 

Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2. 

Se trouve dans la Méditerranée. 


Maja ours, Maja ursus. 
Le corcelet ovale, couvert de paquets de poils; les 
pinces unies. 
Tnachus ursus. Fab. 
Se trouve dans la mer du Sud. 


Maja cornu , Maja cornuta. 


Le corcelet épineux ; le rostre avec des épines en 
forme de cornes barbues; les pinces arrondies. 


DES MAJA. 297 


Inachus cornutus F'ab. 

Se trouve dans les mers d'Europe. 

Maja araignée, Maja aranea. 

Le corcelet inégal; les bords crénelés des deux 
côtés, antérieurement dilatés et aigus. 

Inachus erinaceus.— Jonst. Exsang. tab. 5. fig. 13. 
Penn. Zool. Brist. 4. tab. 9. fig. 16. Herbst, tab. 13. 
y otre 

Se trouve dans les mers d Europe. 

Maja squinado , Maja squinado. 

Le corcelet ovale, inégal, granuleux , avec sept 
grandes épines de chaque côté , hérissées de poils ; le 
front à deux épines ; les pieds velus. 

Rondezet, Hist. des poissons , fig. 402. Jonst. Exs. 
tab. 5. fig. 5. Séba, Mus. tab. 18. fig. 2, 3. Petir. 
Gazoph. 1. tab. 155. fig. 2. Herbst. Canc. tab. 14. 
fig. 84, 85. 

Voyez pl. 7. fig. 2, qui le représente à moitié de 
sa grandeur naturelle, 

St trouve dans la Méditerranée. 


Maja ours , Maja ursus. 

Le corcelet ovale , granuleux avec neuf épines iné- 
gales de chaque côté; le front avec deux épines 
obtuses. Le tout couvert de poils , excepté les pinces. 

Herbst. Canc. tab. 14. fig. 86. 

Se trouve dans les mers de l’Europe méridionale. 

Maÿa supercilieuse , Maja superciliosa. 

Le corcelet pyriforme , avec cinq épines de cha- 
que côté ; les oculaires trifides ; le front bifide. 

Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 11. 

Se trouve dans la mer des Indes. 

Maja spinipe, Maja sprnipes. 
Le corcelet en cœur, velu, épineux en ses bords; 


258 HISTOIRE NATURELLF. 


les bras et les cuisses avec de grosses épines; leg 
mains noduleuses ; les doigts excavés et denticulés. 

Herbst. Canc. tab. 17. fig. 94. ; 

Se irouve dans les mers d'Amérique. 

_Maja pipa, Maja pipa. 

Le corcelet presque en cœur, inégal , noduleux; 
le front obtus; les pattes et les pinces couvertes d’é- 
pines très-fines. 

Séba, Mus. 3. tab. 58. fig. 7. Herbst. Canc. tab. 17. 
fig. 97. 

Se trouve dans la mer des Indes. Il porte ses œufs 
sur le dos comme le crapaud pipa. 

Maja bilobé, Maja Eiloba. 

Le corcelet ovale, épineux en dessus et sur les 
côtés; le front saillant, bilobé, épineux et tuber- 
culeux. À 

Rumph. Mus. tab. 8. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 18. 
Hg. 98. 

Se trouve dans la mer des Indes, 

Maja hispide, Maja hispida. 

Le corcelet en cœur, épineux en ses bords; Ja 
front bifide ; les pattes et les bras hérissés d’épines; 
les mains unies. 

Herbst. tab. 18. fig. 100. 

On ignore sa patrie. 


FIN DU TOME PREMIER. 


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