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Full text of "Introduction à l'étude des dialectes du pays romand"

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Ayer,  Cyprien 

Introduction  à  l'étude  des 

dialectes  du  pays  romand 

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ACADÉMIE  DE  NEUCHATEL 


ANNEE    KS78-I879 

SEMESTRE     D'HIVER 


INTRODUCTION 


L'ÉTUDE  DES  DIALECTES  DU  PAYS  ROMAND 

PAR 
M.  LE  PROFESSEUR  C.   AYER,   RECTEUR  DE    L'ACADÉMIE 


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Catalogue  des  étudiants,  semestre  d'été  1878. 

Programme  des  cours  pour  le  semestre  d'hiver  1878-1879. 

Renseignements    divers. 


NEUCHATEL.  —  IMPRIMERIE  DE  JAMES  ATTINGER 


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INTRODUCTION 


L'ÉTUDE  DES  DIALECTES  DU  PAYS  ROMAND 


Les  dialectes  et  les  patois  mo  semblent  des  mines 
presmio  intactes,  et  dont  il  est  possible  de  tirer  de 
granaes  richesses  historiques  et  philosophiques. 

j.  DE  Maistre. 

II  était  autrefois  de  mode  de  ne  parler  des  patois  qu'avec  le  plus  profond  dédain. 
Je  me  rappelle  —  il  y  a  de  cela  plus  de  trente  ans  —  qu'un  honorable  magistrat  fri- 
bourgeois,  qui  cultivait  les  lettres  dans  ses  moments  de  loisir,  fit  la  leçon  à  M.  L. 
Bornet,  alors  tout  jeune,  pour  avoir  écrit,  en  patois  et  non  en  français,  sa  charmante 
idylle  des  cevreirs  (les  Chevriers).  Notre  pauvre  romand  fut  fort  maltraité  à  cette  occa- 
sion; on  l'appela  un  langage  inculte  et  barbare,  un  idiome  informe  et  sans  règles,  en 
un  mot  un  véritable  baraguoin  aussi  indigne  de  l'attention  du  littérateur  que  de  celle  du 
grammairien. 

Il  s'ensuivit  dans  VEmulalion,  revue  qui  se  publiait  à  Fribourg,  une  polémique 
plus  intéressante  pour  le  littérateur  que  pour  le  philologue,  mais  qui  me  donna  l'idée, 
un  peu  téméraire  alors,  d'une  étude  comparée  de  nos  dialectes  de  la  Suisse  romande, 
embrassant  à  la  fois  la  grammaire,  le  vocabulaire  et  l'histoire  de  ces  dialectes. 

C'est  ce  travail,  fruit  de  longues  et  laborieuses  recherches,  que  je  me  décide  enfin 
à  mettre  au  jour*.  J'ai  été  devancé,  il  y  a  quelques  années  seulement,  par  deux  écrivains 
suisses,  MM.  Fr.  Hœfelin  -,  de  Klingnau  (Argovie),  et  J.  Cornu  ^,  du  canton  de  Vaud.  Mais, 

'  Jusqu'ici  je  n'ai  puMié  que  des  fragments  de  ce  travail,  par  exemple  la  Notice  svr  le  patois  frihour- 
geois,  dans  l'album  de  M.  A.  Bachelin  Autour  de  deux  lacs  (1864),  une  autre  notice  sur  l'étymologie  du  mot 
Creux-du-Yan,  dans  l'album  qui  porte  ce  titre  (1866),  enfin  un  certain  nombre  de  remarques  sur  le  romand 
de  la  Gruyère,  qui  ont  paru  en  notes  dans  ma  Phonologie  de  la  langue  française  (1874). 

•  Recherches  svr  les  patois  romans  des  cantons  de  Neuchdtel  (en  allemand,  1875)  et  de  Frihotirg  (en 
français,  1876). 

'  Le  Ram  des  taches  de  la  Gruyère  et  la  chanson  de  Jean  de  la  Bolliéta,  dans  les  Romanische  Stu- 
dien  do  Bœhmer,  tome  I"!"  (1863),  p.  358.  — Chants  et  contes  populaires  de  la  Gruyère,  publiés  dans  la  Ro- 
mania  de  1875.  —  Vna  Panera  de  Revi  frihordsei,  proverbes  recueillis  par  l'abbë  J.  Chenaux  et  publiés  avec 
notes  par  J.  Cornu  dans  la  Remania  de  1877.  M.  Cornu  est  un  des  hommes  qui  connaissent  le  mieux  nos  dia- 
lectes romands. 


quelque  remarquables  que  soient  les  publications  de  ces  deux  jeunes  savants,  elles  ne 
rendent  pas  mon  ouvrage  inutile  ou  superflu;  au  contraire,  et  pour  s'en  convaincre,  il 
suffira  de  lire  le  présent  mémoire  qui  lui  servira  d'introduction  en  même  temps  qu'il 
doit  préparer  la  voie  à  d'autres  ti-avaux  linguistiques,  en  donnant  au  romand  ce  qui  lui  a 
manqué  jusqu'ici,  c'est-à-dire  une  orthographe  rationnelle  qui  puisse  s'appliquer  à  tous 
ses  dialectes,  chose  presque  nécessaire  si  l'on  veut  que  la  méthode  scientifique  rem- 
place enfin  l'empirisme  dans  l'étude  comparative  de  nos  idiomes  populaires. 

I.  I/C  romand  et  sa  place  parmi  les  langues  romanes. 

1.  J'appelle  romand  l'ensemble  des  dialectes  parlés  dans  ce  qu'on  appelait  autre- 
fois le  Pays  romand  '  et  aujourd'hui  la  Suisse  française,  à  l'exception  peut-être  du  patois 
de  Porrentruy^,  qui  se  rattache  au  franc-comtois. 

2.  Le  romand  appartient  par  son  origine  à  la  famille  des  langues  néo-latines  ou 
romanes,  parlées  aujourd'hui  par  plus  de  100  millions  d'hommes»  Les  langues  romanes 
ne  sont  pas,  comme  on  l'a  cru,  une  corruption  du  latin  ou  un  mélange  de  celte  langue 
avec  d'autres  idiomes;  il  faut,  au  contraire,  les  considérer  comme  un  produit  du  déve- 
loppement organique  du  latin  vulgaire  ou  populaire,  de  cet  humble  idiome  que  les  écri- 
vains latins  appellent  avec  dédain  «  la  langue  de  la  populace,  des  paysans  et  des 
soldats  »  [sermo  plebeius,  ruslicus,  castrense  verbum),  et  qui,  parlé  dans  toutes  les  pro- 
vinces de  l'Italie,  fut  transporté  de  là  par  les  légionnaires  et  les  colons  en  Espagne,"  en 
Gaule  et  en  Dacie,  c'est-à-dire  dans  des  contrées  que  la  guerre  et  la  politique  impitoya- 
ble de  Rome  avaient  à  peu  près  dépeuplées  ^. 

S.  Les  langues  romanes  se  ressemblent  toutes  d'une  manière  étonnante,  soit  pour 
les  mots,  soit  pour  les  formes  grammaticales.  Mais,  comme  le  fait  remarquer  .I.-J. 
Ampère,  la  ressemblance  démontre  la  parenté,  elle  n'établit  pas  la  filiation  :  la  sœur 
ressemble  à  la  sœur,  aussi  bien  que  la  fille  à  la  mère.  En  général,  quand  on  s'est 
aperçu  qu'un  rapport  existait  entre  deux  langues,  on  a  commencé  toujours  par  supposer 

'  La  seigneurie  de  Berne  avait  donné  le  nom  do  Pays  romand  au  territoire  qu'elle  avait  conquis  en  1336 
sur  la  Savoie.  Le  nom  était  encore  en  usage  au  temps  de  Voltaire,  qui  rétendait  à  toutes  les  contrées  à  l'orient 
du  Jura  où  l'on  parle  des  dialectes  néo-latins.  V.  E.  Riller,  Jean-Jacques  et  le  Pays  romand,  p.  XC. 

'  Le  Porrentruy  est  la  partie  catholique  du  Jura  bernois. 

'  Les  Moldo-Valaques  s'appellent  non  sans  orgueil  Roumains,  c'est-à-dire  descendants  dos  Romains  ou 
colons  italiens  envoyés  par  Trajan  pour  repeupler  la  Dacie.  Pourquoi,  nous,  Romands  de  la  Suisse,  répudions- 
nous  cette  noble  origine  et  voulons-nous  absolument  avoir  pour  anctHres  les  quelques  milliers  d'Helvëtiens  qui 
échapperont  au  désastre  de  Bibractc,  ou  les  hordes  clairsemées  des  Burgondes  qui  vinrent  se  fondre  dans  l'élé- 
ment romain,  dont  se  composait  presque  uniquement  la  population  si  nombreuse  de  l'Helvélie  occidentale?  Le 
mot  romand  est  pourtant  aussi  significatif  cpio  celui  de  roumain,  à  moins  qu'on  n'v  voie  encore  du  celte 
comme  on  l'a  fait  si  longtemps  pour  nos  patois.  Mais  quoi?  cpiand  il  s'agit  de  ces  questions  d'origine,  on 
n'a  pas  l'habitude  d'y  regarder  de  si  près,  chacun  ayant  son  siège  fait.  Nos  voisins  les  Français  en  sont  aussi 
logés  là,  et  se  disent  Gaulois  ou  Germains,  selon  les  goùls  et  les  systèmes,  pour  ne  pas  dire  selon  les  couleurs. 
Du  reste,  celte  question  importante  sera  l'objet  d'un  e.xamcn  si>écial  dans  la  troisième  partie  de  l'ouvrage  ou 
Histoire  dos  dialectes  romands. 


—     5     — 

que  l'une  dérivait  de  l'aulre,  au  lieu  (radnicUre,  ce  qui  esl  beaucoup  plus  ordinaire, 
qu'elles  avaient  une  source  commune  ^ 

C'est  ainsi  que  nos  dialectes  romands  sont  en  {général  considérés  comme  des  patois 
du  français;  d'autres  les  rattachent  au  provençal  ou  langue  d'oc;  quelques-uns  ont  été 
frappés  des  ressemblances  avec  l'italien  ou  même  l'espagnol,  sans  pouvoir  les  expli- 
quer. Us  auraient  été  bien  plus  surpris,  si  on  leur  avait  montré  comment,  dans  certains 
cas,  malgré  la  distance,  le  romand  confine  au  roumain  ou  moldo-valaque  (par  exemple, 
romand  jwarta,  foarlu,  roumain  poartà  et  foarte)  et  celui-ci  à  l'espagnol  ou  au  portu- 
gais (roumain  coronà,  espagnol  et  portugais  corona:  roumain  ncgru,  espagnol  nc(jro). 
Que  conclure  de  tout  cela?  Que  le  romand  a  emprunté  des  mots  au  roumain,  ou  le  rou- 
main à  l'espagnol  ou  au  portugais?  Non  certes.  «  L'expérience,  dit  encore  l'écrivain  que 
nous  venons  de  citer,  l'expérience  montre  partout  qu'une  langue  se  transforme  suivant 
des  lois  générales,  mais  avec  des  circonstances  particulières  dans  les  différents  pays 
où  elle  est  parlée,  que  des  dialectes  locaux  se  forment  indépendamment  les  uns  des 
autres-.  »  Les  ressemblances  dont  on  s'étonne-sont  donc  toutes  naturelles;  elles  exis- 
tent entre  tous  les  idiomes  romans,  parce  qu'ils  sont  issus  de  la  même  source  et  qu'ils 
ne  sont  en  réalité  que  des  variétés  ou  dialectes  d'une  seule  et  même  langue.  Et  la  simi- 
litude est  d'autant  plus  grande  que  les  dialectes  sont  plus  rapprochés;  c'est  pourquoi, 
par  exemple,  le  provençal  diffère  si  peu  du  catalan  et  même  du  piémontais  :  c'est  en 
définitive  une  simple  question  de  géographie'. 

4.  Les  langues  romanes  forment  deux  groupes  distincts  :  le  groupe  de  l'Est,  com- 
prenant l'italien,  le  romanche  et  le  roumain;  et  le  groupe  de  l'Ouest,  composé  de  l'es- 
pagnol, du  portugais,  du  provençal  et  du  français.  Notre  romand  appartient  naturelle- 
ment à  ce  second  groupe;  mais  de  tous  les  idiomes  de  l'Ouest  c'est  celui  qui  se 
rapproche  le  plus  du  groupe  oriental.  Les  langues  française  et  provençale  le  revendi- 
quent également;  mais,  si  c'est  avec  elles  qu'il  a  le  plus  de  rapport,  il  est  intermédiaire 
entre  les  deux  et  n'appartient  proprement  ni  à  l'une  ni  à  l'autre.  Il  confine  à  la  langue 
d'oil  par  le  bourguignon,  à  la  langue  d'oc  parle  savoyard  et  le  dauphinois,  à  l'italien 
par  le  valdotan  et  le  piémontais,  et  le  chaînon  isolé  du  romanche  le  rattache  de  loin  au 
roumain  ou  moldo-valaque;  celte  position  si  remaniuable  du  romand  lui  donne  une 
importance  linguistique  qui  n'a  pas  été  constatée  jusqu'ici. 

IL    Classification  des  dialectes  ■•oinaiids. 

4.  M.  Fr.  Hœfelin  a  classé  les  idiomes  romands  par  cantons,  et  après  avoir  donné 
une  très  bonne  monographie  de  l'idiome  neuchàtelois,  il  a  étudié  avec  non  moins  de 
soin  le  patois  fribourgeois  dans  ses  trois  principaux  dialectes  :  le  broyard,  le  cueéo  et 
le  gruvérin  ou  gruérin,  qui  correspondent  avec  trois  divisions  géographiques  du  canton 

'  Histoire  de  la  fomiatiun  de  la  langue  française^  ëd.  de  <841,  p.  23. 

'  Ampère,  I.  c,  p.  33. 

'  V.  Litlré,  Histoire  de  la  langue  française,  II,  35. 


—     G     — 

do  Fribourg:  le  bas-pays,  le  plateau  et  la  montagne.  Voici  comment  il  indique  les 
limites  entre  ces  trois  dialectes  :  «  La  frontière  approximative  du  cueco  et  du  broyard 
est  une  ligne  menée  de  Moudon  par  Monlagny-la-Ville.  Vers  l'est,  il  se  perd  peu  à  peu 
dans  le  patois  gruérin  au  fur  et  à  mesure  que  la  contrée  devient  plus  montagneuse. 
Pour  avoir  une  idée  des  limites  du  patois  gruérin,  imaginons  une  ligne  qui  a  son  point 
de  départ  à  Fribourg.  (^ette  ligne  se  dirige  de  Fribourg  à  Arconcicl.  Après  avoir  passé 
derrière  Marly  qu'elle  laisse  à  sa  droite  et  entre  les  deux  localités  Pont  et  Farvagny, 
elle  s'approche  du  mont  Gibloux.  De  là  elle  se  prolonge  vers  le  sud-ouest  jusqu'à  Crêt, 
où  elle  franchit  les  Alpeltes  et  atteint  la  rivière  de  la  Trème.  De  ce  dernier  point,  elle 
se  dirige  vers  le  sud  jusqu'à  la  Dent  de  Jaman  '.  »  Ces  lignes  de  démarcation,  quoiqu'un 
peu  vagues,  sont  en  somme  assez  exactes;  mais  si  je  comprends  bien  le  passage  cité, 
M.  Hœfelin  placerait  Fribourg  dans  les  limites  du  patois  gruérin,  erreur  grossière  qu'il 
lui  eût  été  pourtant  facile  d'éviter  en  consultant  les  personnes  qui  pouvaient  le  mieux  le 
renseigner  sur  ce  dernier  dialecte.  Quant  à  la  classification  de  nos  idiomes  par  cantons, 
je  la  repousse  comme  tout  à  fait  arbitraire  et  irrationnelle.  Il  y  a  bientôt  trois  siècles 
et  demi  qu'eut  lieu  le  partage  du  comté  de  Gruyère,  et  on  parle  encore  le  même  patois 
à  Albeuve,  dans  le  canton  de  Fribourg,  qu'à  Rossinière,  qui  appartient  au  canton  de 
Vaud.  Le  parler  de  Cugy  (Fribourg)  est  le  même  que  celui  de  Payerne  (Vaud)  et  diffère 
beaucoup  moins  du  patois  d'Orbe,  d'Yverdon  ou  du  vignoble  neuchâlelois,  que  de  celui 
de  Bulle,  de  Châloau-d'Œx  ou  de  la  vallée  des  Ormonls. 

6.  Pour  un  naturaliste,  un  insecte  vaut  un  éléphant,  et  pour  le  linguiste  le  romand, 
relégué  au  rang  de  patois,  a  autant  d'importance  que  le  français  ou  l'italien  :  c'est  un 
idiome  indépendant  au  même  titre  que  le  roumain,  vivant  de  sa  vie  propre  et  parlé  en 
plusieurs  dialectes  entre  lesquels  les  différences  ne  portent  que  sur  la  prononciation, 
car  ils  ont  une  grammaire  commune  et  leur  vocabulaire  est  le  même  à  peu  de  chose 
près.  Or,  dans  une  lang\ie  qui  n'est  pas  fixée  par  l'écriture,  la  prononciation  ne  dépend 
jamais  des  caprices  de  l'orthographe,  comme  ç*a  été  le  cas  pour  le  français,  mais 
elle  est  soumise  aux  influences  naturelles  du  milieu  géographique,  c'est-à-dire  de 
l'altitude,  du  sol,  du  climat  et  par  suite  du  genre  de  vie  des  populations  qui  la 
parlent. 

7.  A  ce  point  de  vue,  les  divers  dialectes  du  romand  peuvent  se  grouper  comme 
suit  : 

L  Dialectes  du  Jura  (Berne:  Val-de-Saint-lmier  ;  Neuchàtel  :  la  Montagne  et  les 

Vallons). 
IL  Dialectes  du  Plateau  (Neuchâtel  :  le  Vignoble;  Fribourg  :  le  pays  Broyard  ;  Vaud 
en  grande  partie). 

'  Jahrbuch  dcr  rom.  und  engl.  Sprache,  III,  p.  135.  M.  J.  Cornu  commet  une  erreur  d'un  autre  i,'enre 
lorstm'il  dit  :  Les  Grui^rins  appellent  cu^<'.o  les  habitants  des  environs  do  Fribourg,  qui  sont  souvent  pour  eux 
un  sujet  de  moquerie  (Romanische  Shcdien,  I.,  p.  369).  Le  véritable  pajs  cue<5o  est  la  contrée  dont  Romont 
est  lo  centre  et  qui  a  pour  limite  à  l'est  la  ligne  de  faite  du  Gibloux. 


—     7     — 

III.  Dialectes  des  Alpes  (Fribourg  :  la  Gruyère  en  y  raUachanl  le  pays  cueéo;  Vaud: 
la  partie  orientale  à  l'est  de  la  Veveyse;  leBas-Valais  et  la  vallée  d'Aoste). 
Le  patois  parlé  dans  le  canton  de  Genève  est  en  dehors  de  ces  trois  groupes;  il 
forme  la  transition  du  vaudois  au  savoyard,  mais  il  a  plus  de  rapport  avec  ce  der- 
nier, et  d'ailleurs  l'influence  du  français  l'a  singulièrement  modifié  ou  plutôt  corrompu. 

III.  Les  sons  du  romand  et  leur  transcription. 

8.  Jusqu'ici  on  a  écrit  en  romand  comme  écrivent  en  français  ceux  qui  ignorent 
l'orthographe,  c'est-à-dire  sans  s'inquiéter  le  moins  du  monde  de  l'étymologie  et  encore 
moins  de  la  grammaire;  et,  chose  curieuse,  ceux  qui  se  montrent  le  plus  féroces  en 
orthographe  quand  il  est  question  du  français  n'y  ajoutent  plus  aucune  importance  s'il 
ne  s'agit  que  du  patois.  On  écrit  donc  ou  l'on  cherche  à  écrire  comme  on  prononce, 
en  se  servant  des  procédés  si  imparfaits  utilisés  en  français  pour  rendre  certains  sons, 
comme  c/t,j,  l  mouillé,  s  (ss,  c,  ç,  l),  etc.- Le  romand  ainsi  habillé  a  une  physionomie 
étrange  et  barbare  ()ui  repousse  tout  d'abord.  C'est  absolument  comme  si  un  écrivait 
le  français  à  la  façon  des  phonographes.  Avec  un  système  pareil,  la  plus  belle  langue 
ressemble  à  un  jargon. 

Voyez,  par  exemple,  ce  que  deviennent  les  formes  grammaticales  dans  tous  nos 
recueils  de  pièces  paloises,  en  vers  comme  en  prose.  On  écrit  donc  Vnu  et  lé  zou;  le 
tin  fret,  Vivue  freide;  Camé,  no  zamin,  etc.  En  procédant  de  même  en  français  on  aurait  : 
l'os  et  lé-zo;  le  Lan  froi  et  Vu  froide;  tu  ème  et  non  zémon.  Voilà  donc  le  pluriel  du  subs- 
tantif qui  se  forme  en  lui  préposant  un  z;  c'est  de  même  un  z  préposé  qui  marque  le 
pluriel  de  certains  verbes,  comme  aimer;  enfin  le  e  ne  suffit  pas  pour  former  le  féminin 
de  beaucoup  d'adjectifs,  il  faut  encore  faire  précéder  ce  e  de  telle  ou  telle  consonne, 
comme  d  dans  froide,  et  pour  quelle  raison?  c'est  ce  que  le  phonographe  se  garde  bien 
d'expliquer! 

9.  A  côté  de  celle  phonographie  vulgaire,  qui  fait  de  notre  romand  un  véritable  argot 
presque  indéchiffrable,  il  y  a  la  phonographie  savante  suivie  par  M.  Uœfelin  et  qui  ne 
vaut  guère  mieux,  malgré  ses  prétentions.  M.  Heefelin  ne  s'est  pas  borné  à  distinguer 
les  sons,  il  a  voulu  encore  noter  toutes  les  nuances  de  voyelles  et  de  consonnes  que 
présente  notre  patois,  et  il  est  arrivé  ainsi  à  classer  18  voyelles  pures  et  31  consonnes 
pour  lesquelles  il  y  a  autant  de  signes  différents,  dont  l'ensemble  forme  l'alphabet  le 
plus  compliqué  et  le  moins  pratique  qui  se  puisse  imaginer.  Je  doute  fort  que  jamais  ce 
système  devienne  populaire  chez  nous,  pas  plus  que  celui  qu'a  proposé  M.  Bœhmer 
dans  ses  Romanische  Studien^,  et  qui  ne  diffère  du  précédent  que  par  le  choix  des 
signes  destinés  à  représenter  les  sons  et  leurs  variétés. 

10.  C'est  d'après  ce  dernier  système  que  M.  Cornu  a  publié  le  Ranz  des  vaches  de  la 
Gruyère  et  la  Chanson  de  Jean  de  la  Bolliéta.  Il  s'est  ravisé  depuis,  et  pour  la  publica- 

•  De  sonis  grarnmalicis  accuralius  distingucndis  et  noiandis,  p.  S95du  tome  I". 


—     8     — 

lion  du  recueil  de  proverbes  patois  de  l'abbé  Chenaux,  il  a  imaginé  un  nouveau  nriode 
de  transcription  des  sons  du  gruérin  qui  est  certainement  plus  simple,  mais  beau- 
coup moins  rationnel  et  en  somme  tout  aussi  peu  pratique.  En  voici  les  principaux 
traits  : 

M.  Cornu  distingue  par  des  signes  particuliers  deux  espèces  de  a,  trois  espèces  de 
e  et  deux  espèces  de  o,  et  il  marque  par  u  le  u  des  langues  romanes  du  Sud  et  par  il 
le  u  français.  Il  se  sert  du  tilde  pour  rendre  le  son  des  voyelles  nasales  quand  elles 
sont  suivies  de  n  ou  ny,  et  il  remplace  par  un  a  long  (â)  la  diphthongue  romande  au, 
sous  le  prétexte  que  dans  presque  toute  la  Gruyère  elle  a  cessé  de  se  prononcer,  ce 
qui  ne  me  paraît  pas  prouvé  du  tout.  Le  système  des  consonnes  est  encore  moins  com- 
pliqué, mais  M.  Cornu  donne  à  certaines  lettres  de  l'alphabet  une  valeur  toute  nouvelle 
et  sans  aucun  rapport  avec  l'étymologie  :  c  et  g»  ont  toujours  le  son  guttural,  même  devant 
e  et  i;  h=  cA  allemand  àAns  ich;  y  n  \&  même  valeur  qu'en  espagnol,  c'est  le  /  des 
Allemands;  ly  et  ny  marquent  le  l  et  le  n  mouillés;  pour  les  chuintantes,  M.  Cornu 
adopte  les  lettres  x  =  ch  français  et;  =  /  français  et  catalan,  pour  les  dentales  com- 
posées Is  (=  ch  tel  qu'on  le  prononce  à  Avignon)  et  dz,  et  pour  les  palatales  te  et  dj; 
ç  marque  le  (h  dur  des  Anglais  ou  z  espagnol  devant  a,  o,  u  et  c  devant  e  et  i;  enfin 
w  =  w  picard  et  vallon,  son  fréquent  aussi  en  anglais.  Du  reste,  M.  Cornu  supprime 
toujours  la  consonne  finale,  sauf  dans  la  liaison,  mais  alors  il  la  joint  au  mot  suivant, 
et  écrit  au  singulier  \'d,  Vâno,  Vevi,  Vomo,  ïost,  et  au  pluriel  le  jâ,  di  jâno,  dû  jevi,  dû 
iomo,  le  josî,  ce  qui  est,  comme  on  l'a  vu  (§  8),  la  négation  de  toute  grammaire.  Voici 
quelques  proverbes  d'après  l'orthographe  adoptée  par  M.  Cornu  : 

H.  u  mi  d'ù  la  plyôdzé  deri  lé  bu. 

88.  Ti  le  ciiU  de  fù  talyon  bon. 

123.  Moâ  de  fena,  va  de  tsavô,  ly  e  la  tsevancé  de  l'ocô. 
143.  Ly  e  bon  d'îçré  fû,  ma  awi  rejôn. 
145.  Xi  ce  balye  la  coârda  a  non  fù  entén  xénâ  mé  tye  xon  xû. 

11.  «  Pour  que  l'orthographe  fût  complètement  rationnelle,  il  faudrait:  I»  que 
chaque  son  eût  son  signe  particulier,  et  2°  que  chaque  signe  ou  lettre  eût  un  son  qui 
lui  fût  propre.  Plusieurs  essais  de  réforme  ont  été  tentés  dans  ce  sens  afin  de  rappro- 
cher l'écriture  le  plus  possible  de  la  prononciation;  mais  ces  tentatives  ont  toutes 
échoué,  parce  qu'elles  ne  tenaient  pas  assez  compte,  soit  de  l'étymologie,  soit  de  la 
flexion  et  de  la  dérivation  des  mots  K  » 

L'orthographe  de  l'ancien  français  était  très  simple  et  en  somme  beaucoup  plus 
rationnelle  que  celle  qui  l'a  remplacée  après  la  Renaissance.  Cette  orthographe  moderne 

'  Grammaire  comparée  de  la  langue  fra)tçaise,  p.  406.  Depuis  que  j'ai  écrit  ces  lignes  a  paru  la  sep- 
tième édition  du  Dictionnaire  de  l'Académie  (2  vol.  in-4n,  1878),  qui  ajourne  |mur  longtemps  toute  réforme  do 
ror.thographe  française.  Non  seulement  l'Académie  n'a  pas  fait  disiwraltre  les  anciennes  bizarreries  de  celte 
orthographe  si  peu  rationnelle,  mais  elle  y  en  a  ajouté  de  nouvelles  'par  exemple  j«  siège  et  eussé-je),  et  elle 
n'a  pas  même  su  éviter  les  contradictions  (par  exemple  blanc-seing  avec  un  IraitHl'union,  et  au  mot  seing, 
blanc  seing  sans  trait  d'union).  V.  la  préface  de  ma  Grammaire  visuelle  de  la  langue  française  (1878). 


—     0     — 

(le  Marol  el  de  Rabelais,  toute  liérisséo  do  lettres  étymologiques  inutiles  dont  trois  siè- 
cles n'ont  pu  nous  débarrasser  entièrement,  est  encore  la  nôtre  aujourd'hui,  sinon  dans 
les  détails,  du  moins  dans  l'onsoriihlo.  Il  y  a  là  une  tradition  d'autant  plus  puissante 
qu'elle  remonte  à  une  époque  où  la  langue  française  s'est  fixée  et  est  entrée  dans  la 
phase  classique  de  son  histoire,  et  c'est  précisément  à  cause  de  cette  tradition  que  toute 
réforme  radicale  de  l'orthographe  française  est  entourée  de  difficultés  presque  inextri- 
cables. 

Il  en  est  tout  autrement  de  notre  idiome  romand.  Ici  il  ne  s'agit  pas  proprement  de 
réforme,  puisqu'il  n'y  a  rien  de  fait,  que  la  tradition  n'existe  pas  et  que  chacun  écrit  le 
patois  comme  il  l'entend;  le  terrain  est  bien  préparé,  d'autant  mieux  préparé,  que  la 
phonétique  romande  se  prête  admirablement  à  une  orthographe  rationnelle.  C'est  cette 
orthographe  dont  je  vais  essayer  d'exposer  les  principes  dans  les  pages  suivantes  que 
je  recommande  à  l'attention  de  tous  les  amateurs  de  nos  dialectes  vulgaires  et  spécia- 
lement à  celle  des  membres  de  la  «  Société  des  patois  vaudois  »  qui  s'est  récemment 
constituée  à  Lausanne. 

Le  système  orthographique  que  je  propose  se  distingue  complètement  des  autres, 
en  ce  qu'il  est  à  la  fois  étymologique,  phonétique  et  grammatical. 

1.  Il  esl  étymologique  et  n'emploie  que  les  lettres  latines,  en  leur  conservant  leur 
valeur  originelle  ou  dérivée.  J'entends  par  valeur  dérivée  celle  qui  est  résultée  pour 
telle  ou  telle  lettre  de  ses  transformations  ou  permutations  organiques  (par  exemple  c 
devenu  é  =  Is  dans  canlare,  é.autar). 

2.  Il  est  strictement  yj/(0«e7/7ue  en  ce  sens  que,  sauf  pour  c  et  pour  s,  chaque  son  a 
son  signe  particulier  et  chaque  signe  ou  lettre  a  un  son  qui  lui  est  propre  et  n'en  a  pas 
d'autre. 

3.  Il  (isl  grammatical,  puisqu'il  a  conservé  à  la  fin  des  mots  tous  les  signes  de  flexion 
et  en  général  toutes  les  consonnes  finales  dites  muettes  et  qui  seraient  mieux  appelées 
(juiesceiUes,  parce  que,  si  elles  se  reposent  souvent,  elles  se  font  de  nouveau  entendre 
dans  la  liaison  et  dans  la  dérivation  des  mots. 

Pour  montrer  les  avantages  de  ce  système,  il  fallait  l'appliquer  à  un  dialecte  spé- 
cial. J'ai  fait  choix  du  gruvérin  pour  deux  raisons  :  l'une  subjective  ou  personnelle, 
c'est  de  tous  les  dialectes  romands  celui  que  je  connais  le  mieux,  puisque  je  l'ai 
parlé  dès  mon  enfance;  l'autre  objective,  le  gruvérin  s'est  le  mieux  préservé  de  l'in- 
fluence du  français  qui  est  si  grande  sur  les  autres  dialectes;  il  est  d'ailleurs  le  plus 
riche  en  formes  phonétiques  ou  flexionnelles  el,  comme  tel,  il  est  certainement  de  tous 
nos  patois  le  plus  difficile  ii  traiter  au  point  de  vue  de  la  grammaire  el  de  l'or- 
thographe. 


—     10     — 

lY.  Les  lettres  romandes  ^. 

A.  Voyelles. 

19.  Voyelles  pures.  —  Le  romand  a  la  série  naturelle  des  voyelles  pures  /,  e,  «,  n,  u, 
et  possède,  en  outre,  les  deux  sons  dérivés  et  accessoires  u  et  e.  On  peut  les  représenter 

de  cette  manière  : 

a 

e        é        0 

i  ù  u 

Les  voyelles  supérieures  a,  e,  o,  sont  des  voix  variables,  dont  le  son  est  plus  ou 
moins  fermé  ou  ouvert.  Les  voyelles  inférieures  i  et  u  sont,  au  contraire,  des  voix  con- 
slanles,  qui  se  prononcent  toujours  de  la  même  manière. 

Le  romand  ne  connaît  pas  le  eu  français  el  le  remplace  par  la  diphtongue  ou 
(v.  §'  14),  qui  a  la  même  origine,  le  o  latin  :  lat.  liora,  rom.  oura,  fr.  hewre.  Mais,  grâce 
à  l'intluence  croissante  du  français,  le  eu  s'introduit  peu  à  peu  dans  le  vocalisme  romand 
et  menace  d'en  troubler  l'admirable  symétrie;  ainsi  beaucoup  de  personnes  disent 
aujourd'hui  maleur  pour  nialour  et  s'imaginent  bien  dire;  mais  celle  prononciation  n'est 
pas  celle  des  vieillards  de  la  Gruyère  qui  parlent  le  pur  romand.  Toutefois,  comme  le 
eu  se  trouve  dans  des  pièces  modernes  pour  ainsi  dire  classiques,  comme  les  cevreirs 
de  M.  Bornet,  nous  représenterons  ce  son,  quand  cela  sera  nécessaire,  par  ô  comme  en 
allemand  :  ôrôs,  heureux. 

Voici  l'origine  des  sept  voyelles  pures  qui  existent  en  romand  : 

1.  Le  a  est  presque  exclusivement  formé  d'un  a  latin  accentué  ou  inaccentué: 
mare,  mar;  nasus,  nas:  arbor,  ahrn;  panarium,  paneir:  lerra,  tera;  il.  brammare,  6m- 
mar-;  arave,  ara/-,  labourer,  vf.  arer'-\ 

2.  Le  c,  son  intermédiaire  entre  a  el  /,  dérive  de  l'un  et  de  l'autre,  ainsi  que  d'un  e 
originaire  :  a)  a  latin  accentué,  surtout  après    é  :  carnem,  éer;  macer,  megro;  —  ou 

'  J'ai  cru  être  aj^réable  à  quelques-uns  de  mes  lecteurs  en  ajoutant  à  ce  travail  plusieurs  notes  étymo- 
logiques extraites  de  mon  Glossaire  romand;  j'y  ai  conservé  les  abréviations  usitées  pour  désigner  les  langues 
el  les  ouvrages  connus;  par  exemple:  1.  ^  latin,  it.  =  italien,  esp.  =  espagnol,  prov.  =  provençal, 
vf.  =:  vieux  français,  a.  h.  a.  =  ancien  haut  allemand,  cf.  =  comparez,  W  b.  pour  le  Dictionnaire  des  lan"uo. 
romanes  de  Diez,  le  signe  *  pour  indiquer  une  forme  hypothétique  ou  non  classique.  Les  amateurs  de  celtiques 
et  il  y  en  a  encore  beaucoup  dans  noire  Suisse  romande,  ne  trouveront  pas  ici  leur  compte,  je  les  en  préviens  ; 
il  faut  qu'ils  s'adressent  ailleurs,  il  y  a  assez  de  faiseurs  et  surtout  de  faiseurs  d'étymologies  qui  seront  en 
mesure  de  les  satisfaire. 

•  Le  mot  composé  Brama- fam  désigne  un  endroit  dans  le  territoire  d'Orbe  et  la  tour  de  la  cité  d'Aoste 
(dans  le  Lépreux  de  X.  de  Maislre).  Remarquons  en  passant  que  la  composition  par  phrases  en  romand  prouve 
à  l'évidence  que  le  verbe  est  à  l'impératif,  qui  donne  brama-fam,  pana-man,  bcla-fros,  etc.,  et  non  pas  à 
la  troisième  personne  du  présent  de  l'indicatif,  qui  donnerait  paiwt-man  ou  pane-ma)i,  etc.  V.  Grammaire 
comjiarre.  §  348. 

'  Maisons  firent,  tères  arerent.  (R.  de  Brut,  53). 


—    Il    — 

inaccentué  :  rationem,  rezon:  —  b)  /lalin  accenlué,  en  position  :  1/ttera,  lelra,  ou  inac- 
centué :  divisare,  devczar;  —  c)  e  latin  accentué,  dans  certains  cas:  hcrba,  rrba,  ou 
inaccentué:  peccare,  pvéir. 

3.  Le  o.  son  inlernédiaire  entre  a  et  »,  est  formé  de  l'un  et  de  l'autre,  ainsi  que 
d'un  0  originaire  :  a)  o  lalin  accenlué  devant  Un  /  qui  se  change  en  u;  on  l'écrit  alors 
au,  à  cause  de  i'élymologie  :  sal,  san;  ad  vallem,  uvau;  calidus,  à»nd;  palus,  p-Au,  fr. 
pieu,  d'où  pan- fer,  levier  de  fer;  —  b)  u  lalin  accenlué, en  position  :  guUa,  (jota,  ou  inac- 
centué :  ruclare,  rolar:  tnidier,  moli/c';  — c)  o  lalin  accenlué,  dans  quelques  cas:  domina 
(dom'na),  dona-,  ou  inaccentué  :  potionem,  pozon. 

4.  Le  I  vient  :  a)  d'un  i  lalin  accentué  :  iïlum,  fil;  —  b)  d'un  c.  :  ccra,  cire;  festa, 
/•lia.     • 

5.  Le  II  vient  :  a)  d'un  u  lalin  (ou  allemand)  accentué  :  Iwna,  Inna;  ail.  swppe,  sii/>a^, 
ou  inaccentué:  fftmare,  fumar:  —  b)  d'uno:  îosss,  fusa;  cosla,  enta;  collum,  en;  rosa, 
riizo;  —  c)  de  la  diphlhongue  latine  au  :  aura,  nra.  Le  u  romand  est  le  m  des  langues 
romanes  du  Sud  et  sonne  comme  le  on  français  ^ 

6.  Le  il,  qui  se  prononce  comme  le  h  français,  est  un  son  intermédiaire  entre  u 
et  i  et  dérive  de  l'un  et  de  l'autre  :  a)  u  lalin  accenlué,  surtout  quand  il  est  long  :  cura, 
c&ra;  durus,  dur,  ou  inaccentué  :  cultellus,  ciktil;  mucere,  mhzir,  moisir;  — b)2  latin 
accentué  :  repa,  rnva,  ou  inaccentué  :  sjbilare,  snblyar,  siffler''.  Le  u  provient  aussi  d'un 
0  bref  accenlué  ;  focus,  /ïi;  jocus./yiï;  locus,  (yii. 

7.  Le  é  a  le  même  son  sourd  que  le  e  muet  français.  On  pourrait  tout  aussi  bien 
l'écrire  '6,  parce  qu'il  tient  autant  du  o  que  du  e.  (1  dérive,  du  reste,  de  toutes  les  voyelles 
latines  dont  il  est  en  quelque  sorte  le  tombeau;  mais  il  est  presque  toujours  atone  et  ne 
se  présente,  en  général,  que  dans  les  syllabes  qui  précèdent  ou  suivent  la  syllabe 
accentuée  :  cocha,  coqya,  noix,  fr.  coque  (d'reuf);  li/'bernus,  éver:  l/macem,  lèmacc;  dor- 
mire,  drimir;  p/rwm,  péré',  d/cere,  doré;  quod,  r/c.  Le  é  est  moins  sourd  dans  les  mo- 
nosyllabes et  au  milieu  des  polysyllabes  qu'à  la  fin,  ainsi  qu'on  peut  le  remarquer  dans 
les  exemples  cités  **. 

'  Ce  mot  no  s'applique  pas  aux  |)ersonnes,  mais  aux  jeunes  Taches;  vf.  moillier  (Brut,  I.,  fl-<10)  et 
muillei-  (Tristan),  femme;  prov.  niolhci;  esp.  tnojcr,  il.  moylic,  mogliera,  moyliere.  Le  dërivé  amolyir  se 
dit  quand  le  pis  d'une  vache  prête  à  mettre  bas  se  gonfle;  le  franc-comtois  dit  dans  le  môme  sens  omulyir. 

•  La  dona,  c'est  la  mère  de  famille;  l'enfant  en  parlant  à  sa  mère  l'appelle  dona.  Le  fr.,  qui  est  privé  de 
ce  nom,  avait  autrefois  le  masculin  don  (de  dominiis):  Don  Père  et  don  Fils  et  don  Saint-Esi)erite  (Berte  axtx 
grans  pii's,  ch.  .'ii).  On  trouve  encore  ce  mot  dans  La  Fontaine  :  hum  Pourceau  raisonnait  en  subtil  person- 
nage. 

'  En  [tareil  cas,  le  u  romand  est  très  bref  et  se  iirononce  môme  comme  c  dans  la  Basse-Gruyère. 
'  Le  ■>!  français  avait  dans  l'origine  celte  prononciation  commune  aux  autres  langues  romanes,  ainsi  qu'il 
résulte  des  textes  :  Je  VJ^s  battrei  de  grandismes  balains.  Li  Livres  dei  Rets. 

•  On  trouve  sublcr  dans  le  vf.  :  0  le  nés  fait  subler  l'alaine  (Tristan,  l.  178,  v.  3712),  Avec  le  nez  fait 
siffler  son  haleine. 

•  V.  Grammaire  comparée  de  la  langue  française,  %  .'iS. 


—   la- 
is. Voyf.lks  nasales.  —  Les  vovcll-s  supérieures  a,  a,  o,  deviennent  nasales  quand 

elles  sont  suivies  d'un  n  (m)  lerminani  la  syllabe.  Devant  les  consonnes  labiales  b,  p, 

m,  le  /(  est  toujours  remplacé  par  m. 

\.  La  naëale  du  a  se  rend  toujours  par  an,  qui  vient  d'un  a  originaire  snivi  de  n 

ou  m  :  ca/itus,  casit;  areaus,  an;  famés,  /««"  ^ 

2.  La  nasale  du  e  s'écrit  toujours  en  (=  in  français)  et  dérive  d"un  e  ou  d'un  /  latin  : 
be/ie,  6cii;  plenus,  pUjcn;  denteru,  dent;  —  sùie,  scii;  fmis,  /en;  l/'/igua,  leuviia. 

3.  La  nasale  du  o  se  rend  toujours  par  on,  qui  est  formé  du  o  comme  du  u  latin  : 
boHus,  bon',  carbonem,  carbon;  cowputare,  conlar-;  — ■  mundus,  mou(/o;  ungula,  «nlijé. 

La  nasalité  disparaît,  comme  en  français,  dès  que  le  n  est  suivi  d'une  voyelle  et 
commence  ainsi  une  nouvelle  syllabe  :  anayé  (de  annula);  plyena;  sunar  ^;  comme  on 
voit,  le  0  en  pareil  cas  devient  u  dont  le  bas  gruvérin  faite  ;  sénar.  Mais,  en  romand,  la 
voyelle  nasale  persiste  lors  même  que  la  syllabe  suivante  commence  par  un  n  ou  m: 
ainsi /a;ma,  delana;  sénanna,  de  seplimana; granna,  de  yrana;  plyanna,  dep/a/ia*;  flyanma 
de  flamma;  bonnar,  de  bonus,  se  prononcent  lan.na,  bon.nar,  etc.  On  sait  qu'il  en  est 
autrement  en  français  :  flamme,  renne,  etc.  ''. 

Le  romand  n'ayant  pas  le  son  eu  ne  saurait  avoir  de  voyelle  nasale  semblable  à 
celle  que  l'on  rend  par  un  en  français. 

14.  Diphlongues.  —  Sauf  au,  qui  a  sa  raison  d'être  ",  le  romand  ne  connaît  pas 
ces  monophtongues  qui  embarrassent  et  compliquent  si  inutilement  l'orthographe  fran- 
çaise (par  ex.  plaine  et  pleine;  chaîne  et  chêne;  faim,  fin  et  il  feint,  etc.).  En  revanche, 
quelques  dialectes,  surtout  le  gruvérin,  sont  riches  en  diphtongues  qui  donnent  de  la 
variété  et  de  l'harmonie  au  vocalisme  romand.  Il  est  à  remarquer  que,  comme  dans 
l'ancien  français,  les  diphtongues  ne  se  présentent  guère  que  dans  la  .syllabe 
accentuée  ''. 

Le  gruvérin,  comme  l'italien,  dislingue  deux  espèces  de  diphtongues,  selon  que 
la  voix  appuie  sur  la  première  ou  la  seconde  voyelle  :  ai  ou  iâ  *. 

*  Remarquez  que  l'expression  ateir  fam,  signifiant  désirer,  se  trouve  aussi  dans  Montaigne. 

'  Contai-  a  lo  double  sens  de  conter  et  de  compter,  comme  l'italien  contare,  l'espagnol  contar.  L'alle- 
mand dit  do  môme  er:ahlen  (conter),  dérivé  de  zahlen  (compter). 

'  lion  fait  de  même  btina  au  féminin.  A  cause  de  la  liaison,  il  faut  écrire  bun  devant  un  mot  commen- 
çant par  une  voyelle  :  bun  omo  (bu-nomo), 

'  Ces  exemples  montrent  que  la  voyelle  nasale  an  peut  naître  d'un  a  latin,  lors  même  que  lo  n  suivant 
commence  une  nouvelle  syllabe.  On  no  trouve  rien  de  pareil  en  français. 

'  V.  Grammaire  comjmriie,  §  77. 

•  Pourquoi  cette  exception?  demandera-t-on.  Je  réponds:  à  cause  de  la  dérivation  et  de  la  flexion  verbale 
qui  ramènent  ou  présentent  al  à  coté  de  au  z=  o;  par  exemple  mau  et  ma,lo>er;  avaux  et  ava,\ar;  i  ra.\i/o, 
te  v&us,  il  vsMt,  nos  vaXyem,  vos  vBiiyides,  il  vsHyonj  ca.nd  et  dtHenar,  faire  des  éclairs  do  chaleur,  etc. 

'  C'est  ainsi  que  la  voyelle  accentuée  d'un  mémo  mol  latin  se  diphtongue  ou  ne  se  diphtongue  pas  en 
romand,  selon  (]u'elle  reste  accentuée  ou  qu'elle  devient  atone,  en  d'autres  termes,  selon  que  le  mot  est  en  ro- 
mand un  mot  d'idée  ou  un  mot  de  rapport;  par  exemple  hora,  qui  a  donné  le  substantif  oura  et  l'adverbe  ora 
et  ses  composés  pyora  et  dyora.  Même  chose  en  français,  où  heure  est  mot  d'idée  et  or  (conjonction),  mot  de 
rapport. 

'  V.  ma  Phonologie  de  la  langue  française,  §  lî. 


—     13    — 

1.  Les  diphtongues  de  la  première  espèce,  que  les  grammairiens  italiens  appel- 
lent distesi,  étendues,  ont  pour  prépositive  ou  première  voyelle  c  combiné  avec  /,  ou  o 
combiné  avec  u:  el  et  on. 

a)  La  diphtongue  cl  dérive  :  1"  de  a  latin  dans  le  suffixe,  arm,  amm,  aria  : 
molinarium,  moHHcIr,  meunier;  solanum  (bas  latin),  soZci/'; //r/iamm*  (dérivé  de /u/nws, 
fumier),  femelr;  fmnaria,  fumeire,  fumée; —  2"  de  e  latin:  me/,  mcl;  legem.  Ici; 
teclum,  teU;  —  3°  do  /  latin  :  liber,  leivro;  p/sum,  pets;  fr/gidus  (frig'  dus),  freid. 

I)J  La  diphtongue  ou  a  le  son  du  au  allemand  (par  ex.  liaum)  et  dérive:  1"  de  o 
latin  :  proba,  prouva;  honorem,  anour:  —  2"  de  ît  latin  :  lupus,  /ou;  Iwpa,  louvu. 

2.  Les  diphtongues  de  la  seconde  espèce,  appelées  en  italien  raccolli,  contractées, 
ont  pour  prépositives  les  voyelles  inférieures  i  et  u  :  le  el  na.  Ce  sont  des  diplilhongues 
impropres  dans  lesquelles  i  el  u  ne  sont  plus  de  vraies  voyelles  el  se  confondent  à  peu 
près  avec  les  consonnes  correspondantes  y  el  v. 

a)  La  diphtongue  le  provient  du  e  latin:  feril,  il  fierl;  feras,  ficrl,  fém.  fierla; 
heri,  yer. 

b)  La  diphtongue  ua  s'écrit  oa  par  raison  d'élymologie  el  dérive  :  1°  du  o  latin  en 
position  devant  r  :  cornua,  coarna;  corpus,  cour;  mortem,  moar/;  morsus,  mostr,  bou- 
che (d'un  animal);  —  2°  de  m  en  position  devant  r  :  gurges,  goar  -,  flaque  d'eau,  gouffre, 
cl  goarjé,  gorge;  diurnus,  j'oar;  «rsus,  car,  ours.  —  Au  lieu  de  ou,  le  o  latin  donne 
quelquefois  oe  :  porcus,  poerc;  porticus,  poerco;  eorium,  roer;  coquit,  il  coct. 

Le  1/ forme  diphtongue  avec  e  dans  quelques  mots  seulement,  dérivés  de  l'alle- 
mand :  warten,  vià»rdar;  werjan,  vbcrir. 

B.  Consonnes. 

15.  Le  système  des  consonnes  romandes  se  présente  comme  suit  : 


•  '■   '■'r'.      ■> 

Qutturales 

Palatales 

Linguales 

Dentales 

Labiales 

Explosives  fortes 

c  (q,  ô) 

é 



t 

P 

»         faibles 

S 

j 

— 

d 

b 

Spirantes  fortes 

— 

Ç 

S 

t 

f 

>*        faibles 

— 

y 

z 

— 

v 

Liquides 

— 

— 

r 

1,  n 

m 

Le  romand  n'a  pas  les  lettres  latines  h  el  x,  ni  les  lettres  germaniques  k  et  w  :  le 

'  Le  soleil-,  c'est  le  plancher  A  l'étage  .supérieur  d'une  grange  où  l'on  entasse  le  foin  ;  c'est  aussi  le  sens 
de  solier  en  picard,  en  provençal,  de  sottli  en  franc-coinlois  ;  vf.  solier,  plancher,  chambre  haute,  grenier,  ga- 
lerie: Li  borjois  montent  es  soliers  (Garin,  II,  439);  le  soleir  dans  les  Trois  aveugles  de  Compiégne  (Au- 
guls,  I|. 

•  Vf.  gorc,  rjort,  gow,  gorge,  qorger,  gorgoler.  On  a  aussi  le  moi  gor  à  NôUchâtel.  V.  Benoît,  Mélan- 
ges, p.  109. 


—    u   — 

h  lalin  ou  alletnand  disparaît  toujours  :  /lonor,  anour;  alyon,  habit  '  ;  —  x  devient*  ou  ù 
la;rare,  Icmir  et  laéir;  —  le  îo  allemand  donne  v  ou  g:  wari,  Tiœro,  combien;  werra, 
gj/era,  guerre,  etc. 

te.  liuthiralcs.  —  Les  gutturales  romandes  sont  c  (q)  et  g,  qui  restent  gutturales 
même  devant  /  et  e. 

1 .  Le  r  latin  devant  o  et  u  ou  une  consonne  est  resté  guttural  :  recordari,  recoi-dar^; 
colare,  colar;  c^nbitus,  coudo;  cogilare,  eiidgir:  creta,  crei/a,  tandis  que,  devant  r  et  /,  il 
est  devenu  lingual  (=  xj ."  cerasea,  cerizè;  ecce-iste,  céti,  cet;  ecce-ille,  cil,  cet.  Mais  le 
c  reste  encore  guttural,  d'une  manière  tout  à  fait  exceptionnelle,  devant  un  é  provenant 
d'un  0  ou  M  latin,  ainsi  que  devant  e  dans  la  conjugaison  des  verbes  modernes  en  car; 
en  pareil  cas,  pour  que  l'on  ne  donne  pas  h  ce  c  le  son  du  s,  il  convient  de  le  marquer 
d'un  signe  particulier  qui  indique  sa  prononciation  gutturale  et  empêche  ainsi  toute  con- 
fusion :  sculella,  êétala,  écuelle;  i  manco,  te  mances,  il  mancet,  je  manque,  tu  manques, 
il  manque,  etc. 

Le  qn  latin  devient  c  devant  a,  o,  u  :  quatuor,  calro:  coguere,  coeré:  mais  il  subsiste 
sous  la  forme  simple  r/  devant  e  et  /  ;  (/uindecim,  m/enje,  quinze;  aliqwid,  oqye,  quelque 
chose;  q»id,  qye;  quem,  qé,  que  (pronom);  q«od,  qe,  que  (conjonction). 

De  ce  qui  précède,  il  résulte  que  la  gutturale  forte  se  rend  en  romand  :  1"  tou- 
jours par  c  devant  une  consonne  ou  l'une  des  voyelles  a,  o,  u,  û;  —  2°  par  g  devant 
e  et  /,  et  exceptionnellement  parc  devant  e=  o,  ii  latins,  et  devant  e,  signe  de  flexion 
verbale. 

2.  Le  g  romand  vient  d'un  g  et  quelquefois  d'un  c  guttural  originaire:  //uttur, 
golro:  catulinre  (pour  catulire),  galolyir,  chatouiller;  acrem,  pgro,  aigre.  Le  g  est  tou- 
jours gultnral,  mais  il  ne  se  présente  devant  e  et  i  (y)  que  dans  peu  de  mots  :  harginyir, 
du  bas  latin  harcaniare  •\-  gargieUt,  diminutif  de  goarjé^;  bagyc,  outil  (bas  latin  baga,  du 
celtique  bag,  paquet),  fr.  bague  (d'où  bagage),  encore  usité  dans  cette  locution:  .sortir 
d'un  danger  vie  et  bagues  sauves;  sgera  (de  l'aha.  loerra).  guerre;  gj/izè  (aha.  wisa), 
guise;  ginyir,  guigner. 

17.  Palatales. —  Le  romand  a  comme  palatales  les  explosives  c  et  J,  qui  le  rap- 
prochent du  provençal,  et  les  spirantes  c  et  y. 

'  Oc  mol  n'a  |)iis  le  sons  déprc'ciatif  de  son  congt'nèro  français  haillon.  Il  est  d'origine  germanique;  c'est 
le  diminutif  d'un  radical  hypothétique  haille,  qui  représente  le  h.  ail.  moyen  hadel,  a.h.a.  hadara,  selon 
Diez,  Wb. 

♦  Rerordar  veut  dire  :  apprendre  par  cœur,  expression  qui  vient  de  ce  que  cor,  cordis,  signifie  : 
I"  C(Pur;  2<>  esprit,  intelligence.  Le  vf.  avait  recorder:  Recordoit  par  cuer  (Barbezan,  III,  129).  Que  vous 
m'orrez  recorder  [N.  Recueil  de  Contes,  p.  p.  Jubinal,  I,  293).  Avant  que  bon  seigneur  Roy  se  couchist,  il 
avoit  souvent  decou.stumo  do  faire  venir  ses  enfants  devant  lui,  etlenr  recordoit  les  biaux  faits  etditzdes  Rois 
et  autres  Princes  ansiens  (Joinville). 

'  Barginyir  signifie  hésiter,  barguigner,  dans  le  vf.  (encore  dans  Montaigne)  marchander.  Diez  dérive 
Ijitrcaiiiare  de  harcn,  navire  qui  ap|K)rte  et  emporte  des  marchandises,  d'où  l'idée  de  faire  du  commerce  en 
général.  Celte  dérivation  est  d'autant  plus  probable  que  le  vf.  ftari/e  signifiait  barque,  chaloupe. 

*  Vf.  gargnte  dans  le  Roman  de  Brut  :  La  gargate  li  ont  tranciée,  p.  <03.  Cf.  Diez,  Wb.  I,  Î01 .  Burguy, 
(irammaire  de  la  langue  d'oil,  III,  180,  186. 


—   in   — 

1.  Le  c  roiiinnd  provient  d'un  c  latin  suivi  de  a:  capulare,  taplyar;  caum^,  iauma, 
lieu  où  le  bétail  cluime  à  l'ombre  ';  castellum,  tatil;  mica,  mccé;  pacla  (pi.  de  pactum), 
paéè;  il  dérive  aussi  d'un  </  suivi  de  a  dans  (/amba,  iamba:  mais  c'est  sans  doute  le 
seul  exemple  de  celle  mutation. 

2.  Le  j  romand  a  deux  sources  :  1"  il  provient  de  la  gutturale  douce  y,  quelle  que 
soit  la  voyelle  qui  suive  :  gralbinus,  iauno;  //auta*  (formé  de  (/abala,  écuelle,  dans  Martial), 
luta:  (je\arc,  ialar.  r/entem,  Jcn*;  r/ermen,  j^rnio.- cyin^iva,  icniiina;  —  2"  de  la  guiuirale 
ibrte  c  (rare):  accaptare,  ajclar;  cathedra,  iayirc;  3"  il  vient  surtout  du  j  latin  ou  d'un  i 
consonnifié,  el  c'est  pourquoi  nous  rendons  toujours  le  son  de  la  chuintante  faible  par 
j,  qui  n'a  pas  d'autre  emploi  en  romand  :  iaculari,  iiçyar,  jaillir;  janiya  (substantif 
verbal  formé  de  jorulari,  qui  a  donné  le  verbe  fraçais /o^y/c/'j,  niensongn;  jejunare, 
lonnar;  c(/'urnus  (de  ciiurnus),  joar;  ru/yus  (de  rufteus),  rojo;  —  4°  il  vient  enfin  des  com- 
binaisons de  consonnes  te,  de,  rc,  le  :  damnaiicum*,  dainaio;  vinriicare,  fCHj/r;  medlcus, 
ineilo;  pu/icem,  pu\è;  carricare,  cer^ir. 

Les  consonnes  é  eij  sont  dérivées  de  gutturales  qui  sont  devenues  palatales  sous 
l'influence  de  la  voyelle  /',  qui  est  elle-même  palatale  et  lend  à  s'assimiler  les  guttura- 
les (v.  §  2G);  c  et  y  sont  donc  originairement  des  palatales  el  sont  restées  telles  dans 
plusieurs  dialectes  (par  ex.  le  jurassien);  dans  d'autres,  comme  le  broyard  elle  vaudois 
(en  partie),  é  et  j  sont  devenus  des  linguales  qui  ont  le  son  de  ts  et  de  dz;  enfin,  dans 
quelques  dialectes,  entre  autres  le  gruvérin  et  le  cuer'o,  ces  consonnes  sont  aussi  lin- 
guales, en  général,  et  ca<a,  chatte, /cr//jo,  germe,  se  prononcent  tsata,  dzenno;  mais  elles 
redeviennent  palatales  quand  elles  sont  suivies  d'un  /  dans  la  syllabe  accentuée,  ce  qui 
n'a  guère  lieu  que  dans  les  verbes  en  éir  et  jù-,  el  alors  éi  elji  sonnent  comme  ci  el  gi. 
en  italien  (Ich  et  dj):  capra,  civra;  coaclare,  caéir;  moci,  nioçya,  participe  passé  de  : 
muccare,  mocïr;  —  manducare,  ??îejî'r;  judicarc,  y_)/(Vj/r,  etc.  Le  son  palatal  se  présente 
d'une  manière  exceptionnelle  et  par  altraction,  même  quand  la  voyelle  i  n'est  pas  accen- 
tuée, lorsque  la  syllabe  qui  précède  jV  commence  aussi  par  j;  ainsi  jyiijir  se  prononce 
djudji,  tandis  que  i  jiijo  sonne  dzudzo.  De  même  le  motj'a  du  latin  jam  devienl^j/a  avec 
/  palatal  dans  j'yame.?,  jamais. 

3.  Le  c  gruvérin,  qui  se  prononce  comme  le  eh  doux  des  Allemands  (par  ex.  dans 
ich),  dérive  essentiellement  d'un  t  ou  c  lingual  originaire,  c'est-à-dire  suivi  d'une 
voyelle  composée  commençant  par  i,  et  qui  est  devenu  palatal  sous  l'influence  de  ce  i  : 
pa/icn^/a,  paçyençe;  gra</osus,  gravions;  renun//are,  renonvir;  quand  le  i  originaire  a 
disparu,  c  prend  un  son  plus  dur  qui  équivaut  au  (romand  ou  lli  anglais  (v.§  18):  lec//o- 
nem,  /eçon  (comme  s'il  y  avait  léton);  gen^/ana,  jeiieanna;  lancia,  lancé;  il  a  aussi  le 
son  du  l  quand  il  dérive  d'un  s  :  falsa,  fau^-a;  pois,  polvis,  piiça.   Le  ç  dérive  ençprç  : 

•  Sur  celle  étymolojjie,  v.  Phonologie,  p.  98. 

'  Ce  mot  s'emploit'  dans  les  doux  nombres:  una  jeu,  dis  jcns,  tandis  que  yaiis  en  français  ne  se  dit 
qu'au  pluriel;  cependant  j'ai  trouvé  le  singulier  dans  Louis  Veuillot  sous  cette  forme  :  un  gendelcttre,  et  dans 
V.  Cherbuliez  :  Il  parait  être  une  manière  de  gent  de  lettres. 


—     16     — 

■l»  de  c  devant  un  e  ou  i  originaire  sous  l'influence  d'un  i  (e)  postposé  au  c  et  qui  est 
devenu  y,  lorsqu'il  n'a  pas  disparu  :  cinerem,  çycndra,  de-ejlinguere,  decyendré:  cereus, 
eyerjo;  cera,  ciré;  qu;ind  i  a  disparu,  c  sonne  comme  le  t  romand  :  conlum,  cen;  —  2"  de 
c  suivi  de  ly:  circu/iis  (circ'lus),  cerelyo;  c/arus,  clyar.  Le  /"suivi  de  ly  prend  le  son  deç; 
florem,  ttyour;  inflare,  cnttyar;  su/flnrc,  soByar;  //agellum,  fiyeyi;  //amma,  ûyanma. 

Que  le  c  romand  se  prononce  ch  ail.  ou  ih  anglais  en  gruvérin,  nous  le  rendons 
toujours  par  ce  signe  c,  qui  convient  à  tous  nos  dialectes;  ainsi  les  mois  latins  natio- 
nem  et  factionein  ont  donné  en  romand  naçion  et  façon  (jui,  en  broyard  et  en  vaudois, 
se  prononcent  à  la  française  avec  le  c  lingual  (=  s),  tandis  que,  dans  les  dialectes  gru- 
vérin et  cueéo,  ce  c  s'aspire  et  sonne  devante  comme  le  ch  allemand:  naçion,  et  ailleurs 
comme  le  th  anglais  :  façon.  C'est  pour  la  même  raison  que  nous  avons  maintenu  le  /' 
devant  ly  dans  flyour  ^  et  quelques  autres  mots  où  /"conserve  le  son  qui  lui  est  propre 
dans  la  plupart  des  dialectes,  tandis  qu'en  cueco  et  gruvérin  il  se  prononce  comuie  le 
c/i  doux  allemand. 

4.  Le  y  est  une  consonne  qui  a  la  même  valeur  que  le  j  allemand  ou  italien;  c'est 
\g  y  espagnol  ou  le  y  français  tel  qu'il  se  prononçait  autrefois  et  tel  qu'il  se  prononce 
encore  dans  quelques  noms  communs  ou  verbes  :  yaux,  bayer,  etc.,  et  dans  les  noms 
propres  :  Bayonne,  La  Fayelle,  Payerne^,  etc.  Le  y  romand  a  plusieurs  sources  :  1"  il  est 
d'origine  latine  et  vient  d'un  i  précédé  d'une  consonne  et  qui  s'est  consonnifié  :  dwbo- 
lus,  (\yal)lyo:  Mis,  folyè;  deus,  dyii;  ven/o,  vinyo;  —  tegula  (teula),  tyola,  tuile;  bctula, 
hyola;  quelquefois  de  c/  dans  gn  qui  se  transpose  en  ny,  d'où  ny  par  vocalisation  du  y 
en  i  (y):  copnosco,  conyeso;  quand  y  est  précédé  de  v,  cette  consonne  tombe  et  le  y 
devient  initial  :  v/dutus,  yu  (p.  ryû),  vu;  viia,  ya  (p.  vya),  vie;  —  2°  il  est  d'origine  ro- 
mande et  ne  représente  aucune  lettre  latine,  soit  ([u'il  intervienne  entre  deux  voyelles  pour 
éviter  un  hiatus  :  sela,  scya,  soie;  secare,  seyir,  faucher;  on  peut  aussi  admettre  que 
l  ou  c  s'est  changé  en  y;  —  soit  qu'il  s'ajoute  aux  liquides  /  et  n:  sa/ire,  salyir;  /iodus, 
iiyo;  nudus,  ny»,  surtout  quand  le  /  figure  comme  second  terme  d'une  combinaison 
de  consonnes  (II,  cl,  yl,  pi,  bl,  fl):  moWire,  niolyir;  ganiWa  (pour  gallina),  ye'ni"/yé;  corbi- 
cu/a,  cn'hilyè;  manicu/a,  maniç/ya;  g^/acies,  lyas'c;  plorare,  plyorar;  diato/us,  dyahlyn; 
//avita,  nyola. 

18.  Linguales.  —  Les  linguales  h  et  z,  viennent  des  consonnes  latines  s,  c  doux,  œ 
ou  t  suivi  des  voyelles  composées  ia,  ie,  io,  iu  :  sentire,  ttenlre;  rosa,  ruia;  ciconia,  seco- 
nyé;  acetum,  am*;  aucellus*  (p.  avicellus),  ohU,  vf.  oisel;  seasaginla,  \smanla;  sa/<onem 
(propr.  semailles,  puis  temps  des  semailles),  saion,  etc. 

'  Lé  jj;ruviiriii  a|)i.clle  lii  crème  la  fleur  ((lyoïir!  et  le  fromage  le  fruit  (fret)  du  lait.  Cette  jolie  métaphore 
n'existant  pas  en  français,  on  a  tort  de  traduire  le  fretyir  par  le  fruitier;  c'est  fromager  qu'il  faut  dire- 
(V.  le  Dictionnaire  de  V .Kcadi'mie .) 

'  V.  (rrammaire  comparée ,  §  9.5. 

•  Acide  plus  puissant  que  la  première  présure  ot  qui  donne  une  seconde  levée,  un  second  fromage,  appelé 
seret.  It.  accto,  roumain  ot:et,  romanche  aschnid,  ischeu,  vf.  ai.nl,  aissil,  vinaigre.  Le  même  mot  se  trouve 
en  anglais  eisel,  et  déjà  dans  l'anglo-saxon  aisil,  eisile,  goth.  aheit.  V.  Diez,  Wb.,  II   201. 


—      17     — 

S  et  3  oui  toujours  eu  gruvérin  le  son  de  la  chuintante  française  forte  ch  ou  faible)  ; 
saxon  =  c/iajo»,  tandis  que  dans  d'antres  dialectes,  par  ex.,  le  broyard,  ces  consonnes 
se  prononcent  absolument  comme  en  français. 

1».  Dentales.  —  Les  explosives  t  el  d  ont  toujours  (mi  romand  le  son  qui  leur  est 
propre.  La  forte  l  vient  du  t  latin  :  /abanus,  tan;  quelquefois  d'un  d:  grandis,  f/rania,  f. 

—  La  douce  d  vient  d'un  (/originaire  :  rfrappum  (dans  les  Capitulaires  de  Charlemagne), 
Ara:  rfe-intiis  ,  den,  quehjucfois  d'un  I  originaire  :  canla<is,  {•anlndex:  cantate,  ('««- 
tade,  etc.;  pio^jsus*. /«'doux,  h.  piotoso,  esp.  piadosu,  piteux;  sani^atem,  xendd. 

Le  *  dérive  de  la  combinaison  latine  ,s','.  Dans  beaucoup  de  dialectes,  par  ex.,  le 
broyard  cl  le  vaudois,  ce  }  conserve  le  son  du  t  pur,  tandis  qu'en  cueco  el  gruvérin  il 
se  prononce  comme  le  t/i  anglais  :  lesta  (pot  cassé,  crâne,  dans  .4usone),  lita;  disturbare, 
detorhar,  détourner  quelqu'un  de  ses  alfaires,  le  troubler',  et  comme  le  ch  allemand 
devant  un  /accentué  :  minis<erium,  m/tir;  monas/erium,  motir,  vf.  moustier'^. 

«O.  Labiales.  —  Les  labiales,  tant  explosives  que  spirantes,  conservent  toujours  le 
son  (jui  leur  est  propre.  Le  p  vient  du  latin  i»  ;  pauper,  puro,  et  de  ;;.';  ;  sulp/iur,  sùpro, 
soufre,  comme  en  prov.  solpre  (de  sulphur)  et  en  esp.  soplar  (de  siifflare).  —  Le  b  vient 
d'un  b  latin  :  6ibere,  heire:  d'un  p  originaire  :  co/jula,  cohbja;  d'un  v  :  curvare,  corhar. 

—  Le  f  vient  du  latin  f:  ^marium,  ietneir;  de  b  dans  fafteola  (de  faba),  fantiula.  —  Le  v 
vient  de  v  latin  :  pat^onem,  pavon:  de  b  :  faba,  fava;  de  p  :  ripa,  rih-a. 

91.  IJcjuides.  —  Les  liquides  i*,  I,  n,  ni,  persistent  presque  toujours;  mais  ces  con- 
sonnes, étant  les  moins  articulées,  peuvent  passer  d'un  ordre  à  l'autre  et  se  permuter 
t^nlre  elles;  ainsi  r  devient  /  dans  cribrare,  crubxyar,  et  /  devient  r  dans  u/mus,  ormo;  n 
devient  /'dans  anima,  arma:  a«imalia,  avmalyè^;  etc.  Les  liquides  se  prononcent  toujours 
de  la  même  manière;  mais  /  el  n  suivis  de  y  ont  le  son  dit  mouillé  *,  et  à  la  fin  des 
mots  ou  devant  une  consonne,  la  liquide  n  ou  m  disparaît  comme  son  articulé,  mais 
non  sans  communiquer  quelque  chose  de  sa  nature  à  la  voyelle  précédente  {§  13). 

'  Vf.  de.itorber,  d'où  ilcsturbance ,  trouble:  Sire,  qui  vos  a  destorbé  (Tristan ,  I,  237).  L'uns  a  ferir 
l'autre  destorbé  (Brut,  II,  200).  Tos  me  porreïoni  desturber  (Mario  de  Franco).  Oii'z  pitusc  desturbance 
(Tristan,  II,  74). 

'  Le  s  attire  lo  t  à  la  spirante,  mèmci  lorsque  les  doux  lettres  ne  sont  pas  dans  le  inônie  mot,  par  exem- 
ple dans  les  verbes,  à  la  deuxième  personne  du  sini^ulier,  dans  la  forme  interrogalivc:  te  vas  et  ras-té?  Ce 
(lu'il  y  a  de  curieux,  c'est  que  cette  forme  ^  a  évincé  le  pronom  de  la  troisième  personne,  tant  du  singulier  que 
du  pluriel  :  Vat-tr?  Yan-t/? 

'  Pièce  de  i;ros  bétail,  surtout  bœuf  ou  vache;  romanche  armai,  wallon  ama,  vf.  almaille  (par  exem- 
ple dans  Garin,  II,  71),  d'où  niimaitle;  v.  Ducangc,  V  armentum.  Ménage,  V  aumailli:.  Ce  mot  vient,  non 
pas  A'armcntvm,  ce  qui  est  inipo.ssiblo  d'après  les  lois  phonétiques  dos  langues  romanes,  mais  de  nnimalia, 
les  bêles  à  cornes  étant  les  animaux  par  excellence.  Dérivé  armalyir,  s.  m.,  berger,  vacher,  celui  qui  conduit 
les  nrmalyes. 

*  Ces  sons  mouillés  se  rendent  de  difTérentcs  manières  dans  les  langues  romanes;  mais  la  manière  fran- 
çaise est  certainement  la  moins  rationnelle.  Il  en  était  autrement  dans  l'ancien  français,  où  l'on  se  servait  très 
.souvent  de  H  |)our  ly  et  ny  pour  ny  :  De  folie  elle  s'cntrcmist  (Guerre  de  Troie,  par  Brunet).  Un  éditeur  mo- 
derne a  corrigé  folie  par  faille.' 

;s 


JS     — 


V.  Histoire  des  iettres  latines 


«a.  Rappelons  ce  principe  que  nous  avons  exposé  ailleurs*:  quelles  que  soient 
les  luodifications  que  subit  le  mol  latin  en  passant  au  romand,  il  conserve  ses  parties 
essentielles,  qui  sont  la  syllabe  (|ui  a  l'accent  ionique  et  la  syllabe  initiale  du  mot. 

1.  La  syllabe  accentuée  en  latin  subsiste  donc  en  romand  et  de  plus  elle  conserve 
l'accent  originel;  mais  comme  cet  accent  frappe  la  voyelle  et  non  pas  la  consonne,  c'est 
la  voyelle  qui  persiste  el  se  développe  môme  en  diphtongue,  tandis  que  la  consonne 
médiale,  c'est-à-dire  placée  entre  deux  voyelles,  si  c'est  une  explosive  ou  la  spiranle  v, 
se  déyrade,  c'est-à-dire  descend  d'un  degré  (la  forte  passe  à  la  faible  et  l'explosive  à  la 
spirante)  ou  tombe  complètement  :  mo/are*  (movilare  de  movere),  modar,  partir;  ama- 
6am,  amato;  vi/a,  via,  ya  (p.  vya). 

2.  La  partie  essentielle  de  la  syllabe  initiale  est  la  consonne  et  non  pas  la  voyelle; 
mais  on  ne  peut  appuyer  sur  la  consonne  sans  appuyer  sur  la  voyelle,  el  c'est  pourquoi 
la  syllabe  initiale  se  maintient  en  général  très  ferme,  mais  souvent  avec  une  modifica- 
tion de  la  voyelle  :  praedicare,  prijir. 

Il  s'établit  ainsi  dans  les  polysyllabes  une  espèce  d'équilibre  entre  la  syllabe  accen- 
tuée, où  la  voix  appuie  sur  la  voyelle,  et  la  syllabe  initiale,  où  domine  la  consonne.  Celle 
loi  d'équilibre  entre  les  éléments  phonétiques  du  mot  est  la  cause  principale  de  la  .syn- 
cope ou  élision  des  voyelles  el  des  consonnes. 

A.  Voyelles. 

îî".  Un  autre  principe  qu'il  convient  de  rappeler  ici-',  c'est  que,  dans  les  langues 
romanes,  la  quantité  dépend  entièrement  de  l'accent,  el  qu'une  voyelle  ne  peut  être 
longue  que  si  elle  appartient  à  la  s)/llabe  tonique. 

De  ce  principe  il  résuite  que  les  voyelles  longues  deviennent  brèves  quand  elles 
sont  placées  avatit  ou  après  la  syllabe  tonique;  c'est  ce  qui  a  toujours  lieu  en  romand. 
as.  Voyelles  accentuées.  —  Les  voyelles  latines  accentuées  se  maintiennent  toujours 
en  romand,  soit  intactes,  soit  plus  ou  moins  uîodifiées.  Il  faut  distinguer  les  brèves,  les 
longues  elles  voyelles  de  position,  c'esl-à-dire  les  voyelles  suivies  de  deux  consonnes, 
dont  la  seconde  commence  une  nouvelle  syllabe.  La  position  peut  être  latine  ou  origi- 
nelle, comme  dans  fortis,  et  romane  ou  dérivée,  c'est-à-dire  amenée  par  l'élision  d'une 
voyelle  ou  son  durcissement  en  une  consonne  //ou  échangé  en  î/^,  par.  ex.  anfijma, 
prov.  et  romand  arma;  linja  (de  linea),  romand  linyé,  fr.  ligne. 

•  Nous  nous  bornons  ici  aux  généralités  nécessaires  pour  faire  comprendre  le  vocalisme  ou  le  conson- 
nanlisme  romand,  renvoyant  pour  les  détails  ;\  la  première  partie  de  l'ouvrage  ou  (r/-am)«a!>.iî-o»îa;idi;.  Cf.  PAo- 
nologie  de  la  langue  française,  p.  56-<23. 

•  Phonologie,  p.  4<. 
'  Phonologie,  p.  60. 


—     19     — 

1.  Le  a  persiste  toujours,  qu'il  soit  bref,  long  ou  en  position,  sauf  dans  quelques  cas 
particuliers  qui  s'expliquent  par  l'influence  de  la  consonne  qui  précède  (v.  §  28)  :  cava, 
cnv(t;  râpa,  rat-a;  «rbor,  nbro. 

2.  Les  voyelles  intermédiaires  c  cl  o  so  traitent  de  la  manière  suivante  : 

a)  Le  c  et  le  o  brefs  se  diphtonguenl  avec  les  voyelles  inférieures  correspondantes, 
comme  postposilives,  d'où  ei:  febris,  [vivra,  et  ou  :  mola,  mon/a;  rota,  roava. 

h)  Le  e  et  le  o  longs  se  comportent  comme  les  brèves  correspondantes,  et  6" se  con- 
fond presque  iivec  ê  et  ô  avec  ô,  d'où  les  diphtongues  et  ;  lela,  (eilu,  et  ou:  hora,  onra. 

c)  Le  c  et  le  o  en  position  ne  se  traitent  pas  de  la  même  manière.  Le  e  en  position 
persiste  devant  /•  ;  terra,  fera,  ou  devient  i  devant  ss,  si,  sp  ou  ny  :  bestia,  blté;  v^-sper, 
viprn;  vcnio  (venjo),  vlnyo.  Il  se  diphtongue  rarement  :  mr'dicus  (nied'cus),  meijo.  —  Le 
0  en  position  se  diphtongue  devant  /•,  le  plus  souvent  en  oa,  conmie  en  roumain  :  porta, 
poarta,  quelquefois  en  oe  :  porticus,  paerco; —  il  se  change  souvent  en  u  devant  d'au- 
tres consonnes  :  cosla,  cata;  fossa,  fusa;  il  se  maintient  très  rarement  :  dom'na,  dona. 
—  Une  curieuse  permutation,  c'est  celle  due  en  position  devant  U  qui  i^e  change  en  i,  si 
//  devient  final  p;ir  la  chute  de  la  terminaison  latine  :  agnellus,  anyil;  br'llus;  hll;  pellis, 
pil,  et  en  «,  si,  au  contraire,  //  reste  médial  :  bella,  huila;  bas  latin,  macellarius,  inas»- 
leir';  femella,  feniala.  Une  mutation  semblable  existe  en  romanche  :  daller  ou  tsc/ialler, 
de  cellarium. 

3.  Les  voyelles  inférieures  I  et  u  subissent  les  permutations  suivantes  : 

a)  Le  I  et  le  ii  brefs  se  transforment  d'abord  en  ("et  û,  ce  qui  amène  ensuite  leur 
diphtongaison  avec  les  voyelles  inférieures  correspondantes  i  el  u,  d'où  ei  :  p/per, 
petvro,  el  ou  :  cwprum,  couvro. 

b)  Le  I  et  le  u  longs  se  maintiennent  généralement,  mais  u  perd  le  plus  souvent  le 
son  qui  lui  est  propre  pour  devenir  û  :  crmien,  crlnio;  pasU/ra,  ;>ffYnra;  m»rus,  jniir; 
t  devient  aussi  il  devant  une  labiale  :  ^xngi'Vi^,  jcnjûva. 

c)  Le  I  et  le  n  en  position  se  transforment  respectivement  en  c.  et  en  o  ;  ïïrmus, 
fcrmo;  mnsca,  i7iocé,  el  les  voyelles  e  et  o  se  diphlonguenl  souvent,  e  en  ei  :  d/g'tus, 
dvit,  et  0  en  oa  (devant  r)  :  dii/rnus,yoar. 

Une  règle  générale,  qui  n'a  pas  d'exception,  c'est  que,  devant  un  n  terminant  la 
syllabe,  les  voyelles  accentuées  persistent,  i  et  u  devenant  alors  c  et  o  ;  m«nus,  insrn; 
campus,  éaimp;  pulliccnus, /)w/'en;  vicmus,  vézen;  fronlem,  front;  avwnculus,  onçlyé. 

Voici  le  tableau  des  permutations  des  voyelles  accentuées,  pour  lesquelles  on  n'in- 
dique que  les  formes  principales  : 


Bref. 

Lony. 

K>i  position. 

A 

a 

a 

a 

E 

ei 

ei 

e,  i 

0 

ou 

'  ou 

oa,  u 

1 

ei 

i,ù 

e,  ei 

U 

ou 

u,  ù 

0,  oa 

'  Ce  mot  signifie  bouclier;  \erbe  tuaxnlnv,  tuer  une  vache,    un  porc,  une  chèvre,  pour  l'usage  du  mé- 
nage. Le  vf.  maisel  signifie  ninssacrc,  boucherie,  dan.s  Brut,  I,  34a. 


—     20     — 

Tour  conipléler  cet  aperou,  ajoutons  :  1"  que  le  y,  f]tii  avait  le  son  de  u  en  grec  ot 
probabletTienl  aussi  en  latin,  a  suivi  en  romand  le  sort  du  u  lalin  :  crypta,  cmla^; 

—  1°  qu(3  la  diphtongue  latine  œ  devient  en  rotiiaii  e  dans  fœnuin,  /en,  d'où  fmar;  — 
3"  que  au  devient  u  en  romand  :  laHra,  Itira,  génisse  de  deux  à  trois  ans;  awdio,  iizo; 

—  (juehpiefois  û:  cauda,  cïtva;  —  4°  que  M(  perd  aussi  le  u:  ruina,  rina. 

C'est  peut-être  ici  le  lieu  de  faire  remarquer  combien  le  vocalisme  romand  est  à  la 

fois  simple  et  harmonieux,  grâce  à  l'abondance  des  sons  pleins  et  à  l'heureux  mélange 

des  longues  et  des  brèves,  des  voyelles  simples  et  des  diphtongues.  C'est  ce  qui  rend  si 

beaux  quelques  vers  du  poêle  Python,  dans  ses  Egloyues,  traduites  de  Virgile,  par  ex. 

Fiirnidcs,  soinljros  joars,  d'una  pidousa  va. 
Mu  éanto  ;  avuo  graçé,  lo,  lé  incincs  la  flyota. 
Den  les  desers  don  viido  a  l'azard  répondus. 

Ora,  le  vois  la  vadé  ciioia  à  lombro 

El  le  linzer  caéi  dcso  l'arbiisto  soinbro. 

24.  Voyelles  inaccentuées  ou  atones.  —  Il  convient  de  distinguer  les  voyelles  atones 
simples  et  les  voyelles  atones  composées. 

I.  Voyelles  atones  simples.  —  La  règle  gcriéralc  est  une  loi  d'équilibre,  en  vertu  de 
laquelle  les  syllabes  inaccentuées  sont  d'autant  plus  gravement  atteintes  qu'elles  sont 
plus  voisines  de  la  tonique. 

A.  Les  voyelles  qui  pmjè^,'rt<  la  syllabe  accentuée  olfreiit  une  résistance  fort  ini'gale, 
selon  que  la  tonique  est  précédée  d'^ne  seule  ou  (\e  plnsieurs  syllabes. 

1.  Lorsque  la  tonique  ou  syllabe  accentuée  est  précédée  d'une  seule  syllabe  qui  se 
trouve  être  ainsi  l'initiale  du  mot,  cette  dernière  est  généralement  très  ferme;  elle  per- 
siste, comme  dans  articulus,  sale,  ou  subit  des  modifications  analogues  à  celles  de  la 
voyelle  tonique,  comme  vestire,  i'l|/V;  sonare,.VHnar;  fr«menlum,  fromen;  mais  elle  s'affai- 
blit souvent  en  e;  Vi'cinus,  vèzcn;  roaianus,  ré)nand,  etc.  Le  o  devient  a  dans  :  orphanus, 
arfeno-;  honorem,  sinour,  comme  dans  le  vf.  Sans  desanor  (Tristan  1,  H2);  gmnarium 
donne  r/urneir. 

2.  Lorsque  la  tonique  est  précédée  de  deu.r  syllabes,  c'est  une  règle  presque  inva- 
riable que  la  première  persiste  :  maslicare,  niacïr;  tandis  que  la  voyelle  de  la  seconde, 
qui  précède  immédiatement  la  tonique,  disparaît  quand  elle  est  brève  :  ma6t(?)care, 
maéir;  hosp(e)lale,  otau  (epélau  est  moderne),  et  persiste  ou  plutôt  s'assourdit  quand  elle 
est  longue  :  acceplare,  ajélar.  —  L'élision  de  la  voyelle  initiale  atone,  très  rare  en  fran- 

*  Crota,  caveau,  trou  en  terre  où  l'on  enfouit  les  légumes  en  hiver  ;  croton,  cachot  ;  crotli,  marqué  de 
la  petite  vérole:  tous  ces  mois  viennent  du  1.  crypta,  comme  le  prov.  cropta,  le  vf.  crotc  et  le  fr.  mod.  grotte. 
Crotu  a  été  cmplojo  par  J.-J.  Rousseau  :  Un  visai,'o  noir  et  crotu,  qui  a  passé  quatre  fois  sous  le  soleil  et  vu 
lo  pays  des  épicos  (Nouvelle  Hdloïse,  IV,  8).  De  crota  dérive  le  vorbe  encrotar,  mellre  en  terre  le  cada\re 
d'un  animal  ;  le  vf.  avait  encroter  (V.  une  citation  dans  Romanid,  1,  43-3),  qui  esl  resté  dans  le  bourguignon 
cl  le  franc-comtois. 

'  Le  vf.  avait  orfe,  prov.  et  catalan  orfe,  forme  remarquable  à  côté  de  orféne,  esp.  huerfano,  il.  or- 
fano,  du  1.  orplmmis,  et  orfenin,  orphenin,  orfelin,  du  I.  orphanisius,  dérivé  de  orphanus.  Le  fr.  comtois 
a  arfeunot. 


—     21     — 

çHis,  esl  plus  fréquente  en  ronianci  :  ebriacus,  l/riuco  ';  /jorologiuni,  relojé,  esp.  rclox; 
htriinilo,  ryondeina,  prov.  randola. 

B.  Les  voyelles  qui  suivent  la  syllabe  accentuée  ne  peuvent  occuper,  d'après  la  règle 
(le  l'accentuation  latine,  que  deux  places,  l'avant-dernière,  connue  u  dans  tabula,  ou  la 
dernière,  connue  u  dans  luerailuin. 

I.  Lorsque  l'accent  porte  sur  la  pénultième,  la  finale  se  maintient  :  aima,  arma,  s'as- 
sourdit :  coxa,  cïisv-,  ou  disparaît:  niolina,  ntulen:  inanus,  )jui/i;  laïups,  fiim;  aniarc, 
ainar;  pedem,  j)it:  puWus,  pu. 

i.  Lorsque  l'accent  porte  sur  Vanlépénultiènte.  l'application  de  la  règle  n'est  pas 
moins  rigoureuse,  mais  elle  esl  soumise  à  la  loi  d'équilibre  déjà  indiquée. 

a)  La  pénultiàne,  étant  la  plus  voisine  de  la  syllabe  accentuée,  disparaît  en  romand: 
tabC(()la,  trablya. 

b)  La  voyelle  atone  fmale,  étant  mieux  protégée  par  son  éloigneinent  iiiènie  de  la 
tonique,  se  maintient:  littera,  lelrA,  ou   s'aU'aiblit  en  é  :   régula,  rebjv. 

Il  faut  remarquer:  1"  (Jue  a  final  ne  devient  ê  qu'après  un  i  originaire  ou  un  y 
romand  (v.  §  28);  —  2"  que  o  et  a  apparaissent  très  souvent  h.  la  fin  des  mots  à  la  place 
d'autres  voyelles  atones  pour  distinguer  les  substantifs  et  adjectifs  masculins  ou  fémi- 
nins: inedic;t.v,  nieijo;  ïaber,  facro-;  febre»*,  feicnt;  trislt.v,  Irislo  et  trisla. 

II.  Voyelles  atones  composées.  —  L'biatus,  qui  se  produit  par  la  rencontre  de  deux 
voyelles,  présente  trois  cas  différents  :  ou  bien  il  existait  déjà  dans  les  mots  siiiq)les 
latins,  ou  bien  il  a  été  produit  soit  par  la  composition  latine  ou  roinano,  soit  pur  la  sup- 
pression d'une  consonne  dans  le  passage  du  latin  au  romand. 

L'hiatus  répugne  encore  plus  au  romand  qu'au  français.  Voici  les  moyens  qui  ont 
été  employés  pour  l'éviter. 

1"  Vélision  de  l'une  des  deux  voyelles,  ordinairement  la  première:  suum,  son;  ditos, 
dus:  facl/onem,  façon;  ant(;-aimum,  antan. 

2°  L'épenthèse,  soit  l'intercalation  d'une  consonne  entre  les  deux  voyelles  qui  for- 
ment l'hiatus  :  pluere,  plyoneir;  tua,  lu\a;  ro(t)a,  rouva;  ru(g)a,  râ^a;  inlerro(g)are,  enlre- 
rar:  cau(d)a,  ciiva,  queue;  a(q)ua,  ivue. 

3°  La  mélathàse,  en  vertu  de  laquelle  la  première  voyelle  est  attirée  par  la  tonique  et 
forme  avec  elle  un  son  simple  ou  une  diphi:ongue  :  conlrar/us,  conlrcro;  tegularta  (de 
tegula),  tyolciré;  oleum  (olium,  oilum),  elo. 

4°  La  consonnification  de  la  première  voyelle,  i  (ou  c)  atone,  qui  se  transforme  dans 
la  consonne  homonyme  /  =  y  et  mouille  la  consonne  précédente  (l,  n):  fil/a,  jilié; 
palea,  palyc;  vinea,  vinyé,  ou  devient  l'une  des  deux  consonnes  palatales  y  et  é:  vinde- 
m«a,  veneniii;  salvj'a,  soie:  prop/us,  pruôë.  Le  u  atone  dans  celte  position  éprouve  le 

'  Co  mol  signiTiu  dcorvclé,  braque,  qui  agit  comiiio  un  liommo  ivre;  it.  briaco,  ivro;  esp.  brio,  vif, 
étourdi;  vf.  bris,  un  peu  fou  :  Li  quons  Froinons  qui  est  et  fous  el  bris  (R.  de  Garin.  II,  2i). 

'  Cf.  it.  fabbro,  prov.  fabi-c,  vf.  favre.  Ce  mot  s'est  conservé  en  fr.  dans  orfiivre  ot  dans  les  noms  pro- 
pres Favre,  Faivre,  Fêvre,  Faurc,  Fabre,  Faibre,  Le  Fébwe,  Le  Févre,  Le  Fcbtrc,  Fatai-ger,  etc. 


—     22     — 

même  sort  que  i  el  se  consonnifie  en  v:  mais  les  exemples  sont  rares  :  vIcImus,  a,  vevo 
et  ve\a  * . 

B.  Consonnes. 

25.  Pour  éludier  convenablement  les  permutations  des  consonnes  latines,  il  faut  les 
distinguer,  comme  les  voyelles,  en  consonnes  simples  et  consonnes  composées  ou  con- 
Si'cutives. 

À.  Los  consonnes  simples  peuvent  être  initiales,  médiales  ou  finales  ;  1°  Les  conson- 
nes m/</r//es  subsislonl  presque  toujours. —  2"  Pour  les  consonnes  m^rf/ates,  il  faut  dis- 
tinguer :  a)  les  liquides,  qui  se  permutent  entre  elles  (§  21);  b)  les  explosives  et  spirantes, 
qui  s'affaiblissent  et  se  dégradent  plus  ou  moins  et  finissent  même  par  disparaître, 
selon  qu'elles  sont  gutturales,  linguales  (dentales)  nu  labiales.  —  3°  Les  consonnes  lati- 
nes finales  ont  toujours  disparu  en  romand;  mais  nous  les  conservons  souvent  par  raison 
de  flexion  ou  de  dérivation. 

R.  Une  consonne  peut  se  joindre  à  elle-même  (terra)  ou  à  une  autre  consonne 
(spica);  dans  le  premier  cas,  il  y  a  (jémination,  et  dans  le  second  combinaison. 

\.  Les  consonnes  latines  çjéminées  se  sont  mieux  conservées  que  les  simples;  mais 
comme  les  consonnes  doubles  compliquent  l'orthographe  sans  avantage  pour  la  pro- 
nonciation, nous  n'en  avons  conservé  aucune  dans  notre  transcription  des  sons  ro- 
mands-,  excepté  quand  le  n  est  précédé  d'une  voyelle  nasale:  tanna^  (prononcez 
tan.na);  c'est  pourquoi  il  faut  écrire  fena  et  non  fenna,  de  femina^:  il  n'y  a  pas  ici  de 
voyelle  nasale. 

2.  Dans  les  combinaisons  de  consonnes  il  faut  compter  non  seulement  les  combi- 
naisons de  deux  articulations  différentes  qui  existaient  en  latin  conformément  aux  lois 
phonétiques  propres  h  cette  langue  (spina,  faclus),  mais  encore  les  réunions  de  deux  ou 
trois  consonnes  qui  ont  été  amenées  dans  les  langues  romanes  par  l'élision  d'une 
voyelle  (par  ex.  de  àansjad'care  ilejudicare,  Ivr  dans  solv're  de  solverej.  Or,  cette  rencon- 
tre d'articulations  différentes  a  le  même  sort  que  l'hiatus  ou  rencontre  de  deux  voyelles; 
dans  l'un  et  l'autre  cas,  la  langue  tend  à  simplifier  les  éléments  phonétiques  par  des 
moyens  divers:  l'élision  (asinus,  as'nus,  a)!o;,  l'addition  de  lettres  au  commencement 

«  De  tiduKs,  a,  dérive  encore  par  métatlièse  l'adjectif  ri<do,  rûda.  Sur  cette  double  formation,  v.  Pho- 
nologie,  p.  82. 

'  L'Académie  el  tous  les  dictionnaires,  depuis  celui  de  Boiste  jusqu'à  celui  de  Littré,  disent  qu'on  pro- 
nonce qiiehiuefois  les  lettres  doubles,  comme  pp  dans  app/'fence,  mm  dans  irnmacvié.  Il  dans  illustre,  etc. 
Pour  moi,  je  voudrais  bien  savoir  comment  on  peut  prononcer  les  deux  l  du  mot  illustre,  à  moins  de  les  séparer 
par  une  voyelle,  si  faible  qu'elle  soit,  comme  le  e  muet  dans  le  lustre. 

»  Ce  mol  signifie  tanière,  grotte,  terrier  de  renard,  caverne  dans  les  rochers  :  la  tanna  a  Vura;  il.,  esp., 
prov.  et  romanche  tana.  V.  Diez,  Wh.  II,  7.3. 

*  Ce  mol  signifie  femme  mariée  ;  en  dauphinois  ferma,  vf.  fenne  dans  R.  de  Brut,  73.  Si  M.  Leroux  de 
Lincy  eût  connu  le  romand  fena,  il  n'aurait  pas  fait  suivre  ce  mot  fenne  de  cette  .singulière  remarque  :  «Fenne 
pour  femme;  on  trouve  en  ce  roman  quelques  exemples  de  mots  à  la  fin  de  vers  dont  la  terminaison  a  été 
changée  par  le  poète  pour  rimer  plus  facilement!  » 


—     23     — 

du  mol  ou  prosllièse  ('.vcnbellum,  escahil:  smla,  ef:\\ai),  ou  dans  le  corps  du  mol  ou  épen- 
ihèse  (essere  pour  osse,  os.s'n>,  itre;  caméra,  cam'ra,  <'amttra)K-  la  permulalion  (la/pa, 
taupa),  la  Iransposilioii  ou  uiétalli('se  (ar/uellus,  a«c/ellus,  el  par  l'adoucissisinenl  du  7 
en  !/  :  anjil);  el  si,  pour  détruire  l'hialus  elle  change  des  voyelles  en  consonnes  (con- 
sonnificalion),  par  un  procédé  semblable  elle  éviie  le  choc  des  arliculalions  en  Iranslbr- 
mant  les  consonnes  en  voyelles  (vocalisalion)  :  c'est  ainsi  que  rajp  a  été  l'orme  de  rabies 
par  le  changement  d'une  voyelle  fj)  en  consonne  (j),  et  lyà  de  lectum  par  le  change- 
ment inverse  d'une  consonne  (c)  en  voyelle  (i). 

Nous  n'entrerons  pas  dans  les  détails  sur  ces  divers  procédés  qui  seront  étudiés 
ailleurs;  mais  nous  devons  donner  quelques  explications  sur  la  formation  des 
palatales. 

«6.  Le  développement  histoVique  des  gutturales  latines  comprend  trois  périodes 
successives  qu'on  peul  représenter  dans  le  tableau  suivant  où,  pour  plus  de  clarté,  nous 
distinguons  les  spiranles  linguales  (chuintantes)  s  el  d  des  spirantes  dentales  v  el  z  (sont 
en  italitpie  les  sons  romands  actuels). 


Gulturales  bliiics 

1"  période 

2»«  périiide 

3"' 

p.riodi; 

j  =  y 

-      dy 

di*      dz 

7. 

7. 

g 

gy      dy 

di        dz 

1 
L 

Z 

c  =  k 

ky      ly 

is          ts 

1 
S 

S 

ca 

kya    tya 

txa        tsa 

éa 

sa 

ga 

gva    dva 

dia       dsa 

i!a 

za 

Dans  la  première  période,  les  deux  sons  restent  distincts,  comme  ils  le  sont  dans  le 
romand  coqi/a,  fiyera,  dyû,  lyo;' mais  la  spirante  y  est  subordonnée  à  l'explosive  guttu- 
rale (g,  c)  ou  dentale  (d,  t.)  Dans  la  seconde  période,  y  se  transforme  en  spirante  lin- 
guale (z  et  s  =  chuintantes  françaises)  ou  denlale  (z  el  s)  et  domine  l'explosive  den- 
tale (de\.  l),  qui  disparaît  complétemenl  dans  la  troisième  période.  Toutes  les  langues 
roaianes  ne  parcourent  pas  la  série  complète  de  ces  transformations;  c'est  ainsi  que  le 
romand  s'est  arrêté  à  la  deuxième  phase,  sauf  pour  le  c  (latin)  devant  e  el  i  qui  est  de- 
venu s  ou  s,  selon  les  dialectes;  le  français,  au  contraire,  n'a  plus  que  les  sons  simples 
de  la  troisième  période,  les  uns  ne  franchissant  pas  le  premier  degré,  celui  des  lingua- 
les ou  chuintantes  (j  et  ch),  tandis  que  le  c  arrive  à  lu  limite  extrême  des  dentales  pures 
(par  ex.  dans  ceci). 

Si  maintenant  nous  examinons  séparément  le  sort  de  chacune  des  gutturales  latines, 
nous  voyons,  en  ce  qui  concerne  le  /  consonne  ou  j,  que  les  Latins  n'en  faisaient  pas  un 
son  simple  comme  le  j  allemand,  mais  qu'ils  le  prononçaient  en  le  faisant  précéder  de 
la  denlale  d,  qui  ne  s'écrivait  point,  quoiqu'on  ail  diurnum,  c'esl-à-dire  djurnum,  à'on  il. 
giorno,  esp.  jornado,  romand  joar^,  fr.  jour.  Il  est  resté  un  débris  de  ce  monde  pri- 

'  Le  romand  ajoute  souvent  un  r  sans  qu'il  y  ait  rencontre  de  consonnes  :  tabula,  trablya. 
'  C'est  peut-être  diy  el  t'sy  qu'il  faudrait  écrire.  (V.  la  note  du  §  27.) 
.    '  Il  y  a  en  romand  un  autre  dérivé  do  dies,  c'est  di,  qui  no  se  présente  qu'en  com|)Osition  dans  les  noms 
des  différents  jours  do  la  semaine.  Ainsi  qu'en  provençal,  le  di  se  plaça  d'abord,  dans  l'ancien  français,  à  la  tête 


—     2i     — 

niilif  flans  lo  mol  romand  dtjiislo  ('grnvérin),  à  côlé  de  dzusto  (broyard),  du  htin  justus: 
et  di/iistisé  à  côlé  de  dziistisé  (grnvérin)  el  dziistisé  (broyard),  du  lalin  jtislilia.  Quanl  au 
cbangemenl  de  (/yen  dzon  dz,  selon  les  dialecles,  il  s'explique  par  la  prédominance 
de  la  denlalo  (pii  a  alliré  à  soi  le  y  el  l'a  transformé  en  son  lingual  ou  dental,  limite  que 
le  romand  n'a  pas  franchie. 

On  peut  s'expliquer  de  la  même  manière  le  changement  du  g  ou  du  c  devant  e  et  /. 
Le  c,  qui,  .'i  l'origine,  était  guttural  devant  toutes  les  voyelles,  devint  n/  (=  ky),  soit  par 
la  consonnification  d'un  i  suivi  d'une  voyelle,  comme  dans  glac<a  *  (de  f/laciex),  fjlacya, 
soit  surtout  par  l'addition  de  y  devant  e  et  i\  comme  dons  cerasea,  cyerasea  (=  kye- 
rasea).  Le  ;/  devint  de  même  ç/y  pour  l'addition  du  y-;  ainsi  genu  a  dû  donner  sycnu; 
mais  entre  5fyc?iM  el  dyvnu,  la  différence  de  son  esl  très  peu  sensible  3,  et  l'on  vient  de 
voir  comment  dî/  est  devenu  dz  dans  le  gruvérin  (comme  dans  le  provençal  et  l'italien), 
el  dz  dans  le  vaudois  el  le  broyard  :  dans  celle  combinaison  romane  de  dz  ou  dz,  on 
peut  tirer  le  (/  du  r/  latin,  el  le  z  an  j  (y);  l'articulation  est  restée  au  même  degré,  mais 
elle  a  changé  d'organe.  Le  c  a  suivi  la  même  marche,  cl  cyerasea  (kyerasea)  a  d'abord 
donné  tycrasca;  puis  ty  a  pris  le  son  ts  (qu'il  a  conservé  en  italien  :  cicérone,  et  en  roman- 
che :  cima  ou  tschima,  de  cima)  ou  ts;  mais  la  transformation  ne  s'est  pas  arrêtée  l<^ 
comme  pour  le  g,  el  le  c  =:  li  ou  ts  a  fait  un  pas  de  plus  en  avant  el  est  devenu  le  son 
simple  s  ou  s  (selon  les  dialectes)  que,  par  raison  d'étymologie,  nous  rendons  par  c  : 
cerise;  cerebella  (pi.  de  cerebellum),  cervala. 

Il  esl  tout  aussi  facile  de  rendre  compte  du  changement,  particulier  à  quelques  lan- 
gues de  l'Ouest,  de  la  gutturale  c  ou  g  devant  a;  ici  encore  c  (k)  ou  y  est  devenu  ky  ou 
gy  par  l'addition  du  y  palatal,  el  ce  qui  le  prouve,  c'est  que  cy  el  gy  sonl  restés  dans 
quelques  mots,  témoins  d'une  époque  qui  n'est  plus  :  capsa,  v.yesé;  pasc/o,  paéje; 
coc/in,  coqya;  bas  latin  haga,  basje  (§  16).  Mais  l'évolution  n'eu  esl  pas  restée  là,  el  kya 
ou  gya  esl  devenu  (ya  ou  dya,  puis  a  donné  les  sons  Isa  ou  d'za,  tsa  ou  dza,  où  le 
romand  s'est  enfin  arrêté. 

*î.  Ce  qui  précède  suffit  pour  expliquer  pourquoi  la  terminaison  verbale  are  se 
change  en  ir  el  non  pas  en  ar  après  les  palatales  romandes  é  el  j.  Ce  changement  esl 
dû  ii  l'action  du  y  palatal  poslposé  à  la  gutturale  primitive  dans  la  première  période  de 

(le  la  composilion,  où  il  est  resté  dans  dimanche;  on  disait  donc  dihtn,  dimars,  etc.  C'est  aussi  le  j)rocédé 
romand,  où  l'on  a  di'lon,  drmar,  drmicro,  drjou,  dri-endro,  dcsando,  drmenjè  (fcm.).  En  catalan  on  dit  de 
mémo  diluns  (dies  hina3),  dimars,  dimacres,  dijovs,  divendres,  disabde.  Il  on  est  ainsi  dans  tous  les  dialec- 
tes du  midi  de  la  Franco,  et  en  dau|)liinois  nous  trouvons  les  mômes  formes  qu'en  romand  :  dilun,  dimar, 
dijou,  divendre,  dissando.  L'ancien  romand  disait  également  di  el  non  pîis  de:  Le  marcliié  de  Jaex  (Ocx), 
lyquel  e.st  le  di  Ions,  la  marchié  de  Divonnc  laquelle  est  le  di  mars  et  marcliié  de  Saint-Jean  de  Govillies 
lequel  Rsl  le  di  mesc.re.  Hommage  de  Gox,  130t>  (dans  J.-'de  Muller,  t.  H,  cli.  1er,  note  409  do  la  traduction). 

'  C'esl  encore  le  cas  pour  quelques  mots  :  qyenje,  etc. 

'  On  trouve  encore  jry  dans  gyena  (de  vayiim)  et  dans  quelques  autres  mot8(§  15). 

'  Au  Canada,  les  gens  du  peuple  ont  coutume  de  confondre  t  et  k  et  disent  moikù:  pour  moitid.  (V.  aussi 
le  Médecin  maigre  lui).  Dans  la  prononciation  populaire  de  cintièmc  pour  cinqrticme,  nous  trouvons  le  chan- 
gement in%erso  qui  est  devenu  la  règle  en  romand,  oÙQijent,  quel,  i/yern,  guerre,  se  prononcent  tyent,  dyura. 


—     25    — 

l'histoire  de  la  langue  (,§  i6).  Ce  ij,  se  trouvant  dans  la  syllabe  accentuée,  a  alliré  le  a  à 
soi  en  le  Iranslorniant  d'abord  en  c,  comnne  dans  le  vieux  fran(;ais;  puis  le  e  s'çst 
changé  en  /,  ce  qui  a  amené  la  chute  du  y  palatal  ou  peut-être  sa  fusion  avec  le  i  accen- 
tué '  :  masticare,  )na<:ir  (pour  marier);  calcare,  coueir,  presser-;  praedicarc,  imiir  (pour 
prijier,  v.  fr.  prècliier).  La  même  chose  arrive  quand  le  /  originaire  est  devenu  lui- 
même  palatal  :  cainbiare,  caniir.  Il  faut  encore  citer  baptizare,  qui  a  donné  ùat'sir,  d'où 
baéir.  En  dehors  des  verbes  en  are,  dans  les  syllabes  accentuées,  on  trouve  tantôt  le  y 
h  côté  du  ('  :  carus,  ci/er  (fém.  cara,  cyira),  d'où  carilateni,  n/ertà,  tantôt  le  /  seul  : 
cara,  cyira:  capra,  élvra:  scala,  alla,  mais  le  plus  souvent  le  c  seul  :  carrus,  \écer;  car- 
nem,  la  cor,  etc. 

La  transformation  de  are  en  ir  a  également  toujours  lieu  après  y,  Uj,  ny  :  appodiare 
(bas  latin,  de  podium  3),  apiiyir:  conlrariare  *,  contreyir:  bayulare  (bay'lare,  balyare), 
balyir:  balneare,  hanyir:  regulare  (reg'lare)  relyir''  (g^/ appelle  toujours  y  en  romand); 
—  mais  après  .s-,  z  et  ç,  seulement  quand. en  latin  la  terminaison  are  était  précédée 
d'un  /;  bromir.  de  brosa,  bas  \aùn  bitistia,  de  l'aha.  bruslia:  bas/are,  bexir;  captmre, 
éaçir,  chasser,  mais:  passare*  [de  passuni,  supin  de  pandere),  pasar:  accnsare,  accusar. 
Après  t,  are  donne  toujours  ar  :  embitar,  de  bité  (de  beslia);  entetar,  de  tita  (de  testa); 
prelar,  de  prœstare.  E.rclarare  a  donné  eçleirir,  ce  qui  laisse  supposer  une  forme 
ancienne  avec  i:  exclariare. 

'ta.  Il  y  a  enfin  le  changement  de  a  atone  final  en  é  qui  a  lieu  dans  les  mêmes  con- 
ditions, c'est-à-dire  sous  l'influence  d'un  i  (e)  originaire  ou  d'un  y  romand  :  t"  Après  y, 
ly,  ny,  c  et/  (toujours)  :  troja,  tniyé,  laubia  (loge  dans  les  textes  du  moyen  àgc,  de 
l'aha.  lauhja,  hutte),  luyé,  galerie  de  bois  devant  le  premier  étage  d'une  maison;  ranon- 
cula,  renalyé  [cl  amène  toujours  y  en  romand);  aranea,  aranyé;  furca,  forée;  pagine, 
pajè:  sont  exceptés  :  régula,  reily»;  creta,  rreya;  —  2°  après  s  et  z,  c  el  t  (quelquefois)  : 
coxa,  ciisè;  pulicem, /j/yè,  it.  pulce;  platea,  plyeçè;  beslia,  bitè:  mais:  fossa,  /'«sa;  rosa, 
ruza;  pulvis  (pulvs,  puis),  piiça,  pr.  poix,  v.  fr.  polce,  fr.  mod.  pousse,  d'où  poussière: 
Costa,  cu^. 

'  S'il  n'y  avait  pas  chute,  mais  fusion  (ce  que  jc>  ne  puis  encore  décider),  il  faudrait  dire  que  r  et  j  res- 
tent consonnw  palatales  dans  certains  dialectes  romands  quand  ils  sont  sui\is  d'un  y  qui  i)eut  être  fondu  dans  le 
î  acctinUié  :  ryer,  éher;  l'ivi-a  ^  cyivra,  chèvre,  ;  jyaî«ra,  jamais  ;  mejir  =:  nif^jyir,  manger;  c'est  à  peu 
jirès  comme  en  italien  ci  et  ^t. 

»  De  ce  verbe  est  formé  le  nom  composé  coiicé-rilyé  (=  chausse-vieille),  en  prov.  chaucha-vieilha  (Ho- 
norât,  cauchemar  sous  la  forme  d'une  vieille  <iui,  dans  le  sommeil,  vous  met  im  pied  sur  la  siorge  pour  vous 
étouffer.  V.  dans  le  Glossaire  romand  les  autres  mots  qui  se  rapportent  aux  vieilles  croyances  populaires, 
par  exemple  la  seta  (du  1.  sabatta),  le  luderu,  le  beru,  etc. 

«  De  là  dérive /;oya,  montée,  colline,  vf.  puij  (Puy-de-Dôme),  d'où  pinjir,  monter,  alper,  et  apùyir; 
vf.  puier,  d'où  appuyer,  it.  poggiare. 

»  Citons  encore  le  mot  apleyir,  atteler  bœufs  ou  chevaux  à  la  charrue,  au  char,  fr.-comlois  applier, 
opplaï,  de  applicare,  par  la  suppression  remarquable  du  c. 


26     — 


VI.   Accent  tonique.  Quantité. 

•89.  Kn  romand,  comme  en  franijais,  l'accenl  Ionique  tombe  toujours  sur  la  der- 
nière s^'llabe  du  mol,  à  moins  que  celte  syllabe  ne  soit  terminée  par  un  a  ou  un  n  brefs, 
par  un  é,  ou  aussi  par  une  voyelle  nasale  dans  la  flexion  verbale  ou  par  un  c  suivi 
d'un  signe  de  flexion  {s,  t],  dans  quel  cas  c'est  l'avant-dernière  syllabe  qui  a  l'accent; 
arma,  comba  ^  ceyo,  coriace  (de  l'ail,  zàhj,  uyé,  oie  (de  auca),  il  canlel,  nos  cantem  -,  // 
éanlon,  etc. 

1.  Si  l'accent  tombe  sur  la  dernière  syllabe,  celle  syllabe  peut  être  longue,  comme 
dans  ainar,  aimer;  amâ,  aimé;  vitir,  vêtir;  —  ou  brève,  comme  dans  î7î/  atnerel,  etc.,  et 
elle  est  toujours  terminée  élymologiquement  par  une  consonne,  qui  ne  se  prononce 
jamais,  ainsi  que  cela  avait  lieu  dans  l'ancien  français,  où  l'on  disait  /i/u' (finir),  comme 
nous  disons  encore  aimé  (aimer),  comba  (combat)-',  etc.  Mais  celle  consonne  finale  est 
souvent  un  signe  de  flexion,  ou  bien  elle  reparaît,  soit  dans  la  liaison,  soit  dans  la 
flexion  ou  la  dérivation;  dans  tous  ces  cas-là  il  convient  de  la  conserver  dans  l'ortbo- 
graphe,  comme  dans  amar,  ily  ameret;  fiert,  fém.  fierla;  cal,  cala;  paya,  payisan  V  gales, 
galesa'  ;gros,  grosa:  put,  pula'';  diir,  diira;  caud,  éaudeyir;  pot,  potet;  jour,  forêt,  jorela: 
il  faut  aussi  maintenir  la  consonne  finale  pour  éviter  une  trop  grande  profusion  d'ho- 
monymes, par  ex.  le  pid,  le  pied;  lapil,  la  peau;  lé  pis,  le  pis  (de  la  vache);  lé  pis,  le 
pis  (le  plus  mauvais).  Enfin,  il  y  a  des  mots  dont  la  consonne  finale,  consacrée  par  l'u- 
sage, ne  pourrait  êlre  supprimée  sans  inconvénient,  par  ex.  m«3(dans  Ranzdes  Vaches), 

'  Comba  est  aussi  nom  propre  :  Comba:  (Friboiirg),  comme  ranet,  ranil,  dans  Duvanel  (Neuchàlelj. 
Vf.  combe,  plaine  prolongée  et  pour  ainsi  dire  creusée  au  travers  des  montagnes  :  Li  os  clievauelie  par  tertres 
et  par  combes  (Garin,  96'.  Ce  mot  est  usité  dans  le  même  sens  en  Daupliiné  et  en  Savoie  (Abbaye  de  Havte- 
Combe,  sur  le  bord  du  lac  du  Bourget).  Sur  le  vrai  sons  de  combe  comparé  à  na!,  chtte  et  nt^,  v.  Revue 
suisse,  1856,  p.  17,  et  surtout  Desor,  Orographie  des  Alpes,  p.  .570. 

'  il  est  à  remarquer  qu'à  la  première  personne  du  pluriel  l'accent  a  reculé  sur  Tavant-dernière  syllabe, 
qui  est  l'antépénultième  latine:  cantàmus-  est  devenu  cdtHamns,  et  ce  qui  prouve  C(^  déplacement  de  l'accent, 
c'est  la  conjugaison  des  verbes  romands  dont  la  voyelle  radicale  .se  diphtliongui!  quand  elle  est  accentuée,  par 
exemple  trorar,  qui  fait  au  présent  trouva,  trouves,  trouvet,  trouvem,  trora.des,  trouvon. 

'  Il  y  a  cependant  quelques  mots  dont  la  dernière  syllabe,  quoique  accentuée,  n'est  pas  sui\ie  d'une  con- 
sonne étymologique  :  i  re,  je  vais;  yi,  vie. 

*  Du  lat.  pagensis*  (dérivé  de  pagits,  canton;;  vf.  2)ais:  Li  cuers  d'un  homme  vaut  tout  l'or  (Wm pais. 
(Garin,  II,  i18;. 

»  Ce  mot,  (fui  signiûo  en  romand  joli,  gracieux,  charmant,  dérive  de  l'anglo-saxon  gdl,  gai,  réjoui,  d'où 
le  vf.  galer,  se  réjouir,  dont  il  est  resté  le  participe  galant,  et  peut-être  galerie  dans  le  sens  que  ce  mot  avait 
encore  du  temps  do  La  Fontaine  :  Des  fos.sés  du  château  faisant  leurs  (/a ;e;-itf4- (divertissements.)  Contes,  III  12. 

•  Pxtt  (de  pulidus,  puani,  d'où  le  fr,  putois,  béte  puante)  signifie  laid;  il  en  est  de  même  dans  le  vf, 
Puite  aire,  dans  Tri.stan,  II,  1.13,  et  dans  la  plupart  des  patois:  la  poetè-mancé,  en  neuchàtelois  (Musée 
neuchdteluis,  18().'i,  p,  'idij,  peit  el^ont.- en  franc-comlois  (Tis.sot,  le  Patois  des  Fovrqs,  p.  180).  De  put 
dérive  putanna,  qui  a  le  même  sens  que  putain  en  français. 


—     27    — 

bot',  etc.  Mois  quand  les  lettres  finales  sont  complètement  inutiles,  il  vaut  mieux  les 
supprimer;  dans  ce  cas,  toutefois,  on  doit  distinguer  le  a  accentué  en  le  marquant  de 
l'accent  aigu-  :  â  (de  apis),  abeille;  sema  (de  setiior),  père;  crii,  cru;  ocre,  vrai;  lyil, 
lit,  etc. 

Les  consonnes  finales  présentent  deux  cas  : 

a)  Si  le  mot  n'est  terminé  que  par  une  consonne,  celle  consonne  ne  peut  être  qu'une 
liquide  (r,  /,  n,  m),  la  spirante  .v,  les  explosives  fortes  t,  c,  ou  l'explosive  faible  d.  Les 
liquides  finales  ne  se  suppriment  jamais,  s  subsiste  presque  toujours,  et  nous  ne  con- 
servons les  explosives  que  lorsque  cela  est  nécessaire. 

b)  Si  le  mot  est  terminé  par  deux  consonnes,  la  première  ne  peul  être  que  r  ou  n 
et  la  seconde  t,  rf  ou  c:  tnoart,  a,  mort;  rwrd,  a,  vert;  pocrr,  porc,  porcet;  —  (jranl,  a, 
grand;  njond,  a,  rond;  blyanc,  blyanœ,  blanc. 

2.  Si  l'accent  tombe  sur  l'avant-dernière  syllabe,  la  dernière  est  formée,  comme  on 
l'a  vu  plus  baut,  par  a  ou  o  brefs,  par  é  ou  par  c  suivi  d'un  signe  de  tlexion.  Quant  à  la 
syllabe  accentuée,  elle  peul  être  formée  par  toute  voyelle  ou  diphtongue  :  ajo,  âge; 
pedré,  perdre;  fi{a,  fête;  i  jiiyo,  je  joue;  piyo,  joie;  leivro,  livre;  lropa'\  troupe;  pyola, 
patte*;  oitio,  poarta,  poerço,  etc.  Le  e  lui-même  peul  être  accentué,  ce  qui  arrive  sur- 
tout dans  le  bas-gruvérin  ou  é  remplace  souvent  le  «  ;  déré,  dire;  péré,  poire;  téna, 
lune;  fanièna:  persèna;  paféra.  La  voyelle  accentuée  peut  être  longue,  comme  dans  ano, 
/lia,  rusa,  ura,  ou  brève,  comme  dans  lama,  roba,  snpa,  rusa,  etc.  Comparez  ajo 
(a  long),  âge,  et  ajé  (a  bref),  haie;  oar{a  long),  or,  et  oar  {a  bref),  ours;  toar  (a  long), 

'  Le  crapaud  est  désigné  en  romand  par  deux  mots  également  significatifs:  1"  crapo,  fr.  crapaud,  de 
l'ancien  verbe  crapar,  fr.  cr«/)ec  (ramper),  d'origine  germanique  (islandais  cranp,  ramper).  —  t"  Bot,  vf.  bot, 
lios,  botte  (dans  R.  du  Roiard,  II,  1o2)-,  il.  botta,  champenois  et  dauphinois  bote,  du  h.  ail.  moyen  bôsen, 
pou.sser,  heurter,  frapper,  c'est-à-dire  que  le  crapaud  est  un  animal  poussé,  gonflé,  boursouflé.  De  cette  racine 
germanique  sont  sortis  bien  d'autres  mots  appartenant  aux  langues  romanes,  ainsi  :  romand  hutar  ou  betar, 
|)Oser,  déposer,  vf.  bouter  :  (En  sen  sain  les  a  boutés.  Aucassin.  Le  feu  i  boutent.  Gcirin.  I,  201 .  Si  leus  bota 
la  teste  avant.  Cli.  de  Roland),  (V où  romand  het,  fr.  bout  (propr.  la  partie  d'un  corps  qui  boute,  qui  heurte  la 
première);  boton,  fr.  bouton  (ce  qui  pousse,  ce  qui  boute  aux  plantes).  «  Buter  est  une  variante  dialectale  de 
bouter  et  a  donné  but  (propr.  le  point  où  l'on  vise,  où  l'on  veut  buter),  rebuter,  rebut,  début,  débuter,  et  la 
forme  féminine  hutte,  vf.  bute.»  (Brachet,  Dict.,  v»  buter.]  L'esp.  et  l'it.  boto,  tronqué,  émoussé,  et  le  fr.  bot., 
dans  pied  bot,  paraissent  se  rattacher  à  cette  racine,  qui  se  retrouve  dans  le  fr.  bosse,  bo.s:n<,  et  dans  l'it. 
boii-iri.  bouton  ;  bo:za  et  hos:o  en  italien  signifient  aussi  une  pierre  grossièrement  taillée,  c'est-à-dire  informe. 
—  N'oublions  pas  de  rappeler  ici  le  bloc  erratique  qui  se  trouve  près  de  Neuchàtel,  dans  un  endroit  appelé 
Pierre  n  Bot.  V.  Guide  du  voyageur  à  Neuchàtel  (par  MM.  L.  F'avre  et  Dr  Guillaume),  p.  S9. 

'  Sans  cela  on  pourrait  le  confondre  avec  le  a  atone  final  :  arma,,  âme.  Cette  confusion  ne  peut  d'ailleurs 
(•\i.stcr  que  pour  la  voyelle  a,  le  o  final  accentué  ne  se  i)résentant  que  dans  les  monosyllabes. 

'  Ce  mot,  dérivé  du  latin  barbare  trojipa,  forme  féminine  de  troppus,  s'emploie  aussi  pour  désigner  une 
certaine  quantité.  Dérivés  :  tropil,  troupeau  ;  ti-upar,  vf.  treper,  fr. -comtois  trcpai,  fouler  aux  pieds,  écra- 
ser en  piétinant  :  trupar  l'erba;  on  esp.  ntropeUar,  tropellar  dérive  de  même  de  tropa,  fropel;  prov.  atro- 
jielar,  de  trop;  vf.  attropeler,  de  trv]!.  Il  est  probable  que  le  mot  de  rapport  trii,  fr.  trop,  a  la  même  origine. 
Cf.  Dicz,  Wb.,  I,  429,  11,  443. 

•  Ce  mot  se  trouve  en  dauphinois  planta,  en  piémontais/)jo<n.  Dante  (Inf.  19,  20)  emploie /)io<a  dans  le 
sens  à<i  pied.  Origine  inconnue.  V.  ce|)endant  Die/.,  Wb.,  II.  .'U. 


—     28     — 

la  tour,  el  todr  {a  bref),  le  tour,  de  tornar,   tourner;  moart  (a  long),  la  mort,  et  m.oar{a 
bref),  le  mors,  la  bouche. 

11  y  a  quelquefois  entre  les  voyelles  longues  et  brèves  des  deux  ou  trois  dernières 
syllabes  une  espèce  d'équilibre  qui  ne  se  maintient  souvent  que  par  une  transformation 
delà  voyelle,  comme  cela  a  lieu  dans  la  conjugaison,  par  ex.  crosir,  i  crouso:  nos 
mherem,  vos  innrides;  loyir,  i  Inyo;  trovar,  i  trowivo:  dnrar  (dérur  en  bas-gruvérin), 
i  (Inro. 

30.  De  ce  qui  précède,  il  résulte  que  la  voix  en  romand  ne  se  repose  jamais  à  la 
fin  d'un  mol  sur  une  consonne,  et  que  tout  mot  se  termine  nécessairement,  pour  l'o- 
reille, par  un  son  voyelle,  qui  est  long  ou  très  bref,  selon  que  la  syllabe  finale  est 
accentuée  :  porlar  =  porta,  ou  ne  l'est  pas  :  /  poarlu.  Cette  remarque  est  importante 
pour  la  vieille  versification  romande  dans  laquelle  les  longues  et  les  brèves  rem- 
placent les  syllabes  masculines  ou  féminines,  comme  on  peut  le  voir  dans  le  Ranz 
des  Vaches. 

VII.   Réwmnr. 

31.  .4,  0,  (',  se  prononcent  comme  en  français  et  ont  toujours  le  même  son,  tantôt 
fermé,  tantôt  ouvert;  ainsi  vinide  (impératif)  et  vinides  {itid.  présent)  se  prononcent  vf- 
nidé.  Le  i  est  toujours  voyelle  el  ne  doit  pas  être  confondu  avec  y  consonne. 

IJ  =  ou  français;  —  ù  =  u  français;  —  é  =  e  muet  français. 

Au  =  al  latin  se  prononce  toujours  o  long. 

Les  voyelles  nasales  an,  on  et  en  sonnent  comme  an,  on  et  in  en  français. 

Les  diphtongues  ei  el  ou  se  prononcent  comme  ai  et  au  en  allemand. 

Les  consonnes  se  prononcent  en  général  comme  en  français;  elles  ont  toujours  la 
même  valeur,  sauf  c  qui  a  le  son  de  s  devante  et  i.  S  el  z  sonnent  toujours  comme  r/i 
et /français  dans  certains  dialectes  (par  ex.  le  gruvérin)  el  comme  s  et  ;  français 
dans  d'autres. 

c  elj  sont  des  sons  composés  équivalant  tantôt  à  tch  et  dj,  tantôt  à  fs  el  dz. 

ç  =  ch  allemand  doux  el  |  =  <A  anglais  dur. 

r  indique  le  c  dur  devant  p  et  t. 

y  r=  j  ail.  el  italien  ;  ly  et  ny  marquent  les  /  el  n  mouillés. 

Les  consonnes  finales  ne  se  prononcent  que  dans  la  liaison. ' 

'  La  manio,  déjà  signalée  par  Litlré  dans  la  préface  de  son  Dictionnaire  (p.  xii  et  s.,,  d'articuler  des 
lettres  qui  doivent  rester  muettes  ou  d'exagérer  la  liaison  des  consonnes,  n'est  nulle  part  poussée  plus  loin  que 
dans  certains  cantons  de  la  Suisse  romande,  où  l'on  fait  sonner  le  s  de  fila,  jadis,  Ducis,  Pasquier,  Bealay, 
VOIS  commun,  le  t  de  />ut,  le  i;  Ae  joug,  le  /'de  cert,  le  n  de  Bmm,  etc.  Quelques  personnes,  qui  se  piquent 
pourtant  de  bien  parler,  ne  vont-elles  pas  jusqu'à  dire  /f.«  rjens,  le  temps,  il  arait,  etc.?  De  là  l'usage  admis 
dans  U'  canton  de  Frilmurg  d'estro|)ier  les  noms  des  localités  finissant  en  ens  et  de  prononcer,  par  ex.  Vitadens, 
comme  s'il  y  avait  Vundanse,  tandis  (pi'en  patois  on  dit  correctement  Vuadin.  At/er,  village  romand  du  val 
des  Anniviers  (Valais),  doit  se  prononcer  comme  dans  E.fta>^a.yer;  mais  cela  parait  trop  simple  à  quelques 
personnes  qui  font  sonner  ce  mol  comme  l'espagnol  aijer  ou  même  comme  dans  l'allemand  Mayer. 


—    29     — 

VIII.    Application. 

S«.  Pour  que  l'on  ne  nous  reproclie  pas  <le  faire  uniciuoinent  de  la  ihéorie,  nous 
allons  appliquer  noire  système  orlliographique  à  trois  poésies  célèbres,  représentant 
trois  époques  de  l'histoire  de  nos  dialectes  et  que  nous  détachons  de  la  dernière  partie 
de  l'ouvrage  ou  Glossaire  romand,  auquel  nous  sommes  obligé  de  renvoyer  pour  toutes 
les  explications  de  naols. 

A.  Ranz  dis  Vaces 

Dialecte  de  la  Bauxe-Gruy&re 

i .  Les  armalyirs  dis  Golombetes 
'  De  bon  matin  se  son  levas. 

A!  a! a! a! 
Lyoba,  lyoba  ' 
Por  aryar. 
Refrain  :  Vinide  totes, 

Pitites,  grosses*, 
BHances,  neires, 
Rojes,  moteiles, 
Deso  ceti  éano 
Yo  vos  aryo, 
Deso  cèti  tremblyo 
Yo  i^  trenéo. 
Lyoba,  lyoba 
Por  ariar. 

Outre  ce  grand  refrain,  il  y  en  a  un  plus  court  qu'on  fait  alterner  quelquefois  avec 
le  premier,  en  le  mettant  après  chaquo  couplet  pair. 

Les  senalyires 
Van  les  premires, 
Les  totes  neires 
Van  les  dereires  *. 

'  On  ne  connail  pas  encore  la  vérilablo  signilication  ilo  ce  mol.  L'albanais  a  le  mol  liopa,  vache  ;  mais 
•cela  ne  veut  rien  dire,  puisque  l'albanais  n'appartient  pas  à  la  famille  dos  langues  romanes.  Parmi  toutes  les 
«^tymologies  proposf^es,  celle  (pii  me  sourit  le  plus  a  éié  donnée  par  M.  Cornu,  qui  croit  (jue  l'on  a  affaire  ici 
à  un  mol  lalin  i/lohare,  dont  le  composé  Ir^s  usité  r»l  ali/ohar,  in  unum  compellerc.  Lyoba  serait  un  impéra- 
tif adressé  aux  garçons  (bhebo)  par  les  armahjirs.  On  peut  comparer  aculyir  (ad  colligere),  qui  a  la  même 
signification.  , 

'  Les  substantifs  féminins  terminés  par  «  ou  ''  =  «  font  leur  pluriel  en  es  (le  »•  s'entend  devant  les  mots 
commençant  par  une  voyelle];  il  en  est  de  même  des  adjectifs  féminins,  qui  .sont  toujours  terminés  par  a  ou  é 
au  singulier  et  par  es  au  pluriel  :  la  cruyi-  dona,  la  mauvaise  mère,  les  rmiyes  dîmes;  la  hnln  bitè,  les  haies 
bitcs. 

'  Le  pronom  sujet  de  la  première  personne  du  singulier  al  i  devant  les  consonnes,  i;/  ou  y  devant  les 
Noyelles. 

*  La  version  publiée  par  M.  Cornu  renferme  plus  d'une  faute;  ainsi  dans  les  refrains,  oii  la  rime  es' 
exactement  ob.servée  et  consiste  dans  l'identité  de  la  voyelle  accentuée,  M.  Cornu  n'a  pas  tenu  compte  de  la 
règle  et  a  fait  suivre  les  deux  vers  :  Les  loties  nei'ros.  Van  les  dar/res,  qui  ne  riment  guère;  et  ailleurs  :dans  le 
Iroi.sième  refrain,  il  y  a  ce  vers  :  Jones  e  autres,  qui  ne  rime  a\(^c  rii^n  du  tout.  V.  aussi  Jya)i  de  la  Jioliela, 
•(piatorzième  couplet. 


30     — 


2.  Can  son  vinyeis  is  Bases-ivucs', 
Jyames  ne  lei  y-an  pi'i  pasar  : 

3.  Qye  fam-nos  icé,  mon  puro  Piero? 
Nos  ne  sem  pas  rnau  enremblyas. 

4.  Te  faut  alar  tapar  a  la  poarta, 
A  la  poarta  de  l'encurâ. 

5.  Qye  voleia-vos  qé  lei  dyeso 

A  noton  bravo  l'encurà  - 

•t 

6.  Il  faut  qé  nos  dyeset  una  mesa 
Por  qè  nos  lei  puesem  pasar. 

7.  Ly' et  z-élâ' fierè  à  le  poarta 
E  ly  at  det  dense  a  l'encurà  : 

8.  Il  faut  qè  vos  dyeses  una  mesa 

Por  qé  no  lei  puesem  pasar. 

L'encuni  lei  fit''  responsa  : 

Puro  frare,  se  te  vous  pasar, 

Te  faut  me  balyir  una  moteta, 

Ma  né  te  faut  pas  l'eflyorar. 


9 


40 


H.  — Envuyis-nos  vota  serventa; 
Nos  lei  farem  on  bon  pris  gras. 

12.  —  Ma  serventa  ly  et  trii  galesa  : 
Vos  pora  ben  vos  la  vi'iardar. 

13.  —  N'osis  pas  poeré,  noton  prite  ; 
Nos  n'en  sem  pas  tan  afamas. 

14.  De  trù  molar  vota  serventa 
Fûdreit  epei  nos  confesar; 

15.  De  prendre  lé  ben  de  l'Elyisé 
Nos  ne  séram  pas  pardénas. 

16.  —  Retourna-t'en.  mon  puro  Piero; 
Deri  por  vos  on  ave  Maria  : 

17.  Prou  ben,  prou  pris  i  vos  sueto; 
Ma  vini  me  soven  trovar. 

18.  Piero  revent  is  Bases-ivues, 
E  tôt  lé  dreit  ly  an  pu  pasar. 

19.  Ly  an  met  le  cUo  a  la  coudeiré 
Qé  n'avan  pas  a  mi  aryà. 


En  Ciiaço  wer  Trémeta, 

De  cuçè  Molezon, 

Ly  aveit  Jyan  de  la  Bolyeta 

Qé  fazeit  lé  gyerçon. 

Il  saveit  vuardar  les  vaces 

Ou  mitem  dis  ôalours 

San  qè,  pécayes  deis  moées 

Jyame  jilyi  ii'an  z-ou 


B.  Cançon  de  Jyan  de  la  Bolieta  ° 
3 


On  rejerjilyivet  de  poere 
Can  on  veyeit  cétous  vanils. 
Tôt  ou  plyè  bon  por  fayeiré, 
De  vaces  tôt  garnis. 
4.   Jyan,  permi  totes  cous  roces, 
Menavet  son  tropil 
Tôt  cèmen  se  dis  eçaces 
Li  osan  tiini'i  le  pid. 


'  Liltéraiomenl  lex  Basses-eavx.  C'est  une  prairie  soinent  inondée  à  l'endroit  ou  le  Ryo  dou  Mont 
(ruisseau  du  Mont;  se  jette  dans  la  Jogne.  Elle  est  à  cinq  lieues  environ  des  Colombetles.  S'il  est  permis  de 
lire  |ilus  (ju'il  n'y  a  dans  le  texte,  je  suppose  que  le  lieu  où  Pierre  est  allé  demander  secours  au  curé  était  le 
village  le  plus  rapproché,  qui  est  Charmey  (J.  Cornu).  Les  Colombettcs  sont  un  hameau  et  pàtnraare  près  de 
Vuadens.  V.  le  Pinsoor  des  Colomheftcs,  par  M.  L.  Favre. 

•  Pour  éviter  l'hiatus,  on  met  l'article  devant  encurà,  qui  est  déjà  déterminé  par  le  pronom  possessif 
noton  ou  nofron. 

'  Le  pronom-sujet  de  la  troisième  personne,  tant  du  singulier  que  du  pluriel,  est  ?'/ devant  les  consonnes 
et  ily,  ly  devant  les  voyelles. 

'  Le  romand  évite  l'hiatus  entre  deux  mots  qui  se  suivent  et  (pii  sont  intimement  unis  parle  sens,  et  pour 
cela  il  em|)loic  tantôt  l'élision.  comme  saj'enfan  pour«a/o  enfan,  fax  pour  tp  as;  tantôt  l'addition  d'une  lettre 
euphonique  (!5  24)  :  ly  et  =  e  z-ela  pour  ly  e  ela,  su  z'-ou  (litt.  je  suis  eu),  ley  y-at  oqyé.  L'article  ou  le 
pronom  de  la  troisième  ptTSonne  peut  aussi  servir  à  éviter  l'hiatus  :  «  noton  bravo  l'enctirà,  ma  serranta  ly 
et  trii  i/alesa,  comme  si  Ion  disait  en  français  :  à  notre  brave  le  aire';  ma  servante  elle  est  trop  jolie.  La 
liaison  du  s.  qui  se  fait  avec  le  son  du  ;.  remplit  le  même  but  :  rus-ario  se  lit  :  ro-xario.  V.  la  Grammaire 
romande. 

"  Variante  :  L'enntrâ  ht  y-at  feit  responsa,  le  parfait  au  lieu  du  prétérit. 

•  La  chanson  de  Jean  de  la  Bolieta  est  à  coup  sûr  une  chanson  savante.  La  versification  et  les  inversions 
le  font  voir  assez  clairement.  Néanmoins  elle  ne  manque  pas  d'intérêt,  parce  qu'elle  traite  une  légende  popu- 
laire (J.  Cornu).  L'original,  qu'on  n'a  pas  encore  retrouvé,  date  du  commencement  de  ce  sièclev 


31     — 


5.  Cil  esprit  per  siir  les  frites 
Ily  alavet  en  ôatn; 

11  semblyavet  qo  ses  bites 
Devan  Ibtre  le  cam. 

6.  Can  ses  vaoes  ly-iran  suies, 
Vinyeit  bas  per  le  (''emenét 
E  il  ramenavet;  ou  ôalet 

Le  tropil  san  qyé  net  ' 

7.  Tôt  parei  Jyan  por  ses  peines 
Li  falyeit  de  la  tlyour; 
N'eteit  pas  ôemen  les  foenes, 
Il  mèjivet  c'en  *  lou. 

8.  Il  falyeit  li  mètre  on  gyeôo 
Desos  les  trapénas; 
Adon  il  se  creyet  reôo 

E  vinyeit  dejonnar. 

9.  Ma  un  joar  l'armalyir  du  calet 
S'et  cri'i  qé  cil  esprit 
Port*avet  dis  trii  feines  aies 
Por  sentre  l'apetit  : 

'lO.   Ou  lyii  de  tlyour  den  le  gyeco 
Ly  a  béta  certens  eus 
Qé  le  pure  co  lé  reco 
Leiset  cisir  den  le  crous. 


il .   Ma  una  voei  raoôeranda 
Qyiret  per  ver  la  mine 
Per  le  pertet  de  la  boarna  : 
France,  ecoarée  cetane. 

l'i!   A  l'enstan  Franôé  se  leivet 
Por  veire  son  tropil  ; 
La  poerè  son  cour  soleivet, 
Il  sent  gûrlar  ses  pids. 

13.  Den  una  rayé  ses  vaôes, 
Qé  fasan  tôt  son  ben, 
Derucies  dou  aut  dis  roces, 
Crévavan  le  teren . 

14.  ^France  ly-at  ecordi  ses  vaôes  ' 

E  les  at  meses  ou  crous  ; 
Ly  et  dii  adon  qé  cous  roées 
Se  nonmon  l'Ecoréious. 

15.  Di'i  ceti  tem  jyames  les  vaôes 
N'an  pu  en  Cuaço 

Alar  en  cam  per  les  roces 
Et  travesir  les  ôaus. 

16.  Dïi  le  mei  d'ut  den  le  ôalet 
Nyon  ne  pout  me  tinir. 

Cil  espri  vout  q'on  s'end  aie 
Dou  font  de  cous  vanils. 


C.  Les  Cevreirs 

Cunto  ijrnvcrin,  par  Louix  liontpl. 


Pris  de  l'ivue  étendu,  du  Grèvire  en  amont. 
Tût  le  gales  pays  qé  fumet  à  Monbovon, 
Yo  les  filies,  que  dyon,  ne  son  pas  dis  gaucires, 
Peré  grant  lé  deseit,  ly  et  le  payis  dis  civres  ; 
(Galeses  d'Encyamont  \  ne  parlo  pas  de  vos) 
Ma  son  rares  co  tôt  dïi  Grèvire  en  avau. 
Adon,  per  le  d'amont  n'eteit  pas  de  meinajo 
Qe  n'oset  sa  bédieta,  u  le  mendré  vèlajo 
Qé  n'oset  son  tropil;  d'acopajo  ou  d'aôet 
Ne  tropil  ne  cevreir  n'alavet  sen  bocet. 

^  .Va»  qtjt'  net,  .sain  et  (que)  net,  c'est-à-rlirc  aussi  sain  (|iic  iu;t. 

*  C"  ou  co  pour  éémen. 

*  Dans  la  version  publiée  par  M   Cornu,  il  y  a  ici  bites,  qui  ne  rime  pas  avec  rocas. 

*  C'est-à-flire  nncn  (I.  lilnc;  amont,  d'où  enc'amont  et  par  addition  do  y  :  Eniyamont. 


32     — 


On  yajo  don  ly  avait  den  le  fon  d'una  crousa, 
Pris  de  Velar-sûr-Mont,  une  bala  graçiousa, 
Juneta,  ragotenta,  et  dus  valyens  cevreirs  : 
L'on  de  Vélar-sur-Mont,  et  plis  l'autre  d'Ennei. 
Gan  le  dever-le-ne,  revûnùs  des  montanyes, 
Ly  iran  debarasis  de  lous  pitites  banyes, 
Ly  alavan  la  trovar.  Vos  fi'idreit  ren  qye  veire 
Cémen  les  dus  marcians  se  clidan  fere  a  veiré. 
L'on  se  gabet  de  socè  et  pïis  l'autro  de  cen  ; 
Lon  d'en  etrèlyir  catro  il  se  fat  pas  posen; 
L'autro  soutet  a  pids  jyens  una  valienta  maya 
E  pout  levar  bres  francs  la  plye  pesanta  faya. 
Se  le  Piero  d'Ennei  cantet  mi  qye  Colas, 
Le  Colas,  cen  qè  dyon.  coarnet  mi  por  galyâ. 


Por  qye  tan  tarlatar,  por  qye  tan  ferè  atendre? 

Il  m'en  faut  prendre  l'on,  ma  né  se  pas  qyent  prendre, 

Qé  se  deseit  Goton  :  son  dis  graçious  relyis, 

Sûr  mun'arma',  gales  cèmen  dis  armalyirs, 

Rècos,  tis  dus  pareis  :  cacon  ly  at  son  boéet, 

Sa  coarna  por  cornar  et  pïitet"-  on  sacotet.. 

Qye  lou  fudreit-tè  me  ?  Can  modon  dou  vèlajo. 

De  moteta  e  de  pan,  por  gutar  me  d'on  yajo, 

Le  sacet  ly  et  garni  ;  soven  la  payisanna 

Li'  fécet  du  linzu Dyiï  bénéset  l'ançyanna  ! 

Qye  lou  fudreit-tè  me?  On  bocon  de  meinajo. 


Por  vinir  caqye  ne  se  terir  la  semosa. 
Notes  dus  gaberis  jyames  ne  tyesan  mosa. 
En  aplianen  Minon  qc  burgavet  ou  cacet. 
Colas  se  betet  a  dérè  :  Veis-to,  ton  bil  boéet, 
De  cute  mon  motu,  n'et  ren  qye  on  bocaton. 
Prinnyo  ce  por  temoen  la  graçiousa  Goton 
Qé  mon  pitit  Bigot  seret  plye  yaut  du  droblyo. 
—  Ton  Bigot  ly  et  co  te,  de  t'ure  ly  et  terublyo; 

'  V.  S  i:^,  notes. 

•  C'est-à-dire  piis-tet,  formé  de  ji'in,  puis,  et  de  tet  (origine  inconnue),  dont  le  t  est  devenu  t  sous  l'in- 
fluence du  *(§  10,  note  ï). 

•  Lei,  li,  y,  en  cet  ondroit-ià. 


33 


Te  fares,  ôémen  li,  on  prou  tristo  motii, 

So  nos  prennyam  la  peina...  —  Uf  !  le  qyent  gros  potïi! 

Lese-me  te  drolyir...  Colas,  lé  put  vyero, 

S'en  alavet  lyetar  lé  trapo,  lé  gros  Piero, 

Can  la  bala  d'on  mot  les  at  dcscparas  : 

Voleis-vos,  por  dis  boôés,  retornar  depoeras? 

Vos  arei  jyames  crû  dis  omos  prou  deleinas 

Por  vos  decusérir,  me  ferè  tant  de  peina. 

De  vos  viinyir  por  cen  vos  seras  ben  matus. 

Feide  batré  les  boôés,  vos  sareis  qyent  dis  dus 

Seret  le  plye  renyâ;  per  enco  on  poret  veiré 

Qyent  de  vos  ly  at  rezon,  qyent  dis  dus  me  faut  creiré. 

Pas  plyè  tard  qye  deman,  ou  plyanet  dis  Camos,* 

Nos  aren  yïi  qyent  pout  de  votes  sonna-mau; 

Le  jyu  n'en  vaut  la  peina;  et  cil  qé  ganyeret, 

Se  la  deginyet  pas,  t'enco  ma  man,  l'aret. 


X  peina  lé  salou  doravet  les  niontanyes, 

Les  ombros  s'etendan  den  le  fon  dis  campanyes; 

Ou  plyanet  dis  Gamos,  ver  le  pid  du  vanil, 

Asétayé  en  musen  si'ir  le  cul  du  bornil, 

Goton  ly  atendeit  ja.  Deis  blyances  margérites, 

Deis  gales  pécozis,  deis  freyes  délicates, 

Il  garnet  ses  bils  peis  et  son  blyanc  baveri  ; 

Piis  se  miret  den  l'ivue,  e  pïite  adon  se  rit. 

f). 

Avoe  les  dus  tropils,  Piero  et  Colas  ly  aruvon. 
Asc  tôt  qé  se  son  yus,  les  dus  bodets  se  ruvon; 
Se  reculon  tis  dus,  piïs  ravanton  ;  grant  tem 
Se  fan  dis  puts  yes  blyôs-;  et  pute  en  mimo  tem 
Se  ginyon  de  traver,  se  fan  la  groba  pota; 
De  coleré  tis  dus  demeinon  la  barbeta; 
Il  se  bouron  le  front;  se  releivon  tôt  dreit... 
Den  cil  rido  momen,  la  bala,  les  cevreirs 
Senton  le  bate-cour  1  Ly  areit  falyù  les  vciré 
Qé  n'uzavan  soflyar  d'esperençé  et  de  poeré. 

'  Le  plateau  des  Chamoix,  au-dessous  (le  Villars-soiis-Mont,  an  pied  d'une  montagne  où  l'on  trouve 
encore  dos  chamois. 

*  Il  y  a  dans  ce  polit  chef-d'œux  re  de  pofeie  bucolique  qucUpies  mots  fran^-ais,  comme  bli/6j  anfen,  (irôs, 
ritorios,  que  M.  Bornct  aurait  bien  dû  remplacer  par  de  véritables  mots  romands.  Est-ce  qu'au  lieu  do  yes 
hlyiis,  il  n'aurait  pas  vieux  valu  dire:  yen  peis,  comme  dans  le  vieux  français  yeux  pers  ? 

5 


—    Si- 
se son  tapas  :  Bigot  reculet  damboten  ; 
Son  métré  ôemen  H  s'aboçlyet  en  jéinoten. 
Anfen  ramosalà  contro  on  boson  de  l'ajc. 
De  colère  il  besalet,  il  se  leivot  de  rajé  ; 
Can  mimo  lé  motïi  lyiretun  fiert  Itotornâ. 
Lei  te  balyet  on  tôt  eu,  cjé  tôt  entatornà, 
Té  lo  le  qe  rubatet  a  reidevei  siir  l'erba, 
Ne  teren  pid  ne  éamba  una  piisenta  vûerba. 
Colas,  tôt  vergonyous,  d'on  bon  tricot  d'epena, 
En  juren  c'on  cevreir,  li  inezeret  la  péna  : 
Te  prennyet  les  motus  !  t'en  balyeri  ben  nied... 
Et  16  puro  molû  n'en  poet  portan  pas  mes. 
Ma  Piero,  l'ôrôs  Piero,  en  canton  sa  cançon, 
S'en  va  prendre  la  man  de  Goton  sen  façon. 


7. 


La  Cançon  dou  Vitoriôs. 


Gales  grengot,  ren  mes  né  crennyo; 
T'as  sotiinij  on  fiert  asau. 
Te  remarçyen,  ly  et  me  qô  ganyo... 
Goton,  balyé-lei  dé  la  sau. 

Breinade,  bédyetes, 

Votes  sènalyetes, 

Fede  on  gales  bris; 

Soutade,  cèvretes, 

Soutade,  cévrils, 

Can  Goton  vos  rit. 

Tôt  joar  ben  tranqilo  e  conten, 
I  revendri,  per  cétous  rocetes, 
Ménar  en  cam  mes  pures  bietes  ; 
Li  revendri  tis  les  matins . 
Breinade,  etc. 


Goton,  té  resteris  ou  vélajo; 
En  ôantolen  té  fèleris  ; 
Té  faris  mon  pitit  meinajo, 
La  supa  por  can  revendri. 
Breinade,  etc. 

Can  veri  fumar  nota  boarna, 
Can  desendri  ver  lé  bornil, 
La  retrunayé  de  ma  coarna 
Faret  glïrlar  tôt  le  vanil. 
Breinade,  bédyetes. 
Votes  sènalyetes, 
Fede  on  gales  bris; 
Soutade,  cèvretes, 
Soutade,  éévrils, 
Can  Goton  vos  rit. 


IX.   Divers. 

Extraits  de  vieilles  chansons. 


Us-Je  desû  cétous  brances 
Cémen  plyout  sen  boéir! 
Le  tem  et  neir  co  l'enôo  ; 
Gèmençet  d'enliijir. 


Den  tis  les  tems,  tis  les  payis 
On  a  soven  de  qye  tremblyar, 
Can  les  jens  son  tôt  ebayis 
De  sen  qè  l'ivue  on  sat  troblyar. 


—    3r.    — 

Faut  alar  ou  prà  Se  vos  savas  vuero  m'ennuyo 

Por  ei  métré  l'ivué,  Den  cé.li  folii  put  payis  : 

L'ivuo  ;  Les  diicas  n'en  son  pas  cruyos, 
Faut  alar  ou  prâ  Ma  por  lesjuyos 

Por  ben  l'arosar.  Son  restas  sur  noies  vanils. 

Extraits  des  Revis  friborjeis  de  M.  l'abbé  Chenaux. 

08.  Cen  q'on  balyct  a  la  poarta  redesent  par  la  boarna. 

82.  Cil  qé  n'a  ren  de  Caten  n'a  ren  de  sagren. 

84.  Tis  les  cayons  ne  son  pas  den  les  bïietons. 

92.  Il  ne  faut  pas  se  devilir  devan  d'alar  dromir. 
102.  Les  ianlves  so  motron,  la  vérétû  ristet  a  couma. 
407.  La  jénilyé  né  deit  pa  cantar  devan  lé  pii. 
125.  Moart  de  fena,  va  de  ôavau,  ly  et  la  ôévançé  de  l'otau. 
128.  Tôt  té  me  fas  tôt  te  fari,  doscit  la  civra  a  son  cévril. 
143.  Ly  et  bon  d'itre  fui,  ma  avue  rezon. 
155.  Gota  sur  gota  se  fat  la  mota. 
160.  Dis  grobis  nos  end  am  tis. 
164.  Can  on  parlet  dou  lou,  il  saut  dé  la  jour. 
170.  Les  liiis  d'oar  maryon  les  ciils  toars. 

178.  A  la  cueté  se  mariet,  a  lizir  se  repent. 

179.  Por  se  pendre  et  se  inariar  il  faut  pas  gran  tem  lei  muzar. 
185.  Cil  qé  ly  et  metrè  se  oïiéet  yo  vont. 

188.  La  mizeré  ameinet  la  nyezé. 

202.  La  plyé  cruy'ombro  por  la  mezon  d'on  payizan  ly  et  on  caçil. 

204.  Ly  et  per  tôt  qé  lei  y-at  oqye,  fro  ver  no  qé  nos  nos  batem  tis  les  joars. 

211 .  Ly  et  totavi  la  pançé  qé  moinet  la  dançé. 

214.  Les  paées  fan  les  eçaées. 

215.  On  ne  fat  pas  de  mendrè  paéé  qyé  ou  motir. 

226.  Pitit  a  pitit  l'ozil  fat  son  ni. 

227.  Plyan  vat  lyen  céménet. 

238.  Cen  qé  vent  de  rapéna  il  s'en  vat  do  ruvéna. 

247.  Revis  des  ançyans,  revis  de  tïicans;  revis  des  junes  jens,  revis  de  ren. 

249.  Les  rémases  nouves  ecouvon  totevi  ben. 

257.  Lé  tren  méjet  lé  ben. 

260.  Trii  lyet  trii. 

265.  Il  faut  non  éaçyours  por  en  niïrir  y-on. 

270.  Les  éens  sen  ciiva  n'an  pa  poeré  de  motrar  le  ciil. 

274.  Ven  qé  jalet,  bizé  qé  dejalet,  fena  qe  pu  parlet,  son  très  ôuzes  galya  rares. 

275.  Ven  sur  laci  poartet  profit;  laçi  si'ir  ven  poartet  vénen. 
277.  Caqye  vélajo.  caqye  lengajo. 

279.  Cil  qé  modet  ôemen  vil  revent  cémen  mojon. 
283.  Ou  puro  lé  sa. 


—     36     — 

284.  On  ne  saut  dou  sa  qye  sen  qè  lei  y-at. 

289.  On  né  sat  ne  qé  vat  ne  qè  vont. 

290.  A  tem  u  tard  tôt  se  sat. 

294.  Lei  y-at  pas  de  sents  qé  valyon  le  bon  Dyïi. 
300.  Se  la  ye  éézeit,  tis  les  ozils  seran  preis. 

Autres  proverbes. 

Il  fat  tan  ben  mèjir  lé  ben  des  prîtes. 
Lé  lou  n'a  jyames  mèji  l'éver. 
Jyames  poeriour  n'ût  bala  mia. 
Il  ne  faut  jyames  tôt  tyar. 
Q'a  tôt  fam,  tôt  pan. 

S3.  Une  dernière  observation  à  propos  du  Ilanz  des  Vaches.  Rien  n'est  plus 
contraire  au  vrai  génie  romand  que  de  forcer  les  Ions  comme  d'outrer  les  idées  ou 
d'exagérer  les  sentiments.  Mais,  il  faut  bien  le  constater,  le  vieil  esprit  de  nos  pères 
s'en  va  avec  leur  vieille  langue.  Même  là  où  le  patois  est  encore  l'idiome  usuel,  comme 
dans  la  Gruyère,  il  se  meurt  et  ne  sera  bientôt  plus  qu'un  souvenir  :  déjà  proscrit  à 
l'école  (peut-être  à  tort,  la  comparaison  du  patois  avec  la  langue  française  serait  un 
puissant  moyen  pour  bien  apprendre  cette  dernière),  il  est  méprisé  par  ceux-là  même 
qui  le  parlent  tous  les  jours;  car,  dans  les  réunions  et  dans  les  fêles,  si  l'on  cause  en 
patois,  on  chante  ou  plutôt  on  crie  et  l'on  braille  en  français.  C'est  ainsi  que  nos 
chansons  romandes,  cette  poésie  fille  du  sol,  se  perdent  ou  ne  subsistent  que  défigurées. 
A  ceux  donc  qui  voudraient  retenir  quelque  chose  de  la  tradition  nationale,  nous  dirions 
volontiers  :  Chantez  le  Ranz  des  Vaches,  ne  le  beuglez  pas,  et  sous  le  prétexte  de  lui 
donner  de  l'expression,  ne  prenez  pas  une  voix  de  tonnerre  pour  dire  :  Ma  seroenta  ly  et 
trii  yalesa,el  n'embouchez  pas  la  trompette  du  jugement  dernier  pour  lyoher  le  troupeau, 
comme  s'il  s'agissait  d'appeler  les  vivants  et  les  morts  à  la  vallée  de  Josaphat.  On  se 
croit  original;  on  n'est  que  plat  et  ridicule.  Allez  donc  entendre  le  Hanz  des  Vaches  h 
l'orgue  de  Fribourg  pour  apprendre  à  connaître  le  vrai  caractère  de  cette  mélodie  si 
originale  dans  sa  suave  simplicité. 

Pour  nous,  nous  ne  saurions  trop  regretter  que  nos  amis  Bornel,  Scioberet,  Majeux, 
aient  si  tôt  abandonné  la  muse  romande.  Enfants  de  la  Gruyère,  ils  en  connaissaient 
si  bien  la  langue  et  le  génie;  ils  nous  auraient  chanté  ou  raconté  ce  que  disaient  autre- 
fois à  nos  pères  les  vanils  de  la  montagne  ou  les  ryos  de  la  vallée,  nous  aurions  eu  le 
lied  romand  et  la  ballade  gruyérienne,  toute  une  poésie  nationale  et  populaire  à  la 
place  de  celte  triste  littérature  du  café-chanlanl  qui  envahit  jusqu'à  nos  hameaux  les 
plus  reculés. 

ERRATA 

liijne  j,  liri 
Jiol.  —  Pag 
d'autres  faulcj  de  flexion  verbale  qui  sont  faciles  à  corriger 


ou. 


Page  10,  note  1,  ligne  4,  lisez  :  langues;  ligne  ô,  lisez  :  celtique.  —  Page  13,  ligne  19,  au  lieu  de  ■.,.., 
lisez  :  oa.  —  Page  W,  ligne  1«,  lisez  :  Jour,  foret.  —  Page  30,  2e  col.,  ligne  4,  lisez  :  Vos  poras (Il  y  a 


CATALOGUE  DES  ÉTUDIANTS 


DK 


L'ACADÉMIE  DE  NEUCHATEL 


SEMESTRE    D'ÉTÉ    1878 


I.  FACULTE  DES  LETTRES 


Etudiaiiti». 


1.  Monlinollin,  Albert,  de  Neuchâlel. 

2.  Calame,  Henri,  de  Neuchâlel. 

3.  Brodmann,  Paul,  de  BAle. 

4.  Dardel,  James,  de  Sainl-Blaise. 


5.  Bourquin,  William,  de  Coffrane 
0.  Schneider,  Paul,  de  Berne. 

7.  Borel,  Jules,  de  Neuchâlel. 

8.  Marchand,  Kugène,  de  Berne. 


Aiifliteurs. 


1.  Sanzenbacher,  .4d.,  d'Odessa.  15. 

2.  Teichmann,  Théodore,  de  Slultgart.  16. 

3.  Bachelin,  Léopold,  de  Neuchâlel.  17. 

4.  Keller,  Jacob,  de  Thurgovie.  1  8. 

5.  Barlcls,  Guillaume,  de  Weslphalie.  19. 

6.  Bourcain,  Arlhur,  de  Berne.  20. 

7.  Krieg,  Ernesl,  de  Berne.  21 . 

8.  Wiesmann,  Ernest,  de  Thurgovie.  22. 

9.  Richard,  Charles,  du  Locle.  23. 

10.  Hùrsch,  Frédéric,  de  Zofingue.  24. 

11.  Jaberg,  Chrétien,  de  Berne.  25. 

12.  PeUold,  Eugène,  d'Argovie.  26. 

13.  Frech,  Henri,  de  Bavière.  27. 

14.  Lebel,  Louise,  de  Buttes.  28. 


Richard,  Edouard,  de  Neuchâlel. 
Béguin,  Olivier,  de  Neuchûtel. 
Bourkhardt,  GotUVied,  de  Thurgovie. 
Boillot,  Abel,  de  Neuchâlel. 
Neuenschvvander,  Elise,  de  Berne. 
Vasserol,  Georges,  de  Boudry. 
Biihler,  Emile,  de  Berne. 
Thomann,  Georges,  de  Zurich. 
Widmer,  Goltlieb,  d'Argovie. 
Sleiger,  Waltcr,  de  Berne. 
Siebel,  Charles,  de  Cologne. 
Imobersteg,  Richard,  de  Berne. 
Buttler,  Charles,  d'Angleterre. 
Mundwylcr,  Ernesl,  de  Bûle. 


—    38 


IL  FACULTÉ  DES  SCIENCES 


G<ii(liaii(8. 


1.  Perregaiix,  Jean,  de  Ncuchâtel. 

2.  Berlhoud,  Aiig.,  de  Neucliàtel. 
'i.  Lardy,  Paul,  de  France. 

4.  Convert,  Robert,  de  Neucliûtel. 

5.  Blank,  Ernest,  de  Berne. 

(i.  Colomb,  Kdmond,  de  Sauges. 


7.  Erni,  Jean,  de  Thurgovie. 

8.  Jacotlet,  Ang.,  de  Neuchàlel.. 

9.  Cornaz,  Arth.,  de  Neuchâlel. 

10.  Guillaume,  Charles,  des  Verrières. 

11.  Schweilzer,  Jean,  de  Thurgovie. 


ilufliteurs. 


2. 

3. 

4. 

5. 

(5. 

7. 
"  8. 

î). 
10. 
11. 
12. 
V.i. 


Zinlgraf,  Hermann,  de  Sainl-Blaise.  14. 

Haggenmaclier,  Alex.,  de  Zurich.  15. 

StJBger,  Bailliasar,  de  Glaris.  16. 

Perthes,  Bernhard,  de  Gotha.  17. 

Lardy,  Edmond,  de  Neuchàtel.  18. 

Bally,  Arnold,  de  Soleure.  19. 

Bourquin,  Alcide,  des  Verrières.  20. 

Meuron,  Louis,  de  Neuchruel.  21 . 

Fischer,  Jean,  d'Argovie.  22. 

Nicolet,  Louis,  de  Berne.  23. 

Fassbind,  Joseph,  de  Schwylz.  24. 

Seiler,  Adolphe,  de  Bâle.  25. 

(iugelmann,  Jean,  de  Berne.  26. 


Berger,  Edouard,  de  Berne. 
Eizinger,  Emile,  de  Neuchàtel. 
Dubois,  Fernand,  de  Neuchàtel. 
Borel,  Georges,  de  Neuchâlel. 
Pury,  Jules,  de  Neuchàtel. 
Montmollin,  Jacques,  de  Neuchâlel. 
Richard,  Adrien,  de  Neuchâlel. 
Sandoz,  Georges,  de  Donibresson. 
Dinkelmann,  Jean,  de  Berne. 
Hammer,  Charles,  de  Neuchâlel. 
Knœry,  Henri,  de  Berne. 
Borel,  Maurice,  de  Neuchâlel. 
Affoller,  Jean,  de  Soleure. 


m.  FACULTÉ    DE   THÉOLOGIE 


Etufliaiiti». 


1.  iMonnard,  Alfred,  de  Vaud. 

2.  Morel,  Ernest,  des  Hauts-Geneveys. 

3.  Ecklin,  Charles,  de  Bâle. 

4.  Leidecker,  Charles,  de  Neuchâlel. 
ô.  Juillerat,  Jean,  de  Berne. 


6.  Boubila,  Philibert,  de  France. 

7.  Borel,  Paul,  de  Neuchàtel. 

8.  Savary,  Arlh.,  de  Vaud. 

9.  Ribetli,  Jean,  du  Piémont. 


jLUflitcur. 


1.  Sandoz,  Georges,  des  Ponts. 


—     30     — 


ÏV.  FACULTE  DE  DUOIT 


AiidUctirs. 


1.  Bonhôle,  Eugène,  de  Neuchâlel. 

2.  Savoie,  Eugène,  (h\  Locle. 

3.  Jacol-Guillarmod,  deChaux-de-Fonds. 

4.  Pelilpierre,  Léon,  de  Couvel. 

5.  Vaucher,  Henri,  de  Fleurier. 


«i.  Robert,  Georges,  du  Locle. 

7.  DeBrol,  de  Brot. 

8.  Juvel,  Edouard,  de  Bulles. 

9.  (iaucliat,  Louis,  de  Lignières. 
10.  Zinlgraff,  Léon,  de  Saint-Blaisc 


r=iE:siLJ]VEE: 


I.  Facnlté  dos  Letlrcs. 

A.  Eludianls 8 

B.  Audileurs     ..'....      28 

"  36 

II.  Facnlté  ilcw  Sciences. 

A.  Eludianls 11 

B.  Audileurs 26 

37 

III.  Faculté  «le  Théologie. 

A.  Eludianls 9 

B.  Audileur 1 

10 
IV.   Faculté  <ic   Droit. 

Auditeurs 10 

Tolal     ....      93 


Ces  93  étudiants  et  audileurs  se  répar- 
lis.senl  comme  suil,  d'après  leur  origine  : 


A. 

Neuchàtelois  . 

. 

. 

46 

B. 

Suisses  d'autres  cantons 

> 

37 

flj  Bernois   .... 

.     .     16 

b)  Thurgovien? 

.     .       5 

c)  Argoviens 

. 

.     .       4 

d)  Bâiois     . 

4 

e)  Zuricois  . 

. 

.     .      2 

f)  Soleuiois 

, 

.     .       2 

(l)  Vaudois  . 

t 

.       2 

h)  Schwyzois 

. 

.     .       1 

t^  Glaronais 

. 

i 

37 

C. 

Etrangers 

Tolal     . 

- 

10 

93 

PROGRAMME  DES  COURS 


I)K 


L'ACADÉMIE  DE  NEUGHATEL 


SEMESTRE    D'HIVER    1878-1879 


'X 


I.  FACULTÉ    DES    LETTRES 

1.  Lnngiic  et  Iltlcratnrc  latincfii  :  Professeur,  M.  le  D''  A.-W.  Neumann. —  Tacite: 
La  Gcriiiania  (cdit.  Teiibner),  2  heures.  —  Histoire  de  la  langue  latine,  1  lieure.  — 
Antiquités  :  Les  fouilles  de  Pompéi,  1  heure.  —  Total  :  4  heures. 

2.  Langue  et  llttératuec  grecques:  Professeur,  M.  le  D"'  A.-W.  Neumann. — 
Eschyle:  Les  Perses  (édil.  Teubner),  2  heures.  —  Histoire  de  la  littérature  :  Origines. 
1  heure.  —  Total  :  3  heures. 

3.  Littérature  française  (en  commun  avec  la  Faculté  des  Sciences)  :  Professeur, 
M.  A.  Humberi.  —  Depuis  le  WC  siècle.  — 2  heures. 

4.  Littérature  allemaiide  (en  allemand)  :  Professeur,  M.  le  D""  Domeier. —  Histoire 
de  la  littérature  allemande  depuis  ses  origines  jusqu'aux  temps  modernes  —  2  heures. 

5.  Littérature  générale:  Professeur,  M.  À.  Humberi.  —  Depuis  la  Renaissance. 

—  2  heures. 

(i.  Philosophie  et  histoire  de  la  |>liiloso|>lite  :  Professeur,  M.  H. -Adrien  Naville. 

—  Anthropologie,  2  heures.  —  La  philosophie  grecque  depuis  Socrate  et  la  pliilosophie 
des  Pères  de  l'Eglise,  3  heures.  —  Total  :  5  heures. 


—     41     — 

7.  HiNfoirr  Kénéralo  (en  commun  nvec  la  Facullé  des  Sciences':  Trofesseur,  M.  A. 
de  Chnmbrier.  —  La  guerre  de  trente  ans.  Los  deux  révolutions  anglaises.  Louis  XIV.  Le 
XVIII«  siècle.  —  2  lieures. 

8.  iliNtoIrc  n»tioii:iie  (en  commun  avec  In  Faculté  des  Sciences!  :  Professeur,  M.  le 
D'  .4.  Datfuel.  —  Coup  d'oeil  sur  les  destinées  politiques  et  intellccluelles  de  la  Suisse  au 
XIX*  siècle.  —  1  heure. 

î'.  (icoeraphir  «-oiiipart^c  :  Professeur,  M.  C.  Ayer.  —  L'Europe.  —  1  heure. 

10.  PhyNiologic  et  anatomie  rom[>nr4>'CM  :  Professeur,  M.  le  D'  Ph.  de  Hougcmonl. 

—  Zoologie  des  invertébrés.  —  1  heure. 

11.  Economlp  poiitif|ue  ei  statiM<ic|iic  (en  commun  avec  la  Facutlé  de  Droit)  : 
Professeur,  M.  C.  Ayer.  —  Distribution  des  richesses.  Le  socialisme  et  la  politique, 
2  heures.  —  Statistique  de  la  Suisse  et  du  canton  de  Neuchâtel  en  particulier,  1  heure. 

—  Total  :  3  heures. 

12.  Droit  public  fédérai  et  cantonal  (en  commun  avec  la  Faculté  de  Droit): 
Professeur  extraordinaire,  M.  A.  Jeanhenvy  (v.  le  programme  sous  IV,  1). 

13.  Lingnistiqnc  séiiéraic  :  Professeur,  M.  le  D^  A. -H'.  Ncumann. —  Origine  du 
langage.  Racines.  Classification  des  langues.  --  1  heure. 

14.  Hieitoire  de  la  iansne  françainte  :  Professeur,  M.  C.  Ai/er. —  Grammaire 
historique.  Littérature  de  l'ancien  français.  —  1  heure. 

15.  Archéologie:  Professeur,  M.  le  D'  A.  Daguel.  —  Monuments  de  l'antiquité  cel- 
tique et  romaine  en  Helvétie.  Elude  de  l'épigraphic  d'après  Mommsen  cl  les  découvertes 
plus  récentes  (d'après  Hahn).  —  1  heure. 

16.  Littérature  anglaise  (en  anglais):  Professeur,  le  Rév.  B.  0'  Meara  Deane  M.  A. 

—  Le  XVIIl*  siècle.  Lecture  et  interprétation  de  quelques  morceaux  tirés  des  auteurs 
dont  il  sera  fait  mention. —  2  heures. 

17.  Littérature  italienne  (en  italien)  :  Professeur,  M.  l'millà.  —  /"  parité.  Les 
écrivains  au  XVIII''  siècle.  S»  partie.  Suite  de  l'Histoire  de  la  littérature.  —  2  heures. 

COURS   LIBRE   ET   GRATUIT 

nytliologle  dcH  prupicM  gcrniani<|iie«.  Professeur,  M.  le  H'  A.-W.  Neumann.  — 
2  heures. 


42     — 


II.  FACULTÉ  DES  SCIENCES 


1.  ilatliéiiiatiqucs  :  Professeur,  M.  A.  Vielle.  —  Suite  de  la  géométrie  analytique 
à  deux  dimensions.  Géométrie  analytique  à  trois  dimensions.  Notions  d'analyse  infinité- 
simale. —  4  heures. 

2.  Géométrie  descriptive:  Professeur,  M.  L.  Isely.  —  Des  surfaces.  Surfaces 
de  révolution.  Surfaces  gauches.  Applications  à  la  Stéréotomie.  Projections  coniques. 
—  1  heure. 

3.  IMécanique  :  Professeur,  M.  le  D'-' //.  Sc/ineebeli.  —  Statique  et  dynamique.  Equi- 
libre et  mouvement  des  systèmes  matériels.  —  2  heures. 

4.  Dessin  mathématique:  Professeur,  M.  L.  Favre.  —  Dessin  de  machines.  — 
Dessin  d'architecture.  —  Topographie.  —  2  heures. 

5.  Astronomie  :  Professeur,  M.  le  D^  Hirsch,  Directeur  de  l'Observatoire.  —  Astro- 
nomie du  système  solaire.  —  2  heures. 

6.  Physique  du  globe  :  Professeur,  M.  le  D''  Hirsch.  —  Océanographie  et  Météo- 
rologie. — \  heure. 

7.  Physique  générale  et  expérimentale:  Professeur,  M.  le  D'  R.  Schneebeli.  — 
Physique  générale.  Chaleur  et  Electricité.  Application.  —  4  heures. 

8.  Chimie  :  Professeur,  M.  le  D""  0.  Hillcler.  —  Chimie  inorganique,  théorique  (et 
expérimentale),  2  heures.  —  Exercices  pratiques  au  Laboratoire  (Analyse  qualitative  et 
quantitative,  préparations),  4  heures.  —  Total  :  6  heures. 

9.  Minéralogie  :  Professeur,  M.  le  ]y  M.  de  Tribolet.  —  Minéralogie  appliquée  à 
l'Industrie  et  aux  Arts.  —  1  heure. 

10.  Géologie  et  paléontologie  (avec  excursions)  :  Professeur,  M.  Aug.  Jaccard.  — 
Géologie  des  terrains  sédimentaires.  Hydrographie.  Coup  d'oeil  sur  le  développement  de 
la  vie  à  la  surface  du  globe.  —  3  heures. 


—    43     — 

11.  Physiologie  et   nnntoiiile  comiini^ew  :  Professeur,  M.   le  D'  Pli.   de  Rou- 

(jemont.  —  Suite  de  l'Iiisloire  des  iriverU'brés  avec  démonstrations  au  microscope.  — 
3  lieures. 

12.  Botnniqne  et  phywioloffle  végi'tale  :  Professeur,   M.    le  D'   P.   Morlliier.  — 
Anatomie  et  pliysiologie  végétales.  Eléments  de  classification.  —  3  heures. 

13.  Littérature  fr:iiiçnise  (en  commun  avec  la  Faculté  des  Lettres):  Professeur, 
M.  A.  Humhert.  —  2  heures. 

14.  Histoire  généraie  (en  commun  avec  la  Faculté  des  Lettres)  :  Professeur,  M.  A. 

de  Chambrier.  —  2  heures. 

15.  Histoire  nntionnie  (en  commun  avec  la  Faculté  des  lettres):  Professeur,  M.  le 
D""  A.  Daguet.  —  1  heure. 


LABORATOIRE   DE    CHIMIE 

Un  règlement  spécial  fixe  les  conditions  auxquelles  des  élèves  chimistes  sont  admis 
à  travailler  au  Laboratoire  en  dehors  des  cours  réguliers  (v.  p.  51). 


COURS    LIBRES  ET  GRATUITS 

1 .  Pii.vsiqne  (pour  les  instituteurs)  :  Professeur,  M.  le  D'  H.  Sclineebeli.  —  Entretiens 
sur  des  questions  de  physique.  —  1  heure. 

2.  Cliiinie  :  Professeur,  M.  le  D""  0.  Billelcr.  —  Chimie  organique.  (Chimie  des  com- 
binaisons aromatiques).  —  1  heure. 


—     44     — 


III.  FACULTÉ  DE  THÉOLOGIE 

A.  Première  division  ou  cours  préparatoire  [i"  année). 

1.  En  commun  avec  la  Faculté  des  Lettres. 

Les  cours  de:  1.  Langue  et  lilléralure  latines.  2.  Langue  et  littérature  grecques. 
3.  Littérature  française.  4.  Philosophie  et  histoire  de  la  philosophie.  3.  Histoire  géné- 
rale. 6.  Physiologie  et  anatomie  comparées.  7.  Economie  politique  et  statistique. 

2.  Cours  spéciaux  à  la  Faculté  de  Théologie. 

8.  Encyclopédie  des  sciences  tliéoiogifjnew  :  Professeur  extraordinaire,  M.  le 
pasteur  L.  Nagel.  —  Partie  spéciale.  —  1  heure. 

9.  Histoire  ecclésiawliqne  :  Professeur,  M.  le  pasteur  Ladaine.  —  Histoire  abrégée 
de  l'Eglise  depuis  le  l'f  siècle  à  l'époque  de  Charleinagne.  —  1  heure. 

10.  Langue  iiébi*aïquc  :  Professeur  extraordinaire,  M.  le  D'  A.-W.  Neumann. — 
Histoire  de  la  langue  hébraïque,  2"  partie  :  l'hébreu  des  livres  bibliques.  —  Gram- 
maire :  répétition  des  flexions  et  de  la  syntaxe.  Lecture  du  Cantique  des  Cantiques. 

—  2  heures. 

11.  Archéologie  biblique  :  Professeur  extraordinaire,  M.  le  D'^  A.-W.  Neumann. — 
Archéologie  de  la  vie  de  Jésus,  l""'  partie  :  le  milieu  géographique  et  le  milieu  historique. 

—  1  heure. 

,        B.  Seconde  division  {i%  .?  el  i"  années). 

Les  étudiants  de  la  î»  année  suivent  les  cours  de  langue  hébraïque  et  d'archéologie  biblique  avec  la 

première  division. 

1.  Exégèse  de  TAncIeu  Testament:  Professeur,  M.  le  pasteur  Ferrochel.  —  Ge- 
nèse XI-XXV.  —  3  heures. 

2.  Exégèse  du  IVouveau  Tcstunieut  :  Professeur,  M.  le  pasteur  Hollier.  —  Epître 
aux  Romains.  —  3  heures. 

3.  Critique  sacrée  :  a)  Ancien  Testament  :  Professeur,  M.  le  pasteur  l'eirochet.  — 
Histoire  et  critique  du  texte.  Les  versions.  —  1  heure. 

b)  Nouveau  Testament:  Professeur,  M.  le  pasteur  Hollier. —  Introduction  générale. 
(Histoire  du  texte  et  des  versions).  —  1  heure. 


—    45    — 

4.  Théoloftic  NyMtéiuatiqur  :  Professeur,  M.  le  pasleur  H.  Ihiliois.  —  Morale  :  2'  et 
3«  partie,  la  force  inuraie,  les  réalilt^s  morales,  3  heures.  -  -  Histoire  de  la  pensée  chré- 
tienne :  d'Origène  à  Jean  de  Damas,  1  heure.  —  Total  :  4  lieures. 

5.  Histoire  ecel«»ia«Uqiie  :  Professeur,  M.  le  patiieur  Lad<ime.  —  Du  \I1I' siècle 

à  la  Réformalion.  —  2  heures. 

6.  Tliéologie  pratique:  Professeur  extraordinaire,  M.  le  pasteur  L.  Nayrl. —  Caté- 
chétique  ou  théorie  de  l'enseignement  religieux,  i  heures.  —  Exercices  homilétiques  el 
catéchétiques,  I  heure.  —  Total  :  3  heures. 

7.  Hygiène  :  Professeur  extraordinaire,  M.  le  D""  L.  Guillaume.  —  Hygiène  sociale  : 
hygiène  de  la  nutrition.  —  1  heure. 


IV.  FACULTÉ  DE  DROIT 

1.  Droit  féiléral  et  cantonal  (en  commun  avec  la  Faculté  des  Lettres]  :  Profes- 
seur extraordinaire,  M.  A.  Jeanhcnry,  Procureur  général.  —  La  Constitution  fédérale 
actuelle  dans  ses  rapports  avec  la  Constitution  helvétique  et  le  pacte  de  1815. —  1  heure. 

2.  Droit  romain  :  Professeur,  M.  le  D""  II.  Cuurvoisier,  avocat.  —  Système  du  droit 
romain  :  l.  Partie  générale.  IL  Droits  réels.  —  2  heures. 

3.  Droit  civil  :  Professeur,  M.  /'.  Jacoltet,  avocat.  —  Des  personnes,  C.  C,  liv.  1 
1  heure.  —  Successions,  suite  du  cours,  1  heure.  —  Total  :  2  heures. 

4.  Proccdnre  civile  ;  Professeur,  M.  /'.  JacoUcl.  —  Procédure  contenlieuse  (d'après 
la  nouvelle  loi).  —  1  heure. 

0.  Droit  coiunicrcial  :  Professeur,  M.  P.  JacoUet.  —  De  la  lettre  de  change,  du 
billet  à  ordre,  commissionnaires  de  commerce.  —  1  heure. 

6.  Droit  pénal  :  Professeur,  M.  le  D'  L.  Michaud,  vice-président  de  la  Cour  d'appel. 
—  Code  pénal,  1  heure.  —  Procédure  pénale,  1  heure.  —  Total  :  ï  heures. 

7.  Econoimie  poli(i(|ne  et  atatiM(ir|ue  (en  commun  avec  la  Faculté  des  Lettres)  : 
Professeur,  M.  C.  Ayer.  —  3  heures. 


—    46     — 


AUTORITÉS   ACADÉMIQUES 


I.  Direction  de  rinstriiction  publique. 
D'  Roulet,  conseiller  d'Etal. 

II.  Commission  d'Etat  pour  l'enscignemeut 
supérieur. 

A.  Bureau. 

Président  :  D'  Roulel,  directeur  de  l'In- 
slruction  publique. 

Vice-Présidenl  :  D""  Desor,  Edouard,  con- 
seiller national,  à  Neuchâtel. 

Secrétaire  :  Jeanhenry,  Alfred,  député,  h 
Neuchâtel. 

B.  Membres. 

Berthoud,  Fritz,  conseiller  national,  à 
Fleurier.J 

Borel,  Alfred,  député,  à  Neuchâtel. 

Brandt-Ducommun,  Fritz,  à  la  Chaux-de- 
Fonds. 

Gerster,  Charles,  préfet,  à  Neuchâtel. 

D""  Guillaume,  Louis,  directeur  du  péni- 
tencier, à  Neuchâtel. 

Jeanrenaud,  P.,  député,  à  Neuchâtel. 

Jurgensen,  Alfred,  négociant,   au  Locle. 

Lambelet,  Louis-Constant,  conseiller  na- 
tional, à  Neuchâtel. 

Nagel,  Louis-Constant,  pasteur,  à  Neu- 
châtel. 

Savoie,  Paul,  diacre,  à  Neuchâtel. 

NB.  —  Le  Directeur  du  Gvmnase  et  le  liectcur 
de  l'Académie  assistent  aux"  séances  de  la  Com- 
mission avec  voix  consultative.  (Art.  47  de  la  Loi 
sur  l'enseifïnement  su|)érieur.) 


III.  Conseil  de  l'Académie. 

A.  Bureau. 
Président:  Ayer,  C,  recteur. 
Vice-Président  :  y'\e\\e.  Km.,  vice-recteur. 
Secrétaire:  Naville,  H. -A.,  professeur. 

B.  Membres. 
Les  professeurs  ordinaires  des  quatre  Fa- 
cultés. 

IV.  Recteur  de  l'Académie. 

Ayer.,  C,  professeur   à  la    Faculté  des 
Lettres. 

V.  Conseils  des  Facultés. 
Faculté  des  Lettres. 
Président  :  D""  Daguel,  Alexandre,  profes- 
seur. 
Vice-Président  :  A.  Humbert,  professeur. 
Secrétaire  :  D""  Domeier,  professeur. 

Faculté  des  Sciences. 
Président  :  D--  Hirsch,  Adolphe,  professeur, 

directeur  de  l'Observatoire. 
Secrétaire  :  Vielle,  Amable,  professeur. 

Faculté  de  Théologie. 
Président  :  DuBois,  Henri,  professeur. 
Vice-Président:  Rollier,  F.-A.,   pasteur,  à 

Saint-Aubin. 
Secrétaire:  Perrochel,  Charles-Alexandre, 
pasteur,  au  Locle. 

Faculté  de  Droit. 
Président  :  Jacollet,  Paul,  avocat,  profes- 
seur. 
Secrétaire  :  D""  Courvoisier,  Georges,  avo- 
cat, professeur. 


—    47     - 


PROFESSEURS   DE   L'ACADÉMIE 


ProfcsseiirM    ordliiuIrcH. 


Ayer,  Cyprien,  Boiite,  7. 

D'  Billeler,  Ollo,  Vieux  Chiltel. 

D""  Coiirvoisier,  Georges,  rue  de  l'Hôpi- 

lal,  7. 
de  Chambrier,  Alf.,  rue  du  Coq-d'Inde,  1. 
D'^Daguel,  Alex.,  faubourg  du  Crôl,  27. 
D"'  Doineier,  à  INeucliùlcI. 
DuBois,  Henri,  rue  de  la  Piace-d'Artnes.C. 
Favre,  Louis,  rue  de  l'Industrie,  3. 
D""  Ilirsch,  Adolphe,  Observatoire. 
Humberl,   Aimé,  Beau-séjour  (Porl-Rou- 

lant). 
Isely,  Louis,  h  Neucliâlel. 
Jaccard,  Auguste,  au  Locle. 
Jacoltel,  Paul,  Palais  RougenioDl. 


!)■'  Micliaud.  Louis,  rue  du  Bassin,  14. 

ly  Moilhior,  Paul,  h  Corcellcs. 

Naville,  IL-Adrien,  faubourg  du  Lac,  5. 

D'  Neuniann,  Adolplie-Willielni,  Slation- 
Hill,  Colombier. 

Rev.  O'Meare  Deane.  M.  A.  NcucliAtel. 

Perrocliel,  Al.,  pasteur,  au  Locle. 

Hollier,  F.-A.,  pasteur,  à  Saint-Aubin. 

de  Rougomont,  Philippe,  faubourg  de  l'Hô- 
pital, (iO. 

D'  Schiieebeli,  Henri,  Terreaux,  5. 

D'  de  Tribolel,  Maurice,  Faubourg  du 
Chilleau. 

Uniilli^,  Ang  ,  ù  Nouclifllel. 

Vielle,  Amable,  faubourg  du  Crêl,  29. 


l*i*ofc88eui*i!i    e^iLli'uoi'diiiaircs. 


D'  Guillaume,  directeur  du  Pénitencier. 
Jeanhenry,  Alfred,  procureur  général.  Râ- 
teau, 1. 


Ladaine,  E.,  pasteur,  h  Fleurier. 
Nagel,  L.-Const.,  pasteur,  à  NeuchAtel. 


BIBLIOTHÈQUE    DE    L'ACADÉMIE 


Commission  :     Ayer,  Recteur  de  l'Acadéniiei  présidenL 

Favre,  Directeur  du  Gymnase  cantonal,  vice-président. 

de  Chambrier,  représentant  de  la  Faculté  des  Lettres. 

I)'  Sflineebcli,  représentant  de  la  Faculté  des  Sciences. 

H.  DuBois,  représentant  de  la  Faculté  do  Théologie. 

D""  Michaud,  représentant  de  la  Faculté  de  Droit. 

D""  Daguet,  représentant  du  (lymnase  cantonaL 
Bibliothécaire  :  A.  Naville,  secrétaire  de  la  Commission,  avec  voix  consultative. 


—     48     — 

EMPLOYÉS  DE    L'ACADÉMIE 

Reinhard,  Henri,  préparateur  au  Laboratoire  de  Chimie. 
Guillaume,  Kdouard,  préparateur  au  Laboratoire  de  Physique. 
Schwab,  Louis,  huissier  de  l'Académie,  rue  Saint-Maurice,  11. 
Mohr,  Charles,  gargon  du  Laboratoire  de  Chimie. 
Concierges  :  Borel,  Fritz,  au  Gymnase. 

Loup,  L.-Jules,  au  Laboratoire  de  Chimie. 


^^V^VIS 


Le  semestre  d'hiver  commencera  le 
mardi  I'"''  octobre  et  durera  jusqu'au  31 
mars  1879. 

Le  premier  jour  du  semestre  est  consa- 
cré aux  inscriptions.  Les  examens  d'ad- 
mission auront  lieu  le  second  jour.  Los 
cours  commenceront  le  lendemain 


vent,  par  leur  signature,  accorder  l'usage 
de  ceilains  livres  aux  étudiants. 


La  Bibliothèque  publique  de  Neuchâtel 
est  ouverte  tous  les  jours  ouvrables,  à 
l'exception  du  lundi,  de  10  heures  à  midi. 
Elle  est  également  ouverte  le  mardi,  jeudi 
et  samedi  après  midi  pour  les  personnes 
qui  désirent  y  travailler. 

La  Bibliolhèque  de  l'Académie  est  ouverte 
aux  professeurs  du  Gymnase  et  de  l'Aca- 
démie tous  les  jours  de  la  semaine,  à 
l'heure  fixée  par  la  Bibliothécaire.  Ils  peu- 


La  lUbliotlièqiœ  des  étudiants,  ouverte 
tous  les  jours  à  10  heures,  recevra  avec 
reconnaisssance  les  livres  utiles  à  l'élude 
qu'on  voudra  bien  lui  ofirir. 

ti'H-j\'}  l,' Observatoire  astronomique  est  ouvert 
le  vendredi,  de  2  à  4  heures  de  l'après- 
midi. 


Le  Musée  d'histoire  naturelle  est  ouvert  le 
jeudi  matin,  de  10  heures  à  midi,  et  le  di- 
manche, de  2  à  4  heures  du  soir. 

Le  Musée  de  peinture  est  ouvert  le  di- 
manche, de  1  à  4  heures  du  soir. 

Neuchâlel,  le  l"'' juillet  1878. 

Le  Recteur  de  H Académie  : 
C.  AYER,  prof. 


-5>»!a^eîi»«JSr- 


—     49 


EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT  DE   L'ACADÉMIE 


Admission. 

Art.  70. 

Los  étudiiuils  réjruliers  sont  ceux  qui  suivent  au 
moins  vin^rt  ieçoii.'j  dans  une  mémo  Faculté. 

Ain.  71. 
•  Sont  admis  conimo  étudiants  aux  Farullés: 

1»  Les  élèves  âgés  de  17  ans  révolus,  sorlaut  du 
Gymnase  avec  le  certilicat  de  maturité; 

2"  Les  porteure  du  diplôme  de  Iwirlielier  on  de 
titres  éi|uivalenls  émanés  des  Cantons  suisses  ou 
d'autres  EtJits: 

3"  (;eux  qui,  dans  un  examen  d'admission, 
prouvent  qu'ils  possèdent  les  coiinaissimces  sufli- 
santes. 

Le  ('onseil  de  l'Académie  peut,  dans  des  cas 
spéciaux,  admettre  des  étudiants  amlessous  de 
l'âge  réglementaire.  Il  peut  aussi  accorder  excep- 
tionnellement des  dispenses  de  fréfjuentalion  de 
cours,  sur  le  préavis  du  Uecteur. 

Art.  7-2. 

Outre  les  étudiants,  d'autn«  personnes  adultes 
|)euvent  étn-  îidmises  à  suivre  certains  cours  des 
Facultés  en  qualité  d'auditeurs. 

Les  auditeurs  suivent  les  cours  de  leur  choix 
sans  subir  d'examen  prénlable. 

Pour  éti-e  admis  comme  auditeur  aux  diverses 
Facultés,  il  fiiut  avoir  17  ans  révolus. 

Anr.  69. 

Penveiit  être  autorisés  à  suivre  certains  cours 
du  Gymna.se  les  étudiants  réguliers  des  Facultés 
qui  ne  seraient  pas  suflisamment  préparés  [wur 
telle  ou  telle  hranrlie  du  profrranitne  des  études. 

Cette  antorisalion  est  accordé*'  (tiir  le  Conseil  de 
l'Académie,  sur  le  préavis  du  Recteur,  et  avec  l'as- 
sentiment du  Directeur  du  Gymnase. 


Art.  73. 

Les  étudiants  réguliers  doivent,  ù  leur  entrée 
dans  l'une  des  Facultés,  prendre  leur  feuille  d'im- 
matriculation et,  à  l'ouverture  de  chaque  .senics- 
ti-e,  une  inscription  pour  les  coiirs  de  la  Faculté 
à  laquelle  ils  appartiennent. 

Les  auditeurs  sont  tenus  de  prendre  une  ins- 
cription pour  chacun  des  cours  qu'ils  désirent 
suivre. 

Si  les  parents  ou  tuteurs  n'habitent  pa.s  le  can- 
ton, l'étudiant  doit,  au  moment  de  l'immatricula- 
tion, indiquer  la  persoime  chargée  de  les  repré- 
senter à  Neuchàtel. 

Examens. 

Art.  8r>. 

Il  y  a  à  r.Vcadémie  des  examens  d'admi.ssion  et 
des  examens  de  sortie.  Il  y  a  en  outre,  pour  les 
étudiants  de  la  Faculté  de  Théologie,  des  examens 
annuels  de  promotion. 

Tous  ces  examens  sont  publics. 

Art.  86. 

Les  examens  d'admission  prévus  à  l'art.  71  ont 
lieu  au  commencement  de  chaque  scmestiv,  aux 
jours  fixés  par  le  Recteur. 

Ils  se  font  devant  un  jury  nommé  |»ar  le  Conseil 
de  l'Académie. 

Ils  ont  |)our  base  le  programme  du  liaccalau- 
réat. 

Art.  87. 

A  la  fin  de  l'année  académique,  les  étudiants 
(Miuvent  se  présenter  à  un  examen  de  sortie  pour 
obtenir  un  certificat  d'études. 

Les  examens  se  font  devant  une  commission 
com|K)sé<'  du  professeur  enseignant,  d'un  profes- 
seur désigné  |iar  le  Recteur  et  d'un  ex|iert  nommé 
par  la  Direction  de  l'Instruciion  pubftque. 


30 


Ils  ont  pour  Ijasc  le  prosnimme  dt-,s  cours  do 
l'auuée  écoulée. 

Les  étudiants  qui  ont  subi  l'examea  de  sortie 
d'une  manière  satisfaisante  reçoivent  un  cenilicat 
d'examens,  signé  par  le  Recteur  de  l'Académie. 

Art.  88. 

Les  examens  d'admission,  de  promotion  et  de 
sortie  se  composent  d'épreuves  orales  et  d'épreuves 
éci'ites. 

Ces  épreuves  sont  appréciées  par  des  chiffres 
dont  le  maximum  est  10. 

L'examen  n'est  admis  que  si  l'aspirant  obtient 
les  'iio  du  maximum. 

Contributions  académiques. 

Alix.  117  (modifié). 

Les  étudiants  réguliers  des  Facultés  paient  une 
finame  d'immalriculaUonàeir.  10  et  une  ^?iaHce 
d'études  de  fr.  30  pour  le  semestre  d'été  et  de 
t'r.  50  pour  le  semestre  d'hiver. 

Les  auditeurs  des  Facultés  paient  une  finance 
d'études  qui  est  calculée  sur  le  nombre  d'heures, 
à  raison  de  l'r.  3  pour  le  semestre  d'élé  et  de  l'r.  5 
pour  le  semestre  d'hiver  pour  une  heure  de  leçon 
par  semaine. 

Pour  les  instituteurs  suisses  et  étrangei-s,  la 
finance  d'études  est  réduite  de  moitié. 

AuT.  119. 

Les  étudiants  et  auditeurs  qui  suivent  les  cours 
pratiques  de  chimie  paient,  pour  l'usage  du  labo- 
ratoire, une  indemnité  de  fr.  20  pour  le  semestre 
d'été  et  de  fr.  30  pour  le  semestre  d'hiver.  (Règle- 
ment pour  le  laboratoire  de  chimie,  art.  12.) 

AiiT.  120. 

Les  rétributions  exigées  pour  les  cours  libres 
sont  fixées  par  les  personnes  qui  donneut  ces 
cours,  et  le  produit  de  ces  rétributions  leur  appar- 
tient. 

Art.  121. 

Toutes  les  contributions  scolaires  sont  payables 
d'avance. 

La  Direction  de  l'Instruction  publique  prononce, 
s'il  y  a  lieu,  sur  les  cas  exceptionnels. 


Art.  122. 

Pour  les  diplômes  de  bachelier,  il  sera  payé  une 
finauce  de  fr.  30;  ^wur  ceux  de  licencié,  une  fi- 
nance de  fr.  50. 

Pour  les  candidats  qui  n'auraient  pas  fait  leurs 
études  régulières  à  l'Académie,  la  finance  à  payer 
est  de  fr.  60  pour  le  diplôme  de  bachelier  et  de 
fr.  100  pour  le  diplôme  de  licencié. 

Pour  les  certificats  d'examens  de  maturité  mé- 
dicale et  d'examens  d'admission  à  l'Ecole  poly- 
technique fédérale,  il  sera  payé  une  financede  10  fr. 

Les  candidats  qui  auront  échoué  aux  examens 
de  grade  de  maturité  paieront  la  moitié  des  droits 
prescrits  ci-dessus. 

Les  certificats  d'études  ou  d'examens  sont  déli- 
vrés gratuitement. 

Subventions  académiques. 

Art.  123. 

Il  est  institué,  en  faveur  de  jeunes  gens  appar- 
tenant à  des  familles  pauvres  ou  peu  aisées,  des 
subsides  ou  bourses  destinés  à  leur  faciliter  les 
moyens  de  poursuivre  ou  de  terminer  leurs  études 
à  l'Académie. 

Ces  bourses  sont  accordées  pour  un  an  par  le 
Conseil  d'Etat,  sur  le  préavis  de  la  Direction  de 
l'Instruction  |)ub!iqae.  Elles  peuvent  être  renou- 
velées. 

Art.  124. 

Les  bourses  sont  accordées  aux  étudiants  qui 
se  distinguent  par  leur  intelligence,  leur  appli- 
cation et  leur  conduite.  On  a  de  plus  égard  à 
l'âge,  à  la  position  de  l'élève  et  à  toutes  les  cir- 
constances qui  peuvent  déterminer  l'étendue  de 
ses  besoins. 

Art.  125. 

Les  étudiants  qui  veulent  obtenir  une  bourse 
doivent  adresser  leur  demande  au  Recteur.  Cette 
demande  doit  être  autorisée  par  les  parents  ou 
leurs  représentants. 

Art.  127. 

Le  Conseil  d'Etat,  sur  le  préavis  de  la  Direction 
de  l'Instruction  publique,  peut  dispenser  les  étu- 
diants peu  aisés  de  tout  ou  ijartie  du  paiement  des 
contributions  académiques. 


—    51 


Akt.  128. 

Les  demandes  eu  exemption  totale  ou  partielle 
du  |)aieinciit  des  coiitribiitiuii.s  académiques  doi- 
vent èlre  motivées  et  signées  par  les  parents  ou 
leurs  représentants. 

Elles  sont  adressées  au  lieclcur,  ijui  les  soumet 
à  la  Direction  de  l'Instruciion  publii|ue. 

Année  académique. 

Akt.  j«. 
L'année  académique  est  divisée  en  deux  scnies- 
tivs  :  le  semestre  d'été,  commençant  au  milieu 
d'avril  et  Unissant  au  milieu  de  juillet;  et  le  sc- 


niesti-e  d'hiver,  commençant  le  t"  octobre  et  se 
terminant  au  commencement  d'avril. 

Iles  deux  seniesln>8  doivent  conipi-endre  iO  se- 
maincti  de  leçons  pour  toutes  les  Facultés. 

L'année  scolaire  commence  jwur  toutes  les  Fa- 
<ultés  ave<;  le  semestre  d'été,  c'est-ii-dir»'  au  milieu 
d'avril. 

Chacune  des  Facultés  a  douze  semaines  de  va- 
cances, savoir  : 

Dix  semaines  en  été; 

Une  semaine  au  nouvel-an; 

ViK  semaine  entre  le  semestre  d'hiver  et  le  se- 
mestre d'été. 


EXTRAIT  DU  RÈGLEMENT  DU  LABORATOIRE  DE  CHIMIE 


Akt.  12. 

Les  étudiants  et  auditeurs  de  l'Académie  qui 
suivent  le  cours  de  chimie  pratique  paient,  ^wur 
l'usage  du  laboratoire,  une  indemnité  do  fr.  20 
pour  le  semestre  d'été  et  de  fr.  30  pour  le  semestre 
d'hiver. 

Art.  13. 

Les  élèves  chimistes  qui  suivent  le  cours  com- 
plémentaire de  chimie  prati(|ue,  seront  tenus  de 
prendre  un(!  inscription,  pour  un  cours  au  moins, 
à  lu  Faculté  des  Sciences,  aux  conditions  régle- 
mentaires liiibituelles. 

Quant  à  l'usage  du  laboratoire,  ainsi  que  des 
drogues  et  appareils  dont  les  élèves  chimistes 
pourraient  avoir  besoin,  il  sera  payé  par  chacun 
d'eux  au  bureau  de  l'.icadémie  une  indemnité  de 
fr.  25  par  mois.  La  moitié  de  cette  contribution 
formera  la  rémunération  du  professeur  et  l'autre 
moitié  sera  versée  dans  la  caisse  de  l'Etat  par  l'in- 
termédiaire du  Recteur.  Les  élèves  chimistes  paie- 
ront à  part  les  drogues  exceptionuelleme,nl  chères, 


ainsi  (jue  tout  ce  qu'ils  |K)urraicut  casser  ou  gâter 
en  fait  d'ap|)areils. 

Le  professeur  doit  surveiller  jiei-sonnelk'ment 
les  travaux  des  élèves  chimistes.  Il  peut  se  faire 
remplacer  par  son  aide,  qui  aura  droit  à  une  in- 
demnité de  sa  (xtrt. 

Le  laboratoire  sera  ouvert  aux  élèves  chimistes 
tous  les  jours  de  8  heures  du  matin  à  midi  et  de 
2  heures  à  4  heures  du  soir,  à . l'exception  des 
jeudis  et  des  samedis  après  midi..  ■'  ■.  :r- 

Art.  l'i. 

Le  professeur  de  chimie  jHJurra  être  autorisé  |iar 
la  Direction  de  l'Instruction  publi(jue  à  donner  des 
leçons  |)articuliôres  dans  le  laboratoire;  mais,  dans 
chaque  cas  |)articulier,  la  contribution  à  |Kiyer 
par  les  élèves  à  l'Etat  devra  faire  l'objet  d'un 
préavis  du  Recteur  de  l'Académie  ou  du  Directeur 
du  Gymn;i.>;e.  Elle  ne  peut  être  inférieure  à  (iO  cen- 
times par  heure  de  leçon,  lavables  d'avance  au 
bureau  du  Recteur  de  l'Académie. 


52 


EXTRAIT  DU  RÈeLEMËiïT  POUR  LES  CONCOURS  ACADÉMIOUES 


Concours  académiques. 

Art.  92. 
L'Etat  offre  annuellement  quatre  prix,  chacun 
de  fr.  100,  pour  les  meilleurs  travaux  de  con- 
cours présentés  aux  quatre  Facultés  de  l'Aca- 
démie. 

ART.  93. 

Pour  être  admis  au  concours,  il  faut  être  ins- 
crit comme  étudiant  dans  l'une  des  Facultés  et 
suivre  au  moins  dix  leçons  par  semaine  réfiuliù- 
rement. 

Akt.  95. 

La  publication  des  sujets  proposés  a  lieu  en 
séance  publique  par  le  Recteur  de  l'Académie.  Il 
les  annonce  en  outre  dans  les  programmes  et  les 
fait  afficher  publiquement. 

AuT.  96. 

Le  (ioncours  reste  ouvert  pendant  neuf  mois  ; 
les  travaux  doivent  être  remis  aux  présidents  des 
Facultés  jusqu'au  31  décembre  de  l'année  cou- 
rante. 

Ancun  travail  n'est  admis,  s'il  n'est  pas  livré 
avant  le  terme  indiqué  ci-dessus. 

Le  travail  doit  être  anonyme  :  le  nom  de  l'au- 
teur est  indiqué  dans  une  enveloppe  cachetée,  et 
(;elle-ci  porte  une  épigraphe  répétée  sur  le  titre 
du  travail. 


Art.  97. 

La  langue  française  est  de  règle  [wur  les  tra- 
vaux de  concours. 

Toutefois  reni|)loi  de  l'alleniand,  de  l'anglais  ou 
de  l'italien  est  admis  pour  les  sujets  relatifs  à  ces 
langues;  il  en  est  de  même  de  la  langue  latine 
pour  les  sujets  de  philologie. 

Aiit.  98. 

L'auteur  doit  indiquer  d'une  manière  précise 
dans  son  travail  les  sources  où  il  a  puisé. 

Aiit.  99. 

Les  Facultés  apprécient  les  travaux  de  concours 
par  des  chiffres  dont  le  maximum  est  10. 

Aucun  prix  n'est  décerné,  si  le  chiffre  définitif 
n'atteint  pas  9.  Pour  les  chiffres  7  et  8,  il  est  ac- 
cordé une  mention  honorable  qui  sera  publiée  de 
la  même  manière  que  les  prix. 

S'il  y  a  égalité  de  mérite,  le  prix  est  partagé 
entre  les  concurrents. 

Aiit.  100. 

La  publication  des  prix  .se  fait  en  séance  publi- 
que par  le  Recteur  de  l'Académie.  Cette  séance  a 
lieu  à  la  fin  de  l'année  académique.  Les  jugements 
des  Facultés  seront  annexés  au  rap|)ort  annuel  du 
Recteur. 


PC     Ayer,  Gyprlen 

908       Introduction  à  l'étui 

A9     dialectes  du  pays  roman 


PLEASE  DO  NOT  REMOVE 
CARDS  OR  SLIPS  FROM  THIS  POC 


UNIVERSITY  OF  TORONTO  LIERA 


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