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Full text of "Historique du 16e régiment d'infanterie"

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HARVARD 
COLLEGE 
LIBRARY 



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16' 

REGIMENT D'INFANTERIE 

HISTORIÇUE 

— ... »..i. 

M, POITEVIN 
apiUiiiie breveté au Ré|inient 




HISTORIQUE 



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16- RÉGIMENT D'INFANTERIE 



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l*AttII. — IMPRIMRRIR I.. IIAITDOIN KT n', U1TK CIIR18TINR, t. 



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HISTORIQUE 



ir RÉGIMENT D'INFANTERIE 



M. POITEVIN 




PARIS 



LIBRAIRIE MILITAIRE DE L. BAUDOIN ET C 

lUPHIURUnS-ÉDITBUtlS 

30, Rue et Passage Dauphins, 30 



Ft 3H«.iG 




AU COLONEL ET AUX OFFICIERS 



DU 16« RÉGIMENT D'INFANTERIE 



Messieurs y 

• 

A toutes les époques on s'est attaché à développer les 
facultés morales du soldat ^ à élever ses sentiments et à 
lui inculquer le culte du drapeau. Cliaque année, les 
instructions ministérielles sur les inspections générales 
rappellent la nécessité de donner à Vhom^ne une forte 
éducation militaire, en même temps qu'une instruction 
solide. 

Parler à Vùme du soldat, lui rendre familiers les hauts 
faits accomplis dans son régiment, tel est, pensons-nous, 
le plus sûr 'inoyen de développer son éducation morale 
et de maintenir dans le corps le culte des traditions 
militaires. 

Tel est le but de ce travail. 



HISTORIQUE 



ou 



16"^ RÉGIMENT DINFANTERIE 



ORIGINES DU REGIMENT 



SES TRANSFORMATIONS SUCCESSIVES JUSQU'A NOS JOURS 



L'origine du 16* régiment d'infanterie remonte à 1595, époque 
où Henri IV créa le régiment de Balagny. Il porta successive- 
ment le nom des 16 premiers mcstrcs de camp qui le comman- 
dèrent. 

En 1684, une ordonnance du roi Louis XIV lui donna le nom 
de régiment de Béarn. Il avait rang dans les sept petits vieux 
régiments. 

Une tradition conservée dans le corps faisait remonter son 
origine à une compagnie de gardes de François de Valois, duc, 
d'Alençon, frère de Charles IX, levée en 1576. Le général Susane 
dit que celte tradition semble fondée, et les preuves qu*il en 
donne sont très acceptables. 

En 1776, la formation de nouveaux régiments d'infanterie 
amena le dédoublement du régiment de Béarn. Les 1«' et 3* ba- 
taillons continuèrent le régiment de Béarn. Les 2« et 4* batail- 
lons formèrent le régiment d'Agenais. 

En 1791, l'Assemblée nationale supprima les noms de pro- 
vinces des régiments et les remplaça par des numéros. Le 
régiment d*Agenais reçut le numéro 16j^et devint le 16* régiment 
dinfanterie. 



— 2 — 

A partir de cette époque, les corps qui portèrent le numéro IG, 
furent les suivants : la 16* demi-brigade do bataille formée 
en 1793 du i^' bataillon du 16* et des volontaires de la Meurthe ; 

Le 2® bataillon du 16* qui avait été envoyé à Saint-Domingue ; 
en 1791 ne fut pas amalgamé et se fondit dans les troupes colo- 
niales ; 

La 16* demi-brigade de ligne formée en 1796. 

Le 16* régiment d'infanterie créé par Tarrèté des consuls 
de 1803, qui remplaçait la dénomination de demi-brigade par 
celle de régiment. Cette organisation dura pendant toute la 
période impériale. 

L*a lésion du Gard. 

En 1815, une ordonnance royale supprima la dénomination 
de régiment pour lui substituer celle de légion. Mais cette orga- 
nisation ne dura que cinq ans. 

Le 12 décembre 1820, le maréchal de camp Baron de Couchy, 
inspecteur général du 5* arrondissement d'infanterie, prononça 
la dissolution de la légion du Gard et en forma le 10* régiment 
d'infanterie de ligne actuel. 



L'Historique du 16* régiment d'infanterie sera divisé en trois 
périodes. 

PREMIÈRE PÉRIODE. 

DEPUIS l'origine DU RÉGIMENT JUSQU'A LA RÉVOLUTION- 

DEUXIÈME PÉRIODE. 

RÉVOLUTION ET EMPIRE. 

TROISIÈME PÉRIODE. 

DE LA RESTAURATION A NOS JOURS. 



• • . • 



PREMIERE PERIODE :' 

DEPUIS L'ORIOINE DU RÉGIMENT JUSQU'A LA RÉVOLUTION 



LE 16« DE LIGNE DEPUIS SA CREATION JUSQU'BN 1793 



Réfl^lmeiit de Béarn. 

(4595-4776.) 

L'origine du régiment de Béarn remonte à 157G. Le 6 mai de 
cette année, la reine Catherine de Médicis, dans une clause du 
traité de Ghatenoy (paix de Monsieur) reconnut au duc d'Alençon. 
frère de Charles IX et de Henri III, le droit de lever une compa- 
gnie de gardes pour sa sûreté personnelle. Le commandement 
en fut donné au brave et redouté Bussy d'Amboiso et après sa 
mort à son beau -frère Jean de Montluc de Balagny, qui devint 
maréchal de France et qui est resté célèbre par ses mémoires. 

Le régiment porta d'c^bord le nom des seize mestres de camp 
qui le commandèrent ^ C^était le plus ancien des régiments de 
gentilshommes et pour ce motif il était fort recherché de la haute 
noblesse. 

BALAGNY DANS LES PAYS-BAS. 

Le duc d'Alençon était allé au secours des Pays-Bas, révoltés 
contre TEspagne; il se fit livrer Cambrai et en confia la garde et 
le gouvernement à Balagny. En 1581, il repoussa toutes les ten- 
tatives du prince Farnèse pour reprendre cette place, où il se 

1 Mestrc do c^mp, colonel. 



— 4 — 

maintint pendant 11 ans. En 1503, il sut profiter de l'embarras 
du roi Henri IV, pris entre la ville de Laon qu*il assiégeait et 
une armée espagnole qui venait au secours de la place. Il amena 
au roi un renfort de SOO chevaux et 800 hommes de pied. Le roi 
fit Balagny maréchal de France et lui donna la principauté 
héréditaire de Cambrai. 

En 1H12, le régiment passa aux mains de Charles de Rambures, 
un des plus vaillants des officiers de son temps. 

RAMBURES EN BRETAGNE. 

Louis XIII, s*élant rendu à Nantes en 16H pour y tenir les 
États de la province, « il y trouva le régiment de Rambures, fort 
de 2000 hommes bien équipés et dont il fut si content, qu*il le 
chargea d*aller avec les gardes françaises soumettre et démolir 
la ville de Blavet. foyer de rebelles toujours prêts à livrer leur 
port aux Espagnols ». 

Le régiment fit ensuite le siège de Creil-sur-Oise, débloqua 
Péronne assiégée, assista aux sièges de Laon et de Ilethel et fut 
envoyé dans révêché de Metz, sous les ordres du maréchal du 
Plessis-Praslin. 

FABERT. 

En 1619, Fabert, qui par sa valeur et son mérite devait con- 
quérir un jour le bâton de maréchal, s*enr6la au régiment de 
Rambures. 

Il avait 20 ans : c'était le fils d'un imprimeur de Metz. Dès son 
arrivée au régiment, il se distingua par son courage et sa con- 
duite sans reproches. 

SIÈGE DE LA ROCHELLE. 

Le cardinal de Richelieu avait mis le siège devant la Rochelle, 
dernier refuge de la religion réformée. En 1627, Rambures 
arriva devant la place, s'établit à Angoulin et construisit sur la 
pointe de Coureilles une batterie de 6 pièces qu'il servit pendant 
tout le siège. C'est pendant ce siège que Fabert reçut la charge 



— 8 — 

de sergent-major du régiment. « Jamais, disait-on alors, régi- 
ment ne nt mieux Texercice et ne fui mieux discipliné que celui 
de Rambures. Faberi en fit un régiment modèle. » 

RAMBllRES EN PIÉMONT. 

En \ 629, le régiment est envoyé à Tarmée de Piémont. Il fait 
des prodiges de valeur au combat du Pas de Suze. Au mois de 
mai, il assiste au siège de Privas, il concourt à l'attaque de 
gauche. Aussitôt le signal donné, Fabert à la tôte des enfants 
perdus plante son échelle contre Pescarpe de Touvrage à cornes, 
arrive le premier sur le rempart et tient Tennuemi en respect 
jusqu'à l'arrivée de ses hommes; le régiment le suit, Fabert 
est grièvement blessé d'un coup de mousquet, le capitaine de 
Fougerolles est tué. 

L'année suivante 1G30, le régiment rallie Varmèc de Piémont 
au siège d'Exilés. Fabert reconnaît le fossé de la place, fait 
exécuter une tranchée et place deux canons en batterie devant 
le donjon. La garnison intimidée capitule ; s'avançant ensuite avec 
quelques compagnies, il emporte le pont de Mafrée et surprend 
le poste de la tour Garbonnièrcs qui capitule. Au combat de 
Yeillan, Fabert, à la tcte de 20 hommes, tient tcte à 400 Savoisiens 
qui harcèlent l'arrière-garde; il est dégagé par son régiment. 

Au siège de Saluées, dans la même campagne, Fabert s'avance 
seul sous une grêle de balles, pour reconnaître les abords de la 
place. Il reçoit deux coups de feu dans son chapeau. Le roi 
Louis XIII, plein d'admiration pour ce brave, lui donne une 
compagnie dans le régiment. 

GÉNÉROSITÉ DE FABERT. 

Fabert, ayant appris que le capitaine Bizemont, auquel il 
succédait, laissait des affaires embarrassées, fit compter 
7,000 livres à ses héritiers. Cette somme représentait le prix 
d'une compagnie à l'époque. 11 fit entendre que le roi l'avait or- 
donné ainsi, afin qu'on ignorât sa générosité. 

Le 6 ao&t de la même année, le régiment partageait la gloire 
du régiment de Picardie au pont de Garignan. 



— 6 — 



GUERRE DE TRENTE ANS. 

A partir de 1G31, le régiment opère en Lorraine el sur le 
Rhin, et fait successivement les sièges de Marsal, Moyenvic, 
Vie, Trêves, Nancy, Bitche et La Mothe. Envoyé au secours 
d'Heildelberg, il bat les Impériaux, le 23 décembre 1635, repasse 
le Rhin sur la glace et participe au siège de Spire, où il se couvre 
de gloire à Tassant du Faubourg. 

GRANDEUR D'AME DE FABERT. 

La même année, les Impériaux ayant ravagé la Lorraine et le 
Barrois, le régiment qui était à Château-Satins, est envoyé à 
leur poursuite. 

Fabert, qui était toujours à Tavant-garde rencontre, entre 
Sarrebourg et Lunéville, un camp que l'ennemi avait évacué à 
la h&to et où il avait abandonné ses malades et ses blessés. Un 
officier ayant crié : « Tuons tous cesgredins », Silence, dit Fabert, 
on ne tue que les gens qui ont les armes h la main, vengeons- 
nous mais d'une manière digne de Français ! » 11 ordonna ensuite 
de distribuer à ces malheureux le peu de vivres de son déta- 
chement, les fit transporter à Mézières et donna Tordre de les 
bien soigner. Presque tous ces malheureux par reconnaissance 
prirent du service dans Tarmée française. 

RAMBURES REÇOIT LE DRAPEAU BLANC. 

En 1635, le régiment reçut, comme récompense de ses nom- 
breux exploits, le drapeau blanc. Cotte distinction le classait 
parmi les régiments petits vieux et lui donnait droit à une com- 
pagnie colonelle. 

COURAGE DE FABERT. 

En 1636, le régiment qui avait ses quartiers à Epinal, reçut 
Tordre d'aller au secours d^Haguenau investi par les Impériaux. 
Il quitte Épinal le 3 juin, s'empare en passant de Saint-Dié et de 



— 7 — 

Saiutc-Marie-aux-Minos, et entre le 10 à Ilaguenau. Il rejoint 
aussitôt Je duc de Saxe-Veymar, qui assiégeait Saverne. Là, 
Fabei t, au troisième assaut, monte sur la brèche, s'empare d*une 
maison où il tient plus d*une heure ; mais l'ennemi ayant incendié 
la maison, il est obligé de sauter dans le fossé où il reçoit plu- 
sieurs graves blessures. 

En récompense de cet exploit, le roi Louis XIII, lui donna une 
compagnie dans le régiment de Picardie. 

C'est ainsi que le fils de Timprimeur de Metz, le futur maréchal 
de France, quitta le régiment de Béam qu'il avait illustré autant 
par ses vertus que par sou courage. 



SIÈGE DE DAMVILLIERS EN 1637. 

• 

A propos de ce siège, il suffit de citer le passage de la Gazelle 
de France^ le premier des journaux publiés en France : « Le 
régiment de Rambures étant de garde dans la nuit du 1«' au 
2 octobre, les assiégés firent une sortie et pénétrèrent dans les 
travaux. Mais le lieutenant-colonel de Seully, rassemblant son 
monde, les repoussa bravement. Le capitaine de Sicham y fut 
blessé d'une mousquetade à la tète. » 

SIÈGES DE THIONVILLE ET D'ARRAS. 

Au siège de Thionville 1G39, le régiment est placé à la garde 
du parc d'artillerie. Le 7 juin, avec deux autres régiments il 
contient lès Impériaux qui ont forcé le quartier de Navarre. Ces 
trois régiments soutiennent le choc de toute l'armée ennemie, 
mais ils doivent plier devant le nombre. 

L'année suivante, au siège d'Arras, le régiment s'élance à Vas- 
saut de la demi-lune, dont il s'empare et force ainsi la place à 
capituler. 

Eu i64i, à la bataille de Hannccourl, perdue par le maréchal 
de Grammont, il accomplit des prodiges de valeur. Le colonel 
François de Rambures y est tué au milieu de ses compa- 
gnies ruinées. 



— 8 — 

BATAILLE DE ROCROY. - COxMBAT DE LA COLME. 

A la bataille de llocroy 1643, où le prince de Condé, alors duc 
d*Enghien batlil la vieille et redoutable infanterie espagnole 
commandée par le brave comte de Fuentès, le régiment était 
placé à la gauche de la ligne avec le régiment de Piémont. Au 
début, la gauche plia devant Tattaque des Espagnols, mais le 
duc d*Enghien arrive, excite le courage de ses troupes, qui, 
reprenant TofTensive, culbutent les Espagnols et enfoncent le 
redoutable carré dont Thisloire militaire a conservé le souvenir. 

Le régiment y perdit beaucoup de braves. Les capitaines du 
Mesnil, Froyelle, Villiers et Bergues furent tués. 

Au combat de la Golme, 1645, le régiment qui faisait partie 
de Tannée du maréchal de Gassion se distingua particulièrement 
au passage de la rivière qui porte ce nom. Une crue considé- 
rable avait grossi la rivière, dont les passages étaient fortement 
gardés par les Espagnols. Les soldats du régiment se jettent h la 
nage et engagent un combat terrible, qui serait resté incertain 
sans Tarrivée du maréchal de Gassion. 

SIÈGE DE COURTRAI (1646). 

Le 13 juin 1646, le régiment s'établissait devant Courtrai, dont 
on allait commencer le siège. L'ennemi voulut essayer de jeter 
dans la place 3,000 mousquetaires et 3 régiments de cavalerie 
avant Tarrivée de toute l'armée de siège. Mais le régiment à lui 
seul empêcha ce secours d'entrer dans la place. Le régiment fit 
ensuite les sièges de Dunkerque et d'Ypres et assista, en 1648, à 
la bataille de Lens, qui termina la guerre de Trente ans. 

LA FRONDE. 

Pendant les troubles de la Fronde, le régiment se dislingue 
en compagnie de Piémont à la bataille de Rethel, 1650; il se 
couvre de gloire au passage de l'Escaut, près de Neuville, 
en 1651, et assiste au combat du faubourg Saint-Antoine, 16^2, 
sous les ordres de Turenne. 



— 9 — 

Condé, qui commandait Tarmée de la Fronde, était battu si 
Mademoiselle n'avait fait tirer le canon de la Bastille sur l'armée 
royale, et ouvrir les portes de Paris à l'armée de Condé. 

FIN DE LA GUERRE AVEC L'ESPAGNE. 

9 

Jusqu'à la paix des Pyrénées, 1659, le régiment assista à de 
nombreux sièges dans les Flandres, et prit une part active à la 
bataille des Dunes, gagnée par Turcnno sur les Anglo-Espagnols 
commandés par le prince de Gondé. 

Le régiment se distingua encore dans cette bataille et fit 
mettre bas les armes à un batidllon anglais du duc d'York. 

GUERRE DE FLANDRE OU DE DÉVOLUTION. 

Pendant la guerre de Flandre, le régiment fait le siège de 
Lille et prend ses quartiers à Gharleroi. 

GUERRE DE HOLLANDE. 

Au début de cette guerre, le régiment rejoint l'armée au 
camp de Dunkcrque, où il est passé en revue par Louis XIV. Il 
assiste au passage du llhin, et est placé en observation a Bom- 
belles. 

Le !«■' août 1673, l'ennemi attaque une redoute située en face 
d'une des portes de la ville, de l'autre côté de la rivière. 

Cette redoute est défendue par 30 hommes conmiandés par le 
lieutenant de Gamares. Sommé de se rendre, il envoie son ser- 
gent chercher du secours à Bombelles, et se défend avec énergie. 
L'ennemi se relire après avoir perdu son commandant. 



BATAILLE DE SENEFF (1674). 

Le régiment, placé à l'extrême gauche de la ligne de bataille, 
attaque le village de Fay. 11 se couvre de gloire et contribue au 
succès de la bataille par son attitude. Il y perd le lieutenant- 
colonel Hébert, les capitaines de Brisseul, Campagne, 



— 10 — 

Bonnœre, Pommereuil; les lieulenants et enseignes : La 
Varenne, Legrand, Culan, Varixnont, Létendard, 
Sosseval et Saint-Martin. 

Plus de 200 hommes sont tués ou blessés sur liOO. Le régi- 
ment rejoint ensuite Tarmée du maréchal do Turcnne au camp 
de Dethweiler, en Alsace. Son deuxième bataillon se jette dans 
Haguenau et force Piccolomini à lever le siège de cette place. 
T^ régiment assiste ensuite au combat de Mulhouse. Au mois de 
mars 1675, il attaque Neubourg, chasse l'ennemi de palissade 
en palissade et le force à capituler. EnHn, il suit le maréchal de 
Tui'enne pendant toute cette campagne. 

Au mois de juin, il est envoyé à Altenheim pour construire 
un pont sur le Rhin, aHn d'assurer la ligne de retraite en cas de 
revers. Quelque temps après la mort du maréchal, Tarméc, 
après un combat acharné devant Altenheim, ne dut son salut 
qu'à ce pont. Le régiment continua à servir en Alsace. En 1676^ 
le colonel de Rambures fut tué par accident. 

Ce fut le dernier colonel de ce nom, et il y avait GO ans 
que le régiment de Béarn se couvrait de gloire sous le nom de 
de llambures. 

Le régiment passa alors aux mains du marquis deFeuquières, 
célèbre par les mémoires qu'il laissa sur les guerres de son 
époque, et malgré les jugements empreints de partialité qu*il y 
porta sur le grand Turenne. 

Lors de la signature de la paix de Nimègue, le régiment avait 
été désigné pour couvrir le quartier général du roi, près di^ 
Tabbaye de Saint-Denis. Le 14 août, trois jours après la signa- 
ture du traité, le prince d'Orange attaqua. 

Le régiment tint assez longtemps pour permettre au roi de se 
retirer avec tous ses équipages. Puis, battant en retraite, il 
arriva au pont de la rivière de Saint-Denis en môme temps que 
Tennemi, qu'il battit. Il rallia l'armée déployée de l'autre côté 
du défilé. 

Mais il s'arrêta au débouché du défilé, fit face à l'ennemi sous 
un feu terrible et tint la position jusqu'à l'aruvéc du réginicnl 
des Gardes françaises, avec lequel il mit l'ennemi eu déroute. 
Mais la gloire de cette affaire appartient en entier au régiment. 

Le colonel fut grièvement blessé, le lieutenant-colonel mis 
hors de combal, i capitaines furent tués et 18 officiers blessés. 



- il - 

LIGUE D'AUGSBOURa. 

LE RÉGIMENT SUR LE RHIN. 

Le régiment s'illustra de nouveau pendant cette guerre. 
En 1689, au siège de.Philipsbourg, les capitaines Contre- 
moulins et Despoix et le sous-lieutenant Dupuy furent 
tués. Le lieutenant-colonel Damours et 2 capitaines furent 
blesses. 

Le régiment fut ensuite envoyé à Ueilbronn pour démolir les 
fortifications de cette place. Sa mission terminée, il vint s'établir 
dans une forte position, à Pflorzheim. A peine avait-il évacué 
Heilbronn qu'un détachement de dragons allemands entra dans 
la ville et massacra tous les malados français qu'on avait dA 
laisser dans la place. Le colonel de Feuquières se promit de 
leur faire payer cher cette barbarie allemande. Quelques jours 
après, il apprend que les mêmes dragons sont à Neubourg, sur 
l'Entz. 

Il part le 6 janvier h 9 heures du soir avec 600 hommes, arrive 
à minuit devant Neubourg, trompe une sentinelle en lui parlant 
allemand, fait accrocher un pétard à la porte et Venfonce. 

Tous les dragons sont tués à Texception de sept. Leur com- 
mandant, qui faillit tirer sur le colonel de Feuquières, fut tué 
par le capitaine du Poussay. 

En iG90, à l'attaque de Waldekirch, près de Strasbourg, le 
capitaine de Moussy est tué. 

LE RÉGIMENT EN PIÉMONT. 

SIÈGE DE CARMAGNOLE. 
BATAILLE DE LA MARSAILLE. 

En 1691, le régiment est envoyé à Tarmée de Gatinat, en 
Piémont, où il s'illustre pendant 6 campagnes successives. Il 
débute à la prise du château de Yeillan, emporté en 24 heures» 

Au siège de Carmagnole, il ouvre la tranchée du côté de Cari- 
gnan; il perd 50 hommes. Le lieutenant-colonel de Yraignes et 



— 12 — 

deux capilaincâ sont blessés. En i693, il se distingue à la bataille 
de la Marsaille. Deux capitaines y laissent la vie. 

Âpres la paix de llyswick, le régiment est envoyé à Briançon, 
011 nous le retrouvons à l'ouverture de la guerre de Succession 

d'Espagne. 

« 

GUERRE DE SUCCESSION D'ESPAGNE 

LE RÉGIMENT EN ITALIE. 

Après s'être distingué à l'attaque des retranchements de 
Chiari, le régiment est bloqué dans Mantoue par le prince 
Eugène de Savoie; il se distingue dans plusieurs sorties. Le 
25 janvier 1702, le gouverneur charge le capitaine de grenadiers 
Boutteville d'aller incendier les magasins de l'ennemi, situés à 
7 milles de la ville. La mission est exécutée sans perdre un seul 
homme. 

Mantoue débloquée au mois do mai, le régiment resta affecté 
à la garde de cette place, mais il envoya un détachement de 
volontaires qui prit part à la bataille de Luzzara. En ilili, il fit 
les sièges de Verceil et d'Ivrée, et commença celui de Verrue, 
1705. A l'attaque du 1^' mars, il perdit les capitaines d'Aché, 
Biralin et de Fresne. Au mois d'avril, il quitta le siège et 
rallia l'armée du grand Prieur de Vendôme, où il s'illustra à 
l'attaque de la Gassine de Moscoline, à la bataille de Gassano 
et à Calcinato, où les Impériaux furent battus. 

Le régiment est alors envoyé à Turin assiégée par Tarmée 
française ; mais en arrivant il trouve les lignes françaises forcées 
par le prince Eugène, et se jette dans la petite place de Ghi- 
vasso. 

Le prince Eugène arrive devant cette place et somme le colo- 
nel de se rendre. Gc dernier lui répond que lui et son régiment 
tiennent trop à l'estime de l'ennemi pour faire une chose sem- 
blable; puis il ouvre un feu terrible qui oblige l'adversaire à un 
siège en règle. Mais la ville était sans défense et sans ressources, 
et au bout de 8 jours le régiment capitule, sort de Chivasso avec 
tous les honneurs de la guerre, et est reconduit à la frontière. 

A Ghambéry, il est passé en revue par le comte de Médavy. 
Il ne lui reste que 400 hommes valides. 



— 13 — 



LE REGIMENT SUR LE RHIN. 



En 1708, il est envoyé à rarméo du Rhin et placé dans les 
lignes de la Lauter, entre Weissem bourg et Lauterbonrg, où il 
reste jusqu'en 171â. Le IG août de cette année il y est atta- 
qué, mais il repousse l'ennemi, qui éprouve des pertes énormes. 

GUERRE DE SUCCESSION DE POLOGNE. 

Au commencement du règne de Louis XV, le régiment passe 
aux mains du duc de Richelieu. Il quitte sa garnison de Scheles- 
tadt à Touverture de la guerre de Succession de Pologne et fait 
le siège de Kehl. Le capitaine La Serre fut tué pendant le 
siège. En 1734, il se trouve au passage du Hhin et prend part 
au combat d*Eff1ingen et au siège de Philipsbourg, où, le 23 juin 
il emporte les places d'armes du flanc de l'ouvrage à cornes. 

Les capitaines de Gase, d'Angosse, Mouziers et 100 
hommes y laissent la vie. Le régiment prend ses quartiers d'hi- 
ver h Schelestadt, où il perd 900 hommes d'une épidémie. 

GUERRE DE SUCCESSION D'AUTRICHE, 

En i74t, lorsque éclate la guerre de Succession d'Autriche, le 
régiment est en garnison à Verdun. Il se rend en Bavière. 
L'Électeur de Bavière, craignant une attaque des Autrichiens 
venant dltalie, envoie sur la frontière du Tyrol deux régiments 
d'infanterie et deux régiments de dragons. 

Le régiment, chargé à Ens de défendre le passage de la rivière 
de ce nom, y est forcé par Tcnnemi et va s'enfermer dans Lintz, 
qui est investie le ic' janvier 1742 par les Autrichiens. 

Le comte de Ségur commandait cette place, qui est ouverte ; 
sommé de se rendre et menacé d'une attaque dans la journée 
même, le comte répondit au général autrichien qu'on l'attendait 
avec impatience, que les barrières de la ville seraient ouvertes 
pour lui livrer passage et que la garnison répartie dans les mai- 
sons le saluerait au passage. 

Le lendemain, 2 janvier, les Autrichiens attaquent, en force, 



— 14 — 

sur tous les points. Le faubourg, au delà du Danube, est défendu 
par 41 soldats du régiment. Ils tuent 57 hommes à Tennemi et 
tiennent jusqu'à l'arrivée des secours. Les Autrichiens, repoussés, 
veulent réduire la garnison par la famine. Le 16 janvier, le 
comte de Ségur tente deux attaques sur les villages de Galinkir- 
chen et d'Ebersberg, espérant faire passer un officier pour aller 
informer le duc de Broglie de sa situation. Mais son attaque 
échoue, et, à Galinkirchen , les capitaines du Bochet et 
d'Houdan sont tués et deux compagnies de grenadiers anéan- 
ties. 

Le 22 janvier, les Autrichiens attaquent de nouveau et mettent 
le feu aux quatre coins de la ville. Le comte de Sôgur capitule, 
obtient les honneurs de la guerre, et le régiment rentre à Stras- 
bourg, d*où il est envoyé à Besançon. En 1743,. il rejoint Tarmée 
du maréchal de Noailles à Weissembourg, il assiste à la bataille 
de Dettingen et fait, avec le régiment do Piémont, Tarrière- 
garde de Tarmée où il se couvre de gloire. Dans cette journée, il 
perd 600 hommes, les capitaines de Tenson, Richebourg 
Charsé, Vignacourt, Dunelle, Vilhouette; les lieute- 
nants Rouville, La Croisille, Richard, La Vovichar, 
Montplaisir, Beauplan, Real et Baltier furent tués. Le 
major Luc Majeur, les commandants La Viganière et 
Hikg, 14 capitaines et H lieutenants furent blessés. 

Rentré dans les lignes de la Lauter, le régiment y soutint de 
rudes combats contre les Autridhiens. 

Au commencement de i744, le régiment se rend en Flandre et 
fait les sièges de Menin et d'Ypres où, le 19 juin, il enlève une 
demi-lune. 

LE RÉGIMENT A FONTENOY. 

■ 

Au commencement de 1745, le régiment passe aux mains du' 
marquis de Grillon qui le commande à la bataille de Fontenoy. 
Il appuie sa droite au village d'Anthoin et sa gauche à la pre- 
mière des redoutes de Fontenoy. Pendant Tattaque et la déroute 
de la colonne anglaise, il tient tête aux Hollandais et s'empare 
d'une batterie de huit pièces. Il perd une cinquantaine d'hommes 
et a un officier blessé. 



— 18 



BEAU FAIT D'ARMES DE MESLE. 

^ Au mois de juillet, le régiment fut détaché avec le régiment 
de Normandie sous les ordres du comte de Gbayla. Etant d'avant-» 
garde, il rencontre une colonne de 6,000 Anglais débouchant du 
chemin d'Alost à Gand et se portant sur cette dernière ville. Le 
colonel qui marchait à la pointe se replie sur Mesle en bon 
ordre. Le régiment qui suivait h un mille en arrière arrive, 
charge les Anglais à la baïonnclto, leur reprend les canons cl les 
pontons dont ils étaient maîtres, leur enlève plusieurs drapeaux 
et fait 1400 prisonniers. Cette belle journée coûta au régiment 
200 hommes, le brave capitaine Cochu des grenadiers fut tué, 
le commandant La Viganière et deux lieutenants furent 
blessés. Par ce beau fait d'armes, Je régiment avait assuré la 
prise de Gand. 

Le roi Louis XV lui accorda quatorze croix de Saint-Louis pt 
de nombreuses gratifications. 

Le régiment fit ensuite le siège d'Ostende où les lieutenants 
Castelnau et Ricard furent tués et le lieutenant-colonel 
de Lestang blessé. 

Au mois de juin, il rejoignit l'armée qui assiégeait Mons, con- 
tribua à la prise du fort de la llaisne où il perdit 2 officiers et 
200 hommes et fut envoyé au corps do réserve du comte do 
Glermont, alors campé près de Aërschotte. Là, un détachement 
de 50 hommes du régiment fut enlevé par 1500 hussards, après 
un glorieux combat où le lieutenant d'Ille fut tué. 

Au mois de septembre, le régiment est au siège de Namur. Le 
lieutenant Petity chargé, avec 15 hommes, de nettoyer le fau- 
bourg de La Plante, y fait 37 prisonniers. Pendant ce siège, le 
régiment perdit 100 hommes et 3 officiers. Le colonel de Grillon, 
chargé de porter au roi la nouvelle de la prise de Namur, fut 
nommé maréchal de camp et remplacé par le comte de La Tour- 
du-Pin. 

ATTAQUE DU FORT DE ZANDBERG. 

Pendant Tannée 1747, le régiment se trouve à Tarmée du 
marquis de Contades, qui devait enlever les forls de la Flandre 



— 16 — 

• 

hollandaise. Le fort de Zandberg n*était abordable que par une 
digue fort étroite. Le !«' bataillon du régiment, étant de garde à 
la tête de tranchée, fut attaqué à une heure du matin. Le colonel, 
à la tête des grenadiers, tint bon, mais les munitions man- 
quèrent. 

Un sergent et des hommes vont en chercher, mais le feu prend 
à une traînée de poudre et fait sauter les sacs qui recouvrent les 
palissades. 

Le l«r bataillon est brûlé presque en entier. Les Hollandais 
reculent pour revenir bientôt à la charge ; mais le colonel, qui a 
rallié les débris de ce malheureux bataillon, les repousse. Le ré- 
giment perd, dans cette affaire, le capitaine Mousson-Vil- 
liers, les lieutenants Jacquerre et Leclerc ; dix autres offi- 
ciers furent blessés. 

LE RÉGIMENT A LAWFELD. 

• 

À la bataille do Lawfeld, le régiment occupait là droite qui 
supporta les plus grands efforts de Tennemi. Le village de Law- 
feld fut pris et repris plusieurs fois. Le maréchal de Saxe, qui 
n*ignorait pas que ce village constituait la clef de la position, 
l'attaque de nouveau. Le régiment part à la baïonnette et cul- 
bute l'ennemi dans un ravin, le village est emporté. Les capi 
taines Magneville et de Dreux, les lieutenants Vaudry, 
Sagenan, Le Franc et La Durantie y perdent la vie. Le 
colonel et 2*^ officiers furent blessés. Le roi accorda au régiment 
5 brevets de lieutenant-colonel, 13 croix de Saint-Louis et 27 gra- 
tifications. 

L'année suivante, au siège de Maëstricht, le régiment s'illustre 
à la prise de la flèche de gauche de l'ouvrage à cornes et con- 
tribue ainsi à la prise de la place. Le capitaine La Durantie 
est tué et 8 officiers sont blessés. 

Le régiment rentra ensuite en France où il resta jusqu'à lu 
guerre de Sept ans. 

GUERRE DE SEPT ANS. 

En 1757, à l'ouverture de la guerre de Sept ans, le régiment 
est envoyé à l'armée d'Allemagne, il passe le llhin à Maycnce et 



— n — 

fait rexpédilion do Hanovre. Après la désastreuse bataille de 
Rosbach, le régiment va occuper Lunebourg pour protéger la re- 
traite de Tarmée. 

A la bataille de Crevelt, le régiment supporta, sans tirer un 
coup de fusil, une canonnade de cinq heures, il y perdit 500 
hommes. 

Les capitaines de Rogues-Haiites, du Halgouêt, Du- 
vigny, d'Hourwelin et La Bourdonnaye furent tués et 
9 officiers blessés. 

En 1750, le régiment est compris dans le corps do réserve du 
marquis d^Armentières; il prend une part active à Tinvostisse- 
mcnt de Munster, où il a une glorieuse affaire à Tattaque de la 
porte Saint-Maurice. Sept oCQciers sont blessés. La ville capitule 
et le général Zastrow, avec 3,000 Prussiens, sont faits prison- 
niers. Le 21 janvier 1760, le régiment vient prendre à Cologne 
un repos qu'il avait bien gagné. 

VARBOURG ET CLOSTERCAMPS. 

L*annéQ suivante, à la bataille de Warbourg, le régiment, qui 
était à Tailc droite, est subitement envoyé au secours de la 
gauche que deux colonnes allemandes ont tourné à la faveur du 
brouillard. Le chevalier de Muy, ayant remarqué que les ponts 
de la Dymel qui, seuls, assuraient la retraite étaient menacés, y 
envoie le régiment. Le ^^ bataillon passe la rivière à gué sous le 
feu de Tennemi, forme l'arrière-garde de la réserve et se retire 
en bon ordre. Sept officiers sont blessé^ dans cette glorieuse 
affaire. Quelque temps après, le régiment est envoyé au secours 
de Yésel, menacé par le prince héréditaire, et assiste ainsi au 
combat de Clostcrcamps, célèbre par le dévouement du chevalier 
d'Assas, officier au régiment d'Auvergne. Dans cette aiïaire, le 
régiment charge les Ilauovriens et les repousse, le colonel est 
blessé d*un coup de feu à la cuisse, 4 officiers et 70 hommes sont 
blessés. 

BATAILLE DE FRIEDBERG. 

Le mois d*aoftt de Tannée 17G2 devait être encore plus glo- 
rieux pour le régiment. Le 25 août, au combat de Johannisberg, 

2 



— 18 — 

le capitaine Dusserre s'emparait de trois canons ennemis. Le 
30 août, la cavalerie ennemie, forte de 40 escadrons et com- 
mandée par le général Lîlkner, tourne la montagne de Jolian- 
nisberg, tandis que le prince héréditaire, à la tête de 19 batail- 
lons, nous attaque de front. Nos troupes commençaient à plier, 
tout à coup le régiment arrive au pas de course, occupe un bois 
à la gauche de la ligne et essuie le feu de G,000 Anglais sans 
brûler une cartouche, puis les charge à la baïonnette et les met 
en fuite. Le général ennemi est blessé à mort, 600 Anglais res- 
tent sur le terrain, 1500 sont faits prisonniers; 1200 chevaux, 
15 canons et 2 drapeaux tombent entre nos mains. 

Le roi chargea le maréchal d'Estrées de complimenter le régi- 
inent et do lui accorder 14 croix de Saint-Louis et 15,000 livres 
de gratifications. Mais le régiment avait payé sa gloire, il avait 
600 hommes hors de combat, les capitaines Saint-Sauveur 
d'Hauteville, Dumas, Ranchin ; les lieutenants Rogon, 
Oudet, Déroulais, Lorgeril cluient tués; le commandant 
Daumenil, 13 capitaines et lieutenants étaient blessés. 

En 1763, le régiment rentra en France, où il occupa diffé- 
rentes garnisons. « 

En 1775, son ¥ bataillon fut envoyé à Brest, où il s'embarqua, 
le 20 novembre, pour Saint-Domingue. 

L'année suivante, 1776, la réorganisation de Tinfanterie dé- 
doubla le régiment. Les i^^ et 3^ bataillons continuèrent le régi- 
ment de Béarn. Les 2® et 4® formèrent le régiment d'Agenais qui, 
en 1791, devint le 16« régiment d'infanterie. 



Réfl^imeiit d'A^^enais. 

(4770-i79l.) 



GUERRE D'AMÉRIQUE. 

YORK-TOWN. 

En 1777, le premier bataillon du régiment d'Agenais rejoignit 
son 2^ bataillon (ancien 4^ du régiment de Béarn), en garnison 
au Cap français à Sainl-Domîngue. 



— 19 — 

En 1779, une fraction du régiment s'embarqua sur la flotte 
(lu comte d'Eslaing, et prit part au siège de Sawaunali, où lo 
lieutenant Blandat fut tué et 4 offlciers blessés. 

En 1781, le régiment est réuni à la Martinique. Le 5 août il 
quitte cette colonie sur la flotte du comte de Grasse, pour aller 
renforcer l'armée de Rochambeau. Le 15 août la flotte arrive 
dans la baie de Cbesapeak. A cette époque, Rocbambeau et 
Washington cernaient le général anglais Cornwallis, dans son 
camp retranché de York-Town. Le marquis de Saint-Simon, qui 
commandait le corps de renfort, débarqua le 2 septembre et 
compléta l'investissement de York-Town en se portant à Wil- 
liamsbury. Le 3 octobre, deux compagnies de grenadiers et de 
chasseurs du régiment attaquent les Anglais en reconnaissance 
et les refoulent sur le camp. Le G, la tranchée est ouverte; le 15, 
le régiment repousse une sortie des Anglais, et le 19, le général 
Cornwallis capitule avec 0,000 hommes et 1500 matelots. 

Après cette glorieuse affaire, le régiment retourne h la Marti- 
nique. 

Héroïque combat de la basse-terre. 

A la fin de la même année une fraction du régiment s'em- 
barque et aborde l'ile de Saint-Christophe, au commencement 
de 1782. 

Elle prend part au siège de Briston-Hill. 300 grenadiers du 
régiment, placés à la garde du pont de Basse-Terre, soutinrent 
le 28 janvier un héroïque combat contre 1300 Anglais, débarqués 
par le général Howd, et permettent ainsi Tarrivée d'un renfort 
sans lequel ils eussent été détruits. Cette belle action do guerre 
coûta au régiment 80 hommes et (> officiers. Briston-llill, capitula 
le 12 février et le régiment royal Écossais, qui avait servi la France 
jusqu'en 1678, sous le nom de Douglas, y fut pris en entier. 

BATAILLES NAVALES AUX ANTILLES. 

Après ces brillants succès, le régiment s'embarque et prend 
\md aux batailles des 9 et 12 avril 1782 contre la flotte anglaise, 



— 20 — 

commandée par Tamiral Rodney. Le sous-lieutenant La For- 
gerie est tué à bord du Conquérant. 

Les compagnies du régiment étaient en grande partie à bord 
de Y Hector qui fut pris et du César qui sauta. 

Le régiment rentra en France et ses débris furent réunis à 
Nantes en 1783. Dirigé sur le Rhin, il fut pendant sa roule l'objet 
d'ovations enthousiastes de la part des populations. Récompense 
bien méritée pour son héroïque conduite dans la guerre d'Amé- 
rique, 

BELLE CONDUITE DU RÉGIMENT. 

En 1789, les deux bataillons d'Agenais sont réunis à Rochefort. 
Le régiment savait allier la charité h la plus grande valeur, et les 
habitants de l'Aunis et de la Sainlonge n'ont pu oublier que, 
pendant l'hiver-si rigoureux de 1789, les soldats d'Agenais distri- 
buaient aux pauvres leur pain et leur bois. 

En 1791, r Assemblée nationale supprima les noms de pro- 
vince, que portaient les régiments pour les remplacer par des 
numéros d'ordre. 

Le régiment d'Agenais reçut le numéro 16 et devint 

46« RÉGIMENT D'INFANTERIE. 



Ici se termine la V^ période do l'historique du 16® régiment 
d'infanterie. 



DEUXIEME PERIODE 

RÉVOLUTION ET EMPIRE 



t6<» Réfl^iment d'infanterie. 

(4794-1793.) 

A cette époque, le régiment compte deux bataillons. Au mois 
do juin i791, le 2® bataillon part pour Saint-Domingue et y reste 
jusqu'en 1794. 

Il rentre alors en France, ne comptant plus que 3 officiers et 
23 hommes. 

Le 1^' bataillon occupe le poste de Château-Trompette, puis 
la garnison de Tours et enfin celle d'Épernay, qu*il ne quitte 
que pour prendre pari aux mémorables campagnes qui chas- 
sèrent du sol national les coalisés qui Tavaient envahi. 

CAMPAGNE DE 1792. 

Les souverains d'Europe, comprenant que les principes de la 
Révolution devaient fatalement ébranler leurs trônes, se' coali- 
sèrent contre la France, pour réprimer ce qu'ils appelaient les 
troubles de notre pays. La campagne de 1792 eut pour résultat 
de chasser l'étranger du sol national. 

SIÈGE DE LA CITADELLE DE NAMUR. 

Au mois de novembre, le l»' bataillon du 16* est désigné pour 
faire partie de la division Duhamel, du corps du général d'Har- 
ville. Le 27 de ce mois, ce corps d'armée vient prendre ses can- 
tonnements en avant de Namur, sur la rive gauche de la Sambre. 



^^ 

11 forme une ligne de circonvallation destinée à assurer les travaux 
du siège de la citadelle de celle ville, entrepris par l'armée des 
Ardenncs. 

Ce siège donna lieu à un fait d'armes glorieux. La ciladclle 
do Naniur élait alors protégée par le fort Yillatto, sur les glacis 
duquel rennemi avait préparé de nombreux fourneaux de mine, 
destinés à faire sauter les assaillants au moment de l'assaut. Le 
général Levenour résolut d'enlever le fort par sa gorge. Il part 
à minuit avec 1200 hommes, franchit la première palissade; 
mais fila seconde les sentinelles crient et font feu. 

Trop pelit pour la franchir, il dit à un officier de haute 
stature : « Jette moi par-dessus. » Soixante grenadiers le suivent, 
les sentinelles sont tuées à leurs postes et le commandant de la 
garnison est saisi : a Mène- moi à tes mines », lui dit Leveneur. 
Le commandant obéit ; le général Leveneur, saisit les mèches, 
les éteint et le fort Yillatte est pris. La garnison de la citadelle 
capitule le 2 décembre, abandonnant huit drapeaux, nos pre- 
miers trophées de cette campagne. 

A cette époque, le général Dumouriez prend le commande- 
ment de l'armée de Belgique, formée des armées combinées du 
Nord, des Ardennes et de la Belgique. 

L'armée prend ses quartiers d'hiver en avant de la Meuse. 
Le i^^ bataillon du régiment fait partie de la division de droite 
ou de réserve, général d'Harville, brigade Duhamel. Il occupe 
Huy; son elTcctif est de 62i hommes. 



CAMPAGNE DE 1793. 

Après la mort de Louis XYI, les puissances d'Europe qui 
étaient restées dans une situation expectante, n'hésitèrent plus à 
entrer dans la coalition. La Convention les prévint et le {«'février 
elle déclarait la guerre à l'Angleterre et à la Hollande. 

Dumouriez, qui commandait l'armée de Belgique conçut un 
plan, consistant à la fois dans la défense de la Belgique et la 
conquête de la Hollande. 

U comptait prendre à revers les défenses de la Hollande, pen- 
dant que le général Miranda, avec son corps, aurait masqué et 
bombardé Maëstricht et Venloo. 



— 23 



SIEGE DE MAESTRICHT. 

Le 19 février, le corps du général Valence investit Maësiricht 
défendu par le prince dé Hesse à la tète de 8,000 hommes. Le 
général Miranda, avec 12,000 hommes, occupa la rive gauche 
de la Meuse et établit son quartier général à Petersheim. 

Le 1^' bataillon du lOo qui fait partie de ce corps s'ôlablit à 
Cauwcnbcrgh. 

Le 23 février, les batteries sont établies en avant de Cauwen- 
bergh et la tranchée est ouverte. Le 2i, le feu prend dans la 
ville; le général somme, mais sans succès, les assiégés de se 
rendre ; le feu continue. Le 25, le bataillon du 16<* monte la 
garde de tranchée. 

Mais la lenteur et la mollesse du général Miranda dans les 
opérations du siège, donnent i\ Fennemi le temps de venir au 
secours de Maëstricht. Les cantonnements de Tarmée disséminés 
entre la Meuse et la Roër sont mal couverts ; et aucune mesure 
n'a été prise pour le rassemblement de Tarmée en cas de mou- 
vement offensif de l'armée ennemie. 

Lel«'mars, les alliés prennentroflTcnsive, repoussent nos troupes 
divisées aux combats d'Eschweiller et d'Aldenhoven. Miranda 
lève à la h&te le siège de Maësiricht, qui est occupée le 3 mars 
par Varchiduc Charles. 

Les troupes de Miranda s'arrêtent entre Viset et ïongres. A 
ce moment, le 1G« d'infanterie rentre à la division d'Harville et 
va s'établir àHuy et de cette ville se rend à Namur, le 4 mars 1793. 

Pendant les événements qui suivirent et la défaite du général 
Dumouriez, à Neerwinden, le 18 mars, la partie de la division 
d'Harville qui tennait garnison à Namur, et dont faisait partie 
le IGo, avait A lutter contre les entreprises de l'ennenit victo- 
rieux. 

COMBATS SOUS NAMUR. 

Le 17 mars, 3^000 ennemis se présentent sur la route de Lou- 
vain. Nous les attaquons à Champion, situé à une heure et 
demie de Namur et les repoussons après six heures de combat. 



- 24 — 

Le 18, une nouvelle attaque de l'ennemi est repousséc h 
Andoy ; après un combat de toute la journée, les Impériaux per- 
dent 100 hommes. Le général Dumouriez donne l'ordre de la 
retraite ; la division d'Harville évacue Namur, le 25 mars, à 
8 heures du soir et le !•' bataillon du 10* va occuper Dunkcrquc, 
commandée alors par le général O'Moran. Il y laisse 114 hom- 
mes et eti envoie 221 au camp de Gliyvelde commandé par le 
général Richardot, placé sous les ordres de O'Moran. 

PRISE DE FURNES. 

Au mois de mai, le général O'Moran se porte contre la ville de 
Pûmes; 1500 hommes du camp de Ghywelde, dont le l®' ba- 
taillon du i6^f sous les ordres du général Richardot, marchent 
sur la ville, et attaquent le 31 à (> heures du matin. Après un 
combat de deux heures, la place est enlevée. Malheureusement, 
les troupes se livrent dans la ville à un pillage qui ternit la 
gloire d'un beau fait d'armes. 



±G^ demi-brifl^ade de bataille. 

(4794-1796.) 



CAMPAGNE DE 1794. 
(armée du nord.) 

• 

L'échec de Dumouriez pendant la campagne de 1793 avait 
décidé les puissances d'Europe qui hésitaient encore à se pro* 
noncer contre la France. En présence do cotto situation, et mal- 
gré les divisions intestines de la Convention, il y avait dans cette 
assemblée de sincères amis du pays, en qui les menaces d'une 
invasion étrangère étouffaient toute autre considération. Des 
mesures utiles furent prises et l'infanterie fut réorganisée. Aux 
bataillons des anciens régiments furent réunis deux bataillons 
de volontaires. Cet amalgame, qui ne fut achevé que vers la fm 
de 1794, produisit d'excellents régiments d'infanterie. 



— 25 — 

La 16* demi-brigade de bataille fut formée du !<' bataillon du 
IG® régiment d'infanterie et de deux bataillons des volontaires 
de la Mcurthc. 

Au début de la campagne, les Français paraissent vouloir se 
borner à défendi^e la longue ligne frontière qui s'étend de Stras- 
bourg à Dunkerque. Les alliés, conduits par le général Mack, 
veulent percer cette ligne en enlevant la position centrale de 
Landrecies, pour se porter ensuite sur la capitale par Guise et 
Laon. 

La 16^ demi-brigade est alors comprise dans Tarmée du Nord, 
et occupe les positions entre Casse! et Bailleul, sous les ordres 
du général Moreau. 

AFFAIRE DE BOESCHEQUEPE. 

Au mois de février, le régiment repousse Tattaque des alliés, 
ainsi que le prouve l'extrait suivant de la lettre du général Mo- 
reau au général en chef Pichegru : 

« Le i3 pluviôse (l*^' février), 700 hommes partis d'Ypres, La veille îi 
7 heures du soir, ont attaqué le poste de Boeschequepe, où il n'y avait 
({ue 350 hommes. • 

K I/onnenii est outré dans le villnp^o, nos hommes se sont retirés dans 
Téglisc et la tour, d*oii ils ont fait un feu très vif, sur les esclaves, qui se. 
sont sauvés avec perte de 13 morts dans le cimetière et 8 qu'on a trouvés 
sur le chemin do Westonde, où ils se sont retirés. On leur a fait 7 prison- 
sonniers et pris 21 fusils qu'ils ont laissés sur le champ de hataille. 

« Une patrouille du 16", partie de Goeswelde pour prendre connaissance 
de celle attaque, n'a pas peu conlrihué à la déroule de l'ennemi. Un soldat 
de ce régiment, fait d'ahord prisonnier, s'est déharrassé de ceux qui le gar- 
daient et en a pris deux. 

<( Je ne te dissimulerai pas que si le tem^is des miracles n'était pas passé, 
je croirais (|u'il s'en est opéré un dans cette affaire; mais le problème se 
résout facilement quand on met en balance le courage des Français et la 
h\cheté de leurs ennemis. 

u Signé : Moreau. 

• Pour copie conforme : 
« Le Général en chef de l'armée du Nord, 
« Signé : PICnE(;UU. » 



— 2G — 

Au mois cravril, Tennemi mettant son plan à exécution investit 
Landrecies; mais Tarmée française reprit La Gapelle et rétablit 
ainsi les communications entre Guise et Maubeuge. 

Le général Pichegru, convaincu qu'il ne peut secourir Landre- 
cies, tente une diversion en envahissant la Flandre maritime. 
Pour faciliter son mouvement, il ordonne une attaque sur toute 
la ligne. L*attaque échoue, et Landrecies capitule le 30 avril. 

SIÈGE ET PRISE DE MENIN. 

Malgré cet échec, Pichcgru, avec les divisions Morcau cl 
Souham, envahit la Flandre, bat les Autrichiens et Hanovriens à 
Moucron le !2G mai, et envoie la division Moreau, dont faisait 
partie le IG*, par les deux rives de la Lys pour investir Menin, 
défendu par un corps hanovrien. 

Il somme le gouverneur Ilammerstcin ilo se rendre ; sur son 
refus, les soldats irrités demandent à mouler à Tassant. Le gé- 
néral Vandamme, qui commandait la brigade du 10<^, leur fit 
remarquer la hauteur des murailles et la profondeur des fossés. 
« Laissez-nous commencer Tatlaque, répondirent ces braves, et 
nos cadavres serviront de fascines à nos camarades pour esca- 
lader les remparts. » Le général Moreau, prévenu, refusa d'en- 
voyer à une mort certaine ces généreux soldats. Le surlende- 
main, le gouverneur de la ville, pour sauver quelques centaines 
d'émigrés, qui préférèrent mourir les armes h la main que d'être 
fusillés, sortit de la ville avec sa garnison, culbuta le cordon 
d'investissement et se retira sur Bruges. Menin fut pris, Tordre 
de Tarmée du 14 floréal en fait foi : 

u Encore un nouveau succc^', Menin est au pouvoir des troupes de la 
<( Ilépubliquc, Tcnncmi n*a pu résister à leur valeur. Le général en chef 
« l'annonce à tonte Tannée. Que toutes les divisions soient animées dii la 
« niènic ardeur et les satellites pâliront et fuiront toujours. Le triomphe 
« est assuré. » 

BELLE CONDUITE DU SOLDAT PIERRE DURAND. 

A Tattaque de Menin, le soldat Pierre Durand, du 16", se 
précipite sur le corps de garde d'un poste avancé, renverse le 



— 27 — 

l'aisccdu d'un coup de pied, présente sa baïonuctle aux ennemis 
lîtonnés et crie d'une voix terrible : «Mes camarades me suivent, 
rendez-vous ou vous êtes morls. » Quinze ennemis se rendent à 
un seul homme. 

Après la prise de Landrecies^ Cobourg, au lieu de marcher sur 
Paris, ne crut pas devoir mépriser Tarmée de Pichegru, qui 
manœuvrait sur ses ailes. Il résolut de la chercher pour la com- 
battre, et, dans ce but, il éparpilla ses forces. Le général Clair- 
fnyt, qui cherchait à s'emparer de Courtrai, se jela rapidement 
sur hi gaucho pour faire iCle & la division Morcau, qui avait pris 
position en avant de Courtrai. C'est ainsi que s'engagea le com- 
bat de Courtrai, où figura le 16», et qui ne donna aucun résultat 
malgré deux attaques intrépides des troupes françaises (Il mai 
i79i). A la faveur de la nuit, Ciairfayt se retira sur Thiolt. 

Les alliés sentaient la nécessité de sauver la Belgique en frap- 
pant un grand coup. Dans un conseil de guerre tenu à Tournay, 
où assistèrent l'empereur d'Autriche et le généralissime prince 
de Cobourg, on dressa un plan de campagne baptisé du nom 
emphatique de plan de destruction. Heureusement, les alliés, 
qui auraient pu couper Tarmée républicaine de Lille avec leurs 
120,000 hommes, marchèrent surTurcoing en six colonnes. Cette 
marche amena la bataille de Turcoing (18 mai). 



BATAILLE DE TURCOING. 

La division Moreau s'étendait de Aelebeck à droite, à Cour- 
Iray à gauche. Le général Ciairfayt, arrêté au pont de Warwick 
par quelques bataillons français, perdit vingt-quatre heures. 

Les divisions Moreau et Souham, informées de sa marche sur 
la Lys, résolurent de s'en débarrasser. La brigade Vaudamme, 
de la division Moreau, dont faisait partie le 1G«, s'avance sur 
Dardizèle. La division Souham passe la Lys, ne laissant qu'une 
faible garnison à Courtrai. 

Mais, apprenant qu'une attaque sérieuse les menace du côté de 
Tournay, le général Moreau reste seul pour contenir Ciairfayt, 
pendant que la division Souham va prendre part à la bataille 
sous Turcoing. Les alliés sont mis en pleine déroute. Moreau 
contient Ciairfayt à Honcy, et ne recule pas malgré son infériorité 



— 28 — 

numérique; il perd 7 canons et 300 prisonniers. Mais les alliés 
perdent à Turcoing 3,000 hommes et 60 pièces de canon. 

Le général Pichegru ne sut pas profiter de cette victoire, mais 
son influence morale fut immense par la confiance sans bornes 
qu'elle inspira à nos jeunes soldats. 

Après cette victoire, la division Moreau se porta sur ïournay, 
que couvrait la position des alliés. Le 23, un combat acharné 
s'engagea à Pont-à-Chin. Cinq fois le village fut pris et repris et 
resta définitivement au pouvoir des Anglais. 



SIÈGE D'YPRES. 

Après ce combat, Moreau est chargé du siège d'Ypres. Il part 
de Menin le 29 mai, et dirige une attaque simulée du c6té d*El- 
vertinghe. Mais un mouvement de Clairfayt oblige Pichegru à 
convertir l'attaque d'Ypres en siège régulier. Le général Yan- 
damme (brigade du i6«) complète, en avant de Dickebusch, Tin- 
vestissemont do la place, et fait occuper toutes les positions 
et débouchés entre l'inondation de Messines et le canal de 
Bœzinghe. Le il juin, Moreau fait sommer le général Salis de se 
rendre. Sur son refus, le feu recommence plus vif. Le général 
ennemi Clairfayt essaye de débloquer la place, mais se fait battre 
à Hooglède le 13 juin. 

Le 18, à 3 heures du matin, le général Salis, qui commandait 
à Ypres, signe la capitulation; 0,000 hommes restent prison- 
niers de guerre. Plus de cent canons et cinquante milliers de 
poudre tombent en notre pouvoir. Le général Moreau, juste 
appréciateur du mérite de ceux qui servaient sous ses ordres, 
cite comme s'étant particulièrement distingué le général Yan- 
damme, qui commandait la brigade du i6<>. 

Pendant que le général Marceau s*illustrait à Tarmée de 
Sambre-et-Meuse, le général Moreau, qui commandait l'extrême 
gauche de Tarmée du Nord, nettoyait avec une grande activité 
les côtes de la Flandre maritime. Le 1«' juillet, il s'emparait 
d'Ostende,- et le 5 investissait Niewport. 

Le 19, la ville se rendait. Cette capitulation faillit entraîner 
la mise en jugement de Moreau, qui avait permis la sortie de la 
garnison, qui comprenait beaucoup d'émigrés français. 



— 29 — 

AFFAIRE DE L'ILE DE CASSANDRIA. 

Moreau, maître de Newport, reçut de la Convention nationale 
l'ordre d'assiéger le fort de rÉcluse; mais pour ce siège, il fallait 
d'abord s'emparer de l'Ile de Gatzand ou de Gassandria, dont les 
fortîQcations protégeaient les abords de la place. Gette île, située 
h l'embouchure de TEscaut, est séparée du continent et du fort 
de l'Écluse par un braâ du fleuve qu'on- nomme le canal de 
Coxysche. Une digue étroite inondée de tous les côtés et défendue 
par une batterie de quatorze pièces de canon était son seul point 
de communication avec le continent. Gette digue fut franchie et 
l'île enlevée par un de ces traits d'audace dont l'impétuosité 
française offre tant d'exemples. Moreau ordonna au général 
Dejean, qui dirigeait le siège, de faire tous les préparatifs néces- 
snirc's pour le passage; mais pendant que cet habile offîcier se 
h&lait do rassembler les matériaux nécessaires & la construction 
d'un pont, la brigade yandamme(169 demi-brigade), impatiente 
de la longueur des préparatifs et cédant à Timpulsion de son cou- 
rage, méditait de franchir le canal sans leur secours. Les officiers 
cédèrent à Penthousiasme des soldats, et sous le feu de l'ennemi, 
la brigade s'élançant dans des batelets rassemblés pour les pre- 
miers travaux du pont, les attachèrent ensemble avec des cra- 
vates et des mouchoirs et s'avancèrent ainsi contre les batteries 
ennemies; d'autres plus hardis se jetèrent à la nage pour traver- 
ser le canal ou remorquer les nacelles, que le manque d'avirons 
faisait dériver sous le courant. La mitraille de l'artillerie ennemie 
redoubla sans ralentir l'audace de nos soldats, qui touchèrent 
enfln à l'autre rive. 

Lès bataillons, à peine formés, enlevèrent les redoutes enne- 
mies à la baïonnette, poursuivirent les ennemis jusqu'à l'extré- 
mité de l'Ile, où ils furent tous tués, noyés ou faits prisonniers. 
On prit 1)0 pièces de canon et 200 prisonniers et une grande 
quantité de munitions de guerre. L'extrait suivant du Journal 
militaire de l'époque, prouve la part glorieuse que prit le 16* à 
cette affaire. 

« Armuc du Nord, loi du 15 thcnnidor, w\\ IL 

« il sera fait mciilion honorable danis lo proccs-vcrbal do la séance des 
« actes de bravoure : du citoyen Laris, caporal de grenadiers au 16^ rcgi- 
« ment, dans la prise de Tlle de Gassandria. » 



— 30 — 

La prise de Tile de Cassandria fui suivie de la capilulalion du 
fort de TEcluse, le 25 août. Après ce succès, la division Moreau 
fui répartie dans les villes de Bruges et de Gand pour s*y reposer 
de sa courte, mais pénible et glorieuse campagne. 

Au moment où le général Moreau obtenait ce beau succès, les 
révolutionnaires de Brest envoyaient son père à Téchafaud. Ce 
vénérable vieillard, que le peuple de Morlaix appelait le père 
des pauvres, fut condamné à mort comme aristocrate. Moreau, 
qui avait pour son père le plus profond respect filial, se demanda 
alors s*il ne quitterait pas le service d'une patrie qui se montrait 
si ingrate; mais les conseils de ses amis remportèrent sur sa 
douleur et son ressentiment, et il resta à Tarmée. Sa vengeance 
devait être bien glorieuse, car, six ans après, il remportait la 
victoire de Ilohenlinden, où le régiment figura avec tant de 
gloire que le nom de cette bataille est inscrit sur notre drapeau. 
Voici pourquoi j*ai cité cet épisode qui paraîtrait à première 
vue s*écartcr de mon sujet. 

CAMPAGNE DE 1795. 

Pendant Tannée 1795, la 16« demi-brigade de bataille continua 
fi faire partie de Tarmée du général Pichegru. On sait que la 
conquête de la Hollande par ce dernier fut une sorte de marche 
triomphale. Le régiment eut Thonneur d'entrer à Amsterdam et 
h La Haye, les deux capitales de la Hollande. 

L*année 1795 fut marquée par la dissolution de la première 
coalition. Les traités de Bàle amenèrent la paix entre la Ilcpu- 
blique, la Prusse, la Hollande, l'Espagne et la Toscane. La 
guerre allait donc continuer avec F Au triche et l'Angleterre. 



10* denii-brig^ade de lig^ne. 

(i-îoe-^sos.) 

• 

En 1796, les demi-brigades de bataille deviennent demi-bri- 
gades de ligne. La 16® demi-brigade de ligne est formée avec 
l'ancienne 110® demi-brigade de bataille et deux bataillons de la 
demi-brigade de l'Yonne. Celle dénomination fut conservée 



— 31 — 

jusqu'en 1803, où les demi-brigades devinrent des régiments 
d'infanlerio. 



CAMPAGNE DE 1796. 

(armée de SAMBRE-ET-MEUSB. — GÉNÉRAL JOURDAN.) 

Les articles secrets du traité de Bàle avaient assuré à la Répu- 
publique la possession de la grande place de Mayence. Mais 
cette ville avait une garnison de 20,000 Autrichiens. Toute l'an- 
née 1795 se passa sans amener de résultats décisifs sur le Rhin. 
Le Directoire avait remplacé la Convention, Carnot avait repris 
la direction des affaires militaires. 

Le 16* prit part à toute la campagne de l'armée de Sambre-et- 
Meuse. Il faisait partie de la division Grenier, formée par les 
brigades Dalcsmc cl Olivier. 

COMBAT DE WETZLAR (17 juin). 

Le 13 juin, l'armée de Sambre-et-Meusc se forme sur une 
seule ligne derrière la Lahn ; la division Grenier campait sur 
TEls. Jourdan voulait forcer le passage vers Lunburg, mais il 
attendit jusqu'au 17 juin pour donner le temps à la division 
Lefebvre d'occuper Wetzlar à sa gauche. Ce retard permit à l'ar- 
chiduc Charles de le prévenir. Jourdan fut attaqué et obligé de 
rentrer dans Neuwied et de repasser sur la rive gauche du 
Rhin. Le 17 juin, les divisions Grenier, Bernadottte et Cham- 
pionnet se mirent en marche sur Neuwied. Mais l'ennemi avait 
rompu les ponts et fait avancer douze pièces d'artillerie. Forcés 
de rester sur la Saynbach, nos soldats soutinrent le feu de l'en- 
nemi et firent bonne contenance. Les ponts ayant été rétablis, 
l'année défila le 18 au matin dans le meilleur ordre sur la rive 
gauche du Rhin. 

Pendant ce temps, Moreau, à la tète de l'armée de Rhin-et- 
Moselle, passait le Rhin à Kehl. L'archiduc Charles marcha à sa 
rencontre. 

A l'aile gauclio, Klcbcr menaçait le Rhin vers Dusscldorf. 
Jourdan profita du départ de l'archiduc pour repasser le fleuve 
Il Neuwied. Pendant que Rléber attirait l'attention de l'ennemi, 



— sa- 
la division Grenier (16*) passait le Rhin à CSologne. Le 4 juillet, 
toute l'armée était réunie sur la rive droite du fleuve, elle s'ar- 
rêta deux jours pour attendre des vivres. 

Le 6 juillet, la division Grenier prenait position à Meh- 
rensberg. 

Le 9 juillet, Tarmée de Sambre et-Meuse franchissait la Lahn. 
Le mouvement des armées était alors le suivant : k droite, Mar- 
ceau observait Mayence ; à gauche, Kléber marchait sur Franc- 
fort; au centre, Jourdan débouchait dans les plaines du Mayn, 
depuis la Nidda jusqu'à Gassel. 

La division Grenier se dirigea sur Ilombourg pour forcer l'en- 
nemi à précipiter sa retraite. Le 10 juillet, elle franchit la Lahn 
à Weilbourg, vint camper à Grafen-Wiesebach et poussa son 
avant-garde jusqu'à Usingen, d'où elle chassa quelques troupes 
autrichiennes. Puis, continuant sa marche sur Ilombourg, elle 
mit en déroute deux escadrons autrichiens, se porta rapidement 
sur Gunzelhcim, enveloppa et sabra le détachement d'infanterie 
qui occupait le village et s'établit sur les hauteurs, en avant de 
Ilombourg. 

Le 16 juillet, Francfort ayant capitulé, la division Grenier se 
porta sur la Kintzig et, après la prise de Wurtzbourg, le 24 juillet, 
elle occupa Werneck. 

COMBAT ET PRISE DE BAMBERG. 

Le 5 août, pendant que la place de Kœnigshofen se rendait 
au général Lefebvre, les avant-gardes des divisions Grenier et 
Championnet se disputaient Thonneur d'entrer les premières dans 
Bamberg et s'y précipitaient avec impétuosité. 

Mais n'ayant pas ,pris les précautions nécessaires pendant la 
marche, elles furent enveloppées par le corps de Wartcnslebcn et 
eurent à soutenir longtemps un combat inégal qui coûta la vie à 
un grand nombre de braves. L'arrivée des gros des divisions 
nous donna enfln l'avantage et nous restâmes maîtres de Bam- 
berg, où l'on trouva des approvisionnements que les Impériaux 
n'avaient pu enlever. 



— 33 — 

COxMBAT DE FORCHEIM (7 AOUT). 

Le général Wartensleben, battu à Bamberg, exécuta un chan- 
gement de front en arrière et vint appuyer sa droite à Pegnitz et 
son centre à la forteresse de Forcheîm. Kléber aurait pu alors 
combiner un effort général sur l'une des ailes ennemies séparées 
par la Rednitz, mais il ne voulut pas s'écarter du système vicieux 
prescrit par les instructions du Directoire, et il fit marcher son 
armée parallèlement au front des Impériaux. 

Le 7 août, la division Grenier remonta la Rednitz et soutint 
un combat très vif contre Tcnnemi qu'elle repoussa, et vint 
s'établir derrière l'Aisch, vers Villersdorf, où la division Gham- 
pionnet la rejoignit après avoir emporté les hauteurs qui bordent 
cette rivière et qui étaient hérissées d'artillerie. 

Wartensleben, battu, se retira sur Nuremberg et la place de 
Forcheim capitula à la première sommation, nous livrant 
GO pièces de canon, des armes et des munitions de guerre. 

Après l'affaire de FoiMiheim, Jourdan, rétabli de sa maladie, 
reprit le commandement de l'armée qui continua à s'enfoncer à 
la suite de Wartensleben dans les défilés de la Pegnitz, affluent de 
la llednitz. 

COMBAT DE NEUKIRCHEiN. 

Dans ce pays montueux, coupe de ravins, hérissé d'épaisses 
forêts, la route de Lauf au Sulzbach était seule praticable à Tar- 
tillerie. Le 16 août, le général Grenier s'établit sur les hauteurs, 
en avant de Pachtesfeld, et reçut Tordre d'approcher le plus pos- 
sible de l'ennemi établi entre Sulzbach et Amberg, la droite 
appuyée aux hauteurs escarpées de Ncukirchen. La position de 
Sulzbach fut attaquée de front par la division CoUaud et de flanc 
par la division Grenier. L'ennemi évacua sa position else retira sur 
Rosenberg, où Wartensleben lui envoya quelques bataillons de 
renfort. 

COMBAT DE WOLFERING (20 AOUT). 

Le 20 août, Jourdan continua à poursuivre les Impériaux. La 
division Grenier, à la droite, marcha sur Schwandorf. La divi- 

3 



- 34 — 

sion Collaud chassa Tennemi de Prreim, le débusqua du bois de 
Freyholz et le força à passer le ruisseau de Wolfering, Mais ce 
village, pris et repris plusieui*s fois, resta aux Autrichiens, qui 
durent bientôt Tévacuer devant les mouvements de Ney et Le- 
febvre, à droite, et Ghampionnet, à gauche. L'armée impériale 
se retira derrière la Naab, dont les rives escarpées permettaient 
une facile défense. Cette rivière, qui séparait les deux armées, 
mit un terme à la retraite des Autrichiens et à la marche victo- 
rieuse de l'armée française. 



RETRAITE DE L'ARMÉE DE SAMBRE-ET-MEUSE. 

L'archiduc Charles, comprenant qu'il était trop faible pour 
résister à Moreau (armée de llliin-ct-Moselle), résolut de se 
réunir à Wartensloben pour repousser Tannée de Sambrc-cl- 
Meuse, et se porter ensuite en force contre Moreau. 11 laissa le 
général Latour devant Moreau pour l'occuper et so dirigea sur 
Neumark avec 24 bataillons et 50 escadrons. 11 y arriva le 
16 août. A Neumark, le général Nauendorf était tenu en échec 
par Bernadotte. 

Jourdan allait traverser la Naab et continuer à. poursuivre 
Wartensleben, lorsque Bernadotte l'avertit de l'arrivée de l'ar- 
chiduc. Bernadotte, attaqué par l'archiduc et repoussé, recula 
sur Lauf. Ce mouvement découvrait le flanc gauche de Jourdan 
qui donna Tordre de la retraite qui commença le 23 août à onze 
heures du soir. Le 24, Tarmée de Sambre-el-Meuse prit position 
en arrière d'Amberg, les divisions Grenier et Ghampionnet sur la 
rive droite de la Vils, au centre. 



COMBAT D'AMBERG. 

Les Impériaux attaquèrent sur toute la ligne et sans succès la 
position française ; mais, à la chute du jour, Jourdan ordonna la 
retraite. Le général Grenier vint s'établir à Pachlesfeld pour cou- 
vrir la droite. Cette journée coûta 2,000 hommes à Tarmoc 
républicaine. Les Autrichiens bivouaquèrent sur le champ de 
bataille. 



— 35 — 



BELLE CONDUITE DU LIEUTENANT CAMUS. 

Pendant ce combat, le lieutenant Camus du 16« fut chargé de 
garder un passage avec quelques hommes de sa compagnie* 
A peine a-t-il pris position, qu*il est assailli par un parti consi- 
dérable d'Autrichiens qui le somment de se rendre. 

« En avant, crie alors Camus », et il fonce avec sa petite 
troupe sur Tcnnemi qu'il fait prisonnier. Camus devint plus tard 
lieutenant-colonel et fut mis en demi-solde à la Restauration. 

Le but de Tarchiduc était de gagner le flanc droit de Jourdan 
et de Tempôcher de se réunir au corps de siège de Mayence. 
Aussi le général français continu a-t-il sa retraite sans perdre de 
temps et^ le 31 août, atteignit Schweinfurt. Ainsi posté, les Au- 
trichiens ne pouvaient plus lui couper sa retraite sur la Lahn. 
Mais Jourdan craignit de compromettre la gloire de son armée 
en continuant sa retraite sans combat. Encouragé par Tenthou- 
siasme excessif de son armée, les conseils de Moreau et Tordre 
du Directoire qui lui prescrivait de se maintenir sur la Rednitz, 
il marcha sur Wurtzbourg déjà occupé par l'archiduc Charles. 

bataille: de wuiiTZBouua. 

L'armée de Sambre-et-Meuse prit position devant celte ville, 
la division Grenier (16® de ligne), près du village de Unter- 
Dleischsfeld. Elle reçut l'ordre de s'avancer sur Selingstadt pour 
couper les communications de l'ennemi avec le Mayn. Malheu- 
reusement, Jourdan ne croyait avoir à faire qu'à l'avant-garde 
de l'archiduc Charles, commandée par lé général Hotze. Le 
3 septembre, un brouillard épais qui dura jusqu'à onze heures 
du matin cacha aux deux armées leurs mouvements respectifs. 
Lorsqu'il se dissipa, l'archiduc Charles jugea de la faiblesse de 
son adversaire. 11 porta son eQort sur notre flanc gauche. 
Jourdan ordonna alors à la division Grenier de se porter par 
les hauteurs de Selingstadt au secours de Champiounct, dont la 
division occupait une ligne trop étendue. 

Le général Grenier commença son mouvement, mais il vit la 
cavalerie de Wartensleben se développer dans la plaine. Il s'arrêta 



— 36 - 

et n'envoya à Ghampionnet qu*une demi-brigade de ligne et un 
régiment de dragons. 

A ce moment, Ney qui commandait Tayant-garde battait en 
retraite. Le général Grenier, pour Tappuyer, porta quelques 
bataillons (16® de ligne) et un régiment de dragons, sur une 
hauteur à droite du village de Oberbleichsreld. Ges troupes 
s'établirent sur cette hauteur et s'y battirent avec un héroïsme 
admirable. 

Jourdan vit alors qu'il avait à faire non plus à Tavant-garde 
de llotzc, mais à toute Varméc de l'archiduc. 11 donna l'ordre de 
la retraite. La division Grenier resta sur le champ de bataille, 
pour donner le temps à Ghampionnet et à Bernadette de com- 
mencer le mouvement. Gette division se couvrit de gloire en 
soutenant une lutte désespérée. Elle succomba en partie dans la 
lutte, mais l'armée de Sambre-et-Meuse était sauvée; elle put se 
retirer en combattant et Jourdan continua sa retraite sur la 
Lahn. 

Le 9 septembre, la division Grenier passait la Lahn à Wetzlar, 
Dans cette position, Jourdan songea tt réorganiser son armée. 
Le siège de Mayence devenant impossible par suite des événe- 
ments, il appela à lui la division Poncet et G,000 hommes de 
l'armée du Nord et porta son armée à 60,000 hommes, mais il 
n'avait que 5,000 chevaux. Il aurait désiré reprendre roffensive, 
mais ne recevant pas d'instructions du Directoire, il se concentra 
\Qvs Wctzlar derrière la Lahn et attendit l'archiduc. 



AFFAIRE DE GIESSEN. 

Le 11 septembre, les Autrichiens arrivèrent à Giessen, occupé 
par l'avant-garde de la division Grenier. La cavalerie se replia 
sur la rive droite de la Lahn, mais Vinfanterie profitant d'un 
reste de fortifications, tint dans la ville. Les habitants ayant 
traîtreusement introduit l'ennemi dans la ville, les défenseurs 
durent mettre bas les armes. Le général Grenier, apprenant 
cette trahison, se porta sur Giessen et menaça de brûler la 
ville avec ses obus, si on ne lui rendait pas son avant-garde. 
Devant ccUc menace on lui rendit son infanterie qui rcjoî'gnil la 
division. 



— 37 — 

COMBAT DE GIESSEN. 

Le 15 septembre au soir, Tarmée de Sambre-et-Meuse, s^éten- 
dait de Giessen au Rhin, vers Ehrenbreitstein. Le 16, les Autri- 
chiens débouchèrent du bois de Loller et attaquèrent la gauche 
française à Giessen. Les avant-postes de la division Grenier, pos- 
tés sur les hauteurs devant Giessen, furent repoussés. Jourdan 
fit aussitôt marcher la cavalerie de Bonnaud, au secours de la 
division Grenier. L'aiïaire devint dos plus vives. L*ennemi déjà 
supérieur en nombre, recevait sans cesse des renforts. La divi- 
sion Grenier, renforcée de son côté, parvint enfin à rejeter Ten- 
nemi en désordre sur la rive gauche de la Lahn. Le général 
Bonnaud eut la cuisse cassée d*un coup de feu et en mourut deux 
mois après, regretté de toute Tarniée. 

L'armée de Sambre-et-Meuse continua sa retraite pour passer 
sur la rive gauche du Rhin. Le 20 septembre, le corps de Marceau 
soutint à Altenkirchen, un vif combat. pour protéger la retraite 
de Tarmée. 11 y reçut la blessure dont il mourut. Les généraux 
autrichiens et l'archiduc lui-même témoignèrent les regrets que 
leur inspirait une mort aussi prématurée. Ils tinrent à s'asso- 
cier aux honneurs funèbres rendus au jeune général, et des 
salves d'artillerie tirées sur les deux rives du Rhin donnèrent h 
kl fois le signal do la triste cérémonie. A celte époque, le général 
Jourdan donna sa démission et fut remplacé par le général Beur- 
nonville. Il signa un armistice qui suspendit les hostilités entre 
l'armée de Sambre- et-Meuse et les Autrichiens. 

Ainsi se termina la campagne de 1796, pour l'armée de Sambre- 
ot-Meuse. 

« Honneur à ces braves armées qui, étrangères à tous les 
u crimes qui souillèrent cette époque mémorable et aux funestes 
(( dissensions qui déchirèrent la Patrie, versèrent leur sang pour 
« l'indépendance nationale et l'intégrité du territoire. » 

Jourdan {Mémoires). 

CAMPAGNE DE 1797. 

Pendant l'armistice, le général Beurnon ville fut remplacé par 
Hoche, qui déploya la plus grande activité pour réorganiser 
l'armée de Sambre-et-Meuse. 



— 38 — 

Les hostilités recommeni^^rent au mois d'avril 1797. 

L'armée de Sambre-et-Meuse, forte de huit divisions, était 
divisée en quatre corps appelés aile droite, centre, gauche et 
réserve. La 10^ demi-brigade comptait dans le corps du centre, 
eommandandé par le général de . division Grenier. La brigade 
était commandée par le général Bastoul. 

Le général Hoche résolut de déboucher par Neuwied, dont la 
tète de pont était en notre pouvoir. Pour attirer Tattention de 
Tennemi vers Dusseidorf, il Qt avancer son aile gauche, qui s'éta- 
blit dès le 16 avril, dans les plaines de Mulheim, vis-à-vis de 
Cologne. La position des Autrichiens s'étendait de ZoUengers, 
près du Rhin, jusqu'au village de Heddersdorf qui avait été très 
fortement retranché. Six redoutes couvraient le front de la posi- 
tion en avant du chemin de Neuwied à Ehrenbreitstein ; trois 
autres redoutes à Heddersdorf, enfilaient le chemin de Dierdorf. 
Tous ces ouvrages étaient fraisés, palissades et armés d'artil- 
lerie. 

BATAILLE DE NEUWIED (18 avril). 

Le i8 avril, à 8 heures du matin, les troupes sorties de Neu- 
wied s'ébranlèrent pour attaquer cette forte position. L'aile 
droite marcha sur Bendorf et le centre, général Grenier, sur 
Heddersdorf. Le général Bastoul, avec neuf compagnies de gre- 
nadiers, soutenues de leurs demi-brigades, marcha sur Hedders- 
dorf sans tirer un coup de fusil, eu escalada les retranchements 
et s'en empara. 

Les Autrichiens durent évacuer la position. La journée de 
Neuwied leur coûta 6,000 hommes, sept drapeaux, deux pièces 
d'artillerie et soixante caissons. 

« Ainsi se termina, dit le général Hoche dans son compte rendu 
« au Directoire, la bataille de Neuwied, dans laquelle se sont 
c< distingués par leur sang-froid et l'habileté de leurs manœuvres, 
« tous les officiers supérieurs et une infinité d'autres, dont la 
« nomenclature serait trop longue pour pouvoir trouver place 
(( dans un simple rapport. » 

Après la bataille de Neuwied, le général autrichien s'établit 
sur une position ayant à dos le défilé de la Dylc. Hoche le pour- 
suivit et le força à évacuer sa position sans combat. Les Autri- 



— 39 — 

chiens reculèrent alors sur la Lahn vers Welriar, toujours suivis 
(le près par l'armée française. La division Grenier occupa Weil- 
bourg le 20 avril. La poursuite continua et ne s'arrêta qu'à 
Francfort, ou les Français pénétraient avec les fuyards de l'armée 
autrichienne, lorsque le gouverneur de la ville apporta la nou- 
velle de rarmistice, signé par Bonaparte, à Léoben. 

Dans une conférence qui eut lieu le jour suivant, on convint 
que la Nidda servirait de ligne de démarcation aux deux armées. 
La situation de l'armée autrichienne était telle, qu'on regarda 
la suspension d'hostilités comme ayant sauvé Parmée impériale 
d'une défaite certaine (2 avril 1797). 



CAMPAGNE DE 1799. 

Le congrès de llastadt durait encore, mais vers la fin du mois 
de février 1799, toutes les finasseries diplomatiques avaient été 
épuisées, et la France et l'Autriche s'efforçaient de profiter au 
mieux des derniers délais que procuraient la fin des négociations. 
Le Directoire avait formé quatre armées. Trois sur le Rhin 
(armée du Danube, armée d'Helvétie, armée d'observation, et une 
en Italie). La IG* dcmi-bridade faisait partie de l'armée d'ob- 
servation, division Gollaud, brigade Bastoul ; son dépôt était k 
Mayence, elle comptait 2 bataillons et son efTcclif était de 
1782 hommes. L'armée d'observation fut confiée à Bernadolte. 
Le l«f prairial (20 mai), la I6« demi-brigade occupait Stengelhof. 

L'avant-garde de la division Gollaud, composée du régiment, 
de 2 escadrons du 3<^ hussards, du 20^^ chasseurs et de 1 bataillon 
de la 60« demi-brigade, appuyait sa droite au Rhin, à la ferme de 
Stengelhof, son centre au village de Frédéricksfeld et sa gauche 
à Edingcu sur le Neckcr. Le Directoire voulait frapper un coup 
décisif en Allemagne, avant que les Russes puissent se réunir 
aux Autrichiens leurs alliés. Le !«' mars, les trois armées com- 
mencèrent leur passage du Rhin. 

L'armée d'observation, destinée à seconder les opérations de 
l'armée du Danube, devait bloquer Manheim et Philipsbourg et 
fournir des garnisons aux autres places du Rhin. 

Le i^^ mars, Bernadette passa le Rhin, occupa Manheim sans 
résistance et s'approcha de Philipsbourg, qu'il dut renoncer à 



-^ 40 — 

attaquer, à cause de ses inondations. Il remonta alors la vallée 
du Necker jusqu'à Heilbronn. Lorsqu'après la bataille de Stokack, 
Jourdan recula sur le Rhin, l'armée d'observation fut entraînée 
dans le mouvement et repassa le Rhin. Bernadotte en laissa le 
commandement au général Collaud et partit pour Paris. 

Le commandement des armées d'Helvétie et du Danube fut 
alors réuni dans les mains du général Masséna. L'archiduc, qui 
aurait dû prendre alors rigoureusement l'ofTensive, n'en fit rien, 
et se borna à chasser les Français des postes qu'ils occupaient 
encore sur la rive droite du Rhin. Masséna en profita pour réor- 
ganiser son armée. Le commencement de la campagne eut pour 
théâtre la Suisse. Pendant ce temps, le général autrichien Starray, 
laissé avec 2!2,000 hommes aux sources du Danube, gardait tous 
les débouchés de la Forêt-Noire, lançait des partis dans la vallée 
du Rhin et dans les vallées adjacentes et soutenait l'insurrection 
des Mayençais. Les généraux Legrand, à Kehl et Vieux- Brisach 
et Collaud, à Manhein, faisaient face à Starray. La IG^^ demi- 
brigade, division Lcgrand, brigade Lovai, avait son dépôt h 
Mayence. Ses deux bataillons forts de 1727 hommes occupaient 
Offembourg. 

AFFAIRES D'OFFEMBOURG 
(26 ET 30 JUIN, 4 ET 6 juillet) 

Le 26 juin 1799, la division Legrand avait sa droite à Alten- 
heim et Offembourg, le centre à Obcrvich et sa gauche à Bis- 
hoffen. 

Elle fut attaquée sur toute la ligne dans la nuit du 7 au 8 par 
des forces supérieures, et obligée à reculer. L'ennemi ayant forcé 
Offembourg et gagné les roules d'Appenvihr et de Musbach, le 
général Lcgrand donna l'ordre de la retraite, qui s'cfl'eclua avec 
la plus grande régularité, sans que l'ennemi osât l'inquiéter. La 
division Legrand se retira sur Kehl et Wilstett. Celte journée, 
quoique désavantageuse pour nous, qui y perdions des positions 
importantes, coûta h l'ennemi plus de 1300 hommes. Le générai 
Legrand fait le plus grand éloge de la conduite de ses troupes 
dans cette affaire. Les chefs de corps Mercier, Vatrin, 
Bletzlet et La Coste s'y distinguèrent particulièrement. 



- 41 — 

Le 30 juin, le général Levai poussa une vive reconnaissance 
jusqu'au péage d'Offembourg, et Ot à Tennemi plusieurs prison- 
niers, dont un officier de partisans. 

Le >l juillet, & 3 heures du matin, la division Legrand attaqua 
rennemi, A droite, Mercier, chef de la 72« demi-brigade; à 
gauche, Danglas, chef de brigade; au centre le général Levai. Ce 
dernier se porta avec la plus grande vigueur sur Giessen, "Willin- 
gen et Appenwil. 

Un bataillon du 16* était tête de colonne. Le village d'Appen- 
wil fut enlevé à la baïonnette. L'attaque fut menée avec la mémo 
vigueur à droite et à'gauche. 

Toutes les troupes, et surtout le 16* de ligne, déployèrent tant* 
de vigueur et de courage dans cette affaire, que Tennemi, se 
voyant sur le point d'ôtre coupé dans sa retraite, se hâta d'effec- 
tuer son mouvement rétrograde. Il fut poursuivi vigoureusement 
jusque vers Nieder-Achcrn et Oberkirch, 

Le G juillet, le général Legrand donna Tordre au général Levai 
de s'emparer d'Offembourg et d'Altenheim. Les colonnes d'at- 
taque s'ébranlèrent à 3 heures de l'après-midi. 

Le 1«' bataillon du 16* suivit la route de Rasladt à Offem- 
bourg. Nous avions pour but d'établir notre ligne d'avant-postes, 
et l'ennemi nous laissa faire, en abandonnant à l'approche de 
la nuit tout le champ do bataille, nous laissant croire que la 
journée était Icnniuco. Mais bionlût un corps ennemi nombreux 
composé d'infanterie et de cavalerie déboucha par la vallée de 
la Kintzig et la route de Fribourg, et ouvrit un feu très vif d'ar- 
tillerie qui dura jusqu'à 10 heures du soir. Étonné de Topiniâ- 
Ireté de nos troupes contre des forces aussi supérieures, l'ennemi 
fit avancer sa cavalerie en masse pour charger la nôlre. Elle 
arriva jusque sur le plateau d'Offembourg, où des hussards et 
des hulans autrichiens vinrent couper les mèches de nos canons 
et engager une mêlée confuse qui eût été très funeste sans l'acti- 
vité et la bravoure du général Levai et l'intelligence de son aide 
de camp Bevalet et de son ofQcier de correspondance Bertholet, 
qui le secondèrent parfaitement dans ce moment critique. 

L'ennemi ne put se maintenir sur ce terrain, et nous l'aban- 
donna jonché de ses morts et de ses blessés. Il craignait du reste, 
Il juste titre, d'avoir à essuyer le choc des renforts qui, selon 
toute apparence, devaient nous arriver. 



— 42 -- 

Le général Legrand, dans son compte rendu, fait le plus 
grand éloge de toute la division, qui s*est parfaitement distin- 
guée, et dont les généraux, officiers et soldats se sont montrés 
dignes les uns des autres et de la République. 

Cette soirée nous coûta quelques tués, blessés et prisonniers, 
mais Tennemi y laissa 500 hommes, parmi lesquels plusieurs 
ofQciers, et notamment le colonel Kaiser. 



BELLE CONDUITE DU SERGENT-MAJOR COURTOIS. 

Le 6 juillet, le sergent-major Courtois, du IG*, commandait 
une compagnie dont les officiers avaient été tués. Il marchait en 
tirailleurs dans les gorges d'Offembourg, lorsqu'il s'aperçut que 
les pandours autrichiens lui coupaient la retraite. Il les chargea 
à la baïonnette, s'ouvrit un passage et rejoignit son régiment. Il 
fut nommé officier sur le champ de bataille et resta au régi- 
ment. Un arrêté du Premier consul du 29 vendémiaire an ix con- 
firme sa nomination (ancien Journal militaire). 

Le 7 juillet, la nombreuse cavalerie que Tennemi déploya dé- 
termina le général Legrand à quitter à 11 heures du soir les po- 
sitions d'Offembourg, après avoir lancé une forte reconnaissance 
sur Altenheim et en avant d'Appenwil, où Tennemi perdit encore 
du monde. 

Le 20 juillet, Tarrété du 13 juin qui divisait Tarméc du Da- 
nube en armée du lihin et armée du Danube fut mis h exécu- 
tion. L*armée du Rhin fut confiée au général MuUet, qui établit 
son quartier général à Turckheim. Tout le pays environnant 
devint alors une arène où se livraient chaque jour des combats 
opiniâtres entre les Français et les insurgés mayençais soutenus 
par des corps autrichiens. 

Le 16« de ligne est compris dans la 3« division, dite du centre: 

Général de division Laborde, 
Général de brigade Mercier. 

Le 18 août 1799, il a son dépôt à Metz: 

Le O' bataillon à Frankental, 
Le 2« — à Gemersheim, 
Le 3« — à Spire, 



— 43 — 

Son cfTeclif csl de 3,010 hommes. La fln de l'année 1799 se passa 
à guerroyer contre les partis du général autrichien Starray. 

Le 24 novembre, un arrêté fondit Tarmée du Danube dans 
l'armée du Rhin. Cet arrêté reçut son exécution le 12 décembre. 
Un armistice ayant été signé avec F Autriche, le llhin servit de 
limite aux cantonnements des deux armées adverses. 



CAMPAGNE DE 1800. 



1* Campagne d^été. 

Le Premier consul fondit les armées du Rhin et d'Helvélie en 
une seule, qui conserva le nom d'armée du Rhin, et fut confiée 
au général Moreau. Elle fut renforcée d'une partie de l'armée de 
Hollande, ce qui porta son effectif à 100,000 hommes. L'armée 
du Rhin fut divisée en quatre corps de trois divisions chacun. 

Le centre, commandé par Gouvion Saint-Cyr, comprenait les 
divisions Baraguey d'ililliers, Tharreau et Ney. La 16« demi- 
brigade d'infanterie faisait partie de la division Tharreau. Une 
situation du 10 mars 1800 nous donne son eflectif : 2291 hommes 
pour trois bataillons. Le plan de Moreau était de passer le Rhin 
vers Bâle, et de se porter sur Stockach, prenant ainsi à dos 
l'ennetni placé entre la rive droite du Rhin et les déQlés de la 
Forêt Noire, et de culbuter son aile gauche. 

Le passage s'effectua le 28 avril. Le corps de Saint-Cyr fran- 
chit le fleuve à Brisach, et la division Tharreau enleva le village 
de Saint-Georges et rejeta le général autrichien Giulay sur Fri- 
bourg. 

Kray, commandant en chef les troupes autrichiennes, prit le 
change; il crut que Moreau voulait forcer le val d'Enfer et la 
Kintzig ; il manœuvra comme s'il eût du être forcé par sa droite 
et donna ainsi à Moreau tout le temps nécessaire pour exécuter 
son plan. 

Dans les premiers jours de mai, l'armée française se trouva 
réunie sur la Wutach, tenant les routes de Schafihouse à Engen 
€t à Slockach. 



— 44 — 



BATAILLE DE STOCKACH (3 mai). 

Pendant ces mouvements, le général Kray, revenu de son 
erreur, concentra une grande partie do ses forces à Engen aQn 
de gagner le lendemain les hauteurs de Stockach pour protéger 
au moins Tévacuation de ses magasins. 

Mais Moreau résolut de l'attaquer avant que son aile droite, 
que Starray ramenait par la haute vallée du Necker Tait rejoint. 
Le 3 mai au point du jour, le corps de droite (Lecourbe) attaqua 
Stockach, et après un combat acharné la position fut enlevée. 

Les Autrichiens perdirent 4,000 hommes, 8 canons et 50 che- 
vaux, et des magasins remplis d'approvisionnements. 

BATAILLE D'ENGEN (3 mai). 

Pendant que Lecourbe, h droite, était aux prises avec les 
Autrichiens, Moreau était aux prises avec Kray et remportait 
une victoire également décisive. 

Le général Saint-Cyr se trouvait encore avec le centre à Stuh- 
lingen. 

Moreau lui envoya Tordre de se porter en toute hâte sur 
Engen en flanquant la gauche du corps de réserve; mais il ne 
crut pas néanmoins devoir attendre leur arrivée, et il aborda 
les positions ennemies avec les 3^,000 hommes qu'il avait de 
disponibles. 

Le plateau de Uohenhowen, en bas duquel s'étend la grande 
plaine d'Engen, pouvait être regardé comme la clef de la posi- 
tion. Kray l'avait fait couvrir de retranchements et y ralliait son 
infanterie chassée des villages de la ligne de bataille. Moreau 
appuya sur sa gauche pour se réunir le plus tôt possible au 
corps de Saint-Cyr et envelopper Engen par les hauteurs qui 
sont au Nord. Le combat dura toute la journée acharné des deux 
côtés. Le jour était sur son déclin. On entendait à droite le feu 
de Richepanse, dont la gauche n'avait pas cessé d'être à décou- 
vert et sans appui par suite. du mouvement de Moreau sur sa 
gauche. L'ennemi avait fait des efl^orts inouïs pour l'envelopper. 

Gouvion Saint-Cyr, qui s'était mis eu marche dès 5 heures du 



— 48 — 

malin, avait ou de rudes combats à livrer & la chapelle Sainte- 
Ottlie, au défilé de Zolham et sur les hauteurs de Iliedeschigcn. 
Un combat plus terrible encore s'engagea au bois dp Slettin. 
Mais les Autrichiens durent reculer, et la jonction des deux corps 
s*opéra. La division Baraguey d'Hilliers tomba sur la droite du 
corps autrichien, que Richepanse contenait depuis le matin. La 
nouvelle de la défaite de Stockach arriva et découragea les Autri- 
chiens, qui ne se battirent plus que pour assurer leur retraite. 

Cette journée coûta à chaque armée près de 7,000 hommes. 
Les Français firent 7,000 prisonniers, et enlevèrent à l'ennemi 
3 drapeaux, 9 pièces de canon et d'immenses approvisionne- 
ments de tout genre. 

La division Tharreau n'eut pas Toccasion de prendre part à la 
bataille de Mœskirch. L'aile droite, qui était la plus avancée, 
précéda rarmée sur Mœskirch; la réserve suivait en seconde 
ligne. Quant au centre (Saint-Cyr), il dut marcher sur Septingeu, 
s'étendant par sa gauche jusqu'à Tuttlingen. 

La bataille de Mœskirch fut très meurtrière. Moreau envoya à 
Saint-Cyr l'ordre de se porter sur ce point, mais les officiers por- 
teurs de cet ordre ne purent arriver jusqu'à lui. Ce détail, que 
plusieurs historiens militaires ont ignoré, leur ont permis de qua- 
lifier d'inexplicables la conduite et l'inaction de Gouvion Saint- 
Cyr pendant cette bataille. 

Après la bataille de Mœskirch, l'armée du Rhin continua sa 
marche sur le Danube. Le corps de Gouvion Saint-Cyr était^ le 
G mai, sur la route de Mœskirch à Mengen, sa gauche au Danube, 
le 7 en avant de Mengen, et, enfin, le 8, la gauche au Danube 
à la hauteur de lliedlingen, la droite à Buchau. 



BATAILLE DE BIBERACH (9 mai). 

Dans la nuit du 7 au 8 mai, Tarmée autrichienne s'établit sur 
la ligne de la Riss, en avant et en arrière de Biberach. 

Le 9 au matin, le général Saint-Cyr se porta sur Biberac par 
la route de Buchau avec les divisions Tharreau et Baraguey 
d'Hilliers. Il força d'abord le poste d'Obendorf à se replier sur le 
corps que Kray avait détaché en avant de la Riss (10 bataillons, 
15 pièces de canon et une nombreuse cavalerie). Puis il aborda 



— 46 — 

sans hésiter ce corps, qui, en quelques instants, fut culbulé dans 
le défilé. L'artillerie et la cavalerie encombrant cet étroit pas- 
sage, la -colonne autrichienne edt été détruite si Kray n'eût 
envoyé des renforts pour la recueillir et protéger sa retraite. 

Le reste de Tarmée autrichienne occupait les hauteurs en 
arrière de Biberach, ayant son front couvert par le grand ravin 
formé par la rivière la Riss. Au moment où Saint-Gyr pénétrait 
dans Biberach avec les fuyards autrichiens, le général Riche- 
panse se montrait sur les revers des hauteurs. 

De concert avec Gouvion Saint-Gyr, il résolut de chasser Kray 
de sa forte position. Les troupes de SaintCyr traversèrent Bibe- 
rach et commencèrent à gravir les hauteurs aux yeux des enne- 
mis, stupéfaits de tant d'audace. Richepanse franchit la Riss h 
un gué situé au-dessous du village, et gravit le plateau de Met- 
temberg sous un feu plongeant d'artillerie et do mousquctcrie. 
Le général Kray apprenant que les têtes de colonnes de Le- 
courbe arrivaient, ordonna la retraite par Ochsenhausen, pour 
gagner la ligne de Tlller. Il abandonna le champ de bataille 
y laissant 2,000 hommes hors de combat, 2,000 prisonniers et 
des magasins immenses. SaintCyr garda sa position en avant 
de Biberach. 

Le compte rendu officiel de cette bataille dit : 

« Tous les officiers, toutes les troupes des divisions Tharreau 
et Baraguey d'Hilliers méritent des éloges. La 16« demi-brigade 
a chargé d la fin de Vaction avec un ensemble qui semblerait ne 
pouvoir s'alliera r impétuosité de son attaque ». 

Le régiment eut une grande part à l'avancement donné par le 
général en chef pendant cette campagne. 

Le chef de bataillon Rouville fut nommé chef de demi-bri- 
gade. Les capitaines Gecflrge, Voirin furent nommés chefs 
de bataillon. 

Les lieutenants Delpierre, Patez furent nommés capi- 
taines. 

Les sous- lieutenants Chauvin et Callibre furent nommés 
lieutenants. 

Les sous-officiers d'Orville, Aubry, Jannin, Douze, 
Thunot furent nommés sous-lieutenants. 

Le général Kray, encore battu à Memmingen, se retira sous le 
canon du camp retranché d'Uhn. 



— 47 — 



Morcau se rapprocha d'Ulra et s'étendit par sa droite dans 
l'espoir de faire sortir l'armée autrichienne de son camp retran* 
ché. Le corps de Gouviou Saint-Cyr occupa Weissembourg et 
Kirchberg. 



COMBAT D'ERBACH (16 mai). 

Le général Kray attendait encore deux détachements venant 
de Manheim. Craignant que le corps du général Sainte-Suzanne 
ne les empêchât de le rejoindre, il l'attaqua le 16 au matin. Le 
combat dura douze heures sans résultat, lorsque le canon du 
général Saint-Cyr se fit entendre sur la droite du Danube. Ce 
général n'eut pas plutôt soupçonné le danger que courait Sainte- 
Suzanne qu'il repassa i'iller et se porta au pas de course à un 
gué du Danube. Son mouvement décida la retraite des Autri- 
chiens sous le canon d'Ulm. 

Le général Moreau, désespérant de forcer Kray à sortir d'Ulm, 
résolut de menacer ses communications pour Tattirer hors de 
ses positions. Il porta son aile droite (corps de Lecourbe) sur 
Augsbourg avec ordre d'y paraître seulement et de se rabattre 
aussitôt sur le centre. Le 20 mai les corps de Saint-Cyr et Sainte- 
Suzanne ropassàrcnt sur la rive droite (hi Danube. Kray fit contre 
eux une démonstration le 22, mais fut repoussé. 

A cette époque l'armée reçut une nouvelle organisation qui 
nécessita un changement dans l'ordre de bataille. Le général 
Gouvion SaintrCyr forcé d'aller prendre les eaux fut remplacé 
par le général Grenier, qui reçut le commandement de l'aile 
gauche formée des divisions Ney,Baraguey d'Hilliers et Legrand 
qui avait remplacé le général Tharreau. 

Le 10 juin l'armée du Rhin se porta sur la ligne du Lech. La 
gauche s'avança sur Weissenhorn et reçut l'ordre de masquer 
les diiférents débouchés du Danube entre Ulm et Gunzbourg. 

La division Legrand descendit la Gunz et battit Giulay à Hoch- 
wang. 

Les Autrichiens repassèrent le Danube. Giulay, chargé de 
défendre Gunzbourg, ne crut pas pouvoir tenir dans ce poste et 
l'ôvacua. 



— 48 — 

PASSAGE DU DANUBE. 

Le Danube fut franchi le 20 après un brillant combat auquel 
ne prit pas part l'aile gauche, qui vint s'établir sur la Brcnz à 
Gundelflngen. 

Le 22 juin Horeau apprit la marche de Kray vers la Bavière 
pour rétablir ses communications. 11 se mit à sa poursuite. Le 
24 le général autrichien envoya un parlementaire annonçant que 
Bonaparte avait signé un armistice qui s'étendait à l'armée du 
Rhin. Mais Mpreau, qui le savait, ne voulant pas ét6d)lir ses 
troupes dans un pays épuisé, résolut d'élargir la base de ses can- 
tonnements et d'occuper Munich. 

Il se concentra le 26 autour de Donawerth. Lecourbe se porta 
sur Neubourg,le centre occupa Rhain, et Grenier laissant la divi- 
sion Legrand à Donawerth poussa celles de Ney et de Baraguey 
d'HilHers à Wcnedingen et à Harbourg. , 

Continuant sa marche, il poussa sa gauche sur Ingolstadt et sa 
droite sur Munich. La division Legrand était près de Landshut. 
Elle attaqua l'arrière-garde autrichienne commandée par l'ar- 
chiduc Ferdinand et la battit. 

Ce dernier engagement termina la campagne, car la publica- 
tion officielle de l'armistice de Parsdorf arrêta les opérations. 

On conçut l'espoir d'une paix prochaine ; mais elle ne devdt 
être conquise que par une nouvelle victoire de l'armée du Rhin. 

2* Campagne d*hiver. 

Le 12 novembre Moreau se trouvant alors à Paris, le général 
Dessoles, son chef d'état-major, signifia aux Autrichiens la reprise 
des hostilités. 

L'armée du Rhin avait à peu près la même organisation qu'a- 
vant l'armistice. L'aide gauche aux ordres du général Grenier com- 
prenait les divisions Ney, Legrand et Bastoul. 

L'archiduc Jean avait' remplacé le vieux maréchal Kray au 
commandement de l'armée impériale. Au lieu d'attendre les 
Français dans la redoutable position de l'Inn, il résolut de les 
attaquer de front pendant que les corps de Klonan et de Ilillcr 
leur couperaient la retraite sur Munich. 



- 49 — 

Moreau arriva à Àugsbourg le 22 novembre et mit l'armée en 
marche sur Pliin. La division Ncy, de la gauche, fut porlôo vers 

Uannsurla routed'Ampfing; la division Legrand sur Kirchbrunu ; 
la division Bastoul suivait en réserve. 

On voit par ces mouvements que notre aile gauche devait ren- 
contrer le gros des forces ennemies marchant sur Landshut, 
mouvement que Moreau ignorait. 

COMBAT D'AMPPING (1« décembre). 

En effet la division Legrand, par suite de la résistance qu'elle 
rencontra, ne put aller au delà de Werth. • 

Le général Grenier pour ne pas s'en séparer fit entrer en ligne 
la réserve (division Bastoul) pour se lier avec la division Ney. 
Quinze mille Autrichiens occupaient les hauteurs entre Hann et 
Ampflng. L'apparition d'un corps ennemi à Landshut décida 
Grenier h y renvoyer une brigade de la division Legrand pour 
couvrir le flanc gauche de la ligne de retraite. 

L'action s*engagea; mais après un combat acharné Moreau 
donna Tordre de la retraite. Cette afl'aire, à l'avantage des Impé- 
riaux, enfla la vanité du jeune archiduc qui se crut invincible. 

Mais il acquit une couflance sans bornes lorsque le lendemain 
Moreau, poursuivant son mouvement de retraite, ramonait l'ar- 
mée du Rhin dans sa première position entre Ebersberg et Ilar- 
thof. 

Des relations d'officiers attachés à Moreau affirment que ce 
général ne battit en retraite que pour attirer l'ennemi sur un 
champ de bataille où la cavalerie impériale deviendrait presque 
inutile. 

BATAILLE DE HOHENLINDEN (3 décembre). 

Le 2 décembre au soir l'armée du Rhin occupait les positions 
suivantes : 

L'aile gauche, général Grenier, appuyait sa droite àllohenlin- 
den et s'élendait jusqu'à liarthofen, couvrant son flanc et gar- 
dant les dlbouchés d'Issen et de Lendorf. 

Le général Grenier avait ordre de se borner à se maintenir 



— 50 — 

dans cette position jusqu'au moment où le général en chef don- 
nerait lui-même Tordre d'attaquer. 

Une division du centre Grouchy appuyait sa gauche h Ilohen- 
linden, coupait la chaussée et s'étendait le long do la lisière du 
bois dans une grande éclaircie à la sortie du défilé, et en vue de 
la maison de poste. (Voir le plan.) 

La réserve de cavalerie placée en arrière de Hohenlinden avait 
été mise à la disposition du général Grenier. 

Une seule brigade avait été détachée à Erding avec quelques 
compagnies d'infanterie pour éclaiier la gauche et garder les 
communications avec Munich que menaçait le corps de Kien- 
mayer débouchant par Dorfen. Le corps du général Sainte- 
Suzanne, qui avait passé le Danube, se portait à marches forcées 
sur Pressing pour arrêter le corps de Klenau qui avait dépassé 
Landshut. A la droite de Hohenlinden la division liichepanse 
s'était repliée sur Ebersberg et la division Decaen était à Zarnot- 
ting, ce qui formait, aune lieue et demie du centre, une force de 
plus de 17,000 hommes. L'aile droite (Lecourbe) avait pris posi- 
tion à Helfendorf, appuyant sur sa gauche pour se lier avec les 
divisions du centre. La plus grande partie de ses forces occu- 
paient Flamering entre la chaussée de Wasserbourg et la route 
de Rosenhcim. 

Dans la nuit du 2 au 3, il se rapprocha encore par sa gauche 
de la route d'Ebersberg, pour y relever Decaen, qui devait appuyer 
liichepanse. Ce dernier en effet reçut l'ordre de se porter le 3 de 
Saint-Christophe sur Matlenpoël, pour prendre en flanc la colonne 
ennemie que l'on présumait avec raison devoir s'engager sur Ja 
chaussée de Munich à Haag. On sait que les prévisions de Moreau 
se réalisèrent et que le mouvement de liichepanse décida du 
succès de la journée. 

Le 3 décembre au matin les Autrichiens prirent roffensive et 
s'engagèrent sur la chaussée de Munich à Uaag, à travers la foret 
formant un défilé de plus d'une lieue et demie. 

Pendant que l'action se passait au centre et qu'un plein succès 
couronnait nos efforts, le général Grenier combattait à l'aile 
gauche. 

La division Legrand, qui occupait Ilarthofen, soutint toute la 
journée les cfl'orts de l'ennemi, restant sur la défensive comme 
elle en avait reçu Tordre. Le général Grenier, voyant que le 



— 51 — 

centre était victorieux, prit de lui-même ToUensive; Tennemi se 
battit avec une vigueur étonnante. Les divisions Legrand (16*) 
et Bastoul firent des prodiges de valeur; plusieurs fois les corps 
adverses se mêlèrent, les positions furent prises et reprises 
plusieurs fois. Les demi-brigades de ces divisions furent char- 
gées de flanc par la cavalerie ennemie, sans être seulement 
ébranlées. 

Enfin la division du générai Legrand parvint à culbuter Ten- 
nemi dans les déQlés de Lcndorf, lui prenant 1500 prisonniers et 
6 pièces de canon. 

Telle fut cette mémorable bataille qui nous valut 11,000 pri- 
sonniers dont 169 ofQciers, 2 généraux et cent pièces de canon. 
Le général Moreau, dans l'effusion de sa joie, dit le soir aux gêné* 
raux dont le talent et la bravoure l'avaient si bien secondé : 
« Félicitons-nous messieurs, car nous venons do conquérir la 
paix. » Tirons du compte rendu de cette victoire le passage sui- 
vant qui fait si grand honneur au régiment dont le drapeau porte 
dans ses plis le nom glorieux de Hohenlinden : 

« Dans celte momornblc journée, gén6rniix, officiers et soldats, tous se 
sont surpasses : Des soldats en se battant comme des lions disaient : 
« Nous ne roulons pas mourir d'aujourd'hui pour voir la fin d'un si beau 
jour. » Le lieutenant général Grenier a montré h Tcnnomi que si, avec 
deux seules divisions (Legrand et Ikistoul), il savait combattre et se retirer 
fièrement devant une armée entière, il savait aussi, quoique inférieur en 
nombre, vaincre et surtout poui*suivre plus vigoureusement qu'il ne l'avait 
été lui-même, il a parfaitement secondé le général en chef. Les généraux 
Legrand et Bastoul ont eu un rôle trop brillant dans cette journée pour 
que le général en chef ait besoin d'y joindre son éloge. » 

Après la victoire de llohcnliudcn le général Grenier marcha 
sur Wasscrbourg oii il passa l'inn. Là il reçut Tordre de mar- 
cher sur LaulTen avec les divisions Legrand et Bastoul pour y 
passer la Salza avec toute l'armée du Rhin, 15 décembre. 

Le 19 décembre il se porta sur Lintz et Ëbersberg, renversant 
tout ce qui voulait s'opposer à sa marche. La division Legrand 
(ICc), qui tenait la tète de colonne, fit 300 prisonniers à l'ennemi 
en arrivant à Ëbersberg et rétablit le pont de la Traun. 

Les Autrichiens convaincus que l'Empire ne pouvait être 
sauvé que par la paix envoyèrent le comte de Merfeld à Moreau 



— 52 — 

pour lui demauder un armistice qui fut signé à Steyer lo 
23 décembre 1800. 

Ainsi se termina cette mémorable campagne. Moreau avait fait 
avec son armée en 15 jours quatre-vingt-dix lieues, franchi trois 
grandes rivières, pris ou mis hors de combat plus de 45,000 
hommes, ^enlevé 150 canons, 400 caissons, 6,000 voilures de 
bagages et un grand nombre de drapeaux. LMnfanterie française 
s'y était montrée plus que jamais par ses marches, sa bravoure, 
sa constance, son dévouement, son intelligence, la preaiière 
infanterie du monde. 

Elle avait excité à la fois l'admiration et la terreur de nos 
ennemis. 

DE 1801 A 1805. 

En 1801, la 1(>^ demi-brigade de ligne fait partie de rarméo 
d'occupation dans le Brisgau. Elle lient garnison d'abord à Fri- 
bourg, puis par bataillon à Waldkirch, Seckingen et iliégcl ; son 
dépôt est à Neufbrisach. 

Pendant l'occupation du Brisgau, de 1801 à 1804, le régiment 
appartient à la 5« division militaire dont lo quartier général est 
à Strasbourg, division Levai, brigade Grandjean. 

En 1804 le régiment est envoyé à Alexandrie, il appartient 
alors à la 27® division militaire (général Dupont-Ghaumont), dont 
le quartier général est & Turin. 

En 1805 le régiment rentre en France et vient tenir garnison 
à Toulon, 8« division militaire (général Cervoni), quartier géné- 
ral à Marseille. 

Les 1«' et 2® bataillons sont embarqués à bord de l'escadre de 
la Méditerranée. Le 3« ])alaillon occupe le fort Joubert (La- 
malgue). L'effectif embarqué est de 1900 hommes et celui du 
3* bataillon, au fort Lamalgue, de 900 hommes. 

Ainsi s'explique la part glorieuse que le régiment va prendre 
à la grande bataille navale de Trafaigar. 



— 83 ~ 

16' RÉGIMENT FINFANTEUIE DE LIGNE 

<1803 à 1815.) 

Un arrêté des consuls de i803 supprima la dénominalion de 
demi-brigade de bataille pour la remplacer par celle de régi- 
ment d'infanterie. Cette organisation dura jusqu'à la Restaura- 
tion en 1815. 

CAMPAGNE DE 1805 (trafalgar). 

Nous avons vu ci-dessus que deux bataillons du régiment 
avaient été embarqués à Toulon sur Tescadre de l'amiral Ville- 
neuve. Dans la mémorable bataille de Trafalgar, le soldat 
Robert Guillemard, de Sixfours (Var), tua Tamiral Nelson. 
Retraité plus tard comme sergent, Guillemard publia des mé- 
moires où il relate avec les plus grands détails un fait qui fait 
autant d'honneur à son auteur qu'au 16<) régiment d'infanterie, 
auquel il appartenait. Laissons-lui donc la parole : 

c< Le 3 octobre 1805, notre Itatnillon quitta les Mtimonts de transport 
o|. ]»a»sa Riir les vaisseaux de IVsr^idre. Ma compagnie fut deslinée îi faire 
partie de la garnison du llcdouiable^ de 71 canons, c^oinniandé par le capi- 
taine de Taisscau Lucas. 

« Le ÎO octobre, une vague rumeur se répandit qu'on devait sortir le 
lendemain de Cadix pour attaquer les Anglais. En effet, le 21, h dix heures 
du matin, Tescadre combinée sortit de Cadix pour présenter la bataille aux 
Anglais. 

« J^e Redoutable était au centre et un peu en avant de la ligne fran- 
çaise, qui, par une dernière disposition du général, était rangée en demi- 
r^rrcle. 11 avait en face de lui le Victonj, portant pavillon de Tamiral et 
monté par Nelson. Ce fut notre vaisseau qui donna le signal du combat. 

« Nos gabiers d'artimon avaient été tués, deux matelots et quatre sol- 
dats dont je faisais partie reçurent Tordre de les remplacer dans la hune. 
Comme nous y montions, les boulets et la mitraille volaient autour de 
nous ; un de mes camarades fut blessé h côté de moi et précipité d'une 
hauteur de trente pieds, il se fracassa la tête sur le pont. 

« Les gabiei*s anglais, dont nous n'étions qu*^ quelques toises firent on 
nous voyant paraître, un feu très vif auquel nous répondîmes. Un soldat 
de ma compagnie et un marin furent tués tout près de moi, les deux 
autres blessés purent cependant descendre ]mr les haubans. Nos ndver- 



— 54 — 

snît'cs furent h ce qu'il parait encore plus maltraites que nous, car bicntôf 
je ne vis plus personne dans la hune anglaise* 

<( Sur l'arrière du yaisscau anglais, était un officier couvert de décora- 
tions et n'ayant qu'un bras ; d'après ce que j'avais entendu dire de Nelson, 
je ne doutai pas que ce fiU lui. Ne reccTant pas l'ordre de descendre et 
me voyant oublié, seul dans la buue, je crus de mon devoir de faire feu 
sur l'arrière du vaisseau anglais que je voyais à découvert et de très près. 
J'aurais pu môme ajuster les individus, mais je tirai successivement sur 
les différents groupes formés par les marins et par leurs ofliciei-s. Tout h 
coup j'aperçus sur le Victory un grand mouvement. Ton s'empressait 
autour de roflicicr dans lequel j'avais cru reconnaître Nelson. Tl venait de 
tomber et on l'emportait couvert d'un manteau. 

<( Je m'empressai de descendre pour annoncer au commandant Lucais 
ce que j'avais vu de la situation de l'ennemi, et il me crut d'autant plus 
aisément que la cessation du feu lui annonçait un événement de la plus 
haute importance, occupant l'équipage anglais et l'empêchant de continuer 
le combat. 

u 11 était cinq heures du soir quand le combat cessa, je parcourus le 
vaisseau oCt tout offrait le spectacle de la destruction. Un désespoir calme 
se peignait sur la figui'e de ceux qui avaient échappé à cette terrible 
scène, où je venais de faire mon début dans la carrière militaire. 

u Dans la soirée, des chaloupes anglaises vinrent prendre le reste do 
notre équipage pour le répartir sur différents vaisseaux et je fus conduit 
sur le Victory, 

« J'y appris la mort de Nelson. Il avait reçu sur l'épaule droite une 
balle qui pénétrant obliquement avait brisé Tépine du dos. 

« Le général (^ollingsvood l'avait remplacé dans son commandement. 
« La mort de Nelson était regardée comme une calamité publi(|ue, dont 
la victoire ne put adoucir ramertume. Aussi, comme homme je ne pus 
m'empécher de ))rondrc part en quelque sortie à rai'ilictiou qui régnait sur 
le Victory , iixndis que, comme Français, je devais me réjouir d'une mort 
qui délivrait ma Patrie d'un de ses plus dangereux adversaires. Au reste 
le moment où Nelson fut frappé, la position de sa blessure me prouvaient 
h n'en pas douter qu'il était mort de ma main, puisque j'étais seul dans la 
hune d'artimon. Mais, quoique le coup qui avait fait tomber le générai fut 
un service remlu h la Patrie, j'étais loin de le regarder comme un trait 
dont je puisse m'enorgueillir. D'ailleurs, dans la confusion générale, tout 
le monde aurait pu s'en attribuer l'honneur, et, pour ne pas m'exposer 
aux railleries de mes camarades, je trouvai plus sage de n'en pas parler. 
« C'est ainsi que plus d'une fois l'insouciance ou la fausse honte m'ont 
privé d'avantages auxquels j'aurais pu prétendre. » 

Plus loin le sergent Guillemard, parlant de son régiment, dit : 
« Je n'ai pas nommé le régiment de ligne dans le(|uol j'entrai eu i80r», 



— 86 — 

et dont le numéro est inscrit plus d*une fois arec honneur dans nos fastes 
militaires. » 

Le sergent Guillemard rentra définitivement dans son village 
de Sixfours le 2 octobre 1823. Il avait quitté le service ou plutôt 
on lui avait donné sa retraite alors qu'il était au siège de Barce- 
lone près de deux mois après TafTaire de Mataro. 

On sait le rôle glorieux du navire le Redoutable et de son 
commandant Lucas pendant la bataille de Trafalgar. 

L'amiral Villeneuve, deux jours avant d'être assassiné, écrivait 
au commandant Lucas : 

(( Si tous les capitaines de vaisseau s'étaient conduits comme tous k 
Trafalgar, la Tictoire n'eût pas été un instant indécise ; certainement per- 
sonne ne le sait aussi bien que mot. » 

L'Empereur Napoléon dit aux capitaines Lucas et Infernet qui 
lui furent présentés à leur retour des prisons d'Angleterre : « Si 
« tous mes vaisseaux s'étaient conduits comme ceux que vous 
« commandiez, la victoire n'aurait pas été incertaine : Je vous 
« nomme commandants de la Légion d'honneur. » 

Honneur donc au régiment qui, en secondant une aussi 
héroïque conduite, a acquis le droit de revendiquer une part 
des éloges décernés par l'amiral Villeneuve, par l'Empereur 
Napoléon, et après eux par l'histoire, au vaillant capitaine 
Lucas. « 

Pendant Tannée 1807, le 1G« de ligne fait partie du V corps 
appelé aussi corps d'observation de la Grande Armée, sous le 
commandement du général Brune. Il appartient à la division 
Molitor (brigade Gastella). 

A la date du IG juin 1807 le quartier général du 4« corps est A 
Neubrandembourg. L'effectif du 16« est de 59 officiers et 1861 
hommes pour deux bataillons, commandés par les chefs de ba- 
taillon Beaudoin et Marin. Le major Marin commande le régi- 
ment. Le régiment a laissé à Mayence un détachement de 3 offi- 
ciers et 132 hommes. Il a ses quartiers à Slavenhogen. 

Le 10 juillet le régiment est au camp sous Stralsund, son effec- 
tif a été porté à 59 officiers et 2,084 hommes. 

De Stralsund le régiment est envoyé à Rostock au mois do 
septembre, puis dans l'Ile de llugen, le 30 novembre 1807. 



— 86 — 

Le i2 oclobrc de Tannée 1808, le 4* corps de la Grande Armée 
est dissous par décret. 

Le iC* rentre alors en France, et au mois de janvier 1800 nous 
le trouvons en garnison h MAcon. 

CAMPAGNE DE 1809. 

Après la dissolution du corps d'observation, la division Moli- 
tor se met en marche pour se porter d'Allemagne en Espagne. 
Le 16® était arrivé h Màcon et le reste de la division à Lyon lors- 
qu'elle reçoit Tordre de retourner sur ses pas et de se porter sur 
le Rhin. 

Elle passe le fleuve à Huningue, pénètre en Souabe et gagne 
Ulm, où elle vient contribuer à la formation du 4« corps de Tar- 
mée d'Allemagne. 

Ce corps est commandé par le maréchal Masséna, duc de 
Rivoli. Lo 1G« appartient h la l'« brigade (général Leguay), de 
la 'M division (général Molitor). 

Le régiment est commandé par le colonel Marin. Il se com- 
pose de 3 bataillons, à TetTectif de 64 officiers et 2,056 hommes. 
Le 4® bataillon a été détaché en Espagne en 1808, et nous Ty 
retrouverons quand nous nous occuperons des campagnes d'Es- 
pagne. 

Pendant la première partie de la campagne, le 4* corps n'a 
aucun engagement avec les Autrichiens, et n'assiste niàEck- 
mùlh, ni à Ratisbonne. 

Après cette dernière affaire, Tarchiduc ayant mis le Danube 
entre Napoléon et lui, se replie sur la Bohême. 

L'Empereur laisse le corps du maréchal Davoust en observa- 
tion à Ratisbonne, et se dirige sur Vienne, bien résolu à passer 
sur le corps du général Uiller, s'il lui dispute Tentrée de la 
capitale. 

COMBAT DE NEUMARCK (24 avril). 

Le maréchal Bessières avait été détaché avec une division 
bavaroise, et la division Molitor (16® de ligne) pour poursuivre 
vers TInn, deux corps autrichiens commandés par le général 



— 87 — 

Hillcr. Le 22 avril, au soir, les Autrichiens prennent position sur 
loR bords de Tlnn, entre Alt et Neu-Œtting. 

Le général Uiller^ croyant d'après ses renseignements que 
Napoléon s'était mis à la poursuite de l'archiduc, prend la réso- 
lution d'opérer une diversion en attaquant les Français. Le 
matin du 24, trois fortes avant-gardes se mettent en mouvement 
et marchent contre Bessières, qui n'avait avec lui que 20,000 
hommes, et sur ce nombre la division Molitor qui venait de 
Bibourg était encore assez éloignée. Ainsi s'engage le combat de 
Neumarck. 

La division bavaroise de Wred soutient seule le premier choc. 
Heureusement la division Molitor arrive, appuie la droite bava- 
roise, la dégage, et assure sa retraite sur Wilsbibourg. 

Cette aflaire qui coûta 1500 hommes au corps franco -bavarois 
n'eut aucune suite, car, dans la nuit du 24 au 25, le général 
lliller ayant appris les avantages remportés par les Français 
contre l'armée autrichienne se h&te de repasser l'Inn. 

Dans la marche sur Vienne qui suivit cette affaire, le maré- 
chal Masséna, avec le 4® corps, était en seconde ligne sur la route 
de Passau. 

COMBAT D'EBERSBERG. 

Le 3 mai, l'avant-garde du 4* corps arrive iV Linz, oîilcs débris 
des corps de l'archiduc Louis et du général Hiller (30,000 
hommes) occupent une position avantageuse en avant de la 
Traun. L'Empereur envoie Bessières et Oudinot sur Ebersberg 
pour seconder Masséna. Les Autrichiens battus se mettent en 
retraite après avoir perdu 4,500 hommes et 7,500 prisonniers. 
Le 4* corps se porte ensuite sur Amsteten. 

L'Empereur arrivé devant Vienne somme inutilement l'archi- 
duc de capituler, il prend la résolution de bombarder la ville. 

BATAILLES D'ASPERN ET D'ESSLINO 

(21 BT 22 mai). 

L'Empereur avait décidé le passage du Danube, il choisit à cet 
effet l'Ile Lobau, située à une lieue et demie à l'Est de Vienne. 



— 58 — 

Le 17 mars, il dirige la division Molilor (1G«) vers un petit 
bois, entre le village d'Ëbersdorf et le bord du Danube. 

Les compagnies de voltigeurs sont embarquées sur des bateaux, 
abordent dans Tile et en cbassent un détachement ennemi pré- 
posé à sa garde. 

Le 20 mai, l'Empereur passe dans Tile et fait établir un pont 
sur le troisième bras du fleuve entre les villages de Gross-Aspern 
et d'Essling. Les divisions Lasalle (cavalerie), Boudet et Molilor 
(infanterie) passent successivement. Le lendemain TEmpereur 
vient reconnaître la position, et établit son ordre do bataille à 
Ventrée de la plaine do Marchefeld, la gaucho appuyée h Gross- 
Âspern, le centre à Essling et la droite en face le Stadt Enzers- 
dorf, h un petit bois au bord du Danube. 

C'est dans cette position qu'il doit attendre le reste de son 
armée pour une attaque générale. 

La division Molitor (16*) occupe à gauche le village de Gross- 
Aspcrn. L'archiduc Charles, résolu à prendre l'offensive, veut 
envelopper l'armée française, la rejeter au delà du Danube et 
détruire ses ponts. 

L'armée autrichienne est forte de 90,000 hommes et 228 pièces 
d'artillerie. Napoléon ne peut lui opposer que 33,000 hommes. 
Le 21 mai, entre une heure et deux heures de l'après-midi, les 
Autrichiens prennent l'offensive, on les voit s'avancer sur cinq 
colonnes. 

Le village d'Aspern est assailli par eux avec la plus grande 
vigueur. La division Molitor qui l'occupe n'en met pas moins h 
soutenir le choc et à se maintenir dans son poste. Elle donne le 
temps à la division Legrand d'arriver h son secours. L'ennemi 
est repoussé mais il revient à la charge ; étant très supérieur en 
nombre, il parvient à se rendre maître de la tête du village. Les 
Français s'obstinent à reprendre le terrain qu'ils ont perdu, les 
Autrichiens mettent de l'acharnement à le garder. Le village 
devient non pas un seul champ de bataille, mais le théâtre de 
mille petits combats sanglants et opiniâtres. Chaque rue, chaque 
maison, chaque grange voit une scène de carnage; les charrues, 
les chariots, les herses, les fléaux, les fourches, les haches sont 
employés, soit pour se couvrir et se retrancher, soit pour dé- 
truire l'ennemi concurremment avec le fusil et le sabre. On com- 
bat dans l'église, dans le cimetière, autour des grands arbres. Le 



— 89 — 

moindre espace de terrain est disputé. Âspern est pris et repris 
jusqu'à six fois. Enfin, ce n'est que Tobscurité profonde qui 
sépare les combattants. Les Autrichiens restent maîtres de la 
partie d'Âspern qui est du côté de la plaine, et les Français de 
celle qui est du côté du Danube. 

Au centre et à la gauche les Français mieux soutenus avaient 
repoussé les Autrichiens. 

Le 22 mai, à 4 heures du matin, le combat recommence avec 
plus do fureur encore. Les trois divisions du 4' corps se sont con- 
centrées la nuit dans Aspern. Les Autrichiens attaquent en si 
grand nombre et sont soutenus d'une artillerie si formidable 
qu'après un combat de quelques heures, ils emportent le village, 
qui, attaqué de nouveau parles Français est enlevé pour ainsi 
dire à la baïonnette, maison par maison. 

Quatre fois les Autrichiens touchent au moment d'être maîtres 
de ce poste, à la possession duquel semble s'être attaché l'hon- 
neur dçs deux nations, quatre fois les Français les contraignent 
de l'abandonner presque en entier. Le jour est déjà avancé, on 
continue néanmoins de combattre et à se disputer ce même 
champ de bataille. 

On ne peut encore décider à qui restera la victoire. 

Au village d'Essling, mêmes combats, même fureur. Ce fut 
pondant cette terrible journée que le maréchal Lannes, duc do 
Montcbello, eut la cuisse emportée par un boulet; il mourut lo 
30 mai. 

Cette lutte meurtrière cesse vers neuf heures du soir. Lea 
Français ont conservé leur position du matin, les Autrichiens 
bivouaquent sur le champ de bataille. Ces derniers ont tiré dans 
la journée quarante mille coups de canons, ils ont 8,000 hommes 
tués ou blessés, dont 23 généraux; un feld-maréchal, 1,500 
hommes et 4 drapeaux restent en notre pouvoir. Nous avons de 
notre côté 2,000 hommes tués et 5,000 blessés ; le général Saint- 
Hilaire fut emporté par un boulet. 

L'armée se repose quelques heures sur le terrain dont elle 
avait si glorieusement gardé la possession, et dans la matinée du 
23 mai elle repasse en partie sur la rive droite du fleuve, et en 
partie dans Vile Lobau oii elle prend position. 

Après la bataille d'Essling, Tarchiduc Charles ne songe qu'à 
se fortifier dans une position en face de l'armée française. Il fait 



— 60 — 

élever vis-à-vis Tlle Lobau et parallèlement au Danube, une ligne 
d'ouvrages qui •s'étend de Gross-Âspern à Enzersdorf en passant 
par Essling. Cent cinquante pièces de canon arment ces ouvrages. 

L'armée autrichienne prend position k une lieue en arrière de 
cette ligne, le front couvert par le ruisseau de llussbach, dont 
les rives ont été couvertes de petits ouvrages. 

L'archiduc attend dans cette position l'attaque de Napoléon. 

Napoléon établit solidement la plus grande partie de son 
armée dans l'île Lobau qui devient une sorte de place forte. 
Trois ponts parallèles relient l'île à la rive droite et assurent les 
communications avec Vienne. Les lies voisines ont été égale- 
ment fortifiées. Tous les corps qui ont combattu à Essling sont 
campés dans Vile, les autres sont répartis sur la rive droite entre 
Vienne et Prcsbourg. 

Le i«' juillet, l'Empereur quitte Schœnbrunn et établit son 
quartier général dans l'île Lobau. 



BATAILLE DE WAGRAM (6 et 7 juillet). 

L'archiduc était persuadé que Napoléon tenterait le passage 
du fleuve au même point que la première fois. Aussi, l'Empereur 
chercha par tous les moyens à le maintenir dans son erreur, tan- 
dis que son plan était de franchir le fleuve plus en aval afin de 
faire tomber sans lutte la ligne de défense construite par les 
Autrichiens. 

Le 2 juillet, 500 voltigeurs prirent position dans Tile du Moulin 
en face d*Essling. Un petit pont protégé par une flèche joignît 
cette île à la rive gauche. 

Ainsi que Napoléon l'avait espéré, l'attention de l'ennemi se 
porta sur ce point et les redoutes du village d'Essling ouvrirent 
un feu très vif sur l'île. 

Le 4 juillet au soir, toutes les troupes étaient rassemblées dans 
la partie orientale de Lobau. Quinze cents voltigeurs commandés 
par le général Couroux passèrent le fleuve en bateaux. En deux 
heures un pont fut établi et Oudinot y passa avec la plus grande 
célérité. Pendant ce temps, cent pièces en batterie sur le front 
de l'Ile, tonnaient sur toute la ligne et protégeaient l'opération 
du passage tout en partageant l'attention de l'ennemi. La nuit 



— Gl — 

était obscure, Torage grondait dans le ciel, la pluie tombait h 
torrents, et l'incendie d'Enzersdorf allumé par nos batteries 
éclairait cette scène majestueuse et terrible. Dès que le général 
Oudinot eut franchi le fleuve, Napoléon donna Tordre de jeter 
les ponts principaux qui devaient s'appuyer sur la petite lie 
Alexandre. 

A trois heures du matin les troupes défilaient avec précision 
sur six ponts. A cinq heures l'armée s'était formée. 

A gaucho le corps de Masséna, au centre les corps do Berna- 
dotte et d'Oudinot, à droite le corps de Dayout. 

Une seconde ligne et les réserves comprenaient Tarraée d'Italie 
sous les ordres du prince Eugène, le corps de Dalmatie, général 
Marmont, la garde Impériale et la grosse cavalerie. 

L'archiduc comprit alors qu'il avait été trompé, que sa ligne 
de défense tombait sans combat, et qu'il lui fallait opérer un 
changement de front pour accepter la bataille sur le terrain 
choisi (^ar Napoléon. 

L'action s'engagea vers huit heures du matin. Quatre batail- 
lons autrichiens qui défendaient Enzersdorf se rendirent au colo- 
nel Sainte-Groix. Oudinot cerna le château de Sachsengang et y 
prit les 900 hommes et les 12 pièces de canon que Tennemi 
avait aiïcclés à sa défense. 

L'archiduc exécuta plusieurs manœuvres pour essayer de 
reprendre quelques avantages sur le terrain où il était réduit à 
se battre. Laissant le gros de ses forces dans ses lignes, il déta- 
cha plusieurs colonnes d'infanterie avec une forte artillerie pour 
essayer de déborder la droite de Tarmée française. Une de ces 
colonnes occupa le village de Rutzendorf, mais Oudinot l'en 
chassa. Napoléon ordonna alors au maréchal Davout d'appuyer 
à droite pour menacer la gauche des Autrichiens. 

Toute l'armée manœuvra dans la plaine d'Enzersdorf, depuis 
midi jusqu'à neuf heures du soir, et occupa les villages qui sont 
en avant du Russbach. A neuf heures du soir, le prince Eugène 
tenta une attaque sur Wagram, centre de l'armée autrichienne. 
Le général Macdonald enleva la position, fit 3,000 prisonniers et 
prit 5 drapeaux. Il dépassa mémo Wagram, mais il dut rétro- 
grader devant les renforts de l'ennemi. Bien que cette retraite 
s'exécutât dans le plus grand ordre, la nuit était très obscure et 
les trois divisions de Macdonald souffrirent beaucoup. 



— 62 — 

Les Saxons qui avaient appuyé sur leur gauche après la prise 
de Raasdorf, prirent les colonnes de Macdonald pour Tennemi 
et ouvrirent le feu. Canonnées eu flanc par les Autrichiens, en 
tête par les Saxons, les divisions françaises se débandèrent et 
laissèrent échapper leurs 3,000 prisonniers. 

Les Autrichiens ne pouvant se rendre compte de leur succès à 
cause de Tobscurité se bornèrent à réoccuper Wagrom. 

Macdonald rallia ses divisions et Tarmée passa la nuit sur le 
champ de bataille. Pendant la nuit Napoléon rassembla un corps 
considérable à une portée do canon de Wagram. Le maréchal 
Masséna s*avança sur la gaucho d'Âucrklad, no laissant qu*une 
division à Gross-Aspern, et le maréchal Davout dépassa le vil- 
lage de Gross-Hofl'en pour se rapprocher du centre. L'archiduc 
de son côté dégarnit son centre pour renforcer ses ailes en les 
étendant. Il Ht élever des redoutes sur son front, sa droite s'é- 
tendait de Stadlau à Gérarsdorf, son centre était à Wagram et 
sa gauche de Wagram à Markgrafen-Neusiedel. 

Au point du jour Tarmée française se rangea en bataille pa- 
rallèlement et à une portée de canon de l'ennemi. Napoléon 
laissa une lieue d'intervalle entre sa gauche et le fleuve. 

Les corps de Masséna et Bernadette formaient Taile gauche, 
l'armée d'Italie (prince Eugène) et le corps des grenadiers et vol- 
tigeurs commandé par Oudinot, avec le corps de Dalmatie (Mar- 
mont) en seconde ligne formaient le centre; le maréchal Davout 
avec son corps^ formait la droite en face de Neusiedel. La garde 
Impériale et la cavalerie derrière le centre formaient la réserve. 

Le champ de bataille avait deux lieues d'étendue. Les co- 
lonnes des deux armées les plus rapprochées de Vienne n'en 
étaient qu'à 1200 toises; aussi les tours, les clochers, les toits de 
la ville, étaient couverts de la population viennoise qui allait 
assister k cette terrible lutte. 

La bataille s'engagea au lever du soleil. Le maréchal Davout 
qui marchait sur Neusiedel avec le 3® corps pour déborder la 
gauche autrichienne, rencontra le général Rosemberg qui cher- 
chait à déborder notre droite. On combattit pendant deux heures 
avec la plus grande opiniâtreté. Le maréchal Davout renforcé 
par la division de cuirassiers du duc de Padouo et 12 pièces de 
la division Nansouty, rejeta llosemberg au delà do Neusiedel. 

L'archiduc Charles crut que Napoléon avait fait une faute en 



— 63 — 

n^appuyant pas sa gauche au Danube, il résolut d'en profiter et 
porta des forces considérables sur sa droite pour essayer de cou- 
per l'armée française de ses ponts. Il dirigea lui- même un corps 
de 50,000 hommes le long du fleuve et vint menacer notre flanc 
gauche, pendant que le front de notre gauche était assailli par 
des forces considérables. 

Le village de Gross-Aspern occupé par une division de Mas- 
séna fut emporté, le corps de Bernadette composé de Saxons 
fut enfoncé et se retira en désordre. Notre gauche entamée se 
replia et vint se placer en équcrre sur le centre face au 
Danube. 

Les Autrichiens continuèrent leur marche et poussèrent des 
partis jusqu'auprès des ponts de Lobau. L'épouvante se répan- 
dit sur les derrières de l'armée, et cette foule d'hommes qui 
marchent sans combattre h la suite des armées, se précipitèrent 
en toute hâte dans l'île où ils répandirent les plus mauvaises 
nouvelles. 

Les Autrichiens se hâtèrent trop de crier victoire. 

L'Empereur était alors à la droite. Il était neuf heures, des 
aides de camp arrivèrent et lui firent connaître la situation de 
Masséna et de Bernadotte. Il ordonna aussitôt au maréchal 
Davoul de tourner la position de Neusiedel et de se porter sur 
Wagram, puis il se porta en toute hMc vers la gauche. 

Le maréchal Davout exécuta l'ordre de l'Empereur; voyant 
les hauteurs de Wagram en notre pouvoir, il ordonna au général 
Macdouald d'attaquer le centre des Autrichiens avec ses trois 
divisions, appuyées par le corps de Marmont et le corps de gre- 
nadiers et voltigeurs d'Oudinot. Il prescrivit en même temps au 
maréchal Bessières de se mettre en mouvement avec la cavalerie 
de la garde et la cavalerie de réserve, pour charger en flanc les 
colonnes dirigées par l'archiduc Charles. Une première charge 
contint l'ennemi, mais Bessières fut blessé, l'attaque de sa colonne 
faiblit et les Autrichiens continuèrent leur marche. Napoléon 
confia alors au brave général Drouot le soin d'arrêter l'ennemi. 
Drouot s'avança avec soixante pièces de canon, il ouvrit le feu 
sur les Autrichiens qui s'arrêtèrent. Au centre, Macdonald ap- 
puyé par le prince Eugène enleva Wagram à la baïonnette. 

Macdonald poussa tout devant lui jusqu'à Sussenbrunn, mais 
. là, il fut arrêté en tète et en flanc par le corps de Kollowralh. 



— 64 — 

Napoléon fit charger la cavalerie de Nansouty et fit entrer Mar- 
mont en ligne. La jeune garde vint remplacer le corps de Dal- 
malie comme réserve. Ce vigoureux effort décida la retraite des 
Autrichiens qui furent culbutés sur Gérarsdorf, qui ne put être 
enlevé qu'après une heure d*un combat acharné. A la gauche, 
Masséna choisit le moment favorable pour reprendre l'offensive. 
Il attaqua la droite autrichienne et la repoussa jusqu'à Léopol- 
dau. Sa cavalerie commandée par le général Lasalle, chargea 
les carrés autrichiens dans la plaine, les rompit et poursuivit 
Tennemi jusqu'à Bisamberg. Le général Lasalle fut frappé d'une 
balle au front. La bataille était gagnée. L'armée autrichienne 
se replia dans la nuit du 6 au 7 juillet, sur Kornebourg et Woi- 
kersdorf et se retira en Moravie. Elle avait perdu 10 drapeaux, 
40 pièces de canon et 18,000 prisonniers, 9,000 blessés et 4,000 
morts. 

L'armée française fatiguée par d'aussi héroïques combats, qui 
avaient duré quarante heures, bivouaqua dans la plaine de 
Wagrani. 

Ainsi, se termina la bataille de Wagram, que l'on peut consi- 
dérer comme la plus mémorable des temps modernes, tant par 
les masses imposantes qui combattirent dans cette terrible jour- 
née, que pour la durée et l'opiniâtreté de la lutte, et parla gran- 
deur et la variété des moyens que les deux partis durent em- 
ployer pour obtenir la victoire. Le régiment peut être fier de 
voir flotter dans les plis de son drapeau un nom aussi glorieux. 



COMBAT DE ZNAIM. 

Après la victoire de Wagram, le prince d'Essling fut chargé 
do marcher sur Stokcreau, par où la plus grande partie de Var- 
môc ennemie se retirait. Après avoir eu avec rarriôrc-gardc, 
commandée par le général Klenau de petits engagements, il la 
serra de si près le 9 juillet, près d'Hollabriinn, que Klenau fut 
obligé de s'arrêter et d'accepter le combat. HoUabrùnn fut incen- 
diée par nos obus, et la nuit vint favoriser la retraite des Autri- 
chiens et suspendre la poursuite des Français. Les Autrichiens 
prirent position sur les hauteurs de Znaïm et occupèrent les déO- 
ïés de Thaya, qui sont la clef de la Bohême. Le il juillet, les 



— 68 — 

colonnes du prince d'Ëssling débouchèrent par la route de Hol- 
labriinn, forcèrent le pont de la Thaya, marchèrent sur Znaïm 
et abordèrent résolument la droite des Aulrichiens, qui fut cul- 
butée. Mais, le \* corps, fut arrêté à la porte même de la ville 
par la réserve des grenadiers autrichiens accourue pour sauver 
Znaïm. Alors s'engagea une terrible mêlée. 

L'arrivée des cuirassiers de la division Saint-Sulpice décida de 
la victoire. Les Autrichiens se réfugièrent dans Znaïm. 

Le prince d'Esslîng les poursuivilb; il se préparait à donner 
l'assaut, lorsque les cris de : « Cessez le feu, se firent entendre. » 
On vit des officiers d'état- major, français et autrichiens, se pré- 
cipiter au milieu des combattants pour annoncer qu'un armis- 
tice avait été signé par les deux Empereurs. 

Le 4'' corps, qui venait de se montrer si héroïque et dont le 
\(j^ régiment d*infanterie faisait partie, fut cantonné dans le 
cercle de Znaïm, avec son quartier général à Znaïm. 

La paix fut signée à Vienne, entre la France et l'Autriche, le 
14 octobre 1809. 



PÉRIODE DE 1810 A 1813. 

A lu datr. du i^^ janvier 1810, le Ki® rrginnîut d'inranlerie fut 
compris dans l'armée d'Allemagne, i^ corps (maréchal Masséna), 
3« division (général Molilor), l'« brigade (général Leguay). Du 
10 au 14 janvier, la division Molilor qui occupait la principauté 
de Bayreuth, reçut Tordre de se rendre dans les villes hanséa- 
tiques à la date du l^' avril. Le 1G« régiment d'infanterie occupa 
la ville de Hambourg. Il était alors commandé par le brave colo- 
nel Gudin, que nous verrons bientôt se couvrir de gloire au siège 
de Sagonte. Il comprenait alors 3 bataillons commandés par les 
chefs de bataillon llevel, Poulin et Thomas; son effectif était de 
1885 hommes. 

Le 15 mai 1810, il reçut Tordre de se rendre à Emden^ soys 
les ordres du maréchal, duc de Reggio* 

Enfin, vers la fin de la môme année, il rentra en Franco et 
vint tenir garnison à Avignon. 

Au conunoncement de Tannée 1811,1e régiment fut désigné 
pour faire partie de l'armée de Catalogne, qui devint plus tard 

5 



— 66 — 

armée d'Aragon. Dans les pages qui suivent nous allons retrou- 
ver le régiment, qui va ajouter de glorieuses pages à son his- 
toire pendant ses campagnes en Espagne. 



CAMPAGNES EN ESPAGNE (1808-1813). 

Pendant quo le 16° régiment d'infanterie se distinguait en 
Allcmagno, et conquérait pbur son drapeau le nom glorieux de 
Wagrani, son quatrième bataillon se couvrait de gloire en Cata- 
logne> dans le corps do Gouvion-Sainl-Cyr {T corps do Tannée 
d'Espagne). Ce quatrième bataillon, sous les ordres du comman- 
dant Pattes, à reffectlf de 13 officiers et 067 hommes, fut com- 
pris dans la brigade Joba, de la division Rcillo. 

Pendant que Napoléon s*emparait de Madrid, la position de 
Tarmée française en Catalogne était devenue critique. Le gêné* 
rai Duhesme était bloqué dans Barcelone, par le général espa- 
gnol Yivès. 

Le général Gouvion-Saînt-Cyr, qui avait formé le 7** corps sur 
les frontières des Pyrénées-Orientales, reçut Tordre de TEmpc- 
reur de soumettre la Catalogne et de débloquer Barcelone. 



SIEGE ET PRISE DE ROSES. 

« 

Le 7° corps franchit les Pyrénées et investit la place de Roses, 
le 6 novembre 1808. Le général Raille, aide de camp de TEmpe- 
reur, prit le commandement des troupes de siège. 

La division Reilie, qui faisait partie du corps de Duhesme et 
qui était restée cantonnée dans les environs de Figuières, avait 
été réunie aux troupes de Gouvion-Saint-Cyr. 

La prise de Roses était de la plus grande importance pour les 
opérations ultérieures de Gouvion-Saint-Cyr en Catalogne. 

La magnifique rade protégée par cette place était au pouvoir 
de l'escadre anglaise, ce qui rendait impossible le ravitaillement 
de Barcelone par mer. 

Les routes de Barcelone étaient fermées, d'autre part, par les 
places de Girone et Hostalrich, au pouvoir des Espagnols. 

Le () novembre, le général Reillc s'avança sur la route de 



- 67 - 

Roses et s'empara de Palau, que les Espagnols essayèrent de 
défendre* 

Roses n'est qu'un bourg de 1500 ^mes, b&ti sur le bord de la 
mer, au fond d'un vaste golfe entouré de marais, qui en font un 
séjoujr malsain. 

La place est couverte à l'Est par un simple retranchement de 
campagne, appuyé d'un côté à une redoute en pierre sèche et 
de l'autre à une citadelle qui constitue la principale défense. 

Au Sud, à l'extrémité d'un promontoire, se trouve un fort 
ôtoilé qui porte le nom de fort do la Trinité ou Bouton do 
Roses. 

Le corps de défense, 3,000 Iiommes, était commandé par le 
colonel O'Dally, et le commodore Anglais Vest occupait la rade 
avec deux galiotes à bombes et le vaisseau de 74 canons VExr 
rdhnt. 

Le 7 novembre, le général Rcille établit son quartier général à 
Palau et commença l'investissement de la place. 

La division française campa du côté des marais traversés par 
la route de Flguière, après avoir repoussé les Espagnols. Mais 
le mauvais temps vint, les pluies continuelles transformèrent en 
icic la plaine de TAmpourdau et arrêtèrent les opérations du 
siège. Les gardes de tranchée étaient dans la boue jusqu'aux 
genoux et l'on n'avait pas de souliers à distribuer aux troupes. 

Le 15 novembre, on résolut d'enlever de vive force le Routon, 
mais on ne put escalader Tescarpe et Ton dut reculer en perdant 
beaucoup de monde. 

Le 17, on se décida à ouvrir la tranchée, mais on dut y renon- 
cer; on se porta alors sur une éminence, située à GOO mètres au 
nord de la citadelle et on ouvrit le feu sur la ville. 

Dans la nuit du 2G au S7, on attaqua la ville avec une valeur 
au-dessus de tout éloge. Cinquante Espagnols seulement réus- 
sirent à se réfugier dans la citadelle. 

Le bombardement de la citadelle continua jusqu'au S dé- 
cembre. La place était aux abois et la brèche praticable. Le 
colonel O'Dally, envoya un parlementaire et consentit à se 
rendre prisonnier avec toute la garnison. 

Les Anglais, qui tenaient le fort Bouton le firent sauter. 

Le 6 décembre, la garnison (2,000 hommes et 120 ofQciers) 
sortit de la citadelle et défila sur le bord de la mer. 



- 68 — 

Elle fut dirigée sur Perpignan et Périgueux. 

L'escadre anglaise tira sur ses alliés, comme le prouve l'ex- 
trait ci-dessous d*une lettre du général Reillc au Ministre de la 
guerre. 

« A Palau, le 5 décembre 1808, au soir. 

« Les Anglais, Monseigneur, se sont conduits dans cette occasion comme 
ils le font habituellement ; au lieu de protéger la place avec leur escadre, 
ils se sont enfuis dès qu'ils ont vu arriver h quelque distance d'eux 
quelques bombes ou boulets. Ils ont abandonné et fait sauter le liouton 
qu'ils défendaient. Ils ont môme tiré sur la place lorsqu'ils se sont aperçus 
qu'elle se rendait. 

« Officiers et soldats sont furieux contre les Anglais, ils no peuvent 
revenir de la déloyauté de ces insulaires. 

« L'armée a montré dans toutes les occasions le plus grand courage et 
le plus grand dévouement. 

«( Signé : Reille. » 

Le lendemain do la prise de Roses, le T corps quitta sa posi- 
tion pour se réunir sur la Fulvia. La division RciUo resta dans 
VAmpourdan, pour former la garnison de Figuière et de Roses, 
et couvrir la frontière de France. 

Le général Gouvion-Saint-Gyr marcha sur Barcelone, où il 
entra après avoir battu les Espagnols dans plusieurs rencontres. 

SIÈGE DE GIRONE (1809). 

En 1809; le 4<' bataiUon du 16% commandant Pattes, fait partie 
de la division du général Verdier, qui a remplacé le général Reille. 

Au commencement de février, Gouvion-Saint-Gyr avec le 
7** corps, bloquait dans Tarragone les débris de Tarmée do 
Reding, qui avait été battue h Walls le 5 du nK^mts mois. Mais, 
ayant épuisé le pays et pressé par la funiine, il commença sou 
mouvement sur Girone dont il devait faire le siège. 

Cette place, placée sur la grande route de France interceptait 
les communications avec Perpignan. 

Dès le mois de janvier, le général Reille avait reçu de l'Empe- 
reur, Tordre de tout disposer pour en faire le siège. Mais il ne 
put se mettre en marche sur Girone que le 4 mai, et il arriva 
sous les murs de la place avec 10,000 hommes. 



- 69 - 

L'ennemi fut chassé de ses positions avancées et de plusieurs 
villages, en particulier celui de Pont-Mayor, où la brigade Joba 
(16% 4** bataillon) se distingua et fut placée en réserve sur la 
grande route de France. 

Depuis longtemps, les Espagnols se préparaient à la défense 
de Girone, qui avait déjà été attaquée deux fois en 1808, par le 
général Duhesme. 

Don Mariano Alvarez, qui y commandait, s'était déjà fait con- 
naître par la fermeté de son caractère. 

Il avait fait exécuter de grands travaux de défense, 150 bouches 
à feu garnissaient le rempart, et sans compter 4,000 paysans 
réfugiés armés, la défense comptait 9,700 hommes. Soldats et 
habitants avaient juré au gouverneur de se défendre jusqu'à la 
dernière extrémité. 

Les moines et les prêtres excitaient l'enthousiasme et le fana- 
tisme; saint Narcisse, patron de la ville, avait été nommé géné- 
ralissime et revêtu en grande pompe d'une épée d*or. 

Nombre de moines et de prêtres prirent rang dans les « croisés 
de Girone », pour défendre une cause que tous considéraient 
comme nationale et sacrée. 

Les femmes elles-mêmes s'en mêlèrent; elles choisirent deux 
cents d'entre elles qui formèrent une compagnie, sous le nom de 
Sainte-Barbe, chargiio de transporter les blessés et les muni- 
tions. Les illustres Luce, Filz-Gérald,» Artigas et Vivern en 
prirent le commandement. 

Alvarez iui-mcme, bien décidé à s'ensevelir sous les murs de 
Girone, fit publier le 5 mai, une proclamation dans laquelle il 
annonçait : 

(c Que toute personne de quelque classe ou condition qu'elle 
fftt, qui prononcerait le mot de capitulation, ou tout autre équi- 
valent, serait fusillée sur-le-champ. » 

Le 12 mai, le général Verdier remplaça le général Reille au 
commandement des troupes de siège, que des renforts portèrent 
le 22 à 14,000 hommes. 

L'armée de siège comprenait : 

La division française (Verdier) ; 
La division wesphalienne (Morio) ; 
La division italienne (Lechi). 



— 70 — 

La ville de Girone, est adossée à une chaîne de montagnes sur 
laquelle s^élèvent trois forts : le Connétable, le Capucin et le 
Mont-Joui le plus important. L'attaque ne pouvait avoir lieu 
que par. la plaine de Sainte-Eugénie, ou directement par le 
Mont-Joui. On renonça & la plaine, à cause de la faiblesse d*ef- 
fectif du corps de siège et de la facilité avec laquelle cette im- 
mense plaine peut être inondée. L'attaque par le Mont-Joui fut 
décidée; elle avait l'avantage de se trouver sur notre ligne d'o- 
pérations, couverte sur les derrières et soutenue sur ses flancs 
par des positions fortes et faciles & garder. 

Go no fut que le 14 juin, que les premières batteries ouvrirent 
le feu sur les redoutes de Saint-Narcisse ot de Saint-Louis qui 
défendaient le Mont-Joui. 

Le 17 juin au matin, les assiégés tentèrent une sortie. Une 
colonne de 1000 hommes déboucha par la porte do France, et 
une autre de 500 hommes descendit du Mont-Joui. 

Nos avant-postes surpris, se replièrent sur le bataillon du 
1G° régiment de ligne qui occupait le moulin neuf. Ce bataillon 
marcha au-devant de l'ennemi et se précipita sur les Espagnols 
à la baïonnette. L'ennemi battit en retraite en bon ordre et re- 
gagna la place. 

Le lendemain 18 juin, à la pointe du jour, les redoutes de 
Saint-Narcisse et de Saint-Louis, furent enlevées avec la plus 
grande audace. L'escarpe de quatre mètres do haut n'avait pas 
de brèche et rien n'avait été préparé pour l'escalade. 

Cette affaire fut des plus brillantes pour le baluillofi du W do 
ligne. 

Le 19 juin, après une canonnade de huit heures, l'ennemi 
évacuait la redoute Saint-Daniel et la faisait sauter. 

Le 12 juin, le maréchal Âugereau, duc de Castiglione, avait 
remplacé Gouvion-Saint-Cyr au commandement du V corps. 

Toute la deuxième quinzaine de juin, fut consacrée au bom- 
bardement du Mont-Joui et à l'ouverture de la brèche, par la 
fameuse batterie, numéro 10, dite « batterie impériale ». 

L'assaut devait avoir lieu dans la nuit du 7 au 8 juillet. 2;400 
hommes des compagnies d'élite furent divisés en deux colonnes : 
la première devait assaillir la brèche du bastion, et la deuxième, 
munie d'échelles, devait tenter l'escalade de la demi-lune. 

Trois fois l'assaut fut donné avec une furie inconcevable, trois 



— 71 — 

fois les colonnes arrêtées par les obstacles furent obligées de 
reculer. Nous perdîmes 2,000 hommes et 77 ofRciers. 

Le général Verdier se décida. alors au siège en règle, qui fut 
long et pénible, par suite du feu de l'ennemi. Il dura jus(|u'au 
commencement du mois d'août. 

Dans la nuit du 2 au 3, une colonne s'empara du couvent de 
Saint-Daniel, et une autre du faubourg de Pedret et de la Tour- 
Saint-Jean. 

Deux sorties de l'ennemi furent repoussées. 

Dans la nuit du 4 au 5, la broche de la demi- lune étant prati- 
cable, on donna l'assaut, et l'ennemi surpris fut contraint de se 
retirer dans le tambour qui formait la poterne du fort. 

Le 10 août, Don Alvarez voulant tenter un dernier effort pour 
conserver le Mont-Joui, ordonna une sortie générale pour raser 
nos travaux. Il était midi, Tennemi déboucha sur trois colonnes. 

Devant l'impétuosité de l'attaque de la première, nos troupes 
de Pedret et de Saint-Jean se replièrent sur Pont-Mayor. Le 
poste de Saint-Daniel tint bon, mais les Espagnols pénétrant 
dans le commencement du chemin couvert du Mont-Joui, com- 
mencèrent à détruire les parapets, les galeries de mine, incen- 
dièrent les gabions et fascines, et enclouèrent trois pièces de 
seize, un mortier et deux pierriers. Mais nos réserves arrivèrent 
et repoussèrent rcnncmi sur toute la ligne. 

Le 10 août, au point du jour, nos batteries ouvrirent de nou- 
veau un feu très vif sur le Mont-Joui et la ville. Le général Ver- 
dier réunit ses meilleures troupes pour donner l'assaut, entre 
sept et huit heures du soir, mais les Espagnols abandonnèrent 
le Mont-Joui, à six heures et demie, et se retirèrent dans la ville. 
Nous primes possession du fort dans lequel on trouva dix-huit 
bouches à feu, et quarante-six barils de poudre. 

Ainsi tomba le fort du Mont-Joui, après 65 jours de siège, dont 
37 de brèche ouverte. 

Girone avait été incendiée par le bombardement, et il n'y res- 
tait pas une seule maison intacte. 

Jusqu'au 30 août, nos batteries cherchèrent h éteindre le feu 
de l'ennemi, et on commença à cheminer contre la ville. Une 
diversion du général Blake pour secourir la ville, obligea de dis- 
traire une division du corps de siège. 

Pendant cette diversion, Girone fut ravitaillée et reçut un ren- 



— 72 — 

fort de 4,000 hommes. Le général Blake, resta en position sur la 
roule de Barcelone jusqu'au 2 septembre, époque où il se retira 
sur Ilostalrich, refusant la bataille à Gouvion-Saint-Gyr. 

La retraite du général anglais découragea les défenseurs de 
Girone. La désertion se mit dans Tarmée espagnole. 

Le corps de siège, renforcé de la brigade italienne Mazuchelli, 
reprit les travaux le 2 septembre. 

Le 6 septembre, le général Joba (16* de ligne), attaqua les 
bandes de Rovira et de Claros; mais il fut mortellement blessé 
et la colonne repoussée. 

Le 15, à trois heures, Tennemi fit une sortie vigoureuse sur 
nos batteries de brèche, mais deux compagnies de grenadiers 
descendant du Mont-Joui le prit en flanc et le repoussa à la 
baïonnette, jusqu'à la porte de la ville. 

Le général en chef, en présence du découragement et du dé- 
goût dont la longueur de ce siège avait rempli tout le monde, 
officiers et soldats, décida l'assaut. 

Le 10 septembre, vers quatre heures du soir, le général Vor- 
dier réunit ses troupes sur le plateau du Mont-Joui, et forma 
quatre colonnes d'attaque. 

Le 16<> de ligne composait à lui seul la 3^ colonne, chargée 
d'attaquer la brèche du bastion sur Christoval. 

A quatre heures et demie, les colonnes françaises débouchèrent 
du couvent de Saint-Daniel, Tassant fut donné sans succès. 

Resserrées dans le vallon étroit et escarpé du Galligan, les 
colonnes s'embarrassèrent, se confondirent, ne purent se déve- 
lopper, furent repoussées et se retirèrent en désordre. 

Gette malheureuse affaire qui dura plus de deux heures, coûta 
à l'armée de siège, 624 hommes dont 33 officiers. 



BELLE CONDUITE DU LIEUTENANT POINCENET. 

A l'assaut du 19 septembre 1809, le lieutenant Poincenet, du 
16®, montra la plus éclatante valeur. Suivi seulement de quelques 
soldats du régiment, on le vit sous les balles et la mitraille mon- 
ter à la brèche, la parcourir avec le plus grand sang-froid et 
attendre en faisant le coup de feu que la colonne d -attaque vînf 
le secourir. Mais, comme en co momcnl son intrépidilé dcmeu- 



— Ta- 
rait sans imitateurs, et qu'il craignait de ne pas être aperçu de 
SCS frères d'armes, il se dirigea rapidement sur un autre point 
et monta à une seconde brèche, dominant une caserne sur la- 
quelle il se mit à l(^ncer des pierres. Cette action audacieuse à 
laquelle applaudirent les assiégeants, électrisa la troupe qui s^é- 
branla tout à coup, et le brave officier qui avait donné l'exemple 
eut bientôt la satisfaction de se perdre dans la foule des combat- 
tants^ qui se précipitèrent sur ses pas et comme lui affrontèrent 
le feu des Espagnols. 

Après cet ôchec on dut reprendre les travaux du siège, mais 
les fatigues, les maladies et le feu avaient réduit l'effectif à 4,000 
hommes, l'artillerie manquait de munitions. Aussi le général en 
chef dut transformer le siège en blocus, se donnant pour auxi- 
liaires le temps, la fièvre et la famine. 

En effet, les assiégés supportaient les plus grandes souffrances ; 
6,G6G défenseurs de la place encombraient les hôpitaux. Le mé- 
contentement gagnait les assiégés. 

Un jour, le général Alvarez, répondit à un officier qui avait 
parlé de capitulation : 

« Vous êtes ici le seul lâche; quand tous les vivres manque- 
ront on commencera par vous, et quand tous vos pareils seront 
consommés, je verrai ce qu'il y aura h faire. » 

Le lendemain, il faisait publier de nouveau le décret portant 
peine de mort pour le mot « capitulation »• 

Dans les derniers jours de septembre, le maréchal Augereau 
prit le commandement de l'armée de Catalogne ; il fit faire des 
propositions à la junte, mais Alvarez répondit : « Point d'autre 
communication avec Tennemi que des boulets de canon. » 

Le maréchal arriva sous Girone le 12 octobre; il réorganisa 
l'armée de siège au moyen des renforts qu'il avait reçus. Le 
désir de combattre augmentait de jour en jour dans l'armée, et 
vers la fin de novembre il se manifesta par des plaintes. Auge- 
reau se décida à porter un dernier coup à la place. 11 fit com- 
mencer une nouvelle brèche à la courtine Sainte-Lucie. 

Le 4 décembre, l'artillerie ouvrit un feu nourri sur la ville. Le 
maréchal ordonna au général Pino d'enlever le faubourg de la 
Marine et une grande redoute construite en avant. 

A minuit, la colonne se mit en mouvement; la redoute fut es- 



— 74 — 

caladéc, la porte brisée et la garnison passée au fil do l'épée. On 
dirigea aussitôt le feu de la redoute contre la ville. 

Les 8 et décembre, les batteries ouvrirent la brèche à la 
courtine Sainte-Lucie. Le général Alvarez, attaqué de fièvre ner- 
veuse avec syncope et délire, fut remplacé dans son commande- 
ment par le brigadier Bolivar. 

Ce dernier réunit la junte, qui décida à l'unanimité que Girone 
pouvait offrir la paix dans quatre jours si elle n*était pas 
secourue. 

Le 10, le brigadier Fou rues sortit en parlementaire; mais le 
maréchal Augoreau rejeta avec colère ses propositions ot lui 
annonça que, si avant deux jours, la place n'acceptait pas ses 
propositions, l'assaut serait donné. 

La brèche de Sainte-Lucie était alors praticable; (Fournès 
revint le soir même au quartier général pour conclure la capitu- 
lation et les hostilités cessèrent aussitôt. 

Le 11 au malin, la garnison sortit de la place déposant ses armes 
et 8 drapeaux sur le glacis et abandonnant 200 pièces de canon. 

L'héroïque Alvarez fut envoyé au fort de Figuières, où il mou- 
rut quelques jours après. 

Il serait difficile de peindre l'état déplorable de cette malheu- 
reuse cité ; des quartiers entiers détruits par le bombardement, 
les rues obstruées par des monceaux d'immondices et de ca- 
davres. 

Les Français, pendant ce siège mémorable qui dura six mois, 
perdirent 15,000 hommes par le fou do l'cnnemi'et les (lèvres. 

L'artillerie tira, tant sur la ville que su ries forts, 11,010 bom- 
bes, 7,998 obus et 80,000 boulets. 

Le général Amey, qui avait remplacé le général Verdier au 
commandement du corps de siège, fut nommé gouverneur de 
Girone. 

Le nom de Girone, par la résistance opiniâtre do la garnison 
et la constance de ses habitants, est devenu illustre à l'égal do 
celui de Saragosse. « Girone, dit Jomini, s'est illustré par une 
défense non moins extraordinaire que Saragosse. » 

Après la prise de Girone, Augereau dissipa les troupes de 
Black, fit disperser les bandes de miquelets de Rovira et Glaros, 
battit l'armée espagnole au col de Sespina et la contraignit de se 
retirer vers Tarragone. 



- 78 - 

CORPS D'OBSERVATION DE LA HOLLANDE (1810). 

Dans la deuxième quinzaine de juin 1810^ le 16^ de ligne fait 
parlie du corps d'observation de la Hollande (division Molitor) 
(brigade Lcguay). Il est commandé par le colonel Gudin. 

Une situation du 1^' juillet datée de Hambourg donne : 

Effectif : 1860 hommes. 

G7 officiers. 

lof bataillon, commandant llcvel. 

2« ■— — Poulin. 

3" — — Thomas. 

Le 29 août, le régiment quitte Ulrecht et se dirige sur Lille. 
C'est de cette dernière ville qu'il va rejoindre son 4® bataillon à 
Tarmce d'Aragon. 



Armée d'Aragon (1811). 

COMTE SUCHET, COMMANDANT EN CHEF. 

Le i6^ compte dans la 3« division (général Harispe); l'« bri- 
gade (général Sahn); colonel Gudin; chefs de bataillon :llcvcl| 
Poulin et Famoncourt. 

ATTAQUE ET PRISE DU FORT D'OLIVO. 

Le 26 avril, Tarmée se porta par Borgas-Blancas sur Tarra- 
gone pour, investir la place. La première colonne se composait 
des 7« et 1G° de ligne. Les 1" et 2 mai, la. division Harispe se 
réunit à Reuss à la division Habert qui était partie de Tortose. 

La division Harispe reçut Tordre de compléter Tinvestissement 
de Tarragone par terre. La brigade Salm (?• et 16® de ligne) 
enleva, avec la vigueur propre à un aussi brave chef et à d'aussi 
braves soldats, un retranchement situé en avant du fort d'Olivo. 
Le 13 mai, elle s'empara de trois autres positions malgré les 
efforts de la garnison. ^ 

Le principal obstacle qui pouvait empêcher de pousser avec 



- 76 - 

vigueur le siège de Tarragone, était le fort d'Olivo. Bâti sur un 
rocher à 400 toises de la ville, il présentait 60 embrasures 
armées. Un fossé de 20 pieds creusé dans le roc le plus dur Ten- 
tourait entièrement. 

Cet ouvrage avait coftté trois ans de travaux et plusieurs mil- 
lions. 

On np pouvait penser l'enlever par un coup de main, et la 
nature du roc offrait des difficultés immenses pour se couvrir et 
ouvrir la tranchée. 

Les travaux furent exécutés lentement et péniblement sous un 
feu continuel de l'assiégé. Les 7« et 1G« de ligne en furent char- 
gés, et il fallut à ces corps une constance extraordinaire pour 
surmonter tant d'obstacles réunis. Aussi, s'ils en eurent toute la 
peine, ils en ont également tout l'honneur. 

Le 29 mai, Ja brave infanterie de Tarmée d'Aragon et particu- 
lièrement le 16« de ligne se couvrit de gloire. On couvrit le fort 
(le feux toute la journée et on prépara l'assaut pour le soir. 

La première colonne composée do .'JOO hommes du i(>*, aux 
ordres du commandant llevel et précédée do 20 sapeurs munis 
de haches et d'échelles, sortit par la gauche de la batterie du 
roi de Rome, tourna la droite du fort et se précipita à la gorge 
sur la porte du fort pour Tenfoncer. Éprouvant de la résistance, 
les sapeurs grimpèrent par-dessus et escaladèrent l'escarpe- 
ment; la porte fut renversée et nous pénétrâmes dans l'enceinte. 
La gauche de l'ouvrage tenait encore; nos hommes se précipi- 
tèrent sur les batteries à la baïonnette et commencèrent un car- 
nage qui ne cessa que par suite de lassitude et qui conserva la 
vie À plus de 800 Espagnols. 

C'est ainsi qu'au cri de Vive l'Empereur, en présence de 
l'armée entière et de Tarragone consternée, les braves soldats 
des 16« et 7» de ligne restèrent maîtres du fort Olivo avec 
47 bouches à feu, 3 drapeaux et 2,000 hommes, dont 80 officiers 
tués ou pris. 

Le général en chef, pour perpétuer la mémoire glorieuse de la 
prise d'Olivo et la fin de l'intrépide général Salm, ordonna que 
le cœur de cet officier général serait déposé dans le fort, qui 
désormais s'appellerait fort de Salm. 

Le général Suchet, dans son rapport au prince Berthier, s'ex- 
prime en ces termes : 



— 77 — 

<c La première colonne d'atUiquc, aux ordres du chef de bataillon Revel, 
du 16* de VifçnCf composée de 300 hommes d*olite, s*est élancée pour tour- 
ner Touvrage et enfoncer la porte de la gorge,.., la porte fut forcée, et le 
reste do la colonne, appliquant des échelles aux escarpements de la gorge, 
grimpait sur TouTrage... Plus la résistance de Tenncmi était grande, plus 
les efforts de nos braves redoublaient. Dans cette brillante occasion, les 
troupes de l'Empereur ont déployé la plus haute valeur. 

« Je regrette de ne pouvoir citer tous les traits qui les ont distinguées... 
Un drapeau fut pris par un caporal de grenadiers du 7° de ligne. 11 en 
restait deux autres ; deux soldats du 16* de ligne les ramassèrent, et lors- 
qu'on leur demanda pourquoi ils ne les poKaient pas au général en chef, 
ils répondirent : « Nous ne les avons pas pris, nous les avons ramassés. » 

« Le détachement du 16* de ligne, si vaillamment conduit par le chef 
de bataillon llevcl, a beaucoup contribué h la prise du fort. 

« î>igné : Comte SuCHET. » 



SIÈGE DE TARRAGONE. 

L'impression produite par la prise du fort d'Olivo fut immense 
dans la ville; la garnison et les habitants en furent frappés au 
point qu'un officier espagnol, qui détaillait les moyens de 
défense du fort que Ton considérait comme imprenable, ajoutait, 
avec la naïveté de l'orgueil national : « Nous-mêmes nous ne 
l'aurions pas pris. » 

Le !«' juin, on ouvrit la tranchée devant la ville et on com- 
mença la construction de plusieurs batteries. 

Le 7, on ouvrit le feu sur le fort Francoli qui gênait l'attaque 
à l'exlrcrae droite. Dès que la brèche fut praticable, on donna 
Tassant; le fort fut emporté et la garnison se retira par la plage. 
La prise du fort permit d'ouvrir la dernière parallèle. 

Jusqu'au 10 juin, on poussa les cheminements en avant de 
cette par«illèle. Le i«), Tennemi avait redoublé son feu sur nos 
ouvrages et en particulier sur le fort d'Olivo. 

Le commandant Rcvel du 10° de ligne, qui avait le comman- 
dement de cet ouvrage, eut la tête emportée par un boulet. 

La lutte devenait de jour en jqur plus sanglante. Le général 
Suchet jugea qu'il était indispensable de l'abréger. Le 10 juin, il 
fit enlever la lunette du Prince, que les Espagnols défendirent 
avec la plus grande opiniâtreté, mais qui resta en notre pou- 
voir. 



— 78 — 

Le 17, on ouvrit lu Iroisiôme parallèle. Le "11, après un feu 
nourri de toutes les batteries, la brèche paraissant praticable, on 
résolut de donner Tassant le soir môme. 

Le général Suchet, dans son rapport au prince Berthler, ra- 
conte ainsi cette brillante affaire : 

u A qiiati'c heures du soir, j*oi'iionuni Tussiuity Tattaquc devait être 
secondée par les feux du fort d'Olivo ou de Salin... A sept heures du soir, 
au signai donné par quatre homhes, cin([ colonnes s^élancaient en criant : 
« Vive l'Empereur, » sur les points désignés. I/enncnii opposa d'almrd une 
forte résistance, mais l'impétuosité irrésistililc de nos braves grenadiers et 
voltigeurs, renversa en peu de temps tous his obstacles. On lit un carnagt*. 
aifreux, les fossés se remplirent de cadavres ; les Espagnols culbutés s'en- 
fuirent en désordre, et nous restâmes maîtres du fort Royal, point, qui 
devait nous assurer la conquête de tout le reste. La ville kisse était prise. 
On ouvrit la nuit même une parallèle ilovant le front de la haute ville. 
I^es Anglais étaient restés spectateurs inutiles, mais non imlilférents, de 
cette nuit si désastreuse pour eux et leurs alliés. 

« Le ^8 au matin, je vis arriver le jour avec l'espoir que Tarragono 
tomberait avant la nuit. 

(( A midi, la brèche ouverte à l'angle de la courtine et du bastion Saint- 
Paul, était en bon train. 

« A cinq heures, elle fut reconnue accessible. Je donnai le signal ; les 
régiments do l'armée se disputaient l'honneur de prendre part :\ l'assaut. 
Au signal donné, les braves grenadiers et voltigeurs s'élancent h la brèche, 
arrivent, renversent tout et, comme un torrent irrésistible, escaladent la 
brèche et inondent le rempart. Une résistance imprévue les arrête un in« 
fltant dans la rue principale. Les grenadiers et voltigeurs sautent par-des- 
sus les barriciules, enfouQent les portes et entrent dans rintériiMU* de la ville 
où commence un carnage indescriptible. Tout ce qui résista fut tué a la 
baïonnette ; 20 drapeaux et 322 bouches h feu restèrent entre nos mains. 

« En terminant mon récit, je dois un hommage h la première infanterie 
du monde. 

(( Les officiers ont montré un dévouement admirable. 

« (]omte SucuET. » 



Pendant ce siège, le 16* de ligne eut, pour sa part, 10 officiers 
et 475 hommes hors de combat. 

Le général Suchet fut promu à la dignité de maréchal de 
France. 



— 79 — 

COMBAT ET PRISE DU MONT-SERRAT. 

Lo 25 juillet, le 3^ bataillon du 16^ assista avec la brigade 
Montmarie à l'atfaire du Mont-Serrat. 

La junte de Catalogne avait confié au baron d'Éroles la dé- 
fense du Mont-Serrat, où se trouvait Tunique (Jépôt d'armes et 
de munitions qui restât aux insurgés catalans. La nature et l'art 
s'étaient réunis pour retrancher cette montagne formidable. 

Le chemin qui conduit au monastère serpente sur le flanc de 
la montagne; des coupures, des retranchements, des. redoutes où 
le canon avait été hissé avec de grands efforts défendaient l'en- 
trée du couvent. Sur tous les points de la montagne étaient pos- 
tés des miquelets et des paysans qui faisaient un feu terrible. Le 
baron d'Eroles, plein de confiance, dans la force de cette posi- 
tion, avait fait porter des vivres et des munitions dans les bat- 
teries. Mais deux compagnies d'élite, arrivées sous la première 
batterie, grimpèrent l'escarpement «t gagnèrent les embrasures. 
L'ennemi fut terrifié de tant d'audace, et tout ce qui ne put fuir 
fut tué dans la batterie.' 

Les pièces furent immédiatement braquées sur la seconde bat- 
terie qui fut enlevée à la baïonnette, par six compagnies d'élite. 

Ucstâit une troisième batterie protégée par un fort retranchc- 
mcjit et qui offrait les plus grands obstacles a une attaque do 
front. 

80 voltigeurs se dévouèrent, grimpèrent à travers les fentes 
des rochers et parvinrent sur les cimes des aiguilles qui Héris- 
sent la montagne, d'où ils plongeaient sur le couvent et la bat- 
terie. 

Le chef espagnol évacua alors les ouvrages et s'échappa par 
des ravins et sentiers à lui connus. 

Cette glorieuse affaire nous valut 2 drapeaux, 10 bouches à feu 
de gros calibre et une immense quantité de vivres, de munitions 
et d'effets d'habillement. 

Le !•' septembre, le commandant Larue prit le commande-» 
ment du 3» bataillon, le commandant Poulin celui du 1»% et le 
commandant Famoncourt celui du 2^. 

Au mois d'août, la première brigade (5« léger et 16* do ligne) 
occupa la frontière de la province de Valence et d'Aragon, vers 



— 80 — 

Morclla, pour assurer la renlréc des contribuUons directes, tan- 
dis que la deuxième 1)rigade de la division italienne alla occuper 
le Monl-Serrat à sa place. 



SIÈGE ET BATAILLE DE SAGÔNTE (1811). 

Dans cette mémorable campagne, le 16® fait toujours partie 
de la 3« division- de Tarmée d'Aragon (général Haberl), l'« bri- 
gade (général Montmarie). Il a un effectif de 1317 hommes pour 
3 bataillons. 

L'Aragon était tranquille et la basse Catalogne venait d'être 
pacifiée; le maréchal Suchet reçut Tordre de tourner ses armes 
victorieuses contre Valence. 

Le général Blake avait fait mettre en état de défense, comme 
poste d'observation, le fort de Tantique Sagonte situé sur un 
rocher escarpé au pied duquel s'étend la petite ville de Murviédo. 
. Le fort de Sagonte, qui se trouve à remhranchement des rou- 
tes de Tortose et de Tcruel ù Valence embrassait a peu près 
l'enceinte de l'ancienne Sagonte. Quelques ruines antiques et 
plusieurs vieilles murailles avaient été relevées et réunies par 
des constructions modernes adaptées au terrain, et l'art, secondé 
admirablement par la nature, avait pu, après un ^travail de 
18 mois, arriver à mettre dans un état respectable de défense ce 
point important qui couvre la capitale du pays de Valence. Le 
rocher, très élevé et à pic dans presque tout son pourtour, 
s'abaisse un peu par une pente incHuée, mais raide du côté de 
l'Ouest. Les ressauts nombreux qui coupent celle pente favori- 
saient l'approche de l'infanterie et les travaux du génie, mais 
rendaient très diffîcile l'établissement des batteries, car le sol 
est entièrement dépourvu. de terre. La configuration des ouvra- 
ges dans cette partie présentait un angle saillant peu ou pohit 
flanqué. Ce défaut était atténué par un réduit ou cavalier armé 
situé un peu en arrière de la première enceinte sur le point cul- 
minant de la montagne. Il n'y avait point de choix, et ce seul 
côté accessible devait déterminer le point d'attaque. 

Le fort était armé de 17 bouches à feu, bien approvisionné et 
défendu par 3,(X)0 hommes sous les ordres du brigadier Au- 
driani. 



• -81- 

Le maréchal Suchet jugea indispensable de déloger Tennemi 
de ce point important avant de marcher sur Valence. 

Dos le 23 septembre, le général Ilabcrl, dont la division for- 
mait l'avant- garde, s'empara de la ville de Murviédo et fit l'in- 
vestissement du fort par la gauche. 

Les difficultés décrites plus haut faisaient craindre au maré- 
chal un siège long et meurtrier, surtout dans le voisinage d'une 
armée de secours nombreuse; aussi résolut-il de Tôviter en enle- 
vant le fort par un coup de main. 

On remarqua qu'il existait dans la partie de la muraille qui 
faisait face à la ville et près de la porte d'entrée du fort deux 
anciennes brèches qui n'avaient pu être réparées entièrement. Le 
maréchal reconnut lui-même la possibilité de surprendre le fort 
par ces deux points. 

IjO 28 septembre, doux colonnes de 300 hommes d'élite, sou- 
tenues par une troisième d'égale force; reçurent l'ordre de [se 
porter aux pieds des anciennes brèches et de les escalader. Mais 
l'ardeur môme de ces troupes leur devint funeste : les Espa- 
gnols furent avertis par des coups de fusil tirés à tort, et nos 
' colonnes, forcées de parcourir un terrain très difficile et fourré, 
arrivèrent en désordre au pied des brèches. On dressa les échelles 
trop courtes de six pieds et on tenta Pescalade, mais on rencon- 
tra une résistance opini/Vtrc. 

Les assaillants furent tués ou renversés et une grêle de balles 
et de grenades couvrit le gros des colonnes qui se pressait au 
pied du rempart. 

Le brave colonel Gudin, dul6® de ligne, tenta de nouveau Tes- 
calade à la tête des grenadiers du régiment, mais il fut blessé à 
la tête par une grenade ; les échelles furent brisées et les Espa- 
gnols restèrent maîtres des brèches. 

Malgré les efforts des officiers et l'ordre du chef, les soJdats 
ne pouvaient se décider à quitter le pied des remparts et à ren- 
trer en ville; mais le jour approchait, tout espoir de succès 
s'évanouissait et il fallut bien songer à la retraite. 

Cet échec obligea le maréchal à commencer un siège en règle. 

Du 5 au 12 octobre, on commença les travaux d'approche; un 

grand ravin servit de première parallèle à 350 mètres du fort ; 

on utilisa tous les couverts du terrain et on commença la con- 

. struction de cinq batteries. 





- 82 — 

Du 12 au 16, on ouvrit la deuxième parallèle à 130 mètres de 
la place, et' le 17 au matin l'artillerie ouvrit le feu. 

Le 18, dans Taprès-midî, on jugea la brèche praticable et Tas- 
saut fut ordonné pour cinq heures du soir. 

Au signal donné, nos troupes s'élancèrent et coururent à la 
brèche aussi rapidement que la pente du terrain pouvait le per- 
mettre. Mais la brèche qui avait été faite dans un angle rentrant 
se rétrécissait par le haut, de manière que deux hommes de 
front pouvaient à peine y passer. Accablés par la fusillade, les 
grenades, les obus et les pierres que les Espagnols roulaient sur 
eux, nos hommes firent dUnutilcs efforts pour gagner le sommet 
de la brèche et durent redescendre en désordre dans le fossé. 

Le maréchal jugeant que tout espoir de succès était perdu, fit 
rentrer les troupes dans la tranchée. A partir de ce moment, il 
ne voulut plus rien laisser au hasard, et il remplaça les actions 
de vigueur par les travaux méthodiques qui devaient conduire 
au but avec lenteur, mais avec certitude. Le génie continua ses 
cheminements vers le pied de la brèche et Tartillerio commença 
à en ouvrir de nouvelles. 

Le 21 octobre, le général Blake, pressé par les habitants do 
Valence, marcha sur Sagonte, déterminé à livrer bataille au 
maréchal Suchet. Le maréchal n'hésita pas à accepter la lutte 
en avant de Murviédo. 

La division Habert prit position à la gauche de la ligne vers 
la mer. 

Le 25, ii huit heures du matin, les deux armées étaient aux 
prises; au même instant, nos batteries qui étaient achevées ou- 
vrirent un feu violent sur le fort. 

Le maréchal avait résolu d'enfoncer le centre de Blake, pour 
isoler et battre ensuite séparément les deux ailes. 

Notre première ligne s'avança sous un feu terrible de mous- 
queterie et de mitraille et se déploya l'arme au bras sans répon- 
dre, comme à la manœuvre. 

Le maréchal Suchet reçut à l'épaule une balle qui, heureuse- 
ment, ne lui fit qu'une blessure sans gravité. 

Le centre des Espagnols enfoncé, recula, nous laissant 4 dra- 
peaux et 5 bouches à feu. 

A notre gauche, le général Habert, avec le 5^ léger et le 16« de 
ligne, attaqua la division Zayas, la repoussa jusqu'au village dé 



- 83 — 

Pouzol, où, gr&cc aux maisons, elle opposa la plus vive résis- 
tancet; mais le 5« léger et le 16« de ligne, après deux heures de 
combat, s'emparèrent du village et y firent 800 prisonniers. 

Le maréchal, après avoir fait reposer les braves troupes du 
général Habert, le chargea le soir d'attaquer de nouveau la divi- 
sion Zayas, qui s*était établie sur les hauteurs du Puig. 

Kennemi fut débusqué de sa position et laissa entre nos mains 
5 pièces de canon. 

Cette journée glorieuse décida du sort do Sagonte. La nou- 
velle brèche était praticable et le maréchal envoya le soir même 
un parlementaire au gouverneur pour le sommer de se rendre. 

La capitulation fut signée le 26 octobre, à 9 heures du soir. 
La' garnison se rendit prisonnière de guerre et nous occupâmes 
le fort, où Ton trouva 17 bouches à feu, 6 drapeaux, 2,400 fu- 
sils, 800,000 cartouches, 2 milliers de poudre, des vivres et des 
munitions. Nous fîmes 2,800 prisonniers, dont le gouverneur 
Andriani. 

Ainsi se termina ce siège mémorable, après 21 jours de tran- 
chée ouverte. 

Citons, en terminant, les passages du rapport du maréchal 
Suchet au ministre de la guerre, qui forment une des plus belles 
pages do rhistoire de notre régiment. 

« Au camp de Miirvicdo, 26 octobi'c iSIl. 

« Je chargeai le général Habert de se porter par la grande route sur le 
village de Pouzol... Le général rencontra la division ennemie qu'il fit atta- 
quer par deux bataillons du ^^ léger, soutenus par le 16° de ligne. 

« Une fusillade très vive s'engage, l'ennemi défend avec acharnement 
les maisons de Pouzol... 

<( Cependant, l'ennemi quoique déborde très au loin se défendait encore 
dans Pouzol, et n'avait pas abandonné les Iiautcurs du Puig. Le 16° de 
ligne attaqua le village à la baïonnette, poursuivit l'ennemi de rue en rue 
et l'obligea à se retirer. 

« 700 hommes des gardes wallones furent obligés de mettre bas les 
armes. 

« Le brave colonel Gudin, du 16° de ligne, quoique ayant été griève- 
ment blessé sous Sagonle, à toujours marclié h la tùle de. sou régiment.. 

« Tout«?s les troupes de l'armée, Monseigneur, ont rivalisé entre elles à 
qui servirait le mieux l'Enqiereur dans cette journée ; elles ont combattu 
sept bcurcs et poursuivi rennemi jusqu*à la nuit close. 

« Signé : Maréclial SucilBT. » 



- 84 — 

SIÈGE DE VALENCE (1811-1812). 

Apros la défailo de DIakc et la chuto do Sagonto, lo maréchal 
Suchet marcha sans perdre de lemps sur Valence ci arjîva 
devant celle place le 3 novembre 1811. 11 envoya le général 
Harispe offrir li celte ville les conditions les plus honorables et 
les plus avantageuses; mais ses paroles ne furent pas écoutées 
et le parlementaire ne put pénétrer au delà des avant-postes. 

Les Espagnols puisaient dans chaque revers une énergie nou- 
velle. On dut donc recourir à la force. 

La division Habert s'empara d'une partie du faubourg de 
Séranos sur la rire gauche du Guadalaviar et occupa le village 
de Grao, situé à Tembouchure du fleuve, ainsi qu'un petit fort 
destiné à la défense du port. 

Valence était un des derniers boulevards des Espagnols. Les 
habitants, exaltés au plus haut degré, avaient commencé la 
llévolulion par le massacre de il(M) Français. La ville avait plus 
de 100,000 habilanls ; 2,000 moines y entretenaient l'exaltation, 
et le consul anglais Tupper excilait à la révolte en répandant h 
profusion l'argent et les fausses nouvelles. 

Le général Blake avait repris ses positions sous les murs 
de la place et se trouvait encore î\ la lôte de 30,000 hommes; 
mais c'était tout ce qui restait à l'Espagne de ses meilleures 
troupes. 

11 défendait la rive droite du Guadalaviar. Le maréchal Suchet 
était loin de* pouvoir lui opposer des forces égales. A peine 
avait-il 15,000 hommes; mais l'Empereur, désirant terminer la 
guerre d'Espagne par un grand succès, résolut d'anéantir l'ar- 
mée de Blake sous Valence et envoya de nombreux renforts au 
maréchal. Le 24 décembre, son armée compta 33,000 hommes 
de toutes armes. Il résolut alors d'effectuer le passage du Guada- 
laviar près de Manissès. 

La division llabert força le passage du fleuve près de son 
embouchure, après une vive canonnade tant sur la flotte que 
sur les lignes ennemies; les Espagnols furent culbutés, le 
général Blake se trouva rejeté sur la place avec toute son armée, 
et l'investissement dft Valence se trouva complété sur tous les 
points. 



- 88 — • 

Les troupes de siège campèrent autour de la placera 1200 mè- 
tres des ouvrages. 

La division llabcrt, formant rexlremo droite, s'appuyait au 
Guadalaviar près de la mer. 

Le 28 décembre, une sortie du général Blake fut repoussée. 
Cet échec jeta la consternation et le découragement dans la gar- 
nison . 

Dans la nuit du 30 au 31 décembre, une seconde sortie des 
Espagnols eut le même succès que la première. 
Le 2 janvier 1812, oh ouvrit la tranchée à 80 toises des ouvra- 
ges de San-Vicente et d'Olivetto et Ton commença la construc- 
tion de 5 batteries. 

Le 5 janvier, au point du jour, Tennemi, effrayé de la rapidité 
de nos travaux, évacua subitement tous * les ouvrages de l'en- 
ceinte extérieure, nous abandonnant 80 pièces de canon. 

Le général Montmaric pénétra aussitôt dans les lignes et s'éta- 
blit dans les maisons du faubourg, d'où Ton commença à che- 
miner à couvert. Dès lors la place était à nous et toute" l'armée 
espagnole était renfermée dans la ville. On commença le bom- 
bardement qui fit de grands ravages dans la ville. 

Le 6 janvier, le maréchal Suchet, désirant épargner une 
grande et belle ville, écrivit au général Blake pour le sommer do 
se rendre. Sur sa réponse négative, le bombardement recom- 
mença et dura jusqu'au 8 janvier. Le général Blake convoqua 
alors rassemblée de toutes les autorités civiles et militaires de 
Valence pour discuter sur la situation de la ville. 

Le 9 janvier, le général Zayas sortit de la ville et vint annon- 
cer au maréchal qu'on acceptait ses conditions. 

La capitulation fut signée le jour même à 9 heures du matin. 

La prise de Valence mit en notre pouvoir 18,000 prisonniers, 
dont 23 généraux, 393 pièces do canon, 21 drapeaux et 
42,000 fusils. 

L*armée espagnole sortit le 10 janvier de la place, déposa les 
armes et fut dirigée sur la frontière française. 

Le maréchal Suchet, en récompense de son glo^rieux succès, 
fut nommé duc et reçut en toute propriété le beau domaine 
d'Albuféra. 

Un décret impérial accorda 200 millions de dotations à l'armée 
d'Aragon. 



^86- 

Le i9 janvier, la division Habcrt s'empara sans coup férir de 
Dénia> petite place maritime protégée par un fort en assez bon 
état où Ton trouva G6 bouches à feu. 

Au mois de février, les cadres des 3«« bataillons des régiments 
d*infanterie de ligne de Tarmée d'Aragon partirent pour la 
France, après avoir versé tous les hommes disponibles dans les 
le' et 2» bataillons. 

Il ne resta donc plus à la 3® division do l'armée d'Aragon que 
les l»' et 2® bataillons du 16® de ligne. 



RECONNAISSANCE D'ALICANTE (AVRIL 1812). 

Le maréchal Suchet, voulant savoir ce qui se passait sous les 
murs d'Alicante, ordonna dans le courant d'avril au général 
Ilarispe de rassembler toutes les compagnies d'élite de sa divi- 
sion et do s'avancer sur cette phice par la route du Xinona, 
tandis que 10 compagnies du IG^ do ligne, sous les ordres du 
général Gudin, y marcheraient par le chemin de Mujamiel. 

L'arrivée du général ayant été retardée par le mauvais état 
des chemins, le général Gudin dut, avec ses 10 compagnies du 
16", lutter pendant quatre heures contre les 5,000 hommes de la 
garnison d'Alicante. Il fit un mal énorme à Venuemi et ne perdit 
que 11 blessés et 4 morts. Le brave général Gudin avait compté 
avec raison sur la valeur connue des soldats de son ancien régi- 
ment. 

FIN DE LA CAMPAGNE D'ESPAGNE. 

Le 15 mai 1812, le 16^ (2^ bataillon), fut attaché à la 1" divi- 
sion de l'armée d'Aragon (général Musnicr), l'» brigade (général 
Robert), qui fit une expédition vers Ilequena; mais le 15 juin, il 
revint à son ancienne division (général Habert), brigade Mont- 
marie. Il était en garnison h Valence lorsqu'il reçut l'ordre de 
partir pour Madrid, avec le général MaUpoint. 

Le S5 août, il quitta cette ville avec une compagnie de hus- 
sards et alla délivrer la garnison de Cucnça, assiégée depuis 
dix-huit mois. Ce petit détachement fut attaqué h son tour au 



-. 87 -^ 

passage do Saint-Gabriel, près Utiel, par 4,000 hommes do Villa- 
Gampa qui entourèrent complëlemcnt la colonne. 

Mais cette poignée de braves se fit jour à la baïonnette et ren- 
tra à Requena après avoir perdu 200 hommes et fait éprouver à 
ronnemi une perte au moins égale. 

Le 16 septembre, un grand convoi composé de bouches inu- 
tiles, de voitures et d'isolés, partit de Valence et se dirigea sur 
Saragosse d*abord et la France. 

11 Tut escorté jusqu'à Tortosc par le 10* do ligne qui se réunit 
en ce point à son 4® bataillon. 

Les cadres du 3^ bataillon rejoignirent le régiment le 29 no- 
vembre dans cette ville. A partir de ce moment, le 16® de ligne 
fit partie des troupes destinées à tenir garnison dans la province 
d*Aragon. 

Vers la fin de mars 1813, l'ennemi commença un mouvement 
pour se rapprocher des camps français. Elio, avec les Espagnols, 
se dirigea sur Yillena, et le corps anglais se porta à Biar et à 
Castella. 

Le maréchal Suchet crut devoir prévenir l'attaque de Tennemi 
et prit l'ofTensive. Le général Harispe battit les Espagnols à Yil- 
lena, et la division Habert (16<' de ligne), enleva les hauteurs 
escarpées do Biar, occupées et défendues par la brigade anglaise 
du colonel Adanis. L'ennemi fut repoussé jusque dans la placo 
de Gastclla. 3,000 prisonniers, 2 drapeaux et plusieurs canons 
restèrent en notre pouvoir. 

Le 13 juin, les hauteurs qui dominent le Xucar furent occu- 
pées par 25,000 Espagnols. 

Le maréchal n'hésita pas à présenter le combat à un ennemi 
si supérieur en nombre. 

Le général Habert, à la tête de deux régiments d'infanterie, 
dont le 168, atteignit le duc Del Parque dans Carcaxente, bous- 
cula ses colonnes et lui fît éprouver une perte de 500 hommes 
tués, 600 prisonniers, dont 30 officiers, 1 drapeau et 2,000 fusils. 

Ce beau fait d'armes n'empêchait pas Valence d'être menacée 
par l'ennemi. Le maréchal Suchet lui ferma la route de 
Requena. 

Le 27 juin, le maréchal qui avait fait rentrer à Valence les 
ti'oupcs détachées au secours de ïarragone, résolut de déloger 
le duc Del Parque de son camp de la rive droite du Xucar. Mais 



- 88 -^ 

ce dernier n'attendit pas l'attaque et il évacua ses positions. Les 
divisions Harispe et Habert le poursuivirent, culbutèrent son 
arrière-garde qui avait pris position au col d'OUeria et entrèrent 
dans San Felipe. 

Les Espagnols rentrèrent dans leur camp retranché de Car- 
talla où ils attendirent les renforts anglais. 

Le 29 juillet 1813, lord Bentinck ayant traversé l'Ëbre h Am- 
posta, au-dessous de Tortose, se porta sur Tarragone qu'il 
investit par terre et par mer. 

Le i\ août, le maréchal Suchct rassembla h Villa-Franca ses 
quatre divisions et toute sa cavalerie et marcha sur Tarragone 
pour la débloquer, sans rencontrer de résistance. La garnison 
travaillait nuit et jour à préparer 32 fourneaux de mine chargés 
ensemble de 37,860 livres de poudre. 

Le 19 août, au signal de 3 coups de canon, à la chute du jour, 
les remparts do cette ville célèbre s'écroulèrent avec un horrible 
fracas. 

La garnison de Tarragone renforça l'armée do Suchet qui alla 
s'établir derrière le Lobregat, à Molins-del-lley, et se replia 
ensuite sur Girone. 

Le maréchal Suchet reçut alors l'ordre de l'Empereur de diri- 
ger en poste 10,000 hommes sur Lyon. Puis, dans les premiers 
jours de mars .1814, il reçut un nouvel ordre, et une deuxième 
colonne de 10,000 hommes se dirigea sur Lyon. 

Le maréchal, avec les débris de son armée, 11,000 hommes, 
se retira alors sur Figuières, après avoir fait sauter les forts 
d'Olot-de-Palamos et de Bascara. 

Quelques jours après, le traité de Valençay rendait à Ferdi- 
nand VII le trône d'Espagne, et 200,000 Fr nçais repassaient les 
Pyrénées. 

Grande Armée en 1813. 

Le 4® bataillon du 16<^ de ligne contribua à la formation du 
13» régiment provisoire d'infanterie, qui entra dans la composi- 
tion du 60 corps de la Grande Armée (maréchal Marmont), 
30 division (général baron Fiedcrichs), V^ brigade (général Fica- 
ticr). 

Le i^ juin 1813, ce batnilloi) du M\^ était commandé par le 



— 89 - 

commandant Garion, et avait un effectif de 12 officiers et 
042 hommes. 

Ce bataillon assista à la bataille de Lutzcn le 2 mai, à Baulzen 
le J[6 mai, et h Wurschen les 20 et 21 mai, puis à la bataille de 
Dresde les 27 et 28 août. 

A cette époque, le bataillon du 16® passa aux mains du com- 
mandant Martini; il assista à la bataille do Leipzig les 16, 17 et 
18 octobre. 

Il resta au 6' corps d*armée jusqu'en avril 1814, époque où il 
fut envoyé à Yvetot pour y prendre ses cantonnements. 



Corps d'observation d'Italie en 1813. 

Le t^^' bataillon du 16° contribua, la même année, à former 
une 25« demi-brigade provisoire qui fit partie do la division 
Semclô, de la première lieutenance (général Grenier), dont le 
quartier général était à Vérone. 

Le 30 octobre, ce bataillon se distingua au combat de Prune- 
ken, où le général autrichien Fenner fut battu. Le major Four- 
nier et le chef de bataillon Thunot, du 16* de ligne, furent 
cités pour leur belle conduite dans cette affaire et la brillante 
retraite qui la suivit. 



Armée de Ijyon (1814). 

Nous avons vu que, le 10 janvier 1814, le maréchal Suchet 
recevait du ministre de la guerre, Tordre de diriger sur Lyon un 
corps de 10,000 hommes. Il forma ce corps on trois brigades, et 
le 16« en fit partie. Il quitta Perpignan le 5 février et arriva à 
Lyon le 11 du même mois. 

L'armée de Lyon, commandée par le maréchal Âugereau, duc 
de Gastighone, se composait de trois divisions. 

Le 16« de ligne, qui comptait alors jusqu'à 7 bataillons, fut 
disséminé dans les dififérentes brigades de Tarmée du maréchal 
Augereau. 

Cependant au mois de mai, les 1«', 2e et 7« bataillons furent 
réunis sous le nom de 16« de ligne, dans la l'« division (général 



— 90 -- 

Vedel), 2« brigade (général Gudin). Au mois de juin on y adjoi- 
gnit le 6<^ bataillon. Le maréchal Augercau se fit battre à Limo- 
nest et sur les hauteurs qu'occupe aujourd'hui le fort de la 
Duchère, par le prince de Hesse, et fut obligé d'évacuer Lyon. 

Son armée se retira sur Tlsère afin de couvrir Grenoble et le 
Dauphiné. 

Pendant les cent jours, les l^r et 2« bataillons du 46» de ligne 
font partie du corps d'observation du Yar, commandé par le 
maréchal Brune, 24» division (général Gilly d'abord, puis Merle 
plus tard). Les i^' et 2* bataillons sont à Marseille, les 3«, 4* et 
5* bataillons sont au dépôt, à Toulon. Quant aux 6^* et 1^ batail- 
lons, ils sont restés h Tarmée des Alpes commandée par le maré- 
chal Suchet. 

Le 16* de ligne reste dans cette situation jusqu'au !«' juin, où 
il passe à la 4'« brigade de la 24« division (général Robert), et 
va occuper la garnison do Grasse. 



Légion du Gard (1815-18^0). 

Les volontaires royaux qui avaient fait partie de l'armée du 
duc d'Angoulême, furent licenciés à La Palud (Vaucluse), en 
avril 4815. Quelques-uns rentrèrent dans leurs foyers, d'autres 
restèrent en armes. 

Après Waterloo, ceux du département du Gard se réunirent à 
Beaucaire, sous les ordres du comte Pierre do Bcrnis, commis- 
saire extraordinaire du roi, et du vicomte de Berre, maréchal de 
camp des armées du roi. 

Le 24 juin, il y eut un léger combat contre les gardes urbaines 
réunies aux troupes du lieutenant général Gilly, qui commandait 
le département du Gard au nom de Napoléon. 

Le 1<5' juillet, le comte Pierre do Bernis, en sa qualité de com- 
missaire extraordinaire du roi, et usant des pouvoirs qui avaient 
été conférés par Sa Majesté, forma avec les volontaires du Gard 
un régiment dont il nomma les officiers et les sous-officiers et 
qui prit le titre de premier régiknent royal du Gard. Le colonel 
fut le vicomte Henry de Bernis, chevalier de justice de Saint- Jean 
de Jérusalem, et chevalier de l'ordre royal de la Légion d'hon- 
neur. 



— 91 — 

Dans le courant de juillet, ce régiment vint tenir garnison à 
Niincs. 

Le général de Berrc, maréchal de camp commandant la subdi- 
vision, envoya plusieurs détachements de ce régiment contre des 
partis de révoltés qui attaquaient les soldats royalistes isolés et 
même formés en petits détachements. 

En vertu de Tordonnance du roi du 3 août 1815, fixant Torga- 
nisatidn de l'infanterie en légions départementales, de Tinstruc- 
tion ministérielle du 5 septembre et des lettres de Son Excellence 
le ministre de la guerre, en date des 3 et 13 novembre de la 
même année, la légion du Gard portant le numéro 28 fut orga- 
nisée, le !«' décembre 18i5, par le colonel baron de Tschudy, 
nommé au commandement de cette légion par ordonnance 
royale du 19 août 1815. Le premier régiment royal du Gard avait 
été dissous par décision du 23 novembre. 

(c Aussitôt après la revue passée, le colonel, dit le proccs- 
verbal, a fait reconnaître tous les officiers présents, les a fait 
réunir en cercle, et a fait prêter serment individuellement aux 
officiers, sous-officiers et soldats entre les mains de M. Desforges, 
sous-inspecteur aux revues, qui a lu la formule du serment. » 
Le 6 mai 1816, la légion tout entière tient garnison à Nîmes. 



TROISIEME PERIODE 



DE LA RESTAURATION A NOS JOURS 



f 6<> Régiment d'infanterie de lig^ne. 

(de 48âO A NOS jours) 

Une ordonnance royale du !23 octobre 1820 réorganisa Tinfan- 
Icrie française. 

Les légions furent supprimées et remplacées por des régiments 
d'infanterie de ligne et d'infanterie légère. 

Le 12 décembre 1820, le maréchal de camp baron de Couchy, 
inspecteur général du 5® arrondissement d'infanterie, prononça 
la dissolution de la légion du Gard et forn\a le i6® régiment d'in- 
fanterie de ligne. La bénédiction du nouveau drapeau que le roi 
venait de conférer au régiment eut lieu à Grenoble, sur la place 
Grenette, le 24 décembre. 

Cette cérémonie ii laquelle assistèrent les autorités ci viles, judi- 
ciaires et militaires, eut lieu avec toute la solennité dont elle 
était susceptible. 

Le lieutenant général baron de la Croix, commandant la 
1^ division militaire, remit le drapeau entre les mains du comte 
d'Alvymare, colonel du régiment. 

En 1821, le IG", alors en garnison à Grenoble, réprima un mou- 
vement insurrectionnel qui avait éclaté le 20 mars, et, grâce à 
son attitude correcte et énergique, maintint l'ordre dans la 
ville. • • 

Au mois de juin, le régiment ayant reçu Tordre de se rendre à 
Clermont et à Montbrison, le lieutenant général de la Croix, com- 
mandant la division et le préfet du département adressèrent au 



— 94 — 

colonel des lettres élogieuses où nous relevons, à la gloire du 
régiment, les passages suivants : 

<c Croycz-le, mon cher colonel, mes Tœiix vous suivront partout, partout 
ils exprimeront le désir que le bien du service de Sa Majesté replace sous 
mes ordres le 16« régiment qui, tant qu'il conservera l'esprit et la disci- 
pline dont il est anînié, pourra être présenté en toute silrcté aux amis, et, 
s'il le faut aussi, aux ennemis de la France. 

(( Signé : Riron Pauphilb de I^à Croix. » 

« Au moment ou le régiment sous vos ordres s'éloigne d'une ville qui a 
di\ h sa parfaite discipline le maintien d'une tranquillité que des factieux 
voulaient troubler, la reconnaissance me fait un devoir de vous assurer 
des regrets de mes administrés et des miens. 

« Veuillez en transmettre l'expression h un corps d'officiers, dont le 
dévoilment répond si bien à celui de son chef. 

« Signé : IliH'on d^IIausskz, 

« Préfet do l'Isèra. » 

A la fin de Tannée 1821, le régiment se rendit à Paris en plu- 
sieurs colonnes. Le 1^' bataillon et rétat-major, sous les ordres 
du colonel, rétablit Tordre troublé par un mouvement séditieux, 
h Bicêtre. 

Au mois de mai 1822, le 16® partit pour Metz. 



CONDUITE ENERGIQUE DU SERGENT FELJAS. 

Le !•' avril 1823, le régiment quitte cette dernière ville pour se 
rendre à Lyon. 

Le 1er juin, jour de la Féte-Diçu, deux hommes furent arrêtés 
et conduits au corps de garde du pont de la Guillollère, occupé 
parle iG« et commandé par le sergent Peljas. Le peuple voulut 
enlever les prisonniers. Le sergent Feljas opposa une résistance 
opiniâtre, envoya chercher du renfort aux casernes et contint le 
peuple jusqu'à l'arrivée des troupes qui dissipèrent le rassem- 
blement. Sur le rapport du lieutenant général de la Motte, com- 
mandant la division, le roi, par ordonnance du 4 juin, transmisé 



— 95 — 

par le télégraphe, récompensa le sergent Feljas en le nommant 
au grade de sous-licutenant. 



CAMPAGNE D'ESPAGNE (1823). 

GÉNÉRAL EN CHEF : MARÉCHAL MONCEY. 

Le 10 juin 1823, le colonel d'Alvymare reçut Tordre de départ 
du régiment pour l'ai^mée d'Espagne. Le régiment se dirigea sur 
Montpellier, où le 24 juin se fit la séparation des bataillons de 
guerre et du dépôt. L'effectif du régiment entrant en campagne 
fut do 75 officiers et 155G hommes de troupe. 

Le régiment continua sa marche sur Perpignan par bataillon, 
à un jour d'intervalle. 

Pendant cette campagne, le régiment commandé par le comte 
d'Alvymare forma, avec le 60% une brigade de réserve placée 
sous les ordres du maréchal de camp baron de Tromelin. 

Dans les premiers jours de juillet 1823, le régiment se porta 
sur Barcelone par Girone, Mataro et Badalona. 

Le 13 juillet, sur l'avis du lieutenant général comte Donnadieu, 
que l'ennemi se disposait à faire une sortie sur Gorcia, le régi- 
ment se porta sur Saint-Adrien et Saint-André, où il se trouva 
réuni Je 15. Le 1(5 il marcha sur Cuzat et lo 18 sur Tcrassa. Lo 
21 juillet, lo i^^ butaillou lit une reconnaissance sur Màrlorcll. 

Le 24, lo régiment quitta sa position et se porta en avant du 
village de Bruc-du-Mont. Le général poussa une reconnaissance 
sur la route de Cervera et reconnut les avant-postes ennemis à 
Saint-Genis, en avant de la forte position de Jorba. 



COMBAT DE JORBA (2S juillet 1823). 

Le 25 juillet, le général Tromelin rencontra l'ennemi appuyant 
sa droite au village de San-Vicente, et couvrant la gorge de 
Jorba. Le 3« bataillon du 16«, Commandé par le chef de bataillon 
Bonne, s'engagea trop franchement et se vit forcé par l'ennemi 
à un mouvement rétrograde. Le général Tromelin le fit soutenir 
par les deux autres bataillons du régiment qui enlevèrent à l'en- 



- 96 — 

« 

nemi la position cédée par le 3^ bataillon et marchèrent sur Jorba 
cil Tennemi s'était massé. 

Le village de Jorba est situé à droite et à mi-côte d'une mon- 
tagne qui domine la route. L'ennemi y occupait une bonne posi- 
tion; mais il en fut chassé par le ^lO^ ol se relira sur le pluloau 
de la montagne, toujours massé, derrière un château en ruine. 
Il occupa ce mamelon, la position qui le domine et les crêtes de. 
la Moya, entre Jorba et Tautel du Crochet. Le maréchal Moncey, 
arrivé sur le terrain de l'action, donna Tordre au général Tro- 
melin d'enlever cette position. Les 2» et 3« bataillons du 16® com- 
mandés par le comte d'Alvymarc et le chevalier de Manneville 
se portèrent à l'attaque, soutenus à droite et à gauche par deux 
bataillons du 00<^. L'ennemi se défendit avec une grande opiniâ- 
treté, mais il dut, devant la valeur de nos troupes, abandonner 
toutes ses positions. L'engagement avait duré jusqu'à 7 heures 
du soir. Le régiment perdit dans cette journée neuf sous-officiers 
ou soldats. 

L'ordre du jour du maréchal Monccy fut ainsi conçu : 

« Une affiiirc glorieuse pour la brigade de réserve a eu lieu le 25 juillet, 
en avant d'Igualada, route de Gervera. 

« Le 16° de ligne, le i»' et le 2<» bataillon du 60° régiment, ont enlevé 
trois positions extrômemcnt fortes. 

« Témoin du dévouement dbs troupes, j(; leur en témoigne toute ma 
satisfaction. 

« Signé : Maréchal MoNCBY. )> 

L'ordre du jour du général Tromelin cita comme s'étant par- 
ticulièrement distingués : 

Le colonel d'Alvymare ; le lieutenant-colonel de Manne- 
ville; le chef de bataillon Bonne; le capitaine Dacheux; le 
lieutenant Vanderlinden; le sous-lieutenant Dacheux des 
grenadiers, le capitaine Flavart et le sous-lientenant Séri- 
zîat des voltigeurs, ainsi qu'un grand nombre de sous -officiers, 
caporaux et soldats. 

Le régiment eut à regretter la mort du brave sergent de gre- 
nadiers Jouvanel, qui fut tué à la porte du château de Jorba. 

Après TafTaire de Jorba, l'armée constitutionnelle, forte de 
6,000 hommes, .se porta de Mont-Blanch sur Santa-Colona de 
Queraltz, où elle arriva le 11 août. 



— 97 — 

Le maréchal Moncey porta, le 13 au soir, son quartier général 
do Villafrunca fi San-Sadurni. 

Les constitutionnels manifestaient Tintention d'enlever le baron 
d'Érolles qui occupait Calaf, avec un millier d'hommes seu- 
lement. 

La brigade Tromelin (16® et 60»), avec quatre escadrons de 
cavalerie et deux pièces de montagne, fut détachée sur Manresa 
pour appuyer et soutenir le baron d'Érolles. 

Si les conslitutionnels enlevaient le baron d'Érolles à Galaf^ ils 
remportaient un grand succès : le Lampourdan était à eux, ils 
marchaient sur Figuières et forçaient la levée du blocus de Bar- 
colane. Ce plan hardi dont l'exécution fut tentée compromettait 
Tarmée française en Catalogne. 

Le combat de Galdès le fit échouer. 



COMBAT DE CALDÈS (14 août 1823). 

La marche de l'ennemi sur Calàf fut communiquée au baron 
d'Erolles par un avis du général Tromelin qui lui parvint dans la 
nuit du 11 au 12 août. Il poussa des reconnaissances jusqu'à 
Mont-Manen, à une lieue en avant de Calaf et fit faire tous les 
préparatifs de départ pour Manresa, point de retraite désigné. 

Le 12, vers 10 heures du malin, l'ennemi déboucha et porta 
2 compagnies sur une éminence qui couvre la ville. Mais il per- 
dit deux heures pour se déployer, et le baron d'Erolles en pro- 
fita pour filer sur Manresa. 

L'ennemi chercha alors à lui couper la retraite, mais il ne put 
arriver à temps. Le baron d'Érolles entra à Manresa où il se 
renforça de iOO hommes, ce qui porta son effectif à 
liOO hommes. 

Le 13, h, 10 heures du soir, l'ennemi fit une fausse attaque sur 
Manresa, au moment même où le général Tromelin y arrivait 
avec sa brigade qui était très fatiguée. 

Le lendemain 14, le baron d'Érolles et le général Tromelin 
sortirent de Manresa à 7 heures du matin. Le général Tromelin 
n'avait emmené que sa cavalerie. A 8 heures et demie, ils occu- 
pèrent le pont de Cabriana. L'infanterie ne pouvait arriver que 

quelques heures après. 

7 



— 98 - 

L'onnomi, qui bivouaquait do l'aulro côté du pont, so mit en 
mouvement sur Caldès. L'avant-gardo du baron d'Érollos paasa 
le pont au moment où l'ennemi franchissait une hauteur boisée 
qui le domine. Une fusillade s'engagea sur cette hauleur, les 
tirailleurs ennemis furent rejetés sur leur avant-garde. 

L'ennemi occupait la position do Caldès, village situé sur la 
route de Manrosa a Vich, sa droite appuyée au village, sa gau- 
che à des ravins terminés par un bois touffu de chênes verts 
qu'il avait rempli de tirailleurs. 

Les troupes du baron d'Érolles et la cavalerie du général Tro* 
melin soutinrent courageusement le choc de Pennemi qui prit 
l'offensive. 

Le baron d'Érolles voulut alors emporter le village de Caldès 
qui était la clef de la position. Il se portait en avant pour exé- 
cuter ce projet, lorsque l'ennemi jeta 1500 hommes dans le bois 
couvrant sa gauche, et 2,000 hommes sur sa droite qui débordè- 
rent notre gauche. Cette manœuvre mit le baron d'Érolles dans 
une situation critique. Heureusement, rinfanterio du général 
Tromelin arrivait. Il dirigea 5 compognies du Ki* sur le bois 
situé à la gauche ennemie, et ces troupes suffirent pour contenir 
les i500 hommes qui occupaient ce point, 

Le général Tromelin, voyant la gauche du baron d'Érolles 
menacée d'être tournée par les 2,000 ennemis, fit porter l'ordre 
au i6« de presser sa marche et au 00* d'observer la gauche de 
l'ennemi qui faisait des progrès alarmants. 

Le 16» attaqua franchement la position sur trois colonnes. 
L'ennemi vint à sa rencontre et on se déploya à demi-portée de 
fusil ; le feu était très nourri, 2 pièces de montagne sous les 
ordres du lieutenant Viadère soutenaient le régiment. 

Pendant la fusillade, le régiment ennemi des Canaries déborda 
la gauche du 16® qui, placé entre deux feux, dut reculer, tout en 
luttant contre des forces quadruples. Le colonel et le lieutenant- 
colonel furent blessés, ainsi que 8 officiers et 80 hommes. 

Une pièce fut un moment au pouvoir de l'ennemi, mais elle 
fut reprise presque aussitôt qu'enlevée. 

Une charge à la baïonnette du i^' bataillon du i6<), sous les 
ordres du commandant Bonne et du capitaine de grenadiers 
Français, arrêta l'ennemi. 

Le régiment avec l'artillerie prit position sur un mamelon. 



— 99 — 

« Ici, dit le général Tromelin en élevant la voix : il faut vaincre 
« ou périr. » 

Pendant ce temps, le GO^' de ligne s'était porté sur la position 
de Caldès qu'il avait enlevée avec une bravoure admirable. A 
son tour, le régiment des Canaries qui avait tourné le 16* se 
trouva débordé et dut se replier à la hd.te. 

L'ennemi, délogé de ses positions, se retira par Estang, cher- 
chant à regagner Tarragone; il fut poursuivi par la division 
combinée qui s'arrêta à Moya, où elle prit son cantonnement» 

Les troupes étaient harassées par la fatigue et la chaleur, 
ayant été sous les armes pendant quatorze heures, dont dix de 
combat. 

Ainsi qu'on le verra plus loin, beaucoup de militaires du régi- 
ment furent cités à Tordre du jour pour s'être partidulièrement 
distingués; mais, au grand étonnement du régiment, on ^vait 
omis de citer le capitaine Collinet, de la 2* compagnie du 
2* bataillon. 

Cet officier chargé de tenir bon sur la gauche, fortement atta- 
quée, s'y comporta avec la plus remarquable vigueur. 

Soii lieutenant, M. Jauret, également oublié, s'empara du 
fusil d'un blessé, et combattit dans. le rang comme un simple 
soldat, donnant par ce noble dévouement un heureux exemple 
aux jeunes soldats qui se trouvaient au feu pour la première 
fois. 

Cet officier reçut à la tète une violente contusion d'une baïon- 
nette démontée par le choc d'un projectile; mais, malgré cettQ 
blessure, il n'abandonna pas le champ dé bataille. 

Les officiers et hommes de troupe cités à Tordre du jour 
furent : 

Colonel : comte d'Alvymare. 

Lieutenant-colonel : de Manneville. 

Chefs de bataillon : Bonne, de Bronneck et Grégoire. 

!«' Bataillon. 

Capitaines : Barthélémy, Tassard, de la Motte< 
Lieutenants : ChaveSi Pautrier, Malignoni 



— 100 — 

Sous-officiers : Devaux, Dubourg, Danmery, Nou- 
velle, Liguère, Chabray. 

Hommes de troupe : Moutigery, Semetière, Richeron, 
Champlein. 

2« Bataillon. 

Capitaines : François, Suisse, Hebaus. 
Lieutenants : Julien, Lefebvre, chirurgien. 
Sous-officiers : Galaer, Bernard. 

3' Bataillon. 

Capitaines : Beaufrère, Favard. 

Lieutenants : Deney, Palegry, Lemaltre, chirurgien. 

Sous-officier : Gillet. 

Homme de troupe : Chabas. 

Le capitaine Puiech, qui a eu le cou traversé par une balle, 
a été omis sur le bulletin de Tarmée. 

Le 15 août, la brigade Tromelin se porta sur Ëstang et bivoua- 
qua à Olot. 

Le même jour, Tennemi prit position à Gironella et parut y 
devoir tenir. On marcha sur lui, et, dès lu première démonstra- 
tion d'attaque, il se retira en toute hâte sur Tarragone, où il se 
jeta en désordre, poursuivi par les troupes du baron d'ÉroUes. 



RECONNAISSANCE GÉNÉRALE DE LA PLACE 
DE TARRAGAGONE LE 28 AOUT. 

Apres le combat de Caldès, le maréchal se décida à marcher 
sur Tarragone, par Villafranca et Torrc del Barra. La brigade 
Tromelin et celle du baron d'Érollcs s'avancèrent sur cette place 
par Mont-Blanch et Walls. 

Le 28 août, le général Tromelin s'établit à Walls et Valmoll. 

Le maréchal, qui n'avait pas les forces suffisantes pour investir 



— 101 — 

la place, ne pouvait lentcr sur elle qu'une reconnaissance ou un 
coup de main. L'ennemi, informé que le maréchal s'était porté 
le 27 à Walls pour se mettre à la tête des troupes du baron 
d'Érolles et des généraux Tromelin et Montgardé, combina 
une sortie sur Altafulla, mais son attaque fut repoussée. Ge^fut 
alors que le maréchal décida une reconnaissance générale de la 
place pour le 28 août. 11 donna Tordre aux brigades cantonnées 
dans les environs de se trouver à 9 heures du matin sur les hau- 
teurs qui dominent Tarragone depuis Àltaful a jusqu'à Courlanti. 
La brigade Tromelin, marchant sur la grande route de Walls & 
Tarragone, se dirigea sur le fort Olivo (de Salm), occupant ainsi 
la droite de la ligne. Le iG^ prit place h l'extr&me droite avec la 
batterie de montagne et une demi-batterie d'artillerie légère. 

L'altaque commença par la Madona de Lorito, ancien fort 
démantelé appartenant à rarchevcque, et qui fut enlevé par un 
bataillon du lO^' de ligne. 

Le '3^ bataillon du IG^) se porta sur le fort Olivo dont on ne 
croyait pas que les ouvrages commencés depuis peu fussent 
fermés à la gorge. On voulut l'enlever de vive force; mais le 
chef de bataillon Grégoire, du 16«, s'aperçut bien vite de la 
méprise de tous à ce sujet. Il envoya immédiatement un rapport 
au général et ouvrit un feu très vi( sur un bataillon ennemi qui 
était sorti de Tarragone, pour défendre les approches du fort et 
les deux chemins qui y conduisaient de la place. 

Les tirailleurs ennemis furent obligés de se replier, et le com- 
mandant Grégoire s'établit avec son bataillon derrière un mon- 
ticule situé à portée de pistolet du fort. 

Le capitaine Langlois, commandant la 3^ compagnie du 
3' bataillon, se distingua dans cette affaire et mérita les éloges 
de son chef et do tous ses camarades. Cité dans le rapport du 
bataillon, il fut omis dans le rapport général. 

La retraite sous les murs de la place du bataillon ennemi 
engagea le gouverneur à le remplacer par ses compagnies 
d'élite. 

Alors recommença un feu violent qui dura jusqu'à 5 heures 
du soir. 

Quatre compagnies du 2' bataillon du IG' se portèrent au 
secours du 3« bataillon et parvinrent à refouler l'ennemi sous les 
murs de la place. 



— 102 — 

Le lieutenant Vigoureux, eommandant la 6^ compagnie du 
2* bataillon, déploya la plus grande fermeté dans cette affaire. 
Il plaça ses meilleurs tireurs de manière h cribler de projectiles 
les embrasures du fort qui lui faisaient face, neutralisa ainsi 
3 bouches à feu ennemies jusqu'au moment où il reçut Tordre 
de se retirer. Sa belle conduite fut également oubliée dans le 
rapport général. 

A six heures du soir la reconnaissance était terminée. Les 
troupes se retirèrent par échelons et furent suivies jusqu'à la nuit 
par les tirailleurs ennemis. 

Chaque corps reprit ses cantonnements, et la brigade Tro- 
melin rentra à Walls. 

Dans cette affaire^ le 16^ perdit 7 offlciers blessés et 33 sous- 
offlciers ou soldats tués ou blessés. 

Lcsofflciers, sous-officiers et soldats cités à l'ordre furent : 

BonnOi Grégoire, chefs de bataillon ; 

Grosjean, Barthélémy, Flavard, François Suisse, 
Grabovrsk, :Chartelet, Geneciaux, Sanboul, RoUin, 
Beaufrère, capitaines; 

Marson, Boissières, Audigier, Julien, Devicq, 
Pitre, lieutenants ; 

Dubourg, Aldin, Calaret, Bernard, Gillet, Durand, 
Habert, sous-offlciers ; 

Salamon, Derouet, Mayeux, Bullot, Thomas, 
Chabert, Bourelly, Croc, soldats. 

Le 13 septembre, l'ennemi fort de 0,000 hommes se porta sur 
Lérida et attaqua le ch&lcau de Valmoll occupé par le baron 
d'ËroUes, une partie de la brigade de réserve et une demi-bat- 
terie d'artillerie. Une vive affaire de tirailleurs s'engagea, dura 
jusqu'à 5 heures du soir et ne cessa qu'après l'intervention de 
Tartillerie du château. 

L'ennemi bivouaqua devant Valmoll. Le maréchal de camp 
Âchard poussa le lendemain une reconnaissance avec le 16® de 
ligne, et le soir les troupes rentrèrent dans leurs cantonnements. 

Le 24 septembre, une troupe de 3,400 hommes d'infanterie et 
550 cavaliers, sous les ordres de don MiqucI, sortit do Tarragone 
cl se dirigea sur Lérida par le col do Riba. 



^ 103 — 

Le général Tromolin Qt suivre l'ennemi jusqu'à Selva^ et le 
baron d'Ërollcs, à la tète do la brigade de réserve, se mit & sa 
poursuite. 

Au mois d'octobre, lé régiment fit partie du cofpd qui investit 
Lérida, mais il ne se passa sous les murs de cette place aucun 
fait d'armes méritant d'être signalé. 

Le 31 octobre, la place s'étant rendue sans combat fut occupée 
par la brigade de réserve. Le 2^ bataillon du 16* fut caserne 
dans la citadelle. 

Le 2 novembre, les l^i* et 2« bataillons quittèrent Lérida et 
vinrent cantonner à Walls, où ils furent rejoints le 9 par le 
3* bataillon. Le régiment réuni fut envoyé le 11 à Tarragone 
pour y prendre le service de la place et des forts. 

Le 14 novembre, le roi accorda au régiment les récompenses 
suivantes : 

Officiers de la Légion d'honneur : 

MM. DE Mannevillb, lieutenant-colonel; 
BARTnELÉMY, Capitaine; 
Beaufrère, — 

Chevaliers : 

MM. CnASTELET, capitaine; 
Sanboul, — 

Grabwski, — 
Favard, — 

Derigq, lieutenant; 

CUAVES, — 

Julien, — ' , 'Z 

Bernard, sergent; 
GnABERT, caporal. 

Chevaliers de Saint-Louis : 

MM. Grégoire, chef de bataillon; 
RnEM, capitaine; 
Suisse, — 

IIÉRANT, — 

Gennéciaux, capitaine. 



— 104 — 

Le 22 novembre, le 16» quitta Tarragone et se dirigea sur Bar- 
celone où il arriva le 27 et occupa la citadelle et les forts. 

Le général de Tromolin fut chargé de son inspection générale 
et laissa dans son ordre les témoignages les plus flatteurs, décla- 
rant que pendant toute la campagne il n'avait eu que des éloges 
à donner au 16^ régiment d'infanterie. 

Le régiment resta en Espagne jusqu'au 26 novembre 1827. 

Pendant la période de 1824 à 1827, le régiment changea deux 
fois de colonel. Le 30 décembre 1824, le marquis de Mesgrigny 
remplaça le comte d'Alvymare passé au commandement du 
i^^ régiment d'infanterie de la garde royale, et le 20 août 1820, 
le comte Bogarelly d'Ison remplaça le marquis de Mesgrigny, 
admis à la retraite avec le grade de maréchal de camp. 

Le 26 novembre, le régiment quitta Barcelone et se mit en 
route pour aller tenir garnison h Montpellier, où il arriva le 
15 décembre 1827. 



CAMPAGNE DE MORÉE (1828-1829). 

Le 13 mars 1828, le ministre de la guerre ordonna que le 
16® de ligne fournirait deux bataillons au corps expéditionnaire 
de Morée. Les l^r et 2® bataillons furent désignés et le 3» dut 
rester au dépôt. 

Le corps d'armée commandé par le général Maison se compo- 
sait de trois brigades. 

Le 16® de ligne fit partie de la i'® brigade (général Sébastian!). 
Les deux bataillons du 16° s'embarquèrent à Toulon, les 14 et 
15 août i828, et mirent à la voile le 17. 

La flotte se dirigea sur le golfe de Coron et arriva vers deux 
heures du soir devant Coron, dont la garnison musulmane cou- 
vrait les remparts, mais sans montrer de dispositions hostiles. 
Le golfe de Coron offre, non loin de la ville auprès de Pctalidi 
(l'antique Cofonéc), une plage sûre et commode. Le dél)arquc- 
ment s'y opéra dans la soirée du 29 août et le 30 au matin, sans 
la moindre opposition, le régiment prit position sur le plateau de 
Pétalidi. 

La santé des troupes était excellente, leur ardeur extrême et 
leur discipline parfaite. Les Grecs avaient été averlis par uiuî 



— 106 — 

proclamallon do leur prôsidcnl du but do rcxpédilion françaiso. 
Aussi, une heure après le débarquement, les habitants se por- 
tèrent en foule au camp des Français, apportant aux soldats de 
nombreuses denrées. 

L'armée s'établit sur une côte non cultivée, mais fertile et cou- 
verte d'une végétation magnifique. 

« Bientôt, dit une relation du temps, gn\ce à l'industrie du 
soldat, cette plaine riante était couverte d'un camp, assis entre 
trois petites rivières qui descendent du Taygète, formé de baraques 
élégantes, alignées au cordeau, ombragées d'oliviers, de myrtes, 
de lauriers-roses et de citronniers. Les armes qui brillaient en 
faisceaux, les sons de la musique militaire qui se faisaient entendre 
sous ces dômes de verdure et de fleurs, annonçaient moins un 
bivouac de guerre qu'un camp de plaisance. » 

Ce bien-être ne devait pas durer longtemps^ car le 16 sep- 
tembre le 16^ levait le camp et se dirigeait sur Navarin. 

Le 17, il s*établit en avant de Jalova, petit village situé à 
un mille de la côte. Ce nouveau camp situé dans un bas-fond, 
entouré de marécages et adossé à une montagne ne tarda pas à 
devenir un foyer d'infection. Les maladies éclatèrent et furent 
attribuées autant aux miasmes délétères des marais qu'à la mau- 
vaise qualité des vivres. Le régiment y perdit 5 officiers et 
260 sous-officiers ou soldats. Aussi reçut-il de la troupe le nom 
de camp du malheur. 

Pendant son séjour à Jalova, le 16« fut passé en revue par 
Ibrahim-Pacha qui en admira la belle tenue. 

A cette époque l'armée égyptienne s'embarqua et quitta la 
Morée. 

Après le dépmi d'Irahim, le général Maison, de concert avec 
l'amiral de Rigny, pril sns dispositions pour occuper sans relard 
les places fortes qui restaient au pouvoir des Musulmans. Le 
6 octobre, le général Uigonet reçut l'ordre de se mettre à la tête 
du 16* régiment d'infanterie, accompagné de détachements d'ar- 
tillerie et du génie, et de prendre position près de la citadelle de 
Navarin. Le commandant turc, sommé de se rendre, répondit : 

« La Porte n'est en guerre ni avec les Français, ni avec les 
Anglais ; on ne commettra aucun acte d'hostilité, mais on ne 
rendra pas la place. » 

L'ordre de marcher sur la forteresse fut doné et exécuté rapi- 



- 106 — 

dcment. Les sapeurs ouvj^irent une ancienne brèche par où le 
général Iligonct pénétra avec le 16* de ligne dans la ville cl dans 
la citadelle, sans éprouver aucune résistance. On y trouva 
60 bouches à fqu, 800,000 cartouches et des vivres pour plusieurs 
mois. 

Les fortifications et l'artillerie de Navarin qui avaient subi 
trois sièges, étaient dans un mauvais état; la ville n'offrait qu'un 
amas de ruines; il fallut y faire des logements, des hôpitaux et 
des établissements d'administration civile et militaire. 

Le 16* exécuta en grande partie les travaux de Navarin, 

Le 8 avril 1829, il s'embarqua sur les transports de l'État pour 
rentrer en France ; il débarqua au Lazaret de Marseille le 11 mai 
et, après vingt joulrs de quarantaine, se mit en route pour 
Valence. 

« Le séjour des Français en Morée, dit un historien moderne, 
a été. pour la Grèce d'un avantage qu'aucun homme de bonne 
foi no peut méconnaître. Ils y ont dépensé beaucoup d'argent, ils 
ont embelli les villes, animé l'industrie, bMi des casernes et dos 
ponts, percé ou réparé les routes, rétabli les forteresses, planté 
des jardins et enfin laissé un peu de civilisation partout où ils 
ont habité. 

« La belle caserne de Modon, lé pont de Pamisus, la route de 
Modon à Navarin, la citadelle de Navarin qu'ils ont construits, 
seront des monuments durables de leur présence bienfaisante, 
dans un paya à la délivrance duquel la Finance a eu une part si 
grande et si glorieuse. » 

Ce passage historique vaut bien le plus bel ordre du jour, et 
le 16® de ligne, qui a reconstruit Navarin, a le droit d'en reven- 
diquer la gloire. Il apporta la prospérité là où la guerre avait 
fait régner la ruine et la désolation. 

PÉRIODE DE 1830 A 1845. 

En 1830, le 16<* de ligne tint garnison successivement à Tours 
et à Angers. Lb 21 janvier 1831 fut organisé un 4» batailUon. 

Le régiment partit pour Paris dans, les premiers jours d'avril. 

Le 2 mai de la môme année, le roi Louis-Philippe passa la 
revue du régiment et remit au colonel le nouveau drapeau du 



— 107 — 

16*. Les officiers, sous-officiers et soldats; après avoir prêté le 
scrmciit de fidôlilé au roi des Français, à la Charte consiilution- 
lielle et aux lois du royaume, défilèrent devant Sa Majesté aux 
cris de : Vive le Roi! 

A son retour de Paris, le 16« fut employé à poursuivre lés 
rebelles du département de la Sarthe, et à la fin de juin il partit 
pour aller tenir garnison à Versailles. 

Le 24 mai 1832, le colonel de Rostolan prit le commandement 
du régiment en remplacement du comte dlson, admis à la pen- 
sion de retraite. 



BELLE CONDUITE DU RÉGIMENT AUX FUNÉRAILLES 

DU GÉNÉRAL LAMARQUE. 

Le 5 juin, le 16° fut commandé pour assister au convoi du 
général Lamarque. 

On sait que cette imposante cérémonie fut le prétexte de trou* 
blés graves qui pendant deux jours ensanglantèrent la capitale. 

Le cortège était commandé par le colonel Rostolan, nouvelle- 
ment arrivé au 16®. Sa fermeté, son courageux sang-froid en 
imposèrent aux groupes menaçants qui commençaient à se for- 
mer sur la place de la Bastille et qui refluèrent bientôt jusqu'au 
pont d*Austerlitz où furent tirés les premiers coups de feu. 

Le régiment resta sous les armes jusqu*au 7 juin. 

Le 6 juin, les deux premiers bataillons, casernes au Carrousel 
et aux Petits-Pères, furent dirigés sur les rues Saint-Denis et 
Saint-Martin, où ils se joignirent à la garde nationale. Les 3* et 
4^ bataillons, commandés par le lieutenant-colonel Févelas, reçu^ 
rent Tordre de se porter sur la place de la Bastille où bientôt ils 
se rendirent maîtres du mouvement. Ils remontèrent ensuite Id 
ruq du Faubourg-Saint-Antoine où ils furent passés en revue par 
le roi, qui voulut, malgré les dangers auxquels il s'exposait, 
témoigner lui-même sa satisfaction aux troupes de la garnison. 

Les sergents Rouault et Rejanam furent tous deux griè- 
vement blessés. 

Le commandant Denos, le capitaine Sauboul, des grena- 
diers, qui, malade à Phôpital, en sortit pour venir se mettre h la 
tète de sa compagnie; le grenadier Paris, qui pénétra le pre- 



— 108 



micr dans une maison d*où Ton tirait sur la troupe; le lieutenant 
Manaln, les sergents Molière, Joly, Perrot et Sauvet, 
et le fusilier Langlois, qui pcrcô de plusieurs coups de baïon- 
nette, ne voulut jamais consentir à rendre son arme, reçurent 
des éloges. 



COURAGE DU SERGENT LUCAS. 

Dans la nuit du S au janvier i83.'), le sergent Lucas, qui 
commandait le poste du boulevard nonne-Nouvclle, composé do 
grenadiers et de voltigeurs du régiment, se conduisit de la ma- 
nière la plus honorable en sauvant d'une mort certaine les deux 
fils d'un marchand tailleur dont le magasin, situé à proximité du 
corps de garde, était en proie au plus violent incendie. Secondé 
plus particulièrement par le caporal de voltigeurs Delrieux 
et les grenadiers Douzet et Feuillâtre, il parvint fi préserver 
du feu une grande partie des marchandises. En récompense 
d'une conduite aussi digne d'éloges, le sergent Lucas fut mis à 
l'ordre du jour de la garnison de Paris. 

Le 13 janvier, le régiment passa à la 2» brigade de la 3* divi- 
sion de l'armée du Nord. Il quitta Paris le dS janvier et arriva à 
Chàlons-sur-Marne le 22 du même mois. 

Le l»' avril 1834 le 4« bataillon fut supprimé. 

Le 3 juin de la même année, le fusilier Suchet, qui faisait 
partie du détachement de Metz, se précipita dans la Moselle pour 
en retirer une femme qui se noyait. Le Ministre du commerce 
et des travaux publics lui accorda une médaille d'honneur de 
aauvetage pour le courage dont il avait fait preuve dans cette 
circonstance. 

Au mois de septembre, le régiment envoya deux bataillons do 
manœuvre au camp de Saint-Omer ; ils furent placés dans la 
|re brigade (maréchal de camp Ilocheril). * 

Le camp fut dissous le 16 octobre et les deux bataillons tin- 
rent garnison à Saint-Omer. 

Lés nommés Mascret, fusilier à la 4« compagnie du 2» ba- 
taillon, et Delmas, voltigeur au 3« bataillon, reçurent du 
Ministre du commerce une médaille d'honneur pour acte de cou- 
rage et de dévouement. 



— 109 — 
DÉVOUEMENT DU GRENADIER LUCET 

• 

Le 21 juin 1836, le nommé Lucet, tambour de grenadiers au 
3^ bataillon, en détachement à Boulogne, sauva au péril de sa 
vie le nommé Damiens» menuisier à Boulogne, et le sieur Denay, 
surveillant de la Société de secours, qui s*était jeté à la nage 
pour le secourir. C'est au moment où ces deux hommes étaient 
culrataôs par le courant que le grenadier Lucet se précipita 
dans la mer sans se déshabiller, et réussit à les sauver tous deux 
d'une mort certaine. Le Ministre du commerce et des travaux 
publics décerna à Lucet une médaille d'honneur en récom- 
pense de sa belle conduite. 

Au mois de juillet 1836, le régiment fournit deux bataillons de 
manœuvre au camp de Compiègnc. 

Us firent partie de la 2^ brigade de la 1'* division, sous les 
ordres du lieutenant-général Damrémont. 

Au commencement d'octobre, le régiment fut désigné pour 
Strasbourg où il arriva le 26. 



TROUBLES A STRASBOURG (1836). 

Le 30 octobre 1836, à 6 heures du matin, le colonel do iloslo- 
lan, du 16**, fut prévenu qu'un mouvement militaire venait 
d'éclater dans la ville et que le colonel d'un des régiments d'ar- 
tillerie y avait pris part à la tête de son régiment. 

Les deux bataillons du 16<* prirent les armés, le colonel leur fit 
distribuer des cartouches et le 2» bataillon partit aussitôt pour 
aller reconnaître ia marche des insurgés et protéger l'Arsenal 
qui renfermait 200,000 fusils. Arrivé à la porte de la citadelle, le 
bataillon fut rejoint par le lieutenant-général Yoirol, qui venait 
de s'échapper des mains des révoltés. Ce dernier s'adressa alors 
au colonel et lui demanda s'il pouvait compter sur son régiment, 
et, sur l'affirmation que le 16^ de ligne avait fait ses preuves en 
diiïérentds circonstances et qu'il était prêt à exécuter ses ordres, 
le général Yoirol s'adressant à la troupe lui dit : 

ce Soldats I Un colonel de la garnison et un neveu de Napoléon 



— 110 — 

« ont cru qu'ils pouvaient facilement vous insurger aux cris de 
« Vive VEmpcreur! contre notre Gouverneracnt, et le prince 
« Louis a crli qu'il pouvait, avec votre aide, renverser notre Roi 
u pour régner à sa place. Soldats du i6<*, vous ne serez point 
(( infidèles à vos serments au lloi des Français. Je compte sur 
« vous. » 

Des cris mille fois répétés de : Vive le Roi! Vive le due d'Or- 
léans! lui prouvèrent qu'il avait raison de se confier au 16^ de 
ligne et de compter sur sa fidélité et son dévouement. 

Le 2® bataillon continua sa marche sur la ville et ne renti*a 
dans la citadelle que quand on apprit que le prince, le colonel 
et presque tous les conjurés avaient été arrêtés dans la caserne 
de Finckmat, occupée par le 40^ de ligne. 

Cette page fait autant d'honneur au régiment que la plus belle 
victoire. Respect et protection au gouvernement établi, c'est là 
le seul rôle honorable de l'armée à l'intérieur elle 16« de ligne 
n'y a jamais manqué. 

Quinze ans plus tard, lorsque le prince auteur de la tentative 
de Strasbourg eut en mains le pouvoir, nous voyons le régiment 
le soutenir avec un dévouement égal à celui qu'il avait déployé 
pour le combattre en 183G. 

Pendant Tannée 1837, le régiment continua à donner des 
exemples de courage et de dévouement. A Schelestadt, le four- 
rier Adam, le grenadier Taecou et le fusilier Rochard se 
signalèrent et furent blessés dans un incendie ; ils reçurent tous 
trois une médaille d'honneur. 

Le sergent Sybille fut cité à l'ordre du jour pour avoir 
sauvé un enfant qui se noyait dans les fossés de la citadelle et 
avoir laissé aux pauvres la somme qui lui avait été offerte en 
récompense de son dévouement. 

Le grenadier Neff, du 3^ bataillon, fut cité à Tordre pour 
avoir sauvé une jeune fille qui s'était jetée dans TIU. 
. A la fin de juin 1838, le régiment alla tenir garnison à Metz. 

Le 4 septembre de la même année, le colonel François rem- 
plaça le comte de Rostolan, nommé maréchal de camp. 

En 1840, le voltigeur Ritschelen reçut une médaille d'hon- 
neur pour avoir sauvé, au péril de ses jours, un honmie qui était 
tombé dans la Moselle. Le voltigeur Romain fut mis à Tordre 



— m — 

de la division pour avoir sauvé deux femmes qui se noyaient 
dans la Moselle; il reçut une médaille d'honneur quelques mois 
plus tard. 

A Ia Gn de juin 1840, le régiment quitta Metz et alla tenir gar-< 
nison à Belfort, 

Le 25 août, le sergent Valentin, des voltigeurs, se distingua 
dans un incendie qui éclata dans la commune d'Offmont, canton 
de Belfort; il sauva des flammes, au péril de sa vie, une femme 
octogénaire. 

A cette occasion, Valentin, aergent ; Giroux, grenadier et 
MuUer, fusilier, reçurent une médaille d'honneur. 

Dans la nuit du 13 au 14 mai 1841, un violent incendie éclata dans 
la ville de Golmar, ou le l®^ bataillon du 16« tenait garnison. Il 
fut promptement comprimé, grâce au zèle et au courage des 
militaires du régiment. Le sergent Debès, des grenadiers, s'y 
distingua particuliùrcmeut. Le conseil municipal lui donna une 
montre d'argent en reconnaissance de sa belle condidte. Ce sous- 
officier fut proposé pour l'obtention d'une médaille d'honneur 
qu'il reçut l'année suivante. 

Quelques jours après, le lieutenant-colonel commandant la 
place faisait connaître, dans l'ordre suivant, la belle conduite du 
fusilier Breton : 

« Le commnndnntdc la place se plaît h consijçiior dans un ordre de la 
garnison, un acte de courage et de dévouement dont le fusilier Breton, de 
la compagnie hors rang du 16° de ligne, a donné Texemple il y a quelques 
jours, en retirant de l'endroit le plus dangereux de la rivière où elle était 
tombée, une petite lille de sept ans, ([ui aurait infailliblement péri sans le ' 
généreux dévouement de Ijreton. 

« Le commandant de la pkce va s'empresser de porter h la connais^ . 
sance des autorités supérieures une conduite si digne d'éloges, et qui fait 
d'autant plus d'honneur k ce militaire qu*il est très mauvais nageur, et 
que sa modestie seule a empêché do connaître plus tôt le beau trait qu'on 
signale. 

(( Signé : JàUBBRT. » 

Breton reçut médaille d'honneur. 

Le IG janvier 1843, les 6«« compagnies furent supprimées dans 
chaque bataillon. • 



— 112 — 

Le 15 mai, le régiment vint tenir garnison à Lyon et occupa 
tous les casernements et les forts de la Croix-Rousse. 

Un violent incendie éclata au faubourg de Saint-Clair. Un déta- 
chement du régiment sous les ordres du sous-lieutenant Peys- 
sonnié, se porta sur le théâtre du sinistre et s'y conduisit d'une 
façon brillante qui lui valut Tordre du jour suivant : 

« Le lieutenant-général pair île France, commandant la 7^ division mili- 
taire, témoigne sa satisfaction aux officiers, sous-officiers et soldats, com- 
posant le détachement du 16", sous les ordres de M. le sous-lieutenant 
lN*>yssoniiié, pour le zèle et le dévouement dont ils ont fait preuve, pour 
arrêter les progrès de l'incendie qui a éclaté dans la nuit du 16 au 17 du 
courant, au faubourg Saint-Clair, à Lyon, et qui a réduit deux maisons 
en cendres. 

« Le nommé Michel (Jean-Claude), voltigeur au 16" de ligne, a mérité 
«rétre cité d'une manière plus particulière pour le courage qu'il a montré 
dans cette circonstance. 

(( Ce militaire, après s'être dégagé de la chute d'un plancher endirasé, a 
fortement contriimé au péril de sa vie à sauver d'une mort certaine deux 
pompiers, (|ue l'écroulement du menus plauclusr avait couvert de décondu'es 
et qui n'auraient pas tardé k succomber sans l'intrépidité du voltigeur 
Michel, de quelques pompiers et de plusieurs gendarmes qui parvinrent à 
les dégager. 

« Le voltigeur Michel a reçu une contusion h la cuisse. 

« Au quartier général à Lyon, le 19 mai 1842. 

M Le lieulenant-§é)iéral pair de Frame. 
« Siirné : llaron DE Lascour. » 



Le 11 juin 1842, le régiment fut armé de fusils modèle 182i 
transformé au système percutant et versa ses fusils à silex. 

Le colonel François ayant été appelé au commandement de la 
place de Saint-Omer, fut remplacé le 8 septembre par le colonel 
de Vanheddeghem. 

Le 21 juin 1843, le régiment fut désigné pour fournir deux 
bataillons de manœuvre au camp établi à Lyon. 

Le 2 avril 1844, le maréchal ministre de la guerre écrivait ce 
qui suit au général commandant la division militaire : 



— H3 — 

« Par votre rapport du 28 mars dernier, vous me rendez compte que le 
cnpornl Canel du iC° régiment d'infanterie de ligne, qui a sauvé un ouvrier 
de Lyon en danger de se noyer dans la Saône, n'a point exposé sa vie 
dans cette circonstance. ' 

« Il n'y a donc pas lieu dès lors de décerner une médaille d'honneur au 
caporal Canel. Toutefois, ce militaire a mérité un témoignage de ma satis- 
faction, je vous charge de le lui adresser. 

« Le Président du Comcil des Ministres ^ 
M Secrétaire d'État de la guerre, 

a Signé : Duc de Dàlhàtie. » 

Le i6 octobre 1844, le régiment quitta Lyon pour se rendre à 
Perpignan et Montlouis. 

Le 14 janvier 1845, le colonel fit connaître au régiment l'ordre 
suivant de la place de Montlouis occupée par un détachement du 
Ic' bataillon : 

« Le licutcnant-coloncl commandant la place porte h la connaissance du 
régiment les remerciements que lui adresse aujourd'hui M. le maire de la 
Hngonne, au nom de ses administrés, pour le zèle et le dévouement que le 
détachement du 16® de ligne a mis pour se porter sur le lieu de l'incen- 
die qui a éclaté U\ M du courant, à neuf heures et demie du soir, dans 
C4'tte conimun(*. 

« Il le charge on outre de témoigner sa recoimaissance toute particu- 
lière h M. (iravelle, lieutenant, commandant le détachement,^ ainsi qu'aux 
militaires sous ses ordres. » 



• CAMPAGNES D'AFRIQUE (1845-1849). 

Le 12 octobre 1845, le régiment reçut son ordre de départ 
pour l'Algérie. Il fît rentrer tous ses détachements et forma, le 
18 octobre, trois bataillons de guerre. 

Le 25, le i^^ bataillon s'embarqua à bord du Labrador et 
arriva dans le port de- Mers-el-Kébir le 27. 

Le lendemain, il fut transporté sur le Phare qui le conduisit à 
Mostaganem où il releva un bataillon du 5« de ligne. 

Les 20 et 3® bataillons s'embarquèrent sur le Gomer le 27 octobre 
et rejoignirent le l^f bataillon à Mostaganem le 30. 

8 



-^ 114 — 

Le 13 novembre, le l^^" bataillon, avec un détachement de la 
colonne du général Bourjolly, alla rejoindre cette colonne cam- 
pée à Dar-ben-Abdallah. 

IjC 15, il prit part à une razzia assez considérable où des coups 
de feu furent échangés, et le 10, il alla prendre position à llol- 
Assel. Le colonel fut nommé commandant supérieur de ce 
poste. 

OPÉRATIONS CONTRE LES FLITTAS ET LE DAHRA. 

Le 17 novembre, le général BourjoUy voulant frapper de ter- 
reur les Arabes qui s'étaient réfugiés dans des grottes situées à 
trois ou quatre lieues du camp, s'y porta avec sa colonne, On 
enfuma les grottes, on y jeta des pétards et des grenades, mais 
aucun ennemi ne se montra. On revint sur Dar-ben-Abdallah, 
L'arrière-garde composée des voltigeurs du 16» fut attaquée, 
mais repoussa renncmi sans éprouver de pertes. Jusqu'au mois 
de décembre le 10* fit partie des diiïérentes colonnes qui eurent 
pour but des ravitaillements de toute sorte. 

Le 4 décembre, le colonel Pélissier de l'ôtat-major prit le. com- 
mandement de la colonne en remplacement du général Bour- 
joUy, nommé lieutenant général et qui rentra en France. 

Le 9 décembre, le colonel Pélissier agit avec une grande 
énergie contre les grottes des Flittas. Un bataillon entier coupa 
du bois dont on fit un immense brasier devant Touverture des 
grottes. On échangea quelques coups de fusil, mais les Arabes ne 
sortirent pas et nous eûmes un homme blessé. 

Le 31 décembre 1845, la colonne Pélissier leva le camp de 
Dar-ben-Abdallah et alla bivouaquer à Rahhouia. 

Le 1*^' janvier 1846, la colonne continua sa marche sur le 
Tiaret quelle devait ravitailler de 100,000 rations de vivres. 

Elle opéra pendant la route une forte razzia sur les Ouled- 
Ghérif. 

Le 2 janvier, Tiaret était ravitaillée et la colonne rentrait en 
deux marches au camp de Dar-ben-Abdallah. 

Le 28 février, le 16« passa le Chelif, laissant ses bagages sur 
la rive gauche, sous la garde d'une compagnie par bataillon et 
se diriyriîU sur le Dhara. 



- H5 — 

Arrivée aux montagnes qui limitent le territoire des Achabas, 
rarrièrc-ganlo fut attaquée par Tcnncmi qu'elle repoussa. 

Un capitaine et huit hommes furent blessés et un sergent tué. 

Les bagages rejoignirent la colonne le i^^"^ mars. 

La colonne rentra à Mostaganem le 6 avril et y fift dis- 
soute. 



TRAVAUX DU PONT D'ORLÉANS. 

Le 23 septembre, le général Pélissier posa la première pierre 
du pont d'Orléans sur le bas Cheiif. 

La musique du 16^ joua pendant la cérémonie, où assistèrent 
les autorités civiles et militaires et les compagnies d'élite des 
corps de la garnison. 

Le 24, le lieulenaiit-colouel Bose du 10» reçut Tordre d'aller 
fonder un village à la Stidia. 

Le !«' octobre 1846, les deux premiers bataillons du régiment 
allèrent relever au pont d'Orléans le 9« bataillon de chasseurs 
d'Orléans qui. avait commencé les travaux. Ce pont, situé à 
trois lieues de l'embouchure du GheHf, devait avoirSO mètres de 
long sur 7 mètres de large. Malgré les pluies abondantes de 
novembre et décembre, les soldats du régiment montrèrent une 
ardeur infatigable dans ce travail. On alla chercher les pierres 
dans des ruines romaines situées à 6 kilomètres du camp. 

Ces beaux travaux valurent au régiment la lettre suivante du 
général Pélissier : 

<( Je MOUS do recevoir iiiic lettre de M. le enpitnine Diimns, qui me 
signale la gnniileiir du travail (|uc vient de terminer le i(>® de ligne, pour 
la fondation de la culcc de la rive gauche. 

« Cet officier, se loue do la manière la plus vive de rempressement et 
de l'ardeur qu'ont déployés vos soldats, et du concours dévoué de ces 
J) raves troupes. 

« C'a été, depuis le commencement de cette entreprise, une bien vive 
satisfaction pour moi, de voir les corps rivaliser do zèle pour la construc- 
tion de cette œuvre remarqualde. Cette émulation fait l'éloge des régi- 
ments et des dignes chefs ((ui leur ont communiqué cet excellent esprit. 

u Aussi, je suis heureux aujourd'hui, mon cher colonel, d'avoir une 



— 116 — 

aussi bonne occasion do tous féliciter sur les efforts si louables de votre 
beau régiment et leurs heureux résultats. 

« Le Maréchal de camp, 
u Commandant la subdivision de Mostagatiem, 

« Signé : A. Pélissier. » 

Le colonel ajoutait : 

« Ce témoignage de satisfaction o]>tcnu pour les travaux de jour et de 
nuit, sans désemparer, h une épo(|uo où les chaleurs sont si accablantes, 
est très honorable i)Our le régiment. Le colonel est heureux do lui voir 
rendre justice, mais il n'est pas étonné de ce qu'il a fait, parce qu'il est 
convaincu que partout où le i6« sera employé, il se fera remarquer par 
son zèle, son dévouement, sa bonne conduite et son excellente discipline. 

« Mostaganem, le 23 août 1847. 

« Le Colonel du 16° de ligne, 

« Signé : VAN-llBDDEGnBM. » 

Le 18 janvier )840, tout le régiment est réuni à Mostaganem. 
Le 5 février il reçoit Tordre d'aller relever le 64« de ligne à 
Milianah, ce qui donne lieu à Tordre du jour qui suit : 

« Un ordre du prince gouverneur appelle le iG° de ligne dans la division 
d'Alger.. Ce n'est pas sans regret que le maréchal de cimp commandant 
la subdivision voit partir ce régiment. 

« Depuis plus de deux années qu'il a eu l'honneur de l'avoir sous ses 
ordres et de l'inspecter, il a toujours trouvé ce beau corps remarquable 
par sa discipline, son excellent esprit et sa pai*faite tenue. 

« Le général ne doute pas que ces qualités ne continuent à distinguer 
partout le 16° de ligne, et il se plaît h proclamer par la voie de l'ordre 
combien il a toujours tenu ce régiment en haute estime et combien il n'in- 
téressera toujours à sa destinée. 

« Le Maréchal de camp, 
« Commandant la subdivision de Mostaganem, 

« Signé : Pélissier ^ » 



* Le général Pélissier devint, comme on le sait, maré«hal de France et 
duc de Malakoff. 



— «7 — 

A la date du 16 janvier, le régiment a ses l^^^ et 3° bataillons à 
Milianah et le 2<> bataillon à Orléansville. 

Le 12 mars 1848, le drapeau républicain est arboré et la pro- 
clamation suivante est lue devant la troupe assemblée sous les 
armes : 

« Officiers, sous*K)fricicrs et soldats, 

« La népiililiquc française est proclamée. Enfants de la Franco avant 
tout, TOUS ôtes désormais les serviteurs de la République. 

« C'est au nom de la République qu'à Favcnir vos devoirs vous seront 
imposés. Ils n'en seront que plus impérieux, ils n'en devront être que mieux 
observés. 

« Notre premier devoir, sachez-le, c*est l'oubli do nos intérêts particuliers 
sacrifiés aux inUîréts de la Patrie. 

« C'est donc une nouvelle protestation de dévouement et d'obéissance que 
doit vous rappeler chaque nouveau cri do : « Vive la République. » 

Le 11 avril, le lieutenant colonel Rose rentra, au régiment 
après avoir accompli l'honorable mission de construire le village 
de la Stidia, c*est-à-dire 88 maisons, une mairie, un presbytère, 
une école, une chapelle, des fabriques de poterie, briques, tuiles, 
chaux et pliitre. . 

Le 12 juin, le colonel Rosquct, du 53% fut désigné pour com« 
mander le IG^' en remplacement du colonel Van Iloddcghom, 
nommé commandant de la place d*Âlgcr. 

Le 19 juillet, le fusilier Adam du dépôt, à Narbonne, reçut 
une médaille d'honneur pour avoir exposé ses jours en sauvant 
deux ouvriers qui se noyaient dans le canal. 

Le 3 septembre, le colonel Bosquet, nommé général de brigade, 
fut remplacé par le colonel Jollivet. 

La fin de Tannée 1848 se passa à la construction de divers vil- 
lages de la région. 

Le 16 décembre, le colonel remit solennellement au régiment 
le nouveau drapeau envoyé par le gouvernement de la Répu- 
blique. 

Le 3 mars 1849, le détachement de Narbonne (dépôt) reçut Jcs 
éloges les plus flatteurs du général do division pour sa parfaite 
tenue et rexccUent esprit de ses officiers, sous-officiers et sol- 
dats, pendant les troubles qui agitèrent cette ville. 



— 118 — 

Le 3 avril, cent grenadiers, sous les ordres du capitaine Bon- 
vin, escortèrent le colonel Jollivet allant à la rencontre du général 
Bosquet, afin do se concerter avec lui pour une expédition contre 
les Ouled-Younès. Ils étaient campés le 6 au Merdja-den-ileahh, 
quand, à deux heures du matin, ils reçurent Tordre d'aller sur- 
prendre un douar formé de Tassociation de plusieurs voleurs 
connus dans la région. 

Le détachement arriva au point du jour sur la rive droite de 
rOued-Riou. Mais Tavant-garde ayant tiré trop tôt, le colonel 
Jollivet ordonna aux grenadiers de faire un détour pour couper 
la retraite aux voleurs. 

Le chemin à suivre était impraticable, ce qui empêcha la réus- 
site complète de l'expédition; mais Tennemi y perdit dix hommes 
et un troupeau. 

Au mois d*avril, neuf compagnies du régiment firent partie de 
la colonne Bosquet qui soumit les Ouled-Younès. 

Au mois d'aoïU, un incendie qui éclata dans la forêt de Rigus 
valut au régiment Vordre du jour suivant : 

« ORDRE DU JOUH, 

a Le colonel commandant la subdivision de Milianah est Iieureux de 
pouvoir exprimer sa satisfaction aux troupes de la garnison, pour lii rapi- 
dité avec laquelle elles ont porté leurs secours dans rinccndic de la forêt 
de Higas, et pour le dévouement plein d'activité qu'elles ont montré dans 
ctqte circonstance. 

u Le colonel remercie plus particulièrement les braves soldats du 16*^ do 
ligne, dont la généreuse et ardente coopération, toujoui^s la môme, au 
moment des dangers, a arrêté cette fois d' affreux ravages. 

u II se plaît h mettre à l'ordre de la subdivision, comme ayant été signalés 
au milieu de leurs camarades, les nommés : Cocu et Vaillant, grenadiers 
au 2* bataillon. Testu et Lebonnier, fusiliers h la V^ compagnie du 2° 
i)ataillon. Lebail et Diligent, fusiliers à la 2^ compagnie du même Imtaillon. 
Lacour, caporal ; Rouisseau, Fournès et Fayard, fusiliers à la 4^ compagnie 
du même bataillon. 

u Transmis à Orléansville, le 27 août 18i0. 

« Le Colonel commandant la subdivision, 
« Signé : Jollivet. » 

Le 21 octobre, les trois bataillons sont réunis h Alger. 



— H9 — 

EXPÉDITION CONTRE ZAATCHA (1849). 

Le 23 octobre, le 3^ bataillon du régiment, avec les grenadiers 
du i^f bataillon et les voltigeurs du 2® bataillon, se mit en marche 
sous les ordres du colonel JoUivet pour aller se joindre à la 
colonne Ganrobert, qu'elle rallia à la Kouba des Ouled-Sidi- 
Aïssa. 

Cette colonne arriva à Bouçada le 2 novembre, et le 8 elle 
rallia le corps de siège du général Herbillon devant Zaatcha. 

Pendant la route, nous avions perdu deux sous-officiers et 
58 hommes du choléra. C'est seulement devant Zaatcha que l'épi- 
démie cessa ses ravages. ' 

Du 8 au 27 novembre le régiment prit part aux travaux du 
siège. 

Le village de Zaatcha était entièrement caché par des palmiers 
et entouré de fossés larges, profonds et remplis d'eau qui en fai- 
saient une petite place réputée imprenable. 

L'oasis elle-même était peu connue. Elle avait l'aspect d'une 
haute futaie de palmiers ; elle était arrosée par deux sources 
abondantes dont une alimentait le fossé qui entourait le vil- 
lage. 

Le sol était coupé de canaux conduisant les eaux dans toutes 
les directions, et était hérissé de murs de jardins, d'autant plus 
élevés qu'on avait plus abaissé le niveau du sol pour en assurer 
l'irrigation. Chaque jardin à enlever nécessitait un engagement 
meurtrier. 

Quant à Zaatcha, il ressemblait à une place forte du moyen 
Age ; il était entouré de murs, et des tours carrées s'élcvant de 
distance en distance flanquaient la muraille. Les maisons com- 
muniquaient entre elles par les terrasses supérieures. L'entrée 
en était très basse, les rues étaient très étroites. Le village était 
habité par 150 familles qui abandonnèrent leur domicile et furent 
remplacées par des vagabonds et des fanatiques qui étaient des 
adversaires dangereux entièrement soumis à l'influence de Bou- 
Zian, ancien cheik d'Ab-El-Kader et dominés par sa volonté 
de fer. 

On voit, par ce qui précède, toutes les difflcultés que présentait 
un semblable siôge. 



— 120 -^ 

Le général HcrbîUon arriva lo 7 octobre 1849 devant la place. 
Le colonel Garbuccia, de la légion étrangère, enleva un pùté de 
maisons et quelques jardins; mais ses hommes, animés d'une 
ardeur imprudente, s'avancèrent jusque sous les murs où ils 
furent reçus par un feu meurtrier. Nous perdîmes 17 tués et 
13 blessés. On commença immédiatement dans un des premiers 
jardins rétablissement d'une place d*armes et d*une batterie, 
mais cette opération nous coûta encore 24 tués et 74 blessés dont 
13 officiers. 

La journée du 8 fut encore meurlriôro. On no pouvait s'appro- 
cher de la place qu'en s'cmparant successivement dos jardins; 
c'était pour chacun d*eux une affaire qui nous coûtait des 
hommes. Dès qu*un jardin était pris, il fallait en créneler les 
murs, en réparer les' brèches, abriter les sentinelles des feux de 
flanc et de revers. Chaque créneau de Tcnceinte devait être gardé 
et occupé avec une scrupuleuse attention. Nous étions en butte 
à d'habiles tireurs qui, ménageant leur feu, ne manquaient 
jamais une bonne occasion. Tout homme qui se découvrait ou 
qui sortait des communications défilées était touché. 

Dès le 9, le colonel du génie Petit, s'oublia un instant à décou- 
vert et eut l'épaule fracassée, et bien d'autres officiers. 

Les tranches de nos pièces criblées de balles sont là pour 
témoigner de Tadresse des assiégés. 

Nous gagnâmes de jardin en jardin, tant de vive force qu'à la 
sape, les deux extrémités de la face de la place qui regarde la 
Zouia (mosquée). Nos ouvrages les plus avancés étaient souvent 
attaqués le jour et la nuit. Nos têtes de sape et surtout nos 
gabions farcis étaient l'objet d'un combat continuel de jour et de 
nuit. 

Enfin à force do travail, de patience et de pertes, on éleva deux 
batteries de brèche qui ouvrirent le feu sur l'enceinte. 

Le 20 octobre au matin, le général llcrbillon envoya le com- 
mandant Bourbaki faire un investissement provisoire de la place 
et lança deux colonnes d'attaque. Celle de la brèche de gauche 
fut repoussée avec une perte de J3 tués et 40 blessés; celle de 
droite eut 17 tués et 80 blessés, presque tous mortellement, et 
dut reculer après d'héroïques et admirables efforts. Les troupes 
rentrèrent dans leurs lignes et le siège régulier continua. 

Jusqu'au 42 novembre on continua les travaux. Les assiégés, 



— 121 — 

qui avaient reçu du renfort, furent encore plus audacieux contre 
nos lôtcs de sape. Le 8, le colonel Ganroberl élait arrivé avec sa 
colonne d'un millier d*hommes. 

Le 16 novembre, le général Uerbillon fut obligé de se porter 
avec sa cavalerie et 2,000 hommes, sur rOued-d'Ourlel, où les 
nomades avaient établi, leur camp, à cinq lieues de la place. 
►Les assiégés profitèrent de cette diversion pour tomber sur la 
sape de gauche qui était défendue par la compagnie de volti- 
geurs du 16* de ligne. Us furent repoussés avec vigueur et nous 
perdîmes 2 voltigeurs tués et 5 blessés. 

Vers le 20 novembre, les batteries de brèche avaient successi- 
vement détruit les tours qui plongeaient dans nos ouvrages. 
• Le 24, les assiégés profitèrent du moment de relèvement des 
gardes de tranchée pour tomber avec un*e si grande furie sur 
noire droite, qu'ils pénétrèrent jusque dans la batterie d*obu- 
siers, mais ils furent repoussés avec de grandes pertes. : 

Bien que le 25 novembre Tinveslissement de la place ne fût 
pas complet,, le général Uerbillon fit prendre les dispositions 
pour donner l'assaut le lendemain. 

Les deux brèches par lesquelles on avait tenlé l'assaut du 
20 octobre avaient été améliorées. La nouvelle brèche était large 
cl lo fossé avait été comblé aux trois points de passage. 

Le 20 novembre, h 7 heures 30 minutes du matin, trois 
colonnes furent formées dans les tranchées. 

La colonne du centre était commandée par le colonel Barrai. 

La colonne de gauche par le lieutenant-colonel de Lourmel et 
la colonne de droite par le colonel Ganrobert. Cette colonne 
comprenait le 5^ bataillon de chasseurs à pied et 100 hommes 
d'élite du ÏQ^ de ligne commandés par le capitaine Adhémar. 

Au signal donné, la charge sonna et les colonnes s'élancèrent 
à l'attaque. 

Le colonel Ganrobert, à la tête de la colonne de droite, était 
fusillé. des terrasses des maisons. 4 officiers et 15 hommes de 
bonne volonté raccompagnèrent en tôto de la colonne, mais il 
n'en revint que 2 officiers et 2 soldats, et encore blessés otf tou- 
chés ; mais rien n'arrûta l'élan de ses troupes, et bientôt notre 
drapeau flotta sur l'une des terrasses les plus élevées. 

Les deux autres colonnes se comportèrent avec la même 



— 122 - 

vigueur, et à 8 heures et demie du matin, la plupart des ter- 
rasses et des rues furent occupées, mais pas un des défenseurs 
n'avait fui. 

Il fallut entamer le siège do chaque maison et descendre de la 
terrasse do chacune d'elles au premier étago et de cet étage au 
rez-de-chaussée, toujours en combattant. 

La mine devint le seul moyen de réduire ces fanatiques défen-4 
seurs, et encore trouvaient-ils le moyen de tirer do dessous les 
décombres où ils étaient entassés. 

Il fallut plus de quatre heures pour réduiro toutes les maisons, 
et des hommes cachés nous blessèrent oncoro 10 soldats jusqu'à 
3 heures de l'après-midi. Tous les défenseurs, y compris le chef 
Bou-Zian et le marabout Si-Moussa, furent passés par les armes. 
Un aveugle et quelques femmes furent seuls épargnés. 

Ainsi se réalisa ce mot du colonel Canrobert au général Her- 
billon : « Savez-vous, mon général, que ce diable de Zaatcha 
« sera dur à emporter. » 

Le général Ilerbillon fit paraître l'ordre suivant : 

a ORDRE DU JOUR. 

« Soldats, après SI jours de travaux exécutes sous le feu de l'ennemi, 
TOUS avez pris Zaatcha en quelques heures; vous avez* été maîtres de ce 
village qui, entouré d'un largo et profond fossé avait toujoui^s résisté à la 
puissance des anciens bcys, et qu'aujourd'hui ces fanatiques ont défendu 
maison par maison. 

u Là, s'étaient réunis nos ennemis les plus acharnée, excités par les 
paroles de Bou-Zian et des marabouts. 

a Us étaient décidés h mourir ou h nous repousser. 

« Le village n'existe plus, ses défenseurs sont ensevelis sous ses ruines. 

« Le siège et la prise de Zaatcha sont encore une preuve «le ce que la 
France peut demander à son armée. 

u Je suis heureux, soldats! de vous féliciter de votre bravoure et de 
votre audace. 

« Je remercie tous mes officiers du concours qu'ils m'ont prêté aujour- 
d'hui, comme toujours : en vous donnant l'exemple, ils vous ont guidés 
au milieu de l'orage. 

u Signé : fiénéral IIerbillon. « 

Le 28 novembre, 1q colonne quitta Zaatcha, et le bataillon du 
10« rallia le régiment le 4 janvier 1850. 



— 123 — 

Pendant roxpédition contre Zaatcha, le 2« bataillon avait exé- 
cuté à Amcin-El-Aïn et à la Bourkika d'importants travaux qui 
lui valurent les éloges du général Blangini, commandant la divi- 
sion d'Alger. 

« ORDRE DU RÉGIMENT. 

« Le colonel est heureux de porter h In connaissance du régiment, la 
lettre suivante, que vient de lui adiTsser M. le général Blangini : 

« Mon cher Colonel, 

« Au moment oii le bataillon de votre régiment qui était employé aux 
Colonies agricoles rentre h Alger, je considère comme un devoir de vous 
faire connaître tout mon contentement sur les travaux d'enceinte qu'il 
vient d'exécuter à Amem-El-Aïn et i\ la Bourkika. 

« Je compte sur vous, mon cher colonel, pour témoigner toute ma satis- 
faction aux officiers, sous-ofiiciers et soldats de ce J)rave bataillon. 

« Veuillez, agréer, etc. 

« Le Général commandant la division. 

<t Signé : Blangini. » 



EXPÉDITION DU GÉNÉRAL DE BARRAL 
CONTRE LES BENMMMEL (1850). 

Le 20 avril 1850, le 3^ bataillon, sous les ordres du lieutenant- 
colonel Lenoble, partit pour Sétif où il arriva le 3 mai. 

Le 9 mai, il partit en expédition avec la colonne du général 
de Barrai. 

Des pluies abondantes rendirent la marche 1res pénible. Pen- 
dant les nuits des 19 et 20 mai, de nombreux coups de fusil tirés 
sur notre camp de Dzenan-El-Belick, firent présager que les 
Arabes se disposaient à la résistance. 

Le général de Barrai, en présence des pluies persistantes, réso*- 
lut de bivouaquer au Tlelat d'Enizctah. 

Les tentes étaient dressées depuis une heure, lorsque Tordre 
fut donné de partir dans un quart d*heure. Nous apprîmes que 
les Beni-Immel offraient le combat. 

Le chemin qu'on était forcé de suivre obligeait la colonne à 



- 124 -i 

marcher sur un rang. Le général profila de deux crêtes dont les 
versants s^élargissaient un peu, pour masser deux fois les cinq 
bataillons qui marchaient en tête pendant que les deux autres 
protégeaient et activaient la marche d*un convoi très nombreux* 
Arrivé sur la deuxième crête, et l'ennemi se montrant sur la 
troisième, à peu de distance, le général prit ses dispositions de 
combat. 

Il partit avec des tirailleurs armés de grosses carabines, une 
centaine.de cavaliers et deux bataillons sous les ordres du colo- 
nel de Lourmcl. 

Le lieutenant-colonel du iG<» continua le mouvement avec 
trois bataillons sous ses ordres. La fusillade s'engagea, et, quel- 
ques instants après, on apprit avec douleur que le général de 
Barrai était blessé mortellement. 

Le colonel do Lourmcl prit alors le commandement de la 
colonne : il fit avancer cinq bataillons sur deux colonnes en 
arrière de la crôte ocbupéo par Tcnncmi, plaça la cavalerie entre 
les deux colonnes et donna le signal do la charge dès qu'il vit 
que notre immense convoi ne pouvait plus être inquiété par les 
Arabes. Battre le pas de charge, s'élancer sur Tennemi, le ren- 
verser, lui tuer 200 hommes, fut TafTaire d'un instant. Les 
Arabes n'opposèrent de résistance sur aucun point de la ligne. 
Le soir, la colonne bivouaqua chez les Beni-Immel. 
Le général de Barrai fut transporté h Bougie où il mourut le 
20 mai, au soir. 

La tribu des Beni-Immel fut complètement détruite ; le 26, ils 
demandèreint l'aman. 

La colonne rentra à Bougie. Le 31 eut lieu la cérémonie funè- 
bre pour le général de Barrai. L'attitude de Tannée et de la 
population démontra, à tous les yeux, combien étaient vifs et 
sincères les regrets que chacun ressentait d'une aussi grande 
perte. 

Après cette expédition, le régiment contribua h la construc- 
tion des routes de Bougie à Sétif et à Dellys. 

A la date du 10 juillet, le colonel JoUivet porta à la connais- 
sance du régiment la lettre suivante du gouverneur général de 
l'Algérie : 



i( Mon cher Colonel, 



— 125 — 

Alger, 6 JaiUet 1850. 



« J*ai riionneur de vous prier cradrcsscr aux troupes qui viennent de. 
travailler à la route de Dellys, Texpression de toute ma satisfaction pour 
leur bonne volonté et le bon esprit qui les a constamment animées pendant 
la durée de ces travaux. 

« Les titres à In reconnaissance du pays qu'elles acquièrent par ces 

travaux pénibles et infiniment utiles, sont moins glorieux que ceux que 

leur mérite leur courage dans les combats, mais ils sont tout aussi réels 

et précieux. ^ 

« Ucccvez, etc. 

« Le Gouverneur général de t Algérie, 

(c Signé : Charron. » 

Le régiment, à la date du 8 juillet, était en garnison à Alger. 
Il fut désigné par le Ministre de la guerre pour rentrer en 
France, ainsi que le 51<) do ligne. 

Le général commandant la division d* Alger fit paraître, & cette 
occasion, Tordre suivant : 

. OUDHE DE LA DIVISION. 

«< Le 1G° et le SI*' de ligne viennent de recevoir Tordre de rentrer en 
France. Ils laissent de glorieux souvenirs et emportent les regrets de leurs 
compagnons d'armes. Débarqués en octobre 1845, tous deux ont contribué 
avec énergie à consolider notre conquête, et par leurs travaux constants 
ont assuré le développement do la colonisation. En i848, le i6^ de ligne 
a figuré di'ms plusieurs combats qui ont amené la soumission des Flittas. 

« En 1846, il a pris part aux luttes du Dahra, et en 1849 il a contribué 
à ramener le calme un moment troublé dans cette contrée turbulente. 

u Tous enfin ont joué un beau rôle dans le récent et glorieux épisode de 
Zaatcba qui ajoute une page brillante aux fastes de notre armée en Algérie. 

(( En toute circonstnncc, ils se sont montrés les dignes émules de leurs 
devanciers, et leur coniluite pourra servir d'exemple aux coi*|)8 qui les 
remplaceront en Arri(|ue. 

(c Qu'ils conservent toujours cette discipline et cette abnégation qui fait la 
force du soldat, et la France pourra compter sur eux au moment du danger. 

« Les TŒux de leurs frères d*armes les suivront partout où ils seront 
appelés à se dévouer iM)ur la patrie. 

« Ittidah, 9 novembre 1850. 

« Le Général commandant la division d'Alger, 
» 'Signé : l3uifGiifi. » 



— 126 — 

Le régiment s'embarqua à Alger les 23 novembre, 6 et 8 dé- 
cembre 1850, sur les navires le Labrador^ lé Sané et VOrénoque, 

Pendant la traversée, on perdit plusieurs hommes du choléra, 
et le gouverneur adressa un témoignage de satisfaction aux gre- 
nadiers Sautenerre, Baudé, Cheney et Bataille, pour 
leur dévouement à aider volontairement les condamnés à inhu- 
mer les cholériques, lorsque les ouvriei'S civils, pris de terreur 
panique, menaçaient de les laisser sans sépulture. 

A la date du 29 décembre, le régiment occupait Mpntauban, 
Alby, Saint-Beat, Bagnères-de-Luchon, Lodève, Monde, Pezenas 
et Rodez. 

Le 24 juin 1851, lo colonel Titard remplaça le «colonel Jollivet 
admis à la pension de retraite. 



CAMPAGNE DU GERS (18S1). 

Pendant l'année 1851, le régiment fut fractionné en un grand 
nombre de petits détachements ; mesure nccessilée par les trou- 
bles qui éclatèrent dans la région des Pyrénées. 

Le IG décembre, les grenadiers du 2« bataillon avec un esca- 
dron de hussards et une demi-batterie d'artillerie formèrent une 
colonne mobile pour procéder au désarmement de la garde 
nationale dans le département du Gers. 

Le 6 janvier 1852, à Mirande, vers 1 heure du matin, trois 
hommes se dirigèrent sur le factionnaire de la prison civile, qui 
les arrêta par un « Qui vive/ » auquel personne ne répondit. Le 
même cri, répété trois fois par la sentinelle, les fit retourner sur 
leurs pas. Vers 4 heures et demie, ils revinrent à la charge, et 
lorsque la même sentinelle les menaça de faire feu, ils ne répon- 
dirent que par des injures. Un coup de feu qui ne les atteignit 
pas les mit en fuite. 

Le 15 janvier, la compagnie de Mirande, aidée des hussards, 
fit une battue à G kilomètres de la ville, dans une forêt signalée 
comme servant de repaire aux insurgés, mais les recherches 
furent infructueuses. 

Par décret du 23 avril, Tannée 1851 dut compter comme cam- 
pagne de guerre aux militaires de tous grades qui avaient pris 
part à la campagne du déparlement du Gers. 



— 127 — 

Le régiment reçut 2 croix et 10 médailles militaires. 

Le 9 mai, Tancien drapeau fut versé à la direction d'artillerie 
de Bayonne, et le 31, le nouveau drapeau fut reçu solennelle- 
ment à la revue passée par le général de division. 

PÉRIODE DE 1852 A 1870. 

Pendant les dix-huit années qui suivirent ces événements, le 
16* régiment d'infanterie ne fut pas appelé u servir son pays sur 
les champs de bataille de Grimée, de Tltalie et du Mexique. 
Cependant, nous le verrons plusieurs fois fournir des volontaires 
pour nos corps expéditionnaires. 

Le 30 juin 1852, le régiment commença son mouvement pour 
aller tenir garnison à Bordeaux où il ne fut réuni en entier que 
le 20 août de la même année. 

Le 11 octobre, le Prince-Président de la République passa la 
revujB des. troupes de la garnison et remit au régiment 2 croix 
de la Légion d*honneur et 3 médailles d'honneur. 

Le 12, le régiment reçut Tordre d'envoyer deux bataillons à 
Paris et un à Gondé. 

A son arrivée dans la capitale, le régiment fut placé à là 
1" brigade de la 2» division (général de brigade d'Hugues), 
(général de division Renault), et occupa le fort d'Ivry. 

Le l®f avril 1853, les compagnies du 2® bataillon portèrent un 
secours efficace dans un incendie très violent qui éclata à Bercy. 
Elles reçurent du maréchal commandant Tarmée de Paris des 
témoignages de satisfaction pour le courage et le dévouement 
dont elles avaient fait preuve dans ce sinistre. 

Au mois de septembre, le 3" bataillon qui était, comme on le 
sait, à Gondé, contribua à sauver cette ville menacée d'une 
ruine complète par un incendie considérable. 

Le maire témoigna au commandant les remerciements offi- 
ciels de la ville dans une lettre des plus flatteuses. 

Du 1^' juillet au 14 août, le régiment séjourna au camp de 
Salory avec la 2® division de l'armée de Paris. 

Le 24 septembre, le régiment alla occuper la caserne do 
l'Ecole militaire et passa sous le commandement du général 
Ripcrt, commandant la 3* brigade de la 2* division. 



— 128 — 

Le 22 septembre, le bataillon de Gondé (commandant de Mal- 
leville), assista à Lille à la revue passée par Tempereur Napo- 
léon m. 

Le i août 1854, le régiment quitla Paris pour se ix^ndrc au 
camp do Boulogne, où il fut rejoint par son 3» bataillon venant 
de Gondé. Il fut placé au 2» corps (général Guesviller) (division 
Ladmirault) (brigade de Leyrith). 

11 prit part à toutes les manœuvres qui s'exécutèrent aux envi- 
rons du camp et fut passé en revue par Tempcreur, sur l'empla- 
cement même où Napoléon I®' avait fait la distribution des aigles 
en 1804. 

A cette occasion, le régiment reçut deux ci*oix et une médaille 
militaire. 

Le 6 décembre, le régiment fournit IGO hommes volontaires 
(dix par compagnie), qui allèrent renforcer le 39® de ligne devant 
Sébastopol. 

Le 1«' février 1855, un nouveau contingent de 75 volontaires 
partit du camp pour aller rejoindre le môme régiment en Grimée. 

Le 22 avril, les quatre divisions du camp de Boulogne qui 
avaient été placées sous le commandement du maréchal Bara- 
guey d'Hilliers, furent passées en revue par l'empereur à son 
retour d'Angleterre. # 

Le régiment reçut une croix et deux médailles. 

Les deux premiers bataillons furent désignés pour la garnison 
de Boulogne et le 3« pour Lorient. 

Le mai 1855, le colonel Titard fut admis h la pension de 
retraite et remplacé par le colonel de Ghargère, qui prit son 
commandement le 27 juin. 

Le 18 août 1855, la reine d'Angleterre arriva en France ; les 
compagnies d'élite de tous les régiments des quatre divisions 
furent appelées à Boulogne pour former la haie depuis le point 
de débarquement jusqu'à l'embarcadère du chemin de fer. 

L'empereur vint jusqu'à Boulogne au devant de la reine. 

Le 21 août, 180 volontaires des trois bataillons quittèrent le 
camp pour aller renforcer le 20® de ligne en Grimée. 

Le 27 août, la reine d'Angleterre s'embarqua à Boulogne après 
avoir passé en revue les quatre divisions de l'armée du Nord. 

A celte occasion, l'empereur accorda au régiment une croix et 
une médaille. 



— 129 — 

Le 11 sopteiiibre, coul hommes des trois bataillons partirent 
pour Saiut-Omer, où ils furent incorporés au 31* do ligne portant 
en Grimée. 

Le 34 du même mois, un nouveau contingent de cent hommes 
fut incorporé au 94* de ligne, également désigné pour la 
Crimée. 

Bien que le 16^ de ligne n'ait pas eu l'honneur de contribuer 
au siège et à la prise de Sébastopol, il peut revendiquer à juste 
titre une part de cette page glorieuse, puisque 615 hommes sor- 
tirent volontairement de ses rangs pour aller remplacer les 
braves des 20®, 31», 39« et 94® de ligne, tombés au champ d'hon- 
neur. 

Au mois d'octobre 1855, la division Ladmirault rentra à Paris 
et devint 4« division de l'armée de l'Est. 

Le régiment occupa les casernes de la Nouvelle-France et de la 
Pcpinicrc. 

Le 19 mars 1856, le 16« de ligne donna une nouvelle preuve 
de sa discipline et de son dévoûment au gouvernement légal. 

Le colonel de Chargère et le lieutenant-colonel Tondel se ren- 
dirent aux Tuileries, porteurs de Tadresse suivante, signée de 
tous les officiei's du régiment : 

« Sire, 

<( Au milieu des transports que fuit éclater dans toute la France et même 
nu sein des autres nations, la naissance du prince impérial, Tarmce, malgré 
la réserve que lui impose la discipline, ne peut rester muette et étrangère 
aux élans de la joie si légitime qui remplit tous les cœurs. Par ce grand 
évrnrment la divine Providence, qui protège si visililemmt l'Empereur, 
li\e. les iloslinéos de notre pays et assure la prospérité de celle lielle Franco, 
qui doit (ant déjà à votre maison. 

« Votre Majeslé «laignera accueillir, avec bienveillance, l'expression vivo 
et sincère des sentiments de bonheur et d'allégresse qu'a éprouvés le 
IC régiment d'infanterie de ligne. 

« Devant ce berceau dépositaire de tant de vœux et d'espérances, le 16® 
de ligne appelle les bénédictions du ciel sur vous, qui avez replace!*, la nation et 
ses armes au rang que lui avaient acquis ses gloires passées, sur l'impératrice, 
heureuse mère, qui vient de combler les vœux de la France et sur l'auguste 
enfant qui sont assurés de notre amour et de notre entier dévouement. 

(Suivent les signatures de tous les officiers du régiment.) 

9 



— 130 — 

Vingt ans auparavant, le 16* de ligne, par son attitude, sa 
discipline absolue et son devoùment aux institutions légales, fai- 
sait échouer la tentative de Strasbourg. 

Le l«r mai 1856, une ordonnance ministérielle supprima les 
4®^ bataillons et reforma les régiments à trois bataillons de huit 
compagnies. 

Le 14 juin, à Toccasion du baptême du prince impérial, le régi- 
ment reçut une croix et deux médailles militaires. 

L'état-major et le 1*' bataillon du régiment assistèrent à cette 
cérémonie. 

A la fin du mois d'octobre 1856, le régiment quitta Paris pour 
se rendre à Dunkerque, où il fut rejoint par son 3* bataillon 
venant de Lorient. 

Avant son départ il fut passé en revue par l'empereur, au 
camp de Saint-Maur et reçut deux croix et quatre médailles mili- 
taires. 

Le 11) novembre, le général commandant la 3® division n)ili- 
taire, chargea le colonel de témoigner sa satisfaction aux com- 
pagnies du régiment détachées à Bergues, pour le zèle et l'em- 
pressement qu'elles avaient mis à porter secours lors de 
Tincendic qui avait éclaté dans cette place le 14 novembre. 

Le 22 mai 1857, le caporal Lelorieur et le fusilier Her- 
bouiller, du détachement de Bergues, furent félicités par le 
général de division, pour leur belle conduite dans Tincendie du 
fort Philippe, lo 17 mai. 

Le 1°' septembre, le maréchal de France ministre de la guerre, 
arrêta, que la formation sur deux rangs, déterminée par l'ordon- 
nance du 22 juillet 1845, pour la formation particulière des 
chasseurs à pied, serait désormais la seule formation normale et 
réglementaire pour toutes les troupes à pied. 

Le 13 novembre 1857, le régiment se dévoua dans un violent 
incendie qui éclata à Dunkerque et reçut de la municipalité la 
lettre qui suit : 

« Monsieur le Colonel, 

(( Lors de Tinccndie qui a éclaté avant-hier dans des maisous de la rué 
Gaumartin, le 1G<^ de ligne s'est distingue d'une manière toute particulière 
et s'est acquis des droits à la reconnaissance de la population* Il a contribué 
dans une large proportion à rextinclion du feu et j'ai été tcmoin de son 



— 131 — 

zèle et de ses ellbrU pour iiinltiiscr les llnmmes et ptésorvor d'un plus 
grand doiiunugc les biltiraciits atteints par lo fléau. 

« Je me fais un plaisir et un devoir, Monsieur lo Colonel, do remercier, 
au nom de Tadministratiou municipale et de mes administrés, lo 16° de 
ligne pour sa belle conduite en cette occasion et j'ai Thonneur de vous 
prier de vouloir bien agréer l'expression vive et profonde de ma gratitude 
et de mes félicitations. » 

(Suit la signature du maire.) 

Lo !20 juillel 1858, le général commandant la division chargea 
le colonel de donner un témoignage de sa satisfaction pour leur 
belle conduite, aux militaires ci-après : 

Dupré, adjudant; Campistrous, fourrier; Boue, capo- 
ral; Haguenauer, fusilier, qui s'étaient distingués lors de 
rincendie de la fabrique de MM. Richard et &, près de Dun- 
kerque^ en s'exposant sur les murs avec les pompiers. 

Au mois de juillet, le régiment reçut le fusil modèle 1842, à 
canon rayé, et versa son ancien armement à la direction d'artil- 
lerie de Saint-Omer. 

Pendant les toois d'août, septembre et octobre, une fièvre 
paludéenne sévit sur le 16^ de ligne dans ses trois garnisons de 
Dunkerque, Bergues et Gravelines; le nombre des malades attei- 
gnit 528, c'est-à-dire jdus d'un tiers do rcKootif, mais on n'eut 
pas do perte à déplorer. 

En 1858, le régiment fut cité au Journal mililaire, pour s'être 
fait remarquer par sa bonne instruction théorique et pratique du 
tir et rétablissement de son rapport annuel sur cet ensei- 
gnement. 

Le 20 décembre, le 2^ bataillon quitta Dunkerque pour aller 
tenir garnison à Lille. 

Au mois de janvier 4859, le colonel de Ghargère fut nommé 
commandeur de la Légion d'honneur* 

A la date du 19 avril 1869, l'infanterie subit une réorganisd- 
tion et le régiment procéda immédiatement à la formation de 
trois bataillons actifs à six compagnies, dont deux d'élite et un 
bataillon do dépôt, formé par les S^' et 6^^ compagnies de fusiliers 
supprimées dans les bataillons. 

Le 15 mai, la 3^* compagnie du *ô^ bataillon fut désignée piu* le 
sort pour concourir à la formation du 102* de ligne qui s'orga- 
nisait à Besançon. 



— 132 - 

Le 6 juin, lo ininislro do la gucrro donna Tordre aux luiUiil- 
Ions actifs du régiment de se rendre au camp d'ilclfaut. 

Les garnisons de Dunkcrque, Bergues et Gravelines, furent 
occupées par des détachements du 4« bataillon. 

A la fln du mois de septembre, le régiment quitta lo camp 
dllelfaut et ses garnisons, pour se rendre à Angers, avec déta- 
chements à Saumur et à Gholet. 

Dès son arrivée à Angers, une ordonnance du ministre de la 
guerre réorganisa le régiment à trois bataillons de huit compa- 
gnies, mais cette mesure ne dura qu'un an environ. 

A la date du 27 décembre 1860, le 4« bataillon fut réorganisé 
au moyen des 5^* et 6* compagnies du centre. 

Le 27 janvier 1861, le 2* bataillon fut détaché à Ancenis. 

Le 27 juin, le maire de la ville d'Angers écrivit au général 
commandant la subdivision, pour féliciter les troupes de la gar- 
nison sur la conduite et le dévouement qu'elles avaient montrés 
l)endant Tincendio qui avait éclaté lo 23 h Vkcoh impérialu dos 
arts et métiers. 

11 cita, comme s'étant particulièrement distingués, les militaires 
du IG"* dont les noms suivent : 

Hue, Pariser, Axnigues, sergents; Lagorse, sergent- 
major; Mirgodin et Vergiette, caporaux; Metas, Am- 
bault, Fandot, Vauhille, Ayel, Laurier, soldais. 

Au niuifl d'août, le colonel fit paraître Tordre suivant : 

OUDRE DU lIÉr.IMENT. 

u t.c colonel signale au régiment la belle conduite et le courage que le 
âcrgent Alessandri a montrés dans doux circonstances récentes : 

u 1** FiOrsqu'un sous-officier du régiment s*cst oublié au point de tirer un 
coup de fusilsur un voltigeur de garde, et qu'il menaçait de faire feu sur 
tous ceux qui voulaient l'arrêter, le sergent Alessandri s'est avancé résolu- 
ment et a opéré l'arrestation de ce sous-officicr ; 

« 2® Le 30 juillet, Iç sergent Alessandri, par un concours empressé et nu 
péril de sa vie, a puissamment contribué à sauver le cbargcmont et les 
débris d'un bateau submergé dans la F.oiro. 
i( Angers, 7 aoiU 18(M. 

il ÎJi Colonel (lu Ifi* de ligne, 

« Signé : De CnAROÈRR. » 



— 133 — 

Par décision du 26 octobre, le ministre de Tinlérieur accorda 
une médaille d^Iionneur au voltigeur Lebeault qui avait sauvé 
au péril de sa vie, un homme qui se noyait dans la Maine. 

Au mois de mars 1862, le régiment quitta Angers pour se 
rendre à Ilouen, mais le 19 avril il reçut l'ordre de départ pour 
le camp de Ghàlons, où il se trouva réuni le 31 mai et où U 
séjourna jusqu*au 6 septembre. 

A cette date il se dirigea sur Rouen et, à son arrivée, fournit 
les détachements du Havre, de Dieppe et d'Elbeuf. 

En 1864, le 16* régiment d'infanterie fut inspecté par le général 
de division baron Renault, qui, plus lard, malgré son grand âge, 
savait mettre encore son épée au service de sa patrie et mourir 
pour elle devant Paris en 1870. 

Ce brave, qui devait recevoir les surnom si honorable de (l'ar- 
rirre-garde), laissa au corps un ordre dont on doit citer cet 
extrait, presque prophétique, six ans avant la grande épreuve 
de 1870: 

u Si le 16° n'a piis été assez licurcux pour assister aux grandes cam- 
pagnes qui Tiennent de signaler ces dernières années, il n*en est pas moins 
un beau régiment, bien discipliné, instruit et bien commandé, qui conserve 
un bon esprit militaire. La France peut compter sur son dévouement ; on 
sait que, des ciu'il sera nppelé à marcher, il se trouvera à la hauteur de sa 
Isiclie et il aspire à Tiionneur de ne pas être oublié si Toccasion de nou- 
velles épreuves se présente pour Tannée. 

« Signé : Baron Renault. » 

Au mois de juin, le caporal Derrieu et les fusiliers Bonnet 
et Tchverry furent cités à Tordre de la subdivision, pour le 
dévouement dont ils avaient fait preuve dans un incendie qui 
éclal'a à Rouen. 

En 1865, le général Trochu, inspecteur désigné, laissa au corps 
un ordre qui mérite d'être conservé : 

M La situation morale et matérielle du lô** régiment d'infanterie est l'une 
«les phis solidement assises que j*aie encore rencontrées; sous un comman- 
denionl luenveillnnt, ferme, très expérimenté et de Thonorahililé In phis 
parfaite, la lionne harmonie, l'ohéissance facile et prompte, se montrent 
à tous les dep:ivs île la hiérarchie. Cependant une préoccupalion \vi*A natu- 
relle et légitime agite les esprits ; le régiment, n qui la fortune a i-efusé la 



— 134 — 

faveur do participer aux guerres de co tcmpSi voudrait être appelé à faire 
campagne ; ses \œuXy si les circonstances s'y prêtaient, seraient certaine- 
ment entendus. I/avenir lui reste ouvert et Tinspecleur général est en 
mesure d'affirmer que le 46* régiment d'infanterie, par la sincérité de son 
dévouement au pays, serait, dans les épreuves de la guerre, l'égal dos régi- 
ments qui ont récemment conquis dans l'armée la notoriété la plus hono- 
viihW, 

a Signé : Général Trociiu. » 

Le 38 août 1865, le régiment reçut Tordre de quitter la gar- 
nison de Rouen pour se rendre h Lyon. 

Il partit en trois colonnes, qui arrivèrent à destination les 4, 
10 et 12 octobre. 

Le 11 décembre, le sergent Braôts reçut une médaille d'hon- 
neur pour l'acte de dévouement qu'il avait accompli en arrêtant 
un cheval emporté qui, sans lui, allait causer les plus graves 
accidents. 

Le 4 juin 1860, le régiment quitta Lyon et alla tenir garnison 
à Saint-Etienne, où il ne resta que jusqu'au 31 décembre de la 
même année, époque à laquelle il fut réuni en entier à Lyon. 

Le 12 août 1866, le colonel de Ghargère fut nommé général 
de brigade et remplacé par le colonel Rebilliard, qui comman- 
dait en second l'École spéciale de Saint-Cyr. 

Au commencement de l'année 1867, le régiment occupait le 
camp de Sathonay, son dépôt était au Puy-en-Velay. 

Le 27 février, un décret impérial réorganisa, l'infanterie. Le 
régiment se composa de 2 bataillons actifs a 8 compagnies, dont 
2 d'élite et 1 bataillon de dépôt à 6 compagnies de fusiliers; 
mais cette organisation ne dura que jusqu'au 7 avril suivant, 
époque à laquelle le régiment fut réorganisé à 3 bataillons de 
compagnies, dont 2 d'élite et 1 bataillon de dépôt à 6 compa- 
gnies de fusiliers. 

Le 7 décembre, le régiment rentra à Lyon et occupa les caser- 
nements des forts de Montessuy, Caluire, Saint-Jean et Saint- 
Laurent. Il reçut le fusil modèle 1866 (Ghassepot). 

Le 6 février 1868, un décret impérial supprima les compa- 
gnies d'élite, les grenadiers et les voltigeurs furent répartis pro- 
portionnellement dans toutes les compagnies aveeles galons de 
soldat de 1'» classe. 

L'cpaulello écarlato fut donnée h toutes lt!s compagnies. 



— 135 — 

Lo 10 août 1868, le régiment quitta Lyon pour 86 rendre i\ 
Toulon et de là à Oran« 
Ce départ do Lyon valut au régiment les ordres qui suivent : 

ORDRE DE LA BRIGADE. 

(( Les occupations multiples nécessitées pnr le dépnrt précipité du régi- 
ment empochent le général do brigade de voir la troupe avant son départ) 
mais il tient h lui faire ses adieux et ;\ lui donner quelques conseils. 

a Que tous conservent le bon esprit qui les anime, la discipline et Tin- 
slruclion qui distinguent le iO* régiment de ligne. 

« Que, sous le climat d'Afrique, ils mettent en pratique ces deux prin- 
cipes de riiygiène du pays : se couvrir la tôte et le ventre. 

u Enfm, si k Dieu ne plaise, ils étaient appelés h réprimer lihe insurrec- 
tion, qu'ils n'oublient point qu'ils laissent éh France dès Chef» Ct des 
cnmarndes qui seront fiers de leurs succès. » 

ORDRE DE LA DIVISION. 

u Le 16° régiment de ligne reçoit Tordre de se fendre en Algérie. En 
le félicitant sur cette destination, lo général de division lui adresse ses 
adieux. 

M Le 16° régiment de ligne portera h l'armée d'Afrique la bonne disci- 
pline, le bon esprit et rinstruclion ((ui le distiuguent. 

« liO générnl de division est couTnincu que ce beau et bravo régiment 
sera toujours, quels que soient les évéuemenU auxquels il sô trouvera môle, 
il la bauteur d(^ sou excellente répulalion et âo montrera toujoiufi dévoué 
h la France. » 



ORDRE DU GÉNÉRAL COMMANDANT EN CHEF 
LK iv« COUPS d'arméib- 

a Le 7° bataillon de cliasscurs îi pied ct le 16« régiment d'infanterie 
quittent les divisions actives du 4« corps d'armée pour se rendre en 
Algérie. 

« FiC général en clief ne veut pas se séparer de ces beaux corps sans 
leur donner un témoignage de sa satisfaction pour leur bonne tenue, leur 
discipline et. leur manière de servir. 

« Il ne doute pas (|u'ils ne profitent de toutes les circonstances pour se 
faire remarquer, si de nouveaux événements venaient îi se produire dans 
notre colonie. » 



— 136 — 

Le 9 août, le mouvement du régiment fut ajourné et les deux 
bataillons qui étaient déjà en roule rétrogradèrent sur le camp 
do Sathonay. 

Le 24 septembre, le Ministre de la guerre donna Tordre du 
départ pour TAIgérie, et le régiment alla camper à Toulon sur 
les glacis du fort Lamalgue. 

Le camp fut visité par le général commandant la subdivision 
qui adressa au colonel des félicitations pour sa bonne installa- 
tion. 

Le 13 octobre 1868, les 2® et 3® bataillons (commandants Thé- 
venet et Prouvost), s'embarquèrent sur le transport le Vm* et 
débarquèrent le 17 à Mers-El-Kébir. 

Le 14, avant l'embarquement de Tétat-major et du 1'' batail- 
lon (commandant Logerot), sur le transport le Jura, le général 
chargea le colonel de témoigner toute sa satisfaction au régiment 
pour sa bonne attitude militaire, sa bonne conduite et sa tenue 
irréprochable pendant son séjour à Toulon. 

Ce bataillon débarqua h Mcrs-EI-Kéhir le 17, et rejoignit les 
deux autres campés sur les glacis du fort Santa-Cruz. 

Le 19 octobre, les 2® et 3^ bataillons se dirigèrent sur TIemcen, 
où le l**" bataillon les rejoignit le 24. 

Le 18 octobre, le soldat Lebreton reçut une médaille d'hon- 
neur du Ministre de la marine pour avoir sauvé une personne 
qui se noyait. 

Le 9 février 1869, le 1»' bataillon (commandant Logerol), 
reçut. Tordre de conduire un convoi de 250 chameaux, chargés 
d'orge et de biscuits, à la colonne expéditionnaire campée à El- 
Aricha. 

La colonne rentra à Tlemcen le 1^' mars, sa mission accomplie. 

Le 19 mai, le commandant du dépôt du régiment reçut du 
maire de la ville la lettre suivante : 

« Monsieur le Comnmnilanl, 

« Dans l'incendie qui s'est déclare ce matin au faid>ourg Saint-Jean, toute 
la population de notre ville a pu admirer une fois encore la belle conduite 
et le courageux dévouement de notre belle garnison. Guidés par leurs chefs 
et soutenus par leur exemple, tous les hommes du bataillon ont rivalisé 
de zèle et d'intrépidité pour' combattre le fléau. 

« Veuillez, je vous prie, Monsieur le (^onunandant, être auprès do lous. 



— 137 — 

officiers, sous-officiei^ et soldats, l'interprète des sentiments de reconnais- 
sance de Tadministration municipale et do la ville entière, 

M Recevez, etc. 

« Lejnaire du Puy. » 

Le 31 mars, le régiment reçut du maréchal gouverneur géné- 
ral de l'Algérie, Tordre de se diriger par bataillon sur Oran 
pour s'y embarquer à destination de Philippeville. 

Ce mouvement s'exécuta du 14 au IG avril, et, le 22, le régi- 
ment s'embarqua sur le Panama^ qui le débarqua le 25 à 
Bougie. 

Le régiment arriva à Sétif le 6 mai et fournit les détachements 
de Bou-Saâda et de Bordj-Bou-Arreridj. 

Le 5 juin 1870, le colonel reçut du gouverneur général de 
l'Algérie, au sujet d'un jeune enfant indigène recueilli par la 
6® compagnie du 3^ bataillon, pendant son séjour à Bou-Saftda, 
la lettre suivante : 

M Vous me rendez compte des sentiments clinritablcs et généreux dont 
le 16* d'iufanlcrie a fait preuve Tis-à-vis d*un enfant indigène abandonné, 
Agé de trois ans. 

« Après avoir rocuoilli à leur camp à Bou-Sailda, le 12 mai 1869, cet 
oufaiif, 1rs ofliriiMS, sous-oriicicrs vi soldats du B^' bataillon duiG°ont tous, 
dans la mesure de leurs ressources, concouru h son entretien el, lorsqu'il 
a été tout récemment recueilli à l'orplielinat de Gonstantine, vous avez 
reçu, pour lui être remise, une somme de 48 francs, produit d'une col- 
lecte faite spontanément dans le. régiment. 

« Celte action généreuse fait lionneur au 16* de ligne et je vous prie 
d'adresser à ce sujet mes félicitations à ce régiment. >» 

Près do cent ans avant, les bataillons d'Agenois partageaient 
avec les malheureux habitants do l'Aunis, leur pain et leur bois. 
De même que la tradition du courage et de la valeur, celle de 
la charité s'était conservée au sein de notre brave régiment. 

Mais l'heure approchait où il allait ajouter h sa glorieuse his- 
toire militaire, des pages d'autant plus nobles qu'il lui fallut 
pour traverser les éprouves de l'année terrible autant d'abnéga- 
tion que de valeur militaire. 



— 138 — 



GUERRE CONTRE L'ALLEMAGNE (1870-1871). 



La déclaration de guerre trouva le régiment dans sa garnison 
de Sétif, avec ses détachemenls de Bou-Saàda, Bordj-bou-Arre- 
ridj et Takilount, et son dépôt au Puy. 

Il eut la douleur de voir partir les troupes spéciales d'Afrique, 
et de rester dans la province pour le maintien de Tordre. Coup 
sur coup, il apprit nos premiers revers et le désastre de Sedan ; 
mais ces épreuves do la Patrie, au lieu de jeter le découragement 
dans ses rangs, ne firent que redoubler sa persévérance et son 
zèle. 

Instruire, aguerrir^ donner confiance : telle fut la noble mis- 
sion qui incomba alors aux cadres du régiment, en attendant 
l'heure qui allait sonner pour le régiment de combattre, non 
pour la victoire, mais pour son honneur et celui du pays. 

Le 24 septembre 1870, le colonel liebilliard fut nommé géné- 
ral de brigade. Le lieutenant-colonel Jacob de la Gottiùro, prit 
le commandement du régiment. 

Quelques jours après, le régiment reçut Tordre de rentrer en 
France pour prendre part aux opérations de Tarmée de la 
Loire. 

Première armée de la Loire. 

Les !«' et 3» bataillons quittèrent Sétif le 2 octobre et se diri- 
gèrent sur Gonstantine et sur Stora, où ils s'embarquèrent le 10 
à 6 heures du soir. Ils arrivèrent à Toulon le 13, après une mau- 
vaise traversée. 

Le soir même, ils étalent dirigés sur Vierzon, oi\ ils arrivèrent 
le 15, h 7 heures du matin. 

Le même jour, le régiment reçut 1300 hommes (anciens mili- 
taires rappelés et engagés volontaires pour la durée de la 
guerre). 

Le 17 octobre, le régiment se porta sur le camp de Salbris, où 
il fut embrigadé. Il fit partie de la l'« brigade de la 3® division 
du 15* corps. 



— 139 — 



COMPOSITION DE LA DIVISION. 



Général de division : PEYrAviN, commandant la division. 
Colonel : Jacob de la Gottière, commandant la brigade. 
Ghef d'escadron : Poizat, commandant Tartillerie. 
Chef de bataillon : Mangin, commandant le génie. 
Démange, sous-intendant militaire. 
Fabre, aumônier. 

La V^ brigade de la division se composait des : 

G" bataillon de marche do chasseurs h pîed ; 
16^ régiment d'infanterie de ligne ; 
33« — de marche ; 
32" — de mobiles (Puy-de-Dôme). 

La 2« brigade, général Marlinez, comprenait les : 

27* régiment de marche ; 
34» — démarche; 
09* — de mobiles (Ariège). 

L'artillerie de la division comprenait 3 ballerics : 

18" batterie du 15" régiment d'arlillerie j 
18" — du 7" — — 

18" — du 10" — — 

Le 20 octobre, le régiment reçut encore à Salbris 127 hommes 
du 26* de ligne ; le 24, la division se porta sur Blois par Romo* 
rantîn. Le lioutcnant-coloncl Bchague prit le commandement 
du régifuenl eu remplacement du colonel de la Collièrc, appelé 
au commandement de la brigade. 

Le régiment quitta Blois le 27 et se dirigea sur la forêt de 
Marchenoir, par Pontijou et Saint-Léonard. 

Le 30, il était en position entre le village de Rocher et la route 
de Beaiigency. 

Le 31 octobre, le régiment quitta son campement cl se porta 
sur Concricrs, qui fut occupé par le l"' bataillon, et Josnes par 
le 3" bataillon. 



— 140 — 

Le !«' novembre, Tennemi ayant été signalé à Gravant, les 
l" et 4« compagnies du 3« bataillon poussèrent une reconnais- 
sauce sur ce village ù l'entrée de la nuit, mais elles durent ren- 
trer au camp sans avoir rencontré Tenuemi. 

Le 2 novembre, le 3* bataillon rejoignit le !«' à Concriers ; le 
lendemain, le régiment se porta sur Morvilliers, où il campa 
entre ce hameau et celui de Villexanton, occupant ainsi Tex- 
trôme droite de la première ligne de la division. La 2> brigade 
campa en deuxième ligne. 

Le 4 novembre, le 2* bataillon et la 3^ compagnie du 3^ batail- 
lon arrivèrent au camp, venant d'Algérie, avec un effectif do 
20 officiers et 817 hommes. Celte colonne, qui venait de Bou- 
Saàda, avait rallié les détachements de Bordj-Bou-Arreridj et de 
Takitount, s'était embarquée le 25 octobre à Stora, sur la 
Drôme, avait débarqué le 31 à Toulon et pris les voies ferrées 
jusqu'à Suèvres, d'où elle avait gagné le camp de Morvillicrs. 

Le régiment se trouva ainsi constitué avec ses trois bataillons 
à l'effectif de 3,800 hommes. Les compagnies entrèrent donc en 
campagne avec un effectif de plus de 200 hommes. 

La division séjourna au camp de Morvilliers les 5, 6 et 7 no- 
vembre. 

Le 7. vers 11 heures et demie du matin, le canon se fit enten- 
dre sur notre gauche, le régiment reçut l'ordre de se tenir prêt h, 
marcher; mais le combat cessa, et l'on apprit qu'une forte 
reconnaissance des Allemands avait été repousséo par les avant- 
postes du 16® corps. 

Le 8 novembre, la division leva le camp à 7 heures du matin 
et se porta sur Josnes, par Seris et Concriers. Elle arriva de nuit 
et campa entre les hameaux de Launay, L'Hérillette et de Billy, 

BATAILLE DE COULMIERS (9 novemurk). 

Pour connaître le rôle de la 3« division du 15« corps, dont fai- 
sait partie le 16°, il suffît de se reporter à l'ordre du général en 
chef pour la journée du 9 novembre : 

« La 3° division, soutenue au besoin par la réserve d'artillerie ilu 
15° corps et la brigade de réserve (\^^ J)rigade de la 2° «livision) enlèvera 
Riceon et le château de la Ucnardière. Dans le cas où ces deux points 



— 141 — 

seraient défendus, ainsi que le chiVteaii de Lus, elle s'établira entre ce 
dernier cliAteau et celui do la llcnardicrc ayant derrière elle la brigade 
do réserve et la réserTO d'artillerie. Si lîaccon était fortement occupé et 
sérieusement défendu, le général commandant la 3° division attendrait 
pour attaquer Tarrivée de la réserve d'artillerie. >» 



Le 9 novembre, à 8 heures du matin, l'armée quitta ses 
bivouacs, et la marche en avant commença avec un ordre et 
une régularité qui donnaient bon espoir pour la fin de la 
journée. Le temps quoique sombre était favorable, la tempéra- 
ture était douce, et comme il n'était tombé depuis quelques jours 
ni pluie, ni neige, le sol était assez ferme pour qu'infanterie, 
cavalerie et même artillerie, pussent se mouvoir à travers champs 
sans trop de difQcultés. L'aspect de cette grande ligne de bataille 
(dit le général Chanzy), traversant la plaine unie et à peine acci- 
dentée qui la séparait encore de Tennemi, était des plus imposant. 

La brigade llebilliard, qui formait l'extrême droite de la 3® di- 
vision, s'empara sans coup férir du château de la Touanne et y 
prit position contre la gauche des Bavarois qui étaient postés en 
arrière, dans les bosquets de Huisseau et de la Renardière. 

Mais au centre, devant la division Peyiavin, il n'en fut pas de 
même. Un feu très vif s'ouvrit devant Baccon. 2 batteries de 4 
ouvrirent le feu sur lo village et furent bientôt renforcées par 
2 batteries de 12 qui tirèrent avec une précision remarquable. 

Les 1«' et 3® bataillons du 16^ de ligne et deux bataillons du 
33« de marche se portèrent sur le village, couverts par une ligne 
de tirailleurs de la compagnie de tête. 

Le 20 bataillon du 1G% en colonne par division, suivait der- 
rière le centre à hauteur de rarlillerie. A peine nos batteries 
avaient-elles ouvert le feu, que quatre batteries, dont deux bava- 
roises et deux de la division Stolberg, placées entre le Grand-Lus 
et la Renardière, nous couvrirent de projectiles. 

La canonnade dura près d'une heure et diminua lorsqu'une 
batterie de 12, du IG' corps, eut forcé l'ennemi à diviser ses feux. 

Le feu de l'artillerie ennemie nous fit peu de mal, grâce au 
peu de consistance du terrain qui, à celle époque, était partout 
labouré. Les projectiles percutants de l'ennemi ou n'éclataient 
pas, ou faisaient fougasses, couvrant de terre les hommes qui, 
au bout d'un instant, commencèrent il en plaisanter. 



— 14i — 

Le ^* balaîllon du iO* dut, à celte circonstance, d*échapper à 
un écrasement complet. 

Cependant le régiment atteignit le village, pénétra dans les 
maisons du so livrèrent de cimudes mfilcos. 

Le l^^'' chasseurs bavarois qui défendait Baccon, dut se replier 
en combattant sur la rivière, puis sur le parc et le chMeau.de la 
llenardière, occupé par la 1'^ brigade bavaroise (général Dietl). 
Là le combat recommença avec plus de vigueur. 

La brigade bavaroise, était solidement établie au parc et au 
château de la Renardière, et elle avait la conviction que nul 
eiïort ne saurait Ten déloger (paroles d'offlciers faits prisonniers). 
Nous comprimes facilement cette conviction de l'ennemi quand, 
en pénétrant dans la salle à manger du château, nous trou- 
vâmes une table luxueusement dressée et le déjeuner prêt pour 
les officiers de la brigade bavaroise. 

. La division Peytavin, soutenue par deux batteries de i, éta- 
blies à droite de Baccon, et deux batteries de 8 à gauche de la 
ferme de Boynes, et d'une cinquième batterie à la ferme de la 
cour Saint-Christophe, se porta h Tattaque. 

Trois bataillons, le 6» chasseurs à droite, un bataillon du 16« 
au centre (le !«' bataillon) et un du 33o de marche à gauche, 
attaquèrent de front, pendant que trois autres bataillons tour* 
naient la gauche de la position et que le reste suivait en réserve 
en colonne par division. 

L'attaque de front fut très pénible, nos tirailleurs n'avançaient 
qu'avec peine au milieu des marais, exposés au feu de mousque- 
terie et d'artillerie de l'ennemi. Mais le mouvement opéré sur la 
gauche s'accentuait ; le général Dietl craignant d'être enveloppé 
fut obligé de commencer son mouvement rétrograde sur le châ- 
teau de Montpipeau. A 5 heures de l'après-midi, la division 
Peytavin occupa la Renardière, et le !•' bataillon du 1G» entra 
dans le château. 

A la gauche, la brigade de réserve s'était établie au château de 
Grand-Lus, où vint s'établir la réserve d'artillerie du 15® corps. 
Pendant ce temps, le i6« corps, à la gauche, emportait le vil- 
lage, le château et le parc de Coulmiers, défendus avec la plus 
grande énergie, et la gauche de la division Peytavin réunissait 
ses etlbrts à ceux du IG*' corps- pour enlever les positions que 
tenait la A^ brigade bavaroise, appuyée de cinq batteries, dont 



— 143 — 

(Icnx de réserve. Ou sait que la lulle fut très meurtrière et honora 
les troupes qui y prirent part et, en particulier, les mobiles de la 
Sartlie et de la Dordogne. 

Le général Von der Thann donna le signal de la retraite, qui 
s'exécuta en bon ordre, et en combattant dans la direction de 
Saint-Peravy. 

 quatre heures et demie, nous étions maîtres du champ de 
bataille. 

Le soir, les troupes du 15* corps campèrent sur la ligne Bordon, 
les châteaux de la Touanue, de la Renardière, du Grand-Lus et 
Goùlmiers. 

La victoire de Goùlmiers nous valut 2,500 prisonniers et deux 
pièces de canons. 

Les Allemands y perdirent 1800 hommes et nos pertes s'éle* 
vèrent ii 1500 hommes. 

Le régiment perdit GO hommes, le lieutenant Lorréal fut 
grièvement blessé et mourut des suites de ses blessures, après 
avoir toutefois reçu la croix qu'il avait si bien méritée. 

On sait que, pendant la nuit du 9 au <0, les Allemands éva- 
cuèrent Orléans et se mirent en retraite, vers le Nord, ne s'arrê- 
tant qu'à Toury. 

Le général d'Aurelles de Paladines, loin d'inquiéter cette 
retraite nocturne, ne s'en douta même pas et resta convaincu 
que le combat recommencerait dès l'aurore du 10. En effet, le 
IG** de ligne, qui bivouaqua au ch&teau de la Renardière, reçut 
dans la nuit Tordre de renforcer ses compagnies de grand'garde 
avant le jour, en vue d'un nouvel engagement. 

Le 10 au matin, la division se mit en marche, et l'on apprit 
seulement pendant la route, l'évacuation d'Orléans par les 
Allemands. 

Le général on chef lança l'ordre général suivant : 

ORDRE GÉNÉRAL, 
tt Grand quartier général du Grand-Lus, 10 novembre 1870. 

« Officiei-s, sous-oflicicrs et soldats de l'aimcc de la Loire, 

« La journée d'hier a élu lioiireuse pour nos* armes. Toutes les positions 
attaquées ont été enlevées avec vigueur; Tcnnemi est en retraite* Le gou- 



— 144 — 

vcrnemcnt, informé par moi de votre coniluiU^, me charge «le vous a«lres- 
ser (les remerciements; jo le fais avec ])onlicur. 

c( Au milieu de nos malheurs, la France a les yeux sur vous, elle compte 
sur voire courage*; faisons tous nos cHbrts iu)ur (|uo cet espoir ne soit 
pas tromi>é. 

« Le Général commandant en chef Vannée de la Loire, 

« Signé : D*AuRELLES de Paladines. » 

Le 10 novembre, la division se porta par le Grand-Lus et Coul- 
micrs, sur Bucy-Saint-Lîphard, où elle campa et séjorn^na 
jusqu'au 17, 

Le 16, quatre compagnies furent mises à la disposition du 
génie pour construire en avant du village des Ormes, des ouvrages 
de fortification passagère, pour rétablissement du camp retran- 
ché que le gouvernement avait donne Tordre de créer à Orléans. 

Le 17 novembre, la division se porta sur Gidy et campa entre 
ce village et celui de Boulay ; le l(î> do ligne avait à sa droite le 
6® chasseurs appuyant sa droite à Gidy, vX à su gauche les autres 
troupes de la division. 

Elle séjourna dans ce camp jusqu'au 23 novembre. 

Le 2i, elle appuya vers la droite et s'établit entre les villages 
de Gidy et de Chevilly. Ces deux villages étaient protégés par 
deux batteries de marine de gros calibre flanquant les tranchées- 
abris qui les reliaient. La division séjourna dans ce camp jusqu'au 
1»>" décembre; chaque jour un bataillon du régiment fut envoyé 
en reconnaissance en avant des lignes. 

A cette date, les belligérants en présence dans la région de la 
Loire présentaient des forces considérables. 

Le prince Frédéric-Charles, libre par la chute do Metz, était 
arrivé avec son armée. De notre côté, nous avions cinq corps 
d'armée, présentant. 170,000 hommes et 420 pièces de canon. 
Le choc ne pouvait tarder à se produire. 

REPRISE D'ORLÉANS PAR LES ALLEMANDS. 

Le !•' décembre, la lutte s'engagea ti la gauche de Tarmée 
française, qui livra à Tennemi le brillant combat de Villepion. 
Le général Chanzy écrivit au général d'Aurelles qu'il croyait à 



— 145 — 

un grand succès. Ce dernier lui donna alors Tordre de pousser 
renncmi, le lendemain 2 décembre, jusqu'à Janvillo et Toury et 
l'avisa qu'il le ferait appuyer par les 15« et 17» corps. 

Dans la nuit du l^^'' au 2 décembre, l'armée reçut une fausse 
nouvelle qui donna un nouvel entrain. L'armée du général 
Ducrot avait remporté une grande victoire, après avoir percé le 
blocus jusqu'à Épernay, au delà de Longjumeau; Tarmée de 
Paris victorieuse s'avançait par Melun et Fontainebleau. 

Il ne s'agissait plus que de courir à sa rencontre et de lui 
tendre la main. 

Le temps même se prononçait en notre faveui:. Après les pluies 
et les boues des jours précédents, la gelée était arrivée, permet- 
tant de marcher aisément à travers champs. 

BATAILLE DE LOIGNY-POUPRY (2 décembre). 

Le 2 décembre, la bataille s'engagea à notre gauche par le 
16* corps, qui essaya de pousser les forces allemandes sur Jan- 
ville et Toury. Notre division abandonna, à 7 heures du matin, 
ses retranchements de Gidy et se dirigea par la grande route 
d'Orléans à Paris sur le village d'Arthenay. 

L'artillerie marchait sur la route et était ilauquée à droite et 
à gauche par les deux brigades formées eu colonne à distance 
entière par division. 

Cette marche à travers les terres labourées durcies par la gelée 
de la nuit^ fut très fatigante pour nos troupes. En débouchant 
d'Arthenay, nous fûmes témoins de la lutte héroïque que sou- 
tenait le 16* corps, contre les 2*, 3<», 4« brigades bavaroises et la 
17« division prussienne. 

La 3* division du i5« corps se porta alors sur la gauche de la 
grande route, et se dirigea sur le village de Dambron, précédée 
de deux compagnies du 16^ de ligne (2« et 3® du 2« bataillon), 
déployées en tirailleurs. 

Le 6® bataillon de chasseurs était placé à notre gauche. 

L'cinicmi occupait eu force le village de Poupry et les bols qui 
l'entourent. 

A une heure, rarlillerie de la division commença l'attaque. 
Vers deux heures, toute la i'® brigade qui faisait face au nord, 

10 



— 146 — 

se plaça face à l'ouest et s*avança sur les bois et le village de 
Poupry. 

Le 16« de ligne en entier fut déployé en tirailleurs et engagea 
avec Tenncmi un feu ti'ôs vif. Il avança avec peine, s^cmparant 
successivement de chaque petit bois et en débouchant avec dif- 
ficulté. 

Vers quatre heures, une forte colonne de cavalerie s'appro- 
chant à. la faveur des bois, essaya de tourner notre droite, mais 
elle fut repoussée par notre 1^' bataillon, qui se rallia et lui fit 
éprouver des perles considérables. 

Cependant nos tirailleurs, tout en éprouvant de grandes pertes, 
gagnèrent du terrain et s'avancèrent jusqu'au village de Poupry 
que les Allemands évacuèrent. 

Le combat ne cessa que vers huit heures du soir. 

La 3« division se replia sur Arthenay et campa entre Ci*euzy et 
Sougy ; le 16« de ligne en avant mémo du village d'Arthcnay. 

Ainsi se termina l'importante journée du 2 décembre. 

Nous y perdîmes près de 6,000 hommes dont 2,000 pri- 
sonniers. 

Les Allemands comptèrent 4,000 hommes hors de combat. 

Le régiment à lui seul perdit plus de 700 hommes et 12 offi- 
ciers hors de combat. 

MM. Souhait, capitaine; Graff, lieutenant; Michel, lieu- 
tenant, furent tués ; Boiteux et Marhem, capitaines ; Fink, 
lieutenant, blessés. (Los autres noms n'ont pas été conservés, à 
tort.) 

Le colonel de la Cottière et le chçf de bataillon Carré 
eurent leurs chevaux tués sous eux. 



COMBAT D'ARTHENAY ET DE CHEVILLY (3 décembre), 

tendant la nuit du 2 au 3 décembre, la neige avait blanchi la 
terre. 

La division prit les armes dès 7 heures du matin, et, quand le 
jour parut, on eut l'admirable spectacle de l'armée rangée en 
bataille dans la grande plaine de la Dcauce et se détachant en 
lignes sombres et vigoureuseS) sur l'éclatante blancheur de la 
neige. 



— 147 — 

La 3« division, qui avait été si éprouvée Ja veille, reçut Tordre 
de rentrer dans des retranchements de Gidy, pour y rester comme 
réserve du 15® corps. 

 peine avait-elle commencé son mouvement, que les Alle- 
mands attaquèrent la 2® division , qui battit bientôt en retraite 
d'Arthenay sur Chevilly. 

La 3^ division arriva dans son camp à 11 heures 30 minutes 
du matin, et resta sous les armes prévoyant bien que bientôt son 
concours serait indispensable, le combat se rapprochant de plus 
en plus do nos lignes. 

A 2 heures, la division reçut Tordre de marcher au feu. Les 2® 
et 3^^ bataillons, avec les trois premières compagnies du 1®' et 
une batterie d'artillerie, se portèrent sur le village de Huêtre, 
les trois autres compagnies du 1^^^ bataillon prirent position dans 
les tranchées. 

Mais, à, 150 mètres environ du camp, la colonne reçut Tordre 
de changer de direction à gauche et de se porter sur le hameau 
de la Provenchère pour arrêter la droite des Allemands qui cher- 
chaient à déborder notre gauche. 

Le 3® bataillon en entier, déployé en tirailleurs, tourna la Pro- 
venchère par le nord, et le reste de la colonne (2^ bataillon et 
3" compagnie du l*»"), pénétrèrent dans le village et occupèrent 
les tranchées qui en défendaient l'approche. 

Le combat s'engagea en avant du village par une fusillade * 
très nourrie; la batterie d'artillerie prit position, mais fut bientôt 
éteinte par les feux allemands et obligée de se replier. 

A ce moment, trois batteries allemandes concentrèrent leurs 
feux sur nos tirailleurs et leur firent éprouver des pertes 
cruelles. 

Le combat ne cessa qu'après 7 heures du soir. 

Le IG" rentra dans les lignes de Gidy à 9 heures du soir. 

Nos pertes furent énormes : le 3® bataillon perdit plus de 
200 hommes. 

Le capitaine Hébrard fut tué par un obus; les sous-lieu- 
tenants Richard et Moret, blessés; le lieutenant Pascali 
fait prisonnier. 



— 148 — 

COMBAT D'ORLÉANS (4 décembre). 

Le 4 décembre, le régiment, appuyant sa gauche à la batterie 
de marine de Gidy, prit position dans la tranchée. 

Dès le point du jour on aperçut les colonnes allemandes s'avan- 
çant h l'attaque de nos lignes. 

La batterie de marine fît feu d'une de ses pièces sur l'ennemi» 
qui riposta aussitôt. Un premier obus tomba en avant du parapet 
et le second sur le terre-plein de la batterie. La 3* compagnie du 
1®' bataillon en grand'garde h. la ferme de Guny, se replia en 
combattant et tuant quelques uhlans. 

Le 1®' bataillon essaya, par des feux h volonté, do démonter 
les batteries prussiennes. 

A ce moment, les Prussiens s'avançant sur le village do Cer- 
cottes menaçaient la droite do la division, (pii reçut l'ordre de se 
replier. 

Le régiment dut a1)andonncr sur le terrain une distribution do 
vivres de toute nature; la Itatterie de marine encloua ses pièces 
et fit sauter son magasin à poudre. 

Pendant le mouvement rétrograde, un engagement de tirail- 
leurs eut lieu entre l'ennemi et le 3® bataillon. Le régiment se 
massa dans les bois situés au sud-est de Gidy et reçut Tordre de 
se porter sur le village de Sarran, h, quatre kilomètres au nord 
d'Orléans. 

Il traversa ce village et alla s* établir vers les Ormes, à cheval 
sur la grand' route au sud de ce village. 

Il était 2 heures 30 minutes du soir. A ce moment des spahis 
et des chasseurs d'Afrique, après une charge malheureuse, se 
repliaient en désordre sur Orléans. 

La panique s'empara des troupes témoins do cette malheureuse 
déroute, mais le 16* de ligne tint bon, se déploya en tirailleurs 
et repoussa la cavalerie ennemie. 

A 3 heures 30 minutes, le régiment commença sa marche rétro- 
grade sur Orléans. 

A ce moment, la 18^ batterie du lo®, soutenue par la 1'® sec- 
tion de la 2e compagnie du 2' bataillon *, débouchait sur le che- 

* Coinmnndéo par le sous-liculi'iiaiil Poilcviii. 



— 149 — 

min du village de Saint-Jean de la Ruelle, qu'elle croyait occupé 
par un bataillon du i6* et qui était au pouvoir de l'ennemi. 

Elle fut accueillie par un feu très vif et ne dut son salut qu'à la 
rapidité avec laquelle la section se déploya et ouvrit le feu pour 
contenir Tennemi. 

Dans ce rapide engagement, la section perdit les deux tiers de 
son monde. 

A 5 heures du soir, le régiment s*étublit dans les tranchées 
situées au nord d*Orléans. Le remblai très élevé du chemin de 
fer qui s*étendait parallèlement aux tranchées ne fut pas défendu 
et l'ennemi ne tarda pas à l'occuper. 

Vers 8 heures du soir, le 3^ bataillon, qui occupait la droite de 
la ligne s'appuyant aux maisons du faubourg Saint-Jean, aban- 
donna la tranchée ayant à sa tète le colonel de la Gottière, com- 
mandant la brigade; le lieutenant-colonel Behague, commandant 
le régiment et le chef de bataillon Molard. Les deux autres 
bataillons ne reçurent aucun avis de ce mouvement et restèrent 
dans les tranchées. 

Le 3® bataillon fut remplacé dans la tranchée par des mobiles 
de l'Ariège, qui, sans ordre et sans raison, ouvrirent le feu. L'en- 
nemi y répondit. 11 était alors 10 heures du soir ; ce feu indiqua 
clairement à l'ennemi la direction des tranchées; de plus, les 
mobiles ayant négligé d'occuper les maisons du faubourg, l'en- 
nemi s'y glissa et diriga sur nous, des fenêtres, dos feux d'enfi- 
lade, qui nous obligèrent bientôt i\ quitter notre position. 

Nous évacuâmes la tranchée à il heures 30 minutes, y lais- 
sant quelques morts et un grand nombre de blessés. 

Le sous-lieutenant Moret, blessé d'un coup de feu & la 
jambe, mourut des suites de ses blessures. 

Les i®"" et 2<î bataillons du id^ traversèrent le pont de la Loire 
comme minuit sonnait à la cathédrale d'Orléans et se diri- 
gèrent sur Salbris. 

A la suite d'ordres soit mal donnés, soit mal transmis ou mal 
interprétés, 1000 hommes du 33® de marche et 500 hommes du 
i^^ suivirent la rive gauche de la Loire, après avoir traversé le 
pont, et se dirigèrent sur Blois. Ce détachement forma le 
>iO" régiment do marche qui opéra sous les ordres du général 
Ghanzy avec la ^^ armée de la Loire et se couvrit de gloire pen- 
dant la belle retraite de cette année sur le Mans. 



— 150 - 

La retraite sur Bourges ne s'exécuta pas aveo tout l'oixlro 
qu'on aurait pu désirer. Elle s'opéra par la Fer té-Saint-Aubin, 
la Motte-Beuvron, Salbris, Vierzon. On arriva en vue de Bourges 
le 8 décembre, li 5 heures du soir, après avoir fuit d'une seule 
traite la longue étape qui sépare ce chcMieu do Yieraon; aussi, 
la colonne dut-elle laisser beaucoup d'hommes en arrière, mais 
ils rejoignirent le lendemain et le surlendemain. Le régiment 
bivouaqua au milieu de la neige, à côté du village de laChapelle- 
Saint>Ursin. 

Le novembre, la division reçut l'ordre d'aller cantonner 
dans une série de villages situés au sud do Bourges, pour y 
prendre quelques jours d'un repos bien mérité et s'y reconstituer. 

Le régiment fut réparti dans les villages de Sennecey et de 
Vorly; mais le cantonnement était à peine installé, que l'oitlre 
arriva de se porter sur SaintFlorcnt-du-Cher pour défendre ce 
bourg menacé par l'ennemi, en attendant l'arrivée d'une divi- 
sion qui devait occuper cette position. 

Le régiment arriva i\ Saint-Florent h î) houi^cs du soir. 

Le il décembre, on prit les armes à 6 heures du matin et on 
exécuta une reconnaissance sur la rive gauche du Cher, mais 
sans rencontrer l'ennemi. 

Le 13, la division se mit en marche à 8 heures du matin et se 
porta h Mehun-sur-Cher, où elle campa au nord do la ville; les 
5<' et 6<^ compaguies du 3«} bataillon furent détachées h l'artillerie 
comme soutiens permanents. 

Ces deux compagnies firent toute la camj)agne de l'Est avec 
l'artillerie. 

A partir de ce jour et jusqu'au 4 janvier, jour où le régiment 
s'embarqua pour l'Est, il fut cantonné dans divers villages des 
environs de Bourges : Marmagne, Marmignole, Saint-Germain, 
le Puits, Pont-Rousselande, Berry-Bouy, Mehun, Saint-Palais. 
Quanlilly, Saint-Eloi. 

CAMPAGNE DE L'EST. 

Général en chef : Bourbaki. 
Général commandant le 15" corps : Martinkau. 
Générai commandant la .'l" division : Pkytavin. 
Général coniuuindant la brigade : Jacou uk la Cottièuh. 



— 151 — 

Le 4 janvier, la 3^^ division du i^^ corps commença son em- 
barquement en chemin de fer à 8 heures du matin, à Mehun. 

Le IG^' rôgiment d'infanterie s'embarqua le 5, à 1 heure du 
soir. 

Les trains se dirigèrent sur Besançon, mais l'encombrement 
de la voie ne tarda pas à arrêter les mouvements, et le régiment 
séjourna dans les trains pendant les 5, G, 7, 8 et 9 janvier. 

La température s'était abaissée tout à coup, une épaisse cou- 
che de neige couvrait la campagne, et nos hommes peu cou- 
verts, manquant de vivres, souffraient beaucoup, mais toujours 
sans se plaindre. Les trains s'arrêtaient fréquemment, mais on 
ne savait jamais pour quelle durée. Les hommes descendaient, 
allumaient du feu, essayaient de faire un peu de soupe ou de 
café pour se réchauffer, mais presque toujours il fallait ren- 
verser lu marmite, pour remonter en voiture et repartir. 

Ces souffrances durèrent cinq jours, pendant lesquels un cer- 
tain nombre d'hommes disparurent. Enfin, on arriva à Clerval- 
sur-le-Doubs le 9 janvier, à 2 heures du matin; le régiment fut 
cantonné dans une vaste usine, transformée en caserne. Un 
grand nombre d'hommes, par suite d'un trop long séjour en 
wagon et du froid intense, avaient les jambes enfiées et ne pou- 
vaient marcher. 

Le régiment quitta Clcrval le 9, }\ A heures du soir, et se porta 
sur Fontaine, où il cantonna. 

Le 10, la division arriva sur les plateaux qui dominent le vil- 
lage d'Arcey, occupé par les Allemands. 

Le ii, à la pointe du jour, le régiment prit les armes, et 
envoya plusieurs compagnies sur les plateaux voisins. Les Alle- 
mands, qui avaient une section en batterie en avant du village, 
nous envoyèrent quelques obus qui ne firent aucun mal ; Tarlil- 
lerie de la division ne répondit pas. Le général Peytavin avait 
reçu J'ordre de ne prendre l'offensive que lorsqu'il entendrait le 
canon du 24*^ corps sur sa gauche. 

La division séjourna encore le 12 janvier sur les plateaux. 

Le froid était devenu excessif, une bise glaciale soufflait du 
nord, portant avec elle la neige pulvérisée. Le thermomètre 
marquait 18 et 20^ au-dessous de zéro. Deux pieds de neige cou- 
vraient la terre. Nos hommes, pendant ces trois jours, bivoua- 
quèrent dans la neige, beaucoup d'entre eux eurent les pieds 



-- 152 — 

gelés. On eûl dit que Texlrème rigueur de la température avait 
engourdi les deux partis. 

Des soldais du iQ^ et des Allemands se rencontrèrent à plu- 
sieurs reprises à la seule fontaine qui pouvait donner Veau 
nécessairo à la soupe. (Un officier du 16% témoin oculaire, l'a 
affirmé.) 

Enfin, le 13 janvier, à 6 heures du matin, la division quitta 
ses positions et fut remplacée par la réserve générale du général 
Bourbaki. 

Le 38® de ligne, qui faisait partie de cette réserve, releva le 
16^ dans ses positions. 

COMBATS DE CHAVANNE ET D'ARCEY (13 janvier). 

La 3* division du 15* corps so concentra en arrière du village 
de Sainte-Marie et se porta sur Arcey et Saint-Jullien, qui furent 
rapidement enlevés. 

Le 3e bataillon fut envoyé à Presentvillers et chassa de ce vil- 
lage une arrière-garde allemande qui épiait nos mouvements. 

Le régiment bivouaqua dans les rues de Saint-Jullien. 

Le 14 janvier, il alla occuper les villages de Renan et dlssan, 
pour arrêter tout retour offensif de Tenncmi qui* se repliait sur 
risle-sur-le-Doubs. 

• 

BATAILLE D'HÉRICOURT (15, 16, 17 janvier 1871). 

Le 15 au matin, le 16» régiment d'infanterie fut complètement 
divisé. Le l'^* bataillon fut détaché comme soutien à l'artillerie 
de réserve, quatre compagnies furent envoyées sur la droite et 
opérèrent tout à fait en dehors de la 3^^ division. 

Le colonel Behague forma avec lo reste du régiment un. petit 
noyau. 

Le général Bourbaki mit son armée en marche de bon matin, 
contre les positions reconnues la veille ; son attaque fort bien 
conçue devait se faire sur tout le front avec un effort plus accen- 
tué à gauche. 

Le 15® corps à droite devait se porter sur Montbéliard par 
Bard, Dung et Aliondans. 



— 153 — 

Le feu s'ouvrit à 9 heures du malin. La division Peytavin for- 
mait l'exlrëme droite appuyée au Doubs. Le régiment, après 
avoir contribué à enlever les parc et château de Dung S se porta 
sur le plateau de Sainte-Suzanne, suivi de l'artillerie de réserve 
du 15* corps, qui engagea un feu terrible avec les batterie alle- 
mandes du château de Montbéliard, de la Grange-Dame et de 
Béthoncourt. 

Ce duel d'artillerie dura jusqu'à la nuit, sans grand résultat, 
tandis que notre infanterie s'emparait des postes avancés des 
Allemands (escarpement do Sainte-Suzanne et bois Bourgeois). 

A l'extrême droite, les tirailleurs du 16* pénétrèrent dans Mont- 
béliard et s'établirent dans les maisons qui entourent le vieux 
château. 

Le régiment perdit quelques hommes seulement dans cette 
journée, le capitaine Oudin fut légèrement blessé par un éclat 
d'obus, grâce à sa couverture de campement qu'il portait en 
sautoir. 

On bivouaqua sur le champ de bataille. 

La nuit du 15 au i G fut glaciale et décima les deux armées. 

Le 16, au point du jour, le feu reprit de part et d'autre. Notre 
droite avait fait des progrès pendant la nuit et jeté quatre pièces 
de 4 dans l'ancienne citadelle de Montbéliard (18* batterie du 
15® d'artillerie avec une section de la 5» comi)agnio du 3° batail- 
lon du 16® de ligne). 

Au point du jour, ces pièces ouvrirent le feu sur le château h 
800 mètres, mais elles ne purent lutler avec les pièces de 12 livres 
du château. Deux pièces furent immédiatement démontées et les 
deux autres se blottirent derrière un abri et rejoignirent à la 
nuit l'artillerie de la division, sur le plateau de Dung. 

A gauche, les batteries de la division de réserve avec 23 pièces 
de la division Daslugues et de la réserve d'artillerie, canon- 
nèrent la position de Béthoncourt dont l'infanterie devait s'em- 
parer. 

Mais nos bataillons furent retardés par une marche pénible 
dans les bois et par le feu d'enfilade de trois batteries allemandes 
placées sur les hauteurs de Grange-Dame. 

Quand ils furent prêts pour l'attaque, notre artillerie avait 

1 Le sous-licut<maiit Aloïsi fut hlonnû dnns cotte nflniro. 



— 154 — 

épuisé toutes ses munitions et ils durent se replier sur les bois 
qu'ils venaient de traverser. 

Le régiment prit part à Tattaquo de Bélhoncourt et y perdit un 
grand nombre d'hommes. 

Le même jour, les quatro compagnies du régiment qui opé- 
raient h Tcxlréme droite, pénétrèrent à la chute du jour dans 
Montbéliard et s'y maintinrent toule la nuit avec le 33* de 
marche. 

Le lendemain, 17 janvier, le régiment se trouva rassemblé, 
moins trois compagnies du 3<» bataillon détachées h l'artillerie. 
Il fut placé en réserve au village do Dung. 

On sait que pendant cette journée on se battit encore devant 
Héricourt, Bélhoncourt et Montbéliard; mais le régiment n'eut 
aucune part à cette action. Il séjourna à Dung le 18. 

Le 19, Tarmée de l'Est commençait son mouvement rétrograde 
sur Besançon. 

Le 23 janvier, le régiment arriva h Beaume-les-Dames, quatre 
compagnies du 10* et une section d'artillerie de la 18» du i5«, 
soutenues par une section de la 5*^ compagnie du 3* bataillon, 
prirent position sur les hauteurs qui dominent la ville au nord, 
afin de protéger le mouvement de retraite de la division attaquée 
par les Allemands. 

Ce faible détachement les maintint à distance, se retira en 
défendant le terrain pied à pied et franchit le pont du Doubs qui 
sauta immédiatement après. 

La division continua sa retraite par une marche do nuit exé- 
cutée par un froid intense et qui fut très pénible. 

Le 26 janvier, le régiment s'arrêta à Ghennecey, où ses avant- 
postes prirent quelques uhlans. . C'est dans cette situation que 
l'on apprit que les Allemands établis à Gassey et à Quingey nous 
barraient la route de retraite sur Lyon. 

C'est alors que le général Bourbaki résolut de se replier dans 
la direction de la Suisse et de Pontarlier, pour prendre les routes 
et chemins longeant le Jura. 

Blâmé pas le gouvernement, il envoya sa démission et fut rem- 
placé par le général Clinchant, qui ne put mieux faire que d'exé- 
cuter le plan de son prédécesseur. 

Le 28 janvier au soir, après trois jours de la marche la plus 
pénible, le gros do l'armée française se trouva concentré vers 



^ 155 — 

Ponlarlier. Le gros du 15® corps était dans le triangle Pontar- 
lier, Sombacourt, Oye. 

Le 16° de ligne, après avoir cantonné à Reugney le 27, à Evil- 
1ers le 28, arriva le 29 à 2 heures du soir à Pontarlier. 

C'est en celte ville que, le 30, on apprit la nouvelle de Tarmis- 
lice signé à Paris par les belligérants ; mais en même temps on 
apprit que les Allemands avaient attaqué la 2<^ division du 
loo corps à Sombacourt et à Chaffoix, et Ton vit arriver à Pon- 
tarlier CCS troupes rojctées en désordre sur la 3® division. 

On appril par des parlementaires ennemis que rarmislicc no 
s'appliquait pas h Tarmée de TEst. 

11 ne resta plus h cette malheureuse armée, pressée de toutes 
parts par les Allemands qui avaient repris une vigoureuse offen- 
sive le 30 janvier, que de se diriger sur la Suisse. 

La 3® division du 15® corps pénétra en Suisse par la Cluse do 
Joux et les routes voisines. 

Le 16® de ligne reçut comme garnison la ville d'interlaken, où 
il fut conduit en chemin de fer par les officiers de l'armée suisse. 

Ce malheureux régiment avait perdu dans cette désastreuse 
retraite, soit par le feu de l'ennemi, ou les maladies, les deux 
tiers de son effectif. 

L'armée de l'Est, dit un témoin oculaire, offrit dans sa retraite 
le plus navrant spectacle. Les recrues, les malingres des dépôts, 
les mobiles et mobilisés qui composaient cette armée avaient 
montré dans la marche en avant une noble ardeur; ils avaient 
fait des étapes héroïques par le froid et la neige, ils avaient subi 
des privations et des misères meurtrières avec le stoïcisme de 
vieux soldats. Une fois la retraite commencée, tout disparut. 
Tous les maux, les contretemps qu'ils avaient bravés les trou- 
vèrent sensibles à l'excès. La fatigue, le froid, la faim, les ornières 
du chemin, les blessures des pieds, jonchèrent les routes de traî- 
nards qui ne rejoignirent jamais leurs corps. 

Épuisés par le froid et le manque de nourriture, les soldats se 
traînèrent en débandade sans ordre et sans discipline^ brûlant 
tout ce qu'ils trouvaient pour se réchauffer et traitant les vil- 
lages sur leur passage presque en pays conquis. En quittant 
Bcaume-les-Dauics, un maître d'hôtel de la ville avouaà Tauteur 
que les Allemands s'étaient mieux comportés à son égard que 
les soldats du général iJourbaki. 



— 156 — 

Un train de vivres el d'effets fut pillé sous les murs mêmes de 
Besançon. Des monceaux de sucre, des caisses pleines de bis- 
cuits, des capotes, dos pantalons servirent à alimenter le feu do 
CCS malheureux qui mouraient do froid. 

On vit des soldats placer des pains do sucre sur des pierres et 
s'en chauffer comme de bûches de bois. 

Dans Besançon la plupart des maisons converties en ambu- 
lances, les hôpitaux, les couvents, les casernes regorgeaient, non 
de blessés, mais de malades de la petite vérole, de la poitrine et 
surtout do misère, de froid et de privations. 

Les trois quarts do ces malheureux avaient les pieds gelés. 

Les chevaux morts remplissaient les fossés des routes. 

Au milieu de tant de souffrances, en présence de ces exemples 
journaliers d'indiscipline, le i6« régiment d'infanterie de ligne, 
tint à honneur de montrer toute la valeur, toute l'abnégation, 
toute la résistance aux souffrances et aux privations dont est 
susceptible une troupe aguerrie et disciplinée. 
. La conduite do notre régiment pendant cette dôsastreuso 
retraite, peut ôtre considérée comme une des plus belles pages 
de son histoire. 

Pendant ces longues et pénibles marches, nos soldats mar- 
chèrent avec le plus grand ordre, entraînés par Texemple des 
cadres, ne laissant derrière la colonne que les hommes qui tom- 
baient d'épuisement et dont l'état était constaté par les méde- 
cins du corps. 

Le plus bel hommage que reçut notre brave régiment fut 
l'admiration que ne purent lui dissimuler, à la frontière, les 
J)ataillons suisses qui le recueillirent. 

SIÈGE DE PARIS (1870-1871). 

Le 16® régiment d'infanterie de marche qui, le l«f avril 1871, 
fusionna à Lyon avec l'ancien 16*, avait été formé le l**" sep- 
tembre 1870, des quatrièmes bataillons, 35^, 38"" et 39° régiments 
d'infanterie. Ce régiment, commandé par le colonel Panier des 
Touches, fut compris dans le 14°corps d'armée (général Renault), 
l'o division (général de Caussade), l"^» brigade (général de la 
Gharriôrc). 



J{)7 



COMBAT DE CHATILLON (19 SEPTEMBRE 1870). 

Le général Trochu, voulant s'opposer à rinvestissement de 
la place par les Allemands, résolut de profiter de sa position cen- 
trale pour les assaillir entre la Seine et la Marne, mais il eut le 
tort de n'employer à cette action que les deux corps du général 
Ducrot, au lieu do faire marcher toutes ses troupes dispo- 
nihlos. 

Le général Renault, avec le {¥ corps à droite, occupa pendant 
la nuit les hauteurs de Ghâtillon pour en déboucher de grand 
matin dans la direction de Bièvre et de Petit-Bicctre. 

Le 19 septembre, à 5 heures du matin, la division Gaussade 
se porta en avant et le régiment s'établit en arrière de la ferme 
de Trévaux. 

De 7 heures à 10 heures du matin, il fut exposé à une canon- 
nade assez vive de la 9° division prussienne (général Schmidt), 
et à iO heures 30 minutes il reçut Tordre de se replier dans ses 
positions du village de Châtillon. Le 3^ bataillon occupa la 
redoute du moulin de Clamart, située à la droite de ce village. 
A peine le régiment était-il installé dans ses positions, qu'il 
reçut Tordre de se replier derrière le fort d'Jssy et de rentrer h 
Paris par la porte de Versailles. 

Dans cette journée, les francs tireurs du régiment perdirent : 
1 officier tué ; le sous-lieutenant Lenglin et 27 hommes. 

COMBAT DE BAGNEUX (13 octobre). 

Le 13 octobre, le régiment prit part à une reconnaissance 
offensive sur le plateau de Ghâtillon. La brigade La Cbarrière, 
placée à gauche, entre Bagneux et la maison Plichon, devait 
contenir les troupes ennemies qui occupaient Bourg-la-Reinc. 

Les l»"" et 20 bataillons du.l6o furent déployés en tirailleurs 
entre la route de Sceaux et le mur du parc de Bagneux, proté- 
geant l'artillerie de la division. Gette affaire, peu sérieuse, no 
coûta au régiment que quatre blessés. 

Le 30 octobre, le régiment prit le numéro 116 dans la série 
des régiments d'infanterie. 



— 158 - 

Le 4 novembre, le général de Gaussade, commandant la divi- 
sion, mourut à son quartier général do Clichy; le régiment 
assista à ses obsèques qui eurent lieu à Téglise do la Trinité. 

Il fut remplacé par le général Susbiellu. 

A cette époque, Tarmée de défense de la capitale reçut une 
nouvelle organisation. 

Le li6<^ fut compris dans la 2^ armée (général Blanchard), 
2« corps (général RenaulO, !'« division (général Susbielle), 
i^ brigade (général de La Charrière). 

11 forma brigade avec le iS<^ de marche^ devenu 115*^. 



COMBAT DE MONTMESLY (30 novembre). 

Le 29 novembre, la division Susbiclic était établie entre Cha- 
renton et Saint-Mandé, face à Test. Elle reçut Tordre d'aller 
bivouaquer le soir en arrière do Grétcil, afin d'étro en mesure 
d'occuper le lendemain, à 7 heures du matin, le plateau de Mont- 
mesly. 

La brigade La Charrière occupa la tranchée à hauteur du parc 
de rArchevCque, situé contre le village au sud de la route de 
Creteil à Charenton. 

Vers 9 heures du matin, la brigade reçut Tordre de se porter 
en avant par une marche en bataille, chaque régiment formé en 
colonne par bataillon on masse. Elle devait appuyer les tirail- 
leurs de la 2<î brigade qui devait enlever le plateau et le village 
de Montmesly, à gauche. 

A 800 mètres des dernières maisons qui se trouvent sur la 
route de Créteil à Choisy, la brigade fut accueillie par un feu 
très vif des tirailleurs ennemis embusqués dans une tranchée 
reliant la route au plateau. 

Le général de La Charrière fit faire tète de colonne à gauche 
au régiment et le dirigea dans sa formation compacte sur le 
sommet du plateau de Montmesly. 

Arrivé sur le plateau, le régiment qui n*avait pas pris la pré- 
caution de se couvrir par des tirailleurs, fut accueilli par une 
violente fusillade parlant d'une redoute et d'une maison cré- 
nelée situées au sommet du plateau. 

Le général de La Charrière fit mettre la baïonnette au 



— 159 — 

caiioii^ sonner la charge et marcher résolument h l'assaut de la 
redoute; blessé mortellement^ il dut être transporté à l'ambu- 
lance. 

Le ^ bataillon du régiment enleva la redoute et l'occupa ainsi 
que les tranchées qui Tentouraient. Des batteries ennemies Vin- 
rent s'établir sur le flanc gauche de la redoute et la couvrirent 
de feux. 

De plus, il devint difficile de se maintenir dans les tranchées 
enfdées par la mousqueterie des Allemands. Cependant, grâce à 
des renforts des 115^ et 118®, nous pûmes conserver ces positions 
jusqu'au moment où les Allemands qui avaient pu les tourner 
nous prirent à revers. 

Nous dûmes nous résigner à abandonner le plateau. 

La division rentra dans Créteil entre 4 et 6 heures du soir et y 
passa la nuit, ainsi' que la journée du 1®^ décembre. 

Cette aiïaire coûta au régiment 163 hommes. Les capitaines 
de Ghatillon, Baretty; les lieutenants Moritz et Gazai 
et le sous-lieutenant Holger furent blessés. 

Les sous-lieutenants Bigot du Grandrut et Darfis 
furent faits prisonniers. 



COMBAT DE VILLIERS (2 DÉCEMBRE). 

m 

Le 2 décembre, la division Susbielle reçut Tordre de se mettre 
en route vers 9 heures du matin, pour se porter sur Champigny 
où une action était engagée depuis le matin. 

Elle arriva sur le théâtre de Taction vers 1 heure de Taprès- 
midi. Le régiment fut immédiatement envoyé pour soutenir la 
gauche de la division Berlhaud, qui commençait à faiblir. 

Le l®"^ bataillon, déployé en tirailleurs, se porta résolument 
en avant et arrêta les Allemands qui tentaient un mouvement 
tournant sur la gauche française. 

Ce mouvement décida du résultat de la journée et le feu cessa 
bientôt des deux côtés. 

Le capitaine de La Ghaise fut tué, le capitaine Prax et le 
lieutenant Guidasci furent blessés. Le régiment perdit 
40 hommes. 

Dans la nuit du 2 au 3 décembre, les i^^ et 3^ bataillons res-» 



— 160 — 

tërent de grand'garde dans le village de Ghampigny, oîi ils 
demeurèrent jusqu'au 3 décembre à 3 heures du soir. 

Ils reçurent Tordre d'évacuer le village et exécutèrent leur 
retraite dans le plus grand ordre, grâce à un épais brouillard 
qui empêcha l'ennemi de les inquiéter. 

Le régiment alla s'établir en cantonnement à Saint-Mandé, oii 
il séjourna jusqu'au 7 décembre. A celte date, il fut transporté 
par la ligne de ceinture à Glicliy, oh il prit ses cantonnements. 

A la date du 5 décembre, la division Susbicllo fit partie du 
i^' corps (général de Maussion). 

Le général llagon remplaça, le 9 décembre, le général do la 
Charrière, au commandement de la i»"» brigade. 



COMBAT DU BOURGET (21 décembre). 

Le Si décembre, à A heures du matin, le régiment alla 
prendre position en arrière de la roule de Pantin et se porta en 
avant jusqu'au Petit-Drancy, le 115* à sa droite, la 2« brigade 
en réserve. 

Le i»»" bataillon occupa le village de Drancy et s'établit en 
arrière du mur du parc, pendant que trois compagnies du 
2^ bataillon étaient déployées en tirailleurs en avant du parc et 
dans le cimetière, pour protéger deux batteries de 24 et de 12 
établies dans le parc et sur sa droite : le reste du régiment resta 
eu réserve en arrière du village. 

Le sous-lieutenant Aubert fut blessé. 

A la tombée de la nuit, la brigade se relira et alla bivouaquer 
sous le fort d'AubervilUers. 

La nuit fut très froide et un grand nombre d'hommes eurent 
les pieds gelés. 

Du 22 au 26 décembre, le régiment monta la garde de tran- 
chée par bataillon entre la Suiferie et la ferme de Drancy; le 26, 
la division rentra à Glichy. 

Le 4 janvier 1871, le régiment reçut Tordre de se porter à 
Romainville, pour renforcer la brigade Reille et monter la garde 
de tranchée entre le fort do Noisy et le village de Romainville. 
Il y resta jusqu'au 17, date à laquelle il rentra dans ses canton- 
nements de Glichy. 



— JGl — 

SORTIE DU 19 JANVIER 1871. 

Le 19 janvier, à 2 heures du matin, la division reçut Tordre 
de se porter au pont du chemin de fer de TOuest, rive droite, 
pour franchir la Seine. On marcha la gauche en tête, la 2« bri- 
gade commença le mouvement ; mais par suite d'encombrement 
do la voie, cette brigade n'eut pas terminé son passage à 7 heures 
du matin. 

Le régiment, qui avait attendu 4 heures, reçut alors Tordre 
d'aller passer la Seine au pont de Neuilly et de se porter sur 
Rueil, en passant par le rond point de Gourbevoie et la route de 
Nanterre. Il arriva à Rueil à 11 heures du matin. 

Le régiment reçut Tordre d'occuper le parc de Bois-Préau, en 
appuyant sa gauche à Monte-Maria, petit monticule qui se trouve 
dans la partie sud-ouest de Bois-Préau, au-dessous de la Mal- 
maison. 

Quatre mitrailleuses furent mises à la disposition du colonel 
pour appuyer sa gauche. 

Une ligne de tirailleurs fut poussée jusqu'à la roule qui sépare 
Bois-Préau du parc de la Malmaison, et une compagnie du 
3^ bataillon envoyée à la Malmaison pour maintenir Tenncmi 
s'il tentait un mouvement de ce côté. 

Vers 2 heures, le 3® bataillon, qui occupait Bois-Préau, reçut 
Tordre de se porter à gauche pour appuyer la division Berthaud, 
qui avait gagné du terrain. 

Le 2« bataillon, appuyé par le l®', prit position en arrière de 
la maison Crochard. 

Le régiment se maintint dans ses positions jusqu'à 9 heures 
du soir, où il reçut Tordre de rentrer à Rueil. 

A 10 heures, le 3® bataillon et la batterie de mitrailleuses quit- 
tèrent Monte-Maria et rallièrent le régiment. A minuit et demi, 
Tordre de retraite arriva et le régiment rentra dans son canton- 
nement & Clichy. 

Le 28 janvier, une suspension d'armes fut signée. Le régiment 
rentra dans Paris, où il occupa les baraquements du boulevard 
Péreire. 

Le 15 mars, le régiment versa ses hommes non libérables dans 
les autres corps de la division. Les hommes libérables furent 

il 



dirigés sur Évrcux, d*oii ils furent renvoyés dans leurs foyers, et 
les offleiers du H6^ rejoignirent ù Lyon le iO<> régiment d'in- 
fanterie. 



RÉCOMPENSES ACCORDÉES AU REGIMENT 

PJPJNDAX^T LA CAMPAGNE DE 187Q-187> 



4* I6« RÉGIMENT D'LNPANTBRIB. 



Bataille de Goulmiers (9 novembre 1870). 

Commandeur de la Légion d'honneur. 
M. Jagod du la CoTTiÈim, colonel. 

Chevaliers. 

MM. Sézary, eapitaine; 
Florence, lieutenant; 
LoRÉAL, lieutenant, blessé ifiortellement. 

Médaille militaire. 
Vaterlot, soldat. 

Affaires d'Orléans (2, 3 et 4 décembre 1870). 

Le régiment reçut des félicitations du général de division,' 
pour sa belle conduite pendant ces trois journées. Il ne fut 
accordé aucune récompense ; des mémoires de propositions 
furent établis, mais on ne sut jamais ce qu'ils devinrent. 

Armée de TEst. 

Il en fat de même pendant la canipugne dp 1 Est : soit négli- 
gence, soit mauvais vouloir de ceux qui devaiciil les faire par- 



— 103 — 

venir, ces mémoires de propositions pour des rccompeuses 
n'eurent aucune suite. 

Au mois d'avril 1871, il existait encore au régiment 150 blessés 
qui attendaient soit une retraite, soit un congé de réforme. 

Total [ * ^^^^""^ 

( 1 médaille militaire. 

i» 446« DE UGNE (SIÈGE DE PARIS). 



Combat de Villiers (2 décembre 1870). 
Officier de la Légion d'honneur. 
M. Uadot-Desportes, commandant. 

ChevaU€7*s. 

MM. Battërozb, capitaine ; 
De Ghatillon, capitaine ; 
MoRiTZ, lieutenant; 
GoGDEL, médecin-major ; 
Bloc, sergent; 
GnAREAUD, sergent; 

TniBAUDOT, — 

ZiHMERMAN, fourricr ; 
Apasseur, soldat ; 
GuiLLET-RiQUET, soldat ; 
Garaudel, — 

Médailles militaires» 

MM. Jaqukret, sergent-major ; 
BouDAR, sergent; 

BOTTIN, — 
DUROIS, — 

Le Lorrain, sergent; 
Aines, soldat; 
Bonneau, — 

MlÈZE, — ^ 



— 104 — 

Affaire du Bourget (19 Janvier 1871). 

Chevaliers. 

MM. Pèlerin, capitaine; 
Bertrand, lieutenant. 

Médailles militaires. 



MM. Floriscii, sergent; 
Martel, — 
Talagran, soldat. 

- li croix, 
Total. { jj médailles militaires. 



DEPUIS LA CAMPAGNE DE 1870.1871 JUSQU'EN 1880. 

Après la guerre, le dépôt du régiment qui était resté au Puy 
en Velay, rejoignit à Lyon, le 11 mars, le régiment qui se recon- 
stituait h sa rentrée de Suisse. 

Le 21 mars, les trois bataillons reformés occupèrent les casernes 
de Serin, du Bon-Pasteur, le fort Saint-Jean et le fortin de Vaisc. 

Dans les journées des 22, 23 et 2 i mars 1871, le régiment, 
réuni à toutes les forces disponibles de la ville, occupa la gare 
de Perrache pendant que THôlel de ville était au pouvoir des 
insurgés de la Commune. 

Le l"f avril, le colonel Panier des Toucbcs arriva à Lyon 
avec le cadre des officiers du 110". 

Le colonel Bebague, du \(V\ mouis ancien que lui de quelques 
jours, lui remit le commandement du régiment. 



TROUBLES A MARSEILLE ET A LYON. 

Le 2 avril 1871, le régiment reçut Tordre d'envoyer un déla- 
cbement d'environ 1000 bommes à Marseille pour réprimer la 
révolte, qui s'était rendue maîlresse de la ville. 



~ 165 — 
Ce détachement fut composé comme il suit : 

Behague, colonel ; 

De Cadoret, chef de bataillon ; 

Sézary, adjudant-major; 

Meunier, de Palatz, Malaval, Cocu, Harhem, 
Salviat, Florence, Giraudeau, capitaines; 

Josselin, Poitevin, Lecoq, Calmer, Guérie, Al- 
louisse, Moser, lieutenants; 

Betta, Ronfaut, Franc, Zeller, Angiron, Chaf- 
faud, Musy, Chambré, sous-lieutenants; 

Et 882 hommes tirés des i^f et 2° bataillons et 1'^ et 2® com- 
pagnies du 3^ bataillon. 

Ce détachement, accompagné d'une section d'artillerie, s'em- 
barqua le 3. avril, à minuit, à la gare de Vaise, dans deux trains 
qui le conduisirent à Aubagne où le général Ëspivent de la Yil- 
leboisnet, commandant les forces de Marseille, avait établi son 
quartier général. 

Le 4 avril, avant le jour, on marcha sur la ville, le 16® de 
ligne enleva la gare Saint-Charles aux insurgés et se porta avec 
une section d'artillerie sur la caserne des Incurables, où s'étaient 
retranchés une centaine d'insurgés. 

Le déploiement do nos forces et la menace du canon pour 
enfoncer les portes déterminèrent Tonicier des francs-tireurs de 
Caprera, qui commandait les insurgés, à se rendre sans conditions. 

Tous furent faits prisonniers et conduits deux jours après au 
château d'If. 

La moitié du détachement contribua à la prise de la Préfec- 
ture, transformée par la révolte en une véritable forteresse. 
Nous eûmes quelques hommes blessés. 

Le G avril, 3 compagnies du détachement allèrent prendre 
possession de la Mairie sur le vieux port et délivrèrent un déta- 
chement de chasseurs à pied qui avait été pris et enfermé dans 
cet édifice. 

Le détachement resta en garnison à Marseille jusqu'à la fin 
de juin, époque à laquelle il rallia le régiment h Lyon. 

A la suite de cet événement, le capitaine Cocu fut nommé 
chevalier de la Légion d'honneur et le détachement fut compté 
comme campagne de guerre à tous ceux qui y prirent part. 



— 166 — 

Pcndanl les troubles du 30 avril au faubourg do la Guillo- 
tiëre, la fraclion du régiment restée à Lyon occupa la place 
Bisuel en réserve el n'eut pas Toccasion de marcher. Elle jouit, 
néanmoins, dn bénéfice do la campagne de guerre. 

Le 25 juillet 1871, le régiment fut placé à la l'o brigade (géné- 
ral Gopmartin) de la lf« division (général Tixier), du 6« corps 
d'armée (général Bourbaki). Son dépôt et son 4® bataillon furent 
transportés parles voies ferrées à Hyères (Var), pour y tenir gar- 
nison. 

Le 5 novembre 1872, le Ministre de la guerre accorda une 
médaille d'honneur au soldat Voisin, pour avoir sauvé au 
péril de sa vie un homme en danger de se noyer. 

Le 31 décembre 1872, M. Prax, capitaine au 16®, reçut la 
croix de la Légion d'honneur pour sa brillante conduite pendant 
le siège de Paris où il reçut trois blessures. 

Par le môme décret, le tambour Rouget, amputé d'uno 
jambe, reçut la médaille militaire. 

Le 35 octobre 1873, les 1^" et 3'^ compagnies du â" iMitaillon el 
la 5<} compagnie du A^ bataillon furent désignées par le sort pour 
contribuer à la formation du i39^ régiment d'infanterie au camp 
de Pont-du-Chàteau (Puy-de-Dôme). 

Le 16 octobre, le dépôt et le '3^ bataillon quittèrent Hyères 
pour aller tenir garnison à Riom, en Auvergne. 

Lors de la formation des 18 régions de corps d'armée, le 16® 
fut placé à la l'o brigade (général Gopmartin) do la 25« division 
(général Tixier) du 13« corps d'armée (général Picard). 

Le 19 novembre 1873, le maire de la ville de lliom adressa aii 
colonel une lettre d'éloges pour la belle conduite tenue par le 
détachement pendant un violent incendie qui éclata au milieu 
de la nuit. 
En 187S, le régiment reçut le fusil modèle 1874 (fusil Gras). 
En 1877, le 4 septembre, pendant les grandes manœuvres, le 
régiment fut passé en revue dans la plaine de Montbrison par le 
maréchal de Mac-Mahon, Président de la République. 

Le 3 mai 1879, le colonel Panier des Touches fut admis à la 
retraite et remplacé par le colonel Thomas. 

A la même époque, le général de division Février prit le com- 
mandement de la 25<) division en remplficement du général 
Tixier, admis ù la retraite. 



— 167 — 

Le 14 juillet 1880, le régiment reçut des mains du Président 
(le la Ilépubliquc son nouveau drapeau. La députation chargée 
d'aller le recevoir fut composée de : 

MM. TnoMAâ, colonel. 

Mantrand, capitaine adjudant-major; 
Jaissy, sous-lieutenant porte-drapeau ; 
1 sous-officier; 
1 caporal; 
3 soldats. 

Le nouveau drapeau fut présenté au régiment le 25 juillet 
dans une grande revue d'honneur. Il porte dans ses plis les 
noms glorieux de : Hohenlinden^ Wagram, Sagonte^ Zaalcha, 

Au mois de janvier 1881, le général Gopmartin, commandant 
la ID*) brigade, mourut à Lyon en activité de service. 

Toute la brigade assista à ses obsèques; il fut remplacé par le 
général Borson, chef d'élat-major du 13® corps d*armée. 

Le 27 avril, le 3^ bataillon, commandé par le commandant 
Bonnefond, quitta Lyoïi pour se rendre en Algérie. Il arriva à 
Tlemcen le 10 mai et y tint garnison. 

Au mois d'octobre de la même année, le régiment quitta Lyon 
pour aller tenir garnison à Saint-Étienne (Loire), son dépôt fut 
transféré de Riom à Montbrison. 

Le 3^ bataillon reçut Tordre, au mois de mai 1883, de rentrer 
en France. Il s'embarqua à Oran le 30 mai, arriva à Marseille le 
2 juin, et alla tenir garnison à Lyon. 

Son départ d'Algérie lui valut Tordre suivant : 

GUDHE DE \A DIVISION. 

« î.c Ministre a prescrit In rentrée en France du bataillon «lu iC® de ligne 
détaché dans la division d'Oran. 

M Depuis deux ans, ce bataillon a fait preuve d'abnégation et d'esprit 
militaire dans toutes les circonstances difficiles où il a pu se trouver. 

« l.e général de division ne veut pas le laisser partir sans lui adresser ses 
éloges et ses remerciements. 

« Le Général commandant la division d'Oran, 

ti Signé : TuoMASSiN. » 



— 168 - 

En 1884, au mois d*oclobre, le régiment quitta la garnison de 
Saint-Étienne pour aller à Lyon ; son dépôt fut transféré de 
Monlbrison h Roanne. 

Au commencement de i*année 1885, M. le général de brigade 
Parlicr prit le commandement de la 49® brigade en remplace- 
ment du général Borson, promu général de division. 

Au mois d'octobre 1887, le régiment quitta Lyon et vint tenir 
garnison à Saint-Étienne (l^^ et 2^ bataillons), son dépôt fut 
transféré de Roanne à Monlbrison, et le 3^ bataillon fut détaché 
avec le dépôt. A la môme époque, le colonel Metzinger prit le 
commandement du régiment en remplacement du colonel Tho- 
mas, promu général de brigade. 

Ici se termine Thistorique du 16^ régiment d'infanterie. Lais- 
sons à Tavenir le soin d*y ajouter des pages plus glorieuses 
encore. 

La connaissance d'un passé aussi honorable est bien faite pour 
développer dans ce brave régiment Témulalion et le noble désir 
d'égaler ceux qui l'ont devancé dans la carrière. 

Prenons donc et gardons comme un dépôt sacré celte glo- 
rieuse devise qui fut toujours celle du 16® régiment d'infanterie : 

VALEUR ET DISCIPLINE. 



ANNEXES 



UNIFORMES ET DRAPEAUX DU REGIMENT 



REGIMENT DE BEARN. 

Habit gris blanc. Culotte blanche. Guêtres noires. Collet de 
l'habit et parements rouges. Passe-poil violet. Boutons de cuivre 
ronds, trois sur chaque parement et trois sur chaque poche de 
rhabil. Chapeau bordé d*un galôn d'or. 

Le régiment de Béarn avait trois drapeaux, dont un blanc 
(colonel), comme les quatre vieux régiments, et deux d'ordon- 
nance avec carrés, couleur Isabelle et violette, alternées par op- 
position avec croix blanche. 

RÉGIMENT D'AGENAIS. 

Habit gris blanc. Culotte blanche. Guêtres noires. Collet 
rouge, revers de Thabit violet. Boulons de cuivre ronds sur les 
poches en long et sur les parements des manches. Chapeau bordé 
d'un galon d'argent. 

Le régiment d*Agenois avait deux drapeaux d'ordonnance, 
avec carrés violets, en opposition avec deux carrés mi-parlic 
Isabelle et mi-partie vert, le vert formant le triangle intérieur du 
carré. 



— 170 — 



1G« DEMI-BRIGADE D'INFANTERIE. 

Habit imlional bleu à revers blancs. Col jaune. Parements 
rouges. Culolte bleue. Guêtres noires. Chapeau noir avec un 
pompon rouge ou un panache crin rouge pour les grenadiers. 

Drapeau aux couleurs nationales disposées d'une manière dif- 
férente pour chaque demi-brigade. 

Pour le 1G« fond blanc, au centre deux branches de laurier 
encadrant d'un côté le numéro de la demi-brigade, et de l'autre 
un faisceau de licteur surmonté d'un bonnet phrygien tricolore. 
Bordure de carrés, les quatre des angles bleus, huit rouges el 
douze blancs. Cravate rouge. 



4Go RÉGIMENT D'INFANTERIE DE LIGNE. 

Habit bleu avec col et parements rouges. Culotte blanche. 
Guêtres noires. Shako de feutre noir, tresse blanche, jugulaire 
de cuivre, l'aigle en cuivre comme plaque. Dans les compa- 
gnies du centre une patte d'épaule rouge remplace les épau- 
leltes, et le pompon du shako est rouge. 

Les grenadiers ont un bonnet à poil avec plumet rouge et les 
épaulettes rouges. Les voltigeursontlecollet jonquille, les épau- 
lettes jonquille et un plumet jonquille sur le shako. Le galon 
qui borde le shako en haut est également jonquille. 

Le drapeau se composait d'uu carré inscrit blanc avec cette 
inscription : l'Empereur des Français au 16® régiment de ligne. 

Les quatre triangles des coins étaient bleu et rouge alternati- 
vement, le triangle supérieur touchant h la hampe était bleu. 
Au milieu de chaque triangle des coins, était brodé le numéro 
du régiment encadré d'une couronne d*or, la cravate était trico- 
lore et la hampe surmontée de l'aigle aux ailes demi-déployées. 

Au retour de l'île d'Elbe, Napoléon adopta pour les régiments 
le drapeau tricolore portant les trois couleurs disposées vertica- 
lement, bleu h la hampe, blanc et rouge. 

La cravate de ce drapeau était tricolore et la hampe surmon- 
tée de l'aigle aux ailes demi-déployées. 



— 171 — 



LÉGION DU GARD 

Habit blanc. Collet et passe-poil écartâtes. Revers et pattes de 
parements écartâtes. Boutons blancs. Pantalon blanc. Shako 
«le feutre noir avec plaque aux armes de France, . portant le nu- 
méro du régiment. 

Le 3"^ bataillon du régiment est un bataillon de chasseurs, qui 
a rbabit vert boulonné sur la poitrine, avec collet et passe-poil 
écarlates. Epaulettes vertes. Pantalon vert. Môme shako, maïs 
avec un cor de chasse dans la plaque. 

Le drapeau est des deux côtés mi-partîe en diagonale blanc 
et vert. D'un côté, il porte les armes de France entourées des 
colliers de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et accompagnées du 
sceptre et de la main do la justice ; de Tautre côté, Tinscriiïtion : 
« Le Itoi h la légion du Gard », entourée de deux branches do 
laurier vert, sous lesquelles pendent attachées à des cordons 
rouges, les décorations de Saint-Louis et de la Légion d'honneur. 
Cravate blanche, lance dorée. 

L'ordonnance royale du 27 novembre 1816 institua les dra- 
peaux de bataillon mi-partie en diagonale blanc et rouge pour 
les 2«« bataillons, blanc et jonquille pour les 3«* bataillons. 

La décision du 24 avril 1818, qui rétablit le drapeau blanc, 
maintint les drapeaux de bataillon qui devaient marcher pour 
rendre les honneurs, le drapeau blanc ne les rendait qu'au roi 
seul. Le drapeau blanc portait d'un côté les armes de France et 
de l'autre l'inscription : « Le Roi au 16* régiment d'infanterie », 
entourée de deux branches de laurier vert, sous lesquelles 
pendent, attachées îi des rubans rouges, les décorations de Saint- 
Louis et do hi Légion d'honneur. 

Le drapeau est entouré d'une bordure de fleurs de lis d*or, il 
a la cravate blanche et la hampe est surmontée d'une lanco 
dorée. 

10® RKGIMENT D'INFANTERIE. 

Habit bleu de roi, collet blanc avec passe-poil bleu. Revers 
blancs avec passe-poil bleu. Parements blancs avec passe-poil 



— 172 — 

bleu. Pattes de parements' blanches avec passe-poil bleu. Re- 
troussis de l'habit bleus avec passe-poil blanc. 

La capote est en drap beige. Le pantalon est en tricot blanc. 
Le gilet en drap blanc et le bonnet de police en drap bleu de roi. 

Les fusiliers ont l'ôpaulette en drap sans frange, les grenadiers 
portent Tépaulette écarlate à franges, les voltigeurs Tépaulette 
aurore également à franges. 

Le shako est en feutre noir avec plaque aux armes de France 
portant le numéro du régiment, jugulaires en cuivre, et bandeau 
supérieur rouge pour les grenadiers et jonquille pour les volti- 
geurs. 

Le pompon a la forme d*une olive, portant le numéro de la 
compagnie pour les fusiliers^ une fleur de lis pour Tétat-major, 
une grenade pour les grenadiers, un cor de chasse pour les vol- 
tigeurs; il est blanc pour Télat-major, bleu de roi pour le \^^ ba- 
taillon, cramoisi pour le 2« et vert foncé pour le 3<*. 

Le régiment a le drapeau blanc tel qu'il a été décrit ci-dessus, 
plus, les drapeaux do bataillon dont on vient de parler égale- 
ment. Le règlement du service en campagne de 1823 dit : « Les 
porte-drapeaux, planteront les drapeaux devant le centre de leur 
régiment». 

G*est de cette époque que datent les expressions encore usitées 
aujourd'hui : « Rejoindre ses drapeaux »; « Être sous les dra- 
peaux ». 

Après 1830, le gouvernement du roi Louis-Philippe rétablit le 
drapeau tricolore, qui fut bleu a la hampe, blanc au centre et 
rouge flottant. 

La hampe fut surmontée du coq, dit « gaulois ». 

Au centre, le drapeau porta en lettres d'or Tinscription : « Le 
Roi des Français au 16<) Régiment d'Infanterie. » 

Sous Louis-Philippe, l'uniforme de l'infanterie reçut une modi- 
flcalion importante. On adopta pour toute Tannée l'habit t\ lu 
française, bleu de roi, sans revers et le pantalon rouge tombant 
sur le soulier. 

Le shako perdit sa forme évasée par en haut et devint cylin- 
drique. 

Les grenadiers et les voltigeurs furent distingués comme par 
le passé des fusiliers du centre. 

En 1848, l'habit fut remplacé par la tunique bleu de roi h une 



— 173 — 

rangée de boutons, avec passe-poil roùge et collet rouge. Le 
pompon double en laine fut donna aux grenadiers et voltigeurs. 
On donna aux compagnies du centre une contre-épaulette sans 
franges, en drap du fond de Thabit avec torsade rouge. 

En 1848, le gouvernement provisoire fixa la nouvelle forme du 
drapeau national. Aux quatre angles, dans une couronne de lau- 
rier, le numéro du régiment, au centre Tinscription : <( Répu- 
blique française, 16' Régiment d'Infanterie », entourée de ces 
quatre mots placés symétriquement vers les angles : « Unité, 
Liberté, Égalité, Fraternité ». Au revers, le numéro placé de 
même qu'à la face, et sur le milieu l'inscription : « Valeur et 
discipline ». La hampe était surmontée d'un fer de lance doré 
avec cravate tricolore. 

Par décret du 31 décembre 1831, Taigle française fut rétablie 
sur les drapeaux de Tarmée. Les nouveaux drapeaux furent dis- 
tribués à Paris le 10 mai 1852. 

Enfin, après la proclamation du second Empire, le drapeau 
resta le même, mais fut surchargé d'ornements de chiffres et 
d'inscriptions. 

En 1859, l'uniforme de l'infanterie fut modifié. La tunique fut 
remplacée par une veste à pans courts à une rangée de boutons, 
avec col et passe-poil jonquille. Au pantalon lombant on substi- 
tua un pantalon bouffant, forme des zouaves, s'attachant 
au-dessous du genou sur une molletière en cuir, peinte en cou- 
leur jonquille. Gomme chaussure, le soulier dit Godillot, avec 
guêtres en cuir ou guêtres blanches. 

Gapote gris bleuté avec col du fond. Le shako en cuir bouilli 
avec aigle pour plaque et cocarde tricolore. 

Aigrette en crin rouge, jaune ou verte, sortant d'une tulipe en 
cuivre pour la grande tenue; pompon olive en drap de même 
couleur pour les compagnies du centre et double en laine pour 
les grenadiers et les voltigeurs. 

L'épaulelte fut donnée à toute l'infanterie, elle reste rouge ou 
jaune pour les grenadiers ou voltigeurs, et elle est verte, à tor- 
sade rouge, pour les compagnies du centre. 

En 1807, nouvelle transformation ; la tunicfuc à deux rangées 
de boutons et le pantalon tombant sur le cou-de-pied rempla- 
cèrent l'uniforme décrit ci-dessus. Les autres détails de l'uni- 
forme restèrent les mêmes. 



— 174 — 

En 1868, les compagnies de grenadiers et de voltigeurs furent 
supprimées et toute l'infanterie reçut les épaulettes rouges. 
Chaque compagnie eut des soldats de V^ classe, avec un galon 
de laine jaune d'abord, rouge ensuite. 

Le shako rouge à bourdaloue noir remplaça le shako en cuir 
bouilli. 

C*est avec cette tenuQ que l'infanterie fit la campagne do 
1870-1871. 

Après les événements de 1870-1871, l'uniforme de l'infanterie 
no varia que dans des détails dont, la mention est inutile ici, do 
sorte qu^ii Tépoquo présente il est absolument le même qu'en 1 870. 
Sauf que le shako rouge est mou au lieu d'être rigide et que le 
brodequin napolitain a remplacé le soulier dit Godillot, con- 
servé seulement comme chaussure de repos. 

Le 5 juillet 1871, une circulaire du ministre de la guerre s'ex- 
primait en ces termes : 

« Eu attendant qu'une décision ait été prise relativement aux 
nouveaux drapeaux à distribuer à l'armée, les corps se procu- 
reront provisoirement, aux frais de la masse générale d'entre- 
tien, des drapeaux de grandeur moyenne qui ne porteront aucune 
inscription et dont la hampe sera surmontée d'un fer de lance 
doré. » 

Le 14 juillet 1880, le Président de la République française dis- 
tribua aux dépulalions des régiments le nouveau drapeau 
national. Ce drapeau est tricolore, la hampe surmontée d'une 
couronne portant un fer de lance doré. 

Il porte à chaque angle le numéro du régiment au milieu 
d'une couronne de laurier, d'un côté l'inscription : « République 
française, 16* Regimbent d'Infanterie », et au revers les batailles 
célèbres auxquelles le régiment a pris une part glorieuse et qui 
pour le 16« sont : 

HOHENLINDEN. 
WAGRAM, 
SAGONTE. 
ZAATCUA. 



OFFICIERS AYANT APPARTENU AU REGIMENT 



DATES. 


.OMS. 


OBSERVATIONS. 1 




COLONELS DU RÉGIMENT. 




!• Régiment d« Bèarn. 


iB'JS 


DoIlnlagny(Jcau.lcMonlluc). 


Ita»»lur«t1i.l<liiFr»ci. 


iG03 


Ue Balagiiy (Uamion de Moniluc). 




lCi2 


De Rambures (Charles, marquis). 




10Î7 


De Rambures (Jean). 




1633 


De Itomburcs (François). 




1043 


De Rambures (Rend). 




IfiSG 


De Rambures (Cliarics). 




1671 


De Itniiiburcs (Louis-Alexandre). 


Tut ptrudiliol» 1676. 


1670 


De l-'euiniiÈi-cs (Antoîuc ilu l'a», 
lunrquis). 


Dorinl liiiGl>ui.l RÙutnl. 


1U8U 


Do FcuquiÔres (Jules du l'as). 




1700 


DcLeuïille(Mar|uis). 




1718 


De Riclielicu (Duc). 


IKTiiili«r»!b<ld«t'-n««. 


173* 


De Vnlencc(Marqui9). 




1738 


Do «obnn-Cliabol (Duc). 




1745 


De Crillon (Marquis). 


NoDDiâ Di..^Ui1 d* «mp. 


1T46 


DclaToiirOii l>lii (Marquis). 




1701 


De Boisgoli» (Coiule). 




17C» 


De Creuolle (Marquis). 

2' Régiment d'Agena 


■ . 


1770 


Do Grillon (Marquis). 




— 


Do Cadignan (Baron). 




17711 


D'Auticliamii (Comlc). 




1783 


De Ilougc (Marquis). 




1784 


De la Salle (Comle). 




1789 


Do Villcfort (Comle). 


1 



— 176 — 



DATK8. 



NOMS. 



OI18KRVATION8. 



16< régiment dUnfanterie» 



1791 De Bloltcfièrc. 

1792 De la Coml)e. 



16« demi-brigade et 16« régiment d'infianterie. 



1795 


Gillot. 


1800 


Rouville. 


1807 


Marin. 


1809 


Lataur. 


— 


Gudiu. 


1812 


Lainollc. 


18li 


Puns. 



1815 
1817 
1819 



Qônéral da brigiide. 
Général da brigado. 



Légion du Gard. 



De Tschudy. 
De Bruc. 
D'Alvvmare. 



16* régiment dUnfanterie. 



1824 


De Mcsgrigny. 


Maréchal de camp. 


182G 


Bogarelli d'Ison. 




1832 


De Rostolan. 


Maréchal do cain|i. 


1839 


François. 




1812 


Yanheddghcni. 




1818 


Hosqucl. 


Maréchul do Frauco. 


— 


Jollivel. 




1850 


Titard. 




1855 


De Chargôre. 


Général de brigade. 


18GG 


Rcbilliard. 


Général de brigade. 


1870 


De la Coltière. * 


Général de brigade. 


1871 


Panier des Touches. 




1878 


Thomas. 


Général de brigade. 


1887 


Mclzinger. 





177 



DATK3. 



NOMS. 



DM'ES. 



NOMS. 



LIBUTENANTSGOLONELS. 



1820 


D*Aubusson de la 


1856 


Tondel. 


. 


Fcuillade. 


1862 . 


Blol. 


1823 


Pc Manncvillc. 


1867 


Lecoq. 


1829 


De Ncgiier. 


1868 


Jacob de la Cotlièrc. 


1831 


Scvelas. 


1871 


Guilhamin. 


1838 


Bertrand. 


1874 


Gullel. 


1841 


Persil. 


1878 


Fisson-Jaubcrtdc Puy 


1846 


Bosc. 




morin. 


1849 


Le Noble. 


1882 


De Ncymet. 


1853 


Jlernmnn. 


1887 


Barbé. 



CHEFS DE BATAILLON ET MAJOBS. 

(Les iiiojors sont indiques par la lellro m.) 



1820 


De Monliarvillc. 


1838 


Melinc. 




Bonne. 


1841 


Grundler. 


— 


De Brauneck. 


— 


Le Noble. 


— 


Navier (m). 


— 


Bourelly {m). 


1823 


Grégoire. 


1846 


Pelilgrand. 


182i 


Ménard. 


— 


Hugo. 


1829 


Moureau. 


1848 


Valicon. 


1831 


Vinct. 


1819 


Dubost. 


— 


Mesnagcr. 


— 


Labrol (m). 


— 


Mang (m). 


1850 


Pousard. 


1832 


Desnos. 


1851 


Caslan de Bajés. 


1833 


Jambon. 


— 


De Mnllcville. 


— 


Courlejaire(w). 


1854 


Baudoin (m). 


— 


De Lussy. 


1855 


Paillel. 


1837 


Rigolleau. 


— 


Paul. 


— 


Baligaud. 


mm^m 


Degrave. 


— 


Sabrier (m). 


. 


Francés (m). 



Nota. — l^a nêrio coinplàto ûo* officioM qni ont Rn|iarlonu un Uùgimoni n'a pu Atre 
rùtnblie qa'à partir ilo Tannôo 1820. On iroavora uann le ronra dn rAcii loi nom* lio^ 
oflicierA qui se sont dintingné», à quelque titre que ce soit, depuis la eriaitoii du llégt- 
ment jusqu'à l'année 1620. 

12 



— 178 — 



DATES. 

1 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


' i858 


Monnet. 


i873 


Guilbarl (m). 


— 


Bardin. 


1874 


BrauU. 


— 


De Launay (m). 


1876 


Retlel. 


18G0 


De Launay. 


1877 


Bertrand (m). 


— 


Cliani|)saur (m). 


1878 


I^atestère. 


i862 


BlonassoUCamou. 


— 


Signard (m). 


480i 


Laguclio. 


1871) 


Pernut. 


— 


Logcrol (F.'-A.). 


1881 


Blennéglier. 


1866 


Tliévenet. 


1882 


Bertrand. 


1867 


Prouvost. 




Bablon (m). 


_ 


Gollio (m). 




Pinon. 


1870 


Rabot des Portes (lO'' 


1883 


Besson (breveté). 




de marche). 




Oudard (w) (breveté). 


— 


Capdepont. 


1884 


Ilaller (breveté). 


— 


Séc(l6° démarche). 


— 


Toureng, 


— 


Carré. 




DeltheiK 


— 


Denis dit Calohire (m). 




Cellarié (m). 


1871 


Dyonnet. 


1887 


Boissc. 


1873 


Geoffroy. 


— 


Deflin. 




De Cadoret. 


1888 


Roussel (breveté). 


— 


Bonnefont-Pédufau. 




Terris (m) (breveté). 




Savin. 

CAPIT 


AINES. 




1820 


Pluchart. 


1820 


Ducert. 


• 


Planque», 


— 


Dubois. 




, Gotmeb. 


— 


Du ruelle. 


— 


Gresse. 




Pueoh. 


— 


Robin. 




Suisse. 


— 


Regliciu. 


— 


De Rochccreuse. 


— 


De Lavene», 




Roque. 




Dacheux. 


— . 


Couslalet. 


— 


Genneciaux. 




Morissure. 




Levesteau. 




Sanboul. 


: 


Tarin.* 

1 


— 


François. 


■■ 


Puitard. 


— 


Comeau. 


1 


Rchin. 




Brunière. 



DATliS. 


NOMS. 


.„.,. 


NOUS. 


)8S0 


Flavarl. 


1831 


Bachcicl. 


— 


irébniil. 


— 


Vanderlinden. 


1821 


Vc Bourncl. 


— 


GuyotdeLacour. 


— 


Graliowski. 


— 


Du Terlrc. 




Bcaufrtro. 


— 


De Cnignel. 


— 


Clmslclot. 


_ 


l'ombaM. 


— 


Clinuviii. 


_ 


Gcrt. 


— 


Itollniiil. 


_ 


GInndul. 


— 


Ilumlwrl. 


_ 


Rogior, 


1823 


LangloiB. 


_ 


Chaumel. 


— 


Tassa ni. 


_ 


Ports. 


— 


Veyricr, 


_ 


Duleil. 


— 


Barllicliimy. 





Seriïiat. 


— 


Fargeol. 


— 


Pigallel. 


— 


Grosgcaii. 


_ 


Arnaud. 


1824 


PalcRry. 


— 


Godcau. 


— 


FavarL 


1833 


LauroïK. 


— 


Doriai. 


_ 


Moïse/,. 


— 


Caillaud. 


— 


ïlarcou. 


— 


Sabricr. 


— 


Malignon. 


— 


De vaux. 


— 


Allnnchc. 


1827 


Itacombcs 





Feljns. 


— 


De Finance. 


_ 


Amand. 


— 


Du Plessis de Grcne- 


1834 


Orsibal. 




don. 


1833 


0. Pareil. 


1828 


Paulrier. 


— 


Fremonl. 


— 


DalanU 


1836 


Rcboulot. 


— 


Jullicn (AugUBlc). 


1837 


Agimnl. 


— 


Jiiliun (François). 


— 


D'Ex.5a. 


— 


Vigouroux. 


— 


0. tloarn. 


— 


SoisaiËrc. 


1838 


Droulla. 


1820 


Rollin. 


_ 


Gabriel. 


1830 


Riliière. 


18:i!i 


Uojlard. 


— 


De Gabriac. 


_ 


Olivier. 


IgJI 


Gnrtcln. 


_ 


Salilun. 


— 


July. 


— 


Cucnin. 


— 


Cnrceiisr. 


1840 


OcrnnnL ik' la' Gdtinais. 


- 


Hiirsoii. 


- 


Collin. 



DATB8. 


K0M8. 


DATIW. 


NOM»- 


1840 


Do Boisterlro. 


1830 


Boisscl. 


— 


Uca y-Cou vulcllf. 


— 


Pin. 


ItUI 


Bonncau. 


— 


Roboul. 


— 


Testa. 


1851 


Arviscl. 


_ 


Aldin. 


_ 


DauviD. 


— 


Mercier Sainle^roix. 


1892 


Lamolbe. 


— 


Lelollicr. 


— 


Gillet. 


-_ 


Clereet. 


— 


Peysônnicr. 


— 


Dnguel. 


— 


Fbry. 


— 


Lcqueux. 


1853 


GcDDcciaux. 





Itcboulcl. 


_ 


Mortier. 


1842 


Dru.lc. 


— 


Godefroy. 


_ 


Gcranl. 


_ 


JalalHsrt. 


_ 


Itoiiilon. 


— 


De la lk<3si6res. 


— 


(ÎHbriel. 


— 


Aiiiaury. 


1843 


D'A^hemar. 


1854 


Paris. 


1844 


Charcron. 


_ 


CaiaDdra. 




De Mosséy. 


— 




1845 


Couslallé. 


185S 


BaucliaDt. 





VÉroD AU Itcllecourl. 


— 


Droucl. 


_ 


Clialon. 


_ 


Fitias. 


i846 


Mailhan. 


— 


Denis àii Caloliirc. 


_ 


G^a^otlC. 


— 


De Haascy. 


1847 


Cahanon. 


— 


Riondel. 


_ 


Roclie. 


_ 


Coclicl. 


_ 


De For))iii. 


— 


CajKleviello. 


— 


Bocquet. 


_ 


Boucher. 


1848 


Pinard. 


—, 


Bicliard. 


_ 


Tliéron. 


1856 


Flamand. 


_ 


liesse. 


_ 


Wcisaciiiberger. 


— 


Fatlaguc. 


— 


Dantcuillu. 


~~ 


UmoCl. 


— 


Dubois. 


1840 


Lavoiquut. 


— 


Molard. 


~ 


Vallat. 


1857 


Thomas. 


_ 


Uoudou. 


1838 


Gérard. 


— 


Malgouyni. 


— 


Gillel. . 


— 


Demasscy. 


— 


De la Joncquijiru. 


18511 


Cou lien II. 


I8E>!I 


Datlcsli. 



UATKS. 


NOMS. 


llftTES- 


„., 1 


1860 


Jacquier, 


1870 


Monjcauï. 




— 


Durrmcvcr. 


— 


PoubauU. 




— 


Jusln. ■ " 


— 


Oudin. 




— 


Miln. 


— 


Fossoyeux. 




18fi2 


Sctra). 


— 


Fournicr. 




— 


Guyon. 


— 


Halavnl. 




_ 


Nicolini, 


— 


MallRl. 




— 


Carrcrc. 


— 


Ponscnrmc. 




— 


Goucil. 


— 


Cocu. 




— 


Lii|)!niT. 


— 


Marbcm. 




— 


Fnuvonu. 


— 


Salviat. 




18«3 


Jnvob. 


— 


lloilcux. 




— 


Rcwlicry. 


— 


Souliail. 




— 


Griiicourl. 


— 


Florenwf. 




mi 


Ponsoi. 


-_ 


Sdzary. 




ifflfâ 


Astrur. 


^ 


Guyol. 




— 


Serrn. 


— 


Serval. 




— 


Alirnlinm. 


1H7I 


Liégé. 




— 


Pcro. 


_ 


Rini. 




— 


lion Uni. 




Sr,Iiiipi.lcr. 




_ 


Ucival. 


— 


GraiMlican. 




ism 


Meunier. 


— 


Legrand. 




— ■ 


ttondcl. 


— 


Oarolty. 




1807 


Lamorcllc. 


— 


l'cicrin. 




— 


RoHie. 


— 


Cnrrey. 




— 


Kirlia. 


— 


Prax. 




— 


Ilenis (Ernesl). 


— 


Rahoa. 




18C8 


Daubaignan. 


— 


Konnc. 




_, 


l)elaChn|>(!lle. 


_ 


De Clinlillon. 




— 


Souhait. 


— 


Jolly. 




— 


Darré-Libéros. 


_ 


De la Celle dr 


CIm- 


1869 


Ilébrafd. 




Icaulwurg. 




— 


De Paiati. 


— 


Compani. 




— 


Angevin. 


— 


Aciier. 




— . 


CourloL. 


_- 


Girntiilenu. . 




— 


1)0 Itoysson. 


— 


Manlninil. 




1870 


Barrct. 


„ 


Claiiilr. 




— 


De l'nrscvnl. 


- 


Tliirion. 





— 182 - 



DATES. 


NOMS, 


DATES. 


NOMS. 


1874 


Tourcng. . 


1879 


De Wézôle-IIolu- 


— 


Goppens. 




bowiez. 




Bablon. 


1880 


Salel. . 


— 


Gorlmrslcin. 


1881 


Piron. 




Boohcrcr. 


— 


Pasquicr. 


— 


Guiclmnl. 


1882 


Blarcliand. 




Cloché. 


1883 


Ilost. 


1875 


Do Niort. 


— 


Faure. 




Bellecourt. 


1884 


Cheynet. 




Bonnaud. 




Martin (J.). 




Poilcvin (breveté). 




Dcck. 




Jossclin. 




Parât. 


— 


De Dormy (hrcvelé). 




Moriaux. 


— 


Florentin. 




Canel. 




Gôranl. 


— 


Marque. 


— 


Rcboul. 




Barrct (breveté). 


4877 


ïrcmblot. 


— 


Dcfibrges (breveté). 


— 


Monchfttre, 


1885 


Slivalet. 


— 


Millot. 


— 


Bfaguan. 


— 


Gaume. 


— 


Royor. 


— 


Martin. 




Clievaleyro. 


1870 


Dcsmarcst. 


1887 


Michel-Yillaz. 




liuslicn. 




Martin (liOnis). 




L.IEUTE 


INANTS 


» 


1820 


Roland. 


1820 


De la Ilubaudière. 




Amclot. 




Courtin-Dusaulsoy. 




Chastelet. 




Vigoureux. 


— 


Tronchain. 




De Brossard. 


— 


. Tcxier. 




Fabre-Montvaillant. 




Dericq. 




Simon. 




Bricnrd. 




Boissière. 




Rolin. 




Ribière. 




Chambille. 




Ghave. 


— 


Gompant. 


— 


Brunel. 


• 


Dclinance. 


- - 


Do Gabrluc. 





— 183 — 




DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1820 


Marson* 


1829 


Laurent. 


— 


Jamct. 


1831 


Orsibal. 




Gonct. 


— 


0. Mëara. 


— 


Gest. 


— 


Agussol. 


— 


Mincllc. 


— 


Roboulot. 


1821 


Porrot. 


— 


Olivier. 


— 


Reverdy. 


— 


Grée do la Gallcrie. 


1823 


Lôudion-Boisclar. 




Pigallet. 


—— 


Petre» 


— 


Gabriel. 


— 


. Pautrier. 




Salaûn. 


» 


Angcau. 


— 


Frémont. 


• — 


Rogicf» 


— 


Fezon. 


— 


Julien^ 


— 


Dubourg. 


— 


Vanderlinden. 


— 


Riquœur. 


— 


Duplessis. 


— 


D'Exéa. 


— 


Jamét* 


— ■ 


Cuénin. 


— 


Descombes. 


— 


NarçoUé 


~ 


Dachelet» 


— 


De Bormans. 


•>— 


LondroSé 

• 


1 


Blanc de Molins. 


~ 


Grobon. 


1832 


Blanchon. 


1825 


Maycr« 


— 


Dubois. 


— 


DuthciL 


— 


Gally. 


1827 


Pérès. 


^■■^^ 


Do lA Gàlinais. 


^— 


Gérard. 


— 


Cottin. 


— — 


Lauze. 


— 


Donneâu. 


— 


Geccaldi. 


• — 


Solàtges. 


_ 


Samet. 




GascueK 


— « 


Scriziat. 


* •■"■ 


Gillet. 


-^ 


Godcau. 


1833 


De Boislcrtrc. 


— 


Dachcux. 


— 


Aldin* 


1829 


Ri goulot. 


— 


Rehm. 


— 


Riqu6uX. 


— 


Gérard de Pindray. 




Malignon. 


— 


D*Ësplanels. 


— 


Deveaux. 


— 


Grenier. 


— 


0, Pareil. 


— 


Ganasse. 


— 


Feljas. 


— 


De Sainte-Croix. 


— 


Allanche. 


— 


Manain. 




Moisez. 


-~. 


De Bonnans. 



— 184 — 



DATKS. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1833 


Booncau. 


1842 


Vallat. 


— 


Dlauchon. 


— 


Couneau. 


1834 


Lctellior.. 




Bessc. 


1835 


Clcrgcl. 


— 


lUalgouyré. 


183G 


BQurdilliat. 


— 


Arviset. 


— 


Lcqucux. 


1844 


Lamothe. 


— 


De Philip. 


— 


Pin. 


— 


Rousseau (le Sibcllc. 


— 


Peyssonnier. 


— 


Dausagc. 


— 


Binet.. 




Drude. 


— 


Genneciaux. 


— 


Daguel. 


— 


Gillct. 


1838 


Millet. 


— 


Godefroy. 


— 


Piocli. 


— 


De la Bessièrc. 


— 


Tcsla. 


— 


Ainaury. 


— 


IVAdhemar. 




Martin. 


— 


De Massey. 


— 


Lemaréchal. 


1839 


Jousson. 


1848 


Besançon. 


— 


Gouslalé. 


— 


Ilamel. 


— 


Ghalons. ' 


— 


Guénin. 


— 


Charéron. 


— 


Remoissenet. 


1840 


Mailhau. 


— 


Bauchant. 


— 


Gabaqon. 


— 


Enjalbert. 


— 


De Chassepol. 


— 


Gharles. 


— 


Bouclon. 


— 


Richard. 


— 


Roche. 


1810 


A nieller. 




Vcron dU DcUecourl. 


— 


Gillias de Fontl)ouN 


— 


Seipon. 




land. 


1841 


Deliot. 




Drouet. 




D'Agoull. 


1850 


Denis dit Calohire. 




De Bar de la Garde. 


— 


Leroy. 


— 


De Forbln. 


1851 


Wattelicr. 




Pinard. 


— . 


Gochet. 




. Gravelle. 


1852 


De la Jonquières. 




Fallague. 


— 


Besançon. 




ThiSron. 


— 


Capdevielle. 


. 


Clcmenl. 


— 


Dufoure d'Antisl. 


— 


Bocquel. 




Flamant. 


1812 


Morlicr. 


— 


Gahmdra. 



— 188 — 



DATKS. 


NOMH. 


DATRS. 


NOMS. ' 


i853 


Danteuillc. 


1861 


Lainorcllo. 


— 


Gérard. 


«MB« 


Desbergerons. 


i854 


Batlcstî. 


1862 


Pons. . 




RoHct. 


— 


Barret. 




Tliomas. 


— 


Mercier. 


— 


MoIIard. 


— 


Montjeaux. 


— 


Jacquier. 


— 


Darré-Liberos. 


— 


Mila. 


— 


Bassieux. 


— 


Serval. 


1863 


Fournier. 


— 


Guyon. 


1864 


Ck)urtot. 


i855 


Nicolini. 


1865 


Malaval. 


— 


Carrôrc. 


— 


Bataille de Sovignac. 


— 


Durrmcycr. 


— 


Sezary. 


^^__ 


Ponsot. 


— 


Oudin. 


— 


Pau veau i 


— 


Do Boysson. 


— 


Martin. 


— 


Angevin. 


^.Mi. 


Âstruc. 


1866 


Ghavaux. 




Moutier. 


— 


Marguerite. 




Abraham. 


— 


Ponscarme. 


— 


FosRoyeux. 


1867 


De Parseval. 


— 


Pcro. 


— 


Mallat. 




Dubois* 


18(i8 


Serais. 


1856 


Coulant. 




Dupré. 




Meunier. 


— 


Gagelin. 




Rochery. 


— 


Porra. 




Rondet. 


— 


Robert de Saint-Vin- 


— 


Roche. 




cent. 


— 


Delval. 




Cocu. 


_ . 


Lnbbé-Deslonécs. 


18G9 


Gamet de Saint-Ger- 


— 


Nicolini. 




main. 


— 


Denis (E.). 


— 


• 

Marhem. 


4858 


Daubaignan. 


— 


Noell. 




Kirba. 


— 


Amyot. 


1859 


Souhait. 


— 


Gourlay. 


18G0 


Dclavier. 


— 


Salviat. 


— 


Ili^branl. 


— 


(luyot. • 


~- 


1)0 l»alal7.. 


— 


lk)ileux. 


— 


Rullicr. 


1870 


Florence. 





- 186 - 




DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1870 


Hcllcr. 


1871 


Bertrand. 


.— 


Dray. 


— 


Guidasci. 


— 


JoHy. 




Lubis. 


mmm 


Lorrénl. 


— 


Gérard. 


.—m 


Blichd. 


— 


RebouK 


-. 


Graff. 


-~ 


LcfebYi*e. 


— 


Lo Hourlior. 




Naudé. 


— 


Mipda. 


— 


Biaise. 





Trappicr. 


— 


Guyol. 





Viel. 


— 


Gazai. 


~^ 


Pascal. 


— 


Sorbe. 


-« ' 


Duprô. 


— 


Guichon. 


— > 


Morct. 


— 


Piron. 


— 


Rigollct. 


— 


Palmade. 


.— 


DoIaCcllodcChatcau- 


1872 


Brisset. 




bourg. 


1873 


Uolger. 


— 


Guillaume. 


— . 


llorrie. 


— 


Josselin. 


1874 


BoisUVeau. 


— 


Poitevin. 


-^ 


Golonna do Giovellina. 





Lccoq. 


1875 


Cai)elle. 


— 


Navarre. 


— . 


Pothelet. 





Calmer, 


i— 


Blin. 





Giraudcau. 




Alazet. 





Bloscr, 


— 


Quais. 





Taconnat. 


187G' 


Bcaufumô 





Clert. 


^— 


Brenot. 





Guérie. 




Melet« 


• 


Allouisse. 


.— 


Rehm. 


1871 


De Gantiy, 


— 


Wagner. 


— 


Gerliardstein. 




Dalix. 


— 


Uoclirer. 


— 


Cheynet. 


— 


Duhay. 


— 


Martin (J.). 


— 


Morilz. 


1878 


Darfis. 




Gadaud. 


— 


Cottréel. 


— 


Vincent. 


— 


Maeckerel. 


— 


Rul. 


1880 


Morisot. 


— 


Darrau. 


1881 


Martin (L.). , 


— 


Ronnaud. 


— 


Trovel. 



187 — 



DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1881 


Franck* 


1884 


De Dernage. 


— 


Fromiga. 


— 


De la Richerie. 


— 


Dessauve. 


1885 


Jannesson. 


— 


Soulé. 


.— 


Vassel. 


— 


MiclieUYillaz. 


— 


Dcrtillon. 


1882 


Leblanc. 


— 


Denys do Bonavcnlurc. 


— 


Ck)ltin (le Blelleville. 


1886 


Martial (brevClé). 


— 


Daras. 


— 


Carrère. 


1883 


Labrot. 


1887 


Drillat< 


— 


Arlabosse. 


— 


Darnaud. 


— 


Dechej^.cl1e. 


— - 


De Romatts-Ferrari. 


— 


Rollirt. 


— 


GroSé 


— 


Juin. 


— 


Kern. 


— 


Glausade. 


— 


DagueSé 


4884 


Devèà.' 


1888 


Detroyat. 


— 


Paoletti. 


—— 


Haguet d'Ëtaules. 



1820 



SOUS-LIEUTENANTS. 



Pcrrot. 

Pelrc. 

Grosjeaii. 

Reverdy* 

Gobron« 

Gueriot. 

Vanclerois. 

Ilcrmot. 

Courtois. 

Rogicr. 

Vanderlindcn. 

Michel. 

Caraguel. 

Reissent. 

Dassac. 

Chaslan. 

Bobé. 



1820 


Arnaud* 


— 


Galambrc. 


— 


Angeàu# 


— 


Dutheil. 


— 


Dubeslay* 




Saînt-'Pern* 


-~- 


Scriziat. 


— 


Dacbeux. 


1821 


D*Hugues. 


— 


Cavaillier. 


1822 


Fourneaux. 


1823 


Gcccaldi. 


— 


Godeau. 


— 


De Galland. 


— 


Lauzé. 


— 


D*Audigier. 


— 


0. Farcll. 



— 188 — 



DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1823 


Moiscz. 


1820 


De Boistcrlre. 


— 


Riqucur Tainô. 


— 


Alilin. 


— 


Narçon. 


— 


Mezard. 




Matignon. 


— 


Cagarriga. 


— 


Feljas. 


— 


Gotlin. 


— 


Fezon. 


1830 


Reline. 


— 


Rcmy. 


— 


Gérard de Pindray. 


— 


BufBère. 




D'Esplancls. 


il— 


Reboulet. 


i831 


Grenier, 


— 


D'IIugormcau. 


— 


Ganosse. 


— 


Gallaert. 


— 


Sauboul. 


— > 


Dcvcaux. 


~. 


De Sainte-Croix. 




Slcinmclz. 


— 


LctelliQr. 


— 


Maycr. 


— 


De Saiut-Vincx>ut. 


— 


Cl t^rnnl. 


— 


Uhiucux. 




Gouyon. 




Dansagc. 


— 


L*Ainé. 

1 




Clerget. 


— 


Guillaume. 




Ballet. 


— 


Fommcaux. 


— . 


Drude. 




Rcboutot. 


— 


Brenicr de Montmo- 


1827 


Alanche. 




raud. 


— 


Agussal. 


— 


Dul)ois. 


— 


Dubourg. 


— 


Galy.. 


— 


Doulct. 


— 


La GAtinais. 




D'Exéa. 


— 


Bonnaud. 


-— 


Gucnin. 


— 


Blanchon. 




Massain. 


— 


Quillico. 


— 


Dupérier. 


i832 


Blillet. 




Blanc de Molinc. 


— 


Pioch. 


— 


Ccrfbcrr. 


— 


Ledicu. 




I)*Azcmar. 


— 


Brousse. 




Buffîèrc. 


— 


De Massev. 

% 


— 


Solatge. 


— 


Jousson. 


— 


Gascuel. 




Gromont. 


— 


D'IIugonncau. 


— 


Daguct. 


i820 


• Clerc. 


1833 


Mailhan. 




Uosan. 


— 


Cabanon. 


— 


Gillcl. 


— 


Aguicr 



UATI>;8. 


KOMS. 


BAÏKa. 


NOMS. 

l-cysonnicr. 


1833 


Coualalcl. 


1840 


— 


Cliarrcjron. 


1841 


Genneciaux. 


_ 


Doudoii. 


— 


Rinet. 


_ 


Roclic. 


_ 


Godefroy. 


_ 


Domrd. 


_ 


Gillel, 


_ 


Se mon. 


_ 


De la Joncquifirc. 


— 


Tesin. 


— 


Aniaury. 


— 


Do CliasscpoL. 


— 


Martin. 


_ 


Housscau tic Sibiilc. 


— 


Lemaréchal. 


— 


Iklioi. 


— 


Besançon. 


— 


Martiii. 


— 


Rcinoiascnel, 


_ 


Mcnelricr. 


-_ 


llamol. 


— 


Uaudinel. 


— 


Bcaucliamii. 


— 


LcrÎB. 


— 


Enjalbcrt. 


— 


De Lagarde. 


— 


Chartes. 


_ 


Pinard. 


_ 


Du|ieyre. 


_ 


U'Agoull. 


18ii 


Cliausscmli-. 


_ 


Baillct. 


_ 


De Cabriôrcs. 


— 


Challon. 


— 


Georgy. 


— 


ClRrecl. 


— 


DrouGt. 


i»:ii> 


V.>roii J<l Uollwoiirl. 


_ 


Valollc. 


_ 


Gravcllc. 


_ 


I/iroy. 


ih:i7 


De Forbin. 


_ 


Amellcr. 


_ 


Tlicron. 


1846 


Dufourc d'AnlisL 


J838 


ClcmcnL. 




Cochet. . 


_ 


Ptdiin. 


1847 


Richard. 


_ 


Rabin. 




Flamand. 


1«3!) 


Itlocquct. 


_ 


Chariot. 


— 


Morlier. 


_ 


Lamboulcy. 


I84U 


Vrtlal. 


_ 


Rcgnaull. 


— 


Blin. 


_ 


Uubert do la Uayrie. 




Couneau. 


1818 


Bouillier. 


— 


François. 


— 


Bailly, 


_ 


Ites^. 


— 


Bobet. 


_ 


MalgouyrO. 


_ 


DanleuiUe. 


_ 


Arvisol" 


— 


Rlolard. 


_ 


Lnniollic, 


-~ 


DuboU. 


- 


Pin. 


- 


Ballesti. 



nxxEs. 


..... 


DATES. 


»„.. 


im 


Capodevielle. 


1833 


Stercier. 


— 


Jnc<|uicr. 


— 




— 


Guninl. 


— 


liussiuiix. 


— 


Uila. 


IHBC 


Malavel. 


— 


Serval. 


— 


Morcnu. 


— 


Guyon. 


— 


Dnrré-Liberos. 


— 


Niuolini. 


— 


llalaillu du Suvii,nii)c. 


— 


Aslmc, 


— 


Smry. 


— 


Linm). 


i857 


Cliaynux. 


— 


Fayolle. 


— 


M arguer! lu. 


1B5Ï 


Abraham, 




Noifol. 


— 


Kossoyeujt. 


— 


Oudin. 




Pouricr d'Iliucourl. 


— 


l'ouscaniic. 


— 


Poro. 


1838 


Do UalcBli. 


__ 


CoiiloDl. 


_ 


Ilaliiie. 


— 


Ucunier. 


_ 


Mallal. 


— 


LiiliMc'-DcsIomk's. 


183'J 


Cuurlol. 


— 


Uocliiiry. 


— 


Seraiit. 


— 


RolMjrt. 


1860 


Dujjré. 


— 


Rondel. 


_ 


Gagelin. 


1853 


Bergerel. 


— 


Luhnt. 


— 




— 


De Uoyssoii. 


— 


Hoche. 


. _ . 


l)c Parsoval. 


— 


Kirha. 


18(il 


Allaii'C. 


— 


Dauhaignan. 


_ 


Robcri de Saiiil-Viii- 


1»S( 


Del val. 




ccnt. 


— 


Delavier. 


mm 


Cocu. 




Ilcbranl. 


— 


Gmnct do SahU-Oor- 


— 


Souhait. 




mnin. 


— 


Maurei-, 


_ 


La u l'eus. 


18Ki 


De Palalz. 


_ 


Hose. 


— 


Dai' riens. 


_ 


De Menorval. 


— 


flarry. 


— 


Co.u,mgnon. 




Pons. 




Marlicm. 


— 


Lamorello. 


_ 


Di'uu d'Aubij^ose. 


— 


ilecgmann. 


— 


POITB. 


— 


Moiijeuux. 


18(i3 


Noëlle. 


— 


liiima. 


I8(il 


Amyot. 



— 191 — 



1 


DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


18G4 


Babloii. 


1869 


Finck. 


'— 


Gourlay. 


— 


De la Celle de Ghateau- 


1865 


Salviat. 




bourg. 


— 


Florence. 


1870 


Maratuech. 




GuyoU 


— 


Moret. 


— 


Dray. 


— 


Thébault. 


— 


Du Blesuil de Mari- 


— 


Meunier. 




court. 


— > 


Josselin. 


— 


Blassé. 


— 


Poitevin. 


— 


Boiteux. 




Lecoq. 


1866 


Ileller. 


— 


Petolety. 


— 


Michel. 


— 


Navarre. 


i867 


Minda. 


1871 


Richard. 


— 


Jolly. 


— 


Lame. 


— 


Le Bourlier. 


— 


Gapelle. 


1868 


Le Foll. 




Aubert. 


— 


Trappier. 


— 


Horrie. 


— 


Berlrandy. 


— 


Rufin. 


— 


Rousset. 


— 


Marion. 


— 


Viel. 


— 


Meynard. 


— 


Paycnie. 


— 


Bouvet. 


— 


Graiï. 


— 


Blaguer. 


— 


Gompaut. 


— 


Du Grandrut. 


— 


Lorrcal. 


— 


Dc|)ey. 


— 


Carrier 


— 


Holger. 


1869 


Aclier. 


— 


De Framond. 


— 


Jacquin. 


— 


Bertrand. 


— 


Brcant. 


— 


Alazet. 


~- 


Aloïsi. 


— 


Zcllcr. 


— ^ 


Pascal. 


— ■ 


Blaeckercl. 


—. 


Giraudeau. 


— . 


Furlaud. 




Guillaume. 


— 


Darfis. 


— 


Dubos. 


— 


Betla. 


— 


Schlinguer. 


— 


Pcllier. 


— 


Maire. 


— 


Barbier. 


— 


Polhaut. 


— . 


Ronfaut. 


— 


Bcrgeron 


— 


Franck. 




Plane. 


— 


Blorlet. 



— 192 — 



DATES. 


NOMS. 


DATES. 


NOMS. 


1871 


Tcîssicr. 


1870 


Tissot. 


• -~ 


Doussot. 


— 


Gardey. 




Lebrun. 


1877 


Kock. 




Àngiron. 


— 


Deniaud. 


— 


DTrre. 




Raulot-Lapoinle. 


— 


Chaffaud. 


— . 


De GadoUe. 


— 


Musy. . , 


— 


Kurtz. 


— 


Brouillard. 


1878 


Roux. 


— 


Chambré. 


— 


Marly de Bornage. 


— 


Pincemin. 


1879 


Schwab. 


— '' 


Mailre. 


— 


Pcrre. 


— 


Colonna. 


1880 


Laroche. ' 


— 


Wautrin. 




De Parseval. 


— 


Badinier. 


— 


Pcro. 


m± 


Blaguer. 


1881 


Donmnge. 


— 


Dalix. 


188i 


Carrôrc. 


— 


Wagner. 


— 


Maugras. 


— 


Brissct. 


1883 


Drillat. 


— 


Olivieril 


— 


Petret. 


— 


Boucat. 




Vasseroi-Merlc. 


i873 


Piron. 




De Romans-Ferrari. 




Fournicr. 


— 


Jordan. 


— 


Masson. 


1884 


Chauvey. 


1874 


Roby. 


— 


Gros. 


— 


Gancl. 




Kern. 


— 


Rauch. 


• .^i» 


Dagues. 




Laruc 





Cord'hommc. 


— 


Dessauve. 


1885 


Biloir. 


1876 


Quais. 


1880 


Triboullier. 


— 


Poli. 


— 


Poulet. 


— 


Jnlssy. 


— 


Hou pour t. 


— 


Bertrand. 


1887 


Boulhol. 


— 


Jamme. 


1888 


Renaud. 




Benoit. 


— 


Fénard. 




Vial. 




• 



TABLE DES MATIERES 



Pagw. 

Transformations successives du régiment 1 

llâgimmt de Déarn ' 3 

Fahcrt ^ 

(jucrre ilc Trente ans ^> 

La Fronde ' ^ 

Guerre de Hollande ^ 

Ligue d'Augsbourg ii 

Guerre de succession (PEspagne ^2 

Guerre de succession de Pologne 13 

Gurro de succession d'Autriche 13 

(îuorre ilo Sept ans Itt 

Régiment (CAgauiis 18 

Guerre d'Amérique ^ i8 

1G<» régiment (Cinfanlerie .' . 21 

Campagne de 1792 21 

Campagne de 1793 22 

16° demi-brigade de bataille -24 

Campagne de 4794 24 

(iampagnc do 1 795 30 

IC® demi-brigade de ligne 30 

Campagne de 179G 31 

Campagne de 179T 37 

Campagne de 1799 39 

Campagne de 1800. Campagne d'été 43 

Campagne d'hiver 48 

llolienlinden 49 

Le régiment de 1801 h 1805 »2 

IG® régiment d'infanterie de ligne ^ 

Trafalgar 53 

Campagne de 1809 56 

13 



- 194 - 

PageH. 

Wagrain ^^ 

Période lie 1810 à 1813 «S 

Campagnes en Espagne ^ 

Siège de Girone C8 

Corps d'oltservation de la Hollande 75 

Armée d'Aragon 1811 "^S 

Siège de Tarragone : 77 

Itiilaille de Sagonle 8^ 

Siège de Valence ^-^ 

(irande Armée. (1813) «H 

Armée de Lyon (181 i) «î* 

Légion du (lard ^ i>0 

16° régiment d'infanterie de ligne (1820) ^^3 

Campagne d'Kspagne (1825) 05 

Campagne de Morée (1828) 104 

Période de 1830 à 1845 100 

Funérailles «lu général Lamarque 107 

Troubles à Strasbourg 109 

Campagne d'Afrique (1815-1849) 113 

Opérations contre les Flittas et le Dahra 114 

Zaatcha (1849) 1 19 

Expédition contre les Beni-Immel 123 

Campagne du Gers (1851) 120 

Période de 1852 à 1870 127 

Guerre contre, rAlleniagne (1870) 138 

Première armée di; la Loire 138 

Itataille de («oulmiei-s 140 

Ritaitle de Loigny-lN)upry 145 

(«ombals d'Arltienay el ('lievilly l-K» 

Combat d'Oriéans /. " 148 

Campagne de l'Est 150 

Combats de Cliavanne et d'Arcev 152 

Ikitailte d'iléricourt 152 

Siège de Paris 15(» 

Combat de CliAtiilon 157 

Combat de Ikigneux 157 

Combat de Montmesly 158 

Combat de Villiei-s.. ! 159 

Combat du l{«iurget 100 

Sortie du 19 janvier 1871 101 

Uécompenses accordées au régiment pendant la campagne de 1870- 

1871 162 

Depuis la canq>agne de 1870 jusqu'en 1888 10-i 

Troubles h Mjirseille et h Lyon 164 



. — 105 — 

Hcmisc du nouvcnu drapeau au rogimcnt 166 

Uniformes et drapeaux du régiment 169 

Liste des colonels du régiment. . . : i75 

Liste des lieutenants-colonels 177 

Cliefe de bataillon et majors 477 

Capitaines 178 

Lieutenants 182 

Sous-lieutenants 487 



Paris. — liiipriiiicrio L. BAUfx>iN ot C*, t, ruo Cbrislinc 



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Austin 1995 



K» l.