Skip to main content

Full text of "Histoire naturelle, générale et particulière, des poissons : ouvrage faisant suite à l'Histoire naturelle, générale et particulière, composée par Leclerc de Buffon, et mise dans un nouvel ordre par C.S. Sonnini, avec des notes et des additions"

See other formats


CR RENE NE SRE RO TE A te 
“rs + D AE ere LR PAS à rs UN 
que ets 


à PE 


? DAS 
se rs PR haneste 


LA Le 
7 RAA OA ACAUR 
ap rs 
REA  à $ 
ee 
RAS EXT 


ee en 0 . PR PARENTS 
à x s ve Te % 


Part re es “g: Fe . URUE dE HEC ete d- £ ANA & AR 2 Art 3720 ce x 
ù F ET RES ; s! : REA : A : FRA te ;: 6 Si LG 4 de SE RCE ‘ape £ PESTE TK E fe 


F3 


Xe 


& 


LH es 1 


œ 


x 4 


LE 
7 V. 


NU A 
EATEE i a L A EUR 
@ ph, } ‘1 hr 
re PAU LISE 
Le 
on 
“an re 


Ni 
FU TE en 


44 W de ,'ol 


1 FOR r 
LT « Fi Lure a. RS 
; el N° ie 


un LA NL 


j 11% fs 
ù LE 1 


FAC) ae LU 
1 " LME 4 N ul \ pi HA A L | 
“+ 1e up (ie Du h QU me » L RIRE LAS { a h2. 
: : te: Pi L à CN 
à [a La 


M 


EL ES TO LORE 


N' ArTUU R E LUE, 


GÉNÉRALE ET PARTICULIERE. 


DES PUIS S'OUNS: 


LEO ME H URI EIMPE, 


DNS OUU”S CRUE UE 
AY PE ME, 
Durant, Imprimeur-läbraire et éditeur, 
rue des Noyers, N° 22; 
BERTRAND, Libraire, quai des Augustins, 
N° 35. 
A1  REOMX ENS 
Cliez V ALLÉE, frères, Libraires , rue Beffroi , N° 22. 
AVS PERASBOURG, 
Chez LEvrAuULT, frères, Imprimeurs-Libraires. 
À LIMOGES, 


Chez Barcras, Libraire. 
A YM ON EP EE LI ER: 
Chez Vipaz, Libraire. 
A MONS, 


Chez Hoyors, Libraire. 


Criez 


Et chez les principaux Tabraires de l’Europe. 


HISTOIRE NATURELLE, 


GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, 


DES P10 FE SISJO:N'S: 


Ouvrace faisant suite à l’Histoire naturelle, générale 


et particulière, composée par Leczerc pr E UFFON, et 
mise dans un nouvel ordre par C. S. SONNIAT, avec 
des Notes et des Additions. 


PAR CS. SONNINI, 


MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES 
ET LITITÉRAIRES. 


TOME HUITIÉÈME. 


À Pare Ro LEe TS 
DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART. 


a 


ÆN'XT. 


77 


A! ñ CNT 
LÉO TES 


€. 


7 


AS 


CPR ST OIR E 


NATURELLE 


DE SR OS S O0 NES 


—————_———“ 


SUITE DES CAR A N xX. 


LE ME AR AN CUITE à 


LE CARANX CARANGUE (), 
PAR LACÉPÉÈDE. 
DIXIÈME ESPÈCE. 
Nu avons conservé à ce caranx le nom 


spécifique de carangue, qu’il a porté à la 
Martinique, suivant Plumier. La première 


(1) L'on donne ce nom de carangue à d’autres 
espèces , telles que le guara et le maquereau bâtard. 
SONNINI. 
(2) Caranx carangua. 
Curangue. Peintures sur vélin, faites d’après les 
dessins de Plumier , et déjà citées, 


A 3 


6 HISEOIRE 


nageoire du dos est soulenue par sept ou 
huit aiguillons. Deux aiguillons paroissent 
au devant de cellé de l'anus. La ligne laté- 
rale est courbe et rude; la partie supérieure 
du poisson bleue ; l'inférieure argentée, et 
presque loules les nageoires resplendissent 
de l'éclat de l'or. 


! 
ï 
\ t 
\ û 
: ‘ 
x \ D. È 
ï l LA 
' { 
’ i st 
\ \ Û 
Ç 1 
; , 
ù L ri i 
mn ; nn L 
‘ 
A 
1 
L 
0 no h 
LL 
a à : 
1 , 
: à , . 
‘a " | 
* L \ 
‘ 
h 1 
« À 
\! P 
, L 
à \ 0 
ï 
‘ 
: , 
. 
N nl | | \ ; ; 
£ ‘ 
' , ñ .. 
' 
F | À L 1 
A ‘ î 
ll 1 0 
‘ ’ 
4 
[l “ \ 
' S ‘ 0 \ ‘ > 
: 
Y " 0 LU 
« 
‘ 
mr] à ’ “, 
; à . =” , 
L “x | [1 | 
{ ï n 
Ï \ [ 
‘ à ’ * ’ - 
' 
dr 
‘ * # | 
1 l ‘ 
{ À 
à 0 
À LI 
LL] 
\ 1Ü “ ‘ A : x » 
û 
7 x 5 
! L " «1h ï 0 | 
4 à { 
7 4 . : l k A, | 
ji s "A 
L L 4 . : 
f L 
‘ 
| ' ' ‘ 
} L ù « 
‘ 
0 
, ol , û \ 
‘ 
, RS : > * _ ; qu! ' 
L n “0 di 1 CE ne 
’ | é \ nl 


FA “ , | ’ "hf ‘ ñ FU #1 ; M à L ñ L L ù 
Br... ENG one el de. “de Lee 4 dire dis …; S ph cd pr M es je DA 
ER Se ee M RS CRE A NE le 7 OT I I PE TU © Ve PR RS SR RS ne nn tt ile, UT pda 


| 
| 


CVOYIATÉ Sd. 


« 


1.LÉ VERDIER . 


De J'eve def. 


LIBOURET. 


IE 


9 
7 


DES CARANX. > 


LE SCOMBRE A BANDES (1), 
LE VERDIPR (2). PL xxxIv, 00, 1. 
LE CRUMENOPHTHALME (3), 
LE MAQUEREAU DE PLUMIER (à); 
LE WALIN-PAREI (6), 

LE SCOMBRE ROUGE (6). 


LE CARANX FASCÉ (7), 

LE CARANX.CHLORIS (8), 
LE CARANX CRUMENOPHTHALME (0), 
LE CARANX PLUMIER (10), 

LE CARANX KLEIN: (rr), 
sr LE CARANX ROUGE (w), 


PAR LACÉPÈDE. 
EI, 1264990014, 159% ET, 10° ESPÈCES 
Rrwarouez les petites écailles qui revé- 
tent le corps et la queue du fascé ; les dents 


pointues qui garnissent ses mâchoires, sa 


Dm 


(1) Scombre à bandes , nom que ce poisson porte 
ordinairement en français. En anglais , séreaked 
mackrel, En allemand , bandirte makrele. 

Scombre à bandes, scomber fasciatus. Bloch, Hist, 
gat. des poissons , genre 42. SONNINI. 


À 4 


8 HISTOIRE 

langue et son palais ; la courbure de la partie 
antérieure de sa ligne latérale ; les nuances 
de sa couleur générale et argentée ; les taches 


(2) Le verdier. En allemand, grunzling. Eu anglais, 
green mackred. 

Verdier, scomber chloris. Bloch, Hist. nat. des 
poissons, genre 42. SONNINI. 

(3) Ze crumenophtalme. En anglais, bag-eye. En 
allemand , bentelauge. 

Crumenophtalme , scomber crumenophtalmus. 


Bloch , ibid. SONNINI1. 
(4) Maquereau de Plumier , scomber Plumieri. 
Bloch , ibid. SONN1nI1. 


(5) ÆWalin-parei, nom de cette espèce chez Îles 
tamouls. 

Le maquereau de Klein, scomber Kleinii. Bloch, ibid, 

| SONKIN1. 

(6) Le scombre rouge ; c’est ainsi qu’on le nomme 
pour l’ordinaire en français. En anglais , red mackrel. 
En allemand , rothe makrele. 

Scombre rouge , scomber ruber. Bloch, 1brd. 

SONNINR, 

(5) Caranx fasciatus. Bloch, pl. cccxu. 

(S) Caranx chloris. 

Le verdier., Bloch, pl. cecxxxix. 

(9) Caranx crumenophthalmus. Bloch , pl. cccxuni. 

(10) Caranx Plumieri. Bloch, pl. cccxuiv. 

(11) Caranx Kleinir. 

WPalen parey par les tamules.— Bloch, pl. cccxzvit, 
fig. 2. 

(12) Caranx ruber. Bloch, pl. ccexur. 


DE SNICCAIRCA NX. 9 


brunes de sa tête et de plusieurs de ses 
nageoires; le jaune et le violet de ses thora- 
cines ; le bleu de ses dorsales , de sa caudale 
et de sa nageoire de l’anus (1) (2): 


(1) 6 rayons à la membrane branchiale du caranx 
fascé. 
18 rayons à chaque pectorale. 
7 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
du dos. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chaque thoracine. 
2 rayons aiguillonnés réunis par une membrane 
au devant de la nageoire de l’anus. 
19 rayons à la nagcoire de la queue. 
6 rayons à la membrane branchiale du caranx 
chloris. 
16 rayons à chaque pectorale. 
7 rayons aiguillonnés à la première dorsale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chaque thoracine. 
2 rayons aiguillonnés réunis par une membrane 
au devant de ja nageoire de l'anus. 
25 rayons à la caudale. 
6 rayons à la membrane branchiale du caranx 
cruménophthalme. 
20 rayons à chaque pectorale. 
8 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
du dos. / 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons arliculés à 
chaque thoracine. 


10 


HASOTRE 


L'absence de petites écailles sur la tête 


et les 


opercules du chloris ; la surface lisse 


2 


1 #48 
, 15 


“4 
6 


2 


© 


FA 


rayons aisuillonnés réunis par une membrane 
au devant de la nageoire de l'anus. 

rayons à la nageoire de la queue. 

rayons à chaque pectorale du caranx plumier. 

rayons aiguillonnés à la première dorsale. 

rayons à chaque thoracine. 

rayons aiguillonnés réunis par une membrane 
au devant de la nageoire de l’anus. 

rayons à la caudale. 

rayons à la membrane branchiale du caranx 
klein. 

rayons à chaque pectorale. 

rayons aiguillonnés à la première nageoire 
du dos. 

rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chaque thoracine. 

rayons aiguillonnés réunis par une membrane 
au devant de la nageoire de l’anus. 

rayons à la nageoire de la queue. 

rayons à la membrane branchiale du caranx 
rouge. 

rayons à chaque pectorale. 

rayons à la première dorsale. 

rayons à chaque thoracine. 

rayons aiguillonnés réunis par une membrane 
au devant de la nageoire de l’anus. 

rayons à la caudale. 


(2) Dix bandes brunes sur le corps ont valu à ce 


DES CARAN X. 11 


de sa langue; orifice unique de chacune 
de ses narines ; le peu de distance qui sépare 
son anus de sa gorge; la longueur de ses 
pectorales, qui atteignent au delà du com- 
mencement de la nageoire de l’anus, el sont, 
comme la caudale, rougeâtres à la base et 
violettes à l'extrémité; la nature de sa chair 
grasse, molle et très-agréable aux habitans 
des rivages africains voisins d’Acara, auprès 
desquels on le trouve (1): 

Les dimensions de la mâchoïre supé- 
rieure du cruménophthalme, qui est plus 
courte que linférieure ; la surface unie de 


poisson la dénomination de scombre à bandes. La 
prunelle de l’œil est noire et l'iris jaune. 

La ligne latérale est plus près du dos que du ventre, 
et elle forme un arc sur la partie antérieure du corps. 

On ne connoît pas les mers qui nourrissent Île 
scombre à baudes. Le seul individu de cette espèce, 
qui ait été observé par les naturalistes, a été acheté 
par Bloch dans la vente d’un cabinet d'histoire natu- 
relle en Hollande. SONNINI. 

(1) Les couleurs de ce poisson ; semblables à l'oiseau 
que l’on appelle verdier , ont engagé le doctenr Bloch 
à lui imposer le même nom. L’iris de l’œil est blanc 
et rouge, : 

La largeur du corps du verdier, et sa mâchoire 
- LA LS ! . L1 
inférieure avancée, sont deux de ses attributs dis- 
linclifs. SONNINI. 


12 HISTOIRE 

sa langue et de son palais ; les deux orifices 
de chacune de ses narines; les lames larges 
et piquantes qui garnissent la partie posté- 
rieure de sa ligne latérale ; la couleur grise 
de ses nageoires, et la blancheur ainsi que 
la délicatesse de la chair de ce poisson qui 
vit auprés de la côte de Guinée (à) : 

La tête du plumier, qui est dénuée de 
petites écailles; lorifice double de chacun 
de ses organes de l’odorat; la saillie en pointe 
de la partie postérieure de ses opercules; le 
bleu argenté de sa couleur générale que 
relèvent des taches jaunes ; l’azuré des pec- 
torales et des thoracines de ce caranx que 
nourrit la mer des Antilles (2) : 


(r} On le trouve en grande quantité sur la côte de 
Guinée, vers Acara. 

Le dos de ce poisson est bleuâtre ; son ventre et ses 
flancs sont argentins. Il a le corps alongé, gros et 
arrondi; la 1ète comprimée ; les mâchoires garnies de 
dents pointues et si fines qu’on ne les aperçoit qu’à la 
loupe ; l'iris de l’œil argentin et la prunelle noire. 
SONNINI. 

(2} Les mageoïres dans cette espèce sont jaunes ; 
ses mâchoires ont une longueur égale ; lPanus est du 
double plus éloigné de la nageoire de la queue que de 
la tête; la ligne latérale s’abaisse depuis la nageoires 
pectorale ; Piris est jaune et la prunelle verdätre. | 

SenNNinr 


DES CAR AN X. 19 


La langue unie, le devant du palais rude, 
et l’arriére-palais lisse, du caranx Klein de 
Coromandel ; les nuances grises de ses na- 
seoires ; sa longueur qui n'excède guère trois 
décimètres (environ onze pouces); le goût 
peu agréable et le tissu presque toujours 
trop maigre de sa chair (1) : 

Les dents qui hérissent le palais du rouge 
que lon pêche auprès de lile de Sainte- 
Croix; sa langue très-lisse et un peu libre 
dans ses mouvemens ; les deux ouvertures 
de chacune de ses narines; la facilité avec 
laquelle il perd les écailles qui recouvrent 
son corps et sa queue; les reflets argentés 
qui brillent sur ses côtés, et le jaune mêlé 
de violet qui se montre sur ses nageoires (2). 


(r) Ce poisson a le dos brun, les côtés argentins, 
l'iris jaune et la prunelle noire. 1° 

M. Klein, médecin de la misssion de Tranquebar, 
de qui M. Bloch a reçu le wallen - parei, rapporte que 
ce poisson n’entre point dans les rivières , et qu’on le 
prend en plus grande abondance en février et mars. 

SONNINI: 

f2) 1 à le corps alongé et charnu; les mâchoires 
d’égale lonsueur et garnies de petites dents aiguës ; la 
ligne latérale plus éloignée du ventre que du dos , et 
s’inclinant en bas vers la partie postérieure ; le dos et 
les côtés rouges jusqu’à la ligne latérale ; V’iris de l’œil 
d’une belle couleur d’or , et la chair de bon goût. 

SONNIN1, 


14 ET A4%S POI R°E 


ee 


LE FERDAU (1), LE GÆZZ (0), 
LE SANSUN (5), LE KIRM (4) 


LE CARANX FERDAU (5), 
TE CARANX GAZ S S1{6), 
LE CARANX SANSUN (7), 
gr LE CARANX KORAB (8), 
PAR LACÉPÉÈDE. 
17/10, 19 /ÆET 20° ES PE CES. 


@ Es quatre caranx composent un sous- 
genre particulier et distingué du premier 


(1) Ferdau, nom que ce poisson porte dans l’Yemen. 

Scomber ovali-oblongus, argenteus , guttis aureis 
lateralibus ; fasciis transversis fuscis quinque , obso- 
1 à à PESAR * scomber ferdau. Forskœl, Faun. Ægypt. 
Arab. p. 55, n° 71.— Artedi, Gen. pisc. gen. 25, 
n° F7. SONNINI. 

(>) Gæzz, nom arabe de ce poisson. 

Scomber pinnulä ante pinnam ani solitari& bira- 
diatä... scomber fulvo-guttatus. Lin. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 170, sp. 15. 

Scomber glauco - cæruleus ; suttis aureis per latera 
sequentibus.... en Cine Artedi, Gen. 
Xe edit. Walbaum, gen, 25 , n° 18. additament. 

SONNINI. 


D'HS) CIAÏRIAUN x. 
sous - genre par la présence d’un aiguillon 
isolé placé entre les deux nageoires dorsales. 
RU Rd 

(5) Sansun ou abou sensun, nom de ce poisson en 
Arabie; on l'y appelle encore abou læsla, bashe , 
dheirak , et à Loheia , bockas. 

Scomber argenteo - nitens » immaculatus ; caudeæ 
carin& elat&...... scomber sansum:. Forskoæl , Faun. 
Ægypt. Arab. p.56, n° 54. 

Scomber argenteo nitens » immaculalus ; caudeæ 
cariné elatd , æquali. +++. scomber sagsun. Artcdi, 
Gen. pisc. gen. 25, Sp. 11. additam. Sonxnini. 

(4) Æirm, vrai nom de ce poisson en Arabie; ce 
sont Îes petits de l’espèce que l’on y appelle Lorab. Les 
grands se nomment aussi djim , djarm , ou girb. 

Scomber argenteus ; dorso cærulescente : Pinnis pee- 
éoralibus e£ ventralibus rufescentibus. scomber 
zgnobilis kirm. Forskœl , Faun. Ægypt. Arab. p.55, 
n°72. — Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 14. additam. 

SONNINI1. 

(5) Caranx ferdau. 

Scomber ferdau. Lin. édit. de Gmel. — Forskœl, 
Faun. Arab, p.55, n° 71. N 

Scombre ferdau. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth. 

(6) Caranx geæss. 

Scomber fulvo guttatus. Lin. édit. de Gmelin. — 
Forskœl, Faun. Arab. p.56, n°73 

Scomber gæss. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth. 

(7) Caranx sansun. 

Scomber sansun. Lin. édit. de Gmelin, — Forskæl, 
Faun. Arab. p.56, n° 74. 

Scombre bockos. Bonaterre, pl. de l’Encyc. méth. 


4 


10 HESIT,OTR.E 

On les trouve tous les quatre dans la mer 
Rouge ou mer d'Arabie : ils y ont été ob- 
servés par Forskœl. Le tableau méthodique 
du genre caranx expose les différences qui 
les séparent l’un de l’autre; il nous suffira 
maintenant d'ajouter quelques traits à ceux 
que présente ce tableau. 

Le ferdau montre un grand nombre de 
dents petites, déliées et flexibles; le sommet 
de la tête est dénué d’écailles proprement 
dites, et osseux dans son milieu; lopercule 
est écailleux ; la ligne latérale presque 
droite ; la nageoire caudale fourchue et 
glauque. Les pectorales, dont la forme res- 
semble à celle d’une faux, sont blanchâtres ; 
et une variété de l’espèce que nous décri- 
vons les a transparentes (9). On voit au 


(8) Caranx korab. 

Scomber ionobilis. Lin. édit. de Gmel. — Forskæl, 
Faun. Arab. p. 55, n° 72. 

Scombre korab. Bonaterre, pl. de PEncyc. méth. 

(go) Cette variété est nommée en arabe , selon 
Forskœl , ajad, abou sœnsun on hætj. 

Scomber pinnis pectoralibus hyaliris. Lin. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 140 , sp. 17, var. b. 

Scomber bajad. Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum, 
gen. 25 , n° 17. var. a. 


devant 


RE 


DEMO NC ATÉRNA UNIX. ie 

devant des narines un pelit barbillon CcO- 
nique (1) (2). 
Le gæss, qui ressemble beaucoup au 
ferdau , a une petite cavité sur la tête ; il 
peut baisser et renfermer dans une fossette 
Jongitudinale sa première nageoire dorsale ; 
sa nageoire caudale est très-fourchue, et sa 
ligne latérale est courbe vers la tête et droite 
vers la queue (5) (4). 


(z) 6 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
dorsale. | 
21 rayons à chacune des pectôrales. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 


chacune des thoracines. 


15 ou 16 rayons à celle de la queue. 


(2) La couleur du ferdau est celle de l’a argent, plus 
foncée et mêlée de bleuâtre sur le dos; des points 
dorés sont clair - semés sur les côtés; cinq larges 
bandes brunes et courbées en arc, descendent de 
chaque côté depuis le dos jusqu’au ventre. Les yeux 
ont l'iris de couleur blanche. SONNINI, 

(5) 7 rayons aiguillonnés à la premiere nageoire 

dorsale. 

1 rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à 
chacune des pectorales. 

z rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chacune des thoracines. 


A] 


18 ou 19 rayons à celle de la queue. 
(4) Les taches dorées sont plus nombreuses sur leg 


Poiss. Tome VIII, D 


18 LES TO, L RE 


Le sansun, qui a beaucoup de rapports 
avec le gæss et avec le ferdau, présente des 
ramifications sur le sommet de la tête; une 
rangée de dents arme chaque mâchoire ; la 
mâchoire supérieure est d’ailleurs garnie 
d’une grande quantité de dents petites et 
flexibles , placées en seconde ligne. Les na- 
geoires pectorales et les thoracines sont 
blanches: celles de l'anus et le lobe infé- 
rieur de la caudale sont jaunes; le lobe 
supérieur de cette même caudale est brun 
comme les dorsales, qui d’ailleurs sont bor- 
dées de noir (1). 

Le korab a chaque mâchoire hérissée 
d’une rangée de dents courtes et comme 
renflées ; la ligne latérale est ondulée vers 
la nuque, et droite ainsi que marquée par 


côtés du gæzz que sur le ferdau, mais elles sont placées 
sans ordre. Du reste , la couleur générale da poisson 
est un verd bleuâtre et brillant ; l'iris est doré. 
SONNINI, 
(1) 7 rayons aïiguillonnés à la première nageoire 
dorsale du sansun. 
1 rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à 
chacune des pectorales. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chacune des thoracines. 
a7 ou 16 rayons à celle de la queue. 


DES CARANX. 1ù 
des écailles particulières auprès de la queue. 
Les nageoires pectorales et les thoracines 
sont roussâtres; les dorsales glauques; l’anile 
transparente et comme bordée de jaune ; ie 
lobe inférieur de la caudale jaune , et le 
supérieur d’un bleu verdâtre (1). 


(1) 8 rayons à la membrane branchiale du korab. 

7 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
dorsale. 3 

1 rayon aiguillonné et 29 rayons articulés à 
chacune des pectorales. 

1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à : 
chacune des thoracines. 

17 ou 18 rayons à celle de la queue, 


20 HISTOIRE 


SOIXANTE-TROISIÈME GENRE. 
PAR ' LACÉPE DE. 


ME Sc Ie eCETENO"FES. 


D:ox nageoires dorsales; point de petites 
nageoires au dessus ni au dessous de la 
queue; les côtés de la queue relevés lon- 
gitudinalement en carène , ou une petite 
nageoire composée de deux aiguillons et 
d’une membrane au devant de la nageoire 
de l’anus ; des aiguillons cachés sous la 
peau, au devant des nageoires dorsales. 


ESPÉÈCE. 


LE TRACHINOTE FAUCHEUR; érachinotus 
falcatus. — La seconde nageoire du dos, 
et celle de l’anus représentant la forme 
d'une faux. 


DES TRACHINOTES. o% 


LE FAUCHEUR. (). 


LE TRACHINOTE FAUCHEUR (2); 
PAR LACÉPÉDE. 


C'ssr dans la mer d'Arabie qu'habite ce 
poisson, que Forskœl, en le découvrant, 
crut devoir comprendre parmi les scom- 
bres, inais que l’état actuel de la science 
ichthyologique et nos principes de distribu- 
lion méthodique et régulière noùs obligent 
à séparer de ces mêmes scombres, et à 
inscrire dans un genre particulier. Nous 
donnons à cet osseux le nom générique de 
trachinote, qui veut dire aiguillons sur le 
dos, pour désigner l’un des traits les plus 
distincüifs de sa conformalion. Cet animal 


(1) Le faucheur. À Dsjidda , Aogel. À Loheia, 
dej mal. 

Scomber falcatus. Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 15. 
additament. SONNINI. 

(2) T'rachinotus falcatus. 

Scombre falcatus. Tin. édit. de Gmelin. 

Scomber rhomboidalis , pinn& secund4 dorsi et ani ; 
Jalcatis. Yorskœl , Faun. Arab. p- 57 , n° 76. 

Scombre hogel, Bonaterre, pl. de l'Encyc.méth. 

Bb 3 


22 HISTOIRE 


a toujours en effet , auprès de la nuque, des 
aiguillons cachés sous la peau, et au devant 
desquels un piquant très-fort, couché hori- 
sontalement , est tourné vers le museau, et 
quelquefois recouvert par le tégument le 
plus extérieur du poisson. La première 
nageoire dorsale , dont la membrane n'est 
soutenue que par des rayons aiguillonnés ,. 
et dont la peau recouvre quelquefois le 
premier rayon, peut se baisser et se coucher 
dans une fossette. | 

La seconde nageoire dorsale et celle de 
Panus (1) ont la forme d’une sorte de faux ; 
et voila d’où vient le nom spécifique que 
nous avons conservé au trachinote que nous 
décrivons. 

Ce faucheur, dont la hauteur égale sou- 
vent la moitié de la longueur, est revêtu, 
sur le corps et la queue, d’écailles minces 


et fortement attachées ; on ne voit pas 
PR 
(1) 5 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
dorsale. 
x rayon aiguillonné et 19 rayons articulés à Îa 
seconde. 
18 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
1 rayon aiguillonné et 17 rayons articulés à 
celle de l'anus. 
6 rayons à celle de la queue, qui est fourchue. 


DES TRACHINOTES. 23 
d’écailles proprement dites sur les opercules; 
on n’aperçoit pas de dents aux mâchoires, 
mais on remarque des aspérités à la mà- 
choire inférieure; la lèvre supérieure est 
extensible; la ligne latérale est un peu on- 
dulée; les thoracines, plus longues que les 
pectorales, sont comme tronquées oblique- 
ment ; il y a au devant de l'anus une petite 
nageoire à deux rayons. 

La couleur générale de ce trachinote est 
argentée, avec une teinte brune sur le dos. 
Une nuance jaunâtre paroît sur le front. La 
nageoire caudale est peinte de trois couleurs ; 
elle montre du brun, du glauque et du 
jaune : les thoracines sont blanchâtres en 
dedans et dorées ou jaunâtres en dehors; ce 
qui saccorde avec les principes que nous 
avons exposés au sujet des couleurs des 
poissons, et même du plus grand nombre 
d'animaux , et les pectorales ne présentent 
qu'une nuance brune. 

Il paroît, par une note très-courte que j'ai 
trouvée dans les papiers de Commerson, 
que ce naturaliste avoit vu, auprès du fort 
Dauphin de Madagascar , notre trachinote 
faucheur, qu’il regardoit comme un caranx, 
et auquel il attribuoit une longueur d'un 
demi-mètre (un pied et demi). 

B 4 


2 HISTOIRE 


— "55 


a 


SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. 
PAR LACLPÈDE. 
LES CARANXO MO RES. 


Uxs seule nageoire dorsale: point de: 
petites nageoires 'au dessus ni au dessous 
de la queue; les côtés de la queue rele- 
vés longitudinalement en carène , ou une 
petile nageoire composée de denx 'aiguil- 
Jons et d’une membrane au devant de la 
nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale : 
très-prolongée vers celle de la queue; la: 
lèvre supérieure très-peu extensible ; ou 
non extensible: point d’aiguillons isolés 
aü devant de la nageoire du dos. 3 


PREMIBRE E S$S P À CF. 


LE CARANXOMORE PÉLACGIQUE ; Caranx0- 
mrorus pelagicus. — Quarante rayons à la 
nageoire du dos. 

SE DN DE € S PÉ CE. 


LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN ; Caran- 
xomorus plumierianus. — Les pectorales une 


DES CARANXOMORES. 25 


fois plus longues que les thoracines ; la dor- 
sale et l’anale en forme de faux. 


TROISAÈME. ESPÈCE. 


LE CARANXOMORE PILITSCHEI ; CArAnTO- 
norus pilitschei.— Huit rayons aiguillonnés 
et seize rayons articulés à la nageoire du 
dos ; trois rayons aiguüillonnés et quatorze 
rayons articulés à celle de l’anus; la mà- 
choire inférieure plus avancée que la supé- 
rieure; un seul orifice à chaque narine; la 
couleur générale d’un violet argenté. 


40 I F9TO'ERE 


LE CARANXOMORE 
LÉ LA GE QUE... (Us), 
PAR LACÉPÈDE 
PREMIÉRE ESPÈCE. 


Lirs caranxomores différent des caranx 
en ce qu'ils n’ont qu'une seule nageoire 
dorsale ; ils leur ressemblent d’ailleurs par 
un très-grañnd nombre de trails, ainsi que 
leur nom l'indique. 

Le nombre des rayons de la nageoiïre du 
dos distingue le pélagique, auquel on ne 


(x) Caranxomorus pelagicus. 

Scomber pelagicus. Lan. édit. de Gmelin. — Mus, 
AG. Frid.r.,p.72 tab. 30, fig. 3. 

Scombre monoptère. Daubenton , Encyc. méthod.— 


Bonaterre, pl. de l’'Encycl. méthod. 


(2) Scomber pinné dorsali unicä. Lin. Mus. Adolp. 
Frid. loco supra citato. 

Scomber pinnulis pinnäque dorsali coadunatis in- 
NUM... scomber pelagicus. Lin. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 170, sp. 10.— Artedi, Gen. pisc, gen. 2b, 


n° 20. additament. SONNINI 


DES CARANXOMORES. 27 
doit avoir donné le nom qu'il porte que 
pour désigner l'habitude de se temir fré- 
quemment en pleine mer (1). 


(1) A la nageoïre dorsale du péla- 


gique ST at futl ee * + « + 40 rayons. 
. À chacune des pectorales. , . . 19 
À chacune des thoracines. . : 5 


Arceile de laénus ki 420 Ur 22 
À. celle de la queue, qui est très- 
ONCE". SV RE 20 


28 EXES'TOIRT 
LE CARANXOMORE 
PL UMEMA LIEN n, 


PAR LACÉPÈDE. 


SECONDE ESPÈCE. 


Pin M1 les peintures sur vélin du museum 
d'hustoire maturelle se trouve l’image de ce 
poisson, dont on doit le dessin au voyageur 
Plumier. Ce caranxomore parvient à une 
grandeur considérable, et n’est couvert que 
d’écailles très-petites. La nageoire dorsale ne 
commence que vers le milieu de la longueur 
totale de lanimal; elle ressemble presque 
en tout à celle de l’anus, au dessus de la- 
quelle elle est située. La nuque présente un 
enfoncement qui rend le crâne convexe; la 
ligne latérale est courbe et rude ; trois 
lames composent chaque opercule ; les mà- 
choires sont aussi avancées l’une que Pautre; 
le dessus du poisson est bleu, et le dessous 
d’un blanc argenté et mêlé de rougeûtre. 


(1) Caranxomorus plumierianus. 
Trachurus maximus , squamis minutissimis, Manus- 
crits de Plumier, 


DES: CARANXOMORES. ‘9 


L'EMP MENEUS CD E Li) 


Se 


LE CARANXOMORE PILITSCHEI (2), 


PAR LACÉPÉÈDE, 


TR Oo IS TÉEMeB ESP ÉCE. 


Lss écailles qui revêtent le corps et la 
queue de ce poisson sont minces et se dé- 
tachent facilement ; sa ligne latérale suit 
d'assez près la courbure du dos ; sa caudale 
est fourchue ; il ne parvient que irès-rare- 
ment à la longueur de deux décimètres 
(environ sept pouces) ; ses thoracines et la 
nageoire de sa queue sont jaunes ou dorées; 
sa chair est grasse et d’un goût agréable ; on 


(1) Püilitschei, nom de cette espèce en langue ma- 
labare. Par les français qui fréquentent les Indes, 
petit maquereau. En allemand, £lein makrele, En 
anglais , little makrel. SoNNiN1. 

(2) Caranxomorus pilitschei. En langue malabare, 
pilitschei. 

Scombre minutus, Bloch , pl, ccccxxix, fig. 2. 


80 HISTOIRE 

le trouve souvent en très-grand nombre dans 
la mer et dans les embouchures des fleuves 
qui arrosent la côte de Malabar (1). 


(1) 7 rayons à la membrane branchiale du caranxo- 
more pilitscheï. 
16 rayons à chaque pectorale. 
1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chaque thoracine. 
24 rayons à la caudale. 


DES CÆSIO. 31 


RE 
SOIXANTE - CINQUIÈME GENRE, 
PAR LACÉPÈDE. 


LL ESS, C'Æ:S 4 :0: 


Us: seule nageoire dorsale; point de 
petites nageoires au dessus ni au dessous 
de la queue; les côtés de la queue rele- 
vés lonsitudinalement en carène, ou une 
petite nageoïire composée de deux aiguil- 
lons et d’une membrane au devant de Ia 
nageoire de l'anus, ou la nageoire dorsale 
très-prolongée vers celle de la queue; la 
lèvre supérieure très - extensible; point 
d’aiguillons isolés au devant de la nageoire 


du dos. 

PREMIÈRE ESPÈCE. 

LE cæsio AZUROR; cœsio cœrulaureus, —= 
L'opercule branclual recouvert d’écailles 
semblables à celles du dos, et placées les 
unes au dessus des auires. 

SECONDE ESPÈCE. 

LE cÆsio POULAIN; cœæsio equulus, — 
Une fossette calleuse et une bosse osseuse 
au devant des nageoires thoracines. 


92 AIS TO FF 


FE: CÆSIO, AZUKOR ES 
PAR LACÉPÉÈÉDE. 


P RE M D EUR EE. ESP ÉIC E: 


Czxsro est le nom générique donné. par 
Commerson au poisson que nous désignons 
par la dénomination spécifique d’azuror, 
laquelle anaonce l'éclat de l'or et de l’azur 
dont il est revêtu. Le naturalisle voyageur 
a tiré ce nom de cæsio, de la couleur 
bleuâtre, en latin cæsius, de l'animal qu'il 
avoit sous ses yeux. En reconnoissant les 
grands rapports qui lient les cæsio avec les 
scombres, il a cru cependant devoir les en 
séparer. Et c'est en adoptant son opinion 
que nous avons établi le genre particulier 
dont nous nous occupons, que nous avons 
cherché à circonscrire dans des limites pré- 
cises, el auquel nous avons cru devoir rap- 
porter non seulement le cæsio azuror décrit 


(1) Cæsio cæœrulaureus. 

Cæsio dorso cœruleo, tæni& lineæ laterali super- 
ductà, flavescente deauratä, corpore subteriore argenteo, 
caudæ marginibus undique rubentibus. Commerson , 
manuscrits déjà cités. : da 

par 


DES (C'ÆS;r0. 33 


par Commerson, mais encore le poulain 
placé par Forskoœæl, et d’après lui par Bona- 
terre, au milieu des scombres, et inscrit par 
Gmelin parmi les centrogasières. 

L'azuror est très-beau. Le dessus de ce 
poisson est d’uu bleu céleste des plus agréa- 
bles à la vue, et qui, s'étendant sur les côtés 
de l'animal, y encadre, pour ainsi dire, une 
bande longitudinale d’un jaune doré, qui 
règne au dessus de la ligne latérale, suit sa 
courbure, et en parcourt toute l'étendue. 
La partie inférieure du cæsio est d’un blanc 
brillant et argenté. 

Une tache d’un noir très-pur est placée à 
la base de chaque nageoire pectorale, qui 
la cache en partie, mais en laisse paroître 
une portion, laquelle présente la forme que 
l’on désigne par le nom de chevron brisé. 

La nageoire de la queue est brune, et 
bordée dans presque toute sa circonférence 
d’un rouge élégant. L’anale est peinte de la 
même nuance que cette bordure. On re- 
trouve la même teinte au milieu du brun 
des pectorales; la dorsale est brune, et les 
thoracines sont blanchâtires. 

L'or, l'argent, le rouge, le bleu céleste, 
le noir sont donc répandus avec variété et 
magnificence sur le cæsio que nous consi- 


Poiss. Tome VIII. ae 


54 HIS TOIRT 


dérons; et des nuances brunes sont distri= 
buées au nuilieu de ces couleurs brillantes, 
comme pour les faire ressortir, et Lerminer 
l'effet du tableau par des ombres. | 

Cette parure frappe d'autant plus les yeux 
de l'observateur, qu’elle est réunie avec un 
volume un peu considérable, l’azuror étant 
à peu près de la grandeur du maquereau , 
avec lequel il a d'ailleurs plusieurs rapports. 

Au reste, n'oublions pas de remarquer 
que cet éclat et cette diversité de couleurs 
que nous adnnrons en tàchant de les peindre, 
appartiennent à un poisson qui vit dans 
l'archipel des grandes Indes, particulière- 
ment dans le voisinage des Moluques, et 
par consequent dans ces contrées où une 
heureuse combinaison de la lumière, de la 
chaleur, de Flair et des autres élémens de 
la coloration donne aux perroquets, aux 
oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovi- 
pares, aux serpens, aux fleurs des grands 
arbres et à celles des humbles végétaux, 
l'or resplendissant du soleil des tropiques, 
et les tons animés des sept couleurs de larc 
céleste. 

L’azuror brilloit parmi les poissons que 
les naturels des Moluques apportoient au 
Vaisseau de Comimerson, et le goùût de sa 
chair étoit agréable. 


DES:60%48:E,0. #90 


Le museau de ce cæsio est pointu; la 
lèvre supérieure très-extensible ; la mâchoire 
inférieure plus avancée que celle de dessus, 
lorsque la bouche est ouverte; chaque mà- 
choire garnie de dents si petites que le tact 
seul les fait distinguer ; la langue très-petite, 
cartilagineuse, lisse et peu mobile ; le palais 
aussi lisse que la langue ; l’œil ovale et très- 
grand ; chaque opercule composé de deux 
James, recouvert de petites écailles, excepté 
sur ses bords, et comme ciselé par des rayons 
ou lignes convergentes ; la lame postérieure 
de cet opercule conformée en triangle; cet 
opercule branchial placé au dessus du rudi- 
ment d’une cinquième branchie ; la conca- 
vité des arcs osseux qui soutiennent les 
branchies dentée comme un peigne; la na- 
geoire dorsale très- longue, et celle de la 
queue profondément échancrée (1). 


(1) 7 rayons à la membrane branchiale. 
9 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à 
la nageoire du dos. 
24 rayons à chacune des pectorales, 
6 rayons à chacune des thoracines, 
2 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulées à 
celle de l’anus. 
17 rayons à celle de la queue. 


56 HISTOIRE 


BR BOUM ERA TN, Cr): 


LE CR SNO)POULAIN (2), 
PAR UDUAICEPEDE, 


S'FIO ON D EH. E 5 P É C'E. 


Cz poisson a une conformation peu com- 
mune. 

Sa tête est relevée par deux petites saillies 
alongées qui convergent et se réunissent sur 
le front ; un ou deux aiguillons tournés vers 
la queue sont placés au dessus de chaque 
œil; les dents sont menues, flexibles, et, 
pour ainsi dire, capillaires ou sétacées ; 


(1) Le poulain. En arabe, abou kurse , littéralement 
père de la selle, c’est-à-dire , qui porte la selle. 

Scomber pinnulis pinnäque dorsi connatis ...... 
scomber equula. Forskoœl , Faun. Ægypt. Arab. p.58, 
n° 77. — Artedi , Gen. pisc. gen. 25 ,n° 19. additam. 

Centrogaster pinnulis pinnäque dorsi connatis..... 
centrogaster equula. Lin. Syst. nat. edit Gmel. 
gen. 170 bis , sp. 3. SONNINI. 

(2) Cæsio æœquulus. 

Centrogaster equula. Lin. édit. de Gmelin. — 
Forskoœæl , Faun. Arabic. p. 58, n° #7. 

Scombre petite jument. Bonat. pl. de l’'Enc. méth. 


D'ES) 'C Æ SE 0. 57 
Popercule est comme collé à la membrane 
branchiale; on voit une dentelure à la pièce 
antérieure de ce même opercule ; une mem- 
brane lancéolée est attachée à la partie su- 
périeure de chaque nageoire thoracime; la 
dorsale et la nageoire de lanus s'étendent 
jusqu’à celle de la queue, qui est divisée 
ét présente deux lobes distincts; et enfin 
au devant des nageoires thoracines paroit 
une sorte de bosse ou de tubercule osseux, 
aigu, et suivi d’une petite cavité linéaire, 
et également osseuse ou calleuse. Ces deux 
callosités réunies, cette éminence et cet 
enfoncement ont été comparés à une selle 
de cheval; on a cru qu'ils en rappeloient 
vaguement la forme; et voilà d’où viennent 
les noms de petit cheval , de petite jument, 
de poulain et de pouline , donnés au poisson 
que nous exammnons (1). 


me 


(1) 4 rayons à la membrane des branchies. 
8 rayons aïgüillonnés et 16 rayons articulés à 
la nageoiïire du dos. 
18 rayons à chacune des pectorales, 
1 rayon aïiguillonné et 5 rayous articulés à 
chacune des thoracines. 
3 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à 
celle de l’anus, 
17 rayons à celle de la queue. 


C3 


58 HT T'OTRE;: 

Au reste, ce cæsio est revêtu d’écailles 
très-petites, mais brillantes de léclat de 
l'argent. Il parvient à la longueur de deux 
décimètres (sept pouces environ). Forskoœl 
Ja vu dans la mer d'Arabie, où il a observé 
aussi d’autres poissons (1) presque entière- 
ment semblables au poulain, qui n’en dif- 
férent d’une manière très-sensible que par 
un ou deux rayous de moins aux nageoires 
dorsale, pectorales et caudale, ainsi que 
par la couleur glauque et la bordure jaune 
de ces mêmes nageoires, des thoracines et 
de celle de l'anus , et que nous considérerons, 
quant à présent et de même que les natu- 
ralistes Gmelin et Bonaterre, comme une 
simple variété de lespèce que nous venons 
de décrire (2). 


7] 


(1) Scomber pinnis glaucis ,margine flavis. Forskæœl, 
Faun. Arab p. 58. 

Scombre meillet. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. 

(2) Forskœl présente le poisson nommé meillet à 
Dsjidda et berbis à Loheïa ,comme une simple variété 
du poulain. SONNINI. 


DES CÆSIOMORES. 59 


CRE 


SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÉÈÉDE. 


LES CÆSIOMORES. 


Us seule nageoire dorsale ; point de 
petites nageoires au dessus ni au dessous 
de la queue; point de carène latérale à 
la queue, ni de petite nageoire au devant 
de celle de l'anus; des aiguillons isolés au 
devant de la nageoire du dos. 


PB RVE: ML E PR ED) S PV CUE, 


LE CÆSIOMORE BAILILON ; CÆæSi0morus 
Baillonii. — Deux aiguillons isolés au devant 
de la nagcoire dorsale; le corps et la queue 
revêtus d’écailles assez grandes. 


SECONDE ESPÈCE. 


LE CÆSIOMORE BLOCH; cœæsiomorus 
Blochii. — Cinq aiguillons isolés au devant 
de la nageoire dorsale ; le corps et la queue 
dénués d’écailles facilement visibles. 


C 4 


40 HIS TOTRE 


LE CÆSIOMORE BAILLON (i), 
PAP LACÉPEÉDE. 


PARLFIM dE RE, E SP É CE. 


Nous allons faire connoître deux cæsio- 
mores ; aucune de ces deux espèces n’a en- 
core été décrite. Nous en avons trouvé la 
figure dans les manuscrits de Commerson. 
Nous dédions l’une de ces espèces à Baillon, 
l’un des plus zélés et des plus habiles cor- 
respondans du museum national d'histoire 
nalurelle, qui rend chaque jour de nou- 
veaux services à la science que nous culti- 
vons, par ses recherches, ses observations, 
et les nombreux objets dont il enrichit les 
collections de la république , et dont Buffon 
a consigné le juste éloge dans tant de pages 
de cette Histoire naturelle. 

Nous consacrons l’autre espèce à la mé- 
moire du savant et célèbre ichthyologiste, le 
docteur Bloch de Berlin, comme un nouvel 
hommage de l'estime et de amitié qu'il 
nous avoit inspirées. 


(1) Cæsiomorus Baillonii. 


DES CÆSIOMORES. 41 


Le cæsiomore baillon a le corps et la 
queue couverts d’écailles assez grandes, ar- 
rondies, et placées les unes au dessus des 
autres. On n’en voit pas de semblables sur 
la tête, ni sur les opercules, qui ne sont 
 revêtus que de grandes lames. Des dents 
pointues et un peu séparées les unes des 
autres garnissent les deux mâchoires, dont 
l'inférieure est plus avancée que la supé- 
rieure. On voit le long de la ligne latérale, 
qui est courbe jusques vers le milieu de la 
longueur totale de l’animal , quatre taches 
presque rondes et d’une couleur très-foncée. 
Deux aiguillons forts, isolés, et tournés en 
arrière, paroissent au devant de la nageoire 
du dos, laquelle ne commence qu'au delà 
de l’endroit où le poisson montre la plus 
grande hauteur, et qui, conformée comme 
une faux, s’étend presque jusqu’à la nageoire 
caudale. 

La nageoire de l'anus, placée au dessous 
de la dorsale, est à peu près de la même 
étendue et de la même forme que cette der- 
nière, et précédée de même de deux aiguil- 
lons assez grands et tournés vers la queue. 

Ta nageoire caudale est très-fourchue ; 
les thoracines sont beaucoup plus petites 
que les pectorales. 


40 ETS IT OTRE 


LE CÆSIOMORE BLOCH (1), 
PAR LACÉPÉDE. 


SECONDE ESPECE. 


Ce poisson a beaucoup de ressemblance 
avec le baillon : la nageoire dorsale et celle 
de l'anus sont en forme de faux dans cette 
espèce, comme dans le cæsiomore dont nous 
venons de parler; deux aiguillons isolés 
hérissent ie devant de la nageoire de l'anus; 
la nageoire caudalé est fourchue, et les 
thoracines sont moins grandes que les pec- 
torales dans les deux espèces : mais les deux 
lobes de la nageoire caudale du bloch sont 
beaucoup plus écartés que ceux de la na- 
geoire de la queue du baillon ; la nageoire 
dorsale du bloch s'étend vers la tête jus- 
qu'au delà du plus grand diamètre vertical 
de l'animal; cinq aiguillons isolés et très- 
forts sont placés au devant de cette même 
nageoire du dos. La nuque est arrondie; la 


(1) Cæsiomorus Blochii. 


DES CÆSIOMORES. 43 
tête grosse et relevée; la mâchoire supé- 
rieure terminée en avant, comme l'infé- 
rieure , par une portion très-haute, très-peu 
courbée et presque verticale; deux lames au 
moins composent chaque opercule ; on ne 
voit pas de tache sur la ligne latérale, qui 
de plus est tortueuse:; et enfin les tégumens 
les plus extérieurs du bloch ne sont recou- 
verts d'aucune écaille facilement visible. 


44 EP CEES 


PÈCHES DES SCOMBRES. 


Péche du Thon. 


Son ancienneté, À A pêche des thons re- 
monte au moins au siècle d’Aristote ; au rap- 
port de ce philosophe, les fameuses pèches de 
ces poissons éltoient celles qui se faisoient à 
la porle de Bysance, aujourd'hui Constan- 
tinople, qui, pour cetie raison, portoit le 
nom de Corne d’or. Au second siècle de notre 
ère, Oppien a composé un poëme sur la 
pêche, si estimé de l’empereur Caracalla, 
que ce prince fit donner un écu d’or pour 
chaque vers. On y remarque ce passage 
curieux : 

« Les thons, dit le poëte, se jettent en 
foule dans les filets qu'on leur a préparés, 
et dans cette espèce de labyrinthe d’où ils 
ne peuvent plus sortir. Ils sortent du grand 
Océan et viennent au printems dans nos 
mers, lorsque le mâle et la femelle sont 
agités des mêmes desirs. Les fiers espagnols 
les attendent au détroit et les enlèvent les 
premiers ; ils sont ensuite la proie des pè- 
cheurs celtes qui sont à l'embouchure du 


DES SCOMBRES. 45 
Rhône, et des marseillais, anciens habitans 
de Phocée: enfin ils tombent dans les filets 
de ceux qui habitent l’ile de Sicile et les 
bords de la mer Thyrrénienne. 

» Lorsque cette armée printannière cst 
entrée par le détroit, c’est une grande nou- 
velle pour les pêcheurs. Ils choisissent, pour 
les attendre, un lieu du rivage qui ne soit 
ni op resserré, n1 trop exposé au vent, 
mais qui forme une retraite commode. Là, 
sur la cime d’une montagne voisine, est assis 
celui qui veille à la pêche; aussitôt qu'il voit 
venir les thons, il appelle ses compagnons. 
‘Tous les filets sont tendus, et forment des 
appastemens dans la mer; car on y voit un 
vestibule, des chambres, des portes et un 
corps-de-logis enfoncé ». (Liv. 3, v. 8356.) 
Voilà l’origine des madragues , dont je par- 
lerai dans la suite de cet article. 

« Il ne faut pas être surpris, dit Athénée, 
qui écrivoit , dans le même siècle, si les 
béotiens sacrifient aux dieux des grosses 
anguilles ; puisque nos pêcheurs , dans le 
tems où ils prennent les thons, après avoir 
retiré leurs filets , immolent un de ces pois- 
sons à Neptune. Ils avoient aussi coulume 
de lui offrir un pareil sacrifice, avant la 
pêche , pour le prier d’éloigner de leurs filets 


46 PECHES 
le xiphias (l’espadon) qui les déchiroit »: 
(Tav. 17, chap. 207). 

Tems de la péche du thon. Selon le même 
historien on ne pêchoit ce poisson dans 
l’'Hellespont , la Propontide et le Pont-Euxin, 
que depuis le commencement du printems 
jusques vers la fin de l’automne. Du tems 
de Rondelet, écrivain du seizième siècle, 
c'étoit au printems, en automne, et quel- 
quefois en été, qu'on prenoit une grande 
quantité de thons, près des côtes d’Espagne, 
et sur-tout vers le détroit de Gibraltar. 

Quoique depuis le tremblement de terre 
de 1744, les thons se jettent en plus grand 
nombre vers la côte d'Afrique, il n’en est 
pas moins vrai qu'à l'issue de l'hyver, ces 
poissons abondent près des rivages d'Espagne 
et dans toute la largeur du détroit. On en 
pêche en très-grande quantité à Conil, vil- 
lage à sept lieues de Cadix, et au mois de 
mai une affluence de spectateurs jouit de ce 
singulier coup d'œil. (On m'a assuré, dit 
Guys, qu’autrefois le duc de Medina Sido- 
pia s’étoit fait, à Conil, une rente annuelle 
de quatre-vingt mille ducats en thons; 
cependant ce poisson n'est pas recherché 
chez ce peuple ; il est communément plus 
gros et beaucoup moins délicat en Espague 


DES SCOMBRES. 47 


et en Portugal qu'en Provence ». ( Lettres 
sur la Grèce.) 

Sur plusieurs rivages de France et d'Es- 
pagne, voisins de l’extrémité occidentale de 
la chaîne des Pyrénées, on s'occupe de la 
pêche des thons depuis les derniers jours 
d'avril jusqu’en octobre; et dans les autres 

parties du territoire français on est assuré 
que l’arrivée des maquereaux annonce celle 
des thons qu'ils poursuivent pour en faire 
leur proie. 

L’avidité du thon pour les maquereaux 
est si marquée et si connue que, pour les 
attirer dans un piège, il suffit de leur pré- 
senter un leurre qui imite même grossiè- 
rement la forme de ce poisson. Sa voracité 
le porte aussi vivement sur plusieurs autres 
espèces, et particulièrement sur les sar- 
dines , au point que le simulacre imparfait 
de ces petits animaux devient, entre les 
mains du pêcheur , un appât assuré qui 
entraîne le thon avec la plus grande faci- 
lité. Dans les environs de Bayonne sur- 
tout, on fait un très-heureux usage de ce 
moyen; un bateau allant à la voile traîne 
des lignes dont les haims ou hameçons sont 
recouverts d’un morceau de linge, ou d’un 
petit sac de toile en forme de sardine, et il 


43 PECHES 
ramène ordinairement plus de cent cin- 
quante thons. 

ÎManière de pécher le thon. On pêche 
ce poisson au doigt, à la canne, au libouret, 
au grand couple, au thonaire et à la ma- 
drague. 

Péche au doigt. La principale différence 
qu’il y a entre cette facon de pêcher et celle 
qui se fait avec une ligne au bout d’une 
perche, ligne ou canne, dans un petit bateau, 
consiste en ce que la ligne tient à un de ces 
trois instrumens, et elle ne peut être que 
d’une longueur médiocre, au lieu que celle 
qu'on lient à la main peut avoir douze ou 
quinze brasses de longueur. Lorsqu'on ap- 
plique cette méthode à la pêche du thon, 
il est nécessaire que la corde qui sert de 
ligne et l’haun soient proportionnés au 
poids et à la grosseur du poisson; quant à 
l'appât , ce qu’on vient de dire, il n’y a qu’un 
moment, ne laisse rien à desirer. 

La nuit paroît le tems le plus propre à 
cette espèce de pêche. Alors deux hommes 
s'embarquent dans un léger bateau, ayant 
chacun à la main une ligne au bout de la- 
quelle sont des haims amorcés. Ils la tirent 
à bord dès qu'ils sentent qu'il y a quelque 
chose de pris. 

Péche 


Fu 
ñ 


DES SCOMBRES. 49 

Péche à la canne. Cette pêche consiste à 
attacher au bout d’une perche une ligne 
garnie d’un haim, qu'on retire prompte- 
ment , en soulevant la perche, lorsque le 
poisson a mordu à lappât. Le terme de 
canne peut venir de ce qu'au lieu de perche 
on se sert d’un roseau , canna, ou de ce qu’on 
dispose quelquefois les gaules où perches 
pour cette pêche, de manière que, quand 
on ne les emploie pas à cet usage, on s’en 
sert comme de canne à la promenade. 

Les pêcheurs ont coutume de faire leurs 
perches ou cannes d'un bois élastique et 
léger, de coudrier ou de saule : celui de mri- 
cocoulier, qu’on tire de Perpignan pour en 
faire des baguettes de fusil, seroit très-propre 
à cet usage , parce qu'il est léger et plie 
beaucoup sans se rompre. 

Ici, comme dans le paragraphe précéderit, 
Ja ligne sera proportionnée au volume du 
poisson ; sa matière demande quelques ob- 
servalions. 

Des pêcheurs, qui n’y regardent pas de 
fort près, composent leur ligne d’un fil 
retors , bien travaillé et formé de plusieurs 
brins. Il paroît que, pour la pêche du thon, 
cette ligne ne sufliroit pas et risqueroit de 
se rompre : le plus sûr est d'employer une 


Pass. Tome VIII. D 


"So JéNPECHES 

corde assez forte, vu sa longueur ; pour 
résister aux bonds et aux efforts d’un thon 
d’une certaine grosseur. Un assemblage de 
crins bien choisis , et sur-tout bien noués, 
tant entre eux qu'à la canne et au ham, 
semble à quelques pêcheurs préférable à 
l'usage des cordes. Quelques-uns poussent 
l'attention jusqu’à vouloir que la ligne soit 
teinte en gros verd pour mieux imiter la 
couleur des eaux de la mer. Il est facile de 
donner cette teinte au chanvre ; voici la 
méthode pour la faire prendre au crin. 

Il faut prendre une pinie, mesure de 
Paris, de pctite bierre, et une demi-livre 
d'alun; mettre l’un et l’autre, ainsi que les 
crins, dans un pot de terre, qu’on fera 
bouillir doucement une demi-heure. I sy 
formera une écume jaune; alors on ajoutera 
une demi-livre de couperose concassée avec: 
le crin; on fera doucement bouillir le tout 
jusqu'à réduction de moilié , et trois ou 
quatre heures après le refroidissement on 
retirera le crin, qui se trouvera de la cou- 
leur desirée. | 

La ligne destinée à la pêche du thon, 
longue de plusieurs brasses, ne pouvant 
être formée de crins d’une seule pièce, 
il faut nécessairement assembler des mor- 


DES SCOMBRES. 5x 
ceaux séparés, puis les unir solidement et 
les nouer ensemble pour qu'ils puissent 
donner une longueur totale suffisante. Pour 
_ cela on met deux de ces sections de manière 
qu’elles entament un peu l’une sur l'autre; 
on les unit ensuite , par un nœuil, en faisant 
faire deux révolutions aux bouts des crins. 
Quand on a serré le nœud, les crins ne 
peuvent plus se séparer, et l’on coupe avec 
des ciseaux ce qui excède le nœud. On en 
réunit ainsi un nombre suflisant pour faire 
une ligne de la longueur nécessaire. 

Quelques pêcheurs prétendent que, pour 
la pièce qui fait le bout de la ligne du côté 
de l’'haim , il ne faut pas commettre les crins, 
et qu'il vaut nueux se contenter de les tendre 
à côté l’un de l’autre; parce qu’alors, disent- 
ils, les crins paroissent moins dans l’eau et: 
n’effarouchent pas les poissons. Cepentlant 
Pusage le plus commun est de les tordre 
ensemble l’un sur l’autre, pour leur donner 
plus de consistance et de force. 

Lorsque de légers mouvemens imprimés 
à la ligne avertissent que le poisson com- 
mence à attraper l’appât, il faut se modérer 
et lui donner le tems de l’avaler; maïs dès 
qu'on s'aperçoit qu'il y tient bien, on donne 
une secousse pour piquer le poisson, pour 

D 2 


bg © IPECHES 
l’engager à faire entrer la pointe de l’haïm 
dans le gosier; c’est à ce moment que les 
thons se tourmentent beaucoup ; alors loin 
de tirer la ligne, il faut la lâcher peu à 
peu et les laisser se promener de côté et 
d'autre, jusqu'à ce que jugeant qu'ils sont 
fatigués, et que leurs forces commencent à 
manquer, on puisse doucement et sûrement 
les tirer à bord. 

Quelques pêcheurs, employant de gros 
haums et des lignes très-fortes , ont coutume, 
avant de mettre le poisson à l’air, de saisir 
la ligne à la main, et tenant la tête de lani- 
mal élevée, ils lui font avaler de l’eau et 
perdre ainsi bientôt ses forces. Maïs , comme 
en conviennent tous lés gens du métier, les 
grosses lignes et les haims renforcés effa- 
rouchent les poissons, et il n’y a que les 
affamés qui approchent. 

Péche au hbouret. Le libouret est un 
instrament composé d’une corde ou ligne 
principale, à l'extrémité de laquelle est sus- 
pendu un poids de plomb; la corde passe 
au travers d'un morceau de bois d’une cer- 
taine longueur, nommé avalette. Ce mor- 
ceau de bois est passé dans l’un de ses bouts, 
de manière à pouvoir tourner librement 
autour de la corde. Cette avalette est d’ail- 


DES SCOMBRES. 53 


leurs maintenue, à une petite distance du 
plomb, par deux nœuds que l’on fait à la 
corde, l’un au dessous et l’auire au dessus 
de ce morceau de bois. Au bout de lavalette, 
opposé à celui que la corde traverse, on 
attache une ligne garnie de plusieurs eni- 
piles ou petites lignes, qui portent des haims, 
et qui sont de différentes longueurs, pour 
ne point se mêler les uns dans lés autres. 
Cet instrument sert communément pour les 
pêches sédentaires, le poids du plomb por- 
tant toujours sur le fond de la mer. 

D'après cette description on conçoit que 
quand la maîtresse corde est tendue par 
le plomb, l’avalette a la liberté de se mou- 
voir autour de cette corde, et les piles où 
sont attachés les haïms se dirigent sans s’em- 
barrasser l’un dans l’autre, suivant le cours 
de l’eau. Il peut donc se prendre autant de 
poissons qu'il y a de haims, parce que les 
piles étant , ainsi qu’il a été dit, de différentes 
longueurs, les haims ne se rencontreront pas 
les uns vis-à-vis des autres. 

Avec cette espèce d’instrument (Voyez- 
en la figure, planche XX XIV, fig. 2.), la 
pêche se fait à l'ancre : E est la barque dé 
grès; F le cable de l'ancre; G la corde du 
libouret. Le poids doit porter sur le fond. 

D 3 


54 PECHES 


Pour mettre à la mer ce libouret, les trois 
pêcheurs se rangent sur un bord ; une partie 
de la maîtresse corde est levée auprès d'eux 
sur un banc, où elle est roulée sur une 
éspèce de châssis que les pêcheurs nomment 
traillet. | 

ls ’ont pas coutume de jeter le plomb 
à la mer, comme le pratiquent ceux qui 
péchent à la balle, c’est-à-dire, à une mul- 
titude de haims suspendus dans toute la 
longueur d’une ligne ; ils mettent d’abord 
à la mer les piles ou lignes garnies d’appât, 
en les posant doucement avec les mains ; 
on met aussi doucement le plomb et l’ava- 
lette; et la corde se file jusqu’à ce qu’on 
sente que le plomb repose sur le fond. 

Si on vouloit entreprendre cetle pêche 
du bord d’un bateau qui fût fort élevé 
au dessus de l’eau, il y auroit à craindre 
que la maîtresse corde venant à se détordre, 
il en arrivât une confusion et un mélange 
des lignes les unes avec les autres, et il 
n’eu pourroit résulter qu’une assez mau- 
vaise pêche. 

En amorçant les haims du libouret, il faut 
bien avoir soin que les appâts pendent à ces 
haïms, afin que, se mouvant et comme fré- 
üliant dans l’eau, ils soient plus propres à 


DES SCOMBRES. 55 
attirer l'attention du poisson, sur-tout lors- 
qu'on fait une pêche sédentaire , comme 
celle dont il s’agit ici. 

Lorsqu'il est question de relever le hbou- 
ret, chaque pêcheur tire sa maîtresse corde 
à petites brasses ; et quand l’avalette paroît 
hors de l’eau , le matelot le plus près de lui 
üre, le plus promptement qu'il peut, la ligne, 
les empiles et le poisson, tandis que l’autre 
continue à amener la maîtresse corde. Au 
moment où le poisson pris est dans la cor- 
beille , chaque matelot s'empresse de re- 
mettre des appâts à son avalette, et il tend; 
de nouveau, avec les mêmes précautions 
que je viens de détailler. 

Féche au grand couple. Les basques font 
la pêche du thon avec un instrument assez 
approchant da libouretl, et qu’ils appellent 
le grand couple. 

On attache au bout d’ane ligne un mor- 
ceau de fi! d’archal, d’une ligne de diamètre, 
d’un ou deux pieds de longueur, et un peu 
courbé en arc; le milieu est fortifié au moins 
par deux petites jumelles de bois, assu- 
Jetlies par les révolutions d’un fil retors ; au 
centre de l’intérieur de la courbe, on pra- 
tique une petite anse ronde , de corde ;' à 
laquelle tient un poids d’une demi-livre; 

D 4 


56 PIRCHES 


et au point correspondant dans la partie 
convexe , on forme une autre anse ovale 
destinée à attacher la ligne qui porte Île 
couple. 

Les deux extrémités de ce fil d’archal 
sont aplaties comme le bout du corps des 
haims, et on y attache plusieurs fils de lon- 
gueurs inégales, en sorte que les plus courtes 
aient au moins une brasse. 

Sur la côte de Normandie, les pêcheurs, 
en se servant de cet appelet pour d’autres 
espèces de poissons, ne montent qu’une 
chaloupe; au lieu que les basques, accou- 
tumés à l'appliquer en grand à la pêche du 
thon, se mettent huit ou dix hommes dans 
une barque; chacun Jette son couple à la 
mer , et le retire lorsqu'il croit avoir pris 
quelque chose. 

Comme on tient les lignes qui répondent 
aux couples plus longues les unes que les 
autres , les haims occupent une grande 
étendue de mer, dans laquelle se dévelop- 
pant comme un vaste éventail, il se pré- 
sente toujours des poissons à différentes 
profondeurs et à des rayons fort étendus. 
Cette pêche se fait tantôt à l’ancre, et tantôt 
en portant peu de voile. 

Péche au thonaire. Le thonaire, espèce de 


DES SCOMBRES 


filet destiné en Provence à la pêche du 
thon , est ou sédentaire, et alors dans le 
pays il se nomme thonaïre de poste; ou il est 
dérivant , et il s'appelle courantille, dans la 
plupart des endroits de la Provence. 

Le thonaire de poste est composé de trois 
pièces de filet, jointes les unes au bout des 
autres ; chacune ayant quatre-vingts brasses, 
le filet entier est de deux cent quarante; , 
sa chüte est de six brasses, mais on la double 
en joignant deux pièces l’une au dessus de 
l'autre. 

Le bas du filet n’est pas plombé, mais on 
attache, de dix en dix brasses, à la corde 
qui le borde, des cablières, chacune du poids 
de dix à douze livres. La tête du filet est 
soutenue par cent soixante nattes ou flottes 
de liège, distribuées à une brasse et demie ou 
deux les unes des autres. Le filet s'établit, un 
bout à la côte et l’autre au large, d’abord 
en ligne droite, ensuite on lui fait décrire 
un crochet. 

Le bout qui tient à la terre est fixé par 
un grapin , où ampin de fer, qui pèse environ 
un quintal; le reste flotte au gré du cou- 
rant. Comme les thons suivent ordinaire- 
ment les côtes, lorsqu'ils rencontrent le 
filet, ils le côtoient dans sa longueur; et 


b8 PECHES 


quand ils sont parvenus au contour de l’ex- 
trémité, 1ls s’effarouchent, s’agitent et s’em- 
barrassent eux-mêmes dans le filet, où quel- 
quefois viennent aussi se prendre d'autres 
gros Poissons. 

L'autre espèce de thonaire , nommée cou- 
rantille , est abandonnée à elle-même et dé- 
rive au gré du courant. Ce second filet, com- 
posé comme le précédent et avec les mêmes 
mailles , est communément plus long, étant 
formé de trois ou quatre pièces; sa chüte est 
de six à sept brasses. La tête est garnie de 
quelques nattes de liège, pour se soutenir , 
ainsi que d’un quarteron de liège distribué 
en six pièces sur chaque brasse ; mais on 
ne met point de cablières au pied. Un 
seul liband d’auffe, long de trente brasses, 
fait descendre le filet dans la mer, en sorte 
qu'il y en ait une partie qui flotte, pen- 
dant que l’autre est à quelque distance 
du fond. Ce filet devant faire une panse ou 
bourse , les mailles ne sont attachées à la 
monture que de quatre en quatre. 

La courantille se jette en ligne droite, 
au gré des courans, en faisant attention 
qu'ils puissent la prendre de plein et l’entrai- 
ner. Un bateau monté par quatre hommes 
s'attache à un bout du filet et le laisse déri- 


DES SCOMBRES. 5 


ver et emporter par les courans, de manière 
qu’on relève quelquefois, à deux ou trois 
lieues de l'endroit où l’on avoit calé; c’est 
ordinairement la nuit qu’on cale et on re- 
lève le matin. Il faut observer qu'en Pro- 
vence, comme dans le goife de Messine, 
cette pêche n’est permise que depuis le 
milieu de juin jusqu'au commencement 
d'avril. 

La pêche de la courantille se pratique 
aussi à Leucatte, près de Narbonne. Le 
filet est composé de huit pièces, chacune de 
trente à quarante brasses de longueur. Dans 
le bateau il y a toujours un pêcheur de 
veille , qui tient la corde à laquelle le 
filet est attaché. Lorsqu'il s’aperçoit que les 
thons ont donné dedans, il éveille ses cama- 
rades ; alors tous saisissant la tête du filet, 
ils se halent dessus , jusqu’à ce qu'ils sentent 
les efforts des poissons pour se dégager ; 
c’est le moment de soulever le filet pour 
prendre les thons ; dès que le filet est débär- 
rassé , on le replonge , on va reprendre son 
amarre , et la pêche continue. 

Péche à la madrague. C’est ici le mode 
solemnel de la pêche du thon, et un des 
spectacles le plus curieux de l'industrie des 
hommes. 11 n’est plus question d’un simple 


= 


6o PECHES 


filet à prendre un certain nombre de ces 
poissons , ce sont des parcs entiers, des 
appartemens , des chambres de mailles , 
enfoncés au fond de la mer pour prendre 
des quantités incroyables de thons. Les cloi- 
sons qui forment ces chambres sont soute- 
nues par des flottes de liège étendues au 
moyen d'un lest de pierres maintenues par 
des cordes, dont une extrémité est atlachée 
à la tête du filet, et l’autre amarrée à une 
ancre. 

Comme les madragues sont destinées à 
arrêter les grandes troupes de ces poissons 
au moment où ils abandonnent les rivages 
pour voguer en pleine mer, on établit entre 
la rive et la grande enceinte une de ces 
longues allées qu'on appelle chasses ; les 
thons suivent cette allée, arrivent à la ma- 
drague , passent de chambre en chambre, 
parcourent quelquefois, de compartiment 
en compartiment , une longueur de plus de 
mille brasses, et parviennent enfin à la 
dernière chambre que l’on nomme chambre 
de la mort, corpon ou corpou. 

Pour forcer les thons à se rassembler 
dans ce corpou, qui doit leur devenir si 
funeste , on les pousse et on les presse par 
un fiiet long de plus de vingt brasses, tendu 


DES SCOMBRES. 61 


derrière ces poissons, au moyen de deux 
bateaux, dont chacun soutient un des angles 
supérieurs du filet, et que l’on fait avancer 
vers la chambre de mort. Quand les pois- 
sons sont rassemblés et entassés dans ce 
corpou, plusieurs barques chargées de pê- 
cheurs s’en approchent ; on soulève les filets 
qui forment cette enceinte particulière, on 
fait monter les thons très-près de la surface 
de l’eau , on les saisit à la main, ou on les 
enlève avec des crocs. 

On peut bien imaginer que tous les voya- 
geurs qui vont en Provence sout infiniment 
curieux de voir une madrague, et combien 
ils sont satisfaits s'ils sont assez heureux 
pour être témoins d’une pêche abondante. 

« C’est un spectacle admirable, dit le 
célébre Duhamel , que de voir quelquefois 
sept à huit cents poissons, dont quelques- 
uns pèsent cent cinquante livres, rassemblés 
dans un compartiment qu’on nome le 
corpou , dans lequel on en aperçoit qui font 
des efforts considérables pour s'échapper ou 
pour se défendre contre ceux qui veulent 
les prendre........ Le comhat qui se fait 
entre les pêcheurs et les poissous , les cla- 
meurs des spectateurs, où se mele souvent 
l'harmonie de plusieurs cors de chasse, 


62 P EC H'ES 
joint à la légèreté et à l’activité des pêcheurs 
provençaux , sont un spectacle très-amu- 
sant, el qui ne sort point de la mémoire 
des voyageurs qui l'ont vu ». 

«On accouit à ces madragues, ajoute le 
docte Lacépède, comme à une fête....... 
on s’enutoure d’instrumens de musique : et 
quelles sensations fortes et variées ne font 
pas, en effet, éprouver l’immensité de la 
mer , la pureté de l'air, la douceur de la 
température , l'éclat d'un soleil vivifiant , 
que les flots mollement agités reflechissent 
et multiplient, la fraicheur des zephirs, le 
concours des bâtimens légers, l’agilhité des 
marins , l’adresse des pêcheurs, le courege 
de ceux qui combattent contre d'énormes 
animaux, rendus plus dangereux par leur 
rage désespérée , les élans rapides de lim- 
patience, les cris de joie, les acclamations de 
la surprise, le son harmonieux des cors, le 
retentissement des rivages, le triomphe des 
vainqueurs et les applaudissemens de la 
multitude ravie » ! 

Tous ces détails et ces tableaux font naître 
dans l'esprit du lecteur un desir ardent de 
connoiître à fond tous les procédés de cette 
espèce de pêche ; je vais mettre sous ses yeux 
la description extrêmement exacte qu’en a 


Un 


À | 


— 


ec 


7 | 
SU xXXXT. SALE. 


AOPanCP00CP 209002 


| 2e cesechecsesocee ee22eee 


lz 


De J'eve del. VE L'uardieu S 
LA MADRAGUE. ; 


DES SCOMBRES. 63 


donnée Broquier , ingénieur et constructeur 
de vaisseaux, au département de "l'oulon, 
telle que la présente le Traité des pêches, 
édition de Lausanne. 

Madrague de Toulon. La madrague copiée 
par cet oïficier, après avoir été témoin de 
tout , étoit placée au nord de la montagne 
des signaux, c’est-à-dire, au midi de l’en- 
trée de la rade de ‘Toulon. Elle étoit tendue 
à deux cents brasses de la côte ; ainsi sa 
chasse ou sa queue devoit avoir une pareille 
étendue. La longueur de celte madrague 
est de cent vingt- deux brasses, savoir ; la 
chambre F, seize brasses ; celle P, vingt-sept 
brasses ; celle O, vingt brasses ; celle Q, 
vingt - huit brasses, et la cinquième, Y, 
trente et une brasses. (Voyez la pl. XXXV, 
figure 1. ? 

« Les différens compartimens ont chacun 
leur nom particulier , dit le savant ingénieur 
dont Je viens de parler, très-différent de ceux 
que j'ai pris à Bandol , et que j’emploirai pour 
l'explication de la grande madrague ». 

La première chambre, F, fig. 1,s2 nomme 
à Toulon, bourdonnoro ; la seconde, P , qui 
forme la grande entrée , s'appelle le /arat; 
la troisième , O, le gardy ; la quatrième, 
Q , le pichou; la cinquième, Y , est composée 


64 PECHES 

de trois parties qui ont aussi leur nom parti- 
culier : la première, g À i k, longue de dix- 
huit brasses, s'appelle le gradou ; la seconde, 
zkop, le gravicheli ou gravichelli; sa lon- 
sueur est de huit brasses; enfin la troisième, 
o p TT, qui a cinq brasses, se nomme le 
corpou. 

La grande entrée, a e, est de toute la 
longueur du furati; cette partie n’est point 
garnie de filets et ne se ferme jamais. La 
largeur de la madrague en x t, en a d, 
etene f, est de vingt-huit brasses. Elle en 
a vingt-cinq en b c, dix-huit en g =, qui 
est l'entrée du gradou, et elle se réduit à 
cinq brasses à l’extrémité du corpou, TT. 

Quoique cette madrague ne soit établie 
qu’à quinze brasses de profondeur, les filets 
qui en forment les murailles ont vingt-une 
brasses de hauteur , pour leur donner du 
jeu ; on fait ordinairement ce jeu du tiers 
de la hauteur du filet , c’est - à - dire, que, 
pour un fond de seize brasses , le filet des 
murailles doit avoir vingt-trois à vingt- 
quatre brasses de hauteur. Les mailles de 
ce filet sont de onze à la brasse , qui est de 
cinq pieds trois pouces. 

Les filets qui forment l'enceinte des ma- 


dragues sont de simples nappes, dont le pied 
est 


DES SCOMBRES. 65 


est assujetti au fond de la mer par des 
pierres, et la têle retenue à la surface de 
l'eau par des nattes de liège. Ainsi, il n’y 
a point de filet tendu sur le fond de la mer 
d’une muraille à l’autre. Les libands ou 
ralingues qui bordent le filet, haut et bas, 
doivent avoir beaucoup de force ; ceux des 
murailles ont six pouces de grosseur. 

Le bourdonnoro F', et le gardy O ne sont 
séparés de la grande entrée P, que par une 
demi - cloison, a g, em; de sorte que la 
parlie d g, et celle f m, sont tout à fait 
ouvertes. 

L'ouverture 8 », du pichou Q, est fermée 
par un filet dont les mailles ont environ 
dix-huit pouces en carré; il doit être exacte- 
ment tendu ; on ne le laisse jamais tomber, 
les poissons traversant librement ses mailles. 

Enfin la porte de la dernière chambre Y 
est terminée par un filet dont les mailles 
sont environ onze à douze à la brasse. On 
le fait tomber quand on veut faire passer 
le poisson dans le corpou. L'arrangement 
de cette porte étant très-ingénieux , il con- 
vient de s’y arrêler un moment. 

À chaque coin Let g, on place une pièce 
de filet triangulaire R, fig. 2 et 3, nommé 
giron, et dont les trois côtés qui sont égaux 

Poiss. Tome VIII E 


66 P:E.C I ES 


ont chacun dix-huit brasses. Le côté G KE 
est cousu perpendiculairement au filet de 
la muraille, à l’endroit où est la porte, en 
sorte que la pointe Lest tout à fait au fond 
de la mer ; et le côté LS est cousu avec le 
côté vertical du filet de la porte, de ma- 
nière que, lorsqu'on laisse tomber celle-ci, 
les pointes S des girons l’accompagnent 
jusqu'au fond de la mer; et quand on veut 
la fermer en halant sur les cordes X X, 
les girons se replient sur les côtés, eb 
servent à Joindre exactement la porte avec 
la muraille; ce qui empêche que le poisson 
né puisse s'échapper entre-deux. La porte Y, 
planche XX XVI , est fermée; et les girons 
pliéssur les côtés sont marqués parM m, Nn. 

Il reste à faire connoître dans la pl XX XV 
la dernière chambre Ÿ , qui est celle de la 
mort du poisson, et par là devient la plus 
intéressanie. 

Nous avons déjà dit qu’elle étoit composée 
de trois parties formées de trois sortes de 
filets, joints bout à bout les uns aux autres, 
par des nœuds qui en réunissent les mailles. 

Le premier de ce filet Y, nommé le gradou, 
fig. 4, a des mailles de quinze à la brasse. Il 
est arrêté par un de ses côtés B au fond de 
la mer,au moyen d’une corde à chaque bout 


fLXXXVT. 


(} 
(UYY 
no 
DU 
AA 


(| 
| 


à 
\, 
! 
of) 
y 


j 
À 
K 
() 
0 
(x) 
| 
d 


(A 
v 


(L 


Æ 


\ 


\ 


À) 
À 
ù 
vi 
il 


} 


il 
do { 
1108 


À 1 


40 
L 


| 


(11) 
(1 
lt 


LA MADRAGUE . 


V'Tardeu Y. 


DES SCOMBRES. 6 


de laquelle est une pierre du poids de deux 
quintaux L L, fig. 2 ; c’est à cette corde 
qu'est aussi arrêtée par le bas la porte dont 
on vient de parler. À cette même corde enfin 
est cousu un troisième filet d'environ quinze 
brasses de long, qui s'étend dans le fond 
de la chambre Q, dite du pichou, et qui 
est destiné à empêcher que le poisson ne 
puisse passer par dessous celte corde, dans 
le cas où elle viendroit à se lâcher un peu. 

Ce gradou, dans la moitié de sa longueur, 
traîne au fond de la mer, et l’autre moitié 
s'élève par dégrés en faisant la coquille. 

Le gravicheli Z, qui vient après, et dont 
les mailles plus serrées sont de dix - huit à 
Ja brasse, s'élève toujours de plus en plus. 

Eafin le corpou &, dont les mailles sont 
presque fermées, vient se terminer oblique- 
ment à la face de la mer, C, fig. 4. 

Ces trois filets forment enseinble un plan 
incliné, un peu concave. Il faut remarquer 
que, dans cette dernière chaimbre, les filets 
des murailles doivent suivre, quant à la 
grandeur des mailles, celle des filets du fond 
qui y correspondent, ou plutôt ce sont 
les mêmes filets qui forment les murailles 
et le fond. Le corpou est quelquefois de 


chanvre, mais le plus souvent d’auffe comme 
FE 2 


63 PUB CH E,5 
le reste, à la différence près, que les cor- 
dons en sont beaucoup plus forts. 

Pour pècher le corpou, on attend que le 
poisson se soit rendu dans le pichou Q; 
c'est dans cette seule chambre que lon fait 
la chasse. On se sert pour cela d’un filet 
d'environ vingt-huit brasses de large, lesté 
par un des côtés, avec des bagues de plomb, 
et qu'on place d’abord verticalement en c à, 
fig. 1, tout près de la porte, de manière que 
les plombs effleurent le fond sans appuyer 
dessus. On le promène ensuite dans le pichou, 
en le faisant avancer, toujours bien tendu, 
de à vers h, et äe c vers g, par le moyen de 
deux bateaux, qui en retiennent les angles 
supérieurs. Le filet dont il est ici question 
s'appelle l’engarre, et la manœuvre engarrer 
le poisson. T'ant qu'on chasse ou qu’on en- 
garre dans le pichou Q, on tient la porte 
du gradou abaissée ou ouverte. 

Le rey ou chef, pendant cet examen, est 
en vedette sur un bateau A, pour observer 
l'entrée du poisson dans le gradou Y , et 
l'on ne relève le filet qui ferme la porte 
que quand il ex donne le signal. 

_ Lorsque les bateaux qui chassent sont 
arrivés, l’un en À et l’autre en g, le ba- 
teau À commence à soulever le gradou; 


DES SCOMBRES. 6g 


pour cela sept à huit hommes, tous placés 
sur le même bord, l’estomac appuyé sur le 
plat bord, saisissent le filet avec leurs mains 
et halent dessus, planche XX X VE. 

Avançant toujours dans cette situation, 
ils rejettent à la mer la portion du filet 
qu'ils ont amené à la surface de l'eau, et 
le bateau passe par dessus. Lorsqu'il a tra- 
versé le gravichel Z, pl. XX XV, fig. 1, et 
qu'il est arrivé au corpou, on accroche le 
filet au plat bord de ce bateau ; comme il est 
déjà accroché au bateau qui est au bout du 
corpou, et aux deux qui sont sur les côtés, 
ce que l’on voit à la pl. XX XVI. Far cette 
manœuvre, tout le poisson qu'on a conduit 
dans le corpou se trouve presque à la surface 
de l’eau, ou on le prend quelquefois en le 
harponnant, ou en l’assommant, ou à bras; 
car il y a des pêcheurs qui se jettent dans 
le filet pêle-mêle avec le poisson, pour le 
saisir à force de bras. 

Les bateaux mis à la tête et aux deux 
côtés du corpou, sont destinés à prévenir 
que le poisson ne s’élance lorsqu'il se sent 
resserré , et qu’il ne tombe à la mer; précau- 
tion nécessaire, puisqu'il arrive assez sou- 
vent que des poissons, qui s’élancent pour 
franchir le filet, retombent dans les bateaux, 


E:3 


70 P'ARCTE S 

& Jai déjà prévenu, dit Duhamel en 
finissant de donner, d’après Broquier, la 
description de la madrague de Toulon, que 
je ne l’avois pas examinée, el que je n’en 
parlois que d’après les mémoires que m'’a- 
voit adressés Broquier. Mais j'ai vu la belle 
madrague de Bandol, qui passe pour la plus 
étendue de toutes celles qui sont en Pro- 
vence. J’ai essayé de prendre sur les lieux 
mêmes le plus d’éclaircissemens qu'il m'a 
été possible.... Je crois que la madrague 
qu'a décrite Broquier, est une des plus 
petiles...... Les détails où Broquier est 
entré me mettent en éiat d’abréger beau- 
coup la description de celie de Bandol, dont 
1l va être question ». 

Îadrague de Bandol, d'après Duhamel. 
A B, planche XX XV, fig. 6, est la queue 
de la madrague, qui fait le même effet que 
ce que les pêcheurs parquiers nomment /a 
chasse. C'est un filet d’auffe, semblable à 
celui qui fait lenceinte üe la madrague. Il 
est tenu verticalement par du lest de pierres, 
dont on garnit le pied, et des nattes de 
liège attachées à la ralingne de la tête. 
Cette muraille du filet, comme disent les 
pêcheurs provençaux , doit s'étendre depuis 
la madrague B jusqu'à la côte À. On assure 


DES SCOMBRES. 71 
que celle de Bandol a près de mille toises 
de longueur. Quand les thons, qui longent 
la côte par bandes, rencontrent ce filet, 
ils le suivent, et sont par là déterminés à 
entrer dans la madrague, comme on va 
l'expliquer. 

Quoique cette grande madrague soit lon- 
gue de mille toises, ou à peu près, elle na, 
dans sa plus grande largeur, que le quart 
de celte étendue. 

T'TTT est l'enceinte de cette madrague, 
formée par des filets d’auffe , tenus vertica- 
lement, comme on l’a dit de la madrague 
de ‘Toulon, par du lest de pierres, des 
flottes ou nattes de liège, et affermie par 
des cordes V, amarrées d’un bout à la tête 
du filet, et de l’autre à des ancres moxillées 
au fond de la mer. 

Cette grande enceinte est divisée, par des 
cloisons de filets, en cinq compartinens 
qu'on nomme chambres. | 

La chambre G est dite de la grande en- 
trée. Elle n’a point de filet en ab; il nya 
qu’une corde, soutenue par des lièges, Ja- 
quelle sert à entrelenir la laison de ia mu- 
raille en cette partie. On peut regarder cette 
chambre comme un vestibule ou une pièce 


de distribution, dans laquelle se rendent les 
E 4 


m2 PECHES 

thons qui, venant du côté de de, et élant 
arrètés par la queue À B, la suivent et ar- 
rivent à cette chambre G. Les poissons qui 
sont dans celte chambre peuvent entrer 
dans la chambre F, qu'on nomme, à Bandol, 
la chambre du‘evant, par un endroit P, où 
il n’y a point de filet, mais seulement une 
corde garnie de liège. 

D'autres thons, prenant une route con- 
traire, passent dans la chambre O , nommée 
à Bandol /a première chambre du couchant, 
par une ouverture qui est en C,oüiln'ya 
point de filet, mais seulement une corde 
garnie de liège. Il y a ordinairement en cet 
endroit nn bateau de garde. 

À la cloison qui sépare la chambre O d’avec 
la chambre D, nommée seconde chambre du 
couchant, 1l y a vers E un espace qui n’est 
formé que par un filet à très-grandes mailles, 
au travers desquelles les thons passent sans 
difficulté. A portée de là est un bateau, 
d'où l’on peut observer si le poisson se rend 
dans la chambre D. 

Quand les thons y sont entrés, il s’agit 
d'y faire passer ceux qui sont dans la 
chambre F, dite du Zevant. Pour cela on 
se promène dans la chambre F avec le ba- 
teau 5, faisant du bruit et battant l’eau. Les 


DES SCOMBRES. 75 
poissons effarouchés sortent de ouverture P, 
et traversant la chambre G, ils entrent par 
l'ouverture C dans la chambre O, et ensuite 
dans celle D, traversant un filet à grandes 
mailles. 

Il est bon de faire remarquer que les 
croisées g qu'on aperçoit sur les cham- 
bres O D, I M, ainsi que la corde g qui est 
auprès de la grande entrée, sont de simples 
cordes qui ne portent point de filet , et sont 
seulement garnies de nattes de liège. Elles 
ne servent qu'à donner de la fermeté aux 
filets qui forment les chambres et la queue; 
ce qui est nécessaire à raison de leur grande 
étendue. 

I! faut encore arrêter ici les yeux du lec- 
teur sur un agrandissement nommé /a pe- 
tite entrée, qui est à la grande madrague 
de Bandol, et non à celle de ‘Toulon, dont 
on a parlé en premier lieu. 

* En se rappelant ce qui a été dit, on 
conçoit que les thons qui suivent la direc- 
tion d e, étant arrêtés par la queue ou 
chasse À B, sont déterminés à entrer dans 
la madrague par la grande entrée a b ; mais 
ceux qui suivroient la route m 7 ne pour- 
roient y entrer à cause de l’obstacle qu’y 
fait la queue À B, laquelle s'étend jusqu'à 


74 PHRNCAITE:S 

la côte. C'est pour retenir ceux-ci qu'on 
pratique la petite entrée H, par laquelle 
ils se rendent dans la chambre Ï, et ensuite, 
par le passage L, dans la chambre M, puis 
dans celie D, par le passage N. 

Lorsqu'il y à une assez grande quantité 
de thons dans la chambre D, on les fait 
passer dans celle de mort Ÿ, et on les ras- 
semble dans le corpou Z. Cette opération 
bien expliquée dans la madrague de Toulon, 
dispense ici d'aucun détail. 

Quoique très-ordinairement on ne lève le 
filet de la chambre Y qu’une fois le matin, 
au point du jour , et une autre fois le soir, 
à la brune, on le relève néanmoins trois 
ou quatre fois dans une journée, lorsque le 
poisson s’y présente en abondance. 

Il y a des propriétaires de madragues qui 
font de ce corpou Un réservoir de poissons, 
où ils ne prennent les thons qu’à mesure 
qu'ils savent en avoir un débit avantageux. 

Ea pêche à la madrague, qui exige de 
grands frais, est très-lucralive quand Île 
poisson donne abondamment à la côte ; mais 
elle est casuelle , et dans certaines années 
on a peine à se rembourser de ses dépenses. 

On peut servir les petites madragues avec 
dix ou douze hommes, y compris le chef, 


DES SCOMBRES. 75 
qu'on nomme rey, et l'écrivain; il faut 
quatre bateaux de vingt-cinq pieds de lon- 
gueur, et un de trente ou trente-cingq pieds, 
qu’on place à la tête du corpou ; mais lés 
grandes madragues demandent beaucoup plus 
de monde et de plus grands bateaux. 

Observations sur la construction des ma- 
dragues. En observant attentivement la cons- 
truction des madragues , ajoute le savant 
Duhamel dans louvrage ci- dessus cilé, 
on doit être surpris de voir les poissons se 
laisser prendre dans ces enceintes de filets, 
pendant qu'ils ont autant de facilité pour 
en sortir qu'ils en ont eu pour y entrer ; 
mais ils ne faut pas avoir long-tems suivi 
cette pêche et observé les mouvemens des 
poissons dans les madragues , pour être 
pleinement rassuré à cet égard. En effet, le 
poisson qui aime à faire route parallèlement 
à la côle, suivant la ligne de, pl. XXX V, 
fig. 6, étant arrivé par la queue À B, il 
la cotoie jusqu’en b, où, ne trouvant plus 
d'obstacle suivant sa première direction, il 
la reprend et entre par l’ouverture C dans 
la chambre O. Il peut bien s’en égarer plu- 
sieurs dans la chambre F'; mais apercevant 
des poissons dans celle O, ils traversent la 
grande entrée G et s’y rendent. Quelques 


76 PECHES 


autres, pour suivre la direction de leur 
prennère route, passent dans la chambre D, 
en traversant le filet à larges mailles. 

Comme toutes les ouvertures des diffé- 
rentes chambres sont du côté de Penceinte 
du fond, les poissons la suivent, ainsi qu'ils 
ont suivi la queue, et cela d'autant plus 
volontiers que celte muraille étant paral- 
lèle à la côte, elle se trouve dans la direction 
de la route qu'ils veulent suivre ; et les 
demi-cloisonus ne sont point inutiles, puis- 
qu’elles obligent les poissons de se porter 
auprès de la muraille du fond. 

On a peine à concevoir d'abord à quoi 
sert le filet à grandes mailles qui est entre 
la chambre O et celle D; car il semble que, 
si les thons ont franchi ce filet pour entrer, 
ils peuvent de même le traverser pour en 
sortir, Mais les pêcheurs assurent unanime- 
ment que cela n'arrive jamais ; et ils disent 
que, quelque grandes que soient les mailles 
du filet E, les poissons ne manquent guère 
de se froisser en le traversant; ce qui, 
ajoutent les pêcheurs, les effarouche telle- 
ment au’ils s’en éloignent aussitôt, et évitent 
de rencontrer ce filet. Aussi voit-on plus 
de thons qui essayent d'entrer dans la 
chambre Ÿ, au travers des mailles, plutôt 


DES SCOMBRES. 77 


que de revenir sur leurs pas, et de traverser 
le filet à grosses mailles. 

C’est en étudiant ainsi l'instinct des pois- 
sons qu’on est parvenu à simplifier les ma- 
dragues, et à supprimer des filets qu’on 
tendoit pour fermer les portes, lorsque le 
poisson est entré dans une chambre. Il n’y 
avoit autrefois qu'un tiers de Ja cloison qui 
sépare la chambre O de la chambre D, qui 
fût à grandes mailles. 

On a de même trouvé plus à propos 
d'élargir toutes les portes et de les laisser 
ouvertes, pour qu'à toute heure du jour et 
de la nuit les poissons puissent entrer dans 
la madrague. 

On prétend que, quand les thons sont 
effarouchés ou par les pêcheurs, ou par 
quelque requin, ils plongent jusqu’au fond, 
mettent la tête dans l’algue et ne remuent 
plus. C’est ce qui arriva, dit-on, lorsque le 
duc de Penthièvre fut, en passant, voir les 
madragues de Toulon. Le cortège étoit des 
plus nombreux, et la mer couverte de 
canots. Mais, de deux cents thons qu’on 
savoit être dans la chambre D, il ne fut 
pas possible d’en faire monter un seul dans 
le corpou Y, et la pêche se reduisit à quel- 
ques livres de petits poissons. Ces mêmes 


78 PÉCHÉS 


thons se remontrèrent le leademain comme 
d'eux-mêmes, et la pêche fut abondante. 

Préparation des thons après la péche. Le 
produit de la pêche, amené à terre dans 
plusieurs barques, est sur le champ déposé 
en masse dans de grandes halles couvertes, 
et établies au bord de la mer ; mais avant 
d'y introduire le poisson, on lui coupe la 
tête avec une espèce de hache destinée à 
cet usage. Cette opéralion faite, chaque 
poisson, quelque énorme que soit son poids, 
chargé sur les épaules d’un seul portle-faix, 
est porié au grand magasin, à demi-décou- 
vert, et ceint de murailles, auxquels on 
suspend tous les thons sur la même ligne, 
et par la queue, au moyen d'un lacet de 
grosse corde. 

Là commence une boucherie, qui, à 
raison de l'adresse et de la célérité des exé- 
cuteurs, pourroit arrêter la curiosité, si 
l'abondance du sang, qui ruisselle de tous 
côtés, n’en éloignoit l’homme sensible ; en 
un clin d'œil les chairs sont séparées en six 
parties de différentes espèces, chacune des- 
tinée à sa salaison respective ; ce qui s’exé- 
cute tout de suite et avec le plus grand 
soin, sur-tout la chair des petits thons, que 
lon fait bouillir dans l’eau de mer, pour 


DES SCOMBRES. 79 
en former ensuite ce qu'on connoit en Eu- 
rope sous le nom de thon marine. 

Les œufs et le foie sont salés à part; 
ceux-là de la même façon que la poulargue, 
à laquelle ils ressemblent un peu, quoique 
moins délicats, à ce qu’on assure, et mis 
ensuite dans des presses; le foie s'arrange 
d’après le même procédé. 

J'ignore à quelle somme peut s'élever le 
produit annuel de nos madragues de Pro- 
vence; Azuni (Histoire de la Sardaigne, 
tom. II) évalue celui des pêches en Sar- 
daigne à près d’un million de notre monnoie. 

« La preuve de la richesse de nos ma- 
dragues , dit-il, paroîtra plus clairement par 
le tableau ci-après, qui contient leur situa- 
tion , leurs noms et le produit annuel en 
1778, les circonstances présentes m’ayant 
empêché d'avoir un état plus récent, qui 
porteroit sans doule à un revenu plus con- 
sidérable les pêches actuelles », 


PÆE:CÉE S 


80 


EUPR 

+ + wopi 

‘u99 ‘d G 9T 

ee ete + “onn18 

* ‘SApIES SN99 000“G 
*Sapies sn929 000(G& 
*SHpiUS Sn99 00007 

* + + + -sopies sn99 000‘ 
+ + + *119p1 JU99 ‘À G 9T 
‘ayo9d er op 3u99 ‘d ç arr 


“ «+ ‘SUR. G* AnOÛ. 51/0149 
* + + + *sopies sn29 009€ 


SN OLA, VO-O'T 


nor 

HO AE 

HO 

+ + + + ‘IOY 9T 

* + * ‘alxIX ‘S 9p on( 
Wet NOIRE 6Pp ON(T 
"CUIUEUPIfI À 9p smbreyy 
* _"UO9JHJUO 2p 201) 
us see © - sOL OT 
* + + ænbseg smbaey 


*PABUISY,J 9P On 
“enbseg smbiey 


‘4n0794 9p ondD1poui ‘en 
LABS er "BICUOOIN 
16 ie ON T*OJIDT 


0901JUY 'S OIL ) Woqes-v[P9 
(ottorx *ç apr) riSourA-ve9 
"mes. *. 00 STrOSNCEOIIOT 
mme c°-7 QUPTHEPTOST 
st etat 1=OJION 
9, vs #'USO)UOATT 
sers eee mu 
‘(eueuisy at) npproeqeir 
* + + * ‘LesseS OP SouI[es 


. 


‘ÆTVYLN4QI590 *‘ŒIu4aum 


“Ldis 


Pêche 


DES SCOMBRES. 81 
Péche du maguereau. 


Lieux de la péche du maguereau en France. 
Ce poisson, dont la pêche commence en 
mai el finit en juillet , est très-abondant sur 
toutes les côtes de la haute et basse Nor- 
mandie , ainsi que sur celles de Flandres ; 
il l’est un peu moins en Bretagne, excepté 
à Roscoff. Les endroits les plus renommés 
pour celte pêche sont l'ile de Bas, la baie 
de la Hogue , Dieppe, Saint-Vallery, et le 
port des petites Dalles, à l’est de Fécamp. 

Cette pêche se fait, jusqu’à quatre lieues 
en mer, à l’appelet, au libouret, aux haims, 
à la belée et aux battudes. 

L'appelet destiné à la pêche du maquereau 
est composé d’une corde de deux ou trois 
lignes au plus de circonférence , dont la 
profondeur de l’eau détermine la longueur. 
Le long de cette corde est garni de baguettes, 
à deux brasses les unes des autres ; elles sont 
de six à sept pouces de longueur , et d’un 
bois léger, connu en Normandie sous le nom 
de vergandier ; c’est le houx frelon. 

Les baguettes sont toutes fixées à la corde 
du même côté; au bout de ces bois on 


Poiss. Tome. VIII. F° 


82 PECHES 


attache des lignes de deux ou trois brasses 
de longueur, d’un fil retors assez menu, 
mais bien travaillé. L’extrémité de ces lignes 
porie un haim , un peu plus gros que celui 
qu’on emploie pour le merlan. 

Au bout de la maîtresse corde est attaché 
un boulet ou une balle de plomb du poids 
de sept à huit livres. On appelle cette pêche 
traîner la balle, parce qu’elle se pratique en 
bateau et sous voile ; de là lexpression ma- 
rine de jeter à la mer une balle bas-bord 
ou s{ribord. 

Le libouret. On peut voir, à l’article de 
la péche du thon , la description , la figure 
et l'usage de cet instrument : il suffit d’ob- 
server que, s'il s'applique à la pêche du 
iMmaquereau, le haim et les lignes doivent 
avoir moins de force et de grosseur que pour 
le poisson précédent. 

Le haim. Un morceau d'éloffe rouge 
. fournit, à ce qu'on assure , un excellent 
leurre pour prendre des maquereaux pen- 
dant le jour. Les marins de Calais et de 
Dunkerque en font des pêches abondantes 
en traversant la Manche, dans la saison du 
poisson , avec des haims garnis de cette 
étoffe. En jetant cet appât dans le remous 
du vaisseau qui sille, ils prennent assez de 


DES SCOMBRES. 85 
maquereaux pour leur subsistance , et sou= 
vent encore pour en vendre frais ou les 
saler. | 

La belée ou cordes flottantes. Ces cordes, 
moins grosses que celles dont on se sert 
pour la pêche des poissons qui demeurent 
à une certaine profondeur , au lieu de la 
cabliure et des cailloux dont on charge les 
grosses cordes, n’ont que des corcerons de 
hège, de deux en deux brasses, qui font 
flotter la belée jusqu’à la surface de l’eau, 
de manière que les haims et les lignes seuls 
plongent dans la mer. 

Cependant lorsque le pêchieur soupçonne 
que le poisson est descendu à deux ou trois 
brasses sous leau, il établit la corde à 
la même profondeur. Pour cela , au lieu 
d’attacher les flottes de liège immédiatement 
sur la maîtresse corde , on les amarre à des 
Hignes répondantes à cette corde, tenue 
plus ou moins longue, selon la profondeur 
de l’eau à laquelle il veut aboutir. On 
met ensuite une grosse flotte aux deux 
bouts de chaque pièce de belée, et une 
bouée , avec un signal de roseau sec aux 
deux extrémités de la tessure. 

Cette tessure est composée d’un nombre 
de pièces , mises les unes au bout des autres; 


F 2 


84 HAS TIO)T RE 
l’ensemble forme une longueur de plus de 
cinq à six cents brasses. 

On met cette tessure à la mer ; on prend 
un peu de voile ou on pare quelques avi- 
rons ; mais, dès que les pêcheurs ont tendu, 
ils carguent leurs voiles, et se laissent dériver 
en traînant lentement la tessure , pendant 
une heure ou deux. Veulent-ils relever, ils 
emploient quelques avirons pour fixer le 
bateau contre l’effort des matelots qui tirent 
la tessure à bord. 

Les battudes. Ces filets ont quatre-vingls 
brasses de longueur , et trois de tombée ou 
de chûte. La grandeur des mailles est pro- 
portionnée à l'espèce de poissons qu’on se 
propose de prendre. Le pied est chargé de 
bagues de plomb , et la corde qui borde la 
tête est soutenue par des pièces de liège de 
six à sept pouces en carré ; le liège ne con- 
trebalançant pas le poids du ploimb, le pied 
du filet touche toujours au fond de la mer. 

On cale les battudes dans les fonds rem- 
plis d'algues où de vase, et on a grande 
attention en les jetant à la mer qu'ils forment 
des zig-7ags, ou au moins qu'ils serpeutent, 
afin qu'une partie du poisson s’emmaille, 
et que l’autre s’embarrasse dans les plis du 
blet. 


DES SCOMBRES. 85 


À chaque extrémité de ces filets est une 
corde ou orin, avec une bouée qui sert de 
signal pour les retrouver. Calés à l'entrée 
de la nuit, on va les lever le matin. 

Quand un bout de la battude tient à un 
bateau de pêcheurs, et qu’on la fait flotter, 
le pied du filet n’est lesté que de deux onces 
de plomb par brasse. 

S'alaison du maqguereau. Autrefois les pè- 
cheurs normands avoit coutume de venir 
pêcher et saler une grande quantité de ma- 
quereaux à Roscoff ; depuis bien des années, 
ils ne quittent plus leurs côtes, et y salent 
le produit de leurs pêches avec du sel du 
Croisic ou de Brouage; de nos jours on sale 
peu de maquereaux ; ceux qu'on prend se 
transportent avec beaucoup de célérité à 
Paris, et dans les autres lieux où ce com- 
merce étend ses branches. 

La pêche des maquereaux est un objet 
d'industrie nationale chez différens peuples. 
Dans les mois de juin et d'août, les marchés 
de Hollande sont remplis de ces poissons ; 
on les voit en même quantité dans ceux de 
VAngleterre, principalement en juin, époqué 
de leur frai; ce sont les seuls poissons qu'il 
soit permis de vendre publiquement, dans 
ce pays, les jours de fêtes, parce qu'ils se 

F 5 


86 PECHES 

corrompent facilement. Il en paroit en 
grande quantité au printems sur les côtes 
de Norvège, au grand déplaisir des pêcheurs , 
qui voient en eux des ennemis très-acharnés 
des harengs. 

Sur les côtes occidentales de l'Angleterre, 
on pêche les maquereaux de Îa inanière 
suivante : l’on fiche un pieu dans le sable 
non loin du bord; on y fixe ensuite le bout 
d'un filet; l’autre bout est attaché à un 
bateau que l’on conduit au large, aussi loin 
que le permet la iongueur du filet en le 
ramenant en cercle vers le bord. Il arrive 
assez souvent que l’on prend quaire à cinq 
cents poissons d’un seul coup de filet. Cette 
pêche est plus favorable par un vent fort, 
que l’on appelle par cetle raison vent des 
maquereaux. 

À l'entrée de la nuit et par un items 
calme , les pêcheurs de Sainte - Croix se 
dispersent sur des bateaux dans toute la 
rade , sur une étendue de plus de deux 
milles. Arrivés à l'endroit où ils jugent qu'il 
y a beaucoup de maquereaux , ils font arré- 
ter leurs bateaux, et ils tiennent des flam- 
beaux ou des fanaux au dessus de la surface 
de la mer. Aussitôt qu’ils voient que les 
poissons aitirés par la lumière se montrent 


DES SCOMBRES. 87 
sur l’eau , ils jettent leurs filets pour les 
envelopper. 

Cette dernière méthode de pêcher les 
maquereaux est à peu près la même que 
celle dont les dalmates du Primorie font 
usage. Voici la description qu’en fait l'abbé 
Fortis , dans son Voyage en Dalmate, 
tome 11, pag. 170. «Le tems propre à faire 
celie pêche avec succès est dans les nuits 
obscures; le poisson, trompé par les barques 
nommées z/luminatrici, qui portent à la 
proue un feu de bois de sapin ou de gene- 
vrier allumé ; est attiré en grand nombre 
vers les filets placés près du rivage. Chacun 
de ces filets, appelés tratta, demande trois 
barques; une grande pour contenir le filet, 
et deux :pelites , garnies d'un feu , pour 
servir d’appât au poisson qui suit la lumière. 
Freize hommes sont employés pour chaque 
filet; et ces hommes deviennent en peu 
d'années d’excellens mariniers , parce que 
leur métier les oblige à lutter contre les 
tempêtes imprévues, et à surmonter à force 
de rames, lès obstacles que leur. opposent 
les calmes ou les vents contraires. 

» Autrefois la pêche étoit très-florissante 
en Dalmatie ; mais depuis que lintérét 
parliculier a substitué des productions étran- 

F 4 


88 P'FICME S 


gères à celles de la pêche des dalmates, qui 
se vendoient auparavant avec avantage dans 
les états de la république, ces derniers ont 
perdu leur industrie , ou la resserrent au 
lieu de létendre. Un des grands obstacles 
des progrès de la pèche est encore le haut 
prix des bois résineux du sapin et du gene- 
vrier, dont les habitans se servent unique“ 
inént pour éclairer le poisson : à force d’en 
couper on a détruit ces espèces d'arbres sur 
les montagnes des côtes et sur les écueils,, 
1! seroit facile cependant de remédier à cet 
inconvénient, en substituant au feu un 
faual , tel que celui qu’emploient les pêcheurs 
français sur la Méditerranée quand ils vont 
de nuit à la recherche des maquereaux et 
des sardines. Cet expédient diminueroit lés 
frais nécéssaures à l'exploitation d’an filet, 
et épargneroit encore le travail de quelques 
hommes , dont la main-d'œuvre est pré- 
cieuse dans un pays médiocrement peuplé 
comme l’est la Dalmatie ». 

Les anglais salent encore une grande 
quantité de maquereaux , et ils ont deux 
méthodes de salaisons. Après avoir vuidé 
les poissons on les remplit de sel, on Îles 
lie et on les met en paquets dans des tonnes, 
un Jit de sel et un lit de poissons allerna- 


DES SCOMBRES. 89 


tivement ; ou l’on met les maquereaux dans 
de la saumure , et on les y laisse jusqu'à ce 
qu'ils en soient suffisamment imprégnés ; 
ensuite on les place par lits dans les tonnes, 
comme il vient d’être dit. Cette manière 
de préparer les maquereaux a été connue 
des anciens. 

En Ecosse, on prépare ces poissons de 
même que les harengs , et l’on y choisit les 
plus gros pour cette préparalion. En Ilalie 
on les marine. 

C’est avec les maquereaux que les romain: 
composoient une sorte de sauce qu'ils appe- 
loient garum , et qui servoit non seulenient 
d’assaisonnement, mais encore de remède: 
nobile nunc sitio luxuriosa garum , dit Mar- 


Halls D: +3: 


TABLEAU 


Là 
©: 


mr 
+ 
me 


SOUL TE CD'U: T A BEL E AU 
pu DIX-NEUVIÈME ORDRE 


DELA CLASSE ENTIERE DES POISSONS, 


ou DU TROISIEME ORDRE 


4 


DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OssEUx (1), 
PAR LACÉPÉÈDE. 


SOIXANTE-DIX - HUITIÈME GENRE. 


Écuénérs. — Une plaque très- grande, 
ovale , composée de lames transversales , 
et placée sur la tête, qui est déprimée. 
SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. 
Macroure. — Deux nageoires sur Île 
dos ; la queue deux fois plus longue que 
le corps. 
QUATRE-VINCGTIÈME GENRE. 


CoRYPHÈNE. — Le sommet de la tête 
très - comprimé et comme tranchant par 


(1) Voyez le tableau qui est au cinquème volume, 
page 158. 


DES GENRES. 92 


le haut, ou très-élevé , et finissant sur le 
devant par un plan presque vertical, ou 
terminé antérieurement par un quart de 
cercle , ou garni d’écailles semblables à 
celles du dos; une seule nageoire dorsale, 
et cette nageoire du dos presque aussi 
Jongue que le corps et la queue. 


QUATRE- VINGT-UNIÈME GENRE. 


HEÉMIPTÉRONOTE. — Le sommet de la 
tète très-comprimé , et comme tranchant 
par le haut, ou très-élevé, et finissant sur 
le devant par un plan presque vertical, ou 
terminé antérieurement par un quart de 
cercle, ou garni d’écailles semblables à 
celles du. dos ; une seule nageoire dorsale, 
et la longueur de cette nageoire du dos 
ne surpassant pas ou surpassant à peine la 
moitié de la longueur du corps et de la 
queue pris ensemble. 


QUATRE - VINGT - DEUXIÈME GENRE. 


CoryPHÉNoine. — Le sommet de Ja tête 
très - comprimé, et comme tranchant par 
le haut, ou très-élevé, et finissant sur le 
devant: par un plan presque vertical, ou 
terminé antérieurement par un quart de 
cercle , ou garni d’écailles semblables à 


ü2 TABLEAU 


celles du dos ; unie seule nageoire dorsale : 
l'ouverture des branchies ne consistant que 
dans une fente transversale. 


QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE. 


ASPIDOPHORE. — Le corps et la queue 
couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ; 
deux nageoires sur le dos ; moins de quatre 
rayons aux nageoires thoracines. 


QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. 


ASPIDOPHOROÏDE. — Le corps et la queue 
couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse; 
une seule nageoire sur le dos ; moins de 
quatre rayons aux nageoires thoracines. 


QUATRE - VINGT - CINQUIÈME GENRE, 


CorTre. — La tête plus large que le 
corps ; la forme générale un peu conique; 
deux nageoires sur le dos; des aigwillons 
ou des tubercules sur la tête ou sur Îles 
opercules des branchies; plus de trois rayons 
aux nageoires thoracines. 


QUATRE — VINGT - SIXIÈME GENRE. 


ScoRPÈNE. — La tête garnie d’aiguillons, 
ou de protubérances, ou de barbillons, et 
dépourvue de pelites écailles ; une seule 
nageoire dorsale. 


DES GENRES. 03 
QUATRE - VINGT - SEPTIÈME GENRE. 


SCOMBÉROMORE. — Une seule nageoire 
dorsale ; de petites nageoires au dessus et 
au dessous de Ja queue; point d’aiguillons 
isolés au devant de la nageoire du dos. 


QUATRE > VINGT- HUITIÈME GENRE. 


GASTÉROSTÉE. — Une seule nageoire 
dorsale ; des aiguillons isolés, ou presque 
isolés, au devant de la nageoiïire du dos; 
une carène longitudinale de chaque côte 
de la queue ; un ou deux rayons au plus à 
chaque nageoire thoracine ; ces rayons 
aiguillonnés. 


QUATRE - VINGT- NEUVIÈME GENRE. 


CENTROPODE. — Deux nageoires dorsales; 
un aiguillon et cinq ou six rayons articulés 
très - pelits à chaque nageoire thoracine ; 
point de piquans isolés au devant des 
nageoires du dos, mais les rayons de la 
première dorsale à peine réunis par une 
membrane ; point de carène latérale à la 
queue. 

QUATRE - VINGT - DIXIÈME GENRE. 

CENFROGASTÈRE. — Quatre aiguillons 
el six rayons articulés à chaque nageoire 
thoracine. 


4 TA 8 D E AU 


QUATRE- VINGT-ONZIÈME GENRE. 


CENTRONOTE. — Une seule nageoire 
dorsale ; quatre rayons au moins à chaque 
nageoire thoracine ; des piquans isolés au 
devant de la nageoïre du dos ; une saillie 
longitudinale sur chaque côté de la queue, 
ou deux aiguillons au devant de la nageoire 
de lanus. 

QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GENRE. 

LÉPISACANTHE. — Les écailles du dos, 
grandes, ciliées et terminées par un aiguil- 
lon; les opercules dentelés dans leur partie 
postérieure, et dénués de petites écailles ; 
des aiguillons isolés au devant de la nageoire 
dorsale. 


QUATRE-VINGT-TREIZIÈME GENRE. 

CÉPHALACANTHE. — Le derrière de 
la tête garmi, de chaque côté, de deux 
piquans dentelés et très-longs ; point d’ai- 
guiHlons isolés au devant de la nageoire du 


dos. 


QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME GENRE. 

DACcTYLOPTÈRE. — Une petile nageoire 
composée de rayons soutenus par une 
membrane , auprès de la base de chaque 
nageoire pectorale, 


LÉ 


DES GENRES. 95 


QUATRE-VINCT-QUINZIÈME GÈNRE. 


PRIONOTE. — Des aiguillons dentelés 
entre les deux nageoires dorsales ; des 
rayons articulés et non réunis par une 
membrane , auprès de chacune des na- 


geoires pectorales. 


QUATRE-VINGT-SEIZIÈME GENRE. 


TRIGLE. — Point d’aiguillons dentelés 
entre les deux nageoires dorsales ; des 
rayons articulés el non réunis par une 
membrane , auprès de chacune des na- 
geoires pectorales. 


QUATRE-VINGT-DIX-S EPTIÈME GENRE. 


PÉRISTÉDION. — Des rayons articulés et 
non réunis par une membrane, auprès des 
nageoires pectorales ; une seule nageoire 
dorsale ; point d’aiguillons dentelés sur le 
dos; une ou plusieurs plaques osseuses au 
dessous du corps. 


QUATRE-VINGT-DIX-HUITIÈME GENRE. 


ISTIOPHORE. — Point de rayons articulés 
et hbres auprès des nageoires pectorales, n1 
de plaques osseuses au dessous du corps ; 
la première nageoire du dos, arrondie, 
très - longue, et d’une hauteur supérieure 


q0 TABLE AU 
à celle du corps ; - deux rayons à chaque 
thoracine. 


QUATRE-VINGT-DIX-NEU VIÈME GENRE. 


GYMNÈTRE. — Point de nageoire de 
l'anus ; une seule nageoire dorsale ; les 


rayons des nageoires thoracines très-alongés. 
CENTIÈME GENRE. 


MuzrE. — Le corps couvert de grandes 
écailles qui se détachent aisément; deux 
nageoires dorsales ; plus d’un barbillon à 
la mâchoirre inférieure. 


CENT UNIEME GENRE. 


Apocox.— Les écailles grandes et faciles 
à détacher ; le sommet de la tête élevé; 
deux nageoires dorsales ; point de barbil- 
lons au dessous de la nageoire inférieure. 


CENT DEUXIÈME GENRE. 


LoxcHURE. — La nageoire de la queue 
Jancéoiée ; celte nageoire et les pectorales 
aussi longues , au moins, que le quart de 
la longueur totale de lanimael : [a nageoire 
dorsale longue, et profondément échan- 
crée ; deux barbillons à la mâchoire infé- 
rieure. 

CENT 


DES GENRES. 97 
CENT TROISIÈME GENRE. 


Macropope. — Les thoracines au moins 
de la longueur du corps proprement dit; 
la nageoire caudale très-fourchue, et à peu 
près aussi longue que le tiers de fa longueur 
totale de l’animal ; la tête proprement dite 
et les opercules revètus d’écailles semblables 
à celles du dos ; l’ouverture de la bouche 
très-petile. | 


CENT QUATRIÈME CENRE. 


LABRE. — La lèvre supérieure exten- 
sible ; point de dents incisives ou molaires; 
les opercules des branchies dénués de pi- 
quans et de dentelure; une seule nageoire 
dorsale; cette nageoire du dos très-séparée 
de celle de la queue, ou très-éloignée de 
la nuque, ou composée de rayons terminés 
par un filament. 


CENT CINQUIÈME CENRE. 


CHEILINE. — La lèvre supérieure exten- 
sible ; les opercules des branchies dénués 
de piquans et de dentelure ; une seule na- 
geoire dorsale ; cette nageoire du dos très- 
séparée de celle de la queue, ou tfès-éloi- 
gnée de la nuque, ou composée de rayons 


Poiss, Tome VIlIl. G 


98 TABLE AU 

terminés par un grand filament; de grandes 
écailles ou des appendices placées sur la base 
de la nageoire caudale, ou sur les côtés de 
la queue. 


CENT SIXIÈME GENRE. 


CHerLopiPrÈèRE. — La lèvre supérieure 
extensible; point de dents incisives ni mo- 
laires : les opercules des branchies dénués 
de piquans et de dentelure; deux nageoires 
dorsales. 


CENT SEPTIÈME GENRE. 


OPHICÉPHALE. — Point de dents inci- 
sives ni molaires ; les opercules des bran- 
chies dénués de piquans et de dentelure ; 
une seule nageoire dorsale; la tête aplatie, 
arrondie par devant, semblable à celle d’un 
serpent, et couverle d'écailles polygones, 
plus grandes que celles du dos, et dispo- 
sées à peu près comme ceiles que l’on voit 
sur la iête de la plupart des couleuvres ; 
tous les rayons des nageoires articulés. 


CENT HUITIÈME GENRE. 


HozocyYMNose. — Toute la surface de 
l'animal dénuée d’écailles facilement visi- 
bles ; la queue représentant deux . cônes 


DES GENRES. 99 


ironqués , appliqués le sommet de Pun 
contre le sommet de l’autre, et inégaux en 
longueur ; la caudale très - courte ; chaque 
thoracine composée d'un ou de plusieurs 
rayons mous, et réunis ou enveloppés de 
manière à inter un barbillon charnu. 


CENT NEUVIÈME GENRE. 


ScARE. — Les mächoires osseuses, très- 
avancées , et lenant lieu de véritables 
dents; une seule nageoire dorsale. 


CENT DIXIÈME GENRE. 


OSTORHINQUE. — Les mâchoires os- 
seuses, très - avancées, et tenant lieu de 
véritables dents ; deux nageoires dorsales. 


CENT ONZIÈME GENRE. 


SPARE. — Les lèvres supérieures peu 
extensibles , ou non extensibles ; ou des 
dents incisives, ou des dents molaires dis- 
posées sur un ou plusieurs rangs; point de 
piquans n1 de dentelure aux opercules; une 
seule nageoire dorsale; cette nageoire éloï- 
gnée de celle de la queue , ou la plus 
grande hauteur du corps proprement dit, 
supérieure , où égale, ou presque égale à 
la longueur de ce même corps. 

G 2 


100 FA BE E A U 


CENT DOUZIÈME GENRE. 


Dipréropon. — Les lèvres supérieures 
peu extensibles, ou non extensibles ; ou des 
dents incisives, ou des derts molaires dis- 
posées sur un ou plusieurs rangs; point de 
piquans ni de dentelure aux opercules; deux 
nageoires dorsales; la seconde nageoire du 
dos éloignée de celle de la queue, ou la plus 
grande hauteur du corps proprement dit, 
supérieure, ou égale, ou presque égale à la 
longueur de ce même corps. 


CENT TREIZIÈME GENRE. 


LuTIAN. — Une dentelure à une ou à 
plusieurs pièces de chaque opercule ; point 
de piquans à ces pièces; uue seule nageoire 
dorsale; un seul barbillon ou point de bar- 
billons aux mâchoires. 


CENT QUATORZIÈEME GENRE. 


CENTROPOME. — Une dentelure à une 
où à plusieurs pièces de chaque opercule ; 
point d'aiguillons à ces pièces; un seul bar- 
billon ou point de barbillons aux mâchoires; 
deux nageoires dorsales. 


DES GENRES. 101 
CENT QUINZIÈME GENRE. 


BopraAn. — Un ou plusieurs aiguillons 
et point de dentelure aux opercules ; un 
seul barbillon ou point de barbillons aux 
mâchoires ; une seule nageoire dorsale. 


CENT SEIZIÈME GENRE. 


TÆNIANOTE. — Un ou plusieurs aiguil- 
lons et point de dentelure aux opercules ; 
un seul barbillon ou point de barbillons 
aux mâchoires ; une nageoire dorsale éten- 
due depuis l’entre - deux des yeux jusqu’à 
la nageoire de la queue, ou très-lougue, 
et composée de plus de quarante rayons. 


CENT DIX-SEPTIÈME GENRE. 


SCIÈNE. — Un ou plusieurs aiguillons et 
point de dentelure aux opercules; un seul 
barbillon ou point de barbiilons aux mà- 
choires ; deux nageoires dorsales. 


CENT DIX-HUITIÈME GENRE. 


MicROPTÈRE. — Un ou plusieurs aiguil- 
lons et point de dentelure aux opercules ; 
un barbillon ou point de barbillons aux 
mâchoires ; deux nageoires dorsales ; Ja 

G3 


D 


163 PA BEF AD. 
seconde très-basse, très-courte, et compre- 
hant au plus cinq rayons. 


CENT DIX-NEUVIÈME GENRE, 


HozocenNTRE. — Un ou plusieurs ai- 
pguillons et une dentelure aux opercules ; 
un barbillon ou point de barbilions aux 
mâchoires ; une seule nageoire dorsale. 


CENT VINGTIÈME GENRE. 


PErRSÈQUE. — Un ou plusieurs aiguil- 
lons et une dentelure aux opercules; un 
barbillon ou point de barbillons aux mà- 
choires ; deux nageoires dorsales. 


ee SERRE 
TER ——— = 


SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. 


PAR: LACÉPÉED E. 


EPS 30 4104 R ES: 


L 4 tête grosse et plus élevée que le corps; 
le corps comprimé et très-alongé; le 
premier ou le second rayon de chacune 
des nageoires thoracines, une ou deux 
fois plus alongé que les autres; point 
d’écailles semblables à celles du dos sur 
les opercules n1 sur la tête, dont la cou- 
verture lamelleuse et d’une seule pièce 
représente une sorte de casque. 


B'RUE ME D RUE LES (P.DICNE. 


LE coris AIGRETTE ; coris aygula. — Le 
premier rayon de la nageoire du dos, une 
ou deux fois plus long que les autres ; l’o- 
percule terminé par une ligne courbe ; une 
bosse au dessus des yeux. 


SP CON D FE Ets P'E C E: 


LE coRIS ANGULÉ; coris angulaltus. 
— Le premier rayon de la nageoire du dos 
un peu plus court que les autres, ou ne les 
surpassant pas en longueur; l’opercule ter- 
miné par une ligne anguleuse; point de 
bosse au dessus des yeux. 

G 4 


104 HISTOIRE 


Rennes EE 


LE CORTSAICRETTE (), 


NPARAILACEPEDÉE. 


PRE MAUVE R E ESP EC E 


O UELLES obligalions les naturalistes 
n’ont-ils pas au célèbre Commerson! Com- 
bien de genres de poissons dont ses manus- 
crits nous ont présenté la descripiüion ou Îa 
figure, et qui, sans les recherches multiphiées 
auxquelles son zèle n’a cessé de se livrer, 
seroient inconnus des amis des sciences na- 
turelles ! Il a donné à celui dont nous allons 
parler, le nom de coris, qui, en grec, 
signifie sommet, tête, etc., à cause de l’espèce 
de casque qui enveloppe et surmonte la 
tête des animaux compris dans cette famille. 
Cette sorte de casque, qui embrasse le haut, 
les côtés et le dessous du crâne, des yeux 
et des mâchoires, est formée d’une substance 
écailleuse, d’une grande lame, d’une seule 
pièce, qui même est réunie aux opercules, 
de manière à ne faire qu’un tout avec ces 
PR AP En 


(x) Coris aygula. 


D'S «CO Æ'L:S. 109 
couvercles des organes respiraloires. L'en- 
semble que ce casque renferme , ou la tête 
proprement dite, s'élève plus haut que le 
dos de l’amimal, dans tous les coris; mais 
dans l'espèce qui fait le sujet de cet article, 
il est un peu plus exhaussé encore : le sommet 
du crâne s’arrondit de manière à produire 
une bosse ou grosse loupe au dessus des 
yeux ; et le premier rayon de la nageoire 
dorsale , une ou deux fois plus grand que 
les autres, étant placé précisément derrière 
cette loupe, paroît comme une aigrelte 
destinée à orner le casque du poisson. 

Chaque opercule est terminé du côté de 
la queue par une ligne courbe. La lèvre 
supérieure est double ; la mâchoire inférieure 
plus avancée que la supérieure ; chacune 
des deux mâchoires garnie d’un rang de 
dents fortes, pointues, triangulaires et in- 
clinées. La ligne latérale suit de irès-près 
la courbure du dos. Le premier rayon de 
chaque thoracine , qui en renferme sept, 
est une fois plus alongé que les autres. La 
nageoire dorsale est très-longue, très-basse, 
et de la même hauteur, dans presque toute 
son étendue. Celle de l'anus présente des 
dimensions bien différentes ; elle est beau- 
coup plus courte que la dorsale : ses rayons, 


106 HISTOIRE 

plus longs que ceux de cette dernière, lui 
donnent plus de largeur ; sa figure se rap- 
proche de celle d’un trapèze. Et enfin la 
nageoire caudale est rectiligne, et ses rayons 
dépassent de beaucoup la membrane qui 
les réunit (1). 5 


(1) À la nageoire du dos. . . . . 21 rayons. 
À: chacuné des pectorales + . . ï1 
A chacune des thoracines. « . . 7 
A celle dedans.) lin 4 h:.1 4 


À celle de la queue . . . . . . 1e 


DES CORTIS. 107 


a ne 
tte ttes 


LE CORIS ANGULEUX {1}, 
PAR LACÉPÉDE. 
SE CON D EE. ES PCT 


C& coris diffère du précédent par six trails 
principaux : son corps est beaucoup plus 
alongé que celui de laigrette; le premier 
rayon de la nageoire dorsale ne dépasse pas 
les autres ; la ligne latérale ne suit pas dans 
toute son étendue la courbure du dos, el!e 
se fléchit en en bas, à une assez petite dis- 
tance de la nageoire caudale , et tend ensuite 
directement vers cette nageoire; le sommet 
du crâne ne présente pas de loupe où de 
‘bosse; chaque opercule se prolonge vers la 
queue , de manière à former un angle sail- 
lant , au lieu de n'offrir qu'un contour 
arrondi ; et les deux mâchoires sont égaie- 
ment avancées (2). 


(1) Coris angulatus. 


(2) A la nageoire du dos. . . . . 20 rayons. 
À chacune des pectorales. . + . 15 
À la nagcoire de l’anns . . + + 19 


Arcelledéhqueue. 1". 54/4, 16 


108 HESTOIRE 


SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. 


PAR LACEPEDE. 


LES GOMPHOSES. 


Lz museau alongé en forme de clou ou 
de masse; la tête et les opercules dénués 
d’écailles semblables à celles du dos. 


PREMIÈRE ESPECE. 


LE GOMPHOSE BLEU ; gomphosus cæœruleus. 
— Toute la surface du poisson d’une cou- 
leur bleue foncée. 


SR C'OYNUDIE EE S P EC &. 
LE GOMPHOSE VARIE; gomphosus varius. 
— La couleur générale mêlée de rouge, 
de jaune et de bleu. 


DES GOMPHOSES. 109 


LE GOMPHOSE BLEU: (), 
PAR LACÉPÈDE. 


PREMIÈRE ESPÈCE. 


Commerson a laissé dans ses manuscrits 
la description de ce poisson qu'il a observé 
dans ses voyages, que nous avons cru, ainsi 
que lui, devoir inscrire dans un genre par- 
ticulier, mais auquel nous avons donné le 
nom générique de gomphos, plutôt que celui 

’élops, qui lui a été assigné par ce natu- 
raliste. Le mot gomphos désigne, aussi bien 
que celui d’élops, la forme du museau de 
ce poisson , qui représente une sorte de clou; 
et en employant la dénomination que nous 
avons préférée, on évite toute confusion 
du genre que nous décrivons, avec une 
pelite famille d’abdominaux connue depuis 
long-tems sous le nom d’élops. 

Le gomphose bleu est, suivant Commerson, 


(1) Gomphosus cæœruleus. 

Elops, totus intensè cæruleus ; rostro subulato, 
capite et operculis branchiostegis , alepidotis. Com- 
merson , manuscrits déjà cités. 


110 HISTOIRE 


de la grandeur du cyprin tanche. Toute sa 
surface présente une couleur bleue sans 
tache, un peu foncée ou noirâtre sur Îles 
mageoires peclorales, et très-claire sur Îles 
autres nageoires. L'oeil seul montre des 
nuances différentes du bleu ; la pruvelle est 
bordée d’un cercle blanc, autour duquel 
l'iris présente une belle couleur d’émeraude 
ou d’aigue-marine. 

Le corps est un peu arqué sur le dos; 
et beaucoup plus au dessous du ventre. La 
tète, d’une grosseur médiocre, se termine 
en devant par une prolongation du museau, 
que Commerson a comparée à un clou, 
dont la longueur est égale au septième de 
la longueur totale de lanimal, et qui a 
quelques rapports avec le boutoir du san- 
glier. La mâchoire supérieure est un peu 
extensible , et quelquefois un peu plus 
avancée que l’inférieure ; ce qui n'empêche 
pas que lPavant- bouche, dont l’ouverture 
est étroite, ne forme une sorte de tuyau. 
Chaque mâchoire est composée d’un os garni 
d'un seul rang de dents très-petiles et très- 
serrées l’une contre l’autre: et les deux dents 
les plus avancées de la mâchoire d’en haut 
sont aussi plus grandes que celles qui les 
suivent. 


DES GOMPHOSES. uit 


Tout l'intérieur de la bouche est d’ailleurs 
lisse, et d’une couleur bleuâtre. 

Les yeux sont petits et très-proches des 
orifices des narines, qui sont doubles de 
chaque côté. 

Oùn ne voit aucune écaille proprement 
dite, on semblable à celles du dos, sur la tête 
ni sur les opercules du gomphose bieu. Ces 
opercules ne sont hérissés d'aucun piquant. 
Deux lames les composent : la seconde de 
ces pièces s’avance vers la queue en forme 
de pointe, et une partie de sa circonférence 
est bordée d’une membrane. 

On voit quelques dentelures sur la partie 
concave des arcs osseux qui soutiennent les 
branchies. 

La portion de la nageoire dorsale, qui 
comprend des rayons aiguillonnés, est plus 
basse que la partie de ceite nageoire dans 
laquelle on observe des rayons articulés. 
La nageoire caudale forme un croissant 
dont les deux pointes sont très-alongées. 

La ligne latérale, qui suit la courbure du 
dos jusqu’à la fin de la nageoire dorsale, où 
elle se fléchit vers le bas pour tendre en- 
suite directement vers la nageoire caudale, 
a SON Cours marqué par une suite de peliles 


115 HISTOIRE 
raies disposées de manière à imiter des ca- 
ractères chinois. 

Les écailles qui recouvrent le corps et la 
queue du gomphose bleu, sont assez larges ; 
et les petites lignes qu’elles montrent les 
font paroitre comme ciselées (1). 


(1) 6 rayons à la membrane des branchies. 

8 rayons aiguillonnés et 14 rayons articulés à 
la nageoïre du dos. 

14 rayons à chacune des pectorales. 

6 rayons à chacune des thoracines. (Le second 
se prolonge en un filament.) 

2 rayons aiguillonnés et 12 rayons articulés à 
la nageoire de l’anus. 

14 rayons à celle de la queue. 


LE 


DES GOMPHOSES. mn3% 


LE GOMPHOSE VARIÉ (1), 
PAR LACÉPÈDE. 


SECONDE ESPÈCE. 


S UR les bords charmans de la fameuse île 
de T'aïti, Commerson a observé une seconde 
espèce de gomphose, bien digne, par la 
beauté ainsi que par l'éclat de ses couleurs, 
d'habiter ces rivages embellis avec tant de 
soin par la Nature. Elle est principalement 
distinguée de la première par ces riches 
nuances qui la décorent; elle montre un 
brillant et agréable mélange de rouge, de 
jaune et de bleu. Le jaune domine dans 
cette réunion de tons resplendissans ; mais 
azur y est assez marqué pour être un 
nouvel indice de la parenté du varié avec 
le gomphose bleu. 


Sn 


(1) Gomphosus varius. 
ÆElops rubro, cœruleo et flavo variegatus. Commer- 
son , manuscrits déjà cités. 


Peiss, Tour VIIL. H 


114 ETS TO IR_E 


SOIXANTE -NEUVIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÉDE. 
LUE SNA SO NS. 


Uxs protubérance en forme de corne ou 
de grosse loupe sur le nez; deux plaques 
ou boucliers de chaque côté de Pextrémité 
de la queue; le corps et la queue recou- 
verts d’une peau rude et comme cha- 
grinée. 

Pi RCE! MID ER EME SÉPIFIOLE. 


LE NASON LICORNET; n4as0 fronticornis. 
— Une protubérance cylindrique, horison- 
tale, et en forme de corne au devant des 
yeux; une ligne latérale très-sensible. 


S'É C Q N D E ES; PE CE. 


LE NASON LOUPE; 2450 tuberosus. © Une 
proéminence en forme de grosse loupe, au 
dessus de la mâchoire supérieure; point de 
ligne latérale visible. | 


DES NASONS. 115 


L E :Lil:C O R NEUF ‘(r} 


LE NASON LICORNET (2), 
PAR LACÉPÉDE, 


PREMIÉRE ESP ÉË CE. 


Sax s les observations de l’infatigable Com- 
merson, nous ne connoîlrions pas tous les 
traits de l'espèce du licornet, et nous igno- 
rerions l'existence du poisson loupe, que 
nous avons cru, avec cet habile voyageur, 


2e 


(1) Ze licornet. En arabe, abou garn, littéralement 
père de la corne où cornu. 

Chætodon fronte cornutä ; caud& carinis utrinque 
duabus elatis....... chætodon unicornis. Forskœl, 
Egypt. Arab. p. 63, n° 88. — Artedi, Gen. pisc. 
gen. 36, n° 59. additament. SONNINI. 

(2) Naso fronticornis. 

Naseus fronticornis fuscus. Commerson, manuscrits 
déjà cités. 

Licornet des matelots. Yd. ibid. 

Chætodon unicornis. Lin. édition de Gmelin. — 
Forskæl , Faun. Arabic. p.63, n° 88. 

Chétodon unicorne, Bonaterre , pl. de l’Enc. méth, 


ER: à 


316 HWESTOIRE 

devoir renfermer , ainsi que le licornet ; 
dans un genre particulier, distingué par le 
nom de zason. 

Ta première de ces deux espèces frappe 
aisément les regards par la singularité de 
la forme de sa tête; elle aitire l'attention 
de ceux même qui s'occupent le moins des 
sciences naturelles. Aussi avoit-elle été très- 
remarquée par les matelots de l'expédition 
dont Commerson faisoit partie : ils lavoient 
examinée assez souvent pour lui donner un 
nom; et comme ils avoient facilement saisi 
un rapport très- marqué que présente son 
museau avec le front des animaux fabuleux 
auxquels l'amour du merveilleux a depuis 
long-tems attaché la dénomination de licorne, 
ils lavoient appelée la petite licorne, ou le 
licornet, appellation que j'ai cru devoir 
conserver. 

En effet, de lentre-deux des yeux de 
ce poisson part une protubérance presque 
cylindrique, renilée à son extrémité, dirigée 
horisontalement vers le bout du museau, 
et attachée à la tète proprement dite par 
une base assez large. 

C’est sur ceite même base que l’on voit 
de chaque côté deux orifices de narines, 
dont l’antérieur est le plus grand. 


DES NASONS. 117 

Les yeux sont assez gros. 

Le museau proprement dit est un peu 
pointu ; l’ouverture de la bouche étroite; 
la lèvre supérieure foiblement extensible ; 
Ja mâchoire d'en haut un peu plus courte 
que celle d'en bas, et garnie, comme cette 
dernière, de dents très-petiles, aiguës, ek 
peu serrées les unes contre les autres. 

Des lames osseuses composent les oper- 
cules , au dessous desquels des arcs dentelés 
dans leur partie concave soutiennent, de 
chaque côté les quatre branchies (1). 

Le corps et la queue sont très- compri- 
més, carénés en haut, ainsi qu'en bas, et 
recouverts d’une peau rude, que lon peut 
comparer à celle de plusieurs cartilagineux, 
et notamment de la plupart des squales. 

La couleur que présente la surface presque 
entière de l'animal est d’un gris brun; mais 


pi 


(1) 4 rayons à la membrane des branchies, 
6 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire 
du dos. 
17 rayons à chaque nageoire pectorale. 
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des 
thoracines. 
2 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire 
de l'anus. 
20 rayons à la nagvoire de la queue. 


H 3 


- 


118 HESTOTRE 


la nageoire du dos, ainsi que celle de Fanus; 
sont agréablement variées par des raies 
courbes, jaunes ou dorées. 

Cette même nageoire dorsale s'étend de- 
puis la nuque jusqu’à une assez petite dis- 
tance de la nageoiïre caudale. 

La ligne latérale est voisine du dos, dont 
elle suit la courbure; l’anus est situé très- 
près de la base des thoracines , et par consé- 
quent plus éloigné de la nageoire caudale 
que de la gorge. 

La nageoire de l’anus est un peu plus 
basse et presque aussi longue que celle du 
dos. 

La caudale est échancrée en forme de 
croissant , et les deux cornes qui la ter- 
minent sont composées de rayons si alongés 
que, lorsqu'ils se rapprochent, ils repré- 
sentent presque un cercle parfait, au lieu 
de ne montrer qu’un demi-cercle. 

De plus, on voit auprès de la base de 
cette nageoire, et de chaque côté de la 
queue, deux plaques osseuses, que Com- 
merson nomme de petits boucliers, dont 
chacune est grande, dit ce voyageur, comme 
l’'ongle du petit doigt de l’homme, et com- 
posée d’une lame un peu relevée en carène 
et échancrée par devant. 


DES NASONS. 119 


On doit apercevoir d'autant plus aisé- 
ment ces deux pièces, qui forment un ca- 
ractère remarquable, que la longueur totale 
de l’animal n’excède pas quelquefois trente- 
cinq centimètres (un pied un pouce ou 
environ). Alors le plus grand diamètre ver- 
tical du corps proprement dit, celui que 
l'on peut mesurer au dessus de l'anus, est 
de dix où onze centimètres (quatre ou cinq 
pouces environ); la plus grande épaisseur 
du poisson est de quatre centimètres (dix- 
neuf lignes environ); et la partie de la 
corne frontale et horisontale, qui est entie- 
rement dégagée du front, a un centimètre 
de longueur (quatre lignes et demie environ). 

Commerson a vu le licornet auprès des 
rivages de l’île de France; et si les dimen- 
sions que nous venons d'indiquer, d’après 
le manuscrit de ce naturaliste, sont celles 
que ce nason présente le plus souvent dans 
les parages que ce voyageur a fréquentés, 
il faut que cette espèce soit bien plus favo- 
risée pour son développement dans la mer 
Rouge ou mer d'Arabie. En effet, Forskoel, 
qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer 
parmi celles de la famille des chétodons, au 
milieu desquels elle a été laissée par le sa- 
vant Gmelin et par Bonaierre, dit qu’elle 


120 2HÉSTOIRE 

parvient à Ja longueur de cent dix-huit 
centimètres ( une aune ou environ). Les 
licornets vont par troupes nombreuses dans 
celte même mer d'Arabie; on en voit depuis 
deux cents jusqu’à quatre cents ensemble ; 
et l’on doit en être d'autant moins surpris, 
que l’on assure qu'ils ne se nourrissent que 
des plantes qu'ils peuvent rencontrer sous 
les eaux. Quoiqu'ils n’aient le besoin ni l’ha- 
bitude d'attaquer une proie, ils usent avec 
courage des avantages que leur donnent 
leur grandeur et la conformation de leur 
têle ; ils se défendent avec succès contre des 
énnemis dangereux; des pêcheurs arabes 
ont même dit avoir vu une troupe de ces 
thoracins entourer avec audace un aigle 
qui s’étoit précipité sur ces poissons comme 
sur des animaux faciles à vaincre, opposer 
le nombre à la force, assaillir l’oiseau car- 
nassier avec une sorte de concert, et le 
combattre avec assez de constance pour lui 
donner la mort. 


DE $ IN A'SO NS. 121 


a 
es ne 


LE NASON LOUPE (), 


PA Bi, INA!C.É PE DE. 
SECONDE ESPÈCE. 


Cire espèce de nason, observée, décrite 
et dessinée, comme la première, par Com- 
merson , qui l’a vue dans les mêmes contrées, 
ressemble au licornet par la compression de 
son corps et de sa queue, et par la nature 
de sa peau rude et chagrinée ainsi que celle 
des squales. Sa couleur générale est d’un 
gris plus où moins mêlé de brun, et par 
conséquent très-voisine de celle du licornet ; 
mais on distingue, sur la partie supérieure 
de l’animal, sur sa nageoire dorsale et sur 
Ja nageoire de la queue, un grand nombre 
de taches petites, lenticulaires et noires. 
Celles de ces taches que l’on remarque au- 
prés des nageoires pectorales sont un peu 
plus larges que les autres; et entre ces 


(1) Naso tuberosus. 
Licorne à loupe. Commerson , manuscrits déjà cités. 
Naseus , naso ad rostrum connato , tuberiformi. 


Id. ibid. 


192 HISTOIRE 


mêmes nageoires et les orifices des branchies 
on voit une place noirâtre et très-rude au 
toucher. 

La tête est plus grosse, à proportion du 
reste du corps, que celle du licornet. La 
protubérance nasale ne se détache pas du 
nuseau autant que la corne de ce dernier 
nason : elle s'étend vers le haut ainsi que 
vers les côtés ; elle représente une loupe ou 
véritable bosse. Un sillon particulier , dont 
Ja couleur est très-obscure, qui part de 
l'angle antérieur de l'œil, et qui règne jus- 
qu'à l'extrémité du museau, circonscrit 
celte grosse tubérosité ; et c’est au dessus de 
l'origine de ce sillon ; et par conséquent très- 
près de l’œ1il, que sont situés, de chaque 
côté, deux orifices de narines, dont l’anté- 
rieur est le plus sensible. 

Les yeux sont grands et assez rapprochés 
du sommet de la tête; les lèvres sont co- 
riaces ; la mâchoire supérieure est plus 
avancée que l’inférieure, la déborde, l’em- 
brasse, n’est point du tout extensible, et 
montre, comme la mâchoire d’en bas, un 
contour arrondi, et un seul rang de dents 
incisives. | 

1e palais et le gosier présentent des pla- 
ques hérissées de petites dents. ( 


DES NASONS. 123 

Chaque opercule est composé de deux 
lames. 

Les arcs des branchies sont tuberculeux 
et dentelés dans leur concavité. 

Les aiguillons de la nageoire du dos et 
des thoracines sont très-rudes (1) ; le premier 
aiguillon de la nageoire dorsale est d’ailleurs 
très-large à sa base ; la nageoïire caudale est 
en forme de croissant , mais peu échancrée. 
On n’aperçoit pas de ligne latérale ; mais 
on trouve, de chaque côté de la queue, 
deux plaques ou boucliers analogues à ceux 
du licornet. 

Le nason loupe devient plus grand que 
le licornet ; il parvient jusqu'à la longueur 
de cinquante centimètres (un pied et demi 
environ). 


(1) 4 rayons à la membrane des branchies. 
5 rayons aignillonnés et 50 rayons articulés à 
la nagcoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
2 aiguillons et 28 rayons articulés à la nageoire 
de l’anus. 
16 rayons à la nageoire de la queue. 


124 HISTOIRE 


RE 


SOIXANTE - DIXIÈME GENRE. 


PAR LACÉPÉDE. 


BEST PILES EE. 


Lez dos très-élevé au dessus d’une ligne 
tirée depuis le bout du museau jusqu’au 
milieu de la nageoire caudale; une bosse 
sur la nuque; des écailles semblables à 
celles du dos sur la totalité ou une grande 
partie des opercules qui ne sont pas den- 
telés. 

ÉSPÉCE. 


LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE; lyphosus 
bigibbus. — Une bosse sur la nuque; une 
bosse entre les yeux; la nageoire de la 
queue fourchue. 


DES KYPHOSES. 125 


LE KYPHOSE 
DOURVE.BOUSSE 


PAR LACÉPÉDE. 


Co MMERSON nous à transmis la figure 
de cet animal. La bosse que ce poisson a sur 
la nuque est grosse, arrondie et placée sur 
une partie du corps tellement élevée que, 
si on tire une ligne droite du museau au 
milieu de Îa nageoire caudale, la hauteur 
du sommet de la bosse au dessus de cette 
ligne horisontale est au moins égale au quart 
de la longueur totale de ce thoracin. La 
seconde bosse, qui nous a suggéré son nom 
spécifique , est conformée à peu près comme 
la première, mais moins grande, et située 
entre les yeux. La ligne latérale suit la 


(1) Æyphosus bigibbus. 

Nota. Le nom générique kyphose, KkyYPmosus, que 
nous avons donné à ce poisson, vient du mot £yphos, 
qui en grec signifie bosse, aussi bien que £byrtos, 
expression dont Bloch a fait dériver le nom d’un 
genre de jugulaires, ainsi que nous l’avons vu. 


126 ENS ATIOTTRR € 


courbure du dos, dont elie est très-voisine. 
Les nageoires pectlorales sont alongées et 
terminées en pointe. La longueur de la na- 
geoire de l'anus n'égale que la moitié ou 
environ de celle de la nageoire dorsale. La 
nageoire de la queue est très-fourchue. Des 
écailles semblables à celles du dos recouvrent 
au moins une grande partie des opercules (1). 


(1) 135 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire 
dorsale. 
15 ou 14 rayons à chacune des pectorales. 
5 ou 6 rayons à chacune des thoracines. 
14 ou 15 à celle de l'anus. 


DES OSPHRONEMES. 127 


SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. 
PAR LACÉPBDE. 


LES OSPHRONÉMES. 


Civo ou six rayons à chaque nageoire 
thoracine ; le premier de ces rayons aiguil- 
lonné , et le second terminé par un fila- 
ment très-long. 


PREMIÉRE ESPÈCE. 


L'OSPHRONÈME GORAMY; osphronemus 
goramy. — La partie postérieure du dos 
très-élevée ; la ligne latérale droite; la na- 
geoire de la queue arrondie. 


SECONDE ESPÈCE. 


L’'oSsPHRONÈME GAL; osphronemus gallus. 
— La lèvre inférieure plissée de chaque côté ; 
les nageoires du dos et de l’anus très-basses ; 
celle de la queue fourchue. 


128 ETS T ORE 


L'OSPHRONÈME GORAMY (1), 
PAR LACÉPÈDE. 


PREMIÈRE ESPÉECE: 


N OUS conservons à ce poisson le nom 
générique qui lui a été donné par Com- 
ruerson, dans les manuscrits duquel nous 
avons trouvé la description et la figure de 
ce thoracin. 

Cet osphronème est remarquable par sa 
forme , par sa grandeur , et par la bonté de 
sa chair. il peut parvenir jusqu’à la lon- 
gueur de deux mètres (environ six pieds); 
et comme sa hauteur est très-srande à pro- 
portion de ses autres dimensions, il four- 
nit un aliment aussi copieux qu'agréable. 


(1) Osphronemus goramy. 

Osphronemus olfax. Commerson, manuscrits déjà 
cités. 
Poisson gouramie, ou gouramy. (11 faut observer 
que ce nom de poisson gouramie , OU gouramy, ou 
goramy , a été aussi donné , dans le grand Océan, au 
trichopode mentonnier. } 

Commerson 


* 


ss 


DES OSPHRONEMES. 129 


Commerson l’a observé dans l’île de France, 
en février 1770, par les soins de Seré, com- 
mandant des troupes nationales. Ce poisson 
y avoit été apporté de la Chine, où il est 
indigène, et de Batavia, où on le trouve 
aussi, selon l’estimable Cossigny (1). On 
l'avoit d’abord élevé dans des viviers, et il 
s’étoit ensuite répandu dans les rivières, où 
il s’étoit multiplié avec une grande facilité, 
et où 1l avoit assez conservé toutes ses qua- 
lités pour être, dit Commerson, le plus 
recherché des poissons d’eau douce. Il seroit 
bien à desirer que quelque ami des sciences 
naturelles, jaloux de favoriser l’accroisse- 
ment des objets véritablement utiles, se 
donnât le peu de soins nécessaires pour le 
faire arriver en vie en France, l'y accli- 
mater dans nos rivières, et procurer ainsi 


(1) Devectus è Sina ,educatusprimüm in piscinis, etc. 
Manuscrits de Commerson. 

« Le poisson n’est pas extrêmement commun dans 
le Bengale. 11 y a beaucoup d’étangs dans le pays; on 
pourroit en former des viviers. Il seroit à propos d’y 
transplanter le goramy , cet excellent poisson que nous 
avons transporté de Batavia à l’île de France , et qui 
s’y est naturalisé ». ( Voyage au Bengale, etc. par 
Charpentier-Cossigny , tom. I , p. 181.) 


Poiss. Tome VIII I 


150. BES MDOIRE -:° 
à notre patrie une nourriture peu chère; 
exquise, salubre et très-abondante. 

Voyons quelle est la conformation de cet 
osphronème goramy. 

Le corps est très-comprimé et très-haut. 
Le dessous du ventre et de la queue et la 
partie postérieure du dos présentent une 
carène aiguë. Cette même extrémité poslé- 
rieure du dos montre une sorte d’échan- 
crure , qui diminue beaucoup la hauteur de 
l'animal, à une petite distance de la nageoire 
caudale ; et lorsqu'on n’a sous les yeux qu'un 
des côtés de cet osphronème, on voit faci- 
lement que sa partie inférieure est plus 
arrondie, et s'étend au dessous du diamètre 
longitudinal qui va du bout du museau à la 
fin de la queue, beaucoup plus que sa 
parte supérieure ne s'élève au dessus de ce 
mème diamètre (1). 


(1) 6 rayons à la membrane des branchies. 
15 aiguillons et 12 raÿons articulés à la nageoire 
du dos. 
14 aiguillons à chacune des pectorales. 
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des 
thoracines. 
10 aiguillons et 20 rayons articulés à la nageoire 
de l’anus. 
16 rayous à celle de la queue. 


DES OSPHRONEMES. 133 


De larges écailles couvrent le corps, la 
queue , les opercules et la tête; et d'autres 
écailles plus petites revètent une portion 
assez considérable des nageoires du dos et 
de l'anus. Le dessus de la lête, incliné vers 
le museau, offre d’ailleurs deux légers en- 
foncemens. La mâchoire supérieure est ex- 
tensible ; l’inférieure plus avancée que celle 
d'en haut : toutes les deux sont garnies d’une 
double rangée de dents; le rang extérieur 
est composé de dents courtes et un peu 
recourbees en dedans; l'intérieur n’est formé 
que de dents plus petites et plus serrées. 

Ou aperçoit une callosité au palais; la 
langue est blanchâtre, retirée, pour ainsi 
dire, dans le fond de la gueule, auquel elle 
est attachée; les orifices des narines sont 
doubles; chaque opercule est formé de deux 
lames, dont la première est excavée vers le 
bas par deux ou trois petites fosselles, et 
dont la seconde s’avance en pointe vers les 
nageoires pectorales, et de plus est bordée 
d'une membrane. 

Où aperçoit dans l’intérieur de la bouche, 
et au dessus des branchies, une sorte d'os 
ethmoïde, /abyrinthiforme, pour employer 
l'expression de Comimerson, et place dans 
une cavité particulière. L'usage de cet os a 


I 2 


152 HISTOIRE 


paru au voyageur que nous venons de citer 
très-digne d’être recherché, et nous nous 
en sommes occupés dans notre Discours sur 
les parties solides des poissons. 

La nageoire du dos commence loin de la 
nuque , et s'élève ensuite à mesure qu'elle 
s'approche de la caudale, auprès de laquelle 
elle est très-arrondie. 

Chaque nageoire thoracine renferme six 
rayons. Le premier est un aiguillon très- 
fort ; le second se termine par un filament 
qui s'étend jusqu’à l'extrémité de la nageoire 
de la queue; ce qui donne à l’osphronème 
un rapport très-marqué avec les tricho- 
podes : mais, dans ces derniers, ce filament 
est la continuation d’un rayon unique, au 
lieu que, dans l’osphronème, chaque thora- 
cine présente au moins cinq rayons. 

L’anus est deux fois plus près de la gorge 
que de l’extrémité de la queue : la nageoire 
qui le suit a une forme trés-analogue à celle 
de la dorsale ; mais, ce qui est particulière- 
ment à remarquer, elle est beaucoup plus 
étendue. 

On ne compte au dessus ni au dessous de 
Ja caudale, qui est arrondie, aucun de ces 
rayons articulés, trés-courts et très-inégaux, 
qu'on a nominés faux rayons OU rayons 


DES OSPHRONEMES. :133 


bätards , et qui accompagnent la nageoire de 
la queue d’un si grand nombre de poissons. 

Enfin la ligne latérale, plus voisine du 
dos que du ventre, n'offre pas de courbure 
très - sensible. 

Au reste, le goramy est brun, avec des 
teintes rougeâtres plus claires sur les na- 
geoires que sur le dos; et les écailles de 
ses côtés et sa partie inférieure, qui sont 
argentées et bordées de brun, font paroître 


ces mêmes portions comme couvertes de 
mailles. 


194 | HASTOTRE 


D SA EN CAS PARTS DES 


L’OSPHRONÈME GAL (e), 
PAR LACÉPÉDE. 
SECONDE BSPÈCE. 
Forraer a vu sur les côtes Arabie cet 


osphronème, qu’il a inscrit parmi les scares, 
et que ie professeur Gmelin a ensuite trans- 


D 


(1) Le gal. En arabe, dik el bahr ou mogharred.” 

Scarus obscurè-viridis, capitis abdominisque lineis 
violaceis, pinnâ caudæ bifurcä...... scarus gallus. 
Forskæœl , Faun. Ægypt. Arab. p. 26 , n° 11.— Artedi, ; 
Gen. pisc. edit. Waïbaum, nov. gen. Forsk. n° 13. 

Labrus pinné caudali medio truncaté , dorsali ani- 
que linearibus basi violaceis, labio inf-riore utrinque = 
uniplicato........ labrus gallus. Län. Syst. nat. edit, 
Gmel. gen. 166, sp. 42. SONNINI. 

(2) Osphronemus gallus. 

Scarus gallus. Forskoel , Faun. Arab. p. 26 , n° 11. 

Labrus gallus. Lin. édit. de Gmelin. 


DES OSPHRONÈMES. 135 
porté parmi les labres, mais dont la véri- 
table place nous paroît être à côté du 
goramy. Ce poisson est regardé comme très- 
venimeux par les habitans des rivages qu’il 
fréquente (1); et dès-lors on peut présumer 
qu'il se nourrit de mollusques, de vers et 
d’autres animaux marins, imprégnés de sucs 
malfaisans ou même délétères pour Fhomme. 
Mais , s’il est dangereux de manger de Îa 
chair du gal, il doit être très -agréable de 
voir cet osphronème : il offre des nuances 
gracieuses , variées et brillantes ; et ces hu- 
meurs funestes, dérobées aux regards par 
des écailles qui resplendissent des couleurs 
qui émaillent nos parterres, offrent une 
nouvelle image du poisson que la Nature a 
si$ouvent placé sous des fleurs. 

Le gal est d’un verd foncé; et chacune 
de ses écailles étant marquée d’une petite 
ligne transversale violette ou pourpre, los- 
phronème paroît rayé de pourpre ou de 
violet sur presque toute sa surface. Deux 
bandes bleues règnent de plus sur son abdo- 


(1) Si venimeux , disent les pêcheurs de la mer 
Rouge , qu’il suffit de le toucher légèrement pour 
éprouver des accidens graves. SoNNIN1.- 

1 4 


136 ETS TOIRE 


men. Les nageoires du dos et de l’anus sont 
violettes à leur base , et bleues dans leur 
bord extérieur ; les pectorales bleues et vio- 
lettes dans leur centre; les thoracines bleues; 
la caudale est jaune et aurore dans le mi- 
lieu, violette sur les côtés, bleue dans sa 
circonférence ; et l'iris est rouge autour de 
la prunelle, et verd dans le reste de son 
disque. 

Le rouge, l’orangé , le jaune, le verd, le 
bleu , le pourpre et le violet, c’est-à-dire , 
les sept couleurs que donne le prisme so- 
laire , et que nous voyons briller dans l’arc- 
en-ciel, sont donc distribuées sur le gal , qui 
les montre d’ailleurs disposées avec goût, 
et fondues les unes dans les autres par des 
nuances très-douces. 

Ajoutons, pour achever de donner une 
idée de cet osphronème, que sa lèvre infé- 
rieure est plissée de chaque côté; que ses 
dents ne forment qu’une rangée ; que celles 
de devant sont plus grandes que celles qui 
les suivent, et un peu écartées l’une de 
l’autre ; que la ligne latérale se courbe vers 
le bas, auprès de la fin de la nageoire 
dorsale ; et que les écailles sont striées , 
foiblement attachées à l'animal, et mem- 


DES OSPHRONEMES. 137 


braneuses dans une grande partie de leur 
contour (1). 


(1) 5 rayons à la membrane des branchies. 
8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoire 
du dos. 
14 rayons à chacune des pectorales. 
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des 
_ thoracines. 
5 aiguiilons et 12 rayons articulés à celle de 
l'anus. 
15 rayons à celle de la queue, 


258 OUEST 'OTRE 


Ë 


SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. 


PAR LACÉPÉDE. 


\ 


LES TRICHOPODES. 


UÙx seul rayon beaucoup plus long que le 
corps à chacune des nageoires thoracines; 
une seule nageoire dorsale. 


PREMIERE ES PÈ CE. 


LE TRICHOPODE MENTONNIER ; {richopodus 
mentum. — La bouche dans la partie supé- 
rieure de la tête; la mâchoire inférieure 
avancée de manière à représenter une sorte 
de mention. 

SECONDE ES bÈÉ CE: 


Li 


LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE ; {/iChopo- 
dus trichopterus. — Tia tête couverte de 
petites écaillés ; les rayons des nageoires 
pectorales prolongés en très-longs filamens. 


DES TRICHOPODES. 139 


LE TRICHOPODE 
MENTONNIER (), 
PAR LACÉPÉDE. 


PREMIÈRE ESPECE. 


C’asr encore le savant Commerson quia 
observé ce poisson , dont nous avons trouvé 
un dessin fait avec beaucoup de soin et 
d’exactitude dans ses précieux manuscrits. 
La tête de cet animal est extrémement 
remarquable; elle est le produit bien plutôt 
singulier que bizarre d’une de ces combinai- 
sous de formes plus rares qu'extraordinaires 
que l’on est surpris de rencontrer , mais que 
Von devroit être bien plus étonné de ne pas 
avoir fréquemment sous les yeux, el qui, 
n'étant que de nouvelles preuves de ce 
grand principe que nous ne cessons de cher- 
cher à établir, fout ce qui peut étre existe, 
méritent néanmoins notre examen le plus 


-_ (r) Trichopodus mentum. 
Gouramy, ou gouramie. 


140 HUSTOITRE 


attentif et nos réflexions les plus profondes, 
Elle présente d’une manière frappante les 
principaux caractères de la plus noble des 
espèces, les traits les plus reconnoissables 
de la face auguste du suprême dominateur 
des êtres; elle rappelle le chef-d'œuvre de 
la création ; elle montre en quelque sorte 
un exemplaire de la figure humaine. La 
conformation de la mâchoire inférieure , 
qui s’avance, s’arrondit , se relève et se re- 
courbe , pour représenter une sorte de men- 
ton; le léger enfoncement qui suit cette 
saillie ; la position de la bouche et ses dimen- 
sions ; la forme des lèvres; la place des yeux 
et leur diamètre; des opercules à deux lames, 
que l’on est tenté de comparer à des joues ;. 
la convexité du front; l’absence de toute 
écaille proprement dite de dessus l’ensemble 
de la face, qui, revêtue uniquement de 
_ grandes lames, paroît comme couverte d’une 
peau ; toutes les parties de la tête du men- 
tonnier se réunissent pour produire cette 
image du visage de l’homme, aux yeux de 
ceux sur-tout qui regardent ce trichopode 
de profil. Mais cette image n’est pas com- 
plette. Les principaux linéamens sont tra- 
cés : mais leur ensemble n’a pas reçu de la 
justesse des proportions une véritable res- 


DES TRICHOPODES. 14à 


semblance ; ils ne produisent qu’une copie 
grotesque , qu’un portrait chargé de détails 
exagérés. Ce n’est donc pas une tête humaine 
que l'imagination place au bout du corps 
du poisson mentonnier ; elle y suppose plu- 
tôt une lête de singe ou de paresseux ; et 
ce n’est même qu'un instant qu’elle peut 
être séduite par un commencement d'illu- 
sion. Le défaut de jeu dans cette tête qui la 
frappe , l’absence de toute physionomie, la 
privation de toute expression sensible d’un 
mouvement intérieur, font bientôt dispa- 
roître toute idée d’être privilégié, et ne 
laissent voir qu'un animal dont quelques 
portions de la face ont dans leurs dimensions 
les rapports peu communs que nous venons 
d'indiquer. C’est le plus saillant de ces rap- 
ports que j'ai cru devoir désigner par le nom 
spécifique de mentonnier, de même que j'ai 
fait allusion par le mot trichopode ( pieds en 
forme de filamens) au caractère de la famille 
pariculière dans laquelle j'ai pensé quil 
falloit l’inscrire. 

Chacune des nageoires thoracines des 
poissons de cette famille, et par conséquent 
du mentounier, n’est composée en effet que 
d’un rayon ou filament très-délié. Mais cette 
prolongalion très-molle, au lieu d’être très- 


142 HISTOIRE 


courte et à peine visible , comme dans Îles 
monodactyles, est si étendue, qu’elle sur- 
passe ou du moins égale en longueur le 
corps et la queue réunis. 

Le mentonnier a d'ailleurs ce corps et 
celte queue lrés-comprinés, assez hauis vers 
Je milieu de la longueur totale de l'animal; 
la nageoire dorsale et celle de lanus basses 
et presque égales l’une à l’autre; la caudale 
rectiligne, et les pectorales courtes, larges 
et arrondies (1). 


(1) À la nageoire dorsale . . . . . 18 rayons. 
À chacune des thoracines. . . . . I 
À la naigeoire del’anusr(7, 1. 20478 


DES TRICHOPODES. 143 


A — _ _  — 


EC RING 


LE TRICHOPODE TRICHOPTÈRE (2), 
BAR, EACÉPEDE. 


SEC ON D E EE $ PB Ê CE. 


Ce trichopode est distingué du précédent : 
par plusieurs traits que l’on saisira avec faci- 
lité en lisant la description suivante. Il en 
diffère sur-tout par la forme de sa tête qui 
ne présente pas cette sorte de masque que 
nous avons vu sur le mentonnier. Cette 


(1) Le crin. En anglais , hair-finned wrasse. En 
allemand , borstenflosser. Au Japon , iban marate 
djantan , pangay , kapirat. 

Sparus duabus utrinque maculis nofatus ; primo 
pinnarum ventralium radio longissimo , astaci anten- 
nam referente. Kælreuter , loco infrà citato. 

Labrus pinnis ventralibus uniradiatis..,.. labrus 
trichopterus. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 166, sp. 47. 

Labrus trichopterus. Artedi, Gen. pisc. gen. 27, 
_n° 10. additament. SONNINI: 


(2) Trichopodus trichopterus. 


144 HISTOIRE 


partie de l'animal est pelite et couverte 
d’écailles semblables à celles du dos. L’ou- 
verture de la bouche est étroite, et située 
Vers la portion supérieure du museau pro- 
prement dit. 

Les lèvres sont extensibles. La nageoire. 
du dos est courte, pointue, ne commence 
qu'à l'endroit où le corps a le plus de hau- 
teur, et se termine à une grande distance 
de la nageoire de la queue. Il est à remar- 
quer que celle de l’anus est, au contraire, 
très - longue ; qu’elle renferme , à très - peu 
près, quatre fois plus de rayons que la 
dorsale; qu’elle touche presque la caudale; 
qu’elle s'étend beaucoup vers ia tête, et que, 
par une suite de cette disposition , lorifice 
de l'anus, qui la précède, est très-près de 
la base des thoracines. 

Ces dernières nageoires ne consistent cha- 
cune que dans un rayon ou filament plus 


Labrus trichopterus. Lin. édit. de Gmel. — Pallas, 
Spicil. zool. 8, p. 45. 

Labrus trichopterus. Bloch , pl. cexcv, fig. 2. 

Sparus , ec. KϾlreuter , nov. Comm. Petrop. IX, 
p.452, n°9, tab. ro. 

Labre crin. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth. 


long 


DES TRICHOPODES. 145 


long que le corps et la queue considérés 
ensemble (1); et de plus chaque pectorale, 
qui est très-étroite, se termine par un autre 
filament très-alongé, ce qui a fait donner 
au poisson dont nous parlons ie nom de 
trichoptère ou d’aile à filament. Nous lui 
avons conservé ce nom spécifique ; mais au 
lieu de le laisser dans le genre des labres 
ou des spares, nous avons cru, d’après les 
principes qui nous dirigent dans nos distri- 
butions méthodiques, devoir le comprendre 
dans une petite famille particulière , et le 
placer dans le même genre que le men- 
tonnier. 

Le trichoptère est ondé de diverses nuances 
de brun. On voit de chaque côté sur le corps 
et sur la queue une tache ronde, noire, et 
bordée d’une couleur plus claire. Des taches 
brunes sont répandues sur la tête dont la 


cn 


(1) 4 aïguillons et 7 rayons articulés à la nageoire 
du dos. 
9 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon à chacune des thoracines. 
4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de 
Panus. 


16 rayons à celle de la queue, qui est fourchne, 


Poiss. Tome VIII. K. 


146 HISTOIRE 


teinte est, pour ainsi dire, livide ; et Ja 
nageoire de la queue, ainsi que celle de 
Janus, sont pointillées de blanc. 

Ce trichopode ne parvient guère qu’à un 
décimètre (trois pouces et demi) de lon- 
gueur. On le trouve dans la mer qui baigne 
les grandes Indes. 


DES MONODACTYLES. 147 


2 


SOIXANTE-:TREIZIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÉDE. 


LES MONODACTYLES. 


UÜx seul rayon très-court et à peine visible 
à chaque nageoire thoracine ; une seule 
nageoire dorsale. 


E SP ÉÈ CE. 


LE MONODACTYLE FALCIFORME; 710n70- 
dactylus falciformis. — La nageoire du dos 
et celle de l’anus en forme de faux ; celle de 
la queue en croissant. 


148 LÉ TS TOTR E 


LE MONODACTYLE 
FA L:Crl F0 ,R M &:.();, 


PAR LACÉPÈDE. 


N ous donnons ce nom à une espèce de 
poisson dont nous avons trouvé la descrip- 
lion et la figure dans les manuscrits de 
Coimmerson. Nous lavons placé dans un 
genre particulier appelé monodactyle , c’est- 
à-dire, à un seul doigt, parce que chacune 
de ses nageoires thoracines, qui représentent 
en quelque sorte ses pieds, n’a qu’un rayon 
très-court et aiguillonné, ou, pour parler 
le langage de plusieurs naturalistes, n’a 
qu'un doigt très-pelit. Le nom spécifique 
par lequel nous avons cru devoir d’ailleurs 
distinguer cet animal, nous a été indiqué 
par la forme de ses nageoires du dos et de 
l'anus, dont la figure ressemble un peu à 
celle d’une faux. Ces deux nageoires sont 


(1) Monodactylus falciformis. 
Psettus spinis pinnarum ventralium loco duobus. 
Commerson , manuscrits déjà cités. 


DES MONODACTYLES. 149 


de plus assez égales en étendue, et touchent 
presque la nageoiïire de la queue, qui est 
en croissant. L’anus est presque au dessous 
des nageoires pectorales, qui sont pointues. 
La ligne latérale suit la courbure du dos, 
dont elle est peu éloignée. L’opercule des 
branchies est composé de deux lames, dont 
la postérieure paroît régulièrement feston- 
née. Les yeux sont gros. L'ouverture de 
la bouche est petite ; la mâchoire supérieure 
présente une forme demi-circulaire et des 
dents courtes , aiguës el serrées ; elle esk 
extensible etembrasse l’inférieure. La langue 
est large , arrondie à son extrémité, amincie 
dans ses bords, rude sur presque toute sa 
surface. On voit, de chaque côté du mu- 
seau, deux orifices de narines, dont l’anté- 
rieur est le plus petit et quelquefois le plus 
élevé. 

La concavité des arcs osseux qui sou- 
tiennent les branchies, présente des protu- 
bérances semblables à des dents, et plus sen- 
sibles dans les trois antérieurs. Le corps et 
la queue sont très -comprimés, couverts 
d’écailles petites, arrondies et lisses, que lon 
retrouve avec des dimensions plus pelites 
encore sur une partie des nageoires du dos 
et de l'anus, et resplendissans d’une cou- 


K 5 


350 H/L19 TOTR E 


leur d'argent, mêlée sur le dos avec des 
teintes brunes. Ces mêmes nuances obscures 
se montrent aussi sur la portion antérieure 
de la nageoire de l’anus et de celle du dos, 
ainsi que sur les pectorales, qui néanmoins 
offrent souvent une couleur incarnate. Le 
monodactyle falciforme ne parvient ordi- 
nairement qu'à une longueur de vingt-six 
centimètres ( dix pouces environ) (1). 


(1) 7 rayons à la membrane des branchies. 
33 rayons à la nagcoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon aiguillonné à chacune des thoracines, 
3 aiguillons et 30 rayons à celle de l’anus. 


DES PLECTORHINQUES. 154 


ee ae 


SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. 


PAR LACEPÉDE. 


LES PLECTORHINQOUES. 


Üxes seule nageoire dorsale; point d’ai- 
guillons isolés au devant de la nageoire 
du dos, de carëne latérale, ni de petite 
nageoire au devant de celle de l’anus; les 
lèvres plissées et contournées; une où 
plusieurs lames de l’opercule branchial 
dentelées. 


É)S TP É CIE; 


LE PLECTORHINQUE CHÉTODONOÏDE ; plec- 
torhinchus chætonoïdes. — Treize aiguillons 
À U 7 ° : 
à la nageoire du dos; de grandes taches irre- 
gulières, chargées de taches beaucoup plus 
foncées, inégales et presque rondes. 


152 FES: T'OTRE 


LE; PLECTORHINQUE 
OH ET OÙD:0 NOT DE : (», 


PAR ILACÉ PÉDIE. 


Le mot plectorhinque désigne les plis 
extraordinaires que présente le museau 
de ce poisson, et qui forment , avec la 
dentelure de ses opercules, un de ses prin- 
cipaux caractères génériques. Nous avons 
employé de plus , pour cet osseux, le nom 
spécifique de chétodonoïde , parce que len- 
semble de sa conformation lui donne de 
très-grands rapports avec les chétodons, 
dont l’histoire ne sera pas trés-éloignée de 
la description du plectorhinque. Ce dernier 
animal leur ressemble d’ailleurs par la beauté 
de sa parure. Sur un fond d’une couleur 
très-foncée , parôisseni en effet, de chaque 
côté, sept ou huit taches très-étendues . 
inégales , irrégulières, mais d’une nuance 
claire et très-éclatante , variées par leur 
contour , agréables par leur disposition, 


(1) Plectorhinchus chætodonoïides, 


DES PLECTORHINQUES. 153 


relevées par des taches plus petiles, foncées, 
et presque toutes arrondies , qu’elles ren- 
ferment en nombre plus ou moins grand. 
Il résulte un bel effet de leur figure , de 
leur ton , de leur distribution, d'autant plus 
qu'on aperçoit des taches qui ont beaucoup 
d’analogie avec ces premières, à lextré- 
milé de toutes les nageoires , et sur-tout de 
la partie postérieure de la nageoire du dos. 

Cette nageoire dorsale montre une sorte 
d'échancrure arrondie qui la divise en deux 
portions très-contiguës, mais faciles à dis- 
tnguer , dont l’une est soutenue par treize 
rayons aiguillonnés , et l’autre par vingl 
rayons articulés (1). Les thoracines et: la 
nageoire de l’anus présentent à peu près 
la même forme et la même surface l’une 
que l’autre: les deux premiers rayons qu’elles 
comprennent sont aiguillonnés; et le second 
de ces deux piquans est très-long et très- 
fort. 

La nageoire caudale est rectiligne ou 
arrondie. Il n’y a pas de ligne latérale 


s | 


f = 
(1) 15 rayons à chacune des nageoires peclorales. 
2 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à 
celle de l’anus. 


18 rayons à celle de la queue. 


154% PTS 'T'OTR'E 

sensible. La tête est grosse , comprimée 
comme le corps et la queue, et revêtue , 
ainsi que ces dernières parties, d’écailles 
petites et placées les unes au dessus des 
autres. Des écailles semblables recouvrent 
des appendices charnues auxquelles sont 
altachées les nageoires thoracines, les pec- 
torales , et celles de lPanus. 

L'œil est grand ; l'ouverture de la bouche 
petite; le museau un peu avancé , et comme 
caché dans les plis et les contours charnus 
ou membraneux des deux mâchoires. 

Nous avons décrit celte espèce encore 
inconnue des naluralistes , d’après un indi- 
vidu de la coilection hollandaise donnée à 
la France. 


DES POGONIAS. 155 


SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÉDE. 


LES PO GO UN FAS. 


Us seule nagcoire dorsale ; point d’ai- 
guillons isolés au devant de la nageoire 
du dos , de carène latérale, ni de petite 
nageoire au devant de celle de l'anus ; 
un très-grand nombre de petits barbillons 
à la mâchoire inférieure. 


EB'S P € E. 


LE POGONIAS FASCÉ; pogonias fasciatus. 
— Les opercules recouverts d’écailles sem- 
blables à celles du dos ; quatre bandes trans- 
versales, et d’une couleur très-foncée ou 
très-vive. 


156 HISTOIRE 


LE TPE DEGL'O N'ES 
FA: S C'Éx: (à). 


PA RODIAICÉ PE DE 


N ous donnons ce nom de pogonias à un 
genre dont aucun individu n’a encore’ élé 
connu des naturalistes. Cette dénomination 
signifie barbu, et désigne le grand nombre 
de barbillons qui garnissent la mâchoire 
inférieure, et, pour ainsi dire , le menton 
de l'animal. Nous avons décrit l’espèce que 
nous distinguons par lépithète de fascé , 
d’après un poisson très-bien conservé, qui 
faisoit partie de la collection du stathouder 


EE — 


(1) Pogonias fasciatus. 

Chætodon percatus ; spinis dorsalibus novem , 
analibus duo; corpore elongato , fasciato : mento bur- 
dato. Habitat in mari Carolinam alluente. Notes 
manuscrites que Bosc a bien voulu me communiquer, 
et dans lesquelles ce savant zoologue a très -bien 
indiqué les traits distinctifs de ce poisson qu'il a 
observé , décrit et dessiné pendant son voyage dans 
les Etats-Unis de l'Amérique. 


DES POGONIAS. 157 


à la Haye , et qui se trouve maintenant 
dans celle du Museum national d'histoire 
naturelle. 

Ce pogonias a la tête grosse ; les yeux 
grands ; la bouche large ; les lèvres doubles ; 
les dents des deux mâchoires aiguës , égales, 
et peu serrées ; la mâchoire supérieure plus 
avancée que l'inférieure ; l’opercule coim- 
posé de deux lames et recouvert d’écailles 
arrondies comme celles du dos, auxquelles 
elles ressemblent. d’ailleurs en tout : la 
seconde lame de cet opercule branchial 
terminée en pointe ; la nageoire du dos 
étendue depuis l'endroit le plus haut du 
corps jusqu’à une distance assez petite de 
l'extrémité de la queue ; et presque partagée 
en deux portions inégales par une sorte 
d’échancrure cependant peu profonde ; un 
aiguillon presque détaché au devant de cette 
nageoire dorsale et de celle de l'anus ; cette 
dernière nageoire très-pelite et inférieure 
même en surface aux thoracines, qui néan- 
moins sont moins grandes que les pectorales; 
la caudale rectiligne ou arrondie : les côtés 
dénués de ligne latérale ; la mâchoire infé- 
rieure garnie de plus de vingt filamens 
déliés , assez courts , rapprochés deux à 


158 SCT OTR'IE 


deux , ou trois à trois, et représentant assez 
bien une barbe naissante (1). 

Quatre bandes foncées ou vives, étroites, 
mais très-distinctes, règnent de haut en bas 
de chaque côté du pogonias fascé ; de petits 
points sont disséminés sur une grande partie 
de la surface de l'animal. 


em 


(2) A la nageoire dorsale . . . . . 53 rayons. 
A chacune des pectorales . . . 13 
À chacune des thoracines. . . . 6 
À: celle’ de anus... 4.» «te «1:18 
À celle de la queue . . . . . . 19 


DES BOSTRYCHES. 159 


ee 


SOIXANTE - SEIZIÈME GENRE. 
PAR TACÉPODE 


HESBROSTERTYCHES. 


Lr corps alongé et serpentiforme ; deux 
nageoires dorsales ; la seconde séparée de 
celle de la queue ; deux barbillons à la 
mächoire supérieure ; les yeux assezgrauds 
et sans voile. 


PREMIÉRE ESPÈCE. 


LE BOSTRYCHE CHINOIS; bostrychus 
sinensis. — La couleur brune. 


S E G'O N D EE ES P É CE. 


LE BOSTRYCHE TACHETÉ ; bostrychus 
| maculatus. — De très-pelites taches vertes 
| sur tout le corps. 


160 HISTOIRE 


BE BOSTRYCHE CHINOIS (:}; 


PAR LACÉPEDE 


PR EMI LR E Es PÈ CE. 


C’'esr dans les dessins chinois, dont nous 
avons déjà parlé , que nous avons trouvé 
la figure de ce bostryche , ainsi que celle 
du bostryche tacheté. Les barbillons que 
ces poissons ont à la mâchoire supérieure , 
et qui nous ont indiqué leur nom. géné- 
rique (2), les distingueroïient seuls des 
sobies , des gobioïdes, des gobiomores et des 
gobiomoroïdes , avec lesquels ils ont cepen- 
dant beaucoup de rapports par leur confor- 
mation générale. Nous ne doutons pas que 
ces osseux n'aient des nageoires au dessous 
du corps, et ne doivent être compris parmi 


(1) Bostrychus sinensis. 


(2) Bostrychos en grec veut dire filament, bar- 
billon , etc. 


les 


DES BOSTRYCHES. 167 


les thoracins, quoique la position dans la- 
quelle ils sont représentés ne permette pas 
de distinguer ces nageoires. Au reste, si 
de nouvelles observations apprenojent que 
les bostryches n’ont pas de nageoires infé- 
rieures , ils n'en devroient pas moins for- 
mer un genre séparé des autres genres déjà 
connus ; 1l sufhroit de les retrancher de la 
colonne des thoracins, et de les porter sur 
celle des apodes. On les y rapprocheroit des 
murènes , dont il seroit néanmoins facile 
de les distinguer par la forme de leurs yeux 
et les dimensions, ainsi que la position de 
leurs nageoires. Ajoutons que cette re- 
marque, relative à l’absence de nageoires 
inférieures et au déplacement qui en seroit 
le résultat, s'applique au genre des bostry- 
choïdes dont nous allons parler. 

Le bostryche chinois est d’une couleur 
brune. On voit de chaque côté de ia queue, 
et auprès de la nageoire qui termine cette 
partie, une belle tache bleue, entourée 
d’un cercle jaune vers le corps et rouge 
vers la nageoire. L'animal ne paroît revêtu 
d'aucune écaille facile à voir. Sa têie est 
grosse ; l’ouverture de sa bouche arrondie ; 
l’opercule branchial d’une seule pièce; la 

Poiss. Tome VIII. L 


162 SHISTOTRE 

première nageoire dorsale très-courte re- 
lativement à la seconde ; celle de lanus, 
semblable ‘et presque égale à la première 
dorsale ; se montre au dessous de la se- 
conde nageoire du dos ; celle de la queue 
est lancéolée. Les mouvemens et les habi- 
tudes du bostryche chinois doivent ressem- 
bler beaucoup à ceux des murènes. 


DES BOSTRYCHES. 165 
LE PA 


ESP HBIOIS'P-R VIOLE 
TACHE TÉ :- {hi}; 
PAR) LLjA' C'E P:BIDE; 


SECONDE ESPÈCE. 


Cr bostryche diffère du chinois par quel- 
ques - unes de ses proportions, par .plu- 
sieurs de ces traits vagues de conforma- 
tion que l'œil saisit el que la parole rend 
difficilement, et par les nuances ainsi que 
par la disposition de ses couleurs. Il est, 
en effet, parsemé de très - petites taches 
vertes. : NE | : 


(zx). Bostrychus maculatuss.. 


164 HISTOIRE 


SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. 
PAR LACÉPEÈDE. 


LES BOSTRYCHOIDES. 


Lr corps alongé et serpentiforme ; une 
seule nageoire dorsale ; celle de la queue 
séparée de celle du dos; deux barbillons 
à la mâchoire supérieure; les yeux assez 
grands et sans voile. 


ESPBÉEÉCE. . 


LE BosTRYCHOÏDE &ILLÉ ; bostrychoïdes 
oculatus. — La nageoire de Panus basse 
et longue ; celle du dos basse et très-lon- 
gue ; une tache verte entourée d’un cercle 
rouge, de chaque côté de l'extrémité de la 
queue. 


DES BOSTRYCHOIDES. 165 


LE BOSTRYCHOIDE @ILLÉ (1), 


PAR LACÉPÉDE. 


Cr poisson est figuré dans les dessins chi- 
nois, arrivés par la Hollande au museum 
d'histoire naturelle de France. Sa tête, son 
corps et sa queue sont couverts de petites 
écailles ; sa tête est moins grosse que la 
partie antérieure du corps. Les nageoires 
pectorales sont petites et arrondies ; celle 
de la queue est lancéolée. La couleur de 
l'animal est brune, avec des bandes trans- 
versales plus foncées, et un très - grand 
nombre de petites taches vertes. Une tache 
verte plus grande, placée dans un cercle 
rouge , et semblable à une prunelle en- 
tourée de son iris, paroïit de chaque côté 
de l’extrémité de la queue. La conforma- 
tion générale de ce poisson doit faire pré- 
sumer que sa maimêre de vivre, ainsi que 
celle des bostryches, a beaueoup de rap- 
ports avec les habitudes des murènes. 


(1) Bostrichoides oculatus. 


L 


CN 


106 HISTOIRE 


SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. 
PAR LACÉPEÈDE. 
LES. ÉCHÉNÉIS: 


Ur plaque très - grande , ovale, com- 
posée de lames transversales , et placée 
sur la tête, qui est déprimée. 


PREMIÈRE ESPÈCE. 


L'ÉCHÉNÉIS RÉMORA; echeneis remora. 
— Moins de vingt et plus de seize paires 
de lames, à la plaque de la tête. 


SE COIN DIE E,89. PE CF. 


L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE ; echencis nau- 
crates. — Plus de viugt - deux paires de 
lames à la plaque de la tête. 


TRLO' L SE EM E:.E.SP É CE, 


L'ÉCHÉNÉIS RAVÉ: echeneis lineata. — 
Moins de douze paires de lames à la plaque 
de la tête, 


4 Ad 


e Jeve del, Bigant 


1.LE REMORA. 
2.TETE DU REMORA. 
3. MACROURE. 


DES ECHENEIS 1:67 


RE —— 


L ERE'M O RAM). 


L’ÉCHÉNÉIS RÉMORA (2), 
PAR LACÉPÉDE. 


PREMIERE ESP ÈÉ CE. 


Voyez la planche XX XVIX, fig. 1, et la tête de ce 
poisson , fig: 2. 


Éraisroire de ce poisson présente un 

phénomène. relatif à l’espèce humaine, et 

que la philosophie ne dédaignera pas. 
Depuis le tems d’Aristote jusqu’à nos 


(1) Le remora ou sucet, En allemand , ansauger, 
schiffshalier. Un suédois , stil/sugare. En norvégien, 
séyris-fisküur, Aux Indes, £oeto, toutouneuw , lacet. 
Par les hollandais qui habitent les Indes, 3ee-luys, 
coupangvisch, schiffkémmer , kemmfisch , zuyserfish. 

Echeneis caud& bifurcé striis capitis octodecim... 
echeneis remora. Fin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 157, 
SP. 1. . SONNINI. | 

(2) Echeneis remora. Rémore , sucet , arrêle - nef, 
pilote , remelioo. En Angleterre , sucring- fish. Dans 


L 4 


168 HISTOIRE 


Jours, cet animal a été l’objet d’une atten- 
lion constante ; on l’a examiné dans ses 
formes, observé dans ses habitudes, consi- 
déré dans ses effets : on ne s’est pas contenté 


plusieurs endroits de la Belgique et de la Hollande, 
sugger. En Portugal, piexe pogador , piexe pioltho. 

E'cheneis remora. Lin. édit. de Gmelin. 

Echène rémore. Vaubenton , Encyclop. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l'Encycl. méthod. 

Ecleneis remora. Commerson ,; manuscrits déjà 
cités. — Forskœl , Faun. Arabic. p. 19. — Bloch, 
pl: cLxxI1. — Artedi , gen. 15, syn. 28. 

Sucet où rémore. Duhamel, Traité des pêches, 
seconde parlie, quatrième section, chap. 4 , art. 6, 
p. 56, pl. iv, fig. 5. 

émore ou rémora. Valmont de Bomare , Dict,. 
d'hist. nat. 

ÆEcheneis. Arist. lib. 2, cap. 14. — Ælian, lib.2, 
cap. 17, p. 95. — Oppian. Hal. Lib. 1 , p. 9. 

Echeneis. Plin. lib. 9, cap. 25 ; et lib. 52 , cap. 1. — 
Wotton , lib. 8, cap. 166, fol. 149, a. 

Echineis. Cuba, lib.3, cap. 24. 

Acharÿdes. \d. lib. 3, cap. 1 ,fol. 71, a. 

ÆEcheneis. Gesner , Aquat. p. 440. 

Remora. Aldrov. lib. 5 , cap. 22 ,p. 336. — Ray, 
p. 71. — Rondelet, Hist. des poissons, part. 1, lib. 15, 
chap. 17. 

Echeneis remora. Appendix du Voyage à la Nou- 
velle- Galles méridionale ; par Jean White, premier 
chirurgien de expédition commandée par le capitaine 


DES ECHENEIS. 164 
de lui attribuer des propriétés merveilleuses, 
des facultés absurdes , des forces ridicules; 
on l’a regardé comme un exemple frappant 
des qualités occultes départies par la Nature 
à ses diverses produciions ; il a paru une 
preuve convaincante de l'existence de ces 
qualités secrettes dans leur origine et incon- 
nues dans leur essence. Il a figuré avec 
honneur dans les tableaux des poëtes, dans 
les comparaisons des orateurs, dans les récits 
des voyageurs, dans les descriptions des 
naturalistes ; et cependant à peine, dans le 
moment où nous écrivons, l'image de ses 
traits, de ses mœurs, de ses effets, a-t-elle 
été tracée avec quelque fidélité. Ecoutors, 
par exemple, au sujet de ce rémora, l’un 


Philipp , p. 296, pl. xt, fig. 5. — Willughby, Ichth. 
appeud. p.5, tab. 9, fig. 2. 

Echeneis. Amæn. academ. 1, p. 605. — Gronov. 
Mus. 1,p.12,n° 53; et Zooph. p. 75 ,n° 256. 

Echeneis cærulescens , ore retuso. Klein , Miss. 
PiSC. 4: PDU 

Remora corpore tereti. Petiver , Gazoph. 1. 44, 
tab. 12. — Adam Olearu , Gottorfische kunstkammer, 
p+ 42, tab. 25. — Belon, Aquat. p. 440. — Sloan. 
Jamaic. 1 , p. 8. — Catesb. Carolin. 2 , tab. 26. — Du- 
tertre, Antill. 2, p. 209 , 222. 

Remora. Edwards, tab. 210, fig. infer, 


170 HISTOIRE 
des plus beaux génies de l'antiquité. « L’éché- 
nés, dit Pline, est un petit poisson accou- 
tumeé à vivre an milieu des rochers : on 
croit que lorsqu'il s'attache à la carène des 
vaisseaux, il en retarde là marche; et de là 
vient le nom qu'il porte, et qui est formé 
de deux mots grecs, dont Fun signifie je 
retiens , et lautre navire. I] sert à composer 
des poisons capables d’amortir et d’éteindre 
les feux de lPamour. Doué d’une puissance 
bien plus étonnante, affssant par une fa- 
culié morale, il arrête l'action de la justice 
et la marche des tribunaux : comipensant 
cependant ces qualités funestes par des pro- 
priétés utiles, il délivre les femmes enceintes 
des accidens qui pourroient trop hâter la 
naissance de leurs enfans; et lorsqu'on le 
conserve dans du sel, son approche seule 
suffit pour retirer du fond des puits les plus 
profonds l'or qui peut y être tombé (1}». 
Mais le naturaliste romain ajoule, avant 
la fix de Fa célèbre histoire qu'il a écrite, 
une peinture bien plus étonnante des altri- 
buts du rémora; et voyons comment ik 
s'exprime au commencement de son trente- 
deuxième livre. 


(z) Pline, Div. @, chap. 25. 


DES ECHENEIS. 171 

« Nous voici parvenus an plus haut des 
forces de la Nature, au sommet de tous 
les exemples de son pouvoir. Une immense 
manifestation de sa puissance occulte se 
présente d'elle-même; ne cherchons rien 
au delà, n’en espérons pas d’égale ni de 
semblable : ici la Nature se surmonte elle- 
même , et le déclare par des effets nombreux. 
Qu'y a-t-il de plus violent que la mer, les 
vents, les tourbillons et les tempêtes? Quels 
plus grands auxiliaires le génie de l’homme 
s'est-il donnés que les voiles et les rames ? 
Ajoutez la force inexprimable des flux al- 
ternatifs qui font un fleuve de tout l'Océan. 
Moutes ces puissances et toutes celles qui 
pourroient se réunir à leurs efforts, sont 
enchaînées par un seul et très-petit poisson 
qu'on nomme échénéis. Que les vents se 
précipitent , que les tempêtes bouleversent 
les flots, il commande à leurs fureurs ; 1l 
brise leurs efforts; il contraint de rester 
immobiles des vaisseaux que n’auroit pu 
retenir aucune chaîne, aucune ancre pré- 
cipitée dans la mer, et assez pesante pour 
ne pouvoir pas en êire retirée. Il donne 
ainsi un frein à la violence, il dompte fa 
rage des élémens, sans travail, sans peine, 
sans chercher à retenir, et seulement en 


172 CPS TONMR EE 


adhérant : il lui suffit, pour surmonter tant 
d'impétuosité , de défendre aux navires 
d'avancer. Cependant les flottes armées pour 
la guerre se chargent de tours et de rem- 
parts qui s'élèvent pour que l’on combatte 
au milieu des mers comme du haut des 
murs. O vanité humaine! un poisson très- 
petit contient leurs éperons armés de fer 
et de bronze, et les tient enchaînées! On 
rapporte que, lors de la bataille d’Actium, 
ce fut un échénéis qui, arrétant le navire 
d'Antoine au moment où il alloit parcourir 
les rangs de ses vaisseaux et exhorter les 
siens, donna à la flotte de César la supé- 
riorité de la vitesse et l'avantage d’une 
attaque impétueuse. Plus récemment, le 
bâtiment monté par Caïus lors de son retour 
d'Andura à Antium, s'arrêta sous l’effort 
d'un échénéis : et alors le rémora fut un 
augure ; car à peine cet empereur fut - il 
rentré dans Rome, qu'il périt sous les traits 
de ses propres soldats. Au reste, son éton- 
nement ne fut pas long, lorsqu'il vit que, 
de toute sa flotte, son quinquérème seul 
n'avançoit pas : ceux qui s'élancèrent du 
vaisseau pour en rechercher la cause, trou- 
vèrent l’échénéis adhérant au gouvernail , 
et le montrèrent au prince indigné qu’ux 


DES ECHÉNEIS. 73 


tel animal eût pu l’emporter sur quatre 
cents rameurs, et très-surpris que ce poisson, 
qui dans la mer avoit pu retenir son navire, 
n’eût plus de puissance jeté dans le vaisseau: 
Nous avons déja rapporté plusieurs opinions, 
continue Pline, au sujet du pouvoir de cet 
échénéis, que quelques latins ont nommé 
remora. Quant à nous, nous ne doutons pas 
que tous les genres des habitans de la mer 
h’aient une faculté semblable. L'exemple 
célèbre et consacré dans le temple de Gnice 
ne permet pas de refuser la mème puissance 
à des conques marines (1). Et de quelque 
manière que tous ces effets aient lieu, ajoute 
plus bas léloquent naturaliste que nous 
titons, quel est celui qui, après cet exemple 
de la faculté de retenir des navires, pourra 
douter du pouvoir qu’exerce la Nature par 
tant d'effets spontanés et de phénomènes 
extraordinaires » ? 

Combien de fables et d’erreurs accumulées 
dans ces passages, qui d’ailleurs sont des 
chef-d’œuvres de style! Accréditées par un 
des romains dont on a le plus admiré la 


supériorité de l'esprit, la variété des con- 
/ 


(1) Voyez , au sujet de ces coquilles , le chap. 25 du 
Liv. 9 de Pline. 


174  HICSITOERE 
noissances et la beauté du talent, elles ont 
élé presque universellement accueillies pen- 
dant un grand nombre de siècles. Mais l’on 
n'aliend pas de nous une mythologie ; c’est 
lhisioire de la Nature que nous devons 
tâcher d'écrire. Cherchons done uniquement 
à faire connoître les véritables formes et 
les habitudes du rémora. Nous allons réunir, 
pour y parvenir, les observations que nous 
avons faites sur un grand nombre d'individus 
conservés dans des collections, avec celles 
dont des individus vivans avoient été l’objet, 
et que. Commerson a consignées dans les 
manuscrits qui nous ont été confiés dans le 
tems par Buffon. 

La longueur totale de l'animal égale très 
rarement trois décimètres (onze pouces en- 
viron). Sa couleur est brune et sans tache: 
et ce qu'il faut remarquer. avec soin, la 
teinte en est la même sur la partie inférieure 
et sur la partie supérieure de l’animal. Ce 
fait est une nouvelle preuve de ce que nous 
avons dit au sujet des couleurs des poissons, 
dans notre Discours sur la. nature de ces 
animaux : en effet, nous allons voir, vers 
Fa fin de cet article, que, par une suite des 
habitudes du rémora, et.de la manière dont 
cet échénéis s'attache aux rochers, aux vais- 


DES ECHENETITS. 175 


eaux ou aux grands poissons, son ventre 
doit être aussi souvent exposé que son dos 
aux rayons de la lumière. 

Les nageoires présentent quelques nuances 
de bleuâtre. L'iris est brun, et montre d’ail- 
leurs un cercle doré. 

Une variélé que l’on rencontre assez fré- 
quemment, suivant Commerson, et que l’on 
voit souvent attachée au même poisson, et, 
par exemple, au même squale que les in- 
dividus bruns, est distinguée par sa couleur 
blanchâtre. 

Le corps et la queue sont couverts d’une 
peau molle et visqueuse, sur laquelle où 
ne peut apercevoir aucune parcelle écail- 
leuse qu'après la mort de l'animal , et lorsque 
les tégumens sont desséchés ; et l’ensemble, 
formé par la queue et le corps proprement 
dit, est d’ailleurs très - alongé et PRO 
conique. : 

La Lête est très- rolunaicases trés-aplâtie, 
et chargée dans sa partie supérieure d’une 
sorte de bouclier ou de grande plaque. 

Cette plaque est alongée, ovale, amincié 
et membraneuse dans ses ‘bords. Son disque 
est garni ou plutôt armé de petites lames 
placées transversalement, et attachées des 
deux côtés d’une arête ou saillie longitudi- 


176 HISTOIRE 


nale, qui partage le disque en deux. Ces 
lames transversales, et arrangées ainsi par 
paires, sont ordinairement au nombre de 
trente-six, ou de dix-huit paires : leur lon- 
gueur diminue d'autant plus qu’elles sont 
situées plus près de l’une ou de l'autre des 
deux extrémités du bouclier ovale. De plus, 
ces lames sont solides, osseuses, presque 
parallèles les unes aux autres, très-aplalies, 
couchées obliquement, susceptibles d’être 
un peu relevées, hérissées, comme une scie, 
de très-petites dents, et retenues par une 
sorte de clou articulé. 

Le museau est très-arrondi, et la mâchoire 
inférieure beaucoup plus avancée que celle 
d'en haut, qui d’ailleurs est simple , et ne 
peut pas s’alonger à la volonté de animal: 
l’une et l’autre ressemblent à une lime, à 
cause d’un grand nombre de rangs de dents 
très-pelites qui y sont aiiachées. 

D'autres dents également très-petites sont 
placées autour du gosier, sur une éminence 
osseuse faite en forme de fer à cheval et 
attachée au palais, et sur la langue, qui 
est courte, large; arrondie par devant, 
dure, à demi-carälegineuse , et retenue en 
dessous par un frein assez court, 

Au reste, l'intérieur de la bouche est 

d'un 


DES ECHENEIS. 77 
d’un incarnat communément très - vif, et 
l'ouverture de cet organe a beaucoup de 
rapports, par sa forme et par sa grandeur 
proportionnelle , avec l’ouverture de la 
bouche de la lophie baudroie. 

L’orifice des narines est double de chaque 
côté. 

Les yeux, placés sur les côtés de la tête; 
et séparés par toute la largeur du bouclier, 
ne sont n1 voilés ni très-saillans. 

Deux lames composent chaque opercule 
des branchies, et une peau légère le re- 
couvre. 

La membrane branchiale est soutenue par 
neuf rayons (1). 

Les branchies sont au nombre de quatre 
de chaque côté, et la partie concave de leurs 
arcs est denticulée. 

Les nageoires thoracines offrent la même 
longueur, mais non pas la même largeur 


(1) A la nageoire du dos. . . . . 22 rayons. 
À chacune des pectorales. . . . 2h 
À chacune des thoracines . . . . 6 
celle de l'anus. 41. . 54 "99 
À celle de la queue. : .:. . : 17 
Vertèbres dorsales, 12. 
Vertèbres caudales, 15. 


Poiss. Tome VIIL. M 


178 HISTOIRE 


que les pectorales : elles comprennent cha- 
cune six rayons; le plus extérieur cepen- 
dant touche de si près le rayon voisin, qu’il 
est très-diflicile de l’apercevoir. 

La nageoire du dos et celle de l'anus 
présentent à peu près la même figure, la 
même étendue et le même décroissement 
en hauteur, à mesure qu’elles sont plus près 
de celle de la queue, qui est fourchue. 

L’orifice de l'anus consiste dans une fente 
dont les bords sont bianchâtres. 

La ligne latérale est composée d’une série 
de points saillans ; elle part de la base des 
nageoires pectorales, s'élève vers le dos, 
descend auprès du milieu du corps, et tend 
ensuite directement vers la nageoire de la 
queue. | 

Telle est la figure du rémora, tracée 
d’après le vivant par Commerson, et dont 
Jai pu vérifier les traits principaux , en 
examinant un grand nombre d'individus 
de cette espèce conservés avec soin dans 
diverses collections (1). 


(1) Ajoutez que l’estomac a une longueur remar- 
quable et de grands plis , et que le foie , attaché au 
diaphragme et placé sous les intestins , se divise en 
deux lobes, SONNINI 


DES ECHENEIS. 17Q 

Ce poisson présente les mêmes formes 
dans les diverses parties, non seulement de 
la Méditerranée , mais encore de l'Océan , 
soit qu'on l’observe à des latitudes élevées, 
ou dans les portions de cet Océan comprises 
entre les deux tropiques. 

Il s'attache souvent aux cétacés et aux 
poissons d’une très - grande taille, tels que 
les squales, et particulièrement le squale 
requin. Il y adhère très - fortement par le 
moyen des lames de son bouclier, dont les 
petites dents lui servent, comme autant de 
crochets, à se tenir cramponné. Ces dents, 
qui hérissent le bord de touies les lames, 
sont si nombreuses, et multiplient à un tel 
dégré les points de contact et d'adhésion 
du rémora, que toute la force d’un homme 
très - vigoureux ne peut pas suffire pour 
arracher ce petit poisson du côté du squale 
sur lequel il s’est accroché, tant qu’on veut 
l'en séparer dans un sens opposé à la direction 
des lames. Ce n’est que lorsqu'on cherche 
à suivre cette direction et à s’aider de 
l'inclinaison de ces mêmes lames, qu’on 
parvient aisément à détacher l’échénéis du 
squale , ou plutôt à le faire glisser sur la 


surface du requin, et à l'en écarter ensuite, 
M 2 


160 HISTOTRE 


Commerson rapporte (1) qu'ayant voulu 
approcher son pouce du bouclier d’un ré- 
mora vivant qu'il observoit, il éprouva une 
force de cohésion si grande, qu’une stupeur 
remarquable et même une sorte de para- 
lysie saisit son doigt, et ne se dissipa que 
long-tems après qu'il eut cessé de toucher 
léchénéis. 

Le mème naturaliste ajoute, avec raison, 
que , dans ceite adhésion du rémora au 
squale , le premier de ces deux poissons 
n’opère aucune succion, comme on l’avoit 
pensé ; et la cohérence de l’échénéis ne lui 
sert pas immédiaiement à se nourrir, puis- 
qu'il n’y a aucune communication propre- 
ment dite entre les lames de la plaque 
ovale et l’intérieur de la bouche ou du 
canal alimentaire , ainsi que je m'en suis 


assuré, après Commer$on, par la dissection. 


attentive de plusieurs individus. Le rémora 
ne s’ailache , par le moyen des nombreux 
crochets qui hérissent son bouclier, que 
pour naviguer sans peine, profiter, dans 
ses déplacemens, de mouvemens étrangers, 
et se nourrir des restes de la proie du 


(1) Manuscrits déjà cités. 


DES ECHENEIS 218, 


requin, comme presque tous les marins le 
disent , et comme Commerson lui - même 
la cru vraisemblablement (1). Au reste, il 
demeure collé avec tant de constance à son 
conducteur, que lorsque le requin est pris, 
et que ce squale, avant d'être jeté sur le 
pont, éprouve des frottemens violens contre 
les bords du vaisseau, il arrive trés-souvent 
que le rémora ne cherche pas à s'échapper, 


(1) Un très-savant naturaliste, Bosc, pense, comme 
on l’a toujours dit, que le rémora s'attache aux gros 
animaux marins et à d’autres corps par une sorte de 
succion. « J’ai aussi observé, écrit-il, des féchénéis 
(rémora) vivans ; cependant je reste persuadé que c’est 
principalement par la succion, c’est-à-dire , en faisant 
le vuide , que l’échénéis se fixe. Je n’ai pas fait des 
expériences directes ; mais j'ai saisi un de ces poissons 
sur une ancre qu’on relevoit, et j'en ai vu sur un navire 
doublé en cuivre, ce qui semble prouver mon opinion 
mieux que tous les raisonnemens possibles. Fe puis, 
de plus, arguer contre Commerson lui- mème, des 
mots qu’il'emploie, car il dit : Quw’ayant voulu appro- 
cher son pouce du bouclier d’un échénéis vivant qu’il 
observoit , il éprouva une force de cohésion si grande , 
qu’une stupeur remarquable , et méme une sorte de pa- 
ralysie en fut la suite , et ne se dissipa que long - tems 
après ». Nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle; 
Paris, Déterville , article de l’échénéis rémora. 

SONNINI. 


M 5 


182 HISTOIRE 


mais qu'il demeure cramponné au corps de 
son terrible compagnon jusqu’à la mort de 
ce dernier et redoutable animal. 
Commerson rapporte aussi que, lorsqu'on 
met un rémora dans un récipient rempli 
d’eau de mer plusieurs fois renouvelée en 
très-peu de tems , on peut le conserver en 
vie pendant quelques heures, et que l’on 
voit presque toujours cet échénéis, privé 
de soutien et de corps étranger auquel il 
puisse adhérer , se tenir renversé sur le 
dos , et ne nager que dans celte position 
très-extraordinaire. On doit conclure de ce 
fait très-curieux , et qui a été observé par 
un naturaliste des plus habiles et des plus 
dignes de foi, que, lorsque le rémora change 
de place au milieu de l'Océan par le seul 
effet de ses propres forces , qu’il se meut 
sans appui, qu'il n’est pas transporté par 
un squale, par un cétacé ou par tout autre 
moteur analogue, et qu'il nage véritable- 
ment, il s’avance le plus souvent couché 
sur son dos, et par conséquent dans une 
position contraire à celle que presque tous 
les poissons présentent dans leurs mouve- 
mens (1). L'inspection de la figure générale 


(1) « Un autre fait également rapporté par Com- 


DES ECHENEIS . 19 


des rémora , et particulièrement la consi- 
dération de la grandeur, de la forme, de 
la nature et de la situation de leur bou- 
clier doivent faire présumer que leur centre 
de gravité est placé de telle sorte qu'il les 
détermine à voguer sur le dos plutôt que 
sur le ventre; et c’est ainsi que leur partie 
inférieure étant très-fréquemment exposée; 
pendant leur natation, à une quantité de 
lumière plus considérable que leur partie 
supérieure, et d’ailleurs recevant également 
un très-grand nombre de rayons lumineux, 
lorsque l’animal est attaché par son bou- 
clier à un squale ou à un cétacé, il n’es£ 
pas surprenant que le dessous du corps de 
ces échénéis présente une nuance aussi fon- 
cée que le dessus de ces poissons. | 
Lorsque les rémora ne sont pas à portée 
de se coller contre quelque grands habitans 
des eaux , ils s’accrochent à la carène des 
vaisseaux ; et c’est de cette habitude que 


merson, c’est que l’échénéis nage sur le dos , et celui- 
là, je le confirme ; j'en ai vu deux ou trois fois se 
séparer du navire que je montois pour courir après 
des haricots cuits que j’avois jetés dans la mer, et 
toujours ils nageoiïient sur le dos ». ( Bosc, ouvrage 
cité à la note précédente.) SOoNNINI. 


M 4 


104 EPS OTER"E 
sont nés tous les contes que Fantiquité a 
imagirtés sur ces animaux, et qui ont élé 
transmis avec beaucoup de soin, ainsi que 
tant d’aulres absurdités, au travers des 
siècles d'ignorance (1). 

Du milieu de ces supposilions ridicules , 
il jaillit cependant une vérité : c’est que 
dans les instans où la carène d’un vaisseau 
est hérissée, pour ainsi dire, d’un très-grand 
nombre d’échénéis, elle éprouve, en cin- 
glant au nulieu des eaux, une résistance 
semblable à celle que feroient naître des 
animaux à coquille très-nombreux et atla- 
chés également à sa surface , qu’elle glisse 
avec moins de facilité au travers d’un fluide 
que choquent des aspérités, et qu’elle ne 
présente plüs la même vitesse. Et il ne faut 
pas croire que les circonstances où les éché- 
néis se trouvent ainsi accumulés contre la 
charpente extérieure d’un navire, soient 
extrèémement rares dans tous les parages : 
il est des mers où l’on a vu ces poissons 
nager en grand nombre autour des vais- 
seaux, et les suivre ainsi en troupes pour 


(1) I n’est pas rare de voir des rémora collés à des 
tortues , à de vienx morceaux de bois, et à d’autres 
substances que la mer entraîne. SONNINIs 


DES ECHENEIS.- 185 
saisir les matières animales que lon jette 
hors du bâtiment, pour se nourrir des sübs- 
tances corrompues dont on se débarrasse, 
et même pour recueillir jusqu'aux excré- 
mens. C’est ce qu'on a observé particulière- 
ment dans le golfe de Guinée; et voilà pour- 
quoi, suivant Barbot (1), les hollandais qui 
fréquentent la côte occidentale d'Afrique, 
ont nommé les rémora poissons d’ordures (2). 
Des rassemblemens semblables de ces éché- 
néis ont été aperçus quelquefois autour des 
grands squales, et sur-tout des requins, 
qu'ils paroissent suivre, environner et pré- 
céder sans crainte, et dont on dit qu'ils sont 
alors les pilotes ; soit que ces poissons redou- 
tables aient, ainsi qu'on l’a écrit, une sorte 
d’antipathie contre le goût ou l'odeur de 
leur chair, et dès-lors ne cherchent pas à 
les dévorer ; soit que les rémora aient assez 
dagilité , d'adresse ou de ruse, pour échap- 
per aux dents meurtrières des squales, en 


(1) Hist. génér. des voyages, liv. 3, p. 242. 

(2) S'il arrive qu’une rémore vienne autour d’un 
vaisseau , elle le quitte rarement, parce qu’elle vit des 
ordures qu’on jetie, ou même des excrémens. (Voyage \ 
autour du monde, par Dampier, tome 1, pag. 86.) 

SONNINI. 


186 HISTOIRE 


cherchant, par exemple, un asyle sur la 
surface même de ces grands animaux, à 
laquelle ils peuvent se coller dans les ins- 
tans de leur plus grand danger, aussi bien 
que dans les momens de leur plus grande 
fatigue. Ce sont encore des réunions ana- 
logues et par conséquent nombreuses de 
ces échénéis, que l’on a remarquées sur 
des rochers auxquels ils adhéroient comme 
sur la carène d’un vaisseau, ou le corps 
d’un requin, sur-tout lorsque l'orage avoit 
bouleversé la mer, qu'ils craignoient de se 
livrer à la fureur des ondes, et que d’ailleurs 
la tempête avoit déjà brisé leurs forces (1). 


(1) De dessus les vaisseaux que suivent les rémora, 
on peut prendre ces poissons avec des hameçons garnis 
de morceaux de viande. JS ont la chair maigre et 
sèche, et ils passent assez généralement pour mauvais 
à manger. Ce n’est pas néanmoins le sentiment de 
Dampier ; ce navigateur assure que les remora sont 
de fort bons poissons. SONNINE 


DES ECHENEIS. 187 


EE 


dans eme 


LE RÉMORA NAUCRATE (1). 


L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE (2), 
PAR BA C ÉP EL DIE. 


SECONDE ESPÈCE. 


Os trouve dans presque toutes les mers; 
et particulièrement dans celles qui sont 


(1) Le remora naucrate, naucrate ou sucet. En 
allemand , schiffshalter. En hollandais, zuigervisch. 
lootsmannitie. En anglais, suckino-fish. En portugais, 
piexe-pogador , piexe-piolibo. En Islande, séyris-fiskur. 
Par les hollandais qui habitent les Indes, roupangvisck. 
\ En arabe, à Loheia , keda, à Dsjidda , keide ou kaml 
el kersch , ce qui signifie pou du requin , parce que ce 
remora s'attache souvent à différentes parties du corps 
du requin. Au Bresil, iperaquiba et piraquiba. 
Echeneis caudä intecr& , striis capitis viginti quaæ- 
£uôr........ echeneis neucrates. Tan. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 157, sp. 2. — Artedi, Gen. pisc. nov. 
gen. 11, n° 2. additament. SONNINI. 
(2) Zcheneis naucrates. 
Idem, Lin. édit. de Gmelin. 
Echène succet. Daubenton, Encyclop. méthod, — 
Bonaterre , pl. de PEncyc. méth. — Bloch, pl. czxxr, 


186 HISTOIRE 


comprises entre les deux tropiques, cette 
espèce d’échénéis, qui ressemble beaucoup 
au rémora, et qui en diffère cependant non 
seulement par sa grandeur, mais encore par 
le nombre des paires de lames que son 
bouclier comprend , et par quelques autres 
traits de sa conformation. On lui a donné le 
nom de zaucrate ou de raucraies, qui en 
grec signifie pilote ou conducteur de vais- 
seau. Les individus qui la composent par- 
viennent quelquefois jusqu’à la longyeur de 
vingt-trois décimètres (sept pieds environ ), 
suivant des Mémoires manuscrits cités par 
le professeur Bloch, et rédigés par le prince 


Echeneis caud& integré , striis capitis viginti-qua- 
tuor. Hasselquist , It. Palest, 524 , n° 68. — Gronov. 
:Zooph. p. 75 ,n° 252; et Mus. 1 ,p. 13, n° 34. 

Echeneis fuscus , pinnis posterioribus albo margi- 
natis. Brown , Jamaïc. p. 443. 

Echeneis , capite striis viginti-quinque , etc. Com- 
merson , manuscrits déjà cités. | 

Echeneis in extremo subrotunda. Seba, Mus. 3, 
14b.35 ; Ag. 2 

ÆEcheneis vel remora. Aldrov. de Piseib. p. 355. — 
Jonst. de Piscibus, p. 16, tab. 4, fig. 3. 

Iperuguiba et piraquiba. Marcgrav. Brasil. p. 180. 
— Willughby, Ichth. p. 119, tab. G, 8, fig. 2. 

Remora imperati. Ray, Pisc. p. 7 ,n° 12. 


Reimora. Petiv. Gazoph. tab. 44 , fig. 12. 


À 

DES ECHENEIS. 184 
Maurice de Nassau, qui avoit fait quelque 
séjour dans plusieurs contrées maritimes de 
l'Amérique méridionale. Le bouclier placé 
au dessus de leur tête présente toujours 
plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six 
paires de lames transversales et dentelées. 
D'ailleurs la nageoire de la queue du nau- 
crate, au lieu d’être fourchue comme celle 
du rémora , est arrondie ou rectiligne. De 
plus. les nageoires du dos et de l'anus, plus 
longues à proportion que sur le rémora, 
montrent un peu la forme d’une faux (1). 

La figure de l’une de ces deux nageoires 
est semblable à celle de l’'aufre.L’ouverture 
de l'anus est alongée, et située à peu près 
vers le milieu de la longueur totale de 
l’échénéis; et la ligne latérale, composée de 
poiais très-peu sensibles, s'approche d’abord 
du dos, change ensuite de direction, et tend 
vers la queue, à l'extrémité de laquelle 
elle parvient. 


(1) À la membrane des branchies . 9 rayons. 
À la nageoire du dos . . . .,. 40 
À chacune des pectorales. . . . 20 
A chacune des thoracines. . . . 4 ou 5 
ficelle deilanus 4 74H 40 


À. celle de la queue . . + . + + 16 


190 HISTOIRE 


Le naucrate offre des habitudes treés-ana- 
logues à celles du rémora ; on le rencontre 
de même en assez grand nombre autour des 
requins.Ses mouvemens ne sont pas toujours 
faciles : mais, comme il est plus grand et 
plus fort que le rémora, il se nourrit quel- 
quefois d'animaux à coquille et de crabes; 
et lorsqu'il adhère à un corps vivant ou 
inanimé , il faut des efforts bien plus grands 
pour l'en détacher que pour séparer un 
rémora de son appui. 

Commerson , qui l’a observé sur les rivages 
de l’île de France, a écrit que ce poisson 
fréquentoit très-souvent la côte de Mozam- 
bique, et qu'’auprès de cette côte on em- 
ployoit, pour la pêche des tortues marines, 
et d’une manière bien remarquable, la faci- 
lité de se cramponner dont jouit cet éché- 
néis. Nous croyons devoir rapporter ici ce 
que Commerson a recueilli au sujet de ce 
fait très-curieux, le seul du même genre 
que l’on ait encore observé (1). 

On attache à la queue d’un naucrate 


(1) M. Midleton avoit déjà rapporté ce fait dans son 
Nouveau système de géographie , dont un extrait de 
l’article Cafrerie est inséré à la suite de la traduction 
française du Voyage au cap de Bonne-Espérance, par 


DES ECHENEIS. 191 
vivant un anneau d’un diamètre assez large 
pour ne pas incommoder le poisson, et assez 
étroit pour être retenu par la nageoire cau- 
dale. Une corde très-longue tient à cet 
anneau. Lorsque l’échénéis est ainsi préparé, 
on le renferme dans un vase plein d’eau 
salée, qu’on renouvelle très-souvent ; et les 
pêcheurs mettent le vase dans leur barque. 
Ils voguent ensuite vers les parages fré- 
quentés par les tortues marines. Ces tortues 
ont l'habitude de dormir souvent à la sur- 
face de l'eau sur laquelle elles flottent ; et 
leur sommeil est alors si léger que lap- 


Sparrman , tom. IIT, in-8°, pag. 537. Voici comment 
M. Midletou s'exprime sur ce sujet : 

« La mer et les rivières de la Cafrerie fournissent 
du poisson ; cependant les habitans en prennent rare- 
ment , excepté des tortues de mer, et cela principa- 
lement lorsqu'elles viennent au, rivage dans la nuit, 
déposer leurs œnfs. Ils ont pourtant une autre mé- 
thode fort singulière de pêcher les tortues. Ils prennent 
vivant un poisson nommé rémora , et fixent deux 
cordes , l’une à sa tête, l’autre à la queue ; ensuite ils 
le plongent au fond de l’eau , à l'endroit où ils jugent 
qu'il doit y avoir des tortues, et lorsqu'ils sentent 
que l’animal s’est attaché à une tortue , ce qu’il fait 
bientôt, ils tirent à eux le rémora, et avec lui la 
tortue. Cette manière de pêcher est aussi, dit-on, en 
usage à Madagascar ». SONNINI:. 


t92 FH LOTO RE 
proche la moins bruyante d’un bateau pê- 
cheur suffiroit pour les réveiller et les faire 
fuir à de grandes distances , ou plonger à 
de grandes profondeurs. Mais voici le piège 
que l’on tend de loin à la première tortue 
que l’on aperçoit endormie. On remet dans 
la mer le naucrate garni de sa longue 
corde : l'animal, délivré en partie de sa cap- 
tivité, cherche à s'échapper en nageant de 
tous les côtés. On lui lâche unes longueur de 
corde égale à la distance qui sépare la tortue 
marine de la barque des pècheurs. Le nau- 
crate, retenu par ce lien, fait d’abord de 
nouveaux eflorts pour se soustraire à la 
main qui le maitrise; sentant bien cepen- 
dant qu’il s’agite en vain, et qu'il ne peut 
se dégager, il parcourt tout le cercle dont 
la corde est en quelque sorte le rayon, pour 
rencontrer un point d'adhésion, et par 
conséquent un peu de repos. Il trouve cette 
sorte d’asyle sous le plastron de la tortue 
flottante, s’y attache très-foriement par le 
moyen de son bouclier, et donne ainsi aux 
pêcheurs, auxquels il sert de crampon, le 
moyen de tirer à eux la tortue en retirant 
la corde. 

On voit tout de suite la différence remar- 
quable qui sépare cet emploi du naucrate 


de 


DES ECHENEIS. 199 
de l’usage analogue auquel ou fait servir 
plusieurs oiseaux d’eau ou de rivage , et 
parlhculièrement des cormorans , des hérons 
et des buiors. Dans la pêche des tortues que 
l'on fait par le moyen d’un échénéis, on n’a 
sous les yeux qu’un poisson contraint dans 
ses mouvemens, mais conservant la même 
tendance , faisant les mêmes efforts, répé- 
tant les mêmes actes que lorsqu'il nage 
en liberté, et n'étant qu’un prisonnier qui 
cherche à briser ses chaînes; tandis que les 
oiseaux élevés pour la pêche sont altérés 
dans leurs habitudes , et modifiés par l'art 
de l’honime, au point de servir en esclaves 
volontaires ses caprices et ses besoins. On a 
pu entrevoir, dans deux de nos Discours gé- 
néraux (1), la cause de cette différence, qui 
mérite toute l'attention des physiciens (2). 


(1) Discours sur la nature des poissons, et Discours 
sur la durée des espèces. 


(2) La chair de ce rémora est moins bonne encore 
que celle de l'espèce précédente. SONNINI: 


Poiss. Tomx VIIL. N 


194 HISTOIRE 


—— 


LE RÉMORA RAYË (ne 


LÉCHÉENÉIS RAY TL.:(6), 
PAR LACÉPÉÈDE. 
TROTSIE ME ES-P É CE. 


Lx naturaliste anglais Archibald Menzies 
a donné, dans le premier volume des Tran- 
sactions de la société linnéenne de Londres, 
la description de ce poisson, qui diffère des 
deux échénéis dont nous venons de parler 
par le nombre des lames qui composent sa 
plaque ovale. En eflet cet osseux n’a que 
dix paires de stries transversales, dans les- 
pèce de bouclier dont sa tête est couverte. 
D'ailleurs sa nageoire caudale , au lieu d’être 
fourchue comme celle du rémora, ou rec- 
üligne , ou arrondie comme celle du nau- 
crate, se termine en pointe. Sa mâchoire 


ee 


(1) Echeneis lineata. 
Idem. Archibald Menzies , Transact. de la société 
ännéeune de Londres , vol. I. 


DES ECHENEIS. 195 


inférieure est plus longue que la supérieure. 
Les dents des deux mâchoires sont petites, 
ainsi que les écailles qui revêtent l’animal. 
La couleur générale est d’an brun foncé, 
et relevée de chaque côlé par deux raies 
blanches qui s'étendent depuis les yeux 
jusques vers le bout de la queue. L’échénéis 
rayé se trouve dans le grand Océan, connu 
sous le nom de mer Pacifique : on y a vu 
adhérer à des tortues. L’individu décrit par 
l'auteur anglais avoit treize centimètres (à 
peu près cinq pouces) de long (1). 


(1) À la membrane branchiale . . 10 rayons. 
A la nageoïre dorsale . . . . . 33 
À chacune des pectorales. . . . 16 
À chacune des thoracines. . . . 5 
Mcellede anus M0 te 2 SAT TS 
A celle dela queue . . - . + - 14 


N 2 


106 HISTOIRE 


SOIXANTE-DIX-NEUVIÈME GENRE. 
PAR {LACÉPÉDE. 
LES MACROURES. 
D:vx nageoires sur le dos; la queue deux 
fois plus longue que le corps. 


ESPÈCE. 


LE MACROURE BERGLAX; "”acrourus 
berglax.— Le premier rayon de la première 
nageoire dorsale dentelé par. devant ; les 
écailles aiguillonnées et relevées en carëne. 


DES MACROURES. 197 


LE M AC RO DRE. (1) 


LE MACROURE BERGLAX (2), 


PAR LACÉPÉDE. 


Voyez la planche XX XVII, fig. 3. 


Avurris des rivages du Groenland et de 
l'Islande habite ce macroure, que Bloch et 
Gunner ont cru, avec raison, devoir placer 
“dans un genre particulier. La longueur de 
sa queue sépare sa forme de celle des autres 
poissons thoracins , et donne un caractère 


4 


particulier à ses habitudes, en accroissant 


(1) Le macroure, ou poisson à longue queue. En 
allemand , berglachs. En norvégien , berg-lax. 

Coryphæna dorso dipterygio, radio pinnæ dorsalis 
primæ retro dentato..... corypaæna rupestris. Oth. 
Fabricius , Faun. Groenland. p. 154 , n° 111. — Lan. 
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158 , sp. 19. 

Macrourus rupestris. Axrtedi, Gen. pisc. édit. 
Walbaum , nov. gen. Blochii, n° 1. SONNINI. 

(2) Macrourus berglax. 

Macrourus rupestris. Bloch , pl. cLxxVII. 

Coryphænoides rupestris. Gunner, Act. Nidros. 3, 

N 5 


198 HISTOIRE 


l'étendue de son principal instrument de 
nalation , et en douant cet osseux d’une 
force particulière pour se mouvoir avec 
vitesse au milieu des mers hyperboréennes. 
Long d'un mètre (trois pieds) ou environ, 
il fournit un aliment utile et quelquefois 
même abondant aux peuplades de ces côtes 
groenlandaises et islandaises, si peu favori- 
sces par la Nature, et condamnées pendant 
une si grande partie de l’année à tous les 
effets d’un froid excessif. Son nom de berg- 
lax vient des rapports qu'il a paru présenter 
avec le saumon que l’on nomme /achs ou 
lax dans plusieurs langues du nord , et des 
rochers au milieu desquels il séjourne fré- 
quemment. Sa lète est grande et large ; ses 
veux sont ronds et saillans ; les ouvertures 
des narines doubles de chaque côté ; et les 
deux mâchoires proprement dites à peu 
près égales. Cependant le museau est très- 


p. 45, tab. 3, fig. 1.— Muller, Prodrom. zool. Danic. 
M A3 900: 
. Coryphæna rupestris. Lin. édit. de Gmelin, — Oth. 
Fabric. Faun. Groenland. p. 154, n° 1114 
Ingmingoak. . ibid. 
F'isklisen brosme. 
Tngminniset. Cranz , Groenland p. 140. 
Berglax. Strom. Sondm. 1 , p. 267. 


DES MACROURES. 1099 


avancé aû dessus de la mâchoire siüipérieure, 
qui est armée ordinairement de cinq ran- 
gées de dents; et la mâchoire inférieure, 
qui n'en montre que trois rangées, est 
garnie d’un filament ou barbillon semblable, 
par sa forme, sa nature et sa longueur, à 
celui de plusieurs gades. La langue est 
courte , épaisse, cartilagineuse , blanche , et 
lisse comme le palais. Un opercule d’une 
seule pièce couvre une grande ouverture 
branchiale. L’anus est plus près de la tête 
que de l'extrémité de la'queue. La ligne 
latérale se rapproche du haut du corps dans 
une grande partie de sa direction. Deux 
nageoires s'élèvent sur le dos; la seconde: 
est réunie avec celle de la queue , qui touche 
aussi celle de l'anus (1) ; et les écailles qui 
recouvrent ce macroure, ou, ce qui est la 
même chose, ce poisson à longue queue ; 
sont relevées par une arête qui se termine 
en pointe ou en aiguillon. 


(1) A là membrane des branchies . 6 rayons. 
À la première nageoire du dos +. 11 
Al Seconde NRA ee nee te 127 
À chacune des pectorales . . . . 19 
À chacune des thoracines . . + 7 


À celle de Fanuse Lu. + 148 
N 4 


200 CH TES T'O'LR E 

Présentant d'ailleurs un éclat argentin, 
ces écailles donnent une teinte très-brillante 
au berglax, dont la partie supérieure montre 
néanmoins une couleur plus foncée où plus 
bleuâtre que l’inférieure ; et les nageoires 
ajoutent quelquefois à la parure de l'animal, 
en offrant une nuance d'un assez beau 
jaune, et une bordure bleue qui fait res- 
sortir ce fond presque doré. | 
Le berglax fraie assez tard. On le pêche 
avec des lignes de fond : lorsqu'il est pris, 
il se débat violemment, agite avec force sa 


longue queue, anime ses gros yeux, et se 


; 4? SA 3 x 
gonfle d’une manière assez analogue à celle 
que nous avons observée en parlant des 
tétrodons (1). 


(1) Le macroure,, selon Othon Fäbricius ; se plaît 
dans les profondeurs de plusieurs goifes des côtes du 
Groenland , et principalement dans celui de T'unnud- 
liorbick. Le même observateur a trouvé au mois de 
mai, dans l’ovaire de quelques femelles, des œufs 
très-pelits, d’où il conclut que le tems da frai est 
lPautomne ou le commencement de l’hyver. 

SONNINI1 


L£ 


DES CGRYPHENES. ox 


 QUATRE -VINGTIÈME GENRE. 
PAR LACÉPEDE. 


LES CORYPHÈNES. 


Lier sommet de la tête trèés-comprimé et 
comme tranchant par le haut, ou très- 
élevé, et finissant sur le devant par un 
plan presque vertical, ou terminé anté- 
rieurement par un quart de cercle, ou 
garni d’écailles semblables à celles du dos; 
une seule nageoire dorsale, et cette na- 

.  geoire du dos presque aussi longue que 
le corps et la queue. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue fourchue. 
PREMIÈRE ESPÈCE. 


LE CORYPHÈNE HIPPURUS ; Ccoryphæna 
hippurus. — Soixante rayons où environ à 
la nageoire du dos ; plus de six rayons à la 
membrane des branchies ; plus d'un rang 
de dents à chaque mâchoire ; une seule 


202 HAS TO LR E 


lame à chaque opercule ; des taches sur la 
plus grande partie du corps et de la queue. 


S: FC O0 ND E' E SP É:C:EF. 


LE CORYPHÈNE DORADON ; coryphæna 
aurata. — Cinquante rayons ou environ à 
la nageoire du dos; six rayons à la mem- 
Lune branchiale ; des taches sur la partie 
supérieure du corps et de la queue. 


TR OISLEME ESPÈCE. 


LE CORYPHÈNE CHRYSURUS; coryphœna 
chrysurus. — Cinquante -huit rayons à la 
nageoire du dos; six rayons à la membrane 
‘des branchies ; ‘la langue osseuse dans le 
milieu et cartilagineuse dans les bords; un 
seul rang de dents à chaque mâchoire ; 
deux lames à chaque opercule ; des taches 
sur la plus grande partie du corps et de la 
queue. | 


OUvVA ITeR. LE M EF Lie PE CE 


LE CORYPHÈNE SCOMBÉROÏDE; coryphæn« 
scomberoïdes. —  Uinquante- cinq rayons ou 
environ à la nageoire du dos; cette nageoire 
dorsale très-festonnée au dessus de la queue; 
la langue bisanguleuse par devant, osseuse 
dans son milieu et cartilagineuse dans ses 
bords; point de dents sur le devant du 


DES CORYPHENES. 2o3 


palais ; point de taches sur le corps ni sur 
la queue. 


CLIN QU EME ESPÈCE. 


LE CORYPHÈNE ONDÉ; coryphæna undu- 
lata. — Cinquante-quatre rayons ou environ 
à la nageoire du dos ; la ligne latérale 
droite ; des bandes transversales placées sur 
la nageoire dorsale et s'étendant sur le dos 
et les côtés où elles ondulent et se réunissent 
les unes aux autres. 


SERRE MF, E SP E CE. 


LE CORYPHENE POMPILE; coryphæna 
pompilus. = "T'rente-cinq rayons ou envi- 
ron à la nageoire du dos; la mâchoire infé- 
rieure plus avancée que la supérieure; la 
ligne latérale courbe ; des bandes transver- 
sales et étroites. 


SECOND SOUS-GENRE. 
La nageoiïre de la queue en croissant. ; 


SEPTIÉÈÉME ESPÈCE. 


{ 


LE CORYPHÈNE BLEU; coryphæna Ccœru- 
lea. — Dix-neuf rayons ou environ à la 
nageoire du dos; les écailles grandes ; toute 
la surface du poisson d’une couleur bleue. 


s04 (CHETESTOER E 
HUE DIM RES PÉ CE. 

LE CcoRYPHÈNE PLUMIER; coryphæna 
Plumieri. — Quatre-vingts rayons ou en- 
viron à la nageoire du dos; un grand nombre 
de raies étroites, courbes et bleues, situées 
sur le dos. 


TROISIÈME SOUS-GENRE. 
La nageoire de la queue rectiligne. 


NEW NTEME..ËÉS PE CE. 

LE CORYPHÈNE RASOIR; Coryphæna nova- 
cula. — La partie supérieure terminée par 
une ar°te aisuë; des raies bleuâtres et croi- 
sées sur la tête et les nageoires. . 

D FX E ME E: 64, BCE. 

LE CORYPHÈNE PERROQUET ; coryphæna 
psittacus. — La nageoire dorsale commen- 
çant à l’occiput, composée de trente rayons 
ou environ et.très-basse, ainsi que celle de 
Panus ; la ligne latérale interrompue; des 
raies longitudinales et vivement colorées 
sur les nageoires. 

ONZIÉ ME ESP EC E. 

LE CORYPHÈNE CAMUS ; corÿphæna sima. 
— 'Frente-deux rayons à la nageoire du 
dos ; la lèvre inférieure plus avancée que la 
supérieure. 


DES CORYPHENES. 205 


QUATRIÈME SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue arrondie. 
DOUZIÈME ESPÈCE. 
LE cCORYPHÈNE RAYÉ; coryphœæna lineata. 
— L'extrémité antérieure de chaque mà- 
choire garmie de deux dents aiguës, très- 
longues et écartées l’une de l'autre ; les 
écailles grandes, la tête dénuée d’écailies 
semblables à celles du dos ,-et présentant 
plusieurs bandes transversales. 
LR ENT OZ LE MEME SEP C.E. 
LE CORYPHÈNE CHINOIS; coryphœna 
sinensis. — La nagcoire du dos très-longue; 
celle de l'anus assez courte; la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure et 
relevée ; de grandes écailles sur le corps et 
sur les opercules ; la couleur générale d’un 
verd argentin. | 


CINQUIÈME SOUS-GENRE. 


La nageoire de la queue lancéolée. 


QUATORZIÈME ESPÈCE. 
LE CORYPHÈNE POINTU ; coryphæna acula, 
— Quarante-cing rayors à la nageoire du 
dos; la ligne latérale courbe. 


206 HISTOIRE 


Espèces dont la forme de la nageoire de la 
gueue n'est pas encore connue. 


O'D'LN ZM FES PE CE. 


LE CORYPHÈNE VERD; coryphæna viridis. 
— La nageoire du dos, celle de l’anus et les 
thoracines garnies chacune d’un long fila- 
ment. 


SEIZTÉME ES P.LÈ C E. 


LE CORYPHÈNE CASQUÉ; coryphæna ga- 
leata. — Trente-deux rayons à la nageoire 
du dos ; une lame osseuse sur le sommet de 
la tête. du 


? IX 
NAN 
vx 


N' 
#1 
Pr 


4 
i 


k 


) fl ! ( 

NA Paul \ | MA ù dy ur 
NAT IA ANS NAN ie LAON 
{ id 4 ; à LT MAP AULE 1 ALMA h 


1 


7) ra ? 
SCxxxVEz 702 ( 


De Seve del. 


5e Biga 
LL. LA DORADE «d'Amerigue , 


2.LE RASOIR 27. 


DES CORYPHENES. s07 


LA DORADE D’'AMÉRIQUE (1). 


LE CORYPHÈNE HIPPURUS (2), 
RAD LACÉPEDE 
\PBREMIÉRE-ES PE CE. 


Voyez la planche XX XVIII, fig. 1. 


Ds tous les poissons qui habitent la haute 
mer, aucun ne paroît avoir recu de parure 
plus magnifique que les coryphènes. Revêtus 
d'écailles grandes et polies, réfléchissant avec 
vivacité les rayons du soleil, brillant des 


- (1) La dorade d’ Amérique, ou simplement dorae. 
En allemand, gefleckter stutzkopf, gold-fisch , doiphin. 
En hollandais , delphin. En portugais, dorado. Aux 
Indes, dorado focari; et par les hollandais qui habitent 
ces contrées , sroene koningsvisch. 

Coryphæna caud4 bifid& , radiis dorsalibus sexa- 
gintts ee. coryphæna hippurus. Han. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 158, sp. 1. SONNINI. 


(2) Coryphæna hippurus. Dorade. Sur la côte de 
Gênes, rondanino, En Espagne , lampugo. En Angle- 


208 HISTOIRE 

couleurs les plus variées, couverts d’or, 
pour ainsi dire, et resplendissant de tous les 
feux du diamant et des pierres orientales 
les plus précieuses; ils ajoutent d'autant 
plus, ces coryphènes privilégiés, à la beauté 
du spectacle de l'Océan, lorsque, sous un 


terre , dolphin. Dans plusieurs autres endroits de 
l'Europe , dorado. 

Coryphæna hippurus. Tan.édit. de Gmel. — Bloch, 
pl. cLxxLv. 

Coryphène dofin. Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth.— Osbeck, It. 307. 

Coryphœna caudä& bifurcé , etc. Artedi, gen. 15, 
syn. 26. 

Ippouros. Arist. lib. 8, cap. 15. — Oppian. lib. r, 
p. B. — Athen. lib.7, p. 504. 

Hippurus. Ovid. v. 95. — Plin. lib. 9, cap. 16; et 
Bb. 32, cap. ri. 

Lampugo. Rondelet, première partie, liv. 8, 
chap. 18, édition de Lyon, 1556. 

Hippurus. 1. ibid. — Gesner, p. Sor et 425, — 
(Germ.) fol. 44, @. — Icon. anim. p. 75. — Aldrov. 
Liv. 3, cap. 17, p. 506. — Jonston, lib. r, tit. :r$ 
cap. 1,@.6 , tab. 1. — Charlet. p. 124. — Willughby, 
Tchth. p.215 , tab. O, 1, fig. 5. — Ray, p. 100, n° 1: 

Equisele. Gaz. Arist. lib. 4, cap. 10; et lib. 8, 
cap. 19. | 

Equiselis. T. ibid. 

Hippurus pinnis branchialibus deauratis , ete. 
Klein, Miss. pisc. 5 , p.55 ,n° 1, 2. 

ciel 


DES CORYPHENES. og 
ciel sans nuages, de légers zéphirs. com- 
mandent seuls aux ondes ; qu’ils nagent fré- 
quemment à la surface des eaux ; qu’on les 
voit, en quelque sorte, sur le sommet des 
vagues; que leurs mouvemens très-agiles et 
très-répétés multiplient sans cesse les aspects 
sous lesquels on les considère , ainsi que les 
reflets éclatans qui les décorent ; et que, 
voraces: et audacieux , ils entourent en 
grandes troupes les vaisseaux qu'ils ren- 
contrent, et s'en approchent d'assez près 
pour ne rien dérober à l’œil du spectateur 
de la variété ni de la richesse des nuances 
qu'ils étalent. C’ést pour indiquer cette 
prééminence des coryphènes dans l'éclat et 
dans la diversité de leurs couleurs, einsi 
que dans la vélocité de leur course et la 
rapidité de leurs évolutions, et pour faire 
allusion d’ailleurs à la hauteur à laquelle 
ils se plaisent à nager, que, suivant plusieurs 
écrivains , ils ont: reçu le nom générique 
qu'ils portent, et qui vient de deux mots 
grecs, dont lun , oryphe, veut dire sommet, 
et l’autre, neo, signifie je nage. On a Etes 
ment ae que la dénomination de 
coryphène, employée dès le tems des anciens 
naturalistes, désignoit une des formes les 
plus remarquables des poissons dont nous 

Poiss. Tome VIII. O 


210 HISTOIRE 

païlons ; c’est-à-dire, la position de leur 
nageoire dorsale, qui commence très-prés 
du haut de la tête. Quelque opimon que 
Jon adopte à cet égard, on ne peut pas 
douter que le nom particulier d’hipptrus, 
ou de queue de cheval, donné à lune des 
plus belles espèces de coryphène, ne vienne 
de la conformation de cette même nageoire 
dorsale, dont les rayons très-nombreux ont 
quelques rapports avec les crins du cheval. 
Cet hippurus; qui est l’objet de cet article, 
parvient quelquefois jusqu’à une longueur 
d’un mètre et demi (quatre pieds et demi ). 
Son corps est comprimé aussi bien que sa 
tête ; l'ouverture de sa bouche très-grande; 
sa langue courte; ses lèvres sont épaisses, 
ses mâchoires garnies de quatre rangs de 
dents” aigués et recourbées en arrière. Un 
opercule composé d’une seule pièce couvre 
une large ouverture branchiale (1); la ligne 
latérale est fléchie vers la poitrine, et droite 


(1) A la membrane des branchies . 10 rayons. 
A la nageoire du dos . . . . . 6o 
À chacune des pectorales! .'.". ‘20 

- À chacune des thoracines . «+ . : 6 
À celle de l'anass + 41151205 . #26 


A! celle de da queue.l. + el s1rexr 20 


DES CORVPHENES. o11 


ensuite jusqu'à la nageoire caudale, qui est 
fourchue; les écailles sont minces, mais {or- 
tement attachées (1). ; 
À l'indication des formes , ajoutons l’ex- 
position des nuances , pour achever de 
donner une idée de ce superbe coryphène. 
Lorsqu'il est vivant, dans l’eau, et en mou- 
vement, il brille sur le dos d’une couleur 
d’or très-éclatante , mêlée à une belle teinte 
de bleu ou de verd de mer, qui relèvent 
des: taches dorées et le jaune doré de la 
ligne latérale. Le dessous du corps est ar- 
genté. Les nageoires pectorales et thoracines 
présentent un. jaune très-vif, à la splendeur 
duquel ajoute la teinte brune de leur base; 
la nageoire caudale, qui offre la même 
nuance de jaune, est d’ailleurs bordée de 
verd; celle de l'anus est dorée ; et une dorure 
des plus riches'fait remarquer les nombreux 
rayons de la nageoire dorsale, au milieu de 
la membrane d’un bleu céleste qui les réunit. 
C’est. ce.magnifique assortiment de cou- 
Jeurs d’or et d'azur qui trahit de loin le 
coryphène hippurus, lorsque, cédant à sa 


(1) Ce poisson a l’estomac mince et alongé; vingt 
a à l’épine dorsale, et sept côtes de chaque 
côté, SONN1N:1. 


O 2 


212 AIS TODR E 


voracilé naturelle, il poursuit sans relâche 
les trigles et les exocets, dont il aime à se 
nourrir, contraint ces poissons volans à s’é- 
lancer hors de l’eau, les suit d’un regard 
assuré, pendant que ces animaux efirayés 
parcourent dans l'air leur demi-cerclie, et 
les reçoit , pour ainsi dire, dans sa gueule, à 
l'instant où , fatigués d’agiter leurs nageoires 
pectorales, et ne pouvant plus soutenir dans 
Patmosphère leur corps trop pésant, ïls 
retombent au milieu de leur fluide natal 
sans pouvoir y trouver un asyle (1). 

Non seuleinent les hippurus cherchent 
ainsi à satisfaire le besoin impérieux de la 
faim qui les presse, au milieu des bandes 
nombreuses de poissons moins grands et 
plus foibles qu'eux; mais encore, peu diffi- 
ciles dans le choix de leurs alimens, ils 
voguent en grandes troupes autour des vais- 
seaux , les accompagnent avec constance, 
et saisissent avec lant d’avidité tout ce que 
les passagers jettent dans la mer, qu’on a 
trouvé dans l'estomac d’un de ces poissons 


(1) Les dorades s’élancent souvent hors de l’eau 
pour saisir leur proie. On en a vu s’élever en l'air 
de la hauteur d’une brasse , ou de cinq picds. 

SONNINI 


DES! CORVYVPHENES. 219 


jusqu'à quatre clous de fer, dont un avoit 
plus de quinze centimètres (cinq pouces et 
demi) de longueur (1). 

On profite d'autant plus de leur glouton- 
nerie pour les prendre , que leur chair est 
ferme et très-agréable au goût. Pendant le 
tems de leur frai, c’est-à-dire, dans le prin- 
tes et dans l’automne, on les pêche avec 
des filets auprès des rivages, vers lesquels ils 
vont déposer ou féconder leurs œufs; et dans 
les autres saisons, où ils préfèrent la haule 
mer , on se sert de lignes de found, que la 
voracité de ces coryphènes rend très-dan- 
gereuses pour ces animaux (2). Ce qui fait 
d'ailleurs que leur recherche est facile et 
avantageuse, c’est qu'ils sont en très-grand 


(1) Un navigateur hollandais rapporte que son 
équipage pêcha une dorade longue de cinq pieds, dans 
lintérieur de laquelle on trouva un poisson volant de 
quinze pouces de longueur. ( Voyage de Van den 
Broeck aux Indes orientales. ) SONNINI. 


(2) Le meilleur appât dont on puisse se servir pour 
prendre les dorades est le poisson volant; lorsque l’on 
p’a pu s’en procurer , il sufit de le représenter gros- 
sièrement avec un morceau de bois ou de liège, 
auquel on attache des plumes blanches en forme 
d'ailes. En pleine mer on laisse traîner cet appât à 
l'arrière du vaisseau. SONNINI: 


O5 


214 HISTOIRE 


nombre dans les parties de la mer qui leur 
conviennent; parce qu'indépendamment de 
leur fécondité , ils croissent si vite, qu’on les 
voit grandir d'une manière très - prompte 
dans les nasses où on les renferme après les 
avoir pris en vie. 

Ils vivent dans presque toutes les mers 
chaudes et même tempérées. On les trouve 
non seulement dans le grand Océan équa- 
torial, improprement appelé mer Pacifique, 
mais encore dans une grande portion de 
l'océan Atlantique et jusques dans la Médi- 
terranée (1). 


4 


(1) C’est dans les mers des climats chauds , et par- 
ticulièrement dans celles de l'Amérique méridionale 
que la dorade est plus commune; de là sa dénomina- 
tion de dorade d’ Arnérique , afin de la distinguer de 
plusieurs poissons auxquels on a donné aussi le nom 
de dorade, SONNINI. 


DES CORYPHENES. 915 


LE DORADON (à). 


LE CORYPHÈNE DORADON (2), 
PAR LACÉPÈDE. 


SECONDE ESPÈCE. 


Nov: conservons ce nom de doradon à 
un coryphène qui a plusieurs traits com- 


(1) Ze doradon. Au Brésil, AHATaE ARE Par les 
hollandais, draador. 

to bifurca , radiis dorsalibus quinquaginta 
tribus..... coryphæna equiselis. Lin. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 158, sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. BAE 12 3 
n° 14. additament. SONNINI. 


(2) Coryphæna aurata. 

Coryphæna.equiselis. Lin. édit. de Gmelin. 

Coryphène doradon. Daubenton, Encyc. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’Encycel. méthod. 

Dorado. Osbeck, {t. 308. 

Guaracapema. Marcgrav. Brasil. p. 160. — Piso, 
Tnd. p. 160.—Willughby, Ichth. p. 214. — Ray, Pisc. 
p. 100, n°2 


0 4 


216 HISTOIRE 


muns avec l’hippurus (1), mais qui en diffère 
par plusieurs autres. [l en est séparé par le 
nombre des rayons de la nageoire dorsale, 
qui n’en renferme que cinquante ou environ, 
par celui des rayons de la membrane des 
branchies, qui n’en comprend que six, pen- 
dant que la membrane branchiale de l'hip- 
purus en présente sept ou quelquefois dix, 
et de pius par la disposition des taches cou- 
leur d’or qui ne sont disséminées que sur la 
partie supérieure du corps et de la queue. 
D'ailleurs, en jetant les yeux sur une pein- 
ture exécutée d’après les dessins coloriés et 
originaux du célèbre Plumier, laquelle fait 
partie de la belle collection de peintures sur 
vélin déposées dans le museum d'histoire 
naturelle, et qui représente avec autant 
d'exactitude que de vivacité les brillantes 
nuances du doradon, on ne peut pas douter 
que ce dernier coryphène n’ait chacun des 
opercules de ses branchies composé de deux 
lames, pendant que l’opercule de lhippurus 


(1) Marcgrave pensoit que le doradon étoit le mâle 
dans l’espèce de la dorade. (Hist: nat. Bras. loco suprà 
citato. ) 

SONNINI. 


DES CORYPHENES. 217 


est formé d’une seule pièce (1). Au reste, 
l'agilité , la voracité et les autres qualités 
du doradon, ainsi que les diverses habitudes 
de ce poisson, sont à peu près les mêmes 
que celles de lhippurus; et on le trouve 
également dans un grand nombre de mers 
chaudes ou tempérées (2). 


vrac 


(1) À la membrane des branchies . 6 rayons. 
À la nageoïre dorsale : 41, 2.3. 53 
À chacune des pectorales. . . . 19 
À chacune des thoracines. . . . 6 
Bicelodelanns  eN ni", Li 195 
A celles de Jajquene "24044 Li: tto0 

(2) Le doradon nage avec une extrême vitesse et 


comme par bonds, Sa chair a bon goût, quoique sèche. 
SONNINI: 


218 HISTOIRE 


LA D'OR A DE 


DE BAM ER DU: SD; 


LE CORYPHÈNE CHRYSURUS (1), 
PAR LACÉPÉDE. 


PARU ON SU DIE MELLE SIPE CU. 


C’esr dans la mer Pacifique, ou plutôt 
dans le grand Océan équatorial, que ce 
superbe coryphène a été vu par Commerson, 
qui accompagnoit alors notre célèbre navi- 
galeur Bougainville. 1] l’a observé sur la fin 
d'avril de 1768, vers le 16° dégré de lati- 
tude australe, et le 170° de longitude. Au 
premier coup d'œil, on croiroit devoir le 
rapporter à la même espèce que l'hippurus; 
mais en le décrivant d’après Commerson, 


(1) Coryphæna chrysurus. 

Coryphus chrysurus. — Undique deauratus ; dorso, 
pinnis, suttulisque lateralibus, cœruleis , caudé ex 
auro flivescente. Commerson , manuscrits déjà cités. 


Dorat de la mer du Sud. Id. ibid. 


En 


DES CORYPHENES. 219 
nous allons montrer aisément qu'il en diffère 
par un grand nombre de caractères. 

Toute la surface de ce coryphène, et 
particulièrement sa queue, brillent d’une 
couleur d’or très-éclatante. Quelques nuances 
d'argent sont seulement répandues sur la 
gorge et la poitrine; et quelques teintes d’un 
bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au 
milieu des reflets dorés du sommet du dos. 
Une belle couleur d'azur paroït aussi sur 
les nageoires, principalement sur celle du 
dos et sur les pectorales : elle est relevée 
sur les thoracines par le jaune d’une partie 
des rayons, et sur celle de l'anus, par les 
teintes dorées avec lesquelles elle y est 
mêlée; mais elle ne se montre sur la na- 
geoire de la queue que pour y former un 
léger liseré, et pour y encadrer, en quelque 
sorte, l’or resplendissant qui la recouvre et 
qui a indiqué le nom du coryphène (1). 

Ajoutons, pour achever de peindre Ja 
magnifique parure du chrysurus, que des 
taches bleues et lenticulaires sont répan- 
dues sans ordre sur le dos, les côtés et la 
partie inférieure du poisson , et scintilient au 


(1) Chrysurus signifie queue d’or. 
Lw) 


220 FH LS TOR E 
milieu de lor, comme autant de saphirs 
enchâssés dans le plus riche des métaux. 

L'admirable vêtement que la Nature a 
donné au chrysurus, est donc assez différent 
de celui de lhippurus, pour qu'on ne se 
presse pas de les confondre dans la même 
espèce. Nous allons les voir séparés par 
des caractères encore plus constans et plus 
remarquables. 

Le corps du chrysurus, très -alongé et 
très-comprimé, est terminé dans le haut 
par une sorte de carène aiguë qui s'étend 
depuis la tête jusqu’à la nageoire de la 
queue; et une semblable ‘carène règne en 
dessous, depuis cette même nageoire caudale 
jusqu'à l'anus. 

La partie antérieure et supérieure de la 
tête représente assez exactement un quart 
de cercle, et se termine dans le haut par 
une sorte d’arête aiguë. 

La mâchoire inférieure, qui se relève 
vers la supérieure, est un peu plus longue 
que cette dernière. Toutes les deux sont 
composées d’un os qu’'hérissent des dents 
très-pelites, très-courtes, très-aigués , assez 
écartées l’une de l’autre, placées comme 
celles d’un peigne, et très - différentes, par 


DES CORYPÆENES. 91 
Jeur forme, leur nombre et leur disposition ; 
de celles de lhippurus. | 

On voit d’ailleurs deux tubercules garnis 
de dents très-menues et très-serrées auprès 
de: l'angle intérieur dé la mâchoire supé- 
rieure, trois aulres tubercules presque sem- 
blables vers le milieu du palais, et un sixième 
tubercule'très- analogue presque au dessus 
so ‘gosier: CE 

1 La lapins EsL : large, ‘courte ; amsgudie par 
devant, osseuse dans son nulieu, et carti- 
lasineuse dans ses. bords. L'ouverture de la 
bouche est peu étendue: on compte de 
chaque côté deux orifices dés marines; une 
sorte d’anneau membraneux entoure l’anté- 
rieur. Les ‘opercules des branchies ‘sont, 
comme Ja tête, dénués de petites écailles ; 
ils sont de plus assez grands, et composés 
chacun de deux pièces, dont celle de devant 
est arrondie vers la queue, et dont celle 
de derrière se prolonge également vers la 
queue, en appendice ee un peu 
recourbée. 

Six rayons aplatis soutiennent de chaque 
côté une membrane branchiale, au dessous 
de laquelle sont placées quatre branchies 
ires-rouges, formées chacune de deux ran- 
gées de filamens alongées : la partie concave 


220 et AS AVO DR EF 
de l'arc de cercle osseux de la première et 
de la seconde est garnie de longues dents 
arrangées comme celles. d’un peigne ;: la 
concavilé de Parc de la troisième et.de la 
quatrième.ne présente que des aspérités.. 
La nageoire du, dos; qui cominence au 
dessus des yeux, et s'étend presque jusqu'à 
celle de la queue, comprend emquante-huit 
rayons (1) : les huit premiers sont d'autant 
plus longs qu'ils sont situés plus loin: de: la 
tête , et la longueur des autres.est au. con: 
traire d'autant moindre, quoiqu'avec des 
différences peu :sensibles, qu'ils sont plus 
près de la nageoire caudale.' l 
L'anus est placé vers le milieu de la Jon- 
gueur totale de l’animal ; et Pon voit entre 
cet orifice et la base des nageoires thor racines, 
un petitsillon longitudinal. | 
La nageoire de la queue est fourchue , 
comme celle de tous les coryphènes du pre- 
nier soûs-genre ; la ligne laïérale serpente 


PTE 31 


et 


(1) A la membrane des branchies . 6 rayons. 
À la nageoire du dos. . . . : : 58 
À chacüne des pectorales 3° .} "#20 
À. chacune des thoracines .°, . 5 
‘À la rageoire de l’anus . . . . 28 UE 


À. cellé:de:la;queue. 1.15 


DES CORYPHENES. 9933 
depuis le haut de louverture branchiale, 
où elle prend son origine, jusqu'auprès de 
l'extrémité des nageoires pectorales , et at- 
teint ensuite la nageoire de la queue en ne 
se fléchissant que par de légères ondulations; 
et enfin les écailles qui recouvrent le poisson 
sont alongées, arrondies à leur sommet, 
lisses; et fortement attachées. 

On a donc pu remarquer sept traits prin- 
cipaux par lesquels le chrysurus diffère de 
Fhippurus : premièrement ; le-nombre des 
rayons n’est pas le même dans la plupart 
des nageoires:de ces deux corÿphènes; se- 
condement , la membrane brancluale: du 
chrysurus ne renferme que six rayons, 1l 
y en a toujours depuis sept jusqu’à dix à celle 
de lhippurus; troisèmement, le dos du 
premier est caréné, celui du second est 
convexe; quatrièmement, l'ouverture de la 
bouche est peu étendue dans le chrysurus, 
élle est très-grande dans l’hippurus ; cinquiè- 
mement, les dents du chrysurus sont con- 
formées et placées bien différemment que 
celles de l’hippurus; sixièmement, loper- 
cule branchial du chrysurus comprend deux 
lames, on ne voit qu’une pièce dans celui 
de l'hippurus; et septièmement, nous avons 
déjà montré une distribution de couleurs 


224 HLSTrOLR E 

bien peu semblable sur l’un et sur Fautre 
de ces deux coryphènes. Ils doivent donc 
constituer deux espèces différentes, dont 
une, c'est-à-dire, celle que nous décrivons, 
est encore inconnue des naturalistes; car 
elle est aussi très- distincte du coryphène 
doradon, ainsi qu'on peut facilement s’en 
convaincre en comparant les fornies du do- 
radon et celles du chrysurus. 

Au reste, les habitudes du coryphène 
qui fait le.sujet de cet article ; doivent se 
rapprocher beaucoup de celles de l'hippurus. 
En effet, Commerson ayant ouvert un 
chrysurus qui avoit plus de sept décimètres 
(deux pieds deux pouces environ) de lon- 
gueur , il trouva son estomac qui étoit alongé 
et membraneux, rempli de petits poissons 
Volans, et d’autres poissons très-peu volu- 
mineux. 

Il vit aussi s'agiter au milieu de cet es- 
tomac, et dans une sorte de pâte ou de 
chyme, plusieurs vers filiformes, et de la 
Jongueur de deux ou trois centimètres (neuf 
à treize lignes environ ). 

Ce voyageur rapporte d’ailleurs dans les 
manuscrits qui n'ont été confiés dans le 
tems par Buffon, que lorsque les matelots 


exercés à la pêche ont pris un chrysurus, 
1is 


DES CORYPHENES. 95 


ils l’attachent à une corde, et le suspendent 
à la proue du vaisseau, de manière que 
l'animal paroît être encore en vie et nager 
à la surface de la mer. Ils attirent et réu- 
nissent, par ce procédé, un assez grand 
nombre d’autres chrysurus, qu'ils peuvent 
alors percer facilement avec une fouine (1). 
Commerson ajoute que les chrysurus lem- 
portent sur presque tous les poissons de 
mer par le bon goût de leur chair, que 
l’on prépare de. plusieurs manières, et par- 
ticulièrement avec du beurre et des càpres. 


(1} La fouine est un peigne de fer attaché à un 
long manche. On donne aussi ce nom , ainsi que celui 
de foène et de fouanne, à une broche terminée par 
un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois 
ou un plus grand nombre de lames, pour former une 
fouanne , ou foëne ,ou fouine. D’autres fois on em- 
ploie ces noms pour désigner une simple fourche, 
On attache l'instrument au bout d’une perche, et 
l’on s’en sert pour percer les poissons que lon aper- 
goit au fond. de l'eau, ou qui sont cachés dans la vase, 
les enfiler et les retirer. 


Poiss. Tome VIIL. | 5 


226 HA S AOL R E 


LA PEMLTEUDORADE. 


LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIDE Qi, 
PAR LACCPÉEDE, 


0 mA RIT D'MCE) ES P'É ICE. 


Nos avons trouvé dans les manuscrits 
de Commerson la description de cette es- 
pèce de coryphène , que ce savant voyageur 
avoit vue, au mois de mars 17068, dans la 
mer du Sud, ou, pour mieux dire, dans le 
grand Océan équatorial, vers le 18° dégré 


S 


(1) Coryphæna scomberoides. 

Coryphus argenteus. — Coryphus pinn& dorsali 
longissimé radiorum quinquaginta-quinque , osse qua- 
dratulo in media lingua.— Et coryphus argenteus , 
immaculatus , pinnis fuscis , dorsali radiorum quin- 
quaginta - quinque ; anali viginti - quinque , caudä 
bifurc& fuscescente. Commerson, manuscrits déjà 
cités. 

Osteoglossus , ostéoglosse , on languosseux de la mer 
du Sud, Id. ibid. 

Petite dorade. Id. ibid. 


DES CORYPHENES. 927 
de latitude australe , et le 134° dégré de 
longitude, et par conséquent à une distance 
de la ligne très-peu différente de celle où 
il observa , un ou deux mois après, le co- 
ryphène chrysurus. 

Le scombéroïde est d’une longueur inter- 
médiaire entre celle du scombre maquereau 
et celle du hareng. Sa couleur totale est 
argentée et brillante ; mais elle n’est pure 
que sur les côtés et sur le ventre. Une 
teinte brune mêlée de bleu céleste est ré- 
pandue sur le dos ; cette teinte s'étend aussi 
sur le sommet de la tête, où elle est plus 
foncée, plus noirâtre, et mêlée avec des 
reflets dorés que l’on voit également autour 
des yeux et sur les lames des opercules. 

Toutes les nageoires sont entièrement 
brunes, excepté les thoracines, dont la partie 
extérieure est blanche, et les pectorales, 
qui sont un peu dorées. 

La mâchoire supérieure est plus courte 
que l’inférieure. Les os qui composent l’une 
et l’autre sont hérissés d’un si grand nombre 
de petites dents tournées en arrière, qu’ils 
montrent la surface d’une lime, et qu'ls 
tiennent l'animal facilement suspendu à un 
doigt , par exemple, que l’on introduit dans 
la cavité de la bouche. 

Ps 


228 HAS TOTR E 


La langue a une figure remarquable; elle 
ressemble en quelque sorte à un ongle hu- 
main : elle est large, un peu arrondie par 
devant, et néanmoins terminée par un angle 
à chaque bout de son arc antérieur; de plus, 
elle présente dans son nulieu un os presque 
carré, et couvert de petites aspérités dirigées 
vers le gosier ; sa circonférence est formée 
par un cartilage qui s’amincil vers le bord, 
et un frein large et épais la retient par 
dessous. 

La voûte du palais est entièrement lisse, 
excepté l’endroit le plus voisin du gosier, 
où l’on voit de petites élévations osseuses et 
denticulées. 

Deux lames arrondies par derrière, grandes 
et lisses, composent chaque opercule ; six 
rayons soutiennent la membrane branchiale; 
et les branchies sont assez semblables, par 
leur nombre et par leur conformation, à 
celles du chrysurus. 

La ligne latérale offre plusieurs sinuosités, 
qui décroissent à mesure qu'elles sont plus 
voisines de la nageoire caudale. 

Les nageoires thoracines sont réunies à 
leur base par une membrane qui tient aussi 
à un sillon longitudinal placé sous le ventre, 
et dans lequel le poisson peut coucher à 


DES CORYPHENES. 229 
volonté ces mêmes nageoires. Elles renfer- 
ment chacune cinq ou siX rayons. 

Le dessous de la queue est terminé par 
une carène très-algué, 

La nageoire dorsale règne depuis Pocciput 
jusques vers l'extrémité de la queue; elle est 
festonnée dans sa partie postérieure, de 
manière à imiter les très-petites nageoires 
que l’on voit sur la queue des scombres : 
la nageoire de l'anus offre une conforma- 


tion analogue; et ces traits particuliers au 


poisson que nous décrivons, ne servant pas 
peu à le rapprocher des scombres, avec 
lesquels ailleurs on peut voir, dans cette 
histoire , que les coryphènes ont beaucoup 
de rapports, J'ai cru devoir nommer scom- 
béroïde Vespèce que nous cherchons, dans 
cet article, à faire connoître des natura- 
listes (1). 

Commerson vit des milliers de ces scom- 
béroïdes suivre les vaisseaux français avec 


(1) À la membrane des branchies. 6 rayons. 


À la nagcoire du dos. . . .« . . 55 
À chacune des pectorales,. + . . 13 
A chacune des thoracines. . . , 6 
A CEE Me anna pie LS 2. ob 


À cellede la queue ,quiestfourchue 19 


Fa 


230 HS EORRE 

assiduité, et pendant plusieurs jours. Ils 
vivoient de très-jeunes ou très-petits pois- 
sons volans, qui, pendant ce tems, volti- 
geoient autour des navires comme des nuées 
de papillons, qu'ils ne surpassoient guêre en 
grosseur ; et c’est à cause de la petitesse de 
leurs dimensions, qu'ils pouvoient servir de 
proie aux scombéroïdes, dont la bouche 
étroite n’auroit pas pu admettre des animaux 
plus gros. En effet l’un des plus grands de 
ces coryphènes, observés par Corimerson, 
n’avoit qu'environ trois décimètres (onze 
pouces environ) de longueur. Cet individu 
étoit cependant adulte et femelle. 

Au reste, les ovaires de cette femelle, 
qui avoient une forme alongée, occupoient 
la plus grande partie de l’intérieur du ventre, 
comme dans les cyprins, et contenoient une 
quantité innombrable d'œufs; ce qui prouve 
ce que nous avons déjà dit au sujet de la 
grande fécondité des coryphènes. 


DES CORYPHENES. 25: 


| 


LE CORYPHÈNE ONDÉ (r)(2), 
PAR LACÉPÉDE. 


CEN QUI EME VE SEE CE. 


a ALLAS a décrit le premier cette espèce 
de coryphène. L’individu qu'il a observé, et 
qui avoit été pêché dans les eaux de File 
d'Amboine, n’étoit long que de cinq centi- 
mètres ( 22 pouces) ou environ. Les formes 
et les couleurs de cet animal étoient élé- 
gantes : très-alongé et un peu comprimé, 
il montroit sur la plus grande partie de sa 
surface une teinte agréable qui réunissoit 
la blancheur du lait à l’éclat de l'argent ; 


(1) Coryphæna undulata. 

Coryphæna fasciolata. Lin. édit. de Gmelin. — 
Pallas, Spiail. zool. 8, p. 25 , tab. 3, fig. 2. 

Coryphène ondoyant. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth. 

(>) Coryphæna lacteo-argentea , circulis transversis 
fuscis à fasciis pinnæ dorsalis defluentibus, in dorso 
passim cohærentibus , in ventre evanidis....... cory- 
phæna fasciolata. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 158, 
sp. 16. 

Coryphæna fasciolata. Artedi, Gen. pisc. gen. 12, 
n° 15. additament. SONNINI. 


P'A 


252 HISTOIRE 

une nuance grise Varioit son dos; la na- 
geoire dorsale et celle de l’anus étoient dis- 
tinguées par de petites bandes transversales 
brunes ; les bandelettes de la première de 
ces deux nageoires s’étéendoient sur la partie 
supérieure de l'animal, y onduloient , pour 
ainsi dire, s’y réunissoient les unes aux 
autres, disparoissoient vers la partie infc- 
rieure du poisson ; et la nageoire de la 
queuëé , qui éloit fourchue , présentoit un 
croissant très-brun. 

D'ailleurs ce coryphène avoit des yeux 
assez grands ; l’ouverture de sa bouche, 
étant très-large, laissoit voir facilement une 
langue lisse ; et arrondie par devant ; un 
opercule composé de deux lames non dé- 
coupées couvroit de chaque côté un grand 
orifice branchial ; la ligne latérale étoit 
droite et peu proéminente (1). 


(1) A la membrane des branchies . 6 rayons. 
À la nageoire du dos . . . . . B54 
À chacune des pectorales . : . . 19 
À chacune des thoracines. . . . 5 
À celle del Fanus 141,7, 142100 
Arcelle te à qûene:  … $ Mr" 


DES CORYPHENES. 235 


LÉ P'OMPTLENU 


LE CORYPHÈNE POMPILE (2), 
PAR LACÉPÈDE. 


SIXIÈME ESPÈCE. 


D E tous les coryphènes du premier sous- 
genre , le pombpile est celui dont la na- 
geoire caudale est la moins fourchue ; et 
voilà pourquoi quelques naturalistes, et 


(1) Pompile , nom que les anciens donnoient à ce 


poisson. 
Coryphæna dorso suprà lineam lateralem curvam 
fasciolis ftavescentibus picto... coryphæna pompilus. 


Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155 , sp. 9. 
SONNIN I 

(>) Coryphcæena pompilus. 

Jdem. Lin. édit. de Gmelin. 

Coryphène lampuge. Daubenton , Encycl. méth. — 
Bonaterre , planches de l’Encyclop. méthod. 

Coryphæna...... line4 laterali curv&. Artedi , 
gen. 16 , syn. 29. 

Pompilos. Ælian. lib. 2, cap. 15; et lib. 18 , cap. 23. 


234 LS TOUR E 


particulièrement Artedi,le comparant sans 
doute à lhippurus , ont écrit que cette 
nageoire de la queue n’étoit pas échaucrée. 
Cependant , lorsqu'on a sous les yeux un 
individu de cette espèce , non altéré, on 
s'aperçoit aisément que sa nageoire cau- 
dale présente à son extrémité un angle 
rentrant. Les anciens ont nommé pompile 
le coryphène dont nous traitons dans cet 
article, parce que, se rapprochant beau- 
coup par ses habitudes de l’hippurus et du 
doradon, on diroit qu’il se plait à accom- 
pagner les vaisseanx , et que pompe signifie 
en grec pompe ou cortège. Au reste, il ne 
faut pas être étonné qu'ils aient assez bien 
connu la manière de vivre de ce poisson 
osseux, puisqu'il habite dans la Méditer- 
ranée, aussi bien que dans plusieurs portions 


— Athen. lb. 7, p. 282, 285 et 264. — Oppian. Hal. 
hb.71;,p.68. 
Pompilus. Ovid. 

Pompilus. Plin. Hist. mundi, hb. 32, cap. rr. 
Pompile. Rondelet , prem. part. liv. 8, chap. 13. 
 Chrysophrys par plusieurs anciens auteurs. — Gesn. 
p. 881, 795 ; et (Germ.) fol. 60, a, b. — Aldrovand. 
kb. 5, cap.r9, p. 325. — Jonston, lib. r,tit. 1, cap. 2, 
a. 2,tab. 5, fig. D. — Charlet, p. 124. — Willughby, 

P- 219, — Ray, p. 101. 


DES CORVPHENES. 2% 


chaudes ou tempérées de l'océan Atlantique 
et du grand Océan. 

L'ouverture de la bouche du pompile est 
très-grande ; sa mâchoire inférieure plus 
avancée que la supérieure, et un peu rele- 
vée ; les côtés de la tête présentent des 
dentelures et des enfoncemens ; la ligne 
latérale est courbe ; les nageoires pectorales 
sont pointues (1); des bandes transversales, 
étroites, et communément jaunes , règnent 
sur les côtés. La dorure qui distingue un si 
grand nombre de coryphènes, se manifeste 
sur le pompile au dessus de chaque œil; et 
voilà pourquoi on l’a nommé sourcil d’or, 
en grec chrysophrys. 


(1) À la nageoire dorsale. . . . . 25 rayons. 
A chacune des pectorales . . . 14 
À chacune des thoracines. . . . 6 
Aeelle de: l'anns 11... 000 


À celle de la queue . RUN 0 A RG 


256 HISTOIRE 


ns 
TT 


LE RASOIR BLEU (i) 


LE CORYPHEÈNE BLEU (}, 
PAR LACÉPÉDE. 
SEPTIÈME ESPÈCE. 


Voyez la planche XX X VII, fig. 2. 


L'or , l'argent et lazur brillent sur les 
coryphènes que nous venons d'examiner ; 
la parure de celui que nous décrivons est 
plus simple , mais élégante. Il ne présente 
ni argent ni or ; mais toule sa surface est 
d’un bleu nuancé par des teintes agréa- 
blement diversifiées , et fondues par de 


(1) Le rasoir bleu. En allemand, blaufisch, Blaser 
stutshopf. En anglais, bleu-fishe. 

Coryplæna tota cærulea..... coryphæœna cœruleæ, 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, sp. 15. — Artedi, 
Gen. pisc. gen. 12, n°8. additament.  Soxnini. 

(2) Coryphæna cœrulea. 

Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Bioch, pl. cLxxvr 

Novacula cærulea. Catesby , Carel. tab. 18. 

Corÿphène rasoir bleu. 


DES CORYPHENES. 37 
douces dégradations de clarté. On le trouve 
dans les mers tempérées ou chaudes qui 
baignent les rivages orientaux de l’Amé- 
rique (1). Ses écailles sont grandes ; celles 
qui revêtent le dessus et les côtés de sa 
tête sont assez semblables aux écailles du 
dos. Une seule lame compose l’opercule des 
branchies , dont l'ouverture est très-large; 
la ligne latérale est plus proche du dos que 
de la partie inférieure de l'animal ; les yeux 
sont ronds et grands , et une rangée de dents 
fortes et pointues garnit chaque mâchoire (2). 


(1) Catesby a vu le rasoir bleu près de Bahama, 
et le père Plumier dans la mer des Antilles. 
SONNINI. 
(2) A la membrane des branchies . 4 rayons. 
À la nageoire du dos. . . . . . 19 
À chacune des pectorales . . + + 14 
À chacune des thoracines , . . 5 
PACE de lanns Peut ce CIE 
À celle de la queue. . . . : . 19 


238 HAS TOLIRE 


oo 
en ee 


LE PAON DE MER (1). 


LE CORYPHÈNE PLUMIER (2), 
PAR 'LACÉPÉDE: 


HUITIÈME ESPÈCE. 


Cs coryphène , que le docteur Bloch a fait 
connoître, et qu’il a décrit d’après un ma- 
nuscrit de Plumier, habite à peu près dans 
les mêmes mers que le bleu : on le trouve 


(1) Le paon de mer, nom que les français de l’Amé- 
rique donnent à ce poisson. En allemand , meerpfau. 

Coryphæna pinnæ analis radiis quinquaginta quin- 
QUE. ones coryphæna Plumieri. Lin. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 158, sp. 14. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, 
n° 17. additament. 

Araneus non aculeatus caud& fascinulaté& vulge 
vives. ( Plumier, M.S. C.). SONNINI. 

(2) Coryphæna P lumieri. 

Idem. Yän. édit. de Gmelin.— Bloch, pl. czxxv. 

Coryphène paon de mer. Bonaterre , pl. de l’Encyc. 
méthod. 


DES CORYPHENES. 239 


particulièrement , ainsi que le bleu , dans 
le bassin des Antilles Mais combien il 
diffère de ce dernier poisson par la magni- 
ficence et la variété des couleurs dont il 
est revêtu! C’est un des plus beaux habitans 
de l'Océan. ‘lâchons de peindre son portrait 
avec fidélité. 

Son dos est brun ; et sur ce fond, que la 
Nature semble avoir préparé pour faire 
mieux  ressorlir. les nuances qu’elle y a 
distribuées, on voit un grand nombre de 
pelites raies bleues serpenter, s'éloigner les 
unes des autres, et se réunir dans quelques 
points. Cette espèce de dessin est comme 
encadré dans l’or qui resplendit sur les côtes 
du poisson , et qui se change en argent 
éclatant sur la partie inférieure du cory- 
phène. La tête est brune ; mais chaque œ1l 
est situé au dessous d’une sorte de tache 
jaune , au dessus d’une plaque argentée, et 
au centre de petits rayons d'azur. Une 
bordure grise fait ressortir le jaune des 
nageoires pectorales et thoracines ; la na- 
geoire de la queue, qui est jaune comme 
celle de l'anus , présente de plus des teintes 
rouges et un liseré bleu ; et enfin une 
longue nageoire violette règne sur la partie 


240 HISTOIRE 


supérieure du corps et de la queue (1). Le 
coryphène plunnier est d’ailleurs couvert de 
petites écailles ; iln’a qu’une lame à chacun 
de ses opercules ; il parvient ordinairement 
à la longueur d’un den -mètre ( un pied 
sept pouces), et sa nageoire caudale est en 
croissant comme celle du bleu. 


(1) A la membrane des branchies .« 4 rayons. 
A la nageoïre du dos. « + ."er 77 
A chacune des pectorales + . . II 
À chacune des thoracines. . . .« 6 
Aicelledél'anus "ets » +. 0à 
À celle de Ja queue . . « . - 16 


LE 


| 
| 


DES CORYPHENES. oi 


LE RASON () 


LE CORYPHÈNE RASOIR (2), 
PAR LACÉPÈDE. LE 
NEUVIÈME ESPÈCE. 
C: poisson a sa partie supérieure termi- 
née par une arête assez aiguë, pour qu’on 


n'ait pas balancé à lui donner le non que 
nous avons cru devoir lui conserver. Il 


(1) Le rason ,nom que ce poisson porte en Espagne, 
et qui signifie rasoir. À Malte, il janfru. 

Coryphæna capite pinnisque carc:llatis lineis cæru- 
descentibus..... coryphæna novacula. Lin. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 158, sp: 4. SON NINI. 

(2) Coryphæna novacula. Sur les côtes de la Ligurie, 
pesce pettine. Sur plusieurs côtes d’Espagne , rason. 

Coryphæna novacula. Lin. édit. de Gmelin. 

Coryplhène rason. Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaterre , planches de l'Encycl. métlod. 

Coryphæna palmaris pulchrè varia, dorso acuto, 
Artedi, gen. 15 , syn. 29. 

Novacula piscis. Plin. Hist. mundi, lib. 52, cap. 2. 

Rason. Rondelet , prem. partie, lib. 5, chap. 17. 


Poiss. Tome VIIL . Q 


242 HISTOIRE 

habite dans la Méditerranée ; et voilà pour- 
quoi il a été connu des anciens, et parti- 
culièrement de Pline. Il est très-beau ; on 
voit, sur sa tête.et sur plusieurs de ses na- 
geoires , des raies qui se croisent en diffé- 
rens sens, et qui montrent cette couleur 
bleue que nous avons déjà observée sur les 
coryphènes : mais 1l est le premier poisson 
de son genre qui nous présente des nuances 
rouges éclatantes, et relevées par des teintes 
dorées. Ce rouge resplendissant est répandu 
sur la plus grande partie de la surface de 
l'animal , el il y est réfléchi par des écailles 
très-grandes. La chair du rasoir est tendre, 
délicate, et assez recherchée sur plusieurs 
rivages de la Méditerranée (1}. Sa ligne 
latérale suit à peu près la courbure du dos, 


Novacula.: Gesner , p. 628 , 629 et 721; et (Germ.) 
fol. 32 , «. 

Pesce pettine. Salvian, fol. 217. 

Pecten Romæ, novacula Rondeletii. Aldrovand. 
Mb, 2, Cap. 27:, p: 208. 

Pecten Romanorurm. Jonston, lib. 1, tit. 3, 
Cap. 1, Ge. Ib! 

Pesce pettine Salviani ,novacula Rondelet. Gesner, 
Paralipom. p. 24. — Willushby,Ichthyo p. 214. — 
Ray, p. 1o1. 


(x) C’est principalement près des rivage es îles 


DES CORYPHENES. 245 


dont elle est très-voisine ; chacun de ses 
opercules est composé de deux lames ; et 
sa nageoire caudale étant rectiligne , nous 
l'avons placé dans le second sous-genre des 
coryphènes. Au reste , l’histoire de ce poisson 
nous fournit un exemple remarquable de 
l'influence des mots. On l’a nommé rasoir 
long-tems avant le siècle de Pline : à cette 
époque , où les sciences physiques étoient 
extrêmement peu avancées , cette dénomi- 
nation a sufh pour faire attribuer à cet 
animal plusieurs des propriétés d’un véri- 
table rasoir , et même pour faire croire, 
ainsi que le rapporte le naturaliste romain, 
que ce coryphène donnoit un goût métal- 
lique , et particulièrement un goût de fer 
à tout ce qu'il touchoit. 


de Rhodes , de Malte, de Majorque et de Minorque, 
que l’on prend les rasoirs les plus estimés; leur chair 
est tendre et délicate. SONNINIL 


Q 2 


2,4 HISTOIRE 
ee LUCE ERREUR RER UE RS 
LE CORYPHÈNE 


PE R.R 0:Q U: EE, T (1) (2), 
PAR DNCÉPEMDE 


DIXEIÉ ME ESP ÉÈ CE. 


La forme rectiligne que présente la na- 
geoire caudale de ce poisson détermine sa 
place dans le troisième sous-genre des cory- 
phènes. Sa ligne latérale est interrompue; et 
sa nageoire dorsale, assez basse et composée 
de trente rayons ou environ, coimence à 
locciput (3). 


(1) Coryphæna psittacus. 

Idem. Lan. édit. de Gmelin. 

Coryphène perroquet. Danbenton, Encyc. méth. — 
Bonaterre , planches de l’Encyci. méthod. 

(2) Coryphæna lined laterali interrupté , pinnis lon 
gitudinalibus colore lineatis.... coryphæna psittacus. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, sp. 6.— Artedi, 
Gen. pisc. gen. 12 , n° 12. additament. Sonnint. 

(5) A la nageoire du dos. . . . . 3o rayons. 

A chacune des pectorales. . . , 11 
À chacune des thoracines. . . . 6 
Aécelléde ane.) . LE aG 
Aicelle de liqnene ;*. 04.7. Vax 


DES CORYPHENES. 245 


Il a été observé par le docteur Garden 
dans les eaux de la Caroline. La beauté des 
couleurs dont il brille, lorsqu'il est animé 
par la chaleur de la vie, ainsi que par les 
feux du soleil, a mérité qu’on le comparût 
aux oiseaux les plus distingués par la va- 
riété de leurs teintes, la vivacité de leurs 
nuances, la magnificence de leur parure, 
et particulièrement aux perroquets. Les 
lames qui recouvrent sa tête montrent la 
diversité des reflets des métaux polis et des 
pierres précieuses; son iris, couleur de feu, 
est bordé d'azur; des raies longitudinales 
relèvent le fond des nageoires; et l’on aper- 
coit vers le dos, au milieu du tronc, une 
tache remarquable par ses couleurs, aussi 
bien que par sa forme, faite en losange, et 
présentant en quelque sorte toutes les teintes 
de Parc en ciel, puisqu'elle offre du rouge, 
du jaune, du verd, du bleu et du pourpre (1), 


(1) Aussitôt que ce poisson a perdu la vie, ses belles 
couleurs s’évanouissent. SONNINI. 


Q 3 


246 HAS TO TRUE 


22 


LE CORYPHÈNE CAMUS (1); 
PAR LACÉPÉDE. 


ON ZIÈME ESPÈCE. 


L>r nombre des rayons de la nageoire dor- 
sale , et la prolongation de la mâchoire infé- 
rieure plus avancée que la supérieure , 
servent à distinguer ce coryphène, qui ha- 
bite dans les mers de l'Asie, et qui, par la 
forme rectiligne de sa nageoire caudale, 
appartient au troisième sous-genre des pois- 
sons que nous considérons (53). 


(1) Coryphæna sima. 

Idem. Lin. édition de Gmelin. 

Coryphène réchignée. Bonaterre , pl. de l'Encycl. 
méthod. . 

(2) Coryphæna caudé& integré , labio inferiore lon- 
giore.... coryphæna sima. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. 


gen. 156, sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 13, 
additament. SONNINI. 
(5) A la nageoire dorsale. . . . . 52 rayons. 
À chacune des pectorales . . . . 16 


À chacune des thoracines. . . . 6 
Àcelle do/Tanus 20. ., 1 1Q 
À celle de la queue , . . — . . -x6 


DES CORYPHENES. 217 


PS 


oo, 
pen ones | 


LE CORYPHENE RAYÉ (1)(2); 
PAR LACÉPÈDE. 


DOUZIÈME ES PÉCE. 


Lr docteur Garden a fait connoître ce 
poisson, qui habite dans les eaux de la Ca- 
roline. Ce coryphène a la tête rayée trans- 
versalement de couleurs assez vives : d’autres 
raies très-petites paroissent sur la nageoire 
du dos , ainsi que sur celle de l’anus (3). Les 
écailles qui revêtent le corps et la queue 


mt, 


(1) Coryphæna lineata. 

Idem. Tin. édit. de Gmelin. 

Coryphène rayée. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. 

(2) Coryphæna capite picto lineis transversis colo- 
ratis.... coryphæna lineata. Lin. Syst. nat. ed. Ginel. 
gen. 158, sp. 13. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 4. 


additam. SoNNiNnli. 
(3) A la nageoire du dos . . . .« . 21 rayons: 
À chacune des pectorales. . . . 11 


À chacune des thoracines. . . . 6 
A'eéllede Fanus) 2412 2". SUCRES 
A celle de la queue . . + «< + + 12 


248 HISTOIRE 


sont très-grandes. La tête n’en présente pas 
de semblables; elle n’est couverte que de 
grandes lames. L’extrémité antérieure de 
chaque mâchoire est garnie de deux dents 
aiguës , très - longues et écartées l’une de 
l'autre; et la forme de la nageoire caudale, 
qui est arrondie , place le rayé dans le qua- 
trième sous-genre des coryphènes. 


DES CORYPHENES. »9 


LE CORYPHÈNE CHINOIS (1), 
PAR LACÉPÉÈDE. 


DUR UE UZIT ÊUM EE SR ÈCIE 


Cr coryphène n’a pas encore été décrit. 
Nous en avons trouvé une figure coloriée 
et faite avec beaucoup de soin, dans ce 
recueil de peintures chinoises qui fait partie 
des collections du museum d'histoire natu- 
relle, et que nous avons déjà cité plusieurs 
fois. Nous lui avons donné le nom de cory- 
phène chinois, pour désigner les rivages 
auprès desquels on le trouve, et louvrage 
précieux auquel nous en devons la connois- 
sance. Sa parure est riche , et en même tems 
simple , élégante et gracieuse. Sa couleur est 
d’un verd plus ou moins clair, suivant les 
parties du corps sur lesquelles 1l paroît ; mais 
ces nuances agréables et douces sont mélées 
avec des reflets éclatans et argentins. 

Au reste, il n’est pas inutile de remar- 
quer qu’en rapprochant par la pensée les 


(x) Coryphæna sinensis. 


250 HISTOIRE 

diverses peintures chinoises que l’on peut 
connoître en Europe, de ce qu’on a appris 
au sujet des soins que les chinois se donnent 
pour l'éducation des animaux, on se con- 
vaincra aisément que ce peuple n’a accordé 
une certaine attention, soit dans ses occu- 
pations économiques , soit dans les produc- 
tions de ses beaux arts, qu'aux animaux 
utiles à la nourriture de l'homme, ou pro- 
pres à charmer ses yeux par la beauté de 
leurs couleurs. Ce trait de caractère d’une 
nation si digne de l’observalion du philo- 
sophe, ne devoit-il pas être indiqué, même 
aux naturalistes ? 

Le beau coryphène chinois montre une 
très-longue nageoiïre dorsale, mais celle de 
l'anus est assez courte. La nageoire caudale 
est arrondie. De grandes écailles couvrent 
le corps, la queue et les opercules. La mâ- 
choire inférieure est relevée et plus avancée 
que la supérieure; ce qui ajoute aux rap- 
ports du chinois avec le coryphène camus. 


DES CORYPHENES. 51 


LE CORYPHÈNE POINTU (1) (2), 
PAR LACÉPÉDE. 


QUATORZIÈME ESPÈCE. 


Jr nom de pointu, que Linnæus a donné 
à ce coryphène, vient de la forme lancéolée 
de la nageoire caudale de ce poisson; et 
c’est à cause de cette même forme que nous 
avons placé cet osseux dans un cinquième 
sous-genre. Cet animal, qui habite dans Îles 
mers de l'Asie, a quarante-cinq rayons à la 
nageoire du dos, et sa ligne latérale est 
courbe (5). 


rame 


(1) Coryphæna acuta. 
Idem. Lan. édit. de Gmelin. 
Coryphène pointue. Bonaterre , pl. de l’Enc. méth. 
(2) En danois, spiézschwanz. 
Coryphæna caudä acuminatà& , line& laterali con- 
ex&....coryphæna acuta. Lin.Syst. nat. edit. Gmel. 
gen. 158 , sp. 7. — Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 5. 
additament. SONNINI. 
A À la nageoire du dos . . . . . 45 rayons. 
À chacune des pectorales. . . . 16 
À chacune des thoracines. . . «+ 6 
À: celle‘ de d'äanuse, 41e 1. 406 6 


À celle de la queue . . . . : + 14 


252 1:15 FO LR E 


© —_—————————"—_—————————————————————————""—“———————… 


LE CORYPHÈNE VERD (1) (2), 


L OA 


L 


LE CORYPHÈNE CASQUÉ (5) (4), 


L 


PIA RL AUC É PE DE 


169 ET 16 ESPÈCES. 


Nov s avons divisé le genre que nous exa- 
minons en cinq sous-genres; et nous avons 
placé les coryphènes dans l’un ou l’autre de 
ces groupes, suivant le dégré d’élendue rela- 


et 


(1) Coryphæna viridis. 
Coryphæna virens. Lin. édit. de Gmelin. 
Coryphène verte. Bouaterre, pl. de l’Encyc. méth. 
(2) Coryphæna pinnis appendiculis filiformibus.... 
coryphæna virens. Läu.Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, 
sp. 9. — Artedi , Gen. pisc. gen. 12, sp. 10. additam. 
SONNINI. 
(3) Coryphæna galeata. 
Coryphæna clypeata. Vin. édit. de Gmelin. 
Coryphène à bouclier. Bonat. pl. de l'Encyc. méth. 
(4) Coryphæna laminä ossed inter oculos.... cory- 
ph ænaclypeata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 158, 
Sp. 12.— Artedi, Gen. pisc. gen. 12, n° 9. additam. 
SONNINI. 


DES CORYPHENES. 53 
Uüve, et par conséquent de force propor- 
tionnelle donnée à leur nageoire caudale, 
ou, ce qui est la même chose, à un de leurs 
principaux instrumens de natation, par la 
forme de cette même nageoire, ou fourchure, 
ou en croissant, ou rectiligne, ou arrondie, - 
ou pointue. Nous n’avons vu aucun individu 
de l'espèce du coryphène verd, ni de celle 
du coryphène casqué ; aucun naturaliste n’a 
décrit ou figuré la forme de la nageoire cau- 
dale de l’un ni de l’autre de ces deux pois- 
sons : nous avons donc été obligés de les pré- 
senter séparés des cinq sous-genres que nous 
avons établis; et de nouvelles observations 
pourront seules les faire rapporter à celle 
de ces petites sections à laquelle ils doivent 
appartenir. Tous les deux vivent dans les 
mers de l'Asie, et tous les deux sont faciles 
à distinguer des autres coryphènes : le pre- 
mier, par un long filament que présente 
chacune des nageoires du dos et de l'anus, 
ainsi que des thoracines (1); et le second, 


(1) À la nageoire du dos . . . . . 26 rayons. 
A chacune des pectorales . . . + 13 
A chacune des thoracines . . . + 6 
A celle delaaus nl, L 012 


A celle de la queue + . + + + : 16 


254 HISTOIRE 


par une lame osseuse située au dessus des 
yeux, et que l’on a comparée à une sorte 
de bouclier ou de casque. On ignore la cou- 
q 
leur du casqué : celle du verd est indiquée 
que ; q 
par le nom de ce coryphène (1). 


ns 


(1) A la nageoire du dos . . . . + 32 rayons. 
À chacune des pectorales. …: . . 14 
À chacune des thoracines, . . … 9 


À.celle de l’anusir... 4:40 clans 13 


DES HEMIPTERONOTES. 255 


QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÉÈDE. 


LES HÉMIPTÉRONOTES. 


Es sommet de la tête très-comprimé, et 
comme tranchant par le haut, ou très- 
élevé, et finissant sur le devant par un 
plan presque vertical, ou terminé anté- 
rieurement par un quart de cercle, ou 
garni d'écailles semblables à celles du dos; 
une seule nageoire dorsale ; et la longueur 
de cette nageoire du dos ne surpassant 
pas, ou surpassant à peine, la moitié de 
la longueur du corps et de la queue pris 
ensemble. 


PR OMTRERE,ESPÉ CE. 
L’HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES; 
hemipteronotus quingue-maculatus. — Vingt 
rayons ou environ à la nageoire du dos; 
lopercule branchial composé de deux lames ; 
cinq taches de chaque côté. 
SECONDE ESPÉCE. 
L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN ; hemiptero- 
notus Gmelini. — Quatorze rayons à la na- 
geoire du dos; huit rayons à chacune des 
thoracines. 


256 HISTOIRE 


LE RASOIR À CINQ TACHES (1). 


HÉMIPTÉRONOTE CINQ TACHES (2), 
PAR LACÉPÉDE. 


P RUE MILB RE ES PB È CE. 
Voyez la planche XXX1X , fig. 1. 
La brièveté de la nageoire dorsale et sa 


position à une assez graude distance de loc- 
ciput, distinguent le cinq -taches et Îles 


(1) Le rasoir à cing taches. En aïlemand, sechsauge, 
fünffingerfisch. En hollandais , rivier dolfyn, bandas- 
che kabbelaaw. 

Cor; phæna maculis nigris quinis versus caput lon- 
gitudinalibus...... coryphæna pentada:iylu. Lin. 
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 3. — Artedi, Gen. 
pisc. gen. 12, n° 11. additament. SONNINI. 

(2, Hémipteronotus quinque-maculatus, 

Coryphæna pentadactyla. Lan. édit. de Gmelin. 

Coryphène cing-taches. Daubenton, Encycl. méth. 
— Bonaterre, pl. de l’Encyci. méthod. 

Coryphæna caudä æquali, pinnä dorsi , radiis uno 
et vigunti. Bloch , pl. cLxxH1T. 

autres 


F1 ) 24 
PL xxxTx. | «FT À.f; À 


| 
| 


De J'eve del. M" Lar ui 


1. RASOIR a .#rches . 
\ , 
2.COTTE «722 , 


3.4 meme vu en dessous | 


DÉS TÉMIPTERONOTES. 957 


autres poissons qui appartiennent au genre 
que nous décrivons, des coryphènes propre- 
ment dits. Le nom générique d'hémiptéro- 
note (1) désigne ce peu de longueur de la 
nageoire dorsale, el son rapport avec la 
nageoire du dos des coryphènes, qui est 
presque toujours une fois plus étendue. Les 
osseux que nous eXaminons mautenant res- 
semblent d’ailleurs, par beaucoup de formes 
et d'habitudes , à ces mêmes coryphènes 
avec lesquels on les a confondus jusqu’à 


Blennius , maculis quinque utrinque versus caput 
nigris. Act. Stockh. 1740, p. 460 , tab. 3, fig. 2. 

Ikan bandan jans swangi. Valent, Amboin. 5, 
p. 508, fig. 67. 

Bandasche cacatoeha. Id. ibid. p.388, fig. 123. 

Rievier dolfyn. WW. ibid. p. 455 , fig: 292. 

Oranje visch met vier vlakken. Renard, Pise.r, p. 23. 

Banda. Ad. 1, tab. 14, fig. 84. 

Tcan banda. 1. 2 , tab. 2 , fig. 6. 

Tcan potou banda. VW. tab. 25, fig. 1r2. 

Tcan banda. Ruysch, Theatr. animal. p. 40, n°8, 
tab. 20 , fig. 8. ù 

Vif venger visch, id est, piscis pentadactylos, 
Willughby, Append. p. 7, tab. 8, fig. 2. — Ray, 
Pisc..150 , n° 23. 

(1) Hémiptéronote vient de trois mots grecs, qui 


pignifient moitié , nageoire et dos, 


Poiss. Tome VILIL. R 


258 HISTOIRE 


présent. Le cinq-taches, le poisson le plus 
connu des hémiptéronotes , habite dans les 
fleuves de la Chine, des Moluques et de 
quelques autres îles de l'archipel Indien. 1} 
Y parvient communément à la longueur de 
six décimètres (vingt-deux pouces environ); 
sa tête est grande; ses yeux sont rapprochés 
VPun de l'autre, et par conséquent placés 
sur le sommet de la tête; l'ouverture de 
la bouche est médiocre ; les deux mâchoires 
sont garnies d’une rangée de dents aiguës, 
et présentent deux dents crochues plus lon- 
gues que les autres; l’orifice branchial, qui 
est très-grand, est couvert par un opercule 
composé de deux lames; la ligne latérale 
s'éloigne moins du dos que du ventre; l’anus 
est plus près de la gorge que de la nageoire 
caudale , qui est fourchue (1); des écailles 
très-petites couvrent les joues, et d’autres 
écailles assez grandes revêlent presque tout 
le reste de la surface du cinq-taches. 


(1) À la membrane des branchies . 4 rayons. 
À la nageoire du dos. . . « . + , 21 
À chacune des pectorales. . . . 13 
À chacune des thoracines. . . . 6 
Ace detente PT es +, 10 
À celle de la quene . . . 5 . . 12 


DES HEMIPTERONOTES. 259 


Voici maintenant les couleurs dont la 
Nature a peint ces diverses formes. 

La partie supérieure de l’animal est brune; 
les côtés sont blancs, ainsi que la partie 
inférieure ; une raie bleue règne sur Ja tête ; 
Piris est jaune : des cinq taches qui paroissent 
de chaque côté du corps, la première est 
noire, bordée de jaune, et ronde ; la seconde 
est noire, bordée de jaune, et ovale ; les 
trois autres sont bleues et plus petites. Une 
belle couleur d’azur distingue la nageoire 
caudale et celle du dos, qui d’ailleurs 
montre un liseré orangé; et deux taches 
blanches sont situées à la base des nageoires 
thoracines, lesquelles sont, comme les pec- 
torales et comme celle de l’anus , orangées, 
et bordées de violet ou de pourpre. 

Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, 
du noir, de l’orangé et du pourpre ou du 
violet , composent donc lassortiment de 
nuances qui caractérise le cinq-taches, et 
qui est d'autant plus brillant qu'il est animé 
par le poli et le luisant argentin des écailles. 
Mais cette espèce est aussi féconde que belle: 
aussi va-t-elle par très-grandes troupes; et 
comme d’ailleurs sa chair est agréable au 
goût, on la pêche avec soin; on en prend 

R 2 


260 HISTOTRE 


mème un si grand nombre d'individus ,qu'on 
ne peut pas les consommer tous auprès des 
eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses 
manières ces individus surabondans ; on les 
fait sécher ou saler ; on les emporte au 
loin; et ils forment, dans plusieurs contrées 
orientales, une branche de commerce assez 
analogue à celle que fournit le gade morue 
dans les régions septentrionales de l’Europe 
et de l'Amérique. 


DES HEMIPTERONOTES. o6r 


mm | 


L’HÉMIPTÉRONOTE GMELIN (1) (2); 
PAR: LACEPRPDE. 
SE CON DE PS PIE NC El 


C ET hémiptéronote a la nageoïire dorsale 
encore plus courte que le cinq-taches; ses 
mâchoires sont ailleurs à peu près égale- 
ment avancées. On le pêche dans les mers 
d'Asie ; el nous avons cru devoir lui donner 
un nom qui rappelât la reconnoissance des 
naturalistes envers le savant Gmelin , auquel 
ils ont l'obligation de la treizième édition du 
Système de la Nature par Linnæus. 


(1) ÆZemipteronotus Gmelini. * 
Coryphæna hemiptera. Lan. édit. de Gimelin. 
Coryphène à demi- nageoire. Bonaterre , planch. de 


VEucyc. méthod. 
(2) En danois, Lalbflosser. 


Coryphæna maxillis subæqualibus, pinnä dorsali 
brevi.... coryphæna hemiptera. Lin. Syst nat. edit, 
Ginel. gen. 158 , sp. 10.— Artedi, Gen. pisc. gen. 12, 
n° 6. additament. 

Coryphæna hemiptera. Muller , Lin. Syst. nat, 


vol. IV, p. 124. SoNNINI. 
| 4 


262 EI SITOTRE 


2 


QUATRE-VINGT-DEUXIÈEME GENRE 


PAR LACÉPEDE. 


LES CORYPHÉNOIDES. 


Lx sommet de la tête très-comprimé , et 
comme tranchant par le haut, ou très- 
élevé, et finissant sur le devant par un 
plan presque vertical, ou terminé anté- 
rieurement par un quart de cercle, ou 
garni d’écailles sembiables à celles du dos; 
une seule nageoire dorsale ; l'ouverture 
des branchies ne consistant que dans une 
fente transversale. 


ESPÈCE. 


LE CORYPHÉNOÏDE HOTTUYNIEN; COry- 
phæœnoïdes Hottuynii. — Vingt - quatre 
rayons à la nageoire du dos. 


DES CORYPHENOIDES. 263 


RP 


LE CORYPHENOIDE 
HOTTUYNIEN (1) (2), 


PAR LACLÉPÉDE. 


Ox trouve dans la mer du Japon, et dans 
d’autres mers de l'Asie, ce poisson que l’on 
a inscrit parmi les coryphènes ; mais qu'il 
faut en séparer, à cause de plusieurs diffé- 
rences essentielles, et particulièrement à 
cause de la forme de ces ouvertures bran- 
chiales , qui ne consistent chacune que dans 


(1) Coryphænoïdes Hottuynii. 

Coryphæna branchiostesa. Lin. édit. de Gmelin. 

Coryphæna japonica. Abid. — Iottuyn , Act, 
Haarl. 20 , 2, p. 515. 

Coryphène branchiostège. Bonat. pl. de l’'Enc. méih: 

(2) En danois, kiemendeckel. En hollandais, japanse 
oranje-visch. 

Coryphæna lutea , branchiarum aperturä& rimà 
transversä..... coryphæna japonica. Lin. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 158, sp. 18. — Artedi , Gen. pisc. 
gen. 12, n° 7. additament. 

Coryphæna branchiostega. Muller, Lin. Syst. nat, 
vol. IV, p. 124. SONNINI. 


R 4 


26% CMINER EST OR E 

une fente transversale. Nous le nommons 
coryphénoïde pour désigner les rapports de 
conformation qui cependant le lient avec 
les coryphènes proprement dits; et nous lui 
donnons le noim spécifique d’hottuynien , 
parce que le naturaliste Hottuyn n’a pas 
peu contribué à le faire connoître. Ii n’a 
communément que deux décimètres (sept 
pouces ) de longueur ; les écailles qui le 
revêtent sont minces ;\sa couleur tire sur 
le jaune (1). 


(1) A la nageoire du dos . . . . 24 rayons. 
A: chacune des pectorales ... . 14 

A chacune des thoracines. . . . 6 

A'celledelanns er St a et Vra 


À celle de la queug . . « . + . 16 


DES ASPIDOPHORES. 26h 


an 
2 


QUATRE-V INGT-TROISIÈME GENRE 
PAR LACÉPÉDE. 


LES ASPIDOPHORES. 


Lr corps et la queue couverts d’une sorte 
de cuirasse écailleuse; deux nageoires sur 
le dos; moins de quatre rayons aux na- 
geoires thoracines. 

PREMIER SOUS-GENRE. 
Un ou plusieurs barbillons à la mächoire 
inférieure. 
P'RIEME TE RUE CES PE Or. 

L'ASPIDOPHORE ARMÉ; aspidophorus ar- 
matus. — Plusieurs barbillons à la mà- 
choire inférieure; la cuirasse à huit pans; 
deux verrues échancrées sur le museau. 

SECOND SOUS-GENRE. 

Point de barbillons à la mâchoire infé- 

rieure. 
SÉCON DE ESPÈCE. 

L’asPipoPrHoRE LisizA; aspidophorus di- 
siza. — La cuirasse à huit ou plusieurs pans, 
et garnie d’aiguillons. 


266 IST O FRE 


FE CONTE ARMÉE, (1} 


L’'ASPIDOPHORE ARMÉ (2), 
PAR LACÉPÉDE. 
PREMIÉRE ESPÉÈC'E. 


Voyez la planche XXX1X,, fig. 2; et le même poisson 
vu en dessous, fig. 3. 


Nous avons séparé des cottes les poissons 
osseux et thoracins dont le corps et la queue 
sont couverts de plaques ou boucliers très- 


(1) Ze cotte armé. En allemand , gepanzerte groppe. 
À Hambourg et dans le Holstein, steënpicker, miller, 
turssbull. Tin suédois, botn-mus , bensimpa. En danois, 
botn-mus. En islandais , sexranding. En hollandais, 
harnas-mannetje. En anglais , pogge , armed bulthead, 
Au Groenland, taniordluk , kaniornak. 

Cottus loricatus, rostro verrucis binis bifidis, capite 
subtns cirroso.... cottus cataphractus. Lin. Syst. nat. 


edit. Gmel. gen. 160, sp. 1. SONNINI. 
(2) Aspidophorus armatus. Dans le nord de l’Angle- 
terre , à pogge. , 


Cottus cataphractus. Tin. édit. de Gmelin. 
Cotte armé, Daubenton , Encycl. méthod. — Bona- 


DES ASPIDOPHORES,. 267 


durs disposés de manière à former un grand 
nombre d’anneaux solides, et dont l’en- 
semble compose une sorle de cuirasse ou 
de fourreau à plusieurs faces longitudinales. 
Nous leur avons donné le nom générique 
d’aspidophore, qui veut dire porte-bouclier, 
et qui désigne leur conformation extérieure. 
Ils ont beaucoup de rapports, par les traits 
extérieurs qui les distinguent, avec les syn- 
gnathes et les pégases. Nous ne connoiïssons 
encore que deux espèces dans le genre qu'ils 


terre , pl. de l’'Encyc. méthod. — Bloch, pl. xxxviunt, 
Hg: r9, et 4 

Cottus cirris plurimis , corpore octogono. Artedi, 
gen. 49, spec. 87, syn. 77. 

Cottus cataphractus. Schonev. p. 30. — Jonston, 
Bb.2, tit. 1, cap. 9, tab. 46, fig. 5 et 6. — Charlet. 
Onom. p. 152. — Willughbÿ, Ichth. p. 211. — Ray, 
pe 77: — Faun. Suec. 524. — Brunn. Pisc. Mas«il. 
p. 51, n° 45. — Müll. Prodrom. zool. Danic. p. 44, 
n° 45. — G. Fabric. Faun. Groenland. p. 155 , n° 112. 
— Mus. Adolph. Frid. 1, p. 70. — Gronov. Mus. 1, 
p. 46, n°105; et Zooph. p. 79,n°271.— Act. Ielv.4, 
P:202 n° 140. 

Cottus cataphractus , rostro resimo, etc. Klein, 
Miss. pisc. 4 , p. 42, n° 1. 

Cottus cataphractus. Seba , Mus. 5, p. 81, tab. 28, 
fig. 6. 

Pogge. Pennant, Brit, zool. 3, p.178,n°2,tab.11. 


208 EST OMR E 
forment ; et la plus anciennement ainsi que 
la plus généralement connue des deux, est 
elle à laquelle nous conservons le nom spéci- 
fique d’armé, et qui se trouve dans l’océan 
Atlantique (1). Elle y habite au milieu des 
rochers voisins des sables du rivage ; elle y dé- 
pose ou féconde ses œufs vers le printems; et 
c’est le plus souvent d'insectes marins, de 
mollusques ou de vers, et particulièrement 
de crabes qu’elle cherche à faire sa nourri- 
iure. La couleur générale de l’armé est brune 
par dessus et blanche par dessous. On voit 
plusieurs taches noirâtres sur le dos ou sur 
les côtés ; d’autres taches noirûtres et presque 
carrées sont répandues sur les deux na- 
geoires du dos, dont le fond est gris; les 
nageoires pectorales sont blanchatres et ta- 
chetées de noir, et cette même teinte noire 
occupe la base de la nageoire de Fanus. 

Une sorte de bouclier ou de casque très- 
solide, écailleux, et même presque osseux, 
creusé en pelites cavités irrégulières et relevé 
par des pointes ou des tubercules, garanlit 


mt 


(1) Sur-tout vers le nord ; on la voit sur les côtes 
d'Irlande , de l'Angleterre , de la Hollande , aux 
émbouchures de l’Elbe et de l’Eyder, dans la mer 
Baltique , etc. ; elle n’est pas fort commune ar 
Groenland. SONNINE 


DES ASPIDOPHORES. :69 


“ 


le dessus de la tête. Les deux mâchoires 
et le palais sont hérissés de plusieurs rangs 
de dents petites et aiguës ; un grand nombre 
de barbillons garnissent le contour arrondi 
de la mâchoire inférieure qui est plus courte 
que la supérieure; l’opercule branchial n’est 
composé que d’une seule lame ; un piquant 
recourbé termine chaque pièce des anneaux 
solides dont se forme la cuirasse générale de 
l'animal; cette même cuirasse présente huit 
pans longitudinaux, qui se réduisent à six 
autour de la partie postérieure de la queue; 
la ligne latérale est droite ; l'anus situé à 
peu près au dessous de la première nageoire 
du dos ; la nageoire caudale arrondie; les 
pectorales sont grandes, et les thoracines 
longues et étroites (1). 

L’'aspidophore armé parvient communé- 
ment à une longueur de deux ou trois déci- 
mètres (neuf à onze pouces) (2). 


(x) 5 rayons non articulés à la première nageoire 
du dos. 
7 rayons articulés à la seconde. 
15 rayons à chacune des pectorales. 
3 à chacune des thoracines. 
6 à celle de l'anus. 
10 à celle de la queue. 
(2) On prend ce poisson dans les filets destinés à la 


270 IS FOIRE 


Nous pensons que lon doit rapporter à 
cette espèce le poisson auquel Olaffen et 
Müller ont donné le nom de cotte bro- 
dame (1), et quine paroît différer par aucun 
trait important du thoracin qui fait le sujet 
de cet article (2). 


pêche d’autres espèces. On lui coupe la tête et on Île 
dépouille de ses boucliers avant de l’apprêter; ce n’est 
pas un fort bon mets, et les groenlandais , si peu 
délicats en d’autres occasions , n’en mangent jamais. 
SONNINI. 


(1) Cottus brodamus. Olaffen , Isl. tom. I, p. 58g. 
— Müll. Zoo!. Danic. Prodrom. 

Cotte brodame. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth. 

(2) Tous les ichthyologistes ont pensé que ces deux 
poissons étoient les mêmes. SONNINI. 


DES ASPIDOPHORES. oi 


LE LES DZ 


2m 


L'ASPIDOPHORE LISIZA (2), 
PAR LACÉPÉÈDE. 
SECONDE ESPÈCE. 

P ALLAS a fait connoitre ce poisson, qui 


vit auprès du Japon et des îles Kuriles, et 
qui a beaucoup de rapports avec l’armé. 


(1) Lisiza, nom que les russes donnent à ce poisson. 

Cottus cirris carens , corpore octogono , squainis 
osseis striatis, in medio obluso aculeo extante armatis; 
seu, coétus corpore octogono , squamis osseis aculeatis. 
Steller , cité par Pallas, Spicil. zool. fase. 7, p.50, 
fig. tab, 5, n° 1,2 et 5. 

Nota, que le seul individu de cette espèce qui 
existe au cabinet de l’académie de Pétersbourg , ainsi 
que dans les autres collections connues, a été apporté 
des îles Kuriles par Steller. 

Cottus corpore octogono , squamis osseis aculeatis 
oricato , cirris nullis.... cottus japonicus. Lin. Syst. 
nat. edit. Gmel. gen. 160 , sp. 7.— Artedi , Gen. pisc, 
gen. 54, u° 7. additament. SONNINI. 

(>) Aspidophorus lisiza. 

Cottus japonicus. Pallas , Spicil. zool. 7 , p. 50. — 
Lin. édit. de Gmelin. 

Cotte lisiza. Daubenton, Encycl. méth. = Bona- 
terre , pl. de l’Encycl. méthod. 


272 H,15$5 TO TR:E 

La tête de cet aspidophore est alongée, 
comprimée et aplalie dans sa partie supé- 
rieure, qui présente d’ailleurs uue sorte de 
gouttière longitudinaie. De chaque côté du 
museau, qui est obtus et partagé en deux 
lobes, on voit une lame à deux ou trois 
échancrures, et garnie sur le devant d'un 
petit barbillon. Les bords des mâchoires 
sont hérissés d’un grand nombre de dents; 
les yeux situés assez près de l’extrémité 
du museau , et surmontés chacun par une 
sorte de petite corne ou de protubérance 
osseuse , et les opercules dentelés ou dé- 
coupés. 

Une pointe ou épine relève presque toutes 
les pièces dont se composent les anneaux et 
par conséquent l’ensemble de la cuirasse, 
dans lesquels le corps et la queue sont 
renfermés. Ces pièces offrent d’aileurs des 
stries disposées comme des rayons autour 
d’un centre; et les anneaux sont conformés 
de manière à donner à la cuirasse ou à l’étui 
général une très-grande ressemblance avec 
une pyramide à huit faces ou à un plus 
grand nombre de côtés, qui se réduisent à 
cinq, six ou sept vers le sommet de la 
pyramide. 

La première nageoire du dos correspond à 

peu 


DES ASPIDOPHORES. 273 
peu près aux pectorales et aux thoracines, 
et la seconde à celle de l'anus. Chacune des 
thoracines ne comprend que deux rayons; 
ceux de toutes les nageoires sont en général 
forts et non articulés, et l’orifice de l'anus 
est un peu plus près de la gorge que de la 
nageolre caudale. 

Le fond de la couleur de l’aspidophore 
que nous décrivons est d’un blanc jaunâtre; 
mais le dos, plusieurs petites raies placées 
sur Îles nageoires (1), une grande tache 
rayonnante siluée auprès de la nuque, et 
des bandes distribuées transversalement ou 
dans d’autres directions sur le corps ou sur 
la queue, offrent une teinte brunâtre (2). 

La longueur ordinaire du lisiza est de trois 
ou quatre décimètres (onze à treize pouces.) 


ee ————"" 


2e 


(1) A la membrane des branchies . 6 rayons. 


A la première nageoire du dos . 6 
À la seconde nageoire dorsale. . 7 
À chacune des nageoires pectorales 12 
A chacune des thoracines. . . . 2 
À celle de l'anus nie ti sal 548 
A celle de la queue, .4 . . . 12 


ù . Ie } 
(2) Les yeux ont la prunelle noire et liris argenté, 
avec quelques nuances dorées. SONNINI: 


Peiss. Tome VIII. S 


\ 


274 HISTOIRE 


nee 


QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GEN. 
PAR LA CHTP EE DE. 


LES ASPIDOPHOROIDES. 


Lr corps et la queue couverts d’une sorte 
de cuirasse écailleuse ; une seule nageoire 
sur le dos; moins de quatre rayons aux 
nageoires thoracines. 


E S P EÉ C E. 


L’ASPIDOPHOROÏDE TRANQUEBAR ; @Spi- 
dophoroidus tranquebar. — Quatre rayons à 
chacune des nageoires pectorales , et deux 
à chacune des thoracines, 


DES ASPIDOPHOROIDES. 275 


LE CHABOT DE L'INDE (1). 


BAS P1. DO P H'OR OI DE 
| TRANQUEBAR (), 


PUOANROUR ÆNC) EVE) ED EX 


Les aspidophoroïdes sont séparés des aspi- 
dophores par plusieurs caractères, et par- 
ticulièrement par l’unité de la nageoire 
dorsale. Ils ont cependant beaucoup de 
rapports avec ces derniers; et ce sont ces 
ressemblances que leur nom générique in- 
dique. Le tranquebar est d’ailleurs remar- 
quable par le très-petit nombre de rayons que 


(r) Coitus dorsi pinn& unicé , crapite inermi....... 
cottus monopterygius. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. 
gen. 160 , sp. 10. — Artedi, Gen. pisc. gen. 34, n° 6. 
additainent. SONNINI. 

(2) Aspidophoroïdes tranquebar. Blocb , pl. czxxvint. 
fig. 1 et 2. 

Cottus monopteryoius. Lan. édit. de Gmelin. 

Cotte, chabot de l’inde. Bonat. pl. de l’Enc, méth. 

5 2 


276 ELESTOTRE 
renferment ses diverses nageoires ; et ce trait 
de la conformation de ce poisson est si sen- 
sible , que tous les rayons de la nageoire du 
dos, de celle de l'anus, de celle de la queue, 
des deux pectorales et des deux thoracines, 
ne montent ensemble qu’à trente-deux. 

Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de 
Tranquebar (1), ainsi que l'annonce son 
nom spécifique. Sa nourriture ordinaire est 
composée de jeunes cancres et de petits mol- 
Jausques ou vers aquatiques. I! est brun par 
dessus, gris sur les côtés; et l’on voit sur 
ces mêmes côtés des bandes transversales 
et des points bruns , ainsi que des taches 
blanches sur la partie inférieure de Panimal, 
et des taches brunes sur la nageoire de la 
queue et sur les pectorales (2). 

Sa cuirasse est à huit pans lonsitudinaux, 


(:) Et de plusieurs autres contrées des Indes orien- 
tales. Comme il a peu de chair, on ne le mange pas, 
et il ne sert que d’amorce pour les lignes des pêcheurs. 

SONNINI. 


(2) À la membrane des branchies . 6 rayons, 
A la naseoire du dos. «+ . ... 
À chacune des pectorales . «+ . . 
À chacune des thoracines. . . . 
Aïcelle de anus. 2. Mi, 
À celle de la queue . . . 


Dub KR Cm 


e 
e 
L 


DES ASPIDOPTOROIÏDES. 97 


qui se réunissent de manière à n’en former 
que six vers la nageoire caudale; les yeux 
sont rapprochés du sommet de la tête; la 
mâchoire supérieure, plus longue que l’in- 
férieure , présente deux piquans recourbés 
en arrière ; une seule lame compose l’oper- 
cule des branchies, dont l'ouverture est 
très - grande ; on aperçoit sur le dos une 
sorte de petite excavation longitudiuale ; la 
nageoire dorsale est au dessus de celle de 
l'anus, et celle de la queue est arrondie. 


278 HISTOIRE 


ms 


QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GEN. 
PAR BACEPED DL: 


LES DD PAMPETÉE 


La tête plus large que le corps; la forme 
générale un peu conique; deux nageoires 
sur le dos ; des aïguillons ou des tubercules 
sur la tête ou sur les opercules des bran- 
chies ; plus de trois rayons aux nageoires 
thoracines. 


PREMIER SOUS-GENRE. 


Des barbillons à la mâchoire inférieure. 


PR EMI ER E ES PL CE. 


LE COTTE GROGNANT; coilus grunniens. 
— Plusieurs barbillons à la mâchoire infé- 
rieure ; cette mâchoire plus avancée que 
la supérieure. 


22 


DES ICOMTES 25 
SECOND SOUS-GENRE. 


Point de barbillons à la mâchoire infé- 
rieure. | 


… 


$S EE. C'O NUD E ! F'S\P'H C'E. 


LE COTTE SCORPION ; coflus scorpius, — 
Plusieurs aiguillons sur la têle; le corps 
parsemé de petites verrues épineuses. 


D RUOLL SUP IMI EE S$S PE. CE 


LE COTTE QUATRE-CORNES ; collus qua- 
dricornis. — Quatre protubérances osseuses 
sur le sommet de la tête, 


QUATRIÈME ESPÈCE. 
LE COTTE RABOTEUX ; cotius scaber. — 
La ligne latérale garnie d’aiguillons. 
CT INIONEN DIE ME. E S'P'ENCUE. 


LE COTTE AUSTRAL; cottus australis. — 
Des aiguillons sur la tête; des bandes trans- 
versales et des raies longitudinales. 


SIXIÈME PSPÉCE. 


LE COTTE INSIDIATEUR ; cotéus insidialor. 
Deux aiguillons de chaque côté de la téte; 
. A ° } 2 2 .. , 
des stries sur cette même partie de l'animal, 
D % 


260 HESTOIRE 
SEPTIÈME ESPÈCE. 


LE COTTE MADÉGASSE ; cotlus madagas- 
cariensis. — Deux aiguillons recourbés de 
chaque côté de la tête; un sillon longitu- 
dinal, large et profond entre les yeux; des 
écailles assez grandes sur le corps et sur la 
queue. 


HUITIÈME ESPÈCE. 


LE CcOTTE Noir; cofius niger. — Un ai- 
guillon de chaque côté de la tête; la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure ; 
le corps couvert d'écailles rudes; la couleur 
générale noire ou noirâtre. 


NE U VIE ME FS'P.ÉÈ CE. 


LE coTTE cHABOT ; cottus gobio. — Deux 
aiguillons recourbés sur chaque opercule; 
le corps couvert d’écailles à peine visibles. 


SL xz. € T &# f'28 


De Jeve del. 


M Tarireu 


LLE GRONDEUR. 
2.LE SCORPION 4% "er. 
3.LE COTTE gualre <CCTRC , 


DÉS 'COTTES. 281 


LECG R ON DE U'R ). 


LE COTTE GROGNANT (2), 
PAR LACÉPÉDE. 
PR EMI È RE ESP É C E; 
Voyez la planche XI, fig. 1. 
Picsour tous les cottes ne présentent 


que des couleurs ternes, des nuances obs- 
cures, des teintes monotones. Enduits d’une 


(1) Le grondeur, nom sous lequel ce poisson est 
généralement connu. En allemand , brummer. En 
hollandais , pictermann , korrkhaan. Au Brésil , nigur. 

Cottus alepidotus varius , maxill& inferiore longiore 
multüm cirrat&. Gronov. locis infra citaiis. 

Cottus gul& ramentis villosä, corpore nudo...... 
cottus grunniens. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 160, 
sp. 3. — Artedi , Gen. pisc. gen. 34 , n° 9. additam. 

SONNINI: 

(2) Cottus grunniens. 

Tdem. Tan. édit. de Gmelin. — Bloch, pl. cLxxIx, 

Cotte grognard. Daubenton , Encyclop. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth, — Mus. Ad. Frid. 2, 


282 EE SUR 'O;T RE 

liqueur onctueuse qui retient sur leur sur- 
face le sable et le limon; couverts le plus 
souvent de vase et de boue ; défigurés par 
celte couche sale et irrégulière ; aussi peu 
agréables par leurs proportions apparentes 
que par leurs tégumens , qu’ils, diffèrent , 
dans leurs attributs extérieurs , de ces 
magnifiques coryphènes sur lesquels les 
feux des diamans, de l'or, des rubis et des 
saphirs scintillent de toutes parts, et au- 
près desquels on diroit que la Nature les a 
placés pour qu'ils fissent mieux ressortir 
l'éclatante parure de ces poissons privilégiés ; 
on pourroit être tenté de croire que, s'ils 
ont été si peu favorisés lorsque leur vête- 
ment leur a été départi, ils en sont, pour 
ainsi dire , dédommagés par une faculté 
remarquable et qui n’a été accordée qu’à 
un petit nombre d’habitans des eaux, par 
celle de proférer des sons. Et en effet, plu- 


p: 65. — Gronov. Mus. 1, p. 46, n° 106; et Zooph. 
p. 79, n° 2600. — Seba, Mus, 5, p. 80, n° 4, tab. 23, 
Ég. 4. 

Corystion capite crasso ,ore ranæ ampdo, etc. Klein, 
Miss. pise. 4, p. 46, n° 8. — Marcgr. Brasil. p. 78. — 
Willughby, Ichth. p. 280, tab. S, 11, fig. 1; Append. 
p- 3, tab. 4, fig. 1. 

Nigui, Ray, Pise. p.92 ,n°7;et p.1b0, n° 7. 


DE S COTES. 283 
sieurs cottes, comme quelques balistes, des 
zées, des trigles et des cobites font entendre, 
au milieu de certains de leurs mouvemens, 
une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin 
cependant d’un simple bruissement assez 
foible , très-monotone, très-court et fré- 
quemment involontaire, non seulement à 
ces sons articulés dont les nuances variées 
et légères ne peuvent être produites que par 
un organe vocal trés-composé, ni saisies que 
par une oreille très-délicate, mais encore 
à ces accens expressifs et si diversifiés qui 
appartiennent à un si grand nombre d’oi- 
seaux, et même à quelques mammifères! 
Ce n’est qu'un frôlement que les cottes, les 
cobiles, les zées, les balistes, font naïtre. Ce 
n’est que lorsque, saisis de crainte, ou agités 
par quelque autre affection vive, ils se con- 
tractent avec force, resserrent subitement 
leurs cavités intérieures, chassent avec vio- 
lence les différens gaz renfermés dans ces 
cavités, que ces vapeurs sortant avec vitesse, 
et s’échappant principalement par les ouver- 
tures branchiales, en froissent les opercules 
élastiques, et, par ce frottement toujours 
peu soutenu, font naître des sons, dont le 
dégré d’élévation est inappréciable, et qui, 
par conséquent, n'étant pas une voix et ne 


284 HE SIT ON R E 
formant qu'un véritable bruit, sont même 
au dessous du sifflement des reptiles (1). 
Parmi les cottes, l’un de ceux qui jouissent 
le plus de cette faculté de frôler et de bruire, 
a été nommé grognant, parce que l'envie 
de rapprocher les êtres sans discernement 
et d’après les rapports les plus vagues, qui 
l'a si souvent emporté sur l'utilité de com- 
parer leurs propriétés avec convenance, à 
fait dire qu’il y avoit quelque aralogie entre 
le grognement du cochon et le bruissement 
un peu grave du cotte. Ce poisson est celui 
que nous allons décrire dans cet article. 
On le trouve dans les eaux de l'Amérique 
méridionale , ainsi que dans celles des Indes 
orientales (2). Il est brun sur le dos et mêlé 
de brun et de blanc sur les côtés. Des taches 
brunes sont répandues sur ses nageoires, 
qu sont grises, excepté les pectorales et les 


ns 


(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons. 


(2) Les équipages de M. de la Pérouse prirent 
beaucoup de grondeurs , avec plusieurs autres espèces 
de poissons également abondantes à la baie de T'ernaiï, 
sur la côte de Tartarie, à quarante - cinq dégrés 
treize minutes de latitude nord. ( Voyez les Voyages 
de la Pérouse, tome III, in - 8°, pag. 2.) 


SONNINI. 


DES COTTES ‘os 


thoracines , sur lesquelles on aperçoit une 
teinte rougeûtre (1). 

La surface du grognant est parsemée de 
pores d’où découle cette humeur visqueuse 
et abondante dont il est enduit, comme 
presque tous les autres cottes. Malcré la 
quantité de cette malière gluante dont il est 
imprégné, sa chair est agréable au goût ; on 
ne la dédaigne pas : on ne redoute que le 
foie, qui est regardé comme très-mal-faisant, 
que l’on considère même comme une espèce 
de poison; et n'est-il pas à reniarquer que, 
dans tous les poissons, ce viscère est la por- 
tion de l’animal dans laqueile Les substances 
huileuses abondent le plus? 

La tèle est grande, et les yeux sont petits. 
L'ouverture de la bouche est très-large; la 
langue lisse ainsi que le palais; la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure, 
et hérissée d’un grand nombre de barbil- 
lons, de même que les côtés de la tête ; les 
lèvres sont fortes ; les dents aiguës, recour- 


(1) A la première nageoïire du dos. 5 rayons. 
AMseconded nee ft. Le. 20 
À chacune des nageoires pectorales 22 
A chacune des thoracines. . + + 4 
À celleidel'anmas 0 n.0re 1 10 


286 HISTOIRE 


bées, éloignées l’une de l’autre, et disposées 
sur plusieurs rangs. Les opercules , com- 
posés d’une seule lame, et garnis chacun 
de quatre aiguillons, recouvrent des orifices 
très-Ctendus. L’anus est à une distance pres- 
que égale de la gorge et de la nageoire cau- 
dale , qui est arrondie (1). 


(1) Le grondeur se cache sur le sable près da rivage, 
et il blesse de ses morsures ceux qui marchent sur la 


plage. SONNINI. 


DES ICO TITLES. 287 


LE SCORPION DE MER (1). 


LE COTTE SCORPION (), 
PAR LACÉPÉDE. 
SECONDE ESPÈCE. 


Foyez la planche XL, fig. 2. 


C’rsx dans l'océan Atlantique, et à des 
distances plus ou moins grandes du cercle 


(1) Ze scorpion de mer. À Hambourg , wallkutze, 
Æuurpage. Dans le Dittmare, bulosse. À Heiligeland, 
sturre, En Poméranie, scemurre, knurrhahn, kurkahn. 
En Norvège, outre les deux noms cités dans la note 
suivante, éorsk ,riobenharns,mar-ulke. Au Groenland, 
indépendamment des noms communs à l'espèce en- 
tière , cités dans la note de Eacépède , le mâle se 
distingue par celui de £ivate , et la femelle par celui 
de nariksok. 

Cotius capite spinis pluribus, maxill& superiore 
pauld longiore.... cottus scorpius. Lin. Syst. nat. edit. 
Gimel. gen. 160, sp. 5. 

Cottus capite spinis pluribus validis...... cottus 
scorpius, Oh. Fabric. Faun, Groenl. p. 154, n° 115. 


SONNINIL. 


268 SNL OUI E 

polaire, que l’on trouve ce colle remar- 
quable par ses armes, par sa force, par son 
agilité. Il poursuit avec une grande rapidité, 


(>) Cottus scorpius. À l'embouchure de la Seine , 
caramassou. Dans plusieurs provinces de France, 
scorpion de mer. En Suède, rotsimpa , skrabba , 
skjalryta , skialryta, skiolrista , pinulka. En Norvège, 
fisksymp , vid-kieft, soe scorpion. Dans le Groenland, 
kaniok, kantuinak. Dans la Poméranie, kurhahn. 
Dans la Livonie, donner krote. Dans la Sibérie, 
t£amscha. En Danemarck , uk, ulka. Dans quelques 
contrées du nord de l’Europe , æulk. En Hollande , 
donderpad. Dans la Belgique , posthoest , posthoofde, 
Sur plusieurs côtes d'Angleterre , father - lasher. A 
Terre-Neuve , scolpin,p. 

Cottus scorpius. Lin. édit. de Gmelin. 

Cotte scorpion de mer. Daubenton , Encyc. méth.— 
Bonaterre , pl. de l’Encycl. method. 

Autre espèce de scorpion marin. Valmont de Bomare, 
Dict. d’hist. nat. — Fl'aun. Suec. 323. 

Ulka. It. Scan. 325. 

Cottus alepidotus , capite polyacantho, ete, Mus. 
Adolph. Frid. 1, p. 70. 

Cottus alepidotus , capite polyacantho , etc. Artedi, 
gen. 49 , sp. 86 , syn. 77. 

Scorpio marinus , vel scorpius nostras. Schonev. 
pag. 67. 

Scorpius marinus. Jonston , tab. 47, fig. 4 et 5. 

Cottus scorpænæ Belonii similis. Willughby, p.158; 
et Append. p.25 , tab. X , 15. 

Id. et scorpius virginius. Ray, p. 145, n°12;et142, 

el 


DES COTTES 


el par conséquent avec un grand avantage , 
la proie qui fuit devant lui à la surface de 
la mer. Doué d’une vigueur très - digne 
d'attention dansses muscles caudaux, pourvu 
par cet atlribut d’un excellent instrument 
de natation, s’élançcant comme un trait, 
très - vorace , hardi, audacieux même, il 
altaque avec promptitude des blennies, des 
gades, des clupées, des saumons; il les 
combat avec acharnement, les frappe vive- 
ment avec les piquans de sa tête, les ai- 
guillons de ses nageoires, les tubercules 
aigus répandus sur son corps, et en triomphe 
le plus souvent avec d'autant plus de facilité, 
qu'il joint une assez grande taille à l’impé- 
tuosité de ses mouvemens, au nombre de 
ses dards et à la supériorité de sa hardiesse. 
En effet, nous devons croire , en comparant 


. n° 3. — Aldrovaud. lib. 2, cap. 27 (pro 25) p. 202. — 
Gronov: Mus. 1, p. 46, n° 104; Act. Felvet. 4, 
p. 262, n° 139; et Zooph. p. 78, n° 265. — Bloch, 
pl. xxx1X. 

Corystion capite maximo , et aculeis valdè horrido. 
Klein, Miss. pisc. 4, p. 47, n° 11, tab. 15, fig. 2 et 5. 
Fisk sympen. Act. Nidros. 2 ,p. 545, tab. 15, 14. 

Sea-scorpion. Edw. Glan. tab. 248. — Seba, Mus. 3, 
p. 81, tab. 26, fig. 5. 
Father-lasher. Brit. zool. 5, p. 179 , n° 5. 


Poiss. Tome VIii. T 


290 F4, ST'O:TI RE 

tous les témoignages, et malgré l'opinion 
de plusieurs habiles naturalistes, que dans 
les mers où il est le plus à l’abri de ses 
ennemis , le cotie scorpion peut parvenir 
à une longueur de plus de deux mètres (six 
pieds deux pouces environ ) : ce west qu’au- 
près des côtes fréquentées par des animaux 
marins dangereux pour ce poisson, qu'il 
me montre presque jamais des dimensions 
très-considérables. L'homme ne nuit guère 
à son entier développement, en le faisant 
périr avant le terme naturel de sa vie. La 
chair de ce cotte, peu agréable au goût et 
à l’odorat, n’est pas recherchée par les pè- 
cheurs ; ce ne sont que les habilans peu dé- 
licats du Groenland, ainsi que de quelques 
autres froides et sauvages contrées du Nord, 
qui en font quelquefois leur nourriture; et 
tout au plus tire-t-on parti de son foie pour 
en faire de lhuile, dans les endroits où, 
comme en Norvège, par exemple, il est 
très-répandu (1). 


(2) « On ne mange pas ce poisson dans nos contrées, 
dit Bloch , on le donne aux cochons ; peut-être par un 
préjugé qui fait croire qu’il est venimeux. Cette 
opinion vient sans doute de ce que la piquure de ses 
pointes a été dangereuse dans certains cas. En Dane- 


DES CO'TTIES. zut 


Si d’ailleurs ce poisson est jeté par quelque 


marck , où il passe pour indigeste, il n’y a que les 
pauvres qui le mangent : cependant on y croit, en 
même tems, que sa chair est un remède efficace 
contre les maladies de la vessie. En Norvège on ne 
fait usage que du foie, avec lequel on fait de l’haile. 
Les groenlandais, au contraire, le trouvent fort bon, 
et le donnent à leurs malades comme une nourriture 
très-saine. On le mange chez eux bouilli ou séché, et 
quelques-uns le mangent même erû ; ils se nourrissent 
aussi de ses œufs. On voit par là combien les goûts et 
les préjugés des nations sont souvent contradictoires ». 
(Histoire naturelle des poissons , genre 24, article du 
scorpion de mer.) 

Quelques pêchears russes, qui vont pêcher habi- 
tuellement tous les étés le long de la côte des 
samoïèdes dans la mer Glaciale , y prennent assez 
souvent dans leurs filets le scorpion marin, qu’ils 
nomment kamscha , et dont ils ne tirent aucun profit. 
( Voyages de M. Pallas en Russie et dans l'Asie 
septentrionale , traduction française , tome IV, 
pag. 40 et 41.) 

Au Groenland, où le scorpion de mer est un aliment 
fort en usage, on le pêche avec des lignes de mé- 
diocre grosseur , auxquelles on ajoute quatre hameçons 
disposés en croix; il suffit d’y fixer pour toute amorce 
quelque chose de blanc ou de coloré. Ce poisson sert 
lui - même d’appât pour prendre d’autres espèces, et 
dans les pièges que les groenlandais tendént aux isatis. 
(Oth. Fabricius, Faun, Groenland. /oco suprà citato.) 

SONNINI. 


Fa 


202 HISTOIRE 
accident sur la grève, et que le retour des 
vagues , le reflux de la marée, ou ses propres 
efforts ne le ramènent pas promplement au 
milieu du fluide nécessaire à son existence, 
il peut résister pendant assez long-tems au 
éfaut d’eau, la nature et la conformation 
de ses opercules et de ses membranes bran- 
chiales lui donnant la faculté de clore 
presque entièrement les orifices de ses or- 
ganes respiratoires , d’en interdire le contact 
à l'air de l'atmosphère, et de garantir ainsi 
ses organes esseuliels et délicats de l'inflience 
trop aclive, Lrop desséchante, et par con- 
séquent trop dangereuse, de ce même fluide 
atmosphérique. 

C’est pendant l'été que la plupart des 
cottes scorpions commencent à s'approcher 
des rivages de la mer ; mais communément 
lhyver est déjà avancé, lorsqu'ils déposent 
leurs œufs, dont la couleur est rougeâtre. 

out leur corps est parsemé de petites 
verrues en quelque sorte épineuses, et beau- 
coup moins sensibies dans les femelles que 
dans les mâles. 

La couleur de leur partie supérieure varie; 
elle est ordinairement brune avec des raies 
et des points blancs : leur parlie inférieure 
est aussi très-fréquemment mêlée de blanc 


. * 


BE STCOOMTES. 2049 
et de brun. Les nageoires sont rouges avec 
des taches blanches ; on distingue quelque- 
fois les femelles par les nuances de ces 
mêmes nageoires, qui sont alors blanches 
et rayées de noir, et par le blanc assez pur 
du dessous de leur corps (1). 

La tête du scorpion est garnie de luber- 
cules et d’aiguillons; les yeux sont grands, 
alongés, rapprochés l’un de l’autre , et placés 
sur le sommet de la tête; les mâchoires 
sont extensibles , et hérissées, comme le 
palais , de dents aiguës ; la langue est épaisse, 
courte et dure ; l'ouverture branchiale très- 
large ; l’opercule composé de deux lames . 
la ligne latérale droite, formée communé- 
ment d’une suite de petits corps écailleux 
faciles à distinguer malgré la peau qui les 
recouvre , et placée le plus souvent au 


(1) À la première nageoire du dos. 10 rayons. 
AAC Con de NAN US MOULE ANT E TG 


À chacune des pectorales. . . . 17 
A chacune des thoracines. . . + 4 
Arcelle de Panus ts : #12 


A celle de l'queue. :. : « + . ‘16 
Vertèbres dorsales, 8. 
Vertebres lombaires, 2. 
Vertèbres caudales, 15. 


2g4 HISTOIRE 


dessous d’une seconde ligne produite par 
les pointes de petites arêtes : la nageoire 
caudale est arrondie , et chacune des tho- 
racines assez longue (1). 


(1) Ce poisson a l’œsophage large et plissé, l’estomac 
long , le canal intestinal ne faisant qu’une seule 
sinuosité , et accompagné de quatre appendices, le 
foie grand et partagé en deux lobes inégaux , trente- 
cinq vertèbres à l’épine du dos, et dix côtes de chaque 
côté. SONNINI. 


DES COTES. p 


ne em 


LE IC  O'TIT E 
QUATRE-CORNES (1)(2), 
PAR LACÉPÉDE. 
TROTSTEME ESPÈCE. 


Voyez la planche XL, fis. 3. 


Quarres tubercules osseux, rudes, pô- 
reux, s'élèvent et forment un carré sur le 
sommet de la tête de ce cotte ; ils y repré- 
sentent, en quelque sorte, quatre cornes, 
dont les deux situées le plus près du museau 
sont plus hautes et plus arrondies que les 
deux postérieures. 


(1) Coitus quadricornis. En Suède, Aorn simpa, 

Cottus quadricornis. Lin. édit. de Gmelin. 

Cottus scaber tuberculis quatuor corniformibus , etc. 
Artedi, gen. 48, sp. 84. 

Cotte quatre - cornes. Daubenton, Encycl. méth. — 
Bonatcrre, pl. de l’'Encycl. méth. — F'aun. Suec. 321. 
— Mus. Adolph. Frid. 1,p. 70, tab. 52, fig. 4. 

Cottus scorpioides. Oth. Fabric. Faun. Groenland. 
p'Ab70 0172. 

(2) Le cotte quatre- cornes. En allemand, seebolle, 
seebulle. En Livonie, meerochs, meerbolle, meerasche, 


à 5: 4 


206 FH TS TO LR:E 

Plus de vingt apophyses osseuses et pi- 
quantes, mais recouvertes par une légère 
pellicule, se font aussi remarquer sur diffé- 
rentes portions de la tète ou du corps : on 
en distingue sur-tout deux au dessus de la 
membrane des branchies ; trois de chaque 
côté du carré formé par les cornes; deux 
auprès des narines; deux sur la nuque, et 
une au dessus de chaque nageoire pectorale. 

Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs par 
un très - grand nombre de traits au cotte 
scorpion : il présente presque toutes les ha- 
bitudes de ce dernier ; il habite de même 
daus l’océan Atlantique septentrional, et 
particulièrement dans la Baltique et auprès 
du Groenland ; également armé, fort, vo- 
race, audacieux , imprudent (1), il nage 


Chez leslettes, jurewersch. En Russie, podkamenschik. 
Au Groenland , pobudlek , igarsok, akullikitsok. 

Cottus verrucis cäpilis quatuor osseis...... cottus 
guadricornis. Tan. Syst.nat. ed. Gmel. gen. 160, sp. 2. 

Cottus capite aculeis brevioribus, oculis approxi- 
mais, pinnis pectoralibus maximis.... coftus quadri- 
cornis. Oth. Fabric. Faun. Groenland. p.157,n° 114. 

SONNINI1. 

(1) Othon Fabricius dit que le quatre- cornes est 
moins vivace , moins glouton , moins audacieux , mais 
tout aussi imprudent que le scorpion de mer. 

SONNINI. 


D'E S :C'OT'F ES. 207 
avec d'autant plus de rapidité, qu’il a de 
très - grandes nageoires pectorales (1), et 
qu'il les remue très-vivement : 1l se tient 
quelquefois en embuscade au milieu des 
fucus et des autres plantes marines, où ïl 
dépose des œufs d’une couleur assez pâle (2) ; 
et dans certaines saisons il remonte les 
fleuves pour y trouver avec plus de facilité 
les vers , les insectes aquatiques et les jeunes 
poissons dont il aime à se nourrir (5). 

On dit, au reste, que sa chair est plus 
agréable à manger que celle du scorpion (4); 


(1) A la première nagcoire dorsale. 9 rayons. 
A iseronde,, Lea uyer) ue VAR 
À chacune des pectorales,. + , . 17 
A, chacune:des thoracines. + ..)  \ 4 
celle de l'anus: st... dar. VE 
A celle de laqueue,quiestarrondie 12 

(2) Retzius, dans sa nouvelle édition de la Faun. 
Suecic. de Linnæus, assure que les femelles de cetie 
espèce n ’abandonnent pas leurs œufs, et qu’elles les 
‘couvent, ce qui est , ajoute ce naturaliste, un phéno- 
mène singulier dans la classe des poissons. Ova sua 
incubat, nec deserit : singulare apud pisces phæno- 
menon. SONNINI. 

(5) Ce poisson préfère les fonds limoneux et les 
embouchures des fleuves, où l’eau de la mer perd de 
sa salure par le mélange à l’eau douce. SONNINI. 

(4) Othon Fabricius, que j'ai déjà cité, dit préci- 


208 HISTOIRE 


il ne parvient pas à une grandeuï aussi con- 
sidérable que ce dernier cotte; et les couleurs 
brunes et nuageuses que présente le dos du 
quatre- cornes sont plus foncées, sur-tout 
lorsque l’animal est femelle , que les nuances 
distribuées sur la partie supérieure du scor- 
pion. Le dessous du corps du coite que 
nous décrivons est d’un brun jaunâtre. 

Lorsqu'on ouvre un individu de cette 
espèce, on voit sept appendices ou cœcum 
auprès du pylore; quarante vertèbres à l’é- 
pine dorsale; un foie grand, jaunâtre, non 
divisé en lobes, situé du côté gauche plus 
que du côté droit, et adhérant à la vésicule 
du fiel qu'il recouvre; un canal intestinal 
recourbé deux fois; un péritoine noirâtre, 
et les poches membraneuses des œufs sont 
de la même couleur. 


sément le contraire , et il prétend que la chair da 
quatre-cornes est moins bonne que celle du scorpion 
de mer. Elle est, selon M. Bloch , maigre et dure, et 
il n’y à que les pauvres qui en mangent. Le princi- 
pal usage qu’on en fait, est de l’employer en appâts 
pour la pèche. On prend les quatre-cornes en grand 
nombre , avec des filets, dans le Dano en Livonie, et 
près de Dalerow en Suède. SONNINI. 


DES! COŒIMIES . «4 


LE COTTE RABOTEUX (te), 
PAR LACÉPE D E. 


OŒUA TBE BALE EP S BE CE. 


Cr poisson habite dans le grand Océan ; 
et particulièrement auprès des rivages des 
Indes orientales, où il vit de mollusques 
et de crabes. C’est un des cottes dont les 
couleurs sont le moins obscures et le moins 
monotones : du bleuâtre règne sur son dos ; 
ses côtés sont argentés; six ou sept bandes 
rougeâtres forment comrie autant de cein- 
tures autour de son corps; ses nageoires sont 
bleues (5); on voit trois bandes jaunes sur 


(1) Cottus scaber. 
Idem. Lau. édit. de Gmelin. 
Cotte raboteux. Daubenton , Eucyclop. méthod.— 
Bonaterre, pl. de l’Encyc. méth. — Bloch, pl. cLxxx. 
(2) Cottus capife striis corporisque squanis SerrTaËis, 
line& laterali elevatä.... cottus scaber. Yan. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 160, sp. 4 — Artedi, Gen. pisc. 
gen.34 , n° 8. additament. SONNINI. 
(3) A la membrane des branchies . 6 rayons. 
A la première nageoire du dos . 8 
A larseconde 0. 0,310," (32 


900 HISTOIRE 


les thoracines, et les pectorales présentent 
à leur base la même nuance jaune. 

Les écailles sont petites, mais fortement 
attachées, dures et dentelées; la ligne laté- 
rale offre une rangée longitudinale d’aiguil- 
lons recourbés en arrière ; quatre piquans 
également recourbés paroïissent sur fa tête; 
et indépendamment des rayons aiguillonnés 
ou nou articulés qui soutiennent la première 
naseoire dorsale, voilà de quoi justifier lé- 
pithète de rabolteux donnée au cotte qui fait 
le sujet de cet article. 

D'ailleurs la tête est alongée, la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure, 
la lanzue mince, l'ouverture de la bouche 
très-grande , et l’orifice branchial très-large. 


am 


À chacune des pectorales . . . 18 
À chacune des thoracines. + . . 6 
Acelle tie landes ss D , L'/dS 


À celle de la queue . . .‘, . . 16 


DES: CO CT 'T'ES. 5o1 


HE COTTE AUSTRAL (1), 


PAR LACÉPÉDE. 


C'I'N OU LE ME) L'S' PE C E 


Nous plaçons ici la notice d’un cotte 
observé dans le grand océan Equinoxial, 
et auquel nous conservons le nom spécifique 
d'austral, qui lui a été donné dans lAp- 
pendix du voyage de l'anglais Jean White 
à la nouvelle Galles méridionale. Ce poisson 
est blanchâtre ; il présente des bandes trans- 
versales d’une couleur livide, et des raies 
longitudinales jaunâtres ; sa lêle est armée 
d’aiguillons. L'individu de cette espèce , dont 
on a donné la figure dans le Voyage que 
nous venons de ciler, n'avoit guère qu'un 
” d'cimètre (trois pouces et ou environ ) 
de lougueur. 


(1) Cottus australis. 

Idem. Appendix du Voyage à la nouvelle Galles 
méridionale, par Jeau White, premier chirurgien de 
l'expédilion commandée par le capitaine Plubpp, 


p. 265 , pl. zu; fig. 1. 


502 HISTOIRE 


LE COTTE INSIDIATEUR (1) (2); 
PAR LAMGÉRÉEDE. 
ST X I EME E SP EC. E: 


Cs cotte se couche dans le sable ; il s’y 
tient en embuscade pour saisir avec plus de 
facilité les poissons dont il veut faire sa 
proie; et de là vient le nom qu'il porte. 
On le trouve en Arabie; il y a été observé 
par Forskæœl, et il y parvient quelquefois 
jusqu’à la longueur de six ou sept décimètres 
(deux pieds deux pouces environ). Sa tête 


Se + TE ne 2 4 


(x) Cottus insidiator. 

Idem. Lin. édit. de Gmelin.—-Forskæl, Faun. Arab, 
p.2h,,n° 8. 

Cotte raked. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth. 

(2) En arabe, ragede , rogad , raked. 

Cottus rogad ; insidiator. Forskœl, Faun. Ægypt. 
ATAD p205 0716. 

Cottus capite suprà dineis acutis, ad latus spinis 
duabus scabro..... cottus insidiator. Lan. Syst. nat. 
edit. Ginel. gen. 160 , sp. 8. — Artedi, Gen. pisc. 
gen. 54, n° 11. additament, species adhuc dubicæ. 

SONNINI. 


DES COTTES. 303 


présente des stries relevées, et deux aiguil- 
Jons de chaque côté. Il est gris par dessus et 
blanc par dessous; la queue est blanche (1) : 
l'on voit d'ailleurs sur cetie imême portion 
de l’animal une tache jaune et échancrée, 
ainsi que deux raies inégales, obliques et 
noires; et de plus le dos est parsemé de 
taches et de points bruns (2). 


(1) À la membrane des branchies. 8 rayons. 
À la première nageoire dorsale. 8 
A PH SEconde TRANS TS 
À chacune des pectorales. . . . 19 
À chacune des thoracines. . . . 6 
À.celle de anus. 12-0157 Mouile rt 
Acelle dela queae!,...#71. 0x8 


(2) Lorsqu'on marche sur les rivages sablonneux, 
où les poissons de cette espèce se plaisent à se cacher, 
on les force à sortir de leurs retraites. 

SONNINL: 


304 H-PS/MO)TR E 


0 gr 


LE COTTE MADÉGASSE (1), 
PAR LACÉPÉÈÉDE. 


SEPTIÉÈÉME ESPÈCE. 


L, description de ce cotte n’a point en- 
core été publiée ; nous en avons trouvé une 
courte notice dans les manuscrits de Com- 
merson , qui l'a observé auprès du fort 
Dauphin de l'ile de Madagascar, et qui 
nous en a laissé deux dessins très - exacls, 
lun représentant lPanimal vu par dessus, 
et l’autre le montrant vu par dessous. 

Ce poisson, qui parvient à quatre déci- 
mètres (quatorze pouces environ) de lon- 
sueur, a la tête armée, de chaque côté, 
de deux aiguillons recourbés. De plus, cette 
tête, qui est aplatie de haut en bas, pré- 
sente dans sa partie supérieure un sillon 
profond et très-large, qui s'étend longitu- 
dinalement entre les yeux, et continue de 


(1) Cottus spinis quatuor lateralibus retroversis, 
caudà variegatä ; vel capite retrorsum tetracantho , 
sulco inter oculos longitudinuli lato et profundo. Com- 
merson , manuscrits déjà cités. 

s’avancer 


DES :CO'TTES. 305 


savancer entre les deux opercules, en s’y 
rétrécissant cependant. Ce trait seul suffi- 
 roit pour séparer le madégasse des autres 
cottes. | 

D'ailleurs son corps est couvert d’écailles 
assez grandes; son museau arrondi, et la 
mâchoire inférieure plus avancée que la 
supérieure. Les yeux, irès-rapprochés l’un 
de l'autre, sont situés dans la partie supé- 
rieure de la tête ; les opercules sont pointillés ; 
la première nageoire du dos est triangu- 
laire (1); lanus plus proche de la gorge 
que de la nageoire caudale; et cette der- 
nière nageoire paroît, dans les deux figures 
du madégasse réunies aux manuscrits de 
Cominerson , doublement échancrée, cest- 
à-dire, divisée en trois lobes arrondis; ce 
qui donneroit une conformation extrême- 
ment rare parmi celles des poissons non 
élevés en domesticité. 


(1) 8 rayons aiguillonnés à la première nageoire 
du dos. 
15 rayons articulés à la seconde. 
12 rayons articulés à chacune des pectorales. 
5 ou 6 rayons articulés à chacune des thoracines. 
La nageoire de l’anus est très-étroite, 


, 


Poiss. Tone VIII. V 


306 D SYTONRE 


DE COMPTE NOR (21); 
PAR LACÉPÉÈDE. 


HUVUITIÉME ES PE CE. 


Voici le précis de ce que nous avons 
trouvé dans les manuscrits de Commerson 
au sujet de ce coite, qu'il a observé, et 
qu'il ne faut confondre avec aucune des 
espèces déjà connues des naturalistes. 

La grandeur et le port de ce poisson 
sont assez semblables à ceux du gobie noir; 
sa longueur ne va pas à deux décimètlres 
(sept pouces environ). La couleur générale 
est noire. ou d’un brun nonâtre : la seconde 
nageoire du dos, celle de l'anus et celle de 
la queue sont bordées d’un liseré plus foncé, 
ou poinlillées de noir ; la première nageoire 
dorsale présente plusieurs nuances de jaune, 
et deux bandes longitudinales noirâtres , et 
le noir ou le nonûâtre se retrouve encore 
sur liris. 


(r) Cottus niger.— Le pelit cabot noir. 
Cottus nigricans, squamosus , scaber ,aculeo cbscuro 


, L] 


en capite utringue. Coriuerson, manuscrits déià cités. 
; } 


DES JOOUET ES. 307 
La tête épaisse, plus large par derrière 
que la partie antérieure du corps, et armée 
d’un petit aiguillon de chaque côté, paroît 
comme gonflée à cause des dimensions et 
de la figure des muscles situés sur les joues, 
c'est-à- dire, au dessus de la région des 
branchies. Le museau est arrondi ; l’ouver- 
ture de la bouche très-grande ; la mâchoire 
inférieure plus avancée que la supérieure ; 
celle-ci facilement extensible ; chacune de 
ces deux mâchoires garnie de dents courtes, 
serrées et semblables à celles que lou voit 
sur deux éminences osseuses placées auprès 
du gosier ; le palais très-lisse, et tout le corps 
revêlu, de même que la queue, d’écailles 
très-rudes au toucher. 


V 2 


a rm 


LE CUHIAUB CO D nr). 


LE: COTTE CHA BOT. {(2), 
PAR LACÉPÉDE. 
N'E'U VIÉÈME ESPÈCE. 
Voyez la planche XLIY, fig. 1. 
(Dx trouve ce cotte dans presque tous les 


fleuves et tous les ruisseaux de l’Europe et 
de l'Asie septentrionale dont le fond est 


(1) Le chabot. En Autriche, foppen. En Prusse et 
en Silésie , #uller, kaulkopf. En Franconie et en 
Thuringe, rotzkolbe. En Westphalie, faubquappe. En 
Danemarck et dans le duché de Schlesvig, steinpicker, 
tursbull. En Hollande , govie, gobichen. En Angle- 
terre , bullhead, cull, mullersthumb. Au Groenland, 
itebivdlek , kanikitsok , ujarangenio. En Pologne, 
glonnaez. En Sibérie, schirokalopka , pisdaba. En 
Ésclavonie, glausche. Dans le pays de Vaud et le long 
du lac de Neuchatel ,chasof, chassot. 

Cottus lœvis, capite spinis duabus.... cottus gobio. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 160 , sp. 6. 

SONNINI. 
(2) Cofttus gobic. En Suède, sten simpa , sten lake. 
PRE 


77 3% 


AVT 


?De Jeve dez. 


« 


2.LE SCORPENF CTP. 


1.LE CHABOT. 


DES: COTTES 3% 


pierreux ou sablonneux. 1] y parvient jus- 
qu'à la longueur de deux décimètres ( sept 


En Angleterre, bull-head , millers thumb. Dans plu- 
sieurs contrées de l'Italie , massore, capo grosso. Dans 
plusieurs provinces méridionales de France, féte 
d'âne , âne. 

Cottus gobio. Lin. édit. de Gmelin. 

Cotte chabot. Daubenton , Encyclop. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. — Bloch, pl. xxxvin, 
fig. ret 2. — Müll. Prodrom. Zoolog. Danic, p. 44, 
n° 568. — Oth. Fabric. Faun. Groenland. p. 159, 

n° 115. 

Cottus alepidotus , glaber, capite diacantho. Artedi, 
gen. 45, sp. 82, syn. 76. 

Poitos et Loitos. Arist, lib. 4, cap. 8. 

Cottus. Gaza, Arist. 

Chabot. Rondelet , des poissons de rivière, ch. 22, 

Cottus , seu gobio fluviatilis capitatus. Gesner, 
p. 400, 4or et 477; et (Germ.) fol. 162, a. 

Capitatus auctorum. Cuba, lib. 5 ,cap. 58, fol. 70, b. 

Citus. Salvian. Aquat. fol. 216. — Wiliughby, 
pe 137, tab. H,5 ; fig. 3 

Gobius fluviatilis, sive capitatus. Aldrov. lib. 5, 
cap. 28 , p. 613. 

Gobius fluviatilis Gesneri. Ray, p. 76, n° A. 

Gobius capitatus. Jonston, lib. 3, tit. 1, Cap. 10, 
#. 2, tab. 20 , fig: 17. 

Gobio capitatus. Charlet. p. 157. 

Chabot. Valmont de Bomare , Dict. d’hist. nat. 

Cottus alepidotus , capite plagioplateo , lato, ob- 
{uso , etc. Gronov, Mus. 2 , p. 14 , n° 166- He 

J 


se HISTOIRE 


pouces) (1). Il s’y tient souvent caché parmi 
les pierres, où dans une espèce de petit ter- 
rier ; et lorsqu'il sort de cet asyle ou de cette 
embuscade, c’est avec une très-grande rapi- 
dité qu’il nage, soit pour atteindre la petite 
proie qu'il préfère, soit pour échapper à 
ses nombreux ennemis. Il aime à se nourrir 
de très-jeunes poissons, ainsi que de vers 
et d'insectes aquatiques; et lorsque cet ali- 
ment lui manque, il se jette sur les œufs 
des diverses espèces d'animaux qui habitent 
dans les eaux qu’il fréquente. IL est très- 
vorace (2) : mais la vivacité de ses appétits 


Percis capite lævi , et brevis , etc. Klein , Miss. pisc. 
p.43, n° 17. 
Gobius fluviatilis alter. Belon ; Aquat. p. 321. 
Gobio fluviatilis capitatus. Marsigli, Danub. 4, 
p: 73, tab. 24, fig. 2. 
Buil-head. Brit. Zool. 3 ,p.177,t.11. 
Rotz-kolbe. Meyer , Thierb. 2 ,p. 4, tab. 12. | 
(1) A la membrane des branchies . 4 rayons. 
À la première nageoire du dos. + 7 
Aa CONdE ER. ey ethe à Er 
À chacune des pectorales . . . 14 
À chacune des thoracines. , .,: 4 
À celetdie EME ais rs AU 19 
A celle deilajquene «+ 4 4 21 43 
(2) Ce poisson est si vorace que , selon Gesner, 1} 
n'épargne pas même sa propre espèce.  SONNINI. 


DES. GOUT ES. 311 
est trop éloignée de pouvoir compenser les 
effets de la petitesse de sa taille, de ses 
mauvaises armes et de son peu de force ; 
et 1l succombe fréquemment sous la dent 
des perches, des saumons, et sur-iout des 
brochets. La bonté et la salubrité de sa 
chair, qui devient rouge par la cuisson 
comme celle du saumon et de plusieurs 
autres poissons délicats ou agréables au 
goût, lui donnent aussi l'homme pour en- 
nemi. Dés le tems d’Aristote, on savoit 
que pour le prendre avec plus de facilité , 
il falloit frapper sur des pierres qui lui ser- 
voient d'abri, qu’à l'instant il sortoit de sa 
retraite , et que souvent il venoit, tout 
étourdi par le coup, se livrer lui-même à 
la main‘ou au filet du pêcheur. Le plus 
souvent ce dernier emploie la nasse (1), 
pour être plus sûr d'empêcher le chabot de 
s'échapper (2). L faut saisir ce cotte avec 
précaulion lorsqu'on veut le retemr avec 


# 


(1) Voyez la description de la nasse dans le troisième 
volume de cette Histoire naturelle des poissons , pag. 35. 
SONNINIL. 


(2) On le pêche aussi à la ligne , et à la main pen- 
dant la nuit, lorsqu'il est ébloui par le clair de la lune 
ou la lumière du feu, SONNINI. 


V 4 


312 PS TOTRÉE 

la main : sa peau très-visqueuse lui donne 
en effet la faculté de glisser rapidement 
entre les doigts. Cependant, malgré tous les 
pièges qu'on lui tend, et le grand nombre 
d’ennemis qui le poursuivent, on le trouve 
fréquemment dans plusieurs rivières. Cette 
espèceest très-féconde. La femelle, plusgrosse 
que le mâle, ainsi que celles de tant d’autres 
espèces de poissons, paroît comme gonflée 
dans le tems où ses œufs sont près d’être 
pondus. Les protubérances formées par les 
deux ovaires, qui se tuméfient, pour ainsi 
dire, à cette époque , en se remplissant d’un 
très-grand nombre d'œufs, sont assez élevées 
et assez arrondies pour qu’on les ait com- 
parées à des mamelles; et comme une com- 
paraison peu exacte conduit souvent à une 
idée exagérée , et une idée exagérée à une 
erreur, de célèbres naturalistes ont écrit 
que la femelle du chabot avoit non seule- 
ment un rapport de forme, mais encore un 
rapport d'habitude, avec les animaux à 
mamelles, qu’elle couvoit ses œufs et qu’elle 
perdoit plutôt la vie que de les abandonner. 
Pour peu qu'on veuille rappeler ce que 
nous avons écrit (1) sur la manière dont les 


(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons, 


DES CO TPE S. 313 


poissons se reproduisent , on verra aisément 
combien on s’est mépris sur le but de quel- 
ques actes accidentels d'un petit nombre 
d'individus soumis à l'influence de circons- 
lances passagères et très-parliculières. On a 
pu observer des chabots femelles et même 
des chabots mâles se retirer, se presser , se 
cacher dans le même endroit où des œufs 
de leur espèce avoient été pondus, les cou- 
vrir dans cette attitude et conserver leur 
position malgré un grand nombre d'efforts 
pour la leur faire quitier. Mais ces ma- 
nœuvres n'ont point été des soins attentifs 
pour les embryons qu'ils avoient pu pro- 
duire; elles se réduisent à des signes de 
crainte, à des précautions pour leur sûreté, 
et peut-être même ces individus auxquels 
on a cru devoir attribuer une tendresse 
constante et courageuse, n’ont-ils été sur- 
pris que prêts à dévorer ces mêmes œufs 
qu'ils paroissoient vouloir réchauffer, ga- 
rantir et défendre. 

Au reste, les écailles dont la peau mu- 
queuse du chabot est revêtue, ne sont un 
peu sensibles que par le moyen de quelques 
procédés où dans certaines circonstances : 
mais si la matière écailleuse ne s'étend pas 


314 HASTOIRE 

sur son corps en lames brillantes et facile- 
ment visibles, elle s’y réunit en pelits tuber- 
cules ou verrues arrondies. Le dessous de 
son corps est blanc : le mâle est, dans sa 
partie supériéure , gris avec des taches 
brunes, et la femelle brune avec des taches 
noires. Les nageoires sont le plus souvent 
bleuäires’ el tacheitées de noir; les thora- 
cines de la femelle sont communément 
variées de jaune et de brun. 

Les yeux sont irès-rapprochés l’un de 
l'autre. Des dents aiguës hérissent les mâ- 
choires, le palais et le gosier ; mais la langue 
esl lisse. Chaque opercule ne présente qu'une 
seule pièce et deux aiguillons recourbés. La 
nageoire caudale est arrondie. 

On voit de chaque côte les deux branchies 
intermédiaires garnies , dans leur partie 
concave, de deux rangs de tubercules. Le 
foie est grand, non divisé, Jjaunâtre et situé 
en grande partie du côté gauche de l'animal; 
Festouiac est vaste. Auprès du pylore sont 
attachés quatre cœcum ou appendices intes- 
tinales; le canal intestinal n’est plié que 
deux fois; les deux laites se réunissent vers 
Janus et sont contenues dans une membrane 
dont la couleur est très-noire, aiusi que 


DES C'OTTES. 315 
celle du péritoine ; les reins et la vessie 
urinaire sont très-étendus et situés dans le 
fond de l'abdomen. | 

On compte dans la charpente osseuse du 
chabot trente-une vertébres; et il y a environ 
dix côtes de chaque côté. 


910 HISTOIRE 


QUATRE-VINGT-SIXIÈME GENRE. 


PAR PACEPEUT 


LES SCO RPEÉNE:S: 


La tête garnie d'aiguillons, ou de protu- 
bérances , ou de barbillons , et dépourvue 
de pelites écailles ; une seule nageoire 
dorsale. 


PREMIER SOUS-GENR_E. 
Point de barbillons. 


PREMIERE ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE HORRIBLE; scorpæna hor- 
rida. — Le corps garni de tubercules gros 
et calleux. 


S'EÉ CO-N DE ‘EE SP ÉÊ CE. 


LA SCORPÈNE AFRICAINE ; SCOrpæna afri- 


cana. — Quatre aiguillons auprès de chaque 
œil ; la nageoiïire de la queue presque rec- 
tilhigne. 


TROISIÈME ESPÈCE. 
LA SCORPÈNE ÉPINEUSE ; SCOrpŒœn«a Spi- 
nosa. — Des aiguillons le long de la ligne 
latérale, 


DES SCORPENES. 317 
QUATRIÈÉRE ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE AIGUILLONNÉE; SCOrpæn« 
aculeata. — Quatre aiguillons recourbés et 
très-forts au dessous des yeux; les deux lames 
de chaque opercule garnies de piquans. 


CIN QUIÈME ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE MARSEILLAISE ; SCOrP@n« 
massiliensis. — Plusieurs aiguillons sur la 
tête ; un sillon ou enfoncement entre les 
yeux. 

SIXIÈME ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE DOUBLE-FILAMENT ; SCor- 
12.6 A . . dv +» 
pæna bicirrata. — La mâchoire inférieure 
repliée sur la mâchoire supérieure ; un fila- 
ment double et très-long à lorigine de la 
nageoire dorsale. 


SEPTIÈME ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE BRACHION ; sCorpæna bra- 
chion. — La mâchoire inférieure repliée sur 
la supérieure ; point de filament; Jes na- 
geoires pectorales basses, mais très-larges, 
attachées à une grande prolongation char- 
nue, et composées de vingt-deux rayons. 


318 HISTOIRE 
SECOND SOUS-GENRE: 
Des barbillons. 


HUITIÈME ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE BARBUE; scorpæna barbata. 
— Deux barbillons à la mâchoire inférieure ; 
des élévations et des enfoncemens sur la tête. 


NEUVIÈME ESPÉCE. 


LA SCORPÈNE RASCASSE; SsCOrpŒœna«a ras- 
cassa. — Des barbillons auprès des narines 
et des yeux ; la langue lisse. 


D L'S MEN HN ET NMPUENONE: 

LA 5CORPÈNE MAHÉ; scorpæna male. — 
Cinq ou six barbillons à Ja mâchoire supé- 
rieure ; deux barbillons à chaque opercule. 

O N-ZiT HE) M E ‘ENS PE C:E. 

LA sCORPÈNE TRUIE ; SCorpæna scrofa. — 
Des barbillons à la mâchoire inférieure et le 
long de chaque ligne latérale ; la langue 
hérissée de petites dents. 

D'OMPISME. ESPECE 

LA SCORPÈNE PLUMIER ; scorpæna Plu- 
mierti. — Quatre barbillons frangés à la 
mâchoire supérieure ; quatre autres entre 


DES SCORPENES.  3%:9 


les yeux; d’autres encore le long de chaque 
ligne latérale ; des piquans triangulaires sur 
la tête et les opercules. 

MR F1 2 EME ESP CE 


LA SCORPÈNE AMÉRICAINE; scorpæna 
americana. — Deux barbillons à la mâchoire 
supérieure; cinq ou six à l’inférieure ; la 
partie postérieure de la nageoire du dos, la 
nageoire de l'anus, celle de la queue et les 
pectorales très-arrundies. 


QUATORZIÈME ESPÈCE. 


LA SCORPÈNE DIDACTYLE; scorpæna di- 
dactyla. — Deux rayons séparés lun de 
l’autre auprès de chaque nageoire pectorale. 

QUINZIÈÉME ES P:È C E. 


LA SCORPÈNE ANTENNÉE; SCorpæna anten- 
nata. — Des appenrdices articulées, placées 
auprès des yeux; les rayons des nageoires 
pectorales de la longueur du corps et de la 
queue. 


S EIZIÉ ME ESPÈCE 


LA SCORPÈNE VOLANTE; scorpæna voli- 
tans. — Les nageoires pectorales plus lon- 
gues que le corps. - 


320 HAS'T OTR E 


LA SCORPÈNE CRAPAUD (h). 


LA SCORPÈNE HORRIBLE (2), 
PAR LACÉPÈDE. 
PREMIÈRE ES PE CE. 
Voyez la planche XLI , fig. 2. 

O + diroit que c’est dans les formes très- 


composées, singulières, bizarres en appa- 
rence, monstrueuses, horribles, et, pour 


(1) La scorpène crapaud , ou la pythonisse. En 
allemand , zauberfisch. En hollandais, groote toover- 
visch , affchuwelyke seescorpiæn. Aux Indes, ikan 
swangi touva ,ikan swangi bezsar. 

Scorpæna tuberculis callosis adspersa... scorpæna 
horrida. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 3. 
— Artedi, Gen. pisc. gen. 55, n° 3. additament. 

SONNINI. 

(2) Scorpæna horrida. 

Scorpæna horrida. Lin. édit. de Gmelin. — Bloch, 
pl. cLxxxINL. 

Scorpène crapaud. Daubenton , Encycl. méthod.— 
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. 

Perca alepidota , dorso monopterygio , capite caver- 

ainsi 


DES SCORPENES. 31 
ainsi dire,menaçantes de la plupart des scor- 
pènes, que les poëtes, les romanciers, les 
mythologues et les peintres ont cherché les 
modèles des êtres fantastiques, des larves, 
des ombres évoquées et des démons, dont 
ils ont environné leurs sages enchanteurs, 
leurs magiciens redoutables et leurs sorciers 
ridicules ; ce n’est même qu'avec une sorte 
de peine que l'imagination paroît être par- 
venue à surpasser ces modèles, à placer ces 
productions mensongères au dessus de ces 
réalités , et à s'étonner encore plus des ré- 
sultats de ses jeux que des combinaisons par 
lesquelles la Nature a donné naissance au 
genre que nous examinons. Mais si en façon- 
nant les scorpènes la Nature a donné un 
exemple remarquable de linfinie variété 
que ses ouvrages peuvent présenter, elle a 
montré d’une manière bien plus frappante 
combien sa manière de procéder est tou- 
jours supérieure à celle de lart; elle a 


nato tuberculato , etc. Gronov. Zooph. p.88, n° 292, 
tab, LOL UENTÉ, 1: à. 

Ikan swangi bezar, de groote tovervisch. Valent, 
Ind.5, P: ne 170. 

Ikan swangi touwa. Renard , Poiss. 1, pl. xXxIX, 
fig. 199. 

Poiss. Tome VIIT. XX 


322 HISTOIRE 

imprimé d’une manière éclatante, sur ses 
$corpènes comine sur tant d’autres produits 
de sa puissance créalrice, le sceau de sa 
prééminence sur l'intelligence humaine : et 
cette considération n'est-elle pas d’une haute 
importance pour le philosophe? Le génie 
de l’homme rapproche ou sépare, réunit ou 
divise, anéantit, pour ainsi dire, ou repro- 
duit tout ce qu'il conçoit : mais de quelque 
manière qu'il place à côté les uns des autres 
ces êtres qu'il transporte à son gré, il ne 
peut pas Îles lier complettement par celte 
série infinie de nuances insensibles, ana- 
logues et intermédiaires, qui ne dépendent 
que de la Nature; le grand art des transi- 
tions appartient par excellence à cette Na- 
ture féconde et merveilleuse. Lors même 
qu'elle associe les formes que la première 
vue considère comme les plus disparates, soit 
qu’elle en revête ces monstruosités passa- 
gères auxquelles elle refuse le droit de se 
reproduire, soit qu'elle les applique à des 
sujets constans qui se multiplient et se 
perpétuent sans manifester de changement 
sensible, elle les coordonne, les groupe et les 
modifie d’une.telle manière, qu’elles mon- 
trent facilement à une attention un peu 
soutenue une sorte d'air général de famille, 


DES SCORPENES. 523 


et que d’habiles dégradations ne laissent 
que des rapports qui s’attirent, à la place 
de nombreuses disconvenances qui se re- 
pousseroient. 

La scorpène horrible off une preuve 
de cette manière d'opérer, qui est un des 
grands secrets de la Nature. On s’en con- 
Vaincra aisément, en examinant la descrip- 
üon et la fignre de cet animal remarquable, 

Sa tête est très-grande et très-inégale 
dans sa surface : creusée par de profonds 
sinus, relevée en d’autres endroits par des 
protubérances très-saillantes, hérissée d’ai- 
guillons , elle est d’ailleurs parsemée sur les 
côtés de tubercules ou de callosités un peu 
arrondies , et cependant irrégulières et très- 
inégales en grosseur. Deux des plus grands 
enfoncemens qu’elle présente sont séparés, 
par une cloison très-inclinée, en deux creux 
inégaux et irréguliers, et sont placés au 
dessous des yeux, qui d’ailleurs sont très- 
pelits, et situés chacun dans une proémi- 
nence très-relevée et un peu arrondie par 
le haut; sûr la nuque s'élèvent deux autres 
protubérances comprimées dans leur partie 
supérieure, anguleuses, et qui montrent sur 
Jeur côté extérieur une cavité assez pro- 
fonde; et ces deux éminences réunies avec 


ve 


924 ELSIT OTR FE 
celles des yeux forment, sur la grande tête 
de l’horrible , quatre sortes de cornes très- 
irrégulières , très-frappantes, et, pour ainsi 
dire , hideuses. | 

Les deux mâchoires sont articulées de 
manière que, lorsque la bouche est fermée, 
elles s'élèvent presque verticalement, au 
lieu de s'étendre horisontalement : la mâ- 
choire inférieure ne peut clore la bouche 
qu'en se relevant comme un battant ou 
comme une sorte de pont-levis, et en dé- 
passant même quelquefois en arrière la ligne 
verticale, afin de s'appliquer plus exacte- 
ment contre la mächoire supérieure ; et 
quand elle est dans cette position, et qu’on 
la regarde par devant, elle ressemble assez 
à un fer à cheval : ces deux mâchoires sont 
carnies-d'un grand nombre de très-pelites 
dents, ainsi que le gosier. Le palais et la 
langue sont lisses ; -celte dernière est de 
plus large ; arrondie et assez libre. On la 
découvre aisément, pour peu que la scor- 
pène rabatie sa mâchoire inférieure et ouvre 
sa grande gueule; l’orilice branchial est aussi 
très-large. 

Les trois ou quatre premiers rayons de la 
nageoire du dos, très-gros, ‘très-difformes, 
irès-séparés l’un de l’auire , très-inégaux, 


DES SCORPENES. 325 
très-irréguliers , très-dénués d’une véritable 
membrane, ressemblent moins à des piquans 
de nageoire qu’à des tubérosités branchues, 
dont le sominet néanmoins laisse dépasser 
la pointe de laiguillon (1); la ligne latérale 
suit la courbure du dos. 

Le corps et la queue sont garnis de 
tubercules calleux semblables à ceux qui 
sont répandus sur la tête; et l’on en voit 
d'analogues, mais plus petits, non seulement 
sur les nageoires pectorales, qui sont très- 
longues, mais encore sur la membrane qui 
réunit les rayons de la nageoiïre dorsale. 

_ La nageoire de la queue est arrondie et 
rayée ; la couleur générale de lanimal est 
variée de brun et de blanc; et c’est dans 
les Indes orientales que l’on rencontre cette 
espèce, qui se nourrit de crabes et de mol- 
lusques, sur laquelle, au milieu des rap- 
prochemens bizarres en apparence et ce- 


rt 


(1) 5 rayons à la membrane des branchies. 
3 rayons non articulés et 7 rayons articulés à 
la nageoire du dos. 
16 rayons à chacune des pectorales. 
rayons à chacune des thoracines. 
3 rayons non articulés et 6 articulés à celle de 
l'anus. 


12 rayons à celle de la queuc. 


526 NAERIS 2 0 LR E 


pendant merveilleusement concertés, des 
formes très-disparates au premier coup d'œil 
se liant par des dégradations intermédiaires 
ct bien ménagées, montrant des parties 
semblables où l’on n’avoit d’abord soup- 
çonné que des porüons très - différentes, 
paroissent avoir été bien plutôt préparées - 
les unes pour les autres que placées de ma- 
nière à se heurter, pour ainsi dire, avec 
violence, mais dont l’ensemble, malgré ces 
sortes de précaulions , repousse tellement le 
premier regard, qu'on n’a pas cru la dégra- 
der en la nommant horrible , en l’appelant 
de plus crapaud de mer, et en lui don- 
nant ainsi le nom d’un des animaux les plus 
hideux. 


DES SCORPENES. 327 


te 
es 


LA SCORPÈNE AFRICAINE (1)(), 


PAÏBUTE A CEPEDE. 


SECONDE ES Pr CE. 


Ox rencontre, auprès du cap de Bonne- 
Espérance et de quelques autres contrées 
de l'Afrique, cette scorpène dont la lon- 
gueur ordinaire est de quatre décimètres 
(à peu près quinze pouces ) ; elle est revètue 
d’écailles petites, rudes, et placées les unes 
au dessus des autres comme les ardoises 
des toits (3). 


(1) Scorpæna africana. 

Scorpæna capensis. Lin. édit. de Gmel. — Gronov. 
Zooph. p.88; n° 293. 

(2) Scorpæna capite utrinque supra oculos quadri 1- 
dentato , caudä subæquali SRE + SCOrpŒæn«a capensis. 
Lin. ce, nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 7.— Artedi, 
Gen. pisc. gen. 33, n° 8. additament. 

Perca dorso monopterygio ; capite utrinque suprit 
oculos quadridentato ; operculis diacanthis, squamosts; 
caudé subæquali. Gronov. Zooph. SONNINI. 

(5) 6 rayons à la membrane des branchics. 

14 rayons non articulés et 12 rayons articulés à 
la nageoire du dos, 
X 4 


328 HISTOIRE 


Les yeux sont situés sur les côtés de la 
tête, qui est grande et convexe : une pro- 
longation de Fépiderme les couvre comme 
in voile transparent ; l’ouverture de la 
bouche est très-large; les deux mâchoires 
sont également avancées; deux lames com- 
posent chaque opercule ; quatre pointes gar- 
nissent la supérieure ; l’inférieure se termine 
en pointe du côté de la queue, et le dos 
est arqué ainsi que caréné. 


18 rayons à chacune des pectorales. 
1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à 
chacune des thoracines. 
3 rayons non articulés et 6 rayons arliculés à 
celle de l'anus. 
12 rayons à celle de la queue. 


DES SCORPENES. 329 


LA SCORPÈNE ÉPINEUSE (1) (2), 
PAR LACÉPÉDE. 


TR OS DE M EE S/PÎIE C E. 


Lr corps de ce poisson est comprimé ; des 
aiguillons paroissent sur sa tête; sa ligne 
latérale est d’ailleurs hérissée de pointes, 
et sa nageoire dorsale, plus étendue encore 
que celle de la plupart des scorpènes, règne 
depuis l’entre- deux des yeux jusqu'à la 
nageoire caudaie. 


(x) Scorpæna spinosa. 

Id. Lin. édit. de Gmel. — Ind. Mus. Lanck. 1, p.41. 

(2) Scorpæna capite spinosce, pinn& dorsali super 
oculos incipiente et per totum dorsum excurrente, lincä 
laterali spinosé , compresso corpore. Index Musæi 
Linckiari , pag. 41. 

Scorpæna line& laterali spinosä..... scorpæn« spi- 
nosa. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 101 } spas: 
Nota, que Gmelin doute que ce soit une espèce par- 
ticulière. — Artedi, Gen. pisc. gen. 55, n° 9. additam. 


SoNNINI. 
\ 


930 EVES MO LR Æ 


LAN S'OMOE RIPITINCE 


AU G ÙU 1 LÉ ON N ÉIE. (G), 
PAR LACÉPÉDE. 


D'ATAIBIR RE M CAES R P.CLE. 


La description de cette espèce n’a encore 
été publiée par aucun auteur; nous en 
avons vu des individus dans la collection 
de poissons secs que renferme le museum 
national d'histoire naturelle. Quatre aiguil- 
lons recourbés vers le bas et en arrière 
paroissent au dessous des yeux; ces pointes 
sont d’ailleurs très-fortes, sur-tout la pre- 
mière et la troisième; des piquans garnissent 
les deux lames de chaque opercule : la 
partie des nageoires du dos et de anus (2), 


(1) Scorpæna aculeata. 
(2) 10 rayons non articulés et 18 rayons articulés à 
la nagecoire dorsale. 
17 rayons à chacune des pectorales. 


D'HS'SOCORPENES. 33% 


que des rayons articulés soutiennent, est plus 
élevée que l’autre portion; elle est de pius 
arrondie comme les pectorales, et comme 
la nageoiïire de la queue. 


1 rayon non articulé et 5 rayons articulés à 
chacune des thoracines. 
2 rayons non articulés et 14 rayons articulés à 
celle de l’anus. 
16 rayons à celle de la queue. 


992 HIS TOR # 


LA SCORPÈNE 


MARSEILLAISE (1(2)}; 
PAR LACEÉPÉDE. 


ET N:0 UTLÈME ES P EC _E 


LS 


Ce poisson a beaucoup de rapports avec 
les cotles, parmi lesquels 1l a mêine été 
inscrit, quoiqu'il n'offre pas tous les carac- 
tères essentiels de ces derniers, et qu'il pré- 
sente tous ceux qui servent à distinguer les 
scorpènes. Il ressemble particulièrement au 
cotte scorpion, dont il diffère néanmoins par 
plusieurs traits, et notamment par l'unité 


(1) Scorpæna massiliensis. 
Cottus massiliensis. Lin. édit. de Gmelin. 


(2) Cottus capite polyacantho, pinnis dorsalibus 
coadunatis... coftus massiliensis. Lin. Syst. nat. edit. 
Gmel. gen. 160, sp. 9. — Artedi, Gen. pisc. edit. 
Walbaum, gen. 34, n° 15. additament. Nota, que 
Walbaum confond ce poisson avec la rascasse. 

SONNINI. 


ge TT NT 


go — 


DES SCORPENES. 533 
de la nageoire dorsale, qui est double au 
contraire sur le scorpion (1). 

La tête du marseillais est armée de plu- 
sieurs piquans ; un sillon est creusé entre ses 
deux yeux, et son nom indique la contrée 


arrosée par la mer dans laquelle on le 
trouve. 


(1) 12 rayons non articulés et 10 rayons articulés à 
la nageoire dorsale. 
17 rayons à chacune des nageoires pectorales. 
1 rayon non arliculé et 5 rayons articulés à 
chacune des nageoires thoracines. 


CT 


rayons non articulés et 6 rayons articulés à 
celle de l’anus, 


12 rayons à la nageoire de la queue. 


334 HISTOIRE 


LEA SCO NTDEIP'E N 
DOUBLE-FILAMENT (), 
PAR’"TACEPEDE 


SLR LE CNLE NL S DE CT. 


Nous devons la connoissance de ce poisson 
au voyageur Commerson , qui nous en a 
laissé une figure très-exacte. Cet animal est 
couvert d’écailles si petites, que l’on ne peut 
les voir que irès-difficilement. La tête est 
grosse, un peu aplatie par dessus, garnie de 
protubérances ; et la mâchoire inférieure 
est tellement relevée, repliée et appliquée 
contre la supérieure, qu’elle dépasse beau- 
coup la ligne verticale, et s’avance du côté 
de la queue au delà de cette ligne, lorsque 
la bouche est fermée. Au reste, ces deux 
mâchoires sont arrondies dans leur contour. 
Les yeux sont extrèmement petits et très- 
rapprochés; les nageoires pectorales très- 


(1) Scorpæna bicirrata. 


DES SCORPENES. 335 
larges, et assez longues pour atteindre jus- 
ques vers le milieu de la longueur totale 
de la scorpène. La nageoire de la queue est 
arrondie ; celle de l’anus l’est aussi, et 
d’ailleurs elle est à peu près semblable à la 
portion de la nageoire du dos au dessous de 
laquelle elle est située, et qui est composée 
de rayons articulés. Les autres rayons de la 
nageoire dorsale sont an nombre de treize, 
et comme très-séparés les uns des autres, 
parce que la membrane qui les réunit est 
profondément échancrée entre chacun de 
ces aiguillons, qui, par une suite de celte 
conformation, paroissent lobés ou lancéolés. 
Au dessus de la nuque on voit s'élever et 
partir du même point deux filamens très- 
déliés , d’une si grande longueur, qu'ils dé- 
passent la nageoire caudale; et c’est de ce 
trait particulier que j'ai cru devoir tirer le 
nom spécifique de la scorpène que je viens 
de décrire (1). 


(1) 15 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la 
nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales.* 
7 à celle de l’anus. 
14 à celle de la queue. 


330 HIS TO ER FE 


LA SCORPÈNE BRACHION (1), 
PAR LAC É PIE DE: 
SE P TIEME, ESP ECE. 


N ous allons décrire cette scorpène d’après 
un dessin très-exact trouvé dans les papiers 
de Commerson ; elle ressemble beaucoup 
à la scorpène double-filament par la forme 
générale de la tête; la petitesse et la po- 
siion des veux; la conformation des mà- 
choires; la place de l'ouverture de la bouche; 
la situation de la mâchoire inférieure qui 
se relève et s'applique contre la supérieure 
de manière à dépasser du côté de la queue 
la ligne verticale ; la nature des tégumens 
qui ne présentent pas d'écailles facilement 
visibles , et l’arrondissement de la nageoire 
caudale. Mais elle en diffère par plusieurs 
caractères , et notamment par les traits 
suivans : premiérement, elle n’a sur la nuque 
aucune sorte de filament ; secondement , 
l’échancrure que montre la membrane de 


(1) Scorpæna brachion. 
Ja 


DES SCORPEÈNES. 53 
la nageoire du dos, à côté de chacun des 
rayons aiguillonnés qui composent cette 
nageoire , est très-peu sensible relativement 
aux échancrures analogues que lon voit 
sur la scorpène à laquelle nous comparons 
le brachion; troisièmement , chacune des 
nageoires pectorales forme comme une 
bande qui s'étend depuis le dessous de la 
partie antérieure de lopercule branchial 
jusqu’auprès de l'anus, et qui, de plus, 
est attachée à une prolongation charnue 
et longitudinale, assez semblable à la pro- 
longation qui soutient les nageoires pecto- 
rales de plusieurs gobies ; et c’est de cette 
sorte de bras que nous avons tiré le nom 
spécifique du poisson qui fait le sujet de cet 
article (1). 


(1) 12 rayons aiguillonnés et 7 rayons articulés à la 
nageoire du dos. 
22 rayons à chaque nageoire pectorale. 
Q rayons à.la nageoire de l'anus. 


Poiss, Tome VIII. 4 


538 HES TOIRE 


gt, mm oo mel em re gr 


LA SCORPÈNE BARBUE (1), 
PAR Da cÉPHDE; 


H U'IT MÉIM EE! E'SP'E C'E. 


La tête de ce poisson est relevée par des 
protubérances , et creusée dans d’autres 
endroits , de manière à présenter des cavités 
assez grandes. Deux barbillons garnissent 
la mâchoire inférieure ; les nageoires tho- 
racines sont réunies l’une à l’autre par une 
petite membrane ; la nageoire caudale est 
presque rectiligne (2). | 


- (1) Scorpæna barbata. 
Scorpène barbue. Bonaterre , pl. de l’Enc. méth. 
Scorpæna capite cavernoso,cirris geminis in maxillæ 
inferiore. Gronov. Mus.ichth. 1, p. 46. 
(2) 12 rayons aiguillonnés et 10 rayons articulés à 
la nageoire du dos. 

15 rayons à chacune des pectorales. 

6 rayons à celle de l’anus. 

13 rayons à celle de la queue. 


DES SCORPENES. 3 


O1 
to 


LA: RAS.C AS SE: (a). 


LA SCORPÈNE RASCASSE (2), 
PAR LACÉPÈDE. 
NEUVIÈME ESPÈCE. 


Voyez la planche XLIT, fig. 1. 


Li 4 rascasse habite dans la Méditerranée 
et dans plusieurs autres mers. Only trouve 


Ee——— 


(1) Rascasse, nom de ce poisson sur nos côtes de la 
Méditerranée. À Marseille, rasquasse, Dans quelques 
endroits, diable ou crapaud de mer. En, hollandais, 
scorpiæn varkentje. En allemand , £/eënschuppigter- 
drachenkopf. En suédois, simpskrabban. En sarde, 
scorpina. À,Malte ,. cipullazza. En grec moderne, 
skorpina. En turc, scorpit balul:.; le mot baluk est le 
nom turc des poissons.-en général. 

Scorpæna, cirris ad ocuos naresque..1.:. scorpæna 
porcus. Lin.Syst. nat. edit. Gmel. gen: 161, sp. 1. 
 Scorpæna corpore varié nebuloso punctatoque , cirris 
ad oculos naresque.,. .:scorpæna porcus. Brunnich, 
Ichthyol. massil. p.32, n° 44. SoNNINi. 

de) Scorpæna rascassa. Dans plusieurs contrées de 
italie, scrofamello:; 
Y 2 


340 HISTOIRE 

auprès des rivages , où elle se met en em- 
buscade sous les fucus et les autres plantes 
marines , pour saisir avec plus de facilité 


Scorpæna porcus. Lin. édit. de Gmelin. 

Scorpène rascasse. Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaterre , pl, de l'Enc. méth. — Bloch, pl. ccxxx1. 

Zeus cirris supra oculos et nares. Mus. Adolph. 
Frid. 1, p. 68. 
= Scerpæna pinnulis ad oculos et nares. Artedi , 
gen. 47 , SYh. 79. 

O skorpios. Aristot. lib. 2, cap. 17; et lib. 5, cap. 0, 
10 ; et lb. 8 , cap. 13. — Athen. lib. 7 , p. 520. 
… Scorpeno. Rondelet, prem. partie, liv. 6, chap. 19, 
édit. de Lyon , 1558. 3e 

Scorpius Rondeletii, Aldrov. lib. 2, cap. 24, p. 106. 

Scorpius minor. Jonston , de Piscibus , p. 74; 
tab. 19, fig. 10: 

Scorpius minor. Willughby , Ichth. p. 351, tab. X, 
13 , fig. 1. ; 

Scorpæna. 1dem.— Ray, p. 142,n° 1. 

Scorpæna. P. Jov. p. 23 ; p. 91: — Salvian. fol. 207, 
ad iconem , et fol. 202. 

Scorpæna. Plin. lib. 52, cap. r1. 

Scorpio. Cuba lib. 3, cap. 65, fol. 90,a.—Wotton, 
lib. 8, cap. 178, fol. 158, D. 

Scorpio , vel scorpis , vel scorpæna , id est , scorpius 
minor. Gesner, p. 837, 1018 ; et (Germ.) fol. 45. 

Scorpides , seu scorpæna. Charlét. p. 142. 

Scorpène , ou scorpion de mer , ou rascasse. Valmont 
de Bomare, Dict. d’hist. nat. — Hasselquist, It. 330. 


DES SCORPENES. 341 
les poissons plus foibles ou moins armés 
qu'elle ; et lorsque sa ruse est inutile, que 
son attente est trompée , et que les poissons 
se dérobent à ses coups, elle se jette sur les 
cancres, qui ont bien moins de force , d’agi- 
lité et de vitesse pour échapper à sa pour- 
suite. Si dans ses attaques elle trouve de la 
résistance, si elle est obligée de se défendre 
contre un ennemi supérieur , si elle veut 
empêcher la main du pêcheur de la retenir, 
elle se contracte, déploie et étend vivement 
ses nageoires, que de nombreux aïguillons 
rendent des armes un peu dangereuses ; 
ajoute , par ses efforis, à l’énergie de ses 
muscles ; présente ses dards , s’en hérisse, 
pour ainsi dire, et frappant avec rapidité, 
fait pénétrer ses piquaus assez avant pour 
produire quelquefois des blessures ficheuses, 
et du moins fait éprouver une douleur 
aiguë (1). Sa chair est agréable au goût, 


Scorpæna...... cirris ad oculos naresque. Brünn. 
Pise, massil. p. 32, n° 44. 

Corystion sordidè flavescens, ete. Klein , Miss. 
pisc. 4 D: 47, 0° 19: 

Scorpæna. Belon, Aquat. p. 148. 

(1) Lorsqu'on prend la rascasse, il faut presser 
fortement la nagcoire dorsale contre le corps, afin 


N3°5 


942 ES TOERE 

mais ordinairement elleest un peu dure ( 1). 
Sa longueur ne dépasse guère quatre déci- 
méètres ,; (à peu près quinze pouces). Les 
écailles qui la recouvrent sont rudes et 
petites. 

La couleur de sa partie supérieure est 
brune , avec quelques taches noires ; du 
blanc mêlé de rougeâtre est répandu sur 
sa partie inférieure. Les nageoires sont d’un 
rouge ou d’un jaune foible et tacheté de 
brun , excepté les thoracines , qui ne pré- 
sentent pas de taches , et les pectorales qui 
sont grises. à 

La tête est grosse ; les yeux sont grands 


d'empêcher le poisson de la lever et de la mouvoir. 
La piquure des aiguillons occasionne souvent de 
l’inflammation et une grande douleur. « J’ai vu, dit 
Rondelet ( Hist. des poissons, Liv. 6, chap. 19), un 
enfant bien fort blessé de ce poisson le voulant cacher 
dans son sein, lequel je guéris en lui mettant dessus 
la plaie un surmulet fendu en deux, et le foie du 
scorpeno même , d’où par expérience jai connu être 
vrai ce que les anciens ont écrit des remèdes contre 
la blessure du scorpeno ». SONNINI. 


(1) La rascasse est exclue des bonnes tables, comme 
ayant la chair sèche et coriace. On pêche ordinaire- 
ment ce poisson au filet eu à la ligne , dont on amorce 
l’hameçon avec un morceau de cancre. 

5 | _ SONNINI1 


Lt 


DES SCORPENES. 343 
et très-rapprochés ; l'iris est doré et rouge; 
l'ouverture de la bouche très-large ; chaque 
mâchoire hérissée, ainsi que le palais, de 
plusieurs rangs Le dents petites et aiguës ; 
la langue courte et lisse ; l’opercule ne 
chial garni d’aiguillons et de filamens, et 
la partie antérieure de la nageoire dorsale 
soutenue par douze piquans très-forts et 
courbés eu arrière (1). 

Huit appendices intestinales sont placées 
auprès du pylore ; l’estomac est vaste; le 
foie blanc; la vésicule du fiel verte ; le tube 
intestinal large. 

Du tems de Rondelet on croyoit encore, 
avec plusieurs auteurs anciens, à la grande 
vertu médicinale du vin dans lequel on 
avoit fait mourir une rascasse ; et l’on ne 
paroiïssoit pas douter que ce vin ne pro- 
duisit des effets très-salutaires contre les 
douleurs du foie et la pierre de la vessie. 


(1) 12 aiguillons et 9 rayons articulés à la nageoire 
du dos. 
16 rayons à chacune des pectorales. 
x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chacune des thoracines. 


fo 


3 rayons aiguillonnés et 5 rayons articulés 
celle de l'anus. 
18 rayons à la nageoire de la queue. 


Y 4 


GA ÉH1:S{ TT O:LR E 


LA *SCORPENEUMARE. (1) 


PAR LACÉPÉDE. 


à 


DIXIÈME ES PE C E. 


Couvmerson a laissé dans ses manuscrits 
une description de ce poisson. "Toutes les 
nageoires de cette scorpène sont variées de 
plusieurs nuances ; et le corps ainsi que la 
queue présentent des bandes transversales ; 
qui ont paru à Commerson jaunes et brunes 
sur l'individu que ce voyageur a observé. 
Mais cet individu étoit mort depuis trop 
long-tems , pour que Commerson ait cru 
pouvoir déterminer avec précision les cou- 
leurs de ces bandes transversales. 

Le mahé est revêtu d’écailles petites ; 
finement dentelées du côté de la nageoire 
caudale, serrées et placées les unes au dessus 
des autres comme les ardoises qui recouvrent 


(1) Scorpæna make, 

Scorpæna cirris pluribus ori circumpositis , corpore 
transversim fasciato , pinnis omnibus variegatis, Com- 
merson, manuscrits déjà cilés. 


DES SCORPENES. 349 


les toits. La tête est grande et garnie d’un 
grand nombre d’aiguillons. Les orbites rele- 
vées et dentelées forment comme deux 
crêtes au milieu desquelles s'étend un sillon 
longitudinal assez profond. 

Les deux mâchoires ne sont pas parfai- 
tement égales; l’inférieure est plus avancée 
que la supérieure, qui est extensible à la 
volonté de l’animal , et de chaque côté de 
laquelle on voit pendre trois ou quatre bar- 
billons ou filimens molasses. Des dents très- 
petites et très-rapprochées les unes des autres 
donnent d’ailleurs aux deux mâchoires la 
forme d’une lime. Un filament marque, 
pour ainsi dire, la place de chaque narine. 

L’opercule branchial est composé de deux 
lames : la première de ces deux pièces 
montre vers sa partie inférieure deux bar- 
billons , et dans son bord postérieur , deux 
ou trois piquans ; la seconde lame est 
triangulaire , et son angle postérieur est 
très-prolongé. 

Le dos est arqué et caréné ; la ligne laté- 
rale se courbe vers le bas. 

La nageoire dorsale présente des largeurs 
très-inégales dans les diverses parties de sa 
longueur. Les pectorales sont assez longues 
pour atteindre jusqu’à l'extrémité de cette 


346 HISTOIRE 


nageoire dorsale. Celle de la queue est 
arrondie (1). 

Commerson a vu cette scorpène dans Îles 
environs des îles Mahé , dont nous avons 
cru devoir donner le noni à ce poisson ; 
et c’est vers la fin de 1768 qu'il l’a observé. 


(1) 7 rayons à la membrane des branchies. 
13 rayons aiguillonnés et 15 rayons articulés à la 
nageoire du dos. 
17 rayons à chacune des pectorales. 
1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des 
thoracines. | 
3 aiguiilons et q rayons articulés à celle de 
Panus. 
12 rayons à celle de la queue. 


DES SCORPENES. 847 


æe 
a —_—— 


LA SCORPÈNE TRUIE (1)(2), 
PAR LACÉPÈDE. 


ON'ZTIEÉ-M E- ES P #'C'E: 


Crrre scorpène est beaucoup plus grande 
que la rascasse ; elle parvient quelquefois 
jusqu'à une longueur de plus de quatre 
mètres ( douze pieds ) : aussi attaque-t-elle 


(1) Scorpæna scrofa. Crabe de Biaritz. Dans la 
Ligurie, bezugo , pesce cappone. Dans d’autres con- 
trées de l’Italie, scrofano. 

Scorpæna scrofa. Lin. édit. de Gmelin. 

Scorpène truie. Naubenton, Encyclop. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’Encyc. méthod. 

Scorpæna tota rubens, cirris plurimis ad os. Artedi, 
gen. 47 , syn. 76. 

Scorpio , et scorpio marinus. Salvian. fol. 197, &. ad 
iconem , et fol. 199 , 200. 

Scorpius major. Gesner (Germ.) fol. 44, b. —Wil- 
lughby, p. 551. — Ray, p. 142, n° 2. 

Scorpio. Charlet. p. 142. — Bloch, pl. cLxxxt. 

Autre scorpion de mer , etc. Valmont de Bomare, 
Dictionn. d’hist. nat. 

Perca dorso monopterygio , capite subcavernoso, 
aculeato alepidoto, etc. Gronov. Zooph. p. 87 , n° 297. 


348 HISTOIRE 


avec avantage non seulement des poissons 
assez forts , mais des oiseaux d’eau foibles 
et jeunes ,qu'elle saisit avec facilité par leurs 
pieds palimés, dans les momens où ils nagent 
au dessus de la surface des eaux qu’elle 
habite (5). On la trouve dans l'océan Atlan- 


Scorpæna corpore rubro, etc. Brünn. Pisc. massil. 
Mori nf:4b. 

Trigla subfusca nebulata, etc. Brown, Jamaïc. 
p. 44, n° 3. 

Cottus squamosus , varius , etc. Seba, Mus. 3 , p. 79, 
n°2;,tab:28, fr. 2. 

Scorpius major. Jonston , de Piscibus , p. 74, 
tab. 19 , fio. 9. 

(2) La truie, crabe de Biaritz , et quelquefois sa- 
carailla de Saint-Jean-de-Luz. En Provence , scorpt, 
scorpone, rascasse rouge. En allemand, grosschup- 
piste drachenkopf. En hollandais, groote scorpiæn. 
En sarde, scorpena. En maltais, mazzone. À la 
Jamaïque , poissonned grooper. 

Scorpæna cirris duobus ad labium inferius....... 
scorpæna scrofa. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 167, 
sp. 2. SONNINI. 

(3) Cette scorpène est sur-tout l’ennemie des 
mouettes. Elle est peinte dans Oppien comme un 
poisson d’une très-grande voracitlé. 

At bis lucinam labrax , toto invocat anno, 
Quatuor ad partus horrendus scorpius edit. 
Haæliet. lib. 7. 
SONNINI. | 


DES SCORPENES. 349 


tique et dans d’autres mers, particulière- 
ment dans la Méditerranée, sur les bords de 
laquelle elle est assez recherchée (1). Les 
écailles qui la couvrent sont assez grandes; 
elle présente une couleur d’un rouge blan- 
châtre , plus foncée et même presque brune 
sur le dos , et relevée d’ailleurs par des 
bandes brunes et transversales. La mem- 
brane des nageoires est bleue, et soutenue 
par des rayons jaunes et bruns. (2) 

La tête est grande; les yeux sont gros ; 
l’ouverture de la bouche est très-large ; des 
dents petites , aiguës et recourbées hérissent 
la langue, le palais, le gosier et les deux 
mächoires, qui sont également avancées ; 


(1) Sa chair est , généralement parlant , maigre et 
sèche ; elle ne laisse pas néanmoins d’être assez recher- 
chée , sur-tout lorsque le poisson a été pris, ou em 
pleine mer, ou sur des côtes pierreuses. Au nord ces 
poissons ne sont point estimés , et les norvégiens n’en 
mangent jamais ; ils se contentent de tirer de l'huile 
du foie. 

Les pêcheurs de Biaritz prennent des scorpènes 
avec des haims, jusqu’à six licues au large, depuis 
le mois de juillet jusqu’au commencement de l’hyver. 

SONNINI. 


° LA ? 
(2) La prunelle noire de ses yeux est entourée dan 
iris jaune et rougeâtre. SoNNiInNi. 


350 HISTOIRE 


des barbillons garnissent les environs des 
yeux , les joues, la mâchoire inférieure et 
la ligne latérale qui suit la courbure du dos; 
deux grands aiguillons et plusieurs petits 
piquans arment, pour ainsi dire , chaque 
opercule, et l'anus est plus près de la na- 
geoire caudale que de la gorge. (1) 


(1) 6 aiguillons à la membrane des branchies. 
12 aiguillons ct 10 rayons articulés à la nageoire 
du dos. 
19 rayons à chacune des pectorales. 
1 aïguillon et 5 rayons articulés à chacune des 
thoracines. 
5 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire 
de l’anus. 
12 rayons à celle de la queue. 


DES SCORPENES. 55: 


Drm 


LA SCORPÈNE PLUMIER (1), 
PAR LAC£PÈDE. 
DOUZIÉÈÉME ESPÈCE. 


Les manuscrits de.Plumier , que lon 
conserve dans la bibliothèque nationale de 
France, renferment un dessin fait avec soin 
de cette scorpène , à laquelle j'ai cru devoir 
donner un nom spécifique qui rappelât celux 
du savant voyageur auquel on en devra la 
connoissance. Le dessus et les côtés de la 
têle sont garnis, ainsi que les opercules, de 
piquans triangulaires , plats et aigus. Quatre 
barbillons ou appendices frangées s'élèvent 
entre les yeux ; quatre autres barbillons 
d’une forme semblable, mais un peu plus 
petits , paroissent au dessus de la lèvre 
supérieure : un grand nombre d’appendices 
également frangées sont placées le long de 
la ligne latérale ; les écailles ne présentent 


(1) Scorpæna Plumierii. 
Scorpius niger cornutus. Manuscrits de Plumier ; 
déposés à la bibliothèque nationale. 


552 HESTOAR E 

qu'une grandeur médiocre. La première 
partie de la nageoire dorsale est soutenue 
par des rayons non articulés , et un peu 
arrondie dans son contour supérieur; celle 
de la queue est aussi arrondie ; on voit 
quelques taches petites et rondes sur les 
thoracines. La couleur générale est d’un 
brun presque noir , et dont la nuance est 
à peu près la même sur tout l’animal. (1) 


ee —— 


(1) 12 rayons aïguillonnés et 7 rayons articulés à 
la nageoire du dos. 
O rayons à chacune des pectorales. 
5 ou 6 rayons à chacune des thoracines. 
2 aiguillons et 5 rayons articulés à la nageoire 
de l’anus. 
ro rayons à celle de la queue. 


LA 


DES SCORPENES. 353 


LA SCORPÈNE 
À M ÉMR I C:À I NE a). 
PAR LACÉPÉDE. 


TREIZIÈME ES P-E C E/ 


La tête de ce poisson présente des pro- 
tubérances et des piquans; d’ailleurs on voit 
deux barbillons à la mâchoire supérieure, 
et cinq ou six à la mâchoire inférieure. Les 
quinze derniers rayons de la nageoire dor- 
sale forment une portion plus élevée que 
la partie antérieure de cette même nageoire ; 
cette portion est, de plus, très-arrondie, 
semblable par la figure ainsi qu'égale par 
l'étendue à la nageoire de l'anus, et située 
précisément au dessus de ce dernier instru- 
ment de natation. Les nageoires pectorales 


(1) Scorpæna americana. 

Diable de mer. Duhamel , Traité des pèches, t, 3, 
part.2,p.099,n°7,pl.sr, fig. 5. 

Poiss. Tome VIIL. Z 


354 HAS MIOMR)E 

et la caudale sont aussi très-arrondies (1 }. 
Lorsque la femelle est pleine, son ventre 
paroît très-gros ; el c’est une suite du grand 
nombre d'œufs que l’on compte dans cette 
espèce, qui est très-féconde, ainsi que 
presque toules les aulres scorpènes. 


(1) À la nageoïre dorsale . . . +. 33 rayons. 
A chacune des pectorales. . . . 13 
Arcellededlanus.s 5 2406 20 


À celle de la queue . . . . . . (13 


DES SCORPENES. 355 


LA SCORPÈNE DIDACTYLE (1) (2), 
PAR LACÉPÈDE. 


QUATORZIÈME ESPÈCE. 


La tête de cet animal, que Pallas a très- 
bien décrit, présente les formes les plus 
singulières que l’on:ait encore observées 
dans les poissons ; elle ressemble bien plus 
à celle de ces animaux fantastiques dont 
l'image fait partie des décorations bizarres 
auxquelles on a donné le nom d’arubesques, 
qu’à un ouvrage régulier de la sage Nature. 
Les yeux gros, ovales et saillans , sont placés 
au sommet de deux protubérances très- 


(1) Scorpæna didactyla. Pallas, Spicil. zool. 7, 
p. 26, tab. 4, fig. 1,3. 

Scorpæna didactyla. Lin. édit. de Gmelin. 

Scorpène à deux doigts. Bonaterre , pl. de l’'Encyc. 
méthod. 


(2) Scorpæna digitis duobus distinctis ad pinnas 


pectorales...... scorpæna didactyla. Lin. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 161, sp. 6. — Artedi, Geu, pisc. 
gen. 55 , n° 6. additament. SONNINI. 


2 2 


356 HMÉSTEOIME 


rapprochées ; on voit deux fossettes creusées 
entre ces éminences et le bout du museau ; 
des rugosites anguleuses paroissent auprès 
de ce museau et de la base des opercules. 

Des barbillons charnus, découpés, aplatis 
et assez larges, sont dispersés sur plusieurs 
points de la surface de cette tête, que l’on 
est tenté de considérer comme un produit 
de l’art; deux de ces filamens, beaucoup 
plus grands que les autres, pendent, lun 
à droite, et l’autre à gauche de la mâchoire 
inférieure : cetie mâchoire est plus avancée 
que celle d'en haut; lune et l'autre sont 
garnies de dents, ainsi que le devant du 
palais et le fond du gosier ; la langue monire 
des raies noires et de petits grains jaunes : 
on aperçoit de plus, auprès de chaque na- 
geoire peclorale, c’est-à-dire, de chacane 
de ces nageoires que l’on a comparées à 
des bras, deux rayons articulés, très-Jongs, 
dénués de membranes, dans iesquels on a 
trouvé quelque analogie avec des doigts; et 
voilà pourquoi Ja scorpène dont nous par- 
lons a été nommée à deux doigts ou di- 
dactyte. La nageoire de la queue esl arrondie ; 
toutes les autres sont grandes; celle du dos 
règne le loug d'une ligne très-étendue; plu- 


DES SCORPENES. 357 


sieurs de ses rayons dépassent la membrane 
proprement dite, et sont garnis de lambeaux 
membraneux et déchirés ou découpés. 

La peau de ce poisson, dénue d’écailles 
facilement visibles, est enduite d’une hu- 
meur visqueuse. Ceite scorpène parvient 
d’ailleurs à une longueur de trois ou quaire 
décimètres (onze à quinze pouces). Elle est 
brune avec des raies jaunes sur le dos, et 
des taches de la même couleur sur les côtés, 
ainsi que sur sa partie inférieure. Des bandes 
noires sont distribuées sur la nageoire de 
Ja queue , ainsi que sur les pectorales. Cet 
animal remarquable habite dans la mer 


des Indes (1). / 


(1) 16 rayons aiguillonnés et 8 rayons articulés à la 
nageoire du dos. 
10 rayons à chacune des pectorales. 
6 rayons à chacune des thoracines. 
12 rayons à celle de l’anus. 
12 rayons à celle de la queue. 


398 HESTOIR E 


LA SCORPÈNE ANTENNÉE (1)(2), 
PAR EACGÉ PÉDÉ 


OAI IN ZT RE. NME ES PE CLR. 


Ox pêche, dans les eaux douces de l’île 
d’'Amboine, une scorpène dont Bloch a pu- 
blié la description , et dont voici les prin- 
cipaux caraclères. 

La tête est hérissée de filamens et de 
piquans de diverses grandeurs ; au dessus 
des yeux, qui sont grands et rapprochés, 
s'élèvent deux barbillons cylindriques, ren- 
flés dans quatre portions de leur longueur 
par une sorte de bourrelet très-sensible, et 
qui, paroissant arliculés et ayant beaucoup 
de rapports avec les antennes de plusieurs 


(1) Scorpæna antennata. Bloch , pl. cLxxxv. 
Scorpæna antennata. Lin. édit. de Gmelin. 
Scorpène à antennes. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. 
(2) Scorpæna fascié oculari..... scorpæna anten- 
nata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 161 , sp. 5. — 
Artedi, Gen. pise. gen. 33 , n° 5. additament. 
SONNINT: 


LT 


*t 
T'ES TAME AI 
VMS 


£ 


FLN 


ae ee 
LEP 


fie 
‘h 


TA 


WA 


TEA 
EUR 


DIE 


ENT ANNE 


SU xx. 


À ortt à 


L. LA RASCASSE. 
2.LA SCORPH 


volante ’ 


d 


NE 


1 


DES SCORPENES. 359 


insectes, ont fait donner à l'animal dont 
nous parlons le nom de scorpène antennée: 
Au dessous de chacun des organes de la 
vue, on comple communément deux ran- 
gées de petits aiguillons. Chaque narine a 
deux ouvertures situées très-près des yeux. 
Les mâchoires, avancées l’une autant que 
Vautre, sont garnies de. dents petites eb 
aiguës. Des écailles semblables à celles du 
dos revêtent les opercules. Les onze ou 
douze premiers rayons de la nageoire du 
dos sont aiguillonnés, trés-longs, et réunis 
uniquement, près de leur base, par une 
membrane très-basse, qui s'étend oblique- 
ment de l’un à l’autre, s'élève un peu contre 
la partie postérieure de ces grands aiguillons, 
et s’abaisse auprès de leur partie antérieure. 
La membrane des nageoires pectorales ne 
s'étend pas jusqu'au bord antérieur de. la 
nageoire de l'anus; mais les rayons qui la 
soutiennent la dépassent, et se prolongent 
la plupart jusqu’à l’extrémité de la nageoire 
caudale, qui est arrondie. 

Uue raie très-foncée traverse obliquement 
le globe de l’œil. On voit d’ailleurs des taches 
assez grandes et irrégulières sur la tête, de 
petites taches sur les rayons des nageoires, 


Z 4 


360 HISTOIRE 


et des bandes transversales sur le corps; 
ainsi que sur la queue. 

La scorpène antennée vit communément 
de poissons jeunes ou foibles. Le goût de 
sa chair est exquis (1) (2). 


(1) 6 rayons à la membrane des branchies. 

12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire 
du dos, 

17 rayons à chacune des pectorales. 

6 rayons à chacune des thoracines. 

3 aiguiilons et 7 rayons articulés à la nageoire 

de l’anus. 

12 rayons à la nageoire de la queue. 


(2) On prend ce poisson au filet et à l’hameçon. 
SONN1INIL. 


DES SCORPENES. 5361 


a 


LA SCORPÈNE VOLANTE (1) (2), 
PAR, L'AC:É PP D E. 


SEIZIÉÈME ES PE CE. 


Voyez la planche XLII, fig. 2. 


Cons scorpène est presque le seul 
poisson d’eau douce qui ait des nageoires 


(1) Scorpæna volitans. 

Idem. Lin. édit. de Gmelin. 

Scorpène volante. Bonaterre, pl. de l’'Encyc. méth. 

Gasterosteus volitans. Lin. Syst. nat. XII, 1 ,p.401, 
n° 9.— Bloch, pl. ccxxx1v.— Gronov. Mus. 2, p.33, 
n° 191 ; et Zooph. 1 , p.89, n° 294. 

Pseudopterus, etc. Klein, Miss. pise. B ,p. 76, n° r. 

Cottus squamosus rostro bifido. Seba, Mus. 3 , p.79; 
tab: 26, fis. 1. 

TIkan svangei. Ruysch , Theatr. anatomic. 1, p.4; 
A.1..tabu9 flan. | 

Louw. Renard , Poissons , 1 , pl vi, fig. 41, p. 12; 
pl x, n° 215. 

Kalkoeven visch. Valent. Ind. 5, p.415, fig. 213. 

Amboynsche visch. Nieuh. Ind. 2 ,p. 268 , fig. 4 — 
Willaghby, Ichth. append p. 1, tab. 2, fig. 3. 


Perca amboinensis. Ray, Pisc. p. 96, n° 26. 


(2) La scorpène volante. En allemand, fliegender 


363 HTSTOIMR E 


pectorales élendues ou conformées de ma- 
mère à lui donner la faculté de s'élever à 
quelques toises dans l’atmosphère , à sy 
soutenir pendant quelques instans, et à ne 
retomber dans son fluide natal qu’en par- 
courant une courbe très-longue. Ces na- 
geoires pectorales sont assez grandes dans 
la scorpène volante pour dépasser la longueur 
du corps; et d’ailleurs la membrane qui en 
réunit les rayons est assez large et assez 


drachenkopf , fliegender stichling. En hollandais, 
vlicsende stackel- baars, kalkævenvisch, kalkantje , 
amboynischevisch. Aux Indes, ikan suangi, louw. 

Perca dorso monopterygio capite cavernoso, maxill& 
superiore cirris quatuor, caud& subrotundé utrirque 
aculeatä. Gronov. Mus. 2, p.53, n° 191. 

Perca dorso monopterygio : operculis diacanthis 
squamosis, ciliis maxilläque superiore cirrosis , cawd& 
roturdaté ‘utrinque aculeatä. Gronov. Zooph. 1, 
P- 89, n° 294. 

Pseudopterus colore sub-obscuro aut fusco lineis 
sub-cæruleis, eéc. et Pseudopterus linets croceis, ete. 
Klein , Miss. pisc. 5 , p.76, n°1 et 2 ,tab.4,fis. 6. 

Scorpæna pinnis dersalibus tredecim , cirris senis 
prints pectoralibus corpore longioribus.....: <COrp nd 
golitans. Lin. Syst. nat. edit. Ginel. gen. 161 , sp. 4. 

Scorpæna pinnis pectoralibus, trunco longioribus... 
scorpæna volitans. Artedi,Gen. pisc. edit. Walbaum , 
sen. 35, n° 4. additament. SONNINL 


DES SCORPENES. 5365 


souple entre chacun de ces longs cylindres, 
pour qu'ils puissent être écartés et rappro- 
chés l’un de lautre très-sensiblement ; que 
l’ensemble de la nageoire qu’ils composent 
s'étende ou se rétrécisse à la volonté de 
l'animal; que le poisson puisse agir sur l'air 
par une surface très-ample ou très-resserrée ; 
qu'indépendamment de l'inégalité des efforts 
de ses muscles , la scorpène emploie une 
sorte d’aile plus développée , lorsqu’elle 
frappe en arrière contre les couches atmos- 
phériques, que lorsque, ramenant en avant 
sa nageoire pour donner un nouveau coup 
d’aile ou de rame, elle comprime également 
en avant une partie des couches qu’elle 
traverse; qu'il y ait une supériorité très- 
marquée du point. d'appui qu’elle trouve 
dans la première de ces deux manœuvres, 
à la résistance qu'elle éprouve dans la se- 
conde ; et qu'’ainsi elle jouisse d’une des 
conditions les plus nécessaires au vol des 
animaux. Mais si la facilité de voltiger dont 
est douée la scorpène que nous décrivons, 
lui fait éviter quelquefois la dent meurtrière 
des gros poissons qui la poursuivent, elle 
ne peut pas la mettre à l'abri des pêcheurs 
qui la recherchent, et qui s'efforcent d’au- 


364 ÉHUUS'T OTR E 


tant plus de la saisir, que sa chair est dé- 
hcieuse (1); elle la livre même quelquefois 
“entre leurs mains, en la faisant donner dans 
leurs pièges, ou tomber dans leurs filets, 
lorsqu'attaquée avec trop d'avantage, ou 
menacée de trop grands dangers au nulieu 
de l’eau, elle s’élance du sein de ce fluide 
däns celui de l'atmosphère. 

C'est dans les rivières du Japon et dans 
celles d'Amboine que lon a particulièrement 
observé ses précautions heureuses ou fu- 
nestes, el ses autres habitudes (2). 11 paroît 
qu'elle ne se nourrit communément que de 
poissons très-jeunes, ou peu redoutables 
pour elle. 

Sa peau est revêtue de petites écailles 
placées avec ordre les unes au dessus des 
autres. Elle présente d’ailleurs des bandes 
transversales alternativement orangées et 
blanches, et dont les unes sont larges et 
les autres étroites. Les rayons aiguillonnés 


(1) On la compare pour le goût à celle de notre 
perche. SONNINI. 


(2) Cette espèce n’est pas très-commune , peut-être 
à cause de la bonté de sa chair qui provoque à sa 
destruction. SONNINE 


DES SCORPENES. 65 


de la nageoire dorsale sont variés de jaune 
et de brun; les autres rayons de la même 
uageolre noirs et tachés de jaune (1), et les 
pectorales et les thoracines violettes, et ta- 
chetées de blanc. Des points blancs marquent 
le cours de la ligne latérale. L'iris présente 
des rayons bleus et des rayons noirs. Et 
quant aux formes de la scorpène volante, 
il suflira de remarquer que la tête, trés- 
large par devant, est garnie de barbillons 
et d’aiguillons; que les deux mâchoires, 
également avancées, sont armées de dents 
pelites el aiguës ; que les lèvres sont exten- 
sibies ; que la langue est petite, pointue, et 
un peu libre dans ses mouvemens; que de 
petites écailles sont placées sur les opercules; 
et que la membrane, qui réunit les rayons 
aiguillonnés de la nageoire du dos, est trè:- 


(1) 6 rayons à la membrane des branchies. 

12 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoire 
dorsale. 

14 rayons à chacune des pectorales. 

6 rayons à chacune des thoracines. 

5 rayons aiguillonnés el 7 rayons articulés à 
la nageoire de l'anus. 

12 rayons à la nageoire de la queue , qui est 
arrondie. 


366 HISTOIRE 


basse, comme la membrane analogue de la 
scorpène antennée (1). 


(1) Bloch a fait sur les parties internes de la scorpène 
volante les observations qui suivent: Le foie est grand, 
divisé en deux lobes oblongs , et d’un jaune foncé. La 
vésicule du fiel et la rate sont petites. L’estomac épais 
a la forme d’un sac. Le canal intestinal commence à 
la partie supérieure de l'estomac; il descend vers la 
partie inférieure , forme une courbure , remonte en- 
suite jusqu’au diaphragme , d’où il redescend , forme 
ensuite une seconde courbure , et va se terminer à 
l'anus; la vésicule d’air est courte, large et épaisse ; 
elle s'étend depuis le diaphragme jusqu’au milieu de 
la cavité du ventre. Les reins sont placés le long du 
dos. (Hist. nat. des poissons, genre 26° , article de la 
scorpène volante. ) SONNIN1 


DES SCOMBEROMORES. 367 


EE 


QUATRE-VINGT-SEPTIEME GENRE. 
PAR LACÉÈPÉDE. 


LES SCOMBÉROMORES. 


Ur seule nageoire dorsale; de petites 

_hageoires au dessus et au dessous de la 

queue; point d’aiguillons isolés au devant 
de la nageoire du dos. 


à 


E S P E C E. 


LE SCOMBÉROMORE PLUMIER ; scombero- 
morus Plumiertüi. — Huit petites nageoires 
au dessus et au dessous de la queue ; les 
deux mächoires également avancées, 


568 HISTOIRE 


LE SCOMBÉROMORE 
PLUMIER (i), 


PAR TA CPE DE 


Les peintures sur vélin qui font partie de 
la collection du museum d'histoire natu- 
relle, renferment la figure d’un poisson 
représenté d'après un dessin de Flumier, 
et qui parôit avoir beaucoup de rapports 
avec la bonite. Le savant voyageur que 
nous venons de citer l’avoit même appelé 
bonite ou pélumis, petite et tachetée, vul- 
gairement tézard. Mais les caractères géné- 
riques que montrent les vrais scombres, et 
particulièrement la bonite, ne se retrouvant 
pas sur le poisson plumier, nous avons dû 
le séparer de cette fanilie. Les principes de 
distribution méthodique que nous suivons 


(1) Scomberomorus Piumiertii. 

Il nous paroît que l’on doit regarder, comme une 
variété de notre scombéromore piumiier, le poisson 
que Bloch a décrit sous le nom de scomber regalis ou 
tassard, et dont il a donné la figure pl. cccxxxin (*). 


(*) Voyez l’article du fassard à la suite de celui-ci. 
SONNINI. 


nous 


DES SCOMBEROMORES. 36q 


nous ont même engagés à l’inscrire dans un 
genre particulier que nous avons nommé 
scombéromore, pour désigner les ressem- 
blances qui le lient avec celui des scombres, 
et dont nous aurions placé la notice à la 
suite de l'histoire de ces derniers, si quelques 
circonstances ne s’y étoient opposées. 

Le scombéromore plumier vit dans les 
eaux de la Martinique. Sa nageoire dorsale 
présente deux portions si distinctes par leurs 
figures, que l’on croiroit avoir sous les yeux 
deux nageoires dorsales très - rapprochées,. 
La première de ces portions est triangulaire 
et composée de vingt rayons aiguillonnés ; 
la seconde est placée au dessus de celle de 
Panus, à laquelle elle ressemble par son 
étendue, ainsi que par sa forme comparable 
à celle d’une faux. Huit petites nageoires 
paroissent au dessus et au dessous de la 
queue. Les couleurs de l'animal sont d’ail- 
leurs magnifiques : l’azur de son dos et 
Pargenté de sa partie inférieure sont relevés 
par les teintes brillantes de ses nageoires, 
et par l'éclat d’une baude dorée qui s'étend 
le long de la ligne latérale, et règne entre 
deux rangées longitudinales de taches irré- 
gulières et d’un jaune doré. 


Poiss, Tome VIIL Aa 


970 HISTOIRE 


LE TASSARD (r), 


PAR LE DOCTEUR BLOCEI. 


Cr poisson se distingue par sa rayure d’or 
latérale qui va le long du corps. 

Le manuscrit du P. Plunnier m'en a 
fourni le dessin, qui n’annonce point le 
nombre des rayons de la membrane bran- 
chiale. | 

La nageoire pectorale porte seize rayons ; 
la ventrale six; celle de l’anus dix ; celle de 
la queue vingt-un; la première dorsale dix- 
huit, et.la seconde treize. ? : 

Le dessin représente encore sept petites 
uageoires derrière celle de l'anus, et huit 
autres derrière la dorsale. - :: 

La tête est comprimée , alépidote et ter- 


(x) Le tassard ; ou tazsard. En: allemand , kϾnigs- 
fisch. En anglais, £i19-fish. Par les hollandais établis 
aux Indes, conings-visch, magelange-conings-visch. 
A Ceilan, aracola. Par les UE de Tranquebar ; 
woiramin. 

Scomber regalie ; le tassard, 


DU TASSAR D: 371 
minée en pointe obtuse. Les mâchoires sont 
de longueur égale, et armées de dents poin- 
tues et isolées. Les os des lèvres sont larges; 
les narines doubles: celles du devant sont 
rondes; les autres ovales et tout près des 
yeux, dont la prunelle noire est placée 
dans un iris doré. L'ouverture des ouïes est 
grande ; le tronc est alongé, charnu et sans 
écailles. La ligne latérale, à peine percep- 
tible, commence à la proximité du dos, 
dont elle s'éloigne derrière la nageoire pec- 
torale jusqu’à la rayure dorée susmention- 
née, dans laquelle elle s'étend en droite 
ligne jusqu'a la nageoire de la queue. Au 
dessus et au dessous de cette rayure se 
trouvent des taches ovales de la même cou- 
leur. Le ventre est rond, court, et l'anus 
est au müleu du corps. Tout le corps est 
couvert d’une belle peau argentée, à l’ex- 
ception des nageoires, qui sont jaunes. La 
piemière nageoire dorsale, qui n’est séparée 
de la seconde que par un très-petit inter- 
valle, compte dix+huit rayons durs, qui 
vont en. diminuant; tous les autres rayons, 
hormis le premier de la ventrale, sont mous 
et ramifiés. ::' 

«+ :Nieuhof et Valentin placent ce poisson 
Aa 2 


572 HISTOIRE 

aux Indes orientales; Plumier et Dutertre 
l'ont encore vu aux Indes occidentales près 
des Aniilles. Le dernier, qui le prend pour 
une espèce de brochet, rapporte qu'il fait 
son séjour ordinaire entre les îles où le cou- 
rant est le plus rapide ; qu'il est très-vorace ; 
qu'il mord à lhamecon garni soit de lard, 
soit d’un crabe ou d’un morceau de bois; 
qu'il nage d’une vitesse qui le fait atteindre 
un vaisseau dont il aperçoit l’hamecon de 
loin. Il nous dit encore qu’il déchire la 
ligne, dès qu’elle est foible et sans fil d’'ar- 
chal; que lon en avoit pris par fois avec 
deux ou trois crochels d’hamecon dans le 
corps. Cet auteur leur attribue encore une 
chair blanche et de bon goût, mais moins 
digestive que celle du brochet. 

Nieuhof raconte que ce poisson est estimé 
pour le plus délicat aux Indes , et qu’il doit 
son nom de #œænigsfisch (poisson royal} à 
sa délicatesse. 

Je reçus une variété du tassard de New- 
Yorck, sous le nom de maquereau d’'Es- 
pagne. I avoit des écaïlles petiles, minces 
et rondes, qui se détachoïent facilement ; 
mais les écailles des côtés étoient oblongues 
ét fortement attachées à la peau. Les taches 


DE (TIASISARD. 57% 


jaunes étoient rondes, et la ligne latérale 
éloit un peu serpentée en arrière : la na- 
geoire pectorale étoit aussi un peu plus 
longue et en forme de faucille. John n'écrit 
de Tranquebar que ce poisson ne s’y trouve 
pas en grand nombre, et qu'il est un des 
mets les plus délicats à cause de sa chair 
tendre et grasse. 

On le mange ou frais, ou salé, ou ma- 
riné : on en prend en grand nombre, parce 
qu’ils se tiennent ensemble. La mer en est 
le séjour ordinaire ; il y fraie aussi. Cepen- 
dant il fait aussi des émigrations dans les 
rivières. Nieuhof lui donne sept pieds de 
Jons. C’est sur les côtes de l'Afrique, près 
de Maroc, sur-tout dans la petite baie près 
de Pamara et de Ste.-Croix en Barbarie, 
qu’on le prend en grande quantité , et qu'on 
en fait un trafic assez important. Les nègres 
en font la pêche; ils le salent, et les français 
l'exportent aux îles Canaries et Açores. 
Dans ces contrées il est du nombre des 
poissons de passage ; il arrive vers la fin de 
juin, époque de sa pêche, qui dure jusqu’en 
août. On en prend le plus dans les courans. 
Les plus petits ont cinq à six livres, et les 
gros pèseñt quinze à vingt livres. 11 a la 


Kai 


374 HISTOIRE 
chair molle dans ces régions, mais cette 
mollesse se perd par la salaison. L'on se sert 
du sel de mer d'Afrique , faute de l'espagnol, 
que l’on préfère, parce que le poisson s'y 
conserve mieux. | 

Les bâtimens français, construits pour le 
commerce de celte espèce de poissons, sont 
d'ordinaire de soixante à quatre-vingts ton- 
neaux. Dès qu’un bâtiment arrive, le maître 
de la cargaison se rend chez le gouverneur 
ou l’alcayde, le seul personnage à qui il ait 
à faire. Celui-ci commande les pêcheurs, 
qui vont à la pêche avec des bateaux gar- 
nis chacun de cinq nègres, dont quatre 
rament et le cinquième tend les filets. Au 
retour de ces bateaux, on donne les poissons 
par centaine au capitaine, et l’on en compte 
deux pour ceux qui n’ont pas le poids de 
dix livres. Pour lors le matelot les fend 
depuis la tête jusqu’à la queue, en’sort les 
entrailles et en coupe la tête ; l’épine du dos 
reste; après on les rince dans l’eau de la 
mer, on les met sur une planche en pente 
pour faire découler l’eau, et on les sale à 
l'instant même. Si la pêche est assez forte, 
au point que les bateliers ne suffisent pas à 
l'ouvrage , l’on paye des nègres pour aider. 


DU TASSARD. 35 


Souvent la cargaison d’un de ces bâtimens 
s'achève en deux jours, preuve que ces con- 
trées ont une grande abondance de ces 
poissons. 

Les français qui font ce commerce sont 
en partie provençaux, en partie établis à 
Cadix. Le même commerce attire aussi 
quelques bâtimens anglais vers les côtes de 
Fez et de Maroc. 

Willughby, Ray, Jonston et Ruysch son£ 
dans l’erreur, en prenant ce poisson pour le 
guarubucu de Marcgrave, celui-ci n'ayant 
point de taches jaunes, et sa dorsale étant 
courte. 

Nous devons la conwoissance de notre 
poisson à Nieuhof; mais son dessin est très- 
défectueux, le représentant sans ventrale, 
sans écaiiles, sans ligne latérale, et avec 
une seule dorsale courte. Willughby la 
copié, et nous en a fourni un dessin qui 
n’est pas tout à fait si mauvais, à moins 
qu'il n’ait prétendu nous rendre le guaru- 
bucu de Marcgrave, qui est le thon. 

Valentin la encore mal dessiné, mais 
Renard l’a un peu mieux représenté. 

Le nouveau dessin de Duhamel n’a pas 
donné la juste longueur à la dorsale anté- 
rieure. 


Aa 4 


376 HISTOIRE 


Tous les auteurs systématiques ont exclu 
ce poisson ; mais il faut s'étonner que Bona- 
terre ne l'ait point adnus dans son Ency- 
clopédie ichthyologique ; tandis que son 
compatriote Duhamel en a fait récemment 
la description et le dessin. J’ignore par quel 
molif Boddaert a mis notre poisson au 
nombre des labres. 


DES GASTEROSTEES. 377 


QUATRE-VINGT-HUITIÈME GEN. 
PAR LACÉPEDE 


LES GASTÉROSTÉES. 


Ur seule nageoire dorsale ; des aïguillons 
isolés où presque isolés au devant de la 
nageoire du dos ; une carène longitudinale 
de chaque côté de la queue; un ou deux 
rayons au plus à chaque nageoire thora- 
cine; ces rayons aiguillonnés. 


PREMIÈRE ESPÈCE. 


LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHE; gasterosteus 
teraculeatus. — "Trois aiguillons au devant 
de la nageoire du dos. 


siEICO N'D:E E SM: É CIE. 


LE GASTÉROSTÉE ÉPINOCHETTE; gaste- 
rosteus pungitius, — Dix aiguillons au devant 
de la nageoire du dos. | 


TROISIÈME ESPÈCE. 


LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE; gasterosieus 
spinachia. — Quinze aiguillons au devant de 
la nageoire du dos. 


378 HISTOIRE 


LÉ PIN OC EE: (1) ; 
LA PETITE ÉPINOCHE (2); 
LA GRANDE ÉPINOCHE (3). 


LE GASTEROSTÉE EPINOCHE (4), 
LE GASTEROSTÉE EPINOCHETTE (5), 
gr LE GASTÉROSTÉE SPINACHIE (6), 
PAR LACÉPÈDE. 


1°, 2° ET 3° ESPÈCES. 


Cesr dans les eaux douces de l’Europe 
que vit l’épinoche. Ce gastérostée est un des 
pius petits poissons que l’on connoisse : à 
peine parvient-1l à la longueur d’un déci- 
mètre (trois pouces et demi environ ); aussi 


(x) L’épinoche , épinarde et escharde. En allemand, 
stichling , stachelfisch , wolf. En Prusse, stechbuttel, 
stechling. En Norvège, stikling, hornsille, lille, tind, 
oure , hundstigler, hundstage. En Suède, spigg , skis- 
spigg , mot que les personnes qui se piquent de bien 
parler leur langue prononcent skættspigo. En Hol- 
Tande, steckel-baars. En Danemark, hunde-steyle , 
gund-stickel, hund-stigel, tind-oret, Au Grocnland ; 


DES GASTEROSTEES. 537q 
a-t-on voulu qu’il occupât dans l'échelle de la 
durée une place aussi éloignée des poissons 


un 


kakilisak. En Islande , Lornsille. En Italie, strat- 
zarigla. 

Gasterosteus spinis dorsalibus tribus...... gaste- 
rosteus aculeatus. YAn. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, 
Sp. I. SONNINI. 


(2) L’épinocheite, petite épinoche. À Hambourg, 
stichling , stichbuitel. En Livonie , seesstichling , 
séeckerling ; stachelfisch. En Estonie , oogalick, 
oggalunck. En différentes provinces du royaume de 
Suède, benunge, gaddfur, gorgwadd , hundstagg , 
skinnaling. En Hollande , steckelbaars. En Italie, 
spinarola. 

Gasterosteus spinis dorsalibus decem..... gaste- 
rosteus pungitius. Jin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, 
sp. S. SONNINI. 

(5) La grande épinochke. En Danemarck , trangs- 
narre ,erskraber. En Suède , tenckantiga spiggen. En 
Norvège , store, tind-oure. En Angleterre, stckleback; 
great prickleback. 

Gasterosteus spinis dorsalibus quindecim.... œaste- 
rosteus spinachia. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, 
Sp. 10. SONNINI. 


(4) Gasterosteus teraculeatus. En Suède , skiléspiog, 
skittbér den stérre. En Angleterre , séeckle back, 
banslckle , sharpling. Dans quelques provinces méri- 
dionales de France, épinarde. 

Gastré trois épines. Daubenton , Encycl. méth: — 
Bonaterre , pl. de VEnc. méth.— Bloch, pl. zut, fig. 3. 


380 HISTOIRE 


les plus favorisés que sur celle des grandeurs. 
On a écrit qu'il ne vivoit tout au plus que trois 


Gasterosteus aculeatus. Lin. édit. de Gmelin. — 
Faun. Suec. 536. 

Gasterosteus in dorso tribus, Artedi , gen. 52 , sp. 26, 
syn. 80. — Müller, Prodrom. Zool. Danic. p.47, n° 3. 
—Gron. Mus. 1, p. 49, 0° 111, Zooph. p. 134 , n° 405. 

Centriscus duobus in dorso armato aculeis, totidem 
in ventre. Klein, Miss. pisc. 4, p. 45,n°2,tab. 14, 
fis. 4 et 5. 

Spinarella. Belon , Aquat. p.527. — Brit. Zool.3, 
p.217, n° 1.— Willughby, Ichthyol. 541. — Ray, 
Pisc. 145. 

Epinoche. Rondelet , des Poissons de rivière, 
chap. 27. 

Stichling et stachelfisch. Walf, Ichth. 

Epinoche. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat. 

(5) Gasterosteus pungitius. En Suède , skitéspigo 
den mindre. En Angleterre, {he lesser stickleback , the 
lesser sharpling. 

Gasterosteus pungitius. Tan. édit. de Gmelin. 

Gastré épinoche, Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaierre, pl. de l'Encycl. méth. — Bloch, pl. zu, 
fig. 4. — Faun. Suec. 337. 

Gasterosteus aculeis in dorso tribus. Artedi , gen. 52, 
Sp. 97, syn. 80. — Gronov. Mus.1, p. 5o,n° 112; 
Zooph. p. 154, n° 406. 

Centriscus spinis decem vel undecim, etc. Klein, 
Miss. pisc. 4, p.48, n°4. 

Spinarella pusillus. Belon, Aquat. p. 227.— FE TA 
Aquat.p.8; Icon. anim. p. 284; Thierb. p. 160, a. 


DES GASTEROSTEES. 38r 
ans. Quelque sûres qu’aient pu paroître les 
observations sur lesquelles on a fondé cette 
assertion, nous croyons qu'elles ont porté 
sur des accidens individuels plutôt que sur 
des faits généraux ; et nous regardons comme 
bien peu vraisemblable une aussi grande 
brièveté dans la vie d’un animal qui, dans 
ses formes, dans ses qualités, dans son séjour, 
dans ses mouvemens, dans ses autres actes; 


— 


Punsgitius, alterum genus. Aldrov. Pise. p. 628. — 
Ray, Pisc. p. 145, n° 4. 

Lesser stickleback. Willughby , Ichth. p. 342. 

Ten spined stickleback. Brit. Zool. 3, p.219, n° 2. 


(6) Gasterosteus spinachia. Dans plusieurs contrées 
de l'Allemagne, steinbicker. Dans plusieurs pays du 
Nord , ersskraper. 

Gastré quinze-épines. Daubenton , Encyc. méth.— 
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. 

Gasterosteus spinachia. Lan. édit. de Gmelin. — 
Faun. Suecic. 538. — Gronov. Mus. 1, p. 5o ,n° 113; 
Zooph. p. 154, n° 407. — Bloch, pl. zuir, fig. t. 

Gasterosteus pentagonus. Mus. Ad. Frid. p. 34. 

Centriscus aculeis quindecim in dorso. Klein , Miss. 
pisc.4,p-48,n° 1. 

Aculeatus vel pungitius marinus longus. Willughby, 
Jchth. p. 540 ; tab. X , 15, fig. 2 ; Append. p. 25. — 
Ray, Pise. p.145 , n° 15. 

Fifteen spined stickleback. Brit: Zool. 3, p. 220,n° 3. 


382 HISTOIRE 

dans sa nourriture, ne présente aucune 
différence très-marquee avec des poissons 
qui vivent pendant un très-grand nombre 
d'années. Et d'ulleurs ne reconnoît-on pas 
dans l’épinoche la présence ou l'influence de 
toutes les causes que nous avons assignées 
à la longueur très-remarquable de la vie 
des habitans des eaux, et particulièrement 
des poissons considérés en général? 

C’est dans le printems que ce petit osseux 
dépose ses œufs sur les plantes aqualiques, 
qui les maintiennent à une assez grande 
proximité de la surface des lacs ou des ri- 
vières, pour que da chaleur du soleil favorise 
leur développement. Il se nourrit de vers, 
de chrysalides, d'insectes que les bords des 
eaux peuvent lui présenter, d'œufs de pois- 
sons; et, malgré sa foiblesse, il attaque 
quelquefois des poissons à la vérilé extré- 
mement jeunes, et venant, pour ainsi dire, 
d’éclore. Les aiguillons dont son dos est 
armé, et le bouclier ainsi que les lames dont 
son corps est revêtu, le défendent mieux 
qu'on ne le croiroit au premier coup d’œilf, 
de l'attaque de plusieurs des animaux qui 
vivent dans les mêmes eaux que lui : maïs 
ils ne le: garantissent pas de vers intestinaux 


DES GASTEROSTEES. 583 
dont il est fréquemment la victime (1); ils 
ne le préservent pas non plus de la recherche 
des pêcheurs. On ne le prend pas cependant, 
au moins le plus souvent, pour la nourri- 
ture de l’homme, parce que son goût est 
rarement très-agréable : mais, comme cette 
espèce est grasse et féconde en individus, 
il est plusieurs contrées où l’on répand les 
épinoches par milliers dans les champs, sur 
lesquels elles forment en se corrompant un 
excellent fumier; ou bien on les emploie à& 
engraisser, dans les basse-cours voisines des 
lacs qui leur ont servi d'habitation, des 
canards, des cochons et d’autres animaux 
utiles dans l’économie domestique (2). 

: On peut aussi exprimer de milliers d’épi- 
noches une assez grande quantité d'huile 
bonne à brüler; et nous ne devons pas 


(1) Il est aussi tourmenté par une espèce de binocle, 
qui s'attache fortement à son corps pour le sucer, et 
que Geoffroy , dans son Histoire des insectes des en- 
virons de Paris , a nommée binocle du gastérote. 

SONNINI. 
(2) On peut, dit Bloch, s’en servir encore plus 
utilement , en y joignant de la glaise, pour engraisser 
les jeunes canards et pour nourrir Îles porcs. ( Hist, 
« - 2 ° 
nat. des poissons, gen. 41 , article de l’épinoche. } 
SONNINI. h 


384 ILES TOTRE 


oublier de faire remarquer qu'il est un 
grand nombre d'espèces de poissons, dédai- 
gnées à cause du goût peu agréable de leur 
chair, dont on pourrait tirer, comme de 
l'épinoche, un aliment convenable à plu- 
sieurs animaux, un engrais très-propre à 
fertiliser nos campagnes, ou une huile très- 
utile à plusieurs arts. 

Les yeux de l’épinoche sont saillans, et 
ses mâchoires presque aussi avancées l’une 
que l’autre : chaque ligne latérale est mar- 
quée ou recouverte par des plaques osseuses. 
placées transversalemnent, pius petites vers 
la tête ainsi que vers la queue, et qui, au 
nombre de vingt-cinq, de vingt-six ou de 
vingt-sept, forment une sorte de cuirasse 
assez solide. Deux os alongés, durs, et affer- 
mis antérieurement par un troisième , cou- 
vrent le ventre comme un bouclier; et de 
là vient le nom générique de gastérostée 
que porte l’épinoche. Chaque thoracine est 
composée de deux rayons : le premier, 
grand, pointu, et presque toujours dentelé, 
frappe aisément la vue; le second, blanc, 
très - court, très - mou, est difficilement 
aperçu. 

Trois aiguillons alongés, et séparés l’un 
de l’autre, s'élèvent au devant de la 

nageoire 


DES GASTEROSTEES 795 


nageoire du dos : les deux premiers sont den- 
telés des deux côtés; le troisième l’est quel- 
quefois, mais il est presque toujours moins 
haut que les deux premiers. 

On compte trois lobes au foie, qui est 
très-élendu , et dont le lobe droit est par- 
ticulièrement très-long. On ne voit pas de 
cœcum auprès du pylore; et le canal intes- 
tinal se recourbe à peine vers la tête, avant 
de s’avancer en ligne droite vers l'anus; ce 
qui doit faire présumer que les sucs diges- 
tifs de l'épinoche sont très-actifs. 

La vésicule natatoire est épaisse, simple, 
grande, el attachée à l’épine du dos, dont 
cependant on peut la séparer avec facilité. 

Au reste, l'iris, l’opercule branchial et 
les côtés de l’épinoche brillent de Péclat de 
l'argent ; ses nageoires, de celui de l'or, et 
sa gorge, ainsi que sa poitrine , montrent 
souvent celui du rubis (1) (2). 


{1} A la membrane des branchies de 


l'épinoches ti MU MENT Fr 5 rayons, 
A la nageoire du dos . , . . . 12 
À. chacune des pectorales. . . . 10 
À chacune des thoracines. . . . 2 
Arcelleide Janus: Siieie + ee 9 


À celle de la queue , qui est recli- 


henéinof: - ,cltue) suerinursren 1 LA 


Poiss. Tome VIIL Bb 


686.  COTTSITO PRE 
T'épinochette vit en troupes nombreuses 
dans les lacs et dans les mers de l’Europe; 
on la voit pendant le printems auprès des 
embouchures des fleuves; et, suivant Noël, 
on la pêche dans la Seine, jusqu’au dessus 
de Quillebœuf (3). La spinachie ne se trouve 
ordinairement que dans la mer. Elle est 
plus grande du double, ou environ, que 
l'épinoche, pendant que l’épinochette ne 
parvient communément qu'à la longueur 
d’un demi-décimètre (vingt lignes environ). 


(2) L’épinoche se trouve plus communément dans 
les eaux stagnantes et dans les rivières dont le cours 
est lent ; on le voit aussi quelquefois dans la mer, et 
à l’embouchure des rivières où se mêlent les caux 
salées. I1 y a une grande quantité de ces poissons aux 
environs de Dantzick, et l’on s’en sert pour faire de 
lhuile. Îls sont fort communs dans la rivière de Bièvre 
et dans quelques autres des environs de Paris. Onrles 
voit nager continucllement en bandes et avec beau-= 
coup de vitesse , sur - tout quand le tems est beau et 
serein ; lorsque Île ciel est couvert , ils se tiennent en 
repos et se laissent prendre aisément.  SONNINI. 

(5) La petite épinoche se trouve fréquemment dans 
Ja mer du Nord, dans la Baltique , de même que dans 
les lacs et les lagunes qui communiquent à la mer. 
Ellé est très - difficile à prendre, parce qu’elle passe 
entre les filets ; au reste les pêcheurs n’en font aucun 
cas et la reicitent comme inutile, SonNNinr. 


DES GASTEROSTEES. 38 


Cette épinochette est d’ailleurs dénuée de 
lames osseuses et même d’écailles facilement 
visibles ; sa couleur est jaune sur son dos, 
et blanche ou argentée sur sa partie infé- 
rieure (1) (2). 

La spinachie offre à peu près le même 
ton et la même disposition dans ses nuances 
que l’épinochette ; mais ses côtés sont garnis 
de lames dures. Elle a de plus le museau 
avancé en forme de tube, l’ouverture de 


(1) À la nageoire du dos de l’épino- 
chétte. 2731 Lee MEL NO EE TAYONS 
À chacune des pectorales. . . . 10 
À chacune des thoracines, dont la 
membrane est très-blanche . . 2 
A la nageoire de l’anus . . + . 11 


A celle de la queue. . . . . . 13 


(2) Selon les observations du docteur Bloch, le 
cœur de la petite épinoche est à peine aussi gros 
qu’un grain de chenevis et de forme triangulaire. Son 
foie a beaucoup de grosseur , proportion gardée ; il est 
divisé en trois lobes, dont l’àn est fort long. La rate 
est très - petite et triangulaire ; l'estomac alongé ; le 
canal intestinal court , sans appendices et à une seule 
sinuosité ; la vessie d’air simple et épaisse ; enfin le 
péritoine blanc et pointillé de noir. 

SONNINIL. 


Bb 2 


585 ISF O TRE 
la bouche petite, et l'opercule ciselé en 
rayons (1) (2). 


ee 


(1) À la nageoire du dos de la spi- 
nachie, +... 1... ak" :O\on 7 Tayons. 
A chacune des pectarales . . . 10 
À chacune des thoracines. . . 2 
Ace de "PAU 2e ae OO T7 
A ceile de la queue, qui est 
atroNALERitE Er ts die 2YIrS 

(2) Le foie de la grande épinoche se divise en quatre 
lobes, dont le droit est fort long. L’estomac a la forme 
d’un sac ; le canal intestinal a deux sinuosités, et sa 
partie supérieure est large. L’ovaire consiste en deux 
cylindres qui se réunissent au trou ombilical; Bloch 
y a trouvé cent quatre - vingt -huit œufs d’un jaune 
pâle et de la grosseur d’un grain de millet ; la peau 
de la vessie d’air est très-mince. Le même observateur 
que je viens de citer a compté quarante-une vertèbres 
à l’épine du dos , et dix-sept côtes de chaque côté. 

La mer du Nord et la Baltique nourrissent beaucoup 
de grandes épivoches ; il y en a sur -tout une grande 
quantité sur les côtes de la Hollande; mais ils n’entrent 
pas dans les eaux douces , ni mème dans les embou- 
chures des fleuves. Ces poissons vivent de vers, d’in- 
sectes , de petits crustacés et du frai des autres 
poissons. On peut en prendre un grand nombre en 
l’attirant dans les filets par la lueur des feux qu’on 
allume sur la côte ou dans des bateaux. Les pauvres 
ne dédaignent pas de s’en nourrir; mais l’usage le plus 
ordinaire est d’en tirer de l’huile ou de fumer les 
terres. SONNINL. 


DES CENTROPODES. 38 


QUATRE-VINGT-NEUVIÈME GEN. 
PAR LACÉPÉDE. 


LES CENTROPODES. 


Deux nageoires dorsales; un aiguillon 
et cinq ou six rayons articulés très-petits 
à chaque nageoire thoracine; point de 
piquans isolés au devant des nageoires 
du dos, mais les rayons de la première 
dorsale à peine réunis par une membrane ; 
point de carène latérale à la queue. 


ESP ÉCE, 


LE CENTROPODE RHOMBOIDAL ; centro- 
podus rhombeus. — Te corps revètu de 
petites écailles. 


Bb 3 


390 HISTOIRE 


0) 


l’ABOU-TABAKR HN) 


LE CENTROPODE RHOMBOIDAL (2); 
PAR TL A :C B'PE DIE. 


LL 4 conformation de ce poisson nous oblige 
à ie placer dans un genre particulier. {1 a 
été observé par Forskœl dans la mer 
Rouge. Les petites écailles dont il est re- 
vêtu brillent comme des lames d'argent. 
Les nageoires sont blanches, excepté celle 


(1) Abou-tabak, abou garr, noms arabes de ce 
poisson. 

Centrogaster pinnis ventralibus uni-radiatis...... 
centrogaster rhombeus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. 
gen. 170 bis, sp. 4. — Artedi, Gen. pisc. nov. gen. 
variorum auctorum , n° 4. 

Scomber pinnis ventralibus uni-radiatis...scomber 
rhombeus. Forskoœl, Faun. Ægypt. Arab. p. 58, n° 78. 

SONNINI. 

(>) Centropodus rhombeus. Forskæl , Faan. Arab. 
p. 58 , n° 76. 

Centrogaster. Lin. édit. de Gmelin. 

Scombre tabak. Bonaterre, pl. de l’Enc. méth. 


DES CENTROPODES. 591 


de la queue, qui est d’un verd bleuûtre ; 
et la seconde dorsale est noire dans sa partie 
la plus élevée. Cette seconde nageoire du 
dos est d’ailleurs triangulaire et écailleuse 
dans sa partie antérieure , comme celle de 
Vanus, et basse , ainsi que transparente, dans 
le reste de son étendue. Les cinq rayons 
articulés qui, réunis avec un aiguillon, com 
posent chacune des nageoires thoracines, sont 
à peine visibles (1). Une membrane assez 
peu large soutient les quatre où cinq piquans 
qui forment la première dorsale. Les dents 
sont déliées et nombreuses; et au dessus 
du bout de la langue on voit une callo- 
sité ovale et rude. La queue proprement 
dite est trés-courte ; ce qui donne à chaque 
côté de l'animal une figure rhomboïdale. 
POUR OUI ni Dh et el 
(1) A la membrane des branchies . 6 rayons. 

A la première nageoire du dos. 4 ou 5 

À la Seconde dia tt se tomates 42 

A chacune des pectorales . . + + 15 

A chacune des thoracines . + + ) 

A celle de l'anus . + + « + + + 54 

À celle de la queue, qui est un peu 

rondiois VOIR Le): out 10 


Bb 4 


394 HISTOIRE 


stis 


QUATRE-VINGT-DIXIÈME GENRE. 
PAR LACÉPÈDE. 


LES CENTROGASTÈRES. 


Q UATR E aiguillons et six rayons articulés 
à chaque nageoire thoracine. 
{ 


P BR EMI Ë.R E .ES.P Ë.C.E. 


LE CENTROGASTÈRE BRUNATRE;: centro- 
gaster fuscescens. — La nageoire dorsale 
très - longue ; celle de la queue très - peu 
#fourchue ; la couleur du dessus du corps 
brune. 


SECONDE ESPÈCE. 


L;:5 CENTROGASTÈRE ARGENTÉ: centro- 
gaster argentatus: — La nageoire de la 
queue fourchue; la couleur du dessus da 
corps argentée. 


Lit 2 ——— 
nes ee RS 


LE CENTROGASTÈRE 
BRUNATRE (1)(), 
er LE CÉNTROGASTENRE 
ARC ENT Ë) (5):(4)5 
paint CON ACTE R. EE D 
QE tua ESPÈCES. 


Les mers qui arrosent le Japon nour- 
rissent ces deux centrogastères, dont on 
doit la connoissance au savant Houttuyn, 


_ (1) Centrogaster fuscescens. 
Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Houttuyn, Act. 
Earl Xe 22p.009, DL. 
_ (2) En hollandais, bruinachtige doornbuik. 
Centrogaster fuscus, subtus albicans caudä sub- 


bifurcä..... centrogaster fuscescens. Lan. Syst. nat. 
edit. Gmel. gen. 170 bis, sp. 1. — Aïtédi , Gen. pisc 
nov. gen. Houttuyni, n° 1. SONNINT. 


(5) Centrogaster argentatus. 
:{dem. Lin. édit. de Gmelin. rt Ghn » Act. 
Haar KK, 2, p. 5545n°2 
© {4) En hollandais, versilverde doornbuik. 
Centrogaster argenteus , nuchæ gultà magnä fuscé, 


304 HISTOIRE 


et dont le nom générique vient des aiguil- 
lons que l’on voit au dessous de leur corps, 
et qui composent une partie de leurs na- 
geoires inférieures. Ces poissons ne par- 
viennent qu'à une longueur très-peu con- 
sidérable : le brunâtre n’a pas ordinairement 
deux décimètres (sept pouces) de long, et 
l'argenté n’en a qu'un. La mâchoire supé- 
rieure du premier est garnie de dents ai- 
gués; le second a sur la nuque ‘une grande 
tache brune, et communément arrondie. 
Les notes suivantes (1) et (2) et le tableau 
de leur genre indiquent leurs autres traits 
principaux. 


pinnæ dorsalis nigricante... centrogaster argentatus. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 bis, sp. 2. — 
Artedi, Gen. pisc. nov. gen. Houttuyni, n° 2. 
SONNINI. | 
(1) 15 aiguillons et 11 rayons articulés à la nageoire 
du dos du brunûtre. 
16 rayons à chacune des pectorales. 
7 aiguillons et 9 rayons articulés à la nagcoire 
de lPanus. 
20 rayons à la nageoïire de la queue. 
(2) 8 aiguillons à la partie antérieure de la nagecire 
dorsale de l’argente. ; 
2 aiguillons et 12 rayons à la nageoire de l’anus. 


DES CENTRONOTES. 395 


QUATRE-VINGT-ONZIÈME GENRE. 


PAR LACÉPÉDE. 


LES CENTRONOTES. 


Ur: seule nageoire dorsale; quatre rayons 
au moins à chaque thoracine; des piquans 
isolés au devant de la nageoire du dos; 
une saillie longitudinale sur chaque côté 
de la queue, ou deux aiguillons au de- 
vant de la nageoire de l'anus. 


PREMIÈRE ESPÈCE. 
LE CENTRONOTE PILOTE ; centronotus 
conductor. — Quatre aiguillons au devant 
de la nageoire du dos; sept rayons à la 
membrane des branchies; vingt-sept rayons 
au moins à la nageoiïre dorsale. 


S ECO N'D FA E 98 P Ë CE 
LE CENTRONOTE ACANTHIAS; Centronoius 
acanthias. — Quatre aiguillons au devant 
de la nageoire dorsale ; trois rayons à la 
membrane des branchies. 
TROISIÈME ESPÈCE. 


LE CENTRONOTE GLAYCOs; centronoius 


596 HISTOIRE 

glaycos. — Cinq aiguillons au devant de la 
nageoïire du dos; le premier tourné vers le | 
museau , et les autres inclinés vers la queue; 
la ligne latérale ondulée par pelits traits. 


QUATRIËÉME ESPÉCSE. 


LE CENTRONOTE ARGENTÉ; centronoius 
argenteus. — Sept aiguillons au devant de 
la nageoire du dos; onze rayons à cette 
nageolre, 


CIN QUIÉEÉME ESPEÈECE. 

LE CENTRONOTE OV ALE; centronotus osalis. 
— Sept aiguillons au devant de la nageoire 
du dos; vingt rayons à cette nageoire ; six 
rayons à la membrane des branchies. 

SIXTÈME ESPÈCE. 

LE CENTRONOTE LYZAN; centronoius 
Tyzan. — Sept aiguillons au devant de la 
nageoire du dos; vingt-un rayons à cette 
nageoire ; huit rayons à la membrane des 
branchies. 

SEPTIÈNMÉ ESPÈCE. 

LE CENTRONOTE CAROLENIN ; cenlronoirs 
carolinus. — Huit aisuillons au devant de 
la nageoire du dos; vingt-six rayons à 
cette nageoire dorsale ; la ligne latérale 
droite. 


DES CENTRONOTES. 397 


HU AITI É M PF ESP EC.E. 

LE CENTRONOTE GARDÉNIEN: centronolus 
Gardenii. — Huit aiguillons au devant de 
la nageoire du dos; trente - trois rayons à 
celle nageoire dorsale; point d’aiguillons au 
devant de celle de lanus; deux rayons seu- 
lement à chacune des pectorales. 


NEUVE NME) ES PE CE 


LE CENTRONOTE VADIGO ; centronotus 
vadigo. — Huit aignillons au devant de la 
nageoire du dos; plus de deux rayons à 


chacune des peciorales ; la ligne latérale 
iortueuse. 


DIXIÈME ESPÈCE. 

LE CENTRONOTE ÉPERON ; centronofus 
calcar. — Quatre aiguillons au devant de 
la nageoire du dos; six rayons à la mem- 
brane des branches; vingt-un rayons à la 
nageoire dorsale. 

ONZIÈME ESFPKCE. 


LE CENTRONOTE NÈGRE; centronoËus niger. 
— Huit aiguillons au devant de la nageoire 
du dos ; trente-trois rayons à cetle nageoire ; 
douze rayons à chaque pectorale ; six riyons 
à chaque thoracine; la ligne latérale droite; 
la couleur générale notre. 


398 HISTOIRE 
ES 
LES PATIO NE An). 


LE CENTRONOTE PILOTE (2), 
PAR LACÉPÉDE. 


PREMIÈRE ESPÈCE. 


P RESQUE toutes les espèces du genre 
des centronotes, ainsi que celui des gasté- 
rostées et des centropodes, ne renferment 


(1) Le pilote. En hollandais, lootmanties , vif- 
singer-visch. En anglais, pilot-fish. En suédois, /oods. 
En allemand , /ootsmann. À Marseille, fanfre. 

Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor membrand 
branchiostegä septem radiat&.... oasterosteus ductor. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 2. 

Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor..... gaste- 
rosteus ductor. Artedi, Gen. pisc. gen. 37 , n° 4. — 
Brunuich , Ichth. massil. p. 67 ,n° 83. Sonnini. 

(2) Centronoius conductor. 

Gasterosteus conductor. Lin. édit. de Gmelin. 

Gastré pilote. Daubenton, Encyclop. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’Encÿci. méthod. — Mus. Adoiph. 
Frid. 25p. 88,7. 

Pilot fish. Wilughby, Ichth. tab. append. 8, fig. 2. 


| 


DES CENTRONOTES. 309 


que d'assez petits individus. Le centronote 
dont nous traitons dans cet article parvient 
trés-rarement à la longueur de deux déci- 
mètres (sept pouces). Malgré les dards dont 
quelques parties de son corps sont hérissées , 
il ne pourroit donc se défendre avec succès 
que contre des ennemis bien peu redou- 
tables, ni attaquer avec avantage qu’une 
proie presque invisible. Son espèce n’existe- 
roit donc plus depuis long-tems, s’il n’avoit 
reçu l’agilité en partage : 1l se soustrait par 
des mouyemens rapides aux dangers qui 
peuvent le menacer. D'ailleurs sa petitesse 
fait sa sûreté, et compense sa foiblesse. Il 
n’est recherché ni par les pêcheurs, ni par 


Glaucus aculeatus, fasciatus, etc. Klein, Miss. 


pisse D, p.51, n°0. 


Le pilote. Duhamel, Traité des pêches, pari. 2, 
sect. 4, chap. 4, art. 5, p. 55, pl. 1v, fig. 4, et 
pl. 1x, fig. 5. 

Scomber ductor. Hasselquist, It. 336. — Osbeck, 
It. 795, tab. 12, fig.2vet Act. Stockh. 1755, 71. 

Scomber fasciis quatuor cæruleo argenteis, aculeis 
quatuor ante pinnam dorsalem. Læfl. It. 

Scomber dorso monopterygio, pinnulis nullis, etc. 
Gronov. Zooph. 309. 

Pilote piscis. Ray , Pisc. 150. 

Lootsmannekens. Brünn. It. 525 ; tab. 190. 

Scomber ductor,scombre pilote. (BI. pl. cCCxXX VII.) 


400 HISTOIRE 
les grands habitans des mers; l’exiguité de 
ses membres le dérobe souvent à leur vue ; 
le peu de nourriture qu'il peut fournir 
empêche qi'il ne soit l’objet des desirs des 
marins, ou des appétits des squales. Il en 
est résulté, pour cette espèce, cette sorte 
de sécurité qui dédommage le foible de 
tant de privatious. Pressée par la faim, ne 
trouvant pas facilement à certaines distances 
des rivages les œufs, les vers, les insectes, 
les mollusques qu’elle pourroit saisir, elle 
ue fuit ni le voisinage des vaisseaux , ni 
même la présence des squales, ou des autres 
tvrvans des mers; elle s’en approche sans 
défiance et sans crainte; elle joue au devant 
des bâÂtimens, ou au milieu des terribles 
poissons qui la dédaignent ; elle trouve dans 
les alimens corrompus que lon rejette des 
navires ou dans les restes des viciimes im- 
molées par le féroce requin, des fragmens 
appropriés par leur ténuilé à la pelitesse 
de ses organes ; elle précède ou suit avec 
constance Ja proue qui fend Îles ondes, ou 
des troupes carnassières de grands squales; 
et frappant vivement limagination par la 
tranquillité avec laquelle elle habite son 
singulier asyle, elle a été bientôt douée, 
par les amis du merveilleux, d’une inteili- 
gence 


DES CENTRONOTES. 4o1 
gence particulière; on lui a attribué un 
instinct éclairé, une prévoyance remar- 
quable, un attachement courageux ; on l'a 
revêtue de fonctions très - extraordinaires ; 
et on ne s’est arrêté qu'après avoir voulu 
qu’elle partageât avec les échénéis le titre 
de conducteur du requin, de pilote des vais- 
seaux. Nous avons été bien aises de rappeler 
cetle opinion bizarre par le nom spécifique 
que nous avons conservé à ce centronote 
avec le plus grand nombre des auteurs 
modernes. Celui. qui écrit l’histoire de la 
Nature doit: marquer les écueils de la 
raison , comme l’hydrographe trace sur ses 
cartes ceux où ont péri les navigateurs. 

On voit sur le dos de ce petit animal, 
dont on a voulu faire Île directeur de la 
route des énormes requins, ces aiguillons 
qui appartiennent à tous les poissons com- 
pris dans le quatre-vingt-onzième genre, 
et dont la présence et la posilion sont in- 
diquées par le nom de centronote (1) que 
nous avons cru devoir leur donner : mais 
on n’en compte que quatre au devant de 
la nageoire dorsale du pilote. Les côtés de 


(1) Æentron, en grec, signifie aigurllon ; et notos 
signifie dos. 


Poiss, ToME VIIL. Ce 


402 HA TSYTE O MIRE 


la queue de ce poisson sont relevés longi< 
tudinalement en carène. La ligne latérale 
èst droite. Plusieurs bandes transversales 
et noires font ressortir la couleur de sa 
partie supérieure, qui présente des teintes 
brunes et des reflets dorés. 11 paroît que 
le nombre de ces bandes varie depuis quatre 
jusqu'à sept. Les mâchoires, la langue et 
la partie antérieure du palais sont garnies 
de très-petites dents (1). 


(1) A la nageoire du dos, . . . . 28 rayons. 
A chacune des pectorales. , . . : 20 
À chacune des thoracines. . . . 6 


Acelle-de l'añms 74,4 ue (I 


DES CENTRONOTES. 403 


met ma 


CENTRONOTE ACANTHIAS (1) (2), 
ET | 

LE CENTRONOTE GLAYCOS (3); 

PAR LACÉPEDE. | 


2% ET $ ESPÈCES. 


Lies mers qui arrosent le Danemarck; 
nourrissent, selon Pontoppidan, l’acanthias ; 
et la Méditerranée est la patrie du glaycos. 
Nous avons conservé ce nom grec glaycos 


(1x) Centronotus acanthias. Pontoppid. Naturs. 
Danaem., p. 188 , n° 3. cé 

Gasterosteus acanthias. Tin. édit. de Gmelin. 

(2) Gasterosteus spinulis quatuor antè pinnam dor« 
salem , membrana branchiostega radiis éribus, ...., « 
gasterosteus acanthias. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. 
gen. 169, sp. 12. — Artedi, Gen. pisc. gen. 37, 
additament. species adhuc dubiæ, n° 14. 

SONNINI 

(3) Centronotus glaycos. 

Troisième espèce de glaucus, Rondelet, des Poissons, 
lib. 8, chap. 17. 
| Cca 


404 P'L'ST OFFRE 

qui veul dire glauque (d’un bleu de mer), 
à un centronote décrit et figuré par Ron- 
delet, et auquel, suivant ce naturaliste, 
les anciens avoient donné cette dénomina- 
üon. Cette espèce a le corps alongé, les 
dents très-pointues , la ligne latérale ondée 
à petits traits; la partie supérieure du corps 
d’un bleu obscur, linférieure très-blanche ; 
l chair grasse, ferme, et de bon goût. 


DES CENTRONOTES. 405 


BE CD V2 MO 


LE CENTRONOTE ARGENT (2) (3); 
LE CENTRONOTE OVALE (4) (5), 
gt LE CENTRONOTE LYZAN (6); 
PAR LACÉPÉDE. 

ADO ENT, OVESPÈCGES. 


Ox pêche anprès des côtes de l'Amérique 
équinoxiale largenté, dont la couleur est 


(x) Le lyzan , nom arabe de ce poisson. À Dsjidda 
on l’appelle r”yssiaf. À Loheia , obri. 

Scomber albido-maculatus ; spinis dorsalibus septem 
primis separatis.... scomber dyzan. Forskoæl , Faun. 
Ægypt. Arab. p.54, n° 69. 

Gasterosteus suprà fusco-cœærulescens spinis dorsa- 
libus septem analibus duabus.... gasterosteus lyzan. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169 , sp. 15.—Artedi, 
Gen. pisc. edit. Walbaum, gen. 57, n° 19. species 
adhuc dubiæ. SONNINI1. 

(2) Centronotus argenteus. 

Gasterosteus occidentalis. Lin. édit. de Gmelin. 

Gastré saure. Daubenton , Encyclop. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’'Encyel. méthod. 

Saurus argenteus caud& longitudinaliter sériaté. 
Browne, Jam, 452, tab. 46, fig. 2. 

C3 


406 HE D T'O IE 

désignée par le nom spécifique que nous 
avons cru devoir lui donner (7), pendant 
que c’est dans les mers de l'Asie que vit 
lovale (8), dant laiguillon dorsal le plus 


(5) Gasterosteus spinis dorsalibus septem , duabus- 
que ante pinnam analem.... gasterosteus occidentaliss 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 3. — Artedi, 
Gen. pisc. gen. 37 , n° 3. additament. SONNINI. 

(4) Centronotus ovalis. 

Gasterosteus ovatus. Yan. édit. de Gmelin. 

Gastré ovale. Uaubenton, Encyclop. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’Encyc. méthod. 

(5) Gasterosteus spinis dorsalibus septem , primé 
recumbente , corpore ovato..... gasterosteus ovatus. 
Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 4. — Artedi , 
Gen. pisc geu. 37, n° 6. additament.  Sonnini. 

(6) Centronotus lyzan. 

Gasterosteus lyzan. Lin. édit. de Gmelin. 

Scombre lyzan. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth. 

Amia. Salvian, fol. 121, 122. — Forskœl , Faun. 
Arab. p.54, n° Go. 

(7) 7 rayons à chacune des nageoires pectorales de 

l’argenté. 
6 rayous à chacune des thoracines. 
2 aiguillons au devant de la nageoire de l'anus. 
1 aiguillon et 6 rayons articulés à la nageoire 
anale. 


16 rayons à la nagcoire de la queue. 


(8) 16 rayons à chacune des nageoires pectorales de 
l’ovale, 


DES CENTRONOTES. 4o7 


antérieur est couché vers la tête, dont les 
machoires sont hérissées de petites dents, 
et dont le corps très-comprimé, comme 
celui des chétodons, a indiqué par sa figure 
Ta dénomination spécifique de ce centronote. 

Forskœl a vu le lyzan sur les côtes de 
V'Arabie. Ce poisson est couvert d’écailles 
petites, lancéolées , et resplendissantes comme 
des lames d’argent; ses lignes latérales sont 
ondées vers lopercule et droites auprès de 
la queue ; son dos est d’un brun mêlé de 


bleu (1). 


6 rayons à chacune des thoracines. 

2 aiguillons au devant de la nageoïire anale. 

1 aiguillon et 16 rayons à la nageoire de l’anus. 

20 rayons à la nageoire caudale. 
(1) 17 rayons à chacune des pectorales du lyzan. 
1 aiguillon et 5 rayons à chacune des thoracines, 
2 aiguillons au devant de la nageoire de l’anus. 
1 aiguillon et 18 rayons à celte même nagcoire 
de l'anus. 


Cc #4 


408 HISTOIRE 


LE CREVALLE (1), LA LICHE (2). 


nt 


LE CENTRONOTE CAROLININ (5), 
LE CENTRONOTE GARDENIEN (4) (5), 
zr LE CENTRONOTE VADIGO (6); 
PAR LACEPEDE. 


Thn O MENEOS ES BAL CAES: 


Le carolinin et le gardénien habitent la 
Caroline : le nom du premier indique leur 


(1) Crevalle ,uom que les habitans de la Caroline 
donnent à ce poisson. 

Gasterosteus spinis dorsalibus octo, analibus tri- 
bus.... gasterosteus carolinus. Lin. Syst. nat. edit, 
Gmel. gen. 169, sp. 5. — Artedi, Gen. pisc. gen. 37, 
n° 7. additament. SONNINI. 

(2) Liche , nom sous lequel ce poisson est connu en 
Provence. Les languedociens lappellent pélæmyde, 
et les marseillais lampuga. En italien, Lézia. Par les 
pêcheurs des environs de Rome, mella. En aïilemand, 
spanischer reiter. Tn anglais, cross - spine. A la 
Jamaïque , leather-coat. À la Havane, quietra-achus 


SONNINI. 
(5) Centronotus carolinus. 


Guasterosteus carolinus. Lin. édit. de Gmelin. 
Gastré crevalle. Daubenton, Encycl. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. 


DES CENTRONOTES. 40oq 
pays; celui du second, l'observateur qui les 
a fait connoiître. C’est en effet le docteur 
Garden qui en envoya, dans le tems, la 


description à Linnæus. Ces deux poissons, 


et le vadigo, qui se trouve dans la Mé- 
diterranée, se ressemblent par la forme de 
leurs nageoires du dos et de l’anus; qui 
présentent la figure d’une faux, et par celle 
de la nageoiïre de la queue, qui est four- 
chue : mais, indépendamment des dissem- 
blances que nous n’avons pas besoin d’énu- 
mérer, le carolinin n’a que vingt-six rayons 
à la nagcoire du dos (7), et le gardénien 


(4) Centronotus Gardenii. 

Gasterosteus canadus. Lin. édit. de Gmelin. 

Gastré canade. Daubenton , Encyclop. method. — 
Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. 

(5) Gasterosteus spinis dorsalibus octo, analibus 
nullis.... gasterosteus canadus. Tan. Syst. nat. edit. 
Gumel. gen. 169, sp. 6.— Artedi, Gen. pisc. gen, 57, 
n° 7. additament. SONNINI. 

(6) Centronotus vadigo. Dans plusieurs provinces 
méridionales de France , liche, pélamide. 

Liche, ou seconde espece de glaucus. Roudelet, 
des Poissons, part.:1, iv: 8, chap. 16. 

Scombre liche, scomber aculeatus. (Bi. pl. cccxxxvi, 
fig. 1. 

(7) 18 rayons à chacune des pectorales du carolinin, 


5 rayons à chacune des thoracines. 


410 HIS TO RR FE 

y en a trente-trois (1); celui-ci n’a que 
deux rayons à chacune des pectorales, et 
le vadigo y en présente un nombre bien 
plus grand, pendant que ses lignes latérales 
sont tortueuses et courbées vers le bas, au 
lieu d’être droites comme celles du caro- 
linin. Au reste, l’aiguillon dorsal le plus 
antérieur du vadigo est incliné vers le 
museau (2). 


3 aiguillons et 24 rayons articulés à la nageoire 
de l’anus. 
27 rayons à celle de la queue. 


(1) 7 rayons à la membrane des branchies du gar- 
dénien. 
2 rayons à chacune des nageoires pectorales. 
7 rayons à chacune des thoracines. 
26 à la nageoire de l’anus. 
20 à celle de la queue. 

(>) Ce dernier poisson, c’est-à-dire, la liche, de- 
vient grand; on en a vu qui pesoit quarante - deux 
livres. On le pèche dans la Méditerranée et vers les 
Aatilles ; sa chair est préférable à celle du thon. 

SONNINI. 


DES CENTRONOTES. #11 


L’ÉPERON (1), LE NÈGRE. 


LE CENTRONOTE ÉPERON (2), 
ET 
LE CENTRONOTE NËÉGRE (3); 
PAR LACÉPÉDE. 
10 ET 119 ES BEIC ES;, 
Le corps et la queue de l’éperon paroissent | 
dénués d’écailles. La mâchoire inférieure 
dépasse celle de dessus. La langue est mobile , 
lisse et large. Chaque narine ne montre 


qu’un orifice. La ligne latérale est presque 
droite. Les thoracines peuvent être couchées 


(1) L’éperon. En allemand, sporn. En anglais, spur- 
back. SONNINI. 

(2) Centronotus calcar. 

Scombre éperon , scomber calçar. (BI. pl. cccxxxvr, 
fig. 2. 

(5) Centronotus niger. Sur les côtes d'Afrique , 
sefser. Au Brésil, ceixupira. Par les allemands, 
stachlicher blauling. Par les anglais , negro mackrel, 

Scombre nègre, Bloch, pl. cecxxxvir. 


415 HISTOIRE 

dans une sorte de sillon. La couleur géné- 
rale est argentée : des teintes noires règnent 
sur le dos; les nageoires sont bleuâtres. On 
trouve une grande quantité de centronotes 
éperons sur la côte de Guinée. Ils y pré- 
sentent la grandeur du scombre maque- 
reau, et leur chair n’est pas désagréabie 
au goût. 

Le centronote nègre habite dans la partie 
de l’océan Atlantique qui sépare l'Afrique 
de l'Amérique méridionale. Barbot l’a trouvé 
auprès de la côte d'Or ; et Marcgrave, Pison 
et le prince Maurice de Nassau l'ont vu 
dans les eaux du Brésil. Il parvient à une 
grandeur remarquable. Suivant Barbot, il 
a près de deux mètres (six pieds) de long; 
et Marcgrave lui attribue une longueur de 
plus de trois mètres (neuf pieds environ). 
Sa chair est d’ailleurs grasse, blanche et 
ferme : aussi est-il très-recherché , et pré- 
paré pour être envoyé au loin. Lorsqu'il 
est frais, on compare son goût à celui de 
l'anguilie, et lorsqu'il est séché, à celui du 
saumon fumé. Il séjourne ordinairement 
dans la haute mer : mais de tems en tems 
on voit des troupes nombreuses d'individus 
de cette espèce s'approcher des terres, pré- 
férer les fonds pierreux, et y chercher les 


DES: CENTRONOTES. 413, 


crustacés et les animaux à coquille, qui 
doivent servir à leur nourriture. Les nègres 
les prennent sur ces bas fonds, et les pêchent 
à la lueur de brandons allumés (1). ÿ 
Le centronote nègre a la tête lisse, aplatie 
et dénuée de petites écailles; le museau 
arrondi; l'ouverture de la bouche assez 
grande ; les dents petites; la langue large 
et mobile; deux orifices à chaque narine: 
les écailles qui revêtent son corps et sa 
queue, sont petiles, lisses et nunces. Sa 
couleur noire est relevée par le gris de la 
base et du milieu de ses thoracines, ainsi 
que par les nuances blanches et argentées 

qui resplendissent sur ses côtés. 
SA A ÉUAAR N R AI, LA A RP en 
(1) 14 rayons à chaque pectorale du centronote 
eperon: Live 

3 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à 
chaque thoracine. 

x rayon aiguillonné et 20 rayons articulés à 
l’anale , au devant de laquelle on voit deux 
aiguillons réunis par une membrane. 

15 rayons à la nageoire de la queue. 

21 rayons à la nagcoire de anus du centronote 
negre. 

37 rayons à la caudale. 


A4 HISTOIRE 


QUATRE-VINGT-DOUZIÈME GEN. 
| PAR LACEPÉDE: 


LES LÉPISACANTHES. 


Less écailles du dos grandes, ciliées, et 
terminées par un aiguillon; les opercules 
dentelés dans leur partie postérieure, et 
dénués de petites écailles ; des aiguillons 
isolés au devant de la nageoire dorsale. 


B,S8PÉCE. 


LE LÉPISACANTHE JAPONAIS; lepisacan- 
thus japonicus. — Quatre aiguillons au de- 
yant de la nageoire du dos. 


DES LEPISACANTHES. %15 


UT GS Pot snow 
LE LÉPISACANTHE 


JAPONAIS (1)(2), 


PAR : L A C É P,È D. E. 


Liz nom générique de cet animal désigne 
la forme particulière de ses écailles (3); et 
sa dénomination spécifique, les mers dans 
lesquelles on la vu. Houttuyn l'a fait con- 
noître, et nous avons cru devoir le séparer 
des centronotes et des autres poissons avec 
lesquels on l’avoit placé dans le genre ‘des 
centrogastères, afin d’être fidèles aux prin- 
cipes de distribution méthodique que nous 


(1) Lepisacanthus japonicus. 

Gasterosteus japonicus. Lin. édit. de Gmelin. 

Gastré du Japon. Bonaterre , pl. de l’Encye. méth. 
— Houttuyn, Act. Haarl. XX , 2 ,p. 529. 


(2) Eu hollandais, japanse steckelbaars. 

Gasterosteus spinis dorsalibus quatuor membran& 
branchiostesä quinque radiat4.... gasterosteus japo- 
nicus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, sp. 9. — 
Artedi, Gen. pisc. edit. Walbaum, gen. 37. species 
adhuc dubiæ , n° 16. SONNINI. 


(5) Lepis signifie écaille , et akanthos ; aiguillon. 


416 HISTOIRE 

avons préférés. Le museau de cet osseux 
est arrondi ; ses mâchoires sont hérissées de 
pétites aspérilés, plutôt que garnies de dents 
proprement dites. Une fossette longitudinale 
recoit eb caché, à la volonté de lanimal, 
les piquans épais, forts, inégaux et isolés, 
que l’on voit aü devant dé la nageoire du 
dos. Les rayons de chacune des thoracines 
sont réunis et alongés de manière à former 
un aiguillon peu mobile, rude, et égal en 
longueur aux trois dixièmes, ou à peu prés, 
de la longueur totale du poisson. Le japo- 
hais ne parvient d’ailleurs qu’à de très-petites 
dimensions ; il n’a pas un double décimètre 
(sept pouces environ ) de long, et sa couleur 
est jaune (1). 


(x) A la membrane des branchies + 5 rayons. 
A la nageoiïre du dos sai exe ro 
À chacune des pectorales. . . « 12 
À celle dé Fanns. sr ,soant 9 
À cellede k ,queuéz rl tré 22 « 


QUATRE- 


DES CEPHALACANTHES. 417 


QUATRE -VINGT-TREIZIÈME GEN-. 
PAR LACÉPÉÈDE. 


LES CÉPHALACANTHES. 


Lx derrière de la tête garni, de chaque 
côté, de deux piquans dentelés et très- 
longs; point d’aiguillons isolés au devant 
de la nageoire du dos. 


B'SUPELONE. 


LE CÉPHALACANTHE SPINARELLE; Cepha- 
lacanthus spinarella. — Quatre rayons à 
chacune des thoracines. 


Poiss. Tome VIIL: Dd 


18 HISTOIRE 


er 


LE CÉPHALACANTHE 


SPINARELLE (i)(), 


PAR LACÉPÉDE. 


Cr céphalacante ne présente qu’une petite 
longueur. Sa tête, plus large que'le corps, 
est striée sur toule sa surface, et garnie 
par derrière de quatre grands aiguillons. Les 
deux supérieurs sont plus dentelés, plus 
larges et plus courts que les deux inférieurs. 
La spinarelle , qui vit dans l'Inde, a été 
placée dans le même genre que les gasté- 


(1) Cephalacanthus spinarella. (Nota. Kephalos 
veut dire ééte, et akanthos , aiguillon ou piquant. ) 

Gasterosteus spinarella. Lin. édit. de Gmelin. 

Pungitius pusillus. Mus. Adolph. Frid. r , p. 74, 
tab. 525 6.0: | 

Gastré spinarelle. Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. 

(2) Gasterosteus capitis posticè spinis quaternis 
serrulatis lateralibus longitudine abdominis... gaste- 
rosteus spinarella. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 169, 
sp. 11. — Artedi, Gen. pisc. gen. 57, n° 11. additam. 

‘ SONNINI: 


DES CEPHALACANTHES. 419 


rostées et les centronotes : mais elle en diffère 
par trop de traits pour que nous n’ayons 
pas dû l’en séparer. L'absence d’aiguillons 
isolés au devant de la nageoire dorsale au- 
roit suffi pour léloigner de ces osseux. 
Nous l’avons donc inscrite dans un genre 
particulier qui précède immédiatement celui 
des daciyloptères, parmi lesquels on compte 
la pirapède dont la tête ressemble beaucoup 
à celle de la spinarelle (1). 


(1) À la membrane des branchies . 3 rayons. 
A la nageoïre du dos . . . . . 16 
A chacune des pectorales. , . . 20 
À chacune des thoracines . . . 4 


A celle de’ l'anus. 42 7 SG 


D d 2 


420 HI STOLRE 


QUATRE-VINGT-QUATORZIÈME G. 


PAR LACÉPÉÈÉDE. 


LES DACTYLOPTÉÈRES. 


U: E pelite nageoire composée de rayons 
soutenus par une membrane, auprès de 
la base de chaque nageoire pectorale. 


PRE MI È RE 6HiS PyE:C.E, 


LE DACTYLOPTÈRE PIRAPÈDE; dactylop- 
terus pirapeda. — Six rayons réunis par 
une membrane auprès de chaque nageoire 
pectorale. 


SUR CON DE EIS PLE C EF: 


LE DACTYLOPTÈRE JAPONAIS; dactylop- 
terus Japonicus. — Onze rayons réunis par 
une membrane auprès de chaque nageoire 
pectorale. 


DES DACTYLOPTÉRES. 4ai 


M Bu DA UC SNS QD PEUT 
PIRAPÈDE (i)(2), 
PA LA COPIE. 
PREMIÈRE ESPÈCE. 


ARMI les traits remarquables qui dis- 
tinguent ce grand poisson volant et les autres 


(1) Dactylopterus pirapeda. En Espagne, volodor. 
Aux environs de Rome, rondire. Sur les bords de 
PAdriatique , rondola , on rondela. À Malte et en 
Sicile, falcone. En Suède, fly gande fisk. En Angle- 
terre PR , kite fish. Dans plusieurs provinces 
méridionales de France, arondelle, rondole, chauve- 
souris , ratepenade. 

Trisla volitans. Lin. édit. de Gmelin. 

Trigle pirapède. Daubenton, Encyel. méthod. — 
Bonaterre , pl. de l’'Encyc. méth. — Bloch, pl. cccu. 

_ Trigla capite partm aculeato, pinnulä singulari ad 
pinnas ventrales. Artedi,, gen. 44 , sÿn. 73. — Gronov. 
Mns. 1,n° 102. 

Trigla capite quatuor spondylis armalo. Browne , 
Jam. 453. — Scba , Mus. 5, tab. 28 ; fig. 7. 

Milivipira , et pirabelle. Marcgr. Hist. Bras. lib. 4, 
Cap. 11 ,P- 162. .- 


Ed 3 


422 H:I:S TOR E 


osseux qui doivent appartenir au même 
genre, il faut compter particulièrement les 
dimensions de ses nageoires pectorales. Elles 
sont assez étendues pour qu'on ait dû les 
désigner par le nom d'ailes; et ces instru- 
mens de natation, et principalement de vol, 
étant composés d’une large membrane sou- 


Hirundo. Plin. Hist. mundi, Lib. 9, cap. 43, edit. 
de Deux-Ponts. 

Milvus cirratus. Sloan. Jamaïc. vol. If, p. 258. 

Mugil alatus' Rondeletii. Jacob. Mus, reg. p. 1, 
fig. 5 , de Piscib. parag. 59, tab. 2 , n° 39. 

Uligende vise. Valent. Amboin. pisc. tom. HIT, 
ab: 02% "É: 

Ormopteros. Klein, Miss. pisc. 4, p. 44, n° 11. 

IHirundo aquatica. Bont. Ind. orient. p. 78. 
_ irundo Plinii Worm. Mus. 1, p. 266. — Gesner, 
p- 454,514; (Gérm.) fol. 17, b.— Belon, Aquat. 192. 
— Salvian, fol. 187.— Aldrovand. lib. 2, cap. 5, 
p.141. — Jonston, lib. 1,tit. 3, cap. 1, a. 3, tab. 17, 
fig. 12. — Willugbby, p. 285, tab. S, fig. 6. — 
Ray, p. 89. ; 

Chelidon. Arist. Lib. 4, cap. 9. . 

Arondelle de mer. Rondelet, prem, part. Liv. ro, 
ehap. 1. 

Ifirondelle de mer, ou rendole. Valmont de Bomare, 
Dict. d’'hist. nat. | 

(2) Trigla digitis vicenis membrané palmatis..... | 
érigla volitans. Lin. Syst. nat..edit. Gmel. gen. 172, 
Sp. 9. SONNINI. 


DES DACTYLOPTERES. 423 


tenue par de longs rayons articulés, que 
l'on a comparés à des doigts comme les 
rayons des pectorales de tous les poissons, 
les ailes de la pirapède ont beaucoup de 
rapports dans leur conformation avec celles 
des chauve-souris, dont on leur a donné 
le nom dans plusieurs contrées; et nous 
avons cru devoir leur appliquer la déno- 
mination générique de dactylopiére, qui a 
été souvent employée pour ces chauve- 
souris , aussi bien que celle de cherroptére, 
et qui signifie aile attachée aux doigts, ou 
formée par les doigts (à). 

La pectorale des pirapèdes est d’ailleurs 
double , et présente par conséquent un ca- 
ractère. que nous mavons encore vu que 
dans le lépadogastère gouan. À la base de 
cette aile, on voit en effet un assemblage 
de six rayons articulés réunis par une meim- 
brane, ei composant par conséquent une 
véritable nageoire qu’il est impossible de ne 
pas considérer comme pectorale. 

De plus, l'aile des poissons que nous exa- 
minons offre une. grande, surface ; ‘elle 
montre ; lorsqu'elle est déployée, une fisure 
assez semblable à celle d'un de et elle 

Le Mo nt Sete cd me NS 

(1) Laktylos veut dire doigt , et péeron, aile, 

| Dd 4 


42% H TS T:0 LR FE 

atteimt le plus souvent au delà de la na- 
geoire de l'anus et très-près de celle de la 
queue. Les rayons qu’elle renferme étant 
assez écartés l’un de l’autre lorsqu'elle est 
étendue, et n'étant liés ensemble que par 
une meinbrane souple qui permet facile- 
ment leur rapprochement, il n’est pas sur- 
prenant que l’amimal puisse donner aisément 
et rapidement à la surface de ses ailes, cette 
alternative d’épanouissement et de contrac- 
tion , ces inégalités successives, qui, pro- 
duisant des efforts alternativement inégaux 
contre l'air de l'atmosphère, et le frappant 
dans un sens plus violemment que dans un 
autre, font changer de place à Panimal lancé 
et suspendu , pour ainsi dire, dans ce fluide, 
et le douent véritablement de la faculté de 
voler (1). 

Voilà pourquoi la pirapède peut s'élever 
au dessus de la mer, à une assez grande 
hauteur, por que la courbe qu'elle décrit 
dans l'air ñe la ramène dans les flots que 
lorsqu'elle a franchi un intervalle ésal, sui- 
vant quelques observateurs , au moins à une 
trentaine de mètres (quinze Loises ); et voilà 
pourquoi encore, depuis Aristote jusqu’à 


œœ 


(1) Voyez le Discours sur la nature des poissons. 


DES DACTYLOPTERES. 4925 
nous , elle a porté le nom de faucon de la 
mer, et sur-tout d’Airondelle marine. 

Elle traverseroit au milieu de l'atmosphère 
des espaces bien plus grands encore, si la 
membrane de ses ailes pouvoit conserver 
sa souplesse au milieu de l'air chaud et 
quelquefois même brûlant des contrées où 
on la trouve : mais le fluide qu’elle frappe 
avec ses grandes nageoires les a bientôt des- 
séchées, au point de rendre très-difliciles 
le rapprochement et l’écartement alternatifs 
des rayons; et alors le poisson que nous 
décrivons , perdant rapidement sa faculté 
distinctive , retombe vers les ondes au dessus 
desquelles il s'étoit soutenu, et ne peut plus 
s’élancer de nouveau dans l’atmosphère que 
lorsqu'il a plongé ses ailes dans une eau 
réparatrice, et que, relrouvant ses attributs 
par son immersion dans son fluide natal, 
il offre une sorte de petite image de cet 
Antée que la mythologie grecque nous re- 
présente comme perdant ses forces dans 
l'air, et ne les retrouvant qu’en touchant 
de nouveau la terre qui lavoit nourri. 

Les pirapèdes usent d'autant plus souvent 
du pouvoir de voler qui leur a élé départt, 
qu’elles sont poursuivies dans le sein des 
eaux par un grand nombre d'ennemis. 


426 CUMTSTOPRIE 
Plusieurs gros poissons , et parliculiérement 
les dorades et les scombres, cherchent à les 
dévorer ; et telle est la malheureuse desti- 
née de ces animaux qui, poissons et oiseaux, 
sembleroient avoir un double asyle, qu'ils 
he trouvent de süreté nulle part, qu'ils 
n'échappent aux périls de la mer que pour 
étre exposés à ceux de latmosphère, et 
qu'ils n'évitent la dent des habitans des eaux 
que pour être saisis par le redoutable bec 
des frégates, des phaéions, des mauves et 
de plusieurs auires oiseaux marins. 
Lorsque des circonstances favorables éloi- 
guent de la partie de l'atmosphère qu’elles 
traversent, des ennemis dangereux, on les 
voit offrir au dessus de la mer un spectacle 
assez agréable. Avant quelquefois un demi- 
mètre (un pied et demi) de longueur, agi- 
tant vivement dans l’air de larges et longues 
nageoires, elles attirent d’ailleurs l'attention 
par leur nombre, qui souvent est de plus 
de mille. Mues par la même crainte , cédant 
au même besoin de se soustraire à une 
mort inévilable dans l'Océan, elles s’envo- 
lent en grandes troupes; et lorsqu'elles se 
sont confiées ainsi à leurs ailes au milieu 
d'une nuit obscure, on les a vues briller 
d'une lumière phosphorique, semblable . à 


DES DACTYLOPTERES. 427 


cellé dont resplendissent plusieurs auires 
poissons, et à l'éclat que jettent, pendant 
les belles nuits des pays méridionaux, les 
insectes auxquels le vuigaire a donné le 
nom de vers luisans: Si.la.mer est alors 
calme et silencieuse, on entend lepetit bruit 
que font naître le mouvement rapide de 
leurs ailes et le choc de ces: instrumens 
conire les couches de l'air; et on distingue 
aussi quelquefois un bruissement d’une autre 
nature, produit au travers des ouvertures 
branchiales par la sortie accélérée du gaz 
que l'animal exprime, pour ainsi dire, de 
diverses cavités intérieures de son corps, 
en rapprochant vivement leurs parois. Ce 
bruissement à lieu d'autant plus facilement, 
que ces ouvertures branchiales élant très- 
étroites, donnent lieu à un frôlement plus 
considérable; et c’est parce que ces orifices : 
sont très-petits, que les pirapèdes, moins 
exposées à un dessèchement subit de leurs 
organes respiratoires, peuvent vivre assez 
long-tems hors de l’eau (1). 

On rencontre ces poissons dans la Médi- 
terranée et dans presque toutes les mers des 
climats tempgérés; mais.c'est, principalement 


ae 


K{ 
(1) Discours sur la nature des poissons. 


428 ET SF O0 PR:E 
auprès des tropiques qu’ils habitent. C’est 
sur-tout auprès de ces tropiques qu'on a 
pu contempler leurs manœuvres et observer 
leurs évolutions. Aussi leur nom et leur 
histoire ne sont-ils jamais entendus avec 
indifférence par ces voyageurs courageux 
qui, loin de l’Europe, ont affronté les tem- 
pêtes de l'Océan et ses calmes souvent plus 
funestes encore. Ils retracent à leur sou- 
venir leurs peines, leurs plaisirs , leurs dan- 
gers, leurs succès. | 

Cependant quelles sont les formes de ces 
poissons ailés ? 

La tête de la pirapède ressemble un peu 
à celle du céphalacanthe spinarelle. Elle est 
arrondie par devant et comme renfermée 
dans une sorte de casque où d’enveloppe 
osseuse à quatre faces , terminée par quatre 
aiguillons larges et alongés, ét chargée de 
petits points arrondis êt disposés en rayons. 
La mâchoire supérieure est plus avancée 
que l'inférieure. Plusieurs rangs dé dents 
très-petites sarnissent l’une et l’autre de ces 
deux mâchoires: et l’ouverture de la bouche 
est très-large, ce qui donne à la pirapède 
ün rapport de plus avec une hirondelle. La 
langue est courte, épaisse et lisse comme le 
palais. Le dessous du corps présente une 


DES DACTYLOPTERES. 429 


surface presque plate. Les écailles qui cou- 
vrent le dos et les côtés sont relevées par 
une arête longitudinale. 

Le rougeâtre domine sur la partie supé- 
rieure de lanimal, le violet sur la tête, le 
bleu céleste sur la première nageoire du 
dos et sur celle de la queue, le verd sur la 
seconde nageoire dorsale; et pour ajouter à 
cet élégant assortiment de bleu très-clair, 
de violet, de verd et de rouge, les grandes 
ailes ou nageoires pectorales de la pirapède 
sont couleur d'olive, et parsemée de taches 
rondes et bleues, qui brillent, pour ainsi 
dire, comme autant de saphirs , lorsque les 
rayons du soleil des tropiques sont vivement 
réfléchis par ces larges ailes étendues avec 
force et agitées avec vitesse (1). 

On compte plusieurs appendices ou coe- 


(1) A la membrane branchiale. . . : 7 rayons. 
À la première nageoire du dos . 6 
A lseconde: re ete NE nr 
À chacune des grandes nageoires 
pectorales . . un). . + 20 
À chacune des petites . . . . . 6 


(ep 


A chacune des thoracines 
'Mrcelleïde Panus 5 00 II 
À celle de la queue . . . . - 12 


430 HT SITOMRR: E 


cums auprès du pylore ; et les œufs que 
renferment les doubles ovaires des femelles 
sont ordinairement trés-rouges. 

La chair des pirapèdes est maigre ; elle est 
aussi un peu dure, à moins qu’on ne puisse 
la conserver pendant quelques jours. 


DES DACTYLOPTERES.  45à 


LE WA CTYLOPTERE 
JAPONAIS (1)(2), 
PALR LAC É B.D.DLE. 
Re ESPÈCE. 


Ox trouve dans les mers du Japon ce dac- 
tyloptère , qui, de même que la pirapède, a 
été inscrit jusqu’à présent dans le genre des 
trigles. Il a été décrit par Houttuyn. Il ne 
parvient guère qu’à la longueur d’un déci- 
mètre et deini (près dé cinq pouces). On 
voit deux aiguillons longs et aigus à sa 
mâchoire inférieure et au bord postérieur 
de ses opercules. On compte onze rayons 


(1) Dactylopterus japonicus. Houttuyn ;, Act. 
Hal XX 2: p. 530 ne0 

Trigla alata.Lan. édit. de Gmelin. 

(2) T'rigla digitis undenis membrané palmatis..... 
trigla alata. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 172, 
sp. 13. — Artedi , Gen. pisc. gen. 32, n° 20. additam. 
species adhus dubiæ. SONNINI. 


4932 HISTOIRE 


à chacune de ses petiles nageoires pecto= 
rales (1). 


LL 


(1) A la première nagcoire du dos. 7 rayons. 
A chacune des petites nageoires 
pectorales". 44h58 0e ee II 
A chacune des thoracines. . . . 6 
À celle de Pants. AM LE 06 14 


Ascelle dela queue js ss «tes. 14 


QUATRE - 


DES PRIONOTES. 453 


QUATRE-VINGT-QUINZIÈME GEN. 
PAR LACÉPEÈDE, 


LES. P RLONOTES. 


Dss aiguillons dentelés entre les deux 
nageoires dorsales ; des rayons articulés 
et non réunis par une membrane auprès 
de chacune des nageoires pectorales. 


E S P É C E. 


LE PRIONOTE VOLANT ; prionoius evolans. 
— Trois rayons articulés et non réunis par 
une membrane auprès de chacune des na- 
geoires pectorales. 


Poiss. Tome VIIL. Ee 


434 HISTOIRE 


L'AE U PP TO NO ME 
VOLANT (1(2), 


P'AUR AMC EEE MT 


Ex comparant les caractères génériques 
des dactyloptères et des prionotes, on voit 
qu'ils différent assez les urs des autres pour 
que nous ayons dü les séparer; et cependant 
ils se ressemblent assez pour qu’on ait placé 


(1) Prionotus evolans. 

Trigla volitans minor. Browne , Jamaïc. 453, 
tab. 47, fig. 3. 

Trigla evolans. Lin. édit. de Gmelin. 

Trigle le volant. Daubenton , Encycl. méthod. — 
Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. 


(2) En anglais , flying gurnard. 

Trigla digitis ternis, mucronibus tribus serratis 
pinnis dorsalibus interpositis. ... trigla evolans. Tän, 
Syst. nat. edit. Gmel. gen. 172, sp. 8. — Artedi, Gen, 
pisc. gen. 52, n° 11. additament. SONNINL, 


2 


DES PRIONOTES. 435 
les prionotes , ainsi que les dactyloptères, 
parmi les trigles dont nons allons nous occu- 
per. Ils sont liés particulièrement par la 
forme de leur tête et par une habitude 
remarquable. Le prionote que nous décri- 
vons a la surface de sa tête ciselée de ma- 
nicre à représenter des rayons ; et de plus il 
a la faculté de s'élever dans latmosphtre 
et de s’y soutenir pendant quelque tems 
comme les dactyloptères. C’est cette der- 
nière faculté qui lui a fait donner le nom 
spécifique de volant; et. nous avons cru 
d'autant plus devoir le désigner par le nom 
générique de prionote (1), qu'indépendam- 
ment de trois aiguillons dentelés qui s'éle- 
vent entre les deux nageoires de son dos, 
le premier rayon de la seconde dorsale et 
les deux premiers de la première sont un 
peu dentelés par devant. Les pectorales sont 
assez longues pour atteindre à la moitié de 
la longueur du corps; et étant d’ailleurs 
très-larges , elles forment des ailes un peu 
étendues, que leur couleur noire fait sou- 
vent distinguer à une grande distance. 


Ge RE 


(1) Prion signifie scie, et noéos veut dire dos. 


Fe 2 


/ 


456 HITS T'OTRES etc 


La nageoire de la queue du prionote vo- 
lant est fourchue (1). 


(1) A la membrane des branchies . 8 rayons. 
A la première nageoire du dos. . 8 
À 1R SECONGE! La Re à «SMS, T0 
À chacune des pectorales . . . . 13 
À chacune des thoracines . . . 6 
Ace dl'anus hd «este iTE 
A pelle dé lasquene, 5.2. “ur 1:13 


Fin du huitième Folume. 


po 0 mi 4 


LA BE UE 


Des malières contenues dans ce huitième 


Volume. 


Soir des caranx. Le caranx carangue , dixième 
espèce, par Lacépède. Page 5 
Ze scombre à bandes, le verdier , pl XXXIV. Le 
cruménophthalme, le maquereau de Plumier, le 
walin-parei, le scombre rouge. Le caranx fascé, 
le caranx chloris, le caranx cruménophthalme , le 
caranx plumier , le caranx klein, le caranx rouge, 
11°, 12°, 13°, 14°, 15° et 16° espèces , par le méme. 7 
Le ferdau, le gæzz, le sansun, le kirm. Le caranx 
ferdau, le caranx gœss, le caranx sansun, et le 
caranx korab, 17°, 16°, 19° e£ 20° espèces, par le 
méme. . 14 
Soixante - {roisième genre. Les trachinotes, par le 
mérite. 20 
Le faucheur. Le trachinote faucheur, par te même. 
21 

Soixante-quatrième genre. Les caranxomores, par le 
méme. 24 
Le caranxomore pélagique, première espèce, par le 
mnéme, 26 
—— plumiérien, seconde espèce, par le méme. 28 


Ee 3 


4338 TA D LE 


Le pilitschei. Le caranxomore pilitsche: , troisième 
espèce, par le même. 29 
Soixante-cinquième genre. Les cæsio , par le méme. 31 
Le cæsio azuror, première espèce, par Lacépède. 32 
Le poulain. Le cæsio poulain, seconde espèce, par 
le méme. 36 


Soixante-sixième genre. Les cæsiomores , par le même. 


°q 
Le cæsiomore baillon , première espèce, par le méme. 
40 
—— bloch , seconde espèce , par le méme. 42 
Péches des scombres. Péche du thon. 44 
Péche du maquereau. 81 


Suite du tableau du dix-neuvième ordre de la classe 

entière des poissons , par Lacépède. go 
Soixante-septième genre, Les coris, par le méme. 103 
Le coris aigrette, première espèce , par le méme. 104 
—— anguleux , seconde espèce, par le méme. 107 


. 0. A 
Soixante-huitième genre. Les gomphoses, par le même. 


108 
Ze gomphose bleu, première espèce, par le même. 
109 
——— varié, seconde espèce , par le même. 113 


Sorxante-neuvième genre, Les nasons, par le même. 
114 
Le licornet. Le nason livornet, première espèce, par 


le méme. 119 


Le nason loupe , seconde espèce, par le même. 121 
Soixante-dixième senre. Les kyphoses, par le même. 
2 124 

Le kyphose double-bosse , par le méme. 125 
Soixante-onzième genre. Les osphronèmes , par le 
méme. 127 

- L’osphronème goramy , première espèce , par le méme. 
128 


2 \ 4 
Le gal. L’osphronème gal, seconde espèce, par le 
méme. 134 
Soixante - douzième genre. Les trichopodes , par le 
méme. 158 

. 0 ei S: 
Le trichopode mentonnier , première espèce, par le 
même. 159 
Le crin. Le trichopode trichoptère, seconde espèce, 
par le même. 145 


Soixante-treizième genre. Les monodactyles, par le 


méme. 147 
Le monodactyle falciforme, par le méme. 148 
Soixante-quatorzsième genre. Les plectorhinques, par 

le même. té 
Le plectorhinque chétonoïde, par le méme. 152 


Soixante-cinquième genre. Les pogonias, par le même. 
105 
Le pogonias fascé , par le même. 156 
Svixante-seizième genre. Les bostryches, par le même. 
159 


Ee 4 


440 TABLE: 
Lebostryche chinois, première espèce , par le même. 160 
Le bostryche tacheté, seconde espèce, par le méme. 163 
Soixante-dix-septième genre. Les bostrychoides, par 
le méme. 164 
Le bostrychoide œillé, par le même. hi6S 
Svixante-dix-huitième genre. Les échénéis, par le 
mérne. 166 
Le remora. L’échénéis rémora, planche XXXK VIT, 
première espèce, par le même. 167 
Le rémora naucrate. L’échénéis naucrate , seconde 
espèce, par le même. | 187 
Le rémora rayé. L'échénéis rayé, troisième espéce , 
par le méme. | 194 
Soixante - dix-neuvième genre. Les macroures, par 
le méme. 106 
Le macroure. Le macroure berglax, pl. XXX VII, 
par le méme. 197 
Quatre-vingtième genre. Les coryphènes, par le même. 
201 
Le dorade d'Amérique. Le coryphène hippurus, 
pl XXXVIIT , première espèce , par le méme. 207 
Le doradon. Le coryphène doradon , seconde espèce, 
par le méme. 215 
La dorade de la mer du Sud. Le coryphène chrysurus, 
troisième espèce, par le méme. | 218 
La petite dorade. Le coryphène scombéroide, quatrième 


? A 


espèce , par le même. 226 


TABLE. bha 
Le coryphène ondé , cinquième espèce, par le méme. 
231 


Le pompile. Le coryphène pompile, sixième espèce, 


par le méme. 233 
Le rasoir bleu. Le coryphène bleu, pl. XX XVIII, 
septième espèce, par le méme. 256 


Le paon de mer. Le coryphène plumier , huitième 
espèce, par le méme. 238 
Le rason. Le coryphène rasoir, neuvième espèce , 
par le même. 241 


Le coryphène perroquet , dixième espèce , par le méme. 


244 
—— camus, onzième ëspèce , par le même. 246 
—— rayé, douzième espèce , par le méme. 247 
—— chinois, treizième espèce , par le mére. 249 


—— pointu, quatorzième espèce, par le même. 251 
—— verd et le coryphène casqué, quinzième et sei- 
EN 4 A 

zième espèces, par le même. 252 

1 LA x : LA . , _ 
Quatre-vingt-unième genre. Les hémiptéronotes , par 
le même. 255 
Le rasoir à cing taches. L’hémiptéronote cing-taches, 
pl XXXIX , première espèce, par le méme. 256 
L’hémiptéronote gmelin , seconde espèce ; par le même. 
261 
Quatre-vingt- deuxième genre. Les coryphénoides, 
par le même. 262 


Le coryphénoide hottuynien , par le même. 203 


44a TABLE 


Quatre-vingt-troisième genre. Les aspidophores, par 
le méme. 265 
Le cotte armé. L’aspidophore armé , pl. XXXIX,, 
première espèce , par le même. 266 
Le lisiza. L’aspidophore lisiza , seconde espèce , par le 
méme. 272 
Quaire-vingt-quatrième genre. Les aspidophoroides, 
par le méme. 274 
Ze chabot de l'Inde. L’aspidophoroide tranquebar , 
par le méme. 275 
Quatre-vingt-cinquième genre. Les cottes, par le même. 
278 

Le grondeur. Le cotte grognant, pl. XL, première 
espèce, par le méme. 281 
Le scorpion de mer. Le cotte scorpion, pl. XL, seconde 
espèce , par le même. 287 
Le cotte quatre-cornes ; troisième espèce, planche XL, 


par le méme. 295 


raboteux , quatrième espèce , par le même. 299 
—— austral, cinquième espèce , par le méme. Bot 
—— insidiateur, sixième espèce, par le même. 302 
—— madégasse , septième espèce , par le méme. 304 
—_— noir, huitième espèce , par le méme. 506 
Le chabot, Le cotte chabot, pl. XLI , neuvième espèce, 

par le méme. 308 
Quatre-vingt-sixième genre. Les scorpènes, par le 


méme. ‘ 316 


EAIBIE. 443 
La scorpène cräpaud. La scorpène horrible, pl. XL, 


première espèce , par le même. 520 
—— africaine, seconde espèce, par le méme. 327 
—— épineuse , troisième espèce, par le méme. 529 
—— aiguillonnée, quatrième espèce, par le même. 

330 
—— marseillaise, cinquième espèce, par le même. 
332 


® CR] Al A 
—— double-filament , sixième espèce, par le même. 


334 
=—— brachion , septième espèce, par le méme. 336 
—— barbue, huitième espèce, par le même. 335 


La rascasse. La scorpène rascasse, pl. KLIT, neu- 
vième espèce , par le méme. 539 


La scorpène mahé, dixième espèce, par le méme. 


344 
—— truie, onzième espèce , par le même. 347 
—— plumier, douzième espèce, par le méme. 35: 


—— américaine , treizième espèce , par le méme. 553 
—— didactyle, quatorzième espèce, par le méme. 
355 

—— antennée, quinzième espèce , par le même. 558 
—— volante, pl. XLII, seizième espèce, par le 
même. 561 
Quatre-vingt-septième genre. Les scombéromores , par 
le même. 367 


Le scombéromore plumier, par le même. 368 


4% TABLE. 
Le tassard , par le docteur Bloch. 370 
Quatre-vingt-huitième genre. Les gastérostées, par 
Lacépède. 577 
L'épinoche , la petite épinoche , la grande épinoche, 
Le gastérotée épinoche, le gastérostée épinochette, 
et le gastérostée spinochie, 1°, 2° et 3° espèces, 
par le méme. 578 
Quatre-vingt-neuvième genre, Les centropodes, par 
le méme. : 589 
L’abou-tabak. Le centropoderhomboidal , par le méme. 
590 
Quatre-vinst-dixième genre. Les centrogastères > par 
le méme. | 392 
Le centrogastère brunâtre , et le centrogastère argenté, 
1° et 2° espèces , par le même. 393 
Quatre-vingt-onzième. genre. Les centronotes, par le 
même. 595 
Le pilote. Le centronote pilote, première espèce, par 
le méme. 598 
Le centronote acanthias, et le centronote glaycos, 
2° et 5° espèces , par le méme. 403 
Le lysan. Le certronote argenté ; le centronote ovale, 
et le centronote lyzan, 4°, 5° eë 6° espèces, par Le 
méme. 405 
Le crevalle , la liche. Le centronote carolinin , le cen- 
éronote gardénien , et le centronote vadigo, n°, 8° et 


0° espèces , par le même. 408 


i] 

TABLE 445 
L’éperon, le nègre. Le centronote éperon et le centronote 
nègre, 10° et 11° espèces, par le méme. 4ai 

- . . , ° 
Quatre-vingt-dousième genre. Les lépisacanthes, par 
le méme. 414 
Le lépisacanthe japonais, par le méme. 415 
Quatre-vingt-tretzième genre. Les céphalacanthes, par 
le méme. 417 
Le céphalacanthe spinarelle, par le même. 418 
Quatre-vingt-quatorzième genre. Les dactyloptères, 
par le méme. 420 
Le dactyloptère pirapède , première espèce, par le 
méme. #21 
Le dactyloptère japonais, seconde espèce, par le même. 
452 
Quatre-vingt-quinsième genre. Les prionotes, par le 
méme. 4353 


Q L . A A4 
Le prionote volant , par le méme. 434. 


Tin de la Table. 


rs 


€ 


- 
# 


+ 


. 
: Pi 
” 
ÿ 
us 
! 


* 


pa L Nu nt 
ALES RPUE 
\ Ty 


"1 14 { ” UNE 
‘* PUR Li 


We: 
4 


“UM VE 


\ ER NES 


RAM A 
Sal 


by 


4 


4 
A 2; 


Case 
Ad 


! | 
; ; L l ñ 

DR OA AT EU ER CI l 

ANNEE | | Ru È 

AE / L , sy 

NN NPMMOE Gi 3 fe | 


CAL ‘ Lu | ‘à % 
M Cr Û LA 
f Ë pl à n " : 10 | à 
DE] ! L ÿ l'h D: A = Le k { à m4” : V 
| : | de it un V RON EN Le 0 MP 
: nn : N 1 MEN L | LES L Ne U - LE 
CN DA TT Can ROM MONUE 2 ELU 'VUR | 
QU | 79": NE” 7 4 Je FA \ me \ 4 un | 
Lu n J ! | K In AR: MA V T1 AR re 
AUTRES ou En EN PLU eo 
ü # k l er: : "Ua à En Va k "1 | ! OU D 
[ | |] Co RAA L « : L a Ne L LT FL 4 
: il L” Lure à MEN À 9 " me n' A 
| { | In MS ; di L : : à | ni DT ME 
DAT : à moe PNR: L 10 
nN in, OMR LR 
L Le CN 1 . TL . à | | 
| f 1 : n\' L U 8 in l 
LME if 1 21 
JT) A : } | 
(A? LE | [Nr je! | it 
ri CAN À u 
PNA Lu Hi 1 Pt 1h ” L r 
A” E 4 ne : « nn? sue | 
L | 1 D: A nn, : 
NT ll LY EU : ) À FI | 
OU Ce HR 
| d: ; d LY h NRA (A h : À 7 
L Li: ou Los 2" Fa | 
en, © Lip | A 
| QU ur L | VU nl (Pl P, QE v 
0” mn A vf : È J) L : % rh : 
j Ÿ VOL Li 0 ! ga : Le | Û 
SEE __ RL le LA ‘1 
mn U'ES } U LS JR à AC 
j : LRU DT 7 Ji 
AS r ni LU : FT à . ALUE L 


Us 


: Ju f: AE 1 
ol Len u AN ART 
[72 y Ÿ : , ; 


: PT Fi 
Ne il n° RER 
| AUS 41 Ê Run LI DT NT 
nr ur L an 10 
EN DL L 
: ((T 16 


LT 
4 #4) PES | 
Ni: h ins pi fi Pr 
| L. At à | 

Ve TE N'A 

Le Wii Fa va 
b 10m h vi a 


( ne 
1D ms f 


A 
Hratt 


ANA tr x" d Du À “Na Vuar «he ble: dr , AR 
if ‘ )' 1 4 


STITUTION LIBRARIES 


| 


(ALL 


88 00744 0431