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GÉNÉRALE ET PARTICULIERE.
DES PUIS S'OUNS:
LEO ME H URI EIMPE,
DNS OUU”S CRUE UE
AY PE ME,
Durant, Imprimeur-läbraire et éditeur,
rue des Noyers, N° 22;
BERTRAND, Libraire, quai des Augustins,
N° 35.
A1 REOMX ENS
Cliez V ALLÉE, frères, Libraires , rue Beffroi , N° 22.
AVS PERASBOURG,
Chez LEvrAuULT, frères, Imprimeurs-Libraires.
À LIMOGES,
Chez Barcras, Libraire.
A YM ON EP EE LI ER:
Chez Vipaz, Libraire.
A MONS,
Chez Hoyors, Libraire.
Criez
Et chez les principaux Tabraires de l’Europe.
HISTOIRE NATURELLE,
GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE,
DES P10 FE SISJO:N'S:
Ouvrace faisant suite à l’Histoire naturelle, générale
et particulière, composée par Leczerc pr E UFFON, et
mise dans un nouvel ordre par C. S. SONNIAT, avec
des Notes et des Additions.
PAR CS. SONNINI,
MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES
ET LITITÉRAIRES.
TOME HUITIÉÈME.
À Pare Ro LEe TS
DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART.
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NATURELLE
DE SR OS S O0 NES
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SUITE DES CAR A N xX.
LE ME AR AN CUITE à
LE CARANX CARANGUE (),
PAR LACÉPÉÈDE.
DIXIÈME ESPÈCE.
Nu avons conservé à ce caranx le nom
spécifique de carangue, qu’il a porté à la
Martinique, suivant Plumier. La première
(1) L'on donne ce nom de carangue à d’autres
espèces , telles que le guara et le maquereau bâtard.
SONNINI.
(2) Caranx carangua.
Curangue. Peintures sur vélin, faites d’après les
dessins de Plumier , et déjà citées,
A 3
6 HISEOIRE
nageoire du dos est soulenue par sept ou
huit aiguillons. Deux aiguillons paroissent
au devant de cellé de l'anus. La ligne laté-
rale est courbe et rude; la partie supérieure
du poisson bleue ; l'inférieure argentée, et
presque loules les nageoires resplendissent
de l'éclat de l'or.
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1.LÉ VERDIER .
De J'eve def.
LIBOURET.
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9
7
DES CARANX. >
LE SCOMBRE A BANDES (1),
LE VERDIPR (2). PL xxxIv, 00, 1.
LE CRUMENOPHTHALME (3),
LE MAQUEREAU DE PLUMIER (à);
LE WALIN-PAREI (6),
LE SCOMBRE ROUGE (6).
LE CARANX FASCÉ (7),
LE CARANX.CHLORIS (8),
LE CARANX CRUMENOPHTHALME (0),
LE CARANX PLUMIER (10),
LE CARANX KLEIN: (rr),
sr LE CARANX ROUGE (w),
PAR LACÉPÈDE.
EI, 1264990014, 159% ET, 10° ESPÈCES
Rrwarouez les petites écailles qui revé-
tent le corps et la queue du fascé ; les dents
pointues qui garnissent ses mâchoires, sa
Dm
(1) Scombre à bandes , nom que ce poisson porte
ordinairement en français. En anglais , séreaked
mackrel, En allemand , bandirte makrele.
Scombre à bandes, scomber fasciatus. Bloch, Hist,
gat. des poissons , genre 42. SONNINI.
À 4
8 HISTOIRE
langue et son palais ; la courbure de la partie
antérieure de sa ligne latérale ; les nuances
de sa couleur générale et argentée ; les taches
(2) Le verdier. En allemand, grunzling. Eu anglais,
green mackred.
Verdier, scomber chloris. Bloch, Hist. nat. des
poissons, genre 42. SONNINI.
(3) Ze crumenophtalme. En anglais, bag-eye. En
allemand , bentelauge.
Crumenophtalme , scomber crumenophtalmus.
Bloch , ibid. SONNINI1.
(4) Maquereau de Plumier , scomber Plumieri.
Bloch , ibid. SONN1nI1.
(5) ÆWalin-parei, nom de cette espèce chez Îles
tamouls.
Le maquereau de Klein, scomber Kleinii. Bloch, ibid,
| SONKIN1.
(6) Le scombre rouge ; c’est ainsi qu’on le nomme
pour l’ordinaire en français. En anglais , red mackrel.
En allemand , rothe makrele.
Scombre rouge , scomber ruber. Bloch, 1brd.
SONNINR,
(5) Caranx fasciatus. Bloch, pl. cccxu.
(S) Caranx chloris.
Le verdier., Bloch, pl. cecxxxix.
(9) Caranx crumenophthalmus. Bloch , pl. cccxuni.
(10) Caranx Plumieri. Bloch, pl. cccxuiv.
(11) Caranx Kleinir.
WPalen parey par les tamules.— Bloch, pl. cccxzvit,
fig. 2.
(12) Caranx ruber. Bloch, pl. ccexur.
DE SNICCAIRCA NX. 9
brunes de sa tête et de plusieurs de ses
nageoires; le jaune et le violet de ses thora-
cines ; le bleu de ses dorsales , de sa caudale
et de sa nageoire de l’anus (1) (2):
(1) 6 rayons à la membrane branchiale du caranx
fascé.
18 rayons à chaque pectorale.
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire
du dos.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chaque thoracine.
2 rayons aiguillonnés réunis par une membrane
au devant de la nageoire de l’anus.
19 rayons à la nagcoire de la queue.
6 rayons à la membrane branchiale du caranx
chloris.
16 rayons à chaque pectorale.
7 rayons aiguillonnés à la première dorsale.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chaque thoracine.
2 rayons aiguillonnés réunis par une membrane
au devant de ja nageoire de l'anus.
25 rayons à la caudale.
6 rayons à la membrane branchiale du caranx
cruménophthalme.
20 rayons à chaque pectorale.
8 rayons aiguillonnés à la première nageoire
du dos. /
1 rayon aiguillonné et 5 rayons arliculés à
chaque thoracine.
10
HASOTRE
L'absence de petites écailles sur la tête
et les
opercules du chloris ; la surface lisse
2
1 #48
, 15
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2
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FA
rayons aisuillonnés réunis par une membrane
au devant de la nageoire de l'anus.
rayons à la nageoire de la queue.
rayons à chaque pectorale du caranx plumier.
rayons aiguillonnés à la première dorsale.
rayons à chaque thoracine.
rayons aiguillonnés réunis par une membrane
au devant de la nageoire de l’anus.
rayons à la caudale.
rayons à la membrane branchiale du caranx
klein.
rayons à chaque pectorale.
rayons aiguillonnés à la première nageoire
du dos.
rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chaque thoracine.
rayons aiguillonnés réunis par une membrane
au devant de la nageoire de l’anus.
rayons à la nageoire de la queue.
rayons à la membrane branchiale du caranx
rouge.
rayons à chaque pectorale.
rayons à la première dorsale.
rayons à chaque thoracine.
rayons aiguillonnés réunis par une membrane
au devant de la nageoire de l’anus.
rayons à la caudale.
(2) Dix bandes brunes sur le corps ont valu à ce
DES CARAN X. 11
de sa langue; orifice unique de chacune
de ses narines ; le peu de distance qui sépare
son anus de sa gorge; la longueur de ses
pectorales, qui atteignent au delà du com-
mencement de la nageoire de l’anus, el sont,
comme la caudale, rougeâtres à la base et
violettes à l'extrémité; la nature de sa chair
grasse, molle et très-agréable aux habitans
des rivages africains voisins d’Acara, auprès
desquels on le trouve (1):
Les dimensions de la mâchoïre supé-
rieure du cruménophthalme, qui est plus
courte que linférieure ; la surface unie de
poisson la dénomination de scombre à bandes. La
prunelle de l’œil est noire et l'iris jaune.
La ligne latérale est plus près du dos que du ventre,
et elle forme un arc sur la partie antérieure du corps.
On ne connoît pas les mers qui nourrissent Île
scombre à baudes. Le seul individu de cette espèce,
qui ait été observé par les naturalistes, a été acheté
par Bloch dans la vente d’un cabinet d'histoire natu-
relle en Hollande. SONNINI.
(1) Les couleurs de ce poisson ; semblables à l'oiseau
que l’on appelle verdier , ont engagé le doctenr Bloch
à lui imposer le même nom. L’iris de l’œil est blanc
et rouge, :
La largeur du corps du verdier, et sa mâchoire
- LA LS ! . L1
inférieure avancée, sont deux de ses attributs dis-
linclifs. SONNINI.
12 HISTOIRE
sa langue et de son palais ; les deux orifices
de chacune de ses narines; les lames larges
et piquantes qui garnissent la partie posté-
rieure de sa ligne latérale ; la couleur grise
de ses nageoires, et la blancheur ainsi que
la délicatesse de la chair de ce poisson qui
vit auprés de la côte de Guinée (à) :
La tête du plumier, qui est dénuée de
petites écailles; lorifice double de chacun
de ses organes de l’odorat; la saillie en pointe
de la partie postérieure de ses opercules; le
bleu argenté de sa couleur générale que
relèvent des taches jaunes ; l’azuré des pec-
torales et des thoracines de ce caranx que
nourrit la mer des Antilles (2) :
(r} On le trouve en grande quantité sur la côte de
Guinée, vers Acara.
Le dos de ce poisson est bleuâtre ; son ventre et ses
flancs sont argentins. Il a le corps alongé, gros et
arrondi; la 1ète comprimée ; les mâchoires garnies de
dents pointues et si fines qu’on ne les aperçoit qu’à la
loupe ; l'iris de l’œil argentin et la prunelle noire.
SONNINI.
(2} Les mageoïres dans cette espèce sont jaunes ;
ses mâchoires ont une longueur égale ; lPanus est du
double plus éloigné de la nageoire de la queue que de
la tête; la ligne latérale s’abaisse depuis la nageoires
pectorale ; Piris est jaune et la prunelle verdätre. |
SenNNinr
DES CAR AN X. 19
La langue unie, le devant du palais rude,
et l’arriére-palais lisse, du caranx Klein de
Coromandel ; les nuances grises de ses na-
seoires ; sa longueur qui n'excède guère trois
décimètres (environ onze pouces); le goût
peu agréable et le tissu presque toujours
trop maigre de sa chair (1) :
Les dents qui hérissent le palais du rouge
que lon pêche auprès de lile de Sainte-
Croix; sa langue très-lisse et un peu libre
dans ses mouvemens ; les deux ouvertures
de chacune de ses narines; la facilité avec
laquelle il perd les écailles qui recouvrent
son corps et sa queue; les reflets argentés
qui brillent sur ses côtés, et le jaune mêlé
de violet qui se montre sur ses nageoires (2).
(r) Ce poisson a le dos brun, les côtés argentins,
l'iris jaune et la prunelle noire. 1°
M. Klein, médecin de la misssion de Tranquebar,
de qui M. Bloch a reçu le wallen - parei, rapporte que
ce poisson n’entre point dans les rivières , et qu’on le
prend en plus grande abondance en février et mars.
SONNINI:
f2) 1 à le corps alongé et charnu; les mâchoires
d’égale lonsueur et garnies de petites dents aiguës ; la
ligne latérale plus éloignée du ventre que du dos , et
s’inclinant en bas vers la partie postérieure ; le dos et
les côtés rouges jusqu’à la ligne latérale ; V’iris de l’œil
d’une belle couleur d’or , et la chair de bon goût.
SONNIN1,
14 ET A4%S POI R°E
ee
LE FERDAU (1), LE GÆZZ (0),
LE SANSUN (5), LE KIRM (4)
LE CARANX FERDAU (5),
TE CARANX GAZ S S1{6),
LE CARANX SANSUN (7),
gr LE CARANX KORAB (8),
PAR LACÉPÉÈDE.
17/10, 19 /ÆET 20° ES PE CES.
@ Es quatre caranx composent un sous-
genre particulier et distingué du premier
(1) Ferdau, nom que ce poisson porte dans l’Yemen.
Scomber ovali-oblongus, argenteus , guttis aureis
lateralibus ; fasciis transversis fuscis quinque , obso-
1 à à PESAR * scomber ferdau. Forskœl, Faun. Ægypt.
Arab. p. 55, n° 71.— Artedi, Gen. pisc. gen. 25,
n° F7. SONNINI.
(>) Gæzz, nom arabe de ce poisson.
Scomber pinnulä ante pinnam ani solitari& bira-
diatä... scomber fulvo-guttatus. Lin. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 170, sp. 15.
Scomber glauco - cæruleus ; suttis aureis per latera
sequentibus.... en Cine Artedi, Gen.
Xe edit. Walbaum, gen, 25 , n° 18. additament.
SONNINI.
D'HS) CIAÏRIAUN x.
sous - genre par la présence d’un aiguillon
isolé placé entre les deux nageoires dorsales.
RU Rd
(5) Sansun ou abou sensun, nom de ce poisson en
Arabie; on l'y appelle encore abou læsla, bashe ,
dheirak , et à Loheia , bockas.
Scomber argenteo - nitens » immaculatus ; caudeæ
carin& elat&...... scomber sansum:. Forskoæl , Faun.
Ægypt. Arab. p.56, n° 54.
Scomber argenteo nitens » immaculalus ; caudeæ
cariné elatd , æquali. +++. scomber sagsun. Artcdi,
Gen. pisc. gen. 25, Sp. 11. additam. Sonxnini.
(4) Æirm, vrai nom de ce poisson en Arabie; ce
sont Îes petits de l’espèce que l’on y appelle Lorab. Les
grands se nomment aussi djim , djarm , ou girb.
Scomber argenteus ; dorso cærulescente : Pinnis pee-
éoralibus e£ ventralibus rufescentibus. scomber
zgnobilis kirm. Forskœl , Faun. Ægypt. Arab. p.55,
n°72. — Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 14. additam.
SONNINI1.
(5) Caranx ferdau.
Scomber ferdau. Lin. édit. de Gmel. — Forskœl,
Faun. Arab, p.55, n° 71. N
Scombre ferdau. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth.
(6) Caranx geæss.
Scomber fulvo guttatus. Lin. édit. de Gmelin. —
Forskœl, Faun. Arab. p.56, n°73
Scomber gæss. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth.
(7) Caranx sansun.
Scomber sansun. Lin. édit. de Gmelin, — Forskæl,
Faun. Arab. p.56, n° 74.
Scombre bockos. Bonaterre, pl. de l’Encyc. méth.
4
10 HESIT,OTR.E
On les trouve tous les quatre dans la mer
Rouge ou mer d'Arabie : ils y ont été ob-
servés par Forskœl. Le tableau méthodique
du genre caranx expose les différences qui
les séparent l’un de l’autre; il nous suffira
maintenant d'ajouter quelques traits à ceux
que présente ce tableau.
Le ferdau montre un grand nombre de
dents petites, déliées et flexibles; le sommet
de la tête est dénué d’écailles proprement
dites, et osseux dans son milieu; lopercule
est écailleux ; la ligne latérale presque
droite ; la nageoire caudale fourchue et
glauque. Les pectorales, dont la forme res-
semble à celle d’une faux, sont blanchâtres ;
et une variété de l’espèce que nous décri-
vons les a transparentes (9). On voit au
(8) Caranx korab.
Scomber ionobilis. Lin. édit. de Gmel. — Forskæl,
Faun. Arab. p. 55, n° 72.
Scombre korab. Bonaterre, pl. de PEncyc. méth.
(go) Cette variété est nommée en arabe , selon
Forskœl , ajad, abou sœnsun on hætj.
Scomber pinnis pectoralibus hyaliris. Lin. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 140 , sp. 17, var. b.
Scomber bajad. Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum,
gen. 25 , n° 17. var. a.
devant
RE
DEMO NC ATÉRNA UNIX. ie
devant des narines un pelit barbillon CcO-
nique (1) (2).
Le gæss, qui ressemble beaucoup au
ferdau , a une petite cavité sur la tête ; il
peut baisser et renfermer dans une fossette
Jongitudinale sa première nageoire dorsale ;
sa nageoire caudale est très-fourchue, et sa
ligne latérale est courbe vers la tête et droite
vers la queue (5) (4).
(z) 6 rayons aiguillonnés à la première nageoire
dorsale. |
21 rayons à chacune des pectôrales.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
15 ou 16 rayons à celle de la queue.
(2) La couleur du ferdau est celle de l’a argent, plus
foncée et mêlée de bleuâtre sur le dos; des points
dorés sont clair - semés sur les côtés; cinq larges
bandes brunes et courbées en arc, descendent de
chaque côté depuis le dos jusqu’au ventre. Les yeux
ont l'iris de couleur blanche. SONNINI,
(5) 7 rayons aiguillonnés à la premiere nageoire
dorsale.
1 rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à
chacune des pectorales.
z rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
A]
18 ou 19 rayons à celle de la queue.
(4) Les taches dorées sont plus nombreuses sur leg
Poiss. Tome VIII, D
18 LES TO, L RE
Le sansun, qui a beaucoup de rapports
avec le gæss et avec le ferdau, présente des
ramifications sur le sommet de la tête; une
rangée de dents arme chaque mâchoire ; la
mâchoire supérieure est d’ailleurs garnie
d’une grande quantité de dents petites et
flexibles , placées en seconde ligne. Les na-
geoires pectorales et les thoracines sont
blanches: celles de l'anus et le lobe infé-
rieur de la caudale sont jaunes; le lobe
supérieur de cette même caudale est brun
comme les dorsales, qui d’ailleurs sont bor-
dées de noir (1).
Le korab a chaque mâchoire hérissée
d’une rangée de dents courtes et comme
renflées ; la ligne latérale est ondulée vers
la nuque, et droite ainsi que marquée par
côtés du gæzz que sur le ferdau, mais elles sont placées
sans ordre. Du reste , la couleur générale da poisson
est un verd bleuâtre et brillant ; l'iris est doré.
SONNINI,
(1) 7 rayons aïiguillonnés à la première nageoire
dorsale du sansun.
1 rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à
chacune des pectorales.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
a7 ou 16 rayons à celle de la queue.
DES CARANX. 1ù
des écailles particulières auprès de la queue.
Les nageoires pectorales et les thoracines
sont roussâtres; les dorsales glauques; l’anile
transparente et comme bordée de jaune ; ie
lobe inférieur de la caudale jaune , et le
supérieur d’un bleu verdâtre (1).
(1) 8 rayons à la membrane branchiale du korab.
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire
dorsale. 3
1 rayon aiguillonné et 29 rayons articulés à
chacune des pectorales.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à :
chacune des thoracines.
17 ou 18 rayons à celle de la queue,
20 HISTOIRE
SOIXANTE-TROISIÈME GENRE.
PAR ' LACÉPE DE.
ME Sc Ie eCETENO"FES.
D:ox nageoires dorsales; point de petites
nageoires au dessus ni au dessous de la
queue; les côtés de la queue relevés lon-
gitudinalement en carène , ou une petite
nageoire composée de deux aiguillons et
d’une membrane au devant de la nageoire
de l’anus ; des aiguillons cachés sous la
peau, au devant des nageoires dorsales.
ESPÉÈCE.
LE TRACHINOTE FAUCHEUR; érachinotus
falcatus. — La seconde nageoire du dos,
et celle de l’anus représentant la forme
d'une faux.
DES TRACHINOTES. o%
LE FAUCHEUR. ().
LE TRACHINOTE FAUCHEUR (2);
PAR LACÉPÉDE.
C'ssr dans la mer d'Arabie qu'habite ce
poisson, que Forskœl, en le découvrant,
crut devoir comprendre parmi les scom-
bres, inais que l’état actuel de la science
ichthyologique et nos principes de distribu-
lion méthodique et régulière noùs obligent
à séparer de ces mêmes scombres, et à
inscrire dans un genre particulier. Nous
donnons à cet osseux le nom générique de
trachinote, qui veut dire aiguillons sur le
dos, pour désigner l’un des traits les plus
distincüifs de sa conformalion. Cet animal
(1) Le faucheur. À Dsjidda , Aogel. À Loheia,
dej mal.
Scomber falcatus. Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 15.
additament. SONNINI.
(2) T'rachinotus falcatus.
Scombre falcatus. Tin. édit. de Gmelin.
Scomber rhomboidalis , pinn& secund4 dorsi et ani ;
Jalcatis. Yorskœl , Faun. Arab. p- 57 , n° 76.
Scombre hogel, Bonaterre, pl. de l'Encyc.méth.
Bb 3
22 HISTOIRE
a toujours en effet , auprès de la nuque, des
aiguillons cachés sous la peau, et au devant
desquels un piquant très-fort, couché hori-
sontalement , est tourné vers le museau, et
quelquefois recouvert par le tégument le
plus extérieur du poisson. La première
nageoire dorsale , dont la membrane n'est
soutenue que par des rayons aiguillonnés ,.
et dont la peau recouvre quelquefois le
premier rayon, peut se baisser et se coucher
dans une fossette. |
La seconde nageoire dorsale et celle de
Panus (1) ont la forme d’une sorte de faux ;
et voila d’où vient le nom spécifique que
nous avons conservé au trachinote que nous
décrivons.
Ce faucheur, dont la hauteur égale sou-
vent la moitié de la longueur, est revêtu,
sur le corps et la queue, d’écailles minces
et fortement attachées ; on ne voit pas
PR
(1) 5 rayons aiguillonnés à la première nageoire
dorsale.
x rayon aiguillonné et 19 rayons articulés à Îa
seconde.
18 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines.
1 rayon aiguillonné et 17 rayons articulés à
celle de l'anus.
6 rayons à celle de la queue, qui est fourchue.
DES TRACHINOTES. 23
d’écailles proprement dites sur les opercules;
on n’aperçoit pas de dents aux mâchoires,
mais on remarque des aspérités à la mà-
choire inférieure; la lèvre supérieure est
extensible; la ligne latérale est un peu on-
dulée; les thoracines, plus longues que les
pectorales, sont comme tronquées oblique-
ment ; il y a au devant de l'anus une petite
nageoire à deux rayons.
La couleur générale de ce trachinote est
argentée, avec une teinte brune sur le dos.
Une nuance jaunâtre paroît sur le front. La
nageoire caudale est peinte de trois couleurs ;
elle montre du brun, du glauque et du
jaune : les thoracines sont blanchâtres en
dedans et dorées ou jaunâtres en dehors; ce
qui saccorde avec les principes que nous
avons exposés au sujet des couleurs des
poissons, et même du plus grand nombre
d'animaux , et les pectorales ne présentent
qu'une nuance brune.
Il paroît, par une note très-courte que j'ai
trouvée dans les papiers de Commerson,
que ce naturaliste avoit vu, auprès du fort
Dauphin de Madagascar , notre trachinote
faucheur, qu’il regardoit comme un caranx,
et auquel il attribuoit une longueur d'un
demi-mètre (un pied et demi).
B 4
2 HISTOIRE
— "55
a
SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE.
PAR LACLPÈDE.
LES CARANXO MO RES.
Uxs seule nageoire dorsale: point de:
petites nageoires 'au dessus ni au dessous
de la queue; les côtés de la queue rele-
vés longitudinalement en carène , ou une
petile nageoire composée de denx 'aiguil-
Jons et d’une membrane au devant de la
nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale :
très-prolongée vers celle de la queue; la:
lèvre supérieure très-peu extensible ; ou
non extensible: point d’aiguillons isolés
aü devant de la nageoire du dos. 3
PREMIBRE E S$S P À CF.
LE CARANXOMORE PÉLACGIQUE ; Caranx0-
mrorus pelagicus. — Quarante rayons à la
nageoire du dos.
SE DN DE € S PÉ CE.
LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN ; Caran-
xomorus plumierianus. — Les pectorales une
DES CARANXOMORES. 25
fois plus longues que les thoracines ; la dor-
sale et l’anale en forme de faux.
TROISAÈME. ESPÈCE.
LE CARANXOMORE PILITSCHEI ; CArAnTO-
norus pilitschei.— Huit rayons aiguillonnés
et seize rayons articulés à la nageoire du
dos ; trois rayons aiguüillonnés et quatorze
rayons articulés à celle de l’anus; la mà-
choire inférieure plus avancée que la supé-
rieure; un seul orifice à chaque narine; la
couleur générale d’un violet argenté.
40 I F9TO'ERE
LE CARANXOMORE
LÉ LA GE QUE... (Us),
PAR LACÉPÈDE
PREMIÉRE ESPÈCE.
Lirs caranxomores différent des caranx
en ce qu'ils n’ont qu'une seule nageoire
dorsale ; ils leur ressemblent d’ailleurs par
un très-grañnd nombre de trails, ainsi que
leur nom l'indique.
Le nombre des rayons de la nageoiïre du
dos distingue le pélagique, auquel on ne
(x) Caranxomorus pelagicus.
Scomber pelagicus. Lan. édit. de Gmelin. — Mus,
AG. Frid.r.,p.72 tab. 30, fig. 3.
Scombre monoptère. Daubenton , Encyc. méthod.—
Bonaterre, pl. de l’'Encycl. méthod.
(2) Scomber pinné dorsali unicä. Lin. Mus. Adolp.
Frid. loco supra citato.
Scomber pinnulis pinnäque dorsali coadunatis in-
NUM... scomber pelagicus. Lin. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 170, sp. 10.— Artedi, Gen. pisc, gen. 2b,
n° 20. additament. SONNINI
DES CARANXOMORES. 27
doit avoir donné le nom qu'il porte que
pour désigner l'habitude de se temir fré-
quemment en pleine mer (1).
(1) A la nageoïre dorsale du péla-
gique ST at futl ee * + « + 40 rayons.
. À chacune des pectorales. , . . 19
À chacune des thoracines. . : 5
Arceile de laénus ki 420 Ur 22
À. celle de la queue, qui est très-
ONCE". SV RE 20
28 EXES'TOIRT
LE CARANXOMORE
PL UMEMA LIEN n,
PAR LACÉPÈDE.
SECONDE ESPÈCE.
Pin M1 les peintures sur vélin du museum
d'hustoire maturelle se trouve l’image de ce
poisson, dont on doit le dessin au voyageur
Plumier. Ce caranxomore parvient à une
grandeur considérable, et n’est couvert que
d’écailles très-petites. La nageoire dorsale ne
commence que vers le milieu de la longueur
totale de lanimal; elle ressemble presque
en tout à celle de l’anus, au dessus de la-
quelle elle est située. La nuque présente un
enfoncement qui rend le crâne convexe; la
ligne latérale est courbe et rude ; trois
lames composent chaque opercule ; les mà-
choires sont aussi avancées l’une que Pautre;
le dessus du poisson est bleu, et le dessous
d’un blanc argenté et mêlé de rougeûtre.
(1) Caranxomorus plumierianus.
Trachurus maximus , squamis minutissimis, Manus-
crits de Plumier,
DES: CARANXOMORES. ‘9
L'EMP MENEUS CD E Li)
Se
LE CARANXOMORE PILITSCHEI (2),
PAR LACÉPÉÈDE,
TR Oo IS TÉEMeB ESP ÉCE.
Lss écailles qui revêtent le corps et la
queue de ce poisson sont minces et se dé-
tachent facilement ; sa ligne latérale suit
d'assez près la courbure du dos ; sa caudale
est fourchue ; il ne parvient que irès-rare-
ment à la longueur de deux décimètres
(environ sept pouces) ; ses thoracines et la
nageoire de sa queue sont jaunes ou dorées;
sa chair est grasse et d’un goût agréable ; on
(1) Püilitschei, nom de cette espèce en langue ma-
labare. Par les français qui fréquentent les Indes,
petit maquereau. En allemand, £lein makrele, En
anglais , little makrel. SoNNiN1.
(2) Caranxomorus pilitschei. En langue malabare,
pilitschei.
Scombre minutus, Bloch , pl, ccccxxix, fig. 2.
80 HISTOIRE
le trouve souvent en très-grand nombre dans
la mer et dans les embouchures des fleuves
qui arrosent la côte de Malabar (1).
(1) 7 rayons à la membrane branchiale du caranxo-
more pilitscheï.
16 rayons à chaque pectorale.
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chaque thoracine.
24 rayons à la caudale.
DES CÆSIO. 31
RE
SOIXANTE - CINQUIÈME GENRE,
PAR LACÉPÈDE.
LL ESS, C'Æ:S 4 :0:
Us: seule nageoire dorsale; point de
petites nageoires au dessus ni au dessous
de la queue; les côtés de la queue rele-
vés lonsitudinalement en carène, ou une
petite nageoïire composée de deux aiguil-
lons et d’une membrane au devant de Ia
nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale
très-prolongée vers celle de la queue; la
lèvre supérieure très - extensible; point
d’aiguillons isolés au devant de la nageoire
du dos.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE cæsio AZUROR; cœsio cœrulaureus, —=
L'opercule branclual recouvert d’écailles
semblables à celles du dos, et placées les
unes au dessus des auires.
SECONDE ESPÈCE.
LE cÆsio POULAIN; cœæsio equulus, —
Une fossette calleuse et une bosse osseuse
au devant des nageoires thoracines.
92 AIS TO FF
FE: CÆSIO, AZUKOR ES
PAR LACÉPÉÈÉDE.
P RE M D EUR EE. ESP ÉIC E:
Czxsro est le nom générique donné. par
Commerson au poisson que nous désignons
par la dénomination spécifique d’azuror,
laquelle anaonce l'éclat de l'or et de l’azur
dont il est revêtu. Le naturalisle voyageur
a tiré ce nom de cæsio, de la couleur
bleuâtre, en latin cæsius, de l'animal qu'il
avoit sous ses yeux. En reconnoissant les
grands rapports qui lient les cæsio avec les
scombres, il a cru cependant devoir les en
séparer. Et c'est en adoptant son opinion
que nous avons établi le genre particulier
dont nous nous occupons, que nous avons
cherché à circonscrire dans des limites pré-
cises, el auquel nous avons cru devoir rap-
porter non seulement le cæsio azuror décrit
(1) Cæsio cæœrulaureus.
Cæsio dorso cœruleo, tæni& lineæ laterali super-
ductà, flavescente deauratä, corpore subteriore argenteo,
caudæ marginibus undique rubentibus. Commerson ,
manuscrits déjà cités. : da
par
DES (C'ÆS;r0. 33
par Commerson, mais encore le poulain
placé par Forskoœæl, et d’après lui par Bona-
terre, au milieu des scombres, et inscrit par
Gmelin parmi les centrogasières.
L'azuror est très-beau. Le dessus de ce
poisson est d’uu bleu céleste des plus agréa-
bles à la vue, et qui, s'étendant sur les côtés
de l'animal, y encadre, pour ainsi dire, une
bande longitudinale d’un jaune doré, qui
règne au dessus de la ligne latérale, suit sa
courbure, et en parcourt toute l'étendue.
La partie inférieure du cæsio est d’un blanc
brillant et argenté.
Une tache d’un noir très-pur est placée à
la base de chaque nageoire pectorale, qui
la cache en partie, mais en laisse paroître
une portion, laquelle présente la forme que
l’on désigne par le nom de chevron brisé.
La nageoire de la queue est brune, et
bordée dans presque toute sa circonférence
d’un rouge élégant. L’anale est peinte de la
même nuance que cette bordure. On re-
trouve la même teinte au milieu du brun
des pectorales; la dorsale est brune, et les
thoracines sont blanchâtires.
L'or, l'argent, le rouge, le bleu céleste,
le noir sont donc répandus avec variété et
magnificence sur le cæsio que nous consi-
Poiss. Tome VIII. ae
54 HIS TOIRT
dérons; et des nuances brunes sont distri=
buées au nuilieu de ces couleurs brillantes,
comme pour les faire ressortir, et Lerminer
l'effet du tableau par des ombres. |
Cette parure frappe d'autant plus les yeux
de l'observateur, qu’elle est réunie avec un
volume un peu considérable, l’azuror étant
à peu près de la grandeur du maquereau ,
avec lequel il a d'ailleurs plusieurs rapports.
Au reste, n'oublions pas de remarquer
que cet éclat et cette diversité de couleurs
que nous adnnrons en tàchant de les peindre,
appartiennent à un poisson qui vit dans
l'archipel des grandes Indes, particulière-
ment dans le voisinage des Moluques, et
par consequent dans ces contrées où une
heureuse combinaison de la lumière, de la
chaleur, de Flair et des autres élémens de
la coloration donne aux perroquets, aux
oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovi-
pares, aux serpens, aux fleurs des grands
arbres et à celles des humbles végétaux,
l'or resplendissant du soleil des tropiques,
et les tons animés des sept couleurs de larc
céleste.
L’azuror brilloit parmi les poissons que
les naturels des Moluques apportoient au
Vaisseau de Comimerson, et le goùût de sa
chair étoit agréable.
DES:60%48:E,0. #90
Le museau de ce cæsio est pointu; la
lèvre supérieure très-extensible ; la mâchoire
inférieure plus avancée que celle de dessus,
lorsque la bouche est ouverte; chaque mà-
choire garnie de dents si petites que le tact
seul les fait distinguer ; la langue très-petite,
cartilagineuse, lisse et peu mobile ; le palais
aussi lisse que la langue ; l’œil ovale et très-
grand ; chaque opercule composé de deux
James, recouvert de petites écailles, excepté
sur ses bords, et comme ciselé par des rayons
ou lignes convergentes ; la lame postérieure
de cet opercule conformée en triangle; cet
opercule branchial placé au dessus du rudi-
ment d’une cinquième branchie ; la conca-
vité des arcs osseux qui soutiennent les
branchies dentée comme un peigne; la na-
geoire dorsale très- longue, et celle de la
queue profondément échancrée (1).
(1) 7 rayons à la membrane branchiale.
9 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à
la nageoire du dos.
24 rayons à chacune des pectorales,
6 rayons à chacune des thoracines,
2 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulées à
celle de l’anus.
17 rayons à celle de la queue.
56 HISTOIRE
BR BOUM ERA TN, Cr):
LE CR SNO)POULAIN (2),
PAR UDUAICEPEDE,
S'FIO ON D EH. E 5 P É C'E.
Cz poisson a une conformation peu com-
mune.
Sa tête est relevée par deux petites saillies
alongées qui convergent et se réunissent sur
le front ; un ou deux aiguillons tournés vers
la queue sont placés au dessus de chaque
œil; les dents sont menues, flexibles, et,
pour ainsi dire, capillaires ou sétacées ;
(1) Le poulain. En arabe, abou kurse , littéralement
père de la selle, c’est-à-dire , qui porte la selle.
Scomber pinnulis pinnäque dorsi connatis ......
scomber equula. Forskoœl , Faun. Ægypt. Arab. p.58,
n° 77. — Artedi , Gen. pisc. gen. 25 ,n° 19. additam.
Centrogaster pinnulis pinnäque dorsi connatis.....
centrogaster equula. Lin. Syst. nat. edit Gmel.
gen. 170 bis , sp. 3. SONNINI.
(2) Cæsio æœquulus.
Centrogaster equula. Lin. édit. de Gmelin. —
Forskoœæl , Faun. Arabic. p. 58, n° #7.
Scombre petite jument. Bonat. pl. de l’'Enc. méth.
D'ES) 'C Æ SE 0. 57
Popercule est comme collé à la membrane
branchiale; on voit une dentelure à la pièce
antérieure de ce même opercule ; une mem-
brane lancéolée est attachée à la partie su-
périeure de chaque nageoire thoracime; la
dorsale et la nageoire de lanus s'étendent
jusqu’à celle de la queue, qui est divisée
ét présente deux lobes distincts; et enfin
au devant des nageoires thoracines paroit
une sorte de bosse ou de tubercule osseux,
aigu, et suivi d’une petite cavité linéaire,
et également osseuse ou calleuse. Ces deux
callosités réunies, cette éminence et cet
enfoncement ont été comparés à une selle
de cheval; on a cru qu'ils en rappeloient
vaguement la forme; et voilà d’où viennent
les noms de petit cheval , de petite jument,
de poulain et de pouline , donnés au poisson
que nous exammnons (1).
me
(1) 4 rayons à la membrane des branchies.
8 rayons aïgüillonnés et 16 rayons articulés à
la nageoiïire du dos.
18 rayons à chacune des pectorales,
1 rayon aïiguillonné et 5 rayous articulés à
chacune des thoracines.
3 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à
celle de l’anus,
17 rayons à celle de la queue.
C3
58 HT T'OTRE;:
Au reste, ce cæsio est revêtu d’écailles
très-petites, mais brillantes de léclat de
l'argent. Il parvient à la longueur de deux
décimètres (sept pouces environ). Forskoœl
Ja vu dans la mer d'Arabie, où il a observé
aussi d’autres poissons (1) presque entière-
ment semblables au poulain, qui n’en dif-
férent d’une manière très-sensible que par
un ou deux rayous de moins aux nageoires
dorsale, pectorales et caudale, ainsi que
par la couleur glauque et la bordure jaune
de ces mêmes nageoires, des thoracines et
de celle de l'anus , et que nous considérerons,
quant à présent et de même que les natu-
ralistes Gmelin et Bonaterre, comme une
simple variété de lespèce que nous venons
de décrire (2).
7]
(1) Scomber pinnis glaucis ,margine flavis. Forskæœl,
Faun. Arab p. 58.
Scombre meillet. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth.
(2) Forskœl présente le poisson nommé meillet à
Dsjidda et berbis à Loheïa ,comme une simple variété
du poulain. SONNINI.
DES CÆSIOMORES. 59
CRE
SOIXANTE-SIXIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉÈÉDE.
LES CÆSIOMORES.
Us seule nageoire dorsale ; point de
petites nageoires au dessus ni au dessous
de la queue; point de carène latérale à
la queue, ni de petite nageoire au devant
de celle de l'anus; des aiguillons isolés au
devant de la nageoire du dos.
PB RVE: ML E PR ED) S PV CUE,
LE CÆSIOMORE BAILILON ; CÆæSi0morus
Baillonii. — Deux aiguillons isolés au devant
de la nagcoire dorsale; le corps et la queue
revêtus d’écailles assez grandes.
SECONDE ESPÈCE.
LE CÆSIOMORE BLOCH; cœæsiomorus
Blochii. — Cinq aiguillons isolés au devant
de la nageoire dorsale ; le corps et la queue
dénués d’écailles facilement visibles.
C 4
40 HIS TOTRE
LE CÆSIOMORE BAILLON (i),
PAP LACÉPEÉDE.
PARLFIM dE RE, E SP É CE.
Nous allons faire connoître deux cæsio-
mores ; aucune de ces deux espèces n’a en-
core été décrite. Nous en avons trouvé la
figure dans les manuscrits de Commerson.
Nous dédions l’une de ces espèces à Baillon,
l’un des plus zélés et des plus habiles cor-
respondans du museum national d'histoire
nalurelle, qui rend chaque jour de nou-
veaux services à la science que nous culti-
vons, par ses recherches, ses observations,
et les nombreux objets dont il enrichit les
collections de la république , et dont Buffon
a consigné le juste éloge dans tant de pages
de cette Histoire naturelle.
Nous consacrons l’autre espèce à la mé-
moire du savant et célèbre ichthyologiste, le
docteur Bloch de Berlin, comme un nouvel
hommage de l'estime et de amitié qu'il
nous avoit inspirées.
(1) Cæsiomorus Baillonii.
DES CÆSIOMORES. 41
Le cæsiomore baillon a le corps et la
queue couverts d’écailles assez grandes, ar-
rondies, et placées les unes au dessus des
autres. On n’en voit pas de semblables sur
la tête, ni sur les opercules, qui ne sont
revêtus que de grandes lames. Des dents
pointues et un peu séparées les unes des
autres garnissent les deux mâchoires, dont
l'inférieure est plus avancée que la supé-
rieure. On voit le long de la ligne latérale,
qui est courbe jusques vers le milieu de la
longueur totale de l’animal , quatre taches
presque rondes et d’une couleur très-foncée.
Deux aiguillons forts, isolés, et tournés en
arrière, paroissent au devant de la nageoire
du dos, laquelle ne commence qu'au delà
de l’endroit où le poisson montre la plus
grande hauteur, et qui, conformée comme
une faux, s’étend presque jusqu’à la nageoire
caudale.
La nageoire de l'anus, placée au dessous
de la dorsale, est à peu près de la même
étendue et de la même forme que cette der-
nière, et précédée de même de deux aiguil-
lons assez grands et tournés vers la queue.
Ta nageoire caudale est très-fourchue ;
les thoracines sont beaucoup plus petites
que les pectorales.
40 ETS IT OTRE
LE CÆSIOMORE BLOCH (1),
PAR LACÉPÉDE.
SECONDE ESPECE.
Ce poisson a beaucoup de ressemblance
avec le baillon : la nageoire dorsale et celle
de l'anus sont en forme de faux dans cette
espèce, comme dans le cæsiomore dont nous
venons de parler; deux aiguillons isolés
hérissent ie devant de la nageoire de l'anus;
la nageoire caudalé est fourchue, et les
thoracines sont moins grandes que les pec-
torales dans les deux espèces : mais les deux
lobes de la nageoire caudale du bloch sont
beaucoup plus écartés que ceux de la na-
geoire de la queue du baillon ; la nageoire
dorsale du bloch s'étend vers la tête jus-
qu'au delà du plus grand diamètre vertical
de l'animal; cinq aiguillons isolés et très-
forts sont placés au devant de cette même
nageoire du dos. La nuque est arrondie; la
(1) Cæsiomorus Blochii.
DES CÆSIOMORES. 43
tête grosse et relevée; la mâchoire supé-
rieure terminée en avant, comme l'infé-
rieure , par une portion très-haute, très-peu
courbée et presque verticale; deux lames au
moins composent chaque opercule ; on ne
voit pas de tache sur la ligne latérale, qui
de plus est tortueuse:; et enfin les tégumens
les plus extérieurs du bloch ne sont recou-
verts d'aucune écaille facilement visible.
44 EP CEES
PÈCHES DES SCOMBRES.
Péche du Thon.
Son ancienneté, À A pêche des thons re-
monte au moins au siècle d’Aristote ; au rap-
port de ce philosophe, les fameuses pèches de
ces poissons éltoient celles qui se faisoient à
la porle de Bysance, aujourd'hui Constan-
tinople, qui, pour cetie raison, portoit le
nom de Corne d’or. Au second siècle de notre
ère, Oppien a composé un poëme sur la
pêche, si estimé de l’empereur Caracalla,
que ce prince fit donner un écu d’or pour
chaque vers. On y remarque ce passage
curieux :
« Les thons, dit le poëte, se jettent en
foule dans les filets qu'on leur a préparés,
et dans cette espèce de labyrinthe d’où ils
ne peuvent plus sortir. Ils sortent du grand
Océan et viennent au printems dans nos
mers, lorsque le mâle et la femelle sont
agités des mêmes desirs. Les fiers espagnols
les attendent au détroit et les enlèvent les
premiers ; ils sont ensuite la proie des pè-
cheurs celtes qui sont à l'embouchure du
DES SCOMBRES. 45
Rhône, et des marseillais, anciens habitans
de Phocée: enfin ils tombent dans les filets
de ceux qui habitent l’ile de Sicile et les
bords de la mer Thyrrénienne.
» Lorsque cette armée printannière cst
entrée par le détroit, c’est une grande nou-
velle pour les pêcheurs. Ils choisissent, pour
les attendre, un lieu du rivage qui ne soit
ni op resserré, n1 trop exposé au vent,
mais qui forme une retraite commode. Là,
sur la cime d’une montagne voisine, est assis
celui qui veille à la pêche; aussitôt qu'il voit
venir les thons, il appelle ses compagnons.
‘Tous les filets sont tendus, et forment des
appastemens dans la mer; car on y voit un
vestibule, des chambres, des portes et un
corps-de-logis enfoncé ». (Liv. 3, v. 8356.)
Voilà l’origine des madragues , dont je par-
lerai dans la suite de cet article.
« Il ne faut pas être surpris, dit Athénée,
qui écrivoit , dans le même siècle, si les
béotiens sacrifient aux dieux des grosses
anguilles ; puisque nos pêcheurs , dans le
tems où ils prennent les thons, après avoir
retiré leurs filets , immolent un de ces pois-
sons à Neptune. Ils avoient aussi coulume
de lui offrir un pareil sacrifice, avant la
pêche , pour le prier d’éloigner de leurs filets
46 PECHES
le xiphias (l’espadon) qui les déchiroit »:
(Tav. 17, chap. 207).
Tems de la péche du thon. Selon le même
historien on ne pêchoit ce poisson dans
l’'Hellespont , la Propontide et le Pont-Euxin,
que depuis le commencement du printems
jusques vers la fin de l’automne. Du tems
de Rondelet, écrivain du seizième siècle,
c'étoit au printems, en automne, et quel-
quefois en été, qu'on prenoit une grande
quantité de thons, près des côtes d’Espagne,
et sur-tout vers le détroit de Gibraltar.
Quoique depuis le tremblement de terre
de 1744, les thons se jettent en plus grand
nombre vers la côte d'Afrique, il n’en est
pas moins vrai qu'à l'issue de l'hyver, ces
poissons abondent près des rivages d'Espagne
et dans toute la largeur du détroit. On en
pêche en très-grande quantité à Conil, vil-
lage à sept lieues de Cadix, et au mois de
mai une affluence de spectateurs jouit de ce
singulier coup d'œil. (On m'a assuré, dit
Guys, qu’autrefois le duc de Medina Sido-
pia s’étoit fait, à Conil, une rente annuelle
de quatre-vingt mille ducats en thons;
cependant ce poisson n'est pas recherché
chez ce peuple ; il est communément plus
gros et beaucoup moins délicat en Espague
DES SCOMBRES. 47
et en Portugal qu'en Provence ». ( Lettres
sur la Grèce.)
Sur plusieurs rivages de France et d'Es-
pagne, voisins de l’extrémité occidentale de
la chaîne des Pyrénées, on s'occupe de la
pêche des thons depuis les derniers jours
d'avril jusqu’en octobre; et dans les autres
parties du territoire français on est assuré
que l’arrivée des maquereaux annonce celle
des thons qu'ils poursuivent pour en faire
leur proie.
L’avidité du thon pour les maquereaux
est si marquée et si connue que, pour les
attirer dans un piège, il suffit de leur pré-
senter un leurre qui imite même grossiè-
rement la forme de ce poisson. Sa voracité
le porte aussi vivement sur plusieurs autres
espèces, et particulièrement sur les sar-
dines , au point que le simulacre imparfait
de ces petits animaux devient, entre les
mains du pêcheur , un appât assuré qui
entraîne le thon avec la plus grande faci-
lité. Dans les environs de Bayonne sur-
tout, on fait un très-heureux usage de ce
moyen; un bateau allant à la voile traîne
des lignes dont les haims ou hameçons sont
recouverts d’un morceau de linge, ou d’un
petit sac de toile en forme de sardine, et il
43 PECHES
ramène ordinairement plus de cent cin-
quante thons.
ÎManière de pécher le thon. On pêche
ce poisson au doigt, à la canne, au libouret,
au grand couple, au thonaire et à la ma-
drague.
Péche au doigt. La principale différence
qu’il y a entre cette facon de pêcher et celle
qui se fait avec une ligne au bout d’une
perche, ligne ou canne, dans un petit bateau,
consiste en ce que la ligne tient à un de ces
trois instrumens, et elle ne peut être que
d’une longueur médiocre, au lieu que celle
qu'on lient à la main peut avoir douze ou
quinze brasses de longueur. Lorsqu'on ap-
plique cette méthode à la pêche du thon,
il est nécessaire que la corde qui sert de
ligne et l’haun soient proportionnés au
poids et à la grosseur du poisson; quant à
l'appât , ce qu’on vient de dire, il n’y a qu’un
moment, ne laisse rien à desirer.
La nuit paroît le tems le plus propre à
cette espèce de pêche. Alors deux hommes
s'embarquent dans un léger bateau, ayant
chacun à la main une ligne au bout de la-
quelle sont des haims amorcés. Ils la tirent
à bord dès qu'ils sentent qu'il y a quelque
chose de pris.
Péche
Fu
ñ
DES SCOMBRES. 49
Péche à la canne. Cette pêche consiste à
attacher au bout d’une perche une ligne
garnie d’un haim, qu'on retire prompte-
ment , en soulevant la perche, lorsque le
poisson a mordu à lappât. Le terme de
canne peut venir de ce qu'au lieu de perche
on se sert d’un roseau , canna, ou de ce qu’on
dispose quelquefois les gaules où perches
pour cette pêche, de manière que, quand
on ne les emploie pas à cet usage, on s’en
sert comme de canne à la promenade.
Les pêcheurs ont coutume de faire leurs
perches ou cannes d'un bois élastique et
léger, de coudrier ou de saule : celui de mri-
cocoulier, qu’on tire de Perpignan pour en
faire des baguettes de fusil, seroit très-propre
à cet usage , parce qu'il est léger et plie
beaucoup sans se rompre.
Ici, comme dans le paragraphe précéderit,
Ja ligne sera proportionnée au volume du
poisson ; sa matière demande quelques ob-
servalions.
Des pêcheurs, qui n’y regardent pas de
fort près, composent leur ligne d’un fil
retors , bien travaillé et formé de plusieurs
brins. Il paroît que, pour la pêche du thon,
cette ligne ne sufliroit pas et risqueroit de
se rompre : le plus sûr est d'employer une
Pass. Tome VIII. D
"So JéNPECHES
corde assez forte, vu sa longueur ; pour
résister aux bonds et aux efforts d’un thon
d’une certaine grosseur. Un assemblage de
crins bien choisis , et sur-tout bien noués,
tant entre eux qu'à la canne et au ham,
semble à quelques pêcheurs préférable à
l'usage des cordes. Quelques-uns poussent
l'attention jusqu’à vouloir que la ligne soit
teinte en gros verd pour mieux imiter la
couleur des eaux de la mer. Il est facile de
donner cette teinte au chanvre ; voici la
méthode pour la faire prendre au crin.
Il faut prendre une pinie, mesure de
Paris, de pctite bierre, et une demi-livre
d'alun; mettre l’un et l’autre, ainsi que les
crins, dans un pot de terre, qu’on fera
bouillir doucement une demi-heure. I sy
formera une écume jaune; alors on ajoutera
une demi-livre de couperose concassée avec:
le crin; on fera doucement bouillir le tout
jusqu'à réduction de moilié , et trois ou
quatre heures après le refroidissement on
retirera le crin, qui se trouvera de la cou-
leur desirée. |
La ligne destinée à la pêche du thon,
longue de plusieurs brasses, ne pouvant
être formée de crins d’une seule pièce,
il faut nécessairement assembler des mor-
DES SCOMBRES. 5x
ceaux séparés, puis les unir solidement et
les nouer ensemble pour qu'ils puissent
donner une longueur totale suffisante. Pour
_ cela on met deux de ces sections de manière
qu’elles entament un peu l’une sur l'autre;
on les unit ensuite , par un nœuil, en faisant
faire deux révolutions aux bouts des crins.
Quand on a serré le nœud, les crins ne
peuvent plus se séparer, et l’on coupe avec
des ciseaux ce qui excède le nœud. On en
réunit ainsi un nombre suflisant pour faire
une ligne de la longueur nécessaire.
Quelques pêcheurs prétendent que, pour
la pièce qui fait le bout de la ligne du côté
de l’'haim , il ne faut pas commettre les crins,
et qu'il vaut nueux se contenter de les tendre
à côté l’un de l’autre; parce qu’alors, disent-
ils, les crins paroissent moins dans l’eau et:
n’effarouchent pas les poissons. Cepentlant
Pusage le plus commun est de les tordre
ensemble l’un sur l’autre, pour leur donner
plus de consistance et de force.
Lorsque de légers mouvemens imprimés
à la ligne avertissent que le poisson com-
mence à attraper l’appât, il faut se modérer
et lui donner le tems de l’avaler; maïs dès
qu'on s'aperçoit qu'il y tient bien, on donne
une secousse pour piquer le poisson, pour
D 2
bg © IPECHES
l’engager à faire entrer la pointe de l’haïm
dans le gosier; c’est à ce moment que les
thons se tourmentent beaucoup ; alors loin
de tirer la ligne, il faut la lâcher peu à
peu et les laisser se promener de côté et
d'autre, jusqu'à ce que jugeant qu'ils sont
fatigués, et que leurs forces commencent à
manquer, on puisse doucement et sûrement
les tirer à bord.
Quelques pêcheurs, employant de gros
haums et des lignes très-fortes , ont coutume,
avant de mettre le poisson à l’air, de saisir
la ligne à la main, et tenant la tête de lani-
mal élevée, ils lui font avaler de l’eau et
perdre ainsi bientôt ses forces. Maïs , comme
en conviennent tous lés gens du métier, les
grosses lignes et les haims renforcés effa-
rouchent les poissons, et il n’y a que les
affamés qui approchent.
Péche au hbouret. Le libouret est un
instrament composé d’une corde ou ligne
principale, à l'extrémité de laquelle est sus-
pendu un poids de plomb; la corde passe
au travers d'un morceau de bois d’une cer-
taine longueur, nommé avalette. Ce mor-
ceau de bois est passé dans l’un de ses bouts,
de manière à pouvoir tourner librement
autour de la corde. Cette avalette est d’ail-
DES SCOMBRES. 53
leurs maintenue, à une petite distance du
plomb, par deux nœuds que l’on fait à la
corde, l’un au dessous et l’auire au dessus
de ce morceau de bois. Au bout de lavalette,
opposé à celui que la corde traverse, on
attache une ligne garnie de plusieurs eni-
piles ou petites lignes, qui portent des haims,
et qui sont de différentes longueurs, pour
ne point se mêler les uns dans lés autres.
Cet instrument sert communément pour les
pêches sédentaires, le poids du plomb por-
tant toujours sur le fond de la mer.
D'après cette description on conçoit que
quand la maîtresse corde est tendue par
le plomb, l’avalette a la liberté de se mou-
voir autour de cette corde, et les piles où
sont attachés les haïms se dirigent sans s’em-
barrasser l’un dans l’autre, suivant le cours
de l’eau. Il peut donc se prendre autant de
poissons qu'il y a de haims, parce que les
piles étant , ainsi qu’il a été dit, de différentes
longueurs, les haims ne se rencontreront pas
les uns vis-à-vis des autres.
Avec cette espèce d’instrument (Voyez-
en la figure, planche XX XIV, fig. 2.), la
pêche se fait à l'ancre : E est la barque dé
grès; F le cable de l'ancre; G la corde du
libouret. Le poids doit porter sur le fond.
D 3
54 PECHES
Pour mettre à la mer ce libouret, les trois
pêcheurs se rangent sur un bord ; une partie
de la maîtresse corde est levée auprès d'eux
sur un banc, où elle est roulée sur une
éspèce de châssis que les pêcheurs nomment
traillet. |
ls ’ont pas coutume de jeter le plomb
à la mer, comme le pratiquent ceux qui
péchent à la balle, c’est-à-dire, à une mul-
titude de haims suspendus dans toute la
longueur d’une ligne ; ils mettent d’abord
à la mer les piles ou lignes garnies d’appât,
en les posant doucement avec les mains ;
on met aussi doucement le plomb et l’ava-
lette; et la corde se file jusqu’à ce qu’on
sente que le plomb repose sur le fond.
Si on vouloit entreprendre cetle pêche
du bord d’un bateau qui fût fort élevé
au dessus de l’eau, il y auroit à craindre
que la maîtresse corde venant à se détordre,
il en arrivât une confusion et un mélange
des lignes les unes avec les autres, et il
n’eu pourroit résulter qu’une assez mau-
vaise pêche.
En amorçant les haims du libouret, il faut
bien avoir soin que les appâts pendent à ces
haïms, afin que, se mouvant et comme fré-
üliant dans l’eau, ils soient plus propres à
DES SCOMBRES. 55
attirer l'attention du poisson, sur-tout lors-
qu'on fait une pêche sédentaire , comme
celle dont il s’agit ici.
Lorsqu'il est question de relever le hbou-
ret, chaque pêcheur tire sa maîtresse corde
à petites brasses ; et quand l’avalette paroît
hors de l’eau , le matelot le plus près de lui
üre, le plus promptement qu'il peut, la ligne,
les empiles et le poisson, tandis que l’autre
continue à amener la maîtresse corde. Au
moment où le poisson pris est dans la cor-
beille , chaque matelot s'empresse de re-
mettre des appâts à son avalette, et il tend;
de nouveau, avec les mêmes précautions
que je viens de détailler.
Féche au grand couple. Les basques font
la pêche du thon avec un instrument assez
approchant da libouretl, et qu’ils appellent
le grand couple.
On attache au bout d’ane ligne un mor-
ceau de fi! d’archal, d’une ligne de diamètre,
d’un ou deux pieds de longueur, et un peu
courbé en arc; le milieu est fortifié au moins
par deux petites jumelles de bois, assu-
Jetlies par les révolutions d’un fil retors ; au
centre de l’intérieur de la courbe, on pra-
tique une petite anse ronde , de corde ;' à
laquelle tient un poids d’une demi-livre;
D 4
56 PIRCHES
et au point correspondant dans la partie
convexe , on forme une autre anse ovale
destinée à attacher la ligne qui porte Île
couple.
Les deux extrémités de ce fil d’archal
sont aplaties comme le bout du corps des
haims, et on y attache plusieurs fils de lon-
gueurs inégales, en sorte que les plus courtes
aient au moins une brasse.
Sur la côte de Normandie, les pêcheurs,
en se servant de cet appelet pour d’autres
espèces de poissons, ne montent qu’une
chaloupe; au lieu que les basques, accou-
tumés à l'appliquer en grand à la pêche du
thon, se mettent huit ou dix hommes dans
une barque; chacun Jette son couple à la
mer , et le retire lorsqu'il croit avoir pris
quelque chose.
Comme on tient les lignes qui répondent
aux couples plus longues les unes que les
autres , les haims occupent une grande
étendue de mer, dans laquelle se dévelop-
pant comme un vaste éventail, il se pré-
sente toujours des poissons à différentes
profondeurs et à des rayons fort étendus.
Cette pêche se fait tantôt à l’ancre, et tantôt
en portant peu de voile.
Péche au thonaire. Le thonaire, espèce de
DES SCOMBRES
filet destiné en Provence à la pêche du
thon , est ou sédentaire, et alors dans le
pays il se nomme thonaïre de poste; ou il est
dérivant , et il s'appelle courantille, dans la
plupart des endroits de la Provence.
Le thonaire de poste est composé de trois
pièces de filet, jointes les unes au bout des
autres ; chacune ayant quatre-vingts brasses,
le filet entier est de deux cent quarante; ,
sa chüte est de six brasses, mais on la double
en joignant deux pièces l’une au dessus de
l'autre.
Le bas du filet n’est pas plombé, mais on
attache, de dix en dix brasses, à la corde
qui le borde, des cablières, chacune du poids
de dix à douze livres. La tête du filet est
soutenue par cent soixante nattes ou flottes
de liège, distribuées à une brasse et demie ou
deux les unes des autres. Le filet s'établit, un
bout à la côte et l’autre au large, d’abord
en ligne droite, ensuite on lui fait décrire
un crochet.
Le bout qui tient à la terre est fixé par
un grapin , où ampin de fer, qui pèse environ
un quintal; le reste flotte au gré du cou-
rant. Comme les thons suivent ordinaire-
ment les côtes, lorsqu'ils rencontrent le
filet, ils le côtoient dans sa longueur; et
b8 PECHES
quand ils sont parvenus au contour de l’ex-
trémité, 1ls s’effarouchent, s’agitent et s’em-
barrassent eux-mêmes dans le filet, où quel-
quefois viennent aussi se prendre d'autres
gros Poissons.
L'autre espèce de thonaire , nommée cou-
rantille , est abandonnée à elle-même et dé-
rive au gré du courant. Ce second filet, com-
posé comme le précédent et avec les mêmes
mailles , est communément plus long, étant
formé de trois ou quatre pièces; sa chüte est
de six à sept brasses. La tête est garnie de
quelques nattes de liège, pour se soutenir ,
ainsi que d’un quarteron de liège distribué
en six pièces sur chaque brasse ; mais on
ne met point de cablières au pied. Un
seul liband d’auffe, long de trente brasses,
fait descendre le filet dans la mer, en sorte
qu'il y en ait une partie qui flotte, pen-
dant que l’autre est à quelque distance
du fond. Ce filet devant faire une panse ou
bourse , les mailles ne sont attachées à la
monture que de quatre en quatre.
La courantille se jette en ligne droite,
au gré des courans, en faisant attention
qu'ils puissent la prendre de plein et l’entrai-
ner. Un bateau monté par quatre hommes
s'attache à un bout du filet et le laisse déri-
DES SCOMBRES. 5
ver et emporter par les courans, de manière
qu’on relève quelquefois, à deux ou trois
lieues de l'endroit où l’on avoit calé; c’est
ordinairement la nuit qu’on cale et on re-
lève le matin. Il faut observer qu'en Pro-
vence, comme dans le goife de Messine,
cette pêche n’est permise que depuis le
milieu de juin jusqu'au commencement
d'avril.
La pêche de la courantille se pratique
aussi à Leucatte, près de Narbonne. Le
filet est composé de huit pièces, chacune de
trente à quarante brasses de longueur. Dans
le bateau il y a toujours un pêcheur de
veille , qui tient la corde à laquelle le
filet est attaché. Lorsqu'il s’aperçoit que les
thons ont donné dedans, il éveille ses cama-
rades ; alors tous saisissant la tête du filet,
ils se halent dessus , jusqu’à ce qu'ils sentent
les efforts des poissons pour se dégager ;
c’est le moment de soulever le filet pour
prendre les thons ; dès que le filet est débär-
rassé , on le replonge , on va reprendre son
amarre , et la pêche continue.
Péche à la madrague. C’est ici le mode
solemnel de la pêche du thon, et un des
spectacles le plus curieux de l'industrie des
hommes. 11 n’est plus question d’un simple
=
6o PECHES
filet à prendre un certain nombre de ces
poissons , ce sont des parcs entiers, des
appartemens , des chambres de mailles ,
enfoncés au fond de la mer pour prendre
des quantités incroyables de thons. Les cloi-
sons qui forment ces chambres sont soute-
nues par des flottes de liège étendues au
moyen d'un lest de pierres maintenues par
des cordes, dont une extrémité est atlachée
à la tête du filet, et l’autre amarrée à une
ancre.
Comme les madragues sont destinées à
arrêter les grandes troupes de ces poissons
au moment où ils abandonnent les rivages
pour voguer en pleine mer, on établit entre
la rive et la grande enceinte une de ces
longues allées qu'on appelle chasses ; les
thons suivent cette allée, arrivent à la ma-
drague , passent de chambre en chambre,
parcourent quelquefois, de compartiment
en compartiment , une longueur de plus de
mille brasses, et parviennent enfin à la
dernière chambre que l’on nomme chambre
de la mort, corpon ou corpou.
Pour forcer les thons à se rassembler
dans ce corpou, qui doit leur devenir si
funeste , on les pousse et on les presse par
un fiiet long de plus de vingt brasses, tendu
DES SCOMBRES. 61
derrière ces poissons, au moyen de deux
bateaux, dont chacun soutient un des angles
supérieurs du filet, et que l’on fait avancer
vers la chambre de mort. Quand les pois-
sons sont rassemblés et entassés dans ce
corpou, plusieurs barques chargées de pê-
cheurs s’en approchent ; on soulève les filets
qui forment cette enceinte particulière, on
fait monter les thons très-près de la surface
de l’eau , on les saisit à la main, ou on les
enlève avec des crocs.
On peut bien imaginer que tous les voya-
geurs qui vont en Provence sout infiniment
curieux de voir une madrague, et combien
ils sont satisfaits s'ils sont assez heureux
pour être témoins d’une pêche abondante.
« C’est un spectacle admirable, dit le
célébre Duhamel , que de voir quelquefois
sept à huit cents poissons, dont quelques-
uns pèsent cent cinquante livres, rassemblés
dans un compartiment qu’on nome le
corpou , dans lequel on en aperçoit qui font
des efforts considérables pour s'échapper ou
pour se défendre contre ceux qui veulent
les prendre........ Le comhat qui se fait
entre les pêcheurs et les poissous , les cla-
meurs des spectateurs, où se mele souvent
l'harmonie de plusieurs cors de chasse,
62 P EC H'ES
joint à la légèreté et à l’activité des pêcheurs
provençaux , sont un spectacle très-amu-
sant, el qui ne sort point de la mémoire
des voyageurs qui l'ont vu ».
«On accouit à ces madragues, ajoute le
docte Lacépède, comme à une fête.......
on s’enutoure d’instrumens de musique : et
quelles sensations fortes et variées ne font
pas, en effet, éprouver l’immensité de la
mer , la pureté de l'air, la douceur de la
température , l'éclat d'un soleil vivifiant ,
que les flots mollement agités reflechissent
et multiplient, la fraicheur des zephirs, le
concours des bâtimens légers, l’agilhité des
marins , l’adresse des pêcheurs, le courege
de ceux qui combattent contre d'énormes
animaux, rendus plus dangereux par leur
rage désespérée , les élans rapides de lim-
patience, les cris de joie, les acclamations de
la surprise, le son harmonieux des cors, le
retentissement des rivages, le triomphe des
vainqueurs et les applaudissemens de la
multitude ravie » !
Tous ces détails et ces tableaux font naître
dans l'esprit du lecteur un desir ardent de
connoiître à fond tous les procédés de cette
espèce de pêche ; je vais mettre sous ses yeux
la description extrêmement exacte qu’en a
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De J'eve del. VE L'uardieu S
LA MADRAGUE. ;
DES SCOMBRES. 63
donnée Broquier , ingénieur et constructeur
de vaisseaux, au département de "l'oulon,
telle que la présente le Traité des pêches,
édition de Lausanne.
Madrague de Toulon. La madrague copiée
par cet oïficier, après avoir été témoin de
tout , étoit placée au nord de la montagne
des signaux, c’est-à-dire, au midi de l’en-
trée de la rade de ‘Toulon. Elle étoit tendue
à deux cents brasses de la côte ; ainsi sa
chasse ou sa queue devoit avoir une pareille
étendue. La longueur de celte madrague
est de cent vingt- deux brasses, savoir ; la
chambre F, seize brasses ; celle P, vingt-sept
brasses ; celle O, vingt brasses ; celle Q,
vingt - huit brasses, et la cinquième, Y,
trente et une brasses. (Voyez la pl. XXXV,
figure 1. ?
« Les différens compartimens ont chacun
leur nom particulier , dit le savant ingénieur
dont Je viens de parler, très-différent de ceux
que j'ai pris à Bandol , et que j’emploirai pour
l'explication de la grande madrague ».
La première chambre, F, fig. 1,s2 nomme
à Toulon, bourdonnoro ; la seconde, P , qui
forme la grande entrée , s'appelle le /arat;
la troisième , O, le gardy ; la quatrième,
Q , le pichou; la cinquième, Y , est composée
64 PECHES
de trois parties qui ont aussi leur nom parti-
culier : la première, g À i k, longue de dix-
huit brasses, s'appelle le gradou ; la seconde,
zkop, le gravicheli ou gravichelli; sa lon-
sueur est de huit brasses; enfin la troisième,
o p TT, qui a cinq brasses, se nomme le
corpou.
La grande entrée, a e, est de toute la
longueur du furati; cette partie n’est point
garnie de filets et ne se ferme jamais. La
largeur de la madrague en x t, en a d,
etene f, est de vingt-huit brasses. Elle en
a vingt-cinq en b c, dix-huit en g =, qui
est l'entrée du gradou, et elle se réduit à
cinq brasses à l’extrémité du corpou, TT.
Quoique cette madrague ne soit établie
qu’à quinze brasses de profondeur, les filets
qui en forment les murailles ont vingt-une
brasses de hauteur , pour leur donner du
jeu ; on fait ordinairement ce jeu du tiers
de la hauteur du filet , c’est - à - dire, que,
pour un fond de seize brasses , le filet des
murailles doit avoir vingt-trois à vingt-
quatre brasses de hauteur. Les mailles de
ce filet sont de onze à la brasse , qui est de
cinq pieds trois pouces.
Les filets qui forment l'enceinte des ma-
dragues sont de simples nappes, dont le pied
est
DES SCOMBRES. 65
est assujetti au fond de la mer par des
pierres, et la têle retenue à la surface de
l'eau par des nattes de liège. Ainsi, il n’y
a point de filet tendu sur le fond de la mer
d’une muraille à l’autre. Les libands ou
ralingues qui bordent le filet, haut et bas,
doivent avoir beaucoup de force ; ceux des
murailles ont six pouces de grosseur.
Le bourdonnoro F', et le gardy O ne sont
séparés de la grande entrée P, que par une
demi - cloison, a g, em; de sorte que la
parlie d g, et celle f m, sont tout à fait
ouvertes.
L'ouverture 8 », du pichou Q, est fermée
par un filet dont les mailles ont environ
dix-huit pouces en carré; il doit être exacte-
ment tendu ; on ne le laisse jamais tomber,
les poissons traversant librement ses mailles.
Enfin la porte de la dernière chambre Y
est terminée par un filet dont les mailles
sont environ onze à douze à la brasse. On
le fait tomber quand on veut faire passer
le poisson dans le corpou. L'arrangement
de cette porte étant très-ingénieux , il con-
vient de s’y arrêler un moment.
À chaque coin Let g, on place une pièce
de filet triangulaire R, fig. 2 et 3, nommé
giron, et dont les trois côtés qui sont égaux
Poiss. Tome VIII E
66 P:E.C I ES
ont chacun dix-huit brasses. Le côté G KE
est cousu perpendiculairement au filet de
la muraille, à l’endroit où est la porte, en
sorte que la pointe Lest tout à fait au fond
de la mer ; et le côté LS est cousu avec le
côté vertical du filet de la porte, de ma-
nière que, lorsqu'on laisse tomber celle-ci,
les pointes S des girons l’accompagnent
jusqu'au fond de la mer; et quand on veut
la fermer en halant sur les cordes X X,
les girons se replient sur les côtés, eb
servent à Joindre exactement la porte avec
la muraille; ce qui empêche que le poisson
né puisse s'échapper entre-deux. La porte Y,
planche XX XVI , est fermée; et les girons
pliéssur les côtés sont marqués parM m, Nn.
Il reste à faire connoître dans la pl XX XV
la dernière chambre Ÿ , qui est celle de la
mort du poisson, et par là devient la plus
intéressanie.
Nous avons déjà dit qu’elle étoit composée
de trois parties formées de trois sortes de
filets, joints bout à bout les uns aux autres,
par des nœuds qui en réunissent les mailles.
Le premier de ce filet Y, nommé le gradou,
fig. 4, a des mailles de quinze à la brasse. Il
est arrêté par un de ses côtés B au fond de
la mer,au moyen d’une corde à chaque bout
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LA MADRAGUE .
V'Tardeu Y.
DES SCOMBRES. 6
de laquelle est une pierre du poids de deux
quintaux L L, fig. 2 ; c’est à cette corde
qu'est aussi arrêtée par le bas la porte dont
on vient de parler. À cette même corde enfin
est cousu un troisième filet d'environ quinze
brasses de long, qui s'étend dans le fond
de la chambre Q, dite du pichou, et qui
est destiné à empêcher que le poisson ne
puisse passer par dessous celte corde, dans
le cas où elle viendroit à se lâcher un peu.
Ce gradou, dans la moitié de sa longueur,
traîne au fond de la mer, et l’autre moitié
s'élève par dégrés en faisant la coquille.
Le gravicheli Z, qui vient après, et dont
les mailles plus serrées sont de dix - huit à
Ja brasse, s'élève toujours de plus en plus.
Eafin le corpou &, dont les mailles sont
presque fermées, vient se terminer oblique-
ment à la face de la mer, C, fig. 4.
Ces trois filets forment enseinble un plan
incliné, un peu concave. Il faut remarquer
que, dans cette dernière chaimbre, les filets
des murailles doivent suivre, quant à la
grandeur des mailles, celle des filets du fond
qui y correspondent, ou plutôt ce sont
les mêmes filets qui forment les murailles
et le fond. Le corpou est quelquefois de
chanvre, mais le plus souvent d’auffe comme
FE 2
63 PUB CH E,5
le reste, à la différence près, que les cor-
dons en sont beaucoup plus forts.
Pour pècher le corpou, on attend que le
poisson se soit rendu dans le pichou Q;
c'est dans cette seule chambre que lon fait
la chasse. On se sert pour cela d’un filet
d'environ vingt-huit brasses de large, lesté
par un des côtés, avec des bagues de plomb,
et qu'on place d’abord verticalement en c à,
fig. 1, tout près de la porte, de manière que
les plombs effleurent le fond sans appuyer
dessus. On le promène ensuite dans le pichou,
en le faisant avancer, toujours bien tendu,
de à vers h, et äe c vers g, par le moyen de
deux bateaux, qui en retiennent les angles
supérieurs. Le filet dont il est ici question
s'appelle l’engarre, et la manœuvre engarrer
le poisson. T'ant qu'on chasse ou qu’on en-
garre dans le pichou Q, on tient la porte
du gradou abaissée ou ouverte.
Le rey ou chef, pendant cet examen, est
en vedette sur un bateau A, pour observer
l'entrée du poisson dans le gradou Y , et
l'on ne relève le filet qui ferme la porte
que quand il ex donne le signal.
_ Lorsque les bateaux qui chassent sont
arrivés, l’un en À et l’autre en g, le ba-
teau À commence à soulever le gradou;
DES SCOMBRES. 6g
pour cela sept à huit hommes, tous placés
sur le même bord, l’estomac appuyé sur le
plat bord, saisissent le filet avec leurs mains
et halent dessus, planche XX X VE.
Avançant toujours dans cette situation,
ils rejettent à la mer la portion du filet
qu'ils ont amené à la surface de l'eau, et
le bateau passe par dessus. Lorsqu'il a tra-
versé le gravichel Z, pl. XX XV, fig. 1, et
qu'il est arrivé au corpou, on accroche le
filet au plat bord de ce bateau ; comme il est
déjà accroché au bateau qui est au bout du
corpou, et aux deux qui sont sur les côtés,
ce que l’on voit à la pl. XX XVI. Far cette
manœuvre, tout le poisson qu'on a conduit
dans le corpou se trouve presque à la surface
de l’eau, ou on le prend quelquefois en le
harponnant, ou en l’assommant, ou à bras;
car il y a des pêcheurs qui se jettent dans
le filet pêle-mêle avec le poisson, pour le
saisir à force de bras.
Les bateaux mis à la tête et aux deux
côtés du corpou, sont destinés à prévenir
que le poisson ne s’élance lorsqu'il se sent
resserré , et qu’il ne tombe à la mer; précau-
tion nécessaire, puisqu'il arrive assez sou-
vent que des poissons, qui s’élancent pour
franchir le filet, retombent dans les bateaux,
E:3
70 P'ARCTE S
& Jai déjà prévenu, dit Duhamel en
finissant de donner, d’après Broquier, la
description de la madrague de Toulon, que
je ne l’avois pas examinée, el que je n’en
parlois que d’après les mémoires que m'’a-
voit adressés Broquier. Mais j'ai vu la belle
madrague de Bandol, qui passe pour la plus
étendue de toutes celles qui sont en Pro-
vence. J’ai essayé de prendre sur les lieux
mêmes le plus d’éclaircissemens qu'il m'a
été possible.... Je crois que la madrague
qu'a décrite Broquier, est une des plus
petiles...... Les détails où Broquier est
entré me mettent en éiat d’abréger beau-
coup la description de celie de Bandol, dont
1l va être question ».
Îadrague de Bandol, d'après Duhamel.
A B, planche XX XV, fig. 6, est la queue
de la madrague, qui fait le même effet que
ce que les pêcheurs parquiers nomment /a
chasse. C'est un filet d’auffe, semblable à
celui qui fait lenceinte üe la madrague. Il
est tenu verticalement par du lest de pierres,
dont on garnit le pied, et des nattes de
liège attachées à la ralingne de la tête.
Cette muraille du filet, comme disent les
pêcheurs provençaux , doit s'étendre depuis
la madrague B jusqu'à la côte À. On assure
DES SCOMBRES. 71
que celle de Bandol a près de mille toises
de longueur. Quand les thons, qui longent
la côte par bandes, rencontrent ce filet,
ils le suivent, et sont par là déterminés à
entrer dans la madrague, comme on va
l'expliquer.
Quoique cette grande madrague soit lon-
gue de mille toises, ou à peu près, elle na,
dans sa plus grande largeur, que le quart
de celte étendue.
T'TTT est l'enceinte de cette madrague,
formée par des filets d’auffe , tenus vertica-
lement, comme on l’a dit de la madrague
de ‘Toulon, par du lest de pierres, des
flottes ou nattes de liège, et affermie par
des cordes V, amarrées d’un bout à la tête
du filet, et de l’autre à des ancres moxillées
au fond de la mer.
Cette grande enceinte est divisée, par des
cloisons de filets, en cinq compartinens
qu'on nomme chambres. |
La chambre G est dite de la grande en-
trée. Elle n’a point de filet en ab; il nya
qu’une corde, soutenue par des lièges, Ja-
quelle sert à entrelenir la laison de ia mu-
raille en cette partie. On peut regarder cette
chambre comme un vestibule ou une pièce
de distribution, dans laquelle se rendent les
E 4
m2 PECHES
thons qui, venant du côté de de, et élant
arrètés par la queue À B, la suivent et ar-
rivent à cette chambre G. Les poissons qui
sont dans celte chambre peuvent entrer
dans la chambre F, qu'on nomme, à Bandol,
la chambre du‘evant, par un endroit P, où
il n’y a point de filet, mais seulement une
corde garnie de liège.
D'autres thons, prenant une route con-
traire, passent dans la chambre O , nommée
à Bandol /a première chambre du couchant,
par une ouverture qui est en C,oüiln'ya
point de filet, mais seulement une corde
garnie de liège. Il y a ordinairement en cet
endroit nn bateau de garde.
À la cloison qui sépare la chambre O d’avec
la chambre D, nommée seconde chambre du
couchant, 1l y a vers E un espace qui n’est
formé que par un filet à très-grandes mailles,
au travers desquelles les thons passent sans
difficulté. A portée de là est un bateau,
d'où l’on peut observer si le poisson se rend
dans la chambre D.
Quand les thons y sont entrés, il s’agit
d'y faire passer ceux qui sont dans la
chambre F, dite du Zevant. Pour cela on
se promène dans la chambre F avec le ba-
teau 5, faisant du bruit et battant l’eau. Les
DES SCOMBRES. 75
poissons effarouchés sortent de ouverture P,
et traversant la chambre G, ils entrent par
l'ouverture C dans la chambre O, et ensuite
dans celle D, traversant un filet à grandes
mailles.
Il est bon de faire remarquer que les
croisées g qu'on aperçoit sur les cham-
bres O D, I M, ainsi que la corde g qui est
auprès de la grande entrée, sont de simples
cordes qui ne portent point de filet , et sont
seulement garnies de nattes de liège. Elles
ne servent qu'à donner de la fermeté aux
filets qui forment les chambres et la queue;
ce qui est nécessaire à raison de leur grande
étendue.
I! faut encore arrêter ici les yeux du lec-
teur sur un agrandissement nommé /a pe-
tite entrée, qui est à la grande madrague
de Bandol, et non à celle de ‘Toulon, dont
on a parlé en premier lieu.
* En se rappelant ce qui a été dit, on
conçoit que les thons qui suivent la direc-
tion d e, étant arrêtés par la queue ou
chasse À B, sont déterminés à entrer dans
la madrague par la grande entrée a b ; mais
ceux qui suivroient la route m 7 ne pour-
roient y entrer à cause de l’obstacle qu’y
fait la queue À B, laquelle s'étend jusqu'à
74 PHRNCAITE:S
la côte. C'est pour retenir ceux-ci qu'on
pratique la petite entrée H, par laquelle
ils se rendent dans la chambre Ï, et ensuite,
par le passage L, dans la chambre M, puis
dans celie D, par le passage N.
Lorsqu'il y à une assez grande quantité
de thons dans la chambre D, on les fait
passer dans celle de mort Ÿ, et on les ras-
semble dans le corpou Z. Cette opération
bien expliquée dans la madrague de Toulon,
dispense ici d'aucun détail.
Quoique très-ordinairement on ne lève le
filet de la chambre Y qu’une fois le matin,
au point du jour , et une autre fois le soir,
à la brune, on le relève néanmoins trois
ou quatre fois dans une journée, lorsque le
poisson s’y présente en abondance.
Il y a des propriétaires de madragues qui
font de ce corpou Un réservoir de poissons,
où ils ne prennent les thons qu’à mesure
qu'ils savent en avoir un débit avantageux.
Ea pêche à la madrague, qui exige de
grands frais, est très-lucralive quand Île
poisson donne abondamment à la côte ; mais
elle est casuelle , et dans certaines années
on a peine à se rembourser de ses dépenses.
On peut servir les petites madragues avec
dix ou douze hommes, y compris le chef,
DES SCOMBRES. 75
qu'on nomme rey, et l'écrivain; il faut
quatre bateaux de vingt-cinq pieds de lon-
gueur, et un de trente ou trente-cingq pieds,
qu’on place à la tête du corpou ; mais lés
grandes madragues demandent beaucoup plus
de monde et de plus grands bateaux.
Observations sur la construction des ma-
dragues. En observant attentivement la cons-
truction des madragues , ajoute le savant
Duhamel dans louvrage ci- dessus cilé,
on doit être surpris de voir les poissons se
laisser prendre dans ces enceintes de filets,
pendant qu'ils ont autant de facilité pour
en sortir qu'ils en ont eu pour y entrer ;
mais ils ne faut pas avoir long-tems suivi
cette pêche et observé les mouvemens des
poissons dans les madragues , pour être
pleinement rassuré à cet égard. En effet, le
poisson qui aime à faire route parallèlement
à la côle, suivant la ligne de, pl. XXX V,
fig. 6, étant arrivé par la queue À B, il
la cotoie jusqu’en b, où, ne trouvant plus
d'obstacle suivant sa première direction, il
la reprend et entre par l’ouverture C dans
la chambre O. Il peut bien s’en égarer plu-
sieurs dans la chambre F'; mais apercevant
des poissons dans celle O, ils traversent la
grande entrée G et s’y rendent. Quelques
76 PECHES
autres, pour suivre la direction de leur
prennère route, passent dans la chambre D,
en traversant le filet à larges mailles.
Comme toutes les ouvertures des diffé-
rentes chambres sont du côté de Penceinte
du fond, les poissons la suivent, ainsi qu'ils
ont suivi la queue, et cela d'autant plus
volontiers que celte muraille étant paral-
lèle à la côte, elle se trouve dans la direction
de la route qu'ils veulent suivre ; et les
demi-cloisonus ne sont point inutiles, puis-
qu’elles obligent les poissons de se porter
auprès de la muraille du fond.
On a peine à concevoir d'abord à quoi
sert le filet à grandes mailles qui est entre
la chambre O et celle D; car il semble que,
si les thons ont franchi ce filet pour entrer,
ils peuvent de même le traverser pour en
sortir, Mais les pêcheurs assurent unanime-
ment que cela n'arrive jamais ; et ils disent
que, quelque grandes que soient les mailles
du filet E, les poissons ne manquent guère
de se froisser en le traversant; ce qui,
ajoutent les pêcheurs, les effarouche telle-
ment au’ils s’en éloignent aussitôt, et évitent
de rencontrer ce filet. Aussi voit-on plus
de thons qui essayent d'entrer dans la
chambre Ÿ, au travers des mailles, plutôt
DES SCOMBRES. 77
que de revenir sur leurs pas, et de traverser
le filet à grosses mailles.
C’est en étudiant ainsi l'instinct des pois-
sons qu’on est parvenu à simplifier les ma-
dragues, et à supprimer des filets qu’on
tendoit pour fermer les portes, lorsque le
poisson est entré dans une chambre. Il n’y
avoit autrefois qu'un tiers de Ja cloison qui
sépare la chambre O de la chambre D, qui
fût à grandes mailles.
On a de même trouvé plus à propos
d'élargir toutes les portes et de les laisser
ouvertes, pour qu'à toute heure du jour et
de la nuit les poissons puissent entrer dans
la madrague.
On prétend que, quand les thons sont
effarouchés ou par les pêcheurs, ou par
quelque requin, ils plongent jusqu’au fond,
mettent la tête dans l’algue et ne remuent
plus. C’est ce qui arriva, dit-on, lorsque le
duc de Penthièvre fut, en passant, voir les
madragues de Toulon. Le cortège étoit des
plus nombreux, et la mer couverte de
canots. Mais, de deux cents thons qu’on
savoit être dans la chambre D, il ne fut
pas possible d’en faire monter un seul dans
le corpou Y, et la pêche se reduisit à quel-
ques livres de petits poissons. Ces mêmes
78 PÉCHÉS
thons se remontrèrent le leademain comme
d'eux-mêmes, et la pêche fut abondante.
Préparation des thons après la péche. Le
produit de la pêche, amené à terre dans
plusieurs barques, est sur le champ déposé
en masse dans de grandes halles couvertes,
et établies au bord de la mer ; mais avant
d'y introduire le poisson, on lui coupe la
tête avec une espèce de hache destinée à
cet usage. Cette opéralion faite, chaque
poisson, quelque énorme que soit son poids,
chargé sur les épaules d’un seul portle-faix,
est porié au grand magasin, à demi-décou-
vert, et ceint de murailles, auxquels on
suspend tous les thons sur la même ligne,
et par la queue, au moyen d'un lacet de
grosse corde.
Là commence une boucherie, qui, à
raison de l'adresse et de la célérité des exé-
cuteurs, pourroit arrêter la curiosité, si
l'abondance du sang, qui ruisselle de tous
côtés, n’en éloignoit l’homme sensible ; en
un clin d'œil les chairs sont séparées en six
parties de différentes espèces, chacune des-
tinée à sa salaison respective ; ce qui s’exé-
cute tout de suite et avec le plus grand
soin, sur-tout la chair des petits thons, que
lon fait bouillir dans l’eau de mer, pour
DES SCOMBRES. 79
en former ensuite ce qu'on connoit en Eu-
rope sous le nom de thon marine.
Les œufs et le foie sont salés à part;
ceux-là de la même façon que la poulargue,
à laquelle ils ressemblent un peu, quoique
moins délicats, à ce qu’on assure, et mis
ensuite dans des presses; le foie s'arrange
d’après le même procédé.
J'ignore à quelle somme peut s'élever le
produit annuel de nos madragues de Pro-
vence; Azuni (Histoire de la Sardaigne,
tom. II) évalue celui des pêches en Sar-
daigne à près d’un million de notre monnoie.
« La preuve de la richesse de nos ma-
dragues , dit-il, paroîtra plus clairement par
le tableau ci-après, qui contient leur situa-
tion , leurs noms et le produit annuel en
1778, les circonstances présentes m’ayant
empêché d'avoir un état plus récent, qui
porteroit sans doule à un revenu plus con-
sidérable les pêches actuelles »,
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Pêche
DES SCOMBRES. 81
Péche du maguereau.
Lieux de la péche du maguereau en France.
Ce poisson, dont la pêche commence en
mai el finit en juillet , est très-abondant sur
toutes les côtes de la haute et basse Nor-
mandie , ainsi que sur celles de Flandres ;
il l’est un peu moins en Bretagne, excepté
à Roscoff. Les endroits les plus renommés
pour celte pêche sont l'ile de Bas, la baie
de la Hogue , Dieppe, Saint-Vallery, et le
port des petites Dalles, à l’est de Fécamp.
Cette pêche se fait, jusqu’à quatre lieues
en mer, à l’appelet, au libouret, aux haims,
à la belée et aux battudes.
L'appelet destiné à la pêche du maquereau
est composé d’une corde de deux ou trois
lignes au plus de circonférence , dont la
profondeur de l’eau détermine la longueur.
Le long de cette corde est garni de baguettes,
à deux brasses les unes des autres ; elles sont
de six à sept pouces de longueur , et d’un
bois léger, connu en Normandie sous le nom
de vergandier ; c’est le houx frelon.
Les baguettes sont toutes fixées à la corde
du même côté; au bout de ces bois on
Poiss. Tome. VIII. F°
82 PECHES
attache des lignes de deux ou trois brasses
de longueur, d’un fil retors assez menu,
mais bien travaillé. L’extrémité de ces lignes
porie un haim , un peu plus gros que celui
qu’on emploie pour le merlan.
Au bout de la maîtresse corde est attaché
un boulet ou une balle de plomb du poids
de sept à huit livres. On appelle cette pêche
traîner la balle, parce qu’elle se pratique en
bateau et sous voile ; de là lexpression ma-
rine de jeter à la mer une balle bas-bord
ou s{ribord.
Le libouret. On peut voir, à l’article de
la péche du thon , la description , la figure
et l'usage de cet instrument : il suffit d’ob-
server que, s'il s'applique à la pêche du
iMmaquereau, le haim et les lignes doivent
avoir moins de force et de grosseur que pour
le poisson précédent.
Le haim. Un morceau d'éloffe rouge
. fournit, à ce qu'on assure , un excellent
leurre pour prendre des maquereaux pen-
dant le jour. Les marins de Calais et de
Dunkerque en font des pêches abondantes
en traversant la Manche, dans la saison du
poisson , avec des haims garnis de cette
étoffe. En jetant cet appât dans le remous
du vaisseau qui sille, ils prennent assez de
DES SCOMBRES. 85
maquereaux pour leur subsistance , et sou=
vent encore pour en vendre frais ou les
saler. |
La belée ou cordes flottantes. Ces cordes,
moins grosses que celles dont on se sert
pour la pêche des poissons qui demeurent
à une certaine profondeur , au lieu de la
cabliure et des cailloux dont on charge les
grosses cordes, n’ont que des corcerons de
hège, de deux en deux brasses, qui font
flotter la belée jusqu’à la surface de l’eau,
de manière que les haims et les lignes seuls
plongent dans la mer.
Cependant lorsque le pêchieur soupçonne
que le poisson est descendu à deux ou trois
brasses sous leau, il établit la corde à
la même profondeur. Pour cela , au lieu
d’attacher les flottes de liège immédiatement
sur la maîtresse corde , on les amarre à des
Hignes répondantes à cette corde, tenue
plus ou moins longue, selon la profondeur
de l’eau à laquelle il veut aboutir. On
met ensuite une grosse flotte aux deux
bouts de chaque pièce de belée, et une
bouée , avec un signal de roseau sec aux
deux extrémités de la tessure.
Cette tessure est composée d’un nombre
de pièces , mises les unes au bout des autres;
F 2
84 HAS TIO)T RE
l’ensemble forme une longueur de plus de
cinq à six cents brasses.
On met cette tessure à la mer ; on prend
un peu de voile ou on pare quelques avi-
rons ; mais, dès que les pêcheurs ont tendu,
ils carguent leurs voiles, et se laissent dériver
en traînant lentement la tessure , pendant
une heure ou deux. Veulent-ils relever, ils
emploient quelques avirons pour fixer le
bateau contre l’effort des matelots qui tirent
la tessure à bord.
Les battudes. Ces filets ont quatre-vingls
brasses de longueur , et trois de tombée ou
de chûte. La grandeur des mailles est pro-
portionnée à l'espèce de poissons qu’on se
propose de prendre. Le pied est chargé de
bagues de plomb , et la corde qui borde la
tête est soutenue par des pièces de liège de
six à sept pouces en carré ; le liège ne con-
trebalançant pas le poids du ploimb, le pied
du filet touche toujours au fond de la mer.
On cale les battudes dans les fonds rem-
plis d'algues où de vase, et on a grande
attention en les jetant à la mer qu'ils forment
des zig-7ags, ou au moins qu'ils serpeutent,
afin qu'une partie du poisson s’emmaille,
et que l’autre s’embarrasse dans les plis du
blet.
DES SCOMBRES. 85
À chaque extrémité de ces filets est une
corde ou orin, avec une bouée qui sert de
signal pour les retrouver. Calés à l'entrée
de la nuit, on va les lever le matin.
Quand un bout de la battude tient à un
bateau de pêcheurs, et qu’on la fait flotter,
le pied du filet n’est lesté que de deux onces
de plomb par brasse.
S'alaison du maqguereau. Autrefois les pè-
cheurs normands avoit coutume de venir
pêcher et saler une grande quantité de ma-
quereaux à Roscoff ; depuis bien des années,
ils ne quittent plus leurs côtes, et y salent
le produit de leurs pêches avec du sel du
Croisic ou de Brouage; de nos jours on sale
peu de maquereaux ; ceux qu'on prend se
transportent avec beaucoup de célérité à
Paris, et dans les autres lieux où ce com-
merce étend ses branches.
La pêche des maquereaux est un objet
d'industrie nationale chez différens peuples.
Dans les mois de juin et d'août, les marchés
de Hollande sont remplis de ces poissons ;
on les voit en même quantité dans ceux de
VAngleterre, principalement en juin, époqué
de leur frai; ce sont les seuls poissons qu'il
soit permis de vendre publiquement, dans
ce pays, les jours de fêtes, parce qu'ils se
F 5
86 PECHES
corrompent facilement. Il en paroit en
grande quantité au printems sur les côtes
de Norvège, au grand déplaisir des pêcheurs ,
qui voient en eux des ennemis très-acharnés
des harengs.
Sur les côtes occidentales de l'Angleterre,
on pêche les maquereaux de Îa inanière
suivante : l’on fiche un pieu dans le sable
non loin du bord; on y fixe ensuite le bout
d'un filet; l’autre bout est attaché à un
bateau que l’on conduit au large, aussi loin
que le permet la iongueur du filet en le
ramenant en cercle vers le bord. Il arrive
assez souvent que l’on prend quaire à cinq
cents poissons d’un seul coup de filet. Cette
pêche est plus favorable par un vent fort,
que l’on appelle par cetle raison vent des
maquereaux.
À l'entrée de la nuit et par un items
calme , les pêcheurs de Sainte - Croix se
dispersent sur des bateaux dans toute la
rade , sur une étendue de plus de deux
milles. Arrivés à l'endroit où ils jugent qu'il
y a beaucoup de maquereaux , ils font arré-
ter leurs bateaux, et ils tiennent des flam-
beaux ou des fanaux au dessus de la surface
de la mer. Aussitôt qu’ils voient que les
poissons aitirés par la lumière se montrent
DES SCOMBRES. 87
sur l’eau , ils jettent leurs filets pour les
envelopper.
Cette dernière méthode de pêcher les
maquereaux est à peu près la même que
celle dont les dalmates du Primorie font
usage. Voici la description qu’en fait l'abbé
Fortis , dans son Voyage en Dalmate,
tome 11, pag. 170. «Le tems propre à faire
celie pêche avec succès est dans les nuits
obscures; le poisson, trompé par les barques
nommées z/luminatrici, qui portent à la
proue un feu de bois de sapin ou de gene-
vrier allumé ; est attiré en grand nombre
vers les filets placés près du rivage. Chacun
de ces filets, appelés tratta, demande trois
barques; une grande pour contenir le filet,
et deux :pelites , garnies d'un feu , pour
servir d’appât au poisson qui suit la lumière.
Freize hommes sont employés pour chaque
filet; et ces hommes deviennent en peu
d'années d’excellens mariniers , parce que
leur métier les oblige à lutter contre les
tempêtes imprévues, et à surmonter à force
de rames, lès obstacles que leur. opposent
les calmes ou les vents contraires.
» Autrefois la pêche étoit très-florissante
en Dalmatie ; mais depuis que lintérét
parliculier a substitué des productions étran-
F 4
88 P'FICME S
gères à celles de la pêche des dalmates, qui
se vendoient auparavant avec avantage dans
les états de la république, ces derniers ont
perdu leur industrie , ou la resserrent au
lieu de létendre. Un des grands obstacles
des progrès de la pèche est encore le haut
prix des bois résineux du sapin et du gene-
vrier, dont les habitans se servent unique“
inént pour éclairer le poisson : à force d’en
couper on a détruit ces espèces d'arbres sur
les montagnes des côtes et sur les écueils,,
1! seroit facile cependant de remédier à cet
inconvénient, en substituant au feu un
faual , tel que celui qu’emploient les pêcheurs
français sur la Méditerranée quand ils vont
de nuit à la recherche des maquereaux et
des sardines. Cet expédient diminueroit lés
frais nécéssaures à l'exploitation d’an filet,
et épargneroit encore le travail de quelques
hommes , dont la main-d'œuvre est pré-
cieuse dans un pays médiocrement peuplé
comme l’est la Dalmatie ».
Les anglais salent encore une grande
quantité de maquereaux , et ils ont deux
méthodes de salaisons. Après avoir vuidé
les poissons on les remplit de sel, on Îles
lie et on les met en paquets dans des tonnes,
un Jit de sel et un lit de poissons allerna-
DES SCOMBRES. 89
tivement ; ou l’on met les maquereaux dans
de la saumure , et on les y laisse jusqu'à ce
qu'ils en soient suffisamment imprégnés ;
ensuite on les place par lits dans les tonnes,
comme il vient d’être dit. Cette manière
de préparer les maquereaux a été connue
des anciens.
En Ecosse, on prépare ces poissons de
même que les harengs , et l’on y choisit les
plus gros pour cette préparalion. En Ilalie
on les marine.
C’est avec les maquereaux que les romain:
composoient une sorte de sauce qu'ils appe-
loient garum , et qui servoit non seulenient
d’assaisonnement, mais encore de remède:
nobile nunc sitio luxuriosa garum , dit Mar-
Halls D: +3:
TABLEAU
Là
©:
mr
+
me
SOUL TE CD'U: T A BEL E AU
pu DIX-NEUVIÈME ORDRE
DELA CLASSE ENTIERE DES POISSONS,
ou DU TROISIEME ORDRE
4
DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OssEUx (1),
PAR LACÉPÉÈDE.
SOIXANTE-DIX - HUITIÈME GENRE.
Écuénérs. — Une plaque très- grande,
ovale , composée de lames transversales ,
et placée sur la tête, qui est déprimée.
SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE.
Macroure. — Deux nageoires sur Île
dos ; la queue deux fois plus longue que
le corps.
QUATRE-VINCGTIÈME GENRE.
CoRYPHÈNE. — Le sommet de la tête
très - comprimé et comme tranchant par
(1) Voyez le tableau qui est au cinquème volume,
page 158.
DES GENRES. 92
le haut, ou très-élevé , et finissant sur le
devant par un plan presque vertical, ou
terminé antérieurement par un quart de
cercle , ou garni d’écailles semblables à
celles du dos; une seule nageoire dorsale,
et cette nageoire du dos presque aussi
Jongue que le corps et la queue.
QUATRE- VINGT-UNIÈME GENRE.
HEÉMIPTÉRONOTE. — Le sommet de la
tète très-comprimé , et comme tranchant
par le haut, ou très-élevé, et finissant sur
le devant par un plan presque vertical, ou
terminé antérieurement par un quart de
cercle, ou garni d’écailles semblables à
celles du. dos ; une seule nageoire dorsale,
et la longueur de cette nageoire du dos
ne surpassant pas ou surpassant à peine la
moitié de la longueur du corps et de la
queue pris ensemble.
QUATRE - VINGT - DEUXIÈME GENRE.
CoryPHÉNoine. — Le sommet de Ja tête
très - comprimé, et comme tranchant par
le haut, ou très-élevé, et finissant sur le
devant: par un plan presque vertical, ou
terminé antérieurement par un quart de
cercle , ou garni d’écailles semblables à
ü2 TABLEAU
celles du dos ; unie seule nageoire dorsale :
l'ouverture des branchies ne consistant que
dans une fente transversale.
QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE.
ASPIDOPHORE. — Le corps et la queue
couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ;
deux nageoires sur le dos ; moins de quatre
rayons aux nageoires thoracines.
QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE.
ASPIDOPHOROÏDE. — Le corps et la queue
couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse;
une seule nageoire sur le dos ; moins de
quatre rayons aux nageoires thoracines.
QUATRE - VINGT - CINQUIÈME GENRE,
CorTre. — La tête plus large que le
corps ; la forme générale un peu conique;
deux nageoires sur le dos; des aigwillons
ou des tubercules sur la tête ou sur Îles
opercules des branchies; plus de trois rayons
aux nageoires thoracines.
QUATRE — VINGT - SIXIÈME GENRE.
ScoRPÈNE. — La tête garnie d’aiguillons,
ou de protubérances, ou de barbillons, et
dépourvue de pelites écailles ; une seule
nageoire dorsale.
DES GENRES. 03
QUATRE - VINGT - SEPTIÈME GENRE.
SCOMBÉROMORE. — Une seule nageoire
dorsale ; de petites nageoires au dessus et
au dessous de Ja queue; point d’aiguillons
isolés au devant de la nageoire du dos.
QUATRE > VINGT- HUITIÈME GENRE.
GASTÉROSTÉE. — Une seule nageoire
dorsale ; des aiguillons isolés, ou presque
isolés, au devant de la nageoiïire du dos;
une carène longitudinale de chaque côte
de la queue ; un ou deux rayons au plus à
chaque nageoire thoracine ; ces rayons
aiguillonnés.
QUATRE - VINGT- NEUVIÈME GENRE.
CENTROPODE. — Deux nageoires dorsales;
un aiguillon et cinq ou six rayons articulés
très - pelits à chaque nageoire thoracine ;
point de piquans isolés au devant des
nageoires du dos, mais les rayons de la
première dorsale à peine réunis par une
membrane ; point de carène latérale à la
queue.
QUATRE - VINGT - DIXIÈME GENRE.
CENFROGASTÈRE. — Quatre aiguillons
el six rayons articulés à chaque nageoire
thoracine.
4 TA 8 D E AU
QUATRE- VINGT-ONZIÈME GENRE.
CENTRONOTE. — Une seule nageoire
dorsale ; quatre rayons au moins à chaque
nageoire thoracine ; des piquans isolés au
devant de la nageoïre du dos ; une saillie
longitudinale sur chaque côté de la queue,
ou deux aiguillons au devant de la nageoire
de lanus.
QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE.
LÉPISACANTHE. — Les écailles du dos,
grandes, ciliées et terminées par un aiguil-
lon; les opercules dentelés dans leur partie
postérieure, et dénués de petites écailles ;
des aiguillons isolés au devant de la nageoire
dorsale.
QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE.
CÉPHALACANTHE. — Le derrière de
la tête garmi, de chaque côté, de deux
piquans dentelés et très-longs ; point d’ai-
guiHlons isolés au devant de la nageoire du
dos.
QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE.
DACcTYLOPTÈRE. — Une petile nageoire
composée de rayons soutenus par une
membrane , auprès de la base de chaque
nageoire pectorale,
LÉ
DES GENRES. 95
QUATRE-VINCT-QUINZIÈME GÈNRE.
PRIONOTE. — Des aiguillons dentelés
entre les deux nageoires dorsales ; des
rayons articulés et non réunis par une
membrane , auprès de chacune des na-
geoires pectorales.
QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE.
TRIGLE. — Point d’aiguillons dentelés
entre les deux nageoires dorsales ; des
rayons articulés el non réunis par une
membrane , auprès de chacune des na-
geoires pectorales.
QUATRE-VINGT-DIX-S EPTIÈME GENRE.
PÉRISTÉDION. — Des rayons articulés et
non réunis par une membrane, auprès des
nageoires pectorales ; une seule nageoire
dorsale ; point d’aiguillons dentelés sur le
dos; une ou plusieurs plaques osseuses au
dessous du corps.
QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE.
ISTIOPHORE. — Point de rayons articulés
et hbres auprès des nageoires pectorales, n1
de plaques osseuses au dessous du corps ;
la première nageoire du dos, arrondie,
très - longue, et d’une hauteur supérieure
q0 TABLE AU
à celle du corps ; - deux rayons à chaque
thoracine.
QUATRE-VINGT-DIX-NEU VIÈME GENRE.
GYMNÈTRE. — Point de nageoire de
l'anus ; une seule nageoire dorsale ; les
rayons des nageoires thoracines très-alongés.
CENTIÈME GENRE.
MuzrE. — Le corps couvert de grandes
écailles qui se détachent aisément; deux
nageoires dorsales ; plus d’un barbillon à
la mâchoirre inférieure.
CENT UNIEME GENRE.
Apocox.— Les écailles grandes et faciles
à détacher ; le sommet de la tête élevé;
deux nageoires dorsales ; point de barbil-
lons au dessous de la nageoire inférieure.
CENT DEUXIÈME GENRE.
LoxcHURE. — La nageoire de la queue
Jancéoiée ; celte nageoire et les pectorales
aussi longues , au moins, que le quart de
la longueur totale de lanimael : [a nageoire
dorsale longue, et profondément échan-
crée ; deux barbillons à la mâchoire infé-
rieure.
CENT
DES GENRES. 97
CENT TROISIÈME GENRE.
Macropope. — Les thoracines au moins
de la longueur du corps proprement dit;
la nageoire caudale très-fourchue, et à peu
près aussi longue que le tiers de fa longueur
totale de l’animal ; la tête proprement dite
et les opercules revètus d’écailles semblables
à celles du dos ; l’ouverture de la bouche
très-petile. |
CENT QUATRIÈME CENRE.
LABRE. — La lèvre supérieure exten-
sible ; point de dents incisives ou molaires;
les opercules des branchies dénués de pi-
quans et de dentelure; une seule nageoire
dorsale; cette nageoire du dos très-séparée
de celle de la queue, ou très-éloignée de
la nuque, ou composée de rayons terminés
par un filament.
CENT CINQUIÈME CENRE.
CHEILINE. — La lèvre supérieure exten-
sible ; les opercules des branchies dénués
de piquans et de dentelure ; une seule na-
geoire dorsale ; cette nageoire du dos très-
séparée de celle de la queue, ou tfès-éloi-
gnée de la nuque, ou composée de rayons
Poiss, Tome VIlIl. G
98 TABLE AU
terminés par un grand filament; de grandes
écailles ou des appendices placées sur la base
de la nageoire caudale, ou sur les côtés de
la queue.
CENT SIXIÈME GENRE.
CHerLopiPrÈèRE. — La lèvre supérieure
extensible; point de dents incisives ni mo-
laires : les opercules des branchies dénués
de piquans et de dentelure; deux nageoires
dorsales.
CENT SEPTIÈME GENRE.
OPHICÉPHALE. — Point de dents inci-
sives ni molaires ; les opercules des bran-
chies dénués de piquans et de dentelure ;
une seule nageoire dorsale; la tête aplatie,
arrondie par devant, semblable à celle d’un
serpent, et couverle d'écailles polygones,
plus grandes que celles du dos, et dispo-
sées à peu près comme ceiles que l’on voit
sur la iête de la plupart des couleuvres ;
tous les rayons des nageoires articulés.
CENT HUITIÈME GENRE.
HozocyYMNose. — Toute la surface de
l'animal dénuée d’écailles facilement visi-
bles ; la queue représentant deux . cônes
DES GENRES. 99
ironqués , appliqués le sommet de Pun
contre le sommet de l’autre, et inégaux en
longueur ; la caudale très - courte ; chaque
thoracine composée d'un ou de plusieurs
rayons mous, et réunis ou enveloppés de
manière à inter un barbillon charnu.
CENT NEUVIÈME GENRE.
ScARE. — Les mächoires osseuses, très-
avancées , et lenant lieu de véritables
dents; une seule nageoire dorsale.
CENT DIXIÈME GENRE.
OSTORHINQUE. — Les mâchoires os-
seuses, très - avancées, et tenant lieu de
véritables dents ; deux nageoires dorsales.
CENT ONZIÈME GENRE.
SPARE. — Les lèvres supérieures peu
extensibles , ou non extensibles ; ou des
dents incisives, ou des dents molaires dis-
posées sur un ou plusieurs rangs; point de
piquans n1 de dentelure aux opercules; une
seule nageoire dorsale; cette nageoire éloï-
gnée de celle de la queue , ou la plus
grande hauteur du corps proprement dit,
supérieure , où égale, ou presque égale à
la longueur de ce même corps.
G 2
100 FA BE E A U
CENT DOUZIÈME GENRE.
Dipréropon. — Les lèvres supérieures
peu extensibles, ou non extensibles ; ou des
dents incisives, ou des derts molaires dis-
posées sur un ou plusieurs rangs; point de
piquans ni de dentelure aux opercules; deux
nageoires dorsales; la seconde nageoire du
dos éloignée de celle de la queue, ou la plus
grande hauteur du corps proprement dit,
supérieure, ou égale, ou presque égale à la
longueur de ce même corps.
CENT TREIZIÈME GENRE.
LuTIAN. — Une dentelure à une ou à
plusieurs pièces de chaque opercule ; point
de piquans à ces pièces; uue seule nageoire
dorsale; un seul barbillon ou point de bar-
billons aux mâchoires.
CENT QUATORZIÈEME GENRE.
CENTROPOME. — Une dentelure à une
où à plusieurs pièces de chaque opercule ;
point d'aiguillons à ces pièces; un seul bar-
billon ou point de barbillons aux mâchoires;
deux nageoires dorsales.
DES GENRES. 101
CENT QUINZIÈME GENRE.
BopraAn. — Un ou plusieurs aiguillons
et point de dentelure aux opercules ; un
seul barbillon ou point de barbillons aux
mâchoires ; une seule nageoire dorsale.
CENT SEIZIÈME GENRE.
TÆNIANOTE. — Un ou plusieurs aiguil-
lons et point de dentelure aux opercules ;
un seul barbillon ou point de barbillons
aux mâchoires ; une nageoire dorsale éten-
due depuis l’entre - deux des yeux jusqu’à
la nageoire de la queue, ou très-lougue,
et composée de plus de quarante rayons.
CENT DIX-SEPTIÈME GENRE.
SCIÈNE. — Un ou plusieurs aiguillons et
point de dentelure aux opercules; un seul
barbillon ou point de barbiilons aux mà-
choires ; deux nageoires dorsales.
CENT DIX-HUITIÈME GENRE.
MicROPTÈRE. — Un ou plusieurs aiguil-
lons et point de dentelure aux opercules ;
un barbillon ou point de barbillons aux
mâchoires ; deux nageoires dorsales ; Ja
G3
D
163 PA BEF AD.
seconde très-basse, très-courte, et compre-
hant au plus cinq rayons.
CENT DIX-NEUVIÈME GENRE,
HozocenNTRE. — Un ou plusieurs ai-
pguillons et une dentelure aux opercules ;
un barbillon ou point de barbilions aux
mâchoires ; une seule nageoire dorsale.
CENT VINGTIÈME GENRE.
PErRSÈQUE. — Un ou plusieurs aiguil-
lons et une dentelure aux opercules; un
barbillon ou point de barbillons aux mà-
choires ; deux nageoires dorsales.
ee SERRE
TER ——— =
SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE.
PAR: LACÉPÉED E.
EPS 30 4104 R ES:
L 4 tête grosse et plus élevée que le corps;
le corps comprimé et très-alongé; le
premier ou le second rayon de chacune
des nageoires thoracines, une ou deux
fois plus alongé que les autres; point
d’écailles semblables à celles du dos sur
les opercules n1 sur la tête, dont la cou-
verture lamelleuse et d’une seule pièce
représente une sorte de casque.
B'RUE ME D RUE LES (P.DICNE.
LE coris AIGRETTE ; coris aygula. — Le
premier rayon de la nageoire du dos, une
ou deux fois plus long que les autres ; l’o-
percule terminé par une ligne courbe ; une
bosse au dessus des yeux.
SP CON D FE Ets P'E C E:
LE coRIS ANGULÉ; coris angulaltus.
— Le premier rayon de la nageoire du dos
un peu plus court que les autres, ou ne les
surpassant pas en longueur; l’opercule ter-
miné par une ligne anguleuse; point de
bosse au dessus des yeux.
G 4
104 HISTOIRE
Rennes EE
LE CORTSAICRETTE (),
NPARAILACEPEDÉE.
PRE MAUVE R E ESP EC E
O UELLES obligalions les naturalistes
n’ont-ils pas au célèbre Commerson! Com-
bien de genres de poissons dont ses manus-
crits nous ont présenté la descripiüion ou Îa
figure, et qui, sans les recherches multiphiées
auxquelles son zèle n’a cessé de se livrer,
seroient inconnus des amis des sciences na-
turelles ! Il a donné à celui dont nous allons
parler, le nom de coris, qui, en grec,
signifie sommet, tête, etc., à cause de l’espèce
de casque qui enveloppe et surmonte la
tête des animaux compris dans cette famille.
Cette sorte de casque, qui embrasse le haut,
les côtés et le dessous du crâne, des yeux
et des mâchoires, est formée d’une substance
écailleuse, d’une grande lame, d’une seule
pièce, qui même est réunie aux opercules,
de manière à ne faire qu’un tout avec ces
PR AP En
(x) Coris aygula.
D'S «CO Æ'L:S. 109
couvercles des organes respiraloires. L'en-
semble que ce casque renferme , ou la tête
proprement dite, s'élève plus haut que le
dos de l’amimal, dans tous les coris; mais
dans l'espèce qui fait le sujet de cet article,
il est un peu plus exhaussé encore : le sommet
du crâne s’arrondit de manière à produire
une bosse ou grosse loupe au dessus des
yeux ; et le premier rayon de la nageoire
dorsale , une ou deux fois plus grand que
les autres, étant placé précisément derrière
cette loupe, paroît comme une aigrelte
destinée à orner le casque du poisson.
Chaque opercule est terminé du côté de
la queue par une ligne courbe. La lèvre
supérieure est double ; la mâchoire inférieure
plus avancée que la supérieure ; chacune
des deux mâchoires garnie d’un rang de
dents fortes, pointues, triangulaires et in-
clinées. La ligne latérale suit de irès-près
la courbure du dos. Le premier rayon de
chaque thoracine , qui en renferme sept,
est une fois plus alongé que les autres. La
nageoire dorsale est très-longue, très-basse,
et de la même hauteur, dans presque toute
son étendue. Celle de l'anus présente des
dimensions bien différentes ; elle est beau-
coup plus courte que la dorsale : ses rayons,
106 HISTOIRE
plus longs que ceux de cette dernière, lui
donnent plus de largeur ; sa figure se rap-
proche de celle d’un trapèze. Et enfin la
nageoire caudale est rectiligne, et ses rayons
dépassent de beaucoup la membrane qui
les réunit (1). 5
(1) À la nageoire du dos. . . . . 21 rayons.
À: chacuné des pectorales + . . ï1
A chacune des thoracines. « . . 7
A celle dedans.) lin 4 h:.1 4
À celle de la queue . . . . . . 1e
DES CORTIS. 107
a ne
tte ttes
LE CORIS ANGULEUX {1},
PAR LACÉPÉDE.
SE CON D EE. ES PCT
C& coris diffère du précédent par six trails
principaux : son corps est beaucoup plus
alongé que celui de laigrette; le premier
rayon de la nageoire dorsale ne dépasse pas
les autres ; la ligne latérale ne suit pas dans
toute son étendue la courbure du dos, el!e
se fléchit en en bas, à une assez petite dis-
tance de la nageoire caudale , et tend ensuite
directement vers cette nageoire; le sommet
du crâne ne présente pas de loupe où de
‘bosse; chaque opercule se prolonge vers la
queue , de manière à former un angle sail-
lant , au lieu de n'offrir qu'un contour
arrondi ; et les deux mâchoires sont égaie-
ment avancées (2).
(1) Coris angulatus.
(2) A la nageoire du dos. . . . . 20 rayons.
À chacune des pectorales. . + . 15
À la nagcoire de l’anns . . + + 19
Arcelledéhqueue. 1". 54/4, 16
108 HESTOIRE
SOIXANTE-HUITIÈME GENRE.
PAR LACEPEDE.
LES GOMPHOSES.
Lz museau alongé en forme de clou ou
de masse; la tête et les opercules dénués
d’écailles semblables à celles du dos.
PREMIÈRE ESPECE.
LE GOMPHOSE BLEU ; gomphosus cæœruleus.
— Toute la surface du poisson d’une cou-
leur bleue foncée.
SR C'OYNUDIE EE S P EC &.
LE GOMPHOSE VARIE; gomphosus varius.
— La couleur générale mêlée de rouge,
de jaune et de bleu.
DES GOMPHOSES. 109
LE GOMPHOSE BLEU: (),
PAR LACÉPÈDE.
PREMIÈRE ESPÈCE.
Commerson a laissé dans ses manuscrits
la description de ce poisson qu'il a observé
dans ses voyages, que nous avons cru, ainsi
que lui, devoir inscrire dans un genre par-
ticulier, mais auquel nous avons donné le
nom générique de gomphos, plutôt que celui
’élops, qui lui a été assigné par ce natu-
raliste. Le mot gomphos désigne, aussi bien
que celui d’élops, la forme du museau de
ce poisson , qui représente une sorte de clou;
et en employant la dénomination que nous
avons préférée, on évite toute confusion
du genre que nous décrivons, avec une
pelite famille d’abdominaux connue depuis
long-tems sous le nom d’élops.
Le gomphose bleu est, suivant Commerson,
(1) Gomphosus cæœruleus.
Elops, totus intensè cæruleus ; rostro subulato,
capite et operculis branchiostegis , alepidotis. Com-
merson , manuscrits déjà cités.
110 HISTOIRE
de la grandeur du cyprin tanche. Toute sa
surface présente une couleur bleue sans
tache, un peu foncée ou noirâtre sur Îles
mageoires peclorales, et très-claire sur Îles
autres nageoires. L'oeil seul montre des
nuances différentes du bleu ; la pruvelle est
bordée d’un cercle blanc, autour duquel
l'iris présente une belle couleur d’émeraude
ou d’aigue-marine.
Le corps est un peu arqué sur le dos;
et beaucoup plus au dessous du ventre. La
tète, d’une grosseur médiocre, se termine
en devant par une prolongation du museau,
que Commerson a comparée à un clou,
dont la longueur est égale au septième de
la longueur totale de lanimal, et qui a
quelques rapports avec le boutoir du san-
glier. La mâchoire supérieure est un peu
extensible , et quelquefois un peu plus
avancée que l’inférieure ; ce qui n'empêche
pas que lPavant- bouche, dont l’ouverture
est étroite, ne forme une sorte de tuyau.
Chaque mâchoire est composée d’un os garni
d'un seul rang de dents très-petiles et très-
serrées l’une contre l’autre: et les deux dents
les plus avancées de la mâchoire d’en haut
sont aussi plus grandes que celles qui les
suivent.
DES GOMPHOSES. uit
Tout l'intérieur de la bouche est d’ailleurs
lisse, et d’une couleur bleuâtre.
Les yeux sont petits et très-proches des
orifices des narines, qui sont doubles de
chaque côté.
Oùn ne voit aucune écaille proprement
dite, on semblable à celles du dos, sur la tête
ni sur les opercules du gomphose bieu. Ces
opercules ne sont hérissés d'aucun piquant.
Deux lames les composent : la seconde de
ces pièces s’avance vers la queue en forme
de pointe, et une partie de sa circonférence
est bordée d’une membrane.
On voit quelques dentelures sur la partie
concave des arcs osseux qui soutiennent les
branchies.
La portion de la nageoire dorsale, qui
comprend des rayons aiguillonnés, est plus
basse que la partie de ceite nageoire dans
laquelle on observe des rayons articulés.
La nageoire caudale forme un croissant
dont les deux pointes sont très-alongées.
La ligne latérale, qui suit la courbure du
dos jusqu’à la fin de la nageoire dorsale, où
elle se fléchit vers le bas pour tendre en-
suite directement vers la nageoire caudale,
a SON Cours marqué par une suite de peliles
115 HISTOIRE
raies disposées de manière à imiter des ca-
ractères chinois.
Les écailles qui recouvrent le corps et la
queue du gomphose bleu, sont assez larges ;
et les petites lignes qu’elles montrent les
font paroitre comme ciselées (1).
(1) 6 rayons à la membrane des branchies.
8 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à
la nageoïre du dos.
14 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines. (Le second
se prolonge en un filament.)
2 rayons aiguillonnés et 12 rayons articulés à
la nageoire de l’anus.
14 rayons à celle de la queue.
LE
DES GOMPHOSES. mn3%
LE GOMPHOSE VARIÉ (1),
PAR LACÉPÈDE.
SECONDE ESPÈCE.
S UR les bords charmans de la fameuse île
de T'aïti, Commerson a observé une seconde
espèce de gomphose, bien digne, par la
beauté ainsi que par l'éclat de ses couleurs,
d'habiter ces rivages embellis avec tant de
soin par la Nature. Elle est principalement
distinguée de la première par ces riches
nuances qui la décorent; elle montre un
brillant et agréable mélange de rouge, de
jaune et de bleu. Le jaune domine dans
cette réunion de tons resplendissans ; mais
azur y est assez marqué pour être un
nouvel indice de la parenté du varié avec
le gomphose bleu.
Sn
(1) Gomphosus varius.
ÆElops rubro, cœruleo et flavo variegatus. Commer-
son , manuscrits déjà cités.
Peiss, Tour VIIL. H
114 ETS TO IR_E
SOIXANTE -NEUVIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
LUE SNA SO NS.
Uxs protubérance en forme de corne ou
de grosse loupe sur le nez; deux plaques
ou boucliers de chaque côté de Pextrémité
de la queue; le corps et la queue recou-
verts d’une peau rude et comme cha-
grinée.
Pi RCE! MID ER EME SÉPIFIOLE.
LE NASON LICORNET; n4as0 fronticornis.
— Une protubérance cylindrique, horison-
tale, et en forme de corne au devant des
yeux; une ligne latérale très-sensible.
S'É C Q N D E ES; PE CE.
LE NASON LOUPE; 2450 tuberosus. © Une
proéminence en forme de grosse loupe, au
dessus de la mâchoire supérieure; point de
ligne latérale visible. |
DES NASONS. 115
L E :Lil:C O R NEUF ‘(r}
LE NASON LICORNET (2),
PAR LACÉPÉDE,
PREMIÉRE ESP ÉË CE.
Sax s les observations de l’infatigable Com-
merson, nous ne connoîlrions pas tous les
traits de l'espèce du licornet, et nous igno-
rerions l'existence du poisson loupe, que
nous avons cru, avec cet habile voyageur,
2e
(1) Ze licornet. En arabe, abou garn, littéralement
père de la corne où cornu.
Chætodon fronte cornutä ; caud& carinis utrinque
duabus elatis....... chætodon unicornis. Forskœl,
Egypt. Arab. p. 63, n° 88. — Artedi, Gen. pisc.
gen. 36, n° 59. additament. SONNINI.
(2) Naso fronticornis.
Naseus fronticornis fuscus. Commerson, manuscrits
déjà cités.
Licornet des matelots. Yd. ibid.
Chætodon unicornis. Lin. édition de Gmelin. —
Forskæl , Faun. Arabic. p.63, n° 88.
Chétodon unicorne, Bonaterre , pl. de l’Enc. méth,
ER: à
316 HWESTOIRE
devoir renfermer , ainsi que le licornet ;
dans un genre particulier, distingué par le
nom de zason.
Ta première de ces deux espèces frappe
aisément les regards par la singularité de
la forme de sa tête; elle aitire l'attention
de ceux même qui s'occupent le moins des
sciences naturelles. Aussi avoit-elle été très-
remarquée par les matelots de l'expédition
dont Commerson faisoit partie : ils lavoient
examinée assez souvent pour lui donner un
nom; et comme ils avoient facilement saisi
un rapport très- marqué que présente son
museau avec le front des animaux fabuleux
auxquels l'amour du merveilleux a depuis
long-tems attaché la dénomination de licorne,
ils lavoient appelée la petite licorne, ou le
licornet, appellation que j'ai cru devoir
conserver.
En effet, de lentre-deux des yeux de
ce poisson part une protubérance presque
cylindrique, renilée à son extrémité, dirigée
horisontalement vers le bout du museau,
et attachée à la tète proprement dite par
une base assez large.
C’est sur ceite même base que l’on voit
de chaque côté deux orifices de narines,
dont l’antérieur est le plus grand.
DES NASONS. 117
Les yeux sont assez gros.
Le museau proprement dit est un peu
pointu ; l’ouverture de la bouche étroite;
la lèvre supérieure foiblement extensible ;
Ja mâchoire d'en haut un peu plus courte
que celle d'en bas, et garnie, comme cette
dernière, de dents très-petiles, aiguës, ek
peu serrées les unes contre les autres.
Des lames osseuses composent les oper-
cules , au dessous desquels des arcs dentelés
dans leur partie concave soutiennent, de
chaque côté les quatre branchies (1).
Le corps et la queue sont très- compri-
més, carénés en haut, ainsi qu'en bas, et
recouverts d’une peau rude, que lon peut
comparer à celle de plusieurs cartilagineux,
et notamment de la plupart des squales.
La couleur que présente la surface presque
entière de l'animal est d’un gris brun; mais
pi
(1) 4 rayons à la membrane des branchies,
6 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire
du dos.
17 rayons à chaque nageoire pectorale.
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des
thoracines.
2 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire
de l'anus.
20 rayons à la nagvoire de la queue.
H 3
-
118 HESTOTRE
la nageoire du dos, ainsi que celle de Fanus;
sont agréablement variées par des raies
courbes, jaunes ou dorées.
Cette même nageoire dorsale s'étend de-
puis la nuque jusqu’à une assez petite dis-
tance de la nageoiïre caudale.
La ligne latérale est voisine du dos, dont
elle suit la courbure; l’anus est situé très-
près de la base des thoracines , et par consé-
quent plus éloigné de la nageoire caudale
que de la gorge.
La nageoire de l’anus est un peu plus
basse et presque aussi longue que celle du
dos.
La caudale est échancrée en forme de
croissant , et les deux cornes qui la ter-
minent sont composées de rayons si alongés
que, lorsqu'ils se rapprochent, ils repré-
sentent presque un cercle parfait, au lieu
de ne montrer qu’un demi-cercle.
De plus, on voit auprès de la base de
cette nageoire, et de chaque côté de la
queue, deux plaques osseuses, que Com-
merson nomme de petits boucliers, dont
chacune est grande, dit ce voyageur, comme
l’'ongle du petit doigt de l’homme, et com-
posée d’une lame un peu relevée en carène
et échancrée par devant.
DES NASONS. 119
On doit apercevoir d'autant plus aisé-
ment ces deux pièces, qui forment un ca-
ractère remarquable, que la longueur totale
de l’animal n’excède pas quelquefois trente-
cinq centimètres (un pied un pouce ou
environ). Alors le plus grand diamètre ver-
tical du corps proprement dit, celui que
l'on peut mesurer au dessus de l'anus, est
de dix où onze centimètres (quatre ou cinq
pouces environ); la plus grande épaisseur
du poisson est de quatre centimètres (dix-
neuf lignes environ); et la partie de la
corne frontale et horisontale, qui est entie-
rement dégagée du front, a un centimètre
de longueur (quatre lignes et demie environ).
Commerson a vu le licornet auprès des
rivages de l’île de France; et si les dimen-
sions que nous venons d'indiquer, d’après
le manuscrit de ce naturaliste, sont celles
que ce nason présente le plus souvent dans
les parages que ce voyageur a fréquentés,
il faut que cette espèce soit bien plus favo-
risée pour son développement dans la mer
Rouge ou mer d'Arabie. En effet, Forskoel,
qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer
parmi celles de la famille des chétodons, au
milieu desquels elle a été laissée par le sa-
vant Gmelin et par Bonaierre, dit qu’elle
120 2HÉSTOIRE
parvient à Ja longueur de cent dix-huit
centimètres ( une aune ou environ). Les
licornets vont par troupes nombreuses dans
celte même mer d'Arabie; on en voit depuis
deux cents jusqu’à quatre cents ensemble ;
et l’on doit en être d'autant moins surpris,
que l’on assure qu'ils ne se nourrissent que
des plantes qu'ils peuvent rencontrer sous
les eaux. Quoiqu'ils n’aient le besoin ni l’ha-
bitude d'attaquer une proie, ils usent avec
courage des avantages que leur donnent
leur grandeur et la conformation de leur
têle ; ils se défendent avec succès contre des
énnemis dangereux; des pêcheurs arabes
ont même dit avoir vu une troupe de ces
thoracins entourer avec audace un aigle
qui s’étoit précipité sur ces poissons comme
sur des animaux faciles à vaincre, opposer
le nombre à la force, assaillir l’oiseau car-
nassier avec une sorte de concert, et le
combattre avec assez de constance pour lui
donner la mort.
DE $ IN A'SO NS. 121
a
es ne
LE NASON LOUPE (),
PA Bi, INA!C.É PE DE.
SECONDE ESPÈCE.
Cire espèce de nason, observée, décrite
et dessinée, comme la première, par Com-
merson , qui l’a vue dans les mêmes contrées,
ressemble au licornet par la compression de
son corps et de sa queue, et par la nature
de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle
des squales. Sa couleur générale est d’un
gris plus où moins mêlé de brun, et par
conséquent très-voisine de celle du licornet ;
mais on distingue, sur la partie supérieure
de l’animal, sur sa nageoire dorsale et sur
Ja nageoire de la queue, un grand nombre
de taches petites, lenticulaires et noires.
Celles de ces taches que l’on remarque au-
prés des nageoires pectorales sont un peu
plus larges que les autres; et entre ces
(1) Naso tuberosus.
Licorne à loupe. Commerson , manuscrits déjà cités.
Naseus , naso ad rostrum connato , tuberiformi.
Id. ibid.
192 HISTOIRE
mêmes nageoires et les orifices des branchies
on voit une place noirâtre et très-rude au
toucher.
La tête est plus grosse, à proportion du
reste du corps, que celle du licornet. La
protubérance nasale ne se détache pas du
nuseau autant que la corne de ce dernier
nason : elle s'étend vers le haut ainsi que
vers les côtés ; elle représente une loupe ou
véritable bosse. Un sillon particulier , dont
Ja couleur est très-obscure, qui part de
l'angle antérieur de l'œil, et qui règne jus-
qu'à l'extrémité du museau, circonscrit
celte grosse tubérosité ; et c’est au dessus de
l'origine de ce sillon ; et par conséquent très-
près de l’œ1il, que sont situés, de chaque
côté, deux orifices de narines, dont l’anté-
rieur est le plus sensible.
Les yeux sont grands et assez rapprochés
du sommet de la tête; les lèvres sont co-
riaces ; la mâchoire supérieure est plus
avancée que l’inférieure, la déborde, l’em-
brasse, n’est point du tout extensible, et
montre, comme la mâchoire d’en bas, un
contour arrondi, et un seul rang de dents
incisives. |
1e palais et le gosier présentent des pla-
ques hérissées de petites dents. (
DES NASONS. 123
Chaque opercule est composé de deux
lames.
Les arcs des branchies sont tuberculeux
et dentelés dans leur concavité.
Les aiguillons de la nageoire du dos et
des thoracines sont très-rudes (1) ; le premier
aiguillon de la nageoire dorsale est d’ailleurs
très-large à sa base ; la nageoïire caudale est
en forme de croissant , mais peu échancrée.
On n’aperçoit pas de ligne latérale ; mais
on trouve, de chaque côté de la queue,
deux plaques ou boucliers analogues à ceux
du licornet.
Le nason loupe devient plus grand que
le licornet ; il parvient jusqu'à la longueur
de cinquante centimètres (un pied et demi
environ).
(1) 4 rayons à la membrane des branchies.
5 rayons aignillonnés et 50 rayons articulés à
la nagcoire du dos.
17 rayons à chacune des pectorales.
2 aiguillons et 28 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
16 rayons à la nageoire de la queue.
124 HISTOIRE
RE
SOIXANTE - DIXIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
BEST PILES EE.
Lez dos très-élevé au dessus d’une ligne
tirée depuis le bout du museau jusqu’au
milieu de la nageoire caudale; une bosse
sur la nuque; des écailles semblables à
celles du dos sur la totalité ou une grande
partie des opercules qui ne sont pas den-
telés.
ÉSPÉCE.
LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE; lyphosus
bigibbus. — Une bosse sur la nuque; une
bosse entre les yeux; la nageoire de la
queue fourchue.
DES KYPHOSES. 125
LE KYPHOSE
DOURVE.BOUSSE
PAR LACÉPÉDE.
Co MMERSON nous à transmis la figure
de cet animal. La bosse que ce poisson a sur
la nuque est grosse, arrondie et placée sur
une partie du corps tellement élevée que,
si on tire une ligne droite du museau au
milieu de Îa nageoire caudale, la hauteur
du sommet de la bosse au dessus de cette
ligne horisontale est au moins égale au quart
de la longueur totale de ce thoracin. La
seconde bosse, qui nous a suggéré son nom
spécifique , est conformée à peu près comme
la première, mais moins grande, et située
entre les yeux. La ligne latérale suit la
(1) Æyphosus bigibbus.
Nota. Le nom générique kyphose, KkyYPmosus, que
nous avons donné à ce poisson, vient du mot £yphos,
qui en grec signifie bosse, aussi bien que £byrtos,
expression dont Bloch a fait dériver le nom d’un
genre de jugulaires, ainsi que nous l’avons vu.
126 ENS ATIOTTRR €
courbure du dos, dont elie est très-voisine.
Les nageoires pectlorales sont alongées et
terminées en pointe. La longueur de la na-
geoire de l'anus n'égale que la moitié ou
environ de celle de la nageoire dorsale. La
nageoire de la queue est très-fourchue. Des
écailles semblables à celles du dos recouvrent
au moins une grande partie des opercules (1).
(1) 135 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire
dorsale.
15 ou 14 rayons à chacune des pectorales.
5 ou 6 rayons à chacune des thoracines.
14 ou 15 à celle de l'anus.
DES OSPHRONEMES. 127
SOIXANTE-ONZIÈME GENRE.
PAR LACÉPBDE.
LES OSPHRONÉMES.
Civo ou six rayons à chaque nageoire
thoracine ; le premier de ces rayons aiguil-
lonné , et le second terminé par un fila-
ment très-long.
PREMIÉRE ESPÈCE.
L'OSPHRONÈME GORAMY; osphronemus
goramy. — La partie postérieure du dos
très-élevée ; la ligne latérale droite; la na-
geoire de la queue arrondie.
SECONDE ESPÈCE.
L’'oSsPHRONÈME GAL; osphronemus gallus.
— La lèvre inférieure plissée de chaque côté ;
les nageoires du dos et de l’anus très-basses ;
celle de la queue fourchue.
128 ETS T ORE
L'OSPHRONÈME GORAMY (1),
PAR LACÉPÈDE.
PREMIÈRE ESPÉECE:
N OUS conservons à ce poisson le nom
générique qui lui a été donné par Com-
ruerson, dans les manuscrits duquel nous
avons trouvé la description et la figure de
ce thoracin.
Cet osphronème est remarquable par sa
forme , par sa grandeur , et par la bonté de
sa chair. il peut parvenir jusqu’à la lon-
gueur de deux mètres (environ six pieds);
et comme sa hauteur est très-srande à pro-
portion de ses autres dimensions, il four-
nit un aliment aussi copieux qu'agréable.
(1) Osphronemus goramy.
Osphronemus olfax. Commerson, manuscrits déjà
cités.
Poisson gouramie, ou gouramy. (11 faut observer
que ce nom de poisson gouramie , OU gouramy, ou
goramy , a été aussi donné , dans le grand Océan, au
trichopode mentonnier. }
Commerson
*
ss
DES OSPHRONEMES. 129
Commerson l’a observé dans l’île de France,
en février 1770, par les soins de Seré, com-
mandant des troupes nationales. Ce poisson
y avoit été apporté de la Chine, où il est
indigène, et de Batavia, où on le trouve
aussi, selon l’estimable Cossigny (1). On
l'avoit d’abord élevé dans des viviers, et il
s’étoit ensuite répandu dans les rivières, où
il s’étoit multiplié avec une grande facilité,
et où 1l avoit assez conservé toutes ses qua-
lités pour être, dit Commerson, le plus
recherché des poissons d’eau douce. Il seroit
bien à desirer que quelque ami des sciences
naturelles, jaloux de favoriser l’accroisse-
ment des objets véritablement utiles, se
donnât le peu de soins nécessaires pour le
faire arriver en vie en France, l'y accli-
mater dans nos rivières, et procurer ainsi
(1) Devectus è Sina ,educatusprimüm in piscinis, etc.
Manuscrits de Commerson.
« Le poisson n’est pas extrêmement commun dans
le Bengale. 11 y a beaucoup d’étangs dans le pays; on
pourroit en former des viviers. Il seroit à propos d’y
transplanter le goramy , cet excellent poisson que nous
avons transporté de Batavia à l’île de France , et qui
s’y est naturalisé ». ( Voyage au Bengale, etc. par
Charpentier-Cossigny , tom. I , p. 181.)
Poiss. Tome VIII I
150. BES MDOIRE -:°
à notre patrie une nourriture peu chère;
exquise, salubre et très-abondante.
Voyons quelle est la conformation de cet
osphronème goramy.
Le corps est très-comprimé et très-haut.
Le dessous du ventre et de la queue et la
partie postérieure du dos présentent une
carène aiguë. Cette même extrémité poslé-
rieure du dos montre une sorte d’échan-
crure , qui diminue beaucoup la hauteur de
l'animal, à une petite distance de la nageoire
caudale ; et lorsqu'on n’a sous les yeux qu'un
des côtés de cet osphronème, on voit faci-
lement que sa partie inférieure est plus
arrondie, et s'étend au dessous du diamètre
longitudinal qui va du bout du museau à la
fin de la queue, beaucoup plus que sa
parte supérieure ne s'élève au dessus de ce
mème diamètre (1).
(1) 6 rayons à la membrane des branchies.
15 aiguillons et 12 raÿons articulés à la nageoire
du dos.
14 aiguillons à chacune des pectorales.
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des
thoracines.
10 aiguillons et 20 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
16 rayous à celle de la queue.
DES OSPHRONEMES. 133
De larges écailles couvrent le corps, la
queue , les opercules et la tête; et d'autres
écailles plus petites revètent une portion
assez considérable des nageoires du dos et
de l'anus. Le dessus de la lête, incliné vers
le museau, offre d’ailleurs deux légers en-
foncemens. La mâchoire supérieure est ex-
tensible ; l’inférieure plus avancée que celle
d'en haut : toutes les deux sont garnies d’une
double rangée de dents; le rang extérieur
est composé de dents courtes et un peu
recourbees en dedans; l'intérieur n’est formé
que de dents plus petites et plus serrées.
Ou aperçoit une callosité au palais; la
langue est blanchâtre, retirée, pour ainsi
dire, dans le fond de la gueule, auquel elle
est attachée; les orifices des narines sont
doubles; chaque opercule est formé de deux
lames, dont la première est excavée vers le
bas par deux ou trois petites fosselles, et
dont la seconde s’avance en pointe vers les
nageoires pectorales, et de plus est bordée
d'une membrane.
Où aperçoit dans l’intérieur de la bouche,
et au dessus des branchies, une sorte d'os
ethmoïde, /abyrinthiforme, pour employer
l'expression de Comimerson, et place dans
une cavité particulière. L'usage de cet os a
I 2
152 HISTOIRE
paru au voyageur que nous venons de citer
très-digne d’être recherché, et nous nous
en sommes occupés dans notre Discours sur
les parties solides des poissons.
La nageoire du dos commence loin de la
nuque , et s'élève ensuite à mesure qu'elle
s'approche de la caudale, auprès de laquelle
elle est très-arrondie.
Chaque nageoire thoracine renferme six
rayons. Le premier est un aiguillon très-
fort ; le second se termine par un filament
qui s'étend jusqu’à l'extrémité de la nageoire
de la queue; ce qui donne à l’osphronème
un rapport très-marqué avec les tricho-
podes : mais, dans ces derniers, ce filament
est la continuation d’un rayon unique, au
lieu que, dans l’osphronème, chaque thora-
cine présente au moins cinq rayons.
L’anus est deux fois plus près de la gorge
que de l’extrémité de la queue : la nageoire
qui le suit a une forme trés-analogue à celle
de la dorsale ; mais, ce qui est particulière-
ment à remarquer, elle est beaucoup plus
étendue.
On ne compte au dessus ni au dessous de
Ja caudale, qui est arrondie, aucun de ces
rayons articulés, trés-courts et très-inégaux,
qu'on a nominés faux rayons OU rayons
DES OSPHRONEMES. :133
bätards , et qui accompagnent la nageoire de
la queue d’un si grand nombre de poissons.
Enfin la ligne latérale, plus voisine du
dos que du ventre, n'offre pas de courbure
très - sensible.
Au reste, le goramy est brun, avec des
teintes rougeâtres plus claires sur les na-
geoires que sur le dos; et les écailles de
ses côtés et sa partie inférieure, qui sont
argentées et bordées de brun, font paroître
ces mêmes portions comme couvertes de
mailles.
194 | HASTOTRE
D SA EN CAS PARTS DES
L’OSPHRONÈME GAL (e),
PAR LACÉPÉDE.
SECONDE BSPÈCE.
Forraer a vu sur les côtes Arabie cet
osphronème, qu’il a inscrit parmi les scares,
et que ie professeur Gmelin a ensuite trans-
D
(1) Le gal. En arabe, dik el bahr ou mogharred.”
Scarus obscurè-viridis, capitis abdominisque lineis
violaceis, pinnâ caudæ bifurcä...... scarus gallus.
Forskæœl , Faun. Ægypt. Arab. p. 26 , n° 11.— Artedi, ;
Gen. pisc. edit. Waïbaum, nov. gen. Forsk. n° 13.
Labrus pinné caudali medio truncaté , dorsali ani-
que linearibus basi violaceis, labio inf-riore utrinque =
uniplicato........ labrus gallus. Län. Syst. nat. edit,
Gmel. gen. 166, sp. 42. SONNINI.
(2) Osphronemus gallus.
Scarus gallus. Forskoel , Faun. Arab. p. 26 , n° 11.
Labrus gallus. Lin. édit. de Gmelin.
DES OSPHRONÈMES. 135
porté parmi les labres, mais dont la véri-
table place nous paroît être à côté du
goramy. Ce poisson est regardé comme très-
venimeux par les habitans des rivages qu’il
fréquente (1); et dès-lors on peut présumer
qu'il se nourrit de mollusques, de vers et
d’autres animaux marins, imprégnés de sucs
malfaisans ou même délétères pour Fhomme.
Mais , s’il est dangereux de manger de Îa
chair du gal, il doit être très -agréable de
voir cet osphronème : il offre des nuances
gracieuses , variées et brillantes ; et ces hu-
meurs funestes, dérobées aux regards par
des écailles qui resplendissent des couleurs
qui émaillent nos parterres, offrent une
nouvelle image du poisson que la Nature a
si$ouvent placé sous des fleurs.
Le gal est d’un verd foncé; et chacune
de ses écailles étant marquée d’une petite
ligne transversale violette ou pourpre, los-
phronème paroît rayé de pourpre ou de
violet sur presque toute sa surface. Deux
bandes bleues règnent de plus sur son abdo-
(1) Si venimeux , disent les pêcheurs de la mer
Rouge , qu’il suffit de le toucher légèrement pour
éprouver des accidens graves. SoNNIN1.-
1 4
136 ETS TOIRE
men. Les nageoires du dos et de l’anus sont
violettes à leur base , et bleues dans leur
bord extérieur ; les pectorales bleues et vio-
lettes dans leur centre; les thoracines bleues;
la caudale est jaune et aurore dans le mi-
lieu, violette sur les côtés, bleue dans sa
circonférence ; et l'iris est rouge autour de
la prunelle, et verd dans le reste de son
disque.
Le rouge, l’orangé , le jaune, le verd, le
bleu , le pourpre et le violet, c’est-à-dire ,
les sept couleurs que donne le prisme so-
laire , et que nous voyons briller dans l’arc-
en-ciel, sont donc distribuées sur le gal , qui
les montre d’ailleurs disposées avec goût,
et fondues les unes dans les autres par des
nuances très-douces.
Ajoutons, pour achever de donner une
idée de cet osphronème, que sa lèvre infé-
rieure est plissée de chaque côté; que ses
dents ne forment qu’une rangée ; que celles
de devant sont plus grandes que celles qui
les suivent, et un peu écartées l’une de
l’autre ; que la ligne latérale se courbe vers
le bas, auprès de la fin de la nageoire
dorsale ; et que les écailles sont striées ,
foiblement attachées à l'animal, et mem-
DES OSPHRONEMES. 137
braneuses dans une grande partie de leur
contour (1).
(1) 5 rayons à la membrane des branchies.
8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoire
du dos.
14 rayons à chacune des pectorales.
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des
_ thoracines.
5 aiguiilons et 12 rayons articulés à celle de
l'anus.
15 rayons à celle de la queue,
258 OUEST 'OTRE
Ë
SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
\
LES TRICHOPODES.
UÙx seul rayon beaucoup plus long que le
corps à chacune des nageoires thoracines;
une seule nageoire dorsale.
PREMIERE ES PÈ CE.
LE TRICHOPODE MENTONNIER ; {richopodus
mentum. — La bouche dans la partie supé-
rieure de la tête; la mâchoire inférieure
avancée de manière à représenter une sorte
de mention.
SECONDE ES bÈÉ CE:
Li
LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE ; {/iChopo-
dus trichopterus. — Tia tête couverte de
petites écaillés ; les rayons des nageoires
pectorales prolongés en très-longs filamens.
DES TRICHOPODES. 139
LE TRICHOPODE
MENTONNIER (),
PAR LACÉPÉDE.
PREMIÈRE ESPECE.
C’asr encore le savant Commerson quia
observé ce poisson , dont nous avons trouvé
un dessin fait avec beaucoup de soin et
d’exactitude dans ses précieux manuscrits.
La tête de cet animal est extrémement
remarquable; elle est le produit bien plutôt
singulier que bizarre d’une de ces combinai-
sous de formes plus rares qu'extraordinaires
que l’on est surpris de rencontrer , mais que
Von devroit être bien plus étonné de ne pas
avoir fréquemment sous les yeux, el qui,
n'étant que de nouvelles preuves de ce
grand principe que nous ne cessons de cher-
cher à établir, fout ce qui peut étre existe,
méritent néanmoins notre examen le plus
-_ (r) Trichopodus mentum.
Gouramy, ou gouramie.
140 HUSTOITRE
attentif et nos réflexions les plus profondes,
Elle présente d’une manière frappante les
principaux caractères de la plus noble des
espèces, les traits les plus reconnoissables
de la face auguste du suprême dominateur
des êtres; elle rappelle le chef-d'œuvre de
la création ; elle montre en quelque sorte
un exemplaire de la figure humaine. La
conformation de la mâchoire inférieure ,
qui s’avance, s’arrondit , se relève et se re-
courbe , pour représenter une sorte de men-
ton; le léger enfoncement qui suit cette
saillie ; la position de la bouche et ses dimen-
sions ; la forme des lèvres; la place des yeux
et leur diamètre; des opercules à deux lames,
que l’on est tenté de comparer à des joues ;.
la convexité du front; l’absence de toute
écaille proprement dite de dessus l’ensemble
de la face, qui, revêtue uniquement de
_ grandes lames, paroît comme couverte d’une
peau ; toutes les parties de la tête du men-
tonnier se réunissent pour produire cette
image du visage de l’homme, aux yeux de
ceux sur-tout qui regardent ce trichopode
de profil. Mais cette image n’est pas com-
plette. Les principaux linéamens sont tra-
cés : mais leur ensemble n’a pas reçu de la
justesse des proportions une véritable res-
DES TRICHOPODES. 14à
semblance ; ils ne produisent qu’une copie
grotesque , qu’un portrait chargé de détails
exagérés. Ce n’est donc pas une tête humaine
que l'imagination place au bout du corps
du poisson mentonnier ; elle y suppose plu-
tôt une lête de singe ou de paresseux ; et
ce n’est même qu'un instant qu’elle peut
être séduite par un commencement d'illu-
sion. Le défaut de jeu dans cette tête qui la
frappe , l’absence de toute physionomie, la
privation de toute expression sensible d’un
mouvement intérieur, font bientôt dispa-
roître toute idée d’être privilégié, et ne
laissent voir qu'un animal dont quelques
portions de la face ont dans leurs dimensions
les rapports peu communs que nous venons
d'indiquer. C’est le plus saillant de ces rap-
ports que j'ai cru devoir désigner par le nom
spécifique de mentonnier, de même que j'ai
fait allusion par le mot trichopode ( pieds en
forme de filamens) au caractère de la famille
pariculière dans laquelle j'ai pensé quil
falloit l’inscrire.
Chacune des nageoires thoracines des
poissons de cette famille, et par conséquent
du mentounier, n’est composée en effet que
d’un rayon ou filament très-délié. Mais cette
prolongalion très-molle, au lieu d’être très-
142 HISTOIRE
courte et à peine visible , comme dans Îles
monodactyles, est si étendue, qu’elle sur-
passe ou du moins égale en longueur le
corps et la queue réunis.
Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et
celte queue lrés-comprinés, assez hauis vers
Je milieu de la longueur totale de l'animal;
la nageoire dorsale et celle de lanus basses
et presque égales l’une à l’autre; la caudale
rectiligne, et les pectorales courtes, larges
et arrondies (1).
(1) À la nageoire dorsale . . . . . 18 rayons.
À chacune des thoracines. . . . . I
À la naigeoire del’anusr(7, 1. 20478
DES TRICHOPODES. 143
A — _ _ —
EC RING
LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE (2),
BAR, EACÉPEDE.
SEC ON D E EE $ PB Ê CE.
Ce trichopode est distingué du précédent :
par plusieurs traits que l’on saisira avec faci-
lité en lisant la description suivante. Il en
diffère sur-tout par la forme de sa tête qui
ne présente pas cette sorte de masque que
nous avons vu sur le mentonnier. Cette
(1) Le crin. En anglais , hair-finned wrasse. En
allemand , borstenflosser. Au Japon , iban marate
djantan , pangay , kapirat.
Sparus duabus utrinque maculis nofatus ; primo
pinnarum ventralium radio longissimo , astaci anten-
nam referente. Kælreuter , loco infrà citato.
Labrus pinnis ventralibus uniradiatis..,.. labrus
trichopterus. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 166, sp. 47.
Labrus trichopterus. Artedi, Gen. pisc. gen. 27,
_n° 10. additament. SONNINI:
(2) Trichopodus trichopterus.
144 HISTOIRE
partie de l'animal est pelite et couverte
d’écailles semblables à celles du dos. L’ou-
verture de la bouche est étroite, et située
Vers la portion supérieure du museau pro-
prement dit.
Les lèvres sont extensibles. La nageoire.
du dos est courte, pointue, ne commence
qu'à l'endroit où le corps a le plus de hau-
teur, et se termine à une grande distance
de la nageoire de la queue. Il est à remar-
quer que celle de l’anus est, au contraire,
très - longue ; qu’elle renferme , à très - peu
près, quatre fois plus de rayons que la
dorsale; qu’elle touche presque la caudale;
qu’elle s'étend beaucoup vers ia tête, et que,
par une suite de cette disposition , lorifice
de l'anus, qui la précède, est très-près de
la base des thoracines.
Ces dernières nageoires ne consistent cha-
cune que dans un rayon ou filament plus
Labrus trichopterus. Lin. édit. de Gmel. — Pallas,
Spicil. zool. 8, p. 45.
Labrus trichopterus. Bloch , pl. cexcv, fig. 2.
Sparus , ec. KϾlreuter , nov. Comm. Petrop. IX,
p.452, n°9, tab. ro.
Labre crin. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth.
long
DES TRICHOPODES. 145
long que le corps et la queue considérés
ensemble (1); et de plus chaque pectorale,
qui est très-étroite, se termine par un autre
filament très-alongé, ce qui a fait donner
au poisson dont nous parlons ie nom de
trichoptère ou d’aile à filament. Nous lui
avons conservé ce nom spécifique ; mais au
lieu de le laisser dans le genre des labres
ou des spares, nous avons cru, d’après les
principes qui nous dirigent dans nos distri-
butions méthodiques, devoir le comprendre
dans une petite famille particulière , et le
placer dans le même genre que le men-
tonnier.
Le trichoptère est ondé de diverses nuances
de brun. On voit de chaque côté sur le corps
et sur la queue une tache ronde, noire, et
bordée d’une couleur plus claire. Des taches
brunes sont répandues sur la tête dont la
cn
(1) 4 aïguillons et 7 rayons articulés à la nageoire
du dos.
9 rayons à chacune des pectorales.
1 rayon à chacune des thoracines.
4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de
Panus.
16 rayons à celle de la queue, qui est fourchne,
Poiss. Tome VIII. K.
146 HISTOIRE
teinte est, pour ainsi dire, livide ; et Ja
nageoire de la queue, ainsi que celle de
Janus, sont pointillées de blanc.
Ce trichopode ne parvient guère qu’à un
décimètre (trois pouces et demi) de lon-
gueur. On le trouve dans la mer qui baigne
les grandes Indes.
DES MONODACTYLES. 147
2
SOIXANTE-:TREIZIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
LES MONODACTYLES.
UÜx seul rayon très-court et à peine visible
à chaque nageoire thoracine ; une seule
nageoire dorsale.
E SP ÉÈ CE.
LE MONODACTYLE FALCIFORME; 710n70-
dactylus falciformis. — La nageoire du dos
et celle de l’anus en forme de faux ; celle de
la queue en croissant.
148 LÉ TS TOTR E
LE MONODACTYLE
FA L:Crl F0 ,R M &:.();,
PAR LACÉPÈDE.
N ous donnons ce nom à une espèce de
poisson dont nous avons trouvé la descrip-
lion et la figure dans les manuscrits de
Coimmerson. Nous lavons placé dans un
genre particulier appelé monodactyle , c’est-
à-dire, à un seul doigt, parce que chacune
de ses nageoires thoracines, qui représentent
en quelque sorte ses pieds, n’a qu’un rayon
très-court et aiguillonné, ou, pour parler
le langage de plusieurs naturalistes, n’a
qu'un doigt très-pelit. Le nom spécifique
par lequel nous avons cru devoir d’ailleurs
distinguer cet animal, nous a été indiqué
par la forme de ses nageoires du dos et de
l'anus, dont la figure ressemble un peu à
celle d’une faux. Ces deux nageoires sont
(1) Monodactylus falciformis.
Psettus spinis pinnarum ventralium loco duobus.
Commerson , manuscrits déjà cités.
DES MONODACTYLES. 149
de plus assez égales en étendue, et touchent
presque la nageoiïire de la queue, qui est
en croissant. L’anus est presque au dessous
des nageoires pectorales, qui sont pointues.
La ligne latérale suit la courbure du dos,
dont elle est peu éloignée. L’opercule des
branchies est composé de deux lames, dont
la postérieure paroît régulièrement feston-
née. Les yeux sont gros. L'ouverture de
la bouche est petite ; la mâchoire supérieure
présente une forme demi-circulaire et des
dents courtes , aiguës el serrées ; elle esk
extensible etembrasse l’inférieure. La langue
est large , arrondie à son extrémité, amincie
dans ses bords, rude sur presque toute sa
surface. On voit, de chaque côté du mu-
seau, deux orifices de narines, dont l’anté-
rieur est le plus petit et quelquefois le plus
élevé.
La concavité des arcs osseux qui sou-
tiennent les branchies, présente des protu-
bérances semblables à des dents, et plus sen-
sibles dans les trois antérieurs. Le corps et
la queue sont très -comprimés, couverts
d’écailles petites, arrondies et lisses, que lon
retrouve avec des dimensions plus pelites
encore sur une partie des nageoires du dos
et de l'anus, et resplendissans d’une cou-
K 5
350 H/L19 TOTR E
leur d'argent, mêlée sur le dos avec des
teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures
se montrent aussi sur la portion antérieure
de la nageoire de l’anus et de celle du dos,
ainsi que sur les pectorales, qui néanmoins
offrent souvent une couleur incarnate. Le
monodactyle falciforme ne parvient ordi-
nairement qu'à une longueur de vingt-six
centimètres ( dix pouces environ) (1).
(1) 7 rayons à la membrane des branchies.
33 rayons à la nagcoire du dos.
17 rayons à chacune des pectorales.
1 rayon aiguillonné à chacune des thoracines,
3 aiguillons et 30 rayons à celle de l’anus.
DES PLECTORHINQUES. 154
ee ae
SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE.
PAR LACEPÉDE.
LES PLECTORHINQOUES.
Üxes seule nageoire dorsale; point d’ai-
guillons isolés au devant de la nageoire
du dos, de carëne latérale, ni de petite
nageoire au devant de celle de l’anus; les
lèvres plissées et contournées; une où
plusieurs lames de l’opercule branchial
dentelées.
É)S TP É CIE;
LE PLECTORHINQUE CHÉTODONOÏDE ; plec-
torhinchus chætonoïdes. — Treize aiguillons
À U 7 ° :
à la nageoire du dos; de grandes taches irre-
gulières, chargées de taches beaucoup plus
foncées, inégales et presque rondes.
152 FES: T'OTRE
LE; PLECTORHINQUE
OH ET OÙD:0 NOT DE : (»,
PAR ILACÉ PÉDIE.
Le mot plectorhinque désigne les plis
extraordinaires que présente le museau
de ce poisson, et qui forment , avec la
dentelure de ses opercules, un de ses prin-
cipaux caractères génériques. Nous avons
employé de plus , pour cet osseux, le nom
spécifique de chétodonoïde , parce que len-
semble de sa conformation lui donne de
très-grands rapports avec les chétodons,
dont l’histoire ne sera pas trés-éloignée de
la description du plectorhinque. Ce dernier
animal leur ressemble d’ailleurs par la beauté
de sa parure. Sur un fond d’une couleur
très-foncée , parôisseni en effet, de chaque
côté, sept ou huit taches très-étendues .
inégales , irrégulières, mais d’une nuance
claire et très-éclatante , variées par leur
contour , agréables par leur disposition,
(1) Plectorhinchus chætodonoïides,
DES PLECTORHINQUES. 153
relevées par des taches plus petiles, foncées,
et presque toutes arrondies , qu’elles ren-
ferment en nombre plus ou moins grand.
Il résulte un bel effet de leur figure , de
leur ton , de leur distribution, d'autant plus
qu'on aperçoit des taches qui ont beaucoup
d’analogie avec ces premières, à lextré-
milé de toutes les nageoires , et sur-tout de
la partie postérieure de la nageoire du dos.
Cette nageoire dorsale montre une sorte
d'échancrure arrondie qui la divise en deux
portions très-contiguës, mais faciles à dis-
tnguer , dont l’une est soutenue par treize
rayons aiguillonnés , et l’autre par vingl
rayons articulés (1). Les thoracines et: la
nageoire de l’anus présentent à peu près
la même forme et la même surface l’une
que l’autre: les deux premiers rayons qu’elles
comprennent sont aiguillonnés; et le second
de ces deux piquans est très-long et très-
fort.
La nageoire caudale est rectiligne ou
arrondie. Il n’y a pas de ligne latérale
s |
f =
(1) 15 rayons à chacune des nageoires peclorales.
2 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à
celle de l’anus.
18 rayons à celle de la queue.
154% PTS 'T'OTR'E
sensible. La tête est grosse , comprimée
comme le corps et la queue, et revêtue ,
ainsi que ces dernières parties, d’écailles
petites et placées les unes au dessus des
autres. Des écailles semblables recouvrent
des appendices charnues auxquelles sont
altachées les nageoires thoracines, les pec-
torales , et celles de lPanus.
L'œil est grand ; l'ouverture de la bouche
petite; le museau un peu avancé , et comme
caché dans les plis et les contours charnus
ou membraneux des deux mâchoires.
Nous avons décrit celte espèce encore
inconnue des naluralistes , d’après un indi-
vidu de la coilection hollandaise donnée à
la France.
DES POGONIAS. 155
SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
LES PO GO UN FAS.
Us seule nagcoire dorsale ; point d’ai-
guillons isolés au devant de la nageoire
du dos , de carène latérale, ni de petite
nageoire au devant de celle de l'anus ;
un très-grand nombre de petits barbillons
à la mâchoire inférieure.
EB'S P € E.
LE POGONIAS FASCÉ; pogonias fasciatus.
— Les opercules recouverts d’écailles sem-
blables à celles du dos ; quatre bandes trans-
versales, et d’une couleur très-foncée ou
très-vive.
156 HISTOIRE
LE TPE DEGL'O N'ES
FA: S C'Éx: (à).
PA RODIAICÉ PE DE
N ous donnons ce nom de pogonias à un
genre dont aucun individu n’a encore’ élé
connu des naturalistes. Cette dénomination
signifie barbu, et désigne le grand nombre
de barbillons qui garnissent la mâchoire
inférieure, et, pour ainsi dire , le menton
de l'animal. Nous avons décrit l’espèce que
nous distinguons par lépithète de fascé ,
d’après un poisson très-bien conservé, qui
faisoit partie de la collection du stathouder
EE —
(1) Pogonias fasciatus.
Chætodon percatus ; spinis dorsalibus novem ,
analibus duo; corpore elongato , fasciato : mento bur-
dato. Habitat in mari Carolinam alluente. Notes
manuscrites que Bosc a bien voulu me communiquer,
et dans lesquelles ce savant zoologue a très -bien
indiqué les traits distinctifs de ce poisson qu'il a
observé , décrit et dessiné pendant son voyage dans
les Etats-Unis de l'Amérique.
DES POGONIAS. 157
à la Haye , et qui se trouve maintenant
dans celle du Museum national d'histoire
naturelle.
Ce pogonias a la tête grosse ; les yeux
grands ; la bouche large ; les lèvres doubles ;
les dents des deux mâchoires aiguës , égales,
et peu serrées ; la mâchoire supérieure plus
avancée que l'inférieure ; l’opercule coim-
posé de deux lames et recouvert d’écailles
arrondies comme celles du dos, auxquelles
elles ressemblent. d’ailleurs en tout : la
seconde lame de cet opercule branchial
terminée en pointe ; la nageoire du dos
étendue depuis l'endroit le plus haut du
corps jusqu’à une distance assez petite de
l'extrémité de la queue ; et presque partagée
en deux portions inégales par une sorte
d’échancrure cependant peu profonde ; un
aiguillon presque détaché au devant de cette
nageoire dorsale et de celle de l'anus ; cette
dernière nageoire très-pelite et inférieure
même en surface aux thoracines, qui néan-
moins sont moins grandes que les pectorales;
la caudale rectiligne ou arrondie : les côtés
dénués de ligne latérale ; la mâchoire infé-
rieure garnie de plus de vingt filamens
déliés , assez courts , rapprochés deux à
158 SCT OTR'IE
deux , ou trois à trois, et représentant assez
bien une barbe naissante (1).
Quatre bandes foncées ou vives, étroites,
mais très-distinctes, règnent de haut en bas
de chaque côté du pogonias fascé ; de petits
points sont disséminés sur une grande partie
de la surface de l'animal.
em
(2) A la nageoire dorsale . . . . . 53 rayons.
A chacune des pectorales . . . 13
À chacune des thoracines. . . . 6
À: celle’ de anus... 4.» «te «1:18
À celle de la queue . . . . . . 19
DES BOSTRYCHES. 159
ee
SOIXANTE - SEIZIÈME GENRE.
PAR TACÉPODE
HESBROSTERTYCHES.
Lr corps alongé et serpentiforme ; deux
nageoires dorsales ; la seconde séparée de
celle de la queue ; deux barbillons à la
mächoire supérieure ; les yeux assezgrauds
et sans voile.
PREMIÉRE ESPÈCE.
LE BOSTRYCHE CHINOIS; bostrychus
sinensis. — La couleur brune.
S E G'O N D EE ES P É CE.
LE BOSTRYCHE TACHETÉ ; bostrychus
| maculatus. — De très-pelites taches vertes
| sur tout le corps.
160 HISTOIRE
BE BOSTRYCHE CHINOIS (:};
PAR LACÉPEDE
PR EMI LR E Es PÈ CE.
C’'esr dans les dessins chinois, dont nous
avons déjà parlé , que nous avons trouvé
la figure de ce bostryche , ainsi que celle
du bostryche tacheté. Les barbillons que
ces poissons ont à la mâchoire supérieure ,
et qui nous ont indiqué leur nom. géné-
rique (2), les distingueroïient seuls des
sobies , des gobioïdes, des gobiomores et des
gobiomoroïdes , avec lesquels ils ont cepen-
dant beaucoup de rapports par leur confor-
mation générale. Nous ne doutons pas que
ces osseux n'aient des nageoires au dessous
du corps, et ne doivent être compris parmi
(1) Bostrychus sinensis.
(2) Bostrychos en grec veut dire filament, bar-
billon , etc.
les
DES BOSTRYCHES. 167
les thoracins, quoique la position dans la-
quelle ils sont représentés ne permette pas
de distinguer ces nageoires. Au reste, si
de nouvelles observations apprenojent que
les bostryches n’ont pas de nageoires infé-
rieures , ils n'en devroient pas moins for-
mer un genre séparé des autres genres déjà
connus ; 1l sufhroit de les retrancher de la
colonne des thoracins, et de les porter sur
celle des apodes. On les y rapprocheroit des
murènes , dont il seroit néanmoins facile
de les distinguer par la forme de leurs yeux
et les dimensions, ainsi que la position de
leurs nageoires. Ajoutons que cette re-
marque, relative à l’absence de nageoires
inférieures et au déplacement qui en seroit
le résultat, s'applique au genre des bostry-
choïdes dont nous allons parler.
Le bostryche chinois est d’une couleur
brune. On voit de chaque côté de ia queue,
et auprès de la nageoire qui termine cette
partie, une belle tache bleue, entourée
d’un cercle jaune vers le corps et rouge
vers la nageoire. L'animal ne paroît revêtu
d'aucune écaille facile à voir. Sa têie est
grosse ; l’ouverture de sa bouche arrondie ;
l’opercule branchial d’une seule pièce; la
Poiss. Tome VIII. L
162 SHISTOTRE
première nageoire dorsale très-courte re-
lativement à la seconde ; celle de lanus,
semblable ‘et presque égale à la première
dorsale ; se montre au dessous de la se-
conde nageoire du dos ; celle de la queue
est lancéolée. Les mouvemens et les habi-
tudes du bostryche chinois doivent ressem-
bler beaucoup à ceux des murènes.
DES BOSTRYCHES. 165
LE PA
ESP HBIOIS'P-R VIOLE
TACHE TÉ :- {hi};
PAR) LLjA' C'E P:BIDE;
SECONDE ESPÈCE.
Cr bostryche diffère du chinois par quel-
ques - unes de ses proportions, par .plu-
sieurs de ces traits vagues de conforma-
tion que l'œil saisit el que la parole rend
difficilement, et par les nuances ainsi que
par la disposition de ses couleurs. Il est,
en effet, parsemé de très - petites taches
vertes. : NE | :
(zx). Bostrychus maculatuss..
164 HISTOIRE
SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE.
PAR LACÉPEÈDE.
LES BOSTRYCHOIDES.
Lr corps alongé et serpentiforme ; une
seule nageoire dorsale ; celle de la queue
séparée de celle du dos; deux barbillons
à la mâchoire supérieure; les yeux assez
grands et sans voile.
ESPBÉEÉCE. .
LE BosTRYCHOÏDE &ILLÉ ; bostrychoïdes
oculatus. — La nageoire de Panus basse
et longue ; celle du dos basse et très-lon-
gue ; une tache verte entourée d’un cercle
rouge, de chaque côté de l'extrémité de la
queue.
DES BOSTRYCHOIDES. 165
LE BOSTRYCHOIDE @ILLÉ (1),
PAR LACÉPÉDE.
Cr poisson est figuré dans les dessins chi-
nois, arrivés par la Hollande au museum
d'histoire naturelle de France. Sa tête, son
corps et sa queue sont couverts de petites
écailles ; sa tête est moins grosse que la
partie antérieure du corps. Les nageoires
pectorales sont petites et arrondies ; celle
de la queue est lancéolée. La couleur de
l'animal est brune, avec des bandes trans-
versales plus foncées, et un très - grand
nombre de petites taches vertes. Une tache
verte plus grande, placée dans un cercle
rouge , et semblable à une prunelle en-
tourée de son iris, paroïit de chaque côté
de l’extrémité de la queue. La conforma-
tion générale de ce poisson doit faire pré-
sumer que sa maimêre de vivre, ainsi que
celle des bostryches, a beaueoup de rap-
ports avec les habitudes des murènes.
(1) Bostrichoides oculatus.
L
CN
106 HISTOIRE
SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE.
PAR LACÉPEÈDE.
LES. ÉCHÉNÉIS:
Ur plaque très - grande , ovale, com-
posée de lames transversales , et placée
sur la tête, qui est déprimée.
PREMIÈRE ESPÈCE.
L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA; echeneis remora.
— Moins de vingt et plus de seize paires
de lames, à la plaque de la tête.
SE COIN DIE E,89. PE CF.
L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE ; echencis nau-
crates. — Plus de viugt - deux paires de
lames à la plaque de la tête.
TRLO' L SE EM E:.E.SP É CE,
L'ÉCHÉNÉIS RAVÉ: echeneis lineata. —
Moins de douze paires de lames à la plaque
de la tête,
4 Ad
e Jeve del, Bigant
1.LE REMORA.
2.TETE DU REMORA.
3. MACROURE.
DES ECHENEIS 1:67
RE ——
L ERE'M O RAM).
L’ÉCHÉNÉIS RÉMORA (2),
PAR LACÉPÉDE.
PREMIERE ESP ÈÉ CE.
Voyez la planche XX XVIX, fig. 1, et la tête de ce
poisson , fig: 2.
Éraisroire de ce poisson présente un
phénomène. relatif à l’espèce humaine, et
que la philosophie ne dédaignera pas.
Depuis le tems d’Aristote jusqu’à nos
(1) Le remora ou sucet, En allemand , ansauger,
schiffshalier. Un suédois , stil/sugare. En norvégien,
séyris-fisküur, Aux Indes, £oeto, toutouneuw , lacet.
Par les hollandais qui habitent les Indes, 3ee-luys,
coupangvisch, schiffkémmer , kemmfisch , zuyserfish.
Echeneis caud& bifurcé striis capitis octodecim...
echeneis remora. Fin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157,
SP. 1. . SONNINI. |
(2) Echeneis remora. Rémore , sucet , arrêle - nef,
pilote , remelioo. En Angleterre , sucring- fish. Dans
L 4
168 HISTOIRE
Jours, cet animal a été l’objet d’une atten-
lion constante ; on l’a examiné dans ses
formes, observé dans ses habitudes, consi-
déré dans ses effets : on ne s’est pas contenté
plusieurs endroits de la Belgique et de la Hollande,
sugger. En Portugal, piexe pogador , piexe pioltho.
E'cheneis remora. Lin. édit. de Gmelin.
Echène rémore. Vaubenton , Encyclop. méthod. —
Bonaterre , pl. de l'Encycl. méthod.
Ecleneis remora. Commerson ,; manuscrits déjà
cités. — Forskœl , Faun. Arabic. p. 19. — Bloch,
pl: cLxxI1. — Artedi , gen. 15, syn. 28.
Sucet où rémore. Duhamel, Traité des pêches,
seconde parlie, quatrième section, chap. 4 , art. 6,
p. 56, pl. iv, fig. 5.
émore ou rémora. Valmont de Bomare , Dict,.
d'hist. nat.
ÆEcheneis. Arist. lib. 2, cap. 14. — Ælian, lib.2,
cap. 17, p. 95. — Oppian. Hal. Lib. 1 , p. 9.
Echeneis. Plin. lib. 9, cap. 25 ; et lib. 52 , cap. 1. —
Wotton , lib. 8, cap. 166, fol. 149, a.
Echineis. Cuba, lib.3, cap. 24.
Acharÿdes. \d. lib. 3, cap. 1 ,fol. 71, a.
ÆEcheneis. Gesner , Aquat. p. 440.
Remora. Aldrov. lib. 5 , cap. 22 ,p. 336. — Ray,
p. 71. — Rondelet, Hist. des poissons, part. 1, lib. 15,
chap. 17.
Echeneis remora. Appendix du Voyage à la Nou-
velle- Galles méridionale ; par Jean White, premier
chirurgien de expédition commandée par le capitaine
DES ECHENEIS. 164
de lui attribuer des propriétés merveilleuses,
des facultés absurdes , des forces ridicules;
on l’a regardé comme un exemple frappant
des qualités occultes départies par la Nature
à ses diverses produciions ; il a paru une
preuve convaincante de l'existence de ces
qualités secrettes dans leur origine et incon-
nues dans leur essence. Il a figuré avec
honneur dans les tableaux des poëtes, dans
les comparaisons des orateurs, dans les récits
des voyageurs, dans les descriptions des
naturalistes ; et cependant à peine, dans le
moment où nous écrivons, l'image de ses
traits, de ses mœurs, de ses effets, a-t-elle
été tracée avec quelque fidélité. Ecoutors,
par exemple, au sujet de ce rémora, l’un
Philipp , p. 296, pl. xt, fig. 5. — Willughby, Ichth.
appeud. p.5, tab. 9, fig. 2.
Echeneis. Amæn. academ. 1, p. 605. — Gronov.
Mus. 1,p.12,n° 53; et Zooph. p. 75 ,n° 256.
Echeneis cærulescens , ore retuso. Klein , Miss.
PiSC. 4: PDU
Remora corpore tereti. Petiver , Gazoph. 1. 44,
tab. 12. — Adam Olearu , Gottorfische kunstkammer,
p+ 42, tab. 25. — Belon, Aquat. p. 440. — Sloan.
Jamaic. 1 , p. 8. — Catesb. Carolin. 2 , tab. 26. — Du-
tertre, Antill. 2, p. 209 , 222.
Remora. Edwards, tab. 210, fig. infer,
170 HISTOIRE
des plus beaux génies de l'antiquité. « L’éché-
nés, dit Pline, est un petit poisson accou-
tumeé à vivre an milieu des rochers : on
croit que lorsqu'il s'attache à la carène des
vaisseaux, il en retarde là marche; et de là
vient le nom qu'il porte, et qui est formé
de deux mots grecs, dont Fun signifie je
retiens , et lautre navire. I] sert à composer
des poisons capables d’amortir et d’éteindre
les feux de lPamour. Doué d’une puissance
bien plus étonnante, affssant par une fa-
culié morale, il arrête l'action de la justice
et la marche des tribunaux : comipensant
cependant ces qualités funestes par des pro-
priétés utiles, il délivre les femmes enceintes
des accidens qui pourroient trop hâter la
naissance de leurs enfans; et lorsqu'on le
conserve dans du sel, son approche seule
suffit pour retirer du fond des puits les plus
profonds l'or qui peut y être tombé (1}».
Mais le naturaliste romain ajoule, avant
la fix de Fa célèbre histoire qu'il a écrite,
une peinture bien plus étonnante des altri-
buts du rémora; et voyons comment ik
s'exprime au commencement de son trente-
deuxième livre.
(z) Pline, Div. @, chap. 25.
DES ECHENEIS. 171
« Nous voici parvenus an plus haut des
forces de la Nature, au sommet de tous
les exemples de son pouvoir. Une immense
manifestation de sa puissance occulte se
présente d'elle-même; ne cherchons rien
au delà, n’en espérons pas d’égale ni de
semblable : ici la Nature se surmonte elle-
même , et le déclare par des effets nombreux.
Qu'y a-t-il de plus violent que la mer, les
vents, les tourbillons et les tempêtes? Quels
plus grands auxiliaires le génie de l’homme
s'est-il donnés que les voiles et les rames ?
Ajoutez la force inexprimable des flux al-
ternatifs qui font un fleuve de tout l'Océan.
Moutes ces puissances et toutes celles qui
pourroient se réunir à leurs efforts, sont
enchaînées par un seul et très-petit poisson
qu'on nomme échénéis. Que les vents se
précipitent , que les tempêtes bouleversent
les flots, il commande à leurs fureurs ; 1l
brise leurs efforts; il contraint de rester
immobiles des vaisseaux que n’auroit pu
retenir aucune chaîne, aucune ancre pré-
cipitée dans la mer, et assez pesante pour
ne pouvoir pas en êire retirée. Il donne
ainsi un frein à la violence, il dompte fa
rage des élémens, sans travail, sans peine,
sans chercher à retenir, et seulement en
172 CPS TONMR EE
adhérant : il lui suffit, pour surmonter tant
d'impétuosité , de défendre aux navires
d'avancer. Cependant les flottes armées pour
la guerre se chargent de tours et de rem-
parts qui s'élèvent pour que l’on combatte
au milieu des mers comme du haut des
murs. O vanité humaine! un poisson très-
petit contient leurs éperons armés de fer
et de bronze, et les tient enchaînées! On
rapporte que, lors de la bataille d’Actium,
ce fut un échénéis qui, arrétant le navire
d'Antoine au moment où il alloit parcourir
les rangs de ses vaisseaux et exhorter les
siens, donna à la flotte de César la supé-
riorité de la vitesse et l'avantage d’une
attaque impétueuse. Plus récemment, le
bâtiment monté par Caïus lors de son retour
d'Andura à Antium, s'arrêta sous l’effort
d'un échénéis : et alors le rémora fut un
augure ; car à peine cet empereur fut - il
rentré dans Rome, qu'il périt sous les traits
de ses propres soldats. Au reste, son éton-
nement ne fut pas long, lorsqu'il vit que,
de toute sa flotte, son quinquérème seul
n'avançoit pas : ceux qui s'élancèrent du
vaisseau pour en rechercher la cause, trou-
vèrent l’échénéis adhérant au gouvernail ,
et le montrèrent au prince indigné qu’ux
DES ECHÉNEIS. 73
tel animal eût pu l’emporter sur quatre
cents rameurs, et très-surpris que ce poisson,
qui dans la mer avoit pu retenir son navire,
n’eût plus de puissance jeté dans le vaisseau:
Nous avons déja rapporté plusieurs opinions,
continue Pline, au sujet du pouvoir de cet
échénéis, que quelques latins ont nommé
remora. Quant à nous, nous ne doutons pas
que tous les genres des habitans de la mer
h’aient une faculté semblable. L'exemple
célèbre et consacré dans le temple de Gnice
ne permet pas de refuser la mème puissance
à des conques marines (1). Et de quelque
manière que tous ces effets aient lieu, ajoute
plus bas léloquent naturaliste que nous
titons, quel est celui qui, après cet exemple
de la faculté de retenir des navires, pourra
douter du pouvoir qu’exerce la Nature par
tant d'effets spontanés et de phénomènes
extraordinaires » ?
Combien de fables et d’erreurs accumulées
dans ces passages, qui d’ailleurs sont des
chef-d’œuvres de style! Accréditées par un
des romains dont on a le plus admiré la
supériorité de l'esprit, la variété des con-
/
(1) Voyez , au sujet de ces coquilles , le chap. 25 du
Liv. 9 de Pline.
174 HICSITOERE
noissances et la beauté du talent, elles ont
élé presque universellement accueillies pen-
dant un grand nombre de siècles. Mais l’on
n'aliend pas de nous une mythologie ; c’est
lhisioire de la Nature que nous devons
tâcher d'écrire. Cherchons done uniquement
à faire connoître les véritables formes et
les habitudes du rémora. Nous allons réunir,
pour y parvenir, les observations que nous
avons faites sur un grand nombre d'individus
conservés dans des collections, avec celles
dont des individus vivans avoient été l’objet,
et que. Commerson a consignées dans les
manuscrits qui nous ont été confiés dans le
tems par Buffon.
La longueur totale de l'animal égale très
rarement trois décimètres (onze pouces en-
viron). Sa couleur est brune et sans tache:
et ce qu'il faut remarquer. avec soin, la
teinte en est la même sur la partie inférieure
et sur la partie supérieure de l’animal. Ce
fait est une nouvelle preuve de ce que nous
avons dit au sujet des couleurs des poissons,
dans notre Discours sur la. nature de ces
animaux : en effet, nous allons voir, vers
Fa fin de cet article, que, par une suite des
habitudes du rémora, et.de la manière dont
cet échénéis s'attache aux rochers, aux vais-
DES ECHENETITS. 175
eaux ou aux grands poissons, son ventre
doit être aussi souvent exposé que son dos
aux rayons de la lumière.
Les nageoires présentent quelques nuances
de bleuâtre. L'iris est brun, et montre d’ail-
leurs un cercle doré.
Une variélé que l’on rencontre assez fré-
quemment, suivant Commerson, et que l’on
voit souvent attachée au même poisson, et,
par exemple, au même squale que les in-
dividus bruns, est distinguée par sa couleur
blanchâtre.
Le corps et la queue sont couverts d’une
peau molle et visqueuse, sur laquelle où
ne peut apercevoir aucune parcelle écail-
leuse qu'après la mort de l'animal , et lorsque
les tégumens sont desséchés ; et l’ensemble,
formé par la queue et le corps proprement
dit, est d’ailleurs très - alongé et PRO
conique. :
La Lête est très- rolunaicases trés-aplâtie,
et chargée dans sa partie supérieure d’une
sorte de bouclier ou de grande plaque.
Cette plaque est alongée, ovale, amincié
et membraneuse dans ses ‘bords. Son disque
est garni ou plutôt armé de petites lames
placées transversalement, et attachées des
deux côtés d’une arête ou saillie longitudi-
176 HISTOIRE
nale, qui partage le disque en deux. Ces
lames transversales, et arrangées ainsi par
paires, sont ordinairement au nombre de
trente-six, ou de dix-huit paires : leur lon-
gueur diminue d'autant plus qu’elles sont
situées plus près de l’une ou de l'autre des
deux extrémités du bouclier ovale. De plus,
ces lames sont solides, osseuses, presque
parallèles les unes aux autres, très-aplalies,
couchées obliquement, susceptibles d’être
un peu relevées, hérissées, comme une scie,
de très-petites dents, et retenues par une
sorte de clou articulé.
Le museau est très-arrondi, et la mâchoire
inférieure beaucoup plus avancée que celle
d'en haut, qui d’ailleurs est simple , et ne
peut pas s’alonger à la volonté de animal:
l’une et l’autre ressemblent à une lime, à
cause d’un grand nombre de rangs de dents
très-pelites qui y sont aiiachées.
D'autres dents également très-petites sont
placées autour du gosier, sur une éminence
osseuse faite en forme de fer à cheval et
attachée au palais, et sur la langue, qui
est courte, large; arrondie par devant,
dure, à demi-carälegineuse , et retenue en
dessous par un frein assez court,
Au reste, l'intérieur de la bouche est
d'un
DES ECHENEIS. 77
d’un incarnat communément très - vif, et
l'ouverture de cet organe a beaucoup de
rapports, par sa forme et par sa grandeur
proportionnelle , avec l’ouverture de la
bouche de la lophie baudroie.
L’orifice des narines est double de chaque
côté.
Les yeux, placés sur les côtés de la tête;
et séparés par toute la largeur du bouclier,
ne sont n1 voilés ni très-saillans.
Deux lames composent chaque opercule
des branchies, et une peau légère le re-
couvre.
La membrane branchiale est soutenue par
neuf rayons (1).
Les branchies sont au nombre de quatre
de chaque côté, et la partie concave de leurs
arcs est denticulée.
Les nageoires thoracines offrent la même
longueur, mais non pas la même largeur
(1) A la nageoire du dos. . . . . 22 rayons.
À chacune des pectorales. . . . 2h
À chacune des thoracines . . . . 6
celle de l'anus. 41. . 54 "99
À celle de la queue. : .:. . : 17
Vertèbres dorsales, 12.
Vertèbres caudales, 15.
Poiss. Tome VIIL. M
178 HISTOIRE
que les pectorales : elles comprennent cha-
cune six rayons; le plus extérieur cepen-
dant touche de si près le rayon voisin, qu’il
est très-diflicile de l’apercevoir.
La nageoire du dos et celle de l'anus
présentent à peu près la même figure, la
même étendue et le même décroissement
en hauteur, à mesure qu’elles sont plus près
de celle de la queue, qui est fourchue.
L’orifice de l'anus consiste dans une fente
dont les bords sont bianchâtres.
La ligne latérale est composée d’une série
de points saillans ; elle part de la base des
nageoires pectorales, s'élève vers le dos,
descend auprès du milieu du corps, et tend
ensuite directement vers la nageoire de la
queue. |
Telle est la figure du rémora, tracée
d’après le vivant par Commerson, et dont
Jai pu vérifier les traits principaux , en
examinant un grand nombre d'individus
de cette espèce conservés avec soin dans
diverses collections (1).
(1) Ajoutez que l’estomac a une longueur remar-
quable et de grands plis , et que le foie , attaché au
diaphragme et placé sous les intestins , se divise en
deux lobes, SONNINI
DES ECHENEIS. 17Q
Ce poisson présente les mêmes formes
dans les diverses parties, non seulement de
la Méditerranée , mais encore de l'Océan ,
soit qu'on l’observe à des latitudes élevées,
ou dans les portions de cet Océan comprises
entre les deux tropiques.
Il s'attache souvent aux cétacés et aux
poissons d’une très - grande taille, tels que
les squales, et particulièrement le squale
requin. Il y adhère très - fortement par le
moyen des lames de son bouclier, dont les
petites dents lui servent, comme autant de
crochets, à se tenir cramponné. Ces dents,
qui hérissent le bord de touies les lames,
sont si nombreuses, et multiplient à un tel
dégré les points de contact et d'adhésion
du rémora, que toute la force d’un homme
très - vigoureux ne peut pas suffire pour
arracher ce petit poisson du côté du squale
sur lequel il s’est accroché, tant qu’on veut
l'en séparer dans un sens opposé à la direction
des lames. Ce n’est que lorsqu'on cherche
à suivre cette direction et à s’aider de
l'inclinaison de ces mêmes lames, qu’on
parvient aisément à détacher l’échénéis du
squale , ou plutôt à le faire glisser sur la
surface du requin, et à l'en écarter ensuite,
M 2
160 HISTOTRE
Commerson rapporte (1) qu'ayant voulu
approcher son pouce du bouclier d’un ré-
mora vivant qu'il observoit, il éprouva une
force de cohésion si grande, qu’une stupeur
remarquable et même une sorte de para-
lysie saisit son doigt, et ne se dissipa que
long-tems après qu'il eut cessé de toucher
léchénéis.
Le mème naturaliste ajoute, avec raison,
que , dans ceite adhésion du rémora au
squale , le premier de ces deux poissons
n’opère aucune succion, comme on l’avoit
pensé ; et la cohérence de l’échénéis ne lui
sert pas immédiaiement à se nourrir, puis-
qu'il n’y a aucune communication propre-
ment dite entre les lames de la plaque
ovale et l’intérieur de la bouche ou du
canal alimentaire , ainsi que je m'en suis
assuré, après Commer$on, par la dissection.
attentive de plusieurs individus. Le rémora
ne s’ailache , par le moyen des nombreux
crochets qui hérissent son bouclier, que
pour naviguer sans peine, profiter, dans
ses déplacemens, de mouvemens étrangers,
et se nourrir des restes de la proie du
(1) Manuscrits déjà cités.
DES ECHENEIS 218,
requin, comme presque tous les marins le
disent , et comme Commerson lui - même
la cru vraisemblablement (1). Au reste, il
demeure collé avec tant de constance à son
conducteur, que lorsque le requin est pris,
et que ce squale, avant d'être jeté sur le
pont, éprouve des frottemens violens contre
les bords du vaisseau, il arrive trés-souvent
que le rémora ne cherche pas à s'échapper,
(1) Un très-savant naturaliste, Bosc, pense, comme
on l’a toujours dit, que le rémora s'attache aux gros
animaux marins et à d’autres corps par une sorte de
succion. « J’ai aussi observé, écrit-il, des féchénéis
(rémora) vivans ; cependant je reste persuadé que c’est
principalement par la succion, c’est-à-dire , en faisant
le vuide , que l’échénéis se fixe. Je n’ai pas fait des
expériences directes ; mais j'ai saisi un de ces poissons
sur une ancre qu’on relevoit, et j'en ai vu sur un navire
doublé en cuivre, ce qui semble prouver mon opinion
mieux que tous les raisonnemens possibles. Fe puis,
de plus, arguer contre Commerson lui- mème, des
mots qu’il'emploie, car il dit : Quw’ayant voulu appro-
cher son pouce du bouclier d’un échénéis vivant qu’il
observoit , il éprouva une force de cohésion si grande ,
qu’une stupeur remarquable , et méme une sorte de pa-
ralysie en fut la suite , et ne se dissipa que long - tems
après ». Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle;
Paris, Déterville , article de l’échénéis rémora.
SONNINI.
M 5
182 HISTOIRE
mais qu'il demeure cramponné au corps de
son terrible compagnon jusqu’à la mort de
ce dernier et redoutable animal.
Commerson rapporte aussi que, lorsqu'on
met un rémora dans un récipient rempli
d’eau de mer plusieurs fois renouvelée en
très-peu de tems , on peut le conserver en
vie pendant quelques heures, et que l’on
voit presque toujours cet échénéis, privé
de soutien et de corps étranger auquel il
puisse adhérer , se tenir renversé sur le
dos , et ne nager que dans celte position
très-extraordinaire. On doit conclure de ce
fait très-curieux , et qui a été observé par
un naturaliste des plus habiles et des plus
dignes de foi, que, lorsque le rémora change
de place au milieu de l'Océan par le seul
effet de ses propres forces , qu’il se meut
sans appui, qu'il n’est pas transporté par
un squale, par un cétacé ou par tout autre
moteur analogue, et qu'il nage véritable-
ment, il s’avance le plus souvent couché
sur son dos, et par conséquent dans une
position contraire à celle que presque tous
les poissons présentent dans leurs mouve-
mens (1). L'inspection de la figure générale
(1) « Un autre fait également rapporté par Com-
DES ECHENEIS . 19
des rémora , et particulièrement la consi-
dération de la grandeur, de la forme, de
la nature et de la situation de leur bou-
clier doivent faire présumer que leur centre
de gravité est placé de telle sorte qu'il les
détermine à voguer sur le dos plutôt que
sur le ventre; et c’est ainsi que leur partie
inférieure étant très-fréquemment exposée;
pendant leur natation, à une quantité de
lumière plus considérable que leur partie
supérieure, et d’ailleurs recevant également
un très-grand nombre de rayons lumineux,
lorsque l’animal est attaché par son bou-
clier à un squale ou à un cétacé, il n’es£
pas surprenant que le dessous du corps de
ces échénéis présente une nuance aussi fon-
cée que le dessus de ces poissons. |
Lorsque les rémora ne sont pas à portée
de se coller contre quelque grands habitans
des eaux , ils s’accrochent à la carène des
vaisseaux ; et c’est de cette habitude que
merson, c’est que l’échénéis nage sur le dos , et celui-
là, je le confirme ; j'en ai vu deux ou trois fois se
séparer du navire que je montois pour courir après
des haricots cuits que j’avois jetés dans la mer, et
toujours ils nageoiïient sur le dos ». ( Bosc, ouvrage
cité à la note précédente.) SOoNNINI.
M 4
104 EPS OTER"E
sont nés tous les contes que Fantiquité a
imagirtés sur ces animaux, et qui ont élé
transmis avec beaucoup de soin, ainsi que
tant d’aulres absurdités, au travers des
siècles d'ignorance (1).
Du milieu de ces supposilions ridicules ,
il jaillit cependant une vérité : c’est que
dans les instans où la carène d’un vaisseau
est hérissée, pour ainsi dire, d’un très-grand
nombre d’échénéis, elle éprouve, en cin-
glant au nulieu des eaux, une résistance
semblable à celle que feroient naître des
animaux à coquille très-nombreux et atla-
chés également à sa surface , qu’elle glisse
avec moins de facilité au travers d’un fluide
que choquent des aspérités, et qu’elle ne
présente plüs la même vitesse. Et il ne faut
pas croire que les circonstances où les éché-
néis se trouvent ainsi accumulés contre la
charpente extérieure d’un navire, soient
extrèémement rares dans tous les parages :
il est des mers où l’on a vu ces poissons
nager en grand nombre autour des vais-
seaux, et les suivre ainsi en troupes pour
(1) I n’est pas rare de voir des rémora collés à des
tortues , à de vienx morceaux de bois, et à d’autres
substances que la mer entraîne. SONNINIs
DES ECHENEIS.- 185
saisir les matières animales que lon jette
hors du bâtiment, pour se nourrir des sübs-
tances corrompues dont on se débarrasse,
et même pour recueillir jusqu'aux excré-
mens. C’est ce qu'on a observé particulière-
ment dans le golfe de Guinée; et voilà pour-
quoi, suivant Barbot (1), les hollandais qui
fréquentent la côte occidentale d'Afrique,
ont nommé les rémora poissons d’ordures (2).
Des rassemblemens semblables de ces éché-
néis ont été aperçus quelquefois autour des
grands squales, et sur-tout des requins,
qu'ils paroissent suivre, environner et pré-
céder sans crainte, et dont on dit qu'ils sont
alors les pilotes ; soit que ces poissons redou-
tables aient, ainsi qu'on l’a écrit, une sorte
d’antipathie contre le goût ou l'odeur de
leur chair, et dès-lors ne cherchent pas à
les dévorer ; soit que les rémora aient assez
dagilité , d'adresse ou de ruse, pour échap-
per aux dents meurtrières des squales, en
(1) Hist. génér. des voyages, liv. 3, p. 242.
(2) S'il arrive qu’une rémore vienne autour d’un
vaisseau , elle le quitte rarement, parce qu’elle vit des
ordures qu’on jetie, ou même des excrémens. (Voyage \
autour du monde, par Dampier, tome 1, pag. 86.)
SONNINI.
186 HISTOIRE
cherchant, par exemple, un asyle sur la
surface même de ces grands animaux, à
laquelle ils peuvent se coller dans les ins-
tans de leur plus grand danger, aussi bien
que dans les momens de leur plus grande
fatigue. Ce sont encore des réunions ana-
logues et par conséquent nombreuses de
ces échénéis, que l’on a remarquées sur
des rochers auxquels ils adhéroient comme
sur la carène d’un vaisseau, ou le corps
d’un requin, sur-tout lorsque l'orage avoit
bouleversé la mer, qu'ils craignoient de se
livrer à la fureur des ondes, et que d’ailleurs
la tempête avoit déjà brisé leurs forces (1).
(1) De dessus les vaisseaux que suivent les rémora,
on peut prendre ces poissons avec des hameçons garnis
de morceaux de viande. JS ont la chair maigre et
sèche, et ils passent assez généralement pour mauvais
à manger. Ce n’est pas néanmoins le sentiment de
Dampier ; ce navigateur assure que les remora sont
de fort bons poissons. SONNINE
DES ECHENEIS. 187
EE
dans eme
LE RÉMORA NAUCRATE (1).
L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE (2),
PAR BA C ÉP EL DIE.
SECONDE ESPÈCE.
Os trouve dans presque toutes les mers;
et particulièrement dans celles qui sont
(1) Le remora naucrate, naucrate ou sucet. En
allemand , schiffshalter. En hollandais, zuigervisch.
lootsmannitie. En anglais, suckino-fish. En portugais,
piexe-pogador , piexe-piolibo. En Islande, séyris-fiskur.
Par les hollandais qui habitent les Indes, roupangvisck.
\ En arabe, à Loheia , keda, à Dsjidda , keide ou kaml
el kersch , ce qui signifie pou du requin , parce que ce
remora s'attache souvent à différentes parties du corps
du requin. Au Bresil, iperaquiba et piraquiba.
Echeneis caudä intecr& , striis capitis viginti quaæ-
£uôr........ echeneis neucrates. Tan. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 157, sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. nov.
gen. 11, n° 2. additament. SONNINI.
(2) Zcheneis naucrates.
Idem, Lin. édit. de Gmelin.
Echène succet. Daubenton, Encyclop. méthod, —
Bonaterre , pl. de PEncyc. méth. — Bloch, pl. czxxr,
186 HISTOIRE
comprises entre les deux tropiques, cette
espèce d’échénéis, qui ressemble beaucoup
au rémora, et qui en diffère cependant non
seulement par sa grandeur, mais encore par
le nombre des paires de lames que son
bouclier comprend , et par quelques autres
traits de sa conformation. On lui a donné le
nom de zaucrate ou de raucraies, qui en
grec signifie pilote ou conducteur de vais-
seau. Les individus qui la composent par-
viennent quelquefois jusqu’à la longyeur de
vingt-trois décimètres (sept pieds environ ),
suivant des Mémoires manuscrits cités par
le professeur Bloch, et rédigés par le prince
Echeneis caud& integré , striis capitis viginti-qua-
tuor. Hasselquist , It. Palest, 524 , n° 68. — Gronov.
:Zooph. p. 75 ,n° 252; et Mus. 1 ,p. 13, n° 34.
Echeneis fuscus , pinnis posterioribus albo margi-
natis. Brown , Jamaïc. p. 443.
Echeneis , capite striis viginti-quinque , etc. Com-
merson , manuscrits déjà cités. |
Echeneis in extremo subrotunda. Seba, Mus. 3,
14b.35 ; Ag. 2
ÆEcheneis vel remora. Aldrov. de Piseib. p. 355. —
Jonst. de Piscibus, p. 16, tab. 4, fig. 3.
Iperuguiba et piraquiba. Marcgrav. Brasil. p. 180.
— Willughby, Ichth. p. 119, tab. G, 8, fig. 2.
Remora imperati. Ray, Pisc. p. 7 ,n° 12.
Reimora. Petiv. Gazoph. tab. 44 , fig. 12.
À
DES ECHENEIS. 184
Maurice de Nassau, qui avoit fait quelque
séjour dans plusieurs contrées maritimes de
l'Amérique méridionale. Le bouclier placé
au dessus de leur tête présente toujours
plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six
paires de lames transversales et dentelées.
D'ailleurs la nageoire de la queue du nau-
crate, au lieu d’être fourchue comme celle
du rémora , est arrondie ou rectiligne. De
plus. les nageoires du dos et de l'anus, plus
longues à proportion que sur le rémora,
montrent un peu la forme d’une faux (1).
La figure de l’une de ces deux nageoires
est semblable à celle de l’'aufre.L’ouverture
de l'anus est alongée, et située à peu près
vers le milieu de la longueur totale de
l’échénéis; et la ligne latérale, composée de
poiais très-peu sensibles, s'approche d’abord
du dos, change ensuite de direction, et tend
vers la queue, à l'extrémité de laquelle
elle parvient.
(1) À la membrane des branchies . 9 rayons.
À la nageoire du dos . . . .,. 40
À chacune des pectorales. . . . 20
A chacune des thoracines. . . . 4 ou 5
ficelle deilanus 4 74H 40
À. celle de la queue . . + . + + 16
190 HISTOIRE
Le naucrate offre des habitudes treés-ana-
logues à celles du rémora ; on le rencontre
de même en assez grand nombre autour des
requins.Ses mouvemens ne sont pas toujours
faciles : mais, comme il est plus grand et
plus fort que le rémora, il se nourrit quel-
quefois d'animaux à coquille et de crabes;
et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou
inanimé , il faut des efforts bien plus grands
pour l'en détacher que pour séparer un
rémora de son appui.
Commerson , qui l’a observé sur les rivages
de l’île de France, a écrit que ce poisson
fréquentoit très-souvent la côte de Mozam-
bique, et qu'’auprès de cette côte on em-
ployoit, pour la pêche des tortues marines,
et d’une manière bien remarquable, la faci-
lité de se cramponner dont jouit cet éché-
néis. Nous croyons devoir rapporter ici ce
que Commerson a recueilli au sujet de ce
fait très-curieux, le seul du même genre
que l’on ait encore observé (1).
On attache à la queue d’un naucrate
(1) M. Midleton avoit déjà rapporté ce fait dans son
Nouveau système de géographie , dont un extrait de
l’article Cafrerie est inséré à la suite de la traduction
française du Voyage au cap de Bonne-Espérance, par
DES ECHENEIS. 191
vivant un anneau d’un diamètre assez large
pour ne pas incommoder le poisson, et assez
étroit pour être retenu par la nageoire cau-
dale. Une corde très-longue tient à cet
anneau. Lorsque l’échénéis est ainsi préparé,
on le renferme dans un vase plein d’eau
salée, qu’on renouvelle très-souvent ; et les
pêcheurs mettent le vase dans leur barque.
Ils voguent ensuite vers les parages fré-
quentés par les tortues marines. Ces tortues
ont l'habitude de dormir souvent à la sur-
face de l'eau sur laquelle elles flottent ; et
leur sommeil est alors si léger que lap-
Sparrman , tom. IIT, in-8°, pag. 537. Voici comment
M. Midletou s'exprime sur ce sujet :
« La mer et les rivières de la Cafrerie fournissent
du poisson ; cependant les habitans en prennent rare-
ment , excepté des tortues de mer, et cela principa-
lement lorsqu'elles viennent au, rivage dans la nuit,
déposer leurs œnfs. Ils ont pourtant une autre mé-
thode fort singulière de pêcher les tortues. Ils prennent
vivant un poisson nommé rémora , et fixent deux
cordes , l’une à sa tête, l’autre à la queue ; ensuite ils
le plongent au fond de l’eau , à l'endroit où ils jugent
qu'il doit y avoir des tortues, et lorsqu'ils sentent
que l’animal s’est attaché à une tortue , ce qu’il fait
bientôt, ils tirent à eux le rémora, et avec lui la
tortue. Cette manière de pêcher est aussi, dit-on, en
usage à Madagascar ». SONNINI:.
t92 FH LOTO RE
proche la moins bruyante d’un bateau pê-
cheur suffiroit pour les réveiller et les faire
fuir à de grandes distances , ou plonger à
de grandes profondeurs. Mais voici le piège
que l’on tend de loin à la première tortue
que l’on aperçoit endormie. On remet dans
la mer le naucrate garni de sa longue
corde : l'animal, délivré en partie de sa cap-
tivité, cherche à s'échapper en nageant de
tous les côtés. On lui lâche unes longueur de
corde égale à la distance qui sépare la tortue
marine de la barque des pècheurs. Le nau-
crate, retenu par ce lien, fait d’abord de
nouveaux eflorts pour se soustraire à la
main qui le maitrise; sentant bien cepen-
dant qu’il s’agite en vain, et qu'il ne peut
se dégager, il parcourt tout le cercle dont
la corde est en quelque sorte le rayon, pour
rencontrer un point d'adhésion, et par
conséquent un peu de repos. Il trouve cette
sorte d’asyle sous le plastron de la tortue
flottante, s’y attache très-foriement par le
moyen de son bouclier, et donne ainsi aux
pêcheurs, auxquels il sert de crampon, le
moyen de tirer à eux la tortue en retirant
la corde.
On voit tout de suite la différence remar-
quable qui sépare cet emploi du naucrate
de
DES ECHENEIS. 199
de l’usage analogue auquel ou fait servir
plusieurs oiseaux d’eau ou de rivage , et
parlhculièrement des cormorans , des hérons
et des buiors. Dans la pêche des tortues que
l'on fait par le moyen d’un échénéis, on n’a
sous les yeux qu’un poisson contraint dans
ses mouvemens, mais conservant la même
tendance , faisant les mêmes efforts, répé-
tant les mêmes actes que lorsqu'il nage
en liberté, et n'étant qu’un prisonnier qui
cherche à briser ses chaînes; tandis que les
oiseaux élevés pour la pêche sont altérés
dans leurs habitudes , et modifiés par l'art
de l’honime, au point de servir en esclaves
volontaires ses caprices et ses besoins. On a
pu entrevoir, dans deux de nos Discours gé-
néraux (1), la cause de cette différence, qui
mérite toute l'attention des physiciens (2).
(1) Discours sur la nature des poissons, et Discours
sur la durée des espèces.
(2) La chair de ce rémora est moins bonne encore
que celle de l'espèce précédente. SONNINI:
Poiss. Tomx VIIL. N
194 HISTOIRE
——
LE RÉMORA RAYË (ne
LÉCHÉENÉIS RAY TL.:(6),
PAR LACÉPÉÈDE.
TROTSIE ME ES-P É CE.
Lx naturaliste anglais Archibald Menzies
a donné, dans le premier volume des Tran-
sactions de la société linnéenne de Londres,
la description de ce poisson, qui diffère des
deux échénéis dont nous venons de parler
par le nombre des lames qui composent sa
plaque ovale. En eflet cet osseux n’a que
dix paires de stries transversales, dans les-
pèce de bouclier dont sa tête est couverte.
D'ailleurs sa nageoire caudale , au lieu d’être
fourchue comme celle du rémora, ou rec-
üligne , ou arrondie comme celle du nau-
crate, se termine en pointe. Sa mâchoire
ee
(1) Echeneis lineata.
Idem. Archibald Menzies , Transact. de la société
ännéeune de Londres , vol. I.
DES ECHENEIS. 195
inférieure est plus longue que la supérieure.
Les dents des deux mâchoires sont petites,
ainsi que les écailles qui revêtent l’animal.
La couleur générale est d’an brun foncé,
et relevée de chaque côlé par deux raies
blanches qui s'étendent depuis les yeux
jusques vers le bout de la queue. L’échénéis
rayé se trouve dans le grand Océan, connu
sous le nom de mer Pacifique : on y a vu
adhérer à des tortues. L’individu décrit par
l'auteur anglais avoit treize centimètres (à
peu près cinq pouces) de long (1).
(1) À la membrane branchiale . . 10 rayons.
A la nageoïre dorsale . . . . . 33
À chacune des pectorales. . . . 16
À chacune des thoracines. . . . 5
Mcellede anus M0 te 2 SAT TS
A celle dela queue . . - . + - 14
N 2
106 HISTOIRE
SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE.
PAR {LACÉPÉDE.
LES MACROURES.
D:vx nageoires sur le dos; la queue deux
fois plus longue que le corps.
ESPÈCE.
LE MACROURE BERGLAX; "”acrourus
berglax.— Le premier rayon de la première
nageoire dorsale dentelé par. devant ; les
écailles aiguillonnées et relevées en carëne.
DES MACROURES. 197
LE M AC RO DRE. (1)
LE MACROURE BERGLAX (2),
PAR LACÉPÉDE.
Voyez la planche XX XVII, fig. 3.
Avurris des rivages du Groenland et de
l'Islande habite ce macroure, que Bloch et
Gunner ont cru, avec raison, devoir placer
“dans un genre particulier. La longueur de
sa queue sépare sa forme de celle des autres
poissons thoracins , et donne un caractère
4
particulier à ses habitudes, en accroissant
(1) Le macroure, ou poisson à longue queue. En
allemand , berglachs. En norvégien , berg-lax.
Coryphæna dorso dipterygio, radio pinnæ dorsalis
primæ retro dentato..... corypaæna rupestris. Oth.
Fabricius , Faun. Groenland. p. 154 , n° 111. — Lan.
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158 , sp. 19.
Macrourus rupestris. Axrtedi, Gen. pisc. édit.
Walbaum , nov. gen. Blochii, n° 1. SONNINI.
(2) Macrourus berglax.
Macrourus rupestris. Bloch , pl. cLxxVII.
Coryphænoides rupestris. Gunner, Act. Nidros. 3,
N 5
198 HISTOIRE
l'étendue de son principal instrument de
nalation , et en douant cet osseux d’une
force particulière pour se mouvoir avec
vitesse au milieu des mers hyperboréennes.
Long d'un mètre (trois pieds) ou environ,
il fournit un aliment utile et quelquefois
même abondant aux peuplades de ces côtes
groenlandaises et islandaises, si peu favori-
sces par la Nature, et condamnées pendant
une si grande partie de l’année à tous les
effets d’un froid excessif. Son nom de berg-
lax vient des rapports qu'il a paru présenter
avec le saumon que l’on nomme /achs ou
lax dans plusieurs langues du nord , et des
rochers au milieu desquels il séjourne fré-
quemment. Sa lète est grande et large ; ses
veux sont ronds et saillans ; les ouvertures
des narines doubles de chaque côté ; et les
deux mâchoires proprement dites à peu
près égales. Cependant le museau est très-
p. 45, tab. 3, fig. 1.— Muller, Prodrom. zool. Danic.
M A3 900:
. Coryphæna rupestris. Lin. édit. de Gmelin, — Oth.
Fabric. Faun. Groenland. p. 154, n° 1114
Ingmingoak. . ibid.
F'isklisen brosme.
Tngminniset. Cranz , Groenland p. 140.
Berglax. Strom. Sondm. 1 , p. 267.
DES MACROURES. 1099
avancé aû dessus de la mâchoire siüipérieure,
qui est armée ordinairement de cinq ran-
gées de dents; et la mâchoire inférieure,
qui n'en montre que trois rangées, est
garnie d’un filament ou barbillon semblable,
par sa forme, sa nature et sa longueur, à
celui de plusieurs gades. La langue est
courte , épaisse, cartilagineuse , blanche , et
lisse comme le palais. Un opercule d’une
seule pièce couvre une grande ouverture
branchiale. L’anus est plus près de la tête
que de l'extrémité de la'queue. La ligne
latérale se rapproche du haut du corps dans
une grande partie de sa direction. Deux
nageoires s'élèvent sur le dos; la seconde:
est réunie avec celle de la queue , qui touche
aussi celle de l'anus (1) ; et les écailles qui
recouvrent ce macroure, ou, ce qui est la
même chose, ce poisson à longue queue ;
sont relevées par une arête qui se termine
en pointe ou en aiguillon.
(1) A là membrane des branchies . 6 rayons.
À la première nageoire du dos +. 11
Al Seconde NRA ee nee te 127
À chacune des pectorales . . . . 19
À chacune des thoracines . . + 7
À celle de Fanuse Lu. + 148
N 4
200 CH TES T'O'LR E
Présentant d'ailleurs un éclat argentin,
ces écailles donnent une teinte très-brillante
au berglax, dont la partie supérieure montre
néanmoins une couleur plus foncée où plus
bleuâtre que l’inférieure ; et les nageoires
ajoutent quelquefois à la parure de l'animal,
en offrant une nuance d'un assez beau
jaune, et une bordure bleue qui fait res-
sortir ce fond presque doré. |
Le berglax fraie assez tard. On le pêche
avec des lignes de fond : lorsqu'il est pris,
il se débat violemment, agite avec force sa
longue queue, anime ses gros yeux, et se
; 4? SA 3 x
gonfle d’une manière assez analogue à celle
que nous avons observée en parlant des
tétrodons (1).
(1) Le macroure,, selon Othon Fäbricius ; se plaît
dans les profondeurs de plusieurs goifes des côtes du
Groenland , et principalement dans celui de T'unnud-
liorbick. Le même observateur a trouvé au mois de
mai, dans l’ovaire de quelques femelles, des œufs
très-pelits, d’où il conclut que le tems da frai est
lPautomne ou le commencement de l’hyver.
SONNINI1
L£
DES CGRYPHENES. ox
QUATRE -VINGTIÈME GENRE.
PAR LACÉPEDE.
LES CORYPHÈNES.
Lier sommet de la tête trèés-comprimé et
comme tranchant par le haut, ou très-
élevé, et finissant sur le devant par un
plan presque vertical, ou terminé anté-
rieurement par un quart de cercle, ou
garni d’écailles semblables à celles du dos;
une seule nageoire dorsale, et cette na-
. geoire du dos presque aussi longue que
le corps et la queue.
PREMIER SOUS-GENRE.
La nageoire de la queue fourchue.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE CORYPHÈNE HIPPURUS ; Ccoryphæna
hippurus. — Soixante rayons où environ à
la nageoire du dos ; plus de six rayons à la
membrane des branchies ; plus d'un rang
de dents à chaque mâchoire ; une seule
202 HAS TO LR E
lame à chaque opercule ; des taches sur la
plus grande partie du corps et de la queue.
S: FC O0 ND E' E SP É:C:EF.
LE CORYPHÈNE DORADON ; coryphæna
aurata. — Cinquante rayons ou environ à
la nageoire du dos; six rayons à la mem-
Lune branchiale ; des taches sur la partie
supérieure du corps et de la queue.
TR OISLEME ESPÈCE.
LE CORYPHÈNE CHRYSURUS; coryphœna
chrysurus. — Cinquante -huit rayons à la
nageoire du dos; six rayons à la membrane
‘des branchies ; ‘la langue osseuse dans le
milieu et cartilagineuse dans les bords; un
seul rang de dents à chaque mâchoire ;
deux lames à chaque opercule ; des taches
sur la plus grande partie du corps et de la
queue. |
OUvVA ITeR. LE M EF Lie PE CE
LE CORYPHÈNE SCOMBÉROÏDE; coryphæn«
scomberoïdes. — Uinquante- cinq rayons ou
environ à la nageoire du dos; cette nageoire
dorsale très-festonnée au dessus de la queue;
la langue bisanguleuse par devant, osseuse
dans son milieu et cartilagineuse dans ses
bords; point de dents sur le devant du
DES CORYPHENES. 2o3
palais ; point de taches sur le corps ni sur
la queue.
CLIN QU EME ESPÈCE.
LE CORYPHÈNE ONDÉ; coryphæna undu-
lata. — Cinquante-quatre rayons ou environ
à la nageoire du dos ; la ligne latérale
droite ; des bandes transversales placées sur
la nageoire dorsale et s'étendant sur le dos
et les côtés où elles ondulent et se réunissent
les unes aux autres.
SERRE MF, E SP E CE.
LE CORYPHENE POMPILE; coryphæna
pompilus. = "T'rente-cinq rayons ou envi-
ron à la nageoire du dos; la mâchoire infé-
rieure plus avancée que la supérieure; la
ligne latérale courbe ; des bandes transver-
sales et étroites.
SECOND SOUS-GENRE.
La nageoiïre de la queue en croissant. ;
SEPTIÉÈÉME ESPÈCE.
{
LE CORYPHÈNE BLEU; coryphæna Ccœru-
lea. — Dix-neuf rayons ou environ à la
nageoire du dos; les écailles grandes ; toute
la surface du poisson d’une couleur bleue.
s04 (CHETESTOER E
HUE DIM RES PÉ CE.
LE CcoRYPHÈNE PLUMIER; coryphæna
Plumieri. — Quatre-vingts rayons ou en-
viron à la nageoire du dos; un grand nombre
de raies étroites, courbes et bleues, situées
sur le dos.
TROISIÈME SOUS-GENRE.
La nageoire de la queue rectiligne.
NEW NTEME..ËÉS PE CE.
LE CORYPHÈNE RASOIR; Coryphæna nova-
cula. — La partie supérieure terminée par
une ar°te aisuë; des raies bleuâtres et croi-
sées sur la tête et les nageoires. .
D FX E ME E: 64, BCE.
LE CORYPHÈNE PERROQUET ; coryphæna
psittacus. — La nageoire dorsale commen-
çant à l’occiput, composée de trente rayons
ou environ et.très-basse, ainsi que celle de
Panus ; la ligne latérale interrompue; des
raies longitudinales et vivement colorées
sur les nageoires.
ONZIÉ ME ESP EC E.
LE CORYPHÈNE CAMUS ; corÿphæna sima.
— 'Frente-deux rayons à la nageoire du
dos ; la lèvre inférieure plus avancée que la
supérieure.
DES CORYPHENES. 205
QUATRIÈME SOUS-GENRE.
La nageoire de la queue arrondie.
DOUZIÈME ESPÈCE.
LE cCORYPHÈNE RAYÉ; coryphœæna lineata.
— L'extrémité antérieure de chaque mà-
choire garmie de deux dents aiguës, très-
longues et écartées l’une de l'autre ; les
écailles grandes, la tête dénuée d’écailies
semblables à celles du dos ,-et présentant
plusieurs bandes transversales.
LR ENT OZ LE MEME SEP C.E.
LE CORYPHÈNE CHINOIS; coryphœna
sinensis. — La nagcoire du dos très-longue;
celle de l'anus assez courte; la mâchoire
inférieure plus avancée que la supérieure et
relevée ; de grandes écailles sur le corps et
sur les opercules ; la couleur générale d’un
verd argentin. |
CINQUIÈME SOUS-GENRE.
La nageoire de la queue lancéolée.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
LE CORYPHÈNE POINTU ; coryphæna acula,
— Quarante-cing rayors à la nageoire du
dos; la ligne latérale courbe.
206 HISTOIRE
Espèces dont la forme de la nageoire de la
gueue n'est pas encore connue.
O'D'LN ZM FES PE CE.
LE CORYPHÈNE VERD; coryphæna viridis.
— La nageoire du dos, celle de l’anus et les
thoracines garnies chacune d’un long fila-
ment.
SEIZTÉME ES P.LÈ C E.
LE CORYPHÈNE CASQUÉ; coryphæna ga-
leata. — Trente-deux rayons à la nageoire
du dos ; une lame osseuse sur le sommet de
la tête. du
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De Seve del.
5e Biga
LL. LA DORADE «d'Amerigue ,
2.LE RASOIR 27.
DES CORYPHENES. s07
LA DORADE D’'AMÉRIQUE (1).
LE CORYPHÈNE HIPPURUS (2),
RAD LACÉPEDE
\PBREMIÉRE-ES PE CE.
Voyez la planche XX XVIII, fig. 1.
Ds tous les poissons qui habitent la haute
mer, aucun ne paroît avoir recu de parure
plus magnifique que les coryphènes. Revêtus
d'écailles grandes et polies, réfléchissant avec
vivacité les rayons du soleil, brillant des
- (1) La dorade d’ Amérique, ou simplement dorae.
En allemand, gefleckter stutzkopf, gold-fisch , doiphin.
En hollandais , delphin. En portugais, dorado. Aux
Indes, dorado focari; et par les hollandais qui habitent
ces contrées , sroene koningsvisch.
Coryphæna caud4 bifid& , radiis dorsalibus sexa-
gintts ee. coryphæna hippurus. Han. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 158, sp. 1. SONNINI.
(2) Coryphæna hippurus. Dorade. Sur la côte de
Gênes, rondanino, En Espagne , lampugo. En Angle-
208 HISTOIRE
couleurs les plus variées, couverts d’or,
pour ainsi dire, et resplendissant de tous les
feux du diamant et des pierres orientales
les plus précieuses; ils ajoutent d'autant
plus, ces coryphènes privilégiés, à la beauté
du spectacle de l'Océan, lorsque, sous un
terre , dolphin. Dans plusieurs autres endroits de
l'Europe , dorado.
Coryphæna hippurus. Tan.édit. de Gmel. — Bloch,
pl. cLxxLv.
Coryphène dofin. Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth.— Osbeck, It. 307.
Coryphœna caudä& bifurcé , etc. Artedi, gen. 15,
syn. 26.
Ippouros. Arist. lib. 8, cap. 15. — Oppian. lib. r,
p. B. — Athen. lib.7, p. 504.
Hippurus. Ovid. v. 95. — Plin. lib. 9, cap. 16; et
Bb. 32, cap. ri.
Lampugo. Rondelet, première partie, liv. 8,
chap. 18, édition de Lyon, 1556.
Hippurus. 1. ibid. — Gesner, p. Sor et 425, —
(Germ.) fol. 44, @. — Icon. anim. p. 75. — Aldrov.
Liv. 3, cap. 17, p. 506. — Jonston, lib. r, tit. :r$
cap. 1,@.6 , tab. 1. — Charlet. p. 124. — Willughby,
Tchth. p.215 , tab. O, 1, fig. 5. — Ray, p. 100, n° 1:
Equisele. Gaz. Arist. lib. 4, cap. 10; et lib. 8,
cap. 19. |
Equiselis. T. ibid.
Hippurus pinnis branchialibus deauratis , ete.
Klein, Miss. pisc. 5 , p.55 ,n° 1, 2.
ciel
DES CORYPHENES. og
ciel sans nuages, de légers zéphirs. com-
mandent seuls aux ondes ; qu’ils nagent fré-
quemment à la surface des eaux ; qu’on les
voit, en quelque sorte, sur le sommet des
vagues; que leurs mouvemens très-agiles et
très-répétés multiplient sans cesse les aspects
sous lesquels on les considère , ainsi que les
reflets éclatans qui les décorent ; et que,
voraces: et audacieux , ils entourent en
grandes troupes les vaisseaux qu'ils ren-
contrent, et s'en approchent d'assez près
pour ne rien dérober à l’œil du spectateur
de la variété ni de la richesse des nuances
qu'ils étalent. C’ést pour indiquer cette
prééminence des coryphènes dans l'éclat et
dans la diversité de leurs couleurs, einsi
que dans la vélocité de leur course et la
rapidité de leurs évolutions, et pour faire
allusion d’ailleurs à la hauteur à laquelle
ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs
écrivains , ils ont: reçu le nom générique
qu'ils portent, et qui vient de deux mots
grecs, dont lun , oryphe, veut dire sommet,
et l’autre, neo, signifie je nage. On a Etes
ment ae que la dénomination de
coryphène, employée dès le tems des anciens
naturalistes, désignoit une des formes les
plus remarquables des poissons dont nous
Poiss. Tome VIII. O
210 HISTOIRE
païlons ; c’est-à-dire, la position de leur
nageoire dorsale, qui commence très-prés
du haut de la tête. Quelque opimon que
Jon adopte à cet égard, on ne peut pas
douter que le nom particulier d’hipptrus,
ou de queue de cheval, donné à lune des
plus belles espèces de coryphène, ne vienne
de la conformation de cette même nageoire
dorsale, dont les rayons très-nombreux ont
quelques rapports avec les crins du cheval.
Cet hippurus; qui est l’objet de cet article,
parvient quelquefois jusqu’à une longueur
d’un mètre et demi (quatre pieds et demi ).
Son corps est comprimé aussi bien que sa
tête ; l'ouverture de sa bouche très-grande;
sa langue courte; ses lèvres sont épaisses,
ses mâchoires garnies de quatre rangs de
dents” aigués et recourbées en arrière. Un
opercule composé d’une seule pièce couvre
une large ouverture branchiale (1); la ligne
latérale est fléchie vers la poitrine, et droite
(1) A la membrane des branchies . 10 rayons.
A la nageoire du dos . . . . . 6o
À chacune des pectorales! .'.". ‘20
- À chacune des thoracines . «+ . : 6
À celle de l'anass + 41151205 . #26
A! celle de da queue.l. + el s1rexr 20
DES CORVPHENES. o11
ensuite jusqu'à la nageoire caudale, qui est
fourchue; les écailles sont minces, mais {or-
tement attachées (1). ;
À l'indication des formes , ajoutons l’ex-
position des nuances , pour achever de
donner une idée de ce superbe coryphène.
Lorsqu'il est vivant, dans l’eau, et en mou-
vement, il brille sur le dos d’une couleur
d’or très-éclatante , mêlée à une belle teinte
de bleu ou de verd de mer, qui relèvent
des: taches dorées et le jaune doré de la
ligne latérale. Le dessous du corps est ar-
genté. Les nageoires pectorales et thoracines
présentent un. jaune très-vif, à la splendeur
duquel ajoute la teinte brune de leur base;
la nageoire caudale, qui offre la même
nuance de jaune, est d’ailleurs bordée de
verd; celle de l'anus est dorée ; et une dorure
des plus riches'fait remarquer les nombreux
rayons de la nageoire dorsale, au milieu de
la membrane d’un bleu céleste qui les réunit.
C’est. ce.magnifique assortiment de cou-
Jeurs d’or et d'azur qui trahit de loin le
coryphène hippurus, lorsque, cédant à sa
(1) Ce poisson a l’estomac mince et alongé; vingt
a à l’épine dorsale, et sept côtes de chaque
côté, SONN1N:1.
O 2
212 AIS TODR E
voracilé naturelle, il poursuit sans relâche
les trigles et les exocets, dont il aime à se
nourrir, contraint ces poissons volans à s’é-
lancer hors de l’eau, les suit d’un regard
assuré, pendant que ces animaux efirayés
parcourent dans l'air leur demi-cerclie, et
les reçoit , pour ainsi dire, dans sa gueule, à
l'instant où , fatigués d’agiter leurs nageoires
pectorales, et ne pouvant plus soutenir dans
Patmosphère leur corps trop pésant, ïls
retombent au milieu de leur fluide natal
sans pouvoir y trouver un asyle (1).
Non seuleinent les hippurus cherchent
ainsi à satisfaire le besoin impérieux de la
faim qui les presse, au milieu des bandes
nombreuses de poissons moins grands et
plus foibles qu'eux; mais encore, peu diffi-
ciles dans le choix de leurs alimens, ils
voguent en grandes troupes autour des vais-
seaux , les accompagnent avec constance,
et saisissent avec lant d’avidité tout ce que
les passagers jettent dans la mer, qu’on a
trouvé dans l'estomac d’un de ces poissons
(1) Les dorades s’élancent souvent hors de l’eau
pour saisir leur proie. On en a vu s’élever en l'air
de la hauteur d’une brasse , ou de cinq picds.
SONNINI
DES! CORVYVPHENES. 219
jusqu'à quatre clous de fer, dont un avoit
plus de quinze centimètres (cinq pouces et
demi) de longueur (1).
On profite d'autant plus de leur glouton-
nerie pour les prendre , que leur chair est
ferme et très-agréable au goût. Pendant le
tems de leur frai, c’est-à-dire, dans le prin-
tes et dans l’automne, on les pêche avec
des filets auprès des rivages, vers lesquels ils
vont déposer ou féconder leurs œufs; et dans
les autres saisons, où ils préfèrent la haule
mer , on se sert de lignes de found, que la
voracité de ces coryphènes rend très-dan-
gereuses pour ces animaux (2). Ce qui fait
d'ailleurs que leur recherche est facile et
avantageuse, c’est qu'ils sont en très-grand
(1) Un navigateur hollandais rapporte que son
équipage pêcha une dorade longue de cinq pieds, dans
lintérieur de laquelle on trouva un poisson volant de
quinze pouces de longueur. ( Voyage de Van den
Broeck aux Indes orientales. ) SONNINI.
(2) Le meilleur appât dont on puisse se servir pour
prendre les dorades est le poisson volant; lorsque l’on
p’a pu s’en procurer , il sufit de le représenter gros-
sièrement avec un morceau de bois ou de liège,
auquel on attache des plumes blanches en forme
d'ailes. En pleine mer on laisse traîner cet appât à
l'arrière du vaisseau. SONNINI:
O5
214 HISTOIRE
nombre dans les parties de la mer qui leur
conviennent; parce qu'indépendamment de
leur fécondité , ils croissent si vite, qu’on les
voit grandir d'une manière très - prompte
dans les nasses où on les renferme après les
avoir pris en vie.
Ils vivent dans presque toutes les mers
chaudes et même tempérées. On les trouve
non seulement dans le grand Océan équa-
torial, improprement appelé mer Pacifique,
mais encore dans une grande portion de
l'océan Atlantique et jusques dans la Médi-
terranée (1).
4
(1) C’est dans les mers des climats chauds , et par-
ticulièrement dans celles de l'Amérique méridionale
que la dorade est plus commune; de là sa dénomina-
tion de dorade d’ Arnérique , afin de la distinguer de
plusieurs poissons auxquels on a donné aussi le nom
de dorade, SONNINI.
DES CORYPHENES. 915
LE DORADON (à).
LE CORYPHÈNE DORADON (2),
PAR LACÉPÈDE.
SECONDE ESPÈCE.
Nov: conservons ce nom de doradon à
un coryphène qui a plusieurs traits com-
(1) Ze doradon. Au Brésil, AHATaE ARE Par les
hollandais, draador.
to bifurca , radiis dorsalibus quinquaginta
tribus..... coryphæna equiselis. Lin. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 158, sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. BAE 12 3
n° 14. additament. SONNINI.
(2) Coryphæna aurata.
Coryphæna.equiselis. Lin. édit. de Gmelin.
Coryphène doradon. Daubenton, Encyc. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’Encycel. méthod.
Dorado. Osbeck, {t. 308.
Guaracapema. Marcgrav. Brasil. p. 160. — Piso,
Tnd. p. 160.—Willughby, Ichth. p. 214. — Ray, Pisc.
p. 100, n°2
0 4
216 HISTOIRE
muns avec l’hippurus (1), mais qui en diffère
par plusieurs autres. [l en est séparé par le
nombre des rayons de la nageoire dorsale,
qui n’en renferme que cinquante ou environ,
par celui des rayons de la membrane des
branchies, qui n’en comprend que six, pen-
dant que la membrane branchiale de l'hip-
purus en présente sept ou quelquefois dix,
et de pius par la disposition des taches cou-
leur d’or qui ne sont disséminées que sur la
partie supérieure du corps et de la queue.
D'ailleurs, en jetant les yeux sur une pein-
ture exécutée d’après les dessins coloriés et
originaux du célèbre Plumier, laquelle fait
partie de la belle collection de peintures sur
vélin déposées dans le museum d'histoire
naturelle, et qui représente avec autant
d'exactitude que de vivacité les brillantes
nuances du doradon, on ne peut pas douter
que ce dernier coryphène n’ait chacun des
opercules de ses branchies composé de deux
lames, pendant que l’opercule de lhippurus
(1) Marcgrave pensoit que le doradon étoit le mâle
dans l’espèce de la dorade. (Hist: nat. Bras. loco suprà
citato. )
SONNINI.
DES CORYPHENES. 217
est formé d’une seule pièce (1). Au reste,
l'agilité , la voracité et les autres qualités
du doradon, ainsi que les diverses habitudes
de ce poisson, sont à peu près les mêmes
que celles de lhippurus; et on le trouve
également dans un grand nombre de mers
chaudes ou tempérées (2).
vrac
(1) À la membrane des branchies . 6 rayons.
À la nageoïre dorsale : 41, 2.3. 53
À chacune des pectorales. . . . 19
À chacune des thoracines. . . . 6
Bicelodelanns eN ni", Li 195
A celles de Jajquene "24044 Li: tto0
(2) Le doradon nage avec une extrême vitesse et
comme par bonds, Sa chair a bon goût, quoique sèche.
SONNINI:
218 HISTOIRE
LA D'OR A DE
DE BAM ER DU: SD;
LE CORYPHÈNE CHRYSURUS (1),
PAR LACÉPÉDE.
PARU ON SU DIE MELLE SIPE CU.
C’esr dans la mer Pacifique, ou plutôt
dans le grand Océan équatorial, que ce
superbe coryphène a été vu par Commerson,
qui accompagnoit alors notre célèbre navi-
galeur Bougainville. 1] l’a observé sur la fin
d'avril de 1768, vers le 16° dégré de lati-
tude australe, et le 170° de longitude. Au
premier coup d'œil, on croiroit devoir le
rapporter à la même espèce que l'hippurus;
mais en le décrivant d’après Commerson,
(1) Coryphæna chrysurus.
Coryphus chrysurus. — Undique deauratus ; dorso,
pinnis, suttulisque lateralibus, cœruleis , caudé ex
auro flivescente. Commerson , manuscrits déjà cités.
Dorat de la mer du Sud. Id. ibid.
En
DES CORYPHENES. 219
nous allons montrer aisément qu'il en diffère
par un grand nombre de caractères.
Toute la surface de ce coryphène, et
particulièrement sa queue, brillent d’une
couleur d’or très-éclatante. Quelques nuances
d'argent sont seulement répandues sur la
gorge et la poitrine; et quelques teintes d’un
bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au
milieu des reflets dorés du sommet du dos.
Une belle couleur d'azur paroït aussi sur
les nageoires, principalement sur celle du
dos et sur les pectorales : elle est relevée
sur les thoracines par le jaune d’une partie
des rayons, et sur celle de l'anus, par les
teintes dorées avec lesquelles elle y est
mêlée; mais elle ne se montre sur la na-
geoire de la queue que pour y former un
léger liseré, et pour y encadrer, en quelque
sorte, l’or resplendissant qui la recouvre et
qui a indiqué le nom du coryphène (1).
Ajoutons, pour achever de peindre Ja
magnifique parure du chrysurus, que des
taches bleues et lenticulaires sont répan-
dues sans ordre sur le dos, les côtés et la
partie inférieure du poisson , et scintilient au
(1) Chrysurus signifie queue d’or.
Lw)
220 FH LS TOR E
milieu de lor, comme autant de saphirs
enchâssés dans le plus riche des métaux.
L'admirable vêtement que la Nature a
donné au chrysurus, est donc assez différent
de celui de lhippurus, pour qu'on ne se
presse pas de les confondre dans la même
espèce. Nous allons les voir séparés par
des caractères encore plus constans et plus
remarquables.
Le corps du chrysurus, très -alongé et
très-comprimé, est terminé dans le haut
par une sorte de carène aiguë qui s'étend
depuis la tête jusqu’à la nageoire de la
queue; et une semblable ‘carène règne en
dessous, depuis cette même nageoire caudale
jusqu'à l'anus.
La partie antérieure et supérieure de la
tête représente assez exactement un quart
de cercle, et se termine dans le haut par
une sorte d’arête aiguë.
La mâchoire inférieure, qui se relève
vers la supérieure, est un peu plus longue
que cette dernière. Toutes les deux sont
composées d’un os qu’'hérissent des dents
très-pelites, très-courtes, très-aigués , assez
écartées l’une de l’autre, placées comme
celles d’un peigne, et très - différentes, par
DES CORYPÆENES. 91
Jeur forme, leur nombre et leur disposition ;
de celles de lhippurus. |
On voit d’ailleurs deux tubercules garnis
de dents très-menues et très-serrées auprès
de: l'angle intérieur dé la mâchoire supé-
rieure, trois aulres tubercules presque sem-
blables vers le milieu du palais, et un sixième
tubercule'très- analogue presque au dessus
so ‘gosier: CE
1 La lapins EsL : large, ‘courte ; amsgudie par
devant, osseuse dans son nulieu, et carti-
lasineuse dans ses. bords. L'ouverture de la
bouche est peu étendue: on compte de
chaque côté deux orifices dés marines; une
sorte d’anneau membraneux entoure l’anté-
rieur. Les ‘opercules des branchies ‘sont,
comme Ja tête, dénués de petites écailles ;
ils sont de plus assez grands, et composés
chacun de deux pièces, dont celle de devant
est arrondie vers la queue, et dont celle
de derrière se prolonge également vers la
queue, en appendice ee un peu
recourbée.
Six rayons aplatis soutiennent de chaque
côté une membrane branchiale, au dessous
de laquelle sont placées quatre branchies
ires-rouges, formées chacune de deux ran-
gées de filamens alongées : la partie concave
220 et AS AVO DR EF
de l'arc de cercle osseux de la première et
de la seconde est garnie de longues dents
arrangées comme celles. d’un peigne ;: la
concavilé de Parc de la troisième et.de la
quatrième.ne présente que des aspérités..
La nageoire du, dos; qui cominence au
dessus des yeux, et s'étend presque jusqu'à
celle de la queue, comprend emquante-huit
rayons (1) : les huit premiers sont d'autant
plus longs qu'ils sont situés plus loin: de: la
tête , et la longueur des autres.est au. con:
traire d'autant moindre, quoiqu'avec des
différences peu :sensibles, qu'ils sont plus
près de la nageoire caudale.' l
L'anus est placé vers le milieu de la Jon-
gueur totale de l’animal ; et Pon voit entre
cet orifice et la base des nageoires thor racines,
un petitsillon longitudinal. |
La nageoire de la queue est fourchue ,
comme celle de tous les coryphènes du pre-
nier soûs-genre ; la ligne laïérale serpente
PTE 31
et
(1) A la membrane des branchies . 6 rayons.
À la nageoire du dos. . . . : : 58
À chacüne des pectorales 3° .} "#20
À. chacune des thoracines .°, . 5
‘À la rageoire de l’anus . . . . 28 UE
À. cellé:de:la;queue. 1.15
DES CORYPHENES. 9933
depuis le haut de louverture branchiale,
où elle prend son origine, jusqu'auprès de
l'extrémité des nageoires pectorales , et at-
teint ensuite la nageoire de la queue en ne
se fléchissant que par de légères ondulations;
et enfin les écailles qui recouvrent le poisson
sont alongées, arrondies à leur sommet,
lisses; et fortement attachées.
On a donc pu remarquer sept traits prin-
cipaux par lesquels le chrysurus diffère de
Fhippurus : premièrement ; le-nombre des
rayons n’est pas le même dans la plupart
des nageoires:de ces deux corÿphènes; se-
condement , la membrane brancluale: du
chrysurus ne renferme que six rayons, 1l
y en a toujours depuis sept jusqu’à dix à celle
de lhippurus; troisèmement, le dos du
premier est caréné, celui du second est
convexe; quatrièmement, l'ouverture de la
bouche est peu étendue dans le chrysurus,
élle est très-grande dans l’hippurus ; cinquiè-
mement, les dents du chrysurus sont con-
formées et placées bien différemment que
celles de l’hippurus; sixièmement, loper-
cule branchial du chrysurus comprend deux
lames, on ne voit qu’une pièce dans celui
de l'hippurus; et septièmement, nous avons
déjà montré une distribution de couleurs
224 HLSTrOLR E
bien peu semblable sur l’un et sur Fautre
de ces deux coryphènes. Ils doivent donc
constituer deux espèces différentes, dont
une, c'est-à-dire, celle que nous décrivons,
est encore inconnue des naturalistes; car
elle est aussi très- distincte du coryphène
doradon, ainsi qu'on peut facilement s’en
convaincre en comparant les fornies du do-
radon et celles du chrysurus.
Au reste, les habitudes du coryphène
qui fait le.sujet de cet article ; doivent se
rapprocher beaucoup de celles de l'hippurus.
En effet, Commerson ayant ouvert un
chrysurus qui avoit plus de sept décimètres
(deux pieds deux pouces environ) de lon-
gueur , il trouva son estomac qui étoit alongé
et membraneux, rempli de petits poissons
Volans, et d’autres poissons très-peu volu-
mineux.
Il vit aussi s'agiter au milieu de cet es-
tomac, et dans une sorte de pâte ou de
chyme, plusieurs vers filiformes, et de la
Jongueur de deux ou trois centimètres (neuf
à treize lignes environ ).
Ce voyageur rapporte d’ailleurs dans les
manuscrits qui n'ont été confiés dans le
tems par Buffon, que lorsque les matelots
exercés à la pêche ont pris un chrysurus,
1is
DES CORYPHENES. 95
ils l’attachent à une corde, et le suspendent
à la proue du vaisseau, de manière que
l'animal paroît être encore en vie et nager
à la surface de la mer. Ils attirent et réu-
nissent, par ce procédé, un assez grand
nombre d’autres chrysurus, qu'ils peuvent
alors percer facilement avec une fouine (1).
Commerson ajoute que les chrysurus lem-
portent sur presque tous les poissons de
mer par le bon goût de leur chair, que
l’on prépare de. plusieurs manières, et par-
ticulièrement avec du beurre et des càpres.
(1} La fouine est un peigne de fer attaché à un
long manche. On donne aussi ce nom , ainsi que celui
de foène et de fouanne, à une broche terminée par
un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois
ou un plus grand nombre de lames, pour former une
fouanne , ou foëne ,ou fouine. D’autres fois on em-
ploie ces noms pour désigner une simple fourche,
On attache l'instrument au bout d’une perche, et
l’on s’en sert pour percer les poissons que lon aper-
goit au fond. de l'eau, ou qui sont cachés dans la vase,
les enfiler et les retirer.
Poiss. Tome VIIL. | 5
226 HA S AOL R E
LA PEMLTEUDORADE.
LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIDE Qi,
PAR LACCPÉEDE,
0 mA RIT D'MCE) ES P'É ICE.
Nos avons trouvé dans les manuscrits
de Commerson la description de cette es-
pèce de coryphène , que ce savant voyageur
avoit vue, au mois de mars 17068, dans la
mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le
grand Océan équatorial, vers le 18° dégré
S
(1) Coryphæna scomberoides.
Coryphus argenteus. — Coryphus pinn& dorsali
longissimé radiorum quinquaginta-quinque , osse qua-
dratulo in media lingua.— Et coryphus argenteus ,
immaculatus , pinnis fuscis , dorsali radiorum quin-
quaginta - quinque ; anali viginti - quinque , caudä
bifurc& fuscescente. Commerson, manuscrits déjà
cités.
Osteoglossus , ostéoglosse , on languosseux de la mer
du Sud, Id. ibid.
Petite dorade. Id. ibid.
DES CORYPHENES. 927
de latitude australe , et le 134° dégré de
longitude, et par conséquent à une distance
de la ligne très-peu différente de celle où
il observa , un ou deux mois après, le co-
ryphène chrysurus.
Le scombéroïde est d’une longueur inter-
médiaire entre celle du scombre maquereau
et celle du hareng. Sa couleur totale est
argentée et brillante ; mais elle n’est pure
que sur les côtés et sur le ventre. Une
teinte brune mêlée de bleu céleste est ré-
pandue sur le dos ; cette teinte s'étend aussi
sur le sommet de la tête, où elle est plus
foncée, plus noirâtre, et mêlée avec des
reflets dorés que l’on voit également autour
des yeux et sur les lames des opercules.
Toutes les nageoires sont entièrement
brunes, excepté les thoracines, dont la partie
extérieure est blanche, et les pectorales,
qui sont un peu dorées.
La mâchoire supérieure est plus courte
que l’inférieure. Les os qui composent l’une
et l’autre sont hérissés d’un si grand nombre
de petites dents tournées en arrière, qu’ils
montrent la surface d’une lime, et qu'ls
tiennent l'animal facilement suspendu à un
doigt , par exemple, que l’on introduit dans
la cavité de la bouche.
Ps
228 HAS TOTR E
La langue a une figure remarquable; elle
ressemble en quelque sorte à un ongle hu-
main : elle est large, un peu arrondie par
devant, et néanmoins terminée par un angle
à chaque bout de son arc antérieur; de plus,
elle présente dans son nulieu un os presque
carré, et couvert de petites aspérités dirigées
vers le gosier ; sa circonférence est formée
par un cartilage qui s’amincil vers le bord,
et un frein large et épais la retient par
dessous.
La voûte du palais est entièrement lisse,
excepté l’endroit le plus voisin du gosier,
où l’on voit de petites élévations osseuses et
denticulées.
Deux lames arrondies par derrière, grandes
et lisses, composent chaque opercule ; six
rayons soutiennent la membrane branchiale;
et les branchies sont assez semblables, par
leur nombre et par leur conformation, à
celles du chrysurus.
La ligne latérale offre plusieurs sinuosités,
qui décroissent à mesure qu'elles sont plus
voisines de la nageoire caudale.
Les nageoires thoracines sont réunies à
leur base par une membrane qui tient aussi
à un sillon longitudinal placé sous le ventre,
et dans lequel le poisson peut coucher à
DES CORYPHENES. 229
volonté ces mêmes nageoires. Elles renfer-
ment chacune cinq ou siX rayons.
Le dessous de la queue est terminé par
une carène très-algué,
La nageoire dorsale règne depuis Pocciput
jusques vers l'extrémité de la queue; elle est
festonnée dans sa partie postérieure, de
manière à imiter les très-petites nageoires
que l’on voit sur la queue des scombres :
la nageoire de l'anus offre une conforma-
tion analogue; et ces traits particuliers au
poisson que nous décrivons, ne servant pas
peu à le rapprocher des scombres, avec
lesquels ailleurs on peut voir, dans cette
histoire , que les coryphènes ont beaucoup
de rapports, J'ai cru devoir nommer scom-
béroïde Vespèce que nous cherchons, dans
cet article, à faire connoître des natura-
listes (1).
Commerson vit des milliers de ces scom-
béroïdes suivre les vaisseaux français avec
(1) À la membrane des branchies. 6 rayons.
À la nagcoire du dos. . . .« . . 55
À chacune des pectorales,. + . . 13
A chacune des thoracines. . . , 6
A CEE Me anna pie LS 2. ob
À cellede la queue ,quiestfourchue 19
Fa
230 HS EORRE
assiduité, et pendant plusieurs jours. Ils
vivoient de très-jeunes ou très-petits pois-
sons volans, qui, pendant ce tems, volti-
geoient autour des navires comme des nuées
de papillons, qu'ils ne surpassoient guêre en
grosseur ; et c’est à cause de la petitesse de
leurs dimensions, qu'ils pouvoient servir de
proie aux scombéroïdes, dont la bouche
étroite n’auroit pas pu admettre des animaux
plus gros. En effet l’un des plus grands de
ces coryphènes, observés par Corimerson,
n’avoit qu'environ trois décimètres (onze
pouces environ) de longueur. Cet individu
étoit cependant adulte et femelle.
Au reste, les ovaires de cette femelle,
qui avoient une forme alongée, occupoient
la plus grande partie de l’intérieur du ventre,
comme dans les cyprins, et contenoient une
quantité innombrable d'œufs; ce qui prouve
ce que nous avons déjà dit au sujet de la
grande fécondité des coryphènes.
DES CORYPHENES. 25:
|
LE CORYPHÈNE ONDÉ (r)(2),
PAR LACÉPÉDE.
CEN QUI EME VE SEE CE.
a ALLAS a décrit le premier cette espèce
de coryphène. L’individu qu'il a observé, et
qui avoit été pêché dans les eaux de File
d'Amboine, n’étoit long que de cinq centi-
mètres ( 22 pouces) ou environ. Les formes
et les couleurs de cet animal étoient élé-
gantes : très-alongé et un peu comprimé,
il montroit sur la plus grande partie de sa
surface une teinte agréable qui réunissoit
la blancheur du lait à l’éclat de l'argent ;
(1) Coryphæna undulata.
Coryphæna fasciolata. Lin. édit. de Gmelin. —
Pallas, Spiail. zool. 8, p. 25 , tab. 3, fig. 2.
Coryphène ondoyant. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth.
(>) Coryphæna lacteo-argentea , circulis transversis
fuscis à fasciis pinnæ dorsalis defluentibus, in dorso
passim cohærentibus , in ventre evanidis....... cory-
phæna fasciolata. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 158,
sp. 16.
Coryphæna fasciolata. Artedi, Gen. pisc. gen. 12,
n° 15. additament. SONNINI.
P'A
252 HISTOIRE
une nuance grise Varioit son dos; la na-
geoire dorsale et celle de l’anus étoient dis-
tinguées par de petites bandes transversales
brunes ; les bandelettes de la première de
ces deux nageoires s’étéendoient sur la partie
supérieure de l'animal, y onduloient , pour
ainsi dire, s’y réunissoient les unes aux
autres, disparoissoient vers la partie infc-
rieure du poisson ; et la nageoire de la
queuëé , qui éloit fourchue , présentoit un
croissant très-brun.
D'ailleurs ce coryphène avoit des yeux
assez grands ; l’ouverture de sa bouche,
étant très-large, laissoit voir facilement une
langue lisse ; et arrondie par devant ; un
opercule composé de deux lames non dé-
coupées couvroit de chaque côté un grand
orifice branchial ; la ligne latérale étoit
droite et peu proéminente (1).
(1) A la membrane des branchies . 6 rayons.
À la nageoire du dos . . . . . B54
À chacune des pectorales . : . . 19
À chacune des thoracines. . . . 5
À celle del Fanus 141,7, 142100
Arcelle te à qûene: … $ Mr"
DES CORYPHENES. 235
LÉ P'OMPTLENU
LE CORYPHÈNE POMPILE (2),
PAR LACÉPÈDE.
SIXIÈME ESPÈCE.
D E tous les coryphènes du premier sous-
genre , le pombpile est celui dont la na-
geoire caudale est la moins fourchue ; et
voilà pourquoi quelques naturalistes, et
(1) Pompile , nom que les anciens donnoient à ce
poisson.
Coryphæna dorso suprà lineam lateralem curvam
fasciolis ftavescentibus picto... coryphæna pompilus.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155 , sp. 9.
SONNIN I
(>) Coryphcæena pompilus.
Jdem. Lin. édit. de Gmelin.
Coryphène lampuge. Daubenton , Encycl. méth. —
Bonaterre , planches de l’Encyclop. méthod.
Coryphæna...... line4 laterali curv&. Artedi ,
gen. 16 , syn. 29.
Pompilos. Ælian. lib. 2, cap. 15; et lib. 18 , cap. 23.
234 LS TOUR E
particulièrement Artedi,le comparant sans
doute à lhippurus , ont écrit que cette
nageoire de la queue n’étoit pas échaucrée.
Cependant , lorsqu'on a sous les yeux un
individu de cette espèce , non altéré, on
s'aperçoit aisément que sa nageoire cau-
dale présente à son extrémité un angle
rentrant. Les anciens ont nommé pompile
le coryphène dont nous traitons dans cet
article, parce que, se rapprochant beau-
coup par ses habitudes de l’hippurus et du
doradon, on diroit qu’il se plait à accom-
pagner les vaisseanx , et que pompe signifie
en grec pompe ou cortège. Au reste, il ne
faut pas être étonné qu'ils aient assez bien
connu la manière de vivre de ce poisson
osseux, puisqu'il habite dans la Méditer-
ranée, aussi bien que dans plusieurs portions
— Athen. lb. 7, p. 282, 285 et 264. — Oppian. Hal.
hb.71;,p.68.
Pompilus. Ovid.
Pompilus. Plin. Hist. mundi, hb. 32, cap. rr.
Pompile. Rondelet , prem. part. liv. 8, chap. 13.
Chrysophrys par plusieurs anciens auteurs. — Gesn.
p. 881, 795 ; et (Germ.) fol. 60, a, b. — Aldrovand.
kb. 5, cap.r9, p. 325. — Jonston, lib. r,tit. 1, cap. 2,
a. 2,tab. 5, fig. D. — Charlet, p. 124. — Willughby,
P- 219, — Ray, p. 101.
DES CORVPHENES. 2%
chaudes ou tempérées de l'océan Atlantique
et du grand Océan.
L'ouverture de la bouche du pompile est
très-grande ; sa mâchoire inférieure plus
avancée que la supérieure, et un peu rele-
vée ; les côtés de la tête présentent des
dentelures et des enfoncemens ; la ligne
latérale est courbe ; les nageoires pectorales
sont pointues (1); des bandes transversales,
étroites, et communément jaunes , règnent
sur les côtés. La dorure qui distingue un si
grand nombre de coryphènes, se manifeste
sur le pompile au dessus de chaque œil; et
voilà pourquoi on l’a nommé sourcil d’or,
en grec chrysophrys.
(1) À la nageoire dorsale. . . . . 25 rayons.
A chacune des pectorales . . . 14
À chacune des thoracines. . . . 6
Aeelle de: l'anns 11... 000
À celle de la queue . RUN 0 A RG
256 HISTOIRE
ns
TT
LE RASOIR BLEU (i)
LE CORYPHEÈNE BLEU (},
PAR LACÉPÉDE.
SEPTIÈME ESPÈCE.
Voyez la planche XX X VII, fig. 2.
L'or , l'argent et lazur brillent sur les
coryphènes que nous venons d'examiner ;
la parure de celui que nous décrivons est
plus simple , mais élégante. Il ne présente
ni argent ni or ; mais toule sa surface est
d’un bleu nuancé par des teintes agréa-
blement diversifiées , et fondues par de
(1) Le rasoir bleu. En allemand, blaufisch, Blaser
stutshopf. En anglais, bleu-fishe.
Coryplæna tota cærulea..... coryphæœna cœruleæ,
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, sp. 15. — Artedi,
Gen. pisc. gen. 12, n°8. additament. Soxnini.
(2) Coryphæna cœrulea.
Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Bioch, pl. cLxxvr
Novacula cærulea. Catesby , Carel. tab. 18.
Corÿphène rasoir bleu.
DES CORYPHENES. 37
douces dégradations de clarté. On le trouve
dans les mers tempérées ou chaudes qui
baignent les rivages orientaux de l’Amé-
rique (1). Ses écailles sont grandes ; celles
qui revêtent le dessus et les côtés de sa
tête sont assez semblables aux écailles du
dos. Une seule lame compose l’opercule des
branchies , dont l'ouverture est très-large;
la ligne latérale est plus proche du dos que
de la partie inférieure de l'animal ; les yeux
sont ronds et grands , et une rangée de dents
fortes et pointues garnit chaque mâchoire (2).
(1) Catesby a vu le rasoir bleu près de Bahama,
et le père Plumier dans la mer des Antilles.
SONNINI.
(2) A la membrane des branchies . 4 rayons.
À la nageoire du dos. . . . . . 19
À chacune des pectorales . . + + 14
À chacune des thoracines , . . 5
PACE de lanns Peut ce CIE
À celle de la queue. . . . : . 19
238 HAS TOLIRE
oo
en ee
LE PAON DE MER (1).
LE CORYPHÈNE PLUMIER (2),
PAR 'LACÉPÉDE:
HUITIÈME ESPÈCE.
Cs coryphène , que le docteur Bloch a fait
connoître, et qu’il a décrit d’après un ma-
nuscrit de Plumier, habite à peu près dans
les mêmes mers que le bleu : on le trouve
(1) Le paon de mer, nom que les français de l’Amé-
rique donnent à ce poisson. En allemand , meerpfau.
Coryphæna pinnæ analis radiis quinquaginta quin-
QUE. ones coryphæna Plumieri. Lin. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 158, sp. 14. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12,
n° 17. additament.
Araneus non aculeatus caud& fascinulaté& vulge
vives. ( Plumier, M.S. C.). SONNINI.
(2) Coryphæna P lumieri.
Idem. Yän. édit. de Gmelin.— Bloch, pl. czxxv.
Coryphène paon de mer. Bonaterre , pl. de l’Encyc.
méthod.
DES CORYPHENES. 239
particulièrement , ainsi que le bleu , dans
le bassin des Antilles Mais combien il
diffère de ce dernier poisson par la magni-
ficence et la variété des couleurs dont il
est revêtu! C’est un des plus beaux habitans
de l'Océan. ‘lâchons de peindre son portrait
avec fidélité.
Son dos est brun ; et sur ce fond, que la
Nature semble avoir préparé pour faire
mieux ressorlir. les nuances qu’elle y a
distribuées, on voit un grand nombre de
pelites raies bleues serpenter, s'éloigner les
unes des autres, et se réunir dans quelques
points. Cette espèce de dessin est comme
encadré dans l’or qui resplendit sur les côtes
du poisson , et qui se change en argent
éclatant sur la partie inférieure du cory-
phène. La tête est brune ; mais chaque œ1l
est situé au dessous d’une sorte de tache
jaune , au dessus d’une plaque argentée, et
au centre de petits rayons d'azur. Une
bordure grise fait ressortir le jaune des
nageoires pectorales et thoracines ; la na-
geoire de la queue, qui est jaune comme
celle de l'anus , présente de plus des teintes
rouges et un liseré bleu ; et enfin une
longue nageoire violette règne sur la partie
240 HISTOIRE
supérieure du corps et de la queue (1). Le
coryphène plunnier est d’ailleurs couvert de
petites écailles ; iln’a qu’une lame à chacun
de ses opercules ; il parvient ordinairement
à la longueur d’un den -mètre ( un pied
sept pouces), et sa nageoire caudale est en
croissant comme celle du bleu.
(1) A la membrane des branchies .« 4 rayons.
A la nageoïre du dos. « + ."er 77
A chacune des pectorales + . . II
À chacune des thoracines. . . .« 6
Aicelledél'anus "ets » +. 0à
À celle de Ja queue . . « . - 16
LE
|
|
DES CORYPHENES. oi
LE RASON ()
LE CORYPHÈNE RASOIR (2),
PAR LACÉPÈDE. LE
NEUVIÈME ESPÈCE.
C: poisson a sa partie supérieure termi-
née par une arête assez aiguë, pour qu’on
n'ait pas balancé à lui donner le non que
nous avons cru devoir lui conserver. Il
(1) Le rason ,nom que ce poisson porte en Espagne,
et qui signifie rasoir. À Malte, il janfru.
Coryphæna capite pinnisque carc:llatis lineis cæru-
descentibus..... coryphæna novacula. Lin. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 158, sp: 4. SON NINI.
(2) Coryphæna novacula. Sur les côtes de la Ligurie,
pesce pettine. Sur plusieurs côtes d’Espagne , rason.
Coryphæna novacula. Lin. édit. de Gmelin.
Coryplhène rason. Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaterre , planches de l'Encycl. métlod.
Coryphæna palmaris pulchrè varia, dorso acuto,
Artedi, gen. 15 , syn. 29.
Novacula piscis. Plin. Hist. mundi, lib. 52, cap. 2.
Rason. Rondelet , prem. partie, lib. 5, chap. 17.
Poiss. Tome VIIL . Q
242 HISTOIRE
habite dans la Méditerranée ; et voilà pour-
quoi il a été connu des anciens, et parti-
culièrement de Pline. Il est très-beau ; on
voit, sur sa tête.et sur plusieurs de ses na-
geoires , des raies qui se croisent en diffé-
rens sens, et qui montrent cette couleur
bleue que nous avons déjà observée sur les
coryphènes : mais 1l est le premier poisson
de son genre qui nous présente des nuances
rouges éclatantes, et relevées par des teintes
dorées. Ce rouge resplendissant est répandu
sur la plus grande partie de la surface de
l'animal , el il y est réfléchi par des écailles
très-grandes. La chair du rasoir est tendre,
délicate, et assez recherchée sur plusieurs
rivages de la Méditerranée (1}. Sa ligne
latérale suit à peu près la courbure du dos,
Novacula.: Gesner , p. 628 , 629 et 721; et (Germ.)
fol. 32 , «.
Pesce pettine. Salvian, fol. 217.
Pecten Romæ, novacula Rondeletii. Aldrovand.
Mb, 2, Cap. 27:, p: 208.
Pecten Romanorurm. Jonston, lib. 1, tit. 3,
Cap. 1, Ge. Ib!
Pesce pettine Salviani ,novacula Rondelet. Gesner,
Paralipom. p. 24. — Willushby,Ichthyo p. 214. —
Ray, p. 1o1.
(x) C’est principalement près des rivage es îles
DES CORYPHENES. 245
dont elle est très-voisine ; chacun de ses
opercules est composé de deux lames ; et
sa nageoire caudale étant rectiligne , nous
l'avons placé dans le second sous-genre des
coryphènes. Au reste , l’histoire de ce poisson
nous fournit un exemple remarquable de
l'influence des mots. On l’a nommé rasoir
long-tems avant le siècle de Pline : à cette
époque , où les sciences physiques étoient
extrêmement peu avancées , cette dénomi-
nation a sufh pour faire attribuer à cet
animal plusieurs des propriétés d’un véri-
table rasoir , et même pour faire croire,
ainsi que le rapporte le naturaliste romain,
que ce coryphène donnoit un goût métal-
lique , et particulièrement un goût de fer
à tout ce qu'il touchoit.
de Rhodes , de Malte, de Majorque et de Minorque,
que l’on prend les rasoirs les plus estimés; leur chair
est tendre et délicate. SONNINIL
Q 2
2,4 HISTOIRE
ee LUCE ERREUR RER UE RS
LE CORYPHÈNE
PE R.R 0:Q U: EE, T (1) (2),
PAR DNCÉPEMDE
DIXEIÉ ME ESP ÉÈ CE.
La forme rectiligne que présente la na-
geoire caudale de ce poisson détermine sa
place dans le troisième sous-genre des cory-
phènes. Sa ligne latérale est interrompue; et
sa nageoire dorsale, assez basse et composée
de trente rayons ou environ, coimence à
locciput (3).
(1) Coryphæna psittacus.
Idem. Lan. édit. de Gmelin.
Coryphène perroquet. Danbenton, Encyc. méth. —
Bonaterre , planches de l’Encyci. méthod.
(2) Coryphæna lined laterali interrupté , pinnis lon
gitudinalibus colore lineatis.... coryphæna psittacus.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, sp. 6.— Artedi,
Gen. pisc. gen. 12 , n° 12. additament. Sonnint.
(5) A la nageoire du dos. . . . . 3o rayons.
A chacune des pectorales. . . , 11
À chacune des thoracines. . . . 6
Aécelléde ane.) . LE aG
Aicelle de liqnene ;*. 04.7. Vax
DES CORYPHENES. 245
Il a été observé par le docteur Garden
dans les eaux de la Caroline. La beauté des
couleurs dont il brille, lorsqu'il est animé
par la chaleur de la vie, ainsi que par les
feux du soleil, a mérité qu’on le comparût
aux oiseaux les plus distingués par la va-
riété de leurs teintes, la vivacité de leurs
nuances, la magnificence de leur parure,
et particulièrement aux perroquets. Les
lames qui recouvrent sa tête montrent la
diversité des reflets des métaux polis et des
pierres précieuses; son iris, couleur de feu,
est bordé d'azur; des raies longitudinales
relèvent le fond des nageoires; et l’on aper-
coit vers le dos, au milieu du tronc, une
tache remarquable par ses couleurs, aussi
bien que par sa forme, faite en losange, et
présentant en quelque sorte toutes les teintes
de Parc en ciel, puisqu'elle offre du rouge,
du jaune, du verd, du bleu et du pourpre (1),
(1) Aussitôt que ce poisson a perdu la vie, ses belles
couleurs s’évanouissent. SONNINI.
Q 3
246 HAS TO TRUE
22
LE CORYPHÈNE CAMUS (1);
PAR LACÉPÉDE.
ON ZIÈME ESPÈCE.
L>r nombre des rayons de la nageoire dor-
sale , et la prolongation de la mâchoire infé-
rieure plus avancée que la supérieure ,
servent à distinguer ce coryphène, qui ha-
bite dans les mers de l'Asie, et qui, par la
forme rectiligne de sa nageoire caudale,
appartient au troisième sous-genre des pois-
sons que nous considérons (53).
(1) Coryphæna sima.
Idem. Lin. édition de Gmelin.
Coryphène réchignée. Bonaterre , pl. de l'Encycl.
méthod. .
(2) Coryphæna caudé& integré , labio inferiore lon-
giore.... coryphæna sima. Lin. Syst. nat. edit. Gmel.
gen. 156, sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 13,
additament. SONNINI.
(5) A la nageoire dorsale. . . . . 52 rayons.
À chacune des pectorales . . . . 16
À chacune des thoracines. . . . 6
Àcelle do/Tanus 20. ., 1 1Q
À celle de la queue , . . — . . -x6
DES CORYPHENES. 217
PS
oo,
pen ones |
LE CORYPHENE RAYÉ (1)(2);
PAR LACÉPÈDE.
DOUZIÈME ES PÉCE.
Lr docteur Garden a fait connoître ce
poisson, qui habite dans les eaux de la Ca-
roline. Ce coryphène a la tête rayée trans-
versalement de couleurs assez vives : d’autres
raies très-petites paroissent sur la nageoire
du dos , ainsi que sur celle de l’anus (3). Les
écailles qui revêtent le corps et la queue
mt,
(1) Coryphæna lineata.
Idem. Tin. édit. de Gmelin.
Coryphène rayée. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth.
(2) Coryphæna capite picto lineis transversis colo-
ratis.... coryphæna lineata. Lin. Syst. nat. ed. Ginel.
gen. 158, sp. 13. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 4.
additam. SoNNiNnli.
(3) A la nageoire du dos . . . .« . 21 rayons:
À chacune des pectorales. . . . 11
À chacune des thoracines. . . . 6
A'eéllede Fanus) 2412 2". SUCRES
A celle de la queue . . + «< + + 12
248 HISTOIRE
sont très-grandes. La tête n’en présente pas
de semblables; elle n’est couverte que de
grandes lames. L’extrémité antérieure de
chaque mâchoire est garnie de deux dents
aiguës , très - longues et écartées l’une de
l'autre; et la forme de la nageoire caudale,
qui est arrondie , place le rayé dans le qua-
trième sous-genre des coryphènes.
DES CORYPHENES. »9
LE CORYPHÈNE CHINOIS (1),
PAR LACÉPÉÈDE.
DUR UE UZIT ÊUM EE SR ÈCIE
Cr coryphène n’a pas encore été décrit.
Nous en avons trouvé une figure coloriée
et faite avec beaucoup de soin, dans ce
recueil de peintures chinoises qui fait partie
des collections du museum d'histoire natu-
relle, et que nous avons déjà cité plusieurs
fois. Nous lui avons donné le nom de cory-
phène chinois, pour désigner les rivages
auprès desquels on le trouve, et louvrage
précieux auquel nous en devons la connois-
sance. Sa parure est riche , et en même tems
simple , élégante et gracieuse. Sa couleur est
d’un verd plus ou moins clair, suivant les
parties du corps sur lesquelles 1l paroît ; mais
ces nuances agréables et douces sont mélées
avec des reflets éclatans et argentins.
Au reste, il n’est pas inutile de remar-
quer qu’en rapprochant par la pensée les
(x) Coryphæna sinensis.
250 HISTOIRE
diverses peintures chinoises que l’on peut
connoître en Europe, de ce qu’on a appris
au sujet des soins que les chinois se donnent
pour l'éducation des animaux, on se con-
vaincra aisément que ce peuple n’a accordé
une certaine attention, soit dans ses occu-
pations économiques , soit dans les produc-
tions de ses beaux arts, qu'aux animaux
utiles à la nourriture de l'homme, ou pro-
pres à charmer ses yeux par la beauté de
leurs couleurs. Ce trait de caractère d’une
nation si digne de l’observalion du philo-
sophe, ne devoit-il pas être indiqué, même
aux naturalistes ?
Le beau coryphène chinois montre une
très-longue nageoiïre dorsale, mais celle de
l'anus est assez courte. La nageoire caudale
est arrondie. De grandes écailles couvrent
le corps, la queue et les opercules. La mâ-
choire inférieure est relevée et plus avancée
que la supérieure; ce qui ajoute aux rap-
ports du chinois avec le coryphène camus.
DES CORYPHENES. 51
LE CORYPHÈNE POINTU (1) (2),
PAR LACÉPÉDE.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
Jr nom de pointu, que Linnæus a donné
à ce coryphène, vient de la forme lancéolée
de la nageoire caudale de ce poisson; et
c’est à cause de cette même forme que nous
avons placé cet osseux dans un cinquième
sous-genre. Cet animal, qui habite dans Îles
mers de l'Asie, a quarante-cinq rayons à la
nageoire du dos, et sa ligne latérale est
courbe (5).
rame
(1) Coryphæna acuta.
Idem. Lan. édit. de Gmelin.
Coryphène pointue. Bonaterre , pl. de l’Enc. méth.
(2) En danois, spiézschwanz.
Coryphæna caudä acuminatà& , line& laterali con-
ex&....coryphæna acuta. Lin.Syst. nat. edit. Gmel.
gen. 158 , sp. 7. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 5.
additament. SONNINI.
A À la nageoire du dos . . . . . 45 rayons.
À chacune des pectorales. . . . 16
À chacune des thoracines. . . «+ 6
À: celle‘ de d'äanuse, 41e 1. 406 6
À celle de la queue . . . . : + 14
252 1:15 FO LR E
© —_—————————"—_—————————————————————————""—“———————…
LE CORYPHÈNE VERD (1) (2),
L OA
L
LE CORYPHÈNE CASQUÉ (5) (4),
L
PIA RL AUC É PE DE
169 ET 16 ESPÈCES.
Nov s avons divisé le genre que nous exa-
minons en cinq sous-genres; et nous avons
placé les coryphènes dans l’un ou l’autre de
ces groupes, suivant le dégré d’élendue rela-
et
(1) Coryphæna viridis.
Coryphæna virens. Lin. édit. de Gmelin.
Coryphène verte. Bouaterre, pl. de l’Encyc. méth.
(2) Coryphæna pinnis appendiculis filiformibus....
coryphæna virens. Läu.Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158,
sp. 9. — Artedi , Gen. pisc. gen. 12, sp. 10. additam.
SONNINI.
(3) Coryphæna galeata.
Coryphæna clypeata. Vin. édit. de Gmelin.
Coryphène à bouclier. Bonat. pl. de l'Encyc. méth.
(4) Coryphæna laminä ossed inter oculos.... cory-
ph ænaclypeata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158,
Sp. 12.— Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 9. additam.
SONNINI.
DES CORYPHENES. 53
Uüve, et par conséquent de force propor-
tionnelle donnée à leur nageoire caudale,
ou, ce qui est la même chose, à un de leurs
principaux instrumens de natation, par la
forme de cette même nageoire, ou fourchure,
ou en croissant, ou rectiligne, ou arrondie, -
ou pointue. Nous n’avons vu aucun individu
de l'espèce du coryphène verd, ni de celle
du coryphène casqué ; aucun naturaliste n’a
décrit ou figuré la forme de la nageoire cau-
dale de l’un ni de l’autre de ces deux pois-
sons : nous avons donc été obligés de les pré-
senter séparés des cinq sous-genres que nous
avons établis; et de nouvelles observations
pourront seules les faire rapporter à celle
de ces petites sections à laquelle ils doivent
appartenir. Tous les deux vivent dans les
mers de l'Asie, et tous les deux sont faciles
à distinguer des autres coryphènes : le pre-
mier, par un long filament que présente
chacune des nageoires du dos et de l'anus,
ainsi que des thoracines (1); et le second,
(1) À la nageoire du dos . . . . . 26 rayons.
A chacune des pectorales . . . + 13
A chacune des thoracines . . . + 6
A celle delaaus nl, L 012
A celle de la queue + . + + + : 16
254 HISTOIRE
par une lame osseuse située au dessus des
yeux, et que l’on a comparée à une sorte
de bouclier ou de casque. On ignore la cou-
q
leur du casqué : celle du verd est indiquée
que ; q
par le nom de ce coryphène (1).
ns
(1) A la nageoire du dos . . . . + 32 rayons.
À chacune des pectorales. …: . . 14
À chacune des thoracines, . . … 9
À.celle de l’anusir... 4:40 clans 13
DES HEMIPTERONOTES. 255
QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉÈDE.
LES HÉMIPTÉRONOTES.
Es sommet de la tête très-comprimé, et
comme tranchant par le haut, ou très-
élevé, et finissant sur le devant par un
plan presque vertical, ou terminé anté-
rieurement par un quart de cercle, ou
garni d'écailles semblables à celles du dos;
une seule nageoire dorsale ; et la longueur
de cette nageoire du dos ne surpassant
pas, ou surpassant à peine, la moitié de
la longueur du corps et de la queue pris
ensemble.
PR OMTRERE,ESPÉ CE.
L’HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES;
hemipteronotus quingue-maculatus. — Vingt
rayons ou environ à la nageoire du dos;
lopercule branchial composé de deux lames ;
cinq taches de chaque côté.
SECONDE ESPÉCE.
L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN ; hemiptero-
notus Gmelini. — Quatorze rayons à la na-
geoire du dos; huit rayons à chacune des
thoracines.
256 HISTOIRE
LE RASOIR À CINQ TACHES (1).
HÉMIPTÉRONOTE CINQ TACHES (2),
PAR LACÉPÉDE.
P RUE MILB RE ES PB È CE.
Voyez la planche XXX1X , fig. 1.
La brièveté de la nageoire dorsale et sa
position à une assez graude distance de loc-
ciput, distinguent le cinq -taches et Îles
(1) Le rasoir à cing taches. En aïlemand, sechsauge,
fünffingerfisch. En hollandais , rivier dolfyn, bandas-
che kabbelaaw.
Cor; phæna maculis nigris quinis versus caput lon-
gitudinalibus...... coryphæna pentada:iylu. Lin.
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 3. — Artedi, Gen.
pisc. gen. 12, n° 11. additament. SONNINI.
(2, Hémipteronotus quinque-maculatus,
Coryphæna pentadactyla. Lan. édit. de Gmelin.
Coryphène cing-taches. Daubenton, Encycl. méth.
— Bonaterre, pl. de l’Encyci. méthod.
Coryphæna caudä æquali, pinnä dorsi , radiis uno
et vigunti. Bloch , pl. cLxxH1T.
autres
F1 ) 24
PL xxxTx. | «FT À.f; À
|
|
De J'eve del. M" Lar ui
1. RASOIR a .#rches .
\ ,
2.COTTE «722 ,
3.4 meme vu en dessous |
DÉS TÉMIPTERONOTES. 957
autres poissons qui appartiennent au genre
que nous décrivons, des coryphènes propre-
ment dits. Le nom générique d'hémiptéro-
note (1) désigne ce peu de longueur de la
nageoire dorsale, el son rapport avec la
nageoire du dos des coryphènes, qui est
presque toujours une fois plus étendue. Les
osseux que nous eXaminons mautenant res-
semblent d’ailleurs, par beaucoup de formes
et d'habitudes , à ces mêmes coryphènes
avec lesquels on les a confondus jusqu’à
Blennius , maculis quinque utrinque versus caput
nigris. Act. Stockh. 1740, p. 460 , tab. 3, fig. 2.
Ikan bandan jans swangi. Valent, Amboin. 5,
p. 508, fig. 67.
Bandasche cacatoeha. Id. ibid. p.388, fig. 123.
Rievier dolfyn. WW. ibid. p. 455 , fig: 292.
Oranje visch met vier vlakken. Renard, Pise.r, p. 23.
Banda. Ad. 1, tab. 14, fig. 84.
Tcan banda. 1. 2 , tab. 2 , fig. 6.
Tcan potou banda. VW. tab. 25, fig. 1r2.
Tcan banda. Ruysch, Theatr. animal. p. 40, n°8,
tab. 20 , fig. 8. ù
Vif venger visch, id est, piscis pentadactylos,
Willughby, Append. p. 7, tab. 8, fig. 2. — Ray,
Pisc..150 , n° 23.
(1) Hémiptéronote vient de trois mots grecs, qui
pignifient moitié , nageoire et dos,
Poiss. Tome VILIL. R
258 HISTOIRE
présent. Le cinq-taches, le poisson le plus
connu des hémiptéronotes , habite dans les
fleuves de la Chine, des Moluques et de
quelques autres îles de l'archipel Indien. 1}
Y parvient communément à la longueur de
six décimètres (vingt-deux pouces environ);
sa tête est grande; ses yeux sont rapprochés
VPun de l'autre, et par conséquent placés
sur le sommet de la tête; l'ouverture de
la bouche est médiocre ; les deux mâchoires
sont garnies d’une rangée de dents aiguës,
et présentent deux dents crochues plus lon-
gues que les autres; l’orifice branchial, qui
est très-grand, est couvert par un opercule
composé de deux lames; la ligne latérale
s'éloigne moins du dos que du ventre; l’anus
est plus près de la gorge que de la nageoire
caudale , qui est fourchue (1); des écailles
très-petites couvrent les joues, et d’autres
écailles assez grandes revêlent presque tout
le reste de la surface du cinq-taches.
(1) À la membrane des branchies . 4 rayons.
À la nageoire du dos. . . « . + , 21
À chacune des pectorales. . . . 13
À chacune des thoracines. . . . 6
Ace detente PT es +, 10
À celle de la quene . . . 5 . . 12
DES HEMIPTERONOTES. 259
Voici maintenant les couleurs dont la
Nature a peint ces diverses formes.
La partie supérieure de l’animal est brune;
les côtés sont blancs, ainsi que la partie
inférieure ; une raie bleue règne sur Ja tête ;
Piris est jaune : des cinq taches qui paroissent
de chaque côté du corps, la première est
noire, bordée de jaune, et ronde ; la seconde
est noire, bordée de jaune, et ovale ; les
trois autres sont bleues et plus petites. Une
belle couleur d’azur distingue la nageoire
caudale et celle du dos, qui d’ailleurs
montre un liseré orangé; et deux taches
blanches sont situées à la base des nageoires
thoracines, lesquelles sont, comme les pec-
torales et comme celle de l’anus , orangées,
et bordées de violet ou de pourpre.
Du brun, du blanc, du bleu, du jaune,
du noir, de l’orangé et du pourpre ou du
violet , composent donc lassortiment de
nuances qui caractérise le cinq-taches, et
qui est d'autant plus brillant qu'il est animé
par le poli et le luisant argentin des écailles.
Mais cette espèce est aussi féconde que belle:
aussi va-t-elle par très-grandes troupes; et
comme d’ailleurs sa chair est agréable au
goût, on la pêche avec soin; on en prend
R 2
260 HISTOTRE
mème un si grand nombre d'individus ,qu'on
ne peut pas les consommer tous auprès des
eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses
manières ces individus surabondans ; on les
fait sécher ou saler ; on les emporte au
loin; et ils forment, dans plusieurs contrées
orientales, une branche de commerce assez
analogue à celle que fournit le gade morue
dans les régions septentrionales de l’Europe
et de l'Amérique.
DES HEMIPTERONOTES. o6r
mm |
L’HÉMIPTÉRONOTE GMELIN (1) (2);
PAR: LACEPRPDE.
SE CON DE PS PIE NC El
C ET hémiptéronote a la nageoïire dorsale
encore plus courte que le cinq-taches; ses
mâchoires sont ailleurs à peu près égale-
ment avancées. On le pêche dans les mers
d'Asie ; el nous avons cru devoir lui donner
un nom qui rappelât la reconnoissance des
naturalistes envers le savant Gmelin , auquel
ils ont l'obligation de la treizième édition du
Système de la Nature par Linnæus.
(1) ÆZemipteronotus Gmelini. *
Coryphæna hemiptera. Lan. édit. de Gimelin.
Coryphène à demi- nageoire. Bonaterre , planch. de
VEucyc. méthod.
(2) En danois, Lalbflosser.
Coryphæna maxillis subæqualibus, pinnä dorsali
brevi.... coryphæna hemiptera. Lin. Syst nat. edit,
Ginel. gen. 158 , sp. 10.— Artedi, Gen. pisc. gen. 12,
n° 6. additament.
Coryphæna hemiptera. Muller , Lin. Syst. nat,
vol. IV, p. 124. SoNNINI.
| 4
262 EI SITOTRE
2
QUATRE-VINGT-DEUXIÈEME GENRE
PAR LACÉPEDE.
LES CORYPHÉNOIDES.
Lx sommet de la tête très-comprimé , et
comme tranchant par le haut, ou très-
élevé, et finissant sur le devant par un
plan presque vertical, ou terminé anté-
rieurement par un quart de cercle, ou
garni d’écailles sembiables à celles du dos;
une seule nageoire dorsale ; l'ouverture
des branchies ne consistant que dans une
fente transversale.
ESPÈCE.
LE CORYPHÉNOÏDE HOTTUYNIEN; COry-
phæœnoïdes Hottuynii. — Vingt - quatre
rayons à la nageoire du dos.
DES CORYPHENOIDES. 263
RP
LE CORYPHENOIDE
HOTTUYNIEN (1) (2),
PAR LACLÉPÉDE.
Ox trouve dans la mer du Japon, et dans
d’autres mers de l'Asie, ce poisson que l’on
a inscrit parmi les coryphènes ; mais qu'il
faut en séparer, à cause de plusieurs diffé-
rences essentielles, et particulièrement à
cause de la forme de ces ouvertures bran-
chiales , qui ne consistent chacune que dans
(1) Coryphænoïdes Hottuynii.
Coryphæna branchiostesa. Lin. édit. de Gmelin.
Coryphæna japonica. Abid. — Iottuyn , Act,
Haarl. 20 , 2, p. 515.
Coryphène branchiostège. Bonat. pl. de l’'Enc. méih:
(2) En danois, kiemendeckel. En hollandais, japanse
oranje-visch.
Coryphæna lutea , branchiarum aperturä& rimà
transversä..... coryphæna japonica. Lin. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 158, sp. 18. — Artedi , Gen. pisc.
gen. 12, n° 7. additament.
Coryphæna branchiostega. Muller, Lin. Syst. nat,
vol. IV, p. 124. SONNINI.
R 4
26% CMINER EST OR E
une fente transversale. Nous le nommons
coryphénoïde pour désigner les rapports de
conformation qui cependant le lient avec
les coryphènes proprement dits; et nous lui
donnons le noim spécifique d’hottuynien ,
parce que le naturaliste Hottuyn n’a pas
peu contribué à le faire connoître. Ii n’a
communément que deux décimètres (sept
pouces ) de longueur ; les écailles qui le
revêtent sont minces ;\sa couleur tire sur
le jaune (1).
(1) A la nageoire du dos . . . . 24 rayons.
A: chacune des pectorales ... . 14
A chacune des thoracines. . . . 6
A'celledelanns er St a et Vra
À celle de la queug . . « . + . 16
DES ASPIDOPHORES. 26h
an
2
QUATRE-V INGT-TROISIÈME GENRE
PAR LACÉPÉDE.
LES ASPIDOPHORES.
Lr corps et la queue couverts d’une sorte
de cuirasse écailleuse; deux nageoires sur
le dos; moins de quatre rayons aux na-
geoires thoracines.
PREMIER SOUS-GENRE.
Un ou plusieurs barbillons à la mächoire
inférieure.
P'RIEME TE RUE CES PE Or.
L'ASPIDOPHORE ARMÉ; aspidophorus ar-
matus. — Plusieurs barbillons à la mà-
choire inférieure; la cuirasse à huit pans;
deux verrues échancrées sur le museau.
SECOND SOUS-GENRE.
Point de barbillons à la mâchoire infé-
rieure.
SÉCON DE ESPÈCE.
L’asPipoPrHoRE LisizA; aspidophorus di-
siza. — La cuirasse à huit ou plusieurs pans,
et garnie d’aiguillons.
266 IST O FRE
FE CONTE ARMÉE, (1}
L’'ASPIDOPHORE ARMÉ (2),
PAR LACÉPÉDE.
PREMIÉRE ESPÉÈC'E.
Voyez la planche XXX1X,, fig. 2; et le même poisson
vu en dessous, fig. 3.
Nous avons séparé des cottes les poissons
osseux et thoracins dont le corps et la queue
sont couverts de plaques ou boucliers très-
(1) Ze cotte armé. En allemand , gepanzerte groppe.
À Hambourg et dans le Holstein, steënpicker, miller,
turssbull. Tin suédois, botn-mus , bensimpa. En danois,
botn-mus. En islandais , sexranding. En hollandais,
harnas-mannetje. En anglais , pogge , armed bulthead,
Au Groenland, taniordluk , kaniornak.
Cottus loricatus, rostro verrucis binis bifidis, capite
subtns cirroso.... cottus cataphractus. Lin. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 160, sp. 1. SONNINI.
(2) Aspidophorus armatus. Dans le nord de l’Angle-
terre , à pogge. ,
Cottus cataphractus. Tin. édit. de Gmelin.
Cotte armé, Daubenton , Encycl. méthod. — Bona-
DES ASPIDOPHORES,. 267
durs disposés de manière à former un grand
nombre d’anneaux solides, et dont l’en-
semble compose une sorle de cuirasse ou
de fourreau à plusieurs faces longitudinales.
Nous leur avons donné le nom générique
d’aspidophore, qui veut dire porte-bouclier,
et qui désigne leur conformation extérieure.
Ils ont beaucoup de rapports, par les traits
extérieurs qui les distinguent, avec les syn-
gnathes et les pégases. Nous ne connoiïssons
encore que deux espèces dans le genre qu'ils
terre , pl. de l’'Encyc. méthod. — Bloch, pl. xxxviunt,
Hg: r9, et 4
Cottus cirris plurimis , corpore octogono. Artedi,
gen. 49, spec. 87, syn. 77.
Cottus cataphractus. Schonev. p. 30. — Jonston,
Bb.2, tit. 1, cap. 9, tab. 46, fig. 5 et 6. — Charlet.
Onom. p. 152. — Willughbÿ, Ichth. p. 211. — Ray,
pe 77: — Faun. Suec. 524. — Brunn. Pisc. Mas«il.
p. 51, n° 45. — Müll. Prodrom. zool. Danic. p. 44,
n° 45. — G. Fabric. Faun. Groenland. p. 155 , n° 112.
— Mus. Adolph. Frid. 1, p. 70. — Gronov. Mus. 1,
p. 46, n°105; et Zooph. p. 79,n°271.— Act. Ielv.4,
P:202 n° 140.
Cottus cataphractus , rostro resimo, etc. Klein,
Miss. pisc. 4 , p. 42, n° 1.
Cottus cataphractus. Seba , Mus. 5, p. 81, tab. 28,
fig. 6.
Pogge. Pennant, Brit, zool. 3, p.178,n°2,tab.11.
208 EST OMR E
forment ; et la plus anciennement ainsi que
la plus généralement connue des deux, est
elle à laquelle nous conservons le nom spéci-
fique d’armé, et qui se trouve dans l’océan
Atlantique (1). Elle y habite au milieu des
rochers voisins des sables du rivage ; elle y dé-
pose ou féconde ses œufs vers le printems; et
c’est le plus souvent d'insectes marins, de
mollusques ou de vers, et particulièrement
de crabes qu’elle cherche à faire sa nourri-
iure. La couleur générale de l’armé est brune
par dessus et blanche par dessous. On voit
plusieurs taches noirâtres sur le dos ou sur
les côtés ; d’autres taches noirûtres et presque
carrées sont répandues sur les deux na-
geoires du dos, dont le fond est gris; les
nageoires pectorales sont blanchatres et ta-
chetées de noir, et cette même teinte noire
occupe la base de la nageoire de Fanus.
Une sorte de bouclier ou de casque très-
solide, écailleux, et même presque osseux,
creusé en pelites cavités irrégulières et relevé
par des pointes ou des tubercules, garanlit
mt
(1) Sur-tout vers le nord ; on la voit sur les côtes
d'Irlande , de l'Angleterre , de la Hollande , aux
émbouchures de l’Elbe et de l’Eyder, dans la mer
Baltique , etc. ; elle n’est pas fort commune ar
Groenland. SONNINE
DES ASPIDOPHORES. :69
“
le dessus de la tête. Les deux mâchoires
et le palais sont hérissés de plusieurs rangs
de dents petites et aiguës ; un grand nombre
de barbillons garnissent le contour arrondi
de la mâchoire inférieure qui est plus courte
que la supérieure; l’opercule branchial n’est
composé que d’une seule lame ; un piquant
recourbé termine chaque pièce des anneaux
solides dont se forme la cuirasse générale de
l'animal; cette même cuirasse présente huit
pans longitudinaux, qui se réduisent à six
autour de la partie postérieure de la queue;
la ligne latérale est droite ; l'anus situé à
peu près au dessous de la première nageoire
du dos ; la nageoire caudale arrondie; les
pectorales sont grandes, et les thoracines
longues et étroites (1).
L’'aspidophore armé parvient communé-
ment à une longueur de deux ou trois déci-
mètres (neuf à onze pouces) (2).
(x) 5 rayons non articulés à la première nageoire
du dos.
7 rayons articulés à la seconde.
15 rayons à chacune des pectorales.
3 à chacune des thoracines.
6 à celle de l'anus.
10 à celle de la queue.
(2) On prend ce poisson dans les filets destinés à la
270 IS FOIRE
Nous pensons que lon doit rapporter à
cette espèce le poisson auquel Olaffen et
Müller ont donné le nom de cotte bro-
dame (1), et quine paroît différer par aucun
trait important du thoracin qui fait le sujet
de cet article (2).
pêche d’autres espèces. On lui coupe la tête et on Île
dépouille de ses boucliers avant de l’apprêter; ce n’est
pas un fort bon mets, et les groenlandais , si peu
délicats en d’autres occasions , n’en mangent jamais.
SONNINI.
(1) Cottus brodamus. Olaffen , Isl. tom. I, p. 58g.
— Müll. Zoo!. Danic. Prodrom.
Cotte brodame. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth.
(2) Tous les ichthyologistes ont pensé que ces deux
poissons étoient les mêmes. SONNINI.
DES ASPIDOPHORES. oi
LE LES DZ
2m
L'ASPIDOPHORE LISIZA (2),
PAR LACÉPÉÈDE.
SECONDE ESPÈCE.
P ALLAS a fait connoitre ce poisson, qui
vit auprès du Japon et des îles Kuriles, et
qui a beaucoup de rapports avec l’armé.
(1) Lisiza, nom que les russes donnent à ce poisson.
Cottus cirris carens , corpore octogono , squainis
osseis striatis, in medio obluso aculeo extante armatis;
seu, coétus corpore octogono , squamis osseis aculeatis.
Steller , cité par Pallas, Spicil. zool. fase. 7, p.50,
fig. tab, 5, n° 1,2 et 5.
Nota, que le seul individu de cette espèce qui
existe au cabinet de l’académie de Pétersbourg , ainsi
que dans les autres collections connues, a été apporté
des îles Kuriles par Steller.
Cottus corpore octogono , squamis osseis aculeatis
oricato , cirris nullis.... cottus japonicus. Lin. Syst.
nat. edit. Gmel. gen. 160 , sp. 7.— Artedi , Gen. pisc,
gen. 54, u° 7. additament. SONNINI.
(>) Aspidophorus lisiza.
Cottus japonicus. Pallas , Spicil. zool. 7 , p. 50. —
Lin. édit. de Gmelin.
Cotte lisiza. Daubenton, Encycl. méth. = Bona-
terre , pl. de l’Encycl. méthod.
272 H,15$5 TO TR:E
La tête de cet aspidophore est alongée,
comprimée et aplalie dans sa partie supé-
rieure, qui présente d’ailleurs uue sorte de
gouttière longitudinaie. De chaque côté du
museau, qui est obtus et partagé en deux
lobes, on voit une lame à deux ou trois
échancrures, et garnie sur le devant d'un
petit barbillon. Les bords des mâchoires
sont hérissés d’un grand nombre de dents;
les yeux situés assez près de l’extrémité
du museau , et surmontés chacun par une
sorte de petite corne ou de protubérance
osseuse , et les opercules dentelés ou dé-
coupés.
Une pointe ou épine relève presque toutes
les pièces dont se composent les anneaux et
par conséquent l’ensemble de la cuirasse,
dans lesquels le corps et la queue sont
renfermés. Ces pièces offrent d’aileurs des
stries disposées comme des rayons autour
d’un centre; et les anneaux sont conformés
de manière à donner à la cuirasse ou à l’étui
général une très-grande ressemblance avec
une pyramide à huit faces ou à un plus
grand nombre de côtés, qui se réduisent à
cinq, six ou sept vers le sommet de la
pyramide.
La première nageoire du dos correspond à
peu
DES ASPIDOPHORES. 273
peu près aux pectorales et aux thoracines,
et la seconde à celle de l'anus. Chacune des
thoracines ne comprend que deux rayons;
ceux de toutes les nageoires sont en général
forts et non articulés, et l’orifice de l'anus
est un peu plus près de la gorge que de la
nageolre caudale.
Le fond de la couleur de l’aspidophore
que nous décrivons est d’un blanc jaunâtre;
mais le dos, plusieurs petites raies placées
sur Îles nageoires (1), une grande tache
rayonnante siluée auprès de la nuque, et
des bandes distribuées transversalement ou
dans d’autres directions sur le corps ou sur
la queue, offrent une teinte brunâtre (2).
La longueur ordinaire du lisiza est de trois
ou quatre décimètres (onze à treize pouces.)
ee ————""
2e
(1) A la membrane des branchies . 6 rayons.
A la première nageoire du dos . 6
À la seconde nageoire dorsale. . 7
À chacune des nageoires pectorales 12
A chacune des thoracines. . . . 2
À celle de l'anus nie ti sal 548
A celle de la queue, .4 . . . 12
ù . Ie }
(2) Les yeux ont la prunelle noire et liris argenté,
avec quelques nuances dorées. SONNINI:
Peiss. Tome VIII. S
\
274 HISTOIRE
nee
QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GEN.
PAR LA CHTP EE DE.
LES ASPIDOPHOROIDES.
Lr corps et la queue couverts d’une sorte
de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire
sur le dos; moins de quatre rayons aux
nageoires thoracines.
E S P EÉ C E.
L’ASPIDOPHOROÏDE TRANQUEBAR ; @Spi-
dophoroidus tranquebar. — Quatre rayons à
chacune des nageoires pectorales , et deux
à chacune des thoracines,
DES ASPIDOPHOROIDES. 275
LE CHABOT DE L'INDE (1).
BAS P1. DO P H'OR OI DE
| TRANQUEBAR (),
PUOANROUR ÆNC) EVE) ED EX
Les aspidophoroïdes sont séparés des aspi-
dophores par plusieurs caractères, et par-
ticulièrement par l’unité de la nageoire
dorsale. Ils ont cependant beaucoup de
rapports avec ces derniers; et ce sont ces
ressemblances que leur nom générique in-
dique. Le tranquebar est d’ailleurs remar-
quable par le très-petit nombre de rayons que
(r) Coitus dorsi pinn& unicé , crapite inermi.......
cottus monopterygius. Lan. Syst. nat. edit. Gmel.
gen. 160 , sp. 10. — Artedi, Gen. pisc. gen. 34, n° 6.
additainent. SONNINI.
(2) Aspidophoroïdes tranquebar. Blocb , pl. czxxvint.
fig. 1 et 2.
Cottus monopteryoius. Lan. édit. de Gmelin.
Cotte, chabot de l’inde. Bonat. pl. de l’Enc, méth.
5 2
276 ELESTOTRE
renferment ses diverses nageoires ; et ce trait
de la conformation de ce poisson est si sen-
sible , que tous les rayons de la nageoire du
dos, de celle de l'anus, de celle de la queue,
des deux pectorales et des deux thoracines,
ne montent ensemble qu’à trente-deux.
Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de
Tranquebar (1), ainsi que l'annonce son
nom spécifique. Sa nourriture ordinaire est
composée de jeunes cancres et de petits mol-
Jausques ou vers aquatiques. I! est brun par
dessus, gris sur les côtés; et l’on voit sur
ces mêmes côtés des bandes transversales
et des points bruns , ainsi que des taches
blanches sur la partie inférieure de Panimal,
et des taches brunes sur la nageoire de la
queue et sur les pectorales (2).
Sa cuirasse est à huit pans lonsitudinaux,
(:) Et de plusieurs autres contrées des Indes orien-
tales. Comme il a peu de chair, on ne le mange pas,
et il ne sert que d’amorce pour les lignes des pêcheurs.
SONNINI.
(2) À la membrane des branchies . 6 rayons,
A la naseoire du dos. «+ . ...
À chacune des pectorales . «+ . .
À chacune des thoracines. . . .
Aïcelle de anus. 2. Mi,
À celle de la queue . . .
Dub KR Cm
e
e
L
DES ASPIDOPTOROIÏDES. 97
qui se réunissent de manière à n’en former
que six vers la nageoire caudale; les yeux
sont rapprochés du sommet de la tête; la
mâchoire supérieure, plus longue que l’in-
férieure , présente deux piquans recourbés
en arrière ; une seule lame compose l’oper-
cule des branchies, dont l'ouverture est
très - grande ; on aperçoit sur le dos une
sorte de petite excavation longitudiuale ; la
nageoire dorsale est au dessus de celle de
l'anus, et celle de la queue est arrondie.
278 HISTOIRE
ms
QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GEN.
PAR BACEPED DL:
LES DD PAMPETÉE
La tête plus large que le corps; la forme
générale un peu conique; deux nageoires
sur le dos ; des aïguillons ou des tubercules
sur la tête ou sur les opercules des bran-
chies ; plus de trois rayons aux nageoires
thoracines.
PREMIER SOUS-GENRE.
Des barbillons à la mâchoire inférieure.
PR EMI ER E ES PL CE.
LE COTTE GROGNANT; coilus grunniens.
— Plusieurs barbillons à la mâchoire infé-
rieure ; cette mâchoire plus avancée que
la supérieure.
22
DES ICOMTES 25
SECOND SOUS-GENRE.
Point de barbillons à la mâchoire infé-
rieure. |
…
$S EE. C'O NUD E ! F'S\P'H C'E.
LE COTTE SCORPION ; coflus scorpius, —
Plusieurs aiguillons sur la têle; le corps
parsemé de petites verrues épineuses.
D RUOLL SUP IMI EE S$S PE. CE
LE COTTE QUATRE-CORNES ; collus qua-
dricornis. — Quatre protubérances osseuses
sur le sommet de la tête,
QUATRIÈME ESPÈCE.
LE COTTE RABOTEUX ; cotius scaber. —
La ligne latérale garnie d’aiguillons.
CT INIONEN DIE ME. E S'P'ENCUE.
LE COTTE AUSTRAL; cottus australis. —
Des aiguillons sur la tête; des bandes trans-
versales et des raies longitudinales.
SIXIÈME PSPÉCE.
LE COTTE INSIDIATEUR ; cotéus insidialor.
Deux aiguillons de chaque côté de la téte;
. A ° } 2 2 .. ,
des stries sur cette même partie de l'animal,
D %
260 HESTOIRE
SEPTIÈME ESPÈCE.
LE COTTE MADÉGASSE ; cotlus madagas-
cariensis. — Deux aiguillons recourbés de
chaque côté de la tête; un sillon longitu-
dinal, large et profond entre les yeux; des
écailles assez grandes sur le corps et sur la
queue.
HUITIÈME ESPÈCE.
LE CcOTTE Noir; cofius niger. — Un ai-
guillon de chaque côté de la tête; la mâchoire
inférieure plus avancée que la supérieure ;
le corps couvert d'écailles rudes; la couleur
générale noire ou noirâtre.
NE U VIE ME FS'P.ÉÈ CE.
LE coTTE cHABOT ; cottus gobio. — Deux
aiguillons recourbés sur chaque opercule;
le corps couvert d’écailles à peine visibles.
SL xz. € T &# f'28
De Jeve del.
M Tarireu
LLE GRONDEUR.
2.LE SCORPION 4% "er.
3.LE COTTE gualre <CCTRC ,
DÉS 'COTTES. 281
LECG R ON DE U'R ).
LE COTTE GROGNANT (2),
PAR LACÉPÉDE.
PR EMI È RE ESP É C E;
Voyez la planche XI, fig. 1.
Picsour tous les cottes ne présentent
que des couleurs ternes, des nuances obs-
cures, des teintes monotones. Enduits d’une
(1) Le grondeur, nom sous lequel ce poisson est
généralement connu. En allemand , brummer. En
hollandais , pictermann , korrkhaan. Au Brésil , nigur.
Cottus alepidotus varius , maxill& inferiore longiore
multüm cirrat&. Gronov. locis infra citaiis.
Cottus gul& ramentis villosä, corpore nudo......
cottus grunniens. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 160,
sp. 3. — Artedi , Gen. pisc. gen. 34 , n° 9. additam.
SONNINI:
(2) Cottus grunniens.
Tdem. Tan. édit. de Gmelin. — Bloch, pl. cLxxIx,
Cotte grognard. Daubenton , Encyclop. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth, — Mus. Ad. Frid. 2,
282 EE SUR 'O;T RE
liqueur onctueuse qui retient sur leur sur-
face le sable et le limon; couverts le plus
souvent de vase et de boue ; défigurés par
celte couche sale et irrégulière ; aussi peu
agréables par leurs proportions apparentes
que par leurs tégumens , qu’ils, diffèrent ,
dans leurs attributs extérieurs , de ces
magnifiques coryphènes sur lesquels les
feux des diamans, de l'or, des rubis et des
saphirs scintillent de toutes parts, et au-
près desquels on diroit que la Nature les a
placés pour qu'ils fissent mieux ressortir
l'éclatante parure de ces poissons privilégiés ;
on pourroit être tenté de croire que, s'ils
ont été si peu favorisés lorsque leur vête-
ment leur a été départi, ils en sont, pour
ainsi dire , dédommagés par une faculté
remarquable et qui n’a été accordée qu’à
un petit nombre d’habitans des eaux, par
celle de proférer des sons. Et en effet, plu-
p: 65. — Gronov. Mus. 1, p. 46, n° 106; et Zooph.
p. 79, n° 2600. — Seba, Mus, 5, p. 80, n° 4, tab. 23,
Ég. 4.
Corystion capite crasso ,ore ranæ ampdo, etc. Klein,
Miss. pise. 4, p. 46, n° 8. — Marcgr. Brasil. p. 78. —
Willughby, Ichth. p. 280, tab. S, 11, fig. 1; Append.
p- 3, tab. 4, fig. 1.
Nigui, Ray, Pise. p.92 ,n°7;et p.1b0, n° 7.
DE S COTES. 283
sieurs cottes, comme quelques balistes, des
zées, des trigles et des cobites font entendre,
au milieu de certains de leurs mouvemens,
une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin
cependant d’un simple bruissement assez
foible , très-monotone, très-court et fré-
quemment involontaire, non seulement à
ces sons articulés dont les nuances variées
et légères ne peuvent être produites que par
un organe vocal trés-composé, ni saisies que
par une oreille très-délicate, mais encore
à ces accens expressifs et si diversifiés qui
appartiennent à un si grand nombre d’oi-
seaux, et même à quelques mammifères!
Ce n’est qu'un frôlement que les cottes, les
cobiles, les zées, les balistes, font naïtre. Ce
n’est que lorsque, saisis de crainte, ou agités
par quelque autre affection vive, ils se con-
tractent avec force, resserrent subitement
leurs cavités intérieures, chassent avec vio-
lence les différens gaz renfermés dans ces
cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse,
et s’échappant principalement par les ouver-
tures branchiales, en froissent les opercules
élastiques, et, par ce frottement toujours
peu soutenu, font naître des sons, dont le
dégré d’élévation est inappréciable, et qui,
par conséquent, n'étant pas une voix et ne
284 HE SIT ON R E
formant qu'un véritable bruit, sont même
au dessous du sifflement des reptiles (1).
Parmi les cottes, l’un de ceux qui jouissent
le plus de cette faculté de frôler et de bruire,
a été nommé grognant, parce que l'envie
de rapprocher les êtres sans discernement
et d’après les rapports les plus vagues, qui
l'a si souvent emporté sur l'utilité de com-
parer leurs propriétés avec convenance, à
fait dire qu’il y avoit quelque aralogie entre
le grognement du cochon et le bruissement
un peu grave du cotte. Ce poisson est celui
que nous allons décrire dans cet article.
On le trouve dans les eaux de l'Amérique
méridionale , ainsi que dans celles des Indes
orientales (2). Il est brun sur le dos et mêlé
de brun et de blanc sur les côtés. Des taches
brunes sont répandues sur ses nageoires,
qu sont grises, excepté les pectorales et les
ns
(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons.
(2) Les équipages de M. de la Pérouse prirent
beaucoup de grondeurs , avec plusieurs autres espèces
de poissons également abondantes à la baie de T'ernaiï,
sur la côte de Tartarie, à quarante - cinq dégrés
treize minutes de latitude nord. ( Voyez les Voyages
de la Pérouse, tome III, in - 8°, pag. 2.)
SONNINI.
DES COTTES ‘os
thoracines , sur lesquelles on aperçoit une
teinte rougeûtre (1).
La surface du grognant est parsemée de
pores d’où découle cette humeur visqueuse
et abondante dont il est enduit, comme
presque tous les autres cottes. Malcré la
quantité de cette malière gluante dont il est
imprégné, sa chair est agréable au goût ; on
ne la dédaigne pas : on ne redoute que le
foie, qui est regardé comme très-mal-faisant,
que l’on considère même comme une espèce
de poison; et n'est-il pas à reniarquer que,
dans tous les poissons, ce viscère est la por-
tion de l’animal dans laqueile Les substances
huileuses abondent le plus?
La tèle est grande, et les yeux sont petits.
L'ouverture de la bouche est très-large; la
langue lisse ainsi que le palais; la mâchoire
inférieure plus avancée que la supérieure,
et hérissée d’un grand nombre de barbil-
lons, de même que les côtés de la tête ; les
lèvres sont fortes ; les dents aiguës, recour-
(1) A la première nageoïire du dos. 5 rayons.
AMseconded nee ft. Le. 20
À chacune des nageoires pectorales 22
A chacune des thoracines. . + + 4
À celleidel'anmas 0 n.0re 1 10
286 HISTOIRE
bées, éloignées l’une de l’autre, et disposées
sur plusieurs rangs. Les opercules , com-
posés d’une seule lame, et garnis chacun
de quatre aiguillons, recouvrent des orifices
très-Ctendus. L’anus est à une distance pres-
que égale de la gorge et de la nageoire cau-
dale , qui est arrondie (1).
(1) Le grondeur se cache sur le sable près da rivage,
et il blesse de ses morsures ceux qui marchent sur la
plage. SONNINI.
DES ICO TITLES. 287
LE SCORPION DE MER (1).
LE COTTE SCORPION (),
PAR LACÉPÉDE.
SECONDE ESPÈCE.
Foyez la planche XL, fig. 2.
C’rsx dans l'océan Atlantique, et à des
distances plus ou moins grandes du cercle
(1) Ze scorpion de mer. À Hambourg , wallkutze,
Æuurpage. Dans le Dittmare, bulosse. À Heiligeland,
sturre, En Poméranie, scemurre, knurrhahn, kurkahn.
En Norvège, outre les deux noms cités dans la note
suivante, éorsk ,riobenharns,mar-ulke. Au Groenland,
indépendamment des noms communs à l'espèce en-
tière , cités dans la note de Eacépède , le mâle se
distingue par celui de £ivate , et la femelle par celui
de nariksok.
Cotius capite spinis pluribus, maxill& superiore
pauld longiore.... cottus scorpius. Lin. Syst. nat. edit.
Gimel. gen. 160, sp. 5.
Cottus capite spinis pluribus validis...... cottus
scorpius, Oh. Fabric. Faun, Groenl. p. 154, n° 115.
SONNINIL.
268 SNL OUI E
polaire, que l’on trouve ce colle remar-
quable par ses armes, par sa force, par son
agilité. Il poursuit avec une grande rapidité,
(>) Cottus scorpius. À l'embouchure de la Seine ,
caramassou. Dans plusieurs provinces de France,
scorpion de mer. En Suède, rotsimpa , skrabba ,
skjalryta , skialryta, skiolrista , pinulka. En Norvège,
fisksymp , vid-kieft, soe scorpion. Dans le Groenland,
kaniok, kantuinak. Dans la Poméranie, kurhahn.
Dans la Livonie, donner krote. Dans la Sibérie,
t£amscha. En Danemarck , uk, ulka. Dans quelques
contrées du nord de l’Europe , æulk. En Hollande ,
donderpad. Dans la Belgique , posthoest , posthoofde,
Sur plusieurs côtes d'Angleterre , father - lasher. A
Terre-Neuve , scolpin,p.
Cottus scorpius. Lin. édit. de Gmelin.
Cotte scorpion de mer. Daubenton , Encyc. méth.—
Bonaterre , pl. de l’Encycl. method.
Autre espèce de scorpion marin. Valmont de Bomare,
Dict. d’hist. nat. — Fl'aun. Suec. 323.
Ulka. It. Scan. 325.
Cottus alepidotus , capite polyacantho, ete, Mus.
Adolph. Frid. 1, p. 70.
Cottus alepidotus , capite polyacantho , etc. Artedi,
gen. 49 , sp. 86 , syn. 77.
Scorpio marinus , vel scorpius nostras. Schonev.
pag. 67.
Scorpius marinus. Jonston , tab. 47, fig. 4 et 5.
Cottus scorpænæ Belonii similis. Willughby, p.158;
et Append. p.25 , tab. X , 15.
Id. et scorpius virginius. Ray, p. 145, n°12;et142,
el
DES COTTES
el par conséquent avec un grand avantage ,
la proie qui fuit devant lui à la surface de
la mer. Doué d’une vigueur très - digne
d'attention dansses muscles caudaux, pourvu
par cet atlribut d’un excellent instrument
de natation, s’élançcant comme un trait,
très - vorace , hardi, audacieux même, il
altaque avec promptitude des blennies, des
gades, des clupées, des saumons; il les
combat avec acharnement, les frappe vive-
ment avec les piquans de sa tête, les ai-
guillons de ses nageoires, les tubercules
aigus répandus sur son corps, et en triomphe
le plus souvent avec d'autant plus de facilité,
qu'il joint une assez grande taille à l’impé-
tuosité de ses mouvemens, au nombre de
ses dards et à la supériorité de sa hardiesse.
En effet, nous devons croire , en comparant
. n° 3. — Aldrovaud. lib. 2, cap. 27 (pro 25) p. 202. —
Gronov: Mus. 1, p. 46, n° 104; Act. Felvet. 4,
p. 262, n° 139; et Zooph. p. 78, n° 265. — Bloch,
pl. xxx1X.
Corystion capite maximo , et aculeis valdè horrido.
Klein, Miss. pisc. 4, p. 47, n° 11, tab. 15, fig. 2 et 5.
Fisk sympen. Act. Nidros. 2 ,p. 545, tab. 15, 14.
Sea-scorpion. Edw. Glan. tab. 248. — Seba, Mus. 3,
p. 81, tab. 26, fig. 5.
Father-lasher. Brit. zool. 5, p. 179 , n° 5.
Poiss. Tome VIii. T
290 F4, ST'O:TI RE
tous les témoignages, et malgré l'opinion
de plusieurs habiles naturalistes, que dans
les mers où il est le plus à l’abri de ses
ennemis , le cotie scorpion peut parvenir
à une longueur de plus de deux mètres (six
pieds deux pouces environ ) : ce west qu’au-
près des côtes fréquentées par des animaux
marins dangereux pour ce poisson, qu'il
me montre presque jamais des dimensions
très-considérables. L'homme ne nuit guère
à son entier développement, en le faisant
périr avant le terme naturel de sa vie. La
chair de ce cotte, peu agréable au goût et
à l’odorat, n’est pas recherchée par les pè-
cheurs ; ce ne sont que les habilans peu dé-
licats du Groenland, ainsi que de quelques
autres froides et sauvages contrées du Nord,
qui en font quelquefois leur nourriture; et
tout au plus tire-t-on parti de son foie pour
en faire de lhuile, dans les endroits où,
comme en Norvège, par exemple, il est
très-répandu (1).
(2) « On ne mange pas ce poisson dans nos contrées,
dit Bloch , on le donne aux cochons ; peut-être par un
préjugé qui fait croire qu’il est venimeux. Cette
opinion vient sans doute de ce que la piquure de ses
pointes a été dangereuse dans certains cas. En Dane-
DES CO'TTIES. zut
Si d’ailleurs ce poisson est jeté par quelque
marck , où il passe pour indigeste, il n’y a que les
pauvres qui le mangent : cependant on y croit, en
même tems, que sa chair est un remède efficace
contre les maladies de la vessie. En Norvège on ne
fait usage que du foie, avec lequel on fait de l’haile.
Les groenlandais, au contraire, le trouvent fort bon,
et le donnent à leurs malades comme une nourriture
très-saine. On le mange chez eux bouilli ou séché, et
quelques-uns le mangent même erû ; ils se nourrissent
aussi de ses œufs. On voit par là combien les goûts et
les préjugés des nations sont souvent contradictoires ».
(Histoire naturelle des poissons , genre 24, article du
scorpion de mer.)
Quelques pêchears russes, qui vont pêcher habi-
tuellement tous les étés le long de la côte des
samoïèdes dans la mer Glaciale , y prennent assez
souvent dans leurs filets le scorpion marin, qu’ils
nomment kamscha , et dont ils ne tirent aucun profit.
( Voyages de M. Pallas en Russie et dans l'Asie
septentrionale , traduction française , tome IV,
pag. 40 et 41.)
Au Groenland, où le scorpion de mer est un aliment
fort en usage, on le pêche avec des lignes de mé-
diocre grosseur , auxquelles on ajoute quatre hameçons
disposés en croix; il suffit d’y fixer pour toute amorce
quelque chose de blanc ou de coloré. Ce poisson sert
lui - même d’appât pour prendre d’autres espèces, et
dans les pièges que les groenlandais tendént aux isatis.
(Oth. Fabricius, Faun, Groenland. /oco suprà citato.)
SONNINI.
Fa
202 HISTOIRE
accident sur la grève, et que le retour des
vagues , le reflux de la marée, ou ses propres
efforts ne le ramènent pas promplement au
milieu du fluide nécessaire à son existence,
il peut résister pendant assez long-tems au
éfaut d’eau, la nature et la conformation
de ses opercules et de ses membranes bran-
chiales lui donnant la faculté de clore
presque entièrement les orifices de ses or-
ganes respiratoires , d’en interdire le contact
à l'air de l'atmosphère, et de garantir ainsi
ses organes esseuliels et délicats de l'inflience
trop aclive, Lrop desséchante, et par con-
séquent trop dangereuse, de ce même fluide
atmosphérique.
C’est pendant l'été que la plupart des
cottes scorpions commencent à s'approcher
des rivages de la mer ; mais communément
lhyver est déjà avancé, lorsqu'ils déposent
leurs œufs, dont la couleur est rougeâtre.
out leur corps est parsemé de petites
verrues en quelque sorte épineuses, et beau-
coup moins sensibies dans les femelles que
dans les mâles.
La couleur de leur partie supérieure varie;
elle est ordinairement brune avec des raies
et des points blancs : leur parlie inférieure
est aussi très-fréquemment mêlée de blanc
. *
BE STCOOMTES. 2049
et de brun. Les nageoires sont rouges avec
des taches blanches ; on distingue quelque-
fois les femelles par les nuances de ces
mêmes nageoires, qui sont alors blanches
et rayées de noir, et par le blanc assez pur
du dessous de leur corps (1).
La tête du scorpion est garnie de luber-
cules et d’aiguillons; les yeux sont grands,
alongés, rapprochés l’un de l’autre , et placés
sur le sommet de la tête; les mâchoires
sont extensibles , et hérissées, comme le
palais , de dents aiguës ; la langue est épaisse,
courte et dure ; l'ouverture branchiale très-
large ; l’opercule composé de deux lames .
la ligne latérale droite, formée communé-
ment d’une suite de petits corps écailleux
faciles à distinguer malgré la peau qui les
recouvre , et placée le plus souvent au
(1) À la première nageoire du dos. 10 rayons.
AAC Con de NAN US MOULE ANT E TG
À chacune des pectorales. . . . 17
A chacune des thoracines. . . + 4
Arcelle de Panus ts : #12
A celle de l'queue. :. : « + . ‘16
Vertèbres dorsales, 8.
Vertebres lombaires, 2.
Vertèbres caudales, 15.
2g4 HISTOIRE
dessous d’une seconde ligne produite par
les pointes de petites arêtes : la nageoire
caudale est arrondie , et chacune des tho-
racines assez longue (1).
(1) Ce poisson a l’œsophage large et plissé, l’estomac
long , le canal intestinal ne faisant qu’une seule
sinuosité , et accompagné de quatre appendices, le
foie grand et partagé en deux lobes inégaux , trente-
cinq vertèbres à l’épine du dos, et dix côtes de chaque
côté. SONNINI.
DES COTES. p
ne em
LE IC O'TIT E
QUATRE-CORNES (1)(2),
PAR LACÉPÉDE.
TROTSTEME ESPÈCE.
Voyez la planche XL, fis. 3.
Quarres tubercules osseux, rudes, pô-
reux, s'élèvent et forment un carré sur le
sommet de la tête de ce cotte ; ils y repré-
sentent, en quelque sorte, quatre cornes,
dont les deux situées le plus près du museau
sont plus hautes et plus arrondies que les
deux postérieures.
(1) Coitus quadricornis. En Suède, Aorn simpa,
Cottus quadricornis. Lin. édit. de Gmelin.
Cottus scaber tuberculis quatuor corniformibus , etc.
Artedi, gen. 48, sp. 84.
Cotte quatre - cornes. Daubenton, Encycl. méth. —
Bonatcrre, pl. de l’'Encycl. méth. — F'aun. Suec. 321.
— Mus. Adolph. Frid. 1,p. 70, tab. 52, fig. 4.
Cottus scorpioides. Oth. Fabric. Faun. Groenland.
p'Ab70 0172.
(2) Le cotte quatre- cornes. En allemand, seebolle,
seebulle. En Livonie, meerochs, meerbolle, meerasche,
à 5: 4
206 FH TS TO LR:E
Plus de vingt apophyses osseuses et pi-
quantes, mais recouvertes par une légère
pellicule, se font aussi remarquer sur diffé-
rentes portions de la tète ou du corps : on
en distingue sur-tout deux au dessus de la
membrane des branchies ; trois de chaque
côté du carré formé par les cornes; deux
auprès des narines; deux sur la nuque, et
une au dessus de chaque nageoire pectorale.
Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs par
un très - grand nombre de traits au cotte
scorpion : il présente presque toutes les ha-
bitudes de ce dernier ; il habite de même
daus l’océan Atlantique septentrional, et
particulièrement dans la Baltique et auprès
du Groenland ; également armé, fort, vo-
race, audacieux , imprudent (1), il nage
Chez leslettes, jurewersch. En Russie, podkamenschik.
Au Groenland , pobudlek , igarsok, akullikitsok.
Cottus verrucis cäpilis quatuor osseis...... cottus
guadricornis. Tan. Syst.nat. ed. Gmel. gen. 160, sp. 2.
Cottus capite aculeis brevioribus, oculis approxi-
mais, pinnis pectoralibus maximis.... coftus quadri-
cornis. Oth. Fabric. Faun. Groenland. p.157,n° 114.
SONNINI1.
(1) Othon Fabricius dit que le quatre- cornes est
moins vivace , moins glouton , moins audacieux , mais
tout aussi imprudent que le scorpion de mer.
SONNINI.
D'E S :C'OT'F ES. 207
avec d'autant plus de rapidité, qu’il a de
très - grandes nageoires pectorales (1), et
qu'il les remue très-vivement : 1l se tient
quelquefois en embuscade au milieu des
fucus et des autres plantes marines, où ïl
dépose des œufs d’une couleur assez pâle (2) ;
et dans certaines saisons il remonte les
fleuves pour y trouver avec plus de facilité
les vers , les insectes aquatiques et les jeunes
poissons dont il aime à se nourrir (5).
On dit, au reste, que sa chair est plus
agréable à manger que celle du scorpion (4);
(1) A la première nagcoire dorsale. 9 rayons.
A iseronde,, Lea uyer) ue VAR
À chacune des pectorales,. + , . 17
A, chacune:des thoracines. + ..) \ 4
celle de l'anus: st... dar. VE
A celle de laqueue,quiestarrondie 12
(2) Retzius, dans sa nouvelle édition de la Faun.
Suecic. de Linnæus, assure que les femelles de cetie
espèce n ’abandonnent pas leurs œufs, et qu’elles les
‘couvent, ce qui est , ajoute ce naturaliste, un phéno-
mène singulier dans la classe des poissons. Ova sua
incubat, nec deserit : singulare apud pisces phæno-
menon. SONNINI.
(5) Ce poisson préfère les fonds limoneux et les
embouchures des fleuves, où l’eau de la mer perd de
sa salure par le mélange à l’eau douce. SONNINI.
(4) Othon Fabricius, que j'ai déjà cité, dit préci-
208 HISTOIRE
il ne parvient pas à une grandeuï aussi con-
sidérable que ce dernier cotte; et les couleurs
brunes et nuageuses que présente le dos du
quatre- cornes sont plus foncées, sur-tout
lorsque l’animal est femelle , que les nuances
distribuées sur la partie supérieure du scor-
pion. Le dessous du corps du coite que
nous décrivons est d’un brun jaunâtre.
Lorsqu'on ouvre un individu de cette
espèce, on voit sept appendices ou cœcum
auprès du pylore; quarante vertèbres à l’é-
pine dorsale; un foie grand, jaunâtre, non
divisé en lobes, situé du côté gauche plus
que du côté droit, et adhérant à la vésicule
du fiel qu'il recouvre; un canal intestinal
recourbé deux fois; un péritoine noirâtre,
et les poches membraneuses des œufs sont
de la même couleur.
sément le contraire , et il prétend que la chair da
quatre-cornes est moins bonne que celle du scorpion
de mer. Elle est, selon M. Bloch , maigre et dure, et
il n’y à que les pauvres qui en mangent. Le princi-
pal usage qu’on en fait, est de l’employer en appâts
pour la pèche. On prend les quatre-cornes en grand
nombre , avec des filets, dans le Dano en Livonie, et
près de Dalerow en Suède. SONNINI.
DES! COŒIMIES . «4
LE COTTE RABOTEUX (te),
PAR LACÉPE D E.
OŒUA TBE BALE EP S BE CE.
Cr poisson habite dans le grand Océan ;
et particulièrement auprès des rivages des
Indes orientales, où il vit de mollusques
et de crabes. C’est un des cottes dont les
couleurs sont le moins obscures et le moins
monotones : du bleuâtre règne sur son dos ;
ses côtés sont argentés; six ou sept bandes
rougeâtres forment comrie autant de cein-
tures autour de son corps; ses nageoires sont
bleues (5); on voit trois bandes jaunes sur
(1) Cottus scaber.
Idem. Lau. édit. de Gmelin.
Cotte raboteux. Daubenton , Eucyclop. méthod.—
Bonaterre, pl. de l’Encyc. méth. — Bloch, pl. cLxxx.
(2) Cottus capife striis corporisque squanis SerrTaËis,
line& laterali elevatä.... cottus scaber. Yan. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 160, sp. 4 — Artedi, Gen. pisc.
gen.34 , n° 8. additament. SONNINI.
(3) A la membrane des branchies . 6 rayons.
A la première nageoire du dos . 8
A larseconde 0. 0,310," (32
900 HISTOIRE
les thoracines, et les pectorales présentent
à leur base la même nuance jaune.
Les écailles sont petites, mais fortement
attachées, dures et dentelées; la ligne laté-
rale offre une rangée longitudinale d’aiguil-
lons recourbés en arrière ; quatre piquans
également recourbés paroïissent sur fa tête;
et indépendamment des rayons aiguillonnés
ou nou articulés qui soutiennent la première
naseoire dorsale, voilà de quoi justifier lé-
pithète de rabolteux donnée au cotte qui fait
le sujet de cet article.
D'ailleurs la tête est alongée, la mâchoire
inférieure plus avancée que la supérieure,
la lanzue mince, l'ouverture de la bouche
très-grande , et l’orifice branchial très-large.
am
À chacune des pectorales . . . 18
À chacune des thoracines. + . . 6
Acelle tie landes ss D , L'/dS
À celle de la queue . . .‘, . . 16
DES: CO CT 'T'ES. 5o1
HE COTTE AUSTRAL (1),
PAR LACÉPÉDE.
C'I'N OU LE ME) L'S' PE C E
Nous plaçons ici la notice d’un cotte
observé dans le grand océan Equinoxial,
et auquel nous conservons le nom spécifique
d'austral, qui lui a été donné dans lAp-
pendix du voyage de l'anglais Jean White
à la nouvelle Galles méridionale. Ce poisson
est blanchâtre ; il présente des bandes trans-
versales d’une couleur livide, et des raies
longitudinales jaunâtres ; sa lêle est armée
d’aiguillons. L'individu de cette espèce , dont
on a donné la figure dans le Voyage que
nous venons de ciler, n'avoit guère qu'un
” d'cimètre (trois pouces et ou environ )
de lougueur.
(1) Cottus australis.
Idem. Appendix du Voyage à la nouvelle Galles
méridionale, par Jeau White, premier chirurgien de
l'expédilion commandée par le capitaine Plubpp,
p. 265 , pl. zu; fig. 1.
502 HISTOIRE
LE COTTE INSIDIATEUR (1) (2);
PAR LAMGÉRÉEDE.
ST X I EME E SP EC. E:
Cs cotte se couche dans le sable ; il s’y
tient en embuscade pour saisir avec plus de
facilité les poissons dont il veut faire sa
proie; et de là vient le nom qu'il porte.
On le trouve en Arabie; il y a été observé
par Forskæœl, et il y parvient quelquefois
jusqu’à la longueur de six ou sept décimètres
(deux pieds deux pouces environ). Sa tête
Se + TE ne 2 4
(x) Cottus insidiator.
Idem. Lin. édit. de Gmelin.—-Forskæl, Faun. Arab,
p.2h,,n° 8.
Cotte raked. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth.
(2) En arabe, ragede , rogad , raked.
Cottus rogad ; insidiator. Forskœl, Faun. Ægypt.
ATAD p205 0716.
Cottus capite suprà dineis acutis, ad latus spinis
duabus scabro..... cottus insidiator. Lan. Syst. nat.
edit. Ginel. gen. 160 , sp. 8. — Artedi, Gen. pisc.
gen. 54, n° 11. additament, species adhuc dubicæ.
SONNINI.
DES COTTES. 303
présente des stries relevées, et deux aiguil-
Jons de chaque côté. Il est gris par dessus et
blanc par dessous; la queue est blanche (1) :
l'on voit d'ailleurs sur cetie imême portion
de l’animal une tache jaune et échancrée,
ainsi que deux raies inégales, obliques et
noires; et de plus le dos est parsemé de
taches et de points bruns (2).
(1) À la membrane des branchies. 8 rayons.
À la première nageoire dorsale. 8
A PH SEconde TRANS TS
À chacune des pectorales. . . . 19
À chacune des thoracines. . . . 6
À.celle de anus. 12-0157 Mouile rt
Acelle dela queae!,...#71. 0x8
(2) Lorsqu'on marche sur les rivages sablonneux,
où les poissons de cette espèce se plaisent à se cacher,
on les force à sortir de leurs retraites.
SONNINL:
304 H-PS/MO)TR E
0 gr
LE COTTE MADÉGASSE (1),
PAR LACÉPÉÈÉDE.
SEPTIÉÈÉME ESPÈCE.
L, description de ce cotte n’a point en-
core été publiée ; nous en avons trouvé une
courte notice dans les manuscrits de Com-
merson , qui l'a observé auprès du fort
Dauphin de l'ile de Madagascar, et qui
nous en a laissé deux dessins très - exacls,
lun représentant lPanimal vu par dessus,
et l’autre le montrant vu par dessous.
Ce poisson, qui parvient à quatre déci-
mètres (quatorze pouces environ) de lon-
sueur, a la tête armée, de chaque côté,
de deux aiguillons recourbés. De plus, cette
tête, qui est aplatie de haut en bas, pré-
sente dans sa partie supérieure un sillon
profond et très-large, qui s'étend longitu-
dinalement entre les yeux, et continue de
(1) Cottus spinis quatuor lateralibus retroversis,
caudà variegatä ; vel capite retrorsum tetracantho ,
sulco inter oculos longitudinuli lato et profundo. Com-
merson , manuscrits déjà cités.
s’avancer
DES :CO'TTES. 305
savancer entre les deux opercules, en s’y
rétrécissant cependant. Ce trait seul suffi-
roit pour séparer le madégasse des autres
cottes. |
D'ailleurs son corps est couvert d’écailles
assez grandes; son museau arrondi, et la
mâchoire inférieure plus avancée que la
supérieure. Les yeux, irès-rapprochés l’un
de l'autre, sont situés dans la partie supé-
rieure de la tête ; les opercules sont pointillés ;
la première nageoire du dos est triangu-
laire (1); lanus plus proche de la gorge
que de la nageoire caudale; et cette der-
nière nageoire paroît, dans les deux figures
du madégasse réunies aux manuscrits de
Cominerson , doublement échancrée, cest-
à-dire, divisée en trois lobes arrondis; ce
qui donneroit une conformation extrême-
ment rare parmi celles des poissons non
élevés en domesticité.
(1) 8 rayons aiguillonnés à la première nageoire
du dos.
15 rayons articulés à la seconde.
12 rayons articulés à chacune des pectorales.
5 ou 6 rayons articulés à chacune des thoracines.
La nageoire de l’anus est très-étroite,
,
Poiss. Tone VIII. V
306 D SYTONRE
DE COMPTE NOR (21);
PAR LACÉPÉÈDE.
HUVUITIÉME ES PE CE.
Voici le précis de ce que nous avons
trouvé dans les manuscrits de Commerson
au sujet de ce coite, qu'il a observé, et
qu'il ne faut confondre avec aucune des
espèces déjà connues des naturalistes.
La grandeur et le port de ce poisson
sont assez semblables à ceux du gobie noir;
sa longueur ne va pas à deux décimètlres
(sept pouces environ). La couleur générale
est noire. ou d’un brun nonâtre : la seconde
nageoire du dos, celle de l'anus et celle de
la queue sont bordées d’un liseré plus foncé,
ou poinlillées de noir ; la première nageoire
dorsale présente plusieurs nuances de jaune,
et deux bandes longitudinales noirâtres , et
le noir ou le nonûâtre se retrouve encore
sur liris.
(r) Cottus niger.— Le pelit cabot noir.
Cottus nigricans, squamosus , scaber ,aculeo cbscuro
, L]
en capite utringue. Coriuerson, manuscrits déià cités.
; }
DES JOOUET ES. 307
La tête épaisse, plus large par derrière
que la partie antérieure du corps, et armée
d’un petit aiguillon de chaque côté, paroît
comme gonflée à cause des dimensions et
de la figure des muscles situés sur les joues,
c'est-à- dire, au dessus de la région des
branchies. Le museau est arrondi ; l’ouver-
ture de la bouche très-grande ; la mâchoire
inférieure plus avancée que la supérieure ;
celle-ci facilement extensible ; chacune de
ces deux mâchoires garnie de dents courtes,
serrées et semblables à celles que lou voit
sur deux éminences osseuses placées auprès
du gosier ; le palais très-lisse, et tout le corps
revêlu, de même que la queue, d’écailles
très-rudes au toucher.
V 2
a rm
LE CUHIAUB CO D nr).
LE: COTTE CHA BOT. {(2),
PAR LACÉPÉDE.
N'E'U VIÉÈME ESPÈCE.
Voyez la planche XLIY, fig. 1.
(Dx trouve ce cotte dans presque tous les
fleuves et tous les ruisseaux de l’Europe et
de l'Asie septentrionale dont le fond est
(1) Le chabot. En Autriche, foppen. En Prusse et
en Silésie , #uller, kaulkopf. En Franconie et en
Thuringe, rotzkolbe. En Westphalie, faubquappe. En
Danemarck et dans le duché de Schlesvig, steinpicker,
tursbull. En Hollande , govie, gobichen. En Angle-
terre , bullhead, cull, mullersthumb. Au Groenland,
itebivdlek , kanikitsok , ujarangenio. En Pologne,
glonnaez. En Sibérie, schirokalopka , pisdaba. En
Ésclavonie, glausche. Dans le pays de Vaud et le long
du lac de Neuchatel ,chasof, chassot.
Cottus lœvis, capite spinis duabus.... cottus gobio.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 160 , sp. 6.
SONNINI.
(2) Cofttus gobic. En Suède, sten simpa , sten lake.
PRE
77 3%
AVT
?De Jeve dez.
«
2.LE SCORPENF CTP.
1.LE CHABOT.
DES: COTTES 3%
pierreux ou sablonneux. 1] y parvient jus-
qu'à la longueur de deux décimètres ( sept
En Angleterre, bull-head , millers thumb. Dans plu-
sieurs contrées de l'Italie , massore, capo grosso. Dans
plusieurs provinces méridionales de France, féte
d'âne , âne.
Cottus gobio. Lin. édit. de Gmelin.
Cotte chabot. Daubenton , Encyclop. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. — Bloch, pl. xxxvin,
fig. ret 2. — Müll. Prodrom. Zoolog. Danic, p. 44,
n° 568. — Oth. Fabric. Faun. Groenland. p. 159,
n° 115.
Cottus alepidotus , glaber, capite diacantho. Artedi,
gen. 45, sp. 82, syn. 76.
Poitos et Loitos. Arist, lib. 4, cap. 8.
Cottus. Gaza, Arist.
Chabot. Rondelet , des poissons de rivière, ch. 22,
Cottus , seu gobio fluviatilis capitatus. Gesner,
p. 400, 4or et 477; et (Germ.) fol. 162, a.
Capitatus auctorum. Cuba, lib. 5 ,cap. 58, fol. 70, b.
Citus. Salvian. Aquat. fol. 216. — Wiliughby,
pe 137, tab. H,5 ; fig. 3
Gobius fluviatilis, sive capitatus. Aldrov. lib. 5,
cap. 28 , p. 613.
Gobius fluviatilis Gesneri. Ray, p. 76, n° A.
Gobius capitatus. Jonston, lib. 3, tit. 1, Cap. 10,
#. 2, tab. 20 , fig: 17.
Gobio capitatus. Charlet. p. 157.
Chabot. Valmont de Bomare , Dict. d’hist. nat.
Cottus alepidotus , capite plagioplateo , lato, ob-
{uso , etc. Gronov, Mus. 2 , p. 14 , n° 166- He
J
se HISTOIRE
pouces) (1). Il s’y tient souvent caché parmi
les pierres, où dans une espèce de petit ter-
rier ; et lorsqu'il sort de cet asyle ou de cette
embuscade, c’est avec une très-grande rapi-
dité qu’il nage, soit pour atteindre la petite
proie qu'il préfère, soit pour échapper à
ses nombreux ennemis. Il aime à se nourrir
de très-jeunes poissons, ainsi que de vers
et d'insectes aquatiques; et lorsque cet ali-
ment lui manque, il se jette sur les œufs
des diverses espèces d'animaux qui habitent
dans les eaux qu’il fréquente. IL est très-
vorace (2) : mais la vivacité de ses appétits
Percis capite lævi , et brevis , etc. Klein , Miss. pisc.
p.43, n° 17.
Gobius fluviatilis alter. Belon ; Aquat. p. 321.
Gobio fluviatilis capitatus. Marsigli, Danub. 4,
p: 73, tab. 24, fig. 2.
Buil-head. Brit. Zool. 3 ,p.177,t.11.
Rotz-kolbe. Meyer , Thierb. 2 ,p. 4, tab. 12. |
(1) A la membrane des branchies . 4 rayons.
À la première nageoire du dos. + 7
Aa CONdE ER. ey ethe à Er
À chacune des pectorales . . . 14
À chacune des thoracines. , .,: 4
À celetdie EME ais rs AU 19
A celle deilajquene «+ 4 4 21 43
(2) Ce poisson est si vorace que , selon Gesner, 1}
n'épargne pas même sa propre espèce. SONNINI.
DES. GOUT ES. 311
est trop éloignée de pouvoir compenser les
effets de la petitesse de sa taille, de ses
mauvaises armes et de son peu de force ;
et 1l succombe fréquemment sous la dent
des perches, des saumons, et sur-iout des
brochets. La bonté et la salubrité de sa
chair, qui devient rouge par la cuisson
comme celle du saumon et de plusieurs
autres poissons délicats ou agréables au
goût, lui donnent aussi l'homme pour en-
nemi. Dés le tems d’Aristote, on savoit
que pour le prendre avec plus de facilité ,
il falloit frapper sur des pierres qui lui ser-
voient d'abri, qu’à l'instant il sortoit de sa
retraite , et que souvent il venoit, tout
étourdi par le coup, se livrer lui-même à
la main‘ou au filet du pêcheur. Le plus
souvent ce dernier emploie la nasse (1),
pour être plus sûr d'empêcher le chabot de
s'échapper (2). L faut saisir ce cotte avec
précaulion lorsqu'on veut le retemr avec
#
(1) Voyez la description de la nasse dans le troisième
volume de cette Histoire naturelle des poissons , pag. 35.
SONNINIL.
(2) On le pêche aussi à la ligne , et à la main pen-
dant la nuit, lorsqu'il est ébloui par le clair de la lune
ou la lumière du feu, SONNINI.
V 4
312 PS TOTRÉE
la main : sa peau très-visqueuse lui donne
en effet la faculté de glisser rapidement
entre les doigts. Cependant, malgré tous les
pièges qu'on lui tend, et le grand nombre
d’ennemis qui le poursuivent, on le trouve
fréquemment dans plusieurs rivières. Cette
espèceest très-féconde. La femelle, plusgrosse
que le mâle, ainsi que celles de tant d’autres
espèces de poissons, paroît comme gonflée
dans le tems où ses œufs sont près d’être
pondus. Les protubérances formées par les
deux ovaires, qui se tuméfient, pour ainsi
dire, à cette époque , en se remplissant d’un
très-grand nombre d'œufs, sont assez élevées
et assez arrondies pour qu’on les ait com-
parées à des mamelles; et comme une com-
paraison peu exacte conduit souvent à une
idée exagérée , et une idée exagérée à une
erreur, de célèbres naturalistes ont écrit
que la femelle du chabot avoit non seule-
ment un rapport de forme, mais encore un
rapport d'habitude, avec les animaux à
mamelles, qu’elle couvoit ses œufs et qu’elle
perdoit plutôt la vie que de les abandonner.
Pour peu qu'on veuille rappeler ce que
nous avons écrit (1) sur la manière dont les
(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons,
DES CO TPE S. 313
poissons se reproduisent , on verra aisément
combien on s’est mépris sur le but de quel-
ques actes accidentels d'un petit nombre
d'individus soumis à l'influence de circons-
lances passagères et très-parliculières. On a
pu observer des chabots femelles et même
des chabots mâles se retirer, se presser , se
cacher dans le même endroit où des œufs
de leur espèce avoient été pondus, les cou-
vrir dans cette attitude et conserver leur
position malgré un grand nombre d'efforts
pour la leur faire quitier. Mais ces ma-
nœuvres n'ont point été des soins attentifs
pour les embryons qu'ils avoient pu pro-
duire; elles se réduisent à des signes de
crainte, à des précautions pour leur sûreté,
et peut-être même ces individus auxquels
on a cru devoir attribuer une tendresse
constante et courageuse, n’ont-ils été sur-
pris que prêts à dévorer ces mêmes œufs
qu'ils paroissoient vouloir réchauffer, ga-
rantir et défendre.
Au reste, les écailles dont la peau mu-
queuse du chabot est revêtue, ne sont un
peu sensibles que par le moyen de quelques
procédés où dans certaines circonstances :
mais si la matière écailleuse ne s'étend pas
314 HASTOIRE
sur son corps en lames brillantes et facile-
ment visibles, elle s’y réunit en pelits tuber-
cules ou verrues arrondies. Le dessous de
son corps est blanc : le mâle est, dans sa
partie supériéure , gris avec des taches
brunes, et la femelle brune avec des taches
noires. Les nageoires sont le plus souvent
bleuäires’ el tacheitées de noir; les thora-
cines de la femelle sont communément
variées de jaune et de brun.
Les yeux sont irès-rapprochés l’un de
l'autre. Des dents aiguës hérissent les mâ-
choires, le palais et le gosier ; mais la langue
esl lisse. Chaque opercule ne présente qu'une
seule pièce et deux aiguillons recourbés. La
nageoire caudale est arrondie.
On voit de chaque côte les deux branchies
intermédiaires garnies , dans leur partie
concave, de deux rangs de tubercules. Le
foie est grand, non divisé, Jjaunâtre et situé
en grande partie du côté gauche de l'animal;
Festouiac est vaste. Auprès du pylore sont
attachés quatre cœcum ou appendices intes-
tinales; le canal intestinal n’est plié que
deux fois; les deux laites se réunissent vers
Janus et sont contenues dans une membrane
dont la couleur est très-noire, aiusi que
DES C'OTTES. 315
celle du péritoine ; les reins et la vessie
urinaire sont très-étendus et situés dans le
fond de l'abdomen. |
On compte dans la charpente osseuse du
chabot trente-une vertébres; et il y a environ
dix côtes de chaque côté.
910 HISTOIRE
QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE.
PAR PACEPEUT
LES SCO RPEÉNE:S:
La tête garnie d'aiguillons, ou de protu-
bérances , ou de barbillons , et dépourvue
de pelites écailles ; une seule nageoire
dorsale.
PREMIER SOUS-GENR_E.
Point de barbillons.
PREMIERE ESPÈCE.
LA SCORPÈNE HORRIBLE; scorpæna hor-
rida. — Le corps garni de tubercules gros
et calleux.
S'EÉ CO-N DE ‘EE SP ÉÊ CE.
LA SCORPÈNE AFRICAINE ; SCOrpæna afri-
cana. — Quatre aiguillons auprès de chaque
œil ; la nageoiïire de la queue presque rec-
tilhigne.
TROISIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE ÉPINEUSE ; SCOrpŒœn«a Spi-
nosa. — Des aiguillons le long de la ligne
latérale,
DES SCORPENES. 317
QUATRIÈÉRE ESPÈCE.
LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE; SCOrpæn«
aculeata. — Quatre aiguillons recourbés et
très-forts au dessous des yeux; les deux lames
de chaque opercule garnies de piquans.
CIN QUIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE MARSEILLAISE ; SCOrP@n«
massiliensis. — Plusieurs aiguillons sur la
tête ; un sillon ou enfoncement entre les
yeux.
SIXIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE DOUBLE-FILAMENT ; SCor-
12.6 A . . dv +»
pæna bicirrata. — La mâchoire inférieure
repliée sur la mâchoire supérieure ; un fila-
ment double et très-long à lorigine de la
nageoire dorsale.
SEPTIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE BRACHION ; sCorpæna bra-
chion. — La mâchoire inférieure repliée sur
la supérieure ; point de filament; Jes na-
geoires pectorales basses, mais très-larges,
attachées à une grande prolongation char-
nue, et composées de vingt-deux rayons.
318 HISTOIRE
SECOND SOUS-GENRE:
Des barbillons.
HUITIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE BARBUE; scorpæna barbata.
— Deux barbillons à la mâchoire inférieure ;
des élévations et des enfoncemens sur la tête.
NEUVIÈME ESPÉCE.
LA SCORPÈNE RASCASSE; SsCOrpŒœna«a ras-
cassa. — Des barbillons auprès des narines
et des yeux ; la langue lisse.
D L'S MEN HN ET NMPUENONE:
LA 5CORPÈNE MAHÉ; scorpæna male. —
Cinq ou six barbillons à Ja mâchoire supé-
rieure ; deux barbillons à chaque opercule.
O N-ZiT HE) M E ‘ENS PE C:E.
LA sCORPÈNE TRUIE ; SCorpæna scrofa. —
Des barbillons à la mâchoire inférieure et le
long de chaque ligne latérale ; la langue
hérissée de petites dents.
D'OMPISME. ESPECE
LA SCORPÈNE PLUMIER ; scorpæna Plu-
mierti. — Quatre barbillons frangés à la
mâchoire supérieure ; quatre autres entre
DES SCORPENES. 3%:9
les yeux; d’autres encore le long de chaque
ligne latérale ; des piquans triangulaires sur
la tête et les opercules.
MR F1 2 EME ESP CE
LA SCORPÈNE AMÉRICAINE; scorpæna
americana. — Deux barbillons à la mâchoire
supérieure; cinq ou six à l’inférieure ; la
partie postérieure de la nageoire du dos, la
nageoire de l'anus, celle de la queue et les
pectorales très-arrundies.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
LA SCORPÈNE DIDACTYLE; scorpæna di-
dactyla. — Deux rayons séparés lun de
l’autre auprès de chaque nageoire pectorale.
QUINZIÈÉME ES P:È C E.
LA SCORPÈNE ANTENNÉE; SCorpæna anten-
nata. — Des appenrdices articulées, placées
auprès des yeux; les rayons des nageoires
pectorales de la longueur du corps et de la
queue.
S EIZIÉ ME ESPÈCE
LA SCORPÈNE VOLANTE; scorpæna voli-
tans. — Les nageoires pectorales plus lon-
gues que le corps. -
320 HAS'T OTR E
LA SCORPÈNE CRAPAUD (h).
LA SCORPÈNE HORRIBLE (2),
PAR LACÉPÈDE.
PREMIÈRE ES PE CE.
Voyez la planche XLI , fig. 2.
O + diroit que c’est dans les formes très-
composées, singulières, bizarres en appa-
rence, monstrueuses, horribles, et, pour
(1) La scorpène crapaud , ou la pythonisse. En
allemand , zauberfisch. En hollandais, groote toover-
visch , affchuwelyke seescorpiæn. Aux Indes, ikan
swangi touva ,ikan swangi bezsar.
Scorpæna tuberculis callosis adspersa... scorpæna
horrida. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 3.
— Artedi, Gen. pisc. gen. 55, n° 3. additament.
SONNINI.
(2) Scorpæna horrida.
Scorpæna horrida. Lin. édit. de Gmelin. — Bloch,
pl. cLxxxINL.
Scorpène crapaud. Daubenton , Encycl. méthod.—
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod.
Perca alepidota , dorso monopterygio , capite caver-
ainsi
DES SCORPENES. 31
ainsi dire,menaçantes de la plupart des scor-
pènes, que les poëtes, les romanciers, les
mythologues et les peintres ont cherché les
modèles des êtres fantastiques, des larves,
des ombres évoquées et des démons, dont
ils ont environné leurs sages enchanteurs,
leurs magiciens redoutables et leurs sorciers
ridicules ; ce n’est même qu'avec une sorte
de peine que l'imagination paroît être par-
venue à surpasser ces modèles, à placer ces
productions mensongères au dessus de ces
réalités , et à s'étonner encore plus des ré-
sultats de ses jeux que des combinaisons par
lesquelles la Nature a donné naissance au
genre que nous examinons. Mais si en façon-
nant les scorpènes la Nature a donné un
exemple remarquable de linfinie variété
que ses ouvrages peuvent présenter, elle a
montré d’une manière bien plus frappante
combien sa manière de procéder est tou-
jours supérieure à celle de lart; elle a
nato tuberculato , etc. Gronov. Zooph. p.88, n° 292,
tab, LOL UENTÉ, 1: à.
Ikan swangi bezar, de groote tovervisch. Valent,
Ind.5, P: ne 170.
Ikan swangi touwa. Renard , Poiss. 1, pl. xXxIX,
fig. 199.
Poiss. Tome VIIT. XX
322 HISTOIRE
imprimé d’une manière éclatante, sur ses
$corpènes comine sur tant d’autres produits
de sa puissance créalrice, le sceau de sa
prééminence sur l'intelligence humaine : et
cette considération n'est-elle pas d’une haute
importance pour le philosophe? Le génie
de l’homme rapproche ou sépare, réunit ou
divise, anéantit, pour ainsi dire, ou repro-
duit tout ce qu'il conçoit : mais de quelque
manière qu'il place à côté les uns des autres
ces êtres qu'il transporte à son gré, il ne
peut pas Îles lier complettement par celte
série infinie de nuances insensibles, ana-
logues et intermédiaires, qui ne dépendent
que de la Nature; le grand art des transi-
tions appartient par excellence à cette Na-
ture féconde et merveilleuse. Lors même
qu'elle associe les formes que la première
vue considère comme les plus disparates, soit
qu’elle en revête ces monstruosités passa-
gères auxquelles elle refuse le droit de se
reproduire, soit qu'elle les applique à des
sujets constans qui se multiplient et se
perpétuent sans manifester de changement
sensible, elle les coordonne, les groupe et les
modifie d’une.telle manière, qu’elles mon-
trent facilement à une attention un peu
soutenue une sorte d'air général de famille,
DES SCORPENES. 523
et que d’habiles dégradations ne laissent
que des rapports qui s’attirent, à la place
de nombreuses disconvenances qui se re-
pousseroient.
La scorpène horrible off une preuve
de cette manière d'opérer, qui est un des
grands secrets de la Nature. On s’en con-
Vaincra aisément, en examinant la descrip-
üon et la fignre de cet animal remarquable,
Sa tête est très-grande et très-inégale
dans sa surface : creusée par de profonds
sinus, relevée en d’autres endroits par des
protubérances très-saillantes, hérissée d’ai-
guillons , elle est d’ailleurs parsemée sur les
côtés de tubercules ou de callosités un peu
arrondies , et cependant irrégulières et très-
inégales en grosseur. Deux des plus grands
enfoncemens qu’elle présente sont séparés,
par une cloison très-inclinée, en deux creux
inégaux et irréguliers, et sont placés au
dessous des yeux, qui d’ailleurs sont très-
pelits, et situés chacun dans une proémi-
nence très-relevée et un peu arrondie par
le haut; sûr la nuque s'élèvent deux autres
protubérances comprimées dans leur partie
supérieure, anguleuses, et qui montrent sur
Jeur côté extérieur une cavité assez pro-
fonde; et ces deux éminences réunies avec
ve
924 ELSIT OTR FE
celles des yeux forment, sur la grande tête
de l’horrible , quatre sortes de cornes très-
irrégulières , très-frappantes, et, pour ainsi
dire , hideuses. |
Les deux mâchoires sont articulées de
manière que, lorsque la bouche est fermée,
elles s'élèvent presque verticalement, au
lieu de s'étendre horisontalement : la mâ-
choire inférieure ne peut clore la bouche
qu'en se relevant comme un battant ou
comme une sorte de pont-levis, et en dé-
passant même quelquefois en arrière la ligne
verticale, afin de s'appliquer plus exacte-
ment contre la mächoire supérieure ; et
quand elle est dans cette position, et qu’on
la regarde par devant, elle ressemble assez
à un fer à cheval : ces deux mâchoires sont
carnies-d'un grand nombre de très-pelites
dents, ainsi que le gosier. Le palais et la
langue sont lisses ; -celte dernière est de
plus large ; arrondie et assez libre. On la
découvre aisément, pour peu que la scor-
pène rabatie sa mâchoire inférieure et ouvre
sa grande gueule; l’orilice branchial est aussi
très-large.
Les trois ou quatre premiers rayons de la
nageoire du dos, très-gros, ‘très-difformes,
irès-séparés l’un de l’auire , très-inégaux,
DES SCORPENES. 325
très-irréguliers , très-dénués d’une véritable
membrane, ressemblent moins à des piquans
de nageoire qu’à des tubérosités branchues,
dont le sominet néanmoins laisse dépasser
la pointe de laiguillon (1); la ligne latérale
suit la courbure du dos.
Le corps et la queue sont garnis de
tubercules calleux semblables à ceux qui
sont répandus sur la tête; et l’on en voit
d'analogues, mais plus petits, non seulement
sur les nageoires pectorales, qui sont très-
longues, mais encore sur la membrane qui
réunit les rayons de la nageoiïre dorsale.
_ La nageoire de la queue est arrondie et
rayée ; la couleur générale de lanimal est
variée de brun et de blanc; et c’est dans
les Indes orientales que l’on rencontre cette
espèce, qui se nourrit de crabes et de mol-
lusques, sur laquelle, au milieu des rap-
prochemens bizarres en apparence et ce-
rt
(1) 5 rayons à la membrane des branchies.
3 rayons non articulés et 7 rayons articulés à
la nageoire du dos.
16 rayons à chacune des pectorales.
rayons à chacune des thoracines.
3 rayons non articulés et 6 articulés à celle de
l'anus.
12 rayons à celle de la queuc.
526 NAERIS 2 0 LR E
pendant merveilleusement concertés, des
formes très-disparates au premier coup d'œil
se liant par des dégradations intermédiaires
ct bien ménagées, montrant des parties
semblables où l’on n’avoit d’abord soup-
çonné que des porüons très - différentes,
paroissent avoir été bien plutôt préparées -
les unes pour les autres que placées de ma-
nière à se heurter, pour ainsi dire, avec
violence, mais dont l’ensemble, malgré ces
sortes de précaulions , repousse tellement le
premier regard, qu'on n’a pas cru la dégra-
der en la nommant horrible , en l’appelant
de plus crapaud de mer, et en lui don-
nant ainsi le nom d’un des animaux les plus
hideux.
DES SCORPENES. 327
te
es
LA SCORPÈNE AFRICAINE (1)(),
PAÏBUTE A CEPEDE.
SECONDE ES Pr CE.
Ox rencontre, auprès du cap de Bonne-
Espérance et de quelques autres contrées
de l'Afrique, cette scorpène dont la lon-
gueur ordinaire est de quatre décimètres
(à peu près quinze pouces ) ; elle est revètue
d’écailles petites, rudes, et placées les unes
au dessus des autres comme les ardoises
des toits (3).
(1) Scorpæna africana.
Scorpæna capensis. Lin. édit. de Gmel. — Gronov.
Zooph. p.88; n° 293.
(2) Scorpæna capite utrinque supra oculos quadri 1-
dentato , caudä subæquali SRE + SCOrpŒæn«a capensis.
Lin. ce, nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 7.— Artedi,
Gen. pisc. gen. 33, n° 8. additament.
Perca dorso monopterygio ; capite utrinque suprit
oculos quadridentato ; operculis diacanthis, squamosts;
caudé subæquali. Gronov. Zooph. SONNINI.
(5) 6 rayons à la membrane des branchics.
14 rayons non articulés et 12 rayons articulés à
la nageoire du dos,
X 4
328 HISTOIRE
Les yeux sont situés sur les côtés de la
tête, qui est grande et convexe : une pro-
longation de Fépiderme les couvre comme
in voile transparent ; l’ouverture de la
bouche est très-large; les deux mâchoires
sont également avancées; deux lames com-
posent chaque opercule ; quatre pointes gar-
nissent la supérieure ; l’inférieure se termine
en pointe du côté de la queue, et le dos
est arqué ainsi que caréné.
18 rayons à chacune des pectorales.
1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
3 rayons non articulés et 6 rayons arliculés à
celle de l'anus.
12 rayons à celle de la queue.
DES SCORPENES. 329
LA SCORPÈNE ÉPINEUSE (1) (2),
PAR LACÉPÉDE.
TR OS DE M EE S/PÎIE C E.
Lr corps de ce poisson est comprimé ; des
aiguillons paroissent sur sa tête; sa ligne
latérale est d’ailleurs hérissée de pointes,
et sa nageoire dorsale, plus étendue encore
que celle de la plupart des scorpènes, règne
depuis l’entre- deux des yeux jusqu'à la
nageoire caudaie.
(x) Scorpæna spinosa.
Id. Lin. édit. de Gmel. — Ind. Mus. Lanck. 1, p.41.
(2) Scorpæna capite spinosce, pinn& dorsali super
oculos incipiente et per totum dorsum excurrente, lincä
laterali spinosé , compresso corpore. Index Musæi
Linckiari , pag. 41.
Scorpæna line& laterali spinosä..... scorpæn« spi-
nosa. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 101 } spas:
Nota, que Gmelin doute que ce soit une espèce par-
ticulière. — Artedi, Gen. pisc. gen. 55, n° 9. additam.
SoNNINI.
\
930 EVES MO LR Æ
LAN S'OMOE RIPITINCE
AU G ÙU 1 LÉ ON N ÉIE. (G),
PAR LACÉPÉDE.
D'ATAIBIR RE M CAES R P.CLE.
La description de cette espèce n’a encore
été publiée par aucun auteur; nous en
avons vu des individus dans la collection
de poissons secs que renferme le museum
national d'histoire naturelle. Quatre aiguil-
lons recourbés vers le bas et en arrière
paroissent au dessous des yeux; ces pointes
sont d’ailleurs très-fortes, sur-tout la pre-
mière et la troisième; des piquans garnissent
les deux lames de chaque opercule : la
partie des nageoires du dos et de anus (2),
(1) Scorpæna aculeata.
(2) 10 rayons non articulés et 18 rayons articulés à
la nagecoire dorsale.
17 rayons à chacune des pectorales.
D'HS'SOCORPENES. 33%
que des rayons articulés soutiennent, est plus
élevée que l’autre portion; elle est de pius
arrondie comme les pectorales, et comme
la nageoiïire de la queue.
1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
2 rayons non articulés et 14 rayons articulés à
celle de l’anus.
16 rayons à celle de la queue.
992 HIS TOR #
LA SCORPÈNE
MARSEILLAISE (1(2)};
PAR LACEÉPÉDE.
ET N:0 UTLÈME ES P EC _E
LS
Ce poisson a beaucoup de rapports avec
les cotles, parmi lesquels 1l a mêine été
inscrit, quoiqu'il n'offre pas tous les carac-
tères essentiels de ces derniers, et qu'il pré-
sente tous ceux qui servent à distinguer les
scorpènes. Il ressemble particulièrement au
cotte scorpion, dont il diffère néanmoins par
plusieurs traits, et notamment par l'unité
(1) Scorpæna massiliensis.
Cottus massiliensis. Lin. édit. de Gmelin.
(2) Cottus capite polyacantho, pinnis dorsalibus
coadunatis... coftus massiliensis. Lin. Syst. nat. edit.
Gmel. gen. 160, sp. 9. — Artedi, Gen. pisc. edit.
Walbaum, gen. 34, n° 15. additament. Nota, que
Walbaum confond ce poisson avec la rascasse.
SONNINI.
ge TT NT
go —
DES SCORPENES. 533
de la nageoire dorsale, qui est double au
contraire sur le scorpion (1).
La tête du marseillais est armée de plu-
sieurs piquans ; un sillon est creusé entre ses
deux yeux, et son nom indique la contrée
arrosée par la mer dans laquelle on le
trouve.
(1) 12 rayons non articulés et 10 rayons articulés à
la nageoire dorsale.
17 rayons à chacune des nageoires pectorales.
1 rayon non arliculé et 5 rayons articulés à
chacune des nageoires thoracines.
CT
rayons non articulés et 6 rayons articulés à
celle de l’anus,
12 rayons à la nageoire de la queue.
334 HISTOIRE
LEA SCO NTDEIP'E N
DOUBLE-FILAMENT (),
PAR’"TACEPEDE
SLR LE CNLE NL S DE CT.
Nous devons la connoissance de ce poisson
au voyageur Commerson , qui nous en a
laissé une figure très-exacte. Cet animal est
couvert d’écailles si petites, que l’on ne peut
les voir que irès-difficilement. La tête est
grosse, un peu aplatie par dessus, garnie de
protubérances ; et la mâchoire inférieure
est tellement relevée, repliée et appliquée
contre la supérieure, qu’elle dépasse beau-
coup la ligne verticale, et s’avance du côté
de la queue au delà de cette ligne, lorsque
la bouche est fermée. Au reste, ces deux
mâchoires sont arrondies dans leur contour.
Les yeux sont extrèmement petits et très-
rapprochés; les nageoires pectorales très-
(1) Scorpæna bicirrata.
DES SCORPENES. 335
larges, et assez longues pour atteindre jus-
ques vers le milieu de la longueur totale
de la scorpène. La nageoire de la queue est
arrondie ; celle de l’anus l’est aussi, et
d’ailleurs elle est à peu près semblable à la
portion de la nageoire du dos au dessous de
laquelle elle est située, et qui est composée
de rayons articulés. Les autres rayons de la
nageoire dorsale sont an nombre de treize,
et comme très-séparés les uns des autres,
parce que la membrane qui les réunit est
profondément échancrée entre chacun de
ces aiguillons, qui, par une suite de celte
conformation, paroissent lobés ou lancéolés.
Au dessus de la nuque on voit s'élever et
partir du même point deux filamens très-
déliés , d’une si grande longueur, qu'ils dé-
passent la nageoire caudale; et c’est de ce
trait particulier que j'ai cru devoir tirer le
nom spécifique de la scorpène que je viens
de décrire (1).
(1) 15 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la
nageoire du dos.
17 rayons à chacune des pectorales.*
7 à celle de l’anus.
14 à celle de la queue.
330 HIS TO ER FE
LA SCORPÈNE BRACHION (1),
PAR LAC É PIE DE:
SE P TIEME, ESP ECE.
N ous allons décrire cette scorpène d’après
un dessin très-exact trouvé dans les papiers
de Commerson ; elle ressemble beaucoup
à la scorpène double-filament par la forme
générale de la tête; la petitesse et la po-
siion des veux; la conformation des mà-
choires; la place de l'ouverture de la bouche;
la situation de la mâchoire inférieure qui
se relève et s'applique contre la supérieure
de manière à dépasser du côté de la queue
la ligne verticale ; la nature des tégumens
qui ne présentent pas d'écailles facilement
visibles , et l’arrondissement de la nageoire
caudale. Mais elle en diffère par plusieurs
caractères , et notamment par les traits
suivans : premiérement, elle n’a sur la nuque
aucune sorte de filament ; secondement ,
l’échancrure que montre la membrane de
(1) Scorpæna brachion.
Ja
DES SCORPEÈNES. 53
la nageoire du dos, à côté de chacun des
rayons aiguillonnés qui composent cette
nageoire , est très-peu sensible relativement
aux échancrures analogues que lon voit
sur la scorpène à laquelle nous comparons
le brachion; troisièmement , chacune des
nageoires pectorales forme comme une
bande qui s'étend depuis le dessous de la
partie antérieure de lopercule branchial
jusqu’auprès de l'anus, et qui, de plus,
est attachée à une prolongation charnue
et longitudinale, assez semblable à la pro-
longation qui soutient les nageoires pecto-
rales de plusieurs gobies ; et c’est de cette
sorte de bras que nous avons tiré le nom
spécifique du poisson qui fait le sujet de cet
article (1).
(1) 12 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la
nageoire du dos.
22 rayons à chaque nageoire pectorale.
Q rayons à.la nageoire de l'anus.
Poiss, Tome VIII. 4
538 HES TOIRE
gt, mm oo mel em re gr
LA SCORPÈNE BARBUE (1),
PAR Da cÉPHDE;
H U'IT MÉIM EE! E'SP'E C'E.
La tête de ce poisson est relevée par des
protubérances , et creusée dans d’autres
endroits , de manière à présenter des cavités
assez grandes. Deux barbillons garnissent
la mâchoire inférieure ; les nageoires tho-
racines sont réunies l’une à l’autre par une
petite membrane ; la nageoire caudale est
presque rectiligne (2). |
- (1) Scorpæna barbata.
Scorpène barbue. Bonaterre , pl. de l’Enc. méth.
Scorpæna capite cavernoso,cirris geminis in maxillæ
inferiore. Gronov. Mus.ichth. 1, p. 46.
(2) 12 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à
la nageoire du dos.
15 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à celle de l’anus.
13 rayons à celle de la queue.
DES SCORPENES. 3
O1
to
LA: RAS.C AS SE: (a).
LA SCORPÈNE RASCASSE (2),
PAR LACÉPÈDE.
NEUVIÈME ESPÈCE.
Voyez la planche XLIT, fig. 1.
Li 4 rascasse habite dans la Méditerranée
et dans plusieurs autres mers. Only trouve
Ee———
(1) Rascasse, nom de ce poisson sur nos côtes de la
Méditerranée. À Marseille, rasquasse, Dans quelques
endroits, diable ou crapaud de mer. En, hollandais,
scorpiæn varkentje. En allemand , £/eënschuppigter-
drachenkopf. En suédois, simpskrabban. En sarde,
scorpina. À,Malte ,. cipullazza. En grec moderne,
skorpina. En turc, scorpit balul:.; le mot baluk est le
nom turc des poissons.-en général.
Scorpæna, cirris ad ocuos naresque..1.:. scorpæna
porcus. Lin.Syst. nat. edit. Gmel. gen: 161, sp. 1.
Scorpæna corpore varié nebuloso punctatoque , cirris
ad oculos naresque.,. .:scorpæna porcus. Brunnich,
Ichthyol. massil. p.32, n° 44. SoNNINi.
de) Scorpæna rascassa. Dans plusieurs contrées de
italie, scrofamello:;
Y 2
340 HISTOIRE
auprès des rivages , où elle se met en em-
buscade sous les fucus et les autres plantes
marines , pour saisir avec plus de facilité
Scorpæna porcus. Lin. édit. de Gmelin.
Scorpène rascasse. Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaterre , pl, de l'Enc. méth. — Bloch, pl. ccxxx1.
Zeus cirris supra oculos et nares. Mus. Adolph.
Frid. 1, p. 68.
= Scerpæna pinnulis ad oculos et nares. Artedi ,
gen. 47 , SYh. 79.
O skorpios. Aristot. lib. 2, cap. 17; et lib. 5, cap. 0,
10 ; et lb. 8 , cap. 13. — Athen. lib. 7 , p. 520.
… Scorpeno. Rondelet, prem. partie, liv. 6, chap. 19,
édit. de Lyon , 1558. 3e
Scorpius Rondeletii, Aldrov. lib. 2, cap. 24, p. 106.
Scorpius minor. Jonston , de Piscibus , p. 74;
tab. 19, fig. 10:
Scorpius minor. Willughby , Ichth. p. 351, tab. X,
13 , fig. 1. ;
Scorpæna. 1dem.— Ray, p. 142,n° 1.
Scorpæna. P. Jov. p. 23 ; p. 91: — Salvian. fol. 207,
ad iconem , et fol. 202.
Scorpæna. Plin. lib. 52, cap. r1.
Scorpio. Cuba lib. 3, cap. 65, fol. 90,a.—Wotton,
lib. 8, cap. 178, fol. 158, D.
Scorpio , vel scorpis , vel scorpæna , id est , scorpius
minor. Gesner, p. 837, 1018 ; et (Germ.) fol. 45.
Scorpides , seu scorpæna. Charlét. p. 142.
Scorpène , ou scorpion de mer , ou rascasse. Valmont
de Bomare, Dict. d’hist. nat. — Hasselquist, It. 330.
DES SCORPENES. 341
les poissons plus foibles ou moins armés
qu'elle ; et lorsque sa ruse est inutile, que
son attente est trompée , et que les poissons
se dérobent à ses coups, elle se jette sur les
cancres, qui ont bien moins de force , d’agi-
lité et de vitesse pour échapper à sa pour-
suite. Si dans ses attaques elle trouve de la
résistance, si elle est obligée de se défendre
contre un ennemi supérieur , si elle veut
empêcher la main du pêcheur de la retenir,
elle se contracte, déploie et étend vivement
ses nageoires, que de nombreux aïguillons
rendent des armes un peu dangereuses ;
ajoute , par ses efforis, à l’énergie de ses
muscles ; présente ses dards , s’en hérisse,
pour ainsi dire, et frappant avec rapidité,
fait pénétrer ses piquaus assez avant pour
produire quelquefois des blessures ficheuses,
et du moins fait éprouver une douleur
aiguë (1). Sa chair est agréable au goût,
Scorpæna...... cirris ad oculos naresque. Brünn.
Pise, massil. p. 32, n° 44.
Corystion sordidè flavescens, ete. Klein , Miss.
pisc. 4 D: 47, 0° 19:
Scorpæna. Belon, Aquat. p. 148.
(1) Lorsqu'on prend la rascasse, il faut presser
fortement la nagcoire dorsale contre le corps, afin
N3°5
942 ES TOERE
mais ordinairement elleest un peu dure ( 1).
Sa longueur ne dépasse guère quatre déci-
méètres ,; (à peu près quinze pouces). Les
écailles qui la recouvrent sont rudes et
petites.
La couleur de sa partie supérieure est
brune , avec quelques taches noires ; du
blanc mêlé de rougeâtre est répandu sur
sa partie inférieure. Les nageoires sont d’un
rouge ou d’un jaune foible et tacheté de
brun , excepté les thoracines , qui ne pré-
sentent pas de taches , et les pectorales qui
sont grises. à
La tête est grosse ; les yeux sont grands
d'empêcher le poisson de la lever et de la mouvoir.
La piquure des aiguillons occasionne souvent de
l’inflammation et une grande douleur. « J’ai vu, dit
Rondelet ( Hist. des poissons, Liv. 6, chap. 19), un
enfant bien fort blessé de ce poisson le voulant cacher
dans son sein, lequel je guéris en lui mettant dessus
la plaie un surmulet fendu en deux, et le foie du
scorpeno même , d’où par expérience jai connu être
vrai ce que les anciens ont écrit des remèdes contre
la blessure du scorpeno ». SONNINI.
(1) La rascasse est exclue des bonnes tables, comme
ayant la chair sèche et coriace. On pêche ordinaire-
ment ce poisson au filet eu à la ligne , dont on amorce
l’hameçon avec un morceau de cancre.
5 | _ SONNINI1
Lt
DES SCORPENES. 343
et très-rapprochés ; l'iris est doré et rouge;
l'ouverture de la bouche très-large ; chaque
mâchoire hérissée, ainsi que le palais, de
plusieurs rangs Le dents petites et aiguës ;
la langue courte et lisse ; l’opercule ne
chial garni d’aiguillons et de filamens, et
la partie antérieure de la nageoire dorsale
soutenue par douze piquans très-forts et
courbés eu arrière (1).
Huit appendices intestinales sont placées
auprès du pylore ; l’estomac est vaste; le
foie blanc; la vésicule du fiel verte ; le tube
intestinal large.
Du tems de Rondelet on croyoit encore,
avec plusieurs auteurs anciens, à la grande
vertu médicinale du vin dans lequel on
avoit fait mourir une rascasse ; et l’on ne
paroiïssoit pas douter que ce vin ne pro-
duisit des effets très-salutaires contre les
douleurs du foie et la pierre de la vessie.
(1) 12 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire
du dos.
16 rayons à chacune des pectorales.
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chacune des thoracines.
fo
3 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés
celle de l'anus.
18 rayons à la nageoire de la queue.
Y 4
GA ÉH1:S{ TT O:LR E
LA *SCORPENEUMARE. (1)
PAR LACÉPÉDE.
à
DIXIÈME ES PE C E.
Couvmerson a laissé dans ses manuscrits
une description de ce poisson. "Toutes les
nageoires de cette scorpène sont variées de
plusieurs nuances ; et le corps ainsi que la
queue présentent des bandes transversales ;
qui ont paru à Commerson jaunes et brunes
sur l'individu que ce voyageur a observé.
Mais cet individu étoit mort depuis trop
long-tems , pour que Commerson ait cru
pouvoir déterminer avec précision les cou-
leurs de ces bandes transversales.
Le mahé est revêtu d’écailles petites ;
finement dentelées du côté de la nageoire
caudale, serrées et placées les unes au dessus
des autres comme les ardoises qui recouvrent
(1) Scorpæna make,
Scorpæna cirris pluribus ori circumpositis , corpore
transversim fasciato , pinnis omnibus variegatis, Com-
merson, manuscrits déjà cilés.
DES SCORPENES. 349
les toits. La tête est grande et garnie d’un
grand nombre d’aiguillons. Les orbites rele-
vées et dentelées forment comme deux
crêtes au milieu desquelles s'étend un sillon
longitudinal assez profond.
Les deux mâchoires ne sont pas parfai-
tement égales; l’inférieure est plus avancée
que la supérieure, qui est extensible à la
volonté de l’animal , et de chaque côté de
laquelle on voit pendre trois ou quatre bar-
billons ou filimens molasses. Des dents très-
petites et très-rapprochées les unes des autres
donnent d’ailleurs aux deux mâchoires la
forme d’une lime. Un filament marque,
pour ainsi dire, la place de chaque narine.
L’opercule branchial est composé de deux
lames : la première de ces deux pièces
montre vers sa partie inférieure deux bar-
billons , et dans son bord postérieur , deux
ou trois piquans ; la seconde lame est
triangulaire , et son angle postérieur est
très-prolongé.
Le dos est arqué et caréné ; la ligne laté-
rale se courbe vers le bas.
La nageoire dorsale présente des largeurs
très-inégales dans les diverses parties de sa
longueur. Les pectorales sont assez longues
pour atteindre jusqu’à l'extrémité de cette
346 HISTOIRE
nageoire dorsale. Celle de la queue est
arrondie (1).
Commerson a vu cette scorpène dans Îles
environs des îles Mahé , dont nous avons
cru devoir donner le noni à ce poisson ;
et c’est vers la fin de 1768 qu'il l’a observé.
(1) 7 rayons à la membrane des branchies.
13 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à la
nageoire du dos.
17 rayons à chacune des pectorales.
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des
thoracines. |
3 aiguiilons et q rayons articulés à celle de
Panus.
12 rayons à celle de la queue.
DES SCORPENES. 847
æe
a —_——
LA SCORPÈNE TRUIE (1)(2),
PAR LACÉPÈDE.
ON'ZTIEÉ-M E- ES P #'C'E:
Crrre scorpène est beaucoup plus grande
que la rascasse ; elle parvient quelquefois
jusqu'à une longueur de plus de quatre
mètres ( douze pieds ) : aussi attaque-t-elle
(1) Scorpæna scrofa. Crabe de Biaritz. Dans la
Ligurie, bezugo , pesce cappone. Dans d’autres con-
trées de l’Italie, scrofano.
Scorpæna scrofa. Lin. édit. de Gmelin.
Scorpène truie. Naubenton, Encyclop. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’Encyc. méthod.
Scorpæna tota rubens, cirris plurimis ad os. Artedi,
gen. 47 , syn. 76.
Scorpio , et scorpio marinus. Salvian. fol. 197, &. ad
iconem , et fol. 199 , 200.
Scorpius major. Gesner (Germ.) fol. 44, b. —Wil-
lughby, p. 551. — Ray, p. 142, n° 2.
Scorpio. Charlet. p. 142. — Bloch, pl. cLxxxt.
Autre scorpion de mer , etc. Valmont de Bomare,
Dictionn. d’hist. nat.
Perca dorso monopterygio , capite subcavernoso,
aculeato alepidoto, etc. Gronov. Zooph. p. 87 , n° 297.
348 HISTOIRE
avec avantage non seulement des poissons
assez forts , mais des oiseaux d’eau foibles
et jeunes ,qu'elle saisit avec facilité par leurs
pieds palimés, dans les momens où ils nagent
au dessus de la surface des eaux qu’elle
habite (5). On la trouve dans l'océan Atlan-
Scorpæna corpore rubro, etc. Brünn. Pisc. massil.
Mori nf:4b.
Trigla subfusca nebulata, etc. Brown, Jamaïc.
p. 44, n° 3.
Cottus squamosus , varius , etc. Seba, Mus. 3 , p. 79,
n°2;,tab:28, fr. 2.
Scorpius major. Jonston , de Piscibus , p. 74,
tab. 19 , fio. 9.
(2) La truie, crabe de Biaritz , et quelquefois sa-
carailla de Saint-Jean-de-Luz. En Provence , scorpt,
scorpone, rascasse rouge. En allemand, grosschup-
piste drachenkopf. En hollandais, groote scorpiæn.
En sarde, scorpena. En maltais, mazzone. À la
Jamaïque , poissonned grooper.
Scorpæna cirris duobus ad labium inferius.......
scorpæna scrofa. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 167,
sp. 2. SONNINI.
(3) Cette scorpène est sur-tout l’ennemie des
mouettes. Elle est peinte dans Oppien comme un
poisson d’une très-grande voracitlé.
At bis lucinam labrax , toto invocat anno,
Quatuor ad partus horrendus scorpius edit.
Haæliet. lib. 7.
SONNINI. |
DES SCORPENES. 349
tique et dans d’autres mers, particulière-
ment dans la Méditerranée, sur les bords de
laquelle elle est assez recherchée (1). Les
écailles qui la couvrent sont assez grandes;
elle présente une couleur d’un rouge blan-
châtre , plus foncée et même presque brune
sur le dos , et relevée d’ailleurs par des
bandes brunes et transversales. La mem-
brane des nageoires est bleue, et soutenue
par des rayons jaunes et bruns. (2)
La tête est grande; les yeux sont gros ;
l’ouverture de la bouche est très-large ; des
dents petites , aiguës et recourbées hérissent
la langue, le palais, le gosier et les deux
mächoires, qui sont également avancées ;
(1) Sa chair est , généralement parlant , maigre et
sèche ; elle ne laisse pas néanmoins d’être assez recher-
chée , sur-tout lorsque le poisson a été pris, ou em
pleine mer, ou sur des côtes pierreuses. Au nord ces
poissons ne sont point estimés , et les norvégiens n’en
mangent jamais ; ils se contentent de tirer de l'huile
du foie.
Les pêcheurs de Biaritz prennent des scorpènes
avec des haims, jusqu’à six licues au large, depuis
le mois de juillet jusqu’au commencement de l’hyver.
SONNINI.
° LA ?
(2) La prunelle noire de ses yeux est entourée dan
iris jaune et rougeâtre. SoNNiInNi.
350 HISTOIRE
des barbillons garnissent les environs des
yeux , les joues, la mâchoire inférieure et
la ligne latérale qui suit la courbure du dos;
deux grands aiguillons et plusieurs petits
piquans arment, pour ainsi dire , chaque
opercule, et l'anus est plus près de la na-
geoire caudale que de la gorge. (1)
(1) 6 aiguillons à la membrane des branchies.
12 aiguillons ct 10 rayons articulés à la nageoire
du dos.
19 rayons à chacune des pectorales.
1 aïguillon et 5 rayons articulés à chacune des
thoracines.
5 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
12 rayons à celle de la queue.
DES SCORPENES. 55:
Drm
LA SCORPÈNE PLUMIER (1),
PAR LAC£PÈDE.
DOUZIÉÈÉME ESPÈCE.
Les manuscrits de.Plumier , que lon
conserve dans la bibliothèque nationale de
France, renferment un dessin fait avec soin
de cette scorpène , à laquelle j'ai cru devoir
donner un nom spécifique qui rappelât celux
du savant voyageur auquel on en devra la
connoissance. Le dessus et les côtés de la
têle sont garnis, ainsi que les opercules, de
piquans triangulaires , plats et aigus. Quatre
barbillons ou appendices frangées s'élèvent
entre les yeux ; quatre autres barbillons
d’une forme semblable, mais un peu plus
petits , paroissent au dessus de la lèvre
supérieure : un grand nombre d’appendices
également frangées sont placées le long de
la ligne latérale ; les écailles ne présentent
(1) Scorpæna Plumierii.
Scorpius niger cornutus. Manuscrits de Plumier ;
déposés à la bibliothèque nationale.
552 HESTOAR E
qu'une grandeur médiocre. La première
partie de la nageoire dorsale est soutenue
par des rayons non articulés , et un peu
arrondie dans son contour supérieur; celle
de la queue est aussi arrondie ; on voit
quelques taches petites et rondes sur les
thoracines. La couleur générale est d’un
brun presque noir , et dont la nuance est
à peu près la même sur tout l’animal. (1)
ee ——
(1) 12 rayons aïguillonnés et 7 rayons articulés à
la nageoire du dos.
O rayons à chacune des pectorales.
5 ou 6 rayons à chacune des thoracines.
2 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
ro rayons à celle de la queue.
LA
DES SCORPENES. 353
LA SCORPÈNE
À M ÉMR I C:À I NE a).
PAR LACÉPÉDE.
TREIZIÈME ES P-E C E/
La tête de ce poisson présente des pro-
tubérances et des piquans; d’ailleurs on voit
deux barbillons à la mâchoire supérieure,
et cinq ou six à la mâchoire inférieure. Les
quinze derniers rayons de la nageoire dor-
sale forment une portion plus élevée que
la partie antérieure de cette même nageoire ;
cette portion est, de plus, très-arrondie,
semblable par la figure ainsi qu'égale par
l'étendue à la nageoire de l'anus, et située
précisément au dessus de ce dernier instru-
ment de natation. Les nageoires pectorales
(1) Scorpæna americana.
Diable de mer. Duhamel , Traité des pèches, t, 3,
part.2,p.099,n°7,pl.sr, fig. 5.
Poiss. Tome VIIL. Z
354 HAS MIOMR)E
et la caudale sont aussi très-arrondies (1 }.
Lorsque la femelle est pleine, son ventre
paroît très-gros ; el c’est une suite du grand
nombre d'œufs que l’on compte dans cette
espèce, qui est très-féconde, ainsi que
presque toules les aulres scorpènes.
(1) À la nageoïre dorsale . . . +. 33 rayons.
A chacune des pectorales. . . . 13
Arcellededlanus.s 5 2406 20
À celle de la queue . . . . . . (13
DES SCORPENES. 355
LA SCORPÈNE DIDACTYLE (1) (2),
PAR LACÉPÈDE.
QUATORZIÈME ESPÈCE.
La tête de cet animal, que Pallas a très-
bien décrit, présente les formes les plus
singulières que l’on:ait encore observées
dans les poissons ; elle ressemble bien plus
à celle de ces animaux fantastiques dont
l'image fait partie des décorations bizarres
auxquelles on a donné le nom d’arubesques,
qu’à un ouvrage régulier de la sage Nature.
Les yeux gros, ovales et saillans , sont placés
au sommet de deux protubérances très-
(1) Scorpæna didactyla. Pallas, Spicil. zool. 7,
p. 26, tab. 4, fig. 1,3.
Scorpæna didactyla. Lin. édit. de Gmelin.
Scorpène à deux doigts. Bonaterre , pl. de l’'Encyc.
méthod.
(2) Scorpæna digitis duobus distinctis ad pinnas
pectorales...... scorpæna didactyla. Lin. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 161, sp. 6. — Artedi, Geu, pisc.
gen. 55 , n° 6. additament. SONNINI.
2 2
356 HMÉSTEOIME
rapprochées ; on voit deux fossettes creusées
entre ces éminences et le bout du museau ;
des rugosites anguleuses paroissent auprès
de ce museau et de la base des opercules.
Des barbillons charnus, découpés, aplatis
et assez larges, sont dispersés sur plusieurs
points de la surface de cette tête, que l’on
est tenté de considérer comme un produit
de l’art; deux de ces filamens, beaucoup
plus grands que les autres, pendent, lun
à droite, et l’autre à gauche de la mâchoire
inférieure : cetie mâchoire est plus avancée
que celle d'en haut; lune et l'autre sont
garnies de dents, ainsi que le devant du
palais et le fond du gosier ; la langue monire
des raies noires et de petits grains jaunes :
on aperçoit de plus, auprès de chaque na-
geoire peclorale, c’est-à-dire, de chacane
de ces nageoires que l’on a comparées à
des bras, deux rayons articulés, très-Jongs,
dénués de membranes, dans iesquels on a
trouvé quelque analogie avec des doigts; et
voilà pourquoi Ja scorpène dont nous par-
lons a été nommée à deux doigts ou di-
dactyte. La nageoire de la queue esl arrondie ;
toutes les autres sont grandes; celle du dos
règne le loug d'une ligne très-étendue; plu-
DES SCORPENES. 357
sieurs de ses rayons dépassent la membrane
proprement dite, et sont garnis de lambeaux
membraneux et déchirés ou découpés.
La peau de ce poisson, dénue d’écailles
facilement visibles, est enduite d’une hu-
meur visqueuse. Ceite scorpène parvient
d’ailleurs à une longueur de trois ou quaire
décimètres (onze à quinze pouces). Elle est
brune avec des raies jaunes sur le dos, et
des taches de la même couleur sur les côtés,
ainsi que sur sa partie inférieure. Des bandes
noires sont distribuées sur la nageoire de
Ja queue , ainsi que sur les pectorales. Cet
animal remarquable habite dans la mer
des Indes (1). /
(1) 16 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la
nageoire du dos.
10 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines.
12 rayons à celle de l’anus.
12 rayons à celle de la queue.
398 HESTOIR E
LA SCORPÈNE ANTENNÉE (1)(2),
PAR EACGÉ PÉDÉ
OAI IN ZT RE. NME ES PE CLR.
Ox pêche, dans les eaux douces de l’île
d’'Amboine, une scorpène dont Bloch a pu-
blié la description , et dont voici les prin-
cipaux caraclères.
La tête est hérissée de filamens et de
piquans de diverses grandeurs ; au dessus
des yeux, qui sont grands et rapprochés,
s'élèvent deux barbillons cylindriques, ren-
flés dans quatre portions de leur longueur
par une sorte de bourrelet très-sensible, et
qui, paroissant arliculés et ayant beaucoup
de rapports avec les antennes de plusieurs
(1) Scorpæna antennata. Bloch , pl. cLxxxv.
Scorpæna antennata. Lin. édit. de Gmelin.
Scorpène à antennes. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth.
(2) Scorpæna fascié oculari..... scorpæna anten-
nata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 5. —
Artedi, Gen. pise. gen. 33 , n° 5. additament.
SONNINT:
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L. LA RASCASSE.
2.LA SCORPH
volante ’
d
NE
1
DES SCORPENES. 359
insectes, ont fait donner à l'animal dont
nous parlons le nom de scorpène antennée:
Au dessous de chacun des organes de la
vue, on comple communément deux ran-
gées de petits aiguillons. Chaque narine a
deux ouvertures situées très-près des yeux.
Les mâchoires, avancées l’une autant que
Vautre, sont garnies de. dents petites eb
aiguës. Des écailles semblables à celles du
dos revêtent les opercules. Les onze ou
douze premiers rayons de la nageoire du
dos sont aiguillonnés, trés-longs, et réunis
uniquement, près de leur base, par une
membrane très-basse, qui s'étend oblique-
ment de l’un à l’autre, s'élève un peu contre
la partie postérieure de ces grands aiguillons,
et s’abaisse auprès de leur partie antérieure.
La membrane des nageoires pectorales ne
s'étend pas jusqu'au bord antérieur de. la
nageoire de l'anus; mais les rayons qui la
soutiennent la dépassent, et se prolongent
la plupart jusqu’à l’extrémité de la nageoire
caudale, qui est arrondie.
Uue raie très-foncée traverse obliquement
le globe de l’œil. On voit d’ailleurs des taches
assez grandes et irrégulières sur la tête, de
petites taches sur les rayons des nageoires,
Z 4
360 HISTOIRE
et des bandes transversales sur le corps;
ainsi que sur la queue.
La scorpène antennée vit communément
de poissons jeunes ou foibles. Le goût de
sa chair est exquis (1) (2).
(1) 6 rayons à la membrane des branchies.
12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire
du dos,
17 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines.
3 aiguiilons et 7 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
12 rayons à la nageoire de la queue.
(2) On prend ce poisson au filet et à l’hameçon.
SONN1INIL.
DES SCORPENES. 5361
a
LA SCORPÈNE VOLANTE (1) (2),
PAR, L'AC:É PP D E.
SEIZIÉÈME ES PE CE.
Voyez la planche XLII, fig. 2.
Cons scorpène est presque le seul
poisson d’eau douce qui ait des nageoires
(1) Scorpæna volitans.
Idem. Lin. édit. de Gmelin.
Scorpène volante. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth.
Gasterosteus volitans. Lin. Syst. nat. XII, 1 ,p.401,
n° 9.— Bloch, pl. ccxxx1v.— Gronov. Mus. 2, p.33,
n° 191 ; et Zooph. 1 , p.89, n° 294.
Pseudopterus, etc. Klein, Miss. pise. B ,p. 76, n° r.
Cottus squamosus rostro bifido. Seba, Mus. 3 , p.79;
tab: 26, fis. 1.
TIkan svangei. Ruysch , Theatr. anatomic. 1, p.4;
A.1..tabu9 flan. |
Louw. Renard , Poissons , 1 , pl vi, fig. 41, p. 12;
pl x, n° 215.
Kalkoeven visch. Valent. Ind. 5, p.415, fig. 213.
Amboynsche visch. Nieuh. Ind. 2 ,p. 268 , fig. 4 —
Willaghby, Ichth. append p. 1, tab. 2, fig. 3.
Perca amboinensis. Ray, Pisc. p. 96, n° 26.
(2) La scorpène volante. En allemand, fliegender
363 HTSTOIMR E
pectorales élendues ou conformées de ma-
mère à lui donner la faculté de s'élever à
quelques toises dans l’atmosphère , à sy
soutenir pendant quelques instans, et à ne
retomber dans son fluide natal qu’en par-
courant une courbe très-longue. Ces na-
geoires pectorales sont assez grandes dans
la scorpène volante pour dépasser la longueur
du corps; et d’ailleurs la membrane qui en
réunit les rayons est assez large et assez
drachenkopf , fliegender stichling. En hollandais,
vlicsende stackel- baars, kalkævenvisch, kalkantje ,
amboynischevisch. Aux Indes, ikan suangi, louw.
Perca dorso monopterygio capite cavernoso, maxill&
superiore cirris quatuor, caud& subrotundé utrirque
aculeatä. Gronov. Mus. 2, p.53, n° 191.
Perca dorso monopterygio : operculis diacanthis
squamosis, ciliis maxilläque superiore cirrosis , cawd&
roturdaté ‘utrinque aculeatä. Gronov. Zooph. 1,
P- 89, n° 294.
Pseudopterus colore sub-obscuro aut fusco lineis
sub-cæruleis, eéc. et Pseudopterus linets croceis, ete.
Klein , Miss. pisc. 5 , p.76, n°1 et 2 ,tab.4,fis. 6.
Scorpæna pinnis dersalibus tredecim , cirris senis
prints pectoralibus corpore longioribus.....: <COrp nd
golitans. Lin. Syst. nat. edit. Ginel. gen. 161 , sp. 4.
Scorpæna pinnis pectoralibus, trunco longioribus...
scorpæna volitans. Artedi,Gen. pisc. edit. Walbaum ,
sen. 35, n° 4. additament. SONNINL
DES SCORPENES. 5365
souple entre chacun de ces longs cylindres,
pour qu'ils puissent être écartés et rappro-
chés l’un de lautre très-sensiblement ; que
l’ensemble de la nageoire qu’ils composent
s'étende ou se rétrécisse à la volonté de
l'animal; que le poisson puisse agir sur l'air
par une surface très-ample ou très-resserrée ;
qu'indépendamment de l'inégalité des efforts
de ses muscles , la scorpène emploie une
sorte d’aile plus développée , lorsqu’elle
frappe en arrière contre les couches atmos-
phériques, que lorsque, ramenant en avant
sa nageoire pour donner un nouveau coup
d’aile ou de rame, elle comprime également
en avant une partie des couches qu’elle
traverse; qu'il y ait une supériorité très-
marquée du point. d'appui qu’elle trouve
dans la première de ces deux manœuvres,
à la résistance qu'elle éprouve dans la se-
conde ; et qu'’ainsi elle jouisse d’une des
conditions les plus nécessaires au vol des
animaux. Mais si la facilité de voltiger dont
est douée la scorpène que nous décrivons,
lui fait éviter quelquefois la dent meurtrière
des gros poissons qui la poursuivent, elle
ne peut pas la mettre à l'abri des pêcheurs
qui la recherchent, et qui s'efforcent d’au-
364 ÉHUUS'T OTR E
tant plus de la saisir, que sa chair est dé-
hcieuse (1); elle la livre même quelquefois
“entre leurs mains, en la faisant donner dans
leurs pièges, ou tomber dans leurs filets,
lorsqu'attaquée avec trop d'avantage, ou
menacée de trop grands dangers au nulieu
de l’eau, elle s’élance du sein de ce fluide
däns celui de l'atmosphère.
C'est dans les rivières du Japon et dans
celles d'Amboine que lon a particulièrement
observé ses précautions heureuses ou fu-
nestes, el ses autres habitudes (2). 11 paroît
qu'elle ne se nourrit communément que de
poissons très-jeunes, ou peu redoutables
pour elle.
Sa peau est revêtue de petites écailles
placées avec ordre les unes au dessus des
autres. Elle présente d’ailleurs des bandes
transversales alternativement orangées et
blanches, et dont les unes sont larges et
les autres étroites. Les rayons aiguillonnés
(1) On la compare pour le goût à celle de notre
perche. SONNINI.
(2) Cette espèce n’est pas très-commune , peut-être
à cause de la bonté de sa chair qui provoque à sa
destruction. SONNINE
DES SCORPENES. 65
de la nageoire dorsale sont variés de jaune
et de brun; les autres rayons de la même
uageolre noirs et tachés de jaune (1), et les
pectorales et les thoracines violettes, et ta-
chetées de blanc. Des points blancs marquent
le cours de la ligne latérale. L'iris présente
des rayons bleus et des rayons noirs. Et
quant aux formes de la scorpène volante,
il suflira de remarquer que la tête, trés-
large par devant, est garnie de barbillons
et d’aiguillons; que les deux mâchoires,
également avancées, sont armées de dents
pelites el aiguës ; que les lèvres sont exten-
sibies ; que la langue est petite, pointue, et
un peu libre dans ses mouvemens; que de
petites écailles sont placées sur les opercules;
et que la membrane, qui réunit les rayons
aiguillonnés de la nageoire du dos, est trè:-
(1) 6 rayons à la membrane des branchies.
12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire
dorsale.
14 rayons à chacune des pectorales.
6 rayons à chacune des thoracines.
5 rayons aiguillonnés el 7 rayons articulés à
la nageoire de l'anus.
12 rayons à la nageoire de la queue , qui est
arrondie.
366 HISTOIRE
basse, comme la membrane analogue de la
scorpène antennée (1).
(1) Bloch a fait sur les parties internes de la scorpène
volante les observations qui suivent: Le foie est grand,
divisé en deux lobes oblongs , et d’un jaune foncé. La
vésicule du fiel et la rate sont petites. L’estomac épais
a la forme d’un sac. Le canal intestinal commence à
la partie supérieure de l'estomac; il descend vers la
partie inférieure , forme une courbure , remonte en-
suite jusqu’au diaphragme , d’où il redescend , forme
ensuite une seconde courbure , et va se terminer à
l'anus; la vésicule d’air est courte, large et épaisse ;
elle s'étend depuis le diaphragme jusqu’au milieu de
la cavité du ventre. Les reins sont placés le long du
dos. (Hist. nat. des poissons, genre 26° , article de la
scorpène volante. ) SONNIN1
DES SCOMBEROMORES. 367
EE
QUATRE-VINGT-SEPTIEME GENRE.
PAR LACÉÈPÉDE.
LES SCOMBÉROMORES.
Ur seule nageoire dorsale; de petites
_hageoires au dessus et au dessous de la
queue; point d’aiguillons isolés au devant
de la nageoire du dos.
à
E S P E C E.
LE SCOMBÉROMORE PLUMIER ; scombero-
morus Plumiertüi. — Huit petites nageoires
au dessus et au dessous de la queue ; les
deux mächoires également avancées,
568 HISTOIRE
LE SCOMBÉROMORE
PLUMIER (i),
PAR TA CPE DE
Les peintures sur vélin qui font partie de
la collection du museum d'histoire natu-
relle, renferment la figure d’un poisson
représenté d'après un dessin de Flumier,
et qui parôit avoir beaucoup de rapports
avec la bonite. Le savant voyageur que
nous venons de citer l’avoit même appelé
bonite ou pélumis, petite et tachetée, vul-
gairement tézard. Mais les caractères géné-
riques que montrent les vrais scombres, et
particulièrement la bonite, ne se retrouvant
pas sur le poisson plumier, nous avons dû
le séparer de cette fanilie. Les principes de
distribution méthodique que nous suivons
(1) Scomberomorus Piumiertii.
Il nous paroît que l’on doit regarder, comme une
variété de notre scombéromore piumiier, le poisson
que Bloch a décrit sous le nom de scomber regalis ou
tassard, et dont il a donné la figure pl. cccxxxin (*).
(*) Voyez l’article du fassard à la suite de celui-ci.
SONNINI.
nous
DES SCOMBEROMORES. 36q
nous ont même engagés à l’inscrire dans un
genre particulier que nous avons nommé
scombéromore, pour désigner les ressem-
blances qui le lient avec celui des scombres,
et dont nous aurions placé la notice à la
suite de l'histoire de ces derniers, si quelques
circonstances ne s’y étoient opposées.
Le scombéromore plumier vit dans les
eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale
présente deux portions si distinctes par leurs
figures, que l’on croiroit avoir sous les yeux
deux nageoires dorsales très - rapprochées,.
La première de ces portions est triangulaire
et composée de vingt rayons aiguillonnés ;
la seconde est placée au dessus de celle de
Panus, à laquelle elle ressemble par son
étendue, ainsi que par sa forme comparable
à celle d’une faux. Huit petites nageoires
paroissent au dessus et au dessous de la
queue. Les couleurs de l'animal sont d’ail-
leurs magnifiques : l’azur de son dos et
Pargenté de sa partie inférieure sont relevés
par les teintes brillantes de ses nageoires,
et par l'éclat d’une baude dorée qui s'étend
le long de la ligne latérale, et règne entre
deux rangées longitudinales de taches irré-
gulières et d’un jaune doré.
Poiss, Tome VIIL Aa
970 HISTOIRE
LE TASSARD (r),
PAR LE DOCTEUR BLOCEI.
Cr poisson se distingue par sa rayure d’or
latérale qui va le long du corps.
Le manuscrit du P. Plunnier m'en a
fourni le dessin, qui n’annonce point le
nombre des rayons de la membrane bran-
chiale. |
La nageoire pectorale porte seize rayons ;
la ventrale six; celle de l’anus dix ; celle de
la queue vingt-un; la première dorsale dix-
huit, et.la seconde treize. ? :
Le dessin représente encore sept petites
uageoires derrière celle de l'anus, et huit
autres derrière la dorsale. - ::
La tête est comprimée , alépidote et ter-
(x) Le tassard ; ou tazsard. En: allemand , kϾnigs-
fisch. En anglais, £i19-fish. Par les hollandais établis
aux Indes, conings-visch, magelange-conings-visch.
A Ceilan, aracola. Par les UE de Tranquebar ;
woiramin.
Scomber regalie ; le tassard,
DU TASSAR D: 371
minée en pointe obtuse. Les mâchoires sont
de longueur égale, et armées de dents poin-
tues et isolées. Les os des lèvres sont larges;
les narines doubles: celles du devant sont
rondes; les autres ovales et tout près des
yeux, dont la prunelle noire est placée
dans un iris doré. L'ouverture des ouïes est
grande ; le tronc est alongé, charnu et sans
écailles. La ligne latérale, à peine percep-
tible, commence à la proximité du dos,
dont elle s'éloigne derrière la nageoire pec-
torale jusqu’à la rayure dorée susmention-
née, dans laquelle elle s'étend en droite
ligne jusqu'a la nageoire de la queue. Au
dessus et au dessous de cette rayure se
trouvent des taches ovales de la même cou-
leur. Le ventre est rond, court, et l'anus
est au müleu du corps. Tout le corps est
couvert d’une belle peau argentée, à l’ex-
ception des nageoires, qui sont jaunes. La
piemière nageoire dorsale, qui n’est séparée
de la seconde que par un très-petit inter-
valle, compte dix+huit rayons durs, qui
vont en. diminuant; tous les autres rayons,
hormis le premier de la ventrale, sont mous
et ramifiés. ::'
«+ :Nieuhof et Valentin placent ce poisson
Aa 2
572 HISTOIRE
aux Indes orientales; Plumier et Dutertre
l'ont encore vu aux Indes occidentales près
des Aniilles. Le dernier, qui le prend pour
une espèce de brochet, rapporte qu'il fait
son séjour ordinaire entre les îles où le cou-
rant est le plus rapide ; qu'il est très-vorace ;
qu'il mord à lhamecon garni soit de lard,
soit d’un crabe ou d’un morceau de bois;
qu'il nage d’une vitesse qui le fait atteindre
un vaisseau dont il aperçoit l’hamecon de
loin. Il nous dit encore qu’il déchire la
ligne, dès qu’elle est foible et sans fil d’'ar-
chal; que lon en avoit pris par fois avec
deux ou trois crochels d’hamecon dans le
corps. Cet auteur leur attribue encore une
chair blanche et de bon goût, mais moins
digestive que celle du brochet.
Nieuhof raconte que ce poisson est estimé
pour le plus délicat aux Indes , et qu’il doit
son nom de #œænigsfisch (poisson royal} à
sa délicatesse.
Je reçus une variété du tassard de New-
Yorck, sous le nom de maquereau d’'Es-
pagne. I avoit des écaïlles petiles, minces
et rondes, qui se détachoïent facilement ;
mais les écailles des côtés étoient oblongues
ét fortement attachées à la peau. Les taches
DE (TIASISARD. 57%
jaunes étoient rondes, et la ligne latérale
éloit un peu serpentée en arrière : la na-
geoire pectorale étoit aussi un peu plus
longue et en forme de faucille. John n'écrit
de Tranquebar que ce poisson ne s’y trouve
pas en grand nombre, et qu'il est un des
mets les plus délicats à cause de sa chair
tendre et grasse.
On le mange ou frais, ou salé, ou ma-
riné : on en prend en grand nombre, parce
qu’ils se tiennent ensemble. La mer en est
le séjour ordinaire ; il y fraie aussi. Cepen-
dant il fait aussi des émigrations dans les
rivières. Nieuhof lui donne sept pieds de
Jons. C’est sur les côtes de l'Afrique, près
de Maroc, sur-tout dans la petite baie près
de Pamara et de Ste.-Croix en Barbarie,
qu’on le prend en grande quantité , et qu'on
en fait un trafic assez important. Les nègres
en font la pêche; ils le salent, et les français
l'exportent aux îles Canaries et Açores.
Dans ces contrées il est du nombre des
poissons de passage ; il arrive vers la fin de
juin, époque de sa pêche, qui dure jusqu’en
août. On en prend le plus dans les courans.
Les plus petits ont cinq à six livres, et les
gros pèseñt quinze à vingt livres. 11 a la
Kai
374 HISTOIRE
chair molle dans ces régions, mais cette
mollesse se perd par la salaison. L'on se sert
du sel de mer d'Afrique , faute de l'espagnol,
que l’on préfère, parce que le poisson s'y
conserve mieux. |
Les bâtimens français, construits pour le
commerce de celte espèce de poissons, sont
d'ordinaire de soixante à quatre-vingts ton-
neaux. Dès qu’un bâtiment arrive, le maître
de la cargaison se rend chez le gouverneur
ou l’alcayde, le seul personnage à qui il ait
à faire. Celui-ci commande les pêcheurs,
qui vont à la pêche avec des bateaux gar-
nis chacun de cinq nègres, dont quatre
rament et le cinquième tend les filets. Au
retour de ces bateaux, on donne les poissons
par centaine au capitaine, et l’on en compte
deux pour ceux qui n’ont pas le poids de
dix livres. Pour lors le matelot les fend
depuis la tête jusqu’à la queue, en’sort les
entrailles et en coupe la tête ; l’épine du dos
reste; après on les rince dans l’eau de la
mer, on les met sur une planche en pente
pour faire découler l’eau, et on les sale à
l'instant même. Si la pêche est assez forte,
au point que les bateliers ne suffisent pas à
l'ouvrage , l’on paye des nègres pour aider.
DU TASSARD. 35
Souvent la cargaison d’un de ces bâtimens
s'achève en deux jours, preuve que ces con-
trées ont une grande abondance de ces
poissons.
Les français qui font ce commerce sont
en partie provençaux, en partie établis à
Cadix. Le même commerce attire aussi
quelques bâtimens anglais vers les côtes de
Fez et de Maroc.
Willughby, Ray, Jonston et Ruysch son£
dans l’erreur, en prenant ce poisson pour le
guarubucu de Marcgrave, celui-ci n'ayant
point de taches jaunes, et sa dorsale étant
courte.
Nous devons la conwoissance de notre
poisson à Nieuhof; mais son dessin est très-
défectueux, le représentant sans ventrale,
sans écaiiles, sans ligne latérale, et avec
une seule dorsale courte. Willughby la
copié, et nous en a fourni un dessin qui
n’est pas tout à fait si mauvais, à moins
qu'il n’ait prétendu nous rendre le guaru-
bucu de Marcgrave, qui est le thon.
Valentin la encore mal dessiné, mais
Renard l’a un peu mieux représenté.
Le nouveau dessin de Duhamel n’a pas
donné la juste longueur à la dorsale anté-
rieure.
Aa 4
376 HISTOIRE
Tous les auteurs systématiques ont exclu
ce poisson ; mais il faut s'étonner que Bona-
terre ne l'ait point adnus dans son Ency-
clopédie ichthyologique ; tandis que son
compatriote Duhamel en a fait récemment
la description et le dessin. J’ignore par quel
molif Boddaert a mis notre poisson au
nombre des labres.
DES GASTEROSTEES. 377
QUATRE-VINGT-HUITIÈME GEN.
PAR LACÉPEDE
LES GASTÉROSTÉES.
Ur seule nageoire dorsale ; des aïguillons
isolés où presque isolés au devant de la
nageoire du dos ; une carène longitudinale
de chaque côté de la queue; un ou deux
rayons au plus à chaque nageoire thora-
cine; ces rayons aiguillonnés.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHE; gasterosteus
teraculeatus. — "Trois aiguillons au devant
de la nageoire du dos.
siEICO N'D:E E SM: É CIE.
LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHETTE; gaste-
rosteus pungitius, — Dix aiguillons au devant
de la nageoire du dos. |
TROISIÈME ESPÈCE.
LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE; gasterosieus
spinachia. — Quinze aiguillons au devant de
la nageoire du dos.
378 HISTOIRE
LÉ PIN OC EE: (1) ;
LA PETITE ÉPINOCHE (2);
LA GRANDE ÉPINOCHE (3).
LE GASTEROSTÉE EPINOCHE (4),
LE GASTEROSTÉE EPINOCHETTE (5),
gr LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE (6),
PAR LACÉPÈDE.
1°, 2° ET 3° ESPÈCES.
Cesr dans les eaux douces de l’Europe
que vit l’épinoche. Ce gastérostée est un des
pius petits poissons que l’on connoisse : à
peine parvient-1l à la longueur d’un déci-
mètre (trois pouces et demi environ ); aussi
(x) L’épinoche , épinarde et escharde. En allemand,
stichling , stachelfisch , wolf. En Prusse, stechbuttel,
stechling. En Norvège, stikling, hornsille, lille, tind,
oure , hundstigler, hundstage. En Suède, spigg , skis-
spigg , mot que les personnes qui se piquent de bien
parler leur langue prononcent skættspigo. En Hol-
Tande, steckel-baars. En Danemark, hunde-steyle ,
gund-stickel, hund-stigel, tind-oret, Au Grocnland ;
DES GASTEROSTEES. 537q
a-t-on voulu qu’il occupât dans l'échelle de la
durée une place aussi éloignée des poissons
un
kakilisak. En Islande , Lornsille. En Italie, strat-
zarigla.
Gasterosteus spinis dorsalibus tribus...... gaste-
rosteus aculeatus. YAn. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169,
Sp. I. SONNINI.
(2) L’épinocheite, petite épinoche. À Hambourg,
stichling , stichbuitel. En Livonie , seesstichling ,
séeckerling ; stachelfisch. En Estonie , oogalick,
oggalunck. En différentes provinces du royaume de
Suède, benunge, gaddfur, gorgwadd , hundstagg ,
skinnaling. En Hollande , steckelbaars. En Italie,
spinarola.
Gasterosteus spinis dorsalibus decem..... gaste-
rosteus pungitius. Jin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169,
sp. S. SONNINI.
(5) La grande épinochke. En Danemarck , trangs-
narre ,erskraber. En Suède , tenckantiga spiggen. En
Norvège , store, tind-oure. En Angleterre, stckleback;
great prickleback.
Gasterosteus spinis dorsalibus quindecim.... œaste-
rosteus spinachia. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169,
Sp. 10. SONNINI.
(4) Gasterosteus teraculeatus. En Suède , skiléspiog,
skittbér den stérre. En Angleterre , séeckle back,
banslckle , sharpling. Dans quelques provinces méri-
dionales de France, épinarde.
Gastré trois épines. Daubenton , Encycl. méth: —
Bonaterre , pl. de VEnc. méth.— Bloch, pl. zut, fig. 3.
380 HISTOIRE
les plus favorisés que sur celle des grandeurs.
On a écrit qu'il ne vivoit tout au plus que trois
Gasterosteus aculeatus. Lin. édit. de Gmelin. —
Faun. Suec. 536.
Gasterosteus in dorso tribus, Artedi , gen. 52 , sp. 26,
syn. 80. — Müller, Prodrom. Zool. Danic. p.47, n° 3.
—Gron. Mus. 1, p. 49, 0° 111, Zooph. p. 134 , n° 405.
Centriscus duobus in dorso armato aculeis, totidem
in ventre. Klein, Miss. pisc. 4, p. 45,n°2,tab. 14,
fis. 4 et 5.
Spinarella. Belon , Aquat. p.527. — Brit. Zool.3,
p.217, n° 1.— Willughby, Ichthyol. 541. — Ray,
Pisc. 145.
Epinoche. Rondelet , des Poissons de rivière,
chap. 27.
Stichling et stachelfisch. Walf, Ichth.
Epinoche. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat.
(5) Gasterosteus pungitius. En Suède , skitéspigo
den mindre. En Angleterre, {he lesser stickleback , the
lesser sharpling.
Gasterosteus pungitius. Tan. édit. de Gmelin.
Gastré épinoche, Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaierre, pl. de l'Encycl. méth. — Bloch, pl. zu,
fig. 4. — Faun. Suec. 337.
Gasterosteus aculeis in dorso tribus. Artedi , gen. 52,
Sp. 97, syn. 80. — Gronov. Mus.1, p. 5o,n° 112;
Zooph. p. 154, n° 406.
Centriscus spinis decem vel undecim, etc. Klein,
Miss. pisc. 4, p.48, n°4.
Spinarella pusillus. Belon, Aquat. p. 227.— FE TA
Aquat.p.8; Icon. anim. p. 284; Thierb. p. 160, a.
DES GASTEROSTEES. 38r
ans. Quelque sûres qu’aient pu paroître les
observations sur lesquelles on a fondé cette
assertion, nous croyons qu'elles ont porté
sur des accidens individuels plutôt que sur
des faits généraux ; et nous regardons comme
bien peu vraisemblable une aussi grande
brièveté dans la vie d’un animal qui, dans
ses formes, dans ses qualités, dans son séjour,
dans ses mouvemens, dans ses autres actes;
—
Punsgitius, alterum genus. Aldrov. Pise. p. 628. —
Ray, Pisc. p. 145, n° 4.
Lesser stickleback. Willughby , Ichth. p. 342.
Ten spined stickleback. Brit. Zool. 3, p.219, n° 2.
(6) Gasterosteus spinachia. Dans plusieurs contrées
de l'Allemagne, steinbicker. Dans plusieurs pays du
Nord , ersskraper.
Gastré quinze-épines. Daubenton , Encyc. méth.—
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod.
Gasterosteus spinachia. Lan. édit. de Gmelin. —
Faun. Suecic. 538. — Gronov. Mus. 1, p. 5o ,n° 113;
Zooph. p. 154, n° 407. — Bloch, pl. zuir, fig. t.
Gasterosteus pentagonus. Mus. Ad. Frid. p. 34.
Centriscus aculeis quindecim in dorso. Klein , Miss.
pisc.4,p-48,n° 1.
Aculeatus vel pungitius marinus longus. Willughby,
Jchth. p. 540 ; tab. X , 15, fig. 2 ; Append. p. 25. —
Ray, Pise. p.145 , n° 15.
Fifteen spined stickleback. Brit: Zool. 3, p. 220,n° 3.
382 HISTOIRE
dans sa nourriture, ne présente aucune
différence très-marquee avec des poissons
qui vivent pendant un très-grand nombre
d'années. Et d'ulleurs ne reconnoît-on pas
dans l’épinoche la présence ou l'influence de
toutes les causes que nous avons assignées
à la longueur très-remarquable de la vie
des habitans des eaux, et particulièrement
des poissons considérés en général?
C’est dans le printems que ce petit osseux
dépose ses œufs sur les plantes aqualiques,
qui les maintiennent à une assez grande
proximité de la surface des lacs ou des ri-
vières, pour que da chaleur du soleil favorise
leur développement. Il se nourrit de vers,
de chrysalides, d'insectes que les bords des
eaux peuvent lui présenter, d'œufs de pois-
sons; et, malgré sa foiblesse, il attaque
quelquefois des poissons à la vérilé extré-
mement jeunes, et venant, pour ainsi dire,
d’éclore. Les aiguillons dont son dos est
armé, et le bouclier ainsi que les lames dont
son corps est revêtu, le défendent mieux
qu'on ne le croiroit au premier coup d’œilf,
de l'attaque de plusieurs des animaux qui
vivent dans les mêmes eaux que lui : maïs
ils ne le: garantissent pas de vers intestinaux
DES GASTEROSTEES. 583
dont il est fréquemment la victime (1); ils
ne le préservent pas non plus de la recherche
des pêcheurs. On ne le prend pas cependant,
au moins le plus souvent, pour la nourri-
ture de l’homme, parce que son goût est
rarement très-agréable : mais, comme cette
espèce est grasse et féconde en individus,
il est plusieurs contrées où l’on répand les
épinoches par milliers dans les champs, sur
lesquels elles forment en se corrompant un
excellent fumier; ou bien on les emploie à&
engraisser, dans les basse-cours voisines des
lacs qui leur ont servi d'habitation, des
canards, des cochons et d’autres animaux
utiles dans l’économie domestique (2).
: On peut aussi exprimer de milliers d’épi-
noches une assez grande quantité d'huile
bonne à brüler; et nous ne devons pas
(1) Il est aussi tourmenté par une espèce de binocle,
qui s'attache fortement à son corps pour le sucer, et
que Geoffroy , dans son Histoire des insectes des en-
virons de Paris , a nommée binocle du gastérote.
SONNINI.
(2) On peut, dit Bloch, s’en servir encore plus
utilement , en y joignant de la glaise, pour engraisser
les jeunes canards et pour nourrir Îles porcs. ( Hist,
« - 2 °
nat. des poissons, gen. 41 , article de l’épinoche. }
SONNINI. h
384 ILES TOTRE
oublier de faire remarquer qu'il est un
grand nombre d'espèces de poissons, dédai-
gnées à cause du goût peu agréable de leur
chair, dont on pourrait tirer, comme de
l'épinoche, un aliment convenable à plu-
sieurs animaux, un engrais très-propre à
fertiliser nos campagnes, ou une huile très-
utile à plusieurs arts.
Les yeux de l’épinoche sont saillans, et
ses mâchoires presque aussi avancées l’une
que l’autre : chaque ligne latérale est mar-
quée ou recouverte par des plaques osseuses.
placées transversalemnent, pius petites vers
la tête ainsi que vers la queue, et qui, au
nombre de vingt-cinq, de vingt-six ou de
vingt-sept, forment une sorte de cuirasse
assez solide. Deux os alongés, durs, et affer-
mis antérieurement par un troisième , cou-
vrent le ventre comme un bouclier; et de
là vient le nom générique de gastérostée
que porte l’épinoche. Chaque thoracine est
composée de deux rayons : le premier,
grand, pointu, et presque toujours dentelé,
frappe aisément la vue; le second, blanc,
très - court, très - mou, est difficilement
aperçu.
Trois aiguillons alongés, et séparés l’un
de l’autre, s'élèvent au devant de la
nageoire
DES GASTEROSTEES 795
nageoire du dos : les deux premiers sont den-
telés des deux côtés; le troisième l’est quel-
quefois, mais il est presque toujours moins
haut que les deux premiers.
On compte trois lobes au foie, qui est
très-élendu , et dont le lobe droit est par-
ticulièrement très-long. On ne voit pas de
cœcum auprès du pylore; et le canal intes-
tinal se recourbe à peine vers la tête, avant
de s’avancer en ligne droite vers l'anus; ce
qui doit faire présumer que les sucs diges-
tifs de l'épinoche sont très-actifs.
La vésicule natatoire est épaisse, simple,
grande, el attachée à l’épine du dos, dont
cependant on peut la séparer avec facilité.
Au reste, l'iris, l’opercule branchial et
les côtés de l’épinoche brillent de Péclat de
l'argent ; ses nageoires, de celui de l'or, et
sa gorge, ainsi que sa poitrine , montrent
souvent celui du rubis (1) (2).
{1} A la membrane des branchies de
l'épinoches ti MU MENT Fr 5 rayons,
A la nageoire du dos . , . . . 12
À. chacune des pectorales. . . . 10
À chacune des thoracines. . . . 2
Arcelleide Janus: Siieie + ee 9
À celle de la queue , qui est recli-
henéinof: - ,cltue) suerinursren 1 LA
Poiss. Tome VIIL Bb
686. COTTSITO PRE
T'épinochette vit en troupes nombreuses
dans les lacs et dans les mers de l’Europe;
on la voit pendant le printems auprès des
embouchures des fleuves; et, suivant Noël,
on la pêche dans la Seine, jusqu’au dessus
de Quillebœuf (3). La spinachie ne se trouve
ordinairement que dans la mer. Elle est
plus grande du double, ou environ, que
l'épinoche, pendant que l’épinochette ne
parvient communément qu'à la longueur
d’un demi-décimètre (vingt lignes environ).
(2) L’épinoche se trouve plus communément dans
les eaux stagnantes et dans les rivières dont le cours
est lent ; on le voit aussi quelquefois dans la mer, et
à l’embouchure des rivières où se mêlent les caux
salées. I1 y a une grande quantité de ces poissons aux
environs de Dantzick, et l’on s’en sert pour faire de
lhuile. Îls sont fort communs dans la rivière de Bièvre
et dans quelques autres des environs de Paris. Onrles
voit nager continucllement en bandes et avec beau-=
coup de vitesse , sur - tout quand le tems est beau et
serein ; lorsque Île ciel est couvert , ils se tiennent en
repos et se laissent prendre aisément. SONNINI.
(5) La petite épinoche se trouve fréquemment dans
Ja mer du Nord, dans la Baltique , de même que dans
les lacs et les lagunes qui communiquent à la mer.
Ellé est très - difficile à prendre, parce qu’elle passe
entre les filets ; au reste les pêcheurs n’en font aucun
cas et la reicitent comme inutile, SonNNinr.
DES GASTEROSTEES. 38
Cette épinochette est d’ailleurs dénuée de
lames osseuses et même d’écailles facilement
visibles ; sa couleur est jaune sur son dos,
et blanche ou argentée sur sa partie infé-
rieure (1) (2).
La spinachie offre à peu près le même
ton et la même disposition dans ses nuances
que l’épinochette ; mais ses côtés sont garnis
de lames dures. Elle a de plus le museau
avancé en forme de tube, l’ouverture de
(1) À la nageoire du dos de l’épino-
chétte. 2731 Lee MEL NO EE TAYONS
À chacune des pectorales. . . . 10
À chacune des thoracines, dont la
membrane est très-blanche . . 2
A la nageoire de l’anus . . + . 11
A celle de la queue. . . . . . 13
(2) Selon les observations du docteur Bloch, le
cœur de la petite épinoche est à peine aussi gros
qu’un grain de chenevis et de forme triangulaire. Son
foie a beaucoup de grosseur , proportion gardée ; il est
divisé en trois lobes, dont l’àn est fort long. La rate
est très - petite et triangulaire ; l'estomac alongé ; le
canal intestinal court , sans appendices et à une seule
sinuosité ; la vessie d’air simple et épaisse ; enfin le
péritoine blanc et pointillé de noir.
SONNINIL.
Bb 2
585 ISF O TRE
la bouche petite, et l'opercule ciselé en
rayons (1) (2).
ee
(1) À la nageoire du dos de la spi-
nachie, +... 1... ak" :O\on 7 Tayons.
A chacune des pectarales . . . 10
À chacune des thoracines. . . 2
Ace de "PAU 2e ae OO T7
A ceile de la queue, qui est
atroNALERitE Er ts die 2YIrS
(2) Le foie de la grande épinoche se divise en quatre
lobes, dont le droit est fort long. L’estomac a la forme
d’un sac ; le canal intestinal a deux sinuosités, et sa
partie supérieure est large. L’ovaire consiste en deux
cylindres qui se réunissent au trou ombilical; Bloch
y a trouvé cent quatre - vingt -huit œufs d’un jaune
pâle et de la grosseur d’un grain de millet ; la peau
de la vessie d’air est très-mince. Le même observateur
que je viens de citer a compté quarante-une vertèbres
à l’épine du dos , et dix-sept côtes de chaque côté.
La mer du Nord et la Baltique nourrissent beaucoup
de grandes épivoches ; il y en a sur -tout une grande
quantité sur les côtes de la Hollande; mais ils n’entrent
pas dans les eaux douces , ni mème dans les embou-
chures des fleuves. Ces poissons vivent de vers, d’in-
sectes , de petits crustacés et du frai des autres
poissons. On peut en prendre un grand nombre en
l’attirant dans les filets par la lueur des feux qu’on
allume sur la côte ou dans des bateaux. Les pauvres
ne dédaignent pas de s’en nourrir; mais l’usage le plus
ordinaire est d’en tirer de l’huile ou de fumer les
terres. SONNINL.
DES CENTROPODES. 38
QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GEN.
PAR LACÉPÉDE.
LES CENTROPODES.
Deux nageoires dorsales; un aiguillon
et cinq ou six rayons articulés très-petits
à chaque nageoire thoracine; point de
piquans isolés au devant des nageoires
du dos, mais les rayons de la première
dorsale à peine réunis par une membrane ;
point de carène latérale à la queue.
ESP ÉCE,
LE CENTROPODE RHOMBOIDAL ; centro-
podus rhombeus. — Te corps revètu de
petites écailles.
Bb 3
390 HISTOIRE
0)
l’ABOU-TABAKR HN)
LE CENTROPODE RHOMBOIDAL (2);
PAR TL A :C B'PE DIE.
LL 4 conformation de ce poisson nous oblige
à ie placer dans un genre particulier. {1 a
été observé par Forskœl dans la mer
Rouge. Les petites écailles dont il est re-
vêtu brillent comme des lames d'argent.
Les nageoires sont blanches, excepté celle
(1) Abou-tabak, abou garr, noms arabes de ce
poisson.
Centrogaster pinnis ventralibus uni-radiatis......
centrogaster rhombeus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel.
gen. 170 bis, sp. 4. — Artedi, Gen. pisc. nov. gen.
variorum auctorum , n° 4.
Scomber pinnis ventralibus uni-radiatis...scomber
rhombeus. Forskoœl, Faun. Ægypt. Arab. p. 58, n° 78.
SONNINI.
(>) Centropodus rhombeus. Forskæl , Faan. Arab.
p. 58 , n° 76.
Centrogaster. Lin. édit. de Gmelin.
Scombre tabak. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth.
DES CENTROPODES. 591
de la queue, qui est d’un verd bleuûtre ;
et la seconde dorsale est noire dans sa partie
la plus élevée. Cette seconde nageoire du
dos est d’ailleurs triangulaire et écailleuse
dans sa partie antérieure , comme celle de
Vanus, et basse , ainsi que transparente, dans
le reste de son étendue. Les cinq rayons
articulés qui, réunis avec un aiguillon, com
posent chacune des nageoires thoracines, sont
à peine visibles (1). Une membrane assez
peu large soutient les quatre où cinq piquans
qui forment la première dorsale. Les dents
sont déliées et nombreuses; et au dessus
du bout de la langue on voit une callo-
sité ovale et rude. La queue proprement
dite est trés-courte ; ce qui donne à chaque
côté de l'animal une figure rhomboïdale.
POUR OUI ni Dh et el
(1) A la membrane des branchies . 6 rayons.
A la première nageoire du dos. 4 ou 5
À la Seconde dia tt se tomates 42
A chacune des pectorales . . + + 15
A chacune des thoracines . + + )
A celle de l'anus . + + « + + + 54
À celle de la queue, qui est un peu
rondiois VOIR Le): out 10
Bb 4
394 HISTOIRE
stis
QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE.
PAR LACÉPÈDE.
LES CENTROGASTÈRES.
Q UATR E aiguillons et six rayons articulés
à chaque nageoire thoracine.
{
P BR EMI Ë.R E .ES.P Ë.C.E.
LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE;: centro-
gaster fuscescens. — La nageoire dorsale
très - longue ; celle de la queue très - peu
#fourchue ; la couleur du dessus du corps
brune.
SECONDE ESPÈCE.
L;:5 CENTROGASTÈRE ARGENTÉ: centro-
gaster argentatus: — La nageoire de la
queue fourchue; la couleur du dessus da
corps argentée.
Lit 2 ———
nes ee RS
LE CENTROGASTÈRE
BRUNATRE (1)(),
er LE CÉNTROGASTENRE
ARC ENT Ë) (5):(4)5
paint CON ACTE R. EE D
QE tua ESPÈCES.
Les mers qui arrosent le Japon nour-
rissent ces deux centrogastères, dont on
doit la connoissance au savant Houttuyn,
_ (1) Centrogaster fuscescens.
Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Houttuyn, Act.
Earl Xe 22p.009, DL.
_ (2) En hollandais, bruinachtige doornbuik.
Centrogaster fuscus, subtus albicans caudä sub-
bifurcä..... centrogaster fuscescens. Lan. Syst. nat.
edit. Gmel. gen. 170 bis, sp. 1. — Aïtédi , Gen. pisc
nov. gen. Houttuyni, n° 1. SONNINT.
(5) Centrogaster argentatus.
:{dem. Lin. édit. de Gmelin. rt Ghn » Act.
Haar KK, 2, p. 5545n°2
© {4) En hollandais, versilverde doornbuik.
Centrogaster argenteus , nuchæ gultà magnä fuscé,
304 HISTOIRE
et dont le nom générique vient des aiguil-
lons que l’on voit au dessous de leur corps,
et qui composent une partie de leurs na-
geoires inférieures. Ces poissons ne par-
viennent qu'à une longueur très-peu con-
sidérable : le brunâtre n’a pas ordinairement
deux décimètres (sept pouces) de long, et
l'argenté n’en a qu'un. La mâchoire supé-
rieure du premier est garnie de dents ai-
gués; le second a sur la nuque ‘une grande
tache brune, et communément arrondie.
Les notes suivantes (1) et (2) et le tableau
de leur genre indiquent leurs autres traits
principaux.
pinnæ dorsalis nigricante... centrogaster argentatus.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 bis, sp. 2. —
Artedi, Gen. pisc. nov. gen. Houttuyni, n° 2.
SONNINI. |
(1) 15 aiguillons et 11 rayons articulés à la nageoire
du dos du brunûtre.
16 rayons à chacune des pectorales.
7 aiguillons et 9 rayons articulés à la nagcoire
de lPanus.
20 rayons à la nageoïire de la queue.
(2) 8 aiguillons à la partie antérieure de la nagecire
dorsale de l’argente. ;
2 aiguillons et 12 rayons à la nageoire de l’anus.
DES CENTRONOTES. 395
QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE.
PAR LACÉPÉDE.
LES CENTRONOTES.
Ur: seule nageoire dorsale; quatre rayons
au moins à chaque thoracine; des piquans
isolés au devant de la nageoire du dos;
une saillie longitudinale sur chaque côté
de la queue, ou deux aiguillons au de-
vant de la nageoire de l'anus.
PREMIÈRE ESPÈCE.
LE CENTRONOTE PILOTE ; centronotus
conductor. — Quatre aiguillons au devant
de la nageoire du dos; sept rayons à la
membrane des branchies; vingt-sept rayons
au moins à la nageoiïre dorsale.
S ECO N'D FA E 98 P Ë CE
LE CENTRONOTE ACANTHIAS; Centronoius
acanthias. — Quatre aiguillons au devant
de la nageoire dorsale ; trois rayons à la
membrane des branchies.
TROISIÈME ESPÈCE.
LE CENTRONOTE GLAYCOs; centronoius
596 HISTOIRE
glaycos. — Cinq aiguillons au devant de la
nageoïire du dos; le premier tourné vers le |
museau , et les autres inclinés vers la queue;
la ligne latérale ondulée par pelits traits.
QUATRIËÉME ESPÉCSE.
LE CENTRONOTE ARGENTÉ; centronoius
argenteus. — Sept aiguillons au devant de
la nageoire du dos; onze rayons à cette
nageolre,
CIN QUIÉEÉME ESPEÈECE.
LE CENTRONOTE OV ALE; centronotus osalis.
— Sept aiguillons au devant de la nageoire
du dos; vingt rayons à cette nageoire ; six
rayons à la membrane des branchies.
SIXTÈME ESPÈCE.
LE CENTRONOTE LYZAN; centronoius
Tyzan. — Sept aiguillons au devant de la
nageoire du dos; vingt-un rayons à cette
nageoire ; huit rayons à la membrane des
branchies.
SEPTIÈNMÉ ESPÈCE.
LE CENTRONOTE CAROLENIN ; cenlronoirs
carolinus. — Huit aisuillons au devant de
la nageoire du dos; vingt-six rayons à
cette nageoire dorsale ; la ligne latérale
droite.
DES CENTRONOTES. 397
HU AITI É M PF ESP EC.E.
LE CENTRONOTE GARDÉNIEN: centronolus
Gardenii. — Huit aiguillons au devant de
la nageoire du dos; trente - trois rayons à
celle nageoire dorsale; point d’aiguillons au
devant de celle de lanus; deux rayons seu-
lement à chacune des pectorales.
NEUVE NME) ES PE CE
LE CENTRONOTE VADIGO ; centronotus
vadigo. — Huit aignillons au devant de la
nageoire du dos; plus de deux rayons à
chacune des peciorales ; la ligne latérale
iortueuse.
DIXIÈME ESPÈCE.
LE CENTRONOTE ÉPERON ; centronofus
calcar. — Quatre aiguillons au devant de
la nageoire du dos; six rayons à la mem-
brane des branches; vingt-un rayons à la
nageoire dorsale.
ONZIÈME ESFPKCE.
LE CENTRONOTE NÈGRE; centronoËus niger.
— Huit aiguillons au devant de la nageoire
du dos ; trente-trois rayons à cetle nageoire ;
douze rayons à chaque pectorale ; six riyons
à chaque thoracine; la ligne latérale droite;
la couleur générale notre.
398 HISTOIRE
ES
LES PATIO NE An).
LE CENTRONOTE PILOTE (2),
PAR LACÉPÉDE.
PREMIÈRE ESPÈCE.
P RESQUE toutes les espèces du genre
des centronotes, ainsi que celui des gasté-
rostées et des centropodes, ne renferment
(1) Le pilote. En hollandais, lootmanties , vif-
singer-visch. En anglais, pilot-fish. En suédois, /oods.
En allemand , /ootsmann. À Marseille, fanfre.
Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor membrand
branchiostegä septem radiat&.... oasterosteus ductor.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 2.
Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor..... gaste-
rosteus ductor. Artedi, Gen. pisc. gen. 37 , n° 4. —
Brunuich , Ichth. massil. p. 67 ,n° 83. Sonnini.
(2) Centronoius conductor.
Gasterosteus conductor. Lin. édit. de Gmelin.
Gastré pilote. Daubenton, Encyclop. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’Encÿci. méthod. — Mus. Adoiph.
Frid. 25p. 88,7.
Pilot fish. Wilughby, Ichth. tab. append. 8, fig. 2.
|
DES CENTRONOTES. 309
que d'assez petits individus. Le centronote
dont nous traitons dans cet article parvient
trés-rarement à la longueur de deux déci-
mètres (sept pouces). Malgré les dards dont
quelques parties de son corps sont hérissées ,
il ne pourroit donc se défendre avec succès
que contre des ennemis bien peu redou-
tables, ni attaquer avec avantage qu’une
proie presque invisible. Son espèce n’existe-
roit donc plus depuis long-tems, s’il n’avoit
reçu l’agilité en partage : 1l se soustrait par
des mouyemens rapides aux dangers qui
peuvent le menacer. D'ailleurs sa petitesse
fait sa sûreté, et compense sa foiblesse. Il
n’est recherché ni par les pêcheurs, ni par
Glaucus aculeatus, fasciatus, etc. Klein, Miss.
pisse D, p.51, n°0.
Le pilote. Duhamel, Traité des pêches, pari. 2,
sect. 4, chap. 4, art. 5, p. 55, pl. 1v, fig. 4, et
pl. 1x, fig. 5.
Scomber ductor. Hasselquist, It. 336. — Osbeck,
It. 795, tab. 12, fig.2vet Act. Stockh. 1755, 71.
Scomber fasciis quatuor cæruleo argenteis, aculeis
quatuor ante pinnam dorsalem. Læfl. It.
Scomber dorso monopterygio, pinnulis nullis, etc.
Gronov. Zooph. 309.
Pilote piscis. Ray , Pisc. 150.
Lootsmannekens. Brünn. It. 525 ; tab. 190.
Scomber ductor,scombre pilote. (BI. pl. cCCxXX VII.)
400 HISTOIRE
les grands habitans des mers; l’exiguité de
ses membres le dérobe souvent à leur vue ;
le peu de nourriture qu'il peut fournir
empêche qi'il ne soit l’objet des desirs des
marins, ou des appétits des squales. Il en
est résulté, pour cette espèce, cette sorte
de sécurité qui dédommage le foible de
tant de privatious. Pressée par la faim, ne
trouvant pas facilement à certaines distances
des rivages les œufs, les vers, les insectes,
les mollusques qu’elle pourroit saisir, elle
ue fuit ni le voisinage des vaisseaux , ni
même la présence des squales, ou des autres
tvrvans des mers; elle s’en approche sans
défiance et sans crainte; elle joue au devant
des bâÂtimens, ou au milieu des terribles
poissons qui la dédaignent ; elle trouve dans
les alimens corrompus que lon rejette des
navires ou dans les restes des viciimes im-
molées par le féroce requin, des fragmens
appropriés par leur ténuilé à la pelitesse
de ses organes ; elle précède ou suit avec
constance Ja proue qui fend Îles ondes, ou
des troupes carnassières de grands squales;
et frappant vivement limagination par la
tranquillité avec laquelle elle habite son
singulier asyle, elle a été bientôt douée,
par les amis du merveilleux, d’une inteili-
gence
DES CENTRONOTES. 4o1
gence particulière; on lui a attribué un
instinct éclairé, une prévoyance remar-
quable, un attachement courageux ; on l'a
revêtue de fonctions très - extraordinaires ;
et on ne s’est arrêté qu'après avoir voulu
qu’elle partageât avec les échénéis le titre
de conducteur du requin, de pilote des vais-
seaux. Nous avons été bien aises de rappeler
cetle opinion bizarre par le nom spécifique
que nous avons conservé à ce centronote
avec le plus grand nombre des auteurs
modernes. Celui. qui écrit l’histoire de la
Nature doit: marquer les écueils de la
raison , comme l’hydrographe trace sur ses
cartes ceux où ont péri les navigateurs.
On voit sur le dos de ce petit animal,
dont on a voulu faire Île directeur de la
route des énormes requins, ces aiguillons
qui appartiennent à tous les poissons com-
pris dans le quatre-vingt-onzième genre,
et dont la présence et la posilion sont in-
diquées par le nom de centronote (1) que
nous avons cru devoir leur donner : mais
on n’en compte que quatre au devant de
la nageoire dorsale du pilote. Les côtés de
(1) Æentron, en grec, signifie aigurllon ; et notos
signifie dos.
Poiss, ToME VIIL. Ce
402 HA TSYTE O MIRE
la queue de ce poisson sont relevés longi<
tudinalement en carène. La ligne latérale
èst droite. Plusieurs bandes transversales
et noires font ressortir la couleur de sa
partie supérieure, qui présente des teintes
brunes et des reflets dorés. 11 paroît que
le nombre de ces bandes varie depuis quatre
jusqu'à sept. Les mâchoires, la langue et
la partie antérieure du palais sont garnies
de très-petites dents (1).
(1) A la nageoire du dos, . . . . 28 rayons.
A chacune des pectorales. , . . : 20
À chacune des thoracines. . . . 6
Acelle-de l'añms 74,4 ue (I
DES CENTRONOTES. 403
met ma
CENTRONOTE ACANTHIAS (1) (2),
ET |
LE CENTRONOTE GLAYCOS (3);
PAR LACÉPEDE. |
2% ET $ ESPÈCES.
Lies mers qui arrosent le Danemarck;
nourrissent, selon Pontoppidan, l’acanthias ;
et la Méditerranée est la patrie du glaycos.
Nous avons conservé ce nom grec glaycos
(1x) Centronotus acanthias. Pontoppid. Naturs.
Danaem., p. 188 , n° 3. cé
Gasterosteus acanthias. Tin. édit. de Gmelin.
(2) Gasterosteus spinulis quatuor antè pinnam dor«
salem , membrana branchiostega radiis éribus, ...., «
gasterosteus acanthias. Lin. Syst. nat. edit. Gmel.
gen. 169, sp. 12. — Artedi, Gen. pisc. gen. 37,
additament. species adhuc dubiæ, n° 14.
SONNINI
(3) Centronotus glaycos.
Troisième espèce de glaucus, Rondelet, des Poissons,
lib. 8, chap. 17.
| Cca
404 P'L'ST OFFRE
qui veul dire glauque (d’un bleu de mer),
à un centronote décrit et figuré par Ron-
delet, et auquel, suivant ce naturaliste,
les anciens avoient donné cette dénomina-
üon. Cette espèce a le corps alongé, les
dents très-pointues , la ligne latérale ondée
à petits traits; la partie supérieure du corps
d’un bleu obscur, linférieure très-blanche ;
l chair grasse, ferme, et de bon goût.
DES CENTRONOTES. 405
BE CD V2 MO
LE CENTRONOTE ARGENT (2) (3);
LE CENTRONOTE OVALE (4) (5),
gt LE CENTRONOTE LYZAN (6);
PAR LACÉPÉDE.
ADO ENT, OVESPÈCGES.
Ox pêche anprès des côtes de l'Amérique
équinoxiale largenté, dont la couleur est
(x) Le lyzan , nom arabe de ce poisson. À Dsjidda
on l’appelle r”yssiaf. À Loheia , obri.
Scomber albido-maculatus ; spinis dorsalibus septem
primis separatis.... scomber dyzan. Forskoæl , Faun.
Ægypt. Arab. p.54, n° 69.
Gasterosteus suprà fusco-cœærulescens spinis dorsa-
libus septem analibus duabus.... gasterosteus lyzan.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169 , sp. 15.—Artedi,
Gen. pisc. edit. Walbaum, gen. 57, n° 19. species
adhuc dubiæ. SONNINI1.
(2) Centronotus argenteus.
Gasterosteus occidentalis. Lin. édit. de Gmelin.
Gastré saure. Daubenton , Encyclop. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’'Encyel. méthod.
Saurus argenteus caud& longitudinaliter sériaté.
Browne, Jam, 452, tab. 46, fig. 2.
C3
406 HE D T'O IE
désignée par le nom spécifique que nous
avons cru devoir lui donner (7), pendant
que c’est dans les mers de l'Asie que vit
lovale (8), dant laiguillon dorsal le plus
(5) Gasterosteus spinis dorsalibus septem , duabus-
que ante pinnam analem.... gasterosteus occidentaliss
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 3. — Artedi,
Gen. pisc. gen. 37 , n° 3. additament. SONNINI.
(4) Centronotus ovalis.
Gasterosteus ovatus. Yan. édit. de Gmelin.
Gastré ovale. Uaubenton, Encyclop. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’Encyc. méthod.
(5) Gasterosteus spinis dorsalibus septem , primé
recumbente , corpore ovato..... gasterosteus ovatus.
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 4. — Artedi ,
Gen. pisc geu. 37, n° 6. additament. Sonnini.
(6) Centronotus lyzan.
Gasterosteus lyzan. Lin. édit. de Gmelin.
Scombre lyzan. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth.
Amia. Salvian, fol. 121, 122. — Forskœl , Faun.
Arab. p.54, n° Go.
(7) 7 rayons à chacune des nageoires pectorales de
l’argenté.
6 rayous à chacune des thoracines.
2 aiguillons au devant de la nageoire de l'anus.
1 aiguillon et 6 rayons articulés à la nageoire
anale.
16 rayons à la nagcoire de la queue.
(8) 16 rayons à chacune des nageoires pectorales de
l’ovale,
DES CENTRONOTES. 4o7
antérieur est couché vers la tête, dont les
machoires sont hérissées de petites dents,
et dont le corps très-comprimé, comme
celui des chétodons, a indiqué par sa figure
Ta dénomination spécifique de ce centronote.
Forskœl a vu le lyzan sur les côtes de
V'Arabie. Ce poisson est couvert d’écailles
petites, lancéolées , et resplendissantes comme
des lames d’argent; ses lignes latérales sont
ondées vers lopercule et droites auprès de
la queue ; son dos est d’un brun mêlé de
bleu (1).
6 rayons à chacune des thoracines.
2 aiguillons au devant de la nageoïire anale.
1 aiguillon et 16 rayons à la nageoire de l’anus.
20 rayons à la nageoire caudale.
(1) 17 rayons à chacune des pectorales du lyzan.
1 aiguillon et 5 rayons à chacune des thoracines,
2 aiguillons au devant de la nageoire de l’anus.
1 aiguillon et 18 rayons à celte même nagcoire
de l'anus.
Cc #4
408 HISTOIRE
LE CREVALLE (1), LA LICHE (2).
nt
LE CENTRONOTE CAROLININ (5),
LE CENTRONOTE GARDENIEN (4) (5),
zr LE CENTRONOTE VADIGO (6);
PAR LACEPEDE.
Thn O MENEOS ES BAL CAES:
Le carolinin et le gardénien habitent la
Caroline : le nom du premier indique leur
(1) Crevalle ,uom que les habitans de la Caroline
donnent à ce poisson.
Gasterosteus spinis dorsalibus octo, analibus tri-
bus.... gasterosteus carolinus. Lin. Syst. nat. edit,
Gmel. gen. 169, sp. 5. — Artedi, Gen. pisc. gen. 37,
n° 7. additament. SONNINI.
(2) Liche , nom sous lequel ce poisson est connu en
Provence. Les languedociens lappellent pélæmyde,
et les marseillais lampuga. En italien, Lézia. Par les
pêcheurs des environs de Rome, mella. En aïilemand,
spanischer reiter. Tn anglais, cross - spine. A la
Jamaïque , leather-coat. À la Havane, quietra-achus
SONNINI.
(5) Centronotus carolinus.
Guasterosteus carolinus. Lin. édit. de Gmelin.
Gastré crevalle. Daubenton, Encycl. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod.
DES CENTRONOTES. 40oq
pays; celui du second, l'observateur qui les
a fait connoiître. C’est en effet le docteur
Garden qui en envoya, dans le tems, la
description à Linnæus. Ces deux poissons,
et le vadigo, qui se trouve dans la Mé-
diterranée, se ressemblent par la forme de
leurs nageoires du dos et de l’anus; qui
présentent la figure d’une faux, et par celle
de la nageoiïre de la queue, qui est four-
chue : mais, indépendamment des dissem-
blances que nous n’avons pas besoin d’énu-
mérer, le carolinin n’a que vingt-six rayons
à la nagcoire du dos (7), et le gardénien
(4) Centronotus Gardenii.
Gasterosteus canadus. Lin. édit. de Gmelin.
Gastré canade. Daubenton , Encyclop. method. —
Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod.
(5) Gasterosteus spinis dorsalibus octo, analibus
nullis.... gasterosteus canadus. Tan. Syst. nat. edit.
Gumel. gen. 169, sp. 6.— Artedi, Gen. pisc. gen, 57,
n° 7. additament. SONNINI.
(6) Centronotus vadigo. Dans plusieurs provinces
méridionales de France , liche, pélamide.
Liche, ou seconde espece de glaucus. Roudelet,
des Poissons, part.:1, iv: 8, chap. 16.
Scombre liche, scomber aculeatus. (Bi. pl. cccxxxvi,
fig. 1.
(7) 18 rayons à chacune des pectorales du carolinin,
5 rayons à chacune des thoracines.
410 HIS TO RR FE
y en a trente-trois (1); celui-ci n’a que
deux rayons à chacune des pectorales, et
le vadigo y en présente un nombre bien
plus grand, pendant que ses lignes latérales
sont tortueuses et courbées vers le bas, au
lieu d’être droites comme celles du caro-
linin. Au reste, l’aiguillon dorsal le plus
antérieur du vadigo est incliné vers le
museau (2).
3 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire
de l’anus.
27 rayons à celle de la queue.
(1) 7 rayons à la membrane des branchies du gar-
dénien.
2 rayons à chacune des nageoires pectorales.
7 rayons à chacune des thoracines.
26 à la nageoire de l’anus.
20 à celle de la queue.
(>) Ce dernier poisson, c’est-à-dire, la liche, de-
vient grand; on en a vu qui pesoit quarante - deux
livres. On le pèche dans la Méditerranée et vers les
Aatilles ; sa chair est préférable à celle du thon.
SONNINI.
DES CENTRONOTES. #11
L’ÉPERON (1), LE NÈGRE.
LE CENTRONOTE ÉPERON (2),
ET
LE CENTRONOTE NËÉGRE (3);
PAR LACÉPÉDE.
10 ET 119 ES BEIC ES;,
Le corps et la queue de l’éperon paroissent |
dénués d’écailles. La mâchoire inférieure
dépasse celle de dessus. La langue est mobile ,
lisse et large. Chaque narine ne montre
qu’un orifice. La ligne latérale est presque
droite. Les thoracines peuvent être couchées
(1) L’éperon. En allemand, sporn. En anglais, spur-
back. SONNINI.
(2) Centronotus calcar.
Scombre éperon , scomber calçar. (BI. pl. cccxxxvr,
fig. 2.
(5) Centronotus niger. Sur les côtes d'Afrique ,
sefser. Au Brésil, ceixupira. Par les allemands,
stachlicher blauling. Par les anglais , negro mackrel,
Scombre nègre, Bloch, pl. cecxxxvir.
415 HISTOIRE
dans une sorte de sillon. La couleur géné-
rale est argentée : des teintes noires règnent
sur le dos; les nageoires sont bleuâtres. On
trouve une grande quantité de centronotes
éperons sur la côte de Guinée. Ils y pré-
sentent la grandeur du scombre maque-
reau, et leur chair n’est pas désagréabie
au goût.
Le centronote nègre habite dans la partie
de l’océan Atlantique qui sépare l'Afrique
de l'Amérique méridionale. Barbot l’a trouvé
auprès de la côte d'Or ; et Marcgrave, Pison
et le prince Maurice de Nassau l'ont vu
dans les eaux du Brésil. Il parvient à une
grandeur remarquable. Suivant Barbot, il
a près de deux mètres (six pieds) de long;
et Marcgrave lui attribue une longueur de
plus de trois mètres (neuf pieds environ).
Sa chair est d’ailleurs grasse, blanche et
ferme : aussi est-il très-recherché , et pré-
paré pour être envoyé au loin. Lorsqu'il
est frais, on compare son goût à celui de
l'anguilie, et lorsqu'il est séché, à celui du
saumon fumé. Il séjourne ordinairement
dans la haute mer : mais de tems en tems
on voit des troupes nombreuses d'individus
de cette espèce s'approcher des terres, pré-
férer les fonds pierreux, et y chercher les
DES: CENTRONOTES. 413,
crustacés et les animaux à coquille, qui
doivent servir à leur nourriture. Les nègres
les prennent sur ces bas fonds, et les pêchent
à la lueur de brandons allumés (1). ÿ
Le centronote nègre a la tête lisse, aplatie
et dénuée de petites écailles; le museau
arrondi; l'ouverture de la bouche assez
grande ; les dents petites; la langue large
et mobile; deux orifices à chaque narine:
les écailles qui revêtent son corps et sa
queue, sont petiles, lisses et nunces. Sa
couleur noire est relevée par le gris de la
base et du milieu de ses thoracines, ainsi
que par les nuances blanches et argentées
qui resplendissent sur ses côtés.
SA A ÉUAAR N R AI, LA A RP en
(1) 14 rayons à chaque pectorale du centronote
eperon: Live
3 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à
chaque thoracine.
x rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à
l’anale , au devant de laquelle on voit deux
aiguillons réunis par une membrane.
15 rayons à la nageoire de la queue.
21 rayons à la nagcoire de anus du centronote
negre.
37 rayons à la caudale.
A4 HISTOIRE
QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GEN.
| PAR LACEPÉDE:
LES LÉPISACANTHES.
Less écailles du dos grandes, ciliées, et
terminées par un aiguillon; les opercules
dentelés dans leur partie postérieure, et
dénués de petites écailles ; des aiguillons
isolés au devant de la nageoire dorsale.
B,S8PÉCE.
LE LÉPISACANTHE JAPONAIS; lepisacan-
thus japonicus. — Quatre aiguillons au de-
yant de la nageoire du dos.
DES LEPISACANTHES. %15
UT GS Pot snow
LE LÉPISACANTHE
JAPONAIS (1)(2),
PAR : L A C É P,È D. E.
Liz nom générique de cet animal désigne
la forme particulière de ses écailles (3); et
sa dénomination spécifique, les mers dans
lesquelles on la vu. Houttuyn l'a fait con-
noître, et nous avons cru devoir le séparer
des centronotes et des autres poissons avec
lesquels on l’avoit placé dans le genre ‘des
centrogastères, afin d’être fidèles aux prin-
cipes de distribution méthodique que nous
(1) Lepisacanthus japonicus.
Gasterosteus japonicus. Lin. édit. de Gmelin.
Gastré du Japon. Bonaterre , pl. de l’Encye. méth.
— Houttuyn, Act. Haarl. XX , 2 ,p. 529.
(2) Eu hollandais, japanse steckelbaars.
Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor membran&
branchiostesä quinque radiat4.... gasterosteus japo-
nicus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 9. —
Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum, gen. 37. species
adhuc dubiæ , n° 16. SONNINI.
(5) Lepis signifie écaille , et akanthos ; aiguillon.
416 HISTOIRE
avons préférés. Le museau de cet osseux
est arrondi ; ses mâchoires sont hérissées de
pétites aspérilés, plutôt que garnies de dents
proprement dites. Une fossette longitudinale
recoit eb caché, à la volonté de lanimal,
les piquans épais, forts, inégaux et isolés,
que l’on voit aü devant dé la nageoire du
dos. Les rayons de chacune des thoracines
sont réunis et alongés de manière à former
un aiguillon peu mobile, rude, et égal en
longueur aux trois dixièmes, ou à peu prés,
de la longueur totale du poisson. Le japo-
hais ne parvient d’ailleurs qu’à de très-petites
dimensions ; il n’a pas un double décimètre
(sept pouces environ ) de long, et sa couleur
est jaune (1).
(x) A la membrane des branchies + 5 rayons.
A la nageoiïre du dos sai exe ro
À chacune des pectorales. . . « 12
À celle dé Fanns. sr ,soant 9
À cellede k ,queuéz rl tré 22 «
QUATRE-
DES CEPHALACANTHES. 417
QUATRE -VINGT-TREIZIÈME GEN-.
PAR LACÉPÉÈDE.
LES CÉPHALACANTHES.
Lx derrière de la tête garni, de chaque
côté, de deux piquans dentelés et très-
longs; point d’aiguillons isolés au devant
de la nageoire du dos.
B'SUPELONE.
LE CÉPHALACANTHE SPINARELLE; Cepha-
lacanthus spinarella. — Quatre rayons à
chacune des thoracines.
Poiss. Tome VIIL: Dd
18 HISTOIRE
er
LE CÉPHALACANTHE
SPINARELLE (i)(),
PAR LACÉPÉDE.
Cr céphalacante ne présente qu’une petite
longueur. Sa tête, plus large que'le corps,
est striée sur toule sa surface, et garnie
par derrière de quatre grands aiguillons. Les
deux supérieurs sont plus dentelés, plus
larges et plus courts que les deux inférieurs.
La spinarelle , qui vit dans l'Inde, a été
placée dans le même genre que les gasté-
(1) Cephalacanthus spinarella. (Nota. Kephalos
veut dire ééte, et akanthos , aiguillon ou piquant. )
Gasterosteus spinarella. Lin. édit. de Gmelin.
Pungitius pusillus. Mus. Adolph. Frid. r , p. 74,
tab. 525 6.0: |
Gastré spinarelle. Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod.
(2) Gasterosteus capitis posticè spinis quaternis
serrulatis lateralibus longitudine abdominis... gaste-
rosteus spinarella. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169,
sp. 11. — Artedi, Gen. pisc. gen. 57, n° 11. additam.
‘ SONNINI:
DES CEPHALACANTHES. 419
rostées et les centronotes : mais elle en diffère
par trop de traits pour que nous n’ayons
pas dû l’en séparer. L'absence d’aiguillons
isolés au devant de la nageoire dorsale au-
roit suffi pour léloigner de ces osseux.
Nous l’avons donc inscrite dans un genre
particulier qui précède immédiatement celui
des daciyloptères, parmi lesquels on compte
la pirapède dont la tête ressemble beaucoup
à celle de la spinarelle (1).
(1) À la membrane des branchies . 3 rayons.
A la nageoïre du dos . . . . . 16
A chacune des pectorales. , . . 20
À chacune des thoracines . . . 4
A celle de’ l'anus. 42 7 SG
D d 2
420 HI STOLRE
QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME G.
PAR LACÉPÉÈÉDE.
LES DACTYLOPTÉÈRES.
U: E pelite nageoire composée de rayons
soutenus par une membrane, auprès de
la base de chaque nageoire pectorale.
PRE MI È RE 6HiS PyE:C.E,
LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÈDE; dactylop-
terus pirapeda. — Six rayons réunis par
une membrane auprès de chaque nageoire
pectorale.
SUR CON DE EIS PLE C EF:
LE DACTYLOPTÈRE JAPONAIS; dactylop-
terus Japonicus. — Onze rayons réunis par
une membrane auprès de chaque nageoire
pectorale.
DES DACTYLOPTÉRES. 4ai
M Bu DA UC SNS QD PEUT
PIRAPÈDE (i)(2),
PA LA COPIE.
PREMIÈRE ESPÈCE.
ARMI les traits remarquables qui dis-
tinguent ce grand poisson volant et les autres
(1) Dactylopterus pirapeda. En Espagne, volodor.
Aux environs de Rome, rondire. Sur les bords de
PAdriatique , rondola , on rondela. À Malte et en
Sicile, falcone. En Suède, fly gande fisk. En Angle-
terre PR , kite fish. Dans plusieurs provinces
méridionales de France, arondelle, rondole, chauve-
souris , ratepenade.
Trisla volitans. Lin. édit. de Gmelin.
Trigle pirapède. Daubenton, Encyel. méthod. —
Bonaterre , pl. de l’'Encyc. méth. — Bloch, pl. cccu.
_ Trigla capite partm aculeato, pinnulä singulari ad
pinnas ventrales. Artedi,, gen. 44 , sÿn. 73. — Gronov.
Mns. 1,n° 102.
Trigla capite quatuor spondylis armalo. Browne ,
Jam. 453. — Scba , Mus. 5, tab. 28 ; fig. 7.
Milivipira , et pirabelle. Marcgr. Hist. Bras. lib. 4,
Cap. 11 ,P- 162. .-
Ed 3
422 H:I:S TOR E
osseux qui doivent appartenir au même
genre, il faut compter particulièrement les
dimensions de ses nageoires pectorales. Elles
sont assez étendues pour qu'on ait dû les
désigner par le nom d'ailes; et ces instru-
mens de natation, et principalement de vol,
étant composés d’une large membrane sou-
Hirundo. Plin. Hist. mundi, Lib. 9, cap. 43, edit.
de Deux-Ponts.
Milvus cirratus. Sloan. Jamaïc. vol. If, p. 258.
Mugil alatus' Rondeletii. Jacob. Mus, reg. p. 1,
fig. 5 , de Piscib. parag. 59, tab. 2 , n° 39.
Uligende vise. Valent. Amboin. pisc. tom. HIT,
ab: 02% "É:
Ormopteros. Klein, Miss. pisc. 4, p. 44, n° 11.
IHirundo aquatica. Bont. Ind. orient. p. 78.
_ irundo Plinii Worm. Mus. 1, p. 266. — Gesner,
p- 454,514; (Gérm.) fol. 17, b.— Belon, Aquat. 192.
— Salvian, fol. 187.— Aldrovand. lib. 2, cap. 5,
p.141. — Jonston, lib. 1,tit. 3, cap. 1, a. 3, tab. 17,
fig. 12. — Willugbby, p. 285, tab. S, fig. 6. —
Ray, p. 89. ;
Chelidon. Arist. Lib. 4, cap. 9. .
Arondelle de mer. Rondelet, prem, part. Liv. ro,
ehap. 1.
Ifirondelle de mer, ou rendole. Valmont de Bomare,
Dict. d’'hist. nat. |
(2) Trigla digitis vicenis membrané palmatis..... |
érigla volitans. Lin. Syst. nat..edit. Gmel. gen. 172,
Sp. 9. SONNINI.
DES DACTYLOPTERES. 423
tenue par de longs rayons articulés, que
l'on a comparés à des doigts comme les
rayons des pectorales de tous les poissons,
les ailes de la pirapède ont beaucoup de
rapports dans leur conformation avec celles
des chauve-souris, dont on leur a donné
le nom dans plusieurs contrées; et nous
avons cru devoir leur appliquer la déno-
mination générique de dactylopiére, qui a
été souvent employée pour ces chauve-
souris , aussi bien que celle de cherroptére,
et qui signifie aile attachée aux doigts, ou
formée par les doigts (à).
La pectorale des pirapèdes est d’ailleurs
double , et présente par conséquent un ca-
ractère. que nous mavons encore vu que
dans le lépadogastère gouan. À la base de
cette aile, on voit en effet un assemblage
de six rayons articulés réunis par une meim-
brane, ei composant par conséquent une
véritable nageoire qu’il est impossible de ne
pas considérer comme pectorale.
De plus, l'aile des poissons que nous exa-
minons offre une. grande, surface ; ‘elle
montre ; lorsqu'elle est déployée, une fisure
assez semblable à celle d'un de et elle
Le Mo nt Sete cd me NS
(1) Laktylos veut dire doigt , et péeron, aile,
| Dd 4
42% H TS T:0 LR FE
atteimt le plus souvent au delà de la na-
geoire de l'anus et très-près de celle de la
queue. Les rayons qu’elle renferme étant
assez écartés l’un de l’autre lorsqu'elle est
étendue, et n'étant liés ensemble que par
une meinbrane souple qui permet facile-
ment leur rapprochement, il n’est pas sur-
prenant que l’amimal puisse donner aisément
et rapidement à la surface de ses ailes, cette
alternative d’épanouissement et de contrac-
tion , ces inégalités successives, qui, pro-
duisant des efforts alternativement inégaux
contre l'air de l'atmosphère, et le frappant
dans un sens plus violemment que dans un
autre, font changer de place à Panimal lancé
et suspendu , pour ainsi dire, dans ce fluide,
et le douent véritablement de la faculté de
voler (1).
Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever
au dessus de la mer, à une assez grande
hauteur, por que la courbe qu'elle décrit
dans l'air ñe la ramène dans les flots que
lorsqu'elle a franchi un intervalle ésal, sui-
vant quelques observateurs , au moins à une
trentaine de mètres (quinze Loises ); et voilà
pourquoi encore, depuis Aristote jusqu’à
œœ
(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons.
DES DACTYLOPTERES. 4925
nous , elle a porté le nom de faucon de la
mer, et sur-tout d’Airondelle marine.
Elle traverseroit au milieu de l'atmosphère
des espaces bien plus grands encore, si la
membrane de ses ailes pouvoit conserver
sa souplesse au milieu de l'air chaud et
quelquefois même brûlant des contrées où
on la trouve : mais le fluide qu’elle frappe
avec ses grandes nageoires les a bientôt des-
séchées, au point de rendre très-difliciles
le rapprochement et l’écartement alternatifs
des rayons; et alors le poisson que nous
décrivons , perdant rapidement sa faculté
distinctive , retombe vers les ondes au dessus
desquelles il s'étoit soutenu, et ne peut plus
s’élancer de nouveau dans l’atmosphère que
lorsqu'il a plongé ses ailes dans une eau
réparatrice, et que, relrouvant ses attributs
par son immersion dans son fluide natal,
il offre une sorte de petite image de cet
Antée que la mythologie grecque nous re-
présente comme perdant ses forces dans
l'air, et ne les retrouvant qu’en touchant
de nouveau la terre qui lavoit nourri.
Les pirapèdes usent d'autant plus souvent
du pouvoir de voler qui leur a élé départt,
qu’elles sont poursuivies dans le sein des
eaux par un grand nombre d'ennemis.
426 CUMTSTOPRIE
Plusieurs gros poissons , et parliculiérement
les dorades et les scombres, cherchent à les
dévorer ; et telle est la malheureuse desti-
née de ces animaux qui, poissons et oiseaux,
sembleroient avoir un double asyle, qu'ils
he trouvent de süreté nulle part, qu'ils
n'échappent aux périls de la mer que pour
étre exposés à ceux de latmosphère, et
qu'ils n'évitent la dent des habitans des eaux
que pour être saisis par le redoutable bec
des frégates, des phaéions, des mauves et
de plusieurs auires oiseaux marins.
Lorsque des circonstances favorables éloi-
guent de la partie de l'atmosphère qu’elles
traversent, des ennemis dangereux, on les
voit offrir au dessus de la mer un spectacle
assez agréable. Avant quelquefois un demi-
mètre (un pied et demi) de longueur, agi-
tant vivement dans l’air de larges et longues
nageoires, elles attirent d’ailleurs l'attention
par leur nombre, qui souvent est de plus
de mille. Mues par la même crainte , cédant
au même besoin de se soustraire à une
mort inévilable dans l'Océan, elles s’envo-
lent en grandes troupes; et lorsqu'elles se
sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu
d'une nuit obscure, on les a vues briller
d'une lumière phosphorique, semblable . à
DES DACTYLOPTERES. 427
cellé dont resplendissent plusieurs auires
poissons, et à l'éclat que jettent, pendant
les belles nuits des pays méridionaux, les
insectes auxquels le vuigaire a donné le
nom de vers luisans: Si.la.mer est alors
calme et silencieuse, on entend lepetit bruit
que font naître le mouvement rapide de
leurs ailes et le choc de ces: instrumens
conire les couches de l'air; et on distingue
aussi quelquefois un bruissement d’une autre
nature, produit au travers des ouvertures
branchiales par la sortie accélérée du gaz
que l'animal exprime, pour ainsi dire, de
diverses cavités intérieures de son corps,
en rapprochant vivement leurs parois. Ce
bruissement à lieu d'autant plus facilement,
que ces ouvertures branchiales élant très-
étroites, donnent lieu à un frôlement plus
considérable; et c’est parce que ces orifices :
sont très-petits, que les pirapèdes, moins
exposées à un dessèchement subit de leurs
organes respiratoires, peuvent vivre assez
long-tems hors de l’eau (1).
On rencontre ces poissons dans la Médi-
terranée et dans presque toutes les mers des
climats tempgérés; mais.c'est, principalement
ae
K{
(1) Discours sur la nature des poissons.
428 ET SF O0 PR:E
auprès des tropiques qu’ils habitent. C’est
sur-tout auprès de ces tropiques qu'on a
pu contempler leurs manœuvres et observer
leurs évolutions. Aussi leur nom et leur
histoire ne sont-ils jamais entendus avec
indifférence par ces voyageurs courageux
qui, loin de l’Europe, ont affronté les tem-
pêtes de l'Océan et ses calmes souvent plus
funestes encore. Ils retracent à leur sou-
venir leurs peines, leurs plaisirs , leurs dan-
gers, leurs succès. |
Cependant quelles sont les formes de ces
poissons ailés ?
La tête de la pirapède ressemble un peu
à celle du céphalacanthe spinarelle. Elle est
arrondie par devant et comme renfermée
dans une sorte de casque où d’enveloppe
osseuse à quatre faces , terminée par quatre
aiguillons larges et alongés, ét chargée de
petits points arrondis êt disposés en rayons.
La mâchoire supérieure est plus avancée
que l'inférieure. Plusieurs rangs dé dents
très-petites sarnissent l’une et l’autre de ces
deux mâchoires: et l’ouverture de la bouche
est très-large, ce qui donne à la pirapède
ün rapport de plus avec une hirondelle. La
langue est courte, épaisse et lisse comme le
palais. Le dessous du corps présente une
DES DACTYLOPTERES. 429
surface presque plate. Les écailles qui cou-
vrent le dos et les côtés sont relevées par
une arête longitudinale.
Le rougeâtre domine sur la partie supé-
rieure de lanimal, le violet sur la tête, le
bleu céleste sur la première nageoire du
dos et sur celle de la queue, le verd sur la
seconde nageoire dorsale; et pour ajouter à
cet élégant assortiment de bleu très-clair,
de violet, de verd et de rouge, les grandes
ailes ou nageoires pectorales de la pirapède
sont couleur d'olive, et parsemée de taches
rondes et bleues, qui brillent, pour ainsi
dire, comme autant de saphirs , lorsque les
rayons du soleil des tropiques sont vivement
réfléchis par ces larges ailes étendues avec
force et agitées avec vitesse (1).
On compte plusieurs appendices ou coe-
(1) A la membrane branchiale. . . : 7 rayons.
À la première nageoire du dos . 6
A lseconde: re ete NE nr
À chacune des grandes nageoires
pectorales . . un). . + 20
À chacune des petites . . . . . 6
(ep
A chacune des thoracines
'Mrcelleïde Panus 5 00 II
À celle de la queue . . . . - 12
430 HT SITOMRR: E
cums auprès du pylore ; et les œufs que
renferment les doubles ovaires des femelles
sont ordinairement trés-rouges.
La chair des pirapèdes est maigre ; elle est
aussi un peu dure, à moins qu’on ne puisse
la conserver pendant quelques jours.
DES DACTYLOPTERES. 45à
LE WA CTYLOPTERE
JAPONAIS (1)(2),
PALR LAC É B.D.DLE.
Re ESPÈCE.
Ox trouve dans les mers du Japon ce dac-
tyloptère , qui, de même que la pirapède, a
été inscrit jusqu’à présent dans le genre des
trigles. Il a été décrit par Houttuyn. Il ne
parvient guère qu’à la longueur d’un déci-
mètre et deini (près dé cinq pouces). On
voit deux aiguillons longs et aigus à sa
mâchoire inférieure et au bord postérieur
de ses opercules. On compte onze rayons
(1) Dactylopterus japonicus. Houttuyn ;, Act.
Hal XX 2: p. 530 ne0
Trigla alata.Lan. édit. de Gmelin.
(2) T'rigla digitis undenis membrané palmatis.....
trigla alata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 172,
sp. 13. — Artedi , Gen. pisc. gen. 32, n° 20. additam.
species adhus dubiæ. SONNINI.
4932 HISTOIRE
à chacune de ses petiles nageoires pecto=
rales (1).
LL
(1) A la première nagcoire du dos. 7 rayons.
A chacune des petites nageoires
pectorales". 44h58 0e ee II
A chacune des thoracines. . . . 6
À celle de Pants. AM LE 06 14
Ascelle dela queue js ss «tes. 14
QUATRE -
DES PRIONOTES. 453
QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GEN.
PAR LACÉPEÈDE,
LES. P RLONOTES.
Dss aiguillons dentelés entre les deux
nageoires dorsales ; des rayons articulés
et non réunis par une membrane auprès
de chacune des nageoires pectorales.
E S P É C E.
LE PRIONOTE VOLANT ; prionoius evolans.
— Trois rayons articulés et non réunis par
une membrane auprès de chacune des na-
geoires pectorales.
Poiss. Tome VIIL. Ee
434 HISTOIRE
L'AE U PP TO NO ME
VOLANT (1(2),
P'AUR AMC EEE MT
Ex comparant les caractères génériques
des dactyloptères et des prionotes, on voit
qu'ils différent assez les urs des autres pour
que nous ayons dü les séparer; et cependant
ils se ressemblent assez pour qu’on ait placé
(1) Prionotus evolans.
Trigla volitans minor. Browne , Jamaïc. 453,
tab. 47, fig. 3.
Trigla evolans. Lin. édit. de Gmelin.
Trigle le volant. Daubenton , Encycl. méthod. —
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod.
(2) En anglais , flying gurnard.
Trigla digitis ternis, mucronibus tribus serratis
pinnis dorsalibus interpositis. ... trigla evolans. Tän,
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 172, sp. 8. — Artedi, Gen,
pisc. gen. 52, n° 11. additament. SONNINL,
2
DES PRIONOTES. 435
les prionotes , ainsi que les dactyloptères,
parmi les trigles dont nons allons nous occu-
per. Ils sont liés particulièrement par la
forme de leur tête et par une habitude
remarquable. Le prionote que nous décri-
vons a la surface de sa tête ciselée de ma-
nicre à représenter des rayons ; et de plus il
a la faculté de s'élever dans latmosphtre
et de s’y soutenir pendant quelque tems
comme les dactyloptères. C’est cette der-
nière faculté qui lui a fait donner le nom
spécifique de volant; et. nous avons cru
d'autant plus devoir le désigner par le nom
générique de prionote (1), qu'indépendam-
ment de trois aiguillons dentelés qui s'éle-
vent entre les deux nageoires de son dos,
le premier rayon de la seconde dorsale et
les deux premiers de la première sont un
peu dentelés par devant. Les pectorales sont
assez longues pour atteindre à la moitié de
la longueur du corps; et étant d’ailleurs
très-larges , elles forment des ailes un peu
étendues, que leur couleur noire fait sou-
vent distinguer à une grande distance.
Ge RE
(1) Prion signifie scie, et noéos veut dire dos.
Fe 2
/
456 HITS T'OTRES etc
La nageoire de la queue du prionote vo-
lant est fourchue (1).
(1) A la membrane des branchies . 8 rayons.
A la première nageoire du dos. . 8
À 1R SECONGE! La Re à «SMS, T0
À chacune des pectorales . . . . 13
À chacune des thoracines . . . 6
Ace dl'anus hd «este iTE
A pelle dé lasquene, 5.2. “ur 1:13
Fin du huitième Folume.
po 0 mi 4
LA BE UE
Des malières contenues dans ce huitième
Volume.
Soir des caranx. Le caranx carangue , dixième
espèce, par Lacépède. Page 5
Ze scombre à bandes, le verdier , pl XXXIV. Le
cruménophthalme, le maquereau de Plumier, le
walin-parei, le scombre rouge. Le caranx fascé,
le caranx chloris, le caranx cruménophthalme , le
caranx plumier , le caranx klein, le caranx rouge,
11°, 12°, 13°, 14°, 15° et 16° espèces , par le méme. 7
Le ferdau, le gæzz, le sansun, le kirm. Le caranx
ferdau, le caranx gœss, le caranx sansun, et le
caranx korab, 17°, 16°, 19° e£ 20° espèces, par le
méme. . 14
Soixante - {roisième genre. Les trachinotes, par le
mérite. 20
Le faucheur. Le trachinote faucheur, par te même.
21
Soixante-quatrième genre. Les caranxomores, par le
méme. 24
Le caranxomore pélagique, première espèce, par le
mnéme, 26
—— plumiérien, seconde espèce, par le méme. 28
Ee 3
4338 TA D LE
Le pilitschei. Le caranxomore pilitsche: , troisième
espèce, par le même. 29
Soixante-cinquième genre. Les cæsio , par le méme. 31
Le cæsio azuror, première espèce, par Lacépède. 32
Le poulain. Le cæsio poulain, seconde espèce, par
le méme. 36
Soixante-sixième genre. Les cæsiomores , par le même.
°q
Le cæsiomore baillon , première espèce, par le méme.
40
—— bloch , seconde espèce , par le méme. 42
Péches des scombres. Péche du thon. 44
Péche du maquereau. 81
Suite du tableau du dix-neuvième ordre de la classe
entière des poissons , par Lacépède. go
Soixante-septième genre, Les coris, par le méme. 103
Le coris aigrette, première espèce , par le méme. 104
—— anguleux , seconde espèce, par le méme. 107
. 0. A
Soixante-huitième genre. Les gomphoses, par le même.
108
Ze gomphose bleu, première espèce, par le même.
109
——— varié, seconde espèce , par le même. 113
Sorxante-neuvième genre, Les nasons, par le même.
114
Le licornet. Le nason livornet, première espèce, par
le méme. 119
Le nason loupe , seconde espèce, par le même. 121
Soixante-dixième senre. Les kyphoses, par le même.
2 124
Le kyphose double-bosse , par le méme. 125
Soixante-onzième genre. Les osphronèmes , par le
méme. 127
- L’osphronème goramy , première espèce , par le méme.
128
2 \ 4
Le gal. L’osphronème gal, seconde espèce, par le
méme. 134
Soixante - douzième genre. Les trichopodes , par le
méme. 158
. 0 ei S:
Le trichopode mentonnier , première espèce, par le
même. 159
Le crin. Le trichopode trichoptère, seconde espèce,
par le même. 145
Soixante-treizième genre. Les monodactyles, par le
méme. 147
Le monodactyle falciforme, par le méme. 148
Soixante-quatorzsième genre. Les plectorhinques, par
le même. té
Le plectorhinque chétonoïde, par le méme. 152
Soixante-cinquième genre. Les pogonias, par le même.
105
Le pogonias fascé , par le même. 156
Svixante-seizième genre. Les bostryches, par le même.
159
Ee 4
440 TABLE:
Lebostryche chinois, première espèce , par le même. 160
Le bostryche tacheté, seconde espèce, par le méme. 163
Soixante-dix-septième genre. Les bostrychoides, par
le méme. 164
Le bostrychoide œillé, par le même. hi6S
Svixante-dix-huitième genre. Les échénéis, par le
mérne. 166
Le remora. L’échénéis rémora, planche XXXK VIT,
première espèce, par le même. 167
Le rémora naucrate. L’échénéis naucrate , seconde
espèce, par le même. | 187
Le rémora rayé. L'échénéis rayé, troisième espéce ,
par le méme. | 194
Soixante - dix-neuvième genre. Les macroures, par
le méme. 106
Le macroure. Le macroure berglax, pl. XXX VII,
par le méme. 197
Quatre-vingtième genre. Les coryphènes, par le même.
201
Le dorade d'Amérique. Le coryphène hippurus,
pl XXXVIIT , première espèce , par le méme. 207
Le doradon. Le coryphène doradon , seconde espèce,
par le méme. 215
La dorade de la mer du Sud. Le coryphène chrysurus,
troisième espèce, par le méme. | 218
La petite dorade. Le coryphène scombéroide, quatrième
? A
espèce , par le même. 226
TABLE. bha
Le coryphène ondé , cinquième espèce, par le méme.
231
Le pompile. Le coryphène pompile, sixième espèce,
par le méme. 233
Le rasoir bleu. Le coryphène bleu, pl. XX XVIII,
septième espèce, par le méme. 256
Le paon de mer. Le coryphène plumier , huitième
espèce, par le méme. 238
Le rason. Le coryphène rasoir, neuvième espèce ,
par le même. 241
Le coryphène perroquet , dixième espèce , par le méme.
244
—— camus, onzième ëspèce , par le même. 246
—— rayé, douzième espèce , par le méme. 247
—— chinois, treizième espèce , par le mére. 249
—— pointu, quatorzième espèce, par le même. 251
—— verd et le coryphène casqué, quinzième et sei-
EN 4 A
zième espèces, par le même. 252
1 LA x : LA . , _
Quatre-vingt-unième genre. Les hémiptéronotes , par
le même. 255
Le rasoir à cing taches. L’hémiptéronote cing-taches,
pl XXXIX , première espèce, par le méme. 256
L’hémiptéronote gmelin , seconde espèce ; par le même.
261
Quatre-vingt- deuxième genre. Les coryphénoides,
par le même. 262
Le coryphénoide hottuynien , par le même. 203
44a TABLE
Quatre-vingt-troisième genre. Les aspidophores, par
le méme. 265
Le cotte armé. L’aspidophore armé , pl. XXXIX,,
première espèce , par le même. 266
Le lisiza. L’aspidophore lisiza , seconde espèce , par le
méme. 272
Quaire-vingt-quatrième genre. Les aspidophoroides,
par le méme. 274
Ze chabot de l'Inde. L’aspidophoroide tranquebar ,
par le méme. 275
Quatre-vingt-cinquième genre. Les cottes, par le même.
278
Le grondeur. Le cotte grognant, pl. XL, première
espèce, par le méme. 281
Le scorpion de mer. Le cotte scorpion, pl. XL, seconde
espèce , par le même. 287
Le cotte quatre-cornes ; troisième espèce, planche XL,
par le méme. 295
raboteux , quatrième espèce , par le même. 299
—— austral, cinquième espèce , par le méme. Bot
—— insidiateur, sixième espèce, par le même. 302
—— madégasse , septième espèce , par le méme. 304
—_— noir, huitième espèce , par le méme. 506
Le chabot, Le cotte chabot, pl. XLI , neuvième espèce,
par le méme. 308
Quatre-vingt-sixième genre. Les scorpènes, par le
méme. ‘ 316
EAIBIE. 443
La scorpène cräpaud. La scorpène horrible, pl. XL,
première espèce , par le même. 520
—— africaine, seconde espèce, par le méme. 327
—— épineuse , troisième espèce, par le méme. 529
—— aiguillonnée, quatrième espèce, par le même.
330
—— marseillaise, cinquième espèce, par le même.
332
® CR] Al A
—— double-filament , sixième espèce, par le même.
334
=—— brachion , septième espèce, par le méme. 336
—— barbue, huitième espèce, par le même. 335
La rascasse. La scorpène rascasse, pl. KLIT, neu-
vième espèce , par le méme. 539
La scorpène mahé, dixième espèce, par le méme.
344
—— truie, onzième espèce , par le même. 347
—— plumier, douzième espèce, par le méme. 35:
—— américaine , treizième espèce , par le méme. 553
—— didactyle, quatorzième espèce, par le méme.
355
—— antennée, quinzième espèce , par le même. 558
—— volante, pl. XLII, seizième espèce, par le
même. 561
Quatre-vingt-septième genre. Les scombéromores , par
le même. 367
Le scombéromore plumier, par le même. 368
4% TABLE.
Le tassard , par le docteur Bloch. 370
Quatre-vingt-huitième genre. Les gastérostées, par
Lacépède. 577
L'épinoche , la petite épinoche , la grande épinoche,
Le gastérotée épinoche, le gastérostée épinochette,
et le gastérostée spinochie, 1°, 2° et 3° espèces,
par le méme. 578
Quatre-vingt-neuvième genre, Les centropodes, par
le méme. : 589
L’abou-tabak. Le centropoderhomboidal , par le méme.
590
Quatre-vinst-dixième genre. Les centrogastères > par
le méme. | 392
Le centrogastère brunâtre , et le centrogastère argenté,
1° et 2° espèces , par le même. 393
Quatre-vingt-onzième. genre. Les centronotes, par le
même. 595
Le pilote. Le centronote pilote, première espèce, par
le méme. 598
Le centronote acanthias, et le centronote glaycos,
2° et 5° espèces , par le méme. 403
Le lysan. Le certronote argenté ; le centronote ovale,
et le centronote lyzan, 4°, 5° eë 6° espèces, par Le
méme. 405
Le crevalle , la liche. Le centronote carolinin , le cen-
éronote gardénien , et le centronote vadigo, n°, 8° et
0° espèces , par le même. 408
i]
TABLE 445
L’éperon, le nègre. Le centronote éperon et le centronote
nègre, 10° et 11° espèces, par le méme. 4ai
- . . , °
Quatre-vingt-dousième genre. Les lépisacanthes, par
le méme. 414
Le lépisacanthe japonais, par le méme. 415
Quatre-vingt-tretzième genre. Les céphalacanthes, par
le méme. 417
Le céphalacanthe spinarelle, par le même. 418
Quatre-vingt-quatorzième genre. Les dactyloptères,
par le méme. 420
Le dactyloptère pirapède , première espèce, par le
méme. #21
Le dactyloptère japonais, seconde espèce, par le même.
452
Quatre-vingt-quinsième genre. Les prionotes, par le
méme. 4353
Q L . A A4
Le prionote volant , par le méme. 434.
Tin de la Table.
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