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HARVARD
COLLEGE
LIBRARY
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16'
REGIMENT D'INFANTERIE
HISTORIÇUE
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M, POITEVIN
apiUiiiie breveté au Ré|inient
HISTORIQUE
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16- RÉGIMENT D'INFANTERIE
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HISTORIQUE
ir RÉGIMENT D'INFANTERIE
M. POITEVIN
PARIS
LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C
lUPHIURUnS-ÉDITBUtlS
30, Rue et Passage Dauphins, 30
Ft 3H«.iG
AU COLONEL ET AUX OFFICIERS
DU 16« RÉGIMENT D'INFANTERIE
Messieurs y
•
A toutes les époques on s'est attaché à développer les
facultés morales du soldat ^ à élever ses sentiments et à
lui inculquer le culte du drapeau. Cliaque année, les
instructions ministérielles sur les inspections générales
rappellent la nécessité de donner à Vhom^ne une forte
éducation militaire, en même temps qu'une instruction
solide.
Parler à Vùme du soldat, lui rendre familiers les hauts
faits accomplis dans son régiment, tel est, pensons-nous,
le plus sûr 'inoyen de développer son éducation morale
et de maintenir dans le corps le culte des traditions
militaires.
Tel est le but de ce travail.
HISTORIQUE
ou
16"^ RÉGIMENT DINFANTERIE
ORIGINES DU REGIMENT
SES TRANSFORMATIONS SUCCESSIVES JUSQU'A NOS JOURS
L'origine du 16* régiment d'infanterie remonte à 1595, époque
où Henri IV créa le régiment de Balagny. Il porta successive-
ment le nom des 16 premiers mcstrcs de camp qui le comman-
dèrent.
En 1684, une ordonnance du roi Louis XIV lui donna le nom
de régiment de Béarn. Il avait rang dans les sept petits vieux
régiments.
Une tradition conservée dans le corps faisait remonter son
origine à une compagnie de gardes de François de Valois, duc,
d'Alençon, frère de Charles IX, levée en 1576. Le général Susane
dit que celte tradition semble fondée, et les preuves qu*il en
donne sont très acceptables.
En 1776, la formation de nouveaux régiments d'infanterie
amena le dédoublement du régiment de Béarn. Les 1«' et 3* ba-
taillons continuèrent le régiment de Béarn. Les 2« et 4* batail-
lons formèrent le régiment d'Agenais.
En 1791, l'Assemblée nationale supprima les noms de pro-
vinces des régiments et les remplaça par des numéros. Le
régiment d*Agenais reçut le numéro 16j^et devint le 16* régiment
dinfanterie.
— 2 —
A partir de cette époque, les corps qui portèrent le numéro IG,
furent les suivants : la 16* demi-brigade do bataille formée
en 1793 du i^' bataillon du 16* et des volontaires de la Meurthe ;
Le 2® bataillon du 16* qui avait été envoyé à Saint-Domingue ;
en 1791 ne fut pas amalgamé et se fondit dans les troupes colo-
niales ;
La 16* demi-brigade de ligne formée en 1796.
Le 16* régiment d'infanterie créé par Tarrèté des consuls
de 1803, qui remplaçait la dénomination de demi-brigade par
celle de régiment. Cette organisation dura pendant toute la
période impériale.
L*a lésion du Gard.
En 1815, une ordonnance royale supprima la dénomination
de régiment pour lui substituer celle de légion. Mais cette orga-
nisation ne dura que cinq ans.
Le 12 décembre 1820, le maréchal de camp Baron de Couchy,
inspecteur général du 5* arrondissement d'infanterie, prononça
la dissolution de la légion du Gard et en forma le 10* régiment
d'infanterie de ligne actuel.
L'Historique du 16* régiment d'infanterie sera divisé en trois
périodes.
PREMIÈRE PÉRIODE.
DEPUIS l'origine DU RÉGIMENT JUSQU'A LA RÉVOLUTION-
DEUXIÈME PÉRIODE.
RÉVOLUTION ET EMPIRE.
TROISIÈME PÉRIODE.
DE LA RESTAURATION A NOS JOURS.
• • . •
PREMIERE PERIODE :'
DEPUIS L'ORIOINE DU RÉGIMENT JUSQU'A LA RÉVOLUTION
LE 16« DE LIGNE DEPUIS SA CREATION JUSQU'BN 1793
Réfl^lmeiit de Béarn.
(4595-4776.)
L'origine du régiment de Béarn remonte à 157G. Le 6 mai de
cette année, la reine Catherine de Médicis, dans une clause du
traité de Ghatenoy (paix de Monsieur) reconnut au duc d'Alençon.
frère de Charles IX et de Henri III, le droit de lever une compa-
gnie de gardes pour sa sûreté personnelle. Le commandement
en fut donné au brave et redouté Bussy d'Amboiso et après sa
mort à son beau -frère Jean de Montluc de Balagny, qui devint
maréchal de France et qui est resté célèbre par ses mémoires.
Le régiment porta d'c^bord le nom des seize mestres de camp
qui le commandèrent ^ C^était le plus ancien des régiments de
gentilshommes et pour ce motif il était fort recherché de la haute
noblesse.
BALAGNY DANS LES PAYS-BAS.
Le duc d'Alençon était allé au secours des Pays-Bas, révoltés
contre TEspagne; il se fit livrer Cambrai et en confia la garde et
le gouvernement à Balagny. En 1581, il repoussa toutes les ten-
tatives du prince Farnèse pour reprendre cette place, où il se
1 Mestrc do c^mp, colonel.
— 4 —
maintint pendant 11 ans. En 1503, il sut profiter de l'embarras
du roi Henri IV, pris entre la ville de Laon qu*il assiégeait et
une armée espagnole qui venait au secours de la place. Il amena
au roi un renfort de SOO chevaux et 800 hommes de pied. Le roi
fit Balagny maréchal de France et lui donna la principauté
héréditaire de Cambrai.
En 1H12, le régiment passa aux mains de Charles de Rambures,
un des plus vaillants des officiers de son temps.
RAMBURES EN BRETAGNE.
Louis XIII, s*élant rendu à Nantes en 16H pour y tenir les
États de la province, « il y trouva le régiment de Rambures, fort
de 2000 hommes bien équipés et dont il fut si content, qu*il le
chargea d*aller avec les gardes françaises soumettre et démolir
la ville de Blavet. foyer de rebelles toujours prêts à livrer leur
port aux Espagnols ».
Le régiment fit ensuite le siège de Creil-sur-Oise, débloqua
Péronne assiégée, assista aux sièges de Laon et de Ilethel et fut
envoyé dans révêché de Metz, sous les ordres du maréchal du
Plessis-Praslin.
FABERT.
En 1619, Fabert, qui par sa valeur et son mérite devait con-
quérir un jour le bâton de maréchal, s*enr6la au régiment de
Rambures.
Il avait 20 ans : c'était le fils d'un imprimeur de Metz. Dès son
arrivée au régiment, il se distingua par son courage et sa con-
duite sans reproches.
SIÈGE DE LA ROCHELLE.
Le cardinal de Richelieu avait mis le siège devant la Rochelle,
dernier refuge de la religion réformée. En 1627, Rambures
arriva devant la place, s'établit à Angoulin et construisit sur la
pointe de Coureilles une batterie de 6 pièces qu'il servit pendant
tout le siège. C'est pendant ce siège que Fabert reçut la charge
— 8 —
de sergent-major du régiment. « Jamais, disait-on alors, régi-
ment ne nt mieux Texercice et ne fui mieux discipliné que celui
de Rambures. Faberi en fit un régiment modèle. »
RAMBllRES EN PIÉMONT.
En \ 629, le régiment est envoyé à Tarmée de Piémont. Il fait
des prodiges de valeur au combat du Pas de Suze. Au mois de
mai, il assiste au siège de Privas, il concourt à l'attaque de
gauche. Aussitôt le signal donné, Fabert à la tôte des enfants
perdus plante son échelle contre Pescarpe de Touvrage à cornes,
arrive le premier sur le rempart et tient Tennuemi en respect
jusqu'à l'arrivée de ses hommes; le régiment le suit, Fabert
est grièvement blessé d'un coup de mousquet, le capitaine de
Fougerolles est tué.
L'année suivante 1G30, le régiment rallie Varmèc de Piémont
au siège d'Exilés. Fabert reconnaît le fossé de la place, fait
exécuter une tranchée et place deux canons en batterie devant
le donjon. La garnison intimidée capitule ; s'avançant ensuite avec
quelques compagnies, il emporte le pont de Mafrée et surprend
le poste de la tour Garbonnièrcs qui capitule. Au combat de
Yeillan, Fabert, à la tcte de 20 hommes, tient tcte à 400 Savoisiens
qui harcèlent l'arrière-garde; il est dégagé par son régiment.
Au siège de Saluées, dans la même campagne, Fabert s'avance
seul sous une grêle de balles, pour reconnaître les abords de la
place. Il reçoit deux coups de feu dans son chapeau. Le roi
Louis XIII, plein d'admiration pour ce brave, lui donne une
compagnie dans le régiment.
GÉNÉROSITÉ DE FABERT.
Fabert, ayant appris que le capitaine Bizemont, auquel il
succédait, laissait des affaires embarrassées, fit compter
7,000 livres à ses héritiers. Cette somme représentait le prix
d'une compagnie à l'époque. 11 fit entendre que le roi l'avait or-
donné ainsi, afin qu'on ignorât sa générosité.
Le 6 ao&t de la même année, le régiment partageait la gloire
du régiment de Picardie au pont de Garignan.
— 6 —
GUERRE DE TRENTE ANS.
A partir de 1G31, le régiment opère en Lorraine el sur le
Rhin, et fait successivement les sièges de Marsal, Moyenvic,
Vie, Trêves, Nancy, Bitche et La Mothe. Envoyé au secours
d'Heildelberg, il bat les Impériaux, le 23 décembre 1635, repasse
le Rhin sur la glace et participe au siège de Spire, où il se couvre
de gloire à Tassant du Faubourg.
GRANDEUR D'AME DE FABERT.
La même année, les Impériaux ayant ravagé la Lorraine et le
Barrois, le régiment qui était à Château-Satins, est envoyé à
leur poursuite.
Fabert, qui était toujours à Tavant-garde rencontre, entre
Sarrebourg et Lunéville, un camp que l'ennemi avait évacué à
la h&to et où il avait abandonné ses malades et ses blessés. Un
officier ayant crié : « Tuons tous cesgredins », Silence, dit Fabert,
on ne tue que les gens qui ont les armes h la main, vengeons-
nous mais d'une manière digne de Français ! » 11 ordonna ensuite
de distribuer à ces malheureux le peu de vivres de son déta-
chement, les fit transporter à Mézières et donna Tordre de les
bien soigner. Presque tous ces malheureux par reconnaissance
prirent du service dans Tarmée française.
RAMBURES REÇOIT LE DRAPEAU BLANC.
En 1635, le régiment reçut, comme récompense de ses nom-
breux exploits, le drapeau blanc. Cotte distinction le classait
parmi les régiments petits vieux et lui donnait droit à une com-
pagnie colonelle.
COURAGE DE FABERT.
En 1636, le régiment qui avait ses quartiers à Epinal, reçut
Tordre d'aller au secours d^Haguenau investi par les Impériaux.
Il quitte Épinal le 3 juin, s'empare en passant de Saint-Dié et de
— 7 —
Saiutc-Marie-aux-Minos, et entre le 10 à Ilaguenau. Il rejoint
aussitôt Je duc de Saxe-Veymar, qui assiégeait Saverne. Là,
Fabei t, au troisième assaut, monte sur la brèche, s'empare d*une
maison où il tient plus d*une heure ; mais l'ennemi ayant incendié
la maison, il est obligé de sauter dans le fossé où il reçoit plu-
sieurs graves blessures.
En récompense de cet exploit, le roi Louis XIII, lui donna une
compagnie dans le régiment de Picardie.
C'est ainsi que le fils de Timprimeur de Metz, le futur maréchal
de France, quitta le régiment de Béam qu'il avait illustré autant
par ses vertus que par sou courage.
SIÈGE DE DAMVILLIERS EN 1637.
•
A propos de ce siège, il suffit de citer le passage de la Gazelle
de France^ le premier des journaux publiés en France : « Le
régiment de Rambures étant de garde dans la nuit du 1«' au
2 octobre, les assiégés firent une sortie et pénétrèrent dans les
travaux. Mais le lieutenant-colonel de Seully, rassemblant son
monde, les repoussa bravement. Le capitaine de Sicham y fut
blessé d'une mousquetade à la tète. »
SIÈGES DE THIONVILLE ET D'ARRAS.
Au siège de Thionville 1G39, le régiment est placé à la garde
du parc d'artillerie. Le 7 juin, avec deux autres régiments il
contient lès Impériaux qui ont forcé le quartier de Navarre. Ces
trois régiments soutiennent le choc de toute l'armée ennemie,
mais ils doivent plier devant le nombre.
L'année suivante, au siège d'Arras, le régiment s'élance à Vas-
saut de la demi-lune, dont il s'empare et force ainsi la place à
capituler.
Eu i64i, à la bataille de Hannccourl, perdue par le maréchal
de Grammont, il accomplit des prodiges de valeur. Le colonel
François de Rambures y est tué au milieu de ses compa-
gnies ruinées.
— 8 —
BATAILLE DE ROCROY. - COxMBAT DE LA COLME.
A la bataille de llocroy 1643, où le prince de Condé, alors duc
d*Enghien batlil la vieille et redoutable infanterie espagnole
commandée par le brave comte de Fuentès, le régiment était
placé à la gauche de la ligne avec le régiment de Piémont. Au
début, la gauche plia devant Tattaque des Espagnols, mais le
duc d*Enghien arrive, excite le courage de ses troupes, qui,
reprenant TofTensive, culbutent les Espagnols et enfoncent le
redoutable carré dont Thisloire militaire a conservé le souvenir.
Le régiment y perdit beaucoup de braves. Les capitaines du
Mesnil, Froyelle, Villiers et Bergues furent tués.
Au combat de la Golme, 1645, le régiment qui faisait partie
de Tannée du maréchal de Gassion se distingua particulièrement
au passage de la rivière qui porte ce nom. Une crue considé-
rable avait grossi la rivière, dont les passages étaient fortement
gardés par les Espagnols. Les soldats du régiment se jettent h la
nage et engagent un combat terrible, qui serait resté incertain
sans Tarrivée du maréchal de Gassion.
SIÈGE DE COURTRAI (1646).
Le 13 juin 1646, le régiment s'établissait devant Courtrai, dont
on allait commencer le siège. L'ennemi voulut essayer de jeter
dans la place 3,000 mousquetaires et 3 régiments de cavalerie
avant Tarrivée de toute l'armée de siège. Mais le régiment à lui
seul empêcha ce secours d'entrer dans la place. Le régiment fit
ensuite les sièges de Dunkerque et d'Ypres et assista, en 1648, à
la bataille de Lens, qui termina la guerre de Trente ans.
LA FRONDE.
Pendant les troubles de la Fronde, le régiment se dislingue
en compagnie de Piémont à la bataille de Rethel, 1650; il se
couvre de gloire au passage de l'Escaut, près de Neuville,
en 1651, et assiste au combat du faubourg Saint-Antoine, 16^2,
sous les ordres de Turenne.
— 9 —
Condé, qui commandait Tarmée de la Fronde, était battu si
Mademoiselle n'avait fait tirer le canon de la Bastille sur l'armée
royale, et ouvrir les portes de Paris à l'armée de Condé.
FIN DE LA GUERRE AVEC L'ESPAGNE.
9
Jusqu'à la paix des Pyrénées, 1659, le régiment assista à de
nombreux sièges dans les Flandres, et prit une part active à la
bataille des Dunes, gagnée par Turcnno sur les Anglo-Espagnols
commandés par le prince de Gondé.
Le régiment se distingua encore dans cette bataille et fit
mettre bas les armes à un batidllon anglais du duc d'York.
GUERRE DE FLANDRE OU DE DÉVOLUTION.
Pendant la guerre de Flandre, le régiment fait le siège de
Lille et prend ses quartiers à Gharleroi.
GUERRE DE HOLLANDE.
Au début de cette guerre, le régiment rejoint l'armée au
camp de Dunkcrque, où il est passé en revue par Louis XIV. Il
assiste au passage du llhin, et est placé en observation a Bom-
belles.
Le !«■' août 1673, l'ennemi attaque une redoute située en face
d'une des portes de la ville, de l'autre côté de la rivière.
Cette redoute est défendue par 30 hommes conmiandés par le
lieutenant de Gamares. Sommé de se rendre, il envoie son ser-
gent chercher du secours à Bombelles, et se défend avec énergie.
L'ennemi se relire après avoir perdu son commandant.
BATAILLE DE SENEFF (1674).
Le régiment, placé à l'extrême gauche de la ligne de bataille,
attaque le village de Fay. 11 se couvre de gloire et contribue au
succès de la bataille par son attitude. Il y perd le lieutenant-
colonel Hébert, les capitaines de Brisseul, Campagne,
— 10 —
Bonnœre, Pommereuil; les lieulenants et enseignes : La
Varenne, Legrand, Culan, Varixnont, Létendard,
Sosseval et Saint-Martin.
Plus de 200 hommes sont tués ou blessés sur liOO. Le régi-
ment rejoint ensuite Tarmée du maréchal do Turcnne au camp
de Dethweiler, en Alsace. Son deuxième bataillon se jette dans
Haguenau et force Piccolomini à lever le siège de cette place.
T^ régiment assiste ensuite au combat de Mulhouse. Au mois de
mars 1675, il attaque Neubourg, chasse l'ennemi de palissade
en palissade et le force à capituler. EnHn, il suit le maréchal de
Tui'enne pendant toute cette campagne.
Au mois de juin, il est envoyé à Altenheim pour construire
un pont sur le Rhin, aHn d'assurer la ligne de retraite en cas de
revers. Quelque temps après la mort du maréchal, Tarméc,
après un combat acharné devant Altenheim, ne dut son salut
qu'à ce pont. Le régiment continua à servir en Alsace. En 1676^
le colonel de Rambures fut tué par accident.
Ce fut le dernier colonel de ce nom, et il y avait GO ans
que le régiment de Béarn se couvrait de gloire sous le nom de
de llambures.
Le régiment passa alors aux mains du marquis deFeuquières,
célèbre par les mémoires qu'il laissa sur les guerres de son
époque, et malgré les jugements empreints de partialité qu*il y
porta sur le grand Turenne.
Lors de la signature de la paix de Nimègue, le régiment avait
été désigné pour couvrir le quartier général du roi, près di^
Tabbaye de Saint-Denis. Le 14 août, trois jours après la signa-
ture du traité, le prince d'Orange attaqua.
Le régiment tint assez longtemps pour permettre au roi de se
retirer avec tous ses équipages. Puis, battant en retraite, il
arriva au pont de la rivière de Saint-Denis en môme temps que
Tennemi, qu'il battit. Il rallia l'armée déployée de l'autre côté
du défilé.
Mais il s'arrêta au débouché du défilé, fit face à l'ennemi sous
un feu terrible et tint la position jusqu'à l'aruvéc du réginicnl
des Gardes françaises, avec lequel il mit l'ennemi eu déroute.
Mais la gloire de cette affaire appartient en entier au régiment.
Le colonel fut grièvement blessé, le lieutenant-colonel mis
hors de combal, i capitaines furent tués et 18 officiers blessés.
- il -
LIGUE D'AUGSBOURa.
LE RÉGIMENT SUR LE RHIN.
Le régiment s'illustra de nouveau pendant cette guerre.
En 1689, au siège de.Philipsbourg, les capitaines Contre-
moulins et Despoix et le sous-lieutenant Dupuy furent
tués. Le lieutenant-colonel Damours et 2 capitaines furent
blesses.
Le régiment fut ensuite envoyé à Ueilbronn pour démolir les
fortifications de cette place. Sa mission terminée, il vint s'établir
dans une forte position, à Pflorzheim. A peine avait-il évacué
Heilbronn qu'un détachement de dragons allemands entra dans
la ville et massacra tous les malados français qu'on avait dA
laisser dans la place. Le colonel de Feuquières se promit de
leur faire payer cher cette barbarie allemande. Quelques jours
après, il apprend que les mêmes dragons sont à Neubourg, sur
l'Entz.
Il part le 6 janvier h 9 heures du soir avec 600 hommes, arrive
à minuit devant Neubourg, trompe une sentinelle en lui parlant
allemand, fait accrocher un pétard à la porte et Venfonce.
Tous les dragons sont tués à Texception de sept. Leur com-
mandant, qui faillit tirer sur le colonel de Feuquières, fut tué
par le capitaine du Poussay.
En iG90, à l'attaque de Waldekirch, près de Strasbourg, le
capitaine de Moussy est tué.
LE RÉGIMENT EN PIÉMONT.
SIÈGE DE CARMAGNOLE.
BATAILLE DE LA MARSAILLE.
En 1691, le régiment est envoyé à Tarmée de Gatinat, en
Piémont, où il s'illustre pendant 6 campagnes successives. Il
débute à la prise du château de Yeillan, emporté en 24 heures»
Au siège de Carmagnole, il ouvre la tranchée du côté de Cari-
gnan; il perd 50 hommes. Le lieutenant-colonel de Yraignes et
— 12 —
deux capilaincâ sont blessés. En i693, il se distingue à la bataille
de la Marsaille. Deux capitaines y laissent la vie.
Âpres la paix de llyswick, le régiment est envoyé à Briançon,
011 nous le retrouvons à l'ouverture de la guerre de Succession
d'Espagne.
«
GUERRE DE SUCCESSION D'ESPAGNE
LE RÉGIMENT EN ITALIE.
Après s'être distingué à l'attaque des retranchements de
Chiari, le régiment est bloqué dans Mantoue par le prince
Eugène de Savoie; il se distingue dans plusieurs sorties. Le
25 janvier 1702, le gouverneur charge le capitaine de grenadiers
Boutteville d'aller incendier les magasins de l'ennemi, situés à
7 milles de la ville. La mission est exécutée sans perdre un seul
homme.
Mantoue débloquée au mois do mai, le régiment resta affecté
à la garde de cette place, mais il envoya un détachement de
volontaires qui prit part à la bataille de Luzzara. En ilili, il fit
les sièges de Verceil et d'Ivrée, et commença celui de Verrue,
1705. A l'attaque du 1^' mars, il perdit les capitaines d'Aché,
Biralin et de Fresne. Au mois d'avril, il quitta le siège et
rallia l'armée du grand Prieur de Vendôme, où il s'illustra à
l'attaque de la Gassine de Moscoline, à la bataille de Gassano
et à Calcinato, où les Impériaux furent battus.
Le régiment est alors envoyé à Turin assiégée par Tarmée
française ; mais en arrivant il trouve les lignes françaises forcées
par le prince Eugène, et se jette dans la petite place de Ghi-
vasso.
Le prince Eugène arrive devant cette place et somme le colo-
nel de se rendre. Gc dernier lui répond que lui et son régiment
tiennent trop à l'estime de l'ennemi pour faire une chose sem-
blable; puis il ouvre un feu terrible qui oblige l'adversaire à un
siège en règle. Mais la ville était sans défense et sans ressources,
et au bout de 8 jours le régiment capitule, sort de Chivasso avec
tous les honneurs de la guerre, et est reconduit à la frontière.
A Ghambéry, il est passé en revue par le comte de Médavy.
Il ne lui reste que 400 hommes valides.
— 13 —
LE REGIMENT SUR LE RHIN.
En 1708, il est envoyé à rarméo du Rhin et placé dans les
lignes de la Lauter, entre Weissem bourg et Lauterbonrg, où il
reste jusqu'en 171â. Le IG août de cette année il y est atta-
qué, mais il repousse l'ennemi, qui éprouve des pertes énormes.
GUERRE DE SUCCESSION DE POLOGNE.
Au commencement du règne de Louis XV, le régiment passe
aux mains du duc de Richelieu. Il quitte sa garnison de Scheles-
tadt à Touverture de la guerre de Succession de Pologne et fait
le siège de Kehl. Le capitaine La Serre fut tué pendant le
siège. En 1734, il se trouve au passage du Hhin et prend part
au combat d*Eff1ingen et au siège de Philipsbourg, où, le 23 juin
il emporte les places d'armes du flanc de l'ouvrage à cornes.
Les capitaines de Gase, d'Angosse, Mouziers et 100
hommes y laissent la vie. Le régiment prend ses quartiers d'hi-
ver h Schelestadt, où il perd 900 hommes d'une épidémie.
GUERRE DE SUCCESSION D'AUTRICHE,
En i74t, lorsque éclate la guerre de Succession d'Autriche, le
régiment est en garnison à Verdun. Il se rend en Bavière.
L'Électeur de Bavière, craignant une attaque des Autrichiens
venant dltalie, envoie sur la frontière du Tyrol deux régiments
d'infanterie et deux régiments de dragons.
Le régiment, chargé à Ens de défendre le passage de la rivière
de ce nom, y est forcé par Tcnnemi et va s'enfermer dans Lintz,
qui est investie le ic' janvier 1742 par les Autrichiens.
Le comte de Ségur commandait cette place, qui est ouverte ;
sommé de se rendre et menacé d'une attaque dans la journée
même, le comte répondit au général autrichien qu'on l'attendait
avec impatience, que les barrières de la ville seraient ouvertes
pour lui livrer passage et que la garnison répartie dans les mai-
sons le saluerait au passage.
Le lendemain, 2 janvier, les Autrichiens attaquent, en force,
— 14 —
sur tous les points. Le faubourg, au delà du Danube, est défendu
par 41 soldats du régiment. Ils tuent 57 hommes à Tennemi et
tiennent jusqu'à l'arrivée des secours. Les Autrichiens, repoussés,
veulent réduire la garnison par la famine. Le 16 janvier, le
comte de Ségur tente deux attaques sur les villages de Galinkir-
chen et d'Ebersberg, espérant faire passer un officier pour aller
informer le duc de Broglie de sa situation. Mais son attaque
échoue, et, à Galinkirchen , les capitaines du Bochet et
d'Houdan sont tués et deux compagnies de grenadiers anéan-
ties.
Le 22 janvier, les Autrichiens attaquent de nouveau et mettent
le feu aux quatre coins de la ville. Le comte de Sôgur capitule,
obtient les honneurs de la guerre, et le régiment rentre à Stras-
bourg, d*où il est envoyé à Besançon. En 1743,. il rejoint Tarmée
du maréchal de Noailles à Weissembourg, il assiste à la bataille
de Dettingen et fait, avec le régiment do Piémont, Tarrière-
garde de Tarmée où il se couvre de gloire. Dans cette journée, il
perd 600 hommes, les capitaines de Tenson, Richebourg
Charsé, Vignacourt, Dunelle, Vilhouette; les lieute-
nants Rouville, La Croisille, Richard, La Vovichar,
Montplaisir, Beauplan, Real et Baltier furent tués. Le
major Luc Majeur, les commandants La Viganière et
Hikg, 14 capitaines et H lieutenants furent blessés.
Rentré dans les lignes de la Lauter, le régiment y soutint de
rudes combats contre les Autridhiens.
Au commencement de i744, le régiment se rend en Flandre et
fait les sièges de Menin et d'Ypres où, le 19 juin, il enlève une
demi-lune.
LE RÉGIMENT A FONTENOY.
■
Au commencement de 1745, le régiment passe aux mains du'
marquis de Grillon qui le commande à la bataille de Fontenoy.
Il appuie sa droite au village d'Anthoin et sa gauche à la pre-
mière des redoutes de Fontenoy. Pendant Tattaque et la déroute
de la colonne anglaise, il tient tête aux Hollandais et s'empare
d'une batterie de huit pièces. Il perd une cinquantaine d'hommes
et a un officier blessé.
— 18
BEAU FAIT D'ARMES DE MESLE.
^ Au mois de juillet, le régiment fut détaché avec le régiment
de Normandie sous les ordres du comte de Gbayla. Etant d'avant-»
garde, il rencontre une colonne de 6,000 Anglais débouchant du
chemin d'Alost à Gand et se portant sur cette dernière ville. Le
colonel qui marchait à la pointe se replie sur Mesle en bon
ordre. Le régiment qui suivait h un mille en arrière arrive,
charge les Anglais à la baïonnclto, leur reprend les canons cl les
pontons dont ils étaient maîtres, leur enlève plusieurs drapeaux
et fait 1400 prisonniers. Cette belle journée coûta au régiment
200 hommes, le brave capitaine Cochu des grenadiers fut tué,
le commandant La Viganière et deux lieutenants furent
blessés. Par ce beau fait d'armes, Je régiment avait assuré la
prise de Gand.
Le roi Louis XV lui accorda quatorze croix de Saint-Louis pt
de nombreuses gratifications.
Le régiment fit ensuite le siège d'Ostende où les lieutenants
Castelnau et Ricard furent tués et le lieutenant-colonel
de Lestang blessé.
Au mois de juin, il rejoignit l'armée qui assiégeait Mons, con-
tribua à la prise du fort de la llaisne où il perdit 2 officiers et
200 hommes et fut envoyé au corps do réserve du comte do
Glermont, alors campé près de Aërschotte. Là, un détachement
de 50 hommes du régiment fut enlevé par 1500 hussards, après
un glorieux combat où le lieutenant d'Ille fut tué.
Au mois de septembre, le régiment est au siège de Namur. Le
lieutenant Petity chargé, avec 15 hommes, de nettoyer le fau-
bourg de La Plante, y fait 37 prisonniers. Pendant ce siège, le
régiment perdit 100 hommes et 3 officiers. Le colonel de Grillon,
chargé de porter au roi la nouvelle de la prise de Namur, fut
nommé maréchal de camp et remplacé par le comte de La Tour-
du-Pin.
ATTAQUE DU FORT DE ZANDBERG.
Pendant Tannée 1747, le régiment se trouve à Tarmée du
marquis de Contades, qui devait enlever les forls de la Flandre
— 16 —
•
hollandaise. Le fort de Zandberg n*était abordable que par une
digue fort étroite. Le !«' bataillon du régiment, étant de garde à
la tête de tranchée, fut attaqué à une heure du matin. Le colonel,
à la tête des grenadiers, tint bon, mais les munitions man-
quèrent.
Un sergent et des hommes vont en chercher, mais le feu prend
à une traînée de poudre et fait sauter les sacs qui recouvrent les
palissades.
Le l«r bataillon est brûlé presque en entier. Les Hollandais
reculent pour revenir bientôt à la charge ; mais le colonel, qui a
rallié les débris de ce malheureux bataillon, les repousse. Le ré-
giment perd, dans cette affaire, le capitaine Mousson-Vil-
liers, les lieutenants Jacquerre et Leclerc ; dix autres offi-
ciers furent blessés.
LE RÉGIMENT A LAWFELD.
•
À la bataille do Lawfeld, le régiment occupait là droite qui
supporta les plus grands efforts de Tennemi. Le village de Law-
feld fut pris et repris plusieurs fois. Le maréchal de Saxe, qui
n*ignorait pas que ce village constituait la clef de la position,
l'attaque de nouveau. Le régiment part à la baïonnette et cul-
bute l'ennemi dans un ravin, le village est emporté. Les capi
taines Magneville et de Dreux, les lieutenants Vaudry,
Sagenan, Le Franc et La Durantie y perdent la vie. Le
colonel et 2*^ officiers furent blessés. Le roi accorda au régiment
5 brevets de lieutenant-colonel, 13 croix de Saint-Louis et 27 gra-
tifications.
L'année suivante, au siège de Maëstricht, le régiment s'illustre
à la prise de la flèche de gauche de l'ouvrage à cornes et con-
tribue ainsi à la prise de la place. Le capitaine La Durantie
est tué et 8 officiers sont blessés.
Le régiment rentra ensuite en France où il resta jusqu'à lu
guerre de Sept ans.
GUERRE DE SEPT ANS.
En 1757, à l'ouverture de la guerre de Sept ans, le régiment
est envoyé à l'armée d'Allemagne, il passe le llhin à Maycnce et
— n —
fait rexpédilion do Hanovre. Après la désastreuse bataille de
Rosbach, le régiment va occuper Lunebourg pour protéger la re-
traite de Tarmée.
A la bataille de Crevelt, le régiment supporta, sans tirer un
coup de fusil, une canonnade de cinq heures, il y perdit 500
hommes.
Les capitaines de Rogues-Haiites, du Halgouêt, Du-
vigny, d'Hourwelin et La Bourdonnaye furent tués et
9 officiers blessés.
En 1750, le régiment est compris dans le corps do réserve du
marquis d^Armentières; il prend une part active à Tinvostisse-
mcnt de Munster, où il a une glorieuse affaire à Tattaque de la
porte Saint-Maurice. Sept oCQciers sont blessés. La ville capitule
et le général Zastrow, avec 3,000 Prussiens, sont faits prison-
niers. Le 21 janvier 1760, le régiment vient prendre à Cologne
un repos qu'il avait bien gagné.
VARBOURG ET CLOSTERCAMPS.
L*annéQ suivante, à la bataille de Warbourg, le régiment, qui
était à Tailc droite, est subitement envoyé au secours de la
gauche que deux colonnes allemandes ont tourné à la faveur du
brouillard. Le chevalier de Muy, ayant remarqué que les ponts
de la Dymel qui, seuls, assuraient la retraite étaient menacés, y
envoie le régiment. Le ^^ bataillon passe la rivière à gué sous le
feu de Tennemi, forme l'arrière-garde de la réserve et se retire
en bon ordre. Sept officiers sont blessé^ dans cette glorieuse
affaire. Quelque temps après, le régiment est envoyé au secours
de Yésel, menacé par le prince héréditaire, et assiste ainsi au
combat de Clostcrcamps, célèbre par le dévouement du chevalier
d'Assas, officier au régiment d'Auvergne. Dans cette aiïaire, le
régiment charge les Ilauovriens et les repousse, le colonel est
blessé d*un coup de feu à la cuisse, 4 officiers et 70 hommes sont
blessés.
BATAILLE DE FRIEDBERG.
Le mois d*aoftt de Tannée 17G2 devait être encore plus glo-
rieux pour le régiment. Le 25 août, au combat de Johannisberg,
2
— 18 —
le capitaine Dusserre s'emparait de trois canons ennemis. Le
30 août, la cavalerie ennemie, forte de 40 escadrons et com-
mandée par le général Lîlkner, tourne la montagne de Jolian-
nisberg, tandis que le prince héréditaire, à la tête de 19 batail-
lons, nous attaque de front. Nos troupes commençaient à plier,
tout à coup le régiment arrive au pas de course, occupe un bois
à la gauche de la ligne et essuie le feu de G,000 Anglais sans
brûler une cartouche, puis les charge à la baïonnette et les met
en fuite. Le général ennemi est blessé à mort, 600 Anglais res-
tent sur le terrain, 1500 sont faits prisonniers; 1200 chevaux,
15 canons et 2 drapeaux tombent entre nos mains.
Le roi chargea le maréchal d'Estrées de complimenter le régi-
inent et do lui accorder 14 croix de Saint-Louis et 15,000 livres
de gratifications. Mais le régiment avait payé sa gloire, il avait
600 hommes hors de combat, les capitaines Saint-Sauveur
d'Hauteville, Dumas, Ranchin ; les lieutenants Rogon,
Oudet, Déroulais, Lorgeril cluient tués; le commandant
Daumenil, 13 capitaines et lieutenants étaient blessés.
En 1763, le régiment rentra en France, où il occupa diffé-
rentes garnisons. «
En 1775, son ¥ bataillon fut envoyé à Brest, où il s'embarqua,
le 20 novembre, pour Saint-Domingue.
L'année suivante, 1776, la réorganisation de Tinfanterie dé-
doubla le régiment. Les i^^ et 3^ bataillons continuèrent le régi-
ment de Béarn. Les 2® et 4® formèrent le régiment d'Agenais qui,
en 1791, devint le 16« régiment d'infanterie.
Réfl^imeiit d'A^^enais.
(4770-i79l.)
GUERRE D'AMÉRIQUE.
YORK-TOWN.
En 1777, le premier bataillon du régiment d'Agenais rejoignit
son 2^ bataillon (ancien 4^ du régiment de Béarn), en garnison
au Cap français à Sainl-Domîngue.
— 19 —
En 1779, une fraction du régiment s'embarqua sur la flotte
(lu comte d'Eslaing, et prit part au siège de Sawaunali, où lo
lieutenant Blandat fut tué et 4 offlciers blessés.
En 1781, le régiment est réuni à la Martinique. Le 5 août il
quitte cette colonie sur la flotte du comte de Grasse, pour aller
renforcer l'armée de Rochambeau. Le 15 août la flotte arrive
dans la baie de Cbesapeak. A cette époque, Rocbambeau et
Washington cernaient le général anglais Cornwallis, dans son
camp retranché de York-Town. Le marquis de Saint-Simon, qui
commandait le corps de renfort, débarqua le 2 septembre et
compléta l'investissement de York-Town en se portant à Wil-
liamsbury. Le 3 octobre, deux compagnies de grenadiers et de
chasseurs du régiment attaquent les Anglais en reconnaissance
et les refoulent sur le camp. Le G, la tranchée est ouverte; le 15,
le régiment repousse une sortie des Anglais, et le 19, le général
Cornwallis capitule avec 0,000 hommes et 1500 matelots.
Après cette glorieuse affaire, le régiment retourne h la Marti-
nique.
Héroïque combat de la basse-terre.
A la fin de la même année une fraction du régiment s'em-
barque et aborde l'ile de Saint-Christophe, au commencement
de 1782.
Elle prend part au siège de Briston-Hill. 300 grenadiers du
régiment, placés à la garde du pont de Basse-Terre, soutinrent
le 28 janvier un héroïque combat contre 1300 Anglais, débarqués
par le général Howd, et permettent ainsi Tarrivée d'un renfort
sans lequel ils eussent été détruits. Cette belle action do guerre
coûta au régiment 80 hommes et (> officiers. Briston-llill, capitula
le 12 février et le régiment royal Écossais, qui avait servi la France
jusqu'en 1678, sous le nom de Douglas, y fut pris en entier.
BATAILLES NAVALES AUX ANTILLES.
Après ces brillants succès, le régiment s'embarque et prend
\md aux batailles des 9 et 12 avril 1782 contre la flotte anglaise,
— 20 —
commandée par Tamiral Rodney. Le sous-lieutenant La For-
gerie est tué à bord du Conquérant.
Les compagnies du régiment étaient en grande partie à bord
de Y Hector qui fut pris et du César qui sauta.
Le régiment rentra en France et ses débris furent réunis à
Nantes en 1783. Dirigé sur le Rhin, il fut pendant sa roule l'objet
d'ovations enthousiastes de la part des populations. Récompense
bien méritée pour son héroïque conduite dans la guerre d'Amé-
rique,
BELLE CONDUITE DU RÉGIMENT.
En 1789, les deux bataillons d'Agenais sont réunis à Rochefort.
Le régiment savait allier la charité h la plus grande valeur, et les
habitants de l'Aunis et de la Sainlonge n'ont pu oublier que,
pendant l'hiver-si rigoureux de 1789, les soldats d'Agenais distri-
buaient aux pauvres leur pain et leur bois.
En 1791, r Assemblée nationale supprima les noms de pro-
vince, que portaient les régiments pour les remplacer par des
numéros d'ordre.
Le régiment d'Agenais reçut le numéro 16 et devint
46« RÉGIMENT D'INFANTERIE.
Ici se termine la V^ période do l'historique du 16® régiment
d'infanterie.
DEUXIEME PERIODE
RÉVOLUTION ET EMPIRE
t6<» Réfl^iment d'infanterie.
(4794-1793.)
A cette époque, le régiment compte deux bataillons. Au mois
do juin i791, le 2® bataillon part pour Saint-Domingue et y reste
jusqu'en 1794.
Il rentre alors en France, ne comptant plus que 3 officiers et
23 hommes.
Le 1^' bataillon occupe le poste de Château-Trompette, puis
la garnison de Tours et enfin celle d'Épernay, qu*il ne quitte
que pour prendre pari aux mémorables campagnes qui chas-
sèrent du sol national les coalisés qui Tavaient envahi.
CAMPAGNE DE 1792.
Les souverains d'Europe, comprenant que les principes de la
Révolution devaient fatalement ébranler leurs trônes, se' coali-
sèrent contre la France, pour réprimer ce qu'ils appelaient les
troubles de notre pays. La campagne de 1792 eut pour résultat
de chasser l'étranger du sol national.
SIÈGE DE LA CITADELLE DE NAMUR.
Au mois de novembre, le l»' bataillon du 16* est désigné pour
faire partie de la division Duhamel, du corps du général d'Har-
ville. Le 27 de ce mois, ce corps d'armée vient prendre ses can-
tonnements en avant de Namur, sur la rive gauche de la Sambre.
^^
11 forme une ligne de circonvallation destinée à assurer les travaux
du siège de la citadelle de celle ville, entrepris par l'armée des
Ardenncs.
Ce siège donna lieu à un fait d'armes glorieux. La ciladclle
do Naniur élait alors protégée par le fort Yillatto, sur les glacis
duquel rennemi avait préparé de nombreux fourneaux de mine,
destinés à faire sauter les assaillants au moment de l'assaut. Le
général Levenour résolut d'enlever le fort par sa gorge. Il part
à minuit avec 1200 hommes, franchit la première palissade;
mais fila seconde les sentinelles crient et font feu.
Trop pelit pour la franchir, il dit à un officier de haute
stature : « Jette moi par-dessus. » Soixante grenadiers le suivent,
les sentinelles sont tuées à leurs postes et le commandant de la
garnison est saisi : a Mène- moi à tes mines », lui dit Leveneur.
Le commandant obéit ; le général Leveneur, saisit les mèches,
les éteint et le fort Yillatte est pris. La garnison de la citadelle
capitule le 2 décembre, abandonnant huit drapeaux, nos pre-
miers trophées de cette campagne.
A cette époque, le général Dumouriez prend le commande-
ment de l'armée de Belgique, formée des armées combinées du
Nord, des Ardennes et de la Belgique.
L'armée prend ses quartiers d'hiver en avant de la Meuse.
Le i^^ bataillon du régiment fait partie de la division de droite
ou de réserve, général d'Harville, brigade Duhamel. Il occupe
Huy; son elTcctif est de 62i hommes.
CAMPAGNE DE 1793.
Après la mort de Louis XYI, les puissances d'Europe qui
étaient restées dans une situation expectante, n'hésitèrent plus à
entrer dans la coalition. La Convention les prévint et le {«'février
elle déclarait la guerre à l'Angleterre et à la Hollande.
Dumouriez, qui commandait l'armée de Belgique conçut un
plan, consistant à la fois dans la défense de la Belgique et la
conquête de la Hollande.
U comptait prendre à revers les défenses de la Hollande, pen-
dant que le général Miranda, avec son corps, aurait masqué et
bombardé Maëstricht et Venloo.
— 23
SIEGE DE MAESTRICHT.
Le 19 février, le corps du général Valence investit Maësiricht
défendu par le prince dé Hesse à la tète de 8,000 hommes. Le
général Miranda, avec 12,000 hommes, occupa la rive gauche
de la Meuse et établit son quartier général à Petersheim.
Le 1^' bataillon du lOo qui fait partie de ce corps s'ôlablit à
Cauwcnbcrgh.
Le 23 février, les batteries sont établies en avant de Cauwen-
bergh et la tranchée est ouverte. Le 2i, le feu prend dans la
ville; le général somme, mais sans succès, les assiégés de se
rendre ; le feu continue. Le 25, le bataillon du 16<* monte la
garde de tranchée.
Mais la lenteur et la mollesse du général Miranda dans les
opérations du siège, donnent i\ Fennemi le temps de venir au
secours de Maëstricht. Les cantonnements de Tarmée disséminés
entre la Meuse et la Roër sont mal couverts ; et aucune mesure
n'a été prise pour le rassemblement de Tarmée en cas de mou-
vement offensif de l'armée ennemie.
Lel«'mars, les alliés prennentroflTcnsive, repoussent nos troupes
divisées aux combats d'Eschweiller et d'Aldenhoven. Miranda
lève à la h&te le siège de Maësiricht, qui est occupée le 3 mars
par Varchiduc Charles.
Les troupes de Miranda s'arrêtent entre Viset et ïongres. A
ce moment, le 1G« d'infanterie rentre à la division d'Harville et
va s'établir àHuy et de cette ville se rend à Namur, le 4 mars 1793.
Pendant les événements qui suivirent et la défaite du général
Dumouriez, à Neerwinden, le 18 mars, la partie de la division
d'Harville qui tennait garnison à Namur, et dont faisait partie
le IGo, avait A lutter contre les entreprises de l'ennenit victo-
rieux.
COMBATS SOUS NAMUR.
Le 17 mars, 3^000 ennemis se présentent sur la route de Lou-
vain. Nous les attaquons à Champion, situé à une heure et
demie de Namur et les repoussons après six heures de combat.
- 24 —
Le 18, une nouvelle attaque de l'ennemi est repousséc h
Andoy ; après un combat de toute la journée, les Impériaux per-
dent 100 hommes. Le général Dumouriez donne l'ordre de la
retraite ; la division d'Harville évacue Namur, le 25 mars, à
8 heures du soir et le !•' bataillon du 10* va occuper Dunkcrquc,
commandée alors par le général O'Moran. Il y laisse 114 hom-
mes et eti envoie 221 au camp de Gliyvelde commandé par le
général Richardot, placé sous les ordres de O'Moran.
PRISE DE FURNES.
Au mois de mai, le général O'Moran se porte contre la ville de
Pûmes; 1500 hommes du camp de Ghywelde, dont le l®' ba-
taillon du i6^f sous les ordres du général Richardot, marchent
sur la ville, et attaquent le 31 à (> heures du matin. Après un
combat de deux heures, la place est enlevée. Malheureusement,
les troupes se livrent dans la ville à un pillage qui ternit la
gloire d'un beau fait d'armes.
±G^ demi-brifl^ade de bataille.
(4794-1796.)
CAMPAGNE DE 1794.
(armée du nord.)
•
L'échec de Dumouriez pendant la campagne de 1793 avait
décidé les puissances d'Europe qui hésitaient encore à se pro*
noncer contre la France. En présence do cotto situation, et mal-
gré les divisions intestines de la Convention, il y avait dans cette
assemblée de sincères amis du pays, en qui les menaces d'une
invasion étrangère étouffaient toute autre considération. Des
mesures utiles furent prises et l'infanterie fut réorganisée. Aux
bataillons des anciens régiments furent réunis deux bataillons
de volontaires. Cet amalgame, qui ne fut achevé que vers la fm
de 1794, produisit d'excellents régiments d'infanterie.
— 25 —
La 16* demi-brigade de bataille fut formée du !<' bataillon du
IG® régiment d'infanterie et de deux bataillons des volontaires
de la Mcurthc.
Au début de la campagne, les Français paraissent vouloir se
borner à défendi^e la longue ligne frontière qui s'étend de Stras-
bourg à Dunkerque. Les alliés, conduits par le général Mack,
veulent percer cette ligne en enlevant la position centrale de
Landrecies, pour se porter ensuite sur la capitale par Guise et
Laon.
La 16^ demi-brigade est alors comprise dans Tarmée du Nord,
et occupe les positions entre Casse! et Bailleul, sous les ordres
du général Moreau.
AFFAIRE DE BOESCHEQUEPE.
Au mois de février, le régiment repousse Tattaque des alliés,
ainsi que le prouve l'extrait suivant de la lettre du général Mo-
reau au général en chef Pichegru :
« Le i3 pluviôse (l*^' février), 700 hommes partis d'Ypres, La veille îi
7 heures du soir, ont attaqué le poste de Boeschequepe, où il n'y avait
({ue 350 hommes. •
K I/onnenii est outré dans le villnp^o, nos hommes se sont retirés dans
Téglisc et la tour, d*oii ils ont fait un feu très vif, sur les esclaves, qui se.
sont sauvés avec perte de 13 morts dans le cimetière et 8 qu'on a trouvés
sur le chemin do Westonde, où ils se sont retirés. On leur a fait 7 prison-
sonniers et pris 21 fusils qu'ils ont laissés sur le champ de hataille.
« Une patrouille du 16", partie de Goeswelde pour prendre connaissance
de celle attaque, n'a pas peu conlrihué à la déroule de l'ennemi. Un soldat
de ce régiment, fait d'ahord prisonnier, s'est déharrassé de ceux qui le gar-
daient et en a pris deux.
<( Je ne te dissimulerai pas que si le tem^is des miracles n'était pas passé,
je croirais (|u'il s'en est opéré un dans cette affaire; mais le problème se
résout facilement quand on met en balance le courage des Français et la
h\cheté de leurs ennemis.
u Signé : Moreau.
• Pour copie conforme :
« Le Général en chef de l'armée du Nord,
« Signé : PICnE(;UU. »
— 2G —
Au mois cravril, Tennemi mettant son plan à exécution investit
Landrecies; mais Tarmée française reprit La Gapelle et rétablit
ainsi les communications entre Guise et Maubeuge.
Le général Pichegru, convaincu qu'il ne peut secourir Landre-
cies, tente une diversion en envahissant la Flandre maritime.
Pour faciliter son mouvement, il ordonne une attaque sur toute
la ligne. L*attaque échoue, et Landrecies capitule le 30 avril.
SIÈGE ET PRISE DE MENIN.
Malgré cet échec, Pichcgru, avec les divisions Morcau cl
Souham, envahit la Flandre, bat les Autrichiens et Hanovriens à
Moucron le !2G mai, et envoie la division Moreau, dont faisait
partie le IG*, par les deux rives de la Lys pour investir Menin,
défendu par un corps hanovrien.
Il somme le gouverneur Ilammerstcin ilo se rendre ; sur son
refus, les soldats irrités demandent à mouler à Tassant. Le gé-
néral Vandamme, qui commandait la brigade du 10<^, leur fit
remarquer la hauteur des murailles et la profondeur des fossés.
« Laissez-nous commencer Tatlaque, répondirent ces braves, et
nos cadavres serviront de fascines à nos camarades pour esca-
lader les remparts. » Le général Moreau, prévenu, refusa d'en-
voyer à une mort certaine ces généreux soldats. Le surlende-
main, le gouverneur de la ville, pour sauver quelques centaines
d'émigrés, qui préférèrent mourir les armes h la main que d'être
fusillés, sortit de la ville avec sa garnison, culbuta le cordon
d'investissement et se retira sur Bruges. Menin fut pris, Tordre
de Tarmée du 14 floréal en fait foi :
u Encore un nouveau succc^', Menin est au pouvoir des troupes de la
<( Ilépubliquc, Tcnncmi n*a pu résister à leur valeur. Le général en chef
« l'annonce à tonte Tannée. Que toutes les divisions soient animées dii la
« niènic ardeur et les satellites pâliront et fuiront toujours. Le triomphe
« est assuré. »
BELLE CONDUITE DU SOLDAT PIERRE DURAND.
A Tattaque de Menin, le soldat Pierre Durand, du 16", se
précipite sur le corps de garde d'un poste avancé, renverse le
— 27 —
l'aisccdu d'un coup de pied, présente sa baïonuctle aux ennemis
lîtonnés et crie d'une voix terrible : «Mes camarades me suivent,
rendez-vous ou vous êtes morls. » Quinze ennemis se rendent à
un seul homme.
Après la prise de Landrecies^ Cobourg, au lieu de marcher sur
Paris, ne crut pas devoir mépriser Tarmée de Pichegru, qui
manœuvrait sur ses ailes. Il résolut de la chercher pour la com-
battre, et, dans ce but, il éparpilla ses forces. Le général Clair-
fnyt, qui cherchait à s'emparer de Courtrai, se jela rapidement
sur hi gaucho pour faire iCle & la division Morcau, qui avait pris
position en avant de Courtrai. C'est ainsi que s'engagea le com-
bat de Courtrai, où figura le 16», et qui ne donna aucun résultat
malgré deux attaques intrépides des troupes françaises (Il mai
i79i). A la faveur de la nuit, Ciairfayt se retira sur Thiolt.
Les alliés sentaient la nécessité de sauver la Belgique en frap-
pant un grand coup. Dans un conseil de guerre tenu à Tournay,
où assistèrent l'empereur d'Autriche et le généralissime prince
de Cobourg, on dressa un plan de campagne baptisé du nom
emphatique de plan de destruction. Heureusement, les alliés,
qui auraient pu couper Tarmée républicaine de Lille avec leurs
120,000 hommes, marchèrent surTurcoing en six colonnes. Cette
marche amena la bataille de Turcoing (18 mai).
BATAILLE DE TURCOING.
La division Moreau s'étendait de Aelebeck à droite, à Cour-
Iray à gauche. Le général Ciairfayt, arrêté au pont de Warwick
par quelques bataillons français, perdit vingt-quatre heures.
Les divisions Moreau et Souham, informées de sa marche sur
la Lys, résolurent de s'en débarrasser. La brigade Vaudamme,
de la division Moreau, dont faisait partie le 1G«, s'avance sur
Dardizèle. La division Souham passe la Lys, ne laissant qu'une
faible garnison à Courtrai.
Mais, apprenant qu'une attaque sérieuse les menace du côté de
Tournay, le général Moreau reste seul pour contenir Ciairfayt,
pendant que la division Souham va prendre part à la bataille
sous Turcoing. Les alliés sont mis en pleine déroute. Moreau
contient Ciairfayt à Honcy, et ne recule pas malgré son infériorité
— 28 —
numérique; il perd 7 canons et 300 prisonniers. Mais les alliés
perdent à Turcoing 3,000 hommes et 60 pièces de canon.
Le général Pichegru ne sut pas profiter de cette victoire, mais
son influence morale fut immense par la confiance sans bornes
qu'elle inspira à nos jeunes soldats.
Après cette victoire, la division Moreau se porta sur ïournay,
que couvrait la position des alliés. Le 23, un combat acharné
s'engagea à Pont-à-Chin. Cinq fois le village fut pris et repris et
resta définitivement au pouvoir des Anglais.
SIÈGE D'YPRES.
Après ce combat, Moreau est chargé du siège d'Ypres. Il part
de Menin le 29 mai, et dirige une attaque simulée du c6té d*El-
vertinghe. Mais un mouvement de Clairfayt oblige Pichegru à
convertir l'attaque d'Ypres en siège régulier. Le général Yan-
damme (brigade du i6«) complète, en avant de Dickebusch, Tin-
vestissemont do la place, et fait occuper toutes les positions
et débouchés entre l'inondation de Messines et le canal de
Bœzinghe. Le il juin, Moreau fait sommer le général Salis de se
rendre. Sur son refus, le feu recommence plus vif. Le général
ennemi Clairfayt essaye de débloquer la place, mais se fait battre
à Hooglède le 13 juin.
Le 18, à 3 heures du matin, le général Salis, qui commandait
à Ypres, signe la capitulation; 0,000 hommes restent prison-
niers de guerre. Plus de cent canons et cinquante milliers de
poudre tombent en notre pouvoir. Le général Moreau, juste
appréciateur du mérite de ceux qui servaient sous ses ordres,
cite comme s'étant particulièrement distingué le général Yan-
damme, qui commandait la brigade du i6<>.
Pendant que le général Marceau s*illustrait à Tarmée de
Sambre-et-Meuse, le général Moreau, qui commandait l'extrême
gauche de Tarmée du Nord, nettoyait avec une grande activité
les côtes de la Flandre maritime. Le 1«' juillet, il s'emparait
d'Ostende,- et le 5 investissait Niewport.
Le 19, la ville se rendait. Cette capitulation faillit entraîner
la mise en jugement de Moreau, qui avait permis la sortie de la
garnison, qui comprenait beaucoup d'émigrés français.
— 29 —
AFFAIRE DE L'ILE DE CASSANDRIA.
Moreau, maître de Newport, reçut de la Convention nationale
l'ordre d'assiéger le fort de rÉcluse; mais pour ce siège, il fallait
d'abord s'emparer de l'Ile de Gatzand ou de Gassandria, dont les
fortîQcations protégeaient les abords de la place. Gette île, située
h l'embouchure de TEscaut, est séparée du continent et du fort
de l'Écluse par un braâ du fleuve qu'on- nomme le canal de
Coxysche. Une digue étroite inondée de tous les côtés et défendue
par une batterie de quatorze pièces de canon était son seul point
de communication avec le continent. Gette digue fut franchie et
l'île enlevée par un de ces traits d'audace dont l'impétuosité
française offre tant d'exemples. Moreau ordonna au général
Dejean, qui dirigeait le siège, de faire tous les préparatifs néces-
snirc's pour le passage; mais pendant que cet habile offîcier se
h&lait do rassembler les matériaux nécessaires & la construction
d'un pont, la brigade yandamme(169 demi-brigade), impatiente
de la longueur des préparatifs et cédant à Timpulsion de son cou-
rage, méditait de franchir le canal sans leur secours. Les officiers
cédèrent à Penthousiasme des soldats, et sous le feu de l'ennemi,
la brigade s'élançant dans des batelets rassemblés pour les pre-
miers travaux du pont, les attachèrent ensemble avec des cra-
vates et des mouchoirs et s'avancèrent ainsi contre les batteries
ennemies; d'autres plus hardis se jetèrent à la nage pour traver-
ser le canal ou remorquer les nacelles, que le manque d'avirons
faisait dériver sous le courant. La mitraille de l'artillerie ennemie
redoubla sans ralentir l'audace de nos soldats, qui touchèrent
enfln à l'autre rive.
Lès bataillons, à peine formés, enlevèrent les redoutes enne-
mies à la baïonnette, poursuivirent les ennemis jusqu'à l'extré-
mité de l'Ile, où ils furent tous tués, noyés ou faits prisonniers.
On prit 1)0 pièces de canon et 200 prisonniers et une grande
quantité de munitions de guerre. L'extrait suivant du Journal
militaire de l'époque, prouve la part glorieuse que prit le 16* à
cette affaire.
« Armuc du Nord, loi du 15 thcnnidor, w\\ IL
« il sera fait mciilion honorable danis lo proccs-vcrbal do la séance des
« actes de bravoure : du citoyen Laris, caporal de grenadiers au 16^ rcgi-
« ment, dans la prise de Tlle de Gassandria. »
— 30 —
La prise de Tile de Cassandria fui suivie de la capilulalion du
fort de TEcluse, le 25 août. Après ce succès, la division Moreau
fui répartie dans les villes de Bruges et de Gand pour s*y reposer
de sa courte, mais pénible et glorieuse campagne.
Au moment où le général Moreau obtenait ce beau succès, les
révolutionnaires de Brest envoyaient son père à Téchafaud. Ce
vénérable vieillard, que le peuple de Morlaix appelait le père
des pauvres, fut condamné à mort comme aristocrate. Moreau,
qui avait pour son père le plus profond respect filial, se demanda
alors s*il ne quitterait pas le service d'une patrie qui se montrait
si ingrate; mais les conseils de ses amis remportèrent sur sa
douleur et son ressentiment, et il resta à Tarmée. Sa vengeance
devait être bien glorieuse, car, six ans après, il remportait la
victoire de Ilohenlinden, où le régiment figura avec tant de
gloire que le nom de cette bataille est inscrit sur notre drapeau.
Voici pourquoi j*ai cité cet épisode qui paraîtrait à première
vue s*écartcr de mon sujet.
CAMPAGNE DE 1795.
Pendant Tannée 1795, la 16« demi-brigade de bataille continua
fi faire partie de Tarmée du général Pichegru. On sait que la
conquête de la Hollande par ce dernier fut une sorte de marche
triomphale. Le régiment eut Thonneur d'entrer à Amsterdam et
h La Haye, les deux capitales de la Hollande.
L*année 1795 fut marquée par la dissolution de la première
coalition. Les traités de Bàle amenèrent la paix entre la Ilcpu-
blique, la Prusse, la Hollande, l'Espagne et la Toscane. La
guerre allait donc continuer avec F Au triche et l'Angleterre.
10* denii-brig^ade de lig^ne.
(i-îoe-^sos.)
•
En 1796, les demi-brigades de bataille deviennent demi-bri-
gades de ligne. La 16® demi-brigade de ligne est formée avec
l'ancienne 110® demi-brigade de bataille et deux bataillons de la
demi-brigade de l'Yonne. Celle dénomination fut conservée
— 31 —
jusqu'en 1803, où les demi-brigades devinrent des régiments
d'infanlerio.
CAMPAGNE DE 1796.
(armée de SAMBRE-ET-MEUSB. — GÉNÉRAL JOURDAN.)
Les articles secrets du traité de Bàle avaient assuré à la Répu-
publique la possession de la grande place de Mayence. Mais
cette ville avait une garnison de 20,000 Autrichiens. Toute l'an-
née 1795 se passa sans amener de résultats décisifs sur le Rhin.
Le Directoire avait remplacé la Convention, Carnot avait repris
la direction des affaires militaires.
Le 16* prit part à toute la campagne de l'armée de Sambre-et-
Meuse. Il faisait partie de la division Grenier, formée par les
brigades Dalcsmc cl Olivier.
COMBAT DE WETZLAR (17 juin).
Le 13 juin, l'armée de Sambre-et-Meusc se forme sur une
seule ligne derrière la Lahn ; la division Grenier campait sur
TEls. Jourdan voulait forcer le passage vers Lunburg, mais il
attendit jusqu'au 17 juin pour donner le temps à la division
Lefebvre d'occuper Wetzlar à sa gauche. Ce retard permit à l'ar-
chiduc Charles de le prévenir. Jourdan fut attaqué et obligé de
rentrer dans Neuwied et de repasser sur la rive gauche du
Rhin. Le 17 juin, les divisions Grenier, Bernadottte et Cham-
pionnet se mirent en marche sur Neuwied. Mais l'ennemi avait
rompu les ponts et fait avancer douze pièces d'artillerie. Forcés
de rester sur la Saynbach, nos soldats soutinrent le feu de l'en-
nemi et firent bonne contenance. Les ponts ayant été rétablis,
l'année défila le 18 au matin dans le meilleur ordre sur la rive
gauche du Rhin.
Pendant ce temps, Moreau, à la tète de l'armée de Rhin-et-
Moselle, passait le Rhin à Kehl. L'archiduc Charles marcha à sa
rencontre.
A l'aile gauclio, Klcbcr menaçait le Rhin vers Dusscldorf.
Jourdan profita du départ de l'archiduc pour repasser le fleuve
Il Neuwied. Pendant que Rléber attirait l'attention de l'ennemi,
— sa-
la division Grenier (16*) passait le Rhin à CSologne. Le 4 juillet,
toute l'armée était réunie sur la rive droite du fleuve, elle s'ar-
rêta deux jours pour attendre des vivres.
Le 6 juillet, la division Grenier prenait position à Meh-
rensberg.
Le 9 juillet, Tarmée de Sambre et-Meuse franchissait la Lahn.
Le mouvement des armées était alors le suivant : k droite, Mar-
ceau observait Mayence ; à gauche, Kléber marchait sur Franc-
fort; au centre, Jourdan débouchait dans les plaines du Mayn,
depuis la Nidda jusqu'à Gassel.
La division Grenier se dirigea sur Ilombourg pour forcer l'en-
nemi à précipiter sa retraite. Le 10 juillet, elle franchit la Lahn
à Weilbourg, vint camper à Grafen-Wiesebach et poussa son
avant-garde jusqu'à Usingen, d'où elle chassa quelques troupes
autrichiennes. Puis, continuant sa marche sur Ilombourg, elle
mit en déroute deux escadrons autrichiens, se porta rapidement
sur Gunzelhcim, enveloppa et sabra le détachement d'infanterie
qui occupait le village et s'établit sur les hauteurs, en avant de
Ilombourg.
Le 16 juillet, Francfort ayant capitulé, la division Grenier se
porta sur la Kintzig et, après la prise de Wurtzbourg, le 24 juillet,
elle occupa Werneck.
COMBAT ET PRISE DE BAMBERG.
Le 5 août, pendant que la place de Kœnigshofen se rendait
au général Lefebvre, les avant-gardes des divisions Grenier et
Championnet se disputaient Thonneur d'entrer les premières dans
Bamberg et s'y précipitaient avec impétuosité.
Mais n'ayant pas ,pris les précautions nécessaires pendant la
marche, elles furent enveloppées par le corps de Wartcnslebcn et
eurent à soutenir longtemps un combat inégal qui coûta la vie à
un grand nombre de braves. L'arrivée des gros des divisions
nous donna enfln l'avantage et nous restâmes maîtres de Bam-
berg, où l'on trouva des approvisionnements que les Impériaux
n'avaient pu enlever.
— 33 —
COxMBAT DE FORCHEIM (7 AOUT).
Le général Wartensleben, battu à Bamberg, exécuta un chan-
gement de front en arrière et vint appuyer sa droite à Pegnitz et
son centre à la forteresse de Forcheîm. Kléber aurait pu alors
combiner un effort général sur l'une des ailes ennemies séparées
par la Rednitz, mais il ne voulut pas s'écarter du système vicieux
prescrit par les instructions du Directoire, et il fit marcher son
armée parallèlement au front des Impériaux.
Le 7 août, la division Grenier remonta la Rednitz et soutint
un combat très vif contre Tcnnemi qu'elle repoussa, et vint
s'établir derrière l'Aisch, vers Villersdorf, où la division Gham-
pionnet la rejoignit après avoir emporté les hauteurs qui bordent
cette rivière et qui étaient hérissées d'artillerie.
Wartensleben, battu, se retira sur Nuremberg et la place de
Forcheim capitula à la première sommation, nous livrant
GO pièces de canon, des armes et des munitions de guerre.
Après l'affaire de FoiMiheim, Jourdan, rétabli de sa maladie,
reprit le commandement de l'armée qui continua à s'enfoncer à
la suite de Wartensleben dans les défilés de la Pegnitz, affluent de
la llednitz.
COMBAT DE NEUKIRCHEiN.
Dans ce pays montueux, coupe de ravins, hérissé d'épaisses
forêts, la route de Lauf au Sulzbach était seule praticable à Tar-
tillerie. Le 16 août, le général Grenier s'établit sur les hauteurs,
en avant de Pachtesfeld, et reçut Tordre d'approcher le plus pos-
sible de l'ennemi établi entre Sulzbach et Amberg, la droite
appuyée aux hauteurs escarpées de Ncukirchen. La position de
Sulzbach fut attaquée de front par la division CoUaud et de flanc
par la division Grenier. L'ennemi évacua sa position else retira sur
Rosenberg, où Wartensleben lui envoya quelques bataillons de
renfort.
COMBAT DE WOLFERING (20 AOUT).
Le 20 août, Jourdan continua à poursuivre les Impériaux. La
division Grenier, à la droite, marcha sur Schwandorf. La divi-
3
- 34 —
sion Collaud chassa Tennemi de Prreim, le débusqua du bois de
Freyholz et le força à passer le ruisseau de Wolfering, Mais ce
village, pris et repris plusieui*s fois, resta aux Autrichiens, qui
durent bientôt Tévacuer devant les mouvements de Ney et Le-
febvre, à droite, et Ghampionnet, à gauche. L'armée impériale
se retira derrière la Naab, dont les rives escarpées permettaient
une facile défense. Cette rivière, qui séparait les deux armées,
mit un terme à la retraite des Autrichiens et à la marche victo-
rieuse de l'armée française.
RETRAITE DE L'ARMÉE DE SAMBRE-ET-MEUSE.
L'archiduc Charles, comprenant qu'il était trop faible pour
résister à Moreau (armée de llliin-ct-Moselle), résolut de se
réunir à Wartensloben pour repousser Tannée de Sambrc-cl-
Meuse, et se porter ensuite en force contre Moreau. 11 laissa le
général Latour devant Moreau pour l'occuper et so dirigea sur
Neumark avec 24 bataillons et 50 escadrons. 11 y arriva le
16 août. A Neumark, le général Nauendorf était tenu en échec
par Bernadotte.
Jourdan allait traverser la Naab et continuer à. poursuivre
Wartensleben, lorsque Bernadotte l'avertit de l'arrivée de l'ar-
chiduc. Bernadotte, attaqué par l'archiduc et repoussé, recula
sur Lauf. Ce mouvement découvrait le flanc gauche de Jourdan
qui donna Tordre de la retraite qui commença le 23 août à onze
heures du soir. Le 24, Tarmée de Sambre-el-Meuse prit position
en arrière d'Amberg, les divisions Grenier et Ghampionnet sur la
rive droite de la Vils, au centre.
COMBAT D'AMBERG.
Les Impériaux attaquèrent sur toute la ligne et sans succès la
position française ; mais, à la chute du jour, Jourdan ordonna la
retraite. Le général Grenier vint s'établir à Pachlesfeld pour cou-
vrir la droite. Cette journée coûta 2,000 hommes à Tarmoc
républicaine. Les Autrichiens bivouaquèrent sur le champ de
bataille.
— 35 —
BELLE CONDUITE DU LIEUTENANT CAMUS.
Pendant ce combat, le lieutenant Camus du 16« fut chargé de
garder un passage avec quelques hommes de sa compagnie*
A peine a-t-il pris position, qu*il est assailli par un parti consi-
dérable d'Autrichiens qui le somment de se rendre.
« En avant, crie alors Camus », et il fonce avec sa petite
troupe sur Tcnnemi qu'il fait prisonnier. Camus devint plus tard
lieutenant-colonel et fut mis en demi-solde à la Restauration.
Le but de Tarchiduc était de gagner le flanc droit de Jourdan
et de Tempôcher de se réunir au corps de siège de Mayence.
Aussi le général français continu a-t-il sa retraite sans perdre de
temps et^ le 31 août, atteignit Schweinfurt. Ainsi posté, les Au-
trichiens ne pouvaient plus lui couper sa retraite sur la Lahn.
Mais Jourdan craignit de compromettre la gloire de son armée
en continuant sa retraite sans combat. Encouragé par Tenthou-
siasme excessif de son armée, les conseils de Moreau et Tordre
du Directoire qui lui prescrivait de se maintenir sur la Rednitz,
il marcha sur Wurtzbourg déjà occupé par l'archiduc Charles.
bataille: de wuiiTZBouua.
L'armée de Sambre-et-Meuse prit position devant celte ville,
la division Grenier (16® de ligne), près du village de Unter-
Dleischsfeld. Elle reçut l'ordre de s'avancer sur Selingstadt pour
couper les communications de l'ennemi avec le Mayn. Malheu-
reusement, Jourdan ne croyait avoir à faire qu'à l'avant-garde
de l'archiduc Charles, commandée par lé général Hotze. Le
3 septembre, un brouillard épais qui dura jusqu'à onze heures
du matin cacha aux deux armées leurs mouvements respectifs.
Lorsqu'il se dissipa, l'archiduc Charles jugea de la faiblesse de
son adversaire. 11 porta son eQort sur notre flanc gauche.
Jourdan ordonna alors à la division Grenier de se porter par
les hauteurs de Selingstadt au secours de Champiounct, dont la
division occupait une ligne trop étendue.
Le général Grenier commença son mouvement, mais il vit la
cavalerie de Wartensleben se développer dans la plaine. Il s'arrêta
— 36 -
et n'envoya à Ghampionnet qu*une demi-brigade de ligne et un
régiment de dragons.
A ce moment, Ney qui commandait Tayant-garde battait en
retraite. Le général Grenier, pour Tappuyer, porta quelques
bataillons (16® de ligne) et un régiment de dragons, sur une
hauteur à droite du village de Oberbleichsreld. Ges troupes
s'établirent sur cette hauteur et s'y battirent avec un héroïsme
admirable.
Jourdan vit alors qu'il avait à faire non plus à Tavant-garde
de llotzc, mais à toute Varméc de l'archiduc. 11 donna l'ordre de
la retraite. La division Grenier resta sur le champ de bataille,
pour donner le temps à Ghampionnet et à Bernadette de com-
mencer le mouvement. Gette division se couvrit de gloire en
soutenant une lutte désespérée. Elle succomba en partie dans la
lutte, mais l'armée de Sambre-et-Meuse était sauvée; elle put se
retirer en combattant et Jourdan continua sa retraite sur la
Lahn.
Le 9 septembre, la division Grenier passait la Lahn à Wetzlar,
Dans cette position, Jourdan songea tt réorganiser son armée.
Le siège de Mayence devenant impossible par suite des événe-
ments, il appela à lui la division Poncet et G,000 hommes de
l'armée du Nord et porta son armée à 60,000 hommes, mais il
n'avait que 5,000 chevaux. Il aurait désiré reprendre roffensive,
mais ne recevant pas d'instructions du Directoire, il se concentra
\Qvs Wctzlar derrière la Lahn et attendit l'archiduc.
AFFAIRE DE GIESSEN.
Le 11 septembre, les Autrichiens arrivèrent à Giessen, occupé
par l'avant-garde de la division Grenier. La cavalerie se replia
sur la rive droite de la Lahn, mais Vinfanterie profitant d'un
reste de fortifications, tint dans la ville. Les habitants ayant
traîtreusement introduit l'ennemi dans la ville, les défenseurs
durent mettre bas les armes. Le général Grenier, apprenant
cette trahison, se porta sur Giessen et menaça de brûler la
ville avec ses obus, si on ne lui rendait pas son avant-garde.
Devant ccUc menace on lui rendit son infanterie qui rcjoî'gnil la
division.
— 37 —
COMBAT DE GIESSEN.
Le 15 septembre au soir, Tarmée de Sambre-et-Meuse, s^éten-
dait de Giessen au Rhin, vers Ehrenbreitstein. Le 16, les Autri-
chiens débouchèrent du bois de Loller et attaquèrent la gauche
française à Giessen. Les avant-postes de la division Grenier, pos-
tés sur les hauteurs devant Giessen, furent repoussés. Jourdan
fit aussitôt marcher la cavalerie de Bonnaud, au secours de la
division Grenier. L'aiïaire devint dos plus vives. L*ennemi déjà
supérieur en nombre, recevait sans cesse des renforts. La divi-
sion Grenier, renforcée de son côté, parvint enfin à rejeter Ten-
nemi en désordre sur la rive gauche de la Lahn. Le général
Bonnaud eut la cuisse cassée d*un coup de feu et en mourut deux
mois après, regretté de toute Tarniée.
L'armée de Sambre-et-Meuse continua sa retraite pour passer
sur la rive gauche du Rhin. Le 20 septembre, le corps de Marceau
soutint à Altenkirchen, un vif combat. pour protéger la retraite
de Tarmée. 11 y reçut la blessure dont il mourut. Les généraux
autrichiens et l'archiduc lui-même témoignèrent les regrets que
leur inspirait une mort aussi prématurée. Ils tinrent à s'asso-
cier aux honneurs funèbres rendus au jeune général, et des
salves d'artillerie tirées sur les deux rives du Rhin donnèrent h
kl fois le signal do la triste cérémonie. A celte époque, le général
Jourdan donna sa démission et fut remplacé par le général Beur-
nonville. Il signa un armistice qui suspendit les hostilités entre
l'armée de Sambre- et-Meuse et les Autrichiens.
Ainsi se termina la campagne de 1796, pour l'armée de Sambre-
ot-Meuse.
« Honneur à ces braves armées qui, étrangères à tous les
u crimes qui souillèrent cette époque mémorable et aux funestes
(( dissensions qui déchirèrent la Patrie, versèrent leur sang pour
« l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire. »
Jourdan {Mémoires).
CAMPAGNE DE 1797.
Pendant l'armistice, le général Beurnon ville fut remplacé par
Hoche, qui déploya la plus grande activité pour réorganiser
l'armée de Sambre-et-Meuse.
— 38 —
Les hostilités recommeni^^rent au mois d'avril 1797.
L'armée de Sambre-et-Meuse, forte de huit divisions, était
divisée en quatre corps appelés aile droite, centre, gauche et
réserve. La 10^ demi-brigade comptait dans le corps du centre,
eommandandé par le général de . division Grenier. La brigade
était commandée par le général Bastoul.
Le général Hoche résolut de déboucher par Neuwied, dont la
tète de pont était en notre pouvoir. Pour attirer Tattention de
Tennemi vers Dusseidorf, il Qt avancer son aile gauche, qui s'éta-
blit dès le 16 avril, dans les plaines de Mulheim, vis-à-vis de
Cologne. La position des Autrichiens s'étendait de ZoUengers,
près du Rhin, jusqu'au village de Heddersdorf qui avait été très
fortement retranché. Six redoutes couvraient le front de la posi-
tion en avant du chemin de Neuwied à Ehrenbreitstein ; trois
autres redoutes à Heddersdorf, enfilaient le chemin de Dierdorf.
Tous ces ouvrages étaient fraisés, palissades et armés d'artil-
lerie.
BATAILLE DE NEUWIED (18 avril).
Le i8 avril, à 8 heures du matin, les troupes sorties de Neu-
wied s'ébranlèrent pour attaquer cette forte position. L'aile
droite marcha sur Bendorf et le centre, général Grenier, sur
Heddersdorf. Le général Bastoul, avec neuf compagnies de gre-
nadiers, soutenues de leurs demi-brigades, marcha sur Hedders-
dorf sans tirer un coup de fusil, eu escalada les retranchements
et s'en empara.
Les Autrichiens durent évacuer la position. La journée de
Neuwied leur coûta 6,000 hommes, sept drapeaux, deux pièces
d'artillerie et soixante caissons.
« Ainsi se termina, dit le général Hoche dans son compte rendu
« au Directoire, la bataille de Neuwied, dans laquelle se sont
c< distingués par leur sang-froid et l'habileté de leurs manœuvres,
« tous les officiers supérieurs et une infinité d'autres, dont la
« nomenclature serait trop longue pour pouvoir trouver place
(( dans un simple rapport. »
Après la bataille de Neuwied, le général autrichien s'établit
sur une position ayant à dos le défilé de la Dylc. Hoche le pour-
suivit et le força à évacuer sa position sans combat. Les Autri-
— 39 —
chiens reculèrent alors sur la Lahn vers Welriar, toujours suivis
(le près par l'armée française. La division Grenier occupa Weil-
bourg le 20 avril. La poursuite continua et ne s'arrêta qu'à
Francfort, ou les Français pénétraient avec les fuyards de l'armée
autrichienne, lorsque le gouverneur de la ville apporta la nou-
velle de rarmistice, signé par Bonaparte, à Léoben.
Dans une conférence qui eut lieu le jour suivant, on convint
que la Nidda servirait de ligne de démarcation aux deux armées.
La situation de l'armée autrichienne était telle, qu'on regarda
la suspension d'hostilités comme ayant sauvé Parmée impériale
d'une défaite certaine (2 avril 1797).
CAMPAGNE DE 1799.
Le congrès de llastadt durait encore, mais vers la fin du mois
de février 1799, toutes les finasseries diplomatiques avaient été
épuisées, et la France et l'Autriche s'efforçaient de profiter au
mieux des derniers délais que procuraient la fin des négociations.
Le Directoire avait formé quatre armées. Trois sur le Rhin
(armée du Danube, armée d'Helvétie, armée d'observation, et une
en Italie). La IG* dcmi-bridade faisait partie de l'armée d'ob-
servation, division Gollaud, brigade Bastoul ; son dépôt était k
Mayence, elle comptait 2 bataillons et son efTcclif était de
1782 hommes. L'armée d'observation fut confiée à Bernadolte.
Le l«f prairial (20 mai), la I6« demi-brigade occupait Stengelhof.
L'avant-garde de la division Gollaud, composée du régiment,
de 2 escadrons du 3<^ hussards, du 20^^ chasseurs et de 1 bataillon
de la 60« demi-brigade, appuyait sa droite au Rhin, à la ferme de
Stengelhof, son centre au village de Frédéricksfeld et sa gauche
à Edingcu sur le Neckcr. Le Directoire voulait frapper un coup
décisif en Allemagne, avant que les Russes puissent se réunir
aux Autrichiens leurs alliés. Le !«' mars, les trois armées com-
mencèrent leur passage du Rhin.
L'armée d'observation, destinée à seconder les opérations de
l'armée du Danube, devait bloquer Manheim et Philipsbourg et
fournir des garnisons aux autres places du Rhin.
Le i^^ mars, Bernadette passa le Rhin, occupa Manheim sans
résistance et s'approcha de Philipsbourg, qu'il dut renoncer à
-^ 40 —
attaquer, à cause de ses inondations. Il remonta alors la vallée
du Necker jusqu'à Heilbronn. Lorsqu'après la bataille de Stokack,
Jourdan recula sur le Rhin, l'armée d'observation fut entraînée
dans le mouvement et repassa le Rhin. Bernadotte en laissa le
commandement au général Collaud et partit pour Paris.
Le commandement des armées d'Helvétie et du Danube fut
alors réuni dans les mains du général Masséna. L'archiduc, qui
aurait dû prendre alors rigoureusement l'ofTensive, n'en fit rien,
et se borna à chasser les Français des postes qu'ils occupaient
encore sur la rive droite du Rhin. Masséna en profita pour réor-
ganiser son armée. Le commencement de la campagne eut pour
théâtre la Suisse. Pendant ce temps, le général autrichien Starray,
laissé avec 2!2,000 hommes aux sources du Danube, gardait tous
les débouchés de la Forêt-Noire, lançait des partis dans la vallée
du Rhin et dans les vallées adjacentes et soutenait l'insurrection
des Mayençais. Les généraux Legrand, à Kehl et Vieux- Brisach
et Collaud, à Manhein, faisaient face à Starray. La IG^^ demi-
brigade, division Lcgrand, brigade Lovai, avait son dépôt h
Mayence. Ses deux bataillons forts de 1727 hommes occupaient
Offembourg.
AFFAIRES D'OFFEMBOURG
(26 ET 30 JUIN, 4 ET 6 juillet)
Le 26 juin 1799, la division Legrand avait sa droite à Alten-
heim et Offembourg, le centre à Obcrvich et sa gauche à Bis-
hoffen.
Elle fut attaquée sur toute la ligne dans la nuit du 7 au 8 par
des forces supérieures, et obligée à reculer. L'ennemi ayant forcé
Offembourg et gagné les roules d'Appenvihr et de Musbach, le
général Lcgrand donna l'ordre de la retraite, qui s'cfl'eclua avec
la plus grande régularité, sans que l'ennemi osât l'inquiéter. La
division Legrand se retira sur Kehl et Wilstett. Celte journée,
quoique désavantageuse pour nous, qui y perdions des positions
importantes, coûta h l'ennemi plus de 1300 hommes. Le générai
Legrand fait le plus grand éloge de la conduite de ses troupes
dans cette affaire. Les chefs de corps Mercier, Vatrin,
Bletzlet et La Coste s'y distinguèrent particulièrement.
- 41 —
Le 30 juin, le général Levai poussa une vive reconnaissance
jusqu'au péage d'Offembourg, et Ot à Tennemi plusieurs prison-
niers, dont un officier de partisans.
Le >l juillet, & 3 heures du matin, la division Legrand attaqua
rennemi, A droite, Mercier, chef de la 72« demi-brigade; à
gauche, Danglas, chef de brigade; au centre le général Levai. Ce
dernier se porta avec la plus grande vigueur sur Giessen, "Willin-
gen et Appenwil.
Un bataillon du 16* était tête de colonne. Le village d'Appen-
wil fut enlevé à la baïonnette. L'attaque fut menée avec la mémo
vigueur à droite et à'gauche.
Toutes les troupes, et surtout le 16* de ligne, déployèrent tant*
de vigueur et de courage dans cette affaire, que Tennemi, se
voyant sur le point d'ôtre coupé dans sa retraite, se hâta d'effec-
tuer son mouvement rétrograde. Il fut poursuivi vigoureusement
jusque vers Nieder-Achcrn et Oberkirch,
Le G juillet, le général Legrand donna Tordre au général Levai
de s'emparer d'Offembourg et d'Altenheim. Les colonnes d'at-
taque s'ébranlèrent à 3 heures de l'après-midi.
Le 1«' bataillon du 16* suivit la route de Rasladt à Offem-
bourg. Nous avions pour but d'établir notre ligne d'avant-postes,
et l'ennemi nous laissa faire, en abandonnant à l'approche de
la nuit tout le champ do bataille, nous laissant croire que la
journée était Icnniuco. Mais bionlût un corps ennemi nombreux
composé d'infanterie et de cavalerie déboucha par la vallée de
la Kintzig et la route de Fribourg, et ouvrit un feu très vif d'ar-
tillerie qui dura jusqu'à 10 heures du soir. Étonné de Topiniâ-
Ireté de nos troupes contre des forces aussi supérieures, l'ennemi
fit avancer sa cavalerie en masse pour charger la nôlre. Elle
arriva jusque sur le plateau d'Offembourg, où des hussards et
des hulans autrichiens vinrent couper les mèches de nos canons
et engager une mêlée confuse qui eût été très funeste sans l'acti-
vité et la bravoure du général Levai et l'intelligence de son aide
de camp Bevalet et de son ofQcier de correspondance Bertholet,
qui le secondèrent parfaitement dans ce moment critique.
L'ennemi ne put se maintenir sur ce terrain, et nous l'aban-
donna jonché de ses morts et de ses blessés. Il craignait du reste,
Il juste titre, d'avoir à essuyer le choc des renforts qui, selon
toute apparence, devaient nous arriver.
— 42 --
Le général Legrand, dans son compte rendu, fait le plus
grand éloge de toute la division, qui s*est parfaitement distin-
guée, et dont les généraux, officiers et soldats se sont montrés
dignes les uns des autres et de la République.
Cette soirée nous coûta quelques tués, blessés et prisonniers,
mais Tennemi y laissa 500 hommes, parmi lesquels plusieurs
ofQciers, et notamment le colonel Kaiser.
BELLE CONDUITE DU SERGENT-MAJOR COURTOIS.
Le 6 juillet, le sergent-major Courtois, du IG*, commandait
une compagnie dont les officiers avaient été tués. Il marchait en
tirailleurs dans les gorges d'Offembourg, lorsqu'il s'aperçut que
les pandours autrichiens lui coupaient la retraite. Il les chargea
à la baïonnette, s'ouvrit un passage et rejoignit son régiment. Il
fut nommé officier sur le champ de bataille et resta au régi-
ment. Un arrêté du Premier consul du 29 vendémiaire an ix con-
firme sa nomination (ancien Journal militaire).
Le 7 juillet, la nombreuse cavalerie que Tennemi déploya dé-
termina le général Legrand à quitter à 11 heures du soir les po-
sitions d'Offembourg, après avoir lancé une forte reconnaissance
sur Altenheim et en avant d'Appenwil, où Tennemi perdit encore
du monde.
Le 20 juillet, Tarrété du 13 juin qui divisait Tarméc du Da-
nube en armée du lihin et armée du Danube fut mis h exécu-
tion. L*armée du Rhin fut confiée au général MuUet, qui établit
son quartier général à Turckheim. Tout le pays environnant
devint alors une arène où se livraient chaque jour des combats
opiniâtres entre les Français et les insurgés mayençais soutenus
par des corps autrichiens.
Le 16« de ligne est compris dans la 3« division, dite du centre:
Général de division Laborde,
Général de brigade Mercier.
Le 18 août 1799, il a son dépôt à Metz:
Le O' bataillon à Frankental,
Le 2« — à Gemersheim,
Le 3« — à Spire,
— 43 —
Son cfTeclif csl de 3,010 hommes. La fln de l'année 1799 se passa
à guerroyer contre les partis du général autrichien Starray.
Le 24 novembre, un arrêté fondit Tarmée du Danube dans
l'armée du Rhin. Cet arrêté reçut son exécution le 12 décembre.
Un armistice ayant été signé avec F Autriche, le llhin servit de
limite aux cantonnements des deux armées adverses.
CAMPAGNE DE 1800.
1* Campagne d^été.
Le Premier consul fondit les armées du Rhin et d'Helvélie en
une seule, qui conserva le nom d'armée du Rhin, et fut confiée
au général Moreau. Elle fut renforcée d'une partie de l'armée de
Hollande, ce qui porta son effectif à 100,000 hommes. L'armée
du Rhin fut divisée en quatre corps de trois divisions chacun.
Le centre, commandé par Gouvion Saint-Cyr, comprenait les
divisions Baraguey d'ililliers, Tharreau et Ney. La 16« demi-
brigade d'infanterie faisait partie de la division Tharreau. Une
situation du 10 mars 1800 nous donne son eflectif : 2291 hommes
pour trois bataillons. Le plan de Moreau était de passer le Rhin
vers Bâle, et de se porter sur Stockach, prenant ainsi à dos
l'ennetni placé entre la rive droite du Rhin et les déQlés de la
Forêt Noire, et de culbuter son aile gauche.
Le passage s'effectua le 28 avril. Le corps de Saint-Cyr fran-
chit le fleuve à Brisach, et la division Tharreau enleva le village
de Saint-Georges et rejeta le général autrichien Giulay sur Fri-
bourg.
Kray, commandant en chef les troupes autrichiennes, prit le
change; il crut que Moreau voulait forcer le val d'Enfer et la
Kintzig ; il manœuvra comme s'il eût du être forcé par sa droite
et donna ainsi à Moreau tout le temps nécessaire pour exécuter
son plan.
Dans les premiers jours de mai, l'armée française se trouva
réunie sur la Wutach, tenant les routes de Schafihouse à Engen
€t à Slockach.
— 44 —
BATAILLE DE STOCKACH (3 mai).
Pendant ces mouvements, le général Kray, revenu de son
erreur, concentra une grande partie do ses forces à Engen aQn
de gagner le lendemain les hauteurs de Stockach pour protéger
au moins Tévacuation de ses magasins.
Mais Moreau résolut de l'attaquer avant que son aile droite,
que Starray ramenait par la haute vallée du Necker Tait rejoint.
Le 3 mai au point du jour, le corps de droite (Lecourbe) attaqua
Stockach, et après un combat acharné la position fut enlevée.
Les Autrichiens perdirent 4,000 hommes, 8 canons et 50 che-
vaux, et des magasins remplis d'approvisionnements.
BATAILLE D'ENGEN (3 mai).
Pendant que Lecourbe, h droite, était aux prises avec les
Autrichiens, Moreau était aux prises avec Kray et remportait
une victoire également décisive.
Le général Saint-Cyr se trouvait encore avec le centre à Stuh-
lingen.
Moreau lui envoya Tordre de se porter en toute hâte sur
Engen en flanquant la gauche du corps de réserve; mais il ne
crut pas néanmoins devoir attendre leur arrivée, et il aborda
les positions ennemies avec les 3^,000 hommes qu'il avait de
disponibles.
Le plateau de Uohenhowen, en bas duquel s'étend la grande
plaine d'Engen, pouvait être regardé comme la clef de la posi-
tion. Kray l'avait fait couvrir de retranchements et y ralliait son
infanterie chassée des villages de la ligne de bataille. Moreau
appuya sur sa gauche pour se réunir le plus tôt possible au
corps de Saint-Cyr et envelopper Engen par les hauteurs qui
sont au Nord. Le combat dura toute la journée acharné des deux
côtés. Le jour était sur son déclin. On entendait à droite le feu
de Richepanse, dont la gauche n'avait pas cessé d'être à décou-
vert et sans appui par suite. du mouvement de Moreau sur sa
gauche. L'ennemi avait fait des efl^orts inouïs pour l'envelopper.
Gouvion Saint-Cyr, qui s'était mis eu marche dès 5 heures du
— 48 —
malin, avait ou de rudes combats à livrer & la chapelle Sainte-
Ottlie, au défilé de Zolham et sur les hauteurs de Iliedeschigcn.
Un combat plus terrible encore s'engagea au bois dp Slettin.
Mais les Autrichiens durent reculer, et la jonction des deux corps
s*opéra. La division Baraguey d'Hilliers tomba sur la droite du
corps autrichien, que Richepanse contenait depuis le matin. La
nouvelle de la défaite de Stockach arriva et découragea les Autri-
chiens, qui ne se battirent plus que pour assurer leur retraite.
Cette journée coûta à chaque armée près de 7,000 hommes.
Les Français firent 7,000 prisonniers, et enlevèrent à l'ennemi
3 drapeaux, 9 pièces de canon et d'immenses approvisionne-
ments de tout genre.
La division Tharreau n'eut pas Toccasion de prendre part à la
bataille de Mœskirch. L'aile droite, qui était la plus avancée,
précéda rarmée sur Mœskirch; la réserve suivait en seconde
ligne. Quant au centre (Saint-Cyr), il dut marcher sur Septingeu,
s'étendant par sa gauche jusqu'à Tuttlingen.
La bataille de Mœskirch fut très meurtrière. Moreau envoya à
Saint-Cyr l'ordre de se porter sur ce point, mais les officiers por-
teurs de cet ordre ne purent arriver jusqu'à lui. Ce détail, que
plusieurs historiens militaires ont ignoré, leur ont permis de qua-
lifier d'inexplicables la conduite et l'inaction de Gouvion Saint-
Cyr pendant cette bataille.
Après la bataille de Mœskirch, l'armée du Rhin continua sa
marche sur le Danube. Le corps de Gouvion Saint-Cyr était^ le
G mai, sur la route de Mœskirch à Mengen, sa gauche au Danube,
le 7 en avant de Mengen, et, enfin, le 8, la gauche au Danube
à la hauteur de lliedlingen, la droite à Buchau.
BATAILLE DE BIBERACH (9 mai).
Dans la nuit du 7 au 8 mai, Tarmée autrichienne s'établit sur
la ligne de la Riss, en avant et en arrière de Biberach.
Le 9 au matin, le général Saint-Cyr se porta sur Biberac par
la route de Buchau avec les divisions Tharreau et Baraguey
d'Hilliers. Il força d'abord le poste d'Obendorf à se replier sur le
corps que Kray avait détaché en avant de la Riss (10 bataillons,
15 pièces de canon et une nombreuse cavalerie). Puis il aborda
— 46 —
sans hésiter ce corps, qui, en quelques instants, fut culbulé dans
le défilé. L'artillerie et la cavalerie encombrant cet étroit pas-
sage, la -colonne autrichienne edt été détruite si Kray n'eût
envoyé des renforts pour la recueillir et protéger sa retraite.
Le reste de Tarmée autrichienne occupait les hauteurs en
arrière de Biberach, ayant son front couvert par le grand ravin
formé par la rivière la Riss. Au moment où Saint-Gyr pénétrait
dans Biberach avec les fuyards autrichiens, le général Riche-
panse se montrait sur les revers des hauteurs.
De concert avec Gouvion Saint-Gyr, il résolut de chasser Kray
de sa forte position. Les troupes de SaintCyr traversèrent Bibe-
rach et commencèrent à gravir les hauteurs aux yeux des enne-
mis, stupéfaits de tant d'audace. Richepanse franchit la Riss h
un gué situé au-dessous du village, et gravit le plateau de Met-
temberg sous un feu plongeant d'artillerie et do mousquctcrie.
Le général Kray apprenant que les têtes de colonnes de Le-
courbe arrivaient, ordonna la retraite par Ochsenhausen, pour
gagner la ligne de Tlller. Il abandonna le champ de bataille
y laissant 2,000 hommes hors de combat, 2,000 prisonniers et
des magasins immenses. SaintCyr garda sa position en avant
de Biberach.
Le compte rendu officiel de cette bataille dit :
« Tous les officiers, toutes les troupes des divisions Tharreau
et Baraguey d'Hilliers méritent des éloges. La 16« demi-brigade
a chargé d la fin de Vaction avec un ensemble qui semblerait ne
pouvoir s'alliera r impétuosité de son attaque ».
Le régiment eut une grande part à l'avancement donné par le
général en chef pendant cette campagne.
Le chef de bataillon Rouville fut nommé chef de demi-bri-
gade. Les capitaines Gecflrge, Voirin furent nommés chefs
de bataillon.
Les lieutenants Delpierre, Patez furent nommés capi-
taines.
Les sous- lieutenants Chauvin et Callibre furent nommés
lieutenants.
Les sous-officiers d'Orville, Aubry, Jannin, Douze,
Thunot furent nommés sous-lieutenants.
Le général Kray, encore battu à Memmingen, se retira sous le
canon du camp retranché d'Uhn.
— 47 —
Morcau se rapprocha d'Ulra et s'étendit par sa droite dans
l'espoir de faire sortir l'armée autrichienne de son camp retran*
ché. Le corps de Gouviou Saint-Cyr occupa Weissembourg et
Kirchberg.
COMBAT D'ERBACH (16 mai).
Le général Kray attendait encore deux détachements venant
de Manheim. Craignant que le corps du général Sainte-Suzanne
ne les empêchât de le rejoindre, il l'attaqua le 16 au matin. Le
combat dura douze heures sans résultat, lorsque le canon du
général Saint-Cyr se fit entendre sur la droite du Danube. Ce
général n'eut pas plutôt soupçonné le danger que courait Sainte-
Suzanne qu'il repassa i'iller et se porta au pas de course à un
gué du Danube. Son mouvement décida la retraite des Autri-
chiens sous le canon d'Ulm.
Le général Moreau, désespérant de forcer Kray à sortir d'Ulm,
résolut de menacer ses communications pour Tattirer hors de
ses positions. Il porta son aile droite (corps de Lecourbe) sur
Augsbourg avec ordre d'y paraître seulement et de se rabattre
aussitôt sur le centre. Le 20 mai les corps de Saint-Cyr et Sainte-
Suzanne ropassàrcnt sur la rive droite (hi Danube. Kray fit contre
eux une démonstration le 22, mais fut repoussé.
A cette époque l'armée reçut une nouvelle organisation qui
nécessita un changement dans l'ordre de bataille. Le général
Gouvion SaintrCyr forcé d'aller prendre les eaux fut remplacé
par le général Grenier, qui reçut le commandement de l'aile
gauche formée des divisions Ney,Baraguey d'Hilliers et Legrand
qui avait remplacé le général Tharreau.
Le 10 juin l'armée du Rhin se porta sur la ligne du Lech. La
gauche s'avança sur Weissenhorn et reçut l'ordre de masquer
les diiférents débouchés du Danube entre Ulm et Gunzbourg.
La division Legrand descendit la Gunz et battit Giulay à Hoch-
wang.
Les Autrichiens repassèrent le Danube. Giulay, chargé de
défendre Gunzbourg, ne crut pas pouvoir tenir dans ce poste et
l'ôvacua.
— 48 —
PASSAGE DU DANUBE.
Le Danube fut franchi le 20 après un brillant combat auquel
ne prit pas part l'aile gauche, qui vint s'établir sur la Brcnz à
Gundelflngen.
Le 22 juin Horeau apprit la marche de Kray vers la Bavière
pour rétablir ses communications. 11 se mit à sa poursuite. Le
24 le général autrichien envoya un parlementaire annonçant que
Bonaparte avait signé un armistice qui s'étendait à l'armée du
Rhin. Mais Mpreau, qui le savait, ne voulant pas ét6d)lir ses
troupes dans un pays épuisé, résolut d'élargir la base de ses can-
tonnements et d'occuper Munich.
Il se concentra le 26 autour de Donawerth. Lecourbe se porta
sur Neubourg,le centre occupa Rhain, et Grenier laissant la divi-
sion Legrand à Donawerth poussa celles de Ney et de Baraguey
d'HilHers à Wcnedingen et à Harbourg. ,
Continuant sa marche, il poussa sa gauche sur Ingolstadt et sa
droite sur Munich. La division Legrand était près de Landshut.
Elle attaqua l'arrière-garde autrichienne commandée par l'ar-
chiduc Ferdinand et la battit.
Ce dernier engagement termina la campagne, car la publica-
tion officielle de l'armistice de Parsdorf arrêta les opérations.
On conçut l'espoir d'une paix prochaine ; mais elle ne devdt
être conquise que par une nouvelle victoire de l'armée du Rhin.
2* Campagne d*hiver.
Le 12 novembre Moreau se trouvant alors à Paris, le général
Dessoles, son chef d'état-major, signifia aux Autrichiens la reprise
des hostilités.
L'armée du Rhin avait à peu près la même organisation qu'a-
vant l'armistice. L'aide gauche aux ordres du général Grenier com-
prenait les divisions Ney, Legrand et Bastoul.
L'archiduc Jean avait' remplacé le vieux maréchal Kray au
commandement de l'armée impériale. Au lieu d'attendre les
Français dans la redoutable position de l'Inn, il résolut de les
attaquer de front pendant que les corps de Klonan et de Ilillcr
leur couperaient la retraite sur Munich.
- 49 —
Moreau arriva à Àugsbourg le 22 novembre et mit l'armée en
marche sur Pliin. La division Ncy, de la gauche, fut porlôo vers
Uannsurla routed'Ampfing; la division Legrand sur Kirchbrunu ;
la division Bastoul suivait en réserve.
On voit par ces mouvements que notre aile gauche devait ren-
contrer le gros des forces ennemies marchant sur Landshut,
mouvement que Moreau ignorait.
COMBAT D'AMPPING (1« décembre).
En effet la division Legrand, par suite de la résistance qu'elle
rencontra, ne put aller au delà de Werth. •
Le général Grenier pour ne pas s'en séparer fit entrer en ligne
la réserve (division Bastoul) pour se lier avec la division Ney.
Quinze mille Autrichiens occupaient les hauteurs entre Hann et
Ampflng. L'apparition d'un corps ennemi à Landshut décida
Grenier h y renvoyer une brigade de la division Legrand pour
couvrir le flanc gauche de la ligne de retraite.
L'action s*engagea; mais après un combat acharné Moreau
donna Tordre de la retraite. Cette afl'aire, à l'avantage des Impé-
riaux, enfla la vanité du jeune archiduc qui se crut invincible.
Mais il acquit une couflance sans bornes lorsque le lendemain
Moreau, poursuivant son mouvement de retraite, ramonait l'ar-
mée du Rhin dans sa première position entre Ebersberg et Ilar-
thof.
Des relations d'officiers attachés à Moreau affirment que ce
général ne battit en retraite que pour attirer l'ennemi sur un
champ de bataille où la cavalerie impériale deviendrait presque
inutile.
BATAILLE DE HOHENLINDEN (3 décembre).
Le 2 décembre au soir l'armée du Rhin occupait les positions
suivantes :
L'aile gauche, général Grenier, appuyait sa droite àllohenlin-
den et s'élendait jusqu'à liarthofen, couvrant son flanc et gar-
dant les dlbouchés d'Issen et de Lendorf.
Le général Grenier avait ordre de se borner à se maintenir
— 50 —
dans cette position jusqu'au moment où le général en chef don-
nerait lui-même Tordre d'attaquer.
Une division du centre Grouchy appuyait sa gauche h Ilohen-
linden, coupait la chaussée et s'étendait le long do la lisière du
bois dans une grande éclaircie à la sortie du défilé, et en vue de
la maison de poste. (Voir le plan.)
La réserve de cavalerie placée en arrière de Hohenlinden avait
été mise à la disposition du général Grenier.
Une seule brigade avait été détachée à Erding avec quelques
compagnies d'infanterie pour éclaiier la gauche et garder les
communications avec Munich que menaçait le corps de Kien-
mayer débouchant par Dorfen. Le corps du général Sainte-
Suzanne, qui avait passé le Danube, se portait à marches forcées
sur Pressing pour arrêter le corps de Klenau qui avait dépassé
Landshut. A la droite de Hohenlinden la division liichepanse
s'était repliée sur Ebersberg et la division Decaen était à Zarnot-
ting, ce qui formait, aune lieue et demie du centre, une force de
plus de 17,000 hommes. L'aile droite (Lecourbe) avait pris posi-
tion à Helfendorf, appuyant sur sa gauche pour se lier avec les
divisions du centre. La plus grande partie de ses forces occu-
paient Flamering entre la chaussée de Wasserbourg et la route
de Rosenhcim.
Dans la nuit du 2 au 3, il se rapprocha encore par sa gauche
de la route d'Ebersberg, pour y relever Decaen, qui devait appuyer
liichepanse. Ce dernier en effet reçut l'ordre de se porter le 3 de
Saint-Christophe sur Matlenpoël, pour prendre en flanc la colonne
ennemie que l'on présumait avec raison devoir s'engager sur Ja
chaussée de Munich à Haag. On sait que les prévisions de Moreau
se réalisèrent et que le mouvement de liichepanse décida du
succès de la journée.
Le 3 décembre au matin les Autrichiens prirent roffensive et
s'engagèrent sur la chaussée de Munich à Uaag, à travers la foret
formant un défilé de plus d'une lieue et demie.
Pendant que l'action se passait au centre et qu'un plein succès
couronnait nos efforts, le général Grenier combattait à l'aile
gauche.
La division Legrand, qui occupait Ilarthofen, soutint toute la
journée les cfl'orts de l'ennemi, restant sur la défensive comme
elle en avait reçu Tordre. Le général Grenier, voyant que le
— 51 —
centre était victorieux, prit de lui-même ToUensive; Tennemi se
battit avec une vigueur étonnante. Les divisions Legrand (16*)
et Bastoul firent des prodiges de valeur; plusieurs fois les corps
adverses se mêlèrent, les positions furent prises et reprises
plusieurs fois. Les demi-brigades de ces divisions furent char-
gées de flanc par la cavalerie ennemie, sans être seulement
ébranlées.
Enfin la division du générai Legrand parvint à culbuter Ten-
nemi dans les déQlés de Lcndorf, lui prenant 1500 prisonniers et
6 pièces de canon.
Telle fut cette mémorable bataille qui nous valut 11,000 pri-
sonniers dont 169 ofQciers, 2 généraux et cent pièces de canon.
Le général Moreau, dans l'effusion de sa joie, dit le soir aux gêné*
raux dont le talent et la bravoure l'avaient si bien secondé :
« Félicitons-nous messieurs, car nous venons do conquérir la
paix. » Tirons du compte rendu de cette victoire le passage sui-
vant qui fait si grand honneur au régiment dont le drapeau porte
dans ses plis le nom glorieux de Hohenlinden :
« Dans celte momornblc journée, gén6rniix, officiers et soldats, tous se
sont surpasses : Des soldats en se battant comme des lions disaient :
« Nous ne roulons pas mourir d'aujourd'hui pour voir la fin d'un si beau
jour. » Le lieutenant général Grenier a montré h Tcnnomi que si, avec
deux seules divisions (Legrand et Ikistoul), il savait combattre et se retirer
fièrement devant une armée entière, il savait aussi, quoique inférieur en
nombre, vaincre et surtout poui*suivre plus vigoureusement qu'il ne l'avait
été lui-même, il a parfaitement secondé le général en chef. Les généraux
Legrand et Bastoul ont eu un rôle trop brillant dans cette journée pour
que le général en chef ait besoin d'y joindre son éloge. »
Après la victoire de llohcnliudcn le général Grenier marcha
sur Wasscrbourg oii il passa l'inn. Là il reçut Tordre de mar-
cher sur LaulTen avec les divisions Legrand et Bastoul pour y
passer la Salza avec toute l'armée du Rhin, 15 décembre.
Le 19 décembre il se porta sur Lintz et Ëbersberg, renversant
tout ce qui voulait s'opposer à sa marche. La division Legrand
(ICc), qui tenait la tète de colonne, fit 300 prisonniers à l'ennemi
en arrivant à Ëbersberg et rétablit le pont de la Traun.
Les Autrichiens convaincus que l'Empire ne pouvait être
sauvé que par la paix envoyèrent le comte de Merfeld à Moreau
— 52 —
pour lui demauder un armistice qui fut signé à Steyer lo
23 décembre 1800.
Ainsi se termina cette mémorable campagne. Moreau avait fait
avec son armée en 15 jours quatre-vingt-dix lieues, franchi trois
grandes rivières, pris ou mis hors de combat plus de 45,000
hommes, ^enlevé 150 canons, 400 caissons, 6,000 voilures de
bagages et un grand nombre de drapeaux. LMnfanterie française
s'y était montrée plus que jamais par ses marches, sa bravoure,
sa constance, son dévouement, son intelligence, la preaiière
infanterie du monde.
Elle avait excité à la fois l'admiration et la terreur de nos
ennemis.
DE 1801 A 1805.
En 1801, la 1(>^ demi-brigade de ligne fait partie de rarméo
d'occupation dans le Brisgau. Elle lient garnison d'abord à Fri-
bourg, puis par bataillon à Waldkirch, Seckingen et iliégcl ; son
dépôt est à Neufbrisach.
Pendant l'occupation du Brisgau, de 1801 à 1804, le régiment
appartient à la 5« division militaire dont lo quartier général est
à Strasbourg, division Levai, brigade Grandjean.
En 1804 le régiment est envoyé à Alexandrie, il appartient
alors à la 27® division militaire (général Dupont-Ghaumont), dont
le quartier général est & Turin.
En 1805 le régiment rentre en France et vient tenir garnison
à Toulon, 8« division militaire (général Cervoni), quartier géné-
ral à Marseille.
Les 1«' et 2® bataillons sont embarqués à bord de l'escadre de
la Méditerranée. Le 3« ])alaillon occupe le fort Joubert (La-
malgue). L'effectif embarqué est de 1900 hommes et celui du
3* bataillon, au fort Lamalgue, de 900 hommes.
Ainsi s'explique la part glorieuse que le régiment va prendre
à la grande bataille navale de Trafaigar.
— 83 ~
16' RÉGIMENT FINFANTEUIE DE LIGNE
<1803 à 1815.)
Un arrêté des consuls de i803 supprima la dénominalion de
demi-brigade de bataille pour la remplacer par celle de régi-
ment d'infanterie. Cette organisation dura jusqu'à la Restaura-
tion en 1815.
CAMPAGNE DE 1805 (trafalgar).
Nous avons vu ci-dessus que deux bataillons du régiment
avaient été embarqués à Toulon sur Tescadre de l'amiral Ville-
neuve. Dans la mémorable bataille de Trafalgar, le soldat
Robert Guillemard, de Sixfours (Var), tua Tamiral Nelson.
Retraité plus tard comme sergent, Guillemard publia des mé-
moires où il relate avec les plus grands détails un fait qui fait
autant d'honneur à son auteur qu'au 16<) régiment d'infanterie,
auquel il appartenait. Laissons-lui donc la parole :
c< Le 3 octobre 1805, notre Itatnillon quitta les Mtimonts de transport
o|. ]»a»sa Riir les vaisseaux de IVsr^idre. Ma compagnie fut deslinée îi faire
partie de la garnison du llcdouiable^ de 71 canons, c^oinniandé par le capi-
taine de Taisscau Lucas.
« Le ÎO octobre, une vague rumeur se répandit qu'on devait sortir le
lendemain de Cadix pour attaquer les Anglais. En effet, le 21, h dix heures
du matin, Tescadre combinée sortit de Cadix pour présenter la bataille aux
Anglais.
« J^e Redoutable était au centre et un peu en avant de la ligne fran-
çaise, qui, par une dernière disposition du général, était rangée en demi-
r^rrcle. 11 avait en face de lui le Victonj, portant pavillon de Tamiral et
monté par Nelson. Ce fut notre vaisseau qui donna le signal du combat.
« Nos gabiers d'artimon avaient été tués, deux matelots et quatre sol-
dats dont je faisais partie reçurent Tordre de les remplacer dans la hune.
Comme nous y montions, les boulets et la mitraille volaient autour de
nous ; un de mes camarades fut blessé h côté de moi et précipité d'une
hauteur de trente pieds, il se fracassa la tête sur le pont.
« Les gabiei*s anglais, dont nous n'étions qu*^ quelques toises firent on
nous voyant paraître, un feu très vif auquel nous répondîmes. Un soldat
de ma compagnie et un marin furent tués tout près de moi, les deux
autres blessés purent cependant descendre ]mr les haubans. Nos ndver-
— 54 —
snît'cs furent h ce qu'il parait encore plus maltraites que nous, car bicntôf
je ne vis plus personne dans la hune anglaise*
<( Sur l'arrière du yaisscau anglais, était un officier couvert de décora-
tions et n'ayant qu'un bras ; d'après ce que j'avais entendu dire de Nelson,
je ne doutai pas que ce fiU lui. Ne reccTant pas l'ordre de descendre et
me voyant oublié, seul dans la buue, je crus de mon devoir de faire feu
sur l'arrière du vaisseau anglais que je voyais à découvert et de très près.
J'aurais pu môme ajuster les individus, mais je tirai successivement sur
les différents groupes formés par les marins et par leurs ofliciei-s. Tout h
coup j'aperçus sur le Victory un grand mouvement. Ton s'empressait
autour de roflicicr dans lequel j'avais cru reconnaître Nelson. Tl venait de
tomber et on l'emportait couvert d'un manteau.
<( Je m'empressai de descendre pour annoncer au commandant Lucais
ce que j'avais vu de la situation de l'ennemi, et il me crut d'autant plus
aisément que la cessation du feu lui annonçait un événement de la plus
haute importance, occupant l'équipage anglais et l'empêchant de continuer
le combat.
u 11 était cinq heures du soir quand le combat cessa, je parcourus le
vaisseau oCt tout offrait le spectacle de la destruction. Un désespoir calme
se peignait sur la figui'e de ceux qui avaient échappé à cette terrible
scène, où je venais de faire mon début dans la carrière militaire.
u Dans la soirée, des chaloupes anglaises vinrent prendre le reste do
notre équipage pour le répartir sur différents vaisseaux et je fus conduit
sur le Victory,
« J'y appris la mort de Nelson. Il avait reçu sur l'épaule droite une
balle qui pénétrant obliquement avait brisé Tépine du dos.
« Le général (^ollingsvood l'avait remplacé dans son commandement.
« La mort de Nelson était regardée comme une calamité publi(|ue, dont
la victoire ne put adoucir ramertume. Aussi, comme homme je ne pus
m'empécher de ))rondrc part en quelque sortie à rai'ilictiou qui régnait sur
le Victory , iixndis que, comme Français, je devais me réjouir d'une mort
qui délivrait ma Patrie d'un de ses plus dangereux adversaires. Au reste
le moment où Nelson fut frappé, la position de sa blessure me prouvaient
h n'en pas douter qu'il était mort de ma main, puisque j'étais seul dans la
hune d'artimon. Mais, quoique le coup qui avait fait tomber le générai fut
un service remlu h la Patrie, j'étais loin de le regarder comme un trait
dont je puisse m'enorgueillir. D'ailleurs, dans la confusion générale, tout
le monde aurait pu s'en attribuer l'honneur, et, pour ne pas m'exposer
aux railleries de mes camarades, je trouvai plus sage de n'en pas parler.
« C'est ainsi que plus d'une fois l'insouciance ou la fausse honte m'ont
privé d'avantages auxquels j'aurais pu prétendre. »
Plus loin le sergent Guillemard, parlant de son régiment, dit :
« Je n'ai pas nommé le régiment de ligne dans le(|uol j'entrai eu i80r»,
— 86 —
et dont le numéro est inscrit plus d*une fois arec honneur dans nos fastes
militaires. »
Le sergent Guillemard rentra définitivement dans son village
de Sixfours le 2 octobre 1823. Il avait quitté le service ou plutôt
on lui avait donné sa retraite alors qu'il était au siège de Barce-
lone près de deux mois après TafTaire de Mataro.
On sait le rôle glorieux du navire le Redoutable et de son
commandant Lucas pendant la bataille de Trafalgar.
L'amiral Villeneuve, deux jours avant d'être assassiné, écrivait
au commandant Lucas :
(( Si tous les capitaines de vaisseau s'étaient conduits comme tous k
Trafalgar, la Tictoire n'eût pas été un instant indécise ; certainement per-
sonne ne le sait aussi bien que mot. »
L'Empereur Napoléon dit aux capitaines Lucas et Infernet qui
lui furent présentés à leur retour des prisons d'Angleterre : « Si
« tous mes vaisseaux s'étaient conduits comme ceux que vous
« commandiez, la victoire n'aurait pas été incertaine : Je vous
« nomme commandants de la Légion d'honneur. »
Honneur donc au régiment qui, en secondant une aussi
héroïque conduite, a acquis le droit de revendiquer une part
des éloges décernés par l'amiral Villeneuve, par l'Empereur
Napoléon, et après eux par l'histoire, au vaillant capitaine
Lucas. «
Pendant Tannée 1807, le 1G« de ligne fait partie du V corps
appelé aussi corps d'observation de la Grande Armée, sous le
commandement du général Brune. Il appartient à la division
Molitor (brigade Gastella).
A la date du IG juin 1807 le quartier général du 4« corps est A
Neubrandembourg. L'effectif du 16« est de 59 officiers et 1861
hommes pour deux bataillons, commandés par les chefs de ba-
taillon Beaudoin et Marin. Le major Marin commande le régi-
ment. Le régiment a laissé à Mayence un détachement de 3 offi-
ciers et 132 hommes. Il a ses quartiers à Slavenhogen.
Le 10 juillet le régiment est au camp sous Stralsund, son effec-
tif a été porté à 59 officiers et 2,084 hommes.
De Stralsund le régiment est envoyé à Rostock au mois do
septembre, puis dans l'Ile de llugen, le 30 novembre 1807.
— 86 —
Le i2 oclobrc de Tannée 1808, le 4* corps de la Grande Armée
est dissous par décret.
Le iC* rentre alors en France, et au mois de janvier 1800 nous
le trouvons en garnison h MAcon.
CAMPAGNE DE 1809.
Après la dissolution du corps d'observation, la division Moli-
tor se met en marche pour se porter d'Allemagne en Espagne.
Le 16® était arrivé h Màcon et le reste de la division à Lyon lors-
qu'elle reçoit Tordre de retourner sur ses pas et de se porter sur
le Rhin.
Elle passe le fleuve à Huningue, pénètre en Souabe et gagne
Ulm, où elle vient contribuer à la formation du 4« corps de Tar-
mée d'Allemagne.
Ce corps est commandé par le maréchal Masséna, duc de
Rivoli. Lo 1G« appartient h la l'« brigade (général Leguay), de
la 'M division (général Molitor).
Le régiment est commandé par le colonel Marin. Il se com-
pose de 3 bataillons, à TetTectif de 64 officiers et 2,056 hommes.
Le 4® bataillon a été détaché en Espagne en 1808, et nous Ty
retrouverons quand nous nous occuperons des campagnes d'Es-
pagne.
Pendant la première partie de la campagne, le 4* corps n'a
aucun engagement avec les Autrichiens, et n'assiste niàEck-
mùlh, ni à Ratisbonne.
Après cette dernière affaire, Tarchiduc ayant mis le Danube
entre Napoléon et lui, se replie sur la Bohême.
L'Empereur laisse le corps du maréchal Davoust en observa-
tion à Ratisbonne, et se dirige sur Vienne, bien résolu à passer
sur le corps du général Uiller, s'il lui dispute Tentrée de la
capitale.
COMBAT DE NEUMARCK (24 avril).
Le maréchal Bessières avait été détaché avec une division
bavaroise, et la division Molitor (16® de ligne) pour poursuivre
vers TInn, deux corps autrichiens commandés par le général
— 87 —
Hillcr. Le 22 avril, au soir, les Autrichiens prennent position sur
loR bords de Tlnn, entre Alt et Neu-Œtting.
Le général Uiller^ croyant d'après ses renseignements que
Napoléon s'était mis à la poursuite de l'archiduc, prend la réso-
lution d'opérer une diversion en attaquant les Français. Le
matin du 24, trois fortes avant-gardes se mettent en mouvement
et marchent contre Bessières, qui n'avait avec lui que 20,000
hommes, et sur ce nombre la division Molitor qui venait de
Bibourg était encore assez éloignée. Ainsi s'engage le combat de
Neumarck.
La division bavaroise de Wred soutient seule le premier choc.
Heureusement la division Molitor arrive, appuie la droite bava-
roise, la dégage, et assure sa retraite sur Wilsbibourg.
Cette aflaire qui coûta 1500 hommes au corps franco -bavarois
n'eut aucune suite, car, dans la nuit du 24 au 25, le général
lliller ayant appris les avantages remportés par les Français
contre l'armée autrichienne se h&te de repasser l'Inn.
Dans la marche sur Vienne qui suivit cette affaire, le maré-
chal Masséna, avec le 4® corps, était en seconde ligne sur la route
de Passau.
COMBAT D'EBERSBERG.
Le 3 mai, l'avant-garde du 4* corps arrive iV Linz, oîilcs débris
des corps de l'archiduc Louis et du général Hiller (30,000
hommes) occupent une position avantageuse en avant de la
Traun. L'Empereur envoie Bessières et Oudinot sur Ebersberg
pour seconder Masséna. Les Autrichiens battus se mettent en
retraite après avoir perdu 4,500 hommes et 7,500 prisonniers.
Le 4* corps se porte ensuite sur Amsteten.
L'Empereur arrivé devant Vienne somme inutilement l'archi-
duc de capituler, il prend la résolution de bombarder la ville.
BATAILLES D'ASPERN ET D'ESSLINO
(21 BT 22 mai).
L'Empereur avait décidé le passage du Danube, il choisit à cet
effet l'Ile Lobau, située à une lieue et demie à l'Est de Vienne.
— 58 —
Le 17 mars, il dirige la division Molilor (1G«) vers un petit
bois, entre le village d'Ëbersdorf et le bord du Danube.
Les compagnies de voltigeurs sont embarquées sur des bateaux,
abordent dans Tile et en cbassent un détachement ennemi pré-
posé à sa garde.
Le 20 mai, l'Empereur passe dans Tile et fait établir un pont
sur le troisième bras du fleuve entre les villages de Gross-Aspern
et d'Essling. Les divisions Lasalle (cavalerie), Boudet et Molilor
(infanterie) passent successivement. Le lendemain TEmpereur
vient reconnaître la position, et établit son ordre do bataille à
Ventrée de la plaine do Marchefeld, la gaucho appuyée h Gross-
Âspern, le centre à Essling et la droite en face le Stadt Enzers-
dorf, h un petit bois au bord du Danube.
C'est dans cette position qu'il doit attendre le reste de son
armée pour une attaque générale.
La division Molitor (16*) occupe à gauche le village de Gross-
Aspcrn. L'archiduc Charles, résolu à prendre l'offensive, veut
envelopper l'armée française, la rejeter au delà du Danube et
détruire ses ponts.
L'armée autrichienne est forte de 90,000 hommes et 228 pièces
d'artillerie. Napoléon ne peut lui opposer que 33,000 hommes.
Le 21 mai, entre une heure et deux heures de l'après-midi, les
Autrichiens prennent l'offensive, on les voit s'avancer sur cinq
colonnes.
Le village d'Aspern est assailli par eux avec la plus grande
vigueur. La division Molitor qui l'occupe n'en met pas moins h
soutenir le choc et à se maintenir dans son poste. Elle donne le
temps à la division Legrand d'arriver h son secours. L'ennemi
est repoussé mais il revient à la charge ; étant très supérieur en
nombre, il parvient à se rendre maître de la tête du village. Les
Français s'obstinent à reprendre le terrain qu'ils ont perdu, les
Autrichiens mettent de l'acharnement à le garder. Le village
devient non pas un seul champ de bataille, mais le théâtre de
mille petits combats sanglants et opiniâtres. Chaque rue, chaque
maison, chaque grange voit une scène de carnage; les charrues,
les chariots, les herses, les fléaux, les fourches, les haches sont
employés, soit pour se couvrir et se retrancher, soit pour dé-
truire l'ennemi concurremment avec le fusil et le sabre. On com-
bat dans l'église, dans le cimetière, autour des grands arbres. Le
— 89 —
moindre espace de terrain est disputé. Âspern est pris et repris
jusqu'à six fois. Enfin, ce n'est que Tobscurité profonde qui
sépare les combattants. Les Autrichiens restent maîtres de la
partie d'Âspern qui est du côté de la plaine, et les Français de
celle qui est du côté du Danube.
Au centre et à la gauche les Français mieux soutenus avaient
repoussé les Autrichiens.
Le 22 mai, à 4 heures du matin, le combat recommence avec
plus do fureur encore. Les trois divisions du 4' corps se sont con-
centrées la nuit dans Aspern. Les Autrichiens attaquent en si
grand nombre et sont soutenus d'une artillerie si formidable
qu'après un combat de quelques heures, ils emportent le village,
qui, attaqué de nouveau parles Français est enlevé pour ainsi
dire à la baïonnette, maison par maison.
Quatre fois les Autrichiens touchent au moment d'être maîtres
de ce poste, à la possession duquel semble s'être attaché l'hon-
neur dçs deux nations, quatre fois les Français les contraignent
de l'abandonner presque en entier. Le jour est déjà avancé, on
continue néanmoins de combattre et à se disputer ce même
champ de bataille.
On ne peut encore décider à qui restera la victoire.
Au village d'Essling, mêmes combats, même fureur. Ce fut
pondant cette terrible journée que le maréchal Lannes, duc do
Montcbello, eut la cuisse emportée par un boulet; il mourut lo
30 mai.
Cette lutte meurtrière cesse vers neuf heures du soir. Lea
Français ont conservé leur position du matin, les Autrichiens
bivouaquent sur le champ de bataille. Ces derniers ont tiré dans
la journée quarante mille coups de canons, ils ont 8,000 hommes
tués ou blessés, dont 23 généraux; un feld-maréchal, 1,500
hommes et 4 drapeaux restent en notre pouvoir. Nous avons de
notre côté 2,000 hommes tués et 5,000 blessés ; le général Saint-
Hilaire fut emporté par un boulet.
L'armée se repose quelques heures sur le terrain dont elle
avait si glorieusement gardé la possession, et dans la matinée du
23 mai elle repasse en partie sur la rive droite du fleuve, et en
partie dans Vile Lobau oii elle prend position.
Après la bataille d'Essling, Tarchiduc Charles ne songe qu'à
se fortifier dans une position en face de l'armée française. Il fait
— 60 —
élever vis-à-vis Tlle Lobau et parallèlement au Danube, une ligne
d'ouvrages qui •s'étend de Gross-Âspern à Enzersdorf en passant
par Essling. Cent cinquante pièces de canon arment ces ouvrages.
L'armée autrichienne prend position k une lieue en arrière de
cette ligne, le front couvert par le ruisseau de llussbach, dont
les rives ont été couvertes de petits ouvrages.
L'archiduc attend dans cette position l'attaque de Napoléon.
Napoléon établit solidement la plus grande partie de son
armée dans l'île Lobau qui devient une sorte de place forte.
Trois ponts parallèles relient l'île à la rive droite et assurent les
communications avec Vienne. Les lies voisines ont été égale-
ment fortifiées. Tous les corps qui ont combattu à Essling sont
campés dans Vile, les autres sont répartis sur la rive droite entre
Vienne et Prcsbourg.
Le i«' juillet, l'Empereur quitte Schœnbrunn et établit son
quartier général dans l'île Lobau.
BATAILLE DE WAGRAM (6 et 7 juillet).
L'archiduc était persuadé que Napoléon tenterait le passage
du fleuve au même point que la première fois. Aussi, l'Empereur
chercha par tous les moyens à le maintenir dans son erreur, tan-
dis que son plan était de franchir le fleuve plus en aval afin de
faire tomber sans lutte la ligne de défense construite par les
Autrichiens.
Le 2 juillet, 500 voltigeurs prirent position dans Tile du Moulin
en face d*Essling. Un petit pont protégé par une flèche joignît
cette île à la rive gauche.
Ainsi que Napoléon l'avait espéré, l'attention de l'ennemi se
porta sur ce point et les redoutes du village d'Essling ouvrirent
un feu très vif sur l'île.
Le 4 juillet au soir, toutes les troupes étaient rassemblées dans
la partie orientale de Lobau. Quinze cents voltigeurs commandés
par le général Couroux passèrent le fleuve en bateaux. En deux
heures un pont fut établi et Oudinot y passa avec la plus grande
célérité. Pendant ce temps, cent pièces en batterie sur le front
de l'Ile, tonnaient sur toute la ligne et protégeaient l'opération
du passage tout en partageant l'attention de l'ennemi. La nuit
— Gl —
était obscure, Torage grondait dans le ciel, la pluie tombait h
torrents, et l'incendie d'Enzersdorf allumé par nos batteries
éclairait cette scène majestueuse et terrible. Dès que le général
Oudinot eut franchi le fleuve, Napoléon donna Tordre de jeter
les ponts principaux qui devaient s'appuyer sur la petite lie
Alexandre.
A trois heures du matin les troupes défilaient avec précision
sur six ponts. A cinq heures l'armée s'était formée.
A gaucho le corps de Masséna, au centre les corps do Berna-
dotte et d'Oudinot, à droite le corps de Dayout.
Une seconde ligne et les réserves comprenaient Tarraée d'Italie
sous les ordres du prince Eugène, le corps de Dalmatie, général
Marmont, la garde Impériale et la grosse cavalerie.
L'archiduc comprit alors qu'il avait été trompé, que sa ligne
de défense tombait sans combat, et qu'il lui fallait opérer un
changement de front pour accepter la bataille sur le terrain
choisi (^ar Napoléon.
L'action s'engagea vers huit heures du matin. Quatre batail-
lons autrichiens qui défendaient Enzersdorf se rendirent au colo-
nel Sainte-Groix. Oudinot cerna le château de Sachsengang et y
prit les 900 hommes et les 12 pièces de canon que Tennemi
avait aiïcclés à sa défense.
L'archiduc exécuta plusieurs manœuvres pour essayer de
reprendre quelques avantages sur le terrain où il était réduit à
se battre. Laissant le gros de ses forces dans ses lignes, il déta-
cha plusieurs colonnes d'infanterie avec une forte artillerie pour
essayer de déborder la droite de Tarmée française. Une de ces
colonnes occupa le village de Rutzendorf, mais Oudinot l'en
chassa. Napoléon ordonna alors au maréchal Davout d'appuyer
à droite pour menacer la gauche des Autrichiens.
Toute l'armée manœuvra dans la plaine d'Enzersdorf, depuis
midi jusqu'à neuf heures du soir, et occupa les villages qui sont
en avant du Russbach. A neuf heures du soir, le prince Eugène
tenta une attaque sur Wagram, centre de l'armée autrichienne.
Le général Macdonald enleva la position, fit 3,000 prisonniers et
prit 5 drapeaux. Il dépassa mémo Wagram, mais il dut rétro-
grader devant les renforts de l'ennemi. Bien que cette retraite
s'exécutât dans le plus grand ordre, la nuit était très obscure et
les trois divisions de Macdonald souffrirent beaucoup.
— 62 —
Les Saxons qui avaient appuyé sur leur gauche après la prise
de Raasdorf, prirent les colonnes de Macdonald pour Tennemi
et ouvrirent le feu. Canonnées eu flanc par les Autrichiens, en
tête par les Saxons, les divisions françaises se débandèrent et
laissèrent échapper leurs 3,000 prisonniers.
Les Autrichiens ne pouvant se rendre compte de leur succès à
cause de Tobscurité se bornèrent à réoccuper Wagrom.
Macdonald rallia ses divisions et Tarmée passa la nuit sur le
champ de bataille. Pendant la nuit Napoléon rassembla un corps
considérable à une portée do canon de Wagram. Le maréchal
Masséna s*avança sur la gaucho d'Âucrklad, no laissant qu*une
division à Gross-Aspern, et le maréchal Davout dépassa le vil-
lage de Gross-Hofl'en pour se rapprocher du centre. L'archiduc
de son côté dégarnit son centre pour renforcer ses ailes en les
étendant. Il Ht élever des redoutes sur son front, sa droite s'é-
tendait de Stadlau à Gérarsdorf, son centre était à Wagram et
sa gauche de Wagram à Markgrafen-Neusiedel.
Au point du jour Tarmée française se rangea en bataille pa-
rallèlement et à une portée de canon de l'ennemi. Napoléon
laissa une lieue d'intervalle entre sa gauche et le fleuve.
Les corps de Masséna et Bernadette formaient Taile gauche,
l'armée d'Italie (prince Eugène) et le corps des grenadiers et vol-
tigeurs commandé par Oudinot, avec le corps de Dalmatie (Mar-
mont) en seconde ligne formaient le centre; le maréchal Davout
avec son corps^ formait la droite en face de Neusiedel. La garde
Impériale et la cavalerie derrière le centre formaient la réserve.
Le champ de bataille avait deux lieues d'étendue. Les co-
lonnes des deux armées les plus rapprochées de Vienne n'en
étaient qu'à 1200 toises; aussi les tours, les clochers, les toits de
la ville, étaient couverts de la population viennoise qui allait
assister k cette terrible lutte.
La bataille s'engagea au lever du soleil. Le maréchal Davout
qui marchait sur Neusiedel avec le 3® corps pour déborder la
gauche autrichienne, rencontra le général Rosemberg qui cher-
chait à déborder notre droite. On combattit pendant deux heures
avec la plus grande opiniâtreté. Le maréchal Davout renforcé
par la division de cuirassiers du duc de Padouo et 12 pièces de
la division Nansouty, rejeta llosemberg au delà do Neusiedel.
L'archiduc Charles crut que Napoléon avait fait une faute en
— 63 —
n^appuyant pas sa gauche au Danube, il résolut d'en profiter et
porta des forces considérables sur sa droite pour essayer de cou-
per l'armée française de ses ponts. Il dirigea lui- même un corps
de 50,000 hommes le long du fleuve et vint menacer notre flanc
gauche, pendant que le front de notre gauche était assailli par
des forces considérables.
Le village de Gross-Aspern occupé par une division de Mas-
séna fut emporté, le corps de Bernadette composé de Saxons
fut enfoncé et se retira en désordre. Notre gauche entamée se
replia et vint se placer en équcrre sur le centre face au
Danube.
Les Autrichiens continuèrent leur marche et poussèrent des
partis jusqu'auprès des ponts de Lobau. L'épouvante se répan-
dit sur les derrières de l'armée, et cette foule d'hommes qui
marchent sans combattre h la suite des armées, se précipitèrent
en toute hâte dans l'île où ils répandirent les plus mauvaises
nouvelles.
Les Autrichiens se hâtèrent trop de crier victoire.
L'Empereur était alors à la droite. Il était neuf heures, des
aides de camp arrivèrent et lui firent connaître la situation de
Masséna et de Bernadotte. Il ordonna aussitôt au maréchal
Davoul de tourner la position de Neusiedel et de se porter sur
Wagram, puis il se porta en toute hMc vers la gauche.
Le maréchal Davout exécuta l'ordre de l'Empereur; voyant
les hauteurs de Wagram en notre pouvoir, il ordonna au général
Macdouald d'attaquer le centre des Autrichiens avec ses trois
divisions, appuyées par le corps de Marmont et le corps de gre-
nadiers et voltigeurs d'Oudinot. Il prescrivit en même temps au
maréchal Bessières de se mettre en mouvement avec la cavalerie
de la garde et la cavalerie de réserve, pour charger en flanc les
colonnes dirigées par l'archiduc Charles. Une première charge
contint l'ennemi, mais Bessières fut blessé, l'attaque de sa colonne
faiblit et les Autrichiens continuèrent leur marche. Napoléon
confia alors au brave général Drouot le soin d'arrêter l'ennemi.
Drouot s'avança avec soixante pièces de canon, il ouvrit le feu
sur les Autrichiens qui s'arrêtèrent. Au centre, Macdonald ap-
puyé par le prince Eugène enleva Wagram à la baïonnette.
Macdonald poussa tout devant lui jusqu'à Sussenbrunn, mais
. là, il fut arrêté en tète et en flanc par le corps de Kollowralh.
— 64 —
Napoléon fit charger la cavalerie de Nansouty et fit entrer Mar-
mont en ligne. La jeune garde vint remplacer le corps de Dal-
malie comme réserve. Ce vigoureux effort décida la retraite des
Autrichiens qui furent culbutés sur Gérarsdorf, qui ne put être
enlevé qu'après une heure d*un combat acharné. A la gauche,
Masséna choisit le moment favorable pour reprendre l'offensive.
Il attaqua la droite autrichienne et la repoussa jusqu'à Léopol-
dau. Sa cavalerie commandée par le général Lasalle, chargea
les carrés autrichiens dans la plaine, les rompit et poursuivit
Tennemi jusqu'à Bisamberg. Le général Lasalle fut frappé d'une
balle au front. La bataille était gagnée. L'armée autrichienne
se replia dans la nuit du 6 au 7 juillet, sur Kornebourg et Woi-
kersdorf et se retira en Moravie. Elle avait perdu 10 drapeaux,
40 pièces de canon et 18,000 prisonniers, 9,000 blessés et 4,000
morts.
L'armée française fatiguée par d'aussi héroïques combats, qui
avaient duré quarante heures, bivouaqua dans la plaine de
Wagrani.
Ainsi, se termina la bataille de Wagram, que l'on peut consi-
dérer comme la plus mémorable des temps modernes, tant par
les masses imposantes qui combattirent dans cette terrible jour-
née, que pour la durée et l'opiniâtreté de la lutte, et parla gran-
deur et la variété des moyens que les deux partis durent em-
ployer pour obtenir la victoire. Le régiment peut être fier de
voir flotter dans les plis de son drapeau un nom aussi glorieux.
COMBAT DE ZNAIM.
Après la victoire de Wagram, le prince d'Essling fut chargé
do marcher sur Stokcreau, par où la plus grande partie de Var-
môc ennemie se retirait. Après avoir eu avec rarriôrc-gardc,
commandée par le général Klenau de petits engagements, il la
serra de si près le 9 juillet, près d'Hollabriinn, que Klenau fut
obligé de s'arrêter et d'accepter le combat. HoUabrùnn fut incen-
diée par nos obus, et la nuit vint favoriser la retraite des Autri-
chiens et suspendre la poursuite des Français. Les Autrichiens
prirent position sur les hauteurs de Znaïm et occupèrent les déO-
ïés de Thaya, qui sont la clef de la Bohême. Le il juillet, les
— 68 —
colonnes du prince d'Ëssling débouchèrent par la route de Hol-
labriinn, forcèrent le pont de la Thaya, marchèrent sur Znaïm
et abordèrent résolument la droite des Aulrichiens, qui fut cul-
butée. Mais, le \* corps, fut arrêté à la porte même de la ville
par la réserve des grenadiers autrichiens accourue pour sauver
Znaïm. Alors s'engagea une terrible mêlée.
L'arrivée des cuirassiers de la division Saint-Sulpice décida de
la victoire. Les Autrichiens se réfugièrent dans Znaïm.
Le prince d'Esslîng les poursuivilb; il se préparait à donner
l'assaut, lorsque les cris de : « Cessez le feu, se firent entendre. »
On vit des officiers d'état- major, français et autrichiens, se pré-
cipiter au milieu des combattants pour annoncer qu'un armis-
tice avait été signé par les deux Empereurs.
Le 4'' corps, qui venait de se montrer si héroïque et dont le
\(j^ régiment d*infanterie faisait partie, fut cantonné dans le
cercle de Znaïm, avec son quartier général à Znaïm.
La paix fut signée à Vienne, entre la France et l'Autriche, le
14 octobre 1809.
PÉRIODE DE 1810 A 1813.
A lu datr. du i^^ janvier 1810, le Ki® rrginnîut d'inranlerie fut
compris dans l'armée d'Allemagne, i^ corps (maréchal Masséna),
3« division (général Molilor), l'« brigade (général Leguay). Du
10 au 14 janvier, la division Molilor qui occupait la principauté
de Bayreuth, reçut Tordre de se rendre dans les villes hanséa-
tiques à la date du l^' avril. Le 1G« régiment d'infanterie occupa
la ville de Hambourg. Il était alors commandé par le brave colo-
nel Gudin, que nous verrons bientôt se couvrir de gloire au siège
de Sagonte. Il comprenait alors 3 bataillons commandés par les
chefs de bataillon llevel, Poulin et Thomas; son effectif était de
1885 hommes.
Le 15 mai 1810, il reçut Tordre de se rendre à Emden^ soys
les ordres du maréchal, duc de Reggio*
Enfin, vers la fin de la môme année, il rentra en Franco et
vint tenir garnison à Avignon.
Au conunoncement de Tannée 1811,1e régiment fut désigné
pour faire partie de l'armée de Catalogne, qui devint plus tard
5
— 66 —
armée d'Aragon. Dans les pages qui suivent nous allons retrou-
ver le régiment, qui va ajouter de glorieuses pages à son his-
toire pendant ses campagnes en Espagne.
CAMPAGNES EN ESPAGNE (1808-1813).
Pendant quo le 16° régiment d'infanterie se distinguait en
Allcmagno, et conquérait pbur son drapeau le nom glorieux de
Wagrani, son quatrième bataillon se couvrait de gloire en Cata-
logne> dans le corps do Gouvion-Sainl-Cyr {T corps do Tannée
d'Espagne). Ce quatrième bataillon, sous les ordres du comman-
dant Pattes, à reffectlf de 13 officiers et 067 hommes, fut com-
pris dans la brigade Joba, de la division Rcillo.
Pendant que Napoléon s*emparait de Madrid, la position de
Tarmée française en Catalogne était devenue critique. Le gêné*
rai Duhesme était bloqué dans Barcelone, par le général espa-
gnol Yivès.
Le général Gouvion-Saînt-Cyr, qui avait formé le 7** corps sur
les frontières des Pyrénées-Orientales, reçut Tordre de TEmpc-
reur de soumettre la Catalogne et de débloquer Barcelone.
SIEGE ET PRISE DE ROSES.
«
Le 7° corps franchit les Pyrénées et investit la place de Roses,
le 6 novembre 1808. Le général Raille, aide de camp de TEmpe-
reur, prit le commandement des troupes de siège.
La division Reilie, qui faisait partie du corps de Duhesme et
qui était restée cantonnée dans les environs de Figuières, avait
été réunie aux troupes de Gouvion-Saint-Cyr.
La prise de Roses était de la plus grande importance pour les
opérations ultérieures de Gouvion-Saint-Cyr en Catalogne.
La magnifique rade protégée par cette place était au pouvoir
de l'escadre anglaise, ce qui rendait impossible le ravitaillement
de Barcelone par mer.
Les routes de Barcelone étaient fermées, d'autre part, par les
places de Girone et Hostalrich, au pouvoir des Espagnols.
Le () novembre, le général Reillc s'avança sur la route de
- 67 -
Roses et s'empara de Palau, que les Espagnols essayèrent de
défendre*
Roses n'est qu'un bourg de 1500 ^mes, b&ti sur le bord de la
mer, au fond d'un vaste golfe entouré de marais, qui en font un
séjoujr malsain.
La place est couverte à l'Est par un simple retranchement de
campagne, appuyé d'un côté à une redoute en pierre sèche et
de l'autre à une citadelle qui constitue la principale défense.
Au Sud, à l'extrémité d'un promontoire, se trouve un fort
ôtoilé qui porte le nom de fort do la Trinité ou Bouton do
Roses.
Le corps de défense, 3,000 Iiommes, était commandé par le
colonel O'Dally, et le commodore Anglais Vest occupait la rade
avec deux galiotes à bombes et le vaisseau de 74 canons VExr
rdhnt.
Le 7 novembre, le général Rcille établit son quartier général à
Palau et commença l'investissement de la place.
La division française campa du côté des marais traversés par
la route de Flguière, après avoir repoussé les Espagnols. Mais
le mauvais temps vint, les pluies continuelles transformèrent en
icic la plaine de TAmpourdau et arrêtèrent les opérations du
siège. Les gardes de tranchée étaient dans la boue jusqu'aux
genoux et l'on n'avait pas de souliers à distribuer aux troupes.
Le 15 novembre, on résolut d'enlever de vive force le Routon,
mais on ne put escalader Tescarpe et Ton dut reculer en perdant
beaucoup de monde.
Le 17, on se décida à ouvrir la tranchée, mais on dut y renon-
cer; on se porta alors sur une éminence, située à GOO mètres au
nord de la citadelle et on ouvrit le feu sur la ville.
Dans la nuit du 2G au S7, on attaqua la ville avec une valeur
au-dessus de tout éloge. Cinquante Espagnols seulement réus-
sirent à se réfugier dans la citadelle.
Le bombardement de la citadelle continua jusqu'au S dé-
cembre. La place était aux abois et la brèche praticable. Le
colonel O'Dally, envoya un parlementaire et consentit à se
rendre prisonnier avec toute la garnison.
Les Anglais, qui tenaient le fort Bouton le firent sauter.
Le 6 décembre, la garnison (2,000 hommes et 120 ofQciers)
sortit de la citadelle et défila sur le bord de la mer.
- 68 —
Elle fut dirigée sur Perpignan et Périgueux.
L'escadre anglaise tira sur ses alliés, comme le prouve l'ex-
trait ci-dessous d*une lettre du général Reillc au Ministre de la
guerre.
« A Palau, le 5 décembre 1808, au soir.
« Les Anglais, Monseigneur, se sont conduits dans cette occasion comme
ils le font habituellement ; au lieu de protéger la place avec leur escadre,
ils se sont enfuis dès qu'ils ont vu arriver h quelque distance d'eux
quelques bombes ou boulets. Ils ont abandonné et fait sauter le liouton
qu'ils défendaient. Ils ont môme tiré sur la place lorsqu'ils se sont aperçus
qu'elle se rendait.
« Officiers et soldats sont furieux contre les Anglais, ils no peuvent
revenir de la déloyauté de ces insulaires.
« L'armée a montré dans toutes les occasions le plus grand courage et
le plus grand dévouement.
«( Signé : Reille. »
Le lendemain do la prise de Roses, le T corps quitta sa posi-
tion pour se réunir sur la Fulvia. La division RciUo resta dans
VAmpourdan, pour former la garnison de Figuière et de Roses,
et couvrir la frontière de France.
Le général Gouvion-Saint-Gyr marcha sur Barcelone, où il
entra après avoir battu les Espagnols dans plusieurs rencontres.
SIÈGE DE GIRONE (1809).
En 1809; le 4<' bataiUon du 16% commandant Pattes, fait partie
de la division du général Verdier, qui a remplacé le général Reille.
Au commencement de février, Gouvion-Saint-Gyr avec le
7** corps, bloquait dans Tarragone les débris de Tarmée do
Reding, qui avait été battue h Walls le 5 du nK^mts mois. Mais,
ayant épuisé le pays et pressé par la funiine, il commença sou
mouvement sur Girone dont il devait faire le siège.
Cette place, placée sur la grande route de France interceptait
les communications avec Perpignan.
Dès le mois de janvier, le général Reille avait reçu de l'Empe-
reur, Tordre de tout disposer pour en faire le siège. Mais il ne
put se mettre en marche sur Girone que le 4 mai, et il arriva
sous les murs de la place avec 10,000 hommes.
- 69 -
L'ennemi fut chassé de ses positions avancées et de plusieurs
villages, en particulier celui de Pont-Mayor, où la brigade Joba
(16% 4** bataillon) se distingua et fut placée en réserve sur la
grande route de France.
Depuis longtemps, les Espagnols se préparaient à la défense
de Girone, qui avait déjà été attaquée deux fois en 1808, par le
général Duhesme.
Don Mariano Alvarez, qui y commandait, s'était déjà fait con-
naître par la fermeté de son caractère.
Il avait fait exécuter de grands travaux de défense, 150 bouches
à feu garnissaient le rempart, et sans compter 4,000 paysans
réfugiés armés, la défense comptait 9,700 hommes. Soldats et
habitants avaient juré au gouverneur de se défendre jusqu'à la
dernière extrémité.
Les moines et les prêtres excitaient l'enthousiasme et le fana-
tisme; saint Narcisse, patron de la ville, avait été nommé géné-
ralissime et revêtu en grande pompe d'une épée d*or.
Nombre de moines et de prêtres prirent rang dans les « croisés
de Girone », pour défendre une cause que tous considéraient
comme nationale et sacrée.
Les femmes elles-mêmes s'en mêlèrent; elles choisirent deux
cents d'entre elles qui formèrent une compagnie, sous le nom de
Sainte-Barbe, chargiio de transporter les blessés et les muni-
tions. Les illustres Luce, Filz-Gérald,» Artigas et Vivern en
prirent le commandement.
Alvarez iui-mcme, bien décidé à s'ensevelir sous les murs de
Girone, fit publier le 5 mai, une proclamation dans laquelle il
annonçait :
(c Que toute personne de quelque classe ou condition qu'elle
fftt, qui prononcerait le mot de capitulation, ou tout autre équi-
valent, serait fusillée sur-le-champ. »
Le 12 mai, le général Verdier remplaça le général Reille au
commandement des troupes de siège, que des renforts portèrent
le 22 à 14,000 hommes.
L'armée de siège comprenait :
La division française (Verdier) ;
La division wesphalienne (Morio) ;
La division italienne (Lechi).
— 70 —
La ville de Girone, est adossée à une chaîne de montagnes sur
laquelle s^élèvent trois forts : le Connétable, le Capucin et le
Mont-Joui le plus important. L'attaque ne pouvait avoir lieu
que par. la plaine de Sainte-Eugénie, ou directement par le
Mont-Joui. On renonça & la plaine, à cause de la faiblesse d*ef-
fectif du corps de siège et de la facilité avec laquelle cette im-
mense plaine peut être inondée. L'attaque par le Mont-Joui fut
décidée; elle avait l'avantage de se trouver sur notre ligne d'o-
pérations, couverte sur les derrières et soutenue sur ses flancs
par des positions fortes et faciles & garder.
Go no fut que le 14 juin, que les premières batteries ouvrirent
le feu sur les redoutes de Saint-Narcisse ot de Saint-Louis qui
défendaient le Mont-Joui.
Le 17 juin au matin, les assiégés tentèrent une sortie. Une
colonne de 1000 hommes déboucha par la porte do France, et
une autre de 500 hommes descendit du Mont-Joui.
Nos avant-postes surpris, se replièrent sur le bataillon du
1G° régiment de ligne qui occupait le moulin neuf. Ce bataillon
marcha au-devant de l'ennemi et se précipita sur les Espagnols
à la baïonnette. L'ennemi battit en retraite en bon ordre et re-
gagna la place.
Le lendemain 18 juin, à la pointe du jour, les redoutes de
Saint-Narcisse et de Saint-Louis, furent enlevées avec la plus
grande audace. L'escarpe de quatre mètres do haut n'avait pas
de brèche et rien n'avait été préparé pour l'escalade.
Cette affaire fut des plus brillantes pour le baluillofi du W do
ligne.
Le 19 juin, après une canonnade de huit heures, l'ennemi
évacuait la redoute Saint-Daniel et la faisait sauter.
Le 12 juin, le maréchal Âugereau, duc de Castiglione, avait
remplacé Gouvion-Saint-Cyr au commandement du V corps.
Toute la deuxième quinzaine de juin, fut consacrée au bom-
bardement du Mont-Joui et à l'ouverture de la brèche, par la
fameuse batterie, numéro 10, dite « batterie impériale ».
L'assaut devait avoir lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet. 2;400
hommes des compagnies d'élite furent divisés en deux colonnes :
la première devait assaillir la brèche du bastion, et la deuxième,
munie d'échelles, devait tenter l'escalade de la demi-lune.
Trois fois l'assaut fut donné avec une furie inconcevable, trois
— 71 —
fois les colonnes arrêtées par les obstacles furent obligées de
reculer. Nous perdîmes 2,000 hommes et 77 ofRciers.
Le général Verdier se décida. alors au siège en règle, qui fut
long et pénible, par suite du feu de l'ennemi. Il dura jus(|u'au
commencement du mois d'août.
Dans la nuit du 2 au 3, une colonne s'empara du couvent de
Saint-Daniel, et une autre du faubourg de Pedret et de la Tour-
Saint-Jean.
Deux sorties de l'ennemi furent repoussées.
Dans la nuit du 4 au 5, la broche de la demi- lune étant prati-
cable, on donna l'assaut, et l'ennemi surpris fut contraint de se
retirer dans le tambour qui formait la poterne du fort.
Le 10 août, Don Alvarez voulant tenter un dernier effort pour
conserver le Mont-Joui, ordonna une sortie générale pour raser
nos travaux. Il était midi, Tennemi déboucha sur trois colonnes.
Devant l'impétuosité de l'attaque de la première, nos troupes
de Pedret et de Saint-Jean se replièrent sur Pont-Mayor. Le
poste de Saint-Daniel tint bon, mais les Espagnols pénétrant
dans le commencement du chemin couvert du Mont-Joui, com-
mencèrent à détruire les parapets, les galeries de mine, incen-
dièrent les gabions et fascines, et enclouèrent trois pièces de
seize, un mortier et deux pierriers. Mais nos réserves arrivèrent
et repoussèrent rcnncmi sur toute la ligne.
Le 10 août, au point du jour, nos batteries ouvrirent de nou-
veau un feu très vif sur le Mont-Joui et la ville. Le général Ver-
dier réunit ses meilleures troupes pour donner l'assaut, entre
sept et huit heures du soir, mais les Espagnols abandonnèrent
le Mont-Joui, à six heures et demie, et se retirèrent dans la ville.
Nous primes possession du fort dans lequel on trouva dix-huit
bouches à feu, et quarante-six barils de poudre.
Ainsi tomba le fort du Mont-Joui, après 65 jours de siège, dont
37 de brèche ouverte.
Girone avait été incendiée par le bombardement, et il n'y res-
tait pas une seule maison intacte.
Jusqu'au 30 août, nos batteries cherchèrent h éteindre le feu
de l'ennemi, et on commença à cheminer contre la ville. Une
diversion du général Blake pour secourir la ville, obligea de dis-
traire une division du corps de siège.
Pendant cette diversion, Girone fut ravitaillée et reçut un ren-
— 72 —
fort de 4,000 hommes. Le général Blake, resta en position sur la
roule de Barcelone jusqu'au 2 septembre, époque où il se retira
sur Ilostalrich, refusant la bataille à Gouvion-Saint-Gyr.
La retraite du général anglais découragea les défenseurs de
Girone. La désertion se mit dans Tarmée espagnole.
Le corps de siège, renforcé de la brigade italienne Mazuchelli,
reprit les travaux le 2 septembre.
Le 6 septembre, le général Joba (16* de ligne), attaqua les
bandes de Rovira et de Claros; mais il fut mortellement blessé
et la colonne repoussée.
Le 15, à trois heures, Tennemi fit une sortie vigoureuse sur
nos batteries de brèche, mais deux compagnies de grenadiers
descendant du Mont-Joui le prit en flanc et le repoussa à la
baïonnette, jusqu'à la porte de la ville.
Le général en chef, en présence du découragement et du dé-
goût dont la longueur de ce siège avait rempli tout le monde,
officiers et soldats, décida l'assaut.
Le 10 septembre, vers quatre heures du soir, le général Vor-
dier réunit ses troupes sur le plateau du Mont-Joui, et forma
quatre colonnes d'attaque.
Le 16<> de ligne composait à lui seul la 3^ colonne, chargée
d'attaquer la brèche du bastion sur Christoval.
A quatre heures et demie, les colonnes françaises débouchèrent
du couvent de Saint-Daniel, Tassant fut donné sans succès.
Resserrées dans le vallon étroit et escarpé du Galligan, les
colonnes s'embarrassèrent, se confondirent, ne purent se déve-
lopper, furent repoussées et se retirèrent en désordre.
Gette malheureuse affaire qui dura plus de deux heures, coûta
à l'armée de siège, 624 hommes dont 33 officiers.
BELLE CONDUITE DU LIEUTENANT POINCENET.
A l'assaut du 19 septembre 1809, le lieutenant Poincenet, du
16®, montra la plus éclatante valeur. Suivi seulement de quelques
soldats du régiment, on le vit sous les balles et la mitraille mon-
ter à la brèche, la parcourir avec le plus grand sang-froid et
attendre en faisant le coup de feu que la colonne d -attaque vînf
le secourir. Mais, comme en co momcnl son intrépidilé dcmeu-
— Ta-
rait sans imitateurs, et qu'il craignait de ne pas être aperçu de
SCS frères d'armes, il se dirigea rapidement sur un autre point
et monta à une seconde brèche, dominant une caserne sur la-
quelle il se mit à l(^ncer des pierres. Cette action audacieuse à
laquelle applaudirent les assiégeants, électrisa la troupe qui s^é-
branla tout à coup, et le brave officier qui avait donné l'exemple
eut bientôt la satisfaction de se perdre dans la foule des combat-
tants^ qui se précipitèrent sur ses pas et comme lui affrontèrent
le feu des Espagnols.
Après cet ôchec on dut reprendre les travaux du siège, mais
les fatigues, les maladies et le feu avaient réduit l'effectif à 4,000
hommes, l'artillerie manquait de munitions. Aussi le général en
chef dut transformer le siège en blocus, se donnant pour auxi-
liaires le temps, la fièvre et la famine.
En effet, les assiégés supportaient les plus grandes souffrances ;
6,G6G défenseurs de la place encombraient les hôpitaux. Le mé-
contentement gagnait les assiégés.
Un jour, le général Alvarez, répondit à un officier qui avait
parlé de capitulation :
« Vous êtes ici le seul lâche; quand tous les vivres manque-
ront on commencera par vous, et quand tous vos pareils seront
consommés, je verrai ce qu'il y aura h faire. »
Le lendemain, il faisait publier de nouveau le décret portant
peine de mort pour le mot « capitulation »•
Dans les derniers jours de septembre, le maréchal Augereau
prit le commandement de l'armée de Catalogne ; il fit faire des
propositions à la junte, mais Alvarez répondit : « Point d'autre
communication avec Tennemi que des boulets de canon. »
Le maréchal arriva sous Girone le 12 octobre; il réorganisa
l'armée de siège au moyen des renforts qu'il avait reçus. Le
désir de combattre augmentait de jour en jour dans l'armée, et
vers la fin de novembre il se manifesta par des plaintes. Auge-
reau se décida à porter un dernier coup à la place. 11 fit com-
mencer une nouvelle brèche à la courtine Sainte-Lucie.
Le 4 décembre, l'artillerie ouvrit un feu nourri sur la ville. Le
maréchal ordonna au général Pino d'enlever le faubourg de la
Marine et une grande redoute construite en avant.
A minuit, la colonne se mit en mouvement; la redoute fut es-
— 74 —
caladéc, la porte brisée et la garnison passée au fil do l'épée. On
dirigea aussitôt le feu de la redoute contre la ville.
Les 8 et décembre, les batteries ouvrirent la brèche à la
courtine Sainte-Lucie. Le général Alvarez, attaqué de fièvre ner-
veuse avec syncope et délire, fut remplacé dans son commande-
ment par le brigadier Bolivar.
Ce dernier réunit la junte, qui décida à l'unanimité que Girone
pouvait offrir la paix dans quatre jours si elle n*était pas
secourue.
Le 10, le brigadier Fou rues sortit en parlementaire; mais le
maréchal Augoreau rejeta avec colère ses propositions ot lui
annonça que, si avant deux jours, la place n'acceptait pas ses
propositions, l'assaut serait donné.
La brèche de Sainte-Lucie était alors praticable; (Fournès
revint le soir même au quartier général pour conclure la capitu-
lation et les hostilités cessèrent aussitôt.
Le 11 au malin, la garnison sortit de la place déposant ses armes
et 8 drapeaux sur le glacis et abandonnant 200 pièces de canon.
L'héroïque Alvarez fut envoyé au fort de Figuières, où il mou-
rut quelques jours après.
Il serait difficile de peindre l'état déplorable de cette malheu-
reuse cité ; des quartiers entiers détruits par le bombardement,
les rues obstruées par des monceaux d'immondices et de ca-
davres.
Les Français, pendant ce siège mémorable qui dura six mois,
perdirent 15,000 hommes par le fou do l'cnnemi'et les (lèvres.
L'artillerie tira, tant sur la ville que su ries forts, 11,010 bom-
bes, 7,998 obus et 80,000 boulets.
Le général Amey, qui avait remplacé le général Verdier au
commandement du corps de siège, fut nommé gouverneur de
Girone.
Le nom de Girone, par la résistance opiniâtre do la garnison
et la constance de ses habitants, est devenu illustre à l'égal do
celui de Saragosse. « Girone, dit Jomini, s'est illustré par une
défense non moins extraordinaire que Saragosse. »
Après la prise de Girone, Augereau dissipa les troupes de
Black, fit disperser les bandes de miquelets de Rovira et Glaros,
battit l'armée espagnole au col de Sespina et la contraignit de se
retirer vers Tarragone.
- 78 -
CORPS D'OBSERVATION DE LA HOLLANDE (1810).
Dans la deuxième quinzaine de juin 1810^ le 16^ de ligne fait
parlie du corps d'observation de la Hollande (division Molitor)
(brigade Lcguay). Il est commandé par le colonel Gudin.
Une situation du 1^' juillet datée de Hambourg donne :
Effectif : 1860 hommes.
G7 officiers.
lof bataillon, commandant llcvel.
2« ■— — Poulin.
3" — — Thomas.
Le 29 août, le régiment quitte Ulrecht et se dirige sur Lille.
C'est de cette dernière ville qu'il va rejoindre son 4® bataillon à
Tarmce d'Aragon.
Armée d'Aragon (1811).
COMTE SUCHET, COMMANDANT EN CHEF.
Le i6^ compte dans la 3« division (général Harispe); l'« bri-
gade (général Sahn); colonel Gudin; chefs de bataillon :llcvcl|
Poulin et Famoncourt.
ATTAQUE ET PRISE DU FORT D'OLIVO.
Le 26 avril, Tarmée se porta par Borgas-Blancas sur Tarra-
gone pour, investir la place. La première colonne se composait
des 7« et 1G° de ligne. Les 1" et 2 mai, la. division Harispe se
réunit à Reuss à la division Habert qui était partie de Tortose.
La division Harispe reçut Tordre de compléter Tinvestissement
de Tarragone par terre. La brigade Salm (?• et 16® de ligne)
enleva, avec la vigueur propre à un aussi brave chef et à d'aussi
braves soldats, un retranchement situé en avant du fort d'Olivo.
Le 13 mai, elle s'empara de trois autres positions malgré les
efforts de la garnison. ^
Le principal obstacle qui pouvait empêcher de pousser avec
- 76 -
vigueur le siège de Tarragone, était le fort d'Olivo. Bâti sur un
rocher à 400 toises de la ville, il présentait 60 embrasures
armées. Un fossé de 20 pieds creusé dans le roc le plus dur Ten-
tourait entièrement.
Cet ouvrage avait coftté trois ans de travaux et plusieurs mil-
lions.
On np pouvait penser l'enlever par un coup de main, et la
nature du roc offrait des difficultés immenses pour se couvrir et
ouvrir la tranchée.
Les travaux furent exécutés lentement et péniblement sous un
feu continuel de l'assiégé. Les 7« et 1G« de ligne en furent char-
gés, et il fallut à ces corps une constance extraordinaire pour
surmonter tant d'obstacles réunis. Aussi, s'ils en eurent toute la
peine, ils en ont également tout l'honneur.
Le 29 mai, Ja brave infanterie de Tarmée d'Aragon et particu-
lièrement le 16« de ligne se couvrit de gloire. On couvrit le fort
(le feux toute la journée et on prépara l'assaut pour le soir.
La première colonne composée do .'JOO hommes du i(>*, aux
ordres du commandant llevel et précédée do 20 sapeurs munis
de haches et d'échelles, sortit par la gauche de la batterie du
roi de Rome, tourna la droite du fort et se précipita à la gorge
sur la porte du fort pour Tenfoncer. Éprouvant de la résistance,
les sapeurs grimpèrent par-dessus et escaladèrent l'escarpe-
ment; la porte fut renversée et nous pénétrâmes dans l'enceinte.
La gauche de l'ouvrage tenait encore; nos hommes se précipi-
tèrent sur les batteries à la baïonnette et commencèrent un car-
nage qui ne cessa que par suite de lassitude et qui conserva la
vie À plus de 800 Espagnols.
C'est ainsi qu'au cri de Vive l'Empereur, en présence de
l'armée entière et de Tarragone consternée, les braves soldats
des 16« et 7» de ligne restèrent maîtres du fort Olivo avec
47 bouches à feu, 3 drapeaux et 2,000 hommes, dont 80 officiers
tués ou pris.
Le général en chef, pour perpétuer la mémoire glorieuse de la
prise d'Olivo et la fin de l'intrépide général Salm, ordonna que
le cœur de cet officier général serait déposé dans le fort, qui
désormais s'appellerait fort de Salm.
Le général Suchet, dans son rapport au prince Berthier, s'ex-
prime en ces termes :
— 77 —
<c La première colonne d'atUiquc, aux ordres du chef de bataillon Revel,
du 16* de VifçnCf composée de 300 hommes d*olite, s*est élancée pour tour-
ner Touvrage et enfoncer la porte de la gorge,.., la porte fut forcée, et le
reste do la colonne, appliquant des échelles aux escarpements de la gorge,
grimpait sur TouTrage... Plus la résistance de Tenncmi était grande, plus
les efforts de nos braves redoublaient. Dans cette brillante occasion, les
troupes de l'Empereur ont déployé la plus haute valeur.
« Je regrette de ne pouvoir citer tous les traits qui les ont distinguées...
Un drapeau fut pris par un caporal de grenadiers du 7° de ligne. 11 en
restait deux autres ; deux soldats du 16* de ligne les ramassèrent, et lors-
qu'on leur demanda pourquoi ils ne les poKaient pas au général en chef,
ils répondirent : « Nous ne les avons pas pris, nous les avons ramassés. »
« Le détachement du 16* de ligne, si vaillamment conduit par le chef
de bataillon llevcl, a beaucoup contribué h la prise du fort.
« î>igné : Comte SuCHET. »
SIÈGE DE TARRAGONE.
L'impression produite par la prise du fort d'Olivo fut immense
dans la ville; la garnison et les habitants en furent frappés au
point qu'un officier espagnol, qui détaillait les moyens de
défense du fort que Ton considérait comme imprenable, ajoutait,
avec la naïveté de l'orgueil national : « Nous-mêmes nous ne
l'aurions pas pris. »
Le !«' juin, on ouvrit la tranchée devant la ville et on com-
mença la construction de plusieurs batteries.
Le 7, on ouvrit le feu sur le fort Francoli qui gênait l'attaque
à l'exlrcrae droite. Dès que la brèche fut praticable, on donna
Tassant; le fort fut emporté et la garnison se retira par la plage.
La prise du fort permit d'ouvrir la dernière parallèle.
Jusqu'au 10 juin, on poussa les cheminements en avant de
cette par«illèle. Le i«), Tennemi avait redoublé son feu sur nos
ouvrages et en particulier sur le fort d'Olivo.
Le commandant Rcvel du 10° de ligne, qui avait le comman-
dement de cet ouvrage, eut la tête emportée par un boulet.
La lutte devenait de jour en jqur plus sanglante. Le général
Suchet jugea qu'il était indispensable de l'abréger. Le 10 juin, il
fit enlever la lunette du Prince, que les Espagnols défendirent
avec la plus grande opiniâtreté, mais qui resta en notre pou-
voir.
— 78 —
Le 17, on ouvrit lu Iroisiôme parallèle. Le "11, après un feu
nourri de toutes les batteries, la brèche paraissant praticable, on
résolut de donner Tassant le soir môme.
Le général Suchet, dans son rapport au prince Berthler, ra-
conte ainsi cette brillante affaire :
u A qiiati'c heures du soir, j*oi'iionuni Tussiuity Tattaquc devait être
secondée par les feux du fort d'Olivo ou de Salin... A sept heures du soir,
au signai donné par quatre homhes, cin([ colonnes s^élancaient en criant :
« Vive l'Empereur, » sur les points désignés. I/enncnii opposa d'almrd une
forte résistance, mais l'impétuosité irrésistililc de nos braves grenadiers et
voltigeurs, renversa en peu de temps tous his obstacles. On lit un carnagt*.
aifreux, les fossés se remplirent de cadavres ; les Espagnols culbutés s'en-
fuirent en désordre, et nous restâmes maîtres du fort Royal, point, qui
devait nous assurer la conquête de tout le reste. La ville kisse était prise.
On ouvrit la nuit même une parallèle ilovant le front de la haute ville.
I^es Anglais étaient restés spectateurs inutiles, mais non imlilférents, de
cette nuit si désastreuse pour eux et leurs alliés.
« Le ^8 au matin, je vis arriver le jour avec l'espoir que Tarragono
tomberait avant la nuit.
(( A midi, la brèche ouverte à l'angle de la courtine et du bastion Saint-
Paul, était en bon train.
« A cinq heures, elle fut reconnue accessible. Je donnai le signal ; les
régiments do l'armée se disputaient l'honneur de prendre part :\ l'assaut.
Au signal donné, les braves grenadiers et voltigeurs s'élancent h la brèche,
arrivent, renversent tout et, comme un torrent irrésistible, escaladent la
brèche et inondent le rempart. Une résistance imprévue les arrête un in«
fltant dans la rue principale. Les grenadiers et voltigeurs sautent par-des-
sus les barriciules, enfouQent les portes et entrent dans rintériiMU* de la ville
où commence un carnage indescriptible. Tout ce qui résista fut tué a la
baïonnette ; 20 drapeaux et 322 bouches h feu restèrent entre nos mains.
« En terminant mon récit, je dois un hommage h la première infanterie
du monde.
(( Les officiers ont montré un dévouement admirable.
« (]omte SucuET. »
Pendant ce siège, le 16* de ligne eut, pour sa part, 10 officiers
et 475 hommes hors de combat.
Le général Suchet fut promu à la dignité de maréchal de
France.
— 79 —
COMBAT ET PRISE DU MONT-SERRAT.
Lo 25 juillet, le 3^ bataillon du 16^ assista avec la brigade
Montmarie à l'atfaire du Mont-Serrat.
La junte de Catalogne avait confié au baron d'Éroles la dé-
fense du Mont-Serrat, où se trouvait Tunique (Jépôt d'armes et
de munitions qui restât aux insurgés catalans. La nature et l'art
s'étaient réunis pour retrancher cette montagne formidable.
Le chemin qui conduit au monastère serpente sur le flanc de
la montagne; des coupures, des retranchements, des. redoutes où
le canon avait été hissé avec de grands efforts défendaient l'en-
trée du couvent. Sur tous les points de la montagne étaient pos-
tés des miquelets et des paysans qui faisaient un feu terrible. Le
baron d'Eroles, plein de confiance, dans la force de cette posi-
tion, avait fait porter des vivres et des munitions dans les bat-
teries. Mais deux compagnies d'élite, arrivées sous la première
batterie, grimpèrent l'escarpement «t gagnèrent les embrasures.
L'ennemi fut terrifié de tant d'audace, et tout ce qui ne put fuir
fut tué dans la batterie.'
Les pièces furent immédiatement braquées sur la seconde bat-
terie qui fut enlevée à la baïonnette, par six compagnies d'élite.
Ucstâit une troisième batterie protégée par un fort retranchc-
mcjit et qui offrait les plus grands obstacles a une attaque do
front.
80 voltigeurs se dévouèrent, grimpèrent à travers les fentes
des rochers et parvinrent sur les cimes des aiguilles qui Héris-
sent la montagne, d'où ils plongeaient sur le couvent et la bat-
terie.
Le chef espagnol évacua alors les ouvrages et s'échappa par
des ravins et sentiers à lui connus.
Cette glorieuse affaire nous valut 2 drapeaux, 10 bouches à feu
de gros calibre et une immense quantité de vivres, de munitions
et d'effets d'habillement.
Le !•' septembre, le commandant Larue prit le commande-»
ment du 3» bataillon, le commandant Poulin celui du 1»% et le
commandant Famoncourt celui du 2^.
Au mois d'août, la première brigade (5« léger et 16* do ligne)
occupa la frontière de la province de Valence et d'Aragon, vers
— 80 —
Morclla, pour assurer la renlréc des contribuUons directes, tan-
dis que la deuxième 1)rigade de la division italienne alla occuper
le Monl-Serrat à sa place.
SIÈGE ET BATAILLE DE SAGÔNTE (1811).
Dans cette mémorable campagne, le 16® fait toujours partie
de la 3« division- de Tarmée d'Aragon (général Haberl), l'« bri-
gade (général Montmarie). Il a un effectif de 1317 hommes pour
3 bataillons.
L'Aragon était tranquille et la basse Catalogne venait d'être
pacifiée; le maréchal Suchet reçut Tordre de tourner ses armes
victorieuses contre Valence.
Le général Blake avait fait mettre en état de défense, comme
poste d'observation, le fort de Tantique Sagonte situé sur un
rocher escarpé au pied duquel s'étend la petite ville de Murviédo.
. Le fort de Sagonte, qui se trouve à remhranchement des rou-
tes de Tortose et de Tcruel ù Valence embrassait a peu près
l'enceinte de l'ancienne Sagonte. Quelques ruines antiques et
plusieurs vieilles murailles avaient été relevées et réunies par
des constructions modernes adaptées au terrain, et l'art, secondé
admirablement par la nature, avait pu, après un ^travail de
18 mois, arriver à mettre dans un état respectable de défense ce
point important qui couvre la capitale du pays de Valence. Le
rocher, très élevé et à pic dans presque tout son pourtour,
s'abaisse un peu par une pente incHuée, mais raide du côté de
l'Ouest. Les ressauts nombreux qui coupent celle pente favori-
saient l'approche de l'infanterie et les travaux du génie, mais
rendaient très diffîcile l'établissement des batteries, car le sol
est entièrement dépourvu. de terre. La configuration des ouvra-
ges dans cette partie présentait un angle saillant peu ou pohit
flanqué. Ce défaut était atténué par un réduit ou cavalier armé
situé un peu en arrière de la première enceinte sur le point cul-
minant de la montagne. Il n'y avait point de choix, et ce seul
côté accessible devait déterminer le point d'attaque.
Le fort était armé de 17 bouches à feu, bien approvisionné et
défendu par 3,(X)0 hommes sous les ordres du brigadier Au-
driani.
• -81-
Le maréchal Suchet jugea indispensable de déloger Tennemi
de ce point important avant de marcher sur Valence.
Dos le 23 septembre, le général Ilabcrl, dont la division for-
mait l'avant- garde, s'empara de la ville de Murviédo et fit l'in-
vestissement du fort par la gauche.
Les difficultés décrites plus haut faisaient craindre au maré-
chal un siège long et meurtrier, surtout dans le voisinage d'une
armée de secours nombreuse; aussi résolut-il de Tôviter en enle-
vant le fort par un coup de main.
On remarqua qu'il existait dans la partie de la muraille qui
faisait face à la ville et près de la porte d'entrée du fort deux
anciennes brèches qui n'avaient pu être réparées entièrement. Le
maréchal reconnut lui-même la possibilité de surprendre le fort
par ces deux points.
IjO 28 septembre, doux colonnes de 300 hommes d'élite, sou-
tenues par une troisième d'égale force; reçurent l'ordre de [se
porter aux pieds des anciennes brèches et de les escalader. Mais
l'ardeur môme de ces troupes leur devint funeste : les Espa-
gnols furent avertis par des coups de fusil tirés à tort, et nos
' colonnes, forcées de parcourir un terrain très difficile et fourré,
arrivèrent en désordre au pied des brèches. On dressa les échelles
trop courtes de six pieds et on tenta Pescalade, mais on rencon-
tra une résistance opini/Vtrc.
Les assaillants furent tués ou renversés et une grêle de balles
et de grenades couvrit le gros des colonnes qui se pressait au
pied du rempart.
Le brave colonel Gudin, dul6® de ligne, tenta de nouveau Tes-
calade à la tête des grenadiers du régiment, mais il fut blessé à
la tête par une grenade ; les échelles furent brisées et les Espa-
gnols restèrent maîtres des brèches.
Malgré les efforts des officiers et l'ordre du chef, les soJdats
ne pouvaient se décider à quitter le pied des remparts et à ren-
trer en ville; mais le jour approchait, tout espoir de succès
s'évanouissait et il fallut bien songer à la retraite.
Cet échec obligea le maréchal à commencer un siège en règle.
Du 5 au 12 octobre, on commença les travaux d'approche; un
grand ravin servit de première parallèle à 350 mètres du fort ;
on utilisa tous les couverts du terrain et on commença la con-
. struction de cinq batteries.
- 82 —
Du 12 au 16, on ouvrit la deuxième parallèle à 130 mètres de
la place, et' le 17 au matin l'artillerie ouvrit le feu.
Le 18, dans Taprès-midî, on jugea la brèche praticable et Tas-
saut fut ordonné pour cinq heures du soir.
Au signal donné, nos troupes s'élancèrent et coururent à la
brèche aussi rapidement que la pente du terrain pouvait le per-
mettre. Mais la brèche qui avait été faite dans un angle rentrant
se rétrécissait par le haut, de manière que deux hommes de
front pouvaient à peine y passer. Accablés par la fusillade, les
grenades, les obus et les pierres que les Espagnols roulaient sur
eux, nos hommes firent dUnutilcs efforts pour gagner le sommet
de la brèche et durent redescendre en désordre dans le fossé.
Le maréchal jugeant que tout espoir de succès était perdu, fit
rentrer les troupes dans la tranchée. A partir de ce moment, il
ne voulut plus rien laisser au hasard, et il remplaça les actions
de vigueur par les travaux méthodiques qui devaient conduire
au but avec lenteur, mais avec certitude. Le génie continua ses
cheminements vers le pied de la brèche et Tartillerio commença
à en ouvrir de nouvelles.
Le 21 octobre, le général Blake, pressé par les habitants do
Valence, marcha sur Sagonte, déterminé à livrer bataille au
maréchal Suchet. Le maréchal n'hésita pas à accepter la lutte
en avant de Murviédo.
La division Habert prit position à la gauche de la ligne vers
la mer.
Le 25, ii huit heures du matin, les deux armées étaient aux
prises; au même instant, nos batteries qui étaient achevées ou-
vrirent un feu violent sur le fort.
Le maréchal avait résolu d'enfoncer le centre de Blake, pour
isoler et battre ensuite séparément les deux ailes.
Notre première ligne s'avança sous un feu terrible de mous-
queterie et de mitraille et se déploya l'arme au bras sans répon-
dre, comme à la manœuvre.
Le maréchal Suchet reçut à l'épaule une balle qui, heureuse-
ment, ne lui fit qu'une blessure sans gravité.
Le centre des Espagnols enfoncé, recula, nous laissant 4 dra-
peaux et 5 bouches à feu.
A notre gauche, le général Habert, avec le 5^ léger et le 16« de
ligne, attaqua la division Zayas, la repoussa jusqu'au village dé
- 83 —
Pouzol, où, gr&cc aux maisons, elle opposa la plus vive résis-
tancet; mais le 5« léger et le 16« de ligne, après deux heures de
combat, s'emparèrent du village et y firent 800 prisonniers.
Le maréchal, après avoir fait reposer les braves troupes du
général Habert, le chargea le soir d'attaquer de nouveau la divi-
sion Zayas, qui s*était établie sur les hauteurs du Puig.
Kennemi fut débusqué de sa position et laissa entre nos mains
5 pièces de canon.
Cette journée glorieuse décida du sort do Sagonte. La nou-
velle brèche était praticable et le maréchal envoya le soir même
un parlementaire au gouverneur pour le sommer de se rendre.
La capitulation fut signée le 26 octobre, à 9 heures du soir.
La' garnison se rendit prisonnière de guerre et nous occupâmes
le fort, où Ton trouva 17 bouches à feu, 6 drapeaux, 2,400 fu-
sils, 800,000 cartouches, 2 milliers de poudre, des vivres et des
munitions. Nous fîmes 2,800 prisonniers, dont le gouverneur
Andriani.
Ainsi se termina ce siège mémorable, après 21 jours de tran-
chée ouverte.
Citons, en terminant, les passages du rapport du maréchal
Suchet au ministre de la guerre, qui forment une des plus belles
pages do rhistoire de notre régiment.
« Au camp de Miirvicdo, 26 octobi'c iSIl.
« Je chargeai le général Habert de se porter par la grande route sur le
village de Pouzol... Le général rencontra la division ennemie qu'il fit atta-
quer par deux bataillons du ^^ léger, soutenus par le 16° de ligne.
« Une fusillade très vive s'engage, l'ennemi défend avec acharnement
les maisons de Pouzol...
<( Cependant, l'ennemi quoique déborde très au loin se défendait encore
dans Pouzol, et n'avait pas abandonné les Iiautcurs du Puig. Le 16° de
ligne attaqua le village à la baïonnette, poursuivit l'ennemi de rue en rue
et l'obligea à se retirer.
« 700 hommes des gardes wallones furent obligés de mettre bas les
armes.
« Le brave colonel Gudin, du 16° de ligne, quoique ayant été griève-
ment blessé sous Sagonle, à toujours marclié h la tùle de. sou régiment..
« Tout«?s les troupes de l'armée, Monseigneur, ont rivalisé entre elles à
qui servirait le mieux l'Enqiereur dans cette journée ; elles ont combattu
sept bcurcs et poursuivi rennemi jusqu*à la nuit close.
« Signé : Maréclial SucilBT. »
- 84 —
SIÈGE DE VALENCE (1811-1812).
Apros la défailo de DIakc et la chuto do Sagonto, lo maréchal
Suchet marcha sans perdre de lemps sur Valence ci arjîva
devant celle place le 3 novembre 1811. 11 envoya le général
Harispe offrir li celte ville les conditions les plus honorables et
les plus avantageuses; mais ses paroles ne furent pas écoutées
et le parlementaire ne put pénétrer au delà des avant-postes.
Les Espagnols puisaient dans chaque revers une énergie nou-
velle. On dut donc recourir à la force.
La division Habert s'empara d'une partie du faubourg de
Séranos sur la rire gauche du Guadalaviar et occupa le village
de Grao, situé à Tembouchure du fleuve, ainsi qu'un petit fort
destiné à la défense du port.
Valence était un des derniers boulevards des Espagnols. Les
habitants, exaltés au plus haut degré, avaient commencé la
llévolulion par le massacre de il(M) Français. La ville avait plus
de 100,000 habilanls ; 2,000 moines y entretenaient l'exaltation,
et le consul anglais Tupper excilait à la révolte en répandant h
profusion l'argent et les fausses nouvelles.
Le général Blake avait repris ses positions sous les murs
de la place et se trouvait encore î\ la lôte de 30,000 hommes;
mais c'était tout ce qui restait à l'Espagne de ses meilleures
troupes.
11 défendait la rive droite du Guadalaviar. Le maréchal Suchet
était loin de* pouvoir lui opposer des forces égales. A peine
avait-il 15,000 hommes; mais l'Empereur, désirant terminer la
guerre d'Espagne par un grand succès, résolut d'anéantir l'ar-
mée de Blake sous Valence et envoya de nombreux renforts au
maréchal. Le 24 décembre, son armée compta 33,000 hommes
de toutes armes. Il résolut alors d'effectuer le passage du Guada-
laviar près de Manissès.
La division llabert força le passage du fleuve près de son
embouchure, après une vive canonnade tant sur la flotte que
sur les lignes ennemies; les Espagnols furent culbutés, le
général Blake se trouva rejeté sur la place avec toute son armée,
et l'investissement dft Valence se trouva complété sur tous les
points.
- 88 — •
Les troupes de siège campèrent autour de la placera 1200 mè-
tres des ouvrages.
La division llabcrt, formant rexlremo droite, s'appuyait au
Guadalaviar près de la mer.
Le 28 décembre, une sortie du général Blake fut repoussée.
Cet échec jeta la consternation et le découragement dans la gar-
nison .
Dans la nuit du 30 au 31 décembre, une seconde sortie des
Espagnols eut le même succès que la première.
Le 2 janvier 1812, oh ouvrit la tranchée à 80 toises des ouvra-
ges de San-Vicente et d'Olivetto et Ton commença la construc-
tion de 5 batteries.
Le 5 janvier, au point du jour, Tennemi, effrayé de la rapidité
de nos travaux, évacua subitement tous * les ouvrages de l'en-
ceinte extérieure, nous abandonnant 80 pièces de canon.
Le général Montmaric pénétra aussitôt dans les lignes et s'éta-
blit dans les maisons du faubourg, d'où Ton commença à che-
miner à couvert. Dès lors la place était à nous et toute" l'armée
espagnole était renfermée dans la ville. On commença le bom-
bardement qui fit de grands ravages dans la ville.
Le 6 janvier, le maréchal Suchet, désirant épargner une
grande et belle ville, écrivit au général Blake pour le sommer do
se rendre. Sur sa réponse négative, le bombardement recom-
mença et dura jusqu'au 8 janvier. Le général Blake convoqua
alors rassemblée de toutes les autorités civiles et militaires de
Valence pour discuter sur la situation de la ville.
Le 9 janvier, le général Zayas sortit de la ville et vint annon-
cer au maréchal qu'on acceptait ses conditions.
La capitulation fut signée le jour même à 9 heures du matin.
La prise de Valence mit en notre pouvoir 18,000 prisonniers,
dont 23 généraux, 393 pièces do canon, 21 drapeaux et
42,000 fusils.
L*armée espagnole sortit le 10 janvier de la place, déposa les
armes et fut dirigée sur la frontière française.
Le maréchal Suchet, en récompense de son glo^rieux succès,
fut nommé duc et reçut en toute propriété le beau domaine
d'Albuféra.
Un décret impérial accorda 200 millions de dotations à l'armée
d'Aragon.
^86-
Le i9 janvier, la division Habcrt s'empara sans coup férir de
Dénia> petite place maritime protégée par un fort en assez bon
état où Ton trouva G6 bouches à feu.
Au mois de février, les cadres des 3«« bataillons des régiments
d*infanterie de ligne de Tarmée d'Aragon partirent pour la
France, après avoir versé tous les hommes disponibles dans les
le' et 2» bataillons.
Il ne resta donc plus à la 3® division do l'armée d'Aragon que
les l»' et 2® bataillons du 16® de ligne.
RECONNAISSANCE D'ALICANTE (AVRIL 1812).
Le maréchal Suchet, voulant savoir ce qui se passait sous les
murs d'Alicante, ordonna dans le courant d'avril au général
Ilarispe de rassembler toutes les compagnies d'élite de sa divi-
sion et do s'avancer sur cette phice par la route du Xinona,
tandis que 10 compagnies du IG^ do ligne, sous les ordres du
général Gudin, y marcheraient par le chemin de Mujamiel.
L'arrivée du général ayant été retardée par le mauvais état
des chemins, le général Gudin dut, avec ses 10 compagnies du
16", lutter pendant quatre heures contre les 5,000 hommes de la
garnison d'Alicante. Il fit un mal énorme à Venuemi et ne perdit
que 11 blessés et 4 morts. Le brave général Gudin avait compté
avec raison sur la valeur connue des soldats de son ancien régi-
ment.
FIN DE LA CAMPAGNE D'ESPAGNE.
Le 15 mai 1812, le 16^ (2^ bataillon), fut attaché à la 1" divi-
sion de l'armée d'Aragon (général Musnicr), l'» brigade (général
Robert), qui fit une expédition vers Ilequena; mais le 15 juin, il
revint à son ancienne division (général Habert), brigade Mont-
marie. Il était en garnison h Valence lorsqu'il reçut l'ordre de
partir pour Madrid, avec le général MaUpoint.
Le S5 août, il quitta cette ville avec une compagnie de hus-
sards et alla délivrer la garnison de Cucnça, assiégée depuis
dix-huit mois. Ce petit détachement fut attaqué h son tour au
-. 87 -^
passage do Saint-Gabriel, près Utiel, par 4,000 hommes do Villa-
Gampa qui entourèrent complëlemcnt la colonne.
Mais cette poignée de braves se fit jour à la baïonnette et ren-
tra à Requena après avoir perdu 200 hommes et fait éprouver à
ronnemi une perte au moins égale.
Le 16 septembre, un grand convoi composé de bouches inu-
tiles, de voitures et d'isolés, partit de Valence et se dirigea sur
Saragosse d*abord et la France.
11 Tut escorté jusqu'à Tortosc par le 10* do ligne qui se réunit
en ce point à son 4® bataillon.
Les cadres du 3^ bataillon rejoignirent le régiment le 29 no-
vembre dans cette ville. A partir de ce moment, le 16® de ligne
fit partie des troupes destinées à tenir garnison dans la province
d*Aragon.
Vers la fin de mars 1813, l'ennemi commença un mouvement
pour se rapprocher des camps français. Elio, avec les Espagnols,
se dirigea sur Yillena, et le corps anglais se porta à Biar et à
Castella.
Le maréchal Suchet crut devoir prévenir l'attaque de Tennemi
et prit l'ofTensive. Le général Harispe battit les Espagnols à Yil-
lena, et la division Habert (16<' de ligne), enleva les hauteurs
escarpées do Biar, occupées et défendues par la brigade anglaise
du colonel Adanis. L'ennemi fut repoussé jusque dans la placo
de Gastclla. 3,000 prisonniers, 2 drapeaux et plusieurs canons
restèrent en notre pouvoir.
Le 13 juin, les hauteurs qui dominent le Xucar furent occu-
pées par 25,000 Espagnols.
Le maréchal n'hésita pas à présenter le combat à un ennemi
si supérieur en nombre.
Le général Habert, à la tête de deux régiments d'infanterie,
dont le 168, atteignit le duc Del Parque dans Carcaxente, bous-
cula ses colonnes et lui fît éprouver une perte de 500 hommes
tués, 600 prisonniers, dont 30 officiers, 1 drapeau et 2,000 fusils.
Ce beau fait d'armes n'empêchait pas Valence d'être menacée
par l'ennemi. Le maréchal Suchet lui ferma la route de
Requena.
Le 27 juin, le maréchal qui avait fait rentrer à Valence les
ti'oupcs détachées au secours de ïarragone, résolut de déloger
le duc Del Parque de son camp de la rive droite du Xucar. Mais
- 88 -^
ce dernier n'attendit pas l'attaque et il évacua ses positions. Les
divisions Harispe et Habert le poursuivirent, culbutèrent son
arrière-garde qui avait pris position au col d'OUeria et entrèrent
dans San Felipe.
Les Espagnols rentrèrent dans leur camp retranché de Car-
talla où ils attendirent les renforts anglais.
Le 29 juillet 1813, lord Bentinck ayant traversé l'Ëbre h Am-
posta, au-dessous de Tortose, se porta sur Tarragone qu'il
investit par terre et par mer.
Le i\ août, le maréchal Suchct rassembla h Villa-Franca ses
quatre divisions et toute sa cavalerie et marcha sur Tarragone
pour la débloquer, sans rencontrer de résistance. La garnison
travaillait nuit et jour à préparer 32 fourneaux de mine chargés
ensemble de 37,860 livres de poudre.
Le 19 août, au signal de 3 coups de canon, à la chute du jour,
les remparts do cette ville célèbre s'écroulèrent avec un horrible
fracas.
La garnison de Tarragone renforça l'armée do Suchet qui alla
s'établir derrière le Lobregat, à Molins-del-lley, et se replia
ensuite sur Girone.
Le maréchal Suchet reçut alors l'ordre de l'Empereur de diri-
ger en poste 10,000 hommes sur Lyon. Puis, dans les premiers
jours de mars .1814, il reçut un nouvel ordre, et une deuxième
colonne de 10,000 hommes se dirigea sur Lyon.
Le maréchal, avec les débris de son armée, 11,000 hommes,
se retira alors sur Figuières, après avoir fait sauter les forts
d'Olot-de-Palamos et de Bascara.
Quelques jours après, le traité de Valençay rendait à Ferdi-
nand VII le trône d'Espagne, et 200,000 Fr nçais repassaient les
Pyrénées.
Grande Armée en 1813.
Le 4® bataillon du 16<^ de ligne contribua à la formation du
13» régiment provisoire d'infanterie, qui entra dans la composi-
tion du 60 corps de la Grande Armée (maréchal Marmont),
30 division (général baron Fiedcrichs), V^ brigade (général Fica-
ticr).
Le i^ juin 1813, ce batnilloi) du M\^ était commandé par le
— 89 -
commandant Garion, et avait un effectif de 12 officiers et
042 hommes.
Ce bataillon assista à la bataille de Lutzcn le 2 mai, à Baulzen
le J[6 mai, et h Wurschen les 20 et 21 mai, puis à la bataille de
Dresde les 27 et 28 août.
A cette époque, le bataillon du 16® passa aux mains du com-
mandant Martini; il assista à la bataille do Leipzig les 16, 17 et
18 octobre.
Il resta au 6' corps d*armée jusqu'en avril 1814, époque où il
fut envoyé à Yvetot pour y prendre ses cantonnements.
Corps d'observation d'Italie en 1813.
Le t^^' bataillon du 16° contribua, la même année, à former
une 25« demi-brigade provisoire qui fit partie do la division
Semclô, de la première lieutenance (général Grenier), dont le
quartier général était à Vérone.
Le 30 octobre, ce bataillon se distingua au combat de Prune-
ken, où le général autrichien Fenner fut battu. Le major Four-
nier et le chef de bataillon Thunot, du 16* de ligne, furent
cités pour leur belle conduite dans cette affaire et la brillante
retraite qui la suivit.
Armée de Ijyon (1814).
Nous avons vu que, le 10 janvier 1814, le maréchal Suchet
recevait du ministre de la guerre, Tordre de diriger sur Lyon un
corps de 10,000 hommes. Il forma ce corps on trois brigades, et
le 16« en fit partie. Il quitta Perpignan le 5 février et arriva à
Lyon le 11 du même mois.
L'armée de Lyon, commandée par le maréchal Âugereau, duc
de Gastighone, se composait de trois divisions.
Le 16« de ligne, qui comptait alors jusqu'à 7 bataillons, fut
disséminé dans les dififérentes brigades de Tarmée du maréchal
Augereau.
Cependant au mois de mai, les 1«', 2e et 7« bataillons furent
réunis sous le nom de 16« de ligne, dans la l'« division (général
— 90 --
Vedel), 2« brigade (général Gudin). Au mois de juin on y adjoi-
gnit le 6<^ bataillon. Le maréchal Augercau se fit battre à Limo-
nest et sur les hauteurs qu'occupe aujourd'hui le fort de la
Duchère, par le prince de Hesse, et fut obligé d'évacuer Lyon.
Son armée se retira sur Tlsère afin de couvrir Grenoble et le
Dauphiné.
Pendant les cent jours, les l^r et 2« bataillons du 46» de ligne
font partie du corps d'observation du Yar, commandé par le
maréchal Brune, 24» division (général Gilly d'abord, puis Merle
plus tard). Les i^' et 2* bataillons sont à Marseille, les 3«, 4* et
5* bataillons sont au dépôt, à Toulon. Quant aux 6^* et 1^ batail-
lons, ils sont restés h Tarmée des Alpes commandée par le maré-
chal Suchet.
Le 16* de ligne reste dans cette situation jusqu'au !«' juin, où
il passe à la 4'« brigade de la 24« division (général Robert), et
va occuper la garnison do Grasse.
Légion du Gard (1815-18^0).
Les volontaires royaux qui avaient fait partie de l'armée du
duc d'Angoulême, furent licenciés à La Palud (Vaucluse), en
avril 4815. Quelques-uns rentrèrent dans leurs foyers, d'autres
restèrent en armes.
Après Waterloo, ceux du département du Gard se réunirent à
Beaucaire, sous les ordres du comte Pierre do Bcrnis, commis-
saire extraordinaire du roi, et du vicomte de Berre, maréchal de
camp des armées du roi.
Le 24 juin, il y eut un léger combat contre les gardes urbaines
réunies aux troupes du lieutenant général Gilly, qui commandait
le département du Gard au nom de Napoléon.
Le 1<5' juillet, le comte Pierre do Bernis, en sa qualité de com-
missaire extraordinaire du roi, et usant des pouvoirs qui avaient
été conférés par Sa Majesté, forma avec les volontaires du Gard
un régiment dont il nomma les officiers et les sous-officiers et
qui prit le titre de premier régiknent royal du Gard. Le colonel
fut le vicomte Henry de Bernis, chevalier de justice de Saint- Jean
de Jérusalem, et chevalier de l'ordre royal de la Légion d'hon-
neur.
— 91 —
Dans le courant de juillet, ce régiment vint tenir garnison à
Niincs.
Le général de Berrc, maréchal de camp commandant la subdi-
vision, envoya plusieurs détachements de ce régiment contre des
partis de révoltés qui attaquaient les soldats royalistes isolés et
même formés en petits détachements.
En vertu de Tordonnance du roi du 3 août 1815, fixant Torga-
nisatidn de l'infanterie en légions départementales, de Tinstruc-
tion ministérielle du 5 septembre et des lettres de Son Excellence
le ministre de la guerre, en date des 3 et 13 novembre de la
même année, la légion du Gard portant le numéro 28 fut orga-
nisée, le !«' décembre 18i5, par le colonel baron de Tschudy,
nommé au commandement de cette légion par ordonnance
royale du 19 août 1815. Le premier régiment royal du Gard avait
été dissous par décision du 23 novembre.
(c Aussitôt après la revue passée, le colonel, dit le proccs-
verbal, a fait reconnaître tous les officiers présents, les a fait
réunir en cercle, et a fait prêter serment individuellement aux
officiers, sous-officiers et soldats entre les mains de M. Desforges,
sous-inspecteur aux revues, qui a lu la formule du serment. »
Le 6 mai 1816, la légion tout entière tient garnison à Nîmes.
TROISIEME PERIODE
DE LA RESTAURATION A NOS JOURS
f 6<> Régiment d'infanterie de lig^ne.
(de 48âO A NOS jours)
Une ordonnance royale du !23 octobre 1820 réorganisa Tinfan-
Icrie française.
Les légions furent supprimées et remplacées por des régiments
d'infanterie de ligne et d'infanterie légère.
Le 12 décembre 1820, le maréchal de camp baron de Couchy,
inspecteur général du 5® arrondissement d'infanterie, prononça
la dissolution de la légion du Gard et forn\a le i6® régiment d'in-
fanterie de ligne. La bénédiction du nouveau drapeau que le roi
venait de conférer au régiment eut lieu à Grenoble, sur la place
Grenette, le 24 décembre.
Cette cérémonie ii laquelle assistèrent les autorités ci viles, judi-
ciaires et militaires, eut lieu avec toute la solennité dont elle
était susceptible.
Le lieutenant général baron de la Croix, commandant la
1^ division militaire, remit le drapeau entre les mains du comte
d'Alvymare, colonel du régiment.
En 1821, le IG", alors en garnison à Grenoble, réprima un mou-
vement insurrectionnel qui avait éclaté le 20 mars, et, grâce à
son attitude correcte et énergique, maintint l'ordre dans la
ville. • •
Au mois de juin, le régiment ayant reçu Tordre de se rendre à
Clermont et à Montbrison, le lieutenant général de la Croix, com-
mandant la division et le préfet du département adressèrent au
— 94 —
colonel des lettres élogieuses où nous relevons, à la gloire du
régiment, les passages suivants :
<c Croycz-le, mon cher colonel, mes Tœiix vous suivront partout, partout
ils exprimeront le désir que le bien du service de Sa Majesté replace sous
mes ordres le 16« régiment qui, tant qu'il conservera l'esprit et la disci-
pline dont il est anînié, pourra être présenté en toute silrcté aux amis, et,
s'il le faut aussi, aux ennemis de la France.
(( Signé : Riron Pauphilb de I^à Croix. »
« Au moment ou le régiment sous vos ordres s'éloigne d'une ville qui a
di\ h sa parfaite discipline le maintien d'une tranquillité que des factieux
voulaient troubler, la reconnaissance me fait un devoir de vous assurer
des regrets de mes administrés et des miens.
« Veuillez en transmettre l'expression h un corps d'officiers, dont le
dévoilment répond si bien à celui de son chef.
« Signé : IliH'on d^IIausskz,
« Préfet do l'Isèra. »
A la fin de Tannée 1821, le régiment se rendit à Paris en plu-
sieurs colonnes. Le 1^' bataillon et rétat-major, sous les ordres
du colonel, rétablit Tordre troublé par un mouvement séditieux,
h Bicêtre.
Au mois de mai 1822, le 16® partit pour Metz.
CONDUITE ENERGIQUE DU SERGENT FELJAS.
Le !•' avril 1823, le régiment quitte cette dernière ville pour se
rendre à Lyon.
Le 1er juin, jour de la Féte-Diçu, deux hommes furent arrêtés
et conduits au corps de garde du pont de la Guillollère, occupé
parle iG« et commandé par le sergent Peljas. Le peuple voulut
enlever les prisonniers. Le sergent Feljas opposa une résistance
opiniâtre, envoya chercher du renfort aux casernes et contint le
peuple jusqu'à l'arrivée des troupes qui dissipèrent le rassem-
blement. Sur le rapport du lieutenant général de la Motte, com-
mandant la division, le roi, par ordonnance du 4 juin, transmisé
— 95 —
par le télégraphe, récompensa le sergent Feljas en le nommant
au grade de sous-licutenant.
CAMPAGNE D'ESPAGNE (1823).
GÉNÉRAL EN CHEF : MARÉCHAL MONCEY.
Le 10 juin 1823, le colonel d'Alvymare reçut Tordre de départ
du régiment pour l'ai^mée d'Espagne. Le régiment se dirigea sur
Montpellier, où le 24 juin se fit la séparation des bataillons de
guerre et du dépôt. L'effectif du régiment entrant en campagne
fut do 75 officiers et 155G hommes de troupe.
Le régiment continua sa marche sur Perpignan par bataillon,
à un jour d'intervalle.
Pendant cette campagne, le régiment commandé par le comte
d'Alvymare forma, avec le 60% une brigade de réserve placée
sous les ordres du maréchal de camp baron de Tromelin.
Dans les premiers jours de juillet 1823, le régiment se porta
sur Barcelone par Girone, Mataro et Badalona.
Le 13 juillet, sur l'avis du lieutenant général comte Donnadieu,
que l'ennemi se disposait à faire une sortie sur Gorcia, le régi-
ment se porta sur Saint-Adrien et Saint-André, où il se trouva
réuni Je 15. Le 1(5 il marcha sur Cuzat et lo 18 sur Tcrassa. Lo
21 juillet, lo i^^ butaillou lit une reconnaissance sur Màrlorcll.
Le 24, lo régiment quitta sa position et se porta en avant du
village de Bruc-du-Mont. Le général poussa une reconnaissance
sur la route de Cervera et reconnut les avant-postes ennemis à
Saint-Genis, en avant de la forte position de Jorba.
COMBAT DE JORBA (2S juillet 1823).
Le 25 juillet, le général Tromelin rencontra l'ennemi appuyant
sa droite au village de San-Vicente, et couvrant la gorge de
Jorba. Le 3« bataillon du 16«, Commandé par le chef de bataillon
Bonne, s'engagea trop franchement et se vit forcé par l'ennemi
à un mouvement rétrograde. Le général Tromelin le fit soutenir
par les deux autres bataillons du régiment qui enlevèrent à l'en-
- 96 —
«
nemi la position cédée par le 3^ bataillon et marchèrent sur Jorba
cil Tennemi s'était massé.
Le village de Jorba est situé à droite et à mi-côte d'une mon-
tagne qui domine la route. L'ennemi y occupait une bonne posi-
tion; mais il en fut chassé par le ^lO^ ol se relira sur le pluloau
de la montagne, toujours massé, derrière un château en ruine.
Il occupa ce mamelon, la position qui le domine et les crêtes de.
la Moya, entre Jorba et Tautel du Crochet. Le maréchal Moncey,
arrivé sur le terrain de l'action, donna Tordre au général Tro-
melin d'enlever cette position. Les 2» et 3« bataillons du 16® com-
mandés par le comte d'Alvymarc et le chevalier de Manneville
se portèrent à l'attaque, soutenus à droite et à gauche par deux
bataillons du 00<^. L'ennemi se défendit avec une grande opiniâ-
treté, mais il dut, devant la valeur de nos troupes, abandonner
toutes ses positions. L'engagement avait duré jusqu'à 7 heures
du soir. Le régiment perdit dans cette journée neuf sous-officiers
ou soldats.
L'ordre du jour du maréchal Monccy fut ainsi conçu :
« Une affiiirc glorieuse pour la brigade de réserve a eu lieu le 25 juillet,
en avant d'Igualada, route de Gervera.
« Le 16° de ligne, le i»' et le 2<» bataillon du 60° régiment, ont enlevé
trois positions extrômemcnt fortes.
« Témoin du dévouement dbs troupes, j(; leur en témoigne toute ma
satisfaction.
« Signé : Maréchal MoNCBY. )>
L'ordre du jour du général Tromelin cita comme s'étant par-
ticulièrement distingués :
Le colonel d'Alvymare ; le lieutenant-colonel de Manne-
ville; le chef de bataillon Bonne; le capitaine Dacheux; le
lieutenant Vanderlinden; le sous-lieutenant Dacheux des
grenadiers, le capitaine Flavart et le sous-lientenant Séri-
zîat des voltigeurs, ainsi qu'un grand nombre de sous -officiers,
caporaux et soldats.
Le régiment eut à regretter la mort du brave sergent de gre-
nadiers Jouvanel, qui fut tué à la porte du château de Jorba.
Après TafTaire de Jorba, l'armée constitutionnelle, forte de
6,000 hommes, .se porta de Mont-Blanch sur Santa-Colona de
Queraltz, où elle arriva le 11 août.
— 97 —
Le maréchal Moncey porta, le 13 au soir, son quartier général
do Villafrunca fi San-Sadurni.
Les constitutionnels manifestaient Tintention d'enlever le baron
d'Érolles qui occupait Calaf, avec un millier d'hommes seu-
lement.
La brigade Tromelin (16® et 60»), avec quatre escadrons de
cavalerie et deux pièces de montagne, fut détachée sur Manresa
pour appuyer et soutenir le baron d'Érolles.
Si les conslitutionnels enlevaient le baron d'Érolles à Galaf^ ils
remportaient un grand succès : le Lampourdan était à eux, ils
marchaient sur Figuières et forçaient la levée du blocus de Bar-
colane. Ce plan hardi dont l'exécution fut tentée compromettait
Tarmée française en Catalogne.
Le combat de Galdès le fit échouer.
COMBAT DE CALDÈS (14 août 1823).
La marche de l'ennemi sur Calàf fut communiquée au baron
d'Erolles par un avis du général Tromelin qui lui parvint dans la
nuit du 11 au 12 août. Il poussa des reconnaissances jusqu'à
Mont-Manen, à une lieue en avant de Calaf et fit faire tous les
préparatifs de départ pour Manresa, point de retraite désigné.
Le 12, vers 10 heures du malin, l'ennemi déboucha et porta
2 compagnies sur une éminence qui couvre la ville. Mais il per-
dit deux heures pour se déployer, et le baron d'Erolles en pro-
fita pour filer sur Manresa.
L'ennemi chercha alors à lui couper la retraite, mais il ne put
arriver à temps. Le baron d'Érolles entra à Manresa où il se
renforça de iOO hommes, ce qui porta son effectif à
liOO hommes.
Le 13, h, 10 heures du soir, l'ennemi fit une fausse attaque sur
Manresa, au moment même où le général Tromelin y arrivait
avec sa brigade qui était très fatiguée.
Le lendemain 14, le baron d'Érolles et le général Tromelin
sortirent de Manresa à 7 heures du matin. Le général Tromelin
n'avait emmené que sa cavalerie. A 8 heures et demie, ils occu-
pèrent le pont de Cabriana. L'infanterie ne pouvait arriver que
quelques heures après.
7
— 98 -
L'onnomi, qui bivouaquait do l'aulro côté du pont, so mit en
mouvement sur Caldès. L'avant-gardo du baron d'Érollos paasa
le pont au moment où l'ennemi franchissait une hauteur boisée
qui le domine. Une fusillade s'engagea sur cette hauleur, les
tirailleurs ennemis furent rejetés sur leur avant-garde.
L'ennemi occupait la position do Caldès, village situé sur la
route de Manrosa a Vich, sa droite appuyée au village, sa gau-
che à des ravins terminés par un bois touffu de chênes verts
qu'il avait rempli de tirailleurs.
Les troupes du baron d'Érolles et la cavalerie du général Tro*
melin soutinrent courageusement le choc de Pennemi qui prit
l'offensive.
Le baron d'Érolles voulut alors emporter le village de Caldès
qui était la clef de la position. Il se portait en avant pour exé-
cuter ce projet, lorsque l'ennemi jeta 1500 hommes dans le bois
couvrant sa gauche, et 2,000 hommes sur sa droite qui débordè-
rent notre gauche. Cette manœuvre mit le baron d'Érolles dans
une situation critique. Heureusement, rinfanterio du général
Tromelin arrivait. Il dirigea 5 compognies du Ki* sur le bois
situé à la gauche ennemie, et ces troupes suffirent pour contenir
les i500 hommes qui occupaient ce point,
Le général Tromelin, voyant la gauche du baron d'Érolles
menacée d'être tournée par les 2,000 ennemis, fit porter l'ordre
au i6« de presser sa marche et au 00* d'observer la gauche de
l'ennemi qui faisait des progrès alarmants.
Le 16» attaqua franchement la position sur trois colonnes.
L'ennemi vint à sa rencontre et on se déploya à demi-portée de
fusil ; le feu était très nourri, 2 pièces de montagne sous les
ordres du lieutenant Viadère soutenaient le régiment.
Pendant la fusillade, le régiment ennemi des Canaries déborda
la gauche du 16® qui, placé entre deux feux, dut reculer, tout en
luttant contre des forces quadruples. Le colonel et le lieutenant-
colonel furent blessés, ainsi que 8 officiers et 80 hommes.
Une pièce fut un moment au pouvoir de l'ennemi, mais elle
fut reprise presque aussitôt qu'enlevée.
Une charge à la baïonnette du i^' bataillon du i6<), sous les
ordres du commandant Bonne et du capitaine de grenadiers
Français, arrêta l'ennemi.
Le régiment avec l'artillerie prit position sur un mamelon.
— 99 —
« Ici, dit le général Tromelin en élevant la voix : il faut vaincre
« ou périr. »
Pendant ce temps, le GO^' de ligne s'était porté sur la position
de Caldès qu'il avait enlevée avec une bravoure admirable. A
son tour, le régiment des Canaries qui avait tourné le 16* se
trouva débordé et dut se replier à la hd.te.
L'ennemi, délogé de ses positions, se retira par Estang, cher-
chant à regagner Tarragone; il fut poursuivi par la division
combinée qui s'arrêta à Moya, où elle prit son cantonnement»
Les troupes étaient harassées par la fatigue et la chaleur,
ayant été sous les armes pendant quatorze heures, dont dix de
combat.
Ainsi qu'on le verra plus loin, beaucoup de militaires du régi-
ment furent cités à Tordre du jour pour s'être partidulièrement
distingués; mais, au grand étonnement du régiment, on ^vait
omis de citer le capitaine Collinet, de la 2* compagnie du
2* bataillon.
Cet officier chargé de tenir bon sur la gauche, fortement atta-
quée, s'y comporta avec la plus remarquable vigueur.
Soii lieutenant, M. Jauret, également oublié, s'empara du
fusil d'un blessé, et combattit dans. le rang comme un simple
soldat, donnant par ce noble dévouement un heureux exemple
aux jeunes soldats qui se trouvaient au feu pour la première
fois.
Cet officier reçut à la tète une violente contusion d'une baïon-
nette démontée par le choc d'un projectile; mais, malgré cettQ
blessure, il n'abandonna pas le champ dé bataille.
Les officiers et hommes de troupe cités à Tordre du jour
furent :
Colonel : comte d'Alvymare.
Lieutenant-colonel : de Manneville.
Chefs de bataillon : Bonne, de Bronneck et Grégoire.
!«' Bataillon.
Capitaines : Barthélémy, Tassard, de la Motte<
Lieutenants : ChaveSi Pautrier, Malignoni
— 100 —
Sous-officiers : Devaux, Dubourg, Danmery, Nou-
velle, Liguère, Chabray.
Hommes de troupe : Moutigery, Semetière, Richeron,
Champlein.
2« Bataillon.
Capitaines : François, Suisse, Hebaus.
Lieutenants : Julien, Lefebvre, chirurgien.
Sous-officiers : Galaer, Bernard.
3' Bataillon.
Capitaines : Beaufrère, Favard.
Lieutenants : Deney, Palegry, Lemaltre, chirurgien.
Sous-officier : Gillet.
Homme de troupe : Chabas.
Le capitaine Puiech, qui a eu le cou traversé par une balle,
a été omis sur le bulletin de Tarmée.
Le 15 août, la brigade Tromelin se porta sur Ëstang et bivoua-
qua à Olot.
Le même jour, Tennemi prit position à Gironella et parut y
devoir tenir. On marcha sur lui, et, dès lu première démonstra-
tion d'attaque, il se retira en toute hâte sur Tarragone, où il se
jeta en désordre, poursuivi par les troupes du baron d'ÉroUes.
RECONNAISSANCE GÉNÉRALE DE LA PLACE
DE TARRAGAGONE LE 28 AOUT.
Apres le combat de Caldès, le maréchal se décida à marcher
sur Tarragone, par Villafranca et Torrc del Barra. La brigade
Tromelin et celle du baron d'Érollcs s'avancèrent sur cette place
par Mont-Blanch et Walls.
Le 28 août, le général Tromelin s'établit à Walls et Valmoll.
Le maréchal, qui n'avait pas les forces suffisantes pour investir
— 101 —
la place, ne pouvait lentcr sur elle qu'une reconnaissance ou un
coup de main. L'ennemi, informé que le maréchal s'était porté
le 27 à Walls pour se mettre à la tête des troupes du baron
d'Érolles et des généraux Tromelin et Montgardé, combina
une sortie sur Altafulla, mais son attaque fut repoussée. Ge^fut
alors que le maréchal décida une reconnaissance générale de la
place pour le 28 août. 11 donna Tordre aux brigades cantonnées
dans les environs de se trouver à 9 heures du matin sur les hau-
teurs qui dominent Tarragone depuis Àltaful a jusqu'à Courlanti.
La brigade Tromelin, marchant sur la grande route de Walls &
Tarragone, se dirigea sur le fort Olivo (de Salm), occupant ainsi
la droite de la ligne. Le iG^ prit place h l'extr&me droite avec la
batterie de montagne et une demi-batterie d'artillerie légère.
L'altaque commença par la Madona de Lorito, ancien fort
démantelé appartenant à rarchevcque, et qui fut enlevé par un
bataillon du lO^' de ligne.
Le '3^ bataillon du IG^) se porta sur le fort Olivo dont on ne
croyait pas que les ouvrages commencés depuis peu fussent
fermés à la gorge. On voulut l'enlever de vive force; mais le
chef de bataillon Grégoire, du 16«, s'aperçut bien vite de la
méprise de tous à ce sujet. Il envoya immédiatement un rapport
au général et ouvrit un feu très vi( sur un bataillon ennemi qui
était sorti de Tarragone, pour défendre les approches du fort et
les deux chemins qui y conduisaient de la place.
Les tirailleurs ennemis furent obligés de se replier, et le com-
mandant Grégoire s'établit avec son bataillon derrière un mon-
ticule situé à portée de pistolet du fort.
Le capitaine Langlois, commandant la 3^ compagnie du
3' bataillon, se distingua dans cette affaire et mérita les éloges
de son chef et do tous ses camarades. Cité dans le rapport du
bataillon, il fut omis dans le rapport général.
La retraite sous les murs de la place du bataillon ennemi
engagea le gouverneur à le remplacer par ses compagnies
d'élite.
Alors recommença un feu violent qui dura jusqu'à 5 heures
du soir.
Quatre compagnies du 2' bataillon du IG' se portèrent au
secours du 3« bataillon et parvinrent à refouler l'ennemi sous les
murs de la place.
— 102 —
Le lieutenant Vigoureux, eommandant la 6^ compagnie du
2* bataillon, déploya la plus grande fermeté dans cette affaire.
Il plaça ses meilleurs tireurs de manière h cribler de projectiles
les embrasures du fort qui lui faisaient face, neutralisa ainsi
3 bouches à feu ennemies jusqu'au moment où il reçut Tordre
de se retirer. Sa belle conduite fut également oubliée dans le
rapport général.
A six heures du soir la reconnaissance était terminée. Les
troupes se retirèrent par échelons et furent suivies jusqu'à la nuit
par les tirailleurs ennemis.
Chaque corps reprit ses cantonnements, et la brigade Tro-
melin rentra à Walls.
Dans cette affaire^ le 16^ perdit 7 offlciers blessés et 33 sous-
offlciers ou soldats tués ou blessés.
Lcsofflciers, sous-officiers et soldats cités à l'ordre furent :
BonnOi Grégoire, chefs de bataillon ;
Grosjean, Barthélémy, Flavard, François Suisse,
Grabovrsk, :Chartelet, Geneciaux, Sanboul, RoUin,
Beaufrère, capitaines;
Marson, Boissières, Audigier, Julien, Devicq,
Pitre, lieutenants ;
Dubourg, Aldin, Calaret, Bernard, Gillet, Durand,
Habert, sous-offlciers ;
Salamon, Derouet, Mayeux, Bullot, Thomas,
Chabert, Bourelly, Croc, soldats.
Le 13 septembre, l'ennemi fort de 0,000 hommes se porta sur
Lérida et attaqua le ch&lcau de Valmoll occupé par le baron
d'ËroUes, une partie de la brigade de réserve et une demi-bat-
terie d'artillerie. Une vive affaire de tirailleurs s'engagea, dura
jusqu'à 5 heures du soir et ne cessa qu'après l'intervention de
Tartillerie du château.
L'ennemi bivouaqua devant Valmoll. Le maréchal de camp
Âchard poussa le lendemain une reconnaissance avec le 16® de
ligne, et le soir les troupes rentrèrent dans leurs cantonnements.
Le 24 septembre, une troupe de 3,400 hommes d'infanterie et
550 cavaliers, sous les ordres de don MiqucI, sortit do Tarragone
cl se dirigea sur Lérida par le col do Riba.
^ 103 —
Le général Tromolin Qt suivre l'ennemi jusqu'à Selva^ et le
baron d'Ërollcs, à la tète do la brigade de réserve, se mit & sa
poursuite.
Au mois d'octobre, lé régiment fit partie du cofpd qui investit
Lérida, mais il ne se passa sous les murs de cette place aucun
fait d'armes méritant d'être signalé.
Le 31 octobre, la place s'étant rendue sans combat fut occupée
par la brigade de réserve. Le 2^ bataillon du 16* fut caserne
dans la citadelle.
Le 2 novembre, les l^i* et 2« bataillons quittèrent Lérida et
vinrent cantonner à Walls, où ils furent rejoints le 9 par le
3* bataillon. Le régiment réuni fut envoyé le 11 à Tarragone
pour y prendre le service de la place et des forts.
Le 14 novembre, le roi accorda au régiment les récompenses
suivantes :
Officiers de la Légion d'honneur :
MM. DE Mannevillb, lieutenant-colonel;
BARTnELÉMY, Capitaine;
Beaufrère, —
Chevaliers :
MM. CnASTELET, capitaine;
Sanboul, —
Grabwski, —
Favard, —
Derigq, lieutenant;
CUAVES, —
Julien, — ' , 'Z
Bernard, sergent;
GnABERT, caporal.
Chevaliers de Saint-Louis :
MM. Grégoire, chef de bataillon;
RnEM, capitaine;
Suisse, —
IIÉRANT, —
Gennéciaux, capitaine.
— 104 —
Le 22 novembre, le 16» quitta Tarragone et se dirigea sur Bar-
celone où il arriva le 27 et occupa la citadelle et les forts.
Le général de Tromolin fut chargé de son inspection générale
et laissa dans son ordre les témoignages les plus flatteurs, décla-
rant que pendant toute la campagne il n'avait eu que des éloges
à donner au 16^ régiment d'infanterie.
Le régiment resta en Espagne jusqu'au 26 novembre 1827.
Pendant la période de 1824 à 1827, le régiment changea deux
fois de colonel. Le 30 décembre 1824, le marquis de Mesgrigny
remplaça le comte d'Alvymare passé au commandement du
i^^ régiment d'infanterie de la garde royale, et le 20 août 1820,
le comte Bogarelly d'Ison remplaça le marquis de Mesgrigny,
admis à la retraite avec le grade de maréchal de camp.
Le 26 novembre, le régiment quitta Barcelone et se mit en
route pour aller tenir garnison h Montpellier, où il arriva le
15 décembre 1827.
CAMPAGNE DE MORÉE (1828-1829).
Le 13 mars 1828, le ministre de la guerre ordonna que le
16® de ligne fournirait deux bataillons au corps expéditionnaire
de Morée. Les l^r et 2® bataillons furent désignés et le 3» dut
rester au dépôt.
Le corps d'armée commandé par le général Maison se compo-
sait de trois brigades.
Le 16® de ligne fit partie de la i'® brigade (général Sébastian!).
Les deux bataillons du 16° s'embarquèrent à Toulon, les 14 et
15 août i828, et mirent à la voile le 17.
La flotte se dirigea sur le golfe de Coron et arriva vers deux
heures du soir devant Coron, dont la garnison musulmane cou-
vrait les remparts, mais sans montrer de dispositions hostiles.
Le golfe de Coron offre, non loin de la ville auprès de Pctalidi
(l'antique Cofonéc), une plage sûre et commode. Le dél)arquc-
ment s'y opéra dans la soirée du 29 août et le 30 au matin, sans
la moindre opposition, le régiment prit position sur le plateau de
Pétalidi.
La santé des troupes était excellente, leur ardeur extrême et
leur discipline parfaite. Les Grecs avaient été averlis par uiuî
— 106 —
proclamallon do leur prôsidcnl du but do rcxpédilion françaiso.
Aussi, une heure après le débarquement, les habitants se por-
tèrent en foule au camp des Français, apportant aux soldats de
nombreuses denrées.
L'armée s'établit sur une côte non cultivée, mais fertile et cou-
verte d'une végétation magnifique.
« Bientôt, dit une relation du temps, gn\ce à l'industrie du
soldat, cette plaine riante était couverte d'un camp, assis entre
trois petites rivières qui descendent du Taygète, formé de baraques
élégantes, alignées au cordeau, ombragées d'oliviers, de myrtes,
de lauriers-roses et de citronniers. Les armes qui brillaient en
faisceaux, les sons de la musique militaire qui se faisaient entendre
sous ces dômes de verdure et de fleurs, annonçaient moins un
bivouac de guerre qu'un camp de plaisance. »
Ce bien-être ne devait pas durer longtemps^ car le 16 sep-
tembre le 16^ levait le camp et se dirigeait sur Navarin.
Le 17, il s*établit en avant de Jalova, petit village situé à
un mille de la côte. Ce nouveau camp situé dans un bas-fond,
entouré de marécages et adossé à une montagne ne tarda pas à
devenir un foyer d'infection. Les maladies éclatèrent et furent
attribuées autant aux miasmes délétères des marais qu'à la mau-
vaise qualité des vivres. Le régiment y perdit 5 officiers et
260 sous-officiers ou soldats. Aussi reçut-il de la troupe le nom
de camp du malheur.
Pendant son séjour à Jalova, le 16« fut passé en revue par
Ibrahim-Pacha qui en admira la belle tenue.
A cette époque l'armée égyptienne s'embarqua et quitta la
Morée.
Après le dépmi d'Irahim, le général Maison, de concert avec
l'amiral de Rigny, pril sns dispositions pour occuper sans relard
les places fortes qui restaient au pouvoir des Musulmans. Le
6 octobre, le général Uigonet reçut l'ordre de se mettre à la tête
du 16* régiment d'infanterie, accompagné de détachements d'ar-
tillerie et du génie, et de prendre position près de la citadelle de
Navarin. Le commandant turc, sommé de se rendre, répondit :
« La Porte n'est en guerre ni avec les Français, ni avec les
Anglais ; on ne commettra aucun acte d'hostilité, mais on ne
rendra pas la place. »
L'ordre de marcher sur la forteresse fut doné et exécuté rapi-
- 106 —
dcment. Les sapeurs ouvj^irent une ancienne brèche par où le
général Iligonct pénétra avec le 16* de ligne dans la ville cl dans
la citadelle, sans éprouver aucune résistance. On y trouva
60 bouches à fqu, 800,000 cartouches et des vivres pour plusieurs
mois.
Les fortifications et l'artillerie de Navarin qui avaient subi
trois sièges, étaient dans un mauvais état; la ville n'offrait qu'un
amas de ruines; il fallut y faire des logements, des hôpitaux et
des établissements d'administration civile et militaire.
Le 16* exécuta en grande partie les travaux de Navarin,
Le 8 avril 1829, il s'embarqua sur les transports de l'État pour
rentrer en France ; il débarqua au Lazaret de Marseille le 11 mai
et, après vingt joulrs de quarantaine, se mit en route pour
Valence.
« Le séjour des Français en Morée, dit un historien moderne,
a été. pour la Grèce d'un avantage qu'aucun homme de bonne
foi no peut méconnaître. Ils y ont dépensé beaucoup d'argent, ils
ont embelli les villes, animé l'industrie, bMi des casernes et dos
ponts, percé ou réparé les routes, rétabli les forteresses, planté
des jardins et enfin laissé un peu de civilisation partout où ils
ont habité.
« La belle caserne de Modon, lé pont de Pamisus, la route de
Modon à Navarin, la citadelle de Navarin qu'ils ont construits,
seront des monuments durables de leur présence bienfaisante,
dans un paya à la délivrance duquel la Finance a eu une part si
grande et si glorieuse. »
Ce passage historique vaut bien le plus bel ordre du jour, et
le 16® de ligne, qui a reconstruit Navarin, a le droit d'en reven-
diquer la gloire. Il apporta la prospérité là où la guerre avait
fait régner la ruine et la désolation.
PÉRIODE DE 1830 A 1845.
En 1830, le 16<* de ligne tint garnison successivement à Tours
et à Angers. Lb 21 janvier 1831 fut organisé un 4» batailUon.
Le régiment partit pour Paris dans, les premiers jours d'avril.
Le 2 mai de la môme année, le roi Louis-Philippe passa la
revue du régiment et remit au colonel le nouveau drapeau du
— 107 —
16*. Les officiers, sous-officiers et soldats; après avoir prêté le
scrmciit de fidôlilé au roi des Français, à la Charte consiilution-
lielle et aux lois du royaume, défilèrent devant Sa Majesté aux
cris de : Vive le Roi!
A son retour de Paris, le 16« fut employé à poursuivre lés
rebelles du département de la Sarthe, et à la fin de juin il partit
pour aller tenir garnison à Versailles.
Le 24 mai 1832, le colonel de Rostolan prit le commandement
du régiment en remplacement du comte dlson, admis à la pen-
sion de retraite.
BELLE CONDUITE DU RÉGIMENT AUX FUNÉRAILLES
DU GÉNÉRAL LAMARQUE.
Le 5 juin, le 16° fut commandé pour assister au convoi du
général Lamarque.
On sait que cette imposante cérémonie fut le prétexte de trou*
blés graves qui pendant deux jours ensanglantèrent la capitale.
Le cortège était commandé par le colonel Rostolan, nouvelle-
ment arrivé au 16®. Sa fermeté, son courageux sang-froid en
imposèrent aux groupes menaçants qui commençaient à se for-
mer sur la place de la Bastille et qui refluèrent bientôt jusqu'au
pont d*Austerlitz où furent tirés les premiers coups de feu.
Le régiment resta sous les armes jusqu*au 7 juin.
Le 6 juin, les deux premiers bataillons, casernes au Carrousel
et aux Petits-Pères, furent dirigés sur les rues Saint-Denis et
Saint-Martin, où ils se joignirent à la garde nationale. Les 3* et
4^ bataillons, commandés par le lieutenant-colonel Févelas, reçu^
rent Tordre de se porter sur la place de la Bastille où bientôt ils
se rendirent maîtres du mouvement. Ils remontèrent ensuite Id
ruq du Faubourg-Saint-Antoine où ils furent passés en revue par
le roi, qui voulut, malgré les dangers auxquels il s'exposait,
témoigner lui-même sa satisfaction aux troupes de la garnison.
Les sergents Rouault et Rejanam furent tous deux griè-
vement blessés.
Le commandant Denos, le capitaine Sauboul, des grena-
diers, qui, malade à Phôpital, en sortit pour venir se mettre h la
tète de sa compagnie; le grenadier Paris, qui pénétra le pre-
— 108
micr dans une maison d*où Ton tirait sur la troupe; le lieutenant
Manaln, les sergents Molière, Joly, Perrot et Sauvet,
et le fusilier Langlois, qui pcrcô de plusieurs coups de baïon-
nette, ne voulut jamais consentir à rendre son arme, reçurent
des éloges.
COURAGE DU SERGENT LUCAS.
Dans la nuit du S au janvier i83.'), le sergent Lucas, qui
commandait le poste du boulevard nonne-Nouvclle, composé do
grenadiers et de voltigeurs du régiment, se conduisit de la ma-
nière la plus honorable en sauvant d'une mort certaine les deux
fils d'un marchand tailleur dont le magasin, situé à proximité du
corps de garde, était en proie au plus violent incendie. Secondé
plus particulièrement par le caporal de voltigeurs Delrieux
et les grenadiers Douzet et Feuillâtre, il parvint fi préserver
du feu une grande partie des marchandises. En récompense
d'une conduite aussi digne d'éloges, le sergent Lucas fut mis à
l'ordre du jour de la garnison de Paris.
Le 13 janvier, le régiment passa à la 2» brigade de la 3* divi-
sion de l'armée du Nord. Il quitta Paris le dS janvier et arriva à
Chàlons-sur-Marne le 22 du même mois.
Le l»' avril 1834 le 4« bataillon fut supprimé.
Le 3 juin de la même année, le fusilier Suchet, qui faisait
partie du détachement de Metz, se précipita dans la Moselle pour
en retirer une femme qui se noyait. Le Ministre du commerce
et des travaux publics lui accorda une médaille d'honneur de
aauvetage pour le courage dont il avait fait preuve dans cette
circonstance.
Au mois de septembre, le régiment envoya deux bataillons do
manœuvre au camp de Saint-Omer ; ils furent placés dans la
|re brigade (maréchal de camp Ilocheril). *
Le camp fut dissous le 16 octobre et les deux bataillons tin-
rent garnison à Saint-Omer.
Lés nommés Mascret, fusilier à la 4« compagnie du 2» ba-
taillon, et Delmas, voltigeur au 3« bataillon, reçurent du
Ministre du commerce une médaille d'honneur pour acte de cou-
rage et de dévouement.
— 109 —
DÉVOUEMENT DU GRENADIER LUCET
•
Le 21 juin 1836, le nommé Lucet, tambour de grenadiers au
3^ bataillon, en détachement à Boulogne, sauva au péril de sa
vie le nommé Damiens» menuisier à Boulogne, et le sieur Denay,
surveillant de la Société de secours, qui s*était jeté à la nage
pour le secourir. C'est au moment où ces deux hommes étaient
culrataôs par le courant que le grenadier Lucet se précipita
dans la mer sans se déshabiller, et réussit à les sauver tous deux
d'une mort certaine. Le Ministre du commerce et des travaux
publics décerna à Lucet une médaille d'honneur en récom-
pense de sa belle conduite.
Au mois de juillet 1836, le régiment fournit deux bataillons de
manœuvre au camp de Compiègnc.
Us firent partie de la 2^ brigade de la 1'* division, sous les
ordres du lieutenant-général Damrémont.
Au commencement d'octobre, le régiment fut désigné pour
Strasbourg où il arriva le 26.
TROUBLES A STRASBOURG (1836).
Le 30 octobre 1836, à 6 heures du matin, le colonel do iloslo-
lan, du 16**, fut prévenu qu'un mouvement militaire venait
d'éclater dans la ville et que le colonel d'un des régiments d'ar-
tillerie y avait pris part à la tête de son régiment.
Les deux bataillons du 16<* prirent les armés, le colonel leur fit
distribuer des cartouches et le 2» bataillon partit aussitôt pour
aller reconnaître ia marche des insurgés et protéger l'Arsenal
qui renfermait 200,000 fusils. Arrivé à la porte de la citadelle, le
bataillon fut rejoint par le lieutenant-général Yoirol, qui venait
de s'échapper des mains des révoltés. Ce dernier s'adressa alors
au colonel et lui demanda s'il pouvait compter sur son régiment,
et, sur l'affirmation que le 16^ de ligne avait fait ses preuves en
diiïérentds circonstances et qu'il était prêt à exécuter ses ordres,
le général Yoirol s'adressant à la troupe lui dit :
ce Soldats I Un colonel de la garnison et un neveu de Napoléon
— 110 —
« ont cru qu'ils pouvaient facilement vous insurger aux cris de
« Vive VEmpcreur! contre notre Gouverneracnt, et le prince
« Louis a crli qu'il pouvait, avec votre aide, renverser notre Roi
u pour régner à sa place. Soldats du i6<*, vous ne serez point
(( infidèles à vos serments au lloi des Français. Je compte sur
« vous. »
Des cris mille fois répétés de : Vive le Roi! Vive le due d'Or-
léans! lui prouvèrent qu'il avait raison de se confier au 16^ de
ligne et de compter sur sa fidélité et son dévouement.
Le 2® bataillon continua sa marche sur la ville et ne renti*a
dans la citadelle que quand on apprit que le prince, le colonel
et presque tous les conjurés avaient été arrêtés dans la caserne
de Finckmat, occupée par le 40^ de ligne.
Cette page fait autant d'honneur au régiment que la plus belle
victoire. Respect et protection au gouvernement établi, c'est là
le seul rôle honorable de l'armée à l'intérieur elle 16« de ligne
n'y a jamais manqué.
Quinze ans plus tard, lorsque le prince auteur de la tentative
de Strasbourg eut en mains le pouvoir, nous voyons le régiment
le soutenir avec un dévouement égal à celui qu'il avait déployé
pour le combattre en 183G.
Pendant Tannée 1837, le régiment continua à donner des
exemples de courage et de dévouement. A Schelestadt, le four-
rier Adam, le grenadier Taecou et le fusilier Rochard se
signalèrent et furent blessés dans un incendie ; ils reçurent tous
trois une médaille d'honneur.
Le sergent Sybille fut cité à l'ordre du jour pour avoir
sauvé un enfant qui se noyait dans les fossés de la citadelle et
avoir laissé aux pauvres la somme qui lui avait été offerte en
récompense de son dévouement.
Le grenadier Neff, du 3^ bataillon, fut cité à Tordre pour
avoir sauvé une jeune fille qui s'était jetée dans TIU.
. A la fin de juin 1838, le régiment alla tenir garnison à Metz.
Le 4 septembre de la même année, le colonel François rem-
plaça le comte de Rostolan, nommé maréchal de camp.
En 1840, le voltigeur Ritschelen reçut une médaille d'hon-
neur pour avoir sauvé, au péril de ses jours, un honmie qui était
tombé dans la Moselle. Le voltigeur Romain fut mis à Tordre
— m —
de la division pour avoir sauvé deux femmes qui se noyaient
dans la Moselle; il reçut une médaille d'honneur quelques mois
plus tard.
A Ia Gn de juin 1840, le régiment quitta Metz et alla tenir gar-<
nison à Belfort,
Le 25 août, le sergent Valentin, des voltigeurs, se distingua
dans un incendie qui éclata dans la commune d'Offmont, canton
de Belfort; il sauva des flammes, au péril de sa vie, une femme
octogénaire.
A cette occasion, Valentin, aergent ; Giroux, grenadier et
MuUer, fusilier, reçurent une médaille d'honneur.
Dans la nuit du 13 au 14 mai 1841, un violent incendie éclata dans
la ville de Golmar, ou le l®^ bataillon du 16« tenait garnison. Il
fut promptement comprimé, grâce au zèle et au courage des
militaires du régiment. Le sergent Debès, des grenadiers, s'y
distingua particuliùrcmeut. Le conseil municipal lui donna une
montre d'argent en reconnaissance de sa belle condidte. Ce sous-
officier fut proposé pour l'obtention d'une médaille d'honneur
qu'il reçut l'année suivante.
Quelques jours après, le lieutenant-colonel commandant la
place faisait connaître, dans l'ordre suivant, la belle conduite du
fusilier Breton :
« Le commnndnntdc la place se plaît h consijçiior dans un ordre de la
garnison, un acte de courage et de dévouement dont le fusilier Breton, de
la compagnie hors rang du 16° de ligne, a donné Texemple il y a quelques
jours, en retirant de l'endroit le plus dangereux de la rivière où elle était
tombée, une petite lille de sept ans, ([ui aurait infailliblement péri sans le '
généreux dévouement de Ijreton.
« Le commandant de la pkce va s'empresser de porter h la connais^ .
sance des autorités supérieures une conduite si digne d'éloges, et qui fait
d'autant plus d'honneur k ce militaire qu*il est très mauvais nageur, et
que sa modestie seule a empêché do connaître plus tôt le beau trait qu'on
signale.
(( Signé : JàUBBRT. »
Breton reçut médaille d'honneur.
Le IG janvier 1843, les 6«« compagnies furent supprimées dans
chaque bataillon. •
— 112 —
Le 15 mai, le régiment vint tenir garnison à Lyon et occupa
tous les casernements et les forts de la Croix-Rousse.
Un violent incendie éclata au faubourg de Saint-Clair. Un déta-
chement du régiment sous les ordres du sous-lieutenant Peys-
sonnié, se porta sur le théâtre du sinistre et s'y conduisit d'une
façon brillante qui lui valut Tordre du jour suivant :
« Le lieutenant-général pair île France, commandant la 7^ division mili-
taire, témoigne sa satisfaction aux officiers, sous-officiers et soldats, com-
posant le détachement du 16", sous les ordres de M. le sous-lieutenant
lN*>yssoniiié, pour le zèle et le dévouement dont ils ont fait preuve, pour
arrêter les progrès de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 16 au 17 du
courant, au faubourg Saint-Clair, à Lyon, et qui a réduit deux maisons
en cendres.
« Le nommé Michel (Jean-Claude), voltigeur au 16" de ligne, a mérité
«rétre cité d'une manière plus particulière pour le courage qu'il a montré
dans cette circonstance.
(( Ce militaire, après s'être dégagé de la chute d'un plancher endirasé, a
fortement contriimé au péril de sa vie à sauver d'une mort certaine deux
pompiers, (|ue l'écroulement du menus plauclusr avait couvert de décondu'es
et qui n'auraient pas tardé k succomber sans l'intrépidité du voltigeur
Michel, de quelques pompiers et de plusieurs gendarmes qui parvinrent à
les dégager.
« Le voltigeur Michel a reçu une contusion h la cuisse.
« Au quartier général à Lyon, le 19 mai 1842.
M Le lieulenant-§é)iéral pair de Frame.
« Siirné : llaron DE Lascour. »
Le 11 juin 1842, le régiment fut armé de fusils modèle 182i
transformé au système percutant et versa ses fusils à silex.
Le colonel François ayant été appelé au commandement de la
place de Saint-Omer, fut remplacé le 8 septembre par le colonel
de Vanheddeghem.
Le 21 juin 1843, le régiment fut désigné pour fournir deux
bataillons de manœuvre au camp établi à Lyon.
Le 2 avril 1844, le maréchal ministre de la guerre écrivait ce
qui suit au général commandant la division militaire :
— H3 —
« Par votre rapport du 28 mars dernier, vous me rendez compte que le
cnpornl Canel du iC° régiment d'infanterie de ligne, qui a sauvé un ouvrier
de Lyon en danger de se noyer dans la Saône, n'a point exposé sa vie
dans cette circonstance. '
« Il n'y a donc pas lieu dès lors de décerner une médaille d'honneur au
caporal Canel. Toutefois, ce militaire a mérité un témoignage de ma satis-
faction, je vous charge de le lui adresser.
« Le Président du Comcil des Ministres ^
M Secrétaire d'État de la guerre,
a Signé : Duc de Dàlhàtie. »
Le i6 octobre 1844, le régiment quitta Lyon pour se rendre à
Perpignan et Montlouis.
Le 14 janvier 1845, le colonel fit connaître au régiment l'ordre
suivant de la place de Montlouis occupée par un détachement du
Ic' bataillon :
« Le licutcnant-coloncl commandant la place porte h la connaissance du
régiment les remerciements que lui adresse aujourd'hui M. le maire de la
Hngonne, au nom de ses administrés, pour le zèle et le dévouement que le
détachement du 16® de ligne a mis pour se porter sur le lieu de l'incen-
die qui a éclaté U\ M du courant, à neuf heures et demie du soir, dans
C4'tte conimun(*.
« Il le charge on outre de témoigner sa recoimaissance toute particu-
lière h M. (iravelle, lieutenant, commandant le détachement,^ ainsi qu'aux
militaires sous ses ordres. »
• CAMPAGNES D'AFRIQUE (1845-1849).
Le 12 octobre 1845, le régiment reçut son ordre de départ
pour l'Algérie. Il fît rentrer tous ses détachements et forma, le
18 octobre, trois bataillons de guerre.
Le 25, le i^^ bataillon s'embarqua à bord du Labrador et
arriva dans le port de- Mers-el-Kébir le 27.
Le lendemain, il fut transporté sur le Phare qui le conduisit à
Mostaganem où il releva un bataillon du 5« de ligne.
Les 20 et 3® bataillons s'embarquèrent sur le Gomer le 27 octobre
et rejoignirent le l^f bataillon à Mostaganem le 30.
8
-^ 114 —
Le 13 novembre, le l^^" bataillon, avec un détachement de la
colonne du général Bourjolly, alla rejoindre cette colonne cam-
pée à Dar-ben-Abdallah.
IjC 15, il prit part à une razzia assez considérable où des coups
de feu furent échangés, et le 10, il alla prendre position à llol-
Assel. Le colonel fut nommé commandant supérieur de ce
poste.
OPÉRATIONS CONTRE LES FLITTAS ET LE DAHRA.
Le 17 novembre, le général BourjoUy voulant frapper de ter-
reur les Arabes qui s'étaient réfugiés dans des grottes situées à
trois ou quatre lieues du camp, s'y porta avec sa colonne, On
enfuma les grottes, on y jeta des pétards et des grenades, mais
aucun ennemi ne se montra. On revint sur Dar-ben-Abdallah,
L'arrière-garde composée des voltigeurs du 16» fut attaquée,
mais repoussa renncmi sans éprouver de pertes. Jusqu'au mois
de décembre le 10* fit partie des diiïérentes colonnes qui eurent
pour but des ravitaillements de toute sorte.
Le 4 décembre, le colonel Pélissier de l'ôtat-major prit le. com-
mandement de la colonne en remplacement du général Bour-
joUy, nommé lieutenant général et qui rentra en France.
Le 9 décembre, le colonel Pélissier agit avec une grande
énergie contre les grottes des Flittas. Un bataillon entier coupa
du bois dont on fit un immense brasier devant Touverture des
grottes. On échangea quelques coups de fusil, mais les Arabes ne
sortirent pas et nous eûmes un homme blessé.
Le 31 décembre 1845, la colonne Pélissier leva le camp de
Dar-ben-Abdallah et alla bivouaquer à Rahhouia.
Le 1*^' janvier 1846, la colonne continua sa marche sur le
Tiaret quelle devait ravitailler de 100,000 rations de vivres.
Elle opéra pendant la route une forte razzia sur les Ouled-
Ghérif.
Le 2 janvier, Tiaret était ravitaillée et la colonne rentrait en
deux marches au camp de Dar-ben-Abdallah.
Le 28 février, le 16« passa le Chelif, laissant ses bagages sur
la rive gauche, sous la garde d'une compagnie par bataillon et
se diriyriîU sur le Dhara.
- H5 —
Arrivée aux montagnes qui limitent le territoire des Achabas,
rarrièrc-ganlo fut attaquée par Tcnncmi qu'elle repoussa.
Un capitaine et huit hommes furent blessés et un sergent tué.
Les bagages rejoignirent la colonne le i^^"^ mars.
La colonne rentra à Mostaganem le 6 avril et y fift dis-
soute.
TRAVAUX DU PONT D'ORLÉANS.
Le 23 septembre, le général Pélissier posa la première pierre
du pont d'Orléans sur le bas Cheiif.
La musique du 16^ joua pendant la cérémonie, où assistèrent
les autorités civiles et militaires et les compagnies d'élite des
corps de la garnison.
Le 24, le lieulenaiit-colouel Bose du 10» reçut Tordre d'aller
fonder un village à la Stidia.
Le !«' octobre 1846, les deux premiers bataillons du régiment
allèrent relever au pont d'Orléans le 9« bataillon de chasseurs
d'Orléans qui. avait commencé les travaux. Ce pont, situé à
trois lieues de l'embouchure du GheHf, devait avoirSO mètres de
long sur 7 mètres de large. Malgré les pluies abondantes de
novembre et décembre, les soldats du régiment montrèrent une
ardeur infatigable dans ce travail. On alla chercher les pierres
dans des ruines romaines situées à 6 kilomètres du camp.
Ces beaux travaux valurent au régiment la lettre suivante du
général Pélissier :
<( Je MOUS do recevoir iiiic lettre de M. le enpitnine Diimns, qui me
signale la gnniileiir du travail (|uc vient de terminer le i(>® de ligne, pour
la fondation de la culcc de la rive gauche.
« Cet officier, se loue do la manière la plus vive de rempressement et
de l'ardeur qu'ont déployés vos soldats, et du concours dévoué de ces
J) raves troupes.
« C'a été, depuis le commencement de cette entreprise, une bien vive
satisfaction pour moi, de voir les corps rivaliser do zèle pour la construc-
tion de cette œuvre remarqualde. Cette émulation fait l'éloge des régi-
ments et des dignes chefs ((ui leur ont communiqué cet excellent esprit.
u Aussi, je suis heureux aujourd'hui, mon cher colonel, d'avoir une
— 116 —
aussi bonne occasion do tous féliciter sur les efforts si louables de votre
beau régiment et leurs heureux résultats.
« Le Maréchal de camp,
u Commandant la subdivision de Mostagatiem,
« Signé : A. Pélissier. »
Le colonel ajoutait :
« Ce témoignage de satisfaction o]>tcnu pour les travaux de jour et de
nuit, sans désemparer, h une épo(|uo où les chaleurs sont si accablantes,
est très honorable i)Our le régiment. Le colonel est heureux do lui voir
rendre justice, mais il n'est pas étonné de ce qu'il a fait, parce qu'il est
convaincu que partout où le i6« sera employé, il se fera remarquer par
son zèle, son dévouement, sa bonne conduite et son excellente discipline.
« Mostaganem, le 23 août 1847.
« Le Colonel du 16° de ligne,
« Signé : VAN-llBDDEGnBM. »
Le 18 janvier )840, tout le régiment est réuni à Mostaganem.
Le 5 février il reçoit Tordre d'aller relever le 64« de ligne à
Milianah, ce qui donne lieu à Tordre du jour qui suit :
« Un ordre du prince gouverneur appelle le iG° de ligne dans la division
d'Alger.. Ce n'est pas sans regret que le maréchal de cimp commandant
la subdivision voit partir ce régiment.
« Depuis plus de deux années qu'il a eu l'honneur de l'avoir sous ses
ordres et de l'inspecter, il a toujours trouvé ce beau corps remarquable
par sa discipline, son excellent esprit et sa pai*faite tenue.
« Le général ne doute pas que ces qualités ne continuent à distinguer
partout le 16° de ligne, et il se plaît h proclamer par la voie de l'ordre
combien il a toujours tenu ce régiment en haute estime et combien il n'in-
téressera toujours à sa destinée.
« Le Maréchal de camp,
« Commandant la subdivision de Mostaganem,
« Signé : Pélissier ^ »
* Le général Pélissier devint, comme on le sait, maré«hal de France et
duc de Malakoff.
— «7 —
A la date du 16 janvier, le régiment a ses l^^^ et 3° bataillons à
Milianah et le 2<> bataillon à Orléansville.
Le 12 mars 1848, le drapeau républicain est arboré et la pro-
clamation suivante est lue devant la troupe assemblée sous les
armes :
« Officiers, sous*K)fricicrs et soldats,
« La népiililiquc française est proclamée. Enfants de la Franco avant
tout, TOUS ôtes désormais les serviteurs de la République.
« C'est au nom de la République qu'à Favcnir vos devoirs vous seront
imposés. Ils n'en seront que plus impérieux, ils n'en devront être que mieux
observés.
« Notre premier devoir, sachez-le, c*est l'oubli do nos intérêts particuliers
sacrifiés aux inUîréts de la Patrie.
« C'est donc une nouvelle protestation de dévouement et d'obéissance que
doit vous rappeler chaque nouveau cri do : « Vive la République. »
Le 11 avril, le lieutenant colonel Rose rentra, au régiment
après avoir accompli l'honorable mission de construire le village
de la Stidia, c*est-à-dire 88 maisons, une mairie, un presbytère,
une école, une chapelle, des fabriques de poterie, briques, tuiles,
chaux et pliitre. .
Le 12 juin, le colonel Rosquct, du 53% fut désigné pour com«
mander le IG^' en remplacement du colonel Van Iloddcghom,
nommé commandant de la place d*Âlgcr.
Le 19 juillet, le fusilier Adam du dépôt, à Narbonne, reçut
une médaille d'honneur pour avoir exposé ses jours en sauvant
deux ouvriers qui se noyaient dans le canal.
Le 3 septembre, le colonel Bosquet, nommé général de brigade,
fut remplacé par le colonel Jollivet.
La fin de Tannée 1848 se passa à la construction de divers vil-
lages de la région.
Le 16 décembre, le colonel remit solennellement au régiment
le nouveau drapeau envoyé par le gouvernement de la Répu-
blique.
Le 3 mars 1849, le détachement de Narbonne (dépôt) reçut Jcs
éloges les plus flatteurs du général do division pour sa parfaite
tenue et rexccUent esprit de ses officiers, sous-officiers et sol-
dats, pendant les troubles qui agitèrent cette ville.
— 118 —
Le 3 avril, cent grenadiers, sous les ordres du capitaine Bon-
vin, escortèrent le colonel Jollivet allant à la rencontre du général
Bosquet, afin do se concerter avec lui pour une expédition contre
les Ouled-Younès. Ils étaient campés le 6 au Merdja-den-ileahh,
quand, à deux heures du matin, ils reçurent Tordre d'aller sur-
prendre un douar formé de Tassociation de plusieurs voleurs
connus dans la région.
Le détachement arriva au point du jour sur la rive droite de
rOued-Riou. Mais Tavant-garde ayant tiré trop tôt, le colonel
Jollivet ordonna aux grenadiers de faire un détour pour couper
la retraite aux voleurs.
Le chemin à suivre était impraticable, ce qui empêcha la réus-
site complète de l'expédition; mais Tennemi y perdit dix hommes
et un troupeau.
Au mois d*avril, neuf compagnies du régiment firent partie de
la colonne Bosquet qui soumit les Ouled-Younès.
Au mois d'aoïU, un incendie qui éclata dans la forêt de Rigus
valut au régiment Vordre du jour suivant :
« ORDRE DU JOUH,
a Le colonel commandant la subdivision de Milianah est Iieureux de
pouvoir exprimer sa satisfaction aux troupes de la garnison, pour lii rapi-
dité avec laquelle elles ont porté leurs secours dans rinccndic de la forêt
de Higas, et pour le dévouement plein d'activité qu'elles ont montré dans
ctqte circonstance.
u Le colonel remercie plus particulièrement les braves soldats du 16*^ do
ligne, dont la généreuse et ardente coopération, toujoui^s la môme, au
moment des dangers, a arrêté cette fois d' affreux ravages.
u II se plaît h mettre à l'ordre de la subdivision, comme ayant été signalés
au milieu de leurs camarades, les nommés : Cocu et Vaillant, grenadiers
au 2* bataillon. Testu et Lebonnier, fusiliers h la V^ compagnie du 2°
i)ataillon. Lebail et Diligent, fusiliers à la 2^ compagnie du même Imtaillon.
Lacour, caporal ; Rouisseau, Fournès et Fayard, fusiliers à la 4^ compagnie
du même bataillon.
u Transmis à Orléansville, le 27 août 18i0.
« Le Colonel commandant la subdivision,
« Signé : Jollivet. »
Le 21 octobre, les trois bataillons sont réunis h Alger.
— H9 —
EXPÉDITION CONTRE ZAATCHA (1849).
Le 23 octobre, le 3^ bataillon du régiment, avec les grenadiers
du i^f bataillon et les voltigeurs du 2® bataillon, se mit en marche
sous les ordres du colonel JoUivet pour aller se joindre à la
colonne Ganrobert, qu'elle rallia à la Kouba des Ouled-Sidi-
Aïssa.
Cette colonne arriva à Bouçada le 2 novembre, et le 8 elle
rallia le corps de siège du général Herbillon devant Zaatcha.
Pendant la route, nous avions perdu deux sous-officiers et
58 hommes du choléra. C'est seulement devant Zaatcha que l'épi-
démie cessa ses ravages. '
Du 8 au 27 novembre le régiment prit part aux travaux du
siège.
Le village de Zaatcha était entièrement caché par des palmiers
et entouré de fossés larges, profonds et remplis d'eau qui en fai-
saient une petite place réputée imprenable.
L'oasis elle-même était peu connue. Elle avait l'aspect d'une
haute futaie de palmiers ; elle était arrosée par deux sources
abondantes dont une alimentait le fossé qui entourait le vil-
lage.
Le sol était coupé de canaux conduisant les eaux dans toutes
les directions, et était hérissé de murs de jardins, d'autant plus
élevés qu'on avait plus abaissé le niveau du sol pour en assurer
l'irrigation. Chaque jardin à enlever nécessitait un engagement
meurtrier.
Quant à Zaatcha, il ressemblait à une place forte du moyen
Age ; il était entouré de murs, et des tours carrées s'élcvant de
distance en distance flanquaient la muraille. Les maisons com-
muniquaient entre elles par les terrasses supérieures. L'entrée
en était très basse, les rues étaient très étroites. Le village était
habité par 150 familles qui abandonnèrent leur domicile et furent
remplacées par des vagabonds et des fanatiques qui étaient des
adversaires dangereux entièrement soumis à l'influence de Bou-
Zian, ancien cheik d'Ab-El-Kader et dominés par sa volonté
de fer.
On voit, par ce qui précède, toutes les difflcultés que présentait
un semblable siôge.
— 120 -^
Le général HcrbîUon arriva lo 7 octobre 1849 devant la place.
Le colonel Garbuccia, de la légion étrangère, enleva un pùté de
maisons et quelques jardins; mais ses hommes, animés d'une
ardeur imprudente, s'avancèrent jusque sous les murs où ils
furent reçus par un feu meurtrier. Nous perdîmes 17 tués et
13 blessés. On commença immédiatement dans un des premiers
jardins rétablissement d'une place d*armes et d*une batterie,
mais cette opération nous coûta encore 24 tués et 74 blessés dont
13 officiers.
La journée du 8 fut encore meurlriôro. On no pouvait s'appro-
cher de la place qu'en s'cmparant successivement dos jardins;
c'était pour chacun d*eux une affaire qui nous coûtait des
hommes. Dès qu*un jardin était pris, il fallait en créneler les
murs, en réparer les' brèches, abriter les sentinelles des feux de
flanc et de revers. Chaque créneau de Tcnceinte devait être gardé
et occupé avec une scrupuleuse attention. Nous étions en butte
à d'habiles tireurs qui, ménageant leur feu, ne manquaient
jamais une bonne occasion. Tout homme qui se découvrait ou
qui sortait des communications défilées était touché.
Dès le 9, le colonel du génie Petit, s'oublia un instant à décou-
vert et eut l'épaule fracassée, et bien d'autres officiers.
Les tranches de nos pièces criblées de balles sont là pour
témoigner de Tadresse des assiégés.
Nous gagnâmes de jardin en jardin, tant de vive force qu'à la
sape, les deux extrémités de la face de la place qui regarde la
Zouia (mosquée). Nos ouvrages les plus avancés étaient souvent
attaqués le jour et la nuit. Nos têtes de sape et surtout nos
gabions farcis étaient l'objet d'un combat continuel de jour et de
nuit.
Enfin à force do travail, de patience et de pertes, on éleva deux
batteries de brèche qui ouvrirent le feu sur l'enceinte.
Le 20 octobre au matin, le général llcrbillon envoya le com-
mandant Bourbaki faire un investissement provisoire de la place
et lança deux colonnes d'attaque. Celle de la brèche de gauche
fut repoussée avec une perte de J3 tués et 40 blessés; celle de
droite eut 17 tués et 80 blessés, presque tous mortellement, et
dut reculer après d'héroïques et admirables efforts. Les troupes
rentrèrent dans leurs lignes et le siège régulier continua.
Jusqu'au 42 novembre on continua les travaux. Les assiégés,
— 121 —
qui avaient reçu du renfort, furent encore plus audacieux contre
nos lôtcs de sape. Le 8, le colonel Ganroberl élait arrivé avec sa
colonne d'un millier d*hommes.
Le 16 novembre, le général Uerbillon fut obligé de se porter
avec sa cavalerie et 2,000 hommes, sur rOued-d'Ourlel, où les
nomades avaient établi, leur camp, à cinq lieues de la place.
►Les assiégés profitèrent de cette diversion pour tomber sur la
sape de gauche qui était défendue par la compagnie de volti-
geurs du 16* de ligne. Us furent repoussés avec vigueur et nous
perdîmes 2 voltigeurs tués et 5 blessés.
Vers le 20 novembre, les batteries de brèche avaient successi-
vement détruit les tours qui plongeaient dans nos ouvrages.
• Le 24, les assiégés profitèrent du moment de relèvement des
gardes de tranchée pour tomber avec un*e si grande furie sur
noire droite, qu'ils pénétrèrent jusque dans la batterie d*obu-
siers, mais ils furent repoussés avec de grandes pertes. :
Bien que le 25 novembre Tinveslissement de la place ne fût
pas complet,, le général Uerbillon fit prendre les dispositions
pour donner l'assaut le lendemain.
Les deux brèches par lesquelles on avait tenlé l'assaut du
20 octobre avaient été améliorées. La nouvelle brèche était large
cl lo fossé avait été comblé aux trois points de passage.
Le 20 novembre, h 7 heures 30 minutes du matin, trois
colonnes furent formées dans les tranchées.
La colonne du centre était commandée par le colonel Barrai.
La colonne de gauche par le lieutenant-colonel de Lourmel et
la colonne de droite par le colonel Ganrobert. Cette colonne
comprenait le 5^ bataillon de chasseurs à pied et 100 hommes
d'élite du ÏQ^ de ligne commandés par le capitaine Adhémar.
Au signal donné, la charge sonna et les colonnes s'élancèrent
à l'attaque.
Le colonel Ganrobert, à la tête de la colonne de droite, était
fusillé. des terrasses des maisons. 4 officiers et 15 hommes de
bonne volonté raccompagnèrent en tôto de la colonne, mais il
n'en revint que 2 officiers et 2 soldats, et encore blessés otf tou-
chés ; mais rien n'arrûta l'élan de ses troupes, et bientôt notre
drapeau flotta sur l'une des terrasses les plus élevées.
Les deux autres colonnes se comportèrent avec la même
— 122 -
vigueur, et à 8 heures et demie du matin, la plupart des ter-
rasses et des rues furent occupées, mais pas un des défenseurs
n'avait fui.
Il fallut entamer le siège do chaque maison et descendre de la
terrasse do chacune d'elles au premier étago et de cet étage au
rez-de-chaussée, toujours en combattant.
La mine devint le seul moyen de réduire ces fanatiques défen-4
seurs, et encore trouvaient-ils le moyen de tirer do dessous les
décombres où ils étaient entassés.
Il fallut plus de quatre heures pour réduiro toutes les maisons,
et des hommes cachés nous blessèrent oncoro 10 soldats jusqu'à
3 heures de l'après-midi. Tous les défenseurs, y compris le chef
Bou-Zian et le marabout Si-Moussa, furent passés par les armes.
Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés.
Ainsi se réalisa ce mot du colonel Canrobert au général Her-
billon : « Savez-vous, mon général, que ce diable de Zaatcha
« sera dur à emporter. »
Le général Ilerbillon fit paraître l'ordre suivant :
a ORDRE DU JOUR.
« Soldats, après SI jours de travaux exécutes sous le feu de l'ennemi,
TOUS avez pris Zaatcha en quelques heures; vous avez* été maîtres de ce
village qui, entouré d'un largo et profond fossé avait toujoui^s résisté à la
puissance des anciens bcys, et qu'aujourd'hui ces fanatiques ont défendu
maison par maison.
u Là, s'étaient réunis nos ennemis les plus acharnée, excités par les
paroles de Bou-Zian et des marabouts.
a Us étaient décidés h mourir ou h nous repousser.
« Le village n'existe plus, ses défenseurs sont ensevelis sous ses ruines.
« Le siège et la prise de Zaatcha sont encore une preuve «le ce que la
France peut demander à son armée.
u Je suis heureux, soldats! de vous féliciter de votre bravoure et de
votre audace.
« Je remercie tous mes officiers du concours qu'ils m'ont prêté aujour-
d'hui, comme toujours : en vous donnant l'exemple, ils vous ont guidés
au milieu de l'orage.
u Signé : fiénéral IIerbillon. «
Le 28 novembre, 1q colonne quitta Zaatcha, et le bataillon du
10« rallia le régiment le 4 janvier 1850.
— 123 —
Pendant roxpédition contre Zaatcha, le 2« bataillon avait exé-
cuté à Amcin-El-Aïn et à la Bourkika d'importants travaux qui
lui valurent les éloges du général Blangini, commandant la divi-
sion d'Alger.
« ORDRE DU RÉGIMENT.
« Le colonel est heureux de porter h In connaissance du régiment, la
lettre suivante, que vient de lui adiTsser M. le général Blangini :
« Mon cher Colonel,
« Au moment oii le bataillon de votre régiment qui était employé aux
Colonies agricoles rentre h Alger, je considère comme un devoir de vous
faire connaître tout mon contentement sur les travaux d'enceinte qu'il
vient d'exécuter à Amem-El-Aïn et i\ la Bourkika.
« Je compte sur vous, mon cher colonel, pour témoigner toute ma satis-
faction aux officiers, sous-ofiiciers et soldats de ce J)rave bataillon.
« Veuillez, agréer, etc.
« Le Général commandant la division.
<t Signé : Blangini. »
EXPÉDITION DU GÉNÉRAL DE BARRAL
CONTRE LES BENMMMEL (1850).
Le 20 avril 1850, le 3^ bataillon, sous les ordres du lieutenant-
colonel Lenoble, partit pour Sétif où il arriva le 3 mai.
Le 9 mai, il partit en expédition avec la colonne du général
de Barrai.
Des pluies abondantes rendirent la marche 1res pénible. Pen-
dant les nuits des 19 et 20 mai, de nombreux coups de fusil tirés
sur notre camp de Dzenan-El-Belick, firent présager que les
Arabes se disposaient à la résistance.
Le général de Barrai, en présence des pluies persistantes, réso*-
lut de bivouaquer au Tlelat d'Enizctah.
Les tentes étaient dressées depuis une heure, lorsque Tordre
fut donné de partir dans un quart d*heure. Nous apprîmes que
les Beni-Immel offraient le combat.
Le chemin qu'on était forcé de suivre obligeait la colonne à
- 124 -i
marcher sur un rang. Le général profila de deux crêtes dont les
versants s^élargissaient un peu, pour masser deux fois les cinq
bataillons qui marchaient en tête pendant que les deux autres
protégeaient et activaient la marche d*un convoi très nombreux*
Arrivé sur la deuxième crête, et l'ennemi se montrant sur la
troisième, à peu de distance, le général prit ses dispositions de
combat.
Il partit avec des tirailleurs armés de grosses carabines, une
centaine.de cavaliers et deux bataillons sous les ordres du colo-
nel de Lourmcl.
Le lieutenant-colonel du iG<» continua le mouvement avec
trois bataillons sous ses ordres. La fusillade s'engagea, et, quel-
ques instants après, on apprit avec douleur que le général de
Barrai était blessé mortellement.
Le colonel do Lourmcl prit alors le commandement de la
colonne : il fit avancer cinq bataillons sur deux colonnes en
arrière de la crôte ocbupéo par Tcnncmi, plaça la cavalerie entre
les deux colonnes et donna le signal do la charge dès qu'il vit
que notre immense convoi ne pouvait plus être inquiété par les
Arabes. Battre le pas de charge, s'élancer sur Tennemi, le ren-
verser, lui tuer 200 hommes, fut TafTaire d'un instant. Les
Arabes n'opposèrent de résistance sur aucun point de la ligne.
Le soir, la colonne bivouaqua chez les Beni-Immel.
Le général de Barrai fut transporté h Bougie où il mourut le
20 mai, au soir.
La tribu des Beni-Immel fut complètement détruite ; le 26, ils
demandèreint l'aman.
La colonne rentra à Bougie. Le 31 eut lieu la cérémonie funè-
bre pour le général de Barrai. L'attitude de Tannée et de la
population démontra, à tous les yeux, combien étaient vifs et
sincères les regrets que chacun ressentait d'une aussi grande
perte.
Après cette expédition, le régiment contribua h la construc-
tion des routes de Bougie à Sétif et à Dellys.
A la date du 10 juillet, le colonel JoUivet porta à la connais-
sance du régiment la lettre suivante du gouverneur général de
l'Algérie :
i( Mon cher Colonel,
— 125 —
Alger, 6 JaiUet 1850.
« J*ai riionneur de vous prier cradrcsscr aux troupes qui viennent de.
travailler à la route de Dellys, Texpression de toute ma satisfaction pour
leur bonne volonté et le bon esprit qui les a constamment animées pendant
la durée de ces travaux.
« Les titres à In reconnaissance du pays qu'elles acquièrent par ces
travaux pénibles et infiniment utiles, sont moins glorieux que ceux que
leur mérite leur courage dans les combats, mais ils sont tout aussi réels
et précieux. ^
« Ucccvez, etc.
« Le Gouverneur général de t Algérie,
(c Signé : Charron. »
Le régiment, à la date du 8 juillet, était en garnison à Alger.
Il fut désigné par le Ministre de la guerre pour rentrer en
France, ainsi que le 51<) do ligne.
Le général commandant la division d* Alger fit paraître, & cette
occasion, Tordre suivant :
. OUDHE DE LA DIVISION.
«< Le 1G° et le SI*' de ligne viennent de recevoir Tordre de rentrer en
France. Ils laissent de glorieux souvenirs et emportent les regrets de leurs
compagnons d'armes. Débarqués en octobre 1845, tous deux ont contribué
avec énergie à consolider notre conquête, et par leurs travaux constants
ont assuré le développement do la colonisation. En i848, le i6^ de ligne
a figuré di'ms plusieurs combats qui ont amené la soumission des Flittas.
« En 1846, il a pris part aux luttes du Dahra, et en 1849 il a contribué
à ramener le calme un moment troublé dans cette contrée turbulente.
u Tous enfin ont joué un beau rôle dans le récent et glorieux épisode de
Zaatcba qui ajoute une page brillante aux fastes de notre armée en Algérie.
(( En toute circonstnncc, ils se sont montrés les dignes émules de leurs
devanciers, et leur coniluite pourra servir d'exemple aux coi*|)8 qui les
remplaceront en Arri(|ue.
(c Qu'ils conservent toujours cette discipline et cette abnégation qui fait la
force du soldat, et la France pourra compter sur eux au moment du danger.
« Les TŒux de leurs frères d*armes les suivront partout où ils seront
appelés à se dévouer iM)ur la patrie.
« Ittidah, 9 novembre 1850.
« Le Général commandant la division d'Alger,
» 'Signé : l3uifGiifi. »
— 126 —
Le régiment s'embarqua à Alger les 23 novembre, 6 et 8 dé-
cembre 1850, sur les navires le Labrador^ lé Sané et VOrénoque,
Pendant la traversée, on perdit plusieurs hommes du choléra,
et le gouverneur adressa un témoignage de satisfaction aux gre-
nadiers Sautenerre, Baudé, Cheney et Bataille, pour
leur dévouement à aider volontairement les condamnés à inhu-
mer les cholériques, lorsque les ouvriei'S civils, pris de terreur
panique, menaçaient de les laisser sans sépulture.
A la date du 29 décembre, le régiment occupait Mpntauban,
Alby, Saint-Beat, Bagnères-de-Luchon, Lodève, Monde, Pezenas
et Rodez.
Le 24 juin 1851, lo colonel Titard remplaça le «colonel Jollivet
admis à la pension de retraite.
CAMPAGNE DU GERS (18S1).
Pendant l'année 1851, le régiment fut fractionné en un grand
nombre de petits détachements ; mesure nccessilée par les trou-
bles qui éclatèrent dans la région des Pyrénées.
Le IG décembre, les grenadiers du 2« bataillon avec un esca-
dron de hussards et une demi-batterie d'artillerie formèrent une
colonne mobile pour procéder au désarmement de la garde
nationale dans le département du Gers.
Le 6 janvier 1852, à Mirande, vers 1 heure du matin, trois
hommes se dirigèrent sur le factionnaire de la prison civile, qui
les arrêta par un « Qui vive/ » auquel personne ne répondit. Le
même cri, répété trois fois par la sentinelle, les fit retourner sur
leurs pas. Vers 4 heures et demie, ils revinrent à la charge, et
lorsque la même sentinelle les menaça de faire feu, ils ne répon-
dirent que par des injures. Un coup de feu qui ne les atteignit
pas les mit en fuite.
Le 15 janvier, la compagnie de Mirande, aidée des hussards,
fit une battue à G kilomètres de la ville, dans une forêt signalée
comme servant de repaire aux insurgés, mais les recherches
furent infructueuses.
Par décret du 23 avril, Tannée 1851 dut compter comme cam-
pagne de guerre aux militaires de tous grades qui avaient pris
part à la campagne du déparlement du Gers.
— 127 —
Le régiment reçut 2 croix et 10 médailles militaires.
Le 9 mai, Tancien drapeau fut versé à la direction d'artillerie
de Bayonne, et le 31, le nouveau drapeau fut reçu solennelle-
ment à la revue passée par le général de division.
PÉRIODE DE 1852 A 1870.
Pendant les dix-huit années qui suivirent ces événements, le
16* régiment d'infanterie ne fut pas appelé u servir son pays sur
les champs de bataille de Grimée, de Tltalie et du Mexique.
Cependant, nous le verrons plusieurs fois fournir des volontaires
pour nos corps expéditionnaires.
Le 30 juin 1852, le régiment commença son mouvement pour
aller tenir garnison à Bordeaux où il ne fut réuni en entier que
le 20 août de la même année.
Le 11 octobre, le Prince-Président de la République passa la
revujB des. troupes de la garnison et remit au régiment 2 croix
de la Légion d*honneur et 3 médailles d'honneur.
Le 12, le régiment reçut Tordre d'envoyer deux bataillons à
Paris et un à Gondé.
A son arrivée dans la capitale, le régiment fut placé à là
1" brigade de la 2» division (général de brigade d'Hugues),
(général de division Renault), et occupa le fort d'Ivry.
Le l®f avril 1853, les compagnies du 2® bataillon portèrent un
secours efficace dans un incendie très violent qui éclata à Bercy.
Elles reçurent du maréchal commandant Tarmée de Paris des
témoignages de satisfaction pour le courage et le dévouement
dont elles avaient fait preuve dans ce sinistre.
Au mois de septembre, le 3" bataillon qui était, comme on le
sait, à Gondé, contribua à sauver cette ville menacée d'une
ruine complète par un incendie considérable.
Le maire témoigna au commandant les remerciements offi-
ciels de la ville dans une lettre des plus flatteuses.
Du 1^' juillet au 14 août, le régiment séjourna au camp de
Salory avec la 2® division de l'armée de Paris.
Le 24 septembre, le régiment alla occuper la caserne do
l'Ecole militaire et passa sous le commandement du général
Ripcrt, commandant la 3* brigade de la 2* division.
— 128 —
Le 22 septembre, le bataillon de Gondé (commandant de Mal-
leville), assista à Lille à la revue passée par Tempereur Napo-
léon m.
Le i août 1854, le régiment quitla Paris pour se ix^ndrc au
camp do Boulogne, où il fut rejoint par son 3» bataillon venant
de Gondé. Il fut placé au 2» corps (général Guesviller) (division
Ladmirault) (brigade de Leyrith).
11 prit part à toutes les manœuvres qui s'exécutèrent aux envi-
rons du camp et fut passé en revue par Tempcreur, sur l'empla-
cement même où Napoléon I®' avait fait la distribution des aigles
en 1804.
A cette occasion, le régiment reçut deux ci*oix et une médaille
militaire.
Le 6 décembre, le régiment fournit IGO hommes volontaires
(dix par compagnie), qui allèrent renforcer le 39® de ligne devant
Sébastopol.
Le 1«' février 1855, un nouveau contingent de 75 volontaires
partit du camp pour aller rejoindre le môme régiment en Grimée.
Le 22 avril, les quatre divisions du camp de Boulogne qui
avaient été placées sous le commandement du maréchal Bara-
guey d'Hilliers, furent passées en revue par l'empereur à son
retour d'Angleterre. #
Le régiment reçut une croix et deux médailles.
Les deux premiers bataillons furent désignés pour la garnison
de Boulogne et le 3« pour Lorient.
Le mai 1855, le colonel Titard fut admis h la pension de
retraite et remplacé par le colonel de Ghargère, qui prit son
commandement le 27 juin.
Le 18 août 1855, la reine d'Angleterre arriva en France ; les
compagnies d'élite de tous les régiments des quatre divisions
furent appelées à Boulogne pour former la haie depuis le point
de débarquement jusqu'à l'embarcadère du chemin de fer.
L'empereur vint jusqu'à Boulogne au devant de la reine.
Le 21 août, 180 volontaires des trois bataillons quittèrent le
camp pour aller renforcer le 20® de ligne en Grimée.
Le 27 août, la reine d'Angleterre s'embarqua à Boulogne après
avoir passé en revue les quatre divisions de l'armée du Nord.
A celte occasion, l'empereur accorda au régiment une croix et
une médaille.
— 129 —
Le 11 sopteiiibre, coul hommes des trois bataillons partirent
pour Saiut-Omer, où ils furent incorporés au 31* do ligne portant
en Grimée.
Le 34 du même mois, un nouveau contingent de cent hommes
fut incorporé au 94* de ligne, également désigné pour la
Crimée.
Bien que le 16^ de ligne n'ait pas eu l'honneur de contribuer
au siège et à la prise de Sébastopol, il peut revendiquer à juste
titre une part de cette page glorieuse, puisque 615 hommes sor-
tirent volontairement de ses rangs pour aller remplacer les
braves des 20®, 31», 39« et 94® de ligne, tombés au champ d'hon-
neur.
Au mois d'octobre 1855, la division Ladmirault rentra à Paris
et devint 4« division de l'armée de l'Est.
Le régiment occupa les casernes de la Nouvelle-France et de la
Pcpinicrc.
Le 19 mars 1856, le 16« de ligne donna une nouvelle preuve
de sa discipline et de son dévoûment au gouvernement légal.
Le colonel de Chargère et le lieutenant-colonel Tondel se ren-
dirent aux Tuileries, porteurs de Tadresse suivante, signée de
tous les officiei's du régiment :
« Sire,
<( Au milieu des transports que fuit éclater dans toute la France et même
nu sein des autres nations, la naissance du prince impérial, Tarmce, malgré
la réserve que lui impose la discipline, ne peut rester muette et étrangère
aux élans de la joie si légitime qui remplit tous les cœurs. Par ce grand
évrnrment la divine Providence, qui protège si visililemmt l'Empereur,
li\e. les iloslinéos de notre pays et assure la prospérité de celle lielle Franco,
qui doit (ant déjà à votre maison.
« Votre Majeslé «laignera accueillir, avec bienveillance, l'expression vivo
et sincère des sentiments de bonheur et d'allégresse qu'a éprouvés le
IC régiment d'infanterie de ligne.
« Devant ce berceau dépositaire de tant de vœux et d'espérances, le 16®
de ligne appelle les bénédictions du ciel sur vous, qui avez replace!*, la nation et
ses armes au rang que lui avaient acquis ses gloires passées, sur l'impératrice,
heureuse mère, qui vient de combler les vœux de la France et sur l'auguste
enfant qui sont assurés de notre amour et de notre entier dévouement.
(Suivent les signatures de tous les officiers du régiment.)
9
— 130 —
Vingt ans auparavant, le 16* de ligne, par son attitude, sa
discipline absolue et son devoùment aux institutions légales, fai-
sait échouer la tentative de Strasbourg.
Le l«r mai 1856, une ordonnance ministérielle supprima les
4®^ bataillons et reforma les régiments à trois bataillons de huit
compagnies.
Le 14 juin, à Toccasion du baptême du prince impérial, le régi-
ment reçut une croix et deux médailles militaires.
L'état-major et le 1*' bataillon du régiment assistèrent à cette
cérémonie.
A la fin du mois d'octobre 1856, le régiment quitta Paris pour
se rendre à Dunkerque, où il fut rejoint par son 3* bataillon
venant de Lorient.
Avant son départ il fut passé en revue par l'empereur, au
camp de Saint-Maur et reçut deux croix et quatre médailles mili-
taires.
Le 11) novembre, le général commandant la 3® division n)ili-
taire, chargea le colonel de témoigner sa satisfaction aux com-
pagnies du régiment détachées à Bergues, pour le zèle et l'em-
pressement qu'elles avaient mis à porter secours lors de
Tincendic qui avait éclaté dans cette place le 14 novembre.
Le 22 mai 1857, le caporal Lelorieur et le fusilier Her-
bouiller, du détachement de Bergues, furent félicités par le
général de division, pour leur belle conduite dans Tincendie du
fort Philippe, lo 17 mai.
Le 1°' septembre, le maréchal de France ministre de la guerre,
arrêta, que la formation sur deux rangs, déterminée par l'ordon-
nance du 22 juillet 1845, pour la formation particulière des
chasseurs à pied, serait désormais la seule formation normale et
réglementaire pour toutes les troupes à pied.
Le 13 novembre 1857, le régiment se dévoua dans un violent
incendie qui éclata à Dunkerque et reçut de la municipalité la
lettre qui suit :
« Monsieur le Colonel,
(( Lors de Tinccndie qui a éclaté avant-hier dans des maisous de la rué
Gaumartin, le 1G<^ de ligne s'est distingue d'une manière toute particulière
et s'est acquis des droits à la reconnaissance de la population* Il a contribué
dans une large proportion à rextinclion du feu et j'ai été tcmoin de son
— 131 —
zèle et de ses ellbrU pour iiinltiiscr les llnmmes et ptésorvor d'un plus
grand doiiunugc les biltiraciits atteints par lo fléau.
« Je me fais un plaisir et un devoir, Monsieur lo Colonel, do remercier,
au nom de Tadministratiou municipale et de mes administrés, lo 16° de
ligne pour sa belle conduite en cette occasion et j'ai Thonneur de vous
prier de vouloir bien agréer l'expression vive et profonde de ma gratitude
et de mes félicitations. »
(Suit la signature du maire.)
Lo !20 juillel 1858, le général commandant la division chargea
le colonel de donner un témoignage de sa satisfaction pour leur
belle conduite, aux militaires ci-après :
Dupré, adjudant; Campistrous, fourrier; Boue, capo-
ral; Haguenauer, fusilier, qui s'étaient distingués lors de
rincendie de la fabrique de MM. Richard et &, près de Dun-
kerque^ en s'exposant sur les murs avec les pompiers.
Au mois de juillet, le régiment reçut le fusil modèle 1842, à
canon rayé, et versa son ancien armement à la direction d'artil-
lerie de Saint-Omer.
Pendant les toois d'août, septembre et octobre, une fièvre
paludéenne sévit sur le 16^ de ligne dans ses trois garnisons de
Dunkerque, Bergues et Gravelines; le nombre des malades attei-
gnit 528, c'est-à-dire jdus d'un tiers do rcKootif, mais on n'eut
pas do perte à déplorer.
En 1858, le régiment fut cité au Journal mililaire, pour s'être
fait remarquer par sa bonne instruction théorique et pratique du
tir et rétablissement de son rapport annuel sur cet ensei-
gnement.
Le 20 décembre, le 2^ bataillon quitta Dunkerque pour aller
tenir garnison à Lille.
Au mois de janvier 4859, le colonel de Ghargère fut nommé
commandeur de la Légion d'honneur*
A la date du 19 avril 1869, l'infanterie subit une réorganisd-
tion et le régiment procéda immédiatement à la formation de
trois bataillons actifs à six compagnies, dont deux d'élite et un
bataillon do dépôt, formé par les S^' et 6^^ compagnies de fusiliers
supprimées dans les bataillons.
Le 15 mai, la 3^* compagnie du *ô^ bataillon fut désignée piu* le
sort pour concourir à la formation du 102* de ligne qui s'orga-
nisait à Besançon.
— 132 -
Le 6 juin, lo ininislro do la gucrro donna Tordre aux luiUiil-
Ions actifs du régiment de se rendre au camp d'ilclfaut.
Les garnisons de Dunkcrque, Bergues et Gravelines, furent
occupées par des détachements du 4« bataillon.
A la fln du mois de septembre, le régiment quitta lo camp
dllelfaut et ses garnisons, pour se rendre à Angers, avec déta-
chements à Saumur et à Gholet.
Dès son arrivée à Angers, une ordonnance du ministre de la
guerre réorganisa le régiment à trois bataillons de huit compa-
gnies, mais cette mesure ne dura qu'un an environ.
A la date du 27 décembre 1860, le 4« bataillon fut réorganisé
au moyen des 5^* et 6* compagnies du centre.
Le 27 janvier 1861, le 2* bataillon fut détaché à Ancenis.
Le 27 juin, le maire de la ville d'Angers écrivit au général
commandant la subdivision, pour féliciter les troupes de la gar-
nison sur la conduite et le dévouement qu'elles avaient montrés
l)endant Tincendio qui avait éclaté lo 23 h Vkcoh impérialu dos
arts et métiers.
11 cita, comme s'étant particulièrement distingués, les militaires
du IG"* dont les noms suivent :
Hue, Pariser, Axnigues, sergents; Lagorse, sergent-
major; Mirgodin et Vergiette, caporaux; Metas, Am-
bault, Fandot, Vauhille, Ayel, Laurier, soldais.
Au niuifl d'août, le colonel fit paraître Tordre suivant :
OUDRE DU lIÉr.IMENT.
u t.c colonel signale au régiment la belle conduite et le courage que le
âcrgent Alessandri a montrés dans doux circonstances récentes :
u 1** FiOrsqu'un sous-officier du régiment s*cst oublié au point de tirer un
coup de fusilsur un voltigeur de garde, et qu'il menaçait de faire feu sur
tous ceux qui voulaient l'arrêter, le sergent Alessandri s'est avancé résolu-
ment et a opéré l'arrestation de ce sous-officicr ;
« 2® Le 30 juillet, Iç sergent Alessandri, par un concours empressé et nu
péril de sa vie, a puissamment contribué à sauver le cbargcmont et les
débris d'un bateau submergé dans la F.oiro.
i( Angers, 7 aoiU 18(M.
il ÎJi Colonel (lu Ifi* de ligne,
« Signé : De CnAROÈRR. »
— 133 —
Par décision du 26 octobre, le ministre de Tinlérieur accorda
une médaille d^Iionneur au voltigeur Lebeault qui avait sauvé
au péril de sa vie, un homme qui se noyait dans la Maine.
Au mois de mars 1862, le régiment quitta Angers pour se
rendre à Ilouen, mais le 19 avril il reçut l'ordre de départ pour
le camp de Ghàlons, où il se trouva réuni le 31 mai et où U
séjourna jusqu*au 6 septembre.
A cette date il se dirigea sur Rouen et, à son arrivée, fournit
les détachements du Havre, de Dieppe et d'Elbeuf.
En 1864, le 16* régiment d'infanterie fut inspecté par le général
de division baron Renault, qui, plus lard, malgré son grand âge,
savait mettre encore son épée au service de sa patrie et mourir
pour elle devant Paris en 1870.
Ce brave, qui devait recevoir les surnom si honorable de (l'ar-
rirre-garde), laissa au corps un ordre dont on doit citer cet
extrait, presque prophétique, six ans avant la grande épreuve
de 1870:
u Si le 16° n'a piis été assez licurcux pour assister aux grandes cam-
pagnes qui Tiennent de signaler ces dernières années, il n*en est pas moins
un beau régiment, bien discipliné, instruit et bien commandé, qui conserve
un bon esprit militaire. La France peut compter sur son dévouement ; on
sait que, des ciu'il sera nppelé à marcher, il se trouvera à la hauteur de sa
Isiclie et il aspire à Tiionneur de ne pas être oublié si Toccasion de nou-
velles épreuves se présente pour Tannée.
« Signé : Baron Renault. »
Au mois de juin, le caporal Derrieu et les fusiliers Bonnet
et Tchverry furent cités à Tordre de la subdivision, pour le
dévouement dont ils avaient fait preuve dans un incendie qui
éclal'a à Rouen.
En 1865, le général Trochu, inspecteur désigné, laissa au corps
un ordre qui mérite d'être conservé :
M La situation morale et matérielle du lô** régiment d'infanterie est l'une
«les phis solidement assises que j*aie encore rencontrées; sous un comman-
denionl luenveillnnt, ferme, très expérimenté et de Thonorahililé In phis
parfaite, la lionne harmonie, l'ohéissance facile et prompte, se montrent
à tous les dep:ivs île la hiérarchie. Cependant une préoccupalion \vi*A natu-
relle et légitime agite les esprits ; le régiment, n qui la fortune a i-efusé la
— 134 —
faveur do participer aux guerres de co tcmpSi voudrait être appelé à faire
campagne ; ses \œuXy si les circonstances s'y prêtaient, seraient certaine-
ment entendus. I/avenir lui reste ouvert et Tinspecleur général est en
mesure d'affirmer que le 46* régiment d'infanterie, par la sincérité de son
dévouement au pays, serait, dans les épreuves de la guerre, l'égal dos régi-
ments qui ont récemment conquis dans l'armée la notoriété la plus hono-
viihW,
a Signé : Général Trociiu. »
Le 38 août 1865, le régiment reçut Tordre de quitter la gar-
nison de Rouen pour se rendre h Lyon.
Il partit en trois colonnes, qui arrivèrent à destination les 4,
10 et 12 octobre.
Le 11 décembre, le sergent Braôts reçut une médaille d'hon-
neur pour l'acte de dévouement qu'il avait accompli en arrêtant
un cheval emporté qui, sans lui, allait causer les plus graves
accidents.
Le 4 juin 1860, le régiment quitta Lyon et alla tenir garnison
à Saint-Etienne, où il ne resta que jusqu'au 31 décembre de la
même année, époque à laquelle il fut réuni en entier à Lyon.
Le 12 août 1866, le colonel de Ghargère fut nommé général
de brigade et remplacé par le colonel Rebilliard, qui comman-
dait en second l'École spéciale de Saint-Cyr.
Au commencement de l'année 1867, le régiment occupait le
camp de Sathonay, son dépôt était au Puy-en-Velay.
Le 27 février, un décret impérial réorganisa, l'infanterie. Le
régiment se composa de 2 bataillons actifs a 8 compagnies, dont
2 d'élite et 1 bataillon de dépôt à 6 compagnies de fusiliers;
mais cette organisation ne dura que jusqu'au 7 avril suivant,
époque à laquelle le régiment fut réorganisé à 3 bataillons de
compagnies, dont 2 d'élite et 1 bataillon de dépôt à 6 compa-
gnies de fusiliers.
Le 7 décembre, le régiment rentra à Lyon et occupa les caser-
nements des forts de Montessuy, Caluire, Saint-Jean et Saint-
Laurent. Il reçut le fusil modèle 1866 (Ghassepot).
Le 6 février 1868, un décret impérial supprima les compa-
gnies d'élite, les grenadiers et les voltigeurs furent répartis pro-
portionnellement dans toutes les compagnies aveeles galons de
soldat de 1'» classe.
L'cpaulello écarlato fut donnée h toutes lt!s compagnies.
— 135 —
Lo 10 août 1868, le régiment quitta Lyon pour 86 rendre i\
Toulon et de là à Oran«
Ce départ do Lyon valut au régiment les ordres qui suivent :
ORDRE DE LA BRIGADE.
(( Les occupations multiples nécessitées pnr le dépnrt précipité du régi-
ment empochent le général do brigade de voir la troupe avant son départ)
mais il tient h lui faire ses adieux et ;\ lui donner quelques conseils.
a Que tous conservent le bon esprit qui les anime, la discipline et Tin-
slruclion qui distinguent le iO* régiment de ligne.
« Que, sous le climat d'Afrique, ils mettent en pratique ces deux prin-
cipes de riiygiène du pays : se couvrir la tôte et le ventre.
u Enfm, si k Dieu ne plaise, ils étaient appelés h réprimer lihe insurrec-
tion, qu'ils n'oublient point qu'ils laissent éh France dès Chef» Ct des
cnmarndes qui seront fiers de leurs succès. »
ORDRE DE LA DIVISION.
u Le 16° régiment de ligne reçoit Tordre de se fendre en Algérie. En
le félicitant sur cette destination, lo général de division lui adresse ses
adieux.
M Le 16° régiment de ligne portera h l'armée d'Afrique la bonne disci-
pline, le bon esprit et rinstruclion ((ui le distiuguent.
« liO générnl de division est couTnincu que ce beau et bravo régiment
sera toujours, quels que soient les évéuemenU auxquels il sô trouvera môle,
il la bauteur d(^ sou excellente répulalion et âo montrera toujoiufi dévoué
h la France. »
ORDRE DU GÉNÉRAL COMMANDANT EN CHEF
LK iv« COUPS d'arméib-
a Le 7° bataillon de cliasscurs îi pied ct le 16« régiment d'infanterie
quittent les divisions actives du 4« corps d'armée pour se rendre en
Algérie.
« FiC général en clief ne veut pas se séparer de ces beaux corps sans
leur donner un témoignage de sa satisfaction pour leur bonne tenue, leur
discipline et. leur manière de servir.
« Il ne doute pas (|u'ils ne profitent de toutes les circonstances pour se
faire remarquer, si de nouveaux événements venaient îi se produire dans
notre colonie. »
— 136 —
Le 9 août, le mouvement du régiment fut ajourné et les deux
bataillons qui étaient déjà en roule rétrogradèrent sur le camp
do Sathonay.
Le 24 septembre, le Ministre de la guerre donna Tordre du
départ pour TAIgérie, et le régiment alla camper à Toulon sur
les glacis du fort Lamalgue.
Le camp fut visité par le général commandant la subdivision
qui adressa au colonel des félicitations pour sa bonne installa-
tion.
Le 13 octobre 1868, les 2® et 3® bataillons (commandants Thé-
venet et Prouvost), s'embarquèrent sur le transport le Vm* et
débarquèrent le 17 à Mers-El-Kébir.
Le 14, avant l'embarquement de Tétat-major et du 1'' batail-
lon (commandant Logerot), sur le transport le Jura, le général
chargea le colonel de témoigner toute sa satisfaction au régiment
pour sa bonne attitude militaire, sa bonne conduite et sa tenue
irréprochable pendant son séjour à Toulon.
Ce bataillon débarqua h Mcrs-EI-Kéhir le 17, et rejoignit les
deux autres campés sur les glacis du fort Santa-Cruz.
Le 19 octobre, les 2® et 3^ bataillons se dirigèrent sur TIemcen,
où le l**" bataillon les rejoignit le 24.
Le 18 octobre, le soldat Lebreton reçut une médaille d'hon-
neur du Ministre de la marine pour avoir sauvé une personne
qui se noyait.
Le 9 février 1869, le 1»' bataillon (commandant Logerol),
reçut. Tordre de conduire un convoi de 250 chameaux, chargés
d'orge et de biscuits, à la colonne expéditionnaire campée à El-
Aricha.
La colonne rentra à Tlemcen le 1^' mars, sa mission accomplie.
Le 19 mai, le commandant du dépôt du régiment reçut du
maire de la ville la lettre suivante :
« Monsieur le Comnmnilanl,
« Dans l'incendie qui s'est déclare ce matin au faid>ourg Saint-Jean, toute
la population de notre ville a pu admirer une fois encore la belle conduite
et le courageux dévouement de notre belle garnison. Guidés par leurs chefs
et soutenus par leur exemple, tous les hommes du bataillon ont rivalisé
de zèle et d'intrépidité pour' combattre le fléau.
« Veuillez, je vous prie, Monsieur le (^onunandant, être auprès do lous.
— 137 —
officiers, sous-officiei^ et soldats, l'interprète des sentiments de reconnais-
sance de Tadministration municipale et do la ville entière,
M Recevez, etc.
« Lejnaire du Puy. »
Le 31 mars, le régiment reçut du maréchal gouverneur géné-
ral de l'Algérie, Tordre de se diriger par bataillon sur Oran
pour s'y embarquer à destination de Philippeville.
Ce mouvement s'exécuta du 14 au IG avril, et, le 22, le régi-
ment s'embarqua sur le Panama^ qui le débarqua le 25 à
Bougie.
Le régiment arriva à Sétif le 6 mai et fournit les détachements
de Bou-Saâda et de Bordj-Bou-Arreridj.
Le 5 juin 1870, le colonel reçut du gouverneur général de
l'Algérie, au sujet d'un jeune enfant indigène recueilli par la
6® compagnie du 3^ bataillon, pendant son séjour à Bou-Saftda,
la lettre suivante :
M Vous me rendez compte des sentiments clinritablcs et généreux dont
le 16* d'iufanlcrie a fait preuve Tis-à-vis d*un enfant indigène abandonné,
Agé de trois ans.
« Après avoir rocuoilli à leur camp à Bou-Sailda, le 12 mai 1869, cet
oufaiif, 1rs ofliriiMS, sous-oriicicrs vi soldats du B^' bataillon duiG°ont tous,
dans la mesure de leurs ressources, concouru h son entretien el, lorsqu'il
a été tout récemment recueilli à l'orplielinat de Gonstantine, vous avez
reçu, pour lui être remise, une somme de 48 francs, produit d'une col-
lecte faite spontanément dans le. régiment.
« Celte action généreuse fait lionneur au 16* de ligne et je vous prie
d'adresser à ce sujet mes félicitations à ce régiment. >»
Près do cent ans avant, les bataillons d'Agenois partageaient
avec les malheureux habitants do l'Aunis, leur pain et leur bois.
De même que la tradition du courage et de la valeur, celle de
la charité s'était conservée au sein de notre brave régiment.
Mais l'heure approchait où il allait ajouter h sa glorieuse his-
toire militaire, des pages d'autant plus nobles qu'il lui fallut
pour traverser les éprouves de l'année terrible autant d'abnéga-
tion que de valeur militaire.
— 138 —
GUERRE CONTRE L'ALLEMAGNE (1870-1871).
La déclaration de guerre trouva le régiment dans sa garnison
de Sétif, avec ses détachemenls de Bou-Saàda, Bordj-bou-Arre-
ridj et Takilount, et son dépôt au Puy.
Il eut la douleur de voir partir les troupes spéciales d'Afrique,
et de rester dans la province pour le maintien de Tordre. Coup
sur coup, il apprit nos premiers revers et le désastre de Sedan ;
mais ces épreuves do la Patrie, au lieu de jeter le découragement
dans ses rangs, ne firent que redoubler sa persévérance et son
zèle.
Instruire, aguerrir^ donner confiance : telle fut la noble mis-
sion qui incomba alors aux cadres du régiment, en attendant
l'heure qui allait sonner pour le régiment de combattre, non
pour la victoire, mais pour son honneur et celui du pays.
Le 24 septembre 1870, le colonel liebilliard fut nommé géné-
ral de brigade. Le lieutenant-colonel Jacob de la Gottiùro, prit
le commandement du régiment.
Quelques jours après, le régiment reçut Tordre de rentrer en
France pour prendre part aux opérations de Tarmée de la
Loire.
Première armée de la Loire.
Les !«' et 3» bataillons quittèrent Sétif le 2 octobre et se diri-
gèrent sur Gonstantine et sur Stora, où ils s'embarquèrent le 10
à 6 heures du soir. Ils arrivèrent à Toulon le 13, après une mau-
vaise traversée.
Le soir même, ils étalent dirigés sur Vierzon, oi\ ils arrivèrent
le 15, h 7 heures du matin.
Le même jour, le régiment reçut 1300 hommes (anciens mili-
taires rappelés et engagés volontaires pour la durée de la
guerre).
Le 17 octobre, le régiment se porta sur le camp de Salbris, où
il fut embrigadé. Il fit partie de la l'« brigade de la 3® division
du 15* corps.
— 139 —
COMPOSITION DE LA DIVISION.
Général de division : PEYrAviN, commandant la division.
Colonel : Jacob de la Gottière, commandant la brigade.
Ghef d'escadron : Poizat, commandant Tartillerie.
Chef de bataillon : Mangin, commandant le génie.
Démange, sous-intendant militaire.
Fabre, aumônier.
La V^ brigade de la division se composait des :
G" bataillon de marche do chasseurs h pîed ;
16^ régiment d'infanterie de ligne ;
33« — de marche ;
32" — de mobiles (Puy-de-Dôme).
La 2« brigade, général Marlinez, comprenait les :
27* régiment de marche ;
34» — démarche;
09* — de mobiles (Ariège).
L'artillerie de la division comprenait 3 ballerics :
18" batterie du 15" régiment d'arlillerie j
18" — du 7" — —
18" — du 10" — —
Le 20 octobre, le régiment reçut encore à Salbris 127 hommes
du 26* de ligne ; le 24, la division se porta sur Blois par Romo*
rantîn. Le lioutcnant-coloncl Bchague prit le commandement
du régifuenl eu remplacement du colonel de la Collièrc, appelé
au commandement de la brigade.
Le régiment quitta Blois le 27 et se dirigea sur la forêt de
Marchenoir, par Pontijou et Saint-Léonard.
Le 30, il était en position entre le village de Rocher et la route
de Beaiigency.
Le 31 octobre, le régiment quitta son campement cl se porta
sur Concricrs, qui fut occupé par le l"' bataillon, et Josnes par
le 3" bataillon.
— 140 —
Le !«' novembre, Tennemi ayant été signalé à Gravant, les
l" et 4« compagnies du 3« bataillon poussèrent une reconnais-
sauce sur ce village ù l'entrée de la nuit, mais elles durent ren-
trer au camp sans avoir rencontré Tenuemi.
Le 2 novembre, le 3* bataillon rejoignit le !«' à Concriers ; le
lendemain, le régiment se porta sur Morvilliers, où il campa
entre ce hameau et celui de Villexanton, occupant ainsi Tex-
trôme droite de la première ligne de la division. La 2> brigade
campa en deuxième ligne.
Le 4 novembre, le 2* bataillon et la 3^ compagnie du 3^ batail-
lon arrivèrent au camp, venant d'Algérie, avec un effectif do
20 officiers et 817 hommes. Celte colonne, qui venait de Bou-
Saàda, avait rallié les détachements de Bordj-Bou-Arreridj et de
Takitount, s'était embarquée le 25 octobre à Stora, sur la
Drôme, avait débarqué le 31 à Toulon et pris les voies ferrées
jusqu'à Suèvres, d'où elle avait gagné le camp de Morvillicrs.
Le régiment se trouva ainsi constitué avec ses trois bataillons
à l'effectif de 3,800 hommes. Les compagnies entrèrent donc en
campagne avec un effectif de plus de 200 hommes.
La division séjourna au camp de Morvilliers les 5, 6 et 7 no-
vembre.
Le 7. vers 11 heures et demie du matin, le canon se fit enten-
dre sur notre gauche, le régiment reçut l'ordre de se tenir prêt h,
marcher; mais le combat cessa, et l'on apprit qu'une forte
reconnaissance des Allemands avait été repousséo par les avant-
postes du 16® corps.
Le 8 novembre, la division leva le camp à 7 heures du matin
et se porta sur Josnes, par Seris et Concriers. Elle arriva de nuit
et campa entre les hameaux de Launay, L'Hérillette et de Billy,
BATAILLE DE COULMIERS (9 novemurk).
Pour connaître le rôle de la 3« division du 15« corps, dont fai-
sait partie le 16°, il suffît de se reporter à l'ordre du général en
chef pour la journée du 9 novembre :
« La 3° division, soutenue au besoin par la réserve d'artillerie ilu
15° corps et la brigade de réserve (\^^ J)rigade de la 2° «livision) enlèvera
Riceon et le château de la Ucnardière. Dans le cas où ces deux points
— 141 —
seraient défendus, ainsi que le chiVteaii de Lus, elle s'établira entre ce
dernier cliAteau et celui do la llcnardicrc ayant derrière elle la brigade
do réserve et la réserTO d'artillerie. Si lîaccon était fortement occupé et
sérieusement défendu, le général commandant la 3° division attendrait
pour attaquer Tarrivée de la réserve d'artillerie. >»
Le 9 novembre, à 8 heures du matin, l'armée quitta ses
bivouacs, et la marche en avant commença avec un ordre et
une régularité qui donnaient bon espoir pour la fin de la
journée. Le temps quoique sombre était favorable, la tempéra-
ture était douce, et comme il n'était tombé depuis quelques jours
ni pluie, ni neige, le sol était assez ferme pour qu'infanterie,
cavalerie et même artillerie, pussent se mouvoir à travers champs
sans trop de difQcultés. L'aspect de cette grande ligne de bataille
(dit le général Chanzy), traversant la plaine unie et à peine acci-
dentée qui la séparait encore de Tennemi, était des plus imposant.
La brigade llebilliard, qui formait l'extrême droite de la 3® di-
vision, s'empara sans coup férir du château de la Touanne et y
prit position contre la gauche des Bavarois qui étaient postés en
arrière, dans les bosquets de Huisseau et de la Renardière.
Mais au centre, devant la division Peyiavin, il n'en fut pas de
même. Un feu très vif s'ouvrit devant Baccon. 2 batteries de 4
ouvrirent le feu sur lo village et furent bientôt renforcées par
2 batteries de 12 qui tirèrent avec une précision remarquable.
Les 1«' et 3® bataillons du 16^ de ligne et deux bataillons du
33« de marche se portèrent sur le village, couverts par une ligne
de tirailleurs de la compagnie de tête.
Le 20 bataillon du 1G% en colonne par division, suivait der-
rière le centre à hauteur de rarlillerie. A peine nos batteries
avaient-elles ouvert le feu, que quatre batteries, dont deux bava-
roises et deux de la division Stolberg, placées entre le Grand-Lus
et la Renardière, nous couvrirent de projectiles.
La canonnade dura près d'une heure et diminua lorsqu'une
batterie de 12, du IG' corps, eut forcé l'ennemi à diviser ses feux.
Le feu de l'artillerie ennemie nous fit peu de mal, grâce au
peu de consistance du terrain qui, à celle époque, était partout
labouré. Les projectiles percutants de l'ennemi ou n'éclataient
pas, ou faisaient fougasses, couvrant de terre les hommes qui,
au bout d'un instant, commencèrent il en plaisanter.
— 14i —
Le ^* balaîllon du iO* dut, à celte circonstance, d*échapper à
un écrasement complet.
Cependant le régiment atteignit le village, pénétra dans les
maisons du so livrèrent de cimudes mfilcos.
Le l^^'' chasseurs bavarois qui défendait Baccon, dut se replier
en combattant sur la rivière, puis sur le parc et le chMeau.de la
llenardière, occupé par la 1'^ brigade bavaroise (général Dietl).
Là le combat recommença avec plus de vigueur.
La brigade bavaroise, était solidement établie au parc et au
château de la Renardière, et elle avait la conviction que nul
eiïort ne saurait Ten déloger (paroles d'offlciers faits prisonniers).
Nous comprimes facilement cette conviction de l'ennemi quand,
en pénétrant dans la salle à manger du château, nous trou-
vâmes une table luxueusement dressée et le déjeuner prêt pour
les officiers de la brigade bavaroise.
. La division Peytavin, soutenue par deux batteries de i, éta-
blies à droite de Baccon, et deux batteries de 8 à gauche de la
ferme de Boynes, et d'une cinquième batterie à la ferme de la
cour Saint-Christophe, se porta h Tattaque.
Trois bataillons, le 6» chasseurs à droite, un bataillon du 16«
au centre (le !«' bataillon) et un du 33o de marche à gauche,
attaquèrent de front, pendant que trois autres bataillons tour*
naient la gauche de la position et que le reste suivait en réserve
en colonne par division.
L'attaque de front fut très pénible, nos tirailleurs n'avançaient
qu'avec peine au milieu des marais, exposés au feu de mousque-
terie et d'artillerie de l'ennemi. Mais le mouvement opéré sur la
gauche s'accentuait ; le général Dietl craignant d'être enveloppé
fut obligé de commencer son mouvement rétrograde sur le châ-
teau de Montpipeau. A 5 heures de l'après-midi, la division
Peytavin occupa la Renardière, et le !•' bataillon du 1G» entra
dans le château.
A la gauche, la brigade de réserve s'était établie au château de
Grand-Lus, où vint s'établir la réserve d'artillerie du 15® corps.
Pendant ce temps, le i6« corps, à la gauche, emportait le vil-
lage, le château et le parc de Coulmiers, défendus avec la plus
grande énergie, et la gauche de la division Peytavin réunissait
ses etlbrts à ceux du IG*' corps- pour enlever les positions que
tenait la A^ brigade bavaroise, appuyée de cinq batteries, dont
— 143 —
(Icnx de réserve. Ou sait que la lulle fut très meurtrière et honora
les troupes qui y prirent part et, en particulier, les mobiles de la
Sartlie et de la Dordogne.
Le général Von der Thann donna le signal de la retraite, qui
s'exécuta en bon ordre, et en combattant dans la direction de
Saint-Peravy.
 quatre heures et demie, nous étions maîtres du champ de
bataille.
Le soir, les troupes du 15* corps campèrent sur la ligne Bordon,
les châteaux de la Touanue, de la Renardière, du Grand-Lus et
Goùlmiers.
La victoire de Goùlmiers nous valut 2,500 prisonniers et deux
pièces de canons.
Les Allemands y perdirent 1800 hommes et nos pertes s'éle*
vèrent ii 1500 hommes.
Le régiment perdit GO hommes, le lieutenant Lorréal fut
grièvement blessé et mourut des suites de ses blessures, après
avoir toutefois reçu la croix qu'il avait si bien méritée.
On sait que, pendant la nuit du 9 au <0, les Allemands éva-
cuèrent Orléans et se mirent en retraite, vers le Nord, ne s'arrê-
tant qu'à Toury.
Le général d'Aurelles de Paladines, loin d'inquiéter cette
retraite nocturne, ne s'en douta même pas et resta convaincu
que le combat recommencerait dès l'aurore du 10. En effet, le
IG** de ligne, qui bivouaqua au ch&teau de la Renardière, reçut
dans la nuit Tordre de renforcer ses compagnies de grand'garde
avant le jour, en vue d'un nouvel engagement.
Le 10 au matin, la division se mit en marche, et l'on apprit
seulement pendant la route, l'évacuation d'Orléans par les
Allemands.
Le général on chef lança l'ordre général suivant :
ORDRE GÉNÉRAL,
tt Grand quartier général du Grand-Lus, 10 novembre 1870.
« Officiei-s, sous-oflicicrs et soldats de l'aimcc de la Loire,
« La journée d'hier a élu lioiireuse pour nos* armes. Toutes les positions
attaquées ont été enlevées avec vigueur; Tcnnemi est en retraite* Le gou-
— 144 —
vcrnemcnt, informé par moi de votre coniluiU^, me charge «le vous a«lres-
ser (les remerciements; jo le fais avec ])onlicur.
c( Au milieu de nos malheurs, la France a les yeux sur vous, elle compte
sur voire courage*; faisons tous nos cHbrts iu)ur (|uo cet espoir ne soit
pas tromi>é.
« Le Général commandant en chef Vannée de la Loire,
« Signé : D*AuRELLES de Paladines. »
Le 10 novembre, la division se porta par le Grand-Lus et Coul-
micrs, sur Bucy-Saint-Lîphard, où elle campa et séjorn^na
jusqu'au 17,
Le 16, quatre compagnies furent mises à la disposition du
génie pour construire en avant du village des Ormes, des ouvrages
de fortification passagère, pour rétablissement du camp retran-
ché que le gouvernement avait donne Tordre de créer à Orléans.
Le 17 novembre, la division se porta sur Gidy et campa entre
ce village et celui de Boulay ; le l(î> do ligne avait à sa droite le
6® chasseurs appuyant sa droite à Gidy, vX à su gauche les autres
troupes de la division.
Elle séjourna dans ce camp jusqu'au 23 novembre.
Le 2i, elle appuya vers la droite et s'établit entre les villages
de Gidy et de Chevilly. Ces deux villages étaient protégés par
deux batteries de marine de gros calibre flanquant les tranchées-
abris qui les reliaient. La division séjourna dans ce camp jusqu'au
1»>" décembre; chaque jour un bataillon du régiment fut envoyé
en reconnaissance en avant des lignes.
A cette date, les belligérants en présence dans la région de la
Loire présentaient des forces considérables.
Le prince Frédéric-Charles, libre par la chute do Metz, était
arrivé avec son armée. De notre côté, nous avions cinq corps
d'armée, présentant. 170,000 hommes et 420 pièces de canon.
Le choc ne pouvait tarder à se produire.
REPRISE D'ORLÉANS PAR LES ALLEMANDS.
Le !•' décembre, la lutte s'engagea ti la gauche de Tarmée
française, qui livra à Tennemi le brillant combat de Villepion.
Le général Chanzy écrivit au général d'Aurelles qu'il croyait à
— 145 —
un grand succès. Ce dernier lui donna alors Tordre de pousser
renncmi, le lendemain 2 décembre, jusqu'à Janvillo et Toury et
l'avisa qu'il le ferait appuyer par les 15« et 17» corps.
Dans la nuit du l^^'' au 2 décembre, l'armée reçut une fausse
nouvelle qui donna un nouvel entrain. L'armée du général
Ducrot avait remporté une grande victoire, après avoir percé le
blocus jusqu'à Épernay, au delà de Longjumeau; Tarmée de
Paris victorieuse s'avançait par Melun et Fontainebleau.
Il ne s'agissait plus que de courir à sa rencontre et de lui
tendre la main.
Le temps même se prononçait en notre faveui:. Après les pluies
et les boues des jours précédents, la gelée était arrivée, permet-
tant de marcher aisément à travers champs.
BATAILLE DE LOIGNY-POUPRY (2 décembre).
Le 2 décembre, la bataille s'engagea à notre gauche par le
16* corps, qui essaya de pousser les forces allemandes sur Jan-
ville et Toury. Notre division abandonna, à 7 heures du matin,
ses retranchements de Gidy et se dirigea par la grande route
d'Orléans à Paris sur le village d'Arthenay.
L'artillerie marchait sur la route et était ilauquée à droite et
à gauche par les deux brigades formées eu colonne à distance
entière par division.
Cette marche à travers les terres labourées durcies par la gelée
de la nuit^ fut très fatigante pour nos troupes. En débouchant
d'Arthenay, nous fûmes témoins de la lutte héroïque que sou-
tenait le 16* corps, contre les 2*, 3<», 4« brigades bavaroises et la
17« division prussienne.
La 3* division du i5« corps se porta alors sur la gauche de la
grande route, et se dirigea sur le village de Dambron, précédée
de deux compagnies du 16^ de ligne (2« et 3® du 2« bataillon),
déployées en tirailleurs.
Le 6® bataillon de chasseurs était placé à notre gauche.
L'cinicmi occupait eu force le village de Poupry et les bols qui
l'entourent.
A une heure, rarlillerie de la division commença l'attaque.
Vers deux heures, toute la i'® brigade qui faisait face au nord,
10
— 146 —
se plaça face à l'ouest et s*avança sur les bois et le village de
Poupry.
Le 16« de ligne en entier fut déployé en tirailleurs et engagea
avec Tenncmi un feu ti'ôs vif. Il avança avec peine, s^cmparant
successivement de chaque petit bois et en débouchant avec dif-
ficulté.
Vers quatre heures, une forte colonne de cavalerie s'appro-
chant à. la faveur des bois, essaya de tourner notre droite, mais
elle fut repoussée par notre 1^' bataillon, qui se rallia et lui fit
éprouver des perles considérables.
Cependant nos tirailleurs, tout en éprouvant de grandes pertes,
gagnèrent du terrain et s'avancèrent jusqu'au village de Poupry
que les Allemands évacuèrent.
Le combat ne cessa que vers huit heures du soir.
La 3« division se replia sur Arthenay et campa entre Ci*euzy et
Sougy ; le 16« de ligne en avant mémo du village d'Arthcnay.
Ainsi se termina l'importante journée du 2 décembre.
Nous y perdîmes près de 6,000 hommes dont 2,000 pri-
sonniers.
Les Allemands comptèrent 4,000 hommes hors de combat.
Le régiment à lui seul perdit plus de 700 hommes et 12 offi-
ciers hors de combat.
MM. Souhait, capitaine; Graff, lieutenant; Michel, lieu-
tenant, furent tués ; Boiteux et Marhem, capitaines ; Fink,
lieutenant, blessés. (Los autres noms n'ont pas été conservés, à
tort.)
Le colonel de la Cottière et le chçf de bataillon Carré
eurent leurs chevaux tués sous eux.
COMBAT D'ARTHENAY ET DE CHEVILLY (3 décembre),
tendant la nuit du 2 au 3 décembre, la neige avait blanchi la
terre.
La division prit les armes dès 7 heures du matin, et, quand le
jour parut, on eut l'admirable spectacle de l'armée rangée en
bataille dans la grande plaine de la Dcauce et se détachant en
lignes sombres et vigoureuseS) sur l'éclatante blancheur de la
neige.
— 147 —
La 3« division, qui avait été si éprouvée Ja veille, reçut Tordre
de rentrer dans des retranchements de Gidy, pour y rester comme
réserve du 15® corps.
 peine avait-elle commencé son mouvement, que les Alle-
mands attaquèrent la 2® division , qui battit bientôt en retraite
d'Arthenay sur Chevilly.
La 3^ division arriva dans son camp à 11 heures 30 minutes
du matin, et resta sous les armes prévoyant bien que bientôt son
concours serait indispensable, le combat se rapprochant de plus
en plus do nos lignes.
A 2 heures, la division reçut Tordre de marcher au feu. Les 2®
et 3^^ bataillons, avec les trois premières compagnies du 1®' et
une batterie d'artillerie, se portèrent sur le village de Huêtre,
les trois autres compagnies du 1^^^ bataillon prirent position dans
les tranchées.
Mais, à, 150 mètres environ du camp, la colonne reçut Tordre
de changer de direction à gauche et de se porter sur le hameau
de la Provenchère pour arrêter la droite des Allemands qui cher-
chaient à déborder notre gauche.
Le 3® bataillon en entier, déployé en tirailleurs, tourna la Pro-
venchère par le nord, et le reste de la colonne (2^ bataillon et
3" compagnie du l*»"), pénétrèrent dans le village et occupèrent
les tranchées qui en défendaient l'approche.
Le combat s'engagea en avant du village par une fusillade *
très nourrie; la batterie d'artillerie prit position, mais fut bientôt
éteinte par les feux allemands et obligée de se replier.
A ce moment, trois batteries allemandes concentrèrent leurs
feux sur nos tirailleurs et leur firent éprouver des pertes
cruelles.
Le combat ne cessa qu'après 7 heures du soir.
Le IG" rentra dans les lignes de Gidy à 9 heures du soir.
Nos pertes furent énormes : le 3® bataillon perdit plus de
200 hommes.
Le capitaine Hébrard fut tué par un obus; les sous-lieu-
tenants Richard et Moret, blessés; le lieutenant Pascali
fait prisonnier.
— 148 —
COMBAT D'ORLÉANS (4 décembre).
Le 4 décembre, le régiment, appuyant sa gauche à la batterie
de marine de Gidy, prit position dans la tranchée.
Dès le point du jour on aperçut les colonnes allemandes s'avan-
çant h l'attaque de nos lignes.
La batterie de marine fît feu d'une de ses pièces sur l'ennemi»
qui riposta aussitôt. Un premier obus tomba en avant du parapet
et le second sur le terre-plein de la batterie. La 3* compagnie du
1®' bataillon en grand'garde h. la ferme de Guny, se replia en
combattant et tuant quelques uhlans.
Le 1®' bataillon essaya, par des feux h volonté, do démonter
les batteries prussiennes.
A ce moment, les Prussiens s'avançant sur le village do Cer-
cottes menaçaient la droite do la division, (pii reçut l'ordre de se
replier.
Le régiment dut a1)andonncr sur le terrain une distribution do
vivres de toute nature; la Itatterie de marine encloua ses pièces
et fit sauter son magasin à poudre.
Pendant le mouvement rétrograde, un engagement de tirail-
leurs eut lieu entre l'ennemi et le 3® bataillon. Le régiment se
massa dans les bois situés au sud-est de Gidy et reçut Tordre de
se porter sur le village de Sarran, h, quatre kilomètres au nord
d'Orléans.
Il traversa ce village et alla s* établir vers les Ormes, à cheval
sur la grand' route au sud de ce village.
Il était 2 heures 30 minutes du soir. A ce moment des spahis
et des chasseurs d'Afrique, après une charge malheureuse, se
repliaient en désordre sur Orléans.
La panique s'empara des troupes témoins do cette malheureuse
déroute, mais le 16* de ligne tint bon, se déploya en tirailleurs
et repoussa la cavalerie ennemie.
A 3 heures 30 minutes, le régiment commença sa marche rétro-
grade sur Orléans.
A ce moment, la 18^ batterie du lo®, soutenue par la 1'® sec-
tion de la 2e compagnie du 2' bataillon *, débouchait sur le che-
* Coinmnndéo par le sous-liculi'iiaiil Poilcviii.
— 149 —
min du village de Saint-Jean de la Ruelle, qu'elle croyait occupé
par un bataillon du i6* et qui était au pouvoir de l'ennemi.
Elle fut accueillie par un feu très vif et ne dut son salut qu'à la
rapidité avec laquelle la section se déploya et ouvrit le feu pour
contenir Tennemi.
Dans ce rapide engagement, la section perdit les deux tiers de
son monde.
A 5 heures du soir, le régiment s*étublit dans les tranchées
situées au nord d*Orléans. Le remblai très élevé du chemin de
fer qui s*étendait parallèlement aux tranchées ne fut pas défendu
et l'ennemi ne tarda pas à l'occuper.
Vers 8 heures du soir, le 3^ bataillon, qui occupait la droite de
la ligne s'appuyant aux maisons du faubourg Saint-Jean, aban-
donna la tranchée ayant à sa tète le colonel de la Gottière, com-
mandant la brigade; le lieutenant-colonel Behague, commandant
le régiment et le chef de bataillon Molard. Les deux autres
bataillons ne reçurent aucun avis de ce mouvement et restèrent
dans les tranchées.
Le 3® bataillon fut remplacé dans la tranchée par des mobiles
de l'Ariège, qui, sans ordre et sans raison, ouvrirent le feu. L'en-
nemi y répondit. 11 était alors 10 heures du soir ; ce feu indiqua
clairement à l'ennemi la direction des tranchées; de plus, les
mobiles ayant négligé d'occuper les maisons du faubourg, l'en-
nemi s'y glissa et diriga sur nous, des fenêtres, dos feux d'enfi-
lade, qui nous obligèrent bientôt i\ quitter notre position.
Nous évacuâmes la tranchée à il heures 30 minutes, y lais-
sant quelques morts et un grand nombre de blessés.
Le sous-lieutenant Moret, blessé d'un coup de feu & la
jambe, mourut des suites de ses blessures.
Les i®"" et 2<î bataillons du id^ traversèrent le pont de la Loire
comme minuit sonnait à la cathédrale d'Orléans et se diri-
gèrent sur Salbris.
A la suite d'ordres soit mal donnés, soit mal transmis ou mal
interprétés, 1000 hommes du 33® de marche et 500 hommes du
i^^ suivirent la rive gauche de la Loire, après avoir traversé le
pont, et se dirigèrent sur Blois. Ce détachement forma le
>iO" régiment do marche qui opéra sous les ordres du général
Ghanzy avec la ^^ armée de la Loire et se couvrit de gloire pen-
dant la belle retraite de cette année sur le Mans.
— 150 -
La retraite sur Bourges ne s'exécuta pas aveo tout l'oixlro
qu'on aurait pu désirer. Elle s'opéra par la Fer té-Saint-Aubin,
la Motte-Beuvron, Salbris, Vierzon. On arriva en vue de Bourges
le 8 décembre, li 5 heures du soir, après avoir fuit d'une seule
traite la longue étape qui sépare ce chcMieu do Yieraon; aussi,
la colonne dut-elle laisser beaucoup d'hommes en arrière, mais
ils rejoignirent le lendemain et le surlendemain. Le régiment
bivouaqua au milieu de la neige, à côté du village de laChapelle-
Saint>Ursin.
Le novembre, la division reçut l'ordre d'aller cantonner
dans une série de villages situés au sud do Bourges, pour y
prendre quelques jours d'un repos bien mérité et s'y reconstituer.
Le régiment fut réparti dans les villages de Sennecey et de
Vorly; mais le cantonnement était à peine installé, que l'oitlre
arriva de se porter sur SaintFlorcnt-du-Cher pour défendre ce
bourg menacé par l'ennemi, en attendant l'arrivée d'une divi-
sion qui devait occuper cette position.
Le régiment arriva i\ Saint-Florent h î) houi^cs du soir.
Le il décembre, on prit les armes à 6 heures du matin et on
exécuta une reconnaissance sur la rive gauche du Cher, mais
sans rencontrer l'ennemi.
Le 13, la division se mit en marche à 8 heures du matin et se
porta h Mehun-sur-Cher, où elle campa au nord do la ville; les
5<' et 6<^ compaguies du 3«} bataillon furent détachées h l'artillerie
comme soutiens permanents.
Ces deux compagnies firent toute la camj)agne de l'Est avec
l'artillerie.
A partir de ce jour et jusqu'au 4 janvier, jour où le régiment
s'embarqua pour l'Est, il fut cantonné dans divers villages des
environs de Bourges : Marmagne, Marmignole, Saint-Germain,
le Puits, Pont-Rousselande, Berry-Bouy, Mehun, Saint-Palais.
Quanlilly, Saint-Eloi.
CAMPAGNE DE L'EST.
Général en chef : Bourbaki.
Général commandant le 15" corps : Martinkau.
Générai commandant la .'l" division : Pkytavin.
Général coniuuindant la brigade : Jacou uk la Cottièuh.
— 151 —
Le 4 janvier, la 3^^ division du i^^ corps commença son em-
barquement en chemin de fer à 8 heures du matin, à Mehun.
Le IG^' rôgiment d'infanterie s'embarqua le 5, à 1 heure du
soir.
Les trains se dirigèrent sur Besançon, mais l'encombrement
de la voie ne tarda pas à arrêter les mouvements, et le régiment
séjourna dans les trains pendant les 5, G, 7, 8 et 9 janvier.
La température s'était abaissée tout à coup, une épaisse cou-
che de neige couvrait la campagne, et nos hommes peu cou-
verts, manquant de vivres, souffraient beaucoup, mais toujours
sans se plaindre. Les trains s'arrêtaient fréquemment, mais on
ne savait jamais pour quelle durée. Les hommes descendaient,
allumaient du feu, essayaient de faire un peu de soupe ou de
café pour se réchauffer, mais presque toujours il fallait ren-
verser lu marmite, pour remonter en voiture et repartir.
Ces souffrances durèrent cinq jours, pendant lesquels un cer-
tain nombre d'hommes disparurent. Enfin, on arriva à Clerval-
sur-le-Doubs le 9 janvier, à 2 heures du matin; le régiment fut
cantonné dans une vaste usine, transformée en caserne. Un
grand nombre d'hommes, par suite d'un trop long séjour en
wagon et du froid intense, avaient les jambes enfiées et ne pou-
vaient marcher.
Le régiment quitta Clcrval le 9, }\ A heures du soir, et se porta
sur Fontaine, où il cantonna.
Le 10, la division arriva sur les plateaux qui dominent le vil-
lage d'Arcey, occupé par les Allemands.
Le ii, à la pointe du jour, le régiment prit les armes, et
envoya plusieurs compagnies sur les plateaux voisins. Les Alle-
mands, qui avaient une section en batterie en avant du village,
nous envoyèrent quelques obus qui ne firent aucun mal ; Tarlil-
lerie de la division ne répondit pas. Le général Peytavin avait
reçu J'ordre de ne prendre l'offensive que lorsqu'il entendrait le
canon du 24*^ corps sur sa gauche.
La division séjourna encore le 12 janvier sur les plateaux.
Le froid était devenu excessif, une bise glaciale soufflait du
nord, portant avec elle la neige pulvérisée. Le thermomètre
marquait 18 et 20^ au-dessous de zéro. Deux pieds de neige cou-
vraient la terre. Nos hommes, pendant ces trois jours, bivoua-
quèrent dans la neige, beaucoup d'entre eux eurent les pieds
-- 152 —
gelés. On eûl dit que Texlrème rigueur de la température avait
engourdi les deux partis.
Des soldais du iQ^ et des Allemands se rencontrèrent à plu-
sieurs reprises à la seule fontaine qui pouvait donner Veau
nécessairo à la soupe. (Un officier du 16% témoin oculaire, l'a
affirmé.)
Enfin, le 13 janvier, à 6 heures du matin, la division quitta
ses positions et fut remplacée par la réserve générale du général
Bourbaki.
Le 38® de ligne, qui faisait partie de cette réserve, releva le
16^ dans ses positions.
COMBATS DE CHAVANNE ET D'ARCEY (13 janvier).
La 3* division du 15* corps so concentra en arrière du village
de Sainte-Marie et se porta sur Arcey et Saint-Jullien, qui furent
rapidement enlevés.
Le 3e bataillon fut envoyé à Presentvillers et chassa de ce vil-
lage une arrière-garde allemande qui épiait nos mouvements.
Le régiment bivouaqua dans les rues de Saint-Jullien.
Le 14 janvier, il alla occuper les villages de Renan et dlssan,
pour arrêter tout retour offensif de Tenncmi qui* se repliait sur
risle-sur-le-Doubs.
•
BATAILLE D'HÉRICOURT (15, 16, 17 janvier 1871).
Le 15 au matin, le 16» régiment d'infanterie fut complètement
divisé. Le l'^* bataillon fut détaché comme soutien à l'artillerie
de réserve, quatre compagnies furent envoyées sur la droite et
opérèrent tout à fait en dehors de la 3^^ division.
Le colonel Behague forma avec lo reste du régiment un. petit
noyau.
Le général Bourbaki mit son armée en marche de bon matin,
contre les positions reconnues la veille ; son attaque fort bien
conçue devait se faire sur tout le front avec un effort plus accen-
tué à gauche.
Le 15® corps à droite devait se porter sur Montbéliard par
Bard, Dung et Aliondans.
— 153 —
Le feu s'ouvrit à 9 heures du malin. La division Peytavin for-
mait l'exlrëme droite appuyée au Doubs. Le régiment, après
avoir contribué à enlever les parc et château de Dung S se porta
sur le plateau de Sainte-Suzanne, suivi de l'artillerie de réserve
du 15* corps, qui engagea un feu terrible avec les batterie alle-
mandes du château de Montbéliard, de la Grange-Dame et de
Béthoncourt.
Ce duel d'artillerie dura jusqu'à la nuit, sans grand résultat,
tandis que notre infanterie s'emparait des postes avancés des
Allemands (escarpement do Sainte-Suzanne et bois Bourgeois).
A l'extrême droite, les tirailleurs du 16* pénétrèrent dans Mont-
béliard et s'établirent dans les maisons qui entourent le vieux
château.
Le régiment perdit quelques hommes seulement dans cette
journée, le capitaine Oudin fut légèrement blessé par un éclat
d'obus, grâce à sa couverture de campement qu'il portait en
sautoir.
On bivouaqua sur le champ de bataille.
La nuit du 15 au i G fut glaciale et décima les deux armées.
Le 16, au point du jour, le feu reprit de part et d'autre. Notre
droite avait fait des progrès pendant la nuit et jeté quatre pièces
de 4 dans l'ancienne citadelle de Montbéliard (18* batterie du
15® d'artillerie avec une section de la 5» comi)agnio du 3° batail-
lon du 16® de ligne).
Au point du jour, ces pièces ouvrirent le feu sur le château h
800 mètres, mais elles ne purent lutler avec les pièces de 12 livres
du château. Deux pièces furent immédiatement démontées et les
deux autres se blottirent derrière un abri et rejoignirent à la
nuit l'artillerie de la division, sur le plateau de Dung.
A gauche, les batteries de la division de réserve avec 23 pièces
de la division Daslugues et de la réserve d'artillerie, canon-
nèrent la position de Béthoncourt dont l'infanterie devait s'em-
parer.
Mais nos bataillons furent retardés par une marche pénible
dans les bois et par le feu d'enfilade de trois batteries allemandes
placées sur les hauteurs de Grange-Dame.
Quand ils furent prêts pour l'attaque, notre artillerie avait
1 Le sous-licut<maiit Aloïsi fut hlonnû dnns cotte nflniro.
— 154 —
épuisé toutes ses munitions et ils durent se replier sur les bois
qu'ils venaient de traverser.
Le régiment prit part à Tattaquo de Bélhoncourt et y perdit un
grand nombre d'hommes.
Le même jour, les quatro compagnies du régiment qui opé-
raient h Tcxlréme droite, pénétrèrent à la chute du jour dans
Montbéliard et s'y maintinrent toule la nuit avec le 33* de
marche.
Le lendemain, 17 janvier, le régiment se trouva rassemblé,
moins trois compagnies du 3<» bataillon détachées h l'artillerie.
Il fut placé en réserve au village do Dung.
On sait que pendant cette journée on se battit encore devant
Héricourt, Bélhoncourt et Montbéliard; mais le régiment n'eut
aucune part à cette action. Il séjourna à Dung le 18.
Le 19, Tarmée de l'Est commençait son mouvement rétrograde
sur Besançon.
Le 23 janvier, le régiment arriva h Beaume-les-Dames, quatre
compagnies du 10* et une section d'artillerie de la 18» du i5«,
soutenues par une section de la 5*^ compagnie du 3* bataillon,
prirent position sur les hauteurs qui dominent la ville au nord,
afin de protéger le mouvement de retraite de la division attaquée
par les Allemands.
Ce faible détachement les maintint à distance, se retira en
défendant le terrain pied à pied et franchit le pont du Doubs qui
sauta immédiatement après.
La division continua sa retraite par une marche do nuit exé-
cutée par un froid intense et qui fut très pénible.
Le 26 janvier, le régiment s'arrêta à Ghennecey, où ses avant-
postes prirent quelques uhlans. . C'est dans cette situation que
l'on apprit que les Allemands établis à Gassey et à Quingey nous
barraient la route de retraite sur Lyon.
C'est alors que le général Bourbaki résolut de se replier dans
la direction de la Suisse et de Pontarlier, pour prendre les routes
et chemins longeant le Jura.
Blâmé pas le gouvernement, il envoya sa démission et fut rem-
placé par le général Clinchant, qui ne put mieux faire que d'exé-
cuter le plan de son prédécesseur.
Le 28 janvier au soir, après trois jours de la marche la plus
pénible, le gros do l'armée française se trouva concentré vers
^ 155 —
Ponlarlier. Le gros du 15® corps était dans le triangle Pontar-
lier, Sombacourt, Oye.
Le 16° de ligne, après avoir cantonné à Reugney le 27, à Evil-
1ers le 28, arriva le 29 à 2 heures du soir à Pontarlier.
C'est en celte ville que, le 30, on apprit la nouvelle de Tarmis-
lice signé à Paris par les belligérants ; mais en même temps on
apprit que les Allemands avaient attaqué la 2<^ division du
loo corps à Sombacourt et à Chaffoix, et Ton vit arriver à Pon-
tarlier CCS troupes rojctées en désordre sur la 3® division.
On appril par des parlementaires ennemis que rarmislicc no
s'appliquait pas h Tarmée de TEst.
11 ne resta plus h cette malheureuse armée, pressée de toutes
parts par les Allemands qui avaient repris une vigoureuse offen-
sive le 30 janvier, que de se diriger sur la Suisse.
La 3® division du 15® corps pénétra en Suisse par la Cluse do
Joux et les routes voisines.
Le 16® de ligne reçut comme garnison la ville d'interlaken, où
il fut conduit en chemin de fer par les officiers de l'armée suisse.
Ce malheureux régiment avait perdu dans cette désastreuse
retraite, soit par le feu de l'ennemi, ou les maladies, les deux
tiers de son effectif.
L'armée de l'Est, dit un témoin oculaire, offrit dans sa retraite
le plus navrant spectacle. Les recrues, les malingres des dépôts,
les mobiles et mobilisés qui composaient cette armée avaient
montré dans la marche en avant une noble ardeur; ils avaient
fait des étapes héroïques par le froid et la neige, ils avaient subi
des privations et des misères meurtrières avec le stoïcisme de
vieux soldats. Une fois la retraite commencée, tout disparut.
Tous les maux, les contretemps qu'ils avaient bravés les trou-
vèrent sensibles à l'excès. La fatigue, le froid, la faim, les ornières
du chemin, les blessures des pieds, jonchèrent les routes de traî-
nards qui ne rejoignirent jamais leurs corps.
Épuisés par le froid et le manque de nourriture, les soldats se
traînèrent en débandade sans ordre et sans discipline^ brûlant
tout ce qu'ils trouvaient pour se réchauffer et traitant les vil-
lages sur leur passage presque en pays conquis. En quittant
Bcaume-les-Dauics, un maître d'hôtel de la ville avouaà Tauteur
que les Allemands s'étaient mieux comportés à son égard que
les soldats du général iJourbaki.
— 156 —
Un train de vivres el d'effets fut pillé sous les murs mêmes de
Besançon. Des monceaux de sucre, des caisses pleines de bis-
cuits, des capotes, dos pantalons servirent à alimenter le feu do
CCS malheureux qui mouraient do froid.
On vit des soldats placer des pains do sucre sur des pierres et
s'en chauffer comme de bûches de bois.
Dans Besançon la plupart des maisons converties en ambu-
lances, les hôpitaux, les couvents, les casernes regorgeaient, non
de blessés, mais de malades de la petite vérole, de la poitrine et
surtout do misère, de froid et de privations.
Les trois quarts do ces malheureux avaient les pieds gelés.
Les chevaux morts remplissaient les fossés des routes.
Au milieu de tant de souffrances, en présence de ces exemples
journaliers d'indiscipline, le i6« régiment d'infanterie de ligne,
tint à honneur de montrer toute la valeur, toute l'abnégation,
toute la résistance aux souffrances et aux privations dont est
susceptible une troupe aguerrie et disciplinée.
. La conduite do notre régiment pendant cette dôsastreuso
retraite, peut ôtre considérée comme une des plus belles pages
de son histoire.
Pendant ces longues et pénibles marches, nos soldats mar-
chèrent avec le plus grand ordre, entraînés par Texemple des
cadres, ne laissant derrière la colonne que les hommes qui tom-
baient d'épuisement et dont l'état était constaté par les méde-
cins du corps.
Le plus bel hommage que reçut notre brave régiment fut
l'admiration que ne purent lui dissimuler, à la frontière, les
J)ataillons suisses qui le recueillirent.
SIÈGE DE PARIS (1870-1871).
Le 16® régiment d'infanterie de marche qui, le l«f avril 1871,
fusionna à Lyon avec l'ancien 16*, avait été formé le l**" sep-
tembre 1870, des quatrièmes bataillons, 35^, 38"" et 39° régiments
d'infanterie. Ce régiment, commandé par le colonel Panier des
Touches, fut compris dans le 14°corps d'armée (général Renault),
l'o division (général de Caussade), l"^» brigade (général de la
Gharriôrc).
J{)7
COMBAT DE CHATILLON (19 SEPTEMBRE 1870).
Le général Trochu, voulant s'opposer à rinvestissement de
la place par les Allemands, résolut de profiter de sa position cen-
trale pour les assaillir entre la Seine et la Marne, mais il eut le
tort de n'employer à cette action que les deux corps du général
Ducrot, au lieu do faire marcher toutes ses troupes dispo-
nihlos.
Le général Renault, avec le {¥ corps à droite, occupa pendant
la nuit les hauteurs de Ghâtillon pour en déboucher de grand
matin dans la direction de Bièvre et de Petit-Bicctre.
Le 19 septembre, à 5 heures du matin, la division Gaussade
se porta en avant et le régiment s'établit en arrière de la ferme
de Trévaux.
De 7 heures à 10 heures du matin, il fut exposé à une canon-
nade assez vive de la 9° division prussienne (général Schmidt),
et à iO heures 30 minutes il reçut Tordre de se replier dans ses
positions du village de Châtillon. Le 3^ bataillon occupa la
redoute du moulin de Clamart, située à la droite de ce village.
A peine le régiment était-il installé dans ses positions, qu'il
reçut Tordre de se replier derrière le fort d'Jssy et de rentrer h
Paris par la porte de Versailles.
Dans cette journée, les francs tireurs du régiment perdirent :
1 officier tué ; le sous-lieutenant Lenglin et 27 hommes.
COMBAT DE BAGNEUX (13 octobre).
Le 13 octobre, le régiment prit part à une reconnaissance
offensive sur le plateau de Ghâtillon. La brigade La Cbarrière,
placée à gauche, entre Bagneux et la maison Plichon, devait
contenir les troupes ennemies qui occupaient Bourg-la-Reinc.
Les l»"" et 20 bataillons du.l6o furent déployés en tirailleurs
entre la route de Sceaux et le mur du parc de Bagneux, proté-
geant l'artillerie de la division. Gette affaire, peu sérieuse, no
coûta au régiment que quatre blessés.
Le 30 octobre, le régiment prit le numéro 116 dans la série
des régiments d'infanterie.
— 158 -
Le 4 novembre, le général de Gaussade, commandant la divi-
sion, mourut à son quartier général do Clichy; le régiment
assista à ses obsèques qui eurent lieu à Téglise do la Trinité.
Il fut remplacé par le général Susbiellu.
A cette époque, Tarmée de défense de la capitale reçut une
nouvelle organisation.
Le li6<^ fut compris dans la 2^ armée (général Blanchard),
2« corps (général RenaulO, !'« division (général Susbielle),
i^ brigade (général de La Charrière).
11 forma brigade avec le iS<^ de marche^ devenu 115*^.
COMBAT DE MONTMESLY (30 novembre).
Le 29 novembre, la division Susbiclic était établie entre Cha-
renton et Saint-Mandé, face à Test. Elle reçut Tordre d'aller
bivouaquer le soir en arrière do Grétcil, afin d'étro en mesure
d'occuper le lendemain, à 7 heures du matin, le plateau de Mont-
mesly.
La brigade La Charrière occupa la tranchée à hauteur du parc
de rArchevCque, situé contre le village au sud de la route de
Creteil à Charenton.
Vers 9 heures du matin, la brigade reçut Tordre de se porter
en avant par une marche en bataille, chaque régiment formé en
colonne par bataillon on masse. Elle devait appuyer les tirail-
leurs de la 2<î brigade qui devait enlever le plateau et le village
de Montmesly, à gauche.
A 800 mètres des dernières maisons qui se trouvent sur la
route de Créteil à Choisy, la brigade fut accueillie par un feu
très vif des tirailleurs ennemis embusqués dans une tranchée
reliant la route au plateau.
Le général de La Charrière fit faire tète de colonne à gauche
au régiment et le dirigea dans sa formation compacte sur le
sommet du plateau de Montmesly.
Arrivé sur le plateau, le régiment qui n*avait pas pris la pré-
caution de se couvrir par des tirailleurs, fut accueilli par une
violente fusillade parlant d'une redoute et d'une maison cré-
nelée situées au sommet du plateau.
Le général de La Charrière fit mettre la baïonnette au
— 159 —
caiioii^ sonner la charge et marcher résolument h l'assaut de la
redoute; blessé mortellement^ il dut être transporté à l'ambu-
lance.
Le ^ bataillon du régiment enleva la redoute et l'occupa ainsi
que les tranchées qui Tentouraient. Des batteries ennemies Vin-
rent s'établir sur le flanc gauche de la redoute et la couvrirent
de feux.
De plus, il devint difficile de se maintenir dans les tranchées
enfdées par la mousqueterie des Allemands. Cependant, grâce à
des renforts des 115^ et 118®, nous pûmes conserver ces positions
jusqu'au moment où les Allemands qui avaient pu les tourner
nous prirent à revers.
Nous dûmes nous résigner à abandonner le plateau.
La division rentra dans Créteil entre 4 et 6 heures du soir et y
passa la nuit, ainsi' que la journée du 1®^ décembre.
Cette aiïaire coûta au régiment 163 hommes. Les capitaines
de Ghatillon, Baretty; les lieutenants Moritz et Gazai
et le sous-lieutenant Holger furent blessés.
Les sous-lieutenants Bigot du Grandrut et Darfis
furent faits prisonniers.
COMBAT DE VILLIERS (2 DÉCEMBRE).
m
Le 2 décembre, la division Susbielle reçut Tordre de se mettre
en route vers 9 heures du matin, pour se porter sur Champigny
où une action était engagée depuis le matin.
Elle arriva sur le théâtre de Taction vers 1 heure de Taprès-
midi. Le régiment fut immédiatement envoyé pour soutenir la
gauche de la division Berlhaud, qui commençait à faiblir.
Le l®"^ bataillon, déployé en tirailleurs, se porta résolument
en avant et arrêta les Allemands qui tentaient un mouvement
tournant sur la gauche française.
Ce mouvement décida du résultat de la journée et le feu cessa
bientôt des deux côtés.
Le capitaine de La Ghaise fut tué, le capitaine Prax et le
lieutenant Guidasci furent blessés. Le régiment perdit
40 hommes.
Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les i^^ et 3^ bataillons res-»
— 160 —
tërent de grand'garde dans le village de Ghampigny, oîi ils
demeurèrent jusqu'au 3 décembre à 3 heures du soir.
Ils reçurent Tordre d'évacuer le village et exécutèrent leur
retraite dans le plus grand ordre, grâce à un épais brouillard
qui empêcha l'ennemi de les inquiéter.
Le régiment alla s'établir en cantonnement à Saint-Mandé, oii
il séjourna jusqu'au 7 décembre. A celte date, il fut transporté
par la ligne de ceinture à Glicliy, oh il prit ses cantonnements.
A la date du 5 décembre, la division Susbicllo fit partie du
i^' corps (général de Maussion).
Le général llagon remplaça, le 9 décembre, le général do la
Charrière, au commandement de la i»"» brigade.
COMBAT DU BOURGET (21 décembre).
Le Si décembre, à A heures du matin, le régiment alla
prendre position en arrière de la roule de Pantin et se porta en
avant jusqu'au Petit-Drancy, le 115* à sa droite, la 2« brigade
en réserve.
Le i»»" bataillon occupa le village de Drancy et s'établit en
arrière du mur du parc, pendant que trois compagnies du
2^ bataillon étaient déployées en tirailleurs en avant du parc et
dans le cimetière, pour protéger deux batteries de 24 et de 12
établies dans le parc et sur sa droite : le reste du régiment resta
eu réserve en arrière du village.
Le sous-lieutenant Aubert fut blessé.
A la tombée de la nuit, la brigade se relira et alla bivouaquer
sous le fort d'AubervilUers.
La nuit fut très froide et un grand nombre d'hommes eurent
les pieds gelés.
Du 22 au 26 décembre, le régiment monta la garde de tran-
chée par bataillon entre la Suiferie et la ferme de Drancy; le 26,
la division rentra à Glichy.
Le 4 janvier 1871, le régiment reçut Tordre de se porter à
Romainville, pour renforcer la brigade Reille et monter la garde
de tranchée entre le fort do Noisy et le village de Romainville.
Il y resta jusqu'au 17, date à laquelle il rentra dans ses canton-
nements de Glichy.
— JGl —
SORTIE DU 19 JANVIER 1871.
Le 19 janvier, à 2 heures du matin, la division reçut Tordre
de se porter au pont du chemin de fer de TOuest, rive droite,
pour franchir la Seine. On marcha la gauche en tête, la 2« bri-
gade commença le mouvement ; mais par suite d'encombrement
do la voie, cette brigade n'eut pas terminé son passage à 7 heures
du matin.
Le régiment, qui avait attendu 4 heures, reçut alors Tordre
d'aller passer la Seine au pont de Neuilly et de se porter sur
Rueil, en passant par le rond point de Gourbevoie et la route de
Nanterre. Il arriva à Rueil à 11 heures du matin.
Le régiment reçut Tordre d'occuper le parc de Bois-Préau, en
appuyant sa gauche à Monte-Maria, petit monticule qui se trouve
dans la partie sud-ouest de Bois-Préau, au-dessous de la Mal-
maison.
Quatre mitrailleuses furent mises à la disposition du colonel
pour appuyer sa gauche.
Une ligne de tirailleurs fut poussée jusqu'à la roule qui sépare
Bois-Préau du parc de la Malmaison, et une compagnie du
3^ bataillon envoyée à la Malmaison pour maintenir Tenncmi
s'il tentait un mouvement de ce côté.
Vers 2 heures, le 3® bataillon, qui occupait Bois-Préau, reçut
Tordre de se porter à gauche pour appuyer la division Berthaud,
qui avait gagné du terrain.
Le 2« bataillon, appuyé par le l®', prit position en arrière de
la maison Crochard.
Le régiment se maintint dans ses positions jusqu'à 9 heures
du soir, où il reçut Tordre de rentrer à Rueil.
A 10 heures, le 3® bataillon et la batterie de mitrailleuses quit-
tèrent Monte-Maria et rallièrent le régiment. A minuit et demi,
Tordre de retraite arriva et le régiment rentra dans son canton-
nement & Clichy.
Le 28 janvier, une suspension d'armes fut signée. Le régiment
rentra dans Paris, où il occupa les baraquements du boulevard
Péreire.
Le 15 mars, le régiment versa ses hommes non libérables dans
les autres corps de la division. Les hommes libérables furent
il
dirigés sur Évrcux, d*oii ils furent renvoyés dans leurs foyers, et
les offleiers du H6^ rejoignirent ù Lyon le iO<> régiment d'in-
fanterie.
RÉCOMPENSES ACCORDÉES AU REGIMENT
PJPJNDAX^T LA CAMPAGNE DE 187Q-187>
4* I6« RÉGIMENT D'LNPANTBRIB.
Bataille de Goulmiers (9 novembre 1870).
Commandeur de la Légion d'honneur.
M. Jagod du la CoTTiÈim, colonel.
Chevaliers.
MM. Sézary, eapitaine;
Florence, lieutenant;
LoRÉAL, lieutenant, blessé ifiortellement.
Médaille militaire.
Vaterlot, soldat.
Affaires d'Orléans (2, 3 et 4 décembre 1870).
Le régiment reçut des félicitations du général de division,'
pour sa belle conduite pendant ces trois journées. Il ne fut
accordé aucune récompense ; des mémoires de propositions
furent établis, mais on ne sut jamais ce qu'ils devinrent.
Armée de TEst.
Il en fat de même pendant la canipugne dp 1 Est : soit négli-
gence, soit mauvais vouloir de ceux qui devaiciil les faire par-
— 103 —
venir, ces mémoires de propositions pour des rccompeuses
n'eurent aucune suite.
Au mois d'avril 1871, il existait encore au régiment 150 blessés
qui attendaient soit une retraite, soit un congé de réforme.
Total [ * ^^^^""^
( 1 médaille militaire.
i» 446« DE UGNE (SIÈGE DE PARIS).
Combat de Villiers (2 décembre 1870).
Officier de la Légion d'honneur.
M. Uadot-Desportes, commandant.
ChevaU€7*s.
MM. Battërozb, capitaine ;
De Ghatillon, capitaine ;
MoRiTZ, lieutenant;
GoGDEL, médecin-major ;
Bloc, sergent;
GnAREAUD, sergent;
TniBAUDOT, —
ZiHMERMAN, fourricr ;
Apasseur, soldat ;
GuiLLET-RiQUET, soldat ;
Garaudel, —
Médailles militaires»
MM. Jaqukret, sergent-major ;
BouDAR, sergent;
BOTTIN, —
DUROIS, —
Le Lorrain, sergent;
Aines, soldat;
Bonneau, —
MlÈZE, — ^
— 104 —
Affaire du Bourget (19 Janvier 1871).
Chevaliers.
MM. Pèlerin, capitaine;
Bertrand, lieutenant.
Médailles militaires.
MM. Floriscii, sergent;
Martel, —
Talagran, soldat.
- li croix,
Total. { jj médailles militaires.
DEPUIS LA CAMPAGNE DE 1870.1871 JUSQU'EN 1880.
Après la guerre, le dépôt du régiment qui était resté au Puy
en Velay, rejoignit à Lyon, le 11 mars, le régiment qui se recon-
stituait h sa rentrée de Suisse.
Le 21 mars, les trois bataillons reformés occupèrent les casernes
de Serin, du Bon-Pasteur, le fort Saint-Jean et le fortin de Vaisc.
Dans les journées des 22, 23 et 2 i mars 1871, le régiment,
réuni à toutes les forces disponibles de la ville, occupa la gare
de Perrache pendant que THôlel de ville était au pouvoir des
insurgés de la Commune.
Le l"f avril, le colonel Panier des Toucbcs arriva à Lyon
avec le cadre des officiers du 110".
Le colonel Bebague, du \(V\ mouis ancien que lui de quelques
jours, lui remit le commandement du régiment.
TROUBLES A MARSEILLE ET A LYON.
Le 2 avril 1871, le régiment reçut Tordre d'envoyer un déla-
cbement d'environ 1000 bommes à Marseille pour réprimer la
révolte, qui s'était rendue maîlresse de la ville.
~ 165 —
Ce détachement fut composé comme il suit :
Behague, colonel ;
De Cadoret, chef de bataillon ;
Sézary, adjudant-major;
Meunier, de Palatz, Malaval, Cocu, Harhem,
Salviat, Florence, Giraudeau, capitaines;
Josselin, Poitevin, Lecoq, Calmer, Guérie, Al-
louisse, Moser, lieutenants;
Betta, Ronfaut, Franc, Zeller, Angiron, Chaf-
faud, Musy, Chambré, sous-lieutenants;
Et 882 hommes tirés des i^f et 2° bataillons et 1'^ et 2® com-
pagnies du 3^ bataillon.
Ce détachement, accompagné d'une section d'artillerie, s'em-
barqua le 3. avril, à minuit, à la gare de Vaise, dans deux trains
qui le conduisirent à Aubagne où le général Ëspivent de la Yil-
leboisnet, commandant les forces de Marseille, avait établi son
quartier général.
Le 4 avril, avant le jour, on marcha sur la ville, le 16® de
ligne enleva la gare Saint-Charles aux insurgés et se porta avec
une section d'artillerie sur la caserne des Incurables, où s'étaient
retranchés une centaine d'insurgés.
Le déploiement do nos forces et la menace du canon pour
enfoncer les portes déterminèrent Tonicier des francs-tireurs de
Caprera, qui commandait les insurgés, à se rendre sans conditions.
Tous furent faits prisonniers et conduits deux jours après au
château d'If.
La moitié du détachement contribua à la prise de la Préfec-
ture, transformée par la révolte en une véritable forteresse.
Nous eûmes quelques hommes blessés.
Le G avril, 3 compagnies du détachement allèrent prendre
possession de la Mairie sur le vieux port et délivrèrent un déta-
chement de chasseurs à pied qui avait été pris et enfermé dans
cet édifice.
Le détachement resta en garnison à Marseille jusqu'à la fin
de juin, époque à laquelle il rallia le régiment h Lyon.
A la suite de cet événement, le capitaine Cocu fut nommé
chevalier de la Légion d'honneur et le détachement fut compté
comme campagne de guerre à tous ceux qui y prirent part.
— 166 —
Pcndanl les troubles du 30 avril au faubourg do la Guillo-
tiëre, la fraclion du régiment restée à Lyon occupa la place
Bisuel en réserve el n'eut pas Toccasion de marcher. Elle jouit,
néanmoins, dn bénéfice do la campagne de guerre.
Le 25 juillet 1871, le régiment fut placé à la l'o brigade (géné-
ral Gopmartin) de la lf« division (général Tixier), du 6« corps
d'armée (général Bourbaki). Son dépôt et son 4® bataillon furent
transportés parles voies ferrées à Hyères (Var), pour y tenir gar-
nison.
Le 5 novembre 1872, le Ministre de la guerre accorda une
médaille d'honneur au soldat Voisin, pour avoir sauvé au
péril de sa vie un homme en danger de se noyer.
Le 31 décembre 1872, M. Prax, capitaine au 16®, reçut la
croix de la Légion d'honneur pour sa brillante conduite pendant
le siège de Paris où il reçut trois blessures.
Par le môme décret, le tambour Rouget, amputé d'uno
jambe, reçut la médaille militaire.
Le 35 octobre 1873, les 1^" et 3'^ compagnies du â" iMitaillon el
la 5<} compagnie du A^ bataillon furent désignées par le sort pour
contribuer à la formation du i39^ régiment d'infanterie au camp
de Pont-du-Chàteau (Puy-de-Dôme).
Le 16 octobre, le dépôt et le '3^ bataillon quittèrent Hyères
pour aller tenir garnison à Riom, en Auvergne.
Lors de la formation des 18 régions de corps d'armée, le 16®
fut placé à la l'o brigade (général Gopmartin) do la 25« division
(général Tixier) du 13« corps d'armée (général Picard).
Le 19 novembre 1873, le maire de la ville de lliom adressa aii
colonel une lettre d'éloges pour la belle conduite tenue par le
détachement pendant un violent incendie qui éclata au milieu
de la nuit.
En 187S, le régiment reçut le fusil modèle 1874 (fusil Gras).
En 1877, le 4 septembre, pendant les grandes manœuvres, le
régiment fut passé en revue dans la plaine de Montbrison par le
maréchal de Mac-Mahon, Président de la République.
Le 3 mai 1879, le colonel Panier des Touches fut admis à la
retraite et remplacé par le colonel Thomas.
A la même époque, le général de division Février prit le com-
mandement de la 25<) division en remplficement du général
Tixier, admis ù la retraite.
— 167 —
Le 14 juillet 1880, le régiment reçut des mains du Président
(le la Ilépubliquc son nouveau drapeau. La députation chargée
d'aller le recevoir fut composée de :
MM. TnoMAâ, colonel.
Mantrand, capitaine adjudant-major;
Jaissy, sous-lieutenant porte-drapeau ;
1 sous-officier;
1 caporal;
3 soldats.
Le nouveau drapeau fut présenté au régiment le 25 juillet
dans une grande revue d'honneur. Il porte dans ses plis les
noms glorieux de : Hohenlinden^ Wagram, Sagonte^ Zaalcha,
Au mois de janvier 1881, le général Gopmartin, commandant
la ID*) brigade, mourut à Lyon en activité de service.
Toute la brigade assista à ses obsèques; il fut remplacé par le
général Borson, chef d'élat-major du 13® corps d*armée.
Le 27 avril, le 3^ bataillon, commandé par le commandant
Bonnefond, quitta Lyoïi pour se rendre en Algérie. Il arriva à
Tlemcen le 10 mai et y tint garnison.
Au mois d'octobre de la même année, le régiment quitta Lyon
pour aller tenir garnison à Saint-Étienne (Loire), son dépôt fut
transféré de Riom à Montbrison.
Le 3^ bataillon reçut Tordre, au mois de mai 1883, de rentrer
en France. Il s'embarqua à Oran le 30 mai, arriva à Marseille le
2 juin, et alla tenir garnison à Lyon.
Son départ d'Algérie lui valut Tordre suivant :
GUDHE DE \A DIVISION.
« î.c Ministre a prescrit In rentrée en France du bataillon «lu iC® de ligne
détaché dans la division d'Oran.
M Depuis deux ans, ce bataillon a fait preuve d'abnégation et d'esprit
militaire dans toutes les circonstances difficiles où il a pu se trouver.
« l.e général de division ne veut pas le laisser partir sans lui adresser ses
éloges et ses remerciements.
« Le Général commandant la division d'Oran,
ti Signé : TuoMASSiN. »
— 168 -
En 1884, au mois d*oclobre, le régiment quitta la garnison de
Saint-Étienne pour aller à Lyon ; son dépôt fut transféré de
Monlbrison h Roanne.
Au commencement de i*année 1885, M. le général de brigade
Parlicr prit le commandement de la 49® brigade en remplace-
ment du général Borson, promu général de division.
Au mois d'octobre 1887, le régiment quitta Lyon et vint tenir
garnison à Saint-Étienne (l^^ et 2^ bataillons), son dépôt fut
transféré de Roanne à Monlbrison, et le 3^ bataillon fut détaché
avec le dépôt. A la môme époque, le colonel Metzinger prit le
commandement du régiment en remplacement du colonel Tho-
mas, promu général de brigade.
Ici se termine Thistorique du 16^ régiment d'infanterie. Lais-
sons à Tavenir le soin d*y ajouter des pages plus glorieuses
encore.
La connaissance d'un passé aussi honorable est bien faite pour
développer dans ce brave régiment Témulalion et le noble désir
d'égaler ceux qui l'ont devancé dans la carrière.
Prenons donc et gardons comme un dépôt sacré celte glo-
rieuse devise qui fut toujours celle du 16® régiment d'infanterie :
VALEUR ET DISCIPLINE.
ANNEXES
UNIFORMES ET DRAPEAUX DU REGIMENT
REGIMENT DE BEARN.
Habit gris blanc. Culotte blanche. Guêtres noires. Collet de
l'habit et parements rouges. Passe-poil violet. Boutons de cuivre
ronds, trois sur chaque parement et trois sur chaque poche de
rhabil. Chapeau bordé d*un galôn d'or.
Le régiment de Béarn avait trois drapeaux, dont un blanc
(colonel), comme les quatre vieux régiments, et deux d'ordon-
nance avec carrés, couleur Isabelle et violette, alternées par op-
position avec croix blanche.
RÉGIMENT D'AGENAIS.
Habit gris blanc. Culotte blanche. Guêtres noires. Collet
rouge, revers de Thabit violet. Boulons de cuivre ronds sur les
poches en long et sur les parements des manches. Chapeau bordé
d'un galon d'argent.
Le régiment d*Agenois avait deux drapeaux d'ordonnance,
avec carrés violets, en opposition avec deux carrés mi-parlic
Isabelle et mi-partie vert, le vert formant le triangle intérieur du
carré.
— 170 —
1G« DEMI-BRIGADE D'INFANTERIE.
Habit imlional bleu à revers blancs. Col jaune. Parements
rouges. Culolte bleue. Guêtres noires. Chapeau noir avec un
pompon rouge ou un panache crin rouge pour les grenadiers.
Drapeau aux couleurs nationales disposées d'une manière dif-
férente pour chaque demi-brigade.
Pour le 1G« fond blanc, au centre deux branches de laurier
encadrant d'un côté le numéro de la demi-brigade, et de l'autre
un faisceau de licteur surmonté d'un bonnet phrygien tricolore.
Bordure de carrés, les quatre des angles bleus, huit rouges el
douze blancs. Cravate rouge.
4Go RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LIGNE.
Habit bleu avec col et parements rouges. Culotte blanche.
Guêtres noires. Shako de feutre noir, tresse blanche, jugulaire
de cuivre, l'aigle en cuivre comme plaque. Dans les compa-
gnies du centre une patte d'épaule rouge remplace les épau-
leltes, et le pompon du shako est rouge.
Les grenadiers ont un bonnet à poil avec plumet rouge et les
épaulettes rouges. Les voltigeursontlecollet jonquille, les épau-
lettes jonquille et un plumet jonquille sur le shako. Le galon
qui borde le shako en haut est également jonquille.
Le drapeau se composait d'uu carré inscrit blanc avec cette
inscription : l'Empereur des Français au 16® régiment de ligne.
Les quatre triangles des coins étaient bleu et rouge alternati-
vement, le triangle supérieur touchant h la hampe était bleu.
Au milieu de chaque triangle des coins, était brodé le numéro
du régiment encadré d'une couronne d*or, la cravate était trico-
lore et la hampe surmontée de l'aigle aux ailes demi-déployées.
Au retour de l'île d'Elbe, Napoléon adopta pour les régiments
le drapeau tricolore portant les trois couleurs disposées vertica-
lement, bleu h la hampe, blanc et rouge.
La cravate de ce drapeau était tricolore et la hampe surmon-
tée de l'aigle aux ailes demi-déployées.
— 171 —
LÉGION DU GARD
Habit blanc. Collet et passe-poil écartâtes. Revers et pattes de
parements écartâtes. Boutons blancs. Pantalon blanc. Shako
«le feutre noir avec plaque aux armes de France, . portant le nu-
méro du régiment.
Le 3"^ bataillon du régiment est un bataillon de chasseurs, qui
a rbabit vert boulonné sur la poitrine, avec collet et passe-poil
écarlates. Epaulettes vertes. Pantalon vert. Môme shako, maïs
avec un cor de chasse dans la plaque.
Le drapeau est des deux côtés mi-partîe en diagonale blanc
et vert. D'un côté, il porte les armes de France entourées des
colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et accompagnées du
sceptre et de la main do la justice ; de Tautre côté, Tinscriiïtion :
« Le Itoi h la légion du Gard », entourée de deux branches do
laurier vert, sous lesquelles pendent attachées à des cordons
rouges, les décorations de Saint-Louis et de la Légion d'honneur.
Cravate blanche, lance dorée.
L'ordonnance royale du 27 novembre 1816 institua les dra-
peaux de bataillon mi-partie en diagonale blanc et rouge pour
les 2«« bataillons, blanc et jonquille pour les 3«* bataillons.
La décision du 24 avril 1818, qui rétablit le drapeau blanc,
maintint les drapeaux de bataillon qui devaient marcher pour
rendre les honneurs, le drapeau blanc ne les rendait qu'au roi
seul. Le drapeau blanc portait d'un côté les armes de France et
de l'autre l'inscription : « Le Roi au 16* régiment d'infanterie »,
entourée de deux branches de laurier vert, sous lesquelles
pendent, attachées îi des rubans rouges, les décorations de Saint-
Louis et do hi Légion d'honneur.
Le drapeau est entouré d'une bordure de fleurs de lis d*or, il
a la cravate blanche et la hampe est surmontée d'une lanco
dorée.
10® RKGIMENT D'INFANTERIE.
Habit bleu de roi, collet blanc avec passe-poil bleu. Revers
blancs avec passe-poil bleu. Parements blancs avec passe-poil
— 172 —
bleu. Pattes de parements' blanches avec passe-poil bleu. Re-
troussis de l'habit bleus avec passe-poil blanc.
La capote est en drap beige. Le pantalon est en tricot blanc.
Le gilet en drap blanc et le bonnet de police en drap bleu de roi.
Les fusiliers ont l'ôpaulette en drap sans frange, les grenadiers
portent Tépaulette écarlate à franges, les voltigeurs Tépaulette
aurore également à franges.
Le shako est en feutre noir avec plaque aux armes de France
portant le numéro du régiment, jugulaires en cuivre, et bandeau
supérieur rouge pour les grenadiers et jonquille pour les volti-
geurs.
Le pompon a la forme d*une olive, portant le numéro de la
compagnie pour les fusiliers^ une fleur de lis pour Tétat-major,
une grenade pour les grenadiers, un cor de chasse pour les vol-
tigeurs; il est blanc pour Télat-major, bleu de roi pour le \^^ ba-
taillon, cramoisi pour le 2« et vert foncé pour le 3<*.
Le régiment a le drapeau blanc tel qu'il a été décrit ci-dessus,
plus, les drapeaux do bataillon dont on vient de parler égale-
ment. Le règlement du service en campagne de 1823 dit : « Les
porte-drapeaux, planteront les drapeaux devant le centre de leur
régiment».
G*est de cette époque que datent les expressions encore usitées
aujourd'hui : « Rejoindre ses drapeaux »; « Être sous les dra-
peaux ».
Après 1830, le gouvernement du roi Louis-Philippe rétablit le
drapeau tricolore, qui fut bleu a la hampe, blanc au centre et
rouge flottant.
La hampe fut surmontée du coq, dit « gaulois ».
Au centre, le drapeau porta en lettres d'or Tinscription : « Le
Roi des Français au 16<) Régiment d'Infanterie. »
Sous Louis-Philippe, l'uniforme de l'infanterie reçut une modi-
flcalion importante. On adopta pour toute Tannée l'habit t\ lu
française, bleu de roi, sans revers et le pantalon rouge tombant
sur le soulier.
Le shako perdit sa forme évasée par en haut et devint cylin-
drique.
Les grenadiers et les voltigeurs furent distingués comme par
le passé des fusiliers du centre.
En 1848, l'habit fut remplacé par la tunique bleu de roi h une
— 173 —
rangée de boutons, avec passe-poil roùge et collet rouge. Le
pompon double en laine fut donna aux grenadiers et voltigeurs.
On donna aux compagnies du centre une contre-épaulette sans
franges, en drap du fond de Thabit avec torsade rouge.
En 1848, le gouvernement provisoire fixa la nouvelle forme du
drapeau national. Aux quatre angles, dans une couronne de lau-
rier, le numéro du régiment, au centre Tinscription : <( Répu-
blique française, 16' Régiment d'Infanterie », entourée de ces
quatre mots placés symétriquement vers les angles : « Unité,
Liberté, Égalité, Fraternité ». Au revers, le numéro placé de
même qu'à la face, et sur le milieu l'inscription : « Valeur et
discipline ». La hampe était surmontée d'un fer de lance doré
avec cravate tricolore.
Par décret du 31 décembre 1831, Taigle française fut rétablie
sur les drapeaux de Tarmée. Les nouveaux drapeaux furent dis-
tribués à Paris le 10 mai 1852.
Enfin, après la proclamation du second Empire, le drapeau
resta le même, mais fut surchargé d'ornements de chiffres et
d'inscriptions.
En 1859, l'uniforme de l'infanterie fut modifié. La tunique fut
remplacée par une veste à pans courts à une rangée de boutons,
avec col et passe-poil jonquille. Au pantalon lombant on substi-
tua un pantalon bouffant, forme des zouaves, s'attachant
au-dessous du genou sur une molletière en cuir, peinte en cou-
leur jonquille. Gomme chaussure, le soulier dit Godillot, avec
guêtres en cuir ou guêtres blanches.
Gapote gris bleuté avec col du fond. Le shako en cuir bouilli
avec aigle pour plaque et cocarde tricolore.
Aigrette en crin rouge, jaune ou verte, sortant d'une tulipe en
cuivre pour la grande tenue; pompon olive en drap de même
couleur pour les compagnies du centre et double en laine pour
les grenadiers et les voltigeurs.
L'épaulelte fut donnée à toute l'infanterie, elle reste rouge ou
jaune pour les grenadiers ou voltigeurs, et elle est verte, à tor-
sade rouge, pour les compagnies du centre.
En 1807, nouvelle transformation ; la tunicfuc à deux rangées
de boutons et le pantalon tombant sur le cou-de-pied rempla-
cèrent l'uniforme décrit ci-dessus. Les autres détails de l'uni-
forme restèrent les mêmes.
— 174 —
En 1868, les compagnies de grenadiers et de voltigeurs furent
supprimées et toute l'infanterie reçut les épaulettes rouges.
Chaque compagnie eut des soldats de V^ classe, avec un galon
de laine jaune d'abord, rouge ensuite.
Le shako rouge à bourdaloue noir remplaça le shako en cuir
bouilli.
C*est avec cette tenuQ que l'infanterie fit la campagne do
1870-1871.
Après les événements de 1870-1871, l'uniforme de l'infanterie
no varia que dans des détails dont, la mention est inutile ici, do
sorte qu^ii Tépoquo présente il est absolument le même qu'en 1 870.
Sauf que le shako rouge est mou au lieu d'être rigide et que le
brodequin napolitain a remplacé le soulier dit Godillot, con-
servé seulement comme chaussure de repos.
Le 5 juillet 1871, une circulaire du ministre de la guerre s'ex-
primait en ces termes :
« Eu attendant qu'une décision ait été prise relativement aux
nouveaux drapeaux à distribuer à l'armée, les corps se procu-
reront provisoirement, aux frais de la masse générale d'entre-
tien, des drapeaux de grandeur moyenne qui ne porteront aucune
inscription et dont la hampe sera surmontée d'un fer de lance
doré. »
Le 14 juillet 1880, le Président de la République française dis-
tribua aux dépulalions des régiments le nouveau drapeau
national. Ce drapeau est tricolore, la hampe surmontée d'une
couronne portant un fer de lance doré.
Il porte à chaque angle le numéro du régiment au milieu
d'une couronne de laurier, d'un côté l'inscription : « République
française, 16* Regimbent d'Infanterie », et au revers les batailles
célèbres auxquelles le régiment a pris une part glorieuse et qui
pour le 16« sont :
HOHENLINDEN.
WAGRAM,
SAGONTE.
ZAATCUA.
OFFICIERS AYANT APPARTENU AU REGIMENT
DATES.
.OMS.
OBSERVATIONS. 1
COLONELS DU RÉGIMENT.
!• Régiment d« Bèarn.
iB'JS
DoIlnlagny(Jcau.lcMonlluc).
Ita»»lur«t1i.l<liiFr»ci.
iG03
Ue Balagiiy (Uamion de Moniluc).
lCi2
De Rambures (Charles, marquis).
10Î7
De Rambures (Jean).
1633
De Itomburcs (François).
1043
De Rambures (Rend).
IfiSG
De Rambures (Cliarics).
1671
De Itniiiburcs (Louis-Alexandre).
Tut ptrudiliol» 1676.
1670
De l-'euiniiÈi-cs (Antoîuc ilu l'a»,
lunrquis).
Dorinl liiiGl>ui.l RÙutnl.
1U8U
Do FcuquiÔres (Jules du l'as).
1700
DcLeuïille(Mar|uis).
1718
De Riclielicu (Duc).
IKTiiili«r»!b<ld«t'-n««.
173*
De Vnlencc(Marqui9).
1738
Do «obnn-Cliabol (Duc).
1745
De Crillon (Marquis).
NoDDiâ Di..^Ui1 d* «mp.
1T46
DclaToiirOii l>lii (Marquis).
1701
De Boisgoli» (Coiule).
17C»
De Creuolle (Marquis).
2' Régiment d'Agena
■ .
1770
Do Grillon (Marquis).
—
Do Cadignan (Baron).
17711
D'Auticliamii (Comlc).
1783
De Ilougc (Marquis).
1784
De la Salle (Comle).
1789
Do Villcfort (Comle).
1
— 176 —
DATK8.
NOMS.
OI18KRVATION8.
16< régiment dUnfanterie»
1791 De Bloltcfièrc.
1792 De la Coml)e.
16« demi-brigade et 16« régiment d'infianterie.
1795
Gillot.
1800
Rouville.
1807
Marin.
1809
Lataur.
—
Gudiu.
1812
Lainollc.
18li
Puns.
1815
1817
1819
Qônéral da brigiide.
Général da brigado.
Légion du Gard.
De Tschudy.
De Bruc.
D'Alvvmare.
16* régiment dUnfanterie.
1824
De Mcsgrigny.
Maréchal de camp.
182G
Bogarelli d'Ison.
1832
De Rostolan.
Maréchal do cain|i.
1839
François.
1812
Yanheddghcni.
1818
Hosqucl.
Maréchul do Frauco.
—
Jollivel.
1850
Titard.
1855
De Chargôre.
Général de brigade.
18GG
Rcbilliard.
Général de brigade.
1870
De la Coltière. *
Général de brigade.
1871
Panier des Touches.
1878
Thomas.
Général de brigade.
1887
Mclzinger.
177
DATK3.
NOMS.
DM'ES.
NOMS.
LIBUTENANTSGOLONELS.
1820
D*Aubusson de la
1856
Tondel.
.
Fcuillade.
1862 .
Blol.
1823
Pc Manncvillc.
1867
Lecoq.
1829
De Ncgiier.
1868
Jacob de la Cotlièrc.
1831
Scvelas.
1871
Guilhamin.
1838
Bertrand.
1874
Gullel.
1841
Persil.
1878
Fisson-Jaubcrtdc Puy
1846
Bosc.
morin.
1849
Le Noble.
1882
De Ncymet.
1853
Jlernmnn.
1887
Barbé.
CHEFS DE BATAILLON ET MAJOBS.
(Les iiiojors sont indiques par la lellro m.)
1820
De Monliarvillc.
1838
Melinc.
Bonne.
1841
Grundler.
—
De Brauneck.
—
Le Noble.
—
Navier (m).
—
Bourelly {m).
1823
Grégoire.
1846
Pelilgrand.
182i
Ménard.
—
Hugo.
1829
Moureau.
1848
Valicon.
1831
Vinct.
1819
Dubost.
—
Mesnagcr.
—
Labrol (m).
—
Mang (m).
1850
Pousard.
1832
Desnos.
1851
Caslan de Bajés.
1833
Jambon.
—
De Mnllcville.
—
Courlejaire(w).
1854
Baudoin (m).
—
De Lussy.
1855
Paillel.
1837
Rigolleau.
—
Paul.
—
Baligaud.
mm^m
Degrave.
—
Sabrier (m).
.
Francés (m).
Nota. — l^a nêrio coinplàto ûo* officioM qni ont Rn|iarlonu un Uùgimoni n'a pu Atre
rùtnblie qa'à partir ilo Tannôo 1820. On iroavora uann le ronra dn rAcii loi nom* lio^
oflicierA qui se sont dintingné», à quelque titre que ce soit, depuis la eriaitoii du llégt-
ment jusqu'à l'année 1620.
12
— 178 —
DATES.
1
NOMS.
DATES.
NOMS.
' i858
Monnet.
i873
Guilbarl (m).
—
Bardin.
1874
BrauU.
—
De Launay (m).
1876
Retlel.
18G0
De Launay.
1877
Bertrand (m).
—
Cliani|)saur (m).
1878
I^atestère.
i862
BlonassoUCamou.
—
Signard (m).
480i
Laguclio.
1871)
Pernut.
—
Logcrol (F.'-A.).
1881
Blennéglier.
1866
Tliévenet.
1882
Bertrand.
1867
Prouvost.
Bablon (m).
_
Gollio (m).
Pinon.
1870
Rabot des Portes (lO''
1883
Besson (breveté).
de marche).
Oudard (w) (breveté).
—
Capdepont.
1884
Ilaller (breveté).
—
Séc(l6° démarche).
—
Toureng,
—
Carré.
DeltheiK
—
Denis dit Calohire (m).
Cellarié (m).
1871
Dyonnet.
1887
Boissc.
1873
Geoffroy.
—
Deflin.
De Cadoret.
1888
Roussel (breveté).
—
Bonnefont-Pédufau.
Terris (m) (breveté).
Savin.
CAPIT
AINES.
1820
Pluchart.
1820
Ducert.
•
Planque»,
—
Dubois.
, Gotmeb.
—
Du ruelle.
—
Gresse.
Pueoh.
—
Robin.
Suisse.
—
Regliciu.
—
De Rochccreuse.
—
De Lavene»,
Roque.
Dacheux.
— .
Couslalet.
—
Genneciaux.
Morissure.
Levesteau.
Sanboul.
:
Tarin.*
1
—
François.
■■
Puitard.
—
Comeau.
1
Rchin.
Brunière.
DATliS.
NOMS.
.„.,.
NOUS.
)8S0
Flavarl.
1831
Bachcicl.
—
irébniil.
—
Vanderlinden.
1821
Vc Bourncl.
—
GuyotdeLacour.
—
Graliowski.
—
Du Terlrc.
Bcaufrtro.
—
De Cnignel.
—
Clmslclot.
_
l'ombaM.
—
Clinuviii.
_
Gcrt.
—
Itollniiil.
_
GInndul.
—
Ilumlwrl.
_
Rogior,
1823
LangloiB.
_
Chaumel.
—
Tassa ni.
_
Ports.
—
Veyricr,
_
Duleil.
—
Barllicliimy.
Seriïiat.
—
Fargeol.
—
Pigallel.
—
Grosgcaii.
_
Arnaud.
1824
PalcRry.
—
Godcau.
—
FavarL
1833
LauroïK.
—
Doriai.
_
Moïse/,.
—
Caillaud.
—
ïlarcou.
—
Sabricr.
—
Malignon.
—
De vaux.
—
Allnnchc.
1827
Itacombcs
Feljns.
—
De Finance.
_
Amand.
—
Du Plessis de Grcne-
1834
Orsibal.
don.
1833
0. Pareil.
1828
Paulrier.
—
Fremonl.
—
DalanU
1836
Rcboulot.
—
Jullicn (AugUBlc).
1837
Agimnl.
—
Jiiliun (François).
—
D'Ex.5a.
—
Vigouroux.
—
0. tloarn.
—
SoisaiËrc.
1838
Droulla.
1820
Rollin.
_
Gabriel.
1830
Riliière.
18:i!i
Uojlard.
—
De Gabriac.
_
Olivier.
IgJI
Gnrtcln.
_
Salilun.
—
July.
—
Cucnin.
—
Cnrceiisr.
1840
OcrnnnL ik' la' Gdtinais.
-
Hiirsoii.
-
Collin.
DATB8.
K0M8.
DATIW.
NOM»-
1840
Do Boisterlro.
1830
Boisscl.
—
Uca y-Cou vulcllf.
—
Pin.
ItUI
Bonncau.
—
Roboul.
—
Testa.
1851
Arviscl.
_
Aldin.
_
DauviD.
—
Mercier Sainle^roix.
1892
Lamolbe.
—
Lelollicr.
—
Gillet.
-_
Clereet.
—
Peysônnicr.
—
Dnguel.
—
Fbry.
—
Lcqueux.
1853
GcDDcciaux.
Itcboulcl.
_
Mortier.
1842
Dru.lc.
—
Godefroy.
_
Gcranl.
_
JalalHsrt.
_
Itoiiilon.
—
De la lk<3si6res.
—
(ÎHbriel.
—
Aiiiaury.
1843
D'A^hemar.
1854
Paris.
1844
Charcron.
_
CaiaDdra.
De Mosséy.
—
1845
Couslallé.
185S
BaucliaDt.
VÉroD AU Itcllecourl.
—
Droucl.
_
Clialon.
_
Fitias.
i846
Mailhan.
—
Denis àii Caloliirc.
_
G^a^otlC.
—
De Haascy.
1847
Cahanon.
—
Riondel.
_
Roclie.
_
Coclicl.
_
De For))iii.
—
CajKleviello.
—
Bocquet.
_
Boucher.
1848
Pinard.
—,
Bicliard.
_
Tliéron.
1856
Flamand.
_
liesse.
_
Wcisaciiiberger.
—
Fatlaguc.
—
Dantcuillu.
~~
UmoCl.
—
Dubois.
1840
Lavoiquut.
—
Molard.
~
Vallat.
1857
Thomas.
_
Uoudou.
1838
Gérard.
—
Malgouyni.
—
Gillel. .
—
Demasscy.
—
De la Joncquijiru.
18511
Cou lien II.
I8E>!I
Datlcsli.
UATKS.
NOMS.
llftTES-
„., 1
1860
Jacquier,
1870
Monjcauï.
—
Durrmcvcr.
—
PoubauU.
—
Jusln. ■ "
—
Oudin.
—
Miln.
—
Fossoyeux.
18fi2
Sctra).
—
Fournicr.
—
Guyon.
—
Halavnl.
_
Nicolini,
—
MallRl.
—
Carrcrc.
—
Ponscnrmc.
—
Goucil.
—
Cocu.
—
Lii|)!niT.
—
Marbcm.
—
Fnuvonu.
—
Salviat.
18«3
Jnvob.
—
lloilcux.
—
Rcwlicry.
—
Souliail.
—
Griiicourl.
—
Florenwf.
mi
Ponsoi.
-_
Sdzary.
ifflfâ
Astrur.
^
Guyol.
—
Serrn.
—
Serval.
—
Alirnlinm.
1H7I
Liégé.
—
Pcro.
_
Rini.
—
lion Uni.
Sr,Iiiipi.lcr.
_
Ucival.
—
GraiMlican.
ism
Meunier.
—
Legrand.
— ■
ttondcl.
—
Oarolty.
1807
Lamorcllc.
—
l'cicrin.
—
RoHie.
—
Cnrrey.
—
Kirlia.
—
Prax.
—
Ilenis (Ernesl).
—
Rahoa.
18C8
Daubaignan.
—
Konnc.
_,
l)elaChn|>(!lle.
_
De Clinlillon.
—
Souhait.
—
Jolly.
—
Darré-Libéros.
_
De la Celle dr
CIm-
1869
Ilébrafd.
Icaulwurg.
—
De Paiati.
—
Compani.
—
Angevin.
—
Aciier.
— .
CourloL.
_-
Girntiilenu. .
—
1)0 Itoysson.
—
Manlninil.
1870
Barrct.
„
Claiiilr.
—
De l'nrscvnl.
-
Tliirion.
— 182 -
DATES.
NOMS,
DATES.
NOMS.
1874
Tourcng. .
1879
De Wézôle-IIolu-
—
Goppens.
bowiez.
Bablon.
1880
Salel. .
—
Gorlmrslcin.
1881
Piron.
Boohcrcr.
—
Pasquicr.
—
Guiclmnl.
1882
Blarcliand.
Cloché.
1883
Ilost.
1875
Do Niort.
—
Faure.
Bellecourt.
1884
Cheynet.
Bonnaud.
Martin (J.).
Poilcvin (breveté).
Dcck.
Jossclin.
Parât.
—
De Dormy (hrcvelé).
Moriaux.
—
Florentin.
Canel.
Gôranl.
—
Marque.
—
Rcboul.
Barrct (breveté).
4877
ïrcmblot.
—
Dcfibrges (breveté).
—
Monchfttre,
1885
Slivalet.
—
Millot.
—
Bfaguan.
—
Gaume.
—
Royor.
—
Martin.
Clievaleyro.
1870
Dcsmarcst.
1887
Michel-Yillaz.
liuslicn.
Martin (liOnis).
L.IEUTE
INANTS
»
1820
Roland.
1820
De la Ilubaudière.
Amclot.
Courtin-Dusaulsoy.
Chastelet.
Vigoureux.
—
Tronchain.
De Brossard.
—
. Tcxier.
Fabre-Montvaillant.
Dericq.
Simon.
Bricnrd.
Boissière.
Rolin.
Ribière.
Chambille.
Ghave.
—
Gompant.
—
Brunel.
•
Dclinance.
- -
Do Gabrluc.
— 183 —
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1820
Marson*
1829
Laurent.
—
Jamct.
1831
Orsibal.
Gonct.
—
0. Mëara.
—
Gest.
—
Agussol.
—
Mincllc.
—
Roboulot.
1821
Porrot.
—
Olivier.
—
Reverdy.
—
Grée do la Gallcrie.
1823
Lôudion-Boisclar.
Pigallet.
——
Petre»
—
Gabriel.
—
. Pautrier.
Salaûn.
»
Angcau.
—
Frémont.
• —
Rogicf»
—
Fezon.
—
Julien^
—
Dubourg.
—
Vanderlinden.
—
Riquœur.
—
Duplessis.
—
D'Exéa.
—
Jamét*
— ■
Cuénin.
—
Descombes.
—
NarçoUé
~
Dachelet»
—
De Bormans.
•>—
LondroSé
•
1
Blanc de Molins.
~
Grobon.
1832
Blanchon.
1825
Maycr«
—
Dubois.
—
DuthciL
—
Gally.
1827
Pérès.
^■■^^
Do lA Gàlinais.
^—
Gérard.
—
Cottin.
— —
Lauze.
—
Donneâu.
—
Geccaldi.
• —
Solàtges.
_
Samet.
GascueK
— «
Scriziat.
* •■"■
Gillet.
-^
Godcau.
1833
De Boislcrtrc.
—
Dachcux.
—
Aldin*
1829
Ri goulot.
—
Rehm.
—
Riqu6uX.
—
Gérard de Pindray.
Malignon.
—
D*Ësplanels.
—
Deveaux.
—
Grenier.
—
0, Pareil.
—
Ganasse.
—
Feljas.
—
De Sainte-Croix.
—
Allanche.
—
Manain.
Moisez.
-~.
De Bonnans.
— 184 —
DATKS.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1833
Booncau.
1842
Vallat.
—
Dlauchon.
—
Couneau.
1834
Lctellior..
Bessc.
1835
Clcrgcl.
—
lUalgouyré.
183G
BQurdilliat.
—
Arviset.
—
Lcqucux.
1844
Lamothe.
—
De Philip.
—
Pin.
—
Rousseau (le Sibcllc.
—
Peyssonnier.
—
Dausagc.
—
Binet..
Drude.
—
Genneciaux.
—
Daguel.
—
Gillct.
1838
Millet.
—
Godefroy.
—
Piocli.
—
De la Bessièrc.
—
Tcsla.
—
Ainaury.
—
IVAdhemar.
Martin.
—
De Massey.
—
Lemaréchal.
1839
Jousson.
1848
Besançon.
—
Gouslalé.
—
Ilamel.
—
Ghalons. '
—
Guénin.
—
Charéron.
—
Remoissenet.
1840
Mailhau.
—
Bauchant.
—
Gabaqon.
—
Enjalbert.
—
De Chassepol.
—
Gharles.
—
Bouclon.
—
Richard.
—
Roche.
1810
A nieller.
Vcron dU DcUecourl.
—
Gillias de Fontl)ouN
—
Seipon.
land.
1841
Deliot.
Drouet.
D'Agoull.
1850
Denis dit Calohire.
De Bar de la Garde.
—
Leroy.
—
De Forbln.
1851
Wattelicr.
Pinard.
— .
Gochet.
. Gravelle.
1852
De la Jonquières.
Fallague.
—
Besançon.
ThiSron.
—
Capdevielle.
.
Clcmenl.
—
Dufoure d'Antisl.
—
Bocquel.
Flamant.
1812
Morlicr.
—
Gahmdra.
— 188 —
DATKS.
NOMH.
DATRS.
NOMS. '
i853
Danteuillc.
1861
Lainorcllo.
—
Gérard.
«MB«
Desbergerons.
i854
Batlcstî.
1862
Pons. .
RoHct.
—
Barret.
Tliomas.
—
Mercier.
—
MoIIard.
—
Montjeaux.
—
Jacquier.
—
Darré-Liberos.
—
Mila.
—
Bassieux.
—
Serval.
1863
Fournier.
—
Guyon.
1864
Ck)urtot.
i855
Nicolini.
1865
Malaval.
—
Carrôrc.
—
Bataille de Sovignac.
—
Durrmcycr.
—
Sezary.
^^__
Ponsot.
—
Oudin.
—
Pau veau i
—
Do Boysson.
—
Martin.
—
Angevin.
^.Mi.
Âstruc.
1866
Ghavaux.
Moutier.
—
Marguerite.
Abraham.
—
Ponscarme.
—
FosRoyeux.
1867
De Parseval.
—
Pcro.
—
Mallat.
Dubois*
18(i8
Serais.
1856
Coulant.
Dupré.
Meunier.
—
Gagelin.
Rochery.
—
Porra.
Rondet.
—
Robert de Saint-Vin-
—
Roche.
cent.
—
Delval.
Cocu.
_ .
Lnbbé-Deslonécs.
18G9
Gamet de Saint-Ger-
—
Nicolini.
main.
—
Denis (E.).
—
•
Marhem.
4858
Daubaignan.
—
Noell.
Kirba.
—
Amyot.
1859
Souhait.
—
Gourlay.
18G0
Dclavier.
—
Salviat.
—
Ili^branl.
—
(luyot. •
~-
1)0 l»alal7..
—
lk)ileux.
—
Rullicr.
1870
Florence.
- 186 -
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1870
Hcllcr.
1871
Bertrand.
.—
Dray.
—
Guidasci.
—
JoHy.
Lubis.
mmm
Lorrénl.
—
Gérard.
.—m
Blichd.
—
RebouK
-.
Graff.
-~
LcfebYi*e.
—
Lo Hourlior.
Naudé.
—
Mipda.
—
Biaise.
Trappicr.
—
Guyol.
Viel.
—
Gazai.
~^
Pascal.
—
Sorbe.
-« '
Duprô.
—
Guichon.
— >
Morct.
—
Piron.
—
Rigollct.
—
Palmade.
.—
DoIaCcllodcChatcau-
1872
Brisset.
bourg.
1873
Uolger.
—
Guillaume.
— .
llorrie.
—
Josselin.
1874
BoisUVeau.
—
Poitevin.
-^
Golonna do Giovellina.
Lccoq.
1875
Cai)elle.
—
Navarre.
— .
Pothelet.
Calmer,
i—
Blin.
Giraudcau.
Alazet.
Bloscr,
—
Quais.
Taconnat.
187G'
Bcaufumô
Clert.
^—
Brenot.
Guérie.
Melet«
•
Allouisse.
.—
Rehm.
1871
De Gantiy,
—
Wagner.
—
Gerliardstein.
Dalix.
—
Uoclirer.
—
Cheynet.
—
Duhay.
—
Martin (J.).
—
Morilz.
1878
Darfis.
Gadaud.
—
Cottréel.
—
Vincent.
—
Maeckerel.
—
Rul.
1880
Morisot.
—
Darrau.
1881
Martin (L.). ,
—
Ronnaud.
—
Trovel.
187 —
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1881
Franck*
1884
De Dernage.
—
Fromiga.
—
De la Richerie.
—
Dessauve.
1885
Jannesson.
—
Soulé.
.—
Vassel.
—
MiclieUYillaz.
—
Dcrtillon.
1882
Leblanc.
—
Denys do Bonavcnlurc.
—
Ck)ltin (le Blelleville.
1886
Martial (brevClé).
—
Daras.
—
Carrère.
1883
Labrot.
1887
Drillat<
—
Arlabosse.
—
Darnaud.
—
Dechej^.cl1e.
— -
De Romatts-Ferrari.
—
Rollirt.
—
GroSé
—
Juin.
—
Kern.
—
Glausade.
—
DagueSé
4884
Devèà.'
1888
Detroyat.
—
Paoletti.
——
Haguet d'Ëtaules.
1820
SOUS-LIEUTENANTS.
Pcrrot.
Pelrc.
Grosjeaii.
Reverdy*
Gobron«
Gueriot.
Vanclerois.
Ilcrmot.
Courtois.
Rogicr.
Vanderlindcn.
Michel.
Caraguel.
Reissent.
Dassac.
Chaslan.
Bobé.
1820
Arnaud*
—
Galambrc.
—
Angeàu#
—
Dutheil.
—
Dubeslay*
Saînt-'Pern*
-~-
Scriziat.
—
Dacbeux.
1821
D*Hugues.
—
Cavaillier.
1822
Fourneaux.
1823
Gcccaldi.
—
Godeau.
—
De Galland.
—
Lauzé.
—
D*Audigier.
—
0. Farcll.
— 188 —
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1823
Moiscz.
1820
De Boistcrlre.
—
Riqucur Tainô.
—
Alilin.
—
Narçon.
—
Mezard.
Matignon.
—
Cagarriga.
—
Feljas.
—
Gotlin.
—
Fezon.
1830
Reline.
—
Rcmy.
—
Gérard de Pindray.
—
BufBère.
D'Esplancls.
il—
Reboulet.
i831
Grenier,
—
D'IIugormcau.
—
Ganosse.
—
Gallaert.
—
Sauboul.
— >
Dcvcaux.
~.
De Sainte-Croix.
Slcinmclz.
—
LctelliQr.
—
Maycr.
—
De Saiut-Vincx>ut.
—
Cl t^rnnl.
—
Uhiucux.
Gouyon.
Dansagc.
—
L*Ainé.
1
Clerget.
—
Guillaume.
Ballet.
—
Fommcaux.
— .
Drude.
Rcboutot.
—
Brenicr de Montmo-
1827
Alanche.
raud.
—
Agussal.
—
Dul)ois.
—
Dubourg.
—
Galy..
—
Doulct.
—
La GAtinais.
D'Exéa.
—
Bonnaud.
-—
Gucnin.
—
Blanchon.
Massain.
—
Quillico.
—
Dupérier.
i832
Blillet.
Blanc de Molinc.
—
Pioch.
—
Ccrfbcrr.
—
Ledicu.
I)*Azcmar.
—
Brousse.
Buffîèrc.
—
De Massev.
%
—
Solatge.
—
Jousson.
—
Gascuel.
Gromont.
—
D'IIugonncau.
—
Daguct.
i820
• Clerc.
1833
Mailhan.
Uosan.
—
Cabanon.
—
Gillcl.
—
Aguicr
UATI>;8.
KOMS.
BAÏKa.
NOMS.
l-cysonnicr.
1833
Coualalcl.
1840
—
Cliarrcjron.
1841
Genneciaux.
_
Doudoii.
—
Rinet.
_
Roclic.
_
Godefroy.
_
Domrd.
_
Gillel,
_
Se mon.
_
De la Joncquifirc.
—
Tesin.
—
Aniaury.
—
Do CliasscpoL.
—
Martin.
_
Housscau tic Sibiilc.
—
Lemaréchal.
—
Iklioi.
—
Besançon.
—
Martiii.
—
Rcinoiascnel,
_
Mcnelricr.
-_
llamol.
—
Uaudinel.
—
Bcaucliamii.
—
LcrÎB.
—
Enjalbcrt.
—
De Lagarde.
—
Chartes.
_
Pinard.
_
Du|ieyre.
_
U'Agoull.
18ii
Cliausscmli-.
_
Baillct.
_
De Cabriôrcs.
—
Challon.
—
Georgy.
—
ClRrecl.
—
DrouGt.
i»:ii>
V.>roii J<l Uollwoiirl.
_
Valollc.
_
Gravcllc.
_
I/iroy.
ih:i7
De Forbin.
_
Amellcr.
_
Tlicron.
1846
Dufourc d'AnlisL
J838
ClcmcnL.
Cochet. .
_
Ptdiin.
1847
Richard.
_
Rabin.
Flamand.
1«3!)
Itlocquct.
_
Chariot.
—
Morlier.
_
Lamboulcy.
I84U
Vrtlal.
_
Rcgnaull.
—
Blin.
_
Uubert do la Uayrie.
Couneau.
1818
Bouillier.
—
François.
—
Bailly,
_
Ites^.
—
Bobet.
_
MalgouyrO.
_
DanleuiUe.
_
Arvisol"
—
Rlolard.
_
Lnniollic,
-~
DuboU.
-
Pin.
-
Ballesti.
nxxEs.
.....
DATES.
»„..
im
Capodevielle.
1833
Stercier.
—
Jnc<|uicr.
—
—
Guninl.
—
liussiuiix.
—
Uila.
IHBC
Malavel.
—
Serval.
—
Morcnu.
—
Guyon.
—
Dnrré-Liberos.
—
Niuolini.
—
llalaillu du Suvii,nii)c.
—
Aslmc,
—
Smry.
—
Linm).
i857
Cliaynux.
—
Fayolle.
—
M arguer! lu.
1B5Ï
Abraham,
Noifol.
—
Kossoyeujt.
—
Oudin.
Pouricr d'Iliucourl.
—
l'ouscaniic.
—
Poro.
1838
Do UalcBli.
__
CoiiloDl.
_
Ilaliiie.
—
Ucunier.
_
Mallal.
—
LiiliMc'-DcsIomk's.
183'J
Cuurlol.
—
Uocliiiry.
—
Seraiit.
—
RolMjrt.
1860
Dujjré.
—
Rondel.
_
Gagelin.
1853
Bergerel.
—
Luhnt.
—
—
De Uoyssoii.
—
Hoche.
. _ .
l)c Parsoval.
—
Kirha.
18(il
Allaii'C.
—
Dauhaignan.
_
Robcri de Saiiil-Viii-
1»S(
Del val.
ccnt.
—
Delavier.
mm
Cocu.
Ilcbranl.
—
Gmnct do SahU-Oor-
—
Souhait.
mnin.
—
Maurei-,
_
La u l'eus.
18Ki
De Palalz.
_
Hose.
—
Dai' riens.
_
De Menorval.
—
flarry.
—
Co.u,mgnon.
Pons.
Marlicm.
—
Lamorello.
_
Di'uu d'Aubij^ose.
—
ilecgmann.
—
POITB.
—
Moiijeuux.
18(i3
Noëlle.
—
liiima.
I8(il
Amyot.
— 191 —
1
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
18G4
Babloii.
1869
Finck.
'—
Gourlay.
—
De la Celle de Ghateau-
1865
Salviat.
bourg.
—
Florence.
1870
Maratuech.
GuyoU
—
Moret.
—
Dray.
—
Thébault.
—
Du Blesuil de Mari-
—
Meunier.
court.
— >
Josselin.
—
Blassé.
—
Poitevin.
—
Boiteux.
Lecoq.
1866
Ileller.
—
Petolety.
—
Michel.
—
Navarre.
i867
Minda.
1871
Richard.
—
Jolly.
—
Lame.
—
Le Bourlier.
—
Gapelle.
1868
Le Foll.
Aubert.
—
Trappier.
—
Horrie.
—
Berlrandy.
—
Rufin.
—
Rousset.
—
Marion.
—
Viel.
—
Meynard.
—
Paycnie.
—
Bouvet.
—
Graiï.
—
Blaguer.
—
Gompaut.
—
Du Grandrut.
—
Lorrcal.
—
Dc|)ey.
—
Carrier
—
Holger.
1869
Aclier.
—
De Framond.
—
Jacquin.
—
Bertrand.
—
Brcant.
—
Alazet.
~-
Aloïsi.
—
Zcllcr.
— ^
Pascal.
— ■
Blaeckercl.
—.
Giraudeau.
— .
Furlaud.
Guillaume.
—
Darfis.
—
Dubos.
—
Betla.
—
Schlinguer.
—
Pcllier.
—
Maire.
—
Barbier.
—
Polhaut.
— .
Ronfaut.
—
Bcrgeron
—
Franck.
Plane.
—
Blorlet.
— 192 —
DATES.
NOMS.
DATES.
NOMS.
1871
Tcîssicr.
1870
Tissot.
• -~
Doussot.
—
Gardey.
Lebrun.
1877
Kock.
Àngiron.
—
Deniaud.
—
DTrre.
Raulot-Lapoinle.
—
Chaffaud.
— .
De GadoUe.
—
Musy. . ,
—
Kurtz.
—
Brouillard.
1878
Roux.
—
Chambré.
—
Marly de Bornage.
—
Pincemin.
1879
Schwab.
— ''
Mailre.
—
Pcrre.
—
Colonna.
1880
Laroche. '
—
Wautrin.
De Parseval.
—
Badinier.
—
Pcro.
m±
Blaguer.
1881
Donmnge.
—
Dalix.
188i
Carrôrc.
—
Wagner.
—
Maugras.
—
Brissct.
1883
Drillat.
—
Olivieril
—
Petret.
—
Boucat.
Vasseroi-Merlc.
i873
Piron.
De Romans-Ferrari.
Fournicr.
—
Jordan.
—
Masson.
1884
Chauvey.
1874
Roby.
—
Gros.
—
Gancl.
Kern.
—
Rauch.
• .^i»
Dagues.
Laruc
Cord'hommc.
—
Dessauve.
1885
Biloir.
1876
Quais.
1880
Triboullier.
—
Poli.
—
Poulet.
—
Jnlssy.
—
Hou pour t.
—
Bertrand.
1887
Boulhol.
—
Jamme.
1888
Renaud.
Benoit.
—
Fénard.
Vial.
•
TABLE DES MATIERES
Pagw.
Transformations successives du régiment 1
llâgimmt de Déarn ' 3
Fahcrt ^
(jucrre ilc Trente ans ^>
La Fronde ' ^
Guerre de Hollande ^
Ligue d'Augsbourg ii
Guerre de succession (PEspagne ^2
Guerre de succession de Pologne 13
Gurro de succession d'Autriche 13
(îuorre ilo Sept ans Itt
Régiment (CAgauiis 18
Guerre d'Amérique ^ i8
1G<» régiment (Cinfanlerie .' . 21
Campagne de 1792 21
Campagne de 1793 22
16° demi-brigade de bataille -24
Campagne de 4794 24
(iampagnc do 1 795 30
IC® demi-brigade de ligne 30
Campagne de 179G 31
Campagne de 179T 37
Campagne de 1799 39
Campagne de 1800. Campagne d'été 43
Campagne d'hiver 48
llolienlinden 49
Le régiment de 1801 h 1805 »2
IG® régiment d'infanterie de ligne ^
Trafalgar 53
Campagne de 1809 56
13
- 194 -
PageH.
Wagrain ^^
Période lie 1810 à 1813 «S
Campagnes en Espagne ^
Siège de Girone C8
Corps d'oltservation de la Hollande 75
Armée d'Aragon 1811 "^S
Siège de Tarragone : 77
Itiilaille de Sagonle 8^
Siège de Valence ^-^
(irande Armée. (1813) «H
Armée de Lyon (181 i) «î*
Légion du (lard ^ i>0
16° régiment d'infanterie de ligne (1820) ^^3
Campagne d'Kspagne (1825) 05
Campagne de Morée (1828) 104
Période de 1830 à 1845 100
Funérailles «lu général Lamarque 107
Troubles à Strasbourg 109
Campagne d'Afrique (1815-1849) 113
Opérations contre les Flittas et le Dahra 114
Zaatcha (1849) 1 19
Expédition contre les Beni-Immel 123
Campagne du Gers (1851) 120
Période de 1852 à 1870 127
Guerre contre, rAlleniagne (1870) 138
Première armée di; la Loire 138
Itataille de («oulmiei-s 140
Ritaitle de Loigny-lN)upry 145
(«ombals d'Arltienay el ('lievilly l-K»
Combat d'Oriéans /. " 148
Campagne de l'Est 150
Combats de Cliavanne et d'Arcev 152
Ikitailte d'iléricourt 152
Siège de Paris 15(»
Combat de CliAtiilon 157
Combat de Ikigneux 157
Combat de Montmesly 158
Combat de Villiei-s.. ! 159
Combat du l{«iurget 100
Sortie du 19 janvier 1871 101
Uécompenses accordées au régiment pendant la campagne de 1870-
1871 162
Depuis la canq>agne de 1870 jusqu'en 1888 10-i
Troubles h Mjirseille et h Lyon 164
. — 105 —
Hcmisc du nouvcnu drapeau au rogimcnt 166
Uniformes et drapeaux du régiment 169
Liste des colonels du régiment. . . : i75
Liste des lieutenants-colonels 177
Cliefe de bataillon et majors 477
Capitaines 178
Lieutenants 182
Sous-lieutenants 487
Paris. — liiipriiiicrio L. BAUfx>iN ot C*, t, ruo Cbrislinc
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Z39.4&-1992 (Permanence of Paper)
Austin 1995
K» l.