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HISTOIRE PARLEMENTAIRE
BE tk
RÉYOLUTIOIN FRANÇAISE,
OU
JOURNAL DES ASSEMBLÉES NATIONALES»
BBPQ» 1788 msQu'jBii 1815.
1
1
PAHIS. ^ m PBIMBaiE DE F^LIX L0<K2tJlN ,
rue Notie-DamQ-dtt-Yictoires^ n* Itf,
HISTOIRE PARLEMENTAIRE
DE LA
RÉVOLUTION
-; 3^ FRANÇAISE,
oc
JOURNAL DES ASSEMBLÉES NATIONALES,
DEPUIS 1789 jusqu'en 1815 ,
COVTBVAVT
I^a Narration des éTénemens ; les Débats des Assemblées ; les Discussions des
Srincipales Sociétés populaires , et particulièrement de la Société des Jaco-
ins ; les procès-yerbanx de la commune de Paris ; les Séances dn Tribunal
réTolutionnaire ; le Compte-rendu des principaux procès politiques ; le
Détidl des budgets annuels; le Tableau du mouTement moral extrait des
Journaux de chaque époque, etc.; précédée^ d*une Introduction s,ur Tbis*
leire de France Jusqu'à la conTOcation des Etats-généraux ,
PAB B.-J.-B; BUCHCZ ET P.-C. ROUX.
TOME SIXIÈME.
PARIS.
PAULIN, LIBRAIRE,
FEiACB Dl I.A BOUBSB, N* 31.
MDGGGXXXIY.
y
PRÉFACE.
Ar^^toque où nous sominjes parvenus , l'asseipUée nationale possède
complètement l'autorité souyeraine. Elle n'a plus d'opposition à craindre,
elle est maîtresse de la rérolutîon; elle peut tout ce qu'elle veut. Pourr
quoi donc' ne sort-elle pas d'qn système qiH n'a plus ni dignité ni valeur
dès Qu'U cesse d'âtre une tactique d'o]>pn$itîon contre des privilèges op-
presseurs; pourquoi ai^ )ieu de se précautionner toujours contre legour
yernuep^ent , ne pas s'occupa: tput de suite de constituer un pouvoir dont
la nation n'ait rien à redouter , et des services seulement à recevoir?
L'assemblée nationale était en demeure de tout créer : jamais position s|
favorable ne s'était encore rencontrée; et si elle eût agi comme elle était
appelée, |a fardeau d'un demi-siècle de désastres et de malheurs eût ét^
été à la Fc^ince et à l'Europe! elle manqua àsa mission, elle devait y maur
quer , parce qu'en majorité elle était imbue d'une fausse doctrine : et ell^
se laissa tromper et corrompre parce qu'elle ignorait la vraie doctrine.
I^ majorHé des membres de la constituante était uniquement
préoccupée de la doctrine du droit naturel. Comment avec un tel priai
cipe devant les yeuiL, pouvait-elle apercevoir qu'il y avait autre chos^ ^
constituer que le temps présent, autre chose qu'à éloigner le mal qiù
pesait bier sur les diairs actuellement vivantes et à en prévenir le re-,
tour; mais que de plus il. fallait organiser la société en vue des efTortq
que commandait le but à venir qu'elle devait atteindre; qu'il fallait c^sn
tituer le progrès comme princ^ie et comme moyeu de gouvepiemenJt^
De telles pe^sées étaient impossibles à concevoir, au point de vcue dq *
droit naturel; car la plus générale conch^sion pratique de celui-ci, c'est
que le n^eilleur gouvernement est celui qui assiste en spectateur in^pas^,
sible à Fagitation des intérêts individuels, les protégeant. tous confr^
tons f et n'en ayant lui-ijbme aucun , pas même celui de la prévoyance.
L'assemblée nation^e a donc enfermé nos destinées dans un cercle
fatal , dans leqi^ noi^ tournons depuis 45 ans.
L'assemblée nationale ne cimnaissait pas la vraie doctrine, celle d'où
l'on peut déduire un but d'activité poqr les notions et pour les individuel*
En vfâité, on |a le cœur navré quai^d ou voit qu'il suffisait d'étendre la
maîn , d'(9uvrir les yeux pour saisir la planche de salut. On s'indign»
contre ee baul clergié, qui avût ss^i de tant d'impuretés le christianisme,
qu'il en étfiut coutert et eaché ; on se prend à maudire ces ministres qui
«raient feit une église à leur nm^, s^rvile , impie, simoniaque à e»
point que tous les bommes généreux en détournaient les regards. Le>
pins grand nomlnre de ces hommes se réfugia dans la doctrine de la sou-
venÛBtité du peuple; mais, on n'avait alors défiai ni le mot de sonveraî-
*. VI. a
PRÉFACE.
neté ni le mot penple ; 3 y a plus, on ne ponvait en connaître la valeur
que â'un point de vue plus élevé que tous deux, celui de la loi morale
Imposée à l'humanité.
Les expressions, but d'activité, devoir, progrès, sont identiques au
fond , c'est une même idée sous trois mots différens. En effet , qui dît
but d'activité sociale suppose qu'il y a un résultat à atteindre , un ordre
de choses à créer, qui existera seulement à la condition de longs et pé-
nibles efforts. Dans cette carrière où le père ne sème et ne plante jmnais
pour lui mais toujours pour ses petits enfans , chaque effort est un pro-
grès , chaque effort est un dévoûment , car il est gratuit.
Pour concevoir toutes ces choses , il Êiut admettre qu^il exBte une loi
morale supérieure , indépendante des temps et des lieux , vis-à-vis de la-
quelle l'humanité comme tous les êtres qui composent cet univers n'est
que fonction. La majorité de l'assemblée nationale ne croyait pas à cette
loi : on avait enseigné que chacun ici-bas venait au hasard , et sans but j
conmie si le hasard pouvait exister dans ce monde , comme si le hasard
était autre chose que le mot par lequel nous couvrons notre ignorance ;
conune si entre les puissans mouyemens de la machine uni^?«rselle, il
pouvait exister un être qui n'eût pas sa place marquée et qui vécât ce-
pendant.
Oui , de même que chaque être ici-bas placé , si petit qu'il soit , a un
but , soit qu'il l'accomplisse librement, soit qu'il l'accomplisse parla force
des lois brutes , qui sont en lui , de même l'humanité a un résultat à at-
teindre, un devoir à accomplir; chacun de ses membres , vis-à-vis d'elle,
est dévoué à une fonction, et les nations sont ses membres ) de même dans
les nations, les générationset les individus doivent compte d'une fonction,
et c'est le devoir qui engendre le droit : aux plus grands devoirs appar-
tiennent les plus grands droits. Celui qui reste oisif et stérile dans cette
grande hiérarchie, ne mérite rien que pitié. Et que l'on ne dise pas qu'il
y a erreur dans cette fbrmnle; car si vous en retirez un mot , rien de ce
que vous voyez aujourd'hui, de* ce que vous admettez , de ce que vous
aimez, n'existera. Il n'y aura plus de patrie ^ur vous. Gomment, en
effet , concevoir qu'il y ait société là où il n'y a pas activité commune, et
comment concevoir qu'il y ait activité s'il n'y a pas de but. Ainsi, quelle
que soit la route qu'on dioisisse , on se trouve ramené à ce centre iné-
vitable où l'on voit qu'il doit exister et qu'il existe une loi morale supé-
rieure indépendante des t^nps et des lieux.
L'absence de cette croyance amoindrit et rend stérile la plupart des
essfflâ de la constituante, lorsqu'ils tendent à autre chiose qu'à une ré-
forme, et qu'ils touchent quelqu'une des questions fondamentales de la
sodété. Ainsi fut-il dans l'une de celles que renferme le volume qm va
suivre , celle du droit de guerre et de paix. C'était l'occasion de faire une
déclaration du droit des gens ^ et par suite de réformer ou de compléter
la déclarationdes droits , car ce Jus genféum n'est pas seulraaent le prin-
cipe d'où émane le droit de la guerre et celui de la paix^ il est aussi le
principe de tous les buts d'activité nationaux. Au lieu de cela, iqprès avoir
PHiFÀCE. XJ
écarté cpdqilêsteDUtîves timides et incomplètes, pour abmrderlagéûé-
raliiétcmfelMrDa à décréter la forme de la déclaration. Nous allons
examiner cette question.
Les nations ne peorent contracter ^tre elles qae si elles ont nn prin-
cipe comman qui puisse servir à la fois de base à la discassîon de leurs
intâéts, et de sanction à leurs engagemens. Autrement, 11 y aura
guerre entre elles , et guerre sans fin ; elles ne cesseront de combattre
que par épuisement de forces, et encore celte trêve ne durera que jusqu*à
ce que celle»<i soient réparées, maiâ, jamais il n'y aura paix réelle et
ienïie. Consultez, en efîét, l'expérience du passé. Avant que le cluî»'
lianisme fut devenu la foi de l'Europe , il n'y avait pas de droit des gens.
Vous ne trouvez alors que la France', et la France toujours en hostilité
avec les croyances qui ne sont past les siennes. Elle se bat sans relâche,
tantôt avec les Ariens, tantôt avec le paganisme du nord, tantôt avec
le mahométisme. Lors même quA son sol est envahi , sillonné , presque
possédé par les peuplades normandes , elle ne cède pas » elle ne le peut
en effet : elle ne fait la paix , que lorsque ces peuplades ont adopté sa
croyance, et reconnu sa loi mmrale. Dans cette longue lutte dé sept
âèdes, elle consent seulement des trêves; à peine aperçoitron une fois
une apparence de paix , lorsque deux de ses rois s'allient par le sang à
une famille royale arienne; encore cette alliance devient, chez elle, le
sujet d'une guerre civile, de cette guerre fameuse entre Frédégonde et
Bmnehaut, où la femme française, la catholique Frédégonde finit par
triompher de sa rivale de race étrangère. Examinez plus tard, comment
se conduisent les rois de l'Europe chrétienne avec les Mahométans de
Turquie et d'Afrique. Vous ne trouvez point de traités de paix, mais
seulem^t des trêves, et cependant le Mahométisme n'était qu'une hé-
résie durétienne. On nous objectera ^'espèce d'alliance qui s^établit entre
la Porte-Ottomane et notre roi François P'. Nous pourrions Répondre
qu'alors la foi était bien affaiblie à la cour de France, et presque con-
vertie en incrédulité. Mais, en réalité, dans cette ciroonstanoe il n'y eut
rien de sembliA)le à ce qne l'on appelle ai droit un contrat de pacifica-
tion. C'était une convention étaUîe d'après des convenances militaires.
François I^ prenait le Turc pour alUé , au même titre qu'il engageait à
sa solde des soldats mercenaires; et quant à la Porte elle voyait dans le
roi de France, non pas un allié, mais un serviteur, mais un Raja, et
elle lui acoordjdt sa protection ainsi qu'à un sujet : il n'y avait dans ce
mode de relation, rien de semblable à ce que l'on doit entendre par un
traité de paix. En définitif, l'Europe ne contracta réellement avec la
Porte que depuis moins jd'nn demi-dède. Nous verrons bientôt pourqm»
cela est devenu possible.
Si l'on ne trouve pas suffisant l'exemple que nous tirons de l'hlstom
de Ja civilisation moderne, qu'on remonte plus haut, et que l'on re-
. cherche comment les Romains agissaient avec les natitms qoi ne leur
étaient j[Mkssou]xdses. ' .
Aux temps de la république, il n'y avait entre les Romains et le resté
âtt qu>^} nulle wufSixmiMt^ f»vmmt. àmA te wéinllÉnénwa
ce principe de iie fiiire la pa^: «T«c un ennemi que lenraqu'eUe Ww^
vainca. Et quelle était cette paix? C'était pour rentiWBÎ la perte ée ton»
ces moyens de Mtxm, la démeli^oa^e^' pUiœ» knH^y la dettrnetion
des vaisseaux , l'enlèvepient des armes , la défense de coptcactcv anoann
alliance, ^ responsabilitédesotages, ^tcli'tiistoirede la gœrre punique
nous offre un tableau complet de la dii^ematie romaine. Cependant^
nous dira-t-on, ces républicains avaient des alliés! il est vrai, mn^
quels alliés? C'étaient les peuples vaincus, et il ne leur était permis d^
v^vre qu'à condition de combattre pour leurs maîtres. Ainsi , parce qu^il
n'y avait point de principe commun de discusûon et de confiance , il n*f
avait pas cl^ez les anciens de traité possible.
En effet , nous pouvons croire à la promesse d'un étranger^ seulement
si nous avons la certitude de deux garanties d'espèces différentes , on dq
l'une des deux au moins. Il faut que nous soyons assurés d'abord que
9on intérêt est positivement tel qu'il nous a dît l'être, et qu'en consé-
quence son intérêt lui commande de rester fidèle au parti convenu. Pour
oela , il faut que nous ayons un système commun de raisonnement , et
un système sonblable d'intérêt, de manière que nous ayons une intelli-
gence complète de la position et des manières d'agir de notre ennemi
sous l'un et l'autre rapport. Alors nous ne conserverons aucun doute
sur sa conviction , et sur ce qui lui convient. Nous aurons une garant iç
bien autrement sûre si nous pouvons réciproquement nous offrir la sanc-
tion d'une même croyance religieuse. Or, H eft e^t des nations comme
des individus. '
Dans notre Europe moderne, le droit des gens a éprouvé une grave
modification depuis bientôt deux siècles. Ce changement fut précédé des
longues guerres de la réforme qui désolèr^t particulièrement l'Alle-
magne; et ce fut là aussi que furent posées les premières bases de cette
novation. l^a sanction religieuse fut écartée de la diplomatie , et l'oîi
adopta pour prîudpe de contrat le droit de possession , c'est-à-dîrê lé
principe de la légitimité de certaine» ffu^es, on de Thérédîté du droit dé
gouverner les Imnames dans certaines familles. A ce point de vue lé
sultan a un drwt sur la Turquie, égal à oelui que l'empereur pos-
sède sur l'Autridie. La France adhéra à cette modification en signant lé
traité de Munster en '1^8. Cependant bien qu'il n'y eàt plus commu-
nauté religieuse , le systtoe des raisonnemens et des mtérêts , avait été
toné SQUS le règne du christianisme; il était, quoi qu^on fit , proibndé^
ment empreint du long séjour de cette dootrine , en sorte qn'H continua
il, servir de base à la dq)lomatîe.-Cq)endant, depuis ce jour, fat étsâ)!!
l'usage de l'espionnage organisé , de la permanence des ambassades éi
des armi^es, et le vieux dicton sivispacem para hdlum fVitrennsen
pratique. !Ekifin , on imagina le système de la balance européenne. ^
Si te lecteur a bien compris cette narration rapide, et s'il veut consulter
l'histoire que nous avons ici tant resserrée , il aura remarqué que ce fut
par la force même des choses que le droit des gens éprouva la grande
PJKÉFÂÛEi Yii|
modificatioa dojU aoiis f enons de puki. Em €flkt> œ ftit in rëfemie qui
brisa runi4 r^ligieBse dei'Etir^yiet iie laiâsa plus snbâstei* d'àotra
çonuuu^autéiiae celle de9 fatéréte creés ^dant fat domifaAliKni de cette
unité. 'GependaBt, iorçipe. ^mt» cm dunes earail été adiev<ée8^il f
eut des éciiyains %im yovàwc&at prpav«r ip» te ffareit qui s^éfàit ftdt , était
non pas seulement nécessaire, iiwÉieneoreq^'U eacfeMlt^etoat» étenrîté 't
e'est akm.qile «te^iit la ûmXnm^û»M «atuM. Mais si les tins ies-
9^ki!m de dànmiîferjqoè la f^OoUlè dttsMlciis», fihift^MKIé du pdav^iT)
M pn^iété dtt ^dL^et-de» tioi|ta»es y éCfliettt de«dtrok liatufêl ; d'aulif^, dé^
^acsni ^petaiA les çnmàpes^eÉâi^éB parles év«ngâès Venaient détoA-^
tore, ëtiâ»lkeiit qneià liiiert;é|, l'égaUté, ia fraténaîté, aaieeEtfoUdéei^ ète
justice et en. droit. Mbu^ n'avons poiMt tidi» ooeuper îel de ces dei!»
doctrines doM le mMndré devant est de mer le l&re-airbître de fhbn^e^
et d'attribuer àun mstindt «t à un i4|>éÉîtdel)èfe, le fraft de son la-
beur et de son mtellîgeaee. J^<mè nous bomerM» à ife!t-e ob^rver ^jùe là
dernière de ces deux tiiéorfes , oMnibenfée , nodlliée , perftotionnée par
k XYIH^sîède, ëtdt oâle de la nttijorîcé de rasâêïkAlée nationale. Cette
théorie la placaât eiNd^ôndufMtet le luicaèliait. Elle ladispefnsaît dé
regarder rbisbnre iel "de ^edierclier qndlA pôintion «lie devait prendre
vis-à-yi8 le passé , afin de le diangér . *
La révolution française ^étdit inévififlMement destinée à changer lé
droit publié cte i^£arè|»e , et à le ramener H l'étsl où il était avant les
trûtés de Weëtphalie. En ^W&t, dès le premier jour elle adopta pour
figrstène inlériecir d'adkttiatetratloil, un mode radicalement contradiC'*
tfArt anx^princqN» des ^^joiivefneméns eurcq^ns : dès le premier jour ,
eUeSonievait toutes. les .è^asoes, t^le eessait de présenter aux autres
souverainetés la garantie d'une doctrine conunune ; l'état de gueiTê de-
venait imminent. Il en est ainsi depuis quarante-cinq ans, la durée de
la restauration exceptée.
Cette position fut comprise, en partie au moins, ainsi qu'on le verra,
par quelques membres du eôté gauehe : mais leurs propositions lurent
r^oussées par la majorité, qui ne vil dms la question de la faeire et die
la paix qu'une affaire de ^scipline intéiirare , et n'y trouva autre chose
qu'une occasion de plus de montrer sa méfiance contre le pouvoir.
C'était le nioment» suivant nous , de poser en diplomatie la question
morale qcu en était bannie depuis deux siècles ; de ramener le droit des
gens euriçéen à sa véritable et .première origine. Il fallait dire haute-
mi^t que le but de la Franee était de réaliser sooidement le principe
durétien et de transformer en fait le dogme de la fratermlé universelle;
que la France ne reconnaissait point de droit là où n'eristait pas l'œuvre
du deyow commandé par eetle loi. Une senbls^le déclaration ne nous
plaçait pas «kns une position plus hostile que celle où nous nous trou-
vions déjà , mais elle nous impesait le droit et bien plus encore le devoh*
d'intervenir partout où il était opportun. Noos pouvions demander
compte aux rois de la manière dont ils pratiquaient la morale de celui
dont ils confessaient; et adoredent lenom; nous nous ouvrions une large
iuf PHiFACB.
Toie dans rintelligeiioe dès popolatioiiB chrétieiines ; iKnis in^Kwioiis iaaL
peuples étrangers eux-mêmes le devcir de se joindre à noos. H nous
semble que cela eût mieux valu que les déclantions qui fdrenl propo-
sées^et dont le sens général était seulement que la France était en^de^
hors du système diplomatique adopté par les roîs^ et qu'elle ne traiterait
en ffM^«»'g^ que ceux qui attaqueraient ses droits.
Certes, dans ce grand débat qui dure encore, où il s'agit de savoir si
l'humanité sera enfin en possession d'elle-même , hbra d'aooonpilr Itf
loi de son devoir, ou si ^e restera possédée par quelfoes hommes e(
emprisonnée dans le cercle quêteur intelligence ou lenrdépravaëon lui a
tracé, ce serait une vanité méprisable, que la crainte qui serait éxpri-
méepar une nation de perdre son nom. Celte qui au salnt^des hommes
fMTéférerait un vain titre, celle-là mériterait de n'être point comptéew
Mais ce n'est point chose puérite que de craindre une exploitation d'une
autre nature, de redouter la domination de la conquête. Qui nous ga-
rantira contre vous, pourra-t-on s'écrier , tersque nous nous serons li^
vrés avons ? Il n'y a qu'une réponse possibte à une telle question : c'est
de montrer le principe sur lequel et par lequel nous vivons.
On croît toajonrg à une nation qui croit en Dieu. Et coannent voulez-
vous, disaient, il y a deux ans , les Arabes d'Alger , que nous i^utioos
foi à vos promesses ? Vous n'avez pas de Dieu.
Mais d'une nation qui ne proclame d'autre devoir que celui de son in-
térêt et de sonbonbeur, on est justement en droit de se défier, car, il n'y
a dans ces principes d'autre morale que celle de l'exploitation , et si elle
n'agit pas s^on cette morale, c'est une inconséquence qui ne pourra di»-
rer. Or, ce n'est pas des meurtres que demande l'Europe aujourd'hui»
mais la fraternité»
Nous venons de lire dans te Semevr (tome tit, n® 48 } un artide sur
notre ouvrage, pleind'une bienveillance dont nous n'avons qu'à remercier
l'auteur. Il traite uniquement de l'introduction sur l'histoire de Franoe.
Le Semeur parait ne point admettre, ainsi que nous, que le sentiment
chrétien $oit le principe moteur de la révolution française. Suivant lui
« cette révolution et la civilisation moderne elle-même ne sont pas un
dévetepponent mais une excroissance de l'évangile......... l'évangite...
réalise les révolutions dans les individus , avant de les accomplir dans les
peuples. » Si nous comprenons bien cette dernière phrase, elle signifie
que la perfection individuelle est le seul but de l'évangile; et que, cer-
tains que la perfection sodate émanera inévitablement de la peifectton
individudle , les hommes religieux doivent s'abstenir delà vie pditîqa^
et ne s'occuper que de leur propre amélioration. C'est là en effet ce
qu'enseignent la plupart des ministres prolestans, et le pins grand
nondire des prêtres catholiques ; et c'est aussi, nous le croybns^/ parce '
que tel ^ le sens'de leurs prédications , qu'ils n'mt nea k craiittli^e deà<
}'
PKÉtÀCE. tV
de la terre, et qa^ils sont, au àmtrabhe» largement protégés
p«r le penvoir tempeirel.
H en est de cette opinioii oomoie de edyie de oe pliiloeo|^ Grec qui
mait lemoaTemeot: pour faii répondre il suffit de maicherf il suffit de
fidre parier l'évangile. Que le Semeur jette les yeux sur l'admirable oa-
Inrage que vient de publier M. Lamennais (Paroles d'un croyant). Noos
en sommes cartains, après Pavinr la y Une doutera pas qne lechristia-
niamenesoit profondémentsocial, qu'il nerenfermelàmondedePlMxmBe
noeial , ausn bien que celle de rhomme individuel.
N'estHse pas un axiome polilique que celui-ci : celai qui voudra être
ie prçmio' parmi vous, dmt se feire lé serviteur des autres. N'esta» pas
enfeire seulement la traducticm que de dire, ainsi que nous le ftâsons
anjourd'hoi , le pouvoir doit appartenir aux j^us dévoués.
N'est-ce pas un axiome politique encore que celui-d : vous êtes tous
et^aat d'un même père qui ^t Dieu. Car, souvenez-vous que ce mot ftit
jeté dans une société fcmdée sur le principe de la race , et dont le plus sa-
vant pliiloso^e, Aristote, disait qu'il y avait deux natures d'hommes ,
«dledes esclaves , et celle des hommes libres.
Ne sont-ils donc pas sodaux tous ces préc^i^tes, liberté, fraternité,
49liarité, haine du mal , etc. Car la charité chrétienne n'est pas la misé-
rable aumône que l'on jette au mendiant : carttos ne vmt pas dire au-
mdne: car haïr le mal, le combattre, lui faire la guerre, se séparer, s'U
lefeat,de8onpère, d6 sa mère, desafemmeetdesesenlans, renoa-
onraux œuvres du mal (tout cela est dans l'évangile de saint Mathieu }, il
n'y a là rien qui ne commande de sortir decette quiétude, de cette étude
pacifique de la perfection personnelle. Si cela n'était vrai, pourquoi tous
ces martyrs des trois premiers siècles ! La société romaine ne poursuivait-
^llepaseneuxun attentatpolitique? Malheur à ceux qui mettent l'égt^bme
dans la religion, ils la font haïr; et ils font mal pour les autreset pour eux-
mêmes Je le répète, lisez l'épltre de M. Lamennais , et vous vous écrierez
eomme nous , voilà un digne prêtre, voilà la vraie charité chrétienne !
N'imitez pas cependant en la lisant, le concile de Constance, qui,
lorsqu'il examina les propositions de Jean Hus et de Jérôme de Prague,
passa sur tout ce qui regardait la morale et n'y releva aucun enseigne-
naent, mais s'altachant à quelques raisonnemens hasardés, y plaça la
discussion et y attira les yeux du peuple. Ainsi, il transforma des mo-
ralistes en logiciens, des réformateurs politiques en métaphysiciens rai-
aonneurs : il saisit la lettre et non l'esprit. Le concile de Constance men-
lit Isa conscience, car c'était aux moralistes qu'il voulait imposer â-
IcDoe, et il afficha que c'était le raisonnement qu'il punissait. Nous âi«*
sons ces choses parce que nous croyons que si M. Lamennds eût vécu
de ce temps, lui aussi eût été livré aux flammes temporelles. Et croyez-
vous que ce n'est rien^ pour notre nation d'avoir conquis au christia-
nlsBiê te droit de parler la morale de Jésus-Qirist, comme il en a le
devoir.
Mais nous avons une autre réponse à faire a l'opinion du Semeur, Si
le ehrisëatnfluen'AÛt été ptol)égé |iai' le p(HiVràr teis le lY^ Mch y M^ al»
lait périr dévoré par les hérésies; et les livres db k feî exxsrtaêmeà em»
matékpNù sous lés edàtàoÈÉ et les ourectH»»^ ionises sortes» SI au
V^" siècle laFradoe wMtaire ne se iltlitNivée, l« ten^ devenait arieiùiè^
le foi était éteiiite^ Si an Y IP la Fraace enoere n'eût arrêté VtofwAm
makbiûétane , le Coran devenait le livre du mondé. Ei dUpals, a'esiH»
fNis aux effcHTts^ politique des peuples que vous devez la lâierté de votre
«RfB , cdle de votre parole, etc. N'étaient-4l8 pas des réfermatecirs po*
litîques ce Wiclef , etces deux bacheliers en tj^ogiè de Funiverslfeé de
Paris, Jean Hnset Jérôme de Prague, eux qui disaient qu'on ne devait
point obéissance à des seigneurs , à des prêtres en état de péché mortel^»
N'est-ce pas à la France enfin /qu'une partie de l'Europe doit FégaliCé
qui auparavant n'existdt que parmi les dercs. Groyez-vons donc que ht
disparition du droit de race, et de l'hérédité <fes Ibnctions, éoit s! peu de
ehose dans Tévai^He, lorsque nul livre avant cefivre ne l'avait com»-
meoidée.
L'histoire renferme de hauts et irrécusables ensdgnemens. Nous to
avons recueillis et montrés havéiment, ikiais non pas san^ danger pour Te
fiuccès de cet ouvrage , car il existe de nombreux et puissans préjiigés :
méi^rhenre èet venue on il feut dire la vérité. Dans quelques années peo^
^re , la France domieTa son va-Umi; il feut qu'dle arrive avec toutes
ses fbrces : car malheur non-seuieihent à noiis, mais à l'Europe entière,
asKris à vous tous ! deux sièdes d'eflbrts et de sacrifiées ; deux sièdes dé
temps que Dieu a donnés à l'humanité , seraient perdus. Nous travaA-
Ions ici pour apporter notre part à cette grande et solamelle préparation.
Que la discussion vienne donc : c'est de grand cœur que nous acceptié-
rons un combat ikce à l^ce , que nous cherchons depuiis si long-temps
sans le rencontk^r. Aussi nous ne pouvons que remercier le Semeur d^
ses objectioûs et lui en demander d'aubes.
raSTOIRE PARLEMENTAIRE
DE LA
RÉVOLUTION
FRANÇAISE.
MAI 1790.
ORGANISATION JUDICIAIRE. (Suiie).
SÉANCB DU 27 MAI.
QuBSTiON : Y atifa*l*U des tribunaux d'exception?
M. Chapelier. La question est très-importante, mais eUe en-
traînera beaucoup de temps. Elle se divise en plusieurs branches,
qui ne peuvent être décidées nettement. Par exemple, il est im-
possible de juger s*il y aura un tribunal pour l'impôt avant
que d'avoir arrêté Forganisation de l'impôt : je demande donc
sur ce point un ajournement spécial. Quant à la question de
savoir s'il y aura des tribunaux de police, de marine, etc. , vous
allez consumer deux ou trois jours à la discuter. Mon avis serait
de la senvoyer au comité de constitution , qui nous la soumettrait
avec tout son plan.
M* Target. Je désire que pour éclairer le comité, l'assemblée
discute si la partie d'administration qui concerne les forêts , la
marine, etc. , doit être renvoyée à un tribunal ordinaire. Relati-
vement à l'impôt, je demande l'ajournement comme lepréopi-
liant.
T. VI. 1
â ASSEMBLÉS NATIONALE.
M. BrostafeL La réflexion de A. Tai^ Ule pftrait d*aatant
meilleure, que les discussions que vous avez suivies; sur cette ma-
tière, avaient pour objet de fixer les bases du travail de votre co-
mité. En effet , si l'assemblée ne les déterminait pas , «lie se verrait
néce&ilée à adopter celles du comité.
M. l'roncfhei. Ilestd'autantplusifidispensabkede^statue^ràrins-
t ant, que le comité a proposé plusieurs tribunaux. Son principe
est donc conn u , son vœu est donc émis ; 3 feint juger.
M. Boislandry. Il a été reconnu sous Tancien régime, que les
tribunaux ordinaires pouvaient juger toutes ces matières. Aujour-
d'hui, que notre jurisprudence va être simplifiée, ceci ne devrait
plus faire une question. Je demande donc qu'on discute^ pour
savoirs'ily.auradestribunauxd'knpesîtionSyOus'iln'yenaurapas?
M. Chabroux* Si les matières d'impôts demandaient à être
jugées séparément. Userait facile d'établir^ dans chaque tribunal,
une chambre consacrée à cette matière.
M. Fréieau. Les contestations particulières à Fimpôt en néces-
sitent sur la priorité de la créance du roi , contestée par divers
créanciers, ce qui exige la connaissance de divers points de
droit. Ce n'est donc qu'après unelongiie r^e&ionque n<»is pour-
rions prononcer sur cette matière. Si cependant Ton veut chaîner
des juges royaux de la compétence relatiyeà l'impôt, j'ycoosens.
L'ajournement est prononcé sur la question de sa^r s'il t
aura un tribunal d'imposition ? Et la discussion coBlinaée «h*
celle-ci : Y aura-t-il des tribunaux de commerce ?
M, Nairac, Je demande, pour l'utilité publiq&e et pour lecofli-.
merce en particulier, la coBs^vationdesjuridiGtioBScinisttlaires^
Elles ont résisté à la contagion de l'exemple. Si les juges des
cours supérieures avaient eu le même désiQtéresaeai(eN€,«voQS
n'auriez pas besoin de reconstruire en entier l'ordre judîdaîre.
Le commerce est la source de rabondauce publique ; c'est par lui
q4]e l'Angleterre, qui ne renferme que béit mitUons d'hemmes,
est devenue une puissance formidable; c'est hii qui encourage les
arts, fait fleurir L'agriculture et unit les nations eitfre e^as. La
province de Guyenne, dont j'ai l'honneur d'être le représentsM^
MAI (1790) « ^
s^est montrée la première dans une si belle carrière. Sa situation
a favorise Tindustrie de ses faabitans.... Cette province sollicite
la conservation de ses tribunaux de commerce ; toutes les places
efi font autant ; les subtilités de la chicane ne sont point connues
dans ces tribunaux ; on perdrait tout au change , et nous osons
nous flatter que ce changement ne s'opérera pas. Non , il ne s'o-
pérera pas dans un moment où le commerce va s'étendre , où il
pourra » comme en Angleterre , compter parmi ses membres les
hommes les plus distingués par leur naissance et par leurs talens,
où il offrira les moyens de servir TÉtat et de l'enrichir.... Je con-
clus à ce que les juridictions consulaires soient conservées , sauf
les cbangemensà faire pobr l'expédition plusprompte des affaires
de commerce.
M. Defermont.Se ne puis croire que vous vous écartiez de cette
unité qui fait la base de la constitution. Bien loin de voir des mo-
tifs qui puissent vous engager à conserver les tribunaux de com-
merce» Je n'y trouve qu'une source d'inconvéniens, qui sont sans
doute connus du préopinant comme de moi. La formation des
tribunaux ^'exception fournit des ^contestations entre les ma-
tières dites consulaires y et sur celles dites ordinaires ; elle fournit
des alimens à la chicane. Qu'a-t-on à craindre en attribuant le
jugement de toutes les causes aux tribunaux ordinaires? La ju-
ridiction consulaire n'excitait notre admiration » que parce que
nousla comparions à une foule d'autres plus vexatoires; mais dans
le nouveau régime, où des hommes élus par le peuple, et jouis-
sant de toute sa confiance, formeront les nouveaux tribunaux,
on peut hardiment leur confierions lesjugemens civils et de com-
merce. Les seuls négocians d'une ville concourent à sa formation,
tandis qu'ils jugent toutes les contestations élevées entre les mar-
chands de leur ressort. On me dira peut-être que les négocians
seuls peuvent connaître des affaires de commerce; c'est pour cela
que je proposerai d'admettre à ces sortes de jugemens autant de
négocians que d'autres juges.
ilf. le Clerc. Les juges du commerce sont des marchandis choisis
par des marchands pour juger des faits de commerce. Qui peut
4 ASSEMBLÉE MATIONÀLE.
mieuxconnaitre la capacité et la probité des marchands que les mar-
chands? Qui peut mieux ju{;er des causes de commerce que ceux
qui le pratiquent? Aucunsdesabus desaulresjuridictionsnesesont
introduits dans la juridiction consulaire. On juge soowiahtement,
sans écritures et sans frais pour les juges; le rapport se fait pardes
personnes choisies par les parties, et approuvées par le juge. Le
rapporteur fait le rapport des faits et desmoyecs, et présente ses
conclusions. S'il y a appel de la sentence, le rapport est délivré avec
la sentence; si les conclusions du rapport n*ont point été suivies,
les moyens des parties sont en tète de la sentence. (M. le Clerc
expose toutes les précautions qu'emploient les juges-consuls pour
s*assurer de la validité des prétentions des parties^ précau?
tions qui ne peuvent pas être prises par d'autres juges.) De»
marchands peuvent seuls connattré un grand nombre de détails
importans : ils peuvent seuls les apprécier et juger en consé-
quence. Si les marchands sont réunis à des juges ordinaires, ils
gêneront les juges par la latitude qu'ils donnent à leurs décisions.
^ Les juges gêneront les négocians par les formes juridiques. >Si
les affaires commerciales étaient astreintes aux formes juridiques
ordinaires, il en résulterait une grande lenteur. Les négodans
ne seraient pas les maîtres de faire aux formes des changemens
souvent salutaires, et que nécessitent les personnes et les cir-
constances. Gomme les affaires de commerce sont de tous les
jours , il faudra , en faisant assister des nqjocians au tribunal \
déterminer iine chambre particulière ; autant vaudrait avoir un
tribunal séparé, composé uniquement de commerçans : les diffi«
cultes de compétence auraient paiement lieu avec une diambre
particulière.... Il serait très-dangereux pour le oomaiin^ de
substituer des juges ordinaires aux juges nommés par des com-
merçans; cette substitution occasionnerait une perte inutile de
temps et d'argent. Je conclus, comme le comité de constitution,
à la conservation des tribunaux consulaires, avec les attributions
qu'ils tiennent des ordonnances, et non avec oelies que le comité
leur donne.
Jf . Goufil de Préfeln. Le bien public demande qu'il n*y ail
MAI (1790) 5
qii*uB seul tribanal dans tout le territoire, et que toutes les cou-
lestatioiis, tous les procès y soient portes» afin d'éviter les dif-
ficultés de compétence» d'attribution» de réglemens de juges.
Ces difficultés ajoutent ordinairement trois ou quatre pi*ooès à un
procès. On dit que les aBaires de oonmierce exigent des précau-
tions particulières. Sans doute » les opérations mercantiles doi-
vent être jugées par des commercans : mais faut-il déroger à cette
belle unité » que vous avez toujours cherché à conserver dans votre
constitution » tandis que sans établir des tribunaux particuliers
pour leconounerce» vous pouvez assurer aux commercans l'avan-
tage d'être jugés par leurs pairs. Ce moyen nous est indiqué par
nos lois.Le chancelier de l'Hospital donna un édit pour renvoyer
par-devant des arbitres» les partagés» etc.» et toutes les contes-
tations de famille. Postérieurement» Fordonnauce de commerce
de 1681 ordonna que sur la réquisition des parties» les affaires
de police» d'assurance » seraient tirees de l'amirauté et renvoyées
par-devant le^^bitres. On peut également ici faire juger les af-
faires de commm'ce par des arbitres » qui remettraient leurs sen?
tences au greffe » et l'expédition donnée par le greffier serait exé-
cutCMre. Ainsi vous conserveriez l'unité» vous ne multiplieriez pas
les tribunaux» et les inconvénieys des réglemens déjuges n'écra-
seraient pas les plaideurs.
Permettez qu'en finissant j'observe que la méthode des arbitres
est belle » grande et trop négligée. La Provence a long-temps con-
servé cette institution : elle avait une organisation judiciaire ad-
mirable» qui aurait dû servir de règle à tout le royaume : elle a
été détériorée par l'avidité des Jégistes. Un membre de cette as-
semlblée» M. André» a fait un travail très-important sur cet objet;
l'assemblée devrait l'engager à lui en donner connaissance. Je
conclus , et je demande que dans toutes les matières de commerce»
sar leur réquisition i les parties soient renvoyées sans frais par-
devant des arbitres de leur choix.
M. Garât l'aîné. Les consuls ont été établis par le chancelier
de l'Hospital. J'ose le dii'e» il faut y regarder ù deux fois»
non-seirieniént pour proscrire» mais pour faire le moindre
6 AftSEMBU^K NATIONALE.
cbangonent aune institution, dont le chancelier de THospital eH
l'auteur. Cette institution» que l'opinion publique a approuvée, a
été maintenue dans toute sa pureté pendant 200 ans* Elle pré*
^sente trois avantages sensibles; une justice prompte» peu dispen*
dieuse, édairée et susceptible de toutes les mesures (|Hi penvent
conduire à un jugement équitable; et on oserait attaquer une sendi*
blable institution.On dit que les exceptiojos son t à craindre; mais les
exception^ consulaires sont les plus aisées à définir.On prendra cet
égard» une marche ti*ès-simple; sans s'arrêter au dédinat(»fei
les consuls jugent et la sentence s'exécute en donnant caution^ Ne
vous épouvantez pas de ces conflits » ils sont presque devenus
nuls; dans le nouvel ordre de choses» ils seront encore moins à
craindre. Si des marchands étaient réunis à un tribunal» ce serait
tel ou tel jour qu'il y aurait des audiences pour les affoires dft
coDBunercei tandis qu'à présent il y en a tous les jours» il y »i a,
pour ainsi dire» à tous les momens; et dans ces tribunaux oh
lieraient les avocats et les procureurs^ ces Messieurs voudraient
absolument défendre les parties* Les parties trompées croiraient
qu'il est absolument nécessaire de se laisser défendre par eusL»
et il faut du temps pour cette défense* Ainsi , l'expédition des af*
Êiires serait moins prompte ; amsi elles seraient ylus dispeat
dieuses. Des marchands sont, sans contredit» mieux instruils des
'afiiaires de commerce que des gens qui sont étrangers aii oom-
merce;.*. ainsi la justice aersût moins éclairée.»., l'adjure tous
les membres de cette assemblée qui voulaient des jurés* Ici ^
seraient des jurés » puisque des. marchands niHnmés par des^ mar*
obands jugeraient des afifaûres de commerce. Si lesji^és q^u'M
IVQiis fM^posatt avaient éié comme ceux-ci » je me &evmst btw
gardé dfi m'opposer à leur înstituti<m.
MiB^^t^Jemeh&memk foire quelques observations ; ft^
ferai eKtre Mires une sur tes tribunaux, de poliee » sur tesquelsoft
ne s'est point encore expliqué. Je crois que le pouvoir jlidiemte
|imt là où con^pcnce la police. Les juges de police font de siiiqples
act^ de correction ; ainsi » il y a une très-grande difiémice eiiue
le^ jug^ ordinaires et les jug^ de police* U me semble que ces
MAI (179Q) I
dermers doivent avoir «nç* confiance de tous les jours; il me
semble que, pour l'obtenir, ils doivent être souvent renouvelés,
et vous avez décrété que les juges ordinaires rempliraient leurs
fondions pendant six ans. le pourrais faire beaueoup d'autres
oteervations» pour établir les différences qui se trouvent enu*e
ces dew espèces. de ji^es* Qua^aiix autres objets d'exceptions^
on ne peut admettredes tribunaux séparés, ou bien U en faudrait
aartîiiit qu'il y a de principes différens en législatiqn.
le passe an inridictions ce^ulaires : si elles sont utiles , si ofi
éoît les ccmserver » il fout endornubr^à tontes les villes» et ceci me
mwi de r^^OQse àbeancoup d'objections. Dans les villes qui n'en
avaient pas, les tribunaux ordinaires jugeaient , et on ne se plai-
gnait m de leur ignorance, ni de la lenteur de la justice. Qu'on
ne compare pas les jng^shcoiisuls anx jurés ; les consuls jugent le
hii et le droit..** ie ne puis donc adopter letablissenoent de tri*-
iHmaux éiSér&o» des tribunaux ordinaiies. Je propose çepenr
4mt% que pour ]m affaires de commaxie, on admette dans ces
tribunaux des ni%ocians comme inrés ; c'est uu moyen de nous
%GctMxvmf peu à peu k cette belle institution.
M. DesmeuniersAl est d'autant plus nécessaire de bien poser la
question, qu'une circonstance particulière parait l'avoir em-
brouillée. M. Barrère de Yieuzac a proposé une série de questions
que vous avez adoptées : il demandait s'il y aurait des tribunaux
d'exception. M. de Gbabroux Ta posée d'une manière plus gé-
nérale; il a demandé si les tribunaux ordinaires seraient eom-
péteuspour toutes les matières. Prenons garde de juger la ques-
tion sans en avoir examiné toutes les branches. Avant tout, il ne
faut pas a'e^oucl^er des mots , celui d! exception pourrait peut-
toe influer sur la délibération; les tribunaux d'exception nous
. ont j^t tant 4e mtU H ne s'agit pas de les maintenir ; ils sont
déjà Vfg^ Il bttt exanuner si ce ne serait pas surcharger les tri-
hpinaux ordinaires , que de le^r confier les affaires de commerce.
L'année dernière , les consuls de Paris ont jugé quatre-vingt
mille afiEûres , ceux de Bordeaux , seize mille. II est évident
que les tribwaux ordinaires n'y pourca^nt jamais suftiire.
8 ASSEMBLÉ» NATIOMALE.
Ce n'est là cependant qu'une cou3idération préliminaire. Je
vous prie d'observer qu'en réformant les ordonnances, et en sim-
plifiant les formes de procédure , vous n'aurez pas pour cela
établi la rapidité qu'exigent lesaffiairesde commerce. Je pourrais
aussi vous rappeler que ces tribunaux soqf les seuls qui n'ont ja-
mais excité de réclamations. Vous avez voulu séparer les pouvoirs,
vous avez pris des précautions sans nombre pour consolider h
liberté : il est impossible de régler l'administration d'un grand
royaume sans l'établissement de quelques tribunaux particuliers;
il est impossible a des juges <f avoir des connaissances assez dé-
taillées des formes d'administration pour prononcer ipdistincie*-
ment sur tous les faits. Les demandes des villes de commerce ne
nous indiquent-elles pas assez le vœu général sur cette matière;
Je supplie donc de ne pas prendre aussi promptement une délî*
bération de cette importance. Quant à moi , j'avoue que je regar*'
derais comme un malheur que les tribunaux ordinaires s'ingé-
rassent dans toutes les afiaires. Je proposerais donc , sans rien
préjuger sur la question /de décréter que les matières de com-
merce, de police, etc.^pourraient être jugées par d'autres votes
que par les tribunaux ordinaires.
ilf. de Sainl'Mariin. U est universellement reconnu que toute
institution inutile est dangereuse. Rien n'est donc plus contraire
à une I)onne administration de la justice, que la multiplicité des
tribunaux : elle donne lieu à des conseils de compétence qtfi
déshonorent la justice. La crainte que les tribunaux n'usurpent
l'administration est chimérique. Comment peut-on concevoir cette
crainte, en examinant les règles prudentes et sévères que vous
établissez? Ce sont des juges d'attribution pour l'impôt qui sbnt
vraiment redoutables. Sans doute vous établirez des jugek de
paix : ils peuvent vous offrir un excellent moyen de juger les af-
faires du commerce. Réunissez des commerçans aux juges de
paix, vous obtiendrez une justice prompte, facile et éclairée. La
réunion de quelques commerçans est inadmissible , parce que
vous n'aurez des tribunaux que dans les principales villes des
départemens. M. Garât a dit que les juridictions consulaires sont
MAI (1790) 9
les seules oii Ton resnie bonne justice aux commerçans. J'en
amvieiis; mais il a oublié que les juridictions ne sont qu'en
fyremière instance , et que les juges d'appel sont des parlemens.
Il 'ne reste que les affaires de la police : je n'ai pas changé d'opi-
nion ^ depuis que sur ma proposition vous avez provisoirement
confié la partie ccmteatieuse de la police aux municipalités : le
comité de constitution est d'avis de la leur conserver. Il y a beau-
coup d'arbitraire dans la police ; les tribunaux n'en sont pas sus-
ceptiUes : ici les lois doivent être observées dans toute leur ri-
gueur; Pà elles^ doivent souvent être mitigées : idil fout pro-
noncer des peines; là on n'inflige que des corrections.
JV«„. Les députés extraordinaires du commerce et les négo-
dans de Paris vous ont présenté des adresses qui. doivent être
prises en considération. Je demande que l'assemblée^ en entende
lal^ure» et. je. lui annonce qu'elle fait une plaie incurable au
commerce , si elle lui ôte ses jug^. •
Ooi^it lecture de ces adresses.
On ferçiç I$f discussion.
L'asïsembiée décida 9 presque à l'unanimité, c qu'il y aura des
Ur3)uoaux paniculiei^ pour le jugement des afiaires de corn-
merce. t ]
mÊmmÊmmmmmmm
i
' CONSTITUTION CIVILE DU CLERGÉ.
Du jour OÙ il avait élé décrété que le culte serait salarié par
l'État, il avait été arrêté en quelque sorte que les membres du
dei^ seraient traités comme fonctionnaires publics, limités dans
leur nombre, soumis enfin à une organisation régulière en rap-
port avec-ks fonctions mêmes qu'ils devaient exerccnr. Le comité
eoclâiastiqiie s'empressa de coordonner ses idées sur ce nooveaii
système disciplinaire, et avec d'siutapt plus de zèle qu'on croy^t
voir dams féiablissetiient d'une constitution définitive le moyen
de FadsmreT'le clergé sur son sort , et la nation 'sur l'avenir de b
rdigion. U y avait , en effet , dans une partie de la population un
inûNtveBieBt religieux cmisidérabie, et dont l'opposition cliercbait
i sTempiarer. Les meilleures consciences étaient alarmées. Ainsi ,
10 ASSEHBliÉK NATIONALE.
ToB disait que le curé de Samt-£tienne-du*Mont , qui s*élmt dti^
tiogué d'une manière si particulière , dans les grandes actions
révdutionnaires du peuple de Paris , avait passé quarante jiHin
au pied de ses autels , couveit d'un cilice » pour prier le oiel d»
secourir son église menacée. Pïous avons déjà vu et nous verrons
encore que, dans quelques provinces» des mouvemens redou*
taUes n'eurent d'autre cause que cette alarme religieuse. Dans
presque toutes les paroisses, on avait ouvert des neuvaines, et on
avait mêlé aux jeûnes et aux prières de la s^naine^sainle, des
jeûnes et des prières pour le salut du catholicisme.
Enfin , la déclaration de la minorité de rassemblée eoitee h
vente d^ biens^ du clergé, qu'elle appelait te patrimoine - de
l'Eglise , et contre la motion de dom Gerles , vensât de par^tre»
ËHe avait en peu de momens atteint plusieurs éditiofis^ C'était une
{wotèstalîon contre le refus de l'assemblée de voter qtie là rdKi^
gion catholique, apostolique et romaine était lardigionde IfStM^
qu'elle seule avait le droit de jouir de la solennité dii'Gtdtë|>u-
blic. On remarquait, au reste, que cette opini0n s^àéà^ de
denx G€9at quatre^vingHlîx-sept maiit»*es, était res^ eepoidant
erited'mie nûnori^ , même quand on eat délibéré p^ iitétè.€)à
faisait ce calcul :
Clergé. 144 ont signé, 156 n'ont pas signé.
Noblesse. 104 196
Communes. 49 551
, Totaux: 297 903 ,
On codchiail de là que rasâead>lée nationale en reteant de w-
ler.la religioB eatbolique, avait ^ dans, ce cas, agi cûBuna eHe eàt
dû le faîr)»9<sion lui at^it propi^sé de décréter une^^ntéinooi»-
testable à tejus les yeux^ savow, de décréler Oiet'par :^i8 et
levé. Mais cto raisonnemeiis » bons ponr Parie ^ a£r oïl to ifr-
pétait, ne pouvaient atteindre toutes ks oreilles.. Oasëhàladonc
de rédiger un plan d'organisation Aûder^j et cette KpaAfmiai
mise à l'ordre du jour le 29. Il est inutile de ocuagiHqr kl ce
MAI (i790) f 1
plan : en m verra Tesprit daàs la diseossioa » et surtout dans un
IMTOcbam disciours de Treilhard.
SÉANCE BU 29 MAI.
[M. têorchevéque d*Aix. lie comité ecclésiastique saiM) qu^
est Fatîie ioftience de la reiigîoa sur les citoyens? C'est le freki
iini arrête les méchans , c'est l'encouragement des lionimes yet"
lueux. La reKgion est le sceau de cette déclaration qai àssme à
rbooime ses droits ^ sa hhettâ : eHe est iuâhérable daus sefc
di^nies ; sajnorale nepeut changerf etsa doctrine sera toujours
k nràme. Le comité veut rsqïpeler les ecclésiastiques à la purelë
delà pritËûiive église. Ce ne sont pas desévéque» successeurs des
apétres ^ ee ne sont pas des pasteurs chargés de prêcher l'Evan*
gile , cpii peuvent rejeter cette méthode : mais puisque le comité
Boiis rappdié notre devoir , il nous permettra de le foire souve*
nir de nos droits et des prinôq(ies sacrés delà puissânee eeclé-
mBEàkfBL0^ I) ismi donc lui n^^Ier l'indispeiisable autorité de
t'Eglise y il s'agit des vérités de bt religion : je vai» les dire avee
tooie la fermeté qui convient aux ministres dw Seigneur. Jésus^
Clurist a donné sa nùssioa aux apôtres et à ses successeurs pot»
k saittt des fidèles ; il ne l'a coufiée ni aux magistrats^ ni au
roi : il s'iagit d'à» ordre de choses dans lequel les magisurats et les
ras doivent eï)éir* La mission que nous avons reçue par la voie
de For#QiatiDn ^et de la cansécràtiott ranonte jusqu^aux apôtres;
Ofr vo«s propose au jourd'hin de détru^e une partie des ministreiaf,
de Aviser leur juridiction : ^e a été établie et limHée p«* tes
apôtres^ aoeitn(8 puissance bwmakre n'a droit d'y toudier, (H
S^^è^ie- de9 murmures. )
Je dois faire observer qu'il s'agit de la juridietbiât puretrieilt
spirituelle. Il s'est introduit des* àlms; je ne prétends pas le nier;
j'en gémis comme les autres; mais l'esprit de la primitive Eglise
est toujours là pour les réprimer. Ce sont les canons et la tradi*
tion des égBses , et non les. abus que nous osons récramer : ce
n^estqii'eti vertu des conciles qu'ou'peut opérer les démembre-
mens d'une province. Observez que je ne parle que du spiritud;
'
12 ASSEKBLit NATIONALB.
l'Eglise seule peut le gouverner; elle seule peut en déterminer h
correspondance. Un ëvéque ne peut exercer sa juridiction sur un
évéché étranger; en supprimer une partie , ce serait anéantir
pour les fidèles Vadministralion de Téglise. La juridiction des
curés est limitée par les évéques; Ils ne peuvent faire aucun
cbangement qu'en vertu de leurs ordres. C'est sur les oligets de la
discipline ecclésiastique qii on veut étendre votre puissance. Nous
sommes bien étonnés de voir ainsi disparaître les saints canons et
les titres de l'élise.,.. Il est possible qu'il soit bit des retranche-
mens à l'église; mais il iaut la consulter, et ce serait y porter une
main sacrilège que de lui ôter son administration. Sans doute il
faut réformer les abus et provoquer un nouvel ordre de choses.
Nous pensons que la puissance ecclésiastique doit faire tout son
possible pour concilier vos vœux avec l'intérêt de la religion ;
mais c'est avec bien de la peine que nous voyons les coupables
desseins de foire disparaître la puissance ëpiscopale.
Si vous ne recourez pas à l'autorité de l'église , vous, mécon*
naissez cette unité catholique qui forme la constitution de l'em*
pire. Nous ne pouvons » en aucun cas» renoncer aux formes près»
crites par les conciles. Nous vous pr(q>osons donc de consulter
l'Eglise gallicane par un concile national. C'est là que réside le
pouvoir qui doit veiller au dépAt de la foi ; c'est là qu'instruits
de nos devoirs et de vos vœux » nous concilierons les intérêts du
peuple avec ceux de la religion. Nous venons donc déposer entre
vos mains la déclaration de nos sentimens. Nous supfdioiis, avee
les instances les plus respectueuses» le roi et TassemUée natio-
nale » de permettre la convocation d'un concile national. Dans le
cas oii cette proposition ne serait pas adoptée, nous dédavoos m
pas pouvoir participer à la délibération.
La séance est levée à trois heiires.]
SÉÂKCB nu 30 MAI.
[Jlf. TreUhanL Les principes du gouvernement français avaient
corrompu toutes 1^ classes de citoyens» et le dergë » malgré les
vertus de quelquesnins de ses membres , n'avait pu résister i
MAI (4790) {S
rioflaence d'une maumise consUtation. Des étabibsemens sans
objet, des bommes inulHes largement salariés, des hommes utiles
sans rëeompeDSé.../teIs sont les maux que présente l'organisaf-
tion actoeUe du dergé. La discussion s'est ouver^sur le décret
que vous a présenté le comité ecclésiastique. Les cbangemens
proposés sont-ils utiles? Avez-vous les droits de les ordonner?
Ce sont là les seuls objets de cette discussion.
V Ces cbangemens sont-ils utiles?
Des diocèses , des cures , avaient un territoire ti:ès-resserré ;
d'autres en avaiait un très-étendu. Vous voyez an pasteur âgé ,
surchargé d'un travail disproportionné à ses forces , jouir d'une
portion congrue de 700 liv. : près de là s'élève un bâtiment somp-
tueux ; il appartient à un riche titulaire sans foncUons, qui réunit
sur sa télé la fortune de deux cents particuliers. Ne croirait-on
pas que le hasard seul a produit momentanément ce désordre?
Ebbien! il existe depuis deux cents ans. Il a des défenseurs;
l'habitude fait tout légitimer, et l'esclavage même a trouvé des
apologistes. H n'y a nul doute que des cbangemens soient utiles.
Je me borne à examiner si ceux qu'on vous a proposés sont
ccHivenables. On convient que les bénéfices doivent être assez
étendus pour occuper le titulaire , mais point assez pour l'acca-
Uer.Une nouvdie circonscription sera donc très-utile aux fidèles,
aux pasteurs et à la religion. Je n'examine pas si vous devez
adopter les détails du projet; ils seront discutés en leur lieu. Je
m'attadie uniquement aux bases. Il font supprimer les bénéfices
sans fonctions, si inutiles , si abusifs , si dangereux pour la reli-
gion, que personne ne s'élèvera pour les défendre. L'inutilité
des collégiales n'^est pas moins reconnue : depuis long-temps
leur suppression était arrêtée. Peut-être que les chapitres des
cathédrales trouveront des défenseurs; mais leurs apologistes
songent plus à ce qu'étaient ces éuiblissemens dans leur origine,
qu'à ce qu'ils sont aujourd'hui. Dans les premiers sièdes, Tévéque
avait près de lui les prêtres qui lui étaient nécessaires pour l'ad-
ministratâon de son diocèse. Ces prêtres qui composaient la tsh
tbédraleformaient les conseils de l'évêque ; ils en sont aujourd'hui
}
it ASSEMBtis. NATIOIULE.
le$ riyaw : ib concouraient avec l'ëvéque à la tranquiSitë des
fùttiHes f il$ les troublent aujourd'hui par une foule de procès :
ils ttwttiilaiait à radministration «oclësiastiqae, ils s'occupent à
présent à rëcit|[^ qudques prières , et leur inutilité est si notoire^
qu'on rqNnésente la mollesse sous l'emblème d'un chanoine* n
est vrai que les chapitres des cathédrales ajoutent à la pompe.da
culte ; mais quand lès séminaires seront fixés dans le lieu de la
résidence de l'évéque , on aura la même pompe avec une plus
gnude utilité. Ainsi, nul motif ne doit porter à conserver les
cathédrales. Le$ bases du prenûer chapitre sont donc justes.
Le titre deuxième présente des objets de réforme dans la roa«
nière de pourvoir aux offices ecdésiastiques. Un changement est
pressant , et les bases de ce chapitre ne sauraient être attaquées.
A Dieu ne plaise que je cherche à inculper quelqu'un ; mais n'esl-
il pas évident que la voie des élections assurera à l'église le pas-
teur, qui conviendra le plus à d'aussi importantes fonctions? Un.
coHatour ne peut pas aussi bien que les fidèles eux-mêmes,
choisir Fhomme le plus digne des respects du peuple : aussi
éttût^^ autrefois le peuple qui élisait les pasteurs. Le prenrier
qui fot nommé après Jésus-Christ, saint Mathias, fotélu par
tous les disâples , au nombre de soixante-douze. Deux personnes
avaient été choisies, et le sort décida entre elles. L'honorable
menabre qui a dit hier que les pasteurs étaient uniquement élus
par le sort n'a dpnc dit que la moitié de la vérité. Tant que cette
discipyne si sainte s'est maintenue , l'église n'a en que de sages
pasteurs ; quand etie a été détruite , on a vu de grands emplois
confiés à des mains inhabiles. L'incapacité traînant à sa suite les
dégoûts , et pour les dévouas qu'on devait remplir, et pour le
lieu qu'on devait habiter, desgrands-vicairesont été établis; mais
ils étaient plus empressés de seHiciter des grâces que de lés f&é^
riter, et les soins des diocèses sont restés à des secrétaires
obscurs, qui, ajMrès de longs travaux, se trouvaient heureux
d'obtenir une .petite pension ou un petit bénéfice. Comment dé-
truire ces abus? Comment rétablir un.ancien ordre de diosescpii
a finit la splendeur de l'EgUse? Par les élections confiées aa
%ài (i79d) n
penple. On dk qoe ces élections occaisicauaeroiit des cabales ; smis*
ocNubieB de motife profond déterminaient les anciens choix!
Jetons le yoile sur le passé : mon objet , dans cette discasston ,
n^est ni de fatterla malignité ni de foiré la critique de l'ancien
i^fime^On a dit hier que des non-catholiques concourraient aux
AMions..Je réponds : i* que dans l'état actuel, nombre de non-
caiholiques nomment à des bénéfices même à charge d'âmes.
S^Oii pourrait ex^er de tous les électeurs qu'ils déclarassent pro-
fesser I| religion «catholique.... Je crois avoir démontré que les
dMmgemens proposés sont utiles, et qu'ils sont établis sur des
bases qm doivent amener de iM>nnes réformes.
n est temps d'examiner si vous avez le droit d'ordonner ces
éhang^oiens.
Oui, vous en avez le droit. Loin de porter atteinte à la religion,
vous lui rendrez le plus digne hommage , en assurant aux fidèles
les ministres les plus intègres , les plus vertueux* Celui qui croit
que ce serait une plaie faite à la religion, se forme une idée bien
fausse de la religion. Celui qui, regrettant quelques abus, redoute
devoirpurifier l'administration du culte public par de saintes ré-
formes, est le véritable ennemi de la religion. Voilà l'homme qui
la détruirait, si elle n'était toute divine, si les portes de l'enfer
pouvaient prévaloir contre elle.... Je vais essayer de poser les
limites de l'autorité temporelle et spirituelle. Ma discussion sera
établie sur les vérités les plus simples et sur les faits les plus au-
thentiques. Rien n'est plus opposé à l'autorité temporelle que la
juridiction spirituelle. L'autorité temporelle est établie pour la
paix de la société, pour assurer le bonheur des individus pendant
eette vie. La juridiction spirituelle a pour unique but le salut des
fidèles ; elle est toute spirituelle dans sa fin et dans son objet.
Jésus-Christ, apîès sa résurrection , a dit à ses apôtres : c Allez,
HMtrtrisez les nations.... Comme mon père m'a envoyé, je vous
envéie aussi.... Recevez IS Saint-Espi'it ; ceux à qui vous remet-
trez les péchés , ces péchés leur seront remis. » Voilà le seul
titre des apôtres : c Instruisez et administrez les sacremens.t
Le plus vertueux dés prêtres , Fleury , dans son discours sur
i6 ASSEUBliB VkriMklS.
rhistoire ecclésiastique 9 réduit la juridiclioB spirituelle à Ti»»
structjon des fidèles, à radmiaistration des sacremens : Idle est
la doctrine de TEglise dq France. Les pasteurs n'ont donc de ju--
ridiction que sur les choses spirituelles , et sur ce qui coocerae
lé salut.... La religion est sortie parfoHe des mauns de son fou*
dateur. Les apôtres étaient d'aborddes voyageurs : saint Jacqu^
résida ensuite à Jérusalem , et saint Paul à Antioche. Mais gai^
doBMious de croire que des territoires leur fussent affectés ;qaa
le nom d'évéqne signifiât autre chose que surveillant. C^ nom i
qui vient du grec» ne tient point à la religion; il exprimait aue
fonction civile. Le mot diocèse était également employé poiviié-
terminer les portions qui divisaient un Etat ou une provinee.
Jamais TEglise ne connut une division particulière de province et
de diocèse. .Les monumens historiques le prouvent. Cette divi-
sion est contraire au dogme et à la foi. Les apôtres étaient iosti-
lués pour toute la terre L'Esprit-Saint n'a pas présidé aux
divisions de police qui ont été établies , et dont personne. ne
peut se dissimuler les vices.
Si le partage des diocèses ne fait pas partie du dogme et de b
foi , rélection des pasteurs n'appartient pas davantage à la foi et
au dogme. J'ai déjà dit que saint Mathias fut élu par les disci*
pies : tous les fidèles concoururent ensuite à Télection des sept
diacres.
Le peuple élisait les pasteurs , les évéquesles ordonnaient. Les
apôtres n'ont jamais eu d'autre mission ; jan^ais ils n'en ont coq-
jBé d'autres à leurs successeurs. L'élection des pasteurs par le
peuple fut adoptée dans les Gaules : iMentôt les papes usurpèrent
les préiatures. Saint Louis rétablit les élections. Elles furent en-
core usurpées; l'ordonnance d'Orléans les rétablit encore. Celle
de Blois donna au roi le droit d'élire : ainsi ce n'était donc qu'une
pure police, qu'une simple discipline temporelle» Elle a toujours
été variable; elle peut varier aujourd'hui , et la religion ne peut
qu'y gagner. Si c'est une pure discipline , si c'est une simple po*
lice , comment la puissance temporelle ne pourrait-elte pas
Texercer? Comment la juridiction ecclésiastique poiirrait-elie s'y
MAI (1790) 17
oiqpofier.., »? Je ne 8ai$ si les successeurs dèsapôures , devenus des
seigneurs lemporelSy ont acquis les verlus civiles; mais il est
certain qu'ils ont perdu les vertus apostoliques...* Il feut revenir
au prnicq[>e :<la juridiction q[Hfitudl^ n'embrasse que la foi et le
dogme. Tout ce qui est discipline et de police appartient à l'auto*
rite temporelle. Les diangemens proposés ne touchent ni à la foi
m aux dogines ; ils peuvent donc a}H)art«iir à la puissance t«n-
porelle. Qu'on cesse de prétendre que la rdigicm est perdue ;
qu'on reconnaisse que nous n'attaquons que des abus, qui doi-
vent paraître monstrueux même à ceux à qui ils profitent. Que
les mimstres de l'église soient entendus dans cette discussion , je
ledemande. Il feut profiter de leurs lumières et de leur exp^
nence : mais quand le souverain croit une réforme nécessaire ,
rien ne peut s'y opposer. Un Etat peut admettre ou ne pas ad*
mettre une religion ; il peut , à plus forte raison , déclarer qu'il
vfeut que tel ou tel établissemcmt existe dans tel ou tel lieu , de
tdie ou telle maùnière. Le droit réel du souverain est entièrement
étranger à la foi et au dogme.
J'ajool^ai que la doctrine des plusittustres pères de l'église est
bien diiFérente de cdle qu'on nous présentait hier , et qu'elle est
conforme à ce qui s'est pratiqué toutes les fois que l'autorité s'est
trouvée dans des mains dignes de la soutenir. Charlemagne, à la
tète de la nation , r^k des objets de police et de discipline codé-
«astique. Après la conquête de la Saxe , il divisa son royaume
* en huit diocèses, dont lui^nème détermina la circonscription.
Carionuin, dans ane assemblée nationale, en 743, établit des
ëvêqoes et un archevêque pour dominer sur eux. Pépin fit de
semblables dispositions. Eu 834, Louis-le-Débonnaire érigea un*
évéché. Je citerais une foule de capitulaires, mais il ne doit rester
aucun doute. Dans les conciles de Mayence, de Tours, de Ghâ-
kms , etc. , les prélats, en présentant qudques réformés, disaient
qu'il appartenait au souverain d'adopter, de changer tout ce qu'il
jugerait convenable dans ce qu'ils proposaient
PeruD^tez que je m'arrête un moment : si les pères qui ont as-
sisté auxconciies étaient parmi vous, si on les interrogeait sur
T. VI. 2
VoM YéilteK fflife dos îëfeHMii Mitt sfttetfAôiHHDtoiis ^Séftè -(ÊisêÊtf»
ftlé0. AiniA , 88 dé«miM^i6iit te tmm pttM^ttèiaiÉli) à éell A^
damioÉs témërftires , Hs m crtinâfttékit p» deittiitf^là fèHglM
«Il âangénr et TEtiift en pérS, parde ^e te nalion B*ooca^erait4è
réfot*met*40s mifiistTeii hnitflèèi , ^ée sàlsA^er cMyenriUemail deê
mmistres utiles. RecoiHiuita*ieK-voB8 à ce langage te morâe^
mÊre religion , et devriofis^idas ^re mtptiB deseéldiiiiiies ^ Hè
permeftent k» impies et les iuMMes > ti tA^étiSem k» éeliàÉiMM
de ses i^iôtres? Soppôsàns 411e #Dgt^m ë^éqtaès îkrfetit àllMS)
4tte les eores «oient arrondies, y<m dàtm^mvtêt Nbus m "vdldoiS
pas*délibërer , nenft n'ordonnoroDs pas les {M^es » non» àfttltf^
toerons pas les onrés V<M>tts ne sÉivrdns pus Its ë¥é^^7 et %tMi
Uterrofnprefe vosfiMcfions sainteS'; élpour dlfemire desJffMMM
tëDopereisv votts abusereai da ndifisière qoe tons a¥è2 tep 4n ta
reygion^ et vous oompromeltres 4e8 knérêts ite ta Tel^iM À Ihi
l'Etat!
Je. repl^ewis les ratsomemens ^ dét^^ttinënt les iÉétm des
sonyehiiiB. Si les sOHiferainn ont taissé qneb}ii^ote eiteiN^HM
droits par d'^aùtree ^u^enx , ite ^Vmt pn les perdre. Ces dMHfi eH
tflé réiablis par plasiesoB ordonnanees* >Oe]iosfoiirS) eiiil9S(*9
Fatitiviiëiteniporeie^a déstaré^u'imriiospb rà%iett*tli0pf^iÉ»SMI
eesserait d'exiMTk
GmiMÈi dîrail^dti ^e ^ sOlt<rëftiië ne pdurinft , saiois isàal»
tes dogmes et te foi , ot4onniHr<pi^^[n^HitisnniNi'pôtt^^^
tcHroâe «eile'ou telle ët^idne, et '^e cépr^nt sei^ sédënâdlré^.^t
Je Wàrrete: si j'en dissdfi dÉmmtage pdùr appnyër les Bâs^ ife
toire ooflrité^ je présumends niitf de tei$agesï(é de oéité assem»'
lHé, je manifinerais dere^ïect potir fi^ii^. Tos âé^^ts ne |iof>»
teront point atteinte à eette reKgion sakile; ib te raihèneront àea
purëtë pl^iniitÎTe, et vous i^éreE ^raimentlI^xAretiens deTËtaiiN
gile.
Jfé k euré te Ckrc. Si votre oomilé is'ëtiit eoi^entë de vous
It!^)OSér te referme des àbns ^i m sont tt^rodtfrtodÉns fkdinh'
limrtoi^««riëaiuUqÉe; Vil vmii auuil éonuidé es fMi^r (cd
rii^dé FéglM, MUS mirion^tow apptauâià aan tvavail; jihms
iiy» préimté que aqppressîon et desMctimi, D^ leis n^ifiem
]«%iiiiMi É-odsient pb»; il ne reste point ^'arile ^ la piM
fervente. Les évécbés^ h» arebevâdiés, le» eoilé|pde» el hM et*
AjédçAes jBwt ioMec^» de pvoscfipiiM i et dans un rQyanme
9» fait i»*gfimioa de la ri^oft eaihpliqi^ On n'a pqa encore
peasé à siHoiir I09 nk^imm 4^ dé))auqhe et de prostitution 1 ces
tfihyum delafortiiue ^ de ia yîe des citoyen»; c'est là que des
VfjgâiiiaMiW ^MirKMnt dA porteur ipiUe leur séférité; mais des
wiiéfiMimèrea (érigent e^tte.asg^^^
JU^ pommu.^, Véf^ ^m waiiénaUes et impr^scriptil^l^ ;
li^ «Mnoe m. dintise : oUe peut doi|c les exercer dans tout^
]ffff «(id^^peQdffpep» Snnt-A^^^P^ demande qpà. est le canon
^ MKHriee &.epvata^ lei» ^lises ^ |t &'f3inparer dç Fadnûnistratkm
eenl«toiîqnfa 'igèlte itait rhérépie de» Ayj^ns,». L'égUse a reçip,
inree le dboit d'ensei{^er^ tous les droite du gouvernement eoclé-
aUMqo^ : ia lëgisiatMii, pour le bî^^éral ; la coaction , pour
H0^f tes. infroetien» qui ^eraieivi^ faii:^ à la loi ; la juridiction
pÊÊtfm leè> QouptUes^ et r^E^tut^»! pour ^ns^tituer les pa»-
tmm. JUJsttHdviat ét^^lAm }m 4^ dopner aux empereurs le
goÉMmemeil des églises; il a dit qu'ils en seraient les perse*
cniQiii9K...« U<g]i8e.a ui)0 jurîdictiofi«¥^ quî se manifeste
pQflt iie»aGt|^p^cs.;^dl»^ le^Ao^t daÊwfdes c^MOons^ d'état
Vit lftéNei(^liiie 4qQlésie^qii^ ^r/fUe ^oit «v^jc la (oirçe uéc^^f^
prii|r;l^i^<f^^<!^ lei ca»eiiAet4ieint(inir œi^disdpUne. Nfm
1bm»'damXÉfm^'àt qaeTëg|ise doit punir les pécheurs inc^M^^-.
f^lgiMes^iei^ipàrà iiaoHinàiaeQnt imejuridieiion { ils reconnaissent
ij^'tes rfTèque»pèU)reBtreclevciiD les^accusaffons, entendre J^
SHMopet ellugeir. Dans les délits eeclësiaetiquesr 4ît ^ustinien,
cjaes «BK^ ëYâqiies à eswmijyer et à punir. Régir» gouivemer les
ligtiaâidpqito Ja^îadj^ineiilaire djss lois, instituer les prêtres;
li|lp^ikIi|)^jinDd|otion'eceIéfiM^ Qr^.une jjuridictiçm pareil^
iÊ&^mXfHm^s^tKskéebiéëa^^ elle est ind^end^te
des institutions sociales. En emrabisswit qettts juridiction ». on
irait eontre les intentions de l'Oise et de soÉ ftndatear. L6s
princes I protecteurs des droits de Téglise» am lien de lés main*
tenir» en seraient les usurpateurs. A Dieu ne plaise » dit Fénélont
que le protecteur gouverne; il attend humblement que sa |iro-
tection soit demandée ; il obéit lui-même*
Gharlemagne, en qualité de protecteur des canons, exerçait
les droits de sa juridiction en ordonnant rexécution de ce qui
avait été ordonné par les évéques. Louis-le-Débonnaire , à Timi*
tation de Charlemagne » s'est renfermé comme lui dans les bornes
prescrites» il a pris» non le titre de lég^islateur, mais celdi de
Moniteur des lois ecclésiastiques. Les princes ne règlent donc
pas les églises» ne font donc pas les canons» ils ajoutent à Tauto-
rité de relise celle que Dieu a mise dans leurs mains. Ainsi , là
protection du souverain doit se borner à faire les lois nécessaires
k l'exécution des lois de Téglise» à faire celles que sollicite Té-
glise » celles qui la protègent » et que Féglise adopte et valide par
un consentement exprès ou tacite.... L'assemblée nationale no
se montrera pas nooins attachée que nos rois à fiaire exécuter les
lois ecclésiastiques. Depuis l'origine de l'église il n'y a pas eu un
évi^ché institué par la puissance temporelle : il en est de mène
de h suppression » car celui-là seul qui peut créer peut anéantir.
L'autorité séculière est donc toujours incompétente» quand il
s'agit de faire des changemens à l'état dé F^se. Elle ne se gou-
verne pas par des spéculations de finances Je ne parlerai pas
d'un grand nombre d'évéques qui ne peuvent légitimement être
déposés s'ils n'ont commis des crimes. Je ne parierai pas des
curés que vous estimez» et qui ». cependant» se trouveraient bamis
et interdits La puissance ispiritoelle étant la sienle ooUatfice
des bénéfices» peut seule juger de la capacité des sujets et de b
validité des titres. L'élection par le peuple serait une usurpatioa
et peut-être une simonie. Dans les premiers siècles , les élections
se faisaient par le peuple; mais comme elles causaient des trou*
blés elles ont été attribuées aux évéques» et depuis les rois ont
succédé à ce droit.... Doit-ou faire illusion au dergë du second
ordre,... (Il s'élève des murmures.)
mi (1790) M
Je ne Tenvitage point id comme un ordre politique; je parle
seolemeiit d'après la hiérarchie consacrée par le concile de
Trente. En assimilant les curés aux soixante et douze disciples «
et non en les indiquant comme les successeurs des apôtres , on ne
n'ëlmgne pas des principes. Je serai fidèle à ces principes» parce
qu'ils tiennent à la foi. Nous condamnons hautement une doc-
trine qui conduit au i»*esby téranisme; et si noifs pouvions ne pas
nous |daoer contre elle , les évéques , le jour du jugement» seraient
en droit de nous demander compte de notre lâcheté. J'adhère
donc à la déGiaratû>n de M. l'archevêque d* Aix > et j*y souscris
tant pour moi que pour les églises que je représente.
Jf. Goupil de Préfeln. Etant député du bailliage d'Alençon ,
sunsi que le préopinant» je représente la même église , et à juste
titre, pui3queréglise est composée de l'universalité des fidèles.
Je désavoue donc, au nom de mes commettans, au nom de la
nation tout entière, la déclaration qu'il vient de feire«
M. de Robes/nefre. Je me bornerai à rappder en deux mots
les maximes évidentes qui justifient le plan du comité. Ce plan
ne fait autre chose que consacrer les lois sociales, qui établissent
les rapports des ministres du culte avec la société. Les prêtres
dans l'ordre social , sont de véritables magistrats destinés au
.maintien et au service du culte. De ces notions simples dérivent
tous les principes ; j'en présenterai trois qui se rapporteut aux
trois chapitres du plan du comité. Premier principe. Toutes les
fonctions publiques sont d'institution sociale : elles ont pour but
Tordre et le bonheur de la société ; il s'ensuit qu'il ne peut exister
dans la société aucune fonction qui ne soit utile. Devant cette
maxime disparaissaient les bénéfices et les établissemens sans
objet, les cathédrales, les collégiales^ les curés ei tous les arche-
vêques , que ne demandent pas les besoins publics. Je me bor-
nerai à ajouter que le comité a négligé les archevêques qui n'ont
. aucunesfonctions séparées de celles des évêques, qui ne présenten t
qu'une vaine suprématie. Ou ne doit donc conserver en France
. que des évéques et des curés.
Il est une autre opi^ication du principe dqà préparéie p:ir
fli A88£MBl£b NATMIALB.
«
ropinion pidbliqne; eUe conoenie une dignité ëMngdm$ oon-
fiârëe par un prince étranger,'^ qài loi donne pour mmî dire
des sujets hors dies pays soutnis à sa domilisdon; Ainsi» les «li-
dinanx disparaissent ^lenoent devant le primîpe. ^
Second principe. Les offiders ecdMasti^ca ^m(, idstttaës
ponr le bonheur des hommes et pour le bien au p«a)[dé, il s*^
suit que le peuple doit les nonlmer. fl est dé prîtidpe «opl'Mdôit;
conserver tous les droits qu'il peut exercer: er , le péopfe peèt
ëlii^ ses pasteurs, comme les magistrats et aiitrel offiéierS plâ^
bHes. Tous devez donc conclure , que non-seuieiiièiit le peuple
doit nommer les ëvéques, mais vous devei! encore écarter kis
entraves que le comité Im-méme a mises à Texercicë de ce droit.
Troisième principe. Les ofiBcf^*s ecclésiasti)t|ues étant rétablh
pour le bien de la société , il s'ensuit que la mesarede leur trai^
tement doit élre sid)ordonnée à Tintérét et i Tutiiité génératé » et
non au désir de gratifier et d'enrichir ceux qui ddvem ^ércsr
ces fonctions. S'il s'agissait ici d'une simple laveur» |e ne bMan-
cerais pas à l'accorder aux eoclésiastiqpies > et même anx évéqueit;
niais ces traitemens ne peuvent ^ré supérieurs à œux qu^
donne aux grands officiers publics. Ne penkns pas tb vue «pie
cestraitemens seront pa^yës par le peuple, par la classe là mMÂs
aisée de la société : ainsi, déterminer ces trakemens a^eé rÉtervU,
eeii*est pas être cruel envers les éfvéqoes, c'est seulement ètne JMSe
et dompatissant envers les malheureux. Ces trois princi(tes renCeir-
ment la justification complète du projet du comité. J'^oaseiai mue
obseirvation d'une grande imj[)ortance, et quej'aiirais peu!t-é^e è(i
présenter d'abord: quand il s'agit de fixer la constitution eodé-
siastique, c'est-à-dire les rapports des ministres dû culte publib
avec la société , il feut donner à ces magistrats , ft ees officiels
publics 9 des modfe qui ianissent plus particulièrement leur tniérét
à rhitérét public. H est donc nécessaire d'atttMiier les prâtt^<â
la société > par tons les liens, en... (L'orateilr est iuterronpuftr
des murmures et par des applaudissemens.) Je ne veux rien di^
qui puisse offenser la raison, ainsi «[ue Popinion générale... • ^>n
rappiElle à l'ordre du jour.) Je finis» en. pi^ésebianc des articles
4'W(f¥^ <)%i4i^ QM^é^UatiQHes que im ^véqp^s et 4çs eur#
ilmi< m Wf^^ ^mm^ |yp(Q)ortiowé ^x besoipg de la ^îété;
^ I^Jllçes d'9|Pctiev4quô$ ^ d^ ca^diwn^ serwt opprimés;
i)f» qMranii^ nui «npMiç^t f <waMwr (f «ebevef ,)
Jf ^ A» Iknnit* Lu qoeition qui mt soumise à la dëlibéraiion «se
de mmh à im a^oFiera le fkm du oomité. Il feue voir si les pvhh
épm àt te plm 9(mt irinisribles, si en adoptant ce plan tous
rfeuéà&tet pas vss ponvt^. le ne ferai pas de distinction entre
faotorM eecMsiasâqiie et la potssanee mile, le me renfermerai
d^alKMPd dans «ette question : les principes sont«!ls vrais? Je ne
pois M^enipêcJi^de réelamer contre la natnre des antorités dont
m s'ert «ervi avont^hier. On « cité sans reserve le concile de
Tmm», las décréta des papes et les instiMions apostoHqtiies ,
^wmg» lÎMÎpKs d'erpeiirs ; et dans une assemUée nationale de
n*àiMi^» nn évéqoe firamçais a parlé avec réserve, je dfrai même
mmB aigris, die la progmatiqtte de ^int Lenis; il a attaqué les
tandis qo'M parhit avec respect d'autorités
dogoi^ et à la foi , utfles «eulement ou despotisme
id*ipe pwÎBoaaoa ArangèreiifQiiià ce qu^on devrait bannir de cette
nAma; It vevîaaB ao phm do comité : H oentient quatre c}>jets
pi'ineipaukl la^disposllioii des ëvéebés , la disposition des curés ^
b mamèmém fimpmtk ces bénéfices , et les app^s dans f ordre
4ft ia loiMlelioa «aelMastiqae.
^■Ipid^il «^ëgit #1180 question «cdésiastique , notre préniier
isiiétiiWBti; mlpe pMirière utMrJlë dok être rEvangfile. Les
â|><Wjui <i»<es4iaripies ii^rt fufa «lau do éKiMon «erritoririe;
le moade entier, voilà leur territoire, àiaà , les div4^toiiiS'âo«t 41
^émgfimêÊBm paa^i^fiiaiimde Jétos^ËHiirit s mes sans^oute
M notait) ■ Amsmwi ipwi ^néimmm iisfit ëtatii<|s ; 'dimnetwe-
attnito#ÉMkJeili8^:&MÉiMl «s^ânsn^
/
24 ASSEMËLÉfi KAtrôNALE.
8(ùnt Paul à Tife qu'on en troBTC le premier vestige. H feitfi,
dit-il, établir des presbytères dans les cités, dans les grandes
habitations. Mais les grandes habitations dérivaient de l'ordre
civil; la mission des apôtres était donc de suivre l'ordre civil. Ceh
est si vrai, que la qualité de métropolitain attachée à l'état de mé-»
tropole , est accordée par Tordre civil. Cela était ainsi dans l'em-
pire romain; cela était ainsi dans les Gaules, pronnces romaines;
il y eut, entre les évéques d'Arles et de Vienne, une diaciMiskni
pour savoir laquelle des deux était métropole. A la fin da hui-
tième siècle , iin indigne faussaire, l'évéque Ingerald , vil flbtieur,
fit les fausses décrétales pour attribuer aux papes l'institiidçiir
des évéques. De là l'autorité que les papes se sont arrogée ; de là
ces abus qui ont déshonoré Téglise, et qui la flétriront tsint qu'ils
existeront. La discipline constante de l'église était, contraire à
cette autorité usurpée. Le pape » quand il érige un évécbé , dît :
cNous érigeons en cité,i in civitatem. Cette faculté n'estrdle pas
purement civile? Ne suis-je pas en droit de conclure de celte
formule, qu'il ne peut y avoir un évèché que là où la puissance
civile a voulu qu'il y eût un lieu propre à le recevoir? Quand la
puissance civile veut en diminuer le nombre, die le peut. La
. puissance eoclésiaslique doit donc se dirige sur la puissance
civile. Ce qui est vrai pour les évéchés est vrai pour les cures.
Les évéques sont les supérieurs des curés,' mais ils sont toujours
des pasteurs. J'ai été étonné d'entendre dire que les évéques
avaient reçu leurs pouvoirs de Jésus-Christ, et que les curés re-
cevaient les leurs des évéques qui les instituent : mais.les évéques
. reçoivent la consécration des évéques; ainsi les pouvoirs des luis
et des autres ont la même source : ils dtfSérent seulement dans
leur étendue. Il est inconcevable qu'on renouvelle dans celle as-
semblée des assertions tant de fois réfutées. Les «aènes/rè^^
devant avoir lieu à l'égard de$ curés , je tire des mêmes principes
.les. mêmes conséquences.
Passons maintenant à la manière de pourvoir, à ees bénéfices.
. S'il n'est, d'après les anciens canons et les «pnomna èistcNâques
^de l'église « qu'une seule voie , c'iest MectioBk Saint^tfaias fut
HAÏ (1790) 25
BiOflftBié par tous les.fidètes rassemblés dans le même lieu Le
:<h*Oit d'élire a été ensuite usurpé par leis princes et par les évé«
ques. J'ai entendu dire que le peuple était seulement consulté.
'Jetrûave dans saint Gyprien ces mots : De clencorum testimonial
de pleins suffragia. Ainsi» pour l'élection , les clercs sont consultés;
ils témoignent qu'un tel a vécu parmi eux , qu'il leiir a para
digne des fonctions épiscopales ou pastorales; mais l'élection est
faite par le suffrage du peuple. Je cite celle de saint Martin de
Tours, qui fut rejetée par les évéques , parce qu'il avait l'air trop
humble et trop peu relevé : le peuple le nomma. Dans la suite ,
. on prétendit que les électeurs étaient trop nombreux. Les rois
dirent au peuple qu'ils représentaient le peuple, et ils nommèrent.
Bientôt les chapitres s'arrogèrent ce droit. Les cardinaux dans
% conclave, élisent le pape, tandis qu'autrefois il ne pouvait être
élu -sans le consentement des rois de France. Adrien écrivit à
Charlemagne , et ne prit le titre de pape qu'après avoir obtenu
soD suffrage. On dit qu'il n'en est pas de même des curés. On
vous a dissimulé les titres : les curés n'étaient pas des bénéficiers;
ies évêques envoyaient dans tel ou tel lieu des prêtres qui n'y exer-
çaient que des fonqtions passagères^ et qui revenaient ensuite
former le conseil de l'évéque. Ce fsit est attesté par les pères de
r^luse 9 p^r saint Gyprien et saint Augustin. Le patronage lui-
.mi$me n'est qu'une voie d'élection du peuple. Les seigneurs s'ar*
rogèrent les droiâ; du peuple, parce qu'ils prétendaient repré-
.senter le peuple. A présent quiln'y a plusde seigneurs, le peuple
. rentre dans ses droits. Ainsi rien n'est plus conforme à la religion
. que l'élection des évêques et des curés.
Restent les appels. D'oii vient l'appel au pape? Par qui a-t-îl
commencé? Qui s'y est opposé? Nous trouvons dans le code,
appelé le code de Denis^le-Petit, et remis par le pape à Gharle-
magne, la défense des appels à Rome, et le principe que toute
' eause doit être jugée là où elle a 'pris naissance. Les pères
*d«i concile d'Afrique déclarèrent que quiconque irait outre-
• Hier porter des appels, ne serait plus reçu dans l'Église d'A-
^ frâpie Nous devons reconoakre.au pape la primatie ; Saint
96 ASSEMStiS NÀTiaNALE.
Pierre loi a donné le droit d'avertir ses oollègiies» mw
jaridictioQ, Ainsi , il est ^lemeut conforme aux eoaJi,ini9i 4e.||
maison et aux anciens canons, qu'une discossiou élevât. 4aoi l§
royauoie soit décidée dans le royaume, le iie vois dpnft Ottcm
cause qui empêche de reconnaître que la décision de ces dîl^
eussions doit avoir lieu en France. J'ai prouvé que 1^ ^jl'^fttfini
des curés et des évoques devaient être faites par le peuple i qp|
la distribution des cures et des évéchés appartient à la puissaMI
civUe; fout le mondé doit donc concourir à l'exécutiou du d#^
cret que vous rendrez; mats si Ton n'était pas conv^iicu dei fli
principe , il est une règle qui agit puissamment sur ks p^isteiirt »
et qui l'emporte sur toutes les considérations, c'est Ja dmiUài
elle empêchera de refuser les secours que l'humanité réclani^t
que là religion commande Je conclus à ce que les bases ^
comité soient adoptées , et le plan discuté article par article*
On demande que la discussion soit fermée*
M. Gùuknl, curé de Roanne* Avant d'e^^uniner bqueBtMNi;
je dois avertir que quelle que soit mon opinion » éHe ne me ti&th
diiîra pas à manquer des qualités du citoyen. Vous m é^^m pm
craindre l'insubordination de ceux qui doivent préeber lldbtf»-
sance à toute autorité légitime. J'ai dû me taire quand m dé-
pouillait le dergé; le philosophe , mais plus enœre H dn^tisi,
méprise les honneurs et les richesses. Mais lorsqu'on veut etel^
ger la constitution de l'Église , déranger Thiërarebie , éSixvSn
tonte correspondance entre les ministres et 4eur efa^, ooitve^^
pondance sans laquelle n'existe phis cette ninté qui est
tielle à la religion ! Tel est en €4¥et le plan qu'cm vous propose
le prétexte de réformer des abus. Oui , il fau^ r^iiner taij^us ,
le scandale; mais où n'y en £H:-il pas? Cette assemblée ^ mmstr
quée pour discuter les intérêts de l'empire, en ^t ^He^mém jp
exemple. Il y a donc des abus dan§ rét^tdc r%lise; ^^iû j^s
attribuer? Est-il possible que le clergé, «bliçé de Tivfedfmiip
monde corrompu , puisse ^e garantir de la eomiBi^n? 9f ^ 4is
abus ; piais vous ne voye^ que }es 'eeçléwitsli^es fi^pwjj w ijbws
les soci4^: aile? dans Ic^ W^P^»^^}» m^iSfl^^
MAI (1790} V
4tm )eg sânipaires, etc., vous y admîrereztouteslefiycartiisecdé-
msA^nA^ Foroiezdottcdes vœux, prë$entez desprojets, etn'attei^
àèiipéieB évéqttes, du pontife, deslois qui puisseat être exécutées^
cures dépendèitf; des évéqués, lesévécpiesdépeadeBt du ponr
i: telle estma fot,tdte est cdledetoos les vrais cbrétieus; tctte
e8lâusdoùieoelledecetteassaixiblée,0apeutchangerlegouveriij&-
fûentdvîl ,011 ne peut changer celui des églises ; il est inaliénable «
inaltérable; sinon il n'y aurait plus d'unité, sinon bientôt il n'y
aurait fins dé religion. Les cnrés étant payés par le peuple, sop
raient soumis au peuple^ qui durait: Messieurs, nous vous payons»
Aitisi s'établirait une anarchie sfûrituelle, Le comité a voula
prendre pour base Fancienne discipline: les maximes ne changent
jainiS|.les,canons peuvent changer. Un canon très-ancien, les
Actes des apôtrèSf. défendait de manger le sang des animaux;
«i jAutre ordonnait aux femmes de ne paraître' en public qu'avec
Aj^YOiié sur la tête : voudriez*vous rétablir tons ces canons ? Non»
àî^ù, on en fera un triage ; mais qui se chargera de ce triage?
l!foli«^n](es, 4iti^vons*.,. C'est en partant de ce prindpe que
Luther a commencé sa réforaie ; il abolit les monastères; il dé-
d^^ue h\(m de chasteté n'était pas d'institutio& divine , et il
^p^stfa-unereligteuse^ Il n'y a que l'autorité de l'église réaidsml;
dsml^éfmofotf qiû pmsse fmre ce triage; die seule peut lui
doMePrfofce deloi; L'autorité des évéques est k même que
cett&4esapdtres. Tout-cequedéeîdereût l'a^ad^ sationaleii
K>^<e que décideraient les i^ois de la terre serait essaitiett^nent
flid 8dtis4e consentéiapleoft épiseepal. Je m'arrête au dernier coa-
^c^ménîfi^e, qui idit que les évêques sont Jes ânccessew^
desiâpôcr^s^ On vous propose de diminuer le nombre des évéques
et d^ curés t sépara^-t'Hin jamais les pères et les enfans? si^ra*
t<âii jamajs^des époux malgré eux et sans im jugement préalable ?
Veye» les wiîcles IV et V du titre 1*', et l'article XX du threll.
X>ni^ut donc absolumeât nous Réparer du chef de l'ÉgUse] m
veut donc ^traîner l'Eglise gallicane dans le schisme ! N'â-»t-on
pas dans^oos les temps a[]pelé du jugement des coneHes au
saîiMl-^î^got: J'entends des personnes qui n^ disent que je titok
28 A8S£MBW£b NATIONALB.
à rinitiillibilitë du pape: non, je n'y crois point; mais je recon-
nais dans rËglise un chef, comme il doit y en avoir dans toute
espèce de gouvernement. Après avoir détruit Tautoritë du pape,
on anéantit celle des évéques. L*évéqqe ne pourra refuser d'in«
stitùer un curé qu'avec le consentement de son conseil ; si avec
ce consentement il le refuse , le synode sera assemblé. Le métro-
politain ne pourra refuser sans assembler le synode. Ainsi , le
synode , composé de prêtres , jugera le jugement de Févéque.
C'est le presbytéranisme qu'on veut établir.... (Il s'élève de
grands murmures. ) Est-il un seul chrétien qui ne frémisse de
voir l'Église gallicane détachée de son chef» pour en feire une
Église schismatique , qui bientôt deviendrait hérétique !..•
M. Goupil de Préfeln. Je demande que l'orateur soit rappelé à
l'ordre.
M. Goulard. Je ne parle pas contre l'assemblée, mais contre
le projet qui lui est présenté. On ne peut d'ailleurs appeler héré-
tique que celui qui s'obstine dans une erreur condamnée.... On
veut faire élire par le peuple ; mais Arius eût été prélat d'AIexaiH
drie ; car il disait aussi que le peuple devait élire. Les curés sont
institués pour les évéques , c'est donc aux évéques à les choisir.
On dit que les intrigues , les passions et le crédit influent sur la
nomination des évéques: cette influence serait plus considérable
dans une assemblée oii les électeurs seraient plus indépendans...
On rendra l'état des pasteurs précaire; c'est toujours aux di-
rcctoireis des districts qu'ils seitmt assujétis ; le traitement en
argent sera payé ^par le receveur du district, à peine d'y être
personnellement contraint. Mais quand les districts seront deve-
nus nos maîtres, pourrons*nous exercer cette contrainte? Vou-
drons-nous nous armer contre nos paroissiens? Les prêtres ne
seront plus que des ouvriers salariés, entièrement à la disposi-
tion de ceux par lesquels ils seront payés ; et si le peuple ne voit
dans ce paiement qu'un impôt, ne sera-t-il pas tenté de s'en dé-
livrer? On se plaint des mœurs des prêtres ; seront-elles plus
pures quand ils se verront indépendans de leurs supérieurs ec-
clésiastiques? Si vous voulez sincèrement la réforme des abus ,
MAI (1790) 29
assoreaB-en la base sorrautoritë épiscopde; autorisez les assem-
blées des conciles provinciaux, que le clergé demande depuis
long-temps , et toujours si inutilement ; reconnaissez solennelle»
ment la puissance ecclésiastique» qui ne peut appartenir qu'aux
successeurs des apôtres ; suivez la route que vos pères ont tracée;
présentez à cette puissance vos projets , elle les recevra avec re«
connaissance. Je vous conjure par la foi » par le respect que
TOUS portez à la religion , par ce respect qui ne vous a pas même
permis de faire de Texistence de la religion catholique en France
l'objet d*une délibération ; je vous conjure par ce grand prin-
cipe politique de la division des pouvoirs , qui répugne à ce que
le pouvoir civil et la juridiction ecdésiaslique soient confondus ;
je vous conjure, au nom du Dieu de paix , de rejeter toute inno-
vation qui alarmerait les fidèles* La constitution de Fétat civil
doit suffire à votre zèle ; l'intention de la nation n'est pas , de vous
transformer en concile. Je conclus donc en disant qu'à l'excep-
tion de ce qui regarde le salaire pécuniaire, il n'y a pas lieu à-
dâibérer sur le plan proposé. Si cependant vous vouliez l'exé-
cuter , vous pourriez présenter au roi les différens articles , en
supfdiant sa majesté de vouloir bien les envoyer au souverain
pontife , avec prière de les examiner ; c'est le seul moyen de
remplir vos vues, et d'empêcher le schisme qui doit affliger
toute personne attachée à l'Eglise gallicane , et à la religion ca-
tholique, apostolique et romaine.
jtf. tabbé Thomas demande l'impression de cette opinion.
M. Mameu, curé deSergy. L'opinant a accusé le comité de
tendance au schisme et à l'hérésie. G^ comité est composé d'ec-
clésiastiques qui connaissent leur devoir aussi bien que lui. II n'y
a pas lieu à délibérer sur la demande de l'impression.
M. le curé Jallet. En eif;aminant le projet de décret présenté
par le comité ecclésiastique, on reconnaît aisément, non des in-
stitutions nouvelles, mais le renouvellement d'une ancienne dis-
àpline , qu'une longue suite d'erreurs avait iait négliger , et dont
h piété des véritables chrétiens a conservé soigneusement le sou-
wiir. Les préopinans ont prouvé ce que personne ne contes*
ISO ASSEHBLiB NlTIdNALE.
tait.... L*asseiid)lëe natiosale se propose de supprimep MiitfM
sans fonctions , de réduire le nombre de ceux doQt FinstitMfeii
est utile , s'il n'est pas proportionné anx besoins de la soeiéïé ;
de rendre le droit d'élection m peuple à qui il ap|»rtenihé IM
opinans qui o^t attaqué un aussi sage projet de réforme, ont eM
beaucoup de conciles sur des articles de foi ; mais il ne s'agH pH
ici d'articles de foi. Ils ont dit qiie les jmpes ont érigé des 9iégei
épiscopaux ; ils ne l'ont fait que par k tolérance de là poissMee
civile. Je prie ceux qui combattent le pian du comité, de dédbret
nettement s'ils regardent comme pmnt essentiel de doctrine qu'il
7 ait dans le royaume plus on moins d'évéques ; qu'il en s^
établi dans telle yille plutôt que dans telle autre; je leur d^
mande si l'institution sera moins parfaite, quand i au lieu de 199
évoques , il n'y en aura que 85. C'est donc ici un objet de poBce
civile, et non un article de foi. BI^s certes, le sonverafit M
pourra jamais dire dans un État catholique: je ne yeux pekA
d'évéques: ce serait attaquer la religion. fTést^il pas deilntérét
de la nation , comme de celui de la rdigiim, que tous les dîùjtm
d'un département, réunis par tous les rapport politiques, le sàixM
encore parles i^apports religieux? On dit que l'assemblée est î»*
compétente: il ne is'agit point d'un établissement nouveau*
M. l'archevêque d'Aix lui-même , et toutes les personnes^ în*
struites, reconnaissent qu'il ne s'agit que de feire revivre nffie
discipUne antique et sainte. On s'effraie beaucoup de ce que tes
non-catholiques concourront à l'élection de Févéque: pourquoi
non? ils concourent bien à les salarier. Le pasteur cboidpar
eux pourra gagner leur confiance , ou dumpi^s il assurera feuf
union avec les catholiques , s'il ne parvfent à réunir les opniôn$.
EnSn comment pse*t«on élever de semblables oppositions, qtwA
on a vu au bas d'une protestation destinée à demander exdusi^
vement le culte public pour la religion catholique, des signatures
de non-cathbliqùes adossées a des signatures épiscbpales?... m. -V.
l)es chapitres sont reconnus inutiles; ils sont alors intolérablf^^
parce que toute institution inutiïe ne peut être admise ctojis , Dtt
gouvernement bien organisé, M. Farchevéque d'Aix a fait \ialbir1lS5
fMlféft jpiâ)HqÉi»qai ènmî feitës par les cliapiires ; ma^ lesprières
pSÊXfttés bbiôpreiiftent ai méiDe temps la prédication , rinstrao
tiM éesldèlist |>eiil-oftiippdei' prière pubBque aôe psalmodie
fttà^èe 9 payée parles thàn^iies trop riches potir la feirè eaX'*
liétfé^t... lecoàdfis à ce que Tensemble du plan proposé parle
MflâM ttoh Mùftë eoMn^ entièrement conforme aux ancienneè
tiakinies dé l'Église, et à ce qu'on passe immédiatement à la dls-
tsùÉftiM artidé par article , sans s'arrêter à fa déclaration de
!!• r«"dkév«q!ie d'Aix.
M. te céré 6ome$^ On confond sans cesse TËgiise et la disci-
fitaf Mxâ^faètique. L'Egflise . est la réunion universelle des
É^KâS m&t^étàritë d'un cbef légitime, la discipline est in-
lârfaMe <ni Bktériéiirè. La dtsdpKne extérieure u'appartieiït en
riett i TÈ^Éèi je Vaiis le prouver. Saint Mathias fut d^abord élu
fMle» fidètai. Les fidMes» dont le nombre était augmenté, de-
liaifdèMat qu'on ae^éntât celrii des pasteurs, c Gïioisissezi
ÊtteA le» dpdtres , et noâs instituerons.,... 9 (Il s^étè<<ce des inur*^
«ÉWes^dbMk partie droite de rassemblée.) Je Ms prof^ion
d?ailaàei^« dliôÉet^ la rdigion, et déverser, sfg le faut, tout
mon sai^l^r-eHe....
M. MauieUf euté;de Setgy. Tbus les eccl^iastiques tle cette
assemblée font la même profession de foi. \
Quelques eeeiëiiiidâques plac^ dans la partie gauche de t'as-
Mrtdéer se \i0ma ponr s^otiir à celte déclaration.
" M Mbé €fêmeg^ Dès ^e les apdires se fuient répandus sur
k wm^ #s |MN»àrii4reiit d'étaUr dès prêtres dans te vfùes oit
lltoffigftKaièllt^ediiVèn&bleini&is il ne s'ensuit pas qu'ils aient
toulu Tegurder le peuplé comitic «déchu des élections qu'etfx-
Ikiêaiefr Màei^ ordcntrées. Cedroit a été rendu an peuple, f a-^
j«ites»4'«einple devînt (ir^ofre, qu'on a déjà cité , çehiî de
siiiÉt ikmbroise: ahsi'donc, il est certain que Télection pour les
IMièâoitti^ee^itfstiques appartient au peuple. Quant à la forma-
Ihn de* lÉétrc^éSMeaittS, elle tient uniquement à la juridiction d^
tOé/Séftit fean'rapdtre avait fondé des églises dans VAsie; saint
FMflt da^ la Grèce; saint Harc^ disciple converti, institua îé-
Si ASSEMBliiB NATIOMALE.
gUse d'Alexaadrie, qui obtint le patiwchat, parce que cette ville
jetait une capitale. Byzance n'avait point de patrisurche, CMOtaii*
tin voulut qu'elle en eût un ; et Rome, <kmtaniinople et Alexan*
dric furent le siège d'un patriarchat. Rome 1^ emporté sur An-
tioèhe, pourquoi? parce que Rome était la capitale de i'en^r^
romain. Il y a eu la même variété dans les églises d'Afrique.
Tout le monde connaît le foit de saint Baaile^Ie-Grand ; tout le
monde sait que quand les rois l'ont voulu , ils ont donné la pri-
matie ecclésiastique à telle ou telle ville.... Le plan du çsmiU
est donc conforme aux anciens usages ; il a pour but de noas ra-
mener à l'Eglise primitive, et sans doute c'est la seule m^mièrede
se bien conduire... On a puisé des autorités dans des siècles d'er»'
reur pour défendre une mauvaise cause. Comment a-t<»i pu dire
qu'on attaquait l'autorité ecclésiastique en den^indaiitiiD synode?
J*avoue que » croyant à la hiérarchie ecclésiastique » je ne pou¥ai8
penser que les évéques fussent institués par Diea » et les curc^s
par les évéques. On dit que les évéques sont les successeurs des
apôlres, et les curés les successeurs des disciples; mais les Bpà*
très et les disciples étaient également d'institution diviue.- (L'o«
pinant, pour appuyer son opinion» cite un texte latin.)
M. d'Esfnrémenil. Nous n'entendons pas le latin.
M. l'abbé Gouttes continue.
M. d'Esprénienil. Ce (lassage est inexactement cité,
M. tabbé Gouues. Je suis accusé de citer à faux. U y a piés
d'ici des bibliothèques, on peut faire venir des livres; je confon-
drai l'accusateur. J'ai seulement voulu» m citant ce passage,
prouver qu'on avilit à tort les curés» en disant qu'ils sont les
simples mandataires des évéques» et que les évéques ne les ont
pas traités en frères. (On applaudit.) Mon intention était de
prouver que l'union des évéques et des curés est nécessaire à la
splendeur » à la sainteté même de la religion » et que oe serait à
tort qu'un évéque voudrait décliner le synode. Qu'en lise l'his-
toire » on verra que les diacres de Rome ont appelé le pape à un
synode; on verra que chez les anciens» les mots évéque et friire
étaient synonymes. J'ai tenu ce langage» afin que les évéques
MttMDt que leur sapëriorité daiis roridrecMI est pltitdt une ccm-
tMie dé l'Église qa'ufié émaiiatk»î d^ h tdoMë diniie; <t'ûpi*
luni die^Miore de méÉKMrele teite tetio qui se rappopCe à ees
dernières expressions.)
M. de Bochelmme. Lisez cela.
M. tahbi Gouttei. Il est iodécent dlnterrompre ainsi un opi«
nant. Voici du français ; saint Augustin, évéque d'Hyppone» écrit
èamt Jérimei < Car eacore que sekm les titres d'honneur , l'é-
IMBeopat aok aihdesstis de Ja |fféarise , Augustin est au-dessous
4e JérAme, sans oeuapter que nour devons être prêts à recevoir
la oomeiioD niêne deoeux qui sont athdessous dé nous. » On
trotnie dans les cnaeiis de Gtutliagei < L'évêque [à l^^se doit
«voir b prearier nng ; de retour à la maison il ne doit janmis
sonfiHr^qu'nn prèire soit debout m âéoouTert devant lui. La
preuve cpiè ee ft'était pas les évêques seuls qui déterminaient les
lihirea eodëltaailquest se trouve dans «e lettre de saint Cyprien
èaea piéupes: « QAant à oe que in'dnt écrit nos confi'ères ( les
piètres), je A'ai rien pu répondre , paa^ que je me suis imposé
k ki de ne ricm fii]re sans votre eonsaitement et sans le conseil^
leneat du peuple; >
.,. AJQsi, daasFÉftise, la M était Mie par tous; la volonté de
tans était nécessaire pour fiMnèr la discipline. B 'feHait que les
règles lussent aimées delous pour être exactement observées. Je
eÙBcius et je disque les affaires de discipline extérieure sont de
la compëtenee. dé la natieu ^ et qu'die peut txer retendue et le
MNibre des dBoefesea et des paroisses. l'exprime cette oiunion
SiieB é'antaut plus de aatfafactiwr, que Charlema^a ordonné
les mtoea dispositiOBs*
le finis par mie dbservaiim importante. Vous avez des affirires
irèa-BEgentesi tnéter; neserait4l pas Convenable qu'après avoir
lomûné la discussion au fimd , ^ on se bornât à décréter les sept
premiers artides du titre r% et la totalité du titre III , et que le
Msie ifai projet de décret fût renvoyé après l'ai^hèvement de la
CQBSlitfltiffll.
' Jtr. Charles de Latiîeth. Je demande que ta discussion soit fer^
T. VI. 3
ié ilMIMMlil iUMiUtiB.
Biée MIT twÊUBUBdm Dtak d oMdnoMÉi i?Brf*fiinit iMUtnr
comptables à la nation.]
•«•«i
Du droit de paû; el <fe gwrref
. Tout la Mrd (de rSiiKOfie «faîl « «mai* Ia foorte aaink
Ja^RiKsîe ^ la SM$ coiM«M«it éa FîaiaÉik$ rjnpénaimf
Gatb^int n'avais p9» 4»ear« Aât te jam aaoc k TaB^atetUi
dernières aoweUes te ^anisfioiiiaBi aiipi caoMM 4oali«tt|it
aestroapes iasaltateat tes ^oaiièw tda tel\alnrwii ht^ ^^^teaf^^
teioaiae était asi^iaUéa» et s'opesfait teaiaaavit 4a Somf^ m^
awnceg aaais so oajgaait <|ae oat aabtes jTi^iMiW^
ftoës, ^teosteaia la^jau da i^érisiaaas^ «^
Ihabte» lor dfis imiUas teii^MaM^ te team pafpaai
àe mooicmHU déposas à faMadî^pw i<^
geois de^ viltes peasate^l aassi daanader à 4lra mÊ^pÊk fm
qtidijv^ johosa daas rsiat* Oq
bre de la diète n*était rien moins que chaud |i<iiim, ét'i|aalÉ
CDtir 4a fiiisiîe omp^MC dMi iMie aMMiÉtA^
i^ plus d*tMi aial eaaefwu Gepaadmt te t#aMifBs aaait a^néai
lâpaiié d'alUaaoa défensive avae te IVwaa $ et «slteNd nvaft^fte^
éira fioiir te éé^wtea^ ^^ dMaiaat ^MlqiiasNmi^ iKiar foaar
reiiqiaiwr if^Ani^ka À teteate pûxaifae lai Iteraa^ «miRsIeSi
faelsH aaiMJnaaii «ae ^aaita a»s ifigwiK il «éamrtate'ff^
caita^^ppqiaadasiMapMtat^ e aâiiii iiiiWB urti aalreta^Bkiaatiit
Berlin et le nouvel empereur; on annonpit Jaéqpa «uat aoai^
hM9rA4à^^imi aa ai»aa«i te ilaaCMtf*«lMSi «eraM^^
laait nna aiwé^ |Kair j^rotagar , dteak^ae» #m êtëk$ dnas tes
Baf;s*£âs«
&i «a «BWHiQt J'JUigteleai^^ itipiriail ioMomT «aUribattea
pour quelques vaisseaux anglais saisis par une <iiaad|ii mfti*
gnole^ dans la baie de Nootka i éqaipait une flatte çoptaîMr^le.
fyssei^t destinés à ^ne col|Uibp fiérj/e<^
CejpendaQt la ^vité dç pette a^e {«t ipppjnf^peair jn^Ijii^à
rasseiid)lée nationale pai: eet^e lettre de MwtjDi^<MrÎD| fg4 )iéM^
communiquée dans I9 séance di^ ii ij^giai,
c I^es arm^élQS qui yiennept d'avpir lien ^eas p^e i^i^j^ce
voisine^ Ja presse d^ inatelolSy cf donnée et je^^^ av<(Q fffkd
grande activée, .çt li^,if otifs ^'o^,ç|oiv)/ç à d(e^ in«#^9ia§|ift;M^i
mai^gyé^, put J^j;é,l*^t^tiQA de S. ]tf«]Slte^MMl4«»»«o».dm-
iP^r 0e.Yolr ^J; de i^^jOiter. à la ^^(p (^«l'^i^l^.fll)^ m msm^
»ài9fmi^ df^ {{^i{endi;o.4i% mm» ewr jrMiUr fiai .fMM;
fille a donfw^ les xuxires Aéûttsaîiteft • jt JMiiiiiBnffil ciminiwr
jr9M«S)Q»i^4e JKiW^ i^iyMNt Womt^lMto iHMi||Jk8tl1&ocftn;At.lle
Ja MédilcrraBcr ;4Blleii Direacrit en wirtnif f nmpi îWï ûûiBUiiasdMs
Dlî )o'« <dVii;Bé4:j^s^ii^.,,ffMr M»>9q|»w*>iljUiaiaUée.dei|i8
4KW^ i^ .H 4^f 4lf:py§^|4( 4miMm^ im^rmtià qmtjm^MSf
gwe J» BI>l^i9«,$(^iP9»fr^pq)4^^ ^JëMirte^^Miimma do^pièts
.^ M Çffiff 4f ,Mi*?^i^^iP» n'ont jH»»tf aune
^jfif;.(gi|i'j}fi^iprjeiqd e((l^Q,(^tte pHJs^f^ et Ijt^iiir de Jbdrid.
Sa majesté britannique désire infiniment voir terminer c^jdiS^
f#1tfift?r..\\^\e n^li^tipy^ ï^ effets % /je jFiiihItoto*t «0t en
f^f^W<^^^^ l'^s^9W^ 4h ^^W.Atfi^^f «^ c^m^^ la
tions. Mais quelque rassurant que soit ce langage , Ic^jiîtqe^peBt
H^ lÛ/^X^mf ^^^^^ ^^^^ ^imk MmU est
«^PfXWKW 91e FAngte^eiirç plfint f^xfi^ Jg flr^v^c^AeiiQiit okie
^Qif i^rçstçr.^é^iif^ée. Il fn^t ^tpitr^ydre^à ^'Sur^fie qoeiéiaUii-
jfpa^lS3ft 4ç^Qtjre.QO99titutÎ0n.e^ ^in^^^fV^pfjsr de8.Q|)siBcla0iau
à^^$^inBPmf^t ^»Q^ ifqn»^» f ^4«s^ Qù tm peut m éimmt-
AT4WP ^/^WWWfi^ .^ «#r^ ÏHWee,i^|iiÛttpi3esfl«|Bit
.4^«B^>WMP B»rçhe,,^^,é|jii»nifiii/iipi^
S6 ASSBIIBIIb lUTimiALE.
pugne. Le roi fera ses efforts pour rapprocber les deux puis-
sances : Sa majesté connatt trop la justice et la modëration du
roi d'Espagne 9 pour ne pas croire qull se prêtera avec empres-
sement atax voies de conciliation qui po^gront ne pas compro-
mettre les droits^de sa couronne. *
Les dispositions de la coiir de Londres donnent encore Tespé-
rance» que de son cdté, le roi d'Angleterre ne n^ligera rien
pour parvenir h cet accommodement. Le roi a fait témoigner à
sa majesté britannique sa sensibilité à la communication amicale
qu'elle Im a fUt donner par son ambassadeur en France. Il a té-
migné k la oour de Londi^ son désir que h bonne intelligence
ne soh jamais tmuUée dans ce moment-ci et dans aucun autre.
S* M« est si Çnippée des malheurs en tout genre qu*amènerait la
guerre , que ce serait avec une douleur inexprimable qu'dle s'y
verrait entrsÉsée; aie n'épai^era ni soins ni d^)enses pour h
prévèsir : c'est à es sujet qu'aille a cru devoir prendre les mesures
qui ontëié indûiuéesau commèoèeDieitt de œtce lettre. Ces tfis*
positions exigeront prdtMd^lement que quelques secours extraor-
dinaires soiem doDuÀ a6 département de la marine. S. M. est
trop fsonvaiiicue du patrioiisi^e des représentans de la nation» ^
pour douter de l'empressement de l'assemblée nationale à décré-
ter c^ secour&i lorsque le taUeau en aura été mis sous ses
yeux. >
Sur la lecture dé cette noie» l'assemble dédda que toutes af-
faires cessantes, ^é s'occuperait dès le lendemain de la réponse
à loi faire. Cette prédfHtation était , chez la plupart des membres,
un effet dé re^ttousiasme. Les membres du côté gauche le virent
avecpeme.
Le soir même, la soiciélé des amis de la constitution se réunit
extraordinairanent aux jacobins. La proposition de Montmorin
At mise en déiibératiim ; et on démontra, dit Carra» c que le
droit de paix et de guerre , et cetui des alliances étrangères ap-
partiennent à la nation ; et que rassend>lée nationale ayant toute
«qfkèœ d'initiatfve , c'était à elle seule à décider le pBirû que Ton
av»i à prendre dans cette occurrence. » On démontra que b
MAI (1790) 37.
manoeuvre des ministres, pour &ire naître la gaenre, n'amic
d*autre bat qoe de troubler les opérations de l'assemblée natio-
nale, discréditer les assignats, soutira le. dernier morceau de
pain qui nous reste, ruiner les villes maritimes et de commerce ,
oocasiomier une banqueroute , et détruire Ja constitution. On dé-
montra que cette manoeuvre était l'ouvrage du comité autrichien
des Tuileries.
f Commerçais des villes:, ajoute Carra, gardes nationales ooih
fédérées , braves soldats de troupes de ligne, d^nes officiers jmi-.
mdpaux, et vous citoyens, qui avez formé des sociétés patrio-
tiques, réunissons-nous tous ; élevons une voix terriUe contre ce.
perfide projet des ministres, contre les miiAstres eux^némes;
clias8on»*les de la présence d'un roi qu'ils infectent sans cesse de.
leur, vaun aristocratique. Qu'attendonsFnQus pour chasser ces
impies et insdens personnages? fTonUib pas comblé la mesure,
ea voulant nous engager dans une guerre étrangère? Qu'atten-
doDSHious enfin pour déclarer que nous voulmis être les Imis
de toutes les naiions , les ^nemis de tous les tyrans , et que nous
ne reconnaissons d'autre pacte de fieuadiBe que les pactes de fa-
nùUes nationales? > (itmiate potriott^tte^ ^ n* 9B&) Carra était
membre de la aodété des amis de la constitution .
siANGB nu 15 yAk
[On cœnmence la discussion sur la lettre adressée à IL le pré-
sidât par M. de tfontmorin.
M. le duc de Binm. Un grand différend s'élève entre l'Espagne
et l'Angletenre : les deux puissances font des sirmemens considé-
rables , et le roi a donné communication des mesures qu'il a cru
devoir prendre pour assurer la tranquillité générale et pour la
sûreté du commerce. Jamais la paix n'a été plus nécessaire; il
appartient à une grande nation de se porter médiatrice entre
deux grandes nations ; mais pour être utilement juste, il faut être
redouté et respecté; mais en se rendant redoutable, il ne fout
pas oublîer qiie la loyauté et toutes les vertus sont les compagnes
I i
SS A88SIIBLÉX NATIONALE.
(feld tiberfé. Un peuple fibre doit être le plus lo^at dé$ alliés.
Qid né sait que la guerre à laquelle nous prendrions la moindre
pslhsei^it t^ës^onéreuse pour ùous? S'y èxpdser, ce seVait donî-
prëiljiiettrè hutte àiiùtttértè ^ et afefe Iiâ la subsistance sae>ëe dé
deiis AAIRemlé d'bohiiiies....; Wètre prospérité est tétlédaent Mir
dkéé an borihetr^ et l'Espagne , que nous dévoué cr^StiAre âé
l'abandonner. Nous ne pouvons oublier que cette pufesatice a été
yê» tiîm nÈë affiée géééf eusèf : A les l*epf éséAtâns dé là nat?bn
oM d'il dé leitti^ loyamé ée prèttdl*e È(m letnr sâtivégartSe te^
deHèâ éont^âctée» par lë illéspdtisitoe, ne bi'Oirôftt-ifs psts âéidit
i^péétèf les dbligàticfns dé reconnaissaneHî co^ifti-aetéé âveè vtiië
^rtede Aation ? Nous devons acheter la pâk p^ de grands sâ^cH»
flces» mais non pai^ celui dé l'Hoift^eur et dtr eattàtîèfé nâfttOÉfâL
VH de BOA rois disait î tout est perdu , fûré tkonneûf , ^ ttfuf -fSI
JBMioté. Rieti n'M pëféui et rbonneur feti toûjmtÈ itmtè Té^i
cti^Ëléié B a tètf joliH feit âôiN'e toi;.; Toute ptàt ëstdéfrefîee, él éÊ
éêéâtë I]b'M û'â pàÈ^ là mcë de fMrè te guèâhrë. tM dît ^*ft if Y
a |MS d;«rtlié€i» qti'K n'y a i^ de twm pAhlUfOé iÉ^Msmna fM
ftfrtè â^U pèiîpié lilfre dëniiètfKt lHokis grande qëe céfii dd éê^
potisme. Quand* Éiod» né dëvrionè pas à dti feii 1npyMenHilô|plM
toute la confiance, tout le respect» tout l'amour que les Français lui
ont voués; quand nous ne connaîtrions pas les sentimens patrio-
tiques de l'armée» ces mitlions dé citoyens qui ont pris les armes
fitrùr ratféfeiisé dé iàlJbëité, déviaient dissiper totitèë nos itiqiiié-
tudes... Je propose le projet de décret àuftatlt i i Ë'assétiilblëè Uâ-
liosÉié décîètë qiie soû iilrésideiït i^e re^h'ta deVèts le l'oi, pôtt le
fëniéMrf des mésureii (ju'îl à prîmes péià; la siùrelé dé 1 Wpire trt
m cbiâifaâ*ëé , et ûeé itëgociàtiôns <|ti'it a entamées. L'àâsdiiblëè
Mipïdfe sA diàjéëtë dé Ittî ^airë reihétti'é Fétàt des bësdinb dtl dé-
t)âft8fliêiit tîe îà màh-hé.
' ' M.té càitUé de Viriià. MeS cohbiusionà étâim Cditfdrifles4'^^lil&
de Û. dé Birôîi ^ je réclame l^iisagé eonslaiit des listés côntteipoûr
et sur.
'iHf â^Àhdre. il est hàtùret qùé la discùssiori àiiieilè dés propô-
Jf. de Bêtm«iat%é Une qiMtioa pôtkiqoê et dtplomatiqtte ne
peut, avant d*étre discutée, pr^enter on résultat asséas simple
fioor amener use dëeisioii par mi on par non : il fiiut qu'elle soit
arrivée à ce point de simplicitë pour que la discossîM s'ëtabKssé
d'mie manière ooirtiadicu»re.
M., takbè Mâury^ Quand Irittt mépé <» ne discuterait que l'on
des points Ustot i^ies, il fisiudrait toujours avoir le sens commun.
On ne peut diseuter d'une manière utile sans faire choquer les
opinions* Je ne vois dans font eeei qu'une questien d'argent, qui
peut ne rëduiNi à un eut ou à nn non. Doitnon faire un armement,
doitp<Mi n'en point ftire?
Mé du Qoêmogi J^avatosoopçonnri qu'on voulait entraîner fas*
aéâililëe dans des mesnres imprudentes, et ce soup^ vient
d'4im ooBftmtë. Il ne s'agit pas d'argent, comme on l'a dit, it
a'agii dn saim de l'empiré t iU'agit des plus ^ruides quesUont
qfUft TOUS pttimiea peot-éii« avoir à traiter i il s'agfit d'éviter le
piM dangereuit dee pièges mfatistàlds. Les Ministres ont voûta
jeier la disisorde dans l'aisembiëe; les ministres essaient de
ddsmw fassemUéUf et Ton sert parfisitement leurs mesures eii
demandant que l'en ejpioa pdo* oui ou par non. Ainsi, l'inHicrtive
serait accordée amt ministres avec tons les moyens qui peuvent
in tenÉre fmiesie ; ainsi ils nous dHralent de nonvean t le roi sera
praftedénent il%i> A vMi rebsea les secours qu'il demande;
IémI enidipnaindt ètai€(»«^ de son nom et de notre rèspedt Mon
opinion ne sera pas équivoque ; il faut fournir ces secours, nmià
ftinnt âiiie aupninwBtt : le rai »441 pu , a-MI dé? Pouvons-nous,
desonMonaf Cb n'est pas en 4isant que le roi soluté de Far^
§eni qifnn peut eipâ«r «P^iarer not«e délAëration t m^ pro»-
peniiion wàMtSi tant ee qnî porte lènoin l^nançais.
M. Alexandre de Lameih. J'ai demandé la parole pour clier-
dwt à émMIf IniqMn^piont Bewonnene MÉ|iera certaînemeiic les
40 «^ ASSEMBLÉE NATlONAliE.
puisqueles oinlressont donnés; maiscecte qoesUcm incidente
une question de principes. II faut savoir si rassemblée est eonipé»
tente» et si la nation souveraine doit dél^uer au coi le droit de
foire la paix ou la guerre : vdlà la question..., (L'orateur est in-
terrompu par une longue agitation.)
Il est infiniment simple de traiter cette question avant h ques-
tion de circonstances, ou bien vous la préjugeriez : le ministre
vous l'annonce assez dans sa lettre. Je crois que si vous vous bor*
■
niez à accorder les subsides ^emapdés , on pourrait entraîner la
nation au«delàdesbornes que notre prudence doitprescrire.il fout,
avant de prendre îin parti » connaître toutes les circonstances ; il
fout savdr ce qui a précédé. La nation ne dmt-elle pas être in-
quiète « quand le ministère a laissé pcès de la cour » dbnt les a^
foires nous occupent actuellement , cet homme » ce ministre ap-
pelé au conseil du roi , lorsqu'on ;i entouré l'assemblée. nationale
de bayonnettes.... U est possible qu'il y ait des raisons pour dé*
clarer une guerre; il est possible qu'il existe des.arrangeifei»
entre différentes cours; car c'est ici la cause des rois contre les
peuples. L'assemblée nationale doit savoir pourquoi cet aroN^ •
ment ; elle doit examiner si elle peut déléguer le droit de foire la
paix et la guerre. Cette question ne peut foire aucun doute dans
cette assemblée : le droit de foire verser le sang» d'entraîner des
n^ifliers <|e citoyens loin de leurs foyers, d'esxposer les propriétés
natiCMiales; ce terrible droit, pou voas-noua le déléguer? Je de-
mande donc que nous discutions d'abord cette question conatitii-
tipnnelle. On ne nous dira pas que nous délibérons quand il foui
agir, puisque le roi a ordonné l'armement. (Gelleprofiositioiiitat
très^pplaudie. ) »
M. Dupont demande que la motixm de M, AlfixandredeLanedi
soit ajournée à trois semaines. La questiiHi, ainsi qu'on veut Ja
poser, est sans doiM la plu» importante ; tmaisi ce -n'est paa^la
marche des idées ; la 4]ue6tion provisoire 4oit d'abord.étre eutr
minée.
M. Baru9»e. Lorsqu'on aneadànMtrë^qpui iles^^slEM doiveiic
piriacf aimt Im '«Hitea»:»q»gf ies.îr«wlt<te 4oiw?m ippiioéÉir les
Mki (1790) 4»
metifi» qui tes oceasioiinen t , alors on aura prouve que la qoestioa
posée par M. de Lamelh doit élre discutée la dernière. : mais si
l'on veut consulter Tordre naturel des choses , on sentira aisément
qu*ilfattt d'abord décider si nous avons le droit de consentir on
de défendre un armement. Au mom^t où les ministres s'empa-
rent de ce droit , il feut examiner à qui il appartient ; laisser la
question à l'écart ce serait passer condamnation , puisque M. de
Montmorin suppose la'question jugée en sa feveur. En effet » il
nous dit qu on a armé quatorze vaisseaux , parce que sa Majesté
estaiUéeàr£spagne, parce que nous devons de la reconnais-
sance à ceUe puissance pour les secours que nous en avons reçus,
parce, qu'on ne peutsç dispenser d'observer le pacte de Êimille ;
il nous dit que le rpi de France ouvre des négociations, etc. Ainsi,
les ministres prétendent exercer seuls le plein pouvoir de faire la
paix ou la guçrre; mais les négociations supposent nécessaire*
miEut des alliances , et c^ alliances^ sont ^Qpvent des déclarations
de i)ai^ ou de guerre , puisque c'est du résultat des n^fociaticms
quéFun et l'autre résultent. Il feut prendre un parti; notre si«
toice pr^ogerait la question. Un ajournement à trois semaines la
déciderait contre, nous. Quand le roi arme » quand des négoda-
tÎQOs sont entamées 9 n'est-il pas probable que dans trois se-
maines la paix 04 la guerre seront décidées ; ainâ lorsqu'on pro-
poseil'alourner» on propose en d'autres termes de donner, dans
la drcohistance présente , le droit de négociation , de paix et de
guerre. Pour les plus ^[rands amis du pouvoir arUtraire , ce se*
fait eneore une grande question : mai^ c'en peut-être une pour
le corps constituant. On le met dans raltemative de consentir ou
de 8*oppo8er à l'absmdon d'uu droit , sans lequel il n'est point de
Iftené poKtiqae. Vous vous ôteriez les moyens de résister aux
rvses porfides des. ministres; vous vous exposeriez à ce que la
ooBStilulioafât m péril par upe guerre malrà-prq>os entreprise*
On vous propose de vous abandonner à des hommes à qnion foft
tnop d'bonnéur, en disant que leurs desseins sont douteux. Trois
jo«rs.peitt*étr#aero«it nécessaires pour discuter les princ^fies; je
41 ASSEMBLix IfATMIIALB.
M* GwfU (U Préfeln. Sans doute on yoos propose mie grande
gestion pditîqiie. Je suîs persuadé que krdroit terrible de fiûre
h guerre ne peut appartenir au monarque seul ; mais je ne puis
we disttmuler qu'unequestioo, dont rinfluenoedoàétre si grande
sur la constitution 9 ne doit pas être déddëe l^remenl* Es ee
moment il ne s'agit pas de cette question. On voua a dénonpé des
lièges ministériels : personne plus ^e moi necraint les nmriitrss^
m^s il ne final pas toujours les soupçonner. La IjHtre de M* 4é
Ifommorin est écrite dans un langage patriotique. Le roi dit
qu'il entre en n^ociation avec fat cour de Londres, pour engager
le roi d'Angleterre à la paix; avec la cour d'Esp^ne, pour
'engager TEspagne à la paix ; l'issue de ces négociations ne peut
être la guerre. Si le roi a armé quatorze vaisseaux, c*est pour
exercer la surveUlanoe suprême qui lui a|]fuirci€fert. Ainsi » ]A
question n'est pas pr^'ugée par la lettre du ministre, par un actt
de sauvegarde et de proteetion qu'il était du devoir du roi dé
fmné J'adopte donc Tajoumement evee cet amendement^ de lé
fixer au moment où les tribunaux seront établis.
if. ée BrogUe. Je commence par obs^rer que les prjopoùtîiM
de MSf.* Dupont et Goupil sont précisànent la néme efaose qui
si nous disions : nous s^oamons la disoussion sur le droit de puîx
ou de guerre, au moment oit la paix sera 6dm, ou la guerre dé*
daréCi J'observe «loore que le roi, dans sa lettre, ne parie que
4s subside ; il parle absolument le même langage ipie si Ja qnes^
tion était jugée. La question aceidi»iteUe n'esii lyie ie »f^\kk^ de
la quesliou de savoir si le droit de Aire la p9Îx oe la g«|Re deit
^e exeroé o^délégpué par la mttio».
ilf. de RatesjAemé^ S'il est un ilioment oii il soit indispensable
M juger la question de savoir à qid appartiendra le dnak cte fiainè
ia paix ou la fuerrei c'est à l'époque ou voua avez à déUbérerear
J'exeraes de ne dieité GeoMMot prsMtreiHrDHé des mssutfea m
jifirotis ne cOnnaiaMi pas votre droit» Yeus déoidfl|« pnevisoi^
jrement, au inoins, que le droit de disposer du^ bonbeur é$
j:empire appartient au ministre. Fouveenraw ee pas ^POÉre,
^rindpieo^veliei'edit» ^e la-fiérii m^tmmi^fkk^^tlÊÊé»
HAÏ n'mj ^
lé ]P6iW)îr arbitraire contre les nafîonsf'B petit se prësettter dJf-
férens paHis à prendre, le suppoiàe qu'au Keù de tous engager
dans une guerre dont vous ne ôonnarsse^ pas les motifs , vomi
vonfiez maintenir la pak; qu'au Heu d'accoitter des subsides^,
iFàatoriser des armemens , votr^ croyez devoir faire une grande
détnaTcbe et montrer tine grande loyauté. Par exemple , si vonsr
itiaulféâtiez aux tiations que , suivant des prfncfpes bien (Mërens
dé ceux qui mi fait les malheurs de^penpies^, h nation française,
contente d'être libîe, ne veut s'engager dans aucune guerre , et
vent vivre aVec toutes tes nations , dans cette fratei^nité qu'avait
«
ëonimandéé la nature. Il est de l'intérêt des nations de protéger la
nation française, parce que c'est de la France que doivent partir
la fiberté et le bonheur du monde. Si l'on reconnaissait qu'il est
Ufilé (fe prendre ces mesures où toutes auti^es semblables, il feu-
ciràii décider si c'est ta nation qui a le droit dé les prendre. Il faut
aoifc, avant d'examiner les mesures nécessaires , juger si le roi â
fé'di^it de fstiré la paix ou la guei^^e.
: M. de Mirabeau l'aîné. Je demande la permission d'examinef*
ft'â^ord la situatiou du débat. ïe ne parlerai pas encore sût le
ittèfissage dont il é&t question , qiiblque mofn opinion soit fixe à cet
%aird. l'éxainmerai si l'on doit préalâblém^ent traiter la que^ioù
6ôiistitat!ohnéHè ; je demande que tous ne préjugiez pas meti
opinion : eétte ÉûtaUiérè d'éiudet* la question élevée par là letti^
dtt ihltiistre est déraisonnable, inconséquente, iàiprudeute et
sans db]et. Je di^ qu'elle est déraisonnable et inconséquente,
(rnrde que le uieâsâge du roi li'a nul rapport avee une déclaration
dé guerre ; pai^ que le message du roi pourrait exister Ittêmè
^nd AoHÉ aurions déddé qu'à la nation appartient le droit de
lîilre la paix dû la guêtre. Le drtîft d^fmer, de se mettre subite»*
Ibent t^ meshré, séi*à toujours le droit de rexéetHèur suprême
^ vdôiïtés Mfionat^. Pertnêttèz'iîîOT une expreèsion triWalé.
ÏÀ tnâtëébatiéséë éxtéKèuré et iutérieur^de c^re et de ttiei*dëlt
itojddi^ , pottf rurgencèd'un danger subit, éthe dans M6 ttiaiu^
iiû roi. ié '£j^ ehfln qUe cette matiière d'ëluder la décision ft'est
^TÎbisélldéblè; parce ^ce fâtàit Supposer tfié l'ordre étmé
44 ASSEMBLÉS NATIONAXB.
par le roi de iaire des arjaemens est illégal» H est certain que
dans toute société, le provisoire subsiste tant que le définitif n'est
pas déterminé; or, le roi avait le provisoire; donc il a pu légale-
ment ordonner des arméniens. Je dis ensuite que cette manière
d'éluder la question n'est pas prudente. Je suppose» enefiet«
que le préalable proposé soit nécessaire , notre délibération Ta
occasionner des retards qui donneront le prétexte de dire que
nous avons arrêté les mesures prises pour assurer la tranquilUtë
publique et la sûreté du conunerce. Je conviens qu'il faut traiter
très-incessamment du droit de foire la paix ou la guerre , et j'en
demande l'ajournement dans le plus court délai : mais sans doute
cette grande question a besoin d'être préparée à l'avance par le
comité de constitution ; elle entraîne beaucoup d'autres quee»
tions Pouvez-vous vouloir suspendre la délibération sur le
message du roi? Ne savez-vous pas que les fonds manquent? Ne
savez-vous pas que 14 vaisseaux » armés seulement parce que
l'Angleterre armait, ne peuvent être pour vous un objet d'épou-
vante.
Le secours extraordinaire qu'on vous demande n'est que trop
nécessaire ; il n'est pas dangerevx. Un refus n'attirerait-U pas
contre vous les mécontentemens du conunerce? On ne cherche
que trop à exciter ces mécontentemens. Remerâer le roi des
mesures qu'il a prises pour le maintien de la paix, c'est présen-
ter à la nation l'armement ordonné conune une grande précao-
tion; c'est, un moyen de rassuner tous les esprits. Mais si vous
allez dire au peuple qu'il faut suspendre tous vos travaux pour
savoir à qui appartiendra le droit de faire la paix ou la guerre»
il dira : il ne s'agit donc pas seulement de précautions, la guerre
est donc prête à fondre sur nous. C'est ainsi qu'on gâte les af-
fsûres publiques en répandant de vaines terreurs. Si des manoeu*
vres ministérielles recelaient des projets natUmommdes , ce se-
rait tQut au plus une censpiration de pygmées; personne ne peut
croire que quatoi^e vaisseaux mi§ eu commande soient effrayans
pour la constitution. Quand la question constitutionneUe serait
jugée , le roi ^uiTiÛt faire ce gu'U a fait ^ il pourrait pr^adre 1^
/
I '
KÀî (1790) '45
mesures qif it a dft pi^dre , sauf Fëtemelle responsabilité des
ministres. Vous ne pouvez donc vous empêcher d'examiner le
message du pôi. La question se réduit donc à savoir , non si le
roi a pu armer, car cda n'est pas douteux ; mais si les fôtods
qu'il demande sont nécessaires » ce qin né l'est pas davantage.
Je conclus â ce ipi'on s'occupe immédiatement du message
du roi.
M. Bedeky (tAgter. Il ne s'agit pas de régler les détails qui
doivent résulter du grand principe , mais d'établir ce principe,
f appuie donc la motion de H. Alexandre de Làmetb.
Jf. Bewbel. Le préopinant a âabli pour principe que le roi a
le pfoyAicite; c'est à cause que le roi a le provisoire qu'il peut »
dans huit jours » déclarer la guêtre sans nous, et que nous de-
TOUS décréter le principe. Si nous hésitons un instant» nous au-
rons h^ guerre. II 7 a six mms qu'on nous disait de fa part de
qaeiquefr-nns des hdnoraUes membres : l'Angleterre vous fera la
gu^erre ; elle ne nous l'a pas feite et l'on veut que nous la lui fas-
sions. Que démande en dernière analyse le ministre ? de l'argent :
les représentans de la nation ne peuvent accorder d^ subsides
qu'en connaissance de cause, n mié semble que nous (levons con-
naftre les détails des causes de la guerre dont il s'agit, autrement
que par les gazettes. Il me semble que les personnes qui , })ar
principes, doivent redouter l'eflFusion du sang , qui , par la sain-
teté de leur caractère, doivent r^arder lous les hommes comme
des frères , «'élèvent en ce moment contre mon opinion. Ne re-
ccmnaissons plus d'alliés que lés peuples justes ; nous ne con-
nsissons plus ces pactes de fomille, ces guerres ministérielles ,
imites sans le omsentement de la nation , qui seule verse son sang
et prodigne son or. La lettre du ministre annonce assez que si le
roi Jiè peut concilier l'Angleterre et l'Espagne, il fera la guerve à
r Angleterre. Il fatit donc vérifier les causes de cette guerre ; il
dut savoir si nous avons le droit de les vérifier.
Jf. le baron de Memu. Je ne me permettrai qu'une simple ob-
servation sur ce qu'a dit M. de Mirabeau. Si nous accordons pro-
^rifloiremetit au roi le subride qu'il demande , ne defbns-nous pas
46 AatBUii^ nt^ffimut.
cnûodre d'itre en^igés d^ips im^ guor^xiiPiilraâreà Iji^osiipe,^
& la morale , qui sont le^ b^ses de loute GaosUtutiop t Sieitt^t Ag^
.«Fmées senmt wses ep mer : dè$^ la 8^(X9qcle an^ ^e&ffm^
éUte engagées de indiû^iç.qu'|l ^iiMPPWl>t^ ^^ ceffij^r d^ 9)^1^
jçides pour -cQntioqer la jmtv^. QwmemI U Ait questiop ^n APi^
terre de déclarer la -gpi^e eu Amériqii^i meparMe # kiA^tita
s*y opposa. Lord North fit valoir avec chaleur cette oppo^i^w \
Je roi commença la iguerre, e( le» Mgliiis furent obligés pendant
jsept ans de donner des subsides » car san^ cqbu I^ ,|tf?m4^^^VÛWt
perdues. Je dis donc qu'il «st absolument essentid de^^UMiflr ^mr
Je droit de Éâre la paijL et Jf jg^if^; qqwAb «w j^Mmppeqi la-
(uelle des dejux n^ticm^ a tort. Si c'eftM'Sspdig^e , mm^^^V^^
<4Q^Io;er Dovrem^tioxi po«r l'eiigiiger à p^er^ ^ jçl^ T^
^leterre» et qu'elle se i:efu&e à la Justice» nous dessous ^ii^er» n^n
quatorze v^isscïsuiié , mais tom^s n(^ foro^ d^ .tei^ ^t 4e hmt*
£*^ pJoi^ qi^iei^ous ifiontrer(Cy^àJ'£uir<y[)e <^.queiç*esf qn^M^e
^erorepon xçioîst^ri^e^» (nais.n^oioiale. (j;iies ^{i|a#di|isw^sp«
intexxomjp^eiit J'pcait^ur.^ .G^é^ .atocs «gu^pvès. f^çHv j^céaljA^
Client manifesté joos prj;acy)§ç dpi^l^^ce».uqus41^vçlopper9l9$jle
courage et la puiç^nce d'une pation .vraiment libre ; npu^ iiççlç&
^ittaq^er l'Angleterre en Awgleiwre mém^. (Lesapjplaudissemçp^
j^oublent.) Si c'estiau dernier écu ,f|ue l'Auçle^rre veut çom-
Jmttce jçoptre.pous.» n^us .aurons raYantage;.si c'est au derpiier
bpmme, nous aurons encore f^v^pu^. Jl^'Anjo^leterre ,e^t .upe
^tmn libre ^ mî^guanime et^i^péreuse. Lîi Fwiuc;edeyeuue lyijrPf
m uue.MUon magp wme çt j;én^jreu§e* Jles Angla^ tr^^^
4!49alà é^ (^vec les Eran^, j^ n<^n plus.av.^ ïes.ininistj^.et
Je despotisme.
. M^MUvrobeau L'am- J'ai KJipROmr d^ i;^PQ$k^ ^iWfW^'^
u^tjjuet^m^ cesse il a cru .parler coAtre çaon, opinion t .et |p'il
r n'a^ xn4me,pgrlé de.mon: opjj^ion. Il demando qu'cm «traite jo-
cessamment la qyeftioi» » Jele demandeau^si ; mais.qp'elle le^pit
.^itûen, et d'^^ lésantes de ci^tte assemblée* Qù e$t.4<^c \^ dis-
^sc^^tmeut entre le pFéc^pmant'et moi .^/ppéte&d^il q¥Ale provisoire
jest anéanti? Il <pe l'a pas dit s;le p^visnire ç;^t^a e^(f0(^j[l9n*-
dm IfiiiijaBnt ^ Ift question constitatioBttele est HfsofOiefeÊh
dani trois joUr8r«.««
M. €AiguiUûÊi* l'arass deffisiulë h parole pour «pposer à
M* lie JGrsbean lès méoi^siwoai que M« de VeMo. Je nfipd^
lersi seoieiDent «» afeyecttoii trèa^ferie à lii^lè Mw ^
aTa point hk de iëponse. Si en aœordânt les subsides aiqniir-
4l1iiii, nous ne décidons pas là qoestion » ^m ssnt ^ h g«em île
«eus pas dëdaroe demak ; qui sait si ce ii*est pas ik le but <4es
MMOtti ses ialeBiHMis dm nunîstàre, î^tenaions dmt il »e «"«st pas
pwnis i 9[l|Mide éditer?' G'ett i la isonstîtBtioii «pW en irent;
1^ fd^iotS» les d^iMatemeas, les gardes naiifmàtes^ sent ides
«balaeles jiisiiiim»tiib}e& Que nBflle4i-il donc auK ennemis éeda
révolution pour Moyerser -non» ouimpage ^ si ce m'est de noii&en-
irftiMT dans «M ffo^ne^ pen^-^Mre injoste, 4^ nous engager
daua Me fartife qne mons ne-ponfpaasiabstntfc^njEHTy eyamdtn^
tmtQo» nm fois oaMneacéé. I4& a^ipgnejgtdestoiMateasiagiront
aioiis danste WfauBie^ias okcliiGns^aevopt ptaaiiiâleaâit^onpaf ,
détwp^def'e^ i|ai r aaipiil «igcwiid'liid^lQataB ieto»^^^
Ipaveo 9'il nenfanè Mies denÉs iespéateees de»b6ni»r«iies
WHSiKes jftMiseiHiAide taitt, eek de nos dëttnMsiisoitidia nbs
MGpès : im coi victQrîw&.ait«a ;gvand d«ftger 'pour ititiwrai,
fnapd c^'<9^tiU9iR(^desFfan^s« Aiasbdonetspaflfêoqs àl'hiMinrty
db M jRraiMie^iè te. iitiené. Qaoiie ^soit l'ai^eBoe dJes^eiaoèft-
mww^f ^^im^mmfnms pop. retarder cte)deni je«rs «1 a»afS-
jvuaa dent la leaaae ;«9B8 est ^sqiiè ittooiiiiiîe?:Oqiaain^'||i
gwa# 4ii«^ioni v^na aeipi Munaei qoandnrotis i'Mrez jugée»
M. de Mirtéeau. Je demande à faire une simple fo^efiositiM,
^linmdedtpasdeiiai^ iriaisàtla«pëlle je^doènenron assailiniént,
A qui fmt féoair Ses épiniottb ;- n^le. <»»sisle-à iq>p]N}ttver iestni-
sures du roi y et à ordonnarv fsrr>ie 'tnénve dëeret , 'que dègr ïfe^
Msdff^ «ur4é rapport de qiiifl Qppani^dra> ^ous" commencerez
la discussion de lu question eoifêtitutionnelle.
M.tUmpéiet. fly attrait de rrâconvénient à éloigner cette dis«
bosnien; mais H'j aurait plus d'pieonvénient encore i^-ne pas
Vocoùper prëalaUeiBeDC du messag^e dn roi. Oh a vmIu tous
écarter de la véritable questioo , en se jetant dans des détails qui
lui sont étrangers. Le roi devait se mettre à raénie dé défendre
l'Etat $ il craint la guerre , il désire la paix : deux grandes puis»
sauces armrat ; l'une des deux a toujours été noire rivale et notre
ennemie.. •• (il s'élève des murmures) ; die menace^ la fois nos
posses»ons dans nos lies et notre indostrie. La question de prin-
cq>e n'est pas douteuse ; car le droit de disposer du sang et de
l'or des hommes ne peut appartenir à un seul homme; mah le
droit de prendre des précautions pour la défense de TËtat appar-
tient nécessairement à t'exécutei^r suprême des volontés ée h
nation. Vous ne pouvez attaqiïer ce d^oit » si irous ne voulez tonv-
ber dans le même inconvénient qu'en ITJiG : à cettâ époque, avant
d'avoir Uré le premier coup de canon , notre conmiercé était <lé-
truit..... J'adopte la dernière proposition de M. de Mbtibean.
If. Baamave. Je ne crois pas que l'amendement que }'ai à pro-
poser puisse fiûre quelque difficulté^» même d'après Topinion de
M. deMirobéau. Ledécret approuve les mesures prises par le roi ;
elfes sont de deux espèces : 1^ l'armement de quatorze vaisseaux
de ligne : l'assemblée peut croire qn'il eét nécessaire de se mettre
en mesure ; 2^ les négociations commencées. Je ne crois pas que
fassenddée puisse prononcer sur ce second objet» avant' d'avoir
décrété la question constitationnelle : ce serait mettre entre h
main des ministres un moyen certain de nous faire avoir tme
guerre qu'on ne peut éviter cpi'en n'autorisant aucune négocia^
tion. Mon amendement consistée n'approuva* que Tantiement.
L'assemblée décide qâ'M JiTy a pas lieu à délibérer sur 'cet
amendement.
M. de Castellane. Comme il est hnportant de poser la base ^ je
propose pour am^dement, que le comité de oonstitutmn sdt
chargé de présenta* demain son travail.
L'assemblée décide qu'il n'y a pas D^ à dél3)érer sur'eet
amendement.
M. Charles de Lameth. Je pense qu'il est important de chai^gcr
M* le président d'instruire le roi de Finqmétuée qu'éprouve le
MAI (1790) 49
oorps^Iëgisiatif , eu voyant celte délicate négociatiob entre lei
iDàins de M. le duc de la Vauguyon. Youç vous souvenez sans
doute du rôle qu'il a joué au mois de juillet dans le conseil du
roi! Je sais très-bien que les ministres auront des lettres de rap-
pd toutes prêtes pour opposer à mon opinion. — Si on le veut,
je demande que ma motion soit discutée à part ; mais il est né-
cessaire de foire connaître au roi qu*il serait aussi absurde et
aussi coupable, de la part du ministère, de laisser la politique
entre. les mains de deux ou trois certaines personnes, que de
Caire traiter un homnie empoisonné par ceux qui lui auraient
donné le poison. Je suivrai ma motion ; mais je doute que la
séance suffise pour énumérer toutes les raisons qui doivent en-
gager à retirer toute espèce de négociation des mains de Tam-
bassadpur d'Espagne et de quelques autres encore.
If. Dupota. La première piv tie du décret n'ann<mce*pas asses
nettement que vous voulez être en pldne mesure de défense. Il
ne suffit pas de montrer à TAngleterre que vous êtes la^nation la
plus libre, il faut lui apprendre aussi que la France ne souffirira
pa$ qu'il lui soit £ait une injure sans sa permission. L'Angleterre
est une nation trop sage pour armer 2E2 vaisseaux de guerre afin
de favoriser les intrigues de vos ministres. Il ne vous convient
pas de vous borner à armer 14 vaisseaux; il faut vous mettre ett
état de rendre la guerre pour la guarre d'une manière imposante.
Je conçois qu'il est possible de supposer à cette puissance le dé-
sir de la paix ; mais je conçois aussi que ce désir peut changer,
car elle a donné de fréquentes preuves de ce changement de dé-
sir. Je conclus et je propose de demander au roi qu'il soit fait un
armement égal à celui de l'Angleterre.
L'itssemblée décide qu'il n'y a pas lieu à délibérer , quant h
présent, sur cet amendement.
M: de LevU propose cet amendement, t L'assemblée nationale
dédare en outre, de la manière la plus solennelle, que jamais la
nation française n'entreprendra rien contre, les droits d'aucun
lieiqple» mais qu'elle repoussera avec tout le courage d'un peuple
T. VI. 4
S6 ASSBMib NAtitdhiu.
libre, et tôtite ta j^Is^ce d'Uné gitnâé Uàtioii , l«é lMèhif«i p
^urraiéiît être pohëes à ses droits. >
Cet àiilëndeliiem est ajourné.
U pi'opositiôn de M. dé Mirabeau Také est déérëfëé pf^é
UBàiiiilieltiêilt en Ces termes :
c L'a^mblée nationale décrète que soir pnéëideîit se i^ti^ë^t
dans té Jour, )parH]évérs le roi, {!K)U^ femer^iet* A màjéétë Û(à
ttëstires (Qu'elle a prises pour maintenir la paii ; décrète en ôiitlrè
Qbô dëmàits , 10 mai , il sera mis à Tordre du Jour cette qaestioâ
fcbiiâtitutiOtinellé : la nation doli-elk déléguer au M l*exertiêë ék
> érolt de la paiôô et de la guerre?
Jjiiii
Cette dl^iissioik cdiiiiiiença lë lendemaiM , et Ue ftrt t&Aéé dfilt
le 25. Un grand nombre de membi^ f pHrëHl pttrt. Nbûl iK^tt
ta atee attenlieD tous ces discourt» et aous avons m qiit , dans
chacun des partis en présence i la plupart des orateurs n'avaient
fiiit que B6 répéter. Il serait donc oiseux de consommer ici de
l'espace pour enregistrer des redites. En conséquence, nous nous
bornerons à suivre TargumenUition qui s'établit sur la question,
sans tenir aucun compte de ces répétitions inutiles « et eu choi-
•is^nt pour la faire connaître, les discours oii die fut le plus
ierrée i et le plus étoquemment sdutenuOi
S^AIfCE bd 16 VAI.
Jl. U comte de Sérent. Il s*agit de reconnaître un principe dont
bientôt il pourrait ôure fait une application dangereuse. U s'agit
de décider qui aura au-debors remploi de la force publique. H
ne fout se laisser aveugler ni par une complaisance servile» ni
par une popularité mensongère; car c'est l'intérêt du peuple, et
hôii ses désirs , qu'il faui écouter. )?our éviter la confusion ,
posons la question d'une manière simple.On doit examiner à qui,
èicbéf de là tialion ou des i^eprëseutiitis de la nation ^ doit être
éônSë l'étèrcice dit droit de là ptài i&t dé la guetté; t^ iêÉs
(Ktite on ne dira paâ que les droite de là imtidii iènt cétfli âis
tl^ësèntànë : ee itôt)hismé ainsi prësgîiië eài mp riqpMWàit
nki (i790) 61
j^Vt qùll puisse avoir quelque succès ; il n'ëtaft peut-être péâ
èépéiidant hors dé propos d'en faire i'obsèrvation.'La question éSl
Souc cctte-ci : à qaila nation dôil-elle, pouk* sbiï plus grand intéiiêty
fléll^er f exercicedu droit de la guerre etdeh pàix;Lanaiidn M
doit renoncer à la paix que lorsque ses propriétés et son honwM
dont compromis (car Thonueur d'une grande nation e^t aussi une
^tôpriété) ; qiiabd on est obligé de renonqer à la paix, il faut qilé Ift
gtiérre soit prompte. Voyons si cette promptitude se trouvera plue
aiiément dans une assemblée législative que dans lepbuvoird'uii
i^vi. Ici Ton prodiguera les sopbismes contré lès rois ambitieiik;
et jtkloiïii de la gloire des armes ; oii s'élèvera (sùûtté ceA paSdoÉI
qui font verser le sang des hommes; mais qui ne sait qu'une w*
iembiéô nombreuse recèle encore plus de passions qu'un conséH
particulier, qui ne sait que lés passions agissent d'une manfèt^
{(ins dangereuse dans le tumulte d'une délibération éhtgeuse? 81
{n'en coûte de parler de corruption ; il m'en coûte de dire qâè
lès hâtions étrangères viendraient répandre l'or au seih de Èdb
às^mblées ; mais il est impossible dé ne pas penser à ce qui s'M
ptssé de nos Jours eu Suhde et en Pûbghe.
f)ès assemblées nombreuses Sont peu propres à des bpëratièM
poUtiques, dans lesquelles il feut tantôt de la dissimulation, tantèi
éelairanchise, tantôt une marche secrète constamment survie.
tt faut foire des promesses ou des menaces pour obtenir la paiti
Cbtnmèhtioutes ces mesures pourront-elles être ténues dans niiè
àssethblée nonibreuse et publique? Dira-t-on que le roi fera Aës
négociations, et qu'il en présentera le résultat à l'assemblée?
L'allié se défiera de ses promesses; l'ennemi rira des tnénàces,
quand riin et l'autre pourront croire que le corps-législatif liè !êfe
m
àppi^ouvera pas.... Ainsi h îYance perdra le respect qu'elle avâîl
acquis ; ainsi elle sera déchue de cette situtation florissante VpA
disait dire au roi de Prusse : < Si j'avais été roi de Frànôe, il ût
se serait pas tiré uh coup de canton en Europe sans ma péimissioâ • ï
Si le roi perdait ses alliés , l'Angleterre rivale dangereuse deviéë-
ârait plus dangereuse encore , pat*ce qu'elle n'aurait rien peMb
de sa forcé. Tajonte que les Bàinistres pourraient àgfr Sttl^t^te
^ ASSEMfiLÊâ .NATiONâLE.
assemblée » et parviendraient peut-être à déterminer à leur gré la
paix ou la guerre. Ainsi tant de précautions auraient l'effet
d'arrêter un ministre sage qui voudrait faire des n^ociations
utiles , et serviraient un ministre ambitieux qui voudrait faire la
gu^re.
Je crois donc qu'en attribuant exclusivement à l'assemblée na-
tionale le droit de foire la guerre » les hostilités ne seront pas
moins fréquentes» et seront plus dangereuses. Ainsi l'intérêt de
h nation exige que le droit défaire la guerre soit délégué au rai.
Je me bâte d'ajouter» sur le droit de paix » que c'est à la fin d'une
guerre qu'il faut déguiser les inquiétudes et les espérances , qu'il
£iut saisir le moment favorable: la lenteur et la publicité des
opérations du corps-législatif y seraient également opposées ; ainsi^
pour l'intérêt national » il fout laisser au monarque le droit de
r^ler les traités de paix. U n'abusera pas de ce droit, parce que
sa gloire est commune à celle de l'empire. Je n'ai qu'un mot à dire
sur lestraitésde commerce; le roi doit faire lesn^ociations, et le
oorps-législatif en examiner les résultats. C'est des représentans
de toutes les parties du royaume qu'on doit attendre les connais-
sances générales et particulières qui doivent déterminer de sem-
blables traités.
Le duc fS Aiguillon prit la parole après M. de Sérent ; il réfuta
sa doctrine, par les inconvéniens qui la suivaient. Il rappela bien
souvent que la guerre n'était que la suite des plus médiocres ia-
trigues de cour. Il proposa de foire une déclaration du droit re^
peetif des nations.
M. le curé JalleL Avant d'examiner si la nation française doit
déléguer le droit de foire la guerre » il serait bon dé rechercher
si les nations ont elles-mêmes ce droit. Toute agression injuste
est contraire au droit naturel ; une nation n'a pas plus de droit
d'attaquer une autre nation , qu'un individu d'attaquer un autre
individu. Une nation ne peut donc donner à un roi le droit d'a-
gression qu'elle n'a pas : le principe doit surtout être sacré pour
les nations libres. Que toutes les nations soient lilMres comme nous
voulons l'être» il n'y aura plus de guerre; les princes seront plus
HÂi (1790) 35
qae des rois , qoatfd ils ne seront plus des despotes. Il est digne
de rassemblée nationale de France , de déclarer ces principes et
de les apprendre aux nations même qui nous ont appris à être
libres. — Le droit d'examiner si les motifs d'une guerre sont
justes» doit-il être attribué au roi? celui de conclure des alliances
et de faire la paix doit-il lui être confié? Ces droits sont une
]x>rtion de la souveraineté : ils résident essentiellement dans la
nation ; elle doit en conserver l'exercice , si elle veut être toujours
fibre, si elle veut être toujours juste. Je propose le projet de
décret suivant : c L'assemblée nationale déclare que le droit de
guerre défensive appartient à toutes les nations ; que celui de
guerre offensive n'étant pas de droit naturel ne peut appartenir
à aucune. En^^onséquence » elle confie au roi l'emploi de la force
publique» pour la défense du royaume. Les négociations destinées
à prévenir une rupture» ou à faire un traité de paix ou d'alliance»
ne pourront être commencées par le roi sans le consentement de
rassenobiée nationale. Le comité de constitution sera chargé de
{urésenter un plan qui contienne le développement des principes
du présent décret. >
M. de Custine monta à la tribune après le curé Jallet. Il se
rangea de l'avis de M. de Sérent ; mais il proposait que huit jours
après les dispositions militaires achevées , le ministère fit con-
naître an corps-législatif les causes de la guerre. II proposait
enfin que» dans les afiaires de ce genre» le ministre qui aurait
encouru la responsabilité fftt puni de mort.
M. Charles de Lameth. Pour décider cette question » il faut re-
monter anx principes qui sont déjà décrétés : l'on entreverra
conune une conséquence nécessaire » l'impossibilité de donner au
roi lé droit de déclarer la guerre. Quand cette conséquence ne
serait pas aussi certaine» quand elle serait contraire au principe»
les circonstances oii nous nous trouvons» exigeraient au moins
qae la nation conservât ce droit d'une manière provisoire. Il
bxA analyser d'abord le droit de paix et de guerre ; il est la ma-
nifestation du vœu général de la nation. Or » est-ce le roi qui {leut
^^primer ce vosu? Le droit de déclarei* la volonté générale ne
Jlf^ ASSEHBliK NATIONALE.
jfimt appartenir qu'aux repré$entans de la Datioj{. Si j,e pcuav^ifi
lue servir d'une comparaison , je dirais qu'uu n^anifeste de gueri^
re^mble au déploiement du drapeau rouge daps uoe cité* Qç
^pt les citoyens élus par le peuple qui déclareront que ^ d'apr^
la yplopté du peuple » et pour la sûreté générale , l^ force p^;-
h^q^e va être déployée contre les ennemis de 1^ paix. |1 en e^t
de péme d'une déclaration de guerre. C'est au corps-législati( »
c'^t à la municipalité par excellence , qu'il appqrtient ^ la f^jpe.
Qn divj^ qu'il n'y a pas d'inconvénient à accorder l'exercice d^ ce
ib*oit a^u rpi, parce que vous pourrez refuser dçs subsides; rnaî;^
G^tte objectipn est absurde et dérisoire; c'est la ressource d'une
i)PiSurrectioQ qu'on vous propose; car le peiiple est en i^isui^rec-
tîon quand il refuse les subsides pour l'exercice du pouvoir qu'il
a confié* Bappelezrvous , Messieurs, les raisons pour lesquel)^
on a écarté celte question > lors de la discussion sur le v^. Qoi
vous propose un crime pour remède à un décret. Un préopifia^t
a dit qu'il y avait dans une assemblée aussi nombreuse plus de
p^cstoBS que dans un conseil particulier : c'est s^ins doute du ço^*
seil des ministres qu'il a voulu parler. Dans une grande asseiii-
Uée, il y â plus de passions pour le bien que de passions per-
verses; et si quelques sujétions perfides peuvent s'y introduûra»
c'est souvent par le silence que des membres séduits ont séiffi
les B(iiniçtres. On a objecté la lenteur , la publicité des délibm-
tions ; cela prouve tout au plus que le- droit dont il s'agît eft
difficile à exercer; mais ce n'est pas plus une raison pour qnie
la nation doive déléguer un droit que le soin de sa liberté
«sige qu'elle conserve. Nç pourraitron pas instituer na ç(^
mité de guerre? Il aurait sans doute des inconvéniens. Bra\Q9S
eea inconvéniei^s, plutôt que de consacrer le plus dangereux , |e
pljos abominable des principes. Jetez les yeux sur les malliieiu^
que les guerres ont produits. Montesquieu » dont l'àme n'ët^jt
pas aussi hardie que le génie était profond » n'a pas dit netteqjwvut
que Fexercice du droit de faire la paix ou la guerre élevait appar*
taair au roi; en déplorant les guerres de Louis XIY, il a aillai
iait sentir qu'il reconnaissait le danger de ce droit. Il en onùle ^
m (1T90) s»
40IS Français de r^ppel^ d^ U*aitç nuisibles a la gloire de Qepri lY.,
Quand ^ France;^ p^r m crime horrible , a perdu le meilleur dç;
reis, ce loonarque allait eiQbraser rÇurope pour la posçessioi^
dç la priuçepse de Çppdç,
M^ ffAH U^urtf. C'est uue calomnier
Hf. ^ liom^h, Su supposant que nia citatîQn îsX îpei^dcte , If
IiréQ|^|ia«t , df>|it la prodigieuse érudition lui fournit ^oqveot
des i^iatÎQQ^t 1^31 devrait paa m'int/errompre l quand il eii î^\
i"W9Sàm^% ip^llie>aiis 1^ YQuloir, je ne l'interroippraiçi pa§t» U
d0Ît w çQùier k m Frapcais d'accuser un rei qiie la Frçiaçe ^q?
nore de ^m deuii i fx^ia il n'en est pas moins vrai que 1^ bonheur
ihi fm^ est plus sacré que la mémoire des rois , et que ce serait
maiififi' à notre oir^ol^fe, que de dissimuler» sons qpelqui?
pr^wie que ee sait I des eiieaipb^ i^tîles, l^ çirçaostafice^ oil
vfrn^ «ans trQttvom iB^^m font un devoir de dire la \ij:\ié tiout
4iliàfe; }o a'; ai paçi encore aîanqué» et les çlaweMrs ne m'cm»
fMm^i pasde )§ r^pUr. l'itf avancé qu'Henri IV, |à^ d^q^^i
«il un cfine déiest^ie mus a privé d'm boi| roi, allf^it f^
imt tfeltfi 4 sa ^w^ u aiorifier le boahear 4e soi^ peuple à ^
imisicm lasensée ppur la prinçe^îe de Çopdé, (M- Tabbé Maii^y
HM#W>ilipt apeuré Vcf>'maot.) je le prouverai par dix mf^n^eof
HatfiHqiies , par- \^ ipénioires de son m\ $uUy l U f^t ImPA^itlIV
qu'ifiiK toPJQMfs aimé la méwiro d'Henri IV , a est jmpûs^l%
qB'avec le culte doat jeinis profei^on» j'aie iayf^ité ce trait, V^
paîRfimiii à prouver qae ^i dai^ priaoipeii de la çonatitutioA pf
rmlMit pai^ le ^mm d^ conserver k la nation l§ droit de paii
et dft giierpo ( qa^ si m^^ il oiait de pripcipo de ^ lai^of w roii
1^ cifO^fUinc^ acMiellfis nous obligeraient à déroger à çç prijE^ç
§ipet^ P^ii^iei; i>él|é(giir, daigiieï observer dans qitelHi ciri^t
stMl^ o( de 4iuelle m^^ièrç a ot^ amené le différeod entre rSjsr
"paglie ei; l'AnglptWPO ; ç'<^ un vien^^ n^otjf de gqerre qn QR 9
r^dbauffé, Voiis av^ appris hier des prépar^^ qui i^p.t déj|
]0ie 4éclaration de guerre ; vou^ ne pouvez ignorer les liaisons ()e
}'P^psignç 9 on s$ât bî^ que notre constitution épouvante lef
igfi^iji : ûi^esMit lei9iesiim qnaTEsp^igp^ a prisefi poinr en?
S6 àss£mbl£ç nationale.
pêcher qne les écrits publiés en France parvinssent dans les
empire. Une coalition s*est foite entre une puissance qui craint la
révolution pour elle, entre une puissance qui voudrait anéantir
notre constitution , et une famille qui peut être mue par des con«
sidérations particulières. En voilà assez pour vous foiré pressentir
les motifs de cette guerre.... Si vous déclarez que le roi peut
iaire la guerre , la constitution sera attaquée , et peut-être dé-
truite ; le royaume sera ensanglanté dans toutes ses parties.» Si
une armée se rassemble , les mécontens qu'a faits notre justice
iront s'y réfugier. Les gens riches , car ce sont les riches qui
composent le nombre des mécontens ; ils s'étaient enrichis des
abus y et vous avez tari la source odieuse de leur opulence : to
gens riches emploieront tous leurs moyens pour répandre ' et
pour alimenter le trouble et lé désordre : maâs ils ne seront pas
vainqueurs; car s'ils ont de l'or, nous avons du fer, et nous sau-
rons nous en servir. (Toutes les tribunes , toutes les galeries ap-
plaudissent avec transport.) Le droit de paix et de guerre appar»
tient à la nation ; l'exercice de ce droit doit être conservé par
elle : ce principe-est consacré par les principes même de la con-
stitution , par l'opinion de Montesquieu , et par l'expérience des
siècles. Il n'y a pas lieu à un seul doute sur la question. le sais
bien qu'on objectera le pacte de îamille; mais d'abord la fenulle
d'un roi, c'est son peuple : mais lorsqu'un intérêt légitime mettra
les armes à la main à un cousin de nos rois, il n'est pas un
Français qui ne coure à sa défense.... On veut que les ass^ats
ne prennent pas foveur, que leabiens ecclésiastiques ne se vendent
pas; voilà la véritable cause de cette guerre... Et eertes , ceux qui
soutiennent en ce moment la prérogative royale ont une bien
iausse idée des jouissances des rois. Si nous avions toujours : iin
roi tel que le nôtre, un roi vertueux. (Il s'élève de grands mur*
mures dans la partie droite de l'assemblée.) Oui...; je le répète ,
sans craindre d'être désavoué par la majorité de cette assemblée»
par la majorité de la nation, qui est' notre juge; si toujours le
ciel, dans sa foyeur, donnait à nos rois les vertus de Louis XVI ,
on pourrait} sans danger, ^ugfmcnter sans mesure, la prëroga*
MAI (1790) 47
tire royale; mais demanderait-il le droit qu'on réclame aujourd'hui
pour lai? mais ne serait-il pas affreux pour son cœur paternel, ce
droit qui consiste à pouvoir envoyer librement des milliers de
Français à h mort , ce droit qui ne peut s'exercer sans la dépo-
pulation d*nn empire? A la fin du règne de Louis XIY, la France
était déserte...... Je conclus : le pouvoir exécutif ne pouvant
qu'exécuter, le pouvoir de d éterminer la guerre doit appartenir
à la nation , et être exercé par ses représentans.
M. le comte deVirieu répondit à M. de Lhmeth que le pacte de
Camille était un traité vraiment national entre quatre puissances ,
les royaumes de France, d'Espagne, de Naples, et le duché de
Parme : il avait pour objet principal de rendre les sujets respec-
tifs citoyens entre eux ; il portait l'abolition, du droit d'aubaine
et rengagement d'une défense respective, etc. ]
SÉANCE nu 27 haï.
[M. Malouet. Toutes les fois qu'une grande question est agitée ,
on ne manque pas d'abord d'eu annoncer toutes les diffi-
cultés; et cependant, dès le début, il semble qu'il ne puisse y
avoir qu'un seul et même avis, tant il est vrai que la domination
repousse tout ce qui la contrarie! Je ne ferai pas cependant cette
injure à la liberté ; tous ont droit de discuter l'affirmative ou la
négative de cette attribution du droit de paix au monarque. J'ai
adopte le parti le plus simple, le plus convenable à la situation
politique de la France. J'ai examiné les passions dont le minisr-
tère pourrait être agité, et s'il n'y avait pas autant à redouter du
corps-législatif indépendant de toute autorité. Je m'attacherai
aux objections proposées pour retirer au monarque le droit de
déclarer la guerre: elles se réduisent à peu près à ce point,
qu'une nation ne doit pas déléguer un droit qu'elle peut exercer ,
qu'en retranchant de la politique ce qu'elle a d'insidieux, le droit
de la discuter peut être aisément attribué au corpsrlégislatif ; le
droit dé guerre et de paix est intimement lié à la législation et
ivL gouvernement. S'il était semblable à celui de faire des lois, le
mon^rcjitié aurait le droit de suspendre la détermination. De la
i|8 ÀSSEMBLil NATIONALE.
doiible alliance des principes résulte la nécessite d'un nciiiveM
mode d'influence pour le monarque. On a dit que ce droit pmPf
rait compromettre la liberté de la nation ; je réponds qu'il ^
i(npossible au roi de continuer la guerre , si la nation refuse d^|
subsides : c'est par ce môme moyen qu^on peiil empêcher la If^
vée de troupes. Il faut le dire s^ussi , les peuples ne peuvent ^
corder au prince un pouvoir illimité : c'est ainsi que la natioR i^m
glaise n'a point fait un despote de sqn roi , en lui açcordapt If
droit de faire la guerre; mais elle lui a délégué un drpitqui
exige la nécessité du secret. Quoiqu'on vous assure le contraire[|
le^ peuples libres ont fait plus de guerres d'ambition qi^e le§ d^Sr
potes. Ce que vous aurez peine à croire , c'est que depuis uf
siècle le Grand-Turc est le seul qi4 n'ait fait que de^ guerre^ dé?
fensives. Quiconque a examiné les actes d^s Aqglais t a été epur
vaincu que le ministre qui aurait entraîné la nation dans une
guerre contraire à ses intérêts, ne pourrait conserver sa place,
ni même peut-être sa tête. Ainsi, tout ce qui vçus a été nçpré-
senté contre TaUribution au roi du droit de faire la guerre, est
détruit par le fait. Le despotisme et la liberté ont à se i^eprocber .
}es mêmes eiticès. Une morale bien saiue semble déterininer vos
délibératipiis. On vous a proposé de publier 119 manifeste par
lequel vous renonceriez à tout esprit de conquête, Les moyens de
faire reposer les hommes sur de pareils actes sont impossibles»^
lu^ nations spnt com.me les assemblées délibérantes i ce c'est pas
telle ou telle m^^i^ne, mais la m^orité , qui fait la loi. Il est in*
dispensable de fixer voire attention sur la situation politique de
VEurope. Croyez-vous qu*^l soit possible de donner de la pubU*
cité à des discussious qui peuvent avoir pour objet des. calculs sur
Is^ faiblesse et sur les passions des princes, des craintes ou de$ es-
pérances? livreréz-vous ces discussions à la curiosité des specta-
^^^rs etaux commentaires des journalistes? Dan^iiiie république,
ç'eètle sénat; dans une monarchie, c'est le prince seul qui peut
éHre investi du droit de faire la paix ou la guerre; mais il faut epi
/convenir, Texercice de ce droit peut prés^ter des dangers, il
pe pars^it nécessaire de déterminer s^vec précif |pii 1% wpt^
MAI (1790) m
itusfixt de ce droit. Pour une légitime défense , et qmnd les pron
priétës du royaume seront menacées par des puissances étran-*.
gères, le pouvoir eii^écutif ordonnera tous les préparsilifs et
toutes les dispositions qu'il jugera néc^saires. S'il n'y si point,
<i'<agressioQ de la part des puissances étrangères , le roi ne pogr?
ftl déclarer la guerre que du consentement du corps-législatif^
G'^t au roi qu'il appartient de régler les coqditions de la paix ;
mais s'il s'agit d'accroître les propriétés de 1^ nation , ou de ç^
der quelques parties du territoire national , le traité ne paurra
être fait qqedu consentement du corps-législatif: les traités d'fit
fiance seront définitivement arrêtés par le corps - législatif »
jOFçqil'ils contiendront des eng^gemens de défense et de secoure
mutuels.
Jlf. PéAon de Villeneuve. On demande si la nation peut délé-
guep le pouvoir de feire la paix ou la guerre, c'cst-à^re de dist-
poser de la force publique, de la ricbesse, de la vie et de la U*
berté des peuples. Personne n'ignore que la nation est sonver
vaÎDe, quêtons les pouvoirs émanent d'eUe, que les che& hû
sont soumis. Qu'on ne demande dcmc plus si une natioD peut dé-
l^foer te droit de la paix ou de la guerre ; elle peut tout ce qu'die
▼eut; il faut donc seulement examiner s^il est de son intér^ d^
fidre elle-même la paix, la guerre et les traités. Avant d'entrer
dans cet examen , qu'il me soit permis de jeter un coup d'œS rar
pide sur ce qui s'est passé depuis l'origine de la monarchie jiuh
qu'à nos jours. Quels spectacles imposans offraient les pnemières
assemblées du peuple! Ils ne prenaient les armes qoe quand îk
IHinûent résolu ; ils ne les quittaient qu'après la vî&boîre : c'était
d'après l'avis de tous les guerriers que l'ennemi recevait la paix.
Les rois , dans un temps moins reculé , ne pouvaient Jamais con^
meneer la guerre sans l'aveu des comtes et des barons. -* Iki.*Pé-
tion de Villeneuve cite les États-Généraux depuis iS^ jusqu'à
4014, dans lesquels les représentans de b nation dëlibérèprent sor
la paix , sur la guerre , sur les traités et sur les aHiànees.-^ loi se
iPOUTe une lacune considérable dans notre histoire. Lçs Éiats-
disparar^nt , et Ton mit à leur place un fimtâme de
60 ASSEMBLÉE MATlOMALE.
pouvoir. Les corps judiciaires nommes par le roi remplacèrent le
tribunal national formé par le peuple. Alors les rois n'écoutèrent
plus que leur ambition , que leurs passions » que le désir déré-
glé d'une vaine gloire ; ils attaquèrent leurs voisins, ils se crurem
justes quand ils étaient forts, ils troublèrent la paix de l'Europe
entière et répandirent à grands flots l'or et le sang des Français.
Us formèrent des alliances; ils engagèrent ainsi le bonheor et la
vie des peuples » sans consulter les peuples. '
Vous n'avez rien feit pour la félicité publique, si vous laisses
dans les mains de vos chefs un pouvoir aussi funeste. En vain
vous serez riches, votre population sera nombreuse; en vain
le commerce sera florissant: toute cette prospérité disparaîtra
devant les caprices d'un ministre ou d'une maîtresse; en vain
vous aurez établi par une constitution sage la liberté des Fran-
çais : un roi conquérant et victorieux anéantira la liberté et
changera les hommes libres en esclaves. Je m'arrête à ce roi de»*
pote , grand de la grandeur de son siècle , de la sagesse de ses
ministres, des grands hommes dont la nature se plut à entoiurer
son trône ; flatté par les gens de lettres qu'il favorisait » l'objet
de la jalouse de tous les pot^tats de l'Europe » et le fléau de ses
I)enples. Son successeur, quoique moins ambitieux , n'en a pas
moins été funeste à la France: ce roi , faible et voluptueux » a sa-
crifié ses "sujets à ses favoris , à ses maîtresses ; ses ministres
sont parvenus, à force d'impéritie et d'infortune, à avilir h na-
tion ^ et à la faire tomber du haut rang où die avait été placée , et
d'oii elle n'aurait js^mais dû descendre. Louis XVI , dont le nom
retentit toujours avec éloge dans cette tribune, ne s'est-il pas vu
entrain^ par ses mini&tres à suivre d'aussi funestes exemples? Ses
ministres n'ont pas voulu biiser les fers d'un peuple esclave:
cette grande idée était trop au-dessus d'eux. Ils ont voulu abais-
ser une puissance rivale; ils ont touché le but auqud ils ne ten?
daient pas ; ils ont placé dans le Nouveaib-Monde le fanal de la li-
berté , et ce fanal éclairera insensiblement tous les peuples de la
terre. Qu'avaient £ait les ministres avant cette époque, tout A. la
fois désastreuse et glorieuse? Des traités déshonorons avaient étë
«AI (i790) (H
coiidus: dansFun^ c'est un prince détrôné, d'abord protégé,
puis abandonné lâchement; dans l'autre, on reçoit toutes les
conditions, on cède le Canada, les possessions de l'Amérique
iqylentrionale; et la France, qui devait donner des lois, est ré-
duite à ce point d'avilissement, que l'Angleterre lui interdit ses
propres ports, qu'elle y place un agent soudoyé par la France
èDe^méme ; dans celui-ci , la France victorieuse est la dupe de la
politique ambitieuse [de la maison d'Autriche : elle reçoit des
conditions sans réciprodté; elle se soumet à fournir des subsides
et des soldats ; elle manque une occasion lH*illaDte de rétablir la
balance politique en Allemagne et en Italie ; elle indispose le
mrîHair , le plus loyal de ses alliés, le Turc ; elle court risque de
perdre le commerce du Levant Le traité de 1756, tant qu'il
subsistera , sera funeste à notre prospérité et à notre gloire ;
dans cduiJà , une iration est la dupe des surprises faitesà l'igno-
rance de ses ministres. L'activité et l'industrie nationale soutenu
diataées; des clauses onéreuses pour* la France sont placées à
oftié des clauses avantageuses à l'Angleterre ; et c'est ainsi qu'on
apBque comment vingt vaisseaux anglais sont mis en mer par
les suites de ce traité contre un seul vaisseau français. En Angle-
terre, des n^ocians Instruits ont été appelés à la barre du par-
lement : on a profité de leurs lumières ; toutes les clauses ont été
débattues par les représentans de la nation , pour les intérêts de
la nation.
En France, les ministres ont dédaigné de s'instruire ; ils sem-
blent n'avoir traité que pour eux : ils n'ont pris conseil que de
lenr ignorance et de leurs commis. Je ne vous parlerai plus que
d'un seul traité, si révoltant qu'il est impossible de le passer sous
aliénée. Vous avez été engagés à payer un tribut annuel à des
eorsaires qui ne vivent que de meurtres et de ravages. Ce qu'il y
a d'étonnant, c'est que toutes les nations, au lieu de se réunir
pour les attaquer et pour détruire leur infâme repaire, sont de-
vmaes leurs tributaires. Peut-on croire que si la nation avait
exercé ses droits , elle aurait été assez ennemie d'elle-même pour
liguer ainsi son sang et ses trésors , pour souscrire des trai-
^ ASSEMfiLÉB NATIOlfÀLE.
tes buifatliatis f le ne conçois pas comment nu peiarplé pedt dii^ëf
lu m'ordonneras de combattre , et je combattrai ; pour serrif tSI
liassions ou tes caprices tu me diras : yerse ton sang , et je versé^
fâl mon sang; donne ton or, et je donnerai mon or; tu céderai
ton territoire, tu te céderas toi-même comme un vil litHi*
|)eau. Et de ce que toutes les nations ont été longtemps endôm
itaics sous la verge du despotisme , on peut conclure qu'eltes ont
bonsenti à laisser \ioIer leurs droits. J'aimerais autant dire que
les peuplés ont reconnu les désavantages de la liberté et les doii^
beurs de l'esclavage. Contemplez tous ces traités bu ces fothM
politiques, vous verrez chaque page teinte dU san^ <j[ue lei
Iléuples ont versé. On dira que les rois avaient léS mêmes ItitëMtî
<}u(e les peuples : pourquoi tie dit-on psis que tdtts les Mè àyftltf
intérêt d'être justes , but été justes ; qu'ayant intérêt à être iëi^
tueux , ils ont été vertueux ; qu'ayant intérêt à être écdhôâlëâ ^
ils eut été économes ; qu'ayant intérêt de ménager lé sang deè
{)euples i iU en ont été avares. Jugez de ce que pourra fitàté ÛÀ
despote impétueut et inhumain ! il excitera se^ voisifis^ il en'éé^
prendra la guerre pour avoir de l'argent; avec cet argent ^ il se-
initia l'armée , il reviendra vainqueur des étrangers ; il assëH^rà
lè peuple qui se prosternera devant son îtoni viciorieuH. Où dft
t^u'on pourra refuser les subsides ; pourquoi de pas prévettii* te
mal, plutôt que de s'obliger- à en chercher le remède? Mais là
nation engagée dans une guerre ne pourra plus s'arrêter } h toi
impérieuse de la nécessité la contraindra à accorder tes subsides
qu'elle aurait voulu refuser. On dit que les ministres seront res-
potisâbles ; eh ! ne déguiseront-ils pas leur conduite au tno^n des
iPessorts cachés , des fils imperceptibles des négociations : le re-
gard sévère de la justice pourra-tnll découvrir leurs crimes ddnfe
les ombres d'un mystère impénétrable? Ne nous échapperont-ife;
jfms dans le labyrinthe tortueUx de leurs opérations? Se peut4
d*ailleurs qù'tra homme, qu'un seul homme réponde des caljpfm}^
tés d'une guerre? Que pourra-t-îl mettre Mn opposition atèc dés
Aoissons détruites , des villes ravagées , des citoyens màssàrcfés?
Pourquoi s'exposer Volontairement à de si graûds mauk, M liè «fe
iHÀi (17d0) é^
iftMiéè ifaé le tHste privilège de phnir ? II en sera de tnéinë dek
tNdtéâ ; une fois cioiiclus; , quelques désastreux qu'ils soient , il
Ikudrà les exécuter. Voyez l'Angleterre, dîra-t-oil, la responsâ-
Rilitë des initiistre» ftufHt. Voyez rAngleterre, répondrai-jë »
fbyei toutesl ces agitations célèbres et terriblies ; toyézces gue^rës
iÉjyétés y éntrepHses par les ministres , sans consulter Topinièn
fliiMique» souVeilt même en la bravant. Toujours la cour a étouf-
M lëd réclamations du peuple.
Oâ fiiit tttlè grande objection : le corps-législatif ne pourrît
fU^e avec succès des opératibhs politiques, parce que ces opé-
Mieiis doivent être secrètes. Je pourrais rappeler les peuplei^
ttciehs, je pourrais citer les peuplés modernes. Lé orystëré fie
1^ 4tie ritîjuslice , Il ne produit que des erreurs. Oi< pouvait
âteher aux peuplés lés intérêts des rois , quand les rois étaient
tout et le peuple n'était rien. C'est â cette marche ténébreuse ,
€éÊi Hux opérations ctandestitles des ministres qu'il faut attribuer
fôiis nos maux. Nous avons voulu chasser l'injustice de notre ad-i
ttl&isti'àlion intérieure , ai notre àdmitiistration est devenue pu-
^que. Pourquoi n'en serait-il pas de même pour le régime ex-
téHedr? Je cherché en vain sous les rapports politiques , quelle
est l'utilité dti mystère : lorsque deux ou plusieurs nations trai-
tent ensemble , chacune cherche â mettre de son côté l'avantage
86 là rtîse ; cet avantage étant réciproque devient nul. Il peut ar-
fivélr 4ti*une nation donne le change à l'autre ; mais alors c'est un
jêti de hasard ; et peut-on jouer ainsi les intérêts des peuples t
Itais d'ailleurs, les cours n'entretienncnt-elles pas les unes vers lés
Ultimes dés espions titrés ? Mais ne corrompt-on pas lés thinisires,
les seérétaires , les commis? Mais avec de l'or ue sait-on pas di^-
M^éi^ les ténèbres? Frédéric ignorait-il tout ce qui se passait
dans tous les cabinets de l'Europe ? On n'a besoin d'êlre mysté*
*
Aéiix que quand on veut être injuste. Je ne connais de traités so-
lides et respectables, que ceux qui sont fondes sur la justice et
ftf futilité f'écîproque et commune. Le vérilable intérêt national
est d'être juste ; toute la science des hommes d'état est puérile él
Ifàiue y lia trompent leurs contemporains , ils sacrifient leurs; des-
64 ASSeMBLéB NATIONALE.
cendans.... On disait que la déclaration des droits de rhomme»
que les principes de la conslitutioo , les détails des finances >
n'étaient pas susceptibles d*étre discutés dans une assemblée éè
douze cents personnes , on en dit autant des opérations politiqiies.
Je dirai pour toute réponse : voyez ce.que nous avons biU Les
lumières réunies dans une grande assemblée , éclairent la discus-
sion et dévoilent les intrigues* Les corruptions qui ont tant de
prise sur des hommes isolés; deviennent inutiles dans une grande
assemblée... • Avant de déclarer la guerre» les représentans du
peuple frémiront, parce qu'ils sauront en prévoir les suites ter:
ribles : les rois ne voient que des lauriers à cueillir , que des eur
nemis à humilier. Mais, dira-t-on,si le pouvoir exécutif est étraur
ger à ces grands intérêts : il faut remettre entre ses mains la force
publique ; il faut cependant en déterminer Fusage; il la tourne-
rait contre la liberté nationale. ...
Les traités d'alliance sont des injustices quands ils protèg^ent
des puissances injustes ; ils sont une source intarissable de guerres
tant que l'alliance n'est pas générale. C'est un jeu trompeur dont
les chances sont tantôt bonnes, tantôt mauvaises» et toujours in-
justes. Le pouvoir exécutif peut-il avoir le droit de risquer ain^
le sort des empires? Les traités de commerce ont toujours de
grandes influences sur la prospérité publique. Le conunerce exté-
rieur et le commerce intérieur agissent et réagissent continuelle-
ment l'un sur l'autre. Si le pouvoir exécutif n'a pas le droit de
fiiirela loi la plus simple, pourquoi lui dopnerait-on celui de
faire des traités dont les conséquences sont si importantes? Mais
il ne faut pas lui donner trop d'entraves; il ferait manquer Jes
négociations qu'il n'aurait pas entamées ; il servirait niai une
guerre qu'il n'aurait pas conçue. On doit lui laisser le pouvoir de
proposer les traités , la paix et la guerre. Il me reste un dernier
moyen , qui , réuni à tous les autres , pourra amener la plus heu-
reuse révolution pour l'humanité. Il faut déclarer, d'une manière
solennelle que vous voulez bannir de la politique toutes les ruses,
toutes les fourberies, pour les remplacer par, la justice et la
loyauté ; que la France renonce à tous projets ambitieux , à toutes
MAI (17dO) 65
GOûquétes ; qu'dle regarde ses fimites comme posées par les des-
tinées étemelles ; que toute irruption sur un territoire étranger
est une lâché in&mie. Vous n'aurez rien fait qui puisse exciter
davantage Fétonnementet l'admiration de la postérité. — M. Pé-
tion de Villeneuve propose un projet de décret dont voici la sub-
stance : c Le pouvoir exécutif ne pourra déclarer la guerre , ni
faire aucune entreprise offensive, que du consentement du corps-
législatif. En cas d'invasion , si le corps-législatif n'est point as-
semblé, le pouvoir exécutif disposera de la force publique,
et convoquera les représentans de la nation. Le pouvoir exécutif
proposera les conditions de la paix , ainsi que les projets de trai-
ta et d'alliance. Le corps-législatif pourra faire des modifica-
tions, admettre ou rejeter. II sera rédigé un manifeste pour dé"
clarer à toutes les cours que la nation renonce à toutes con-
quêtes , etc.
M. Goupil de Préfeln. En remontant aux sources du droit pu-
blic » nous verrons que la nation française a presque toujours
joui du droit de faire la guerre. Ce n'est que depuis que le régime
féodal a feit disparaître l'existence des droits du peuple , que la
nation n'a plus consisté que daos un roi, et cependant on n'en-
trenait alors des guerres que du consentement des barons. Il faut
cependant l'avouer, depuis la majorité de Louis XIII, la nation
n'a plus été consultée, et vous sentez bien quels en ont été les ré-
sultats. On vous a présenté des raisonnemens plus ou moins spé-
cieux; on vous a dit que ce droii était important pour la dignité
royale, comme s'il n'y avait pas de dignité royale sous Gharle-
magneet sous Louis IX. En quoi consiste la dignité du trône?
Dans le droit efficace de faire le bien, et non dans le pouvoir de
faire le mal. Le monarque vous dirait : on a déclaré la guerre ,
c'est le fruit d'une intrigue ; qu'importe, il faut verser le sang des
penpieset les écraser d'impôts. Mais vous aurez le droit de
refuser les subsides. Est-ce bien à nous qu'on tient ce langage;
à nous, dont l'amour pour notre roi est la qualité distinctive!
Kous abandonnerions ainsi notre monarque ! Les sentimens que
nous vouoits à nos rois ne sont pas les mêmes que ceux des An-
T. VI. 8
/
/
Qft ASSfiMBI^t 1HTIQN4LE.
glaia^ Q» qqu& citç tou|our& T Ao^fljeterFe pour iB^d^le.^ 1^ ae
craint pai$> çowne nous.» qu'on puisse mettre assest de troiipes^
eatre les inaiu$ 4u roi > pour lui fournir les moyeps d'attacmer la
liberté du peuple. Le règne des cbarlalaQS est pas$é : il est tempt
que la sa^n éclaire nos intérêts. MjaJs on allègue J^ danger de
la coi!i:uptiôn ; et poujr Técarter on nous engage à déposer le droit
de faire laguerre dans le sanctu^Eiire incorruptible des ministres....
Yoici le projei; de décret que j'ai l'honneur de vous j^résenter^
c L'asp?o)blée nationale , après avoir rouvre I^ libertij par l'asr
sîiistance divine ^ et ne de^nt en faire usage que CQpformémeni;
aux règlejs. de justice établies par Dieu , déclare que toute nation
fidèle à respecter ses engagemenis sera tQujours l'objet deson ai^
feçt^ion,, maisqii'elle emploiera toute la force et l'énergie d'iine
n^ljion libre pour repousser Tinjustice; déclare en. outre que h^
roi pourra préparer les forces que la constitution met en sa disr
position pour la sûreté de l'empire; qu'aussitôt qu'il serait Qon-
traint de les mettre en usage, il en informera l'assemblée na-
tionale ; décrète de plus que le roi pourra proposer et açc^[>ter
des traités., majs qu'ils ne deviendront obligatoires que ^ la ra*
ti^catîon du.qorps-législatif.]
SÉAT*CÈ BU 48' MAt.
[M. le dac du Châtelet. Je ne puis qu'applaudir à l'opinion de
M. de Sérerit , et je me bornerai à répondre à quelques objec-
tions. A Dieu ne plaise que je^ dise que le ccmseil du roi n'est
jamais le foyer des intrigues etffes passions! Les ministres ne
sont pas toujours ignorans et perfides; s'ils s^arent, la respon-
sabilité les ramènera à la vertu; et sfla responsabilité n'est pas
très-puissante sur les délégués du prince , elle est certainement
nulle pour les délégués du peuple. Une assemblée nombreuse
peut être bien plus aisément corrompue. En Suède, la diète est
toujours remplie de gens soudoyés par la France, par l'Angle-
terre, ou par la Russie. Les alliances, la paix et la guerre y sont
le résultat de la pins odieuse corruption.... Si ou ne permet au-
cune alliance qu'elle ne soit traitée au milieu du pouvoir législatif
MAI (1790) m
la Frattoe n'aura biontôt plus d'alliés.*.. On propose de créer mi
comitë diplomatique. La nation est bien maîtresse de divulguer
tes secrets» 'mais ncm de faire connaitre ceux des autres. Si ce
oomitëne rend pas compte à Fassanblée, il sera un autre conseil
d'État qui présentera de grands incŒivéniens , puisque les mem-
bres de ce conseil ne seront pas responsables. Je vote donc dans
le sens de M. de Surent.
M. de Robespierre. Après les yërités importantes qui vous ont
été présentées sur la question , il reste encore à répondre à un
trècppetit nombre d'oljections, à résumer les points principaux ^
à réduire la question à ses termes les plus simples , et à fixer vos
regards sur notre situation actuelle. En me rappelant ce qu'ont
dit les deux préopinans , je ne vois qu'une seule objection : la
nation étant obligée de déléguer tout le pouvoir , autant vaut et
lûeux vaut de léguer au roi , qui est représentant de la nation »
le droit de déclarer la guerre. Il est mexact de dire reprégetUatu
de la nation. Le n» est le commis et le délégué de la nation pour
«xéenter les volontés nationales....
MM.De8tourtnel,deMurinais, etc. demandent queropinantsoit
rappdé à l'ordre.
M* de Robespierre. Certainement le murmure qui s'élève n'au-
rait pas eu lieu , si Yon avait compris ma pensée ; on ne m'aurait
pas soupçonné de manquer de respect à la majesté royale » puis-
qu'elle n'est autre chose que la* majesté nationale. J'ai voulu
donner une magnifique idée de.... Si mes expressidhs ont affligé
quelqu'un , je dois les rétracter : par commis , je n'ai voulu en-
tendre que l'emploi suprême , que la charge sublime d'exécuter
la vdionté générale; j'ai dit qu'on ne représente la nation que
quand on est spécialement chargé par elle d'exprimer sa volonté.
Toute autre puissance , quelque auguste qu'elle soit, n'a pas le
caractère de représentant du peuple. Je dis donc que la nation
doit confier à ses représentans le droit de la guerre et de la paix.
A toutes ces réflexions , j^ajoute qu'il faut déléguer ce pouvoir à
celui qui a le mpins d'intérêt à en abuser ; le corps-législatif n'en
peut abuser jam$iia.. Mais c'est le roi armé d'une puissante dim
, v »
68 ASSEMDLIÉB NATIONALE.
tature qai peut le rendre formidable , qui peut attenter à la li-
berté, à la eontitution. Le roi sera toujours tente de déclarer la
^erre pour augmenter sa prérogative : les représentans de la
nation auront toujours un intérêt direct et même personnel à
empêcher la guerre. Dans un instant ils vont rentrer dans la classe
de citoyens y et la guerre frappe sur tous le&citoyens. Pour éviter
ces inconvéniens sans nombre qui se présentent à nos regards,
je propose à l'assemblée de fixer son opinion sur le projet de
décret de M. Pétion ; c'est ici le moment de commencer cette
grande révolution , qui s'étendra sur toutes les parties du monde.
Je ne crois pas qu'il soit facile de supporter l'idée de la guerre
qui l'annonce. C'est TEspagne qui a fait les premiers préparatifs;
c'est l'Espagne qui a réclamé des possessions éloignées. On nous
parle d'un traité : quel traité? un pacte de famille est un pacte
national? Gomme si les querelles des rois pouvaient encore être
celles des peuples.... (On observe que ce n'est pas l'ordre da
jour.) Il est impossible que des événemens qui amènent cette
discussion , soient étrangers à cette discussion. Il est important
d'avertir l'assemblée nationale que cette question traitée» elle en
aura une autre à traiter. Pourquoi voulez-vous m'empêcher de
vous dire que vous êtes exposés aux plus grands des dangers, si
vous ne prenez pas un décret sage. Je conclus à ce que l'assem-
blée délibère, d'abord sur le projet de décret de M. Pétion de
Villeneuve , et .ensuite sur les circonstances présentes.]
— La discussion errait ainsi d'opinions en opinions. Il fallait
une secousse pour déterminer l'assemblée à prendre un parti. Ce
fut Mirabeau qui la donna.
SÉANCE DU 20 haï.
Ducours d$ Mirabeau.
[ c Si je prends la parole sur une matière soumise depuis cinq
jours à de longs débats, c'est seulement pour établir l'état de la
question, qui, si je ne me trompe, n'a pas été posée telle qu'elle
MAI (1790) 60
devait l'être. Un grand péril dans le moment actuel , de grands
dangers dans l'avenir ont dû exciter toute l'attention du patrio-
tisme; mais l'importance de la question a aussi son propre dangcTé-
Ces mots de guerre et de paix sonnent fortement à l'oreille , ré-
veillent et trompent l'imagination , excitent les passions les plus
impérieuses ; la fierté , le courage , se tiennent aux plus grands
objets, aux victoires , aux conquêtes, au sort des empires^ sur-
tout à la liberté , surtout à la durée de cette constitution naissante
-que tous les Français ont juré de maintenir; et lorsqu'une ques-
tion de droit public se présente dans un si grand appareil , quelle
attention ne foutril pas avoir sur soi-même , pour concilier , dans
nne discussion aussi grave, la raison froide, la profonde médita-
w
tion de l'homm^is d'Etat avec l'émotion bien excusaRe que doi-
vent nous inspirer les craintes qui nous environnent.
Faut-îl déléguer au roi l'exercice du droit de faire la paix ou
la guerre , ou doit-on l'attribuer au corps législatif? €'est ainsi ,
Messieurs , c'est avec cette alternative qu'on a , jusqu'à présent ,
énoncé la question ; et j'avoue que cette manière de la poser, la
rendrait insoluble pour moi-même. Je ne crois pas que l'on
puisse, sans anéantir la constitution déléguer au roi l'exercice
de faire la paix ou la guerre ; je ne crois pas non plus que l'on
puisse attribuer exclusivement ce droit au corps-législatif, sans
nous prépara* dies dangers d'une autre nature et noft moins re-
doutables. Mais sommes^ous forcés de faire un choix exdusif ?
Me peut-on pas , pour une des fonctions du gouvernement , qui
tient tout à la fois de l'action et de la volonté, de Texéoutioa et de
. la délibération , faire concourir au même but, sans les exclure
l'on par l'autre , les deux pouvoirs qui constituent la force natio-
nale et qui représaitent sa sagesse? Ne peut-on pas restreindre
. lesdriHts ou plutôt les abus de l'ancienne royauté , suis paralyser
, la force publique? Ne peut-on pas, d'un autre côté , connaître
- le vœu national sur la guerre et sur la paix par l'organe suprême
d'une assemblée représentative, sans transporter parmi nous les
incopvéniens qae nous découvrons dans cette partie du droit
pubUc des républiques aoCieiAieset dequelque^ét^de l'Europe?
TO ASSEMBtiK NATIONALE.
Ainsi 9 Messieurs t je me sais proposé à moi-même la questimi
^ërale que j'avais à résoudre , dans ces termes : Ne fautai pas
attribuer oonourreinmenl le droit de Caire la paix ou la guerre
aux deux pouvoirs que aotre œnsiitation a consacrés?
Avant de nous décider sur ce nouveau point de vue, je vais
d*abord examiner avec vous si » dans la pratique de la goerre et
de la paix , la nature des choses, leur marche invincible ne lions
indiquent pas les époques où chacun des deux pouvoirs peut agir
aéparànent, les points oii leur concours se rencontre, les fono-
tions qui leur sont communes, et celles qui leur sont propres;
le moment où il faut délibérer et celui où il feut sgir . Croyee ,
Ifessieurs, qu'un tel examen nous conduira bien plus fecilement
à la vérité, que si nous nous bornions à une simple théorie.
Et d'abord , est-ce au roi ou au corps législatif à entretenir des
relations exciérieures, à veiHer à la sAreté de l'empire, à fiiire, à
mtkmiier les préparatift nécessaires pour le défendre?
Si vous décidez cette première question en feveur du roi , et je
ne nais comment vous pourriez la décider autrement, sans créer
dams le mdme royaume deux pouvoirs exécutifs; vons éteseon-
tralnts de recontiattre par cela seul que la force pnfofiqne peut
étredansie cas de repousser une première hostilité, avant que
le corps-iégfislatif ait eu le temps de manifester ancuic voea , ni
d'apprcAMltion ni d'in^irobation. Qu'est-ce que repooaser une
première hostilité, si ce n'est ootomtenoer la gnefve?
Je m'arrête à oette première hypothèse pour vou^ en fiihre
8€»lir la vérité et tes osnséquences. Des vaisseaux sont emwy^
pour garantir nos colonies ; des soldats sont placés sur nos firoB-
tiares» Vous convenez que ces préparalife , que œs moyens de
défense appartitnnent au roi : or , si ces vaisseaux sont attaqués;
si ces soldats sont menacés, attendrontnis, pour se défendre ,
que le oorps^légisbidf ait approuvé ou improuvé la guerre? flfM,
sans doute : eh bienl par cela seul la guerre texte, et la néces-
sité en a donné le ^signal. De là je conclus que presque dans tons
les cas il ne peat y avoir de dâ3)ération à premhre que ponr
«nvon* a la guerre doit ^tre continuée : je dis, presque dansions
KAi (1790) 71
lèb cais ; Bn effet , Messieurs , il ^e sera {dînais qtrestion , pour des
Fiançais dont fo constitation vient d'épnrer les idées de itnstieé ,
dèfisfe dëcolicdMer une guerre offensive, c'est-à-dire, d'attà-
qner ies peuples voisins , lorsqu'ils ne nous attaquent point. Dans
ce cas, sans doute, une délibération serait néce$aire; inais une
teïïe guerre doit être regardée comme un crime , et j'en ferai
f objet d*un article de décret.
Î^Te s*agît-îl donô que d^unè guerre défensive , où Teilnemi a
comYnis deis hostilités? voilà là guerre, où sans quil y ait encore
des hostilités , les prépàralifis de f énnérai en annoncent le dessein;
d^ ^r èela seul la paix n'existe plus , la guerre est ôommencëé.
n est un troiisîème cas ; c*ést lorsqu'il faut décider si un drott
contesté ou usurpé sera repris ou maintenu pat* la force dfes
armes , et je n*oublieraî pas d*en parler; mais, jusque-là , je ne
vois paS qull puisse être question, pour le coips-légîslalif , de
dâîbérer. Le moment viendra où les pi'éparaiîfe de défense fex-
cédamt les ibnds ordinaires lui seront détionoés , et je fc^tû con-
naître quels sont alors ses droits.
Maïs , iquoi! direz-vous, le corps-législatif n'aura-t-il pas tou-
jours le moyen d'empêcher le commencement de la guerre?
ffon ; car c'fôt comme si vous dematodiez s'il est un moyen d*em-
pècher qu^une nation voisine ne nous attaque; et quel moyen
prendrîez-vous?
Ke ferei-vous aucuns préparàtîfe? vous ne repousserez point
les hostilités , mata vous lès ^iiffrire^. X'état de guerre sera le
nuéme.
€hargèrez-vous te corps4égîslatif defe préparatifs de défense?
Vous n'empêcherez pa^ pour ôeh l'agression; et commaitcon-
cilierez-vous cette acjtion du pouvoir législatif avec celle du pou-
voir exécutif?
Forcerez-vous le pouvoir exécutif de vous notifier Ses moindres
préparatifs et ses moindres démarches? Vous violerez par cela
seul toutes les r%lés de la prudence: l'ennemi connaissant toutes
vos précautions , touteë vos menées , les déjouera ; )fous rendrez
les préparadfe inutiles; autant vaudrait-il nen point ordonner.
7â ASSEMBLÉE NATIONALE.
Borncrez-vous l'étendue des préparatifs? Mais le pouvez*v<ms
avec tous les points de contact qui vous lient à l'Europe, à l'Inde ,
à rAmérique , à tout le globe? Mais ne laut-il pas que vos prépa-
ratifs soient dans la proportion de ceux des états voisins ? Mais les
hostilités commencent-elles moins entre deux vaisseaux qu'entre
deux escadres ? L'état permanent de la marine et de l'armée ne
suffirait-ii pas aubesoin pour commencer la guerre?Mais ne serez-
vous pas forcés d'accorder chaque année une certaine somme
pour des armemens imprévus ? Ne faut-il pas que cette sonmie
soit relative à l'étendue de vos côtes , à l'importance de votre
commerce, à la distance de vos possessions lointaines , à la force
de vos ennemis ? Cependant , Messieurs , je le sens aussi vfVement
que tout autre : ne laissons pas surprendre notre vigilance par
ces difficultés ; car il faut bien qu'il existe un moyen d'empêcher
que le pouvoir exécutif n'abuse même du droit de veillera la dé-
fense de l'Etat, qu'il ne consume en armemens inutiles dés sommes
immenses, qu'il ne prépare des forces pour lui-même, en feignant
de les destiner contre un ennemi ; qu'il n'excite par un trop grand
appareil de défense la jalousie ou la crainte de nos voisins : sans
doute il le faut croire ; mais la marche naturelle des événemens
r
nous indique comment le corps-législatif réprimera de tels abus;
car, d'un côté, s'il faut des armemens plus considérables qu'elle
ne comporte , l'extraordinaire des guerres, le pouvoir exécutif
sera obh'gé de les demander, et vous aurez le droit d'improuver
les préparatifs, de forcer à la négociation de la paix , de reftiser
les fonds demandés. D'un autre côté, la prompte notification que
le pouvoir exécutif sera tenu de faire de l'état de la guerre, soit
imminente, soit commencée, né vous laissera-t-elle pas les
moyens de veiller à la liberté publique.
Ici je comprends , Messieurs , le troisième cas dont j'ai parlé,
celui d'une guerre à entreprendre pour recouvrer ou conserver
une possession ou un droit, ce qui rentre dans la guerre défen-
sive. 11 semble d'abord que dans une telle hypothèse, le corps-lé-
gislatif aur^yt à délibérer même sur tes préparatifs. Mais tâchez
d'appliquer* mais réalisez ce cas hypothétique ; un droit est-il
MAI , (1790) 73
usurpé ou contesté? Le pouvoir exécutif chargé des relations ex-
térieures , tente d'abord de les recouvrer par la négociation. Si
ce premier moyen est sans succès, et que le droit soit important,
laissez encore au pouvoir exécutif le droit des préparatifs de dé«
fensc ; mais forcez-le à notifier aux représentans de la nation
l'usurpation dont il se plaint , le droit qu'il réclame, tout comme
il sera forcé de notifier une guerre imminente ou commencée.
Tous établirez par ce moyen une marche uniforme dans tous les
cas, et je vais démontrer qu'il suffit que le concours du pouvoir
législatif commence à l'époque de la notification dont je viens de
parler, pour concilier parfaitement l'intérêt national avec le main-
tien de la force publique.
Les hostilités sont donc ou conunencées ou imminentes; quels
sont alors les devoirs du pouvoir exécutif? quels sont les droits
du pouvoir législatif ?
Je viens de l'annoncer ; le pouvoir exécutif doit notifier sans au-
cun délai l'état de guerre ou existant, ou prochain, en faire
connaître les causes , demander les fonds nécessaires, requérir
la réunion du corps-législatif , s'il n'est point assemblé.
Le corps-législatif, à son tour, a quatre sortes de mesures à
prendre. La première est d'examiner si les hostilités étant com-
mencées , l'agression coupable n'est pas venue de nos ministres
ou de quelque agent du pouvoir exécutif. Dans un tel cas, l'au-
teur de l'agressiou doit être poursuivi comme criminel de lèse-
nation. Faites une telle loi, et par cela seul vous bornerez vos
guerresau seul exercice du droitd'une juste défense; par cela seul
vous ferez plus pour la liberté publique, que si, pour attribuer
exclusivement le droit de la guerre au corps représentatif, vous
perdiez les avantages que l'on peut tirer de la royauté.
La seconde mesure est d'improuver la guerre si elle est inutile
ou injuste , de requérir le roi de négocier la paix , et de l'y for-
cer en refusant les fonds; voilà. Messieurs, le véritable droit du
corps4égisfatif. Les pouvoirs alors ne sont pas confondus, les
formes des divers gouvernemens ne sont pas violées, et sans tom-
ber dans l'inconvénient de fgûrQ délibérer sept cents perçonpea
\
74 assehbliSb nationale.
snria paix ou sur la guerre; ce qui, certainement, n'est pas
sans de grands dang^s , ainsi que je le démontrerai bientôt ; Tin-
tërêt national est également conservé. Au reste, Messieurs , krs-
que Je propose de faire împrouver la guerre par le corps-législa-
tif, tandis que je lui refuse te droit exclusif de faire la paix ou la
guerre , ne Croyez pas que j*élude en cela la question , ni que je
propose la même délibération sous une forme différente. II est
une nuance très-sensible entre improuver la guerre et délibérer
la guerre, et vous allez Tapercevoir. L'exercice du droit de foire
la paix et la guerre, n'est pas simplement une action ni an acte
de pure volonté; il tient aii contraire à ces deux principes; il
exige le concours des deux pouvoirs ; et toute la théorie de cette
question ne consiste qu'à assigner , soit au pouvoir législatif, soit
au pouvoir exécutif , le genre de concours, qui, par sa nature,
lui est plus propre qu'aucun autre. Faire délibérer directement le
corps-législatif sur la paix et sur la guerre , comme autrefois en
délibérait le sénat de Rome, comme en délibèrent les états ue
Suède, la diète de Pologne, la confédération de Hollande, ce serait
faire d'un roi de France un slathouder ou un consul ; ce serait
choisir, entre deux délégués de la nation, celui qui, quoique
épuré sans cesse par le choix du peuple , par le renouvellement
continuel des élections , est cependant le moins propre , sur une
telle matière, à prendre des délibérations utiles. Donner au con-
traire au pouvoir législatif le droit d'examen , d'improbation, de
réquisition de la paix , de poursuivre contre un ministre cou-
pable de refus des fonds, c'est le faire concourir à l'exercice d'un
droit national , par les moyens qui sont propres à la nature d'un
tel corps, c'est-à-dire, par le poids de son influence, par ses
soins, par sa surveillance, par son droit exclusif de disposer des
forces et des revenus de l'Etat.
Celte différence est donc très-marquée, et conduit au birfi en
conservant les deux pouvoirs dans toute leur intégrité, tandis
qu'autrement vous vous trouverez forcés de faire un chdx exclu-
sif entre deux pouvoirs qui doivent marcher /ensemble*
La troisième mesure du corps^législatif , consiste dans une suite
MAI (1790) 78
de moyens que jlndique pour prévenir les dangers de lu guerre,
en h, sanreillant, el je lui en attribue le droit.
Le preniier de ces moyais escde ne point prendre de ^acafiess
tant que dure la guerre.
Le-secoody de prol<niger sa session dans boas d'jmft faarve
iiBBânane.
Le troisième, de rëudir en tdle quantité q&fil le trowwift né*
eesswe^ la garde naiioatie du royaume, dans le cas «à le roi fe-
rait la guerre en personne.
Le quatrième, de requérir, toutes les fois qu'il le jugpsra 0»-
vesabie^ k pouvoir exéontif de n%acier la paix.
Je m'arrête un instant sur oes deux derniers «oyeiB, parce
qu'ils font eoimattre païf aitement te système que je propoie.
De ce qu'il peut y avoir des dangers à iaire délibérer la guerre
par le eorps4égisIatif , quelques peraones aoulwDiieat que le
droit de la gueire et de la paix n'appartient qu'au ««(Marque; ils
affedent^éme le doute que la nation aH; ce droit , tandis qu'elle
a oehûde déléguer la royauté. Eh! qu'importe en effet ft oas
homoies , de piaœr i côté de notre eonsiitution une autorité saas
bcMties , toujours capable de la renverser? La ehérteent-iis «ette
constitution? Ëèt-^Ie leur ouvragé comme le nôtre? Yeident4ls
la rendre immortelle comme la jascîee et la raiscm?
D*un autre côté , de ce que le ooncours du mcmarque, dans
rexercîce du <h*oit de faire la p(tf X ou la gocrre» peut pi^ési^ier
des daagere , et 11 en présente en ettet , vous cûAdoez qu'^U iaut
le prmr du droit d'y concourir 1 or, enc^, ne voule^vouspas
une chose impossible? A. moins d'dter au rot les préparalife de la
paix et de la guerre, i^our moi, j'étaUis le contue'foids des
dangers qui peutcnt «atore du pouvoir royal dans la oMCtiUition
même, dans lès balonoemeuB des pouvcurs, d^s les fopees imé-
neupes que tous domumi cette ganle naiia^ale, seul équilibre
pi^e au gouvernement représtmtaiitf , contre ^ae suwée fia-
cée aux frontières; et félicitez-vous, Messieurs, de isette décou-
verte. Si ¥0tP8 oénslîlutioii est inumiaUe , «'est de là ^pie naîtra
76 ASSEU&LfB^NATIONALE.
D'an auti^e côte, Messieurs, si j*atu*ibae au corps-lëgislatif le
droit de requérir le pouvoir exécutif de négocier la paix, re-
marquez que je ne donne pas pour cela au corps4égisiatif l'exer-
cice du droit exclusif de faire la paix ; ce serait retomber dans
tous les inconvéniens dont j'ai déjà parlé. Qui connaîtra le mo-
ment de faire la paix , si ce n'est celui qui tient le fil de toutes les
relations politiques? Déciderez«YOus aussi que les ag^is em-
ployés pour cela ne correspondront qu'avec vous? leur donne-
rez-vous des instructions? répondrez-vous à leurs dépêches? les
remplacerez-vous , s'ils ne remplissent pas toute votre mtenfte?
Découvrirez-vous , par des discussions solennelles, les modis se-
crets qui vous*portéront à feire la paix? Bonnerez-votts ainsi la
mesure de votre force on de votre faiblesse? et votre loyauté vous
fit-elle une loi de ne rien dissimuler , forcerez-vous aussi les ^-
voyés des puissances ennemies à l'édat d'une discussion ?
Je distingue donc le droit de requérir le pouvoir exécutif de
faire la paix, d'un ordre donné pour la conclure, et de^'exercice
même du droit de faire la paix; car est^il une autre manière de
remplir l'intérêt national que celle que je propose? Lorsque la
guerre est commencée, il n'est plus au pouvoir d'une nation de
faire la paix ; l'ordre même de faire retirer les troupes aiTêtera-
t-il l'ennemi? Fût«H>n disposé à des sacrifices , sait-on si des con-
ditions altérées ou exagérées par notre propre ministère ne se-
ront pas tellement onéreuses, que l'honneur ne permette pas de
les accepta ? La paix même éumt entamée , la guerre cesse-t-elle
pour cela? C'est doncau*pouvoir exécutif à ch(Nsir le moment
convenable pour une négodation , à la préparer en silence , à la
conduire avec habileté : c'est au pouvoir légidatif à le requérir
de s'occuper sans relâche de cet objet important; c'est à lui à foire
punir le ministre ou l'agent coupable^ qui, dans une telle fonc-
tion, ne remplirait pas ses devoirs. Voilà les lioûtes invioeibles
que l'intérêt public ne permet pas d'outrqiasser ^ et que la nature
même des choses a posées.
Enfin, la quatrième mesure du corps4égislatif estde redoubler
d*j]ittention pour remettre sur-le-champ la force piAlique dans
hài (1790) m
«m étatpermanent lorsque la guerre vient à cesser. Ordonnez alors
de congédier sur-le-champ les troupes extraordinaires ; fixez un
court délai pour leur*séparation; bornez la continuation de leur
solde jusqu'à cette époque, e) rendez le ministre responsable,
poursuiTCK-le comme coupait^I^ si des ordres aussi importans ne
sont pas exécutés : voilà ce que prescrit encore l'intérêt public.
J'ai suivi, Messieurs, le même ordre de questions pour savoir
à qui doit appartenir le droit de iaire des traités de paix, d'al-
liamce, de commerce , et toutes les autres conventions qui peu-
vent être nécessaires au bien de l'Etat. Je me suis demandé
d'abord à moi-même, si nous devions renoncer à h\re des trai-
tés, et cette question se réduit à savoir si , dans l'Etat actuel de
notre commerce et de celui de l'Europe , nous devons abandon-
ner au hasard rinfiuencc des autres puissances sur nous, et notre
réaction sur l'Europe ; si , parce que nous changerons tout à
coup notre système politique (et en effet, que d'erreurs^ que de
préjugés n'aurons-nous pas à détruire!) nous forcerons les autres
nations de changer le leur; si, pendant long-temps, notre paix et
la paix des autres peuvent être autrement conservées que par
un équilibre qui empêche une réunion soudaine de plusieurs
peuples contre un seul? Le temps viendra sans doute où nous
n'aurons que des amis et point d'alliés, où la liberté du com-
merce sera universelle, où l'Europe ne sera qu'une grande fa-
mille ; mais l'espérauce a aussi son fanatisme : serons-nous assez
heureux, pour que dans un instant le miracle auquel nous de-
vons noire lil)erté se répète avec éclat dans les deux mondes?
S'il nous £aut encore des traités, celui-là seul pourra les pré-
parer, les arrêter, qui aura le droit de les négocier , car je ne
vois pas qu'il pût être utile ni conforme aux bases des gouverne-
mens que nous avons déjà consacrés, d'établir que le corps-lé-
gislatif communiquera sans intermédiaires avec les autres puis-
sances. Ces traités vous seront notifiés sur-le-champ; ces traités
n'auront de force qu'autant que le corps-législatif les approuvera.
Voilà encore les justes bornes du concours entre les deux pou-
Tttrs; et oe ne sera pajs même assez de refuserl'approbationd'un
78r ASSBMBliS NATIONALE.
traitédsoKgeraa :1a responsabilité des mînistrœ vous (^e^neore
ici le moyen de punir son coupable auteur.
Je u'examiue pas s'il serait jdus avantageux qu'un traité ne fiU
ccmclu qu'après l'approbation du corps-législatif; car, qui nesent
pas que le résultat est le même, et qu'il est bien qIus avantageux
pour nous-mêmes qu'un, traité devienne irrévocable, par cela
seul que le corpsrl^idatif l'aura accepté; que si, m^ne ayrès
son approbation, les autres puissances avsûent encore le droit de
la refuser?
N'yart-il point d'autresprécautions à prendresur les traités, et
ne serait-il pas de la dignité, de la loyauté d'une conventii»» na»
tionale, de déterminer d'avance, pour elle-même et pour toutes
les autres nations, non ce quedes traités pourront renfermer, msûs
ce qu'ils ne renfermeront jamais? Je pense sur cette <|aestion
comme {dusieurs des préopinans : je voudrais qu'il iùx dédaré
que la nation française renonce à toute espèce de conquête,
qu'elle n'en^loiera januûs ses fcH'ces contre la liberté 4'^iii»m
peuple.
Voilà , mesûeurs , le système que je me suis'fait sur l'eia^ioa
du droit de la paix et de la guerre ; mais je dois présenter d'autres
motifs de mon opinion; je dois surtout faire connaitre pourquoi
je me suis si fortement attaché à ne dcN^ner au corps^législatif
que le concours* nécessaire à l'^i^cicede ce droit, sans le loi
attribuer exclusivement : le concours dont je viens de parler peirt
seul prévenir tous les dangers.
Et d'abord, pour vous montrer que je ne me suis dissimulé
aucune otyection , voici ma profession de foi sur la théorie de la
question , considérée indépendamment de ses rapports politiques.
Sans doute la paix et la guerre sont des actes de souveraineté qui
n'appartiennent quà la natiçin; et peut-on nier le principe, à
moins de supposer que les nations sont esclaves? Mais il ne s'î^t
pas du droit en lui-même ; il s'agit de la délégation •
D'un autre côté, quoique tous les préparatifs et toute la d&*
rection de la guerre et de la pm tiennent à Taction du pouvoir
«écuitif , on ne peut pas s« i&simul^er que la dédaraiion de to
MAI (1790) 7»
guerre et delà pai;x ne soit un actede pure tolontë :que toute he&-
tilitë , que tout traité de paix ne soit en quelque sorte traductible.
par ces mots : moi, nation^ je fais la guerre y je fais la paix y et dès*
lors^ comment un seul homme, comment un roi » un ministre
pourra-t-fl être l'organe de la volonté de tous? Gomment Texécifr-
teiir de la volonté générale pourra-t-il être en même temps Tor-
gane de cette volonté ? Voilà sans doute des objections bien
fortes : di bien! ces objections, ces principes m'ont paru devoir
céder i des considérations beaucoup plus fortes*
Je ne me suis pas di£»simulé non plus y Messieurs y tous les
dangers qu'il peut y avoir de confier à un seul homme le droite
ou plutôt les moyens de ruiner l'État , de disposer de la vie
des citoyens, de compromettre la sûreté de l'empire, d'attirer
sur nos têtes , comme un génie malfaisant , tous les fléaux de la
guerre. Ici , coname tant d'autres , je me suis rappelé le nom de
ces ministres impies , ordonnant des guerres exécrables, pour se
rendre nécessaires ou pour écarter un rival. Ici j'ai vu l'Europe
incendiée pour le gant d'une duchesse trop tard ramassé. Je me
suis peint ce roi guerrier et conquérant , s'attachant ses soldatS'
par la corruption et par la victoire, tenté de redevenir despote:
en rentrant dans ses États, fomentant un parti au-dedans de l'em-^
pire, et renversant les lois avec ces mêmes bras que les lofs
sailes avaient armés.
Examinons si les moyens que l'on propose pour écarter ces
dangers, n'en feront pas naître d'autres non moins funestes^^non
moins redoutables à la liberté publique.
Et d'abord, je vous prie d'observer qu'en examinant si on doit
attribuer le droit do la souveraineté à tel délégué de la nation
plutôt qu'à tel autre , au délégué qfi'on appelle roi , ou au délé-*
gué graduellement épuré et renouvelé qui s'appellera corpsrlé'-
gisUuify û faut écarter toutes lès idées vulgaires d'incompatibili-
té ; qu'il dépend de la nation de préférer pour tel acte individuel
de sa volonté le délégué qu'il lui plaira ; qu'il, ne peut donc être
question , puisque nous déjterminons ce choix , que de consulter ^
non l'orgueil national , mais l'intérêt public » seule et dîg&e aoh
\
80 a9sei[bl£e nationale.
bition d'un grand peuple. Toutes les subtilités disparaissent ainsi
pour faire place à cette question : c Par qui est-il plus utile que le
droit de feire la paix ou la g[uerre soit exercé ? » .
Je vous le demande à vous-mêmes: sera-t-on mieux assuré de
n'avoir que des guerres justes » équitables, si on délègue à une
assemblée de 700 personnes Texercice du droit de faire la guerre?
Avez-vous prévu jusqu'où les mouvemens passionnés, jusqu'oii
Texaltation du courage et d'une fausse dignité pourraient porter
et justifier l'imprudence? Nous avons entendu un de nos orateurs
vons proposer , si TAngleterre faisait à l'Espagne une guerre in-
juste , de franchir sur-le-champ les mers , de renverser une na-
tion sur l'autre, de jouer dans Londres même, avec ces fiers An-
glais, au dernier écu et au dernier homme; et nous avons tous
applaudi ; et je me suis surpris moi-même applaudissant ; et un
mouvement oratoire a suffi pour tromper un instant votre sa-
gesse. Croyez-vous que de pareib mouvemens , si jamais vous
délibérez iti de la guerre , ne vous porteront pas a des guerres
désastreuses , et que vous ne confondrez pas le conseil du cou-
rage avec celui de l'expérience? Pendant que vous délibérerez ,
on demandera la guerre à grands cris : vous verrez autour de
vous une armée de citoyens. Vous ne serez pas trompés par des
ministres : ne le serez-vous jamais par vous-mêmes ?
Il est un autre genre de danger, qui n'est propre qu'au corps-
législatif, dans l'exercice du droit de la paix et de la guerre:
c'est qu'un tel corps ne peut être soumis à aucune espèce de res-
ponsabilité. Je sais bien qu'une victime est un faible dédommage-
ment d'une guerre injuste ; inais quand je parle de responsabi-
lité, je ne parle pas de vengeance : ce ministre que voua apposez
ne devoir se conduire que d'après son caprice, un jugement l'at-
tend, sa tête sera le prix de son imprudence. Vous avez eu des
Louvois sous le despotisme: en aurez-vous encore sous le régime
de la liberté?
On parle du frein de l'opinion publique pour les représentans
de la nation; mais l'opinion publique souvent égarée, même par
des sentimens dignes d'éloges , ne servira qu'^ la. séduire ; mais
MAI {1T90) 81
rofnoioii publique ne va pas atteindre séparément chaque mem-
bre dtone grande assemblée.
Ce Romain , qui , portant la guerre dans les plis de sa toge ,
menaçait de secouer , en la déroulant» tous les fléaux de la
guerre y celui-là devait sentir toute Timportance de sa mission. D
ëtadt seul ; il tenait en ses mains une grande destinée : il portait
la terreur ; mais le sénat nombreux qui renvoyait au milieu d'une
discussion orageuse et passionnée, avait-il éprouvé cet effroi
que le redoutable et douteux avenir de la guerre doit inspirer ?
On vous 1^ déjà dit 9 Messieurs; voyez les peuples libres: c'est
par des guerres plus ambitieuses , plus barbares , qu'ils se sont
toujours distingués.
Voyez les assemblées politiques : c'est toujours sous le charme
de la pisission qu'elles ont décrété la guerre. Vous le connaissez
tous letrait de ce matelot, qui fit, en 1740, résoudre la guerre
de l'Angleterre contre l'Espagne. Quand les Espagnols, m' ayant
miuilè , me présentèrent la mort , je recommandai mon âme à Dieu
et ma vengeance à ma patrie. C'était un homme bien éloquent que
ce matelot; mais la guerre qu'il alluma n'était ni juste ni poli-
tique: ni le roi d'Angleterre, ni les ministres ne la voulaient.
L'émotion d'une assemblée moins nombreuse et plus assouplie
que la nôtre aux combinaisons de l'insidieuse politique^ en dé-
cida.
' Yoici des considérations bien plus importantes. Comment ne
redoutez-vous pas , Messieurs , les dissentions intérieures qu'une
dâibération sur la guerre , prise par le corps-législatif, pourra
faire naître, et dans son sein , et dans tout le royaume? Souvent
entre d^x partis qui embrasseront violemment des opinions
contraires, la délibération sera le fruit d'une lutte opiniâtre, dé-
ddée seulement par quelques suffrages; et dans ce cas, si la
même division s'établit dans l'opinion publique, quel succès es-
pérez-vous d'une guerre qu'une grande pàrlie de la nation dés-
approuvera? Observez la diète de Pologne: plusieurs fois une
délibération sur la guerre ne l'a excitée que dans son sein. Jetez
les yeux sur ce qui vient de se passer en Suède : en vain le roi a
T. VI, 6
presque obtenu le coupable succès de.Ç|ij9Ç^éi9|)yo^lKi^^U|Si'f9t W.
Hollande avait àjé^h préçe^îé ççt ç^e^pfe. : la, CTOÇUe 4t^i^(^4flsir(^
coptiie le vQç» d>n simple çiWboM^r, Qn0s è^nUç ^VQffpip^ f^
(^eilH d'une alliance qvi npw ^\^it C(^^ t^t, (^ f^ii^ ^ ^ ^
trésors? j^ous allons donc mettre m ^^^p 4$ 4i3SlçP^fî|Çi^i}M«
dans, notrç. constitution , si nous faj^n^ e^erçi^i* e^Itj^lX€DlG|l$^ 1^
4roiit de la guerre par le corpsrlégislatif ; çt çpmmç te v^ç^ S^
l^ensif qi^e vqus avez accordé au roi ne pourraitj^s ^'9J|?f U^W^
à dç telles délibération^ » les dissensÎQnSk ^oft j<^ ipi^rte. 4*^ ^
ront que plys redoutables.
Je m'arrête un instant, Messieurs, sur ce^ç, cof^^lij^jj^^
pour vous faire sentir que 4^ns la pir^tique^^çs gouyei^^^iji^,
on est souvei\t forcé de s'écarter, m^n^e ppi|^ l'întéçét pifl)i!^ 1^
dé la rigojure^se pureté. (Jl'une £4>^tractiQo^ pl^.î)io^pMî<p^r • ^^
avez vpus-niémes.4^ré.t^ que, l'exéçutem* de la yoIont<^ ça^^f^i^
aurait » dans cert^^ins cas , le drqit de suspendre Feffet de ^ pjre-.
mîèrc manifestatipn de cette volonté ; ou'il poivrait appeler dç^
1^ volonté connue des. représen^î^s de la nation ^ à % YPI^^
présaniée de la nation. Or, si upus avons doni;|é un te) concours
atu monarque , même dans les actes léd^l^tife , qui spat si étr^iii-,
gers à Faction du pouvoir çxçcutif, comment pour^uivrç la
chaîne des mêmes principes? Ne ferions-nous pas concourir le
roi , je ne dis pas seulement à la direction de la guerre , naaj§ à
J^ dâîbération sur fe guerre ?
Ecartons, s'illje faut, Ip danger* des dissensions civiles: ëyâ^
rez-vous aussi facilement celui de la lenteur (Jles délibérations^
sur une telle matière? ]^e craignez-vous pas que votre foj^ce pu-
feUgue ne. i^oit paralysée cçxnnjie elle Test en Pplognie , ep JIol-
Is^dô, et dans toutes les répub.licjues? Ijie crai^npz-ypujs pas w^
cette lenteur n'augmep^e encore , çoit parce que notre consti|iJh
iioïf prend insensiblement les fornies d'une grande cppfédératigç^
soit parce qu'il çst inévitable qpe Iç^ départeme^^ ^'acquièrent
une grs^nde influence sur le corpsriégislatif ? Ne çraipei^-^çm^
pa;s quç le peuple étant instruit que se^ représientans dpclpjç^Qt ]||
^^mecpft ^ lAJi^ QOQi, œ reçoive par cdà même i^ imp^Ww
4apg^euse v^ la démocratiey g^^utôt roligarcl]^;qiiel»
\çesii ôfi la ^enre et de la paix pe parte du sein des proyipces^
ma ^Qii ccwpris bientôt dans les pétitions, et ne donne à Jimfs
^nde ma^sset d'hommes toute Tagitation ^'un objet ^mssâ m^
portant est capable d'exciter? Ne craignez-vous pas que le corpj^
lé{;lif)^> l)t^lg?é sa ss^esse, ne soit porté à firancbir tuî-môme
1^ limites de ses pouvoirs par les imites presqne ioévitahlet
qi/^'^ntç^if^^ Fexerçice du droit de la guerre et de la pao^? N^ ^
«r^vipi^V^^ P9s quç , pour seconder les sucoès d'uuie g^^rr«
^'il ^ura votée 9 U ce veuille influer sur ladireotion» sur (a
chQtn dfi^ (IpéDéraux, surtout s'il peut leur imputer A^ ^v^^
et qu'il ne pçftç sur fontes les démarches du monarque cette smf
\(^fism^ iiiqui^te. qui serait , par ^e fait , up second po^yoîr e%^
cnOf?
lie com^tes^vous encore pour rien rinçonvénie^t 4'udiq 9^bsçii^
m^ i^QjEL pc^v^an^te^ obligée de se rassembla 4^ns )ç tfWBd
qu'il faudrait employer à délibérer : l'incertitude , Thésifiatie^t
m^x ac^i^ompagueron^ toutes les dém^i^es du pouvoir exécutif , '
^ 9^ s^^^a j^uaaisîusqu'ou les ordres provisoires pourront s'^
l£P(lre; les uiconvépieus même d'une délibération pubtique sm
1^ QPK>ti& ^e faire la guerre ou k^ pai^ ; délibération dont ^jf/k
Içs ^çci^ts d'un Etat (çt long-temps encore nous aurons de pa^
r^ls ;çç)i;^ts) sont souvei^ les élémens?
JlpfiA^ ]p\e cpn^ptez-'vous pour rien le danger de ^^anspo^t^ V^
%me^ répubUç£)ipes â\ up gouvernement qi^i ^t tout à 1^ fyj^ v^
jg^s^t^i^ ç\ mpn^chique? Je vous prie de coBsidérer ce ds^fç
pç apport à notre constitution, à u^ous-méme^^, et^ siU roi, ^
fifUr rap{¥xrt à no^re constitution , po^vonsnaoua espérer data
Hi^wrtffh^F' f. si nous ne composons notre gouvernement de diffi^i
r^iM^ ternes €|>posées ^tre ellea? l'ai soutenu moirmémn qn'rik
n:«giii|te, qa'un seul prÎDcipe de gouvernemeiit pour tonies tas âa»^,
%M, j€i yeuA' ^^ J^ur propre souveraineté; maia il n'est, pM
moins certain que tas div^rii^esc manières de déléguer les. pojsvoîi{à;
dcttpiM^ %m ioù¥ememen& de chacpie nattan des formét dilK*
84 ASSEMBLÉB NATIONALE.
rentes , dont l'unité , dont Tensemble , constkaent toute la force ;
dont l'opposition au (contraire et la sévérité font naître dans un
£tat des sources éternelles de division , jusqu'à ce que la forme
dominante ait renversé toutes les autres ; et de là naissent, indé-
pendamment du despotisme, tous les bouleversement des em-*
pires.
Rome ne fut détruite que par ce mélange de formes royales,
aristocratiques et démocratiques. Les orages qui ont si souvait
agité plusieurs Etats de l'Europe n'ont point d'autre cause. Les
hommes tiennent à la distribution des pouvoirs; les pouvoirs sont
exercés par des hommes; les hommes abusent d'une autorité qui
n'est pas suffisamment arrêtée , en franchissent les limites. C'est
ainsi que le gouvernement monarchique se change en despotisme,
et voilà pourquoi nous avons besoin de prendre tant de précau-
tions ; mais c'est encore ainsi que le gouvernement représentatif
devient oligarchique, selon que deux pouvoirs faits pour se ba-
lancer l'emportent Tun sur l'autre, et s'envahissent au lieu de se
contenir.
Or, Messieurs, excepté le seul cas d'une république propre-
ment dite, ou d'une grande confédération, ou d'une monarchie
dont le chef est réduit à une vaine représentation , qu'on me cite
un seul peuple qui ait exclusivement attribué l'exercice de la
guerre et de la paix à un sénat. Il prouvera très-bien , dans la
théorie, que le pouvoir exécutif conservera toute sa force, si
tous les préparatifs, toute la direction, toute l'action appartien-
nent au roi, et si le corps-législatif se borne à dire :je veux la'
guerre ou la paix. Hais montrez-moi comment ce corps représen-
tatif , tenant de si près à l'action du pouvoir exécutif, ne fran-
chira pas les limites presque insensibles qui les sépareront? Je le
sais, la séparation existe encore. L'action n'est pas la volonté;
mais cette ligne de démarcation est bien plus facile à démontrer
qu'à conserver ; et n'est-ce pas s'exposer à confondre les pou-
voirs , ou plutôt n'est-ce pas déjà les confondre en véritable pra-
tique sociale, que de les rapprocher de si près?
Si j'examine les inconvéniens de Tattribution exclusive au corps-
MAI (1790) 85
l^slalif , par rapport à nous-mêmes , c'est-à-dire » par rapport
aux obstacles que les ennemis du I)ien public n'ont cessé de vous
opposer dans votre carrière, que de nouveaux contradicteurs
n'allez-vous pas exciter parmi ces citoyens qui ont espéré de pou-
voir concilier toute l'énergie de la liberté avec la prérogative
royale ! Je ne parle que de ceux-là , non des flatteurs , non des
courtisans» de ces hommes avilis qui préfèrent le despotisme à la
libertë; non de ceux qui ont osé soutenir, dans cette tribune,
que nous n'aviops pas eu le droit de changer la constitution de
l'Etat, ou que l'exercice du droit de la paix et de la guerre est
.indivisible de la royauté , ou que le conseil, si souvent corrompu^
dont s'aitourent les rois est un plus fidèle organe de l'intérêt pu-
blic que les représentans choisis par le peuple : ce n'est point de
ces contradicteurs, ni de leurs impiétés^ ni de leurs impuissans
efforts que je veux parler; mais de ces hommes qui^ faits pour
éCrelilHres, redoutent cependant les commotions du gouverne-
ment populaire ; de ces hommes qui , après avoir regardé la per-
manence d'une assemblée nationale comme la seule barrière du
despotisme, regardent aussi la royauté comme une utile barrière
contre l'aristocratie.
Enfin , par rapport au roi , par rapport à ses successeurs, que
sera l'effet inévitable d'une loi qui concentrerait dans le corps-
législs^tif le droit de Caire la paix ou la guerre? Pour les rois fai-
Ues , la privation de l'autorité ne sera qu'une cause de découra-
gement et d'inertie ; mais la dignité rople n'est-elle donc plus
au nombre des propriétés nationales? Un roi environné de per-
fides conseils, ne se voyant plus l'égal des autres rois , se croira
détrôné; il n'aura rien perdu , car le droit de faire les préparatifs
de la guarre est le véritable exercice du droit de la guerre ; mais
on lui persuadera le contraire; et les choses n'ont de prix, et jus-
qu'à un certain point, de réalité, que dans l'opinion. Un roi juste
croira du moins que le trône est environné d'écueils, et tous les
ressorts de la force publique se relâcheront ; un roi ambitieux ,
oiécontent du lot que la constitution lui aura donné , sera Ton-
nem de ççUe constilwtÎQn dQUt il dpit être le garant et le garcjiçrî .
9S ÀSSEMBLÂB MATIONÂLE.
f^Ht-3 dbnc pour cela redevenir esclaves ? faat-3 , pour dîiÉï-
lÈftteT te nombre des méoôÉtens > sotiitler notre îmmortiellé ^n^
tutiéft pai^ de feusses mesures, par de faux priAci^? Ce tt'%9t
^ ce cpie f e propose , puisqu'il s'agit au cbutrait^ diî savoir Ifi
It ÛmtAe concours que j'accorde au pouvoir exribiMlJF «et aU pbUh
V^r ii%islatif , dans f exercice du droit de la guerre et ée k ^fl^,
^e sek^it pas plus favorable à la liberté nationale.
. Fife croyeiE pas que j'aie été séduit par l'éx^enaple êè Tâlftglè^
lerre^ ^i laisse au roi l'entier exercice du droit de la p&fx et tfe
la guerre. Je le condamne moinméme cet exemple.
liàv le roi ne se borne pas à repousiser les liosiilitâ^j îltHs
tbmmence> il les oMonne; et je Vous propose au eôtttrïM^ tlë
pKMirsuivI^e comme coupables les ministres on leUfô àgt^s ^i M-
iMt fait une gfueire «offensive.
IÂ% lé foi iie ^ boTvie pas à feire kl guerre; il la dëcIàHs pâfr
Hliè Simple proclamation leâ son nom ; et une. teHe prbcfomaiiîAi
'mm uh ^àde 'véritâÈlemmt iiàdtmal -, je suis bteft «£k%né «e
fàrcrirè qu'elle déiv« «tre ftite au nom du roi iîkeA nm WSKfa
Vbicé.
Là, le roi n'est pas forcé de convoquer le pàrlemetft^ l«*«t}tfB
««rnim^ce la guerre^ €t «oùveit , duràiit un i<ms ttàeMXié, le
ebi^pS4^i5latif hon raSsemUé m, privé de tout ii^oyèln d1ttÉU€^
p^éaât qiué le monarque, déptoyunt toutes leë ftircés de feaî-
f^^ entraîne la nation dans des mesmr^s qu'elle lie pQinta ^pk4-
vènilr iôrsqu'elie sera consultée; et je v0as propose ati dseiifti^
te ftNTcer le roi à notifier stir-ie-ofaamp les liQsiilSiâi m itadit-
Wèm^s ^u cûMnencées ^ et de décréter que le coips^li^jMattf esta
ttènà ûé isê rassembler it l'instaDtÀ
Là> tè ellef de l'Etat peut suitrre la guerre pour s'a^praÉdip ,
J^dr cduquérii^, c'est-à4îré,itour s'exercer au àiëtier i^èiaty-
^tiiiié ; et j^ vous prôp(^ aU contraire de tiéetiirér à toute f^n-
tapé qu^ vous n'eni{ridierez jamais la fehce publhpie boatineia
liberté d'aucun peuple*
Là, le roi n'éprouve d*autre obstacle qUé celui iieb fttndsp»-
blîcs ; et rénorme dette nationale prouve assez iq^èclte iwtflil'c
de despotisme non moins redoutable que tout âàti^è ; je Vdtiâ pi^d^
fKM^'Q ^im#afte^â^tr1^^ ^éfn éOrpè^Mgî^Iàtif lè droit d'iÈa^Vou-
M»r lai^pMn^» ^fle^^u^Hr % m de tégï^Flâï)à&,
lÂ) lé f^ôi tfèSl |)às ôtnigë dé ifeîre connaître au parlement les
Ipâtk^^i^éts dès traités d'àlïîance ; et la nation anglaise se trouw
Wisi éÉigià^è ààns des giierres» âans deà livraisons d'hommes^
tfa^ifëht, âe Vaisseaux > sans qu'elle y ait consenti; et je vous
^fôpoSe au contraire d'abolir tous les pactes .secrets dejs rdîs^
"j^Site qlie tés rois ne peuvent avoir ae secret pour les peuples.
Enfin , les milices de l'An^gleterre ne sont f)as organisées d^
manièïrè à servir de contre-poids à la force publique^ qui e$t
tout entière dans les main6 du roi ; et je propose au cpntraire
d'attribuer au corps^législatif » si le roi fait la guerre en {)ersomie^
le droit de réunir t^Ue portion çle la garde nationale du royaume
en tel lieu qu'il jugera convenable ; et sai|s doute wm ocgaoiserqc
cette force intérieiire^ de manière à Eure une armée ^o^ Ja JL-
berté publique^ comme vous en avez i4ne pour ^garantir vosfronr
tières. •
¥6fQBS m2àmiimmi^ s'il ^tè :fmotB des ^olfeotioBS iqÊé4é m'fû
j^ dëtilMles dapw lie ^^àitk^ «910 ije «JbmtM^
Le roi, dit^n^ ^t-rà ^«àé 4M«ô d^s '^mMi Wjè&^^i-^
^ffÈॻ ^imitêkmm mtébù^fntik h pbttttm^, ^ v6ï!k^ lè de-
«iieiicifirM cdIfMégMâKlf t i)dfâ«^â WMfflàtA,
guerre, mais requérir la négociatfMi ^è % pik? M mW^-
WÈÊéiê^&oihè f(m ¥lte il'fiMKVâS^ !d^ë «ÉâSh ^i^sëè éans
iMtèk iM ^àMes^ ^ui «^xfèJtèM (â(9ltflM]IÉà^
tition dans des formes légales? Un roi despote serait arrête ^Éâ^s
mm^pi%itÊé; tti JtémtxxfEim^ te roi fkMékiiS^à 4^ jiAple
t)» taëriiâôÉaé^ui VcSBerà pour Ife^toyamne , W^ îè pdùviûîr
88 assembiIb nationale.
tutjon» réquilibre toujours maintenu de la force intérieure aireé
la force extérieure.
On dit que nous ne sommes pas encadrés pour la liberié commt
l'Angleterre; mais aussi nous avons de plus grands moyaos de
conserver la liberté , et je propose de plus grandes précautions.
Notre constitution n'est point encore affermie; on peut nous
susciter une guerre pour avoir le prétexte de déployer une
grande force , et de la tourner bientôt contre nous. Eh bien ! ne
négligeons pas ces craintes; mais distinguons le moment présent
des effets durables d'une constitution , et ne rendez pas ét^-
nelles les dispositions provisoires que la circonstance extraordK
naire d'une grande convention nationale pourra vous suggérer :
mais si vous portez les défiances du moment dans l'avenir, prenez
garde qu'à force d'exagérer les craintes , nous ne rendions les
préservatifs pires que les maux , et qu'au lieu d'unir les dtoyens
par la liberté , nous ne les divisions en deux partis toujours prêts
à conspirer l'un contre Tautre. Si à chaque pas on nous menace
delà résurrection du despotisme écrasé ; si Ton nous oppose sans
cesse les dangers d'une très-petite partie de la force publique,
malgré plusieurs miUions d'hommes armés pour la constitution ,
quel autre moyen nous reste-t-il? Périssons dans ce moment !
Qu'on ébranle les voûtes de ce temple , et mourons aujourd'hui
libres, si nous devons être esdaves demain !
U faut, continue4-on, restrdndre l'usage de la force publique
dans les mains du roi : je le pense comme vous , et nous ne dif-
férons que dans les moyens. Hais prenez garde encore qu'ei
voulant la restrdndre vous ne Fempôchiez d'agir , et qu'die ne
devienne nulle dans ses mains.
Mais dans la rigueur des psincipes, la guerre peut-elle jam^Ms
commencer sans que la nation ait décidé si la guerre doit être
faite?
Je réponds: l'hitérêt de la nation est que toute hostilité soit
repoussée par celui qui a la direction de la f(n*ce publique : voilà
la guerre commencée. L'intérêt de la nation est que les prépa-
ratifs de guerre deç nations vpisines spient balancés par les
MAI (1790) 80
aAtres : Toilà la guerre. Nulle délibération ne peut précéder ces
évéaemens» ces préparatifis. C'est lorsque Thostilité, ou la né-
cessité, de la défense 9 de la voie des armes , ce qui comprend
tous les cas 9 sera notifié au corps-l^islatif» qu'il prendra les
mesures que j'indique ; il improuvera , il requerra de négocier la
fmi; il accordera on refusera les fonds de la guare ; il poursui-
'Vra les ministres; il disposera de la force intérieure; il confir-
mera la paix, ou refusera de la sanctionner. Je ne connais que
oe moyen de faire concourir utilement le corps-législatif à l'exer^
cice du droit de la paix et de la guerre , c'est-à-dire à un pou-
voir mixte » qui tient tout à la fois de l'action et de la volonté.
Les préparatifs même, dites-vous encore , qui seront laissés
dans la main du roi, ne serout-ils pas dangereux? Sans doute,
ils le seront ; mais ces dangers soAt inévitables dans tous les sys-
tèmes. Il est bien évident que pour concentrer utilement dans le
corps-l^^islatif l'exercice du droit de )a guerre, il faudrait aussi
lui laisser le soin d'en ordonner les préparatifis. Hais le pouvez-
vous sans changer la forme de gouvernement? Et si le roi doit
être chargé des préparatifs , s'il est forcé par la nature , par l'é-
tendue de nos possessions, de les disposer à une grande di&-
r tance, ne faut-il pas Ijii laisser aussi la plus grande latitude dans
les moyens? Borner les préparatifis, ne serait'^e pas les détruire?
Qr , je demande si lorsque les préparatifs existent , le commun
cernent de la guerre dépend de nous, ou du hasard , ou de l'en-
' nemi ? Je demande si souvent plusieurs combats n'auront pas été
• forant avant qpie.le roi en soit instruit, avant que la notification
puisse en être faite à la nation ?
Mais ne pourrait-on pas faire concourir le corpsJégislatif à
. tons les préparatifis de guerre pour en diminuer le danger?
Ne pourrait-(m pas les faire surveiller par un comité pris dans
FassemUée nationale? Prenez garde: par cela seul nous confon-
drions tous les pouvoirs, en confondant Faction avec la volonté,
, la directton avec la loi ; bientêt le pouvoir exécutif ne sera que
.l'agent d'un comité : nous ne ferions pas.seulement les lois, nous
fioinfeineriçQs; csir, qoelte& 9eron(, 1^ bornes de ce p^çour^i
40 ASSEMBLÉE NATIONALE.
^ ^té sàrveSlàiiice? €*est en vain que votits vbuél^2 %è kÉI^
glier ; taaïgl^ë votre prévoyance , cHes seront toàtes vfdlëë»*.
ftenei Ijarde encore. ÎTé craîgnez-voHS pas de pàîPàlfèeSrft
jH)ttvoîr exédrtï par "cé coiicodlps de moyens ? Lèrsqà'fl î6;^lg(itM
l^'èiëcatltm , àe qtri doit être feft par (Jusîétirs pérWèèfeii V^
jâBlUisbieii M pàn'^aifcirtie. Oà séi^ltd^llitorsv âs^%û fàm-
itte dé choses , t^etlte rèsipbJlftaUlftë qui dèlt CM Té^ <ft bM«
mc^élté ton^t^tiott ?
EiiSù, «t^n vfÉÉCùHd, A'a^-oh rien à drafiM^ne d'tiA Vb« ^«H
-touvrant iés complou du despotisme sOtis Vàpp^ï'èifc^ 4Wb
guerre nécessaire , reWrèrâît dans le rbyabttie avec iMk ftriilëè
Victorieuse , non po^r lrq)rendïiè son pdstè de ràWôftSfÉi, lAais
épém )reiconqùéHr celui des tyra^^?
Eb bi^ ! qA'^ATlvera-t-il ? Je suppose y^tt'wn foi oonepkéHttt ^
pterridCf rénrissatt ^àtà talèns militaires tes vîdes tpii^xJlf¥o8É-
pëut te lidmn^es et fé6 qiifAitiés ^imad^lés ^ lès câjfMiVèÉt» «te
làoft plâs un t^odigé, tt qu'il faiBè feîre deS^ ipouf tStt ^p¥d-
<l^e«;.
Je ^uppo^ qù'aùcÉA ^drpè d^me anhëe nàliènèdé 1'^ «ÊHft
lié pait«otii5itté et de V^Mu pour tésîsIMr ft «ti tyrffi> «1 (fk*«M «èl
iMx^dtaMt è^ Fi*«ÉfÇli6 c^t^ Ite Fnmçâ^, MêÀ 9icmmki
^àe^&SBsir, ^i )h¥teltpaèM^r fetMiKê, m)piâiiiiâ*« HÉMMb
*4êis6auloi6i
Itbtts 'je vous ^d^ànd6 si cctlé Objection û'Wt ^é cottMIM >&
ièitt|Bà«pèittes, ti #)us n'aurok)^ JàlhiMs à â!m^ -i^feWftflc
ffimtotÉibli^^ pffl^ ^« ce seiiaatt â0l^p^4ëg^llff ft ^iS»i^
le droit de faire la guerre?
le vous dëii^nde ^î , îpar ^nè tèille oBjétftièll ^ vbM Aè tMÉ%oi^
m \ét ptétmiùëtii àte to^iôli^liiéi rtecoBvéèlèÉt dëë f«pÉ-
^ iSique^ ; car c'^est <»uH»ut datas les Âàts ^^ofMflaHîsi ^ ^ tâs
' BiiHicès «OUI àtTeiilàfdi*e. €'é!ft pMMilésMâonB^ Â'âftMâltpât
^vciê que ces ^â«3Cbs ont Wi^m nM. 0^ )!»d«r "GlifÂllgfft ,
t'est pour Rome que de tdB citoyens ^ tels q^'AlMM M ^ÙèeÉ^,
«nient dange^^èiix. TariMez VainbMcm; ftîtes fjà'hé îrëi WttI à
^é ce <|«è là M iKè ^t ttdé^ei't lliiek<Mft«il|k-
!
MAI nim) U
Mtdrè ce qu'elle doit être, et ne crafig^nez plùà qa'un t(A teh^té^
albdit[nant Inî-même sa tjourôïine , s'expose àtrotirir de h vtet<!wi^
^VéctiaBiUt)!
M. d'E^tfémenil. Je deknande qaé M. de Mirabeau sdii \^pfM
à l'ordre : il oublie que fâ personne des rûîs à été dèdàtéé biyHt^
'Mite. (Une gfr^bde partie de l'a^eund^^e appla&dtt.)
M. et Mirabeau* Je ilie gardeiiai -bien de tépoôévé à l'hieiilpi--
liûn de ttiaavaise fei qui m'est laite; vous avez tauB oAtÊMda ém
lÉÏppiDritiôn d'un roi de^)ote et rétollë , qtii yi^t avec utfe MV
«ée de avançais conquérir la place des tyrans ^ or ^ «n roi ûék
^ tûa^ n'est plas un roi... • (La salle retentit d'applandissén^s^)
n wi^ (fifScile et inutile de continuer Une discussion dë|&
Mèn fongfue , au milieu d'applaudissements » d'tniprôbatiMs ëga-
lèmîem'éxagéiiées» également injustes^ ftsii parlée parce i^ue fe
lûroyais ie deteir dans une occasion aussi importante :fe île dmls
à cette asisemblée que ee que je crois la vél*iré , et je l'ai 4ilev Je
14i Wte assez fortement peut-^re , t[uand je pâirlais contré lès
fittitisims ; Je jiet^ais in^ne des fonctions qui me simt ânpoiistf^ »
fft fi6MriftMdig[iie d'être coniipié parttii les ami&de la liberté, éife
^iBSiSfÉimhk bia pensée -, t)uand je penche ^r uh parti mifo^
i^Ut^ r^nibn de ceux qihe jlaimé et t^Ue j'ftenet^ , et l'^Viè dès
-iêîlÉaiieA c^î ont Inontré le plus de dlss^Hiinient à\ec MM dépens
4ë comùiencement de cette' aissemMée. Vous avez èàiél éMi 6;ft-
Hibe^ : il tonsiMe à «kttrfbuer concurremment le 'droit de Mt^ h
pâkti la guen^e au)i deux pouvoirs que la consltrai)«ik à ^obMià-
«1^ ', ^'^t-41-dii^ M droit <ni)tte qHi tient tMt à lÀ foie de t%è-
•iM et de la Vatomé. le crois avenir iiefÊÀam, àVéc at^ÉO^Ifts
-tt^fiinÉel» <j|[u'tHk fdtègntfk snr oeiice qimtion en làvécMr de mk M»
ayaiftnaea exèiiAdfisi lle»t une aèute objeetion insi^uble, ^i%e4Pe-
WlnVe diinsi|oiiS<oûinnie dan« le nriêli> et qui ettÉb^rà8i$er& Wk-
fGfiA^ 4ëS di\tet*ses <(}Ueinlens <](ai avoMneroét là conftisien des f^h
VgSiuf ;. e^est de déiermiBer les moyens d'ôbviet* an dertner degfré
feràl»s.ile n'en cohnaîs (pi'nn ; ùà n'en troavtein ipi'ttn, et Je
rl^^pife^ par cette locution Iriviale^ et peut-être de «IMI^is
goût, que je me suis déjà permise dans cette trîbÉ^ » mail ij^i
.^k
92 ASSBMfiLÉB NATIONALE.
peint nettement ma pensée. C'est le tocsin de la néccssUé , qui
seul peut donner Iq signal quand le moment est venu de rem*
plir Timprescriptible devoir de la résistance , devoir toujours im«
périeux lorsque la constitution est violée » toujours triomphant
lorsque la résistance est juste et vraiment nationale.
Je vais vous lire mon projet de décret : il n'est pas bon. Un dé-
cret sur le droit de la paix et de la guerre ne sera jamais com-
plet» ne sera jamais véritablement le code moral du drmt des
gens , qu'alors que vous aurez constitutionnellement organisé
l'armée, la flotte» les finances» vos gardes nationales et vos colo-
nies. Il est donc bien médicale mon projet de décret : je désire
vivement qu'on le perfectionne , je désire que Ton en propose un
meilleur. Jene chercherai pasà dissimuler le sentiment dedéférence
avec lequel je vous l'apporte ; je necacherai pas même mon profond
regret» que l'homme qui a posé les bases de la constitution » et
qui a le, plus contribué à votre grand ouvrage» que l'homme qui
a révélé au monde les véritables principes du gouvernement re-
présentatif, se condamnant lui-même à un silence que je déplore,
que je trouve coupable » à quelque point que ses immenses ser-
vices aient été méconnus » que l'abbé Sieyès.... je lui demande
pardon » je le nomma... ne viame pas poser lui-même dans sa conr
stitution un des plus grands ressorts de l'ordre social. J'en ai d'au-
tant plus dedouleur^ qu'écraséd'un travail trop au-dessus de mes
forces intellectu^Hes; sans cesse ravi au recueillement et à la mé-
ditation qui sont les premières puissances de l'homme , je n'avais
pas porté mon esprit sur cette question » accoutumé que j'étais à
mereposer-sur cegrand penseur, del'achèvemaitde son ouvrage.
Je l'ai: pressé » conjuré , suj^lié au nom de l'amitié dont il m'ho-
nore, au nom^ de l'amour de la patrie» oe sentiment biai autrement
énergique et sacré» de nous doter de ses idées, de ne pas lais-
ser cette lacune dans la constitution : il m'a refusé ; je vous le dé-
nonce. Je vous conjure, à mon tour, d'obtenir son avis, qui ne
doit pas étrç un secret ; d'arracher enfin an décourag^aaadt un
. homme, dont je regarde le silence et l'inaction comme upecaia-
. mié pul^lique,
MAI (1790) 95
Après ces aveux , de la candeur desquels vous mo sûurez gré
du moins , voulez-vous me dispenser de lire mon projet de décret»
j'en fierai reconnaissant. (On dit de toutes parts i Lisez, Usez.)
Vous voulez mie je le lise : souvenez-vous que je n'ai fait que
vous ob^îrt et que j'ai eu le courage de vous déplaire pour vous
aenàr.
Je propose de décréter comme articles constitutionnels :
Que le droit de faire la guerre et la paix appartient à la na-
tion ; que Texercice de ce droit sera délégué concurremment
au pouvoir législatif et au pouvoir exécutif , de la manière sui-
vante :
1** Que le soin de veiller à la sûreté extérieure du royaume »
de maintenir ses droits et ses possessions appartient au roi;
qu'ainsi lui seul peut entretenir des relations politiques au-de-
hors, conduire les négociations» en choisir les agens, fsure des
préparatifs de guerre proportionnés à ceux des Etats voisins,
distribuer les forces de terre et de mer» ainsi qu'il le jugera con-
venable y et en régler la direction en cas de guerre.
2° Que dans le cas d'hostilités imminentes ou commencées» d'un
aUié à soutenir^ d'un droit à conserver par la force des armes » le
roi sera tenud'en donner» sans aucun délai» la notification au corps-
législatif » d'en faire connaître les causes et les mçtift» et de dé-
mander les fonds qu'il croira nécessaires ; et si le oorps-législÂtif
est en vacance » il se rassemblera sur-le-champ.
3^ Que sur cette notification » si le corps-l^islatif juge que
les hostilités commencées sont une agression coupable de la
part des ministres» ou de quelque autre agent du pouvoir exé^
cotif » l'auteur de cette agression s^a poursuivi conune crimi-
nel de lèse-nation ; l'assemblée nationale déclarant à cet effet que
b nation française renonce à toute espèce de ocmquéte» et qu^elle
n'emploiera jamais ses forces contre ia liberté d'aucun peuple.
4^ Que sur la même notification » si le corps-législatif refuse les
fonds nécessaires et témoigne son improbaiion de la guerre» le
pouvoir exécutif sera tenu de prendre sur-le-champ des mesures
fQ^v^e ce^r ç^ prtyemr toute hosUUtéft lea mûûstr^ 4^wu-
raQt respoD^al^ des délais.
S" Quç k^ formule de. déclaratiop de guerre et d^ V^^i^ ifi
. ^: Qs» dans le cas. d'une gi«erre ijami«^ , le çQf|^|i(BBMl&
prolongera sa gestion dans ses vacances accoutumées, et pwifffl
être sa^nsi yacances du;:ant la g^erre^
T Que pendant tout le cours de la guerre, le corps-l^isl^tif
pourra requérir le pouvoir exécutif de négocier la paix , et que,
d^ns le cas où le roi fera la guerre en personne , le corps-légis-
laiif aura le droit de Véunir le nombre des gardes nationales , et^
dans tel endroit qu'il le trouvera convenable.
' 8^ Qu'à l'instant oii la guerre cessera, le corps-léjgislatîf ixera
le délai dans lequel les Groupes extraordinaires seront congédiées^'
et Farmée f éduite à son état permanent ; que la solde descfites
troupes ne sera continuée que jusqu'à la même époque, aprè»
laqtH^, sïles troupes extraordinaires restent rassemblées, iei
mmîstre sera responsable, et poursuit comme criminet de lèse-
nation ; qu'à cet effet, le comité de constitution sera tenu de don^
iiev ii^oesfiammeat aon travail sur le mode delà respansabiUtéées
Bpûpisivea.
^ Qu'il appai?ti«Bdra au roi d'arrétei: el de égmv^ vt^ tel
puissances énr^uaigèreg , toques les çojavealîous qpf 'il jugerst «éçes-
ma^^ m bjie« de mut, ei^ que les traités de paix, d'^lli^pçcf ^^
de commerce ne seront exécutés queutant qu'ils aur^At étQ i^^
fié% par le Gorps-Iégîslatit.] '
IK de Caxalks. L'asseiçblée nationale a reeaBBU' <p& la gouvoi^
miBfie&lf français esl^ moBarchique ; par uu second déor^, elle a
cWierjiMné d'une manière précise ce qa'dte entend par une nM«
narchie , en di^^Mat <pe la plénitude du pouvoir e%^t£$ig^ifâ«a%
réside emr^ les mai^is du roi* Ce second décret n'oflfçe pf^ 4'é-
(^ivo^çu l\ n'esl( pa^ de publici^te qui ne ^oit convenu qu^f . ]^
.d4x4t de faire 1^ pai?^ ^ la giiw^ esn, ^pe eajrtie e$i^tii^lfi 4^
m (J7n ^
ffl^W^ Ç;!;^Uf, Toutes les nations qpi m connu la di^s^p^
dès pouyçif s , ont confié ce droifau pouvoir exécutif. A RoiQe ,^
<>|^P^m>te'rQ^i^Iou3^ jusqu'au délire du. pouvoir légjislatif,, ayalt;
cQ^é ^j^ Sj^diat le pouvoir de fai^e la pai^ et Is^ çuerre » avec l.ç
po^Vi^ çx^tif ^ l\ ç'eçl pa% pp^ible dg fliéciwiaître Vt^iM d<ç-
oçj|^,90P}binaii^n ; \e sénat a. souvent prévenu les. guerrea ciyîj^.
WH ^^^^^^ étrangères, : il conservait , il çéglaili le saipt ao^ow
de lif^i^t^^fi^^ ^ ifé^veillant l'anûLour de laglpire. U est doniç pvo»\^
q^Q le droit de pajx et de guejr^e es^ une partie inhérence 4h
pog^jr ex&ntif. you^ l'avçiç ireçQiuiu , \ous Tavea^ çnçpjpç,
décrétât ep d^a^i^qiie les fo^ctians du çorj^-li^^tif étaient
^ %ire la 1%. Il n'e^^ pas un naembre dç cçttç assemblée qui^
qse soutenir qi|e faire un traité de paix c'est faire une loj^
Dans un gouvernement libre , le corps - législatif doit se bor-
ner à déterminer les principes des ti^aités et des déçlaratiçm^^
de fi[tierre. Arrêtez que le pouvoir exécutif ne s'écartera jar
noiais de ces, principes; c'est à lui^ f^u'il appartient d'eu fsûre.
r^^ljiçatj^P* J'en atteste 1^ bonne fo; dç rassemblée nationaJI/ç f
est-îl un seul de ses membres qui , quand il a vota pour que h
l^xoiv ç:|L^utif app^Ptint au roi , n'^it j^ cru lui donner le
4roit de faire la paix et la guerre ? (Une gi^andie partie d^ Vash
^ÇI9l^. q:ie ; i^m t, nmÀ
}t^ Mlffid^ k ç^n qm m*i«llepro,mpexit e« oe moneat'» ^'ii a
vififà wi^ ^mmm k YensaiUef' torsî de ce déorel. L« moi mr
pnAa^a ébé lQngr(efl|pa débattu; et sani» donM. ceux qui viennent
di «ift wf^mimt iiTwt pa^s été d'ain^ du o^ot snnpnême. (U s'élèvi^
fiofinift d«irpiir«Bpves.) U n'^i paa douteux que A l'asseaddëA
fWifiwalp éisik nismftMéi^ des momies individua; et A no&ooHègiiea
9rtW«iilrpaft d&ei^ 1 Jiebemeiil le poste oà te confiance publique
iM umk litaeéa» n/m» questioii ne serait pas même l'objet d'une
4iiiitfruiw. Maia pwsip'U ^st malb^ureus^neut vrai que eeue
WWwWtfo «e p(3|i| ^çe l#ée pwr seis propres décrets, qu'ils ne sont»
4 M #^> we di9. simple» résolutious » et qu'eHek dét»iit )^
lendemain ce qu'elle a fait la veille (les mmanares redûuUent) }
fwwmbiée nfttionale a déeidii que ceiiç qupsiiofi doit
96 ASSEMBLÉE NATIONALE.
être discutée; persuadé qu'elle ji'a pas changé de principes en
six mois, et qu'elle ne donnera pas l'exemple d'une mobilité dans
les lois de l'empire , mobilité vraiment déshonorante pour les lé-
gislateucs , et vrainlent effrayante pour les peuples que ces lois
doivent régir.... Plusieurs orateurs ont dit dans cette tribune,
qu'il n'y a pas de guerre offensive qui soit juste ; ils ont étalé les
principes qu'affiche la philosophie moderne ; mais ce n'est pas
sur les principes vagues de l'humanité, que des législateurs doi-
vent établir leurs opérations; ces principes embrassent tous les
peuples du monde. Laissez ce sentiment qui n'est qu'ostentation;
la patrie doit être l'objet exclusif de notre amour. L'amour de la
patrie fait plus que des hommes , il fait des citoyens. Il a créé
les Spartiates, à l'existence desquels nous sommes tentés de ne
pas croire, en voyant combien nous sommes indignes de les
imiter. Quant à moi , je le déclare , ce ne sont pas lès Russes ,
les Allemands, les Anglais que j'aime, ce sont les Français que
je chéris; le sang d'un seul dé mes concitoyens m'est plus pré-
cieux que celui de tous les peuples du monde (Le murmure
devient général.)
Pardonnez à la chaleur , et peut-être à l'exagération de mon
discours; il est l'élan d'un citoyen qui idolâtre jsa patrie, il est
produit par l'indignation que me font éprouver les manœuvres
dont on se sert pour vous circQnscrire dans les adages de la phi-
losophie moderne ; cette phttosophie qui flétrit le cœur^ qui rape-
tisse l'esprit.... Tout ce qui est nécessaire, pour la conservation
de la liberté est légitime : quand une guerre offensive est néces-
saire , elle est légitime. — Je prendrai mes exemples dans la
circonstance oii nous nous trouvons. Dans la dernière guerre,
l'Angleterre a été forcée de souscrire à une paix désavantageuse;
toutes ses démarches ont tendu à diviser nos alliés pour les com-
battre séparément. Ce peuple qu'on vous a dit généreux a puis-
samment contribué à l'asservissement de la Hollande. Aujourd'hui
que la France est travaillée de divisions intestines, il fomente
peut-être ces divisions.
Ml y a quelques mois que des contrebandiers ont été acrêtés
MAI (179Q) 97
sur les côtes de la Galiforiiie. La cour de Londres a long-temps
dissimulé cette prétendue injure ; mais quand elle vous a vus
oociqiés des grands intérêts qui agitent la France , qui para-
lysoit toutes vos forces et tous vos moyens , . elle a réclamé :
r£spagne a rendu les vaisseaux qui avaient été saisis. Alors l'An-
gleterre a exigé que l'Espagne s'e}q>liquàt sur la navigation du
Sud, c'est4-dire qu'eUe abandonnât ses possessions dans ces
contrées; car elle doit renoncera ses propriétés , si elle aban-
-dpmie la navigation exclusive dans ces mers. Si F Angleterre per-
siste, il est impossible que l'Espagne se soumette. Si vous n'allez
à son secours, cette puissance alliée sera forcée , après une cam- '
pagne , de conclure une paix désastreuse. Il est certain qu'alors
rAng^eterre vous attaquera. Travaillés par des dissenaons intes-
«âies, privés de vos sdliés, die vous attacpiera avec succès ,
J'ai long-temps hésité pour savoir si je répondrais à cette flat-
terie grossière, à o^te assertion imprudente, que vous n'avez
rien à craindre de vos voisins. Je ne sais ce que vous serez , ce
que vous -deviendrez par la constitution ; mais dans ce moment ,
vous êtes le royaume le plus faible de l'Europe.... Au murmure
qui m'interrompt » je reconnais la nécessité de prouver ce que
j'avance. Une partie de votre armée a déserté; l'autre partie est
dans une insubordination manifeste. Dans cet état , une armée
n'existe plus. L'ébranlement de toutes les propriétés a tari jus-
qu'à la source des revenus publics; vos finances ne se soutiennent
qu'à l'aide d'une monnaie Csictice; vos dépenses ne sont plus
soldées que sur vos capitaux; vous avez perdu une partie considé-
raUe de votre population; votre numéraire est passé chez l'étran-
ger ; vos concitoyans, riches ou pauvres, vous ont abandonnés;
ils fuient les horreurs des séditions, de la misère et de la famine.
Enfin, et vcûci ce qui présage les plus affreux malheurs, il
existe une division entre toutes les classes de citoyens; il n'est
pas un village oii les citoyens ne soient divisés en deux partis (il
s'âève des murmures) • Ne vous dissimulez pas les maux qui tra-
vaillent l'empire : il est de votre devoir de les prévenir, et d'an-
noncer qu'ils vous affligent. Parlez quelquefois à ce peuple de ses
T. VI. 7
ag AseEMiiii kAfMff AL&.
éémocmie; ih servett 4e raltieâlent à éé» h^eûeùx. Prèdte
ïumon |i tous ieà Fpattçais ^ f éontosee-lcs de seiitifflent et ife
p(i^^AS^> dmtérél el d'affiBetion; qse UNU les intërto pëHiâÉ-
4i#rs m oonfondelit daa» l'intérêt pidifitf, vont ^Mtez tfôi% ée
qpe- voas poiuvez. A prêtent vous ^M <&bs fm Àat dd AâHësse»
Ifisép^rable peuH&triB de loates Iss rëvoititiodS ^ tÊsiê qui Vëî»
r^^ le roiyau|Q0 1^ moins redoutable de TEurope* Et si iiéâs
roiupez 9v^ vo; ciliés, vos oolooies seroiit envahi^» YOir« ^soÉ-
f^erce détruit* J^ pe réponds pas sërieu^menc à peux qui oÉt Ûk
qqe la Fr^çe dpit s'isoler du système politique de TEordpe; Â
q^i qécessi(er^ît çop^iioiiuoenl k renoncer à tout èoBunene
çxtéri^Hr i fq^^ qe p'ept paa sans lurprîsp que j*ai va meilite eii
quesiipn t p^rfPÎ les représ^nians d^ la plus loyUe de ttfuteà léb
jl^MonSi 4*Mi^ nation qpi a p^orté juaqu'aîi aoriipiiie éen )^pèéc
pPHr le^ cré^pciers 4^ l'£fftt » si ks Mkës d^alitanee eeM*
maÎDtfsuM^, si voits al^doQiieréz des alliés fidties*
Je. m pui^ cirgire q«^ le§ oiyeelions anxqueHss je «Mèttft dei^
pondrp ^iei|t prpddii âi^es d'efifet pouf i^ue la majorhé %e iiein<-
yjpnDe pas qu'uqe gu^rne offensif e peut étr^ jùfl»! qult esl ^
fiur(}p<)p^'iso|erdu sysième de TEnrope^qu'ileside notre fotéi^
de notrp ])0|iQpiir el de notre loyauté , de ne pas abandonné!^ Se
^les fil)iés. La qiiestjon es( uttifuencnt ds savoir à qui ^ pin^
le bmb^ur du peuple » serait déiégiié te dreic de la ptàx et de M
gnef rOi. Si vous TaUfibuea à rasMnblée natf^nalè , il s'ensuitM
qu'elle pourra nommer les amibassadenrd , tés généraux d^armëe ,
ei disposer de tout ce qui oonœme te patk ou la guerre. 51 là
conduite de6 affaires exige du secpet> de l^a rapidité, de f adresse,
tapt que la politique de r£uh)pe existera > H est 1 mposs9)te ctu^uné
aisse^)l)iée nombreuse en nienne }e il et 1^ diHgè» M. de èérent
l'a prouvé I et je me réfère a srni opim'bn. On vous a trop iexAgféM
)e danger des passions des rois et de oebes d^ ministres. Hé
cgrps-législatif est-il donc »empt de passions! Gomme si de tMS
les temps les assemblées nati(^ales n'aindeat pÀs été le foyer dé
ta coiTuption, C'est pour cela que le corpe^égisiatif ne (t»k jÉniiii
■AI (1700) SB
4b ^mnÈS kb qu^ des lois géoérdes, et qi^e l'intéi^t dm indi-
tië«s iaioera topjours sut les teis partîeaKères...«.^« On vous g
fût des distinetioiis inëiaphysiques de la gomme défensive e| ^f-
fovudvt X dàoâi toutes les guerres dont ThistoiFe nous ^ hmé le
ifisetidiéia réàtt paaiMm vo» quel étftît TagresseiiF ? FaiidDa-<t<»il
4M la Fraiiio0 peinle le prédeux avastage de pamst la pre^iière
les malheurs de la guerre d«BS que terre vQîsioe?. . .
M, 4e ])|irabeaa vous a proposé de rassemUegr près d^ çorps-
l^gisl^tîf ^^ BÙiice nation^^e. Gommept ^ peut-îl qu'où ve^i|l^
^tai^lir te gçrmç de|a guerre civile? Réuuir le corpç-législ^Uf qoand
l|i guerre est déd^^rée » ne me par^t pas saqs inçonvémçns. jXe
^iH)ja pas r^outer la tendauce uaturelie de^ hoipmes à aiig-
Dienter leqr autorité? Le corps-législatif tendrait à s'emp^rqr 4^
h gMOT^i R^ppel^vous lei^ principes 4^ la monarchie çt 4<^.]9
liberté I ils vpy§ disent que tout doit se .rallier au ^oi^^oi^r^^
que la liberté ne soît poiqf attaquée, Tapt qfx^ nulle aqtprité
Ae pQMrra sauver nu ministre prévaricateur, tant que 1'^
SÇIf)blée apfst droit de yoter les impôts, une giierre pourra
^e l^^reinent entreprise « mais elle ne sera pas longue. Le
dernier degré de çagesse est d'étabUr un tel ordre de choses ,
^e ie délit soit puni» que l'imprudence soit réparée. Décrél^o^s
i[li0 fosses les forces de la nation reposent entre les mains, dqi
rpii qui ne peut avoir d'intérêt à en abuser ; décrétons des
j^^utions si sévères, une responsabilité si terrible, que le m-
Qis^e devi^qe un poste tellement périlleux , que les brigand^
tremfaleDt d'^Q approcher, et que le ptriotisme seul puisse y
j^ûre nnomer des hommes pleins de confiance dans leurs vertus et
da9s leurs taleps.- Ceux qui prétendent que le droit de déclara
iN^guei^re appartient au pouvoir législatif, veulent ou rendre la
Ifijgirisitiire perpétuelle^ en la chargeant de la guerre qu'elle aura
i^wm^Qçée , et tel est le but de M. de Mirabeau , ou se venger
du déerci qu'ils ont rendu à Versailles au sujet du droit de la
Jbraadie d'Espagne au trône de Fr£^i|ce. Vous avez déjà ôté au rçi
deux de ses droits; l'administration intérieure et TadministratioQ
de ia justice : si vos décrets lui à\mi le tr4»sièfl[ie , il fiuit révéler
100 ASSEMBLÉE NATIONALE.
un grand secr^ au peuple; ce jour , il n'aura plus de roi. le pro^
pose enfin que vous décrétiez que le droit de paix et de guerre
appartient au monarque; que le comité de constitution fixera
lès principales règles de l'exercice de ce droit ; qu'il déterminera
:les formes les plus sévères pour la responsabilité des ministres^
et que la question des traités et des alliances sera ajournée. Cette
question mérite une discussion particulière.
^ M.'Bamave. Jamais objet plus important n'a fixé les regards
de cette assemblée ; la question qui s'agite aujourd'hui intéresse
essentiellement votre constitution ; c'est de là que dépend sa con-
servation. Il ne vous reste plus à constituer que la force publi*^
que ; il faut le faire de manière qu'elle s'emploie avec succès pour
repousser des étrangers et arrêter les invasions, mais qu'elle ne
puisse jamais retomber sur nous. Au point oii nous en sommes,
il ne s'agit plus de discuter sur les principes et sur les faits bi&to*
riques; ou sur toute autre considération ; il fout réduire la ques-
tion à ses termes les plus sim|rfes, en chercher les difficultés, et
tâcher de les réspudre. Excepté ceux qui , depuis le commence-
ment de nos travaux , ont contesté tous lès principes , personne
ici n'a nié les principes théoriques qui doivent déterminer votre
décision. Je ne parlerai point de la souveraineté du peuple, elle
a été consacrée dans la déclaration des droits; quand vous avez
commencé la constitution, vous avez commencé à appliquer ce
grand principe. Il est donc inutile de le rappeler; il s'agit seu-
lement de savoir à qui doit être délégué le droit de déclarer la
guerre ou la paix , de chercher à qui l'utilité publique invite à le
déléguer. On a universellement reconnu le principe de la division
des pouvoirs, on a reconnu que l'expression de la volonté géné-
rale ne pouvait être donnée que dans les assemblées élues par le
peuple, renouvelées sans cesse, et par-là même propres à en
imprimer l'opinion , parce que sans cesse on en reconnaît l'im-
pression. Vous avez senti que l'exécution de cette volonté exigeait
promptitude et ensemble, et que, pour combiner cet ensemble,
il fallait absolument la confier à un seul homme. De là vous avez
conclu que l'assemblée nationale aurait le droit de faire la loi , et
MAI (4790). 101
le roi celui de la faire exécuter. De là il résalte que la détermî-
Bation de feire la guerre, qui n'est autre chose que l'acte de la
volonté générale, doitlêtre dévolue aux représentans du peuple.
On ne peut contester que Facte qui nécessite après lui Faug-
mentaiion des impositions , la disposition des propriétés ; que
Facte^qui peut anéantir la liberté publique, dissoudre la machine
pdhiqtte, doit être confié à ceux qui doivent exprimer la volonté
générale. Les fonctions du monarque ne sont pas moins évi-
dentes : il a l'inspection des résolutions nationales; il peut prendre
les précautions nécessaires pour la sûreté de Feropire. Non*-seu-
lement il doit diriger la guerre, avoir en sa disposition les forces
destinées au secours de FÉtat, îiommer des négociateurs, mais
«acore il est chargé de pourvoir de son propre mouvement à la
sûreté de ses frontières; il a le droit de faire les préparatifs de
guerre ; il a encore un'plus grand caractère, celui de représenter
le peuple français auprès des autres peuples. Les actes dévolus
au corp»-législatif sont indispensables pour la liberté. Tout ce
qui porte un caractère de majesté , nous l'avons mis sur la tête
du roi : pourvoir à la sûreté de cet empire, veiller à ce qu'il ne
soit porté aucune atteinte à sa dignité , tel est le caraîctère du
ehef de la nation.
Yoilà, d'après les différentes discussions, quel m'a paru être
le but de tous ceux qui avaient des principes conformes à notre
constitution. Je laisse de côté tous les projets de décret qui attri-
buent au roi le droit de faire la guerre ; ils sont incompatibles
avec la liberté ; ils n'ont pas besoin d'être approfondis. La con-
testation existe entre les décrets puisés dans le système général.
Plusieurs opinans, MM. Pétion , de Saint-Fargeau , de Menou^
ont présenté des décrets qui, avec les différences de rédaction ,
arrivent aux mêmes résultats. M. de Mirabeau en a offert un
autre qui^ destiné, je le crois, à remplir le même objet, ne le
remplit pas à mes yeux ; c'est celui-là que je vais discuter. L'exa-
men que j'en ferai est tellement lié à la question principale, que
lorsque j'en aurai examiné toutes les parties, j'arriverai immé-
diatement à mon résultat. Je présenterai d'abord deux observa-
IQS ÀSSEHBLÉS tUTIONALE.
tioDS de détail : le premier article est inutile^ j'en ai iéiià^kk
raison ; c'est que la sonteraîneté du peuple est oonsacarëe. Le se^
c^mI article ne renferme pas ee qu'il veut £re » ou il est viis^iik r
dans tolis le^ cas, il doit être refeté. Il est impossible qfieie ilèu-
Ymfs de. déclarer la guerre soit, is^ercé concurreiDQieBt .^p^. h
roi et par les repréèensaos du peuple. Cette eoBonnnetiee n*efH
aatre chose qu'une confusion de pouvoirs politiqiiea el iA9e.dfU|tr<f
cbié ooiuUtutionnelle^ Ce défcvit de réd^icfloa ne^aerMl^i^i, ^ j^
résult£^t du décret ne rinterprëtait poipt,. Lq vice ri^dioa) 4h PP^^
de M. d/B lyUfabeait^ c'^t q^'il doane de fait au r^i ei^iiisîveff
mentt le droit de fajre la gtt<^re. C'est par la çcmfusipii ^^'w/^
chose b^ea différente de celle d? déd^rer la g4.err§ 4^'il ^ attnf^
Ij^aë ce droit au roi»
JI est universelleaieiit reconnu que le rpi doit; pçurvQÎr ^ la d^?
fmwè d^ ff oûtières et à I4 conservation de^ possefi^p^ m^l/^
il9defif< Il ^ reconnu que 1 sap^ la volopté du rqij il p^ut eû^
des . diffiér^nds cbit^e 1^ iaditidus de il^ nati^ et dQ$ m^xiàM
4imns(i«» M4 de Miralteaii a pari» p^is^r 9^^ c^^trl» qi^ «oa»^
Hie^t^ia guerre; qu'en eonséqueâfce }#«Diiiir}fm^Qt.d^||
(Pierre ^m spontané» le droit ^à/éds^vet la gue^r^^np pffi^^
vait appartenir au corps-législatif. En partant de cette erfeiir» jjH
dwpsmt wf griind^ jatitodeaui^ ^osti)ità|, eipi fef p(]^t3^t jusqia'à *
la nécessité de déf^içndre les droits, nationaux^ Af. di^J^iralb^^^
doinné $\n rpi le droit 4e i^re «toutç i^sp^ce de gp^^^^ mèmp^^
guerres injusjt^s^ et làis3è à I^];iatien|a frivole reç^ource^l^
inoyen jmpuîssant d'arrêter Jaguer?e, quand $a çjesfK^Upn d^yji^ç^
iai^ssible. Cependant ilest.upiYerseUèmeQtre(^ojQnu«Jç. bç4^
pas seulement par les militaires ^ par les mariQS « par le$rQis«
mais par toys ceux qui oonnaissent le droit dcs^enç» mai^^d'a-
pr^s le sentiment de Montesquieu et de Mably , que des hostilité,
pe çopt rien moins qu'une déclaration de guerre; que des hosti-^
lités premières ne sont que des duels de particuliers à particuliersj^
, • » ."» .. .^ , .. > « . »
mais que l'approbation et la protection que donne la nation aces
j , . . '■ ..«''■'•.'■"■',.'
hostihtés, constituent seules la déclaration de la guerre.
ËQ efifety si le oomniencement des hostilités ço^tit^ait les ^at*
Ijoof en éW^ de goerr^i e9 ne sepait plus ni le pouvoir \ép%\atàf^
vH (^ pouvoir exéputif q^i ta déo|a>erak ; ce sérail le preatier ca»
piH^aede ^faisseaii, ie premier mardMind* le preaiiér officier »
qui, en attaquant un individu ^ on m véei$im% h son etieque#
8'^pareraît d^ fimt de 4ép^f ^r 1^ gMerre. II est bil» vriii que.
ce3 lia$tilU^ deYienneat aoHY^t 4e6 pripoipe^ de guerre; mus
c'ç^t toujours par I^ vo(oi^ 4^ leBatipn cpiela guerre commeiieet;
(^ rs^porte Teffeuse à eeax ^ aift r^i^erçiee île oe d^oif ;; ilsi
examinent s'il y a iitférét à soutenir Y^tSe^^f à dpxm^of uue
répuration. Si op }a refuise» q'e^t alors qoe la guerre e$t pu. rer
poussée où euirepri^e pr |g yoJouié muioniale. fm pr^i^e uu
exemple récent: chacun sait ce qui s'e^t pas^ s^r ]^ qier di4 Swl
çutre i'ÀiK^leterre a TËspagne. £b Jtûen ! je clemaot^ s'il ; f^ ^o*
taeDemept gu^e éoire. ces dew natipnSy si le pouvoir q^i di»^
pose de ce droit )'a déd^rée» si }ps çko^es ne sont p^s entières?
I^'j^rriyerait-il » si TEsjpagne ^jtj^jt une ^i^^enilbil^ f«|tjoiiale? Les
^en^ dii ppuypir ^^^^ dçftiwraipnî ^^ peprésçi^ns i^e )a
99^9^ e${H)6QQl^ iôiwWssîKM» des Uoçtilit^s GQinfpeB^ef; ; 4*«w*^
Çfp o|^n9fsi;auçes ^ r;968ieoi|)léo e^piinifierait <il est de ta }«(«ticei
de Vintérét de la nation de continuer la guerre. Si la justi^ Texi*
^ff^, filUe accorderait une réparation ; si au contraire elle trpu-
yaic juste de refuser cette réparation , elle déciderait \s{ ^rre »
e| cbarjgj-erait le roi d'exécuter cette décision. Voilà ie cas oix se
tJ^iiVe ta nation frapl^ise. Des hostilités , de quelqup nature
qu^éliès soient, seront toujours de sinoples hostilités, du monient
ou Ml^sJàture n*aura pas dédaré la guerre : ainsi des hostilités
^ùVèiit cohdhirè la nation a la guerre, mais >ie peuvent jamais
)a priver àe dédarer qu^elle préfère se soumettre aux plus grands
fâcriÈces. Donc jamais un état ne petit être constitué en guerre
sans ràpprobàtion de ceux en qui réside le droit de la faire. Le
raisonnement de M. de lAirabeau n'èât donc qu'un moyen d'élu-
der ta question , qu'un écart de ta question. Quelque résolution
que vous preniez , soit que vous déléguiez de pouvoir au corps-
Ijâgistatif , soit que vous le déléguiez au pouvoir exécutif, le dé-
cret de M. dé Mirabeau sera toujours impartit; ç^r i| est indis-
i
lOé ASSEMBLÉE NATIONALE.
pensable de savoir le moment où la nation est en guerre; il est
indispensable de savoir à qui il appartient de la déclarer en son
nom; et, dans les deux cas, il nous laisse la même incertitude.
Du moment où on décide que le roi la déclarera concurremment
avec la nation , il est évident qu'on confère ce droit au pouvoir
exécutif, puisque ces fondtions précèdent l'a^ession , et que
c'est lui qui prononce si les hostilités seront continuées. Je de-
mande si la faculté qu'on laisse au corps-législatif de décider si h
guerre cessera, n'est pas illusoire; si, lorsque la guerre sera
commencée , lorsqu'elle aura excité les mouvemens de puissances
redoutables, il sera possible alors de déclarer qu'elle ne sera pas
continuée. C'est donc au roi qu'il attribue constitutionnellement
le droit de déclarer la guerre; c'est si bien là son système, qu'il
l'a appuyé par tous les raisonnemens dont s'étaient servies les
personnes qui soutiennent cette opinion. Les propositions et les
maximes qu'il a présentées sont tellement tendantes à prouver qu'il
faut déléguer au roi le droit de faire la guerre, que pour répondre
à son système, je ne vais qu'examiner ses propositions et ses
maximes. Deux points sont divisés dans le discours de M. de
Mirabeau.
V Les inconvéniens d'attribuer aux législateurs le droit de
déclarer la guerre.
2* Les inconvéniens de l'accorder au pouvoir exécutif et le
moyen de remédier à ces mêmes inconvéniens. Il s'est attaché à
établir qu'ils étaient immenses pour les législatures, et qu'ils
étaient moindres pour le pouvoir exécutif; enfin, il a proposé
les moyens de pallier ces derniers inconvéniens; il à dit que le
droit de faire la guerre exigeait de l'unité , de la promptitude et
du secret , et qu'il ne pouvait en supposer dans les délibérations
du corps-législatif. En s'appuyant de l'exemple des républiques
anciennes, on n'a pas cessé de comparer notre constitution avec
la démocratie de la place publique d'Athènes , avec le sénat aris-
tocratique de Rome, qui tâchait de distraire le peuple de la li-
berté par sa gloire; on l'a confondue avec celle de Suède, où il
p^iste(]uatre ordres différent divisés en quatre chambres, le roi et
haï (1790) lOS
le sénat y oii les pouvoirs publics sont dispersés entre six pouvoirs
différens , qui sans cesse se combattent , et qui , après avoir com-
battu la délibération, combattent encore Texéculion , ainsi que
vous Tavez vu dans la dernière révolution; on l'a comparée avec
cdie de la Hollande ; on n'a pas craint même de l'assimiler à celle
de Pologne 9 où des aristocrates rassemblés» exerçant person-
neHement un veto personnel, sont obligés de prendre à Tunani-
mité leurs délibérations, oii les guerres extérieures doivent tou-
jours être maOïeureuses, puisque la guerre intestine est presque
constitutionnelle dans ce pays.
B est donc impossible de tirer aucune conséquence de ces
constitutions pour les appliquer à la France, où les intérêts sont
discutés par tine assemblée unique composée d'hommes qui
n'existent pas par leurs droits, mais élus par le peuple, renou-
velée tous les deux ans, suffisamment nombreuse pour parvenir
à un résultat mûr. Cherchons niaintenant dans la nature même
des choses.
' Il est vrai qu'accorder aux législatures le droit de faire la
guerre , ce serait enlever la promptitude et le secret qu'on re-
garde comme absolument nécessaire ; quant à la promptitude ,
il me semble qu'en confiant au roi le droit de faire tous les pré-
paratifs qu'exigent pour le moment la sûreté de l'État et les me-
sures nécessaires pour l'avenir, on a levé tous les inconvéniens.
U fait mouvoir toutes les troupes à son gré , quand il juge que le
mouvement d'un empire exige qu'on s'oppose avec célérité à ses
dispositions nuisibles, s'il pouvait en avoir. Le copps-I^islatif
s'assemble tous les ans pendant quatre mois ; s'il est séparé » il
sera aisé de le convoquer ; ce rassemblement se fera pendant les
préparatifs qui précèdent toujours une action. Le roi et ses agens
auront tous les moyens de repousser une attaque subite, et de
pr^dre les mesures pour le danger à venir ; ainsi la promptitude
sera la même^ et vous aurez pourvu à votre indépendance et à
votre liberté. Quant au secret , je demanderai d'abord si ce secret
existe; on a prouvé, avant moi, qu'il n'existe pas réellement;
mais s'il pouvait exister, serait-il utile? Je pourrais, pour ré-
IQft assembi4p IIATI(«|ALB.
poudrât m'appuyer de Tautoritë bim imjK^a^te ift IL Y^i^ fit.
Mably; il a cqi^taïqmeBt pensé que la ppUtiqiie de I9 fi^tiop fem^
çaisp deyait exister 9 QOfi d^ii$ le «eçret^ m^is das^ lu justîqe : g^
n'était pas» cmne on Fa dit, ai; siiople théoricien. U a qt^
lf1^9ifiaT9i Yotiqofi^ aur la poUti^iAe H^pderne; il a fiiit (e m^p^H^
traitQ sur le droi^ poUcique de TEurope. S'il a'a pas Dégqf^^iii^
n)éQi(^9 c'e^t uniquement à caus^ de ses yertu^; c'est ^*îl j^
échappé aui^ soUicitatioiiils di^ gpuyernexpent, .^
M. de.MaUy V^^i que« ponr la puissance dio{ni^i|tçj^
TEurope, il n'y avait pas d'autre ^titjque qfie l^,hi^^\j.ff^
une fidélité cqnstapi^e. U adéinontré que, de Pié^ que d^
les Qnances la 'confiance dfoble Je crédit, de i|)éme il f^i«^ iift
erédit politique qui place ;en y ous ^a cpafiance dçs i^ia^s v ^ 4HÎ
doubl^ vçtfe i^iSlueuce. liais dans quel cas le $ecr^ smû^'^^
nécessaire^ C'est lorsqu'il s'agfit des niesures pr<^yi^^^« 4ç^
négociations il des opérations d'upç nalû)^ ayec ijo^ ^9^; VlPk
cela doit être attribué au pouvoir exécutif. Il aiUra dopC ^oeorf^
le nioyep de s'appuyer du secret ; les seules choses que vous fi^i^ ^
sont inutiles à cacher. L'acceptation définitive dés articles d'un
traité de paix , la résolution de £aire la guerre , rien de tout celï
ne peut être dissimulé. I^out ce que vous vous réservez ne peojt
et ne doit donc être fait qu'au jgfrand jour. Dans todte oonstitutioni
oii le peuple a une influence quelconque , la foculté de déliberei'
oblige à la m^me publicité. Lorsque l'Angleterre délibère §xu^
l'octroi des subsides, n'est-elle pas obligée de discuter en même
temp$ si là guerre qui les rend nécessaires^ est juste qt lé^^ .
time.
Après, avoir écarté les principaux motife par lesquels oa à
cherché à prouver que le droit de la guerk*e ne pouvait être ât ,
tribué au corps-législatif ^ il reste à e^miner tes inconvéniep^
qui résulteraient de confier ce droit au pouvoir exécutif. Oi) a dit'
qu'en le confiant aux législatures, elles se laisseraient entraîne^
par l'enthousiasme des passions, et même par la corruption : est-
n un seul de ces dangers qui ne soit plus grand datis là personne
dès ministres (Jue daps l'assemblée nationale^ (iônies^^^t-on
1% <
VAi (1790) Wi
^'il Hê fioît plus facile de corrompre le conuseil du roi que sçp(
œet vingt persoDoes élues par le peuple? Je pourrais contiou^
eette comparaison entre les législatures et le ministre unique qui
gnîdei les délibérations du conseil , soit dans le danger d$$ pâs^
siens» des ressentimens et des motifs d'intérêt personnel.
Il arrivera peut*êtreque la l^islature pourra s'égarer ;inaîf
cUe reviendra» paroç que son opinion sera celle de la nation, au '
lieu que le ministres s'égarera presque toujours ^ parce que S6f
întëréts ne sont pà$ les mêmes que ceux de la nation. Le gouver-
B^ipent dont il est agent est pour la guerre, et par conséquent i
^pofié aux intérêts de la nation : il est de l'intérêt d*un ministre
qi|*on déclare la guerre, parce qu'alors on est forcé de lui attri*
buer le maniement des subsides immenses dont on a besoin :
pfiMnee qu'alors son autorité est augmentée sans mesure; il cr^e des
çpiDipîssionSy parce qu'il npmme à une multitude d'emplois; il
conduit la naticHi à préférer la gloire des conquêtes à la liberté;
ii«cliange le caractère des peuples et les dispose à l'esclavage ;
c'est par la guerre surtout qu'il change le caractère et les prin- '
çipes des soldats. Les braves militaires qui disputent aujourd'hiifr
de ]^triotisme avec les citovens , rapporteraient un esprit bien
diffament s'ils avaient suivi un roi conquérant, un de ces héros de
riustoire, qui sont presque toujours des fléaux pour les nations*
Enfin^ tout sollidte le corps-législatif de conserver la pajt «
tspidîs que les intérêts les pins puissans des ministres^ les engj|g^
à entreprendre la gu^re. Vainement on oppose la, responsabilité
et le refus des impôts; et dans je cas oà le roi lui-fnême irait A
la tête de ses troupes^ on propose d'autoriser le corps-%i$lattf à
rassembler les milices nationales : la responsabilité ne s'appliqve
fu'à des crimes ; la resp(Misd3ilité est absolument impossible «-^
aa|ant que. dure la guerre, au succès de laquelle est néçcssatr^ât-
Bieiit Iké le p^nistre qi^i l'a co^menc^eé Ce n'est pas alors qa*oii
d^fix^à exercer opnlre (ui la re£|)oiisabilité. Ëst-elle nécessaire
qiRBd |fk guerrç^t terminée,, lor$q^eia fortune publique est
diminuée? Lorsque vp§ concitoyens et vos frères auit>nt péii t
à quoi servira ia mort d'un ministre? Sans doute elle présenteni
108 ASSEMSLÉE NÀTIOICALE.
aux natioiis un grand exemple de justiee ; mais vous rendra-t-dle
ce que vous aurez perdu? Non-seulement la req[>on$ahilité est
impossible en cas de guerre, mais chacun sait qu'une entrq[>rise
de guerre est un moyen banal pour échapper à une responsà-
bilitë déjà encourue lorsqu'un déficit est encore ignoré : le mi»
nistre déclare la guerre pour couvrir, par des dépenses simulées,
le fruit de ses déprédations. L'expérience du peuple a prouvé
que le meilleur moyen que puisse prendre un mmistre habile
pour ensevelir ses crimes , est de se les fiaire pardonner par des
triomphes : on n'en trouverait que trop d'exemples ailleurs que
chez nous. II n'y a^'ait point de responsabilité quand nous étions
esclaves. J'en cite un seul ; je le prends chez le peuple le plus libre
qui ait existé.
Périclès entreprit la guerre du Péloponèse quand il se vit dans
l'impossibilité de rendre* ses comptes ; voilà la re^nsabilité. Le
moyen du refus des subsides est tellement jugé et décrié dans
cette assemblée, que je crois inutile de m'en occuper. Je dîAi
seulement que l'expérience l'a démontré inutile en Angleterre»
Mais il n'y a pas de comparaison à cet égard entre l'Angleterre
et nous. L'indépendance nationale ]best mise à couvert et protë-
gée par la nature : il ne faut en Angleterre qu'une flotte. Vous
avez des voisins puissans, il vous faut une armée. Rdiiser les
subsides , ce ne serait pas cesser la guerre , ce serait cesser de se
défendre, ce serait mettre les firontières à la merci de l'ennemi.
Il ne me reste à examiner que le dernier moyen offert par M. de
Mirabeau. Dans le cas où le roi ferait la guerre en personne , le
corps-législatif aurait le droit de réunir des gardes nationales en
tel lieu et en tel nombre qu'il jugerait convenable pour les oppo-
ser à l'abus de la force publique, à Tusurpation d'un roi général
d'armée. Il me semble que ce moyen n'est autre chose que de
proposer la guerre civile pour s'opposer à la guerre. Un des
avantages dominant du gouvernement monarchique , un des plus
grands motife d'attachement à la monarchie pour ceux qui cher*
chent la liberté , c*est que le monarque fait le désespoir de tous
les usurpateurs. Or, avec le moyen proposé, je demande s'il ne
MAI (1790) i09
se tJHmvera jamais un législateur ambitieux qui veuiHe devenir
usurpateur; un homme qui^ par ses taleus et son éloquence»
aura assez de crédit sur la législature pour l'égarer » sur le peuple
pour l'entraîna*? Si le roi est éloigné» ne pourra-t*il pas lui re-
prodiar ses succès et ses triomphes ? Ne peut-il pas lui venir dans
la tète d'empêcher le monarque des Français de rentrer dans la
France? Il y a plus : la législature ne commanderait pas elle-
même; il lui faudrait un chef» et Ton sait qu'avec des vertus» des
talens et des grâces » on se fait aisément aimer de ta troupe qu'on
commande. Je demande quel seraitle vrai roi » et si vous n'auriez
pas alors un changement de race ou une guerre civile? Je ne
m'attacherai pas plus long-temps à réfuter ce moyen : mais j'en
tire une conséquenee très-nalureUe.
n faut que M. de Mirabeau ait aperçu de très-grands incon-
véniens dans le plan qu'il a présenté» puisqu'il a cru nécessaire
d'employer un remède si terrible. On m'(d>jectera qu'une partie
des maux que je redoute se trouvera (bms la faculté de déclarer
la guerre » accordée au pouvoir législatif. Le corps-l^islatif se
décidera diffieilement à faire la guerre. Chacun de nous a des
propriétés, des aiàis» une famille!» des enfans» une foule d'inté-
rets personnels que la guerre pourrait compromettre. Le corps
l^^islatif dédarera donc la guerre plus rarement que le ministre ;
il ne la déclarera que quand notre commerce sera insulté» persé-
cuté » les intérêts les plus chers de la nation attaqués. Les guerres
seront presque toujours heureuses. L'histoire de tous les siècles
prouve qu'elles le sont quand la nation les entreprend. Elle s'y
p<H*te avec enthousiasme ; elle y prodigue ses ressources et ses
trésors : c'est alors qu'on fait rarement la guerre et qu'on la fait
toujours glorieusement. Les guerres entreprises par les ministres
sont souvent injustes» souvent malheureuses» parce que la nation
les réprouve» parce que le corps4égislatif fournit avec parcimo-
nie les moyens de les soutenir. Si les ministres font seuls la
guerre» ne pensez pas à être consultés. Les ministres calculent
froidement dans leur cabinet; c'est l'effusion du sang de vos
frères, de vos enfans qu'ils ordonnent. Ils ne voient que l'intérêt
.flD ASSBHBLiB NATIONALE.
:rM lawrs It^^DS » dp odux qui alimentent leur, glcâr^ ; leur fortuM
«M^iMit, Knfortunedes nationsn'est rien; voilà m» guerro DÛ»ii-
tipàie» Consultez aujourd'hui Topiiûon publique ; vous Tcnres
4-iuii Gâté des faoaunes qui eipèrent s'avancer dans les arméa^»
parvenir à gérer les afiaires étrangères ; les bonunes qui soni liés
Jtveo les mîmstres et leurs ageus; voilà les partisans du systàme
qui consiste à donner au roi » c'est-À-dire aux ministres » oe droit
terrible^ Hais vous n'y verres pas le peuple, le citoyen paisible^
¥enu6u f ignoré , sans^ ambition , qui trouva son bonbeur et son
^isietice dans l'existence <)ommntte, dans le bonheur commun*
Les vrais citoyens « lefi^ vrais amis de la yi]i9rté n'ont donc «qh
^ae inoertiiude. Consultez4es , jiê vqvis diront i ^onnea au roi
tout ee qui peut foire sa gloire et sa grandefl^ , qu'il oommanèe
setd y qu'il dispose de nos armées , qu'il nous défend^ quandl la
naiiw l'aura voulu ; ntai^ u'affligez pas^sqn cœur en lui confiant
le drpit terrible de nous entraîner dans une guerre > de faire
couler le sang avec abondance , de perpétuer ce système de riva-
lité, dUmpiiti^ réciproque, ce système faux et perfide qm déabi^
Itoraii les nattons. Les vrais ainis de la Jiberlé réviseront de coil^
l^er au gouvernement ce droit funeste, non-seulement pouf kp
lançais , jn^is encore pour les autres nations, qui doivent tôt eu
tard imiter notre exemple^ Je vais vous lire un projet de déçrcit
^td ne vaut peutrétre pas mieux, qui vant peut-être moins que
..eeux de MM. Pçtion , de Saint-Fai^ifeau , de Menou : n'impone>
Je vais vous le soumettre.-r- Au roi , dépositaire supi^éme du pou-
voir exécutif , appartient le droit d'assurer la défense de&froi%-
•t^res , de prêter les propriété^ nationales , de feire à cet effei
les prét>araii& nécessaires, de diriger les forces de terre et de
mer, de eomm^ncer les négociations, de nommer les amba^sa*'
deurs, de signer les traités, de faire au corps^Iégidatif , sur
la paix §t la guerre, les propositions qui lui paraîtront ponv^
nables ; mais le oorpstlégislatif exercera exclusivement le droit de
déalarer la guerre et la paix, et de conclure les trsptés. Dana }0
eas oà la situation politique des nations voisines obfigerait à £aire
des armcnens extraordinaires, il les notifiera an corps-lég^
»i (1790) iU
ladf s'il est assembla ; eu s'il ne Test pàè, il le convoquera sans
Mti. ■
Où 4èÉillidé à édlèi^ aiix tbiki ^ ^ ^
If; â« Cteftlèê âen^mdé lâ parole "siJàf b tpiMiôà dé savbii* Hi là
rfboiiWlotl b^^ fèi^ëè. ^ Attirée qùd^ues âiiièAékibùs; fàssëtii-
Méë ëéffidfe qtf a sera éniendtf . ' * /
If. 4é ÙMlhi li'imentloà de râssériiblie ne peiit|iâs être âou-
MiM. M. ïlÉrnatë'vfèiitdei^i'ëâetiterdëëï^isott^ltiânijb^
tiensés «i i^ii oÀt ^iAi bésoih d'être Wèdutée^; i^ rà&settibl4
tbiÉkËi kimm là lifet^ustion , elle ^rait déterminée par te dèsiir
d^tegnomiser le temps c du ne peut dëlibét'er à Pheure qaHI est.
SeéÔB^aiàB qu'oâ ajowiie à demain , en dédàrànt que la<Iiscas-
•onèerGifepiaëdetlftquestiMdëeidée. t •
U. àà MméeUA tahfê. le inouïe 4 lâ isr^M p(»ul» appuyer la
pivpasifidti qui rwa est fiiite; mais ]e demanda ttbe l»tp(ieatioM
miltpds motBt ^ fat diaouariottiera fermée. »^ Legi^nd nMftredéft
mglàbveê deisette assenbléetiiliii fHfamsentiiëdiilsi pefMiidéseÉ
«tniQaiiiciiB park discqun de^BnnHWQ>€fk)i0fiV'qi9è<Éte4it«^
iriûBielMqa de toùkes les rdpiiqttés ; m ife ûb le ct^m paél S*ilfc
IfkiHfmMi^il me semble i|uihi peut atténcke de la'géntfrc^ diè
iwi; «dflilvaliQQ qu'ils ne oraindroat pas ûnë réplique^ et qq^i^
tofsserâQt la liberté de rëpmidrcr : s'ils ne le étaient pas , leuf
éf^Mnit est dé s'instruire. £11 reconoaissafit une tpà&fraBde faabi^
feléduns le discours de M. Barnabe, il me parait quesou ai^fuy
pieuiatioii tout entière pèitt ^e détruite, qu'ét n'a.pasposé Isa
j|#J!QEd>les jXMnis de dîfficutlé, et qu'il a fiégiigë^ étf qpei<pieB4
Wm de nies ar^fuipctts, ou qadb^ues-unsdes u^ectseons tesqueti
Sa ae forésentem. fe prëleuds du moins ^n droit de répliquer k
«Mm làQr. Je deipandi que la question isoit ^BÔore disolftëé d^
akain» elqu'eHè m soit décîdée^'après qàe,pàr «9 setulmentd^
rouBfcmye ou de oiéfiance«d'mnuioa dlutépét^ t'asmidriée ^àtk
Unaé ia liisaissiaàw ftion praneipal arguman eu ce ipomeM est ta
AalMr même que ik)|is montres contre ma demaiide;
L'astend^léedéclète que b question aéra décidée denmu «anl
jtfwBupager.
La séance est levée à quatre heures j
m ASSEMBLÉS NATIONALE.
SÉANCE DU SAMEDI 22 MAI.
M. de Mirabeau l'aîné. C*est quelque chose sans doute,
rapprocher les oppositions, que d'avouer siolitefii^ sor quoi
Ton est d'accord et sur quoi l'on diffère. Les discussions «oii4d>Ies
valent mieux pour s'entendre que les insinuations calomnieuses ,
les inculpations forcenées, les haines de la rivalité , les machiiia--
tions de l'intrigue et de la malveillance. On répand depuis huit
jours que la section de l'assemblée nationale qui veut le ooncours
de la volonté royale dans ^l'exercice du droit de la paix et de la
guerre^ est parricide de la liberté publique; <m répand les bruits
de perfidie, de corruption; on invoque les vengeances popu-
laires pour soutenir la tyrannie des opinions. On dirait qu'cm ne
peut^ sans crime, avoir deux avis dans un^ des questions les
plus délicates et les plus difficiles de l'organisation sodale. C'est
une étrange maoîe, c'est un déplorable aveuglement que celui
qui anime ainsi les uns contre les autres des hommes qu'ua
même but > un sentiment uiûque^ dfBvraient , au milieu des débats
les plus acharnés, toujours rapprocher , toujours réunir ; des
hommes qui substituent ainsi l'irascibilité de ramour**proiHi»e uu
culte de la patrie , et se livrent les uns les autres aux prévenltons
populaires. Et moi aussi on voulait, il y a peu de jours, mt
porter en triomphe , et maintenant Ton crie dans les ra€s : la
GRANDE TRAHISON DU COMTE DE MIRABEAU. ... Jc n'avuis pûS beSOiu
de cette leçon pour savoir qu'il est peu de distance du Gapitole à
la roche tarpéienne; mais Thomme qui combat pour la raison ,
pour la patrie, ne se tient pas si aisément pour vaincu. Gdm
qui a la conscience d'avoir bien mérité de son pays , et surtout
de lui être encore utile; celui que ne rassaâe pas une vaiue célé-
brité, et qui dédaigne les succès d'un jour pour la véritable
gloire; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public
indépendamment des mobiles mouvemens de l'opinion popidaîre:
cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le
charme de ses peines et le prix de ses dangers; il ne doit atten-
dre sa moisson , sa destinée , la seule qui l'intéresse , la destinée
de son nom , que du temps, ce juge incorruptible qui fait justk^
MAI (1790) 113
à tou^ Qae oenx ipii prophétisaient depuis huit jours mon opi?
moxk sans la oomudtré , qui calomnient en ce moment mon dis-
cours sans l'avoir compris , m'accusent d'encenser des idoles im-
poissantes au moment oii elles sont rcnversëes, où d'être le vil
stipendié de ceux que je n'ai pas cessé de combattre ; qu'ils dé-
noncent comme un «anemi de la révolution celui qui peut-être
n'y a pas été mutile , et qui » fût-elle étrangère à sa gloire » pour-
rait, là salement» trouver sa sûreté; qu'ils livrent aux fureurs
do peufAe trompé celui qui , depuis vingt ans , combat toutes les
oppressions, et qui parlait aux Français de liberté, de constitu-
tion , île résistance , lorsque ces vils calomniateurs vivaient de
tous les préjugés dominans. Que m'importe ? Ces coups de bas
ea baut ne m'arrêteront pas dans ma carrière. Je leur dirai : ré-
pondez si vous pouvez ; calomniez ensuite tant que vous vou-
drez.
Je r^tre donc dans la lice, armé de mes seuls principes et de
la fermeté de ma conscience. Je vais poser à mon tour le véri-
table point de la di^culté avec toute la netteté dont je suis ca-
pable, et je prie tous ceux de mes adversaires qui ne m'enten-
dront pas, de m'arrêter , afin que je m'exprime plus clairement,
car je suis décidé à déjouer les reproches tant répétés d'évasion ,
de subtilité, d'entortillage; et s'il ne tient qu'à moi, cette jour-
née dévoilera le secret de nos loputés respective^. M. Bamave
m'a fait l'honneur de ne répondre qu'à moi ; j'aurai pourson la-
lent le même égard qu'il mérite à plus juste titre, et je vais à
imm tour essayer de le réfuta.
Vous avez dit : nous avons institué deux pouvoirs distincts :
le pouvoir l^slatif et le pouvoir exécutif. L'un est chargé d'ex-
primer la volonté natioimle , et l'antre de l'exécuter : ces deux
pouvoirs ne doivent jamais se confondre.
Vous avez appliqué ces principes à la question sur laquelle
nous délibérons, c'est-à-dire à l'exercice du droit de la paix et de
la guen*e.
Vous avez dit : il faut distinguer l'action et la volonté; l'aclion
appartiendra au roi , la volonté >u corps-législatif. Ainsi , lors-
T. VI. 8
qo'il 8r*ag«ra 40 dédarcr hk §mtv0f mka ééekMkn HeM «n
acte de volomé , ce sera au oorp»4%islatif à la hk^*
Après avoir expoaé ce pripoipt» tous Tave^ ai^lkiilë à dJVMpie
arUde d^ mon déorou fo taivraî la iMma laardia ) j'^iaorâQiM
d'abord le principe gàiéral û'«x»miamt mmW rappfteatfati
que vous en aves Snite à Teseroice da droH da la paix el 4a la
guerre; eaSn je voue suivrai |mà p^% dans fal otMi^tfe da «M
décréter
Vous diles ^e noua atea$ éuibli deas powNiini àkÊiaaiSf
Tua pour ractiçn » l'autre pour la velonta i je k aie* .
Le pouvoir ei^éeulif i dana toul ce qm tiatit è faotiap # iM oiP»
taînemeut très-distinct du pouvoir légieiMîf ) Mùa il n'ael pas
vrai que le corp»-Iégfisbli| soit eatiirepaat diatiiwc da pmioir
exécutif I, même dans l'expressioa de la vok»at^ géaéral<«
En effet» quel est l'organe de cette volonté, d'après notre aaa*
stitution? d'est tout à la fois l'aaEtemblëe des repr^iHaaa de la
nation ou le corps^Iégislatif « e| 1^ nqfnnâwwla&s du poitvtîr ^é<
cutif,! ce qui a Ueu de cette uuini^* La ooti>»legislitif dëlUttèlq
et dëdai^e la volonté générée i le veprénenlant du pouvoir êt^
cutif a le double droit ou de aaa^tiiWier la réMiutito du carps^
l^islatify et cette saactîctt eonaiwaie laM« ou d'^liarear tavela
qui lui est. accordé pour un ceitaiu espacé dcitaakps; eilaeoii^
ttttiou a voulu que durant eelte période la réaohltioii du 0$vpk*
l^isktif ne f &t p^ loL H ii'ee^ dûnc pas exaét de dira ifaAt feocre
constitution a exprio»é deux pouvoirs tri4<lie|iBcts» «iteM kit»
qu'il s'agit d'exprimer la volonté géuéralâ« JHom avana^an aan»
traire deux pouvoirs qui èaaoouf eat ^isendaie dtas la fonMtton
de la k>iy dont l'un fournil une espèce de v^ea aseandaire» eBnerOtf
sur l'autre une sorte de contrôle, met dans la Id sa portî^ d'in»
fluence et d'autorité. Ainsi , la vdonté générale ne lésHlte pas de
la simple volonté du corps-législatifs
Voyons maintenant l'application de votre principe à l'eteroica
du droit dé la paix et de la guerre.
Vous avez dit: tout ce qui n'est que volonié ea oed, comme
dans tout le reste, retourne a son inriuc^ie naturel f et ne peut
MAI (1790) lia
éM' éMiicé fite pi^ le pcttivoil' l^laUf* Ici je vous arréCo, et
je découvre votre sdfïUMiMi en m $(ss\A uM que vous-même avez
dii ) aMI fMo ne n'éÉèapt)eras ^ .'
^éàéMè.... k((iiî^du pouMr lé§Ulàtif; daiis t^te âéettÊ i à qui
tôti^ aVâ foifàh â b ^(Mifitirticm. Si tlms éiiCeÉâèJB que lé eôrp»'
l^mttf est ié poef^oii' Ik^fisifttif , imà ttmmtiÉ jiir Mb Mid
toutes les lois que nous avons faites : si , lorsqu'il s'agit d'èépri'
ffief ià yiAotÉé gèiéi^têf e(i MK (M gueiW, l« earfi»4^i4fliif Suf-
fit...., par cela seul le roi n'ayant ni participatioii^ fti blfl0(»l9er|
II! èonifAie» M rieïn dé tout^ée é(tié notts àiom aeeoMé an p6u-
v^ eiécsaût pâf^-noCiN$ sjrmètfie ^Mitf^ tous «uriepcni MipriàtMi
deux principes diffiérens; l'un podf" fa Mgfsllftîw «hKuaire^
raiitfë i^r là fégistattom êliil fe(H âè gtiërre, è'eisi^-dlre p6ur
là ùrisë ta pkiÉ tëtHUê qtA fmÉàè àgMei* fe t6ft^ poiâc^l
uintAtvous auriez besoin, et tantôt vous û*tÊlitim pti9 bëièifl
pm restptf»ai6li Ûë là ifOùmé géMiafe de riMlbéitoit du nho-
Mt(ttie;*.< Bt c'«st i(m ^i pM6»#tkttttO|féiiëitéy é'auiléy d^on*
ftcfÉitlë te» k èdlistkÉiik» I El a#^
èSA fiàikii éflé PesiC ëi peti ft més^ean et i eeui de tcur» N» boioi
dtoyens qui soutiennent m doéti'iney qtm si tous taules aobsti»
tuer , dans votre décret, i éês mdtfll : fe ëmp^iégUk^, ceiei^i :
(e pouvoir UgMatif^ et définir cette exfvesékm «A l^uppeinit un
ÉdgdferjteWttMéfe fifltioflifllei sÉàctiennëpartetoi^ noussonmnes
ê'ê(kmà:Yéé&MmHp(M&^pÊ^jéi.hfë6iÉÛ^
C^te conti^dtédôn dêftiént éncôf e' plu^ ^i^à|)paàte datis fsipt^Ii-
eâtiou (|tié Vôîtô eii avez feîtefvoâs-méuiêf, au cas( d'une déclaration
Vous avez dit : Une déclaration de guerre n'est qu'un acte de
volonté ; donc c'est au corps-législatif à l'exprimer.
rai sur cda deux quesUoas à vous foire , dont chacune em-
farasse deux cas dif fiéreaa<
Prânièré ^fiteHieH, EaUK|id^t€ia$ que ht déehratioii de guerre
UQ ASSEMBLEE NATIONALB.
soit tellement propre au corps4ëgislatif que le rm n'ait pas rini-
tiatiye» ou entendez-vous qu'il ait l'initiative?
Dans le premier cas, s'il n'a pas l'initiative, ent^wlez-voiis
qu'il n'ait pas aussi le veto? Dès4ors, voilà le roi sans concours
dans l'acte le plus imporunit de la volonté nationale. Gonunent
concilie&'Vûus cela avec les droits que la constitution a donnés au
monarque? Gomment le conciliez-vous avec l'intérêt public? Vous
aurez autant de provocateurs de la guerre que d'hommes pas-
siennes.
Y art-il ou non de grands inconvéniens à cda? Vous ne niez
pas qu'il y en ait.
Y en a-t"il au contraire à accorder Finitiative au roi? J'entoids
par l'initiative, une notification, un message quelconque, et je
n'y vois aucun inconvénient.
Voyez d*aiUeurs l'ordre naturel des choses. Pour délibérer il
fout eue instruit. Par qui l'être, si ce n'e^t par le surveillant des
relations extérieures? . .
Ce serait une étrange constitution que cdle qui , ayant conféré
au roi le pouvoir exécutif suprême, donnerait un moyen de dé-
clarer la guerre sans que le rot en provoquât la d^bération par
les rapports dont il est chài^ ; votre assemblée ne serait plus dé-
libérante, mais agissante : elle gouvernerait.
Vous accorderez donc l'initiative au roi.
Passons au second cas.
Si vous accordez au roi l'initiative, ou vous supposez que cette
initiative consistera dans une simple notification , ou vous suppo-
:sez que le roi déclarera le parti qu'il veut prendre.
Si L'initiative du roi doit se borner à une simple notification ,
le roi , par le fait , n'aura aucun concours à une déclaration de
guerre.
Si l'initiative du roi. consiste au contraire dans la déclaration
du parti qu'il croit devoir être pris, voici la double hypothèse
sur laquelle je vous prie de raisonner avec moi.
Entendez-vous que le roi se décidant pobr la guerre , le corps-
législatif puisse délibérer la paix? je ne trouve à cela aucun in«
MAI (1790) 117
oonvënient. Entendez-vous au contraire que le roi ne voulant que
la paix 9 le oorp^Iégislalif puisse ordonner la guerre, et la lui faire
soutenir malgré hii? Je ne puis adopter votre système , parce que
c'est de ceci que naissent des inconvëniens auxquels il est impos-
sible de remédier.
De cette guerre délibérée malgré le roi , résulterait bientôt
une guerre d'opinion contré le monarque, contre tous ses agens.
La surveillance la plus inquiète présiderait à cette guerre ; le dé-
sir de la seconder, la défiance des ministres, pesteraient le corps-
législatif à sortir de ses propres limites. On proposerait des co-
mités d'exécution militaire , comme on vous a proposé naguère
des comités d'exécution politique; le roi ne serait pkis que l'agent
de ces comités ; nous aurions deux pouvoirs exécutife , ou plutôt
le corps-légpslatif régnerait.
Ainsi , par la tendance d'un pouvoir sur l'autre , notre propre
constitution se dénaturerait entièrement ; de moiiarcfaique qu'elle
est, elle deviendrait purement aristocratique. Vous n'avez pas
. répondu à cette objecticm et vous n'y répondrez jamais. Vous ne
parlez que de réprimer les abus mimstérids, et moi je vous parle
des moyens de réprimer les abus d'une assemblée représenta-
tive; je vous parle d'arrêter la pente insensible de tout gouverne-
• ment vers la forkne dominante qu'on lui imprime.
Si au contraire le roi voulant la guerre , vous bornez les déli-
bérations du corps-législatif à consentir la guerre ou à décider
qu'elle ne doit pas être iaite , et à forcer le roi de négocier 4a
paix y vous évitez tous les inconvéniens : et remarquez bien , car
c'est ici que se distingue éminemment mon système, que vous
restez pariiritement dans les principes de la constitution.
Le ve(o du roi se trouve , par la nature des choses , presque
oitièrement émoussé en fait d'exécution ; il peut rarement avoir
lieu eoL matière de guerre. Vous parez à cet inconvénient ; vous
rétablissez la surveillance, le contrôle respectif qu'a voulu la con-
stitution , en imposant aux deux délégués de la nation , à ses re-
présetftans amovibles, et à son représentant inamovible, le devoir
mutuel d'être d'accord lorsqu'il s'agit de guerre : vous attribuez
116 ASSEMfttftft Hàitm^ALE.
ainsi m imp^4ig,iMll h awdefcoJtéqoi pakm te fatm cenep»
rir sans inoontéBieiis à fêKeroiee de œ torribk dfoic : vous reni-
fdissez ai même Mnps riBtéi^ MlioMl^ Mtaiil 9'^
|NnH|iie tooB n'israE beson , panr anélflr te ponvcnr ejukm^^
que d'exiger qu'il mette te oorp^-Iégislatif contiMflUenieat à por*
tëe de déUbémr sur tous les cm qui peavmtaDfNPéseiiler*
U nie senUe, Messienre , que te pràic de te di£todté fM enftii
oomplëitnieM oiMma , et que M. Baraave n'a poîpt dtt tout {|^
te ipiestion. Ce eenût an triom^ tmp Acite mmlm^m, qee i|^
te pettMDVM^ans tes défaite, rà, s'il a fiût voir ibl^
jaraate monfré te moiodfe eûnnais^ance d'booun^ d'était pi 4^6
a(i|rireskpiHiai|ies. Il a dédané oofitre tes âiaiix qu^peiiiwi foire
et qu'ont foi» tes rote; et il s'est bîmi gardé de rmWfW V^
dans notre constitution le monarque ne pouvait ptes.dâ^<^i|U|îs
être despote* ni rien dire arintrairemeal ; et il s^efi$ bien gurdë
surtout de parier des meavenrans popnlairest,»» II a ailé P^ifi(ès
fiâsant la guerre popr ne pas rendre ses eoaq^; ne sambleniitr
il pas, à l'entendre, qne Përiolès ait été up roi ou lui aiîiliçlve
decqpotique? Péridès était un homme qm , saehani lattep \m PSNI-
sions pqmlaires et se faire apptoudir h propos , en soriapt dif la
tribune, par ses brgesses ou eeltes de ses amis, a ^ptratné # la
guerre du Pélqioaèse Quif L'assemblée aaiiofiale d'At^^pifs.
J'en viens à te critique de mon prejet de déamt, el je paaaerai
rapidement en revue les diveriBes ot^jections : .
Art. I*^. t Que le droit de fidre te paix et te guerre app9MÎMit
à la natic». »
M. Barnave soutient qne oet artiete est inutUe ; pourquoi donc
inutile? Nous n'avons pas délégué te royauté, nous Tavous re-
connue en quelque sorte eomme préexistante à notre ooustitu-
tion : or , puisqu'on a soutenu dans cette assemblée que te droit
de faire la paix et te guerre ^ inhérent à te voyante , puisqu'on
a prétendu que noiis n'avions pas même la feoulté de déMsuer ,
j'ai donc pu , j'ai donc dû mettre dsms meo déoret que te droit
de la paix et de la guerre appartient à te natteu. Oà est le
piège?
UKi (ITOO) !I9
II. € Que Texercice du droit de la paix et de te guerre doit être
éiHffé ^mmnvmBmmi m laorp^^iiigittotîf ei an pouvoir mécu-
Mo» IL B^matfêf est drtidp est contraire dnk principes et
cMvoib ki piëff» de dwi décret, QueHe «st b qtiestion qui nous
agite? IMes iMtemenl : ka dem: dâ^iiës de la nation doivent-
y» «ottooufir oo «m i rexpression de la voloalé giénërale? S'il^
dmoat j ooaooiirir, peni>-eQ doniier à Tun d'east wie délégation
muimiy^àim» Fe^^ercice du droit de la paix et de la guerre?
Compare? iwm article avec le vôtre ; vous a y parlea m d'initia-
tive propregieot dite, ni de i^pppsition, ni de sanction de la
part dci roi, La ligo^ qui nous si^re e^t donc bien connue :
c'est moi qui m» ifm la/ constitution, c'est \om qui vous en
écartez. Jl faudra))ien que vous y reveniez. De quel côté est le piège?
Il ^t, dijtQS-voujs t en ce que je n'e?ipriiue pas ^ quelle ma-
nièriç 1# encours d^ ces deux délégués doit s'exercer. Quoi ! je
ne l'fixprjoie pas! Que signifia donc cette expression £fe to rm-
nière suivante, et quel est l'objet des Drtictes qui suivent? If 'di*je
pas dit nettement dans plusieurs de ces articles que la notification
eal att T6i , et la résolution , l'approbation , Timprobation à l'as-
flemUëe nationale? Ne rësuhe-t-il pas évidemment de chacun de
mes articles , que le roi ne pourra jamais entreprendre la guerre,
si ffiéme h ooBtniuer, sans h déoiSio»i du cerps-iégislatif : oii
est le pMge9 Je ne oonoais qu'un seul pièce dans cette discns-
oloii : /e*est d'avoir affeeté de ne donner au corps-Iégisiatif que la
éémoû de la guerre et de la paix , et cependant d'avoir , par le
Ait f an mof&i d'une réticence , d'une déception de mots » exclu
enttèrement le roi de toute participation » de toute influence à
Ymutstéet éa droit de la paix et de la guerre.
Je ne connais qu'un seul piège dans cette affaire ; mais ici un
pende maladresse vous a dévoHé : c'est en distinguant la décla-
iati(Mi d% la guerre dans l'exercice du droit, comme un acte de
pore vdontë, de l'avoir en conséquence attribué an corps-l^s-
laltf seul, ooflime si le corps-législatif, qui n'est pas le pouvoir
législatif, avait rattriijiilion exclusive de la volonté.
im ASSBMBLiB RàTiOKiLB.
III. Nous sommes d'aooord.
IV. Vous avez prétendu que je u'tifais ex^ b notification que
dans le cas d'hostilités , que j'avais supposé que toute hostilité
était une guerre, et qu'ainsi je laissais iaire la guerre sans le
concours du corps-législatif. Qudie insigne mauvaise foi ! J'ai
exigé la notification dans le cas tthotiUiih iumàneniei ov eont-
mencie$, d'un aUU à soutenir, éPundroità camenerpar la farce
des armes : ai-je ou non compris tons les cas? Oii est le pi^?
J'ai dit dans mon discours que souvent des hostilités précéde-
raient toute délibération ; j*ai dit que ces hostilités pourraient
être telles que l'état de guerre fât commencé, qu'avez-vous ré-
pondu? Qu'il n'y avait guerre que par la déclaration de guerre.
Mais disputons-nous sur les choses ou sur les mots? Vous avez dit
sérieusement ce que H. de Bougainville disait au combat de la
Grenade , dans un moment de gaité héroïque. Les boulets rou-
laient sur son ])ord , il cria à ses officiers : Ce quil y a éCaimable,
Messieurs, c'est que nous ne sommés point en guerre; et en effet
elle n'était pas déclarée.
Vous vous êtes longuement étendu sur le cas actuel de l'Es-
pagne. Une hostilité existe ; l'assemblée nationale d'Espagne ii*au-
rait-elle pas à délibérer? Oui , sans doute, et je l'ai dit, et mon
décret a formeUemeut prévu ce cas : ce sont des hostilités com-
mencées, un droit à conserver, une guerre iouninente:d(Hic,
avez -vous conclu, f hostilité ne constitue pas l'état de guerre.
Mais si , au lieu de deux navires pris et relâchés dans le Nonl-
Castle, il y avait eu un combat entre deux .vaisseaux de guerre;
si , pour les soutenir , deux escadres s'étaient mêlées de la que-
relle; si un général entreprenant eût poursuivi le vaincu jusque
dans ses ports; si une ile importante avait été enlevée, n'y aurait-
il pas alors état de guerre? Ce sera tout ce que vous toudiez ;
mais'piiisque ni votre décret ni le mien ne présentent le moyeu de
faire di.'vancer de pareilles agressions par la délibération du corps-
législatif, vous conviendrez quo ce n'est pas là la question* Biais
oii est le picge ?
MAI (1790) IJH
V. y^i vcmlu {mrler d'un cas que vous ne prévoyez pas dans
yolre décret; l'hostilité ci^nmencee peut être une agression cou-
pable; la nation doit avoir le droit d'en poursuivre fauteur,
et le devoir de le punir : il ne suffit pas de ne pas foire la
guerre, il font réprimer cdui qui, par une démarche impru-
dente ou perfide » aurait couru le risque ou tetité de nous y en-
gage. J'en indique le moyen : est-ce là un piégea Mais , dites-,
vous, je dcmne ou je suppose donc par là au pouvoir exécutif le
droit de commencer une hostilité, de conuneltre une agression
coupable. Non , je ne lui donne pas ce droit ; mais je raisonne sur
un fait qui peut arriver, et que m vous ni moi ne pouvons pré-
venir. Je ne puis pas foire que le dépositaire suprême de toutes
les forces nationales n'ait pas de grands moyens et les occasions
d'en abuser; mais cet inconvénient se trouve dans tous les sys-
tèmes. Ce sera, si vous le voulez , le mal de la royauté; mais pré-
lende^vous que des institutions humaines, qu'un gouvernement
foit par des hommes pour des boounes , soit exempt d'inconvé-
niens? Prétendez-vous, parce que la royauté a des dangers,
nous foire renoncer aux avantages de la royauté? Çites-le nette-
ment; ce sera alors à nous à détermineras!, parce que le feu peut
brûler , nous pouvons nous priver de la chaleur de la lumière que
nous empruntons de lui. Tout peut se soutenir, excepté Tincon-
séquence; dilesHious qu'il ne fout pas de rpi , ne dites pas qu'il
ne fout qu'un roi inutile.
Art. VI, VU et VIIL Vous ne les avez pas attaqués, je crois;
ainsi nous sommes d'accord ; mais convenez que celui qui im-
pose au pouvoir exécutif de telles limitations qu'aucun autre dé-
cret n'a présentées , n'a pas doté d'usurpation le pouvoir royal ,
comme on n'a pas rougi de le dire, et qu'il sait aussi munir de
précautions constitutionnelles les droits de ce peuple, qu'aussi
bien qu'un autre , peut-être , il a défendus.
Art. IX. t Que dans le cas où le roi fera la guerre en personne,
le obrps-l^gidatif aura le droit de réunir tel nombre de gardes
naticmdes , et dans tel endroit qu'il le trouvera convenable. > Vous
me fohes un grand reproche d'avoir proposé cette mesure. Elle
^4e^kicw9^éem9mmdw\a; ijpieUe po^iîWîoii i'w i iw? Si
vau^raviofKJilûiBîe» vousaufi» vu qiiA /û œll^ ^aesur^ avaîl lité»
çoinine too» Tav^ 4il i no acpeswire nécewaîrç à iUPQ sys}^^ ,
je ipd PE119 /serais pfl# borné à rapjjiqvar au ca^» UàHva s^ps
ikMM, olte r(M ferfiit laguerpa en parwuia« mai^ ^e jeTaurais
jndipae pour tous les (:s^ do g^err^ înâéfiuiin^Bt. &' di^s
tout ç<dla II yauppi^sCepiçs^Mioiit^BtierdfMsvoireMr-
^iiaflsi^oB. Il n'est pas daps te synèpade^ut qui «aii| 4eurler
lafoiduoeœniaiidinaotdasaniiéastKNrsdes ft^^ parée
«p'U M pensf pas que le sorve^bnl unmrsel 4a h société doive
è^ eoneentré dans des fDimtieiiB aussi basardeuses i 9 . n'est pas
daas le sysitaie de celui qui met daee votre erganlsatimi sociale
le seul moyen d'insurreedon régulitoe qui smt dans le prindpe
d^ votre constitution. Il y a évidennnent de la sMiuvafse foi à
dMFAer la ftA)iesse de mon système » ou quelque Intention arti-
Meiise dans la prévoyance d'un inconvénient présenté par tons
oeax qui om parlé avant mcM^etqui esLÎsieéfjiatement dans tous les
systèmesrear H est évident qa*un roi guerrier peut être égaré par ses
passions etsa rvi par sesl^gftonsâévéesàla vietotre, soit que le pou-
voir I^statif, soit qae le pouvoir exécutffaltcommeneéla guerre.Si.
4ans toutes les hypothèses consAitutioanelles, ce maRieur terrible
peut égalemeet se prévoir, il n*y a d'autre remède A lui opposer
qu'un remède terrible; voas et moi nous reconnaissons Clément
le devoir de l'insurrection dansdes cas inBniment rares. Est-ce un
noyenfiicoupaMequecelnIquirendriusurrectionirfusméthodfque
et phu terr%Ie? Est-ce un piège que d'avoir assigné aux gardes
nationales leur véritable destination? Et que sont ces troupes,
sffion les troupes de la 13)erté? Pourquoi les avons-nous instf-
tuées , si elles ne sont pas éternellement desHnées à conserver ce
qu'eHes ont conquis?... Au reste, c'est vous qui le premiernous
avez exagéré ce danger. Il existe ou il n'existe pas ; s'il n'existe
pas, pourqooi Tavea^-vous folt tant valoir? s'il existe, il muenace
mon syittème comme le vôtre. Alors aceqples mm mo^f^en ^u
4onnez en un autre , ou n'en ]M*eae2 point du tout, eela m*est
égAfk vm ^t ne crois pas à ce dangari ausM ^omaî^ji» mon
haï (1790) m
U mt pins 1^ impu àB Mnniaer eau lâi^i déNft. J'espère
4110 rM M distîmitora pp» pliifi |0Q9*tepip§ }« vrfd p(M9t 4» bi
d» la volaille eéaâlle i» ^t da p«ii^ al de giiarra^ çoqwif^b
eamxiniikai la lai aauribaédaQi tçHiiea lai partia« d4ià Qx^ de
MMfyiièDia laaiaIftM 9Ie# «dyaiiairp aelavaulaat pa». Jfa
fauquab aiiPYaillaiiaa da l'aii dai 4ai4gués 4» pauplaaa Ta-
bMdowa paa dans I^ opérations la» pliia impQitantei de la pqIî-
iM|Ha» et Aiaaadvarsaîraa vaylaat qiia Taa das déiagiiéi pg«9^
aiqliiri^Mwii k&ooiié du droit tairi^da la giiapra»coiiiHia «î,
iaaa aitee iiae la ponvair aw^utif aaraH ëtraagar à la çQnfa^tioii
da la vrtoBia gifiiaitia» 9004 aykm à daUb#^
ladfebmtiap dalasuarfa, et qoaJ'aiarcîae da ca droit n'en*
uàtài paaHQa aiirta d'opamtîaai m^im^ Qù raaMoii at la y^nté
ae praaMDt al aa iwifipadeQi,
V09à b liifDa qui aona a^ara* Si ja «lie trompa, aiM^ra iina
ft^quamen advaiwaiilim'arrécat qu'il «ubMliuadaii^soiidéiTat»
à Qàa flvMat 1^ ^arf^^iriffiift (m%^t fefHWoir %iilait/f ç*aM*
à4âne, QB aata toaa4 daprapr^eafaosda la talion ai êm^iomé
par Je roi, at noua aomioe» par^tamaai d'accord.
On vous a proposé da juger la qiieMioupar le parallèle da caiil^
qui ʧivÊkmm^t l'aiSriaaiîYe et la uagativai 00 vpw a dit flue
vous verriez d'un côté des hoipaiea qui eup^i^i f'aYauciMr daaa
les arméest parveuir à gérerlesafilMrefiéifWigèress daa komaies
qui aottt liés avae las niiiilatpaa et leurs aseMrdaratHrai le
dtoyeu paisible» vertueux» ignoré» sans ambition* qui MHve
800 bonheur al son axiiMioa dans TeiMsteuce « daps la bonlieur
Je ne suivrai pas oat exemirie. Ja ue crois pas qu'il soit plua
eonfomiaauxeonvenanoes de la politique qu'aux priiiqipei da la
morafe» d'affiier le poignard dont on nesauraitblesseraeprivaui^
sans en ressentir iMentôt sur se» propre sain lea atteiplaf»» Ja fe
erott pas que des hommes» qui doivent servir la aauae paUiqio
1S4 AttBltttf B HATIOIIALE.
en véritables Mres d'armes, «ient bonne giioe & se cenbtttre
en viis gladiateurs, à lutter d'impatatiens et d'intrigues i-jet nw
deloniièresetdetaIens;àdierGherdans bndaeet la dépres-
sion les uns des autres, de coupables suocès, des trophées d'un
jour , nuisibles à tous^, et même à la glcMre. Ibis je vous dirai :
parmi ceux qui soutiennent ma doctrine, tous oompteres^ avec
tous les hommes modérés qui ne croient pas que la sagesse soit
dans les extrêmes, ni que Je courage de démoBr ne doive jamais
faire plaoeà celui de recoistruire, la plupartdeces émai^aesci^
toyens, qui, au commencement des États-généraux (c'est ainsi
que s'appelait alors cette convention nationale , eneore gar^ïttëe
dans les langes de la liberté) , foulèrent aux pieds tant de pré-
jugés, bravèrent tant de périls , déjouèrent umt de résistances
pour passer au sein des communes à qui ce dévoùment donna les
encouragemens et la force qui ont vraiment q>éré votre révolu-
tion glorieuse; vous y verrez ces tribuns du peuple que lanation
comptera long-temps encore, malgré les glapîssemens de l'en-
vieuse médiocrité, au nombre des libérateurs de la patrie;
vous y verrez des hommes dont le nom désarme la criomnie, et
dont les libdHstes les plus effrénés n'ont pas essayé delemir. la
réputation ni d'hommes, ni de citoyens; de ces hommes enfin,
qui sans tache , sans intérêt et sans crainte , s'honoreront jusqu'au
tombeau de leurs amis et de leurs ennemis.
Je conclus à ce que l'on mette en dâibérâtion mon projet de
décret, am^endé par M. Chapelier.
On demandeà aller aux voix.
' L'assemblée est consultée, et le président prononce €|ue la disr
cussi^ est fermée. .
M* Charle$ deLameih^ L'assemblée nationale s'est irouvéehier
dans la même position. M. de Cazalès demandait à parier, et
l'assemblée a accueilli cette demande^ Yoqs vaiez de proposer
une délibération à l'assendilée, et vous Tavez fait tumultueuse*
ment, j'ose le dire : j'ai cru que vous mettiez aux voix si M. Bar«
nave serait entendu. IL de Hiradieau a demandé hier à réfuter
M. BamaTe# et tout le monde a pensé que M. Bamave pariât
r tii (4790) m
«knfiDifl, QÊBM&yL de Hkrabeau. H. le liciwie de Ifoiîllei
liait de frire hmotiim que Toa entende M. Barnave. Je^deniaiide
si, dans une qoeslioii de octie importance, rasswUée j^tîonsdle
ne jette pas déjà dans rq^nk» pul^ae une défaveur sur h dé-
M.ikMfttbetm tatni. Je demande qae M. Baniave soit en'-^
tendtt.
Jf. ik ta Fajfeue. U me pandt de icMiie justîoe que. qpiand
M. Baraave demande à répondre à M. de Mirabeau , on le laisse
rendre* Je demande la parole pour lui ; et comme je ne suis
pas de l!ayis de son décret» je la demande après lui.
Jtf. k fïï'érident. L'assemblée a décidé que la discussion était
fermée. On Ta parfeitem^t entendu. II ne fout pas bien ioog-
lemps pour. qne l'assemblée confirme ou rtforme son vœu. Ceux
qui vfpd^t que M. Bamavesoit entendu, seront d'avis que la
discussion ne soit pas f ericnée.
L'assemblée décide que la discussira.est fermée.
On fait lecture de vingtrdeux projets de décrets.
. M. de Guietiime démande la priorité pour cdui de BL de Mi-
rabeau , amendé par M. Chapelier.
M. Alexandre de Lavmh la demande pour le projet de M. Bar-
nave.
M. Charles de t^amah. je m'élève contre la priorité demandée
pour le projet de M. de Mirabeau , . et je déclare que j'aimerais
mieu^L adopter ceux de MM. l'abbé Maury et de Cazalès.
M. Cabbé Maury. Qu'ai-je à £aire dans vos propos?
M. Charks de Lamah. Je dis qu'il me parait plus dangereux
pour la liberté publique. (On observe qu'il s'agit du décret td^
qu'il est amendé.) H donne au roi l'initiative de lait, et ne feit
joi!ei;au pouvoir législatif qu'un rôle secondaire, en lui accor-
dant le veie. Ge n'est point sur des projets obscurs et ambigus
qu'il feut déclarer nos intentions : cette obscurité, j'ose le dire,
ne jttstiiierapas rassemblée du parti qu'elle prendrait; voilà pour-
qnm je rejette la rédaction de M. de Mirabeau.
M. de Caxalh. La question n'est pas de discuter tes principes
iÊS Assfiinll^is HAtlMAts.
fMdMfé; 4te IM pÊhà dimir être âéMâ» p» 1« liidiifi It»
pbê iÈMÊM, éë ta Hùsofi, i<M4iâire , ta êBoê timiimnMhêêàMi
q/â^'àpptbdkêlë fl^ê de Ymâ^ «ciael ûm Am»f Mi robMoi^
Je crois que cdui que j'ai proposé ayant respecté ta distiMIiilll
deÉfdêÉilL p0tfldiH fiôtM^pilsÉi M atlriblMllil MMIihMtent au
oorps^Iégislatif etau roi ce qui leur appartient» doit être préM»<*
â^ilélÉit M9etëj jèi'édMlleMs en fkireiirdëcelâidi M^ dëlOfa-
hèkâ i pSLffSè qu'il s'élc^igftie té itioiiiil déi pAat^pëê*
M. Btkrme. On a filit ta ftidtidfi êt^ixxfé6tàf la (irkrflté Mt
décret de M. de Mimbeàn , ânfcffldé pàf tf. (^âpéfiéf, ctùdl^lië
cë pr<^èt soif cBiFéréftf de celtii qdi avàft été d'sdbdfid ff^ùaè, et
qd, restant dans les àtâày^ dé rhistofre, n'a paéf^iif i^m
i^ddcùpe à ratialysef , it né dort pÉ Vébietùr, Vif ttiaànm psi M
V(ett féet de la Itiâjotit^ de f âsâeitoMée. (tl s'élèirè dès^ iÈùfimtek.^
Je demande si le vœu réel de la mafolfeé dé Pâs^Mée Wm pâ
d'accorder l'iititiâtité âti foi et là déeislo* m Ôùtj^iéglâSi^t je
demande si YM^ûiim de rà^ééiiibléé iféël pàÉ (piê ^of èoAéti-
(Ker ta itâtidit éii état éë gnéfi^, éû ait pfésâÊM&oëti MiiÉi la
volonté du roi » qui proposera , et cefté de ta t^stattti^ , qé tàâ^
Èëmïtà. Jéditf qnesié'esttalebtrt, ta}ii^pfd|XîséjfèféioÉf^
pas, même avec l'amendement de M. Chapelier. Il est contMlM
kiït prindpies d'âifé éôMfttftidn Uet atâmiiée. VMS^yé, ta
sâtiéttôfl et ié âécPët ne |iefitefit fâmsiÉ étH donfondtt^. t:Mft kk
différens pùttvôifs , Vùh à tcmjôilrs pritatitéftieÉt
l'autre» le àéctel m ta siâtidioiï. L^asâié<bbiée àatidUale â
qtfe iéH Idis se fet^éftt toujotif^ snr ta nnotlon d*nn de §èê nâèm-
ttt^es; 0 iféiÉ peut être de tnélâe pùat um âéêÊà^ÛOÈée gaëHf^ ^
tout ce qui ddit ta pt^écédei* et ^ tODÛnké, àëpem se pfipkmt
âkM ràsséttiMéé. Îm tMÛk qui iNum mt én^^n^ à don»» le
t;^ an roi s(M les iMttiesi pottr Fifiiâttîf €f. AinsîdoiieM ésttarih
tSe d'attéfVr les f&mm éHâpk» deta iMstittftiM f ^drtattodmie
une eonfttsiM de poùicitèM DmimâU eôi^p»4i^rMatlP^ Mi pm
le droit de décrète» ta j^îtiefré^ mais méhMnégÊËimàh gMiw,
e'est dcNUMf m poavoàr eiéoulif ta dr^ de ta MnoieDoer^ e'est
primait ùm fermé inoiiis ccwsiHatioifbeite^ moii» «»fi¥diiai4e
à hiiiu^iBCë ifatioiMie «t à éélle du rdi. Ledëera: dé M« d» lfi«
râbèsia 00 ptésetM SLU&am déterarimtioiHf d&tue «c pm^ stoir Ift
Mé âela Foffêitel U m (Srài ^'ott m« air hi fMMfë; je
ritf di«iinidée jpmr te pféjèi de M. de Ifii^^ été
ailièfldé f» M^ GiMpdIiori pncB ^e j*fti era tondant eatts ré<
daiétiM <» ({tti cmitiieiKit i^ k nbjcMd âtnn grand peii^i àh bmm
rite dtUù pMple Kbra^ fc finlëréc û"m peuple nafflbpeiix» dom
l^MdBiriév (e» pCMewtogeét k» rélitkms ëtpààgèral eËigeMi «ne
praecÉlDff éfflcuei^ J'y troirte» eéfie dktrtbttUdn de pcttii^ qn
Die perMt fe pin» ceidbrme mnc trad» priiieipes eenstitutieHÉele
de le Hhmê it de le maakrdtûë, U p^ prepre k ëloigeer le
fiéae AélAgtterte, fe pltte ev^mag^èuse âe peepte et dttâe ié «k»»
itieot M To« «teHiMe fi^tet sef cette gestion tiiétàirftysiqoe ,
où mhL qd, toujours remis poer le ceuse pq>ii]âiré> différent
d^tmtffhm ^û(ni6oh , ee adaptant cependant à peu pi%s^ letf
iliéineB hsaès, àûxts Cë eioment d& Fon tâché dé pèt^nt^ iftié
cetix4à Àciuls sotit ses tirais àitiis qvâ adôptem tel dëcfet, fui tHà
qn"û corrreââit (fttme opntûm diflR^énté M nettemenrt pi^fi<>tiéée
pÉf lie bommé, â qut quelque expérience el qeelqc^s imwatt
dëm ta arrière de te fibertë oti dottié le droit ff^kwàit ee Mi<
Tai cra ne pouvoir mieux payer la dette immense que f âfl
contractée eetm té peuple, qii'eft ne ^crMairt pa$ S b f>opu-
larité d*ùtf jodfT Fânris qne je crois lui être lé fXnâ ttûk.
J'ai vodlu qoé eé ped de itfôts tfÊSêeM écrite f>ôur ne |ias Bvrcr
aex iftsAtoà^aâ dé la cialomrriéfe grand dévoir que je réùtipfe^
€Évéi^ lepeuplé, à qei mû vie entière est eoiisacf^.
Ce cfiseekin eflft tit^Dfédt s({yf)lai«fi.
M. Dubois de CrttHâé. Ma: v4e est aiisst eoeaacrée à bt patrie'*
Quand CQ a coBimeaoé une earrière, 3 £aliii k» finr^
L'aBsemfaiée délfl)ère et accorde^ à we trè»giftode Mi|orié »
to pr kHrilé au préfet de decaret de IL de llirabeett^
(kilit le prcaMT artideahHû ceBç«« cLe droit de feire b pmâ
et b sMTfe aqqpartient à b jurtioB» y
428 ASSEMBLÉE BlATtOHiaE.
Jf • Alexandre de Lameth. Dans la dispo^tioQ d*esprit et d'in-
tentioii oii se trouve l'assemblée , je n'oserais demaiidar une
longue discussion. Gomme je suis persuade que ee décret* s'il
passe tel qu'il est, sans aucun amaidement, remettrait de Mt le
droit de dédarer la guerre entre les mains du roî...« (Il s'âè? e
des nMirmores.) Le premiar artide doit renfermer le principe de
tfSe manière qu'aucun des autres artides ne puisse conserver un
sens louche et ambigu. Voici l'artide que je propose de sub^
tuer. «La guerre ne pourra être décidée que par un décret du
corpe-l^pdatif..... (U s'élève encore des murmures.) 11 est né-
cessaire que cette délibération n'ait pas l'air d'avoir été cono^
tée hors de cette salle. Le premier arUde serait donc ains'
conçu : « La guerre ne pourra être déclarée que par un décret
du corps-législatif » rendu sur la proposition formelle du roi. >
. M. Blin. Je demande que le premier article soit conservé » afin
de bien avertir que ce n'est ni au corpfr4égislatif exclusivement,
ni au pouvoir exécutif exdusivement, mais à la nation, mais aux
deux pouvoirs réunis , qui constituent le pouvoir législatif, qu'a{y<-
partient le droit de la paix et de la guerre. L'article de M. de
Lameth n'annonce pas que pour déclarer la guerre il fendra le
concours des deux volontés. Si les deux déliés ne sont pas
d'accord , c'est à la volonté directe de la nation à se foire con-
naître.
M. Frkem. U parait convenu qu'il faut le consentement formd
de la nation et la proposition formdle du roi. Je propose de con-
server l'artide premier ea y joignant l'amendement de M. de
Lameth ainsi développé. « Le droit de paix^ de guerre appar-
tient à la nation : la guerre ne pourra être décidée que par un
décret de l'assemblée nationale , qui ne pourra lui-même être
rendu que sur la proposition formelle du roi. >
M. de Mirabeau l'aîné. Et qui sera sanctionné par le roi.
M. Fréteau. Il y a dans le projet de M. de Mirabeau deux ar«
ticles qui détournent le sens véritable du décret , l'article 4 et
l'article 5. Il est certain que si vous ne déterminez pas par un
décret constitutionnel , que le ministre ne pourra enuuner la
wAi (1790) m
gaeire par des bostUités oomotenoées par sou ordre. La ISterté
naticmale serait géaée » et l'honneur du pavillon, fran^^is corn-,
promis. L'auteur^ du projet a déclaré formellement que.nidle
guerre ne pourra être commencée que sur un décret de ras-
semblée nationale.
- M. de Mirabeau l*atné.M. Fréteàu a tiré une mauvaise oonsé*
qucfoce de l'article » s'il en a conclu qu'il laissait aux ministres le.
droit de commencer la guerre. Getartide prévoit le cas où un
ministre ordonnerait une agression ou une hostilité coupable. Il
est absolument ipopossible d'empêcher que cela n'arrive; il est
très-possible qu'il y ait un ministre assez pervers pour commen-
cer sous main une guerre : je demande dans quel système cet
inconvénient ne se trouve pas. Je ne puis prendre que les pré-
cautions que j'incËque» en foisimt juger si l'agression !est cou«-
pabie. L'article ne dit-il pas cela clairement?...: Mais pourquoi
ne i^pond-on ps^s ^ la question que j'ai faite? Le pouvoir légis-
latif n'est pas le corps-législatif; n'est-il pas composé du côrps-
I^TfSlatif délibérant et du roi consentant et sanctionnant? Qu'on
répende ; c'est là le principe du système auquel vous avez ac-
cordé la priorité.
M* Alexandre de Lameth, Je retire mon amendement , et je
me réfère à celui de M> Fréteau.
On demande la question préalable sur cet amendement.
M. le Camus. Il est impossible d'admjBttre la question préalable.
Cet amendement a deux objets ; l'un de dédar^ un principe que
l'on soutient étire cûnstituticmnel; l'autre d'exposer un vœu que
For croit être celui de l'assemblée. Qunnâ îl s'agit d'un ptïtKipe
conistîtutionnel, il be peut y avoir de douté. Ce principe est,
€ qu'à la nation seule appartient le droit de paix et de gu«rre,
et qu'il faut donner au roi le droit de proposer la pait oit la;
guerre. » — Je vais plus loin, et je. (fis que dans les privicipes
mêmes de l'auteur du projet de décret, il devrait s'opposer à la
question préalable...é.
M. de Mirabeau Càîné. Aussi ne l'ai-je pas demandée.
^ M. le Carnm. On dit que tout le monde est d'accord sor ce
. T. VI. 9
190 ASSEUftksfik NATlOflALE.
prlimffief tl tnë «eittMe q^é la qpmtioo prëàkiBle est dèvtore
impossiblei II s*«g^t d'ext)rimer oe d<^t teat lë monde oon^
YNSBv« • • i k • •
M\ (U SHnabkaa (aîné. CMa tBH exprimé dans Vesûdei
M. le Camus. Je dis que cela fûl-il exprimé ptaft eMffVméliti H
n'y unk pas d'ÎMonvëliteiil i l'e^i^iiner (lus oTaîrëÂieiit fti-
ooret .L'asatnbiée aot fldilaptc teslre ces ()iiestiàiii. Le {Nrmoipe
esi^il exprimé aises elairenicfit par M. de Mitabeeu? Oui m âoD^
Là ttÉtîoii ne peut ekpriiner son V!»a par le corpa^Ksishrtif i il
fimt dire âetteaaeût que la gètirre nte pédt âtre déoiarëe qaé par
ua décret du oorps^égislalif i
Af. de Menchk, U y a ua premier àriiele dont toute rassemblée
ooimeBt , je Tadepte \ mais M. de Mirabeau a dit queraméndement
présenté par M. Fréieau est com|^ris dans son décmi S'il n'f est
pas compris» comme je le ecjols , il faut ed faire un artidè à pàrtf
je demande qu'on aille aax voix par appel nominal sur cet am^i-
demeat , qui deviendrait on artkld.
jK< àé Mirabeau l'aîné, U est nécessaire d'esamineif par quel
étrange motif on s'obsline depuis si long-temps à lie pce voir
dans mon décret ce qui y est , et à prétendre que j'ai dit ce que
je n'ai pas ditt Si l'ordre dés numéros est à ohanger i j$ laisse
l'honneur et la gloire de cette sublinie déqeuyerte à qui. Tondra
s'en empapfir^ Gomme le qinqaièine article porte précisément le
prim^pe i comme il n'est pa* m seul article qui ne suppose le
principe 4 qu'il n'en est pas un qui ne dise que le roi sera tenu
d'obéjr 4 la réquisiii<Mi^ du ctnrps- législatif ; covime nulles de
mes dispositions^ nub de mâs articles nef sont équivoques» vous
me perflaettre^ de. ne pas chisager mon opi^icw en fy^em de&.
bjenveillans qui » depals deUx beures » veulent . £sîre croire au
public que mon opinion n'est pas mon opinion. t
L'assemblée décide qu'il y a lieu à délibérer sur Famendement
de M. Fréteau.
M. Desmeuniers. J*ai demandé la parole , pouf apj)iiyër rainent
dément; mais il me paraît né pas suffire. Dans le coars de la
diâpussion, j'ai entendu que deux choses sont nécessair.es :Ia
»Al (1790) tel
voloirté et lé cdnsehtément do foi , ïâ voîoïiîté et le côn^eanfteitfent
de la législature. Il ne faut pas que le roi )ptt%^è «ieàl^âëèliirèr la
gàerrè ; je le ^oîs ^ès ihoii Mé et eonscîèttiee. (Ott £r]iih*ihinfe.)
Je déclare une fois pour toutes , que je défendrai jn^^'Ià mort
h liberté; on pourra alôrt murmurer, lorsque je pafilerai tfe^a
conscience. Il ne faut pas non plus que le corps-IégisïaUF'jpiiiisIsé
seiA décferer là jjfrerre. !l faut donc ïedécfereriïettemènt. S le
iÀiot propdààon né istifBt pas, 'on pént y substituer n(hîfkiùiùft;
mais puisqu'il faut aussi le conèonrs Via roi, bù doit Vex]p1r7ni^
pDèStîVèttént. ^ tJne i!ééfcrt4rtiîoh dé guerre ne jpfefùttâ lâtbîr ïeu
^*d'àpï%i to tfécrèt dû torîte-lëgîfelàtîf proposé ^r te roî et
consenti par lot.^ Cette ^i^édâfctiôb es!t âm^le, conformé i vos
principes et à Tintention de tout le monde.
M^ Fréteau. Je rédige définitivement ainsi l'article , avec Tamen-
tteoneM:
1"* Le \É!^ de h paix ^ de là giâeire Àp]!»àrtiei^t à là laXiùiiL
liL^tte ne {yonrlia 'éàre idécîdéft ^^ue par «n décret de Vas»^
Mée nàtioni^) qui «era teaêki «ur la pTb^plositioA fbrineflift et né-
cessaire du roi , et qui sera cons^Ai par lui.
M. ife iKritlfeaà Viuné. On natira pà$ de )>eine à croire que
j'adMii^ de t(M ukai %i&9&t à isét àOKclidësiént, pour lequel fe
tjiéiMiâlts dej^s éxiq jours. Si j'avâds su plostât '^ ced n^^lt
Qu'une lutte d'amour-propre', la dlMsâs^fcm aurait été âSdiiis
toâgtfé. ïe 4èiMnde (foe te inot êànàtionné , iiiot de la conâtîtu-
tion-, soh nis'à la place de eomenà.
'Ce Vnôt éà^ôtité à rartïcle.
Uarticie I"^ est presque unaBimeoieiit adapté»
Les artides U etin sont adoptés f^rasque imaniousment.
On fait lecture dé fart. I V.
M, de RkUer. Mettez-vous dans ia pkiee d'un capiCaise de vais-
^ea'u retafcottrant lïn autre vaisseau qùî î'àttaqùe ; dans qû^e
alternative le placesK-vous? D'un oèté^ il est responsable de la
digfnité de 'son paN'îHôn ; de FaulVe , Jl ignore jusqu'à qdel point
il peut se défendre.
fS2 ASSEMBLÉE NATIONALE.
, M. de Menou. II dfiit attendre le premier coup de canon» et
tirer toujours le dernier.
; L'article est adopté » ainsi que les articles Y et YI , presque
unanimement.
L'article YII ainsi conçu y est ajourné et renvoyé au comité de
constitution.
.. < Dans le cas d'une guerre imminente, le corps^égislatif pro-
longera sa session dans ses vacances accoutumées , et pourra être
sans vacances durant la guerre. > *
. Les autres articles sont encore décrétés presque à 1-unanimité.
. La séance est levée à six heures, au bruit des applaudissemens
de. l'assemblée et des cris d'allégresse des spectateurs.]
,/
La discussion dont nous venons de voir le résultat, fut accom-
pagnée de quelques troubles dans Paris. Tous les jours , un ras-
semblement considérable entourait la ^Ué des séances, et encom-
brait les Tuileries. Aussi , M. la Fayette fit-il mettre sous les
armes toute la garde nationale.
, c Si le droit de la guerre et de la paix , dit t Orateur du peuple
de Fréron (1), eût été accordé au roi , c'en était foîl; la guerre
civile éclataijt dansla nuit du samedi au dimanche , et aujourd'hui
Paris nagerait dans le sang. A minuit, le tocsin aurait appelé le
citoyen aux armes ; le château des Tuileries eût été livré aux
flammes ; le peuple eût pris sous sa sauvegarde le monarque et sa
famille; mais Sain t-Priest, mais Necker, mais Montmorin, mais la
(1) L'Oratear du JPe{c/>(e,par FRéROH , sous le nom de Martel, avec cette épi-
graphe :
R Qu*anx accens de ma Toix, la France se réveiller
» Rois , soyez attentifs , peuples , prêtez ToreUle.» .
Le premier numéro a dû paraître le 23 ou 2li mai ; car il annonce , en
criant victoire , le décret sur le droit de guerre et de paix. ISous disons a
^ dû paraître, parce que ce numéro est sans date : l'apparition des autres est
nettement indiquée par la date des décrets dont 11 annonce Fadoption.— Ce-
pendant, M. Desehi&nséAi positirement , dans sa bibliographie révolutionnaire,
, que ce journal commença en décembre 1789 (page Û12). C'est une erreur
grave : au reste, quand nous en aurons relevé encore quelques-mies du mC'me
genre , nous n'en parlerons plus.
MAI (1790) i33
I
Luzerne, auraient êlé lanternes, e|t leurs têtes promenées dans la
capitale. Qu'on sç figure 'tous les attentats qu'une pareille nuit
aurait couverts de son ombre, les massacres, les brigandages, le
son des cloches , le fracas de l'artillerie , le cHquétis des armes ,'
la lueur des flambeaux,, le trouble, la confusion >) les cris des
fraonmes et des enfans ; aucun aristocrate n'aurait échappé à la
fureur et au ressentiment du peuple , qui en eût fait à la consti-
tution une hécatombe solennelle. Et voilà tous les maux , toutes
les horreurs que nous préparaient les ministres , et dont l'assem-
blée nationale nous a préservés ! Yainc-ment la garde nationale
éût-elle voulu s'opposer à un peuple irrité; il en serait résulté
des combats entre les citoyens. Il n'est pas douteux qu'on s'atten-
dait à un mouvement épouvantable, il avait été distribué plus de
quatre cents cartouches dans chaque compagnie....
c On conseille au comte de Mirabeau de marcher droit dans les
sentiers du patriotisme. Si samedi dernier il ne fût pas revenu
habilement sur ses pas^ toute son éloquence ne Teût pas garanti
des plus cruels outrages. Qu'il sache que plus de cent mille Aj>-
gus ont les yeux sur lui. Déjà on criait partout sa trahison. Quel-
ques personnes prévinrent les députés, au moment où ils entraient
dans l'assemblée, qu'elles avaient des pistolets tout chargés, des-
tinés pour le comte de Mirabeau, au sortir de la séance, si sa
conduite et ses discours présentaient le moindre louche. Le bruit
S* était répandu qu'il avait reçu quatre cent mille francs du ministre':
Les pistolets n'ont pas servi , car c'est son projet dedécret quî'a
été adopté , sauf deux articles essentiels qu'on y a ajoutés. Il avait
bien raison de dire ce jour-là à la tribune, qu'il n'y avait qu'un pas
du triomphe au supplice. 'Mirabeau, Mirabeau, moins de tâlens et
plus de vertu , ou gare la lanterne! > (n* 2, p. 12 aiS*) "
Nous avons cité fidèlement ces premiers mots de Fréron , bien
qu'ils soient revêtus d'une couleur d'exagération remarquable ;
mais ils peignent l'homme, et un homme qui jouera plus tard un
certain rôle. Au reste, dans ces quinze derniers jours , il s'était
passé de singulières choses dans la ville et dans l'assemblée.
La population était préoccupée de la pensée de quelque con-
i^ ASSEHBI^iK NAIÇIÇINALE.
^iliitiçii coQtrerréyoljaiioiuiaire , et ellç croyait quç tou$ le$ ^f-
|pftp dj^ Vpppq^Uoii n*étwpt autre, çbosç que 4çstçç^srveis fait^si
dana r w^w^oe. et eu \w^ d^ triwi*^ q«' W BiNfif^Wt t ^1 qw »
idjisffjHvi» s'acçompliifait av^ V?îde d^ réirafg^^n Qa'o^ jiKi)
^ç. (^ I|t colère da$. p^triot^ k ^ leoturç; de 1^ dçjpl^tk^ d^ |s|
^iao;^ ^ Y^fS^e d^ clergj& doat im^ju& %vqd& ps^rlé, ^t i^ Vm
Usai^ qu>x) ^^dbérajit à l>(Miiiofi de Tévéque d'U^ » pq^r yal^^up.^
tmç; de droite Cçt^ déçl^tion mi^ d'#e(ir&. mai^^ WW^jNt
ts^oQa analiogues d^Ia part ç^'up, gr^4 «i^flPjtirç dci ch^pjtçeji, ef
4^ çleijgp <isi pluçjîeursî p^rQ^j^^ ^je; çpç4 4^ Saipi^^nlpjp^ p^
çlm. djap^ ce seçi^i; pwij* \oyajpit 999 ^eçnaon a^çcmçUU ^v^ deaqgi^r?
9)urç8, ^ liii-qn^i^ç pe»acé. d'elle chassé dç.réglisç^ ^'il iç^of^
lj»^eiiçait , U ^ r^tracts^ )^ popuLatioi^ mécojçite^te çrpya^t trou-
ver partout des a([ens de. rari.i^ioçratic5- Elle. ajÇcuç^Ât. l§ Cb^tel^
4fl tray^lter ^ feirC; regretter TaBcien régime , en ne i^^ad^nt
gii'imçpsticç partiale : 01^ dis^t que ce tribiufal, Sf, ^èrç p^
|çs patrijgites » repa^^iit ea liberté Iç$^ voleurs.
Au/9^ la popul^tiofî ^luue par la di^ususicygi sur 1q 4f^t 4^ paû^
9t de. guerre, irritée, par ces cris, des colpoi:tei<rs,^a^(raifit;9t^
^ cmUi çk Wrçilbjmt , œ. se bor^a pajSf î^ dç§ ra§^yi3j|;rljççiç9^,a]ft^
Tuileriesi, sur la terrasse des Feij|illans. Elle ce mit ç^l^ui^iïjijç. ^
j^r powr ce qu'elle croyait soii salut. Seç wuvenjiens, p.end|m^
ççtiç i^epiaijQLe^ maoife^tèrept toutes sei^ méfiancesi. Çlle repounut^
ru^ ]&oyaIe> butt^ Saiut-R^ocb» un club 4'a^i^cratçs , cooippjié.
^ ^uf^oer^ > ife ro6iii«, cfe prêtre&y qui $fi rénnissaH chez une C.o*
mmmée 4§ Levai,, on, y yçnait discuter, et^ souper et jpuec» V^
attroupeipem d^ quelquea xmlliers de perspunç^ ^ i^ripa, le mti
m
^ Xkfwe. ^ la réunion ^ ^ eonwf^nçei à pi;élud^ ^ unç. attaq^çi,
coupsde pM^â9^ Heureusçn^eat pour les robina, un hatai^pn de
garde oMiopal^it yiftx s^ placei: eptreeux ^ 1^ peuple, ^ iren^lir
la rue. ^m. le peuple tiuA fermer et sfia de faii;çdé9^rter la plaiç^
^ ce tripot aristpcr.c^tqm qui, a^ l'audace (U$!c(fpeler club français j,
dit Ji'observs^teur de Feydel, il se mit à le cbariv^iser tous lesi
après^idi avec une énergie remarquable, et un bruit qui mit en
émoi le panier. On remarqua que Itt. Vabbç Maury et le gros
Jlfknim^. (opiw qu'oii appplsttt ^uç^i M^rçt^^ ia«n^ia«.)^ en Es-
saient partie. En vain M. Bailly vint lui-même assurer le pnkAîfi
sd^jfn^ f^^i^m et^pei^ 5|i{^fl':^iawt moins 4§ liE^Rftgwiew »
m'il Y ^U IftfiSïrii ^t entrq elte pt î^ ebftçivîtfiswirs è <|iiî oe^-
Mr^t la^itPf» ^ t^vm* Le peM{>)e ccut qu'm\ ^x$$l|e»t «df^yf»
dftdiwpei^^ epieDAÎ^ ^( 4e 1q$ a^mer ; ea. eMâéquçaoe^ il
mai an |^$S4i|pâ 01; lit i^etcMUpner |pa«il^uf8 ^ Hnonadiers. Sans
doiite ki& op^rnsp» s«i aorM^t laissa rédj^^
auûs leoQBiitéie fidice provoqué par ks uaaniaiq&iéelasiaiioiis
des ^niha» ite liûce levé» I^ siëge en faiaaM évaeuep i» plaée et
mspêdàr^ des^ asseanblées qui iPocMaîent tout lé>qaaytieK
Ailleurs, c^était autre chose : un attroupement saisissait unje
rame des Actes des Apôtres, et la trentième édition de la déçlara-
tien d'une partie de rassemblée nationale : il Iqç; portait procès-
sionnellement sur le parvis Notre-Dame. Arrivé kV, une députa-
tîon alla inviter les chanoines à venir assister à la cérémonîq;
mais on n'en trouva aucun. Alors on fit un feu de joie de tous, ces
papiers.
. • j .
ï^lçjjdsiWW».wpe libr^rie diiP^lais-Rpyftl* ÇÇlli^ cJ'm^uwwp
Gattey , éditeur de brochures royalistes , et qui était ço^i^lii pf^
prétei; sa bouti(|ue à q^iidquea réuniops des membres dp côté
droit ^ fut ipenacée par l'attroupement ; mais, la police et lia ^rde
nationale s'y trDuvère^t en force» et Ton fit circuler et placarder
une protestation ^e patripUsme du sieur Gattéy ; il promettait de
ne plus, vendre des brochures royalistes. L'attroupement laissa
I^ libraire tranquille, et; il alla attaquer le bureau de la Gazette
de Paru y rue SaintrHonoré ; il saisit une édition de ce journal,
et la brûla ; il. arracha Técritcjau et alla le brûler au Palais-Royal.
a • - «
« »
M;o|}»^«}An§,4^ra(sont|sr dies f^^.q^i ne furent; qu^gfotwawi;
1o6 . ASSEMBLÉE NATIONALE.
énvôrci-de^plu^ sérieux. Nous transcrivons la narration de Des*
moulins. ''
€' Depuis quelque temps le peuple de Paris se plaigna'k que le
lieutenant-criminel restât les brascroisés; on accusait le CSiàtelet
d*unè iocrbyiable facHitë à relâcher le lendemain les vdeors ar-
rêtés la veille, et chacun de fiire des conjectures! En général , le
peuple ff'e&t guère plus cèntent desrobins que des calotins, et on
Veniût de crier dans les rues un papier qui ne devait pas le récon-
cMîer avec la magistrature. C'était une dénondattion patriotique
queiaisait laBazoche, de l'assemblée extraordinaire tenue au
Palais, le dimanche 33 à midi. Ce jour, on avait vu entrer dans
les cours nombre de voitures pleines de magistrats. Un instant
après, voici venir leprocureur^^gënéral, puis le garde^les-sceaux,
tous xurrivant par des portes difiEérentes. Ces Messieurs étaient
entrés dans les détours du Palais , et aussitât toutes les grilles
avaient été:%ioées. Cette aaisemblée de chambres, au jnoaMUt
oii il n'y avait plus de chambres que celles des vacations, et le
lendeipain du fameux décret du 22 , avait alarmé la vigilance de
la Bazocbe. Pourquoi le garde*des-sceaux venait-il protester
contre le décret?... > fOn n'a jamais su positivement quel était
le but de cette réunion de parlement. Comme elle fit beaucoup
de bruit, et excita de vifs mécontentemens, le garde-des-sceaux
se justifia par une lettre à l'assemblée nationale dans laquelle il
déclarait qu'il n'y avait pas eu réunion de parlement; mais que
seulement il avait été visiter le dépôt des Chartres avec quelques
magistrats.) • * .
> Le lendemain lundi, continue Desmoulins, trois. fripons
conduits par leur mauvaise étoile, étaient allés sur le boiilevàrt
de l'Hôpital, manger une matelotte à l'auberge de l'Arc-en-Ciel,
et avaient emporté l'argenterie de l'hôte ; celui-ci qui n'était ni
aveugle , ni boiteux , ni muet, se mit à la poursuite deis larrons ,
et, comme ils passaient la rivière (en batèlel) , cria si haut qu'il
attroupa le peuple sur les deux rives. Le débarquement fut fâ-
cheux pour le triumvirat f qui, à la descente du bateau^ fut
fouillé et assailli ile tomes parts. Celui qui était porteur de la
MAI (1790) 157
grande çuiiler à ragoût , se servit inutilement de plus d'habileté
fiour la foire sortir de sa poicfae , qu'il n'en avait employée à l'y
faire entrer ; il fut surpris jetant sur la rive la pièce de convic*
tkm ; tes autres furent également trouvés nantis et menés chez
le commissaire ) qui témoigna sa surprise de reconnaître dans
Tun d'eux te visage d'un coquin que depuis peu, il venait d'en-
voy€r deux fois en prison. LamutdtudplesyrecondirisaitetaUail;
les recommander ap geôlier, quand l'un d'eux s'écrie qu'il s'en
moquait, qu'apnès demain ils sciaient hors da Ghàtelet avec
chacun six livres dans leur poche. Cette jactance fut teir arrêt de
mort; on leur prouva que si on peut braver la justice des tribu^
oaax ; on ne brave point la justice du peuple. — Ceci se passait
sur le Marcbé-Meuf du foubourg Saint^Ântoine. Le peuple déli-
béra ; on prit les voix. Quelques-uns représentèrent qu'il y avait
trop de rigueur à pendre un homme pour filouterie, que la peine
de la loi n'était que les galères; que si on pendait les voleurs, le
meilleur de nos rois eût été pendu sans faute, puisque l'histoire
raconte que H^iri lY était enclin au vol , qu'il avait les mains
naturellement Airaces , et qu'il ne les retint pas toujours comme
il s'en accusait lui-même....
> Le peuple était rangé en cercle autour des crimmels, et pre-
nait sa délibération prévôtale. Cet exemple de Henri IV , et la ci-
tation de la' loi, qui ne prononce de peine afflictive que les ga-
lères dans l'espèce, faisait impression sur les opinans;mais un
jurisconsulte du faubourg répliqua que la loi, il est vrai, ne pu^
nissait la filouterie que des galères pour la première fois, mais
qu'il y avait peine de mort pour la récidive ; que ceux-ci étaient
de leur aveu dans ce cas ; que l'impunité d'une multitude de vo-
leurs relaxés presque aussitôt après letir détention , nécessitait un
grand exemple ; qu'on n'entendait parler que de vols ; que les
propriétés n'étaient pas en sûreté ; que les tribunaux ne pour-
suivaient pas même les assassins; que le boucher qui avait tué un
homme dans la chambre de sa femme n'était pas encore absous
ou condamné ; que le Suisse qui avait éventré un quidanà , et qui
en avait blessé deux autres chez une fille , rue Jean-Saint*Denis ,
138 ASSEHBLÉfi IHA.T10NALE.
i^élsit pas ^«icoi% jiigé; cpjie. LiMaibesc. ii*étdit pift& qocûto pdndtt »
quoique âe(>uis ^ix aiQi$ le. Chàtel^t proiait sans oessc de Iç
p^^dre $oySi (luiiajipei; br^ qijbehki conclu 9^ la lanterna» en gé-
pisçsM^t d'y étreforc^ ps^la prévariosuion du C^4t#kAt ^ «(%-
çl(v(siû^s f^re^t «uii^i(^4 i^e« Dçuxde^^li^qrs i^r<epl siçcrochés
au, ppte^u d^ Maa^hé-lSenf ; ^ tmiim^ <IW ^^ .tr§P diflftcUe $i
p^fe» (u^ assomipfié. £a Bo^insi 4'i|n.e b^f*^!. l#i t7i« ay^ §té
pris y jugfQ Qt pei^u ^n^ ooiyfessieq. Le %u£ H«g#e, Ici ^teir
valé , avec, ses couvei^ts et sa grande ouiUeF > re{iqaisttî|l Iç fai^elety
et les wieurs passaîeut |a bat*4iie:à Qafmi. t*t Oa^'afiSigie de voir
y usage de la iâAt^çme deveaip tnop fréqiieiit , eisewb au& cUh
timen^ de vols et de é^ti^ miuoes^ aii lieu qa'tOB devoiît te ré-
server pboêl crimes de lèse^natiop , et dans le cas oii ie peuple a
reeour&àsa Icd mactàal^.... •
» Le mal est que le peuple se familiarise avec ces jeux....
' ' ' • * •' • ■ ' '
21 heqres après la mort de ces trois voleurs , un autre a été pris
en flagrant délit, §ur le quai delà Ferraille. 3ur Iç lieu même, il
était déjà accroché à une lanterne çt suspendu a douze pieds de
terre, lorsque Ton a crié : Voilà M. la Fayette! Aussitôt le pen-
deur lâche sa corde ,^ et le pendu tombe ; on Tenlève ; il n'était pas
encore mort, mais il n'en valait guère mieux.
• M. de la Fayette , que je youdrais pouvoir louer plus, souvent
a montré beaucoup c|e fermeté en cettç occasion ; il éjait ^çouru
presque seul au lieu de l'exécution , et a eu le qou^age d'exposer
sa vie pour la défense de celle d'un voleur, arrivé au xpopient ou
on rassonunait par terre > il a arrêté dé sa main celui qui lui avait
porté le dernier coup» et l'a conduit lui-môme à la prison du
Gbâtelet. Après l'avoir fait enfermer , il est revenu au milieu du
peuple , qu'il a prêché : c Ce. voleur, a-t-ildit, aurait été con-
damné à la marque , au pilori , aux galères , peut-être on l'aurait
pendu.... Vous êtes des assassins. > Le peuple Ta iranquillemeût
écouté; il a crié : vive la Fayette] et s'est sépar,é eti disant le
commandant a raison. >
Gesi exécutions furent universellement, bl^ipé^s par. la pcesse.
KAi (1790), 139
Il eii fat qu.esitipn le lendemain à rassemblée nationale. Voici ce
qui fut dit à ce sujet.
SÉANCE DU 26 MAI.
[Jlf. Bfli/^', ie v^îs vous r^drç compt^ç de^ mesures qu^ M. le
QOiprnandsntrgénér^ et moi ayons prises pour assurer la tran-
guiUi^^pi^l^^e. Nolls.no^s. aoinmes ^perçus , depuis huit ou dix
joi^rs^qn[U régnait dans la yille ui\e grande fermentation. De$
yagalK)Uçls éU:9og;ers s*y ^oç^f ramassés et cherchent à y semer Iç
désordre; i^ excitçnt le peuple^ : on assure même qu'il a été ré-
pand]^ dç, l'argent. Samedi, des mesures prises ont été efficaces.
Ypus $ayçz lç;s n^lbeurs de lundi : les victimes^ avaient été trou-
vé^ s^es, d'argepterie volée; et , s'il est permis de parler ainsi ,
le desjQi;^^ $'ç$t pa§^é ^vec ordrç, puisque, apnées Texécution ,
on ^'est rçi|ir4 (ji:te-trîuiquillement. Hier encore. , çn a vpulu pen-
(jbre uigi, hop^ç.; M- 1^ co^unandant-^énéral est arrivé à tenips
poiu; lf$. §^uiyei:. Un homi^e, du peuple a^ant dit qu'il^ ipajt 1^ re-
pen^ce, ^ d^ 1^ f ^yette. a arrêté cet bQuune de ^ ^laî^ ^ et Y^
conduit au Cb^^^lçt. Il a prouvé par là qjuç, la main-i^orte p;*ét^
à la, loi ^ UD^/onction trè^honprablp. Au.^i^t Pii a crié : Brc^q l
vive; Ul Fmfeu^ l On nous annonce encore du^ trouble» Nqu$ ayon§
déplay^ ui^ grande fo^c^ : tout parait çep^^ndant tr^t^icpûll^ |u^
peiiple est ^^eviblé dans quelque^ çsidroits % mais en petit 119091-
bre et 9a93 ttimplte. Leus o^cie^ mupicips)\i^ qqt faut af^q*i \i^ç
prQcIamajdon, qui vaétr^ procl^^^e dap^ le^ çarrefou^§j^ elle e^
conçue eid Qç» teroies 3
Proclamation de M. le maire et de MM. les officieri municipaux
de la ville de Paris, du 26 mai.
UadBQjpstratioQ municipale n'a pu apprendre , ^^ ^ i^Uijs,^
vive douleur, ce qui $*est passé les deux jours derqiers. Ellç ne
veut point capactéri^r ces événemens funestes ; elle craixidrait <j|^
laisser un mpnument honteux pour ce peuple, dont les moti^
sont pui'S, lors même que ses actions sont criminelle : iin favjsi;,
zèle pour la justice Fégare. Il ignore sans dopte ce q^'ij^ y %^^
dieux à se rendiie à la fois partie , juge et exécuteur. Ce peuple,^
'i
140 ASSEMBLÉE NATIONALE.
qui a conquis la liberté , voudrait-il donc exercer la plus violente
tyrannie? Ce peuple bon et sensible reut-il ramener des jours de
meurtre et de sang, souiller les regards de l'assemblée nationale,
ceux du roi et de son auguste famille , de spectacles atroces et de
scènes révoltantes? Ne voit-il pas que ces violences, ces assassi-
nats» déguisés sous le nom de justice, ne peuvent qu'effrayer
les bons citoyens, les forcer à fuir le séjour de la capitale, dé-
truire entièrement ses ressources et son commerce , et priver
toutes les classes industrieuses des moyens de subsistances que
leur offrent les dépenses et les consommations des hommes riches
qui cherchent la tranquillité et la paix? Ne voit-il pas qu'il sert,
par de pareils excès, les ennemis de la révolution, qui ne peu-
vent manquer de contempler avec plaisir les désordres qui la fe-
raient haïr de ceux qui confondent la licence, dont elle est quel-
quefois le prétexte, avec la liberté qu'elle doit nous assurer pour
jamais? Non, l'administration ne peut croire que ce soient les
habitans de Paris, ses véritables citoyens, qui se portent volon-
tairement à des violences aussi coupables. Une foule d'étrangers
et de vagabonds infectent la capitale. Ils sont payi» pour nuire,
pour troubler tout. L'administration est instruite que l'argent a
été répandu dans le dessein d'entretenir une dangereuse fermen-
tation ; et, sans la continuelle vigilance, les efforts soutenus de la
garde nationale et son infatigable patriotisme , l'or prodigué à
des hommes sans principes , sans patrie , sans autre ressource
que le crime , eût peut-être déjà renversé la constitution qui s'é-
lève. Voilà ce dont le bon peuple de la capitale doit être averti.
Qu'il se sépare donc de ces hommes pervers qu'il est temps de
punir, et qui seront punis, s'ils osent tenter quelques entreprises
criminelles ; qu'il se fie à la loi , et qu'il lui laisse le soin déjuger
ceux qui oseraient l'enfreindre. Si , depuis quelque temps, elle a
paru dormir, si les vols et les brigandages ont été plus communs,
c'est l'effet des circonstances, d'une législation nouvelle, peut-
être moins réprimante, mais plus humaine, et par la plus assortie
à une constitution libre, législation qui, d'ailleurs, n'a pu encore
recevoir toute sa perfection. Cependant, des mesures vont être
MAI (1790) , ^ 141
prises penr prot^r plus efficacement les propriétés des ci-
toyens , éloigner de la capitale les brigands qui les menacent sans
cesse, assurer aux jugemens une prompte exécution > et par là
rétablir la paix , la tranquillité , le travail et l'abondance. Mais
c*est à la puissance publique à prendre ces mesures ; c*est à elle
seule à agir. Que les citoyens ne l'oublient jamais; qu'ils sachent
que rendre y sans pouvoir, un jugement de mort , est un crime ,
et Texécuter, un opprobre. — Fait en THôtel-de-vilte, le 26
maii790.
. M. de Vilas. On se plaint par toute la ville de ce que les pri-
sonniers sont relâchés vingt-quatre heures après leur détention.
. M. Cabbé Gouttes, On est venu chez moi m'avertir que non-
seulement ces brigands sortaient de prison , mais encore qu'ils en
sortaient avec de l'argent.
M. de Vilas» Je me suis approché par curiosité d'un groupe
de personnes qui causaient au milieu de la rue , et j'y ai entendu
dire qu'outre ces brigands, il y avait encore des mendians payés
à âO sous par jour pour mendier.
M.BtùUy. J'ai entendu dire aussi que l'on donnait de l'argent
attx piîstonniers en les élargissant. Un des trois qui ont été pen-
dus, l'a dit publiquement; mais il est aisé de voir qu'il est arrêté
entre eux de tenir ce langage. Ce que je puis assurer, c'est que
pour détruire ces soupçons, le Ghàtelet a pris le parti d'admettre
des adjoints lors de l'élargissement des prisonniers.
M. Pabbé Gouttes. Le commandant du district Saint-Audré-des-
Arcs m'a assuré qu'en huit jours il avait pris deux fois le même
homme. Un autre officier m'a dit la roéme chose. Il faut que les
coupables soient punis s'il y en a.
N Je désirerais qu'on s'occupât defaiire droit sur la de-
mande de la commune , relativement à la mendicité ; c'est le meil-
leur moyen d'arrêter tous ces désordres.
M. Prieur. Le comité de m^^dicité s'est occupé de cette pé-
tition pendant plusieurs séances. On avait dit que les mendians et
vagal>onds étaient au nombre de 20,000 ; des vérifications faites
I4i ^ ASSEMBLÉE NATIONALE.
pair les districts , fout penser que ce noûibre 'h*est ijùè dé Ï5 4
à 1800.
M. VoidéL II convient à tout bon cîtoyeïi de dire Ce qtl*îl à ap-
pris, quand il peut être utile à la chose publique de le faire Con-
naître. Je sais qu'il y a au comité déâ recherches 'dë& iéllr^ dé
l'urln et de Nice, qui annoncent que beaucoup 'de ïnèÂdîans dé
ces villes ont été envoyés à TParTs.
M. Fréteau. 11 serait peut-être convenable de l'ehôu vêler lès
mesures déjà prises au mois d'août. On pourrait ordôhnèf que
sur les ponts des grandes rôute^ , qui conduisent & ^arls , par
exemple , sur ceux dé Pontoîsè , etc. , tfû oîBcîér muntcîpal , ac?*
compagne d'une garde imposante, exigeât des pasëepoi*ts des
voyageurs suspects, et en donnât à ceux qui n'en auraient pas.
Ces passeports seraient ensuite visés aux barrières....
M. Tabn , mertére ^ Châtekt. Il n'est aucuù boA citoyen qui
ne soit vivement affecté de ce qui \iérà dé se ^pUsf^ër. 3é Vais
rendre compte 'des opérations du Cfaâtelet. Une fti^ instrdît dé
l'exacte sévérité avec laquelle la justice 'est rendue , fe (Peuple ne
Isera plus trompé et né se portera pas aux violenoes qu'il'a ^m-
tnises ces jours derniers. On ^ prétendu que le €bft(elet se jugeait
pas tes tx)upabtes, et que même on les rdâdiait en lexÉt domiaiit
^e l'argent. La lenteur a|q[)ar€lkite de <3e tribunal a fdusîewrs
cafoses. Le nombre habituel de tous les prisonmers «tak de ^0;
aujourd'hui il s'élève à plus de 8Q0 Je ne parie pas de la v6r
é^re publique : le peuple, qui voit établir son bonheur futur, ne
l'a jamais plus coun^eusement supportée. Les nouvelles formes
ne permettent pas la même célérité que les anciennes. Autrefois
huit procès étaient jugés dans une matinée; à présent on en juge
à peine deux. Ne croyez donc pas que le Ghàtelet ait eu moins
d'activité : son travail est plus considérable. Jamais le zèle de ces
officiers n'a payé avec plus d'exactitude leur dette de magistrat
et de citoyen. Je dois faire connaître pourquoi les pemes sont
moins fréquentes. Vos décrets ilit suspendu l'exécution des ju-
gemens prévôtaux : ainsi les prisons renferment des coupables
qui ont été condamnés et qui ne sont pas punis. Depuis qu'un
haï (1790) 143
coDseM est donné auK a0cii8é$ , on n'obtient plus id'aveu ; depuis
que les témoins sont pikbiiqiiement imerrogfés, as mettent plus de
retenue dans leurs dépositions. Un Toleur -est aii^té saMÎ dei
pièces de tion dëlh , le peiipte croil qu'il pourra être jcondamiié
dMs éetHL Ms vitlgtMfiiâti^ héultst L^uecusédit que I\>bjet dont
il a été trouYéuMiti M a étéretnis pour foire une eomtnissiéa ^ il
n'y a point de tëmoitas ^ il n'y à tp'un dénonciMeur : jl né peut y
avoil* db jogementi Pbisiburs accise^ étaient retentis; ils présen-
taient des certificats de commissaires de district, et des déstste-
mem de notaires de eampagpie» pouk* obtenir provisoirèméit leiir
libertés La tnultiplieiié d'abtés a hit craindre qu'ils âe fussent
feux* Le Gbàtelèt à pris des prééadtions pour éviter cet inconvë-
nient; et la liberté n'est désormais accordée à aucun prisonnier,
que d'après Texànien d'un Juge assisté de deux adjoints. Je pense
que œ récit 9u£fira pour tranquilliser le peUfrie.Lorsqu'un senti'*
ment d'inju$tiee l'égale ^ c'est à la raison à ié ramener.
L'assemblée ^ordonne l'impression de ce discours.]
— Cène fut pas le seul retentissement que ces événemens eurent
dans l'assemblée. Il en était résulté encore que l'on avait fût un
rapport» sur la demande de Bailly , relativement à des mesures poUr
empêcher Tafflueuce des mendians et des vagabonds à Paris. Ce
rapport avait été suivi de là proposition d'un décret, qui fut voté
sans discussion^ et par lequel , droit était donné à h municipalité
de Paris de délivrer des feuilles de route aux étrangers non do-
miciliés» pour retourner dan^ leur département a^^ec une indem-
nité de S sous par lieue.
Au restp, la pièce suivante servira à juger si l'alarme, qui
sans doute avait provoqué ces scènes, était suffisamment justifiée.
Etat cofÏÏpSF&'Ues déctaratiom de vois et captures faites à Paris
pendant tes thaïs de décembre lliS, janvier et février 1789,
décembre ifW y janvier et février 1790. (Moniteur.)
[Le département de police a ordonné le relevé des déclarations
de vois et captures feites pendant ces diiïérens mois, qui sont tes
plus rigoureux de Tannée, c^ux oii les nuits sont les plus loi^ues^
144 ASSEXBLifi NATIONALE.
et OÙ par cboséquent les vols sont plus nombreux, afia de oon-
naître Teffet des troubles sar la sûreté publique , et la vigitaoce
des officiers diargé^ d'y veiller.
• On remarquera que, dans rancièn r^ime, il y a. phis de cap-
tures que de déclarations de vols. On sait que les officiers4e aô-
reté étaient payés par capture : dans le nouveau régime» il y a
fdua de déclarations de vols : c'est Teflfet des troubles ; et la moi-
tié à peu près de captures : c'est TeKet de la destruction de l'es-
pionnage.
Ce dernier résultat est fôcheux sans doute pour les partisans
de la liberté civile ; mais c'est inévitable. Il feut ou^étre person-
ndlement livré à l'ariiitraire de l'espionnage de la police , ou se
résoudre à mieux fermai ses portes » à connaître les gens avec
qui l'on contracte. C'est au public à dire s'il aime mieux courir
le da^nier que le premi^ danger. Je dois dire que la police
penche pour le pi*emier , qui va droit à rétablir au uioins une in-
quisition stupide et avilissante, pour, foire retrouver à quelques
individus , leurs montres^ leurs créanciers , leurs n^itresses , ou
quelcpies escrpo^.
Déclarations de vok* Captures,
Décembre 1788, 4Ô........ .61
Janvier 1789, 39 ..SO
Février idem, 38. 63
Total 122 176
Décembre 1789, 221 103
Janvier 1790, 161 69
Février ideniy 178 : 89
Total S60 261
Parmi le grand nombre de déclarations fournies pendant les
trois mois les plus fâcheux de Tannée, on doit remarquer. avec
satisfaction qu1l y a peu et même point d'attaques.
Les vols avec effraction aux portes d'entrée* sont très-com-
muns; et un genre assez fréquent est celui de vols de couverts
MAI (1790) 145
à*wrgmi chez les traiteurs , ayec Tusage d'en laisser de caKre à
la pboe ; beaucoup de vols de portrfeuilles : quant au surfrfus ,
vols très-ordinaires.]
c Cependant y dit DesmoaUns , on varie beaueoup sur la vâri-
table cause de ce tumulte , qui n'a point laissé de traces après
loi , comme il n'avait point eu de pronostic et d'avant-eoiirairs ;
la cause en est difficile à fixer. Est-ce l'ivresse ou le désoeuvré-
ment» suites naturelles des fêtes (la Pentecôte)? est-ce à la fier-^
menlation des têtes, suite des attroupemens du 22 , au sujet de
la motion de Mirabeau, fermentation qui ne pouvait manquer de
faire son effet et de ]^oduire une explosion quelconque. J'ai ouï
soutenir par aucuns que c'était une sédition feinte. On voulmt ,
disaient ces observateurs , donner le change au peuple » et dé-
tourner sur les voleurs et le Cblteiet les rc^rds ut>p curieux
qu'il attachait sur quelques membres suspects de l'assemblée na-
tionale ; on voirait montrer au peuple une image des désordres
d'une démocratie absolue et effrénée, et lui £aih*e d^rer les
avantages d'un pouvoir ei^écutif suprême qui aurait la plus
grande force coêrcitive. Ce qu'il y a de certain , c'est que ceux
qui ont vu le peuple qui oonq)osait l'attroupement de mardi sur
' le quai de la Ferraille , disent n'avoir jamais vu de représentans
de la nation si dégueniOés, Laissons au temps à dévoiler les
. manoeuvres qu'on soupçonne , et à démasquer les traîtres , ou
\»m coiifondre les calomniateurs.
» Je ne veux point ici accréditer les bruits qui se sont i*épan-
dils sur les ravages qu'a faits la irruption dans l'assemblée na-
tionale; quel besoin ai-je de recueillir ces bruits vagues, et qui
n'ont point d'auteur certain? quel besoin ai<je de suivre les dé-
putés dans le secret de leurs maisons, au milieu des ténèbres
dont se couvrent les conjurés, et daps les souterrains de l'in-
trigue? Faut-il pour asseoir sur eux un jugement, d'autre chose
que leur opinion. Entrons dans l'assemblée nationale: écoutons
leurs discours dans la célèbre discus^on qui a consumé toute la
sanaine. La diose parle de soi. En entendant telle motion , les
citoyens éclairés pourront-ils ne pas être aussi certains de la vé-
116 AfiSJlfillilfc IfAttONALB.
naUté déroraièiir , qlie s'ils Iht nvftieiit va aiiâ|kèi* l'dr dSè ^
, lippe de iettrs propres yeiil. Nôb , la scparâtlbtt des bobs et dès
mëchans n'aurait pas été mieux établie par Tànge dans là tàttêe
- deliriaphat ; qMb séparation des blancs et des noirâ ki*à été faite
ttaps l'isBetnblée natiobale par cettH discaSjnon.
> Pianoat le petit nombre est eeliii dèi élas.
- » Ta as beau me dii*e <}uè tu n'as pas été coirrbifapà » qtte tu
- n'as pas reçu d'or , j'ai entendu ta motion ; si tti ^ as re^; Je
* ke méprise; ai oa n'en as pas reçu, c'est bien pis; jb t'a! en Wr^
< ireor* > {Bébêtutùna de France et (te Brabant^^ n* â7.)
Au reste , l'opinion suir la conversion de M. le comte de tti^
. beau, et d^ ceUe de quelques itleiiAres obscors , et sur leurs Mh
' tife, était, ^nérale. Cependant les amis de ce gi^iid oi*ateiir
chercfaaient à le justifier : 9s disaient qull h'était ^s Pautéàr du
• disons qu'il avait lu à la tribune, et qu'avant d'^moikter il n'avait
prisconnaissanœqûedudécret qui te lehttf nait. P^ildant cetéropâ ,
Mirabeau louait un bôtol et prenait uu ttiaip de maison. HfSàîsait
imprikner son disoours, oiais il y changeait un graâd nombi*è de
passages. Ce disieours , ainsi modifie dans le sens iUémé dà U«^
cret voté par l'assemblée^ el dans le sens de Topinion qui àVaSt
irsomphéy cdie de Barnàve, firt, pai* lui , etivoyé & touS les àià-
iHinistrateurs de dëpartemens, avec une lettre oâ il se pla%nait
amèrement des accusations portées contre lui ^ et quil retournait
contre ses antagonistes de l'assemblée « prétendant qu'il y avait
un parti payé pour calomnier les meilleurs patriote^, et jeter le.
trouble en France. Il résulta de là que M. Lameth publia une
brochure ayant pour titre Examen d'un écrit inlitulé dUcourg et
né^dique di^ cotiue de Mirabeau, £n voici quelques extraits.
On nous pardonnera de nous occuper quelques instans d'un
bomme qui joua un si grand i-ôie dans le commenoen^ent de
notrerévolution.
, c M. de Mirabeau» dit M. Lameth» vient de publier Son dié*
cours et sa réplique à l'assemblée nationale sur l'exercice du
droit de guerre et de paix.; il y à joiilt utae lettre d'enVoi ani^ ad-
ministrateujrs.des départemens.
.i
Mil ^1790) 147
9 Sr M.'âë Mirabeau se fât borné h défendre ses opinions , si
iâéitie à eût seulement entrepris de donner le change au public
%ur te système qu'il dv'ait adopte } s'il s'en était tenu à changer
dans son disoeurs toutes les phrases, toutes les expressions qui
caractérisaient sa doctrine , on aurait dà lui laisser cette consola-
tion y et ceux qui l'avaient combattu auraient dû se trouver satis-
ftits, en voyant daiis sa nouvelle version l'aveu formel de l'ei^
feur qu'il avait commise , et lé retour aux principes qu'on avait
apposés à ceux qu'il avait d*abord soutenus.
» Ils auraient dû le faire: ils l'auraient fait; car, forts des
princi))es qu'ils ont professés, et des occasions qui s'offrent
^que jour dé les manifester encore, ils ont vu sans itiquiétude
tous les artifices pratiqués pour égarer ou pour eml)arrasser To-
pinion publique: des libelles multipliés et répandus avec profu-
sion , le changement subit qu'on a remarqué dans le tangage de
jplusieurs journaux... Persuadés que dans un pays libre, au mi-
lien des assemblées publiques, on ne peut être perdu que par
ses fautes, on n'est jugé que sur ses actions, ils ont mis toutte
tettr sécurité dans la persévérance de leurs principes....
9 Bbis pourquoi se permet-il (M. de Mirabeau) de publier ,
d'adresser aux départemens un manifeste contre des hommes
âû![quelsil ne peut reprocher que d'avoir pensé, que d'avoir
soutenu qu'il présentait un mauvais système?... Il (^t impossible
de-hrisser sans réponse une dénondation pubK(|ue On dofit la
vérité an caractère public dont on est revêtu; on la doit avres-
l^xeet dé l'opinion pdsiique qu'il n'est point permis de négliger;
on la doit à ia nation pour qui c'est un intérêt paissant de savoir
eit qui sa eoûfiance est justement placée.
> Dans l'ouvrage qu'il vient de publier, M. de Miral^eau s'et
ftrœ d'étaMîr , comme on l'avait fait dans plusleuns Lbelles et
dans qoelques-ans des papiers qui l'ont défendu, que ledissen-
'tiBient élevé entre les membres du paiti populaire portail sur ce
point de la question : Le roi doit-il participer à Facledu pouvoir
fSgisbiîf par lèqud la guerre sera décidée? Selon lui, c'était i}ja
|râQi|ie.v«V(|r9iaUdmeBt rïeeûiinii* que. 1» décision dete gierrQ
148 AâSEHBLÉE NlTlONALE.
apparlenail au pouvoir législatif; mais» à Tenteodre, il demain
dait que le roi prit part à l'acte par lequel elle serait dëcidëe, H
ses adversaires voulaient qu'il en fût exdus. Il est faux, il est
absolument feux que ce fut là le point de la dissemîon....
» II est tellement faux que M. de Mirabeau ait eu besoin de
combattre pour obtenir au roi la participation dans la décision de
la guerre^ que M. Pétion de Villeneuve ayamt parlé un des pre-
miers, avait établi et développé la nécessité de son initiative, et
que la plupart de ceux qui avaient parlé après lui s'étaient réfé*
rés à son décret.... ^
> Quant à son projet (de Mirabeau) d'exclure le corps^l^ps-
latif du droit de décider la guerre^ on lui citera tout ce qu'il a
dit avant la séance du 22.
y Dans la séance. du 20, il lut à l'assemblée son discours et
son décret.
> Le même jour , la question toi discutée dans le dub des ia**
cobins. M. Bamave posa en fait que M. de Mirabeau excluait le
corps-législatif du droit de décider la guerre, en la confondant
avec les hostilités.... ;M. de Mirabeau reconnut frandionent que
M. Barnave avait éuibli le vrai point de la difficulté. ..*• Et M. de
Mirabeau termina en disant : Cest sur ce terrain'là que nou» natu
biatrons demain. Plus de trois cents personnes éuiient présentes
et peuvent attester ces faits...,
» Pour attaquer l'opinion qu'on s'était formée des principes
professés par lui (Mirabeau), à la séance du 20 mai, le moyen,
non le plus loyal sans doute, mais le plus efficace, eût été de
changer son discours à l'impression , s'il n'en eût pas existé on
monument authentique. Mais, lorsque chacun a dans les mains
la pièce de comparaison , lorsque le jourioal , le Mùniteur , offre
la transcription exacte et littérale du discours prononcé par
M. de Mirabeau , lorsqu'il sait que ce discours a été transcrit sur
son propre manuscrit (1) , altérer aujourd'hui ce discours , y
(1) Lettr«dell. adellarcU)y,rédacteurdajonniiUeiir9ii^«iiràll.Tli^
doi'eLamelh:
«^ renoQveUe A Bf. T. LauieUi rMinniDCe que M. 4e JOrab^u )'«l«é
MAI (1790) ii»
chaîner précisément et seulement les phrases ou sa doctrine
était enset{;née» y substituer cdies qui sont propres à caractéri-
ser une autre doctrine , je ne m'explif uêrai pas sur la nature de
ce procédé ; mais je dirai que c'est prononcer soi-même raveu
de sa propre condamnation. • • • »
A Tappoi de cette accusation y M. Th. Lameth fit imprimer en
regard les deux dis(X)ur$ de Mirabeau : celui qui avait été inséré
au MomteuTy et que nous-mêmes avons donné, et celui qu'il avait
corrigé et envoyé aux départemens ; il marqua les différences en
italique. Nous croyons devoir faire connaître les principales al^
térations, en les accompagnant des remarques de M. Lameth.
Piêcomrt 4e Mirabea» ftrononcé à la DUcour» que Mirabeau envoya eamime
tribune et inUré dam le Honitear» authentique dans tous iee départe-
mens,
« Si TOUS décidez cette première * ^^ ^^^^ décides cette première
iinestioQ en faveor du roi , et )e ne Qoe^tion en fatenr du roi , et je ne
sait comment toos penrriei la déci- ***■ comment tous pourriez la déci-
der antranent sans créer dans le ^^ autrement sans créer dans le
JDème royaume deux pouvoirs exé- ™^™® royaume deux pouToirs exé-
cntift, TOUS êtes contraints de recon- ^^^^^ "^^ ^^ contraints de recou:
naître , par cela seul, que ta force pu- ^^^^ ' P»' ^®'* ^^ > qw souvent une
blique peut être dans ie cas de repous- A»'*»"*^ hosiUité sera repoussée ayant
une première hostHUi avant qne le ^® ^® corpslégislaUf ait eu le temps
ooips-l^islatif ait en le temps de *® manifester aucun vœu, ni d'ap-
manifester aucun tobu, ni d'appro- P"*attonnid'improbation:orç«'M*-
telion, ni d'improlMtion : qu^est-^ ce qu'une première tioslilité reçue être-
f»0 repouuer une première kœtiliti, si '^"*^ ' " ^ "'*** «** ^^' ^ ^"^"^ •
€$ n'est eammatcer la guerreT{a)M non dans la volonté, mais dans le
fait {a)h
(a) c Ici commencent les changemens pour déguiser le système
par lequel M. de liîhibeau avait attribué au pouvoir exécutif le
dffimt de décider la gnorre , en la confondant avec les hostilités.
D^ron voit qu'au moyen de cette confusion , il lui attribuait le
pouvoir de commercer la guerre ; la suite ne pourra laisser aucun
doaie sur ce sysiteie. >
« Hé bien , par cela seul , la - c... Hé bien , j*en conclus que par
: tuem existe, et la nécessité en a cela seul , la guerre existe , et que la
srnii a envoyé son discours , et que c'est sur le manuscrit qu'il nous a fourni
ga'on l'a imprimé l/ff^ralemeaf dans le Moniteur ; il est également Trai que
WL de mrabeao mo» • «nwyé directement sa r^ique , Inanimée aussi Ut-
lirakoieiit. signé , IL wt Makilltc»
180
ÀSSEHKUiE NATIONALE.
nécessité en a donnô le sif^nil. pe là
il résulte que , presque dans tous les
cas, il ne peut y avoir dé di^iMfa-
tion à. prendre que pour savoir s/ l'on
donnera suite à une première hostilité
c'est-à-dire si Pêtat ée.gmrre devra
être constitué [b]. Je dis presque dans
tous les cas ; en effet , Messieurs , il
ne sera jamais qucsUdn pour des
Français, dont la constitution vient
d'épurer les idées de justice , dé faire-
ou de concerter une goerre oi^nr
sive, c'est-à-dire d'attaquer les peu-
ples voisins lorsqu'ils ne bous aftîfci
quent point P/in$ cette suppo^(m
sans doute la délibération devrait
précéder même les prépùratift ; mai»
une telle guerre doit être regardée
comme un crime , et J*en fprs|l rp|>n
jet d* un article de décret.*
•
{b) f Dans le premier discours, le droit du corps-législatif se
bornait a délibérer sur la continuation de la guerre; aujoiirdi*hiii
c^est lui qui la constitue. >
(c) c Donc vous pensiez alors qu'elle n'était pas nécessaire dans
les autres cas , tandis qu'aujourd'hui vous voulez seulemeilt que
les préparatife puissent la précéder.^»
donné le signal. De là Je conclu» que
presque dans tous les cas, il ne peut
y avoir de délibération à prendre
que pour savoir si la guerre doit être
continuée [b). Je dis presque tans
tous les cas ; en effet, Messieurs» il
ne sera jamais question pour des
Français, dont la constitution vient
d^épurer les idées do justice, de faire
ou do concerter u^e guerre offensive,
c'est-à-dire d'attaquer les peuples
voisins lorsqu'ils ne nous attaquent
point : dans ce cas sans doute une dé-
libération serait nécessaire [e); mais
use telle guerre doit être regardée
comme un crime , et j'en ferai Tob-
)et d'un article de décret*
« IVe s'agit-il donc que d'une guerre
défensive où renncmi a commis des
hostilités? voilà la guerre lott^ sans
qu'il y ait encore des hostilités, les
préparatifs de l'ennemi en annoncent
le dessein ? déjà, par cela seul, ta paix
n'existe ptu^ , la guerre est commen-
cée (iQ.»
« N^ s'agit-fl donc que d'une gnerve
défensive où l'ennemi a commis des
hostilitt!» ? etnùus voità éem» un tttà
passif de guerre , où , sans qu'il y ait
encore des bostiUtés, les 'préparai ifii
de l'ennemi en aononceot le dessein?
déjà, par cela seul, la paix étant trou-
blée, nos préparatifs de défense devien-
nent indisfiemaHes^
(e() i lei le système est clairement énoii0ë:ia gàmrcM
mencée sansqu il y ait eu aucune délibération du corp&4égsisI(âif:*
« Mais quoi , direz-vous', le corps
législatif n*aura-t-il pas toujours le
pouvoir d'empécber le commence-
ment de la guerre [e] ? Non , car c'est
pomme si vous demandiez s'il est un
moyen d'empêcher qu'uie nation voi-
sine ne nous attaque ; et quel moyen
prendricz-vous?»
« Mais quoi, dircz-vous, le corps-lé-
gislatif o'aura*4;-u pa« ' tonlofo» le
pouvoir d'empêcher le commence-
ment de l'état de guerre {«)? Non, car
p'est comme si vou)^ demia^djieK ^{1
est un moyen d'empêcher qu'une
nation voisine ne noiis attaque; et
quel moyen prendriez-vous>»
(e) f II est à remarquer que M. dé Merabeau , efi ohangeanl 4e
syftjiiiiç, d. p«1aiil€|iaiig[é ees mots, la^uerre^ en enDHQÎ : Térof
de ^ufrre^ cjul, (Jaiis le sens (jii'il leur donne, ne signifient ^ijirg
cfcose que les hosctlitës. » >
«-.•.. Hais les hofltlHtés commen- « Mais les hostilités commcn-
c«6l-ei1es molas entré deux vais- ceni-enèsDioinsentrèdeûtiVâfisseàuk
sraox qu'entre denx escadre» ? Viîat qii»entre deux escadres ?%a^s ne "sè-
pevnmnM de ht marine et dé l'armée • rèz-yoas pas fo^és, etc.» '^ * *
ne suffirait-il pas au besoin pour corn' "^ '" '
wkeneer la guerre {f)? Hais ne serex-
^mif pas forcés , etc.»
if) f Popc^ dans votre premiq' systèoiç, le pQuyQH" exéçiîtif
ppuyait comoiçncer la guerre, ^t n*avaif besoio d|i corps-lé^î^^-
tif qm Iofsqa*U lui Êill^t ^es fpiid? pour augmenter ou ^utenir
r^fatdesesfofc^?»
« Li seconde mesure est dVmprou- «La seconde mesnre cet d'approu-
ver la guerre [g] si elle est inutile ou ver, de décider Iq f«inT«J[ry sf ^.ft|t
injuste , de requérir le roi de négo-
cia la p«ix , et «te |^ fwpçor Pli nî.fu-
sant I«f lonAl. VfM)<t> l^ftieiirs» 1«
valable droit du corps-l^Bislatif.
f
nécessaire ; de TimprouTer si elle est
infiUlp (^q \nm\j^. ; 40 f egi|«^çjjr le rj i
de nOffocler la psjix , et ^e Vy Cpifçcip
en refusant ks fonds. Voilà, mes-
L^ptii^ofr^. alpr^ pç ^|i^ pas cop- ftieurs, le Térila|>]e droit du cpjps-
fondûs ; les formés des divers |rou- législatif. Les 'pouvoirs ijîons Ae sont
Tcteenenft pe stfiit pM.^«liiiv, et, Pf«<îj#fjiaf^|s,.}p^^^«^'^e8^q»,
eofis tofnber dan^ l'inconvénient ^ gouyc^rn émeus ne sont pas violées, et
fbii^ déHbê'er sept cents personnes ftntérèè'u'itiÂnlàlestcjot^sèM'.» '' '*
êmitfpaé^ousurla gkfrretce.q^i , ».
certainement n'est pa^ sans de gran^
éan^érs,' ainsi que Je le démontrerai • '■ r:::
M9i«4}tw,^'lti^ir«tj^r^«^4^]^ .;
ment conservée
r.
■ » • •<
A.
it < ntJs^ ••'"•
Xi
' «'*
(g) c Dans l'ancien système la guerre est commencée; {e ffiifr.
Toir l^slatif n'a que le droit » presque toujours illusoire de la
fms <mm ; 4ws |Ç wm^t^ ,§ystêpie jl juge |i la guferre est pé^
eèssaire , il la dMée. »
... 5. ,
(A) f Ici H n^ peut rester auéun doute ; il fa«rt que M. de Mira-
btttu M« Mokr proMucé ees poroli^ , 00 qu*tt îiii>'0ii$i qi^'il p.ç you^
If)i^ jpj^§ quç 1^ fiorps-lpçislatif delibërâtsur la ^crre. Il a À
bieif seMi que ce passage pnés^ait contre lui i^ ^J^ff^m^t
.Sîiws rç|i^'que, qu'il fj*a Jrouyé d'antre moyêtj qije de le supprî-
rter. »
isa
ASSEMBLÉE NATIONALE.
«An ro«to( Ilè8«leim, lonqne |e
propose de faire improuver la gaerre
par le corps-léglslatir, tandis que |e
loi refuse le droit exclusif de faire la
paix ou la guerre , ne croyez pas que
f élude en cela la question , ni que Je
propose la même délibération sous
une forme différente. // e$i une nuance
trèi-êenêible entre improuver la guerre
et délibérer la guerre (/) ; tous allei
r apercevoir. L'exercice dudroit,etc.»
> An reste, Hèssleiirs» lorsque te
propose de falren^^mNiver ou /mprv»*
ver la guerre par le corps-législatif,
tandis que je loi reftase le droit excln-
sif de délibérer la paix on la gaerre ,
ne croyea pas que J'élode em cela la
question, ni que je propose la même
délibération sous une fotme diffd^
rente. L'exercice du droit, etG«»
(i) f Certes il existe une nuance très-sensible entre ces deux
choses: vous vouliez la première , et nous voulions la seconde.
Vous vouliez borner le pouvoir législatif au droit illusoire d'im-
prouver la guerre déjà commencée, comme vous Yaie^ répété
plusieurs fois » et nous nous voulions qu'elle ne pAt être corn*
mencée sao» un décret du cocps-l^latif , comme l'assemblée na-
tionale l'a décrécé. >
«.... Faire délibéret directement {Vf « Paire déUbéver exclrnive'
le coips-l^gtslatlf , etc.» nient [à) le corps léglélallf , etc.»
' . < .r. I- ,■ •
(k) € \Q^i ne djj^iq; pas, au ^ niai , exclusivement , mais £reo
tentent. Voos saviez M«» «dors que la question n'était pas de a»^
voir si le corps-législatif dém)érerait excbmvemerd sur la guêtre,
mais s'il en délibérerait direetemem; c'est-è«dîre si , conMne nom»
le voulions, il délibérerait sur la décisioa de la guerre; ou si,
comme vous le vouliez , il délibérerait seulement sur roctroi de
l'impdt, et pour témoigner 9on improbation sur une guerre déjà
côtnmencéel » *
«^••. Ce sentit choisir, entre les deux
délégués de la naUon , celui qui,'
quoique épuré sans cesse par le choix
du peuple, par le renouTellement
continuel des électioiks^ est cependant
le moins propre, stà* une telle matière,
à prendre des déUbérationi utilei (I).
Donner au contraire an pouToir lé-
gislatif le droit d'examen, d*impro-
bation , de réquisition de la pail , de
poursuite contre un ministre coupa-
ble, de refuser des fonds, c'est le
faire concourir à l'exercice d'un
droit national par les nioyops ^qui
«.M. Ce serait cboifir, entre les denx
déi^Kuës de la nation, celui qtii,qaoi-
que épuré sans cesse par le choix du
peuple, parle renouTeUement conti-
nneides.élections, nepeuiceftetfdÊmi
prendre seul, et exclusivement de i^au'
ire, dm dêOMrmti^nM mHk$ mr mtiê
matière» Donner, «u contraire,. au
pouToir le droit de délibérer par forme
itmpprobation, d'imprebatton, deié»
quisition de la paix, de poursuites
contre un ministre coupable, de re>
fus de contributions, c'est le faire
concourir à l'exercice d'oa droit na-^
MAI (1790)
1S3
tant propres à la nature d'un tel
corps , fest-à-^dire par U poids de. son
inflaenee, par ses soinSt par sa surveil-
Umee, par aon droit exclusif de dispo-
ser, des forces et des revenus dei'Hatf^],
» Cette différence, elc»
tional par les moyens qui appartien-
nent à la nature d'un tel corps (Q.
■Cette différence, etc.»
(/) c II ne s*agissait pas alors de savoir si le corps-législalif dë-
Itt^reraît seul et exclusivement sur la guerre , mais lequel des
deux délégués était le plus propre à en délibérer, et H. de llira*
beau ne pensait pas que ce fût le corps-législatif.
(m) c Ici M. de Mirabeau explique clairement en quoi consis-
tait le concours tardif, illusoire, inutile, qu'il accordait au corps-
législatif dans les déterminations sur la guerre; nulle délibération
directe , nulle part à la première décision. >
« La troisième mesure du corps lé- «La troisième mesure du corps-le-
liflUtlf conslsie dans une suite de gislatif consiste dans une suite de
moyens que j'indique pour prévenir
tes dangers dé la guerre en la surveil'
iaiU^ et je lui en attribue le droit.»
« La quatrième de requérir, toutes
les fols qu'il le Jugera convenable, le
pouvoir exécnUf de négocier la paiiu «
moyens que j'indique , et dont je lui
attribue le droit
» La quatrième , même après avoir
approuvé la guerre , de requérir, ton*
tes les fois qu'U le jugera convena-
ble > le pouvoir exécutif d^ négocier
H B»U.
^ • Be çe.qu'il peut y avoir des dàn-
ifers à faire délibérer la guerre par le
corps - législatif , quelques person-
nes, etc.»
. ji Pe ce qu'il peut y avoir des dan-
gers, à délibérer la guerre, directe-
ment et exclusivement {fC^ par le corps-
législatif, quelques persoqnes, etc«
(n) c Ce changement et les deux précédens confirmei^t la dif-
férence entre les deux systèmes de M. de Mirabeau. »
«..•• Découvrirez-vous, par des dis-
cussIèBAioIenBèllesles motife secrets
qui vous porteront à faire la paix ?
downerez-vous ainsi la mesure de votre
farce ou- de votre faiblesse (<^; et votre
loy^nté vo^s fit-elle une loi de ne
lien dissimtder, forcerez-vous ainsi
^' enfoyés deafoIwAiices eonemles
H réclat d'une discussion ?
»Je distingue donc le droit derequé-
rir le pouvoir exécutif défaire la paix
tf oa ordre donné pour la CQnclQre,et
Découvrirez-vous dans des
dlBcnssioDS solenneUes, provoquées
par un membre du corps-législatif [o)
les motifs secrets qui vous porteront
à faire la paix, ce qui souvent serait
te moyen le plus assuré de ne pas l'ob"
tenir? et lors même que nos ennemt»
désireront la paix comme nous, votre
loyauté vous fit-elle une loi de ne
rien dissimuler, forcerez-vous aussi
les envoyés des puissances ennemies
à l'éclat d'une discussion ?
» Je distingue donc le droit de re-
quérir le pouvoir exécutif de faire la
paix d'un ordre donné jfour ia oon-
IM
ASSEMBLÉS NATIOIULE.
de l'fxerclee ni^me du droit de faire
la paix ; car çst-il une autre mauière
de remplir Tinlérêt national que
celle que je proposePLorsque la guerre
est commencée, il n'est plus aupou-
TOir d'une nation de (aire la pa|x;
l'ordre même défaire retirer tes trou-
pds' arrélera^-t-il l'ennemi? Fût-on
dispos^ à des sacrifices, sait-on si
des conditions altérées ou exagérées
pçr notr0 propre ministère ne sexoot
pas tellement onéreuses , etc.»
dure, et ûeY exercice exictusif An droit
defaii*e la paix; car est-il une auf(9
manière de remplirrintérêt national
que celle que je propose ? Lorsque'lli
guerre est çomniencéé , il n'est pliuf
au pouvoir d'une nation ({e faire la
paix ; l'ordre même de faire retirer
les troupef arrêtera- t-i) l'enoemi?
Fût-on disposé à des sacrifices, sait-
on si les conditions né seront paftte^
lemeot Qs^érenses, etc*»
(o) c loi If. de Uirabeai) cherche clairement à dpiiQçi: ]ç
cjaqge si|r sod système. Il refusait aii corps-législatif Iç 4coit dç
délibérer, dans la crainte de donner publiquement la mesura
d^sa force et de ^a faiblesse ; aujourd'bMJ il ^ t)orn^ 4 llli f|^u*
8er l'initiative, parce que^dit-il^oe serait sonvenl le moyen U ptm
assuré de ne pas obtemr la pair, Qonp il flépk^c^ Iq polo^ (je ^
question } il feint de n'avoir demandé que l'inîtiaftive pour le Foi ,
tandis qu'il excluait I§ ^orp$rl^islat;if ((e flélîbef er# ?
«.... Et dès-lors commekit un souI
homme, comment un roi, uffaltMiiT-
trç POurraTt-l) êtrf^'oraane 4e 1? ^P-
lonté de tous ? Gomment l'exécuteur
de l'a votoWtéfénëraléponrrâ-t-ft^tte
eu même tëiDips l'organe de cette iro^
Joniè'yf^oità sans douté des objections
Ifièà fprttsx lié bien, desab^Ukfiègy'Bes
ip^fLfiiffes rn'ont p^rif devoir çé^r ^
dès considérations beaucoup plus for-
tes (p).» • . . i
«.... Et dès lors comment un seul
homme , comment un roi , im mlnis-
trç pwn-a^jl.^tr^ l'Qi^i^i^^ flç la^Or
lonté ô^ tous ? Gqmmemjt l'exéciUeor
de la volonlégénéralepourrâ-t in^itre
en même temps roréane de cetteviS
lontu? *
» Je ne me sols, etc.»
(p ) c II y avait , disiez-yous, des ob^thru èkn farte» eemra h
^èlèg^xm au pouvoir eitécutif, eX cepoQdfjnf jelles ypujS pareil:
saîent devoir céder à des comidér^uiom beaueùitp plus fûrêes^ el
qui vous décidaient contre Je ppuvoir Ie;gfsJ[.aïî)P,!^sttjç p|ij^^ 4^
décisive pour expliquer votre premier Afs^meràOBsi V^rcB^cm
supprimée. »
« ^xamipons si les moyens que l'on
mropbse pour écarter ces dangers
i]?en feront pas naître d'autre? non
. « Hé bien, Iffessienrs,, discutas cet
oibjectioiis, examinons silf» moyens
ïm (1790) m
moins funestes, non moins redouta- dangers n'en feront pas naître d'au-
1^ à ia libcrCé publiiruc, très non moins funestes , non moins
redoulabi«*8 à la liberté pnl)M<Iue.
» Je ne dirai qu'un mot sur Us prin-
cipes. Sans doute le roln* est poiniVor-
gane de la volonté publitfue ; mais II
n'est point étranger non plus à l^tst-
pression de cette volontés Ainsi, 4oréif'm
' Je me borne à demander ie concours des
deux délégués de la nation, je suie
parfaitement dans les principes eorât fi-
tutionnels.
■ Et d^abord je Tons prie d'obser- »D'un autre côté, je vous crie d'ob-
Ter, etô. server, etc.»
i » Bmarques^ d'a^U^vs gu» ç$ p^nt
de vue est étranger à mon système.
Ceux-là doivent répondre à Fûbjeetlon
.; d^nçqmp<jlfibim,fllU^lUentattrMffer'
\ exclusivement au roi l'exercice du
droit de la paix et de la guerre ; »tftt-
ce système Je le combats avec tous les
boni »ii^yens. Qn porte d*m 4m^ «^•
I cimif^ 4ti Je it4t par^ ^tfc ^m ^fpn-
«Voyons maintenant le danser de
••* cfiaque système* ■•
• Je vtous lé demande, etc.» . jbvo^ledcfliande,etc.»
(f) « Gstte âdiiitioB et là pnéeédente oot pour o|)jet 4e cb^^g^P
1§ sens do concours que Hf. de Mirabeau attribuait au corps-lé-
gtetolfr: tfëtatt, coBHne qu ¥ù v» dans pkisi(eur3 pas^^s, la
mrveUlançe, roclroi de nmpdt, la foculté de lémàigner son îm-
protetion. Il wiidrakipfTOuaderattjDUFd'liBi que c^'iiak lev^aôU
di) ié}iT)ërer sur la dédsîbn de^^^ . ', .. . •-. i,
:*•:... €etfs»wns-9M»:«» PWf a$ ifc.,.Oroy«a^v«o»cï»edopjtfetisiit»
■MttTemeos , si famais vous délibéra vemens, si jamais ie ^^^''^jJ^J—^
iW<fefàyB«m!(r), rie vous porteront délibère d^eàte^it*' 4* ^**»*^**^
9ft8 è de»8mim d^astfeostp, Qtqàe ment{f) , ne votts portefdn*«|^s= à-dt»
Y*«s ne corflOndres pas ïo conseil da guerres désastreuses , et que von* ««
ennmge atec celui de rexpérfwce» confondrez pas le conseil du courage
Pendantgue vouê^éUm^é€ (S) oiV^i^ avec celui de rexpérience ? Pendit
mandera la guerre 5 grands cris,etc.» Q^'un des membres proposera tledéli-
I ; . î ' ' î : . f: ^M • ;^ïfir (4) on 4pinanitem /a ijwç^e à
grands cris, 9tc.» .
(r) € Doijc, vous pe vouliez pa$, le 20 jnaijflu^ le corps-Jeçis-
l-^tif^Wéràtsurla^^^^^^ • ^ . Z. . . ; .. . . .. .
js) j Nouvelle tentotive pour /lép^a^^er.le In fjuestioD ,
156 ASSEMBLEE NATIONALE.
en fskissmi croire qu'il ne refusait au corp6plég[isIatif que l'initia*
tive, lorsqu'il lui refusait la délibération. >
«Voici ûe» considérations 6{e}i plus
iniportantes. Gomment ne redoutez-
TOUS pas, messieurs, les dissensions
intérieures qu'une délibération sur
la guerre, prise par le corps-législa-
tif, pourra faire naître et dans son
soin et dans tout le royaume? Sou-
Tent , etc.»
» Voici des considérations plus im^*
portantes. Gomment ne redoutez-
TOUS pas, messieurs, les dissensions
qu'une délibération inopinée sur là
ipierre, prise sans le concoure dm
roi (f) par le corps-législatif, pourra
faire naître et dans son sein et dans
tout le royaume? SouTent, etc.»
(t) c Le premier discours condamne indistinctement toute dé-
libération sur la guerre prise par le corps-l^islatif » le nouveau
n'improttve qu'une délibération inopinée^ frise sans le concùifin
du roi. Ici se trouve» dans le rapprochement le plus saisiblet
la différence entre l'ancien et le nouveau système de M. de Hir»-
beau. >
...... Ou prouTera trôs-bien dans
la théorie que le pouTOir exécutif
conserrera toute sa force si tous les
préparaUb, toute la direction, toute
l'action, appartiennent an roi, et si
le corps-législatif $e borne à dire :
Je veux la guerre ou la paix (u); mais
montiez-moi comment le corps re-
présentatif, tenant de si près à Tac*
tion du pouToir exécutif, ne fran-
chira pas les Umites presque insen-
sibles qui les sépareront. Je le sais ;
la séparation existe encore. Faction
n'eot pas la Tolonté ; mais cette ligne
de démarcation est bien plus facile à
démontrer qu'à consenrer; et n'est*
00 pas s'esqppser à confondre les pou-
voin, ou plutôt n'est-ce pas déjà les
cantendre en Téritable pratique so-
elAle , que de le^ rapprocber de si
pvès?
«... On prouTcra très-bien dans U
théorie que le pouvoir exécutif con-
servera toute sa force si tous les pré-
paratifs, toute la direction, toute l'ac-
tion , appartiennent au roi , et ai ie
corps-^législatif a seui U fCrocY exclusif
de dire: Je veux la guerre ou la paix{u^ ;
maismôntreç-moi comment le coipo
représentatif, tenant de si près à l'ac-
tion du pouvoir exécutif, ne fran-
chira pas les limites presque Insensi»
blés qui les sépareront. Je le sais; la
séparation existe encore; l'actlOB
n'est pas la Tolonté; mais cette Ugns
de démarcation est bien plus facile
à démontrer qu'à conserver ; et n'esl-
ce pas s'eipwer à coafOAdfe les pou-
voirs , ou plutôt n'est'ce pas àé^k las
confondre en véritable pratiqueriez
otale, que de les rappiecher 4e si
ptèêlN'eêt'Ce pas d^aiUeurê nous éear*
ter des principes ^ae noire consiitsh
tion a déjà eonsaerésf»
(tt) c Nouvelle preuve du changement de système. Dans le
premier discours M. de Mirabeau refuse au eorps4égi8btif la
simple faculté de dire : je veux la guerre ou la paix; dans le nou-
veau discours il lui refuse seulement le drok exclusif de dire : Je
veux la ^u^rre ou la paix. Dans le second dÎMMirs il s'appuie air
■AI (1790) ISf
les prindpes déjà consacrés de la constituiion ; dans le premier il
paraissait convenir que la théorie pure était contre lui. »
.«Ba^ giar rapport aa roi,. par
nqiport à tes saccessenn, quel sera
Tcânfet inévitable d'une loi qoi con-
centrerait dans le corps l^slatlf le
droit de faire la paix on la ipierrc ?
Foor les rois faibles la priration de
l'antorité ne sera qu'une cause de dé-
couragement et d'inertie; mais la
dignité royale n'est-elle donc plus
an nombre des propriétés nationales?
Un roi environné de perfides conseils,
, nese Toyant plus régal des autres rois,
se croira détrôné ; il n'aura rien per-
^, car ie droit de faire tes prépara^
tifk ée la giÊerre egt le véritable exer*
eUe du droit de ta guerre (o); mais on
lui persuadera le contrairo ; et les
choses n'ont de prix , et jusqu'à un
&rtain point de réalité, que dans l'o*
plnton*»}
«Enfin, par. rapport au roi, par
rapport à ses successeurs, quel sera
l'eCTet inévitable d'une loi qui con-
centrerait ea;c/<isitiein€iif dansle corps
législatif le droit de faire la paix on
la guerro ? Pour les rois faibles la
privation de l'autorité ne sera qu'une
cause de découragement et d'inertie;
mais la dignllé royale n'est-elle donc
plus au nombre des propriétés natio-
nales ? Un roi environné de perfides
conseils , ne se voyant plus l'égal des
autres rois, se croira détrôné; il
n'ourdit rien perdu gufon lui pereua-
derait le contraire [v), et les choses
n'ont de prix, et Jusqu'à un certain
point de réalité, que dans l'opinion.»
(v ) c Ici 9 comme sur les hostilités , M. de Mirabeau cherchait
à persuader que le droit de faire des préparatifs (qui, comme on
le sait , ne peuvent excéder la masse de force qui a été détermi-
née par la législature) était le véritable exercice du droit de feire
la guerre et la paix , afin que l'assemblée se déterminât sans ré-
pugnance à donner, soit à la majesté roysde » soit au désir d'atta-
cher le monarque à la constitution, un droit que, par ta nature
des choses, il ne pouvait, disait-il, manquer d'exercer. Le retran-
diement de cette phrase , dans le nouveau discours, et l'addition
du mot exclusivement quelques lignes plus haut, sont donc encore
des moyens employés par M. de Mirabeau pour d^uiser son
premier syslème* >
«téà , le roi n'^rouve d'autre obs-
tacle que celui des fonds publics , et
ITénorme deUe nationale prouve as-
•ex que cette barrièro est insuffisante ,
et que l'art d'appauvrir les nations
est un moyen ae despoUsme non
moins redoutable que tout autro : |e
vous propose au contrairo d'attribuer
«a corps légls|at^|e.drpit d'improu-
«Là, le roi n*éprouve d'autre obs-
tacle que le rofiis des fonds ; et l'é-
norme dette nationale prouve assez
que cette barrière est insufflsante, et
que l'art d'appauvrir les nations est
un moyen de despotisme non moins
redoutable que tout autre : Je vous
propose au contraire d'attribuer au
corps-législaUf le droit d'approuver
1^
ASSEMBLÉS NATIONALE.
^ëf ta gvéïTèi el de réqa<<rlr le ri»i
de négocier la paix«
« Là, le roi n'est pas obligé de faire
connaître au parlement les pactes se-
Wêt» des traités d'aliiancB, et la nMion
anglaise se trouve ainsi engagée dans
des guerres, dans des livraisons d'hotn-
MM, d'argent , de vaisseaux, sans
îfU'ellt y ait consenti : et je vous pro-
poée au contraire d'abolir tous lés
'pactes secrets des r*ois, parce que lès
rois ne peuvent pas avoir de secret pour
teê peuples,
«Enfixi^ ietc.»
oxk d'iminroitTér U guerre,
4fu'on neirecoure à la voie. des anna
lorsqu'il n'y a point encore' d'hostilité,
et même lorsque la guerre a été ap-
prouvée (i)', de requérir le tù\ db né-
gocier la paix.
«Enfin, ete;^
(x) c Lés deux systèmes de M. de Mirabeau sont fci Tub i
edté de l'autre $ on peut les comparer. Dans le premier le eorp»-
législfitif témoigna son improbcuïon sur une guerre déjà cônijiài'eh-
eée : datas le second UC approuve j c'èst^àndire» il la déddei inir
la proposition du roi , suivant le sens que M. de Mirabeau dànke
à ce mot approuver; il empêche de recourir à la voie des armes ,
etc. Pourquoi tous ces changemens» si M. de Mirabeau avait
réellement soutenu , le 20 mai, le système qu'il s'attribue au*
jourd'hui? >
«Iiraut, continue-t-on , restrein-
dre l'usage de la force publique dans
les maius du roi : je le peuse comme
\0U8, et nous ne différons que dans
lesmoyenfl. Mais prenez garde en-
core qu'en voulant la restreindre,
Vous ne Tempèchiez d'agir, et qu'elle
ne devienne nulle dans ses ^lains.
» Mais, dans la rigueur des princi-
pes, la guerre peut-elle (y) jamais com-
mencer sans que la nalion ait décidé
si la guerre doit être faite?
Je réponds : lintérét de la nation
est que toute hostilité soit repoussée
par celuiqui a la direction de la force
publique : voilà la guerre commen-
ce (y). L'intérêt de )a nation est que
îles préparatifs de guerre des nntions
tbisiues soient baiancf'S par les nô-
tres : voilà la guerre (y). Nulle déli-
bération ne peut précéder ces événe-
nicns, ces préparatifs : c'est lorsque
l^ostihtéoula nécessité de la défen-
se, dEe la Yofedes armes, eequicom-
« n faut , continue-t-on , restrelii-
dre l'usage de la force publlqoedans
les mains du roi : je le pense comme
TOUS , et nous ne différons i^trts dans
les moyens. Prenez garde qu'en viMi-
lant la restreindre, vous ne l'empô-
Ghies d'agir.
«Mais dans la rigueur du principe,
l'état de guerre peut-il jamais com-
mencer sans que la naUon ait décidé
si la goerre peut être faite ?....
Je réponds : nnférêt de la nirllon
est que toute hostilité soit reponssée
par celui qui a la direcUon de la force
publiçiue : voilà ce que j'entende par
un état de guerre. L'îutérÔt de ïà da-
tion est que Tes piéparhtifô degnerre
des nations voisines soient balancés
par les nôtres ; vçilà , sous un autre
rapport , un état de guerre. Bf ulle dé-
libération ne peut précéder ces #rè-
îiemens,,ce8 préparatifs. C'est lôrs-
^«l'lÀ^mlte,1(mia ttiéeaàitè ité U
|ii^è téai tik t»k\ èel-i notifié» ttu âëfét)8e« dbU riAè ûm armes; ^^
coi^-tégislatlf, qu'il prendra les me- comprend tous les cas , sera notifiée
sures que j'indique; fi imprbuvera: aii corps-législatif, qu'il prendra les
il re(|il«rrSi è$ nésocier la p&lx ; U ae- mesures que j'indique : ii app^ùùtéta
cordera ou refusera la fonds de la ou improuTera^; il requerra de nég/lh
guerre; U poursuivra les ministres; Il cier la paix; il confirmera te t'raiuUe
iUtfiôurA 4fi ikforêe iniérieum H paiXy vu refusera daê^ratifieUr^
infirmera la paix ou refusera de la
ittii4^(bimer.k
(y) c Ici Ton voit clairement comment BI. de Mirabeau, côn-
Ibndant là guerre avec les hostilités, même avec les préJDara'tifs,
avait su , par tin abus àe mots, la mettre entièrement dans lia vô-
fontë (du jpouvoir exécutif. >
fiSen d*autres scabddlèâ vinrent affliger leà patriotes ; lé càië
igâocbé de l'assemblée était menacé d'uhié scission, oq plutôt èHe
tcomin^nicait d^à. Lès àn^ persistaient dans le setotimënt et lès
tfoctrines qui avaient commencé la révolution ; ils marchaient ta
ilii^tv poursuivant fes conséquences de ces principes premiers,
k eh apercevaient chaque jt)&r une nouvelle. Les autres voulaient
tf^nréter, et croyaient qu'il Êtllait laisser à la monarchie le peu de
(icnrce qu'elle possédait.
Le 28 mai, VObservateàr de Feydel j journal considéré en gé-
néral comme très-bien* et très-vîtc instruit, annonçait que; dé-
|>aisdetix jours, la désunion s'était mise dans le pani patriote,
i^âeLamelh, Baniavé, bupbrl, etc., etc., s'étaient séparés de
»
HirabeûQ, Sîeyès, Chapelier, la Fayette, dcrévêqued'Autun, etc.
t fecà premiei'S , ajoatàit-î! , disent pm*toùt que ceux-ci ont aban-
donné ta cause du peuple , et sont devenus aristocrates. Cette ac-
cn^tton ibet )e trouble parmi les meilleurs membres de Fassein^
Wéc nationale. Mercredi au soir (26 mai) , au comité des Jacb-
ÏSbs-, où ils s'assemblent tous pour préparer les discussions, un
liràhd nombre de bons députés , vrais amis de la liberté et de fa
cènsïitntion , proposèrent de ne plus y venir , et de former une
^âiteieilibtée à part de celle des Lameth, Duport, etc.... à quoi
jfkM-on en attribuer ta cause? Est-ce à la procédure du Châtelet
éttrrâ(fikireda6 oct<A)re? Ëst-K^e à Ta varice dé quelques membres
HO kSSEUÈLit NATIONALE.
qae Targent a corrompus? Ou bien, est-ce seulameDl à Ja ma-
nière différente dont les hommes du même parti voient les
choses? Dans tous les cas , cet événement est du pkis mauvais
augure.»
Le lendemain » dans un autre journal , les Annaieg patriotiques
de Carra » membre , ainsi que nous l'avons déjà dit , de la société
des Jacobins 9 on lisait Tariicle suivant :
c Dq>uis quelque temps , les ennemis de la France et de la li-
berté répandaient dans le public, et faisaient imprimer dans les
libelles» que le parti le plus populaire de l'assemblée nationale
était intéressé à entretenir le trouble dans Paris, pour s'élever à
la faveur de Fanarchie et des terreurs du peuple, aux premières
places : c'est-àrdire, que ces ennemis de la révolution prêtaient
aux vrais patriotes leurs vues, leurs sentimens et leur bassesse.
On disait que M. Duport aspirait à la mairie» et M. Charles
Lameth au commandement de la garde nationale. Ce dernier ,
pour Caire tomber tous ces bruits, a cru devoir écrire la lettre
suivante à M. de la Fayette.» c J'apprends, Monsieur, que sur la
différence qui s'est manifestée depuis quelque temps dans nos
opinions à l'assemblée nationale , et particulièrement dans la dé-
libération relative au droit de la paix et de la guerre , on ré-
pand avec profusion dans Paris que j'aspire à vous remplacer
dans le commandement de la garde nationale. Quelque éloigné
que je sois de croire qu'on puisse jeter les yeux sur moi, et quel-
que prix que je mette à toutes les distinctions qu'on peut dev^xr
au suffrage de ses concitoyens, je me dois de déclarer que je ji'en
ai jamais conçu la pensée, et que si cet honneur m'était offert, je
. ne l'accepterais pas. G'estsansaucuneambition, c*estavec laferme
résolution de n'accepter jamais aucune place, que je me suis dé-
voué à la défense de la liberté, et que je ne cesserai jamais de tra-
vailler pour elle, jusqu'à ce que la constitution qui nous l'assure ait
été achevée dans les principes suivant lesquels elle a été commen-
cée. Je rougirais, si rien dans ma conduite pouvait jamais autoriser à
croire que j'eusse été guidé par quelque motif d'intérêt perscmnd.
Signet Charles dç Lameth. — P. S. Vous trouverez simple » Mon-
MAI (1790) 461
siear, que dans un moment où je vois mes intentions attaquées
par des menées obscures et des propos calomnieux , je mette à
les repousser, toute la publicité qui convient à mon caractère. »
M. la Fayette répondit qu'il ne comprenait pas le but de cette
lettre» qu'il espérait que les amis de la liberté s'accorderaient tou-
jours sur les vrais principes, et qwil désirait qu'ils s'entendissent
également sur les meilleur» moyens d'affermir la constitution. Cette
correspondance qui continua d'être publique , fut terminée par
une seconde lettre de M. Charles de Lameth, qui n'avait pour
but que de répondre aux insinuations contenues dans celle du gé-
néral : il disait que, quant aux moyens d'affermir la constitution,
les ^ens qui avaient été et qui seraient toujours à découvert , étaient
la v&rité^ la franchise et la persévérance.
' Pendant en effet que les ministériels, car à cette époque il se
formait un parti qui méritait à un certain degré ce titre, pendant
donc que les ministériels accusaient les plus énergiques patriotes
de ne persister dans la voie révolutionnaire que par ambition , et
qu'ils réveillaient les bruits d'une conspiration en faveur de d'Or-
léans , et qu'ils disaient que Tor de ce prince ou celui des Anglais
avaient payé les derniers troubles de Paris, les Jacobins, au con-
traire, les accusaient de tripotages et d'intrigues. On a vu les im-
putations portées contre Mirabeau : le bruit s'était répandu , en
outre , que Saint-Priest avait demandé à Necker 400,000 francs
pour soudoyer des libelles et acheter des journaux. Enfin , lors-
qu'il s'agissait pour le ministère de donner avis à l'assemblée
nationale des probabilités d'une guerre , il se trouva que vingt
personnes étaient déjà inscrites pour parler sur le message de
Montmorin, lorsque tout ce qui était patriote pur ignorait encore
qu'il dût avoir lieu. A cette occasion, il y eut des disputes indi-
viduelles assez vives. Il en résulta que Barnave et M. de Noailles
allèrent sur le terrain; mais les témoins arrangèrent l'affaire. On
remarquait encore comme une des démarches des ministériels
l'établissement d'un nouveau club. En effet, plus tard il essaya
de s'opposer à l'ascendant de celui des Amis de la constitution. Il
célébra Je 13 mai, dans un brillant local au Palais-Royal , son in-
■ » r
T. VI. 11 '
iBi ASSEMBLÉE NA^TldNALE.
slâltatiôil sbùs lô nom de Société palrîotiqaé rié i1^. Bàilty,
là f'âyméi Sîëyès, Chapéltër, Mîr^ib^iu Mhé, Rœdérer , TéV-é-
que â*Autuù , en faisaient parlié.
L'ouverture dé celte société, dont te but était, dîsaît^IIè, de
s'occuper dé iàut âe qdt péûî coritoûfif âû pÈrfetïioûhëmbtit de Cart
iôctàl, Sëât ^1* uh gfaiid dîtier de cent viogt-quàtré couverts.
Avant de se inettî^e â tâtiié ; bîi fit liné qiiété (jui produisit uni[)èti[
liiotns de 600 iiv.» et à ta 6h âiï rèp'âS, on porta d^é toasts, tl ^
en ent quélques-uris assez cùrîeiix par les rapprocheihèiis aul-
qdèls ils prêtent ; nous croyons devoir les rapporter : d'àbôrd , té
toast orficiel , a là révolution , à la naiiori ^ h la toi et àii roi ; en-
suite iî, lâieyès, président, proposa, et Ton buta tameitteufe
des constitutions , aux Êtdt-tJnis cCAnvèriquey aux Ffiihçàisèé pà-
triotesy etc. Le peuple entendait du jardin totis cest;ti;à/ et le krnjt
des vertes, et voyait Téclat des lumières. Il lui prit aussi ëiiviô
de foire du bleuit et de siffler; il commençait lorsque les députée
qu'il respectait se présentèrent aux fenêtres : alors il chang^eà ses
murmures en applaudissémens. Cependant le cliib de it^
s'ajotirna au {"S^juin pour tenir sa seconde séance gàstrôiioniiqué.
Malgré ces grotesques distractions , il fallait que la situation
parût assez grave, puisque le ministère jugea à propos dé feiré
signer à Louis XVÎ une proclamation oii Ton invitait tous les
Français à 1* union, et à porter tous la même cocarde. Cette pro^
clamation fut d'abord envoyée à l'assemblée, qui l'accueillit avec
de vifs applaudissémens , et elle y répondit par des remerciaient
dont une députation fut ctiargéè.
c A mou avis , disait alors Ëiésmoutins , jutgèant siir le tout , (a
meilleure pierre de touche, ^i un décret est tM)n , c'est fa conster-
nation des Tuileries, et l'alongement des faces ministérielles. II
n^y a pas jusqu'aux enfans du château , dont là contenance n'aver-
tisse les citoyens de ce qu'ils doivent craindre ou espéreir. Par
exemple , le samedi 2S! mai, le petit dauphin applaudissait ad dé-
cret de Mirabeau avec un bon» sens au-dessus de son âge. Le
peuple applaudissait aussi de son côté , il reconduisait en triom*
phe Êariiâve , Pétion , Lametli, d'Aiguillon , bùport , et tous leis
j
MAI (1790) 165
Jacobins ittiistrés. Il s'imaginait avoir remporté une grande vic-
toire, et ces députée avaient la faiblesse de l'entretenir dans uoe
errëut» ddnt ils jouissaient. Robespierre fut plus franc, il dit à la
multitude qui l'entourait et l'étourdf^it de ses battemens : Eh!
Messieurs y de quoi vous féliciteTi-vous? le décret est détestable , du
dernier détestable; laissons ce niamiot battre des mains à sa fenêtre,
it sait mieux que nous ce qu'il fait^
• Depuis 06 temps le roi prend pkss souv^t te jgtmi ftir; Il va
à la chaise et à la procession î il feit des remerdËsebs (k b ^rdS
nationale parisienae , il la passé en re%nt ao ObaiD{Mlè^lI^ , 61
je rai vu aveb dodleUt* ^lopèr an milieu de eris influia de t^tf H
roi ! moi seul m'égosillant à lui crier aux oreilles ^wé to MtUfk !
je me souviens qu'il y a quelques ahndes y sa feitftfié j à tiiiê ë^
laine entrée dans Paris $ dfa on tel taisait M adcbëil trk^ftt)id$
disait ce mot du plus haut codilque : Je crois que mon pwféê lm
ftoiufei Depuis tantdt uil an » à son ttmr; Mnhuiebdodàitttblëiî
son peuple , mais die coonmlice è mms sooirire d'itii^ dl^M^
moins forcée i ^ méâie fiarfdisaveo mie ^àee infiilé. # (Rft^ftl^'
tion de France et de Bradant , u® 28^ )
En effet , le 30 mai , Louis XYI p^ssa en revue au Ghamp-de-
Mars y six mille hommes choisis dans toutes les compagnies de la
garde nationale. Et ce fut peut-être moi^s pour lai té^oignar sa
satisfection de sa conduite dans les derniers trouUes, que pour
obéir à un ancien usage ; car, suivant une coutume établie depuis
long-temps , le roi passait au printemps une revue des troupes
de sa maison. Celles-ci, cette fois, furent remplacées par la garde
nationale.
Vkïé l'évètionsà l'assemblée nationale. Là question du droit de
gue^^é et dé paix avait ^it complètement oublier le sujet méiiie
si roccàsioù duqiièl elle s'était élevée. Une lettre de M. la Luzerne
Uni le rat)pti1er -à la séance dix ^ mai. Il envoya le détail deTar-
mémënt maritime qu'on préparait dans les ports. Gelh amena a
pslrler de Ttirganlsation de l'armée de mër, et dé la nécessité que
Ife (^(iinitë âè hâtât déterminer un travail commencé il y avait plu-
sI(fuB liidi^ l^oùr mettre En àlix rëciàmations et aux réi^îstancès des
iG4 ASSEMBLÉS NATIONALE.
matelots 9 lequel semblait oublié. Un membre du conûtë répondit
qu'il n*y avait pas de doute parmi ses collègues sur l'utilité des
classes* L'assemblée sans plus délibérer, décida donc que provi-
soirement les levées de matelots se feraient suivant les ordon-
nances comme par le passé.«
Provinces.
Les événemens des provmces occupèrent dans ce mois une
grande putie des séances de l'assemUée nationale ^ car elle seule
encore maintenant avait assez de pouvoir pour imposer aux
troubles qui les agitaient ; elle seule était obéie. Les désordres fu-
rait cajosidéraUes et nomlnreux , à ce point qu'il serait impos-
sible d'en donner le détail. II y eut encore quelques châteaux
brûlés; il y eut dans le Midi des émeutes pour les grains ; il y en
eut une^àssez sérieuse à Tours. Ailleurs , ce furent des difficultés
pour les élections , des arrestations illégales de suspects. Parmi
tous ces faits nous choisissons les plus importans , et nous com-
mencerons par parler de l'insurrection de Marseille , qu'cm pré-
voyait déjà le mois précédent
SÉANCE nu 12 MAÎ.
[Un de messieurs les secrétaires fait lecture de trois lettres en-
voyées par M. de Saint-Priest ; l'une est écrite par ce ministre ;
les deux autres lui opt été adressées par la municipalité de llbr-
seille. Voici la substance de ces lettres :
Lettre de M* de Sainl-Priest à M. le président de l'assemblée na^
tionale.
> Dès le commencement de l'année dernière, des troubles ont
régné à Marseille; le roi a fait passer dans cette ville trois r^i-
meus d'infanterie et 200 dragons. Vous savez que ces troubles
ont duré pendant long-temps. A peine la nouvelle municipalité a
été formée, qu'elle a demandé le renvoi de ces troupes. EUes
ont en effet été transférées à Aix sur la fin du mois dernier : le
30 du même mois, à 4 heures du matin , à l'instant où l'on venait
de baisser lepont-levis du fort de Notre-Dame-de-la-Garde, et de
\
MAI (i790) 165
placer la sentinelle , des gens sans aveu se sont jetés sur le fac-
tionnaire f lui ont mis le pistolet sur la gorge pour le forcer à se
rendre, et il s'est rendu. La garnison a été surprise, et ces gens
au nombre de. 30 , se sont rendus maîtres de la place. Le peuple
et la garde nationale, excités par cette entreprise^ se sont portés
sur les forts Saint-Jean et Saint-Nicolas , qui ont été remis aur
officiers-municipaux qui s'y étaient transportés. Le fort Saint-Jean
avait fait quelque résistance : elle a été attribuée au chevalier de
Beausset, major de cette place. Cet officier se rendant le lende-
main^ premier mai , à la municipalité , accompagné de la garde
nationale et de deux officiers municipaux , a été attaqué , pour-
suivi et massacré. Le roi, sensiblement affecté de ces désordres,
et des malheurs qui en ont été la suite, a ordonné de poursuivre
les coupables avec toute la rigueur des lois. Il m'a chargé de fisiire
parvenir à la municipalité Tordre de faire évacuer les forts , et de
les remettre aux troupes auxquelles leur garde avait étQ confiée.
S. M. ne doute pas que l'assemblée nationale ne reçoive avec sa-
tisfaction la communication de ces mesurées. M. deMirau, com-
mandant de Marseille , ayant donné sa démission , le roi a choisi
M. le marquis de Grillon pour le remplacer. S. M. désire que la
qualité de député ne soit pas un obstacle à ce que M. de Grillon
accepte ce commandement : elle verrait avec peine que son choix
ne fût pas accueilli par l'assemblée.
P.5. La forteressç de Montpellier vientd'étre prise par les jeunes
volontaires; la remise aux troupes de Sa Majeté en sera ^;ale-
ment ordonnée. On a appris en même temps ce qui est arrivé à
Nîmes. Le roi a fait témoigner sa satisfaction au régiment de
Guyenne.
Première lettre des officiers municipauxde la ville de Marseiltef du
30 avril. — Les approvisionnemens extraordinaires faits pour les
forts de cette ville, Tartillerie de ces forts augmentée et braquée
d'une manière menaçante sur la cité, ont inquiété nos conci-
toyens à un tel point, que les opérations de commerce et d'ia-
dustrieen ont été vraiment suspendues. A l'aspect de ces pré^^
paratifs effrayans^ le génie français n'a pu se eonténit* dans une
166 ASSEMBLÉE NATIONALE.
lâche inertie; la garde nationale s'est emparée du fort Notr^-
Dame-de-la-Garde. A cette nouvelle , deux des nôtres se sont
transportés dans ce fort , dont nous sonames mainteqant respon-
sables, et que nous gardons à la nation et au roi.,,.
Seconde lettre des officiers municipaux de MarseiUe ^ en dafe
du i^ mai, — Leis commandans des forts Saint-Jean çt Saint-
Nicolas ayant écrit, après la prise de Notre-Dame-de-la-Garde •
que si on les attaquait , ils feraient une vigoureuse résistance ^ le
peuple, toujours effrayé^ n'a point été arrêté par ces menaces j
il a marché contre les forts. Nous avons pris alors des moyens
de conciliation; nous avons proposé de faire faire la ç^de çles
forts par la garde nationale, concurremment avec les troupes ré-
glées. Ces propositions ayant été d'abord refusées^ pous qoys
sommes portés aux deux forts; elles ont été acceptées çtinsérée§
dans une convention signée par nous et par les commandans de
ces p^ces. Ainsi nous avons rétabli la tranquillité dans la ville de
Marseille....
Jll. (t André, le crois qu'il est de mon devoir de vous rendre
*
compte de quelques détails qui ne vous sont pas encore connus,
et de vous présenter quelques observations sur des faits connus.
La ville de Marseille devait être calme; une amnistie avai); èlé
accordée; le grand-prévôt s'était vu dépossédé d'une procédure
qui inquiétait les citoyens ; les troupes avaient été renvoyées ;
l'ancienne garde nationale remplacée par une milice plus agréable
à la cité ; enfin , il n'y avait plus rien à demander. Lesi 22 et 23
du mois dernier, le régiment de Royal-Marine, les dragons et
^artillerie sortaient de la ville. Le 27, à une fête donnée à la mu-
nicipalltë d'Aix , on dit que les ennemis de la révolution avaient
encore des projets , et l'on forma celui de s'emparer des forts.
Le 90, 80 hommes menacent une sentinelle , surprennent le fort
de Notre-Dame^de-la-6arde et s'en emparent. Ils braquent le
canoB contre h citadelle et le fort Saint-Nicolas; ce qui engage
le peuple à attaquer ces deux places. On dit qu'on a vu un officier
municipal parcourir les rues , et exciter à cette entreprise. Si le
fait est vrai , on le saura , quand un officier de justice osera laire
MAI (1790]( 10(1
des inforinati(tfis san^ crainte d'être massacre. L^ munipi^lité se
rassembla^ elle décida de sommer les forts de se rendre. M. Jeaii-
FrançQisi Lîeut^ud s'opposa à ce parti; cette opposition ne servit
^ rien; I^ launippalité se transporta dans les c|eux places. Le con-
seil de gl^erf e assemblé au fort Saint-I^icolas ne vo^lait le livrer
qu'au roi çt ^ la na|ipn \ Ig municipalité n'était ni l'un ni l'^vitre ;
mailles §oldat3 du régiment de Ye^in ayant annoncé des. intelli-
gences ^vec les citoyens^» il fallut bien se rendre. Le fort Saînt-
Jes^Q , dont M. de B^ausset est major, fit beaucoup plus de résis-
tance ; fûsis la citadelle éta^t prise ; il se rendit à huit heures du
^ir* I.Q l§ndeQ[)9in on demanda à M. de Beausset la clef du ma-
gasin 4^§ potudres et des fusils; il répondit qu'il n'avait pas ces
clefs ^ on s'adressa au commandant q^i dit que M. de Beaus;set les
^V^it > 4§!4^ officiers n^uniçipaux, du nombre des çi^)yens que
le prçvôt avait, (ait arrêter^ assurèrent que c'était par l'ordre du
maife qu'ils faisaient cette demande.
't^. de j^eaus^t dit qi|'il voulait parler au mj^ir^» et proposa de
^FfiQ^re II la maison commune : il deinanda à y être conduit par
■
Wçr ; 04 Iç JuJ refusa , et il p^tit ^vçç les d^ux officiers munici-
paux e\ ^yec un détacheoiient de la gardç natioq^e. Arrivé sur le
glacis, il fut insulté par le peuple; il continua sa route : et voyant
qu'on l'insultait encore, sans que personne cherchât à le défendre^
il voulut ^e. saliver et eçtrier dan^ la bçutique d'un perruquier ;
cette boutique lui fiât fermée; il reçut ux\ coup de baïonnette
dans le do^, iltomh^ et fut bientôt massacré, ta populace, parmi
laquelle la g^e nationale était mêlée, se livra sur ce cadavre aux
plus alfreuseç atrocitéç. Voilà les faits : que devait faire la carde
nationale? On i^epeut admettre, dans aucune hypothèse, que
80 boimaeiSt sans aveu, aient le droit de surprendre une cita-?
deUe. La municipalité devait donc ordonner de vider le fort et
pf^Q^rç les précautions nécessaires pour qu'on ne se portât plus
à de semblables entreprises. La niunicipalité devait employer
tou§ les moyens qui étaient en son pouvoir, pour dissiper les at-
tTQupemens qui se dirigeaient vers les forts. Quel a été le prétexte
d'une coiiduite opposée? Des prétendus approvisionnemens , des
168 ASSEMBLÉE NATIONALE.
préparatifs hostiles. — Ces préparatifs n'étaient-ils pas naturels?
Depuis quatre jours les forts étaient menacés. Mais je \ais plus
loin : je dis que ces approvisionnemens étaient manifestemenl;
faux. £n effet, le 25, unecompagfnie d'artillerie était partie avec
cinq pièces de canon et plusieurs voitures chargées de munitions.
Le 24, une autre voiture chaînée de cartouches, était sortie, et
avait été arrêtée à la porte d'Aix. Si on avait voulu foire des appro-
visionnemens, les commandans n'auraient pas laissé sortir ces
munitions. Je médis, les municipalités sont donc souveraines;
elles sont donc en guerre avec le roi ! Mais je demande si le roi
ne s'est pas mis à la tête de la révolution; si attaquer des forts
qui sont gardés'sous ses ordres, ce n'est pas violer tous les prin-
cipes! La municipalité est donc coupable! L'assemblée doit dono
la blâmer! Si Quelqu'un s'élève pour la défendre, je déclare que
je le regarde comme responsable de tous les maux qui peuvent
arriver. Je vous prie de considérer où nous mènerait une tolé-
rance déplorable. Si une municipalité telle que Marseille venait à
s'élever contre vos décrets, et que les moyens qui appartienneat
au pouvoir exécutif fussent en ses mains, comment pourriez-
vous la réprimer? Si partout lés forces du pouvoir exécutif étaient
usurpées , il n'y aurait plus de police , plus de gouvernement en
France.
Je ne parlerai pas de M. de Beausset, mais j'observerai seule-
ment qu'il a été tué d'un coup de baïonnette à côté de deux offi-
ciers munîdipdux. On a prétendu que cet officier voulait mettre
le feu à la poudrière ; c'est une chose invraisemblable. H était
gardé à vue dans sa chambre ; le fort était rempli de gardes na-
tionales, il y a toujours à la poudrière une sentinelle le sabre à
la main.... Je ne vous présenterai pas le projet de décret; c'est
bien assez d'avoir été obligé de vous retracer des faits de cette
nature, «t de vous développer les torts de la municipalité. Je l'ai
fait, parce que j ai dû le faire; je l'ai fait avec le sentiment des
•
dangers que peut attirer sur moi mon exactitude à remplir ce
devoir. Toutes mes propriétés, ma femme, mes enfans, sont à
cinq lieues de Marseille ; j'ai oublié lebrs périls et meS iiitél^ti
MAI (1790) 169
les plus chors, parce qu'il fallait soutenir la révolution et la liberté,
réprimer la licence et l'anarchie. «
M. de Larockefoucautt. i^ me serais bien gardé de rien ajouter
à ce qu'a dit le i»*éopinant, s'il avait proposé un projet 8e décret.
Il vous a peint les malheurs qui affligent la capitale de la Pro-
vence. Vous voulez que le peuple jouisse d'une liberté entière »
mais vous voulez aussi qu'il soit soumis à une autorité légitime.
Vous devez donc réprimer les excès auxquels les ennemis de la
révolution ont porté le peuple. A Toulon , à Grenoble , on veut
aussi s'emparer des citadelles. Il faut montrer aux peuples des
provinces combien vous êtes déterminés à réprimer tous les dé-
sordres. — Je ne vous proposerai pas des mesures violentes.
Voici le projet de décret que je crois devoir vous soumettre.
€ L'assemblée nationale, profondément affligée des désordres et
de l'insubordination à l'autorité légitime qui se sont mauifestés
dans une grande partie du royaume, et notamment de la sur-
prise difc fort de Notre-Dame^le^-Garde à Bfarseille, par des
gens sans aveu; de l'occupation des autres forts, et des excès
qui en ont été la suite , charge son président de se retirer par de-
vers le roi, pour rémercier sa majesté des recherches qu'elle a
ordonnées, et desmesures qu'elle a prises pour réprimer ces excès
et faire punir lés coupables. >
M. de CasteUane^ Toute la députation de Marseille a vu avec
salisiaction la sagesse des dispositions que le roi a prises; elle ne
verra pas avec le même sentiment un membre de la députation
de Provence venir avec affectation donner un détail circonstancié
d'événemens dont il n'a pas été le témoin, et qu'il ne connaît que
par des ouï-dire, et jeter ainsi des préventions défavorables sur
une municipalité plus à plaindre que coupable. Qu'il me soit per-
mis de jeter, à mon tour, un coup d'œil sur ces faits. Çelon l'ex-
pression du ministre, le 30 avril, le fort de Notre-Dame-de-la-
Garde est surpris par des gens sans aveu; dans le même jour les
mêmes gens et le peuple attaquent les deux autres forts. Que fait
la municipalité? Elle se transporte au milieu de ce désordre i
dlë iihéi^e à iàhaet ce peuple ; elle monte danë les forts pour
L
170 ASSËHBliiE NATIONALE.
eii^ger 1^ garnison à ne pas faire une défepse qui ppurrait at-
tirer les plus grands malheurs. Je ne vous rappellerai p^s ce qvC^
çiouffejTt cette malheureuse ville. Depuis six mois elle (lepiandait
j( être dél^rrassée du pesant fardeau (]ecinq à six v\\\\^ l)Q(mnq^
qui logeaient cfae^ le$ citoyens; chaque jour quelcjues IM^arseilIais
périssaient sous les coups de cette spldatesque insolente. L^ mu-
nicipalité veillait au sort des citoyens, elle mettait tous ses soins
à calmer une effervescence que ces accidens journaliers augmen-
taient sans cesse; chaque jour on cherchait à effcayer 1^ ville;
le§ forts ipontraiept un appareil menaçant ^ on fai^^it continuclr
lement des manœuvres d'çirtiHerie , c|es déplacemens orçlonné^
par les chefs amenaient à tout montent des soldais 4dns rintérîeur
de la ville ; on paraissait se fgiire un j0u de t^o^per 1^ municipa-
lité; les trQupes, nq partirent qu'qn mois après Tordrie do^né
pour leur départ; ce départ fut encore signalé pgir ^es iççftdces
msultantes; il se faisait des approvisionnemens considérables aux
forts y et chacun $e demandai^, somme^-nQu§ en guerre? Avon§-
nous donné des preuves de s^ition?
Les officiers municipaux prièrent M» de Mirai; de faire dé-
tourner les batteries dirigées sur la ville; ils n'obtinrent qu*un
refus. Les approvisionnemens augmentant toujours ^ la munici-
palité insista avec aussi peu de succès. Dans le piéme mo^ent^
des navires entraient dans le port, e| apportaient la pouvelle que
desarmemens considérables se faisaient dans les ports d'Espagne;
on apprenait d'une autre part, qu'à Nice, ^qu' en Savoie, que
dans le Piémont, les ennemis de la révolution se réunissaiei^t et
menaçaient de faire des incursions en France. Je nq crois pas qu'il
soit possible d'ppérer une contre-révolution ; mais je vous rap-
pellerai seulement que cette ville est à très-peu de distance d'un
lieu oii l'on prétendait qne se faisaient des rassemblemens in-
quiétans;*je vous rappellerai qu'il était possible de se troniper
sur la cause d'armemens trop certains; je vous observerai que
les Marseillais, jaloux de conserver la liberté, et inquiétés par
des préparatifs menaçans, ne se sont peut-être livrés à des dé-
marches téméraires que sourdement excités par des méchant*
MAI (1790) 171
Qu'a fait la municipalité? Elle a employé les moyens de conci-
liation ; elle ne pouvait pas en employer d'autres. Marseille est
peut-être la seule ville où Texécution de la loi martiale soit im-
possible. Le port rfçèle 20,000 matelots^étrangers qui habitent
sur la mer, et se répandent sans cesse sut* les quais. Au pren(f ier
mouvement, il faut d'abord songer a défendre le lazaret, d'où
Ton peut en un moment faire sortir et jeter sur toute la France
le plus horrible des fléaux. Il faut veiller sur le bassin pour em-
pêcher un grand nombre d'étrangers de se livrer au pillage des
vaisseaux. Il fallait donc que la municipalité employât les moyens
de conciliation; elle Ta fait, et on ne peut l'en blâmer. Je ne suis
pas monté à la tribune pour excuser les coupables, mais pour
justifier la municipalité. Je ne dirai rien sur l'accident affreuf
arrivé à M. de Bausset. }^e^ informations ordonnées par le roi
feront connaître des criminels, et appelleront sur eux la ven«
geance des lois. — J'adopte la proposition de M. de la Roche-
fôucault.
M. de lu Fayette. L'affaire de Marseille vous a été si^ffisanotmçnl;
expliquée. Lorsque j'ai appris que le roi rappejait à son devoir
une municipalité égarée; qu'il ordonnait de rechercher et de
punir les horreurs d'un assassinat ; qu'il s'empress£|it à veiller à
la sûreté de nos ports, j'ai vu dans ces précautions l'exercice né-
cessaire du pouvoir exécutif. Sans doute nous q'avons à craindre
pour la chose publique que le désordre. II serait insensé de ten-
ter une contre-révolution; il serait pusillanime de la redouter;
mais il faut veiller à ce que rien ne la favorise. Je ne crains pa$
même les efforts des nations étrangères. La nation français^ ornée
de ses nouvelles vertus et sûre de son chef, n'a rien ià redouter;
rénergie du peuple et la bonté du roi suffisent pour assurer la
révolution. Cependant on nepeuts'einpécher d'observer des mou-
vemens combinés qui semblent se lier de Strasbourg à Nimes, de
Brest à Toulon. S'agit-il de former les départemens? on daigne
les victimes, on dévaste les campagnes. Les puissances voisines
arment-elles? on jette le désordre dans nos ports. Si les muni-
cipalités s'écartent de leurs fonctions, il faut repousser de vains
ITi ASSfiMBLÉB NATIONALE.
Jésirs de popularité , et rappelpi* avec sévérité ces nmaicipalités
à leurs devoirs. Votre reconnaissance doit adresser des remer-
clniens au roi ; mais je me réserve de présenter mon opinion sur
le décret qui vous est^roposé» lorsque M. de Larochefoucault
aura indiqué l'amendement qu'il veut vous soumettre.
M. de LarockefoucauU. Cet amendement consiste à mander à
la barre deux membres de la municipalité de Marseille.
il. de Mirabeau Haine. Je commence par faire observer la dif-
férence prodigieuse que je trouve entre Tordre que le roi a fait
passer à la muaicipaUté de Marseille et le plaidoyer insidieux J'ai
pensé dire davantage, que son ministre vous a envoyé. Je prou-
verai, quand il en sera temps, qu'il est juste de qualifier ainsi ce
plaidoyer ; je dirai , quand il en sera temps , parce que sans doute
vous ne voudrez pas condamner à la hâte une cité importante»
la métropole d'une de nos riches provinces, la mère-patrie du
commerce et de l'industrie; vous ne voudrez pas que cette affaire
soit si légèrement, si systématiquement jugée en trente minutis;
lorsque le roi exige de la municipalité que les gardes nationales
qui ont surpris ou occupé d'une manière quelconque, mais illé*
gale, les forts de Marseille, évacuent ces forts, il fait non-seu-
lement son devoir; non-seulement il use avec sagesse de la force
publique qui lui est confiée, mais il rappelle une vérité consti-
tutionnelle. Car tant que le corps constituant n'aura pas fixé l'or-
ganisation des gardes nationales , on ne peut souffrir que des foils
soient gardés en concurrence avec les soldats du pouvoir exécutif.
Le roi a rappelé ce principe; il a fait un acte de père , en char-
geant les commissaires du dépaitement des Bouches-du-Rhône
d'aller faire connaître ses ordres ; il a pensé que ces commissaires
ne traiieitiient pas une illégalité de rébellion, et n'apprendraient
pas à une province qui se croit fidèle, qu'elle est rebelle. Le roi
a senti qu'il ne devait pas juger; qu'il ne le pouvait qu'après avoir
pris des éclaircissemens et des informations ; il les a demandés;
il ji'a exigé qu'une restitution simple et légale ; on vous propose»
au contraire, de tout juger, de tout préjuger. C'est en effet pré-
juger qu'une municipalité est éoupable^ que dé la mander à la
MAI (1790) 175
barre 9 c*est le dire de la manière la plas prudente. II est trop
dair qnll y a eu une grande fermentation à Marseille ; vous J'aug-
menterez ; vous tirerez de cette ville les seuls modérateurs paci-
fiques. Est-ce le moment de donner au peuple des craintes sur
le sort des officiers municipaux? Ne dirait-on pas qu'on veut pro-
voquer à la rébellion ce peuple fidèle?.... Mais quel est donc cette
balance d^ns laquelle on pèse d'une manière si différente des
faits d'une même nature, arrivés dans les mêmes circonstances?
Que pouvait iaire la municipalité quand elle voyait le peuple at-
taquer les forts y les forts prêts à se défendre, les malheurs les
plus affreux menacer la ville; que pouvait-elle iaire? Dire au
peuple : c Je vais obtenir ce que vousdemandez. i Dire aux forts:
c Cédez au maître des maîtres, à la nécessité. > Voilà ce qu*elie
a fait. Mais s'il était vrai que la garde nationale et la municipalité,,
liées par le même serment à la constitution, eussent donné des
preuves de projets funestes, de conspiration contre la constitution
et la liberté..*.
Pourquoi le 5 octobre ne serait-il pas coupable ici, et le
30 avril serait-il coupable à Marseille ? Pourquoi la municipalité
de Marsâlle ne <firait-elle pas à ceux, qui appellent sur elle les
foudres du pouvoir exécutif, appelez donc la hacbe sur vos têtes?
Etes-yous donc assez étrangers aux mouvemens illégaux , pour
oser récriminer contre nous, pour oser récriminer sans connaître
les faits?...— Je demande que cette affîttre soit renvoyée au co-
mité des rapports.
M. le vicomte de Mirabeau. Je voulais répondre au préopinant ;
mais une seule phrase qui vient de lui échapper m'en dispense : il
a assimilé la journée du 1'' mai à la nuit du 5 au 6 octobre. Je
demande pour amendement de renvoyer cette journée aux
mêmes juges chargés de connaître des forfaits d'une nuit exé-
crable.
M. tabbé.... On veut provoquer la ville de Marseille; elle n'a
pas tort. Les, soldats ont occasionné les désordres. Je crains
qu'on ne veuille se faire donner un commandement d'armée ,
174 ikSSEUBLÉ£ NATIONALE.
pour traîner le roî à la suite de Farinée.... (Il s'élève de grands
murmures.)
M. de laFayette. C'est avec la confiance qui convient à une con-
science pure..., (La partie droite interrompt.— M. de la Fayette
jetant les yeux de ce côté , reprend son discours }. C'est avec la
confiance qui coilviènt à îine conscience pure; c'est avec la con-
fiance d'un homme qui n'a jamais eii à rougir, ni d'aucune ac-
tion, ni d'aucun sentiment; c^est avec le désir que j'ai que tout
soit éclaire! , que j'adopie le renvoi au comité des rapports.
Quaiit aux remercimens que nous devons au roi , je suis persuadé
que le sentiment de reconnaissance est unanime , et que cette
partie de la motion sera unanimement décrétée.
M. de Menou, Je demande aussi que sa majesté soit suppliée de
rappeler des commandemens tous les commandans opposes à la
révolution ; car c'est de cette cause que proviennent tous les dés^^
ordres. A l'instant de leur Rappel, l'ordre renaîtra^ et la tri-
bune ne retentira plus des plaintes qui arrivent de toutes les
parties dii royaorae; J'iibs^vemî que je ne puis dé^gtiél^lësp^r-
wmeè4 mais il suffit de ^ier le M de retirel" deax qti'B saitétl^
oontraires à la révolution. L'asseitiblée conns^ bplx)bitë et le
I^triotisme de Leuis XYI , et ai touè bëut qui l'entourent ^
maient oomme lut la rérdiilioiri ^ et si ieè midiistréë avaient, de-
puis trois mois , veillé sur tes commatldaiiâ des plâees^ lèâ dé»*
ordres , les massacres qui sont arrivés n'aureieût pas eu lieiiî
M. Charles de Lameih^ Il existe une accusation : deS ofâtetit*s ottit
parlé contre le peuple et la municipalité ; d'autres pour l'im et pour
l'autre. Il existe un délit, il existe un crime affreux. Je me tais
sur ce crime, et le silence de quelqu'un qui ne monte jamais à la
tribune que pour défendre le peuple, me parait déjà une inculpa-
tion contre lui. Mais s'il ne m'est pas permis de défendre le peu-
pie , il m'est peut-être permis d'attaquer les ministres. C est sur
la lettre de M. de Saint-Priest que je vous prie de fixer votre at-
tention : personne ne doute des înteiition^ bfetifàisanteâ dû f d ;
niais il serait bien à désirer <qué ces tnêdiés intentioifs s'AëMià-
sent k ison conseil. Le ministre totis propose Une violation des
if AI iiim) iié
|)Hntîlpes : sa lettre n'à-t-el!te pas pour objet de donner tort aii
corps-légkbtîf entèrs le toi , ou au rdi envers la iiaiîont C*€st
une Véritable déclaration dé guerre. Vous avez voulu repoiissei*'
rîhitiatîve des ihînîslres , et les îninistre^ vîehnenï vous feire des
profXïsîtiohs cointhiît*es â Vos décrets. Lé roi tém, disent-ils,
avec 1â plus grande pèiné , que M. de CiMHoîi ne puisse pas ac-
cepter le commândemetït qui lui est offen. Ainsi , vous verress lés
minfstres , forts de raihout» dés Français pour leur fôî , vénîi*'
vous donner des lois. Que (jenseront lés peuples de vos décrets ,
qdand ils verront ^ue les ministres les méconnaissent t Ils vbU^
prOpo»sebt de consentir à ce qu'un niembre de rassemblée accepte
ce qa'aucuïi membre de rassemblée ne peut accepter. En adop-
tant le pf ojët de décret de M. de Larochefoucault , vous adoptez
les mesures prises par le roi , vous adoptez aussi cette disposi-
tion, ie regrette dans cette circonstance particulière^ que nous
ne j[)uiitôions jônlr de Tutilé influence du patriotisme et des ver-
tus connues dé M. lé marquis de Grillon , et je suis sûr qu'il n'ac-
ceptera pas la preuve que le roi lui donne dé sa confiance ; mais
cette sécurité hé suffit pas au corps-législatif; il ftiut blâmer la
confiance des ministres» et l'invitation de corruption faite à Pas-
sëiiibtée nationale. Je demande que le président se rétire vers le
roi pour lui expriiàer notre confiance.... èh lui.... seul.
M. le comte de Vtrieii. Féut-on blâmer iin ministre vertueux,
qui, poiir Futilité publique, s'oppose aux dégoûts d*uh refus?
Yoiis devez des remércimens aii roi pour les mesures qu'il à
prises. Ces mesures étaient nécessaires pour ramener Tordre, as-
surer la liberté, et ne paS favoriser les ennemis de la France. Si
Ton ne réprimait pas les désordres qui nous sont dénoncés , si
Ton venait iiotis attaquer , vous demanderiez en vain où sont vos
arsenaux, où sont vos forts: ils se trouveraient dans les mains de
vos ennemis. -^ Je propose d'adopter le projet de décret de M. de
Larochefôneault, etsubsidiairement, je me réfère aiix conclusions
de M. de la Fayette.
Af. de Mirabeau traîné. Je ne demande la parole que pour vous
solliciter de mettre aux voix, et les actions de grâces que
^76 ASSEMBLie NATIONALE.
VOUS devez au roi , et le renvoi m oomilé des rapports, h
ii'igiu)re pas que je suis l'objet des plus noires imputations; je
n'ignore pas que ces imputations^ qui n'ont iait qne flotter d'in**
certitudes en incertitudes, ont élé répandues et recueillies avec
zèle ; je n'ignore pas que les gens qui les répandent font circuler
en ce moment même, au sein de cette assemblée» que je suis
l'instigateur des troubles de Marseille, J'ai vu ces gens dire que
la procédure du Chfttelet n'existait que pour m'illumina de crimes;
ces gens , dont les langues «npoisonnées n'ont jamais su me com-
battre qu'avec le style de la calomnie; ces gens qui n'ont pu
me faire varier un seul instant des véritables principes , ces gens
qui m'auraient condamné au silence qu'inspire le mépris, s'il
n'existait que des hommes comme eux. fai mis la paix à Mar-
seille, je mets la paix à Marseille, je mettais la paix à Mar-
seille. Qu'ils vieiment au comité des rapports; qu'ils me (]|^non-
cent au tribunal du comité des rapports; je le demande ; je de-
mande que tous mes crimes soient mis à découvert. ,
. M. le comte de Virieu. On demande autour de moi ce que j'ai
entendu dire par les ennemis de la nation ; j'ai voulu parler de
l'Angleterre.
— On demande la priorité pour le projet de décret proposé par
M. de Larpchefoucault. Cette priorité est adoptée.
M. Alexandre de Lameth. Il fout retrancher de ce projet de
décret tout ce qui a rapport à la ville de Marseille , puisque l'as-
semblée renvoie cette affaire au comitédes rapports.Il mesembie
qu'on doit se borner à ce renvoi et •aux remercimens que le roi
a droit d'attendre de notre reconnaissance.
M, le marquis de CrilUm. Membrede l'assemblée nationale,|e me
fais gloire d'y demeurer sans cesse;je ne pui$ accepter cette conimis-
sion : voilà ma profession de foi; on n'en a jamaisdouté. Je demande
à n'éti*e envoyé nulle part, que sur les ordres de l'assemblée.
On demande la question préalable sur. la proposition de
M. Alexandre de Lameth.
M. Barnave parait à la tribune.
M. le marquis de FoueauU. Je demande que la discussion sur
MAI (17901 177
la qoeÂkn préabble soit fermée ; elle a assez duré, et rassem-
Mëe est saflkamment éclairëe.
Oa obsene que la discussion n*est pas ouverte. .
M. le vic&mu de MWabeau. Je demande la question préalable
sur ce que ysl dire M. Barnave.
Ar* Barnave. L'amendenaent sur lequd on deniande la question
préalable est adopté par M. de Larocbefoucault , et consiste dans
b supfxressîottdu |»*éambule du projet de décret proposé par cet
hoDorable membre. Il faut se borner à dire : c L'asseniMée , pro-
fûndâ&ënt affectée des malheurs , etc. > L'assemblée ne peut aller
plus totn ^am préjuger Taf foire.... Je pense donc qu'il y a lieu à
délibérer sur ramendement de M. Alexandre de Lameth.
M. Màloùet. D'après les preuves mises sous vos yeux. »
et certifiées par les ministres , pourquoi rassemblée ne quaK-
fi^aitrellé pas d'excès les événëméns arrivés à Marseille? C'est
certsiioemeiu un excès que la surprise d'un fort et l'occupation
de deux autres ; fait^ sur l'ordre de la municipalité contre les
oMres du rôi.... J'appuie donc la question préalable.
Uassemblée décide qu'il y a lieu à délibérer sur l'amendement
dé M. Alexandre de Lameth.
Le décret est rendu en ces termes :
c L'assemblée nationale profondément affoctée des désordres
qui ont eu lieu dans plusieurs endroits du royaume, et iiotam-
meiit à Marseille, charge son président de se retirer vers le roî,
pour remercier S. M. des mesures qu'elle a prises, tant pour la
recherche dés coupalMes, que pour la réparation des excès com-^
mis : ordonne le renvoi de l'affaire de Marseille au comité des
ri^ip<»>ts. i
La séance est levée. ]
Voyons maintenant comment la presse locale rendait compte
de ce grave événement : voici la narration de lu Gazette de Beau--
caxte.
c Ennemis de la constitution, s'écrie-t-elle en coittttcnçant,
qui vous flaîuiez de vous servir de ces forteresses pour iiltrôàdire
T. VI. 12
menter par votre réunion , et soii^f^^if ^ IMÉ cir#l^ vw» avtt
volé au peuple^ ^ie% s&d\ «MKWtâWUll ilff<tfia6 |fur d# 0éi^
lâches attentats!
) ¥^ Jkmti. «»é9%l^49i» mw^ftl dii i» «lide oaliaialâ,. avait
l<»^ H ûmm à» iwmsi^f V^ m^éê^ » iki tet ëe Mont-
ysttUttt éfra fi^Q quanuM paur oatte fis:pa4ikîçà4<)»^ b véUMiie
dépenciait du phi» ffmâ cacrtf ; U &*y tsauva néattmdâia c»
fliid9te-d^x beavQK %cÉ>Qtei9flitv^^u*4Vfi^ aupvèi 4» fon» ils
silt#f)diiwt pali€»iai(e»t le pamt da j^hiv at €fu\ai| aAtkaiiië la
paul-levliu iJâPS » Mil « Acnatid^, ieii^^
M dBjrfiqtiaat «n lûMaïai w y wiwm ^ at lup^te, bidiaôB^
ils > nou« (e fa-|k(iM» i ç'nA k iip^îm #rà ateif i'«a»)Ma:<r cfai faer. A«
Wgliiiqii»daitna jl^g^^tetlib» tont^ ^e<fcva^^)a^a^>ag sApaHènenieii
foule dan» le fort ; ik $'.emparèrei^( d^tails^llSF paflieA» ficaat la
garnison prisonnière , et arhptèr^t &^.r ^ dfsy^ n lA4l9jl?%Qt <lti
> L'armée marseillaise était décidée à emporter ie& fBvCa da
gré ou de force : on manquait decanons de gros ealibpe* M. Tru-
quisy ancien militaire , secondé de M. Guignon y avait réussi à 4és-
j gjjççaer le ç^diçn dç la twttçpe dp l§ li/(,%9rç , et 4 i^ ewp^rar ;
il le^ ay^it fgiit m\iv(^ mx 4q^ ç^i^rettes pf^^V te t^^x^^pw^^ <A
ils auraient pu servir. Il n'en fut pas besoin. Les deux forts q^?
haï iil9&f 179
eûmnMOidflttl da fori Saint4eaR , ies dég deg iiMgfisiD», ^ ^ivtra
amrea du BM^tpain à pofiârei H tes refitaa , et wfi^ qiit )te c^
toyfisi&«oUbitB Mri^pQsaitttt è «itfer é» farie, il ordoiiM^iiWii
hmwftf la poqtJftm ei qu'on fit fea sur le peaptt. Les wMM
pMoft hoereM) d'us fMiriil ordM } ik tefaièrmi d^ob^iD èl brin»
aàmn k poniJem, M. de Beeusset se voyant pei«*i ^ Aendte k
s^isqttîiw. HceenBà sar ta plaee Saint>JeQii, il y ht maséaevé^
dBm tête fat fnmméô m bout d'une fkfao.)
9 Las fbm de MmeiMe S(mi en h piiitsttiioe d« I4 gftfde iieil^
y qui y fait le setfief etec lerëginent du Vexfai.»
*^mr^m»m0t
L^affiadre de Marseille occupa plnsiears séances ée rassemblée.
DVdK^rd il M qnesUon de h démolition des forts : la mnnidpafité
fiûsait raser eehii de Saint-Nicolas , qui , à ce qu'il paraît, mena-
çsdt particulièrement la ville. M. de Saint-Priestluiécrivît pour lui
défendre de continuer ; la municipalité répondit ]^r nn t^ n'y a
Reu à délibérer. Alors , le minisfre vint solliciter ^intervention de
rassemblée nationale. Celle-ci rendit un décret ordonnant de sus^
pendre la démolition; mais, lorscju*!! arriva à Marseille, il se
trouva que, grâce à la diligence deshabitans, le fort Saint-Nico-
ba n'existait plus. Cependant la municipalité envoya une députa-
tion à Tassembilée. Elle y Ait admise, le 39, écoutée , et reçut laÉ
bonnenrs de la séance.
Lé mouvement énergique de Marseille retentit dans les environs
et y fut imité.
La ville de Montpellier était dominée par une citadelle armée
de canons. Le l^ mai , quarante jeunes gens se présentèrent à la
porte, et sommèrent les soldats du r^iment de Bresse, qui lâ
gardaient, de leur en laisser la garde. Cela fot accepté aux erîs
de Vive ia naiim. II y avait à Hontpeffier une société des Amkêe
kl cfmstkatkm et de tégaUté, composée de plus de 400 membres,
qui gouverna tonte cette affaire, et fit demander à Rassemblée
nationaie de procéder à la démolition.
A Yalence , le commandant de Fartillerie en garnison dans la
ville , M. de Voisins , craignant que la ciuidelle n'épvouvftt le sert
480 ASSEMBLÉE NATIONALE.
de celle de MarseUle, en renforça la garde , fit distribuer des car-*
touches à la garnison, et charger deux pièces de canon qui com^
mandaient la p(»ie du fort. Cette vue mit la population en émoi.
Sur ces entrdEaites , un des officiers fit mettre en prison un isoldat
^i disait qu'il ne ferait pas feu sur les boui^geois. Ses camarades^
irrités^ instrnisûrent le peu^rfe qui alla attaquer le commandant
cheKJhii, en ville. Les officiers municipaux le suivirent. M. de
Voisins fut arrêté » et.conduit dans Féglise Saint-Jean , où étaient
assemblés le peuple , la garde nationale et les soldats. Âprèi une
délibération tumuhueuse, on Tentraine pour le conduire en {Mi-
son. En sortant, il reçut un coup de fusil qui le tua ; plusieurs of-
ficiers furent arrêtés , et la garnison se mit sous les ordres de la
munidpaiité. On saisît chez ce commandant diverses correspon-
dances venant de Hollande où M. Maillebois s* était réfugié ; et
une lettre écrite de Turin , ainsi conçue : c Me voilà ici , jusqu'à
ce qu'il , ait plu à Dieu de ramener un autre ordre de choses.
Handezrmoi quelles sont les dispositions des esprits; ce qu'on
pourrait espérer de la disposition des troupes que vous comman-
dez y le nom des divers régimens et l'esprit qui les animé.... Qud
fonds d'armes avez-vous?.... J'imagineque vous n'avez pas oublié
la rue Poissonnière. Écrivez-moi d'une manière ostensible , jus-
qu'à ce que nous ayons reçu des nouvelles des princes.» Cette
trouvaille fut légalement constatée. Le décret de l'assemblée qui
intervint sur cette affaire, ordonnait de poursuivre les meurtriers.
Quelques jours auparavant, le 30 avril, la municipalité de Pont-
Beauvoisin avait arrêté un sieur Bone Savardin. On saisit sur lui de
nombreuses pièces relatives au plan de M. Maillebois; il fut tran&-
porlé à Lyon , et de là emprisonné à Pierre-^-Size.
A Toulon, le 3 mai , le peuple s'attroupa, et demanda des
arn^es; il s'empara du commandant, M. de Glandèves« L'inter-
vention de la municipalité et de la garde nationale apaisèrent ce
tumulte , dans lequel il n'y eut que quelques officiel^ blessés , et
auquel la population gagna d'être suffisamment armée. L'assem-
))Iée nationale témoigna sa satisfaction pour la conduite des offi-
ciers mumcipaux de Toulon.
MAI (1790) 481
Sur ces entrefaites , on reçut les détails d'une aflhsre autrement
grave qui Tenait de se passer en Corse.
BXTRÂIT TBADDIT DE L'rTAUEN DU JOURNAL PATRIOTIQUE MB COKSB*
Bojsfta, te 25 am/ 1790.
€ On anncmça le 18 , vers les cinq heares après-midi , Tarrivëe
de plusieurs bàtimens dans le golfe de San-Fiorenzo : on les
croyait généralement destinés à transporter eii France le rég^
ment du Maine, en garnison ici. Ce départ était soupçonné dV
près les ordres de M. de Barrin , général , et les délibérations dà
comité supérieur de Corse , et du cdnseil-ffénéral de la commuter
Les soupçons se changèrent biaitôt en certitude, par Tai^lvéedii
comte de Rully, colonel dudit régiment, qui se présenta à là
barrière de San-Giuseppe, escorté par cinq sddats, armé d'm
large sabre^ et portant deux pistolets à sa iteinture. Malgré l'ordre
de s'arrêter jusqu'à ce qu'ils élussent été reconnus par la garde
nationale, M. de Rully poursuit son chemin , et se traniiporte k
la citadelle. Il rencontre sur la place di Costi des officiel^ et des
soldats : il leur annonce avec transport qu'ils partiront le lende^
main , et que si le peuple a la hardiesse de s'opposer à ce départ ,
il est en état de lui faire payer cher sa résistance , ayant apporté
du bon plomb et de l'excellente poudre.
1 Ces fanfaronnades ne furent pas plutât connues» que l'alarme
devint générale parthi les habitans. Le comte de Rully se rend
aussitôt à l'hôtel du commandant^ accompagné de presque tous
ses officiers : il s'abouche avec M. le vicomte de Barrin , qui lui
fait sentir ses torts, et même lui remontre, à ce qu'on prétend ,
son imprudence de reparaître dans une ville où il avait laissé des
souvenirs cruels. 11 assure que le régiment ne partira pas sans de
nouveaux ordres de sa majesté, lui conseille de se sauver, et le
menace de lui ôter le commandement du régiment, afiii d'évi-
ter tout désordre. On prétend que le colonel répondit avec une
arrogance incroyable aux sages conseils du général , et qu'il porta
l'insolence jusqu'à dire qu'il ne le jugeait pas capable d'être gé*
{If ASSEMiLtH NAnONALE.
pénl 4m eifMHift* AfNrèB ces propos iiyurieni îl lui Umrm le
dos de la manière la plus insultante.
9 Pendant cet intervalle, la garde nationale s'empara des portes
defeciiwliya et du magasin a poudre* Le nu^ dekpfaaere»
voya très-honnétement à teurs quartiers les soldats français qui
étaient de garde. Peu de temps après» le colonel remontant à la
^t9ààh avec sos officiers^ le peuple i sans (XH&mettreisoi^rt eux
fsL nioindre bo^tifité » leur cria de loin qu'ils se retirassent j et ils
(foi^nl faire bien de ne pas s'y refuser. Le colonel, s'avau^ast
s^fpc «es ipistolets en waki» rencontra un de ses offieia*s» Il s'é^
Jèye entre eui^ une violente dispute ; le colonel veut la tenni«er
par un coup de pistolet que l'officier évite, mais ^U4 Huilbeufeiip
(lemeot blesse eu veiare une da«ie qui passait) et q^ii est naertp
trente ^ures ^pràs» l,e jour toaibait qu^ind eet aosident arriva»
et dans le mém$ m$9«it d^x effîçiers Curent blessés^ les agiras
içbefdiàreitt un efiyte où ils purent^
9 Le génér;il écrivit alors ^u régiment» qu'il en âtait le vom^
»
mandem^ au colonel t et qu'il.le donnait provisoirement à M. de
^ntrlUariift, ï9Pif>Vp II aivoya cc^ie de ^ lettre au majpr de la
jpjacei qui en 4osm^ eomuMink^^n à la municipalité*
I DfMis ces circonstances » les officiers municipaux firent aoor
ner le tocsin , pour avertir de se rendre à ses postes respectif la
garde nationale chargée de prévenii* le désordre, et de maintenir
la traïquiUité publique* Les rues furent remplies de citoyens ar-
més : le tumulte et l'agitation conti|uèrent toute la nuit. Le peuple
youlait qu'on lui livrât le colonel ; mais on ne savait oit le trouver :
ce fut inutilement qu'on fit perquisition dans plusieurs maisons.
A la pointe du jour , une dame , qui avait été témoin de la que-
relle entre l'officier et le colonel, qui avait vu celui-ci charger
son pistolet, et qui l'ayait suivi , rapporta qu'il s'était réfugié à
la (^eme des grenadiers, près du collège des Père»-DoGtrinaires.
Oj^ recommença , sans savoir par quel ordre, à sani^er le tocsin :
le peuple occupa tous les postes et ^es maisons qui a voisinent la
caserne. On aperçut un fusil p!|M^ sur une des fenêtres de ce
quartier; le peuple crut qu'on voulait faire feu sur lui : c'en fut
aspo^^pwr .Élire plaitoîr «m gréle 46 fairiias eeÉCra ks féoéMs
et la ^orte dd«8U6 oa^erae» UuesMonde dëdiai^ «niinl k i^re»
mière ; et la porte ayant été brisée par la mousquet^riei le do*
lonel se présenta au peuple, peut-être dans Tinteotion ixn le cal-
mer par des paroles conciliatoires ; maïs à peine fut-il aperçu •
que mille balles le percèrent^ II était alors environ six heures du
matin du 19.
j Le conseil de la commune, assemblé à l'HôtelKle-viUe ^ avait
proclamé la loi martiale, et demandé mein-forte à la garde aàlto»
nale et au vég^ent provincial ; mais pendant q<m le^ offieiers
miiflicipaux se rendaient au Heu de ratlroupemefil^ on atmon^
la mort du colonel, et tout rentra daOB te «aime k plus j^lui»
Peu de moyens après, le conseil £t publier une ordeMnaftce qui
e^foigoaitttu peuple de respeetel*^ de laiseîsr passeï* librement
dsme Ja viUe , et de traiter comme oitoyene et frèret les officiers ^
basK>fiiciers et soldats du régiment du Hainie i et tous cetiX de là
garnison. On vit alors paraître dans les rues plusieurs offij^eNel
soldats qui s'étaient tenus soigneusement cachés pendant le tu-
tiuttc de la liiiit ': beattcôup dVntré ëiik clevàiènl ta vie ^ là gé-
Hétôàiè M feîtoyéhs qiiî , four lés saûvéî, âvaîéiit ëipbse lehH
> Le toâjôr du régiment s'était rétiré i ThÔtel àà général ;
deiit ôfticiers ihunicjpaux et deux hotables , escortés d^nn déta-
chement àe la garde nationale, allèrent trouver cet bracîer, et le
prièrei^t de se rendre à rtlôtel-de-ville, ôii il assura là munidpa-
hie de ses intentions patriotiques, et convint qu'il devait la vie a
trois citoyens qui, dans la soirée précédente, avaient bravé les
plus )vrands dangers pour le soustraire à nombre dé coups 'de
poigtiards qu'on lui avait portés.
> Quatie olîlioiers, trois g^adiers et deui fuèili^rs ont dlë
biessëe dana oette ëmeiile ; m«i auculi d'eux ne l'est daag0*euse-
naent» Si les eitof eifa n'ont éprouvé aucune nolenoe, ils le doivent
à la conduite exemplaire des soldats, qui sont restés tranquilles
dans leurs quartiers, depuis l'ordre donné par le major de la
184 ASSEMBLÉE NAT109IALE.
phce, au nom de la nation 9 do roi et de la loi, de ne prendre les
armes contre les citoyens qoe d'après on ordre par écrit des of-
ficiers mnnicipaux.
> Quelques pauvres femmes ont fait éclater une générosité peu
commune, en accueillant et cachant dans leurs demeures plusieurs
officiers : presque toutes ont poussé le désintéressement jusqu'à
refuser la moindre récompense.
> La mort de la victime a mis fin au tumulte, et depuis long-
temps la tranquillité et la bonne harmonie entre le soldat et le
citoyen n'avaient si sensiblement été manifestées. Un détache-
ment de la garde nationale, commandé par IL de Tenente-Bra-
gini , donna Texemple de l'union , en invitant les soldats du régi-
ment du Maine à se divertir ensemMe. Les bas •officiers de la
même garde ont assisté aux obsèques d*tin sei^ent de ce rég^
ment , mort de maladie , et ensoite ils ont donné àint camarades
du défunt un grand repas , que ceux-ci se proposât de lear
rendre.
1 Le colonel a été inhumé le soir du 19, à six heures du soir,
dans le cimetière de la ville : le corps était accompagné par le
major du régiment, un capitaine, deux curés et<}uatre prêtres.
•
> Le conseil-général de la commune s^étant fait apporter le
» - • ••
portefeuille du défunt , on y a trouvé deux mémoires manuscrits,
dans l'un desquels , intitulé : Etat des rapports polifiqiLes entre la
France et la Corse, on prétend prouver qu'il ne convient pas à la
France de retenir la Corse. L'autre manuscrit a pour titre :
Moyens sûrs pour embarquer le peu de troupes de sa majesté qui
restent en Corse, et ses employés. On a trouvé aussi, dans ce porte-
feuille, un exemplaire imprimé d*une réponse au dernier rapport
du comité de Bastia, de l'exposé des officiers du régiment du
Maine , au sujet de l'affoire du 5 novembre. On prétend que cet
imprimé contient un grand nombre de faussetés et de calomnies
contre notre respectable maire et contre lés faabitans de cette
capitale* >
MAI (1790) J8S
Nous Teno»s dé voir les résuhats de la croyance qui régnait
pdrmî les patriotes, et sufifisamaient justifiée d'ailleurs, d'une
oonspiffttion pour introduire des troupes étrangères en France
à l'aide de la possession des irilles rapprochées de la frontière. Il
feut maintenant voir le retentissement des démarches de l'oppo-
sition qui formait le côté droit de l'assemblée : il faut aller à
Montàttban et à Nîmes.
« AMontâuban, dît Loustalot, l'aristocratie militaire, ecclé-
siastique et judiciaire, a fait périr dans un quart-d'heure plus de
€îtoyeDS que vîingt-trois millions d'hommes n'en ont immolé dans
une grande révolution où ils avaient à se venger de quatre siècles
de malheurs et d'outrages.
> Un mandement de l'évéque de Montauban et des prières pu-
bliqses avaient fait fermenter les têtes : la déclaration de la partie
aristocratique de l'assemblée nationale , et la protestation des
catholiques de Nimes n'avaient point rassereiné les imagina-
tions, etc.... »
Le iO mai, la municipalité devait faire l'inventaire du mobilier
iks Cordeliers. Ses officiers en arrivant trouvèrent un attroupe-
ment considérable de femmes, qui s'opposèrent à ce qu'ils missent
le pied dans le couvent : ils se retirèrent. En effet, on remarqua
qu'une oiesse solennelle avait été célébrée ce matin même, sous
les auspices d'une dameLaforce-Gaumont, dans l'église du cou-
vent , et que toutes ces femmes y avaient assisté.
Cependant il y avait émeute: les dragons nationaux et quel-
ques compagnies de garde nationale se réunirent à l'hôtel-dc-
vîUe pour y prendre les armes qui y étaient déposées. Mais pen-
dant ce temps, rémeute poursuivait sa course; elle attaquait la
maison du commandant de la garde nationale, et menaçait de le
r
perdre. Les troupes de l'hôtel-de-ville allèrent le délivrer : elles
furent suivies par l'attroupement, et bientôt attaquées. Quelques
dragons nationaux sont tués et l'hôtel-de-ville pris. D'un autre
côté on délibérait dans l'église des Cordeliers. Le duc de La-
force met le sabre à la main , et se meta la tête de ceux qui s'y
trouvaient réunis. La municipalité , prisonnière^ obéit aux révol-
186 ' ASSEMBIiÉB tfATIOHALE.
tés; le régiment de Languedoc reste en cooséqiieiKQe knittQWie.
Les dragons nationaux sont promenés nus dans les mes pwr
£aire amende honorable, puis jetés en prison^ On ^ «et à la
ehasse des protestans ; on arbore une cocarde blanehe p^rOM
une croix , au milieu.
A la nouvelle de ces événemens» la garde aatîiHiaie de Bôr*
deaux demanda à marcher sur Montaubsga , 0t la mm^eqMtilé
prit sur elle de détacher quinse cents honopies qùm mirent en
^et en route.
Toutes ces nouvelles arrivèrent simultanément à rassemblée
nationale ; elle chargea le ministère de ramener le calage dans la
ville insurgée, et de se servir , dans ce but| des Bordelaifi et du
jrégimait de Languedoc.
Nimes , le 3 mai» On avait annoncé d^uis quelques j<»Qr$
\ dans cette ville, que plusieurs compagnies , )Qomposées en entier
,de catholiques^ devaient arborer la cocarde bianctie: queique»-
uns de ces légionnaires l'avaient déjà prise. La municipalité ^ qiii
aurait dû prévenir ce désordre» a fermé les yeux sur les malheurs
qui se préparaient. Avant-hier niéme , plusieurs Gom^ignies, dMt
les membres portaient des cocardes blanches^ sont allées plantera u«
mai devant la porte du maire , qui les a parfaitement bien reguSb
Cependant les soldats de Guyenne voyaient avec indî^alMn le
mépris que quelques légionnaires témoignaient pour la çocftid^
nationale. Hier, 2 nuti, sur les cinq heures dy soir, tandis qu'il
se promenait beaucoup de monde sur le Cours, s<f»t^è luMt sol-
dats de Guyenne arrachèrent la cocarde blanche à quelques
particuliers; mais des journaliers s'attroupèrent et leur lancèrent
des pierres. Les soldats fondirent sur eux à coups des^bre. Cha-
cun s'arma de son côté, et des légionnaires-patriotes soutinrent
les soldats qui étaient en petit nombre ; l'affaire fut vive sans toe
meurtrière: il y a eu de part et d'autre sept à huit personnes
blessées. Les officier^ retenaient et faisaient rentrer dans . ie
quartier tous les soldats qu'ils renoontraient; enfin on donna Té-
veil aux officiers municipaux , qui se mirent a délibérer s'il £attaît
défendre de porter la cocarde blanche. Ils se rendirent fiur4e-
■ ir
«u Cours, el la nuit étant survenue, le trouble cessa.
Cette n«k il n'y a point eu de mouvement; mais une compagnie
en h Croix se permit de iaire la patrouille sans être comman-
dée. Le regHoent «st eonaignë ^ux casernes. La municipalité
pr«id les dépositions des joinnaliers agresseurs. Les capitaines
des eoBupagniies de la Croix achètent les armes qui sont chez les
armariers. Bu reste, on vient de dire que les officiers munid-
paiix vont piblîer une proclamation pour défendre de porter des
eocanles blanches { îls auraient du y songer plus tôt.
SÉANCE DU 11 MAI.
[Adresse dtl GOnseil*gékiërd de la commune de M(Hitélimar,qtti
dénooee à Tassebibléie nationale un impriiiié séditieux, intitulé:
DUibératiam fbs titogem cmholkiuet de la vUk 4e Nîmes ^ comme
Mtrageant pour la religion , et auenlatoire au respect dû à Tasr
eemUée nationale et an roi*
Adresaes du nuéme genre de la commune de SaintrPaa^Troia-
Cfaàceaui> de ocUe d'Ossene et de celle de Saim-Veitier*
Adresse du chd) des Amis 4e ia congtiuaiont compoaëe de 100
eiloyeiis aetifc delà vîUede Nîmes. < Notre ville est en proie auK
dîsaensions intestines: d^ le sang coule^ et les Anm 4e ia «on-
aUtuiùm sont alarmés. Le 17 avril, quelques légionnaires de la
vîUe de Nimes ont substitué la cocarde blanche à ia cocarde na-
tionale. Le leÉdamain.ils ont fait de cette marque de ralliement
une interprétation criminelle ; ils se sont permis deis propos in-
déoens contre la nation, en cherchant é la mettre en opposition
avec le roi. Une feuille infâme» sous le titre d'Âvii à (armée
française f circulait dans la ville et augmentait le trooble* Ijsl vigi-
lance des officiers municipaux aurait dû arrêter ces désor4i^es,
et entendant elle a négligé de le faire : la discorde «'est accrue.
Le premier du mois de jnaî , deux compagnies de la garde natio-
nale avaient planté un mai à la porte de M. le baron de Mai^ue-
rîtes» maire de la ville et député à l'assemblée nationale $ il les
invite à un déje&ner pour le lendemain dimanche, ou ils se trou-
vèrent la plupart en cocardes blanches. M. de Marguerites fit
I
j
188 ASSEMBLÉE NATIONALE.
«juelques observations pour !a forme, et les cocardes furent con-
servées. Dans l*aprè»<l!ner, un légionnaire étant à se promener
au Cours avec une cocarde blanche, un sergent du régiment de
Guyenne l'invita à la quitter. Non, lui dit le légionnaire, je suis
aristocrate. Â ces mois^ le soldat lui arrache la cocarde et la
foule aux pieds. Aussitôt des légionnaires se réunirent ; des sol-
dats du régiment de Guyenne vinrent à la d^ense de leur cama-
rade. Les sabres furent tirés. On courut avertir le corps munici-
pal : il était occupé à signer une délibération contre la cocarde
blanche. Les officiers municipaux se transportèrent au lieu du
combat , et le firent heureusement cesser. La nuit il fallut veiller
à la sûreté de la ville. Les patrouilles furent doublées ; mais on
ne vit point sans peine la compagnie du n"" 31 , la même qui , le
matin, avait déjeuné chez le maire, être choisie pour garde,
quoique ce ne fût pas son tour de service. Des hommes arméç de
piques et de bâions, éclairés par des torches, ont parcouru la
ville, et y ont répandu l'alarme, sans que la municipalité parût
s'en occupei*. Les troupes n'ont point été requises^ et ce n'est
qu'à la sollicitation réitérée du respectable commandant du régi*-
ment de Guyenne, que la loi martiale vient enfin d'être publiée.
Nous vous envoyons la proclamation des officiers municipaux;
vous verrez le peu d'importance qu'ils attachent aux calamités qui
nous désolent. Notre ville est en proie aux deux aristocraties,
politique et religieuse, hautement avouées par les uns, basse-
ment déguisées par les autres. Il n'est pas inutite de vous faire
remarquer, Messieurs, que ces faits se passent à la veille des as-
semblées primaires.
> Fait à Nîmes , ce 4 mai. i
Suivent quatre pages de signatures.
M. Charles de Lameth. Tout dans cette affaire annonce un dé-
lit. Je demande le renvcri des pièces au .comité des recherches,
et que M. le baron de Marguerites soit mandé à la barre poin*
rendre compte de sa conduite. (Murmures de la partie droite.)
J'observe que le congé de M. de Marguerites est expiré ; j'ignore
ih qui a pu prolonger son séjour dans la ville de Ntipes: par les
MAI (4790) 189
résultats > il y a lieu de croire que ce n'est pas son amour pour
le bien pubKc. (Nouveaux murmures.) Si quelqu'un blâme la
hardiesse de mon opinion , je lui réponds que j'ai déjà pour moi
les délibérations des villes voisines, qui nous dénoncent la con-
duite d*une municipalité dont il est le chef. J'ai droit de m'inquié-
ter ânr la conduite d'un maire qui , membre de l'assemblée na-
tionale, a dû avoir beaucoup d'influence sur l'esprit des ci-
toyens. Ce n'est point comme membre de l'assemblée nationale
que je demande qu'il soit mandé à la barre, c'est comme chef de
la municipalité. Cette démarche sur laquelle on se récrie n'a rien
d'humiliant ; pour moi , j'avoue que je tiendrais à honneur de ve-
nir déposer dans le sein de l'assemblée mes inquiétudes, et d'y
prouyer mon innocence. M. de Marguerites , après avoir subi la
re^onsabilité qu'exige sa qualité de maire ^ rentrera parmi nous
comme membre de l'assemblée.... (S'il en est digne, s'écrie-t-on
de la partie gauche.) Plus le peuple nous accorde de confiance ,
plus nous lui sommes comptables. Qu'on ne parle pas de l'invio-
labilité des membres de cette assemblée: elle est en raison de
l'estime publique qu'ils se sont conçiliéç^. S'ils se comportent mal^
on leur doit moins d'égards qu'aux derniers des citoyens. L'état
inquiétant de la ville de Nîmes ne peut être l'effet d'une cabale
ordinaire: depuis que nous voyons les aristocrates prendre de la
confiance, ils n'ont point encore été si loin qu'aujourd'hui. (Des
murmures interrompent l'opinant.) Les mots ne sont que des
conventions pour se faire entendre , et je crois que le mot est
consacré. Tandis que rassemblée nationale acquiert une nouvelle
gloire , elle semble s'endormir au sein de ses succès ; elle oublie
que l'ennemi de la liberté publique veille encore; et lorsque sa
folie prend tous les caractères du délit, il est impossible que
l'assemblée n'en prenne pas connaissance. Je demande donc que
le rapport des pièces dont on nous a fait lecture soit renvoyé au
comité des recherches, et que le président de ce comité soit
chargé d'écrire au régiment de Guyenne pour toutes les instruc-
tions nécessaires , relativement à cette affaire.
M, de ClemonhTonnerre, En me rappelant les résultats inté-
t9ê ASSEMUléE NATIdlfÀLE.
ressan» des tnmiiix pfttriotkpies du comité des rechercha, jfixh
«te avec M. Charles de Lametb, pour qa'nue aflbire anssi
(rrave lui soit dénoncée. J'observe seoienaént , m opposhk»
direete sur ee point avec lui^ qu'il ne vient dans mon esprit ai»-
CIHI6 suspicion sur le patriotisme de H. de Ubirgncriies. 8»
dignité de membre de rassemblée nationale, demande qu'il ne
soit tradak à la barre qne lorsqu^l y avra contre bi acoosatiofl
en forme, et j'sq[>puie mon c^inicm par im et6ii^[>lc. Levsqjue
M. Iblonet, accusé devant vous, entratnë par TindiscFélkin de
son zèle , voulut se rendre à la barre, en lu) ordonna de montai»
à la tribune. Je propose donc seulement d'^hiviter M. dé Hfoi^gne^
fités à v«iir reprendre ta plàee qui luf appartient âaBS cette as*
semblëe , et que là il rende les comptes qu^il jugera convenables.
(L'opinant est interrompu.) Si on persiste à vouloir mander à la
barre M. de Marguerites, j'espère qu'on voudra bien amener à
eette même barre ies-effleiei's municipaux sous les yeux desquels
on a assassiné. ... On m'entend.
M. Martineau. Il est certain qu'il existe à Nîmes un foyer de
fermentation: quels en sont les auteurs? Je ne sais. Quelle en est
ta cause? Tons allez rapprendre. En ma qualité de président du
comité ecdésrastîque , j'ai reçu de la municipalité de CftàloBS-
sui^a6ne, une lettre par laquelle on m'annonce qu'il lui a été
envoyé une délibération de la ville de Nîmes , dû Ton cherehe à
insinuer que l'objet de nos décrets est d'anéantir la religion ca-
tholique. Dans de paralles circonstances , je propose d'inviter
M. révé(itte de Ntmes à se rendre dans son diocèse pour apaisa
les troubles. Personne n'en est plus capable, et par son caractère
personnel , et par le caractère sacré dont il est revêtu , et enfii
par la connaissance particulière qu'H a des intentions de rassem-
blée nationale de conserver la religion catholique dans toute sa
pureté.
Jlf. Bamave. Je ne m'^arrélerai qu'au seul point de la délibéra-
tion qui peut être l'obfet d'une discussion sérieuse , c'est-à-dire
celle de mander à la barre le maire de la vîHe de Nhnes. J*ap*
pnie de toutes mes forces cette proposition ,* et je ne crois pas
MAI (1T90) 191
qoe h qualité de député paisse affranchir le maire de Nîmes de
h responsabilité à laquelle il est sujet en cette dernière qualité.
N*aY(»i»^Bous pas vu plusieurs fois le maire de Paris et le com-
mandant de la garde nationale paraître à la barre pour y feire
des pétitions ou pour y rendre des comptes? De ces i^its, il ré-
sahe que tout eit03ren qui réunie un antre caractère à ceibi de
député 9 peut venir à la barre , et y figurer ainsi qu'ait )e férant
s*il n'était pas membre de rassemblée nationale. Ce serait un ter-
rible privilège que ceèut de député , s^il nous afltancbrssart de la
responsabilité. Yotré délicatesse vous dit assez , sans que j'aie
besoin de le développer , qu'il vous est impossible de vous établir
smceptibies d^une fonction , et d'en supprimer hi responsabiKtéé
Je crois avoir prouvé que vous avez ce droit , et fe dis que dV
près ks ftiits de notoriété publique , i) y a preuve suffisante pour
le faire. Il est de notoriété qu^ii a été imprimé dans la viHe de
Klmes QRe affiebe commençant par ces mots : L'tnfàme assemblée
iMMtonafo. G^est peu de jours après que sont arrivés lear trouUes ^
et la municipalité ne s'y est point opposée. Qu'on ne me dise
peimqtt^eHe les ignorait , car je dis qu^^elle serait coupable de les
igiKNi^r. Il n'est pas permis aux pères du peuple d'ignorer ce
q»*on Bfiéëite dan& leur ville , a» moment oii Topimon publique
%A UMUTBiure. La délibération par laquelle elle a paru vouloir ras-
surer les citoyens , est un titre assez suffisant pour le mander à
la bsurre. Gomment qualifier son insouciaBeey au moment oii il
se passe de pareils événemens? Nous les apprenons, non par le
maire y mais par un club patriotique. Je demande si le courrier
de la municipaiké n'aurait pa^dft précéder tous les autres? je de-
mande, di»*je, comment les amis de la paix peuvent excuser
une fiareiUe conduite? Je conclus en disant que l'assemblée a le
droit de mander i la barre le maire de Nîmes, et qu'il y a
prenve. suffisante pour lui ord^imer de rendre compte de sa
conduite.
Jf. le vicomede Nxmlles. J'appnie la proposition de M. Bar-
nave avec d'aïAant plus de raison cpie M. de Glermont-Tonnerre
iHi-niAme vient de me cfire qu'il se rendait à cet avis. Pour rassu-
i92 ASSEMBLÉB NATIONALE.
rer les bons citoyens de la ville de Nîmes , je demande que
M. le président se retire par-devers le roi , pour le supplier
de faire rester le régiment de Guyenne en garnison dans cette
ville.
^ On demande que la discussion soit fermée.
M. Lachèze, On devrait du moins parler autant pour que con-
tre Taccusë.
L'assanblée décide que la discussion est fermée.
M. Barnave propose le décret suivant, qui est adopté.
c L'assemblée nationale décrète que le maire de la ville de
Mimes se rendra sans délai à la barre de Fassenoiblée nationale,
pour y rendre compte de s^ conduite et de celle de la nmnicipa-
lité , rdativement aux troubles de cette ville.
> Renvoie toutes les pièces relatives à cette affaire au comité
des reciierches, lequel sera chargé de prendre tous Les éclaircis-
semeos qui lui paraîtront nécessaires ; décrète en outre que son
président se retirera par-devers le roi pour le supplier de ne pas
éloigner de Nîmes le régiment de Guyenne, i
M. de Menou. Ce n'est pas seulement le régiment de Guyenne
qui donne des preuves de patriotisme; je tiens la minuté d'une
adresse du régiment d'Aquitaine à tous les graaadiers et chas-
seurs de l'armée. — M. de Menou fait lecture de celte adresse,
qui reçoit les plus vifs applaudissemens.
M. le président est autorisé à témoigner la satisfiactton de l'as-
semblée au régiment d'Aquitaine.
Nous ne nous étendrons pas davantage sur les troubles des dé-
partemens pendant ce temps : ce ne furent que des émeutes sans
importance et sans durée ; mais , quelque petites qu'elles fassent ,
l'assemblée était obligée de s'en occuper , taiit il est vi^ai qu'en
réalité à elle seule appartenait le pouvoir exécutif , qui n'était que
nominalement entre les mains du roi. Il y eut des troubles pour
les grains à Tpurs , à Perpignan , à Môntbrison , etc. Dans ces
deux dernières localités , les campagnes marchèrent sur la ville ;
mais la garde nationale suffit pour mettre l'ordre. A Toulouse ,
MAI (1790) m
à Caen, ce forent des émeutes politiques. Dans cette deroière
cité, beaucoup de gens portaient la cocarde noire; et il y eut
quelques duels entre les habttans et des officiers de la garnie
son , plus patriotes que les bourgeois. Tous ces monvem^as con«
tribuèrent sans doute à provoquer la prodaniation du roi, dont
nous avons déjà parlé , et qui se bornait textuellement à recom-
mander l'union^ et Tnsagé de la cocairde tricolore. Mous croyons
inutile d'insérer ici cette pièce; nous préférons donner là sui-
vante 9 qui noua parsdt plus curieuse.
Pacie fédératif (les bas^fficiers ^ caporaux, grenadiers et fusiliers
des régimens de Normandie et de Beauce^ en garnison à Brest,
c Quand de dangereuses manoeuvres semblent se tramer pour
s'opposer à la r^nération de l'Etat» et qu'il est essentiel que
tous les bmis citoyens manifestent de plus en plus leur dévoû-
ment à la patrie, pour que la France connaisse le nombre de ses
vrais défenseurs , et que nos ennemis du dehors , et surtout ceux
du dedans , sachent enfin ce que peuvent des hommes libres.
Nous, ba»-ofSciers, caporaux, grenadiers et fusiliers desdits
régimens, réitérons devant Dieu le sermast d'être fidèles à la na-
tion , à la loi et au roi.
Nous jurons de défendre jusqu'à la mort la nouvelle consti-
tution du ro^ume, et nos dignes représentans, qui, d'accord
avec un roi-citoyen, ne travaillent que pour le bonheur de la
France.
Nous jurons de protéger et de défendre tous nos braves com-
patriotes, tant citoyens militaires, que militaires citoyens.
Nous jurons de surveiller et de traverser de tout notre pouvoir
toutes les trames et manoeuvres des ennemis du bien public.
Nous jurons de plutôt mourir , que de cesser un seul instant
d'être libres ; mais nous protestons n'entendre d'autre liberté ,
que celle conforme à la loi , et à la subordination qui en émane.''
Nous jurons enfin d'empêcher, même au prix de notre sang ,
qu'aucun de nous devienne la victime de la manifestation de ses
sentimens patriotiques. Hais nous regardons comme infâme et
T. VI, 13
IM ASSEMSLiE NATIONALE.
md^ id*èo^gaiiifltîcita|)ça « qMioooqm d'fnUre ii<m serait «i^àez
Mdi6r [Miur cmiadre cte domier û«vert<|iiwiKi di$ pi'^iiv^ de ma
pattimisÉie. Si§fttrft, tous 1«$ bafiroffieierf » ^^ffeiift, caporwi:,
granadien et fo«iiicn to rëgimena âe N<M*«MQdi« et de $6i#ce. n
€h {MHata fiéémrttf a «lé adrmé (W I^r^sl à ll^ «Hifti^sM^té ^
PÉris, aifm piMr9 die iq im p»S9er au nwîw^^ à/^ 69kr4es-i
prmAtt'tiigment AtbMftif ii« (a nniioH* hà «luiûç^ytéli fut
paaier cet écrit au régiment â^ gardtokPWPmi ^tl^^it, ^f^^^-*
cîer&, 1|eiçeDS„ caporaux ou soldats en ont donné un reçu. C'est
le IS q)i^,oet 9cte a été reçu à la Ville et envçyé à son adresse.
Fàitsé ^ A traters tet oompatiaiia^ l'ttupridée Miâl^ une
kiatrueciM pour la vente det bicoa» iiaitàaMttK ; 49Gvë|si <fi|e|q«ies
affddis 8«r loi droits isodau , mr du» difQqukéa d'ëtoofiaç» sw*
iriti]p(Bila8; dès acbevu ea |artieii loi sur la wM^icipii^té 4aP^i«,
Nmb sHMBr iflsérarlûi, un sùa «ntier « T^i^pi^é de l^ sdmce où
Ton t'odeu^ |MMir la prenîèrç fm de c^^ questiop c^^'^t la
seule, au rsstu, oà il y ak eu uuedîscwmw* Plus taird ^les ur^les
de lu tôt sur la nuiîdpuité de Partis iwiMlvetaJ,^
par assis et levé, tels qu'ils étaient présemés; csr ubrs fattesr
ûm éiaH aîlieuara. L'aateuiUéct ae s'otccupu p^at de Çusoices
pendunt ce pois : «He abiudoinia la direotiou 4t os genre A'9f^
dires i sou «oorfté des fipauces, tfsà traita dîrectuuiettt ^m
Necker.
SÉAMCV BCr 3 MAI AU SOIR.
[JDtseusMOn sur te pUm de muutdfNlfilé pmir la vUkd(^ PoM,
M. SiemamÀer^. Messieurs, aiaii de eomoMieer eu. iriyfwrt ,
je dois vous 'ob8ei'*?er ^fuu i^tre oomitëu ^Laminé tom lauylaitf
qui lui oui été euvoyés» soit paf \^ mandataires provispîre^sié-
gUMH à ri|6l^kle-^iUe> spk par ies députés des district&réiiuis ji
l'anahaivéQhé, aiusi que bes remanies qui lui ouA "été aidreftsées
par iesëiverses secti(Nis ; et que oe a'est ^'api^ès avoir nûr^nieat
réflWehi «lu* Imt ooutenu , qu'il a adopté le ptau que j(Ç va^ avoir
l'hwiieur de «ous «9uoietti^«
c L*Qrg^is£^iQn œunicipdle dç la ville de Parr» «st à^nxm telle
imporiauce poi4r bi pi^cispâriié d€i l^ capital U It «laîBtiâa de ta
liberté;, cpiB cbaeua dea ineHibre& de votre eooiilé a pegwdé
cooQime uq de sei^ devoirs de àornsèv me aitentMi» sewipuhMfg à
cet objet particiUier* Nous avoBS étudié à diverim repriets reflet
des combiiiaisûns qu*oii pourrait s)de|ilter, et ie plUa desl js^is
avoir Tboimettr de vous rendre compte est le résultat dfqn Umg
travail»
» Il ftiut qme les méo^es principes régisseàt désoruM loaie la
Fraqce, Cette uatio» ae peut avoir qu'un golivemeineiic re|n«^
seotatif : Ie$ législateurs doivent màiager an tiàoiyêa te rapoit el
le temps qu e:(igeiU; ses ^Ëiires |[)6i!$omieHas ; ib doivent ésavcer
avec un soin extrême les siijets de diseorde » de jakMsie eu do
troubles , qui se propageraiept du eeutre mu WféwÈÉ^ #«d
Etatt £u rapprochant de ces vérités ine^taitidïlea h» pkasoii
les pétitions des représenUW ou des^ccmitnis.^ipes deiaernuMM
ou des districts , nous ne craindrons pas de kl dife, nous anw
vu le patriotisme ^garà par le 9^e ; la tuMsiaadu bien pttMfe en-
tr^née p^ur le mog^em apt|i«U saa^ soncfev à l'ayenîr i aa géaé-
reux dévoûment qiû dédaifa^ aea mférâta partieidievs et 8#
trompe sur l'intérêt général ; «t ealbi Fratheuaasme €b la liber l^
observant mal les iostilutÎDns bwimiflea q«e la sagewa erdonne
de cak^r sur les disposUi^s liat>ïiidleB de FbnwMn et rinsiiiei
de la raison^
t Si les opinions devieaawt enagérées, c'est à tous ^ BfesriëuM»
de les raipener au vc«i; ^i la tbéam des gwvemenens B'est pas
encore bien connue; si Van de makleiiir el d'assarer la libevtë
publique est nouveau parmi nous , il est de votre defti» dfen
éteiidre les progrès et de créer » par votre àagesse^ et votre piré-
voyance, la prévoyance et la sagesse de tous les eiteyciis.
> Les circonstaiMSss obHgeBt à leleinr ieL de» erreurs qm^ ^
se répandant f altjreiiaieBt mf nous d*ianoiiifai*aUes edanniés* Le
comité a vu avec doelear ptusieuns eommanes d« royaume Mré
ime fausse application des ffwi^ pvhieipes; éa pouvoir mmaâ*'
tuant et du pouvi^irlégislattf) :ehereb«irleilrfàreeeoeHesi*ên^
jj»
i96 ASSEMBLEE NATlO?lALE.
an lieu de la chercher dans la constitution et dans Tunité natio-
nale; oublier que rassemblée permanente des représentans de la
nation garantira mieux la liberté de tous les Français, qu'une
coDunune ne poutta jamais garantir son territoire ; rappeler le
rëgîirie des cités de la Grèce, comme si la France pouvait , sans
se disspiMlre, devenir un gouvernement fédératif sous aucun rap-
port; appeler les citoyens à des délibérations continuelles , saïis
feire attention que la sagesse ne dirigerait pas de pareilles assem-
Uées; c(»ipter sur leur présence journalière, comme s*ils n'a-
visent pas une femille et des affaires à soigner; annoncer comme
le résultat de la majorité, ce qui serait le caprice du petit nombre;
recommander des établissemens qui livreraient la chose publique
à la Êinlaisie de quelques hommes riches , intrigans ou désœu-
vrés; enfui, réclamer pour le moment et pour Tayenir des droits
de régler et de gouverner , qui , ne se bornant pas au pouvoir
municipal, attentent à l'autorité souveraine de*la nation et au
pouvoir du corp^égislatif.
» Kbis c'est assez d'avoir indiqué ces erreurs : l'empire de la
raisixi, celui de vos décrets, les fera disparaître; le sentiment
qui les a inspirées suffirait seul pour ne laisser aucune crainte ,
et je me hâte d'entrer dans lés détails.
» L'article XXV de votre décret du 14 décembre, contient
cette disposition, relativement à la capitale : c IQuant à la ville
de Paris, attendu son immense population , elle sera gouvernée
par un règlement particulier, qui sera donné par l'assemblée
nationale^ sur les mêmes bases, et d'après les mêmes prin-
cipes que le r^lemait général de toutes les municipalités du
royautiie. »
t Si le sens de cette disposition a enibarrassé quelques per-
sonnes^ il a paru très-clair à votre coniité , qui connaît vos prin-
cipes» et rindispeiisabte nécessité de les maintenir. Votre inten-
tion, Messieurs, n'a pas éto, elle n'a pu être de supprimer les
notables dans la municipalité de la viHe de Paria; deles rempla-
cer par les diverses sections; de reconnaître, dans celles-ci, le
dnoit de régler ou d'admt9ft«trer, qu'on a réclamé plusieurs fois :
MAI (i790) 197
vous avez vomIu seuleaient réserver à la capitale les modifications
que demandait la nature des choses. La forme des élections, or-
donnée pour le reste du royaume , se trouvant ici impraticable ,
vous ayez voulu , en iconservant le principe général du scmtia ,
en varier pour elle les combinaisons; vous avez voulu encore
établir les détails de surveillance ou de. régime intérieur, que sa
position rend nécessaires, et surtout prévenir les abus etles dé-
sordres qu'une si grande mai^ de revenus , de dépenses et d'af-
faires pourrait occasionner. Vous avez senti qu'il fallait contenir
dans les bornes de son pouvoir une municipalité si imposante,
m
et en lui donnant l'activité. dont elle a besoin pour maintenir la
tranquillité ^e sa nombreuse population , lui ôter les moyens
d'abuser de sa force; enfin, Messie^urs^ v(his ^avez se&ti qu'il
était pour vous d'un devoir rigoureux d'assurer les droits de
ses citoyens par des expédiens qui produisent leur effet sans
convulsions.
> D'autres considérations nous ont frappés. La ville de Paris
sera constamment sous les yeux de l'assemblée nationale : si la
municipalité s'écartait de son devoir, cbacune des sections, et
chacun des citoyens pouvant se plaindre au corps législatif,
celui-ci serait toujours prêt à la contenir; et l'intervalle d'une
session à l'autre ne peut donner aucune inquiétude. Les officiers
municipaux devant rendre coo^pte, et rendre un OHnpte sévère,
il ne faut pas redouter légèrement les abus de leur pou¥(»r, et
il est plus à craindre que la commune n'abuse de ses forces
contre eux« Tenir les sections en activité , ce serait anéantir la
responsabilité.des officiers municipaux,' et, au lieu de ce moyen
légal et sûr de les réprimer, les troubler sans fruit, mais non
sans danger pour la capitale. Des délibératicms populaires , trop
multipliées , fournissent et fourniront toujours , aux ennemis du
bien puUic, des moyens de semer de la discorde, et un instant
de réflexion convaincra qi^'il est de l'inlérét de la ville de Paris
de se soumettre au régime commun des autres villes; que si les
modifications dansles détails sont nécessaires, les exceptions aux
principes seraient dangereuses , et qu'on essaierait vainement de
196 ASSBIALÉB NATIONALE.
voia» les (Hnésentcr» piiifiqa'il florait de votre ée^iair êb ne pas les
souffrir.
>Hbous a aiNDMë» Messieurs» qu'où polimt donner uQelxHlnfe
oi^pttHsa^oii i Ift capitale» s»ks flédnr sur iesfirkieipefiy etéans
altérer ks bases sur lesquelles vous avez établi les munictpiriitës
de toutes les eommunes. Quoique nous ayons lécarté les détails
qui tt'éiaicul pas néeeésaires » le plan M d'une as^ez grande
«lèudue; «ais les rapports de la tranquillité de b Tilie de fûYk
atee la ttonfuSiié èè toui la royaume, vous sont tëktsiént coin
mm^ ^pieai b dtecussion o&igë plasietiH sëauced du 9fM , voite (es
aoebrderae vtdooders»
Les artîdics tsonétitationnels qai aurotlt %oMe là âtàbHité de
Jà €00sliltttMai, <s qui fennent la niatièré du iMe t^efatterr y
4ant aëparés des anides i^ameicainès. Ceul<*)ài t)bttlrrt>at ,
d'q^rès r^iq^ériasea , être 'Changés par un siaiple déornt lia
corps-l^slatif 9 et ccNmposeut trois titres ; ils traitent dee ftlrâiës
des ^tetîons» du fpéfputé imérieur de l'adniinisaratioQ muflici-
(fiiei 01 de quelques inttiiatîaas uties à Ja police^t an bon
erdra é^ chaque aeotibii. Nous* avens retmeUtî, dans la palatin
r<%leinentairèi toutes >les idées saines tqu'on nous a oamimyii**
épiées; ntaî le aiBe qui naos anime pt»ir in bonheur de laieapi-
Mle^ nous a £ttl me lot iaipérîeusa de ne pas tons ^<ipùser^
Messieurs^ te peroissienee nctite^es seoUons, nons n'airOHs Men
11^;^ d'aiiieurs Ae ee qui peut apaiser tes crahiiea éè& honh
UMS les plus inquiets. -
La œrps oNuiicyal afifea dans le plan^ wi maire ei quarame^
huit officiers mumcôMUx, parasi lesquds aeiae» sous in nom
d'adinmistratears, €o«f)eseat le bureau « et iés tuante «^iksix
autres* leeaaseil amnioipal: nous demandonâ quatre-^M^gtoilga
notables* Le eonseil général de la comamne senail doncdeneitt
quaranteiquaire personnes ou dn eemquaranat cidq» en y *pm^
JHrenanl^ le maire. Ce nouabre , auquel on s'est airété apràl bien
des combinaisons^ ne paratt ni trop petit , m trop ooosiriérahin^,^
et on a suivi exactement les proporiions établies pour touSes les
municipalités* J'ol)serverai qpe si Ton n'adoptak pas la forme de
mai (i79(^ 199
«tnitili ëtablie «iititare II, ies ël0ei»9M dnneràjcut piits At m
tiioift^et qiie d's^rè^ côtte fotitv&, raugtnenteition ou l^ diaii»-
natioD sur la. quotité des membres éù eotml génétA de la
<sminilt|ie Be fMkitra se fiiifé que paé ffai^» châtre ou qua-
' » Ifôtis |»'«fKd8(Nid poii^ «ihâque fteetioa , im ooaiiiUamhre; db
{MHèl», <Gildou:aë (dMitbiésàfcr^adej^UotavbbaprgsadekaiiPvei
làitee dtt commi^ireée p&liee^ et dé pintiéuF» ficMielionf utiles,
les uns et les autres élus par les eit(iy8DS«
V Le» mmt^ qai «oit diéddé notre opmÎDniÉir ifes ditals du
ti^tut^ ifiléMéiif '4ae emfSmt iê tkne jlH ^ cflu^emeut ub long
d@Vèft»^^èln(^t ; nM$i #6 'priti^ek el fôsfrk géhdMd cb Yôb
<Mlî^e» floâk ttyâlit IQUjoifrs giiiUs, v<Ms «airiraB ces «po^ &
M ÂMaple leéMIf è ^ el dn 4«lr leKfiDsehâ dani» la diàmssibii * «li q«el*
t^^ article «oàt ((îotiieBiës. Kom l^emarfittponi ^kmeat ^
qu'après avoir partagé les fonctions du bureau tw tmq dépwto-
Aèilii b^fdéri&ÉbrimaiictSyCGfaii deiki pofee, oçluidi^domlines
M flCftÉiéesi ^tti des étaiAssemeafl pabiies >el.Geliit d€» trftvtex
{^blicsi ^'âfiréfi avoir doniiéà€i»fittnde€i^éipart»!i€»9.lraû
tjttaftHBMtrilificrâteuyb^ «cb» J« Bèmbfedo «on^nsUmioM «piW
jtig^à'Àëiimflira^ pcMn fioos somoiœ dcfeiipésdu âébiv^d'mmm'
Me St d'ordre, qui est fe ^eradièai de toiltea le$ g^paod^edMn^
trséioii6ï 11 ftbt qtie ies di^ve^siadoiiiietraietfrsi chairgés de fofl0-
tk^ dS^tt^nt^^ se snrveiOeût piéannioins et s*éc]air6«t m««liid-
lèdiénl, qû^ll^fioiei^ assujêtiia à uue marche ceiBiMiQe» et qull
t (dt <te f «filté dMis l^eséotuieii. Jiom avûèe ^cboii^ pensé qu'il
eeraft Mb #(»rdonner le rapport des affaires des eînq déparier
memÈf ^ • tieâfomiémeiit à ces tneev on article du fiire III en^
fdbà "sànc setee aâminfetf aiears de se rasseflibier toÉs les deux
fours, et de discuter, et de AécHef^ 4 le ms^orltë des vok» oe
qui est de la eempëtence du bujpeàUé
> Ifôtià né trouverez dans h plan^ Meneurs, aueuu article
qui prëjUgè les questions que vous navez pas encore résotues.
Jusqif ati décret de l'organisation dé toiHteft les gardes nationales»
celte de Paris resterait telle qu^etlë est, quant m non et à ia
300 ASSEMBLÉE NATIONALE.
quotité des bacaitkMis ; et lorsque vous aurez arrêté le plan de la
mudictpalité de ia capitulé, celle dispoaition provisoire sçra Ja
matière d*un décret séparé.
» Il enest tte même <hi coatentietts de la police, qui pourrait
faire partie du plan : l'importante question de rorganisaftion de
la police dans tout le royaume, n'afyanl pas encore été"diseu(ée ,
nous avons cru qn*il fattait égaletoent la teis^er à Técart , et que
si h capitale exige des modifications sur ee^ pçiiit , elles seront k
matière d'un autre règlement»
lEn&i, le plan qu'on va souaiettfeè votre. jugement. Mes-
sieurs , ne vous est paÈs présenté seulement , par votre comité : oa
Ta kl à MM. lea députés de la ville de Pairis, qui l'adoptent.
Noitt p«B6ons tous qu'il réiaUtra la prospérité ,Qt la |>aix dans
cette gi*ande cité, et que s'il rencontre d^ dét^aoneurs, on ne
.tardera pas à sentir combien il y aurait de danger à. ré|al)lir
sur d'autres bases.
> La capitale qui ^ servi de modèle au manient de la révolutîoi^
^i a montré un dévoûment si généreux €t dimné depu^ m
exemple si remarquable de soumission à la loi, doit isonser ver ce
noble avantage ; pour établir la liberté , elle n'a point qalci^é ses
sacrifices'; mais aujourd'hui qu'on ne peut plus avoir do donte
raisoniaable sur cette liberté, il feut qu'elle songe à ses nùfur
breux enfens , et qu'elle craigoe de les précipiter dans la misère^
Après une secousse si forte, après les convulsions qui viennent
de Tagiter, «lie a besoin de calme et de repos ; si l'agitation se
prolonge, elle perdra toutes ses richesses, son commerce cyspa-
raîtra, ses arts et ses ateliers s'anéantiront; les gens aisés, les
hommes paisibles, les étrangers fuiront cette cité orageuse, où
un zèle mal entendu produirai une confusion inévitable;^et ce qui
serait un graud malheur poiur le genre humain , on Ift verrait un
jour regretter sa servitude et maudire sa liberté.,.
Mats non , elle ne maudira point sa lii)er lé ; elle 9e perdrs^ ni sa
gloire ni ses riçbesses ; après^avoir eu une slgrande part à la plus
belle des révolutions,^^ an recueillera le prix; sa prospérité,
égale à la {H'ospërité des auti:es pardes du royaume, donnera un
MAI (1790) â(H
nouvel éclat aa triomphe de la liberté ; et dans sa profonde re-
connaîssaDce des travaux de l'assemblée nationale 9 elle se sou-
viendra en particulier qu'elle avait désiré un département de dix-
huit lieues de diamètre» et une organisation municipale défec-
tueuse, mais que les représentans de la nation, touchés de ses
services veillaient à ses intérêts. *
On fiait observer à M. Desmeuniers qu'il est inutile de foire leo-
tarede tous les articles ; que c'est perdre un temps très-précieux^
et qu'il fout passer sur-le^^hamp à la discussion des àix premiers
articles du titre premier.
L^assemUée le décide ainsi.
M. Desmeuniers foit lecture des dix premiers articles , ainsi
qu'ils suivent.
Art. V^. L'ancienne municipalité de la ville de Paris, et tous
les offices qui en dépendaient, la municipalité provisoii^, sub-
sistantes à rhôtel-de-ville, ou dans les sections de la capitale,
connues aujourd'hui sous le nom de districts , sont supprimées et
abolies, etnléanmoins la municipalité provisoire, et les autres
personnes en exercice continueront leurs fonctions jusqu'à leur
remplacement.
II. l^es finances des offices supprimés seront liquidées et rem-
boursées; savoir, des deniers communs de la ville, s'il est justifié
que ces finances aient été versées dans sa caisse, et par le trésor
public , s'il est justifié qu'elles aient été payées au roi.
m. La commune ou la municipalité de Paris sera renfermée
dans l'enceinte des. nouveaux murs ; mais les boulevarts que l'on
con&tiruit en-dehors de ces murs, feront partie de son adminis-
rv. La ville de Paris observera en ce qui peut la concerner,
les règles ^bKes par les articles 2,3,4,3,7,8,9, 10, il,
12, 15, 14,15,10,18,19,26,31,54,37,39,41,42, 45,
44, 45, 47, 48, 53,54, 06,57, 38, 59, 60,61 et 62 du décret
du i4 décembre , sur l'organisation de toutes les municipalités
du royaume 1 sans préjudice de quelques dispositions nouvelles t
9BS ASSEMtlAB NATIONALE.
ajoutées dtts les articles somns, aux dfapoôlioM des
qae l'on nentdeGîter*
V. La manictpalicë sera composée d'un maire* da seice iKloii-
aistrateursydoiit les fcnctioas sovnt détermiaDes aa ôti^ se-
cond; de troste-deax membres du conseil, de q«atrfr*viQgt seize
notables , d'an procoreor de la commune^ de deuL sobsdtols qw
ser ont ses adjôims et exercerom ses fodctîotts à son dëiuiL Les
lé^slattves pouront changer le nomtee et h propoitioa des
membres du corps nramcipol, ainsi que Je nombre et la propor-
tion des notables.
YL La ville de Paris sera divisée» par rapport à sa munîc^-
lité* en quarante-huit parties , sous le nom de sediom , qu'on tâ-
chera d'égaliser, autant qu*il sera possible, relativement au
nombre des citoyeus actifs.
VIL Ces quarante-huit sections ne pourront être r^[ardées que
comme des sections de la commune.
Vllt. Elles formeront autant d'assemblées primaires, lorsqu'il
s'agira de choisir les électeurs qui devront concourir à la nomi-
natioD des membres de l'administration du département de taris,
ou des députés que ce département doit envoyer à rassemblée
nationale.
IX. Les citoyens actifs ne pourront se i*a's^end)ler p^ métiers,
professions ou corporations , ni se faire i^eprésénter ; ils se réu-
niront sans aucune dl^lnctton, dé (^udqûë état et condition^
qu'ils soient , et île pourront donnet* leurs voix que dans la ac-
tion doM ils feront paitie â l'époqûo des élections^
X. Si une section offre t>lus de neuf cèitts citoyens atltift pré'
senSy^eOe êe formera en deut asséteUées qui nommeront c^meone
leurs officiers, mais qui^ après avoir dépouillé séparémeat le
sorutinide Tune et de l'autre division » se réunirent par commis-
saires, pour n'envoyer qu'oji résultat à l'hôld-de^iUa.
M. l'abbé Maury, Messieurs , le rapport iet les ^irtiçtes qfà vien-
nent de vous être soumis me seinUeat renfermer des principes
qui ne sont pas du tout ceux de l'assemblée, ft est dit da^s le
rapport : < que la ville de Paris sera constamment sous les yeux
MAI (1790) 905
de rastembiëe iiaiA)iiate. > J'ignore, et voas ignorez sans doute
comme moi , quel sera le siège des asseffiblëesnatioimles. Je ne
ixwnais auciia décret qui accorde cette. prérogative à la ville
-de Puris*. — Dans un antre eodroît ^ on lit cette phrase : < Lés
4tftides oonslitutîoDiiels qui auront toute la stabilké.de la consti-
tatk)»^ «t qtii fondent la «latière du ^tre premier, y seront séparés
4k8 attides n^lefieotaires. > Je uë connais rien de ooastiuition*
nel dans Torgaoïsation de }a vilte de Paris. Ge serait un royaume
{NUtrei^er 9 si son r^leuient eolrait dans la oonslitutioa générale
du royiaufiné*^ J*ai hi un peu plus loin c c U en est de même du
coatentieux de la police qui pourrait faire partie du plan^.ô >
f obamrerai qae la police me parait le fondement de tout régle-
flaent lùiakipti ^ ni qu'il ne peut exister aucune municipalité sans
pottcei On ne me dtera pas » j'espère, Texemirfe de l'ordre» où
la pMo6 est suppléée par les bonnes mœurs > et où un simple con-
nétable^ m'oie d'un bâtofa blat»^ se fait mieux obéir que nos
gttPdea ii<»]àbr<9uses ^.et cependant lies bons esprits saluent bien
qœtî'est miëotuse de décadence dont les progrès se font sentir
tous les jotfPS^ Mais pour ia vîHe de Paris , remplie d'une foule
iS'éttiatigers, tfiri sounmt viennent y eherdier un asyle après le
«Hme , Il <aut ime polioe spédal^ qm , partout ailleurs, ael*ait une
itHlttisitSoti tr6»H)dieuse; — O'est enoorç une très-graûde^Mion
de *étmt pubikg , de fiavotf si (a potioe d'Une grmide capiiate doi(
être sounrisé à la diunidpiiliM ou an pouvoir ^xéontff^
Murmures de ta partie gauche^
Mesisiêifrs , continue M. Tabbé Maury, si ta discussioA s'ëtabli»'
saft Sûr ce point , je me flatte de pouvoir vtms assuret* qu'il y a
dès taisons de douter. LapoMce^^tteiégislaiion jout^aKèi^e, na
peut être un seul jour dans la capitale sans aetivité, et je pense
cpie ce règlement doit être remis par vous à la municipalité , au
Qkmiem oii vous Torgantserez.
Je passe à l'examen des articles.
Je propose d*ajomer , par amendement , à l'article II , t que
tous les anciens ^ficiers municipaux comptables ne puissent être
remboursés qu'après avoir rendu compte. Je désirerais que , par
SIU AtôËMBLÉË NATIONALE.
larticie 111, les limites de la ville de Paris fussent circonscrites
d'une manière plus claire. Âo lieu d'indiquer, comme on le fait
par i'nrlicle IV, les articles qui doivent servir de régule à la ville
de Paris , il vaudrait beaucoup mieux qu'ils fussent tous rappor-
tés , afin qu'on pût juger s'ils y sont applicables. Qu'oa ne dise
point que cela serait trop long. En matière de lois, il n'y a de long
<]ue ce qui est obscur. L'article V règle la fornation des officiers
municipaux. Nous nous sommes toujours occupés des offiders
municipaux , et nous n'avons pas- même soupçonné ce que c'était
qu'une municipalité, d'où il résulte que nous avons de3 officiers
municipaux sans municipalité.
Par le même article, on accorde aux législatures le droit de
changer le nombre et la proportion du corps municipal. Nous ne
sommes pas investis du droit deliaiit^ les pouvpirs.de nos suc;
cesseurs. Si ce n'est qu'une simple précaution, elle est superflue,
et je demande que l'article soit retranché. L'article VIII me pré*
sente une confusion qui n'est peut-être que.purement granunati-
cale; je voudrais qu'on le rendit plus clair. Il serait nécessaire,
selon moi , de joindre deux articles additionnels à l'article X, l'un
pour expliquer la manière de former le scrutin, l'autre pour juger
le résultat du scrutin. Voilà déjà quelques observations ; jedemaude
la permission de vous en présaiter d'autres, à mesure que les ar-
ticles sur lesquels elles porteront seront soumis, à la discussion.
ilf . de Rokesfnerre. Je ne croîs pais qu'il soit de la sagesse de
l'assemblée de préjuger une des plus grandes questions qui lui
aient été soumises , je veux dire la permanence^ ou if^.non-per-
manence des districts. Il faut la discuter solennellement avant le
premier article du plan du comité , qui, s'il était admis , é(|trte-
rait sans retour le vœu de la capitale entière* Quand vous avez
parlé d'une exception en faveur de la ville de Paris, j'avoue que
je n'ai entendu que la conservation des assemblées de districts,
qu'exige impérieusement l'immense population de la capitale^
Dans celle ville, le séjour des principes et des factions opposés,
il ne iaut pas se reposer sur la ressource des moyens ordinaires
<iontre ce qui pourrait menacer la liberté ; il faut que la généra-
MAI (1790) SKfâ
lilé de celte ville conserve son ouvrage et le vôtre. Songez au mo-
ment où vous êtes; quoique vous ayez b<?aucoupfeît, vous n'avez
pas tout fait encore. J'ose le dire , vous devez être aussi inquiets
que si vous n'aviez pas commencé votre ouvrage. Qui de vous pour-
rait nous garantir que, sans la surveillance active des sections,
Ton n'aurait pas employé des moyens plus efficaces pour ralentir
vos opérations? Ne nous laissons pas séduire par un calme peut-
être trompeur : il ne faut pas que la paix soit le sommeil de l'insou-
ciânce. Je ne m'étendrai pas davantage , et je crois pouvoir con-
clure du peu que j'ai dit.... Que dis-je, peu? J'en ai trop dit pour
ceux qui désirent voir le peuple nul.
Je conclus à ce qu'on ue décrète aucun article avant d'avOtr dis-
cuté, 1* si les districts seront autorisés à s'assembler , quand ils
voudront, jusqu'après l'affermissement de la constitution ; 2"* si
après l'affermissement de la constitution, ils pourront s'assem-
bler, an moins une fois par mois , pour répandre l'esprit public.
M. de Robespierre est applaudi de la partie droite et des tri-
bunes.
MM, de Mirabeau se présentent ens^nble à la tribune et se dis-
putent la priorité de la parole.
M, le vicomte la cède.
M. de Mirabeau l'aîné. Fort de mes principes et du témoignage
de ma conscience, je réfuterai deux opinions opposées, sans re-
chercher des applaudissemens perfides , et sans craindre les ru-
meurs tumultueuses. Je pense, comme M. l'abbé Maury, qu'il y
a dans le plan , une confusion d'articles dont on pourrait le net-
toyer, mais je ne pense pas comme lui que ce soit une grande
question de droit de savoir si la police de la capitale sera attri-
buée à sa municipalité ou au pouvoir exécutif. Un de ces hommes
fugitifs, pressé de revenir en France dans un moment où les agi-
tions de l'enlîantement de la liberté la secouaient encore , refu-
sait de le foire en disant :/e leuxma Bastille, je veux mon Lenoir,
Celte phrase serait' la version fidèle du système de l'honorable
membre M. l'abbé Maury, si la police qu'il voudrait établir était
celle de l'ancien régime.
âbft ASSEMBLÉE NATIONALE.
IL de Bobe^pierre, qui a parlé après M, Vabbé lfàiity«:aap^
porté à Ift tribime un zèle plus patriotique que ré0éobi» U a ou-
blia (ps oes asseaiblée& priinaîres touîours subfùstaiitef» seiraj^
iXvai» exisieoce mo.nsi^iidiise : (}aq& la démocratie la pWp^rfi,
jamais eUeao'oBt été adoûnistraUves. Comment i>e paasaw qn^
le déiégné ne pevt entrer en fonctiou devant Ifii dél^gu^aM : d^
mauader la permaneBoe des districts » c*e^ vouloir établin soixanti»
seoiîcms souveraines dona un grapd 4^rps , o^ elles ne poin^i^i^t
qu'opérer un effet d'at^ûpa et de réaction capable d«» détriijire
notre ooBStitution« Lorsqu'on nettoiera la rédaction »Î9 pr^tpoiia^
rai aussi quelques amendemena. Surtout ne prewma paa VoïKaltt^
tion des principes pour le suUime des principes,
M. h vic(mte de Mirubeaun Si je ne me plaçai» poiol dnns Jn
snccioa de cette assembtée que Ton. nommfe aristocrate» et de la*-
quelle en me feit Tbomieur de me supposer undesaresrboutansii
j'appuitcais t'oplnioa de M, de Bobespierret et je deman^rais
l'impveasion de son discours » poun en &ire une seoondi» «drflftse
aux provinces...»
Jf , éf Virim* ie ne perdrai point le tempa ei^ laeélies^ hnrs
de saison ; l'opinion de rassemblée ijfie paraît unanime » et je 4^
mande qu'on aille aux voix sur le premier article.
Mt le présideni eonsube l'assemblée, et le premier nrtîçle est
adopté t, ainsi qu'il efit rapporté €i-dasau3.
La séancf^ est levée à dii^ keures.
c Tous les républicains sont consternés de la suppreasion de
nos soixante districts , disait Desmoulins , après cet^e séance
qui donnait gain de cause au projet de Desmeunier^t lia regar-
dent ce décret d'aussi mauvais œil qi)e celui du marc d'aii^nt,
L
et véritablement c'est le {dus grand échec qu'ait reçu lai démo«
cratie.
» Il y a un graud moye^ en faveur des dîstripts ; on doit croire
les £a^ts avant tes raisonnemens. Ouels mau)t ont-ils faits? £t
n'est-ce pasi eux au contraire que Ton doit la révolution? L'asr
m
^emUéfi iiatia9^» M fW ^convenu*, Sk^ég^i^é ^e seigle ea
cohue , plus souvent que lea fixante di^^îi^ e^s^mbl^, Cç^ qui
paiçle plu^ bapt ^acore ea leur faveur; c'est que leur majarité a
tQuJour^j voté pour riutérét géné^'al. Peut-on en àke awtapt de
Ta^seiûblée nationale, o\\ Içs noirs ont remporté plus 4' une vie-,
toire éclatante?
> 0 pues très-chers €ordeliers , adieu doue à notre sonnette , ^
notre fauteuil et à noire tribune retentissante et pleine d'orateurs
illustres. A la place , il n'y ayra plus qu'une grande urnCt ui^e
cruche où les citoyens actifs qui ne se sont jamais vus, viendront
déposer leur scrutin, et distribuer des écharpes aux trois couleurs à
l'intrigant leplus adroit. Nous commencions à nous connaître assez
bien : dqiuiis bientôt un ^, pops mmétkméi^vwym... Le profil
de James nenoustrompa^ [dus, et nous a^toqa vu seadeux visages;
xaaSà V^é DesiaeiiAifsro^t ses pareils ont biîen su nous empéoher
dft prefilf^ de ees eoiiiiaîssaAce&^ Fondons, a-t^U dit , le» 60 dis^
tnets en ^ sections. Us se pourront plus discerneir k^ tiraitrei^
(ffiveçlescftoy^is,... périssejusqu'aaaomdeiâUstrlet, ce nom
formidable qui rappdlerait aux ParisiaBsleuv gloire, la prised^
ia Bastille et lexpédîtîon de Versailles.
f Ilyapbis de troiamais que M. Desmeuiûers avait été dssuoiicé
çoanae un faux i^ère ait procureuff général de la Laat^nie. A
l'exABiptedii (Mtdetyj'enteiidsilkisstépaoins, et j'instruis nia pro^
eédurècrimitteUeàbi«S€toi;ieneluidis^94iJbpas. qui^le»char«e$
amt «rèenfortes,. JHMMe$f M. Nibobat^ àimt^ un cemift prQcu*
rraryfpânéraliun procureur en bn^r qu'il avail, mandé, vom êtes
itn/ri^iûii; jeiiediispaspréciséotônt eelaàM,D!esssieunier«i^Bi>Prudr
hoDune (Loust^dot) trouvera le MM propre. Uais^ue l>esmeuniers
soit un misérable, un ingrat, qiâ dirais que les.JaoobittS l'ont âev<é
s»r le fenteuil^ nes'est servide l'importais qu'on bii avait donnée
que pour vendre plus chèrement m> pouvoir exécutif la voix d'un
peraounage oonsulaire, je erois que ce n'est point une question,
Caqui est une gras^ et beUe question ^ c'est si l'asseoddée nai-
tioiudealedroitdefermerlesdîiâricts, c'est-à^dii^e, d'mupécher
ta nation de s ^cisaeiNiief quand b(m lui semble. Je me trompe
â06 ASSEMBLÉE NATtOKALE.
fort , OU si le peuple n'oppose son veto ; la France ne sera point
une démocratie royale , mais une aristocratie royale. ...
c On assure que M. Bailly, qui avait appuyé en public ïe pian
de Farchevéché, travaillait la nuit avec Desmeuniers à défaire la
toile qu'il avait ourdie de jour avec lés 1^200 de rarchevéché.'Sî
le fait est vrai , Fheureux Bailly en portera la peine le premier.
Il lui serait difficile d*étre continué maire , et de recueillir le fruit
d*un telle prévarication à son mandat.... >
Voici maintenant, une addition que nous trouvons dans le
journal de Desmoulins , à la séance du 3 mai, empruntée par
nous au Moniteur,
c On sait que les statuaires ont pris le front de Maury pour
celui de l'impudence; et quand ils le prennent de la tète aux
pieds, c'est l'hiéroglyphe et l'emUème des sept péchés capitaux.
Il manquait pourtant à ses perfections la moitié de la gourman-
dise, c'est^-dire l'ivrognerie; mais vendredi dernier, il a fsât
oublier les orgies du vicomte Ramponneau (Mirabeau). Il parait
que lécher Limousin avait voulu se consoler de la trahison de
Rosalie,... le nouveau Gorybante s'est écrié à la tribune, d'une
voix de stentor , que c'était inutilement qu'on voulait donner des
lois aux districts de Paris, qu'ils n'obéiraient pas.... M. Gàniius,
révolté de l'effronterie du personnage , requît un châtiment exemr
plaire ; mais Maury lui a répondu qu'il voulait être censuré. Alors
il s'est avancé au milieu de la salle, et narguant l'assemblée et la
nation qu'elle représente, faisant trophée de sa propre turpitude,
a demandé qu'eUe fût consignée dans le procès-verbal. Mais voici
le comble de Tinsulte; non content d'applaudir de toutes ses
forces, comme on prenait les voies pour le corriger; ila levé la
jambe au milieu dé la salle. Tout le monde a cru qu'il allait ex-
pulser le superflu delà boisson, et que son bon sens lui rcvien*
drait ; et pour que la raison lui revînt dans la rue, deux huissiers
l'ont appréhendé au corps; mais Maury a répondu que sa jambe
levée n'était qu'un geste oratoire, pour montrer qu'il ferait passer
toute l'assemblée sous sa jambe. On conviendra qu'il n'y eut
MAI (1790) * 209
jâniiftisirrëvâ^encepareHle....n enestde rassemblée nationale
ooRrimedii corps homaÎD; eHe a aassi ses ordares. > (Révolutions
de France et de Brabant , n^ 25.)
G^te sortie de Manry détermina plusieurs districts a déclarer
qu'ils étflàent dévoués aux voloiltés de l'assemblée nationaie. Le
distria des CiMxIdiers , sur la proposition de Ghénier , fit afficher
use proclamatkHi, si(piée Danton , président , dans laquelle il ex-
priffifut le méine déyoùment. Celui des fines Saint-Thomas alla
prooessionnellem^t enterrer sa sonnette , et fit la plaisanterie de
dumler un De ^ofondis sur sa fosse.
Cependant, l'assemblée des représentans tenait toujours séance.
Elle recevait encore d^es dépntations de diverses municipalités; elle
vota même l'affiliation de la garde nationale de Paris avec celle
de pknieiKS villes» eaiire autres avec celle de la ville de Troyes.
Le 14, elle prit une déHbération rigoureuse contre M. Bailly.
Yoid ce que le MonUeur contient sur.cette affaire.
Assemblée des représentans des communes^
Du 20 nud. Nos lecteurs ont sans doute déjà connaifsaiice de
la discussion élevée entre M. le maire de Paris et MM. les repré-
sentans de la commune; ainsi, nous serons brefs dans l'exposé que
nous ferons de cette affaire, et nous nous interdirons toute ré-,
flexion , quoiqu'il fût peut-être très-naturel d'en fairjB en pa-
reil cas.
Le 15 mai , M. le baron de Menou dit à l'assemblée nationale
qu'on avait proposé un cautionnement pour l'achat de biens na-
tionaux par la ville de Paris ; que quelques personnes., qu'il ne
voulait point nommer, lui avaient {H'oposé un intérêt dans cette
affaire , s'il voulait le faire recevoir ; il ajoutia que si ce cautioa-
nement avait lieu., les capitalistes seraient à la fois cautionneurs ,
vendeurs et acheteurs, et conclut à le rejeter.
Le 14, plusieurs membres de l'assemblée de la commune y
dénoncent une tentative faite auprès de M. le baron de Menou ,
pour l'engager, sous l'offre d'un intérêt considérable, à faire re-
cevoir un cautionnement dont les capitalistes seraient à la fois
adjndicataireMnunicipaux y revendeurs et acheteurs.
T. n* 14
plusieurs Vnjbçespwleat; eUcd^C^S Wi ^* i54«RÎMIIIii.i
sera annoncée aux disiricts , Tarrétjfr qui b CiWlMIf i^KWiPI^ W* >
le champ Qjt rei^durpublio; qi^e M. lemîcaa i||e ImifCKW ^iSh
serçnt iqvilés de^ venir dooBçvsiuç cel^afE^fl> te»^ ijfPW%MWIB>>%j
qui seraiem à Ifiur^ç^naûs^froc^ . ^
Arcét^ ^poiitrç fqele9(<^»iss^rf»^|iQlil9i4^pi9l9f.ft'îfi^^
du fait mpr^ d^ ]M[. de i|fç9ii^£(r %oi^ t^l4fi^|!90)«ii)«H! ra|^^
h ras$.çi;o]bIée,f de ce.qi^'ite ai^'o&t a{^^
Lettre de M. le maire aux dîs4rip|%; iltfi^|^liiift|gja«r90KaUél>
ne se soit poi^tfaiii instruire dp^rosulM 4(t te^dtfWpiOD wprts
de M. de Menou » ayant ^\\w pris» «l r^^i^ pi^bUe ua mrMé.
qui peut jeter des douiei^ $Mr i'imriigr^té 4eft itimimé^ Hducbtf
de la miHijleipalité ; ii \oi,\> ^^fi^Ç^i^m^^^ d^ta Iqp^pelé.e».
de la précjpitatiop^, Il ra{)porlq ^#i#k4% te&tr^. à M^ és^ |W
M. de Meuou : eUepprtçtç^tff^lçjnff^ ^ % J[ci ift'M $Qmmkéaméi
mon opinion, ni M. le maire de Paris, ni l^ b\ireau de ville, ni
les commissaires de la commune; je n'ai entendu parler ni de
M* le wâire, ni des cdmmissaiTes de là commune, lorsque Jai,
rendii coirtpée à Fassemblfe de propositions qui m'ont éi^ faites,
ef^. ».
M. le- maire se remi; le 17, à ta commune, demande à con-|
naltfe le rapport dfesf commissaires députa auprès de M. de Me-
non. M. Trévilliers, l'un d'eux, dit que M. de Menou;a refuse <^é*
noiftnrei' fes personrfes qur h? avaient feît la proposition d'intëi^^t
dans td «swittenneiwent; Bf^ le maire lit fti motion de Wf. de Henoi^
daas le MomimtFy oè.ce député nârtlohîrl avait dit qu'elle était rap-
portée fiddieteéat : m n'y trou^'e rien* qûî puisse appuyer Ip
soi^on 4e là awnMmei IJ s'élêverfes débats, k. le maire se ré*
tire , et la séance commue de^^'occnper ie cet objet.
Lettre de l'assembMë i ses cdmmettans. Elle à poujp oWet (Je
répondre à celte de M. le maire f on y soutient qu'il n'y a point d^
légèreté dansrafPrété dft 14!; qu'ofi ïî y à point gi-aluîtemeijt iV
ciflpélechef delà municipalité, ainsi que le bureau de ville ,^
contre la terrem» de la dénonciation de ii. de ]if enou; oq y veut .
«Al <iTSO) »i
vébr ^]mlkÊmimû$m letnot vendéurè , employé par M< de M^iou, '
l«i membres éd la Awoieîpatité, et on appuie' sur cette etpifea*
ûaa eotnme décirivé.
Bél9)érati€9i des sections ( iue% (fuéUfnes distriets. M. Penohet
était afttacbé à Tun dèsbareaax de la ville) de la capitale sur cette .
afMre. Lettres de plusieurs à M. le maire; elles annoncent que ,
oon^incus de' la justice de ses sentiniens et de son patriotisme^
ih ne cesseront jamais d^avoir la plus grande confiance e» lui, et le
plos ^and respect pour sa personne et son autorité. (Pedghgt*)
Noos avons sous les yeux le Hegistre manuscrit des dMibérû^
lisru du burgau ée ville, et nous en extrayons ce qui suit. G*est
en ^6t une chose ffêsez grave que d'examiner si les accussitions
portées contré quelque^ membres sont complètement fousaeftj *
Momr laissons à nos lecteurs à juger d'après les pièces.
Du nkrtredï Wmdà 1790* — Le bureau, extraordinairement
oOtivoqùé, et délibérant en Tabscnce de M. le maire, lecture faite
i^ de l'arrêté de l'assemblée des représentans de la commune ,
du 14; 2° de la motion de M. de Menou à l'assemblée nationale,
lé 13 ; 3** de la lettre écrite par M. le maire à M. le baron de Me-
nou; 4^ de ta réponse de M. de Menou, desquelles pièces copie
suit pmr entrait. .
Copie de, la motion de M, le baron de Menou.
• c Messieurs, plusieurs membres ayant demandé hier soir si la
v^- de Paris serait tenue d'effectuer le eautionnementdeTO mil-
lions proposé par elle, cette question a élévajoumée à ce matin.
J% ém avoir Thonneur d'observer à l'assemblée que lors de la
formation du comité pour la vente des biens ecclésiastiques et '
domaniaux , elle décréta que le comité lui présenterait son opi*^
BJon ; tant sur la proposition du cautionnement que sur les con-
ditions proposées par les capitalistes; je dois encore observer'
qu'ayant à cette époque été nommé président de l'assemblée na-
tionale, je n'ai pu assister régulièrement aux séances du comité:
anssi n'est-ce point en son nom que je prends ici ia parole; mais
Je dob faùw pcirt i f assemblée d'une proposition qui m'a été faite
âf2 A96EMBI1B RATIMALE.
personnelleoieiily ei de mon ^^imoo sur le cantioiiiieiiieiit. Plii»
sieurs personnes qoe je ne nommerai pas, sont venues me prier
de ne pas m'q>poser an cautionneaientt m*offiranC, en me Cûsant
trouver un préle-nom , de me faire participer an bénéfice qu'il
procurerait. Je n'avais pas besoin de ces oflres pour avoir sur
cette affiiire une opinion bien déterminée^ fai toujours pensé
que si l'opération de la vente des biens est bomie, la ville de Pan
ris ne se« nullement embarrassée pour payer les 70 millions
qu'elle s'est engagée de fournir dans l'espace de sept ans » à rat-
son de 10,000,000 par an ; et si l'opération est mauvaise , les ca-
pitalistes ne fourniront certainement pas de fonds , puisqu'Ss ne
seraient pas assurés de leur rentrée. Je n'ai donc vu dans cette
proposition qu'une opération purement fiscale et immorale ; car
d'un côté les capitalistes retireront un bénéfice considérable pour
avoir simplement donné leur sigaaiure, et de l'autre ils pournmt
être tout à la fois cautionneurs , vendeurs et acheteurs. J'aban-
donne ces observations à la sagesse de l'assemblée. »
Copie de C arrêté de l* assemblée des représenlans de la cofitmumfy
du 14 mai 1790.
c L'assemblée , dirigée par les principes d'honneiir qui ont
toujours été l'àme de ses opérations et de sa conduite, et alar-
mée en conséquence de la dénonciation laite à l'assemblée natio-
nale, le 15 de ce mois , par M. 4e Menou :
l"" De la proposition faite par H. le maire et par le bureau de
ville d'un cautionnement de 70,000,000 pour l'achat des biens
ecclésiastiques , avec profit de 3,300,000 Jivres , sans émission
de fonds et sans aucun risque , comme étant souverainement im-
morale ;
3^ De la tentative faite par quelques-uns des membres de la
compagnie des cautionnemens , agréée par le bureau de ville , de
le corrompre, lui, liaron de Menou , en lui offrant un intérêt
pour appuyer cette opération immorale ;
5** Que si ce projet éuiit adopté, il y aurait des cautionneurs
qui seraient tout à la fois adjudicataires municipaux , reven-
VAi (4790) âlS
denra et acbeleurs , et qui partidperaîeni aux 3,tiOO,(NM) livres
d^ialërét ;
> Considérant que cette dénonciation inculpe les personnes
chargées de la vente des biens ecclédastiques , et qn*il est impor-
tant pour leur bonneui* et pour celui de la commune elle-même
d'écartor toute eqpècc de soupçon , et de faire voir leur pureté
dans le jour le plus évident :
j On a arrêté que MM. Faucbet, Tréviilers , Godard , Robin
et Bosquillon se rendraient demain » dès le matin , près de M. de
Mœou , potr lui demander les renseignemens les plus précis sur
la dénondation , et qu'ils se procureraient » par toutes les voies
91*11$ se croiraient permises, les détails nécessaires sur les ob-
jets de la dénondation ;
> Que le bureau de la ville, ayant scm dief à la tète, se-
nût invité à se rendre à la séance de demain pour donner
à FassemUée tous les détails et rensdgnemens qui seraient à sa
connaisssanoe ;
> Que le présent arrêté serait imprimé , envoyé à M. le
maire , ainsi qu'aux soixante districts , et que le résultat leur se-
rait ensuite conununiqué. t
^gné, l'abbé Fauchet^ président; Fouereaude
LA Tour , Thuriot de la Rosière*, Quatremère,
Menessier , et Pelletier , secrétaire. '
Extrait de la lettre écrite par M. le maire à M. le baron de
Menou.
c Je vous serai obligé de me déclarer par écrit:
» 1* Si vous avez , dans votre motion, nommé, soit le maire
de Pïiris, soit le bureau de ville, soit les commissaires de la
commune.
> 2" Si c'est de Messieurs les commissaires de la commune
et de moi que vous avez entendu parler , lorsque vous avez
entretenu rassemblée nationale des propositions qui vous avaient
été laites.
> S* S'fl n'est pas vrai que Messieurs les commissaires et
914 ASSfiMftLiB MATlMAliE.
.moi^ bien loin de iavorteer r^aoïprunt de 70 miIlk)B8» mfts
nous sommes expliqués plus d'une fois contre cet eoiprast, M
rd'tme manière capable d'établir que nous étions oonvaiiieus de
^90B iDiitilité.
» Ât" Et enfin s'il n'est pas vrai, ainsi que vous m'avez hit
rbonneur de me le dire vouanaiéme» que vçus avec ttxtneite-
mènt rendu compte de cette dernière ciroonsianee jê»x défmlés
des repréM^itans de la oompsune, qui sont ventia vous trowvw
eux Jacobins , le vendredi , 14 de ce moiii.
Extrait de la réponse de M^ de Èkn&Uf du 17 mai 1790.
c Voici précisément ce que j'ai dit à l'assemblée. (Ici la moAoïB
citée de M. de Menou.)
> 1^ Je n'ai nommé, dans mon opinion^ ni M. lenmire de
Paris 9 ni le bureau de la ville , ni les ccmmîsçaires de la cooi*
mttue.
> 2® Je n'ai entendu parler ni de H. le maire,: ni .dei»'iBOiWBii^
iaires de la commune, lorsque j'ai rendu ecmpUi à. l'assemblée
des propositions qui m'ont été faites^
> 3^ Les commissaires de la commune, ainsi que M-Jenâics,
se sont phisleiirs fois expliqués d^ns le cpqiilé sur l'inutilité du
\cautîonnemait»
> i*" J'^i textuellement expliqué cette dernière circonstance
aux députés des représcntans de la commune , qui sont venus me
trouver aux Jacobins.
> Signé f le baroq de Menou. >
c Le Bureau, considérant avec autant de surprise ^w de
douleur la cqulradiction formelle qui existe asttre la dcdaration
de M. de Menou et la dénonciation qu'K)n lui a prâtee^ et quia
servi de base à l'arrêté de messieurs les représentans de heonr
mune; considérant. m. (Suivent dem^ pages de cowdéraaç dans
lesquels on accuse les deu|L représentais, dénonciateurs > dent
.l'un d'eux était, à ce qu'il parait , l*abbé Fauchet, de fientWiSis
de haine, etc..)
> A arr^ que MU. CelteriiNr et TiiN)«i se iraMpfrttrâieiit diez
ÉAi (ITOO) 21S
H. de j^ieaou » à l'effet de Itti Jiorter 1» liste de tous les membres
du bareau de ville, de lui desmider par ëcrk , si , dans le nom-
teè "dis aÈ&fa» qiA te eompos^nt» il m est aucun dent il ait
imléftftQi0IMlii farter, bu qu'il ait veéki désipiet même implî-
» Si§nii, MmiÊSk, Hfe IcAir^ Bgpmt mi TcrtHe,
oArcT^ ttB Jii^situ, Gahibâ be GehvIlle,
OàToi^, Camvbl, fiftoeuB, DcSfiiSeG&ERBTS ,
YMmtummi , looASrifE to &mT*llARTnf , Cbi-
I4ttm V Bm^^LtMEK DE LA MaRTISUÈRB , 1NE LA
NmUVE ^ DlTOBSIIB i S9SaMecrSSSAtJK> MlTOCf-
fliEir tHB ftSAOTAIS. »
fl IWHt lanqp ku^ de traoacrire la auîie des procès^eiittusc
4u buÊtàn de yille reUitîEsè cette af&iire. Usuttra d*«Hie analyse.
Vn procè^^erM du M eontiest un œrtiicat de M. de Menou^
conçu en ces termes : c Je certifie , ainsi que je l'ai défàfaj t dans
Jim lettre à M. le «lairede Parts, em date du 17> que je n'ai
wanmiS» m emendb désigner aueen mHsûsée du bun^au de ia
ville de Paris. 9 11 fut décidé par suite que ce certificat serait im-
prima et envoyé nul 08 (fistriets.
IJn second procès-verbal du âD constate que » dans un^ assem-
bla des rqirésentaos qui eut Ueu le 30, il avait été ordonné qu'il
^eeait sorsts à l'impression arrêtée par le bureau ôû ville « et que
.ç^lttH^i avait été assigné à coairparaitre devant les représeulans.
Ileppodant le bureau persistant à £aire imprimer sa justificaticm >
3 a'eft trouva empécbé par nn ordre dcHiné à M. Lottio t impri-
meur de la ville, par des commissaires de l'assemblée^deg i^e-
. JSùm voyons dans Iss autres {trobès-v^^M»^ » qu'une minonlé
coitsMérfiMe' dt l'^i^tetad^lée te jnepréieiitaas pei«isui dans «90
epÉMB oonli^le buraaii ( maisia najorîté dédara ^'elie n'aieBÎt
en rien inculpé aucun des membres du. boi%auv GeUib aHEMe
^ÊÔÊtétmb par dei.co&BpUnens; et par un i9rdreau>prociireuii4yn-
idiç dèâéiûQder ait firoaireur du roi ; p^ b^£bÂieiêt^»tes pre-
.pnsJtomaiiwpiAI^ 4e MenM knk hit inea^a. c.
j« » » » . / »
216 AssEUfibie nationale.
jonr 1790.
Les occupations principales de Fassemblëe natimiàle pendant
ce mois forent la constitution dvile du clergé et les finaiMses»
Ainsi que toujours, ces travaux furent interrompus par ime mul-
titude de questions circonstancielles. On s'occupa ainsi inddem*
ment de Tinviolabilité de la personne des représentans , de la
suppression des titres de noblesse , de l'institution d'une fête par
tionale au 14 juillet » de dénonciations contre la presse patriote.
Les événemens des provinces tinrent aussi me grande place, non
pas, ainsi que nous ne le pouvons trop souvent répéter, pane
qu'ils offraient une matière digne des délibérations législatives ,
mais parce qu'il n'y avait plus que l'assemblée qui possédât ce
pouvoir, ou cette certitude d'être obéie, que la confiance des
gouvernés peut seule donner aux gouvernans , et que la royauté
avait perdue.
t Nous présenterons d'abord l'organisation de l'Eglise; nous
parlerons ensuite des finances, puis enfin des aflaires occasiott-
nelles.
CONSTITUTION CIVILE DU GLERÇÉ.
Ce travail occupa à peu près entièrement seize séances de l'as-
semblée. Nous y avons cependant trouvé très-peu de choses qui
méritent d'être recueillies , en raison même des principes que
nous nous sommes laits de relever seulement tout ce qui consti-
tue un élément révolutionnaire, ou ce qui présente une valeur de
document utilisable, ou un raisonnement dont on ddt à jamais
tenir compte.
Nous nous bornerons donc à extraire , de ce long débat d'ai^
ticles , seulemoitles choses de principes. Pour juger de celte or-
ganisation, il suffira d'ailleurs de lire la loi, et nous là mebtioii-
nerons lorsque nous imprimeroriks la constitution que l'asHemtéfe
nationale donna à la France.
Ainsi que nous l'avons vu précédemment, la disons»» gëDé»
raie était fermée.,On allait passer ù la discnssion dfs arâdès ; et
le premier portait qu'il y aurait dans cba<]pie départenesi lœ
sum (179&) 317
àége ëpiscopal ou archiq[>i8Copal. li résultait donc de cette dis*
position que les. diocèses alors existans allaient être changés» et
^ue les arclievéqoes et évéques perdraient, en totaUtë ou en
|^arlie« la juridicticm qui leur avait été conférée par la cour de
ii(oflie.
Avant que cette question fût mise en délibération, une partie
du clergé crut devoir demander qu'on en appelât à un concile na-
tional. On remarqua, dans le temps, à Toccasiou de cette de-
mode, que , selon la doctrine ultramontaine sur l'autorité cano-
mfiie> un c<Hicile national n'avait pas plus qualité pour résoudre
cette diffioilté, que Tassanblée nationale elle-même ; qu'on avait
tort, par conséquent, d'^xciper des droits du pape contre ceux
de la o(»stituante, puisque le mode proposé était selon la doo
trine galiicane, et exclusif des droits de la cour de Rome. Néan*
moins, voicr qudle fut l'argumentation contradictoire des évéques
et du comité ecclésiastique.
SÉANCE DU 1" JUIN. '
M. (évéque de CtermorU. Vous avez fermé la discussion ; je ne
me permettrai pas de la recommencer : mais je crois devoir à
mon ministère et à mon caractère d'adhérer à la demande d'un
concile national , pour prononcer sur tout ce qui concerne la dis-
cipline ecclésiastique, sauf Ij^aceession et la jNTOtectiou de la pui^
sauce civile* AuUmt j'ai de respect pour les décrets rendus par
cette assemblée, sur tout ce qui est temporel, autant je me dois
de déclarer que je ne puis reconnaître la^ompétence de l'^em-
Uée pour ce qui concerne le spirituel.
Quelques ecclésiastiques de la partie droite de l'assemblée se
lèvent pour adhérer à cette déclaration.
M. r archevêque d'Arles. Je supplie l'assemblée de statuer sur
la demande d'un renvoi à un concile national. Cette demande est
aiqpuyée : Tasseudilée peut décider par oui ou par non.
M. Vévitfiàe delLUUa. Vos intentiops n'ont jamais été et n'ont
jan^ pu être de méconnatire la ligne de démarcation qui sépale
le apirilttd^ le temporel» Vous n entendez pas soustraire aiix
! f
I
ils ASSJWBUb NAfllOlCÀLH.
lois de TEfflise et aux sacremens les fidMes smohs à viMfe y
diction temporelle. Vous ne voules pas sûrement ëtafafir des km
contraires au concile oecuraène, et è la jwidietion piii^nMnt api-
ritueiie. Il s'ensuit que les décrets du concile de Traite, aar la
validité des sacremens , sont obligatoires en France» quoiqM dis
eondlas ne soient point admis à Fégard de la disdpliBe. Le eon-
aie de Trente » section 14 » sur la pénitence, a déclaré «nriles les
absokitibns données par des personnes qai n'aiwânt poinc
juridiction spéciale. Suivant celte définifioB de TËffliae
selle» assenMée au coocHe de Trente, les peuvem ée
les péchés ne suffisent pas; it iauc eneere une foritièlieB
Uère sur les personnes à absoudre. \t/fùos maintenant
allier ces principes avee la division du wyapme en qaittn§-viD|^
trois diooèces : par exemplf, Lille est dans la dépeadancie du ifia*
eèse de Tournai ; en opérant oedéoMmbrementi^ vous aiufie Mt
une chose utile , avantageuse pour le spirituel ei{wuv it tensp»*
rel : mais Tintérét spirituel dépend du pouvoir des évéques et des
prêtres par eux délégués. D*après le concile de Trente, il n'y a
qpe Févéque de Tournai et le prêtre délégué par lui , qui puisse
alisondk*e dans rét^Mlue de son diocèse. Or, je 4eman4e, d'apMs
ee^rincipe, qui aura le droit de dépomMer M. Téf éque de l^m^
nai de ce pouvoir? Il s'i^irait donc , af^ès cette opération ^ de
donner des pouvoirs nouveaux auf évéques. Çroyez-'vona éMt
fionipéteus pour cet objet? Un nouvel ëvéque po«mHtp4l otialir
aux risques de priver des effets des sacremens des fidèlea qui
4épepdaient spirituellefflent d'un autre idiooàse? I^rnettez nfit
naïvement, et suivant ma conscience, je vous dise qu» VÉoa ilfe
fKHtvez rien sur tout ce qui n'est que spirituel. Il faut {dMtiier
un moyen conciliateur : vous vous exposée à donner des aâilMi
aux Qoosci»ces.
Il est évident qiie les dispositions que vous proposes MHaai^
Je désire bien sincèrement qMe vous preniez un pittti qui aVie Hii
. ,v^it2dbles pouvoirs avec ce que vous devez à la juridiètiDn ^iri-
UieUe. Vous auriez regret de donner des alaroiessur oQWtgopnh
9
j#, que j'adopte de toute mon àmè : wtre a^gakie Ai'inapine ik
tosiSmce <)iie vans ne rejet^iez pas un parti de cfitte nature qm
voqs serait proposée M. l*archevéqne d'Arles a demandé la coi^
¥ocatioa d*uo concile national. Je respecterai toujours les lu*
mières des prâats qui ont parlé. Je sens qu'il serait à désirer
que Ton fit une réforme encore plus étendue dans la discipline
ecclésiastique ; mais je le dirai sans craindre de déplaire dans
Ji*état actuel des choses^ vous avez bien des raisons de redouter
we pareille convocation , malgré la bonne volonté des prélats
qui ont parié avant moi. Je préférerais simplement que vous dé-
l^oiiniez les articles que vous croirez nécessaires ; que vous les
eombiniez avec la prospérité des fidèles ; que vous arrêtiez le ta-
Ueau des évéchés que vous voulez conserver. Mais ne pourricK-
voa$_pas dire » que quant aux objets qui ne sont pas de votre
.compétence y mais de la juridiction spirituelle » le roi sera supplié
de prendre à cet ^gard les voies canoniques. Je conclus donc à ce
que l'assemblée , à la suite des articles , dise qu'à l'égard de
Texécntion des articles qui renferment quelque connexité avec
les objets purem^t spirituels, le roi prendra les voies cano-
niques.
Jlf. ie^Camus. Les moyens que le préopinant a présentés sont
très-respectables,; ils exigent une discussion sérieuse. Je crois
qu'il ne s'agit » pour faire cesser toutes les difficultés, que d*&Êr
trer dans quelques éclaircissemens. Il est dans les principes de la
.retigion "catholique » que le ministre ordonné par l'évéque reçoit
le pouvoir d'exercer ses fondions par tout le monde. La formule
du pontificat romain le dit ainsi. L'évéque dit au prêtre dans l'or-
dination : < Recevez le Sa^nt-Esprit : ceux à qui vous rémettrez
lespécbési» ik leur «eront remis. » Le pontife ne peut dire autre
•^Q^ que ce que Jésus^hrist a dit à sesapôtres : Eunte» inmmr
ém ufAuemm.... L'évéque ^ploieees propres parolest Je cou*
vîei99:qtta pour le bon ordre, l'^eudue territoriale de l'exei^cice
du pouvoir ecclésiastique doit être déterminée. Mais il est reconnu
qms dans les cas de nécessité, le prêtre peut exercer ses pouvoirs
hors de l'étendue juridictionnelle. Il reste*a voir comment Yé-
yéffmmi» pr^ aequièrent le droit d'exercer le pouvoir con-
2SX) ASSEMBLÉS NÀnONALE.
fërépar rordinatioD, sur telle partie des fidèles. Il y a deut
moyens : la possession du titre et la délégation spéciale. Aa mo-
ment où le curé est pourvu de sa cure, il a toute juridiction eor
l'étendue de la paroisse. La délégation spéciale a lieu quand S n'y
a pas de titre : l'évéque donne par exemple au vicaire une juri-
diction personnelle. Venons à la question proposée , et suivons
l'exemple cité, ou plutôt raisonnons dans Thypothèse de den
paroisses , telles que Yiroflai et ChaTiHe. Si les bornes de ces pa-
roisses étaient changées , les titres ne seraient pas changés pour
cela : le curé aura toujours la juridiction sur la paroisse, quelle
que soit son étendue. Voici la question dans les termes les phs
simples. Dépend-il de la puissance civile de fixer retendue des
diocèses et des paroisses? Si la puissance civile le peut, il est
évident que le curé aura une juridiction sur tout ce qui formera
sa paroisse. Or , je soutiens que la puissance civile le peut. L'E-
gUse n'a pas de territoire; elle n'a rien de temporel.
L'Eglise est dans l'Etat, FEtat n'est pas dans l'Eglise. Des mi-
nistres de l'Eglise se présentent dans un empire; ils dtsent : nous
devons avoir des évéchés dans les chefs-lieux , des cures dans les
bourgs. La puissance civile leur dit : voilà des villes , placez-y des
évéques; voilà des bourgs, placez-y des curés. Que faisons-ndus?
Nous sommes une convention nationale; nous avons assn jument
le pouvoir de changer la religion : mais nous ne le ferons pas;
nous ne pourrions l'abandonner sans crime. La convention natio-
nale dit : nous voulons conserver la religion catholique , nous
voulons des évéques , nous voulons des curés ; mais nous n*avons
que quatre-vingt-trois villes épiscopales; mais nous ne pouvons
donner qu'un territoire déterminé de telle et telle manière. Mais
si plusieurs évéques sont établis dans ce territoire, on ne nom-
mera qu'aux sièges qui doivent être consentes : voilà les prîo*
cipes. On peut rapporter des exemples. H y a des bénéfices de
pleine collation laïcalé; les seigneurs conféraient seuls ces titres
sans la participation des évéques : c'est un fait notoire. On m'op-
posera que ces titres ne sont pas dans l'ordre de la juridicci<m
spirituelle. Je réponds que dans ces chapitres il y a oâ chef quia
mm (i79(9 SI
k juridietkiii rar ses eonfirères. Il y a même des cures de pleine
eoHatieii bîcsde. Je conviei» qu'on etàge riostiUiiion autorisabte;
nms cette institiifioii est nouveHe : die a été accordée an clergé
pnr Tédk de Louis XI V, rdatif à la régale. Cet exemple confirme
le jsriiicipe; Le bâc n'exerce aucune partie de la puissance spiri-
tuelle; il dét«*mine le territoire : il n'y a rien de spirituel dans la
question de savoir si Févéque exercera sa juridiction sur dix-neuf
ott vingt paroisses. Ainsi , il n'y a nul doute en principe que vous
ne puissieE déterminer le territoire, et que l'évéque n'ait les pou-
voirs nécessaires pour telle ou telle étendue.
Qiumt aux autorités tirées du concile de Trente , si ce que j'ai
dit est vrai » l'évéque aura l'oUigation et le devoir de déléguer ,
d'approuver les prêtres qui seront nécessaires. Il est bon que
votts sadiiez que cette approbation » après l'ordination » est une
institution nouvelle qui date seulement du concile de Trente. Il
paraîtrait rînguUer qu'après avoir jugé un ecclésiastique digne de
l'ordination , on lui dit : Vous ne remettrez les péchés qu'après
une approbation nouvelle. Le concile a dit que les prêtres n'au*
raieot le pouvoir d'ab60udl*e que quand ils seraient jugés idoines ;
c'est une disposition de discipline , et le concile de Trente n'est
pas reçu en France pour la discipline : c'est pour cefai que les
évéques solicitèrent , en 169S , un édit pour être autorisés à l'ap-
probation limitée. Cet ëdit seul a domié ce droit , qui a été la
source d'une multitude de vexations et de scrupules dans l'Eglise;
il a introduit un pouvoir arlxtraire et despotique, exercé pour le
malheur des peuples : les fidèles étaient privés d'un prêtre ver-
tueux , quand il avait déplu à un évêque ou à un grand-vicaire.
VcMli ce que c'est que l'approbation limitée. L'édit lui-même ea
a excq)té les curés.
Ainsi y vous voyez qu'ici rien n^attaque la juridiction spirt->
tuéUe, puisqu'il ne s'agit que de la délimitation , que d'un objet
temporel. Je conclus donc à ce que l'article soit mis aux voix ;
mais j'en changerais la fin , et je dirais simplement qu'on ne nom-
mera pas aux autres évêchés. Je joindrais à cet article l'article YI ,
qoi est ainsi conçu : t II sera annexé au présent décret nn état
ASSEHMiil NAVMRIÀLE.
Mfible des ëvéchëft qui seroBt attachés i ebaque mëtrepoM. «
ir. /« frisldem. Ob demande à <koite que jef rappelle à Fà»*
semblée qu'il s'agit de savoir si la priorité sera accordée à la Md»
tien de M. l'archevêque d' Aix » renottvelëe par H. FévéfM de
Glermont. .
M. le Prieur. Je demande que b discussion sdt fermée snr là
question qu'on agite en ce moment.
JK. DufiwucheL Ce qu'a dit M. l'évéque de Lidda est la doe*
trine du concile de Trente , et ne concerne en rien ta dîsd*
pline ecclésiastique. Tout ce qui tient à Tess^ence et à la ^âOi-
ditédes sacremens» tient à la foi et non à la discipline. Quand les
apdtres ont institué les évéqnesd'Ephèseet autres» ils ne leur ont
pas donné des pouvoirs qui s'étendissent sur toute là terre , M*
trement ils auraient établi l'anarchie épiscopale. Le gouvernement
de Jésus-Christ est sage et modéré ; de votre système résoherail
le désordre. Il n'est donc pas conforme au gouvernement âe
Jésus-Christ. Un évéque est consacré pour toute la terr^» un
prêtre est ordonné pour tout le royaume; mais l'ordination et te-
eonsécralion ne donnent aucune juridiction.... Le roi n'a jamais
pà ériger ou supprimer des évéchés sans^le concours de la pu^
sance ecclésiastique. Le roi a la pdice extérieure ; la police inté-
rieure appartient aux successeurs des apôtres. Je dematide que
le plan proposé ne soit adopté qu'en observant les formes cam>-
iriques nécessaires et convenables.
jf. i*abbé Gouttes. Je ne veux citer qu'un passage d'un
procès - verbal d'ime assemblée du clergé; je n'y ajouterai
aucune réflexion. En f665, Tévéque de Digne disait : <m sait que
dans les cas de nécessité les évéques sont dispensés de s'atiacber
aux formes. La charité doit être la première loi ; ainsi, Eus^
parcourait plusieurs provinces et ordonn^tH les minifiitreç dap».
celles, qu^ en avaiesit besoin.
M* Ucmri dePoniivu Je vais faire une propositiod qui peut
cafx\ en^r aux deux partis ; eHe consisie à déc;réter d'ab^n) > et en
0es termes, le dernier artîple du projet dt décpe(« % L« roi smi
atlffM de fpoBdbe ummim momteê ^oi serosl jugée» née^
saireft, et qui seraient conformes aux saints cmifff» et ma Uhênàf
déMèglimgttUiiiamf poor ainrer te pieiiie ei emière «xëculi^n
du présent décret >
LlMMibUi^déBid* à nâefirmàe^ oMftjûritë de pSMser i Kordfe
dajour.
i ml
D^m h âéaoiçe suivante, on décida <iiie chaque dép^riemeiyi for*
imai!9it mi.dJQ^è^. L*é¥éqpe^di9 defcamt profila d*a& ifl6taiit:d(^
silence pour protesta^ qi^'il oaxQiiteil plufr preiodr9 pari k làà^
l^iératjon. ]^. Rœderar Qt, observer qm Ymtàiaiiou d*iHi évé^ue
PQ^ di^p^rt^ment ser^ cbos^ faivorjd>Ie au fééira&sim. (€*ëil,
ns^ le d^Q^^oDAy la pp^fnière: foi& que e^ «lot foi prottoneé d»$
1Q1 ^^ déC9t¥Offt44e^> £& effet, disaii-il, cliacpie dé|)aiieiiMiM
forsQ^c^ UQ tiom ad9i|>i^r^if « judiciaive,^ etc. , cempiet* «ne p*-
t^ r^ijJbilique, U fout parer ^ c^Lte dMisiéû Baatérielle^ par
Tipsité spirituelle. -r-Qi^ répçmdit k la^ difficulté életée par Rœ-
dgrer e9 ardona^ol q^'U y aurait des $iëgeft mécropsftttama^
Pepuis ce lUi^ji^eot^ b^ délibéiraf^OB de& articles m pouriuiik
ajieç 9ssei| de c^lo^ t, ^^ ^utre discus^icMi que œUe des ppq[iôi«
41^00^ élevées, dap& le Ibjut ^t leur: per£9Çtîppoeqei^pt. Ui aeote
^estîQp qui dopo^ Ij^ijk à ua d^^t ua peu aniaié,. fut celle de
Fçiectipn dess «ag^isti^ats eodésia3Uque$. C'est la féconde gpsiv#
qu^lioQ^ qjLia no^s. ayons à r^ueîljiir. £lle f^t suivie d'une iiit^-
nipUgn cui:ieMSie à s;|î,âjr ot k laisser en place , bien qu'elle apparu
tij^AQi? h W t^ut, aptre terraip que çeUii dont nous oou&. occupons.
Q'i^t uQ,e lettre du roi relative à sa liste civile* C*est chose ûM^
ressante de laisser .dans sa vraie position cette preuve de la préoc-
cupation oii la cour était d'elle-niéme pendant les débats d*une
Ici quidevint plus'tard Toccasion. d'une viveopposition dis sa part.
sftASCii o» & wm.
X. IftlrtiMito hXî tecfttire des detrx premiers articles suîvans :
Alt, V. k et^mpter àt jour de la publication du prësem dé^
cret , on ne connaîtra qu'une seule manière de pourvoir aux évô-
cM» €a.aàK Mrpsi 6-edi à-sstvoir la forme des ^leetimis.
IL TotMs les âeetioiis se fèroBt pw la voie dik.sariitm«l à b
pluralité des suffrages.
M. l'abbé Grigwre. Je demande qu'il eoit dit» ftu^imâm ée
liste double.
. L'amendement mis aux voix est rejeté, et les àmx jRranjers
articles adoptés.
M. MarUneau fait lecture de l'article IIL t L'âection des
évéqueS'Sefera dans la forme prescrite, et par le corps électorâl
indiqué dans ledécret du SS décembre 1789, pour la nomination
des membres de l'assemblée de départcanent.
M. Mûrtineau. Pour abréger la discussion, je préviendmi
qudquesFunes des objections qu'on pourra me faire. On me
dira que tous les anciens canons portent que les Sections se fai-
saient par les métropolitains, du consentement du peuple , coU'
9enm cterUorum et plebis^ et que d'après l'artide que je propose,
il serait très-possible qu'aucun ecclésiastique ne concourût à la
nomination de l'éféque ; mais je réponds que tous les ecclésias-
tiques sont cStoyais actifs; qu'assistant aux assemUées primai-
res, ils pourront assister aux assemblées électorales : il y ea a
même en ce moment qui viennent d'être élus maires ; ils procé-
deront donc à la nomination des évéques, conjointement avec le
peuple. J'entends plusieurs personnes dire que cela n'est pas
vrai ; que ceux qui le disent s'en aillent à la biblioUièque de
Saiiit-Germain-des-Près, ils prendront la collection des conciles,
et ils y trouveront un recueil des décrets d'élections feites par le
peuple et par le clergé. Lorsqu'il fut question de substituer un
ap6tre à celui qui avait trabi son divin maître , ce choix ne fut
pas feit par les apôtres seulem^t , mais par tous les disdples.
Après le martyre desaint Jacques, premier évéquë de Jérusalem,
tous les fidèles furent admis à nommer son successeur. II est
donc évident que, dsms les temps où la religion était d^ms toute sa
pureté, le peuple était admis à l'électîoii des éy^es. H n'y a
donc point d'inconvénient à adopter le projet que je viens.de?oas
soumettre.
M. révique dç €lei7nùnL Fidâe à mes prine^, dans^cecte
JUIN (1790) 22$
'droottstdiice oà il s'agit du plus grand intérêt de la rëigion , de
l'âection de sespriocipanx ministres^ je crois devoir renouveler la
'dédarationde ne pouvoir participer.... (hs'âèvedes murmures,)
jtf. tabbé Jacqueniard. Dans un siècle où on ne peut trop ra-
mener & h, pureté des principes, et rappeler l'intérêt et Tin-
iaéfiee de la religion à ceux qui voudraient la méconnaître , mon
eœor ose encore se livrer à un heureux espoir, l'ai médité dans
lé silence ce projet si religieusement énoncé; j'ai écarté de mm
rintérêt personnel^ Tamour- propre; et concentré, pour ainsi
dire , dans Tamour du bien général , j*âi profondément examiné
toutes les dispositions; eUes m'ont paru encore bien éloignées du
but que le comité s'est proposé. Je n'en veux d'autre preuve
que l'élection attribuée aux électeurs de département.
Cessons de former des spéculations chimériques, d'élever des
édifices idéaux. Autres temps, autres mpeurs. Regrettons les
vertus apostoliques, mais ne nous flattons pas de les voir
revivre au milieu de nous. Tant que le «cm de chrétien fut
synonyme avec celui de saint; que les fidèles, unis par la charité,
ne faisaient qu'une famille de frères ; qu'ils bornaient toute leur
ambition à la palme du martyre^ on put bien confier au peuple
le soin de choisir ses pasteurs. Ifais bientôt , hélas! comme cette
première ferveur se refroidit! Faut-il rappela ces temps mal-
heureux , qui devraient être rayés des annale» du monde, ou l'on
vit des hommes prostitués, égarer le peuple, et se faire élever à la
tète derEgliseINous sommes, il est vrai, plus éclairés, plusdécens;
nous savons donner au vice des formes plus agréables, mais nous
n'en sommes peut-être que plus vicieux. D^s un siècleoii la soif de
l'ora tout dénaturé, n'est-ce pas vouloir aggraver nos maux, et
nous fermer la seule voie qui puisse nous en dâivrer , que de
4rfre un pompeux éloge des vertus?
On pai*le bien des Âlhanase et des Ambroise, mais on passe
sous silence ces pontifes t|ui ont été le scandale de l'Eglise, et ces
soènes de sang dont le souvenir fait frémir. Quelles que soient les
bornes que vous imposiez à l'épiscopat , il tentera toujours la cu^
^ilé des ministres t les évèqnes seront toujours , par l'exeellence
T. VI. 1*
/
gieux, Il hm fermer la l)9rrièi!€t à V'inirm^. (>n^'mi^ m
Vous y parviendrez par la yoîQ de réU^ctfoii popM^aipe? ^JgMr
tapsclçss caippaga^s, d^ kxvf^'n^'^ peu ([^pablf^ dç s^e^ç les
\eitu8 , ^1 d*^ppr4cior le mérite , fl^ onir^ ^^ ¥ÎH))g^> l^lfrSF
jHinernQait pa^^iis. «oij q» ^s SQieiit éWw» p^r la riçl^f^e,^
qu'ils soieot «n^raipé^ par les plira^ à'^^ ^raiem* i^rip^f ^
li^qiieroiit jamais de faire d^ iKiauvais çlio^x. Ke poarj{;a-iil f^
fie fairq aifssj qife le grand nombre des électeurs soit ^ pi^
^Qs» qui se fqront nn plaisir 4'«>ili? TEfl^îse qu ilf ri«a|i?Çtt?
S|ajs» dH-on, oupçinrra ex^er. ifpe d^laralioQ dç, ca^oli(^)^
4yez-vou^ le droit d*établir une pareille ioq^isilion; avcz-yç^s If
droit de scruter les opipions reU^euçes? Si ^n nQO^t^qliqjlf
pçut biep présider Tasseipblé^ nationale , irez-vous ens|rit# li^i
^ter le droit d'élçction dqns les assemblée^ (lu peuple?
, Je reviens an fond de la que^iou : déponiHer,f^-Y9^$ I^ pr^
d'un droit doot ils ont toujours joui pour le boolieuf 4fi$ 9W^
,et la Qlmre de la reHffioQ ? Vousquiavezrendna^P^nfîl^ki^C^
d'élire ses juges , d'élire ses représentans, irezrVOMii priv^ ks^
eqelésiasUqucs de ce bieniaii? Qui plus qu'eux a intérêt dQ ji^
un bon choix ? Qui mieux qu'aux couoah les moeurs el les bcmW
qualité des ppéures d^ diocèse? Mais, me dit-on, G*e$t ¥$mlfl|îr
ramener l'ancienne influence du clergé. Vous éte^yous {>efaiÉli
la convocation des synodes? Les eeclésiastiqnes seraieMHH nioins
dangereux dans ces asseinUeeSf si loiitefpjsJls poi^vaient Titre?
De tout cela : je conclus à ce que les évâques soient chgif^t W
par le prince qui ne sera pas toujours* doiié des veruis rar^ §t
particulières, qui n'aura pas toiyqurs près de lui m prélat ^^
vertueux que celui dont vous adpiirez aujourd'hui lepatrjQt^iM
mais par le clergé du département, convoqué ea Synode,, eiai^
quel ofi poupraii joindre les membres de l'assemblée ado^aisn^
tive. Je crois ce moyen propre à opérer Ja négénération de ï&or
pire, et à rendre à la religion tout «on éclat. Gourez à une o^vre
^ giorieuse; faites aimer c^tte religion sainte i rendes ses v»
sfisires respedables ;l se «ooffrexfps qu^oi les ariiisae. fittiaj^
mu (179Q) :M!
9'fpte|^4Qpl|is(^^çléllo.SDi^l^$.odie^ on tâche
^e Us dégrader daqs Topil^ioii publique. Condamnez ^u feu ce$
caricatures bizarres qui 6iûiraient par entraîner, siyec le ridicule
^es ministres, la chute de h religion^ Eu vain les prêtres. seront-
ils ^lés., ^i le peuple n'est respec]l,ucux.
if.MçLriimau. Je déclare eu noon nom seu^^mcint, que j*adopte
1^ plan pjppposé par M. l*abibé Jaqueqaard. .
4/. Robespierre. AI. Fabbjâ Jarjuemard prc^pose de faire ooaiiv^r
l^s évéq|i^ par le;$ ecclésiastûjiies, concurremoiiçnt avec içs
membres de l'assemblée administrative ; ceci ,est.d'.rectemeiit op-
1^^ OJix principes de la constitution. Le droit d'élire^ne peut^p-
partjçpir au corps administratif; celui en qui réside la ^ouv^r^M-
n^t^ , aseul leçJroHdelire, et ce droit ne peut. être exercé que
paur lui ou par cejLix auxquels il Ta 'délëiB^ué. On vous .propose .de
Élire intervenir leplergé dansrélectipn,de celte portion d'officiers
publics, ^pelés les évéqut^s : c'est bien là l'exercice d'un droit
.polit^ua. You^ l'appelez k Texerdce de ce droit, non conune
cifoyen , mais comiue clerg é , mais comme corps pariipulier ^ dès-
lors vous dérogez aux prc!mierspi:iiacipes; non-seulement vous
rompez Tcg^^Iité des droits politiques; vous faites du clergé un
corps isolé ; vous consacr&z vous-mésmes le retour des abus; vous
vous exposez à l'inflaence dangereuse d*un corps qui a opposé
tant d'obstacles à vos travaux. Ni les assemblées administratives
ni le clergé ne peuvent concourir à J'éiection desévéques.La seule
élection constitutionni^lle , c'est celle qui vous a été proposée par
le comité. Quand on dit que cet article contrevient à l'esprit de
piété; qu'il est contraire aux principes du bon sens; que le peuple
est trop corrompu pour faire de bonnes élections, ne s'qperçoit-
on pas que cet inconvénient est relatif à toutes les élections pos-
sibles; que le cUirgé n'est pas plus pur que le peuple lui-même?
Je conclus pour le peuple.
. Jf , Gc/nfU df Préfeln. C'^t dans la «grande vue du bien public
çtdela religion qu'il faut considérer la question^ II est facile de
ji^ convaincr c Cj^e comme citoyens et comme cfarétieus nous d&-
^Sffi^f^v^^çe» à H. l'abbé Jiiçqamahl. Je ne cfiereheraî
r i
point à capter les suffrages, à fsire retentir le nom de peuple ;
c*est par la Térité qu'il fout opérer 'mo plus grand bien ; il ne
fout pas le réduire par des illusions. On vous a développé les in-
convéniens qui résulteraient de Télecnion des évéques , attribuées
au peuple; on vous a développé coffibien l'ambition et les intri*
gués auraient d'influence, dans les af^semblées populaires. Qu'on
ne dise pas que vous renversez la oDnstitution , en accordant aux
membres des assemUées adminiâlratives la concurrence avec le
clergé du diocèse : ces assemblées éliront pour le peuple, et en
son nom. On a proposé d'exclure les non-catholiques, en cou-
sidérant que c'est comme fidèles qae nous participons au gou-
vernement de l'église. Je demande donc que dans le cas ou il y
aurait des non-catholiques dans les assemblées de départemens,
elles soient autorisées à choisir, pour les remplacer, un nombre
égal de citoyens catholiques , parmi l'es membres des assemblées
de districts. Je n'ai qu'un mot à ajouter : je vous supidie de foire
sur cette question les réflexions le» plus mûres ; de vous con-
vaincre que la piété est utiAe à tous, eit qu'elle ne contrarie jamais
les vues d'une saine politique,
M. Chapelier. Il a été , je crois , irnésistiblement démontré par
M. de Robespierre , qu'admettre le système de M. l'abbé Jac-
quemard , ce serait aller coutre deux points essentiels de la con-
stitution. La division des pouvoirs est contraire à toute corpora-
tion dans l'Etat : ce système détruit la séparation des pouvoirs.
Les assemblées administratives ne sont pas électorales, et cette
confusion ne peut être opérée sans la destruction des bases prin-
cipales. Vous rétablirez une corporation égale à celle que vous a?ez
détruite. Voyons si l'intértit public command\^ cette dérogation
aux principes. Qui est-ce qui a intérêt de bien choisir les ecclé-
siastiques? N'est-ce pas plutôt le peuple que les ministres de
réglise? Faut-il pour cela utti ministre sacré? Non sansdoute. Ce-
lui qui doit être choisi pour cette place doit avoir la voix du peu-
ple. Si le choix du sujet est concentré dans les st^uls ecclésias-
tiques, chacun crmra avoir des droits à occuper b place vacante»
les if^gues se multiplieront. I^es meilleures éli^tom seront
JUIN (1790) 229
toujours fiiites par ceux qui n'ont aucun titre pour y pré-
tendre. Considérez que tous les ecclésiastiques sont citoyens ac-
tife; que beaucoup d'entre eux seront dans les assemblées pri«
maires. Si des circonstances fâcheuses ont éloigné le peuple
£eux 9 ce sont peut-être eux-mêmes qui ont commencé à éloigner
le peuple; mais bientôt nous aurons oid)lié toutes nos divisions,
et nous nous rallierons autour de l'intérêt général. La constitution
TOUS coounande d'adopter le projet du comité ; l'intérêt de la re-
ligion et du peuple vous l'ordonnent aussi. Je demande donc la
préfërence pour l'avis du comité.
On den?4ande que la discussion soit fermée.
if. G«urai ïaittL Je conclus pour le peuple, a dit en finissant un
des honorables préopinans; et moi aussi, je conclurai pour le
peuples ; et moi j'aurai, je crois, avec un peu plus de justesse que
le p;réopinant, parlé dans l'intérêt du peuple. Est-ce bien pour
le* peuple que cet honorable préopinant a conclu? Non : c'est
pour le corps que le peuple aura choisi pour nommer les^mem-
bres des assemblées administratives. Autre chose est le corps
électoral , autre chose est le peuple. Si le peuple lui-même pou-
VèX intervenir dans les élections dont il s'agit , la question ne
serait jrius douteuse : mais le peuple ne peut intervenir en entier ;
il ne peut intervenir que par des délé{;ués. L'unique question est
donc de savoir quelle serait pour le peuple le délégué le plus con-
venable. Sous ce point de vue , je ne balance point à croire que
la délation , proposée par M. Jacquemard , est la plus conve-
nable. Il y a à considérer deux sortes de mérites , celui des
mœurs politiques, et celui des mœurs religieuses. Sous le pre-
mier rapport, les assemblées administratives présenteront le
meilleur sujet , et c'est là précisément le seul rapport sous lequel
il est nécessaire qu'elles interviennent.
L'autre rapport est celui des mœurs religieuses. Gomment se
permettre de dire que, pour faire un bon choix, tous les ci-
toyens actift vaudront mieux que les citoyens ecclésiastiques.
Eux seuls savent si leurs principes et leurs mœurs sont purs. En
admettant donc ces deux divisions, vous assurerez; au peuple 1^
l
S!^ ASSEMBLÉE NilTlONALE*
meilleuf' choix. On parle de division de poilvoirs; eb bien! i»
sera-t-eHe pas constatée entre les métropoliîaînes et les membrdi
du corps administratif? On parle du danger -qu'if y a d'établir
l'esprit de corps ; on croit avoir tout dît quand* on a fait sonnei^
ce mot, tes-prït de corps. Si cela est , vous avez len couru le danger
de l'esprit de corps par les synodes liiétropontûiins. Je finis en
concluant pour l'adoption du projet de M. l'abbé Jacquemard.
M. de Biauzat. On peut réduire là question à ce^ termes sim-
ples : l'élection sera-t-elle feitepar la nation seulement, duUèë
concurremment avec le clergé, pour la nomination des prélats? J8
soutiens que c'est le peuplé dans lequel se trouVe réunî le dérgé
qui doit foire les élections.
On demande que la discussion soit fermée.
M, le Camus, L'élection doit appartenir au corps éléctor'a! et
non au corps administratif. Il est bien établi que fe clergé ne tfoA
paà faire une corporation dans l'Etat; mais it doit l'être atisàf
qu'onze doit pas procéder à l'élection d'un supérieur de diocèse -
sans la participation des i^embres du diocèse; les prêtres a$sfS^
taient à' toutes les élections dans les temps de h prîmîlrve ^gt'sfe:
Il né faut pas de corporation ecclésiastique, mais il' iiiuf desf indSf*
vîdus ecclésiastiques. Mon amendement est donc que félecticA^cfei
évêques se fasse dans l'assemblée électorale , ôîi se f énfdront 1^
pïus anciens curés et vicaires- de chaque district avec voix dSf*
bérante,
É, Barrtave, Je me réduirai à des réflexions très- courtes sur
fa prefnîèrè proposition, qui* consiste à faire nommer les évêques^
par le corps administratif. Indépendamment des raisons prisée
dans notre constitution , il en est' une autre d'un intérêt pbtif
iique. Les pouvoirs né peuvent élré délégués qife de deux ma-
nières, ou par le peuple oli par ceux qui lés ont reçus de fuï
... (I > . '
avec le droit d'en déléguer les parties, L'écueîl le plus dangereux
que vous ayei à éviter, c'est de voir rauiérîlé répartie sans oFdr^
dans des corps qui n'ont pas les mêmes pouvoirs , et c'ési lâc^
que produirait ce premier plan. Rieii n'est pîiis coiïtradict&iré
avec les principes d*une bonne coùstitutiôn , que dé donner a un
JtiU (1790) S5i
Oëips pai^ibâlier la Iticulté de se rëgfcnërer lui-inéme. Et certes ,
si les ecclésiastiques voulaient bien s'entendre , ce qu'ils ne man-^
feraient pas de filtré,' ifs feraient seuls les élections, le n*ajôu-
ietâi qii'uiî mot sur le pldti de M. le Camus, c'est que je ne \o\é
point rdfiHité de cies vicaires et de ces curés qu'il nous propose
^admettre aux assemblées électorales ; il y aui*ait au coiitraire
biîsti des incomé^itns à les admettre. Ils pourraient y venir
(Mtaidt pour être élus que pour élire; ils pourraient m^e^
Me conduite qui n'honorerait- pas toujours la iTti{jion. Le
peuple par son droit d'élire ; n'influera en rien stir la pulâsatiett
$t>{ritîièlle. II est bienr évident qtie ce dernier c^l^actère ne peut
être transmis que par ceux qui l'ont d^à reçus eux-niémeâ. Je
oooclus à ce que le pr&jèt dd comité soit adopté.
Là fliscusslori est fërhnée.— Ld priorité est accorflié à farticK
proposé par le comité.
M: Rewhel. Lé peopic petit àvôii' béitlCdfap de coiffitilleë diin^ le
cor{5s ëhfctoral pour cboisir des administrateurs; et t<>ès-peti
iàtns eë niéme fcorps pour élire les évéqu^s. le demande *qu'ott
ajoute ces mots à l'article : c Par un cor^is électoral cxpfcâsënietit
dioisi à cet éfFet; Suivant les formes indiquées pdr le décret du
2S déceflibre. >
il. CaJbbè Grégoire. Je prdpbse àùs^i en ameifdifmënt que dhns
ié nombre des èiefeteurs « ori ne compreiide paé lès nbn-daib6^
liques.
M. Buqiies^ioy. Jd demande la qdestio préalable sûr toiis les
ameiidenleiis.
M.' ferand. Tous ces atnetidemeils rie tendétii qu'S hous fiilré
composer sur lès principes de là constitntiôtl.
On apptaiidit vivemeht.— Oh detnaiidè k allèîf aux voix.
iir. Thevenot de Maroise. Je demande la division de ht cjilëéiion
]piéalàble» II n'y a paé de raisons pour écarter l'ametittemént de
■• Rewbel.
Cktiediviaott est adoptée.
L*aBs(emb!ée décide qu'il n'y a pas Hèu à délivrer iw l'amen-
dement de H. te Ca&ioSf
i3S AâSBHBLÂB SATIOXALB.
La pi-eiiirère épreuve sur celui de M. l'abbë Gregonv est dou-
teuse.
M. de Toulongeon. Je demande à lire l'article Vl du pnijet du
comité , avant qu'on Basse la seconde épreuve. 11 est aînai cooc» :
t L'électïoB de l'ëvAqae ne pourra se faire ou être comineiicëe
qu'nn jour de dinaiicbe , dans l'église cathédrale , à l'issue de la
OKSse paroissiale, il laquelle seront tenus d'assister tous les âee*
teur^. • — Vous ne pouvez établir une sorte d'inquisition quiatt*
rait pour objet de demander compte à un bomme de sesopioioiis
religieuses. Je pn^Ktse de réunir ces deux articles.
L'assemblée décide qu'il n'y a pas Ueo à- délibérer sur l'amea-
dement dem. l'abbé Grégoire.
M. Rewbel relire -son amendefflent. — H. Thereiiot de Sla-
roise le reprend. — L'assemblée l'écarté par la qoestioii préa-
lable.
Les articles III et VI du proiet du comité sont décrétés avec un
seul changement dans l'arlicle VL — Ce changement omsisle à
remplacer ces mots : • Dans l'égUse cathédrale > , par centci :
dans l'église principale. >
M. l'arcbevéque de Bordeaux, envoie une lettre du roi. U. le
président lit cette lettre. — l>a voici telle qu'il a été po&sible de
la retenir snr une seule lecture, pendant laquelle la voix de M. le
président a fréquemment étécourerte par des cris de vive le roi ^
et par des applaudiss^nens universels.
( Conibattu enire les principes de la plus sévère économie et
la nécessité de la représentation du chef d'une grande nalkui,
j'aurais préféré de m'en rapporter à l'assemblée nationale, pour,
qu'elle fixât elle-même les dépenses de ma maison ; mais ses nou-
velles instances m'engagent à m' expliquer. Je vais le foire claire-
ment et simplement.
I Les dépenses connues sous le non de maison du roi com-
prennent, l'ma dépense personnelle, celle de ta reioe , cette de
nés ensuis et de leur éducation ; la maison de mes tantesiet cdie
"• ma sœur peut attendre incessamment de moi ; â* les bAiîmcos
> j^arde-flieublr de la coaronne; 3" ma maison mililaiic.
. . iuiif (1790) m
' > L'miÈtiMe. de ces divers objets , malgré les rëdhictions qai
tBt él^ £Mles depuis mon ^yéneaieùt au trône , iDdépendamment
de 90(^000 liv. que je pm>evais sur les droits de Versailles , s'é-
levait encore à SI millioDS. Avec mon séjour habituel à Paris, je
ep^îa^iiesSglmiyBious» eây ajoutant le revenu des parcs, forêts et
maisons de plaisance que je conserverai, pourront, à Taide de
bemoQup.dd nédnclioas , suffire à ma dépense , quoique j'y corn*
preoae.na muis^Ni militaire....
> le n* hésite pas à penser que la garde pour la défense de ma
persotoedottélre réglée par la constitution ; en conséquence,
fai rétardé Tépoque oii les gardes^^du-corps doivent reprendre
leur service. J'ai été d'autant plus porté à ce délai, que la garde
nationale m*a montré beaucoup de zèle et d'attachement, et je
désire que jamais elle ne soit étrangère à la garde de ma per^
sonne. .
> Il me sellait impossible d'assigner les fonds annuels et limites
nécessaires pour le remboursement de la dette arriérée de ma
maiton. Je pense que l'assemblée nationale jugera à propos de
s'acquitter de cette liquidation.
» Je crois que le remboursement des charges de ma maison et
de celles de mes frères est d'autant plus juste , que la vénalité des
e}iai^es est supprimée.
>Je finis par l'objet qui me tient le plus à cœur.J'ai promis, par
moQ contrat de mariage avec la reine, que dans le cas oii je cesse-
rais d^ vivre avant elle, une maison convenable lui serait conservée.
Elle vient de faire le sacrifice de celle qui a toujours appartenu
aux reines de France, et qui, avec le comptant, montait à quatre
millions. C'est un motif de plus pour que je désire que renga-
gement que j'ai pris avec elle et avec son auguste mère soit assuré.
Je demande la fixation de son douaire. II me sera doux de devoir
aux représentans de la nation ma tranquillité sur un point qui
intéresse aussi essentiellement mon bonheur.
t Après avoir répondu aux instances de l'assemblée nationale,
j'ajouterai que jamais je ne serai en opposition avec eHe pour.ce
^t me concerne» et poarro que la liberlë et la traBqQtHtti sbient
assurées, je ne m'occuperai point de ce qui me man^rait M
jouissances personnelles ; je les trouverai , et bien au de là » datl
le spectacle attendrissant de la félicité publique. >
On propose que tous les article» que èontieiit h lettre du réi
^lenl décrétés sur-le-champ.
Toute rassemblée se lève sans attendre <|iie le.présidc^it nmni
la question en délibération; la salle retentit d-afipkiudiaaiiBOii»«|
éa cris de vive Us roi!
, L'assemblée décide que la let^e du roi fa*a ellô^n^me le àiicnt^
^ qu'on insérera seulement au bas , que toutes se^ disposition^
•At été unanimement décrétées et par acclamaticm. .
On propose de se rendre à l'instant même en corpa cbes; le roî^
. M. fiamave. Il ne s'agit > en ce monient , que d'un arrangenneot
pécuniaire entre la nation et le roi : nous applaudissons avec iran%
{iort aux sentimens ^e S. M. exprime ; mais je crois que ce
serait mal juger les convenances , que d'aller en corps chez le rai*
Kous n'avons pas fait eptte démarche solennelle dans ^es pircour
siances plus importantes Je demande que M* le président ae ingtîrf
yers le roi , pour lui faire connaître la délibératipn de l'assen^Iée,
et la manière dont cette délibération a été prisé.
Cette demande est décrétée.
On propose de statuer sur la demande relative au âouaii'éde
iH reine. • • . ^ ^
M. de Menou. Je propose de charger M* te président dër fkf^
plier le roi de faire connaître h rassemblée à quâlé sônfnnê il
Aêsirë que té dodatre de là reine 1^ Kxé. ' '
Jlf. lé coràte de FâusHghy, Lé foi Wskè .Hsse2^ cô^ànnafttë SttA
èk lettre , qu'il désire que ce douâii^ë sôit dé qosktrë fn Jllibâë pHt
antïée. * ' ■ . •.
M. le niUrquh de IdGàlïs^dnniêre. ledédâiidëqiie céitië'k>niâfe
èoit portée à cîiiq millions. •
On se dispose à mettre aux Vdix la pi-opoSitt^' dS M/ ft
Ménou; , ■ ^ ^ . *
M. de Clérmont-Tonnetre. Cette motion , qui tend à replacée
njm (1790) SSB
CTCôre sous les yeux du poi tobjet en question , est inutHe. Le
/lyi en a dit assez. Il est dîgne de la nation d'accorder les c|ua«ré
tiiiltions.
Une grande partie de rassemblée se lève et adbère par accbi^
mâtion à celte dernière proposition.
M. te comte de Virieu. On ne parle pas dé rhabitation.
L'assemblée délibère et décrète que le douaire de là mût lit
Bké h une somme annuelle de 4 millions.
On applaudit avec transport, et les cris det^é le roi! se fùÈî
entendre de toutes parts.
La séance est levée. ]
f
Lés derniers niots de la séance précédente forment la transi^
u*on par laquelle nous sommes condtiits h parler des Htianceâu
Tous les prihdpes sdr lesquels fut fondée la constttotion du
clergé , dht en eflfet été épuisés daris Ifô débats que nous venoiii
d^eXposer. Une seule partie de cette constitution n'éiait pas con-
MAM ddns les prémices ; c'était celle qui réglait b quotité ÔH
tfaftethens. La diseiissron sur ce Sujet fut trèS-lôngue , très-dls^
pUîée , quelquefois scandaleuse. Le haut clergé iiisista siirtout
scîr la nécessité d*un traitement élevé, aflh que la thaiiii ifë ftiil^
lit pas dans les ttiâins des primats dé l'Eglise.
t Messieurs, dît Robespierre {sénnce du 16 juin) , J'adopte le
principe de là cliariié; mais j'éh tire une conséquence un pefa
difl^eiitje'! dri vdus a parlé de religion et de cbarké : saisissdiii
fê^rit de la religion, agrandissons les idées de charité, et nous
verrons quie rartîde du comité ne pêche rifen moins que par l'ëi
Cotiôifiie. L'auteur pauvre et bienfaisant de la religion à réce*i*
mandé au fiche de partager ses l'ichesses avec lé^ inifig'ehs ; il à
f oulu qtie ses ministres fussent pauvres ; il savait qu'ilà seraient,
cdrrompus par les richesses ; il savait qljé les plus richëi té ^cmi
pa^ !ès plus généreux ; que ceux qui sont séparés des misères dé
Hiridjanlté ne compatissent guère à ces ittisêres; eï que, par léof
luxé et par lés besoins attachés à leur richesse, ilè sont souvent
pauvres au sein même de Fop&lence. D'après ces idées , fondédi
236 ASSEMBLEE MATiONALE.
en raison et en vérité, il e&l évident que le vrai moyen de son-
bger les pauvres n'est pas de remettre des sommes considérables
entre les mains d'un petit nombre de ministres. Sont-ce donc là
les vues du législateur? Le législateur doit travailler à diminuer
le nombre des malheureux, et pour cela il ne suffit pas de re»
mettre des trésors entre les mains de quelques-uns et de les char-
ger de les répandre. Non , les législateurs ne soumettront pas la
vie des hommes, le bonheur du peuple au caprice et à Tarbitraire
de quelques hommes : c'est par les grandes vues de l'ailminis-
tration qu'ils peuvent secourir les malheureux ; c'est en réformant
les lois qui outragent l'humanité ; c'est en faisant que des lois
^ales pour tous frappent également sur tous et prot^nt tous
les bons citoyens sans distinction. Voilà la véritable bienfeisanœ
qui convient à des législateurs. >
L'assemblée^ passant outre aux observations , vota les salaires
proposés par le comité ecclésiastique. Il fiit ensuite question ,
c'était le 28 juin , des pensions à accorder aux prêtres trop âgés
pour exercer aucun ministère. A cette occasion, il s'éleva une
discussion assez curieuse, et qui nous parait digne d'être notée ,
en c€f que ce furent les plus àiergiques jacobins qui prirent seata
la parole popr défendre cette dette nationale. On venait de pré*
senter, au nom du comité, le projet d'article suivant :
c Les évéques qui seront anciennement démis, les coadjuteurs
des évéques , les évéques suffragaus de Trêves et de Bâle , en
France, jouiront d'un traitement annnel de 10,000, à prendre,
soit à cause des pensions dont ils jouissaient. Dans le cas oii ils ne
jouiraient pas actuellement, soit en pensions, soit en bâiéfices,
leur traitement demeurera tel qu'il est : leur traitement , comme
coadjuteur, cessera lorsqu'ils auront un titre effectif.»
[M. Cbas8ey. Je vais vous présenter un article additionnel que
vous jugerez sans doute très-nécessaire. Le maoAmum fixé dans
l'article V' pour les évéques, pourra être augmenté d'un tiers en
Êtveur de ceux qui se trouveraient, avant la publication da pié»
sent décret, âgés de 70 ans. Il en sera de même du maximum de
tous les autres bénëficîers.
luiN (1790) $5?
On demande la question préalable.
Jlf * Fricaud. Lorsque le clergé formait un corps redoutable , il
dictait des lois : voyez aujourd'hui quels moyens on met en usage
pour le rétablir dans son ancienne splendeur. Je demande si soa
traitement n'est pas excessif ou porté à une justevaleur. Votre in-
taïUon n'est pas sans doute de tripler la dépense du clergé. J'ap-
poie donc la question préalable sur Farticle proposé.
— L'assemblée est consultée sur la question préalable. — L*é*
preuve parait douteuse.
M.Martineau. Je réclame un instant votre attention. (Une
gnmde partie de la gauche de l'assemblée demande à aller aux
voix.
M. Desmeuniers. On ne voudra jamais croire qu'on ait inter-
rompu l'opinant, lorsqu'il réclamait en faveur des vieillards.
(M. Desmeuniers est interrompu par des murmures.)
M. Toulongeon. Je demande à parler contre la question préa-
lable. Je vous rappelle d'abord que lorsque les Gaulois , nos an-
cêtres (nouveaux murmures). Sans faire aucune citation , et dé-
gagé de tout intérêt personnel , car je n'ai aucun bénéficier dans
ma fomille , je réclame pour les curés et les évéques , ce que^ous
avez fait pour les religieux et les militaires au-dessus de 70 ans ,
ou bien il me parait nécessaire de constater l'impossibilité où l'on
est de le faire. ^
M. Lucas. Je m'oppose à Tarticle proposé. Si on a des largesses
à faire, je les réclame pour cinq millions d'hommes qui n'ont pas
de pain.
On demande Ja division de l'article proposé.— On réclame la
question préalable sur la division. — L'assemblée décide qu'il y
a Seu à délibérer.
M. R&bes}nerre. J'invoque la justice de l'assemblée en Itiveur
des ecclésiastiques qui ont vieilli dans le ministère, et qui, à la
sotte d'une longue carrière, n'ont recueilli de leurs longs travaux
que des infirmités. Ils ont aussi pour eux le titre d'ecclésiastiques,
et quelque diose de plus , l'indigence. Je demande la question
pféabble sur Farticte proposé , et que l'assemblée déclare qu'elle
ponrvoira à la subsistance des ecdésiasliquff» 4« 70 m^ an J|^t
ni pensionSbOi bénéfices.
M^ la^bé Grégoire. Permettez à un jeun^ homme .de réqbi^r
^ faveur de la vieillesse ; c*est un bel exemple ^ dog^ier , fipfi
d'apprendre à la respecter. Je ne pense pas qu'il &iiUe ùdf^jfff
yariicde proposé, maiis seulement améliorer» proportîofuieUeowst
à leur âge , le sort de ceux dont le traitement sera au-des^p^jde
§,Q0O livres.
On dçroande la priorité pour la motion de M. JKobespierre.
M. le Canim. Je ne sais pas quel est le privilégie d'un iiomme,
parce qu'il a pris la tonsure. Je demanderais volontiers que jU^t
citoyen actif ou non actif, âgé de 70 ans , qui n'aura pas mille $-
yre^ de revenu , obtienne cette somme.
Oa demande la question préalable sur l'article et suf le^ ^i^-
démens.
L'assemblée décide qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur i'aiticle
^t sur les amendemeus.]
Pour terminer ce que nous avons à dire de celte discussion,
nous ferons remarquer que dans la séance du H oA vota , saos
discussion préalable, Tarticle suivant : € Avant que la cérémonie
^e la consécration commence, l'élu prêtera, eq présence des ,qf-
pcier$ municipaux , du peuple et du clergé , le serment soleonç 1
de veiller avec soin sur le troupeau qui lui est confié^ (félre fidèfe
4 to ntuion, à la loi et au roi, et de maintenir, de tput son pou-
voir^ la constijUUion décrétée §ar l'assemblée nationale. »
Venons maintenant aux affaires de finances.
Finances.
Cette . question fut amenée par un mémoire qui fut présenté,
|e S!) ^i , par le minisire. II y traitait des dépenses et des bespjçs
des huit derniers mois de 1700. C'est le premier budget, à peu
près régulier, qui ait clé présenté à une assemblée française;
mais l'oixlre est chose si difficile dans cqs matières » que ;iqjDS
virons encore lopg-temps le proyisoire se prolqng^.
Hiw (1790) S»
Le rapport de N^er ç$t long et diffus ^ n^ çpnf^naQt ïipa qui
mérite d*élrc conservé, sauf les chiffres; et nous allons soignfeu-
sèment les extraire tous.
U évalue le capital des cbar{;es de magistrature » qu*il propose
^ rfiiriboiirser en le convertissant en capital de rentes , à 250 mil-
lioDs; il élève à 150 millions le moulant des intérêts arriérés de la
dett^; ^t il p^se qu'il faut aussi le convertir en capital de rentes.
Ensemble, ces deux chapitres forment ua total de 400 millions, $t
gr^^^î^f N trésor de20millionsd*intéi^ts annuels. Enfin, je mi-
nistre propose d*iodemniser tous les individus auxquels les évé-
nemens révolutionnaires ont cailsé quelques dommages, en leur
répartissant trois niillions de rente. Voici , au reste , sou budget.
•
Aperçu de Celai général des finances, pendant les huit derniers mois
de tannée 1790, tant pour F ordinaire que pour textraordinaire.
Totalité des fouds en caisse, au 50 d*avril 1790,
tant en argent qu*en billets de la caisse d'es-
compte , ci 14,8(j0,000 Itv. ( 19,610,600 li? .
A déduire pour quelques
bons de caisse à acquit-
ter 2,280,000
Effets du commerce , échéant dans divers mois
de Tannée 2,755,000 liv.
Impositions directes , déduction faitedes char-
ges assignées sur leur produit 100,530,000
Fermes générales, déduction faite des charges
a^signues si^* leur produit, dans lesquelles
n est compris aucun versement de deniers
entre les mains des payeurs des rentes,
parce que les reptes sont portées eu tota-
lité daifts la colonne des dépenses 24,000,000
Ferme des postes, y compris Tabaudon fait >
p^r les ^rmiers de leurs bénéfices^ et dé-
dqdiop faite des charges assignées sur seis
240 ASSEUBLÂfi NAtlOllALfi.
produits, dans lesquelles chargées estconh
prise llndemnitë accordée aux maîtres des
postés pour la suppression de leurs privî-
légfesy conformément au décret de rassem-
blée nationale 6,340,000 fir.
Ferme des messa^ries, dont toute Tannée
est due 4,040,000
Ferme de Sceaux et de Poissy, idem S40,000
Ferme des affinages , idem 405,000
Régie générale des aides , déduction faite des
charges qu'elle est tenue d'acquitter, dans
lesquelles on ne comprend aucuns verse-
mens de deniers entre les mains de payeurs
des rentes 19,900,000
Régie des domaines , déduction fiiiêe des char^
ges assignées sur ses produits. 47,645,005
Régiejle la loterie royale , déduction foite des
charges qu'elle est tenue d'acquitter 2,700,000
R^e des poudres et salpêtres* Le
peu de produits qu'elle espère
cette année sera absorbé par le
paiement exigible des billets que
les régisseurs ont faits et renou-
velés successivement depuis plu-
sieurs années Mémoire.
9
Impositions des pays d'Etats, en supposant
qu'on ne remboursera rien sur les em-
prunts 4O,86S,000
Impositions abonnées, en y comprenant ce qui
reste à rentrer du dixième sur les taxations
des receveurs-généraux et des receveurs
particuliers des finances 600,000
Impositions particulières aux fortifications
desvilles S7S,000
Revenus de^la caisse du commerce. ......... 400,000
luiN (1790) 241
Loyers des maisons des Quinze-Vingts jl20,000 liv.
De la Monnaie. Reliquat du par le directeur -
de Paris 9 en supposant encore quelques
fournitures eu vaisselles^ payables à six
mois de terme environ *. 1,000»000
Sur les onze millions environ qui ont été
avancés aux receveurs -généraux pour ^
payer leurs rescriptions, il y en a près de
la moitié qui ne pourra être remboursée
que par le prix des charges de ces receveurs»
à cause du dérangement de leurs affaires ;
mais on estime que sui* le reste » il pourra
nmtrer dans les huit derniers mois 1790, /
«iviron 4,000,000
Recouvrement dans le cours des huit derniers
mois 1790, sur les 42 millions à imposer en
remplacement de la gabelle , et sur les neuf
mOlionscinq cent mille h à imposer ea rem-
placement des droits sur les cuirs, Tamidon,
les huiles et la marque des fers , environ, . 25,000,000
On a passé dans la dépense les rentes d'une
année sur la ville, en leur entier, ainsi queles
traitemens , pensions , appointemens , etc.;
mais une partie de ces objets a été et sera
donnée en paiement desdons et delà contri-
bution patriotiques. On estime cet article de
décharge, toujours par simple évaluation , à
environ 12,000,000
Rmtrées en deniers potu* la contribution pa-
triotique , Clément par évaluation ....<•. 30,000,000
Mises qui pourront être foites dans l'emprunt
de septembre 1789, dans ceux des pays
d'Etats , non encore remplis , par évaluation
incertaine ; ... ^ ........ . 4,000,000
T. vu 16
B»iêt9^igiiàu déerélés |Mâ> FiuiiBirtito ili^
tionale < . ^ . . . . « « 400»(i00,0e9
A déduire les 90 milUMi déjà
fournis en promenés de Ik
caitte é'èscémpte, ea vertu ^
d*un décret de l'assemblée
nationale, du 17avrildernieri. 80f(W0iW
Reste à passer en recette.. 3»0»000,000 ci. ^.rOM^br.
TOTAL 6S6,6i8.éW
DÉPENSES.
Dépenses générales dé la maison du roi él de
la reine , des enfads de France « de madame
Elisabeth ; de mesdames » tantes de S. M.;
sur lesquelles dépenses il n'y a eu que
È *■
4milliohsSâ6 mille liv. de payées pendant les
quatre mois de ceflè dihïièè ^fëlÈjSÊ
Maisons des princes 9 frèfès du rot, sUf \ès^
quelles il n'y a eu i[|li« £ fnttfidiJs 122 mille
liv. de payées peniâ^t (A tfitkWè pHàofâèftf
mois de cette année; ; . • : 8^lfllf»li6f
Affoirèséffati£[èfessûr1ë pied dé 6 ifit^é
700 mille liv i » ; : . < . ^ . . . ; i ^ ; : . . « ; ê0à0t
Département de la gtiéïté i âtR|uéI il y âf ëû
37 millions 180 miHé tiv. de payées dàiis têS
quatre premiers nM(s ........ i........ èt^SM^fUbÊI
Dépenses de la caisse tifRê de ftiê dû Gtfm,
à 25miUeliv.par^iitt)iâ. ; iÊS0d
Marine et colonies, stortepleddelÔiÉiiriôîlté
500 lifiillé liv. par an, sur quoi il y â etf
i5 millions SI mille liv« de payées dans kt
quatre preniMPs mois .... ^ .»...«>; ^ .. & iê^iOÙ0li
Ponts et chaussées, sur le pied de 5 miliioos
680 mille par an , sur quoi il y a eu 1 miilioii
820 mille liv. de payées pendant les quatre
premiers mok 3,86IMN0
mm (1790)
Hans» dont la dépMM doit cesser^ totis en
attaidaiit, et pour se conformer au décret
de rassemblée nationale, on l'a réduit as
pur indispensable» en la Comptant seule-
méat à 90 mille liv. par moi&; ce qui , pour
trois mois encore i forme une somme de. . . 00,600
Rentes râgères et perpétuelles dont le paié^
mentest lait) tant à THôtel-de-ville qn*an
trésor public. Savoir :
Reste de l'année 4788 des
rentes payées à THÔtel-
de-TiUe 6,760,006 Ht.
Année 1T89 des rentes , ^16^,200,600
compris les gages et ita-
téréts des payeurs et les
épfmdao^mpte i55,â00,000
Reste de l'année 1789 des rentes et indem-
niléi payées directement au trésor pu-
blic 1,520,000 liv,
Reste de l'année 1789 des
rentes sur le domaine de la
ville 2,230,000
Six derniers mois 1789 des
rentes déléguées à monsei- \ 5,900,600
gneur cotate d'Artois 450,006
Reste de Tannée 1788 des
rentes déléguées à M. le
prince dé Guéménée 20,000
Année entière 1789 des mê-
mes rentes 960,000
Intérêts d'efFets puUicB et d'autres créances^
sur le pied de 28 miOions 90 miHe liv. par
an, déduction faite deSimiilionsde capitaux
dWeis royaux, qui ontétéreçusen double-
mentdans fempruotnational dequatre-vingts
millions, sur lesquels SB millions 90 mille liv.
244 ASSKMfiLÉfi NATIONALE.
dliitérét on a payé 6 millions 800 mille liv.
dans les quatre premiers mois, reste 21)300,000 -
Intérêts de cinquante millions qui ont été rc*
çus dans TeDiprunt national de quatre*
vingt millions 2,500,000
Pensions sur le pied de vingt^inq millions par
an , déduction faite des dixièmes; on a payé
4 millions 200 mille liv. dans les quatre pre-
miers mois 1 790.La réduction vraisemblable
sur cet article de dépense, comme sur tous
les autres se trouve comprise dans l'urticle
de vingt-cinq millions portés ci-après , en
déduction des dépenses fixes .20,800,000
Gages du conseil et traitemens particuliers.de ..
la magistrature, sur lesquels il a été payé
570 mille liv. dans les quatre premiers mois. i ,500,000
Gages des officiers du point d'honneur, reste
de 410 mille liv ... 380,000
Appointemens et frais des cinq administra-
teurs du trésor public et de leurs bureaux,
dont il n'a été payé qu'un quartier i,550j000
• « *
Bureaux de l'administration générale, et trai-
tement des différentes personnes, dont il
- n'a été également payé qu*un quartier. . . .1,760,000
Département des mines , ancienne compagnie
des Indes, caisse du commerce, sur lesquels
il n'a été payé que le quartier de janvier. . 525,000
Dépenses diverses de la police de Paris, sur les-
quelles il y a eu quelques réductions; mais
elles exigent d'ailleurs des augmentations
qui les reporteront prébablement à 1 million
600 mille liv. par an. En attendant, on n'é^
value les huit derniers mois de 1 790 qu'à • . 800,000
Maréchaussée de Ttle de France, sur le pied
de 305 mille liv. par an , compris 50 hommes
JUIN (1790) 243
d'augmentation. Il o'a été payé que le quar- ,
tî^ de janvier 230,000
Pavé de Paris , dont les quatre premiers mois
sont payés dans la proportion de627 mille 1. 420,000
Travaux dans les carrières qui sont sous la
ville de Paris et les environs 263,000 *
Fonds réservés pour de petits actes de bien-
feisance 100,000
Secours aux Hollandais réfugiés en France. '
La somme annuelle est actuellement réduite
à 72BmiIleL, surquoi on a payé240millel.
dans les quatre premiers mois ..<!... 490,000
Communautés religieuses! La partie qui est
payée au trésor public , est annuellement
de S46 mille liv., sûr quoi il n'a été acquitté
dans les quatre premiers nàois que52millel. 293,000
Hôpitaux et Enfons-Trouvés, sur le pied de
1 million 20 mille liv. par an, sur quoi il a été
payé 257 mille dans les quatre premiers
mois 760,000
Dépenses relatives à la destruction du vaga-
.bondage et de la mendicité , sur quoi il a
été remboursé 93 mille liv. dans les qualtr«
premiersmois 830,000
Primes, non compris celles payées par la
Ferme générale , et encouragement pour le
commerce 500,000
Jardin-Royal des Plantes et cabinet d'histoire
naturelle, sur quoi il a été payé 24 mille liv.
dans les quatre premiers mois 80,000
Bibliothèque du roi 90,000
Académies, Sciences et arts. Ecoles vétéri*
naîres * 385,000
Dépenses et traitemens divers 500,000
Dépenses dans les provinces, à payer )>ar I«
116 ASSEMBUfal NATieilALB,
tnSsorpubliCy et qiitfàisaienicHlevaiit partie •
de$ charges assignées sur le produit des
impôts directs â,9IS,9M
Dépeaâes ifluprévue^ 5t0û6»90ft
TOTAL ;. S$«74o»U»
A déduire les réductions qui pourroot étr^
réalisées dans le cours de Taonée ooue*
sainte , à la suite des prochains décrets de
la part de l'assemblée nationale aB,ppO,QQft
Reste sur les dépenses fixes ^S0ttl(4!S^0(X^
EXTRAORDINAIRE.
Trav9t|]| ^es fortifications de la nouvelle eq-
ceintedu Havre ..••• ^0f!^.
Travaux de la rade de Cherbourg 2,0^,0Qp
Travaux des fortifications de Cherbourg. . . . 790^01^
Travaux du pont de Louis XVI ^»OQÛ.
Travaux de la construction ^u dernier bâti-
ment des écuries du roi à Yersaill^ ^S)(j^()PQ
Travaux de la clôture dç Paris , achats de IQP:
rain^ $iir lesquels les murs doivent être,
établis , non compris Farri^ré. ...... ItÇ^.O^CI
Travaux et frais d'établissement des bures^i^ x
du trésor public et de la caisse de l'extra*-
ordiipair^ » etMe ceux de la loterie royale. . ^Q^
Garde militaire de Paris ^ aii nioins. ....... 4,DjOp,(^
Ateliers de charité , pour subvenir au manque
de travail à Paris , à Versailles ^ au canal de
Boui^ogne , et dans quelques provinces , et
autres secours extraordinaires de charité»
^^won i^mm
Reste dû sur le terme échu en décembre 1789,
de l'emprunt de Gènes 7O(^0Q(i
Remboursement à faire à Gènes , à la dé-
charge de la compagnie Perrachç. ....... 49Q»!M^
Avant-dernier psiiem^nt sur 1^ çecour^ eî-d.f:
Tant accordes pour |^ ^letifr de çionseir
giienr comte d'Artois « et pour lequd il y a
^ AWftlM^mens prâflM dw particuliers, i ,690,088
Traites sur M. |>uruey, en reinboufsemenl
des matières dfor et d'ar{;ent extraites de
rëtranger , 1,168,008.
Traites feites et à Mre des pays étraagers et
de diffifreMes villes du royaume, pour des
achats de grains et pour des fiats qui y
sont relatifs, dMoerien feite du produit
de ce qiM sera vendu. On évalue cette dé-
pense pour le reste de Tannée, à. 8,080,008
Remboursement du prix de la vaisselle portée
•W??*!* #8 Monnai^^ *Wttçtiw fai|ç
d'i»yjip|jBJIIionç£QQ «9il|ljBl,,quj«)n$rfl|i.
trées par l'emprunt nsij^qqjil, f^ kt comri-
bution patriotique et d'autres manières^. . . 9,S90,000
Reinboiirsttneut sur un prêt fait par le Mont-
de-Kété , environ 800, 000
indemnité de leurs dépaisc^. * 4,800,000
Vmm 4#«H«« ffil5»My«s à y^miblée TO-
ble,iifem....,., ,,,... .,,.,,,,..,.,. ^,00Q
Somme qui pourra être nécessaire pour
acquitter qudques ofa^ arriéras, dont le
«wî*^.M.... * i^m^W
^Xl^sm^hm m ^t dm ^s n^Onsdu pu-
»• . » an -j. »»».•. « •
SIS ASSElIBLÉe NATIONALE.
En billets des fermes ^,825,000 liv-
En assignations sur les fer*
mes et les régies 25,390,000 \ 85,615,000
En rescriptions sur les re-
cettes générales des im*
pots directs 20,400,000
A la caisse d'escompte pour acquitter .sa
créance 170,000,000
A eCe pour les intérétsà cinq pour cent de ces
soixante-dix millions, depuis le i*' janvier
jusqu'au 15 d'avril 2,480,000
Perte sur les achats du numéraire. On ne peut
l'évaluer encore Mémoire.
Total de l'extraordinaire 314,465,000
Total généh al de la dépense . . 645,21 0,000
RÉSULTAT.
' • • •
Les recettes montent à 656,625,000
Les déposes à 643,2104)00-
Excédant delà recette 11,400,000
His en demeure par ce mémoire , le comité des finances com-
mença par apurer ses travaux arriérés. Les discours de sesdeox
rapporteurs sont assez intéressans par les détails qu'ils con-
tiennent : l'un est relatif au produit de la contribution patrio-
ique; l'autre contient l'histoire de la manière de procéder,
adopté par la caisse d'escompte, pour le remboursement de ses
billets : aussi nous n'hésitons point à les insérer.
S&4NGE DU. 4 JUIN.
[Jlf. le Couteulx de Canieleu. Yolre comité des finances doil
vous faire connaître le compte qui lui a été rendu de l'état ac-
tuel de la contribution patriotique. Les résultats des rAIes con-
nus jusqu'à ce jour montent à 74 millions ; la ville et l'intendance
de Bordeaux, composées de quarante-trois municipalités, ont
'
jum (1790) 240
fourni 4intUioiis ; les États ^e Bretagne , composés de 309 mu-
nicipalités, ont fourni 2 millions 859 mille livres; Paris a fourni
40 millions 850 mille livres.Le total des municipalités dont on a les
r6Ies est de 9 millions 977mille l.On ne peut s*empécherde remar-
quer la disproportion qui se trouve entre les provincesetla ville de
Paris » qui perd tant à la révolution , et qui se montre si ardente
à la protéger. C'est une preuve du patriotisme qui a singulière-
œenjt distingué celte capitale. (On af^laudit.) Tout bon Français
doit sentir combien un pareil exemple est impérieux. Nous ne
devons pas laisser ignorer que beaucoup de déclarations de pro-
vinces ont été faites à Paris. Les assemblées de départemens con-
naîtront des difficultés qui pourront survenir. En attendant leur
entière formation , nous vous proposons de charger votre comité
des finances de Fexamen des affaires relatives à la contribution
patriotique 9 et de travailler de concert avec les députés de
chaque départenoent, pour aplanir les difficultés et faciliter les
dédaralionSy la confection des rôles et les recouvremens.
Le décret est adopté.
Jlf. de Laroche foucaxiU. Vous avez demandé que les commis-
saires nommés pour surveiller les opérations de la caisse d'es-
compte vous eu rendissent compte; nous en avons contracté IV
Uigation» nous allons la remplir.
Vous aviez décrété le remboursanent en annuités de 70 mil-
lions y et celui de 170 en assignats à cinq pour cent des sommes
que la caisse avait prêtées à l'État à diverses époques. Vous
aviez ordonné qu'elle reprendrait ses paiemens à bureau ouvert
le premier juillet; et sans vous expliquer alors positivement sur
le service de numéraire qu'elle faisait depuis la fatale époque du
i6 août 1788 , vous aviez paru les regarder comme une condition
nécessaire à la tranquillité publique.
Par votre décret du 17 avril qui a créé les assignats-monnaie ,
TOUS avez changé la forme de remboursement à la caisse pour
170^millions, et vous avez séparé, à compter du lo avril, les af-
faires de cette caisse et celles du gouvernement.
Les administrateurs représentèrent alors à vos commissaires
A8S£MBLiB NATIMAUE.
qil'ib ne pouvaieol plus continuer te senriee de namëraire »
reux aux actionnaires par les frais que l'achat de Fargent ailH^
naitt i moins d'un ordre précis. Vos commissaires, pefsoadés
que la nécessité des circonstances exigeait la oontimiatioB de ee
service , leur en donnèrent Tordre le 94 avril ; et sur le emafl^
qui vous fut rendu le 2S par Tun d'eux» vous approavites eet
ordre » et vous chargeâtes votre comité des finances de vovs Mrs
un rapport sur cet objet dont il était saisi dc^is longHMps» et
dent il vous avait plusieurs fois entretenus. Les mêmes aénûM-
irat^urs remirent aussi » à cette époque, à vos oommiseakes,
un mémoire dans lequel ils exposaient les pertes que ce service
causait aux acticmnaires, et ce mémoire a été soumis à l-exflMMi
du comité des finances.
Vos commissaires nommés par le comité d'aliénatiott des do-
maines nationaux , conformément à votre décret du 17 mam , se
tiendront dans les bornes de la surveillance do»t vous lea avea
chargés , et vous mettront seulement sous les yeux féM du ■«•
méraire distribué par la caisse d'escompte , et la forme dans la-
quelle cette disiribution se fiait.
Avant le 98 novembre , la distribution du numéraire se fiiieak
aux porteurs de billets, à mesure qu'ils se présentaiBity mais
avec une forme assez lente pour qu'il n'en fftt pas payé phis de
860 par jour. L'affluence des porteurs , la crainte des eff^
'qu^elle pouvait produire, et la nécessité d'assurer du numéraire
pour la solde de la garde nationale et d'autres besoins publics»
firent prendre à la municipalité dé Paris, de concert avec les ad-
ministrateurs de la caisse, 'le parti d'ordonner que les possef-
seurs de billets qui voudraient les échanger contre de l'argot»
s'adresseraient au lieutenant de maire, chargé des établissèmeos
publics , lequel désignerait chaque jour les 900 numéraires qui
devraiait être payés. Il résulte de eet arrangement, que la somme
de la dblribution journalière variesdte la^proportion des grands
et des petits billets désignés par le lieutenant de maire; et sur
cette sonmie, les particuliers possesseurs de l»Hets n'en reççrfyeot
^fmHÙ à 60 miUe liv.; le reste est 4iatrihot pow iesétribUMO^
[
mens et pour les travaux publics » pour te manufactures et pour
le oanunerce.
Les ëtats que vos commissaires ont Thouneur de vous prëseï»»
tev ont dté formés sur les registres du lieutenant de maire, et sur
ceuix de la caisse d*escou)pte , et vous observerez que les sopimes
énoncées dans le premier état e^c^ent celles effectivem.eut
payées , parce que quelquefois les possesseurs de billets négli-
gent de présenter au remboui^ement ceux qu'ils sont autorisés
à toucher.
La t^che de vos comnûssaires est donc remplie ^ujç cet obj^
par Texpg^ quils viennent de vous faire, et par les précautions
qu'ils ont prises ppur en assurer la vérité. Ils doivent, en finis-
sant, rendre ici justice au zèle des administrateurs de la caisse,
*et à l'ordre qui règne dans leur gestion.
ÎI est juste que la caisse d'escompte soit remboursée de^
fr^s dti service qu'elle a fait pour une distribution de numéraire
inyiKxrtante au repos public, à laquelle elle n'était point oblij^ée»
et q^yà s'est toujours opérée par des achats cle paatièrçs chez 1'^
ic^er.
Eua des paiemem çrdannés par U b^emi cff» élaUis^(snim$ fukiiçs
Du 19 décembre 1789 au 1»' janvier 1790 1,708,60» I .
©n !•* Janvier au 1" février 4,481,700
Dn 1'' f^rier au l*' mars. S,636,G00
Du 1" marsau 1" avril 6,169,600
Dv^ y^' 9vrU au 13 du même mois 3,759,109
20,755,000
■ ■ I I ■ <
Du i5 avril au 4" mai. .^ 3,li3.SQ0 1.
][j^^|«iiiaiju;^(Uf8etq9ai{kriste^d^in£m 5,155,300
IW
8,246,500
3S2 ASSEMBLÉE NATIONALE.
RÉCAPITULATION.
Du 19 décembre 1789 au 15 avril 1790 âO,7SK,000 1.
Du 15 avril jusques et compris le 29 mai 8,246,500
Total géaêrrA 29,001,500
Certifié véritable et conforme aux registres de distribution,
par nous, lieutenant de maire au département des établissemens
publics.
A Paris, ce 30 mai 1790.
BrOVSSE-De8FÀUC1IER£TJ&«
Etal des billels de la caisse d'escompte remboursés depuis le 19 dé'
cembre i79Qy jusques et compris le 29 mai 1790*
Du 19 décembre 1789 au 14 avril 1790.
En décembre 1789, depuis le 19 jusqu'au 31 dudit
mois 1,543,1001.
En janvier 1790 3,624,900
En février idem 4,379,400
En mars idem 5,930,400
En avrU , depuis le 1" jusqu'au 14 dudit 2,427,700
. 17,907,500
 déduire, pour parties de dépôt rendues contre
billets et comprises dans Tétat de paiement ci-
dessus 893,500
■M
Reste payé au publie*. ...;.... 17,014,000
Du 15 avril au 29 mai.
Du 16 avril au 30 dudit 3,538,200 1. ) g.« qjw.
Du 1'^ mai au 29 dudit 5,107,700 ^ 8.645.900
j 8,645,!
Total 25,639,9001.
Certifié véritable par nous , administrateurs sousrignés.
A Paris , ce 30 mai 1790.
Signés y DoozAN, de Lëssart, Leroy ]>e Caviixt,
DE Vaudecil, J.-F. Perregaux-Duruet, Lavoi-
sïer, Vandenyver, Dupont^
JUIN (1790) 2SS
On fait lecture d'un projet de décret présenté par le comité des
finances: il est accepté dans les termes suivans :
c D'après Texamen et le rapport du comité des finances, l'as-
semblée nationale décrète qu'elle autorise le premier ministre
des finances à recevoir de la caisse d'escompte son compte de
clerc à maître des dépenses qu'elle a pu, ou pourra faire pour la
distribution du numéraire depuis le 1^" janvier 1790, qu'elle con-
tinuera jusqu'au l'^'^ juillet, époque à laquelle ce service cessera,
attendu que les billets de caisse seront en grande* partie échan-
gés contre des assignats, afin qu'elle puisse être indemnisée s'il
y a lieu. Lequd compte , ainsi que les pièces justificatives , se-
Toat remis au comité des finances, pour sur ce rapport y être
statué par l'assemblée nationale.]
Le comité des finances procéda d'une manière assez singulière
dans son examen du budget. Il annonça par l'organe, de Lebrun,
son rapporteur, qu'il Isûssait aux divers comités formés pour s'oc-
cuper d'une des branches de l'administration, tels que le comité
miytaire, le. comité ecclésiastique, etc., I6 soin de discuter et de
pirésjenter le budget de chacune de ces parties. Quant à lui il se
rësa'va de s'occuper seulement des branches qui n'avaient encore
été soumises à. l'examen d'aucune commission particulière. Son
travail ne présente donc rien de général : il commença, à l'inverse
du ministre , par s'occuper des dépenses, et vint proposer à l'as-
semblée des décrets sur divers chapitres isiolés, en sorte que ce
travail sur les finances n'offre aucun ensemble. Mais , par cela
même que le comité dont il s'agit n'étudia que les questions dont
d'autres comtnissions n'étaient pas chargées, il souleva plusieurs
qnesitions auxqudles on n'avait pas ehcore songé. Ce sont ces
. choses seules qui nous ont paru mériter d'être recueillies et mises
sous les yeux de nos lecteurs; le reste n'est que pièces comp-
tables.
SÉANCE DU 5 jum.'
[ilf . le Brun. Le comité des finances va présenter à l'assemblée
son travail sur toutes les parties de la dépense. II fout que les dé-
pHà^ gmméA soient confrèes à la respcmsàbifitè dtè à^ âe
Ift nation. Celles qui sont relatives à des besoins locaut» àppài*-
liènnént à l'administration des dé|jartemens. C'est à eut à len
être les arbitres. Nous n'avons laissé an gouvernement qoe b^
que lui seul peut foire > et aux citoyens ce qu'ils peuvent Jairè
ÉAe\ix que le gouvernement : tout notre travail a été lait dans
cette vue. Une nouvelle tâche nous est imposée , c'est de provo-
i^iiér vos délibérations. H a été réservé à votre comité ecclésias-
tiqué de poser les bases des dépenses du culte. Quant aux besoins
personnels du roi » il est de la grandeur de la nation de .ne pdini
discuter ces détails ; c'est à S. M. à régler cet objet sur ses conve-
nances et sur ses goûts. Ses vertus ne nous laissent à craindre
que la sévérité de son économie. Vous voulez que votre roi soH
le plus magnifique des rois comme vous êtes la plus grande des
notions. Vous ne voulez pas détruire un édait qui disHogoe la
cour française. Il faut que le riche étranger «paisse se reposer
parmi hous et qu'il finisse par s'y fixer. Noos iie voiitoss pis
abandonner cette urbanité qni nous fit quelquefMs pardèniNS*
notre servitude. Nous n'aurons plus désormais qo'uit luxe mxch
cent, puisque le revenu public ne lui servira plus d'aliment. Votfë
vœu est sans doute aussi que ce monarque ^ que voas aiiriëk
bbbisi j s'il ne vous avait été donné, paisse s'occuper en paix in
f^venu de son augnste iamille. Le restaurateur de la liberté ftan-
çàise ne sera pas soutnis à des incertitudes sur les dépenses de
tài ûialson. Je vous propose donc de décréter que sa inajesté serit
de nouveau suppliée de fixer sa dépense d'une manière qui M-
ponde à fa majesté de son trône , à l'amour «t à la fidëlitë d'ofle
grande nation.
Ce projet est d'abord adopté par acclamation et avec les pitls
vife applaudisseibens , puis décrété dans la forme ordinaire (4 ).
M. le Brun. Le comité a déjà présenté à l'assemblée ie rap-
port des dépenses relatives aux affaires étrangères : il ne peét
donc rappeler ici le projet qu'il a proposé. Ce département a
(i) Tfous avons xl^à vu, page 837 comment le roi répondit. à eette
;polites8e«
nm (irW)
#WfVé ne Méhielioii de OOOfiOa liv. pdur l'ftiitiéè 1790; il m
éfinmfWi encore une semblable pour Tannée 1791 • Une écoaiH
nie trop sévère aurait des inoonvéniens ; vous pourries eômprè^
•Mttre des secrets importans : l'intérêt de votre prépondérance
daas TEttrope serait blessé. Il faut un certain édat aux amboM«
denrs qui doivent plaider ehei TEtranger ponr notre sûreté ^ $*at*
tirer son amitié^ iaire respecter les Français, et inq)irer aux ifâ-
HMê voisiiies le désir de devenir nos amis. Le danger des abus
«É M ^re n'est rien auprès du dai^r de la publicité. Le co^
arité ne se dissittiule point qu'une ixation absolue ferait impoli^
t^M dans ce départemeiit» oii des circonstances étrangèk*es peu-
viM i dift^ue instant néceftiter des cbangemcns de iue^ures et
des dépenses nouvelles^. Il vous propose de décréter que provi-
IritoneAt et pour l'année 1790, la dépense du département des
afBrirlis étrangères sera fixée à six millions sept cent mille livres,
41 fédaitèi an 1^ |ailvier 1791 , à iâ ^loiiitee de six Millioùs vtùh
octoi mffle Svres.
Le projet mis aux vbix est adopté.
iftf kBtuné Nous ne vous parierons point des départemehs de
la gueité et ^ la marine. C'est aux comités établis pour ces
àmBL dfa|M à M proposer la dépense t et ce n'est que d'après
leur fixation que nous pourrons présenter notre travail. Sms
oriÉ f flous n'ofFririons que des réductions bypothétiques et in-
oerMûnes.
IM pbtits et chaussées portent un grand caractère d'utilité pu-
Ui^iièw tie Comité a pensé qu1I fallait , sous les ordres du pr ju-
vlAr exécutif, une direction des ponts et chaussées ; que c'étrût le
seul moyen de lier ensemble toutes tes parties du royauiiié -^ qu'il
fidWt oé éoole publique pour ceux qui se destinaient aOx ira-
vala des ponts et chaussées. Elle existe ; dte a été fondée par uii
homme oonnii par ses vertus modestes et par ses grands tâlens :
dipria quarante ans elle a obtenu de grande succès. Nous avons
dose cru qu'il fallait conserver un établissement , plutôt que de
ae Ihrtr à des innovations dont la réussite serait incertaine. tJn
olfit StécMûaàe nous a frappés; On a tré$-noavdlèïhën{ étàl^li
l
SM ASSESIOLée NATIONALE.
une école des mines , avec un grand appareil et de grande» dë«
penses; le nombre des élèves est peu considérable. Xptè& avoir
pris à l'école des instructions théoriques , ils vont chercher dans
les provinces à mettre ces connaissances en pratique : mais I^
ateliers obscurs dans lesquels ils voudraient se perfectionner leur
sont ouverts ou fermés, selon le caprice des propriétaires. Le
comité a pensé que tout ce qui a rapport aux travaux des mines ,
devait se lier aux études nécessaires pour les ponts et chaussées ;
qu'il serait intéressant pour les départemens de trouver dans le
même homme» dans un homme occupé par état de fouilles de
terre et de constructions souterraines , les4umièrés néeessaires,
soit pour constater l'existence des mines, soit pour en éclairer
l'exploitation. — M. le Brun fait lecture d'un, projet de décret.
M. de Toulongeon, Nous ne pouvons pas discuter en ce moment
un objet aussi importante que les ponts et chaussées. C'est une
grande question que de savoir si ce corps doit subaster. Les ])ays
d'Etat ont des ingénieurs particuliers, et Ton sait qu'en cette
partie l'administration des pays d'£tat vaut bien celle des pays
d'élection. Je ne crois pas qu'une école soit iudispensablement
nécessaire : il y a beaucoup d'arts pour lesquels il n'existe pas
d'école.... Je demande l'ajournement à un terme fixe, pour que
nous puissions examiner d'avance et discuter ensuite. • -
M., de Piauzat. Tous les ouvrages faits en province par la voie
de l'administration ont toujours été si mal exécutés, qu'il a faUu
les recommencer quelques années après... .Le comité vous pro-
pose de réunir les mines aux ponts et chaussées : il ne s'est pas
suffisamment instruit de ces deux objets; car il aurait vu qu'il n'y
a nul rapport entre l'un et l'autre.
M. Leyrand. Avant d'entrer dans les détails que la discassiofl
présente , il faut examiner les questions élevées par les prëopi-
nans. Y aura-t-il une école et une administration générale des
ponts et chaussées? Je ne balance pas pour l'affirmative. Il faut
les connaissances les plus étendues pour les travaux des ponts,
des digues et des ports. Gomment aurez-vous des suj^ qui réu-
nissent ces connaissances , si vous ne conservez pas une iostnlc*
raiN (1790) m
ûm publique? Il doit exister' des liaisons, des rapports, une
marche suivie. entre. Ie$ opérations des chemins, des ponts, âes
GSffiaux et ^s, ports qui n'appartiennent pas particulièrement à
telle: oa telle cantxée , et qui ont Futilité générale pour objet.
Gomment ces travaux se feroi^t-ils sans une dipection générale?
Il y a , à la vérité , des intérêts plu^ locaux ; cependant la pros-
périté da commerce et de l'agriculture, dans tel département,
a une.iaiuenQe direete. sur la.prospérité de tel autre. Pet|t-étre
afSfectecezrvous laux départemens le soin d'ordonner ou de sur-
vâller toiit.ee ^qm «sera relatif à leur intérêt particulier; mais il
faudra toujoujrs lier enaesnble. toute» les opérations; il fendra
toujours une direction générale. Je demande donc que rassem-
blée décide préalablement qu'il .y aura une école et une admi-
nistration générale.des ponts et chaussées.
jtf. le chevalier de Uuritms, J'ai été membre de la section des
Etats du Danpfainé , chargée d'éxAminer les travaux des ponts et
chaussées dans cette province, et je dois rendre honunage à la
manière dont ils cmt été exécutés. Je pense donc que Técole des
pont^ et ohauttëes doit être conservée ; mais je crois qu'il serait
utile dé ]fL diviser en deux parties sons une administration géné-
rale : Tune serait établie à Amiei>s , et l'autre à Toulouse.
Chaque département enverrait deux élèves , qui viendraient
Apporter dans leur patrie le fruif de leur travail.
M» d'André. Personne ne peut raisonnablement douter de la
nécessité d'un centre d'administration des ponts et chaussées
établi à Paris. Sans ce centre, il serait possible que chaque dé-
partement, faisant des chemins à sa manière, ces chemins ne se
rencontrassent pas. Maison pourra nous présenter des projets
nouveaux, pour remplacer d'.unc manière avantageuse l'école des
ponts et chaussées, ou lui donner une autre forme. Par exemple,
quelques personnes pensèrent à réunir cet établissement au génie
niilitaire, quf, avec des modifications, deviendrait actif pendant
la paix, tandis qu'il n'est utile que pendant la guerre. Au reste,
nous nous écartons un peu de la marche que nous devrions suivre.
Oir ne démande que deux cent six mille livres : décrétons qu'jl y
T. VI. 17
aura uw «dminiauratioB géoénle et ttHiqM del ponts tt Aam
fiées » et passoBs à l'artide Miivant du rapport du comté*
M. Chofetw'. J*appaio rajournemeot propos^» èa leltaM
pouf la fio du travail que préieute en oe moment le eomiié te
flnances.
Cec ajoomem^t est adopté.
Mi le BfuH. Le conseil du nu est dhisé w deux faxém^
Tadministration et le contentieuiL. Le conseil adminisiradf I8(
composé de ministres d'état ayant département; le eoossii siii^
tentieuY , de ministres sans département. Les iraitemensdeiil»
erétaires d'état, de la guerre , delà marine » des affirires Amé*
(■[ères, du oootrdleur*gàMiral des finances i sont eompris dasib
dépense de leurs déparlemens. Le comité ne se .prépose pâi
d'examiner la composition du eonseil : ee travail appartisat ai
eomité de constitution»
Api es uoe discussion assez vive , rassemblée ndffta le déorti
suivant :
t L'assemblée nationale décrète prowiiremmtt et Jeapilk es
qu'il ait été statué ultéri^rement siir c^ ot^^ ne qui mit {
> Art. ^^ Le traitement 4u oh^ d? h justice sera ;
de ».»»....••««««»«. «ft^.*. iOâtOOO ii^*
Celui du contrôleur^énér^l» de , . * lOOyOOP
Celui du secrétaire d'état delà maison du ro|.. IOQ>000 §
De la guerre * J00,000
De la marine . . » « iQO.QQO
Des affaires étrangères. ^ ...... • |8O»O0Q
> II. Il sera assigné pour les minimes d'â;^
sans déparieniens .,...,.,.,,.,.»>.,.. ÇOjOOO
Pour les personnes que le roi appellera à son
conseil /. 80,000
Tom «40>009iiv«
« La séance est lev^ à deux beures et demie*
.—•—7
•Daoê la suite du rapport de Lebrun qm oecnpa eneoeoi^*
séapesdes 6, 11, 12 et 13; il ne se renooiitria phii if MUfcl
fm mm m
MW gy^vff • €^ U99 ^laiBér^tioa de dëpease§ iioatog^e à celle
que Qous avcnig viif ^ |a fin 4e b( s^oe pFécédeaf^ : ençope celle
éiE|oi||^nttÎPfi efii seulement reigtive à rorganisptioo de radminis-
tration des fiDances. Nous en avons (}éjà di^ la raispn ; les dépenses
spéciales furent renvoyées aux comités spéciaux qui s'occupaient
de la matière même de ces dépenses. On proposa seulement de
mettre les frais des tribunaux à la cliarge des départemens i et
eela fut décidé, ÛMaiit atix frais de TadministratitHI des finanopss»
0 4M ÎP^VKW&I^ 4'y wsir m total positifs En ^§t, toutes choses
étaient à réorganiser; et à Fépoque dont il s'agili on ne pouvait
spécu^fT qtpi tm^u prpTisoire. r^ous ne ppiiypps doiiq saisir, ici»
i*mm f9Pieisn^«is historiques, qm ceux qi}i se rapportent
li l'TSu^ passé des éé^^m*
D'après le rappi»ri de Mbrunt le leifil des fniis de reeeiie gén
|K#^e ^tai| ^ 7filB^»éÛ^ lis. Tfim tfHH (^ ^y^tèm^ de ces re$9ettes
4$W% ^!9§ ç^ngyii pripvisoiremepl , il prcqposa quelques écon^?
mies , et que pour l'ay^r ç^U^ ^etm fi^i à 1^ pb|^*ge des 4^^
pftlteo)^i cette pppii^itfon fut décrétée.
J)g^m l9 séimçe du Hf Lebrup fit le rapport sur les fermes gé^
nérales. Nousr en donnerons Textrait suivant :
I liebail actuel , disait Lebrup^ jS| commencé aii prêter |fin-
vier 1787y et 4ey9it finir le premier janvier 17^.
II eoÉ^rend des objets affermés et des objets en régie.
Les objetsaffermés sont le set,
fixé dans les ^*andes ga-
bellesà 59,500,000 1.} î«,îi60,006 liv.
Dans les petites à. . . , 14,000,000
Dans les gabelles locales à . . . 5,060,000
Le tabac fixé à 27,000,000 .
Les entrées de Paris à 30,000,000 } ^7,000,060
OlletSâiRîrmés 115,^60,000 Uv.
II fout déduire sur les entrées de Paris 1,900,000 Kv., jusqu'à
ee qae l'ndeinte soit achevée.
Les fermiers sont tenus rigoureusement de payer ce prix de
ul. jijpafa bénéfices cominaicent sur ia vente du sel, immédSa*
830 ASSBHBLÉE NATIONALE*
II ne commence siir le tabac et les entrées de Paris , qu*après
que ces deux objets ont produit soixante-nn millions.
Et de tous les bénéfices , la moitié appartient au trésor public.
Les objets en régie sont (1) : *
Les droits de traites.
Le domaine d'occident. f
La vente du sel de salpêtre.
Les salines dans les provinces de gabelles locales.
Les sous pour livre de quelques droits appartenant ou aliénés
à des particuliers.
' Le produit de tous ces objets a été calculé à 50,440,000 liv.
La ferme répond de 28,440,000 liv.; elle n'a de bénéfice que
sur Texcédant des 36,440,000 liv., et le bén^ce se partagé par
moitié entre la ferme-générale et le trésor public.
Elle a reçu au commencement, et doit rendre à la fin du bail,
en meubles et en immeubles, une valeur de 7,979,137 Uv. 3 sous
3 deniers , dont elle ne paie aucun intérêt.
Les fonds d'avance des fermiers sont de 68,640,000 liv. qui ^
divisés entre quarante-quatre, forment pour chacun^ la sonune
de i, 360,000 liv.
De cette somme, 52,800,000 liv. portent 5 sous pour cent d'in-
térêt ; 13,840,000 liv. donnent 7 pour cent, 3,748,000 liv.
Indépendamment de ces intérêts
et des bénéfices éventuds , il
était assigné à chaque place
de fermier-général , pour ho-
noraires , 30,000 liv. , ci . . . . 1 ;5aO,6cH6 1.
La ferme a fait sur celte sommé
le sacrifice de 300,000
Il ne reste donc que la somme
de 830,000 8a0»000 Uv.
Pour frais de bureau , à chacun
5,600Iiv. ci.. 138,400
(1) Le produit bmt de la régie générale,
En 1787 était de 58,725,331 liv., 12 80QS, t den.
Eu 1788 - de 5e,98ft,6M llv.i Ssotts^ld^o.
ms (1790) â6l
8 deniers sur les dix*sept pre-
miers million^ des objets ré- .
gis 500,000 ( 1.004,166
10 deniers sur les autres 437,500
Les irais des employés , les appointemens des bureaux , enfin
tous les articles de dépense qui suivent , n'étaient pas autrefois au
compte du roi. Une vaiiité de ministre a produit cette innovation ,
qui a ses dangers. On voulait montrer une grande habileté. On
chargea le trésor public d'une grande dépense pour augmenter la
recette, et grâce à cette adresse, le bail parut produire cent cin-
quante millions au lieu de cent quarante-huit.
SAVoifi :
Appointemens des bureaux
de rhôtel des Fermes.. 781,950 liv.
Augmentation de traitemens ^f 1,081,930 liv.
aux employés des bu-
reaux 300,000
Appointemens des brigades
pour les çbjets en régie . 136,359
Gratifications annuelles or-
dinaires 277,600
Extraordinaires 176,596 { 499,766
De fin de bail 45,471
Loyers de mailsons et loge-
mens de quelques direc-
teurs 27,000
Etrennes, 257,8401iy. Cette
dépense a été supprimée
par un décret de l'assem-
blée nationale.
Honoraires du conseil des
. fermes 30,800
Traitemens aux principaux
employés pour tenir lieu
d'une placedefermîer^gé- J 159,000
néral, dont les produits
' leur avaient âé réservés . 66,000
Traitemens aux préposés à
1» desoeme des sdis 63,900
Mi ÀflSBmJft HAtlêllALI.
Supplément aux mesureurs
desel 8,âS8
Gratifications au éontrôleur
des sels aux Sables-d'Ô*
lonne 4»0Ô0
Afdiitecte et contrôleur des
bâtimens des fermes — 1,900 } tMH
Augmentation à M, de ¥ùf^
biB deSsous par minotâe
sel des salines d*Hières»
pour le service dek feroM
par arrêt du conseil du «30
aoûtl783 3|000
Frais du compte ^nëral. . . 96,000
Bureau des comptes de régie 19^000 - Momcéut
Epicesauxdifférehtescliam- * ( *p8|986
bres des comptes 180»066
Il a été exigé des cautionne-
nieils^ ils se divisent en
cautionnemens anciens »
dont Fintérét est à quatre
potti* c^t» et eautionÉ^
mens nouveaux dont l'in-
térêt est à 5 pour cent.
Le capital des anciens eau-
timmemens est de 17,985,900
Intérêts à qiiatre pour cent. 719^40d
Cautionuemens nouveaux »
94o6,8001iv., intérêts... 4S7,«iO
Administration générale ,
86,0001iv.
' ■ ■-""-' -
Total...» i,(mjm».
C'est sur cette masse de quatre millions quatre-vingt-neuf mile
neuf centsoixante^inq 1. qu'il faudrait opérer , si les ciroûBStanoes
permettaient d'envisager, dttis l'état actuel desebosetiiHi.état
fixe et permanent* Mais déjà lesdécreia de f asanMe wifiéMfi
T^Qe grande altération dMi A iMwe des imfim WjirMii *ifih
mn (1790) MS
éMMeâmis oéI i presque dans toutes les provinees, diminue les
pi<bdaitft« >)
— Ce rapport fnt terminé par la proposition faite, dans la
itftince du 18* de renvoyer au oomrMeur-génëral des finances ,
ÈÊû qu'il mU incMnnmmu^ $oui le» yeux de tassemblée, i'éitu éM
ttéMfiAe» iju'il if ait possiêlê é^tffectuef (km le^ frm de régie M
ëè perceptian» Cette proposition fut convertie en décret par m
vote de l'assemblée.
Le lendemain f 5f on commença à parler de la dette publique.
Larodttfeucattlt vint, ta nom du ooroitë des domaines , proposer
d'aliéner tous les domaines nationaux; il y voyait un gnmd
•HB^eges u'iéiaft d'en remeture la question à Tintéi^ paHiculier,
efû aenril meillettr administrateur que TÉiau L'évéque d*Auton
•piNiya oene mesure par une autre raison encore : c'eet que I'oé
f trouverait le moyeu de libérer une grande paitie de la dette. Le
9B» eetie questkm ftii remise en délibération par un nouveau
fsif port de Laroohefoucault fait au nom du comité des domaines
#tdesfinaiees réuuis. La discussioii en fut importanteet {jfrave, pui»*
que ;a conclusion fut que tous les domaines nationaux seraient
dMuél. n nous a paru inutile de rapporter le texte entier de la
toi» e'esNHHre les dispositiens rég^lementaires qui ferait votées
dMs la iéanee du M.
SÉANCE nu 25 JUIN.
OOù fiitt lecture de l'article X**. L'assemblée nationale consi-
tféruM que raliénatîon des domaines nationanx est le meitteur
y'
moyen d'éteindre une srmAe pariifi de la dette publique, d'ani-
mer ragricttllure et l'industrie , et de procurer raccroisscmcnt
de la masse générale des richesses, par la division de ces biens
iia#0naux en propriétés particulières toujours mieux ndminîs*
WÈfê, et par les feciStés qn^elle donne à beaucoup de citotetts
de devenir propriétaires , a décrété et détrèle ce qui suit:
t Ait. P« Ttms les domaines natiotianx dont la jouissance
fi*a«Pa pas été réservée au rot» ou la conservation ordonnée par
rasaeuAlée nationale , ou qui ne feront pas partie des 406 m3-
fiflui^ ifri iiiwi paenummwit veudu» wii mmiu^tiit en
364 ASSEMHLl^E N^TfOIfiiliE.
exécution du décret du 14 mai de la présente aanée » pouniOBt
être aliénés en vertu du présent décret et conforméme^it à ses
dispositions.»
Jf. Mariineau. Cet article est inadmissible : on ignore les
biens qui seront réservés. Les particuliers ne peuvent pas fiuFe
de soumissions. On excepte aussi les 400 millions des municipa-
lités ; mais qui pourra distinguer ces biens? Les deux exceptioDS
rendent le décret inutile. Il faut ajourner cet article à bref délai,
et ne faire qu'un seul et unique décret sur le paiement des biens
nationaux , et -sur ceux de ces biens qui ne sont pas compris
dans la vente ordonnée.
ilf. RewbeL Je demande Tajournement dans un autre sens que
M. Martineau. Vous avez décrété une vente de 400 millions seu-
lement. Aujourd'hui on demande la vente de la totalité des biens
nationaux. Cette vente générale empêchera cdie des 400 mil-
lions. Il faut attendre que les municipalités aient reveodu ; sans
cela elles ne pourrit revendre. Je deoiaude Tajouruemeni jus-
qu'à ce qu'il soit justifié de la vente aux municipalités^ et de la
revente par elles à des particuliers.
M. Delley. Par l'article II du décret du 14 mai» vous nous
avez chargés de recevoir les soumissions des particu^ers ; elles
sont arrivées; votre comité vous demande aujourd'hui ce qu'il
doit en faire.
M, de LarochefoucauU. Beaucoup de particuliers, ro'envoyant
des offres, ont proposé de payer en argent comptant ou dans
des termes très-courts. Notre silence laisserait un très*grand em-
barras dans leurs affaires. Il faut leur répondre , et dire si leurs
offres seront admises ou rejetées. On ne peut donc ajourner. le
propose d'ajouter à la fin de l'article ces mots: c L'assemblée
nationale réservant aux assignats-monnaie leur hypothèque sp^
ciale. »
M.Lucas de Ganat* Je suis du nombre de ceux qui ont feitdes
soumissions : j'en ai présenté pour un grand nombre de particu-
}i«yrs<f.il est nécessaire que je sache si elles seront acceptées*
U* Cahhé Maury, J'ai l'honneur d'être député par \ùtre eomi-
luin (1790) ass
té des.fioaQces au: comité d*aUéDatipn* J ai reçu deux avis par
Jesquels. on. m'annonçait que le travail de ce comité était remis à
demain. Je vais vous faire hommag^e de mes réflexions. L'opérah
«ton qu'on vous propose est le chef-d'œuvre de l'agiotage, et ja-
mais, les. agioteurs n'ont formé de projets plus funestes. Je vais
JiTOus révéler leur sepret. Les agioteurs de Paris sont en posses-
sion de gouverner le royaume et l'administration des finances.
Us sont ruinés quand les effets sont au pair. Que }eur fautril?
Que les effets haussent et baissent, sans cela ils ne peuvent fiiire
de spéculation. Les effets n'ont pas baissé depuis un mois , et les
agioteurs sont a l'aumône. Us trouvent cette position fort incom-
mode. M. l'évéque d'Autun vous a présenté un projet qui mérite
d'être loué à jamais dans la rue Vi vienne. Je*n'ai pas l'honneur d'être
confident de M. l'évéque d'Autun , et cependant je vais vous dire
.tous, ses secrets. Je vous demande pardon si, dans cette discussion^
le nom de M. l'évéque d'Autun est si souvent prononcé; mais je
.parle d'un, plan proposé par lui , et imprimé sous son nom
(On observe que ce n'est pas là l'ordre du jour. M. Larochefou-
.cault se présfente pour demander la parole. M. l'abbé Maury le
. pousse hors de la tribune par les épaules.... Il s'élève de grands
mouyemens.)
. M* Alquin demapde la parole.
. Jf. le président. On élève une question incidente, en disant que
l'opinant n'est pas dans l'ordre 'du jour. M. Alquin demande la
parole , je la lui accorde.
Jlf. Pabbé Maury. M. le président , je ne puis la lui donner.
M.. Chapelier. J'ai à demander que l'opinant soit rappelé ^
l'ordre.
jf. le président. On demande la parole sur les propositions du
préopinant.
Et jsur ses actions , disent plusieurs voix.
iV..... Il y a une accusation à former contre M. Fabbé Maury ;
qu'il écoute.son accusateur ; il répondra ensuite.
: M. l*abbé Mmry. Je supplie l'assemblée de m'écouter avec la
plus grande attention et la [plus grande sévérité. J'ai dit que la
ASSEMBtiB HAIIOIIALB.
proposition de mettre enirente tout les bieos luitimuittt étak ooi
favmtîoii atroce dej'agiotage. Les agioteurs toyadent tootil
leur4 opâtitioas d«is une stagnation qui est pour eux la mort; ils
«ut dit: si nous mettons tous les biens nationaux en vente » il a^
rivera que les assignats « qui ne perdent que trois pouf eent> m
vaudront pas plus que les autres effets» ou que ees effets tatt^
drottt autant que les assignais. Ce serait «ne belle "proie pour
Ceux qui ont une grande quantité de ces effets en portitfNriiié:
lOilà ce qu'ils ont voulu. Il s'agit d'examiner si e'est cela que
vous deves vouloir. Pourquoi les assiguau <mt-41s une grande vi»
kur? C'est qu'ils sont hypothéqués sur des biens connue et 1^
quîdës. Dès le moment où tous les rffets publics pourront
être reçus comme les assignats, les assignats rentreront dam
la classse des effets publics» et alors ils perdront dix pouf
eenti même avant leur émission. Si tons les effets publics qui
portent cinq pour cent d'intérêt sont reçus comme les assignats,
ou ils monteront au taux de ceux-ci , oïl oent«d descendront A h
valeur de ceux4à. Ce calcul des agioteurs est très4mpatriotiqu«.
Totre comité de liquidation ne vous a pas encore Mi connaître
l^^endue de la dette publique. Plusieurs membres dé ce comM
m'ont communiqué le résultat de leurs travaux. On vous fera hl^
cessamment un rapport qui vous prouvera que la dsne pubMipe
ne monte A 7 miiliMiis.... (Il s*âève des marmures.) le parts aa
âom du eemilé de liquidation*
Plusieurs personnes disent: c Vous n'en êtes pas. >
N.4,. VoiiA un membre da comité qui demaikde A démentir
M. l'abbé Maury.
M. Germont, membre du comité de liquidation » se préseMsà
là trAone. M^ Tdïbé Maury ne veut pas la M céder.
Une partie de l'assemblée insiste pour que M. GertMit aall
entendu.
M. VMi Mmmf. Permettea-mol <te iHre ce que je sais^ 4i de
qui je le sais; je ne prétends pas être cru sor ma parole.
M. Lucm 4e Ganm. C'est Tassertion la pins odtei»a» la j^ns
inoeadiaim. M, J'abbé lisury ^mtt anéantir h^aoSmu^hith
ivm (1790) W
ttftiidé iqciie le membre du eomitë de U()u{datioii ^i téut lé dé-
Heiitiri mit entendu.
Qselqaés inomens â'ëcoalent dans une gfrande agitdtiûta.
M. BouAdau. M. le président » on demande que vouS conéilt-
tieft raésemUée pour savoir si l'on entendra le comité , ^bafad il
endeson detoir de donner lin démenti à M. l'abbé Hanry. lé
%èiis somme de mettre cette demande aux voix.... On ne peut
iimifrir ^e la tribune soit impunément soufflée pai^ d'àusèt dàfi^
géreuses hnpostùres^
Beaucoup de membres du comité de liquidation se présëttt^t
à la tribune.^ M. fabbé Maury les repousse.
L'assemblée décide que le comité de Hituidatitn sera (étendu.
Après Une iongde résistance ^ M. Tisibbé Maury quitté là tH-
bimè.
If. tûMé Gouttes. Tai eu d'autakit plus fieu d'être surpris de
!*las8ertion de M. Tabbé Maury , que j'ai été secrétaire du comité
de liquidation depuis sa formation , et qu'il y a quinze Jdui^ qUè
]'ài llmnneur de le présider. J'ai assidûment assisté à tontes ses
séances » et je ne crois pas qu'un seul de ses membres ait dit » ail
pu dire ce que M. l'abbé Maury suppose. Nous avons une partie
des états de la marine et des états du département de la guerre:
tfe^ ïiflaires particulières ont employé notre temps. Nous Uous
occupons à préparer un projet de décret pour assurer l'ordre de
notre travail, lé demande que M. l'abbé Maury. nomme la per-
ièmie qui lui a ditee qu'il a avancé. Nous tae pouvons pas savoir
iffflBÎle est l'étendue de la dette de l'État» puisque nous u'aVôns
pits d^autres pièces que celles dont je viens de vous parler.
Jf^ i*Mé Mûury. L'interruption qu'on m'a lait éprouva n^u-
fttfllMs été très4iéees8aire si on m'avait M PtonÉreur de fli'é*
oouter. J'ai dit qu'un membre du comité. . .«
Pitmeét tN^te% Yoas avez dit |riusieurs membres.
A thpûm. M. l'iM^é Maury atlit qu'il parlait àà WA dtt co-
mité.
If* f «éM Mmry^ M. Dup^t dit une imposture. (Le sMiève*
fénëral 4ai» te jpariie çaàehe de Fasses
268 ÀSSEIfBLéE NATIONALE.
M. le pt'ésident. C'est en nous respectant nous-méme$ que nous
conserverons le respect dû à cette assemblée. Je demande, qu'on
veuille bien rentrer dans le caUne et la tranquillité qui nous oon*
viennent. ^
M. CaJ}bé Maury. Je rétablis un fait. Je n'ai jamais, dit que. je
parlais au nom du comité de liquidation. J'ai dit une vérité assez
triste : je dois rétablir les faits. J'ai demandé que l'universalité de
la dette fût reconnue; car si sur deux milliards de biens natip-
naux » il y avait pour trois milliards de dettes , les créanders de
ce troisième milliard se trouveraient dans une situation très-
désagréable. Voilà le raisonnement hypothétique que je présente.
M. le baron de Batz » rapporteur du comité de liquidation , m'a
dit qu'il entrevoyait que la dette pouvait ^'élever à sept milliards...
(Il s'élève de grands murmures.) II ne s'agit pas de huer; il faut
gémir.... Je n'étais pas seul quand il me l'a dit.... Il m*a dit que
d'après l'aperçu, il croyait que la dette pourrait s'élever ù sept
milliards...
M. Victm\Broglie. Je demande la parole : il est question de ci-
ter un fait. '
M. l'abbé Maury. Vous voyez que j'articule avec précision les
faits.
. M. Victor Broglie. U est absolument important de relever ces
faits.
« M. le présidera. Vous serez entendu après l'opinant.
ilf. Cabbé iUaurt/./ J'argumente donc, et de roI)scurité et de
l'immensité de la dette, pour m'élever contre le projet de laisser
sans hypothèque une partie des créanciers de l'État, et favoriser
les agioteurs en dépouillant ces créanciers d'un gage qui devrait
appartenir à tous. Outre cette hypothèque , les frais du culte
sont fondés sur les biens nationaux.
L'agiotage veut encore livrer le culte à l'incertitude des éve-
nemens futurs , et enlever aux ministres l'hypothèque à laquelle
ils ont droit.
Les .provinces ne peuvent s'attendre à voir arracher deleur
sein un bien que vous avez réservé au cuIte.-^En vous proposait
iciN (1790) 269
d*âHéfier tous les biens nationaux, on ne vous propose autre
cÀdse que dé les livrer au ^spillage et aux agioteurs. Les étran-
gm mériteraient line considération très-particulière. Il est ques-
tkm de rembourser les rentes viagères, et Ton vous dit (On
dbserve que ce n'est pas là Tordre du jour«) Voici le sophisme
fiiit'par le comité de liquidation. Je dois lé dénoncer aux bons
liitoyens. Nous réduirons leurs créances à cinq pour cent au lieu
de'(fix y et nous leur donnerons un capital à raison du cinq pour
cent; Les rentiers viagers sont de deux espèces: les uns, hon-
nêtes citoyens , ont confie à l'État le fruit dé leur labeur ; fls mé-
ritent toute faveur. Ils ont parié avec le gouvernement fc'est-à*
dire qu'ils ont imposé et reçu cette condition : c Si je vis l'année
prodiâine , vous me donnerez la somme de tant. > Les rentiers
étrangers n'ont pas joué ainsi : ce n'est plus un pari. Les rentes
des Genevois sont sur trente têtes ; il est prouvé qu'elles seront
payées pendant quarante-deux ans et demi. Ces rentiers ont in-
vealé, à votre grand préjudice, une manière de recevoir sept
Mê leur capital ; ces hommes, que vous pouvez rembourser par'
amiïiités en dix ans, on vous propose de les rembourser avec vos
capitaux. Ydus ne permettrez pas les usures que le premier mi-
nistre des finances a favorisées. On veut que ces hommes s'em-
panrent de vos biens , et que vous leur donniez plus d'une de vos
provinces. Je danande si les représentans de la nation doivent
pro^er les usuriers de la ville de Genève: je deniande si l'his^
luire du monde offire l'exemple d'une nation qui ai( rempli d'une
manière plus illusoire ses traitemens avec nous. '
On craint que les r^résentans de la nation ne détruisent tous
ces contrats 3e trente têtes. Je demande si nous mériterions la
ireconnaissance de la nation, en abandonnant des biens immenses
à des étrangers , au lieu de les rembourser en annuités avec l'in-
tërôt de ces biens. Il faut déchirer leurs contrats; il feut user dé
sévérité: c'est du bien du peuple confié à votre garde qu'il s'a-
gît. Sur 105 millious de rente viagère, il n'y en a pas dix en
France: dans dix ans vous pouvez être libérés avec les étrangers'.
On vous trompe ; et quand un représentant de la nation a le cou-
rage de Vous le dire, on Técouie avec prévention.
170 àiiniHiti nkvmàiM.
ropinioD du préopioant, je me (sroi^obUeé, CQmnie v^mim^
caipité de liquidation t à dénier u» ftU; je ne prëlends pdpdiri
^ M. deBatz ne l'ait pa« dit à M. l'abbé tfmipy; 9»^ jeci^
^ue M. de Bau n'étant du comité que depaja liuit jc^mrs, ^ ii'#t
tant chargé que d'un projet de règlement, il s»il ^Mwqse 1»
anciens membres ce qui s'est passé à ce comité ; je ht ipK^rfM^
tpus de dire s'ils connaissent le montant de 1^ dette. Autapl il 19^
rait nécessaire de faire connaître la profondeur de Ifi fisik 49$
finances^ autant il serait dangereux de yenir, dans 4e maHVMNi
TiieSt donner des inquiétudes aux créanciers de l'État, f^ imM
qn'on ne doit rien conclure de ce qu'a pn dire Qf* de Bm«
M. Pabbé Gomei. Le comité de liquidation s'e^t ehnilg^ if
l'arriéré des départenu^iS| comment pourrait-îl Qopnattro la dfffji
*P l'État?
Mf Mwn* Je vois toiyoïirs avec la plus gnmde p^iie 411V19
Tienne jeter dans ceue tribune des doutes sur la d^ie pnbiifM
Je ne m'attendais pas à cett^ discussion , ei je n'« pas ^ la unît
\^ états de la dette que toute l'Europe connaît» J'af^i^ Vib»
servatipn de M* Gputies, et je remarque avec liM qu'U ^ kiim
f ^(traordinaire que Ton cite le ooniité de liquidation quMd tt nV
jpit de la dette publique; ce ccMuité n'est el^ar^é 411e de la Ikfstt
dation de la dette arriérée des départemens » et cet éb^ if
monte pas k loO miiliimi^. Le conûté de^finafi^ees a pubMë m iar
Vim. de la det^ et des arré^rages, dans nn ^ 'm4% qui a M
distribué à tous les mejoabpesrll faut distinguer la datte puMiqua
^ daU^4^WlPtuite^ fn dette non eens<it#ée. I^ 4ette oensijliiée
fst de deu]^ natures : les rentes perpétuelles et les rèn^m viagiria
a'éldventà60 mimons d'iM4rât,((^ qui forme un impûlal di» ISMW
miilionSf l^es rentes ¥iager«s sont de lOS «îtlîans ; les ^^inoiîMl
de 4^tte année les réduisent^ iOD millions ; œ qui fcNrmeiuieapiial
d'un milliard. LadetteeonsMtuée, sur laqneHenous proposeroneun
|)te9 de liqnidation t e^t de denx milliai^ au plus, f cDaprisiès
ll^ anspendus » les ofifiees qui seront supprimiéSt lesfiosMas
4p'il imdra remboursa et les as^guais. Aiaai k dette ^aàfftàt
est de deux miUiuds; les hieiis domanÎMix «iflEwat donc pgar
min (irao) m
in pOfVTt QiÊmt à lu délie constituée» il n'en en pat question en
ce moment; je n'ai voulu qoe rassurer Rassemblée, qu'on cher*
«beil A tromper par des assertions au moins uès-eitraordinaives.
Is c$mlé est prêt à vous rendre compte de la dt^tté ; il a diyi
jaiprimë 110 aperço irèsnitinda : rien n'appaie donc de sembli»
W^serreurs,
M. LarochefoucauU. Je ne discuterai pas le plan de Vbifùàmê
qae vient de proposer M. l'abbé Maury. J'observerai seulement
qu'il me parait difficile que les intérêts de deux milliards de biens
fiiiBaettt éteindre sept milliards de capimux dans reèpacé de dix
M. t(Mi Hmary. Je in'ti pas dit cela , f ai parlé des renies dtt
Saisses et des Genevois.
lu* LarothefouemiU. Tebserve seulement que dans tout le dia*
eonrs de M. l'abbé llaury^ il n'y a pas un mot de la question,
qu'il s'agit de traiter. Votre comité de liquidation a annoncé
fiill oe eoncerieraii avec le comité des finances snr les articles
fvéseotés par M • t'évéqne d' Antun . Il vons propose aujourd'hii un
4éeip^ qtti le mette en état d'eiécuterles ordres que vous lui avea
éannéB , sui^ là vente des domaines nationaux aux particuliers.
été CSmp^kr. Lorsqu'on vient id chercher à répandre tant
die endaies) tant 4^quiétndes, il vaudrait mieux dire tout bon*'
aiMiien<l qn'en vomirait que les biens nationaux ne fussent pas
fendM, parce qn*tm espère les reprendre. Je viens à l'objet réel
4e la ééNbératibn , et je rappeDe senlement qu'un jrand nombre
éêptrileultors ont envoyé des soumissions ; queces particuliers ne
veulent pas laisser leurs fonds morts, et qu'ils demandent s! on
fééevra leurs dPfres. Il est impossible de ne pas leur répondre :
liant denc aH^aax voix sur l'article proposé. €et artide n'in-
4oe pas snr les biens qui sont mis en vente.
On ferme la discussion.
if. Màrtinem. J'ai proposé nn amendement qui consiste à dé^
teifDriner la nature des objets dont l'assemblée entend ordonner
lÉ conservation. Je p^ise qu'il font ajouter à l'article : t à l'excep-
tiôii îles objets réservés au roi et des forêts. >
272 ASSEMBLÉE NA'nORALE.
L'article est décrété» avec lainendeihent de H. MartiAeaa« 'à
une grande majorité. li est amsi conçn : '■ *
c Art. I*'. Tous les domaines nationaux, excepté les forte et
ceux dont la jouissance aura été réservée au roi » pourront être
^fliënés^ en vartu du présent décret, et conformânentà ces dispo-
sitions ; rassemblée nationale réservant aux assig^nats-monnaie
leur hypothèque spéciale. > ]
La presse s'occupa peu du simulacre de budget que nous
avons vu tout à l'heure : encore il n'y eut que quelques journa^
Ustes patriotes qui prirent la parole , et ce fut seoleBient sor la
liste civile et les traiteioens du ministère. On les trouvait éoor*
mément exagérés. Loustalot trouvait que sept millious eussent
suffi pour toutes les dépenses de la cour , y c(vnprts celle dfi^
gardes-du-corps. •>
c J'ai dît iQon op]\pion librement sur le roi et les ministres»
continuait Desmoulins. Quoiqu'à mes yeux le pouvoir. l^gîsiaUf
soit fort au-dessus du pouvoir;exécutif, età ladktancedamsdlre
an serviteur , je dirai ce que je pense avec la même, franchise , et
je ne conçois pas comment tout homme tant soit peu c^r^
voyant ne Ta point dit avant moi , et s'est con^i^té de le penser.
Qui peut ne pas voir que c'est parce que les ministres oft oec-^
rompu l'assemblée, parce qu'ils ont acheté maintes. çopscîefîGas
à crédit, que ceux-ci , pour n'être pas à découvert, et pour qne^
le pouvoir exécutif soit en état de tenir ses engag»nens, ne
cessent de garnir ses ipains de places et de dignités à distribuer»-
et de remplir ses poches d'or, d'assignats et de billets de,
caisse. 11 fallait que le pouvoir exécutif pût les payer. Par quelle-
autre raison auraient-ils mis dans la m^n du pouvoir exécutif]
toutes les places du parquet, toutes celles de l'armée, tout le
ministère, toute la diplomatie, tous les bureaux, c'est*à-:dire
cent mille récompenses pour les traîtres, cent mille moyens de
corruption? C'est ainsi que les deux pouvoirs se passeront eitU'e
eux^ à nos dépens, l'un la casse et l'aulre le séné. Ils viennent;
mn (1790) 173
^«MflfiMii' ftn roî âS mittons: âO «e Buffai^ pas, Hr
ft'Mt |lft>«i boDii d'en donner 4 à sa teBime, 4aux deux frères,
•iTOIIniUle Kvrea au moindre louireteàu^ Ik n'pnt jiaa eu bonté
lia AAMtar œm niUe livres de rentes avK mînîslres, oos ennemie
lil ^ 90 flifito Kvreft à teos cein^ qa'il plairaiii au roi d'appeler à
ioft eaMeH y coeuM ai le conseil du roi u'étaiiL pas l'aseeinblée n^
» Mate ^ «|ui est infininsent (rfaisemt pour k»obser«ateors dea
galeries, c'est de voir au moindre message du pouvoir exécutif» et
pendant la lecture da àefe leitrea ^ l'éreetioii de toutes ces oreilles
écMftfeprésràlB&ft, tecontenaBoeet les altitudes des 1 ,200 rois,
ratfarfratîoii» iastâpiditë ^ la servitude pmnte sur tous lefs visages*
Sftélwiîaiît toutes ces physionomies, on se croit transporte dans
»p»aailif.hafnbre» et non an milieu du congrès de la république
4^ France^ Ils décrètent les 25 millions par assis et levé, et à
fwà^ ces aissi^ et levé , il ne s'est trop vé que quatre républicains
^^etfteuk^eoui^eclese tenirdeboiit*..« Lorsque le roi se
•ottlJBBia de âS» 4)illk»s, il n'y eut qii'ua c^i dans l'assembfa^ ;
k iMmvrs kênmel ik ae récriaiei^ sur lepeu. Dans l'effusion de
lèor ffcomoaiMakice, S» Toulakot aller tous au château le reoMi^
cii» de* iKtti dé s8Bnfieas.« . • i
a Cimimeiit nf pan mt^prififr Fifflpèfft hnmainr , enlavoyantri
afcÉlii dia t le m nor'^ancplBS q«i6 les éjneuriens de rassemblés
WÊtàtmàit^ poisque le.peafdle est tt sot, coaduent comme lechien
^•pâi*te à aoft Gon le dîner de son maître*
«Koire chien, se voyant trop faible contre toiu,
atTouInt atoll* sa part, et lui sage « il lènr dit :
itPeÉit ae cvntroox vBieftBienrs , monJopia me tfaHlt ,
•Faites votre profit du reste.
^1 À ces înots , il vous prend la part de Mirabeau ;
•SHobacnn dfriirer,..*.» eie*»
.l)*après cette citation, on voit que la presse patriote ne s'oc-
cupa de finances que pour lancer des sarcasmes ou des reproche*
i Rassemblée. Son altention était détournée du fond des questions
par le besoin d'une polémique qui allait bientôt arriver jusc^u'aut
personnalités ; nous en donnerons tout à Theure quelques non«*
T. VI. 18
S74 ASSCHBLÉE KATIOXALE.
veaux exemples; En outre, die subissait tous les hasards JHixipds
était soumise rassemblée elle-mérae. Lorsque tout le monde déli-
bérait à Paris et partout , Timprévu seul pouvait être à Tordre du
jour. La législature des travaux de la ooestituante fut eu effet io-
terrompue ù cette époque pkis peut-être qu'a aucune autre» par
ces ineideos moins graves encore que leurs eooséquenoes. Nos
lecteurs pourront y voir une preuve de plus, que ni Fassettlilée
nationale ni le ministère n'avaicmt Tinitiative. Entronsdonc dans
la narration de ces faits incidenteis.
PROTET DE FÉnÉRATlON DU i4 rOUAiÉt,
Nous avons vu comment la première idée des fiédératioaa entre
les gardes nationales , naquit sur la frontière du sud«esi, du be*
soin d'assurer les subsistances, et de se garantir contre les
craintes d'une invasion étrangère. Nous avons vu cet usage se
propager d'abord comme moyen d'ordre^ puis comme manifesia^
tion de fraternité patriotique.Lc dernier joUr du mois demaiavait
vu deux fêtes de ce genre, qui eurent le plus grand édat ; celte
de Draguignan et cellede Lyx>n. A Dragu'^nan, huit mille soldats
citoyens se réunirent en présence de plus de 9B miHe spectateurs*
Max. Isuard fut le narrateur de cette union, et fit ainsi , pour la
première fois connaître son nom aux Parisiens. A Lyon i cin-
quante mille hommes, représentant de plus de cinq eeut mille
s'assemblèrent et vinrent se former en bataille autour d'une
construction qui représentait un rocher de cinquante {ueds de
haut y couvert d'arbustes, qui contenait dans scm sein, le Temple
de la (hncorde. Au sommet du rocher était une statue odossale
de la liberté^ tenant d'une main une pique surmontée du bonnet
phrygien, et de l'autre une colonne civique. Au pied de la staUie
était un autel. Tous les drapeaux furent apportés sur les gradins
taillés dans le rocher. Une messe solennelle fut chantée , et le
serment civique prononcé. La fête fut terminée par un feu d'ar-
tifice, des bals et des repas. On remarqua que les députés de la
Corse n'arrivèrent que le lendemain dans la plaine du serment;
comme lesLacédémoniens, dans la plaine de Marathon , le lende-
main de la bataille. {Courrier de Lijon^par M. Champagneux.) Si
mm (1790) Hffo
4QPC, ron voulait donner une semblable fête à Paris, le plan de la
cérémonie était tout tracé. En effet , les représentans de la corn-
mime en délibérèrent, et comme dans la capitale , il ne pouvait
y avon* qu'une fédération nationale, il s'adressèrent à la consti-
»
unnté. ~
siAifCB nu 5 jcDi.
[Une dépntation dés représentans de la commune de Paris,
présentée par M. Bàilly, feit lecture d*uue adresse des citoyens
de- Paris à tous les Français, rédigée par MM. Bourtibonne,
Pons dé Yerdùn et Pastoret , commissaires nommés à cet effet.
Elle est ainsi conçue:
c Chers et braves amis , jamais des circonstances plus impé-
rieuses n^ont invité tdus les Français à se réunir dans un même
esprit , à se rallier avec courage autour de la loi , et favoriser de
tout leur pouvoir rétablissement de la constitution.
1 Dix mois sont à peine écoulés depuis Tépoque mémorable oii
des murs de la Bastille conquise s'éleva un cri soudain : Françàiif
nous sommes libres; qu'au même jour un cri plus touchant se
Casse entendre ; Ftançais, nous sommes, frères,
> Oui, nous sommes frères, nous sommes libres, nous avons
une patrie : trop long-temps couri>és sous le joug, nous re-
prenons enfin Fattitude fière d'un peuple qui reconnaît sa di-
gnité.
1 Ce vœu que nous avons tous formé, ce vœu du plus chéri
des rois, nous vous^ proposons de râoco»q>Iir aujourd'hui.
> Mous ne sommes plus Bretons ni Angevins, ont dit nos
frères de la Bretagne et de l'Anjou; comme eux, nous disons :
nous ne sommes plus Pariisiens, nous sommes tous Français.
» Vos exenqples , et les dernières paroles du roi , nous ont
Imfifé un grand dessein ; vous l'adopterez, il est digne de vous.
1 Yous avez juré d'être unis par les liens indissolubles d'une
sahite fraternité, de défendre jusqu'au dernier soupir la consti*
UMion de l'État; les décrets de l'assemblée nationale et l'autorité
l^itime de nos rois. Comme vous, nous avons prêté ce serment
'^¥.V>^
376 ASSEIOU^ NAflQVÀLE.
auguste; foison^» il em M Mftpst fimoMik ces téàêtwÀké lÉlê
confédéracion générale»
> Qu'il sera beau 1^ jom* de raUtance des Frtnçaisl Un pèHjplè
de frères, les régénérateurs de V^axfim, mi m dtoyw, fMA
pour un serment commun à l'autel de la patrie, quel spédlftdé
imposant et nouveau potf^ les îiâHoÀS 1
> Nous irions aux extrémités du royaume nous luur k inyvs;
mais c'est dans nos murs qu'habitent nos légiabteurs el aoM
roi ; la reconnaissance nous retient et nous aff^tlle Mprà84'fui(l
nous leur offrirons ensemble, pour prix de leurs vertus «(d|
leurs travaux» le tableau touchant d'une nation
heureuse et libre.
> Vous serez avec nous, braves gierriers^ nos frères d\
et nos amis, vous , qui nous avez donné Feiûeiople 4a âviwf^^
du courage ; vous , qui avez trompé les prqjets du despotisme»
et qui avez senti que servir la patrie , c'était acoomplir vos
sèrmens.
> Et vous, dont la présence nous eût été si chère , Français
que tes mers ou ^'immenses intervalles séparotf de noo^^ vpUft
apprendrez, en recevant l'expression de nos regrets, que nous
nous sommes rapprochés ps^ la pensée , et que , malgré lès <us-
taùces, tous vots étiez placëls au milieu de nous à là fête de ta
patrie.
> C'est le 14 juillet que nous avons conquis la liberté, ce sera
le 14 juillet qiie nous jurèronde ia côttMf vëm^ t ^u'aci iiiêineioiir,
à la même heure I un m génàmi, un eri unanime rcKttitîsae^da»
toutes les parties de Venpire, vim ift nation ^ Uii^eik rjt; que
ce cri soit à jamais cekû du ralUi^auent des anis de la patrie «t la
terreur de ses ennemis.
r
» Non , Français, la patrie» h UM^é« te oonstitiitiimi o'wront
plus d'ennemis. Bientôt tous iOQS b^nmes quif^ortcnt ewew^cl
seuJMent chérir leurs fers , s'élevèrent à h lisMsiir de mmi €on-
munes destinées j ils aspirisroat à rbtmtteur de voir le&m nûm
inscrits dans ce paicte defsmUfiif mommMliéè noM^fkûrs jH'
garant éterAd de liS^leUcitéde cet «empirab #
(iT90) 27T
lA 4^MtiM danpnde cpm le oonutd de eenstit&tion veuille
biw ft'ooQiiper de fiier le wmtit^ des députes qut seront eu-
YO;é» de$ divem dépaitemcnB pour coueourir à la fiédërfttiôn.-Le
vqeo df^ la (opisiniule serait que les d^put^l fosseut pris, moitié
à9m f Qrdre ehrtt» moîtië dam la garde uaiioiiale, et qu'il y fOtt
jdmt un officier» un bas-offieier et an soldat de chaque régiment
d9S Irwpeide ligne» tant de terre-qoe de iiei*«
1|% BaUly» à la tête d'une antve ^^pstatkm, présente le projet
d'iw 4|anal qui litiirait la Marw » la Seine et l'Oise , en psss&tà
M^ Mmm > Paria , Geitfl|n»^ga|ate«Benérine , Pe«toisé , et se
driyoïseint dana ta BMP à Dieppe<
Mp ée LêHPochefmtiuuk. le demande le renvoi du premier objet
de la dépetelpen an eottitéde oonstitartioË , et du second, aul
comité d'agrienlture et de oemmercè.
iV..,. Jravone q^ je ne tpeia pas aana veqpect et sttis vénéra*-
^ la gM^ nationak de Puis; aaai^ elle fiift aujourd'hui uiiè
P^poaitipn cpp deaiende de la véiexien. Je' pepse qu'elte doit
%^ ifenyoyée aui eomitél dea nq>parii«l mffitaira , pour ^é s'en
pfOCiiper qu'ipvèa s^eÂrpràM^ un trtvoil aurforganiantion A
la garde nationale et dû l'endre milîlwr^ (H s'ëlèfe dea muir»'
mures.) J'approuve la fé#ration pour le maintien et la défense
delaJiberté française* Maifiie tafen*vaua aiiciMi inoonVéïUent
dans la coalition des milices nationales, au moment où elles ne
jsoi^t pas or^nisées? (Nouveam. murniiit^es^J Je fids la motion
jç^l^ressie que loi emnitës spient (toi^é^ de prdsenlcr dans k
(dus ÇQurf, délai, i|n travail sur l'oi^ganisatioB des' nkilioes n»-
tionales, et qu'ensuite ils s'occupent de leur iiédératiQn» Quait.
au projet dn canal » j'appuie la motion de H. de Laiwhe-
foucauk*
M. BoutidQji». Des citoyens demandant à se rassemidlBr pes»
prêter le serment fédératif ; des citoy^i#*sqidalB» dfs soldai^
QtoyenSft qui n'ont paa attende qn'ila fuâsem orgnsîsés pour
prot^er l'État et maintenir la constitution , demandent à se réu-
nir pour jurer de les défendre et de les maintenir toujours ; soit
que vous donniez votre approbation aux projets déjà présentés
978 Aâ^EllBUfcS NATiaOULS.
par les villes d'Arras et d*Orlëfltos, soit qm voitô b donniez à
celui que vous soumet aujourd'hui la comaMme de Paris, nous
serons également saUsiaits; mais Tuii ou l'antre est indispen^
sable. U ne restera plus que la fédaration des troupes de l^né
avec les troupes nationales. Le roi ïk déjà autorisée ; il y dom
nera uon-seulemeat son consentement, Biais€iioore des applaa«
disseroens. II fout que dès ce soir la démarche îles soldats^
citoyens de Paris spit adoptée» et qulk soient admis à se re«
tirer par -devers le roi pour le supplier de fiiire prendre
toutes les mesures nécessaires pour que cette emifédérution ait
lieu au jour proposé , sauf au comité de eonstkntîon à présente^
un projet de décret sur le nombre des députés qui doit élre en*
voyé dans les provinces et sur la forme de leur élection.
Jlf. de LarochefoucauU. La muuidpalilë de Pari$ a attiré, par
une pétition, les r^g^s de rassemblée natkmate sur les vain-
queurs de la Bastille ; depiuis ce temp», les officiers municipaux
^t le maire ont f^t un recensement exact de ce^ en existe, et
ce receaseroenta été renvoyé. au comité de peiiiâon. Je demande
que le comité vous remette incessamment son travail à oef ^[ard,
et vous expose ce que vous pouvez* faire pour ces braves d*
toyens. •
M. le président rappelle la demaiidé de la commune de Paris »
H la met aux vchx.
L'assemMée nationale approuve le pacte fédératlf proposé par
la commune de Paris, et renvoie au comité de constitution le
mode de Télection et le nombre des d^tés qui seront èrivôyës
dans les provinces.
MM. Roublet , Prudhomme , Maubach ; Perau et Tonnezë font
hommage à l'assemblée, de leur invention , qui consiste à écrii^e
avssi vile que la parole. L'adresse dont on foit lecture reçoit de
grands apidaudissemens.
L'assemMée décide que les commissah*es indiqueront ^ dans
l'une des galeries , une place oii cette méthode puisse être
éprouvée,
^.p ^W'f
jtiN (i790) 279
' DaBS la Séance da 7 , Tévéque d'Âutun présenta un projet dé
décret pour la fédération du 14 juillet. II fut mis en discussion
!é lendemain , et adopté avec quelques amendemens le 9. Il dé-
ienodinaitle nombre de députés : il était'de six hommes par deux
cents, au choix des directoires de districts. A une distance de
pins de cent lieues on pouvait n'envoyer qu'un homme sur quatre
cents. La dépense était aux frais des districts. L'armée de terre
et de mer devait envoyer aussi des députés.
* 'A ce sujet, il s'éleva la question du commandement de cette
masse de la g[arde nationale. Les membres des cdtés extrêmes
craignaient que cette circonstance devint l'occasion pour M. de
la Fayette de saisir ou de recevoir le généralat de la garde natio-
nale de France. M. de la Fayette répondit à ces craintes par une
motion en ces termes :
c L'assemblée nationale décrète, comme principe constitu-
tionnel^ que personne ne pourra avoir le .commandement des
gardes nàtî^alé^ dans plus d'uni département : elle se réserve à
AHibérer si e^'oommandement ne doit pas même être borné à
chaque district. > »
Cette propositidn fut convertie en loi parte vote de l'assemblée
dans la séance du 8.
" Ainsi fut terminé, dans le sein de la Constituante, tout ce qui
était rdatif à la fédération ; mais cette fête devint le sujet de
roccupàtion' publique dans Paris : on fut prodigue de brochures
et de projets. Un membre proposa que le 14 juillet on proclamât
Louis XVI empereur des Français. Un M. Villette ouvrit l'avis
que chaque citoyen de là capitale dressât sa table en pleine rue ;
Manuel proposa une hospitalité plus large et plus complote, celle
Ali logement et de la table ; enfin , Loustalot et Desmoulins pro-
posèf eut aussi dé faire un pacte fédératif entre les écrivains. Un
enthottslasmedé générosité etde$acrifices,.uneémulation d'imiter
les f^ies civiques de la Grèce et de Rome, s'empara de la popu-
lation. La suppression des titres de noblesse fut un effet de cette
effervescence républicaine ; ce fut un épisode précurseur de la
liéte , ainsi que l'exposé de la séance où fut votée TabolitioD des
98U ASSEMBLÉE PiATUHfAJLB.
Ifirest en itit foi. Ce n'éoût pas d'ailleurs une jpmMfe iiwv#e;
le question avait ëié vme k l'ordre du jour dfBf un anez^n^f}
oonibrii de brochures ; elle était de plu« uoe conséqiieuce 4irMf
de la doctrine généralement admise $ur la aouverainetét tt 4tai|
t<Mit naturel que l'enthousiasme public et la puiwaïupe des apu^
vfuirs entraînât fassemblée , et provoqua t l'imitàtîoo daiia<ep|
deip : tout n^éme l'anuoDce^ Ainsi i le président de cette ^gù^
zaine fut l'abbé Sieyès. Malgré ses dénégations • nHrigfé to ^
Uewe de sa voix, on voulul que odui qui ai^ ^t votfr^ I9 17
juiu 1789 » l'exiatenoe de l'assef^blée oatiopalby la pr#4^ iH
jour anniversaire.
Abolition des thre» nobilkAreê,
SÉANCE DU SAMEDI 49 JUIN, AU SOIR.
[Les vainqueurs de la BasUDe sont admis A la bamaw
if 4 fo ùmn$. Votre comité des pensions vient vsoiia pr^seeMr
les moyens d'acquitter ce que vous devez am vain^iiiaewra 4/9 la
Bastille. Si qudquefois nous avons paru porter un epîMi^fw
toutes les anciennes attributions de grâces, c'est que npi^ ttviopi^
bien que la plupart n'étaient pas méritées; piais» lorsqu'une; |m>
tion noble et généreuse s'est passée sous no| yeuXt tiou^ moi^
trerons aussi que nous savons la récompenser. Les états-généraux
étaient convoqués. Ce rassemblement des d^u^ de tonte li|
France avait déjà effrayé les tyrans ; il ne rest^( qu'uit Vfioj^
pour détruire le grand œuvre qui allait s'opérer i ^'étapt Ja bvçti
des armes. Rappelez-vous i^ec quelle terreur nous apprlsBes que
les promenades de la capitale avaient été souillées de sanç ; de
braves citoyens se réunissent à la maison comn^une ; l'ampur de
la patrie les rend tous soldatst; ils argent d'all^ clenian^,er qu'on
f emçtte sous la garde descitoyensde Paris r.odiçpi^ cîta^le ^
menaçait leur liberté et insultait àle^r patrioUsrnev.LQUf^p.nyiQ7
aition est dédaignée ; ils preu/f^enf les aiunes , et dans lé vaè^
instant la dtadelle est en leur, pouvoir. Cette nouvelle excbe la
plus vjve admiration ; cepend^t ces braves; citoy^n^ ijont rçNés
ÎMsqu'à ce ni)omeat sans récompense. Ç'es( lajosjtfOff qui ep
ivm (1790)
^te uw poor €11^ aujoard'hiAÎ : leur^ pertes et tours blessoro^ ne
/(pnt riçBt poufryu qu'ils pi^sseot JQuir de Thotmeur d'avoar aaa^
Iewir|^rie*LeeoiuUé n'e^ £a|t rendre un conapte exact pour s'a»-
^er du pofn des, wm^ yain<paurs de la Bastîil^. Ib pja à&mià4
j|U'î| fit iHMQW^ d^ owwî^res pjMir désigner cm^ à qui lyjh
paruent Tbonneur de la victoire. Divers projets ont été présentés
à votre comité ; mais ils ne lui ont jpa^ paru pouvoir Sf^ concilier,
m est bîejQ pçjfuadé quQ^ de quejl^e manière que vous les ré-
compensiez, ces braves citoyens seront toujours conteoii» Voiq
donc le projet 4e d^rçt que votre çoniité de pensiops a Tb^eur
^ vous prés^t^.
M. Iç Çamwi fût lecture du projet de décrett dont voîci la sub?
stance : c Frappée d'admiration ppuf Tbéroique intrépidité daf
vainqueurs de la Bastille ^ Tassen^blée natioqaiedécrètci qu'il leiur
SjÇ^ fourni un babit uniforn^e. et un ampaient co^ipletp Si»r I«
P9lion du iMi et s^^..^ iamadjyi sabre s^ra écrit ; Hom^ pw te
mim^ à «ti»«M , iTf ififHw (k tfik 9fi^* U ifw m^ déUvré un
H^y^bçporaN^) pour imprimer la igeowmaiswnw de ta patrie*
KJp ))rfvej^ Imi^le a^PK aii«ji4#i^ iMm ^av^ dei ewx qoi
jD|Qt.|)^ri i^u 91^ 4s jfe ]^))«. JM»^4e ^ ffklpçiitiw du iéjuik
Iff , ii leuç.sera a^fiigii^unep)»^ qù la France puisse ecintepipte
i loisir les premiers conquérans de la liberté. Leur nojoa MIH
inscrit dans les açpbiv^ de la^ natioitY.l^ss^iiiblée i^tiofifle se
réserve de fo'endre en ponsidéf aUon ceux, h q^ elle doi^ 49^ paii
tifici^tions pécwiaires. >
. Ce décret est adopté par acdapi^o^.
Une dépuration des gardes naticufales fédéré^^ n^ffu 4f^ migi
de Chartres , est admise à la barre ;.elle demande^ |f pcrnûtisiai^
de déposer sur le bureau l'acte psir leqi^fl.ces citpypus. arm^
se, spn> obligées dei Yî vi^e et de mourir fidèl^à la natiqu^t à (9 }f%
ginrs deJoHc&i es| i^us^i ac^qiifjÇ à la barpre; e)l&ex^^ cwi^i^^
p^pfsQYînç^t v4^ letl^é^e des orvautés de I^oiiis XI , a dA se
montrer s^sible aux bienfo^ts de la liberté naissante. . .
389 ASSBXBLÊ£ NATIONALE.
M. le président annonce qu'une députation va paraître » et
qu'elle est composée d'Anglais, de Prussiens, de Siciliens, de
Hollandais, de Russes, de Polonais, d'Allemands, de Suédois «
d'Italiens , d'Espagnols , de Brabançons, ée Liégeois^ d'AvignOf
nais, de Suisses, de G^evois, d'Indiens, d'Arabes, de Ca(-
déens, etc. *
La députation est introduite.
M. le baron de Clootz du Val'-de''Gràu , Prussien , orateur du
comité d^ étrangers , ' porte la parole :
< Messieurs, le faisceau imposant de tous les drapeaux de
l'empire français, qui vont se déployer le 14 juillet dan% ie
Ghamp-de-Mars , dans ces mêmes lieux ôii Julien foula tous les
préjugés, où Ghariemagne s'environna de toutes les vertus : cette
solennité dvique ne sera pas seulement la fête des Français , mais
enôore la fête du genre humain. La trompette qui sonne la ré-
surrection d'un grand peuple a retenti aux quatre coins diji
monde, et les chants d'aUégrease d'un choeur de vii^«dnq mH-
lions d'hommes fibres cmt févieillë des peuples ensevelis dans un
loag esclavage. La sagesse de vos déèrets, liéssiettrs, l'union
des enfons de la France , ce tâUeau ravissant donne des soucis
am^rs aux despotes , et de justes espérances aux nations as-
servies.
> A nous aussi il est venu une grande pensée, et oserions-nous
*
dire qu'elle fera le complément de la grande journée nationale.
Un nombre d'étrangers de toutes les contrées de la terre deman-
dent à se ranger au milieu du Ghamp-de-Mars , et le bonnet de
la liberté qoUs élèveront avec transport sera le gagé de la déli-
vrance prochaine de leurs malheureux concitoyens. Lés triom-
phateurs dé Rome se pbnsaient à traîner les peuples vaincus liés
à kttrs dtafs; et vous. Messieurs, par le plus honorable des
contrastes, vous verrez dans votre cortège des hommes libres,
dont kl patrie est dans les fers,' dont la patrie sera libre un jour
par riiifluenee de votre courage mâ)ranlable à de vos lois philo-
sophiques. Nos vœux et nos hommages seront les liens qui nous
nttach^onf à vos chars de triomphe.
wm (1790) m
t % Jaiii9i$ ambassade ne lut fins sacrée. Nos lettres de crëatiœ
ne wak pas triKiëes sur le parchemin ; mais nûtre mission est
gnrfëe en oUffrès ioetfoçaUes dans le cœur de tons les hc^mmes ;
et*gvÉoe ans aaièiirs de la déeiomwn des ilroUs, ces cbiffres ne
ietùDi phis inintélligîbles aox tyrans.
» YoQdavei reconnu aathentiquement. Messieurs , qae la sou«
f endaelé lësidé dans le peuple : or» le peq^le est partout sous le
joug dm^à^cmems; qui se disent sonverains en dépit de vos
princtpesw Oft osurpe la dictature; mais la souverliineté est invio-
Mis f el^ les. ambassadeurs des tyrans ne pourraient honorer
taitt fête iiiguite, oaDune la plupart d'entre noas , dont là roi^
sion est av4wén tadlf^meiit par noa ««apalrioies,' par des somre^
raîna-oppaimës.
» ÛMheUe.i^fon pour les dei(poi4s l <pidUe consobtion pour les
peuples :p^oytuoé8 » quand juhus leur apprendrons que là pre»
Wèl^ mtitia de l'Europe, e» rassemblant ses banoièfes, nous a
4wiô Je signal du beobeur deila France et des daux^^nondes !
» Moi|s atlendlrons, JUbssièurs, dbns un resptctneux silenoeV
te léaNl^t de vas déi8)écask»s sur la pétition que nous' dicte Fe^
tbousiasme de la liberté universelle. >
Gasdianours^ {duaieurs fois interrompu par les applaudisse*
nwsar de l'ttflgeinUée;
if. le préàdeni. L'assemblée nationale vous permettra d'as-
mura h iijd^atien de la France armée ; mais elle y met une
CBsriiition ^•c'est que lorsque vous retournerez dans votre patrie »
-wiis iMiÉteresir à Hf» coïkâtayens ee que voiis avez vu.
Un Turc prend la parole. La difiBculté avec laquelle il prononce
kriraaçait ôe nous a pas permis de retenir son discours.
Mé Deférmm. Oes citoyenay réunis de toutes les parties du
mbildey ^Tiennent vous offrir le plus bel hommage que vous puis-
atalaoïaia recevdr pour iH*ix de vos travaux. Je fais la motion
que leur demande soit accueillie par acclamation , et lear discours
iéiprimé avee la rëp<wse.da président. Cette proposition est adop*
JC^/ommire deLmneth* J*appuie> Messieui^s, la^proposi^ou
q«t voqs m Mtci m fytmr de 069 gêoér&n éMmen» el qui,
iws doute» n'éproaten pM d(> diCfieiillé. HbiIb^ j'tt à ta» pué»
fwter iiie autre idée; k jour oà ta d^^ulé» de IMiet kApnr*
v|iice9 fle rasseiyibleront pour jurer tsm couMiMioB «pii prouM
à tous les Français la liberté el riflriité» de doit pus rêfpeiÊt k
qjyMkpie^-^ne» d'elles des idées d'buiuUiatiou et de aerrituda. Les
igiH*es ref)ré6eB}ant ^pialre provinùift, dont lee dépoiésaMl n»
joursétë oomplée deuaeoltâ meoddée pemî les Idaa fefmei
appui» des droite de la dation , août cnehaliié^ y co^^
fee dépeuples iributairea» an pieds de laataHiede LduiaXÎV*;
aouCUroua^rooiK , Haasieura » que lee ciloy^tta qui ?ieii4Mlt
jurer la oounitntiett pour ce» ^énéreUMi prorâMti aluul les
yeux frappes d'un spectacle que des bonunes libres u^ peuimt
supporter : ces mononups de f os|pMA ne peuvent snbiiaier
eouf le vigne de fégatiié. Elewea des sttilues attt prineeu qA
OUI bien mérité dekur paya; oenBacre4*eu une à h nënoirs
du restaurateur de la liberté; nais empressea^^Knsdo ddlrttii<e
0es emblèuMB qui d^gpKiBttt k difpiâë de l'honÉluo» et qui
diNteut blesser dcu ooooitoyens que «m tenonns eljquo «Mi
diérissoDs.
. Jefeia lanuHionque ko quatre fieures-cudiaisées qui août an
bas de la statue de Louis XIV » à la place dsi \ktÊlkH% aaisut
Enlevées avan^ le 14 de juillet.
M* Gowrdm. J'^bèro à f^me npotioa c^oqmio Fi(inc«Coniisis$
d^ttis lûsig- temps elle était éerile dans, wm eMiri et.idnus
celui de tous vm ooQipatnotes qui eut totyour^ nUmoré res*
çlavagOp
Plusieur^moBri^es de la partie âroilo.denuiudeoU^ponfiieBitfnt
d'tini le tombeau de bi imitéw Je dcMunde . qu'il sut Jbét dé*
fensesàtputes personnes deprefyireks qua)itdadf|owute^Jb(uus^
naerqui» » etc.
. M* Charte d0 Jimètb. J'a^fmie la premij^ jpiuimitiôu dû
préopinant ; les titres qu'il vous invite à détroiroy Ucesaut féi»
Utéqui formula base d6notr^oonstttuiioil; iisdsri«udld*ré-
ffmttéaàé que fèttsâvesméanti; ib fie «ftoraient donc sid)»
«iner wm itne absurde meonaéqoence; il ddt être défends à
tB» tedtofeDsdefrendre^ dans ieiir$ actes^ les titres de panf^
dac, eattia, i|ian|aia^ etc. fappitie ëgakneat aa seûondè prcH
fMAcm. La ooblesae liëi^éiMiaire cboqne la raison et Uesae h
tMnUaMbertë; il n'est peiftt 4*^%alitë poMcpe, H n'est point
#4iiQfaMtott ponr la tertn, là oii des citoyens ont une antre
digniié ^ne odie qui est attachée anx fonctions qai leur sMt
endMes» t»e mitre gloire qae celle t|«% doivent à lears aie-
liona^ 11 doit donc être également 'défendn de prendre, dans
iêa aoies 9 le titrede noUe. Quant à tseox qui , dans le langage on
dans leurs lenres , dCedend^nc de ccMiserver eaoMreees distinct
ffontpaériles, Tc^nion les en fHinira, en les notant parmi cent
faf méconnaissent encore noù^ lienreose révolution.
M. éeta Fagette. CMt motion est trilement néeessaire, que
Je M erois pas qn'eBe ait besoin d'éa*e appnyëe ; mais si €^0 en a
besoin » j'«inonce que je m'y jMns de tout nK)n ocBur*
w
M. le marquis de FoucauU. Je ne sais ce qui résultera de la dé«
IMmlen; mais ma mfmion est de m'y opposer de «ont mon
ponKoir. Le jour obuotre patiiotîsme a •ébé le pins spédriement
eowMré, à la tanenaeépoqnedà 4 aoèt» cette motion fatpi^
aentëe. On nons dis qu^on était trop heureux de pouvoir étsMf*
des téeompeoses deeette natnre. Gomment récompenser qnei*
qii^ dont le nom peu connu ctHint des lettres en ces termes t
cUn tel lait noble et comte pour avoir sauvé l'Etat à teHebenre!>
RMSttSfiieeeeiiltre» qui a servi de fortune à toute sa famille.
If^ ds fti Fm§êHe. An lien de ^Rre^ a kè fek noble, on dira , n
wÊmétÉMéiék heure.
M. ^mpUéePréfetn. Qu'il me soit permis de dffe que f étais
depuis long^lemps tdiement pénétré de tontes ces idées, que
ftfais tracé d'avance des artictes qui comprennent les divers ob-
jets qui vous occupent. Je vous demande permission, Messieurs ,
de vot» en finre la lecture : c les titres de duc et pair, comte, vi-
eomie, baron, marquis, chevalier, et tout autre titre attaché
mm teifes d^evant féodales et seigneuriales , sont abolis et fie
886 assbmaUe rcATioffALe.
« * «
pôluToht jamais 4ire rétablis. <— T91» titres honorifique» liâpë£^
taires soot abolis^ et toutes lois qai oiil pdar oljel fes dtatinoticMis
béréditaires sont abrogées. — Ceux qoi, eoBtrevemiot aux dis^
positions ei^dessiis énoncées, prendront » en qnelque nme pubfie
ou privé, des titres abolis, simmt condamnés à 1,000 livres
d'amende I et seront rayés, pendant un an, d^ Ja liste. des .cir
toyens actifs. —Toute loi, ordoniianoe, titre., régl«vie&t, disks
tre de fondation, en un mot, toutes les dispositions snivant
lesqudles des associations et congrégations, qni étaient réser*
vées à certaines personnes eC à certains titres, sont abolis. --*
Toute qualification de nosseigneurs et .ntesseigneun spnl dsolis,
sauf Fexceptionqui sera déterminée ci-Après. — Genx. qui s'adres-
seront, soit à rassemblée nationale,, au conseil du r^, soit h
quelque tribunal ou açsemUée administrative,. ne pourront leoc
donner d'aijitre ^pipdlatton que celle de messieurs. -^ Le thre
de monse^neur ne pourra être donné à persoime, de q»^k|tte
état et de quelque rai^ qu'il sojit, sauf T^^ieption des prineei
du sang. > ,
JU. de la Fayeue, Je demande à foire me qbaervatipn sur cetis
exception. Dans un pays libre, il n'y a qne des citoyiais et des
officiers publios. Je sais qu'il faut une grande énergie à la mflgjs-
tml»re héréditaire du roi. Hais pourquoi vouibir donàer le titre
de princes à d^ hommes qui ne sopt , à mes yenx, qne.des ci-
toyens actifs, lorsqu'âs se. trouvent avoir les condilîûnB pnxr.
entes à cet égard?
Jlf. le comte de Faucigny. J'ai toujours ét^ dons ces s^itin|Kis;
je fais un grand cas de Tégalâié; mais pour traiter iine aussi
grande question , il faut une séance du matin. Je demande Tajonr*
nement jusqu'à hindi 4 midi* (Il s'élève des murmures cbins h
partie gauche.) Tous vouiez détraire les dktinctiims desndiles,.
et il y aura toujours celles des banquiers, des usuriers, qut»^
auront des 200 mille écus de rente.
M. de jNoailles. Il me semble que l'assemblée ne doit jms s'ar--
réter long-iemps à des dispositions qui dérivent de votre consti- »
tution. Anéantissons ces vains litres, enfans frivoles de Toi^upjiet.;
luiN (1790) 287
de la yasUé. Ne recsonnaissoDs de distinctions que celles des venus*
Dit-on le marquis. Franklin, le comte Washington^ le barcMi
Fox? On dit Benjamin Franklin, Fox, Washington. Ces noms
n'ont pas besoin de qualification pour qu'on les retienne; on ne
les prononce jamais sans admiration. J*appuie donc de toutes
mes forces les diverses propositions qui ont été faites. Je de-
mande en outre que désormais Tencens soit réservé à la divinité.
Je supplierai aussi l'assemblée d'aiTéter ses regards sur une classe
de citoyens jusqu'à présent avilie, et je denîaaderai qu'à l'avenir
on ne porte plMS de livrée. .
M. de Saint'Fargeau. Je ne viens point ici faire l'hommage
des titres de comte et de marquis; je n'ai jamais pris ces noms ,
quoique j'aie possédé quelques ci-devant comtés et marquisats.
Au moment où on vous demande des articles qui soient le com«
plémentde votre constitution, je crois qu'il est bon d'ordonner
qiie chaque citoyen ne pourra porter d'autre nom que celui de
sa femille^ et non point celui d'une terre : je vous demande la
permission de signer ma motion , Louu'Michel le Pelletier.
,4f. de Jraejf. Je demande que ceux.qui, depuis cent ans, ont
usurpé \es titres des anciennes familles , soient tenus de repren-
dre leurs noms primitifs , et que les membres de cette assemblée
qui sont dans ce cas^ commencent par donner Texemple.
. On demande que la discussion soit fermée.
M. Vohbé Mmry. Dans la multitude des questions qui sont
soumises à votre discussion, je ne sais sur quel objet particulier
je dois fixer mes regards. On a proposé de faii% ôter de la statue
de Louis-Ie-<ïrand tous les emblèmes de l'esclavage; d'autres ont
demandé l'anéantissement des dignités sociales, et le retour à
r^lité la plus absolue ; chacun de ces otyets est digne d'un
examen particulier, et je ne refuserai d'en discuter aucun. Vous
devez rendre hommage à la mémoire de Louis-le-Grand , qui
n'a pas ordonné ce monument de vanité. J'entends dire qu'il a
soutenu une guerre pour le conserver; je réponds que cela est
feux. La guerre de Hollande, dont on veut sans doute parler ici,
a été occasionnée par l'injure faite à une médaille de ce roi , et le
288 ASSBMIILÊE NÀtlOlifALE.
tnomiment de la place des Yictoires a été otAotiîné {âr té tiâfë^
dial de la Feaillade, qui a prodigué à Lotri.^le-Grattd les témôi-
gttageâ dé b plus servile adulation ; encore n'^en est-il pas f b-
tenteur : la place de Médicis en a dotinë la première id^. ttaii
ptti^ti'on veut détruire tout ce qui sent f esclavage , les regards
du patriotisme ne devaient-ils pas se porter sur la statue dé
Henri IV, dont quelques-unes des inscriptions sont uniquement
k la louange du cardinal de Richelieu. (Onàpplaudit.) 11 a
aussi à ses pieds des esclaves enchaînés; mais ce Sont des eâi-
blêmes qui représentent les vices; les amid de là liberté n'en Sùûi
peint offensés.
le crois quilne Êiut pas toucher à la statue de Louis ^IV. La
philosophie doit consacrer ce monument pour montrer à ht p09^
térité comment on flattait les rois. Il fût trop ftitté pendant sa
vie , mais trop méconnu après sa mort. Cest on roi qoi ii^avail
peut-être pas autant de grandeur dans le gAile qoe dan^î te carao-
lère; mais il est toujours digne du nom de grande paisqnTIl t
agrandi son pays. Quand voas érigereif des monument , tdu»
ferez voir la différence qu'il y a du 17* ati fS* êiééé. Vous teor
donnerez un but moral qui élèvera Tâme des rois. Mais If ne fyid
pas pour cela dégrader aux yeux du peuple des rois ensévcfe'
dans la tombe et porter ainsi dé terr8)ies atteinte^ à la najeàÈ
royale. Quant à la question du retour aux noms proprés , ëlh est
juste. tJn savant moraliste disait qu'en France on ne rebomiaissait
{Aus ni les hommes & leur nom , ni les femmes à leur visage. ITotre
patriotisme s*élève contre ces abus de là vanité » et vous été»
dignes d'éloge ; mais il ne faut pas passer le but. Ce ne sont
pas les noms qullfaut condamner , mais tes usurpateurs des
noms. Ceci ne porte point d'atteinte à notre liberté. Les Kom^s
connaissaient des ordres de chevaliers; et lesllomains se connais*
saient en liberté. Je sais bien qu'à l'avenir on ne s'informera pas
de ce qu'ont été les hommes , mais de ce qu'ils auront foit. Xîn
auteur avait bien raison quand il a dit que la première question
d^un peuple donnait une idée de la philosophie de la nation. t^Iez
de quelqu'un enAUemagne, on vous demande s'3 entre au chapitre^
itiN (1790) 289
tm France, qudle place il occupe à la cour; en Espagne» s'il est
grand de la première classe ; en Angleterre » on vous demande
qnd homme. G*est sans doute que cette manière d'exister par
scMrméme est biei\, la meilleure.
En France , la noblesse est constitutionnelle ; s'il a'y a plus de
n0blesse9.il n'y a plus de monarchie. Cette question est donc assee
importante pour être traitée dans une séance du matin. Je sais
bi«i qne dans la nuit du 4 ao&t» plusieurs articles constitution-
nels ont ^té arrêtés; les sacrifices patriotiques se sont multipliés
à l'infiiv : ifiais ce n'est pias toujours au milieu de cet enthousiasme
qu'on prend les meilleures délibérations. Ne pourrait-on pas dire
à ceux qui demandent avec acharnement toutes ces innovations ,
oe qne ^pielqu'un i-épondit à un philosophe orgueilleux : tu foules
à tes pieds le faste » mais avec plus de faste encore. — Quant à la
question des Kvifées 9 un domestique n'est ni plus malheureux»
ni {dus avili» pour avoir tel ou tel habit sur le corps. Personne
n'ignore que cet usage remonte jusqu'à l'institution des armoiries
et des croisades» et qu'excq[>té certaines iamilles, pas même
H. le niaire de Paris , n'a droit d'avoir une livrée. C'est donc
l'institution de la noUesse que vous attaquez dans son principe.
Je demande que, si on veut traiter cette question» elle soit
ajournée à une séance du matin.
M. de Monîmorency. Je ne sais, Messieurs» si c'est le talent
très-remarquable du préopinant» ou mon inlFériorité que je sens
mieux que tout autre» qui m'empêche de songer à la réfuter.
Mais il me sembleque j'ai un motif aussi vrai » plus étendu et plus
déterminant dmis mon profond respect pour l'assemblée natio-
nale» pour cette déclaration des droits qui l'a tant honorée» et
qui » malgré toute l'éloquence de M. l'abbé Maury » efface de
notre Gode constitutionnel toute institutiou de noblesse.... C'est
l'ardeur avec laquelle je m'associerai toujours à ces grands et'
étemels principes qu'elle n'a cessé de professer» de consacrer et
de propager par ses exemples et par ses décrets. Je me bornerai
donc à une chose plus simple et plus utile que dé réfuter M. l'abbé
Manry.Je lui fournirai au contraire une nouvelle proposition à ré"
T. VI. 19
'i90 ASSEMBLÉE NAtlôNALK.
futer. Jenesuispasbiensûrqo'elleait échappé à la juàricé despirè-
opinans; car lorsqu'on pareil sujeta été traité pendant quelques iûs-
tàns dans une assemblée telle que l'assemblée iiàtionaley (;elui qui
a eu le malheur d'y être arrivé quelques ininutes trop tard doit
craindre de trouver lechamp complètement moissonné.Si la vaine
ostentation des livrées a excité le zèle d'un des préopinans, je dé-
mande que dans ce jour deranéantissement général des distine-
tions anti-sodales qui » quelque vaines , quelque puériles qu'elles
puissent être » contrarient tos principes » l'assanblée n'éporgile
pas une des marques qui rappellrat le plus le système fiéodâl et
l'esprit chevaleresque; que toutes les armes et armoiries soiait
abolies; que tous les Français ne portent plus désormais ^ue les
mêmes enseignes, celles de la liberté^ lesqudltes désormais se trôîh
vent fondues avec celles de la France.
If. le comte de Faucigny. le réclame l'exécutiôb dé^ dédrè^ de
l'assemblée nationale, qui disent qu'on né peut porter de dëûrets
constitutionnels dans une séance du soir.
M. Bamave. Je demamle qu^'on juge sans désemparer.
M. de la Fayette. Après quelques observaiions , noiiè séroHis
tous d'accord. Il ne s'agit pcrint d'un nouvel artidë cim^îfu-
tionnel, mais d'un décret réglementaire, suite de la CôUstltiitidkî.
Nous ne viendrions point perdre à ces objets les séance du matin
destinées à la constitution , tandis que nous ne feisons id qii*en
déduire une conséquence nécessaire.
M. l'abbé Maury demande la parole. — On observe qu'il quitte
la tribune. — Quelques instans se passent dans le tumulte.
M. Alexandre de Lameih, Après lés réflexions qui ont été fftitËs
par plusieurs personnes, je me borne à demander la destruotîoo
de tous les emblèmes de la servitude, tels que ceux qui sont aux
pieds delà statue de Louis XIY , à la place des Victoires, et qu'ils
soient remplacés par d'autres qui rappelléntles principaux évâiè-
mens de notre heureuse révolution. On peut décréter le principe,
sauf la rédaction.
iL le marquis de FoucuuU. Quelque parti que l'on adq[>tey scit
qu'on détruise ton^à<4iait les emUèmes de la servimde, aoit qii^M
nm (1790) 991
lem* en $8bMtûe d'autres qui n'offensent pas les regards, il faut
iMefi prendre garde qu'avec les emblèmes on né veuille en môme
lioipa détruire les édifices. Je demande donc que cette exécution
a0il eoofiée à de6 gens de l'art , et qu'en attendant on mette spé*
fBicdement ces emblèmes sous la sauvegarde de la loi.
Jf; k coMe éê Monikmier profère quelques paroles que le tu**
«nke empêche de recueillir.
M. Prieur. J'appuie la motion de M. Alexandre de Lameth ;
maifl je né suis pas comme lui de l'avis de substituer aux fi{;ures
de là pbCe des Yictoires, des inscriptions qui rappellent les évé-
aemens de notre révolution. Je demande qu'on y mette les attri-
fiat» des arts qui ont fleuri sous le règne de Louis XIV.
M.BxmehoUe. Jedi^naande que ces monumens soient éottservéis
soigneusement pour servir de modèles à nos artiste^.
Mi k corne de MtMlat^ier. Il n'est pas plus penkiis de falsifier
d€B nonumens que des cbàrtes. Si l'assemblée ôrdokine qli'il soit
détaché quelques parties de celui de la place des Victoires, je
dimande qull «oit dressé procès-verbal de l'exécâtiott de ce
-étfcrél;
Mi BûUtàe. le demande la question préalable sur lès àmende-
mens, ^ qu'on décrète le principe; sauf les remplacemens.
M.ét SUtèry. Dans le moment où nous soilàmes, les l'ois û'ont
fittft de querelles particulières. Je demande que la légende qiii
M empreinte sur les canons , uliima ratio regum , soit effacée.
JE. Ltwiei €omme l'on me paraît embarrassé pour savoir ee
épie Ton mettra à la place des emblèmes de servitude qui doiveât
être détruits , étant fils d'un réfîigré , je demande qu'on y ihe^
&I irëvoéation de l'édit de Nantes.
Tt>uÀ les amendemens sont rejetés pat* îa question ptéalabte,
et h. imotfon de M. Alexandre de Lameth est adoptée , sauf Ëi tsS-
Alctioit.
À €hapelie^. 3t vais vous proposer , sur la seconde motibii ,
ni décret de rédaction , qui me pairait renfermer toutes \èè pfCh
poMom qai ont été faites, c L'assemblée nationale , considé'ràfAt
qtte b n&l^Sé Uêréditaîre , ûée de là féodaDté, né peut mlh
29i ASSEHBtfiE NÀTlOIlALfi.
sîster dans un État libre dont la constitution est fondé sur Féga*
lité des droits ; décrète que la noblesse héréditaire est pour tou*
jours abolie en France : qu'en conséquence les titres de marqms,
corne f ptince fViconUe y duc y vidante ^ baron, ckevaKer, messUre^
écuyer, noble, et tous autres titres semblables, ne seront pris par
qui que ce soit, ni donnés à personne ; que tous les citoyens ne
pourront prendre que le vrai nom de leur femilleet leur nom pa-
tronimique; que personne ne pourra porter ni faire porter de
livrée, ni avoir d'armwies; que l'encens ne sera brûlé dans les
temples qu'en Thonneurde la Divinité, et ne sera offert à qui que
ce soit ; que les titres de monmgneur et demcjsrfjmcuw ne seront
donnés à aucun individu , ni à aucun corps. » — On démande
l'ajournement. — Cette proposition mise aux voix est rejetée à
une grande majorité.
Jlf. le marquis d'Estourmel. Je demande par amendement..^ •
Jlf. le comte de Faucigny. Un gentilhomme ne propose pas
d'amendement.
M. le marquis d'Esiourmel. Je demande paramendemoit, que
la faculté de porter trois fleurs de lis en champ d'azur sok con-
tinuée au roi des Français pour servir de marque caractëristiqne
aux pièces sur lesquelles il fera apposer le sceau national,
ilf. Cabbé Maury. La lecture du projet de déoret prouve à
; chaque ligne , à chaque mot, combiai il a besoin d'être amendé.
Ou dit que la noblesse est née de la féodalité : o*est une extrême
.ignorance. La noblesse existait 200 ans avant les fiefa.... (D s'é-
lève des murmures. On interrompt en dissmt : lisez Mably.) Je
, dis que la noblesse a existé dans le royaume avant les fidEs. r-*
Avant la. conquête du royaume par les Francs, la noUesse héré-
ditaire existait chez les Gaulois. Lisez les Commentaires de César ^
..vous y verrez les noms des premiers Gaulms déjà célèbres dans
la nation par leur noblesse.... Je dis, et je supplie ceux qui doi-
vent me réfuter, de m'entendre.... César dit qu'il a toujours
battu l'infanterie des Gaulois , mais jamais , leur cavalerie , parce
, que la noblesse ne servait que dans la cavalerie.... L'ordre de^ la
chevalerie existait dans les Gaules ; s'il n'eut pas exisié f 1^ . Bo-
WN (1790) 29S
mains Faurai^t établi, parce que les chevaliejrs étaient distingués
à Rome des patriciens et des plébéiens.... Je suis dans la ques^
tion 9 quand je prouve que rassemblée se déshonorerait en avan*-
çant dans son décret des faits inexacts, la question de l'institution
de la noblesse....(Ondemande à aller aux voix.) Je dis qu'il n'est
peitt-étre pas sage de détruire sans discussion nne institution aussi
ancienne que la monarchie.... (On d^scrve que la discussion ne
peut, être reconmienoée.)'
M. Btmehotte. Je défie M. TaUbé Ifeury de pix)iiver qu'avant
850, lors de raSEublissement d'une race de nos rois , il y ait eu
mt ordre en France. Quand les Francs sont venue eu France ,
ib étaient tous égaux : its ont rendu les Gaulois égaux, et non
esclaves.
MAe nuirquu de Lencâme. Je déclare nôn-seulement ne pou-
voir adhérer à la délibération qui pourrai se prendre.... (On in«
terrompt par deç murmuras.)
M. le comte de Yirieu, Je crois devoir vous inviter à des pré-
cautions de i^rudence dans le cas pii ce décret passerait à l'affir^
mative ; ce que je suis loin de présiiiiier. Un décret i^endn avec
l'activité de celuÎH» se répandra prom^laqienti et les peuples
l'adopteront avec la môme chaleur : votre intention n'est sûre*^
ment pas, quel que soit le décret, qne vous jugenezooii viable
de rendre, d'exciter le peuple à des mouvisnens d'effervescence
dont vous auriez àgémir : or, daignez observer quedanstemomeitt
oii vous décréterez la destruction^lesattributs de la statue d'un de
no$ rois, dans le moment oii vous croirez devoir décréter l'abolitioui
de la noblesse héréditaire, la proscription des livrées et des ai^
PAoiries, le peuple pourrait s autoriser de votre décret. Prenez
garde qu'il n'aille porta' une main eff(E|jrvescente sur les armoiries
qui décorent les châteaux, les ^lises, les tombeaux. Je vous
prie de considérer comt^ien il est essentiel d'étaUir des v%U^
d'après lesquelles votre décret sera exécafé ; car vous ne vottdse;^
pas que votre décret porte partout le désordre, et j'oserai le dire,
piii8C|u'U est question d'églises et de tombeaux , le sacrilège. Je
wiis siipptiede prendre en coo^déiation, en sérieuse considéra-
flMr ÀSSEHBI46B NATI09ULE.
tioB , robservation que j'ai rbonneur de tous louiDettfe. Vos li^
orets ne doivent jamais s'exécuter par la vioieDoe du peuple ,
mais par des formes légales. Il fout se garder d'exalter la
ebaleur populaire dont nous ayons tant souffert : c'est elle , j'o^
le dire» qui a déshonoré une révolution.... (Il ('élève beaucoup
de murmures) révolution qui ne doit, exister que par Tordre;
le désordre l'anéantirait.... Je ne puis m'empâcber de marquer
mon étonnement des mouveroens qu'exaltent une ûbservatioa ai
sage : je ne puis revenir de mon étonnement, de oe que d*bo-
«GHrables membres se permettent de dire autour de met : t il
feut que cela soit.... > (Quelques membres placés auprèa de
la tribune» font eatendre ces mots ; < On i^'a pasdit cela. 1) ià
voulais proposer que le comité de constitution fût chargé de ré:*
dîger d^ns nies vues » un article que la brièveté du tesips. œ nous
permet pa$ de préseuter*
M. Lanjuinais. Il est nécessaire d'ajouter au projet dft décret
la probibiliou des titres d'Akate, de Grotideiir » d!ExeeUwiice et
d*Efnineme^
M. Friuau. J'adhère à toutes le$ vues qui sont présentées ; et
je r^rdo' le décret proposé oomme tellement attaché à ia révo*
kition» que la prineipale disposition, la suppression de la noUessè
héréditaire, esi en towtes leiiras dans le procèSrverbal de la nuîl
du 4 aoto; mais je orois devoir aussi appuyer la réflexian pteiaè
dt pradenee fiiiie par il* de Virteu. Le respeec dft auit lomhoaM
et ou Mevx saints n'est pas la seule eoasldëratiéa qui doive dëtei^
nioer à faire un amendement an décret; c'est m vertu d'une f^
flexion plus touchante, quejedemaode qu'il soit ajouté une dispost-
tiofi partibulière à l'abolition des livrées. «Si vous ne ixez pas Té*
poquede l'exécution dudécret, vous pouvez vonsaftendreà detrès»
grands inoonvéniens... (L'orateur estjnlerrompu parles murmurel
delà partie droite, et les applaudissemens de la partie gaucAe)-. H
}ieuiarriver qu'une^ foule de ckoyeDe , car dea hommes de Ikféè
aontdes eitoyeos, s'ils ne sont pas des dlôyens actifs» ihledoriSB-
dront ; il se pouprafk qu'ils fussent insultés^ si ceux qjui nourriaeeM
des citoyens utiles n'avaient pas le temps de leur ftiirè Adre des
JUIN (1790) 39$
babits différeiis; il faux bisser un délai raisonnable qui 01e pa-
rait devoir être d*un mois. (On demande que le délai soit, fixé
de ce jour au 14 juillet.) J'adopte cette proposition. Je demande
9iissi que Texécution de la disposition qui concerne les armoiries
ne soit fixée à aucun temps. Je propose donc un amendement en
ops termes: c Sansque^sous prétexte du présent décret, aucun ci-
toyen puisse se permettre d'attenter aux monumens placés dans
les temples 9 ni à la décoration d'aucun lieu publie ni privé, et
sans que {es dispositions relatives aux livrées el armoiries puis-
sent être suivies ni exigées par qui que ce soit, avant le 14 juil-
let, pour la ville de Paris» et av^int trois mois pour les prp-
vioces. »
M. le comte de JjondenbergJVagenbourg. En 1789, c'est pour la
première fois que la noblesse d'Alsace a eu l'avantage et l'hon-
neur de se réunir à la noblesse fi*ançaise. Mesco;nmeltans m'ont
djl : Rendez-vous à cette auguste assemblée; mais par votre pré«
sence n'ai|torisez rien quLsoit contraire à notre donneur et à nos
droits. Je lei» çopfiaissqjetssoumis^ îlsverj^endeut tout leur sang
pour leur roi ; je les connais , ils me désavoueraient ; ils me trou-
ver^ûenï ind^e de reparaître devant eux, si j'avais par ma pré-
se^çe autorisé cette délibération par laquelle ils pourraient se re-
gSffder comnie grevés. Je qie retire donc la douleur dans l'âme »
çt 1*00 doit bien m'en croire; je me retire , et f irai dire a mes
çoQunettans : soye^ soumis à toutes les loit de l'assemblée natio-
nale : ils seront soumis ; mais ils sauront qu'ils vivant avec le sang
avec lequel ils sont nés, et que rien ne saurait les empêcher de
vivre et de mourir gentilshommes.
Jtf • Beu'beL Dans les dernières guerres de Hanovre il y avait
qi|ar^nte Oéilla Alsaciens qui servaient le roi , ci parmi c^ qua-
rapt^ JDpjlle liommes il y avait cinquante gentilshommes.
jy.... La nH|»si9n qui m'a été donnée étant contraire- à l'issue
probabjede votrç délibération...
pu demande à aller aux voix. — MM. le marquis Dambly , le
ipari^uis de Digoine du Palais, le président de Grosbois, le comte
d'Egmont et beaucoup de membres de la partie droite s'élancent
296 ilSSEMBLÉE NATIONALE.
à la tribune.^ On demande à aller aul voix.— MM. les marquis
Dambly , de DJgoine » etc.» parlent avec chaleur, lèvent la main
droite 9 la dirigent vers te président. — Les propositions de
MM. Chapelier, Lanjuinais et Fréteau sont mises en délibé-
ration.
MM. GrosboiSy Digoine, Dambly» veulent encore se Êiire en-
tendre. — Le décret est rendu , et les applauâissemens des speo^
tateurs couvrent leurs voix.
Une députation de citoyens de Paris est introduite dans la
salle; on porte devant elle une plaqué de bronze surmontée d*une
couronne de chêne, et sur laquelle est gravé le serment prête par
l'assemblée nationale au jeu de paume le 90 juin 1789; Un de
ces citoyens lit une adresse, dans laquelle il expose les senti-
mens de la société au nom de laquelle il parle , et annonce que
demain , jour de Tanniversaire du serment par lequel les députés
ont juré de rendre la France libre, ce monument sera porté rdi-
gieusement dans le lieu consacré par cet acte mémorable.
La lecture de cette adresse reçtût de très-grands applaudisse-
mens. *
M. le président répond à la députation : L'assemblée nationale
avait juré de ne pas se séparer que la constitution ne fiiït achevée;
elle a tenu ce serment , elle le tiendra ; je le rairàvelle en son
nom.... La France sera heureuse; le but de l'assemblée kiatio-
nale sera rempli , et le monument que vous allez élever sera
Tautel autour duquel se rallieront tous les amis delà liberté.
Les applaudissemens recommencent > et l'assemblée décrète
par acclamation que le discours prononcé par Torateur de la dé-
putation sera inséré dans le procès-verbal.
M. le président annonce que le résultat du scrutin pour Tâec-
tion du président n'a donné à personne la majorité absolue.
MM. le Pelletier (ci-devant de Saint-Fargeau); Bonnai (ci-de-
vant le marquis de); Treilhard; Ritiuetti l'aîné (ci^lèvant de
Mirabeau l'aine), ont réuni le plus grand nombre de suttrages.
MM. Delley (ci-devant de Delley d'Agicr), Populus et Robes-
pierre, sont nommes secrétaires.
JUIN (1790) 297
La séance est levée à onze heures au milieu des applaudisse»
■
mens et des cris d'allégresse.
M, révêque de Dijon s'approche du bureau , et déclare qu'il
donné sa démission»
Voici les décrets votés :
Premier décret. < L'assemblée nationale décrète que la no-
blesse héréditaire est pour toujours abolie en France ; qu'en con-
séquence les titres de marquis, chevalier, écuyer, domte, vicomte,
messire, prince, baron, vidame, noble, duc, et tous autres,
titres semblables, ne pourront être pris par qui que ce soit , ni
. donnés à- personne; qu'aucun citoyen ne pourra porter que le
vrai nom de sa famille ; que personne ne pourra foire porter une
livrée à ses. domestiques, ni avoir des armoiries; que l'encens ne
serabrùlé dans les temples que pour honorer la Divinité, ni offieart
à qui que ce soit; que les titres de monseigneur et messeigneurs
ne seront donnés ni à aucune corps , ni à aucuns individus^ ainsi
quQ tes litres d'excellence, d'altesse, d'éminence, de grandeur.
€ Sans que, sous prétexte du présent décret, aucun citoyen
puisse se permettre d'attenter aux monum«is placés dans les
temples , aux chartes, titres et autres renseignemens , iiuéressant
les familles ou les propriétés, ni à la décoration d'aucuns lieux pu-
blics ou privés , et sans que l'exécution relative aux livrées et aux
armoiries placées sur les voitures, puisse être suivie ni exécutée
par qui que ce soit avant le 14 juillet pour les dtoyens habitant i
Paris, et avant trois mois pour les provinces.
» Ne sont compris dans les dispositions du présoat décret tous
les étrangers, les^els pourront conserver les livrées et M^
moines. »
Second décret. < L'assemblée nationale conddérant qu'à l'ap-
proche du jour qui va réùùir tous les citoyens de l'empire pour
la fédération générale , il importe à la gloire de la ^lion de ne
laisser subsister aucun monument qui rappdie des idées d'escla-
vage, affligeantes pour les naUons et pour les piwinces réonies
au i-oyaume ; qu'il c^ de la dignité d'un peuple lîtoe de ne consa-
crer que des actions jugées et reconnues grandes et utiles , a dé*
1
9S ÂSSEMBLiE NÂTIOICALE.
crétë et décrète que les qaatre figures enchaioécs au pied de la
statue de Louis XIY seront enlevées avant le 14 juillet prochaiO|
et que le présent décret, après avoir été sanaionné par le roi y
sera envoyé à la municipalité de Paris pour en suivre Texécu-
tion. »
Inviolabililé de* députés à Rassemblée nationale.
Cette question fut mise en discussion nullement comme nue
conséquence lo^pque des travaux précédens ; elle fut un aoeSdent,
die en a donc tout l'imprévu. Elle se rattache plu6 aux troubles
des provinces , qu'aux principes de la constituante.
On apprit le 17 juin ,^ que le vicomte de Mirabeau qn'on n'ap*
pda bientôt plus que Riquetti le cadet , et qui cumulait avec le
tilre de membre de l'assemblée celui de colonel du négiment de
Tfmraine, en garnison à Perpignan, avait été arrêté, fuyam cette
derldère liUe, à Gastelnaudary. Voici le feit en quelques mots :
Le vicomte était parti avec un congé de l'assemblée nationale, et
une lettre du ministre pour remettre l'ordre dans son régiment.
Celui-ci, en effet, avait chassé plusieurs de ses oiBcters soupço»»
nës^d'aristocratie, et s'administrait lui-même. En ce feisànt, an
reslie, il avait suivi l'impulsion de la population : aussi a^it41 été
admis par la municipalité à prêter le serment civique; et il foisait
sera service avec la même régularité qu'auparavant» Lorsqu'il ap*
prit l'arrivée de son colonel , et son intention de rétablir dans
leurs fonctions les officiers expulsés, il lui envoya une députation
pour le prier de coqsuher auparavant le r^pment assemblé. Cette
dëputati(m fut repoussée par M. Riquetti et quelques c^ficicars, et
trois députés furent blesses. Alors les soldats prennent le&armes:
on Vent leur oppo^r le régiment de Yermandois quittait enl^r-
ilison dans la même ville, celui-ci se retira. Les cito^Tus se un^
\mi aux ^soldats. Le colond prit la fuite , ei]^)oruint les era^atea^
des drapeaux de son régiment, qui.étaiait dépo^ à la fftréi
du wair/e» Lor^ùe les. soldats (Je Touraine se furent aperçus de
cet enlèvement » ils se saisirent du mai;*e et le gardèreujt en {f^q
à U eitadeUe. Alors la municipalité écrivit aux coinqiunfs yoj*
lum (1790)
W^ qu-0& arrêta le fugitif; et cela liit fsàt ainsi que nous
l'avons dit.
L'assemblée instruite de ces événemens ordonna d'abord que le
maire fût remis en liberté ; ensuite, à la séance du 18, elle ordonna
que M. Mirabeau cadet parût à rassemblée et que le comité des
rapports fût saisi de Taffoire. A cette occasion, Tabbé Maury et
H* Malouet se plaignirent vivement de la presse; ils Faccusèr^t
d'être la première cause de ces faits. M. Slalouet dénonça nom-
méaij^ les Révolutions de France et deBrabanu En effet, qud;?
ques journaux s'étaient égayés sur le départ du vicomte , et pin-
ceurs l'avaient dénoncé comme une conspirsition. '
Quelque temps après, le* ^6» l'assemblée vit paraître à sa
barre une députatiun du régiment de Touraine , et une autre de
la garde nationale de Perpignan. La première venait justifier le
œrps et protester de son dévouement ; la seconde venait appuyer
cette justification. Le Jendemain, Riquetti le jeune vintse justifia
à son tour. La décision fut cependant encore renvoyée, bien que
son frère fût venu recommander l'indulgence , ep demandant et
eu obtenant que le colonel parlerait à la tribune.
Pendant que cette affeire se traitait, une autre toute sead>lable
eot lieu. Ncus' (exposerons dai^s son intégrité , tant à cause de te
omplasion à bqueUe die donna lieu, que parce qu'die est liëe^
80U6 plusieurs riqpports, ^vec celle du vioomte de Mirfd>eau » et
fpi'eHe l'explique. .
SÉANCB BU 25 jum.
M. VoydeL Le 17 de ce mois, le procureur du roi de la sëné-
cfaaussëe de Toulouse v informé par la rumeur publique, que des
étrangers qui se tenaiei^t ^ tant à Toulouse qu'à la campagne , se
donnaient des mouvemens pour occasionner une insurrection » et
qo'Us porta^nt leçrs menées jusqu'à gagner pgr argent les lé-
gsonnasreç , dans la vue de s'opposer à la fédération partieuli^
qm doit avoir lieu à Toulouse le 4 du mois prochain , et de ran^
Bor les choses au point où eltes étaient avant la constitution , ren»
dit pfaÛBte. Le même jour trois témoins furent entendus*
MM. Ouittard et Glément, légionnaires, répondirent uniforme-
300 ASS£NBJLÉ£ NATIONALE.
ment que, s'étant rendus au château de Blagnac, ils demandèrent
à être introduits dans Tappartemeut de M. Lautrec : tous deux
furent parfaitement accueillis. M. Guittard se fit connaître pour
avoir servi dans le riment de Condé-dragons que commandait
^. Lautrec. M. Lautrec leur dit que Tenlèvement des biens du
clergé et des privil^es de la noblesse réduiraient le peuple à la
mendicité, que M. Donzier, général des légions toulousaines
était un drôle; que si on voulait le nommer à cette place , il irait
habiter Toulouse. M. Guittard lui ayant dit qu'il croyait l'avoir vu
à Montauban dans le temps des trouUes , il répondit qu'il s'y
était trouvé en effet ; qu'il y était resté pendant peu de jours »
mais qu'il s'était retiré à cause des désagrémens donnés à M. de
La Force, son ami. M. Lautrec leur demanda s'ils pouvaient lui
procurer âOO hommes ayant servi ; que ces honunes seraient bien
payés. Il montra alors un grand filet rempli de louis » qu'il offrit
aux déposans et qu'ils refusèrent. Il leur dit ensuite qu'avec ces
900 hommes et 600 autres qu'on soldait , il ferait une [troupe de
800 hommes capables d'empêcher la fédération du 4 juillet, et
que les nobles feraient vivre ceux qui s'attacheraient à eux. U
montra des lettrés de MM. Dubarry, Yitàlis, etc., qu'il leur dit
être de bons catholiques ; qu'on pourrait s'incorporer dans les
l^ons malgré la municipalité; qu'il pourrait être nonuné par
cette troupe ; qu'il n'irait pointa Barrj^ et qu'il reslermt à Tou-
louse. M. Guittard a aperçu pendant la conversation un particu-
lier d'une taille fort élevée , vêtu d'une redingote grise , etc. ,
il soupçonne que c'est M. le duc de La Force ; cet homme
s'étant apei*çu qu'on le fixait , avait disparu. — Votre comité ob-
serve que M. Clément a dit qu'il croyait que c'était le duc d'Au-
mont.
On observe qu'on a voulu dire Gaumont, parce que c'est le
nom de M. de La Force. Mais je ne puis lire que ce que porte l'in-
formation.— M. Guerry dépose qu'un particulier s'étant arrêté
devant sa boutique pour attendre sa voiture, il lui proposa d'en-
trer; que ce particulier, qu'on lui dit être M. Lautrec^Toulouse,
ImI fit plusieurs questions sur les légions toulousaipes^ et que.
sur ce qaè M* Goerry loi dît que dans la sienne, composée de
deux mille h<»nmes ». il y en avait i700 sur lesquels on pouvait
compter, ce particulier lui témoigna une grande surprise. Sur les
oondusîons du procureur du roi , un décret de prise-de-corps à
été décerné le i7, par la municipalité. Le 18, un détachement de
la garde nationale se transporta au château de Blagnac; M. Lau-
Ivec-Toulousese rendit au commandant de cette troupe* Le i9 ,on
procéda à l'interrogatoire. L'accusé , sans préjudice de ses droits
et qualités de député , déclara être arrivé de Castres le iO de ce
mois, et n'être venu que deux foisàToulouse faire visiteàMM...,
qu'il a dtné chez M. Dubarry.... Pour ne rien omettre à la dé-
charge de M.Lautrec, je vais lire fa suite de son interrogatoire*
Interrogé si , Iel7, vers les sept heures du matin , il avait reçu
deux citoyens au château de Blagnac, M. Lautrec a répondu
qu'un domestique du château lui était venu annoncer deux hom-
mes qu'il avait fait entrer; que l'un d'eux lui avait dit avoir servi
sons lui dans le riment de Gondé , dont il avait été colonel , et
que son nom de guerre était la Jeunesse. S'il n'a parlé à aucun
citoyen de Toulouse sur la confédération proposée pour le 4 juil-
let : a répondu qu'il n'avait jamais parlé contre la confédération ,
et qu'il en était d'autant plus éloigné, qu'il avait lu la veille un dé-
cret de l'assemblée nationale qui l'ordonne. S'il est vrai qu'il a dit
queM.Donzier, général des légions toulousaines, était un drôle: a
répondu que non-seulementil n'avait pas parlé de cela, mais qu'il
. reconnaissait que M. Donzier remplit avec intelligence la place
qu'il occupe. S'il n'est pas vrai qu'un des deux citoyens lui avait
. dit qu'il l'avait vu à Montauban lors des troubles qui avaient agité
^ cette ville : a répondu qu'il y avait été loiag-temps avant les der-
.niers troubles, et qu'ayant été informé par le maître des postes
. que la fermentation commençait dans la ville , il partit et fut cou-
,dier chez sa fille, à Saint-Sulpice ; qu'il était très-possible qu'il
.pouvait bien avoir vu le citoyen dont il est question ci-dessus,
mais qu'il ne liû avait point parlé de M. de La Force avec lequel il
n'est point lié. S'il n'est point vrai qu'il a [Proposé aux deux ci-
. toyens de lui procurer deux caits honmies pour empêcher lacon-
lOS ASSSnLte NAnONALE.
fédératita; qu'il en aYâit d^à six céots» ete. : vép&bé fu'il dé*
oie rinterrogatoire en tout point. S'il ne lai a pas mmtté un filél
rempli d or» en disant » prenez toujours : a répondu qu'il dëms
aussi l'interrogatoire. S'il n'avait pas montré une leture de MM. Yb
talist le comte Jean Dubarry» qu'il leur dit être les meilleurs ci-
toyens-catholiques de Toulouse : a répondu qu'il ne coaaait pi$
M. Yitalis ; qu'il connaît M* Dubarry , mais qu'il dénie les pc«*
pos qu'on lui attribue , ainsi que les propositions d'empédier la
confédération. Si pendant la conversation il n'a pas paru on trei-
^ème d'une grande taille » sourcils Uonds , ete, ; si oe n'est poitt
M. le duc de La Force :a répondu qu'il croyait que c'était M. de
La Rivière le fils qui se trouvaifdans le château, et qui passait dai»
k salle de billard.
. K'ayant plus d'interpellation à faire à M. Toulouse-Lautrec, il
nous a lui-même interpellé de dire s'il y avait un dénonciateur :
il protestait contre toutes dénonciations. Nous lui avons répondu
ique nous ne connaissions que la requête en plainte contre eeax
qui OKtitaient des mouvemens contre la tranquyiité publique.
Oidi f^it ensuite lecture d'un acte signifié à la requête de M. k
procureur éa roi h M. Toulouse-Lautrec , par leqild on Im aih
nouée qu'il n'a pas de dénouciateur, et que s'il en âvâil eu Un , il
itti aurait été nommé.
M. Voydd. L'interrogatoire ayant appris à la munictpàli^ que
H. Toulouse-Lautrec était député à l'assemblée nationale, elle t
crû devoir suspendre l'instruction , et vous ^voie l'adresse dent
il va vous étw fait lecture.
Extrait de l'adresse. Notre zèliepoiir le maintien de la oonltitUr
tion nous a obligés de faire informer contre les antenrs deSDMMH
vanens qui paraissaient se manifesta dans nôtre vâle. Bf . f^
louse-Lautrec a été chaîné par les dépositions, et nous l'avons
décrété. Ce n'est que lorsqu'il a déclaré sa qualité de dilaté i
f assemblée nationale , que nous avons suspendu toute informa-
tion, et que nous l'avons mis sous la sauvegarde de la loi, pour,
d'après vos ordres , le renvoyer à tel tribunal qn^î! vous plaira
d'indiqua*. Daignez iious instruire promptement dé vos iréscM-
nsm (1790) 36$
tiètis. Le traitement fait au prisonnier répond à la dignité de son
eàractère: il est dans une chambre de la maison commune, gardé
fOT un piquet de la légion patriotique.
On feit lecture d'une lettre de M. Lautrec à M. le président de
l'assemblée nationale: il y expose les faits dont il a rendu compte
dans son interrogatoire, et sollicite les bontés de l'assemblée n$i«
tionalè.
Jlf. VoydeL Si vous aviez. Messieurs, à juger comme tribunal,
sur l'accusation portée devant vous, il faudrait examiner dans
l'état actuel de la procédure, si malgré la gravité de l'accusatioa,
l'uniformité des dépositions faites, les visites extraordinaires dont
TOUS venez d'entendre parler ne jettent pas du louche sur l'accu-
sation , si les probabilités qui militent en faveur de Taccusé ne
peuvent pas balancer le témoignage de deux personnes qui , il est
vrai , ne sont point encore reprochées. Mais votre comité a pensé
que cette discussion était étrangère : feire des lois , voilà quel est
votre ressort. L'application appartient au pouvoir exécutif. Quels
que soient les faits dcmt M. Lautrec est accusé , il vous faut tra-
cer la route, et les juges la suivront. C'est la loi et non pas l'assraa-
blée législative, qui doit prononcer l'innocence de l'accusé. Une
grande question se présenterait à votre comité : jusqu'où s'étend
Thiviohibiiité des membres de l'assemblée nationale. La brièveté
du temps lie nous a pas permis de la développer. On a sagement
établis que, libre de tous soins, dégagés de toute crainte, les élus
du peuple pourront se livrer à l'activité de leur zèle, entourés de
r&iviolabilité comme d'une égide redoutable. La nation leur a dit:-
t Je me repose sur vous du soin de mon bonheur ; distinguez-
vous par votre activité, votre ardeur à me défendre, comme je
TOUS distingue par une surveillance particulière ; mais si vous em-
ployez les armes contre-moi-méme , je vous livre à la vengeance
4es lois que vous avez méprisées. » C'est à vous qu'il appartient
de prononcer dans quel cas un de vos cc||lègues doit être jugeable;
et alors il lui reste encore toutes les ressources de la loi: c'est des
crimes des hommes et non des atteintes de la loi que la nation
doit garantir «es mandataires.
S04 liSSElIBLÉE NÀTIONALfi..
Voici le projet de décret que le comité des recherches a Thon-
near de vous présenter : c L'assemblée nationale décrète que
M. Lautrec, légalement prévenu d'un délit , ne doit pas jouir de la
garantie de l'inviolabilité; charge son président de se retirer par-
m
devers le roi , pour le supplier d'ordonner que l'information com-
mencée par la municipalité de Toulouse , sera par elle continuée
jusqu'à jugement définitif exclusivement, pour le tout être aasuite
envoyé au Ghâtelet.
M.Ulmbly (ci-devant marquis d'). Je ne m'attendais pas à être
obligé de justifier un ancien ami avec lequel j'ai servi pendant
cinquante ans , qui a donné des preuves de loyauté en toutes oc-
casions , et qui est incapable de sourdes menées. Par qui est-il ac-
cusé? Par deux hommes qui viennent le cjiercher dans un châ-
teau ; et c'est pour cela qu'on arrête un député , un vieux militaire
gui a quinze blessures sur le corps. <]lomment peut-on croire que
M. de LautreCy qui est militaire , puisse aller offrir de l'argent?
En a-t-il d'abord? M. de Lautrec offre de l'argent à deux hommes
qu'il ne connaît pas; il leur fait des confidences : cela tombe-t-it
sous le bon sens? Un écolier de dix-huit ans se comporterait-il
ainsi ?
Si un vieuxmiiitairevoulaittenterun projetdecontre-révolation,
ce qui est impossible, et je ne sais même pas comment on peut le
soupçonner dans une assemblée pleine de lumières conune celle-
ci : il n'en connaît qu'un qu'il croit reconnaître , et il lui ti^t une
conversation fort longue. Vous connaissez Lautrec, il n'est. pas
long dans ses discours. S'il arrivait un courrier extraordinaire »
qui nous annonce que Lautrec est à la tète de quinze cents gen-
tilshommes ou autres , je dirais : oui cela se peut. Mais des me-
nées sourdes.... Lautrec.... Gela n'est pas possible. Je. n'ai plus
qu'un mot à dire : quand Lautrec est parti , il vous a dit : c Soyez
tranquilles ; je vais chez moi, et vous pouvez être sûrs que je diiiai
du bien, même du dbte gauche. » Souvenez-vous de cela. Lau-
trec est infirme , vous le savez tous ; il ne peut pas marcher : il
va aux eaux, il en a besoin. Je voi^s le demande, et je vous de-
luiN (1790) 30S
mande cette grâce de tout mon cœur : qu*il aille aux eaux et je me
eoDStitue prisonni^. (Vifs applaudissemens.)
ifJIf. LarochefoucauU et Gto'ot se succèdent à la tribune ; ils
parlent sur le ridicule de la confidence et de Taccusation.
Mi de Robespierre. Je viens invoquer en foveur de M. Lautrec,
ou plutôt des représentans de la nation , les premiers prin-
cipes.du droit public y sur lesquels reposent la liberté et Tintérét
national. Je n'examinerai pas les indices qui ont pu déterminer
à^ lancer un décret contre M. Lautrec. Il est impossible, sans
renoncer à toutes les règles d'une bonne constituticm , sans ren*
verser l'édifice dé la liberté publique, de supposer qu'un tri-
bunal quelconque puisse, sans avis préalable des reprjésentans
de la nation , décréter et juger un député. Qu'est-ce que l'invio-
labilité? Ce n'est point un privilège, et cependant c'est quelque
chose de plus que le droit commun des^antres citoyens. Il est de
principe qu'aucone* puissance ne doit s'élever au-dessus du corps
représentatif de la nation , qu'aucun corps ne peut décider des
destinées des représentans.... Mais, dira-4-on, s'ils sont coupa-
bles, ils doivent être punis ; oui, sans doute. Il fout réduire la
question à ce point. Peut-il exister un tribunal qui puisse déda-
rer coupables les représentans de la nation? Si l'on répond affir-
matiyment^ il est évident que ce tribunal sera l'arbitre de leur
destinée. S*il ne peut décider de leur sort, sans forme de procès,
il le pourra avec d^ formes et par elfes jugemens iniques, et Tin-
viohbilité détruite , l'indépendance des représentans de la nation
n'existe plus.... (Il s'élève des murmures.)
M. Fréieau. Il n'y a pas d'assemblée nationale , si ces prin-
cipes sont faux.
M. Robespierre. Pour que les représentans de la nation jouis-
sent de l'inviolabilité , il faut qu'ils ne puissent être attaqués par
4ucun pouvoir particulier : aucune décision ne peut les frapper,
si elle ne vient d'un pouvqjr égal à eux^ et il n'y a point de pouvoir
de cette nature. Il existe un pouvoir supérieur aux représentons
delà nation, c'est la nation elle-méaie. Si elle pouvait se rassem-
bler en corps, elle serait leur véritable juge,... Si vous ne con*^
T* VI. 29
sou ASSEUBLiK flATiONALB.
sacres ces principes , tou( rendes le cerpi4égisktif 4épeiidaiil
d'un pouvoir inférieur qui, pour le dissoudre « s'aurait qu'à dé*
créter chacun de ses membi'es. Il peut le réduire à la iittlUté« et
toutes ces idées si n^ies, ai grandast d'indépendance et de liberté»
ne sont plus que des chimères, le conclus à ce qu'il soit dédftré
qu'aucun représentant de la nation ne peut être poursuivi defam
un tribunal , à moins qu'il ne soit intervenu on acte du oorps^é»
gislatif , qui déclare qu'il y a lieu à aocusatiou*
M.PiiwH. l^préopiDaBtaexposédes|iriucipesifice«teMablqa>
et sans lesquels il n'y a plus de liberté individuelle pour ka
membres de cette assemblée. La seule chose qui ait pu jeter iw
moment de trouble dana la délibération » c'est quon a pu im^
çonner l'int^tion de (aire juger le delft par les représentaqi ^
la natiqa. La conclusion de M. Rohespierfe a éearié cette idéi^
L'assemblée» qui a le droit de déeîder s'il y a Heu à aocuaatâM»
ne juge pas ; et si sa déciàioa est afifirmative^ elle dépouillera»*
«usé de son inviolabilité , et autorise les tribunaiix à le ponrsuivfi^
Il vous appartient en ce momttit de suspendre.Ia procédure, dft
demander que M. Lautrec se présente devant vous : il a le dnst
d'être entendu ; s'il n'y a pas lieu à accusation » b-prooédaie
cesseras s'il y a lieu à accusation, die sera eontinoée» et?wttift«
diqucrez le tribunal.
U. Viguïer, député de Toulouse. Plusieurs honeraUes membrei
ont entendu aVec surprise que lo procureur du rof ait r^nda
^ plainte à h municipalité, et que les officiers mmietpanx ttént
informé et décrété. Ceci tient à une localité que Je dois vous
ftûre connaître. L'assemblée nationale décrète que, jusqu'à JV-
ganisation de l'ordre judiciaire, la justice serait rendue suivant
Fancieu régime. C'est en vertu de ce décret que la justice crimi-
ncUe est rendue à Toulouse par la nouvelle municipalité , comme
elle l'était par Fancienne , d'après un privilège particulier, et que
le procureur du roi exerce les fonctions du ministère public. Je
ne me présente pas pour appuyer Taccusation intentée contre
M. Lautrec; mais puisqu'on a inculpé gravement les officiers
mumcipaux, qu'il me soit permis de faire quelques observations^
luiH (1790) S07
Im yîBe de Touloiise a été très*agHée pendant trois ou quatre
nois^ et soi^out^ifeputt l^établtôsenieiit de la nouvelle inHuicrpa-
Klib Plaças entre Nboeset Uontauban, sa ^Uimtiou était assc»
inqBJélaiila* '
Lesoffiders municipaux ont trayaiUé jour et nuit ^ et je m
futUMpasde^re que de toutes les municipaUtés il a' m est ps»
qia aitînoBiré plus de zèle et de courage. Sans comproaiettre,
BOQ^fieulemi^ la vie, niais le tmnps d'un seul citoyen , elle est
fsantsam à réunir toutes les classes. De huit légions qui formeut
la garde nationale , une seule était égarée ; la nuinicipalité a été
ttSfiB beureuse pour Tédairei^» et x^ette section a demandé à être
Mûerponée avee fes .autres, et à dépujter comme elles à la coofé^
^UratioB du 4é juillet s sons venons d'en recevoir la nouvelte.
Les officiers municipaux ont rompu toutes les mesures de^enne^'
•
mis du bien pdbiîc, en arrétani;, dès le principe^ les maiMPeuTres
4A JèscoBqpiolfi. Us on$ commencé trois ou quatre procédures ; eit
^awt le danger a été passé, ils n'oiat pas cru devov* y donner
àm AiiffiS.^. Je ifemaade s'ils pouvaioat refuser d'instruire sur la
fbiote du proeitreur du roi, s'ils pouvaient refuser de décréter
IL lAutnec? Jb ne coonaîssaie&t pas sa qualité de reprmntant
de la aation. IL Lauuree e^ d^uté de Castres , et non de Tpu<-
ioMse^ oomme ona pm vouknr Tinsinuer; les officiers municqiauiL
itmjmùi mm toute la province que M^ Lautrec avait donné sa
démission, puisque, depuis les premiers jours de mars , on le
"VM^ail dans le département. Us .pouvaient croire ^ d'ailieurs,
d'après le texte même de voa décret^, que l'inviolabitilé des déf*
fftiés P'élait i^iiini atoaliie; si je m'en souviens bien, le décret
4Bccf>te.]fis àélks qui pourrai^t.trQiidl^r Tordre public.
Cepenflaet, dès le moment pii les officiers inuniqp^ux ont
/eooan légaâem^m la qualité de U. Lautrec, ils ont arrêté la jH'iP-
«ë^e.41 y a un grsuid nombre de témoins; ils n'en ont entendu
4f0e tpois , et <»nt expédié un courrier extraordinaire pour do-
Ittasder les ordres de l'assemblée nationale.' Quand Us se ^p^t
lonsi condttiis, ils reçoivent pour récompense de leur zèle e$> de
tettr p8«rî<^isme^ une iaculpaiicm de la part de l'assensjdée ng-
30S ASSEMBLEE NATIONALE.
tionale.... (On applaudit dans uue grande partie de la salle» et
ces mots plusieurs Ibis répétés se foo^ entendre : Non, lum^ ih,
ne sont point inculpés.) Un honorable membre n'a-t-îi pas dit cpe
les officiers municipaux étaient indignes de la confiance de l'as-
semblée nationale, ainsi que de celle de Taccusé? rra*^t*il pas
dit que la procédure était un complot, et dans la m^e opinion »
les instigateurs de ce complot ne sont-ils pas les officiers muni-
cipaux? Je n'en dirai pas davantage ; je m'en rapporte Unique*
ment à la sagesse et à la justice de l'assemblée sur la détermina-
tfon qu'elle prendra.
jtf. /e président. M. le maire de Paris se présente, et demande
à être introduit à la barre avec une députatîon des vainqueurs de
la Bastille ; il annonce que l'objet de cette députàtion est très-,
pressant.
Jlf. k maire de Paris. Les braves citoyens qui se sont distin-
gués à la prise de la Bastille, et que vous aviek combla dlion-v.
neurs, instruits que le décret rendu à leur égard excite des ré-
clamations, se sont assemblés ce matin ; ils ont pris un arrêté
dont je vous prie d'entendre la lecture. Je demande de l'indul-
gence pour une rédaction qui a été très-précipitée. Je dois obser-
ver que dans cette assemblée nombreuse j'ai trouvé autant de
patriotes que d'individus; que le dévoûment. inviolable à la con-
stitution , le respect pour l'assemblée nationale , et le désir de. la
paix y étaient unanimes.
Un des membres de la députatioti feit lecture de l'arrêté des
»
vainqueurs de la Bastille ; il est ainsi conçu :
c Les vainqueurs de la Bastille, reconnus dans les procès
verbaux de vérification . fefts de l'autorité de la commune et dé-
posés aux archives de la nation , convoqués en assemblée géné-
rale dans l'église des Quinze-Vingts, et présidés par M. le maire,
assistés de leurs coVnmissaires , instruit que le décret par lequel
la première assemblée nationale a récompensé leurs services,
sert d'instrument à l'aristocratie expirante pour chercher à souf-
fler le feu de la guerre civile et à animer les uns contre les
autres les conquérans de la liberté , c'est-à-dire, Ui gardé ^ natio^
JUIN (1790) 309
ïiiale de Paris, et les ci-devant gardes-françaises , contre leurs
frères d'armes et concitoyens : les vainqueurs de la Bastille, trop
gflorieux déjà de ce que le 14 juillet^ le jour oii ils ont pris la
Bastille, a été choisi par rassemblée nationale pour l'époque de
la libellé conquise et de la fédération générale de toute la grande
iamille; considérant que Thonneur est dans Faction du 14 juillet,
bien plus que dans les récompenses; qu'ils sont assez honorés
d'avoir su les mériter pour pouvoir se passer de distinctions qui
n'ajouteraient rien à leur patriotisme» et que le sacrifice qu'ils
Vont faire doit rétablir la tranquillité publique; considérant que
si l'assemblée nationale doit foire respecter ses décrets, et ne
peut souffrir qu'il y soit dérogé, les vainqueurs de la bastille
seuls peuvent consentir à ce qu'il soit porté atteinte à celui qui
leur a été accordé^ ont unaniment arrêté ile charger M. le maire
et leurs comnrissaîres de porter à l'assemblée nationale la décla-
ration solennelle qu'ils font de renoncer, si l'intérêt de la consti-
tution l'exige, à tous les honneurs dont ils ont été couverts par
le décret du 19 de ce mois, notamment à une place distinguée
parmi leurs frères d'armes, lors de la fédération du 14 juillet, et
lors de la formation des gardes nationales, ce à quoi ils avaient
déjà $QtenneIlement chargé leurs commissaires de renoncer, et
â quoi eeux-ci avaient renoncé en leurs noms le jour même du
décret. Us scmt bien sûrs que Ion n'accusera pas lés vainqueurs
de la Bastille de faire cette démarche par la crainte des menaces:
le reste de leuir sang^ qui n'a point coulé sur les murs de la Bas-
tille, ils étaient prêts, s'il l'eût fallu, à le répandre pour le main^
tien des décrets.
» Le vrai sentiment de la gloire et du bien public l'a emporté
dans leurs âmes déjà exercées à tout sacrifice pour la patrie; et
Ton dira : ceux qui ont pris la Bastille l'ont prise pour établir la
constitution; ils ont été comblés d'honneurs nationaux ; ils ont su
y renoncer pour le maintien de la constitution, et ce dernier coup
abattra la dernière tête de l'hydre , et à la fin de la délibération ,
l'un d'eux , M. Hulin , a détaché son ruban et la médaille accordée
par la commune aux ci-devant gardes fratïçaises et qui lui a\ait
910 ASSEMBLÉS mahonalb.
été donnée; S a annoncé qu'il alba la rapporttr a« cowiié dé
MM. tes gardes, en déclarant que s'il feisail celte déenarche, ee
n*était pas qu'il ne fût très-bonoré de porter une marque depoi^
iriotisnie» mais qu'il ne voulait point une distinction qui n'éiait
pa& commune à ses frères d'armes , lorsqu'il» renonçaiem aut
leurs. An même instant, M. Léonard Bourdon, Tondescooimi^
saires ù^ fait le recueil de tous les rubans des vainqueurs de il
Bastille, dont ils vont faire hommage sur l'ai^ de la patrie.»
Ces rubans sont présentés par ce commissaire.
Jf. le jnrmdent. Déposer par amour pour lapait pubH(|ae les
palmes de la victoire, c'est un honneur plus beau , plus loudiaat
que de^es avoir méritées ; c est im sacrifice digne des vainqueurs
de la Bastille. Le courage et le civisme ne seront jamais séparés
dans vos cœurs; ils seront toujours vos titres à la glo>re.L'aasemUéê
nationale va prendre en considération votre arrêté; elle ne peut
qu'être touchée des senti mens que vous y dévdoppez. Uassraoïblée
vous engage à assister à sa séance.
M. Bœderer. Ce n'est pas seulement à l'amour de la paix , le
premier de nos besoins, c'est aussi à l'amour de Végsklité , ïp
premier de nos devoirs , que les vainqueurs4e la Bastille vieo*
nent de foire un noble sacrifice. L'Amérique, qui leur a iracé
leur démarche, nous trace aussi le parti que nou»devons prendre*
L'Anaérique avait voulu resserrer, par le» liens d'une union fra-
ternelle^ les citoyens qui avaient défendu la jpatrie avec le plus
de succès et de gloire : mais bientôt les chevaliers de Cincinnatui
reconnurent que cet ordre chevaleresque introduisait de Tin^^
lité parmi leurs concitoyens, et ils l'abdiquèrent. L'Amérique a
reçu ce sacrifice. Semblables à ces premiers défenseurs de ta li-
berté, les vainqueurs de la Bastille viennent présenter à rassem-
blée nationale un sacrifice de même nature : il me semble devoir
être accepté par elle. Je demande que la partie du décret qtii ao^
corde des distinctions particulières aux vainqueurs de la Bastille
soit rapportée.
M* Desmeanïers, Je demande qu'il soit iait une mention hono»
raUe dans le procès-verbal , et qu'on passe à r<H*dre du jour.
njm (1790) 311
Jf. Mareau {çi-devant de SainhMery). Si f avais po mëconhaitre
ceux que j*ai admirés le 14 jjuillet, je les aurais bien reconnus à
leur langage. Hs ne veulent recevoir de la patrie d'autre honneur
que cdui de la servir encore. Je demande que rassemblée natio^
Bâie leur donne acte de Tabandon qu'ils viennent de foire , et té*
moigne sa satisfiietion des sentimens qui les a conduits à cette
dânarebe.
ir« de Menou^ Les vainqueurs de la Bastille viennent de nous
donner un grand exemple : il doit être suivi. En conséquence» je
demande que le roi soit suppUé de détruire tous les ordres.... (II
s'âève beaucoup de murmures*) Je n'ai pas prétendu dire qu'il
n'en existât pas...« (Les munmires redoublent.)
M» Manineau. Je demande qu'on passe à l'ordre du jour. On
M peut pas foire une semblable motion.
M. Menm. Je voulais demander qu'il fftt créé à la place des
^res anciens» un ordre national qui serait conféré par le roi...
On passe à l'ordre du jour.
La proposition de H. Moreau est adoptée , et le décret est ren-
Aieommeilsnit:
< L'assemblée nationale , touchée du patriotisme des vain^
qmnrs de la Bastille » accepte leur renonciation , etc., etc. Elle
dëcràte de plus qu'il sera foit dans le procès-verbal une numtion
kOBoraUe de leur sacrifice. »
Ge décret excite beaucoup d'applaudissemens.
¥• JforMBc. Je dénaande que les comités de constitution et des
vecherches soient chargés de présenter demain matin un prejet
de décret sur les principes généraux de rinviolabiirié des dépu*
téSy el sur l'aflaire de M. Lautrec.
L*assenQd>Iée rend un décret conforme à cette proposition. ]
SÉANCE nu SAMEDI 26 JUIN.
[M. Denii€um€rt. Vos CMnités des recherches et de constitution
ont examiné avec soîn le parti que devait prendre l'assemblée
nationale sur la question qu'elle a traitée hier relativement à l'in-
vîoMiilitë de ses membres. On a para désirer que lé décret ren-
512 ASSEMBLEE NÀTrONÂLE.
fermât trois dispositions : la première, qui rappelât l'indépen-
dance et l'inviolabilité des dëputés; la seconde, partictdière i
M. Lautrec; et enfin, l'approbation de la conduite de la munici-
palité de Toulouse, Nous avons remarqué que. dans ce mom^t
il était impossible de développer en détailles principes de Finvio-
labilité; il tient à deux points importans, la loi sur les jurés en
matière criminelle > et l'établissement d'une haute-cour Dationale,
devant laquelle serait rravoyé le membre que vous auriez dédaré
jugeable.
Votre comité a pensé qu'il (allait décréter seulement que jus-
qu'à (:et établissement , aucun membre de la l^slàturene pour-
rait être décrété d'ajournement personnel ou dç prise de corps ,
que lorsqu'après le vu de la plainte , TassemUée aurait dé-
cidé s'il y a lieu à l'accusation. Ces dispositions sont im-
portantes, non-seulement pour la dignité et l'indépendance de vos
membres , mais encore pour qu'il né survienne pasd'interm|>tioB
dans vos travaux. Voici le projet de décret qu'ont l'hcMmeur de
vous soumettre vos comités de recherches et de constitution :
c L'assemblée nationale , se réservant de statuer en détail sur les
moyens constitutionnels d'assurer la liberté et l'indépendance des
membres de la législature^ déclare que jusqu'à l'établissement
des jurés en matière criminelle^ les députés à l'assemblée natio-
nale ne pourront être décrétés de prise de corps ou d'ajournement
personnel^ que lorsque, sur le vu de l'information et des pièces
de conviction, l'assemblée aura décidé qu'il y a.lieu à accu-
sation, en conséquence, l'assemblée déclare non -avenu le
décret prononcé le 17 contre M. Lautrec , un de ses membres;
lui enjoint de venir à l'assemblée rendre comptede sa conduite,
et après l'avoir entendu, après avoir examiné l'instruction,
elle décidera s'il y a lieu à accusation ; et en cas que cela soit
ainsi décidé , elle désignera le tribunal par-devant lequel l'affaire
doit être portée. Son président est chargé de foire connaître à la
municipalité de Toulouse que son zèle patriotique a obtenu l'ap*
probation de rassemblée. »
M. André, Je ne dirai rien sur les principes que contient le
jum (1790) SIS
f>rojct du coipité ; je rappellerai seulement deux circonstauces
particulières qui méritent de l'attention. La première est celle
ôtt un député troublerait l'ordre public : alors, la main-mise, que
Içs Remains appelaient custodia libéra ^ doit être autorisée. C'est
ce qui sert de sûreté à la personne arrêtée , et qui protège la
IraDquillitépublique.ta seconde, que n'a pas prévue votre comité,
est cel^ oii un membre est absent ^ns cougé : alors ii renonce à
json caractère; il n'est plus revêtu de l'inviolabilité. Je propose
donc d'énoncer clairement cette disposition^ et de dire : c seront
compris dans l'article les députés absens avec là permisssion du
€orps-législatif. i
M. Fréteau. La main-mi&e doit avoir lieu en toute eirconstance :
tous les membres d'une nation Bbre ont droit de s'opposer au
désordre. C'est pour cela qu^un membre de l'assemblée natio-
nale, s'il était surpris en flagram délit, serait valablement arrêté.
Dans les temps même oii des individus et des corps privilégiés
se préparaient l'impunité après le crime, le droit de main*mise
était en vigueur. La fameuse dédaration de 1143 l'atteste assèz^^
puisqu'elle porte que la main*mise aura lieu même à l'égard des
ecclésiastiques nonobstant leur dignité, du moment où il y aura
flagrant délit. Il faut .donc ajouter à l'article proposé par le co*
mité, c sauf les dispositions des lois sur les cas de flagrant délit.»^
L'intérêt soibial exige aussi que l'information ^it continuée, in
sifUu ipio. II faut bien que les témmns puissent être représentés k
Vaccusé , et notamment les procès-verbaux constatant le délit.
Yousnefeirezpas à la société le tort d'interrompre une instruc*^
lion commencée. Je regarde ce principe comme aussi nécessaire,
que celui de l'inviolabilité.
M. Beaumetz. Il me semble que ces principes .sont suffisam»
ment énoncés par ce décret. Quand on dit qu'un membre de
ItassemUée nationale ne peut être décrété de prise de corps ou
d'ajournement personnel , qu*auparavant la procédure n'ait été
communiquée à l'assemblée nationale, et qu'elle n'ait jugé s'il y
a Heu à accusation , cela suppose qu'on peut commencer une in-
formation, cela neretl^anche rien du droit incontestable d'arrêter
S14 ASSEMBLiS NATIORALE.
en flagrant délit; toutes ces règles sont respectées par le comité^
qui ne les détruit pas. Si cependant on ne les croyait pas asses
expliquées , il n*y a point d'inconvénient à le dire d'une manière
plus positive. Relativement à Tamendement proposé par M. André
je ne crois pas qu*un membre de l'assemblée nationale soit déchu
de son caractère pour s'être absenté sans permission. S'il s'ett
éloigné 9 c'fest sa faute, son inviolabilité a été consacrée pour le
peuple et non pour lui. Je demande donc la question préalable
sur l'amendement de H. André.
La discussion est fermée.
Jlf. Desmeuniers. D'après les diverses observations qui m^ont
été faites , je vais présenter y Messieurs , une nouvelle rédaction ,
qui pourra satisfaire tout le monde.
c L'assemblée nationale se réservant de statuer ai détail sur les
moyens constitutionnels d'assurer l'indépendance et la liberté
des memlH*es de la législature, dédare que jusqu'à l'écablissemeat
des jurés en matière criminelle , et d'une baute-cour nationale»
les députés , dans le cas de flagrant délit « pourront être wrèlés
eonformément aux anciennes ordonnances ; qu'on paît mème^
eaceptë dans les cas désignés par le décret du 25 juin » faire dea
informations et recevoir des plaintes contre eux , mais que néaih
moitis tout jugement sera suspaidu , jusqu'à ce que , sur le va de
l'mfbnnation et des pièces de conviction » l'assemblée ait décidé
qu'il y a lieu à accusation : en conséquence, l'assemblée dédare
comme non avenu le décret de prise de cprps décerné le 17 ,
contre M. Lautrec , un de ses membres* Pourront eependam les
juges continuer l'information. Enjoint à M. Lautree de venir
rendre compte de sa conduite à l'assemblée; qui, après l'avoir
entendu, et examiné rinstruction , décidera s'il y a lieu à accusa-
tion ; et en ce cas, eHe désignera le tribunal par-devant lequel il
doit être traduit. Son président est chai^ de foire eennattre à
la municipalité de Toulouse que son zè|e patriotique a obtenu
l'approbation de l'assemblée. »
Ce décret est adopté.]
jfHR (1790) . »»
PROYHfCES.
Les Isioables dts^ proy\nce& furent moins nombreux que d»i$
le moh pfëeédent ; ils oeeapèrent cependant encore ime hrga
I!feee dans les délfbéintions de l'assemblée, eî donnèrent liât à
âe longues discnssions. L'examen des séances employées à c«
genre de travaux donne lieu à une observation dont révidencu
sai;^ aux yeux , et que nous devons noter. L'aspect de Tassem-
b^ ne se ressembla point lorsqu'il s'agit des trouUes de NlmeSp
par exemi^e, et lorsqu'il fut questîeo de ceux qui avatentlieA
dans les campagnes. Ainsi , le 2 juin , Targel vint f^ve le rap*
{KMt suivant, au nom dès comités des recherches et de constitu-
tioiiréoB»:
€ Dans les anciennes provinces du Bourbonsiais , dulNiver^
BM e€ du Berri, les assemblées primaires et éiectorales oi^
^mé lieu à de très-grands troubles,. Planeurs munictpalitâ em
ëfé forcées de publier la loi martiale : les snfitcs de cette rigueur
nécessaire sont très-affligeantes , puisque quatre hommes ont
été tués, et plus de quarante dangereusement biessés... Des W-
gands se sont répandus dans les campagnes, et ils investisseitt
dans ce moment la ville de Décize.... Le comité des recherches
est instruit que de grands excès ont àé aussi commis dans le Lî*
mousm; des paysans excités ont demandé que les gnûos
fussent fixés à un prix très-inférieur à leur valeur rédle : ils ont
eux-mêmes diminué ce prix , et ont menacé de mort ceux qui M
vendraient pas le seigle et les autres grains conformément à lent
détermination. Le projet de rctitrer dans les biens vacans adju-
gés aux seigneurs depuis 120 ans , est un des articles de leur ré*
glement..... On doit des éloges à la conduite du régiment dft
Royal-Piémont, qui a rendu les Services les plus importans pour
le rétablissement de la paix. Tous les excès ne résultait pas d'une
insurrection subite ; mais les peuples sont excités par des m^
nofiuvres perfides. Dans les mois de mars et d'avril, on a publié
dans les campagnes de faux décrets de l'assemblée nationale,
dans lesquels on donne l'ordre de ne payer le pain qu'un sou la
livre*... On a vu des paysans éplorés se porter dans les églises.
316 ASSBMBLÉË NATIONALE.
en disant qu'ils venaient remercier Dieu de n'avoir pas commis
les meurtres qui leur avaient été commandés. 'On a trouvé dans I3i
poche d'un paysan tué lors de la publication de la loi martiale »
66 livres et un billet de sept louis. Tels sont les maux qui ont af-
fligé les départemens du Cher, de l'ÂlIier, de la Nièvre et de la
Corrèze. »
Target termina ce rapport par la proposition d'une loi en seize
articles y d'une sévérité outrée. Elle tut votée intégralement
après une discussion si légère que le Moniteur n'a pas jugé à pro-
pos d'en dire un seul mot. >
Il n'en fut pas de même lorsqu'il s'agit dés affaires de Nimes.
Il y eut de vives discussions. Nous avons vu comment commença
cette affaire: lorsque M. Macage vint en faire le rapport à la
séance du 15 , il eut grand'peine à se faire entendre ; les iuter^
ruptions de toute espèce furent lancées par le côté droit: les
Êdts dénoncés étaient graves cependant. II était en effet prouvé
que la cocarde blanche avait été portée publiquement à Nimes;
que des violences avaient été commises sur des patriotes, en pré-
sence des munrdpaux, sans être ni repoussées, ni punies. Ce
lapport, interrompu plusieurs fois/ continué seulement par suite
d'une délibération de l'assemblée, occupa toute une soirëe. Aussi
l'afiaire ne fut^Ile terminée que le 17 , par un décret qui ren-
voyait aux tribunaux pour informer sur les coupables, et citait
i sa barre les principaux signataires de Y Adresse des. citoymu
catholiques de Nîmes.
Maisîâ^ire la plus grave fut celle d'Avignon. Nous avons vu
que celle ville pap^c avait imité de son propre mouvement tout
ee qui se faisait en France, c'est-à-dire organisé unQ municipa-
fité et une milice. Le 17, le jour même où fut terminée l'affaire
de Nîmes, Camus communiqua à l'assemblée la lettre suivante :
Lettre écrite par MM. les officiers municipaux d! Avignon f en-
voyée par un courrier extraordinaire à MM. Ckimus et Bouche y
députés à C assemblée nationale ^ et arrivée le jeudi 17 juin y à
huit heures du soir.
c Messieurs, vou^^ayez été informés dans le temps^ par M. lU-
JUIN (1790) M7
phaely Tunde noiis» des événemens qui se sont succédé rapide-
ment dans hotre ville : il nous a communiqué vos réponses , et
les offres obligeantes de service que vous lui avez fohes pour la
ville â*Âvignon« Le moment est venu. Messieurs» de les accepter;
Jeudi, 10 du courant» notre ville a été le théâtre dû plus grand
désordre. Les aristocrates» déployant toutes leurs forces» ontfisiit
feu de toutes parts. Maîtres du poste de rhôtd-de-ville et de
quatre pièces de canon» ils criairat : vive taristoeratiel Piiis.da
trmte personnes» honnêtes citoyens » bons patriotes» ont été les
victimes de làir zèle et de leur patriotisme; le peuple a marché
contré eux avec intrépidité » et les cruels assassins^» dispersés »
ont cherché leur salut dans la ^te. Quatre de ces scélérats ont
été arrêtés et sacrifiés par un peuple justement indigné et honv
Uement assassiné : deux de leurs chefs ont été de ce nombre. La
nranicipalité a iait vainement tous ses efforts pour l'empêcher.
Vingt-deux ont été arrêtas ; et sans les gables nationales d'O-
range » Gourtheson » Jonquières » Bagnols » le Pont-Saint-Espril»
Chftieaa-Renard » et autres lieux accourus â notre secours » ils
auraient été infoilliblement sacrifiés. Leurs efforts généreux » et
b confiance que le peuple avignonnais a dans les Français » sas
^iiés» a arrêté sa vengeance. Messieurs d'Orange ont consènti.de
se chargerdelagardedesprisonnierspourleur propre sûreté» et ils
senmt traduits aujourd'hui dans leur ville. Le calme est à peu près
rétabli ; mais jpour le rassurer entièrement, les gardes natkxiales
de France ont bien voulu consentir à nous laisser pom* quelques
Jours une partie de leur détachement* Avant-hier 11» les districts
s'ass^aoUèrent pot^r délibérer sur leur position. La réumon a été
délibérée tmanimânent* Les armes de France ont été substituées
avec pompe » à celles du saint-siége^ Un Te Deum doit être
ofamité aujourd'hui à cette occasion. Depuis lors» la joie la plus
^ve a succédé au désespoir» et nos rues ne cessent de retentir
des ans de vivent la nation^ la loi et làtoïl
Nous prévenons M. le présidentde l'assemblée de cet événe-
n^eiït. Le même courrier» dépêché, en diligence » doit vous remet-
ttp la présente. Quatre: dépultés ont été nommés pour se rendre
390 ASSEMBLÉE NATIOBrÀLE.
d'iexpriiner. Quel que soit le rësuUat de la délibération , la nation
française sera toujours flattée de votre affection et de votre con-
fiance. 9
Paris. -^Le premier événement qui agita la capitale pendant
ce mois » autant qu'on en peut juger par les journaux , fut le dë^
part du roi pour Saint*Gloud. Le public en fut instruit officielle-
ment par une lettre de Bailly , qui invitait M. de la Fayette à
prendre les mesures militaires nécessaires en cette occasion.
Celte lettre , écrite le 1'' juin , fut insérée le 4 dans le Momteur,'
afin de calmer les craintes soulevées par le bruit d'un mouvement
de la cour. Néanmoins , ce départ eut lieu au milieu d'une af«*
fluence considérable : il semblait que la population ne voulut y
croire qu'en le voyant par ses yeux, et qu'dle voubkt vérifier est
même temps elle-même si la garde de Louis XVI était assurée.
Yoici 9 en effets ce que l'on criait dans les rues deux jours aupa-
ravant : Horribles mancsuvres du comité Aairtéhim des Tuileries,
pour faire naître la guerre civile du dehors. — Départ prochain d»
Louis XVI pour Satnt-Cloud. Et sous ce titre on lisait :
c Dût l'implacable vengeance des ministres pa'cer ma langue
d'un fer chaud ! dussait m'engloutir tout vivanli les x:ent gueules
toujours ouvertes du despotisme ! dût le Ghâtdet m'enfonoer
dans la gorge un poignard juridique, je parlerai» je tonnerai , je
meiurai en pièces le rideau qui cache les scènes tragiques qu'on
vous prépare. Citoyens , citoyens, pressec-vous autour de mn
tribune ; j'ai à vous révéler de nouvelles trames , de nouvesmx
attentats
> Vous marchez sur des vdcaps embrasés; vous savez la pdii(
du roi de Prusse et»de LéopoM (empereur d'Autriche). {Is n'ont
feint d'abord d'armer l'un contre l'autre que pour mieux vous
tromper, que pour mieux déguiser leurs mouvemens combinés
contre vous. N'en doutez pas, ce coup est parti de ia politique
autrichienne des Tuileries (le comité de la reine) , ou. sont les
vrais compères de ces marionnettes couronnées; et voilà les parades
royales par lesquelles on a toujours endormi les peuples ! Bientôt
\ous les verrez fondre sur le Brabant, afin de voua dérober en*
JUIN (1790) S21
core le véritable but auquel ils veulent frapper; car les tyrans ne
suivent jamais la ligne droite. Déjà la liberté belgique est aux
abois : le canon des impériaux a fait mordre la poussière à ses
liions ; la terreur est aux portes de Bruxelles , et l'étendard hi-
deux du despotisme flotte sur les remparts de Namur. On n'a
fomenté parmi eux des divisions intestines, que pour les affaiblir
et les massacrer. Quelle leçon pour vous, braves Parisiens! sol-
dats patriotes ! Mais, le Brabant conquis, attendez-vous à voir ce
torrent de vandales inonder le royaume? Des troupes victorieuses
manquent-elles de prétextes? Et au besoin , les aristocrates sau-
ront bien leur en fournir ! Apprenez le comble de la perfidie ! Le
roi de Prusse, le fait est positif, vient, sous la dictée de nos mi-
nistres, d'écrire au roi des Français, pour demander, en sa qua-
lité de vicaire de l'empire, le redressement des torts causés par
les décrets de l'assemblée nationale, à quelques princes alle-
mands, qui ont des possessions en Alsace. Il dit qu'il ne pourra
se dispenser de soutenir leurs droits ! exécrable ruse ministé-
rielle ! Observez que ce chef de bourreaux ne reconnaît pas la
souveraineté de la nation , et qu'il ne daigne traiter qu'avec son
délégué. Pourquoi donc le dissimuler? Attendez-vous, sous très-
peu de temps, au fléau inévitable de la guerre
» Cependant, ô Louis XVI, tu pars, tu quittes la capitale à
l'approche de tous ces dangers ! Dis-moi , que signifie ce départ
pour Saiîit-Cloud ? Détournerais-tu tes regards de l'agonie dou-
loureuse et convulsive de notre liberté? Méditerait-on de t'arra-
cher de nos bras pressés autour de toi? Graindrais-tu de mourir
avec ton peuple fidèle ; ou bien , voudrait-on t'entrainer enfin loin
dé Paris pour te placer, comme un royal épouvantail, à la tête
d'une armée de scélérats, afin de légitimer la guerre civile et
toutes ses horreurs? Yoilà donc où tendaient ces caresses popu-
laires Pauvre peuple! on dore tes fers; on te réserve le sup-
plice de ces tourbillons de mouches que des traînées de poudre ,
couvertes de sucre, font sauter dans les airs. Vous seuls, gardes
fédcratives, régimens dévoués à la nation , pouvez conjurer toutes
ces tempêtes, et immoler, sur l'autel de la patrie, en holocauste
T. VI, 21
V
332 ASSEM&LÉB NATIOKALE.
à la lit^erté^ ses fennetnis frémissant de rage. > [L'Omiéurdu
Peuple y par FnfeRON > ri** XIL ) ,
« Les alarmes paraissent peu fondées , disait an contraire
Marat dans Y Ami du Peuple. Le roi ne nous sera poiiit enlevé;
notre eommaildant-ofénéral sait trop bien qu'il nous en i^épond
siir sa tôte ; et^ sans doute, il a pris à cet égard toutes les pré-
eauttons nécessaires a notre repos, le yàis plus loin : instrtlili
eonime dent Véite M. de la Fayette, dés moindres mbuvemens
des troupes de ligne, il est impossible que le 1>oi nous soit eu*
levé, à moins que le coinmandant-gënéral he fût dans le complot
des ennemis de la ^évoItttion ; et de qiioi lui servirait d*f étre^
s'il n'y disait entrer la garde nationale? chose impraticable^
quelque mal composé que soit l'état-inajor. ; ; . ;
> Au reste, on n'a vu que le& inconvéniens chimériques db sé«
jour du roi à Saint-Cioud ; les seuls réels lui ont échappé; Lé
plus grave de tous est le dégoût que produisent bhez lés Parisiens
la perte de temps ^ et les dépenses attachées à la garde du rbi et
du Dauphin , placés à deux lieues de la capitale.... i {L'Ami du
Peupte ^ nM24.)
Il est curieux de comparer, à l'occasion 4u même feît, le lan-
gage de deux hommes dont là réputation est aujourd'hui si dif-
férente, et dont la conduite ne le fut pas moiiis dans la suite de
la révolution. Le journal de Mâratj interrompu le âS janvier^ ati
n** cv , venait de reparaître le 18 mai ^ au n* en. Noos i^isissons
idle moment de faire cette remarque, parce que pendant le temps
de silence obligé que garda cet auteur, il parut un faux Ami du
peuple contre lequel beaucoup de plaintes s'élevèrent; Marat
poursuivit avec vigueur cette contrefeçon ^ et il parvint à ftirfe
saisir l'imprimca-îe secrète bîi elle était fabriquée. Il se trouva
que c'était celle-là même oii avaient été coihposées quelques-unes
des brochures royalistes tes plus décriées (Voyez l'Ami du peuple^
^asdm du n* 106 au n** 124. )
Cependant, malgré ces assurances d'un t)atriotfe éprouvé, et
assez facile à alarmer 4 l'établissemeiàt de la cour à Sahit-erotid^
donna Kfeu aux bruits les 01us èxtravagatti H à des më^îktëhDiP
jùm (1790) S2J
làeti» «ssèî graves. On dit que des brigands étaient apostës da(ué
le bois de Bonldgtie pour enlever le roi. Ces prétendu» brigands
iféiafiënt autres cpe quelques braconniers. Quelques jours après,
kr fprde natbiidte se pblgiihftféti^ traitée avec moins de cubI*
dërsdoii que les gardes-suisses qui .vonaieitt comme elle deParië ;
od né doiJh^ jsohn de logemens à iei officiers ainsS qu'à ces
derniers; on les atait traités anrec impolitesse diez la rane, eite;
8br cela^ dédaratton deti&elqiies offieiers que les plaintes if étaient
IKis fondée^, Hponâé de qij(<eft|ties autres. Arrôiés d^ quel(]ueii
districts» entre autres de celui des Ccordeliers» qui donnent raison
aux dernier^ i etc.: U est probable que Ton. fut plus attentif, et la
eoinr de h reine plus polie / car tont ce ipouvement ne tarda pas
à s'apaiser. "Hisxh VOrmeur da peuple pefsi^ à soutenir le dan«
ger du séjour du roi à Saint-GIoud.
D*autres évâiemeos viorent bientôt distraire les PaHsiéAS de
loul ee coiâniéra£;e. Franckitn était mdrt , et Mirabeau^ proposa à
l'assemblée nationale de décréter un deuil national pour honorer
la mémoire de ce grand homme.. yojci son discours.
SÉANCE DU H JUInI
[M. de Wirabeau traîné. Francklin est mort.... (Use feitdn
frùidod iiience.) H est rétoftrné au iem dé la DiViiûté » le ^nie
qtti aStm^&àt T Amérique él vérsâ sur TEurOpe des torrefns db
lumière.
Le^^^ q&a denx inondée réclamenr^ Thomme que se dispu-
tait rhidtbire 4& sciéhces 6i Tfaistoire des empires » tenait sam
doute un rang bien élevé dans l'espèce humaine.
Ateer I(]É9iDem>83e9'CQl)inéts politiques ont notifié la mort de
<^nrqiir ne ifirrent grands que dans leur éloge funèbre r asses
lottg^emps rétîqaette des coursa proclamé leâ deuils bypooritet:
les natsmâsue doirent porter. que le deuil de leurs bienfaiteurs*;
les représentdi» des notions ne doivent recommander à leurs
lKMll6msi9es (|ue les héros de.rbumànité. v
Le congi^s d ordonné, dans lès quator2e états de la confié-
iMciir, nu deuil de denx mois pdttr la mort de Fraocklinv et
3i4 ASSEMfiLÉB NATIONALE.
rÂmériqae acquitte en ce moment ce tribut de vénération et de
reconnaissance pour l'un des pères de sa constitution.
Ne serait-il pasxiigne de vous. Messieurs» de nous^unir à l'Ame-
jpi^pieidans cet acte religieux » de participer à cet hommage rendu
à ta face de l'univers^ et aux droits de rhomme» et au philosophe
qui a le plus contribué à en propager la conquête? yantiqùité
eût élevé des autels au poissant génie qui, au profit des mor-
tels, embrassant dans sa pensée le ciel et la terre , sut dompter la
foudre et les tyrans. L'Europe éçbirée et libre doit du moins un
témoignage de souvenir et de regret à Tun des plus grands hom-
mes qui aient jamais servi la philosophie et la liberté. ,
Je propose qu'il soit décrété que l'assemblée nationale porta*a
pendant trois jours le deuil de Benjamin Francklin.
La partie gauche applaudit avec transport. '
MM. de Larochefoticault et de la Fayette se lèvent pour ap-
puyer la proposition de M. de Mirabean : tout le côté gauche se
lève.
M. Moreau monte à la tribune.
On crie aux voix , aux voixl
M, Moreau. Je veux, non contredire la motion, mais la corn*
pléter. - . 1 . ;
M. le Grand. Je dcnnande que M. le président soit chaîné
d'écrire au congrès, pour lui témoigner la part que l'assemblée <
nationale prend à la perte qu'il vient de faire.
M* le comte de Montlausier. Je demaâde si M. Francklin est
réellement mort , et si la mort a été notifiée à Tasseinblée natib^
nale par le congrès?
Jlf. de Mirabeau Vatné. IVIM. de Laroche^mioault et de la
Fayette, amis de ce grand homme, ont été iastruits de sa mort.
Cette triste nouvelle a été écrite à M. de Larochefoucault par
M. de Lansdone. Ainsi, cette perte n'e$ que trop. sûre : mais
j'aurai l'honneur d'observer qae^st,' par impossible, cetfe. nou-
velle est fausse, la sollicitude qu'on montre est de peu d'ÎHi-
portance, car votre décret ferait peu de>peine àM. Francklin.
L'assemblée adopte d'abord par acclamation la proposition de
JUIN (1790) S2S
M. de Mirabeau» et arrêté ensuite» à une très-grande majorité»
qu'elle prendra lundi 14, pour trois jours, le deuil de Beiijamin:
FrancklÎD ; que le discours de M. de Mirabeau sera imprimé , et
que le président écrira an congrès au nom de rassemblée. '
Une grande partie de l'assemblée et tous les spectateurs ap-
plaudissent.]
L'assemblée prit en effet le deuil, et quelques réunions parti-
culières procédèrent à des cérémonies funèbres plus complètes.
Au café Procope , on éleva un mausolée et on prononça plusieurs
discours.
' Mais , ce furent surtout les événemen)s de la presse qui saisirent
l'attention des Parisiens. Des poursuites furent commencées
contre plusieurs écrivains. Le signal , nous l'avons déjà dit , avait
été donné à la tribune de l'assemblée nationale par M. Malouet ,
lorsqu'il dénonça les BkoohiXKms de France et deBrabanL D'abord
on saisit unebrochure royaliste qui avait pour titre Vie privée, poli-
tiquèj etc. , de M. de là Fayette^ brochure pleine d'imputations
sales et îgmdides. Oït arrêta ensuite Y. Orateur du peuple. Laissons-
le raconter lui*-méffie ssl déconvenue.
< Citoyens, pourrez-vous le croire? l'orateur du peuple est dans
les fers! Il n'avait pris la plume que pipur défendre vos droits :
c'était un écrivain animé du plus ardent patriotisme; il respecuiit
la commune, M.BatlIy, M. de la Fayette ; il combattait l'hyilre mi-
nistéridleavec une ma^ue, et l'aristocratie avecles xMîs du ridi-
cale.Lors du départdu roi pourSaint-Gloud, son patriotisme con-
çut de ce voyage des alarmes partagées par tous lesbonaoitoyeiis; . .
Eh bien ! le bureau de ville a calomnié les intentions de V Orateur
du peuple (c'était par ses ordres que ce journal était poursuivi) ;
il a empoisonné ses phrases les plus innôScentes. On lit dank le
n^ Tin: Courez f dloyensy armés de votre' seule tendres^, dételeises
chevaux f reportable eh triomphe dam la capitale. Qu'y'a-t-il donc
làde si criminel? . î »
€ Mais apprenez le comble des horreurs.... h* Orateur du peuple
apprend que èon inipriniseiir et ledisirilHiteur desaféaille sont
assâgnâ à coaiparalibre au bar^u de villes à kl requête au sienr "
SSS ASSE|||it||Ep£ M4TI(I;NALE.
Hiioufflet 4e B^uva», I-mu 4es Rropiirwr3r5îfii4îP& ^ te »Wt
mune, voulant leur éyitçr des çmb9i;ra3 p fl sq présj^Qt^iui-mâme,
sa présence inaitendae foit r«meUrelacause...îI nQmai}<}tte poiot
de s'y trouver ; mai9 sans aucune dt$cua$ion » ou hii lit et on eit:
cute sou Jugenieut qui le condamoe à être conduit sur Fbeure à
la Force, au secret, sans qu'il puisse offrir caution, sans lui
permettre d'appeler uu avocat, sans décret pi^éaiable,... Sen-
tence jilégale , vexatoire , qui a tous les si{][nes et la sapidité
neuririèfe d'une lettre de cachet,.. •
c Le sieur Mitoufflet de Beau vais... a-t-îlbien pu trahir sa cou*
science et son devoir au point de ravir» au mépris de toutes les
formes, lalit>erlë à un citoyen!.... Ce juge seratfril donc vendu à
l'aristocratie? La voix de rotateur du peuple» peccera les loitcs
de sa prison ; son égide, c'-est l'article de la dëclaratioD des droits
qui foit jouir chaque citoyen fraoçns de celui qu'il UûQt de i^ na*
^ ture f de puUier ses opinions, p (Orateur dupeupky n"^ SB.)
En effiçt , os joucns|I continua à parAttre , et ne cessad'étre col-
porté* Le lendemain , on criait dans les rues- : Gtande dfimwAa'
tion du sieur Mitoufflet comme rrimiii^ de lèie-wuion.
Le grave Lopstalot et le sarcastique Desmou&is: prir^t la dé-
fense de Fréron, en s'indignapt surtqut oontrô l'inique manière
dont on avait procédé à ^on égard.
Quelques jours après, le prpcureur^syndip s'e&prit à VAm du
peuple» Un huissier vint sommer riduprimeuc de dénoncer la re-
traite de Macat , sous peine de cent livres d^àmeqde. En réponse
a cettQ sommation , i'autepr promit au bureau de ville de re-
prendre son rôle d'accusateur public , afin qu^ux électiras pro-
chaines le choix des citoyens en écartât à jama js les memb^^ ac-
tuels. Au reste , c'était un hescyn parfaitement conforme anx in-
t^entions dont ou accusait alors les ministres , que de fermer h
houclie à ]){àrat. Ou peut juger, d'après le petit article qui va
suivre s'il était un surveillant commode.
< Pi[otice intéressante. Une moudie patriotique vieqt i l'instant
de nous ddnner avis d'un petit complot miqistérîei , iiEfrmé <fa|i)s
' liU boudoir des .IjÉiîleries, ènlne.la première sqhane^ le ypsir.
luiN (1790) 2»7
M«eker» et les pachas de Saint-Priest, de Montmorio, de la Tour-
du- Pin, etc..
» Ils sentent plus que jamais cette vérité que l'Ami du peuple
kuK a peononcëe plusieurs fois : Cesi quil ntj a guère aujourd'hui
que les cris d'alarmes et le scandale public propagé par les plumes
patriotiques qui les barrent. Ils ont décidé de mettre tout en œuvre
pour leur imposer silence > engourdir leur zèle et endormir leur
iieptu ; en conséquence, ciûq cent mille livres ont été puisées dai^s
le trésor de la nation pour corrompre ses défenseurs. Nous^vons
la consolation d*en connaître , dont la yertif seraif à l'épreuve
d'une couronne ; nous en connaissons aussi dont la vertu fera
naafiage à la première épreuve. Malheur aux faux frèrçs ! upuf;
pcenons l'engagement sa^^ré de les tramer dans la l)o^e , de Ji^
disséquer tout vivans. {L'Ami du peuple ^ ^ juin 9 n^ lâS. )
Besmoulins aussi était menacé, on exigeait de lui une rétrac-
tation , ou cent mille libres de dommages et intérêts. Il ^vait
nonaoBlé dans un article M. de Grillon » membre de l'assemblée
nationale , lequel réunissait chez lui un grand nombre de ses col-
iques, qui avaient appartenu ainsi que lui au club des Amis de
la const|tulion , et venaient faire ensemble du ministérialisme ; il
rivait appelé citoyerdouteux et anthjacobin. Ce pei*sonnage as-
«gnait donc le pauvre auteur à se rétracter qu à se voir pour-
suivre devant le Ghâtelet. •
c le me rétracte^ disait Desmonlin^ , mais je demande à M. ^e
Crilloii oii est cette liberté de la presse qu'il a lui-même fait dé-
GPét^ , si je ne puis énoncer un doute sur le patriotisme d^un ci-
toyen?... Je vois bien que pour foire un journal libre et ne point
craindre les assignations, ni des juges corrompus, il faut renon-
cer i être eitofcn actif , suivre le précepte de l'Évangile, donner
ce qu'onUf ne tenir à rien , et se retirer dans un grenier ou dans
un tonneau insçiisissable y cl je suis bien déterminé ù prendre ce
parti, plutôt que de trahir la vérité et ma conscience.
> Oui, je viens de prendre ce parti; je me suis dcbarrassti du
peu que j'avais acquis par mes veilles , et d*ua pécule que je puis
Uen appeler quasi castrense. Â présent viennent les huissiers
328 ASSEMBLÉE NATIONALE.
quand ils voudront. J'échapperai à l'inquisition 9 comme le mou-
cheron à la toile d*araî{;née y en passant au travers. Je bénis la
tempête qui m*a fait jeter dans la mer lesinstrumcns de ma ser-
vitude; maintenant je me sens libre comme Bios. Je rdeverai
toute la corruption de l'assemblée nationale; je dirai que ceux
qui paraissent Tâme de ses délibérations sont corrompus. Je dé-
clare, je jure qu'ils m'ont offert une place dans la municipalité,
qu'ils m'ont dit avoir la parole de Bailly et de la Fayette. J'ai
compris parleurs menaces, qu'ils disposaient de TaUm et de son
Ghâtelet^ et, par Rurs promesses, qu'ils disposaient des places,
de la municipalité et des grâces de la cour. Oui, citoyens, je vous
dénonce que déjà vous êtes à l'encan; on marchande le silence
ou l'appui de vos défenseurs. A la suite d'un repas ob Ton avait
affaibli ma raison en prodiguant les vins, et amoli mon courage
en m'offrant une image du bonheur qui n'est point sur la terre,
et dont ils ne voient pas que le dédoiomagement ne peut* être
que dans la probité , le témoignage de la conscience, et Festiffle
de soi-même ; après m'avoir ainsi préparé à recevoir les impres-
sions qu'on voulait me faire prendre, n'osant pas me demander
de pnilt^ser d'autres principes, on m^a proposé une place de
mille écus , de deux mille écus.... Pardon*, chers concitoyens,
si je ne me suis point levé avec horreur , si je n'ai point dénoncé
cesofTres. J'aurais trahi l'hospitalité , la sainteté delà table....
Que le peuple soit averti qu'on marchande les journalistes, qu'on
dispose à l'avance des places de la municipalité, qu'on eqgage la
parolede Bailly etde la Fayette. Ils sont donc sûrs d'être con-
tinués! Ils se sont donc déjà assurés des suffrages!
> Citoyens, peut-être ne me croyez-vous pas. Vous me dites
comme Démosihènes à ce paysan : Norif cela est faux^ il y aurait,
plus de chaleur y plus de véhémence dans votre dixcours» C'est que
le découragement fait sur moi l'effet de la corruption , et m'en a
donné la langueur. Et comment ne serais-je pas abattu? Je vois
que nos maux sont incurables, que l'égoïsme a la majorité dans
rassemblée, qu'il n'y a rien de grand à attendre d'un*peuple ma-
nœuvre ou sybarite. Je vois que la maladie du corps politique
JUIN (1790) 329
n'est pas seulement dans quelques membres qu'on peut guérir ;
e est la masse du sang qui est corrompue. Je vois que cette as-
semblée nationale que j'idolâtrais, que je proposais avec orgueil
pour modèle aux autres nations» ne craint rien tant que cette
égalité de droits, et ce nivellement dont elle nous avait bercés.
Bientôt la liberté de la presse ne sera plus qu'un vain nom....
Mirabeau m'assurait que c'est à M. la Fayette que j'ai l'obligation
de n'avoir pas été décrété de prise de corps, comme Talon le
voulait absolument. Ainsi, j'ai l'obligation de ma liberté, à k
protection d'un citoyen, et non pas à celle de la loi!... Qu'il me
retire cette protection dontj'ai honte.... Qu'on me décrète si l'on
veut! J'aurai bien le courage de dire : Bamenez-moi aux car-
rières. Pourrais-je y voir rien de plus affligeant que le spectacle
que j'ai sous les yeux, celui de la dégradation de nos représen-
tans, et d'une corruption dont je ne pourrais douter, quand je
n'en aurais pas la preuve par le prix qu'on a mis à mon silence. >
(Révolutions de France et de Brabant ^ r. 3, p. 242 , 249.)
> Elle existe, continuait Loustalot , elle existe, il n'est plus
permis d'en douter, cette majorité ministérielle que nous avions
annoncée, et qui doit sans espérer une contre- révolution, causer
tant de maux à la cause publique ! Des tribuns du peuple, qui ^
s'étaient signalés, en défendant ses droits, se sont, ou lâchement
vendus, ou sottement laissé surprendre par les fausses démons-
trations de confiance et d'admiration que la cour leur a pro-
digués.
» Nous avons observé, il y a six semaines qu'il existait quatre
divisions dans l'assemblée nationale. Il y en avait deux fortement
prononcées; les aristocrates et les patriotes. Nous avons dit qu'il
ne serait pa^ impossible qu'il se formât une majorité nouvelle
qui sacrifiât les intérêts non pas des communes aux nobles et au
clergé, mais de chaque individu et de toute la nation au pouvoir
exécutif.
t La scission qui éclata entre les membres du parti patriote ,
lors de la question de la guerre et de la paix, ne confirmait que
trop ce funeste pressentiment. Cependant , comme les accusations
S^ ASSEl|BLil( NAf I9IIÀLE.
4^ trdbiseiB et ^e v^n;|Uié étiiient Eécîpf(M|ues > cpi« I9 ^liale^it de
l'aoïoiiF-propre avail pi| égarer les dispuians, on aval lica d'at-
tendre que la première démarche qui se ferait de part et d'autre,
ramènerait la concorde parmi les représentans patriotes.
> Cette démarche a été faite par la portion de députés qui se
< • "
rassemble au club des Amis de la constitution. Elle y a rappel^
ceux que des clubs et des comités (i) formés par Finfluence du
ministère en avaient éloignés. On leur a proposé de mettre de
côté tout sujet de mésintelligence » et de travailler de concert à
Tachèvement des principes constitutionnels av^ut le 14 juillet.
» Cette idée était grande et utile ; son exécution était possible,
et du moins on ne pouvait que gagner à entreprendre de Tex^
cuter.Les mtm5/me/s n'ont pasosé$*y refuser ouvertement ;
mais la froideur a>*e<c laquelle ils ont accueilli ce projet , Ta fait
absolument échouer; et l'assemblée nationale a été obligée de
s'occuper de détails de finance, d'articles réglenientaires sur le
traitement des prêtres; au lieu d'organiser l'armée , de fixer les
principes constitutionnels des gardes nationales» ayant que l'armée
et les gardes nationales vinssent jurer le maintien de la consti-
tution.
\ Les orateurs arU(ocnii«s jetaient une trop gniQ^ie dé&veur
sur les motions qu'ils appuyaient» les minuimekle^ ont engagés
à sp taire , certains que les mêmes propositions pce&âraiait une
teinte moins sombre en passant par leur bouche. Les Gaasalès»
l$s Haury se SQpt tu,,.*
> Dès l'instant que quelques-unsdes coryphées du côté patriote
ont passé dans le parti ministériel, et que l'éclat de leur nom»
leur réputation dé popularité sont devenus en quelque sorte un
rempart pour ceux qui les imiteraient» la désertion a été effrayante
parmi les pafnof 65» et dans ce moment on compte tout au plus
soixante députés qui tienuent au principe et à la cause de la
liberté.
(1) dub de i?SQ, et le cpmité qui se réaoiœait chez M. de CMUon. ^
mu am) mi
F 9 fiAit qu^ )e mintôtère n- ail pu les corrompre , i^it qu'il w
tmt p^ sûiriu » de peur qup le peuple »e «'aperçût qu'il émit
U^i » l^es ^ii^ote dép»l^$ Gpinb4|.tept encore avec courage danf^
les qiiûstjQQ$ qiiî ue regarjcl^nt pas le roi ; mm <lè$ qu'il «'agit
de se$ intérêts» ils se coadamneut aii silenpe » de peur de prêter
]^ ^uc à cett|i$ iuaputaUon si souvent répétée , qu'ils sont livrés 9
m t^ni Qj^9é m m 9 et qu'ils veulent faire de la France mie
république, t
l^ustaiitf parïe ensttffe du i^ote scandaleux des Sa millious de
Uitp eivile. U f4it^ rcmi^rqiier l'art avec lequd ou a ferioaé \n
areiUas do peup'e aiuiL réclamations de I9 presse sur cK^(e iudignp
et Ctjurt^aoesqu;^ lii'apid^itiQu. I^ dieu Kecker » ditril 9 l-éterni^
Ifefsk^rt te ministre ^dpré a détourné la colère publique en f^r
99ait publier atussitj^^ une (etire par laquelle il iuvite au nom di|
roi le comil^ des sub$îis(ances à faire fine dimimaion sur le prix di»
)iaiR. La dîminutioQ fut d'un liard par livre*
< B^à» ajouterait Valouet et deux autres députés de son
aeabil , ont cru pouvoir demander des lois sur la presse » e( fmt
des dénouciations k la tribuue de l'assemblée uationole couMrii
quelques écrivains , notamment contre M. Desmoulius* Péjà suit
renonciation d'une vérité trop facile à justifier» le sieur de Grillon
demandé à cet écrivain 1Q0,600 liv. de donmiage^ et intérêts;
dqà la municipalité de Karjs emprisonne l'auteur de Wvai&nv
du peauplcj %o^ aussi lestement qu^auràient pu le foire. Sartine
et(.ettnîc.
f j^f ta Hk&U dp la preuc pomaU exister dans un pays ou k des*
potitme fe pkis ak^ohi réunit dar^s une seule main tous les poHvairs,
eUe wffirmt seule pour, faire f onlrorpaids. Cette maxime d'un écri?
vain anglais est trop connue du gouvernement pour qu'il ne
eherche pas à limiter l^ presse , à en rendre l'usage* redoutable
aux écrivains courageux » à quelque prix que ce soit. S'il l'obte-
naîi , on verrait le plus grand nombre des gens de lettres se cou-
vrir h tète et se laisser immoler ; quelques autres feraient sans
doute la plus vîgdUr^use résistance.
> S'il nn reste un seul qui soit tout à la fois intrépide et in-
J
3S2 ASSEMfiLéE NATIOMALE.
flexible , qui ne craigne ni les coups de Fautoritë , ni le CMeau
des lois y ni les fureurs populaires» qui sache toujours être au-
dessus des honneurs et de la misère» qui dédaigne la célébrité»
et qui se présente , quand il le faut , pour défaidre légalement
ses écrits , ah ! qu'il ne cesse d'abreuver l'esi^rit public de la vé-
rité et des bons principes , et nous lui devrons la révolution et la
liberté. Écrivains patriotes ! voyons qui de nous cueillera cette
palme ! Qu'il serait glorieux d'être vainccf !
^ > O vous qu'un peuple aveugle a r^rdés jusqu'à ce jour
comme des héros ou des tribuns ! Vous, qu'il suit à chaque pas
avec des cris d'admiration ! Vous qui » après avoir cherché à bâ-
milier une cour où vous n'aviez point d'accès, a\ez fait votre
paix avec elle ! Vous qui feignez de ne contrarier nos désirs que
parce que vous prétendez savoir mieux que nous ce qui convient
à notre bonheur! Vous enfin qu'un espoir ^peiit-étre chimé-
rique de Votre retour à I^a vertu m'empêche de ndmnier, je vous
offre ici la paix ou la guerre: veuillez être libres, et nonprotec^
teurs ; citoyens , et non chefs de parti ; cherchez à être utiles à la
nation , et non pas nécessaires ou redoutables à la cour. > {Bévo-
lutions de Paris 9 n" 49.)
c Voyons qui de nous cueillera Iq. palme ^ et sera couronné k
meilleur citoyen. Je ramasse le gant que vous me jetez H. Lous-
talot, s'écrie Desmoulins, et je veux lutter avec vous de civisme.
II ne me reste plus de sacrifices à faire après ceux que j'ai faits;...
mais je sacrifierais , s'il le faut au bien public , jnsqu'à ma répu-
tation. Je répète ici le serment que vous ave^ prononcé. Qu'on
m'assigne, qu'on me décrète, qu'on m'outrs^e, qu'on me ca-
lomnie indignement, j'immolerai jusqu'à l'estime des hommes, je
ne craindrai ni les coups d'autorité, ni le coup des lois; je serai
au-dessus des honneurs et de la misère; je ne cesserai d'abreu-
ver l'esprit public de la vérité et des bons principes; la lâ(^
désertion de quelques journalistes; la pusillanimité du plus grand
nombre ne m'ébranlera pas; et je vous suivrai jusqu'à la ciguë.»
(Révolulions de France €l de Brabant , p. 310.) •
Au moment même où Desmoulins écrivait ces mots^ il rece-
lOTN (1790) 335
vait une Nouvelle assignation » au nom de M. Talon , devant le
(Mtelet» pQurvmr dire qu'il était tenu à rétracter les "quelques
paroles que nous avons citées, et qu'il était condamné à iO mille
livres de 'dommages et intérêts. La réponse de l'écrivain fut
pleine d'éloquence et de dignité: il répondit par une accusation
' contre le Ghûlelet tout entier , et contre Talon , l'un de ses or*
ganes. Hais cet écrit est trop long» et répète d'ailleurs trop de
choses que nous avons déjà consignées ici , pour être inséré..
On peut considérer les articles que nous venons de citer ,
comme le manifeste de la presse patriote. Il était impossible en
effet qae les hommes avancés et attentifs ne fussent profondé-
ment inquiets ; la défection de Mirabeau » la formation du club de
89 et du comité Çrillou en opposition avec celui d^ Amis de la
constitution y la certitude que la corruption était devenue un
moyen de gouverner l'assemblée nationale » tout cela était de na-
ture à effrayer. Mais ce qui surtout assombrissait l'avenir , c'était
de voir le gouvernement s'occuper uniquement du soin de mettre
à sa merci les représentans de la nation, négliger l'organisa-
tion de l'armée , ne penser qu'à mettre ses débris à la discrétion
des officiers les plus dévoués à la cour /lorsque tout devenait
menaçant au-dehors. Le nouvel empereur d'Allemagne venait de
•
foire la paix avec la Turquie et la Prusse. Il disposait donc d'une
armée nombreuse et faite à la guerre ; il était lié par le sang, au-
tant que par l'intérêt, d'un même droit à la famille royale de
France; une armée était déjà réunie sous les murs de Luxem-
bourg; une autre avait envahi le Brabant ; et ce qui affligeait les
patriotes, c'est que* le nombreux corps des troupes braban-
çonnes, après quelques succès, s'était laissé mettre en déroute
par quelques milliers d'impériaux; Bruxelles enfin était com-
promis: les patriotes français craignaient que la guerre leur vînt
au milieu de leurs embarras intérieurs et n'arrêtât le dévelop-
pement de la constitution.
En face de cette tristesse, la société de 89 se réunit au Palais-
Royal pour célébrer par un dioer l'anniversaire du 17 juin. Le
banquet était composé de quelques invités, parmi lesquels on
3&i AssEMiiiilè Nationale.
rM»qtiàtt te corsé Pdoli» et de i9Gf eonvitês^, lambr» dé lai
sbêSété. On cùttipiPiH dan$ co rlombre» BatRy, lar FâffaieV Mira-
befttt ratnfé , Sieyèâ , Ghapélîèr , Fét éqae d'Autérh. G« Ait ni€
fêté ^mptueuse» et qtii fût àonnêé ârrec uii ëèMt qtrièfr fèàn
speèi^lè publie. L'bâtmonié éPiin orcKesféè èOl^i^RKi^^^âp^
iftf iièhibfeiii coneotirs i'àtt&hètn.hëi péréénifat^ dû Baâ^iffif *
s6 [yfëslentëj*ènt plusréaJ^ fbis dthi Mtàèi è^ féHètfëi ^ et SSP
luèreirt lé publie, qHl leA applarûdit. On pbriàéès <éi^fêf,' de rê^
çut une dépfitafion des dames de laf balle ; èifM éû éHâfitsf êtes
coi^plets cotfiposës par Piîs pour la circonstaucè r 9s ftrréht 6S^
mafîdëâ par te pèupte; et on tes hiî ebantâ dtf terat d'tme f^étre.
Oit ti:Ottvera cë& eouptets en note. Ëw yêtité / H! €^ \tSim0hW 9&
pénfser dé bien d*iifie réunion poKcique (fut coli^àf àr etàOidfë
une stiïâti pitoyatde efaàtison (1).
(1) AIK : Des dettes.
Les traîtres à la nation
Craignent la fédération;
Cest ce «pli téi déstflé :
Mais aussi depuis plus d'un an, *
Là liberté poursuit son plan ;
, CTeftt ce qui notis coôsole.
f/in^ant arrive; oti pt>nr jamais^
Vont s'éclipser tous leurs projets ;
Cest ce qui les âésolfe :
Et I1i(toime Ta pour jainaSs
Rétablir l'homme dans ses droits:
Cest ce ctùt ttxxB èonstJleV
h arrive éouveût (ju'iu' iôis
On: v^ deitr po'or revenir trois,
Dit la chanson frivole :
Trois ordfretf ^étâfîèrit ai^éèmbléi^,
Un sage abbé les a mêlée ;
C'est ce qui nous console.
Çuelques-uns regrettent leurs rangs ,
Leurs croix, leurs titrée, fêufsriminé;
Cest Ce èpii lêtf désole f - .
Ne brillons plus, il en est temps»
Que par les mœurs et les taléiis :
é'est 6e qui nons eimso^e.
Smi$ dottte on fèrft moins de esi ,
Et des cordons et des crachats;
érèèt eé ^ là Âésdié :
r
mthtt (179B) ^
JrtnLLÉT.l790.
L'iiistittct de la conservation àbekile Vèilkit aveb tôôtès séë stié^
ceptibilités sur la conduite du pouvoir exécutif. De plus leti plû^
méfiante; h presse dëtnoerâtiquie rc^ériminàit àmèrem^t boâtre
iéii infidëiitës de la bonstitUtion aux principeè qui avaient été cèfi-
sàcrës dans ià déclaration des droitô;L6drbit diplbihatiqnév Mni
de préparer la guerre et dé la cdmthehicâ* attribiiés à là royàhtë;
lé iftm sust)éiisif^ qu*&n s*attekidéit à voir cbangér en veto àhMà ;
le décret qui divisait en dèui classes lés citoyens actifâ ^ doht les
tniii poilr être ëtêdeurs devaient contribuer de trdi^ jburhécâ dé
tratail , et leé âtttrës dé à\% jobHiééé ^our être ëligibies ; celui
qui mtathait à iiidi ttiarc d'ai^éni rëUgibililë aux fëhcttobs li%islà-
tivés» tels étateiit^ éé substàhéé^ les ^hjët^ deis réjirochés adres-
sée à ta maji^^rité dé rassemblée et alit niiiîistres; à la veille dé M
ftidëràtion;
Banè uiié nbte de ràrtielé cité à là page 272^ Dèlsmoûlihs di-
sait : i Eôk*^qué té comité des finances proposa té traitement de
I00>,6DD Uv» aux ministres, le rapporteur appuyait la motioti àiir
la néces&ilé dé là représétottoh ëtd'nhé tàble. O&'est la bécëssitë,
a Hit M. Ah dé Lâmëtb , d'^voyér là taille de S ou SOO villages
à râ^cunlitië de quatre ou cinq mibistrés i On ilë ^'ést qbé trop
rie^Sehtl dëe^ dttiérs iïi séance dtk soli*, ist quelquefois à céltë
dti Ibiidèmâim C'eét là (}U'6n a trinqué à là ruine de la liberté.
GèmBiën 9è scrutins et de projets de décrets ()iS#t été rappor-
tes Hé Toflteé! Ndus^ tfavotts point de plus graridis èriùemià que
K& étiiàimêrs dés ihihistreâ. Mais DéUmesiiiers et Grillbh lé Jéttiiè
Mais les lauriers , mais les épis, ^
Les feuilles de chêne ont leur prix :
C'est ce qui noua cdnsolé;
l(hi êh a TU qui , 'tristement
liront fait qu'épeler leur serment,
Cl'êsl ce ^i nous désole :
On Ta le faire à haute ¥Oix,
De bouche et de cœur à la fois :
C'est ce qui nous console.
à
S36 ASSEVBLÉK HATIONALE.
se sont déclarés hautement pour les dîners» et Ton a accordé les
100,000 liv.» sans quoi nos pères, conscrits auraient perdu une
épreuve à leur vertu , au lieu qu'il est plus glorieux d'avoir une
opinion anti-ministérielle » en sortant de boire le viu du mi-
nistre, t
VAmi du peuple du 28 juin renfermait une accusation contre
la Fayette et son étatnnajor tellement pleine de feits» que Camille
lui-même 9 le prôneur du commandant-général, disait à tout le
monde : Avez-vous lu Marat, le divin Marat? Ce numéro, fut ven-
du jusqu'à G liv. la demi-feuille. Loustalot criait aus^i^de son c6té
à l'aristocratie, sur l'état-major soldé de la garde nationale, et
il en avait exposé et hautement blâmé la conduite dans l'afEaire
de l'officier volontaire Ferai (1) ; plusieurs districts venaient de
créer un comité de surveillance chargé d'en contrôler les actes.
.Au moment oii allaient commencer les élections municipales,
fixées au 4 juillet , le titre légal de citoyen actif était vivement dis>
cuté. Le décret qui le conférait réduisait, dans le seul faubourg
Saint-Antoine , plus de 30,000 citoyens domiciliés, a moins de
deux cents électeurs. Marat en écrivait ainsi aux citoyens inforiw
nés des faubourgs Saint-Antoine, Saint-Marcel, Saint-Victor,
Saint-Martin , et de tous les autres quartiers de Paris:
c II n'est aucune puissance sous le ciel, mes chers compa-
triotes, qui soit autorisée à vous enlever vos droits de citoyens,
nommés ridiculement droits des citoyens- actifs. La' déclaration
des droits de l'homme porte, article IV, que tous les citoyens
sont égalemeM ^missibles à toutes dignités, places ou emplois,
sans autre distmction que celle de leurs vertus et de leurs talens.
A plus forte raison étes*vous habiles à donner votre voix dans les
élections.
€ Les seules qualités qui doivent caractériser le citoyen ad-
missible dans les affaires publiques, c'est d'avoir un domicile
fixe, afin de n'être pas réputé étranger, passant ou vagabond;
d'avoir l'âge de vingt-cinq ans, afin d'être présumé instruit et rai-
(i) Bévolutiom ik Paris, u* 91, p^ 360, et n« 52 , p. 095.
JUILLET (479(^ 537
scMuial^e» et d'aviûr de bonnes nueursi $fia de n'èti^ pas sus-
* pect de yënalité et.de corruption;. . ,
> , Quant à la contribution directe qu'un décret vexatoire exige
de vous f elle est nulle de droit , puisque ce décret postérieur à la
déclaration des droits de Thomme la contrarie, puisque ce. dé-
cret est purement réglementaire; tandis que la. déclamtion des
droits est la base inébranlable de la constitution. Et puis » les
nombreux services que \has avez rendus, à la patrie , et les droits
onéreux que vous payez chaque JQur au fisc sur vos consomma- .
tions, ne sont-ils pas suffisans?,..
> Assemblez-vous donc sans balancer; allez en corps -vous
faire inscrire dans vos districts respectifs : il ne s'y trouvera, par-
mi les commissaires aucun homme assez p^ raisonnable pour
contester vos titres , si vous avez le courage db ne pas souffrir
qu'on vous compte pour rien. >
Cette doctrine était présentée d'une manière plus concluante
peut-être dans un article de Loustalot , où il examine la promo-
tion de la nouvelle, municipalité de Paris. Il y déclare , en termi-
nant , que le décret d& l'assemblée nationale qui fixe la qualité
de rélecteur et de l'éiigible sur sa contribution à l'impôt^ est le
plus inconséquent qu'elle ait rendu; que le peuple l'a cassé de
£ait dans plus des trois quarts de la France; qu'il serait beau,
qu'il serait digne de la commune de Paris de donner l'exemple
général de regarder ce règlement comme non-avenu, etd'ad- ,
mettre à toutes les places^ sous la seule condition du domicile
actuel^ etc., etc. (Révolmions de Paris , n® 51 , p. 630.) ,
Les journaux royalistes ne participaient en rien à cette contro-
verse; ils jouissaient d'ailleurs d'une liberté illimitée, c La Gazette
de Paris, les Actes des Apôtres, tout ce que l'aristocratie a pro-
duit de plus lâche, de plus ati*oce contre TassenûiUée nationale,
les pamphlets insidieux et pervers que le ministère h.it fabriquer
contre les députéis patriotes, et contre les écrivains qu'il n'a pa
corrompre, circulent tranquillemeut; on les donne à ceux qui ne
veulent pas les acheter (1)« > Au lieu de cela, on poursuivait k
(ï) moliit(<m (k Pwr{9i a* 52i p« 737%
T% VI*
ootranœ Je» journaux révolvtioiin&ires ; on MCâMait d'an^endM
Fauteur des Hévolutions de France et de BrabatU; on traqiiaU
U^t ; l'Oraieur du Peuple, Frëron , avait été eiiipriaonBé »
pour a^^ affirmé que le garde- des -aceauiL avait déposé
aux arobives du parlement une protestation contre h oonsti^
tutioo i pour avoir proposé dans une adresse d'établir un club
de la yi^té de la presse. L'aditiinisthition municipal avait tait
enfermer à Bicétre le colporteur qui i4ndait la vie privée de h
Fayette, et elle relâchait le 96 juin un soldat de la garde pari«
sienne» arrêté dans la salle de rassemblée nationale, distribuant
tm fibelle infiftme contre lés Duport, les Bamave, les Robes-
I»erre, les d'Aigfuilion.
^ tous ces griefst s'ajoutaient des bruits alarmans sur qudque
machination inf4nale tramée pour le 14 juillet. Ledépaurt pré«
cipité de plusieurs familles riches, et les demandes de cdngéj
faites à cette époque par un trè^-grand nombre de députés, ac-
créditèrent oetto terreur. Nous n'eu décrirons ni la forme, ni les
incidens; nous nous bornerons à dire que les plus dairvoyans et
les plus calmes, parmi les écrivains de Topposition réputîKcarne,
ne voyaient dans cette fête de la fédération qu'nn moyeti de
royaluer la France» Mais la partie gfave de ces troubles*, c'était
la crainte^de voir s'ouvrir k Paris les élections municiiKites , pen*
dant qu'on y éuiit encombré par des préparatife immenses et par
l'afibience des députatioos départementales. On n'avait pas cessé
de redouter surtout la guerre avec la Grande-Bretagne, guerre
qui compromettrait ouvertement les travaux d'organisation inté'
rieure auxquels la France était livrée. On l'avait repoussée comme
le voeu le phis cher h l'aristocratie,* et ce sentiment éclata danâ le
public en même temps que dans l'extrême gauche de rassemblée,
loiraqu'on af^nrit la nouvelle de l'incendie <le Port-Louis, parce
qii*oaji^;eait que le ministère y trouverait le prétextétFnn arme*
emA générak
Dans, la aéanoe du 30 juin , Arthur OîHo» préscHita un prc^
de.décret auf b colonie dé Tabago, lequd^ donna fieu è la (^
cussion suivante :
9
itf . Botof»Mfir^^ Jô^ne ^ptti^tne dfefieûlmiî iifbbâërVér qtt^aueiia
currence àMsî impomnte» Je prie réà«ââblë^^âéf;édtt^àé^l«
€|ii6Uei^.pettrr9ient être les doflsëqaeficdf d'iin <léi6f6t:]pÀr)ëi(ueI
le jkmvoir eHéGutlf serail indéâniiMlitaiitOPisë à BOre^ Aftië^
fiîeBC poup éecourir une eotonié dont >^s ae condftiésé^fitô llikàl.
(II s'élève beaucoup de martnures^ -^ On demmide àaSeptmiE
voix,) Si celte coiisidëralion ne vous touche pas; si vous ne vou-
lez pas réfléchir sur les intentions du gouvernement dans nos re-
laUbiifi extërkwcs $ si vous ne vouiets p&6 ^o'dti piiisiie1ili)piiiié«
nectt iût% «ne guerre étrangère \ si vous n6 voulez fMiâ que je
TOtii disQ que ce ne sera point par une proposi^ii diréete qu'on
«hero^êrâ à eng^g^ la guerre , mlHS par des pt<ôposHiens et des
déaiarohes détotinaées , dont l'effet sera d'autant plus sûr ^ qu^il
sera éloigne ; si vous ne voïilèz pas qne je vous dise que personne
ne connaît l'état de cette colonie ; qne ce que vpns en savez, vous^
ne l'avez appris qiie par l'assertion d'un ministre et d'un seul de
vos membres» ^'examinez pas, prenez un parti sur la proposition
des ministres 5 c)»(>yez*4es sur parole, et décrétez W guei*rê et la
servitude.
m. Anhur Dilhn. Les armemens dont se plaint Bf. Hc^s-
pierre consisteiit en un béttimènt itiàt^chand , portant trois cents
hommes.
• ■
if9j>uvttl (ci-devant d'Esprénienfi). Sî M. Robespierre aoutô
dés faits , je vous proposé de renvoyer pour comnrfssalre à Ta-
bago , afin de les vérifier. '
M, Robespierref II n'y a pas de milieu ; il feut entendre avec
patience les menrifvesde eeàeàssemblëèi , on s^poser à tons les
éangers d<»it j'ai parlé. Je ne sais si les mesures proposées sont
déterminées par les besoins de Tabago » ou par des menées our-
dies par les ministres pour occâ^oRner la guerre. Nous avons
peur garans des faits une lettre d«i ministre , et l'assertion f un
de nos coliègaes. lanrais nos décrets ne doivent être rendus sur
des asserciofis isolées et appuyées par des assertions mtaisté«*
ftdUs. JKoa tnqiiiéiadei smit d'Mtam miêM fyëdié^^ ^M n'a
510 ASSEIfllliB NAtlONALE.
pas laissé au oamiti le temps d'édaircir ks £adu«««.. D'après ce
qui m'esttdît en ee moment par les députés des colonies , je de-
mande le irenvoi da projet de décret au comité colonial.
MM' .Beynaud etGouy , députés de Saint-Domingue, appuient
la propjOfiition du renvoi au comité colonial. — Sur la proposition
de H. DesmeuniAs» le roi fut prié d'ordonner au ministi:e de
notifier.ofBcieUêment l'état de Xabago.
SÉANCE DU 1*' JUILLET.
Glermont-Tonnerre annonce que des troubles ont éclaté à Ris^
et que cinq personnes y ont été massacrées. — Décret sur la pro*-
position de Yemier » qui ordonne la perception de l'emprunt ac-
cordé à la ville de Montbrison , et invite les officiers mnnictpaox
à continuer leurs fonctions. — Rapport de l'évéque d'Oléron sur
le désastre causé dans cette contrée par les inondations.
Durand présente un rapport et un projet de décret sur les pa-
tronages laïques et sur l'aliénation des fondations et étaUissemens
ecdjési^isliques. Opinions d'Ândrieux, Treilhard» LandiuQ,
Camus et Martineau : ces deux derniers sont chargés de présenter
quelques articles conformes à leurs vues.
Le ministre de la marine rend compte des événeipens de .Ta-
bago. Discours de Gouy à ce sujet. Barnave fait décréter que le
roi sera supplié de faire passer à Tabago les secours réclamés par
les habitans. — Adoption des articles rédigés par Camus c^ar-
tineau , conservant aux laïques la propriété des chapelles .et fon-
dations particulières.
Séance du soir. — L'inopportunité des élections avait rencontré
de nombreuses résistances. Le décret du 2â juin, portant que les
opérations préalables seraient terminées le 4 juillet» et que
les élections commenceraient au plus tard le lendemain, nefiit
reçu que le 7 juin, à sept heures du soir, à Thôtel-de-ville : les
deux cent quarante en ordonnèrent la transcription sur lès re-
gistres. Le 2i)j une proclamation publiée à son de trompe, con-
voqua les citoyens dans leurs nouvelles sections^ Le district dei
Cordeliersr y répondit par ua placard dont nous e&trsâratis lé pas-
sage stfivà&t : '
c.;.. Qttoil c'est dans cette agitation des préparatifs et dé l'at-
teftte^de ce graiyl jour» qvie le msmre s'occâpe de dépecer, disons
le m9t^ de tuer, d'anéantir les districts » fruits du molaicsat et de
la nécessité; comme sa maine provisoire, comme la'muniap^té
provisoire, mais fruits bien plus Heureux et qui ont été jusqu'ici
TaEmentdu patriotisme; fruits auxquels cette capitale 4<H( son
salut , l'assemblée nationale son indépendance , la Trapce enldëré
sar^énération. Une prétendue proclamation du maire etconsorts,
sans avoir été notifiée anx districts , est affichée dans les rués ; la
nmt , avec la précipitation et la tinndité du crime !
» De qudie surprise, de quel effroi n^ont pas dû élre frappés
les' bons citoyens ;d'appren(k*e d^une part, et tout à la fois, que
le S7 juin, ce travail réputé incomplet avait été présenté à la sanc-
tion royale ; que le rnôme jour iM'àvait reçue; que le no^e jout
la fflttnidpalilé actuelle avilit été instruite de la sanction; que le
même jour elle avait arrêt4 d'en précipiter l'exécution ; que le
même jour on avait rédigé une ordonnance de par le maire et
ccmsorts, pour forcer les citoyens, absorbés par d'autres détails,
à s'assembler à trois jours de là , le V^ juillet, aujourd'hui , non
pas dans les lieù^ consacrés par leur assiduité, par les preuves
de leur civisme, avec ses camarades cpii depuis un an les parta-
geaient et aidaient à les multiplier, mais duos des centres nou-
veaux, déterminés par le compas géométrique des arpenteurs,
éhoisrisan^édu rapporteur, organe complaisant de la munici-
fiaSM; queee jour, premier juîUet y marqué pour lâsépidtttre des
anàem ^^rUUy serait celui de ^intronisation êtes nouvelles seciiions,
de leur entrée en activité; qu'arriver^ s'entrevoir^ élire ou pbUét
confirmer la munictpalké actuelle; serait le devoir prescrit aux ci-
toyens appelés acéfst o^^s que l'on devrait hi&ai plutèt appeler des
automates aveugles et insensibles , s'ils pouvaient se prêter à des
injonctions aussi suspectes.
c On ne peut guère douter, si le plan consigné dans la prodla-
malion a lieu , que la première idée qui frappera tousles citoyens
«diô^ mlmi t^ île lu toéeemcé de ^mf^fmtàtWie^^i^^
ce doDC-Ià le but secret des titulaires actuels» qui ne diMÎfliiiIwt
A*ùi\iéxm ni leurs prëtetitk>n$ si leurs e$përdiice^? IVéfiérQr^nt-
ils de $iupte0étet d'arracber énsi les suffrages de Ieiir$ Gomi-
fieyens par la viii^ du daqger qu*il y auraii à leur donner d<is #uo-
oèsseniVt plntdt qite de les devoir à un chm YKdûntairei à une
âeelion réfléehie et non conumandëe par les.^nsondtançes. 9
Looildnt avait prédtt quatre mois d'avaw^ qndles KsmiA les
iningfues spe la buinicipaltié mettrait 0n ûmvre poiir se i^t réé-
lire ; que la oaur et les d^tés da Paris à ra8$eii^b]i9e MtiQWle
les favoriseraient pour faire tomber l^ suffniges sur de^ oi^-
tures qui leur fussent vendtiesi < Si leeode inumoif^s^^ diwHlw
mpîs de février {Bévotulumi 4e Park^ t^"" 3â» |>^6?b# 13^ et^-
vantas), lu déeret de rassemblée nationalef la ^sanoiîoo et la con-
vocatii)û fiQiu* les élections 1 ont lieu au noiéine moment^ il est cer-
tain que chàeun tpnraera pnesque noalgre lui» les r^ards vers
eenx qu'il n dqà ëlu^u. Lors de rélfictiott de vas doutés à ras-
semblée nationale tout fût précipité» On suk la même marche,
pourrait-oti ne paë avoir le même but i *
Coisimdtv Marat , comme rappelait De^moulins , r^aBexmtrait
égaleniMèilt au bout dé ces ^onjedlnres et de ses divînàtioBs , des
résultats qu'il avait anndntsés. Alora il accusait liaiiteÉient Baîily
de vouloir s*empàrer de mute Taittorité en fomsqoant Toi^nisa-
tion municipale, en appelant les électeurs dans des ciroonstances
calculées pour qu'une leur fût possible d'agiier d'antus^ eandî-
tintnres que la sienne et ceUe de ses snballernes. Une^plâce de
cent mille livres vpËiît bien, dbsèrvàit F^n^t iofo peuple^ qn'oD
«'«ffiorçàt de la conserver, surtout lorsqu'on Avn{t,eeiima le
fitenr BaiHy un p^Kdiant reconnu pour le £é^.
Desmonlins, de son côté, apostropbak de la sorte le mtoe
Baffly e tQaml Paifly, toi qui n'as jamais pA^mrattre tfn« ssnie
fois devant le roi et sa femme sans pleurer comme uir vean, et
sans t'écrier que c'était le plus beau jour d%fa m (Utoi[>lM^mani
ainsi le jour oii ton étoile te plaça le j^emier sur le liaateuil de
l'asst^mblée nationije, et où, par l'impulsion du moment, élevé ao*
nmuf (ITM) SIS
4!tmB de tcÂ-toémef ^ n'as volé é&pm que imve à i«fn^ to
88 !• premier le serment do jeu de pamlme) , toi donc è Sgbain!
iittî as otteseosHMlitë si expensive.*. MaUieoreu Baiily ! la mqoritë
desdietriota eâleonlretxri'; tu seras dépenilië derédiarpe^ilioitt*
d«a quitter ce palais et cette fin^ée^ et ce suisse ^t ces repais
spitedides) et.oe faste desatrapcw.é (1).
Trenle-six autres districts se réudireiijt à eeliu des Cerdelfers
el eavQfàrciii née d^otatiek^ à le bMre de rassemblée le soir du
fii4me jùm V" jaiUet. Gette pétitioa Ait suivie d'un rapport sur la
proeédure crinninelle dirigée par le Châtelet contre les individus
qui avaient incendié les barrières le i4 juillet de l'année préoé*'
dente. La minorité royaliste s*opposa aux deux dëDrel& qui for-
mèrent cette double discussion.
[Une députation de trente*six sections de la ville de Paris de-
mande que le jour des élections de la municipaUcé, fixé aii 4 juil-
leif «ait changé et déterminé de nouveatt pour le.!""^ ai9ût«
M* Akummlre de Lameih, Veii$ vanes d'entendre la pélkion
désettoyens de Péris, et vous sentez tous combien elle est fondée
en jtif on. Sans doute vous eonceveis difficilement comment il est
possîl^ qu'on ait ^oîsi le moment aetud pour ftâre faire les
élections de Pays. Tout le monde sait que l'époque des élections
est dans tous les pays un instant de fermentation » et ne peut
manquer d'en exciter dans une ville àiissi considérable que Paris.
D'après cette cAMrviation» comment a^lron pu choisir» pour une
opération si importiinte, le aaoment de la fédération génénale?
Gomment a-t-<9i pu eboisir une époque qui » réunissant dans la
capitide un^fr^d nombre d'étrangers» rendra la poKce beaucoup
plus idiffieile à entret^ir? D'^HIeurs, vpus savez tous que des
bruits répandus > je ne sais à quelle intention ^ mais sans doute
par les ennemis de la chose publique ; que des annonces de dé«
SOvdr«i| et de troubles pour le U juiliet» ont dqà éioi^é un grand
M»bre de oitoyim de la capitale. Si l'on veut augmenter ce
aeml^re, si Vim vent donner quekpie probabilité à ces bruiu af*
344 ASSEMBLÉE NATIONALE.
fl^eatis^ en n'a qu'à persister dans le projet de feire procéder
aux élections cbns une cii'coBStance aussi délicate. Mais vous qui
désirez le calme , ^i ne voulez pas voir troubler une fête aussi
touchante, vous repousserez tous oesaliimeiR de fermentation et
de trouble. C'est dsms cette p^suasion^ que j*ai l'honneur de
vous proposer de décréter que les opérations relatives aux élec-
tions n'auront Keu qu'an i^' d'aoât.
M. fabbé Maurry.Je crois nécessaire de renvoyer les élections
au mois d'août, quoique les frayeurs pusillanimes qu'on veut
donner sur Je 14 juillet » me paraissent dénuées de fondement ;
mais , pcmr rassurer tes citoyens de Paris sur les dangers de cette
^que, je déclare à tpute la nation et à la cafHtale que M. le
duc d'Orléans et moi nous y serons.
M. Desmeuniers. J'appuie la proposition de H. Alexandre de
Lamèth , déjà fortement recommandée par le vœu connu de la
grande majori^ des sections de la capitale. Je ne proposerai
qu'un seul amendement , qui a pour objet de faciliter les opera-
tiéns. Il consiste à autoriser les citoyens à se présenter dans lés
sections pour faire reconnaître leur qualité de citoyens aétife.
La qucsti<Hi préalable est demandée sur cet amendenent.
L'assemblée décide qu'il n'y a pas lieu à délibéiyr.
M. Marnneau. J'appuie la proposition du comité de constitu-
tiou ; mais je pense que l'objet qn*il se propose serait également
rempli , en fixant l'époque dés élections au 25 juillet
M. Alexandre de Lameth. J'adopte ce changement.
L'assemblée délibère et rend te décrel suivant :
€ L'assemblée nationale décrète que le roi sera supplié de don-
ner des ordres pour que les opérations prescrites par le décret
du 33 juin y sur la di\îsion de Paris , ne commence qu'au 2S de
ceYïiWs. >
M, RewbelL Lorsque vous prenez des précautions pour la
tranquillité publique, en commémoration dé là prise de la Bas-
tille, la cour des aides en prend d'une autre nature; elle pour-
suit un grand nombre de citoyens qui sont coupables d'avoir
étendu l'esprit de la révolution de la Bastille et des Invalides aux
JUILLET (4790) 34S
barrières. Cent décrets ont été lancés. Cette affaire est la troi-
siéme à Tordre d|i jour » je demande qu'on s*en occupe sur-le-
champ.
M. Muguet^ au nom du comité des rapports. On a hier donné
connaissance au comité des rapports d'une procédure crimindle,
instruite par la cour des aides de Paris » contre les individus qui
ont pillé et brûlé les barrières. Beaucoup de citoyens sont dé-
crétés, plusieurs sont arrêtés. La commune de Montmartre ré-
clame un grenadier et sa femme emprisonnés en vertu d'un de
ces décrets. Le 24 février dernier,' le procureur^général de la
cour des aides a rendu sa plainte , sans avoir aucun dénonciateur,
II est intervenu , j€^éévrie^, un arrêt qui lui permet d'informer.
L'information , commencée le 39 mars , a été close le 39 avril :
quatre-vingt-deux témoins ont été entendus; soixante-dix sont
pris parmi les employés. Le 10 mai, il a été décerné quatre-vingts
décrets de prises de corps , onze d'ajournement personnel et trois
de soit-oul , contre des citoyras de Paris. Le même jour, réqui-
sitoire du procureur-général en addition d'information. Depuis
cette époque, onze particuliers ont été arrêtés, presque tous de
nm't , savoir : cinq le 46 juin dernier, et six le 18 du même mois.
La procédure a été suiyie publiquement contre ces onze détenus.
Le 30 mai, les officiers de l'élection considérant que leurs au-
diences étaient devenues très-tumultueuses, que l'afHuence du
peuple était inquiétante , qu'on avait* aitendu des menaces de na-
ture à donner de justes alarmes, avaient délibéré de surseoir,
jusqu'à ce qu'il eût été rendu compte à l'assemblée nationale de
l'état de la procédure Votre comité a fait plusieurs observa-
tions qull «st important da mettre sous vos yeux. Il a re-
marqué:
l"" Le retard affecté de la cour des aides, qui a attendu huit
mois avant de commencer ses poursuites ;
2* La concurrence des décrets avec l'époque du 10 mai , oii
tant de ressoits avaient été mis en mouvement pour opérer une
contre-révolution ;
S"* La qualité des témoins , qui , pour la plupart , ont , comme
546 AssttBtiE sfàTiûiruB.
employës de» Fermei, w iatërét marqua. 4éb$ ^te ittm ;
4** Le Doioi^ra des diécrei$, qui devait être plus oonMértbte *
sans les craintes que la disposition du peuple donnait , et jqfA imt
détermiuié à susp^dre }a naarcbe de k procédure. Si ^e était
(X)iitinuée au moment de la ^ératioo» eile pourrait jeter de ia
défaveur çur un tribunal dont la confiae^^ publique n'est éij^
4ue trop éloignée. À TiiiMni de raomversafre de cette époque
mémorable , il faut jeter ùu voile sur le passé. Rqppdez-voos ia
fermentation qui régnait dans la cfq[)itale ; rappdej^vous qm te
besoin d'être libre agitait un p^ple nombreux; H W eoBSidérmt
les employés que comme les ageas de perc^09S arbitraires» dt
vexations dont il avait été trop lougHeitpsJa victime. U a dé-
truit les monumens fastueux que rimbéoile prodîgaii^ d'un mi-
nistre coupable semblait avoir élevés pour insulter à sa suaire :
il a brûlé les barrières; mais de la même main il a pris laBasliiie
et assuré la liberté. Sans doute il put $e mêler à eetl9 action des
intérêt^ personnels ; mais ils furent ea petit nondire ; ikiais ces »
téréts profitèrent de Tenthodsiasme qu'excitaient Tamonr et f es^
poir de la liberté. Si vous penses que la procédure doit étn
continuée , la loi frappera plutôt sur des dtoyens entratoés , que
sur des coupables; si vous aut^ujsez ces poursuiles pour l^iris,
ordonnez-les pour tout le royaume, car dans tout le royaume on
a brûlé des barrières.,.. • Les juges alors» loin d'être des preteo-
4eurs» ne seraient plus que des ennemis* Ces juges ne veuteBt4is
donc laisser après eux aucuu r^gnet? veutent^lSf avant leur
destruction » venger l'ancien régime? Le 14 juUtet» qui aôrn un
jour de fête et de bonheur pour tous les.citoyewi français.» serait^
il, pour quelques*nns , un jour de deuil et de kunue»?...; Il fant^
dans ces circonstances, voiler la statue de la loi Le 8t OMurSi
l'assemblée^a ordonné le rétablissement des burriiires^ sans or-
donner en même temps la poursuite des eoupabtes^ Ce silMoeda
corps-législatif aurait dà sm*vir de régie aux tribunaux. Le eottiité
des rapports propose le projet de décret suivant :
c L'assemblée nationale , considérant que la procédure crini«
nelle commencée par là cour des aides de Paris , et renvoyée à
à^ékttàoA dft fOllô avilie, ayant pour but dt pouriultre lei auteurs
•des iaqeodies é^e» barrières ^ qui a eu Ucu dan& le mois de juil»-
let 1789 , pourrait jeter des alarmes , non-seulement û^m la capi-
.fate , mais eucore dan$ ma les départemens où de pareilles pro-
cédure^ pourraient être faites ; que Tinsurrection du 14 juillet ne
doit laisser d'aulre souvenir que celui de la liberté conquise ; que
-4'atllettr^, si quelques excès de la nature de ceux dont le procu-
reur du roi ft rendu plainte, se sont mêlés aux mouvqmens d'un
peufrfe qui recouvrait ses droits, et qui , dans toute autr^ circon-
stance, seraient sévèrement punis, sont tellement liés aux évéae-
mens qtii les accdnipagâfdt , que ce serait s'exposer à confondre
riDopeenC et le coupable, que de vouloir en poursuivre les au-
* leurs, a décrété et décrète :
» Que la procàiure oriisiineUe, commencée le 24 fé>Tier der-
nier, à la réquisitiQU du procureur^général de la cour des aides
de Paris, concernant TinoeaMlie des barrières, au mois de juillet
ifSSi, et renvoyée en f Election , demeurera comme non-avenue ;
-que défienses seront faites, tant à ladite cour qu'aux ofHciers de
J*£leclioB , 4' Y donna* aucune suit»; que les personnes arrêtées
> en vertu de décrets rendui dans cette procédure, et non préve-
nues d'autres délits, seront mises en liberté, et que le président
,se retjfera devers le roi. pour le supplier de donner les or-
dres néoessàires pour l'exécution du présent décret. >
M* tfàbé Maury. H est aussi contraire à mes principes qu'à
mon caractère, de aollîciter la sévérité de l'assemblée nationale
contre une portion égalée de mes concitoyens; mais je sais que
rimpunité est opposée au bon or(lre. Je demande donc que l'oyi
n'écoqta. sans préveiition; ma conclusion ne sera peut-être pas
très-opposée aux. principes du comité* Les impôts indirects font
mw partie «saèntieUs du revenu public La ville de Paris paie un
hnitièaie des impôts indtrteets du royaume , c'est-à-dire 70 mit*
liOMi... 70 mittions.... 70 millions au moins. (Il s'élèvp des mur-
mures.) On in'a n{al «ntepdu , je répète. . . •*
On demande à aller aux voix.
Je me renferme dans la motion faite sur la forme du décret
348 ASSBHBLis ftknMktn.
que vous avez à rmdre. J'examine d'abord si la omekisioD da
comité est exacte... Ne vous laisses pas aveugler par des préven*-
tions personnelles.
II est de principe chez tous les peuples , et ^ns toutes les lois
raisonnables » de suspendre Texécntion d'un jugement ; jamais
nulle part on n'a aacore suspendu rinstrucUon d'un procès.Yous
n'ignorez pas que dans noti'e jurisprudence crimindle aucun ci-
toyen ne peut requérir même la punition d'un coupable, et que
la loi a réservé à l'homme public le droit de poursuivre un délit
public.
Les Etats-généraux de Paris, d'0f1éfflis/de Blois, ont or-
donné au procureur-général de la cour des aides, de requérir
l'exécution des lois sur l'impôt toutes les fois qu'elles ont été vio-
lées. Or, de quoi s'agit-il ici? U s'agit d'un délit public que le
procureur-général est obligé de poursuivre, sous prâe^de for-
faiture. Quand même voua considéreriez rassemblée comme.sub-
stituée au conseiUprivé , à ce conseil où Ton exjianinmt si les ju-
gemens rendus par les divers tribunaux de justice étaient c(h^
formes aux lois et aux ordonnamies, je .yqh& rappellerais qu'il
n'était pas au pouvoir du conseil-privé d'arrêter rinstmction
d'un procès. Jusqu'à ce moment, le consul-privé a été chai^
de recevoir des requêtes en caution , et de casser les jugerais.
Aussi a-t-il été défini par un grand magistrat, par. M. d'Agues-
seau, le garder-corps de la /oi,'cest-à-<lire que tous les ci-
toyens français venaient réclamer de lui qu'il remit la loi en vi-
gueur lorsqu'elle avait été méconnue. Ce n'est donc pas la sus-
pension de l'instruction d'un procès que l'on peut vous deman-
der, mais l'anéantissement d'un jugem^t. Le législatair peut ac-
corder une grâce, mais il ne peut pas autorisa l'impunité; et ce
serait l'autoriser que d'interrompre une procédore. Ce qu'on
vous propose n'est dcmc point légal : <]aas cette- occasion , je me
crois obligé de faire une réparation publique aux habitans.de
Paris, que l'on confond avec. des brigands qui ont incendié les
barrières. C'est pour intéresser votre patriotisme que Ton con-
fond deux décrets différens : d'une part , ce sont les barrières
JUILLET (i790) 349
que Ton vous présente; de l'autre, c'est la Bastille et les prisons
d'État^ etc.... Youlavez rendu un décret pour faire reconstruire
les barrières ; en avez^voas rendu pour faire reconstruire la Bas-
tille? On vous propose d'aller aux voix?... U est démontré que
mon obstination à soutenir la justice excite des rumeurs dans
rassemblée. Je dis que les hommes qui , sous le prétexte de la li-
berté, n'Ait cédé qu'Mies mouvemens d'intérêt personnel; que
des hommes, qui , pour être libres , ont causé l'anarchie et le dé-
sordre, n'ont pomt de «droit à votre indulgence. Us vous inté-
ressent , je le conçois , je partage cet intérêt ; mais comme légis-
lateurs , c'est déshonorer la ht)erté que de la voir dans de pareils
excès. C'est déshonorer la liberté que de confondre les véritables
défenseurs, les représentans de la nation, avec les auteurs du
désordre et de l'anarchie. Je dis donc que le procureur-général
était obh'gé de poursuivre ceux qui ont brûlé les barrières ; jeudis
que la perquisition du coupable, et que la punition de ce crime
public intéresse la capitale , puisqu'elle paie 70 millions en im-
pdts indirects. Il est donc impossible de cotivrir du voile de l'im-
punité une insurrection criminelle. Vous pouvez fair^ grâce;
mais empêcher la loi dé prononcer une peine, ce serait un abus
coupable. Or , ce n'est point une grâce que l'on vous demande,
c'est donc Fimpunitëi que l'on vous propose de décréter; et
vous ne le pouvez pas,^ vous ne le devez pas... Il n'est certaine-
ment ni dans^Vintention , ni dans les principes de l'assemblée, de
prononcer un jugement d'impunité. Vous pouvez accorder une
grâce, la solliciter. Mais dans ce moment, le coupable n'est pas
convaincu ; le magistrat chargé du ministère public poursuit Tin-
struction du délit ; il remplit un devoir que vous devez protéger.
— Je conclus et je demande que l'instruction soit poursuivie , en
ordonnant toutefois que le jugement ne pourra être exécuté
sans que préalablement l'assemblée nationale n'en ait eu con-
naissance.
«
Le projet de décret présenté au nom du comité des rapports
est adopté sans aucun changement.]
HUOi ASSnBiiB tUTUHULE.
SÉÂIIQE DIT 2 aÙILtETi
Les demandés de congé dont uoas avoii& j^rlë pcoiaïqoàrent
dans cette séance noe explication trèfranimée, d'où il réscdta que
le côté droit âait coupable de ki plupart de ces absences^ et cfàU
giiaitlesinteiprétations* *
[Un dépaté d'Alsace demande on passeport pour se retirer
dans sa province , qà 11 est appelé par ses aflbires.
M. Èouche. Je fais la motion expresse » qu'il soit défendu à
tous les membres de l'assemblée nationale de s'absenter pendant
Te mois de juillet. Les députés zélés , les bons citoyens ne doivent
quitter l'assemblée que quand ils sont morts.
M. Lucas, Je renouvelle la motion que j'ai déjà feîte d'un appel
nominal. Il faut connaître ceux qui demeurent véritablement at-
tachés à l'assemblée nationale.
On applaudit dans une grande partie de la salle.
M. Ambly (ci^devant marquis d'). Beaucoup des mendires ont
demandé des congés; on a déjà fait. des motions pour qu'il n'eu
fut plus^accordé ; j'ai dit alors que ce n'était pas là la façon de
mener l'assemblée t c'est par L'honneur qu'elle se conduit*
M. Dnquesjioy, Je pense aussi que l'honneur doit ét^e le prôi'»
cipal mobite des représentans de la nation ;«iai8 comment le Con-
cilier avec l'infraction du serment de ne quitter l'assemblée que
quand la constitution sera faite? Comment te concilier avec l'ou-
bli du plus saint des devoirs, cdui de votre honneur et ccnisdence
dans cette assen&iée? Gomment ne se rappelle-t-on pas qoe le
premier principe de Pbonneur est de rester au poste où la coih
liance publique nous a placés; et, pour me servir dé l'expr&sion
de M. Bouche, de ne le quitter qu'après la mort? Il importe que
la nation connaisse ceux qui, fidèles à leurs devoirs, n'ont fs»
cessé de s'occuper des intérêts du peuple Je demande en oonsé-
quence qu'on fasse dimanche un appel nominal.
M.FoucauU,Je demande si le préopinant ne s'est pas lui-même
abs^té pour s^r annonoa» à M. Necker les défaite de la i^yolu-
tiou. Il faut passer à l'ordre dû jour.
JUtLLBT (1790) SM
yaiflélâUëd décide qu'os délibérera sur la ppopositîon de
M. Lttoas.
Mi le présideiît feit lecture d'un article sAM conçu :
e L'assemblée natiotiale décrète qu'il semfeit dimanche un ap-^
pel Bominal ain de connaître le nombre des absens. >
' M. Foueaub. II n'est pas instant de rendre ce décret : plusieurs
fiMtibres sont absens par cfongé, d'autres ont donné leur démis-
sion. Il seraitdangereux qu'on interprétât.... (Une voix S'élève,
qui dit y eh Hen!). Dans ce cas il n'y a plus qu'à piller, brûler,
renverser....
' Toute la partie droit^se lève et se répand confusément dans la
salle , en demandant qui est-ce qui a dit eh bien!
M. Bwml (ci^evant d'Ësprémenil } . Je demande que celui qui a
tODUf ce propos soit indiqué par ses voisins.
Aprè> qael(pié temps de tumulte. •
Jlfè k présidetii. L'auteur de la motion m'avertit que, puis^
qu'elle peiit avoir de funestes conséquences , il s'empresse de la
retirer^
• if. Bonnay (ct-devant marquis de). Je crois que, vu la cha-
leur d'une partie de rassemblée, le tneilleur moyen de l'apaiser,
c'est de lui fiiire voir que cette chaleur vient d'un mal-entendu.
Je puis attester que le mot eh bien ! a été prononcé avant que
H. Foucault eût terminé sa phrase. '
M. Faùeiguy.k présent que vous avez entendu uu impartial,
fiiites^nous le plaisir d'entendre un aristocrate.
M. Cazalh. Gomme la différence de principes, que j'avoue très-
fort > ne pétàt faire de différence dans la manière de voir , quand
il s'agit d'un fait , je pense aussi que le mot eh bien! n'a été pro-
noncé qu'après la première partie de la phrase de M. Foucault.
11 me senihle^ou|purs que ce mot renferme des intentions cou^
pdUes. Quand M. Foucault a dit qu'il était dang^ereux qu'on in-
terprétât mal.... (Plusieurs voix se font entendre : on napas dit
cela.)
Puisque le membre qui a tenu ce propos ne Tavoue pas , il sc-
TBk indigne de Fasseihblée de s'en occuper davantage ; il ne reste
3S2 àSsÊhBLÉE NATlONàtE. *
pas de doute au public qui nous entend, de Flmprobation que
donne rassemblée à une pareille expression : quoiqu'absolmiieat
opposé à l'appH nontina!» im%ne de la majesté du corps-l^sla-
tif » qui pourrait mêler quelque chose de désagréable à une fête
qui n'est que le ralliement du patriotisme , je suis donc d'avis que
la'motion de M. Lucas soit mise aux t(hx » et qu'elle soit rqelée.
On demande la question préalable sur la motion et sur ce qui a
pu être décidé depuis.
L'assemblée décide qu'il n'y a pas lieu^à délibérer.
La séance est levée à trois heures.]
SÉANCES DU 3 ET DU 4 JUILLET*
Dans ces deux séances , la question de la guérite donna quel-
que intérêt à des incidences parlementaires qui s'y rattachaient
plus ou moins directement. A celle du 3 au soir , M. Nompère
(ci-devant de Ghampagny) informa l'assemblée qu'Albert de
RiomSy chef de l'escadre armée par les ordres du cabinet , dési-
rait être admis à la fédération générale du 14 juillet , pour y
prêter le serment civique. Après une sanglante ironie sur le pré-
tendu patriotisme du capitan*-bacha , nom donné à H. de Rioms
par \Am% du peuple , Robespierre s'est opposé à ce qu'il reçût la
distinction qu'il sollicitait , parce qu'elle ne devait être accordée
à aucun homme privé. Au milieu des murmures qu^excitait une
opinion motivée tout entière sur ce mot: fêle de tégalkéy l'ora-
teur a terminé en disant: « J'espère que M. Albert lui-même
trouvera son mérite assez récompoisé par le command^aient
dont il est honoré ; j'espère surtout que la nation n'aara pas be-
soin en ce moment de ses talens distingués , et qu'il ne les exer-
cera pas en faveur de l'Espagne; j'espère que la paix ne sera
point troublée, etc., etc. > Après des agitations t|ès-longues et
très-tumultueuses , la proposition de M. Nompère fut décrétée,
c Ainsi, écrivait Marat dans son numéro du 7, cet homme (Al-
bert de Rioms), qui naguère voulait égorger la garde nationale de
Toulon , qui se montra toujours le plus ardent satellite du des-
potisme, et dont la cour vient de récompenser l'aveugle dévod-
JUILLET (1790) 3S5
ment par le commandement de la flotte armée contre le vœu de
la nation, va bientôt reicevoir des honneurs civiques que l'on re-
fuserait au sauveur de TÉtat. C'est là » n'en doutez plus , le gage
du râle qu'il déploiera pour perdre la liberté. Français ! comptez
sur son ardeur à défendre la constitution : la loyauté des Riquetti
«t des autres traîtres à la patrie, tant de fois conspirateurs depuis
leur serment , vous en est un sûr garant. >
Dans la séance du dimanche , Dupont de Nemours vint an-
noncer à la tribune que les préparatifs de l'armement maritime
que le poHvoir exécutif était autorisé àfs^ire, donnaient des in-
quiétudes à certaines municipalités; qu'elles s'opposaient à la cir-
culation des poudres et autres munitions de guerre. En consé-
quence, il proposait un décret portant, l"" défenses expressesde
retarder cette circulation ; 2*" injonctions aux municipalités d'as-
surer la conduite des poudres , à leur destination ; S"" exécution
des prdonnsMUçes relatives à la vente des poudres et des salpêtres.
Ce décret a été adopté. Le même Dupont a fait ensuite lecture
d'une adresse des députés du commerce et des manufactures,
liée par ses conclusious au décret précédent. £Ue demande , en
effet , au nom des places littorales alarmées par les mouVemens
des ports anglais et hollandais que l'assemblée prenne les plus
promptes précautions pour faire veiller à la sûreté de nos co-
lonies. Robespierre n'a vu dans cette pétition, et 4ans toutes
celles relatives à cet objet, que des pièges tendus parles ennemis
de k^ révolution qui ne désirent que la guerre, et emploient mille
moyens détournés pour la faire déclarer. 11 vote pour que les
propositions de ce genre soient ajournées jusqu'à ce que l'as-
semblée nationale ait des connaissances bien exactes de la situation
.1
politique actuelle, et qu'elle délibère sur les moyens d'assurer
la paix. L'a$semblée décide qu'elle passera à Tordre du jour.
L'opposition républicaine suivait avec beaucoup de c}ialeur les
débats que nous avons reproduits. C'est elle qui les faisait naitre
et qui les alimentait; c'est elle qui fermentait d'avenir, qui en dé-
bordait sur le peuple^ qui en perçait quelquefois de part en part
•
rassemblée nationale pour n'y^soulever que des épisodes sans len-
T. n. 3Si -
Sa4 ASSI^MCLËË ffXtlONXLE.
deAlâtû. Logîcietiné avant tout , elle faisait son tfàvail Sùi' les
pi^iacipcs comi^un^ de h déclaration deè dmits , et elle M t^cK>
ott()8i{t d^ plos'des sophistnes incessamment annttiés |>ar te du-
temps de k coiistîtutfoh.
L'<>p|)id^tion foyalistedisctitatt seoleles loiè constitotiolitiênes.
Elle d^Rsndâtt le passé contre nu présent qtii était anssi le passé
aux yeux des démocrate^. £* Amt eu rot, l\in ée ses jonmanx fe-
Torîs^foisiic priiàcipaleiifteiic valoir TarfruAiënt es raaM^e,
ooBire les impaniatix (le jvsiMniliM). H rstevait tsoiffàf^smeh
meu les obsiAdes apposés dans les provinôiM à fa peiHsiEfiSéift ût
rimpôt ; prenait parti pour lesétaiSHiiaforsdalns toutes lés^àâieiiies
ttilitaires^ et tsin»n«Grivait sa «^idinéè è la l^ifeirni^ dê^ peii**
dont qn'on déctié«àk alors. Dans raflairé de Tsbàgô^ il se felMè
^souligner la gitindéélo(|nence de M. de R<)bespiefre, èti i^
péM m inéehani qnc^bet de Duvài d'Eprémesnil ; fl te dit pas
an mot des éieetîoiis mumdpales ; sn^ le décret d'amnistie irdHtif
àrineéndiedes barrières^ il fait oetle jÀi^se : ^ « L*kitâhât
cfuln^rireiit les aei-disans dtfaisea^ée la liberté , Tisifllporte^iir
celui des viitimes iibbiolées 1 fa liceâoe^ et fa prôoédhiM de h
Cour des aides est anéantie ; félarg^Ssement des ooQpsAiés > i3fi>
donnée (1) > Il t^£[e Âftert âe Rioms , lé miv^iueur éè l'Inde ^ de
fa pensée qne Ton a eue de ne pas a<bnettte ofBcieHensent sa
personne à fa fedék'ation ; îi reprioéhe au rMactenr du procès^
verbal y M. d*Agierd*àvbitescattiolé,pa^ vn conpdejnste-tnîlien,
là partie bonoi^able de te décret , en ^MHtiont au mot istirà
mdnAB^ txM de sera imu d^tmisier; il eHléurè dé toîA ètt loîii,
^ deux l%nes , }è$ <»*aintes de fa guerre et les méprise avec la
^hiB ptx)fcnde iMiflFérènce.
SÉANCE DU MARDI 6 JUILÏ.ETy AU MATm»
A fa fia de fa séance du 4, on fit attire tfu^elettire âd mi-
nistre déè finances qui demandait 90 millK/ns pdùi* té sée^Aïr$ da
mois Suivant. Ils f nrent àùéordés ^ sans di^ussion. tlâftd 'ceAè dû
tt> tâcHiiiÀërica le débat ^ai* f ordre }û()yair«< iOïinà tséhë du^,
p) t^àmi du roh - S JuÙletl'JfOO, p. 135.
JIHLLET (1790) 585
îtt. l^bisTàhdry présenlà ûu nom des comités (^cclésiasitqtrcis et de
cbf^sïïtutibn , un projet dé décret sur la division da royaume en
a'rrôndissemens hiétrôpolitâins , et sut* la fixation des ^^e^
âes évèciiés dans lés départemens; ôë projet fut adopté. On
délibéra ensuite èur une lettre écrite dé Londres , par !e dctc
d'Orléans.
yt. tévassor 1(cî-devant comte de là Touche). J'alî demandé là
parole pour vous stotimeXtrè dfes faits qui concernent M. Lôàis-
^osepih-lrthilippe de ÏFrancé (ci-devant diïc d'Oriéaiis). Là lettré
que je Vais lire lés côntièift, et C'est avec cènfiahce àttas là justice
de rassemblée nationale, que j'attends &idédsioti.-^ H; Levàssoi*
fait lecture d'une lettre qui lui est adressée par Bï. Lofuîs-Joseph-
î*hiiippé de Francé/et dont voici là Substancé.—Lonrfre^, fe 5 JMiWèf *
Jevous prie, Monsieur, démettre leplustAtposiîWe, sous tes yeut
dé fàssémblée nationale, Ifefè faits dont voie! le i^H. Le S^juin,
j'ai écrFi au roi , pour le prévenir que je me disposais à rélotirner
à Paris. J'ai, le 29 , pris congé du roi d'Angtélerrc, et moii départ
était fixé pour lé S juillet. Ce ifiatiii M. rambassadeui^ de France
est vêriù chez moi , et m*a l)régenté îï. Boinvflle , qtfl s'est dît
âîdènde-camp de M. de la Fayette. It. &oînvîlle iu'à dît , eh pré-
sence de M. rambassadetit», que M. la Fayette me conjurait de hè
pas me rendre à Paris; que, parmi plusieurs motifs , le ptds fbrt
était que des gens mal intentionnés pourraient prendre mon ùom
pour ëxcrtêf dès tt-onblés. Jè n'ai pà^s dà dcfitiptotaétite légères
hiént la tî^ànquillf té pnbliqne. Tâi surspendti mok voyage et j'és^
pèfé qtiè Vàssemblée nationale jbgcrà queHeéohdnîte je ê^ taWr .
A Pépoque de tnon départ de France , M. la Fayette ^e fit lé
l^fèiùiélr, ail nom dû roi, la proposition de ntè èharçei^ d'orie
triission dans f ëtraÉgei^. J'ai établi lé rédt des faitâ ^ dans un 'etr
pùàê de ma onïdttité. Je votfè prie, Mon^enr^ de le déposée snl*
te bar'eatit de rassemblée nâltiônale. Parmi les ttioi^ que Mi la
Ihifsxte ihë ûotmtL pùat (faë j'aëeeptasse eeiîe misi^€fn , le fA^nd-
pal était, ^né àxon dépârf dtànt toeit prétexte aux mk int^ntim^
tiû dé^e^'set^ dé liion nom , Inî^ H. là Fayette, àiîrait ptaé de
fKtfSKéfbîrt^ assurée* là tranqculfilé fmbKq^. i'm dô(^ejjM là mi»-
556 ASSEMBLÉE NÀTIOMALK.
sion qui m'était proposée, et Paris n'a pas été tranquille. Et si
les feuteurs du trouble ont craint d'abuser de mon nom i ils
n'ont pas craint de m'accuser dans un grand nombre de
libelles. Il est temps de savoir quels sont ces gens mal intenttOBr
nés ; il est temps de savoir pourquoi mon nom » plus qu'un autre,
servirait de prétexte aux mouvemens populaires. En attendant, je
déclare que depuis le 25 juin , mon opinion est , que mon séjour
à Londres est inutile à la nation' et au roi ; que mon devoir est
d'aller reprendre mes fonctions de député; que l'époque du
14 juillet , surtout , me rappelle à mon poste , et que je persiste
dans la résolution de revenir au sein de l'assemblée nationale;
que si elle décide qu'il n'y a pas lieu à délibérer sur ma demande,
j'en conclurai que ce que m'a dit M. BoinviUe doit être considéré
comme non-avenu , et que rien ne s'oppose à ce que j'aille re-
prendre la place que je dois occuper. Je vous prie. Monsieur,
après avoir lait connaître ces foits , de solliciter une délibération
de l'assemblée à ce sujet.
Jlf. la Fayette. D'après ce qui s'est passé entre M. le duc d'Or-
léans et moi, au mois d'octobre, et que je ne me permettrais pas
de développer,«'il n'en entretenait lui-même l'assemblée^ j'ai cru
devoir à M. le duc d'Orléans de l'informer que les mêmes raisons
qui l'avaient déterminé à accepter sa mission , pourraient encore
subsister, et que, peut-être, on abuserait de son nom pour ré-
pandre sur la tranquillité publique quelques-unes de ces alarmes
que je ne partage point, mais que tout bon citoyen doit écarter
d'un jour destiné à la confiance et à la félicité commune. Quant
à M. Boinville , il habitait l'Angleterre depuis six mois ; il était
venu passer quelques jours ici , et à son retour à Londres , il s^est
chargé de dire à M. le duc d'Orléans ce que je viens de répétera
l'assemblée. Permettez-moi de saisir cette occasion, comme
chargé par l'assemblée de veiller, dans cette circonstance , à la
tranquillité publique, de lui exprimer sur cet objet mon opinion
personnelle. Plus je vois, approcher la'journée du 14 juillet , plus
je me confirme dans l'idée qu'elle doit inspirer autant de sécurité
que de satisfaction. Ce sentiment est surtout fondé sur les dispo-
WLLET (1790) 357
sitions patriotiques de tous les dtoyens, snr le zèle de la garde na-
tionale parisienne , sur celui de nos frères d'armes, arrivant de
toutes les parties du royaume ; et comme les amis de la constitu-
tion et de Tordre public n'ont jamais été réunis en si grand nom-
bre , jamais nous ne serons plus forts.
M. Armand Gonmud (ci-devant duc de Biron). Dans le temps
d'un régime despotique et arbitraire, le soupçon seul pouvait
perdre un bon citoyen , Técarter de 6es foyers, l'exiler de son
pays : la liberté ne permet pas ces excès. M. d'Orléans a fait beau-
coup pour elle. Il est accusé depuis huit mois; depuis huit mois
ancans des gens qui l'accusent ne se sont 'fait connaître ; aucun
fsàt n'a justifié ces accusation^. Je demande que M. d'Orléans
vienne rendre, compte de sa conduite, et prendre part à la fête
nationale qui s'apprête.
M. Duquesnoy. Si tous ceux d'entre nous contre lesquels on a
fait des libelles de toute es^)èce , on s'est permis des inculpations
dé tout genre, s'étaient absentés, l'assemblée nationale serait
dissoute depuis plusieurs mois. M. d'Orléans a quitté l'assemblée
parce qu'il était chargé d'une mission du roi. Quand il vous aécrit
qu'il acceptait cette mission , vous n'avez pas trouvé mauvais
qu'il s'absentât. Lor^u^^à l'archevêché, M. Menou a demandé
qu'il fût rappelé pour rendre compte de sa conduite, vous avez
décidé qu'il n'y avait pas lieu à délibérer. Vous avez jugé depuis
long-t^mps ce que vous devez faire aujourd'hui. Chaque fois qu'il
a été question d'uû membre absent et des motifs de son absence ,
vous avez demandé qu'on passât à l'ordre du jour.
M. le président. Vous avez entendu la lecture de la lettre de
H. Louis-JosephrPbilippe de France; vous avez vu qu'il déclarait
que si l'assemblée ne délibérait pas il reviendrait ; vous avez en-
tendu M. la Fayette, M.Biron , et la dernière motion qui a pour
objet de passer à l'ordre du jour. Suivant l'ordre établi dans vos
délibérations ; cette motion doit être, mise la première aux voix. •
L'assemblée décide qu'elle passe à l'ordre du jour.]
^SSi ASSmBLÛZ NATIONALE.
SÉANCE DU VENDREDI 9 JUILLET.
Le mardi 6, à la séance du soir, on lut une adressedela ville de
RenneSy ayant pour objet particulier la pécessi té de former un éta-
blissement d'arlillerie sur les côtes de TOcéan. — RarFoy^ au
pouvoir exécutif; une lettre apportée du Havre , par un courrier
extraordinaire, laquelle annonçait que 254 soldais fogiUfe de Ta-
bago âaient attendus dans ce port, et qu'im se proposait de les
retenir à bord sous garde citoyenne et rotlrtaire jusqu'à ce que
l'assemblée se fut occupée de leur sort. — Renvoyé au coaûlé
des rapports. Enfin, un de messieurs les secrétaires lit uae^lettFS
par laquelle la municipalitédeGreoobte témoigne desinquiénides
sur un camp de 15,000 hommes, qui se forme en Savoie, et sar
Tordre donné par le ministre de la guerre, de feire partir les
chasseurs de Royal-Corse^ en garnison à Greiid)le. La smiÛGÎ-
pallté demande le remplacement de ce bataillon , s'il n*est pas
possible de le conserver.
Un BarDave confirmç la nouvelle des alarqiLesde la viltede Gre-
noble { il demande que des mesures soient prises pour les calmer*
11 propose un projet de décret qui est adopté comxne il suit.
c L'assemblée nationale décrète que son président se retirera
devers le roi y, pour lui remettre la lettre de la municipalité de
Grenoble, et le supplier d*avoir é^ard^ui demandes qui y siont
portées. >
L'ordre d.u jour était la suite de la discussion sur le commerce
au-delà du çap de BonnerEspérance.
Le mercredi 7 , la séance du matin fut consacrée à la discus-
sion sur l'ordre judiciaire; à celle du soir, M. Boislandry con-
tinua te rapport sur la fi^xation des évécbésdans tes^d^partemens.
Le jeudi 8, te matin lecture de plusieurs adresses pankilequettes
nous remarquons cdledesmattres cordonniers <FOrfêsmSf sop-
pKanl rassemblée d'accepter , comme une preuve de leur patrio-
tisme, ia réfutatbn qu'ils ont faite en réponse à la dâftéralkm
* des prétendus catboKques de Nîmes. — Le pré^dent prend en-
suite la paroli^^ et di^ •
Uœ faule d^ dçputaUa^ des gardes natioHales 4ein^ideiU a^
être admises à la barre, pour voas présenter leurs hommage^.
Comme rimpQFtance de vos travaux ne vous laisse pas la dispo-
sition d*UYi seul de vos momens, il me parait nécessaire de pren-
dre une détermination à cet égard.
Le décrel soiva&l est rendu :
« L'assemblée nationale, regrettant de ne pouvoir, d'après la
multiplicité de ses travaux , admettre chaque députation particii-
Hère des dîfférens corps qui envoient des députés à la fédération
du 14 juillet, déclare qu'elle ne recevra qu'une seule députation
au nom de toutes les gardes nationales de France , une au nom
de toutes les troupes de ligne à pied , une au nom.de toutes les
troupes de ligne a cheval , une au nom des différens corps réunis
delà marine royale et marchande. >
Ordre du jour. ->^ Suite de la fixations des ^ges des évéebés ;
suite de Tordre judiciaire.
Dans la séance du scâr plusieurs adresses sont hies et plusieurs
députftâous nlvodfliîleft. M. le présidcul répond à celle deséiecr
teurs de Para: « L'assemblée nationale n'a poînl oublie notre
aèle el vQUpe: ^riotisiue. Le succès de nos tKiiEan vivra d^ns
l'histoire» ek Tîiete rel^ieux que \o» destines à eousaerer an*
QwHemenli le^ im»» dei Firauçaîs k te Hberlé^'sewiipa égaleneut
de témoignage aux coBurs généreux qui [^eillaieul aiovs 9m lu
destinée de la capitale. Une députation de l'asseovblée. nationale
se joindra aux électeurs de Paris , pour assister au Te Deum que
vous avez* fixé au 13 de ce mois. >
Utt de ]M(M[«.^^ secrétaires Ut ui^ lettre qui sie trouve parfiu
les adresses. £Ue esl si^ée Colmard ^ avocat , auteur de plusieurs
ow^rages d'éeonoQiie politique. Elle est conçue à peu près eu ces
termes : — J'ai lu dans les feuilles périodiques que le 19 juin
M. l'abbé Maury a fait une sortie j^daus laquelle il reproche au
premier ministre des finances une réticence de six cents millions.
Dans le cas oii il ne pourrait en offrir la preuve, je l'offre.... Je
â
5S0 ASSEMBLEE IVATIONALE.
9 • r -
demande qu'il soit , à cet effet» nommé des commissaires fermes
et inaltérables
Après quelques discussions, l'assemblée renvoie au comité des
finances, avec cliarge de donner communication au premier mi-
nistre des finances.
Séance du 9. — M. le Brun. Tous les cahiers vous ont dé-
noncé les jurés-priseurs, et en ont demandé la suppression ; c'est
cette suppression que vous propose aujourd'hui votre comité des
finances , en un projet de décret que je vais vous soumettre..
Art. V^. c Les offices de jurés-priseurs, créés par l'édit du
mois de février ou autres postérieurs « demeureront supprimés,
à compter de ce jour.
II. Le droit de quatre deniers pour livre du prix des ventes ,
qui leur avait été attribué , sera perçu au profit du trésor public
par les officiers qui feront les ventes , et le produit en ^ra versé
par eux dans les mains du préposé à la vente.
III. La finance des offices sera liquidée en treize ans.
IV. Il sera délivré à ceux qui auraient droit à ces finances
treize coupons d*annuitëSy payables d'année en année , dans les-
quels l'intérêt à 5 pour cent sera eumulé avec le capital.
y. Il sera prélevé , sut* le produit des quatre deniers pour livre,
une somme annuelle de 800,000 livres, qui sera versée dans la
caisse du trésorier de l'extraordinaire et employée au paiement
des annuités. >
L'assemblée décrète les articles proposés.
M. le président. J'ai reçu une lettre de M. de la Fayette , par
laquelle il m'annonce que la garde nationale demande que ses
frères d'armes, arrivant des provinces, partagent avec elle le
plaisir de composer la garde de l'assemblée. Je lui ai répondu que
de pareilles dispositions ne pouvaient que flatter l'assemblée na-
tionale.
Le vœu de l'assemblée est exprimé par des applaudissemens
réitérés.
Jlf. Target. L'assemblée nationale a renvoyé à son comité de
iciLtET (1790) 361
coDStitudoD différens objets» sur lesquels elle Ta chargé de pré-
senter des projets de décrets. Le comité , sur plusieurs de ces
d)jetS9 n'aura qu'à rappeler les principes. Celui qui concerne la
sanction a été décrété au mois d'octobre; celui qui concerne la
formule des décrets , l'a aussi été le 8 du même mois. A l'égard
des députatîons ù faire au roi , cet examen est relatif à tout ce
qui peut intéresser la dignité de rassemblée, et nous vous propo-
serons de l'ajourner. Quant à ce qui regarde l'ordre qui doit être
observé dans les cérémonies auxquelles assistera l'assemblée ,
nous vous soumettrons quelques réflexions ultérieures; mais il
est indispensable de fixer en ce moment même la manière dont
l'assemblée sera placée à la confédération. Il en est de même du
serment que doit prêter le roi dans cette auguste cérémonie.
Voici en conséquence le projet de décret que le comité de consti-
tution a l'honneur de vous soumettre :
Art. l". Le roi sera prié de prendre le commandement des
gardes nationales et des troupes envoyées à la confédération gé-
nérale du 14 juillet, et de noouner les officiers qui exerceront le
commandement en son nom et sous ses ordres.
IL Dans toutes les cérémonies publiques , le président de l'as-
semblée nationale sera placé à la droite du roi , et sans intermé-
diaire entre le roi et lui. Les députés seront placés immédiate-
ment tant à la droite du président , qu'à la gauche du roi.
m. Après le serment qui sera prêté par les députés des gardes
nationales et autres troupes du royaume, le président de l'assem-
blée natioinale répétera le serment prêté le 4 février dernier ;
après quoi chacun des membres de l'assemblée, debout et la
main levée , prononcera ces mots : Je le jure»
* a
rV. Le serment que le roi prononcera ensuite sera conçu en
•
ces termes : c Moi , premier citoyen et rôi des Français, je jure
à la nation d'employer tout le pouvoir qui m'est délégué par la
loi constitutionnelle de l'Etat, à maintenir la constitution décré-
tée par l'assemblée nationale et acceptée par moi , et à fs^ire exé-
cuter les lois. >
303 ASSEMBliéE IHÀTIONALE.
Il ^'élève quelques^ murmures daus plusieutr^ par^ 4e U
salle,.*** Puis ou fait uu grand silence,....
M. Tabbé Maury demande la parole.^
M. Cabbé Maury. Quelque danger qu'il puisse y avoir s^ vç^if
énoncer son vœu sur des questions constitutionnelles » ii[ignimieiit
délicates par leur nature , plus encore par les circoa^slaueieç , e(
qu'il a élé impossible de méditer » j'ai cru qu'il était; de la djigiuté
d'un représentant du peuple français » de foire boj[|un2ige à l'^-
semblée des réflexions qu'a pu lui suggérer la lecture rapide 4'ua
décret de cette importance. II est dans la nature de ^QHxe gou^
vernement, et surtout daus nos coçurs, que la Frauce est uu^
monarchie : le principe le plus essentiel d'une monarchie » c'est
que le chef suprême de l'Etat est le seul déposi^aiçe de k fo^
publique. S'il existait en France une force armée ^ indépendant
du monarque, la France ne serait plus une p^onarcme. J'ai dpuç
du être sensiblement affecté , lorsque j'ai entendu le comité de
constitution vous proposer de prier le rc de prendre le conunan-
dementdes troupes et des gardes nationales. Une pareille propo-
sition m*a paru peu conforme à la majesté du roi des Français.
Cette formule semble indiquer que Ton pouvait proposer à un
autre citoyen , &ous les yeux même du roi , de prendre le oom-
^ B^andement de cinquante ou soixante mîllo bosunes. Le jour oà
ce citoyai recevrait de vous cecommaRdeaieBl , vous adpies éta-
bli deux rois comme à Sparte» Ce n^anichéisme politique penver-
searait la n^onarebie. le demmde dûsic par aineBdeiii^t à l'article
P'emier, que Fas^mblée déclare que tou<^ teati?Qupes.va«$fii^
blées au Champ^e-HIaiPS n'aurom pas d'aiMe cl^f fue le ebef
«ipréme de la naijw > déclaré, par k epostUuiîM chef ^p^êise
de l'armée. (Onr applaudit de toiHes part^0^*9b9i?de le Mteœid
article. Je pense que le président de l'assemblée nationale doit
être placé à la droite du roi , sans intermédiaire » et les députés
tant à la droite du président, qu'à la. gauche du r^i». qui. sans
doute ne peut avoir un plus noble cortège.» Mais dans, unç mo"
narchie héréditaire» Qu il est de principe CQnsjijtutionnel» que la
royauté doit passer de mâle en mâle , suivant Tordre de la primo-
JUILLET (17Q0). m
Çénitiire, ne dqit-op pas vouer un respect pailiçulier aux princes
çiii peuvent succéder à la couronne? ne doit-on pas accorder une
place d'bonneur aux princes du sang qui pourront accompagner
S. H. ? (Il s'élève des murmures.) Je me suis très-OHil expliqué,
si Ton conclut que je demande un intermédiaire entre le roi et I^
nation : il ne peut y en avoir. Les distinctions qu'on accorde dans
les assemblées publiques » à ceux que leur naissance unit à la
majesté du trône, ne sont qu'un hommage de plus rendu au roi.
Ne sait-on pas qu'il existe toujours entre eux et le monarque , se-
lon l'expression très-familière, mais très-énergique^ de Montes-
quieu, l'épaisseur d'un roijaume? Le dauphin, la compagne du
monarque , ne doivent-ils |^s jouir des ^némes honneurs quç. le
monarque? S'il s'açissait d'établir une Iiiérarchie de puissance,
sans doute je dirais, il n'y a rien , il ne peut rien y a^voir entre le
roi et la nation. Mais il s'agit d'honorer la nation et le roi , en
honorant la famille du roi ; mais il s'agit d'une cérémonie où le
roi ne paraîtra pas pour exercer sa puissance. Il se trouvera,,
pour la preiuière fois , au sein de sa grapde faraiile. Ajoutez au
sentiment dont il sera fraj>pé h satisfaction intime et domes-
tique, d'être, au milieu de sa fsunille propre , qui est aussi la fa-
Uiille de l'Etat. Le patriotisme nous invite à remplir l'^e de
notre roi de ces émotions délicieuses qu'il sait si bien éprouver.
J^ultipljpnsî ses connotations et ses jouissances ; ne le séparons pas
de son fils, de sa coutpagne, dans uu. çoioment ok il jouira de
tan.( de biçnsr à la fois , oîx il contractera tai^ 4'eQgag|Bmens.
Géuéreux. représeutans d'uQ peuple libre, d'un peuple célèl^re
par son amour pour ses rois, n'imitez pasces despotes de l'Qrient,
qui ^eufermutd^ns uujeprisiQUtouteleur famille; quicondaoxnent
r^éritiçr du trône à lapguir dan3 Tescl^vage, et qui ne l'aiiracbent
à sou cachot , que pour en faire , le lendemain , le plus absolu
des despotes. Puisque votre trône est héréditîure^ puisque c'est
upe fudxime iPc»damentale 4e l'État Ja nation ne peut trop dé-
cerner d'honneurs à, ceux qui y ont des droits i c'est par cette at-
flueuœ d't;Qinin9ges c^ue vous pourrez récompenser votr^ roi
d'avoirççb^bilitélst nation dans tous ses droits. Vous ne voulez
364 ASSEMBLEE NATIONALE.
pas que la famille de notre monarque soit la seule à qui il reste
des désirs à former dans ce jour à jamais solennel.... J*adopte le
troisième article tel qu'il est proposé par le comité. Quant au
quatrième article, je ne m'oppose pas aux promesses glorieuses
que le roi doit y faire , de maintenir la constitution qu'il a ac-
ceptée; mais je désirerais que le vœu de l'assemblée ne fut pas
énoncé par une formule impérative ; je voudrais que le serment
du roi des Français ne fdt pas différent de celui de tous les Fran-
çais; c'est-là qu'il sera beau de le voir se confondre avec eux ;
c'est-Ià que son patriotisme et ses vertus pourront se livrera toute
leur énergie. Invitons-le donc» par une députation» à prendre en
considération le serment que prêteront »«t l'assemblée nationale,
et les députés de la France armée; invitons-le à le prêter lui-
même. Il est des sermens qui sont particuliers au roi; ce n'est
qu'à son sacre qu'il les prête ; cette disposition ne préjugera rien
sur la signature que vous exigerez de lui, lorsque votre consti-
tution sera terminée. Est-il quelque chose de plus propre à entre-
tenir l'harmonie entre la nation et le roi , que de l'entendre ex-
primer , au milieu des députés de toutes les parties du royaume,
le même serment que tous les individus soumis a son empire. Tel
est le serment que, dans mon opinion, le roi peut être invité à
prêter.
Jlf. le président. Je dois vous rendre compte, que lorsque je me
suis rendu hier chez le roi , pour présenter plusieurs décrets à sa
sanction, il m'a fait l'honneur de me dire, que son intention était
de se rendre à la fédération avec sa famille et ses principaux of-
ficiers.
M, Barnave. Je pense comme le préopinant, que nul autre que
le roi , ne doit être le dief de la fédération , et comme le comité
de constitution , qu'il doit l'être par un acte du corps^législâtif ,
sanctionné par lui.
Le premier motif, c'est qu'il n'y a aucune espèce de relation
entre cette qualité de chef de la confédération et celle de chef du
pouvoir exécutif; c'est un de ces actes qui n'ont lieu que dans le
moment où la constitution se fait, et qui, par conséquent , n'ont
lUlLLET (1790) 56o
pu être prévus par elle. C'est un de ces actes oii tous les pouvoirs
remontent à leur source , et où la puissance de la nation est la seule
puissance y et peut seule dicter les lois et les règles. C'est donc à
la souveraineté des pouvoirs à décider qui aura le commandement
de la confédération. Il faut donc un acte eicprès. Vous avez dé-
crété que le roi est chef immédiat de Tarmee ; mais la constitution
n*a pas dit encore qu'il était cbef immédiat des gardes nationales.
(Il s'élève des murmures.) Je ne prétends pas dire que le roi ne
doit pas être chef de la confédération , mais je dis qu'on ne peut
pas le déclarer en ce moment par la conséquence d'un décret qui
n'existe pas, et qu'il feut un décret provisoire. Je passe au se-
cond article sur lequel je ne suis pas de l'avis du préopinant. Il est
de principe qu'il n'existe en France qu'un roi, qu'un chef^ etque
tout le reste doit être confondu dans la classe commune. Il est des
circonstances où l'on doit distinguer ceux qui tiennent au roi par
les liens du sang; mais dans une cérémonie nationale, mais quand
il s'agit des pouvoirs, il ne doit 7 avoir de distinction que pour
les personnes revêtues de fonctions publiques. Ainsi, à cet égards
le projet du comité est indispensable. On doit encore l'adopter,
en ce qu'il établit que le président de l'assemblée nationale sera
placé à côté du roi , et que les députés seuls environneront l'un
et l'autre.Placer des intermédiaires entre le roi et l'assemblée na-
tionale , ce serait détruire l'unité constitutionnelle ; sans doute le
président étant auprès du roi, l'assemblée nationale doit y être
aussi, sans aucune espèce de séparation ni de distinction. Toute
distinction semblerait en mettre une entre le pouvoir du président
et celui de l'assemblée. Toutes les fois qu'il s'agit d'un corps dé-
libérant , où le président est partie intégrante , il est le premier
paroû ses égaux ; et s'il était possible qu'il fût confondu , le pré-
sident devrait être mêlé avec tous les autres membres.
J'adopte le troisième article' du comité. Sur le quatrième, je ne
puis être de l'avis de M. l'abbé Maury : il a voulu que le même
serment fût prêté par le roi et l'assemblée nationale. Si dans cette
circonstance , mettant à part les fonctions et les pouvoirs , chacun
se bornait à prêter un simple serment, je ne m'élèverais point
36(5 ASSEttfiL^:E NXTlOr^ALE.
^ Contre cet îtvts. Jfciîs le roi a d'aùif*és devoirs a remplir que Vas-
sembtée, et lorsque nous voulons resserrer les liens dé hoïrè
cotistitation,» chacun doit prêter le serment affectée à son grade.
S11 Jufaft ôomme citoyen , incontestablement fl prônohcéraii le
même serment que tous les autres ; mais c^ést comme roi dds
, Français, comme chargé par la constitution àe i^airé éxéctitèr les
lois , qu'il doit jurer. Je crois donc qu'il doit prêter le serment tel
qu'il est proposé par le comité, à l'exception de ces mots : moi ,
'premier citoyen, auX(iuels on substituera : moiy roi des F^rahcais.
M. Cazalès. Ce n'est pas sans surprise que j'ai entendu dire
que le chef suprême du pouvoir exécutif, que le souverain de
la nation , que 'le roî , dont l'autorité a précédé la vôtre.... *(tî s^é-
lève beaucoup de murmures : plusieurs personnes demandent
que l'opin^ànt soit rappelé à Tordre.) J'ai peine à concevoir la
cause de la défaveur d'une assertion aussi simple et aussi vraie.
Je répète : ce n'est pas sans surprise que j*ai entendu dire que le
chef suprême du pouvoir exécutif, que le souverain de la nùtion,
que le roî, dont l'autorité a précédé la vôtre (nouveaux rfiur-
mures) ; certainement je n'ai pas prétendu dire que Tautofité du
roi a précédé celle de la nation , de laquelle toutes les autorités
émanent ; mais j^ai dit, et c'est une vérité incontestable, que Tau-
torité du roi a précédé celle des representans de la nation ; c'est
lui qui vous a donné le mouvement et la vie ; sans lui vous n'exis-
teriez pas. Il est donc, dis-je, extraordinaire que votre roi, que celui
qui vous a créés, que le représentant héréditaire du peuple fran-
çais ait besoin d'un décret de vous , pour être lé chef suprême des
forces armées dû royaume, tl est difficile de concevoir une mo-
narchie ou lé roî he serait pas chef suprême dèi'àrmëe. Il Tesï
par là loi du royaume, il ne l'est pas par vous ; il fèst par ta na*
lion, et vous n'êtes pas la nation ; il l'est par lé droit de ssl côù-
roiiné, parce qu'il est lé chef héréditaire dé Teriàpirê; il fést |Mir
notre cdnstitûtiôii, parce que vous avez reçu tes ôrdréissôil^fâWfe
dé là nation , qui à voulu qu'A fbt rebôfihu tél.
Il est rfoiîé dangereux de hil déféfëû , p^v m ûéatH , ce Côtfr-
tnâttdttïiéAt. Oùse«i)terâhJaerniïïïeM^eS(ïrtfflétëfttë7^^
JUILLET (1790) 36Î
cokitesiée par pet*sonné. Je demancle la question préalable sur le
premier article du comité. Quant au second article, le préopînant
ae)lprimé, d'une manière très-claire, les principes du gouvef-
iiëmeht électif; mais dans un empire où la couronne est hérédi-
taire, daliÀ Une occasion solennelle, où Ton montrera au peuple
soâ foi , iësprt))cesde la i^niille royale doivent entourer le trône
t\i leur tiaissance leâ appelle, tl est de l'intérêt de là nation de
tioiitaer au fieupte l'exemple du respect qu'il doit leur porter ,
afin que personne nVit le criminel projet de déraïiger là succes-
tioïi à ta (Couronné , afin que le peuple voyant les princes rangés
autour du trône, apprennent que rien au monde ne peut déranger
Tordre suôcêssi^, établi pour le bonheur et pour l'éternelle paix
idé rempire.
QttaDt au troisième article , je Tadopte , ainsi que tous les préô-
pinans. Le quatrième me paraît présenter beaucoup de difficultés:
j*ai été étonné qU^on pût nous proposer de présenter au roi des
formulés de serment. Dans quelle étrange position sommes-nouss
doûc vis-à-vis de notre souverain! (Où rappelle M. de Cazalès à
l'ordre.) N'est-ce que du 14 juillet que doit commencer sa légitime
àUtoHtét Laissez à sa volonté, le serment qu'il voudra prêter ; que
les ètigagemens soient libres. Son civisme et ses^ vertus vous sont
tohnus : voilà les véritables garans du bonheur.du peuplé français,
tlàpportez-vous-en à son patriotisme; il eu a donné tant de
preuves éclatantes, qu'il serait criminel à nous d'en douter. C'est
par ses vertus qu'il serait lié; voilà le seul hen digne de sa ma-
jesté ; tout autre avilirait la dignité du chef suprême de la nation ;
tout autre serait indigne de lui , tout autre prêterait au roi là
couleur d'un chef de parti.) Les murmures redoublent, et l'on re-
demande que M. Cazalès soit rappelé à l'ordre ; d'autres veulent
qu'il explique ce qu^îl entend par cette phrase.) Je dis ce qu'il me
ptatt; je n^en dois compte à personne. Tout autre scrmeilt, dis-
je, prêterait au roi la couleur d'un chef départi. (Une voix s'élève :
M. le président , faites votre devoir ; rappelez à l'ordre ceux qui
s*en écartent.) le sais me soumettre aux décrets quand ils sont
rendus ; mais avant, je dis ce que j'en pense : un serment qu^ôii
368 ASSEMBLÉE NATIONALE*
ferait prêter au roi dans une autre circonstance que son coiiron->
nement, imprimerait le caractère de la fection à toute assemblée
qui oserait Texiger. Que le roi soit libre de prendre, avec sa na-
tion , tel engagfement qu'il lui plaira. Je ne sais quelle prédilection
rassemblée a pour les sermens ; les sermens ont , de tous les
temps, servi à rallier les partis : c'est par des sermens qu'on a vu
des factieux se soustraire à une autorité. I^itime. Je conclus
donc » car je n'aime pas les sermens , à ce que le premier et le
dernier article, soient écartés par la question préalable, et qu'on
accorde, à la confédération, une place distinguée aux princes du
sang français.
M. Chapelier Jeréiponàs par de très-courtes réflexions aux ob-
jections faites au 'projet du comité. Quant au premier article »
nous avons cru qu'on ne pouvait rien préjuger do ce qui devait
élre fait par rapport aux gardes nationales; nous n'avons pas
cru devoir juger, par un décret de circonstance, ce qui n'est
point encore décidé par l'assemblée. Il n'a encore été rien statué
sur les gardes nationales; c'est pour cela que nous vous avons
proposé de décréter que le roi serait prié d'en prendre le com-
mandement pour la confédération. Cette expression , le roi sera
prié, est plus convenable que cette autre, le roiprendra. Quant au
second article , voici les motifs qui nous ont dirigés : le roi est un,
les représentans de la nation sont un ; le roi, le président et l'assem-
blée ne font que deux '^ c'est pourquoi nous n'avons fixé que la
place que devaient occuper l'assemblée nationale et le roi. Nous ne
nous sommes pas mêlés des apprêts de la fête; nous n'avons donc
pas dû nous occuper des places que devaient occuper les per^nnes
distinguées. — On ne fait aucune difficulté sur le troisièmearticle.
— On a dit sur l'article lY, que ce n^était pas à nous à présenter
la formule du serment qui sera prêté par le roi. Pour moi je ne
doute pas que ce ne soit à nous à le proposer, et au roi à l'accep-
ter : dans ce cas, le serment est un acte législatif. Ceux qui se plai-
gnent ne considèrent pas que la confédération n'a été formée que
pour achever la constitution ; que par conséquent , lorsque le ci-
toyen jure de maintenir la constitution décrétée par l'assemblée
juuxET (1790) 369^
Djitioinle et sanctioiiaée (>ar le roi, le roi doit jurer de la souie-.
nir de tout le pouvoir qui lui est dâ^ué par la loi. Je viens à la
qualité de premier citoyen : sans doute il est le premier dans la
oonsticution , et après lui, il n'y a ni seconcl ni troisième, tout
esi égal. NoQ9 n*avons pas cru qu'il fût possiUe de lui déférer
une plus 4)eUe qualité.
VasseBiUiée décide que la discussion est fermée sur l'ensemble
du projet, et qu'elle va s'établir successivement sur chacun des
articles.
M. Ai&candre Lameth. Il ne faut pas perdre de vue qu'il y a
des forces de différente naturelles troupes réglées et les gardes
nationales. L'assemblée a décrété que le roi , chef suprême du
pouvoir exécutif, est aussi chef immédiat des troupes réglées. Il
faudra savoir; et il n'est pas encore décrété, s'il pourra donner
des ordres immédiats aux gardes nationales. Je dirai môme, que
dans plusieurs décrets^ il est dit que le roi fera parvenir les or-
dres aux municipalités , pour les intimer aux gardes nationales.
Voilà un intermédiaire établi , et cet intermédiaire me parait né-
cessaire à la liberté publique. Je dis plus : vous avez pensé que
pour ne pas compromettre cette liberté , il fallait borner le nom-
bre des troupes régulières. Est-il probable que, sans aucune pré-
caution, on puisse vouloir soumettre aux ordres du pouvoir
exécutif douze ou quinze cent mille gardes nationales? Sans vou-
loir décréter en ce moment une question de cette importance , je
dis seulement que l'intermédiaire des municipalités est indispen-
sable pour faire parvenir aux municipalités les ordres du roi.
D'après cette opinion , je pense qu'il faut , dans cette circon-
stance particulière et unique, un décret positif, pour déléguer
au roi le pouvoir de donner des ordres , d'une manière immé-
diate , aux gardes nationales qui Rendront à la confàlération.
M. Dupont f député de Nemours. Nous traitons sur des ques-
tions que avons déjà jugées , et jugées par des décrets ^r les-
quels nous n'avons pas même demandé la sanction du roi ; nous-'
avons exigé son acceptation. Nous ne nous sommes pas bornés à
le déclarer chrf du pouvoir exécutif; nous l'avons déclaré, coior^
T. VI. - 24
319 ASSBHàLAl NATIOHJkLE.
^iHitienticirfnKnt, coopérateur da poaToir législatif. Nom Ta»
\ùm eousiilaé commissaire perpétuel » représentant irrévocable
de la nation , pour approuver les décrets qui lui paraissent cen«
formes à l*intérét général et à la voloiué nationale » et les trans^
former ainsi en lois par sa sanction , ou peur em|lêcher «que ces
décrets deviennent des lois, jusqu'à ce que la nation, deux foi*
consultée par deux nouvelles élections de législature, ait, dans
les instructions qu*ejle leur aura données , manifesté que les dé-
crets proposés à la sanction lui paraissent mériter de la recevoir*
C'est ainsi que nous Tavons placé dans la constitulioUf non pas
i^mplement comme chef du pouvoir exécutif, mais comme ehrf
nupréme de la nation.
Ce n'est pas un acte de la constitution qne nous allons foire,
1^ 14 juillet; c*est une grande et solennelle fête que nous allons
«
célébrer, avec les plus fermes appuis de la constitution , et dans
laquelle, en receunt le serment qu'ils s empresseront de pronon^
çer, nous ne devons rien nous permettre de contraire à cette
constitution qu'ils doivent maintenir. Gomment pourrions-nous
foire de la confédération des gardes nationales une corporation
distincte de la nation , et que l'on regarderait à quelques ^rds
comme lui étant opposée? Gomment séparerions-nous la qualité de
gardes nationales de celle de citoyens? Nous ne pouvons pas
distinguer davantage les gardes nationales de l'armée. Qu'est-ce
que rarmée? C'est l'assemblage de citoyens, qui portent les armes
pour protéger les droits de tous et de chacun. La principale par-
tie de l'armée est composée des gardes nationales ; les troupes
réglées ne forment qu'une armée supplémentaire, et, pour ainsi
dire, accidentelle^ faite pour ménager le temps, la peine et le
danger des citoyçns , qui ont d'autres fonctions à remplir.
Qa peut supposer tel cas ou de paix absolue , ou d'économie
extrême, dans lequd on ne conserverait pas ce que les Anglais
appellent à standing army, une armée soldée perpétuelle, et o&
l'on réformerait entièrement les troupes réglées. On ne peut ré*
fpraier les gai*des nationales : ce sont donc eUes qui forment
l!:^l9ée essentielle de la natitm. Les troupes réglées n'en sam^
auiLiBT (1790) 871
l'armée accidentelle. Supposer que ces deux armées , ou <îe8 deot
branches de la même armée, puissent avoir deux commandans
ipdépi^ndans Tun de lauire , et que le roi ne soil le ehef que de
r^^rwée accidentelle réfurmable» et qu un autre put être nommé
elief de Tarmée essentielle, iirincipale et irréformable de TEtat;
C9 serait regarder le roi et rautorké qu'on lui a c(m6ée comme
^les aceidcms , et déclarer roi le eommandant des gardes nallo*
a^l^. JS^otts ne pouvons pas avoir une pensée si contraire a«x
principes ei à la lettre de noire conslitution. Et puisque noiiS
avons déUaré roi le chef suprême de larmée^ nous n'avons ps^
pu vouloir dire que ce serait de Farméc qu*on pçut réformer dei»
«àln t et dont la réforme le laisserait sans fonctions ; que ce ne
lenrit pas de i Vmée essentielle de TEtat , qui doit durer autam
l|4W l'Etat mâme et que la monardue. Je trouve donc ineottStkii<*
fionoèl que le roi soit prié de remplir une fonction dont notre
Bonstiiiition Ta impérieusêB(tent chargé. C'est par cette rsfis^
ifiie Je rejette la rédaction du comité, et que ^ satis étre;retentt
for aucune consfidératipu particulière sur l'exf^ression d'me vé^
rbé qui me paraît manifeste et utile, j'adopte entièrement la r^
iaietkiii de M; Tabbé Maury*
L'artidel'''du projet dûdécret du eomîté^st adopté ;1'artidef[
jHBfiiMié psH* M« Arthur INilon, est décrété en ces termes :
•
Art. IL àctalte cérémonie le président de rassemblée «ationala
fera frbtcé à la droite du roi , et sans intermédiaire entre le roi <et
kii; les députés seront placés imnfiédiatement, tant à ta droi^
ikitprésident, ^u'à la. gauche du roi. Sa majesté sera priée de
dohacr ses ordres potir que la famitlc royale soit placée convcf
flBkn6micnt« . '
L'arlide fil est mis aux voix et adopté sans chai^gement. tts^
tide IV est adopté à une grande majorité, a\'ec la seule supprés**
•Hfn 4e ces mots : premier citoyen. ]
SÉANCE DU 10 JUILLET.
[Ifkfin. —discussion sur les pensions*
sI^,.«-4teeâéfitttalfondescitoyeflsdes^tà«s^
à
372 ASSEMBLÂE NATIONALE.
quî se trouvent actuellement à Paris, et parmi lesquels est
M. Paul Jones, est admise à la barre. ^
L'orateur de la diputaiion. Frappés d'admiration pour le cou-
rage avec lequel vous avez consacré et propagé les principes de
la liberté , des citoyens des États-Unis d'Amérique viannent té-
moigner à rassemblée nationale leur vive reconnaissance et leur
respect profond pour les pères d'un grand peuple , et pour les
bienfaiteurs du genre humain. Nous savions que la force et la vé-
rité est irrésistible , et que la célérité de ses progrès est au-dessus
de tous les calculs; nous croyions qu'enfin les bienfoits de la li-
berté seraient appréciés; que la liberté réclamerait les droits de
rbom(ne avec une voix qne les hommes ne pourraient étouller ;
que le luxe perdrait ses droits ; que les rois , ces dieux delà terre,
deviendraieut des hommes; que la religion rejetterait les armes
meurtrières de l'intolérance et du fanatisme^ pour prendre le
sceptre de la paix. Vous avez accéléré tous ces changemens , et
nous éprouvons une joie indicible, en paraissant devant ces héros
de l'humanité qui ont combattu avec tant de succès dans le champ
de la vérité et de la vertu. Puissiez-vous recueillir les fruits de
vos efforts! Puisse le roi patriote, qui partagea les uns, partager
amplement les autres. Ce monarque qui , en conunençant sa car-
rière, a répandu les bienfaits de la liberté sur des nationç éloignées,
était bien digne d'échanger l'éclat emprunté du pouvoir arbitraire
confire l'amour de ses concitoyens ; Louis XYI , dans le langage
de la France, sera nommé le premier roi des Français. Hais dans
le langage de l'univers , il sera appdé le premier roi des hommes.
tLa salle retentit d'applaudissemens.) Nous n'avons plus qu'un
vœu à former, c'est d'obtenir l'honneur d'assister à l'auguste
cérénàonie qui doit pour jamais assurer le bonheur de la France.
Quand les Français ont versé avec nous leur sang pour la dé-
fense de la liberté, nous avons appris à les aimer; ftujourd'bai
qu'ils sont libres, nous éprouvons pour eux dans nos cœurs des
sentimens de frères et de concitoyens : c'est au pied de cet autdi
de la patrie où ils vont renouveler le serment de fidélité à la
ttation» à la loi et au roi^ que nous jurions amitié éterneileaax
juiLLBT (1790) 375
Français. (Ici des applaudissemens unanimes.) Oui à tous lés
Français fidèles aux principes consacrés par vous. Car, comme
¥0U8 nous ehërissons la liberté, comme vous nous aimons la paix.
(Les applaudissemens redoublent dans la partie gauche de ras-
semblée.)
M. le frmdemt. C'est en tous aidant à conquérir la liberté^ que
les Français ont appris à la connaître et à Faimer : les mains qui
brisèrent vos fers, n'étaiait point faites pour en porter. Plus
heureuse que vous, la nation française doit cette conquête aux
vertus et au patriotisme de son roi ; elle vous a coûté des flots de
sang. Le courage a rompu vos fers , la raison a rompu les nôtres.
C'est dans une de vos contrées que la liberté avait établi son
trône , il s'appuie aujourd'hui sur lès deux-mondes. L'assemblée
verra avec plaisir , à cette fête qui doit donner à l'univers le
spectacle touchant d'une grande réunion d'amis , les concitoyens
des États-Unis d'Amérique^ qui se présentent devant elle , que
ceux-ci appellent encore leurs frères , et que ces deux peuples
ne forment qu'un peuple atec les Français.
L'assemUée témoigne, par des applaudissemens unanimes ,
que les sentimens exprimés par M. le président, sont bien ceux
qu'elle éprouve.
M. Robespierre. J'oserai vous faire une proposition déjà de-
vancée par l'impression profonde qu'a d& laisser le discours des
députés de l'Amérique (il s'élève des murmures) , de la députa-
lion des États-Unis (houveaux murmures) des citoyens améri-
cains, et la réponse de M. le président. Vous avez souvent en-
tendu vos concitoyens parler le langage de la liberté ; mais aucun
d'eux ne s'est exprimé avec plus de noblesse et d'énergie, l'as-
semblée a entendu.... Je demande, au nom des personnes qu'elle
vient d'entendre.... (Des murmures interrompent l'opinanli) Je
demande plutôt aux personnes qui m'ont interrompu , qu'elles
ne démentent pas, en étoufTant la voix d'un membre qui veut
parler le langage de la liberté, l'admiration que l'assemblée a
méritée ; c'est ce sentiment qui m'inspire la hardiesse bien par*
dônnable à un de vos membres , de penser que je pourrais libre-
174 ASSEMBLÉE hatioiiale.
sneot rendre un hommage sincère. (L'impatience de l'assemblée
•e manifeste par de nouveaux murmures.) Si au milieu des cir-
fiODStaoces dont wu*s êtes témoins , je persiste dans la résolution
de dire quelques mots.... ce n'est pas par un autre motif que de
convaincre tous ceux qui sont prcsens à votre délibération, qu*il
B*est interdit à aucun membre d exercer ce droit dé suffrage,
taracière essentiel de la liberté, dans une assemblée délibërantéi
et je ne m*éearuiis, ni de ce principe, ni de ce sentiment, iors^
que je voulais vous proposer, le premier, de donner aux citoyenè
que vous veneis d'entendre une marque de considért^tion digne de
yous, digne d'eux.
il*. .Après quelques phrases que des interruptions (rëqnefitea né
permettent pas à l'opinant d'achever , M. Robespierre propooie
d'ordonner l'impression du discours des citoyens des Ëtats4Jtti$
d'Amérique ^ ainsi que la réponse de H* ie pr^deot , et d'aç*
eoider à ces citoyens la place qu'ils sollicitent ù la ^rémoiiie de
la eouféclénitioQ.
M. l'abbé Maury demande l'impression du discours de H^ Ro»
^ifspierre»
L'assemblée décrète l'impression du discours de fat d^ntàtioii
et de la réponse de M. le président.
Ou observe que la demande d'une place ù la eoniedét^oil est
d^à aoocordée par un décret rendu à la séance du matins
Un de MM. les secrétaires lit une adresse des citoyens ati»
gnonnais» détenus à Orange. — Nous sommes obligés de n.'eourit
à l'assemblée nationale, potir obtenir la liberté que nous n'avons
^pas mérité de perdre, lors des événemens du iO /uin* Nous ax^m
été précipités dons des cachets , x>ii nous attendions , à chaque
instant» la mort. Le maire d'Oraoge crut apportera Avignon des
eccqprs et des consolations; il proposa d'emmener les prisonniers»
et nous trouvâmes notre salut dans cette iranslaiion^ C'est pour
l'assemblée nationale , un devoir sacré d'ordonner notre élargis-
sement. Nous ne sommes pas sur le territoire de noti*e véritable
souverain ; et nous réclamons la protection de l'assembléa satio*
wde» W^ deux étrangers ont été misen liberté^ parce qn'jba'f»
jmLLET (179^ S7S
?aient pas été condamnés parles lois da royaume; les prisonmers
détenus à Oran(;e, sujets du souverain pontife , sont aussi étran-
gers ; ils appuient leurs demandes sur la déclaration des droits de
rbonme. ilssoat hommes Jls ont droitderinvoquer devant vous.
Vous avez dit : c Nul homme ne peut être accusé, arrêté ^ ni do*
Icou qoe dans les cas déterminés par la loi , et selon les formes
qu'elle a prescriteSé Siyné^ Botbr, procureur des prisonniers.
On demande le renvoi au comité des rapports.
M. Malouet. Je iàis la motion, et je ne la motive pas, parce
qu'il est dans les principes de l'assemblée nationale et de la cons^
titution française; d'ordonner sur-le-champ rélar{][issement des
détenusl à Orange.
r
On demande de nouveau le renvoi au comité des rapports.
M» Grillcn lejçunf. Les principes de l'assemblée no taissen| e;|
effet aucun doute sur la motion dq préoj^inant ; ainsi , on ne sau-
r;)ît (rop lui faire droit; je demanda que le rapport de )'^€^
qu'on a lue soit fait demain a (}<^V^ heures.
Jf. Cabbé Maury. S'i) y ayçiit U0 corps de dâlt, up procès-
fer\^ i ui|Q insiructiop juridique » je voterais |[»ol-tnéQ)e posr le
renvoi au comité des rapports; mais il n'y a rien de toulpela, 1%
m^î^iemenC après 1^ trouble^ d'Avignon , J)f. Desgi^iiisa, q^aire
4*Qraf}ge, digue de remplir les fonctions municipales que yQViH
aye;K£nvironnéesdç tant de gloire, digne ^e l'approbatioi) doTasf
semblée, déclara qu'il prenait les prisonniers sous sa proteçjli()|{{
9Q0 ppur iQMr dopQer une nouvelle prison, mais pour leur offrir
un asile. Vingt-quatre citoyens^ un octQgqp^ii^re et deux sepUiftr
gl^çaires sont depuis un mois détenus à Pitance; aucune voix ne
s'est élevée contre eux. Ils récl^iment la justice de l'açseipbléç,
qui ne voudra pas reçongaitre de coupables , qu^nd il n'y a pas d(f
délit; qui ne voudra pas, aux yeux de l'Europe^ éti*e la geôl^r^
des étrangers. Je réclame avec eux, ,en cenK)ment, votre justice*
Je vous remercie au nom de mes concitoyens, de la protection
9U6 \o\x% leur avez accordée. Je vous rçmcrcie » vous dont l'bu«
foaioiUé a» à votre vmf iiauvé la vie à vin^iwire «it^ji^Ni* h
576 ASSEVALÉB NATIONALE.
^réclame pour eux rhumaoité qui , dans les législateurs» ne doit
être que la justice. (Le côté droit applaudit.)
M. Robespierre. Vous ne pouvez juger sans connaissance de
cause. Il est arrivé au comitédes rapports des pièces importantes,
qui vous prouveront que* la liberté des prisonniers détenus à
Orange tient à d'importantes questions. Vous vous doutez que
des actions et des principes contraires au vœu et à Tintait des
Avignonnais et de ,1a liberté ont occasionné cet emprisonnement.
Si vous adoptiez la proposition fiaite par M. Malouet et appuyée
par M. l'abbé Maury , vous prononceriez contre le peuple d'Avi-
gnon.... (M. Cazalès interrompt et demande la parole.) Le seul
point à décider est de savoir si l'assemblée nationale veut prendre
une connaissance exacte de l'affaire avant de la juger. (L'opinant
est interrompu par le côté droit , d'oii parlent ces mots : eUe ne
te veut pas.) D'après les efforts que Ton fait pour que cette aflaire
ne soit pas exactement connue, il est évident que c'est ici la cause
de l'aristocratie contre les peuples et contre la liberté ; j'au atteste
ceux qui murmurent et m'interrompit.
On demande le renvoi et l'ajournement.
M. Cazalès. L'assemblée nationale est-elle le juge des dtoyoïs
d'Avignon ?
" M. Malouet. Si l'assemblée ne veut pas rétablir elle-même les
lettres de cachet, il n'y a nul doute sur la question de savoir si la
liberté sera rendue à des citoyens étrangers, détenus sans accu-
sation.
M. Virieu. Les ennemis de la liberté in<fividuelle peuvent seuls
demander l'ajournement.
Mlf. Bouvier, députe d'Orange. Je suis en mon particulier inti-
mement convaincu (]e l'innocmice des détenus ; mais je ne crois
pas que l'assemblée puisse vouloir exciter une guerre civile entre
Orange et Avignon. Les officiers municipaux d'Orange n'ont pu
mettre le calme à Avignon , qu'en promettant an peuple que \êà
prisonniers seraient jugés : est-ce par vous que cette promesse
sera violée? est-ce par vous que la guerre civile sera allumée? (Il
5'élè\'C dans la partie droite un mouvement général ; on entend ces
JUILLET (1790) 377
mots : c Allons donc! >) J'ai encore une observation essentielle à
TOUS présenter : les prisonniers supposent, dans leur requête,
qu'un compte a été rendu à l'assemblée , qu*un procès-verbal a
été mis sous ses yeux; ils ne demandent donc pas que vous dé-
cidiez sans Gonnaitre les pièces de cette affaire. Je propose d'en
ordonner le renvoi au comité des rapports, pour en rendre compte
à jour fix«.
. La discussion est fermée.
On demande que les députés d'Avignon soient entendus au
comité des rapports sur l'adresse des prisonniers, afin de réunir
le plus de lumières possibles.
M. l'abbé Maury s'oppose à cette demande. — Sans entrer dans
b question , je déclare qu'à mes risques et périls, je me réserve
de dénoncer les députés d'Avignon , comme députés d'une troupe
d'assassins. (Il s'élève des murmures très-tumultueux.) Si je suis
im calomniateor ipk'ùa me punisse. J'ai une mission particulière
pour les poursuivre, je les poursuivrai ; sur quatre prétendus dë-
patés d'Atiginon , trois ne sont pas citoyens de cette ville. Peut-
on demander que les regards de l'assemblée nationale de France
soient souillés par la vue de ces gens-là !
M. U Camus. Il y a des faits dont vous n'êtes pas instruits , et
qu'il est important que vous sachiez. Il vient d'arriver des députés
de la garde nationale d'Avignon , ils demandent à assister à la fé-
dération ; ils ont des pouvoirs de la garde nationale et des ci-
toyens. (On applaudit.) Ils sont venus ce soir avec les députés de
kl rauttieipalité nous avertir qu'il est parti d'Avignon un nommé
Boyer, se ditent abbé , et dont la mission est de solliciter la li-
berté des prisonniers, détenus à Orange, auprès de certaines
personnes que vous avez assez entendues ce soir ; ils nous ont dit
que les prisonniers étaient très-suspects, qu'un autre, plus sus-
pect encore, détenu à Loriol, avait été élargi ; ils nous ont dit
que les événemens d'Avignon tenaient aux troubles de Mimes , de
Toulouse et de Montauban , et qu'on pouri:pit obtenir de ces gens-
là des notions certaines. Ils ont observé que les prisonniers au-
raient couru risque de la vie s'ils fussent rcSstés à Avignon , et
878 ASSEMBLÉE MATlOIfALB.
quiUi ont été remis eo dépôt aux députés d'Orange pour les
sauver; ils ont dit : < Nous avons pensé quayant déclaré vouloir
vivre sous les lois françaises, nous pouvions les remettra à des
Français; si Ton ne veut pas qu'ilssoient jugés, nous redemanderons
notre dépôt; nous le demanderons pour la siki*eté des AvignonnaiSf
pour la sûreté même des Français. > Les pouvoirs de ces députés
sont en bonne forme, ils vous feront connaître tous les faits, ils
vous découvriront Tintérét que le préopinant a peut«étre à ce
qu'ils ne parlent pas. Je demande donc le renvoi au comité des
i^apports, je demande donc que les députés de la garde nationale
et de la municipalité d'Avignon soient entendus par ce comité.
On demande à aller aux voix.
M. l*abbé Mttury. C'est parce que j*y suis forcé par raccnsatioo
du préopinant que je me détermine à vous parler d*une afCsire
particulièi*e , qui ne devrait pas vous occuper. On vous a lait peiH
ser, par des insinuations insidieuses, que j'avais un intérêt pari»*
culier aux événemens d'Avignon ; c'est une grande vàriié : l'inlAFât
que je prends à cette afiaire, est celui que doit y preacbre Mrt
bounéte homme (il s'élève des murmures), que loui bonnéte
homme doit prendre à la conservation de vingt-quatre priaon»
«ers innocens, transférés dans les prisons d'Afignon t pour les
^ustraire à la fureur d'un peuple qui venait de iaire pendre
quatre citoyens irréprochables ; l'intérêt que j'y prends esl oelui
que tout homme doit éprouver {M)ur ses concitoyens LQÎa d'éht*
der la rigueur de AI. le Camus, c'est sa sévérité qu^ je rcciame:
je lui annonce que je traiterai devant vous sans flili^ricorde***-^
Vous déciderez dans votre sagesse, s'il est de Tintérâtide to
dignité, de la morale du corps -législatif d'autoriser» non ua
peuple, non une ville, mais quelques factieux» à^sQ r<endre îii#*
pendans.
Avant de décider cette grande question , .à ^ décisioB de h|p
quelle plusieurs provinces sont intéressées, je vous fèr^ connaître
les manœuvres particulières exercées sur une province qui ne
paie point d'impôts, qui n'est pas mécontente de son souverain,
it à laquelle cependant on a voulu persuader d'ètce iofid^ W
r
HTULET (1790) 579
aaint^iëge^ Vous saurez quel degré de confiance vous pouvez ac-
corder à des officiers municipaux , qui se sont tenus enfermes i
quand le peuple faisait pendre par le bourreau un vieillard et
des malades ; vous déciderez si des officiers municipaux » les pères
df la pairie» qui doivent s*immoler pour sauver des citoyens,
devaient ôtre spectateurs froids de ces assassinats. (On observe
ifa^ ce n*ést point la question. ) Sans vouloir préjuger aucune de
ces questions , qiriil est de mon Intérêt de mettre dans un grand
jour, parce qu'il est de mon intérêt de venger mes concitoyens»
je remarquerai seulement qu'il s'agit de la plus étrange cause
.(^Hninelie que puisse présenter l'histoire des nations , puisqu'il
n*y a ni accusateurs, ni accusations. (On rappelle que c'est là le
fond de la question. ) Quand on ne voit que des innocens, le de-
voir du juge est de ropipre leurs fers. Pour intimider votre jus-
tice, on annonce la guerre civile entre Avignon , Orange cl la
France entière; car je ne sais. dans quel sens on l'a annoncée.
(On remarque que la discussion est fermée.) Vous déciderez
eomme vous voudrez cette affaire et celle des prisonniers ; mais
}eilenmnd6 que H. le Camus dise comment j'ai intérêt à leur si*
lèfioe. Un homme qui a l'honneur d*étrc votre collègue ne peut
l^ter parmi vous sous une telle accusatiou. Je demande commie
ttne grftce, ou plutôt comme une JAistice , que vous m'autorisiei »
par ufl décret, à poursuivre au Cliâtelet M. le Camus, comnje
cilomniateur. Ou l'accusé est coupable, ou l'accusateur calomnié.
M. CÀmus. Je consens a ce que M. l'ablié Maury me poursuive»
M. B«frtihse. Je demande que M. le Camus signe son accusa*
tioii au bureau.
Ht* te fn^hîdem. Je vais mettre aux voix le renvoi au comité qui
tend à l'ajournement de la (][uesiion.
M. Cazalh. Je demande qu'on délibère sur la dernière propo-
sition de M. l'abbé Maury.
ilf • le président. On propose de retrancher de la motion primî-
' tive d'ajournement la disposition additionnelle de faire entendre
feu comité' des rapports les députés d'Avignon. Je vais mettre
«Ht» p*i»podiUon M% viMX«
38U ASSBMBLÉfi NATIONALE.
M. Duframe. Il est impossible que les fédérés voient un mem-
bre accusé par un autre, sans que l'un ou l'autre soit puni.
M. MaUmei. Je réclame la priorité pour ma motion , si Ton ne
délibère pas sur celle de M. l'abbé Maury.
M. le ffrénderu. Suivant l'usage de Uassemblée» la priorité ap-
partient à la demande d'ajournement.
L'assemblée décide que les députés d' A^gnon seront «itendos
au comité des rapports. — Le renvoi et l'ajqqrnement à mardi
soir sont ordonnés.
On se dispose à lever la séance.
M. Dufraisse. Il est impossible de ne pas délibérer sur la mo-
tion de M. l'abbé Maury.
On demande la question préalable.
Jlf. Bouchoue. H. le Camus ne doit pas soufFrir que la question
préalable soit invoquée.
On demande à passer à l'ordre du jour.
M. Comtés. Il s'agit d'un représentant de la nation française.
M. Duframe. Dans un moment aussi sdennel que celui qui se
prépare, pour assurer la constitution , vous ne devez pas souffrir
que H. l'abbé Maury soit soupçonné. Si l'accusateur est un ca-
lomniateur y il faut donner un grand exemple à la nation : il y a
assez fong^terops que les folliculaires, les libellistes manquent au
respect qui nous est dû. L'assemblée peut-elle souffrir que» dans
son sein, par des calomnies insidieuses, on attaque un de ses
piembres? Non, elle ne le souffrira pas ; elle repoussera l'indé*
cente question préalable : l'assemblée doit montrer sa sagesse et
sa justice à tous les fédérés. Si vous ne faites pas une justice
sévère, craignez de perdre la con6ance,et le respect, si néces-
saires au maintien de la constitution et à la tranquillité publique.
. M, (abbé Maury. J'ai l'honneur de vous proposer deux mo-
tions différentes, c L'assemblée nationale donne acte à M. Tabbé
Maury, l'un de ses membres, de l'accusation intentée contre lui
par M. le Camus, qui a annoncé que le sieur abbé Maury avait
un intérêt particulier à défendre les citoyens avignonnais détenus
à Orange; autorise M. l'abbé Maury, malgré l'inviolabBité des
JUILLET (1790) 381
représentans de la nation , à poursuivre en réparation d'honneur
M. le Camus. > Yoîci ma seconde motion, c Si vous voulez faire
grâce à H. le Camus, j'y consens, t (Il s'élève beaucoup de mur-
mores.) II me semble que dans une affaire criminelle, il n'y a
que grâce ou justice. Si vous ne voulez pas me foire justice, je
vous demande le moyen d'aller la chercher ailleurs. Si vous vou-
lez iFaire grâce, j'y applaudirai. J'observe qu'accepter la question
préalable , c'est fiaire grâce , et que je la considérerai ainsi.
On demande encore à passer à L'ordre du jour.
ilf. Bouche. M. l'abbé Haury, honorable membre de cette
assemblée, homme pacifique, juste-, bienfaisant , comme vous le
savez , se prétend calomnié par M, le Camus , et veut l'attaquer
en justice. M. l'abbé Maury est fort échaulïé, M. le Caiious est
fort tranquille... L'assemblée veut délibérer, je m'impose silence.
L'assemblée délibère qu'elle passera à l'ordre du jour.]
Mercredi UjuilleL — Fêle de la fédération.
Nous allons jeter un coup d'œii rapide sur les séances qui sui-
virent celle du 10. Nous dirons ensuite la cérémonie du 14 , et
les impressions diverses que les partis consignèrent dans leurs
journaux.
Le dimanche 11 , le duc d'Orléans, de retour d'Angleterre ;
monta à la tribune pour y prêter le serment civique. Il prononça
un discours dans lequel il justifiait sa conduite antérieure et sa
dernière démarche. Le soupçon d'avoir participé aux troubles
d'octobre ne cessait cependant de le poursuivre. Le G juillet^ un
pamphlet injurieux à sa personne avait occasionné une émeute au
Palais-Royal ; les républicains le défendaient contre les royalistes.
Le lundi 13, on lut une lettre du comédien Talma. Voici cette
lettte:
c J'implore le secours de la loi constitutionnelle, et je réclame
les droits de citoyen qu'elle ne m'a point ravis , puisqu'elle ne
prononce aucun titre d'exclusion contre ceux qui embrassent la
Sn ASSEMBLÉS NATIOlfALB.
carrière da théâtre. J*ai feit choix d'une compagne à laquelle j^
veux m*unir par les liens du niariagfc ; mon père m'a donné son
consentement: je me suis préienté devant le curé de Saint-Std-
pice pour la publication de mes bans. Après un premier refas,
je lui ai fait foire une sommation par acte extrajudiciaire. 11 a
repondu à Thuissier qu*rl avait cru de sa prudence tfeo -déférer
à ses supérieurs, qui lui ont rappelé les rè{j[les canoniques aux»
quelles il doit obéir, et qui défendent de donner à un eomédiea
le sacrement de mariage , avant d*avoir obu.'nu de sa put une re-
nonciation à son état.... Je me prosterne devant Dieu ; je professe
la religion catholique, apostolique et romaine.... Comment celte
religion peut-elle autoriser le dérèglement des mœurs ?... J*aorall
pu sans doute foire une renonciation et reprendre le lendeinaift
mon état; mais je neietix point me montrer indigne de la reli*
gion qu*on invoque conti^ moi, indigne da bienfoit de la consti-
tution en accusant vos décrets d'erreur et vos lois d'hoopuissauce.
— Je m'abandonne avec confiance à votre justice, t
L'assemblée renvoya la pétition de Talnia à ses comités de
constitution et ecclésiastique réunis. Quelques réflexions de YA" *
midii roi sur cetteaffaire méritent d'être rapportées. cH. Bouche
surtout a montré dans celle occasion un tèle ardent CQHtfe If
despoiime da clergé. Le refus du curé de Saint-SulfÀcCf sHrU dit,
est (ïaulanl plus surprenant que plusieurs fais on a marié des CB^
médiens sous le nom de muûciens. M. Bouche ne ^oit pas qu'en
voulant inculper M. le curé, il le justifie , puisque le sieur Tahua
iserait depuis long-temps marié , s'il eut voulu ,. comme Ses con-
frères, se soumettre à cette fiction usitée, et taire «a véritaUb
jprofession , et que s'il a essuyé un refus , c'est «uùifucttieDt pany
qu*il a voulu être marié sous le nom de comédien^ prélemion dont
il n'y a pas d'exemple. * (N* XLIH , p. 473.)
Le mardi malin 15 juillet. — € De toutes parts il arrive du l'en-
fort à la constitution ; pendant que les cordonniers la défendant
de la plume et par de savans écrits, voilà que les diafbonniers,
dans une adresse justement applaudie, nous mmonceat qu'ils ont
iÛ8 la o^aatitution tous lear fianveefaideL, ei«|u'iiB >iimmmUÉmt*
lUILLET (1790) SIS
j0mn la hache tévée pour défendre le plus bel ouvrage dèfunivmé^
iJL'And du roi, n^ XLIV, p. 177.) M. Vcrnîcr présente ensuite
UQ projet de dét^rct tendant à accélérer la perception de Fimpôt ,
taat de l'arriéré de 1788 et de 1789, que de la con ribution pa*
trietique de 1790. -^ t Voilà donc rassemblée nationale èrdon-*
nant la perception arriérée des impôts injustes , oppressifs, veia-
toires de Fâncien ré{pme,au mépris de ses propres décrets etdeà
kûs oonstiiutionnelles du royaume qui établissent la contribution
aux ckar^es publiques, proportionDeilenienl à la fortune des ei^
toyeos* Employer la force pour arracher une contribution pa*-
triotiqoe est sans doute ime exaction atroce ; mais ce n'est pas
le terme de leurs attentats..*.» (UAmi du peuple ^ n^CLXVIi^
p. 6.) La séance du soir fut occupée tout ^entière par des adresses
et des députations. — c Parmi les adresses, nous en avon^distin*
giiéiine de prisonniers, présentée par M. de Robespierre, avocat
des galériens: il a été éconduit par l'ordre du jour. Ces petits
accidenSy qui deviennent fréquens, ne ralentissent pas son zète
et son intrépidité. > (L'Ami du roi, n"" XLV, p. 221.) Le même
journal remarque aussi une adresse des prêtres de Saint-L^.
Après avoir tonné, dit-il, contrôla monstrueuse cupidité qui
oroît la religion compromise par la spoliation du cler{]fé, ils feli-
ci^nt l'assemblée d'avoir plus fait pour l'ordre spirituel que te»
etmciles les plus saints. 11 ridiculise également leT^/air^of/er du cu-
ré de Sonppes pour ses bons et doucereux conrpatrioies , qui me-
■aeent de la potence et poursuivent à coups de fusil ceux qui ré*
clament i^^ droits de champart et autres conservés jusqu'au ra-
chat; lequel caré s est avisé de dire <{Qe si pour réprimerez
excès on emploie des gardes nationales, elles ne voudront pas
porter les armes contre des concitoyens.
La fédération du 14 juillet, considérée par rapport au peuple ,
fat une vraie fête nationale ; les masses y apportèrent une telle
effusion de fraternité, un zèle si ardent pour le lien nouveau, que
rien de semblable n'avait depuis Iong-*temps illustré la marche de la
civilisation moderne. Quel spectaciequecelui d'une nation toujours
la|H^fflière aiix avant^postes de l'humanité, cââ^rant J'atuii*
584 ASSEMBLiE lUTIONALB.
versaire des dëvoûmens qui renversèrent la Bastille > et se croi-
sant dans cette solennité pour la conquête définitive de l'avenir
préparé par deux mille ans d'efforts. L'histoire des travaux faits
au Champ-de-Mars par les habitans de Paris, recueillis sur place
par les auteurs contemporains , ressemble dans la plupart de ses
•
détails aux légendes les plus naïves et les plus touchantes des
chroniqueurs du moyen-âge. Il y avait dans ce peuple bon , la->
borieux, frugal» dans ces processions de districts conduites à la
pelle et à la pioche par leurs municipalités provisoires, dans cette
multitude d'hommes qui faisaient eux-mêmes et admirablement
la police de l'atelier » il y avait une foi sociale capable d'enfanter
des miracles à la suite d'un pouvoir qui l'aurait partagée.
La cour 9 dont l'opinion véritable était déposée dans la presse
royaliste , savait bien que l'immense majorité des Français re-
gardait cette fête comme le souvenir d'une victoire remportée sur
la royauté. Aussi ses apologistes et ses champions, ou déclamaient
contre la fédération, ou la parodiaient. Les plus graves en par-
laient à peine. Sa conduite en cette circonstance fut calculée par
les ministres de manière à ce qu'elle tirât le meilleur parti pos-
sible d'une fâcheuse position.
La majorité de l'assemblée nationale , le juste-milieu du temps
n'avait rien négligé pour que l'acte fédératif fût un pur serment
à ses décrets ; sa pensée était fidèlement exprimée dans celte
phrase de la Fayette au roi , en lui présentant la députation des
gardes nationales de France : < Vous avez voulu, sire, que nous
eussions une constitution fopdée sur la liberté et l* ordre public;
tous nos vœux sont remplis. La liberté nous est assurée» et
notre zèle nous garantira l'ordre public, t Gêné par un minisr
tère trop dévoué à la cour et dont un des membres , Guignard de
Saint-Priest, venait d*étre dénoncé comme complice de Maillébois
et de Bonne-Savardin, elle ne préméditait , dit-on , de profiter de
cette fête que pour livrer les portefeuilles aux gros bonnets du
club de 1789. Nous allons analyser sur ce club un article très-
impdrumt des Bévolutiom de Paris. L'auteur prouve d'abord que
ce fut contradictoirement à ce club que les amis de la constitu-
roiLLET H790) SSS
tUm fondèrent le terrible comité desjacobim. < Le succès de cette -
opération sur les élections détermina sans doute les députés pa- -
triotes à remployer pour déterminer Tordre du jour, et ils déci- .
dèrent que le club s'occuperait à préparer les matières qui dé-
ifient être traitées à l'assemblée nationale.
< C'est à cette confédération du zèle et des lumières que nous,
avons dft la majorité dont les patriotes ont joui pendant un temps,
hélas ! trop court , et le peu de bons décrets qui nous attachent à
la constitution.
< Quand le ministère et la cour eurent perdu tout espoir de
contre-révolution et de guerre civile, et qu'ils furent réduits à
prendre le parti des lâches, celui de corrompre et de tromper ,
leur première intrigue fut dirigée contre le club des Amis de la
constitution. Il fallait le diviser pour former un parti ministériel
dans l'aséemblée : si on l'eût composé des aristocrates, il u'eût ja-
mais fait d'illusion à la nation.
> Les intrig^ns, les ambitieux d'argent et de pouvoir se
saisirent du club de 1789, et y attirèrent plusieurs m^nbres de
celui des jacobins, en leur persuadant qu'ils n'y avaient pas assez
d'influence, ou que ce dub était vendu au parti d* Orléans. Dès
qu'ils eurent réuni un assez grand nombre de députés non con-
nus pour aristocrates, le club de 4789 vint s'instaler pompeuse-
ment au Palais-Royal, dans un superbe local, et avec tout le fra-
cas nécessaire pour frapper les regards de la multitude.
< Le club de 1789 affecta de se proposer les mêmes objets que
cdui des jacobins; mais on y ajouta d'autres avantages et agré*
mens , tels que de bons diners....
} < Ils firent décréter à leur club que les députés^ à l'assemblée
nationale non domiciliés à Paris , pourraient être reçus à titre
d*a^ocié«, et seraient invités à ces assemblées de discussion, ainsi
qu* à jouir de tous les avantages et agrémens de la société, sans
payer, pendant le temps que durerait l'assemblée nationale, et
que lesdits associés nepourraientpoint payer de cotisation. Gepen»
dant ce club a un loyer de 24,000 iiv. Les banquets y sont à un
T. ▼!• 28
IIS AS8Blll|L(y «*flg!|<^K.
jà^\\(^, gue Iq public noiiibrpqx qui frcqqeute |e FaIais-^oyal-/f ^
auaj^ cpQÎqées (le c^ du))» la Fs^ eue, Bailly, Mirabeau, Cha|ie\î« r,
et aulres persoupoges qu'il ^'e&\ tiabiii^é à r^ardçr et qu'il f^,
^{aitlera encore quelques mois cQaume sea d^feo^eurs^
{ l^a^ r^ieure de la réflexion * arrivera en^n, et I9 lipoteuse
fQraia(io|j de ce club oe sera plus un mystère pour lui ; il yçrra
gij|g çIqs ^pinme^ qui seraient les amis du peuple et de riiuma^îté
ne débourseraient pas » au milieu de calamités publique^ , taçf
d'argent pour Iquer un lieu d'assemblée, et qu'au lieu de venir
afficher leurs discussions populaires à uu premier étage au Pakûs*
Royal » ils se seraient retirés dans l'enceinte silencieuse d'un des
conveqs nationaux ; qu'au lieu de splçndidçs Iianquets et de
quêtes mesquines /ils feraient des quêtes abondantes et des repas
frugaqx j^ qu'au lieu do venir se faire claquer aux fenêtres... •
c C'est du club de 17M9 que nous est venu le décret sur b
guerre et sur la paix , le décret qui a donné au roi la faculté de
i?adjuger 25 millions; c'est du club de 17S9 qu'est venue la pro-
position de laisser aux évêques un traitement beaucoup plus fort
que l'énorme traitement qu'on leur a donné... • Beaucoup dé
jeunes ci-devant sei{pieurs et nos gens de lettres h pensions sous
fancien régime, se sont jetés dans le club de 1789. Rien de plus
simple, cette voie mènera à la fortune (2) . t C'était là le centre d'ac-
tivité des impartiaux , et c'était de là que la majorité de rassem-
blée nationale espérait, à.la foveur de la solennité du 14, voir sor^
tii; un nouveau ministère.
^els étaient les senttmens de la cpur et des impartiaux*
Nous allons maintenant exposer ceux des républicains. Toutes
Ifi nu^if^çes dj^ cç p;^rt^ étaient unai^^nes sur ce quç npus ayons
{%] Cet arrêté dn club est da 28 mal , et avant le 10 )uin« plus de ççnt mem-
bres de l^assemblée nationale se pfc^scntèrent et Turent associas. Je vondrali
bien f^ayoir quels sont ces c^ut gotnb'csciMi ont été se faire çadpctriner poiiur
vn dfner; Je les dénoncerais à leurs drpartemens. N*ont-ils pas de quoi vivre
«vec 18 iv.y sans aller compromettre' leur opinion pour nu âtneiv {^o^ ^
lÛILLET (1790) . fS|Z
dît rçlafivfiiioptt aux deux ppemiers ; toutes irQrpiaient d'^vanee
El validité d*un serment qui i-cpfcrmei'ait dans le même lien de^
contradictions monstrueuses ; toutes remarquaient avec plus ou
moins d'amcrtumct le. déilain aveçlcquel étaient traités dans cette
eërëmonie les vainqueurs de la Bastille; toutes prémunissaient,
contre les dangers de riilolâiric et des acclamations d'enlraîne-,
Bicnt^ la roule confiante des hommes du peuple. Le léc t de cette;
f^te » dans leurs journaux , présente la même concordance. Ils sq
]^riè|*ent en tnasse conire les adorations que lu Fayetie avait
parta^^ées avec son clieval blanc, contre le Itiuteuil royal et la
cbaisedû président de la constituante, contrerbfFectation qu'avait
mise LoMts XVI à rester sourd aux avis qut rappelaient à l'autel
pour y prêter le serment, serment qu'il prêta sous sa tente. Aii
r€Ste, ils vont parler eux-mêmes dans les extraits suivans que
fions eippruntons aux néoolut\ons de Paris , à ÏAmi du peuple e\
aux Bévolntïons de France et de Brabant,
C'est dans Iç n"^ où nous avons pris l'article sur le club de
1789, que se trouvent les détails du 14. c Le jour de la prise dç
b Bastille n'aura jamais d'égal dans l'hisioii'e de la nation >fran-
f^ise. Le dévouement, le courage, l'ardeur de tous les citoyens,
Jçur concorde, leur parfaiie égalité, le respect de tous les (;lroits,
Ib justjcexiu peuple. Tordre au sein du désordre, l'allégresse au
sein des alarmes..... et partout la grandeur, le génie d'un peuple
qui brise ses f<TS et reprend ses di^oits : voilà ce qui caractérisait
çctlesublime journée. Le 1 4 juillctdcrnier est-il digne d'en être ap-
l^lé l'anniversaire? Il léserait peut -être si l'on n'avait pas aiioré....
«... Un peuple d*ido!à{res qui ne voit dans notre fête que M. de
b Fayette, puis le roi , et qui ne se voit point lui-même; ses dé*
pûtes qui dansent pour braver la pîuLe; d'autres qui tuent à coup
d*épée les chiens qui passent dans la rue; des Français qui reçoi-
\(^i çles bannières OUmches^ qui souffrent un drapeau 6^ncsur (e
trône ; un roi qui essuie à la chasse les pluies les plus abondantes,
fA qifi ne (uarche pas parce qu*il pleut, au milieu de la nation dé-
^U>^nle et arnice ; qui ne prend pas la peine d'aller de ^o ir^qe
388 ASSEMBLÉE fÏÀTIONALE.
sa détresse, la satisfaction de l'y voir prêter serment; les sciences,
les arts, les métiers, le courage civique, les vertus, sans hon-
neur, sans récompense dans ce beau jour; les vainqueurs de la
Bastille ignores , et pas un mot , pas un seul hommage à la mé-
moire de ceux qui à pareil jour périrent sous les murs de cette
horrible forteresse ; un président de l'assemblée nationale courtisan
(Bonnay), et qui permet à un autre courtisan de donner à la cour
la misérable petite satisfaction de le dérober aux yeux du public
' • ■ • ■ ' -^
en se mettant devant lui...; mille petites ruses pour exciter des ac-
f 4
damations servîtes , et pour faire oublier la nation dans un mo-
ment où elle était tout.
< Les députés' des départemens allèrent le soir se raffraichir à
la Muette, où M. la Fayette courut, risque d'être étouffé par les
embrassemens ; ils se rendirent ensuite par diverses bandes sous
les fenêtres des Tuileries crier vweleroi ! on cria peu vive la reine!
• • • . • *
Cependant des placards^ placés depuis deux jours sur les piédes-
taux des statues des Tuileries , sollicitaient, mendiaient pour elle
les faveurs des fédéràlifs ; on y lisait : c Français^ que sommes-
nous devenus? Souffrirons-nous qu'une reine qui est le plus bel
ornement de la France, n'assiste pas à la fête qui se prépare?
nous laisserons-nous abuser plus long-temps par les calomnies ré-
pandues contre une femme si vertueuse, etc.? i...» Le jeudi 15,
le mécontentement général se déclara hautement sur ce que lé roi
n'avait point été à l'autel.... Dans ces jours (C égalité ^ le peuple
en uniforme a toujours été séparé, distingué du i>euple sans uni-
forme.... à la revue du 18, ils ont baisé , comnie après le ser-
ment , les mains , les cuisses , les bottes de la Fayette. S'il y avait
eu alors quelque élection il eût été à craindre que la folie popu-
laire ne prodiguât à son cheval les honneurs que Galigula avait
décernés au sien.... Des esclaves cependant , oui des esclaves re-
vêtus d'uniformes des divers départemens s'étaient rassembles
sous les fenêtres de l'appartement de la reine pour chanter une
chanson ; à la fin de chaque couplet, ils affectaient de pousser un
Idngcri de vive la reine! Ah ! oui sans doute /vive la reine/ Mais
SI c'était le grand jour des réconciliations et des pardons , ne fA-
JDILLET (1790) .580 •
]ait-il pas crier aussi, vive les Polignacs! vive le livre-rouge!
vive Trianon ! vive Breteuil / vive Lambert ! vivent les protecteurs de
^h compiraJtion contre Paris ! vivent les grils à boulet! vivent les au-
teurs du projet d emmener le roi à Metz ! vive la lettre aux vingt"
cinq millions... (1)! La perfide indifférence que nos officiers pu-
{i) IVons ne ponyons mieux faire <iae de placer ici le tëmoîgnase et les
aveux d'un fédéré lui-même. Cette note est un passage de le château des Tui-
leries^ cbap. m, p. 65. Nous ayons déjà donné à nos lecteurs des extraits de
cet ouyrage parmi les documens complémentaires de Tannée 1789. — « L'a-
yant-yeille de la confédération des Français, les fédérés curent ordre de se
réunir Tapi-ès-mldl aux Champs'Éiysées pour passer la revue du roi. Une
pluie abondante fit changer Tordre , et on défila sous le vestibule devant le
roi « la reine et sa famille. Le département dont je suis, au lieu de Thabit
gros-bleu , avait adopté pour uniforme Thabit blen-de-ciel , revers et pare-
mens rouges avec doublures et boutons blancs, ce qui nous donnait un air
étranger qui nous fit remarquer par la reine. J'étais chef de file du premier
peloton : soit à dessein de nous mieux examiner, soit que le passage très-
étroit fût engorgé de curieux, nous fûmes arrêtés environ deux minutes
précisément devant le roi. La reine i^e penche , me tire doucement par la
basque de mon habit, et me dit : Monsieur, de quelle /frovince êtes-vousf.De
celle oà régnaient vos aleux^ fut la réponse que je, fis en baissant mon sabre.
>- QMfi I vou* êiea K.. - - Vos fidèles Lorrains; et je disais vrai. Elle me remercie
par une inclination accompagnée d'un regard que je vois encore , tant il.me
pénétra alors ; et se penchant vers le roi , elle lui dit : Ce. sont, vçs, fidèles
Lorrains ; le roi nous salua de la tête , et comme nous continuâmes de dé-
filer, je n'en vis pas davantage. Eh bienf ce peu de mots, ce regard qu'aucun
de mes camarades ne perdit, nous avaient tpus 'ému% au point que nous
étions prêts à' exécuter tout ce que ces deux infortunés nous eussent or-
donné dans le' moment Je ne cite ce trait qui m'est personnel que pour
montrer combien il était facile alors an roi de disposer d'environ 60,000 hom-
mes réunis à Paris, et qui , comme moi , voyaient le roi pour la première
fois, -
» On accorda aux fédérés Tbonneur de faire le service à la cour. Curieux
de voir la famille royale de près , je me présentai , et le 25 juillet fut le jour
où. je montai ma garde au château. On me plaça sur-le-champ en faction à la
porte intérieurepar où Ton passait pour aller du roi chezla reine.La consigne,
outre certaines alertes et les honneurs différons à rendre , portait de ne per-
mettre à personne de sortir avec des paquets. Des ministres sortlreut de chez
le roi avec leurs portefeuilles ; et en vrai badaud de province, je leur inter-
- dis la sortie jusqu'à ce qu'ils se fussent fait connaître. Mon uniforme dictè-
rent de celui des autres ainsi que je l'ai dit , me faisait remarquer , et
plusieurs personnes me demandèrent si j'étais Allemand ; "peur m*amuser
)e répondais dans cette langue, et cela intrigua et me rendit suspect à dif-
féreds imbécilles.
» Depuis plus d'une heure » j'étais en faction sans avoir tu personne de la
fàmUle royale, lorsqu'on annonça la reine. Fier d'avoir déjà été remarqué
par elle et jaloux de l'être encore , je me plaçai de manière à être aperçu ;
elle parut sans aacvne suite, tenant le dauphin par la main. Je présentai
les armes avec le plus de grAce que je pus , et fis résonner mon arme avec
~ force. Elle me fixa , m'honora d'un salut et d'un sourire enchanteur. Sou
390 âsseubl£b Nationale;
biks ont tëmoighëe aux vainqueurs de la Bastille a ptimii (làéfÀ
cWs civils ei militaires de la villf^ de Paris n*oht elt aUcUâè f*Sit
h ieu^ grande journée du li juillet 178i) M. Chénier et M. de
jcbarmant enfaDt regardait devant lui en inarcli«iit sans m*aperceyoJr, i»
mère l'arrêta , en lui disant : Saluez donc, monsieur, et ne soyez pas itkpdL
Jfujs elle continua sa marche. . , , ^
«L(> 80!r, ou pour tiWcui dire la nti!t. car 11 Otiitt dfx bèurcs; àû rhiï fit
)[«l(re uu(* ëecbndn factioii moins np-cablo : on m'avait place dans liii corrt-
floi* long t't droit qui sépare le coips-dr- logis du rez-dr-diausscc, eiiltc biife
|)('tile porte, <\u\ n'poiuiait h \n ci)amt)ro A courtier de In teliié, vi iïii théi-
lief dérobé qui condiilsaii dans l*apparlcment de Madame. One taiblè lii-
iiiiôrë qui sortait de deux laiilorurs enfuniées surpisail pour voir venir , mais
^ans {Permettre de distinguer. Dérensc in<^ Fut faite de laisser énlK'r per^oniie
pat ces deux issues : on me recommanda aussi de ihè pH\èr aùUint que Hb
pôùtraU dé nie inoucherct d'Otcniucr, rluuâ là crainte d'inteifoin|)re lesoin-
itieii dé la reiue,dont le lit dontiaitprès du mur où Tétais posté.j^oiir rie poiiil
faii'e dt htuit eh dialèiiantdh me donna Une chaise potii* ni'iissiKiir. GcpcsÉe
Sèkàgreablepoul* bien despersonne» m*e&alta lUiùhginat'àh; je désirais qu^^iJEi
^mt tienflant cftic j*y étais jpour attaquer la reine, et cela û\\ïi la hèblé iS^
àé paraître uli héros <i sesyeiix, pair le courage que je me proposais dé métli^
a là dépendre. J*étais telleméiit préoccupé du i*éve qtic j^àVats arrangé â ma
môaë, que lors(|u*ù minuit, oii \iiil nie rele\ei'; aii lieu nu qui trivé, jp me
rangeai contre là porte en criant : Waliieur â celui qdî approctiei*'a , jé Vé-
ieiids mùtt 5 mes pieds! et je conetiar eu joue mes camarades. Un mot âk
Râperai dissipa mon erreur; je m*excusai sur rohscufité qui m^avalt empê-
ché de te recounaîlrc. Arri\é au côrps-dc-gardc , ou rit bcaiicôùp de oè
^ii'ôii a()pelait ma peur.
» Le lendemain, sur les onze heures, fa reine fil dire qu'elle allait con-
uire sesenfans promener an jardin du dauphin , situé au bout des ^tiUerief.
L* usage éCait de donner quelques hommes pour l'accompagner. Je ieiuoignai
le désir d^ôtre du nombre, * i Ton me désigna. Nous aitendimes la reine sous
ie vesltbnre & 1 entrée du jardin, et nous la bui\imes. ifadauie de Laiiibaile
donnait la main A Madame, et ia reine, la sienne au dauphin. ArrI é aii jar-
din, le petit quitta sa mère et se mit à courir, en disant : Maman y Je va(s
voir mes canards; sa sœur lesuixit. Pendant la promenade, la reine cansalt
|ivec madame dé tamballe. Je nl'arrélai h considérer quelques piaules, dont
lin de mes camarades demandait le nom. La reine écouta et me dit lii pa-
rait, monsieur^ que vous aimez la campagi^? — Beaucoup, — Vous l'kabitezT —
fms précisément; Je demeure dans une ville oU chaque famille a son Jardin. —
<f.' n'est pa» LunéviUe? — Non, madame. J'en suis à onze lieues; mais ma 6«lie-
Wère y est née,^Le militaire ne paraît pas être votre élatT— Non, madame^ Je Mis
avocat* — Connaissez-vous Paris? — Ç*,est le premier voyage que J'y fais* -rVorn
. partez sans doute bientôt ? — Je compte rester deux ou trois mois pour le fOK»
naître. — L'aimez-vous? — Jusqu'à présent, non ; son tumulte me fatigue, -r il
0si difficile à l'homme tranquiile de s'y p.aive. Il faut te voir par cwriosiii m^le^
ment, Esi-on irauquille en Lorraine? — Oui, madamcé Le dauphin rejolgnilKa
Bière, et tous entrèrent se reposer dans les petits appartemeiu» qui sont ^a
fendda jardin; environ une demi-heure après ils reparurent. Le dutipllla
«a nous regardant , dit ; Messieurs, nous nom en allons, Nottflfies aceMUgMI-
gHaott!^ Jusqu'à rentrée du cbàtoau. La reiae et sa «olte nou» saloèr^sl 9t
rentrèrent > (Roussel , homme de loi,)
" imiEt (1790) m
Féntattés ^ ont publiëi le premier un hf tnne pour le 1 ( juillet i
iet ië second un poème séculaire ^ ou chant poUr la fétlération..u
Aucun de oed deuK poèmes n*Q été chanté dans les féte^....
H* Chénicr a eu le tbrt de placer dans un hymne national te
nom d'un simple citoyen « le nom éternel de M. Motier.... M. de
FolitMC6r finit le sien par un mot; ce qui est encore pliis dé*
lilfleé:
Bt tons les siècles applaudissent
 ce beau jour que j'ai chaiitc.
« «u...* Pendant qu'on donnait à TOpéra la pièce royale de
Lquijs IX en Egypte , on commandait aux Français la tragédie dé
Gaston et Bavard. Des appiaudissc^mcns à gages attendaient les
vefssuivans, pour entraîner les fédérés dans une triste inconsé-
quence:
Bleu dit k tout sujet, (tnadd il lui donne Tétre ,
Sers , pdur fne bleu BCrvir^ ta patrieet ton mattrè ;
Sur la terra à ton roi , i*ai rei^s mon pouvoir,
Vivre et mourir pour loi, c'est ton preùiler ^cidlr.
t Au iieii des Justes iiuëès que méritait cette càpucina^é , elle
obtint de vifs applaudissémens.... Ou ce ne soiit pas les fedërti
qui ont applaudi , où ils ont applaudi â des injutèê qu'oii leur
adressait indirectement.
< Il iaut faire une observation presque semblable sur les vers
sliivans :
Lé l'rançàis dans son prince aimé & trouTeîf ûh fitri »
9al n<$ ais^é ritat , en devienne le père i .
L*Etat et le monarque à nos yeux confondus ,
iront famais âlvisé nos tœnx et nos tribntiL
Oe là cet amoor tendra et cette idolâtrie
Que , dans le souverain, adore la patrie.
> Tout ce galimatias flagorneur est absolument opposé aux
principcsde la constitution.... > {Révoluiions de Paris, n® S3 et
54, passim.)
Hàfat s'occupa irès-péti des prépairatifedè \û JPété et àè Ik eèM«
bration ; tout entier à la surveillance des opérations ministëriéHeft,
fl tie s'<*n détotnrnatt en passant que pour gourmander le peuple
i^^ sa fdlle sécurité, t.... Nous vivons dans l'ftiarchie lapins
39i ASSEMBLÉE NATIONALE.
alarmante; lès lois sont sans vigueur , les agens de rautoritë les
violent impunément.... Combien de jugemens prévôtaux rendus
' contre les décrets de rassemblée nationale, sans que leurs cou«
paUes auteurs ^ent été punis !
< Entre mille forfaits ministériels » le sieur Necker n'est-il pas
convaincu p^r les recherches des commissaires de Saint-Nioalas-
des-Gbamps , d'être l'auleur des accaparemens qui ont réduit
neuf fois le royaume entier aux horreurs de la famine, de même
que d'avoir fait payer les pensions des conspirateurs d'Auti-
champ, de Broglie, Besenval, Lambesc» etc.... Non-sealement
il demeure impuni ; mais il insulte aux métabres qui le dénoncent
et qui demandent sa justification.
< L'administration municipale convaincue d'avoir favorisé ces
accaparemens par mille bas arttfices » non-seulement n'est point
punie de ces lâches attentats, mais Qn la laisse tranquillement en
tramer de nouveaux. *
»
c L'ancien comité des subsistances, protégé par le grand acca»
pareur, est accusé de mille infidélités dans l'approvisionnement
de la capitale, et non-seulement il n'est pas puni de ces fri-
ponneries, mais on ne saurait parvenir à lui faire rendre ses
comptes.
<
< Le général de la garde parisienne, convaincu d'avoir sup-
posé un faux décret de l'assemblée nationale pour soustraire à la
justice des citoyens de Vemon un accapareur ministériel, n'a pas
clé puni ; ce coupable n'a pas même élé r^hcrché. Le sieur
d'Hières, commandant du bataillon des Petits-Augustins^ ayant
été convaincu d'avoir exercé, par les ordres du général, mille *
vexations horribles contre les citoyens de Vemon , pour couvrir
les crimes de cet accapareur de l'administrateur des finances et
Qesmunicipaux ; cet affreux satellite, loin d'être puni, a même été
réinstallé dans la place don^ ses commettans indignés l'avaient
destitué.
< Le sieur CiuigDard, ministre de la guerre, est dénoncé par
la ville de Marseille, d'être l'auteur des troubles qui odt exposé
JUILLET (1790) 593
la villea être bottleverséé, et oon-seul^nent le coupable n'est pas
^ puni^ mw H nest pas menue recherché.
c Un greffier du Gbàtele) est convaincu de faux dans la rédac-
tion de Ja déposition du sieiir Ancelin contre I^mbesc, et non-
seulementce vieux scélérat reste impuni » mais on le laisse pour-
suivre tranquillement le cours de ses scélératesses. . . :
€ Un député à rassemblée nationale y Riquetti le cadet , est
dénoncé par la municipalité de Perpignan , et par le régiment
dont il est colonel , de s'être abandonné à mille excès , et d avoir
volé ks cravates des^ drapeaux pour soulever ce corps contre ie
maire de la ville et allumer des dissentioos civiles ; non-seule-
ment il n'est pas puni de ces attentais , mais il est déclaré invio*^
l^e. Il parait à la tribune , il est félicité par ses confrères : son
affaire est accrochée aux cc»oités palliatifs. ...
c Lautrec» autre député a l'assemblée nationale , est dénoncé
comme conspirateur par la municipalité de Toulouse ; mandé à
la barre pour rendre raison de sa conduite» il est déclaré invio-
lable : son affaire est renvoyée aux comités et il est remis.en li-
berté.
• < Ccnupable de mille attentats contre la liberté publique , le
maire de Paris, violemment suspecté de s'élre entendu avec des
fripons qui voulaient corropipre la vertu d'un représentant de la
nation pour l'engager à les favoriser dans uqe spéculation de
3»SOO»000 liv., est dénoncé; par la municipalité dont il a compro-
mis l'honneur dans cette affaire honteuse; et non-seulement cet
indigne magistrat n'est pas puni, mais on lui prodigue bonne-
ment l'éloge et la flagornerie..,. Albert deRioms est convaincu
d'être l'auteur. des troubles ^ui ont désolé Touldn; et nonrseule-
ment il n'est pas puni de ces crimes, mais il est gratifié par le
gouvernement d'un bâton d'amiral ; mais il reçoit les honneurs
civiques de la fédération. — Avis intéressant, i Ami du peuple^
je vous dénonce une vraie supercherie d'aristocrate, qui prouve
bien qu'ils croient.peu à la stabilité de la révolution.
• c Plusieurs d'entre eux, notanmient le sieur Louis-Joseph Ca-
pet, ci-devant prince de Condé, font couvrir de toiles, puis de
SM ASSBHBLÉE N AHON alb.
p}àitt réRussbn de leurs armoiries » au-dessos do portail de lenré
maisons: ils se flattent donc de pouvoir les fiiire reparaître un
Jour. D*autreSi dans le même espoir; fontcoorrir d'un nuage à
la {i^ouache les armoiries peintes sut* leurs voitures.... Mais noo3
ntiù.<) flattons à tioire tour que les iaulK)urgS Saint-Antoitie et
&iint«MarceI passeront en revue tous ces défunts hôtels, et ne
iaissei*ont subsister aucun de ces monutnens replâtrés.... — ^ > Je
bè m'amuserai pas à en épilôguer la description (des fêtes) ; ce
ferait peine [)erdue.... Que les administrateurs de la ville, fiâilly
et tous les fripons qui manient les t;randeè affaires, ne rêvent que
prospérité et bonlieur^ il n'y a rieii là d'élèttnant; ils nagent
dans l'opulence : mais qu'après le dépérissement des fnântifac^
lureà et du commerce, api'cs l'interception de tous les travaux ^
api*ès la suspension des paicmens des rentes pùl)llquéS,'àj[Vre8
êépt mois de famine, on ose tenir im pareil lai^ge à Un peiiple
^uiiié, à des infortunés qui meurent de faim! asâurétttéùi il font
avoir un fi*ont qui ne sait plus rougir.
é Âu itiilieu die cette misère universelle, huit jours entiers » ditr
on, doivent être consacrés aux fêtes, aux festins, auxjoôtes^
aux divertissehiens de toutes espèces couronnés chaque Huit par
latië illumination générale.
é Penscnl-ils eh impose!* , pai* cette fanèse image tte la MiéM
^ubli(|ue , à des hommes qui ont sans cesse ëoùâ les ^^a% la foUiè
dés indigens?.... Se flattent-ils de faire pardonner leurs p<*6diga^
litës scandaleuses en parlant du bonheur publie?....
i II faut avoir été témoin de l'ivresse des Francis â la tiie dès
]f)réparatifs de la fête fédérative , de leurs craintes que b Mftt
gueur des apprêts ne la fit manque^ , de leur ardeur à mettre li
iifiaih à l'œuvré, de leur enthousiasme à l'aspect de la itiârèBè
triomphale pour concevoir, non pds jusqii'oit ffé (iortèBt Té*
tnour de la patrie , mais la fureur des spectacles et deë làÊSë^tÊ'
les. ...
c Au milieu de ces cris d'allégresse qui retentissaient dé idtft^
parts i quel spectacle plus htimiliant pour la natioii que de toir
feur une chaise mesquine le président du sënàt qui h répréèerite^
JUILLET (1790} ^
ïkààik tfâe lé roi » qui n'est que te premier serviteur dû peuple ,
occupait un trône 7na{;nifique, décoré de tous les symboles d*un
triomphûleur! Quel ^piçtaclc piu« révoltant que de voir le mo-
narque dédaigner de jurer fidëiitë & la tiâtiôfa sur Fautel de la
fàtite!.;..
€ Giloyens inconsidérés, ignorez-vous que lîi liberté ti^eû
point faite pour ui16 tihtiort vdiiie ii Frivole , $ûnà mœurs, sans
caractère, sans principes^ flottant à tout veut de doctrine
Vous avez manqué de prudence... Que vos ennemis toutefois
cessent de compier sur votre appui, quelle que soit la FornAule
du sertnent articulé par voslèvresi votre cœur n*a juré' fidélité
qu'à la patrie^ qu'au maintien de la liberté et de Tégatité civile.
Tout eoga{;ement surj^hl^ ^'évdnbiiiril bëhiitië iiri àotigè, et à la
Ifr^miè^e ti*aiiison palpal>le« Votre audace servira d*eiinëelle à
f eflibrasemeiit qui doit les anéantir^
t Les inacrîptiofls dont Tai'c de triomphe était ehargé n'étsiëiit
pài settleaienl faiisie$i mais dérïsoîresà
lions ne vous craindrons pins, siibalterhrs (yrnns,
^ - Vous qui liiBus dppiltnIeK Bottd cètil iibfns dlfAircnîli
-»
î Admirez rheureusè rencontré : c'est àîi moment oU nous ge«
missoiis sous la tyrannie municipale, arrriéé de la force publique,
et sous (a tyrannie dé rassemblée nationale, ou plutôt du clût)
de 1789 ; au moment où nous avons à redouter les horreurs d'uh
èoiiverftemeht militaire, qu'on a Timpudence d'âfiScher cette i)Ia'
Htùâé:
Von» CliériFscs cette Uberté ;
Vous la possédez malnU*nnut :
Ilontrez-Tous digde de la conserver (i).
•: ■- • • . ; .
« Ton d'humeur d'un pédant qui accorde enfin ce qu'il ne peut
plu^ refuser, ou plutôt ton ironique d'un fourbe qui* veut encore
en imposer. Mais allez à la Conciergerie, au Ghâtclet, à la Force,
demandez aux infortunés qu'on y fait gémir pour s'être montrés
iXi Phrase cxiraite teitnellement de l'adresse de l'assembk'e nationale au
peuple français, do il février 1700, présentée par Févéque d'Àutuik (Voir la
page S35 du iomé iv.)
596 ASSEMBLÉE NATIONALE.
patriotes , et dites-nous comment vous trouvez celte liberté dont
on nous félicite !
Le pauvre, sons ce défenseur,
Ne craindra plus que roppretteor
Lui ravisse son héritage.
c Je défie bien que Ton pût en venir à bout : le moyen de lui
enlever ce qu'il n'a pas !
Tout non» offre un heureux présage,
Tout flatte nos désirs ,
Loin de nous , écartez l'orage,
Et comblez nos désirs.
t Inscription digne d'un berceau de guingfuette.
< Sur la façade méridionale de l'autd on lisait ces mots :
Les mortels sont ^gaux , ce n'est point la naissance ,
C'est la seule vertu qui fait leur différence.
< Belle sentence après le décret sur le traitement des frères dn
roi ! Pour la faire conser^^er encore mieux , il ne manquait que de
placer au-dessous les décrets sur le marc d^argent , et les qualifi-
cations exigées des citoyens actifs , des électeurs et des éUgiUes
aux assemblées civiles et politiques.
« Le pacte fédératif , objet des transports de tous les b(His
Français « n'a jamais été à mes yeux qu'un naoyen d'asservisse-
ment (1) , dont les suites funestes ne tarderont pas à se foire sen-
tir. > (L'ilmi du peuple , depuis le n"" GLVII jusqu'au n"* CLXYJI,
poisim.)
Révolutions de France et de Brabant. — c L'idée sublime d'une
fédération générale proposée d'abord par les Parisiens du dis-
trict Saint-Eustache, des Artésiens et des Bretons , et accueilUe
avec transport par toute la France» avait pétrifié le ministère.
Ne pouvant lutter contre cette acclamation de vingt-quatre mil-
lions d'hommes y les greffiers du pouvoir exécutif avaient mis
tout leur art à amortir cette première impétuosité nationale» i
rendre presque nuls les effets de la fête» ou même à la faire
(i) J'ai été le premier et je suis encore le seul qui l'ait entisafé sous ce
point de vue. Mes craintes ne seront que trop JusUflées par l'éTénement ;
mais jusqu'à ce moment j'aurai le sort de la prophétesse Gassandre, comme
le l'ai eu tant de fois depuis la ré?oluiioc« {Noie de Marai,)
JUILLET (1790) 397
tourner à leur avantage , et' le comité de constitution ne les avait ^
que trop bien secondés de toute sa politique et de toutes ses ruses.
Nous avions tort de nous en prendre de notre avilissement pro-
gressif à ce comité seul y puisqu'il n'a que l'initiative , et que ce
n'est point lui qui décrète. Ceux qui ont vu l'assemblée' nationale le
jour OÙ un citoyen, M. Capet l'aîné, n'a point rougi de lui demander
25 millions pour sa portion congrue; ceux quiontvu,dis-je, avec
quelle précipitation et quel fanatisme les neuf dixièmes de l'as-
semblée crièrent à l'instant aux voix ! aux voix! avec quelle ab-
jection ils enchérirent encore sur le message royal ; comme il fut
idipossible aux gens de bien de faire entendre un seul mot qui
eût quelque dignité , quelque civisme , au milieu des cris de cette
ligue de la vénalité avec la servitude : ceux-là savent bien que le
cbmité dé constitution ne remporte pas une grande victoire sur
nos représentans, lorsqu'il réussit à faire quelque nouvelle plaie
àlaliberté.
c Ecartons ces idées décourageantes.... Quinze mille ouvriers
ti^availlaientau Ghamp-de-Mars... Le bruit se répand qu'ils ne
peuvent assez hâter les travaux... Accourt aussitôt une fourmi-
lière de 150 mille travailleurs, et le champ est transformé en un
atelier de 80 mille toises. C'est l'atelier de Paris , de Paris tout
entier; toutes les familles, toutes les corporations, tous les dis-
tricts y affluent,... Tous se tiennent trois à trois, portant la
pioche ou la pelle sur l'épaule, chantant à la fois le refrain si
connu d'une chanson nouvelle : Ça ira, ça ira ! Oui , ça ira , ré-
pètent ceux qui les entendent.... Gomme on (rompe cette nation !
comme il s'abuse , cet excellent peuple qui croit être libre ! Mais
i! est beau d'être trompé , il est beau de juger de ses représen-
tans, de ses ministres et des tribunaux par sa propre vertu et
par son incorruptibilité...... Un enfant d'une pension de Vin-
cennes, à qui l'on demande si ce travail lui plaît, répond qu'il
ne peut encore offrir à sa patrie que sa sueur ^ mais qu'il l'offre
avec grand plaisir. C'est cette génération qui nous promet une
législature et des clubs meilleurs que ceux de 1789.... J'ai re-
marqué parmi les enfans, toujours amis de l'égalité, que les moins
Diitriote^ ne ciîjiient jamais vive le rçi ^ qu'après avoir crié qff^r.
tre-vingt-dix-neuf fois vive lanaiionl qu'après s'èlre eorhuifié^i^
et lorsqu'ils n'avaient plus la voix assez belle pour saluer lé peuplfi
français.... Les imprimeurs avaient inscrit sur leur drapeai);
Joiprimtff'e, premier (lambeau de la liberté; ceux de M, ^vur.
■ • *
d*homme avaiept des bonnets de même papier que celui qui cou**
yreles Révolutions; leur légende était: Révolutiom de Paris, J%
D'oublierai point les colporieurs: vou!ant surpasser les «tutr^
corps, et voués plus particulièrement à la chose publiqMe, \\%
oyaient arrêté de consacrer toute une journée à ramélioratlQn
^es travaux. En conséquence de leur arrêté^ ils suspendirent ^^
jour entier le travail du gosier» et le soufflet de leurs ^911^191^
j^e joua point. Paris s'clonqa de ne point entendre le maiif Iç c^
^es colporteurs » et le silence de ce tocsin patriotique avertit, \^
cité, les fauliourgs et la banlieue » quiE; les 1,:200 réYeil|e*ip9tii|
piochaient dans la plaine de Grenelle.... Un jeune homme arrive^
6te son habit, jette dessus ses deux montres» prend une pioche
et va ti*availler au loin. Mais vos deux montres? — Qli ! on ne se
défie point de ses frères !— Et ce dépôt, lai se aux sables et aux
cailloux, est aussi inviolable qu'un député à Tassembiée oaj^içnal^u
c Si j'avais eu l'honneur d'être député , j'aurais exigé que {e
trOnc oii s'est assis sans façon M. Capel, restât vide dans un (i^
élevé, pour représente^* la souveraineté de la nation; j*aura\i9
^oulu qu*au bas de ce trône, les deux ppuvoii'S fussent placés
sur des sièges au moins égaux La mau\*(iise humeur
que nous ont donnée, et l'insolence du fauteuil exécu|if, et
l'adulation, la bassesse du fauteuil légrslatif^ et la vue de 1*^-
^it çdieux des gardes-dq-corps , et les çourbjettes 4e M. Mo-
{.ier, et l'espèce d'évasion du roi, qui n'a pas eu qiî^l auxjaqibçs
pour tlisparaitre lorsqu*il a entendu que les cris à Cautel! étaient
si nonibreux et si forts dans le camp, qu'ils allaient devenir in^-
pératifs et plus forts que le veto royal ; cette mauvaise humeiir
ne m'a pas empêché, en reportant mes regards sur la fête, ^e
féliciter me§ concitoyens d'uçe multitude de traitç qui leur fpf t
4mi.m {17901 m
% .o^Mosi ami Carra » dans I9 ckscripti<Hi çhyrnumi^ en %i ustU
mëe qu'il nous a doni^ de la fêle, a grandemeni remercia Piem
que la pluie eût tombé à grands flots. Il prétend que tout était
pour le mieux , que cette pluie détrempait les imaginations trop
\ive$et déphlogistiquait les' têtes (celle de M. Delannwj^ par
exemple» qui, à la tôte des fédérés d'Angers, a adressé à la femme
du roi, un discours si servile et d'une adulation plus abjecte que
tous les complimensdeTAcadémie frança'se ellle^méniie) » <f*oii lé
patriote Cap*a conclut qu'une pluie de déluge n*est jamais venue
plus à proiH)s que dans celte circonstance, soit pour empôeliex^
les adorateurs du pouvoir exécutif de commettre quelque grande
idolâtrie pour le veau d'or, aux pieds même de nos législateurs
et du montSinaï, soit pour préparer les esprits au sang-froid d'une
admiration sage et réfléchie, soit pour montrer le courage et la
persévérance des Français depuis la révolution. Il remarque que
le ciel voulait seulement nous éprouver, et que vers les trois
beiires, !e soleil ayant vu que l'épreuve était assez bonne, et qtie
la nation méritait tous ses regards , s'est montré plus brillant que
jamais, et a décrit au-dessus de l'autel, les couleurs de rarc-en-ï*
^vl i C9 signe de l'alliauce et de la coDfédéraiipQ des cieu3| oyec
te terr^.
c Les protestans du Languedoc et les juifs en concluaient que
rÉtcrùel ne voulait pas être adoré de celte manière.... Les ca-
tholiques de Kimes et de Moutaubau voyaient la chose tout
attUrement : c'était la colère du ciel qui éclatait sur une natiMi
fanpîe.
c Lorsqqe la bombe et lé son du tambour annoncèrent la pres^
tation du serment, les habitans restés dan$ Paris, hommes,
femmes^ enfans levaient la main vers Taulel avec transport et s'é-
criaient : Oui , je le jure. Heureux d'être restés dans la ville, Icu^
içue fut pure et sans mélange. Ils n'avaient pas entendu ces cla-
ipeurs tiinides[, il est vrai, honteuses, ventriloques, rares, et
aussitôt étouffées de : vivela reine! vivent les- gardcs-du-^orps ! Ils
n'aymçnt pas vu sur (e pavillon blanc, ni les bannières blaqche^',
# X
300 ASSEMBLÈB NATIONALE.
ni Fiosolence du foateoildu pouvoir exécutif , ni Tavilissemenlde
la nation , ni la complicité de Bonnay , ce lâcbe président.
c O siècle! ô mémoire! s'écrie encore le patriote Carra, nous
l'avons entendu ce serment sublime , qui sera bientôt» nous Tes-
péronsy le serment de tous les peuples de la terre; 25 millions
d*étres l'ont répété à la même heure dans toutes les parties de
cet empire ; les échos des Alpes , des Pyrénées , des vastes ca-
vernes du Rhin et de la Meuse en ont retenti au loin; ils le trans-
mettront sans doute aux bornes les plus reculées de FEurope et
de l'Asie. Divine Providence ! Je me prosterne devant toi , en re-
gardant avec dédain tous ces rois qui se croient des dieux , et de-
mandent l'amour des mortels Je leurs dis : Qu'étes-vons? qn'avez-
vous fait pour le bonheur des hommes? C'est aux nations assem-
blées à faire leurs propres lois et leur propre bonheur. Peuple de
l'Europe» en écoulant ce récit, tombez à gçnoux devant la divine
Providence ; et puis vous relevant avec la fierté de l'homme et
l'enthousiasme du républicain, renversez le trône de vos tyrans;
--soyez libres et heureux comme nous. >
c Je n'aime point cette table de deux ou trois cents couverts
que Jlf. Motier^ dit-on , n'a ces$é de tenir chez lui toute la qnin-
zame de la fédération. Et je ne m'étonne pas iju'on ait foit dans
une après-dinée la motion de me pendre. (iV°* 34 6^35 » Pasàm.)
Parmi les pièces jouées dans le cours des fêtes, nous citerons
la FamUe patriote ou la Fédération , comédie en deux actes du
fameux Goliot-d'Herbois^ et la tragédie de Charles IX ^ reprise
uiâe fois , à la sollicitation des députés de Marseille au pacte fé-
dératif. Nous empruntons SiïAmi du peuple^ n^ CXCII, p. 3^,
une anecdote sur ta représentation de cette dernière pièce. —
c Dans un moment de crise, la tragédie de Charles IX s'était fsiit
jour au théâtre. Censeurs, entrepreneurs et acteurs, emportés
par le torrent , auraient vainement résisté. Tant que durèrent les
mouvémens populaires, elle fut jouée sans obstacles, mais au
premier retour du calme, le sieur Bailly qui s'est arrogé l'inspec-
tion des spectacles , donna Tordre secret de ne plus jouer cetoe
JUILLET (1790) 401
pièce j qui inspirait tant de haine pour les despotes , et tant d'hor-
reur pour les tyrans. En vain le peuple l'avait-il redemandée plu-
sieurs fais; pour la faire reparattre, il Mut un concours' de cir-
constances uniques : encore' sa r4>rise fut-elle tràs^raçeusë.
> Les députés de Marseille au pacte fédéralif, désiraient voir
Charles IX^une députation du district des Cordeliers, daus Tar-
rondissemcnt duquel se trouve le théâtre français, demanda la
pièce. Plusieurs acteurs firent des difficultés , et finirent par dé-
darer qu'ils avaient ordre de ne pas la jouer. Cet ordre était
éfflsmé du maire et du commandant de la milice parisienne, tons
deux bas-valets de la cour; une nouvelle députation des Cordeliers
ftceompagnée des députés de Marseille, se présenta chez les prin-*
dpaux acteurs, et elle triompha de la résistance du sieur Naudet
et de quelques autres de ses camarades aussi mauvais citoyens
que lui (1). Cependant, une faction de jeunes gens, formée , dit-
cm, par les srâns du stcur Motier auquel il fit distribuer des
1>illels d'entrée, remplit le parterre, et on choisit pour offi-
der de garde le sieur Leroi^e , le phis fieffé des aristocrates.
Au lever de la toile » il y eut un peu de tumulte. Naudet exhala
sa mauvaise humeur en marmottant des propos déplacés; il fit
nEkènie des gestes menaçans.
> Les factieux soudoyés pour faire vacarme contre les patriotes
des Cordeliers, n'attendaient qu'un prétexte. Danton^ Féner-^
gique Danton , le leur fournit au premier entr'acte en se cou-
vrant la tète. Comme aucune loi n'interdit l'usage des chapeaux ,
et qu'aucun décret n'a consacré l'usage servile d'être découvert ,
lorsque les acteurs ne sont point en scène , Danton ne crut pas
devoir obéir aux ordres impérieux des autocrates, qui voulaient
perpétuer cet usage servile , reste de Tancien régime. >
(i) Noos dcTon» à la justice de déclarer qac Mh* Vestris et M. Talma se ren*'
dirent de la meilleure grftce du monde à la demande des députés. H^ lors»
H. Talma a même été forcé de se justifier de rimputation que lui faisait la
clique Naudet d'aToir formé cabale pour demander Charles IX. Or, ce NàU'
det, bravache de profession et ancien satellite du pouvoir exécutif, est an-
ionniliui capitaine des grenadiers dans la milice parisienne, et de plUs, bas
flafomcnr du ticor lloUer« \Jii9U iê MaruU] . •
T. -w. 86 '
In iâskuilLÉB ifÂtld^ALI.
BÉANCJBS DIT 13 AV 30 lintLBT.
Le mardi 13 ^ à 9 hettrès du matin i on lisait à rassetnfilëd W
tionale uoe . tcitre de GtiîgnaiU de Saint-Priesi , ao sujet de la
dénonciation faite contre lui au Chàtelet» coromc complice de
i» . • . • . ' ' • •
lonne-Savardin et de Maillcbois. Le même jour à neuf heures du
soir, Bonne-Savahlin s'évada des prisons de Tabbaye Saim-Ger*
main. Deux particuliers se disant aides-de-camp de la Fayette
présentèrent au geôlier un faux arrêté du comité des recherches
sur lequel il leur remit le prisonnier. Le. 14 et le IS, le plus pro^
fond silenee fut observé sur cet événement, et le maire deParb^
neiiarut l'apprendre que partme lettre du comité des recherehe»
de rassemblée nationale.
SÉANCE DU Id.
Koailles propose de décréter qu'il appértietat aà eorps-t^slih
ttf de fixer le nombre de tous les grades de l'armée; WiropMl (
Fréteau et Dubois-Crancé contestent ce princifie. Opînidn de
Uondauster , Pury et Alexandre de Lamelh , eit fii véor dli ^s-
tème qui remet les détails de Torganisation railitairèmi poatoir
exécutif. Ajotimement. Séance du 13 au soir. Sitite de la diseûfs^
sion sur le conmrerce au-delà du Cap de Bonne-Espéranee;
^4NCE Bu Id;
Toulouse-Lautrec mandé par un décret pour répondre aux in-
culpations qui lui sont faites , se justifie aux applaudissemens de
•»•
l'assemblée,
j ■-» . ♦ ... . ^
Jtf . Bro§lie. Vous n'avez pas oublié avec quel zèle les gardes
nationales de la ville d*Orange se sont portées au socoui*s d'Avi*
gnon ; le service y devient infiniment pénible cl même dangereux
pour les détaobemens qure'y relèveM su€(3â8sivéitient. Ladts^^-
tl6fi (tHèàmé ions Mi^m cfaris H vAfë^ d'Avignon; elle n^est
plus iiabitëe que par Av^ pattvt^t]«ii; n'ayant point de i'esscRifce^f;
âfiit (Sixili iibéf iil (rinsàfrectiôn coniinucJic. U. fe ihaire J'Urange
écrit à rassemblée nationale , qo^ leè» déRtchl^lAffl ffj ^(Miflftià
âlSil Sii Wï', et (jiiè <ielul ijui ]^ (omtiëmâudit inèniin'enltel6it;
il crâini qiie les iriâlheurs d'Avig-non ne rciagîssenl sur Oranjje ;
c*es( d'aprèâi cela qu'il sollîciie des iroupes réj^lees, tant poui*"
Orange quèpour Avignon.— M. Broglîe Fail lecture d'un extrait
dbi i*egistres de la niunicipal!té d*Orâhge, en date dii 7 juillet^
d*ou il résulte qiie M. Joseph Richier, capitaine en secoiicl de la
dômpâgnié de Saint-Martin, commandant te détachement envoyé
ii Avrgriôn , ânnoîice que là misère est à son comble , et qu*ii y a
tout à craindre pour cette ville. — M. Broglie fait ensuite lectiire
fM |)ro)èl de dëtret dont voict i>xtràit t
'i E'hssembléétiationate, dprès avoir entendu son cottiitl lÔlM
i^pporté, décrie que son présrdcttt se retirera par àexetà lé i^ôî;
i VeWA de sui)jiner ^ tnajcsté d*ehv6yer à Orangé dtô troupéi
di^ Itgùe pdtir fiih*ë le service extraordidaire, doiit la gardé iiiEttiû^
dàlè à été chargée jusqu'à présent.
L'àssémblëé ôitlouiie rajournemeili â là ièmée dû iSkiMl M
mk
là £êaû6ë é^t levée à ^uati*e heures:
SÊ4KCE VC 17.
Et. thiiln%ud. Je vfens au nom dd éomité déi^ i^ajiports ôéëû|^
encore rassemblée des entrées de la ville dé tyôii. Lé peu j))é ès^*
cilép^r des insimiations secrètes et des déclamations incendiaifès,
avait ; dafiS «^s sections respectives , itiit des pétitions pour de^
mander ki suppression des entrées. La municipàliic ayant ptih'
posé de codiyoquer la commune , afin de temporiser, s*adrcîâa i
vofis» et le 13 de ce mois rassemblée ordonna que les droits te*
raient perçqs* Pendant ce temps le peuple se forma c» une aê-
semhléc que la municipalité fut contrainte à autoriser. Des com*
missaires furent nommés et choisis parmi lesauteurs des troubles.
Us déclarèriînt qu'il était utile de foire cesser toute perceptidii mi
éairées de la ville, excepté celle des di*oits dédouane^ pour IM-
remplacer par une imposition générale. Le peuple alors se fmrfil -
atix barrières et chassa les commis. Celle expédition s.est ,fi^
sans pillage, mais des denrées qui, par une prédestination asseï
404 A88£lfEL£fi NATIONALE.
singulière , $e trouvaient aux environs des portes , sont entrées
en très-grande quantité sans payer des droits. Les commissaires
présentèrent leur délibération aux officiers municipaux , et les
invitèrent à foire cesser la perception des droits et rendre une
ordonnance pour foire jouir les citoyens d*une diminution pro-
portionnelle. La municipalité et le conseil de la commune, me-
nacés de la fureur du peuple , n'ont pu résister à cette Invitation.
C'est dans ces circonstances que le comité des rapports présente
le projet de décret suivant*
«L'assemblée nationale, après avoir ouï le compte que lui a
rendu son comité des rapports de ce qui s'est passé dans la ville
de Lyon y depuis les faits qui ont donné lieu à son décret du iSde
ce mois » considérant que la chose publique serait en danger , si
les Insurrections contre l'impôt étaient tolérées; que le peuple de
Lyon , connu par son attachement à la constitution et sa soumis-
sion aux lois, a été ^garé par d'insidieuses déclamations, dont
les auteurs sont les vrais coupables dignes de toute la sévérité des
lois : invitant le peuple, au nom de la patrie, à réserver sa con-
fiance aux officiers municipaux dont il a foit choix , et à attendre
du nouvel ordre qui sera mis dans les finances, tous les isoulage-
mens qui seront compatibles avec les besoins de l'Etat, a décrété
et décrète ce qui suit :
i^ « Les procès-verbaux contenant nomination et délibération
des prétendus commissaires des trente-deux sectionsde la ville de
Lyon , des 9 et 10 de ce mois , sont et demeurent nnk et comme
lionmvenus, ainsi que tout ce qui a suivi ; et oependane l'assem-
blée ordonne que les pièces relatives à cette affoire seront remises
à son comité des recherches, qu'elle charge de prendre tous les
reaseignemens nécessaires contre les auteurs des troubles dont il
s'agit , notamment contre les particuliers qui ont foit les fonc-
tion de président et de secrétaires dans l'assemblée desdits pré-
tendus commissaires , afin qu'il soit procédé contre eux selon la
rigueur des lois.
S* « Le décret du 15 de ce mois sera exécuté sdon sa forme et
fUJLLET (1790) ^ 405
teneur ; et à eet effet, les barrières de la vîile de Lyon seront in-
cessamment rétablies y et les commis et préposés à la perception
des droits qui y sont exigés seront remis en possession de leurs
fonctions. Le roi sera supplié d^employer la force armée en
nombre suffisant , pour prot^er efficacement le rétablissement
des barrières et là pcjrception des impositions, laquelle force sera
employée à la réquisition des corps administratifs, conformément
à la constitation.
3*^ c Dans la quinzaine , après la publication du présent décret,
les cabaretiers, marchands, et autres citoyens de la ville de Lyon,
pour le compte desquels sont et seront entrées des denrées et
marchandises sujettes aux droits, pendant la cessation des bar-
rières, seront tenus d'en faire dans les bureaux respectifs b dé-
claration , et d'acquitter ces droits à concurrence. Passé ce délai,
le roi sera supplié de donner des ordres , pour qu'il soit informé
contre ceux qui n'auront pas fiiit la déclaration et le paiement
des droits dont il s'agit , sans préjudice de la responsabilité des
citoyens composant la commune , qui sera exercée, s'il y éçheoit,
et ainsi qu'il appartiendra. L'assemblée ordonne que son prési-
dent se retirera par devers le roi , etc. t
Ce projet de décret est adopté.
Extrait de YArnï du peu/tle sur cette affoire. c Avancer que le
peuple de Lyon a été poussé à cette insurrection par des décla-
mations incendiaires , est un mensonge grossier. Pour se porter
à ces violences, il n'a eu besoin que du profond sentiment de ses
maiix^ et de la crainte trop bien fondée de n'en jamais voir le
terme. Qui ignore que les droits d'entrée dans les villes , et sur-
tout les droits sur les choses de première nét;essité, comme le
vin, rhuile, la viande , les œuflB , la toile, les étoiles de laine, etc.,
pèsent prindpalemoit sur le peuple. Et qui ignore tout ce que le
peuple de Lyon réduit à la plus afireuse misère par le dëpéHsse-
ment des manufactures, a fait pour se pixKrurer quelque Soulage-
ment? Avant de se porter à aucune violence, il avait dépotaédé
les commis aux barrières , maïs sans dégât , sans d^lacement de
408 AsssinuL£E na^oralb.
registres, jsans pillage. Il les a vus réinstallé^ • eticrâi dçy§|{ir ^
son secours , rassemblée nationale sourde à ses réclamalions , t
continué ses maux, en conservant les impôts accablans dqn^ U$
^ plaijpient. Ainsi, loubli éiernel de fes intérêts paf* le^ P**^^^
dus pères de la patrie, et 1^ désespoir de ne voir Siiigup teri^e à
|es mîiuij , Topt ^u|s poussé à cette violence. 7-puç Cp|i^ ^yo^j^
d*|iyi je l^islfteur? Il joint la barbarie à roiitj*9ige $ il ^RI^MS ^
force à Tappui de la tyrannie, il ordonue que if^ 1^)*!^^^
rppt relevées, les publicainç rétablis, les droits perçtisdonouvç^u.»
(n^ciiXXMJi, p. 4.)
siARCE DU 17 JUILLET AU SOIR.
Ia «wniçipaliié de Sclielestadt, mandéQi la torrt» joalifie
yleiiieBiest sa conduite. Le maire tennine ainfi aon discaiict :
c Je ne dois pas omettre de parler de raristocraiie du com-
mandant de la {][arde nationale : il nous a toujours empêchés de
porter des cocainles. Nous avons tout au plus cent aristocrates
4fins la ville: pour moi , je me suis toujours montré un des plus
zélés partisans de la révolution.
* ■■. »
M. le président. L'assemblée nationale prendra eç considéra-
tion les motifs que vous venez de lui exposer : vous pouvez vous
retirer.
SttUe dB L'^ffaise 4'i
j|t Broglie. Avant dç vqus J^ppelçç le pom| où yçpç {jyez ^^
]^ier l'affaire d*0|rangç , jç yajs yous pnoQcer gu^ 1^ yçsu ^p çp-
i{)m est de yquf cogçger à preodrç Iç tn^r^f par^i que you^av^
f ri$ P^r le$ colôoics, cVst-à-dîrc à nommer parmi (içs qiepibr^
dçi j'a^emblée un confite de six membres pçur s'occm^er çxçhf-
tfix^m de cetlç affaire. H vous a été {ait IcQHjre {|ierc^ IjJlçUfie
ijLflmir^ d'OrapgÇ » par laqu^Ùc il vofts apprps^ qye le seryiffi y
4^inml «te i«ttr W jp«r plus péniUe à Avif^no^ ; que \s{ m^Y
fs) à 80U comblQ, et qu*il est même à craindre qiie ks. inal)ieurs
49«»t^ yiUe ne r^ssevt sur Oraq^^. Je y^ ¥0)ji§ f^ 119$ ffr
iciLw (i7îX)) 49f
QM^dci l^ec^re dp projet dQ décrç^ qup je vous ai prëseqfé lilep w
poip (JM comité des rappofl^. nL'asseniblée naiÎQiuiie, Qpr^^àYfHf
entendu le compte qui lui a été rendu par son comité d^ rapr
mrts des leltrç$ e.t proçiçs^yerbaiix ç^n dqt» di} 7 juill^;^, ^f^$^
pai: M. le mairç ^t D^M. Iqs ^fiiciers fi)Hn|cipfiuuf d*.QrpP8p 9 f| 4^
creté pi décrète qjiç sj^n ppési(|epl §e f etirçr«l pan-dpyer^ te |»| ,
■ * * »
à l^cffet de supplier sa majesté de donner les ordi*es Içs f^^
ÇTîjtRp»! 9m n>jj| ?9i» ^py.^ « Pi^?«îf . te «<9ffif??'«4e »r<n«pes
de ligne qui sçrq JMçé q^cçsspirp, p^Mr Veiller aii V^^^W ^ Il
ti:anc|ui|Ilié pii{)|i(](|e c) à la sùrçté f\Q ceii^ yjlle.
M. Bouçfie. La cau?^ fies tfQwl^lès f^'AvfjjPOfl e§{ cy>pn|i^ ? ** Jp
pense qu'dje ypuç lipqorp : ç'cfil te (l,ç?ir (le ^Kj-p ^9^^^ yotre qop-
slitulion qui cajiç^ $p^ ^{filfïtiprj p^ssqgèçp. |.e cowtal ye||ai»sip»
gp, depuis Iç ïjjoîf dç dc<;pqih/-e, ui) espri^ m^^liff p^f^ te ?ft-
nin de raristoçrîîîje (Pp appjaudit djins te P?«ie gîiw!!^ ; te Wffl"
1^1 yçnaissi^i, djfr^fivfi'p^?»^ P?? <?»?P^^ ? Swi>rfi<5f^ «»«fflR!fif 8^
ppHajt tpMt ^i» (ï^vr^ pQMF afTéieç tes déinaj?c|i^ d§ te vUte d'4-
,y^Ç)op. Le^ ppyep^ SV^ ç^m Ï^W prpyinco a iipi^iQ^ B^>Rt
gppp pQÇOsipppç ^Bp.qiplftçipn fit ^^^. (h^ , qp'^prt^ flWÇ "Wte
Dl^tf loje^ ^fi te vilte 4t*4y|&^voi;i QW^ni ^i4 oQW^é^ m^ te ^nrqou.»
.gue.tel^C^f fq^qiM^ te m^f»^ 9^r, te fero^ tegHiine. Lq gficite
WWiflS# (}c te, i4lte tf Pra^wû ^^^ y^pi^ «i tewr wqiot ; ^i «'«t
jIJoF^ «ï'pfl ^ ffiWS QUïrç w« roaiw vtegt-quaire pr4$oi^mRS» »•
jltR^meujS fuo^i^ d^ MrfwN^ m om nsfil^ N|Aicf , y«^f «t
«Hf^IflHfi? W*^^ ^'U^ 4i^ Prpwwe iPt dM DaMpbiaë. Atyourd'bfii
te yilte ft'OfaRge }ç^^ dçmaf^^Q du ^^eonrs ; vpi^ i|is ponv^ teî
refuser: elle sollicite aussi en foveurd* Avignon, et vous p^ cçqyi^
f^ R9H>'0Jr* ^ti$fqirçà cette d^'rpièrqwtepc^t ^us pift^te
qi(^ cpiip YiUe n'^j ptÎQ^ franQii^e. Jtlais beqpcqifp (te PP^^Ij^
.p^ de tab^ps : tq^s^ (^ ol^ts <(<;ip^adeai votfr^ pr^t^tif^t ; i;9l(s .
1^ ^eve? à une ville {;i:^Qg|ise pçu: se^ prtecjpe§, à ^^^ vi^tim fH^
))Ute j^ yglrye^çpmïperçfi. et euveçç teq«*^te ^0»^ *<«» «Dgffl^ Mr
des traités particuliers. Tandis que vous différer, une vUte vqî-
l^tee» où 9ff troux? te c^J^^Ç 4e cetta te^fP^it nM^«P^<Mi ^
406 ASSEIfBLÉK NATIONALK.
tente de s'emparer de qnalre-vingts canons qui sont dans la ville
d* Avignon , pour les iiaire transporter dans les villes les pins aris-
tocratiques du midi. C'est alors que les tiXHibles deviennent de
plus en plus redoutables. Dans le moment où je parle, le ministre
envoie à Avignon un régiment suisse. Pourquoi un** pareil ordre?
la ville ne veut recevoir que les troupes que rassemblée lui en-
verra.
Si ce régiment entre par d'autres ordres que par les tôtres,
tout est perdu pour Avignon et le comtat Yenaissin , ce pays gan-
grené d'inimitié contre votre constitution. Je suis Torgane des
provinces du midi ; elles réclament la possession d'Avignon ; les
gardes nationales la regardent comme leur sœiir. Son plus cruel
ennemi dans ce moment, c'est une ville française, qui n'en est
éloignée que d'un quart de lieue : c'est là qu'on a fabriqué 18
mille cartouches, et c'est aussi là , à ce que Ton assure, que vos
ennemis tiennent leur conciliabule. AvignoQ demande du secours,
et vous ne pouvez lui en refuser. Si là brave et généreuse garde
nationale parisienne n'en était pas àiissi éloignée, comme nous h
verrions voler à son secours ! avec quels efforts magnanimes on
la verrait r^bKr dans cette contrée l'abondance et là paix ! Nais
les gardes nationaux d'Orange sont sans doute ici présens ; ib
r _ .
m'entendent; ils sont Français; ils se souviennent de l'expédition
de l'armée bordelaise pour Mbntauban ; ilssavënt que l'aùtél de
la patrie est partout où H y a de^ hommes à consoler , et que la
patrie des ipfortuués est partout où il y a des hommes qui ont le
cœur des Français. —Voici le projet de décret que j'ai à vons
proposer:
, < L'asisemblée nationale décrète qu'il sera nommé , pour s*oc-
cupèr de Taffaire d'Avignon, un comité de six membres chargé
d'en fsiire le rapport sous quinzaine ; décrète en outre que son
* président se retirera par-deversle roi, pour le supplier de don-
ner des ordres pour qu'R soit envoyé des troupes à.... et à Ville*
' neuve*lès-Avignon , et que là elles attendent les ordres du pou-
voir exécutif, d'après les décrets de l'assemblée nationale.
3f. l*abbé Matmj, La question qui vous est soumis en ce mo-
JUILLET (1790) 409
ment y et sur laquelle vpus avez entendu votre comité des rap-
ports, était simple dans son origfine; le seul objet véritablement
'digne d'intéresser votre humanité, c'était l'élargissement des
prisonniers détenus à Orange (un député d'Orange prétend que
M. l'at^é^aury s'écarte de la question). Je ne sais pourquoi la
question s'est généralisée, et comment les vues du préopinant lui
ont donné de nouveaux objets qui devaient lui être étrangers. Je
ne cherche point pour cela à éluder la véritable question ; je rap-
pelle seulement ce qu'a dit le préopinant. Il vous a entretenus de
Niraes, d'Uzès, d'Avignon, du comtat Yenaissin, et le sort des
prisonniers d'Orange est précisément le seul point dont il n ait
point parlé. (Cinq à six membres de la partie gauche interrom-
pent et prétendent que ce n'est pas la question.) L'analyse est
exacte, et ce n'est pas moi que vous pouvez accuser de s'écarter
de la question. (Les murmures de ceux qui avaient déjà inter-
rompu l'orateur recommencent.) — M. l'abbé Maury descend de
la tribune.-^On l'invite à continuer son discours.
M. tahbé Maury. Des murmures bien prononcés m'annoncent
de ne pas plaider iine cause qui pourrait compromettre des inté-
rêts plus chers que ceux que je défends. J'abandonne la parole.
M. le président. Le calme des délibérations et la liberté des opi-
nions est la première loi de cette assemblée. J'avais supplié de ne
pas interrompre l'orateur, on l'a fait et on a eu tort. Je prie
M. l'abbé Màiiry , au nom de l'assemblée , de remonter à la tri-
bune.
Jtf. Vnbbé Maury, Je ne croyais pas m'écarter de l'état de la
question , en suivant la roule qu'avait tracée M. Bouche. Je de-
vais penser que puisqu'on avait la liberté indéfinie de s'écarter
d'an rapport, cette liberté devait exister pour tous les membres
* de fassemblée. Je sais bien qu'il n'est question que de la ville
d'Orange, et cependant M. Bouche vous a toujours parlé d'A-
" vignon , du comtat Yenaissin , en tâchant de vous faire aperce-
'voir, à travers ce nuage d'aristocratie dont il s'est enveloppé,
des principes aristocratiques, qu'il combat avec un zèle si édi-
fiant depuis le commencement de cette assemblée. Il m'est sans
{AO ASSBMBLiE BÀTIOIULB.
doute pcrpiis de dire que les troubles de Nîmes n'ont aucun ra|^
port avec les troubles d*Avi{pion ; que ces prcmieps ont eu ppup
fré'.exte lu cause de la reli{;ion. On sait que Ni nés contient d^
protestans parmi ses habitans , et il n'en existq pas k Ayi^qQQ,
Quels rappoils peuvent donc avoir entre eux d(vS troubles ^j c!j|-
fcrens les ijn$ des autres? Ou il faut renoncer k ce sysfèipjp, ^i
cuvent ,n|is en usage, de nous présenter les vijlesde Nime^ et
^zès comme le ihéâlre du fanatisme; ou il f()ut avouer que 1^
^roubles d*Oran{;<ç n'ont rien dq commuja qvec ces deux villes
malhjsijrcuses. On vous a parlé de la ville d'Avignon comme ^
voire propriété: le moment n'est pas venu de prouver la légiti-
mité du saint-siége; c'est une ville dont il jouit depuis plus de 400
ans y une ville prise trois fois par la France, et toujours res-
tîtuee. Louis XIV et Louis XV la rendirent volontairement à son
souverain légitime , et l'on peut soutenir qt^e ces trois eptr^
prises rétractées sont le plus beau titre de sa propriété. Clé-
ment VI l'acheta , en 15i8 , de Jeanne , reine de Sicile. Elle a eu
" de tout temps une administration séparée et des titres €|iff<prens
dç ceux dii çpintat. Nous sommes bien loin de nous opposer à
cette pallie dii décret par laquelle on propose de supplier le roi
çl'envpyer des troupes a Orijnge- Nous désirpns Qu'elle ^it dé-
fendue; que lé maille, citoyen estimable, jouisse des avanti^^es
<{^'il nous a procurés à nous-mêmes; mais s| l'on donnait mus
^'extension à cette disposition, on préjugerait la grande questîqn
sur laquelle l'Europe entière a les yeux ouverts , celle de 9«|ypîr
s'il est permiç à une ville d^ chai^ger de ^mit^tî^p et çlf sp^ive-
rain.
La ville d'Avignpp v^A point demandé de trpupes ^fptQlgèf^:
si df; nouveaux (roubles f^oiis prpparajfîpt de ppuyeat;}^ malbçgi^,
irlors nous jurions reco|jrs p^t^t-^tfe ^ la prqtçMiitiQQ ^^^ Ff9?H^if '
^s qoMS ne leur demandcfiops pqs de,prot^^r ja rgyc^lte, ^e
demande, s'écrie M. Boiiçh^,.flue Tprjitqtiç tjpçlare f j| e^t ^P^
çais; car s'ij est étranger, il doit descendra ^ la ^^^*) ^^ ^fl ff"
garderîfi point pomme une peine de clescendre. à la iHIff^* Ç^
prdrç, ç'il m'hait donné par ra^embl^ç, ni*|^oqoi:«*«ît » J^jf^
'f^jl^ZT (1790) 411
qu'il attesterait mon respect et mon piitriotisme. La France est
^ï^^ n^niir^ssc de disposer de ses troupes à son gré; Qiais ou ne
pçuj pas s'cpoparcr rtu lerriloire çraulrui. Je Iç répèle ei^çore; |i
l!ea)l)apras de^ circonstances exige des secours ëtfangep^, les
IP^rAfi^i^ JHQ f|ous abandopneront pas. M ville d'Oraqg^ n Vt-çHe
}^S déjà*çu 1(1 gloire de fairç cesser Içs jneurlres? ^11^ p par ipfl)-
heur é\i Jrpmpéc s^r çf ? honffp^es piprjs upriyr? d? jî» Wl"« t
dont le gibet est devenu un autel patriotique qui immortalisera
leur nom dans cette roallieupeusc provinee.. — Nous vou^deman-
jjçns quç j'gçscipbl^ç 8(f borflp ^ 5>pçéder au?^ yjS"!^ ^IS IJ^ F'H«
jj'Qçpnç^ ; jnai? que je décrpjt qH'cllç rpijdra n'ii>diquç efl guqiijip
-jpapj^r^ leç scçp|ii:^ qj?^ J'oa peut porter ^ Ayig|iqn. La FwcfBfli
^leniiellement fienqucé à tout esprit de conquête : elle protégef^
|e? yçMsipf , mj^js çlle |i'attj^içn> J^nnai? i leui: Hbeirt».
• La diccussioiiett fermée; ' ^
On demande la priorité pour le projet du comité.
31. l'abbé Mauri^. Je demjmdeau*pn ajournp i|| JQiii*fi3|;^l^qtt^
tiou des prisonniers.
iJW» ^PUl^* h ïftOQWyrfte l|l^îpftlioi|quej'4iidéJikfeite,et jp
j|pi|ti|en§ j^H il ^ Î9)PQSsil;^le (}«Âire le ruf^port de$ priaomters^
jaiPS 4(ifr^ d^iii^ tpMS ]|eç <l^ils.fles troubles d'Avigooq^
BÉAKCE. m 48 JDlLIiCT.
B{y)port dç Lecoptfulx çur |î^ fi^briçatiqi) ^es sts.V|éQ9^s , ^ ^^
çfet qiji prorogQ le terme de leqr ççbangp çopirç If^ billets c|^ jii
(^/{S^e. -7- Ap^R PrPROS^^ lu suppression (}^ b (fMSSfl dM Ç'f r£^
f^ëcl^imatiQii (]e l^onjesquipu çn faveur d^s en)plqyp§. 4fl9R!^'99
^|i ^rot présenté p^r An^on. 7- Rapppf*t d^ tlçriin au nom t);i
c^mi^é (l'alicuqtioji , ci. projej ^ ^çcrct pour F^bolitipKi (^çs ré-
fçrves o^iijffljàre^ ^fis ^lé\ï)!f*lioï>S et Rpwr l^.pari^e ^1 des
Iflffis entre j|Qgs^ |e§ pn/ans ()çs flp différent mariages. Dufraisse
,^<^*ifse le 09fi|i(é dp vpuloir mpt|.re le trouble dans les fa^^îlles^
Imjpi^esçipi^ e^ 4<^urnpmeQt .
412 ASSEMBLÉE NATIONALE.
SÉANCE DU 19 JUILLET.
Discours de Noailles sor rorganisation de l'armée » et sur la
hiérarchie inih'taire. Glermont-Tonnerre , Desmeuttiers , Alexan-
dre Lameth , Toulong^eon , Bamave , Charles Lameth sout enten-
dus sur ce sujet. Décret à la suite , portant qu'à chaque session le
nombre des individus de chaque grade sera déterminé par le
corpspl^slatif • — - 19» au soir. Suite du commerce de llnde.
SÉA2fCE nu 30 lUlLLET.
Treilhard est nommé président. — Lambert , contrôleur des
finances, se plaint de la non perception des octrois et des droits
d'aide. — Décret sur le rapport de Vernier , pour assurer la per-
ception de ces droits. — 30 au soir. Rapport du comité des re-
cherches sur les troubles de Soissons , au sujet des subsistances.
— Les officiers municipaux de la viUe de Soisaons , ayant cm
devoir diminuer le prix du pain » le nouveau prix convint à tout
le monde, excepté à la communauté des boulangers, qui se pour-
vut au bailliage sur les conclusions du ministère public. B inter-
vint une sentence , par laquelle ce tribunal annula la taxe faite
par les officiers municipaux, ^et' en ordonna une nouvelle. Le
mécmitentement du peuple écbfta ; il y eut des attroupemens io-
quiétans; et, pour arrêter le désordre, le conseil-gàiéral de la
commune et le directoire des districts s'assemblèrent, et ordon-
nèrent le rétablissement de la taxe. Le bailliage commença une
procédure criminâle contre les auteurs des troubles. La munid*
palité, inquiète des suites que pourraient avoir les dispositions
du bailliage , a cru devoir s'adressera l'assemblée nationale. C'est
dans cet état que Faflaire a été portée aux comités des rapports
et des recherches. Ces comités ont considéré la conduite du bail-
liage de Soissons comme une atteinte à vos décrets et à Tautorité
des corps administratifs. Vous avez par vos décrets accordé aux
municipalités, aux administrations, la surveiUance et ractkm
pour les intérêts communs, tandis que les tribunaux ne peuvent
régler que les intérêts particuliers : autrement , les fonctions ad-
ministratives et le pouvoir judiciaire seraient confondus. En se
JUILLET (1790) 413
conformant aux principes delà constitution , le bailliage de Sois-,
sons n'aurait point annulé la taxe des officiers municipaux , qui
B'avaietit fait qu'user du pouvoir que vous leur avez conféré : la
sentence de ce tribunal est donc nulle. Vous penserez sans doute
de même à l'égard de la procédure criminelle , intentée contre
les auteurs des troubles ; le bailliage a occasioné par sa conduite
les inquiétudes et les agitations du peuple. Il a causé les désor-
dres, il ne peut les poursuivre et les juger. Tels sont les motifs
qui déterminent vos deux conûtés à vous proposer d'annuler
cette sentence et cette procédure.
iV..... Le bailliage ne s'est point écarté de son attribution : la
partie contentieuse de l'administration appartient aux tribunaux.
La taxe faite psir les officiers municipaux comprom^tait les inté-
rêts des boulangers, parce qu'elle n'était pas exactement propor-
tionnée avec le prix des farines. Cette taxe ne pouvait être réfor-
mée que par la voie de l'appel. Cet appel devait être porté au
bailliage; le bailliage â donc dû rendre la sentence que vdus pro-
posez d'annuler. Si vous adoptiez ce décret, je vous deoaanderais
pardevant qui les boulangers pourraient se pourvoir.
ilf. Robespierre, La véritable question que présente cette af-
faire est celle-ci : la taxe du pain est-elle une fonction judiciaire
ou une fonction administrative? Les juges doivent appliquer la loi
pour juger les différends qui s'élèvent entre les particuliers :
hors de l'application de la loi et de la recherche des délits , je ne
connais plus de fonctions. Tout ce qui tient dans l'ordre public à
la sûreté des subsistances, au prix des denrées, appartient es-*
sentiellement, et appartenait même, dans l'ancien régime, aux
corps administratifs. Vos décrets n'ont rien changé à cet égard.
La municipalité de Soissons , en fixant la taxe du pain , s'est donc,
renfermée dans les fonctions sur lesquelles le pouvoir judiciaire
ne devait se permettre aucune entreprise. D'après vos décrets ,
les tribunaux ne doivent pas troubler les municipalités dans leurs
fonctions ; vous avez plusieurs fois fait l'application de ces décrets
à des corps judiciaires : la sentence du bailliage de Soissons est
donc une attdnte formelle portée à vos décrets. Votre décision
itfi* là {^ro^ëdure criminelle comttiencéé doit pôHeJ^ iiii* iM iSl
principes. Le projet de décret cjùi vous e^l prdsenlë par vos co-
iniiés n'en est qu'une application exacte; il doit être adopte.
M. VoideL II paraît que lu taxe Faite pai' les officiers inunrd-
{ȉu^ est juste 9 puisque deux cents particuliers ont proposa de
fournir dil pain à ce prii ; cependant le bailliage à inhrmé cette
taxe» que le directoire de district a confirmée après cette iriHi*'
ihàtiori. Le directoire n'a fait qu'user de Son pouvoir i te tribùâlit
à entrepris suft* un pouvoir qui lui est étranger. La taxé du paTA[
est une affaire d'ordre général ; elle appal'ticnt aux municipalités,
sauf le recours des parties intéressées aui corps admlnisik^tib
supérieurs , et uon àùx triblîdaux : autrement , lés tribunaiili ki^
raient des corps sldmintstratii^ supérieurs. Si les boulangera
ataient été condàitinés à une ametide par la niunicipaliié, èètiS
condamnation serdit uri acte de police cènientieuse, et Tappét
ft'en aurait pu être porté que pardevant les tribunau)c ; mais tôilt
ce qui 9 dans la policé; li'cSt poidt contentièuJL ; est àdmraiàtràtif.
Cette diëtinction prouve évidemment lli tàçesjse dii dëci^t i$âf
vous est proposé par vos Comités:
Jtf. Chabroud, Toute celte discussion roule sur une faussé in*
terprétâtion de vos décrets. Il y à dans la ville de Soissons deux
partis ! l'un est extrêmement pàirjpte, l'autre est parfois aris-
tocrate. Celui-ci a suscité toutes sortes de tracasseries à (d mu-
âiêipaliléy et cette ville seule a occupé le comité des rapports
e regarde la sentence du baillâge
comme une tracasserie nouvelle. La taxe faite par les officiers
municipaux était nécessaire et juste; je n'en veux d'autre preuve
c(ue la proposition de deux cents particuliers qui demandaient à
fournir dii pain à ce prix. On vous a cité un décret dont il faut
déterminer le véritable sens. Dans le second article de ce décret,
l putice conteatieuse est confiée aux municipalités. t)ans l'ar-
. •-.
ticle, rappel des jugemens de police est attribué aux bailliages.
H faut distinguer les actes u administration des jugemens. La taxe
dti pain est uii acte de police d'admiiiislraiion et non de police
éôiâtdnCiëii^ : èeltè \jà\e n^èst point ùh jugement, et ce n*<^t que
y *:-}
JUILLET (1790) Ui
ëhoiènt qii'bh peut appeler. Pour qu'il y ait ùft luffeitieïit,
il faut qu'il y ail discussion ; il fout qu'il y ail un différend qui
divise les parties. Or» dans la taxe deâ denrées, il n'y a pas de
différend , il n'y à pas de discussion enlre la partie fï^rivée et la
partie pobliqde : dond il n'y a pas de ju{;ement ; donc il n'y â pas
Keù à l'appel. Les boulangers n'étaient donc pas dans le cas d6
l'art. TI du décret; le bdillia{;ë ne devait donc pas jtiffcr.
Mi. Regnaud, député de Saint^Jean'^AngeigAl serait dange**
reux d'annuler la scrilenfee du l)aillia{]fe de Soissons : ce serait
proBcncer quô les faies des municipalités ne sont point assâjé-
ties à l'appel aux tribunaux, tandis qu'il est dans les principes él
de rintérét général qu'elles y soient soumises. Il y a dans la taxe
du pain deux parties intéressées î les boulangers qui doivent
fournir cette denrée et les consommateurs. Si le peuple ou les
boulangers réclament, le juge do:t éire consulié : il existe pour
iSoissons, comme pour Paris, un tarif énregisté. Le juge pro*
notice aiiisi : la loi dit que quand le blé coule tant, le pain doit
coûter tant. Le pedple doit donc pâj^er le pain àî tel prix. Si ceitif
loi n'était exécutée, la taxation du pain serait arbitraire. Âutre^
rois l'appel avait lieu : si le uàilfiage favorisait les boulangers , la
ville se plaignait , et le parlement infirmait , ou confirmait la scn*
tence. Votre décret sur les attributions des municipalités, porte
ces roots : c Eii se coiiformant aux régtemens actuels. > Ainsi ,
quand les boulangers se sont pourvus, ils en avaient le droit; lé
bailliage devait juger. Je n'examine pas s'il a voulu tracasser la
municipalité ; je n'examine pas si la sentence est juste; il a pu se
tromper, nous ne le savons pas, et c'est ce qu'il faut vérifier. La
taxe est-elle bien ou mal faite? Voilà la question importante.
Je demande que l'assemblée ordonné préalablement l'apport des
pièces.
M. Dumetz. Toute la difficulté vient de ce que la ligne de dé-
marcation entre la police contenlieuse et la police administrative
n'est pas encore tracée. On ne peut condamner ni la municipalité
•^»». .■•■» '» *■■?
ni le bailliage qui n'ont pu la connaître. Il nie parait convenable
de suspendre la décision , et d*ordonner l'apport des pièces et le
renvoi au comité de constitution.
416 ASSEMBLÉE NATIONALE.
Après quelques débats la discussion est fermée , et la propo-
sition de M. Dumelz décrétée.
SÉANCE DU 31 JUILLET.
Mylord Stanhope écrit que les Amis de la liberté , réunis an
nombre de six cent cinquapleHleuiy ont célébré à Londres la ré>
solution française. Malgré Fopposition de Foucault, rassemblée
adopte la proposition de Charles Lametb , pour l'impression de
cette adresse , et chaire son président d'écrire à cette sociétë. —
Décret qui supprime un grand nombre de places et detrautemens.
— -Necker envoie le compte de la recette et de la dépense depuis
1789 jusqu'au S mai 1790. — Impression.
SÉANCE Dtj22. .
Affaire de MorUauban.
Ji/. de Cazalès. Je préviens l'assemblée nationale que M. le
maire de Montauban , le procureur-syndic de la commune , et
plusieurs officiers municipaux, sont à Paris, depuis trois ou
quatre heures ; ils réclament , par ma bouche , qu'on veuille bien
les entendre avant de les juger : je demande que l'assemblée dé-
crète qu'ils seront admis à la barre, et qu'elle ajourne l'affaire à
»
mardi prochain.
M. Robespierre. Nous avons déjà trop différé de prendre con-
naissance de l'affaire de Montauban , et de prévenir les malheurs
qui menacent les patriotes de cette ville ; le maire et les officiers
>
municipaux eux-mêmes doivent être surpris de notre indulgence:
nous ne devons pas déroger à un usage constamment suivi dans
cette assemblée , et nous devons avant tout entendre le rapport.'
• U. Cabbé Gouttes. Si on entend les offitiers municipaux , il faut
entendre aussi les gardes nationales maltraitées.
M. Lachèze. Je n'insiste pas pour l'ajournement.
On demande l'ordre du jour. — L'assemblée décide qu'elle en*
tendra immédiatement le rapport sur l'affaire de Montauban.
M. VieiUard. Au mois de juillet 1789 , il se forma dans ki ville
de Montauban une garde nationale ; dès le mois de février il
s'éleva une espèce de mésintelligence entre la garde nationale et
les officiers municipauxi qui venftietit d'être éliu en éxecution de
JUILLET (1790) 447
vds décrets :'âes citoyens qai se qualifièrent de corps de volon-
taires, voulurent se mettre en activité. La garde nationale voyant
laconséquencequi pouvait résulter de celte distinction, présenta»
le 7 mars, à la municipalité, sa pétition à cet égard. Le lende-
main S , la municipalité fit imprimer et afficher une proclama-
tion* Le préambule annonce son mécontentement sur le ton et la
forme de la pétition ; elle termine par déclarer qu'il n'y a lieu à
prononcer, et par faire défense de se réunir en assemblée, soit
générale , soit particulière, sans eu avoir prévenu la municipalité.
Bientôt il s'éleva une autre contestation, la nouvelle municipalité,
d'après la délibération du conseil-général de la commune, du
14 mars, fit une réquisition au commandant de la garde natio-
nale (l'envoyer au secrétariat de l'hôlel-de-ville les défis de l'arse-
nal , magasin , dépôt d'armes , de munitions et autres effets gé-
néralement quelconques. Ces clefs avaient été laissées par l'an-
cienne municipàli;é à la disposition du comniandant : la garde,
quoique mortifiée ^ arrêta de déférer à la demande de la munici*
palité, et donna pour motifs.de ^son acquiescement, ceux de
Tobéissauce, du désir de maintenir la pa'x et de défendre la con-
stitution ; la garde nationale vous a présenté , le 24 marsdemier,
une adresse, dans laquelle elle réclame qu'on confie au comman-
dant les armes qui lui sont nécessaires pour s'exercer et appren-
dre les évolutions militaires. L'ordre des faits exige que je vous
rappelle un troisième objet de discussion enlre la garde natio-
nale et la municipalité ; vous en avez déjà eu connaissance. Dans
les premiers jours de mars, la garde nationale de Montaubain ,
crut que pour mieux déconcerter ceux qui troublaient la pro*
vince, elle devait faire un ]>acte fédératif avec toutes les gardes
nationales voisines. Le 15 mars, une lettre circulaire fut imprimée
et envoyée de la part de la garde nationale montall>anaise, aax
gardes nationales de la province, avec invitation à la fédération.
Plusieurs villes acceptèrent avec transport la proposition qui leur
était faite. Le S9 , la garde nationale de Montauban et le ri-
ment de Languedoc , en garnison dans cette ville, firent un acte
d'association, et s'engagèrent, sous la foi du serment, c d'être
T. VI, 27
418 ASSEMBLiS NATIONALE*
soumis irrévocablement aux décrets (le rassemblée natioBala,
sancUoDués par le roi , d'en maintenir l'exécution » et de la for^
cer même a la première réquisition de la municipalité.
La municipalité garda le silence depuis le 13 mars , et ce ne
fut que le 50 qu'on afficha une ordonnance qui supprimait la
lettre circulaire écrite par la garde nationale montalbauaise^ Far
cette ordonnance , on affecte de croire que la garde veut secouer
l'autorité municipale» tandis qu'au contraire elle avait fiiit parti
la municipalité de son traité et de son aveu de n'agir que sur sa
réquisition. Pourquoi, si la municipaUté croyait qu'un projet de
fédération pût être nuisible au bien public, pourquoi ne pas en
référer aux chefs, pourquoi ne pas leur en faire amiablement
apercevoir les inconvéniens? Est-ce donc par des placards
mortifians qu'on cherche à ramener des cit03fett8 qu'on croît
^rés?Une quatrième discussion s'est âevée : les perscHuies
qui avaient , dans les mois de janvier et de février, pris la qoa«
Uté de volontaires, n'étaient point employées dans la garde na*
tionale ; elles savaient bien qu'on ne refuserait pa» de les y
admettre, mais il leur répugnait sans doute d'être incorporées,
et d'avoir à servir sous le commandement, et avec ceux qui
s'étaient opposés à ce que les volontaires formassent un corps
distinct. Us voulaient avoir leurs officiers. En effet, on volt
àttjourd*hui lo chef des volontaires , chef de bataillon de la garde
nationale actuelle. Le 6 avril , sur le réquisitoire du procureur
de la commune , la municipalité accepta le projet d'une augmen-
tation du nombre des compagnies dans la garde nationale mon-
talbanaise, d'après la publication des ordonnances delà muniei-
palité. M. de Puymonbrun, commandant général, se décida à as*
sembler lesxompagnies de la garde nationale, pour délibérer à
cet égard ; mais il prévint avant tout la municipalité de cette as-
semblée. La municipalité, informée de ce projet, fit, Ie7 avril, une
réquisition au commandant, conçue en ces termes : c Nous offi-
ciers.... déclarons n'entendre empêcher l'assemblée de la garde
nationale montalbanaise , en tant que ladite assemblée ne se for-
mera que par compagnies séparées, à jour, lieu, et heures diffé-
; JUILLET (1790) 419
rens. > Alors M. de Paymonbrun retira ses ordres et fit à la pa-
trie ce nouveau sacrifice. Après diverses démarches de part et
d'autre , on apprit à Hontauban le décret rendu le 30 avril , par
lequel il était décidé que les gardes nationales resteraient, en at-
tendant Toi^fanisation définitive / sous le même régime qu'elles
lavairàt lors de leur institu^on. Le 6 mai , Tétat-major adressa le
décret qui lui était envoyé par H. Poncet , membre de cette as-
semblée , aux officiers municipaux. Le même jour, la municipa-
lité fit une réquisition à l'état-major de reconnaître, comme fai-
sant corps avec la garde nationale , le quatrième bataillon nouvel-
lement formé en vertu de son ordonnance du 6 avril ; Tétat-major
persista dans ses protestations , refusa d'admettre le quatrième
bataïQon, et protesta de rendre la municipalité garante et respon-
sal)le des événemens qui pourraient résulter de sa persévé-
rance. Quel pouvait être le but de l'obstination des officiers mu-
lûcipaux?
Si les événemens sinistres qu'on leur présageait se sont mal-
heureusement réalisés parleur persévérance opiniâtre, quels re-
proches n'est-on pas en droit de leur faire? En vain la municipa-
fi(é a-t-elle prétendu que Votre décret du 30 ne les concernait^
pas ; il était rendu pour tout le royaume. Ce mécontentement dé-
tenait plus général et plus dangereux dans la ville de Montaiîban.
Pludeurs circonstapces agitaient depuis plus de quinze jours les
esprits : tin sixième ou environ de la population .de celte ville était
composé de protestans ; les libelles les plus incendiaires se ré-
pandaient avec la plus grande profusion , pour exciter le peuple
contre tes protestans , et pour leur faire croire que ceux-ci étaient
de^falctieux par principe et par caractère, qu'ils voulaient détruire
la monarchie et la religion ; qu'il fallait les éloigner de toutes les
places et se méfier d'eux sans cesse. Plusieurs de ces libelles
avaient été saisis par les patrouilles de nuit , et dénoncés aux of-
ficiers municipaux par le commandant-général. Le 21 avril, il cir-
cula un autre écrit intitulé : Avis aux citoyens catholiques de Mort"
tauban^ contenant invitation à se rendre le vendredi 2S avril, à
deux, heures après-midi, dans l'église des Gordeliers , où on nom-
Â
490 ^ ASSSMBLiE NATIÛNAtK.
merait^des commissaires pour aller annoncer rassemblée aux of-
ficiers municipaux. Le motif donné à cette réunion était de pré-
senter une adresse au roi et à l'assemblée nationale pour solliciter
un décret qui » l^assur&t à jamais l'unité de la religion en France»
et qui déclarât la religion catholique , apostolique et romaine la
seule religion de l'Etat; 2° conservât à Montauban son siège épis-
copal, les ordres religieux* le collège, le séminaire» etc. 5"* On
demandait , à l'exemple des catholiques de Toulouse , qu'on fit
une adresse à la municipalité» pour la prier de suspendre » jus-
qu'à la réponse du roi et de l'assemblée nationale, la douloureuse
visite qu'elle était chargée de faire dans les maisons religieuses.
4® Enfin, on annonçait qu'on prierait les vicaires-généraux d'or-
donner des priëre3 publiques, auxquelles toutes les communautés
et toutes les églises paroissiales seraient invitées.
L'assemblée eut lieu le 23 suivant ; on y nomma un président ,
des secrétaires, et ensuite des commissaires pour aller à Fhôtel-
de-ville donner avis des assemblées. Après le retour des commis-
saires et la lecture de l'acte donné par les officiers municipaux ,
on entra en matière ; on fit un arrêté conforme à l'avis, en s'ajour-
nant au 27 pour entendre la lecture des adresses au roi et à ras-
semblée nationale, que des commissaires furent chargés de rédi-
ger. Le 27 , on lut ces projets ; ils furent adoptés ; les commis-
saires furent obligés de les envoyer à leur destination. Le 25 avril,
les vicaires-généraux de M. Tèvéque de Montauban donnèrent un
amendement par lequel ils ordonnèrent des prières de quarante
heures. Les choses étaient parvenues au dernier degré de fermen-
tation , . et l'explosion la plus violente était sur le point d'avoir
lieu. Le 7 mai , ceux qui avaient demandé les nouvelles compa-
gnies firent une nouvelle pétition pour qu'elles fussent mises en
activité. Le 8, le commandant de la garde et quelques pères de
famille se concertèrent pour trouver les moyens capables d'em-
pêcher l'incendie dont on était menacé. Le commandant adressa
aux officiers municipaux un discours tendant à obtenir quelque
plan de conciliation qui pût convenir aux deux partis. On nomma
des commissaires de part et d'autre. L'état-major paraissait dis- ,
JUÎLLBT (1790) 421
posé à faire les plus grands sacrifices pour ramener le calme ;
malheureusement il n'était déjà plus temps : le 10 mai était le
premier jour des Rogations ; il était connu que dans la matinée»
les officiers municipaux devaient se rendre dans les cinq commu-
nautés religieuses pour y faire Tinventaire ordonné par votre dé-
cret du 26 mars.
Les officiers municipaux disent dans leur procès-verbal que,
pour se conformer au décret, et en même temps pour accélérer
leurs opérations, ils arrêtèrent que deux d'entre eux se détache-
raient à onze heures du matin, pour se transporter dans le même
moment dans les cinq communautés; que parvenus, chacun de
leur côté, ils trouvèrent la maison des religieux interceptée par
une populace immense, presque entièrement composée de femmes
qui , à la vue des commissaires , crièrent de toutes leurs forces
qu'elles s'opposaient à tout inventaire. Le peuple attroupé persista
dans sa résistance, et força les commissaires à se retirer. Il
demeure constant qu'il se forma aussi , quelque temps après, un
attroupement considérable sur la place de Monges^ devant la mai^
son du commandant-général , et que les officiers municipaux en
furent informés. Le motif de cet attroupement était , dit la muni-
cipalité , de demander au commandant pourquoi il s'était déclaré
du parti des non-catholiques. M. de Puymonbrun dit que pen-
dant qu'il s'occupait à rhôtel-de-ville des moyens d'effectuer la
conciliation , on vint annoncer à la municipalité que quatre mille
personnes réunies sur la place voulaient brûler sa maison. Il ajoute
que M. d'Elbrel , avocat-général, et M. de Channac, actuellement
chef de bataillon , frappèrent des mains. Le maire se rendit au
lieu de l'attroupement, et à force de représentations, lui et
quelques officiers municipaux parvinrent, disent-ils, à le dissiper»
Mais si le peuple était si docile, s'il était si facile de faire cesser
les attroupemens, quelle conséquence ne doit-on pas tirer de la
conduite qu'il a ensuite tenue, pendant trois heures , en présence
du maire et des officiers municipaux? INous nous dispenserons de
les tirer nous-mêmes.
La municipalité , dans son procès-verbal , dit que même après
4S2 ASSBHBliE KATIOIIAIS.
que les attrou^emens formés devant la porte dq oommandant^a*
rent été dissipés par le maire, la fermentation durait toujours,
parce qu'on était mécontent de M. Monlet , ofifider de la garde na-
tionale , accusé d'avoir tiré son sabre, et d'avoir menacé le peu-
ple de le tailler en pièces. On désavoue que M. Monlet ait menacé
le peuple de son sabre; on atteste que cet officier, craignant
pour les jours du général, propdia de mettre une garde à sa
porte, et s'offrit pour être le premier en sentinelle, et que,
comme il n'avait pas de fusil , il porta la main à la poignée de son
sabre ; que ce geste fut interprété comme une menace , et qu*il
se répandit avec éclat , que M. Monlet avait voulu fondre sur le
peuple. Il résulte de ces détails qu'il fallait recourir aux mesures
indiquées par la loi pour faire cesser cette fermentation. Le
peuple s'est porté aux Cordeliers, et ensuite à l'hôtel-de-ville,
excité par le prétexte de prétention et d'entreprise de la part des
dragons. Que font les officiers municipaux? Rien de ce qu'ils de-
vaient faire. On ne conçoit pas comment ils ont pu voir indiffé-
remment le peuple attroupé pendant sept à huit heures, sans
prendre les moyens qui étaient en leur pouvoir pour le faire reib
trer dans l'ordre : ils en ont été requis par le commandant, par
les dragons et par les pères de famille qui étaient à l'hôtel-de-
ville. Le peuple vint à l'bôtel-de-ville z il insista pour avoir 4os
armes : les officiers municipaux ont peur , disent-ils , ils sont obli-
gés de donner armes et munitions. C'est ainsi qu'ils armèrent le
peuple, au lieu de le faire contenir par la troupe armée; c'est
ainsi qu'après avoir désarmé la garde nationale , ils fournirent
les moyens d'assassiner ceux qui la composaient: que s^fie,
d'après cette conduite , la mam'ère dont le drapeau rouge est ar-
boré? Publie-t-pn la loi martiale? Non,
Que faisait le régiment de Languedoc dans cet instant terriMet
Il ne figurait en rien ; il ne fut requis que très-tard, et n'^irrivit
que dans le moment où le oorps-de-garde avait été assiégé » oil
l'on avait fait des décharges sur ceux qui s'y étaient réfugiés, où
le mur de ce corps-de-garde avait commencé à être démoli ^ sous
les yeux même de la municipalité ; il n'arriva qu'aprè« que les
nniXBT (1790) 4IS
loalbeureai qui ont péri dans cette fatale journée , eurent éiéas^
sassinés. On ne peut songer sans indignation,. à la manière dont
les auilheureux dragons ont été traités en sortant du oorps-<le«
garde : dépouillés de leurs vétemens comme des criminels , ils
sont eondttits par le maire lui^méme^qui portait le drapeau bhno
pour annoncer le rétablissement de la paix , dmenté par le sang
qu'on y avait répandu , et par la détention de cinquante-cinq ci«
lojens honnêtes» De quelque œil qu'on envisage la conduite des
oISders municipaux dans cette journée, ou ne peut s'empêcher
de s'apercevoir combien ils ont méprisé leurs devoirs. 1^ peuple
veut des assemblées dont la religion était le prétexte ; la munici-
palité les autorise ; il s'attroupe : la municipalité se retire , et
ne prend point les mesures dictées par vos décrets pour le foire
rentrer dans Tordre,...
Dans cette malBêureuse journée » tandis que les dragons de-
mandaient la vie, on leur répondit en termes très-durs, mêlés de
jurequens aiïreux , qu'on voulait avoir leurs têtes sur des piques,
et venger la mort de Favras. On assure que le peuple , fier de sa
victoire, criait vive le roi! à bas la nation et la cocarde nottoitato.
I^ respect dd à la vérité nous oblige de vous foire remarquer
que M. de la Force n'était point à Montauban , lors de ces trou-
bles, et que sa justification sur ce point ne peut éureéquivoque...
Si le calme était parfoitement rétabli à Montauban , si IcsfomîNes
qui ont désarté de cette cité , pour fuir la mort dont elles étaient
menacées, étaient rentrées dans leurs foyers, si toutgerme de di-
vision était assoupi et parfaitement éteint, il semblerait que l'as-
semblée nationale qui s'est toujours signalée par son indulgence,
pourrait ne pas s'attacher, dans les circonstances présentes, à or-
donner les recherches et punitions de ceux qui croient ne s'être ren*
du^ coupables que de légères négligences : mais les circonstances^
sont; telles qu'il ne faut pas se laisser égarer par ce sentiment de
commisération. Ce qui est arrivé à Montauban a fixé les regards
ft l'attention de toute la France ; en remettant trop légèrement
certains délits i il peut résulter de leur impunité l'éliraalemént de
la constitution. Il n'est malheureusement que trop vrai , q^ le
424 ASSEMBLÉE NATIONALE.
ealme apparent dont paraît jouir la ville de Montauban, ne peat
être considéré comme le retour à une paix durable ; il est facile,
sans doute, à des vainqueurs de direc nous sommes en paix,
quand les ennemie chassés ne peuvent revenir chez eux que pour
y subir la loi qui leur est imposée dans ces circonstances. Votre
comité des rapports .a l'honneur de vous proposer le projet de
décret suivant :
c L^assemblée nationale, après avoir entendu son comité des
rapports , déclare que l'information commencée devant le juge de
Montauban , relativement à l'événement arrivé dans cette ville le
iO mai, demeure comme non-avenue; ordonne que son président
se retirera par-devers le roi pour supplier sa majesté de donner
des ordres, pour que l'ancienne garde nationale montalbanaise
soit rétablie comme elle était avant l'ordonnance des officiers mu-
nicipaux de ladite ville, en date du 6 avril dernier, laquelle or-
donnance , ainsi que tout ce qui a été lait en conséquence , est dé^
clarée comme non-avenue, sauf aux citoyens actifs qui n'étaient
pas de ladite garde ancienne à s'y faire incorporer , conformé-
ment au décret du 12 juin dernier.
» L'assemblée nationale décrète : l** qu'il sera informé devant
les ofBciers municipaux , juges ordinaires en matière criminelle
à Toulouse, à la diligence delà partie publique, de tous les évé-
nemens arrivés à Montauban , le 10 mai , ainsi que de tous ceux
. qui y sont relatifs, tant antérieurs que postérieurs à ladite épo-
qiie , et circonstances et dépendances ; à l'effet de quoi les pièces
déposées au comité des rapports, seront incessamment adressées
à ladite partie publique ; S^ que jusqu'à ce qu'il soit statué sur la-
dite information, les membres du corps et conseil municipal de
Montauban demeureront suspendus de leurs fonctions, à l'époque
de la notification qui leur en sera faite du présent décret ; S'* que
' les administrateurs du département du Lot, ou de son directoire,
commettront , sur l'avis du directoire de district de Montauban ,
six personnes pour remplir dans cette vîHe, provisoirement, les
fonctions municifmles, dont un sera par eux indiqué pour feire
es fonctions de maire, et un autre pour remplir celles de procu*
JUILLET (1790) 42S
reur de la comnaone; 4^ que la notification du présent décret et
de la commission qui sera nommée sera faite au même instant aux
officiers qui composent la municipalité de MonUiuban , par les
administrateurs du département ou du directoire.
> L'assemblée nationale charge son président d*écrire à la
troupe de maréchaussée > à Hontauban , pour lui témoigner sa sa-
tisfaction de la conduite qu*eHe a tenue le 10 mai. >
SÉANCE DU 23 JUILLET.
Les .commissaires nommés pour l'affaire d'Avignon sont :
MM. Bamave» Tronchet, Bouche, Riquetti Tainé, Charles Lq-
metliy Desmeuniers. — Suite de Tordre judiciaire : rassemblée
déci'èle que. les juges de district seront juges d'appel les uns à
r^ard des autres« \
SÉANCE DU 24.
Discussion sur le traitement du clergé. — Adoption de divers
articles additionnels proposés par Chassey sur cet objet.
M. le président annonce qu'il lui a été remis une adresse par le
maire et les officiers municipaux de Montauban.
On en feit lecture.
Ces officiers disent que, se reposant sur leur innocence, ils
sont jusqu'à ce moment restes impassibles; mais que se voyant
inculpés par les conclusions du rapporteur de l'affaire de Mon-
tauban, et ne pouvant se dissimuler que l'accusation frappe
directement sur eux, ils demandent à être entendus: ils se reposent
sur leur innocence et la justice del'assemblée.
Cette adresse occasionne les débats les plus vife. La partie
droite demande Tajournement de l'affaire à mardi prochain , afin "
que les officiers municipaux aient le temps de préparer leur dé-
fense. La partie gauche consent a ce que les officiers municipaux
soient entendus: mais elle s'oppose à l'ajournement.
Plusieurs membres demandent que la garde nationale montal-
banaîse soit entendue dans sa défense.
Cette propjosition est adoptée à l'unanimité»
M. le président met aux voix l'ajournement.
426 ASSElIBLiE WnùKktE.
Après de longs débats, et après trois ëpreiiTessiiÊceidfai,
Vasseinblae décide que les officiers muQÎcipaax de Montaoban se**
roDt entendus à une séance extraordinaire lundi procham au
soir.
SÉANCE DU '25.
Décret sur l'émission des assignats ; discours de Camus» Vté^
teau , Beaumctz , Auson et Maury sur b situalioii des finaÉoes.
SÉANCE BU 26.
Rapport présenté par Malouet sur les officiers de marine. Il
propose de décréter les traitemens de table ainsi qu'il suit : le
vice-amiral, i20 liv. par jour, au lieu de iGO ; le lieutenanfc^né-
rai , i)0 liv. au lieu de 120 ; le chef d'escadre , oommandai^t une
division , M liv. au lieu de 80 ; le capitaine de vaisseau, oomtean-
dant une division de six bfttimens, 481iv. au lieu de 70; le même»
commandant une frégate, 40 liv. au lieu de SO; le mémoi com-
mandant un vaisseau de ligne, 36 liv. au li^ de 45; le flia|dr,
24 liv. au lieu de 30 ; le lieutenant , 24 liv. au iieu de SS ; le sovà-
lieutenant, 20 liv. au lieu de 25. ** Biauzat s'élève contre r«flm^
mité de ces traitemens. — Le projet de décret est adopté.
SÉANCE DU 26 AU SOIR.
Suite de l'affaire de MorUauban,
Le procureur de la commune parle pour la mHttidpaHté ; et
s'élève contre les conclusions du rapporteur VieiU»d , à b séance
du 22. Un membre de b députation des fédérés parie pour b
garde nationale. •
Citoyen de Montaûban, chargé d'une missitm bonoreMe, c'est
au nom de citoyens opprimés que je viens parler. Le mois de
juillet 1789 vit éclore à Montaùban un comité patriotique^ gcmsh
posé de citoyens de toutes conditions. La paixi^gnait dans la ville:
on les calomnia, on les inquiéta, on Intrigua, on réveilb le fana-
tisme religieux ; l'appareil militaire fut même déployé ; les bons
citoyens découragés, se retirèrent des assemblées {Hriniatres, et
le petit nombre de ceux qui y resterai forma b muDietpalité
juaurr (1790) 4S7
(pie TOUS connaissez ; elle commença par retirer des mains du
général les dés de l'arsenal , qu'il avait toujours eues : c'était
sans doute pour en foire le fetal usage auquel elle les destinait.
Elle permit des assemblées incendiaires et fanatiques, ou se trou**
valent des femmes et des enfans ; elle défendit celles de la garde
nationale; elle a souffert que le frère d'un officier municipal pu-
bliât dans la ville de faux décrets » dans un journal auquel il don-
nait le nom de Journal des Débats^ et qu'il falsifiait à son gré;
elle n'a nommé que depuis peu un collecteur; elle a éludé lexé-
cuUon du décret qui autorise un emprunt de 18^000 liv. en fa-
veur des malheureux, et les a ainsi privés des secours qu'ils
âaient en droit d'attendre; elle a saisi avec empressement l'occa-
sion d'établir un corps rival de la garde nationale, au mépris de
soixante pères de famille, qui lui en exposaient le danger, et de
999 soldats contre 336. Elle avait annoncé publiquement que le
lundi 19 mai » jour des Rogations, dUe irait faire l'inventaire des
maisons religieuses. Les portes des églises étaient défendues deux
beures avant leur arrivée. Douze soldats auraient pu empêcher
le désordre: les officiers municipaux ne rédamèrent aucun se-
iOours. M. Rûgnac, négociant, est informé que les troubles
vont sur l'Hôtel^le^ville; il en instruit la municipalité: on lui ré-
pond qu'il se fait des monstres pour avoir le plaisir de les combat-
tre; il offre de se transporter à l'endroit avec ^établissemen^ jon
^66 contente de lui envoyer un capitaine du guet. Déjà le peuple
dépave les rues , et fait voler Jes pierres par-dessus les murs de
l'Uôtel-de-ville ; les dragons sont retira dans leur corps^le-garde ,
oii ils sont assaillis à coups de pierres et de fusils. M.,., dit à un
officia municipal : < yoale;&-voQS que je fasse retirer le peuple
sans oecasicmner aucun malheur?» On n'a pas be$oin de vous, lui
répondit-on; fuand on en aura besoin j on vous appellera» La
municipalité a dit qu'on avait fait plu^eurs décharges sur le peu-
ple; mais il y aurait eu des morts sur la place; personne n'a été
ni tué ni dangereusement blessé, quelquesruns ont reçu de lé-
gères atteintes ; c'est l'eflei du désordre qui régnait entre eux;
on entendait les cris de Vive le roi! vive la noblesse! vive l'aristO'
428 assembliSe nationale.
cratie ! à bas la nation et la cacarde nationale! Loin de nous oppo-
ser à rinformation de tous ces feits, nous nous soumettons à tel
tribunal qu'il vous plaira d'ordonner; et telle est notre confiance,
que nous ne craindrons pas de nous constituer prisonniers sous
la sauvegarde de la loi, (On applaudit dans une grande partie de
la salle et des tribunes.)
M, Riqueiti le jeune. Les tribunes sont vendues.
On demande à aller aux voix.
M. Cazalès. Je demande comment il se peut qu'un décret qui
prononce qu'il y a matière à juger, ne soit pas un jugement.
Quelle étrange jurisprudence que celle que vient d'établir le préo-
pinant! G'estdonc sur des clameurs publiques qu'il faut juger un
corps qui s'est toujours constamment montré ami de la justice et
des lois? Cette idée mérite bien d'être alliée à celle qu'il a pro-
noncée dans cette tribune, lorsqu'il a dit qu'il fallait des tribu-
naux dans le sens de la révolution. Quanta moi ^ qui pense que le
premier devoir d'un peuple libre est de protéger l'hpnneur, j'é-
carte des principes aussi absurdes. Aucun des faits n'a été
prouvé ; jexiemande même que l'accusation qui vient d'être faite
par la garde nationale soit déposée sur les bureaux, afiâ d'en
constater la vérité. Les préventions les plus fortes se sont mani-
festées jusque dans le sein de cette assemblée ; on a vu le public
appfoudir avec indécence à tout ce qui pouvait inculper la muni-
cipalité. ( De violens murmures interrompent l'orateur.) C'est
lorsque l'opinion publique vous d «dicté un jugement , qu'il faut
se roidir contre cette opinion. Quand le public a pris un parti
dans une affaire importante , il est du devoir d*un juge d'attendre
que les passions aient eu le temps de se calmer et les préventions
de s'affaiblir, afin que dans le calme dés juges et du public , la
voix de la justice et de la vérité puisse se faire entendre.
Montauban est ma patrie: les officiers municipaux que cette
ville a choisis étaient dignes à tous égards de cet honneur, et le
peuple les regarde encore comme tels : redoutez . les effets d'un
jugement trop précipité. Ah! si, victime de sa sensibilité, le
peuple allait méconnaître l'autorité suprême des représèntans
IDILLET (1790) 429
de la nation!.... (OnrappeHeM. Gazalès à Tordre.) Faudrait-Il
que cette ville infortunée disparût de dessus la surface du
globe! De pareilles idées n'entreront jamais dans le cœur des
amis de la liberté. Si vous rendez un jugement contre les officiers
municipaux de Montauban> il faut que les motifs en soient si
clairs, si évidens, qne personne n*ose prendre la parole en leur
faveur.
ilf . Bamave. La question unique est de savoir si les points con*
statés suffisent pour suspendre la municipalité. Il est connu
qu'elle a changé l'organisation de la garde nationale de cette ville,
contre le vœu de ce corps, et la pétition formelle de 150 pères de
famille; il est connu qu'elle a essayé de faire la visite des maisons
religieuses, un jour consacré pour la religion , au moment où un
peuple considérable se disposait à en défendre l'entrée, sans
qu'elle ait pris aucune précaution pour faire cesser le désordre
de son propre aveu. Elle a retardé trois heures à requérir le se-
coursde la maréchaussée et du régiment de Languedocau moment
où ce peuple furieux assassinait les dragons réfugiés dans le
corps-de-garde. (Plusieurs fois l'orateur est interrompu par les
murmures et les cris redoublés de la partie droite.)
La partie gauche demande à aller aux voix.
Jlf. Bamave. L'assemblée a prononcé fortement son vœu; je ne
continuerai pas que M. le président ne l'ait consultée.
M. le président fait lecture d'une lettre des officiers munici-
paux qui venaient <le paraître à la barre. — Us désavouent for-
mellement le fait articulé contre eux.
On demande que les officiers municipaux soient admis à se dé-
fendre. •
La partie gauche observe qu'il ne s'agit ni de défense , ni d'ac-
cusation.
il/. Murinet. Je demande que ce désaveu formel soit établi dans
le procès-verbal. .
On demande successivement la question préalable sur l'ajour-
nement et sur la réquisition de l'apport des pièces de l'information
commencée.
430 ASSEMBLÉE NÀTlONÀIiE,
Elle est adoptée.
La discussion est fermée.
Plusieurs membres du côté gauche se retirent en criant à Tin-
justice.
M. Vieillard iait lecture da décret rapporté dans la séance do
92 juillet.
M. RoussiUoL Je demande par amendement qu'il sera dit dafis
le décret, que M. le président se retirera par^erers le roi, pour
le supplier de retirer de Montauban le régiment de Languedoc,
et d*en renvoyer deux autres à sa place.
Après tous les débats, le décret proposé par U.' Vieillard est
adopté avec Tamendement de H. Roussillot.
La séance est levée à minuit et demi.
SÉANCES PES 27 ET 128 JUILLET.
(Extrait des Rivolutions de France et de Brabant.) '^ tt^
séances des 37 et ^ ont eu un grand intérêt , comme toutes celles
d'un congrès délibérant sur la guerre, en présence du peuplé.
Un courrier du département des Ardennes, expédié à M. Dubois^
Craucé, excitait un grand mouven^entdans le public. Il annon.
çait que Bouille , Faristocrate Bouille , si souvent et si vainement
dénoncé dans nos feuilles, avait adressé un ordre aux comman-
dans de Gharleville , Mézières , Rocroi , Givet , d'ouvrir les pas-
sages sur la Meuse à l'armée autrichienee , qui marchait sur le
Brabant. Au bruit de cet ordre, 60,000 soldats citoyens du dé-
partement s'étaient mis sous les armes pour veiller sur l'armëè
autrichienne. Maintes autres nouvelles confirmatives de la trahison
et des fnachinations ministérielles, accréditaient le récit de
Mé Dubois-Grancé et les alarmes des patriotes. Le dégamisse-
ment de celte frontière du Luxembourg, laj^s faible, la plus
exposée, et la plus découverte de troupes; le refus obstiné de La
Tour-du-Pin , d'envoyer un régiment à Rocroi ; sa réponse im-
pertinente à M. Dubois-Grancé qued'Est^hazy ne le jugeait pas
nécessaire , et qu'il en savent là-desms plus que M. Dubois. (Ce
d'Esterhazy qu'on aurait dû, il y a six mois, appréhender au corps,
mvLEi (1790) 431
el détenir & FAbbaye, ou chasser de France, d'après la corres-
pondance de Joseph II » interceptée et si probante contre lui, au
lieu que cette preuve ait été une raison de plus aux perfides mi-
nistres de lui laisser le commandement du Hainault.) Le rassem-
blement de tant de troupes du roitelet sarde, à rentrée du Dau^
pbiné; la paix ou conclue, ou très-prochaine, disait-on, entre là
Prusse et rAutricbe ; l'armement de 94 vaisseaux en Angleterre,
de 72 en Espagne ; la réconciliation de Breteuil avec Galonné ; le
voyage de celui-ci à Amsterdam, où il avait passé trois jours; ses
conférences secrètes avec le ministre de Hollande ; les côtes de
Provence aussi nues et dégarnies de troupes que les bords de la
Meuse ; l'imprimerie du château de Copet , foyer d'écrits sédi^
tieux et criminels de lèse-nation ; tous ces chevaux que maints
aristocrates infatigables, maints calotins, maints robins, méta-
morphosés en postillons, feisaient crever sur les frontières pour
intriguer; l'évasion de Bonne-Savardin et autres; larrestation de
Trouard et Gouvelot, etc., c'était plus qu'il n'en fallait pour ré-
veiller les patriotes de l'assemblée nationale.... A ces nouvelles,
elle envoya sur-le-champ six commissaires, MM. Fréteau et
Crancé à la tète , pour se transporter au secrétariat de la guerre,
et y prendre desminisires les renseignemens qu'elle aviserait.
c Le lendemain, Fréteau a rendu compte de sa mission. La
TouiMlu-Pin avait répondu que les frontières étaient dans un état
de défense respectable: mensonge grossier, puisque Rocroi était
réduit à 150 hommes de garnison, et Gharleville à un simple es-
cadron du régiment de d'Esterhazy. Il avait répondu que le
nombre des Autrichiens à qui on avait accordé le passage, était
infiniment petit et sans conséquence : mensonge plus grossier en-
core, puisque j'ai vu moi-même une lettre de Mézières , dont le
témoignage est sûr, annoncer que l'armée autrichienne n'était de
rien moins que de 40,000 hommes; et ce qui est très-important
à remarquer, il n'y a pas â,000 Autrichiens ; tout le reste est un
assemblage de déserteurs, de fugitifs, d'aristocrates français,
sous les bannières autrichiennes. Qu'on juge des bonnes inten-
tions d'une telle armée î
à
432 ASSEMBLÉE NATIONALE.
> Si dans cet interrogatoire à leur greffe , La Toùr-du-Pin
s'était chargé des mensonges et avait pris le rôle de l'impudeur,
il parait que Baptiste Montmorin avait pris le rôle de la bêtise.
M. Fréteau lui avait rappelé le décret du i8 février » où on lit en
termes exprès : que le passage des troupes étrangères dans le
royaume f ne pourrait être permis sans l'autorisation du corps4égis^
latif. Ce texte est clair assurément ; cependant Baptiste a répondu
naïvement que ce décret passait la portée-de son intelligence» et
qu'il ne Cuvait jamais bien entendu. Sur quoi, M. Prieur observait
sensément qu'il était fort drôle que le ministre des affaires étran-
gères edt vu pour les Autrichiens dans la convention de 1769
une permission de passer qui n'y était pas même tacitement, et
qu'il n'eût pas vu dans le décret du 18 février dernier, une dé-
fense de passer qui y était expressément. Sur le reproche de n'a-
voir pas donné avis a l'assemblée nationale , des armemens des
nations voisines, Montmorin a répondu non moins ridîcti-
lement , que sans la fête de la fédération^ il aurait instruit l'as*
semblée nationale de tous ces faits, et qu'il se disposait à lui en
donner connaissance incessamment. 0 bon H. Capet, quels mi-
nistres vous avez choisis dans votre sagesse !
>Sur ce rapport M. d'Aiguillon a demandé que l'assemblée tm-
prouvât la conduite des ministres. Certes, improuver n'était pas
un terme trop fort. Hais par son refus de décréter la motion de
M. d'Aiguillon > il se trouve que l'assemblée a approuvé fornta ne-
gandif et le ministre la Tour-du*PJn, et le ministre Baptiste, etle
ministre Guignard, et le ministre Copet, et le minisire Champion
violemment prévenu d'être l'un des 45 apôtres. Au surplus, si l'as-
semblée nationale a donnéauxminislresune appprobation si flat-
teuse, il n'en a pas été ainsi du peuple. Des groupes^bien fournis, et
maints gros pelotonsdcpatriotesdélibérant dans le Palais- BÏoyalct
dans les Tuileries, proclamaient des scrutins effrayans pour les
oreilles ministérielles.On demandait^ on commandait le renvoi des
ministres, et notamment l'expulsion de Guignard et de Necker.
On a été plus loin; une multitude s'est portée au contrôle-général ,
non plus en criant hosanna ! comme Tannée passée, mais à te* ton-
jinLUET (1790) 4SS
terne! On a requis la jonction de notre ministère. J*ai répondu
que vëi*itablement Taffaire était délicate , c|ue nous n*aurions ja«
mais du baron de Copet un compte satisfaisant» un compte de
tutelle avec des détails , des pièces justificatives, ce qu'on appelle
en langage de palais» visis Hibulis^ et en style de la chambre des
comptes , le quitus » mot foi^é, comme qui dirait le panant qmlte;
que cependant il était essentiel de ne pas serrer un gosier précieux
dont il pourrait sortir des aveux imfKiruinSy et qui répandraient
une grande lumière dans la caverne des finances; qu*il était essen-
tiel d*avoir de lui un compte final. La position du procureur-gé-
néral était» comme on voit» des plus critiques^ lorsque le gé-
nérai Molier» envoyant fort à propos sa cavalerie au secours de
M. le baron » a dispersé mon tribunal » et m*a tiré d'embarras.
€ Uassemblee nationale en approuvant la conduite des minis-
tres avait mis le peuple dans le cas de déclarer lui-même son im-
IHX>bation^ car » d'une manière du d'autre encore fout-il que jus-
tice se: fesse (1). L'adroit Mirabeau, honoré Riquetti» l'Ulysse
de 1789» vit bien qu'il fallait» comme on dit » donner de la corde
M peuple» au lieu de s'exposer à la rompre en la tenant trop
tendue ; après avoir ruminé tout le cas dans sa tête» il imagina un
décret admir^le pour calmer ce peuple» en lui faisant croire que
l'assemblée partageait sa fermentation ; iléuiit impossible de con-
cevoir rien de mieux pour enrhumer les colporteurs. TtNit-à-
ooup il lui souvientqu'll se répand depuis quelques joursun mani-
feste de la femille Bourbon» attribué au ci-devant princedeCondé»
et il a feit la motion que Louta-Joseph de Bourbon^ ditCondé, sera
tenu de faire sous trois semaines ^ le déni formel et légal du mani'
f este, qui lui est attribué. A défaut de quoi son silence sera réputé
comme un aveu, et à cet effet, ledit Condé sera déclaré traître à
la patrie, et ses biens confisqués au profit de ses créanciers , et appli"
quis aux travauJc publics.
(1) Cette n^flexion est plus sérieuse qn'U ne paratt II ne faut point chercher
dfaotres causes des diverses tanternations qui out eu lieu , que la faciUté du
Chfttelvt à absoudre les crimiuels. Lorsque les municipaux suppliaieul le
peuple dans l'église de Valence de dlttaivr lecliAUinent de Voisin»^ Il n'y eut
qii'que \oix; si au ne l'expédie eu flagrant diilit, il ira au Chàtelet et U ea
aniTtra comme de lAmkSie et de MMsnvat. {Hôte de Vesmoulinê.)
t. VI. as
481 AsseiMil N^fi^iH-*-
CIme#b pqpr wàmx fi^ir^doiiiKBr dan; I0 #8fi a ^t ^ Vn^
pof er de imit^ ses forqes ^ la molipo » il ;i dit que le préopis^Bf
wfuruii le p^trioiimie de HL. Condis. Le ptunotisme de M. CcHK^
n^urii I Un députe qui se fooque ainsi de Ti^^emblée , et d(SS
gileries et de Vi nation , je ne suis pa§ bien sûr si c'es^ dan^ pqp
ofiapitre einqnièpie des huées , qu*il doit être cou<^é.
Le bor^'ceuvre de I4 motion Mira^'^u t et la oolère 4s
qenlradlcteuc Cazalès ne dit riei^ de boq à notre f|é|il piçt
beepierre ; on sait qq'il ne pôc)ie pps par trop jde coofi^inice;
et çofnn^e il p^t toujoui^ à l*avant-garde des pa^riotes^ croyant
reGoun^ilre une maQqeuvre savaofe du général Mira|i)0au^ ii
fil le premier à crier ; ce sont l§s eifneptis ^ jk pqi (TAupprpifi ,
c'esH-dire, c^ASt Iq dub de 17^^9,^ noioi les Js^^obinsI M^. jpb^r'lV
L|inet)i et Lepelleti^r appifiyèrent son s^yis. > (n? 3§.) ~ Vïf^
leiafbMe P^e ^ l'ordre du jo|ir«
Jf.éF9i/^ttid/Qinande la formation d'iia oonitëde dOiizemÉnrims^
poiu* prendre eonaai^sanee de toutes les relatipns extérieures di
la Finance, et en rendffi compte à rassemblée* ^ I^oailles et flih
gMud d'Angely appuyentceue motion. ËHe^at adopté^.
• L'assemblée nationale^ sur le rapport qui lui a éké fiât pajr.tMl
oottké des finances , a décrété ce qui suit:
i* f A compter jdn iO aoÂt prochain » ^es assignats créés par
les décrets dfis IdeilSl déceipbie 1789, 46 e^ 17 avril et 1*F jfiin
1790, seront édKingés par le ti*ésorier de l'extraordinaire contre
leSv billets de la caisse d'escompte aux p^om^sses d'assignats qui
seront présentés à cet effet par le pul>lic « jusqu'à coociy rreoeo
>des sommes qui lui seront dues par la nation , pour le mofàtast
de billets ou promesses d'assignats qu'elle aura remis au ti'ësor
public, en vertu des décrets de Tasseinblée nationale.
^ i II ne sera délivré et échangé que 40,000 assignats par
jour, 4e lOOQ Ji,vrjBs, 500 ej SOp liyreç indistincûaric^t. }} f^
pris les dispositicms nét^essaires pour éviter la conlusîoa 6t leàé*
sçrdre que ppurraijt occasionner l'iyjppfçç^^^^^^ #.!^?HJ ^iÛ^
Q0ttoulerom successivement l'échange de ieuis billets.
unuMX (1790) M
• fP « 9mm ta fiicHitc de cet èàanges^ déternifaifr et tài» tel
£iNHitioas de la caisse de Textraordiiiaire; être assure que le eer*
vkft du {NiUic sera sans interruption ; les sommés qui devront
élre laariies au trésor public continueront a lui être définis
«I UHettjde caissx; , servant de pi^aiesses d'assignats , sur Kauto»
Buaiîun qui en sera donnée successivement par rassemblée natiot
Mie»}asqu>*à ta concurrence de la sooime de 95 millions» la-
qiieifet avec ta sonime de I7d millions procédemmeàt versés pSir
ta fiaiise d'escompte, conformément aux décrets des 19 <&t Si
(jjrombrPy et celle de 133 millions, qui a été suocessivemettir
fiNMiMe {MT ladite caisse , en conformité des décrets cles47 avril»
Il ffjai, i^ CÉ i9 juin et 4 juillet^ compIètei^ celle de 409 «slt
Itatis» «flotiot total des assignais qui ont été dcstiuéi W servit»
des années 1789 et 1790, et qui , par les échanges qui en sont
ordonnés à la caisse de rextr^ordinairc contre les billets de caisse
M fWWfawB d'auigjiats , tournis en exécution des décrets 4e.
VmsmiMép Mtiooale , ëteiodront ea touditë les d^ues de ta mi*
liM CDHErs ta caisse d'escompte, i
M. (Gafutffolcaumde qu'un lijoute à f article II cei mots : « et
f ae |e eomitë dps finances présentera on projet de décret pour
constater Tannihilation et la brûlure d*autafiitdebtt|ets<)U*[| ifnSièri
échangé pourries assignats, conformément aux décrété des 16 et
21 déceiA!bliei789» f*i!i et 17 avril 1799.#
y^ddjtioç fi les articles sont adoptés.
SÉANCE DU SOIR.
p^ jaif Ippturçid'Mfî discoui> proQoncé par le doc;|teDMr Bfic9^
ff f^yRjé f^ l'^^mblée nationale pap )es ajftis (le la tomfiiiH^
de Londres, ayant gour objet de dcnoQcer les arme^Qieos de Ji'ià^
gleterre , et de provoquer un pacte entre les deux peuples, fran-
çais et anglais, pour assurer le repos du monde, c Cette adresse,
êk Charles Lamcth , révèle au monde le secret des tyrans et te-
lilt tkB peuples.... Il est temps que les peuples s'entendent contre •
le» tyrans ^ dans les moyens de sortir d'esclavage.... i L'orateur
«mièiiee miè iMératkm des têtes couronnées contre ta llbetvi
499 AMBmiB lUflQMALI. .
finmciâse ; il ilemiide qu'on ftsse parvenir une adresse aux An*
f^làk t aoiis de la consUtution. Dupont s'y oppose : ajournement.
-*-Le président annonce que Bonne*Savardin a été arrêté à Chà-
kma-sur-Mame » et avec lui l'abbé Perrotin , d-devant de Bar»
mont, député à Tassendidée nationale, et Eggs, député de h
garde nationale d'Obemheîm. On lait lecture d'une lettre de
l'abbé de Barmont et du procès-verbal d'arrestation des trois in*
dividus. Décret sui^la proposition de Bamave» pour le transport
des détenus sous bonne et sûre garde à Paris. — Cocherel an*
nonce l'envoi d'un paquet , adressé par l'assemblée coloniale de
Saint-Domingue. Bamave rend compte de l'adresse de l'assemblée
générale de cette Ile , et la représente comme contraire aux prin-
cipes énoncés par l'assemblée nationale. ~ Renvoi au comité des
siA5C£ DU 30 JUILLET.
M^ Milanex. Les décreudes 13 et 17 de ce mois sont parvenus
à la ville de Lyon; ils ne sont point encore exécutés, par le re«
tard des dispositions du ministre. Il est arrivé de nouveaux évé-
nemeos, et je suis cltai^ de vous lire les pièces qui vous sont
adressées. La.premièrc est une lettre de la municipalité de Lyon;
la seconde, un procès-verbal.
Mt Milanez fiait lecture de ces pièces, dont voici rextrail.
Lettre des officiers munkipanx de Lyon ^duW juiflef •
c C'est avec une vive douleur que nous avons à vous rmidre
compte des événemens qui ont de nouveau troublé l'ordre et la
tranquillité publique dans notre ville. Nous devons rendre témoi-
gnage au courage et à la prudence de la carde nationale, du ré-
giment de Sonnemberg, 'de la maréchaussée, de la compagnie du
guet et des arquebusiers, i
Procis'^erbal de la municipaTué, du US juillet»
€ Ce jour , étant assemblés à quatre heures après midi , non
entendîmes un bruit extraordinaire, et nous sûmes bientôt qu'en*
viron deux mille ouvriers , qui s'étaient réunis sur la place de
BcUecourt , se rendaient, en marche réglée , à la place des Ter-.
I lUiLLBT (4790) 43r
reaux « sur laquelle «st l'hôtel commun. La démission de M. Dei^
vieux^Duviliart , commandant de la garde nationale^ excitait les
regrets des ouvriers» Etant allés à la canipagné de la mère cte cet
officier^ ils avaient exigé d'elle qu'elle lui écrivit et leur fit par-
venir sa réponse. Ils venaient s'adresser à Tétat-major et à la
niunictpalité, pour savoir si M. Dervieux avait répondu. Nepoii-
idlnt satisfaire à leur demande , ils jetèrent de grands cris et s'a-
çrtèreot avec violence. Redoutant les motifs secrets et les ma-
nœuvres des ennemis du bien public, M. le maire et nous»
dévoués au rétablissement du calme » nous descendîmes sans e^
eorte dans la place.
M. ternaire fit tous ses efforts pour représenter les dangers des
attroopemens ; il assura que nous avions écrit à M. Dervieux,
pour l'engager à retirer sa démission. Les exhortations et les in-
stances furent inutiles. Pressés par le peuple , fetigués des chocs
que nous éprouvons , nous fûmes obligés de remonter à l'Hôtel-
de-ville; les ouvriers nous y suivirent en grand nombre. Enfin
ils se retirèrent pour aHer forcer l'arsenal. Nous pensâmes alors
que nous ne nous étions pas trompés , en supposant que cette in-
surrection était l'effet des instigations des ennemis de la chose
publique. Nous crûmes qu'il fallait employer la force. Nous com-
mandâmes des détachemens nombreux de la garde nationale,
pour renforcer l'arsenal , le magasin à poudre et l'hôtel conmiun.
* Nous ordonnâmes aux officiers de Farsenal de faire toutes les
dispositions nécessaires pour repousser la force par la force. La
troupe d'ouvriers ayant attaqué un corps*de^fde et enlève les
armes, se porta à l'arsenal , fit jFeu sur la garde nationale et la
compagnie du guet, qui la repoussèrent par les mêmes 'nK>yefi&
II y a eu un homme tué et un autre blessé. Le& ouvriers paraist
saient se retirer; mais bientôt nous fûmes menacés d'une non?
vcBa incursion. Pressés par l'état-major, nous avons requis lé réf
Cpiment de Sonnemberg. Instruits qu'en venant au poste qui lui
était assigné, il avait, ainsi que la garde nationale, reçu plusieurs
eonps de fusil , nous avons requis le commandant de l'artillerie
de nous donner denx canons qiii ont été pbc& sur leqi^i, «•
A
tn AStnVLÉft HàTlOHALK.
fiMse du Bourg^eaf , ok les ouvria*8 s'étaient retiré» et d'oà ib
avaient fait feu sur les troupes. Deux obusiers ont aussi été pb»
fiés devaot Fhôtd commun. Le drapeau rouge avait été placé à
906 feoélre de cet bôtel^ pour annoncer la publication de bi loi
martiale. La nuit étant arrivée , nous avons cru plus convenable
de remeitre cette publication au lendemain. Nous avons dépêché
un expr^ à Vienne, pour demander tous les secours dont on
pourrait disposer, soit en gardes nationales, soit eu troupes de
' \igae. Des patrouilles multipliées ont assuré le rtpos do la mrit.
VouB navons pas désemparé de Tbôtel commun » et pluatooii
personnes ayant été arrêtées, nous avons décûdé qu'elles teraient
interrogées » et ensuite emprisonnées s*il y avait Heu. .
r U. Milans». Sans doudc vbus jugerez à proporde renvoyer ea^
j^ièçes au comité des recherches , et de charger M. le présidant
de témoigner la satisfaction de V assemblée à la municipalité, à la
Harde natiobale , au régiment de Sonnemberg , à la oompagm»
du guet et, aux arquebusier^. ^
L'assemblée décrète celle pi*oposition.
Jlf. VoydeL Je demande Tenvoi au comité d^ recbercbes de
rioierrogatoire des personnes arrêtées.
L'assemblée décrète cet envoi.
AOUT 1790.
Nous avons vu les ei^plications qui suivirent» an soia de Vâk
aemblée, les nouveltes arrivées des Andeanes à Dal)oiârCRinoé(
ëi la vtee fermeiitation qu'elles /NJbasionnèrëQi dans le peuple;
Bis je SS6 j un écrit signé Marat et intitnié : Cen eafmide nma\
«rail priépàré tes est)rits à des ëvénemens sinistres. QnDiqua HK*
ne ail Ju^Sé dams son Jotirnal le contenu de ce pamphlet; il na
¥n Jéniais reconnu authentiquement pour siert; et Desmbollns
àifirine qd'il Ta désavoué en sa présence. Cette feuHie fit beah«
coup de briiit. c Mardt, qui parfois m'a paru étrotrès*bien âervi
par ses éàpumi; ajonte Desmoolins ^ si on pouvait donder ce nom
à diàr fptriotes anislés des motifa les phis pois ; faœitefsttJi
AOUT 11790) II»
lébtôre dii Ceù est fuit , l'épouvante se peignît sur totts tes 1*-
sages à la mairie. M. Bailly ne se couche point , et M. Motiêr
envoie quérir M. Carie. M. Carie est ce bijoutier, coniihatidailt
du bataillon du quai des Oi fèvres, et qui s*est si ftM dlàtifa^ilé
èiûs les dfl^it*es dû 22 Janvier; dans le lameux bloctts de la inai-
son Btarat, oh H fMsait les fonctions de major-général. On éait
qu*il iJe lui manqua que des bombes et des batteries flottantes ,
poiih en foire un siège dans les formes et tel que celui de Gibral-
tti". H. Carie se rciid chez la veuve Meugnier, distributrice dés
feiitflesdeMàrai. tl étdlt 9 heures du soir. Les archers fouillerit
rhdtei. Grande perquisition de Tinvisible Marat. On remplit 6li
fiacre de ses nutnërds. A mtiibit» dil eiiimëfie la veuVei^c^ Batlly.
lÂl intét'rc^toire . jbsqa'à trois heures du nîatiti^ puié graiîd
consistoire municipal , ptiis le sotr grand eltib mmistéreLGrafiiis
dftïais dans le directoire. Comment se débarrasser des aulefirs,
fkiirlotes déteririitiës. Rlquètti ràlrté préside; il tanlisè, Hientilé»
i! pàise ati crible les avis. Eiifiii on prend &d parti t MakMlét dé-
noncera, BruntiHe poursuivra, le Chètetet jtigera^ i (IttrMi-
fhmi tlè France èî ek Brâbtint, ti" 36, p. 8970
Voici ùii extrait d'un article de Loùstalol , qui caraotérisèd'ttiie
manière générale les tehtdlives contré la presse à cette èccaâion.
' i Depuis que le parti ministériel domitie danâ Taèsenfiblëè natiô-
iraié i H «'m iipptîquë à Ifétruire peu à peu lous led décrets qii
AMMient à la natièn la soiivcRlioétë $ â chaque citoyeâ h lïbeM
de sa personne, de ses propriétés, de ses opinions ; ù violer çMe
UMurniloff deêdrôkis de V homme en locié/i, qui e^ la base de
« têê^n les loi^. Il lie veut conserver, de louvrage de rassenWe
niillèuate patriote, qile ce que lé des{)oiifiiiië avdit toujours dé-
alré'» toi^oars tenté sdns succès^ ranéiiéttsseiiieiit des eapitulà-
ftotts des pr^iiieos , la mort deé ptrlemensi la rentrëe dtis bietts
flu ^rgé i bottletuftli arifii0eratiqbés> iliais qui servâiait eMà a
i^priflËèr le di^pcftitmie ministériel.
» Depuis qôelquo \m^ la ^our editt<e i)ue]ques projets» wtAt
le retour du régiment noble des gardes-du-corps, soit qaelqtie
l^rMion de fiiiffiricés qui achever* de nseiirt le désordre daÉs la
4i0 ASSEMBLÉE IIATI0MALE.
machine , soit Yinnocentemeni du sieur Lambesc ; et tous ces pro-
jets ne isont encore qu*accessoir(^ au grand projet qu'elle n aban-
donnera jamais : ce que nous devons toujours nous attendre
qu'eUe tentera.
» Avec 25 millions de revenu , et le club de 1789 a leurs or-
dres, que ne peuvent pas, que n'oseront pas entreprendre des
ministres qui ont vieilli dans les intrigues et les faveurs île Fun-
cien régime ! Mais la presse , la presse est toujours là ; die dé-
voile les plans conçus contre Tintérét public; elle nomme le lâche
qui s'est vendu , le fourbe qui n*a servi le peuple que pour sortir
de i obscurité, le faible qui abandonne les droits dont la défense
lui est confiée ; elje perce les mystères ; elle fond les coalitions;
elle renverse les idoles; elle rallie les esprits; et dès4ors elle sètoe
les obstacles au-devant des tentatives ministérielles.
» II faut donc anéantir la liberté de la presse : eli I condûeà le
aiinislère n'estril pas sûr de trouver du zèle dans les membres de
rassemblée qui lui sont dévoués , puisqu'il s'agit de satisEsûre des
vengeances privées en servant l'intérêt de la a^ur!
t^Les rôles se. distribuent : Malouet se charge de la dénon-
ciation de quelques écrits pour la séance du samedi soir, 31 juil-
let; MM. Baiiiy et la Fayette ordonnent le môme jour^ et avant
la séance, puisque Vardre est à midi, d'arrêter tous l^colpor-
teurs qui crieront les imprimes dont ils seront porteurs, de
dresser le signalement des colporteurs,, et la liste des ouvrages
saisis. ,
» On fait donnrr au théâtre prétendu iMionoi BAftHEVELT,
tragédie qui devait d'autimt plus exciter la curiosité des députés
patriotes, qu'on l'avait défendue pendant le séjour des fédérés.
En effet , une partie des députés patriotes va au spectacle ; les
ministériels et les noirs se rendent en foule à la salle, et, avant
l'ordre du jour, Malouet est ailmîs à proposer an décret qui anéan-
tit la liberté de la presse, et qui range les écrivains patriotes an
rang des criminels de lèse-nattoa. » (Rholuiiam de Paris ^ n^ 56,
p.lS8etli9.)
Nous ferons précéder la séance, oii votft être dâmioëft Ses-
.. AOUT (1790) m
moulins et Marat , de l'iDscrtion textuelle du pamphlet attribué
à ce dernier.
Quoique cette séance soit du 51 juillet , nousTavons mise dans
le mois d*aoûl , parce qu'elle se lie à des événemens subséquens.
c'en jsst fait de nous.
€ Je le sais, ma tête est à prix par les coquios qui sont au ti-
mon des affaires de l'Eiat ; cinq cents espions me cherchent jour
et nuit: eh bien! s*ib me découvrent et s'ils me tiennent, ils
m'^rgeront, et je mourrai martyr de la liberté. Il ne sera pas
dit que la patrie périra, et que VAmi du Peuple aura gardé un
Jàcbe aiienoe»
» M. Massot-Grandmaison a déclaré^ au comité des recherches
de la municipalité de Paris, avoir copié, sur l'écriiure de M. 3/ai/fe-
bois même, le projet de contre-révolution suivant :
' c Un^ mUi^ire éclairé ofFre à M. le éorate d'Artois ses services
pour le foire rentrer en France d'une manière convenable à sa
dig^té (au casque-leprince.n'eù^ pas d'autres vues). Ce mili-
taire, qui croit la chose possible, propose d^engager le roi de
Sardaigne à prêter vingt-cinq mille hommes de troupes, et à foire
une avance de 8 millions;
c De tâter l'empereur pour savoir s'il serait aussi dans l'in»
tentioD de fournir des secours de l'une ou de l'autre espèce.
«On parait sur que les ducs de Deux-Ponts , Margrave de Ba-
den, Lacdjrave de Hesse, appuieront de toutes leurs forces
le plan , puisqu'ils sont décidés à soutenir leurs droits en AI-
< Cette confédération formée , il est question de fobriquer on
manifeste dans le cabinet du prince, rédigé par MM. Mounier et
LallyrTolendal , et fondé sur la déclaration du mois de juin.
c Ce manifeste, après avoir été revu parle militaire, serait
piiblié avant d'entrer en campagne.
< On commencerait par marcher vers Lyon , où l'on n'espère
éprouver que peu de difficultés, par les privilèges qu'on accor»
dmût d'abordi cette ville pour son commerce.
In ASSËHBLÉE HATIOMALE.
c tJn àotre corps d*arniée serait dirigé pa^r le Brabaat , et le
troisième marclierait par la Lorraine.
i On compte cfue ces trois corps d'armée se grossiraient infi-
iiiment par touâ les gens du parti anti-patriotique.
c On gagnerait par les menées d'agens adroits, et à force d'ar-
gent, les troupes qui sont sur lèi frontières.
« Ces trois corps d'armée s'avanceraient josqu'à Corbeil, Senlis
et Meaux ; désarmeraient sur leur passage et aux eatirons tontes
lè&muntcipaliiés ^ leur foraient prêter sermeni na roi ^ et les for-
ceraient à rappeler leurs dépotés au cas qne les Éist»*g<ifiénMx
tinssent encore leurs séance^.
c Paris serait blo(|uc, et on espère par ce moyea fitire veéir
la nation à récipiscenoe. »
Dénonciaiton très-grave contre k comité municipal des rechercher.
« Los dangers immiriens aQXt]iieh b patrie parMi ex^niiKée,
m'arrache une dénonciation qui pèse sur noii'cœiir, et qifeje
n'ai difl^i'ée jusqu'à ce jour que dans la crainte dé ne fias ët«nlir
le moyen de saisir le fil de tous les noirs complots de tous les éà-
nemis de la révolution.
c Je déclare donc hautement , à la face des deux et tlê la terf%,
que j'ai pleine et entière connaissamed'tmedéiMMiciatidn rtimlseil
y a environ six semaines au comité national des reoberébes ^ por-
tant réqnisitioii de saisir les pa|iier8 de deux paHicnlîers (dus que
suspects 9 qui avaient des correspondances directes ateo Ib oi-ili*
vant comte d*Artois; et divers commandmis des troupes de ligné;
de même que plusieurs autres particuliers plus qu'équivoques,
qui doivent avoir le fil de tontes lés trames ourdies par les
iraHres à la nation.
( le déclare encore hattienient qoe j*al pleine et eiitière teft-
naissance que pour assurer le suecès d'âne opinion aosai hnpor*
tante , cette dénonciation a été faite persooÉeilènteBt an aifvr
Gnraii de Coiilon > qui a en à oe sujet une conMreooe ittee un
membre distingué de l'assemblée nationale , très^instruh de l'af-
faire. Enfin, je deekore bantemeot, à ia fiMè dds'einn.^d& la
ïetfê » que f ai pirïae «si entière connaisisaitce que le comité natio*
nal des recherches a donné des ordres positifs au comité manid**
"fAl ëts i*ècl:erches de faire des perquisitions! et saisies nécessaires»
ôMres qui ont été méprisés avec audace, l'interpella ici le comli^
ibunicipal des recherches, dé sortir àes ténèbi'es où il s'chfoiicé;
ëi d*èrr(èndre ma dénonciation. Il né peut avoir désMiéi oiix dt^
dres exprès de rassemblée nationale , que parce qu'il cf'algrioit de
déplaire atil ministre^» au maire, ftd èommandant dé la milice
[^risiehne, dont lès liaisons ûxet la eôur ne sont malheureuse^
fi^ht qoétrofil alarthaiites, ou palr*cè qd*il est vendu ait cabinet (f )•
Siihs le premier cas, il est coupable d'une lâcheié criminelte;
et dans les deux cas il est indigftie de la confiftHcs piiblique« le h
âédoflce eo&une tmitre à là patrie^
t Lorsque te satui public est en danger j c'est au peuple à re^
tiret* seâ pouvoirs de» mains auxquelles il les a confiés; car le saNi
^ilio est teloi suprême devant laquelle toutes les autres doivent
se taire. J'invite donc tous lès tHMis citoyens à s'assembler immé-
Mtemeot i à se tranisporter au consité central des recherches ,
puis de se transporter à la maison de tillé, de se saisir des rei*
f iitrei de ce comité, de lui demander le procès des penjuisitions
fûtes eii eonééqtience de ses ordres , et ; sut* son refils , de s'as#
Mnr 4è tons ses membres , ei de les tenir sous boune garde.
Nouvelles récentes.
c Dans la séance d'hier soir , Bf . Dubois-Crancé a donné 100*?
tiire d'une lettre de M. Bouille à M. Bonnesson , apportée par un
courrier extraordinaire, envoyé par le déparlement des Ar-
dennés. Elle annonce que M. deMessy, ambassadeur de la cour
de Vienne en l^'^'ance, a demandé au roi le libre passage pour les
troupes autrichiennes sur le lerritoire de France, par le territoire
■ * • ' ' ■ • -
(1) C'est en vain quegour se disculper il alléguera la crainte do vtolof
l'asyle des citoyens, lui qui a tant de fois violé sans scrupule Tasyle des
meilleurs patriotes ; lui qui in*a fait enlever de nuit de l'asyle où mes amis
?i'avai)çilt éiiropé au Cer des assassins ; lui qui a indignement reclierchd les
6ns citoyens qui ont puni les gardes du corps con}iir45s et conspirateurs :
ta ««ttittiràtti jiBsiiiditiatis dâioiieéft, soiifc ^ï dtoyeus tal^, connus p^»
av4|ir d^s relations avee l^ ci-devaot comte d'Artois , et la plupart Ot^tris par
I^tiUtëtt |^tit>U^ t r^oie m l'Mèur.)
414 ASSBMBLiB NATIOHALB.
de Luxembourg» pour se reudre daus, les proviaees bdgsqpet
adjacentes.
» H. de Crancë a rapporte que* sur la frontière qui s'étend ]iis*
quù Metz, pendant les nuits» des hommes coururent laseonatiie
dernière en criant aux armes, l'ennemi est aux portes; qu'on a
foit partir de Charleville le régiment de Berchigny, qiû montrait
le pus pur patriotisme.
c M. Cochelet, député des Ânlennes, a dit qu'il s'était trans-
porté, il y a quinze jours, avec un député extraordinaire, chez
le mnistre de la guerre , pour lui demander le remplacement du
rég'ment de Berchigny ; qu'il le leur a>'ait promis , et que dans
ce moment il n'était pas encore foit.
» M/Voydel, président du comité d^ recherches, aditi
son tour qu'il se faisait un rassemblement de troupes sur les
frontières de Savoie, que des princes d'ÂUemagne s's^uiient, et
que s'ils n'avaient point encore foit de rassemblement de troupes»
c'est qu'ils n'avaient pu en trouver suffisamment.
1 Qu'il y a actuellement à Chambéry 13,000 ho0mies>anaés,
et qu'on y attend 6,000 Piémontais.
> L'assemblée a nommé six commissaires, savoir: MM. Fré»
teau, de Crancé, Emery, d'André, Meuves et Ddbedt, pour
aller sur-le*charop au secrétariat de la guerre, à Feffet de pren-
dre connaissance des ordres donnés aux commandans des places
de li\rcr le passage aux troupes étrangères sur les frontières de
France, et de ceux donnés aux troupes de ligne d'é^'acuer les
frontières , et qui de là iraient demander aux ministres comuni-
cation des traités qui lient la France aux puissances étrangères.
»M. Cliabroux avait demandé que Ie& ministres de la guerre et
des af&ires étrangères fussent mandés sur-le-champ à la barre
pour rendrjB compte de leur conduite. Sa demande n'a pas été
accueillie.
Adresse à tous les cUojfens.
€ Citoyens, les ennemis sont à nos portes ; les ministres leur
ont fiiit ouvrir nos barrières, sous préleste de leur aooonier
libre passage sur notre territoire. Peut-être dans ce nioilient sV
AOUT (11919 W
fâiptitils à graiids pas contre noos. Le roi va se rendre h Ck)m*
piëgne, oii Ton prépare des apparieroens pour le rc<!evoir; de
Compiègne à Toiil ou à Metz, la route peut se faire incogniio;
qui rémpéchera d'aller joindre Farmëe autrichienne et les troupes
de ligne qni lui sont restées fidèles? Bientôt accourront vers lui
de tous côtés les oficiers de rarroée, les mécontens et surtout les
féiaiix de Besenval, d'Auticbamps, Lambert, de Broglie. 1>éji
fan dés nimstres dont j'avais demandé qu*on s'assurât , l'infîàme
Guignard , dénoncé comme le chef des conspirateurs, vient de
prendrelafoile: sescoUèguesne tarderont pasàhniter son exemple,
et ft se rendre dans quelques villes de la Lorraine pour former le
conseii-d'état , le pouvoir exécutif. Le roi , ce bon roi , qui a dé-
daigné de jurer fidélité sur l'autel de la patrie , a gardé le plus
profond silence sur toutes ces horreurs. Le comité national des
mdiercbes n'a ouvert la bouche qu'au moment où la mine était
éventée ; le comité municipal des recherches , vendu à la cour, a
ftffoaé de saisir le fil de ces complots infernaux ; le chef de votre
municipalité et le chef de votre milice, instruits de tout ce qui se
passe , au lien de s'assurer des ministres comme il était de leur
devoir, Qo% fait échapper 4es prisons le traître Bonne-Savardin ,
pour enleier les pièces de conviction de la perfidie du ministère ,
et peni-étre de leur propre perfidie.
$ Pour vous empêcher de réfléchir anx dangers qui vous me-
nacent, ils ne cessent de vous étourdir par des fotes , et de vous
tarir dans l'ivresse pour voud empocher de voir les malheurs
prêts à .fondre sur vous. L'auriez-vous cru ? Votre général, qui
s'a n^igé aucun moyen de séduction , vient de former, contre
Is venu des districts, un parc d'artillerie destiné à vous fou-
droyer ; l'étatHnajor de votre garde n'est composé que de vos en-
nemis aux gages du prince ; vos chefe de bataillon sont presque
tous gagnés, et pour comble d'horreur, la milice parisienne
n'est presque plus composée que d'hommes vains ou aveugles
qui ont oublié la patrie pour les cajoleries du général.
f Citoyens de tout âge et de tout rang , les mesures prises
par rassemblée nationale ne sauraient vous empêcher de périr.
Gm rat Ml ik wi» four loiiîMirs si ?wf pp Miirw »f»iii»#
û vous oe retrouves cetto valeur bérinque qiii» fe 14 Joilifl ^ 1^
^ ojUoiire » sauvèrent deu^L fois la France. Yoles à $a«iM-G|piid »
%'il ea est encore temps; ranieqcs lie roi et te daMpbùi ^aw xftf
Mrs I ieoez*les sous bonne garde, et qu ils vom^ r^nanftef^ fle^
tfi'éaeoieos; renferaicz rAutricbîepno et spn bcatKrèr^t w'ill
ne puissent plus conspirer; saisissez-vous de tous les mîMtmstt
4e leurs coomis ; ntettcs^^les aux fiers; os^ure^vDUS du ebef de tl
OMioicipalité et des lieutenans du^maire ; gardes à vue t^ eénfrat;
arrêtes l'éiat^major ; enlevés le pare d'artMlerie de h cuie ¥eiiaf
empares vous i)e umis les oiagasios et umllf^^ k pf^ud^f^ i ^^ \%
ceopas soient répartis eou*e tous les disM*ipi§; q/^p {mf 1(9$^
trios se rétablissent et resteat à jainais peruraïf n^ ; yfi'ife fafsaïf
Eëtpquer les funestes décrets* Couivs, courez, s'il m W efMaM
temps, ott bientât de nombreuses légions cnacmîea fioadeom sik
ytous; bientôt vous verres. les ordres privilégîés se relever i 1#
despotisme , faffreuxde^tisme repaiatoi plus feraididi^ i^
jamais.
' » Cinq à fsix cents tdies abattues vous auraidU asanné cepoSt
liberté et beobonr; une fausse bfiœamté a reteim vos bnaa et
suspendu vos^ coups: elle va oaàier la vie i des aùllioBS de lOf
frères. Que vos ennemis triempheni ^ el ie spng oorieta J^jnqdi
iota ; ils vous égorgeropi safin pitié , Hs #v0Qtreroat vos fiMmes,
et» pour éteindre i jamajs patm vous Tamonr de la libâlrté,àsiNEa
mams sansuîoaires ohercherooi le eœm* dans les enirtiisa deiaa
en&QS. >
SÉANCE pu 31 lUaLET Ajd ^Of^.
On fiiit lecture de plusieurs a&esses , dont quélqttes^iiél^aôiil
renvoyées aux ooaûtés que conoem^t les pétitions qui- y ioat
e!()>osées.
On se dispose ft passer à l'ordre du jeirr.
If, Vifieu. Beaucoup d'entre nous demaïKlettt la parole* pouf
M. Malouet.
jlf. Mal(weié G-est une déooàeiatioa foijfKMrtafite que j^af i
Mre»
feiàJapQJiçe.
#. r|>%. (?•»?> ^ }a ppljcp fie r?^^J# q^'^e ^o\i Mjr^
|pr¥P.- :
Oo dpff)^p<|e rprdr!B4i^ Jpur.
^pe^ poifi)dji(r/9ç|je^ projvf& î^irpcies, Qf croi^urer le f^v^m^ni, d^
lf^$aj*t^f^^ yoi«§ frpioirief , $i J'^n y9us disait q4»;ii ^xi/H^H»
CQmplo); fyivffni jff^fxv m^^ le rQî, fpjprisoupcr larQifliÇi Ifi %
^11^ rçy^lc^ies principjauxinQgisiFatjfejl fftirf* égorger cipfn à ^ii^
WM R^'*^"P^S' f fr l^^^pî <^t ?9|?? >'ps î fJ??» c'est à \P\v^ ppfie,
<){fe^e$^^léfaji| pr(}jt:tl|sn^je^ pfib^jj^t i^uies c€^^rocii^§; qv'ijlf
^itiBi|L le peup(eàjafur<eur,ûreffus^QP du ^âng; r[^*il&déprayiep)t
s<^n;opurjiy isi aUfiquient» danssesfopdeniçpçja coçsiitfitioi^et 1^.
m^svié. LiÇ^ rppré^eQtaps de la naUon sçraienf-ils iadiniérji^ns , ^-.
i^epi-ilç jéur^ogers à ces horrj^ui^? Je yoiits dénonee le sîjÇJjur-
l^i^t .^ le ^î^r Gaj^fe Desmoif Ijp^ (If s'éfève jbf^ucoup ^
Q)|ffaiur(^ dans Jqi partif? gagcbie d^ç la jsijtilp.) ^e )3*ose (Toirjç gu^
00 ^U dp seifî fie Tasseqiblié^ najkipoole que s'éphappent ces éclat^
dip riire, Iqrsqjue je déuooce un crjme public... QtM^nd j aurs^is
r^4j? plaiff^i^ Centre CarpiHjS DesipQuIins, ce n*e$|. point u^e in*
jjifje particulière' que j*ai yqjuJu vepgçr. Ap^ës un an de silence ef
de mépris, j*ai dû me raudrç vengeur d'un crime public. ilisiça;
le 4p^^^ fff PK^P ^ Révolutions de France et du Braba^t. En
qnpi poun*iûns-pou§ nous y méprendre? Est-il de plus q*^çl§ çn-*
nemts de la constitution que ceux qui veulent faire du roi et dp
la royaul^ un pj^l^ de méprj^ Qt de scandale « qui saisissent r<)c-
cs^iOn dccçitte fôte ipémorable, où le roi a reçu dQ toutes l^
PSirtie^ de Teippif e des témoignages d*amour et de fidélité , poui^
nÇB^ j^^iv de rinsolenqe du trône» du fmteixil du pofivpif /ef^7
jCaj|)iUe ÇesmouUns appelle le triojçnpbe de Paittl-Emjle, m^
U^ ^atioi^e, ok ^n roi , les mains liées diçrf^jère li^ dos, ^uiyit»
€^ rbjpti^atiop f h cjiar du triomphateur ; il fai^» ^p ce ixajl
à
418 . ASSEMBLÉE NAtlOHALE.
VOUS dënoricer ces attentats , fai essayé de provoquer la sorveil*
lance da ministère public; rembarras du magistrat, qui m'aa«
noDçait pi*esque l'impuissance des lois» a redoublé mon effroi.
Quoi donc, ai-jedit, si les lois sont impuissantes, qui nous en
avfTtira , si ce ne sont les tribunaux? C'est à eux à annoncer à la
nation le Ranger qui la meuace; sinon , qu'ils étendent un crêpe
funèbre sur le sanctuaire de la justice; qu'ils nous disent que les
lois sont saàs force, qu'ils nous le prouvent en périssant avec elles;
car ils doivent s*6ffrir les pi*emiers aux poignards de la tyrannie.
Vous dénoncer le péril de la liberté, de la chose publique, c'est
y remédier, c'est assurer le châtiment des crimes qui compro*
mettent l'une et l'autre : ne souffrez pas que l'Europe nous fasse
cet outrage, de croire que nos principes et nos mœurs sont ceux
de Marat et de Cainille Desmoulms ; ce s6nt-là les véritables en-
nemis de la chose publique , et non ceux qui soufirent de vos ré*
formes. L'homme passiontfé de la liberté s'indigne d'une Kcaice
effrénée, à laquelle il préférerait les horreurs du despotisme; je
demande que le procureur du roi au Châtelet soit mandé , séance
tenante, pour recevoir Tordre de poursuivre, cobme crime de
lèse-nation , les écrivains qui provoquent le peuple à l'eifusion du
sang et à la désobéissance aux lois. (Il s'élève, dans une partie
de l'assemblée, des murmures, dans l'autre, des applaudisse»
mens.) • •
M. Malouet fait lecture de quelques fragmens d*nne feuille
de l*Ami du peupte^ intitulée : c'en esi fait de nous ! — Void l'un
des paragraphes de cet imprimé,
€ Citoyens de tout âge et de tout rang, les mesures prises par
l'assemblée ne sauraient vous empêcher de périr : c'en est fait de
vous pour toujours, si vous ne courez aux armes, si vous ne re-'
trouvez cette valeur héroïque, qui le i4 juillet et le S octobre
sauvèrent deux fois la France. Volez à Saint-Cloud s'il est temps
encore, ramenez le roi et le Dauphin dans nos murs, tenez-les
sous bonne garde, et qu'ils vous répondent des événemens; ren-
fermez rAutrichienne et son beau-frère, qu*ils ne puissent plus
conspirer; saisisscz«vous de tous les ministres et de leurs commis;
ADUT (1790) 449
mèllea-les aux fers; assurez-vous du chef de la munictpalîté et
des lieutenansde maire; gardez à vue le général; arrêtez Tétat-
laajor; enlevez le poste d'artillerie de la rue Verte; emparez*vous
de tous. les magasina et moulins à poudre ; que les canons soient
répartis entre tous les districts^ que tons les districts se rétablis*
sent et restent à jamais permanens , qu'ils festoit révoquer ces
funestes décrets. Gourez , courez , s'il en est encore temps, ou
bientttt de nombreuses légions ennemies fondront sur vous, bimi-
tdt vous verrez les ordres privilégiés se relever; le despotisme ,
faf^ux despotisme paraîtra plus formidable que jamais. Cinq à
six cents tètes abattues vous auraient assuré repos, Uberté et bon-
heur ; une fausse humanité a retenu vos bras et suspendu vos
coups; elle va coûter la vie à des millions de vos frères ; que. vos
ennemis triomphent un instant, et le sang coulera à grands flots ,
ils vous forgeront sans pitié, ilséventrerontvos femmes, et pour
éteindre à jamais parmi vous l'amour de la liberté, leurs mains
sanguinaires chercheront le cœur dans les ^trailles de vos
enfiins.
!! Fermont. Mon âme n'est pas moins oppressée que celle de
M. Halouet , des horreurs que nous venons d'entendre. Je de-
mande qu'on joigne les Actes des Apôtres et la Gazette de Paris ,
aux auteurs qui viennent de vous éi^re dénoncés. (On applaudit.)
jlf. le curé JRoyer. Je joins ma voix à celle du préopinant, pour
demander que l'auteur de C Adresse de lavéritablearniée française^
y soit aussi compris. (On entend ces mots du côté droit : tous^
tous.) Je demande le renvoi de ces dénonciations au comité des
recherches. (Les membres de la droite disent : au Châtelet^
au Châtelet.) Je demande, pour le salut de la patrie, qu'il soit
nommé un tribunal particulier, où seront poursuivis les auteurs
et fauteurs des mouvemens populaires, et tous ceux qui,
par leurs écrits , excitent le peuple contre les citoyens ou contre
les lois.
JM. Croy. J'ai partagé, avec tous les membres de l'assemblée,
l'indignadon qu'excitent les déclamations sanglantes de M. Marat;
T. VI. • 29
ém ASSEKBLÉE NATIOHALE.
mm doute rassemblée doit cherchera réprâner on td eioèp)
ipais prenons {prtie , dans ub roaiociit (l*enihuusiasmc » de dé»
truire le Palladium de la liberté, la liberié de la presse. (Il s'é-
lève, ù droite 9 beaucoup de murmures.) Je suis de Ta vis 4e
M. Halouet et j'adôpie sou opîuion, en la pcstreignsmi cxprc^P
Ment eux auteurs quit a dènoooés ; mais \e& Ailes des apéires^
mais les autres pamphlets de cette nature; ils ne méritent que le
«épris de eeux qu'ils injurient. Je demande donc qu'il soit' sea-
feoMOBt ordonné au procureur du roi du Chàtelet, de poursuivre
les auteurs des deux imprimés qui vous ont été dénoncés par
11. ftlalouet.
M. MaioH€t fait lecture d'un projet do décret , qui est adopté
eu ces termes:
t L'assc-miiiée nationale , sur la dénonciation qui lui a été faite
par . an de ses membres, d'une feuille intitulée : Cen est fait ife
tlOM^i du dcitiîer numéro des Béoula'ions de France ei de Sre-
. éttni^ Q décrété et décrète que, séance tenante, le procureur du
roi auCliàielet, sera mandé, et qu'il lui sera donné ordre de
j^ursuivre, comme criminels de Icse-riaiion , les auteur», im-
primeurs^ colporteurs d*écriis excitant le peuple à rinsur-
reçUon eontre les lois, a l'effusion du sauj; , et au renversciaânt
de h coBStitutîon^ p
M. le président a annoncé que M. de la Luzerne* amtxissadeur
en Anfjletcrre, lui avait fait passer une adresse du club W^^t
de DMndéc, en Ecosse^ à rassemblée nationale. Après la lecture
de cette adresse et pendant <]ue M. de VivSm^'S communiquait un
projet d'instruction pour les assemblées primaires, le prucurdr
cfuroi du Chàtelet est eniré à la barre, et M. le président lui a
dit: Monsieur, rassemblée nationale vient de rendre un discret
que je vais vous lire. (Le président a lu lo décret, et il a ajouté :
rassemblée a droit dVspcrcr que vous veillerez à Tcxécuiion de
son décret.
Le procureur du roi ropond : c J'exéeiKerai avec tout le zèîe
possible, le décret que l'iisscmbiée vient de me conmiuniquer. »
La séance est levée à dix heures et demie.
AOCT (1790) 01
XÈAmÙ& ou 1" AOUT.
Jlf. André est proclamé préskient. — L'a^mblée vote de$ r§-
Mercimeus à M. Treilbard , son prédécesseur.
If. Babaud, Vous avez rendu un décret dans la séance d'bi^
9tt fioir coocernant {es ouvrages incendiaires. Je demande qu'il
soit ajouté, c et tous écrits qui invitei aient les prince^ ^trangïÇjrs
à feire des invasions dans le royaume, i
Cette addition est décrétée.
' M* Babaud* £o portant un décret contre ceux qui exçiteraiest le
•peuple à riosuirreatoa contre les lois , vous n'avez pas prétendu
laisser aux juges la foçulté de devenir des inquisiteui'S. Como^
vous o'aveï pas encore décrété les nouvelles formes de la procé-
dure tsrimioelle» je demande qu'il soit nommé un juré pour çoa-
naître des délits de ce genre* Il faut prendre garde .que la trm
grande exten^ioB de notre décret puisse avoir des suites fufiestes;
ce n'est pas du sein de cette assenilitfe qu'il peut s'élever un iri-
buooi inquisitoriaL Je crois donc être dans les principes de la jus-
lice 9 j'ajouiemi même de tous les paitis , en demandant qu'il imt
nommé un juré.
JV. Garcu l'oiné. L'institution des jures» en matière criminelle,
««kyà M décrétée «il est bien évident que la connais^nce de ces
délits leur appartient. Mais pourquoi ne sont-ils pas e^ore ea m^
tivité? C'est qu*ll £aut aljparavant une procédure au fait de la-
quelle ils puissent se mettre. Le comité de constitution esl chaîné
de la présenter, et il ne l'a point fait encore r je demande donc,
qii*en attimJapt ce modèle, on suive pour les délits qui fon|. 1^ ma-
tière de cette délibératioo , la marche ordinaire des affairi^*
. Ofi dpnuinde Tordre du jojur.
M. Bubois. Je me suis levé pour le décret proposé par M. M4-
louet, parce que j'ai pensé que c'était un décret de circonstaucf^
et qu'il portait ces mots : lesdiis écr'us; mais je n'ai pas cru voter
pour que, s<;mis prétexte d'ouvrages incendiaii*es , les citoyen^
ioiçtti $(>M<ni/^ à l'arbiti^aire des juges. Je demande donc que l'asr
liçmblée ilécide qu'elle n'a jugé que les écrits qui lui étaient dé-
452 ASSEMBLÉE NATIONALE.
Cette proposition et celle de M. Rabaud sont rejetëes. L-as*
semblée décide de passer à l'ordre da jour.
M. Dubois, le demande que l'assemblée me fixe un jour pour
que je puisse dénoncer les écrits incendiaires dont je nomme les
auteurs. (Plusieurs yoix s'élèvent ; et la protestation de la mnorité
de l'assemblée^)
L'assemblée décide qu'il y aura lundi au soir une séance extra-
ordinaire pour entendre M. Dubois.
Le président lit ensuite une lettre des vainqueurs de la Bas-
tille 9 qui invitent l'assemblée nationale à assister à un service fu-
iKèbre qu'on devait célébrer le 3 août, en l'élise métropolitaine
de Paris, pour leurs frères d'armes tués à la prise de cette for-
taresse. Us invitaient spécialement à cette cérémonie les écrivains
patriotes et tous les journalistes amis de la vérité, notamment
MM. Barrère, Le Noir de la Bpcbe, Brissot« Desmoufins,
Marat, Carra , Loustalot , La Reynie, Gorsas, etc., etc.
M. Robespierre demande qu'une députation soit nommée pour
aissister à la cérémonie qu'on prépare aut citoyens morts en dé-
fendant la liberté.
Un membre de la partie droite demande la question préalable.
M. Verchhre. Quel est celui qui ose proposer la question préa-
lable? Je demande qu'il la motive.
M. Folleville appuie la question préalable.
M. fouâctouor.L'assemblées'houorera en honorant lesmartyrs
de la liberté.
Jf. Crillon le jeune. On dit qu'il y a des difficultés pour cette
cérémonie , entre la garde nationale et les volontaires de la Bas-
tille. Si cela est, la démarche de l'assemblée serait un préjugé;
si cda n'est pas, rassemblée ne peut se dispenser d'envoyer une
députation.
M. Robespierre. Peu nous importe de savoir si des personnes ,
quelles qu'elles soient, ne sont pas d'accord sur les honneurs à
rendre aux vainqueurs de la Bastille ; ce qui importe aux repré-
sentans de la nation, c'est de savoir si l'assemblée peut refoser de
concourir à cet hommage ; si même elle n'aurait pas dû le décer-
AOUT (1790) 4S3
lier elle-même. Je demande qu'on mette aux voix ma proposi-
tion.
M. Landeberg. Je motive la question préalable, en demandant
qu'on fasse relire le décret rendu hier soir. Les journalistes sont
invités à la cérémonie. Les uns sont bons citoyens ; il en est d'au-
tres» sur lesquels vous avez cru devoir appeler toute la rigueur
des lois. L'assemblée peut-elle se trouver placée à côté de gens
qu'elle a ordonné de poursuivre? Plusieurs personnes ont vu en-
lever ce matin » par le peuple, des invitations que les vainqueurs
de la Bastille avaient foit afficher. S'il y avait un conflit , il ne se-
rait pas décent que l'assemblée se trouvât représentée à cette cé-
rémonie.
M. Lachèze. Quand on invite l'assemblée à une cérémonie , on
vient lui feire cette invitation à la barre. Nous ne connaissons
rinvitatioD des vainqueurs de la Bastille que par des affiches ; et
puisque dans ces affiches on désigne les membres de l'assemblée
qui doivent assister à ce service » il est inutile d'y envoyer des
commissaires. Je demande qu'on lève la séance.
M. Alexandre Lameth. Je demande l'ajournement. Quand la dif-
ficulté ^tre la garde nationale et les vainqueurs de la Bastille sera
terminée et le service arrêté» l'assemblée nationale ne refusera pas
des'^^rendre.
M. Duport. n n'y a pas d'invitations adressées directement à
l'assemblée ; il existe des difficultés entre la garde nationale et
les vainqueurs de la Bastille : telles sont les raisons que l'on
donne pour empêcher l'assemblée d'envoyer une députation au
. service qui doit être fait pour les citoyens qui ont perdu la vie en
. défendant votre liberté. L'assemblée tranchera les difficultés eu
, ordonnantelle-méme ce service. Je demande en conséquence qu'il
soit décrété un service solennel pour ceux qui sont morts pour la
liberté.
M. Estourmel. Je demande le renvoi à la municipalité.
»
M. BoutidauxJe demanda si c'est pour l'utilité de la municipa-
lité de Paris que la Bastille est abattue ; si c'est pour l'avantage
. de la France entière, il est de l'honueur des représentans de la
4Si ASSEHttLÉE NATIONALE.
nation d*honorcr ceux qui sont morts en renTersant cette fùrté^
resse.
3/. Barnave, On n'annonce pas le véritable motif qui doit vous
déterminer ; indcpcn^lamment de Thommage que nous comn^ndt
la reconnaissance, en adoptant la proposition de M. Duport,
vous assurez la tranquillité de la capitale, vous détniisez les diffi*
cultes qui existent entre ceux qui veulent concourir à cette cct^é*
moniè.
La proposition de M. Duport est décrétée.
SÉANCE DU 2 AOUT.
AT. Vernier rend compte, au nom du comité des finances, fftxû
niémoire présenté à rassemblée nationale, le 2i juillet, par
M.Necker. — Axantde passer à l'examen du mémoire deM.Neckcr,
je crois devoir présenter au peuple perpétuellement abusé sur là
véritable situation de ses affaires, un aperçu de ce qu'il payait
avant que la nation fi!^t assemblée, et de ce qu'il payera diaprés lé
nouvel ordre de choses. Avant la convocation des Eiais-^jénéraut;
lès impositions qui devaient rentrer dans le trésor-royal s'ële-
vaient à cinq cent quatre-vinj^t-cinq millions ; mais dans ce té
somme n'était point comprise celle pour le lo{;ement dès gèn$ de
guerre et autres dépenses de cette nature; on n'y complaît pàk
l'impAt occasionnel de la contrebande: je les évalite à tix millions ;
on n'y compte pas non plus les frais du recouvrement auquel oli
employait plus de deux cent mille hommes qui coûtaient phts
que l'armée de li{|ne entière; ces impositions sont incalculables ;
elles ne pesaient pas moins sur le peuple que celles qui renlraîenl
dans le trésor public. Nonobstant celle énorme charge, se tirou-
va!t chaque année dans le trésor public un déficit de cinquante
millions. J'ai cru celle digression nécessaire, parce qu'on affecte
de répandre que les peuples sont plus que jamais accablés sous te
>oids dès impôts. Tl y aura une diminution de deux ccfnts millions,
'^Igré la delte viagère contractée pour le clergé et le paiement
honoraires des officiers de justice. Le peuple sera délivré dés
là jn;abell6 et de là Servitude, le pa^ à rëtârhéA Èa
AOUT (1790) 438
mëmoîre du ministre. Il comptait recevoir quatre millions dc$
recevcurs-{jéncrâii\; mais il leur a été impossible de faire ce
paiemeal , parce que Jes receveurs parliculicrs sont en arrière } tes
a.des evle tabac, eo mai et juin et dans les trois premiers mois de
ratinée, ont éprouvé une diminution c6nsidéra)}le. Los quarante,
mile livres pour le remplacement des di^oits de {jabelleetdeceut
sur les cuirs et autres droits, n'étant point portéj, ne peuvent
être perçus; !a contribution patriotique n*est point encore rea#
tcée. Le paiement des anticipations a al)sorbé des sommes eonsi»
durables. Le décret qui accorde deux millions pour la mendicité^
nécessite une nouvdtu émission de fonds. Il n*y a rien dans la de»
mande du ulinisire qui puisise alarmer, puisqu'il ne s'a{;it que <bl
suppléer par des avances au paiement qui sera bientôt effectué*
Je crois devoir rendre hautement justice aux vertus du ministre
des finances : c'est un fort qu'on attaque de tous côtes et qui est
imprenable. Le seul reproche qu'on puisse lui faire, c'est d'avoiv
Wttlu substituer des impôts à d'autres impôts; c'est d'avoir pré^
sente des idées conformes à une longue expérience qui ne per*
met guère de s'élever à la hauteur des conceptions nouvelles. On
9ait que M. Coimar s'est eja^gé a prouver ijn déficit de siSL cenlé
millions dans les comptes du ministre. Le comité, conformément
à vos décrets, a nommé des cojnmissaires pour examiner cetUi
détoudation, et en a instruit M. Coimar par une lettre, lia ré*
pundtt (|u'il ne voulait avoir alTaire qu'à une coenmission externe^
quoique le comité ait consenti à examiner cette affaire en sa pré^^
seoce et en celle de telles autres personnes qu'il lui platrati
d'ûflM^er.
Oji demande l'impression du rapport fait par M. Vernie.
Sur les observations de Mé le Camus, rassemblée âéddt
qtiie rimprossion sera différée jusqu'au moment deTexamendes
comptes.
SÉANCB DU 2 AOUT, AU SOm.
Entre les deux séances de ce jour il y eut une émeute atl
Palats^Royai , qui nous paraît parfaitement expliquée dans eet
des UhoUuions de Pan$, ^ t Dés que TasserAblée nfttkk
t
4S6 ASSEMBLÉE NATIONALE.
nale eat décrété que l'échange des assignats contre les billM de
caisse commencerait le 10 août, les marchands tP argent méat
que le numéraire aHait se rapprocher du pair, et qiie leurs bé*
néfices allaient diminuer ; il n'y avait pour eux qu'un moyen de
bien mettre à profit le peu de temps qui restait : c'était de iàire
hausser excessivement le prix de l'argent. En conséquence, des
hommes apoçtés se jetèrent vendredi et samedi » 25 et 34 juillet,
«ur les courtiers qu'ils envoient au bout de la rue Yivienne. Il fut
question de pendre^ de faire dire où étaient les dépôts d'argent;
0t , comnàe cela devait être , le prix de l'aident a haussé conâdé-
rablement. Comme les besoins de numéraire ne sont pas moin*
dres, les marchands d'argent ont doublé leurs profits^ à la fa-
veur de ^apparence de risque que leurs courtiers courent au
perron du Palais-Royal. Aujourd'hui, 2 août, deux d'entre eux
ayant demandé 8 pour dOO pour changer des billets de la causse
contre des écus , le peuple s'est ameuté contre eux , les a saisis ,
a voulu les pendre ; mais il les a relâchés, après leur avoir dcmné
quelques coups de fouet.
M. Dupont a imprimé que ce sont ceux qui soutiennent la li-
berté de la presse, c'est-à-dire les vrais patriotes, qui ont fiiit
courir sus aux courtiers des marchands d'argent. Assurément,
la précaution est bonne ; mais que devient cette ruse, quand aa
y regarde un peu de près ? Le; patriotes sont tous les jours dans
le cas de changer leurs billets. Il n^y a point parmi eux de minifr*
très, de financiers, d'administrateurs de la caisse d'escompte;
ils n'ont donc aucun intérêt à foire hausser le prix de l'argent;
ils ont précisément un intérêt contraire: donc ce ne sont pas eux
qui sont les auteurs du mouvement indiscret et coupable qui a eu
lieu contre'Ies courtiers des marchands d'argent. Mais ceux qui
ont de grosses sommes entre les mains , et qui ont toute fadlfté
de remplacer par des billets ce qu'ils ont reçu en numëraùre,
lient un intérêt direct à ce que le prix de l'argent haussât avant
août : Is fecit scelus eut prodest. > (N** LVI, P* 71.)
pmmencement de la séance^ un de MM. les secrétaires
re d'une lettre de M. la Luzerne. — Le ininistre instruit
\
AOUT (1790) 437
rassemblée d'une insurrection qui a eu lieu , dans les premiers
jours de juin, au fort Saint-Pierre de la Martinique. Quelques
gens de couleur libres ont été tués dans cette émeute; mais le
calme y est parfaitement rétabli.
L'assemblée ordonne le renvoi de la lettre du ministre au co-
mité colonial. •
Extrait des Révolutions de France et de Bradant. — t Le pré-
sident annonce ensuite que M. Marat, le criminel de lèse-nation ,
fait hommage à l'assemblée de son plan de législation criminelle.
. On crut d'abord que c'était un tour de Marat , qui envoyait ses
élucubrations patriotiques, enrichies de son portrait, pour per-
sifler les noirs et le Ghâtelet, qui ne pouvaient pas mettre la
main sur l'original. Mais il faut entendre Y Ami du Peuple dans
son numéro suivant, se défendre de cet envoi. >
Il y a dix ou ddu;Ee jours, dit-i), que ce plan fut remis à une
dame, pour le. faire passer au président de l'assemblée. Je re-
grette beaucoup qu'il ait été présenté dans une conjoncture pa*
reille. Je ne sais point faire de platitudes : loin de rendre doré-
navant à l'assemblée aucun hommage , je n'aurai pour elle que
jastice sévère; je ne lui donnerai aucun éloge. S'il sortait par ha-
sard de son sein quelque lK)n décret, elle n'aurait fait que son
devoir; mais je serai toujours avec le fouet de la censure en
mainàchaquemauvaisdécretqu'ellerendra, et le nombre peut en
être effrayant ,* parce qu'elle est subjuguée par les ennemis du
peuple. Au surplus, mon plan ne lui a été présenté que dans
l'espoir que le comité de constitution profiterait de mon travail :
il a grand besoin de lumières et plus encore de vertus.
c Rien ne m'a plus fait rire que cette déclaration de guerre
que foit Marat à l'assemblée nationale. C'est Fenfant perdu des
journalistes patriotes , ou plutôt je commence à croire que Marat
possède l'anneau de Gygès; et il faut qu'il soit sûr de mettre en
défaut tous les espions de l'ancienne police et les observateurs de
la nouvelle, et de passer au mitieu du bataillon de M. Carie,,
puisqu'il rend ainsi à l'assemblée guerre pour guerre, et que
458 ASSEMBLÉS NATIONALE.
dans son numéro suivant il Ta déclarée à son tour criminelle de
haute fraliison.
< M. Alqnier fit ensuite mon adresse. M. Halooet» qui m'ap-
pelle le di{jne émule de Marat , a dû voir que le docteur Marat me
laisse bien loin derrière lut. »
* A l* assemblée naiionale.
Messieurs ,
f Je suis averti par le cri public qu'à la séance d'hier soir le
N** XXXV de mon journal des Révolu:ions de France et de Bni^
banl vous a élé dénoncé , comme déiournntu te peuple de payer le»
impôts, et parlant avec mépris de la féJération génh^ale. Il est
impossible qu'on ait lu à rau{juste assemblée aucun passajje de
mes numéros où j*aîe détourné le peuple de payer les impôts; et
dans ce N' XXXV je n ai parlé de la fédération qu'avec eniliou-
siasme. Il est douloureux pour moi , d'être fiiippé d'un décret
comme criminel de lèse-nation. S'il y a quelque reprodie à me
Élire» ce serait plutôt d'être idolâtre de la nation y et bob d'étrè
Criminel envers elle.
i Je demande d'être traité comme vous avez traité jusqu'ieî
tous les écrivains accusés devant vous. Vous avez toujours r&h
voyé la dénonciation des écrits les plus pervers au comité des riK
cherches et des rapports , afin que la lecture en préeédât la con*
datnnation. Cependant , ces éciits vous étaient dénoncés par de»'
]f)rovinces , par le crr de la nation entière. Me traiterez- vons aveo
plus de défaveur, lorsque je suis dénoncé par uii seul homnw»
avec qui je suis en procès criminel , lorsque je sttû dénoncé vih
(ïuemenl, et sans qu'il vous ait rien lu dé l'écrit qu'il dénonce?
Je pose sur le bureau mon n* 33. Je supplie l'assemblée de char{*ef
un de ses comités d'en prendre au moins lecture» pour lui en
f^irele rapporî, avant de soulever contre-moi l'indignation go*
nérale par un décret qui me préjuge criminel de lèse-nation. Je
demande que l'assemblée prononce qu'il ne sera pas donné de
suite à ce décret contre moi , jusqu'à ce que ses commissaire!
aient pris lecture de mon numéro, et hji aient montré un corpe
de délit.
AOUT (1790) 4Sd
t Et si rassemblée ne jugeait pas à propos de suspendre l'effet
de ce décret, je demande d'être autorisé à prendre à partie mon
dénonciateur inviolable, et ù lui faire parta;;or les périls oii il
it)*expose, en m'împutant dans la tribune de l'assemblée tialiO*
nalc d'avoir détourné le peuple de payer les impôts.
t J'observe ù l'assemblée qu'il semble qu'aucune puissance mt
la terre ne peut déroger à ce principe de droit naturel , qui
veut qu'on ne puisse être à la fois juge et partie. !l n'est pas pos-
slblequc l'assemblée me traduise comme criminel de lèse-nation,'
devant des juges contre lesquels il ne cesse de lui demander &
elle-même depuis six mois, un tribunal de lèse-nation. Si l'as-
semblée veut donner suite h Son décret, je demande un autre tri-
bunal que le Châtclet. > fn** 27, p. 623 et suivantes.)
Le mémo Desmoulinsajouteque son adresse fut applaudie par
te gauche chaque fois qu'il s'éleva des murmures à droite. Un
membre applaudit à troîs reprises différentes avec tant de viva-
cité que le président rappela l'assemblée à l'ordre. Desmoulins
appelle ee témoignage bienveillant^ la contre-partie de la triple
accolade dontiée parVirieu à Malouetau momcntoù il descendait
ûé la tribune, le 31 juillet. Il lui avait, en effet , sauté au cou, et
Tavaît embrassé troîs fois avec une tendresse plus que conjugale,
(n* irf., p. G29.)— Après cette lecture la parole est a M. Malouet.
M. Malouet, Il est bien question de ma plainte! De plus grands
intérêts doivent nous occuper ; ce sont des crimes publics, et non
des délits privés dont j'invoque *le châtiment. Je vous demande
dans quel gouvernement ou dans quelle société barbare on per-
mettrait ce qnè votre décret défend. Camille Desmoulins est-iï
innocent? il se justifiera. Est-il coupable? je serai son accusateur
$1 de tous ceux qui prendront sa défense. Qu'il se justifie, s'il
fose. (Une voix s'élève des tribunes: Ouij je /ose. Une partie de
l'assemblée surprise se lève ; le bruit se répand dans l'assemblée
Que c'est M. Camille Desmoulins qui a parlé ; le président
donne Tordre d'airêter le particulier qui a proféré ces paroles.)
iV..... Je demande que l'on délibère préalablement sur cette
iifhHstati<yn.
460 ASSEMBLÉE NATIONALE.
M. Robespierre. Je crois que Tordre provisoire donné par
M. le président était indispensable; mais devez-vous confondre
l'imprudence et Flnconsidération avec le crime. Il s*est entendu
accuser d'un crime de lèse-nation: il est difficile à un homme
sensible de se taire. On ne peut supposer qu'il ait eu l'intention
de manquer de respect au corps-législatif. L'humanité^ d'accord
avec la justice , réclament en sa feveur. Je demande son élargis-
sement, et qu'on passe à l'ordre du jour.
M. le président annonce que M. Camille DesmouUns s'étant
échappé y il n'a pu être arrêté.
L'assemblée passe à l'ordre du jour.
M, Dubois. Messieurs, je viens remplir la tâche pénible que
mon devoir m'impose. Non moins indigné que M. Malouet contre
les mauvais citoyens qui, par des écrits incendiaires, tendent à
porter le peuple à la révolte , et à détruire la constitution qm ,
comme l'a dit cet honorable membre, n'est fondée que sur la Jus-
tice et la bienfaisance, je ne puis envisager sans une douleur
profonde, l'excès auquel la licence s'est portée. Chaque jour voit
édore les pamphlets les plus séditieux ; les portiques même de
cette salle en sont couverts; nos villes, nos campagnes , les ca-
sernes de nos soldats en sont inondées. Inutilement on imiHrime-
rait des ouvrages instructifs; ou ne vend plus que des calomnies»
Deux partis acharnés se font une guerre implacable, et celui qui
doit succomber semble compter ses pertes pour rien s'il peut en-
traîner l'autre dans sa ruine Les peuples sont bien malheu-
. reux ! Tristes jouets des cabales, leur sort , dans tous les siècles,
sera donc de servir d'in^rument aveugle, ou de périr victimes
des passions les plus criminelles?
Je n'ose penser, Messieurs, malgré la différence d'opinions
des membres de cette assemblée, qu'il en soit un seul qui, ou-
bliant le caractère de législateur d'un grand empire , ait voulu
souiller sa plume et tramer des complots. Nos embarras sont as-
sez grands , nos travaux assez pénibles pour n'être pas encore
forcés de flétrir son cœur de cette horrible pensée. Eh ! que de-
viendrait notre dignité? Notre fonction est de faire des lois ; est-
AOUT (1790) 461
ce à BOUS à chercher des coupables? Eh ! qui peut se dissimuler
que dans un moment oii tant dé caractères s'agitent en sens con-
traire, où tant d'inquiétudes tourmentent les esprits 9 le meilleur
citoyen, s'il a de la chaleur dans le sang, peut facilement passer
le but et sembler criminel? Mais Thomme juste, l'homme sans
passions ne s'y méprend pas.
Cependant, Messieurs, je conviens qu'il est des excès que,
par humanité même , nous devons réprimer, et je suis étonné
que M. Malouet se soit borné à développer son patriotisme avec
tant d'énergie contre une ou deux feuilles incendiaires seule-
ment, l'attendais de son impartialité bien connue qu'il vous dé-
noncerait, avec autant de justice que de raison , Us Protestations
des chapitres , tes Actes des apôtres y la Gazette de Paris, l'Adresse
aux jn'ovinces , tinf âme Lettre à P armée , et une foule d'autres li-
bdles où les membres de cette assemblée sont outragés , livrés à
la fureur du peuple qu'on soulève^ en le trompant sur le sens ou
sur le résultat de vos décrets.
Je m'étonne que le Chàtelet de Paris , que ce tribunal , plus
strictement lié à la constitution qu'un autre par la confiance dont
vous l'avez honoré , ait gardé le silence quand on a débité publi-
quement et sans pudeur la Passion de Louis XVI y roi des Juifs
et des Français^ le Yeni Creator, le Compte-rendu de la prétendue
nssemblée nationale ^ et tant d'autres productions infernales dont
en ne peut lire aucun paragraphe, je ne dis pas sans d^oût,
mais sans horreur. Je demande pourquoi ce tribunal laisse vendre,
même en ce moment, le prétendu Manifeste du prince de Condé
qui sonne le tocsin d'un bout de la France à l'autre, sans au
mains le flétrir de l'improbation de la loi, et en rechercher les
auteurs.
Si le Chàtelet répond que la loi n'existe pas, qu'il l'attend de
vous, vous avez donc. Messieurs, par votre décret d'avant-hier
soir, livré à l'arbitraire le plus dangereux, des hommes qui',
quelque coupables qu'ils soient, n'en ont pas moins droit à votre
justice.
Si la loi existe, par quelle fatalité, parmi une foule de cou-
à
^ ASSBKBiiB NATIQNALB,
pables , ceux-ci sent-ib seuto dénoncés? Et ¥0iiIe7*T0«f iMt/gr
croire que la loi peut être dans les mains des juges un instrument
destiné à des vengeances personnelles?
Votre décret est juste au fond; mais, faute de développemim^f
il peut compronieiire les citoyens qui ont le mieux mérité de la
patrie. Gondamnerez-vous Tabbé Sieyès pour avoir fait: QuM-
ce que le iîer$ é:tu? Trainericz-vous dans des Cachots M. de la
Fayette, pour avoir dit ce mot sublime et vrai : Que ïimurrection
du peuple contre le deapoiisme est le plus saint de$ devoirs? Non»
Messieurs, vous ne le souffrirez pas; la nation» le monde entiçr
vous désavouerait. Vous ferez donc une loi ferme et prudenfi^ ,
qui consacre la liberté en réprimant la licence : cette loi est le
flambeau qui peut seul éclairer les juges des délits nationaMX^ ft
vous seul ordonnerez de Tattendi^e.
Mais, Messieurs, il existe surtout un libelle qui m^ parait plus
particulièrement digne de votre attention, car il a senjé de
grandes terreurs dans le royaume. Revêtu de caractères d'authen-
ticité, annonçant les projets les plus sanguinaires, inculpant des
membres de cette assemblée» accusant» dénonçant un des ministre
du roi comme i:riminel de Iiaute^tr^hison : telle est, Messi^^rf ,
rhorrible et san^ doute ténébreuse production que je dénoua
ici. Elle est sign^éc, elle a nom d*auteur connu» elle t^'iniHulç:
Bnj^ori fait au copn:é des recherches de Paris ^ tendant à démur
çer MM. Maillebaïs^ Jionne-Savardin fsl Giàgnard de Saint'
Priest, suivi de pièces jnsiificalives et de l'arrê:é du comi é, A Pa-
fis, chez Buissui], libraire, rue Ilautcfeullle, n'^iiSO. On trouve
dans ce libelle le prétendu rapport d*un projet de çontre-révolu-
lion, des prétendues pièces jusii&pti ves ; epfin, un AiT^^^pris
contre MM. Maillcbois, Bounc-Savardin, et Guignard de SaîM-
IViest, ministre et secréiaire-d'état.*
Ce libelle est-il encore une trame ourdie p^r )e|S ennemis <}u
,bien public? il faut en punir les auteurs, puisqu'ils sont connuf,
et soulager la France d*un poids qui Taccable en lui mo9itrao( |a
vérité.
pe libelle e^l un§ dçupiQoiaMoD ^ kn^ç, m aiMetfliiplus
Â08T (179(9
fiur patriotisme» fondé sur pièces aulhentiqucs? Alors, Meu
$ieuFS, voira n'avez rien de plus pressé que d arrêter • dans sa rar
cine^ le développement d*un complot destiné à embraser la
France entière. Je fais donc la motion :
•1^ Que demain, à l'heure de deux heures, le comité des re^
Perches de la ville soit mandé a la barre, pour y reconnaître on
désavouer récrit public en son uom , intitulé : Rapport du comué
des recherches^ ^c.
2** Qu'à la même heure, et immédiatement après, le procureur
du roi, du Cbùtelet, sera mandé à la barre, pour y recevoir
l'ordre de poursuivre sans relâche, soit les auteurs du libelle s'il
est désavoué, soit les personnes qui y sont dénoncées, si ce
rapport est reconnu véritable par les membres du comité des re-
diei'cbes de la ville de Paris.
Et, dans ce cas seulement, l'assemblée décrète que, son prési-
dent ^ retirera par-devers h roi pour lui remeiire un exemplaire
du rapport fait contre M. Guignard de Saint-Priest, et le
prévenir que rassemblée ne peut plus avoir de relations avec
un ministre aussi grièvement inculpé du crime de haute-tra-
bison.
On demande la question préalable.
M. Desmeuniers. Je ne demande point la question préalable.
Dans la position où se trouve l'asseiiiblée nationale, dans un mo-
ment où il n'y a pas de moyens qu'on ne mette en usa(|[e pour
l'égarer, je rends justice h tout ce que la motion de M. Duliois a
d'ingénieux. Oui, le comité a dénoncé M. Guignard. Si le ministre
est coupable, il doit porter sa tète sur l'échafaud. Mais il est bien
extraoi*dinaire qu'on vous propose de mander à la Larre Je co-
mité des reclierclics, pour savoir s'il a iviit la dénonciation. Oui
il l'a faîte, et le préopinanl le saitbien. Le couiitéa pu se tromper;
mais pour le prouver, il faut suivre une marche constitutionnellp.
On vous propose aussi de mander le procureur du roi du Ciiô-
iclet, et d'oixlonncr que votre président se retirera vers le rop ,
pour lui déclarer que l'assemblée ne peut plus communiquer avec
ju\ ministre accusé de haute trahison : il est ua^ autre marche;
461 ASSEilBLÉE NATtORALË.
elle aurait dû se présenter à Fesprit de ceux qui ont da zèle et da
patriotisme. La justice et la raisou demandent que vous entendiez
d'abord votre comité des recherches. Je déclare publiquement ,
quoique député de la ville de Paris , que l'assemblée doit s'oc-
cuper de découvrir ceux qui veulent la perdre avec la constitu-
tion. Je suis un des plus zélés apôtres de la constitution. Je àé*
dare , que dans la position où se trouve le royaume» dans un
moment oii l'assemblée est environnée de factieux , qui veulent la
conduire je ne sais où.... (Il s'élève de violens murmures.)
Je consens à être la première victime ; je déclare , au risque de
ce qui peut m'en arriver , que j'ai trouvé le décret rendu à la
séance de samedi soir , juste et raisonnable ; la motion du pnéopt-
nant porte un air de représailles qu'il n'a pas voulu lui donner ;
je demande 9 je le répète, qu'on suive la marche constitution-
nelle. ^
M. Robespierre observe que tout cela n'est pas à Tordre du
jour, et l'assemblée décide qu'elle passera à l'ordre du jour.
Jf. Péiion. Vous n'avez pas rendu un décret, samedi dernier,
pour qu'il ne puisse pas être entendu ; je n'ai qu'à vous faire la
lecture du décret, pour vous faire sentir la nécessité de l'expli-
quer. (Il s'élève des murmures.) Je demande si^ pour être en-
tendu dans cette assemblée^ il est nécessaire de faire des dénon-
ciations.
M,BiauzatJe vais remplir un devoir bien pénible à mon cœur.
Je dis pénible , parce que je vais dénoncer un deshabitans de ma
ville. La municipalité de Clermont-Ferrand , connue par son pa-
triotisme, comme toutes les municipalités du royaume, a été
instruite qu'il s'imprimait chez Delerat, imprimeur à Clermont-
Ferrand, un libelle portant pour titre : Tableau de C assemblée
prétendue nationale. L'édition a été saisie et condamnée à être
jetée au feu, et elle Ta é(é en effet, et l'imprimeur décrété d'a-
journement personnel! Quelque zélé que je sois pour poursuivre
tous les attentats qui se commettent, je ne suis point d*avis qu'on
continue cette procédure, parce qu'elle t^id à renvoyer cette
AOirr (1790) ' *»
affaîre au Chfttelet. Je vous le dénonce , le Cbàteict et le proca-
reurduroi. {Il s*élcve des murmures.). *
QueHe que soit la difFérence d opinion des membres de cette
assembfëe, nous voulons tous la justice et le bien. La juridiction
en matière criminelle est un {{laive qu*il ne faut pas ai{;uiser de
'manière à le rendre à deux tranchans. M. Gui{;nard aété dé-
noncé^u GH&telet de Paris; le tribunal a-t-ii fait son devorr? Il
est enco^e ù faire les premières poursuites. Jo demande que le
comité de institution propose incessamment un déàrct pour l'é-
tablissement d*un tiMliunat destiné à jug^er les crimes de lèse-na*
tion. (Le tumulte de rassemblée au{;mcnte, des cris s'élèvent des
diverses parties de la salle, on demande que la séance sort levée.)
' M. Cottln. H. le présitlent, distinguez les bons citoyens/ ib
sont tranquilles ; je fais scrmeut de ne pas désemparer , sans que
rassemblée ait pr s une délibération ; que tous les bons dtoyeoià
fessent comme moi.
1
Jf. Toàlongeon. m. Pétion a demandé un décret explicatif dé
celui rendu dans la séance de samedi sôir; cette proposition fttè
parait de toute justice : il faut marquer la ligne de déitaarcatioi
qui doit séparer la ltbei*té de la licence, afin qu*elle n'alarme paà
les bons citoyens, et qu'elle arrête les mauvais. « . î »'.
Af. Pétion. Avec quelques observations, il sera faoife cfé
prouver que le décret rendu dans la séance de samcfdi 'soir al)e-
soin d*étre expliqué. Je demande d*abord s! vous dvek VoiiM
lai donner un effet rétroactif, c'est-àrdire, si vous avezvoûlà
donner lieu à toutes les proscriptions et à tous les troubles ima^
ginables; faut-il recliei^dier tous les écrits bits depuis la révoiki^
tion ; ne sera-t-on pas réputé conpabfe pour avoir dit à un peuple
opprimé : brisez vos fers : re{jarderez-vous comme coupables cèè
citoyens généreux qui alors volèrent aux armes? (PiusièuM
membres de la partie droite s'écrient : oui.) L'assemblée n*a point
encore défini , ni caractérisé les dîmes de lèse-natiôi) , îlès^toril
toire décret Kvre tons les écrits à l'arbitraire des juges, et eom^
promet la tiberlc indi\îdueHe des citoyens. Je propose donc 'dé
décréter que l'exécution de ce décret sera suspendue jusqu'à €•
T. VI, 30
jpt^ l9 tffmi^ ^pif^smii son projet de loj f oi^ la fmç^^fi jf^
jurés.
La disQtfSj^îw e$t fcrm^.
On disiiumde la qu^Upn préalable sur Iç déqrjet propodé p^f
H. PéOan,
jlf^ ^{^^l'^liui^^^ ^ jL«me/Ji. J'.ai çkipiiQdé la jpar(]||e pour çç^
filtre la quesiion préalable proposée sur Ip /^oiiop de M. VélUmf
j'avoneque j^ ne puis concevoir» comment , après tout cç qy*iU
4it» ^rè$ JI9 jQfiaoière dont il a préiicntolcs dfUigerf quip^Mrraieof
l^^^i^r (^^ di^gre^ rendu samedi dernier, qn p^ut proposci* dercr
ji^r qçtue 4iQtip.n? Çertainemecil la presse peut avoir des AJ^Ji^f
fU» /en f piâçie <:u de très-grands d2]i|is ces derniers temps» et jp
lipis loij^ df yo^Ipir çn çjire le défpn^ur. L*écrit à^ J1K^^<> V^' ^
^ d^fiQfici^ ^ cette 9$scmblée, n^i crjiiiinel , est eurèmea^ci^
ffnfniaçif etfil y avait des lois antérieure^ syr cet ol^eti je se^
rais le premier ù solliciter vivement de voii|} |es ppurs,Mi^^ %
llluiiisésr^^f^^fre cet^crit. Mais qupt e^ le jDut qu on $*e^t i^o-
fffp^ Gif vo^s pn^^iaoLt, sani^edi d(;r^iier, ypd(^;eji (fp^i kii ^|^
l^rf^jQ^ 9^4f;^^préterfiei^^.:iLpottr^tdte9lçsplti^^rb.Hra^
^ t^it^ pn ne peut 91^ le dissimuler^ ç* e|it dp fer^içr la bjBMciie
à tous les écrivains patriote^, c*est d'cmppçtier qi|e Iç cen^urf
II1LJÎ19U6 n^ .s*att^cbe à ceu)L qi^i trgiiissent le devoir qui leur est
îipppsé^ de servir r de défendre les inlénét^ du peuple. Je jne Viçp
j^moe p^ de trouver ces disposiMoRS i^ans uneppitie dç Vas*
Ifpbléc. (Il s'çlèvp des murmtires du c^l^ ()^|* Plus^çvrs yçi^
j'çlèvpl : expi j^u^xrvous.) Jiais qu'eUes n,ç spient pas phiç gçp^
tfH^m^t p-epou^çiff par ]^ miyorité , |ç rc p^i$ que j» en /ifi^g^f
If» VPUs4çm4pdç^ si/ûji^ quelq^ iQ^is, ^a fOpUQï^ diç il Pélj^^
f^t trouvé iiutaut de contradictions? ^ele dem^ofl.e^iix gpoéreif.3^
|i|çiii^resdef ix)m(pupes qui se sont si tttileQ(iei)l,^ glorieu^ew^
ff^m^ W fl^ fJ« Paun^e, pour fe^irç 1^ ^crpief^t dp dPWff m
|M^Mti99 libre à \e^r pays, (ftes fla^rB)we§ {^ fo^t ^0^94^9
4ps la p^iie droite ; iLstÇoiii. ét<,>uff^ p^r ie^ gpp^EHmlisfew^a^ iJ^
kl partie &mbe et des tribunes.) Si daos ^ens temp^» si daiwi If
iiome9t ((ite AOtiie réuaftout Mte motion u&U pas «lé^pâiéQiiir
A9UT (I79Q) 4$7
j|($Dt|i^^illii^?... La quesUpn préalable doit être rejietée, et la
mptioif^.e II. Pçj.ion adoptée ; mais je demande qu'il y soit ajouté
m pinéambiile qui exprime ][*iBdîçnation de rassemblée sur ks
ubus ^e la presse^ et particulièrefnent contre récrit coupable de
, » *• '
M.Marat.
* H. Maiouet présente des article additippnc)s et explicatifs.
c II est libre à toi|t citoyen d*énoncer sa pensée , et même de
limf à rifnpressÎQn son opiniop sur les actes du CQrps-Ié{][idatif .
Si des imprimés sont attentatoires à la majesté du roî^ les auteurs
en ^ront po|]cstiivj& en spn nop ; si ces imprimés excitent à la ré-
]|^lioo çonfre lesdécrejU^dMCorpç-Iégislatif^ l^auteprsepseriM^t
pmirsuivis au nom du roi. >
Ceproj^ df <^;*et psi écarté par h question préalable, plu-
sieurs autres projets spqt présentés y et syccessivpmcpl rejetés.
H. Pétipii f^it l^ture de spn décret t conçu en ces termes :
< Ûappi^bl^ n^tion^le décrète qu'il ne pourra être intenté
aucune acfipf^qî^djriçjéâucnae poui^iie pojjr lei^ {écrits quî ont
iié publiés jusqu'à ce jour sur les affaires pu)>liques, à r(^[ard 4e
^^k '9 ^9f^9i^i?9 ppéc^i]ci|ini^t £aitc serg suivie ; et cc-
^nd^l rp^mblée nationale , justei^eiit iudij^iée delà licence à
kqqeile p|usienr^ écrivains se soni livré; dans ces derniers temps,
|. çharjgé sqn comité de constitution et celui de jurisprudence
criminelle réunis de luj présenter le mQ.de d'exécution de sop dé-
cret du 31 jviliet. »
Pc ^p^p4e à j^Uer ^n^i voi]f . Deuaf épreuves succçssivi^s p?-
jW!W?SA49'HP»9f!5* pn fcjçlafnçi l'appel nominal.
. JIj ftyn|is W^Jf^ l^rn^qdeippnt $ui>i^t : à l'ejceptipn i^an-
Pl^ ^'fjpïp ^fijlle (iitimlpp : Cïm e^ (a\i de nmis, à l'égard de
j^qnç))^ Ifi jjjjgfuijvçîfltjpn précédemment foite sera suivie, f
J/^fr^iple ^^ l'ameqdpmj^t pis 911^ voix f9M adaptés.
sti!iG8 w 5 Aotrr.
0» ftk ledHPO des procès^vcrbaux de la séance d'hier au soir.
4f. &ttpoiit et IL Maiouet demandent la parole.
' Jf. JAdoOM* UsastflibWe a-t-elle iK>nltt aitendre ne sévir que
4Sti assemulêk nàtiorale.
contre un seul écrit san{;uinaire , ou contre tous ? Si elle u^a voûta
statuer que sur le décret de M. Marat, elle autorise tous les écrits
qui prèclient la sédition et Teffusion du sang. Il faut craindre une
fausse interprétation d*un décret qui n*a pas été délibéré lucr ail
soir y car la séance a été levée avant qu*on Teût mis aux voix....
Plusieurs membres. — Cela est faux.
J/. Maloiet. Vous avez entendu hier une de ces voix qiîi osent
tout» qui vous a dit qu'elle oserait : attendez-vous que Teffet suive
la menace?
M. Lebou. Que l'opinant aîlle plaider au Châtelet ; ce n'est pr^s
ici un tribunal oit l'on puisse se livrer au ûiouvement de rintérét
personnel. ^
L'assemblée délibère , et on passe h Tordre du jour.
. - M. Dupont pai*ait à la tribune. — Ou refuse de l'entendre. -^
Il insiste. — L'assemblée décide qu'il ne sera pas entendue — II
parle. — Des cris répétés, à F ordre 9 à tordre! étouffent sa voix.
— Voici le discours qu'il voulait prononcer et qu'il Ht imprimer
dans le Moniteur du 5 août:
€ Messieurs, le décret que le comité nous propose â deux bb-
jets très distincts, entre lesquels je vous demande la dîvisioil.
D'abord, il porte sur un écrit incendiaire; ensuite il pîulede
violences commises et de potences plantées/ suivant les consens
" de cet écrit. Quant au premier point , les préôpinans ont tu rai-
son de dire qu'on pouvait interpréter votre décret dliier , de ma-
nière que la poursuite de l'écrit incendiaire' serait interdite,
puisque Fou vra[je de M. Marat est le seul pour lequel vous û^aiféz
pas sursis aux- procédui*es, jusqu-iài iuppopt dont votis avez
char^jé vos comités de constitution*, et de léf^isiatibn criminèrië.
C'est une raison de plus que j*allc{][ue pour que vous ne donniez
pas indéterniinément celte niission à vos comités , par l'exprèssioa
«
va{;ue , dans le plus court délai possible ; comme vous Pavez 'dé-
crété hier, et moins encore sans iudiquer même aucun désir de
célérité, comme on doit i'iuférer du décret» telf qu'il «etf^ve
dans voire procès-verbal, où Texpri^ion flu plus court iUtiai\poi-
^t6/e est supprimée : cç jdoiit je mç jdaifMMS AttèMfteliltfertiiae
AOtfr .(1T90) 409
vous^avez refusé de m'écoglcr. C'est pourquoi j'insiste pour que
vous fixiez, un délai dans lequel vos deux comités devront vous
fyivç ce rapport^ et pour que vous fassiez cesser l*état d^impuis-
sance.où se trouve la société, de réprimer les écrits qui invitent
le peuple à la violation des lois , au crime » au renversement do la
constitution.
Vous n'avez pas. Messieurs, un devoir plus impérieux, que
celui qui vous prescrit de bâter cette mesure. Vous ne pouvez
vous dissimuler que Tart horrible des séditions ne soit infiniment
perfœtionné, et ne se perfectionne chaque jour. Je vous eusse
hier. exposé les progrès effrayans et honteux.de cet art infernal ,
si j'eusse pu obtenir la par(>]e. Je Teiisse fa't ce matin , si Ton ne
me feût point ôlée. Vous, nie l'atîcordez à présent, je remplirai
pion devcNT, Je ne serai ni moins honnête, ni moins intrépide que
le vertueux Desmeunîers; et pui qu'on affectait hier de ne le
point entendre, par cette raison même qu'on l'entendait fort bien,
je serai lieauçoup plus clair.
Vous avez vu croître. Messieurs, l'habileté à répandre des mo-
tions d'assassinats; vous ayez vu cornaient six hommes, qui
$!entcndent, forment d'abord un petit {jroupe, dans lequel un
d'entre eux pérore avec véhémence; comment soixante autres
s'amassent au bruit; comment ^^nsuite les six premiers moteurs
^ dispersent, et vont reformer de place en place d'autres grou-
(M?s, au milieu lies, personnes qui, moins serrées , cnvii*onnent le
premier ; vous avez vu comment , de temps en temps , on ranime
l'attention, par le passage, l'apparition, quelques mots de ha-
raqgiie de quelques plus grands personnages.
Vous avez eu, il.y a peu de jours , un exemple de l'eî^cès du dc-
sordi*e que peuvent causer, et que causent ainsi quelques scélérate
au(|acieux et payés; vous uve^ entendu les cris forcenés , par les-
quels on vous demandait la proscription de plusieurs *Iiomme$
.publics, chargés de l'exécution de vos lois, avant même qu'on
a
vous eut rendu compte de leur conduite, avant (|u'ils eussent pu
sedéfen(lre, avant que vous Jes eussiez juges. On vou5 disait
49M çetie^iUe que c'étaient seulement quarante citoyens qui ex-
â
470 A8SE1IBl£b MATlOIfALB.
primaient lenr pensée; et il est possible qn'oti n*eàt eit effet Ût^
pensé que quarante écus. Cependant tos huiliers , clii^^és d'ë
vos ordres, pour foire cesser ce tumulte , ont entendais rtoèndcé
rcpéiée de vous apporter les tètes qu'ort voulait piiposcrrre. tàt
entendu le soir un des chefs snteitcrne^âé ces factiett!t , $é fan-
ter, au Palais-Royal» d'avoir enjoint à vos huissiers de vous ^r^
ter celle réponse, et ajouter qirc Ic4 bon^ citoyens ëtiféAt encore
h temps de suivre son conseil. Tdnt d*efForts otit êié MnptiîssàÀk
contre votre sajjcsse , et contre Tactivité et la taleiir dé U j^ûtAé
nationale parisienne.
Un nouveau degré d'adresse , de scé!ératéi5Sè' et de fioîréè# i
été déployé. On a porté rafHfnosité populafif é ^ui^ dé^ bffetà ^iH
touchent le peuple de fins pfès; cm t'a tournée confia cèâx ^&
échangent de Fargent potn- deâ biltets. C'était àëë ééoslè i{fïé iéM
aviez prévue, Medsleorsy et qut avait été aniiotfèéé plâ^etii^ foHt
dans cette tribuiie, que lorsqu'il y aurait ttrie gfaifilè qôràn^ftéM
pnpier-monhaie, il s'établirait une différence de pfUt éàitêVsàf^
gent et le papier. Elle existe dan^ tons leé paya dtr fttgeêl et le
papier concourent à la drettlaltibn ; elle y varie èékAï Pâbi^dilSëJ
dé l'un et de Fautre. A Amstérdaùi on cote lotid lés Jdnrè ce
cours à la bourse avec celui des changés et dés effets (iàbtîc^. Â
est sifl^ple que les gens quF ont des bHlets, et ^d né ^iemètitaveé
eux payer ni leïirs ouvriers, ni toutes les fnenttes dêpëiai&à cctf^
rantes, demandent au petit nombre de cmi^à m énéott éà
l'argent de vouloir bien leur en donner pônr fénrsbîftéùr; if éA
tout simple que ceux même qui ont de t'afrgént n*èi sAèiH gtté^
dans un temps où les propriétaires, ni TEfat né téuchéM (mN^I^A)
revenus, et où le commerce est privé d'activité^ de dSftftt èf de
rentrées ; il est tout simple que les porteurs dé biHeis offréU AkÉ
prime à ceux qui leur ed donnent laf monnaie éot ^g^i;É ëk
tout simple encore qu'ils regrettent eettê priAké: ftfttfh teflfî^,
pour rendre Targent pins rare, éb le i^epoussisurt dtt^ inarébé fêt
les menaces ; pour décréditer aînâi les assignats, qài ébat Éà db
vos principaux moyens de salut; mais stU'tout paàf éicciMrli
terreur chez] lés citoyens honnêtes , et pour m&tihf
dans la main des fiiclieux la vie de qàî Ton voudrait, o» H soulevé
ccMte les jeuftes garçons qui échangeaient ràrgeni , des pèf*
SQjines sanjT inf crôl à la chose , qui ne sont pas assez riches po^
afvoi# des bideis, qui, peut-élre, n'onf jamais possédé âÔOî fréliei
dans lem* vie. On letir a dit : Paniez les marvhandi €argénJij et
là lanlerne , dont les avocats-généraux défendent aftec ftriiit d^ar*'
deur I liémme qut -a eu Todîeuse impudence de s'ett dédarerprok
cbrew^-général, la lanterhe a été descendre. Mais ce èlésttà^
Messieurs, que Fécorcc An mal : voici la profondettr de ik Spëcd-
latiôn, de r horreur et de la bassesse.
4^ On a dit : iVo/i, il ne faiii pan pendre tàun tëuûù qitt tërviéiit
âé [argent , il ne fant pendre qtc ceux qi ne voudront pà^ dire ou
il» k prennent, C(*t(e opmion uire fois éiablié , leé cliefs dés sédi-
tieux , safrish^ efforts de la gardé nàlionale, seraient devenus les
nKiîires de faire piérîr l'horrinie' qu'ils auraient voulu. Ils avaient
édtDbiné de manière à se réserver dans Paris , lé choix des ci-
toyens qu'ils immoleraient pour six francs. Oui , Messieurs ; it
éii a coAié au moins cent écus pour faire assassiner té tiialbéd-
i^tix boulanger François, saisi lors de votre arrivée dans ceifê
^lé, à la porte de votre salle, pour vous ttiotitrei* de lioinéau'
foute retondue de la puissance de ceux qui savaient remuei* té
pénf^lé.Avec (a nouvelle mécanique, sans le bravé la Fayette éif
Séé dignes soldats , Il n*én cdftteraii plus que siix francs poiit hîté
pSiiâré et déchirer Thomme lé plus illustre, le citoyen le plu^ if-
rëprdch^e , lé patriote le ptu^ veMueux. tt suffirait d'àposter
WA jéuBchofmme qifi offrn*ait de l'argent contre des billets, qu'on
Hfénacèt'ait du (atat réverbère , et qui , deniandant grâce , dirait
qu'il prend l'argent chez JU. un tel, eh tel lieu. Sur cette déiioâ*
ëiation diétée et payée d'avance , le feu seraiit dans lés tiiaisoiii
ei les tétés joncheraient les rues. On à saisi , pouf elicitet^ cette
léirméntâfion, le teftips des étectiotis municipales, parce qu'on es-
fierait « on trouver alors une moindre résistance, si lé liiaire et lé
eoritmandant, tenant plus à leur place qu'à leur devoir, s'en lais^
salent imposer; ooiés dépopulariser et leur en substituer de moioà
iNsrtoeoi , si , pressés par la circonstance , Hâ ôrdonnÀiéât i ràir^
47a ASSElfBLÉB If ATtONALB.
méc nationale de repousser le crime par la fproe. La bonlé du
peuple de Paris a résiste aux insinuations des factieux du pre-
niier onire , et aux exemples de ceux du dernier rang. La vîgî*
lanoe.et le coura{;c de la garde citoyenne ont contenu les: excès
deçeux"tû,' mais le feu cquve, brûle encore, et il ncfoudràit
qu*un léger instant de ncgjigence, pour que, sans, cesse attilë
par les écrits séditieux , il ne produisit d'alTreux ravages.
< Ce que Ion vous a dit hier à ce sujet était totalement dénué
, de raison. On a cherché à brouiller vos idées, en argumentant,
sous votre constitution , comme on aurait pu faire, sous celleque
vous avez anéantie, en supposant qu*il était encore des cas qui
rendi'aient Ijnsui rcction lolérable, et cherchant, à cet efFet , des
exemples dans les temps passés. Quelles sont le$ lois aojourd*tMif«.
Messieurs? Celles que vous avez faites ou maintenues, Qjuelle est
la constitution? Celle que vous avez décrétée, que le roi a ao»
ceplée , que tous les braves et tous les patriotes de la France pot
jurée avec vous. Comment. pouvcz«vou5 laisser dire qu*il pour:
ra tétre bon qu*pn excitât des insurrections contre elles? Vous
4tes les législateurs assemlilés^ et vous avez décrété quela FraiioQ
aurait une l^islature permanente. Quelle est la chose fiertiiise
vis-ù-visdu pouvoir lé{;is!aiif en plein et perpétuel exercice? Des
• » . . . • •
pétitions. Vous devez les admettre toutes • et vous n en repoussez
aijçune: mais nulle pétition ne doit être faite par forme d'insur*
ri^tion , ni à main armée ; car a!ors elle est sédition, rél^eUion,
révolte ; et si vous les tolériez , ce serait alors que vous ne pour»
riez maintenir votre constitution , et que vous auriez uœ contre;
révolution tous les quinze jours. C*est contre les insurreçtionS|,
contre les pétitions à main armée, que vous avez fait vingt dé-
crets et que vous avez établi la loi martiale. Que voulaient donc
les g^nsqui protègent les écrits incendiaires? Ils violent, vos. lois,
en excitant à les violer. Ils ne sont pas les amis de la constitution;
ils blasphcnvent ce nom, s*i!s Tusurpent.Ce sont des despotes qui,
s'ctant créés, par séduction et par argent, une armée indisciplinée^
mais redoutable, veulent conserver leur empire , et au risqnede per-
dre votre constitution, votre liberté^ notre comqsunepatrie^yeulçnl
prrioRger entre lears mains » le pouvoir de foire trembler tout
le» hommes de bien qui, résisteront à leurs complots.
' f J'en conoais cependant un grand nombre, dont Tesliroe et
Famitié jn'encouragent ici, et qui ne trembleront jamais. C'est en
leur nom, comme au mien, que je vous demande de décréter,
que dans un délai que vous fixerez , vos deux comités vous pré*
sentent le projet de loi par lequel vous enlèverez aux factions
r^urme des libeHes. Un membre du comité de constitution nousa
dit dimanche, à la tribune, qu*il ne fallait c|ue deux jours pour
ce travail. Ges deux j«urs sont écoulés : dbnnez*en quatre encore,
indiquez , pour que le^ojet si nécessaire,, dont vous avez. or*
ikmné b rédaction, vous soit proposé. Voilà, Messieurs, les vé*
pttés et les idées que j'avais à soumettre à votre considération
pour la partie 4u décret qui concerne les écrits séditieux. Quant
aïKx actes de. vblence, aux rébellions effectives, aux gibets éle*
yés contre ceux qui obéiraient à vos déciets , vous avez déjà dé-
cidé que ces crimes seraient poursuivis par les ju{][es ordinaires;
réferez^vous à voure décret : c est le cours d'une justice que vous
avez établie. Biais je reviens à vous dire que celle qui n'est pas
cnjQore établie, est, s'il est possible , encore plus importante; et
leterminepar la motion expresse que vos deux comités soient
chargés, conformément à votre décret d'hier, de vous offrir, sa-
medi , ks moyens d'exécuter votie décret du 51 juillet. Il iaut
coBr mettre un terme à ce chaos d'horreurs et d'anarchie: il est
temps que Je bruit scandaleux et funeste des libelles qu'on peut
]9B|faider comme les tambours du meurtre et de l'incendie , soit
eonvert par J9 voix puissante, de votre raison et de votre patrie*
tisme. »
y:.If.»»Rapporleur,éu comi'é des recherches. Le directoire du dis-
trict du département du Loiret nous a envoyé im libelle intltufé :
Bépome des.offâen municipaux des, campagnes du Gâiinais aux
adminislrt^eursdadépariemenldu Loiret. Ce libelle eslune réponse
à l'envoi du dernier décret sur les droits de champart. Il a pour
objet- d*exciter le peuple à ne payer ni ces droits, ni les droits
Hûdaust Mpiiriiiiite ^vec indemnîtét II y est dit que rassemblée a
47i ASSEMBLÉE fCATlOHALE.
ceoserrëces droks par jvoe d'intérêt personnel; qiiil ftat éUkn
dos potences pour y attacher eeux qui les deqianderftîent «n vdo^
draient les payer. Ce libeHe avait été remis par te curé d'Ecki-
Ituse, près Pithiviers» à une fenme chargée d*eit àistribatr i
toutes les municipalilés.
La souiéié des Atnis de la constitutkm à lioatargis a cerît & tai
sœiëtédu mémo nom à IViris, qHelel4i«iUel, à Jo»y> usnoniBii
Pitidier avait élc\ié une potonoo fobriqttéo dans ia grange d'au
ofiiciicr muntctpalt et que M* Pradier av»t dit l'arotr kk de
Tordre de la niunieipaliié. î)eu% pQi*ticttiieraK)iit failli y âtre pe»i
dus. Le comité des rccherclics propose de déoréterr q|ae le préi
sident sq retirera sans délai par-devers le nâi» pour «opplier êâ
majesté d'ordonner aux officiers du tribunal do Neniours d^infof^
ÉÈtr contre les auteurs d u9 écrit intitulé : Répâme ém of^tàtn
munkipaiix detiparomcf des campagnes été Câlinais auxadmtâê*
iraieurs ita département du Loiret f et même 4^ se tnitisporlér
bors de leur territoire, si ie eus reiii{;e.
AT. Aejfnau(</députéde!âaiirt-Jeiuird*A]igely^fMrtts«iteimpi^
jet de décret.
Mé Foucault. Dans le PérJ{][ord, ma previâee, letf maîa qm
nvaieet été plantés » ces signes d'iusnrrection , doat em wMâ
faire des potences , existent totifours.
Jtf. Estourmek En Lûfrakie,<»n brAtode nooTena hsehiteànaL
Mm le rapporteur du eomité dos reclterche»^ i*DobIiaii ds
dire que des hommes courent leseampognes^ en oriant :
0rand déeiret qui défend de purger les dima et tes chÊMpaansa II bÊt
€fWi les dîmes soient meatknmées dans le décret que Yoas roi^
drez.
Le projet de décret présenté par ■• tke^ÊSKods evt àM km
teix et adopté en ces termes :
» L'assemblée nationale » af^ès airbir «ntendn ton dematéM
recherches, décrète que le préskient se retirées dans te jonr pèt^
éeters le roi, pour prier sa nfiofesté de à&Biief les ol*dr^'le8 pkié
frréeisetlesplm prompts, poor que» dans retendue dÉrdyaunie^ A
en fianieuliér dani le dépaHementdu Loiret^ Mr li'BMBliaft friMî^
• AOUT (1790) 475
suivent et pirôissent , àVec toute fa scve'ritë des lofs, tous ceux
qui , au mépris des décrets de l'assemblée nationale et des droits
sacrés do la propriété, Vopposent, de quelque manière que ce
soit, par violences, voies de fait, menaces ou autrement, au
paiement des dîmes de cette année et des droits de champarts,
ag[riers, et tous autres ci-devant sei{;neuriaux qui n'ont point été
•M> • • . .4M,
supprimés sans indemnité : ainsi que des rentes et censives en na-
ture ou en arguent ; que sa majesté sera égfalement priée de don*
ner des ordres pour que les municipalités fassent détruire toutes
les marques d'insurrection et dé sédition, de quelque naliirè'
<|U*eHes soient. >
iL Supont lift UB profèt de déorel qui est adopté ainsi C|a*il
t L'assenlbt^ fl^tioàâTe décrète t\ué son comfté de constitu-
tion j et son comité de jurisprudence criminelle, lui feront, 4
Touverture de la séance de samedi soir, et conformément à son
déarei dliîer , leur rapport sur les moyens d'exécuter son décret
dh M ^illêt^ eone^nant leè détits 4|ui peafêiH^élfe cmiuns par
éd Fiibprèssiéâ. t
m VQ Kuim tohmm*
TABLE DES MATIÈRES
DU SIXIÈME TOLUlfC.
Bvnm Dz MAJ. jun* j vzllst co xKsvozMnrr o'aovt.
Suite de mai. — Ordre jndiciairp. — Yaura-Uil des tribunaux (Tex-
ceptkon ? Discussion , p. 4 .
CcnsUiuiiou civile du clergé. — Inirodnclion aux séances, p. 9. —
SÉANCE dti 3a, diseiKirs de rarehévé(iite d'Aix, p. 41.-— SÉAifCB
du 30 , discours de Treilhard p. 42 ; discours du curé Leclerc,
p. 48 ; discours de Canuis , .p. 25 ; discours du curé Goulard , p^,. 9^;
discours du curé Jallet , p. 29 ; discours du curé Gouttes , p, 51 . . ,
Du droit de paix et de guerre ^ introduclioti , p. 54. — Lettre de Mont-
morin à rassemblée, p. 55. — Délibération des Jacobins sur la pro-
position qu'elle renfermait , p. 56. — Exirait.des Annales patriù-
tiiuesy p. IRT. — SÉANCE du 45 mai, discussion sur la letttie de
Montmorin; sont entendus : le duc deBiron, Maurj, Qiiesnoy^
Alex. Lameth, Bamave, Goupil de Préfeln, de Broglie, Robes-
pierre, IVlirabeau Falné, Rewbel, Menou, D'Aiguillon, Cbarles
Lameth, Dupont et Levis , p. 57 à 50. — Séance du 46. Lq nation
doit-elle déléguer au roi l'exercice du droit de lapnix et de la guerre?
DisconrsdeSérent, de Jallet, de Charles Lameth , p. 50 à 51. —
SÉANCE du 27. Suite de la question précédente ; sont entendus :
Malouet, Péiion et Goupil, p.. 57 à 66 Séance du 48. Suite.
Discours du duc du Châtelet et de Robespierre, p. 60 à6S. — Séance
du 20. Discours de Miral)eau, p. 68 à 94. — Séance du 21. Dis-
cours deCazalès , p. 94 à 400 ; réfutation de Miralieau par Bamave ,
p. 400 à 4 1 1. -- SÉANCE du 22. Réplique de Mirabeau , p. 4 42 à 424 ;
discussion et décret, p. 424 à 152; troubles dans Paris. — Article
de Fréron, p. 452; de Desmoulins, p. 456-; voleurs pendus par le
peuple, p. 457. — Séance du 26 à re sujet; lecture , par Baiiijr ,
d'une proclamation municipale. — Explications parlementaires sur
les troubles, p. 459 à 445; état comparé des déclarations de vols et
captures, etc., p. 445; article de Desmoulins , p. 445; bruits sôr
la défection de Mirabeau , et examen d*un éciil intitulé : DisroMrg H
réplique du comte de Mirabeau y par Th. Lameth, p. 446 A 4M.
tABLË DISS tfATtiRBA, ' 4ktt
^'^^1^\épAéitmtmtééfù^ ïcissien. ^ Articles de Feyàel et de Carra,
* ^ p; K9è k i¥^. "^ 'Qab de I78&, p. 401) arlide de Desmoulins ,
V p li63L' - •• • •
<*Ph>vfiir09. -^ tnsurttecHoii à Marseille eC à Monlpellier. Les forts sont
pris sur la troupe par le peuple. Séance du 12 mai , p. 465 à 477. Âr-
'tlele,de la Gasetie df Beaueaire sur ces évéoemens, p. 477. Mêmes
niouveiQens à Marseille , Montpellier , Valence et Toulon. Bonne-Sa-
, yardia arrêté à Pont-Beauvoiiàn , p^ 479 à iSU Troiitbies en Corse ; ex-
, ,4xait du jQUfiialpaUioUque de Tile , p. 484 . Troubles à Montaubjm et
> ; jà N imesy p. 4 $5. — Séance du 4 4 , dans laquelle est dénoncée la décla-
, ratwn descathqlicinesde Nimes, p. 487 à 4 9$. Pode fédiratif fies bas*
r. 9fM^^^f caporaux et fasUiers de Normandie et de Beaucey etc., p, 4 95.
; Ports. /— Discussion sur le plan de monicipalité , p. 494 à 306 ; article
- :^dfS.D^9inQul|t^. r-Sprlie de Maufy contre la suppression des districts,
...,.p, j;06à^. -rn>, Açs^mblée des i^ipr^^tans de la commune, au
sujet d'une t^eoiaiiive de corrupMon dénoncée par le baron Menou,
p. ^A2I5,
JuiN.-r- iBtrpjducUon^ Pf.^f G- — Constitution civile du clergé.— Séance
. . di^^f'jui/i^ sont entendus : IV^u^^^L^^^d^^Ç^inus, Dumpuchel
.. ^tGoffU^9 ;p.^l7.à 228. — Sjsancb du 9, spnt entendus : Mar-
. ..tineauy T^bé Jacqueina^d^ Robespierre , Goupil, Chapelier,
,, Carat aîné: discussion, an^idement, p. 225 à 255. Réflexions et
■ citations gui feçipent cette question , p. 255 à 258.
F^naiiçes/ Aperçu {général de letat des finances, cICm etc, p. 2^ à
, 248. État actuel;dc la conlrttxUiojo patriotique, p. 248. Divers états
i:elati& à la caisse d'escompte, p* 249 à 252. — Rapport de Lebrun
sur les finances. -^ Séance des 5^ 6, 41, 4â et 45, p. 253 à 265. —
SÉANCE du 25. Aliénation des domaines nationaux. Oiscjssion.
Opiniâtreté de Maury à la tribune. — Tumulte. — Scandales, p. 203
à 272. Article de Desmoulins , p. 272 à 273.
Proiet de fédcrition du 44 juillet, et séances relatives , p. 274 à 28^.
-r SÉANCE du 49 julu. AboHUon des titres nobiliaires^ p. 280
, à29fe. .
.^]pv|u|a)iiUtéde^dépaité&4éfinie^t décrétée dans les séances des 25 et 26
. ( fltt'Si^ die Mirabeau (icivioiinle) et, de Toulouse Lautrec, p. 298 à
. 5).4. In^jdenM.I^. 9éj|noe,du 25^ 1^ vainqueurs de la Bastille à la
, , bfifreder<^^^s^l^^,..p. 39^*
Provinces, — Rapport de Tafgèt , p. 315. Lettre écrite par MM. les
_ officiers i)9iviidpaux d'Âvjgnon à MM. Camus et Boucbe, p. 34<|.
Péput«lion ayignonaise i la barre de l'assemblée . p. 318;.
^9Mf.*-^mpui du roi pour St.'<4kMicl. Articles^de Ffléron et de
à
.Guerre à la presse patriote. )fan^, Fr#rw, DflSDi|iiKn«.«M Pour-
suivis ou menacés , p. 525 à 529. Article de LousCaloI mir llMadfriié
BiÛH^IérieKe^ p. 539. Art}C^^ IHmcmlilIli |^« WS^EUmiUiM^
de jBO , et .cliaoscm de PijSy p. $^ ^ Q54«
ioiLLEi^ -»- Inlrodoction, p. 5M. Adresse de Iforst amt rltoyeiit^or-
4tttiés des fauh(m rgs, an sujet des èleetlotw msiMpaléi, p. WS&. Messe
royaliste, p. 597. Bruits sur <|aelque machination tramée poor le
44' juillet, p. 538. La guerre repoussée par les patriotes, affaires de
Tabago ; p. 558 à 549. -^ SilANéK du 4^' juillet , an s*. Placard du
district des Cordeliers. (Réflexions de Marat , de Lonstalot • de D^
éianUns sur Tinopportunilé des élections tnumeipales , fixées an
4 juillei). Trente-six distdcls se réunissent aux Gordefierd et Tiemieiit
à. la barre de Fassemblée. — Les élections sont ajournées air 25,
p. 540 à 544. Muguet , au nom du comité des rapports, demandé^ne
la cour des aides cesse de poursuivre ceux qni ont incendié ta bar-
rières le 14 juillet 1789. Maury s*y oppose ; la proposition de Muguet
est adoptée, p. 545 à 340. — .^£amcb du S. fi^emandcs de con^ et
étscHSsioR , p. 5&9. — SéANCss du 5etdn 4. Tn^dent sur Albeîtde
Rioms, qui demande à être admis à la fédération; Dupont de Ve-
mours propose un décret pour la libre circulation des poudres. -^ Re-
}eté. Esprit des deux presses , p. 552 à 554. — SéAXCB du 6. Levassor
lit une lettre que lui écrit de Londres le duc d*Orlédns , sur ssj lé-
s^ntloR de revenir en France; discussion entre Laftiyette, ttnto
ici Duqnesnoy ; ordre du jour ^ p. 554 à 557. — Si£.\ncb du 9. Projet
t!e décret sur la forme du iserment que le roi doit prêter â la i^dé-
ration; discours de Manry, Barnave, Cazàlës et Alex. Lametb,
p. 561 à 571. ^ SÉANCE du 10. Députation d'Améiicàins à la batre,
p. 572. Adresse des citoyens d'Avignon détenus â Orange; vive dis-
cussion soutenue par Maury , p. 974 à 581.
Fête de la fl?dérâlion. — Analyse deâ séances quila précédèrent; pétition
de Talma ; extrait dé VAmi du péupU et do rAmi dû roi > j;. ^1 â
583. Introduction à la journée du 14, p. 585. — Article deXoû^alot
iup te dub de 4^89 , p. 565. Extraits , sûî* kt'fttê , die» joornauk As
tUv^uitêti» di P4iPh, p. 887è5iH^; ¥ÂnUdû piufihy p!. M à 896;
k8^Ré9otuiU)iadêPfa»e0HdëBitùbaHi,p. 596 à 490. BxtmSt^n noie
de le Château des Tuileries y p. 5M. HaatOB à la tragédie de
Cbaaries IX; eiUratt de Msmt ^ p. 494.
•tiAircE du 47. Rapport par (%abrood sur lés entrées de Lyon. I^é-
flexions de Marat , p. 405 à 406; — Le soir. Suite de f affiûre 4'0-
rnnga, p. 496 à ààÂ. f^ S^ahûb dn 90u Tnmblts ikf^niOM ,^^Mà
TABLE DES MATIÈRES. 479
à 446. — SÉANCE da 22. Troubles à Monfauban , p. 416 à 425. —
SÉANCE dn 26. Suilede celte affaire, p. 426 à 430. — Séances des
27 et 28. Courrier des Ardennes expédié à Dubois-Crancé. — Vives
alarmes. L'analyse est de Desmoûlins, p. 430 à 434. — Séance
da30 jaillet. Nouveaux troubles à Lyon, p. 436.
Août. — Introduction. Les nouvelles des Ardennes arrivées à Dubois de
Grancé excitent la presse. ArticlesdeDesmoiilins etdeLoustalot, p. 438
à 440. Le pamphlet de Marat , C'en est fait de nous, p. 441 à 446.
Malouet dénonce à l'assemblée Camille Desmoulins et Marat; Fermont
demande qu'on y joigne les Actes des Apôtres et la Gazette de Paris;
discussion et décret, p. 446 à 450. — Séance du A^^ aoiH. Addition
proposée par Rabaud au décret précédent ; motion de Dubois , p. 46\ .
Le président lit une lettre des vainqueurs de la Bastille ; discussion
et décret, p. 432 à 454. — Séance du 2. Rapport de Yernier sur les
finances, p. 454. — Séance du soir. Émeule enlreles deux séances.
Extrait des Révolutions de Paris ; article de Desmoulins; sa lettre à
l'assemblée; Malouet répond; interruption de Desmoulins placé aux
tribunes; Robespierre le défend; dénonciation par Dubois; proposition
d3 Pétion; discussion et décret, p. 454 â 467. — Séance du 5.
L'assemblée s'occupe encore des délits de la presse. Malouet et Du-
^pont sont entendus; décret^ p. 467 à 475.
Fm de la table des matières.
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