BOSTON UNIVERSITY
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Mugar Mémorial Library
INTRODUCTION
A L'ÉTUDE DE LA CHIMIE
DES ANCIENS ET DU MOYEN AGE
IMPRESSION ANASTALTIQUE
CULTURE ET CIVILISATION
115, AVENUE GABRIEL LEBON
BRUXELLES
1966
INTRODUCTION
A
L'ÉTUDE DE LA CHIMIE
DES ANCIENS ET DU MOYEN AGE
M. BERTHELOT
SÉNATEUR, Mi:.MUIiE DE lInSTITUT, PROFESSEUR AU COLLKGE DE FrANCE
AVEC TLANCHES, FIGURES EN PHOTOCRAVURK D'APBES LES MANUSCRITS,
TABLES ET INDEX
PARIS
GEORGES STEINHEIL, EDITEUR
2, RUE CAS1M1R-DELAVIGNE, 2
1889
PRÉFACE
La science chimique des Anciens avait été jusqu'ici mal connue,
surtout en ce qui touche ses origines, ses idées théoriques et sa
philosophie ; ignorance d'autant plus préjudiciable qu'elle
rendait incompréhensible la doctrine alchimique, qui a régné
pendant tout le moyen âge et s'est prolongée jusqu'à la fin
du siècle dernier. C'est à éclaircir ces questions, si intéres-
santes pour l'histoire de la civilisation, que j'ai consacré une
grande partie de mon temps depuis six années. L'étude des
papyrus grecs, provenant de la vieille Egypte, et celle des manu-
scrits grecs alchimiques, formant dans les principales bibliothè-
ques d'Europe une vaste collection demeurée inédite jusqu^ici, ont
fourni à ma recherche ses principaux fondements et elles m'ont
permis de faire entrer dans l'histoire positive une science singu-
lière, réputée purement chimérique et citée d'ordinaire comme la
preuve des aberrations del'esprit humain. J'ai exposé les résultats
généraux de mes travaux dans « les Origines de l Alchimie « (i) et
j'ai cru indispensable de publier à l'appui les preuves de ma
découverte, c'est-à-dire les manuscrits eux-mêmes.
(i) Un volume in-8'', chez Steinheil, i8t>3.
VJ PRÉFACE
A cet effet, j'ai traduit d'abord et commenté un papyrus alchi-
mique du iii^ siècle de notre ère, qui existe aujourd'hui à Leide ;
puis j'ai entrepris d'éditer, sous les auspices du Ministère de
rinstruction publique, et avec la collaboration d'un savant hellé-
niste, M. Ch.-Em. Ruelle, une édition princeps de la Collection
des Alchimistes grecs. Cette vaste publication, aujourd'hui termi-
née (i), forme environ i3oo pages de texte in-4°, avec variantes,
traduction, introduction, tables, index, notes et commentaires
perpétuels. Enfin, j'ai renoué la chaîne historique, entre ces
vieux écrits et les auteurs de l'antiquité déjà connus, d'une part,
et, de l'autre, les écrivains du moyen âge, arabes et latins. C'est
ainsi que j'ai montré comment les faits et les doctrines, exposés
dans ce papyrus et dans les manuscrits, se lient d'une façon
directe et intime avec les descriptions naturalistes de Diosco-
ride, de Vitruve et de Pline l'Ancien, en même temps qu'avec les
théories philosophiques de Platon, d'Aristote et des Alexandrins,
leurs disciples. De même j'ai établi la liaison théorique et pratique
de TAlchimie grecque avec celle des Arabes, Geber et Avicenne
par exemple, et avec celle des Latins, telle qu'on peut la constater
au xm^ siècle, d'après Vincent de Beauvais, Albert le Grand, etc.
Le volume actuel fait partie de cet ensemble de recherches
et en renferme quelques-unes des plus essentielles, lesquelles
forment une véritable Introduction à V étude de la Chimie des
anciens et du moyen âge. Donnons-en le résumé.
Au début, j'y explique comment l'alchimie, cette science en
partie réelle, en partie chimérique, est sortie des pratiques des
orfèvres et métallurgistes égyptiens.
En effet la fabrication de l'asèm ou électrum, alliage qui a été
(i)Steinheil, 1887-1!
PREFACE VI)
regardé comme un métal distinct jusqu'au vi® siècle de notre
ère ; celle de Tor à bas titre, par l'addition au métal pur du cuivre
et de l'étain; celle des alliages métalliques à base de cuivre, des-
tinés à imiter l'or et à le falsifier, ont fait naître dans l'esprit
des opérateurs d'autrefois l'espérance de reproduire l'or lui-
même, par des mélanges convenables. Le manipulateur appelait
d'ailleurs à son secours, suivant l'usage antique de l'Egypte et
de Babylone, les puissances divines, évoquées par des formules
magiques.
Le Papyrus X de Leide n'est autre chose que l'un des cahiers
de recettes de ces vieux praticiens, arrivé jusqu'à nous à travers
les âges. C'est parla traduction, le commentaire, l'étude détaillée
de ce Papyrus que commence le présent volume.
Il existait ainsi, dès l'époque alexandrine, et vers les com-
mencements de l'ère chrétienne, des traités techniques plus
ou moins étendus sur les alliages métalliques, sur la teinture
des métaux, des verres et des étoffes, sur la distillation, etc. ;
traités composés par des auteurs gréco-égyptiens. Nous en possé-
dons quelques débris, et leurs noms sont arrivés jusqu'à nous, tant
par les manuscrits alchimiques, que par les écrits classiques de
Dioscoride, Pline, etc. Tels sont Pamménès, Pétésis, Marie
et Cléopâtre, etc.; auteurs dont les plus anciens paraissent avoir
appartenu aune écolede naturalistes, qui se déclaraient eux-mêmes
élèves du vieux philosophe Démocrite. Puis sont venus les gnos-
tiques, qui ont associé aux pratiques de leurs prédécesseurs des
notions mystiques et allégoriques, mélange étrange de philosophie
et de religion, dont le point de départ semble avoir existé dans les
vieux textes égyptiens et chaldéens et dans leur symbolisme défi-
guré. Un de ces écrivains, Zosime, vers le iii*^ siècle de notre ère,
forma avec les ouvrages de ses prédécesseurs une première com-
Vllj PRÉFACE
pilation, qui ne nous est malheureusement pas parvenue dans toute
son étendue et soussa forme initiale. En effet, elle a été démembrée
par les Byzantins, lesquels nous Font transmise seulement dans
l'état d'extraits mutilés ; suivant en cela les mêmes procédés qu'ils
ont appliqués à un grand nombre d'auteurs de l'antiquité classique.
Cependant, même sous cette forme incomplète, nous possédons
encore des chapitres entiers et des morceaux fort étendus de Zo-
sime : le tout forme près de i5o pages dans la Collection des
Alchimistes grecs. On y rencontre à la fois des recettes prati-
ques, des imaginations mystiques et la description des appareils
de distillation et de digestion employés par les chimistes d'alors.
Je donne dans le présent volume les dessins des appareils des
Alchimistes grecs .^ reproduits par la photogravure^ et constituant
35 figures, telles qu'elles existent dans les manuscrits, en marge
de leur description ; j'explique en détail l'usage et la destination
de ces appareils. Je retrouve ainsi l'explication des pratiques
fondamentales suivies par ces premiers alchimistes, pour modi-
fier et teindre les métaux, teinture qui était réputée le prélude
et l'accompagnement nécessaire de la transmutation. On y verra
comment les premiers appareils distillatoires, inventés vers les
débuts de l'ère chrétienne (Chrysopée de Cléopâtre), sont figurés
dans les manuscrits et associés au Serpent mystérieux qui se mord
la queue, image du monde et de l'alchimie, ainsi qu'aux axiomes
mystiques sur l'unité de la matière. J'ai commenté tous ces des-
sins, à la fois scientifiques et symboliques, et j'ai donné l'interpré-
tation des opérations auxquelles les appareils étaient affectés.
Cependant les philosophes néoplatoniciens, contemporains
desgnostiques, et qui professaient à Alexandrie, ne restèrent pas
étrangers à l'alchimie : elle formait, au même titre que l'astrologie
et la magie, une branche des sciences, les unes chimériques,
PREFACE IX
les autres réelles, de l'époque. Sous le nom du professeur Jam-
blique figurent à la fois des traités bien connus de magie [De
Mysteriis jEgyptiorum) et un petit traité de chimie positive,
reproduit dans la Collection des Alchimistes grecs. Nous trou-
vons aussi dans les œuvres de Proclus, autre néoplatonicien,
à côté des commentaires allégoriques sur la religion d'Homère,
des énoncés astrologico-alchimiques sur les relations entre les
métaux et les planètes^ et sur la génération des métaux sous les
influences sidérales. 11 s'agit ici d'idées qui remontent à Babylone,
qui ont régné en Europe pendant tout le moyen âge, et qui subsis-
tent encore aujourd'hui en Orient. Mon second article est consa-
cré à l'histoire de ces idéesdans l'antiquité ; le troisième reproduit
diverses figures relatives à un sujet congénère, la médecine astro-
logique, d'après des photogravures conformes aux manuscrits.
Les philosophes alexandrins ne tardèrent pas à construire
une véritable théorie de la chimie de leur temps : théorie fondée
sur la notion de la matière première platonicienne, commune
à tous les corps et apte à prendre toutes les formes. Ils ont
développé spécialement la conception de la matière première des
métaux, autrement dite « mercure des philosophes ^\ et ils l'ont
associée à celle des quatre éléments, empruntés aux vieuxphiloso-
phes grecs des écoles naturalistes. Ces théories sont exposées
avec une grande clarté dans le traité de Synésius, et d'une façon
à la fois plus confuse et plus érudite, dans celui d'Olympiodore;
traités publiés, traduits et commentés dans la Collection des Alchi-
mistes grecs : on y voit comment ces doctrines conduisaient à
comprendre et à admettre la possibilité des transmutations
métalliques. Elles sont d'autant plus dignes d'intérêt, qu elles
ont été le point de départ des conceptions des alchimistes du
moyen âge, lesquelles ont dominé la science chimique, jusqu'à
X PREFACE
la fin du XVIII* siècle. J'ai exposé tout le détail de cette vieille phi-
losophie chimique, dans mon ouvrage sur « les Origines de l'Ai-
chunie ».
Ces traités existent, comme je viens de le dire dans la Collec-
tion des Alchimistes grecs. Mais il est nécessaire d'en compléter
l'intelligence par des renseignements exacts, lesquels sont rela-
tifs, les uns aux signes particuliers employés par les auteurs et
par les copistes de ces traités ; les autres à l'origine et à la filia-
tion des manuscrits qui nous les ont transmis.
Les signes et notations alchimiques mont paru ne pouvoir
être reproduits avec précision que par la photogravure des pages
des principaux manuscrits qui les contiennent : l'un, le plus
ancien de tous(Ms. 299 de St-Marc, Venise), remonte au xi"^ siècle ;
l'autre (Ms. 2327 de la Bibliothèque Nationale de Paris) est du
xv" siècle. Je donne dans le présent volume huit planches, repro-
duisant ces signes et j"en présente la traduction et le com-
mentaire détaillé : commentaire qui complète sur certains
points le chapitre relatif aux relations des métaux et des planètes.
J'ai fait suivre ces figures d'un travail étendu sur les Manu-
scrits alchimiques et sur leur filiation : ce travail m'a paru néces-
saire pour fixer le degré de confiance que nous devons attacher
aux écrits qui nous apportent leur témoignage pour la connais-
sance des doctrines et des pratiques antiques.
J'ai réussi à les corroborer à divers égards par des documents
plus certains. En effet aux notions révélées par les écrits alchi-
miques j'ai pu joindre des renseignements positifs, que j'ai
tirés de l'étude et de l'analyse chimique directe de métaux et
minéraux provenant de la Chaldée, et spécialement des tablettes
trouvées dans un coff"re de pierre, sous les fondations du palais
de Sargon, à Khorsabad.
PREFACE Xj
Enfin, j'ai réuni sous le titre de Notices de Minéralogie, de
Métallurgie et diverses^ tout un ensemble de renseignements
extraits, les uns des auteurs anciens, tels que : Aristote, Théo-
phraste, Dioscoride, Vitruve, Strabon, Pline, Solin, etc. ; les
autres des auteurs du moyen âge, Arabes et Latins, et en parti-
culier de Geber, d'Avicenne, du Pseudo-Aristote, de Roger
Bacon; de l'Encyclopédie naturelle [Spéculum majus) de Vincent
de Beauvais (xiii'^ siècle) ; de l'Alchimie et du Traité des miné-
raux d'Albert le Grand (xiii' siècle) ; du Lexicon Alchemiœ de
Rulandus (1612), du Theatrum Chemicum (lôSg à 1661), de
laBibliot/ieca Chemica de Manget (1702), des Plinianœ exerci-
tationes de Saumaise (1689), du Dictionnaire de Chimie de
Macquer (1778), etc. Ces renseignements éclairent une multitude
de points dans les écrits des Alchimistes grecs et ils montrent
jusqu'à quel point leur tradition, pratique et théorique, sest con-
servée jusqu'aux temps modernes.
La seconde partie de la présente Introduction renferme une
suite de petites Notices sur la phosphorescence des pierres pré-
cieuses ; sur l'amalgamation des sables aurifères; sur l'origine
des Jioms du bronze et de l'antimoine ; sur l'arsenic métallique ;
sur la séparation de l'or et de l'argent, etc. Elle se termine
par une étude sur Stephanus et sur les compilations du Chré-
tien et de l'Anonyme^ étude qui complète Texamen des manus-
crits signalés plus haut.
On voit par ces détails quel est le caractère du présent
volume. Ce n'est pas un traité méthodique et complet sur les con-
naissances scientifiques des anciens ; traité dont le cadre eût été
plus vaste, mais moins original. J'ai préféré fournir des maté-
riaux exacts à ceux qui voudraient exposer cette histoire d'une
façon systématique, en leur oflfrant des renseignements plus limi-
XIJ PREFACE
tés, mais en même temps plus neufs et plus précis, sur un cer-
tain nombre de points particuliers. Quoique ce volume ait un
caractère propre, cependant je dois dire qu'il a été surtout écrit
dans le but de commenter et d'expliquer la Collection des Alchi-
mistes grecs : la plupart des chapitres qu'il contient en forment
pareillement, l'Introduction. Mais il a paru utile de les publier
séparément, à Tusage des savants qui n'ont pas le temps ou les
connaissances spéciales, nécessaires pour recourir au texte grec.
Le volume actuel renferme d'ailleurs plusieurs articles, dans
la seconde partie principalement, qui ne font pas partie de l'In-
troduction à la Collection des Alchimistes grecs.
En résumé, mes travaux sur les Alchimistes grecs se com-
posent de trois parties distinctes :
Un ouvrage historique et philosophique : les Origines de l'Al-
chimie ;
Une publication des textes, avec traduction : la Collection
des Alchitnistes grecs, c'est-à-dire les documents positifs sur
lesquels le précédent ouvrage est fondé ;
Enfin, une Introduction à la Chimie des anciens et du
moyen âge, formant le présent volume.
Je crois avoir pénétré la vieille énigme de l'Alchimie, objet
que je m'étais proposé en entreprenant une œuvre si pénible et
de si longue haleine : la peine que j'y ai consacrée me paraîtra
suffisamment récompensée^ si cette œuvre est jugée de quelque
utilité pour l'histoire positive des sciences et de l'esprit humain.
i5 décembre 1888.
M. BERTHELOT
INTRODUCTION
A L'ÉTUDE DE LA CHIMIE
DES ANCIENS ET DU MOYEN-AGE
PREMIERE PARTfE
LISTE
DES MÉMOIRES CONTENUS DANS l'iNTRODUCTION
I. — Les Papyrus de Lcidc.
II. — Relations entre les métaux et les planètes.
III. — La sphère de Démocrite et les médecins astrologues (figures).
IV. — Signes et notations alchimiques (planches).
V. — Figures d'appareils et autres.
VI. — Renseignements et notices sur quelques manuscrits.
VII. — Sur quelques métaux et minéraux provenant de l'antique Chaldée.
VIII. — Notices de Minéralogie, de Métallurgie et diverses.
M. BERTHELOT.
INTRODUCTION
1. — LES PAPYRUS DE LEIUE
Papyri GR.ECI musei antiquarii publici Lugduni Batavi..... edidit, interpretationem
latinam^ adnotationem, indices et tabulas addidit C. Leemans, Musei antiquarii
Lugduni Batavi Director. — PAPYRUS GRECS du musée d'antiquités de Leide,
édités, avec une traduction latine, notes, index et planches par C. Leemaks, direc-
teur du Musée. — Tome II, publié à Leide, au Muse'e et chez E. J. Brill. i8S5.
In-4'>, viii-3io pages; 4 planches. — Tiré à i5o exemplaires.
La Chimie des anciens nous est connue principalement par quelques
articles de Théophraste, de Dioscoride, de Vitruve et de Pline l'Ancien sur
la matière médicale, la minéralogie et la métallurgie ; seuls commentaires
que nous puissions Joindre jusqu'à présent à l'étude et à l'analyse des
bijoux, instruments, couleurs, émaux, vitrifications et produits céramiques
retrouvés dans les débris des civilisations antiques. L'Egypte en particulier,
si riche en objets de ce genre et qu'une tradition constante rattache aux
premières origines de l'Alchimie, c'est-à-dire de la vieille Chimie théorique
et philosophique ; l'Egypte, dis-je, ne nous a livré jusqu'ici aucun document
hiéroglyphique, relatif à l'art mystérieux des transformations de la matière.
Nous ne connaissons l'antique science d'Hermès, la Science sacrée par
excellence, que par les textes des alchimistes gréco-égyptiens ; source
suspecte, troublée dès les débuts et altérée par les imaginations mystiques
de plusieurs générations de rêveurs et de scoliastes.
C'est en Egypte cependant, je le répète, que l'Alchimie a pris naissance ;
c'est là que le rêve de la transmutation des Métaux apparaît d'abord et ii a
4 CHIMIE DES ANCIENS
obsédé les esprits Jusqu'au temps de Lavoisier. Le rôle qu^il a joué dans
les commencements de la Chimie, Tintérêt passionné qu'il a donné à ces
premières recherches dont notre science actuelle est sortie, méritent toute
l'attention du philosophe et de l'historien. Aussi devons-nous saluer avec
joie la découverte des textes authentiques que nous fournissent les papyrus
de Leide.
La publication de ce volume était réclamée depuis longtemps et atten-
due (i) avec impatience par les personnes qui s'intéressent à l'histoire des
sciences antiques, et le contenu du volume actuel, déjà connu par une
description sommaire de Reuvens (Lettres à M, Letronne, publiées à Leide
en i83o), paraissait de nature à piquer vivement la curiosité des archéo-
logues et des chimistes. En effet, Tun des principaux papyrus quiVy trouvent,
le papyrus X (p. 199 à 259 du volume actuel), est consacré à des recettes
de chimie et d'alchimie, au nombre de cent-une, suivies de dix articles
extraits de Dioscoride. C'est le manuscrit le plus ancien aujourd'hui connu,
où il soit question de semblables sujets : car il remonte à la fin du troisième
siècle de notre ère, d'après Reuvens et Leemans.
Ce serait donc là l'un de ces vieux livres d'Alchimie des Egyptiens sur
l'or et l'argent, brûlés par Dioclétien vers 290, « afin qu'ils ne pussent s'en-
richir par cet art et en tirer la source de richesses qui leur permissent de se
révolter contre les Romains. »
Cette destruction systématique nous est attestée par les chroniqueurs
byzantins et par les actes de saint Procope (2) ; elle est conforme à la pra-
tique du droit romain pour les livres magiques, pratique qui a amené
l'anéantissement de tant d'ouvrages scientifiques durant le moyen âge.
Heureusement que le papyrus de Leide y a été soustrait et qu'il nous
permet de comparer jusqu'à un certain point, et sur un texte absolument
authentique, les connaissances des Egyptiens du iii« siècle avec celles des
alchimistes gréco-égyptiens, dont les ouvrages sont arrivés jusqu'à nous
par des copies beaucoup plus modernes. Les unes et les autres sont liées
étroitement avec les renseignements fournis par Dioscoride, par Théo-
(i) Le premier volume avait paru en
1843.
(2) Voir mon ouvrage : Origines de
l'Alchimie^ p. 72. i885.
PAPYRUS DE LEIDE D
phraste et par Pline sur la minéralogie et la métallurgie des anciens; ce qui
paraît indiquer que plusieurs de ces recettes remontent aux débuts de l'ère
chrétienne. Elles sont peut-être même beaucoup plus anciennes, car les
procédés techniques se transmettent d'âge en âge. Leur comparaison avec
les notions aujourd'hui acquises sur les métaux égyptiens (i), d'une part,
et avec les descriptions alchimiques proprement dites, d'autre part,
confirme et précise mes inductions précédentes sur le passage entre ces
deux ordres de notions. Je me suis attaché à pénétrer plus profondément
ces textes, en faisant concourir à la fois les lumières tirées de l'histoire des
croyances mystiques des anciens et de leurs pratiques techniques, avec
celles que nous fournit la chimie actuelle : Je me proposais surtout d'y
rechercher des documents nouveaux sur l'origine des idées des alchimistes
relatives à la transmutation des métaux, idées qui semblent si étranges
aujourd'hui. Mon espoir n'a pas été trompé; Je crois, en effet, pouvoir
établir que l'étude de ces papyrus fait faire un pas à la question, en mon-
trant avec précision comment les espérances et les doctrines alchimiques
sur la transmutation des métaux précieux sont nées des pratiques des
orfèvres égyptiens pour les imiter et les falsifier.
Le nom même de l'un des plus vieux alchimistes, Phiménas ou Pam-
menès, se retrouve à la fois, dans le papyrus et dans le Pseudo-Démocrite,
comme celui de l'auieur de recettes à peu près identiques.
Étrange destinée de ces papyrus ! ce sont les carnets d'un artisan
faussaire et d'un magicien charlatan, conservés à Thèbes, probablement
dans un tombeau, ou, plus exactement, dans une momie. Après avoir
échappé par hasard aux destructions systématiques des Romains, à des
accidents de tout genre pendant quinze siècles, et, chose plus grave peut-
être, aux mutilations intéressées des fellahs marchands d'antiquités, ces
papyrus nous fournissent aujourd'hui un document sans pareil pour appré-
cier à la fois les procédés industriels des anciens pour fabriqueras alliages,
leur état psychologique et leurs préjugés mêmes relativement à la puis-
sance de l'homme sur la nature. La concordance presque absolue de ces
textes avec certains de ceux des alchimistes grecs vient. Je le répète,
(i) Origines de l'Alchimie, p. 211.
6 CHIMIE DES ANCIENS
appuyer par une preuve authentique ce que nous pouvions déjà induire
sur Torigine de ces derniers et sur Tépoque de leur composition. En
même temps la précision de certaines des recettes communes aux deux
ordres de documents, recettes applicables encore aujourd'hui et parfois
conformes à celles des Manuels Roret, opposée à la chimérique prétention
de faire de Tor, ajoute un nouvel ctonnement à notre esprit. Comment
nous rendre compte de l'état intellectuel et mental des hommes qui prati-
quaient ces recettes frauduleuses, destinées à tromper les autres par de
simples apparences, et qui avaient cependant fini par se faire illusion à
eux-mêmes, et par croire réaliser, à l'aide de quelque rite mystérieux, la
transformation effective de ces alliages semblables à l'or et à l'argent en un
or et en un argent véritables ?
Quoi qu^'il en soit, nous devons remercier vivement M. Leemans d'avoir
terminé sur ce point, avec un zèle que la vieillesse n''a pas épuisé, une
œuvre commencée dans son âge mûr, il y a quarante-deux ans. Elle fait
partie de la vaste publication des papyrus de Leide, poursuivie par lui
depuis près d'un demi-siècle. Les papyrus grecs n'en constituent d'ailleurs
qu'une partie relativement minime; ils viennent compléter les impressions
antérieures des papyrus grecs de Paris (i), de Turin et de Berlin (2). J'ai déjà
examiné ces derniers au point de vue chimique (3), ainsi que ceux de Leide,
d'après les seules indications de Reuvens (4). Il convient aujourd'hui de
procéder à une étude plus approfondie de ces derniers, à l'aide du texte
complet désormais publié : je ferai cette étude surtout au point de vue
chimique, sur lequel je puis apporter les lumières d'un spécialiste, réser-
vant la discussion philologique des textes à des savants plus compétents.
Rappelons d'abord l'origine des papyrus grecs du musée de Leide ; puis
nous décrirons sommairement les principaux écrits contenus dans le
tome II, tels que les papyrus 'V, W et X. A la vérité, les deux premiers
sont surtout magiques et gnostiques. Mais ces trois papyrus sont associés
(i) Tome XVIII, 1^ partie, des No- (2) Publié par Parthey, sous le patro-
tices et extraits des Manuscrits, etc., nage de l'Académie de Berlin.
publiés par l'Académie des inscriptions (3) Origines de l'Alchimie, p. 33 i.
(1866), volume préparé par Letronne, (4) Même ouvrage, p. 80-94.
Brunet de Presie et le regretté Egger.
PAPYRUS DE LEIDE y
entre eux étroitement, par le lieu où ils ont été trouvés et même par
certains renvois du papyrus X, purement alchimique, au papyrus V
spécialement magique. L^histoire de la magie et du gnosticisme est étroi-
tement liée à celle des origines de ralchimie : les textes actuels fournissent
à cet égard de nouvelles preuves à l'appui de ce que nous savions déjà (i).
Le dernier papyrus est spécialement chimique. J'en examinerai les recettes
avec plus de détail, en en donnant au besoin la traduction, autant que j'ai
pu réussir à la rendre intelligible.
Les papyrus de Leide, grecs, démotiques et hiéroglyphiques, pro-
viennent en majeure partie d'une collection d'antiquités égyptiennes,
réunies au commencement du xix^ siècle par le chevalier d'Anastasi, vice-
consul de Suàde à Alexandrie. Il céda en 1828 cette collection au gouver-
nement des Pays-Bas. Un grand nombre d'entre eux ont été publiés depuis,
par les ordres du gouvernement néerlandais. Je ne m'occuperai que des
papyrus grecs. Ils forment, je le répète, deux volumes in-40, l'un de
144 pages, l'autre de 3 10 pages : celui-ci a paru l'an dernier. Le texte grec y
est accompagné par une version latine, des notes et un index, enfin par des
planches représentant le fac-similé de quelques lignes ou pages des manus-
crits. En ce qui touche les planches, on doit regretter que M. Leemans
n'ait pas cru devoir faire cette reproduction, au moinspour le second volume,
par le procédé de la photo-gravure sur zinc, qui fournit à si bon marché
des textes si nets, absolument identiques avec les manuscrits et susceptibles
d'être tirés typographiquement d'une façon directe (2). Les planches litho-
graphiées des Papj^ri grœci sont beaucoup moins parfaites et ne donnent
qu'une idée incomplète de ces vieilles écritures, plus nettes en réalité,
ainsi que j'ai pu m'en assurer sur des épreuves photographiques que je dois
à l'obligeance de M. Révillout.
Le tome I, qui a paru en 1843, est consacré aux papyrus notés A, B, C,
jusqu'à V, papyrus relatifs à des procès et à des contrats, sauf deux, qui
décrivent des songes: ces papyrus sont curieux pour l'étude des mœurs et
du droit égyptien ; mais je ne m'y arrêterai pas, pour cause d'incompétence.
(I) Voir également : Origines de l'Ai- | (2) Voir les Signes et les XotJtions
chimie, p. 211. ) alchimiques, dans le présent volume.
8 CHIMIE DES ANCIENS
Je ne m'arrêterai pas non plus dans le tome II au papyrus Y, qui renferme
seulement un abécédaire, ni au papyrus Z, trouvé à Philoe, très postérieur
aux autres; car il a été écrit en Tannée 391 de notre ère, et renferme
la supplique d'Apion, « évéque de la légion qui tenait garnison à Syène,
Contre-Syène et Eléphantine » : cette supplique est adressée aux empereurs
Théodose et Valentinien, pour réclamer leur secours contre les incursions
et déprédations des barbares.
Décrivons au contraire avec soin les trois papyrus magiques et alchi-
miques.
PAPYRUS V
Le papyrus V est bilingue, grec et démotique; il est long de S"", 60, haut
de 24 centimètres; le texte démotique y occupe 22 colonnes, longues chacune
de 3o à 35 lignes. Le texte grec y occupe 17 colonnes de longueur inégale.
Le commencement et la tin sont perdus. Il paraît avoir été trouvé à
Thèbes, I' a été écrit vers le iii^ siècle, d'après le style et la forme de récri-
ture, comme d'après Tanalogiede son contenu avec les doctrines gnostiques
de Marcus. Le texte grec est peu soigné, rempli de répétitions, de solécismes,
de changements de cas, de fautes d'orthographe attribuables au mode de
prononciation locale, telles que at pour e et réciproquement; v. pour t,
u pour Cl, etc. Il contient des formules magiques : recettes pour philtres^
pour incantations et divinations, pour procurer des songes. Ces formules
sont remplies de mots barbares ou forgés à plaisir et analogues à celles que
l'on lit dans Jamblique (De Mysteriis Egjytiorum) et chez les gnostiques.
Donnons seulement l'incantation suivante, qui ne manque pas de grandeur.
Les portes du ciel sont ouvertes ;
Les portes de la terre sont ouvertes ;
La route de la mer est ouverte ;
La route des fleuves est ouverte ;
Mon esprit a été entendu par tous les dieux et les génies ;
Mon esprit a été entendu par l'esprit du ciel ;
Mon esprit a été entendu par l'esprit de la terre ;
Mon esprit a été entendu par l'esprit de la mer ;
Mon esprit a été entendu par l'esprit des fleuves.
PAPYRUS DE LEIDE 9
Ce texte rappelle le refrain d'une tablette cunéiforme, citée par F. Lenor-
mand dans son ouvrage sur la magie chez les Chaldéens.
Esprit du ciel, souviens-toi.
Esprit de la terre, souviens-toi.
Dans le papyrus actuel on retrouve la trace des vieilles doctrines e'gyp-
tiennes, défigurées par l'oubli oii elles commençaient à tomber. Les noms
juifs, tels que Jao, Sabaoth, Adonaï, Abraham, etc., celui de l'Abraxa, l'impor-
tance de l'anneau magique dontla pierre porte la figure du serpent qui se mord
la queue, anneau qui procure gloire, puissance etrichesse(i), le rôleprépon-
dérant attribué au nombre sept (2), « nombre des lettres du nom de Dieu,
suivan"- '.'harmonie des sept tons » , l'invocation du grand nom de Dieu (3), la
citation des quatre bases et des quatre vents : tout cela rappelle les gnosti-
ques et spécialement (4) les sectateurs de Marcus, au iii« siècle de notre ère.
Les pierres gravées de la Bibliothèque nationale de Paris portent de même
la figure du serpent ouroboros, avec les sept voyelles et divers signes caba-
listiques (5) du même ordre. Ce serpent joue d'ailleurs en Alchimie un rôle
fondamental. Le nom de Jésus ne paraît qu'une seule fois dans le papyrus,
au miliei June formule magiqu' (6) et sans attribution propre. Le papyrus
n'f donc point d'attaches chrétiennes. Par contre, les Egyptiens, les Grecs
et les Hébreux sont fréquemment rapprochés et mis en parallèle dans les
invocations (col. 8, '.. 1 5) : ce qui est caractéristique. Signalons aussi le nom
des Parthes (7), qui disparurent avant le milieu du iii« siècle de notre ère et
dont il n'est plus question ultérieurement ; il figure dans le papyrus V, aussi
bien que dan., 'un des écrits de l'alchimiste Zosime. Plusieurs auteurs sont
cités dans le :)apyrus, mais ils appartiennent au même genre de littérature.
Les uns, tels que Zminis le Tentyrite, Hémérius, Agathoclès et Urbicus,
sont des magiciens, inconnus ailleurs. Mais Apollo Béchès (Horus l'Eper-
vier ou Pébéchius), Ostanès, Démocrite et Moïse, lui-même, figurent déjà à
(i) Papyrus V, co'. 8, 1. 24; col. G, ! (4) Prp. V, col. ■^, '. i»o. 20, etc. —
1. 26.
(2) ^ap. V, col. I, 1. 21, i'5, 3o; col. 4,
1. i3; col. 8, 1. 6; col. 9, 1. 20, etc.
(3) Col. 5, 1. \3; col.^'S, 1. i3.
Origine, <.'e l'Alchimie, p. 34.
(3) Origine^ de l'Alchimie^ p. Ù2.
(6) Pnp. V, col. 6, 1. 17.
(7) Pap. V, col. ^N 1. iS.
10 CHIMIE DES ANCIENS
ce même titre dans Pline TAncien, et ils Jouent un grand rôle chez les
alchimistes. Au contraire, dans le papyrus, Agathodémon n'est pas encore
évhémérisé et transformé en un écrivain, comme chez ces derniers : c'est
toujours la divinité « au nom magique de laquelle la terre accourt, l'enfer
est troublé, les tleuves, la mer, les lacs, les fontaines, sont frappées de con-
gélation, les rochers se brisent ; celle dont le ciel est la tête, Tcther le corps,
la terre les pieds, et que l'Océan environne (pap. V, col. 7, 1. 3o). Il y a là
un indice d'antiquité plus grande.
Trois passages méritent une attention spéciale pour l'histoire de la
science; ce sont : la sphère de Démocrite, astrologico-médicale ; les noms
secrets donnés aux plantes par les scribes sacrés ; et les recettes alchi-
miques. Le mélange de ces notions, dans le même papyrus, avec les incan-
tations et recettes magiques, est caractéristique. Je consacrerai un article
spécial à la sphère de Démocrite et aux figures du même ordre qui existent
dans plusieurs manuscrits grecs.
Les noms sacrés des plantes donnent lieu à des rapprochements analo-
gues entre le papyrus, les écrits alchimiques et l'ouvrage, tout scientifique
d'ailleurs, de Dioscoride. Voici le texte du papyrus V (col. 12 fin et
col. i3).
« Interprétation tirée des noms sacrés dont se servaient les scribes sacrés,
afin de mettre en défaut la curiosité du vulgaire. Les plantes et les autres
choses dont ils se servaient pour les images des dieux ont été désignées par
eux de telle sorte que, faute de les comprendre, on faisait un travail vain, en
suivant une fausse route. Mais nous en avons tiré l'interprétation de beau-
coup de descriptions et renseignements cachés. »
Suivent 3/ noms de plantes, de minéraux, etc., les noms réels étant mis
en regard des noms mystiques. Ceux-ci sont tirés du sang, de la semence,
des larmes, de la bile, des excréments et des divers organes (tête, cœur, os,
queue, poils, etc.) des dieux égyptiens grécisés (Héphaistos ou Vulcain,
Hermès ou Mercure, Vesta, Hélios ou Soleil, Cronos ou Saturne, Hercule,
Ammon, Ares ou Mars) ; des animaux (serpent, ibis, cynocéphale, porc,
crocodile, lion, taureau, épervier), enfin de l'homme et de ses diverses
parties (tête, œil, épaule). La semence et le sang y reparaissent continuel-
lement : sang de serpent, sang d'Héphaistos, sang de Vesta, sang de
PAPYRUS DE LEIDE I t
l'œil, etc. ; semence de lion, semence d'Hermès, semence d'Ammon; os
d'ibis, os de médecin, etc. Or cette nomenclature bizarre se retrouve
dans Dioscoride. En décrivant les plantes et leurs usages dans sa Matière
médicale, il donne les synonymes des noms grecs en langue latine, égyp-
tienne, dacique, gauloise, etc., synonymie qui contient de précieux ren-
seignements. On y voit figurer, en outre, les noms tirés des ouvrages qui
portaient les noms d'Ostanès (i), de Zoroastre (2), de Pythagore (3), de
Pétésis (4), auteurs également cités par les alchimistes et par les Geoponica.
On y lit spécialement les noms donnés par les prophètes (5), c'est-à-dire
par les scribes sacerdotaux de l'Egypte : j'ai relevé 54 de ces noms, formés
précisément suivant les mêmes règles que les noms sacrés du papyrus :
sang de Mars, d'Hercule, d'Hermès, de Titan, d'homme, d'ibis, de chat,
de crocodile; sang de l'œil; semence d'Hercule, d'Hermès, de chat; œil
de Python ; queue de rat, de scorpion, d'ichneumon ; ongle de rat, d'ibis ;
larmes de Junon, etc.
Il existe encore dans la nomenclature botanique populaire plus d'un
nom de plante de cette espèce : œil de bœuf, dent de lion, langue de
chien, etc., lequel nom remonte peut-être jusqu'à ces vieilles dénomi-
nations symboliques (6). Le mot de sang dragon désigne aujourd'hui la
même drogue que du temps de Pline et de Dioscoride. Ces dénominations
offraient, dès l'origine, bien des variantes. Car, dans le papyrus comme
dans Dioscoride, un même nom s'applique parfois à deux ou à trois plantes
différentes. Ainsi le nom de semence d'Hercule désigne, dans les papyrus,
la roquette ; dans Discoride, le safran (I, 25), le myrte sylvestre (IV, 144)
et l'ellébore (IV, 148). Le sang de Cronos signifie l'huile de cèdre et le lait
de porc, dans le papyrus. D'autres noms ont une signification différente dans
le papyrus et dans Dioscoride, quoique unique dans chacun d'eux. Ainsi
la semence d'Hermès signifie l'anis dans le papyrus ; le bouphthalmon
(i) Diosc, Ma^ médicale, I, 9; II, 134; II, 144, \?2, i65, 180, etc.; III,
193, 207; III, io5; IV, 33, 126, 175. 6, 26, 28, etc.; IV, 4, 23, etc.
(2) Ibid., II, 144; IV, 175. (6) Cependant ces noms populaires
(3) Ibid., II, 144, 207; III, 33, 41. sont plutôt destinés à faire image. A ce
(^) Ibid., Y, 114. titre, ils auraient pu précéder la nomen-
(3) Diosc, Mat. méd., I, 9, 2 5, 120, clature symbolique et en suggérer l'idée
12
CHIMIE DES ANCIENS
dans Dioscoride (III, 146). Le sang de taureau signifie Tœuf du scarabée
dans le papyrus, le Marriibium dans Dioscoride (III, 109). Réciproque-
ment, une même plante peut avoir deux noms différents dans les deux au-
teurs. L'Artemisia s'appelle sang deVulcain dans le papyrus, sang humain
dans Dioscoride (III, 117). Un seul nom se trouve à la fois dans le papyrus
et dans Dioscoride, c'est celui de VAnagaîHs, désigné par le mot : sang de
l'œil.
On voit que les nomenclatures des botanistes d'alors ne variaient pas
moins que celles de notre temps, alors même qu'elles procédaient de con-
ventions symboliques communes, comme celles des prophètes égyptiens.
Quelques-uns de ces mots symboliques ont passé aux alchimistes, mais
avec un sens différent; tels sont les noms : semence de Vénus, pris pour
la fleur (oxyde, carbonate, etc.) de cuivre; bile de serpent, pris pour le mer-
cure, ou bien pour l'eau divine; éjaculation du serpent, pris pour le mer-
cure ; Osirîs (i), pris pour le plomb (ou le soufre); lait de la vache noire,
pris pour le mercure tiré du soufre (2); sang de moucheron, pris pour l'eau
d'alabastron; boue (ou lie) deVulcain, pour l'orge, etc.; toutes désignations
tirées du vieux lexique alchimique. Dans le papyrus et dans Dioscoride,
on trouve souvent les mêmes mots, mais avec une autre signification. Tout
ceci concourt à reconstituer le milieu intellectuel et les sources troublées
où a eu lieu l'éclosion des premières théories de la chimie.
Arrivons aux quelques notions de cette science dont le papyrus V con-
serve la trace. Elles se bornent à une recette d'encre, en une ligne (col. 12,
1. 16) et à un procédé pour affiner l'or (col. 6, 1. 18).
i" L'encre dont il s'agit est composée avec 4 drachmes de misy, 2 drach-
mes de couperose (verte), 2 drachmes de noix de galle, 3 drachmes de
gomme et 4 drachmes d'une substance inconnue, désignée par deux Z, dans
chacun desquels est engagé une petite lettre complémentaire. Un signe ana-
logue existe chez les alchimistes et les médecins et paraît signifier pour
eux le gingembre (voir plus loin le tableau des signes reproduit d'après une
photogravure) ; mais ce sens n'est pas applicable ici. Je crois qu'il s'agit de
(i) Dans Dioscoride, III, 80, c'est le
nom d'une plante.
(2) Lait d'une vache noire, au sens
propre, h ce qu'il semble. (Pap. W,
col. 3, 1. 43, et col. 4, 1. 4.)
PAPYRUS DE LEIDE
l3
Tencre mystique fabriquée avec les sept parfums (i) et les sept fleurs (2),
au moyen de laquelle on écrivait les formules magiques sur le nitre,
diaprés le papyrus suivant (pap. W, col. 6, 1. 5 ; col, 3, 1. 8 ; col. 9, 1. 10 ;
col. 10,1. 41) : en effet, la lettre Z exprime précisément le nombre sept,
et se retrouve, isolée, avec ce sens dans le même papyrus (col. 1 1, 1. 26 ;
V. aussi col. 6, 1. 5).
Cette composition rappelle, par sa complexité, celle du Kyphi, substance
sacrée (3) des Egyptiens.
2° Le procédé (4) pour affiner l'or ("Iwatç -/pjjij), (5), ne manque pas d'in-
térêt, il est cité d'ailleurs dans une préparation sur la coloration de l'or,
donnée dans le papyrus X alchimique ; ce qui établit la connexité des
deux papyrus. Ajoutons qu'il se trouve transcrit entre une formule pour
demander un songe (èv£'.p£-:r,Tdv) et la description d'un anneau magique qui
donne le bonheur; ce qui montre bien le milieu intellectuel d'alors: les
mêmes personnes pratiquaient la magie et la chimie. Enfin ce procédé ren-
ferme une recette intéressante, par sa ressemblance avec la méthode con-
nue sous le nom de cément royal, à l'aide de laquelle on séparait autre-
fois l'or et l'argent. Donnons d'abord la traduction de ce texte:
(i) Voici le texte même du Papyrus
W : « Les sept parfums sont ; le styrax
consacré à Saturne, le malabathrum à
Jupiter, le costus à Mars, l'encens au
soleil, le nard indien à Vénus, le casia
à Hermès, la myrrhe à la lune. »
(2) Voici le texte du papyrus W :
« Les sept fleurs, d'après Manéthon
(l'astrologue), sont: la marjolaine com-
mune, le lis, le lotus, Y Eriphyllium
(renoncule ?) le narcisse, la violette
blanche, la rose. » (Pap. W, col. i, 1.
22.) On les broie dans un mortier blanc
21 jours avant la cérémonie et on les
sèche à l'ombre.
(3) Origines de l'Alcli., p. 3o. Diosc.
Mat. méd.\ I, 24.
(4) Papyri grcvci, V, col. 6.
(3) Le mot "toi-.; a quatre sens : il
signifie :
i" L'opération de la rouille, c'est-à-
dire l'oxydation d'un métal ;
2" L'affinage du métal, lequel est
souvent connexe avec l'oxydation du
métal impur, celle-ci tendant h éli-
miner les métaux étrangers dont les
oxydes sont plus stables : ce qui est
le cas des métaux alliés à l'or dans la
nature ;
3'» La virulence, ou possession d'une
propriété active spécifique ; telle notam-
ment que celle que l'oxydation déve-
loppe dans certains métaux; mais avec
un sens plus comprehensif ;
4" Enfin la coloration en violet. Ce
dernier sens, qui se trouve chez les
alchimistes et qui répond parfois à la
formation de certains dérivés colorés de
l'or, n'est pas applicable ici.
14
CHIMIE DES ANCIENS
u Prenezdu vinaigrepiquant (i), épaississez, prenez de (2), 8 drachmes
de sel commun, 2 drachmes d'alun lamelleux (schiste), 4 drachmes de
litharge, broyez avec le vinaigre pendant 3 jours, séparez par décantation
et employez. Alors ajoutez au vinaigre i drachme de couperose, une demi-
obole de (3), trois oboles de chalcite (4), une obole et demie de sory (5),
une silique [6) de sel commun, deux siliques de sel de Cappadoce (7). Faites
une lame ayant deux quarts (d'obole?) Soumettez-la à l'action du feu... jus-
qu'à ce que la lame se rompe, ensuite prenez les morceaux et regardez-les
comme de l'or affiné.
« Ayant pris quatre paillettes (8) d'or, faites-en une lame, chauffez-la et
trempez-la dans de la couperose broyée avec de l'eau et avec une autre
(couperose) sèche, battez (une partie) avec la matière sèche, une autre
avec la matière mélangée; déversez la rouille et jetez dans »
Il y a là deux recettes distinctes. Dans toutes deux figure le sulfate
de cuivre plus ou moins ferrugineux, sous les noms de chalcanthon ou
couperose et de sory. La seconde recette semble un fragment mutilé d'une
formule plus étendue. La première présente une grande ressemblance
avec une formule donnée dans Pline pour préparer un remède avec l'or,
en communiquant aux objets torréfiés avec lui une propriété spécifique
active, désignée par Pline sous le nom de virus. Remarquons que ce mot
est la traduction littérale du grec îé;, rouille ou venin, d'où dérive twcrtç :
ce qui complète le rapprochement entre la formule de Pline et celle- du
papyrus. Voici les paroles de Pline [Hist. Nat., XXXIII, 25) :
« On torréfie l'or dans un'vase de terre, avec deux fois son poids de sel et
(i) Le texte porte optâou, qui n'a pas
de sens ; c'est op'.rrj qu'il faut lire.
(2) Lacune.
(3) I drachme — 6 oboles, mesure de
poids.
(4) Minerai de cuivre, tel que la pyrite.
(5) Produit de l'altération de la pyrite,
pouvant renfermer à la fois du sulfate
de cuivre et du sulfate de fer basique.
Le sory est congénère du misy, produit
d'altération analogue, mais moins riche
en cuivre. (V. Diosc. Alat. méd., V.
1 16-1 18 ; Pline, i/. A^., XXXIV, 3o, 3 1.
(6) Silique = tiers de l'obole, mesure
de poids.
(7) Variété de sel gemme.
(8) Le texte porte le mot oÇe-.a. Ce
mot ne se trouve pas dans les diction-
naires et a fort embarrassé M. Lee-
mans et Reuvens, qui y a vu le nom du
roi (ou du prophète) juif Osée. Je le
rattacherai à ôÇo;, nœud ou rameau. Il
répondrait au latin ramentum, si fré-
quent dans Pline.
PAPYRUS DE LEIDE
i5
trois fois son poids de misy (i) ; puis on répète Topération avec 2 parties de
sel et I partie de la pierre appele'e schiste (2). De cette façon, il donne des
propriétés actives aux substances chauffées avec lui, tout en demeurant pur
et intact. Le résidu est une cendre que l'on conserve dans un vase de terre. »
Pline ajoute que Ton emploie ce résiducomme remède. L'efficacitéde l'or,
le plus parfait dés corps, contre les maladies et contre les maléfices est un
vieux préjugé. De là, au moyen âge, l'idée de l'or potable. La préparation
indiquée par Pline devait contenir les métaux étrangers à l'or, sous forme
de chlorures ou d'oxychlorures. Renfermait-elle aussi un sel d'or ? A la ri-
gueur, il se pourrait que le chlorure de sodium, en présence des sels basi-
ques de peroxyde de fer, ou même du bioxyde de cuivre, dégageât du chlore,
susceptible d'attaquer l'or métallique ou allié, en formant du chlorure d'or,
ou plutôt un chlorure double de ce métal. Mais la chose n'est pas démon-
trée. En tous cas, l'or se trouve affiné dans l'opération précédente.
C'est en effet ce que montre la comparaison de ces textes avec l'exposi-
tion du procédé du départ par cémentation, donnée par Macquer {Diction-
naire de chimie, 1778). Il s'agit du problème, fort difficile, qui consiste à
séparer l'or de l'argent par voie sèche. On y parvient aujourd'hui aisément
par la voie humide, qui remonte au xvii^ siècle. Mais elle n'était pas connue
auparavant. Au moyen âge on opérait cette séparation soit au moyen du
cément royal, soit au moyen d'une sorte de coupellation, assez difficile à
réaliser, et où le soufre et l'antimoine remplaçaient le plomb.
Voici la description donnée par Macquer du cément royal, usité autrefois
dans la fabrication des monnaies. On prend 4 parties de briques pilées et
tamisées, i partie de vitriol vert, calciné au rouge, i partie de sel commun ;
on en fait une pâte ferme que l'on humecte avec de l'eau ou de l'urine.
On la stratifié avec des lames d'or minces, dans un pot de terre; on lutc
le couvercle et on chauffe à un feu modéré pendant vingt-quatre heures, en
prenant garde de fondre l'or. On répète au besoin l'opération.
(i) Le misy représente le produit de
l'oxydation lente des pyrites, renfer-
mant à la fois du sulfate de cuivre et
du sulfate de fer plus ou moins basique.
(Voir plus haut, page précéd., note 5).
(2) Le schiste do Pline signifie un
minerai divisible en lamelles: c'est tan-
tôt de l'alun, tantôt un minerai de ter
congcnèrc de l'hématite {Hist. n.if..
XXVI, 37).
i6
CHIMIE DES ANCIENS
En procédant ainsi, l'argent et les autres métaux se dissolvent dans le
chlorure de sodium, avec le concours de l'action oxydante et, par suite,
chlorurante, exercée par l'oxyde de fer dérivé du vitriol ; tandis que l'or
demeure inattaqué. Ce procédéétait même employé, d'après Macquer, parles
orfèvres, qui ménageaient l'action, de façon à changer la surface d'un bijou
en or pur, tandis que la masse centrale demeurait à bas titre.
Il est facile de reconnaître la similitude de ce procédé avec la recette de
Pline etavec celle du papyrus égyptien. Geber, Albert le Grand (pseudonyme)
et les chimistes du moyen âge en ont gardé constamment la tradition.
PAPYRUS W
Passons au papyrus W, qui fournit plus spécialement des lumières sur
les relations entre la magie et le gnosticisme juif. 11 est formé de 7 feuillets
et demi, haut de ©'",27, large de o°',32. Il renferme 25 pages de texte en let-
tres onciales, quelques-unes cursives, chacune de ces pages a de 52à 3i lignes,
parfois moins. Il remonte au iii^ siècle et se rattache fort étroitement aux doc-
trinesde Marcus et des Carpocratiens(i). Il esttiréprincipalementdesouvra-
ges apocryphes de Moïse, écrits à cette époque; il cite, parmi ces ouvrages, la
Monade, le Livre secret, la C le/ {2) ^le Livre des Archanges, \q Livre lunaire,
peut-être aussi un Livre sur la loi, le 5^ livre des Ptolémaïques, le livre
Panarètos (3) : ces derniers donnés sans nom d'auteur. Tous ces ouvrages
sont congénères et probablement contemporains delà Chimie domestique de
Moïse, dont j'ai retrouvé des fragments étendus dans les alchimistes grecs (4)
(i) Matler, Hist. du gnosticisme,!. II,
p. 265.
(2) On attribuait à Hermès un ou-
vrage du même titre, Kkdç, adressé à
Toth,et cité par Lactance et par Stobée.
(3) Un ouvrage du même titre, attri-
bué à Hermès Trismégiste, est cité par
Scaliger, dans son édition de Manz7ù/5,
p. 209. Il y était question des sept
« sorts » répondant aux sept planètes,
savoir :
0'. k-îZTX y.kfipsi èv t^ Ilavapsto) TptJ-
Saturne : vE'jiea'.;.
Jupiter : vi'/.t].
Mars : TdX;j.a.
Soleil : àyaûo5a:tjL(ov.
Vénus : Ëpw;.
Mercure : âva-pcr).
Lune : àyaOr) Tjyri.
(4) Origines de l'Alchimie, p. 55, i23,
171.
PAPYRUS DE LEIDE I7
ainsi que des écrits de Moïse le magicien cité dans Pline (i): c'estla même
famille d'apocryphes. Lemanuscritactuel est, d'ailleurs, rempli de solécismes
et de fautes d'orthographe, attestant l'ignorance des copistes égyptiens. On
y cite Hermès Ptéryx, Zoroastre le Persan, Tphé l'hiérogrammate, auteur
d'un livre adressé au roi Ochus, Manéthon l'astrologue, le même sans doute
que celui dont nous possédons un poème, les mémoires d'Evenus, Orphée
le théologien. Érotyle, dans ses Orphiques. Les noms d'Orphée et d'Éro-
tyle se retrouvent aussi chez les alchimistes grecs. Le nom du second, cité
aussi par Zosime, a été d'ailleurs méconnu et pris pour celui d'un instru-
mentchimique; sa reproduction dans le Papyrus W (Pa;y^rf, t. II, p. 254) en
fixe le sens définitif. Toth (t. II, p. io3) et l'étoile du chien(II, 109-11 5) rap-
pellent la vieille Egypte. Les noms d'Abraham, Isaac, Jacob, Michel
(t. II, p. 144-153), celui des deux Chérubins (t. Il, p. 101I, l'intervention du
temple de Jérusalem (t. II, p. 99), montrent les affinités Juives de l'auteur.
Apollon et le serpent Pythien (II, 88) manifestent le mélange de traditions
grecques, aussi bien que dans les papyrus de Berlin et chez les alchi-
mistes (2). Ces affinités sont en même temps gnostiques. C'est ici le lieu de
rappeler que les Marcosiens avaient composé un nombre immense d'ou-
vrages apocryphes, d'après Irénée {Hérésies, I, 17). Letitre même énoncé
à la première ligne du papyrus: « livre sacré appelé Monas, le huitième de
Moïse, sur le nom saint », est tout à fait conforme aux doctrines des Car-
pocratiens, pour lesquels Monas était le grand Dieu ignoré (3). Le grand nom
ou le saint nom possède des vertus magiques [Papyri, t. II, p. 99); il rend
invisible, il attire la femme vers l'homme, il chasse le démon, il guérit les
convulsions, il arrête les serpents, il calme la colère des rois, etc. Le saint
nom est appelé aussi Ogdoade [Papyri, t. II, p. 141) et formé de sept
voyelles, la monas complétant le nombre huit. Le nombre sept joue ici, comme
dans toute cette littérature, un rôle prépondérant: il est subordonné à celui
des planètes divines, à chacune desquelles est consacrée une plante et un
parfum spécial {Tapyri, t. II, p. 33 ; voir ci-dessus les notes de la p. i3).
Sans nous arrêter aux formules d'incantation et de conjuration, farcies
(i) H., N., XXX. 2. j (3) Matter, Hist. du gnosticisme,
(2) Origines de l'Alchimie, p. 333. | t. II, p. 265.
l8 CHIMIE DES ANCIENS
de mots barbares, nous pouvons relever, au point de vue des analogies
historiques, la mention du serpent qui se mord la queue et celle des sept
voyelles entourant la figure du crocodile à tête d'épervier, sur lequel se
tient le Dieu polymorphe [Papyri, t. II, p. 85). C'est encore là une figure
toute pareille à celles qui sont tracées sur les pierres gravées de la Biblio-
thèque nationale. [Origines de ralchwiie, p. 62).
Citons aussi la mention de l'Agathodémon ou serpent divin : « le ciel
est ta tête, l'éther ton corps, la terre tes pieds, et l'eau t'environne ; tu es
l'Océan qui engendre tout bien et nourrit la terre habitée. »
J'y relève, en passant, quelques mots chimiques pris dans un sens inac-
coutumé : tel est le « nitre tétragonal )i (p. 85), sur lequel on doit écrire des
dessins et des formules compliquées. Ce n'était assurément pas notre
salpêtre, ni notre carbonate de soude, qui ne se prêteraient guère à de pa-
reilles opérations. Le sulfate de soude fournirait peut-être des lames suffi-
santes; mais il est plus probable qu'il s'agit ici d'un sel insoluble, suffisam-
ment dur, tel que le carbonate de chaux (spath calcaire), ou le sulfate de
chaux, peut-être le feldspath : car il est question plus loin de lécher et de
laver deux de ses faces (P^jy^rf, t. II, p. 91 ) ; ilyalàune énigme. Sur ce nitre,
on écrit avec une encre faite des sept fleurs et des sept aromates {Papyri,
t. II, p. 90, 99). On doit y peindre une « stèle » sacrée renfermant l'invoca-
tion suivante :
« Je t'invoque, toi, le plus puissant des dieux, qui as tout créé ; toi, né de
toi-même, qui vois tout, sans pouvoir être vu. Tu as donné au soleil la
gloire et la puissance. A ton apparition, le monde a existé et la lumière a
paru. Tout t'est soumis, mais aucun des dieux ne peut voir ta forme, parce
que tu te transformes dans toutes Je t'invoque sous le nom que tu pos-
sèdes dans la langue des oiseaux, dans celle des hiéroglyphes, dans celle
des Juifs, dans celle des Egyptiens, dans celle des cynocéphales dans
celle des éperviers, dans la langue hiératique »
Ces divers langages mystiques reparaissent un peu plus loin, après une
invocation à Hermès et en tête d'un récit gnostique de la création, récit que
je reproduis en l'abrégeant, afin de donner une idée plus complète de ce
genre de littérature qui a eu un rôle historique si considérable.
a Le Dieu aux neufs formes te salue en langage hiératique... et ajoute :
PAPYRUS DE LEIDE I9
je te précède, Seigneur. Ce disant, il applaudit trois fois. Dieu rit : cha,
cha, cha, cha, cha, cha, cha (sept fois), et Dieu ayant ri, naquirent les sept
dieux qui comprennent le monde ; car ce sont eux qui apparurent d'abord.
Lorsqu'il eut éclaté de rire, la lumière parut et éclaira tout; carie Dieu
naissait sur le monde et sur le feu. Bessun, berithen, berio.
« Il éclata de rire pour la seconde fois : tout était eau. La terre, ayant
entendu le son, s'écria, se courba, et l'eau se trouva partagée en trois. Le
Dieu apparut, celui qui est préposé à l'abîme; sans lui l'eau ne peut ni
croître, ni diminuer. »
Au troisième éclat de rire de Dieu, apparaît Hermès; au cinquième, le
Destin, tenant une balance et figurant la Justice. Son nom signifie la bar-
que de la révolution céleste : autre réminiscence de la vieille mythologie
égyptienne. Puis vient la querelle d'Hermès et du Destin, réclamant chacun
pour soi la Justice. Au septième rire, l'âme naît, puis le serpent Pythien,
qui prévoit tout (i).
J'ai cité, en l'abrégeant, tout ce travestissement gnostique du récit biblique
des sept jours de la création, afin d'en montrer la grande ressemblance avec
la Pistis Sophia et les textes congénères, et pour mettre en évidence le
milieu dans lequel vivaient et pensaient les premiers alchimistes.
PAPYRUS X
Nous allons maintenant examiner le papyrus X, le plus spécialement
chimique : il témoigne d'une science des alliages et colorations métalliques
fort subtile et fort avancée, science qui avait pour but la fabrication et
la falsification des matières d'or et d'argent : à cet égard, il ouvre des jours
nouveaux sur l'origine de l'idée de la transmutation des métaux. Non seu-
lement l'idée est analogue; mais les pratiques exposées dans ce papyrus
sontles mêmes, comme je l'établirai, que celles des plus vieux alchimistes,
tels que le Pseudo-Démocrite, Zosime, Olympiodore, le Pseudo-Moïse.
Cette démonstration est de la plus haute importance pour l'étude des ori-
(ij Voir plus haut (p. iG, note 3) les sept /.Xfipo;, tires tiu livre Paiurctos.
20 CHIMIE DES ANCIENS
gines de ralchimie. Elle prouve en effet que ces origines ne sont pas fon-
dées sur des imaginations purement chimériques, comme on l'a cru quel-
quefois ; mais elles reposaient sur des pratiques positives et des expériences
véritables, à l'aide desquelles on fabriquait des imitations d'or et d'argent.
Tantôt le fabricant se bornait à tromper le public, sans se faire illusion sur
ses procédés ; c'est le cas de l'auteur des recettes du papyrus. Tantôt, au
contraire, il ajoutait à son art l'emploi des formules magiques ou des prières,
et il devenait dupe de sa propre industrie.
Les définitions du mot ^^ or », dans le lexique alchimique grec qui fait
partie des vieux manuscrits, sont très caractéristiques : elles sont au nombre
de trois, que voici:
« On appelle or le blanc, le sec et le jaune et les matières dorées, à l'aide
desquelles on fabrique les teintures solides; »
Et ceci : « L'or, c'est la pyrite, et la cadmie et le soufre ; »
Ou bien encore : « L'or, ce sont tous les fragments et lamelles jaunis et
divisés et amenés à perfection. »
On voit que le mot «or», pour les alchimistes comme pour les orfèvres des
papyrus de Leide, et j'ajouterai même, à certains égards, pour les orfèvres et
les peintres d'aujourd'hui, avait un sens complexe : il servait à exprimer
l'or vrai d'abord, puis l'or à bas titre, les alliages à teinte dorée, tout objet
doré à la surface, enfin toute matière couleur d'or, naturelle ou artificielle.
Une certaine confusion analogue règne même de nos jours, dans le langage
courant ; mais elle n'atteint pas le fond des idées, comme elle le fit autre-
fois. Cette extension delà signification des mots était en effet commune chez
les anciens ; le nom de Témeraude et celui du saphir, par exemple, étaient
appliqués par les Egyptiens aux pierres précieuses et vitrifications les plus
diverses (i). De même que l'on imitait l'émeraude et le saphir naturels, on
imitait l'or et l'argent. En raison des notions fort confuses que l'on avait
alors sur la constitution de la matière, on crut pouvoir aller plus loin et on
s'imagina y parvenir par des artifices mystérieux. Mais, pour atteindre le
but, il fallait mettre en œuvre les actions lentes de la nature et celles dun
pouvoir surnaturel.
(i) Origines de l'Alchimie, p. 218.
PAPYRUS DE LEIDE 21
« Apprends, ô ami des Muses, dit Olympiodore, auteur alchimique du
a commencement du v^ siècle de notre ère, apprends ce que signifie le mot
« économie ( i ) et ne vas pas croire, comme le font quelques-uns, que l'action
« manuelle seule est suffisante : non, il faut encore celle de la nature, et une
« action supérieure à l'homme. »
Et ailleurs: « Pour que la composition se réalise exactement, dit Zosime;
« demandez par vos prières à Dieu de vous enseigner, car les hommes ne
a transmettent pas la science; ils se jalousent les uns les autres, et l'on ne
X trouve pas la voie Le démon Ophiuchus entrave notre recherche, ram-
« pant de tous côtés et amenant tantôt des négligences, tantôt la crainte,
" tantôt l'imprévu, en d'autres occasions les afflictions et les châtiments, afin
a de nous faire abandonner l'œuvre. »
De là la nécessité de faire intervenir les prières et les formules magi-
ques, soit pour conjurer les démons ennemis, soit pour se concilier la
divinité.
Tel était le milieu scientifique et moral au sein duquel les croyances à la
transmutation des métaux se sont développées : il importait de le rappeler.
Mais il est du plus haut intérêt, à mon avis, de constater quelles étaient
les pratiques réelles, les manipulations positives des opérateurs. Or ces pra-
tiques nous sont révélées par le papyrus de Leide, sous la forme la plus
claire et en concordance avec les recettes du Pseudo-Démocrite et d'Olym-
piodore. Nous sommes ainsi conduits à étudier avec détail les recettes du
papyrus, qui contient la forme première de tous ces procédés et doctrines.
Dans le Pseudo-Démocrite, et plus encore dans Zosime, elles sont déjà com-
pliquées par des imaginations mystiques ; puis sont venus les commenta-
teurs, qui ont amplifié de plus en plus la partie mystique, en obscurcissant
ou éliminant la partie pratique, à la connaissance exacte de laquelle ils
étaient souvent étrangers. Les plus vieux textes, comme il arrive souvent,
sont ici les plus clairs.
Donnons d'abord ce que l'on sait sur l'origine de ce papyrus, ainsi que sa
description. Le papyrus X a été trouvé à Thèbes, sans doute avec les deux
précédents; car la recette i5 qui s'y trouve s'en réfère au procédé d'affinage
(i) Il s'agit du traitement mis en pratique pour fabriquer l'or.
22 CHIMIE DES ANCIENS
de l'or cité dans le papyrus V (v. plus haut, p. i3). Il est formé de dix
grandes feuilles, hautes de ©'"Bo, larges de o™34, plices en deux dans le
sens de la largeur. Il contient seize pages d'écriture, de vingt-huit à qua-
rante-sept lignes, en majuscules de la lin du m* siècle. Il renferme soixante-
quinze formules de métallurgie, destinées à composer des alliages, en vue
de la fabrication des coupes, vases, images et autres objets d'orfèvrerie ; à
souder ou à colorer superficiellement les métaux; à enessayerlapureté, etc.;
formules disposées sans ordre et avec de nombreuses répétitions. Il y a
en outre quinze formules pour faire des lettres d'or ou d'argent, sujet
connexe avec le précédent. Le tout ressemble singulièrement au carnet de
travail d'un orfèvre, opérant tantôt sur les métaux purs, tantôt sur les mé-
taux alliés ou falsifiés. Ces textes sont remplis d'idiotismes, de fautes d'or-
thographe et de fautes de grammaire : c'est bien là la langue pratique d'un
artisan. Ils offrent d'ailleurs le cachet d'une grande sincérité, sans ombre
de charlatanisme, malgré l'improbité professionnelle des recettes. Puis vien-
nent onze recettes pour teindre les étoffes en couleur pourpre, ou en couleur
glauque. Le papyrus se termine par dix articles tirés de la Matière médi-
cale de Dioscoride, relatifs aux minéraux mis en œuvre dans les recettes
précédentes.
On voit par cette cnumération que le même opérateur pratiquait l'or-
fèvrerie et la teinture des étoffes précieuses. Mais il semble étranger à la
fabrication des émaux, vitrifications, pierres précieuses artificielles. Du
moins aucune mention n'en est faite dans ces recettes, quoique le sujet
soit longuement traité dans les écrits des alchimistes. Le papyrus X ne
s'occupe d'ailleurs que des objets d'orfèvrerie fabriqués avec les métaux
précieux; les armes, les outils et autres gros ustensiles, ainsi que les
alliages correspondants, ne figurent pas ici.
Les recettes relatives aux métaux sont inscrites sans ordre, à la suite les
unes des autres. Cherchons-en d'abord les caractères généraux.
En les examinant de plus près, on reconnaît qu'elles ont été tirées de
divers ouvrages ou traditions. En effet, les unités auxquelles se rappor-
tent ces compositions métalliques sont différentes, quoique spéciales pour
chaque recette. L'écrivain y parle tantôt de mesures précises, telles que les
mines, statères, drachmes, etc. (le mot drachme ou le mot statère étant
PAPYRUS DE LEIDE 23
employé de préférence) ; tantôt il se sert du mot partie ; tantôt enfin du
mot mesure.
La teinture des métaux est désignée par plusieurs mots distincts :
y^puaiou xpwctç, teinture en or ;
àpyùpo'j ypÙGiùaiq, dorure de l'argent;
5(aXxou y^p\)ao(f(x^ouq zotYjaiç, coloration (superficielle) du cuivre en or.
;(p(ai<;, coloration par enduits ou vernis.
)jpucou xaTa6açiq ; il s'agit d'une teinture en or, superficielle et opérée
par voie humide.
âoT^iIxou xaTaêafYJ ; cette fois c'est une teinture en argent, ou plutôt
en asèm, faite à chaud, avec trempe.
Nous avons affaire, je le répète, à plusieurs collections de recettes de
dates et d'origines diverses, mises bout à bout. C'est ce que confirment les
répétitions qu'on y rencontre.
Ainsi, la même recette pour préparer ïasèm (i) fusible (amalgame de
cuivre et d'étain) reparaît trois fois. L'asèm, dans une formule où il est
spécialement regardé comme un amalgame d'étain, figure deux fois avec
de légères variantes ; la coloration en asèm, deux fois ; la coloration du
cuivre en or à l'aide du cumin, trois fois; la dorure apparente, à l'aide
de la chélidoine et du misy, deux fois ; récriture en lettres d'or, à l'aide
de feuilles d'or et de gomme, deux fois. D'autres recettes sont repro-
duites, une fois en abrégé, une autre fois avec développement : par
exemple, la préparation de la soudure d'or, l'écriture en lettres d'or au
moyen d'un amalgame de ce métal, la môme écriture au moyen du soufre
et du corps appelé alun. En discutant déplus près ces répétitions, on pour-
rait essayer de reconstituer les recueils originels, si ce travail semblait
avoir quelque intérêt.
Les recettes mêmes offrent une grande diversité dans le mode de rédac-
tion : les unes sont les descriptions minutieuses de certaines opérations,
mélanges et décapages, fontes successives, avec emploi de fondants divers.
Dans d'autres, les proportions seules des métaux primitifs figurent, avec
(l) Voir plus loin ces diverses recettes.
24 CHIMIE DES ANCIENS
l'énoncé sommaire des opérations, les fondants eux-mêmes étant omis. Par
exemple (pap. X, col. i, 1. 5), on lit : le plomb et l'étain sont purifiés par
la poix et le bitume; ils sont rendus solides par l'alun, le sel de Gappadoce
et la pierre de Magnésie jetés à la surface. Dans certaines recettes on n'in-
dique que les proportions des ingrédients, et sans qu'il soit fait mention des
opérations auxquelles ils sont destinés. Ainsi :
a Asèm fusible (col. 2, 1. 14) : cuivre de Chypre, une mine ; étain en
baguettes, une mine ; pierre de Magnésie, seize drachmes ; mercure, huit
drachmes ; pierre de Paros, vingt drachmes. »
Parfois même l'auteur se borne à donner la proportion de quelques-
uns des produits seulement: « Pour écrire en lettres d'or (col. 6, 1. i):
litharge couleur d'or une partie, alun deux parties. »
Ceci ressemble beaucoup à des notes de praticiens, destinées à conserver
seulement le souvenir d'un point essentiel, le reste étant confié à la mémoire.
Les recettes finales : asèm égyptien, d'après Phiménas le Saïte ; eau
de soufre ; dilution de Vasèm, etc.; ont au contraire un caractère de com-
plication spéciale qui rappelle les alchimistes ; aussi bien que les signes
planétaires de l'or et de l'argent, inscrits dans la dernière.
Deux questions générales se présentent encore, avant d'aborder l'étude
détaillée de ces textes : celle des auteurs cités et celle des signes ou abré-
viations. Un seul auteur est nommé dans le papyrus X, sous le titre :
Procédé de Phiménas le Saïte pour préparer Vasèm égyptien (col. 1 1, 1. i5).
Ce nom paraît le même que celui de Pamménès, prétendu précepteur
de Démocrite, cité par Georges le Syncelle, et qui figure dans les textes
alchimistes de nos manuscrits (i). Ce nom s'écrit aussi Paménasis et Pa-
ménas, peut-être même Phaminis : dévoué au dieu Mendès ; dévoué au
roi Menas (2). Le rapprochement entre Phiménas et Pamménès doit être
regardé comme certain : attendu que la dernière des deux recettes don-
nées sous le nom de Phiménas dans le papyrus se trouve presque sans
changement dans le Pseudo-Démocrite, parmi des recettes attribuées
pareillement à l'Egyptien Pamménès : j'y reviendrai.
(1) Origines de l'Alchimie, p. 170. ! peut en rapprocher le nom grécisé de
(2) Papyri grceci, t. II, p. 2 5o. On | Ménodore.
PAPYRUS DE LEIDE
25
Il y a quelque intérêt à comparer les signes et abréviations du papyrus
avec les signes des alchimistes. Je note d'abord le signe de l'or (col. 12,
1. 20), qui est le même que le signe astronomique du soleil, précisément
comme chez les alchimistes : c'est le plus vieil exemple connu de cette
identification. A côté figure le signe lunaire de l'argent (i). Ces notations
symboliques ne s'étendent pas encore aux autres métaux. On trouve aussi
dans le papyrus (col. 9, 1. 42 et 44) un signe en forme de pointe de flèche,
à la suite des mots Oetou aTcùpou (soufre apyre) : ce signe est pareil à celui
qui désigne le fer, ou, dans certains cas, répété deux fois, les pierres, dans
les écrits alchimiques (2). Dans le papyrus il semble qu'il exprime une
mesure de poids. Les autres signes sont surtout des abréviations techniques,
parmi lesquelles je note celle de l'alun lamelleux G-'jT.-r,pix ^y}'^~h : l'une
d'elles en particulier (pap. X, col. 6, 1. 19) est toute pareille à celle des alchi-
mistes (3) . Les noms des mesures sont abrégés ou remplacés par des signes,
conformément à un usage qui existe encore de notre temps dans les recettes
techniques de la pharmacie.
11 convient d'entrer maintenant dans l'examen détaillé des cent onze arti-
cles du papyrus : articles relatifs aux métaux, au nombre de quatre-vingt-dix,
dont un sur l'eau divine ; articles sur la teinture en pourpre, au nombre de
onze ; enfin dix articles extraits de Dioscoride. La traduction complète des
articles sur les métaux va être donnée et suivie d'un commentaire; mais
je ne m'arrêterai guère sur les procédés de teinture proprement dite, fondés
principalement sur l'emploi de l'orcanette et de l'orseiile, procédés dont
quelques-uns sont à peine indiqués en une ligne: comme si l'écrivain avait
copié des lambeaux d'un texte qu'il ne comprenait pas. D'autres sont plus
complets. Le tout est du même ordre que la recette de teinture en pourpre
(i) Le signe de l'or est absolument aussi par L«ji<.7 ,• mais il n'a pas compris
certain. Quant à celui de l'argent, qu'il s'agissait ici de lor et de l'argent.
M. Leemans a pris ce signe pour un [1) Voir les photogravures que je
B : il est assez mal dessiné, comme le reproduis plus loin dans le présent
montre la photographie que je possède; volume: Planche 1, 1. 21 ; PI. II, 1. 3;
mais le texte ne me paraît pas suscep- PI. IV, I. 2 5; PI. VIII, 1. 23.
tible d'une autre interprétation. M. Lee- (3) Ibid., PI. 11,1. 5 adroite; PI. IV»
mansdanssesnotes(t.Il,p.257)letraduit 1. 21.
26 CHIMIE DES ANCIENS
du Pseudo-Démocrite, contenue dans les manuscrits alchimiques et dont
j'ai publié naguère le texte et la traduction.
J'ai collaiionné avec soin les dix articles extraits de Dioscoride, tous
relatifs à des minéraux employés dans les recettes, et qui donnent la mesure
des connaissances minéralogiques de l'auteur du papyrus. Ils concernent
les corps suivants:
Arsenic (notre orpiment) ;
Sandaraque (notre réalgar) ;
Misy (sulfate basique de fer, mêlé de sulfate de cuivre) ;
Cadmie (oxyde de zinc impur, mêlé d'oxyde de cuivre, voire même d'oxyde
de plomb, d'oxyde d'antimoine, d'acide arsénieux, etc) ;
Soudure d'or ou chrysocolle (signifiant à la fois un alliage d'or et d'argent
ou de plomb, ou bien la malachite et divers corps congénères) ;
Rubrique de Sinope (vermillon, ou minium, ou sanguine);
Alun (notre alun et divers autres corps astringents) ;
Natron [nitrum des anciens, notre carbonate de soude, parfois aussi le
sulfate de soude) ;
Cinabre (notre minium et aussi notre sulfure de mercure) ;
Enfin Mercure.
Le texte du papyrus sur ces divers points est, en somme, le même que
le texte des manuscrits connus de Dioscoride (édition Sprengel, 1829); à
cela près que l'auteur du papyrus a supprimé les vertus thérapeutiques des
minerais, le détail des préparations et souvent celui des provenances. Ces
suppressions, celle des propriétés médicales en particulier, sont évidem-
ment systématiques.
Quant aux variantes de détail, elles sont nombreuses ; mais la plupart
n'ont d'intérêt que pour les grammairiens ou pour les éditeurs de Dios-
coride.
Je note seulement que, dans l'article Cinabre^ l'auteur du papyrus
distingue sous le nom de minium le cinabre d'Espagne ; tandis que
Sprengel a adopté la variante ammion (sable ou minerai) : cette confusion
entre le nom du cinabre et celui du minium existe aussi dans Pline et
ailleurs.
L'article Mercure donne lieu à des remarques plus importantes. On y
PAPYRUS DE LEIDE 27
trouve dans le papyrus, comme dans le texte de l'édition classique de
Sprengel, le mot <x[j.6'.^ désignant le couvercle d'un vase, couvercle à la
face inférieure duquel se condensent les vapeurs du mercure sublimé (aleàXï)) :
ce même mot, Joint à l'article arabe al, a produit le nom alambic. On voit
que l'ambix est le chapiteau d'aujourd'hui. L'alambic proprement dit et
l'aludel, instrument plus voisin encore de l'appareil précédent, sont d'ailleurs
décrits dans les alchimistes grecs : ils étaient donc connus dès le iv« ou
V* siècle de notre ère.
Il manque à l'article Mercure du papyrus une phrase célèbre que Hœfer,
dans son Histoire de la chimie (t, I, p. 149, 2^ édition) avait traduite
dans un sens alchimique : « Quelques-uns pensent que le mercure existe
essentiellement et comme partie constituante des métaux. » "Ev.o'. §à îjto-
poljjt y.a\ y.aô ' la-jTYjv èv loXç \j,z-:ikXo'.q £0p''ff/,ec76a' ty;v ûSpapyjpcv, J'avais
d'abord adopté cette interprétation de Hœfer : mais en y pensant davantage,
je crois que cette phrase signifie seulement : « quelques-uns rapportent que
le mercure existe à l'état natif dans les mines. » En effet le mot [j.i-xWx a le
double sens de métaux et de mines, et ce dernier est ici plus naturel. En
tous cas la phrase manque dans le papyrus : soit que le copiste l'ait sup-
primée pour abréger ; soit qu'elle n'existât pas alors dans les manuscrits,
ayant été intercalée plus tard par quelque annotateur.
Une autre variante n'est pas sans intérêt, au point de vue de la discus-
sion des textes, dans l'article Mercure. Le texte donné par Sprengel porte :
(i on garde le mercure dans des vases de verre, ou de plomb, ou d'étain, ou
d'argent ; car il ronge toute autre matière et s'écoule. » La mention du verre
est exacte ; mais celle des vases de plomb, d'étain, d'argent est absurde ;
car ce sont précisément ces métaux que le mercure attaque : elle n'a pu
être ajoutée que par un commentateur ignorant. Or le papyrus démontre
qu'il en est réellement ain^i : car il parle seulement des vases de verre,
sans faire mention des vases métalliques. Zosime insiste aussi sur ce
point.
On sait que l'on transporte aujourd'hui le mercure dans des vases de fer,
dont l'emploi ne paraît pas avoir été connu des anciens.
Venons à la partie vraiment originale du papyrus.
Je vais présenter d'abord la traduction des articles relatifs aux métaux, au
28 CHIMIE DES ANCIENS
nombre de quatre-vingt-dix, dont un article sur l'eau de soufre ou eau
divine; et celle des articles sur la teinture, au nombre de onze; puis j'en
commenterai les points les plus importants (i).
TRADUCTION DU PAPYRUS X DE LEIDE
1 . Purification et durcissement du -plomb.
« Fondez-le, répandez à la surface de l'alun lamelleux et de la couperose
réduits en poudre fine et mélangés, et il durcira. »
2. Autre {purification) de l'étain.
« Le plomb et Tétain blanc sont aussi purifiés par la poix et le bitume.
Ils sont rendus solides par l'alun et le sel de Cappadoce, et la pierre de
Magnésie (2), jetée à leur surface. »
3 . Purification de Vétain que l'on jette dans le mélange de l'asèm (3).
« Prenez de l'étain purifié de toute autre substance, fondez-le, laissez-le
refroidir; après l'avoir recouvert d'huile et bien mélangé, fondez-le de nou-
veau; ensuite ayant broyé ensemble de l'huile, du bitume et du sel, frottez-
en le métal, et fondez une troisième fois ; après fusion, mettez à part
l'étain après l'avoir purifié par lavage; car il sera comme de l'argent durci.
Lorsque vous voudrez l'employer dans la fabrication des objets d'argent,
de telle sorte qu'on ne le reconnaisse pas et qu'il ait la dureté de l'argent,
(i) Papyri Grceci de Leide, t. II, | (2) Ce n'est pas notre magnésie, mais
p. 199 à 259. — Quelques mois après ' l'oxyde magnétique de fer, ou quelque
l'impression de mon travail dans le j autre minerai noir, roux (pyrite) ou
Jo«r«a/ie5Sava«f5,M.leD''W. Pleljte j blanc, venant des villes ou provinces
a publié en hollandais un mémoire ; qui portaient le nom de Magnésie (Fo/r
sur l'Asemos, avec étude chimique par 1 Pline, H. N., XXXVII, 25.) Chez les
le D"- W. K. J. Schoor, dans les Ver- alchimistes le sens du mot s'est encore
slagen des koninklijke Akademie van étendu.
Wetenschappen, Amsterdam ( J uin 1886 ;
p. 211 à 236). Il confirme en général
mes propres résultats.
(3) Asèm désignait divers alliages
destinés à imiter l'or et l'argent ; voir
plus loin.
PAPYRUS DE LEIDE 29
mêlez 4 parties d'argent, 3 parties d'étain, et le produit deviendra comme un
objet d'argent. »
C'est la fabrication d'un alliage d'argent et d'étain, destiné à simuler
l'argent; ou plutôt un procédé pour doubler le poids du premier métal.
4. Purification de Vétain.
« Poix liquide et bitume, une partie de chaque; jetez (sur l'étain), fon-
dez, agitez. Poix sèche, 20 drachmes ; bitume, 1 2 drachmes. »
5. Fabrication de l'asèm.
« Étain, 12 drachmes; mercure, 4 drachmes; terre de Chio (i), 2 drach-
mes. A l'étain fondu, ajoutez la terre broyée, puis le mercure, agitez avec
du fer, et mettez en œuvre (le produit). »
6. Doublement de l'asèm.
Voici comment on opère le doublement de l'asèm.
a On prend : cuivre affiné, 40 drachmes; asèm, 8 drachmes; étain en
bouton, 40 drachmes; on fond d'abord le cuivre et, après deux chauffes,
l'étain; ensuite l'asèm. Lorsque tous deux sont ramollis, refondez à plu-
sieurs reprises et refroidissez au moyen de la composition précédente (2).
Après avoir augmenté le métal par de tels procédés, nettoyez-le avec le
coupholithe (3). Le triplement s'effectue par les mêmes procédés, les poids
étant répartis conformément à ce qui a été dit plus haut. »
C'est un bronze blanc amalgamé, analogue à certain métal de cloche.
7. Masse inépuisable [ou perpétuelle).
« Elle se prépare par les procédés définis dans le doublement de l'asèm.
Si vous voulez prélever sur la masse 8 drachmes, séparez-les et refondez
4 drachmes de ce même asèm ; fondez-les trois fois et répétez, puis refroi-
dissez et mettez-les en réserve dans le coupholithe. »
Voir aussi recette 60.
(i) Sorte d'argile. — Diosc, Mat. \ (2) Amalgame d'étain décrit dans Tar-
méd., V, 173. — Pline, H.N., XXXV, ticle 5.
56. 1 (3) Talc ou sélénite.
3o CHIMIE DES ANCIENS
Il y a là ridée d'un ferment, destiné à concourir à la multiplication de
la matière métallique.
8. Fabrication de Vasèm.
« Prenez de l'étain en petits morceaux et mou, quatre fois purifié; pre-
nez-en 4 parties et 3 parties de cuivre blanc pur et i partie d'asèm. Fondez,
et, après la fonte, nettoyez à plusieurs reprises, et fabriquez avec ce que
vous voudrez : ce sera de Tasèm de première qualité, qui trompera même
les ouvriers. »
Alliage blanc, analogue aux précédents; avec intention de fraude.
9. Fabrication de Vasèm fusible.
il Cuivre de Chypre, i mine; étain en baguettes, i mine; pierre de
Magnésie, 16 drachmes; mercure, 8 drachmes? pierre de Poros [i), 20 dra-
chmes ■)■>.
« Ayant fondu le cuivre, Jetez-y l'étain, puis la pierre de Magnésie en pou-
dre, puis la pierre de Poros, enfin le mercure; agitez avec du fer et versez
au moment voulu. »
Alliage analogue, avec addition de mercure.
10. Doublement de Vasèm.
tt Prenez du cuivre de Chypre affiné, Jetez dessus parties égales, c'est-à-
dire 4 drachmes de sel d'Ammon (2) et 4 drachmes d'alun; fondez et ajou-
tez parties égales d^asèm. »
Bronze enrichi en cuivre.
1 1 . Fabrication de Vasèm.
« Purifiez avec soin le plomb avec la poix et le bitume, ou bien l'étain; et
mêlez la cadmie (3) et la litharge, à parties égales, avec le plomb, et remuez
(i) Pline, //.iV., XXXVI, 28. Pierre
blanche et dure, assimilée au marbre
de Paros.
(2) Ce mot a changé de sens; à la
fin du moyen âge il signifiait notre
chlorhydrate d'ammoniaque; mais à
l'origine il s'appliquait à un sel fos-
sile qui se développait par efflores-
cence, sel analogue au natron. Pline,
H. N., XXXI, 39. On y reviendra dans
le présent ouvrage, p. 45.
(3) Voir p. 2G.
PAPYRUS DE LEIDE 3l
jusqu'à mélange parfait et solidification. On s'en sert comme de l'asèm
naturel (i). «
Alliage complexe renfermant du plomb, ou de Tétain, et du zinc.
12. Fabrication de Vasèm.
« Prenez les rognures (2) des feuilles (métalliques), trempez dans le vinai-
gre et l'alun blanc lamelleux et laissez-les mouillées pendant sept jours, et
alors fondez avec le quart de cuivre 8 drachmes de terre de Chio (3), et
8 drachmes de terre asémienne (4), et i drachme de sel de Cappadoce, plus
alun lamelleux, i drachme ; mêlez, fondez, et jetez du noir à la surface. »
i3. Fabrication du mélange.
« Cuivre de Gaule (5), 8 drachmes; étain en baguettes, 12 drachmes;
pierre de Magnésie, 6 drachmes; mercure, 10 drachmes; asèm, 5 drach-
mes. )'
14. Fabrication du mélange pour une préparation.
« Cuivre, i mine (poids), fondez et jetez-y i mine d'étain en boutons et
travaillez ainsi. «
i5. Coloration de l'or.
a Colorer l'or pour le rendre bon pour l'usage. Misy et sel et vinaigre
provenant de la purification de l'or; mêlez le tout et jetez dans le vase (qui
renferme) l'or décrit dans la préparation précédente ; laissez quelque temps
et, ayant ôté (l'or) du vase, chauffez-le sur des charbons ; puis de nouveau
jetez-le dans le vase qui renferme la préparation susdite ; faites cela plusieurs
fois, jusqu'à ce qu'il devienne bon pour l'usage. »
C'est une recette d'affinage, qui s'en réfère à la préparation décrite
plus haut (p. 14); ce qui montre que le papyrus alchimique X et le
(i) L'asèm naturel est l'électruni, al-
liage d'or et d'argent, ypuao; Xsuxo';
d'Hérodote. Voir Origines de l'Alchi-
mie, p. 21 5.
(2) L.1 nature du métal qui fournit
(3) Sorte de terre argileuse. To/r re-
cette 5.
(4) Est-ce un minerai d'asèm ? ou plu-
tôt la terre argileuse de Samos? Pline,
H. N.. XXXV, .Vi, et XXXVI, 40. —
les rognures n'est pas indiquée : est-ce 1 Diosc, Mjt. méd.. V. 171, 17:
de l'argent, ou de l'asèm précédent? j (5) Voir Pune, H, N., XXXIV, 20.
32
CHIMIE DES ANCIENS
papyrus magique V se faisaient suite et ont été composés par un même
écrivain.
i6. Augmentation de ror.
« Pour augmenter l'or, prenez de la cadmie de Thrace, faites le mélange
avec la cadmie en croûtes (i), ou celle de Gaule. »
Celte phrase est le commencement d'une recette plus étendue; car elle
doit être complétée par la suivante, qui en est la suite : le secondthre/raude
de Vor étant probablement une glose qui a passé dans le texte, par l'erreur
du copiste.
17. Fraude de Vor.
« Misy et rouge de Sinope (2) parties égales pour une partie d'or. Après
qu'on aura jeté l'or dans le fourneau et qu'il sera devenu d'une belle teinte,
jetez-y ces deux ingrédients et, enlevant (For), laissez refroidir, et For est
doublé. »
La cadmie encroûtes, c'est-à-dire la portion la moins volatile des oxydes
métalliques condensés aux parois des fourneaux de fusion du ciiivre, ren-
fermait, à côté de l'oxyde de zinc, des oxydes de cuivre et de plomb. On
devait employer en outre quelque corps réducteur, omis dans la recette. Le
tout formait un alliage d'or et de plomb, avec du cuivre et peut-être du
zinc. C'était donc en somme une falsification, comme la glose l'indique.
18. Fabrication de Vasèm.
« Étain, un dixième de mine ; cuivre de Chypre, un seizième de mine ;
minerai de Magnésie, un trente-deuxième ; mercure, deux statères (poids).
Fondez le cuivre, jetez-y d'abord l'étain, puis la pierre de Magnésie; puis,
ayant fondu ces matières, ajoutez-y un huitième de bel asèm blanc, de nature
conforme. Puis, lorsque le mélange a eu lieu et au moment de refroidir, ou
de refondre ensemble, ajoutez alors le mercure en dernier lieu. »
(i) Sur les diverses variétés de cad-
mie, voir DioscoRiDE, Matière médi-
cale,Y, 84; Pline, H. N., XXXIV, 22.
(2) Ce mot a eu plusieurs sens : ver-
millon, minium, rouge d'oxyde de fer.
Dans Dioscoride, V, m, il semble indi-
quer une ocre rouge; car il est présenté
comme un remède susceptible d'être pris
à l'intérieur. De même dans Pline, H.
N., XXXV, i3. Ici ce serait, semble-t-
il, du minium, lequel fournirait du
plomb à l'alliage.
PAPYRUS DE LEIDE 33
g. Autre {formulé).
« Cuivre de Chypre, 4 statères; terre de Samos, 4 statères ; alun lamel-
leux, 4 statères; sel commun, 3 statères ; asèm noirci, 2 statères, ou, si vous
voulez faire plus beau, 4 statères. Ayant fondu le cuivre, répandez dessus
la terre de Chio et l'alun lamelleux broyés ensemble, remuez de façon à
mélanger; et, ayant fondu cet asèm, coulez. Ayant mêlé ce qui vient d'être
fondu avec du (bois de) genièvre, enlevez ; avant de l'ôter, après avoir
chauffé, éteignez le produit dans l'alun lamelleux et le sel, pris à parties
égales, avec de l'eau visqueuse; épaississement minime; et, si vous voulez
terminer le travail, trempez de nouveau dans le mélange susdit ; chauffez, afin
que (le métal) devienne plus blanc. Ayez soin d'employer du cuivre affiné
d'avance; l'ayant chauffé au commencement et soumis à l'action du souf-
flet. Jusqu'à ce qu'il ait rejeté son écaille [et soit devenu pur; et alors
employez-le, comme il vient d'être écrit. »
C'est encore un procédé d'alliage, mais pour lequel on augmente la pro-
portion du cuivre dans l'asèm déjà préparé : ce qui devait rapprocher le
bronze obtenu de la couleur de l'or.
20. Autre [formule).
« Prenez un statère Ptolémaïque (i) ; car ils renferment dans leur com-
position du cuivre, et trempez-le ; or la composition du liquide pour trem-
per est celle-ci : alun lamelleux, sel commun dans le vinaigre pour trempe ;
épaississement visqueux. Après avoir trempé et lorsque le métal fondu aura
été nettoyé et mêlé avec cette composition, chauffez, puis trempez, puis
enlevez, puis chauffez. »
20 bis [sans titre).
« Voici la composition du liquide pour tremper : alun lamelleux, sel com-
mun dans le vinaigre pour trempe, épaississement visqueux ; ayant trempé
dafls cette mixture, chauffez, puis trempez, puis enlevez, puis chauffez ;
quand vous aurez trempé quatre fois ou davantage, en chauffant chaque
fois auparavant, le (métal) deviendra supérieur à l'asèm noirci. Plus nom-
breux seront les traitements, chauffes et trempes, plus il s'améliorera. »
(i) Il s'agit ici d'une monnaie.
34
CHIMIE DES ANCIENS
Ce sont des formules de de'capage et d'affinage, dans lesquelles n'entre
aucun métal nouveau. Il semble que, dans ceci, il s'agisse soit de rehaus-
ser la teinte, comme on le fait en orfèvrerie, même de notre temps; soit de
faire passer une monnaie riche en cuivre pour une monnaie d'argent, en
dissolvant le cuivre à la surface.
En effet, les orfèvres emploient aujourd'hui diverses recettes analogues
pour donner à Por une belle teinte.
2 1 . Traitement de Vasèm dur.
« Comme il convient de faire pour changer Tasèm dur et noir en (un
métal) mou et blanc. Prenant des feuilles de ricin, faites infuser dans Teau
un jour; puis mouillez dans l'eau avant de fondre et fondez deux fois et
aspergez avec l'aphronitron^i). Et jetez dans la fonte de l'alun; employez.
Il possède la qualité, car il est beau. »
22. Autre {formule).
« Secours pour tout asèm gâté. Prenant de la paille et de l'orge et de la
rue sauvage, infusez dans le vinaigre, versez-y du sel et des charbons ; jetez
le tout dans le fourneau, soufflez longtemps et laissez refroidir. »
Ce sont des procédés d'affinage d'un métal oxydé ou sulfuré à la surface.
23. Blanchiment du cuivre.
« Pour blanchir le cuivre, afin de le mêler à l'asèm à parties égales, sans
qu'on puisse le reconnaître. Prenant du cuivre de Chypre, fondez-le, jetant
dessus I mine de sandaraque décomposée (2), 2 drachmes de sandaraque
couleur de fer, 5 drachmes d'alun lamelleux, et fondez. Dans la seconde
fonte, on jette 4 drachmes de cire du Pont, ou moins; on chauffe et l'on
coule. »
C'est ici une falsification, par laquelle le cuivre est teint au moyen de l'ar-
senic. La recette est fort voisine de celle des alchimistes. — On prépare
aujourd'hui par un procédé analogue (avec le concours du flux noir) le
cuivre blanc ou tombac blanc.
(1) Peur-être s'agit-il ici de notre sal-
pêtre ? Voir DioscoRiDE, Matière médi-
cale, V, i3i. Le mot d'aphroiiitrondé-
signait des efflorescences salines de
composition fort diverse.
(2) Sulfure d'arsenic grillé ?
PAPYRUS DE LEIDE 35
24. Durcissement de Vétain.
« Pour durcir Pétain, répandez séparément (à sa surface) l'alun lamelleux
et la couperose; si en outre vous avez purifié Pétain comme il faut ei
employé les matières dites précédemment, de sorte qu'il ne leur échappe pas
en s'écoulant pendant la chauffe, vous aurez l'asèm égyptien pour la fabri-
cation des objets (d'orfèvrerie).
z5. Enduit (V or.
« Pour enduire l'or, autrement dit pour purifier l'or et le rendre bril-
lant : misy, 4 parties ; alun, 4 parties ; sel, 4 parties. Broyez avec l'eau. Et
ayant enduit l'or, placez-le dans un vase de terre déposé dans un fourneau
et luté avec de la terre glaise, jusqu'à ce que les matières susdites aient été
fondues (i), retirez-le et nettoyez avec soin. »
26. Purification de V argent.
« Gomment on purifie l'argent et on le rend brillant. Prenez une partie
d'argent et un poids égal de plomb ; mettez dans un fourneau, maintenez
fondu jusqu'à ce que le plomb ait été consumé ; répétez l'opération plusieurs
fois, jusqu'à ce qu'il devienne brillant. »
C'est une coupellation incomplètement décrite.
Strabon signale déjà cette méthode.
27 . Coloration en argent.
« Pour argenter les objets de cuivre : étain en baguettes, 2 drachmes;
mercure, 2 drachmes ; terre de Chio, 2 drachmes. Fondez Pétain, jetez
dessus la terre broyée, puis le mercure, et remuez avec du fer et façonnez
en globules. »
C'est la fabrication d'un amalgame d'étain, destiné à blanchir le cuivre.
28. Fabrication du cuivre pareil à Vor.
« Broyez du cumin : versez-y de Peau, délayez, laissez en contact pendant
trois jours. Le quatrième jour, secouez, et si vous voulez vous en servir
comme enduit, mêlez-y de la chrysocolle (2) ; et Por paraîtra.
(i) Ou plutôt, jusqu'à ce que le fon- j par le vase, ou complètement évaporé,
dant ait été en quelque sorte absorbé | (2) Soudure d'or. Voir la recette 3i.
36 CHIMIE DES ANCIENS
C'est un vernis.
29. Fabrication de l'asèm fusible.
« Cuivre de [Chypre, i partie ; étain, i partie ; pierre de Magnésie,
I partie, pierre de Paros brute broyée finement.... D'abord on fond le cuivre,
puis rétain, puis la pierre de Magnésie (i) ; ensuite on y jette la pierre de
Paros pulvérisée; on remue avec du fer et l'on exécute l'opération du
creuset. »
30. Fabrication de l'asèm.
« Étain, une mesure ; cuivre de Gaule, une demi-mesure. Fondez d'abord
le cuivre, puis l'étain, remuez avec du fer, et jetez dessus la poix sèche,
jusqu'à saturation; ensuite versez, refondez, en employant de l'alun lamel-
leuXj à la façon de la poix ; et alors versez. Si vous voulez fondre d'abord
l'étain, puis la limaille de cuivre ci-dessus, suivez la même proportion et
la même marche. »
3i. Préparation de la chrysocolle (2).
« La soudure d'or se prépare ainsi : cuivre de Chypre, 4 parties ; asèm,
2 parties ; or, i partie. On fond d'abord le cuivre, puis l'asèm, ensuite l'or. »
52. Reconnaître la pureté de l'étain.
« Après avoir fondu, mettez du papier au-dessous et versez : si le papier
brûle, l'étain contient du plomb. »
Ce procédé repose sur le fait que l'étain fond à une température plus basse
que le plomb, température incapable de carboniser le papier.
Pline donne un procédé analogue [H. N. XXXIV, 48). On exécute encore
aujourd'hui dans les 'Cours de Chimie une manipulation du même ordre.
33. Fabrication de la soudure pour travailler l'or.
et Comment il convient de faire la soudure pour les ouvrages d'or : or,
2 parties ; cuivre, i partie; fondez, divisez. Lorsque vous voulez une couleur
brillante, fondez avec un peu d'argent. »
(i) Ceci semble indiquer un oxyde
de fer (?).
(2) Soudure d'or.
PAPYRUS DE LEIDE Z"]
Ce sont là des recettes d'orfèvrerie. On lit de même aujourd'hui dans le
Manuel Ror et (i832) :
« Argent fin, i partie; cuivre, i partie; fondez ensemble, ajoutez or, 2
parties. »
34. Procédé pour écrire en lettres d'or.
« Pour écrire en lettres d'or, prenez du mercure, versez-le dans un vase
propre, et ajoutez-y de Por en feuilles ; lorsque l'or paraîtra dissous dans le
mercure, agitez vivement; ajoutez un peu de gomme, i grain, par exemple,
et, laissant reposer, écrivez des lettres d'or. »
35. Autre [recette).
a Litharge couleur d'or, i partie; alun, 2 parties.
36. Fabrication de l'asèm noir comme de Vobsidienne (i).
« Asèm, 2parties ; plomb, 4 parties. Placez sur un vase de terre vide, jetez-y
un poids triplede soufre apyre (2), et, l'ayant mis dans le fourneau, fondez.
Et l'ayant tiré du fourneau, frappez, et faites ce que vous voulez. Si vous
voulez faire un objet figuré, en métal battu, ou coulé, alors limez et taillez:
il ne se rouille pas. »
C'est un alliage noirci par les sulfures métalliques.
Pline décritune préparation analogue, usitée en Egypte (i/. A^. XXXI II, 46).
3/. Fabrication de l'asèm.
« Bon étain, i partie ; fondez ; ajoutez-y : poix sèche, le tiers du poids de
l'étain ; ayant remué, laissez écumer la poix jusqu'à ce qu'elle ait été entière-
ment rejetée ; puis, après refroidissement de l'étain, refondez-le et ajoutez
i3 drachmes d'étain, i drachme de mercure, agitez; laissez refroidir et
travaillez comme l'asèm. »
C'est de l'étain affiné, avec addition d'un peu de mercure.
38. Pour donner aux objets de cuivre l'apparence de Vor.
« Et que ni lecontactnilefrottementcontrelapierrede touchenelesdécèle;
mais qu'ils puissent servir surtout pour (la fabrication d') un anneau de belle
(i) Sur l'obsidienne, Pline, H.N. | (2) N'ayant pas subi l'action du feu.
XXXVI, ej. I
38 CHIMIE DES ANCIENS
apparence. En voici la préparation. On broie l'or et le plomb en une pous-
sière fine comme de la farine, 2 parties de plomb pour i d'or, puis, ayant
mêlé, on incorpore avec de la gomme, et Ton enduit l'anneau avec cette
mixture ; puis on chauffe. On répète cela plusieurs fois, jusqu'à ce que l'objet
ait pris la couleur. Il est difficile de déceler (la fraude) ; parce que le frotte-
ment donne la marque d'un objet d'or; et la chaleur consume le plomb,
mais non l'or. »
39. Ecriture en lettres d'or.
« Lettres d'or : safran ; bile de tortue fluviale. »
40. Fabrication de Vasèm.
« Prenez étain blanc, très divisé, purifiez-le quatre fois ; puis prenez- en
4 parties, et le quart de cuivre blanc pur et i partie d'asèrn, fondez : lorsque
le mélange aura été fondu, aspergez-le de sel le plus possible, et fabriquez
ce que vous voudrez, soit des coupes, soit ce qui vous plaira. Le métal sera
pareil à Vasèm initial, de façon à tromper même les ouvriers. »
41. Autre [procédé],
« Argent, 2 parties; étain purifié, 3 parties ; cuivre... drachmes; fondez;
puis enlevez et décapez; mettez en œuvre comme pour les ouvrages d'argent
de premier ordre. »
42. Enduit du cuivre.
« Si vous voulez que le cuivre ait la couleur de l'argent ; après avoir purifié
le cuivre avec soin, mettez-le dans le mercure et la céruse : le mercure seul
suffit pour l'enduit. »
C'est du cuivre simplement blanchi à la surface par le mercure.
43. Essai de For.
« Si vous voulez éprouver la pureté de l'or, refondez-le et chauffez-le:
s'il est pur, il garde sa couleur après le chauffage et reste pareil à une pièce
de monnaie. S'il devient plus blanc, il contient de l'argent ; s'il devient plus
rude et plus dur, il renferme du cuivre et de l'étain ; s'il noircit et s'amollit,
du plomb. »
Ce procédé d'essai sommaire répond à des observations exactes.
PAPYRUS DE LEIDE 3^
44. Essai de l'argent.
« Chauffez l'argent ou fondez-le, comme l'or ; et, s'il reste blanc, brillant,
il est pur et non fraudé; s'il paraît noir, il contient du plomb; s'il paraît
dur et jaune, il contient du cuivre. »
Pline donne un procédé analogue {H. N. XXXIII, 44). On voit par là
que les orfèvres égyptiens, tout en cherchant à tromper le public, se réser-
vaient à eux-mêmes des procédés de contrôle.
45. Ecriture en lettres d'or.
« Écrire des lettres d'or. Écrivez ce que vous voulez avec de la soudure
Porfèvre et du vinaigre. »
46. Décapage des objets de cuivre,
<i Ayant fait cuire des bettes, décapez soigneusement avec le jus les objets
Je cuivre et d'argent. On fait bouillir les bettes dans l'eau. »
47. Cuivre pareil à Ver.
« Cuivre semblable à l'or par la couleur, soit : broyez du cumin dans
l'eau; laissez reposer avec soin pendant trois jours ; le quatrième, ayant
arrosé abondamment, enduisez le cuivre et écrivez ce que vous voudrez.
Car l'enduit et l'écriture ont la même apparence. »
48. Décapage des objets d^ argent.
« Nettoyez avec de la laine de mouton, après avoir trempé dans de la
saumure piquante; puis décapez avec de l'eau douce (sucrée?) et faites
emploi. »
49. Dorure de l'argent.
« Pour dorer sans feuilles (d'or), un vase d'argent ou 'de cuivre, fondez
du natron jaune et du sel avec de l'eau, frottez avec et il sera (doré). »
Recette obscure. Elle se réfère au natron jaune, corps dont il est question
dans Pline, H. N. XXXI, 46. Pline le donne comme un sel natif; mais,
dans les lignes précédentes, il parle de la fusion du natron avec du soufre:
ce qui formerait un sulfure, capable en effet de teindre les métaux. Zosimc
signale aussi le natron jaune,
40 CHIMIE DES ANCIENS
5o. Ecriture en lettres (for.
« Broyez l'arsenic (i) avec de la gomme, puis avec de l'eau de puits ; en
troisième lieu, écrivez. »
5i. Dorure de V argent,
« Broyez le misy avec la sandaraque et le cinabre et frottez-en l'objet
d'argent. »
53. Écriture en lettres d'or.
« Après avoir séché des feuilles d'or, broyez avec de la gomme et écrivez.»
54. Préparation de Vor liquide.
(( Placez des feuilles d'or dans un mortier, broyez-les avec du mercure et
ce sera fait. »
55. Coloration en or.
« Comment on doit préparer l'argent doré. Délayez du cinabre avec de
l'alun, versez dessus du vinaigre blanc, et ayant amené le tout en consis-
tance de cire, exprimez à plusieurs reprises et laissez passer la nuit. »
11 semble qu'il s'agit ici d'un enduit préliminaire.
56. Préparation de Vor.
.( Asèm, I statère, ou cuivre de Chypre, 3 ; 4 statères d'or ; fondez
ensemble. »
C'est une préparation d'or à bas titre.
S". Autre préparation.
« Dorer l'argent d'une façon durable. Prenez du mercure et des feuilles
d'or, façonnez en consistance de cire ; prenant le vase d'argent, décapez-le
avec l'alun, et prenant un peu de la matière cireuse, enduisez-le avec le
polissoir et laissez la matière se fixer; faites cela cinq fois. Tenez le vase
avec un chiffon de lin propre, afin qu'il ne s'encrasse pas ; et prenant delà
braise, préparez des cendres, adoucissez avec le polissoir et employez-
le comme un vase d'or. Il peut subir l'épreuve de l'or régulier. »
(i) Sulfure d'arsenic.
PAPYRUS DE LEIDE 4I
Ces derniers mots montrent qu'il s'agit d'un procédé de falsification, à
l'épreuve de la pierre de touche.
58. Ecriture en lettres d'or.
« Arsenic couleur d'or, 20 drachmes ; verre pulvérisé, 4 statères ; ou blanc
d'œuf, 2 statères, gomme blanche, 20 statères, safran,,., après avoir écrit,
laissez sécher et polissez avec une dent (i). »
59. Fabrication de Vasèm.
« On prépare aussi l'asèm avec le cuivre ; (argent,) 2 mines ; étain en
bouton, I mine ; fondant d'abord le cuivre, jetez-y l'étain et du coupho-
lithe, appelé craie (2), une demi-mine par mine; poursuivez jusqu'à ce que
vous voyiez fondus l'argent et la craie ; après que le reste aura été dissipé et
que l'argent restera seul, alors laissez refroidir, et employez-le comme de
l'asèm préférable au véritable »
60. Autre [préparation).
« L'asèm perpétuel (3) se prépare ainsi : i statère de bel asèm ; ajoutez-y
2 statères de cuivre affiné, fondez deux ou trois fois. »
6 1 . Blanchiment de rétain.
« Pour blanchir l'étain. Ayant chauffé avec de l'alun et du natron,
fondez. »
62. Ecriture en lettres d'asèm.
« Délayez de la couperose et du soufre avec du vinaigre ; écrivez avec la
matière épaissie. »
63. Ecriture en lettres d'or.
« Fleur du cnecos (4), gomme blanche, blanc d'œuf mélangés dans une
coquille, et incorporez avec de la bile de tortue, à l'estime, comme on fait
pour les couleurs ; faites emploi. La bile de veau très amère sert aussi pour
la couleur. »
(i) Voir Pline, H. N., XIII, 2 5.
(2) Ce n'est pas notre craie, mais,
sans aucun doute, quelque terre ar-
gileuse, jouant le rôle de fondant.
(3) Voir recette n» 7.
(4) Plante analogue au carthame.
42 CHIMIE DES ANCIENS
Ici la couleur est à base organique.
64. Essai de Vasèm.
« Pour reconnaître si l'asèm est fraudé. Placez dans la saumure, chauf-
fez ; s'il est fraudé, il noircit. »
Cette recette est obscure. Se rapporte-t-elle à la formation d'un oxychlo-
rure de cuivre ?
65. Décapage de Vétain.
« Placez du gypse dans un chiffon et nettoyez. »
66. Décapage de l'argent.
« Employez l'alun humide. »
De même aujourd'hui, dans le Manuel Roret (t. II, p. igS ; i832).
« Dissolvez de l'alun, concentrez, écumez, ajoutez-y du savon et frottez
l'argent avec un linge trempé dans cette composition. »
67. Teinture de Vasèm.
« Cinabre, i partie; alun lamelleux, i partie ; terre cimolienne, i partie;
mouillez avec de l'eau de mer et mettez en œuvre. »
68. Amollissement du cuivre.
« Chaufîez-le ; placez-le dans la fiente d'oiseau et après refroidissement
enlevez. »
69. Teinture de Vor.
« Misy grillé, 3 parties; alun lamelleux, chélidoine, environ i partie;
broyez en consistance de miel avec l'urine d'un enfant impubère et colorez
l'objet; chauffez et trempez dans l'eau froide. »
70. Ecriture en lettres d'or.
« Prenez un quart d'or éprouvé, fondez dans un creuset d'orfèvre ;
quand il sera fondu, ajoutez un kération (carat, tiers d'obole) de plomb ; après
qu'il a été mélangé, ôtez et refroidissez et prenez un mortier de jaspe, jetez-y
la matière fondue ; ajoutez i kération de natron et mêlez la poudre avec soin
avec du vinaigre piquant, à la façon d'un collyre médicinal, pendant trois
jours ; puis, quand le mélange est fait, incorporez i kération (mesure) d'alun
lamelleux, écrivez et polissez avec une dent. «
PAPYRUS DE LEIDE 43
7 1 . Écriture en lettres d'or.
«Feuilles d'or ductiles ; broyez avec du mercure dans un mortier; et
employez-le pour écrire, à la façon de Tencre noire. »
72. Autre {préparation).
«Soufre apyre,..., alun lamelleux...; gomme ...; arrosez la gomme
avec de l'eau. »
73. Autre {préparation).
a Soufre apyre, ,.., alun lamelleux, une drachme ; ajoutez au milieu delà
rouille sèche ; broyez la rouille, le soufre et l'alun finement ; mêlez pour le
mieux, broyez avec soin, et servez-vous-en comme d'encre noire à écrire,
en délayant dans du vin exempt d'eau de mer. Écrivez sur papyrus et par-
chemin. »
74. Autre {préparation).
« Écrire en lettres d'or, sans or. Chélidoine, i partie; résine pure.
I partie; arsenic couleur d'or, i partie, de celui qui est fragile; gomme
pure; bile de tortue, i partie; partie liquide des œufs, 5 parties; prenez de
toutes ces matières sèches le poids de 20 statères; puis jetez-y 4 statères de
safran de Cilicie. On emploie non seulement sur papier ou parchemin ;
mais aussi sur marbre bien poli ; ou bien si vous voulez faire un beau dessin
sur quelque autre objet et lui donner l'apparence de l'or. »
75. Dorure.
« Dorure faisant le même effet. Arsenic lamelleux, couperose, sandaraque
dorée (il, mercure, gomme adraganthe, moelle d'arum, à parties égales;
délayez ensemble avec de la bile de chèvre. On l'applique sur les objets de
cuivre passés au feu, sur les objets d'argent, sur les figures de (métal) et sur
les petits boucliers. L'airain ne doit pas avoir d'aspérité. »
(1) Il s'agit probablement d'un sul-
fure d'arsenic naturel ou artificiel, in-
termédiaire entre l'orpiment et le réal-
gar. La poudre même du réalgar est
plus jaune que la masse compacte.
difié par un commencement de gril-
lage, mode de traitement auquel tousles
minéraux usités en pharmacie étaient
alors soumis. {Voir Dioscoride, Mat.
méd., passim, et spécialement V, 120
Peut-être aussi était-ce du réalgar mo- 1 çt 121)
44 CHIMIE DES ANCIENS
'jÇi. Autre {procédé).
« Misy des mines, 3 statères ; alun des mines, 3 statères ; chélidoinc,
I statère ; versez-y l'urine d'un enfant impubère; broyez jusqu'à ce que le
mélange devienne visqueux et trempez (-y l'objet). »
jj. Autre [■procédé).
« Prenez du cumin, broyez, laissez infuser trois jours dans l'eau, le
quatrième, enlevez ; enduisez-en les objets de cuivre, ou ce que vous voulez.
II faut maintenir le vase fermé pendant les trois jours. »
78. Écriture en lettres d'or.
u Broyez des feuilles d'or avec de la gomme, séchez et employez comme
de l'encre noire. »
79. Écriture en lettres d'argent.
« Écrire des lettres d'argent. Litharge, 4 statères; délayez avec delà fiente
de colombe et du vinaigre ; écrivez avec un stylet passé au feu. »
80. Teinture de Vasèm [ou en couleur d'asèm).
« Cinabre, terre cimolienne, alun liquide, parties égales ; mêlez avec de
l'eau de mer, chauffez et trempez plusieurs fois. »
8 1 . Coloration en argent.
« Afin qu'elle ne puisse être enlevée que par le feu.
« Chrysocolle et céruse et terre de Chio, et mercure broyés ensemble ;
ajoutez du miel et, ayant traité d'abord le vase par le natron, enduisez. »
S2. Durcissement de l'étain.
« Fondez-le, ajoutez-y un mélange homogène d'alun lamelleux et de cou-
perose ; pulvérisez, et aspergez (le métal), et il sera dur. »
Le durcissement (cryAr^pwj'.;, avSkr^poLaiT.) de l'étain et du plomb (i) sont regar-
dés ici comme corrélatifs de leur purification.
83. Fabrication de Vasèm.
« Bon étain, i mine; poix sèche, )3 statères: bitume, 8 statères; fondez
(i) Voir recettes i, 24.
PAPYRUS DE LEIDE /\.5
dans un vase de terre cuite luté autour ; après avoir refroidi, mêlez lo sta-
tères de cuivre en grains ronds et 3 statères d'asèm antérieur et 12 statères
de pierre de Magnésie broyée. Fondez et faites ce que vous voudrez. »
84. Fabrication de Vasèm égyptien.
« Recette de Phiménas le Saïte. Prenez du cuivre de Chypre doux, puri-
fiez-le avec du vinaigre, du sel et de l'alun ; après Tavoir purifié, fondez en
jetant sur 10 statères de cuivre 3 statères de céruse bien pure, 2 statères de
litharge couleur d'or (ou provenant de la coupellation de l'or), ensuite il
deviendra blanc ; alors ajoutez-y 2 statères d'asèm très doux et sans défaut,
et l'on obtiendra le produit. Empêchez en fondant qu'il n'y ait liquation.
Ce n'est pas l'œuvre d'un ignorant, mahsd'un homme expérimenté, et l'union
des deux métaux sera bonne. »
Cette recette est fort claire, sauf l'omission des agents destinés à réduire
la litharge et la céruse.
85. Autre [procédé).
« Préparation exacte d'asèm, ^préférable à celle de l'asèm proprement
dit. Prenez : orichalque (i), par exemple, i drachme ; mettez dans le creuset
jusqu'à ce qu'il coule; jetez dessus 4 drachmes de sel ammoniac (2), ou cap-
padocien; refondez, ajoutez-y alun lamelleux, le poids d'une fève d'Egypte;
refondez, ajoutez-y i drachme de sandaraque décomposée (3), non de la san-
daraque dorée, mais de celle qui blanchit ; ensuite transportez dans un
(i) Laiton ou analogue.
(2) Il est plus que douteux qu'il s'agisse
ici de notre sel ammoniac moderne.
C'est plutôt une variété de sel gemme
ou de carbonate de soude, d'après les
textes formels de Dioscoride, Mal.
méd., V, 125; et de Pline, H. N.,
XXXI, 39. De même, dans le traité
De Mineralibus^ attribué à Albert le
Grand. 1. V, tr. I, ch. II, Dans le Pseu-
do-Aristote, auteur de l'époque arabe,
(Manget, Bibl. chem., t. I, p. 648),
c'est aussi un sel fusible, qui n'émetpas
de fumée. Mais dans Geber, Summa
perfectionis , livre I, ch. X et Libri in-
vestigationis (IX« siècle), ainsi que dans
Avicenne (XI^ siècle), cité dans le Spé-
culum majus de Vincent de Beauvais
{Spéculum naturale, 1. VIII, 60), le mot
sel ammoniac s'applique à un corps
sublimable, tel que notre chlorhydrate
d'ammoniaque. Le sens de ce mot a
donc changé dans le cours des temps.
(3) Sulfure d'arsenic, probablement
en partie désagrégé par le grillage.
46
CHIMIE DES ANCIENS
autre creuset enduit à l'avance de terre de Chio ; après fusion, ajoutez un
tiers d'asèm et employez. »
Cette préparation donne un alliage de cuivre et de zinc arsenical.
86. Autre [procédé).
« Prenez: étain, 12 drachmes; mercure, 4 drachmes: terre de Chio,
2 drachmes; fondez l'étain ; jetez-y la terre en poudre, puis le mercure;
remuez avec un morceau de fer ; mettez en globules. »
87. Doublement de l'or.
« Pour augmenter le poids de l'or. Fondez avec le quart de cadmie, et il
deviendra plus lourd et plus dur. »
Il fallait évidemment ajouter un agent réducteur et un fondant, dont la
recette ne fait pas mention. On obtenait ainsi un alliage de l'or avec les
métaux dont les oxydes constituaient la cadmie, c'est-à-dire le zinc, le cuivre,
ou le plomb spécialement ; alliage riche en or, La même recette se lit aussi
dans le Pseudo-Démocrite, mais comme toujours plus compliquée et plus
obscure. Ce qui suit est plus clair.
88. Autre [procède').
« On altère l'or en l'augmentant avec le misy et la terre de Sinope (i) ;
on le jette d'abord à parties égales dans le fourneau ; quand il est devenu
clair dans le creuset, on ajoute de chacun ce qui convient, et l'or est
doublé. »
89. Autre [procède).
« Invention de l'eau de soufre (2). Une poignée de chaux, et autant de
soufre en poudre fine; placez-les dans un vase contenant du vinaigre fort, ou
de l'urine d'enfant impubère (3); chauffez par en-dessous, jusqu'à ce que la
(i) Minium ou sanguine.
(2) Ou de l'eau divine; le mot grec
est le même.
(3) L'urine d'un enfant impubère,
naiôô? àcpOdpoij, était employée par les an-
ciens dans beaucoup de recettes,
comme on le voit dans Dioscoride, dans
Pline, dans Celse, etc. Elle agissait
vraisenrblablement comme source de
phosphates alcalins et d'ammoniaque,
résultant de la décomposition de l'urée.
Mais nous ne voyons pas pourquoi
toute urine humaine ne ferait pas le
même effet ; à moins qu'il n'y ait là une
idée mystique. Plus tard, le mot d'en-
fant ayant disparu dans les recettes des
PAPYRUS DE LEIDE
47
liqueur surnageante paraisse comme du sang ; décantez celle-ci proprement
pour la séparer du dépôt, et employez. »
On prépare ainsi un polysulfure de calcium, susceptible d'attaquer l'or,
du moins à sec, capable aussi de teindre les métaux par voie humide.
Ueau de soufre ou eau divine joue un très grand rôle chez les alchimistes
grecs.
90. Comment on dilue Vasèm.
« Ayant réduit l'asèm en feuilles et l'ayant enduit de mercure, et appliqué
fortement sur la feuille, on saupoudre de pyrite la feuille ainsi disposée, et
on la place sur des charbons, pour la dessécher et jusqu'à ce que la couleur
de la feuille paraisse changée ; car le mercure s'évapore et la feuille s'at-
tendrit. Puis on incorpore dans le creuset i partie d'or (i), 2 parties d'ar-
gent (2); les ayant mêlées, jetez sur la rouille qui surnage de l'arsenic cou-
leur d'or, de la pyrite, du sel ammoniac (3), de la chalcite (4), du bleu (5),
et ayant broyé avec l'eau de soufre, grillez, puis répandez le mercure à la
surface. »
Les recettes suivantes sont des recettes de teinture en pourpre.
9 1 . Fixation de Vorcanette.
« Urine de brebis ; ou arbouse, ou jusquiame pareillement. »
C'est un fragment de recette sans suite, recueilli sans doute par uu copiste
ignorant. A moins qu'il ne s'agisse d'un simple détail, destiné à compléter
une recette connue du lecteur.
copistes, celles-ci ont appliqué l'épi-
thète à l'urine; et il n'est plus guère
mention que d'urine non corrompue
(oùpov à^ôopov) dans les ouvrages alchi-
miques grecs. Cependant la notion
primitive a subsisté pendant tout le
moyen âge, dans quelques textes. Ainsi
on lit encore dans la Bibliotheca
Chemica de Manget, t. I. Préface,
avant-dernière page (1702) : « Sal vola-
tile et Jixum, ut et spiritus urince, sic
parantur. Recipe urince puerorum
12 circiter annos natorum, etc. ».
( I ) L'or est désigné ici par lesigne du
Soleil, exactement pareil à celui des
alchimistes : c'est le plus vieil exemple
connu de cette notation.
(2) L'argent est désigné par le crois-
sant lunaire, toujours comme chez les
alchimistes.
(3) Voir la remarque de la page 45.
(4) Minerai pyriteux de cuivre.
(5) Sulfate de cuivre, ou émail bleu,
ou azurite.
48
CHIMIE DES ANCIENS
92. Dilution [falsification] de Vorcanette.
€ On dilue l'orcanette avec les pommes de pins (?), la partie intérieure des
pêches, le pourpier, le suc des bettes, la lie de vin, l'urine de chameau et
l'intérieur des citrons. »
^Z . Fixation de Vorcanette.
« Cotylédon (i) et alun mêlés à parties égales, broyez finement, jetez-y
Torcanette. »
94. Agents styptiques.
a Melanteria (2), couperose calcinée, alun, chalcitis, cinabre, chaux, écorce
de grenade, gousse d'arbre épineux, urine avec aloès : ces choses servent en
teinture. >^
95. Préparation de la pourpre.
a Cassez en petits morceaux la pierre de Phrygie (3) ; faites bouillir et,
ayant immergé la laine, abandonnez jusqu'à refroidissement; ensuite jetant
dans le vase une mine (poids) d'algue (4), faites bouillir et jetez-y une mine
d'algue ; faites bouillir et jetez-y la laine, et, laissant refroidir, lavez dans
l'eau de mer [la pierre de Phrygie est grillée (5), avant d'être concassée],
jusqu'à coloration pourpre. »
96. Teinture de la pourpre.
« Mouillez la chaux avec de l'eau et laissez reposer pendant une nuit ;
ayant décanté, déposez la laine dans la liqueur pendant un jour ; enlevez-la,
séchez ; ayant arrosé l'orcanette avec du vinaigre, faites bouillir et jetez-y la
(i) Plante, voir Dioscoride, Mat.
méd., IV, 90 et 91.
(2) Vitriol, produit par la décompo-
sition de certains minerais à l'orifice
des mines de cuivre (Diosc, Mat. mé-
dicale. V, 117).
(3) Pline, H. N. XXXVl, 36. —
Dioscoride, Alat. médicale, V, 140,
Cette pierre était autrefois employée
pour la teinture des étoffes. Il sem-
ble que ce fût une sorte d'alunite.
(4) Herbes et lichens marins fournis-
sant l'orseille.
(5) Ceci s'accorde avec Pline. C'est
d'ailleurs une parenthèse, la coloration
en pourpre s'appliquant à la laine. Il y
a avant deux mots inintelligibles, par
suite de quelque transposition du co-
piste.
PAPYRUS DE LEIDE 49
laine et elle sortira teinte en pourpre — (l'orcanette bouillie avec l'eau et
le natron produit la couleur pourpre). »
« Ensuite séchez la laine, et teignez-la comme il suit : Faites bouillir
l'algue avec de l'eau, et, lorsqu'elle aura été épuisée, jetez dans l'eau une
quantité imperceptible de couperose, afin de développer la pourpre, et alors
plongez-y la laine, et elle se teindra: s'il y a trop de couperose, elle devient
plus foncée. »
Il y a là deux procédés distincts, l'un avec Torcanette, l'autre avec
l'orseille.
g j. Autre [procédé) .
« Broyez des noix avec de Torcanette de bonne qualité ; cela fait, met-
tez-y du vinaigre fort; broyez de nouveau; ajoutez-y de l'écorce de grena-
dier; laissez trois jours ; et après, plongez-y la laine et elle sera teinte
à froid. »
a On dit qu^il y a un certain acanthe (i) qui fournit de la couleur pour-
pre ; mouillé avec du natron de Bérénice, au lieu de noix, il produit le
même effet. »
gS. Autre [procédé).
« Nettoyez la laine avec l'herbe à foulon, et tenez à votre disposition de
l'alun lamelleux; en broyant la partie intérieure de la noix de galle, jetez
avec l'alun dans un pot, puis mettez la laine et laissez reposer quelques
heures ; enlevez-la et laissez-la sécher. Au préalable, suivez cette marche.
Ayant broyé de la lie (2) et l'ayant mise dans un vase, versez de Peau de
mer, agitez et laissez déposer. Puis décantez l'eau claire dans un autre vase
et tenez-la à votre disposition. Prenant de l'orcanette et la mettant dans un
vase, mêlez avec l'eau de la lie, jusqu'à ce qu'elle s'épaississe convenable-
ment et devienne comme sablonneuse. Alors mettez le produit dans le vase
(réservé), délayant à la main avec l'eau précédente qui provient de l'orca-
nette. Ensuite, lorsqu'il sera devenu comme visqueux, mettez^le dans une
( I ) Plante non identifiée. ( Voir Diosc. ,
Mat. méd. III, 17. — Pline, H. N.
XXII, 34.)
(2) La lie de vin agit ici par le bitar-
trate de potasse qu'elle contient.
5o
CHIMIE DES ANCIENS
petite marmite, ajoutez-y le reste de Teau d'orcanette, et laissez jusqu'à ce
qu'il ait tiédi ; alors plongez-y la laine, laissez quelques heures et vous trou-
verez la pourpre solide. »
99. Autre [procédé).
a Prenant de l'orcanette, de la léontice (i), ôtez Técorce, prenez-la pour
la broyer dans un mortier, aussi fine que de Tantimoine : ajoutez-y de l'hy-
dromel dilué avec de l'eau, broyez de nouveau, mettez le produit broyé dans
un vase, et faites bouillir : quand vous verrez tiédir (la liqueur), plongez-y
la laine; laissez séjourner. La laine doit être nettoyée avec l'herbe à foulon
et épaissie (cardée et feutrée). Alors prenez-la, plongez-la dans l'eau de
chaux (2), laissez imbiber ; enlevez-la, lavez fortement avec du sel marin,
séchez ; plongez de nouveau dans l'orcanette et laissez séjourner. »
100. Autre [procédé).
« Prenez le suc des parties supérieures de l'orcanette et une noix de galle
compacte [omphacite (3)] grillée dans la rôtissoire ; l'ayant broyée avec addi-
tion d'un peu de couperose, mêlez au suc, faites bouillir, et donnez la tein-
ture de pourpre. »
I o I . Substitution de couleur glauque (4) .
« Au lieu de couleur glauque, prenez la scorie de fer, écrasez-la avec soin
jusqu'à réduction à l'apparence du smegma (5), et faites bouillir avec du
vinaigre, jusqu'à ce qu'il durcisse ; plongez la laine préalablement nettoyée
avec l'herbe à foulon épaissie (cardée et feutrée), et vous la trouverez teinte
en pourpre ; teignez ainsi avec les couleurs que vous avez. »
DioscoRiDE. Extraits du livre sur la Matière médicale.
102. Arsenic. — io3. Sandaraque. — 104. Misy. — io5. Gadmie.
— 106. Ghrysocolle. — 107. Rubrique de Sinope. — 108. Alun. —
109. Natron. — 1 10. Cinabre, — 1 1 1. Mercure.
(i) Plante. Voir Diosc, Mat. méd.
III, 100. — Pline, H. N. XXV, 85.
(2) Est-ce la même chose que la disso-
lution de la chaux vive dans l'eau?
(3) Diosc, Mat. méd. I, 146.
(4) Bleu verdâtre. Cette recette est
obscure et incomplète.
(5) Variété d'oxyde de cuivre pro-
duite par le vent du soufflet sur le cui-
vre fondu. Pline H. N. XXXIV, 36.
PAPYRUS DE LEIDE 5l
On se borne à rappeler ces titres pour mémoire, les articles ayant été
tirés d'un Ouvrage connu et publié [voir p. 26).
EXPLICATION DES RECETTES DU PAPYRUS DE LEIDE
Ces textes étant connus, il s'agit maintenant de les rapprocher et d'en
tirer certaines conséquences.
Les recettes relatives aux métaux sont les plus nombreuses et les plus
intéressantes. Elles montrent tout d'abord la corrélation entre la profession
de l'orfèvre, qui travaillait les métaux précieux, et celle de l'hiérogram-
mate ou scribe sacré, obligé de tracer sur les monuments de marbre ou de
pierre, aussi bien que sur les livres en papyrus ou en parchemin, des carac-
tères d'or ou d'argent : les recettes données pour dorer les bijoux dans le
papyrus sont en effet les mêmes que pour écrire en lettres d'or. Nous com-
mencerons par ce dernier ordre de recettes, dont les applications sont tou-
tes spéciales, avant d'entrer dans le détail des préparations métalliques;
car elles forment en quelque sorte l'introduction aux procédés de teinture
des métaux.
I . — Recettes pour écrire en lettres d'or.
L'art d'écrire en lettres d'or ou d'argent préoccupait beaucoup les artisans
qui se servaient de notre papyrus; il n'y a pas moins de quinze ou seize
formules sur ce sujet, traité aussi à plusieurs reprises dans les manuscrits
de nos bibliothèques; Montfaucon et Fabricius ont déjà publié plusieurs
recettes, tirées de ces derniers.
Rappelons rapidement celles du papyrus :
Feuilles d'or broyées avec de la gomme (53) et (78).
Ce procédé figure encore de nos jours dans le Manuel Roret (t. II, p. i36;
i832) [Triturer une feuille d'or avec du miel et de la gomme, jusqu'à pulvé-
risation, etc.]
52 CHIMIE DES ANCIENS
Or amalgamé et gomme (34) et (71).
Amalgame d'or (54),
Dans une autre recette (70) et (45), on prépare d'abord un alliage d'or et
de plomb, auquel on fait subir certaines préparations.
Dans les recettes précédentes, l'or forme le fond du principe colorant.
Mais on employait aussi des succédanés pour écrire en couleur d'or, sans or :
par exemple, un mélange intime de soufre natif, d'alun etde rouille, (72) et
(73), délayés dans du vin;
Et encore : litharge couleur d'or (35) ;
Safran et bile de tortue (39] ;
Cuivre rendu semblable à l'or par un enduit de cumin (47) ; voir aussi [']']].
Fleur de carthame et bile de tortue ou de veau (63i.
Les recettes suivantes reposent sur l'emploi de l'orpiment (arsenic des
anciens); telles sont les recettes (5o) et (58), avec addition de safran.
Dans une autre préparation plus compliquée (74), l'orpiment, la chéli-
doine, la bile de tortue et le safran sont associés, suivant une recette com-
posite.
L'orpiment apparaît ici comme matière employée pour sa couleur pro-
pre, et non comme colorant des métaux, emploi qu'il a pris plus tard.
On trouve encore une recette (62) pour écrire en lettres d'asèm (alliage
d'argent et d'ori, au moyen de la couperose, du soufre et du vinaigre ; c'est-à-
dire sans or ni argent;
Et une recette (79) pour écrire en lettres d'argent, avec de la litharge
délayée dans la fiente de colombe et du vinaigre.
Il existe aujourd'hui des recettes analogues dans le Manuel Roret[\. II, p.
140; i832) : «Etain pulvérisé et gélatine, on forme un enduit, on polit au bru-
nissoir; on ajoute une couche de vernis àl'huile ouàla gomme laque, ce qui
fournit une couleur blanche, ou dorée, sur bois, sur cuir, fer, etc. »
Si j'ai donné quelques détails sur ces recettes pour écrire des lettres
d'or ou d'argent, c'est parce qu'elles caractérisent nettement les personnes
à qui elles étaient destinées. Ce sont, je le répète, des formules précises
de praticiens, intéressant spécialement le scribe qui transcrivait ce papyrus,
et toute la classe, si importante en Egypte, des hiérogrammates; car il ne
s'agissait pas seulement d'écrire et de dessiner sur papyrus, mais aussi
PAPYRUS DE LEIDE 53
sur marbre ou sur tout autre support. Certaines de ces recettes, par une
transition singulière, sont devenues, comme je le dirai bientôt, des recettes
de transmutation véritable.
II. — Manipulation des Métaux.
Venons aux formules relatives à la manipulation des métaux. Elles por-
tent la trace d'une préoccupation commune : celle d'un orfèvre préparant
des métaux et des alliages pour les objets de son commerce, et poursuivant
un double but. D'une part, il cherchait à leur donner l'apparence de l'or
et de l'argent, soit par une teinture superficielle, soit par la fabrication
d'alliages ne renfermant ni or, ni argent, mais susceptibles de faire illusion
à des gens inhabiles et même à des ouvriers exercés, comme il le dit expres-
sément. D'autre part, il visait à augmenter le poids de l'or et de l'argent
par l'introduction de métaux étrangers, sans en modifier l'aspect. Ce sont
là toutes opérations auxquelles se livrent encore les orfèvres de nos jours ;
mais l'Etat leur a imposé l'emploi de marques spéciales, destinées à définir
le titre réel des bijoux essayés dans les laboratoires officiels, et il a séparé
avec soin le commerce du faux, c'est-à-dire les imitations, ainsi que
celui du doublé, du commerce des métaux authentiques. Malgré toutes
ces précautions, le public est continuellement déçu, parce qu'il ne connaît
pas et ne peut pas connaître suffisamment les marques et les moyens de
contrôle.
Il y a là des tentations spéciales : les fraudes professionnelles ne sem-
blent pas toujours, dans l'esprit des gens du métier, relever des règles de
la probité commune. Le prix de l'or est si élevé, les bénéfices résultant
de son remplacement par un autre métal sont si grands, que, même de ncs
jours, il s'exerce de la part des orfèvres une pression incessante dans ce
sens, pression à laquelle les autorités publiques ont peine à résister. Elle a
pour but, soit d'abaisser le titre des alliages d'or employés en orfèvrerie,
tout en les vendant comme or pur; soit de vendre au prix du poids total,
estimé comme or, les bijoux renfermant des émaux ou des morceaux de
fer ou d'autres métaux ; même de notre temps, c'est là une tradition com-
54
CHIMIE DES ANCIENS
merciale que Ton n'a pas réussi à interdire. Déjà l'on disait au siècle
dernier, au temps des métiers organisés par corporations: « Il semble
que l'art de tromper ait ses principes et ses règles; c'est une tradition que
le maître enseigne à son apprenti, que le corps entier conserve comme un
secret important. » Ici, comme dans bien d'autres industries, il y a ten-
dance perpétuelle à opérer des substitutions et des altérations de matière,
fort lucratives pour le marchand et exécutées de façon que le public ne
s'en aperçoive pas; sans cependant se mettre en contradiction flagrante avec
le texte des lois et règlements. Au delà commence la criminalité, et il n'est
pas rare que la limite soit franchie.
Or ces lois et règlements, cette séparation rigoureuse entre l'industrie
du faux, du doublé, du plaqué, des imitations, et l'industrie du vrai
or et du vrai argent, ces marques légale;, ces moyens précis d'analyse
dont nous disposons aujourd'hui, n'existaient pas au temps des anciens.
Le papyrus de Leide est consacré à développer les procédés par lesquels
les orfèvres d'alors imitaient les métaux précieux et donnaient le change
au public. La fabrication du doublé et celle des bijoux fourrés ne
figurent cependant pas dans ces recettes, quoiqu'on en trouve des traces
chez Pline (i). Les recettes sont ici d'ordre purement chimique, c'est-à-
dire que l'intention de fraude est moins évidente. De là pourtant à l'idée
qu'il était possible de rendre l'imitation si parfaite qu'elle devînt identique
à la réalité, il n'y avait qu'un pas. C'est celui qui fut franchi par les alchi-
mistes.
La transmutation était d'autant plus aisée à concevoir dans les idées
du temps que les métaux purs, doués de caractères définis, n'étaient pas
distingués alors de leurs alliages : les uns et les autres portaient des
(i) Hist. nat., XXXIII, 6, anneau de
fer entouré d'or; lame d'or creuse rem-
plie avec une matière légère ; 52, lits
plaqués d'or, etc. Les monnaies four-
rées, c'est-à-dire formées d'une âme de
cuivre, de fer ou de plomb, recouverte
d'une feuille d'argent ou d'or, ont été
usitées dans l'antiquité et même fabri-
quées par le Gouvernement, qui les
mêlait en certaines proportions avec la
monnaie loyale dans ses émissions, dès
le temps de la- République romaine et
aussi à l'époque impériale, ce que l'on
appelait miscere monetam : — tingere
ou. inficeremonetam^ — dernière expres-
sion applicable à l'or. [La Monnaie
dans l'antiquité, par Fr, Lenormant,I,
221 k ?36).
PAPYRUS DE LEIDE
55
noms spécifiques, regardés comme équivalents. Tel est le cas de l'airain
(ces), alliage complexe et variable, assimilé au cuivre pur, et qui était sou-
vent désigné par le même nom. Notre mot bron\e reproduit la même
complexité; mais ce n'est plus pour nous un métal défini. Le mot de
cuivre lui-même s'applique souvent à des alliages jaunes ou blancs, dans
la langue commune de nos jours et dans celle des artisans. De même l'orichal-
que, qui est devenu après plusieurs variations notre laiton (i); Je chrysochal-
que, qui est devenu notre chrysocale ou similor, etc. Uelectrurriy alliage
naturel d'or et d'argent, a servi à fabriquer des monnaies en Asie Mineure,
(Lydie et villes d'Ionie), en Gampanie et à Carthage, où l'on prenait même
soin de leur faire subir une cémentation, destinée à leur donner l'aspect de
l'or pur (v. p. i6). L'airain de Corinthe, alliage renfermant de l'or, du cui-
vre et de l'argent, n'était pas sans analogie avec le quatrième titre de l'or, usité
aujourd'hui en bijouterie. L'alliage monétaire, employé pour les monnaies
courantes, était aussi un métal propre; de même que notre billon d'aujour-
d'hui; la planète Mars lui est même attribuée, au même titre que les autres
planètes aux métaux simples, dans la vieille liste de Celse. Le claudianon et
le molybdochalque, alliages de cuivre et de plomb mal connus, souvent
cités par les alchimistes, ne sont pas sans analogie avec le clinquant, le po-
tin et avec certains laitons ou bronzes artistiques, spécialement signalés
dans divers passages de Zosime. Mais ils ont disparu, au milieu des nom-
breux alliages que l'on sait former maintenant entre le cuivre, le zinc, le
plomb, l'étain, l'antimoine et les autres métaux. Le pseudargyre dt Strabon
est un alliage qui n'a pas non plus laissé d'autre trace historique; peut-être
contenait-il du nickel. Les Romains ajoutaient parfois au bronze monétaire,
(cuivre et étain), du plomb, jusqu'à la dose de 2g p. 0/0 dans leurs mon-
naies. Le stannum de Pline, était un alliage analogue au claudianon, ren-
fermant parfois de l'argent, et dont le nom a fini par être identifié avec
celui du plomb blanc, autre alliage variant depuis les composés de plomb
et d'argent, qui se produisent pendant le traitement des minerais de plomb,
jusqu'à l'étain pur, qu'il a fini par signifier exclusivement. La monnaie
(i) Le nom même du laiton vient
d'ekctrum, qui avait pris ce sens
pendant le moyen âge, d'après du
Gange.
56
CHIMIE DES ANCIENS
d'étain frappée par Denys de Syracuse) d'après Aristote, devait être un
alliage de cet ordre ; même au temps des Sévères on a fabriqué des mon-
naies d'étain, simulant l'argent (Lenormant, La Monnaie dans Vantiquitéy
p. 21 3) et qui sont venues jusqu'à nous.
Au point de vue de l'imitation ou de la reproduction de l'or et
de l'argent, le plus important alliage était Yasèm, identifié souvent avec
l'électrum, alliage d'or et d'argent qui se trouve dans la nature : mais le
sens du mot asèm est plus compréhensif. Le papyrus X offre à cet égard
beaucoup d'intérêt, en raison des formules multipliées d'asèm qu'il ren-
ferme. C'est sur la fabrication de l'asèm en effet que roule surtout l'imitation
de l'or et de l'argent, d'après les recettes du papyrus : c'est aussi sa fabri-
cation et celle du molybdochalque, qui sont le point de départ des procédés
de transmutation des alchimistes. Toute cette histoire tire un singulier
jour des textes du papyrus qui précisent nettement ce qu'il était déjà per-
mis d'induire à cet égard (i) : je les rapprocherai des textes des vieux alchi-
mistes que j'ai spécialement étudiés.
Abordons donc de plus près la discussion du papyrus. Nous y trouvons
d'abord des recettes pour la teinture superficielle des métaux (2) : telles que
la dorure et l'argenture, destinées à donner l'illusion de l'or et de l'argent
véritables et assimilées soit à l'écriture en lettres d'or et d'argent, soit à
la teinture en pourpre, dont les recettes suivent. Tantôt on procédait par
l'addition d'un Uniment ou d'ua vernis : tantôt, au contraire, on enlevait
à la surface du bijou les métaux autres que l'or, par une cémentation qui en
laissait subsister à l'état invisible et caché le noyau composé (v. p. 16).
On y rencontre aussi des recettes destinées à accomplir une imitation
plus profonde : par exemple, en alliant au métal véritable, or ou argent, une
dose plus ou moins considérable de métaux moins précieux ; c'était l'opé-
ration de la diplosiSj qui se pratique encore de nos jours (3). Mais l'orfèvre
(i) Origines de l'Alchimie. Les mé-
taux chez les Égyptiens, p. 211 et sui-
vantes.
(2) Ibid., p. 238.
(3) Manilius, poète latin du !«■• siècle
de l'ère chrétienne, en parle aussi dans
un vers dont l'authenticité a été con-
testée autrefois par des raisons à /rtort;
la diplosis étant réputée inconnueavant
le moyen âge. Mais la connaissance posi-
tive de cette opération chez les anciens,
établie par le papyrus de Leide, tend à
rétablir la valeur du texte de ManiUus.
— Voir Origines de l'Alchimie, p. 70.
PAPYRUS DE LEIDE Sy
égyptien croyait ou prétendait faire croire que le métal vrai était réelle-
ment multiplié, par une opération comparable à la fermentation ; deux
textes du papyrus [masse inépuisable, recettes (7) et (60), etc.] le montrent
clairement. C'est là d'ailleurs la notion même des premiers alchimistes,
clairement exposée dans Enée de Gaza (i).
Enfin la falsification est parfois complète, l'alliage ne renfermant pas
trace d'or ou d'argent initial. C'est ainsi que les alchimistes espéraient
réaliser une transmutation intégrale.
Dans ces diverses opérations, le mercure Joue un rôle essentiel, rôle qui
a persisté jusqu'à nos jours, où il a été remplacé pour la dorure par des
procédés électriques. L'arsenic, le soufre et leurs composés apparaissent
aussi comme agents tinctoriaux: ce qui complète l'assimilation des recettes
du papyrus avec celles des alchimistes.
Les divers procédés employés dans le papyrus, pour reconnaître la
pureté des me7aMx(docimasie, 43, 44, 64, 32) ; pour les affiner et les purifier
(15, or), (26, argent), (2, 3, 4,étain), (21, 22, asèm) ; pour les décaper, opéra-
tion qui précède la soudure ou la dorure (46, 48, 65, 66, 20, 20 bis), sont
rappelés ici seulement pour mémoire.
En ce qui touche la soudure des métaux, il n'y a que deux recettes relatives
à la soudure d'or (chrysocolle). Observons que ce nom a plusieurs sens
très différents chez les anciens : il signifie tantôt la malachite (2), tantôt un
alliage de l'or avec l'argent (3), ou avec le plomb, parfois avec le cuivre; ces
divers corps étant d'ailleurs mis en oeuvre simultanément. Enfin on le
trouve appliqué dans Olympiodore à l'opération même, par laquelle on
réunissait en une masse unique les parcelles ou paillettes métalliques. C'est
un alliage de l'or et du cuivre, associé à l'argent ou à l'asèm, qui est désigné
sous ce nom dans notre papyrus, recettes (31) et (33).
Venons aux procédés pour dorer, argenter, teindre et colorer les métaux
superficiellement. Deux formules de décapage rappelées plus haut (19, 20,
20 bis) ont déjà cette destination ; dans un but de tromperie, ce semble, en
modifiant l'apparence de la monnaie. La recette (25) tend vers le même but:
(i) Origines de l'Alchimie, p. jb. l (3) Pline, Hist. Nat., XXXIH, 29.
(2) DioscoRiDE, Afaf. wei., V. 104. |
58 CHIMIE DES ANCIENS
c'est à peu près celle du cément royal, au moyen duquel on séparait l'or de
l'argent et des autres métaux (p. ii). Employée comme ci-dessus, elle a
pour effet de faire apparaître Por pur à la surface de Tobjet d'or, le centre
demeurant allié avec les autres métaux. C'est donc un procédé de fraude
(v. p. i6). Maison pouvait aussi s'en servir pour lustrer l'or.
Aujourd'hui encore les orfèvres emploient diverses recettes analogues,
pour donner à l'or une belle teinte:
« Or mat, salpêtre, alun, sel ;
« Or fin, avec addition d'acide arsénieux ;
a Or rouge, par addition d'un sel de cuivre ;
« Or jaune, par addition de salpêtre, de sel ammoniac.
« Pour lustrer et polir. Tartre brut, 2 onces; soufre en poudre, 2 onces;
sel marin, 4 onces ; faites bouillir dans parties égales d'eau et d'urine ;
trempez-y l'or, ou l'ouvrage doré. » (Manuel Roret, t. 11, p. 188; i832).
Le soufre et l'urine se retrouvent ici, dans le manuel Roret, comme cfaiez
les alchimistes égyptiens.
Voici maintenant des ptocédés de dorure véritable. L'un d'eux (38) est
remarquable, parce qu'il procède sans mercure, au moyen d'un alliage de
plomb : il représente peut-être une pratique antérieure à la connaissance
du mercure, dont il n'est pas question jusqu'au v^ siècle avant notre ère.
En tout cas, c'est toujours un procédé pour tromper l'acheteur, comme
le texte le dit expressément.
Un autre procédé (57) est destiné à dorer l'argent, par application avec
des feuilles d'or et du mercure. L'objet, dit l'auteur, peut subir l'épreuve de
l'or régulier (la pierre de touche) : c'est donc un procédé de fraude.
D'autres recettes donnent seulement l'apparence de l'or: on la commu-
nique au cuivre par l'emploi du cumin par exemple (28) ; avec des variantes
(47) et (77).
Rappelons ici les recettes pour écrire en couleur d'or avec l'aide du safran,
du carthame et de la bile de veau ou de tortue (39), (63), (74). Pline explique
également que l'on colore le bronze en or avec le fiel de taureau [H. N.
XXVIIl, 146).
Une autre recette est destinée à dorer sans or un vase d'argent ou
de cuivre, au moyen du natron jaune, substance mal connue (49) : c'était
PAPYRUS DE LEIDE 5g
peut-être un sulfure, capable de teindre superficiellement les métaux
(v. p. 39).
Une recette pour dorer Targent (51) repose sur Temploi de la sandaraque
(c'est-à-dire du réalgar), du cinabreet du misy (sulfates de cuivre et de fer
basiques). Elle constate ainsi l'apparition des composés arsenicaux pour
teindre en or. Mais ces composés semblent employés ici seulement par
application, sans intervention de réactions chimiques, telles que celles qui
font au contraire la base des méthodes de transmutation par l'arsenic chez
les alchimistes.
Une apparence de dorure superficielle (69) et (76) repose sur l'emploi du
misy grillé, de l'alun et de la chélidoine, avec addition d'urine.
Ces procédés de teinture superficielle sont devenus un procédé de trans-
mutation dans le Pseudo-Démoerite [Physica et Mjrstica), qui s'exprime
ainsi :
(t Rendez le cinabre (i) blanc au moyen de l'huile, ou du vinaigre, ou du
miel, ou de la saumure, ou de l'alun; puis jaune, au moyen du misy, ou du
sory, ou de la couperose, ou du soufre apyre, ou comme vous voudrez.
Jetez le mélange sur de l'argent et vous obtiendrez de l'or, si vous avez
teint en or; si c'est du cuivre, vous aurez de l'électrum : car la nature jouit
de la nature. »
Cette recette est reproduite avec plus de détails un peu plus loin^ daas le
même auteur.
Ailleurs le Pseudo-Démoerite donne un procédé fondé sur l'emploi du
safran et de la chélidoine, pour colorer la surface de l'argent ou du cuivre
et la teindre en or : ce qui est conforme aux recettes pour écrire en lettres
d'or exposées plus haut.
La chélidoine apparaît aussi associée à l'orpiment, dans l'une des recettes
du papyrus pour écrire en lettres d'or sur papier, sur parchemin, ou sur
marbre (74) .
A la suite figure un procédé de dorure par vernissage, fondé sur l'emploi
simultané des composés arsenicaux, de la bile et du mercure (75).
(i) Ce mot semble signifier ici le minium (oxyde de plomb), sens que l'on trouve
dans Dioscoride.
6o CHIMIE DES ANCIENS
Ce procédé rappelle à certains égards le vernis suivant, pour donner
une couleur d'or à un métal quelconque {Manuel Roretj t. II, p. 192;
i832) :
a Sangdragon, soufre et eau, faire bouillir, filtrer; on met cette eau dans
un matras avec le métal qu'on veut colorer. On bouche, on fait bouillir, on
distille. Le résidu est une couleur jaune, qui teint les métaux en couleur
d'or. On peut encore opérer avec parties égales d'aloès, de salpêtre et de sul-
fate de cuivre. »
Les procédés suivants sont des procédés d'argenture, tous fondés sur une
coloration apparente, opérée sans argent. Ainsi (42), sous le nom d'enduit
de cuivre, on enseigne à blanchir le cuivre en le frottant avec du mercure :
c'est encore aujourd'hui un procédé pour donner à la monnaie de cuivre l'ap-
parence de l'argent et duper les gens inattentifs.
De même un amalgame d'étain, destiné à blanchir le cuivre (27).
De même le procédé pour colorer l'argent (81).
La teinture en couleur d'asèm (80) et (67), intermédiaire entre Tor et l'ar-
gent, est répétée deux fois.
Citons encore une recette pour blanchir le cuivre par l'arsenic (23).
Au lieu de teindre la surface des métaux, pour leur donner l'apparence
de l'or ou de l'argent, les orfèvres égyptiens apprirent de bonne heure à les
teindre à fond, c'est-à-dire en les modifiant dans toute leur masse. Les pro-
cédés employés par eux consistaient à préparer des alliages d'or et d'argent
conservant l'apparence du métal :c'estce qu'ils appelaient la if/p/o^w, l'art de
doublerlepoidsdel'oretdel'argent(V.plus haut p. 56) ; expression qui a passé
auxalchimistes, en même temps q ue la prétention d'obtenir ainsi des métaux,
non simplement mélangés, mais transformés à fond. Le mot actuel de û?OMè/e
se rapporte au même ordre, d'idées, mais avec un sens tout différent, puis-
qu'il s'agit aujourd'hui de deux lames métalliques superposées. Chez les
anciens la signifiration était plus extensive. En effet, le motrfi^/o5f5 impliquait
autrefois, tantôt la simple augmentation de poids du métal précieux, addi-
tionné d'un métal de moindre valeur qui n'yn changeait pas l'apparence, (16)
et (17), (56), (87) et (88); tantôt la fabrication de toutes pièces de l'or et de
l'argent, par la transmutation de nature du métal surajouté; tous les métaux
étant au fond identiques, conformément aux théories platoniciennes sur la
PAPYRUS DE LEIDE 6l
matière première. L^agent même de la transformation est une portion de
l'alliage antérieur, jouant le rôle de ferment.
Toutes ces préparations sont aussi claires et positives, sauf Tincertitude
sur le sens de quelques mots, que nos recettes actuelles. Il n'en est que plus
surprenant de voir naître, au milieu de procédés techniques si précis, la
chimère d'une transmutation véritable ; elle est corrélative d'ailleurs avec
rintention de falsifier les métaux. Le faussaire, à force de tromper le public,
finissait par croire à la réalité de son œuvre ; il y croyait, aussi bien que la
dupe qu'il s'était d'abord proposé défaire. En effet, la parenté de ces recet-
tes avec celles des alchimistes peut être aujourd'hui complètement'établie.
J'ai déjà signalé l'identité de quelques recettes de dorure du papyrus
avec les recettes de transmutation du Pseudo-Démocrite ; je poursuivrai
cette démonstration tout à l'heure en parlant de l'asèm. Elle est frappante
pour la diplosis de Moïse (i), recette aussi brève, aussi claire que celle des
papyrus de Leide et tirée probablement des mêmes sources; du moins si
l'on en juge par le rôle de Moïse dans ces mêmes papyrus (ce volume,
p. i6).
Le procédé de Moïse, exposé en quelques lignes, est celui-ci :
« Prendre du cuivre, de l'arsenic (orpiment), du soufre et du plomb (2) ;
on broie le mélange avec de l'huile de raifort; on le grille sur des charbons
jusqu'à désulfuration ; on retire; on prend de ce cuivre brûlé i partie et 3
parties d'or ; on met dans un creuset; on chauffe ; et vous trouverez le tout
changé en or, avec le secours de Dieu. »
C'est un alliage d'or à bas titre, analogue à ceux signalés plus haut.
Les soudures d'argent des orfèvres de nos jours sont encore exécutées
au moyen des composés arsenicaux. On lit par exemple dans le Manuel
Roret, t. II, p. 186 (i832): .
(( 3 parties d'argent, i partie d'airain : fondez ; jetez-y un peu d'orpiment
en poudre.
« Autre: argent fin, i once; airain mince, i once; arsenic, i once. On
fond d'abord l'argent et l'airain et l'on y ajoute l'arsenic.
(i) Manuscrit 299 de Saint-Marc I (2) Ou bien du soufre natif; d'après
(M), f. i85, recto. I le symbole du manuscrit.
62 CHIMIE DES ANCIENS
« Autre : argent, 4 onces; airain, 3 onces; arsenic, 2 gros.
« Autre: argent, 2 onces ; clinquant, i once; arsenic, 4 gros; couler de
suite ; bonne soudure. »
On remarquera que l'énoncé même de ces formules de nos jours affecte
une forme analogue àcelui des formules du papyrus (23 notamment) et des
manuscrits. C'est d'ailleurs par des recettes analogues que l'on prépare
aujourd'hui le tombac blanc ou cuivre blanc, et le faux argent desAnglais.En
tous cas, le cuivre est teint dans le papyrus au moyen de l'arsenic, comme
chez les alchimistes; le tout dans une intention avouée de falsification.
La formule d^Eugenius, qui suit dans le manuscrit de Venise, est un peu
plus complexe que celle de Moise.
Elle repose aussi sur l'emploi du cuivre brûlé, mêlé à l'or et fondu,
auquel on ajoute de l'orpiment : ce composé traité par le vinaigre est expose
au soleil pendant deux jours, puis on le dessèche ; on Tajoute à l'argent, ce
qui le rend pareil à Téleotrum ; le tout ajouté à l'or, par parties égales, con-
somme l'opération.
C'est toujours le même genre d'alliages, que l'auteur prétend identifier
finalement avec Por pur.
III. — Fabrication de l'Asèm.
Le nœud de la question est dans la fabrication de l'asèm.
L'asèm (i) des Égyptiens désignait à l'origine l'électrum, alliage d'or et
d'argent, qui se trouve dans la nature et qui se produit aisément dans les
traitementsdesminerais. Sonnomaététraduitchezles Grecsanciens par celui
de xzr,\j.z^t. (XTr,\j.z:, ou xTq'^.r,, qui étaitaussi celuide Fargenl sans marque, c'est-
à-dire sans titre, lequel est devenu chez les Grecs modernes le nom même de
l'argent. De là une confusion extrême dans les textes. Mais à l'origine Vasèm
égyptien avait un sens propre, comme le montrent, sans doute possible, les
papyrus de Leide. D'après Lepsius, d'ailleurs, l'asèm était regardé comme
un métal distinct, comparable à l'or et à l'argent ; il est figuré à côté d'eux
(i) Origines de l'Alchimie, p. 21 5.
PAPYRUS DE LEIDE 63
sur les monuments égyptiens. Il a été placé de même sous le patronage
d'une divinité planétaire, Jupiter, qui, plus tard, fut attribuée à l'étain, vers
le V* ou vi* siècle de notre ère, lorsque rélectrum disparut de la liste des
métaux.
Cependant ce métal prétendu variait notablement dans ses propriétés,
suivant les doses relatives d'or, d'argent et des autres corps simples, alliés
dans sa constitution : mais alors la chose ne paraissait pas plus surpre-
nante que la variation des propriétés de l'airain, nom qui comprenait à la
fois et notre cuivre rouge, et les bronzes et les laitons d'aujourd'hui.
Ce n'est pas tout : l'asèm jouissait d'une faculté étrange : suivant les trai-
tements subis, il pouvait fournir de l'or pur, ou de l'argent pur, c'est-à-dire
être changé en apparence en ces deux autres métaux.
Enfin, et réciproquement, on pouvait le fabriquer artificiellement, en al-
liant l'or et l'argent entre eux, voire même sans or, et sans argent et en
outre avec association d'autres métaux, tels que le cuivre, l'étain, le zinc, le
plomb, l'arsenic, le mercure, qui en faisaient varier la couleur et les diverses
propriétés : on va citer tout à l'heure de nombreux exemples de ce genre
de fabrication (v. aussi p. 54 et 56, les formules des monnaies falsifiées).
C'était donc à la fois un métal naturel et un métal factice. 11 établissait
la transition de Tor et de l'argent entre eux et avec les autres métaux et sem-
blait fournir la preuve de la transmutation réciproque de toutes ces subs-
tances, métaux simples et alliages. On savait d'ailleurs en retirer dans un
grand nombre de cas l'or et l'argent, au moins par une analyse qualitative, et
l'on y réussissait même dans des circonstances, telles que le traitement du
plomb argentifère, où il ne semblait pas qu'on eût introduit Pargent à
l'avance dans les mélanges capable de fournir ce métal.
Tels sont les faits et les apparences qui servaient de bases aux pratiques,
aux conceptions et aux croyances des orfèvres des papyrus de Leide, comme
à celles des alchimistes gréco-égyptiens de nos manuscrits. On voit par là
que, étant donné l'état des connaissances d'alors, ces conceptions et ces
croyances n'avaient pasle caractère chimérique qu'elles ont pris pour nous;
maintenant que les métaux simples sont définitivement distingués, les uns
par rapport aux autres, comme par rapporta leurs alliages. La seule chose
surprenante, c'est la question de fait : je veux dire que les praticiens aient
64 CHIMIE DES ANCIENS
.cru si longtemps à la réalité d'une transmutation complète, alors qu'ils
fabriquaient uniquement des alliages ayant l'apparence de l'or et de l'argent,
alliages dont nous possédons maintenant, grâce au papyrus de Leide, les
formules précises. Or ces formules sont les mêmes que celles des manuscrits
alchimiques. En fait, c'étaient là des instruments de fraude et d'illusion vis-
à-vis du public ignorant. Mais comment les gens du métier ont-ils pu croire
si longtemps qu'ils pouvaient réellement, par des pratiques d'artisan, ou par
des formules magiques, réussir à changer ces apparences en réalité ? 11 y a
là un état intellectuel qui nous confond. Quoi qu'il en soit, il est intéressant
de pousser la connaissance des faits jusqu'à son dernier degré, et c'est ce que
je vais essayer de faire.
Le nombre des recettes relatives à l'asèm s'élève à 28^ou 3o; c'est plus du
quart du nombre total des articles du papyrus. Elles comprennent des pro-
cédés pour la fabrique de toutes pièces ; des procédés pour faire l'asèm
noir, correspondant à ce que nous appelons l'argent oxydé ; des procédés
pour teindre en asèm; pour faire des lettres de cette couleur, pour essayer
l'asèm ; enfin des procédés pour doubler et multiplier la dose de l'asèm, pour
le diluer, etc. : ce qui répond à la diplosis de l'or, signalée plus haut (p. 56
et 6o).
Entrons dans quelques détails, en commençant par les procédés de fabri-
cation, qui mettent en pleine évidence le caractère réel de l'asèm. On trouve
désignés sous ce nom, indépendamment de l'asèm naturel ou electrum, al-
liage d'or et d'argent figuré sur les monuments égyptiens :
1° Un alliage d'étain et d'argent (3).
C'est un procédé de diplosis de l'argent.
2° Un amalgame d'étain, (5) et (86).
Ici il s'agit uniquement de simuler l'argent.
Dans une autre recette (37), l'étain affiné est simplement additionné d'un
peu de mercure : ce qui montre que la dose de ce dernier variait.
3" L'étain affiné aété parfois identifié à l'asèm (v. p. 55), commele montre
la recette suivante, tirée du manuscrit 299 de Saint-Marc (M, fol. 106, recto) :
a Prenez de l'étain affiné, fondez-le et, après cinq fusions, jetez du bitume
à sa surface dans le creuset ; et chaque fois que vous le refondrez, coulez-le
dans du sel ordinaire, jusqu'à ce qu'il devienne un asèm parfait et abondant. »
PAPYRUS DE LEIDE
65
C'est la formule (3) du papyrus, dans lequel elle précède la fabrication
d'un alliage d'étain et d'argent. En tous cas, elle montre la similitude par-
faite des recettes du papyrus et de celles du manuscrit de Saint-Marc.
4° Le nom de Tasèm paraît avoir été aussi appliqué à un alliage de
plomb et d'argent, obtenu dans la fusion des minerais de plomb ; ainsi
que l'établit le texte suivant (i), tiré du manuscrit de Saint-Marc (fol. io6,
recto) :
a Prenez du plomb fusible, tiré des minerais lavés. Le plomb fusible est
très compact. On le fond à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il devienne
asèm. Après avoir obtenu Tasèm, si vous voulez le purifier, jetez dans le
creuset du verre de Cléopâtre et vous aurez de l'asèm pur; car le plomb
fusible fournit beaucoup d'asèm. Chauffez le creuset sur un feu modéré et
pas trop fort. »
Et un peu plus bas :
« On tire l'asèm du plomb purifié, comme il est écrit sur la stèle d'en
haut (2) . Il faut savoir que cent livres de plomb ordinaire fournissent dix
livres d'asèm. »
Dans les autres recettes, le cuivre intervient toujours; on rapprochait
par là l'apparence et les propriétés de l'alliage de celles de l'or. L'asèm for-
mait dès lors, aussi bien que l'électrum naturel, la transition entre l'or et
l'argent. Toutefois, dans aucune des recettes, sauf la dernière (90^ l'or
n'est ajouté; ce qui montre bien l'intention d'imitation, ou plutôt de
fraude.
5° Un alliage d'étain et de cuivre, sorte de bronze où l'étain dominait
(30); ou bien il était pris à parties e'gales (29) et (14).
6" Un alliage analogue, avec addition d'asèm antérieur (8) et (40).
L'intention de fraude est ici très explicitement avouée.
Dans cette formule, il n'est pas question des fondants et des tours de
main pour affiner l'alliage, mais ils sont décrits en détail dans une autre
recette (19), par laquelle on augmente la proportion de cuivre dans l'asèm
(i) Le titre est : Sur la fabrication de
l'asèm ; tandis que le signe employé
dans le courant du texte est celui de
l'argent. (Texte grec ci-après, I, xvi.)
(2) Il s'agit évidemment de la recette
précédente, inscrite probablement dans
le temple sur une stèle ou colonne.
66 CHIMIE DES ANCIENS
déjà préparé : ce qui devait rapprocher le bronze obtenu de la couleur de
l'or. De même (83), dans une recette où l'on décrit les précautions pour éviter
l'oxydation.
7** Un alliage d'argent, d'étainet de cuivre (41).
Une recette analogue, un peu plus détaillée et avec moitié moins d'étain,
se termine par ces mots : «Employez-le comme de l'asèm, préférable au véri-
table (59) . »
8° Un amalgame de cuivre et d'étain (9) et (29).
9° Un amalgame de cuivre, d'étainet d'asèm (13) et (18).
C'est une variante de la formule précédente.
Ces recettes paraissent se rapporter à ces prescriptions fondamentales du
Pseudo-Démocrite : « Fixe le mercure avec le corps (ou métal) de la magné-
sie. » La magnésie était, à proprement parler, tantôt la pierre d'aimant, avec
addition de divers métaux et oxydes métalliques, tantôt un sulfure métallique
contenant du fer, du cuivre, du plomb, etc.
10° Un alliage de plomb, de cuivre, de zinc et d'étain (11); avec ces mots
à la fin : tt On s'en sert comme de l'asèm naturel. »
On voit paraître ici l'idée d'imiter par l'art le métal naturel, par analogie
avec la reproduction artificielle des pierres précieuses.
1 1° Un alliage de plomb, de cuivre et d'asèm (84), désigné sous le nom
d'asèm égyptien, d'après la recette de Phiménas le Saïte, personnage qui
est le même que le Pamménès des alchimistes. En effet, il est expressément
cité parle Pseudo-Démocrite, comme artiste en Chrysopée, au début d'une
série de recettes pour la fabrication de l'asèm (p. 24).
Cet ordre d'alliages rappelle le métal anglais de nos jours, formé de
80 parties de cuivre; 4, 3 de plomb; 10, i d'étain; 5, 6 de zinc.
De même V alliage indien : 16 parties de cuivre; 4 parties de plomb;
2 parties d'étain; 16 parties de zinc;
Ou bienlemeVa/ du prince Robert : 4 parties de cuivre et 2 de zinc;
Les alliages de cuivre et de zinc (100 cuivre, 8 à 14 zinc) ;
Les alliages de cuivre (100 parties), de zinc et d'étain (de 3 à 7 parties de
chacun) ;
L'argentan, le pack/ong, le cuivre blanc des Chinois, le maillechort;
alliages de cuivre (de 3 à 5 parties) avec le zinc et le nickel (parties égales,
PAPYRUS DE LEIDE 67
formant la moitié ou les deux tiers du poids du cuivre), additionnés d'un
peu de plomb;
Et un grand nombre d'alliages complexes et du même ordre, cuivres,
bronzes et laitons blancs et jaunes encore usités dans l'industrie : la variété
en est infinie.
12° Un alliage d'asèm et d'orichalque (laiton) arsenical, décrit à la suite du
précédent (85).
Cette recette compliquée, où l'arsenic intervient, rappelle tout à fait celles
des alchimistes. On lit, par exemple, dans le Pseudo-Démocrite [Physica et
Mystica, Texte grec, 1,7) ;
« Fabrication de l'or jaune. — Prenez du claudianon (i), rendez-le brillant
et traitez-le suivantl'usage, jusqu'à ce qu'il devienne jaune. Jaunissons donc:
je ne dis pas avec la pierre, mais avec sa portion utile. Vous jaunirez avec
l'alun décomposé (2), avec le soufre, ou l'arsenic (sulfuré), ou la sandaraque
(réalgar), ou le titanos (calcaire), ou à votre idée : si voiis y ajoutez de l'ar-
gent, vous aurez de l'or; si vous mettez de l'or, vous aurez du corail d'or (3) ;
car la nature victorieuse domine la nature. »
Le procédé semble le même ; mais il est moins clair chez l'alchimiste et
il est devenu une méthode de transmutation. Une recette analogue se
retrouve un peu plus loin dans le même auteur.
Voici encore un résumé de la recette d'Olympiodore, auteur alchimiste
du V» siècle, laquelle est très claire.
« Première teinture teignant le cuivre en blanc. — L'arsenic est une
espèce de soufre qui se volatilise au feu. Prenez de l'arsenic doré, 14 onces;
porphyrisez, faites tremper dans du vinaigre deux ou trois jours et faites
sécher à l'air, mêlez avec 5 onces de sel de Cappadoce (4) ; l'emploi de ce sel
(i) Alliage de plomb etd'étain conte-
nant du zinc et du cuivre.
(2) Dans le langage des alchimistes
grecs, ce mot s'applique non seulement
à notre alun plus ou moins pur, mais
à l'acide arsénieux, provenant du gril-
lage des sulfures : cette signification est
donnée dans les textes d'une façon très
explicite.
(3) Quintessence de l'or. Ce mot est
parfois synonyme de coquille d'or, dé-
nomination conservée dans le langage
des orfèvres par le mot or en coquilles,
c'est-à-dire or en poudre, dont le sens
actuel n'est peut-être pas le même que
celui des anciens.
(4) Sel gemme.
68 CHIMIE DES ANCIENS
a été proposé par Africanus. On place au-dessus du vaisseau qui contient
le mélange une tasse ou vase de verre et au-dessus une autre tasse, assujettie
de tous côtés, pour que l'arsenic brûlé ne se dissipe pas (i). Faites brûler à
plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il soit devenu blanc : on obtient ainsi de
Taiun blanc et compact (2). Ensuite on fait fondre du cuivre avec de la cen-
dre de chêne de Nicée (3),puis vous prenez de la fleur de natron (4), vous en
jetezaufond du creuset 2 ou 3 parties pour ramollir. Ensuite vous projetez la
poudre sèche (arsenic) avec une cuiller de fer, i once pour 2 onces de cuivre;
puis vous ajoutez dans le creuset un peu d'argent, pour rendre la teinture
uniforme; vousprojetez encore un peu de sel. Vous aurez ainsi un très bel
asèm. »
On voit que les recettes des premiers alchimistes ne sont nullement chi-
mériques, mais pareilles à celles du papyrus et même aux recettes des
orfèvres et métallurgistes de nos jours.
Venons aux procédés de diplosis proprement dite, destinés à augmenter
le poids de Tasém, envisagé comme un métal détini, procédés analogues
aux diplosis de l'or et de l'argent décrites plus haut et donnant des alliages
plus ou moins riches en cuivre (6), (10) et (90).
Dans le dernier procédé, il semble qu'il s^agisse d'accroître le poids de
l'asèm et d'en modifier la couleur. On le ramollit par amalgamation, afin
d'y pouvoir incorporer de l'or, de l'argent, du soufre, de l'arsenic et du
cuivre. Les derniers métaux sont tirés de leurs sulfures, dissous ou désa-
grégés par le polysulfure de calcium, qui forme l'eau de soufre : le tout,
avec le concours des grillages et d'une nouvelle amalgamation finale. C'est
là. tout à fait un procédé d'alchimiste transmutateur.
Une mention spéciale est due à la substance appelée uowp Ôeicv : ce qui
veut dire eau de soufre, ou eau divine, substance qui a un rôle énorme chez
les alchimistes, lesquels jouent continuellement sur le double sens de ce
mot. Cette liqueur est désignée dans le lexique alchimique sous le nom de
bile de serpent; dénomination qui est attribuée à Pétésis, seul auteur cité
(i) Cette description répond à celle
de l'aludel.
(2) Ce nom s'appliquait donc à l'acide
arsénieux-
(3) Flux blanc.
(4) Fondant.
PAPYRUS DE LEIDE 69
dans ce lexique, lequel figure aussi dans Dioscoride, et qui doit être rappro-
ché de Phiménasou Pamménès, désigné à la fois dans le papyrus et dans le
Pseudo-Démocrite. Ces noms représentent deux personnages réels, deux de
ces prophètes ou prêtres chimistes qui ont fondé notre science.
L'eau de soafre apparaît pour la première fois dans le papyrus X (89).
La recette est très claire : elle désigne la préparation d'un polysulfure de
calcium. Dans la recette consécutive (90), qui est fort compliquée, on met
en oeuvre la liqueur ci-dessus.
Cette liqueur préparée avec du soufre natif (ijowp ôs-ou àôiV.Tou) se trouve
décrite] dans divers passages des alchimistes, par exemple dans le petit
résumé de Zosime intitulé : -rir^z'.x ypoiç-q, écrit authentique. Rappelons
ici que les descriptions de Zosime se rapportent en divers endroits à des
liqueurs chargées d'acide sulfhydrique (i).
Une semblable eau de soufre possède une activité remarquable, surtout
vis-à-vis des métaux, activité qui a dû frapper vivement ses inventeurs. Non
seulement elle donne des précipités ou produits colorés en noir, en jaune,
en rouge, etc., avec les sels et oxydes métalliques: mais lespolysulfuresalca-
lins exercent une actiondissolvante sur la plupart des sulfures métalliques ;
ils colorent directement la surface des métaux de teintes spéciales ; enfin
ils peuvent même, par voie sèche à la vérité, dissoudre l'or.
Dans ces procédés de diplosis et dans la plupart des fabrications d^asèm,
l'auteur ajoute toujours au mélange une certaine dose d'asèm préexistant,
pour faciliter l'opération. Il y a là une idée analogue à celle d'un ferment
et qui est exposée d'une façon plus explicite dans deux articles spéciaux
(7) et (60).
Quelques mots maintenant sur Pasèm noir, préparation analogue à
notre argent oxydé (36). C'est un alliage noirci par des sulfures métalliques.
Pline dit de même [Hist. nat., XXXIII, 46) :
a L'Egypte colore l'argent, pour voir dans les vases son Anubis ; elle
peint l'argent, au lieu de le ciseler. Cette matière a passé de là aux statues
triomphales ; et, chose étrange, elle augmente de prix en voilant son éclat.
(i) Sur la niânie eau divine ; on v lit
le passage suivant : découvrant l'alam-
bic, tu te boucheras le nez à cause de
l'odeur, etc.
yo CHIMIE DES ANCIENS
Voici comment on opère. On mêle avec un tiers d'argent deux parties de
cuivre de Chypre très fin, nommé coronaire, et autant de soufre vif que
d'argent. On combine le 'tout par fusion, dans un vase de terre luté avec de
l'argile... On noircit aussi avec un jaune d'œuf durci; mais cette der-
nière teinte est enlevée par l'emploi delà craie et du vinaigre. »
Ainsi Pline opèreavec del'argent pur, tandis que le papyrus met enœuvre
un alliage plombifère.
IV. — Recettes du Pseudo-Démocrite .
Pour achever de caractériser ces colorations de métaux en or et en argent,
ainsi que toute l'industrie des orfèvres et métallurgistes égyptiens qui a
donné naissance à l'Alchimie, il semble utile de donner les recettes des pre-
miers alchimistes eux-mêmes. J'en ai déjà reproduit quelques-unes (p. Sg,
6i, 62, 64, 65, 6j). Les plus vieilles de ce? recettes sont exposées dans
le Traité du Pseudo-Démocrite, intitulé Physica et Mystica;]^ les ai étu-
diées et j'ai réussie en tirer un sens positif, à peu près aussi clair que pour
les procédés décris par Pline ou Dioscoride. Or leur comparaison four-
nit les résultats les plus dignes d'intérêt.
Après un fragment technique sur la teinture en pourpre et un récit
d'évocation, ce Traité poursuit par deux Chapitres, l'un sur la Chrysopée
ou art de faire de l'or ; l'autre sur la fabrication de l'asèm, assimilée à
l'art de faire de l'argent. Ces deux Chapitres sont en réalité des collections
de recettes ayant le même caractère pratique, c'est-à-dire relatives tant à la
préparation de métaux teints superficiellement, qu'à celle d'or et d'alliages
d'argent. Les recettes mêmes sont comparables de tous points à celles du
papyrus deLeide, à cela près que chacune d'elles se termine par les refrains
mystiques :La nature triomphe de la nature; la nature jouit de la nature; la
nature domine la nature, etc. Cependantil n'y a ni magie, ni mystère dans
le corps même des recettes. Donnons-en le résumé en quelques lignes.
Art de faire de l'or. — Première recette. — On éteint le mercure, en
ralliant avec un autre métal ; ou bien en l'unissant au soufre, ou au sulfure
PAPYRUS DE LEIDE yi
d'arsenic ; ou bien en l'associant avec certaines matières terreuses. On étend
cette pâte sur du cuivre pour le blanchir. En ajoutant de l'électrum ou
de l'or en poudre, on obtient un métal coloré en or. Dans une variante, on
blanchit le cuivre au moyen des composés arsenicaux, ou du cinabre décom-
posé. Il s'agit donc, en somme, d'un procédé d'argenture apparente du
cuivre, précédant une dorure superficielle.
Deuxième recette. — On traite le sulfure d'argent naturel par la litharge
de plomb, ou par l'antimoine, de façon à obtenir un alliage; et l'on colore en
jaune par une matière non définie.
Troisième récette. — On grille la pyrite cuivreuse, on la fait digérer avec
des solutions de sel marin, et l'onprépare un alliage avec de l'argent ou de l'or.
Le claudianon (alliage de cuivre, d'étain et de plomb avec le zinc) est
jauni parle soufre, ou l'arsenic, puis allié à l'argent ou à l'or.
Quatrième recette. — Le cinabre, décomposé par divers traitements, teint
l'argent en or, le cuivre en électrum.
Cinquième recette. — On prépare un vernis jaune d'or avec la cadmie,
ou la bile de veau, ou la térébenthine,. ou l'huile de ricin, ou le jaune
d'œuf(v. p. 56, 58, 59).
Sixième recette. — On teint l'argent en or, par une sulfuration superfi-
cielle, obtenue au moyen de certaines pyrites, ou de l'antimoine oxydé, joints
à l'eau de soufre (polysulfure de calcium) et au soufre même.
Septième recette. — On prépare d'abord un alliage de cuivre et de plomb
(molybdochalque) et on le jaunit, de façon à obtenir un métal couleur d'or.
Huitième recette. — On teint le cuivre et l'argent à la surface en jaune,
au moyen de la couperose verte altérée. Puis vient une recette d'affinage de
l'or, rappelant le cément royal.
Neuvième recette. — Même recette appliquée à la cémentation superfi-
cielle, qui donne aux parties extérieures du métal les caractères de l'or.
Vient après une petite déclamation de l'auteur sur les phénomènes chi-
72
CHIMIE DES ANCIENS
miques et sur la nature de sa science; puis trois recettes de vernis, pour
teindre en or par digestion avec certains mélanges de substances végétales,
safran, chélidoine, carthame, etc., recettes qui rappellent le procédé tiré du
Manuel Rorety que j'ai exposé plus haut (p. 60). L'auteur dit finalement :
0 Cette matière de la Chrysopée accomplie par des opérations naturelles est
celle de Pamménès, qu'il enseignait aux prêtres en Egypte. »
Art de faire de l'asèm. — Il expose ensuite la fabrication de Pasèm, ou
Argyropée (c'est-à-dire l'art de faire de l'argent).
Première recette — On blanchit le cuivre par les composés volatils de
l'arsenic; cette action opérée par sublimation étant assimilée à celle du
mercure (i).
Deuxième recette. — Le mercure sublimé est éteint avec de l'étain, du
soufre et divers autres ingrédients ; et l'on s'en sert pour blanchir les métaux.
Troisième recette. — Analogue à la précédente et appliquée à un alliage
de cuivre, d'orichalque et d'étain.
Quatrième recette. — Sulfure d'arsenic et soufre employés pour blanchir
et modifier les métaux.
Cinquième recette. — Préparation d'un alliage blanc à base de plomb.
Sixième recette. — C'est un simple vernis superficiel pour donner au cui-
vre, au plomb, au fer, l'apparence de l'argent ; ce vernis étant fixé par décoc-
tion et enduits sans l'action du feu (v. p. 52).
Septième recette. — Elle représente une teinture par amalgamation, et la
8« recette un simple vernis.
On voit que toutes ces recettes du Pseudo-Démocrite et d'Olympiodore,
aussi bien que celles du papyrus de Leide, sont réelles, positives, sans mé-
lange de chimère. Plus tard sont venus les philosophes et les commenta-
(i) De là, l'idée des deux mercures,
l'un tiré du cinabre, l'autre de Tarse
nie, qui se trouve souvent chez les al-
chimistes.
METAUX ET PLANETES
73
teurs, étrangers à la pratique et animés d'espérances mystiques, qui ont jeté
une grande confusion dans la question. Mais le point de départ est beau-
coup plus clair, comme le montrent les textes que je viens analyser.
J'ai cru utile de développer cette étude de l'asèm, parce qu'elle est nou-
velle et parce qu'elle jette beaucoup de lumière sur les idées des Egyptiens
du III^ siècle de notre ère, relativement à la constitution des métaux. On
voit en effet qu'il n'existe pas moins de douze ou treize alliages distincts, dési-
gnés sous ce même nom d'asèm, alliages renfermant de l'or, de l'argent, du cui-
vre, de l'étain, du plomb, du zinc, de l'arsenic. Leur caractéristique com-
mune était de former la transition entre l'or et l'argent, dans la fabrication
des objets d'orfèvrerie. Rien n'était plus propice qu'une semblable confu-
sion pour donner des facilités à la fraude : aussi a-t-elle dû être entretenue
soigneusement par les opérateurs. Mais, par un retour facile à concevoir,
elle a passé des produits traités dans les opérations jusqu'à l'esprit des opé-
rateurs eux-mêmes. Les théories des écoles philosophiques sur la matière
première, identique dans tous les corps, mais recevant sa forme actuelle de
l'adjonction des qualités fondamentales exprimées par les quatre éléments,
ont encouragé et excité cette confusion. C'est ainsi que les ouvriers habi-
tués à composer des alliages simulant l'or et l'argent, parfois avec une per-
fection telle qu'eux-mêmes s'y trompaient, ont fini par croire à la possibilité
de fabriquer effectivement ces métaux de toutes pièces, à l'aide de certaines
combinaisons d'alliages, et de certains tours de main, complétés par l'aide
des puissances surnaturelles, maîtresses souveraines de toutes les transfor-
mations.
II.- RELATIONS ENTRE LES MÉTAUX ET lES PLANÈTES
LE NOMBRE SEPT (1).
« Le monde est un animal unique, dont toutes les parties, quelle
qu'en soit la distance, sont liées entre elles d'une manière nécessaire. »
(i) Cet article a été public dans
mon ouvrage intitulé : Science et
Philosophie. Toutefois j'ai cru de-
voir le reproduire ici avec certains
74 CHIMIE DES ANCIENS
Cette phrase de Jamblique le Néoplatonicien ne serait pas désavouée par
les astronomes et par les physiciens modernes; car elle exprime l'unité
des lois de la nature et la connexion générale de l'Univers. La première
perception de cette unité remonte au jour où les hommes reconnurent
la régularité fatale des révolutions des astres : ils cherchèrent aussitôt
à en étendre les conséquences à tous les phénomènes matériels et même
moraux, par une généralisation mystique, qui surprend le philosophe,
mais qu'il importe pourtant de connaître, si l'on veut comprendre le
développement historique de l'esprit humain. C'est la chaîne d'or qui
reliait tous les êtres, dans le langage des auteurs du moyen âge. Ainsi
l'influence des astres parut s'étendre à toute chose, à la génération des
métaux, des minéraux et des êtres vivants, aussi bien qu'à l'évolution
des peuples et des individus. 11 est certain que le soleil règle, par le flux
de sa lumière et de sa chaleur, les saisons de l'année et le développement
de la vie végétale; il est la source principale des énergies actuelles ou
latentes à la surface de la terre. On attribuait autrefois le même rôle,
quoique dans des ordres plus limités, aux divers astres, moins puis-
sants que le soleil, mais dont la marche est assujettie à des lois aussi
régulières. Tous les documents historiques prouvent que c'est à Babylone
et en Chaldée que ces imaginations prirent naissance ; elles ont joué un
rôle important dans le développement de l'astronomie, étroitement liée
avec l'astrologie dont elle semble sortie. L'alchimie s'y rattache également,
au moins par l'assimilation établie entre les métaux et les planètes,
assimilation tirée de leur éclat, de leur couleur et de leur nombre même.
Attachons-nous d'abord à ce dernier : c'est le nombre sept, chiffre sacré
que l'on retrouve partout, dans les jours de la semaine, dans l'énumération
des planètes et des zones célestes, dans celle des métaux, des couleurs,
des cordes de la lyre et des tons musicaux, des voyelles de l'alphabet
grec, aussi bien que dans le chiffre des étoiles de la grande ourse, des
sages de la Grèce, des portes de Thèbes et des chefs qui l'assiègent, d'après
Eschyle.
développements nouveaux, parce qu'il
est indispensable pour l'intelligence
des textes et des notations alchimi-
ques.
MÉTAUX ET PLANÈTES y5
L'origine de ce nombre paraît être astronomique et répondre aux phases
de la lune, c'est-à-dire au nombre des jours qui représentent le quart de la
révolution de cet astre. Ce n'est pas là une opinion a priori. On la trouve
en effet signalée dans Aulu-Gelle, qui l'a attribuée à Aristide de Samos (i).
Dans le papyrus W de Leide, il est aussi question (p. 17) des 28 lumières
de la lune.
L'usage de la semaine était ancien en Egypte et en Chaldée, comme en
témoignent divers monuments et le récit de la création dans la Genèse. Mais
il n'existait pas dans la Grèce classique et il ne devint courant à Rome qu'au
temps des Antonins (2). C'est seulement àPépoque de Constantin et après
le triomphe du Christianisme qu'il fut reconnu comme mesure légale de
la vie civile: depuis il est devenu universel chez les peuples européens.
Le hasard a fait que le nombre des astres errants (planètes), visibles à
l'œil nu, qui circulent ou semblent circuler dans le ciel autour de la terre
s'élève précisément à sept : ce sont le Soleil, la Lune, Mars, Mercure,
Jupiter, Vénus et Saturne. A chaque jour de la semaine, un astre fut attribué
en Orient: les noms même des jours, tels que nous les prononçons mainte-
nant, continuent à traduire, à notre insu, cette consécration babylonienne.
A côté des sept Dieux des sphères ignées, les Chaldéens invoquaient
les sept Dieux du ciel, les sept Dieux de la terre, les sept Dieux malfai-
sants, etc.
D'après François Lenormant les inscriptions cunéiformes mentionnent
les sept pierres noires, adorées dans le principal temple d'Ouroukh en
Chaldée, bêtyles personnifiant les sept planètes. C'est au même rapproche-
ment que se rapporte, sans doute, un passage du roman de Philostrate sur
la vie d'Apollonius de Tyane (III, 41), dans lequel il est question de sept
anneaux, donnés à ce philosophe par le brahmane larchas.
La connaissance des divinités planétaires de la semaine ne se répandit
dans le monde gréco-romain qu'à partir du !«■■ siècle de notre ère (3). On a
trouvé à Pompéi une peinture représentant les sept divinités planétaires.
(i) Noctes Atticce, III, 10. Luneecur-
riculum confici integris quatuor septe-
nis diebus. . . auctorem que hujus opi-
nionisAristidemesse Samium.
(2) Dion Cassius, Histoire Romaine,
XXXVII, 18.
|3) Lunœ cursum stellarumque sep-
tem imagines. Pétrone, Satyricon, 3o.
76 CHIMIE DES ANCIENS
De même divers autels sur les bords du Rhin. Une médaille à l'effigie d'An-
tonin le Pieux, frappée la 8"* année de son règne, représente les bustes des
sept Dieux planétaires avec les signes du zodiaque, et au centre le buste de
Sérapis (i).
Une autre coïncidence, aussi fortuite que celle du nombre des planètes
avec le quart de la révolution lunaire, celle du nombre des voyelles de Tal-
phabet grec, nombre égal à sept, a multiplié ces rapprochements mystiques,
surtout au temps des gnostiques : les pierres gravées de la Bibliothèque
nationale de Paris et les papyrus de Leide en fournissent une multitude
d'exemples. Ce n'est pas tout : les Grecs, avec leur esprit ingénieux, ne tar-
dèrent pas à imaginer entre les planètes et les phénomènes physiques des
relations pseudo-scientifiques, dont quelques-unes, telles que le nombre
des tons musicaux et des couleurs se sont conservées. C'est ainsi que Pécole
de Pythagore établit un rapport géométrique des tons et diapasons musi-
caux avec le nombre et les distances mêmes des planètes (2).
Le nombre des couleurs fut pareillement fixé à sept. Cette classification
arbitraire a été consacrée par Newton et elle est venue jusqu'aux physiciens
de notre temps. Elle remonte à une haute antiquité. Hérodote rapporte
[Clio, g8) que la ville d^Ecbatane avait sept enceintes, peintes chacune d'une
couleur différente : la dernière était dorée; celle qui la précédait, argentée.
C'est, je crois, la plus vieille mention qui établisse la relation du nombre
sept avec les couleurs et les métaux. La ville fabuleuse des Atlantes, dans
le roman de Platon, est pareillement entourée par des murs concentriques,
dont les derniers sont revêtus d'or et d'argent; mais on n'y retrouve pas le
mystique nombre sept.
Entre les métaux et les planètes, le rapprochement résulte, non seulement
de leur nombre, mais surtout de leur couleur. Les astres se manifestent
à la vue avec des colorations sensiblement distinctes : suus cuique color est,
dit Pline (//". A^. II, 16). Lanature diverse de ces'couleurs a fortifié le rappro-
chement des planètes et des métaux. C'est ainsi que l'on conçoit aisément
l'assimilation de l'or, le plus éclatant et le roi des métaux, avec la lumière
(i) De WiTTE, Galette archéologi- j (2) Pline, H. N., II, 20. — Th. H.
que, 1877 et 1879. I Martin, Timée de Platon, t. II, p. 38.
METAUX ET PLANETES yy
Jaune du soleil, le dominateur du Ciel. La plus ancienne indication que
l'on possède à cet égard se trouve dans Pindare. La cinquième ode des
Isthméennes débute par ces mots: « Mère du Soleil, Thia, connue sous
beaucoup de noms, c'est à toi que les hommes doivent la puissance pré-
pondérante de l'or » .
Matsp 'AXiou, 7îo).uwvuij.c 0£''a,
ac'o Y'âV.att /.a; [ji£ya79svfj vo'afjav,
•^paov avôptoTTOt Tzzpiuxjiov aXXwv.
Dans Hésiode, Thia est une divinité, mère du soleil et de la lune, c'est-à-
dire génératrice des principes de la lumière (r/îeb^o«zV, S/i, 374). Un vieux
scoliaste commente ces vers en disant : « de Thia etd'Hypérion vient lesoleil,
et du soleil, l'or. A chaque astre une matière est assignée. Au Soleil, l'or;
à la Lune, l'argent ; à Mars, le fer ; à Saturne, le plomb ; à Jupiter, l'électrum ;
à Hermès, l'étain; à Vénus, le cuivre (1) ». Cette scolie remonte à l'époque
Alexandrine. Elle reposait à l'origine sur des assimilations toutes naturelles.
En effet, si la couleur jaune et brillante du soleil rappelle celle de l'or
orbem
Per duodena régit mundi sol aureus astra (2);
la blanche et douce lumière de la lune a été de tout temps assimilée à la
teinte de l'argent. La lumière rougeâtre de la planète Mars {igneus, d'après
Pline; xupcc'.ç d'après les alchimistes) a rappelé de bonne heure l'éclat du
sang et celui du fer, consacrés à la divinité du même nom. C'est iinsi que
Didyme, dans son commentaire sur l'Iliade (1. V), commentaire un peu an-
térieur à l'ère chrétienne, parle de Mars, appelé l'astre du fer. L'éclat bleu-
âtre de Vénus, l'étoile du soir et du matin, rappelle pareillement la teinte
des sels de cuivre, métal dont le nom est tiré de celui de l'Ile de Chypre,
consacrée à la déesse C ypris, l'un des noms grecs de Vénus . De là le rapproche-
mentfait parlaplupartdcs auteurs. Entre la teinte blancheet sombredu plomb
et celle de la planète Saturne, la parenté est plus étroite encore et elle est
constamment invoquée depuis Tépoque Alexandrine. Les couleurs et les
(i) Pindare, édition de Bœckh, t. II, | (2) Virgile, Géorgiqucs, I, 432.
p. 540, 1811).
78 CHIMIE DES ANCIENS
métaux assignés;à Mercure l'étincelant ((jtiAôwv ; radians, d'après Pline; ap-
parence due à son voisinage du soleil), et à Jupiter le resplendissant ($aé6a)v),
ont varié davantage, comme je le dirai tout à l'heure.
Toutes ces attributions sont liées étroitement à l'histoire de l'astrologie
et de l'alchimie. En effet, dans l'esprit des auteurs de l'époque Alexandrine
ce ne sont pas là de simples rapprochements; mais il s'agit de la généra-
tion même des métaux, supposés produits sous l'influence des astres dans
le sein de la terre .
Proclus, philosophe néoplatonicien de V« siècle de notre ère, dans son com-
mentaire sur le Timée de Platon, expose que « l'or naturel et l'argent et
chacun des métaux, comme des autres substances, sont engendrés dans la
terre sous l'influence des divinités célestes et de leurs effluves. Le Soleil pro-
duit l'or; la Lune, l'argent; Saturne, le plomb, et Mars, le fer » (p. 14 C).
L'expression définitive de ces doctrines astrologico-chimiques et médi-
cales se trouve dans Fauteur arabe Dimeschqî, cité par Chwolson [sur les
Sabéens, t. Il, p. 38o, 396, 411, 544). D'après cet écrivain, les sept métaux
sont en relation avec les sept astres brillants, par leur couleur, leur nature et
leur propriétés : ils concourent à en former la substance. Notre auteur ex-
pose que chez les Sabéens, héritiers des anciens Chaldéens, les sept planètes
étaient adorées comme divinités; chacune avait son temple, et, dans le tem-
ple, sa statue faite avec le métal qui lui était dédié. Ainsi le Soleil avait une
statue d'or; la Lune, une statue d'argent; Mars, une statue de fer; Vénus,
une statue de cuivre; Jupiter, une statue d'étain; Saturne, une statue de
plomb. Quant à la planète Mercure, sa statue était faite avec un assemblage
de tous les métaux, et dans le creux on versait une grande quantité de mer-
cure. Ce sont là des contes arabes, qui rappellent les théories alchimiques
sur les métauxet sur le mercure, regardé comme leur matière première. Mais
ces contes reposent sur de vieilles traditions défigurées, relatives à l'adora-
tion des planètes, à Babylone et en Chaldée, et à leurs relations avec les
métaux.
Il existe, en effet, une liste analogue dès le second siècle de notre ère. C'est
un passage de Celse, cité par Origène [Opéra, t. I, p. 646; Contra Celsunt,
livre VI, 22; édition de Paris, lySS). Celse expose la doctrine des Perses et
les mystères mithriaques, et il nous apprend que ces mystères étaient expri-
METAUX ET PLANETES yg
méspar un certain symbole, représentant les révolutions célestes et le passage
des âmes à travers les astres. C'était un escalier, muni de 7 portes élevées,
avec une 8« au sommet.
La première porte est de plomb; elle est assignée à Saturne, la lenteur
de cet astre étant exprimée par la pesanteur du métal (i).
La seconde porte est d etain; elle est assignée à Vénus, dont la lumière
rappelle l'éclat et la mollesse de ce corps.
La troisième porte est d'airain, assignée à Jupiter, à cause delà résistance
du métal.
La quatrième porte est de fer, assignée à Hermès, parce que ce métal est
utile au commerce, et se prête à toute espèce de travail.
La cinquième porte, assignée à Mars, est formée par un alliage de cuivre
monétaire, inégal et mélangé.
La sixième porte est d'argent, consacrée à la Lune;
La septième porte est d'or, consacrée au soleil ; ces deux métaux répon-
dent aux couleurs des deux astres.
Les attributions des métaux aux planètes ne sont pas ici tout à fait les
mêmes que chezles Néoplatoniciens et les alchimistes. Elles semblentrépon-
dre à une tradition un peu différente et dont on trouve ailleurs d'autres
indices. En effet, d'après Lobeck [Aglaophamus, p. 936, 1829), dans certaines
listes astrologiques, Jupiter est de môme assigné à l'airain, et Mars au
cuivre.
On rencontre la trace d'une diversité plus profonde et plus ancienne
encore, dans une vieille liste alchimique, reproduite dans plusieurs manus-
crits alchimiques ou astrologiques et où le signe de chaque planète est
suivi du nom du métal et des corps dérivés ou congénères, mis sous le
patronage de la planète. Cette liste existe également dans le Ms. 2419
de notre Bibliothèque Nationale (fol. 46 verso), où elle fait partie d'un
traité astrologique d'Albumazar, auteur du IX'= siècle, avec des variantes
et des surcharges qui ne sont pas sans importance : une partie des mots
grecs y sont d'ailleurs écrits en caractères hébreux, comme s'ils avaient un
sens mystérieux [voir dans ce volume, texte grec, p. 24). Dans cette liste,
(î) Saturni sidus gelidœ ac rigentis esse naiune. Pline, H. N., II, ô.
8o
CHIMIE DES ANCIENS
la plupart des planètes répondent aux mêmes métaux que dans les énuméra-
tions ordinaires, à l'exception de la planète Hermès, à la suite du signe de
laquelle se trouve non le nom d'un métal, mais celui d'une pierre précieuse :
Pémeraude. Le mercure est cependant inscrit vers la fin de l'énumération
des substances consacrées à Hermès, mais comme s'il avait été ajouté après
coup. Or, chez les Egyptiens, d'après Lepsius, la liste des métaux compre-
nait, à côté de l'or, de l'argent, du cuivre et du plomb, les noms des pierres
précieuses, telles que le mafek ou émeraude, et le chesbet ou saphir, corps
assimilés aux métaux à cause de leur éclat et de leur valeur (i).
Dans le roman égyptien de Satni-Khâm-Ouas, le livre magique de Tahout
est renfermé dans sept coffres concentriques, de fer, de bronze, de bois de
palmier, d'ivoire, d'ébène, d'argent et d'or (2). La rédaction primitive de
ce roman remonterait aux dernières dynasties; sa transcription connue,
au temps des Ptolémées. Tout ceci concourt à établir que la liste des sept
métaux n'a été arrêtée que fort tard, probablement vers l'époque des
Antonins,
C'est ici le lieu de parler des tablettes métalliques trouvées à Khorsa-
bad. Dans le cours des fouilles, en 1854, M. Place découvrit, sous l'une
des pierres angulaires du palais assyrien de Sargon, un coffret contenant
sept tablettes. C'étaient des tablettes votives, destinées à rappelerla fondation
de l'édifice (706 ans avant J.-C), et à lui servir en quelque sorte de Palla-
dium. Quatre de ces tablettes se trouvent aujourd'hui au Musée du Lou-
vre. J'en ai fait l'analyse, et les résultats de mon étude sont consignés
plus loin dans le présent volume. Je me borne à dire ici que les quatre
tablettes sont constituées en fait par de l'or, de l'argent, du bronze et du
carbonate de magnésie pur, minéral rare que Ton ne supposait pas connu
des anciens, et dont l'emploi reposait sans doute sur quelque idée reli-
gieuse. Les noms des matières des tablettes, tels qu'ils sont indiqués dans
les inscriptions qui les recouvrent, sont d'après M. Oppert, l'or [hurasi]^
l'argent [kaspi], le cuivre [urudi ou er [bronze]), puis, deux mots [anaki
(i) Voir les métaux égyptiens, dans
mon ouvrage sur les Or/g'mes de l'Al-
chimie, p. 221 et 233, Steinheil, i885.
{2] Histoire ancienne deV Orient, par
Fr. Lenormant, 9" édition, t. III,
p. i58(i883).
MÉTAUX ET PLANÈTES 8l
et kasaiatiri ou abar) que les interprètes ont traduit par plomb et étain,
bien que l'un d'eux semble en réalité désigner la 4" tablette signalée plus
haut (carbonate de magnésie), et enfin deux noms de corps portant le dé-
terminatif des pierres, et traduits par marbre [sipri ou lakour) et albâtre
[gis-sin-gaï). Rien d'ailleurs n'indique des attributions planétaires, si ce
n'est le nombre sept. Ajoutons toutefois que, d'après un renseignement
que m'a fourni M. Oppert, deux métaux étaient désignés par les Assyriens
et les Babyloniens sous des dénominations divines : le fer sous le nom de
Ninip, Dieu de la guerre : ce qui rappelle l'attribution ultérieure du métal
à Mars; et le plomb, sous le nom du Dieu Anu, Dieu du ciel que l'on
pourrait rapprocher de Saturne : toutefois ce ne seraient pas là des Dieux
planétaires.
Voilà ce que j'ai pu savoir relativement à l'interprétation des noms
métalliques contenus dans ces tablettes. Un des points les plus essentiels
qui résultent de leur étude, c'est l'assimilation de certaines pierres ou
minerais aux métaux, précisément comme chez les Égyptiens.
Il y a là le souvenir de rapprochements très différents des nôtres, mais
que rhumanité a regardé autrefois comme naturels, et dont la connaissance
est nécessaire pour bien concevoir les idées des anciens. Toutefois l'assi-
milation des pierres précieuses aux métaux a disparu de bonne heure ;
tandis que l'on a pendant plus longtemps continué à ranger dans une même
classe les métaux purs, tels que l'or, l'argent, le cuivre, et certains de
leurs alliages, par exemple l'électrum et l'airain. De là des variations
importantes dans les signes des métaux et des planètes.
Retraçons l'histoire de ces variations; il est intéressant de les décrire pour
comprendre les écrits alchimiques.
Olympiodore, néoplatonicien du vi^ siècle, attribue le plomb à Saturne;
Télectrum, alliage d'or et d'argent regardé comme un métal distinct, à
Jupiter; le fer à Mars; l'or au Soleil; l'airain ou cuivre à Vénus; Fétain à
Hermès (planète Mercure); l'argent à la Lune. Ces attributions sont les
mêmes que celle du scoliaste de Pindare cité plus haut; elles répondent
exactement et point pour point, à une liste du manuscrit alchimique de
Saint-Marc, écrit au xi« siècle, et qui renferme des documents très
anciens.
G
82 CHIMIE DES ANCIENS
Les symboles alchimiques qui figurent dans les manuscrits comprennent
les métaux suivants, dont l'ordre et les attributions sont constants pour
la plupart :
1° L'or correspondait au Soleil, relation que j'ai exposée plus haut
(p. -]-] ; — voir aussi fig. 3, PI. I, 1. i, à gauche).
Le signe de l'or est presque toujours celui du Soleil, à l'exception d'une
notation isolée où il semble répondre à une abréviation (ms. 2327, fol. 17
verso, 1. 19; ce volume, fig. 8, PI. VI, 1. 19).
2° L'argent correspondait à la Lune et est toujours exprimé par le signe
planétaire (ce volume, fig. 3, PL I, 1. 2).
3° L'électrum, alliage d'or et d'argent: cet alliage était réputé un métal
particulier chez les Égyptiens, qui le désignaient sous le nom à!asèm : nom
qui s'est confondu plus tard avec le mot grec asemon (a(jY3|ji.ov), argent non
marqué. Cet alliage fournit à volonté, suivant les traitements, de l'or ou
de l'argent. Il est décrit par Pline, et il fut regardé jusqu'au temps des
Romains comme un métal distinct. Son signe était celui de Jupiter
(ce volume, fig. 3, PI. I, 1. 4), attribution que nous trouvons déjà dans
Zosime, auteur alchimique du m® ou iv* siècle de notre ère.
Quand l'électrum disparut de la liste des métaux, son signe fut affecté à
l'étain, qui jusque-là répondait à la planète Mercure (Hermès). Nos listes
de signes gardent la trace de ce changement. En effet la liste du manuscrit
de Saint-Marc porte (ce volume, fig. 3, PL 1, 1. 4) : « Jupiter resplendissant,
électrum », et ces mots se retrouvent, toujours à côté du signe planétaire,
dans le manuscrit 2327 de la Bibliothèque nationale de Paris, fol. 17 recto,
1. 16 (ce volume, fig. 7, PI. V, 1. 16) ; la première lettre du mot Zeus, figu-
rant sous deux formes différentes (majuscule et minuscule). Au contraire
un peu plus loin, dans une autre liste du dernier manuscrit (fol. 18, verso
1. 5 ; ce volume, fig. 10, PL VIII, 1. 5), le signe de Jupiter est assigné
à l'étain. Les mêmes changements sont attestés par la liste planétaire citée
plus loin.
4" Le plomb correspondait à Saturne : cette attribution n'a éprouvé aucun
changement; quoique le plombait plusieurs signes distincts dans les listes
ms. de Saint-Marc, fol. 6, dernière ligne à gauche et ce volume, fig. 3,
PL I, 1. 3^; ms. 2327, fol. 17 recto, 1. 11 et 12 et ce volume, fig. 9,
METAUX ET PLANETES 83
PL VII, 1. II et 12). Le plomb était regardé par les alchimistes égyptiens
comme le générateur des autres métaux et la matière première de la trans-
mutation ; ce qui s'explique par ses apparences, communes à divers autres
corps simples et alliages métalliques.
En effet, ce nom s'appliquait à l'origine à tout métal ou alliage métal-
lique blanc et fusible; il embrassait l'étain (plomb blanc et argentin,
opposé au plomb noir ou plomb proprement dit, dans Pline), et les nom-
breux alliages qui dérivent de ces deux métaux, associés entre eux et avec
l'antimoine, le'zinc, le bismutti, etc. Les idées que nous avons aujourd'hui
sur les métaux simples ou élémentaires, opposés aux métaux composés ou
alliages, ne se sont dégagées que peu à peu dans le cours des siècles. On
conçoit d'ailleurs qu'il en ait été ainsi, car rien n'établit à première vue
une distinction absolue entre ces deux groupes de corps ;
5° Le fer correspondait à Mars. Cette attribution est la plus ordinaire.
Cependant, dans la liste de Celse, le fer répond à la planète Hermès.
Le signe même de la planète Mars se trouve parfois donné à l'étain dans
quelques-unes des listes (ms. 2327, fol. 16 verso, 1. 12, 3« signe [ce
volume, fig. 6, PI. IV, 1. 12]; fol. 17 recto, 1. 12, 3« signe, ce volume,
fig- 7 y PI- V, 1. 12). Ceci rappelle encore la liste de Celse, qui assigne à
Mars l'alliage monétaire. Mars et le fer ont d'ailleurs deux signes distincts,
quoique communs au métal et à la planète, savoir : une flèche avec sa
pointe, et un 6, abréviation du mot 6oupâç, nom ancien de la planète Mars
(ce volume, fig. 3, PL I, 1. 5) ; parfois même avec adjonction d'un -,
abréviation de Twupôetç, l'enflammé, autre nom ou épithète de Mars (ce
volume, tig. 7, PL V, 1. 17) ;
6° Le cuivre correspondait à Aphrodite (Vénus), ou Cypris, déesse de l'île
de Chypre, où l'on trouvait des mines de ce métal ; déesse assimilée
elle-même à Hathor, la divinité égyptienne multicolore, dont les dérivés
bleus, verts, jaunes et rouges du cuivre rappellent les colorations diverses.
Le signe du cuivre est en effet celui de la planète Vénus (ce volume, rig. 3,
PL I, 1. 6, et flg. 8, PL VI, 1. 3); sauf un double signe qui est une abré-
viation (ce volume, tig. 8, PL VI, 1. 4).
Toutefois la liste de Celse attribue le cuivre ù Jupiter et Lalliage
monétaire à Mars, etc. La confusion entre le fer et le cuivre, ou plutôt
84 CHIMIE DES ANCIENS
l'airain, aussi attribué à la planète Mars, a existé autrefois ; elle est
attestée par celle de leurs noms : le mot œs qui exprime l'airain en latin
dérive du sanscrit ajras qui signifie le fer (i). C'était sans doute, dans
une haute antiquité, le nom du métal des armes et des outils, celui du
métal dur par excellence.
7® L'étain correspon.dait d'abord à la planète Hermès ou Mercure.
Quand Jupiter eut changé de métal et fut affecté à l'étain, le signe de la
planète primitive de ce métal passa au mercure (ce vol. fig. lo, PL VIII, 1. 6).
La liste de Gelse attribue l'étain à Vénus ; ce qui rappelle aussi l'an-
tique confusion du cuivre et du bronze (airain).
8° Mercure. Le mercure, ignoré, ce semble, des anciens Égyptiens, mais
connu à partir du temps de la guerre du Péloponèse et par conséquent à
l'époque alexandrine, fut d'abord regardé comme une sorte de contre-argent
et représenté par le signe de la lune retourné (ce volume, fig, 3, PI. I, 1. 19).
Il n'en est pas question dans la liste de Celse (ii^ siècle). Entre le vi* siècle
(liste d'Olympiodore le Philosophe, citée plus haut) et le vii^ siècle de notre
ère (liste de Stéphanus d'Alexandrie, qui sera donnée plus loin), le mercure
prit (fig. 10, PL VIII, 1. 6) le signe de la planète Hermès, devenu libre
par suite des changements d'affectation relatifs à l'étain. Dans la liste
planétaire, il a été également ajouté après coup, à la suite des dérivés
de cette planète, spécialement affectée à l'émeraude (voir p. 79).
Ces attributions nouvelles et ces relations astrologico-chimiques sont
exprimées dans le passage suivant de Stéphanus : « Le démiurge plaça
d'abord Saturne, et vis-à-vis le plomb, dans la région la plus élevée et la
première ; en second lieu, il plaça Jupiter vis-à-vis de Fétain, dans la seconde
région; il plaça Mars le troisième, vis-à-vis le fer, dans la troisième région;
il plaça le Soleil le quatrième, et vis-à-vis l'or, dans la quatrième région ; il
plaça Vénus la cinquième, et vis-à-vis le cuivre, dans la cinquième région ;
il plaça Mercure, le sixième, et vis-à-vis le vif-argent, dans la sixième
région ; il plaça la lune la septième, et vis-à-vis l'argent, dans la septième
et dernière région (2). » Dans le manuscrit, au-dessus de chaque planète, ou
de chaque métal, se trouve son symbole. Mais, circonstance caractéristique,
(i) Origines de l'Alchimie, p. 225. | (2) Manuscrit 2327, folio 73 verso.
MÉTAUX ET PLANÈTES 85
le symbole de la planète Mercure et celui du métal ne sont pas encore les
mêmes, malgré le rapprochement établi entre eux ; le métal étant toujours
exprimé par un croissant retourné. Le mercure et l'étain ont donc chacun
deux signes différents dans nos listes, suivant les époques.
La copie de la liste planétaire donnée par Albumasar (ix* siècle) et
traduite en hébreu et en grec dans le manuscrit 2419 (fol. 46 verso) porte
aussi la trace de ces changements (texte grec, I, viii, p. 24, notes). Non
seulement le signe de la planète Hermès répond à l'émeraude, le nom de
Mercure étant ajouté après coup et tout à fait à la fin, comme il a été dit
plus haut ; mais l'auteur indique que les Persans affectent Tétain à la
planète Hermès. De même, la planète Jupiter étant suivie de l'étain,
l'auteur ajoute également que les Persans ne font pas la même affectation,
mais assignent cette planète au métal argenté (i) ; ce qui se rapporte
évidemment à l'asèm ou électrum, dont l'existence était déjà méconnue
au IX' siècle. Ce sont là des souvenirs des attributions primitives.
Voilà les signes planétaires des métaux fondamentaux, signes qui se
retrouvent dans ceux des corps qui en dérivent ; chacun des dérivés étant
représenté par un double signe, dont l'un est celui du métal, et l'autre
répond au procédé par lequel il a été modifié (division mécanique, calci-
nation, alliage, oxydation, etc.).
Les principes généraux de ces nomenclatures ont donc moins changé
qu'on ne serait porté à le croire, l'esprit humain procédant suivant des
règles et des systèmes de signes qui demeurent à peu près les mêmes dans
la suite des temps. Mais il convient d'observer que les analogies fon-
dées sur la nature des choses, c'est-à-dire sur la composition chimique,
telle qu'elle est démontrée par la génération réelle des corps et par leurs
métamorphoses réalisées dans la nature ou dans les laboratoires ; ces ana-
logies, dis-je, subsistent et demeurent le fondement de nos notations scien-
tifiques ; tandis que les analogies chimiques d'autrefois entre les planètes et les
métaux, fondées sur des idées mystiques sans base expérimentale, sont tom-
bées dans un juste discrédit. Cependant- leur connaissance conserve encore
de l'intérêt pour l'intelligence des vieux textes et pour l'histoire de la science.
(i) Oi 6à ïlipaxi où/. oÛTwç, àXkx Siâpyopos : Texte grec I, viii, p. 24 (notes).
86
CHIMIE DES ANCIENS
III. — LA SPHERE DE DEMOGRITE
ET LES MÉDECINS ASTROLOGUES
La sphère de Démocrite, inscrite dans le papyrus V de Leide, représente
l'œuvre de l'un de ces 'IaTpojjLaÔT)[ji.aTixoi, ou médecins astrologues dont
parlent les anciens. Ils prédisaient l'issue des maladies. Horapollon (I, 38)
cite ce genre de calculs, et il existe un traité attribué à Hermès sur ce sujet,
dans les Physici et medici grœci minores d'Ideler (i). La prédiction se faisait
d'ordinaire à l'aide d'un cercle ou d'une table numérique; elle reposait sur
un calcul, dans lequel l'âge du malade^ la somme des valeurs numériques
répondant aux lettres de son nom, la durée de sa maladie, etc., se combi-
naient avec le jour du mois et les phases de la révolution lunaire. J'ai
retrouvé six figures de ce genre dans les manuscrits alchimiques et astro-
logiques de la Bibliothèque nationale.
Donnons d'abord le texte du papyrus V.
a Sphère de Démocrite, pronostic de vie et de mort. Sache sous quelle
lutie (dans quel mois) le malade s'est alité et le nom de sa nativité (2).
Aioute le calcul de la lune (3), et vois combien il y a de fois trente
jours, prends le reste et cherche dans la sphère : si le nombre tombe
dans la partie supérieure, il vivra; si c'est dans la partie inférieure, il
mourra. »
La sphère est représentée ici par un tableau qui contient les trente!
premiers nombres (nombre des jours du mois), rangés sur trois colonnes
et d'après un certain ordre. La partie supérieure contient trois fois six
(i) T. I, p. 387 et 480. Le traité a
été imprimé deux.foissousdes titres un
peu différents, par une singulière né-
gligence.
(2) Le nom donné le jour de la nais-
sance, afin de calculer le nombre repré
sente par les lettres de ce nom.
(3) C'est-à-dire, ajoute le nombre du
jour du mois où il s'est alité au nombre
représenté par le nom du malade.
MÉDECINS ASTROLOGUES 87
nombres ou dix-huit ; la partie inférieure en renferme trois fois quatre ou
douze.
Le mot splière répond à la forme circulaire qui devait être donnée au
tableau, comme on le voit dans certains manuscrits (voir les figures ci-
dessous).
Il existait en Egypte un grand nombre de tableaux analogues. Ainsi dans
le manuscrit 2327 de la Bibliothèque nationale, consacré à la collection des
alchimistes, on trouve au folio 293 (recto) :
LMnstrument d'Hermès trismégiste, renfermant 35 nombres, partagés en
trois lignes : « on compte depuis le lever de l'étoile du Chien (Sothi ou
Sirius), c'est-à-dire depuis Epiphi, 25 juillet, jusqu'au jour de Talitement ;
on divise le nombre ainsi obtenu par trente-six (i) et on cherche le reste
dans la table ».
Certains des nombres représentent la vie, d'autres la mort, d'autres le
danger du malade. C'est un principe de calcul différent.
Dans le manuscrit grec 2419 de la Bibliothèque nationale, collection
astrologico-magique et alchimique, il y a deux grands tableaux de ce genre,
plus voisins de la sphère de Démocrite, et deux petits tableaux. Les deux
grands sont circulaires et attribués au vieil astrologue Pétosiris, qui avait
déjà autorité du temps d'Aristophane.
L'un d'eux, dédié (fol. 32) par Pétosiris au roi Necepso (2), se compose
d'un cercle représenté entre deux tableaux verticaux. Les tableaux renferment
le comput des jours delà lune ; le cercle principal renferme un autre cercle
plus petit, partagé en quatre quadrants. Entre les deux cercles concentriques
se trouvent les mots : grande vie, petite vie, grande mort, petite mort. En
haut et en bas : vie moyenne, mort moyenne. Ces mots s'appliquent à la
probabilité de la vie ou de la mort du malade. Les nombres de i à 29 sont
distribués dans les quatre quadrants et sur une colonne verticale moyenne
formant diamètre.
Voici la photogravure de ce tableau :
(i) Ce chiffre rappelle les 36 décans
qui comprennent les 36o jours de l'an-
née.
(2) Ces deux noms sont associés pa-
reillement dans Pline l'Ancien, Hist.
nat.,\. II, 21 etl. VII, 5o.
88
CHIMIE, DES ANCIENS
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MÉDECINS ASTROLOGUES 3q
L'autre cercle de Pétosiris (fol. i56), dédié aussi au très honoré roi
Necepso, porte extérieurement et en haut: Levant, au-dessus de la terre
entre les deux mots grande vie, petite vie ; en bas : Couchant, au-dessous de
la terre, entre les deux mots grande mort, petite mort ; mots précisés par
les inscriptions contenues entre les deux cercles concentriques :
En haut : « ceux-ci guérissent de suite — ceux-ci guérissent en 7 jours ».
En bas: « ceux-ci meurent de suite — ceux-ci meurent en 7 jours ».
Les diagonales sont terminées par les mots : air, terre, feu, eau.
Entre les deux régions, sur le diamètre horizontal : « limites de la vie et
de la mort ».
A l'une des extrémités de ce diamètre : « Nord — milieu de la terre »,
A l'autre extrémité : « Midi — milieu de la terre ».
Sur les octans : « Nord, au-dessus de la terre, (région) dé Borée. — Midi,
au dessus de la terre, (région) de Borée. — Nord, au-dessus de la terre,
(région) du Notus. — Midi, au-dessus de la terre, (région) du Notus. »
Les nombres de i à 3o sont distribués suivant les huitièmes de circonfé-
rence et dans la colonne verticale moyenne.
Voici la photogravure de ce tableau :
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CHIMIE DES ANCIENS
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Figure 2. — Autre Cercle de Pétosirig.
MEDECINS ASTROLOGUES
91
Quant aux bases et procédés de calcul, il est inutile de nous y arrêter.
Les personnes qui s'y intéresseraient trouveront sur ce point des rensei-
gnements très intéressants dans une notice publiée par M. Paul Tannery :
Sur des fragments d' Onomatomancie arithmétique (Notices et Extraits des
manuscrits de la Bibliothèque nationale, t. XXXI, 2^ partie, i885). Il y
montre l'origine de la preuve par neuf, d'après un passage fort curieux des
Philosophumena, où l'on enseigne à prendre le résidu par 9 ou par 7 de la
valeur numérique des lettres du nom propre, en diversifiant le procédé
de calcul suivant des conventions arbitraires. On calculait ainsi, d'après les
nombres des noms propres : soit la vie d'un malade ; soit le succès d'un
combat entre deux guerriers ; soit le résultat de diverses autres alternatives
relatives au vol, au mariage, aux voyages, à la survivance, etc. Ce mode de
divination était attribué à Pythagore.
M. P. Tannery donne, d'après les manuscrits 2009, 2256, 2419 et 2426 de
la Bibliothèque nationale, une prétendue lettre de Pythagore à Telaugès(ou
à Laïs, ou à Hélias, suivant les manuscrits), avec table divinatoire annexée,
table fondée sur dépures combinaisons numériques (i), sans données astro-
logiques proprement dites. Plus loin, il présente le texte et la traduction
des deux petits tableaux dont je vais parler.
En effet, au folio 33 du manuscrit 2419 se trouvent deux tableaux qui
ressemblent beaucoup plus que les précédents à la sphère de Démocrite et
à rinstrument d'Hermès. Le premier, sous la rubrique «V^îo? 36xi|aoç... (cal-
cul éprouvé...), consiste en trois lignes, renfermant chacune douze nombres
horizontaux de i à 36, par tranches verticales. Vis-à-vis la première ligne :
CwiQ (vie); vis-à-vis la seconde : état moyen (ixéaa); vis-à-vis la troisième
ligne : 6àvaToç (mort) .
Voici le résumé du texte :
«Calcule le jour où le malade s'est alité, où l'enfant est né, où le fugitif a
disparu, où l'on s'est embarqué, enfin opère pour tout ce que tu désires ;
comptes aussi depuis le 1 8 mai (2) jusqu'au j our donné, et du nombre obtenu
(i) « Calcule le nom du malade et le
jour de son alitement. Si le nom du
malade l'emporte, il vivra; si c'est le
jour de l'alitement qui l'emporte, il
mourra, etc.».
(2) Epoque de l'entrée du soleil dans
02 CHIMIE DES ANCIENS
retranche 36 autant de fois que possible. Prends le reste. Si le nombre se
trouve dans la première ligne, le malade vivra, l'événement sera heureux
(oYaÔdt), etc.; dans la troisième ligne, c'est la mort ou le malheur (èvavT(a); sur la
seconde ligne, la maladie sera longue, etc. (elç ixaxpôv)». — Ce tableau est une
variante de l'instrument d'Hermès contenu dans le manuscrit alchimique.
Le second tableau est sous la rubrique : «l^îjçoç è68o[xaTivcT) Viixepwv SiaYvwa-rtxT)
ÇwtJç xal ÔavaTOi»; calcul d'après les jours de la semaine pour diagnostiquer
la vie ou la mort. Ce sont deux colonnes verticales, chacune de i5 chiffres,
de I à 3o, l'une ayant pour titre : vie ; l'autre : mort. Le calcul est à peu
près le même, sauf variantes (i), que celui de la sphère de Démocrite du
Papyrus de Leide, traduite plus haut. De plus, il n'y a que deux colonnes
dans le manuscrit 241^, tandis qu'il en existe trois dans le Papyrus.
Il m'a paru de quelque intérêt de rapprocher ces divers tableaux et cer-
cles de la sphère de Démocrite, contenues dans le Papyrus V, ainsi que
l'instrument d'Hermès, transcrit au manuscrit 2827. En effet les noms
d'Hermès et de Démocrite, ainsi que l'existence du tableau du Papyrus,
établissent l'antiquité de ces pratiques, contemporaines des premiers alchi-
mistes : elles en montrent l'origine orientale et spécialement égyptienne.
On voit en même temps, par une nouvelle preuve, comment le nom de
Démocrite, dans l'Egypte hellénisante, était devenu celui du chef d'une école
d'astrologues et de magiciens; le tout conformément aux traditions que j'ai
exposées et discutées ailleurs (2).
IV. — SIGNES ET NOTATIONS ALCHIMIQUES
Les alchimistes avaient, comme les chimistes de nos jours, des notations
et des nomenclatures particulières : ces notations étaient construites, en
partie du moins, d'après des méthodes précises et qui rappellent même, à
certains égards, nos conventions actuelles. La difficulté que présentela lecture
les Gémeaux et commencement de
l'été, au temps de l'Empire romain,
(i) Telles que l'addition du nombre
10 et l'omission du i*'^ jourdelamaladie.
(2) Origines de F Alchimie, p. i56
et suivantes.
NOTATIONS ALCHIMIQUES g3
des vieux textes alchimiques, qui remontent jusqu'au temps de PÉgypte
romaine et des Antonins, résulte souvent du peu d'intelligence que nous
avons de ces notations.
Elles sont cependant nécessaires à connaître, pour ceux qui veulent faire
des recherches sur les doctrines et les pratiques de la Chimie, de la Méde-
cine, de la Pharmacie, de la Métallurgie et de la Minéralogie, dans l'anti-
quité et au moyen âge. C'est ce qui m'a engagé à les reproduire ici.
Un seul auteur jusqu^à présent a essayé de les figurer: c'est le savant Du
Cange, au xvii^ siècle, dans son Glossaire du grec au moyen âge. Mais cette
publication est très incomplète, très négligée et très incorrecte. Il n'était
pas facile d'ailleurs de transcrire ces signes avec une précision parfaite, à
une époque où les procédés fondés sur la photographie n'étaient pas connus.
En outre, le plus vieux et le plus beau manuscrit qui existe, celui de
Saint-Marc, à Venise (fin du x« ou commencement du xi« siècle), ne paraît
pas avoir été connu de Du Cange.
Ayant eu occasion depuis quelques années d'étudier d'une manière appro-
fondie les textes manuscrits des alchimistes grecs, pour la composition de
mon ouvrage sur « les Origines de l'Alchimie », j'ai fait reproduire en photo-
gravure les symboles des manuscrits, en prenant comme types ceux du
manuscrit de Saint-Marc (xi^ siècle) et ceux du manuscrit n° 2827, le plus
complet qui existe à la Bibliothèque nationale de Paris, lequel a été copié
en 1478.
Ces symboles, de même que ceux de la Chimie actuelle, sont placés en
tête des manuscrits. Ils ont été construits suivant deux règles différentes :
l'une applicable aux métaux et à leurs dérivés, l'autre aux substances miné-
rales et aux produits de matière médicale, ainsi qu'à certains mots d'usage
courant.
Les symboles des métaux sont purement figuratifs : ce sont les mêmes que
ceux des planètes, auxquelles les métaux étaient respectivement dédiés par
les Babyloniens ; c'est-à-dire des astres sous l'influence desquels les métaux
étaient supposés produits dans le sein de la Terre (voir p. 78). Parmi
ces symboles, ceux du Soleil et delà Lune (or et argent) figurent déjà dans les
papyrus de Leide, qui remontent au ni^ siècle de notre ère (voir p. 25 et47).
J'ai reproduit sur ce point les opinions de Proclus, du Scoliaste de Pin-
94 CHIMIE DES ANCIENS
dare (p. 8i), ainsi que la vieille liste de Gelse (p. 77 et 78), elles attributions
d'Olympiodore le Philosophe (p. 81), correspondant à la liste du manuscrit
de Saint-Marc, figurée dans la colonne droite de notre planche I.
Rappelons brièvement les notations et symboles suivants :
1° Or, correspondant au Soleil et représenté par le même signe ;
2'^ Argent, correspondant à la Lune et représenté par le même signe
i^Electrum ou asèm, dont le'signe était celui de Jupiter.
Cependant, dans les vieux textes, où Fasèm est confondu avec l'argent,
il en affecte quelquefois le signe : à savoir un croissant dont l'ouverture
est tournée vers la droite.
L'asèm ou électrum ayant cessé d'être regardé comme un métal particu-
lier, vers le vi^ siècle de notre ère (p. 84), le signe de Jupiter fut affecté à l'étain
qui, jusque-là, répondait à la planète Mercure (Hermès). Nos listes portent
la trace de ce changement (ce vol. fig. 3, PI. I, 1. 4, à droite ; fig. 7, PL V,
1. 16, signes de l'électrum ; fig. 10, PI. VIII, 1. 5, signe de l'étain).
On trouve, notamment dans la fig. 7, PI. V,l. 12 eti3 : deux signes pour
la planète Jupiter et son métal (p. 82) ; trois autres signes pour l'étain, et
trois autres signes, semblables aux derniers, pour la planète Hermès.
40 Plomb, correspondant à Saturne ; il a plusieurs signes dans les listes.
(fig. 7, PI. V,l. II et 12). Le nom même du plomb comprenait à l'origine la
plupart des métaux ou alliages, blancs et fusibles (p. 83).
5° Fer, correspondant à Mars.
Cependant le fer et l'étain sont représentés par des signes pareils dans
notre fig. 6, PI. IV, 1. 12 (troisième signe de l'étain), comparée à la fig. 7,
Pl.V, 1. I, 12 et i3 (Cf. p. 83).
6» Cuivre, correspondant à Vénus et représenté par le même signe (p. 83).
Ce nom s'étendait à diverses variétés de bronze, confondues sous le nom
d'airain.
7° Étain, correspondant d'abord à la planète Hermès ou Mercure, plus
tard à Jupiter (p. 84).
Le signe de Jupiter semble avoir eu à un certain moment un caractère
générique : du moins on le trouve en outre associé à celui de Mercure dans
l'une des listes (fig. 7, Pl.V, 1. 5).
8° Mercure, d'abord représenté parle signe de la Lune (argent) retourné,
NOTATIONS \LCHIMIQUES 93
c'est-à-dire par un croissant dont la convexité est tournée vers la droite
(fig. 3, PI. I, col. de droite, 1. 19 ; fig. 6, PI. IV, 1. 5). Nous avons dit(p.84)
comment, entre le v« siècle (liste d'Olympiodore le Philosophe) etleviî«siècle
de notre ère (liste de Stéphanus d'Alexandrie), le mercure prit le signe de la
planète Hermès, auparavant affecté à Tétain (fig. 10, PI. VIII, 1. 6).
Cette affectation nouvelle figure aussi dans la liste planétaire du Traité
d'Albumazar (ix« siècle), transcrite par le manuscrit 2419 (fol. 46 verso).
Le mercure et l'étain ont donc chacun deux signes différents dans nos
listes, suivant leur époque.
L'étain a encore d'autres signes (fig. 7, PL V, 1. i3), et ceux du plomb
sont multiples, comme il a été dit.
Le fer, métal plus moderne que les autres, a également plusieurs signes
(fig. 3, PI. I, 1. 21 ; fig. 7, PI. V, 1. i) dans les listes.
Mais les signes fondamentaux de l'or, de l'argent, du cuivre, ne semblent
pas avoir varié, du moins depuis l'époque où nos tableaux ont été établis.
Tels sont les signes des corps simples ou radicaux, comme nous dirions
aujourd'hui.
Ces signes sont le point de départ de ceux d'un certain nombre de corps,
dérivés de chaque métal et répondant aux divers traitements physiques ou
chimiques qui peuvent en changer l'état ou l'apparence.
Par exemple, la limaille, la feuille, le corps calciné ou fondu, d'une part ;
et, d'autre part, la soudure, le mélange, les alliages, le minerai, la rouille
ou oxyde (PL V, col. de gauche).
Chacun de ces dérivés possède un signe propre, qui se combine avec le
symbole du métal : exactement comme on le fait dans la nomenclature chi-
mique de nos jours. Quand le nom du métal reparaît dans celui d'un alliage,
d'une dissolution, d'une évaporation, d'un précipité, d'un minéral, ou d'une
plante, il est remplacé par son symbole.
Le symbole de la litharge (mot à mot, pierre d'argent), renferme, par
exemple, celui de l'argent (argyrion) ; la sélénite, celui de ce même argent,
c'est-à-dire de la Lune (sélénè) ; quoique le nom du métal n'ait été introduit
dans ces dénominations et ne leur ait été appliqué que par analogie. La con-
crétion blanche renferme aussi le signe de l'argent ; la concrétion jaune,
celuidel'or (fig. 3,P1. I, I.21 et 22, adroite). Le signe du molybdochalque,
gÔ CHIMIE DES ANCIENS
alliage de plomb et de cuivre, renferme celui du cuivre (fig.6, PL IV, 1. i3).
Le signe du plomb se trouve dans celui de Tantimoine (sulfuré), par
suite d'une certaine confusion entre les deux métaux (fig. 7, PI. V, 1. 10).
Le symbole d'un métal figure également dans les noms de certains minéraux,
dont ce métal peut être extrait : par exemple, le signe du vermillon du Pont
renferme celui du mercure (fig. 6, PL IV, 1. 24, 2« signe). Tous ces rappro-
chements, les derniers surtout, rappellent nos nomenclatures.
Les listes alchimiques ne contiennent pas seulement les noms des métaux,
mais aussi ceux des substances minérales et des produits employés, soit
dans l'industrie, soit dans la matière médicale. Les signes correspondants
ont été formés toujours suivant une règle pareille à celle qui préside aujour-
d'hui à la formation des symboles de nos corps simples et de nos radicaux
composés; je veux dire en prenant les premières lettres ou les lettres prin-
cipales du nom que l'on voulait exprimer: cest ce qu'on peut voir dans les
planches qui suivent.
Les listes inscrites dans ces planches se rapportent à des époques très
diverses; les plus anciennes remontent au commencement du moyen âge.
Mais elles ont été remaniées à plusieurs reprises : chaque copiste ajoutant
à la suite tous les signes qu'il connaissait, ou qu'il trouvait dans d'autres
ouvrages, sans craindre de donner trois ou quatre signes distincts pour le
même nom plusieurs fois répété. Il est facile de reconnaître ces additions
ou intercalations, soit d'après le changement de sujet, soit d'après le mot
oXXwç (autrement), parfois écrit dans les manuscrits avec une initiale rouge.
L'analyse des signes du manuscrit 2827, comparés avec ceux du manus-
crit de Saint-Marc, du manuscrit 2325, du manuscrit 2419 et de quelques
autres, permet d'y reconnaître dans la liste fondamentale au moins neuf
listes partielles de ce genre, successivement ajoutées.
Développons cette discussion.
lo. On distingue d'abord une première liste, très courte et très ancienne,
laquelle renferme seulement les signes des sept planètes, suivies des noms
des sept métaux correspondants, donnés en sept lignes dans le manuscrit de
Saint-Marc (PL I, col. de droite, 1. i à 7). Dans le manuscrit 2827, on
retrouve les cinq derniers métaux : plomb, électrum, fer, cuivre, étain, sui-
vant le même ordre et avec les mêmes épithètes (PLV, de la 1. 1 5 , dernier mot,
NOTATIONS ALCHIMIQUES gj
à la 1. i8), l'or et l'argent ayant été inscrits auparavant et séparément.
Seulement les signes des métaux sont à la suite des noms, au lieu de les
précédercomme dans le reste des planches. Les cinq mêmes métaux, désignés
pareillement, sans Tor, ni l'argent, existent aussi, à la suite d'une liste diffé-
rente, dans le manuscrit 2325. Cette première liste ne comprend ici que les
métaux et les planètes et elle répond à une autre liste beaucoup plus déve-
loppée, dans laquelle se trouvent, à la suite de chaque signe planétaire, les
diverses substances dérivées du métal correspondant ou consacrées à sa pla-
nète. Nous y reviendrons tout à Theure. Observons encore que dans la liste
présente de Saint-Marc Télectrum figure avec le signe de Jupiter et Tétain
avec le signe d'Hermès. Dans le fragment de liste correspondant du manu-
scrit 3327 (PI. V, 1. i5 à 18), Jupiter et l'électrum sont représentés par deux
signes distincts ; mais celui de l'électrum dérive en réalité de celui de Zeus,
déformé par le copiste, comme le montre sa comparaison avec le manuscrit
de Saint-Marc (voir la planche 1, 1. 14); d'autre part, l'étain a perdu son signe :
le copiste transcrivait machinalement des symboles qu'il ne comprenait plus.
2° Une seconde liste, plus longue et plus méthodique, comprend les
noms des métaux et de leurs dérivés : or, argent, cuivre, fer, plomb, étain,
mercure. Elle est très claire et très nette dans le manuscrit de Saint-Marc
(PI. I,col. de gauche, 1. i à26,etcol. de droite, 1. 10 à 19). Cette liste est plus
moderne que la précédente ; car l'électrum n'y figure plus comme un
métal spécial, mais comme un dérivé de l'or (chryséleciron, 1. 5) avec
un symbole complexe, dérivé de ceux de l'or et de l'argent : la nature chi-
mique véritable de la variété d'électrum à base d'or était donc reconnue. Le
mercure est inscrit à la suite de l'étain, mais à part et sans dérivés particu-
liers ;son signe est celui de l'argent retourné, et non celui de la planète Her-
mès : ce qui répond aussi à vine époque intermédiaire, quoique antérieure à
celle où Hermès est affecté définitivement au mercure.
Cette liste manque dans le manuscrit 2325, le plus ancien après celui de
Saint-Marc; tandis qu'elle forme le débutde celle du manuscrit 2327 (PI. IV.,
1. 4 à 17). Seulement l'argent a été intercalé ici au milieu des dérivés de
l'or, ainsi que le mercure, placé à côté de l'argent. Le chrysélectron a dis-
paru ; deux des dérivés de l'argent (feuille et limaille) sont omis à la fin des
dérivés du cuivre. Après wpr/aXy,c; (PI. IV, 1. 1 1) vient le mot x^>^^-^» puis
7
g8 CHIMIE DES ANCIENS
>taja(TY3poç (1. 12) ; à la place du fer et de ses dérivés, inscrits dans la liste
du manuscrit de Saint-Marc. Ceux-ci sont rejetés plus loin dans le manuscrit
2327 (PL V, 1. I et 2), avec des noms identiques, et des signes différents.
Mais le manuscrit 2827 reprend par le plomb (PL V, 1. 1 1), dont le nom
est suivi par les mots intercalés : xpsvoç çaiviov ; puis viennent les dérivés du
plomb, les mêmes dans les deux manuscrits (sauf une inversion). L'article
étain, coupé en deux par le plomb intercalé, reprend, dans le manuscrit 2827
(Pl.V, 1. i5), par le second des signes de ce métal, donné dans le manuscrit
de Saint-Marc (PL I, col. de droite, 1. 14) et précédé de même du mot àXXwç
(autrement). Bref, toute cette liste est évidemment la même dans les deux
manuscrits; mais elle est régulière dans le manuscrit de Saint-Marc; elle est
transcrite, au contraire, avec une certaine confusion dans le manuscrit 2327.
3° Les noms et les signes des métaux sont suivis dans le manuscrit de Saint-
Marc (PL I, col. de droite, 1. 20-27, et PL II, col. droite d'abord; puis
col. de gauche, 1. i à 2), par des mots tels que vcsîX'r;, etc., se rapportant
aux dérivés du mercure (PL I, 1. 20 à 22), à la litharge, au soufre, à la
sélénite, à la couperose, etc., jusqu'aux mots : un jour et une nuit, puis
xéiaXa (PL II, col. de gauche, 1. 11).
Tout ceci manque dans le manuscrit 2325, aussi bien que la seconde liste.
Dans le manuscrit 2327, au contraire, la même suite de mots formelafin de
la planche IV, lignes 17 à 27, jusqu'à rA-x'kx exclusivement, et sauf des
variantes de dialecte et autres, peu importantes.
Cette troisième liste peut être regardée comme la suite de la seconde,
puisqu'elle coexiste dans les mêmes manuscrits. Mais elle n'a pas subi les
inversions et les confusions qui distinguent la seconde dans le manuscrit
23,27. Le manuscrit 2275, dans ces premières parties, est exactement con-
forme au manuscrit 2327 (ij ; identité d'autant plus remarquable, qu'il n'en
reproduit pas les figures, mais celles du manuscrit 2325 . Il y a donc eu une
source commune, antérieure aux trois manuscrits.
4° Le manuscrit 2325 débute par une liste toute différente des trois
précédentes; laquelle manque dans le manuscrit de Saint-Marc, mais se
(1) Lemanuscrit 2275 estantérieur de 1 toujours une copie directe de 2325,
i3 ans au manuscrit 2327; c'est presque I faite avant la mutilation de ce dernier.
NOTATIONS ALCHIMIQUES gg
retrouve dans le manuscrit 2327. Dans ce dernier (PI. V, 1. 3), le fer et ses
dérivés, transposés comme il a été dit plus haut, sont suivis du mot ^aXxbv,
.qui manque ailleurs. Puis vient le mot ôaXaaaa, début de ce qui nous reste
de la liste mutilée du manuscrit 2325, jusqu'à Xeuxt) at8aXï] ■^ uSpapyupoç
XéysTai (PI, V, 1. i5). Tout ceci est communaux manuscrits 2325, 2275 et
2327, mais manque dans le manuscrit de Saint-Marc.
Ensuite on trouve dans les trois premiers les noms des cinq métaux, autres
que Tor et l'argent (plomb, électrum, fer, cuivre, étain), conformes par les
spithètes à la première liste de Saint-Marc ; on a déjà signalé ce rapproche-
ment. La similitude des manuscrits 2325 et 2327 à cet égard atteste une
certaine communauté d'origine.
50 Les quatre manuscrits de Saint-Marc, 2325, 2275 et 2327, contiennent
snsuite une même liste, faisant suite à la troisième dans le premier manus-
crit. Elle débute par xXauScavôv (PI. II, col. gauche, 1. 12) ; (PI. V, 1. 18)
et se poursuit sans variante importante, jusqu'à xu>^6ç (PI. III, 1. 16, et PI.
VI, 1. 3). Cette liste renferme à la fois des mots de Chimie et de Minéra-
logie, des mots de Botanique et de matière médicale, et certaines abrévia-
tions d'usage plus commun. Les listes du manuscrit de Saint-Marc sont
ainsi épuisées. On voit qu'elles se retrouvent entièrement dans le manuscrit
2327 ; mais non dans le manuscrit 2325 .
6° A la suite de la précédente, on lit dans les manuscrits 2325, 2275 et
2327 une petite liste, en cinq lignes (PI. VI, 1. 3 à 7), contenant les
noms des métaux et divers autres, depuis xpu'JÔç jusqu'à aiB'f^pewç. Le cuivre
y figure deux fois, l'une avec son signe ordinaire, l'autre avec deux signes,
dont l'un n'est autre que la première lettre du mot xa^xôç. Ceci accuserait
une origine plus moderne. Mais, par contre, le mot [jLxéatpiç semble répondre
à une source égyptienne. On voit encore ici le mystérieux mercure d'arsenic
(1. 4) lequel était probablement notre arsenic métallique, corps sublimable,
susceptible d'être extrait par l'action de divers agents réducteurs du sulfure
d'arsenic, et aussi capable d'être fixé par sublimation sur le cuivre qu'il
blanchit : le tout à la façon du mercure ordinaire, extrait de son sulfure.
7'» Cette liste est suivie par une autre, existant dans les manuscrits 2325,
2275 et 23 27, et qui débute par le mot caractéristique a>.Xo "(PI. VI, 1. 8 à 20)
C'est une série d'abréviations très diverses, et plus modernes, comme en
100 CHIMIE DES ANCIENS
témoigne le mot vepiv, qui signifie eau dans le grec actuel. Les symboles
de l'ange et du démon semblent indiquer que cette liste a été tirée<ie quelque
livre magique. L'or yest désigné par unsigne nouveau (1. 19).
Là s'arrêtent les listes des manuscrits 2325 et 2275.
8° Le manuscrit 2327 renferme ensuite une huitième liste, comprenant
des matières médicales et débutant par le mot aXXwç (PI. VI, 1. 20 à 25).
Elle se termine au mot ccXoyj. — Ce qui définit cette liste comme distincte
c'est son existence séparée dans le manuscrit 2419 de la Bibliothèque
nationale (fol. 274, verso 6). Là les signes seuls y sont dessinés, sans
interprétation, à l'exception des mots /.apSia (cœur) et r^Tzap (foie).
Cependant la suite du manuscrit 2327 (PL VI, 1. 26 ; PI. VII, PL VIII,
1. 1 à 4) n'accuse aucune transition brusque ; sauf peut-être au mot pom-
pholyx(PLVIII, l.i).
Cette liste paraît d'ailleurs formée par diverses juxtapositions, comme le
montre la répétition de certains mots (camphre, aloès).
Il existait en eflfet bien des listes de ce genre au moyen âge: je citerai, par
exemple, une liste de signes et abréviations, transcrite dans le manuscrit 2419
(fol. 154), tout à fait distincte par Tordre des mots qu'elle renferme; quoique
ceux-ci soient en somme les mêmes et répondent pour la plupart aux mêmes
symboles ou abréviations: par exemple l'or, l'argent, le fer, le cuivre, l'étain,
le plomb, le ciel, etc. Il y a cependant quelques signes différents, tels que
ceux de l'ange, du démon, de la couperose. La céruse notamment est expri-
mée au moyen d'un [jl barré par une ligne verticale, etc. Mais revenons au
manuscrit 2327.
9" Le mot oXXwç (PI. VIII, 1. 4) marque dans ce manuscrit le début
d'une dernière liste, probablement composite comme la précédente. Elle
débute par les noms des métaux. Elle est plus moderne, car l'électrum a dis-
paru et l'étain s'y trouve avec le signe de la planète Jupiter, au lieu du signe
de la planète Hermès, qu'il possédait dans les premières listes. Au contraire
le mercure a pris le symbole de la planète Hermès.
En résumé, ces listes'multiples semblent avoir été tirées de manuscrits dis-
tincts par l'époque et la composition, dans lesquels elles figuraient d'abord;
elles ont été mises bout à bout en tête de la collection du manuscrit 2327.
Celle du manuscrit de Saint-Marc est la plus ancienne et a passé entière-
NOTATIONS ALCHIMIQUES lOI
ment dans le manuscrit 2327 : ce qui est fort important pour les questions de
filiation ; mais elle a subi des intercalations et transpositions, qui témoi-
gnent de remaniements considérables.
Je donnerai maintenant le résumé des comparaisons entre les signes mul-
tiples d'un même corps, et spécialement d'un métal, telles qu'elles résultent
de l'examen de ces tableaux.
Les métaux sont représentés surtout par les signes des planètes corres-
pondantes. Cependant, à côté des signes planétaires des métaux, on en
trouve d'autres, qui sont de simples abréviations, réduites parfois à l'ini-
tiale du nom de la planète ou du métal ; tels que :
Or (PI. VI, L 19);
Cuivre (PI. VI, 1. 3 et 6);
Fer (PI. V, 1. I et 17];
Mercure (PI. VI, 1. i5;
Étain (PI. V, 1. 12 et 16).
De même le nom de l'eau esttantôt figuré par son hiéroglyphe (PI. II, 1. 5;
PI. IV, 1. 26 ; PI. V, 1. 3) ; tantôt par l'abréviation du mot grec correspondant
(P1.VI,1. 5). De même le mot fleuve (PI. III, 1. i; PI. V, 1. 25; comparées
avec PI. VII, 1.7).
Le nom de la litharge a aussi deux signes ; l'un, dérivé de l'argent, l'autre,
simple abréviation (PI. IV, 1. 19 et PI. VIII, 1. 20).
Le signe générique des rouilles (oxydes) métalliques offre deux variantes
(PI. 1,1. 19 et 25; PI. VI, 1. Il), etc.
Signalons maintenant les répétitions.
Tous les noms des métaux existent dans les listes de Saint-Marc, deux
fois; une fois séparément, une fois dans la liste planétaire. En outre, le
nom de l'or se retrouve cinq fois dans la seconde liste, celle du manuscrit
2327 (PI. IV, 1.4; PI. VI, 1.3 et 19; PI. VII, 1. 9; PI. VIII, 1. 5). Son signe
est toujours celui du Soleil, à l'exception d'un signe figuré dans la plan-
che VI, 1. 19, qui est double et semble une abréviation.
Le nom de l'argent se lit trois fois dans la seconde liste (PI. IV, 1. 4 ;
PI. VIII, 1. 6 et 22). Son signe n'a pas de variante, si ce n'est que le crois-
sant est placé horizontalement à la dernière place.
Lç nom du cuivre est écrit six fois dans la dçuxièmç liste (PI. IV, 1. 9;
102 CHIMIE DES ANCIENS
PI. VI, 1. 3,6, II ; PI. VII, 1.6; PL VIII, 1.6). Son signe offre six variantes,
dont l'une répond à l'un des signes du fer (PL V, 1. 12).
Le nom du fer esttranscrit quatre fois dans la deuxième liste (PL V, 1. 1 et
17; PL VI, 1.20; PL VIII, 1.5 et 22). Son signe offre quatre variantes princi-
pales. En effet, le nom du fer est représenté par quatre signes principaux.
L'un d'eux une flèche avec sa pointe, semble une abréviation du signe pla-
nétaire. Un autre signe, un 9, est nous l'avons vu l'initiale du mot Ôoupaç,
nom ancien de la planète Mars; parfois avec adjonction d'un x, abréviation
du xupôeiç, Tenflammé, autre nom ou épithète de Mars (PL V, 1. 17).
Le nom du plomb figure six fois dans la deuxième liste (PL IV, Lu ;
PL V,L II et 16; PL VI, 1.4; PL VII, 1.6; PI, VIII, 1. 5); son signe offre six
variantes. Aucun métal n'a plus de signes que le plomb, matière première de
la transmutation chez les Égyptiens. Dans l'une des planches (PL Vil, 1. 6),
le signe ordinaire est doublé par l'adjonction du signe du cuivre. Un autre
signe du plomb (PL VI, 1. 4) se retrouve à peine modifié, comme signe de
cuivre (PL VI, 1. 6), et même comme signe adjoint au mercure (PL VI, 1. 15).
Ce signe rappelle encore l'un de ceux du soufre (PL IV, 1. 1 8), désigné comme
le plomb par le nom d'Osiris, chez les Egyptiens.
Le nom de l'étain se voit quatre fois dans la deuxième liste (PL IV, 1. 12;
PL V, 1. i3 et 18; PL VIII, 1. 5). Son signe offre cinq variantes. Dans Tune
d'elles, on retrouve l'un des signes du cuivre (PL V, 1. i3); dans une autre,
l'un des signes du fer (PL V, 1. 13).
Le nom du métal mercure est signalé cinq fois dans la deuxième liste
(PL IV, 1. 5 : PL V, 1. 5 ; PL VI, L 1 5 ; PL VIII, 1. 6 et 8). Son signe offretrois
variantes, savoir : le signe de l'argent retourné; le signe delà planète Her-
mès, plus moderne (PL VIII, 1. 6) ; enfin le double signe de l'eau-argent, avec
le croissant ordinaire. (PL VI, L i5). On trouve encore le nom du mercure
associé à celui de l'arsenic (PL VI, L 4), et représenté par un double signe,
dont la première partie est le signe du mélange ou alliage d'or; la seconde,
le signe de l'arsenic retourné. Il y là une idée se rattachant à la transmuta-
tion des métaux et à la fabrication de l'or par l'intermédiaire du mercure,
réputé former l'essence des métaux, et de l'arsenic, regardé comme l'un de
leurs principes colorants {Origines de F Alchimie, p. 238 et 279).
Le nom de l'arsenic (sulfures arsenicaux) est tracé quatre fois dans la
NOTATIONS ALCHIMIQUES I03
deuxièmeliste(Pl. V,l. i9;Pl. VI, 1. i/et 26; PL VIII, 1. 21), avec trois ou
quatre signes différents. Le signe de la planche VI, ligne 26, est le plus mo-
derne; car il est employé couramment dans le manuscrit 2419. Le nom même
de l'arsenic est associé deux fois (PL V, 1. 7 et 9) à celui de la sandaraque (sul-
fure analogue), laquelle est confondue parfois souslemême signe(Pl. V, L7).
Ailleurs la sandaraque est exprimée par le signe du soufre (PL VIII, 1. 22) :
ce qui montre que les alchimistes en avaient bien saisi les analogies complexes.
Le signe de l'antimoine (sulfure d'antimoine) existe deux fois dans la
deuxième liste (PL V, 1. 10 et 25) ; la première fois, il est associé à celui du
plomb, probablement parce que l'on avait aperçu l'analogie des deux métaux.
Les mots : matras, sel, vapeurs sublimées, etc., donnent lieu à des remarques
analogues, mais sur lesquelles il paraît superflu de s'étendre.
Nous allons reproduire maintenant ces listes, d'après des photogravures
prises sur les manuscrits. L'échelle exacte a été conservée pour le manus-
crit 2327 : mais elle a été un peu réduite pour le manuscrit de Saint-Marc.
J'ai donné la traduction, aussi exacte que j'ai pu dans une matière si obs-
cure, de tous les mots qui figurent dans ces listes.
Je me suis aidé à cet effet des œuvres de Dioscoride (édition Sprengel); de
celles deVitruve, de Pline (édition Sillig) et des Commentaires de Saumaise
[Plinianœ Exercitationes, 1689). Je laisse à d'autres le soin des remarques
grammaticales sur ces textes, me bornant à faire observer que Liotacismc
est bien plus marqué dans le second manuscrit que dans le plus ancien.
Pour le manuscrit de Saint-Marc, dont l'écriture est très différente de
celle du grec moderne, j'ai cru utile de fournir en même temps le texte grec
en lettres actuelles : ce qui m'a paru superflu pour le manuscrit 2327.
Voici ces textes ;
Les planches I, II et III reproduisent les folios 6 et 7 du manuscrit de
St-Marc, à Venise. Les signes sont tracés à l'encre rouge dans le manuscrit.
Plusieurs signes ont été ajoutés à des époques postérieures à la première
transcription du manuscrit; les uns au xiv« siècle, les autres au xv«. Ils se
distinguent par la forme des caractères et la couleur de l'encre. Je les
noterai en passant.
Les planches IV, V, VI, VII et VIII sont la reproduction identique des
fol. 16, 17 et 18 du manuscrit 2327 de la Bibliothèque nationale de Paris.
La traduction répond, ligne pour ligne, au texte placé vis-à-vis,
15
•20
104 CHIMIE DES ANt:iENS
Figure 3, — Tlanche I
^y {^fijLUii_-r t tri t*t« ajlM 1 Txu u îrtc f i xl/h oj m t NmîtTt X*^ «hYi c
5 ^XT'^'**'^^^'T**^ ^ i^ 3LrMtTnr.ptitcr5:»Jipc 5
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20
25
NOTATIONS ALCHIMIQUES io5
SIGNES ALCHIMIQUES
Planche I, première colonne, à ganclie
Photogravure d'après le manuscrit de Saint-Marc, fol. 6.
« Signes de la Science, qui se trouvent dans les écrits techniques des
philosophes : ce sont surtout les signes de ce que ceux-ci appellent la
Philosophie mystique.
Xputjoç Or.
Xpudou ^{vY)[j.a Limaille d'or.
XpuaoîJ xéxaXa Feuilles d'or — avec second signe à droite,
d'une écriture plus récente.
Xpuaoç xexaulAévoç Or calciné (fondu).
5 XpuaiQXexTpov . . . Elèctrum — avec 2® signe plus récent.
XpuaéxoXXa Soudure d'or.
MaXa-)f[jLa -/^puijoij Mélange d'or.
"ApYupoç Argent.
'ApYupou Y^ Terre d'argent.
10 'ApYupou ^(vr^iAot Limaille d'argent.
'ApYupo'j TCsxaXa Feuilles d'argent.
'ApYupo/p'jŒÔxoXXa Soudure d'or et d'argent — avec second signe
récent.
"ApYupoç x£5cau[ji.£vcç Argent calciné (fondu) -
XaXxoç xÙTcptoç Cuivre de Chypre — avec second signe d'une
ancienne écriture.
15 XaXxou Y^ Terre de cuivre (minerai).
XaXxou ^(vY)[xa Limaille de cuivre.
XaXxoO x&xaXa Feuilles de cuivre.
XaXxoç xexauixévoç Cuivre calciné (oxydé).
'loç x'^^^°^ Rouille de cuivre.
20 'Op£{)(aXxoç Orichalque.
SfôTjpoç Fer. — "AXXw?, autre signe.
SiS-^pou yi] Terre de fer (minerai).
StSi^pou ^{vTjfxa Limaille de fer.
Stâ-^pou xéraXov Feuille de fer.
25 Siâi^pou Icq Rouille de fer,
M6Xt6oç (sic) Plomb,
I06 CHIMIE DES ANCIENS
Flanelle I, deuxième colonne, k droite.
"HXio; xP'J'^ôç Soleil, or.
SeXi^virj aLÇi-^\iÇ)oç Lune, argent.
Kpévoç (pa(v(i)v [x6Xt6oç Saturne brillant, plomb.
Zeùç çaéôwv -ijXexTpoç Jupiter resplendissant, électrum.
5 "ApT)? içupoetç a(âT)poç Mars enflammé, fer.
*A<ppoS(TTf] çwaçopoç 5(aXxoç... Vénus lumineuse, cuivre.
'Epfxîjç (TT(X6a)v xacjaiTTjpoç . . Mercure brillant, étain.
La suite forme le commencement du verso de la feuille 6 dans le manu-
scrit ; elle a été ajoutée par le graveur sur la planche I, après les noms des
planètes, lesquels sont effectivement à droite du recto de la feuille 6 dans le
manuscrit.
1^ MoX(68ou Y*5 Terre de plomb (minerai).
MoXi686xaXxoç Molibdochalque.
MoX(6Sou ^(vTr)[i.a Limaille de plomb.
M6Xi6âoç x£>tau[xévoç Plomb calciné.
KaadtTQpoç (sic) Étain. — "AXXo, autre signe
15 KaaffiT-^poi» y>5- Terre d'étain (minerai).
KaaaiTi^pou ^{vYjfJia Limaille d'étain.
KaaatTi^pcu Tré-caXa Feuilles d'étain.
Kaaa(T7)poç xexauixévoç Étain calciné.
'YSpapYupoç Mercure.
^" NeçéXr) Brouillard (vapeur condensée).
AeuxT)v xayetdav Concrétion (coagulum) blanche.
SavÔTjv TcaYsTaav Concrétion jaune.
AiôàpYupoç Litharge.
0£ïov àxupov Soufre apyre,n'ayant pas subi l'actiondu feu.
25 Oeïov, ôeTa Soufre. — Matières sulfureuses.
0£Ïov aOtxTov Soufre natif.
'AçpoaéXTjvov Sélénite.
NOTATIONS ALCHIMIQUES IO7
Le verso de la feuille 6 du manuscrit n'étant pas inséré en entier dans
ce qui précède, on a ajouté et intercalé les signes qui suivent avec leur inter-
prétation, dans la colonne de droite, sur la planche II.
30
I08 CHIMIE DES ANCIENS
Figure 4. — Planche II
^ v4LXi<:AJ4-6-«C oL AtM0ti_J-iJ4M£ ot
5 «Sï -ft-iLXAjLCli-'VSLJL.-rtl^îTgi 9-lî-rTl>M 5
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Çr (THJUUi
NOTATIONS ALCHIMIQUES
109
Première colonne, à gauclie.
La colonne gauche de la planche II renferme les signes du folio 7 recto du
manuscrit, et la colonne droite la fin du folio 6 verso.
XaXxavôoç Couperose.
XaXx{TT)<; . Minerai pyriteux
de cuivre.
At9ot Pierres.
'EXuoptiv Ghélidoine.
5 QatXàacKx uoaTa. . . . Eaux marines.
^ 0[x6pta Eaux pluviales.
''YSwp Eau.
Hfxépai . Jours — 2^ s. anc.
NuxTsç Nuits. — ^Qpai.
heures.
10 'H[X£povu)j6Yi[xepa . . i jour et i nuit.
néxaXa Feuilles.
KXauSiavôv Claudianon (al-
liage)— 2^ signe
plus moderne.
Kivvaêaptç Cinabre.
Kpoxoç Safran.
15 "pxpot. Ochre.
'Apaévtxov Arsenic — autre
signe ancien.
Sfptxov (sic) . . Couleur rouge
particulière —
2® signe plus
moderne.
"Ayxouaa Orcanette. — 2^
signe plus mod.
— autre signe
ancien: XaB'.y.-'vTî,
de Laodicée.
SavSapa^c»;
• . Sandaraque (au-
tre signe anc).
M(au
. . Misy (couperose 20
jaune).
Swpi [sic)
. . Sori (corps ana-
logue)— ÇavOov,
jaune; signe
d'écriture plus
moderne.
Aa^aç
. . Laccha, sorte
d'orcanette.
^t[;.uO'.ov
. . Ce'ruse.
Aejxa
. . Les blancs. —
Eav66v, jaune;
signe ancien.
"OçGaXfjLsç ... .
. . Œil. 25
'Qi
. Les œufs.
OtjTpaxov a>o>v
. Coquille desœufs
— ■ répété avec
autre signe plus
moderne.
Kûavov
. . Bleu.
"TeXoç
. . Verre — autre
signe plus mod.
'Q6pûC(i)Ttç
. Epreuve des mé- 30
taux (coupella-
tion) — autre
signe plus mod
Aa6wv
■ • Ayant pris.
:STTÔii.T)(67c)
. Antimoine.
Deuxième colonne, à droite.
Otvoç «[XTjvic; . . . . Vin doux.
'Paçàvivov eXa-.-,.. Huile de raifort.
K(xtvov è'Xaiov Huile de ricin.
Nfxpov Natron.
5 StuTCTTjpi-t ^y,--'-, ■ Alun en lamelles
2T'JXTY;p{a ai poYT ->•••". Alun arrondi.
10 IIupi'TYjç Pyrite.
Ka3ix(a Cadmie.
MaYvr)a(a Magnésie.
15
"AXa; Sel.
'AXaç xciv-v. Sel commun.
— à[Aovtax3v ^Avc) Sel ammoniac.
TtTavoç Chaux, plâtre. 25
'Atsîjtoç Chaux vive —
2® signe ancien.
ovT'.xr,. . . . Rubrique du
Pont — 2« signe
ancien.
Z]tva)T:tî
IIO
CHIMIE DES ANCIENS
Figure 3. — Planche III
^nt
10 t<Sî i<Mti<:a>4-«-«w
g)* KClJJjULPtC
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2 uj c ï JULû c :
<piîNi-r f-roc :
NOTATIONS ALCHIMIQUES I I I
Folio 7, verso. — Planche III.
noTa[x6ç Fleuve. — ^av66v, Jaune — signe plus mod.
"O^oç Vinaigre.
Ilvjtl'ov Faites fermenter.
Boxapiov Botarion (vase de digestion ?)
5 B6X6iTa Fumier, fiente — signe plus moderne.
BoiavY) Plante.
A'.ôaAY) cùpavou . Vapeur céleste.
XtovY) Creuset.
A(j)7:àç xuOpa Matras de terre cuite.
Kvixavôov {sic) Fleur de cnécos oucarthame.
10 KÔ)[Lapiç Sélénite ou talc.
Fïj . Terre.
AîôâXat Vapeurs sublimées, fumées.
'Ap'.6[jLcç Nombre — répété avec signe plus moderne.
Xhpx, livre (poids) 1
àaSsaioç, chaux vive [ signes plus mod.
TpCêe, broyez. )
15 Xuilit Bile.
X'jàoç Suc.
Suv6£[xa oXov Formule complète.
Ovô[j.aTa Twv ç'.ACTÔcpwv t^? Ôsîa; £r'.7-rj[j.Y;ç y.al t£"/vy];.
Noms des Philosophes de la Science et de VArt divins.
Mwarjç Moïse. Mapi'a Marie.
20 AYj[x6xpiT0ç .... Démocrite. Ilî-rasto; Pétasius.
2'jvéjioç Synésius. 'Ep[j.f;ç Hermès.
riaûarjptç. ..... Pauséris. BcSîiôe-.a Théosébie.
riYjSr/'.oç Pébichius. 'AYa6soa(i/,a)v. . . . Agathodémon.
EevoxpotTY]? Xénocrate. BcC^tAoç Théophile.
25 'Atppi'y.avoç Africanus 'Haiowpoç Isidore.
Aouxcéç Lucas. 0aAr,; {sic) Thaïes.
AtcysvYiç Diogène. 'Hpây.AsiTc; Heraclite.
"I-KTîaao; Hippasus. Za)7'.;j.o;' Zosime.
STÉçavoç Stephanus. «^'.ÀapsTOç . . . . Philarète.
Xi[j,-oç Chimès. 'loyAiavr, Juliana.
Xp'.GT'.avé; Le Chrétien. ^ép^toç Sergius.
Cette dernière liste a un intérêt historique, plutôt que technique. Son
commentaire se trouve dans l'ouvrage sur les Origines de V Alchimie, cité
plus haut, p. 128 et suivantes.
112 CHIMIE DES ANCIENS
Figure 6. — Planche IV
15
20
25
/^oue^Vf^AA^^-Ha^/»H^/ooUTr^1^ûy^Ka<rr'Vipo<;
NOTATIONS ALCHIMIQUES Il3
SIGNES DU MANUSCRIT 2327.
Planche IV, feuille 16 du manuscrit, verso.
Vois ces signes et comprend-les bien :
Interprétation des signes de l'art sacré et du livre sur la matière
de l'on
Au commencement : or — limaille d'or — argent.
Mercure — feuilles d'or — or calciné ou fondu.
5 Soudure d'or — mélange ou alliage d'or.
Terre ou minerai d'argent — soudure d'or et d'argent — argent
calciné ou fondu — cuivre de Chypre — terre de cuivre.
Limaille de cuivre — feuille de cuivre.
Cuivre calciné — rouille de cuivre — orichalque (bronze et al-
10 liages analogues).
Cuivre — étain (quatre signes) — plomb.
Saturne brillant — molibdochalque (alliage de cuivre et de plomb)
— terre ou minerai de plomb.
Limaille de plomb — plomb calciné.
Autre signe de l'étain — terre ou minerai d'étain — limaille
d etain — feuille d'étain — étain
15 calciné — brouillard ou vapeur condensée — litharge
concrétion blanche — vapeur concrétée jaune.
Litharge — soufre apyre, n'ayant pas subi l'action du feu.
matières sulfureuses — soufre
natif — sélénite — vin d'Amina.
Huile de raifort — huile de ricin — natron (deux signes),
2Q Alun en lamelles — (alun) arrondi — pyrite.
Cadmie —magnésie — sel — sel
commun — sel ammoniac (en abrégé) — chaux (deux signes),
chaux vive.
Vermillon du Pont — autre signe — couperose.
Chalcite (minerai pyriteux de cuivre) — pierres (en abrégé) —
25 Chélidoine.
Eaux marines — eaux de pluie — eau
Jours — nuits — heures — un jour et une nuit.
114 CHIMIE DES ANCIENS
Figure 7. — Planche V
10
15
20 (TBH/
26
<^ * (J7 5^p oc -ô^ • cnî ^ f 0 y rM^^ • (TT g^^ 0 ufi^' y/<r
OT A » ytf V «^(î • cçtAVif n^x*» HP V K«a'i^♦f ' k\ • ^«r o y eu
^''/i- i. ^ ■ ' ^ . '^ ( » ' *■ . \
NOTATIONS ALCHIMIQUES I I 5
Planche V, feuille 17 du manuscri*, recto.
Fer — minerai de fer — limaille de fer.
Feuille de fer — rouille de fer.
Chalque (poids et monnaie) — mer — fleuve — noir.
Air et astérite (pierre précieuse) — feuille de noyer.
5 Drachme — poignée (mesure) — mercure (deux signes qui pré-
cèdent le mot).
Terre de Gimole et suc de figuier (sans signe) — feuilles — ar-
bouse.
Sandaraqueet arsenic — sandaraque (au-dessus delà ligne) —
chaux — litharge.
Mine (poids) — safran — œuf — coucher du soleil — urine.
Soufre — vinaigre — scrupule (fraction de l'once) — levain.
Sélénite — stimmi (antimoine) de Goptos mélangé.
10 Soufre apyre commun — le plomb a quatre signes.
Puis vient une ligne de signes se rapportant au plomb, à Jupiter,
deux signes (électrum), à l'étain, trois signes.
Hermès en a trois autres (trois signes) — l'or est tel — le
cuivre.
Le soufre natif et le soufre brûlé par le feu (fondu ?) et Saturne,
c'est-à-dire le plomb, s'écoulant de lui-même (cette ligne n'a
pas de signe spécial).
15 L'eau de plomb et la vapeur condensée blanche qui se dit mercure.
Saturne brillant — Jupiter resplendissant — électrum.
Mars enflammé (deux signes) — Vénus lumineuse.
Mercure étincelant; étain (pas de signe) — claudianon — cinabre.
20 Safran — ochre — arsenic (autre signe double).
Sandaraque — séricon (soie ? ou couleur rouge ?) — orcanette.
Sandaraque de Laodicée. — autre signe — misy — sory.
Laccha — céruse — molibdochalque.
Les blancs — œil — les œufs — coquille d'œuf.
Bleu — verre — coupellation — ayant pris.
Antimoine — fleuve — vinaigre — ferment ou septique (?).
25 Botarion (vase à digestion) — fumier — plante — vapeur (cé-
leste — le signe est à la page suivante).
10
15
20
25
Il6 CHIMIE DES ANCIENS
Figure 8. — Planche VI
)^\j^c^'r^' iôc«yïn//oocrx* JOC^rf^KPvr-ç» w
o/w»v<r^' KiiLXoii/viVdy ©'^»^ • adi^l»/»ÇairV •
Af^Ç)
NOTATIONS ALCHIMIQUES II 7
Planche VI, feuiUe 17 du mannscrit, verso.
Ciel — creuset — matras de lerre cuite — fleur jaune du cnécos
(plante assimilée parfois au cartliame) — cnécos (sans signe).
Séléniteou talc — terre — vapeurs sublimées.
Nombre — bile — suc — or — cuivre (deux signes).
Plomb — mercure d'arsenic.
5 Vinaigre (deux signes) — (vinaigre) piquant — eau de pluie —
eau de mer.
Séricon (pigment rouge) — cuivre (répété deux fois —
deux signes).
Mposiris ( i) : c'est le signe de l'eau précédent, avec un p ; ou peut-
être le même signe que l'or à la ligne 19 — le noir de myrrhe
— ferrugineux.
Autre liste — stylet — écris — mer sacrée.
Ensemble — encensoir ou parfum — papier — sacré — mystère.
10 Signe caractéristique — ange — démon — rouille
de l'or — rouille de l'argent — rouille de cuivre.
Electrum — corail — discours (ou rapport) — vinaigre — litharge.
Cinabre — herbes — fabrication.
Livre (poids) — mines (poids) — eau — un peu — commun.
15 Ou bien — demi — coquille — mercure.
Mines (poids) — setier — commun — ensemble (deux signes).
Arsenic (deux signes) — feuille — sacré — apyre.
Composition — sec — pulvérisez — divisez en lamelles.
Vapeurs, fumées — or — plante — limaille.
20 Autre liste — raclure — fer — camphre — arèn (mâle, ou ar-
senic?, ou Mars??).
Ensemble — cyclamen — porc (ou utérus }) — semences.
Argenté — sel — encens — pulvérisez.
Zizi nazé (gingembre?) deux fois répété avec signes — mastic —
partie supérieure de la tête? ou rassemblement ?
Cœur — foie — estomac — signe
25 Larynx — aloès — lunule ou sélénite — safran.
Poivre — arsenic — pyrèthre — Aromate ?
Pulvérisez.
( i ) Mp est ici pour B.
Il8 CHIMIE DES ANCIENS
Figure 9. — Planche VII
10
15
20
25
Kpi veS l^ '/w>Afc^oy A^- xtpM y >4)A' ct^p/ JoJ'vm^ •
NOTATIONS ALCHIMIQUES
119
Planche Vil, folio 18 du manuscrit, recto
Roquette (eruca) — fortement — antidote — plante.
Natron — homme — fils — comme — si — il est (deux signes).
De ou de la part — sur — triturez — couperose.
Cathmie ou cadmie — grand — magnésie — oiseau — ortie.
5 Eau — encens — fleur — plomb (signe double).
Cuivre — écailles ou écorces — pétasite (plante) — blanc.
Amas de terre — frisson ou arcane fleuve — bain.
Pomme — sec — il dit — nard — racine.
Yeux — arrondi — long — or
10 Asemos — soufre — terre — ciel — temps.
Terrestre — natron — dans le — et — car — et car.
Séricon — fruit de myrte — lune — polype (ou fougère).
Scammonée — marrubium (?) — agaric.
Coloquinte — fleur de thym — ^amome — galbanum.
15 Myrrhe — Ladanum (gomme aromatique) — amidon (farine).
Clou de girofle — musc — noix muscade.
Ambre — safran — acacia — galanga.
Momion (bitume) — cardame — huile — axonge.
Vin — décoction — opoponax.
20 Lis — rue des bois — corne? — soie ou pigment rouge.
Arcos, plante? (i) — valériane — stachys — véronique.
Meum (ombellifère) — coagulum, lait caillé — une fois — pêche (?).
Jusquiame — pavot — semence de lune.
Camphre — concombre — feuille.
25 Air — fruit — tapis, couche — chaux.
Sucre — farine — ricin — manne (le signe est à la page suivante).
(i) Voir Salmasius, de Homonymis
Hyles latricce, p. 52, a, G. — Diosco-
KiDE, Matière médicale, livre IV, chap.
CIV et CV
120 CHIMIE DES ANCIENS
Figure io. — Planche VIII
10
15
20
25
NOTATIONS ALCHIMIQUES 121
Planche VIII, folio dn manuscrit, verso.
(En haut et hors ligne) pulvérisez — vapeurs condensées — océan
(ou le bleu ?). — le pompholix ? (signe seul) — santal — rhu-
barbe — aloès.
Miel rosat — sumac — avoine.
Grande centaurée — serpentaire — pierre — hématite (deux fois,
sans signe).
Myrte — autre liste (les signes précèdent idlesmots) — le plomb,
5 de Saturne — l'étain — le fer.
L'or — le cuivre — le mercure — l'argent.
(Puis les mots précèdent de nouveau les signes) — soufre — natron
— partiel — vert — vers.
Mercure — demi — eau — soufre.
Suc (des plantes) — divisez (ou parties) — faites fondre — livre
10 — pyrite.
Couperose — livre — quatrième ou quart (d'once ?) — le cyathe
(mesure de poids).
Scrupules (poids) — cuillerée (mesure) — obole— chême (mesure
de capacité).
Demi-obole — triblios ou cotyle (mesure de capacité) — deux
oboles — chénice (mesure) — trois oboles — le carat (tiers d'o-
bole) — quart d'obole — l'holque (poids) — la drachme.
15 Cuillerée (mesure) — le setier — le chalque (monnaie) — la cotyle.
Le statère — le denier — les chalques (mesure).
La fève (mesure) — chalcite ou calamine — le chaud — cathmie
(pour cadmie).
Le premier jour du mois (?) — ensemble — la bile — le sel.
Le suc (des viandes) — couperose (misy) — partie — calciné.
20 Céruse — semence — litharge — antimoine.
Ronde — pyrite — arsenicaux.
Fer ^— sandaraque — écorce ou écaille — argent.
Couperose — cœur — des longues (?) — complet.
Emeri — gingembre? selon d'autres myrrhe — vénérable — autour.
25 Brasier — vie heureuse — polype ou fougère.
Volatil — oiseaux (œufs d') — oison — champignon.
Porcin — désirable — sec.
122
CHIMIE DES ANCIENS
Quelques mots, en fiaissaat, sur la date à laquelle remontent les signes
que nous venons de reproduire. Les signes dee planètes figurent déjà dans
les papyrus astronomiques du Louvre, qui remontent au temps des Anto-
nins ; ainsi que dans ceux de Leide, un peu plus récents. Dans ces derniers,
ils sont en outre appliqués à l'or (i), à l'argent et à des noms de plantes
et de minéraux, comme dans nos manuscrits. Certains autres signes, celui de
l'eau par exemple, sont des hiéroglyphes. Le nomd'Osiris (PI. VI, 1. 7) était
employé, d'après Stéphanus [Origines de V Alchimie, p. 32), pour désigner le
plomb et le soufre (même signe pour ces deux corps, PI. V, 1. 11) chez
les Égyptiens ; dans notre planche VI, ce signe rappelle aussi un signe
spécial de l'or, situé plus bas (PI. VI, 1. 19).
Les signes de matière médicale sont plus modernes que ceux des métaux
et des planètes. Je ne les ai pas trouvés, par exemple, dans les pages
reproduites par Lambecius [Comm. de Biblioth. Cœs., Liv. II, p. i35 et
suivantes) et par Montfaucon [Paléographie grecque, p. 202), d'après un
manuscrit célèbre de Dioscoride, écrit vers la fin du v« siècle pour Juliana
Anicia, fille d'Olybrius, l'un des derniers empereurs d'Occident (2).
En raison de l'importance de ces signes, pour la lecture des manuscrits
alchimiques et médicaux, j'ai cru utile de faire un petit lexique des mots
contenus dans les tableaux précédents, avec indication de la planche et de la
ligne correspondante : les mots ont été conservés, pour plus de sincérité,
tels qu'ils existent dans le Manuscrit, sans en corriger les fautes et sans
les ramener soit à leur forme régulière, soit au nominatif.
(i) Le Soleil (et Ter) sont parfois dé-
signés par un cercle avec un point cen-
tral , surtout chez les astronomes ;
l'électrum et Jupiter de même (fig. 7,
1. i3). Ce signe représente aussi l'œuf
(fig. 4, 1. 26), l'œil (fig. 9, 1. 9), le ciel,
tout objet rond (fig. 9, 1. 9), tel qu'une
variété d'alun, par exemple; mais il est"
généralement affecté au cinabre, ingré-
dient fondamental de l'œuf philosophi-
que, dans nos manuscrits (fig. 4, 1. 1 3 ;
fig. 8,1. i3).
(a) Lambecius, p. 222 ; Montfaucon,
p. 204. Le nom même de Juliana figure
dans la liste du ms. de Saint-Marc,
PL III, avant-dernière ligne, p. 1 10 du
présent Volume.
NOTATIONS ALCHIMIQUES
123
LEXIQUE DES NOTATIONS ALCHIMIQUES
'Ayaptxo'v : VII, l3.
'Atts^oç : VI, 10.
"A-f/jouaix :II, i8, 20.
— Xaotxi'vr) : II, 18;
' V, 20.
"Aep : VIT, 2 5.
'AV : V, 4.
AieàXairlII, i3;VI,
19; VIII, 10.
— oûpavoîj : III, 7;
V, 26.
'AîeaXrj XeuxT) : V, l5.
AîOdtXTiTat : VI, 2.
Aîtia-nÎTTjî : VIII, 4.
'AxiÇea : VII, 17.
'AxT^:VII, 26.
"AXaç : II, i5; IV,
22; VI, 22; VIII,
18.
— xoivov : II, 16;
IV, 23.
*A[i,(jiovtaxov : II, 17;
IV, 23.
'AXoT) : VI, 2 5.
-A[iYiXov : VII, i5.
"Aiixap : VII, 17.
'Afiû : VII, 14.
'AvotxîçaXov : VI, 24.
"AvOpwTtoî : VII, 21.
"Aveo; : VII, 5.
'AvepaÉxia : VIII, 2 5.
'AÇoii-j7T]v : VII, 18.
'AvTfSoTov ; VI, I .
"Aîwpov : VI, 17.
(Voir Oeîov.)
"Apfupoç, ipYupou : I,
2, 8; IV, 4; VIII,
6, 22.
— yfi: I, 9; IV, 7.
— îdç : VI, 1 1 .
— xExaujjL^vos : I, 1 3 ;
IV, 8.
— TZîTaXa : 1, II.
— piVTi[jLa, p'!vta[ia ;
I, 10.
— ypuao'xoXXa : I,
12. IV, 7.
"ApTjv : VI, 20.
"Apri; : I, 5; V, 17.
'ApiOfjLOi; : III, 14;
VI, 3.
"Apxos: VII, 21.
'Apa^vtxov, âpoev^xT)v :
II, 16; V, 7 19;
VI, 17, 26; VIII,
21.
"Apcoap: VI, 26.
"ActCettoç: II, 25; III,
i4;ÎV, 24; V, 7.
"AaTjjjios : VII, 10.
'AaTspixr)^ : V, 4.
'A?po5t-cr) ; 1, 6; V, 1 7.
'Atppod^Tjvov : 1,27;
IV, 19; V, 10.
B
BJXetTa: III, 5; V,
2 5.
BoTavr) ; III, 6; V,
25;VI,i9;VII, I.
BoTapiov : 111,4; V,
25.
BptxtJvcov : Vil, 21.
Bpo'jjLtoi; : VIII, 2.
FaXayxa : VII, 17.
ràp : VII, II.
FaiTT^p : VI, 24.
r^; m, 12; VII, 10.
(Voir les métaux.)
rpa(i(xaptov : V, 9;
VIII, II.
Tpaoe : VI, 8.
rpaçeîov : VI, 8.
Aa/jiovo; ; VI, 10.
A7]vâptov : VIII, 16.
AtâpYupo; : VI, 22.
ApayfiT] : V, 5.
ApaxixV-V,5;VIII,
14.
ApoxovTta : VIII, 3.
Apt{iiiTou : VI, 5.
Aiimç : V, 8.
E
-EXatov : VII, 18.
Voir xi'xtvov et
^aooîviyov.)
'EXû8ptov:II,4;IV,
25.
'EvTw ; Vfl, II.
'ETC[9û[i.tov : VII, 14.
'Epf*T)ç:I,7;V, i3,
17-
"EoTc : VII, 2.
EûiTtoTiv : VIII, 25.
EuÇtufxov : VII, I.
"Et{'Ti[ia : VII, 19.
Zeû«:1, 4;V, 12, i6.
ZtÇtviÇT, : VI, 23.
ZtSfiT) : V, 9.
H
"Hyouv : VI, i5.
"HXercpoç, ^exTpov
I, 3, 5; V, 12,
16; VI, 12.
"HXioî : I, I.
'H{i^pat:II,9;IV,27.
'HfjLSpovuxÔTÎfxepa : II,
10; î][jLEp<ivux'rov :
V, I.
"H(it<jT) : VI, i5;
VIII, 8.
-Hv.VII, 2.
'HTtap (ûjcap) : VI, 24.
0
0<iXa(j(ia:V,3; VI,
8.
124
CHIMIE DES ANCIENS
SaXccovta ûoaxa : II,
5; IV, 26; VI, 7.
0£îa:I,25;IV, 18.
0EÎOV : I, 2 5 ; V, 9 ;
VII, 10; VIII,
7, 8.
— âOtxTov : I, 26 ;
IV, 19; V, 14- ;
— âm>pov ; I, 24 ;
IV, i8;V, II.
©E'ptioç : VIII, 17.
0u[i.'a{ia : VII, 5.
0o[x/a(iov : VI, 9.
I
'lepoTixôv : VI, 9, 17.
•lôç : VI, II. (Voir
les métaux.)
"fpa 6âXaao« : VI, 8.
K
Kaofx^oc, xaO[jia : II,
1 1 ; IV, 22 ; VII,
4; VIII, 17.
Ka[i<p(j>p<x : VI, 20 ;
VII, 24.
KapSafiov : VII, i8.
KapSi'a:VI,24;VIII,
23.
KaptdipoXov ; VU,
16.
Kapjtôç : VII, 2 5.
Kapûxtov TtixaXov :
V,4.
KaaotTEpo;, xaaatxé-
poo:I,7; IV, 12,
i5; V, 12, 18;
VIII, 5.
— Yîj:!, i5;lV,i5.
— xexau(iivo; : I, 1 8 ;
IV, 17.
— JtETotXa : I, 17;
IV, 16.
^ ptVTjfia, pi'vtafia :
I, 16; IV, 16.
KsxaujjLevoî : VIII,
19. (Voir les mé-
taux.)
Képas : VIII, 8.
Kepijv : VII, 20.
KtxfSiov : VII, 26.
Kt'xivov eXaiov : II, 4 ;
IV, 20.
KixXotfiivov ; VI, 21,
KtfjLcuXi'a : V, 5.
Kivvâ6apt; : II, 1 3;
V, 18; VI, i3.
KXouBiotvrfv : II, 12;
V, 18.
Kv(X(4^oy : VI, 20.
Kvfxotvôov : III, 10;
VI, I.
Kvt'xoç : VI, 2.
Kv'St : VII, 5.
Kptvdv : VI,' 14, 16.
KoXoxTivOTjrVII, 14.
Kd[iapov : V, 6-
KdpoiXoç : VI, I a.
KotiJXt) : VIII, i5.
Kouxoujxiptov : VII,
24.
K6x^X»iaptov : VIII,
i5.
KoyilUi: VIII, II.
Kpfvea : VIII, 20.
Kpdxoç : II, 14; V,
8,i8;VI,25;VII,
Kpdvoç : V. -/^pdvoç.
K.5aeoî : VIII, II.
Kua(xOi : VIII, 17.
Kuavôv : II, 28; V,
24.
KûOpa : III, 9.
KtopLaptç : III, 1 1 ;
VI, 2.
Aa6wv : II, 3i; V,
24.
AaSavov ; VII, l5.
AaSix^vT) : II, 18; V,
20.
AàpTjYÇ : VI, 2 5.
Aa/^Sç : II, 22; V,
22.
Ae/todov: VI, 18,22,
27.
AtrJ.8ei : VII, 6;
VIII, 22.
Aeuxà : II, 24; V,
23.
Aeuxj] aîOâXrj : V, 1 5.
AeuxTjv TtorjfEtdav : I,
21; IV, 18.
Aeuxôv : VII, 7.
At'6au/ov : VI, 22.
AtOâpppo; : I, 23;
IV, 17, 18; V,
7;VI, i3; VIII,
20.
A'Ôot : II, 3; IV,
25; VIII, 3.
Ao'yo; : VI, 12.
AouTpôv : VII, 7.
Aufiv-ra : VIII, 3.
Auxpa, X^Tpa : III,
i4;VI,i4;VIII,
9-
Awnà; xuOpa: III, 9.
M
MayvTjai'a : II, i3;
IV, 22; VII, 4.
Maxpôv : VII, 9;
VIII, 23.
Mâva : VII, 26.
Maoxfx.'l •■ VI, 23.
Mi^a : VII, 4.
M^av : V, 4.
MEptxôv : VIII, 7.
M£pot({Aip7]):VIII,9.
Mipoi : VIII, 19.
Mf)Xa : VII, 8.
Mt'xov : VII, 23.
Mt'ot : VII, 22.
M!;'(ju:II,2o; V, 21 ;
VIII, 19.
Mvas:V,8; VI,i4,
16.
MoXe'ov : VII, 20.
MdXt68o;, [xoXt68ou :
I, 3, 26; IV, 12;
V,ii;VI,4;VII,
6; VIII, 5.
— YT) : I, 10; IV,
i3.
— xExaufxE'vo; : I, 1 3 ;
IV, 14.
— phr^iLCt, pfvt<ï[jia :
I, 12; IV, 14.
— SSwp : V, 1 5.
MoXi6Sd)(^aXxoî : I,
ii;IV,i3; V,22.
Mdpitov : VII, 18.
NOTATIONS ALCHIMIQUES
M6(jy(0(; : VIT, i6.
MoCT)ç^oxapt8ov : VII,
i6.
Mouppa : VIII, 24.
M0U-/J0V ; VIII, 26.
Mno'atptç : VI, 7.
MoporJvT) : VIII, 4.
Mo(jTT{ptov : VI, 10.
N
NapSo; : VII, 8.
Nepôv : VI, 14.
Neoar) : I, 20; IV,
17, 18.
Nt'rpov : II, 5 ; IV,
20; VII, 2, 1 1 ;
VIII, 7.
NoûfxfxEvo;: VIII,i3.
NûxTS;:II,9;IV, 27.
EavOrjv TC«Y£Îaav : I,
22; IV, 18.
EavOôv : II, 24; III,
I.
Ee'irrrjs : VI, 16;
VIII, i5.
Er)po'v:VI, 18; VII,
8; VIII, 27.
SoXaXoTj : VIII, i.
O
'O60X0S : VIII, II,
12, i3, 14.
Oivov : VII, 19.
Oivo; à[xr)v^o; : II, i;
IV, 19.
'OXt'vov : VI, 14.
'OXxri : VIII, 14.
"Ofx6pta : II, 6 ; IV,
26.
'Ofiou : VI, 9, 16,
21; VIII, 18.
"OÇo;:III, 2; V, 9,
25; VI, 5, 12.
'OnoTidvaxo; : VII,
19.
'Ortô; ouxfjç : V, 6.
'Opt'yaXxo; : I, 20.
'OpvtOi'a : VIII, 26.
"Opvt? : VII, 4.
"OoTpaxov : VI, I 5.
"Oorpazov wwv : II,
27; V, 23,
OuYYt'a : VIII, 10.
Oùpav(;;:VI,i,VII,
10.
Oùpavo'j alOaXT) : III,
7; V, 26.
Olpov : V, 8.
"O^eaX.ao; : II, 25;
V, 23; VII, 9.
n
nayeîoav Xsuxtjv : I,
21; IV, 18.
— ÇavOrjv : I, 22;
IV, 18.
napà : vil, 3.
ns-Epeto; : VI, 26.
n£pl:VII,3.
n£piÇ:VIII,24.
ITspawv : VII, 22.
IKraXa : II, 11 ; V,
6; VI, 17. (Voir
les métaux.)
riETTjvou : VIII, 26.
IlETacjTT)? : VII, 6.
ntx-cfi (TnjxxTÎ) : VII,
22.
noeT)vô; : VIII, 27.
nota : VI, i3.
no/jjcrtç : VI, i3.
IIoXurtdStQv : VII,
12; VIII, 25.
nofiîpo'XuÇ: VIII, I.
TIoTafiôç : III, I ; V,
3,25; VII, 7.
noT^:VII,22.
np6; ; VIII, 8.
nâpi6pov : VI, 26.
nup/TTiî:II,io;IV,
22; VIII, 9, 21.
ITupoet; : I, 5.
'Pa^otvivov EXatov : II,
3; IV, 20.
'Peov : VIII, I.
'Pi-Ça : VII, 8.
'Pt'vTjfia, ^:vta[ia : VI,
19. (Voir les mé-
taux.)
'Po8oaTa[jLOv : VIII, 2.
'Poj: VIII, 2.
2avoapâ/T) : II, 19;
V, 7, 20; VIII,
22.
ilavTâXTiv : VIII, I .
ilâ/^ap : VII, 2G.
SeXtJvt) : I, 2; VII,
12.
125
SEXrjv^Stov : VI, 2 5.
SEXï)vd(ïJC£p(jia : VII,
20.
EEfjivdv : VIII, 24.
2T)ft£îov : VI, 24.
STJptxov, o^ptxov : II,
i7;V, 2o;VI,6;
VII, 12, 20.
2^tjK)v;ni, 3;V,25.
SiStjp^ç : VI, 7.
St'ôîjpo;, oiâT^pou :
I, 5, 21; V, I,
i7;VI,2o;VIII,
5, 22,
— T^: I, 22; V, I.
— îd; : I, 25; V, 2.
— TCETaXov : I, 24;
V, 2.
— ^'Vtafjia, p:vr)fx.a :
1,23; V, 2.
Stvtojctç rovTtxT] : II,
26; IV, 24.
Sxoiftovt'a : VII, l3.
Sfxifpto; VIII, 24.
S[xtpvoa£7.avo; : VI,
7-
DavpvTi : VII, 1 5.
S(AjpTov : VII, 12.
i^^o^aara : VI, 21;
VIII, 20.
STaT^p : VIII, lô.
StcÎ/^t); : VII, 21.
i]xrJ(XT), OTtfijit ; II,
32; V, 25; VIII,
20.
ilTi-XCov : I, 7.
— xomxôv : V, 10.
^■cpoyyikov : VII, 9 ;
VIII, 20.
126
Stpûfia : VII, 2 5.
Stur.cnpfflt ax}<nr^ :
II, 6; IV, 21.
— TcpofpXT) : II,
7? IV, 21.
SûvOe[i«r oûvÔTjfia :
III, 17; VI, 18.
SuxTJç ôrtôî : V, 6.
Sx.i<«9v : VI, 17.
S<po'8pa : VII, I.
Liôpi: 11,21 ;V,2i.
T
Tflœtov .'^VIII, 23.
T^aptoç : VIII, 10;
14,
nTavt>ç:II,2 5;IV,
23; VII, 25.
ToupiiQv : VII, i3.
Tpetç: VIII, i3.
TptSXt'oç : VIII, 12.
Tp'Ss : III, H-
Tpi^ov : VII, 3.
'TSpdcpfupo; : I, 19;
IV, 5; V, 5, i5;
VI, i5; VIII, 6,
8.
— âpoEvt'xou : VI, 4'
"TSwp : II, 7; IV,
26; VII, 5; VIII,
6,8.
CHIMIE DES ANCIENS
— 6aX«o<iT)ç : VI, 7-
— jjLoXî65ou : V, I 5.
G£T03 * VI, 5.
"TaXo; : V, 24.
"TeXo; : II, 2g.
'TeTO'j (ûotop-) : VI,
5.
'Ti6ç : VII, 2.
Tox^afioç : VII, 23.
<ï>a^6iov : I, 4.
<I>atv(t>v Kpovo5 : 1, 3.
^otv : VII, 8.
$03 ; VII, 21.
^pixTiji; : VII, 7.
<I>yXov : VII, 24.
«{««Mfdpo; : I, 6.
XaX6<xvTiv : VII, 14
XacXxavOo; : II, i',
IV, 25; VII, 3;
VIII, 10, 22.
XaXjci'ov : V, 3.
XaXx-'xT); : II, 2; IV,
25; VIII, 17.
XaXxo';, laX/M : I,
6, 14; IV, 12; V,
i3, 17; VI, 3, 6;
VII, 6; VTII, 6,
i5.
XaXztSv : VIII, 16.
-yii'h ï5; IV,
10.
— loi : I, 19; IV,
11; VI, II.
— xexau{iEvo; . 1 , 1 8 ;
IV, II.
— xûjtpioî : I, 14»
IV, 9-
— nhaikx : I, 17;
IV. 10-
I, 16; IV, 10.
Xapaxxïipiofia : VI,
10.
XâpTTjç : VI, 9.
Xepaeto; : VII, 1 1 .
XTjvâpiov: VIII, 26.
XXopov : VIII, 7.
Xoiv^xïj : VI, 21;
VIII, i3.
Xotp^ou : VIII, 27.
XptJvo; : I, 3; IV,
i3; V, i5, 16;
VII, to; VIII, 5.
XpudrJXsxTpov : I ,
5.
Xpuaoî, y^puooj : I,
i;IV,4;V, i3;
VI, 3, 19; VII,
9; VIII, 5.
— lô; : VI, 10.
— xExaupiEvo^ : 1,4;
IV, 6.
— jj.àXaY[JLa : I, 7 ;
IV, 6.
— :ïét«Xa : I, 3;
IV, 5.
— ^(vT)[xaOU pivtafJia:
1,2; IV, 4.
Xpj<ioxoXX« : I, 6;
IV, 6.
Xû6pa:III, 9; VI, i.
XuXôç: III, 16; VI,
3; VIII, 8.
Xu[xJi : VIII, 12.
X£i(x.ôî(xu[AÔç):VIII,
19.
XtuXii.xo^^IIIj i5;
VI, 3; VIII, 18.
X(îj(xa : VII, 7.
Xo5vri:III,8; VI,i.
XoSveooov : VIII, 9.
^tp9tov . II, 23;
V, 22; VIII, 20.
'Ûà : II, 26; V, 23.
Tiiov : V, 8.
'QSpûÇtoat; : II, 3o;
V, 24.
'ûxuavo'ç : VIII, o.
"Qpai: 11,9; IV, 27.
'Qpt^aXxo; : I, 20;
IV, II.
'Û? : VII, 2.
"ûypa;II,i5;V, 19.
FIGURFS D APPAREILS i 27
V. — FIGURES D'APPAREILS
ET AUTRES OBJETS
Les manuscrits alchimiques renferment un certain nombre de figures
d'appareils et autres objets, destinés à faire comprendre les descriptions du
texte. Ces figures offrent un grand inte'rêt. Quelques-unes ont varié d'ailleurs
dans la suite des temps; sans doute parce que les expérimentateurs qui se
servaient de ces traités en ont modifié les figures, suivant leurs pratiques
actuelles. Le tout forme, avec les figures de fourneaux et appareils d'une
époque plus récente, tels qu'ils sont reproduits dans la Bibliotheca Che-
mica de Manget, un ensemble très important pour l'histoire de la Chimie.
Je me bornerai à étudier les plus vieux de ces appareils ; car ce serait sortir
du sujet de la présente publication que d'en discuter la suite et la filiation
jusqu'aux temps modernes ; il serait d'ailleurs nécessaire de rechercher les
intermédiaires chez les Arabes et les auteurs latins du moyen âge.
Les figures symboliques mériteraient à cet égard une attention particu-
lière, par leur corrélation avec certains textes de Zosime, dans son traité
sur la vertu, etc. Je citerai, par exemple, de très beaux dessins coloriés,
contenus dans le manuscrit latin 7147 de la Bibliothèque nationale de
Paris, représentant les métaux et les divers corps, sous l'image d'hommes
et de rois, renfermés au sein des fioles où se passent les opérations (fol. 80,
81 et suivants). Dans la Bibl. Chemica de Manget, on voit aussi des figures
du même genre (t. I, p. 938, pi. 2, 8, 11, i3, etc; Genève, 1702). Ily alà
une tradition mystique, qui remonte très haut et sans doute jusqu'au
symbolisme des vieilles divinités planétaires.
Mais ce côté du sujet est moins intéressant pour notre science chimique
que la connaissance positive des appareils eux-mêmes. En ce qui touche
ceux-ci, je ne veux pas sortir aujourd'hui de l'étude des alchimistes grecs.
J'ai relevé tous les dessins qui se trouvent dans le manuscrit de Saint-Marc
(xi« siècle), dans le manuscrit 2325 de la Bibliothèque nationale (xiii« siècle),
128 CHIMIE DES ANCIENS
et dans le manuscrit 2327 (xv« siècle), ainsi que dans les manuscrits 2249,
225oà 2252, 2275, 2329, enfin danslesdeux manuscrits alchimiques grecs de
Leide et dans le manuscrit grec principal du Vatican. J'ai fait exécuter des
photogravures de ceux de Paris et de celui de Venise, afin d'éviter toute
incertitude d'interprétation. Ce sont ces figures qui vont être transcrites
ici ; on y renverra dans Toccasion, lors de l'impression des textes cor-
respondants.
Fibres du manuscrit de Saint-Marc.
Je donnerai d'abord les figures les plus anciennes, celles du manuscrit
de Saint-Marc, savoir :
La Chrysopée de Cléopâtre, formée de plusieurs parties corrélatives
les unes des autres, les unes d'ordre pratique et les autres d'ordre mys-
tique ou magiques : c'est la figure 11.
La figure 12 en est l'imitation grossière (partielle), tirée du manuscrit
2325, et la figure i3, tirée du manuscrit 2327, dérive du même type,
avec des variantes considérables et caractéristiques.
Les figures 14 et 14 bis reproduisent l'alambic à deux récipients (dibicos)^
déjà dessiné dans les précédentes, mais avec diverses variantes.
La figure i5 est celle de l'alambic à trois récipients (tribicos).
La figure 16 représente un appareil distillatoire, sans dôme ou condensa-
teur supérieur, et muni d'un seul récipient.
La figure 17 est celle du tribicos, d'après le manuscrit 2325.
La figure 18 a l'apparence d'une chaudière distillatoire.
La figure 19, à peine ébauchée, semble le chapiteau d'un appareil ana-
logue.
Les figures 20 et 21 sont des appareils à digestion, en forme de
cylindres.
La figure 22 est un bain-marie à kérotakis (palette pour amollir les
métaux).
La figure 23 en est la reproduction, d'après le manuscrit 2325.
La figure 24 est un autre bain-marie à kérotakis.
FIGURES D APPAREILS I 29
Les figures 25, 26, 27 reproduisent des variantes et détails des appa-
reils précédents.
Le manuscrit de Saint-Marc ne renferme pas seulement des figures
d'appareils, mais aussi divers dessins mystiques ou magiques, comme la
Chrysopée de Cléopâtre en a déjà fourni l'exemple : je les ai fait également
reproduire.
Ce sont :
Fig. 28 : la formule de l'écrevisse (ou du scorpion), qui semble résumer
une transmutation.
Fig. 29 : deux alphabets magiques ou cryptographiques.
Fig. 3o : le Labyrinthe de Salomon, d'une écriture plus moderne.
Fig. 3 1 : un symbole en forme de cœur renversé, contenant le signe de
l'or, du mercure, etc.
La plupart de ces figures du manuscrit de Saint-Marc ont été recopiées
dans le manuscrit 2249 de la Bibliothèque Nationale de Paris ; dans le Voss,
de Leide, dans le principal manuscrit du Vatican et dans divers autres ;
quelques-unes ont été imitées d'après les manuscrits 2249 et autres, dans
l'histoire de la Chimie de Hœfer et dans les Beitràge de H. Kopp. Il
m'a paru intéressant d'en donner les types originaux et complets, tels qu'ils
ont été dessinés à la fin du x« ou au commencement du xi* siècle, sans nul
doute d'après une tradition beaucoup plus vieille ; car ils répondent exac-
tement aux descriptions de Zosime, de Synésius et d'Olympiodore l'alchi-
miste. Je les rassemblerai donc tous ici, bien que certains d'entre eux
s'appliquent à des traités qui paraîtront seulement dans les livraisons sui-
vantes : remarque appliquable aussi aux figures tirées des manuscrits 2325
et 2327, dont il va être question.
Le manuscrit 2327, en effet, a été écrit en 1478, quatre ou cinq siècles
après le manuscrit de Saint-Marc ; les figures des mêmes appareils y repa-
raissent, mais profondément modifiées; elles ne répondent plus exactement
au texte, mais sans doute à des pratiques postérieures.
Le manuscrit 2325 (xiii^ siècle) reproduit au contraire les formes des
appareils du manuscrit de Saint-Marc, quoique avec des variantes impor-
tantes.
9
l30 CHIMIE DES ANCIENS
Figures du manuscrit 2327.
Dans le manuscrit 2827, on trouve, outre la figure i3 déjà présentée,
deux grandes figures du serpent Ouroboros, variantes développées de
celle de la Chrysopée de Cléopâtre. Il suffira d'en donner une seule :
c'est la figure 34.
La figure 35 reproduit le signe d'Hermès, grossièrement dessiné, d'après
le même manuscrit.
La figure 36 est celle de quatre images géométriques, d'après les manu-
scrits 2325 et 2327.
La figure 32 est un dessin mystique, tiré du manuscrit 2327.
La figure 33, tirée du manuscrit 2325, reproduit le même dessin. Ce
dessin singulier semble une variante du symbole cordiforme de la
figure 3i.
Les figures qui suivent représentent des appareils; elles sont tirées des
manuscrits 2325 et 2327, mais dessinées d'une façon bien plus grossière que
dans le manuscrit de Saint-Marc.
Ainsi la figure 37 comprend Falambic à trois récipients (tribicos de la
fig. 17) ; plus un alambic à un seul récipient, et des vases à digestion.
La figure 38 reproduit quelques variantes de la précédente.
La figure 39 représente un petit alambic, tiré du manuscrit 2327.
La figure 40, Talambic de Synésius, d'après le même manuscrit.
La figure 41, le même alambic de Synésius, d'après le manuscrit 2325.
La figure 42 est une simple fiole (2327).
La figure 43, un alambic avec appendice à 6 pointes (2327).
La figure 44 est tirée du manuscrit Ru. 6 de Leide : c'est un vase à
digestion et à sublimation, correspondant à l'un de ceux des figures 37et]38.
La figure 45, tirée de la Bibliotheca Chemica de Manget, est l'aludel décrit
dans Geber; instrument qui répond de très près aux figures 38 et 39 et en
donne Tinterprétation.
FIGURES D APPAREILS
l3l
Figures du manuscrit 2325.
Enumérons spécialement les figures du manuscrit 2325, figures dont
plusieurs viennent d'être transcrites. On y trouve :
L'alambic de Synésius, qui forme la figure 43.
Le dessin mystique de la 3® leçon de Stéphanus (fol. 46, verso ; repré-
senté figure 33;
On y voit aussi les quatre dessins géométriques (fol. 3) de la figure 36;
Ainsi que (fol. 83) la formule de l'Écrevisse de la figure 28.
Puis vient un alambic à une pointe, avec deux petits appareils k fixa-
tion [i)^dtî,smés dans la figure 12, qui répond à la figure 1 1 de Saint-Marc.
Citons aussi le tribicos, dont nous avons reproduit les variantes (figij, 3/
et 38) : le tout répond à la figure i3 ;
Quant à l'appareil distillatoire de la figure 16, qui se trouve aussi dans
le manuscrit 2325, il nous a paru inutile de le reproduire.
Nous avons donné, toujours d'après le manuscrit 23^5, un appareil à
digestion, sphérique et à kérotakis (fig. 23) ; qui répond à la figure 22,
tirée de Saint-Marc.
Telle est l'énumération des figures différentes qui sont dessinées dans les
manuscrits fondamentaux. J'ai cru devoir les reproduire toutes, afin de
fournir un fondement solide à la double étude technique et historique
des appareils et des opérations décrits dans les textes.
Je vais transcrire maintenant ces figures, en accompagnant chacune
d'elles de commentaires et de renseignements spéciaux.
Figure 11.— Elle est reproduite en photogravure, d'après le manuscrit de
Saint-Marc (fol. 188, verso), avec une réduction d'un cinquième environ.
Elle porte le titre de Chrysopée de Cléopâtre, KXscziTpr,; X^-jQzr.y.ix.
(i) Opération qui avait pour but de
durcir les métaux mous, de solidifier
les métaux liquides, de rendre fixes les
métaux volatils ; enfin de communiquer
aux métaux imparfaits une teinture
stable [fixé) d'or ou d'argent-
l32 CHIMIE DES ANCIENS
i< TV É 0 Trarrp H C VT V" f 0 in i ï JL
nrarrTHCXT'^f
^***
Figure i i . — Ghrysopée de Gléopâtre.
FIGURES d'appareils i33
Commentons les diverses portions de cette grande figure ;
i» Au-dessous du titre se trouve un premier dessin, formé de trois cercles
concentriques. Au centre des cercles, les signes de l'or, de l'argent (avec
un petit appendice) et du mercure.
Dans l'anneau intérieur : ETç èativ ô cçiç ô è'xwv -cov lov jJLsià Sûo a'Jv9é[xaTa :
a le serpent est un, celui qui a le venin, après les deux emblèmes. »
Dans l'anneau extérieur : 'Ev xo xav v.cà St' aùxou xo T:av xat s.\q aùxo xo tcôcv
y.tx\ et [XYj è'5(ot xo xav oùâév eaxtv xo xav (i).
«Un est le tout et par lui le tout et vers lui le tout ; et si le tout ne contient
pas le tout, le tout n'est rien. »
A droite, le cercle extérieur se prolonge par une sorte de queue, qui
montre que ce système est la figuration du serpent mystique.
20 Puis viennent divers appendices et signes d'apparence magique,
situés à droite, dont la signification est inconnue. Cependant je serais porté
à rapprocher le double cercle incomplet, muni de huit appendices supé-
rieurs, du signe de l'Ecrevisse à huit pattes antérieures, dessiné figure 28 ;
lequel est traduit par les mots : molybdochalque (alliage de plomb et de
cuivre) brûlé, et argyrochalque (alliage de cuivre et d'argent) brûlé. Ces
signes seraient alors les symboles chimiques d'une opération de trans-
mutation du plomb en argent, de même que ceux de la figure 28.
Au-dessous des grands cercles sont des signes répondant à des opérations
chimiques, exécutées dans certains appareils que je vais énumérer.
30 Tel est le petit dessin central, représentant un appareil pour Jixer
les métaux. Il est posé sur un bain-marie, muni de deux pieds recourbés
et placé lui-même au-dessus d'un fourneau. Cet appareil est pourvu d'un
tube central qui le surmonte, tube destiné sans doute au départ des gaz ou
des vapeurs. Ce dessin est reproduit d'une façon plus précise, avec le mot
xtJ^iç, sur le folio 220 du manuscrit 2827 (v. fig. i3, à droite).
40 Le petit dessin, situé à gauche du précédent, représente un appareil
analogue, avec un ballon supérieur, destiné à recevoir les vapeurs dégagées
par la pointe du tube. Le tout répond à l'alambic de gauche de la figure i3.
5" Les deux petits cercles, situés à droite et munis de trois appendices
(i) Cf. Olympiodore, texte grec, p. 84, lig. i3.
l34 CHIMIE DES ANCIENS
rectilignes, semblent représenter des appareils avec leurs trépieds posés sur
le feu ; tels que celui de gauche des figures 1 3 et 38. On pourrait en rappro-
cher aussi le symbole du poTaptov (fig. 5, 1. 4 et fig. 7, 1. 27), représentant un
vase à digestion sur son fourneau, analogue au dessin situé à gauche et en
bas de la figure 37 et au dessin situé à droite de la fig. 38.
6" Le cercle inférieur, muni d'un point central, symbolise l'œuf philoso-
phique (?), ouïe cinabre (Voir fig. 4, PI. II, lig. i3,et la note de la page 122).
7° Vers le bas à gauche, est figuré le serpent Ouroboros, avec l'axiome
central : "Ev to luav ; le tout est un.
8" Sur le côté droit du serpent, un grand alambic à deux pointes (dibicos),
posé sur son fourneau, lequel porte le mot : çwxa, feux. Le récipient inférieur,
ou chaudière, s'appelle Xwxâç, matras. Le récipient supérieur, dôme ou chapi-
teau, est la çiâXyj, mot qui signifiait autrefois tasse ou coupe, mais qui a
ici le sens plus moderne de fiole ou ballon renversé.
Voici l'usage de cet alambic. La vapeur monte du matras, par un large
tube, dans l'ouverture plus étroite du chapiteau ou ballon renversé ; elle s'y
condense et s'échappe goutte à goutte, par deux tubes coniques et inclinés.
A côté du tube gauche, se trouvent les mots àvn'xetpoç aoXr)V [sic) : tube
du pouce, ou plutôt contre-tube ; attendu que le rôle de ce tube descendant
est inverse du rôle du tube ascendant, qui Joint le matras au chapiteau.
La figure de la Ghrysopée de Gléopâtre existe, sous le même titre et avec
ses diverses portions essentielles, dans les manuscrits copiés directement
sur celui de Saint-Marc ; elle en caractérise la filiation.
Dans les manuscrits 2325, 2327 et dans leurs dérivés, le titre a disparu;
mais la figure subsiste encore, moins belle et moins nette, avec les
axiomes mystiques qui la caractérisent. Les annexes : alambic à une ou
deux pointes, vases à fixation et trépied, y ont été aussi modifiés dans leur
forme. Cependant le tout existe à la même place du texte, c'est-à-dire en
tête des ouvrages de Zosime sur les instruments (2327, fol. 220 ; 2325, fol. 82).
Figure 12. — Je donne ici le décalque des appareils représentés dans le
manuscrit 2325 (fin du xm^ siècle) : ces dessins sont bien plus grossiers.
Je n'ai pas cru utile de reproduire la figure même des trois cercles concen-
triques, qui sont à peu près pareils à ceux de la figure 1 1 ; mais je vais en
indiquer les inscriptions, à cause des variantes.
FIGURES D APPAREILS
l35
L'anneau extérieur porte la même inscription, à demi-effacée et avec
des suppressions : Iv to irôév S( ' ou to tiôcv (xal S( aÛTOu xo) Trav xai èv aÙTw to luav
Dans l'anneau intérieur, on lit : eTç âaTtv ô ofiç è à'^wv xà Suo auvôéixaxa xai
Tov lév.
Au centre, de droite à gauche, on voit les signes de l'or, de l'argent, du
mercure, du plomb. Au-dessus, le cinabre (ou l'œuf philosophique), qui se
trouvait en dehors des cercles dans la figure du manuscrit de St-Marc (6<»).
Venons maintenant à la portion du dessin du manuscrit 2325 que j'ai repro-
duite dans la figure 12 :
FiGDRE 12. — Alamblo et Vases à fixation
(Décalque du Ms. aSaS.)
A gauche des cercles, on voit l'image grossière d'un alambic à une pointe,
avec condensateur supérieur et matras inférieur, le tout de la même forme
générale que la portion 8° de la figure du manuscrit de St-Marc. A côté,
deux appareils kjtxation^k pointe tournée vers le haut, lesquels sont évi-
demment imités des portions 3° e t4° de la fig. 11. 11 en est de même d'un
dernier reste du petit cercle à 3 appendices ou trépied, coupé dans le manu-
scrit 2325 par le relieur, mais qui se retrouve intact dans le manuscrit
2275, lequel a toute cette figure.
En effet, le manuscrit 2275 (daté de 1465) reproduit les cercles concentri-
ques, l'alambic à une pointe, les deux vases, et le petit trépied, pris avec
des formes qui semblent fidèlement copiées sur le 2325, lequel est d'ailleurs
beaucoup plus ancien.
i36
CHIMIE DES ANCIENS
Figwre j3. — Elle reproduit les dessins analogues du manuscrit 2327,
fol. 220 (xv siècle). Les inscriptions des cercles concentriques sont iden-
tiques à celles du manuscrit 2325, sauf l'absence des symboles centraux.
Par contre, au folio 80 du 23 27, au début d'une autre copie du même ouvrage
de Zosime, les cercles concentriques ont été supprimés, probablement faute
de place, par le copiste ; mais il a transcrit à l'encre rouge les axiomes
mystiques, suivis des signes du plomb, de l'argent, du mercure et de l'or,
surmontés par celui du cinabre (ou de l'œuf), exactement comme dans le
manuscrit 2325.
Au verso du fol. 80 (2327,) [existent les dessins de Talambic à une pointe,
avec condensateur supérieur, çtâXr], et matras, Xcûtcocç, conformes à la
figure 1 1 et à la figure i3 mais mutilés par le relieur. 5ur la même page, on
voit encore un appareil à fixation métallique^ semblable à celui de la figure 1 3 .
Il y a des inscriptions sur les divers appareils du folio 80, telles que icrj^t;
Figure i3. — Cercle concentrique, Alambic et Vase à fixation (Ms. 2327).
sur l'appareil à fixation; (xaix) ^viov, sur son fourneau et sur celui de l'alam-
bic; Xwirà;, sur le matras de ce dernier; (çi) àXr], deux fois répétés, sur son
chapiteau.
La forme même des appareils dans les manuscrits 2325 et 2327 offre des
variantes intéressantes pour l'histoire de la Science et sur lesquelles je
reviendrai bientôt • mais ici je veux seulement montrer la filiation des
FIGURES d'appareils l3j
figures. En tout cas, la copie 2325 répond à une tradition postérieure à
celle du prototype de Saint-Marc, puisque le nom de la Chrysopée de
Cléopâtre a disparu.
On remarque que presque toutes les portions de la Chrysopée de
Cléopâtre : cercles mystiques, serpent Ouroboros, alambics, appareils à
fixation, trépieds, cinabre, se retrouvent, parfois même agrandis, dans les
figures des manuscrits postérieurs. Une seule partie manque, ce sont les
signes magiques. Peut-être doit-on en voir la transformation dans la for-
mule de l'Écrevisse, qui se trouve à la fin du même traité de Zosime et qui
présente avec les signes magiques certaines analogies singulières. J'y revien-
drai tout à l'heure.
En tout cas, la Chrysopée peut être regardée comme le prototype, sans
doute fort ancien, des dessins des appareils alchimiques. C'était un type
antérieur à Zosime, dessiné sans doute dans les ouvrages perdus de Cléopâtre,
cette femme savante ( i ) , à laquelle nous devons aussi un traité des poids et me-
sures gréco-égyptiens venu jusqu'à nous. Ces ouvrages auraient été ensuite
fondus dans ceux de ses continuateurs, tels que Zosime. Peut-être même la
Chrysopée avait-elle constitué, à une époque plus ancienne encore, un
tableau symbolique, complet ensoi, et que l'on développait par des explica-
tions purement orales; à peu près comme une page d'aujourd'hui remplie
par les symboles des réactions chimiques et des appareils correspondants.
Si cette conjecture est fondée, nous aurions ici la trace de divers états suc-
cessifs de la science.
Figures 14 et 14 bis. — Ce sont celles d'un alambic à deux pointes. Elles
sont tirées du manuscrit de Saint-Marc, folio 193, verso. La forme générale
est pareille à celle du même instrument dans la figure 11, sauf les
variantes suivantes. Le tube qui joint le matras ou chapiteau est élargi en
entonnoir à la partie supérieure ; l'ajustement même des deux tubes coniques,
par rapport à cet entonnoir, n'est pas clairement indiqué. Sous la pointe de
chacun d'eux se trouve un petit ballon, pour recevoir les liquides distillés.
Le matras inférieur s'appelle toujours Xtouaç, avec addition des mots ôsîoj
âTcûpoj, matras du soufre apyre. Ces deux mots manquent dans la figure 1 1 ;
(i) Origines de l'Alchimie, p. ijS.
i38
CHIMIE DES ANCIENS
tM t< 1 0 y 1 1 (^ JUL£ p 0 t/
SV_CO|
Figures 14 et 14
bis. _ Alambic à deux récipients (dibiços}
Réduction aux 2/3,
FIGURÉS d'appareils iBq
à moins qu'ils n'y soient représentés par deux signes inconnus, situés au-des-
sous de XwTcaç. En tout cas, ils concordent avec la description du texte, dans
lequel il est dit que Ton mettait du soufre dans le matras.
Le tube ascendant porte les mots uwXyjv ooxpàxivoç : tube de terre cuite.
Le chapiteau ne s'appelle pas ç ûXy), mais ^fiv.oq, pour ^(xoç : amphore.
Les deux petits ballons destinés à recevoir les liquides distillés s'appellent
également i3tx(ovet tous deux portent la légende : xet'ixevov èxàvo) TtXfvôou elç o
à-KoppeX To uâwp toj Qsbu : c'est-à-dire « ballon placé au-dessus de la tablette
rectangulaire, dans lequel s'écoule l'eau du soufre ».
Ceci, joint à l'inscription de la Xwtcccç, montre que cet alambic est destiné à
la préparation de 1' « eau de soufre ».
Cette figure est répétée deux fois dans le manuscrit de Saint-Marc, sauf
que les mots 3tx.(ov xei'ixevov sont remplacés par le pluriel (3tx(a x£([X£va, et le
mot ipcoTa par le mot xaujxpa : fourneau à combustion ; les mots xou ôeiou
manquent la seconde fois.
Figure i5 (manuscrit de Saint-Marc, fol. 194, verso). — Cette figure est
t<au/q-{
Figure i5. — Alambic à trois récipients ('rtfrtcas).
Réduction aux 2/3.
140
CHIMIE DES ANCIENS
un alambic à trois récipients (3tx.(a),ou tribicos. Le fourneau porte ici les deux
mots superposés :xau(rrpa (lieu de la combustion) et (fwxa (lieu de la flamme).
Le matras s'appelle de même : XwTciç 6£(ou aTcupou.
Enfin on distingue le tube ascendant, ou tube index, Xixavoç cwX-^v,
c'est-à-dire tube direct du tube, descendant ou tube du pouce, âvTfxetpoçffwX-^v,
c'est-à-dire tube inverse (par sa direction).
Cette figure se retrouve dans les manuscrits 2325 et 2327; dans le dernier
avec modifications considérables : Je les signalerai tout à l'heure.
Figure 16. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 194 verso, au-
dessous de la précédente), est un alambic à col de cuivre, xa^>ttov, avec un seul
croûT^ IaAa/
iTa-o trf
Figure 16. — AppareU dlstiUatolre. Réduction aux 2/3.
tube, o(ùkti^, gros et fort, coudé à angle droit à sa partie supérieure et condui-
sant la vapeur, de la Xw^àç au petit ballon.
Figure 17. —- Les deux figures précédentes sont reproduites dans la même
forme générale par le manuscrit 2325 (fol. 84), sauf quelques variantes;
je donne seulement le tribicos. Il existe aussi dans le manuscrit 2275
FIGURES D APPAREILS I4I
(fol. Sj verso). Les mêmes figures sont dessinées dans le manuscrit 2327;
Figure 17. — Trlblcofl-
(Ms. 2325) Décalque.
mais la forme en a été profondément modifiée et s'est rapprochée de celle
des alambics de verre du siècle dernier, que l'on emploie encore quel-
quefois aujourd'hui. Je transcrirai ces reproductions un peu plus loin
(fig. 37 et 38).
Figure 18. — Elle se trouve au folio 10 du manuscrit de Saint-Marc, entre
la première et la deuxième leçon de Stephanus ; elle est dessinée à l'encre
•TTOM
Figure 18. — Chaudière dlstillatolre.
rouge et contemporaine du texte. La signification en est difficile à préciser
142 CHIMIE DES ANCIENS
avec certitude. Cependant il semble qu'il s'agisse d'une chaudière à tête
élargie en forme de chapiteau, et destinée à distiller des liquides qui
tombent dans un bassin hémisphérique appelé tc6vtoç : la mer. Ce bassin
est porté sur une sorte de fourneau, bain de sable, ou bain-marie. A côté
se trouve un instrument inconnu; à moins qu'il ne s'agisse d'une forme un
peu différente de bain de sable. Le texte même de Stephanus, soit à la fin
de la première leçon, laquelle est purement déclamatoire et enthousiaste,
soit au début de la deuxième leçon, lequel est relatif aux propriétés mys-
tiques de l'Unité numérique; ce texte, dis-je, ne m'a paru fournir aucune
lumière pour l'intelligence de cette figure.
Figure ig. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 106 verso), est
c\Z^
Figure 19. — Ebauche d'alaxablo.
Décalque.
une ébauche à l'encre rouge, d'une écriture plus moderne; elle est en marge
d'un article sur l'œuf philosophique, à côté des mots : to II (ici un mot gratté,
o)oû?)'coÛTO{I)[jLovXéYou(rtv, Il semble que ce soit le chapiteau d'un alambic. On
donne cette figure pour ne rien omettre.
Les alambics et appareils distillatoires, que nous venons d'étudier, se rat-
tachent à la tradition de la Chrysopée de Cléopâtre, laquelle en contient les
plus vieilles figures. Mais il est un autre ordre d'appareils, destinés ceux-ci
au traitement des métaux par le mercure, le soufre, les sulfures d'arsenic ;
appareils qui avaient été décrits spécialement par une autre femme, Marie
l'Alchimiste, de préférence aux appareils distillatoires (manuscrit de Saint-
Marc, fol. 186, avant -dernière ligne). Ce sont les appareils à kérotakis,
c'est-à-dire à palette, avec leurs fourneaux. Ces appareils n'existent pas dans
la Chrysopée et semblent plus modernes ; ils ont joué un rôle fort impor-
tant dans le développement historique des pratiques alchimiques. Le
passage rappelé plus haut montre que le traité de Zosime sur les instru-
ments et fourneaux, dont nous possédons des débris, embrassait, ainsi qu'il
FIGURES d'appareils I^
arrive d'ordinaire dans les matières tecliniques, les traités antérieurs sur la
même question, tels que ceux de Gléopâtre sur les alambics (v. p. 137) et
ceux de Marie sur les appareils à kérotakis et leurs fourneaux.
Voici les figures de ces derniers :
Figures 20 e^2/. — Ces figures (manuscrit de Saint-Marc, folio 196 verso),
représentent des vases à digestion cylindrique, en terre cuite(aYYOç ècTpàxtvov,
vase de terre)., placés sur le feu («pûxa).
(-ïtri-DDU JJLÛO"
cvv^<3'oq"pcu<ipi
Figures 20 et 21. — Vases à digestion cylindriques. — Réduction aux 2/3.
Au-dessus du vase était posée une lame ou feuille métallique, XTjpcTaxlç, sur
144
CHIMIE DES ANCIENS
laquelle on faisait fondre les matières fusibles. La forme en était tantôt en
parallélogramme et aplatie (fig. 22), avec les extrémités arrondies; tantôt
triangulaire (fig. 24 bis). La xr;poTaxiç paraît n'être autre que la palette des
peintres anciens (i), qui y faisaient le mélange des couleurs, entr'elles et
avec la cire ;ils maintenaient la palette à une douce chaleur, afin d'opérer le
mélange, et aussi au moment de s'en servir.
J'ai déjà insisté sur les analogies que l'on établissait alors (2) entre la
teinture des métaux et celle des étoffes. Les quatre couleurs des peintres
grecs, d'après Pline {H. N. XXXV, 3i), étaient le blanc, le noir, le jaune,
le rouge. Ce sont précisément les quatre couleurs des premiers alchimistes,
de Zosime par exemple (3). Ils cherchaient à en imprégner les métaux, en
ramollissant ceux-ci.
Le mot ceratio (èyxi^pwaiç), employé par les traducteurs latins de Geber
et qui a eu cours pendant tout le moyen âge, exprime cette dernière opé-
ration, imitée à la fois des pratiques des peintres anciens et de la fabrica-
tion de certains médicaments [cérats]. Elle s'efifectuait à l'aide du mercure,
du soufre et de l'arsenic (sulfuré), par une digestion lente et une chaleur
modérée (4).
Aux débuts, on opérait sur la palette des peintres [kérolakis] ; mais il
fallut bientôt la pourvoir de deux appareils accessoires : l'un destiné à réchauf-
feries mixtures (bains-marie, bains de sable, de cendre ou analogues) ; l'autre,
à condenser les vapeurs que l'on voulait retenir. C'était d'abord une coupe
ou tasse (<p'.a)^ir)) renversée, servant de couvercle (èTcfxwixoç), et dont la forme,
modifiée graduellement est devenue le ballon ou fiole actuelle : le mot grec
lui-même a pris peu à peu ce sens nouveau, dans les textes alchimiques. D'a-
près certaines descriptions, il semble que la lame métallique n'ait pas seule-
ment servi de support aux produits que l'on faisait réagir entre eux et sur les
vapeurs sublimées d'en bas; mais cette lame éprouvait dans sa propre
matière, la transformation produite parles fondants et par les vapeurs.
Pendant l'emploi d'un appareil disposé comme il vient d'être dit, une
(i) Du Gange. Glossarium mediœ et
infimce grcecitatis.
(2) Origines de l'Alchimie, p. 242 à 246.
(3) Même ouvrage, p. 35, 182, 242.
(4) Bibliotheca chemica de Manget,
t. I, p. 540, dans le traité de Geber.
FIGURES d'appareils I^S
nouvelle circonstance se présenta nécessairement. La kérotakis n'obturait
pas l'orifice du récipient inférieur. Elle avait même parfois une forme
triangulaire, à en juger d'après le dessin reproduit parla figure 24 bis. Dans
ces conditions, les matières fusibles déposées sur la kérotakis coulaient
à côté et tombaient au-dessous : on fut amené ainsi à placer un récipient
(â'YYoç oaTpàxivov), pour les recevoir et les empêcher d'arriver jusqu'au
foyer.
Il semble même que l'on ait cherché à ce moment à opérer une certaine
séparation entre les matières solides, telles que métaux non ramollis, frag-
ments divers, etc., et le» matières liquéfiées; on y parvenait, soit à l'aide
d'un ballon percé de trous (fig. 21), soit à l'aide d'un crible (fig. 20).
Les produits liquéfiés qui tombaient ainsi au fond se rapprochaient sans
cesse du foyer (çwTa). La même chose pouvait arriver au mercure liquide,
condensé à la partie supérieure et retombant ensuite par son poids, voire
même au soufre et aux sulfures d'arsenic fondus et coulant sur les parois, si
la chaleur était suffisante. Mais ces dernières substances, aussi bien que
les corps qui déterminaient la liquéfaction des métaux (mercure, soufre,
sulfures d'arsenic et autres), en atteignant le fond, éprouvaient un nouveau
changement. En effet, les matières sublimables contenues parmi ces corps
et substances, lorsqu'elles arrivaient vers le fond de l'appareil, se trouvaient
portées à une température élevée; elles se vaporisaient alors et remontaient
vers les parties supérieures.
Le caractère rétrograde de cette opération, qui permettait aux vapeurs
d'attaquer de nouveau le métal ou la substance placée sur la kérotakis, paraît
avoir frappé les opérateurs : de là sans doute le nom de xapxi'voç (écrevisse),
c'est-à-dire appareil fonctionnant en sens rétrograde, donné à certains de ces
appareils. De là aussi, ce semble, le signe de l'Écrevisse dans la formule de
la figure 27, signe surmonté des mots: alliage de plomb et de cuivre brûlé;
alliage d'argent et de cuivre brûlé. L'emploi de ces sublimations réitérées,
pour blanchir le cuivre et pour amollir les métaux, c'est-à-dire per rem
cerandam, est indiqué par les alchimistes du moyen-âge.
Supprimons la kérotakis dans de semblables appareils et nous aurons
Valiidel, instrument de digestion et de sublimation décrit dans les œuvres
de Geber et figuré dans la Bibliotheca Chemica de Manget yu I, planche
10
146
CHIMIE DES ANCIENS
répondant à la page 540). Les figures qui se trouvent dans ce dernier ouvrage
tome I, au bas de la planche 5, p, gSS, en haut de la planche 6 à gauche, ainsi
qu'au milieu de la planche 14, paraissent avoir une destination analogue. Je
citerai encore les dessins qui se trouvent aux folios 179 verso, 180, 181, du
vieux et beau manuscrit latin 71 56, sur parchemin, de la Bibliothèque
nationale de Paris. Dans le manuscrit latin de la même Bibliothèque 7162,
folio 64, on voit la figure d'un bain de sable [arena). Dans le manuscrit latin
7161 (fol. 58 et fol. 1 13 verso) existe la figure d'un appareil à digestion, sur
son fourneau. Tous ces appareils correspondent à la suite d'une même tra-
dition technique.
Observons ici que les appareils cylindriques pourvus de la kérotakis n'ont
été employés que par les plus anciens alchimistes. Ils sont figurés seulement
dans le manuscrit de Saint-Marc et dans les copies qui en dérivent ; mais
ils n'existent ni dans le manuscrit 2325, ni dans le manuscrit 2275, ni dans
le manuscrit 2827.
Figure 22. —Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. igS verso) est
Figure 22.— Bain*marie à kérotakis. — Réduit aux 2/3.
aussi un appareil à digestion, appareil sphérique et porté sur trois pieds.
Au-dessous de la kérotakis et des vases à condensation supérieurs, il y existe
FIGURES d'appareils
147
un digesteur, distinct du foyer, et intermédiaire ; le tout tut de'signé sous
le nom de fourneau de Marie l'alchimiste (i), prototype de notre bain-
marie.
Le digesteur dessiné sur cette même figure 22 est long d'une palme, comme
l'indiquent les mots TcaXaKjTiaïov xa^Aiviov. Il semble criblé de trous ; à moins
qu'il ne s'agisse d'une ornementation superficielle. C'était là d'abord un
bain de cendres, ou un bain de sable. Dans l'une des formules de dorure
du Papyrus X de Leide, il est question aussi de l'emploi des cendres
(formule 57, ce volume, p. 40).
La palette des préparations, çapiJLaxov xY;poTaxY)ç [sic], offre ici de grandes
dimensions. Elle est chauffée seulement au milieu.
Deux coupes inférieures, placées immédiatement sous la kérotakis, l'une
grande et surmontant une coupe plus petite, reçoivent les matières fusi-
bles.
Les produits sublimés sont récoltés dans deux condensateurs supérieurs,
concentriques et successifs. L'un est appelé çiaXtj (coupe) ; l'autre X'j[x5àvr(
(tasse).
Figure 23. — Cette figure, imitation de la précédente avec de légères
Figure 23. — Bain-marie à kérotakis (Ms. 3325).
D'après décalque.
(i) Origines de l'Alchimie, p. 171.
148 CHIMIE DES ANCIENS
variantes, est reproduite d'après le manuscrit 2325, folio 84 recto. Elle
existe aussi dans le manuscrit 2275, folio 5/ verso.
Figure 24. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 196), est encore
un appareil analogue aux précédents, sauf quelques variantes plus impor-
tantes.
La palette porte deux coupes inférieures vers ses extrémités. Dans la
coupe supérieure (çiaX-r)), on lit le mot |3àOoç (cavité).
Figure 24.— Autre bain-marie. — Réduction aux a/:)
Figure 24 bis, — Au-dessous, se trouve la kérotakis, ou palette triangulaire.
Figure 24 ^i». — Kérotakis. — Réduction aux 2/3.
C'est une seconde forme de cet instrument, distincte de celles qui sont
représentées figures 22 et 25.
Figure 2 5. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 1 12 en marge)
représente une disposition différente de l'appareil à digestion sphérique.
FIGURES d'appareils
149
Ce dessin et les deux suivants se trouvent à la fin de l'article : ToîJ xp^a-
Ttavou Tcepl ehaïa^daç tou xp'^coij, en marge ; ils sont d'une écriture posté-
rieure au texte courant et presque effacée. Ils paraissent répondre à une
description d'appareils, qui forme le dernier paragraphe de cet article.
A côté de la figure 25 se trouve le mot xàfjuvoç ; au-dessous on lit, en
caractères du xvi« siècle, une inscription devenue presque illisible, mais
dont les lettres restées distinctes répondent sans nulle incertitude au texte
Figure 25. — Vase à kérotakis. — Décalque.
Les inscriptions sont reproduites ici en caractères actuels,
mais avec l'orthographe du manuscrit. — Réduction aux 2/3.
suivant : xapxt'voç oW: Tvsuxwaswç " y.eiTa'. o'ô Àdyc; è'iXTupsaSsv ; c'est-à-dire
« écrevisse pour le blanchiment ; l'explication se trouve au-dessus du texte
précédent » (i).
(i) Voir plus loin la formule de
l'Ecrevisse. — Sur le sens de ce mot
appliqué à un appareil chimique, voir
p. 145.
l5o «CHIMIE DES ANCIENS
Ce texte précis est tiré du manuscrit 1 174 du Vatican, où il accompagne
deux dessins à peu près identiques aux figures 25 et 27 ; sa comparaison
avec les lettres non effacées du manuscrit de Saint-Marc ne laisse aucun
doute sur le sens des mots formés par ces dernières.
Le même appareil est grossièrement dessiné dans le manuscrit 2275.
folio 57 verso, gvec une inscription similaire. Il existe également dans le
manuscrit 2325 (fol. 84), avec la même inscription, laquelle se reconnaît
encore, quoique effacée aux trois quarts. Enfin il existe dans un manuscrit
grec de Leide. (Voss. in-4% n» 47, fol. 55 verso).
Le texte que je viens de transcrire semble indiquer un appareil destiné à
une opération rétrograde, c'est-à-dire telle que les produits tombés au fond
par fusion remontent par volatilisation à la partie supérieure. Il est pro-
bable qu'il s'agit de la sublimation du mercure, ou de l'arsenic, destinés à
blanchir le cuivre, en s'alliant à lui (p. 145).
La légende intérieure de la figure 25 est plus lisible que l'inscription
placée à côté ; récriture semble également répondre au xvi* siècle, avec un
iotacisme poussé à l'extrême : œiàXï remplaçant çtaXï], xuçiQxaxiç remplaçant
XYjpoTaxfç, etc.
Remarquons que ce dessin ressemble aux figures 22, 23 et 24, sauf quelques
variantes plus compliquées. Le système repose de même sur un vase à diges-
tion. L'une des coupes supérieures est en terre : («Yyoç) ocxpàxivov; c'est une
grande coupe, désignée à l'intérieur sous le nom de o^iêa^tov (saucière).
Figure 26. — Les deux condensateurs supérieurs des figures 2 5 et 27
Figure 26. — Récipients supérieurs des figures 25 et 27.
Décalque. — Réduction aux 2/3. — Caractères actuels.
sont dessinés à côté séparément, avec le mot Xwxàç pour le plus grand, et
un nom abrégé pour le plus petit, situé au-dessous. Ce mot semble être
FIGURES D APPAREILS
l5l
lOfji" abréviation avec iotacisme, remplaçant i^OfAoç, couvercle percé de
trous.
Figure 27. — .Dans ce dessin il n'y a pas de vase à digestion et l'action
du foyer s'exerce directement. Le motxupoTaxiç est inscrit sur la portion ver-
ticale du dessin, au-dessus du feu; mais il est probable que c'est faute de
place pour l'inscrire sur la partie horizontale et supérieure. Cet appareil
doit être rapproché des figures 20 et 21, c'est-à-dire des aludels, plutôt que
des bains-marie des figures 22, 23, 24 et 25.
Figure 27. Antre vase à kérotakifl.
Décalqu — Réduction aux 2/3.
Les inscriptions son* reproduites en caractères actuels.
Les appareils 25, 26 et 27 n'existaient pas sur le manuscrit initial de
Saint-Marc ; ils ont été ajoutés plus tard, vers le xvi*^ siècle, sans doute,
d'après un autre manuscrit comparable au 2325 (xui* siècle), mais qui
n'existe plus.
Les dessins multipliés de ces appareils à xr^poTav,-!;, dans les divers manus-
crits, montrent que ces appareils ont été d'un usage étendu et prolongé. Ils
représentent les premiers essais de bains-marie, bains de sable, et surtout
bains de cendre, employés même aujourd'hui dans nos laboratoires pour
les digestions. Mais c'étaient à l'origine des appareils beaucoup plus com-
pliqués et où s'opéraient à la fois certaines séparations de substances, par
fusion et sublimation, et certaines réactions lentes des produits fondus ou
sublimés, entre eux, ou sur d'autres matières placées dans les appareils. — Il
est probable qu'il serait possible de retrouver d'autres traces de ces appareils
l52
CHIMIE DES ANCIENS
dans les pharmacopées du moyen âge ; peut-être même existent-ils encore
quelque part en Orient. Cependant il est digne de remarque qu'ils ont dis-
paru dans le manuscrit 2827, pour faire place à des digesteurs d'une toute
autre forme, sans doute inventés postérieurement, et que nous examinerons
tout à rheure.
Nous avons donné toutes les figures relatives aux appareils du ma-
nuscrit de Saint-Marc ; joignons-en quelques autres, d'un caractère
différent.
Figure 28. — Il s'agit d^abord de la formule de TEcrevisse, ou du Scor-
(O (2) (3) (4)
(5)
(6; (7) (8) (9) (10) (ii)(i2)(i3)
Figure 28. — Formnle de l'Ecrevlsse. — Réduction aux 2/3.
pion, formule mystérieuse, qui était réputée contenir le secret de la trans-
mutation. Elle se trouve (i) à la fin des Mémoires de Zosime (manuscrit
de Saint-Marc, fol. igS). Son interprétation est donnée, en même temps
que sa répétition, sur la première page de garde du manuscrit de Saint-Marc,
dans un texte d'une autre écriture, plus moderne (xiv^ siècle) que le reste.
Le tout se trouve aussi dans le manuscrit de Leide, Voss., in-4% n» 47,
fol. 70.
La première page de Saint-Marc débute par la description du traitement
des scories, lequel paraît se rapporter au changement d'une scorie noire
et métallique, telle que celle du plomb, en un composé blanc (carbonate
ou sulfate), sous l'influence prolongée de l'eau et de l'air. La description,
écrite dans un grec barbare, se termine par ces mots : a Ainsi a été accom-
plie avec le secours de Dieu, la pratique de Jusiinien. » [Texte grec,
II, IV h'is, appendice I). Puis viennent le nom de la tutie, ou oxyde de
zinc impur, suivi par des mots magiques, analogues à ceux qui figurent
dans les Papyrus de Leide, dans Jamblique et dans le manuscrit 2419.
(i) Voir aussi manuscrits 2249, folio
100 — 2325, folio 83 — 2327, folio 80
et répétition au verso ; folio 220 verso.
— Leide, Voss., no47, fol. 70.
FIGURES d'appareils i53
Les voici :
TouT(a. (xapaÇr). aaevxrjp. aÇ-rj. vaicpaTET. (JLiQpTJxavTTji;, ycfiTiix. p,ou5(avap.
xoufAàv. vai[xapr/. T£X[XTjptCoxpà. poffoux- tap-fjT. Xl^*^'- X'I'^P'- 'tÇia>^'iCTf3(j;v. itapa.
xoXTcaxapt.
Il semble que ce soient là des formules que Ton récitait au moment du
traitement de la tutie, minerai de zinc (mêlé de plomb et de cuivre) employé
dans l'opération de la diplosis, c'est-à-dire de la transmutation. En effet, à la
suite, se trouve la formule de l'Ecrevisse, surmontée de mots qui en inter-
prètent chacun des signes (i). J'ai numéroté les signes dans la figure, pour
donner plus de clarté aux explications.
Le premier signe (n" i) se traduit (fig. 8, PI. VI, 1. 24) par <n]ix£Tov ou
cYjlxe^waai = notez : c'est un signe employé fréquemment à la marge des
manuscrits, pour désigner un passage important. Au-dessus, ce signe est
ici répété, avec le mot xaT ; c'est-à-dire : Attention ! initié.
Le second signe (n° 2) est traduit au-dessus par to icav; ce qui veut dire la
composition ou le mélange complet. Ce mot signifie aussi le molybdo-
chalque (plomb et cuivre, sans doute associés au zinc), d'après un passage
de Zosime. Cet alliage métallique résultait en effet de la réduction de la
cadmie ou de la tutie impure, substance dérivée du grillage de certains
sulfures métalliques et qui semble avoir été désignée parfois, en extension
d'une dénomination appliquée à ces sulfures eux-mêmes, par le nom de
magnésie. On peut le conclure avec probabilité, d'après un passage de
Geber sur les esprits ou matières volatiles, et d'après quelques textes
des alchimistes grecs.
Le troisième signe (n» 3) est celui du cuivre. Il est traduit au-dessus
par x^^îioO îôç : la rouille du cuivre. On introduisait sans doute cette
rouille dans le mélange contenant de la tutie, avec l'intention d'y aug-
menter la dose du cuivre : ce qui rapprochait la teinte de l'alliage de la
couleur de l'or.
(i) J'ai déjà donné cette interpré- I — Mais la lecture actuelle est plus
tation : Origines de l'Alchimie, p. 348. | correcte.
l54 CHIMIE DES ANCIENS
Le quatrième signe (n" 4) répond à celfti du cuivre, deux fois répété
et assemblé par le signe du plomb ; ainsi que le montre la traduc-
tion superposée : iJ.z\>.iiyx\%oq vcey.aujjiévoç, molybdochalque (cuivre-plomb)
brûlé.
Le cinquième signe (no 5) est celui deTEcrevisse, ou du Scorpion, pourvu
de huit pattes antérieures. Dans certains manuscrits (Saint-Marc), la queue
se termine par un dard, à la façon du Scorpion; dans d'autres (2325 et 23 27
par exemple), par un demi-cercle, formant une sorte de pince. Ce signe
porte au-dessus les mots : àpYup6^a>vXoç x£xau[xévoç y.al T.e%r,y\i.é^oq. Mais le
dernier mot correspond au sixième signe. Le tout veut dire argyrochalque
(cuivre-argent) brûlé et fixé.
Le signe de l'Ecrevisse se rapporte probablement à l'opération par laquelle
on préparait un semblable alliage, formé avec le cuivre uni au plomb que
Ton prétendait changer en argent, sans doute en le blanchissant de façon à
lui donner la couleur de l'argent. Si cette interprétation était acceptée, il s'a-
girait d'un blanchiment parle mercure ou par l'arsenic, blanchiment opéré
par sublimation et opération rétrograde dans l'appareil appelé xapxi'voç, lequel
est représenté par la figure 25. On justifierait ainsi le signe de l'Ecrevisse,
appliqué à la fabrication de l'alliage actuel.
Le septième signe (n° 7) est traduit par àjxéptxoç (divisé en parties ?),
mot dont le sens est incertain.
Le huitième signe (n" 8) par Spayixai : dragme (poids).
Le neuvième signe (n" 9) signifie 14, et s'applique probablement au poids
dont l'unité vient d'être indiquée : soit 14 dragmes.
Le dixième signe (n" 10) est une abréviation, traduite par TCxavoç y^otXxoq to
zav cd-rpaitov ; chaux-cuivre (peut-être en un seul mot), toute la coquille (de
l'œuf philosophique).
Le onzième signe (n" 11) est traduit par to tcôcv oaxpaxov, qui répète les der-
niers mots du signe précédent.
Le douzième signe (n'* 12) est traduit par xiiavoç et est suivi par
Le treizième (n° i3) yaXxou : de cuivre : mot à mot, chaux de cuivre.
Puis viennent en caractères ordinaires, les mots 6 vc-i^aaç [xaxapioç : celui
qui aura compris sera heureux.
Dans cette formule, il s'agit de divers alliages et oxydes métalliques, ainsi
FIGURES d'appareils i55
que de l'œuf philosophique. Mais elle ne présente pas par elle-même un sens
défini. C'était sans doute un mémento hiéroglyphique, destiné à être complété
par des explications orales. Elle figure dans un traité de Zosime, et semble
le dernier débris d'un ancien symbolisme, antérieur aux écrits alchimiques
explicites que nous possédons, et qui représenterait le mode le plus ancien
de la transmission traditionnelle de la science (v. p. 137). Le sens a dû s'en
conserver longtemps par tradition orale, comme le prouve le fait même de
sa transcription sur la première feuille de garde du manuscrit, avec des
formules magiques, que Ton prononçait sans doute pendant certaines des
opérations. Une partie de ces dernières est même indiquée par le texte qui
précède, lequel semble relatif au traitement des scories de plomb ; puis
viennent les mots magiques et la formule.
Au-dessous, toujours sur la même page de garde, se trouve reproduit un
passage correspondant d'Olympiodore sur les scories : « Sachez que les
scories dont on parle ci-dessus sont tout le mystère, etc. ». Ce passage est
imprimé dans le Traité d'Olympiodore {Texte grec, H, ïv) et on a donné en
appendice {Texte grec, II, iv bis) le texte même qui le précède.
Voici le moment de rappeler les signes magiques de la Chrysopée de Gléo-
pâtre (figure 1 1), placée précisément en tête du traité de Zosime, à la fin du-
quel figure la formule de l'Ecrevisse. Ces signes, en effet, comparés à la for-
mule, donnent lieu à quelques rapprochements utiles à noter. On y remarque,
par exemple, un grand croissant pourvu de huit appendices linéaires, qui
rappellent étrangement le signe de l'Ecrevisse. La signification de ce dou-
ble croissant semblerait dès lors la même ; c'est-à-dire qu'il représenterait
la transformation (fixation) du cuivre amalgamé ou arsénié en argent, au sein
d'un appareil à marche rétrograde. Le signe même de l'argent, ou plutôt
celui du mercure, serait alors exprimé par le croissant régulier et sans appen-
dice, situé à côté. Doit-on voir aussi dans les signes de la Chrysopée placés
à côté du serpent, les symboles (3) et (4) du cuivre et du molybdochalque de
le formule de TEcrevisse? Quoi qu'il en soit, il y a là un rapprochement
singulier et digne d'intérêt, au point de vue de la filiation historique des
symboles alchimiques.
Figure 29. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. igS) reproduit
deux alphabets magiques ou cryptographiques, à demi effacés, avec leur tra-
l56 CHIMIE DES ANCIENS
duction (telle qu^elle est donnée dans le manuscrit). Au-dessus du premier
se trouve le mot : IXivYjxi, c'est-à-dire (lettres) helléniques^ écrit avec l'al-
phabet correspondant. Au-dessus du second : UpoyXuçixà, c'est-à-dire (lettres)
hiérogly tiques^ écrit de même. A côté, en marge, le mot àAçàÔYjToç, écrit
avec les lettres du premier alphabet.
■» > « *
' K X x o :
*:r
Figure 29. — Alphabets maerlqaes. — Réduction à 1/2. — D'après décalque.
En réalité, aucun de ces alphabets n'a rien de commun avec les hiéro-
glyphes. Ce sont simplement deux alphabets cryptographiques, formés
avec des lettres grecques plus ou moins défigurées, mais sans modification
dans leur nombre ou leur valeur.
Il existait un grand nombre d'alphabets analogues au moyen âge. On
trouve notamment une page entière d'alphabets de ce genre dans le
manuscrit 2419, folio 279. Le premier alphabet de ce folio ressemble
beaucoup au premier du manuscrit de Saint-Marc, donné plus haut; le
sixième du manuscrit 2419 ressemble aussi, quoique d'un peu plus loin,
au second du manuscrit de Saint-Marc. Les alphabets du manuscrit 2419
semblent, d'après leur traduction superposée en lettres rouges presque
effacées, répondre à l'alphabet latin de préférence à l'alphabet grec.
C'étaient là en réalité des jeux d'esprit individuels, plutôt que des
alphabets usuels. En tout cas, il m'a paru intéressant de reproduire les
spécimens ci-dessus, surtout le premier, qui se retrouve à peu près pareil
dans deux manuscrits dissemblables de composition et d'origine.
Figure 3o. — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 102 verso)
représente le Labyrinthe de Salomon, avec un commentaire en vers ;
FIGURES d'appareils iSy
le tout d'une encre et d'une écriture plus modernes, probablement du
XIV* siècle.
Figure 3o. — Labyrinthe de Solomon. — Réduction à 1/2.
On donnera ailleurs [Texte grec, I, xxj ce commentaire.
Figure 3 1 . — Cette figure (manuscrit de Saint-Marc, fol. 5) est un symbole
Figure 3i. — Symbole cordiforme. — Décalque.
cordiforme, avec les signes de l'or, de l'argent, et peut-être d'autres métaux ( i );
(i) Le cercle droit d'en bas renferme
dans le manuscrit quatre signes mal
définis, dont un y;^, lequel a disparu dans
la figure actuelle, par suite d'un accident
de sravure.
I 58 CHIMIE DES ANCIENS
il se trouve à côté de la première ligne de Stéphanus, écrit à l'encre
rouge ; il est contemporain du texte. Il semble que ce soit là un symbole
de Tart de fabriquer l'or et l'argent. On croit utile d'en rapprocher la
figure suivante.
Figures 32 et 33. — C'est un dessin mystique, formé par l'assemblage de
divers signes destinés à représenter une opération chimique; on dirait une
Figure 32.— Dessin mystique (2327). Figure 33. — Dessin mystique (2325).
Décalque. Décalque.
sorte d'équation chimique, analogue aux équations atomiques et renfer-
mant comme les nôtres les symboles des corps intervenants. Elle se trouve
au folio 47, verso, du manuscrit 2327, vers la fin de la troisième leçon de
Stéphanus, vis-à-vis des mots : outoç èffxtv h èfr,atci; b irapepixoç b TcoXù)^pw[xoç.
« C'est la pierre étésienne, le support polychrome (des teintures?). » Puis
vient tout un développement mystique sur la pierre philosophale.
Le relieur du manuscrit, au xvi^ siècle, a coupé une partie delà branche
gauche du dessin. Mais il n'y avait là rien de particulier, comme le montre
le manuscrit 2325 qui contient la même figure (fol. 46, verso). On a re-
produit cette dernière à côté (fig. 33).
Telles sont les figures fournies par le manuscrit de Saint-Marc et les
dessins congénères de ces figures, reconnus dans les autres manuscrits.
Figures du manusorit 2327.
Etudions maintenant les figures propres du manuscrit 2327, en commen-
çant par les figures mystiques.
Figure 34. — Cette figure (manuscrit 2827, fol. 196) est celle du serpent
FIGURES d'appareils i5q
Ouroboros (i), en tête d'un article reproduit dans le Texte grec (I, v). Il est
formé de trois cercles concentriques, comme la figure supérieure de la Chry-
sopée de Gléopâtre ; mais de plus il a ici trois oreilles et quatre pattes. La
tête, les oreilles et l'anneau extérieur sont peints en rouge vif (rrr) ; le blanc
Figure 34. — Serpent Ouroboros. — D'après décalque.
de l'œil est blanc, la pupille noire ; le premier anneau est écailleux. Le second
anneau (moyen) est écailleux et jaune [jjj]. L'anneau intérieur est d'un vert
continu (vv), ainsi que les pattes. Ces couleurs d'ailleurs ne répondent pas
exactement à une description de Stéphanus (Lettre à Théodore), d'après
laquelle l'origine de la queue est blanche comme du lait ; le ventre et
le dos, couleur de safran, la tête noir verdâtre. Il devait y avoir bien des
variantes.
Au folio 279 du même manuscrit se trouve une seconde figure du serpent,
avec un texte un peu différent : celui-ci n'a que deux anneaux ou cercles ;
ses écailles sont mieux marquées.
(1) Origines de l'Alchimie, p. 59 et 2 56.
i6o
CHIMIE DES ANCIENS
Figure 35. — Cette figure (manuscrit 2827, fol. 297 verso) représente le
signe d'Hermès, assez informe; le folio a été remonté sur une bande
blanche.
\7
D
Figure 36.
Images géométrlqneB.
Décalque.
Figure 35.
Signe d'Hermès.
Décalque.
Figure 36. — Cette figure renferme quatre images géométriques, desti-
nées à commenter le texte du folio 106 recto (manuscrit 2327). Elles
existent aussi au manuscrit 2325 (fol. m), au manuscrit 2275 (fol. 78
verso), etc.
Les figures qui suivent concernent des appareils nouveaux, dont il con-
vient de comparer soigneusement les formes avec celles [des figures corres-
pondantes du manuscrit de Saint-Marc.
Figure 3j. — Cette figure (manuscrit 2327, folio 81 verso) contient deux
alambics et deux vases à digestion.
1° A gauche, on voit l'alambic à trois pointes [tribicos], dont la forme
générale (sauf le nombre de becs) s'est rapprochée de celle des alambics
modernes en verre, usités au siècle dernier, et dont on fabrique encore
aujourd'hui quelques échantillons.
Le matras ou chaudière porte d'ailleurs la même inscription que la
figure i5 (XwTcàç ôei'ou àxupou : matras contenant le soufre apyre) ; il est posé
de même sur le feu (çôixa).
Le chapiteau est surmonté du mot ^(aXxiov (vase de cuivre), et les trois
tubulures sont figurées cylindriques : l'un des trois récipients a été coupé
par le relieur.
2° A côté se trouve un alambic à un seul bec, posé sur un fourneau
(xajxT^viov, sic) ; la forme générale en est la même. On doit le regarder comme
FIGURES D APPAREILS
l6l
équivalent à celui de la figure i6; à cela près que le tube de ce dernier
(awXi^v) est remplacé par un chapiteau (^aXxbv).
On donnera tout à l'heure une figure similaire (fig. 38), d'après le manus-
crit 2327 (fol. 221); laquelle n'est pas identique à la précédente et se rap-
proche de celle de Saint-Marc, plutôt que de nos alambics actuels.
K/ûJf-
Figure 37. — Alambics et Vases à digestion.
Par contre, la forme de l'alambic est devenue à peu près identique à celle
de nos vieux instruments (en verre), dans la figure, unique d'ailleurs et mal
faite, du manuscrit 2252, copié au xyii» siècle. Dans ce manuscrit, au-des-
sous des trois cercles concentriques et au début des Mémoires authentiques
(YVY^c'.a ûzcixvi^iJLaTa) de Zosime, on aperçoit un alambic (3"jxoç ùéXivcç), sur
un foyer (xaùaxpa), et un récipient condensateur à col étroit, Xc::à; 7; â'Yycç
(jT£vôaTO[xov [sic). On voit qu'il y a de légères variantes dans les inscriptions.
3° A gauche et en bas, dans la figure 3j du manuscrit 2327, se trouve un
11
102 CHIMIE DES ANCIENS
appareil à digestion ou à cuisson, formé d'une fiole sur un bain de sable,
ch«(u£fé par un fourneau {%up).
La fiole est désignée par un mot coupé en deux par le relieur, et terminé
par les syllabes XY)atç, tel que oTcxTjaiç (cuisson). L'inscription qui désigne le
fourneau est également coupée en deux ; mais on lit sur les trois lignes
superposées les syllabes finales Xat — aTov — [ji.(viov. Il est facile de recon-
naître ici l'inscription de la figure 22 : {izct) Xat (axt) aTov (xa) p.{vtov.
Il paraît donc que c^est là l'équivalent du bain de cendres, destiné à
chauffer la palette ou XYjpoTaxiç. Mais la palette est tombée en désuétude et les
opérations effectuées à Torigine avec son concours ont été simplifiées dans
le cours des temps, et réduites à de simples digestions ; celles-ci sont
opérées également sur un bain de sable ou de cendres. La matière même,
au lieu d^être placée sur une palette métallique, est déposée soit sur une
pièceplate (fig. 38) ou conique (fig. 3/), au-dessous du bouchon, soit même
au fond de la fiole. Dans ces conditions, l'emploi de la palette constitiiait
une complication inutile.
4° C'est ce que confirment le dessin et l'inscription placés à droite de la
figure 37. Nous avons ici une fiole, le mot çuccXyj [sic] ayant passé du sens
ancien coupe au sens moderne Jiole.
Cette fiole est surmontée d'un bouchon ou tête, assez ^compliqué, au-
dessous duquel il semble qu'il reste quelque indice de la kérotakis, sous
l'apparence d'une pièce conique peu distincte. Le tout est enfermé dans une
enceinte, formée d'un cylindre inférieur, posé sur le fourneau, xai^-^viov [sic]^
et d'une coupe hémisphérique renversée, qui constitue le haut du cylindre.
Il serait difficile de reconnaître à première vue que cet appareil a rem-
placé celui de la figure 25, ou plutôt ceux des figures 20 et ai ; car la kéro-
takis a disparu. Mais la filiation des appareils résulte des inscriptions qui
les accompagnent. En effet, on lit au-dessus du dessin (4°) de la figure 37,
les mots : xapxtvoeiSèç xeitat Sa ôXoyo; è'iJLTCpocôev ; c'est-à-dire la même inscrip-
tion que sur la figure 25. Ce serait donc là encore un appareil à digestion
et distillation rétrograde, dans lequel les ; x:oduits sublimés retombent sur
la matière inférieure qui les a fournis : ainsi qu'il arriverait dans un appa-
reil disposé pour blanchir le cuivre par la sublimation réitérée du mercure
ou de l'arsenic (p. 145).
Figures d'appareils
i63
Ajoutons qu'on lit au-dessous de l'ensemble de ces appareils là formule
mystiques des opérations qui s'y accomplissaient : « en haut les choses céles-
tes, en bas les terrestres ; par le mâle et la femelle l'œuvre est accomplie u
(manuscrit 2827, fol. 81 verso) : avw -cà oùpavia, xaTw -za iicifriiix, St'ôÉpevoç xai
ô-j^Xeoç xXTjpotifxevov xo IpYOv.
Figure 38. — Cette figure (manuscrit 2827, fol. 221 verso) reproduit le
dessin de la figure 37, sauf variantes.
r«CKij/^ji<
Figure 38. — Alajxibios et Vases à digestion.
i» Le dessin à gauche et en haut [tribicos) est à peu près le même.
2° Le dessin de Talambic à un seul bec offre une variante, qui le rapproche
de la figure 16. Cette forme existe aussi, grossièrement dessinée, dans le
manuscrit 2275 (fol. Sj verso).
30 Le dessin de la fiole à digestion, reporté ici tout-à-fait à gauche, est
à peu près le même que dans la figure 37.
40 Mais le dessin voisin est un peu différent. Le bouchon de la fiole
offre des traits dissemblables, et peut-être un dernier reste de lame hori-
zontale, répondant à la kérotakis. Il porte d'ailleurs la même inscription,
caractéristique d'un appareil à opération rétrograde, que la figure 37 ; sauf
la substitution du mot àXXayoj (ailleurs) au mot ï.aTrpsïOîv.
164 CHIMIE DES ANCIENS
50 A gauche, en bas, un vase à digestion (aludel mal fait ?) sur un
grand trépied, avec l'inscription : t,youv to Tcapov xajxiviov èatlv xapxivoeiSèç 6
XoYoç xeïxai. « Le présent fourneau est rétrograde ; la description est ici. »
IV. p. 134.)
Figure 39. — Cette figure (manuscrit 2327, fol. 289 verso), répétée deux
fois, est un alambic à tubulure unique.
Figure 3g. Figure 40, Figure 41.
Petit alambic- Alambic de Synéslus Alambic de SynéBias
Décalque. Décalque. (Ms, 3325.) Décalque.
Figure 40. — Cette figure (manuscrit 2327, fol. 33 verso), fait partie de
l'ouvrage de Synésius et répond exactement au texte de l'auteur : c'est l'une
des plus intéressantes, en raisoti de la date de cet ouvrage (iv® siècle). Elle
représente un alambic, sur une marmite servant de bain-marie (Xéêirjç), portée
elle-même sur un trépied. Elle rappelle tout à fait la disposition de nos appa-
reils modernes.
A côté se trouvent les mots caractéristiques : auvapixoCexai tw Poxapiw ùâXtvov
cpyavcv e^/wv p.ajTâpiov. « On ajuste au matras inférieur ((Soxaptov) un instru-
ment de verre, en forme de mamelle ([jLaaTàptov). » Cet instrument est muni
d'une gorge, ou rainure circulaire, destinée à récolter les liquides con-
densés dans le chapiteau et à les conduire dans la tubulure qui aboutit au
récipient. C'est un appareil qui est encore en usage aujourd'hui. Le sens
jusqu'ici obscur des mots (SoTctpiov et [ji-acTàpiov se trouve précisé par ce texte
et cette figure.
La figure manque d'ailleurs dans le manuscrit de Saint-Marc, quoique
le texte soit le même ; mais elle existe dans le manuscrit 2325 (xni* siècle).
Le manuscrit 2275 la reproduit (fol. 16).
FIGURES d'appareils i65
Figure 41 . — Elle reproduit le dessin fort élémentaire du même alambic,
d'après le manuscrit 2325.
Tout ceci est fort important pour l'histoire de la distillation. A l'origine,
on distilla le mercure, en le condensant simplement dansun chapite au posé
sur un pot (Dioscoride, Pline). Ce n'est que plus tard que l'on adapta une
gorge à la partie inférieure, pour empêcher les liquides condensés de
retomber dans le pot; puis cette gorge fut pourvue d'une tubulure, destinée
à conduire au dehors le liquide condensé. On voit par le texte et par la figure
conforme de Synésius que ces progrès étaient réalisés dès la fin du iv^ siècle
de notre ère. Rappelons que Synésius, dans une lettre à Hypatie, publiée
parmi ses œuvres connues, a décrit aussi Taréomètre, œuvre d'une science
déjà avancée.
Figure 42. — Cette figure (manuscrit 2827, fol. 1 12 verso), répétée deux
fois, est une simple fiole.
h
Figure 42. — Fiole. Figure 43,
Décalque. Alambic
avec six appendices-
Décalque.
Figure ^3. — Cette figure (manuscrit 2327, foi. 184 verso), malheureu-
sement coupée par le relieur, se trouve vers la fin du poème de Théophraste.
On y discerne un alambic, mais avec un appendice supérieur, fort singulier
dont la position rappelle la xrjpiTax'ç. Il est muni de six lignes verticales,
répondant au texte suivant : oépcv-aç xi; i; ^wva; ci; -br^x [sic) çava-.. « Por-
tant six ceintures (enveloppes) pour absorber la matière fondue.»
l66 CHIMIE DES ANCIENS
Figures du manuscrit 2325.
Les figures du manuscrit 232 5 sont très intéressantes parce qu'elles
répondent à une époque intermédiaire (xiii^ siècle) entre celui de Saint-Marc
et le n° 2327 de Paris. Elles sont en général conformes à celles du manuscrit
de Saint-Marc, bien que le manuscrit 2325 n'en dérive certainement pas
directement, comme je le montrerai. Il résulte de cette double circonstance
que la date des dessins du 2325 est antérieure à la copie actuelle du manu-
scrit de Saint-Marc, et même à la date de ses prototypes immédiats ; cepen-
dant ils doivent dériver tous les deux de quelque source commune et plus
ancienne. Quant au détail, le nombre, la forme et la dimension des parties
des appareils sont [assez différents, pour quelques-uns du moins. Le manu-
scrit 2325 contient en plus l'alambic de Synésius, figure '41, et le dessin
(fig. 33) mystique de la 3^ leçon de Stéphanus. Par contre, les appareils à
digestion y sont moins multipliés.
Nous avons donné les figures essentielles de ce manuscrit, telles que : la
figure 41 (fol. 23 verso) représentant l'alambic de Synésius, avec la chau-
dière (Xéêr^ç), et le feu (tcûp).
La figure 17 (tribicos), est analogue à celle du manuscrit de Saint-Marc
(fig. i5). Toutefois les dimensions relatives du matras à soufre (Xwxàç 6e(ou
àirupou), du tube vertical, du condensateur supérieur et des ballons qui
recueillent le produit distillé sont différentes ; le dessin de l'un de ces bal-
lons a même disparu. — En outre, le mot r^up (feu) a remplacé /.aùcipa
(foyer). La figure du tribicos, de même que toutes celles du manuscrit 2325,
est beaucoup plus grossière que celles du manuscrit de Saint-Marc.
A côté se trouve également, très grossièrement dessiné, l'appareil distil-
latoire à large tube de cuivre (^aXxi'ov), de la figure 16; mais j'ai jugé inu-
tile de reproduire ce dessin du manuscrit 2325.
Au-dessous du tribicos, on voit la figure 23 donnée plus haut : c'est celle
d'un appareil à kérotakis, analogue à celui de la figure 22. Mais le fourneau
(TCaAataTuTov xa[x(vtov) est plus petit et les condensateurs supérieurs (çiâX-r)),
sur l'extérieur, sont plus gros. Les ponctuations, indicatrices de trous sur
FIGURES D APPAREILS 1 67
le bain-marie, couvrent un espace bien moindre. Le mot de kérotakis n'y
figure pas.
Enfin, au-dessous du gwXyjv et du ■/aXv.lo'*, on voit un autre appareil à
kérotakis, reproduisant le xap)c(voç de la figure 25, avec des variantes trop
légères pour que j'aie cru utile de le donner.
On remarquera que les figures sont moins nombreuses dans le manus-
crit 2325 que dans le manuscrit de Saint-Marc; elles sont d'ailleurs concen-
trées en tête du mémoire de Zosime, dans le manuscrit 2325 aussi bien que
dans le manuscrit 2327. Ce mode de distribution est évidemment plus
moderne que celui du manuscrit de Saint-Marc.
Figures des manuscrits de Leide.
L'histoire des appareils alchimiques tire une nouvelle lumière de l'exa-
men des manuscrits alchimiques grecs de Leide. L'un d'eux (Codex Vossia-
nus, in-40, no 47), fort mal écrit d'ailleurs, reproduit presque toutes les
figures du manuscrit de Saint-Marc, entre autres :
Nos trois planches I, II, III (fig. 3, 4, 5), sauf quelques inversions;
La Chrysopée de Cléopâtre de la figure 1 1 (fol. 49 verso) ;
La double figure 14 et 14 bis du dibicos (fol. 5o verso) ;
La figure 1 5 du tribicos (fol. 5 1 verso) ;
La figure 16 de l'appareil distillatoire (fol. 5i verso) ;
La figure 18 de la chaudière distillatoire (fol. 58 recto);
Les deux appareils cylindriques de nos figures 20 et 21 (fol. 53 verso);
Les kérotakis de nos figures 22 et 24 (fol. 52 verso);
La palette de la figure 24 bis (fol. 53 recto);
La figure 25 du vase à kérotakis, portant à côté le mot xapxtvoetSà; (fol.
55 verso);
Les récipients de la figure 26 (fol. 55 verso);
Le vase à kérotakis cylindrique de la figure 27 (fol. 55 verso) ;
La figure 3 1 cordiforme (fol. 5 1 recto) ;
La formule magique de TEcrevisse (fig. 28), avec son explication (fol. 70
recto), fidèlement copiée.
l68 CHIMIE DES ANCIENS
Il est clair qu'il s'agit dans tout ceci d'une simple copie, directe ou indi-
recte, des figures du manuscrit de Saint-Marc.
L'autre manuscrit de Leide est noté xxiii. Ru. 6 (ayant appartenu à
Ruhnkenius); il a été écrit au xvn* siècle et est fort analogue par sa table,
laquelle forme une grande partie de son contenu, à notre manuscrit 2327.
Il en reproduit textuellement tout le tableau des signes, c'est-à-dire les cinq
pages qui forment nos figures 6 à 10, planches IV à VIII.
Aux folios 21 et 22, il renferme diverses figures pareilles, avec des
variantes dans les inscriptions et dans les dessins, dont quelques-unes fort
importantes. Je vais les signaler :
Folio 21 : alambic de Synésius, conforme à la figure 40 ci-dessus; mais
il porte quatre mots, au lieu du seul mot XéBriq inscrit au manuscrit 2827,
mot qui se retrouve d'ailleurs aussi sur la marmite, dans le manuscrit Ru.
On y lit en outre : )v(i>Ttàç sur le matras, <f làXri sur le chapiteau, So/etov sur le
récipient.
Au-dessous on voit 5 dessins intéressants, savoir, de gauche à droite :
1° Un alambic à une pointe, correspondant à celui des figures i3 et
37. Il porte les mots x.a[jL(viov sur le fourneau, ^.w'rcàç sur le matras. La forme
du chapiteau indique très nettement que c'est une fiole renversée, dont le col
entoure celui du matras, les lignes des deux cols n'étant pas confondues. —
Cette différence ne m'a pas paru assez grande pour exiger la reproduction
du dessin.
2° Un alambic, sans chapiteau, mais à large tube, répondant à celui des
figures 16 et 38. On y lit les mots xajxiviov sur le fourneau, 9 lâXiQ sur le matras,
y^otlv.eio'i [sic] sur le gros tube; le récipient n'a pas de nom. Ces mots ne
coïncident pas exactement avec ceux des figures 16 et 38; ce qui montre
que le manuscrit Ru. n'a pas été copié directement sur les nôtres.
30 Au-dessous de ce dessin, un matras à digestion (çtàXir]), sur un bain, de
sable, chauffé sur un fourneau (luaXataTiaTovxaix(viov), avec l'indication oTCXYjatç,
comme dans la figure 37.
40 Une fiole à digestion, recouverte d'une sorte de cloche, reproduisant à
peu près identiquement la fiole delà figure 38, avec les mêmes appendices à
la partie supérieure ; appendices dérivés, comme je Tai établi, de la kérotakis
(fig. 22 et 25). La seule inscription qui existe dans ce dessin est placée sur le
FIGURES d'appareils 169
fourneau : xa[x{viov TraXaiaxtaTov. Ces mots confirment l'opinion qu'il s'agit
d'une transformation de l'appareil des figures 22 à 25.
5° Enfin, à la "droite on voit le petit trépied de la Ghrysopée de Cléopâtre
(fig. II). Au-dessoussont les mots èv ^oXôixotç (dans le fumier). Ces mots sont
caractéristiques. En effet, ils montrent qu'il s'agit d'un appareil destiné
à être maintenu en digestion à une douce chaleur, au milieu du fumier en
fermentation. Cet appareil est posé sur un trépied et paraît identique à celui
qui est dessiné à gauche, au-dessous du tribicos, dansla figure 38.
En somme, ces cinq dessins sont les mêmes que ceux des figures 37 et 38;
ils répondent à ceux des figures 1 2 et 1 3, lesquels sont eux-mêmes des dérivés
faciles à reconnaître des dessins de la figure 1 1 (Chrysopée de Cléopâtre).
Toute la filiation des figures apparaît ainsi, de plus en plus clairement,
grâce au détail des dessins et des inscriptions.
L'étude des dessins de la feuille 22 du manuscrit XXIII Ru. 6 de Leide
permet de pousser plus loin et d'établir d'une façon directe la relation entre
les appareils des alchimistes grecs et ceux des Arabes, tels qu'ils figurent
dans les ouvrages de Geber. Ces dessins sont une sorte de doublets de ceux
de la feuille 21 ; précisément comme dans le manuscrit 2327, les dessins de
la figure 38 (fol. 221 verso) sont les doijblets de ceux de la figure 37 (fol. 81
verso). Cette répétition du même système d'appareils, qui semblerait à
première vue due à une inadvertance du copiste spécial du manuscrit 2327,
doit en réalité résulter d'une répétition plus ancienne, puisqu'elle se
retrouve dans un manuscrit en somme assez difïérent, quoique de même
famille. Décrivons ces dessins du manuscrit Ru. de Leide.
On y voit:
1° Untribjcos, avec son matras (Xwiràç ôei'ou àirûpo'j), son chapiteau (*/^^^~
xsi'ov), ses trois tubulures et récipients, et son fourneau (xaixtvtov). La jonction
du chapiteau au matras indique très clairement, comme plus haut, l'emboî-
tement de deux vases tout à fait distincts.
2"» A droite, le dessin d'un alambic à une seule tubulure, reproduction du
numéro 1° de la série précédente, c'est-à-dire des figures i3, 37, 38, portant
notamment les trois inscriptions du dessin central de la figure 37.
3° Au-dessous, à gauche, le matras (Xw^àç) à digestion (c-tt;?^;), posé
sur le TcaXa'.o-Tiaïcv xajx'lv.ov.
lyO CHIMIE DES ANCIENS
40 Les deux dernières figures sont si caractéristiques, que je vais les
reproduire.
Figure. 44. — Vase à digestion.
Figure 44. — Vase à digestion. — D'après un dessin.
La figure de droite reproduit l'appareil à digestion des figures 37 et 38,
placé de même sous une enveloppe générale en forme de cloche. Pour plus de
précision, je remarquerai que mon dessinateur a raccourci les petites oreilles,
situées à droite et à gauche de la lettre p. Dans le manuscrit, ces oreilles
s'étendent jusqu'à l'enveloppe et la touchent, de façon à marquer la divi-
sion de cette enveloppe en deux portions superposées, telles qu'elles sont
dessinées en effet dans les figures 3 7 et 38. Cette enveloppe générale
semble avoir été symbolisée par la dénomination de l'œuf philosophique.
D'autre part, les trois portions intérieures de cet appareil à digestion sont
dessinées à côté, séparées et superposées, de façon à en montrer nettement
tout l'ajustement.
FIGURES D APPAREILS lyi
Avant d'en discuter la signification, donnons les inscriptions corres-
pondantes. Elles sont d'une grécité de très basse époque. Sur le dessin de
droite, la panse du matras y porte les mots : o[xoiov è've touto [xeTàtpCa xoixdé-
tia [sic), c'est-à-dire : « ceci reproduit les trois segments séparés du dessin
qui est à côté. »
Sur le fourneau, on lit : èv ^oXSixoiç xaixîviov, c'est-à-dire :« fourneau en-
touré de fumier. «
Au-dessous de l'ensemble de ce dessin : xapxivoetSèç xeTrai Sa ô "kéyoq èV-
içpoaôev : a appareil rétrograde; la description est au-dessus. » — Rappelons
que ces mots caractéristiques se trouvent à côté du matras analogue des
figures 3y et 38 et de l'appareil à icérotakis de la figure 25.
Sur le côté, on lit, inscrits verticalement, les mots : èvaiaXwvaai <f(Kix^ri
xaxà Ta Tpi'a xojxaTta, c'est-à-dire : « dans les trois segments, on ramollit et on
combine (les matières) ».
Venons au dessin de gauche, qui représente les trois segments séparés,
avec lettres correspondantes. On lit à côté, inscrits verticalement, les mots :
TOUT £[j,7:véY]ç To â'Xov y.al to aXov èvatâXw ig Trpwioç, Seûxepov, rpiTov {sic) ;
c'est-à-dire: «voici Tun des vases où l'on évapore, et l'autre où l'on ramollit;
c'est-à-dire le i^^ le 2^, le 3^ (segment). »
Ces inscriptions confirment exactement les opinions émises plus haut,
relativement à l'usage de cet appareil. D'après lesdites inscriptions en effet
il répond aux figures 22, 24, 25, c'est-à-dire aux appareils à kérotakis. Il
suffit d'imaginer que les appareils placés au sommet des figures 22 et 25
ont été enveloppés par la sphère de la partie inférieure, pour comprendre
les figures 38 et 3y : c'est toujours là l'appareil rétrograde, destiné au blan-
chiment du cuivre par le mercure ou par Tarsenic sublimé. Ajoutons que,
les trois segments intérieurs^ ne sont autre chose que les trois parties des
figures 20 et 21 du manuscrit de Venise, représentant des vases à digestion
cylindriques. — De même la figure 27, qui en exprime une forme un peu
différente, donnant en quelque sorte la transition entre la figure 20 et les
figures 22, 24 et 25.
Mais la figure 44 nous permet d'aller plus loin et d'établir que ces appa-
reils correspondent à l'aludel de Geber et des alchimistes arabes. Il suffit,
pours'enassurer, de jeterun coupd'œil sur les dessins des aludels, figure45.
172
CHIMIE DES ANCIENS
Nous avons ici les trois segments à digestion des alchimistes grecs; avec
cette différence pourtant que les deux segments inférieurs sont réunis en
un seul morceau dans les dessins des aludels. Le couvercle s'ajustait à
frottement doux sur la paroi de la région moyenne : et cela dans une por-
tion considérable de sa hauteur. Les deux morceaux extrêmes sont terminés
Figure 45, — Âludel des Arabes-
chacun par une couronne ou bague extérieure, l'une se superposant à l'autre,
de façon à compléter la jonction. Tout ceci est décrit endétaildans l'ouvrage
de Geber.
Le couvercle offre deux formes différentes : l'une hémisphérique, Tautre
conique. Ces aludels étaient en verre.
Cette figure est tirée de la Bibliotheca Chemica de Manget (t. 1, p. 540,
fig. 2 — Genève, 1702).
Dans la même planche de l'ouvrage précédent, sont représentés (fig. i) le
fourneau, au centre duquel l'on plaçait l'aludel (fig. 3), ainsi qu'un autre type
d'aludel, changé en alambic par l'adaptation d'un tube à son chapiteau, le
tout chauffé à la partie inférieure à l'aide d'un fourneau, etc.
La description de ces appareils existe, en traduction latine, dans le
second livre de l'ouvrage de Geber, intitulé : De principiis magisterii
et perfectione. Ce livre peut servir sur quelques points de commentaire
aux traités de Zosime sur les fourneaux et instruments ; il continue et
développe la tradition des alchimistes grecs; non sans y ajouter d'ailleurs
bien des choses nouvelles. Mais cette comparaison nousmènerait trop loin.
Quoi qu'il en soit, on voit que ces diverses figures jettent un grand jour
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 178
sur les pratiques et appareils des anciens alchimistes, sur les changements
que ces appareils ont éprouvé dans le cours des temps, ainsi que sur la
filiation des nianuscrits.
VI. — RENSEIGNEMENTS ET NOTICES
SUR QUELQUES MANUSCRITS ALCHIMIQUES
Il existe dans les catalogues imprimés des bibliothèques publiques d'Europe
des notices sur le contenu des manuscrits alchimiques de ces bibliothèques.
M. H. Kopp a réuni et rapproché ces notices dans ses Beitràge \ur Ges-
chîchte der Chemie (1869), p. 256 à 3i5 ; mais sans prendre une connais-
sance directe des textes eux-mêmes. J'ai donné moi-même dans mes Origines
de VAlchimie, p. 335 à 385, une analyse plus détaillée du manuscrit 2327
de la bibliothèque de Paris et du vieux manuscrit de la bibliothèque de
Saint-Marc, à Venise.
Je les avais comparés entre eux, et avec les manuscrits 2325, 2275 et 2249,
que j'ai eus aussi entre les mains, ainsi qu'avec les manuscrits de la Lau-
rentienne à Florence et quelques autres ; ces derniers, d'après les catalogues
imprimés. La publication présente rendra inutile ces analyses pour les cinq
premiers manuscrits ; mais j'ai cru utile de préciser davantage la connais-
sance de certains autres, tels que les manuscrits du Vatican, que j'ai fait
examiner sur place par mon fils, M. André Berthelot; les deux manuscrits
de Leide, celui de Gotha et divers manuscrits des Bibliothèques d'Allema-
gne, examinés également par mon fils; ceux de l'Escurial, que M. de Loynes,
secrétaire d'Ambassade à Madrid, a bien voulu coUationner pour certains
passages importants ; le manuscrit 24 1 9 de la Bibliothèque nationale de Paris,
que j'ai étudié moi-même; enfin un manuscrit arabe d'Ostanès, appartenant
à la même Bibliothèque et dont j'ai fait traduire quelques pages. — Ce sont
ces renseignements que je vais communiquer. Je les ferai précéder par quel-
ques données précises, tirées des manuscrits eux-mêmes et spécialement du
manuscrit de Saint-Marc, lesquelles fournissent des indications nouvelles
sur le mode suivi dans leur composition, sur Tordre relatif et la filiation
174 CHIMIE DES ANCIENS
de leurs copies, et sur les accidents survenus pendant leurs transcriptions
successives. Le tout forme une douzaine de petites notices sur les manu-
scrits alchimiques.
I. — Ancienne liste du manuscrit de Saint-Marc.
En tête du manuscrit de Saint-Marc se trouve une liste de traités alchi-
miques, qui ne coïncide avec le contenu même du manuscrit, ni par les titres
des traités, ni parleur disposition; quoique la majeure partie des traités s'y
retrouve. L'examen et la discussion de cette liste sont essentiels pour établir
la filiation des manuscrits actuels.
Donnons d'abord la liste elle-même. Elle a été imprimée en 1745 par
Bernard dans son édition du Traité de Palladius de Febribus, p. 1 14 à 1 16.
Il suffira d'en fournir ici la traduction :
(1) Voici la table du livre des sages, avec l'aide de Dieu.
(2) Stéphanus d'Alexandrie, philosophe œcuménique et maître, sur l'art
sacré de la fabrication de l'or (F* leçon).
(3) 2« leçon, du même.
(4) Lettre du même à Théodore.
(5) Sur le monde matériel, 3« leçon.
(6) Sur ce qui concerne l'acte (èvépyeu), 4« leçon.
(7) 5* leçon, (8) 6" leçon, (9) 7* leçon.
(10) Sur la division de l'art sacré, 8« leçon.
(11) Enseignement du même à l'Empereur Héraclius, 9^ leçon.
(1^ Héraclius Empereur, sur la chimie, à Modestus," préfet de la ville
sainte (Constantinople).
(13) Du même Héraclius, onze chapitres sur la fabrication de l'or.
(14) Colloque du même Héraclius sur la question des philosophes, rela-
tive à cet art sacré.
(15) Lettre de l'Empereur Justirtien.
(16) Du môme Justinien, cinq chapitres sur l'art sacré et entretien avec les
philosophes.
(17) Entretien de Comérius le philosophe avec Cléopâtre.
(18) Dialogue des philosophes et de Cléopâtre.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS IJD
(19) Héliodore le philosophe à l'Empereur Théodose, sur l'art divin: vers
iambiques.
(20) Théophraste le philosophe, sur cet art : vers iambiques.
(21) Hiérothéele philosophe, sur cet art divin: vers.
(22) Archelaûs le philosophe, sur cet art divin et sacré : vers.
(23) Pelage le philosophe ; Ghrysopée.
(24) Ostanès le philosophe à Pétasius sur l'art sacré.
(25) Démocrite sur la pourpre et la fabrication de V or, Physica etmystica.
(26) Du même, sur la fabrication de l'asèm.
(27) Synésius le philosophe à Dioscorus (commentaire sur le livre de
Démocrite) : dialogue relatif au livre du divin Démocrite.
(28) Le philosophe Anonyme, sur l'eau divine du blanchiment.
(29) Du même, sur la Ghrysopée, exposantl'enchaînement delà Ghrysopée,
conformément à la pratique, avec le secours de Dieu.
'30) Zosime le divin, de Panopolis, sur la vertu.
(31) Ghapitre d'Agathodémon (principalement sur la fabrication du tout).
(32) Ghapitres d'Hermès, Zosime, Nilus, Africanus.
(33) Du Ghrétien, sur l'eau divine.
(34) Zosime le philosophe à Eusébie, sur l'art sacré et divin, 34 chapitres.
(35) Olympiodore le philosophe, sur la Ghrysopée.
(36) Pappus le philosophe, sur l'art divin.
(37) Moïse, sur la diplosis de l'or.
(38) Ghapitres d'Eugénius et de Hiérothée.
(39) Zosime, sur les instruments et fourneaux.
(40) Du même, sur l'eau divine.
(41) Du même, sur les instruments et fourneaux. Mémoires authentiques.
(42) Trempe ou changement du pyrochalque, en vue de l'astrochalque»
(43) Trempe et fabrication du fer indien.
(44) Trempe pour les épées et instruments pour tailler la pierre.
(45) Fabrication de l'asèm, du mercure et du cinabre.
(46) Extrait de l'ouvrage de Gléopâtre sur les poids et mesilrés.
(47) Du Ghrétien, sur la bonne constitution (ejjxciôs'a) de l'or.
(48) Du même, sui la Ghrysopée, 3o chapitres.
(49) IIcpi çjp[ji.a)v y.al tsXoïv.
\j6 CHIMIE DES ANCIENS
(50) Sur Ja diversité du plomb et sur les feuilles d'or.
(51) Lexique de la Chrysopée, par ordre alphabétique.
(52) Autres chapitres de divers opérateurs sur la Chrysopée.
Cette liste représente une rédaction plus ancienne que le manuscrit de
Saint-Marc qu'elle précède, du moins tel que nous le possédons . Elle en dif-
fère par la composition et par l'ordre relatif.
Au point de vue de la composition, les dix premiers numéros sont com-
munsàlaliste etaumanuscrit: mais les quatre traités (11), (12), (13), (14), attri-
bués à Héraclius, et les deux traités (15), (16), attribués à Justinien, ont dis-
paru. Rappelons ici que TEmpereur Héraclius était un grand fauteur d'as-
trologie et de sciences occultes. Son nom se retrouve dans les ouvrages
arabes et dans la Turba philosophorum (sous la forme erronée de Hercules).
Stéphanus,son contemporain, lui a dédié Tune de ses leçons authentiques.
Les traités attribués à l'Empereur Justinien sont évidemment pseudonymes
et, à ce qu'il semble d'après quelques fragments, d'une date peu reculée : peut-
être s'agit-il de Justinien II, l'un des successeurs d'Héraclius, à la fin du
VII* siècle. Il existe encore une mention qui se rattache à ces traités (pra-
tique de Justinien) dans l'article d'une écriture plus moderne, ajouté sur
une page de garde du manuscrit de Saint-Marc {Origines de VAlchimie,
p. 348. — Texte grecy II, iv bis, Appendice I). Une page du même auteur
nous a été conservée à la fin de l'un des manuscrits alchimiques de Leide
(Voss. n° 47, fol. 70 verso). Je la donnerai plus loin.
Ces six traités perdus avaient été probablement rattachés à ceux de Sté-
phanus. Je montrerai tout à l'heure la trace laissée par cette perte.
Quant aux traités de Comérius, ou Comarius, et de Cléopâtre (17) et (18),
il en subsiste un débris dans le manuscrit de Saint-Marc et des portions
beaucoup plus étendues, sinon la totalité, dans le manuscrit 2827.
Les numéros (19) à (52) de la vieille liste existent encore aujourd'hui,
en substance du moins, dans le manuscrit de Saint-Marc ; quoique cer-
tains, par exemple le numéro (32), chapitres d'Hermès, Zosime, Nilus,
Africanus, et le numéro (38), chapitres d'Eugénius et de Hiérothée,
aient peut-être subi des mutilations, qu'il n'est pas possible de pré-
ciser.
Le numéro (42), trempe du pyrochalque, n'existe plus sous ce titre; mais
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS \nn
il est probable qu'une partie en a été conservée dans un article relatif à la
trempe du bronze (fol. 1 18).
Le traité de Zosiiine, indiqué sous le numéro (34), comme adressée Eusé-
bie (au lieu de Théosébie), se retrouve aussi (fol. 141 à 161), à l'exception
du titre et des premières lignes, qui ont disparu: sans doute par suite de la
perte d'un feuillet.
Signalons par contre des traités contenus dans le manuscrit de Saint-Marc,
dont la liste ancienne ne fait pas mention : tels que les traités sur la fabri-
cation des verres (fol . 1 1 5 verso) ; sur les vapeurs (fol .116 verso); sur la bière
et l'huile aromatique (fol. 162); les chapitres de Zosime à Théodore
(fol. 179, à 181); deux articles tirés d'Agatharchide (fol. i38à 140), etc.
Citons aussi le Labyrinthe de Salomon (fol. 102), figure très caractéris-
tique, mais ajoutée à une époque postérieure et vers le xiv» ou xv" siècle.
La liste initiale et le contenu actuel du manuscrit de Saint-Marc ne se
superposent donc pas exactement, quoique la plupart des traités soient
communs. Il y a aussi des modifications dans l'ordre relatif, modifica-
tions dont je vais signaler les principales, en répartissant par groupes les
numéros de la liste.
/" Groupe. — Les numéros (1) à (11) sont communs et disposés dans le
même ordre (fol. 8 à 43 du manuscrit actuel) ; puis vient une lacune, numé-
ros (12) à (18), comme si un ou plusieurs cahiers du manuscrit antérieur, qui
a servi de type à la vieille liste, avaient disparu. Les poètes, numéros (19) à
(22), et les traités de Pelage, d'Ostanès, de Démocrite, de Synésius, ceux de
l'Anonyme, de Zosime, d'Agathodémon, d'Hermès, du Chrétien, numéros
(23) à (33), etc . , suivent dans le même ordre (fol. 43 à i o i ). Quant au traité
(34), il est probable qu'il est représenté, au moins en substance, ou plutôt
à l'état fragmentaire, dans lesjolios 119 a 128 et dans les folios 141 à 159.
Jusqu'ici le même ordre se maintient donc dans la vieille liste et dans le
manuscrit actuel.
26 Groupe. — Mais le traité (35) d'Olympiodore se retrouve seulement
aux folios 163-179, 35 feuillets plus loin. Le numéro (36), serment de Pappus,
les numéros (37), (38), diplosis de Moïse et chapitres d'Eugénius, enfin les
numéros (39), (40), (41), traité de Zosime sur les fourneaux, etc., forment
presque à la suite les folios 184 a 195. Cependant il y a intercalation des
12
178 CHIMIE DES ANCIENS
chapitres deZosime à Théodore (fol. 179 à 181) et du traité de l'Anonyme
sur l'œuf (fol. 181).
3^ Groupe. — Un autre groupe de traités, consécutifs aux précédents dans
la vieille liste, en sont au contraire séparés dans le manuscrit actuel. Ils
occupent les folios 104-1 18, transposés par le relieur [Origines de VAlchi'
mie, p. 35o-35i), et renfermant les articles (44) à (48). Peut-être aussi une
partie se retrouve-t-elle dans les folios 141 à iSg, déjà attribués pour une
fraction au numéro (34).
4^ Groupe. — Les numéros (42) et (43) delà vieille liste répondent à peu près
au folio 118.
5« Groupe. — Les numéros (49), (50), (51, lexique), répondent aux folios
129 à i38, placés à la suite.
En somme, la place du troisième groupe a été changée par le relieur,
comme il est facile de l'établir par la lecture des textes, et il n'y a qu'un autre
renversement important, celui des traités du second groupe, lesquels for-
ment en quelque sorte un cahier à part, déjà interverti avant la constitution
de la copie actuelle.
Si l'on cherchait à décomposer ces traités en séries distinctes, d'après
leur contenu, on pourrait trouver ainsi les séries suivantes :
/"■* Série. — Stéphanus, en connexion avec les traités perdus d'Héradîus
et de Justinien, et probablement avec les Dialogues de Comarius et de
Cléopâtre : le tout a formé peut-être à l'origine une collection partielle et
indépendante.
2® Série. — Les poèmes, collection également distincte, dont la place
varie et qui manque même dans certains manuscrits, tel que le 2325.
3^ Série. — Les vieux auteurs Pelage, Ostanès, Démocrite, Synésius,
l'Anonyme, Zosime, les extraits d'Agathodémon, de Moïse, d'Eugénius, etc.
Le tout formait sans doute une collection spéciale. A la vérité, les œuvres
de Zosime sont coupées en trois dans le manuscrit actuel de Saint-Marc;
mais c'est là évidemment le fait des copistes d'une certaine époque.
4* Série. — Olympiodore semble avoir été à part ; il est cependant con-
nexe avec les auteurs précédents. Mais la place de son traité varie dans les
divers manuscrits.
5* Série. — Le Chrétien étaitaussià part. Ilest coupé en deux (n»* 33, 47)
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS lyg
dans la vieille liste ; ce qui semble accuser quelque transposition, faite par
le copiste d'un manuscrit antérieur.
6^ Série. — Une ou plusieurs autres collections renfermaient des traités
techniques, lesquels nous sont venus en grande partie par d'autres manu-
scrits, par le 2327 principalement. Dans la vieille liste^ aussi bien que dans
le manuscrit de Saint-Marc actuel, on rencontre cependant la trempe du
bronze et du fer, et la fabrication de l'asèm, du mercure, ainsi que du cinabre.
On y a joint dans le manuscrit actuel de Saint-Marc les fabrications du verre,
de la bière et de Thuile aromatique, non mentionnées dans la vieille liste.
L'extrait d'Agatharchide est une annexe d'un autre genre, qui ne figurait
non plus pas dans la vieille liste et qui a été abrégée dans le 2327.
7» Série, — A la fin de l'un des manuscrits qui ont précédé celui de Saint-
Marc, on avait sans doute transcrit l'ouvrage de Cléopâtre sur les poids et
mesures et le lexique. Ce lexique devait former la fin du manuscrit originel,
d'après un usege assez fréquent chez les anciens copistes. On est autorisé
par là à penser que ce qui suit dans la vieille liste représente l'état d'un
manuscrit déjà modifié, par des additions faites à un prototype plus antique
encore.
IL — Sur les copies actuelles de la g^ Leçon de Stephanus.
L'étude comparative des divers manuscrits qui renferment les leçons de
Stephanus fournit des renseignements très précis et spécifiques pour établir
la filiation de ces manuscrits. J'ai déjà signalé quelques-uns de ces rensei-
gnements; mais il me paraît utile d'y revenir et de les compléter. C'est dans
la 9* leçon de Stephanus que se trouvent les principales différences.
i"> Dans le manuscrit 2325 de la Bibliothèque Nationale de Paris, cette
leçoa finit beaucoup plus tôt que dans le manuscrit 2327 et dans le ma-
nuscrit de Saint-Marc. Elle s'arrête en effet (fol. 81 verso) par une phrase
qui répond au folio 73 recto ligne 6, du manuscrit 2327, et à la page 247,
1. 23, du t. II d'Ideler : vor)p6ç " xa't çijd'tv èv toïç ^w[aoÏ<; }JL£Tà 10 ïx x^tw xa'i
YEVT^aeTat. Le dernier mot est ainsi répété pour la seconde fois dans le
manuscrit 2325, et cela conformémeat à la ligne 21, située au-dessus dans
l8o CHIMIE DES ANCIENS
Ideler, laquelle ligne contient précisément les mots : è'a jtaTw y.cà y^v^ueTat.
Tandis que dans Ideler (ligne 23) et dans le manuscrit de Saint-Marc, on
lit après la répétition des mots: è'a xatto xal... le mot yéXeaav, au lieude y^vil-
aeiat, le texte poursuivant. Dans le manuscrit 2325 la 9* leçon s'arrête là ;
puis vient un tiers de page blanche, suivi des mémoires authentiques de
Zosime, avec les figures mystiques des cercles concentriques; sans qu'il
soit aucunement question de Comarius, ni de Cléopâtre.
Telle est la finale la plus courte de la 9® Leçon de Stéphanus. Cette finale,
suivie d'un signe qui caractérise la fin du traité, est aussi celle de la 9' leçon
dans le manuscrit 22/5 de la Bibliothèque de Paris, lequel reproduit fidèle-
ment les figures du manuscrit 2325 ; voire même (fol. 56) celles qui ont été
coupées en partie par le relieur de ce dernier manuscrit,au temps deHenri II:
aussi semble-t-il en être une copie directe, faite avant cette reliure. La finale
de la 9^ leçon dans le manuscrit de Leide, Voss. n° 47, a lieu au même endroit,
mais avec une variante dans le dernier mot, qui est: yéXeaav, au lieu deyevi^-
c£Ta'.. On y lit en effet : fol. 1 1 : [izia xo la xaTw xat yéX^GOLt. Le dernier mot
est celui du manuscrit de Saint-Marc et d'Ideler. Mais dans ces deux der-
niers, le texte poursuit par : xai czArjGeaav, etc. pendant plusieurs pages; tan-
dis que la 9« leçon de Stéphanus s'arrête là, dans le manuscrit de Leide
comme dans le manuscrit 2325. Cependant un copiste, ou un lecteur, a pris
soin d'ajouter en grec dans le manuscrit de Leide : « la fin manque ». Il
avait sans doute eu connaissance des autres manuscrits. En tous cas, cette
remarque prouve que le manuscrit de Leide n'a pas été copié directement
sur le manuscrit de Saint-Marc; quoiqu'il appartienne à la même famille.
Telle est la seconde finale de la 9^ leçon de Stéphanus.
2° Le manuscrit 2327, au contraire (fol. 73 recto, ligne 6), après le pre-
mier : ix xccTO) -/.où Y£vr,7£Ta'., poursuit de la façon suivante : apa x( ysviQcreTai '
c'jy.àpa loç voYjpoç y.al ç-^tIv 6 {-léyccq 'k-j]j.Tt'.6o(ùpoq (sic) èv toTç uypoïç èTTtffxeuÔY) to
tiiicT-^ptûv T^ç y^p'jao'Kodoiq, et la suite jusqu'au folio 73 verso, ligne 5. Le tout
constitue une page additionnelle; après laquelle le manuscrit 2327 conti-
nue comme dans le manuscrit de Saint-Marc et dans Ideler, où cette page
manque. La jonction du texte du manuscrit 2327 avec celui de Saint-Marc
et d'Ideler) se fait par les mots : [xexà xo icc xaxw xal yevriasTai (répétés pour
la seconde fois), èîcdcXecsv xal àX-^ôeiav sitcùv (2327, fol. 73 verso). — Dans le
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS l8l
manuscrit de Saint-Marc (et dans Ideler), on lit : [Aeirà to ici xà-rw xat y^Xegav xal
àX-^6eaav xal âXi^ôecav el^ov. C'est donc entre les deux répétitions des mots
[xetà TO ea xàto) que se trouve le passage intercalaire du manuscrit 2327.
Cette répétition même, comme il arrive souvent dans les copies mal coUa-
tionnées, a pu être l'origine de l'omission de ce passage par le copiste du
manuscrit de Saint-Marc qui, sautant une page de son original, au moment
où il commençait un nouveau feuillet, aurait formé ainsi le mot yéXeaav,
en réunissant la syllabe initiale ye de yv)i,<:eT:ixi avec les syllabes finales
du mot (èxa) Xeaev. Cette hypothèse ingénieuse est de M. Em. Ruelle. Elle
s'accorderait avec le texte du manuscrit de Saint-Marc, dont le folio 3g verso
se termine en effet par ye; tandis que le folio 40 commence par Xesav et
continue comme il a été dit. Mais l'existence du mot yéXeaav comme finale
définitive dans le manuscrit de Leide semble moins favorable à cette hypo-
thèse, à moins de supposer quelque intermédiaire.
3° C'est alors que se trouve le passage relatif aux relations entre les mé-
taux et les planètes, passage plus complet et plus clair dans le manuscrit
2327 que dans Ideler, et dans le manuscrit de Saint-Marc (fol. 40), dont le
texte d'Ideler dérive par voie indirecte; carily est mutilé et incompréhensible
(Ideler, t. II, p. 247, lignes 3 1 à 36). En effet, dans ces deux derniers textes,
Saturne et le plomb sont seuls opposés d'une façon régulière ; tandis que le
mercure figure vis-à-vis de Jupiter, par suite de quelque confusion; puis
viennent le Soleil et la Lune, sans métaux correspondants. Au contraire, il
existe un parallélisme régulier et complet entre les 7 planètes et les 7 métaux,
dans le texte donné par le manuscrit 2327 : ce texte est donc le seul logique
et complet. Le manuscrit 2329 (fol. i58) reproduit le même passage.
40 Au delà, les textes de Saint-Marc, d'Ideler, du manuscrit 2327 et du
manuscrit 2329 sont sensiblement conformes entre eux, jusqu'au folio 74 du
2327, répondant à la page 248 d'Ideler, ligne i3, et jusqu'à ces mots : xa'i
exaaxov aÙTwv èv tî] yfj xéxpuTUTai èv xf, îâîa Ss^y]. Après ces mots, le manuscrit
2329 termine en cinq lignes : . . . èv t?) ISi'a SôSy; •/^xipz-jz', xa'i £ÙTp£i:(Çcvrai, w^
[jLÔvou 0eou Tou èv tpiàSi û[ji.vou[Jiévou, to Sôpov aCiTOÏç TrpcaTotEavTCç elva»; puis vient
la finale banale « attendu qu'il convient d'attribuer en tout gloire, honneur
et vénération au Père, au Fils, au Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans
les siècles des siècles. Amen ». C'est une troisième finale de la 9« leçon.
l82 CHIMTE DES ANCIENS
5» Au contraire, après le mot Sô^y], le manuscrit 2327 poursuit pendant
trois pages, lesquelles manquent dans le manuscrit de Saint-Marc, dans
Ideler et dans le manuscrit 2829; il poursuit, dis-je, jusqu'à la fin de la
9e leçon de Stéphanus, fin explicitement signalée. Cest la quatrième finale,
qui paraît la plus exacte.
6° Puis le manuscrit 2327 transcrit un traité de Comarius, grand prêtre,
maître de Cléopâtre, renfermant le dialogue des Philosophes et de Gléo-
pâtre (fol. 74 à 79 verso), et précédé de son titre. Le manuscrit 2252 con-
tient aussi le traité de Comarius. Ce traité et ce dialogue répondent aux
numéros (17) et (18) de la vieille liste de Saint-Marc.
70 Mais le manuscrit de Saint-Marc ne reproduit ni le titre ni les débuts
de ce traité. Au lieu de cela, après les mots : xal è'xajxov aÙTwv èv ty) y^ xéxpuTi-
xat èvT?) IStaSé^T], ce manuscrit poursuit en plein texte, et sans apparence de
lacune ou d'alinéa (fol. 40, 1. 4 en remontant), par les mots : xal Û[a£Tç, w
çOwOt OT ' av XYjv Téyyri^ TauTYjv tyjv xeptxa/vTJ [âoùXeaôe. (Ideler, t. II, p. 248, 1. i3),
et ainsi de suite pendant 7 pages jusqu'à la fin du traité : ce qui constitue
la cinquième finale de la 9« leçon. Or ces pages, tirées du traité de Coma-
rius, ne sont pas la vraie fin de la leçon de Stéphanus ; laquelle fin manque
en réalité dans le manuscrit de Saint-Marc, ainsi que dans Ideler, dont la
publication a été faite d'après une copie de Dietz, exécutée, paraît-il, sur le
manuscrit de Munich, qui est un dérivé indirect de celui de Saint-Marc. Elle
manque aussi dans la traduction latine de Pizimenti, faite sur quelque
manuscrit de la même famille, dérivé également de celui de Saint-Marc,
mais non identique, puisque cette traduction contient la lettre de Psellus. Il
y a là dans la 9» leçon de Stéphanus une solution de continuité brusque et
dont le copiste de Saint-Marc ne s'est pas aperçu.
8» Les mots mêmes : oTav ty)v xéxvïjv... se retrouvent dans le traité de
Comarius (23 27, fol. 75,1. 2 en remontant), ainsi que les 7 pages consécutives
du manuscrit de Saint-Marc et d'Ideler. Elles sont conformes en général à
la fin de ce traité dans le manuscrit 2327 (jusqu'au fol. 79 verso). Le traité se
termine pareillement dans les deux manuscrits parles mots : èvxauGa yàp tîjç
çiXoao(p(aç -^ xéxvr) xeirXi^pwTai. Ces derniers mots manquent dans Ideler
(ce qui fait une sixième finale); mais la phrase précédente est identique.
J'ai cru nécessaire d'entrer dans ces détails minutieux, parce qu'ils carac-
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS l83
térisent les familles de manuscrits et peuvent servir à reconnaître sûrement
ceux qui ont été copiés les uns sur les autres. Je montrerai ailleurs comment
ils établissent que le manuscrit de l'Escurial ne représente pas une source
propre, mais un dérivé, vraisemblablement direct, de Saint-Marc.
Il est probable que dans un manuscrit antérieur à celui de Saint-Marc,
et dont celui-ci même dérive, le verso d'une des pages se terminait par le
mot o6^Y]. Quelques folios déchirés ont fait disparaître la fin de Stéphanus
et le début de Comarius, et le copiste qui travaillait d'après ce manuscrit
a poursuivi en pleine page, au milieu d'une ligne, sans voir la lacune.
Le manuscrit 2327 dérive d'un manuscrit antérieur à la destruction de
ces feuillets et, par conséquent, à celui de Saint-Marc, tel que nous le pos-
sédons aujourd'hui. Il renferme en outre une autre page de plus, ainsi qu'ail
a été dit (20); page répondant peut-être à l'omission d'une page existant
dans un manuscrit antérieure celui de Saint-Marc.
Mais cette explication ne suffit pas pour rendre un compte complet de
l'état présent des textes ; attendu qu'il a disparu, en outre, les traités d'Hé-
raclius et de Justinien, signalés par la vieille liste, et dont le manuscrit 2327,
pas plus que le manuscrit de Saint-Marc, n'offre aucune trace. Le prototype
du manuscrit 2327 devait donc appartenir, soit à une souche distincte de
celle qui répondrait à la vieille liste de Saint-Marc, et ne contenant pas le
cahier qui renfermait les traités d'Héraclius et de Justinien ; soit à un dérivé
intermédiaire, tiré de la même souche que cette vieille liste, quoique déjà privé
de ce cahier, mais renfermant en plus, par rapport au manuscrit de Saint-
Marc actuel, la fin de Stéphanus et les traités de Comarius et de Cléopâtre.
Ce n'est pas tout : la finale du manuscrit 2325,1e passage intercalaire
signalé dans le manuscrit 2327, la confusion dans le texte du manuscrit
de Saint-Marc concernant leâ relations des métaux et des planètes, texte
resté intact dans le manuscrit 2327, la finale du manuscrit de Saint-Marc,
ainsi que la finale du manuscrit 2329 et celle du manuscrit de Leide, Voss.
n" 47, semblent indiquer que les manuscrits de Stéphanus ont éprouvé autre-
fois dans leurs derniers feuillets de grandes perturbations.
Enfin, il a subsisté, en dehors de ces divers manuscrits, des fragments des
traités de Justinien, tel que celui contenu dans le manuscrit de Leide,
Voss. no 47, qui sera reproduit tout à l'heure. Il ne me paraît pas opportun
184 CHIMIE DES ANCIENS
de développer en ce moment les hypothèses subsidiaires qui rendraient
compte de tous ces détails.
III. — Diverses lacunes et transpositions du manuscrit de Saint-Marc.
Voici diverses autres comparaisons que j'ai eu occasion de faire et qui
peuvent également être utiles, pour rapprocher les textes et en établir la filia-
tion :
1 0 Je rappellerai qu'un ancien relieur du manuscrit de Saint-Marc a inter-
posé après le folio io3 (traité de Chrétien sur l'eau divine) les folios 104 à
118; le texte du folio 1 19 faisant en eflet suite au folio io3. Ceci peut servir
à distinguer les copies faites sur ce manuscrit, après la reliure en question.
2° Dans les folios 104 à 118 règne une grande confusion. Les articles
(42), (43), (44) de l'ancienne liste, sur la trempe du fer, sont coupés en deux,
au début et à la fin du cahier, et les articles sur l'asèm, le mercure et le
cinabre, qui les suivaient dans l'ancienne liste (45), se trouvent interposés.
30 Les traités de Cléopâtre et du Chrétien (46) et (47) sont intervertis, et le
dernier auteur est coupé en deux; enfin les traités sur la fabrication du verre,
de la bière, etc., ont été ajoutés. Il semble que ces modifications résultent
d'un certain trouble, survenu à un moment donné dans les feuillets du
manuscrit type, qui répondait à la vieille liste de Saint-Marc.
4* Le texte d'Agatharchide est brusquement interrompu à la fin du folio
140, comme si un ou plusieurs feuillets avaient disparu. — Cette lacune est
corrélative de la suivante.
5° Les mémoires de Zosime, annoncés dans la vieille liste de Saint-Marc
(n" 34), ne figurent plus parmi les titres du manuscrit actuel. Cependant ils
y existent réellement. En effet, le titre et les premières lignes seules, les-
quels sont transcrits dans le manuscrit 2327 (fol. 112), ont disparu dans
celui de Saint-Marc. Mais le texte transcrit au folio 141 est resté. Car le
manuscrit de Saint-Marc débute à la 3^ ligne du folio 1 12 verso du manus-
crit 2327 et poursuit de même jusqu'au folio 1 59, répondant au folio i33 verso
du manuscrit 2327. — Il manque donc à cette place, je le répète, dans le
manuscrit de Saint-Marc un ou plusieurs folios entiers, disparus avant
1 époque où la pagination actuelle a été numérotée.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS l85
6° Les articles d'Agatharchide ne débutent pas au commencement d'une
page, mais à la 4^ ligne du folio 1 38 recto. Or les trois premières lignes appar-
tiennent à la suite d'un article « sur le jaunissement » (Saint-Marc fol.
iZ-j verso), article qui ne comprend que 14 lignes, dont 1 1 sur le folio 187
verso ; les 3 dernières forment le commencement du folio i38 verso.
Ce dernier article occupe deux feuillets de plus dans le manuscrit 2327
(fol. iioàii2): il se trouve donc mutilé paf un arrêt brusque dans le manus-
crit de Saint-Marc, et sans que le copiste s'en soit aperçu, puisque le copiste a
entamé un autre article, ayant son titre spécial. Il semble que cette solution
de continuité répondait, dans un manuscrit antérieur à celui de Saint-Marc
à une fin de cahier ou de folio, dont la suite aurait disparu ; tandis que
cette suite s'est conservée dans un manuscrit prototype du manuscrit 2327.
7" Les articles d'Agatharchide d'ailleurs semblent réellement une inter-
calation faite dans le manuscrit primitif; car l'article du jaunissement dans
le manuscrit 2327 est suivi précisément par les Mémoires authentiques
de Zosime, comme dans le manuscrit de Saint-Marc ; à cela près que le
titre et les cinq premières lignes manquent dans le manuscrit de Saint-
Marc.
8" Au folio ii5 (recto) du manuscrit de Saint-Marc se trouve un titre :
Ilepl çwTwv (sur. les feux), suivi d'ujie seule ligne : 'EXaçpà çw-aicajav ty;v té^vyiv
ôvafpépst. a Tout l'art consiste dans un feu léger », C'est tout ce qui reste à
cette place d'un traité qui existe in extenso dans le manuscrit 2327, folio 264
recto : la ligne précédente s'y retrouve, dans les g* et lo^ lignes qui suivent
le titre. Il y a encore là l'indice d'un ancien résumé, ou d'une mutilation,
faite sur un prototype qui s'est conservé dans le manuscrit 2327, et dont le
manuscrit de Saint-Marc n'a gardé qu'une trace.
Toutes ces lacunes et ces défauts de soudure sont, je le répète, utiles
pour constater 1' histoire des manuscrits.
Signalons encore quelques additions faites, à diverses époques, sur des
pages ou demi-pages blanches du manuscrit de Saint-Marc; additions dont
la reproduction dans les autres manuscrits peut servir à attester qu'ils déri-
vent, directement ou indirectement, de ce manuscrit type. Tels sont :
9° Le Labyrinthe de Salomon, avec ses 24 vers (v. Texte grec, I, xx), ajouté,
vers le xiv« ou xv« siècle, sur une page blanche, dont le recto porte divers
l86 CHIMIE DES ANCIENS
petits articles de l'ancienne écriture: le tout intercalé au milieu d'un traité du
Chrétien. On ne comprend pas bien pourquoi ce verso avait été laissé en
blanc à l'origine.
10" L'article sur la tutie,au folio i88 recto : écriture du xv« ou xvi" siècle.
1 1» La fabrication de l'argent, texte ajouté au bas du folio 194 verso : écri-
ture du XV* siècle.
120 Diverses additions initiales : traité de Nicéphore sur les songes, par
ordre alphabétique ; cercles astrologiques, etc., sur les feuilles de garde (i)
et les marges.
iS" Je signalerai encore les additions sur les scories et la formule de l'E-
crevisse, en écriture duxv^siècle, sur la première feuille de garde (v. p. i52).
14» Une addition du xv« siècle, ayant pour titre : AtaYpajjLiJLa ttjç {xeYàXT)?
•^XioupYfaç, au folio 62 recto.
i5o L'étude comparative des figures tracées dans les divers manuscrits
fournit aussi des renseignements très intéressants pour l'histoire des scien-
ces, comme pour la filiation des manuscrits. A ce dernier point de vue, je
signalerai, par exemple, un petit alambic, figuré en marge du traité de
Synésius, dans le manuscrit 2325 (fol. 23 verso), et dans le manuscrit 2327
(fol. 33 verso); tandis qu'il manque dans le manuscrit de Saint-Marc, à la
même place (fol. 74 recto).
Les figures de la Chrysopée de Gléopâtre, celles des appareils à distilla-
tion et des appareils à digestion dans les divers manuscrits donnent aussi
lieu à une discussion très importante : je l'ai développée plus haut dans un
article spécial.
IV. — Manuscrits de l'Escurial.
Il existe à l'Escurial deux manuscrits alchimiques qui soulèvent des
questions intéressantes. Ces manuscrits, les seuls sur cette matière qui
aient survécu à un incendie de la Bibliothèque survenu en 1671, provien-
nent de la Bibliothèque de Hurtado de Mendoza; ils ont été copiés au
xvi« siècle. Ils ont été visités en 1843 par Emm. Miller, qui a publié un
catalogue de leur contenu.
(i) Une partie de celles-ci sont palimpsestes, la vieille écriture ayant été grattée.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 187
L'un d'eux, $-1-1 1 (Miller, p. 146), reproduit les titres et l'ordre du manu-
scrit 2827 de la Bibliothèque de Paris, même dans les additions intercalaires
faites après coup ( i ) ; il les reproduit avec une telle fidélité que je ne doute pas
qu'il n'ait été copié directement sur ce manuscrit.
L'autre mérite un examen plus approfondi; car on a supposé qu'il conte-
nait les traités perdus de Justinien et d'Héraclius. Miller, dans son ouvrage
sur les manuscrits grecs de l'Escurial, page 416, le désigne, d'après le cata-
logue officiel, par les signes ^-1-13. Il s'exprime ainsi.
a Voici le détail de tous les ouvrages contenus dans le manuscrit :
1. Traité d'Etienne d'Alexandrie sur Fart de faire de l'or.
2. De la chimie, adressé par l'empereur Héraclius à Modeste d'Hagio-
polis.
3. De la fabrication de l'or, par l'empereur Héraclius.
4. SuXXoYoç sur ceux qui cherchent la pierre philosophale, par l'empereur
Héraclius.
5. Lettre de l'empereur Justinien sur l'alchimie.
6. De l'art divin, par Justinien.
7. AiàXe^tç, adressée aux philosophes par l'empereur Justinien.
8. Sur la fabrication de l'or, par Comarius.
9. Dialogue des philosophes et de Cléopâtre.
10. Poème d'Héliodore sur l'art sacré.
11. Vers iambiques de Théophraste sur Fart sacré.
12. d° Hiérothée d°
i3. d° Archélaûs d»
14. Pélagius sur la Ghrysopée.
i5. Ostanès à Pétasius sur l'art sacré.
16. Démocrite de porphyrd,etc.
17. Démocrite, itepi «jy^ixcu 'TroiiQaewç.
18. Scholies de Synésius sur la physique de Démocrite, à Dioscorus.
19. De l'eau sacrée, par un anonyme.
(i) Par exemple, l'article de Zosime i les poids et mesures, dans des feuilles
sur l'asbestos, intercalé entre la lettre originairement blanches du manu-
de Psellus et le traité de Cléopâtre sur i scrit 2337.
l88 CHIMIE DES ANCIENS
20. De la Chrysopée, par un anonyme.
21. Zosime, Tcspl àpexT);, x. t. X.
22. Chapitre d'Agathodémon .
23. Chapitres d'Hermès, Zosime, Nilus, Africanus.
24. Zosime à Eusebia, sur l'art sacré.
25. Olympiodore sur Zosime.
26. Zosime à Théodore, vingt-cinq chapitres.
27. De la Chrysopée, par un anonyme.
28. Pappus, sur l'art sacré.
29. Moïse, 7:zp\ StTcXwjeioç ^(puaoy.
30. Chapitres d'Eugénius et d'Hiérothée.
3 1 . Zosime, iiepl ôpyavwv xal xajxfvwv.
32. Zosime, sur l'eau sacrée.
33. Zosime, irepl ôpYavwv xal xajJiCvwv YVi^<Tia ÛTCO[i.vi^(xaTa.
« Les articles suivants ne se trouvent pas dans le manuscrit; mais ils sont
indiqués dans une table placée en tête du volume, comme existant primiti-
vement.
34. BaçT] "ijToi [i.eTa6oXy] xupo^^àXxou Tupoç iaTzpoy^iXv.ou.
35. BaipY) otal Tuoiïjaiç toO tvSixou diSi^pou.
36. BaçY) TCpoç ^(<pT) Y-où èpYaXeTa Xa^eutixi.
37. Ilcpi à(j-f\[io\j y.al ûâpapytipou xal xivvaêapewç xoCvjfftç.
38. Extrait de Cléopâtre sur les mesures.
39. riept eùjTaôeiaç Tou 5(puŒOI3, par un philosophe chrétien.
40. De la Chrysopée, par le même.
41. Ilepi (foup[ji.wv /.ai xfXwv xoiT^ffewç.
42. Hepl Siaçopôtç {xoX{6§o'j xai xepl ^fpuaoTCexâXwv.
43. Lexique pour la Chrysopée.
44. Autres chapitres de différents poètes sur la Chrysopée.
(Puis deux articles indiqués comme existant dans le manuscrit.)
45. Vers deNicéphore sur les songes.
46. Synésius sur les songes. »
Cette liste est fort étrange, dans la forme même donnée par Miller. C'est
un mélange de mots grecs, de mots latins et de mots français traduits du
grec ; mélange dont on ne comprend pas bien l'utilité, si les titres ont été
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 189
relevés fidèlement par Miller. Les mots traduits contiennent eux-mêmes
de singuliers contresens. Par exemple, à l'article (2), au lieu de Modeste
d'Hagiopolis, ii y a dans la vieille liste grecque de Saint-Marc : MoSecrrov
Sépapxov Tïj; ày^aç xoXswç : Modestus, préfet de la ville sacrée, c'est-à-dire
de Constantinople.
L'article (18) porte : scholies de Synésius sur la physique de Démocrite ; ces
derniers mots traduisent xà cpuaixà, dont le sens est tout différent.
De même à l'article 44 il ne s'agit pas de « poètes », mais de chimistes
opérateurs (ttoiTjTwv). Il semble que Miller ait copié un vieux catalogue, dû à
un auteur qui ne savait pas bien le grec, sans se donner la peine de le refaire
lui-même.
Si nous examinons la liste en elle-même, nous la trouvons, comme titres et
ordre relatif (sauf légères variantes), parfaitement conforme à la vieille liste
qui se trouve en tête du manuscrit de Saint-Marc (fol. 2 à 5), liste que j'ai
transcrite dans l'un des articles précédents (p. 174). Or le contenu actuel du
manuscrit de Saint-Marc ne concorde pas avec cette liste, ni comme matière,
ni comme ordre relatif.
Ces détails étant donnés, une question capitale se présente : le manuscrit
de l'Escurial renferme-t-il réellement, comme le catalogue de Miller
semblerait l'indiquer, six à huit traités qui manquent dans tous les
autres.? La question avait beaucoup d'importance pour la présente publi-
cation.
J'aurais désiré la vider en examinant moi-même le manuscrit de l'Escurial.
Mais le prêt à l'étranger, d'après ce qui m'a été répondu, est absolument
interdit aux bibliothèques espagnoles. Heureusement j'ai pu y suppléer et
résoudre complètement la question, grâce à l'obligeance de notre ambas-
sadeur, de M. de Laboulaye, et de l'un des secrétaires de l'ambassade, M. de
Loynes. Je lui ai adressé les titres exacts, en grec et en latin, des 18 premiers
articles de la vieille liste de Saint-Marc, avec prière de vérifier s'ils existaient
dans le manuscrit de l'Escurial; et, dans ce cas, de relever la première et la
dernière ligne de chacun d'eux ; enfin de rechercher dans la 9® leçon un
passage caractéristique, celui où la leçon de Stéphanus est interrompue
brusquement dans le manuscrit de Saint-Marc, sans aucun indice apparent
de solution de continuité ; le manuscrit donnant à la suite la fin du dialogue
IQO CHIMIE DES ANCIENS
des philosophes et de Cléopâtre. Cette lacune et cette juxtaposition font suite,
comme je Tai dit plus haut (p. 182) aux mots : xal £xa(jTov aù-cûv èv t^ yt3
xéxpuicrati èv -rt) tâ(a 86^y), et la suite débute aussitôt par : xal u|X£Îç, w ç(Xoi,
otav TTjv réxvTjV xaÙTTjv tt)v xeptxaXfJ PoiiXeaôe...
M. de Loynes a eu l'obligeance de passer deux jours à l'Escurial pour
faire cette vérification et cette recherche.
Il a transcrit exactement les 17 premiers articles du catalogue grec placé
en tête du manuscrit ^-I-i3, catalogue qui se trouve exactement conforme
à la vieille liste de Saint-Marc, tel que je l'ai reproduit ci-dessus (p. 174) :
la traduction donnée par Miller est donc incorrecte. Puis il a relevé les neuf
leçons et la lettre de Stéphanus, en en transcrivant le titre, la première
ligne, la dernière ligne et en indiquant le nombre des folios de chacune
d'elles : le tout concorde très exactement avec le texte du manuscrit de
Saint-Marc, sauf quelques variantes d'orthographe sans importance. Les
10 premiers numéros étant ainsi reconnus identiques, M. de Loynes a
vérifié que les huit numéros suivants de la vieille liste (n^^ 12 à 18 de la p. 1 74)
manquent absolument dans le manuscrit de TEscurial. La dernière ligne de
la dernière leçon de Stéphanus s'y trouve suivie immédiatement par le
poème d'Héliodore, lequel forme notre numéro 19 : le titre, le premier et
le dernier vers ont été relevés.
Les traités disparus dans le manuscrit de Saint-Marc n'existent donc pas
davantage dans le manuscrit de l'Escurial.
Ce n'est pas tout : la lacune et la j uxtaposition finales de la 9* leçon de Stépha-
nus se retrouvent exactement, avec les mêmes mots, dans le manuscrit de
l'Escurial ; ce dernier poursuit de même, sur une étendue comparable, et la
9« leçon se termine, par les mêmes mots : èvtaûôa yàp ttJ? 9iXûaoç{ai; ^ t^X''"')
îCêTcXi^pwtat (î).
Il y a plus : en marge, après les mots lâ(a U^ri du manuscrit de l'Escurial,
il existe un renvoi d'une autre écriture, postérieure au manuscrit, lequel con-
tientles mots suivants, que M. de Loynes a eu l'obligeance de décalquer sur un
papier transparent : èvxeQôev àp^^exat ict xo[xap(ou xou (piXoaôtpou xal ipyiéptiùq
StSâffxovToç xXeoTCûtTpaç; c'est-à-dire « ici commence l'écrit de Comarius,philo-
(i) Voir page 182.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS igi
sophe et grand prêtre, maître de Cléopâtre ». Quelqu'un des lecteurs du
manuscrit s'était donc aperçu de la lacune et de la juxtaposition ; probable-
ment d'après l'autre manuscrit, copié, ainsi que Je l'ai dit, sur le 2327, où
cette lacune n'existe pas.
La question de savoir si les manuscrits de l'Escurial ont une valeur ori-
ginale et renferment quelque traité perdu, qui n'aurait pas subsisté ailleurs,
est donc ainsi vidée. En fait, l'un de ces manuscrits est une copie du 2327
et l'autre, une copie du manuscrit de Saint-Marc.
V. — Manuscrits alchimiques grecs du Vatican et des Bibliothèques
de Rome.
Ces manuscrits ont été en i885 l'objet d'un examen détaillé par mon fil»
André Berthelot, membre de l'Ecole française de Rome, examen consigné
dans un rapport publié Cette année dans les Archives des Missions scien-
tifiques (3' série, t» XIII, p. 8 19 à 854). J'en extrais les indications suivantes»
Le principal manuscrit est à la bibliothèque du Vatican. Il porte le numéro
1 174. Il est écrit sur papier et parait être du xv* siècle. Il comprend i55
folios, de 21 à 22 lignes à la page. 100 folios seulement appartiennent au
texte original ; 18 ont été recopiés à une époque tout a fait récente. Il a beau-
coup souffert et renferme de graves lacunes, dont certaines ont été comblées
par Angelo Mal, au xix« siècle. Plusieurs folios ont été ajoutés.
Ce manuscrit a été connu par Léo Allatius, dans son état originel et il
formait probablement l'une des bases du projet (non exécuté) que ce savant
avait formé, relativement à la publication dès manuscrits alchimiques grecs»
Les traités qu'il renferme sont les mêmes que ceux des autres manuscrits,
mais avec des différences très notables dans l'ordre relatif. En outre, il a été
mutilé. Il y manque une partie de Zosime, de Stéphanus, des poètes, ainsi
que les traités de Comarius, Pelage, Sophé, Ostanès, etc.
Il comprend :
I et III. — Les Physica et mystica de Démocrite, en deux fragments dis-
tincts; la teinture en pourpre (fol. 33 à 35) étant séparée du reste (fol. i à lo).
II et X. — Deux fragments d'OIympiodore (fol. 1 1 à 33 et fol. 71 à 73). Le
second fragment forme le début du traité, tel qu'il existe dans le manuscrit
ig2 CHIMIE DES ANCIENS
de Saint-Marc. Entre deux, ilmanque trois paragraphes (xpuiîôxoX>va,mvoç T:pw-
xoç, Tïi'voç Seôxepoç).
IV. — Un traité de l'Anonyme dédié à l'empereur Théodose, sur l'œuf
(fol. 35 à 42). Le nom de de Théodose ne figure pas dans le manuscrit de
Saint-Marc.
V. — Un traité de Zosime sur les fourneaux (fol. 42 et suiv.). La fin a dis-
paru. Il est interrompu après ces mots : « Marie a décrit beaucoup d'appa-
reils, non destinés à la distillation des eaux; mais elle a donné beaucoup de
figures de kérotakis et d'appareils de fourneaux (i). »
VI. — Un fragment intercalaire (fol. 45 à 49), transcrit plus récemment.
VII et IX. — La neuvième leçon de Stephanus (fol. 54 a 68), avec la même
lacune que dans le manuscrit de Saint-Marc). Le texte est à peu près confor-
me à celui d'Ideler, avec addition finale des mots evxaliôa yàp' xf,q <^ikoao<^iaq
■i] TÉ^vYj xexÀi^pwTa'.. La finale et la lacune (7% p. 182) sont caractéristiques.
La fin de la lettre de Stephanus à Théodose (fol. 70), complétée de la main
d'Angelo Mai, forme le IX.
VIII, — Le poème d'Héliodore: 49 vers seulement (fol. 69).
XL — Le traité de l'Anonyme : sur l'eau du blanchiment (fol 73 à j5).
XII. — Autre traité de l'Anonyme (fol. y 5 et suiv.), incomplet.
XIII. — Synésius (fol. 79 à 91 .)
XIV. — Le lexique (fol. 91 à 93), jusqu'à la lettre K.
— Puis vient une lacune (fol. 94 à i o i ) .
XV. — Petits traités techniques (fol. 102 à 112).
— Les folios 120 à 126 sont en blanc. — Le texte reprend aux folios 127
jusqu'à i3o. — Aux folios i3r à i32, lacune. — Puis le texte recommence
(fol. 133-134).
Ces petits traités techniques existent dans les autres manuscrits connus.
J'en reproduis ici la liste, à cause delà dédicace de certains de ces traités
à Théodose, dédicace qui manque dans le manuscrit de Saint-Marc : ce qui
indique que le manuscrit 1 174 du Vatican dérive directement, ou indirecte-
ment, d'une source un peu différente :
Economie du corps de la magnésie — Calcination des corps — L'ochre
(i) Manuscrit de Saint-Marc, folio 186, avant-dernière ligne.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS IqS
— Eau de soufre — Sur les mesures, adressé au grand Empereur Théo-
dose— Sur le soufre, adressé au même empereur— -Ce qui est substance
et non substance — L'art parle d'une seule teinture, adressé à Théodose
— Les quatre éléments nourrissent les teintures (les sept dernières lignes de
ce traité manquent) — Ensuite il existe une lacune — Puis vient la fin d'un
fragment : Diversité du cuivre brûlé — Eau divine tirée de tous les liquides
(avec figures, connues d'ailleurs) — Recettes diverses.
XVL — Traité de Cléopâtre sur les poids et mesures; incomplet (fol. i34
à i36. — Lacune (fol. iSjà 144).
XVII. — Liste des signes (fol. 145 à 146).
XVIII. — Fin du Lexique (fol. 146 à 147).
XIX. — Chapitres de Zosime à Théodore (fol. 147).
XX. — Traités techniques (fol. 148 à i5o). — Chrysopée de Cléopâtre et
serpent Ouroboros, muni de pattes — Lacune (fol. i5i à i52).
— Fragments (fol. i53-i55).
Ces textes sont en général conformes au manuscrit de Saint-Marc, à la
famille duquel ilsse rattachent, quoique avec de notables différences, lesquelles
indiquent une dérivation non identique, quoique parallèle. On trouvera à
cet égard des détails circonstanciés dans la publication de M. André Ber-
thelot, à laquelle je me borne à renvoyer.
VI. — Manuscrits de Gotha ou d'Altenbourg et de Munich.
Le manuscrit de Gotha se trouvait à l'origine à Altenbourg: de là deux
noms distincts d'origine pour un même manuscrit, lesquels ont amené
quelques erreurs. La liste des opuscules qu'il renferme a été publiée dans
les Beitràge \ur altern Litteratur (Bibliothèque de Gotha) von Fr.
Jacobs und F. A. Ukert, Leipzig, i835, p. 216. J'ai collationné cette liste
avec soin. Le manuscrit lui-même a été examiné par mon fils André Ber-
thelot, ainsi que celui de Munich. Il résulte de cet examen que le manus-
crit de Gotha est copié purement et simplement sur celui de Munich, ainsi
que les manuscrits de Weimar et de Leipzig, examinés pareillement. Celui
de Munich lui-même a été copié en majeure partie sur le manuscrit de
Saint-Marc.
13
194 CHIMIE DES ANCIENS
Les deux copies de Gotha et de Munich répondent aux folios S-iqS du
manuscrit de Saint-Marc. Mais le copiste a ajouté à la suite et comme com-
pléments (fol. 204 à 2i5 du manuscrit de Gotha) sept morceaux qui man-
quent dans le manuscrit de Saint-Marc, notamment la lettre de Psellus,une
partie des signes, une 2« copie d'Ostanès, la lettre de Démocrite à Leucippe
le discours d'Isis à son fils, suivi par le mélange du remède blanc, et
les noms des faiseurs d'or. Les morceaux nouveaux existent d'ailleurs dans
le manuscrit 2327 et ils ont dû être empruntés soit à ce manuscrit, soit
à un manuscrit pareil.
Grûner, vers la fin du xviii* siècle et au commencement du xix^ siècle, a
tiré de ce manuscrit quelques petits articles : sur la bière et l'huile aroma-
tique (attribués à tort à Zosime); la première leçon de Stéphanus ; les ser-
ments hermétiques; sur la trempe du bronze; sur la trempe du fer; ces der-
niers ont été reproduits dans les Eclogœ physicœ de Schneider, p. 95, 96);
sur la cadmie (Ka6[j,(a;x>vÛŒtç); sur la fabrication du verre. Enfin l'éditeur a
copié à la suite un morceau tout différent, ayant pour titre: 6 oty.cç 6 xepl
auvàCwv Tcavta (v. manuscrit 2827, fol. 90 verso). Ces petits articles, publiés
dans des dissertations inaugurales et dans des programmes universitaires,
sont très difficiles à trouver. Plusieurs renferment, comme il vient detre
dit, des confusions singulières.
Les manuscrits de Vienne et deBreslau,exécutésparCornéliusde Nauplie,
à la fin du xvi* siècle, appartiennent à la famille du manuscrit de Venise,
avec quelques différences dans l'ordre relatif des traités. Le manuscrit de
la Laurentienne (Florence) est au contraire fort analogue au 2327.
Vn. — Comparaison du contenu du manuscrit de Saint-Marc, avec ceux
dun^ 23-25 etdu w» 2327 de la Bibliothèque nationale de Paris.
Attachons-nous à comparer les trois manuscrits fondamentaux que nous
avons surtout employés dans notre publication, savoir celui de Saint-Marc
(xi« siècle), le numéro 2325 (xni^ siècle) et le numéro 2 3 27 (xv« siècle), de Paris.
J'ai déjà donné une analyse développée du premier et du dernier de ces
manuscrits, dans mes Origines de l'Alchimie , mais je me propose de serrer de
plus près les comparaisons.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS Iq5
11 est facile de voir que ces manuscrits appartiennent à deux types très diffé-
rents. Voici quelques-uns de leurs caractères différentiels:
1° Le manuscrit de Saint-Marc contient des traités qui manquent dans
les deux autres, tels que le traité d'Ostanès (fol. 66), et les chapitres de
Zosime à Théodore (fol. 179 et suiv,).
2° La liste des signes y est plus ancienne et moins étendue ; question sur
laquelle je renverrai à la discussion qui a été développée dans ce volume,
p. 96 et suivantes.
3° Les figures des alambics ont une forme plus ancienne, ainsi que les
figures des digesteurs avec kérotakis ; ce dernier instrument ayant disparu
dans les figures du manuscrit 2327 (voir la discussion que j'en ai faite
p. i5o et 160).
4° La liste des opérateurs manque dans le manuscrit 2325. Dans le
manuscrit de Saint-Marc, elle offre des difïérences très sensibles par rapport
au manuscrit 2327 : parmi ces différences, je rappellerai le nom de Juliana.
Il s'agit probablement de cette Juliana Anicia, pour laquelle fut faite à la
fin du V. siècle de notre ère une copie de Dioscoride, copie célèbre et
magnifique, conservée autrefois à Constantinople avec un soin reli-
gieux et qui existe aujourd'hui à Vienne. Il semble donc que les pre-
miers auteurs de la liste des opérateurs, inscrite dans le manuscrit de
Saint-Marc, aient eu connaissance du manuscrit de Dioscoride.
5» Les articles relatifs à la trempe des métaux (fol. 104 et 1 18) sont plus
développés dans le manuscrit de Saint-Marc que dans les manuscrits 2325
et 2327. Mais ils ne contiennent pas la mention caractéristique du bronze
des portes de Sainte-Sophie (i), laquelle existe dans ces deux manuscrits.
60 Le passage d'Agaiharchide sur les mines d'or existe (sauf la fin) dans le
manuscrit de Saint-Marc, et il est conforme au fragment plus considérable
du même auteur, conservé par Photius. Il a probablement été transcrit sur
le texte même de Photius, car il n'offre que des variantes insignifiantes.
Dans le manuscrit 2325, ce passage manque.
Dans le manuscrit 2327, il a été remplacé par un résumé, qui en modifie
profondément la signification.
(i) Origines de l'Alchimie^ page io3.
196 CHIMIE DES ANCIENS
7° La Chrysopée de Cléopâtre, avec ses figures multiples, forme une
page entière du manuscrit de Saint-Marc, page que nous avons reproduite
(p. i32 du présent volume). Dans les manuscrits 2325 et 2327, ce titre a
disparu. Mais la figure principale, formée de trois cercles concentriques,
avec ses axiomes mystiques, est à la même place ; c'est-à-dire en tête du
mémoire de Zosime sur les instruments et fourneaux, avec lequel elle
s'est confondue. C'est là l'indice d'une rédaction plus moderne, pour cette
partie du moins, dans les 2325 et 2327. Toute cette comparaison a été dé-
veloppée, p. i34 à 137.
8° Au contraire, le labyrinthe de Salomon, figure cabalistique, offre une
physionomie très postérieure. Il a été transcrit vers le xiv° siècle et
après coup dans le manuscrit de Saint-Marc (v. p. 157). Maisil manque dans
les manuscrits 2325 et 2327. L'existence simultanée dans un même manus-
crit de la Chrysopée de Cléopâtre et du labyrinthe de Salomon peut être
regardée comme une preuve sans réplique, propre à établir que ce manuscrit
a été copié (par voie directe ou indirecte) sur celui de Saint-Marc.
90 Dans la Chrysopée de Cléopâtre, on aperçoit le serpent Ouroboros,
figuré simplement, avec Taxiome central £vto7:5v, au-dessous des cer-
cles concentriques. Mais ce serpent n'accompagne pas les trois cercles
concentriques dans les manuscrits 2325 et 2327. En outre, dans Saint-
Marc, il n'a pas de pattes. Dans le manuscrit 1 174 du Vatican, on trouve
aussi une figure simple du serpent, mais avec quatre pattes. Dans le
manuscrit 2327, il y a deux grandes figures du serpent, avec quatre pattes,
l'une avec deux anneaux, l'autre avec trois anneaux coloriés (figure
34, p. 157), sans légende intérieure, mais avec une page entière de com-
mentaires [Texte grec, I, V, et I, vi), tirés en partie de Zosime et d'Olym-
piodore.
10° Plusieurs traités de l'Anonyme, sans dédicace dans le manuscrit
de Saint-Marc, sont adressés à l'empereur Théodose dans d'autres manu-
scrits, tel que celui du Vatican (v. p. 192). Il y a là l'indice d'une filiation
spéciale.
Le nom de Sergius, auquel sont adressés quelques traités du Philosophe
Chrétien, donne lieu à des remarques analogues; car il n'existe pas dans
tous les manuscrits.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS IQJ
1 1° Le manuscrit 2325 ne renferme pas les poètes ; ceux-ci devaient donc
former à l'origine une collection à part.
J2° Le manuscri^t 2325 ne renferme aucun traité de vieil auteur impor-
tant, qui ne soit dans le manuscrit de Saint-Marc.
Il contient en moins le traité d'Ostanès, les chapitres de Zosime à Théo-
dore, le serment dePappus, le traité de Cléopâtre (poids et mesures) et quel-
ques autres articles ; articlesquimanquentégalementdanslemanuscrit2327.
La liste des signes offre certaines confusions et diversités (v. pages 97 et
98 du présent volume).
Le manuscrit 2325 ne contient aucune trace des traités de Comarius.
Il contient en plus, par rapport à Saint-Marc, certains traités techniques,
tel que celui de l'arabe Salmanas sur les perles, et la fabrication des éme-
raudes et autres pierres colorées, d'après le livre du Sanctuaire. La Chry-
sopée de Gosmas est ajoutée à la suite, d'une écriture plus moderne et
presque eflfacée.
Dans le manuscrit 2325, l'ordre relatif est absolument, et du commen-
cement àla fin, le même que celui du manuscrit 2327. Ce dernier dérive évi-
demment d'un type commun, mais complété par des intercalations et ad-
ditions considérables.
Au contraire, l'ordre relatif est très différent entre ces deux manuscrits et
le manuscrit de Saint-Marc: on y reviendra.
i3° Examinons les traités qui manquent dans le manuscrit de Saint-Marc
et qui existent dans le manuscrit 2327. Parlons d'abord de ceux qui portent
des noms d'auteurs.
Le manuscrit 2327 débute par la lettre de Psellus adressée à Xiphilin.
Dans certains manuscrits, cette lettre est adressée à Michel Cérularius ;
ridentité complète des deux lettres aurait besoin d'être vérifiée.
Le traité de Comarius se trouve dans le manuscrit 2327, sous sa forme
la plus complète.
Je signalerai encore :
Le traité de Jean l'archiprêtre, qui manque dans le 2325 ;
Le traité de Salmanas et celui des cmeraudes, qui s'y trouvent au con-
traire, ainsi que la Chrysopée de Gosmas, transcrite à la suite et à une époque
postérieure dans le 2325 ;
198 CHIMIE DES ANCIENS
Les livres de Sophé (Chéops);
La lettre d'Isis à Horus ;
Le livre de Démocrite à Leucippe ;
Le traité d'Agathodémon sur l'oracle d'Orphée ;
La coction excellente de l'or, avec les procédés de Jamblique ;
La chimie domestique de Moïse ;
14° Enfin, parmi les articles anonymes manquant dans le manuscrit de
Saint-Marc, et existant dans le manuscrit 2327, on peut citer :
La liste des faiseurs d'or (manquant dans le 2325).
Ainsi que tous les articles et traités consécutifs, tels que :
Le serpent figuré, avec commentaires ;
Le travail des quatre éléments ;
L'assemblée des philosophes ;
L'énigme alchimique, dont les vers existent cependant à Tétat séparé
dans une addition postérieure du manuscrit 2325 ;
La liste planétaire des métaux ;
La liste des mois ;
Le traité de la fusion de l'or.
Et diverses additions finales (voir Origines de l'Alchimie^ p. 346).
i5° La lettre d'Isis à Horus mérite d'être signalée, comme élément de
classification des manuscrits, autres que celui de Saint-Marc. En effet,
elle existe sous deux rédactions très différentes dans le manuscrit 2327
et dans le manuscrit 225o (Texte grec, L xiii et I, xiii bis). Il y a aussi de
grandes différences entre les divers textes d'Olympiodore.
16° Au point de vue de l'ordre relatif, les parties communes de la plupart
des manuscrits offrent souvent de très grandes différences. Le manuscrit
2327, en particulier, présente un essai de coordination systématique, qui fait
défaut dans les parties semblables de celui de Saint-Marc. En effet, on y voit,
à la suite de la lettre de Psellus, sorte de préface, des indications géné-
rales, telles que : le traité de Cléopâtre sur les poids et mesures, lequel
figure au contraire au milieu du manuscrit de Saint-Marc, et qui était
même placé vers la fin dans l'ancienne liste de ce dernier.
Puis viennent dans le manuscrit 2327 : les signes, lesquels sont au début
du manuscrit de Saint-Marc ;
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS igg
Et le lexique, qui ne se trouve que vers les deux tiers de ce dernier
manuscrit (presqu'à la fin dans l'ancienne liste).
Dansle manuscrit 2327, on litensuite les traités de Démocrite, de Synésius
et de Stéphanus, le premier étant le plus ancien, et les autres représentant
des commentaires successifs de ce traité.
Tandis que dans le manuscrit de Saint-Marc, on débute par Stéphanus;
les poètes; Pelage, qui est rejeté vers la fin du manuscrit ili-j ; Ostanès,
qui y manque ; puis viennent Démocrite et Synésius : c'est-à-dire qu'il
n'existe aucun ordre systématique dans ce manuscrit.
170 Les poètes, qui suivent Stéphanus dans le manuscrit de Saint-Marc,
sont placés beaucoup plus loin, et avant la liste des faiseurs d'or, dans le
manuscrit 2827. Leur texte offre des différences considérables, suivant les
manuscrits.
18° Le serpent et Olympiodore manquent dans le manuscrit 2325.
Le dernier texte est à part dans les manuscrits qui le contiennent et il
offre des variantes très notables.
190 Les traités de Zosime sur les fourneaux et appareils viennent pareil-
lement après. Seulement, dans le manuscrit 2327, c'est une répétition de
traités déjà transcrits une première fois à la suite de Stéphanus : ce qui
indique que le copiste puisaità deux sources différentes (v. p. 169 sur le ma-
nuscrit Ru. 6 de Leide). Le texte de ces traités offre de grandes variantes,
qui vont parfois jusqu'à des rédactions distinctes, quoique parallèles.
20° Les additions initiales et finales, faites sur les pages de garde, marges
et parties blanches des manuscrits, sont très importantes pour en marquer la
filiation. Je citerai : dans le manuscrit de Saint-Marc l'addition de la première
feuille sur la scorie, avec paroles et signes magiques (v. p. i5i), et le traité
sur les songes de Nicéphore ; ^
Dansle manuscrit 2327, la lettre de Psellus au début, les fragments sur la
colle, sur Tasbestos (i), etc., et vers la fin, le dire de Rinaldi Telanobebila
(Arnaud de Villeneuve), etc.. (voir Origines de l'Alchimie, p. 336 et 346).
Il y a encore bien d'autres différences de détail dans la distribution des
(i) C'est l'article : Zosime dit sur la 1 entre la préface de Psellus et le traité
Chaux, ajouté sur des pages blanches, | de Cléopâtre.
20O
CHIMIE DES ANCIENS
traités du Chrétien et de TAnonyme, mais moins importantes. Les remarques
précédentes sont d'ailleurs assez nombreuses et minutieuses pour permettre
de caractériser les filiations des manuscrits.
VIII. — Hypothèses générales sur Vorigine et la filiation des manuscrits
alchimiques grecs.
D'après Tensemble des observations que J'ai recueillies, l'origine des ma-
nuscrits alchimiques grecs pourrait être établie avec quelque probabilité
de la manière suivante :
i" Il existait en Egypte, avant l'ère chrétienne, des groupes de recettes
techniques, relatives à l'orfèvrerie, à la fabrication des alliages et des métaux
pour les armes et les outils, à la fabrication du verre et des émaux, à la tein-
ture des étoffes, à la matière médicale.
L'emploi de ces recettes était accompagné par certaines formules ma-
giques.
Le tout était transmis traditionnellement, comme secret de métier, depuis
une époque fort reculée, avec le concours de signes hiéroglyphiques, des-
tinés à servir de mémentos, plutôt qu'à exposer le détail des opérations (i).
Ces signes étaient inscrits sur des stèles ; ils étaient anonymes, comme
toute la science égyptienne d'alors. Il semble qu'il y avait aussi des textes
écrits en démotique sur papyrus ; tels étaient le Livre du Sanctuaire, cité à
plusieurs reprises, et le texte transcrit dans le papyrus V de Leide (p. 8 du
présent ouvrage).
2° Vers l'ère chrétienne, on commença à écrire en grec (sur papyrus), les
recettes etles formules magiques, d'une façon précise et détaillée. Une partie
de ces recettes nous ont été transmisesdansles écrits de Dioscoride, de Pline
et de Vitruve.
Les papyrus de Leide, écrits au iii^ siècle, mais dont le texte est plus ancien,
fournissent le détail précis et authentique de quelques-unes d'entre elles (ce
volume, article I). La plupart decesrecettessontclaires, positives; elles con-
(i) Voir ce que j'ai dit sur la Chry-
sopée de Cléopâtre et sur la formule
de l'Ecrevisse, pages 137 et i53 à
i55.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 201
cernent l'imitation, parfois frauduleuse, de l'or et de l'argent, ainsi que la
fabrication de l'asèm, alliage doué de propriétés intermédiaires. Dioscoride
et le papyrus V ont conservé le nom de certains des auteurs d'alors, tels que
Phiménas (Pammenès) et Pétésis. Il existait un grand nombre de papyrus
analogues ; mais la plupart ont été détruits systématiquement par les
Romains, vers le temps de Dioclétien. Cependant il est incontestable qu'un
certain nombre de recettes relatives à l'asèm et à d'autres sujets, conservées
dans nos manuscrits actuels, offrent un caractère semblable à celui du papy-
rus et remontent probablement à la même époque. Le traité des émeraudes et
pierres vitrifiées, « d'après le Livre du Sanctuaire », a été reproduit sans
doute de vieux textes analogues, et il en est probablement de même du traité
des perles, qui nous est venu sous le nom de l'arabe Salmanas: c'est vrai-
semblablement l'auteur des derniers remaniements de ce traité technique.
3° A la même époque, c'est-à-dire vers la fin du règne des Ptolémées, il exis-
tait des écoles gréco-égyptiennes, participant dans une certaine mesure de la
science hellénique: j'ai signalé spécialement une écoledémocritaine,àlaquelle
appartenait Bolus de Mendès : cette école mit ses écrits sous le patronage
du nom vénéré de Démocrite [Origines de r Alchimie, p. 1 56 et suiv.). Il nous
en est parvenu un traité [Physica et rnystica), formé de trois fragments, l'un
magique, l'autre relatif à la teinture en pourpre, le dernier à la fabrication,
ou plutôt à l'imitation de l'or et de l'argent. Les recettes du dernier fragment
sont analogues à celles du papyrus de Leide ; quelques-unes même iden-
tiques. Mais, dans les écrits de cette école, les recettes positives sont associées
à des interprétations mystiques, association que l'on ne trouve pas dans les
papyrus de Leide; quoique la magie abonde dans ces derniers.
4" L'Ecole Démocritaine d'Egypte a créé une tradition scientifique, spé-
cialement en alchimie; tradition qui s'est prolongée jusqu'au vii^ siècle de
notre ère, par toute une suite d'écrits originaux et de commentaires, lesquels
forment la partie principale de nos collections actuelles.
Les auteurs qui l'ont continuée au début étaient des gnostiques, des païens
et des juifs, qui ont développé de plus en plus le symbolisme mystique.
Le principal auteur venu jusqu'à nous, Zosime, semble avoir constitué
vers la fin du m® siècle, une sorte d'encyclopédie chimique, reproduisant
spécialement les traités de Cléopâtre, sur la distillation, ceux de Marie la Juive,
202
CHIMIE DES ANCIENS
sur les appareils à digestion, ceux de Pamménès et de Pétésis,surles alliages
métalliques, etc. Nous possédons près de i5o pages tirées des ouvrages de
Zosime, sous la forme d'extraits faits plus tard par des Byzantins, non sans
quelques additions ou interpolations, dues aux commentateurs.
Les écrits d'Africanus, auteur aujourd'hui perdu, seraient du même temps
que Zosime. Nous en avons quelques fragments dans nos textes alchimiques.
50 Vers la même époque que Zosime et Africanus remontent les écrits
pseudonymes attribués à Sophé (Chéops), qui rappellent un texte d'Africa-
nus, compilé par Eusèbe(i).
Avant Zosime également, ou vers le même temps, ont été écrits les frag-
ments attribués à Hermès, à Agathodémon, les écrits du Pseudo-Moïse, les
recettes de Jamblique, ainsi que la lettre d'Isis à Horus.
6» Entre le faux Démocrite et Zosime, semblent aussi se placer les écrits
d'Ostanès, de Pelage, de Comarius, de Jean l'Archiprêtre. Mais, sous la
forme où nous les possédons, ces écrits manquent d'authenticité. Il est diffi-
cile d'y distinguer la trame originale des interpolations successives faites
par les moines chrétiens d'Alexandrie et de Byzance.
7° C'est au même temps que remonterait la première rédaction des textes
actuels des traités techniques sur le verre, les perles artificielles, la trempe
des métaux, etc.; textes qui se rattachent à une tradition beaucoup plus
ancienne, mais qui ont été remaniés à diverses reprises, pendant le cours
des siècles.
8° Vers le temps des deux empereurs Théodose, on trouve le commentaire
de Synésius sur Démocrite, qui est l'ouvrage le plus philosophique de toute
la série, et le groupe des poètes, complété plus tard.
9° Olympiodore, auteur un peu postérieur, se rattache aussi aux commen-
tateurs Démocritains.
10" La tradition se continue par le Philosophe Chrétien, par l'Anonyme,
et par Stéphanus, jusqu'au v[i« siècle de notre ère. Les traités pseudonymes
d'Héraclius et de Justinien, aujourd'hui perdus, seraient aussi decette dernière
époque; car ils ont précédé les Arabes, qui citent fréquemment Héraclius.
(1) Origines de l'Alchimie, p. 58. Les
traités astrologiques et autres de Zoroas-
tre, Manéthon, Pythagore, seraient
aussi du même temps.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 203
1 1° Vers le vii^ ou le vni« siècle de notre ère s'est constituée une première
collection, qui semble avoir été formée autour du commentaire de Sté-
phanus, avec adjonction des auteurs de l'Ecole Démocritaine et des premiers
commentateurs. Cette collection, grossie parcelle des poètes et par plusieurs
autres dont j'ai donné la liste (p. 178), et reprise parmi les 53 séries de
Constantin Porphyrogénète, au x^ siècle, aurait servi à constituer le pro-
totype, duquel dérivent la vieille liste de Saint-Marc et le manuscrit de
Saint-Marc.
Cependant un certain nombre de mémoires d'auteurs renommés, de recettes
partielles et plusieurs traités techniques n'étaient pas compris dans cette
collection. Ils sont entrés plus tard dans d'autres collections, fondues
avec la principale dans le manuscrit» 2325, et depuis, avec des additions plus
étendues, dans le manuscrit 2327.
Les traités de Cosmas et de Blemmydès sont postérieurs.
12° Je pourrais essayer d'expliquer maintenant plus en détail, comment
la collection primitive, modifiée par des additions successives, a constitué
plusieurs prototypes, dont le principal (O) répondait au manuscrit qui a
précédé la liste initiale du manuscrit de Saint-Marc.
De ce prototype a dérivé un manuscrit (P), répondante cette liste.
Mais il a perdu plus tard les cahiers qui renfermaient les traités attribués
à Héraclius et à Justinien et il a formé alors un autre type (Q).
C'est à cet autre type que se rattache le manuscrit 2327, quoique non direc-
tement. En effet, il a été grossi par l'adjonction de traités tirés d'un autre
prototype, contenant par exemple Jean l'Archiprétre, la lettre d'Isis, etc.;
A un certain moment, le type (Q) a éprouvé une mutilation, vers la tin
des leçons de Stéphanus, et il a perdu plusieurs feuillets, comprenant cette fin
et le commencement du traité de Comarius. Cette mutilation n''a pas coïn-
cidé avec la première, attendu que le manuscrit 2327 contient la fin de
Stéphanus et le traité de Comarius ; tandis que les traités d'Héraclius et de
Justinien y manquent.
C'est plus tard qu'un copiste ignorant, ayant transcrit à la suite le manus-
crit mutilé, sans s'apercevoir de la lacune, a constitué le type (R), qui est
celui du manuscrit actuel de Saint-Marc ; une lacune analogue y a mutilé
le traité du jaunissement, etc. ;
204 CHIMIE DES ANCIENS
Le manuscrit de Saint-Marc a perdu dans le cours des siècles un ou
plusieurs folios, à la fin des fragments d'Agatharchide ;
Il a eu plusieurs cahiers transposés par le relieur, cahiers qu'il a conservés
d'ailleurs;
Enfin il a éprouvé diverses additions, telles que le Labyrinthe de Salo-
mon et quelques autres, aux xv® et xvi« siècles. C'est ainsi quUl nous est
parvenu.
La filiation des manuscrits 2325 et 2827 est plus complexe. Rappe-
lons d'abord que le contenu et l'ordre relatif du manuscrit 2325, le plus
ancien des deux (xni« siècle), se retrouve exactement dans le manuscrit 2327
(xv® siècle), Mais ce dernier est plus étendu et renferme un grand nombre de
traités techniques ou mystiques, qui manquent dans le manuscrit de Saint-
Marc et qui ont été tirés de prototypes tout différents. Aussi, quoiqu^il
représente sur certains points une rédaction plus moderne que celui de
Saint-Marc, il en est d'autres où il répond à des souches antérieures. Le
manuscrit 2275 paraît la copie directe du 2325; le manuscrit 2329, le
second manuscrit de l'Escurial, le manuscrit de la Laure'ntienne et celui
de Turin, dérivent du manuscrit 2327, ou d'une souche commune.
Les manuscrits 225o, 225 1, 2252, qui appartiennent à une même copie
faite au xvii® siècle (i), accusent une souche distincte à certains égards des
précédentes : par exemple, pour la rédaction de la lettre d'Isis à Hora».- Le
manuscrit du Vatican et celui de Leide, Voss. n° 47, offrent aussi d'assez
grandes diversités, quoique dérivés en somme de la même souche que le
manuscrit de Saint-Marc.
Sur le manuscrit de Saint-Marc, ont été copiés directement ou indirecte-
ment (2) presque tous ceux qui existent en Allemagne, d'après ce que j'ai
pu savoir : tels celui de Munich, qui a servi à la publication d'ideler, celui
de Gotha, probablement ceux de Vienne et de Breslau; de même le numéro
2249de la Bibliothèque de Paris, celui sur lequel Pizimenti a fait sa traduc-
tion latine, l'un de ceux de TAmbroisienne, l'un de ceux de l'Escurial, etc.
(i) Mise au netdu 2029 corrigé, pour 1 rées des autres souches, telles que la let-
la majeure partie. tre de Psellus, le traité de Démocrite à
(2) Avec certaines additions finales, ti- | Leucippe, la lettre d'Isis à Horus, etc.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 205
Pour pousser plus loin la discussion détaillée de toute cette filiation,
Userait nécessaire de faire une comparaison minutieuse de tous les manus-
crits, comparaison dont je ne possède pas encore les éléments complets ;
je ne crois donc pas utile d'en dire davantage.
IX. — Sur' le manuscrit grec 241g de la Bibliothèque nationale de Paris.
Ce manuscrit in-folio, transcrit vers 1460 par Georges Midiates (fol. 288),
est des plus précieux pour l'histoire de TAstronomie, de l'Astrologie, de
l'Alchimie et de la Magie au moyen âge; c'est une réunion indigeste de docu-
ments de dates diverses et parfois fort anciens, depuis TAlmageste de Ptolé-
mée et les auteurs arabes jusqu'aux écrivains de la fin du moyen âge. L'écri-
ture en est souvent difficile à déchiffrer. La table des matières de ce manu-
scrit a été imprimée dans le Catalogue de ceux de la Bibliothèque nationale
de Paris. Aussi je me bornerai à relever les morceaux et traités qui offrent
quelque intérêt pour les études auxquelles le présent volume est consacré.
Au folio I se trouve une grande figure astrologique du corps humain, des-
sinée avec soin, placée au milieu de deux cercles concentriques, avec indica-
tion de la relation entre ses parties et les signes du Zodiaque. Cette figure
répondant à des textes d'Olympiodore (i) et de Stéphanus, je crois utile
d'en donner la description.
En haut: le Bélier. Puis se trouvent deux séries parallèles, l'une à droite,
Tautre à gauche.
Adroite :
Le Taureau commande le cou .
L'Ecrevisse la poitrine.
La Vierge l'estomac et
le ventre.
Le Scorpion les parties
génitales.
Le Capricorne les genoux.
A gauche:
Les Gémeauxcommandentlesépaules.
Le Lion le cœur.
La Balance les deux fes-
ses.
Le Sagittaire lesdeuxcuisi
ses.
Le Verseau les jambes.
Au bas, les Poissons commandent les pieds.
(i) Texte grec, p. loi et 106.
206 CHIMIE DES ANCIENS
On peut voir un texte analogue dans la Bibl. Chem. de Manget, I, 917.
Au folio 32, on rencontre le cercle de Pétosiris, pour prévoir l'issue des
maladies; cercle dont j'ai donné (p. 88) la photogravure et la description.
Au folio 33, on lit deux tableaux horizontaux analogues, que j'ai également
décrits, à cause de leur similitude avec le tableau d'Hermès du manuscrit
2327 (p. 87) et avec la sphère de Démocrite du papyrus de Leide (p. 86) .
Ils accompagnent des traités de l'astrologue Pythagoras et divers calculs
pour connaître le vainqueur d'un combat singulier.
Au folio 46 verso, on rencontrela liste desrelations entre les planètes et les
métaux et autres corps subordonnés à ces astres. Celte liste est la même qui
figure dans plusieurs manuscrits alchimiques ; les noms en sont également
grecs; quelques-uns sont transcrits encaractèreshébraïques. La liste fait'par-
tie d'un traité d'Albumazar, astronome arabe du ix« siècle (800 à 885) de
notre ère (v. p. 79 du présent volume et Texte grec, p. 24, notes). J'y relève
deux indications caractéristiques.
Le signe de la planète Hermès comprend parmi les corps dérivés, vers
la fin de son paragraphe, le nom du mercure, JopàpYjpoç, et à la suite les
mots: 0'. 51 TTÎp jai /.ajaîirepov ; a les Persans rangent sous ce signe l'étain ».
Le signe de Jupiter comprend l'étain et à la suite les mots : 01 Sa Tripsa-.
oùxojxo);, àXXà o'.apY'jpo;. «Les Persans ne l'entendent pas ainsi, mais rangent
sous ce signe le métal argentin» c'est-à-dire l'asèm ou électrum. Ceci est
conforme à ce qui aété dit ailleurs sur les changements successifs des nota-
tions métalliques et planétaires (pages 81 à 85).
Ala suite vient une liste des animaux répondant à chaque planète.
Au folio 86 verso : sur les sorts royaux, traité attribué à Nécepso.
Au folio 99- 100 : figures de comètes.
Au folio 1 19 : traité divinatoire de Zoroastre.
Au folio i53 : tableau des mesures antiques.
Au folio 154: tableau des signes et abréviations. Ils sont semblables en
général à ceux de la fin de la liste du manuscrit 2327, sauf un petit nombre
de différences : par exemple, pour les mots ange et démon i^voir p. 100); mais
l'ordre n'est pas le même.
Puis vient un ouvrage de Bothrus, qui s'intitule roi de Perse; c'est un
astrologue, inconnu d'ailleurs.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 207
Au folio i56 : autre cercle médical de Pétosiris, dont j'ai donné la pho-
togravure et la description (p. 90).
Au folio 265 vgrso : liste des plantes qui répondent aux 12 signes du
Zodiaque, d'après Hermès Trismégiste.
Au folio 271 verso et au folio 272 : préparations chimiques.
Au folio 273 :motsmagiques,analoguesàceux qui figurent dansJamblique,
dans les papyrus de Leide, au-dessus de la formule de l'Ecrevisse dans le
manuscrit de Saint-Marc (p. i53), etc.; sans qu'aucun m'ait paru identique,
à première vue du moins.
Au folio 274: une page renfermant un grand nombred'alphabets magiques,
lesquels ne sont autres que des alphabets grecs altérés (v. p. i56), analogues
à ceux du manuscrit de Saint-Marc. Dix-sept de ces alphabets figurent au
recto, cinq au verso. La traduction existe à l'encre rouge, presque effacée
dans les intervalles des lignes.
Au folio 274 verso : liste des signes, en4 lignes, sans traduction, sauf pour
quelques mots tels que ceux-ci : cœur et foie. Cette liste se retrouve exacte-
ment transcrite, vers la fin de celles du manuscrit 2327, PI. VI, 1. 20 à 25,
jusqu'à àXoY) (v. p. 100).
Au folio 279 commence un ouvrage considérable intitulé : « la voie droite
vers l'art de l'Alchimie, par le grand maître Pierre Théoctonicos.
Cet ouvrage se poursuit jusqu'au folio 287 verso, où la fin est indiquée à
l'encre rouge. « Voici la fin de la route pure du frère Ampertos Théoctonicos,
le grand philosophe de l'Alchimie, transcrite par Georges Midiates. »
Ce traité va être décrit tout à l'heure plus en détail.
Au folio 288 : suite de préparations chimiques. Figure d'un entonnoir à
filtration et d'une fiole à fond rond.
Aux folios 319 à 341 : lexique étendu, donnant l'interprétation des noms
des opérations, substances, plantes, maladies. Ce lexique renferme un certain
nombre de mots arabes. Il y a beaucoup de noms chimiques.
Revenons maintenant à l'ouvrage manuscrit de Théoctonicos, person-
nage qui a donné lieu à diverses discussions de la part d'Hœfer, lequel lui
attribue le prénom de Jacob, et de la part de H. Kopp. L'examen direct de
son traité m'a paru utile pour éclaircir la question. Elle n'est pas sans intérêt;
car c'est un des rares auteurs de quelque importance, cités dans les histoires
208 CHIMIE DES ANCIENS
de la chimie et sur lesquels nous ne possédions pas encore de lumière
su£Bsante.
Le titre exact de l'ouvrage est le suivant :
Ap^c»} Tîjç e'j6e(aç cSou xou \t.e-^aXou SiSaaxaXou Ilé-cpou xoO 0eox,Tov(xou xpoç tyjv
T^x''"')'' '^^i? «^PX^l^^^Ç» titre déjà traduit plus haut; et au bas de la page : èyw o
IléTpoç ©eoxTovixoç tûv çiXoaoçwv ô èXo^toroç. ; c'est-à-dire :
« Moi Pierre Théoctonicos, le moindre des philosophes. »
A la fin du traité, il est désigné sous le nom de tou àâeXçou 'AjxTcépTou tou
0£OXTOV(XOU.
La dernière forme rappelle le latin Albertus Teutonicus, personnage iden-
tifié en général par les vieux auteurs avec Albert le Grand et sous le nom
duquel il existe un ouvrage latin d'Alchimie, désigné parfois par les mots :
Semita recta.
Cet ouvrage latin se trouve au tome XXI des œuvres d'Albert le Grand,
qui est regardé ici comme un pseudonyme, et il est imprimé dans le tome 1 1
du Theatrum Chemicum. Les deux textes latins concordent très exactement,
comme je l'ai vérifié. L'ouvrage est écrit avec assez de sincérité; il date du
xiiie ou xiv® siècle. Les articles techniques qui le terminent sont complétés
par des additions faites par quelques copistes plus modernes, d'après Geber,
Razès, Roger Bacon, maître Joi [sic^ pour Jean ?) de Meun, expressément
nommés. Il semble même en certains endroits qu'il y ait deux étages d'ad-
ditions.
Or le traité de Théoctonicos est une traduction grecque du traité attribué
à Albert le Grand, traduction antérieure aux textes latins imprimés que je
viens de citer, et qui renferme certaines indications spéciales et différentes ;
mais qui, par contre, ne contient pas les additions. C'est ce qui résulte de
l'examen détaillé auquel je me suis livré.
En effet, j'ai d'abord constaté la conformité générale du texte latin et du
texte grec, en les comparant ligne par ligne jusqu'à la fin.
Je me bornerai à la citation suivante, qui est caractéristique. Dans le grec :
Eupov TcàXiv ÛTcepé^^ovTaç [ji.sva)(ouç xat TupeaôuTépouç xal xavovixoùç, xX-rjpixoùç,
çiXoaoçouç xa\ Ypa[X{jLaT£iç. Dans le latin :
Inverti autem prœdivites litteratos, abbates, prceposiios, canonicos, phy-
sicûset illiteratos^ etc.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 200
C'est-à-dire (d'après le grec):
« J'ai trouvé des moines éminents, des prêtres, des chanoines, des clercs,
des philosophes et des grammairiens. »
Le texte grec est plus ferme que le texte latin ; cependant il est difficile de
refuser d'admettre que la phrase précédente ait été traduite du latin.
A la page suivante, folio 279 verso, on retrouve pareillement dans les
deux langues la phraséologie ordinaire des alchimistes :
« Voulant écrire pour mes amis, de façon que ceux qui voient ne voient
pas, et que ceux qui entendent ne comprennent pas, je vous conjure, au nom
de Dieu, de tenir ce livre caché aux ignorants. »
Le texte grec est plus développé que le latin dans le passage suivant
(même page) :
« J'ai écrit moi-même ce livre, tiré des livres de tous les philosophes delà
science présente, tels que Hermès, Avicenne, Rhazès, Platon et les autres
philosophes, Dorothée, Origène, Geber(?), beaucoup d'autres, et chacun a
montré sa science ; ainsi que Aristote, Hermès (i) et Avicenne. » Cette suite
de noms propres et d'autorités manquent dans le latin.
Le traité poursuit pareillement, en expliquant dans les deux langues qu'il
faut réduire les métaux à leur matière première.
Puis commence un autre chapitre, qui débute par ces mots singuliers
(fol. 280), en grec : 'Ap^Y^ixia è'jTiv xpaYpi.a xapà tîov àpx^twv eyp-.jxofjLÉvr//,
Xt[xt'a o£ XsYSTai ^wfxatdTTj, (fpxyyivix Sa [xaÇa [sic).
« L'Alchimie est une chose découverte par les anciens : on l'appelle Chimie
en romaïque, Maza en langue franque. »
Quant au texte latin on lit, dans les deux publications citées : (nAlchimia est
arsab A Ichimo inventa et dicitur ab archymo grœcè, quod est massa latine. »
« L'Alchimie est un art découvert par Alchimus; c'est d'après le mot grec
archymus qu'elle a été nommée, mot qui signifie massa en latin . »
Cette phrase étrange se trouve aussi dans le Liber trium verborum Kalid
{Bibliotheca Chemica de Manget, t. II, p. 189) : « Alchimia ab Alchimo
inventa. Chimia aiitem grœcè, massa dicitur latine. »
Pic de la Mirandole, au xvi» siècle, cite aussi cet Alchimus, en répudiant
10 Figuré par le symbole de la planète Mercure.
2IO CHIMIE DES ANCIENS
l'étymologie précédente. Il y a là sans doute quelque réminiscence de l'ancien
Chymes (i). Quant au mot [xa^a ou massa, il existe comme synonyme de la
Chimie dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi (au mot Kjrmus).
Le latin explique ensuite que les métaux diffèrent seulement par une
forme accidentelle et non essentielle, dont on peut les dépouiller :
Forma accidentali tantum, nec essentiali : ergo possibilis est spoliatio
accidentum in metallis. Mais le grec est ici plus vague.
Au contraire, le grec développe davantage la génération des métaux et
parle de la terre vierge (2), comme l'ancien Hermès : l<Jx •^f^q Trapôévou xal
aaôp^ç ; ce que le latin traduit simplement par terra miinda, la terre pure.
Les deux textes se suivent ainsi parallèlement, avec des variantes consi-
dérables et des développements inégaux. Puis viennent la description des
fourneaux (fol. 282), celle des quatre esprits volatils : le mercure (signe delà
planète Hermès), le soufre, l'arsenic (même signe que celui de la PI. VI,
1. 26)^ le sel ammoniac. Le nom ancien de l'orpiment, àpaévixov, est changé
ici en âcptTrT^YiJLaTov : ce qui est une transcription littérale du latin aitri pig^
mentum, transcription montrant par une nouvelle preuve que le texte ori-
ginal a été écrit en latin. Divers sels, le tartre, le vert-de-gris, le cinabre, la
céruse, le minium figurent ici.
Puis viennent les opérations, dont la description fournit des équivalences
intéressantes entre les mots grecs du xiv* siècle et les mots latins ; équiva-
lences dont plusieurs sont distinctes des anciennes expressions contenues
dans les premiers alchimistes.
Parexemple (fol. 285).
pi'viffjxa, qui voulait dire à l'origine limaille, est traduit par sublimatio. — Il
y a ici l'idée de l'atténuation extrême de la matière, exprimée plus tard par
le mot alcoolisation, qui voulait dire réduction à l'état de poudre impalpable.
'Aa8éaTa)[ji.a. — Calcinatio. — Ce mot nouveau a remplacé l'ancien twatç;
et le mot àjSsjxoç, ou calx (chaux métallique), s'est substituée îoç.
Iiff'^\).(x. — Coagulatio. — Solidification d'un corps liquide.
Hyj^iç. ■ — Fixio. — Fixation d'un corps volatil.
'AvaXu[Aat. — Solutio. — Dissolution.
(1) Origines de l'Alchimie, p. 167. | (2) Origines de l'Alchimie^ p. 63.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 211
SxaXaYJxa. — Sublimatio. — C'est la distillation, opérée par vaporisation,
ou par filtration,
KiQpa)iJi,a. — Ceratio. — Ramollissement,
"EtJ^rjffiç. — Decoctio. — Cuisson, emploi de fondants.
Les deux textes se suivent jusqu'au bout.
Ainsi le traité de Théoctonicos n'est autre chose que la traduction grecque
de Touvrage latin d'Alchimie attribué à Albert le Grand. Ce fait de la tra-
duction en grec d'un ouvrage latin, au moyen âge, est exceptionnel.
Peut-être s'explique-t-il par Tépoque même où il s'est produit, qui est celle
du contact forcé entre les Grecs et les Latins, établi par suite des croisades
et de l'occupation de Gonstantinople.
On trouve d'ailleurs des textes grecs de la même époque, inspirés égale-
ment des Arabes, parmi les manuscrits du Vatican, tels que le n" 914 (Recettes
pour écrire en lettres d'or, etc.); le n» 1 1 34, daté de 1 378, sur le rfiavoç, l'èXe-
5'ip, l'arsenic, le sel ammoniac, les aluns, la cadmie, etc. (i).
Je rappellerai encore la page d'Arnaud de Villeneuve, traduite en grec,
qui se trouve ajoutée à la fin du manuscrit 2327 de Paris (fol. 291).
X. — Manuscrits alchimiques de Leide.
Il existe à Leide des manuscrits alchimiques grecs, signalés par divers
auteurs et dont il m'a paru utile de prendre une connaissance plus appro-
fondie. Mon fils, André Berthelot, déjà préparé par l'examen des manu-
scrits du Vatican, et des bibliothèques allemandes (p. 1 9 1 et 1 gS), s'est chargé
de ce travail. Je vais en donner le résumé.
Il y a deux manuscrits alchimiques grecs de quelque importance à Leide,
l'un intitulé : Codex Vossianus Grœcus, n° 47, in-40, 72 folios, très mal écrit,
daté de 1440; l'autre provenant des livres de Ruhnkenius, savant helléniste
du dernier siècle, inscrit sous la rubrique XXIII, Ru. 6, in-4", 3o folios ; sur
papier, écrit au xvn« siècle. J'appellerai pour abréger le premier : Voss. etle
second : Ru.
(i) Rapport sur les manuscrits alchi-
miques de Rome, par A. Berthelot,
dans les Archives des missions scienti-
fiques, 3« s,, t. XIIJ, p. 835 et suiv.
212 CHIMIE DES ANCIENS
Ces manuscrits sont tous deux intéressants : le premier, Voss., parce qu'il
renferme quelques fragments qui n'existent pas ailleurs; le second, Ru., en
raison de certaines de ses figures, qui établissent complètement le passage
entre les appareils des vieux manuscrits et l'aludel des Arabes. Je les ai
données plus haut, avec commentaires (p. 167 à 173).
Codex Ru. 6. Quant au texte même, le Ru. paraît, d'après une collation
rapide mais précise, ne rien renfermer qui ne soit déjà contenu dans le
manuscrit 2827 et plus spécialement dans celui de la Laurentienne. Il repré-
sente d'ailleurs, non les textes mêmes, mais surtout une table des matières,
suivie de quelques extraits. Il paraît donc inutile d'entrer ici dans plus de
détails.
Disons seulement que dans ce manuscrit le texte alchimique proprement
dit comprend 20 folios, dont les quatre derniers consacrés au traité de
Psellus. Puis vient un traité mutilé sur la musique (fol. 23-24) et un traité
sur les oiseaux (fol. 25-29), déjà édité dans Rei Accipitrariœ Scriptores,
pages 243 à 255 (sauf que l'ordre des chapitres diffère). — Les signes du
manuscrit 2327, c'est-à-dire nos planches IV, V, VI, VII et VIII (v. page 168)
figurent textuellement dans Ru.; ce qui établit la filiation.
Codex Vossianus. Ce manuscrit mérite une attention spéciale; car il se
distingue à certains égards de tous les autres manuscrits alchimiques connus.
Les textes chimiques commencent (fol. 4-1 1) par un abrégé des leçons de
Stéphanus, se terminant par les mots : [le-hi. zo ëa xaTO) xat yéXeacf^ ; mots qui
répondent à la fin des mêmes leçons dans le manuscrit 2325 (sauf yav-rjcrexai
au lieu de yiXeax^). Cette circonstance joue un rôle essentiel dans la classi-
fication des manuscrits (v. p. 179 à 181). Puis vient une feuille blanche, suivie
des mots : èx xoQ S'.aXoyou KXeoxaTpaç ou y) àpxn ^eiTcst. La phrase du début: II
-jrXàvY] i(j'Kipri ^^ 'V '^ÔGis.ijd Stà xo xAyJôoç twv ètcwvjixwv, se trouve dans la 9* leçon
de Stéphanus, imprimée par Ideler (t. II, p. 247,1. 25). Cette phrase y est
séparée du mot yéXeffav par deux lignes de texte, supprimées dans Voss.
Rappelons que j'ai établi plus haut (p. 192), comment la fin de la 9^ leçon
de Stéphanus et le milieu du Dialogue de Cléopâtre ont été confondus et mis
bout à bout dans le manuscrit de Saint-Marc, ainsi que dans le texte d'Ideler,
par suite d'une erreur fort ancienne des copistes. La même confusion a lieu
dans le Voss.; à cela près qu'il y manque les dix lignes (14 à 24) de la page
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 2l3
248 d^Ideler, depuis le mot Tzpoueyyiaoïi qui y marque le début du fragment
du Dialogue, jusqu'aux mots OavaxwŒTjTat. ^Xézets 10 ôeïov uâwp zo tcotiÇov
œjxoc xal ty;v vsçéXr^v, lesquels font en effet partie du Dialogue de Cléopâtre,
dans le manuscrit 2327. — Dans Ideler, on Jes retrouve à la ligne 23 de
la page 248.
Tout ceci indique une confusion analogue, mais qui n'est pas identique
dans les diverses copies. La dernière ligne du Dialogue dans le Voss. est
la même que celle d'Ideler.
Au -folio 24 sont les extraits des poètes ; puis ceux de Pelage (fol. 14-17),
d'Ostanès (fol. 17), de Synésius : ce dernier déjà repioduit par Reuvens
(lettre à M. Letronne). La plupart de ces extraits ont un caractère technique
très manifeste. L'auteur abrège ou supprime la phraséologie mystique,
conservant au contraire in extenso les recettes proprement dites.
Puis vient Démocrite [Pkysica et Mystica), TAnonyme, Zosime, sur la
vertu (extrait, fol. 3i verso), et une série de petits écrits sur l'â'ijôâJTo; et autres,
qui se trouvent au long dans le manuscrit de Venise. Le tout se poursuit
dans le Voss. sans rien de spécial, jusqu'au folio 49,T:epl cpyavwv, de Zosime.
— On rencontre alors la Chrysopée de Cléopâtre et des figures pareilles à
celles du manuscrit de Venise.
La similitude des figures est si grande que l'on ne saurait douter d'uneori-
gine commune; le Voss. reproduit en effet (fol. 49 versol la Chrysopée (notre
fig. 1 1), avec ces mots en face : cti àxo àax'.aaTOj yjxky.o\) Ic^.
El plus bas: "E^^st âà cy-:o; ^r,y.oç, usXo?, cw}xr;v :
Puis (fol. 5o verso) les deux figures de dibicos (nos fig. 14 et 14 bis) ; au
folio 5 1 recto, les mots è^^ç -ô TpicrjV.ov jz^yp^Çï; et au bas de la page : z\ lï tj-c:
ojTw; ; puis les mots è'jTtv àp/Y), et la figure en cœur (notre fig. 3i) ;
Au folio 5i verso, la figure da tribicos (notre fig. i5) et celle de l'appareil
distillatoire (notre fig. 16).
Au folio 52 recto, en face : s-spov Tsîr^s'.ç 7,al sTîpov apsiç.
Au folio 52 verso: les kérotakis (nos fig. 22 et 24I.
Au folio 53 recto : la palette (notre fig. zj^bis).
Au folio 53 verso : les deux appareils à digestion (nos fig. 20 et 21).
Au folio 55 verso: les trois autres figures de kérotakis, ajoutées sur les
marges du manuscrit de Saint-Marc (nosfig. 25, 26 6127), avec les mots: s-iv
214 CHIMIE DES ANCIENS
?^et To ocrpox'vov ctjyoç xaXtÎTTOv ttjv çtaX-rjv tyjv exl tt;v xïjpoToxfSa tva xsptôXlTCT)
Puis viennent les figures et les mots :
èx çt è'aTt TO xXuv [sic; mots abrégés).
èxTwv îojSaixwv YP^fÇWV.
Au folio 58 recto, la figure de la chaudière et du xôvxoç (notre fig. i8),
qui n'existe dans aucun autre que celui de Saint-Marc.
Aux folios 54 et 55, on lit quelques petits morceaux, d'un caractère spé-
cial, qui débutent ainsi:
Ta TTjV àxo Toù 5(puaopp6ou xoTa[i.ou cûjxçupav àçatpéjxaTi...
xpoç [xîçeiç oj xoiTjaet çupa[xa etç XexàvYjv oaxpaxîvrjv...
<3ç ot5pa|Aa âpyOpou...
Les articles qui suivent : sur les feux, le cuivre brûlé, la trempe du fer persan,
et celle du fer indien, les poids et mesures (fol. 56 à 64), ne diffèrent pas du
manuscrit de Venise.
La liste des signes (fol. 70 à 72) reproduisant nos figures 3, 4, 5, PI. I,
II, III, est très significative; car c'est celle des signes du manuscrit de
Saint-Marc, modifiée par des interversions, dues évidemment au copiste qui
a embrouillé Tordre des colonnes. La liste finale des noms des philosophes
est exactement la même.
A la fin on lit (fol. 70) la formule de PEcrevisse (notre fig. 28), avec son
explication et le texte qui l'accompagne, dans l'addition faite au début du
manuscrit de Saint-Marc (v. p. i52 à i55). Ce dernier texte est terminé de
même par les mots : « Ainsi a été accomplie, avec l'aide de Dieu, la pratique
de Justinien. »
Formule et texte sont précédés par un autre morceau sur l'oeuf, attribué à
Justinien et que je vais reproduire, comme formant avec la phrase précédente
les seuls débris qui nous restent de ces traités alchimiques de Justinien,
indiqués dans la vieille liste du manuscrit de Saint-Marc (p . 1 76) . Il semble
que c'était l'œuvre pseudonyme d'un commentateur, analogue à l'Anonyme
et à Stéphanus. En tout cas, l'existence de ce morceau prouve que le Voss.
a dû puiser dans des sources perdues aujourd'hui. Cependant, sauf quel-
ques petits fragments, on vient de voir que son contenu n'apporte rien
d'essentiellement nouveau. Peut-être vaudra-t-il plus tard la peine d'être
coUationné avec le texte grec de la publication présente.
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS 21 5
Codex Vossianus (Leide), n» 47, in-4" — fol. 69 verso :
O louoTivtavoç ouTwç xéxXrjTat xoi xpoç to wov exaaTa.
Tov xpoxov lîixpoi^ aTTtx-^v. aivwiriâïjv tuôvtiov. vt'xpov ^oûa'.ov. ^a^^f'^'iv èxTYjv.
xuavov àp[ji.éviov, xpoxov xtX(xtov. èXûâptov.
To Se oaTpaxov,)(aXxov, (T(ST)pov,xaffffiTr;pov,ix6Xt8Sov(l). cwixa <rrep£6v.
Ty)v âè aa6eaTov, yîjv ^lav. àaTepiTYjv. âçpoaéXrjvov. x6(ay)v àxàvÔYjç. oxov auxîjç.
CTCov Tt6u[xàXou. jjLayvYjafav Xeuxtjv. i^f.\L\).ù^<.Q'f .
To Se ^avôov uSwp xuavô^pwov. uowp 6£(ou àxùpou.uotop àpaevfxou. uâwp x(Tptov.
xoyxiJ^Tîv. àpiaToXo5((av. u5(op )(pu(jox'jp(TOu. uâwp «pÉxXyjç . xal oXXa Ixepa.
To Sa Xeuxov uowp èxàXsae Geïov y'Swp. àTroXeXujxévov tçoç. uSwp axuTCTYjpfaç.
û5(i)p aaêéaxou. uSwp airoSoû xpâ}jL6Y]ç. oupov. Y<i^<3c xaivov ôïjXuÇcufTa. yaXa alyôç.
yaXa axoSou Xeuxwv ^ijXtùv. y^Xa (poivixTjç. àpyupoÇcoixtcv. iiSwp viTpou Xeuxcv.
xal è'-repa.
a Justinien met ainsi en lumière chacune des parties relatives à l'œuf
(philosophique ; v. Texte grec, I, m et I, iv) :
Le jaune, c'est l'ocre attique; le vermillon du Pont; le nitre roux; la
chalcite grillée; le bleu d'Arménie, le safran de Cilicie, la chélidoine.
La coquille, c'est le cuivre, le fer, Tétain, le plomb, le corps solide.
La chaux, c'est la terre de Chio, la pierre scintillante, la sélénite ; la
gomme d'acanthe; le suc du figuier; le suc du tithymale; la magnésie blan-
che ; la céruse.
L'eau jaune qui teint en bleu, c'est Teau du soufre apyre, l'eau d'arsenic,
Teau citrine, le coquillage, l'aristoloche, l'eau de la pyrite dorée, Teau de lie,
et les autres choses.
Il a appelé l'eau blanche : eau divine obtenue par écoulement, vinaigre,
eau d'alun, eau de chaux, eau de cendres de choux, urine, lait nouveau pro-
duit par une femelle (?),lait de chèvre, lait de la cendre des bois blancs, lait
de palmier, liqueur argentine, eau de nitre blanc, et le reste. «
XI. — Manuscrits divers.
Je relaterai, pour ne rien omettre, dans le manuscrit ii3 de la Biblio-
(i) Le nom de chaque métal est suivi de son signe dans le manuscrit.
31 6 CHIMIE DES ANCIENS
thèque du Métoque du Saint-Sépulcre, à Constantinople, un petit traité
Trep'i yYjtx'.y.wv, ainsi que la lettre de Psellus au patriarche Michel sur l'art
chimique : ces indications m'ont été fournies par M. J. Psichari, qui a
visité cette Bibliothèque l'an dernier.
Enfin M. Ludwig Stern a publié dans la Zeitschriftfur œgypt. Sprache,
pages I02-1 19, 3e livraison, i885, des fragments d'un Traité copte, écrit à la
fin du moyen âge et composé surtout d^une série de courts articles, qui
semblent avoir un caractère purement technique.
XII. — Manuscrit arabe d'Ostanès.
11 existe à la Bibliothèque Nationale de Paris un manuscrit alchimique
arabe, renfermant unTraité attribué à Ostanès (n° 972 de Tancien fonds). Ce
manuscrit est d'une très belle écriture ; il a été transcrit au xiv» ou au xv® siècle.
Un savant très compétent a bien voulu en traduire verbalement pour moi
quelques pages, que j'ai prises sous sa dictée, et que je vais reproduire, à titre
de renseignement :
« Livre desDou^e Chapitres d'' Ostanès le Sage sur la Science de la Pierre
illustre. Introduction. — Au nom de Dieu, etc., le sage Ostanès dit: ceci est
l'interprétation du livre du Contenant, dans lequel on trouve la science de
Pœuvre, sa composition et sa dissolution, sa synthèse et son analyse, sa dis-
tillation et sa sublimation, sa combustion et sa cuisson, sa pulvérisation et
son extraction, son grillage, son blanchiment et son noircissement, l'opéra-
tion qui la rend rouge, sa fabrication avec des éléments provenant des règnes
minéral, végétal, animal, et la constitution de l'or philosophique, lequel est
le prix du monde : ainsi que l'acide et la composition du sel et le dégage-
ment de l'esprit; la synthèse des mercures et l'analyse des soufres, et tout ce
qui se rapporte à la méthode de l'œuvre. »
Avant l'introduction, il est dit que l'ouvrage a été traduit du pehlvi, du grec,
etc, etc., et le traducteur prétendu ajoute :
a La première partie renferme: un chapitre sur la description de la pierre
philosophique et un chapitre sur la description de l'eau ; — sur les prépara-
tions ; — sur les animaux.
« La seconde partie renferme un chapitre'sur les plantes ; — sur les tem-
NOTICES SUR QUELQUES MANUSCRITS
217
péraments; — sur les esprits ; — sur les sels ; — un chapitre sur les pierres ;
— sur les poids ; — sur les préparations ; — sur les signes secrets.
« J'ai donné, ces choses, dit-il, d'après les paroles d'Ostanès le Sage et j'ai
ajouté à la fin deux chapitres, d'après les paroles d'Hercule (Héraclius) le
Romain, les paroles d'Abu-Alid l'Indien, les paroles d'Aristote l'Égyptien,
les paroles d'Hermès, les paroles d'Hippocrate, et les paroles de Géber,et
les paroles de l'auteur d'Emèse. »
Ailleurs, il cite Aristote comme son contemporain : « j'ai entendu Aristote
dire... » Il cite aussi Platon (fol. 84), Galien (fol. 19 verso), Romanus
(fol. 17 verso et 23 verso), les livres des anciens en langue grecque (fol. 14
verso), Abubekr(i), alchimiste arabe du iv^ siècle de l'Hégire (fol. 23 verso),
Djamhour, autre alchimiste arabe (fol. 3).
La personne qui me traduisait ces pages n'a pas retrouvé dans le manu-
scrit les chapitres techniques annoncés plus haut et qui auraient offert beau-
coup d'intérêt. Voici seulement quelques extraits, qu'elle a eu l'obligeance de
me dicter :
« I" Chapitre: Sur la description de la pierre, tirée du livre du Conte-
nant (2); le sage dit :
« La première chose qu'il faut chercher, c'est la connaissance de la pierre
qui fut recherchée par les anciens, et dont ils acquirent le secret avec le tran-
chant du sabre. Et il leur fut interdit de la nommer, ou s'ils la mentionnaient
nominativement, c'est par un nom vulgaire. Et ils conservaient le secret
jusqu'à ce qu'ils pussent le révéler aux âmes pures. »
Et plus loin :
a La pierre, on l'a décrite en disant qu'elle est l'eau courante, l'eau éter-
nelle ; — qu'elle est le feu ardent, le feu glacé, la terre morte, la pierre dure,
la pierre douce ; — c'est l'esclave fugitif; le stable et le rapide; la chose qui
fait, celle qui est faite ; celle qui lutte contre le feu, celle qui tueparlefeu ;
celui qui a été tué injustement, qui a été pris de force ; l'objet précieux,
.'objet sans valeur ; la plus haute magnificence, la plus basse abjection; il
exalte celui qui le connaît ; il illustre celui qui s'y applique ; il dédaigne
(i) C'est Rhazès. — Voir Ru/us d'E-
phèse, édition de iS-q, préface, p. xlvhi.
(2) Ce titre est le même que celui de
l'ouvrase médical de Rhazés.
2l8 CHIMIE DES ANCIENS
celui qui l'ignore ; il abaisse celui qui ne le connaît pas ; il est proclamé
chaque jour partoute la terre. O vous, cherchez-moi, prenez-moi — etfaites-
moi mourir, puis après m'avoir tué, brûlez-moi: après tout cela, je ressus-
cite et j'enrichis celui qui m'a tué et qui m'a brûlé. S'il m'approche vivant
du feu, je le rends glacé. Si l'on me sublime entièrement et qu'on me lie
fortement, je retiens alors la vie dans mes convulsions extrêmes et par Dieu
je ne m'arrête que lorsque je suis saturé du poison qui doit me tuer. »
« Je t'ai montré ces sources (de la connaissance) en principe et non pas
en fait. . . Et je n'ai rien caché. Dieu m'en est témoin. . . Je l'ai posée d'une façon
exacte dans le but. — Il ne faut pas que tu le dépasses »
Ce langage mystique et déclamatoire rappelle à la foisZosime et les vieux
alchimistes arabes du moyen âge, cités dans Vincent de Beauvais.
Au folio 62 on lit un second ouvrage, attribué aussi à Ostanès. En voici
un extrait: « Le sage Ostanès dit en réfléchissant et en regardant cette œuvre:
L'amour de cette œuvre est entré dans mon cœur et en même temps le souci
a pénétré en moi, de sorte que le sommeil a fui mes yeux et j'ai perdu le
boire et le manger: par là mon corps s'est affaibli et j'ai changé de couleur.
Lorsque je vis cela, je m'adonnai à la prière et au jeûne. »
a II a prié Dieu, et il a vu, étant couché, une apparition qui lui dit: Lève-
toi et elle le conduisit à un lieu où il vit sept portes. Mon guide me dit:
ce sont les trésors de ce monde que tu recherches. Je lui dis : Donne moi la
faculté d'y pénétrer — Il répondit: il faut l'aile de l'aigle et la queue du ser-
pent».
« Il vit plusieurs tablettes : sur l'une était écrit ce qui suit. C'était un
livre persan, plein de science, où il était dit : l'Egypte est une contrée tout à
fait privilégiée. Dieu lui a donné la sagesse et la science en toute chose.
Quant à la Perse, les habitants de l'Egypte et des autres contrées lui sont
redevables: rien ne réussit sans son concours. Tous les philosophes ont été
en Perse, etc. »
Il est difficile de distinguer dans ces citations ce qui appartient en propre
à l'auteur arabe et ce qui pourrait provenir d'une source grecque, plus ou
moins éloignée. Mais le dernier morceau a une physionomie singulière ;
on y voit une apparition, conformément aux vieilles traditions magi-
ques du persan Ostanès ; l'éloge de la Perse semble pareillement l'indice
METAUX CHALDEENS 219
d'une antique tradition. On peut aussi rapprocher les paroles relatives à
PEgypte, de celles qui concernent la terre de TEthiopie dans le dialogue
grec de Gomarius (Ideler, T. Il, p. 253, lig. 11), dialogue où Ostanès est
également cité (même ouvrage, II, p. 248, lig. 27).
VII. — SUR QUELQUES METAUX ET MINERAUX
PROVENANT DE L'ANTIQUE CHALDÉE
En poursuivant mes études sur les origines de l'Alchimie et sur les métaux
antiques, j'ai eu occasion d'examiner diverses matières, provenant, les unes
du palais de Sargon, à Khorsabad, les autres des fouilles de Tello par
M. de Sarzec. C'est grâce à l'extrême obligeance denotre confrère, M. Heuzey,
conservateur au musée du Louvre, que j'ai pu étudier ces échantillons, tirés
des précieuses collections de notre grand Musée national. Je vais présenter
les résultats de mes analyses, et j'exposerai ensuite divers documents nouveaux
ou peu connus, relatifs à l'origine de l'étain employé par les anciens dans
la fabrication du bronze.
Commençons par les objets provenant de Khorsabad.
Dans le cours de ses fouilles, en 1854, M. Place découvrit, sous l'une
des pierres angulaires du palais de Sargon, un coffre de pierre contenant
des tablettes votives, couvertes d'inscriptions cunéiformes très nettes, des-
tinées à rappeler la fondation de liédifice (706 av. J.-C). D'après M. Place,
ces tablettes auraient été au nombre de cinq ; mais les inscriptions indiquent
formellement qu'il y en avait sept, désignées nominativement. Quatre
seulement de ces tablettes se trouvent aujourd'hui au musée du Louvre.
Les trois autres sont perdues. Les quatre tablettes qui restent portent des
inscriptions longues et détaillées. M. Oppert a publié la traduction de trois
d'entre elles, dans l'ouvrage intitulé : Ninive et V Assyrie, par V. Place
(t. II, p. 3o3 ; 1870). Le sens en est à peu près le même pour les trois et il st
rapporte à la construction du palais. D'après cette traduction, les tablettes
étaient en or, argent, cuivre, en deux autres corps dont les noms ont été
identifiés avec le plomb et l'étain, ce dernier plus douteux, d'après M . Oppert :
220 CHIMIE DES ANCIENS
enfin en deux derniers corps portant le déterminatif des pierres employées
comme matériaux de construction, et qui sont regardés comme du marbre et
de Talbàtre. Malheureusement, chaque tablette ne contient pas à part le nom
de la matière dont elle est faite.
J'ai examiné les quatre tablettes actuellement existantes au Louvre. Elles
sont rectangulaires et épaisses de plusieurs millimètres. La lame d'or est
la plus petite ; elle se reconnaît aisément, quoiqu'elle ait perdu son éclat.
Elle pèse environ 167 gr. Elle a été façonnée au marteau. Le métal n'est pas
allié avec un autre en proportion notable.
La lame d'argent est également pure, ou à peu près. Elle est légèrement
noircie à la surface, en raison de la formation d'un sulfure, comme il arrive
à l'argent exposé pendant longtemps aux agents atmosphériques. Elle pèse
environ 4358^ Je donne ces poids à titre de renseignements, sans préjuger
la question de savoir s'ils répondaient aux valeurs relatives des métaux à
l'époque delà fondation du palais. On sait que le rapport de valeur de l'or
à l'argent a varié beaucoup suivant les temps elles lieux.
La lame réputée de cuivre est profondément altérée et en partie exfoliée
par l'oxydation. Elle pèse, dans son état présent , environ 9528^ Ceci joint
à la densité du métal, moindre que celle de l'or et de l'argent, suffit pour
montrer que les dimensions en sont beaucoup plus considérables que celles
des deux autres. La couleur en est rouge foncé, déterminée surtout par
la présence du protoxyde de cuivre. Cependant ce n'est pas du cuivre pur,
mais du bronze. En effet, un échantillon prélevé à la lime sur les bords
renfermait, d'après l'analyse :
Étain 10,04;
Cuivre 85,25 ;
Oxygène, etc 4,71 ;
100,00
Il n'y a ni plomb, ni zinc, ou autre métal en quantité notable. La pro-
portion de l'étain répond à celle d'un bronze jaune d'or ; mais la présence
du protoxyde de cuivre a altéré la couleur. Cette composition se retrouve
d'ailleurs dans un grand nombre de bronzes antiques. Je citerai seulement
un miroir égyptien, datant du xvii^ ou du xvin* siècle avant notre ère, et que
METAUX CHALDEENS 221
j'ai analysé autrefois pour M. Mariette. Il renfermait 9 parties d'étain et
91 de cuivre.
La quatrième tablette est la plus intéressante de toutes, à cause de sa
composition. Elle pèse environ i85sr. Elle est constituée par une matière
d'un blanc éclatant,. opaque, compacte, dure, taillée et polie avec soin. Elle
a été réputée jusqu'ici formée par un oxyde métallique et désignée même à
l'origine sous le nom de tablette d'antimoine, d'autres disent d'étain ; d'après
l'opinion qu'elle aurait été fabriquée autrefois avec un métal que le temps
aurait peu à peu oxydé. Cependant, ni l'antimoine ni l'étain ne possèdent
la propriété de s'altérer de cette façon, surtout lorsqu'ils sont contenus
dans un cofifre de pierre. Tout au plus le plomb ou le zinc sont-ils suscep-
tibles de se changer en oxyde, ou en carbonate, dans un milieu humide ;
mais alors ils se désagrègent et tombent en poussière, tandis que la tablette
est parfaitement compacte et couverte d'une inscription très fine et d'une
extrême netteté. Sa nature réelle constituait donc une véritable énigme.
Pour l'examiner de plus près, nous avons d'abord pratiqué avec précaution
un sondage, et constaté qu'il n'existait pas de feuille de métal centrale dans
l'épaisseur de la tablette. L'analyse chimique a indiqué ensuite que la ma-
tière de la tablette est du carbonate de magnésie pur et cristallisé, substance
bien plus résistante aux acides étendus et aux agents atmosphériques que
le carbonate de chaux. Le poli de cette tablette paraît avoir été complété à
l'aide d'une trace presque insensible de matière grasse, laquelle se manifeste
par calcination.
Observons ici que notre magnésie et ses sels étaient inconnus dans l'an-
tiquité et au moyen âge, le nom de magnésie ayant eu autrefois des sens très
différents, multiples d'ailleurs (i).
Dans Pline, ce mot désigne divers minéraux noirs, blancs, ou roux,
provenant des villes et provinces du même nom: en particulier la pierre
d'aimant ou pierre magnétique (qui en a conservé la dénomination) ; un
minéral qui parait être notre oxyde de manganèse (autre transformation
du même nom) ; enfin les pyrites de fer, de cuivre, peut-être d'étain
et de plomb. Par extension, le nom de magnésie fut ensuite appliqué aux
(i) Voir ce volume, p. 28, 66, i33 et plus loin.
222 CHIMIE DES ANCIENS
produits successifs : oxydes et même alliages, provenant du grillage et du
traitement de ces diverses pyrites.
Le sens du mot a changé encore chez les Alchimistes, qui Tont étendu
à certains alliages et amalgames, parfois argentifères. C'est seulement vers
le xviii* siècle qu'il a été donné aux mélanges de sulfate et de carbonate
de chaux, renfermant souvent des sels de magnésie; et finalement au car-
bonate précipité du sel d'Epsom : dernière attribution qui a conduit le mot
magnésie à sa signification actuelle.
Quoi qu'il en soit, le carbonate de magnésie pur et cristallisé est un miné-
ral fort rare, que Haiiy ne connaissait pas encore au commencement de ce
siècle. Son association intime avec le carbonate de chaux engendre la
dolomiey roche au contraire fort répandue. On rencontre surtout le carbo-
nate de magnésie proprement dit, en veines intercalées dans les schistes
talqueux, serpentines et autres silicates magnésiens ; il résulte de la décom-
position lente de ces schistes par les agents naturels. La matière de la
tablette du palais de Sargon renferme en effet quelques traces de silice, qui
trahissent la même origine.
Le choix d'un minéral aussi exceptionnel, pour fabriquer une tablette sa-
crée, n'a pas dû être fait au hasard : il répondait sans doute à quelque idée
religieuse particulière. En tous cas, il prouve que les Assyriens connais-
saient le carbonate de magnésie comme une substance propre. A quel mot
répondait réellement cette tablette dans l'inscription, où elle paraît figurer
sous l'un des noms réputés jusqu'ici métalliques ? Malgré l'absence d'une
dénomination spéciale sur cette tablette, M. Oppert a bien voulu me dire
qu'elle était désignée par le mot a-bar, pris auparavant pour celui de l'étain.
11 m'a semblé utile, pour tâcher d'obtenir quelque lumière nouvelle à cet
égard, d'analyser la matière même avec laquelle sont construits les grands
taureaux du musée du Louvre et de rechercher surtout si elle contiendrait
de la dolomie. Mais j'ai vérifié que c'est du carbonate de chaux cristallisé,
présentant la constitution physique soit du marbre, soit plutôt de cette va-
riété de calcaire, confondue autrefois sous le nom d'albâtre avec le sulfate
de chaux anhydre. Il ne m'appartient pas de discuter davantage la question
philologique de la vraie dénomination de ces matières (v, ce volume, p. 80).
Pendant que j'étudiais les tablettes de Khorsabad, M. Heuzey appela mon
MÉTAUX CHALDÉENS 223
attention sur certains objets métalliques, provenant des fouilles faites à Tello
par M. de Sarzec : c'étaient un fragment d'un vase et une figurine votive.
Le fragment représente une portion d'un cordon circulaire cylindrique,
de ymni à S""» de diamètre, qui formait l'orifice d'un vase moulé, préparé
par fusion et coulage. On voit encore une partie de la gorge qui séparait
ce cordon du corps du vase proprement dit. La forme en est très simple et
sans aucuns linéaments délicats, ni inscription, La surface est couverte
d'une très légère patine, d'un noir jaunâtre. La masse est formée par un
métal brillant, noir, dont la cassure présente des cristaux volumineux et
miroitants. La matière même est très dure, mais fragile. D'après l'analyse,
elle est constituée par de l'antimoine métallique, sensiblement pur et ne
renfermant à dose notable ni cuivre, ni plomb, ni bismuth, ni zinc, mais
seulement quelques traces de fer. La patine paraît être un oxysulfure, for-
mé par l'action des traces d'hydrogène sulfuré qui existent dans l'atmos-
phère.
L'existence d'un fragment brisé de vase moulé en antimoine pur a
quelque chose de singulier ; car l'industrie actuelle n'emploie pas ce métal
pur à un semblable usage, quoiqu'elle se serve fréquemment de ses alliages,
et je n'ai vu aucun autre exemple analogue dans les ustensiles, soit du temps
présent, soit des temps passés.
Cependant on m'avait affirmé que les Japonais l'appliquent dans leurs
fabrications et l'on m'a même remis un petit dauphin ailé, réputé constitué
par de l'antimoine. Mais l'analyse exacte de ce dauphin a montré qu'il con-
tenait du zinc et divers métaux associés (étain, bismuth, fer), mais qu'il
était loin d'être formé par l'antimoine pur. Si l'antimoine pur a été réelle-
ment employé par les Japonais, ce dont je doute, il y aurait là un rappro-
chement singulier avec les antiques industries chaldéennes.
C'est d'ailleurs une circonstance extrêmement curieuse que la trouvaille
authentique d'un tel fragment travaillé d'antimoine, faite à Tello, lieu de-
meuré inhabité depuis le temps des Parthes, et qui renferme les débris de
la plus vieille civilisation chaldéenne. L'antimoine, en effet, est réputé ne
pas avoir été connu des anciens et avoir été découvert seulement vers le
XV® siècle. Cependant on doit observer que les anciens connaissaient par-
faitement notre sulfure d'antimoine, minéral naturel auquel ils donnaient
224
CHIMIE DES ANCIENS
le nom de stibium ou stimmi et qu'ils employaient à de nombreux usages,
particulièrement en Médecine. 11 existe même dans Dioscoride un pas-
sage reproduit par Pline et dont je crois pouvoir conclure que l'antimoine
métallique avait déjà été obtenu à cette époque. On lit en effet dans Dios-
coride [Matière médicale, liv. V, ch. xcix) ; « On brûle ce minéral en le
» posant sur des charbons et en soufflant jusqu'à incandescence; si l'on pro-
» longe le grillage, il se change en plomb ([xo^uSâouxat) ». Pline dit de même
[Histoire naturelle^liv. XXXIII, chap. xxxiv) :« Il faut surtout legrilleravec
« précaution, pour ne pas le changer en plomb {ne plumbum fiât) ». Ces
observations répondent à des phénomènes bien connus des chimistes. En
effet, le grillage ménagé du sulfure d'antimoine, surtout en présence du char-
bon, peut aisément le ramener à l'état d'antimoine fusible et métallique,
substance que Pline et ses contemporains confondaient, au même titre que
tous les métaux noirs et facilement fusibles, avec le plomb. L'existence du
vase de Tello prouve que Ton avait également en Mésopotamie, et dès une
époque probablement beaucoup plus ancienne, essayé de préparer des vases
moulés avec cette prétendue variété de plomb, moins altérable que le plomb
ordinaire.
Depuis la première publication de ces analyses, j'ai reçu une lettre de
M. R. Virchow, qui m'annonce avoir imprimé, dans \q Bulletin de la Société
anthropologique de Berlin (i), une Note sur de petits ornements en anti-
moine, trouvés dans une ancienne nécropole transcaucasienne (Redkin-
Lager), datant probablement du temps de la première introduction du fer.
C'est là un autre exemple de l'antique connaissance de l'antimoine.
La figurine métallique votive de Tello donne lieu à des observations non
moins intéressantes. Elle représente un personnage divin, agenouillé, tenant
une sorte de pointe ou cône métallique. Elle porte le nom gravé de Gou-
déah, c'est-à-dire qu'elle répond à l'époque la plus ancienne à laquelle
appartiennent les objets trouvés jusqu'ici en Mésopotamie, M. Oppert lui
attribuerait une antiquité de quatre mille ans avant notre ère. Nous nous
trouvons ainsi reportés aux temps les plus reculés de la métallurgie histo-
(i) Verhandlungen der Berliner An-
thropologischen Gesellschafft, Sitzung
vom ig Januar I884. Les dessins soiat
aux pages 129 et i3o.
METAUX CHALDÉENS 225
rique (i). Cette figurine est recouverte d'une épaisse patine verte. Au-dessous
de la patine se trouve une couche rouge, constituée par le métal, profondé-
ment altéré et oxydé dans la majeure partie de son épaisseur. Puis vient un
noyau métallique rouge, qui offre l'apparence et la ténacité du cuivre pro-
prement dit : c'est le dernier reste du métal primitif, progressivement
détruit par les actions naturelles.
J'ai analysé ces différentes parties.
La patine verte superficielle est un mélange de carbonate de cuivre et
d'oxychlorure de cuivre hydraté. Ce dernier composé est bien connu des
minéralogistes sous le nom d^atakamite. Il résulte de l'altération du métal
par les eaux saumâtres, avec lesquelles la figurine s'est trouvée en contact
pendant la suite des temps.
La couche moyenne est du protoxyde de cuivre à peu près pur, ne ren-
fermant ni étain, ni antimoine, ni plomb ou métal analogue, ni zinc, à dose
notable; elle résulte d'une altération lente du cuivre métallique.
Enfin le noyau est constitué par du cuivre métallique, très sensiblement
pur.
L'absence de tout métal autre que le cuivre dans cette figurine mérite
d'être notée ; car les objets de ce genre sont d'ordinaire fabriqués avec
du bronze, alliage d'étain et de cuivre, plus dur et plus facile à travailler
que ses composants. L'absence même de Vétain dans le cuivre de Tello
pourrait offrir une signification historique toute particulière. En effet,
l'étain est bien moins répandu que le cuivre à la surface de la terre et son
transport a toujours été, dans l'antiquité comme de nos jours, l'objet d'un
commerce spécial. En Asie notamment, on n'avait, jusqu'à ces derniers
temps, signalé d'autres gîtes d'étain un peu abondants que ceux des îles de
la Sonde et des provinces méridionales de la Chine. Le transport de cet
étain vers l'Asie occidentale se faisait autrefois par mer, jusqu'au golfe
Persique et à la mer Rouge, au moyen d'une navigation longue et pénible;
et il était transmis de là sur les côtes de la Méditerranée, où il venait faire
concurrence à l'étain des îles anglaises (îles Cassitérides), transporté soit
(i) La figurine est dessinée dans j Chaldée, par E. de Sarzec (Pi. 28,
l'ouvrage intitulé : Découvertes en \ figures 3 et 4).
15
220 CHIMIE DES ANCIENS
à travers la Gaule, soit par le détroit de Gadès; ainsi qu'à celui des gîtes
moins abondants de la Gaule centrale ( i ), où l'étamage du cuivre fut d'abord
pratiqué (2) ; enfin à Tétain des gîtes de la Thrace, peut-être aussi à celui de
la Saxe et de la Bohême, et autres provenances locales, répondant à des gîtes
peu abondants (3), mais dont la connaissance par les anciens est incertaine.
L'importance de ces gîtes locaux a été spécialement discutée dans l'ouvrage de
M. A. B. Meyer sur des fouilles en Garinthie, intitulé : Gurina in Obergail-
thales [Kàrnthen] i885 (p. 65 et suivantes); ouvrage que l'auteur a bien voulu
m'adresser. Elle mérite d'autant plus notre attention que des voyages aussi
longs et aussi pénibles, des navigations si difficiles n'ont dû s'établir
qu'après bien des siècles de civilisation. Les Phéniciens, venus autrefois
des bords du golfe de Persique à ceux de la Méditerranée, paraissent avoir
été les premiers promoteurs de cette navigation, du moins en Occident
(Strabon, liv. III, chap. V, 1 1).
En fait, j'ai eu connaissance récemment de deux documents, qui sont de
nature à fixer une origine moins lointaine à l'étain des bronzes de l'Assyrie
et de rÉgypte (3). En effet, d'après une Note publiée par M. G. Bapst, dans
les Comptes rendus de l'Académie des inscriptions (1886), un voyageur russe,
M. Ogorodnikoff, aurait appris des habitants de Meched qu'il existait, à 120
kilomètres de cette ville et dans divers points du Khorassan (4), des mines
d'étain, actuellement en exploitation. Ces renseignements sont regardés par
l'auteur comme sujets à caution, en raison de l'incertitude de témoignages
de cet ordre, purement oraux et fournis par des Tatars.
Cependant, circonstance remarquable, ils se trouvent en certain accord
avec un passage de Strabon, que m'a indiqué M. P. Tannery. Strabon si-
gnale en effet (liv. XV, chap. Il, 10) des mines d'étain dans la Dran-
giane, région qui répond au sud du Khorassan, au-dessous d'Hérat, vers
(i) Strabon le signale aussi en Lusi-
tanie (Liv. III, ch. II, 8).
(2) Pline, H. N.,\. XXXIV, 48.
(3) Quelques auteurs ont supposé
qu'il avait dû exister autrefois des mi-
nerais d'étain dans l'Ibérie du Caucase.
Mais les géologues n'en ont jamais
sur cette question : Recherches anthro-
pologiques dans le Caucase^ par E.
Chantre, t. I, p. 81 (i885), et Age du
bronze, t. II, p. 3o5.
(4) L'existence de mines d'étain au
Khorassan a été signalée par Von Baer,
Archiv fiir Anthropologie, t. IX,
trouvé jusqu'ici dans cette région. Voir 1 1876.
MÉTAUX CHALDÉENS 227
les limites occidentales de notre Afghanistan. Mais le transport de l'étain
de ce point Jusqu'à la Chaldée aurait encore exigé un voyage par terre, de
longue durée, à travers des régions où les modernes eux-mêmes ne par-
viennent que bien difficilement. A la vérité, les métaux usuels et leurs
alliages semblent avoir été transportés autrefois à travers le monde par des
fondeurs nomades, analogues aux Tziganes et qui passaient partout.
La principale difficulté que Ton puisse objecter à ces petits gîtes et à ces
transports individuels d'étain, c'est l'abondance et la diffusion universelle
des armes de bronze, pendant de longs siècles. Les hypothèses précédentes ne
semblent pas répondre aux besoin d'une fabrication aussi prolongée, aussi
générale et aussi considérable. Pour y satisfaire, il a dû exister des
transports réguliers de masses d'étain, venant de mines abondantes et
inépuisables.
Si l'étain est rare dans le monde, il n'en est pas de même du cuivre. Les
minerais de cuivre se trouvent sur un grand nombre de points. Les mines
du Sinaï, pour ne pas en citer de plus lointaines, sont célèbres dans la
vieille Egypte. L'extraction du cuivre métallique à Faide de ses minerais
est d^ailleurs facile.
En raison de ces circonstances, plusieurs archéologues ont supposé qu'un
âge du cuivre pur, c'est-à-dire un âge ou l'on fabriquait avec ce métal les
armes et les ustensiles, avait dû précéder Tâge du bronze. Le bronze, plus
dur et plus résistant, aurait ensuite remplacé le cuivre, dès qu'il fut décou-
vert. Pour juger de cette hypothèse et pour établir la date à laquelle ont
commencé ces transports lointains et cette vieille navigation, il serait néces-
saire de posséder l'analyse des objets les plus anciens qui aient une date cer-
taine, parmi les débris de l'antiquité venus jusqu'à nous. Or le bronze à
base d'étain existait déjà en Egypte, près de deux mille ans avant notre ère,
d'après les analyses de ce genre (v. p. 220).
L'analyse de la figurine de Tello semble indiquer, au contraire, que l'é-
tain n'était pas encore connu, à l'époque reculée de la fabrication de cet
objet, l'étain n'arrivant pas alors jusqu'au golfe Persique.
Ce n'est là d'ailleurs qu'une induction, quelque circonstance religieuse
ou autre ayant pu déterminer l'emploi exclusif du cuivre dans cette figu-
rine : il faudrait examiner des objets plus nombreux et plus variés pour ar-
228
CHIMIE DES ANCIENS
rivera cet égard à une certitude. Mais il m'a paru intéressant de signaler
les problèmes d'ordre général soulevés par l'analyse des métaux de Tello.
VIII. _ NOTICES DE MINÉRALOGIE, DE MÉTALLURGIE
ET DIVERSES
Durant le cours de mes recherches sur les Alchimistes, j'ai recueilli dans
les auteurs anciens et dans ceux du moyen âge, un grand nombre de ren-
seignements intéressants sur la minéralogie et sur la métallurgie des anciens;
renseignements qui n'ont pu trouver une place suffisante dans les articles
de l'Introduction, ou dans les notes de la Traduction. C'est pourquoi il m'a
semblé utile de les reproduire ici dans un article spécial, lequel ne sera
pas, je l'espère, sans quelque fruit pour les personnes qui étudieront le
présent ouvrage. J'en donne d'abord, pour plus de clarté, la liste alpha-
bétique; puis viendront les notices elles-mêmes.
LISTE ALPHABÉTIQUE DES NOTICES
iEs, Airain, Bronze, cuivre, l'^lMi et
dérivés. — ^rugo, viride ceris, ceruca
— rubigo — 'lô; fjxk/.o^J. 'lôv Çuaxdv —
scolex — Flos, av6oç y aXxou — œs us-
tum, yj^^'^-^i /.E/.ajiJ.evoç — scoria^ lepis
— squama — stomoma — smegma,
— diphryges — fœx œris — craie
verte, théodotion.
Aétite, pierre d'aigle.
Alchimistes grecs (tradition au moyen
âge.)
Alphabets et écritures hermétiques.
Alun, aTujrcTjpta.
Ammoniac (sel).
Antimoine (sulfuré), ati'|i.!^^ larbason,
alabastrum — soufre noir — anti-
moine brûlé, — métallique, — blanc,
— rouge.
Arsenic (sulfuré) — jaune, orpiment
— rouge, sandaraque, réalgar ; Ker-
mès minéral — métallique — second
mercure — l'hermaphrodite.
Cadmie — naturelle (minerais de cuivre
et de laiton) — artificielle, ou des
fourneaux — ses espèces : capnitis,
pompholjrx; botruitis, placitis, ![oni-
tis, onychitis^ostracitis — cathmia —
nihil album — spodos, lauriotis —
anmpoie— tutie— magnésie.
Chalcanthon — couperose — vitriol —
sens multiples — Misy, sory — col-
cothar — melanteria.
Chalcitis.
Chaux, aa6Eaxo; — titanos — gypse.
Chrysocolle — œrugo — santerna —
soudure des orfèvres — sens mul-
NOTICES DIVERSES
229
tiples. — Malachite — A^urite —
armenium — sens actuel.
Chrysolithe — moderne, ancienne.
Cinabre.
Claudianos.
Clefs (les) de l'art.
Cobalt, cobathia, kobold.
CouPHOLiTHE, talc et analogues.
Eléments actifs.
Esprits, mtd^xxxct — corps et âmes; sens
de ces mots. — Les esprits : mer-
cure, sel ammoniac, soufre, arsenic,
marcassite, magnésie, tutie, wismath
— explication de ces mots.
Étain — xaaafxspoç — stannum — plomb
blanc.
Étymologies chimiques doubles : asem,
chimie, sel ammoniac.
Fer et dérivés — basalte — rubigo ou
ferrugo, toç, rouille — squama —
scoria — sideritis — aimant, magnes
ou pierre magnétique, — ferrum vi-
vum — hématite — pierre schisteuse
— ocres — pyrites — chalcopyrite.
Feu (vertus).
Figures géométriques des saveurs et
des odeurs.
Fixation du mercure et des métaux.
Gagates (jais), — pierre de Memphis
— asphalte.
*Io?, virus. — "Icoai;, plusieurs sens.
Magnésie — sens multiples — pierre
d'aimant — minerai du molybdo-
chalque — sulfures, oxydes, alliages et
amalgames divers — magnésie noire
— magnésie calcaire, — sens mo-
derne.
Marcassites.
Massa.
Mercure, argentum vivum et hydrar-
gyrum — sa sublimation dans Vam-
bix — aiOa'Xr,. — Anecdote d'Aristote
— idées et synonymes alchimiques —
dialogue de l'or avec le mercure.
Métaux — Génération d'après Aristote
— d'après les Arabes et les alchi-
mistes — odeur des métaux.
Minium, rubrique ou matière rouge — ■
[xtXxoç — oxydes de fer (sanguine, ocre
brûlée, hématite), de plomb, de mer-
cure, de cuivre — sulfures métalliques
— sinopis, — terre deLemnos— mi-
nium, sens multiples — fausse sanda-
raque — cinabre — Sandyx, sericum
— découverte de Callias — couleurs
bleues : cœruleum ; armenium —
couleurs vertes : chrysocolle, verdet
— couleurs jaunes — ocre — 5j7, etc.
NiTRUM — natron — spuma nitri,
â^pôç vtTpou.
Opérations alchimiques.
Or — coupellation par le soufre d'anti-
moine (loup des métaux, bain du
roi, etc.).
Paros et Porus.
Plomb et dérivés — plomb noir et plomb
blanc — stannum — galène — plomb
lavé — plomb brûlé — scorie — spode
— pierre plombeuse — molybdène —
scorie d'argent — helcysma — en-
cauma — litharge — chrysitis — ar-
gyritis — écume d'argent — céruse
— minium.
Pseudargyre.
Samos (pierre de).
Sélénite, aphroselinon.
Sel — fossile — de Cappadoce — fac-
tice. — lanugo — muria, saumure
— flos — favilla.
Soufre — apyre.
Terres diverses.
Trempe et teinture — Tixor,.
Tutie.
23o CHIMIE DES ANCIENS
JEs. Airain, Bron^^e^ Cuivre^ yxky.hq.
Ce mot était employé pour représenter à la fois le cuivre pur et les alliages
très divers qu^îl forme par son association avecl'étain, le zinc, le plomb, le
nickel, l'arsenic et divers autres métaux ; c'est-à-dire les bronzes et les laitons
des modernes. Le mot cuivre, même de nos jours, est parfois usité dans
un sens aussi compréhensif : cuivre rouge, cuivre jaune, cuivre blanc, etc.;
tandis que le mot airain, dans la langue de nos orfèvres, a fini par désigner
un alliage particulier, formé de 9 parties de cuivre et 3 de zinc. Mais le sens
ancien du mot airain était synonyme de celui du cuivre.
Le nom même du cuivre vient d'une épithète appliquée à l'airain de
Chypre (KjTrptcç) ; notre cuivre pur n'était pas désigné par un mot unique
chez les anciens peuples, pas plus chez les Orientaux, que chez les Grecs,
ou chez les Romains; du moins jusqu'au in^ siècle de notre ère, époque où
apparaît le mot ctiprum.
Insistons sur ce point que ni les Grecs, ni les anciens Romains n'ont
employé deux mots distincts et spécifiques pour le cuivre et le bronze, et que
l'on ne doit pas chercher deux noms de ce genre chez les vieux Orientaux.
Le mot ces, airain, s'appliquait indifféremment au cuivre et à ses alliages avec
rétàin, le plomb, le zinc. Pour bien comprendre les textes anciens, il con-
vient d'écarter de notre esprit les définitions précises, acquises par la chimie
de notre temps; car les corps simples n'ont, à première vue, aucun caractère
spécifique qui les distingue de leurs composés. Personne dans l'antiquité
n'a regardé le cuivre rouge comme un élément qu'il fallût isoler, avant de
l'associer aux autres. Les anciens, je le répète, n'ont pas conçu ces alliages
comme nous, en les ramenant à l'association de deux ou trois métaux élé-
mentaires, tels que notre cuivre, notre étain, notre plomb, métaux élémen-
taires que_nous fondons ensemble pour obtenir les bronzes et les laitons.
Mais ils opéraient surtout sur les minerais de ces métaux, plus ou moins
purs, minerais appelés cadmies^ ou chalcites ; ils les mélangeaient, avant
d'opérer la fabrication et la fonte du métal proprement dit ; parfois, quoique
plus rarement, ils unissaient entre eux les alliages et métaux obtenus du
premier jet.
Tout métal et alliage rouge ou jaune, altérable au feu, s'appelait yi(ikY.oq ou
œs; tout métal et alliage blanc, fusible et altérable au feu, s'appelait à l'ori-
NOTICES DIVERSES 23 1
gme plomb. Plus tard on distingua deux variétés : le plomb noir, qui com-
prenait notre plomb et, plus rarement, notre antimoine, etc.; et le plomb
blanc, qui comprenait notre étain et certains alliages.de plomb et d'argent.
Quant au x'^'k%oq ou ces^ on en distinguait les variétés diaprés le lieu de
provenance ( i ) : cuivrede Délos, d'Egine, de Chypre, de Syracuse, de Cordoue ;
ou d'après le nom du propriétaire de la mine : cuivre Sallustien, Marien,
Livien (2) ; sans que l'on attachât à l'une de ces variétés, le caractère
d'un métal plus simple, plus élémentaire que les autres. Les seules dis-
tinctions précises que nous lisions dans les auteurs anciens sont celles de
l'orichalque, et de l'airain de Corinthe. L'orichalque, mot dont l'étymologie
est inconnue, est regardée par Hésiode et par Platon comme un métal
précieux (3). D'après Pline, sa découverte fit tomber le cuivre de Chypre en
discrédit; mais le minerai qui le fournissait s'épuisa. Le cuivre Marien en
approchait, et était employé de préférence pour les monnaies les plus chères,
telles que les sesterces et les doubles as; le cuivre de Chypre étant réservé
pour les monnaies plus viles, telles que les as. On sait ailleurs que la valeur
de l'orichalque a été double à une certaine époque de celle du cuivre ordi-
naire : c'était sans doute quelque bronze plus beau et plus résistant-.
Quant à l'airain de Corinthe, c'était un alliage du -/^xXv.hq avec l'argent
et l'or. On distinguait trois variétés : la blanche, où l'argent dominait: la
jaune, où l'or dominait; et une troisième, formée à parties égales avec les
trois métaux; il y avait encore une variété de couleur hépatique.
L'airain avait des dérivés assez nombreux, que nous allons énumérer et
définir d'après les textes. Ajoutons que la distinction absolue de ces déri-
vés entre eux ne paraît pas possible en toute rigueur, parce que leur identi-
fication avec les composés définis de la chimie actuelle ne peut être qu'im-
parfaite, nos composés n'ayant été ni isolés, ni spécifiés par les anciens.
^rugo; parïoh rubigo, viride œris. yEruca. 'IzqyxXy.o'j. lèv ÇuaTÔv. —
vert de gris — raclure de cuivre (4).
(i) Pline, H. N., 1. XXXIV. 1 Pline, H. N., 1. XXXIV, 26; 1. XXXIII,
(2) Le Claudianos était probablement { 29. — Vitruve, 1. VII, chap. 7. —
un métal analogue (v. ce mot). ! Vincent de Beauvais, Spcc. majus.
(3) Origines de l'Alchimie, p. 226. VIII, 3o. — Lcxicon Alch. RuLvidi,
(4) Diosc, Mjt. wéd., 1. V, 91.— | page 14 et suivantes.
232
CHIMIE DES ANCIENS
Le mot œrugo désignait :
i" Des produits naturels formés dans les mines de cuivre, les uns par
efîlorescence ; les autres par déliquescence, ou imbibition. Les produits
étaient lavés, séchés, grillés dans un plat neuf, ^rugo fossilis était une
matière congénère de la chalcitis (pyrite cuivreuse), du vitriol bleu et de
la chrysocolle (malachite et autres sels basiques de cuivre, de couleur verte).
Pour la soudure de Tor, les orfèvres opéraient avec de l'urine d'enfant
impubère, broyée dans un mortier de cuivre (v. ce volume, p. '46) ; opéra-
tion qui produisait un sel de cuivre basique, aux dépens du mortier.
2° Des produits factices et spécialement \Qverdet (acétate de cuivre basique),
substance dont Dioscoride et Pline décrivent la préparation au moyen des
lames de cuivre et de la vapeur du vinaigre, ou bien du marc de raisin,
Scolex : 'Ioj axwXrj^, rouille vermiculaire (i). — Matière native et factice,
congénère de la précédente. On la préparait avec du cuivre, ou l'un de ses
minerais, associé avec du vinaigre, de l'alun, du sel, ou du natron ; le mélange
était exposé au soleil. Ces préparations pouvaient fournir, suivant la nature
et la proportion des ingrédients, des acétates, sulfates, oxychlorures, car-
bonates basiques de cuivre.
jErisflos (2), avÔo; ^aXxou. Fleur de cuivre (3).—- Matière rejetée par le
cuivre fondu, sous la forme d'écaillés légères projetées par lèvent du souf-
flet pendant la coulée. On l'obtenait aussi sous l'influence de l'eau, projetée à
sa surface.
On la définit encore : Paillette des vieux clous de cuivre; elle devient rouge
sous le pilon. Ceci paraît être du protoxyde de cuivre, souillé sans doute
par des oxydes de métaux étrangers.
Le nom de/los œris a été appliqué plus tard au vert de gris. Ce corps, pas
plus que les précédents, ne doit pas être identifié avec le xaXxavôov, couperose
ou vitriol, qui est notre sulfate de cuivre. Mais les deux produits sont con-
génères et les deux noms ont été souvent confondus dans les manuscrits,
confusion rendue plus facile par les abréviations des copistes.
(i) Diosc, Mat. méd., 1. V, 92. —
Pline, H. N. 1. XXXIV, 28.
(2) Diosc. Mat. méd., V, 88. —
Pline, H. N., 1. XXXIV, 24. —
Lexicon Alchem Rulandi, page 12.
(3) Le mot JIos dans Pline signifie
couleur — floridus, d'une couleur
vive.
NOTICES DIVERSES
233
^£■5 M5f«m(i), xexautJLévoç x«^>^oç- — Cuivre brûlé. Pour le préparer, on
chauffait du vieux cuivre avec du soufre et du sel, placés au-dessous et
au-dessus, dans un vase de terre crue, à couvercle luté ; ou bien, avec de
l'alun, du soufre et du vinaigre. On l'obtenait encore en chauffant le cuivre
seul, pendant longtemps; ou bien parfois, en l'aspergeant de vinaigre de
temps en temps. On lavait à l'eau de pluie, avec broyage et décantation,
jusqu'à ce que le produit eût pris l'aspect du minium. On le fabriquait à
Mcmphis et à Chypre.
Ceci paraît répondre à notre protoxyde de cuivre. On sait aujourd'hui
que ce corps peut être obtenu en chauffant, dans un vase fermé, 24 parties
de sulfate de cuivre sec et 29 parties de fil de cuivre.
L'action de la chaleur sur Vcerugo fournissait le même produit.
Scoria. — Obtenue par l'actionde l'air sur le cuivre chauffé; corps congé-
nère du précédent.
Lepis, XeTC(ç. — Squama (2). Matière détachée par le marteau des clous
forgés avec les pains de cuivre de Chypre ; congénère de la fleur, qui se
détachait d'elle-même, et du stomoma, duvet plus fin que la lepis.
Le stomoma s'obtenait aussi par la macération du cuivre dans l'urine
d'enfant. Le vinaigre changeait la lepis en vert-de-gris.
Ce sont encore là des sous-oxydes de cuivre, ou des sels basiques, tels
que acétates, phosphates, sous-chlorures, etc.
Smegma (3). — Matière projetée par le vent du soufflet sur le cuivre fondu,
entouré de charbons.
Diphryges —fœx œris[à^. — « Le cuivre coule ; la scorie sort du fourneau;
la fleur surnage; le diphryge reste. » C'est donc le résidu, qui n'a pas fondu
pendant le traitement. Ce nom est aussi attribué à la pyrite grillée, jusqu'à
transformation en matière rouge (peroxyde de fer ou sulfate basique) ; ainsi
qu'au limon d'une caverne de Chypre, séché et calciné (c'était probablement
un oxyde, ou un sel basique de fer hydraté).
(i) Diosc, Mat. méd., 1, V, 87. —
Pline, H. N., 1. XXXIV, 23, 24.
(2) Diosc, Mat. méd., 1. V, 8q. —
Pline, H. N. 1. XXXIV, 24, 2 5, Vin-
cent DE Beauvais, Sp. m. VIII, 29.
— Lexicon Alch. Rulandi, p. 12, 18.
(3) Pline, H.N., 1. XXXIV, 36.
(4) Diosc, Matière médicale, 1. V,
119. — Pline, H. N., 1. XXXIV, 37.
234
CHIMIE DES ANCIENS
La craie verte paraît être soit un hydrocarbonate de cuivre, soit de la
cendre verte. La meilleure variété, nommée 6so36ticv, venait de Smyrne
(ViTRUvE, l.VIII, chap. y.)
AÉTiTE ou pierre d'' aigle (i).
Variété géodique de fer hydroxydé, ou d'argile ferrugineuse, jaune ou
rougeâtre, contenant un noyau mobile, qui résonne quand on agite la pierre.
Cette pierre, grosse en apparence d'une pierre plus petite, était réputée par
analogie avoir une influence sur les grossesses des femmes ; préjugé qui
s'est perpétué jusqu'à notre époque chez les gens ignorants. On pensait
qu'elle était employée par les aigles dans la construction de leurs aires; de
là le nom de pierre d'aigle. Le nom d'aétite semble avoir été employé pour
toute géode renfermant un noyau mobile. Pline en distingue quatre espèces.
On a même étendu le sens de ce mot aux pierres renfermant un liquide.
D'après Solin (ch. XXXVII), le son produit par cette pierre était attribué
à un esprit ou âme intérieure et Zoroastre regardait l'aétite comme ayant
une grande puissance magique. On trouve un passage analogue dans les
Alchimistes. Un aigle tenant une pierre exprimait la sécurité chez les Egyp-
tiens, suivant Horapollon.
Alchimistes Grecs (tradition au moyen âge).
Les noms et la tradition directe des Alchimistes grecs ne se retrouvent que
peu ou point chez les Alchimistes latins, lesquels se rattachent eux-mêmes
directement aux Arabes. Les noms de ces Grecs ne reparaissent pas d'une
manière explicite et détaillée avant le XV® siècle, époque où les manuscrits
grecs se répandirent en Occident. Il n'en est que plus intéressant de signaler
les quelques réminiscences qui s'y rapportent chez les latins du moyen âge.
Quant aux Arabes, j'en ai signalé ailleurs la filiation immédiate avec les
Grecs d'après le Kitab-al-Fihrist (2) ; et je donnerai plus loin certains autres
souvenirs analogues, en parlant des alphabets hermétiques.
Dans la Bîbliotheca Chemica de Manget, t. II, il existe des planches indi-
quantla figure des divers philosophes alchimiques, d'après la tradition du
moyen âge : chaque figure est accompagnée par une sentence, à peu près
(i) Pline, H. N., 1. X, 4; 1. XXXI,
39. — Diosc, Mat. méd., 1. V, 160. —
Lexicon Alchemice Rulandi, p. 21
(161 2). — Salmasii Pliniance exercita-
tiones, p. 177, 5oi, 5o2 (1689).
(2) Origines de l'Alchimie, p. i3o.
NOTICES DIVERSES 235
comme dans la Turba philosophorum. J'y relève les noms suivants : Hermès,
Cléopâtre, reine d'Egypte, Anaxagore, Zamolxis, Michel Psellus, Marie
l'Hébreuse, Démocrite le Grec, Pythagore, Platon, Hercule (c'est-à-dire
Héraclius), roi sage et philosophe, Stephanus le philosophe chimique,
Albert le Grand, une multitude d'Arabes, etc.
La Turba philosophorum relate de même la plupart de ces noms, mais
à ce qu'il semble, à travers une transmission arabe. Je n'insisterai pas sur
Hermès, dont le nom est toujours resté étroitement lié aux spéculations de
l'Alchimie et de l'astrologie. Mais les autres auteurs étaient moins connus.
Dans le Traité De Mineralibus, attribué à Albert le Grand (1. III, traité I,
ch.4), on rencontre une mention de Démocrite l'alchimiste, d'après lequel
la chaux et la lessive [lixivium ou aqua acuta] seraient la matière des métaux.
Dans un autre passage, on lui attribue cette opinion que les pierres ont
une âme, un principe intérieur de vie. Callisthène y est cité comme alchi-
miste. Rappelons aussi quelques indications tirées du traité de Théocto-
nicos, traduction grecque de Touvrage d'Alchimie attribué à Albert le
Grand (ce volume, p. 209 et suiv.).
Les Traités alchimiques du Pseudo-Aristote arabe, tels qu'on les connaît
par des traductions latines, me paraissent toucher de très près, sur certains
points du moins, à la tradition des alchimistes grecs. — Donnons encore
cette citation, tirée de la Bibl. chem. de Manger, t. I, 917 : « Le secret est
dans le plomb, d'après Pythagore et Hermès, etc » .
Alphabets et écritures hermétiques.
Dans Zosime et dans Olympiodore, les inscriptions hiéroglyphiques sont
regardées comme ayant un sens alchimique. Ces inscriptions étaient
aussi réputées des talismans, destinés à protéger les trésors contenus dans
les chambres des pyramides. Il semble même que la description de certaines
opérations chimiques ait été réellement consignée sur des stèles (i): mais
c'était là une circonstance rare, car aucune de ces stèles n'a été retrouvée
jusqu'à présent. Cette circonstance, généraliséepar suite d'une hypothèse fort
répandue, aurait donné lieu au préjugé précédent. Il a duré jusqu'à notre
temps; en effet, daprès Sylvestre de Sacy, « les Orientaux regardent les
(i) Origines de l'Alchimie, p. 23, 29, etc. — Voir Texte grec : Jean l'Archiprètre.
236
CHIMIE DES ANCIENS
monuments Egyptiens comme destinés à des opérations alchimiques, magi-
ques, etc.; ils appellent écritures hermétiques les hiéroglyphes, convaincus
qu'ils renferment la révélation du secret de ces opérations. » (Sylvestre de
Sacy, Magasin encyclopédique, p. 145 ; novembre 18 19.)
De là l'imagination des alphabets hermétiques, destinés à Tinterprétation
des écritures secrètes. On peut voir divers exemples de ces alphabets mysté-
rieux dans un ouvrage intitulé : Anciens alphabets et caractères hiérogly'
phiques, expliqués en arabe par Ahmed ben Abubekr ben Wahschijich, et en
anglais, par J. Hammer, Londres, 1806.
Ce livre, soi-disant trouvé au Caire, renferme 80 alphabets imaginaires,
mais dont les noms mêmes indiquent la préoccupation de l'auteur et des lec-
teurs. Tels sont les alphabets des philosophes: Hermès, Platon, Pythagore,
Asclépius, Socrate, Aristote, etc. ; — de Ptolémée le grec; — de Hermès,
père de Tat (Toth), qui a écrit sur le grand œuvre; — de Dioscoride, qui a
écrit sur les herbes, les plantes, leurs vertus, etc.; — du sage Démocrite,
lequel l'a reçu, 'dans un souterrain, du génie qui préside à la planète
Mercure; — du sage Zosime l'Hébreu, écriture mystique pour les traités
sur le grand œuvre — Le nom de Théosébie, congénère de Zosime, se
trouve un peu plus loin. — On y rencontre encore les alphabets des
anciens rois, parmi lesquels Kimas l'hermétique (le Chymes des textes
Grecs) ; — les alphabets des sept planètes, des douze constellations —
une interprétation des hiéroglyphes, etc.
Tous les signes de cet ouvrage ne représentent guère que des jeux
d'esprit individuels; mais les noms propres auxquels ils sont attribués
témoignent que le souvenir même des vieux alchimistes avait été conservé
en Egypte par une certaine tradition.
Nous avons signaléprécédemment(p. 207) les alphabets magiques du ma-
nuscrit de Saint-Marc (p. i56) et ceux du manuscrit 2419 : ils ne portent
aucun nom propre. La formule de l'Ecrevisse dans Zosime (p. 162) se
rattache de plus près à la tradition des symboles alchimiques.
Alun, axuTCTTjpîa. Alumen (i).
(i) Diosc, Mat. méd., 1. V, 122. —
Pline, H. N., 1. XXXIII, 25 ; 1. XXXV,
52 ; 1. XXXVI, 37. — Lexicon Alch.
Rulandi, p. 32 et suiv.
NOTICES DIVERSES 237
L'alun était employé comme fondant et purificateur des métaux. On dis-
tinguait, d'une part : l'alun blanc et l'alun noir, corps en réalité de teinte
voisine du blanc, mais probablement ainsi nommé parce qu'il noircissait
au contact de certains sucs végétaux, en raison de la présence de fer dans
l'alun, et du tannin dans les sucs. Ces corps étaient employés pour purifier
l'or.
D^autre part, les auteurs indiquent : l'alun lamelleux (schiste), blanchâtre;
— l'alun rond; — l'alun capillaire, appelé aussi schisteux, lequel peut être
rapproché de notre alun de plume, efflorescence mêlée de sels de fer et d'alu-
mine.
L'alun liquide, solution de sulfate d'alumine plus ou moins pur, et l'alun
calciné étaient aussi employés.
Les alchimistes désignaient encore sous le nom d'alun, l'acide arsénieux,
comme on peut le voir dans Olympiodore (ce volume, p. 67 et 68).
Ammoniac (sel).
Dans la Gyrénaïque, ce sel se trouve sous le sable, en longues aiguilles
sans transparence, d'après Pline [H. N., 1. XXXI, 39). Cette indication rap-
pelle un carbonatede soude fossile, et non notre chlorhydrate d'ammoniaque.
Dioscoride (1. V, i25) nomme le sel ammoniac, en disant qu'il se distingue
par un clivage facile et suivant des directions droites : ce qui semble aussi
le caractère d'un sel cubique, c'est-à-dire du sel gemme.
Dans le Pseudo-Aristote (Manget, Bibliotheca Chemica, 1 1, p. 648) il est dit
que le sel ammoniac, chauffé sur une lame de métal, doit fondre sans répan-
dre de fumée; ce qui répond au carbonate ou au chlorure de sodium, mais
non au chlorhydrate d'ammoniaque. Cependant ailleurs le même auteur en
indique la sublimation (Manget, I, 645) :ce qui répond bien à notre chlor-
hydrate. Le mot de sel ammoniac a donc désigné deux substances très dif-
férentes. Le sens actuel du sel ammoniac sublimable est indiqué expressé-
ment dans ce passage d'Avicenne (xi* siècle), cité par Vincent de Beauvais
{Spéculum majus, VIII, 60) : « Il y a quatre esprits (c'est-à-dire quatre corps
sublimables), le soufre, l'arsenic, le sel ammoniac et le mercure. » On trouve
déjà une indication analogue dans Geber [Summa perfectionis^l. I, ch. x, etc.
Bibl. c/iew2ca de Manget, t. i, p. 525, T" colonne). La préparation même en
est décrite dans l'ouvrage intitulé : Libri investigationis (p. 559 du 1. 1. de la
238 CHIMIE DES ANCIENS
Bibliotheca de Manget), ouvrage attribué au même auteur. Le sel ammoniac
véritable aurait donc été connu au ix« siècle. (Voir aussi le présent volume,
p. 45, Note.)
Antimoine, aTt[A[X'., stibi, larbason, chalcédoine; élément féminin (par oppo
sition avec l'arsenic, élément masculin?).
C'est notre sulfure d'antimoine, le soufre noir des alchimistes. D'après
Dioscoride (i), c'est un corps brillant, rayonné, fragile et exempt de parties
terreuses. On le brûle en le recouvrant de farine ; ou bien, en l'exposant
sur des charbons allumés, jusqu'à ce qu'il rougisse (oxysulfure ?). Si on
prolonge, ajoute l'auteur, il prend les caractères du plomb (c'est-à-dire
que l'antimoine métallique ou régule se produit). D'après Pline (if. N., 1.
XXXIII, 33), on l'appelle stibi, alabastrum, larbason mâle et femelle; il est
blanc et brillant. S'il devenait ainsi blanc, c'est sans doute après un grillage
qui l'avait changé en oxyde d'antimoine, corps confondu souvent chez les
anciens chimistes avec notre minium blanchi par certains traitements.
L'antimoine oxydé se trouve d'ailleurs dans la nature, ainsi que l'oxy-
sulfure rouge (Kermès minéral). Ce dernier a du être pareillement con-
fondu avec la sandaraque, le minium, la sanguine et le cinabre, substances
que l'on trouve souvent prises les unes pour les autres.
Arsenic.
D'après Dioscoride (2) , ce corps est terreux et doré : c'est donc un sulfure d'ar-
senic (voir ce volume, p. 43) ; une autre variété est rougeâtre, d'après Pline
{H. N., 1. XXXIV, 56). C'est l'orpiment (voir aussi Vincent de Beauvais,
VIII, 69, 70). Le nom même de l'orpiment figure textuellement dans le
texte grec de Théoctonicos, auteur du xiii^ ou xiv^ siècle (ce volume, p. 210).
Sandaraque. — D'après Dioscoride [Mat. Méd., V, 121), c'est une ma-
tière rouge, brillante, couleur de cinabre (voir aussi Pline,//. A''., 1. XXXIV,
55; 1. XXXV, 22). C'est le réalgar; peut-être, aussi dans certains cas, le
Kermès minéral ou oxysulfure d'antimoine.
Rappelons que le nom de sandaraque est appliqué aujourd'hui à une
résine d'une composition toute différente, dérivée de la colophane, et que
les anciens ne connaissaient pas sous ce nom.
(i) Mat. méd.. 1. Vjgg. | (2) Mat. méd., 1. V, 120.
NOTICES DIVERSES 289
Il a été employé aussi par les anciens pour le cinabre et pour le minium.
Vitruve, notamment, indique la préparation de la sandaraque par la cuisson
de la céruse au four.
Notre arsenic métallique a été entrevu par les alchimistes, qui l'ont
regardé comme un second mercure (i), de nature analogue au vif argent,
sublimable comme lui et communiquant pareillement sa volatilité à ses
dérivés, spécialement aux sulfures. La sandaraque (réalgar) a été ainsi assi-
milée au cinabre. Le rapprochement entre le mercure et l'arsenic se com-
plète à ce point de vue, si l'on remarque que l'arsenic blanchit le cuivre
par sublimation, comme le fait le mercure, et qu'il attaque de même à
chaud la plupart des métaux.
L'arsenic est parfois appelé l'hermaphrodite, en tant que réputé inter-
médiaire entre l'or et l'argent et composé, comme eux, de soufre et de mer-
cure (2). Mais ce sens ne lui est pas propre.
Gadmie (3).
Chez les anciens ce mot avait deux sens; il désignait :
1° Un produit naturel, tel que la pierre dont on tire le cuivre, ou plutôt le
laiton : par exemple notre aurichalcite, carbonate de zinc et de cuivre ; notre
hydrosilicate de zinc, notre carbonate de zinc ou calamine, etc.
2° Un produit artificiel, sorte de fumée des métaux, soulevée dans les
fourneaux de cuivre par l'action de la flamme et du soufflet. Ce produit
adhérait aux parois, au sommet, et à l'orifice du fourneau.
Le grillage de la pyrite des monts de Soli (Chypre) en fournissait aussi.
Les fourneaux d'argent en développaient un autre plus blanc, moins pesant.
On distinguait la capnitis, c'est-à-dire la cadmie plus tenue, recueillie à
la bouche de sortie des gaz, laquelle doit être rapprochée da pompholj'X ;
La botruitis, suspendue en forme de grappes, cendrées ou rouges ;
Laplacitis ou placodes^ agglomérée en croûtes, le long des parois; par-
fois elle était entourée de zones, et dite alors lonitis ;
([) Voir notamment notre PI. M,
1. 4, et ce volume, p. qi).
(2) Manget. Bibl. Chem., t. I, p. 9J0.
(3) Diosc, Mat. méd., 1. V, 84. — j quer, 177S.
Pline, H. N., 1. XXXIV, 2, 22. — \
Vincent de Beauvais, VIII, 28. —
Lexicon Alchemitv Rulandi, p. 110
et suiv. — Dict. de Chimie de Mac-
240 CHIMIE DES ANCIENS
L'onychitiSy bleuâtre à la surface, avec des veines intérieures plus blan-
ches, rappelant l'onyx ; elle se trouvait aussi dans les vieilles mines ;
Uostracitis, mince, noirâtre, d'apparence testacée.
Macquer [Dict. de Chimie, 1778] distingue de même la cadmie natu-
relle, ou fossile, qui est la calamine employée à la fabrication du laiton;
et la cadmie des fourneaux, sublimé produit dans la fusion des minerais
de zinc, laquelle éprouve une demi-fusion et forme incrustation aux pj^rois
des fourneaux. Il ajoute que quelques-uns appellent aussi cadmie fossile
un minerai de cobalt (répondant à notre arséniosulfure actuel).
En réalité, ce nom était donné à toute suie et sublimé métallique, s'élevant
dans la fonte en grand du cuivre et des autres métaux. Au point de vue
de la Chimie moderne, la cadmie des fourneaux serait de l'oxyde de zinc,
mêlé d'oxyde de cuivre, de plomb, parfois d'oxyde d'antimoine et d'acide
arsénieux; ces oxydes étant en outre unis quelquefois au soufre, sous forme
d'oxysulfures ou de sulfates basiques.
Dans les livres du moyen âge, on trouve encore ce mot Cathmia ou Cathi-
mia appliqué à certaines veines des mines d'or ou d'argent; aux sublimés
des fourneaux d'or ou d'argent; à l'écume échappée de l'argent, de l'or, du
cuivre, etc.
Les modernes, suivant un usage courant en chimie et en minéralogie, mais
très fâcheux pour l'histoire de la science, ont détourné le mot cadmie de
son sens primitif et l'ont appliqué à un métal nouveau, le cadmium, inconnu
des anciens.
Il convient de rapprocher de la cadmie certaines substances congénères,
telles que le pomphoiyx (i), devenu depuis le nihil album des auteurs du
moyen âge, et confondu avec la spodos blanche, laquelle s'envole au loin et
va s'attacher aux toits. D'après un texte de Pline, le pompholyx se produit
pendant la purification de l'airain ; ou bien encore, en projetant le jet des
soufflets sur la cadmie.
La spodos ou spodion (cendre) est au contraire, d'après Dioscoride, la
partie plus lourde et plus noire, qui tombe sur la sole des fourneaux de
(i) Diosc, Mat. méd., 1. V, 85. — Pline, H. N., 1. xxxiv, 34. — Lexicon Alch.
Rulandi, p. 442.
NOTICES DIVERSES 24I
cuivre, OÙ on la balaie ensuite. Elle est mêlée de paille, de poils et de terre,
dont on la débarrasse par des lavages. La spode des fourneaux d'argent
s'appelle lauriotis (nom qui vient des mines du Laurium). L'or, le plomb
en produisent aussi. Elle peut être de couleur cendrée, jaune, verte, rouge,
noire.
Le Lexicon Alchemîœ assimile la spode au vert de gris [œrugo œris, ios
œris).
Vantispode (i), est un produit que Ton substituait au spode pour les
usages médicaux. C'était la cendre de divers végétaux, incinérés dans une
marmite de terre crue, à couvercle percé de trous, puis lavés.
Le nom de la cadmie a été remplacé pendant le cours du moyen âge par
celui de tiitie, donné de même à toute fumée métallique. Nous appliquons
aujourd'hui ce nom de tutie à l'oxyde de zinc ; mais il avait autrefois un
sens plus compréhensif.
La magnésie de Démocrite, de Geber et de certains alchimistes est, dans
certains cas, équivalente à la cadmie ou tutie, mais réputée plus volatile
qu'elle; sa réduction fournissait le molybdochalque, alliage renfermant du
plomb et du cuivre et analogue à certains bronzes.
Chalcanthon, xàXxav6ov, couperose, vitriol, noir de cordonnier (2).
Cette matière se préparait avec une liqueur résultant de la macération
spontanée ou provoquée des minerais dans l'eau, à l'intérieur des mines de
cuivre.
Le premier produit obtenu par évaporation spontanée était du sulfate de
cuivre, bleu, demi-transparent, lancéolé. On l'obtenait aussi en concentrant
la liqueur au feu, et l'abandonnant à la cristallisation dans des bacs de bois,
sur des cordes ou des barres suspendues. Après le sel pur, venaient des sul-
fates plus ou moins basiques et ferrugineux. Le nom de vitriol apparaît au
xiii» siècle, dans Albert le Grand.
Observons les sens divers de ce mot couperose, ou de son équivalent
vitriol, tels que :
Vitriol bleu : sulfate de cuivre.
(1) Diosc, Mat. iitéd., 1. V, 86. —
PuNE, H. N., 1. XXXIV, 35.
(2) Diosc, Mat. méd., 1. V, ii3.
— Pline, H. X., 1. XXXII, 3 2. —
Vincent ue Beauvais, Spcc. Majus,
VIII, 32.
242
CHIMIE DES ANCIENS
Vitriol vert : sulfate de fer, et sulfate de cuivre basique.
— jaune et rouge : sulfates de fer basiques.
— blanc : sulfate de zinc; sulfate d'alumine, voire même alun.
La décomposition spontanée des pyrites peut fournir tous ces composés,
suivant leur degré d'impureté.
Le cuivre contenu dans les eaux mères résultant de cette décomposition
en est précipité aujourd'hui sous forme métallique, au moyen des débris de
fer de toute origine, lesquels fournissent des dépôts de cuivre, reproduisant
souvent la forme et l'apparence des morceaux de fer. De là celte opinion,
très répandue parmi les alchimistes, que le vitriol peut transmuter le fer en
cuivre. Elle reposait sur un phénomène réel, mais mal compris.
Misjr{i).
D'après les anciens, le misy de Chypre est doré, dur, et scintille quand
on récrase.
C'était de même une concrétion naturelle ou minerai, à cassure dorée,
qui a été décrite sous le nom de misy dans les mines de Gozlar au
xvn« siècle. Le vitriol, ajoutait-on, se change aisément en misy.
A la fin du xvni« siècle, on appelle misy une matière vitriolique jaune, lui-
sante, en pierre, ou en poudre non cristallisée (2) et assimilée à la couperose
jaune.
En somme, c'est toujours là un sulfate de fer basique, renfermant du sul-
fate de cuivre et parfois du sulfate d'alumine, résultant de la décomposition
spontanée des pyrites.
Sory (3). — On appelait de ce nom une matière congénère du misy, plus
grasse, à odeur vireuse, de couleur rouge, tournant au noir.
Les Arabes désignaient sous ce même nom de sory le vitriol rouge (voisin
du colcothar).
Enfin les Grecs modernes ont assimilé parfois le sory à la céruse brûlée
(minium).
(i) Diosc, Mat. méd., I. V, 116.
^ Pline, H, N., 1. XXXIV, 3i. —
Lexicon Alch. Rulandi, p. 336.
(2) Macquer, Dict. de Chimie^ t. IV,
p; 85 ; 1778;
(3) Diosc, Mat. méd., 1. V, ni
- Pline, H. N., 1. XXXIV, 3o. -
Lexicon Alch. Rulandi, p. 142. -
Salmasii Plin. Exerc, p. 814, 6 E.
NOTICES DIVERSES
243
Melanteria (i). — On appelait ainsi une sorte d'efflorescence saline, déve-
loppée dans l'orifice des mines de cuivre ; une autre partie apparaissait à
leur face supérieure. Elle se trouvait sous terre en Cilicie. Elle présentait,
ajoute-t-on, une couleur de soufre légère et noircissait aussitôt au contact
de l'eau (présence du manganèse ?).
D'après Rulandus, c'est une sorte de vitriol, dont la couleur dépend des
terres qui l'ont produite et varie du jaune au bleu.
Chalcitis(2) : minerai de cuivre, pyrite cuivreuse spécialement.
On en tirait le cuivre métallique, le misy, le sory, etc.
En fait, la pyrite de fer, sous l'influence de l'air et de Teau, se délite et
s'oxyde, en formant des sulfates de cuivre, de fer, d'alumine et de l'alun.
Le sel de fer ainsi produit devient bientôt basique, en se suroxydant.
Chaux vive : affôeoroç — titanos : chaux, ou plutôt pierre calcaire.
Gypse, "^ûCfoq, plâtre.
Ghrysocolle — œrugo — santerna — ■ soudure des orfèvres (3).
Ce mot a plusieurs sens, il désigne :
i" L'opération même de la soudure de l'or.
2° Les matières employées pour cette opération, telles que certains allia-
ges d'or, encore usités chez les orfèvres. Dans le Lexique alchimique, on
interprète molybdochalque (alliage de cuivre et de plomba par chrysocolle.
3° Un sous-sel de cuivre mêlé de fer, provenant de la décomposition d'une
veine métallique par l'eau ; décomposition spontanée, ou provoquée en
introduisant l'eau dans la mine en hiver jusqu'au mois de juin; on laissait
sécher en juin et juillet. Le produit natif était jaune.
4° La Malachite proprement dite, sous-carbonate de cuivre vert :
L'azurite, carbonate de cuivre bleu congénère, était désigné sous le nom
^'armen/Mm; probablement parce qu'on la tirait d'Arménie (4). Peut-être
aussi le bleu de Chypre (xuavoç) a-t-il été parfois exprimé par le même nom.
(i) Diosc, Mat. méd., 1. V, 117. —
Lexicon Alch. Rulandi. p. 329.
(2) Diosc, Mat. méd., 1. V, ii5 v.
— Pline, H. N., 1. XXXIV, 29. —
Vincent DE Beauvais, VIII. — Lexicon
Alch. Rulandi, p. 141.
(3) Pline, H. N., 1. XXXIII, 26, 27,
28, 29. — Diosc, Mat. méd., 1. V,
104. — Voir le présent volume, p. Sj.
(4) Diosc, Mat. méd.., 1. V, io5, 106.
— Pline, H. N., 1. XXXV, 28.
244 CHIMIE DES ANCIENS
5° Le produit obtenu en faisant agir sur le vert de gris l'urine d'un gar-
çon impubère et le natron. L'urine apportait ici des phosphates, des chlo-
rures et des sels ammoniacaux.
Ajoutons que nos traités de minéralogie moderne ont détourné le mot chry-
socolle pour l'appliquer arbitrairement à un hydrosilicate de cuivre.
Chrysolithe.
La chrysolithe moderne est le péridot : mais ce corps n'a rien de com-
mun avec le sens ancien du mot.
La chrysolithe ancienne désignait la topaze et divers autres minéraux
jaunes et brillants, qu'il est d'ailleurs difficile de préciser complètement.
Cinabre. — Ce mot s'applique aujourd'hui à une variété de sulfure de mer-
cure, appelée aussi anthrax autrefois; mais chez les Grecs et chez les Alchi-
mistes, il a eu des sens plus complexes. Il a exprimé également :
Notre oxyde de mercure;
Notre minium, mot employé par les anciens dans des sens multiples
(voir les articles plomb et rubrique) ;
Notre réalgar (sulfure d'arsenic) ;
Tous les sulfures, oxydes, oxysulfures métalliques rouges;
Enfin le sang dragon, matière végétale qui est le suc du dracœna draco.
Le signe (PL 11,1. i3)du cinabre est un cercle avec un point central. Mais
le même signe a été plus tard et à la fin du moyen âge employé pour l'œuf
philosophique, pour le soleil, ainsi que pour l'or : de là diverses confu-
sions, contre lesquelles on doit se tenir en garde (v. ce volume, p. 122).
Claudianos ou claudianon.
C'était un alliage de cuivre et de plomb, renfermant probablementduzinc.
Il n'en est question que chez les alchimistes. Ce nom semble dériver du
mot latin Claudius. S'agissait-il d'un corps fabriqué au temps de cet empe-
reur et analogue aux cuivres Marien, Livien, etc. ? Pline n'en parle pas.
Clefs (les).
Le mot clefs est employé comme titre d'ouvrages, dès l'époque alexandrine
(après l'ère chrétienne, dans Hermès (i), Zosime, etc.). Les Arabes s'en servent
fréquemment et il a été fort usité au moyen âge.
(1) Cité par Lactance et par Stobée (v. ce volume, p. 16, note)
NOTICES DIVERSES 245
Dans le sens alchimique, voici quelles sont les clefs de l'art, d'après Roger
Bacon (i) : siint igitur claves artis : congelatio, resolutio, inceratio. propor-
tio ; sed alio modo, purification distillatio, separatio, calcinatio etfixio.
C'est-à-dire : vies clefs de l'art sont la solidification, la résolution (à l'état
liquide ou dissous), le ramollissement, l'emploi des proportions convena-
bles (dans les matières, ou dans les agents, tels que le feu) ; ou d'une autre
façon, la purification, la distillation (par évaporation ou filtration, d'après
l'ancien sens de ce mot : couler goutte à goutte), la séparation, la calcina-
tion et la fixation (des métaux fusibles ou volatils, ramenés à l'état solide et
résistant au feu) ».
De même dans Vincent deBeauvais(SfiecM/Mm ma;w5, VIII, 88): « les clefs
ou les pratiques de cet art sont la mortification (amortissement des mé-
taux), la sublimation, la distillation, la solution, la congélation, la fixation,
la calcination ». Basile Valentin parle aussi des douze clefs de l'art.
Cobalt — cobathia — kobold. — Le cobalt est réputé avoir été découvert
en 1742 par Brandes, qui l'isola sous forme métallique. Son nom même
est tiré de celui de certains de ses minerais, appelés kobalt ou kobold^ .et
constitués par des arseniosulfures complexes. Ce nom de kobold a été
expliqué jusqu'ici par celui de certains démons trompeurs, habitant les
mines : c'est, dit-on, une allusion à la difficulté de traiter ces minerais et
aux tentatives infructueuses que l'on avait faites pour en extraire du cuivre,
métal indiqué par la production des verres bleus, qui dérivent de ce
minerai.
En fait, le bleu de cobalt était connu des anciens. H. Davy a trouvé ce
métal dans certainsverres bleus, d'originegrecqueet romaine, etM.Clemmer
dans des perles égyptiennes. Le bleu mâle de Théophraste, opposé au bleu
femelle, ne serait autre que du bleu de cobalt, opposé aux dérivés bleus
du cuivre. L'étymologie même du mot cobalt semble remonter au grec.
En eiîet, dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi, p. i58, on lit: Cobatioriim
futnus est kobolt ; c'est-à-dire « la fumée des cobatia, c'est le ko boit ». Cette
expression « fumée des cobathia » tigure dans un passage d'Hermès cité par
OXym^'iodoïQ. {texte grec, p. 85). I^lle est traduite dans le Lexique alciii-
(i) Bibl. chem. de Manget, t. I, p. 62 3.
246 CHIMIE DES ANCIENS
mique [texte grec, p. 9, note) par « les vapeurs de l'arsenic (sulfure') » : il
s'agit donc bien d'un composé arsenical. Il y aurait eu dès lors pour l'éty-
mologie du cobalt une confusion entre un mot grec ancien et un mot
allemand, analogue à celle qui s'est produite entre l'égyptien et le grec,
pour les mots chimie, sel ammoniac, etc. : ces mots n'auraient pas d'ailleurs
eu le sens précis de notre cobalt au début, mais ils l'auraient acquis par
une extension postérieure.
Quant au cobalt métallique, sa connaissance remonte au-delà du
xviii* siècle. En effet, on lit dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi, ouvrage
publié à Francfort, en 16 12, p. 271, un texte latin, suivi d'un texte allemand
équivalent, dont voici la traduction : « Kobolt ; kobalt ou collet : c'est une
matière métallique, plus noire que le plomb et le fer, grisâtre, ne possédant
pas réclat métallique ; elle peut être fondue et laminée (au marteau) ». Puis
viennent des indications relatives au minerai, exprimé par le même nom.
a C'est un soufre donnant des fumées, et sa fumée entraîne le bon métal. —
C'est aussi une cadmie fossile d'où Ton tire un airain utile en médecine, etc.»
La première phrase désigne évidemment le cobalt impur, l'un de ces demi-
métaux dont Brandes reprit plus tard l'étude. Observons que les alchimistes
du moyen âge traitaient les minerais métalliques par les mêmes procédés
de grillage, réduction et fonte que les modernes, et dès lors ils ont dû obtenir
les mêmes métaux; mais ils n'avaient pas nos règles scientifiques pour les
purifier, les définir et les distinguer avec exactitude. J'ai déjà mis en évidence
la connaissance du régule d'antimoine dèsTantiquité, mais il était confondu
avec le plomb. Le cobalt et le nickel ont dû être confondus aussi, soit avec
le fer, soit avec le cuivre et ses alliages (v. Pseudargyre).
CouPHOLiTHE. — Ce mot semble avoir été appliqué au talc et à des sili-
cates tendres, analogues. Le nom de coupholithe est resté parmi les noms
des pierres usitées par les orfèvres (i). Il est aussi appliqué en Minéralogie à
une variété de prehnite (silicate d'alumine et de chaux ferrugineux et hydraté)
qui se présente tantôt en lames minces blanches, analogues au sulfate de
chaux; tantôt en masses fibreuses un peu verdâtres.
Il semble d'ailleurs que ce soit là un vieux nom, conservé à l'une des
(i) Manuel Roret du Bijoutier, t. I, p. i3o, i832.
NOTICES DIVERSES 247
substances auxquelles il s^appliquait autrefois; et non une dénomination
ancienne transportée à une substance moderne, comme il est arrivé trop sou-
vent, en Minéralogie. Autrement on ne comprendrait ni la persistance de ce
nom chez les orfèvres, ni sa spécialisation à une simple variété.
Eléments actifs.
D'après Aristote (Météorol. 1. ÎV), il y a deux éléments actifs, le chaud et
le froid; deux passifs, le sec et Phumide.
Ailleurs il s'agit de simples qualités, mises en relation avec les quatre élé-
ments ordinaires {de Generatione, L. II, ch. 3 et 4). Le feu est chaud et sec;
l'air chaud et humide ; l'eau froide et humide; la terre froide et sèche; etc.,
etc. Ces éléments setransformentles uns dans les autres. Stephanus expose à
peu près la même théorie. Ces idées ont joué un grand rôle en médecine.
Aristote dit encore (Météorol. 1. III, ch. 7) : « il y a deux exhalaisons (âva-
6uix{aŒ£iç), l'une vaporeuse (àifJMSwSYjç), l'autre enfumée (xaTCvwây;?).
« L'exhalaison sèche et brûlante produit les matières fossiles (opuxxâ),
telles que les pierres infusibles, la sandaraque, l'ocre, la rubrique, le
soufre, etc. L'exhalaison humide produit les minéraux ([ASTaXXeuTa) , c'est-à-
dire les métaux fusibles et ductiles, comme le fer, le cuivre, l'or, etc. En
général, ils sont détruits par le feu (Tcupouxai) et contiennent de la terre,
car ils renferment une exhalaison sèche. L'or seul n'est pas détruit par le
feu... " — On voit ici l'origine de certaines idées alchimiques. C'est ainsi
que Stephanus (6® leçon dans Ideler, t. II, p. 224, 1. 7), dit, presque dans les
mêmes termes qu' Aristote :
tt II y a deux choses qui sont les matières et les causes de tout, la
vapeur qui s'élève et l'exhalaison fuligineuse des corps, en laquelle est la
cause des modifications en question. La vapeur est la matière de l'air; la
fumée, la matière du feu, etc.- » .
Esprits (iiveuixaTa).
Les mots esprits, corps, âmes, sont fréquemment employés par les alchi-
mistes dans un sens spécial, qu'il importe de connaître pour l'intelligence
de leurs écrits. Les passages suivants, quoique d'une époque plus moderne,
jettent beaucoup de lumière sur ce point.
On lit dans le traité de Mineralibus, prétendu d'Albert le Grand (1. I, tr. i,
ch. I") : a ce qui s'évapore au feu est esprit, âme, accident; ce qui ne s'éva-
248 CHIMIE DES ANCIENS
pore pas, corps et substance ». Cet auteur attribue encore à Démocrite l'opi-
nion qu'il y a dans les pierres une âme élémentaire, laquelle est la cause de
leur génération (1. I, tr. i, ch. 4).
Le Pseudo-Aristote (i) définit de même les corps et les esprits, et il
ajoute : « les corps volatils sont des accidents, parce qu'ils ne mani-
festent leurs qualités et vertus que s'ils sont associés aux substances
ou corps fixes : pour opérer cette association, il faut purifier les uns
et les autres. » Il y a là un mélange de pratiques matérielles et d'idées
mystiques.
Vincent de Beauvais, Spéculum majus (VIII, 60), donne sous le nom
d'Avicenne l'exposé suivant.
« II y a quatre esprits minéraux : le soufre, l'arsenic, le sel ammoniac, le
mercure, distincts par leur aptitude à être sublimés; et six corps métalliques:
l'or, l'argent, le cuivre, l'étaîn, le fer, le plomb. Les premiers sont des
esprits, parce que leur pénétration dans le corps (métallique) est néces-
saire, pour accomplir sa réunion avec l'âme » — « Spiritus, înquam, sunt
quia per eos imprimitur corpus ut possit cum anima conjungi. » Et plus
loin (VIII, 62) : ^ Nulle chose ne peut être sublimée sans le concours
d'un esprit. La pierre ne s'élève pas d'elle-même par l'action du feu ;
tandis que les esprits s'élèvent d'eux-mêmes, c'est-à-dire se subliment, se
dissolvent et déterminent la dissolution des autres substances; ils brû-
lent, refroidissent, dessèchent et humectent les quatre éléments. » Cette
dernière phrase attribue aux esprits le rôle des qualités aristotéliques
citées plus haut.
« Ce qui ne fuit pas le feu », dit encore Avicenne, «est dit fixe: tels sont
les corps des pierres et des métaux. »
Dans la langue même de notre temps, le nom d'esprits volatils est encore
appliqué à certaines substances, tels que l'ammoniaque, l'alcool, les
essences, etc.
D'après Geber (2) il y a sept esprits, dont voici les noms, rangés dans
l'oîdre de leur volatilité : le mercure, le sel ammoniac, le soufre, l'arsenic.
(i) De perfecto magisterio, Bibl. i (2) Voir aussi Lexicon Alchemiœ
chem. de Manget, t. I, p. 638. | Rulandi, p. 442.
NOTICES DIVERSES 24g
(c'est-à-dire son sulfure, placé auprès du soufre par l'auteur), la marcassite,
la magnésie et la tutie.
Geber dit encore :
« Les esprits (corps volatils) seuls et les matières qui les contiennent en
puissance, sont capables de s'unir aux corps (métalliques) ; mais ils ont
besoin d'être purifiés pour produire une teinture parfaite, et ne pas gâter,
brûler, noircir les produits. Il y a des esprits corrosifs et brûlants, tels que
le soufre, l'arsenic (sulfuré), la pyrite; d'autres sont plus doux, tels que les
diverses espèces de tutie (oxydes métalliques volatils). C'est par la subli-
mation qu'on les purifie. » — Cette sublimation se compliquait de l'ac-
tion oxydante de l'air, spécialement dans le cas de la pyrite et du sulfure
d'arsenic.
L'Aludel, appareildestinéàcessublimations,devaitêtre construit en verre,
ou en une substance analogue, non poreuse, et capable de retenir les esprits
(matières volatiles) et de les empêcher de s'échapper, d'être éliminés par
le feu. Les métaux ne conviennent pas, parce que les esprits s'y unis-
sent, les pénètrent, et même les traversent. Tout ceci est très clair pour
nous.
Le Pseudo-Aristote donne la même liste (i) des esprits que Geber, en assi-
milant CQs êtres aux planètes.
Dans Rulandus, qui développe la même énumération, la magnésie est rem-
placée parle msmath, lequel semble être un sulfure métallique, se rattachant
aux minerais d'étain et de pîomb. Ce nom a été détourné de son vieux
sens, pour être appliqué parles modernes à un métal nouveau, inconnu des
anciens, le bismuth ; de même que le nom de cadmie a été détourné de son
sens pour être appliqué au cadmium. Mais ce n'était pas là la signification
ancienne du mot.
Revenons aux esprits de Geber et d'Avicenne, afin de tâcher de com-
prendre les idées d'autrefois et les faits qui leur correspondaient. Les uns
de ces esprits, tels que le mercure, le sel ammoniac, le soufre, le sulfure
d'arsenic, sont en effet des substances susceptibles de sublimation pure et
simple. Les autres sont réputés secondaires: la sublimation n'ayant lieu
(i) De Perfecto Magisterio, Bibt. chem. de Manget, t. I, p. 638.
25o CHIMIE DES ANCIENS
que par l'effet d'une opération complexe, et mal comprise, mais dontla com-
plexité avait été entrevue par les alchimistes. En effet la marcassite, ou pyrite,
chauffée dans un appareil distillatoire en terre, donne d'abord du soufre, en
laissant un résidu ; ce résidu s'oxyde peu à peu sous l'influence de l'air, qui
pénètre dans l'appareil, et une partie du produit se sublime à son tour peu à
peu, à une température plus haute, en fournissant des oxydes métalliques,
blancs ou colorés. Geber distingue nettement ces deux phases du phénomène
{Bibî. Chemica de Manget, t. I, p. 534).
La tutie était réputée le moins volatil des esprits; la magnésie était inter-
médiaire entre la tutie et la marcassite : enfin la sublimation de la tutie et
celle de la magnésie étaient assimilées à la seconde phase de celle de la
marcassite, phase dans laquelle l'action de l'air développait les oxydes
métalliques.
On voit par là que la magnésie de Geber, comme celle du Pseudo-Démo-
crite, et, plus tard, la tutie, désignaient à la fois certains minerais sulfurés de
zinc, de plomb, d'étain, de cuivre, etc., ainsi que le mélange des oxydes for-
més par sublimation lente aux dépens de ces minerais de zinc, de plomb, de
cuivre, etc.; c'est-à-dire que cette magnésie se rattache à la famille des cad-
mies, dans laquelle on rencontre également le double sens de minerai natu-
rel et de ses dérivés obtenus par grillage. Les sens du mot magnésie sont
d'ailleurs plus compréhensifs encore, comme il sera dit plus loin.
Étain — y,aaa(T£poi; — Stannum — plomb blanc (i).
Dans Homère, le mot xao-a^Tepoç désigne un alliage d'argent et de plomb
(ou d'étain?). Le sens actuel du métal étain n'a peut-être été acquis à ce mot
d'une manière précise et exclusive que vers le temps d'Alexandre et des
Ptolémées, bien que le métal même ait été employé comme composant du
bronze depuis les époques préhistoriques. De même le mot stannum est
donné par Pline au plomb argentifère (H. N., 1. XXXIV, 47), aussi bien
qu'au plomb blanc, qui était l'étain véritable. Dans la lecture des anciens
auteurs, il faut se méfier continuellement de ces sens multiples et variables
avec les temps des dénominations métalliques qu'ils emploient. Pour
pouvoir tirer d'un mot des conséquences certaines, au point de vue des
(i) Pline, H. N., 1. XXXIV, 47.
NOTICES DIVERSES 25 I
connaissances chimiques d'une certaine époque, il est nécessaire, en général,
de posséder des objets, armes, statues, ou instruments, répondant exactement
à cette époque et à ce mot. En dehors de cette règle, on est exposé aux
erreurs et aux confusions les plus étranges.
Pline ajoute qu'on contrefait l'étain avec un mélange renfermant i/3 de
cuivre blanc et 2/3 de plomb blanc; ou bien avec poids égaux de plomb
blanc et de plomb noir : c'est ce qu'on appelait alors plomb argentaire. Ces
fraudes sont encore usitées aujourd'hui, les fabricants d'objets d'étain
mêlant le plus de plomb qu'ils peuvent à Tétain pur, à cause du bas prix
du plomb.
Etymologies chimiques doubles. — C'est une circonstance digne d'in-
térêt qu'un certain nombre de mots chimiques ont deux etymologies: l'une
égyptienne, qui paraît la véritable; l'autre grecque, qui semble fabriquée
après coup et pour rendre compte de la transcription hellénique du mot
ancien.
Je citerai, par exemple, les mots asèm, chimie^ sel ammoniac.
Le mot asèm désignait un alliage métallique particulier imitant l'or et
l'argent et spécialement ce dernier métal (p. 62 et suiv.). Il a été traduit en
grec par les mots : àctiiioq, ajT)[i,ov, à^-f,\>.ri, lesquels signifiaient d'abord l'ar-
gent sans titre, et ont pris, en grec moderne, le sens complet de l'argent.
La confusion entre ces mots est l'une des origines des idées de transmu-
tation.
Le mot chimie paraît dérivé du mot égyptien chemi, qui est le nom de
l'Egypte elle-même. Mais les Grecs l'ont rattaché soit à x'-*!^-? (suc), soit à
Xéw (fondre), parce que c'était l'art du fondeur en métaux.
Le nom du sel ammoniac (carbonate de soude d'abord, plus tard chlorhy-
drate d'ammoniaque (p. 45), est dérivé de celui du dieu égyptien Ammon.
Mais il a été rattaché aussi par les Grecs au mot aiJ,[j,ov, sable, etc.
Ces fausses etymologies rappellent le système de Platon pour les cas ana-
logues.
Fer.
Le basalte était désigné par le nom du fer chez les Egyptiens.
On distinguait parmi les dérivés du fer, les corps suivants ;
Rubigo ou fer ru go, î6ç, la rouille, c'est-à-dire l'oxyde de fer hydraté et
252
CHIMIE DES ANCIENS
les sels basiques de même teinte (i). A l'état anhydre ce corps est devenu le
colcotar du moyen âge, qui est à proprement parler le résidu de la calcina-
tion des sulfates de fer.
Squama. — C'est l'écaillé tirée des armes pendant leur fabrication, ex
acie aut mucronibus (2). Il semble que ce corps répondait à notre oxyde des
batitures.
Scoria (3), autre résidu ferrugineux. ~ Elle est appelée aussi sideritis.
Au fer se rattachent V aimant ou pierre magnétique, l'hématite, la pierre
schisteuse, les ocres, les pyrites, ainsi que la rubrique.
Donnons quelques détails sur ces différentes matières.
Aimant ou magnes, dénommé parfois également sideritis (4).
L'aimant était appelé/errum vivum et assimilé à un être vivant, à cause
de son action attractive sur le fer. On distinguait le mâle et le femelle. On
en reconnaissait plusieurs espèces : les uns roux, les autres bleuâtres, qui
étaient les meilleurs ; d'autres noirs, sans force; d'autres blancs et n'attirant
pas le fer. L'aimant tirait son nom de magnes, de celui de Magnésie, qui
appartenait à une province de Thessalie et à deux villes d'Asie (v. Magnésie).
Hématite (5). — Le sens moderne de ce mot est resté à peu près le même
que le sens antique : fer oligiste et fer oxydé hydraté. La pierre schiste est
congénère (6) : c'est l'hématite fibreuse.
Ocres (7). — L'ocre, brûlée dans des pots neufs, donnait la rubrique (san-
guine). Les mots sil, iista (8) ont un sens analogue. On les obtenait aussi
en brûlant l'hématite (9).
Pyrites {10). — Ce mot désignait les sulfures de fer et de cuivre et les corps
congénères : sens qu'il a conservés. La pyrite blanche et la pyrite dorée
(i) Pline, iï".iV.,l. XXXIV, 45. —
Diosc. Mat. méd., 1. V, 93.
(2) Pline, H. N., 1. XXXIV, 46.
(3) Diosc, Mat. méd., 1. V, 94.
(4) Diosc, Mat. méd., 1. V, 147. —
Pline, H.N., \. XXXIV, 42, et 1. XXXVI,
25. — Lexicon Alch. Rulandi, p. 275,
314.
(5) Diosc, Mat. méd., 1. V, 143. —
Pline. H. iV., 1. XXXVI, 2 5.
(6) Pline, H. N., 1. XXXIV, 37.
(7) Diosc, Mat. méd., 1. V, 108. —
Pline. H. N., 1. XXXV, 16, 20, 22.
(8) Pline, H. N., 1. XXXV, 32 ;
1. XXXIII, 56, 57.
(g) Vitruve, 1. VII, ch. vu. — Pline,
H. N., 1. XXXVI, 37.
(10) Diosc, Mat. méd., 1. V, 142. —
Pline, H. N., 1. XXXVI, 3o.
NOTICES DIVERSES
253
notamment sont distinguées par Pline. La chalcite, ou minerai de cuivre
répondait surtout à la pyrite cuivreuse.
D'après Pline, le même nom était donné à la meulière et à la pierre à bri-
quet, que l'on supposait contenir le feu produit par leur intermédiaire.
Le mot Chalcopyrite, qui désignait sans doute à Torigine la pyrite
cuivreuse, a changé de sens plus tard : il aurait signifié le plomb (ou
plutôt l'un de ses minerais) chez les alchimistes, d'après le Lexicon Alch.
Rulandi.
Le mot marcassite a remplacé celui de pyrite au moyen âge, avec un
sens encore plus étendu. (Voir ce mot.)
Rubrique. — Ce mot désignait la sanguine; mais on l'appliquait aussi au
minium, au vermillon et même parfois au cinabre.
Feu (les vertus du).
D'après Pline : Ignis accipit avenus, ex quitus alibi vitrum, alibi
argentum, alibi minium, alibi plumbi gênera, alibi medicamenta fundit.
Igné lapides in œs solvuntur, igné ferrum gignitur ac domatur, igné aurum
perjicitur, etc. (i).
Ce passage aurait pu être écrit par un alchimiste. On lit déjà dans un
hymne chaldéen au feu, traduit par M. Oppert « O toi qui mêles ensemble
le cuivre et le plomb (2) ; ô toi qui donne la forme propice à l'or et à
l'argent, etc. »
Figures géométriques des saveurs et des odeurs.
Démocrite leur a attribué des figures. On lit aussi dans Théophraste, de
Causis Plantarum, 1. VI, ch. i :
La saveur douce résulte de matières rondes et grosses;
— acerbe et aigre, de matières polyédriques, après ;
— aiguë — de certains corps pointus, petits, courbes;
— acre — de corps ronds, petits, courbes;
— salée — de corps anguleux, grands, tordus, etc.;
— amère — de corps ronds, légers, tordus, petits;
— grasse — de corps ténus, ronds, petits;
(0 PuNE, II. N.,l. XXXVI, ÔS.
(2) Ou l'ctain, suivant d'autres inter-
prètes.
254
CHIMIE DES ANCIENS
Fixation des métaux.
Ce terme est employé comme synonyme de transmutation ; il signifie, à
proprement parler :
i" L'acte qui consiste à ôter au mercure sa mobilité, soit en l'associant à
d'autres métaux ou bien au soufre, soit en l'éteignant à l'aide de divers
mélanges.
2° L'opération par laquelle on ôte au mercure et plus généralement aux
métaux très fusibles, tels que le plomb et l'étain, leur fusibilité, de façon à
les rapprocher de l'état de l'argent.
3* L'opération par laquelle on ôte au mercure sa volatilité.
Les métaux étant ainsi fixés et purifiés de leur élément liquide,
4" On leur communiquait une teinture solide, fixe, qui les amenait à l'état
d'argent ou d'or. Arrivés au dernier état, ils étaient définitivement fixés,
c'est-à-dire rendus incapables d'une altération ultérieure.
Gagates (pierre), notre jais? (i) Pierre de Memphis (2), sorte d'as-
phalte.
los — I6ç — virus.
Ces mots ont des sens très divers chez les anciens.
Virus s'applique dans Pline à certaines propriétés ou vertus spécifiques
des corps, telles que : l'odeur (3) du cuivre, du sory, de la sandaraque (4) ;
— leur action vénéneuse.
L'action médicale de.s cendres d'or (5) ;
La vertu magnétique communiquée au fer par l'aimant (6).
*l6ç signifie plus particulièrement la rouille ou ,oxyde des métaux, ainsi
que le venin du serpent, parfois assimilé à la rouille dans le langage sym-
bolique des alchimistes. La pointe de la flèche, symbole delà quintessence,
l'extrait doué de propriétés spécifiques, la propriété spécifique elle-même;
enfin le principe des colorations métalliques, de la coloration jaune en parti-
culier.
(i) Pline, 1. XXXVI, 34. — Diosc,
Mat. Méd., 1. V, 145.
(2) Diosc, Mat. méd., 1. V, 1 b-j.
(3) Quelque chose de ce sens s'est
conservé dans les mots « odeur vi-^
reuse », usités en botanique et en
chimie.
(4) H. N., I. XXXIV, 3o, 48, 55.
(5) Pline, H.N., 1. XXXIII, 25.
(6) Id., 1. XXXIV, 42.
NOTICES DIVERSES 255
losis, — Twatç, — signifie :
1° L'opération par laquelle on oxyde (ou l'on sulfure, etc.) les métaux;
2° La purification ou affinage des métaux, tels que l'or : c'est une consé-
quence des actions oxydantes exercées sur l'or impur, avec élimination des
métaux étrangers sous forme d'oxydes;
3° La virulence ou possession d'une propriété active spécifique, commu-
niquée par exemple à l'aide de l'oxydation;
4° Enfin la coloration en jaune, ou en violet, des composés métalliques,
coloration produite souvent par certaines oxydations.
Nous conserverons quelquefois ce mot sans le traduire, afin de lui laisser
sa signification complexe.
Magnésie. — C'est l'un des mots dont la signification a le plus varié dans
le cours des temps (v. p. 221). Jusqu'au xvni« siècle, il n'a rien eu de commun
avec la magnésie des chimistes d'aujourd'hui.
A l'époque de Pline et de Dioscoride, la pierre de Magnésie désigna
d'abord la pierre d'aimant, l'hématite (voir le mot fer) et divers minéraux
appelés aussi magnes, de couleur rouge, bleuâtre, noire ou blanche, origi-
naires de la province ou des villes portant le nom de Magnésie; ils compre-
naient certaines pyrites métalliques. Le magnes était l'espèce mâle et la
magnesia l'espèce femelle .
Les alchimistes grecs ont appelé de ce dernier nom les mêmes corps
et spécialement les minerais, parfois sulfurés, tels que les pyrites, employés
dans la fabrication du molybdochalque (voir p. i53), alliage de cuivre et de
plomb (Zosime). Ils l'appliquent même au sulfure d'antimoine (voir le
Lexique alchimique). Puis, par extension, ce nom a été donné aux cadmies
ou oxydes métalliques, au plomb blanc et même aux alliages, provenant
du grillage et des traitements des pyrites.
En raison de son rôle dans la transmutation, le molybdochalque, substance
appelée aussi métal de la magnésie (to aw[ji,a t^ç [xaYVïjai'aç), est appelée to ::av
(le tout), en certains endroits de Zosime.
Plus tard, chez les Arabes, le mot magnésie s'applique à des minerais de
plomb et d'étain, sulfurés aussi ; ainsi qu'aux marcassites ou pyrites, suscep-
tibles de fournir des sublimés analogues à la cadmie et à la tutie ^Geber et
le Pseudo-Aristote, Bibl. chem. de Manget, t. I, p. 645, 649, etc.).
256
CHIMIE DES ANCIENS
Les alchimistes latins (i) ont désigné sous le nom de magnésie non seu-
lement les pyrites (dont certaines appelées wismath), mais aussi Tétain
allié au mercure par fusion, et un amalgame d'argent très fusible, de con-
sistance cireuse, appelé la magnésie des philosophes, parce qu'il servait à
fabriquer la pierre philosophale. C'était « l'eau mystérieuse congelée à l'air
et que le feu liquéfie. »
D'après un texte du Lexicon Alch. de Rulandus (p. 322), la magnésie
représentait un certain état intermédiaire de la masse métallique, pendant
les opérations de transmutation.
Il est difficile de ramener de semblables notions à la précision de nos
définitions modernes.
Dans le Pseudo-Aristote arabe (2), on lit pareillement : Dicitur argen-
tum vivum, qiiod in corpore magnesiœ est occultatum et in eo gelandum.
Il entendait par là un synonyme du mercure des philosophes, que l'on
supposait contenu dans le métal de la magnésie.
La magnésie noire désignait chez les anciens, tantôt un oxyde de fer, tan-
tôt le bioxyde de manganèse (3). Elle est déjà mentionnée comme servant à
purifier le verre dans le livre De Mineralibus{L. II, tr. II, ch. 1 1), attribuée
Albert le Grand.
Macquer [Dictionnaire de Chimie, 1778), à la fin du xviii^ siècle, dis-
tingue :
i» La magnésie calcaire, précipité formé par la potasse (carbonatée) dans
les eaux-mères du nitre ou du sel commun : c'était du carbonate de chaux
impur, parfois mêlé avec le carbonate de magnésie actuel ;
2° Une autre magnésie calcaire, formée en précipitant les mêmes eaux-
mères par l'acide sulfurique ou par les sulfates: c'était du sulfate de chaux ;
3° La magnésie du sel d''Epsom ou de Sedlit:{, précipité obtenu au moyen
du carbonate de potasse : c'était notre carbonate de magnésie, dont l'oxyde a
seul retenu définitivement le nom de magnésie, dans la chimie scientifique
actuelle. Le carbonate en porte aussi le nom en pharmacie.
(i) Lexicon Alch. Rulandi, p. 3i6.
(2) Tractatulus ; Bibl. chem. de
Manget, t I, 661.
(3) Le nom même de notre manga-
nèse est une autre transformation mo-
derne du mot magnes.
NOTICES DIVERSES 257
Marcassite.
Ce mot, regardé parfois comme synonyme de pyrite, est employé par
les alchimistes du moyen âge pour désigner les sulfures, arséniosulfures et
minerais analogues, de tous les métaux proprement dits: fer, cuivre, plomb
et antimoine, étain, argent, or. La marcassite blanche ou pyrite argentine
était appelée spécialement Wismath ou magnésie. La marcassite plombée
est le sulfure d^antimoine.
Massa, [xaï^a.
Ce mot est donné comme synonyme d'Alchimie dans le traité attribué à
Albert le Grand et dans sa traduction grecque (Théoctonicos; v. p. 209). On
trouve également dans le Lexicon Alch. Rulandi : Kymus, id est massa.
Kuria vel kymia, id est massa^ alchimia.
Mercure (i).
Pline distingue Vargentum vîvum, métal natif, et Vhydrargyrum ou argent
liquide, métal artificiel.
Il prépare celui-ci sans distillation, en broyant le cinabre et le vinaigre
dans un mortier de cuivre avec un pilon de cuivre.
On obtenait aussi le mercure en plaçant le cinabre dans une capsule de fer,
au milieu d'une marmite de terre, surmontée d'un chapiteau [ambix), dans
lequel se condensait la vapeur sublimée : (atôiXïj). On lit dans Dioscoride :
H yàp xpoai'^cuaa tw a\Lèiy.'. atÔiX-r) aTuo^uaOeTaa xal àTZO^'jy^^sXax û^pipyjpoq
Y^VETai. « La vapeur sublimée adhérente à l'alambix, raclée et refroidie
devient mercure. » — C'est l'origine de l'alambic.
Dans Aristote se trouve le curieux passage que voici :
« Quelques-uns disent que l'âme communique au corps son propre mou-
vement : ainsi fait Démocrite, lequel parle à la façon de Philippe, auteur
comique. Ce dernier dit que Dédale communique le mouvement à une
Vénus de bois, en y plaçant de l'argent liquide ». [De Animât 1. I, ch. 3.)
C'est déjà le principe de l'expérience du culbuteur chinois, que l'on
fait aujourd'hui dans les Cours de Physique. Mais on peut aussi voir là
l'origine de quelques-unes des idées mystiques des Alchimistes, qui ont pris
au sérieux les apparences tournées en plaisanterie par les anciens Grecs.
(i) Dioscoride, Mat. méd., 1. V, iio. — Pline, H. N., 1. XXXIII, 32-42.
17
258
CHIMIE DES ANCIENS
Le mercure des philosophes, ou matière première des métaux (i), repré-
sentait pour les Alchimistes une sorte de quintessence du mercure ordinaire ;
ces deux corps étant tantôt confondus, tantôt distingués. C'est dans ce sens
qu'il convient d'entendre ce qui suit.
D'après les Alchimistes du moyen âge, le mercure est l'or vivant; la mère
des métaux. Il les engendre par son union avec son mâle, le soufre ; il tue
et fait vivre; il rend humide et sec; il chauffe et refroidit, etc.. L'Eau c'est
Adam, la Terre est Eve (Rulandus, Lexicon Alchemiœ, p. 47), etc.
Tout ceci atteste la persistance des vieilles formules, à travers le moyen
âge ; car la dernière assimilation remonte à Zosime et aux gnostiques.
Citons encore quelques-uns des synonymes alchimiques du mercure :
Aquam autem simplicem, aliàs vocant venenum, argentum vivum, cambar^
aquam permanentem, gumma, acetum^ urinam, aquam maris, Draconem^
serpentem{2).
On lit les noms suivants du mercure dans Vincent deBeauvais, Spéculum
majus, VIII, 62:
Acetum attrahens, et aqua aggrediens et oleum mollificans. . . servus quo-
que fugitivus (3).
Puis vient un dialogue entre l'or et le mercure. L'or dit au mercure :
«Pourquoi te préfères-tu à moi? je suis le maître des pierres qui ne souffrent
pas le feu. » Et il lui répond : « Je t'ai engendré et tu ne sais pas que tu es né
de moi. Une seule partie tirée de moi vivifie un grand nombre des tiennes;
tandis que dans ton avarice tu ne donnes rien de toi dans les traitements. »
Le mercure est présenté comme l'élément de tous les corps métalliques
liquéfi-ables par le feu; après leur liquéfaction, ils prennent l'apparence
rouge.
D'après Avicenne [Bibl. chem. de Manget, t. I, p. 627), « le mercure est le
serpent qui se féconde lui-même, engendrant en un jour; il tue tout par son
venin ; il s'échappe du feu. Les sages le font résister au feu : alors il accomplit
les œuvres et mutations. . . Il se trouve dans tous les minéraux et il possède
avec tous un principe commun; c'est la mère des minéraux.
{i) Origines de l'Alchimie, p. 279.
(2) Voir Turba philosophorum (Bi-
blioth. Chem. de Manget, t. I, p. 5oo).
(3) Voir Ostanès, ce v. p. 217.
NOTICES DIVERSES 25q
«Un seul métal tombe au fond, c'est l'or et par là tu connais le plus grand
secret, parce que le mercure reçoit dans son sein ce qui est de la même
nature que lui. Il repousse les autres, parce que sa nature se réjouit plus
avec une nature pareille qu^avec une nature étrangère (i). Il est le seul qui
triomphe du feu et n'est pas vaincu par lui ; mais il s'y repose amicalement.
Il contient son propre soufre excellent, par lequel on fixe l'or et Targent
suivant le mode de digestion. »
Métaux. — Génération des métaux.
Aux opinions des anciens, relatives à cette question et rapportées dans mes
Origines de ralchimie, il paraît intéressant d'ajouter quelques textes.
Les métaux sont formés d'eau et de terre, d'après Aristote (Météor., 1. IV
chap. 8) : ce qui exprime leur fusibilité et leur fixité, aussi bien que leur
aptitude à être changés en oxydes,
AnstotQ (De Generatione, 1. I, chap. lo) distingue encore les corps en récep-
tifs ou passifs, et actifs ou donnant la forme :ûç ôaTspov [xàv SexTtxov, eôrepov
S'elSoç. C'est ainsi que l'étain disparaît, en subissant l'influence de la matière
du cuivre qui le colore : xàOoç ti wv aveu uXy;? toO ^a^^Kou a^eSov à<pav(ÇeTat,
xal [AixÔetç «Tceiai xpwixaT(aaç [aôvov. Nous touchons ici aux notions alchi-
miques.
J'ai cité plus haut (article éléments actifs, p. 246) le passage d'Aristote sur
l'exhalaison sèche et sur l'exhalaison humide, laquelle produit les métaux.
Une partie de ceci rappelle, sous une forme plus vague, les théories
actuelles sur les minéraux de filons, produits par les vapeurs souterraines.
Et ailleurs {Météor., l. IV, ch. 2): «L'or, l'argent, le cuivre, l'étain, le
plomb, le verre et bien des pierres sans nom, participent de l'eau : car tous
ces corps fondent par la chaleur. Divers vins, l'urine, le vinaigre, Ja lessive,
le petit-lait, la lymphe participent aussi de l'eau, car tous ces corps sont
solidifiés par le froid. Le fer, là corne, les ongles, les os, les tendons, le bois,
les cheveux, les feuilles, l'écorce, participent plutôt de la terre : ainsi que
l'ambre, la myrrhe, l'encens, etc. »
(i) Ceci montre quel intérêt on at-
tachait à des propriétés qui nous pa-
raissent aujourd'hui peu importantes.
On remarquera aussi l'axiome du
Pseudo-Démocrite sur les natures, re-
produit par Avicenne.
200 CHIMIE DES ANCIENS
J'ai cité des passages analogues tirés du Timée de Platon (i).
Tous ces énoncés témoignent de l'effort fait par la science antique pour
pénétrer la constitution des corps et manifestent les analogies vagues qui
guidaient ses conceptions.
La Théorie des exhalaisons est le point de départ des idées ultérieures sur
la génération des métaux dans la terre, que nous lisons dans Proclus (voir
Origines de l'Alchimie, p. 48), et qui ont régné pendant le moyen âge (voir le
présent volume, p. 78). On lit encore, dans Vincent de Beauvais (VIII, 6) :
« D'après Rhazès, les minéraux sont des vapeurs épaissies et coagulées au
bout d'un temps considérable. Le vif argent et le soufre se condensent d'abord.
Les corps transformés graduellement pendant des milliers d'années dans les
mines arrivent à l'état d'or et d'argent ; mais l'art peut produire ces effets en un
seul jour. »
Dès les temps les plus anciens, ces idées se sont mêlées avec des imagina
tions astrologiques, relatives aux influences sidérales (ce volume, p. 73 et
suiv.). C'est ainsi qu'on lit dans la Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 9 13 : « Les
métaux et les pierres n'éprouvent pas les influences célestes, sous leur forme
même de métaux ou de pierres, mais lorsqu'ils sont sous la forme de vapeurs
et tandis qu'ils durcissent. » On voit par là le sens mystique de ces mots
attribués à Hermès par Albert le Grand : «la terre est la mère des métaux;
le ciel en est le père. » De même cet autre axiome hermétique: « En haut les
choses terrestres; en bas les choses célestes » (2), lequel s'appliquait à la fois
à la transformation des vapeurs dans la nature et à la métamorphose analo-
gue que l'on effectuait par l'art dans les alambics.
Avicenne, après avoir décrit le détail supposé de cette création des métaux,
ajoute : « Cependant il est douteux que la transmutation effective soit
possible. Si l'on a donné au plomb purifié les qualités de l'argent (chaleur,
saveur, densité), de façon que les hommes s'y trompent, la différence spéci-
fique ne peut être enlevée parce que l'art est plus faible que la nature (Vin-
cent DE Beauvais, VIII, 84). »
Albert le Grand [De Mineralibus, 1. III, tr. i, ch. 9) dit de même : « Ceux
qui blanchissent par des teintures blanches et jaunissent par des teintures
{i)Originesdel'Alchimie,p.26gh2'ji. | (2) Ce volume, p. 161 et i63, fig. 37.
NOTICES DIVERSES 201
Jaunes, sans que l'espèce matérielle du métal soit changée, sont des trom-
peurs, et ne font ni vrai or, ni vrai argent. . . J'ai fait essayer l'or et l'argent
alchimiques en les soumettant à six ou sept feux consécutifs ; le métal se con-
sume et se perd, en ne laissant qu'un résidu sans valeur. »
Dans le traité d'alchimie pseudonyme, attribué au môme auteur, il est
dit que le fer alchimique n'attire pas l'aimant et que l'or alchimique ne
réjouit pas le cœur de l'homme et produit des blessures qui s'enveniment;
ce que ne fait pas l'or véritable.
Odeur des Métaux : D'après Aristote {De sensu et sensilibus, ch. 5) : « L'orest
inodore ; le cuivre, le fer sont odorants ; l'argent etl'étain moins que les autres.
Il y avait un cuivre indien de même couleur que l'or parmi les vases du tré-
sor de Darius; les coupes de ce métal ne se distinguaient que par l'odeur (De
mirabilibus, ch. 49).
Minium, Rubrique ou matière rouge. — [xiatoç —
Sous ce nom on trouve confondues un grand nombre de substancesrouges
d'origine minérale, telles que, d'une part:
Les oxydes de fer (sanguine, ocre brûlée ou tista, hématite).
Lesoxydes de plomb (minium et congénères) et peut-être l'oxyde de mer-
cure (confondu avec le cinabre), ainsi que le protoxyde de cuivre ;
D'autre part, le sulfure de mercure (vermillon, cinabre), le sulfure d'ar-
senic (réalgar, appelé aussi sandaraque), le sulfure d'antimoine (sulfure artifi-
ciel précipité et kermès minéral), son oxysulfure, et divers composés métal-
liques analogues, que les anciens ne savaient pas bien distinguer les uns
des autres (voir plus haut l'article cinabre, et plus loin VarticlQ plomb).
Ainsi les mots rubrique, rubrica ((aiXtoç), minium, cinabre, vermillon,
sont-ils souvent synonymes dans les. anciens auteurs.
La^sinopis^ ou rubrique deSinope (i), était à proprement parler un oxyde
de fer naturel et artificiel [usta] ; mais ce nom a été aussi donné à notre
minium (oxyde de plomb) et à notre sulfure de mercure.
La terre de Lemnos (2) était aussi une rubrique (probablement un per-
oxyde de fer hydraté) ; on la vendait sous cachet.
(0 Diosc, Mat. méd., V, m. — j (2) Pline, H.N.,1. XXXV, 14.
Pline, H. N., 1. XXXV, 1 6 ; XXXVI, 27. |
17.
202
CHIMIE DES ANCIENS
La sinopis, broyée avec du sil brillant (ocre jaune) et du melinum (argile
blanche), donnait le leucophoron, matière employée pour fixer l'or sur le
bois (i).
Le minium ou ammion (petit sable) désigne :
Tantôt un oxyde de plomb, dans le sens d'aujourd'hui, oxyde obtenu par
la calcination ménagée de la céruse et nommé aussi iista, comme Tocre (2),
ou bien encore fausse sandaraqiie (3) ;
Tantôt le vermillon et le cinabre ou sulfure de mercure (4).
Le minium, chauffé à parties égales avec la rubrique, fournissait \esan-
dyx (5), nom qui a été appliqué aussi au minium seul (6). Cette confusion
se retrouve dans certaines dénominations modernes : c'est ainsi que le
minium de fer, employé aujourd'hui pour peindre ce métal, est formé de 60
pour cent de minium et de 40 pour cent d'oxyde magnétique.
Un premier germe des idées alchimiques sur la fabrication de l'or se
trouve dans ce fait, rapporté par Théophraste (7), que l'Athénien Gallias, au
v^siècle avant notre ère, vers les commencements de la guerre du Péloponèse,
découvrit le minium dans les mines d'argent et qu'il espérait obtenir de l'or
par l'action du feu sur ce sable rouge.
Le sandyx mêlé de sinopis constituait !e syricum ou sericum (8).
Ajoutons, pour compléter ce qui est relatif aux couleurs dérivées des mé-
taux dans l'antiquité.
L'armenium, matière bleue qui paraît être la cendre bleue, ou l'azurite ;
Et le ceruleum ou azur (9), mot qui désigne à la fois une laque bleue,
dérivée du pastel, et un émail 6/e«, fritte ou vitrification, obtenu avec du na-
tron, de la limaille de cuivre et du sable fondu ensemble (Vitruve).
Parmi les couleurs vertes, on cite Vœrugo^ le verdet, la chrysocolle
(malachite; cendres vertes et sous-carbonates de cuivre).
Les couleurs jaunes étaient : l'ocre ou sil^ parfois mêlé de matières végé-
(1) Pline, H. N., 1. XXXV, 17.
(2) Pline, H. N., 1. XXXV, 20.
(3) Le même, 22.
(4) Vitruve — Dioscoride, Mat. méd. ,
1. V, 109. — Pline. H. N., 1. XXXIII,
37 à 41.
(5) Pline, H. N., 1. XXXV, 23.
(6) Diosc, Mat. méd., 1. V, io3.
(7) De Lapidibiis, 58, 59.
(8) Pline, H. N., 1. XXXV, 24.
(9) Pline, H. N., 1. XXXIII, Sj.
NOTICES DIVERSES 203
taies; l'arsenic ou orpiment; les sous-sulfates de fer (misy et congénères);
parfois la litharge, le soufre, l'or en poudre ; enfin diverses matières végétales.
NiTRUM — v(Tpov — natron, — à proprement parler notre carbonate de
soude.
C'est par erreur que la plupart des éditeurs des auteurs grecs ou latins
traduisent ces mots par nitre ou salpêtre, substance presque inconnue dans
l'antiquité, et qui apparaît seulement à partir du vi^ siècle à Constantinople,
avec le feu grégeois dont elle était la base (i).
Les anciens parlent aussi du nitrum factice, préparé avec les cendres de
chêne, c'est-à-dire du carbonate dépotasse.
Spuma nitri, àçpoç vtxpou ou âçpovixpov. — Se trouve dans des cavernes-
Ce devait être dans certains cas du nitre vrai.
Opérations Alchimiques. — Voici le nom de quelques-unes des opérations
signalées dans les écrits des Alchimistes Grecs; j'ai cru utile de les réunir
ici pour la commodité du lecteur (2).
àva^wTuupwu'.ç Régénération par le feu: coupellation.
âvàXuatç Dissolution, désagrégation.
âxoaeîpwjiç Décantation.
àyXùiùziq Obscurcissement de la surface brillante d'un métal,
par oxydation, sulfuration etc.
éx!7Tpo<pY;, exŒTpsJ/'.ç. Extraction, transformation.
éXaîioat; ... Graissage; Transformation en huile.
è.çM'^iç Réduction, affinage.
è^uSaTwatç Dessiccation; opération par laquelle on dépouille un
corps de sa liquidité.
imèoXai Projections.
'é^riQ\ç Décoction.
^waiç Oxydation; affinage; coloration en violet iv, p. 235).
xaîjatç Grillage; calcination.
Xei'watç Pulvérisation; délaiement.
Xeiixwaiç Blanchiment.
(\)yoirmonouyrage: Sur la force des | (2) Voir aussi ce volume, p. 210.
matières explosives, 3« éd., t. I, p. 352.
264 CHIMIE DES ANCIENS
[XîXivwatç Teinture en noir.
cr:-T,7'.ç Torréfaction.
ÇavOwctç Teinture en jaune.
î^Xûaiç Lavage.
5T5'];tç Putréfaction, décomposition.
uXt) Matière.
(pûd'.ç Nature, qualité intérieure.
Or.
Rappelons sa coupellation par le sulfure d'antimoine, qui en sépare
même l'argent. On fond ensemble ; la fonte se sépare en deux couches ; la
couche supérieure renferme les métaux étrangers, sous forme de sulfures
unis à l'antimoine; la couche inférieure contient l'or et le régule d'anti-
moine. On répète la fonte deux ou trois fois ; puis on soumet l'or à un
grillage modéré, qui brûle l'antimoine ; en évitant de chauffer trop fort
pour ne pas volatiliser l'or.
En raison de ces propriétés l'antimoine était dit au moyen âge le loup
dévorant des métaux; ou bien encore le bain du roi ou du soleil. Mais elles
ne sont exposées très explicitement que vers la fin du moyen âge.
Paros et PoRUS (i).
La pierre appelée j?orM5, était blanche et dure comme le marbre de Paros;
mais moins pesante. Ces deux mots sont parfois confondus dans les Papy-
rus de Leide.
Plomb : On distinguait 2 espèces, le noir et le blanc, ce dernier assimilable
à notre étain (2).
Du plomb noir on extrayait aussi l'argent. — Il était soudé par l'intermède
de rétain. Le métal de première coulée, obtenu avec le plomb argentifère,
s'appelait stannum; le second, argent; ce qui restait dans le fourneau,
galène. La galène refondue produisait du plomb noir.
On voit que le mot stannum signifie ici un alliage d'argent et de plomb.
Quant au mot galène, il n'avait pas le même sens qu'aujourd'hui, où il veut
dire sulfure de plomb.
(i) Pline, H. N., 1. XXXVI, 28. | (2) Pline, H. N., I. XXXIV, 47.
NOTICES DIVERSES
265
Chez les anciens, le plomb était souvent confondu avec ses alliages d'étain,
aussi bien qu'avec l'antimoine (v. p. 224) et le bismuth, métal plus rare et
dont la découverte est moderne.
Plomb lavé. — xeicXu^iévoç jxéXuêSoç (i).
Voici la préparation de cette substance.
On broie de l'eau dans un mortier de plomb avec un pilon de plomb,
Jusqu'à ce que l'eau noircisse et s'épaississe : ce que nous expliquons
aujourd'hui par la formation d'un hydrocarbonate de plomb, résultant de
l'action de l'air et de l'eau sur le- métal. — On lave par décantation. — On
peut aussi broyer de la limaille de plomb dans un mortier de pierre.
Vincent de Beauvais {Spéculum majus, VIII, 17) décrit la soudure auto-
gène, plomb sur plomb, qui a été regardée comme une invention moderne.
Plomb brillé, — x£Kau[xévoç [xoXuéSoç (2). — Voici la préparation de ce corps :
«On stratifié dans un plat des lames de plomb et de soufre. On chauflfe,on
remue avec du fer, jusqu'à disparition du plomb, et transformation en une
sorte de cendre. D'autres remplacent le soufre par de la céruse, ou par de
l'orge. Si l'on chauffe le plomb seul, le produit prend la couleur de la
litharge ». — Le produit obtenu par ces procédés est un sous-oxyde de
plomb, mêlé, suivant les cas, de sulfure et de sulfate.
Scorie [de plomb] (3) . — Corps jaune, vitreux, analogue à la céruse, ou
plutôt à notre litharge impure.
Spode [de plomb] (4) . — V. l'article ^s, sur le sens du mot spode.
Pierre plombeuse (5). — C'est notre galène (sulfure de plomb)?
Galena. — Minerai de plomb ^6), employé dans la fusion de l'argent. On
appelait aussi de ce nom le résidu des fontes du plomb argentifère (v. plus
haut).
Molybdène — [jLoAûêBaiva (7). «Ce corps est produit dans les fourneaux d'or
et d'argent. Il est jaune, et dévient rouge par le broiement; il est semblable
à la litharge». — Ce nom a été aussi étendu à la plombagine (notre graphite)
(i) Diosc, Mat. méd., 1. V, gS.
(2) Diosc, Mat. méd., 1. V, 96.
Pline, H. N., 1. XXXIV, 5o.
(3) Diosc, Mat. méd., 1. V, 97.
Pline, H. N., 1. XXXIV, 49, 5 1.
(4) Pline, H. N., 1. XXXIV, 12.
(5) Diosc, Mat. méd., 1. V, 98.
(6) Pline,!. XXIII, 3i.
(7) Diosc, Mat. méd., 1. V, 100.
Pline, H. N., 1. XXXIV, 53.
266
CHIMIE DES ANCIENS
et à notre galène (sulfure de plomb natif). — On en a rapproché encore (i)
la scorie d'argent, appelée aussi helcysma ou encauma.
Le mot molybdène a été suivant l'usage fâcheux des modernes, détourné
de son sens historique par les chimistes de notre temps, pour être appliqué
à un métal inconnu de l'antiquité.
Litharge (2). — Elle se préparait avec un sable (minerai) plombeux, ou bien
elle était obtenue dans la fabrication de Pargent, ou dans celle du plomb. —
La litharge jaune s'appelait chrysitis; celle de Sicile, argyritis; celle de la
fabrication de Targent, lauriotis (mot qui rappelle les mines du Laurium) :
« ce sont à proprement parler les écumes d'argent, produites à la surface du
métal; la scorie est le résidu qui reste au fond» (Pline).
Céruse — (]^iijlùôiov (3). — Les anciens ont indiqué le procédé de préparation
de la céruse par le plomb et le vinaigre. — Dioscoride décrit aussi sa torré-
faction [hiziTiiiù^), sa cuisson (xaucai 6éX(Dv), laquelle lui donne une couleur
rouge et la change en sandyx (minium).
Minium (v. p. 25 1 , 260 ; Rubrique). — Rappelons que ce mot a désigné non
seulement le sur-oxyde de plomb, appelé aujourd'hui de ce nom, mais aussi
le vermillon, le cinabre, le réalgar et certains oxydes de fer.
PSEUDARGYRE.
On lit dans Strabon (4) : « Près d'Andira on trouve une pierre qui se change
en fer par Taction du feu. Ce fer, traité par une certaine pierre, devient du
pseudargyre^ lequel, mêlé avec du cuivre, produit ce que Ton appelle ori-
chalque.
Le pseudargyre se trouve aussi près du Tmolus. »
Était-ce du zinc, ou du nickel, ou un alliage ?
Samos (pierre de). — C'est le tripoli.
Sel (5). — Sel fossile naturel, notre sel gemme, ou chlorure de sodium —
sel de Cappadoce, sel factice obtenu par l'évaporation des salines.
Lanugo salis. — "A^vy; cCkoç,. — Paillette écumeuse, produite par l'eau de
mer déposée sur les rochers.
(i) Diosc, 1. V, loi.
(2) Diosc, Mat. méd., V, 102.
(3) Diosc, I. Y, io3. — Pline,
1. XXXIII,54. — ViTRUVE, 1. Vll.ch. 7.
(4) Liv. XIII, 56.
(5) Diosc, Ma/, méd., 1. V, i2 5, i3o.
- Pline, H. N., 1. XXXI, 39-45.
NOTICES DIVERSES 267
Saumure — muria. — "AXjxï].
Flos salis, — àXoç av9oç. — Efllorescences salines et odorantes, couleur de
safran — elles surnageaient dans certains étangs, ainsi que dans l'eau du Nil.
Favilla salis. — Efflorescence blanche et légère.
SÉLÉNiTE (i) ou aphroselinon, pierre de lune, pierre spéculaire, glace de
Marie; blanche, légère, translucide.
Ce mot désigne notre sulfate de chaux et notre mica, ainsi que divers sili-
cates, lamelleux et brillants.
Soufre (2). — Soufre vif, ou apyre.
Pline ajoute : Ignium vint magnant ei inesse; il renferme beaucoup de feu
— sans doute parce qu'il s'allume aisément.
Terres (3).
On désignait sous ce nom divers calcaires et surtout des argiles blanches,
ou grisâtres, employées :
Soit comme fondants en métallurgie;
Soit comme base de poteries en céramique;
Soit comme ciments dans les constructions;
Soit comme supports de couleurs en peinture;
Soit comme collyres, et pour divers autres usages, en matière médicale.
Ces terres étaient lavées à grande eau, mises en trochisques, cuites dans
des plats de terre, etc.
On distinguait: la terre de Chio, la terre de Samos et la pierre de Samos,
la terre cimolienne, la terre d'Erétrie, la terre de Melos (assimilée autripoli)
la terre de Sélinonte, la terre de Lemnos (v. Rubrique p. 25 1, 26o),\e Parce-
tonium, la pignitis, Vampelitis ou schiste bitumineux, etc. La terre de Lem-
nos était une sanguine, ou oxyde de fer hydraté.
Trempe — Teinture — Ba^-q.
La trempe du fer était connue de toute antiquité. Homère en fait mention
dans rOdyssée (1. IX, SgS). Les alchimistes grecs y ont consacré plusieurs
articles que nous reproduirons. La trempe du bronze est aussi décrite par eux.
(i) Diosc, 1. V, i58. — Lexxcon
Alch. Rulandi, p. 289 et 427.
(2) Diosc, l.V, 1 2 3. — Pline,//. AT.,
I. XXXV, 5o.
(3) Diosc, A/a/, méd., l.V, 170a 180.
— Pline, H. N., 1. XXXV, 3i, 3», 53
à 55 ; XXXVI, 40, etc. — Lexicon
Alch. Rulandi, p. 463.
268 CHIMIE DES ANCIENS
Il est digne d'intérêt que le même mot (âaç-^ signifie :
1° La trempe des métaux;
2** La teinture des étoffes, du verre et des métaux;
3° Par extension la matière colorante elle-même,
4<» Et aussi le bain dans lequel on la fixait.
TuTiE. — Le nom detutie,qui semble ancien (3), n'apparaît avec certitude
qu'au temps des Arabes. Il a désigné surtout le pompholyx, oxyde de zinc
impur. Mais il a été appliqué aussi à toute cadmie, toute fumée des métaux,
et il en a souvent remplacé le nom chez les alchimistes du moyen âge. On
en a parfois rapproché la magnésie (v. ce mot).
(i) On trouve la mention de la T'u/wr j latin de la Bibliothèque nationale de
Alexandrina (manuscrit 71 6 1 du fonds I Paris, f. i3).
INTRODUCTION
A L'ÉTUDE DE LA CHIMIE
DES ANCIENS ET DU MOYEN AGE
SECONDE PARTIE
18
LISTE
DES MEMOIRES CONTENQS DANS L INTRODUCTION SECONDE PARTIE)
IX. — Sur un procédé antique pour rendre les pierres précieuses et les vitrifi-
cations phosphorescentes .
X. — Traitement des sables aurifères par amalgamation.
XL — Sur le nom du bronze.
XII. — Sur le nom de l'antimoine.
XIII. — L'arsenic métallique connu par les anciens.
XIV. — La soudure autogène du plomb connue au moyen âge.
XV. — De la lixiviation méthodique.
XV I. — Procédé pour rendre une étoffe incombustible.
XVII. — Séparation de Vor et de l'argent au moyen âge.
XVIII. — Les fleurs, les plantes., les herbes en alchimie.
XIX. — Sur Stephanus et sur les compilations du Chrétien et de l'Anonyme.
Table analytique.
Index.
IX. — PHOSPHORESCENCE DES PIERRES PRÉCIEUSES
SUR UN PROCÉDÉ ANTIQUE
POUR RENDRE LES PIERRES PRÉCIEUSES ET LES VITRIFICATIONS
PHOSPHORESCENTES
La Collection des alchimistes grecs renferme un petit Traité exposant
les procéde's pour « colorer les pierres précieuses artificielles, les émeraudes,
les escarboucles, les hyacinthes, d'après le livre tiré du Sanctuaire du
temple ;).
Ce Traité contient une série de recettes purement techniques, analogues
à celle du papyrus X de Leide (i), et dont quelques-unes remontent
probablement à une haute antiquité. On y trouve cités plusieurs auteurs
alchimistes égyptiens, tels que Marie, Agathodémon, le pseudo-Moïse,
Ostanès, Démocrite, ces trois derniers également nommés dans Pline (2).
Les citations de notre Démocrite, en particulier, s'en réfèrent à son
Traité sur l'art de colorer les verres, lequel ressemble singulièrement à
ceux dont parlent Sénèque (3) et Diogène Laërce : ce qui ferait remonter
Talchimiste qui a pris le nom de Démocrite vers les origines de l'ère
chrétienne (4).
Il m'a paru intéressant d'extraire de nos alchimistes certains procédés
de teinture superficielle ou vernis, destinés à rendre les pierres précieuses
et les objets de verre phosphorescents dans l'obscurité : sujet devenu fort
intéressant de notre temps pour les parures des femmes et divers autres
usages, mais dont on ne trouve, à ma connaissance, aucune trace ni dans
(i) Voir ce volume, p. 19-73. | (4) \'oir mes Origines de l'Alchimie,
(2)Commemagiciens,/f. iV., XXX, 2. p. 71 et 149.
(3) Epist., ex. I
272 CHIMIE DES ANCIENS
Pline, ni dans les auteurs déjà publiés. On sait que ces auteurs traitent
longuement des pierres précieuses, auxquelles les anciens attribuaient
des propriétés mystérieuses et magiques. Mais l'éclat de l'escarboucle,
si célèbre au moyen âge, et celui des autres pierres lumineuses, citées
autrefois, étaient dus simplement à la réflexion, à la réfraction et à
la dispersion de la lumière; tandis qu'aucun fait ne permet d'attribuer avec
certitude aux pierres décrites par les anciens la propriété d'émettre de la
lumière dans l'obscurité, ainsi que M. E. Becquerel l'a établi. C'est ce qui
donnera, je crois, quelque intérêt au fragment que Je vais reproduire (i).
Quelles espèces produisent la coloration des pierres précieuses et par quel trai-
tement} — Nous savons que l'agent commun dans les œuvres de cet art est la
comaris (talc) et nous allons dire quelles espèces sont susceptibles de colorer les
pierres; comment, unies h la comaris, elles colorent les verres et augmentent
la teinte des pierres naturelles ; quels sont les vases et les moyens du traitement.
En ce qui touche la fabrication des émeraudes, suivant l'opinion d'Ostanès,
ce compilateur universel des anciens, les espèces employées sont la rouille
de cuivre, les biles de toutes sortes d'animaux, et matières similaires. Pour les
hyacinthes (améthystes), on emploie la plante de ce même nom (jacinthe) et la
racine d'isatis, mise en décoction avec elle. Pour l'escarboucle, c'est l'orcanète et
le sangdragon.
Pour l'escarboucle qui brille la nuit et est appelée couleur de pourpre marine,
ce sont les biles d'animaux marins, de poissons ou de cétacés, à cause de leur
propriété de briller la nuit, et surtout de leur couleur plus ou moins glauque. C'est
ce que manifestent leurs entrailles, leurs écailles et leurs os phosphorescents.
En effet, Marie s'exprime ainsi : « Si tu veux teindre en vert, mélange la rouille
« de cuivre avec la bile de tortue : pour faire plus beau, c'est avec la bile de tortue
« d'Inde. Mets-y les objets, et la teinture sera de première qualité. Si tu n'as pas
« de la bile de tortue, emploie du poumon marin (Méduse) bleu, et tu feras une
« teinture plus belle. Lorsqu'elle est complètement développée, les objets émettent
« une lueur, m
Ainsi Ostanès, nour les émeraudes, a pris les biles des animaux et la rouille de
cuivre, mais sans y ajouter la couleur marine; pour l'hyacinthe, il a pris la plante
du même nom, le noir indien et la plante d'isatis; pour le rubis, l'orcanète et le
sangdragon. Marie a pris, de son côté, la rouille de cuivre et la bile des animaux
marins. Quant à la pierre qui brille la nuit, c'est celle que les savants, en matière
de pierres, appellent hyacinthe. C'est pourquoi il continue en ces termes : « Lorsque
(1) Ms. 232- de Paris, fol. 147 verso.
PHOSPHORESCENCES DES PIERRES 378
« la teinture est comp-lètement développée, les objets teints projettent une lueur
a pareille aux rayons du soleil. »
... Ostanés a parlé d'abord de la teinture de la pierre en rouge couleur de feu,
qui ne brille pas la nuit. Mais, dans ce passage, l'opérateur expose que la pierre
la plus précieuse qu'il convienne de préparer et de teindre est celle qui émet des
rayons lumineux la nuit : de telle sorte que ceux qui la possèdent puissent lire et
écrire, et faire n'importe quoi comme en plein jour. En effet, chaque escarboucle
(teinte) peut être vue séparément de nuit, avec sa grosseur propre et sa pureté, que
la pierre soit naturelle ou artificielle. On peut se diriger à l'aide de la lumière ainsi
émise, en vertu de la propriété de ces pierres de briller la nuit. Car le mot employé
ici ne s'applique pas seulement à la pierre qui brille le jour, mais à celle qui brille
la nuit.
Les biles des animaux, perdant leur partie aqueuse, sont desséchées à l'ombre.
Dans cet état, on les incorpore à la rouille de notre cuivre, ainsi qu'à la comaris;
on fait cuire le tout ensemble selon les règles de l'art. Colorées par l'eau divine (i),
elles prennent une teinte stable. Cette eau étant écartée, les pierres sont chauffées
et, encore chaudes, trempées dans la teinture, suivant les préceptes des Hébreux.
Si, toutefois, la couleur tirée des biles ne donne pasà la pierre un vert suffisamment
intense, on met celle-ci dans notre rouille, en ajoutant de la rouille de plomb
commun, un peu de couperose et toutes les matières susceptibles de servir aux
pierres que l'on veut surteindre, ou qui contiennent des figures : cela se fait surtout
pour les émeraudes.
Il faut savoir que les biles des animaux marins ajoutent la phosphorescence à la
coloration propre de chaque pierre, lorsqu'on les introduit en proportion convenable
dans les matières tinctoriales propres à chaque couleur, ou avec certaines autres
espèces.
D'après les noms d'Ostanès, de Marie, de Démocrite (2), les textes
précédents se rattachent aux plus vieilles traditions de l'Egypte hellénisée;
si même ils ne remontent aux pratiques beaucoup plus anciennes des
prêtres égyptiens et du culte de leurs divinités. La mise en œuvre de
couleurs superficielles pour rehausser l'éclat des pierres précieuses est
encore usitée de nos jours : o^i sait à quelles fraudes elle a donné lieu dans
le commerce des diamants jaunes ; mais j'ignore si l'on s'en sert aujourd'hui
pour communiquer à ces pierres la phosphorescence. Quoi qu'il en soit,
j'ai donné les textes, et ils ne laissent aucun doute sur l'emploi antique
des pierres précieuses rendues phosphorescentes dans Tobscurité, par
Tusage des teintures superficielles, provenant de matières dont nous
(1) Liqueur active, non définie. | (2) Origines de l'Alchimie, p. 70.
274
CHIMIE DES ANCIENS
connaissons les propriétés analogues. Cette phosphorescence, due à
l'application de matières organiques oxydables, ne devait pas être durable;
mais elle pouvait se prolonger pendant plusieurs heures, peut-être plusieurs
jours, et elle pouvait être rétablie ensuite par de nouvelles applications des
mêmes agents. C'est un chapitre curieux à ajouter à ce que nous savons
des connaissances pratiques des anciens.
X. — AMALGAMATION DES SABLES AURIFERES
TRAITEMENT DES SABLES AURIFÈRES PAR AMALGAMATION
CHEZ LES ANCIENS
Il paraît utile de tirer de la Collection des Alchimistes grecs (TraiMC^/on,
p. 214), en le résumant, un article sur Textraction de l'or au moyen de ses
minerais naturels, traités par le mercure : procédé de traitement de ces
minerais qui n'avait pas été signalé jusqu^ici, comme connu des Anciens (i).
« Prends de la terre des bords du fleuve d'Egypte qui roule de l'or
« pétris-la avec un peu de son...; après avoir fait une pâte..., formes-en de
" petits pains...; fais-les sécher au soleil..., mets-les dans une marmite
« neuve... et fais du feu au-dessous...; remue avec un instrument de fer
« jusqu'à ce que tu voies que tout est cuit et semblable à une cendre noire...
« Ayant pris une poignée de cette matière, jette-la dans un vase de terre
» cuite, ajoute du mercure, agite méthodiquement avec la main...; ajoute une
« mesure et... lave avec précaution, jusqu'à ce que tu sois parvenu
« au mercure. Mets dans un linge, presse avec soin jusqu'à épuisement.
'( En déliant le linge, tu trouveras la partie solide... Mets-en une boulette
« sur un plat neuf... dans une fossette pratiquée au milieu...; recouvre de
« nouveau la marmite, en la faisant adhérer 'au plat (avec un lut)...; fais
« chauffer sur un feu clair, avec du bois sec ou de la bouse de vache
« (desséchée), jusqu'à ce que le fond du plat devienne brûlant. Aie de
(i) Vitruve a indiqué seulement
l'emploi du mercure pour extraire l'or
des étoiles tissues avec ce métal (liv
VII, 8)
SUR LE BRONZE 275
« l'eau auprès de toi, pour arroser la préparation avec une éponge, en
« veillant à ce que l'eau ne tombe pas sur le plat. Après la chauffe,
« retire le plat du feu; en découvrant, tu trouveras ce que tu cherches » :
c'est-à-dire l'or dans le fond; quant au mercure, il a dû se condenser dans
le couvercle refroidi.
Ce traitement des minerais aurifères par le mercure paraît s'être sub-
stitué à un traitement plus anciennement usité, dans lequel le minerai
était fondu avec du plomb, du sel, un peu d'étain et du son d'orge (i), et
soumis à une véritable coupellation.
XI. — SUR LE NOM DU BROx^ZE
On sait que le bronze était désigné par les Grecs sous le nom de •/^sikv.ô^,
qui s'appliquait aussi au cuivre pur et aux alliages divers que ce métal
forme en s'unissant avec Tétain, le plomb et le zinc. Vcfs des latins avait à
peu près la même signification compréhensive, et embrassait également les
alliages multiples que nous réunissons sous les noms, complexes eux-
mêmes, de bronzes et de laitons. Le yx\Y.àq et r^5 sont connus depuis une
haute antiquité et leur emploi, dans la fabrication des armes spécialement,
remonte aux époques préhistoriques. Ces noms anciens ont été remplacés
depuis par des mots plus modernes, tels que celui d'airain, c^est-à-dire œra-
men, dérivé de ces, dont le sens est également extensif ; celui de cuivre, c'est-
à-dire du yaXxoç xuirpio;, dénommé d'après son lieu d'origine, et désignant
tantôt le métal pur [cuivre rouge], tantôt ses alliages [cuivre jaune,
blanc, etc.); enfin les noms déjà cités de bronze et de laiton.
L'origine de ces derniers mots a donné lieu à bien des controverses;
mais en ce qui touche le laiton, la question semble tranchée. Le mot laiton,
d'après du Cange, dont je partage l'opinion, vient de l'antique electrum.
A l'origine ce dernier s'appliquait à un alliage d'or et d'argent, appelé
également asèm parles Egyptiens, et dont l'imitation est devenue le point
(i) Agatharchide, cité par Diodore de Sicile (III, i3).
276 CHIMIE DES ANCIENS
de départ des travaux et des illusions des alchimistes (i). Par une transition
facile à justifier, le nom d'electrum finit par désigner les alliages dont
la couleur imitait l'or, tels que le laiton; il ne me paraît pas nécessaire
de m'étendre davantage sur ce point.
Au contraire, une grande obscurité entoure l'origine et l'étymologie du
mx>t bronze. Les citations les plus anciennes qui en aient été faites, à ma
connaissance, sont celles de du Gange [Glossarium mediœ et injimœ latini-
tatis). On y trouve les mots bron\iiim et broniinum, empruntés à une chro-
nique latine de Plaisance, écrite dans les premières années du xv« siècle et
publiée par Muratori (t, XVI). Du Gange cite également un ouvrage grec
anonyme, de locis HierosoL, ch. viii: ûjo r.ip-xq ';:pcûxÇ'.Vc;; ; mais l'auteur
de cet ouvrage, d'après sa langue, ne parait pas plus ancien que le précé-
dent, s'il n'est même plus moderne.
Le mot bronze a été adopté d'ailleurs par toutes les langues néolatines :
bron^o, en italien; bronce, en espagnol, etc., et il est employé couramment
à partir du xvi« siècle. L'anglais, br'ass, airain, y est rattaché par certains
auteurs; mais ceci est douteux.
En tous cas, l'origine et l'étymologie du mot bronze sont incertaines.
Muratori, du Gange, et, d'après eux, Diez, ont pensé que ce nom a été
donné au métal en raison de sa couleur. Muratori le rapproche des mots
briini:{:{0, briiniccio, diminutifs du mot briino, brun en français ; mais avec
un déplacement d'accent qui fait quelque difhculté. Du Cange a mis en
avant le mot de basse latinité bruntus, qui figure comme nom de couleur
dans le Glossaire d'^lfricus, auteur du x° siècle. Diez en a rapproché
encore les mots briinst, incandescence en allemand ; et bronza, charbon
incandescent (c'est-à-dire notre braise) en dialecte vénitien. M. Pictet s'est
attaché surtout à ce dernier rapprochement, qui rattachait le sens original
du mot, non à une idée de couleur, mais à une idée d'ignition.
Je n'ai pas qualité pour intervenir dans un semblable débat; mais il me
semble utile de reproduire ici un texte de la GoUection des Alchimistes
grecs, lequel est le plus ancien texte, je crois, où le bronze se trouve for-
mellement désigné sous ce nom.
(1) Voir Origines de l'Alchimie, p. 21 5, et ce volume, p. 262.
SUR LE BRONZE 277
Voici le titre du morceau (V, xvi) :
El OéXs'.ç xo'.TJjai çoupj;.aç xal -ûXou^àTwO PpovxTjTioj, tzo'Iî'. oj-w^.
« Si tu veux fabriquer des formes en creux et en relief avec du bronze,
opère comme il suit. »
Il s'agit d'une recette d'atelier pour faire des moulages en bronze. Le sens
même du mot (âpovrrj^iov est donné avec certitude quelques lignes plus loin,
par la phrase suivante :
'H Sa (j'jyxipajts; toj (âpsvxTjsb'j èjtIv o'jto); " bj /.'jzpio'j TvÎTpx a', y.xîJtTÉpo'j
y.aôapcî; y° 6'.
« Quant à l'alliage du bronze, on l'obtient ainsi : rouille de cuivre de
Chypre, une livre; étain pur, deux onces. »
La langue de ce morceau est celle d'un artisan du moyen âge ; mais il est
transcrit dans le manuscrit 299 de la bibliothèque de Saint-Marc, à Venise,
lequel remonte au xi® siècle de notre ère. On ne saurait donc abaisser da-
vantage la date du nom du bronze. Cette date remonte même probablement
plus haut; le morceau paraissant tiré d'un grand manuel de chimie byzan-
tin, dont le titre nous a été conservé dans d'autres manuscrits. (Collec-
tion des Alchimistes Grecs, III, xliv, § 7); il offre assez d'intérêt pour
être reproduit :
a Le présent volume est intitulé : Livre métallique et chimique sur la
Chrysopée, l'Argyropée, la fixation du mercure. Ce livre traite des vapeurs,
des teintures métalliques et des moulages avec les bronzes [<^zùp\Lxq à-; ?pcv-
xr^jt'wv ou 3po-cia((i)v), ainsi que des teintures des pierres vertes, des grenats
et autres pierres de toutes couleurs, et des perles; et des colorations en ga-
rance des étoffes de peau destinées à l'Empereur. Toutes ces choses sont
produites avec les eaux salées et les œufs (il, au moyen de l'art métallique. »
On voit qu'il s'agit d'un manuel byzantin de chimie. La composition
même de l'ouvrage remonte à une époque ancienne, telle que le vin* ou le
X* siècle. Il devait comprendre à la fois :
1° L'art de fabriquer l'or et l'argent, c'est-à-dire l'alchimie proprement
dite;
(1) Dans le langage des alchimistes, j sion symbolique désignant divers ap-
li s'agit de l'œuf philosophique, exprès- j pareils et matières.
278 CHIMIE DES ANCIENS
2" La distillation, sur laquelle nous avons conservé seulement quelques
débris d'écrits anciens dans les œuvres de Zosime;
3° Le moulage et le travail des métaux en orfèvrerie, représentés tant par
l'article cité plus haut que par un traité assez étendu, qui se trouve dans
certains manuscrits, avec des additions plus récentes;
4° La trempe des métaux pour la fabrication des armes et outils, repré-
sentée par quelques morceaux fragmentaires dans le manuscrit de
Venise;
5' La fabrication des pierres précieuses artificielles, remontant à une
haute antiquité, et sur laquelle nos manuscrits fournissent deux petits
traités complets, qui renferment des citations des plus vieux auteurs alchi-
miques;
6<» Le travail des perles, représenté aussi par deux petits traités, dont l'un
attribué à un auteur arabe, Salmanas, mais avec des recettes singulières
rappelant les Geoponica;
7° La teinture des étoffes, traité perdu, à l'exception de quelques débris,
dont l'un forme le début du livre du Pseudo-Démocrite ;
8° Il devait s'y trouver en outre diverses applications techniques, telles
que la fabrication de la bière, de la lessive, de la colle, du savon, sur les-
quelles les manuscrits nous ont conservé quelques recettes.
Ce grand ouvrage est malheureusement perdu, sauf diverses portions
conservées : une partie par le manuscrit de Saint-Marc (xi^ siècle), et une
partie plus considérable par les manuscrits de Paris numérotés 2325 (du
xiii® siècle), et 3327 (du xv« siècle). Ces textes grecs répondent à une
tradition plus ancienne que les textes alchimistes latins, traduits ou imités
des Arabes au moyen âge.
Ainsi, c'est dans un extrait de cet ouvrage que le nom de bronze nous est
venu sous sa forme la plus ancienne : PpcvT-/^7'.ov. Faut-il le rapporter à un
nom de lieu ? ou bien doit-on le rattacher au même radical que les mots
bruntus et brun ? Sinon à quelque autre origine, telle que le mot (3povTY;,
tonnerre, qu'il semble pourtant difficile d'admettre à une époque anté-
rieure à linvention du canon ?
Il existe deux passages de Pline favorables à l'interprétation d'après
laquelle le nom du bronze serait dérivé d'un nom de lieu, à savoir de
SUR L ANTIMOINE 270
Brundus'ium : œs Briindiisimim, « airain de Brindes » ; de même que r<P5
Cor/n/A/wm, airain de Covinthe; Vœs JE gineticum, airain d'Egine ; Vœs Délia-
cum, airain de Délos : Vœs Cyprium, airain de Chypre ; toutes dénomi-
nations qui figurent dans Pline et chez les auteurs anciens. Les passages que
je signale ici se rapportent à la fabrication des miroirs de bronze: Spécula
optima apud majores fuerant Brundtisina, stanno et œre mixtis [H. N.,
1., XXXIII, ch. IX, § 45). « Les meilleurs miroirs chez les anciens étaient ceux
de Brundusium, obtenus par l'alliage du cuivre et de l'étain ». L'auteur
ajoute : « on leur préfère les miroirs d'argent, fabriqués d'abord par Pasi-
tèles, au temps du grand Pompée ». Pline dit encore : Spécula etiam ex eo
laudatissima Brundusi temperabantur... [H. N., 1. XXXIV, ch., xvii, § 48).
<t On a mélangé aussi (l'étain) dans la fabrication des miroirs très estimés
de Brundusium; jusqu'à l'époque où tout le monde, même les servantes,
commencèrent à se servir de miroirs d'argent. » Il a donc existé à Brun-
dusium une fabrication de bronze pour miroirs.
Une certaine composition de cet alliage fournit en effet un métal facile
à polir et susceptible de refléter les objets. Nous possédons dans nos musées
plusieurs miroirs de ce genre ; quelques-uns même remontent à la vieille
Egypte. Ceci étant établi, on conçoit que le nom de Brundusium, de môme
que celui de ChypreoudeCorinthe,ait pu s'appliquer à uno variété d'airain.
Uces Brundusium serait devenu le bronze, de même que Vœs Cyprium est
devenu le cuivre. Je laisse la décision de ces problèmes étymologiques aux
gens compétents, m'étant borné à leur rapporter des renseignements nou-
veaux, et des données plus anciennes que celles qui avaient été publiées jus-
qu'à présent.
Xll. — SUR LE NOM DE L'ANTIMOINE
L'origine du nom de l'antimoine est des plus controversée. Il ne convient
pasdes'arrêteràl'étymologiepuérile, d'après laquellece nomaurait étédonné
au métal par suite de son action vénéneuse constatée sur les moines d'un cou-
vent. Ce nom est également fort antérieur au personnage mythique appelé
Basile Valentin, auquel on attribue parfois la découverte de ce corps, et
280 CHIMIE DES ANCIENS
SOUS le nom duquel nous sont parvenus divers ouvrages {Char triomphal
de r Antimoine, Haliographie, etc.), lesquels ne paraissent pas antérieurs
au xvi« siècle. Le sulfure d'antimoine d'ailleursétait connu des anciens sous
les noms de stibiiim, Q-J.[}.\i.'.y et j'ai indiqué comment ils ont aussi obtenu
l'antimoine métallique, confondu par eux avec leplomb(ce volume, p. 224).
Le (jTt;x;j.'. figure continuellement chez les vieux alchimistes grecs. Mais on
n'y trouve pas le nom plus moderne de l'antimoine. Cependant on rencon-
tre le mot: àvTsy.iv.cv, dans le traité d'orfèvrerie que nous avons imprimé
en tête de la V« partie de la Collection des Alchimistes grecs. [Texte grec,
§§ 44 et 45, p. 334, 1. 2, 4, 5, 6 ; Traduction, p. 3 19). Lesulfure d'antimoine
y est employé pour affiner l'or et le séparer de l'argent (ce volume, p. 285].
Ce texte nous est venu par un manuscrit de la fin du xv"^ siècle et il est
assurément plus ancien; mais il est écrit en grec du moyen âge.
Ici se présente une circonstance singulière. L'antimoine ne paraît ni
sous son nom ancien, ni sous son nom moderne, dans les traités latins qui
sont réputés traduits des alchimistes arabes et qui représentent les débuts
de l'alchimie dans le monde latin, vers le xii= ou xni« siècle. Du moins je
n'ai réussi à rencontrer ces noms ni dans les traités attribués à Geber, ni
dans ceux du Pseudo-Aristote [De per/ectomagisterio], ni dans ceux d'Avi-
cenne, reproduits soit dans le Theatrum Chemicum, soit dans la Biblio-
theca chemica. Je n'y ai trouvé d'autre désignation attribuable aux sulfures
d'antimoine que celle de marcassite et de magnésie, qui les désignent cer-
tainement dans plusieurs cas, mais qui s'appliquent aussi à d'autres sulfures
et dérivés métalliques.
Cependant l'antimoine figure sous le womài'antimonium, et non de stibiura
ou stimmi, dans le Spéculum naturale de Vincent de Beauvais (liv. VIII,
ch. XLix),auteurqui écrivait vers le milieu du xin^siècle. Du Cange l'a même ren-
contré dans Constantin l'Africain, médecin de Salerne, qui vivait vers
l'an 1 100. C'est donc vers le xi° siècle que ce mot se trouve introduit en
Occident, où il a supplanté l'ancienne dénomination.
Son étymologie se rattache, suivant une opinion émise par Huet et accep-
téeparLittréi;i),àuneformearabe,tellequea^/2W0W£/ ou othmoud, qui serait
( I ) Dictionnaire de la langue fran- 1 d'origine orientale » , par Marcel De vie.
çaise, t. I ; et Supplément : a. mots |
SURL ARSENIC
281
devenuedirectementantimoine:oubien ithmid, dérivé de(7Tt[jL;M,avec addition
de Tarticle al altéré dans sa forme. Peut-être d'ailleurs le mot grec stiiJ.y.'.
était-il lui-même d^origine orientale, auquel cas les Arabes n'auraient pas eu
besoin de l'emprunter aux Grecs. Quoi qu"'ilensoit, on trouvedivers exemples
dece genre d''altération dans les transcriptions latines de mots arabes rela-
tées au LexiconAlchemiœ de Ru\andus(i6 12): par exemple le mot tinkar [le
boraxdes alchimistes latins, qui signifie soudure ou fondant vitreux) s'écrit
aussi attinkar et anticar. Au mot même antimonium est citéeencorecomme
synonymelaformeanalogue<2nff5?fw/.Les transcriptions des mots techniques
et des noms de lieux arabes et grecs, dans le latin du moven âge, sont fécon-
des en altérations de cette espèce.
XIII. — L'ARSENIC MÉTALLIQUE CONNU PAR LES ANCIENS
Les composés de l'arsenic et leurs transformations ont été connus dès
l'antiquité; ils jouèrent un rôle important dans les pratiques de rAlchimie,
Les sulfures d'arsenic, en effet, existent dans la nature; ils étaient désignés,
l'un, le réalgar, sous le nom de sandqraque ; l'autre, Torpiment, sous le
nom d^arsenic^ nom transporté depuis par les modernes au corps simple pro-
prement dit. Divers arsénio-sulfures métalliques sont aussi signalés claire-
ment par les alchimistes. On savait dès lors changer les sulfures d'arse-
nic en acide arsénieux par des grillages ménagés, précédés par l'action de
divers réactifs (vinaigre, sel, etc.), ainsi que le montre une description dé-
taillée dT lympiodore, auteur du v° siècle (i).
En voici le résumé : « L'arsenic (sulfuré) est une espèce de soufre qui se
volatilise promptement Prenant de Tarsenic lamelleux couleur d'or
14 onces, tu le coupes en morceaux, tu le porphyrises...; puis tu fais
tremper dans du vinaigre (2), pendant 2 ou 3 jours et autant de nuits,
(i) Collection des Alchimistes grecs,
traduction, p. 82.
(2) Vinaigre signifiait toute liqueur
douée d'activité chimique, ou spôcia
lement acide.
282 CHIMIE DES ANCIENS
la matière renfermée dans un vase de verre à col étroit, afin qu'elle ne se
dissipe pas... décanteensuiteet lave avecdel'eaupure, jusqu'à ce que Todeur
du vinaigre ait disparu... Laisse la masse se dessécher et se contracter
à Tair; mélange et broie avec 5 onces de sel de Cappadoce... On opère
ensuite dans un vase de verre luté, vase imaginé par Africanus (auteur
du m* siècle), et muni d'un double couvercle luté, afin que l'arsenic brûlé
ne se dissipe pas. Fais-le donc brûler à plusieurs reprises et pulvérise-le,
jusqu'à ce qu'il soit devenu blanc. On obtient ainsi de l'alun blanc et
compact. »
On voit que l'acide arsénieux est désigné dans ce passage sous le nom
d'alun; ailleurs, il est appelé cériise. Mais la description ne laisse aucun
doute sur sa nature.
En faisant réagir soit l'acide arsénieux, soit les sulfures d'arsenic sur les
métaux purs ou alliés, par fusion dans un creuset, ou par évaporation et cé-
mentation dans un appareil de digestion, les alchimistes communiquaientaux
métaux diverses teintures superficielles ou profondes, de façon à obtenir soit
des alliages blancs, analogues au tombac, soit des alliages dorés; alliages
qu'ils cherchaient ensuite à faire passer pour de l'or ou de l'argent véritable.
Ces teintures des métaux, analogues à celles que développe le mercure,
jointes à la volatilité de l'arsenic et de ses composés, les conduisirent
à assimiler l'arsenic lui-même au mercure et à le regarder comme un
second mercure, mercure tiré de l'arsenic (sulfuré) ou de la sandaraque, par
opposition au mercure ordinaire, tiré du cinabre (ce volume, p. 99 et 236;
Collection des Alchimistes grecs, Traduction, p. 66 et 74). L'aptitude de
l'arsenic métallique à se sublimera la façon du mercure, dansdes conditions
de température et de désulfuration analogues, ainsi que sa faculté de ramol-
lir les métaux et de former avec eux des alliages fusibles et colorés; enfin,
l'existence du réalgar, souvent confondu avec le cinabre, en raison de sa
couleur, donnaient une force apparente à cette assimilation.
« Fixez le mercure tiré de l'arsenic (sulfuré) ou de la sandaraque », dit
le Pseudo-Démocrite (Collection, etc.; Traduction, p. 53); «projetez-le sur
le cuivre et le fer traité par le soufre, et le métal deviendra blanc. » Ailleurs,
dans un fragment attribuable à Zosime (p. 21 3), sous le titre de « Fabrica-
tion du mercure », on lit :
SOUDURE DU PLOMB 283
« Prenant de la céruse (i) et de la sandaraque, par parties égales, délaie
avec du vinaigre jusqu^à ce que la masse s'épaississe; ensuite, mettant dans
un vase non étamé, recouvre avec un couvercle de cuivre; lute tout auiour
et fais chauffer doucement sur des charbons. Lorsque tu présumes que
l'opération est à point, découvre légèrement, et, avec une barbe de plume,
enlève le mercure. )5
Cette préparation est fort claire, à quelques détails près ; elle répond à une
préparation d'arsenic métallique sublimé. Les traités des alchimistes grecs
renferment un grand nombre d'indications analogues.
XIV. — LA SOUDURE AUTOGENE DU PLOMB
CONNUE AU MOYEN AGE
J'ai indiqué en passant, dans ce volume (p. 265), que Vincent de
Beauvais signale l'existence de la soudure autogène du plomb, opération
d'ordinaire réputée tout à fait moderne. Il semble utile de donner ce pas-
sage, qui se trouve à l'article de l'étain [Stannum], Spéculum naturale, pars I,
liv. VIII, ch. XXXVII :
iStanmim) in aqua diu jacens facile putrescit. Undè fistulœ aquceducto-
riim, quce sut terra fieri solebant ex plumbo et consolidari stanno, moder-
nis temporibus ex calido et fusili plumbo consolidari ars hominum excogi-
tavit, quia soliditatœ stanni solidatœ durare non poterant in longinquu m :
pliimbum vero sub terra semper durât.
C'est-à-dire :
« L'Etain se détruit facilement par un séjour prolongé dans l'eau. De là
« le changement apporté aux tuyaux des aqueducs, placés sous terre, qui
« étaient autrefois fabriqués en plomb et soudés à l'étain. L'art des moder-
« nés a imaginé de les souder avec du plomb chautîé et fondu; parce que
« les soudures faites avec l'étain ne duraient pas longtemps, tandis que le
« plomb placé sous terre dure à jamais. »
(i) Acide arsénieux. (Voir p\i\s haut.)
284 CHIMIE DES ANCIENS
XV. — DE LA LIXIVIATION MÉTHODIQUE
On a regardé comme modernes les procédés de lixiviation méthodique,
usités pour exprimer les cendres et les matériaux salpêtres; le passage sui-
vant, tiré du manuscrit de Saint-Marc, montre que ces procédés remontent
au xi« siècle et sans doute au delà.
Fabrication de la lessive :
« Répartis quatre muids de cendres entre deux cuviers percés de trous au
fond. Autour du trou le plus petit, du côté intérieur, mets un peu de foin, pour
que la cendre n'obstrue pas le trou. Remplis le premier cuvier avec de l'eau;
recueille le liquide filtré, qui en découle pendant toute la nuit, et mets-le
dans le second cuvier. Garde ce qui filtre de ce second vase. Mets d'autre
cendre (dans un troisième cuvier). Epuise-la avec le liquide sorti du second :
il se forme une liqueur pareille au nard couleur d'or. Verse-la dans un qua-
trième cuvier: la liqueur devient piquante et forte.
XYI. — PROCÉDÉ POUR RENDRE UNE ETOFFE
INCOMRUSTIRLE
Voici un procédé donné dans le Traité d'orfèvrerie (Gollect., etc., VI, 1,40).
« Prends de la chaux vive, mêle-la avec de Thuile et arrose bien une fois
ou deux. Ajoute aussi de la lessive, en la versant tout autour et au-dessus,
Jusqu'à une épaisseur de deux doigts. Mets cette eau divine dans un flacon.
Prends une étoffe de lin, mouille-la dans cette eau ; expose-la au feu et, si
l'étoffe s'enflamme, sache qu'elle n'est pas bien préparée. Ajoute de nou-
veau le Uniment calcaire avec d'autre chaux; opère comme précédemment
jusqu'à réussite, c'est-à-dire jusqu'à ce que l'étoffe ne s'enflamme pas dans
le feu. »
On trouve dans Aulu-Gelle un passage d'après lequel une tour de bois
destinée à la défense du Pirée, ne put être incendiée par Sylla, parce qu'elle
SÉPARATION DE l'oR ET DE l' ARGENT 285
était enduite d'alun : « omnem materiam obliverat alunîine, quod Sylla
atque milites admirabantur ». Noctes atticœ, xv, i.
Mais les tissus incombustibles dont parlent les anciens étaient fabriqués
avec de l'amiante, qui sert encore aujourd'hui dans certains cas pour les
mêmes usages.
XVII. — SÉPARATION DE L OR ET DE L'ARGENT
AU MOYEN AGE
Dans le traité d'orfèvrerie, dont nous possédons une copie datée de 1478,
mais qui remonte à une époque plus ancienne [Collection, etc., p. Bo/), on
trouve trois procédés pour effectuer cette préparation, Tun par l'eau régale,
l'autre par l'acide nitrique, le dernier par l'antimoine. Voici la transcription
de ces textes, dont la date inférieure est certaine :
(N° 42). — Eau pour extraire Vor de l'asèm (alliage d'or et d'argent). —
« Prenant deux parties de sel ammoniac, et 3 parties de sel de nitre, broie
bien dans un mortier. » On les met en réaction prolongée dans un alambic;
ce qui fournit une eau divine (i).
« Quand tu voudras retirer l'or de Tasèm, coupe l'asèm en morceaux,
mets-le dans l'alambic, bouche bien. Epuise l'action de l'eau divine et mets
à part l'or : il est à l'état pulvérulent. Agglomère-le avec l'outil à dorer.
(N° 43). — Autre recette. — « Prends 2 livres d'alun; du sel de nitre,
I livre; du vitriol romain, i livre et demie; broie, mets dans un alam-
bic, place sur un fourneau; ferme bien, et recueille l'eau forte. L'eau divine
est ainsi confectionnée en 24 heures (2).
« Quand tu voudras retirer l'or de l'asèm, mets l'eau forte dans un vase de
verre posé sur delà cendre chaude : l'argent se dissout avec bouillonnement.»
En évaporant la liqueur, le composé d'argent reste au fond de l'alambic.
(N° 44). — Affinage de Vor. — « Prenant de la marcassite (3), 8 onces; du
(i) On devait ajouter un troisième
produit, tel que le vitriol ou l'alun, de
façon à obtenir de l'eau régale. — Plus
haut, dans l'article XVI, le nom d'eau
divine s'applique à un Uniment cal-
caire. On voit combien le sens de ce
mot était compréhensif.
(2) C'est de l'acide nitrique étendu.
(3) Ce mot désigne ici un sulfure d'an-
timoine naturel.
19
286 CHIMIE DES ANCIENS
soufre 4 onces, fais fondre ensemble dans le creuset; il se forme de l'anti-
moine (sulfuré).
« Lorsque tu voudras affiner l'or en grains, mets l'or dans un creuset au
milieu du feu. Ensuite projette de l'antimoine (sulfuré) au milieu du creu-
set, à ta volonté, jusqu'à ébullition, etc. (i). »
(No 45). — Autre recette. — « Extrais l'or en poudre de l'asèm (2) et place
la poussière dans le creuset. Ensuite, délaie avec l'antimoine, au milieu du
creuset, et fais chauffer. Après cela, place sur une brique de Grèce, afin d'af-
finer et de laisser refroidir. On obtient ainsi de l'or fin,» — Dans ce procédé,
l'argent est perdu. Rappelons que les anciens opéraient la séparation de
Tor et de l'argent au moyen du cément royal (p. 14).
XVlll. — LES FLEURS, LES PLANTES, LES HERBES
EN ALCHIMIE
Le moi Jleur est employé par Dioscorideet par Pline pour désigner cer-
tains produits métalliques ou salins :
"AvOo; '^/xXv.oXi , fios œris, fleur de cuivre, projetée par le vent du soufflet
pendant la coulée du métal; ce mot a désigné aussi le protoxyde de cuivre
et plus tard le vert de gris (p. 232).
"Avôoç àXéç, Jîos salis, efflorescence saline : ce qui signifie suivant les cas
le sel marin, le sesqui-carbonate de soude, le sulfate de soude et le salpêtre.
Chez les alchimistes, le mot a pris un sens plus compréhensif et dans
lequel intervient le double sens des mots /los et àvGoç, qui désignent à la
fois la fleur d'une plante et la couleur ou principe colorant d'une dissolution.
C'est ce que montrent certains passages de Synésius. Il insiste notam-
ment sur la sublimation des matières volatiles, appelées esprits ou fleurs
des métaux, assimilées aux âmes des plantes, et désignées par les noms de
celles-ci, conformément aux principes de la nomenclature des prophètes
égyptiens (p. 10 et 1 i).Ce*sont,pournous, des oxydes et des sulfures subliméset
entraînés par les gaz, pendant les opérations chimiques. On dit encore fleurs
(i) Cp. p. 264. I (2) Par le procédé n" 43 ?
STEPHANUS, LE CHRETIEN, l'aNONYME 287
aujourd'hui, dans un sens analogue qui remonte aux Alchimistes : yJears
argentines d'antimoine, fleurs de \inc^ fleurs de soufre. On disait également
au siècle dernier : ^ewr^ ^'a«f /morne, pour le sublimé Jaune et en partie
oxydé, que fournit le sulfure naturel; fleurs rouges d^antimoine, pour
un sulfure rouge, formé en présence du sel ammoniac; fleurs d'arsenic,
pour l'acide arsénieux sublimé; ^etfr^ de sel ammoniac, pour ce sel su-
blimé; fleurs de benjoin, pour l'acide benzoïque sublimé. Les noms fleurs
de safran et safrans désignaient diverses matières minérales colorées, des
sulfures d'arsenic, par exemple ; le safran des métaux était un oxysulfure
d'antimoine; le safran de Mars, un oxyde ou sel basique de fer, etc. Les
fleurs du alun sont l'alun de plume ; les fleurs de cobalt sont une efflorescence
minérale rose, annonçant les mines de cobalt.
Rappelons encore que le mot fleur s'applique. de nos Jours au velouté deâ
fruits, à la farine la plus fine, aux mycodermes qui se forment à la surface
du vin et de la bière altérés, etc.
Une fois le mot fleur prononcé, il était développé de toute manière, avec des
sens métaphoriques. De même, dans d'autres passages, certaines substances
minérales sont appelées j?/awfe5 ou herbes ; on assimile leur accroissement à
celui des végétaux (Olympiodore, p. 108 ; Comarius, p. 283 et 286, etc.), et
les teintures métalliques fugaces sont assimilées aux couleurs végétales.
De même encore les écailles ou morceaux du cobathia rouge, c'est-à-dire des
sulfures d'arsenic (p. 245), sont assimilés aux écorces et rameaux des palmiers.
Observons que le même mot grec, çotv.;, signifiait rouge et palmier, etc.
La connaissance de ces analogies et de ces assimilations est indispensable
pour bien entendre les textes alchimiques.
XIX. — SUR STEPHANUS ET SUR LES COMPILATIONS
DU CHRÉTIEN ET DE L'.\NONYME
Les traités des Alchimistes gréco-égyptiens ont été réunis en collection,
d'abord par Zosime au ni® siècle de notre ère, puis vers le vn*^ siècle, au
temps d'Héraclius, ainsi qu'il a été exposé dans la première partie de cette
Introduction (p. 200 à 2o3). Ils sont devenus aussitôt Tobjet de commen-
288 CHIMIE DES ANCIENS
taires multipliés, écrils par des praticiens d'une part, et d'autre part, par
des philosophes mystiques. En ce qui touche les développements pratiques
donnés à l'antique doctrine, nous rappellerons qu'ils ont été, depuis le
temps de Zosime jusqu'au xiv* siècle et jusqu'à la fin du moyen âge, consi-
gnés dans des traités et dans des mémoires : nous avons publié ce qui
est venu jusqu'à nous dans la Collection des anciens Alchimistes grecs.
Parmi les commentaires mystiques, les plus anciens, d'une portée philo-
sophique incontestable, ont été conservés dans les ouvrages de Synésius
et d'Olympiodore. Puis sont venus des glossateurs byzantins, étrangers à
l'œuvre expérimentale, qui ont disserté sur les vieux traités, avec une sub-
tilité scolastique mêlée d'exaltation. C'est à cet ordre de compositions
qu'appartiennent les livres de Stephanus, du Philosophe Chrétien, et du
Philosophe Anonyme.
Stephanus est un personnage connu (i), à la fois philosophe, médecin,
astrologue et professeur, contemporain et courtisan de l'empereur Héraclius
(vers l'an 620). Ses ouvrages alchimiques, rédigés dans un langage mysti-
que et enthousiaste, n'ont pas un grand intérêt scientifique; le texte grec
en a été publié par Ideler dans ses Physici et medici grœci minores (2 vol.
in-8, Berlin 1841-1842, p. 199 à 287), d'après une copie de Dietz, faite
sur un manuscrit de Munich, et collationnée, paraît-il, sur le vieux manus-
crit de Venise, dont le manuscrit de Munich d'ailleurs est lui-même une
copie directe ou indirecte (2). Cette publication laisse fort à désirer, l'édi-
teur ayant transcrit les signes alchimiques purement et simplement, sans
les comprendre, avec plus d'une erreur, et n'ayant donné aucune variante.
Cependant elle permet de prendre une connaissance suffisante de l'œuvre
de Stephanus; surtout si on la complète par la lecture de la traduction
latine de cet auteur, publiée en iS/S, à Padoue, par Pizimentius, dans
l'ouvrage qui porte le titre suivant : Democriti de Arte magnâ. Dans
ces conditions, il ne nous a pas paru indispensable de faire une nouvelle
édition de Stephanus, notre publication étant consacrée essentiellement
aux œuvres originales et inédites.
Mais pour fournir au lecteur du présent ouvrage, une connaissance
complète des vieux alchimistes grecs, nous croyons utile de donner ici
(i) Origines de V Alchimie, p. 199. | (2) Voir le présent volume, p. 198.
STEPHANUS, LE CHRETIEN, l'aNONYME 289
l'analyse du Traité de Stephanus. Ce Traité se compose de 9 Leçons, adres-
sées à l'Empereur Héraclius, et d'une lettre à Théodore.
La P^ Leçon est une longue déclamation sur les merveilles de l'Alchimie
où l'on retrouve reproduits les formules et les axiomes mystiques des
anciens écrivains : ce O nature supérieure aux natures et qui en triomphes,
ô nature que le traitement (chimique) élève au-dessus de toi-même,.., qui
tires le Tout de toi-même et qui l'accomplis.... O corps de la magnésie, par
lequel se produit tout le mystère; ô source céleste où l'or découle... ô nature
identique... dominante et dominée... etc. » — Toutes ces merveilles viennent
de Dieu, à qui toute admiration doit être rapportée. — Deux prières chré-
tiennes, au début et à la fin, encadrent cette leçon qui ne renferme que des
phrases vagues, sans aucun renseignement positif.
La Leçon II débute par ces mots : « La multitude des nombres résulte de
l'unité naturelle et indivisible ». Leur développement circulaire et sphéri-
que dérive de la combinaison des nombres 6 et 5 ; et ils sont disposés sui-
vant les quatre côtés semblables du carré, de façon à former un tout
accompli. — A ce développement pythagoricien succède un exposé des
relations numériques des tons musicaux; puis l'auteur passe à la révolution
diurne du ciel autour de la terre et aux rayons du soleil qui communiquent
leur lumière aux astres et à la lune; ce qui l'amène à citer et a commenter
les phrases d'Hermès sur l'effluve lunaire : « ce qui tombe de l'effluve lunaire;
comment on le trouve; comment on le traite et comment cela possède une
nature qui résiste au feu (i) ». Puis vient une paraphrase métaphorique sur la
blancheur lunaire, l'aphrosélinon oriental, la magnésie lydienne, l'antimoine
d'Italie, la pyrite d'Achaïe, etc. Stephanus cite alors la vieille phrase herméti-
que (2) : « Après Taffinage, l'atténuation du cuivre, son noircissement, puis
son blanchiment, viendra le jaunissement stable ». Et il la commente, tou-
jours en termes vagues, pourpasser ensuite à cette autre phrase, qui terminele
traité démocri tain (3) : «rien n'a été omis, sauf la vapeur et la montée de l'eau».
«Ainsi, dit-il, le vieux maître vous révèle le Tout, afin que vous ne vous
égariez pas dans la matière multiple (4); que vous n'entendiez pas par là
le safran de Cilicie, la plante du mouron, la rhubarbe pontique, ou les
(i) Cp. Traduction, p. i3i, i32.
(2) Cp. Traduction, -Ç). 124.
(3) Cp. Traduction, p. Sj.
(4) Cp. Traduction, p. 63.
290
CHIMIE DES ANCIENS
autres sucs; non plus que la bile des quadrupèdes et des reptiles, ou les
pierres et minéraux destructibles : toutes choses contraires à la nature parfaite
et unique. Il ne veut pas que vous soyez égarés parmi les fourneaux,^ les
appareils de cuivre, les alambics, les matras, leskérotakis, les vapeurs, etc. »
Puis vient l'éloge de la vapeur (mercurielle) : c'est le nard celtique, la
mer atlantique, le minéral britannique, l'océan, couronne du monde,
Tabîme incommensurable, etc. Et Stephanus termine, comme la première
fois, par l'éloge de la puissance divine.
On voit que ces leçons sont Tœuvre d'un bel esprit déclamateur, qui
cherche à éblouir son lecteur, c'est-à-dire TEmpereur Héraclius; mais il
ne fournit point de renseignements nets sur les opérations chimiques aux-
quelles il fait allusion.
La Lettre à Théodore, qui vient ensuite, est d'un style tout différent et d'un
caractère allégorique singulier; elle fait allusion à des doctrines mystiques,
sinon mieux définies, du moins susceptibles de donner lieu à certains rap-
prochements avec les autres textes. Le personnage auquel elle est adressée
porte d'ailleurs le même nom que celui pour lequel a été écrite la dédi-
cace en vers, qui figure en tête de notre Collection (i), et il n'y aurait rien
d'improbable à les identifier. Quoi qu'il en soit, cette lettre est assez courte
pour être donnée ici :
« Sache qu'il y a dans le champ beaucoup de laboureurs inutiles; si tu ne
les mets hors du champ, tu ne pourras en tirer profit. Ce sont les six
frères (2) qui entourent le Claudianos et ses congénères. Or il n'y en a que
deux d'utiles (3) ;Ia blancheur éclatante ne sert à rien. — Le champ renferme
un serpent dont le souffle dessèche ce lieu ; et (les frères) y deviennent lan-
guissants. Je le vois, avec ses écailles de couleur variée. La naissance de sa
queue est blanche comme du lait; son ventre et son dos sont couleur de
safran (4) ; sa tête est d'un noir verdâtre. — Il faut que tu partages le champ en
trois : place les quatre frères (5) dans une partie ; et la grande pierre (6), dans
(i) Traduction, p. 3-4.
(2) Les six métaux autres que l'or? Pro-
bablement ils étaient employés pour fa-
briquerleClaudianos, alliage forméplus
essentiellement par deux d'entre eux, le
cuivre etle plomb. (Cp. Introd., p. 244.)
(3) Le cuivre et l'argent?
(4) Cp. la figure du serpent. Introd.,
p. 159.
(5) La tétrasomie, ou ensemble des
quatre métaux vulgaires
(6) La pierre philosophais
STEPHANUS, LE CHRETIEN, L ANONYME 29 1
une partie. C^est ainsi que les anciens tâchent d'opérer pour trouver (la chose
cachée). Ainsi opère Théodore Magistrianus, et Jacques Cabidarius l'ensei-
gne avec vérité. — Ily a une vapeur humide et une vapeur sèche (i). La vapeur
humide est extraite au moyen de l'appareil à gorge; la vapeur sèche (subli-
mée), au moyen de la marmite pourvue d'un couvercle de cuivre, par le pro-
cédé employé pour tirer le mercure du cinabre. En arrosant le (sublimé)
avec la vapeur humide, tu accomplis l'œuvre divine. — Sache que les miné-
raux et vapeurs sont tous des substances, ou bien le deviennent; lorsqu'on
les arrose, elles deviennent des vapeurs humides. La comaris scythique,
mélangée avec la vapeur, suffit pour tout accomplir. — Autre chose est la
Chimie fabuleuse; autre chose est la Chimie symbolique et cachée (2). La
Chimie fabuleuse se répand (en vain) en une multitude de discours; tandis
que la Chimie symbolique procède avec méthode à l'ordonnance du monde,
afin que l'homme inspiré de Dieu et né de lui soit instruit par des discours
divins et allégoriques de la marche exacte de Pœuvre. »
La Leçon ///est intitulée: Sur le monde matériel. — En voici le sommaire.
« L'œuvre chimique est l'image du monde; elle amène à l'unité les corps
métalliques transformés, en opposant leurs natures. La semence, mise en
terre sous l'influence lunaire, est conduite à perfection parle soleil. Ce sont
la scorie, la cadmie, la cendre des bois blancs, les matières sulfureuses chan-
gées en cendre, qui produisent l'œuvre divine, l'eau divine (ou de soufre
natif)... Pour ne pas être déçu par ton inexpérience, écoute la parole d'Her-
mès (3) ; « Si tu vois que tout est devenu cendre, sache que la préparation
a réussi »... Les bois changés en cendre deviennent incombustibles; de
même les (minéraux) étant brûlés et incinérés, puis mêlés à la liqueur d'or,
résistent ensuite au feu et sont aptes à produire toute sorte de teintures sur
les marbres, les terres, les pierres, les bois, les peaux... »
Ces phrases indiquent une sorte d'essai de théorie de la teinture des divers
corps. Elles sont suivies par un exposé vague des transmutations métal-
liques, spécialement des traitements que doit subir le cuivre pur, rendu
(( meilleur que l'or » (4), avec le concours de la pierre philosophale et de
(i) Cp. Aristote, dans ce volume,
p. 247.
(2) Cp. Démocrite. Traduction,^. 5i.
(3) Cp. Traduction, p. 107, où cet
axiome est attribué à Zosime.
(4) Cp. Traduction, p. 1 3ô.
292
CHIMIE DES ANCIENS
Teau divine : « ce sang qui teint tout, pre'paré au moyen de notre instrument,
comme le sang l'est au moyen du foie ». Suivent des comparaisons anato-
miques et médicales, rappelant la profession de Stephanus, qui était à la
fois médecin, astrologue et professeur, comme la plupart des savants de
cette époque; mais rien n'indique dans son écrit qu'il ait eu des connais-
sances précises en chimie et fait autre chose que commenter les vieux textes.
La Leçon IV porte en sous-titre : Sur ce qui sert à l'opération. — Ce
sont encore des citations de vieux axiomes : « Un est le Tout, par lui est le
Tout, etc. (i). — Une seule nature accomplit la chose cachée. — Si tu ne
dépouilles la matière, si tu ne rends pas les corps incorporels (2], tu ne
réussiras pas. — Le but de la philosophie, c'est la séparation de l'âme et du
corps. » — Ces citations sont accompagnées d'une paraphrase enthousiaste
et mystique. Pais vient un texte singulier, qui semble avoir un caractère
archaïque et poétique: « Combats, cuivre; combats, mercure; joins le mâle
à la femelle; c'est là le cuivre qui reçoit la couleur rouge et l'ios tinctorial
doré; c'est la décomposition d'Isis, etc Combats, cuivre; combats, mer-
cure; le cuivre est détruit; rendu incorporel par le mercure, et le mercure
est fixé par sa combinaison avec le cuivre...» Reparaît alors la phrase deDémo-
crite : « Prends le mercure et fixe-le ; unis-le au corps de la magnésie, etc. (3) « .
ha Leçon F porte de même en sous-titre : Ce qui sert à l'opération de
Vart divin. — L'auteur débute, comme toujours, par une prière; puis, dit-
il, « revenons à notre sujet». Il pose toujours au début un vieil axiome, base
du commentaire qui suit : « Les sulfureux sont dominés par les sulfu-
reux (4) ». Il parle des quatre éléments et de leurs dérivés, au double point
de vue médical et chimique. On lire de l'air le sang, principe chaud et hu-
mide, assimilable au mercure; on tire du feu la bile jaune, principe chaud
et sec, assimilable au cuivre; on tire de la terre la bile noire, principe sec
et froid, assimilable à la scorie ; on tire de l'eau le phlegme ou pituite,
principe sec et humide, assimilable à l'eau tirée de l'or. — Les éléments
contraires ne peuvent être unis, si ce n'est par quelque intermédiaire, possé-
dantles qualités des deuxextrêmes (5). Il existe ainsi trois intermédiaires, ou
{\) Ce volume, p. ]33.
(2) Cp. Traduction, p. 21, loi et 124.
(3) Cp. Traduction, p. i32.
(4) Traduction, p. 21.
(5) Cp. Platon, Timee, 1, p. 91,
trad. de H. Martin.
STEPHANUS^ LE CHRETIEN, l'aNONYMÉ 298
clefs, pour chacun des 4 éléments; ce qui fait 12 combinaisons. Par suite,
l'art est assimilé au dodécaèdre et aux douze figures du Zodiaque, lesquelles
se rapportent aux 4 saisons. Ces 12 signes sont parcourus par les 7 pla-
nètes, assimilables aux 7 couleurs et aux 7 métaux. De même les hommes
vertueux seront introduits après 7 siècles par Jésus-Christ dans le repos
divin. — On voit quel étrange mélange d'idées chimiques, médicales et
religieuses se trouve dans les écrits de Stephanus.
Dans la Leçon VI, l'aUteur parle d'abord des corps indivisibles (ato-
mes) et sans parties, qui constituent tous les corps ; puis des quatre élé-
ments, des 3 dimensions géométriques, de la forme et de la matière, des
deux exhalaisons sèche et humide (i), des nombres 6 et 9, du carré et du
triangle, et il fait ensuite l'éloge de la philosophie, qui rend Thomme sem-
blable à Dieu. Cette revue incohérente des idées des divers philosophes
aboutit au i*^'" vers de l'énigme sibyllin (2), que l'auteur commente avec une
puérilité emphatiqiie; puis il se livre à une digression sur la digestion, et
il appelle Tadmiration du lecteur s^^r ce qu'il vient de lire et termine par
un retour à Dieu.
La Leçon VII est encore un long et incohérent verbiage, où il est
question d'abord du molybdochalque, de la phrase finale de Démocrite, de
la rhubarbe du Pont (3), assimilée au travail de la composition dans le mor-
tier, de Pammenès et de ses dires : a Projette l'or et le corail d"or se pro-
duira «. Cet or serait le molybdochalque. Et encore : « Prenant le mercure
tiré du mâle (appevoç), fixe-le suivant l'usage ». Stephanus commente ce der-
nier dire dans des termes tels qu'il semble ne pas avoir compris qu'il s'agis-
sait ici du mercure tiré de l'arsenic, par opposition au mercure tiré du
cinabre (4). Puis il cite la parole de Pébéchius : « Partagez la préparation
en deux et cuisez le plomb -avec du bois de laurier dans la composition
blanche »; et plus loin, le dire d'Ostanès : « Allez vers le courant du
Nil » : toutes citations accompagnées de paraphrases, mais dont on ne voit
pas l'enchaînement. Il semble ici que Stephanus se soit proposé surtout
d'éblouir le lecteur par un vain cliquetis de sentences.
(i) Cp. Aristote cité dans ce volume,
p. 247 et 259.
(2) Traduction, p. 2 56.
(3) Cp. Traduction, p. 62.
(4) Ce volume, p. 00, 239 et 2S2.
294 CHIMIE DES ANCIENS
La Leçon VIII a pour sous-titre : La division de Vart. — Après l'axiome :
« Rends les corps incorporels et donne un corps aux incorporels», viennent
un discours sur l'emploi du mercure et de la magnésie et des subtilités alchi-
miques. « Le cuivre est comme l'homme; il a corps et âme » (i) ; comparai-
son qui est suivie pendant quelque temps; puis arrive une explosion mysti-
que, où la science de l'or se confond avec la connaissance divine.
Dans la Leçon LY, l'auteur revient encore une fois sur la phrase finale de
Démocrite : « rien ne manque, rien n'est omis, sauf la vapeur et la montée
de l'eau ». Il s'agit, dit-il, de l'eau tirée du vitriol ; là se trouve la généra-
tion du cuivre et le vitriol fait l'or. Puis il expose tout un commentaire, quUl
déduit comme un prédicateur. Les quatre éléments se changent les uns dans
les autres; le feu devient terre, la terre devient eau, l'eau devient air, et l'air
redevient terre. Les qualités s'opposent entre elles, non les substances. La
voûte du ciel condense les vapeurs émises par la terre, à la façon d'une
marmite et de son couvercle, etc., phénomènes comparables à la distilla-
tion dans l'alambic. — L'argent amolli par le feu, absorbe l'esprit igné
provenant de la matière projetée. — Le fixateur de toutes les couleurs
fugaces est l'alabastron, pierre tout à fait blanche (2). — Ici sont cités
Marie et les écritures judaïques, Théophile, fils de Théagène, qui dit :
« Il existe une pierre excellente dans le pays d'Egypte » ; Agathodémon, etc. —
Tout provient d'une composition unique, la teinture et l'objet; ce qui fuit
et ce qui poursuit; le mâle et la femelle, l'époux et l'épousée, l'élémenl
actif et l'élément passif. Puis ce sont les axiomes sur le serpent, sur le
Tout, énoncés par Chymes. Stephanus parle enfin du safran de Cilicie, de
la dissolution dans l'eau des cendres des bois blancs et, après avoir énoncé
la phrase : «laisse descendre et cela s'accomplira » — ïx -/.àxo) xal Y£vr,j£Tat —
il développe les relations des planètes et des métaux, dans un texte que j'ai
déjà cité en raison de son importance historique. Je rappellerai que sur
ce point, le seul texte logique et complet se trouve dans le ms. 2327 (3);
le ms. de Saint-Marc étant mutilé à cet endroit, ainsi que le texte d'après
lequel Pizimentius a fait sa traducion. Nous arrivons ainsi aux variantes
finales de la 9» leçon, sur lesquelles j'ai exposé tout un ensemble de faits (4)
(1) Origines de l'Alchimie^ p. 270. j (3) Ce volume, p. 84.
(2) Traduction, p. 121. | (4) Ce volume, p. 179.
STEPHANUS, LE CHRETIEN, l' ANONYME 295
que mettent en lumière la filiation des manuscrits : je n'y reviendrai
pas ici,
CetteanalysecaractérisesuffisammentrouvragedeStephanus et elle montre
pourquoi il ne nous a pas paru utile d'en faire une réimpression spéciale:
car il nerenferme guère que des déclamations, sauf quelques fragments de vieux
textes perdus aujourd'hui ; il a d'ailleurs été imprimé par Ideler et traduit en
latin par Pizimentius.
Il en est autrement des ouvrages du Philosophe Chrétien et du Philo-
sophe Anonyme, inédits Jusqu'à ce Jour. Ce sont des compilations, avec
commentaires, faites d'après les vieux auteurs. L'étendue initiale de ces
compilations n'est pas exactement connue, les copistes y ayant rattaché
successivement des morceaux qui n'en faisaient pas partie à l'origine,
ainsi qu'il sera expliqué plus loin. Certains rapprochements, sinon
certaines confusions, existent même entre les deux compilations. Ainsi
les variétés de fabrication sont ramenées à i35, dans le Chrétien (Collec-
tion, etc. VI, XI, p. 396), comme dans l'Anonyme (Collection, etc. VI, xv,
p. 409); ces variétés sont rattachées en outre aux quatre parties de l'œuf
dans les deux auteurs (le Chrétien, p. SgS; l'Anonyme, p. 409), puis
par voie de subdivision aux espèces obtenues par voie sèche, humide,
ou mixte (le Chrétien, p. 894; l'Anonyme, p. 4[4), etc. Enfin, sous le
nom de l'Anonyme, il semble que plusieurs auteurs différents aient été
groupés.
La date initiale du Chrétien et celle de l'Anonyme seraient déterminées,
si l'on pouvait s'en rapporter aux indications du manuscrit du Vatican (i).
En effet, le traité de l'Anonyme (2) qui débute par les mots To wov TSTpa-
[Aspsç... est dédié dans ce manuscrit à Théodose, le grand Empereur :
sans doute Théodose II, auquel Héliodore a aussi dédié son poème alchi-
mique.
Mais les chapitres sur les Soufres, sur les Mesures et sur la Teinture
unique (Collect. des Alch. grecs j III, xxi, xxii et xviii), que nous avons
(i) Ce volume, p. 191. — Rapport
de M. André Berthelot dans les Archi-
ves des missions scientifiques, 3« série,
t. xni (1887).
(2) C'est le traité auquel nous avons
donné le titre : « Musique et Chimie »,
Collect. des Alch. grecs., VI, xv; voir
aussi III, XLiv.
296 CHIMIE DES ANCIENS
publiés dans les œuvres de Zosime^ et qui font partie de la compilation du
Chrétien dans les manuscrits, sont aussi dédiés au grand Empereur Théo-
dose dans le manuscrit du Vatican. Dans le premier de ces chapitres, les
deux premières lignes [Texte grec, p. 174, 1. 1 1 et 12) sont supprimées, et
Tauteur débute par ces mots : 'Istssv, w xpâr.aTc BaaiXeli ; puis il continue
par : 'ir. cj [i-ôvov h ç-.Xsscçoç, etc., comme à la ligne i3, jusqu'à la dernière
ligne du chapitre. Cette suppression et cette interpolation sont suspectes,
et il est permis de supposer que le nom de Théodose a été ajouté après
coup, comme il est arrivé trop souvent dans ce genre de littérature. Parmi
les autres chapitres de ces mêmes compilations, ceux qui ne sont pas trans-
crits d'après les vieux auteurs roulent sur des subtilités d'une assez basse
époque, et ils sont assurément plus modernes que Synésius et Olympio-
dore, contemporains effectifs de Théodose.
On trouve dans l'œuvre du Chrétien, telle qu'elle est transcrite dans le
manuscrit de St-Marc, une autre mention qui paraît plus moderne et plus
authentique, car elle ne s'en réfère pas au nom d'un empereur : c'est la
dédicace à Sergius du traité sur l'Eau divine : il s'agit probablement de
Sergius Resaïnensis, traducteur syriaque des Philosophes grecs, qui a vécu
à la fin du vi^ siècle (i). Était-il vraiment contemporain du Philosophe
Chrétien ? On pourrait en douter à la rigueur, si l'on s'attachait à la cita-
tion du nom de Stephanus (2), reproduit dans l'un des chapitres du Chré-
tien : « Sur l'exposé détaillé de l'œuvre »; chapitre que nous avons publié
dans les œuvres de Zosime (III, xvi), en raison des indications qui y
sont contenues et parce qu'il renferme des fragments extraits de Démo-
crite. Mais tous ces textes ont été tellement interpolés par les copistes,
que l'on ne doit pas attacher une signification trop absolue à de semblables
citations, ajoutées souvent après coup. En fait, je serais porté à regar-
der la dédicace à Sergius comme la seule tout à fait authentique, et
par conséquent à fixer la date du Chrétien à l'époque de cet écrivain,
c'est-à-dire un peu avant Stephanus. On serait également reporté vers
une époque qui ne peut guère être abaissée au delà du V ou VI« siècle,
par les opinions relatives à la nécessité de la grâce divine, opinions
(i) Origines de l'Alchimie, p. 2o5. | (2) Zosime, p. 162.
STEPHANUS, LE CHRÉTIEN, L ANONYME 297
exposées dans le morceau VI, i, surla Constitution de l'or. {Collection^ etc.,
p. 385.)
Quant au Philosophe Anonyme, il cite aussi Stephanus, non en passant,
mais dans un développement historique, relatif aux autorités alchimiques
{Collection, etc., VI, xiv), et Je pense dès lors qu'il doit être regardé comme
postérieur. Mais il pourrait être contemporain avec les auteurs pseudonymes
des Traités perdus, attribués à Héraclius et à Justinien (i). L'attribution de
certains chapitres à l'Anonyme offre d'ailleurs diverses confusions, qui
semblent indiquer plusieurs écrivains.
Entrons maintenant dans des détails plus circonstanciés sur la compila-
tion du Chrétien. La forme la plus moderne et la plus développée, sous
laquelle nous possédions cette compilation, est celle qui existe dans le
manuscrit Lb (225 1 de Paris), copié vers le milieu du xvii* siècle; en vue,
ce semble, d'une publication qui n'a pas eu lieu. Le copiste a pris comme
base le manuscrit E (2829 de Paris), un peu plus ancien, qu'il a d'abord
enrichi par des additions marginales; il a fait subir ensuite aux textes des
remaniements considérables, lesquels le plus souvent ne sont pas des amé-
liorations ; enfin il a complété la compilation du Chrétien, en y intercalant
des morceaux qui n'en font pas partie avec pleine certitude dans les autres
manuscrits (sauf E).
Nous allons, pour préciser la discussion, donner un tableau comprenant
les 53 chapitres attribués au Chrétien dans le manuscrit L et ceux qui lui
sont attribués dans le manuscrit E;avec l'indication des feuillets de M
(manuscrit de St-Marc, xi« siècle), de B (2325 de Paris; xiii^ siècle), et de
A (2327 de Paris, xv« siècle), où se trouvent certains de ces chapitres,
ainsi que celle des feuillets du manuscrit du Vatican, qui en renferment
quelques-uns ; nous y joindrons les numéros correspondants de la vieille
liste du manuscrit de St-Marc (2); enfin les numéros de notre propre publi-
cation des Alchimistes grecs, où ces divers chapitres sont imprimés.
Cela fait, nous examinerons de plus près la composition même de la com-
pilation.
(i) Ce volume, p. 176,214; Co//ec/ion, | (2) /n/ro<f., p. 175.
etc., p. 368.
298 CHIMIE DES ANCIENS
Tableau des Chapitres du Philosophe Chrétien
TITRES
Constitution de l'or...
L'espèce est composée,
fabrication du Tout..
Autre traitement
La chaux des anciens, etc..
Les espèces de l'Eau divine.
Désaccord des anciens
Traitement de l'Eau divine
en général
Fabrication de l'Eau mysté
rieuse
Objection concernant l'Eau
divine, etc
Variétés de la fabrication..
Figures géométriques
Ecrits secrets des anciens. .
Laines teintes
Poudre noire.
Comaris _
Traitement après l'iosis
Les mœurs du Philosophe.
Serment
La poudre sèche
L'iosis, etc
Lb
(225l)
chapi-
tres
5 à i3
Lavage de la cadmie
Sur la teinture
Sur le jaunissement; l'Eau
aérienne
L'écrit authentique de Zo-
sime
Les quatre corps métalliques.
Diversité du cuivre brûfé .
L'Eau divine est composée.
Choix du moment.
Exposé détaillé de l'œuvre.
Substance et non substance
Teinture unique ...
Les quatre corps aliments
des teintures
Alun rond
Sur les soufres
Sur les mesures
Comment on brûle les corps
Mesure du jaunissement
Sur l'Eau divine ,
Préparation de l'ocre
Traitement du corps de 1;
magnésie
Corps de la magnésie
Pierre philosophale
E
(2329)
chapi-
tres
4
5 à
14
i5
16
17
iS à 20
21
22
23
24
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Marc)
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suite
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137 V.
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116 V.
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122 r.
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B
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NOTRE
PUBLICA-
TION
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VI, I.
IV, VI.
IV, VII.
IV, VIII.
IV,ixàxvni.
VI, II.
VI, m.
VI, IV.
VL V.
VL VI à IX.
VI, X.
VI, xr.
VI, XII.
V, XII.
V. xiir.
V, XIV.
V, XV.
I, XIV.
I, XI.
m, XXXI.
m, xxxii à
XXXV.
III, XXXVI.
III, XXXVII.
m, xxxvni
et xxxix.
m. XI.
III, xu.
III, XllI.
III, XIY.
m, XV.
III, XVI.
m, XVII.
III, xvm.
III, XIX.
III, XX.
m, XXI.
III, XXII.
III, XXIII.
III, XXIV.
III, XV.
III, XXVI.
III, XXVII.
III, XXVIII.
III, XXIX.
(j) Traité coupé en deux par le relieur. [Ce volume, p. 184,)
STEPHANUS, LE CHRETIEN, L ANONYME 299
Si l'on examine cette liste de chapitres, on reconnaît aisément qu'elle se
décompose en plusieurs groupes, qui étaient séparés dans les plus anciens
manuscrits et attribués à des auteurs différents. Tels sont d'abord les
chapitres 2, 3, 4 et 5, jusqu'à 1 3, lesquels paraissent répondre à nos numéros
31 et 32 de la vieille liste de St-Marc (ce volume, p. 175), désignés sous le
nom de chapitres d'Agathodémon, Hermès, Zosime, Nilus, Africanus;
tandis que les chapitres véritables du Chrétien y figurent sous nos numéros
33, 47 et 48 : le numéro 33 répond au chap. 48 sur Teau divine ; le numéro 47
représente le chapitre 5 (Constitution de l'or), qui est un traité spécial ;
enfin le n° 48, comprenant 3o chapitres sur la Chrysopée, d'après la vieille
liste, répond sensiblement au groupe des 34 chapitres de Lb, compris depuis
le ch. 14, jusqu'au chapitre 47 ; surtout si l'on en défalque l'Ecrit authentique
de Zosime (ch. 23), qui manque dans M ; ainsi que les Mœurs du Philosophe
et le Serment (ch. 28), qui appartiennent à un autre ordre d'idées. Les cha-
pitres 49, 5o, 5i ont le caractère d'extraits anciens, analogues aux ch. 2 a i3.
Quant aux ch. 52 et 53 (Pierre philosophale), c'est une addition postérieure,
manquant dans M et dans B.
Nous aurions donc un premier ensemble de la compilation du Chrétien,
comprenant les chapitres 14 à 47 de Lb (sauf les déductions précitées), et
représenté dans la vieille liste de St-Marc par le n°48, qui comprenait lui-
même 3o chapitres. Plus tard, dans le type qui a servi au copiste du
manuscrit actuel de St-Marc, on aurait ajouté les chapitres d'extraits que
nous comprenons sous les n"^ 31 et 32, c'est-à-dire les chapitres 2 à i3 :
la Constitution de Tor (ch. j) répondant au numéro 47, paraît avoir été
toujours à part, de même que le chapitre 48, répondant au n<^ 33 sur l'eau
divine. — Les n^^ 31 et 32 semblent, je le répète, ainsi que les chap. 49, 5o,
5i, représenter un groupe d'extraits plus anciens, qui sera venu se con-
fondre avec la compilation du Chrétien. En tout cas, les chap. 52 et 53 ne
faisaient pas encore partie de la collection copiée dans le manuscrit de St-
Marc (xi'' siècle), ni même dans le manuscrit B (xni" siècle) ; mais ils y sont
entrés dans le type qui a servi au copiste des manuscrits A, E, Lb.
Dans le manuscrit du Vatican, il manque la majeure partie des chapitres
du Chrétien ; deux groupes d'articles seulement s'y trouvent : l'un va du
ch. 36 au ch, 5i , l'autre, du ch. 24 au ch. 27. Ce dernier groupe offre un
300 CHIMIE DES ANCIENS
caractère spécial et technique, sur lequel nous allons revenir. Mais il est
difficile de tirer des inductions trop absolues de ces lacunes.
Indiquons maintenant la nature des sujets traités et expliquons comment
nous avons été conduit à démembrer la compilation du Chrétien, pour en
reporter un certain nombre de morceaux dans les parties précédentes. Ce
démembrement était toutindiquépar notre plan, danslequel nous nous effor-
cions de reconstituer les textes avec leur caractère le plus ancien. Or la com-
pilation du Chrétien a été faite à l'origine en vertu du système général suivi
par les Byzantins, du viii° au x" siècle, période pendant laquelle ils ont tiré
des anciens auteurs qu'ils avaient en main des extraits et résumés, tels que
ceux de Photius et de Constantin Porphyrogénète. Ce procédé nous a con-
servé une multitude de débris de vieux textes; mais il a concouru à nous
faire perdre les ouvrages originaux. Un semblable résultat a été particu-
lièrement regrettable en ce qui touche les ouvrages scientifiques, que leurs
abréviateurs comprenaient mal, négligeant la partie technique pour s'atta-
cher aux morceaux mystiques et déclamatoires. Quoi qu'il en soit, les livres
originaux n'existent plus (i) et le problème est de les rétablir, autant que
possible, à l'aide des fragments conservés par les abréviateurs. C'est le travail
qui a été fait pour les historiens antiques et c'est celui que j'ai essayé d'exé-
cuter pour les alchimistes.
Voilà comment j'ai restitué à Zosime et aux vieux auteurs les fragments,
souvent altérés et modifiés par des commentaires ultérieurs, qui se retrou-
vent dans les compilations du Chrétien et de l'Anonyme ; les chapitres 29 à
53 deLb, notamment, ont ainsi passé dans la III« partie de la Collection des
Alchimistes gf-ecs ; les chapitres 2S et 2S bis dQ Lb, qui ont une physionomie
spéciale, ont été reportés dansla partie 1. Les chapitres 2 a 1 3, que j'ai signalés
plus haut comme extraits de vieux auteurs, d'après l'ancienne liste de Saint-
Marc, sont rentrés dans la IV*" partie. Les chapitres 24 à 27, qui se distinguent
tout à fait par leur caractère technique, ont été maintenus dans la V^ partie.
Il ne faut pas se dissimuler que cette répartition prête un peu à l'arbitraire.
Cependant elle me semble préférable au système qui consisterait à conserver
en bloc ces compilations. Le tableau ci-dessus constate d'ailleurs l'état exact
(1) Cp. Ce volume, p. 277.
STEPHANUS, LE CHRÉTIEN, L'ANONYME 3oi
du Chrétien dans les manuscrits, indépendamment de toute hypothèse.
Ce travail d'élimination terminé, il est resté encore un nombre considé-
rable de morceaux, se rattachant plutôt à la classification générale de la compi-
lation qu'à des sujets scientifiques déterminés; c'est ce résidu qui constitue
les chapitres du Chrétien, tels qu'ils ont été transcrits des manuscrits, dans
la Vie partie de la Collection des Alchimistes grecs.
•20
ADDITIONS ET CORRECTIONS
P. i3. — Sur le parfum appelé Kyphi, voir l'article de M. Loret, Journal
Asiatique, viii^ s., t. X (Juillet et Août 1887). — Il existe plusieurs textes
hiéroglyphiques, relatifs à ce corps, deux sculptés dans les chambres du
temple d'Edfou, et un à Philas (voir le présent volume, p. 200; Traduction,
p. 253; —Orig. de FAlch., p. 38).
P. 85. — Planète Hermès assignée à TEmeraude. — Rulandus [Lexicon
Alchemiœ, p. 436) rapporte aussi cette affectation, que nous avons donnée
dans la liste planétaire des métaux [Traduction, p. 25, n" 6). Cette assimila-
tion de l'émeraude aux métaux est conforme aux idées des Egyptiens, qui
rangeaient le mafek (émeraude) et le chesbet (saphir) dans la liste des métaux
[Orig. de PAlch., p. 217 à 224). Notons qu'il a existé en Egypte, dans le
Haut-Empire, des monnaies de verre (Lenormant, La Monnaie dans l'Anti-
quité, t. I, p. 214), et l'usage s'en est perpétué aux époques byzantine et
arabe; ce qui rentre dans les mêmes analogies.
P. 108, 1. 7, et p. 112, 1. 21. — Le signe de l'alun (cercle partagé par
plusieurs rayons) se rencontre aussi dans le Papyrus magique 574 du Sup-
plément grec de la Bibliothèque nationale de Paris, et un signe analogue
existe dans le Papyrus de Londres, publié récemment à Vienne par M. Wes-
sely . Mais le sens de ce signe n'est pas le même dans ces papyrus que-dans les
écrits alchimiques. Il pourrait plutôt être rapproché des étoiles à 8 rayons
de la Ghrysopée de Cléopâtre (p. i32), lesquelles semblent dériver d'un
symbole assyrien du soleil [Orig. de l'Alch., p. 63).
P. 1 1 5, 1. 20, et p. 119, 1. 20, effacez le mot « soie ? ».
P. 120, 1. 24. — Le signe de la myrrhe (Z coupé par un petit p, ou Z) existe
aussi dans les Papyrus magiques publiés par M. Wessely (voir encore le
présent volume, p. 116, 1. 23, où ce signe redoublé a un autre sens.1
P. 174, 1. 14. — c Stephanus d'Alexandrie, philosophe œcuménique et
maître». — M. Usener a publié récemment un mémoire sur cet auteur, accom-
pagnant un petit traité astrologique qui lui est anv'ihné [De Stephano Alexan-
drino Commentatio, Bonn, 1880). D'après ce mémoire, le titre de maitre
œcuménique était celui d'un professeur enseignant dans le Palais impérial
304 CHIMIE DES ANCIENS
de Constantinople, avec douze savants auxiliaires. Il donnait ses leçons
dans une bibliothèque fondée par Julien et qui aurait été brûlée, avec les
savants qui Toccupaient, par Léon l'Isaurien, en 725, — Stephanus y
expliquait Platon, Aristote, la Géométrie, l'Arithmétique, la Musique, la
Chimie, TAstronomie et l'Astrologie, Les neuf leçons de cet auteur, qui
existent dans les manuscrits qu'Ideler a publiées, et que j'ai résumées (ce
volume, p, 289), répondent bien à cette énumération. Outre ces leçons, le
traité astronomique et astrologique précité et les ouvrages médicaux cités
dans Fabricius, il existe un commentaire de Stephanus sur Aristote, publié
par M, Hayduck en 1884, à Berlin, dans la Collection des Commentaires
grecs d'Aristote, t. XVIII, 3^ partie, d'après le Ms. 2064 de Paris,
P. 176. — Sur les Traités de Justinien. — On a vu dans ce volume (p. 176)
quUl avait existé autrefois dans la CoUeciion alchimique divers Traités,
attribués à l'Empereur Justinien (Justinien II ?) et dont les titres sont con-
servés dans la vieille liste du manuscrit de Saint-Marc (p, 174, 178, i83,
187, 190), L'ensemble de ces Traités est aujourd'hui perdu. Cependant
j'ai reproduit (p, 214), d'après le Codex Vossianus de Leidc, un fragment sur
l'œuf philosophique, qui en est extrait. En imprimant notre Collection,
nous avons retrouvé un chapitre entier, tiré de ces mêmes Traités, et qu'il
paraît utile de signaler \c\[Texte grec, p. 384-387; Traduction,^. 368-371).
Ce qui en augmente l'intérêt, c'est que la fin de ce chapitre, relative à la sco-
rie, fin déjà donnée à la suite d'Olympiodore {Traduction, p, i i3-i 14), figure
dans le ms, de Venise avec des paroles magiques, comme le commentaire de
la mystérieuse formule de TEcrevisse, laquelle était réputée contenir le secret
delà transmutation (ce volume, p. i52).
P. 1 77, 1. 10. — Au lieu des mots « huile aromatique », lisez « lessive » ,
P, 181, 1. i5. — Le passage de Stephanus relatif aux relations entre les
métaux et les planètes a été donné in extenso, à la p. 84.
P. 209, 210, 257. — Le mot jnassa ou ma^a (masse de pâte ou de métal),
donné par les alchimistes grecs comme synonyme d'un ferment métallique
(ce volume, p. 29, 57 et 209; et Traduction, p. 73, 147, 209, 238), et aussi
comme titre de la Chimie de Moïse {Traduction, p, 180), s'est perpétué
pendant le moyen âge, où il a désigné l'Alchimie en général, ainsi que je
l'ai rappelé (p, 209 et 257), Je citerai encore un Traité alchimique, intitulé :
Consilium conjugii seu de Massa Salis et Lunœ {Bibliotheca Chemica de
Manget, t. II, p. 235), traité d'origine arabe, ou plutôt juive comme la Chi-
mie de Moïse ; il est postérieur à la Turba philosophorum, mais il appartient
à la même tradition. Observons que le mot hébreu « maza » veut dire
azyme, c'est-à-dire pâte sans levain.
TABLE ANALYTIQUE
DE L INTRODUCTION
A L'ÉTUDE DE LA CHIMIE DES ANCIENS ET DU MOYEN AGE
Préface.
r« Partie. Liste des mémoires.
I. — Les Papyrus de Leide.
Pages
. V
3
Leur publication, — L'alchimie
est sortie des pratiques des or-
fèvres égyptiens pour imiter les
métaux 5
Concordance entre les papyrus et
les textes des manuscrits alchi-
miques 5
Origine des papyrus de Leide. ... 7
Papyrus V. — Formules magi-
ques. — Gnosticisme S
Auteurs cités. — Agathodémon. . . 9
Noms sacrés des plantes. — No-
menclature prophétique de Dios-
coride. — Noms alchimiques. . . 10
Recette d'encre. — Encre mys-
tique 12
Procédé pour affiner l'or. — "Iwa^î.
— Recette de Pline. — Cément
royal des modernes i3
Papyrus T^gnostique. — Ouvra-
ges apocryphes de Moïse. —
Affinités juives 16
Nom de Dieu. — Serpent qui se
mord la queue, etc 17
Nitre tétragonal. — Invocation. —
Récit de la création iS
Papyrus X. — Science des alliages.
— Recettes conformes à celles
des alchimistes 19
Définition du mot or. — Imita-
tions. — Nécessité des formules
magiques 20
Description du papyrus. — Son
contenu 22
Teinture des métaux. — Recettes
répétées. — Notes de praticiens. 23
Auteur cité : Phiménas ou Pam-
menès 24
Signes de l'or et de l'argent. —
Articles sur les métaux et sur la
teinture en pourpre. — Extraits
de Dioscoride. — Article mer-
cure 2 5
Traduction des 90 articles relatifs
aux métaux 28
1 . Purification et durcissement du
plomb 28
2. Autre purification de l'étain. —
3. Purification de l'étain que
l'on jette dans le mélange de
l'asènu — 4. Purification de
l'étain. — 5. Fabrication de
l'asèm. — 6. Doublement de
l'asèm. — 7. Masse inépui-
sable ou perpétuelle 29
S. Fabrication de l'asèm. — 9. Fa-
brication de l'asèm fusible. —
10. Doublement de l'asèm, —
1 1 . Fabrication de l'asèm 3o
12. Fabrication de l'asèm. —
3o6 CHIMIE DES
Pages
i3. Fabrication du mélange. \
— 14. Fabrication du mé- j
lange pour une préparation. \
— i5. Coloration de l'or.... 3i j
if). Augmentation de l'or. — \
17. Fraude de l'or. — 18. Fa \
brication de l'asèm 32
19. Autre formule. — 20. Autre
formule. — 20^''* (Sans titre). 33
21. Traitement de l'asèm dur. —
22. Autre formule. — 23.
Blanchiment du cuivre ■ 04
24. — Durcissement de l'étam. —
25. Enduit d'or. — 26 Puri-
fication de l'argent. — 27. Co-
loration en argent. — 28. Fa-
brication du cuivre pareil à
l'or 35
29. Fabrication de l'asèm fusible.
— 3o. Fabrication de l'asèm.
— 3 1 . Préparation de la chry-
socolle. — 32. Reconnaître la
pureté de l'étain. — 33. Fa-
brication de la soudure pour
travailler l'or 36
34. Procédé pour écrire en lettres
d'or. — 35. Autre recette. —
36. Fabrication de l'asèm noir
comme l'obsidienne. — 37. Fa-
brication de l'asèm. — 38. Pour
donner aux objets de cuivre
l'apparence de l'or 37
3g. Écriture en lettres d'or. —
40. Fabrication de l'asèm. —
41. Autre procédé. — 42. En-
duit du cuivre. — 43. Essai de
l'or 38
44. Essai de l'argent. — 45. Ecri-
ture en lettres d'or. — 46. Dé-
capage des objets de cuivre —
47. Cuivre pareil à l'or. —
48. Décapage des objets d'ar-
gent. — 49. Dorure de l'ar-
gent 39
5o. Ecriture en lettres d'or. —
ANCIENS
Paires
5i. Dorure de l'argent. —
53. Ecriture en lettres d'or.
— 54. Préparation de l'or
liquide. — 55. Coloration en
or. - 56. Préparation de l'or.
— 57. Autre préparation 40
58. Ecriture en lettres d'or. —
59. Fabrication de l'asèm. —
60. Autre préparation. —
61. Blanchiment de l'étain. —
62. Ecriture en lettres d'asèm.
— 63. Ecriture en lettres d'or. 41
64. Essai de l'asèm. — 65. Déca-
page de l'étain. — 66. Déca-
page de l'argent. — 6^. Tein-
ture de l'asèm. — 68. Amol-
lissement du cuivre. —
69. Teinture de l'or.— yo. Ecri-
ture en lettres d'or 42
71. Ecriture en lettres d'or. —
72. Autre préparation. —
73. Autre préparation. —
74. Autre préparation. —
75. Dorure 43
76. Autre procédé. — 77. Autre
procédé. — 78. Ecriture en
lettres d or. — 79. Ecriture en
lettres d'argent. — 80. Tein-
ture de l'asèm. — 81. Colora-
tion en argent. — 82. Dur-
cissement de l'étain. — 83. Fa-
brication de l'asèm 44
84. Fabrication de l'asèm égyp-
tien. — 85. Autre procédé. ... 45
86. Autre procédé. — 87. Double-
ment de l'or. — 88. Autre pro-
cédé. — 89. Autre procédé . . . 46
90. Comment on dilue l'asèm 47
Traduction des onze articles sur
la teinture 47
91. Fixation de l'orcanette 47
92. Dilution de l'orcanette. —
93. Fixation de l'orcanette. —
94. Agents styptiques. —
q5. Préparation de la pour-
fre. — 96. Teinture de la
pourpre 48
97. Autre procédé. — 98. Autre
procédé. 49
99. Autre procédé. — loo. Autre
procédé. — loi. Substitution
de couleur glauque. — 102 à
III. Extraits de Dioscoride. . 5o
Explication des Recettes 5i
I. — Recettes pour écrire en lettres
d'or 5 1
Comparaison avec celles du manuel
Roret 52
II. — Manipulations des métaux.. 53
Imitation de l'or et de l'argent. —
Augmentation de leur poids par
l'addition de métaux étrangers. . 53
Fraudes. — Absence de règlements. 54
Tentatives pour faire des métaux
artificiels. — Vague des idées des
anciens. — Airain, orichalque. —
Electrum. — Alliage monétaire.
— Claudianon. — Stanniim. —
Asèm 55
Recettes pour la teinture superfi-
cielle des métaux. — Opération
de la diplosis. — Fermentation
supposée 56
Rôle du mercure, du soufre, de
l'arsenic oj
Procédés pour reconnaître la pu-
reté des métaux, etc 57
Soudure, décapage, etc 57
Procédé pour teindre l'or. — Pro-
cédés actuels 58
Dorure avec de l'or et sans or. . . . 58
Recettes du Pseudo-Démocrite. —
Vernissage 59
Procédés d'argenture superficielle. 60
Teinture à fond. — Alliages Go
Diplosis de Moïse. — Emploi actuel
des composésarsenicaux. — Tom-
bac. — Formule d'Eugenius. . . 61
m. — Fabrication de Vasèm 62
Asém et aarjfio?. — Electrum 62
Diversité de propriétés. — Chan-
TABLE ANALYTIQUE
Pages
Pages
gement en or ou en argent. —
Fabrication artificielle 63
Vingt-huit à trente recettes d'asèm.
— Douze alliages d'argent, d'é-
lain, de cuivre, de plomb, de
zinc, de mercure, d'arsenic. —
Alliages modernes 64
Recettes du Pseudo-Démocrite et
d'Olympiodore 67
Le cuivre blanchi par Tarsenic. —
Alun. — Coquille d'or 6y
Procédés de Diplosis. — Eau de
soufre ou eau divine. — Pétésis.
— Polysulfp.re de calcium 68
Asèm noir. — Article de Pline. . . 69
IV. — Recettes du Pseudo-Démocrite
comparées aux précédentes 70
Confusion des pratiques et des
théories.— La matière première.
— La magie 73
H. — Relations entre les Métaux
ET LES Planètes
73
Unité des lois de la nature. — La
chaîne d'or 74
Influence du soleil et des astres. —
La Chaldée ...-....; 74
Le nombre Sept. — Origine astro-
nomique. — Semaine 74
Nombre des planètes. — Voyelles.
— Couleurs. — Métaux 75
Le soleil et l'or : Pindare. — La
lune et l'argent. — Mars et le
fer. — Vénus et le cuivre. — Le
plomb et Saturne 77
Génération des métaux sous l'in-
fluence des effluves sidérales. . . 78
Liste de Celse. — Vieilles listes.
— Tablettes de Khorsabad -9
Variations dans les attributions de
la planète Jupiter, assignée à l'é-
lectrum, puis à l'étain; et de la
planète Hermès, assignée à l'é-
tain, puis au mercure. — Epo-
que de ces variations. — Elec-
trum rayé de la liste des métaux,
vers le vi» siècle. — Svmboles
3o8 CHIMIE DES
Pages
alchimiques des me'taux, — Le
plomb. — Passage de Stephanus.
— Liste d'Albumazar 82
Nomenclature des dérivés métal-
liques 85
IH. — La Sphère de Démocrite et
LES MÉDECINS ASTROLOGUES 86
Les médecins astrologues. — Papy-
rus. V. — Tableaux divers 86
Les deux tableaux de Pétosiris :
figures I et -2. — Autres ta-
bleaux 87
IV. — Signes et Notations alchi-
miques 92
Notation des métaux, signes divers. 94
Notation des dérivés des métaux.. gS
Produits minéraux et matière mé-
dicale 96
Neuf listes consécutives : discus-
sion sur leur filiation 96
Signes multiplesd'un même co rp
répétitions. . i o i
Huit planches en photogravure, re-
produisant les signes du ms. de
St-Marc et du ms. 2327, avec
traduction : figures 3 à 10 io3
Lexique alphabétique des Nota-
tions alchimiques. 123
V. — Figures d'appareils et autres
Objets 127
Figures des manuscrits. — Figures
symboliques des mss. latins. —
Figures d'appareils 127
Figures du ms. de St-Marc 128
Chrysopée de C\éo\)à.\.TQ:figurei i. i32
Cercles concentriques, axiomes,
serpent, appareils, etc 1 33
Alambic. — Reproductions du ms.
2325 et du ms. 2327 : figures 12
et i3 i34
Chrysopée prototype des dessins
d'appareils i 37
Alambic à deux pointes : ^g-wres 14
et 14 bis i37
ANCIENS
Pages
Alambic à trois pointes (tribicos) :
figure 1 5 139
Alambic à tubeetrécipient unique :
figure 16 140
Tribicos du ms. 2325 : figure i y.. 141
Chaudière distillatoirer/î^wre 18.. 141
Ebauche d'alambic r^g^ure ig.. . 142
Appareils à kérotakis ou à palette,
avec vase à digestion cylindrique ;
figures 20 et 2 T 142
Ramollissement des métaux par le
mercure, le soufre, l'arsenic sul-
furé... 144
Vases de condensation ; sublimation
réitérée ; opération rétrograde
ou -/.apy.-'voç (Ecrevisse) 144
Bain-marie à kérotakis : figures 22
et 23 146
Autre bain-marie : figure 24 148
Kérotakistriangulairer^^crure 24^15 148
Autre vase à kérotakis et Ecrevisse:
figure 25 149
Récipient supérieur de cette figure :
figure 26 I 5o
Autre vase à kérotakis -.figure 27 i5i
Formule de l'Ecrevisse -.figure 28:
son interprétation 1 52
Alphabets magiques -.figure 2g. .. i55
Labyrinthe de Salomon:^^ure.?o. i57
Symbole cordiforme et dessins mys-
tiques :^gMre5^/, ^2 et33.... i58
Figures du ms. 232 7 1 58
Serpent Ouroboros ; figure 34... 1 59
Signe d'Hermès. — Images géomé-
triques :^g^«re5 ^5 e<^^ 160
Alambic et vases à digestion -.figu-
res 3j et 38 161
Modifications dans la forme des ap-
pareils rétrogrades 162
Peùlsalambics: figures 3g, 40, 41 164
Fiole: figure 42 ; alambic avec six
appendices : figure 43 166
Figures du ms. 232 5 166
Figures des mss. de Leide 167
Vase à digestion : figure 44, rap-
prochée de l'alulel arabe :
fig-45 172
VI. — Renseignements et Notices
SUR QUELQUES Manuscrits alchi-
miques 173
I, — Ancienne liste du ms.de St-Marc 174
Comparaison avec le contenu ac-
tuel. — Traités perdus d'Héra-
clius et de Justinien. — Additions.
— Modifications dans l'ordre re-
latif 176
Partage des traités en sept séries.. 178
II. — Sur les copies actuelles de la
g^ leçon de Stephanus 1 79
Six finales différentes. — Confusion
dans le texte du ms. de St-Marc.
— Morceaux perdus 180
III. — Diverses lacunes et transpo-
sitions du ms. de St-Marc 1 84
IV. — Mss. de l'Escurial 186
V. — Mss. alchimiques grecs du Va-
tican et des Bibdiothèques de
Rome 191
VI. — Mss. de Gotha et de Munich.
— Publications de Grûner 198
VII. — Comparaison du contenu
du ms. de St-Marc avec ceux du
n° 2825 et du M» 282 7 de la Bi-
bliothèque nationale de Paris 1 94
VIII. — Hypothèses générales sur
l'origine et la filiation des manus-
crits alchimiques grecs 200
Recettes techniques en Egypte. —
Stèles. — Transcriptions en grec.
— Dioscoride, Pline, Papyrus de
Leide. — Textes d'un caractère
analogue 200
Ecole Démocritaine. — Gnosti-
ques. — Traités de Cléopâtre et
de Marie. — Zosime, Africanus. 201
Eciits apocryphes de Chéops,
d'Hermès, d'Agathodémon ; let-
tre d'Isis, — Auteurs divers. . . . 202
Commentaires de Synésius, d"0-
lympiodore, du Philosophe Chré-
tien, de l'Anonyme, de Stepha-
nus 202
TABLE ANALYTIQUE
Pages
3o9
Pages
Première Collection. — Séries de
Constantin Porphyrogénète. . . 2o3
Prototype de St-Marc : ses altéra-
tions successives jusqu'au manu-
scrit actuel 2o3
Filiation des autres manuscrits 204
IX. — Sur le manuscrit grec 241 g de
la Bibliothèque nationale de Paris 20 5
Son caractère général. — Figure
astrologique du corps humain.
— Cercle et tableau de Pétosiris.
— Relations planétaires des mé-
taux. — Signes. — Alphabets ma-
giques 2o5
Alchimie grecque de Théoctonicos,
comparée avec le traité latin d'Al-
bert le Grand 207
Alchymus, massa, orpiment 209
Noms grecs et latins des opérations
alchimiques au xiv« siècle 210
X. — Manuscrits alchimiques de
Leide 211
Codex Vossianus. — Figures. —
Fragment de Justinien sur l'œuf. 2 1 2
XI. — Manuscrits divers. — Copte. 2 1 5
XII. — Manuscrit arabe d'Ostanès.
— Deux traités 216
VII. — Sur quelques Métaux et
Minéraux provenant de l'an-
cienne Chaldée 219
Coffre de pierre trouvé dans les fon-
dations du Palais de Sargon à
Khorsabad. — Ses tablettes vo-
tives. — Analyse de quatre d'en-
tre elles, en or, argent, bronze,
carbonate de magnésie 219
Sens anciens du mot magnésie. —
Nom de la 4^ tablette en assyrien 22 1
Pierre des Taureaux ailés 222
Objets trouvésh Tello. — Vased'an-
timoine. — Ce métal dans Dios-
coride et Pline. — Nécropole de
Redkin-Lager 223
Figurine votive en cuivre pur. —
Absence de l'étain 224
3 10 CHIMIE DES
Pages
Transport de l'étain dans l'anti-
quité. — Gîtes des îles de la
Sonde et des îles Cassitérides.
— Petits gîtes locaux. — Mines
du Khorassan. — Passage de
Strabon 225
Age du cuivre antérieur à l'âge du
bronze, d'après certains archéo-
logues 227
VIII. Notices de Minéralogie, de
Métallurgie ET DIVERSES. — Liste
alphabétique 228
^£■5, airain, bron^^e, cuivre 280
Idées des anciens sur les nnétaux. —
l.e cuivre n'était pas regardé
comme distinct du bronze 23o
Variétés d'airain, dénomméesselon
les provenances et les proprié-
taires de mines 23 1
Orichalque. — Airain de Corinthe. 23 i
^riigo, ruhigo, viride œris, vert-
de-gris 23 i
Produits naturels(/os5//e5); soudure
d'or. — Produits factices; verdet. 232
Scolex, sels basiques. — Jîos ou
àvOoç 232
yEs ustutn : protoxyde de cuivre. —
Scoria, lepis, squama, stomoma :
sous-oxydes et sels basiques. ... 233
Smegma; diphryges; Jcex ; craie
verte 233
Aétite ou pierre d'aigle 234
Alchimistes grecs (tradition au
moyen âge) 234
Alphabets et écritures hermétiques. 235
Alun. — Variétés. — Acide arsé-
nieux 237
Ammoniac (sel). — Deux sens : sel
de sodium et chlorhydrate d'am-
moniaque 237
Antimoine. — Stimmi. — Stibi. —
I .arbason. — Calcédoine. — Sul-
fure d'antimoine. — Alabastrum.
— Oxydes. — Oxysulfures. .... 238
ANCIENS
Pages
Arsenic. — Orpiment. — Sandara-
que. — Réalgaret Kermès minéral
— Autressensdumotsandaraque 238
Arsenic métallique, second mercure
des alchimistes. — Hermaphro-
dite., 239
Cadmie. — Naturelle, minerais de
laiton. — Artificielle, fumée des
métaux : capnitis, botruitis, pla-
codes, onychitis, ostracitis. —
Sens divers 24o
Le cadmium des modernes 240
Pompholyx. nihil album, spodos
blanche ou noire —Antispode. —
Tutic. — Magnésie 240
Chalcanihon, couperose, vitriol. —
Produit de la macération des mi-
nerais. — Les vitriols. — Précipi-
tation du cuivre par le fer 241
Misy. — Sory. — Melanteria 240
Chalcitis. — Altérations de la pyrite 248
Chaux five, asbestos.. — Titanos,
calcaire. — Gypse, plâtre 243
Chrysocolle. — Sens multiples. —
Malachite, azurite — armenium,
cyanos, etc 243
Chrysolithe, sens ancien et mo-
derne 244
Cinabre. — Sulfure de mercure,
anthrax, minium, réalgar, sang-
dragon, tout oxyde ou sulfure
rouge. — Signe 244
Claudianon 244
Clefs (les). — Titre d'ouvrage 244
Les clefs de l'art, opérations 245
Cobalt, Cobathia, KÔhold. — Ori-
gine de ce nom. — Bleu decobalt
connudesanciens. — Étymologie
grecque. — Confusion avecle mot
allemand 245
Cobalt métallique connu des alchi-
mistes du moyen âge 246
Coupholithe 24Ô
Éléments actifs. — Qualités. —
TABLE A
Pages
Exhalaison sèche et humide, gé-
nératrices des minéraux, d'après
Aristote 247
Esprits. 7tv£tj[ia-ca. — Corps, âmes. —
Sens alchimiques 247
Liste des quatre esprits ; des sept
esprits. — Aludel. — Wismath. 248
Sublimationsimple, ou compliquée
d'une oxydation : tutie, magnésie,
marcassite 249
Étain. — xaudttspoç. — Stannum. —
Plomb blanc — Sens anciens de
ces mots 2 5o
Étymologies chimiques doubles :
asèm, chimie, sel ammoniac. ... 25 1
Fer. — Basalte. — Rubigo, îdç,
rouille. — Squama, scoria, 25 1
Aimant, magnes, sideritis,/errum
vivum ,• mâle et femelle, etc. —
Hématite. — Ocres, sil, usta. —
Pyrites, chalcopyrite, marcassite.
Rubrique 252
Feu (les vertus du) 253
Figures géométriques des saveurs
et des odeurs 253
Fixation des métaux. — Sens de ce
mot 254
Gagates (pierre) 254
Ios,vzru5.— Sens multiples. - losis. 254
Magnésie, sens anciens. — Sens
alchimiques. — Métal de la ma-
gnésie.— Pyrites. — Amalgames.
— Magnésie noire 255
Magnésie calcaire au xviii" siècle.
— Sens moderne 256
Marcassites ''. . 2by
Massa 257
Mercure. — Préparation ancienne.
— Distillation. — Idées mysti-
ques. — Mercure des |ihilo-
sophes. — Ses noms. — Dialogue
de l'or et du mercure 257
Métaux. — Leur génération. —
Passage d' Aristote 259
Leur production dans la terre, par
NALYTIQUE 3 I I
Pages
la transformation des vapeurs
sous les influences sidérales. —
Doutes au moyen âge 26^
Odeur des métaux. — Or du Trésor
de Darius 261
Minium, rubrique, jjliXto;. — Cina-
bre, vermillon, oxyde de fer, de
cuivre, sulfures d'arsenic et d'an-
timoine, etc 261
Sinopis; terre de Lemnos, meli-
num, leucophoron ; ammion ou
minium, usta, fausse sandaraque,
sandyx. — Le minium de Callias.
— Sericum. — Armenium, ceru
leum ; couleurs vertes, jaunes.. 261
Nitrum, natron. — Carbonate de
soude. — Spuma ou aphronitron.
— notre nitre 263
Opérations alchimiques. — Leurs
noms grecs 263
Or. — Coupellation par le sulfure
d'antimoine. — Bain du soleil ;
loup des métaux 264
Paras et parus 26 4.
Plomb blanc et uoir. — Stannum.
galena, sens anciens et moder-
nes. — Plomb lavé. — Soudure
autogène. — Plomb brûlé 264
Scorie, spode, pierre plombeuse,
galena, molybdène, helcysma on
encauma. — Sens modernes. . . 265
Litharge : chrysitis,argyritis, lau-
riotis. — Céruse. — Minium. . . 266
Pseudargyre 266
Samos (pierre de) 262
Sel. — Fossile et factice. — Lanugo.
— Saumure. — Fias, favilla... 260
5e7emVe ou aphrosélinon 267
Soujre apyre 267
Terres. — Calcaires et argiles. —
Noms divers 267
Trempe., teinture^ r^*?^'- — Trempe
du fer et du bronze 267
Tutie :i6S
3l2 CHIMIE DES
Pages
Seconde Partie 269
Liste des Mémoires 270
IX. — Sur un Procédé antique
POUR RENDRE LES PlERRES PRÉ-
CIEUSES ET LES Vitrifications
PHOSPHORESCENTES 27 l
Traité exposant les procédés pour
colorer les pierres précieuses ar-
tificielles, d'après le livre du
Sanctuaire. — Auteurs cités. —
Déniocrite 271
Vernis phosphorescents. — Éclat
de l'escarboucle. — Quelles es-
pèces produisent la coloration
des pierres précieuses et par quel
traitement 272
Ostanès et Marie. — Rouille du
cuivre et biles des animaux ma-
rins _ 272
Pratiques des prêtres égyptiens. —
Durée du phénomène 278
X. — Traitement des Sables au-
rifères PAR amalgamation 274
Description du procédé. — Ancien
traitement par le plomb 274
Sur le nom du Bronze.
275
XI. OUK l-C INUIVl UU JJKUlN^t. . . . \L J .
Le yak-AÔç, grec et 1*^5 latin. — Ai-
rain. — Noms modernes, cuivre,
bronze, laiton 275
Le mot laiton vient d''electrum. . . 2jS
Origine du mot bronze incertaine. 276
— Citations de du Cange. — For-
mes néolatines.— Le mot bronze
rapproché de bruni:;^o et de
bruntiis. — Muratori, du Cange,
Diez, Pictet . 276
Textes plus anciens tirés des al-
chimistes grecs. — Manuel de
chimie byzantin : son contenu.. 277
Passage de Pline sur les miroirs de
bronze fabriqués à Brundusium.
— yE5 brundusinum, analogue
à \!cES cyprium 279
ANCIENS
Pages
XII. — Sur le nom de l'Anti-
moine 279
Etymologie puérile. — Ce nom
est antérieur à Basile Valentin. 279
^ Le sulfure connu des anciens :
Stibium, aTt'[i.[i'.. — Nom plus ré-
cent, âvxE[j.o'vtov, chez les alchimis-
tes du moyen âge 280
Chez les anciens alchimistes latins
on ne trouve ni l'un ni l'autre
de ces noms 280
Antitnonium dans Vincent de Beau-
vais, et dans Constantin l'Africain. 280
Origine arabe probable de ce mot,
les Arabes l'ayant tiré du grec.
— Exemples de formations ana-
logues 281
XIII. — L'arsenic métallique
connu par les Anciens 281
Sandaraque, arsenic des anciens.
— Leur transformation en acide
arsénieux : texte d'Olympiodore. 281
L'acide arsénieux appelé alun et
céruse. — Emploi de composés
arsenicaux pour teindre les mé-
taux 282
L'arsenic second mercure. — Ana-
logies entre ces deux corps et
leurs dérivés 282
XIV. — La soudure autogène du
Plomb connue au Moyen âge. . 283
Texte de Vincent de Beauvais. . . . 283
XV. — De la Lixiviation métho-
dique. — Texte ancien 284
XVI. — Procédé pour rendre une
Étoffe incombustible 284
Procédé des Alchimistes. — Pas-
sage d'Aulu-Gelle 284
XVII. — Séparation de l'Or et de
l'Argent au Moyen âge 285
Emploi de l'acide nitrique et de
l'antimoine 285
TABLE
Pages
XVIII. — Les Fleurs, les Plantes,
LES Herbes en Alchimie 286
Fleur de cuivre, fleur de seL
— Oxydes et sulfures sublimés.
— Dénominations modernes. —
Safrans et fleurs de safran. —
Plantes, herbes. — Ecailles de
cobathia et écorcés de palmier,
etc 286
XIX. — SurStephanus et sur les
Compilations du Chrétien et
DE l'Anonyme 287
Collection de Zosime. — Com-
mentaires de Synésius, d'Olym-
piodore, de Stephanus 287
Analyse des Leçons de Stephanus :
Leçon I. — Déclamation sur les
merveilles de l'Alchimie. —Axio-
mes mystiques 289
Leçon IL — Les nombres et l'u-
nité. — tons musicaux. — Lu-
mière de la lune empruntée au so-
leil. — Effluve lunaire. — Axio-
me sur l'affinage et la teinture du
cuivre. — Matière multiple et na-
ture une. — Commentaires mysti-
ques 289
Lettre à Théodore. — Quel est ce
personnage. — Laboureurs du
champ. — Les six frères. — Le
serpent. — Vapeur humide et
vapeur sèche, leur rôle. — Chi-
mie fabuleuse et chimie sym-
bolique 2C)0
Leçon IlL — Sur le monde maté-
riel. — Comparaison entre le
monde et l'œuvre chimique. —
La cendre ou scorie. — Les ma-
tières sulfureuses. — L'eau divi-
ne. — Paroles d'Hermès. — La
cendre produit toute sorte de
teintures. — Transformations du
cuivre. — Comparaisons médi-
cales 291
ANALYTIQUE
3l3
Pages
Leçon 77. — Un est le Tout, etc. —
Axiomes divers. — Développe-
ments mystiques. — Combat du
cuivre et du mercure. — Le mer-
cure fixé au corps de la magnésie. 292
Leçon V. — Les sulfureux domi-
néspar les sulfureux. —Lesqua-
tre éléments. — On tire de l'air
le sang, assimilé au mercure; du
feu, la bile jaune, assimilée au
cuivre; de la terre, la bile noire,
assimilée à la scorie ; de l'eau, le
flegme ou pituite, assimilée à l'eau
tirée de l'or, etc. — Les Elé-
ments contraires ne peuvent être
unis que par des intermédiaires,
qui sont au nombre de 3 ; de là
1 2 combinaisons. — Dodécaèdre.
— Les 12 signes du Zodiaque,
les 7 Planètes et métaux 292
Leçon VL — Les atomes. — Les
4 Eléments. — La forme et la
matière. — Les exhalaisons. —
Les nombres. — Eloge de la
philosophie. — Enigme de la
Sibylle, commenté en.termes em-
phatiques. — La digestion, etc. 293
Leçon VIL — Molybdochalque.
Rhubarbe du Pont. — Dire de
Pammenès. — Le corail d'or.
Mercure tiré du mâle. — Dire
de Pcbéchius — le bois de lau-
rier. — Le courant du Nil. —
Incohérence 293
Leçon VIII. — Axiome sur les
corps rendus incorporels. —
Emploi du mercure et de la
magnésie. — Subtilités. — Le
cuivre, de même que l'homme,
a corps et âme. — La science de
l'or confondue avec la connais-
sance divine, dans un dévelop-
pement mystique 204
Leçon IX. — Phrase de Démocrite.
— Le vitriol fait l'or. — Mutation
CHIMIE DES
3l4
des éléments. — Le ciel comparé
à ralambic. L'alabastron agent
fixateur. — Citations de Marie,
Théophile, Agathodémon, Chy-
mes.— Le serpent et le Tout
— Relations des planètes et des
métaux. — Variantes finales. —
Conclusion sur l'ouvrage de Ste-
phanus 294
Ouvrages du Chrétien et de l'Ano-
nyme : leur caractère de compi-
lation. — Rapprochements rela-
tifs à l'œuf et aux variétés de fa-
brication.. . 293
Dédicaces à l'Empereur Théodose :
elles paraissent interpolées. — 295
Dédicace du Chrétien à Sergius.. . 296
L'Anonyme est postérieur à Ste-
ANCIENS
Pages
phanus 297
Formes diverses de la compilation
du Chrétien 297
Tableau comparatif des chapitres
attribués au Chrétien dans les
différents manuscrits 298
Cette liste se décompose en plu-
sieurs groupes. Extraitsd'auteurs
anciens; extraits restitués à Zo-
sime 299
Additions et corrections 3o3
Sur le Kyphi. — Hermès et Eme-
raude. — Signe de l'alun. —
Stephanus 3o3
Sur les Traités de Justinien. — La
lessive. — Le mot ma^a 3o4
INDEX ALPHABÉTIQUE
DE L'INTRODUCTION A LA CHIMIE DES ANCIENS
Cet index comprend surtout les noms d'hommes et de lieux. — On n'a pas cru utile de relever
toutes les citations des noms qui se présentent trop fréquemment, tels que : Zosime, Stephanus, Hermès.
— On devra compléter les indications du présent Index par celles du Lexique des notations alchimi-
ques, p. 123; des opérations alchimiques, p. 210 et 263; enfin de la Table analytique.
A-bar, 81 , 222.
Abraham, 9, 17.
Abraxa, g.
Abu Alid, 217.
Abubekr ou Rhazès, 217.
Accident opposé à subs-
tance, 247, 248.
Actifs (corps), 259,
Adam est l'Eau, 258,
Adonaï, 9.
iElfricus, 276.
Aétite, 234.
yEramen, 275.
iEruca, 23 1.
iErugo, 23 1 et suiv., 241,
262.
JEs, 84, (23o).
Affinage de l'or, i3, 285.
Afghanistan, 227.
Africanus, 68, iio, iii,
175, 176, 188, 202, 282,
299.
Agatharchide, 177, 179,
184, i85, 195,204, 275.
Agathoclès. 9.
Agathodémon, 10, it'i, iS,
1 10, III, 175, 178, 188,
198, 202, 271, 294, 299.
Aglaophamus, 79.
Ahmed, 236.
Aigle (pierre d'), 234.
Aimant, 252.
— mâle et femelle, 252.
— roux, bleu, noir,blanc,
2 52.
— pierre, 255.
Airain, 55, 79, 23o, 275.
— confondu avec le fer,
83, 84.
— de Corinthe, 55, 23 1,
279.
— et Jupiter, 79.
— moderne, 61, 23o.
Alabastron, 2 38, 294.
— (eau), 12.
Alambics, i32 à 166, i85,
227, 260.
Albâtre, 81, 222.
Albert le Grand, 16, 45,
208, 211, 2 35, 241, 2 56,
260.
— De Miner alibus, 2 35,
247, 260.
Albert Teutonicus, 208 (v.
Théoctonicos).
Alchimus, 209 (v. Chy-
mes).
Albumazar, 79, 85, 95,
206.
Alexandre, 25o.
Alexandrie, 7, 77,78, 174,
187, 202, 268, 3o3.
Alliage indien, 66.
— monétaire, 55, 79, 83.
Alitement, 91.
Allatius (Léo), 191.
Almageste de Ptolémée,
2o5.
Aloës, 60.
Altenbourg, 193.
Aludel, i3o, (172), 212,
(249)-
Alun, 58, 21 1, (236), 242,
passim.
— blanc et noir, 237.
— lamelleux, 14,25,237,
et passim.
— rond ou arrondi, loS,
1 12, 3o3.
— rond, capillaire, 237.
— liquide, 237.
— est aussi l'acide arse-
nicux, 67, 282.
— lleurs, 287.
3i6
CHIMIE DES ANCIENS
Alun (signe), 108,112, 3o3.
Amalgamation des sables
aurifères, 274.
Amalgame d'argent, 2 56.
— d'étain,23,29.
— d'or, 40, 52-
Ambix, 27.
Ambre, 259.
Ambrosienne (bibliothè-
que), 204.
Ames, 247.
Ame élémentaire des pier-
res, 248.
Ame et corps, 257.
Ame des pierres, 2 35, 248.
— des plantes, 286.
— du cuivre, 294.
Améthyste, 272.
Amiante, 285.
Ammion, 26, 262,
Ammon, 10, 11, 25 1.
Ammon (sel d') ou sel am-
moniac, (3o), (45), 21 1,
(237), 248, 25l.
— fleur, 287.
Ammoniaque, 244.
Ampelitis, 267.
Ampertos, 207, 208.
Anagallis, 12.
Anaki, 80.
Analogies mystiques, 85.
Anastasi (d'), 7.
Anaxagore, 235.
Andira, 266.
Anicia (Juliana), 122, 195.
Anis, 1 1.
Anneaux (sept), 75.
Anneaux du serpent, i33,
i36, (159), 196.
Anonyme (1'), 175, 177,
178, 192, 196, 200,202,
21 3, 287 et suivant,
(295), etc.
Anthrax, 244.
Antikar, 281.
Antimoine, (238), 279 et
suiv.
Antimoine (fleurs blan-
ches, jaunes, rouges),
287.
— d'Italie, 289.
— sulfuré, 96, io3, 223,
238, 261.
— métallique connu des
anciens, 224, 238, 246,
280.
— oxydé, 238.
— oxy-sulfure, 238, 261.
— (prétendu), 221.
— (sulfure) coupelle l'or,
264, 286.
— (vase d'), 223.
Antimonium, 280.
Antispode, 241.
Antistini, 281.
Antonin le Pieux, 76.
Antonins, 75, 80, 93, 122.
Anu et plomb, 81.
Anubis, 69.
Aphrodite, 83.
Aphronitron, 34, 263.
Aphroselinon, 267,289.
Apion, évêq. de légion, 8.
ApoUo Béchès, 9.
Apollon, 17.
Apollonius de Tyane, 75.
Arabes, 78, 202, 211, 234,
244, 255, 268, 281, 3o3
et passim ; v. Avicenne,
Geber, Ostanès, Rhazès,
etc.
Archanges (livre des), 16.
Archélaiis, 175, 187.
Archives des Missions
scientifiques, 191,211.
Aréomètre, i65.
Ares, 10 i3, V. Mars.
Argent, 78, et passim.
— faux, 62.
— et Lune, 78, 82, 94 (v.
Lune).
— signe, 25, 47, 82, 94
et suiv.
— (tablette), 220.
Argentan, 66.
Argentum vivum, 237,
Argentin (métal), 85, 206.
Argyritis, 266.
Argyrochalque, i33, 154.
Aristide de Samos, 75.
Aristoloche, 2i5.
Aristophane, 87.
Aristote, 56,209,217,236,
247, 257, 259, 261, 293,
304.
— (pseudo),45, 235, 237,
248, 249, 255, 256, 280.
Arménie, Arménium, 243,
262,
Arnaud de Villeneuve, 199,
21 1.
Aromates, 18.
Arsenic, 2if, 23o, (238),
248, 263.
— fleurs, 287.
— sulfuré, 238.
— métallique, 99, (281),
283.
~ second mercure, 239,
282, 293.
Arsenicaux (composés), 59,
246.
Arsénieux (acide), 67, 68,
237.
Arséniosulfures, 245, 257,
281.
Artemisia, 12.
As (monnaie), 23 1.
Asclépius, 236.
Asèm, 23, 56, (62), 275,
285 et passim.
— et asémon, 82, 25i.
— Égyptien, 45.
— fusible, 23, 24, 36.
— gâté, 34.
— et Jupiter (v. Jupi-
ter), 82, 94.
— noir, 37, 69.
— perpétuel, 41.
— sens de ce mot, (25i).
Asie, 225, 252.
INDEX ALPHABETIQUE
3lJ
Asie-Mineure, 55.
Asphalte, 254.
Asprochalque ou astro-
chalque, 175, 188.
Assyriens, 80, 81, 222,
226, 3o3.
Astres (couleur), 76.
Astres (influence sur la
formation des métaux),
74, 78, 260.
Astrologie, (74), 304.
Atakamite, 225.
Athmoud, 280.
Atlantes, 76.
Atlantique (mer), 290.
Atomes, 293.
Attinkar, 281.
Aulu-Gelle, 75, 284.
Aurichalcite, 239.
Aurifères (sables), 274.
Auripigmentum, 210.
Avicenne, 45, 209, 237,
248, 24g, 2 58,2 59^ 260,
280.
Ayas, 84.
Azur, 262.
Azurite, 243, 262.
B
Babyloniens, 78,81,93.
Bacon (Roger), 208, 245.
Baer (von), 226.
Bain de cendres, 162.
Bain-marie, 146, 147, 148.
— du roi, 264.
— de sable, 146, 162.
— de teinture, 268.
Balance (la), 2o5.
Baphé, sens multiples,
267.
Bapst, 226.
Barque de la révolution
céleste, 19.
Basalte, 25 1 .
Basile Valentin, 245, 279.
Batitures (oxyde des), 2 52.
Becquerel, 272.
Bélier (le), 2o5.
Benjoin (fleurs), 287.
Berio, 19.
Berlin (papyrus, etc.), 6,
17, 304.
Bérénice (natron de), 49.
Bernard, 174.
Berthelot (André), 191.
193, 211, 295.
Bessun, 19.
Bétyles, 75.
Bière, 179, 287.-
Bijoux et monnaies four-
rés, 54.
Bile d'animaux, 10, 5g,
272, 273, 292.
— de chèvre, 43.
— noire et jaune, 292.
— de poisson, 272.
— de serpent, 12, 68.
— de tortue, 38, 52, 38,
272.
— de taureau, 58.
— de veau, 58, 71.
Bismuth, 249, 265(v. Wis-
math).
Bitartrate de potasse, 49.
Blanchiment du cuivre,
38, 60, 282, etc.
Blemmidès ou Blemmy-
das, 2o3.
Bleu d'Arménie (v. Ar-
menium), 21 5.
— de Chypre, 243.
— de Cobalt, 245.
— "mâle et femelle, 245.
Bohème, 226.
Boeuf (œil de), 1 1.
Bolus de Mendès, 201.
Bonn, 3o3.
Borax, 281.
Borée, 89.
Botanique (nomenclature'!,
10 à 12, 99.
Botarion, i lo, 1 1 1, 134.
Bothrus, roi de Perse, 206.
Botruitis, 239.
Bouphtalmon, 11.
Bouse de vache, 274.
Braise, 276.
Brandes, 245, 246.
Brass, 274.
Breslau, 194, 204.
Brindes, 279.
Britannique (minéral),
290.
Brontésion, 277, 27S, 279.
Bronze, 55, 219, 23o et
passim (v. Airain, Sainte-
Sophie, etc.).
— nom, 275.
— (origine), 225 et suiv.
— (tablette), 220.
Bronzinum, 276.
Brun, 276, 278.
Brundusium (ses), 279.
Brunet de Presle, 6.
Bruniccio, bruno, 276.
Brunst, 276.
Bruntus, 276, 27S.
Byzance, Byzantins, 202,
3o3.
Cabidarius (Jacques), 29 1 .
Cadmie, 20, 26, (32), 194,
211, 23o, (23q), 246,
268.
— naturelle et artifi-
cielle, 239, 240.
— variétés, (239).
— des fourneaux, 240.
Cadmium. 240.
Calamine, 239.
Calcaire. 243.
Calcinatio, 2 10.
Cnllias, 2(>2.
Callislhène, 235.
Campanie. 33.
Cange (du), 53, 93, 273,
276. 280.
21
3i8
CHIMIE DES ANCIENS
Canons, 278.
Capnitis, 239.
Cappadoce (sel de), (v. sel
marin), 14, 24, etc.
Capricorne, 2o5.
Carbonate de cuivre, 12.
— de soude, 237, 263.
— de potasse, 263.
— de zinc, 239.
Carinthie, 226.
Carpocratiens, 16, 17.
Carré, 289, 293.
Carthage, 55.
Carthame, 52, 58.
Casia, i3.
Cassitérides (îles), 225.
Cassiteros, 2 5o.
Cathmia, 240.
Caucase, 226.
Cèdre (huile de), 11.
Célestes (les choses) en
bas, 161, i63, 260.
Celse (liste de), 55, 78,
83, 84.
Cément royal, i3, i5, 58,
286.
Cendre bleue, 262.
Cendres d'or, 254.
Cendre verte, 234, 262.
Ceratio, 144, 145, 211.
Cérats, 144.
Cercle, signe du soleil, de
l'or, de l'œuf, de l'oeil,
de l'alun, du cinabre,
122.
Cercles à rayons, i32,3o3.
Cercles concentriques,! 3 2,
i34, i36.
Cercle de Pétosiris, 88,90.
Ceruleum, 262.
Céruse, 210, 266, etc.
— et acide arsénieux,
282, 283.
Chaîne d'or, 74.
Chalcanthon, 14, 241 et
passim.
Ghalcédoine, 238.
Chalcite, 14,230,232,(243).
Chalcopyrite, 2 53.
Chaldée, 74, 75, 78, 225,
227.
Chaldéens, 9, 78, 223.
Chaldéen (hymne), 253.
Champ mystique, 290.
Chantre, 226.
Chat, 1 1.
Chaud et froid, 247.
Chaudière distillatoire,
128, 141.
Chaux vive, 243.
Chélidoine, 42, 44, 52, 59,
2l5.
Chemi, 25 1.
Chéops (v. Sophé), 198,
202.
Chérubins (les deux), 17.
Chesbet, 80, 3o3.
Chien (étoile du), 17, 87
(v. Sirius).
Chimie de Moïse, 16, 198.
3o4(v. Moïse et Massa).
— fabuleuse et symbo-
lique, 291.
Chimie (origine du mot),
25l.
Chine, 22 5.
Chio (terre), (29), 35, 44,
267, etc.
Chrétien (le), 110, iii,
175, 177, 178, 184, 186,
200,202, 287, (295), 3oi,
etc.
Chrysitis, 266.
Chrysocale et chrysochal-
que, 55.
Chrysocolle, (37), 232,
(243), 262.
— sens moderne, 244.
Chrysocolle, soudure d'or,
26, 35, 36, 232.
Chrysolithe, 244.
Chw^olson, 78.
Chymes, iio, iii, 210,
236, 294.
Chypre, 34,44, 11, 83, 23o,
233, 239, 242, 279, etc.
Ciel comparé à l'alambic,
294.
Ciel (dieu du), 81.
— (esprit du), 8, 9.
— (portes du), 8.
Cilicie, 21 5, 243, 289.
Cimole (terre), 267.
Cinabre, 26, 59, i34, 137,
239, 253, 261, 262, 282,
291 et passim.'
— sens multiples, (244).
— signe(confusions),244.
Claudianonou Claudianos
55, 67, 23 1, (244), 290.
Claudius, 244.
Clef de Moïse, 16.
Clefs (les), 244.
— de l'art, 245.
Clemmer, 245.
Cléopâtre, (i32), 174, 175,
176, 178, 179, 180, 182,
i83, 184, 186, 187, 188,
190, 191, 192, 196, 197,
198, 200, 201, 212, 2l3,
235, 3o3.
— (verre de), 65.
Clio, 'jÇ).
Cobalt, cobathia, (245).
— étymologie, 246.
— • fleurs, 287.
— métallique, 246.
Cobathia (fumée), 245.
Coffres (sept), 80.
Coffret de pierre, 219.
Colcotar, 2 52.
Collet, 246.
Colombe (fiente de), 52.
Colophane, 2 38.
Comaris, 272, 273, 291.
Comarius ou Comerius,
174, 176, 178, 180, 182,
i83, 187, 190, 197,202,
2o3, 219, 287.
Combat singulier (vain-
queur d'un), 206.
INDEX ALPHABETIQUE
3l9
Comètes, 20Ô.
Consilium Conjugii, 304.
Constantin, yS.
— l'Africain, 280.
— Porphyrogénète, 2o3,
3oo.
Constantinople, 174, 189,
igS, 211, 216, 263,304.
Contenant (le), 216, 217.
Contre-Syène, 8.
Copte (ms), 216.
Coquille d'or ou corail
d'or, 67, 292, 293.
Cordes de la lyre, 74.
Cordiforme (symbole), 1 5 7.
Cordoue, 23 1.
Corinthe (airain), 55, 23 1,
279. _
Cornélius de Nauplie, 194.
Corps, 247, 248, 294.
— des pierres et des mé-
taux, 248.
Cosmas, 197, 2o3.
Costus, i3.
Couchant, 89.
Couleurs (sept), 76, 293.
Coupe et fiole, 162.
Coupellation de l'or, par
le sulfure d'antimoine,
264.
Couperose, 14, 52, (241),
etc.
Coupholithe, 246.
Craie verte, 234.
Création (récit de la), 19.
Crocodile, 10, 11.
— à tête d'épervier, 18.
Croisades, 211.
Croissant, i55 (v. mercure
et argent).
Cronos ou Saturne, 10, 1 1 ,
i3.
Cuivre (âge du), 227.
— airain et bronze, 23o,
275.
— blanc, 34, 23o, 275.
— blanc des Chinois, 66.
Cuivre des anciens, 23o.
Cuivre brûlé, (233).
Cuivre (fleur), 232, 286.
Cuivre indien, 261.
Cuivre Livien, Marien,
Sallustien, 23 1.
Cuivre (odeur), 254.
Cuivre pareil à l'or, 37, 39,
52.
Cuivre précipité par le fer,
242.
Cuivre (protoxyde), 232,
233, 286.
Cuivre pur (figurine .de),
225.
Cuivre (signes), 94.
Cuivre (sulfate), 241.
Cuivre et Vénus, 83, 94,
etc. (v. Vénus).
Cumin, 44, 52, 58.
Culbuteur chinois, 257.
Cunéiformes (inscript.), 8,
2 19.
Cuprum, 23o.
Cynocéphale, 10.
Cynocéphales (langue des),
8, 18.
Cypris, 77, 83.
Cyrénaïque, 237.
D
Dacique (langue), 11.
Danger, 87.
Darius (trésor de), 26».
Davy, 245.
Décans, 87.
Décoctio, 211.
Dédale, 257,
Délos, 23i, 279.
Démiurge, 84.
Démocritaine (école), (201),
2o3.
Démocrite, 5, 9, 19, 21,
59, 66, 69, iio, III,
175, 178, 187. 189, 191,
194, 198, 199, (201), 202
2i3, (235), 236, 24r, 25o
257. 257, 259, 271,273,
278, 288,292, 293, 294,
etc.
Démocrite (sphère de), 10
(86), 92, 101, 206.
Démocrite chef d'une
école égyptienne, 92.
Démons trompeurs, 245.
Démotique, 7, 8.
Dent de lion, 1 1.
Dent (polir avec une), 42.
Denys de Syracuse, 56.
Destin (le), 19.
Diamants jaunes, 273.
Dibicos, 128, (137), i3S.
Didyme, 77.
Dietz, 182, 288.
Dieu ignoré, 17.
Dieu (nom de), 9, 17.
Dieu polymorphe, 18.
Dieux (sept), 75, 77.
Diez, 276.
Dimensions (trois), 293.
Dimeschqî, 78.
Dioclétien, 4, 201.
Diodore de Sicile, 275.
Diogène, 11 o, m.
Diogène Laërce, 271.
Dion Cassius, 75.
Dioscoride, 3, 4, 11, 1 2, 69
etpassim; io3, 195,200,
201, 224, 23 1, 236, 238,
240, 2 55 et suiv.
Dioscoride (articles tirés
de), 22, 25, 26.
Dioscoride, nomenclature
prophétique, 1 1.
Dioscoride, manuscrit de
Vienne, 122, 195.
Dioscorus, 175, 187.
Diphryges, 2 33.
Diplosis, 29, 46, (56), (60),
61, 65, 68, 69.
Distillation (histoire), 164,
i65, 278.
320
CHIMIE DES ANCIENS
Djamhour, 217.
Docimasie, 5j.
Dodécaèdre, 2q3.
Dolomie, 222.
Dorothée, 209.
Dorure, 58.
Doublé, 54, 60.
Douze combinaisons, 293.
Dracaena (draco), 244.
Dragon (sang), 11, 244.
Drangiane, 226.
Eau divine ou eau de sou-
fre, 12,46, 68,215,273,
285, 291, 292, etc.
Eau forte, 295.
Eau mystérieuse, 2 56.
Eau (signes), 10 1.
Ecbatane, 7 enceintes, 76.
Eclogas physicœ, 194.
Economie, 21.
Ecrevisse, 129, i33, 145,
149, 161, i63.
Ecrevisse (formule), 129,
i3i, (i52), 167, 186, 214,
236, 304.
Ecume d'argent, 266.
Ecume de nitre, 263.
Edfou, 3o3.
Effluve lunaire, 289, 291.
Egger, 6.
Egine, 23 1.
Egypte, 3, 17, 200, 226,
227, 3o3,etc.
Egypte (fleuve), 274.
Egyptiens (prêtres), 273.
Electrum, 55, 62, 63, 82,
94, 275 (v. Asèm).
Electrum (monnaies), 55.
Electrum (signe), 94, 97^
100.
Eléments actifs, 247, 274.
— quatre, 2^2, 294.
Eléphantine, 8.
Ellébore, 1 1.
Email bleu, 262.
Emeraude et Hermès pla-
nète, 80, 85, 3o3.
Emeraude, 60, 84, 197,
201, 3o3.
Emèse (auteur d'), 2 1 7.
Encauma, 266.
Encens, i3, 259.
Encre (recette), 12.
Encre sacrée, 18.
Enée de Gaza, 57.
Enigme sibyllin, 293.
Epervier, 10, 18.
Epiphi,87.
Epoux, 294.
Epsom (sel d'), 222, 256.
Er (bronze), 80.
Erétrie (terre), 267.
Eriphyllium, i3.
Erotyle, 17.
Escarboucles, 271, 272.
Eschyle, 74.
Esclave fugitif, 2 1 7, 2 58.
Escalier aux sept portes,
79-
Esprit du ciel, des fleuves,
de la mer, de la terre,
8,9.
Esprits, (247).
— (définition), 247, 248.
Esprits minéraux, 248.
Esprits (quatre), 237, 286.
Esprits (sept), 248.
Esprits volatils, 210, 248.
Escurial (Ms), 173, (186).
Etain,(2 5o), 283 et passim.
Etain contrefait, 25 1.
Etain (son absence), 225.
Etain (sa diffusion), 225.
Etain ; ses gites, 225.
Etain et Hermès, puis Ju-
piter, 77, 82, 94 (v.
Hermès, Mercure, Ju-
piter).
Etain modifié par le cui-
vre, 259.
Etain purifié, 28.
Etain (pureté), 36.
Etain (signes), 94, 95.
— soudure, 283.
— (sources), 225, 226, 227.
Etain et Vénus, 79.
Etamage du cuivre, 226.
Ethiopie (terre d'), 219.
Etienne, 187 (v. Stepha-
nus).
Etoile du Chien, 17, 87.
Etoiles de la Grande Ourse,
74-
— à 8 rayons, i32, 3o3.
Etymologies chimiques
doubles, i5i.
Eugenius, 62, 175, 176,
177, 178, 188.
Eusèbe, 175, 177, 188.
Eusébie, 202.
Eve est la terre, 2 58.
Evenus, 17.
Evhémérisé, 10.
Excréments, 10.
Exhalaisons(lesdeux),2 47,
259, 293.
Exhalaisons (théorie), 269,
260.
Fabricius, 304.
Faex asris, 233.
Favilla salis, 267.
Fellahs, 5.
Féminin (élément), 238.
Fer, 78, (25i), passim.
— alchimique, 261.
— et Hermès, 79, 83.
— et Mars (v. Mars), 77,
94.
— (signes), 94, 102.
— (sulfatesbasiques),242.
— (trempe du), 267.
F'erment métallique, 29,
57, 209, 304.
Ferrugo, 25 1.
Ferrumvivum, 252,
INDEX ALPHABETIQUE
321
Feu grégeois, 263.
Feu (ses vertus), 2 53.
Figuier (suc), 21 5.
Figures (leurs variations),
127.
— coloriées, 127.
— géométriques des sa-
veurs et des odeurs, 253.
Figurine votive, 224.
Filons (minéraux de), 25c).
Fixation des métaux (i3i),
i33, i34, i36, i55,(254).
Fixation de l'orcanette,
47, 48-
Fixio, 210.
Flèche (pointe de), 254.
Fleurs, 286.
Fleurs (sept), i3, 18.
Fleur de sel, 267.
Florence, 173, 194.
Flux blanc, 68.
Foie, 292.
Forme et matière, 293.
Fourrée (monnaie), 34.
Fraudes professionnelles,
53.
Frères (les six), 290.
Froid et chaud, 247.
Fruits (fleur des), 287,
Fumée des métaux, 239.
Fumier, 169.
Fusibilité des corps, assi_
milée à l'eau, 259.
Gadès (détroit), 226,
Gagates (pierre), 254.
Galène, 264, 265.
Galien, 217.
Gaule, 3i, 226.
Gauloise (langue), 1 1.
Geber, 16, 45, 144, 145,
i53. 169, 171, 172, 208,
209, .217, 237, 241, 248,
249, 2 5o, 280.
Gémeaux, 92, 2o5.
Génération des matières
fossiles et des minéraux,
247.
Genèse, 75.
Géode, 234.
Géométriques ( images ) ,
160.
Geoponica, 1 1, 278.
Georges le Syncelle, 24.
Gingembre, 12.
Gin-sin-gal, 81.
Glauque (couleur), 272.
Gnosticisme,gnostiques,6,
7,8,9, 16, 17,19,76,201,
258.
Gotha (ms. de), 173, 193,
194, 204.
Goudéah, 224.
Gozlar, 242.
Grâce divine, 296.
Graphite, 257, 265.
Grèce (sept sages), 74.
Grecs, 9, 74, 2 1 1 , 23o, 234.
Grûner, 194.
Gurina, 226.
Gypse, 243.
H
Hagiopolis, 187, 189.
Hammer, 236.
Hathor, 83.
Haut Empire, 3o3.
Haiiy, 222.
Hayduck, 304.
Hébraïques (caractères),
79,206.
Hébreux, 9.
Helcysma, 266.
Hélias, 91.
Héliodore, 1/5, 187, 190,
162.
Hélios ou Soleil, 10, i3.
Hématite, i5, 252.
Hémérius, 9.
Henri II, 180.
Héphaistos, 10 (v. Vul-
cain).
Heraclite, no, m.
Héraclius, 174, 176, 178,
i83, 187, 202, 2o3, 217,
235, 287, 288,289, 296,
297.
Hercule, 10, 11, 176, 217,
235.
Hermaphrodite, 239.
Hermès, 10, 11. i3, 16,
18, 19, 110, III, 175,
177, 188, 202, 209, 210,
217, 235, 236, 244, etc.
— et Emeraude, 8.S 3o3
(v. Emeraude).
Hermès et fer, 79, 83.
— planète et étain, puis
mercure, 77, 81, 82, 84,
94, 97, 100.
— planète, 80, 206, 210
(v. Mercure).
— Ptéryx, 17.
— (science), 3.
— (signe), 94, 160.
— (tableau d'), 87, 206.
— (traité médical), 86.
— Trismégiste, 16, 207.
— Trismégiste (instru-
ment), 87, 92.
Hermétiques (alphabets),
235, (236).
Hérat, 226.
Hérodote, 76.
Hésiode, 77, 23i.
Heuzey, 219, 222.
Hiéroglyphique, 3, 7, 18,
236.
— (mémento), i55.
— (signes), 200,236, 3o3.
Hiérogrammates, 5i, 52.
Hiérothée, 175, 176, 187,
188.
Hippasus, II o, III.
Hippocrate, 217.
Hœfer, 27, 129, 207.
Homère, 2 5o, 267.
322
CHIMIE DES ANCIENS
Homme (parties de 1'), lo,
1 1.
Horapollon, 86, 234.
Horus, ig8 (v. Isis).
— TEpervier, 9.
Huet, 280.
Huile aromatique, 179,
304.
Huit (nombre), 17.
Humide et sec, 247.
Hurasi (or), 80.
Hurtado de Mendoza, 186.
Hyacinthes, 272.
Hydrargyrum, 257.
Hypatie, i65.
Hypérion, 77.
I
lao, 9.
larchas, brahmane, 75.
latromathematici, 86.
Ibérie du Caucase, 226.
Ibis, 10, II.
Ichneumon, 11.
IdeIer,86,i79,i8o,i8i,i82,
204, 212, 2i3, 288, 295,
etc.
Iliade, 77.
Incombustible (étofle), 284.
Intermédiaire, 292.
los, sens multiples, 14,254.
losis, ses quatre sens, i3 ;
— sens multiples, 2 55.
Irénée, 17.
Isaac, 17.
latis, 272.
Isidore, iio, m.
Isis, 194, 198, 2o3,
— à Horus, 202, 204.
Isthméennes, ']'].
Ithmid, 281.
Jacob, 17.
Jacobs, 192.
Jais, 254.
Jamblique, 8, 74, 1 52, igS,
202, 207.
Japonais, 223.
Jaunes (couleurs), 262.
Jean l'Archiprêtre, 197,
202, 2o3, 235.
Jérusalem (temple), 17.
Jésus, 9, 2g3.
Joi (maître) de Meun, 208.
Juifs, 18, 294, 304.
Juliana Anicia, 110, iii,
122, (195).
Julien, 304.
Junon, II.
Jupiter, i3, 16, 181.
— et airain ou cuivre, 79.
— etélectrum,puisétain,
81, 82, 94, 206.
— (planète), 63, 75, 78,82.
— (signes), 94.
Justice (la), 19.
Justinien, i52, 174, (176),
178, i83, 187,202,203,
(214), 215,297, (3o4).
K
Kalid (liber trium verbo-
rum), 209.
Kasazatiri, 81.
Kaspi (argent), 80.
Kermès minéral, 238.
Kérotakis, 142 à i5i, 195,
2i3, 290.
Khorassan, 226.
Khorsabad, 80, 219, 222.
Kimas, 236.
Kitab-al-Fihrist, 234.
Kobold, 245.
Kopp (H.), 129, 173, 207.
Kymus, 210, 257.
Kyphi, i3, 3o3.
Laboulaye (de), 189.
Labyrinthe de Salomon,
(157), 177, i85, 196,204.
Lactance, 16, 244.
Lait de chèvre, 21 5.
— de porc, 1 1.
— de vache noire, 12.
Laïs, 91.
Laiton (55), 275.
Lambecius, 122.
Langue de chien, 1 1.
Lanugo salis, 266.
Larbason, 238.
Larmes, 10.
— de Junon, 11.
Laurentienne (Ms.), 173,
194, 204.
Laurier (bois), 293.
Lauriotis, 241, 266.
Lavoisier, 4.
Leemans, 3, 4, 6, 7, 14.
Leide (ms,), 25, 167, 178,
(211).
Leipzig (ms.), 193.
Lemnos (terre), 261, 267.
Lenormant, 9, 54, 56, 75,
80, 3o3.
Léon risaurien, 304.
Lepis, 233.
Lepsius, 62, 80.
Lessive, 2 35, 284, 304.
Lettres d'or, 2 3, 37, 38,
39, 40, 41, 42. 43. 44,
(5i), 56.
Letronne,4, 21 3.
Leucippe, 194, iq8.
Leucophoron, 262.
Levant, 89.
Lexicon Alchemice Rulan-
di, 2 10 et passim.
Lexique des notations al-
chimiques, 123.
Liniment calcaire, 284.
Lion, 10, II, 2o5.
Lis, i3.
Litharge, 266 et passim.
— (signe), 95, loi.
Littré, 280.
Livre secret de Moïse, 16.
Livien (cuivre), 23i, 244.
INDEX ALPHABETIQUE
323
Lobeck, 79.
Londres (papyrus), 3o3.
Loret, 3o3.
Lotus, i3.
Loup dévorant des mé-
taux, 264.
Louvre (musée), 80, 219.
Loynes (de), i73,'i89, 190.
Lucas, 110, III.
Lumières (les 28) de la
lune, 75.
Lunaire (livre). 16.
Lune, t3, 16, 25, j5.
— et argent, 77, 78, 81,
82, 181.
— (phases), yS.
— (pierre de), 267.
Lusitanie, 226.
Lyre (Sept cordes), 74.
M
Macquer, i5, 16, 240,256.
Madrid, 173.
Mafek, 80, 3o3.
Magicien, Magie, 4, 5, 7,
8 et suiv., 17, 21, 73,
92, 200, 201, 2o5, 271,
3o3, 304.
Magiques (alphabets), 1 56,
207.
— (anneau), 9, i3.
— (formules), i3, i53.
Magique (invocation), 8.
— (signes), i33,i55, 199,
3o3.
Magistrianus (Théodore),
291.
Magnes, 252.
Magnes et magnesia, 2 55.
Magnésie, i53, 241, 249,
25o, 268, 281.
— calcaire, 2 56.
— (carbonate de), 80.
— carbonate naturel,
222.
Magnésie (carbonate) ta-
blette, 221.
-— du sel d'Epsom, 256.
— de Geber, 25o.
— lydienne, 289.
— (métal de la), 255, 289,
292.
— noire, 256.
— (pierre de), 24, (28),
255, etc.
— (sens multiples), 66,
221.
— sens successifs, (2 55).
— (ville et province), 28,
252.
Maillechort, 66.
Maï (Angelo), 191, 192.
Malabathrum, i3.
Malachite, 57, 232, 243,
262.
Maladies (issue), 86, 87 et
suiv.
Mâle, i63, 293, 294.
Mamelle (appareil en for-
me de), (164).
Manéthon, astrologue, i3,
17, 202.
Manilius, 16, (56).
Manganèse(nom), 22 1,2 56.
— (oxyde), 2 56.
Manuel byzantin de Chi-
mie, 277.
Marbre, 81.
Marcassite, 249, 253, 255,
257, 280, 285.
— sublimée, 25o.
Marcel Devic, 280.
Marcus, 8, 9, 16.
Marcosiens, 17.
Marie, 1 10, m, 192, 201,
235, 271, 272, 273,294,
etc.
— (fourneau de), 147.
— (glace de), 267.
Marien (cuivre), 23 1, 244.
Mariette, 221.
Marjolaine, 1 3.
Marrubium, 12.
Mars, 10, II, 16, 19, 55,
75, (v. Ares).
— et alliage monétaire
ou cuivre, 79.
— et fer, 77, 78, 81, 83.
— planète, jj, 79, 83.
— safran, 287.
— signes, 94.
Martin (H.), 292.
Massa et Maza, 29, 5j,
209, 210, 257, 304.
Masse inépuisable et per-
pétuelle, 29, 41, 57.
Matière multiple, 289.
— première, 61, 73.
— première des métaux,
258.
Matter, 16, 17.
Meched, 226.
Médecins astrologues, 86.
Médicales (idées), 293.
Méditerranée, 22 5, 226.
Méduse, 272.
Melanteria,48, 243.
Melinum, 262.
Melos (terre), 267.
Memphis, 233.
Memphis (pierre de), 254.
Menas, 24.
Mendès, 24, 201.
Ménodore, 24.
Mer Rouge, 225.
Mercure, 248, (257), 290,
etc.
Mercure d'arsenic, 99.
— combat avecle cuivre,
292.
— contre-argent, 84.
— (les deux), 72.
— dialogue avec l'or,
2 58.
— divinité, 10, i3, 16.
— et lune, puis Hermès,
94, 95 (v. Hermès).
— métal et planète, 75,
77,78, 84, 2 36.
324
CHIMIE DES ANCIENS
Mercure natif, 'j'].
— nomsaIchimiques,2 58.
— (oxyde), 244.
— des philosophes, 2 56,
2 58.
— préparé par distilla-
tion du cinabre, 257,
— préparé sans distilla-
tion, 257.
— (second) est l'arsenic,
99, 102, 239.
— (signes), 94, 102.
Mère du soleil, 77.
— (traitement des sables
purs), 274.
Métal anglais, 66.
Métal du prince Robert,
66.
Métaux alchimiques, 261.
— et alliages, conçus au-
trement que nouspar les
anciens, 2 3o.
— (corps dérivésdes), 95,
97-
— fleurs, 286, 287.
— formés par l'union du
soufre et du mercure,
2 58, 260.
— génération, 210, 259,
260.
— génération sidérale,
78, 260.
— odeur, 260.
— et planètes, 73, 181,
3o3, 304.
— (six), 248, 290.
Meyer (A. B.), 226.
Mésopotamie, 224.
Métoque du St-Sépulcre
(Bibliothèque), 216.
Meulière, 2 53.
Meyer (A.-B.), 226.
Mica, 267.
Michel, 17.
— Cerularius, 197.
— (patriarche), 216.
Midi, 89.
Midiates (Georges), 2o5,
207.
Miller (Emm.), 186, 187 et
suiv.
Minéraux de filons, 259.
Minium, 210, 244, 253,
266.
Minium confondu avec
d'autres corps, 238, 244.
— réalgar, cinabre, etc.,
(261), 266.
— de fer, 262.
Miroirs de bronze, 279.
Miroir égyptien de bronze,
220.
Misy, 14, (i5), (242), pas-
sim.
Mithriaques ( mystères ) ,
78.
Modestus, 174, 186, 187.
Moines empoisonnés 279.
Moïse, 9, 16, 17, 19, 61,
no, III, 175, 177, 178,
188, 202.
— ouvrages apocryphes,
16.
— (Chimie de), 16, 198,
3o4, (v. Massa).
Molybdène, 265, 266.
— sens moderne, 266.
Molybdochalque, 55, i33,
i53, 154,241, 243, 255,
293.
— (signe), 95.
Momie, 5.
Monade, 16.
Monas, 17.
Monde animal unique, 73,
Monétaire (alliage), 55,
(v. alliage).
Monnaies de verre, 3o3.
Montfaucon, 122.
Mort, 87 et suiv.
Mortier (le), 293.
Moucheron (sang de), 12.
Moulages en bronze, (276).
Mouron, 12, 289.
Munich (ms), 182, 193,
194, 204, 288.
Muratori, 276.
Muses, 81.
Musicaux (tons), 74, 76.
Musique, 295, 3o4„
Myrrhe, i3, 259, 3o3.
Myrte sylvestre, 11.
Mysteriis (de), 8.
N
Narcisse, i3.
Nard celtique, 290.
Nard indien, i3.
Natron, 26, 3o, 263.
Natron jaune, 39, 58.
Necepso, 87, 89, 206.
Nécropole transcaucasien
ne, 224.
Néoplatoniciens, 74, 79 .
Newton, 76.
Nicéphore, 186, 188, 199.
Nickel, 266.
Nihil album, 240.
Nil, 267, 293.
Nilus, 175, 188, 299.
Ninip et fer, 81.
Ninive, 219.
Nitre tétragonal, 18.
Nitrique (acide), 285.
Nitrum, 26, 263.
Nitre, 263.
Noir de cordonnier, 241-
Noir indien, 272.
Nom propre, valeur numé-
rique, 91.
Noms sacrés ou prophé-
tiques des planteset sub-
stances, 10, II.
Nombres, 289.
Nord, 89.
Notus, 89.
O
Obsidienne, 37.
INDEX ALPHABETIQUE
325
Océan, lo, i8, 290.
Ocres, 252, 261, 262.
Ochus (roi), 17.
Odeur des métaux, 261.
— des minéraux, 254.
— vireuse, 254.
Odyssée, 267.
Œcuménique (maître),
174, -^77^ 3o3.
Œil de bœuf, de Python,
1 1.
Œ.uf philosophique, 122,
i55, 170, 3o4, etc.
— du scarabée, 12.
Ogdoade, 17.
Ogorodnikoff, 226.
Oligiste (fer), 252.
Olybrius, 122.
Olympiodore (alchimiste),
57,72,129,155, 175,177,
178, 188, 191, 196, 198,
199, 202, 2o5, 235, 237,
245, 288, 304.
— philosophe, 81, 84,
94, 95.
Ongles d'animaux, 1 1 .
Onomatomancie arithmé-
tique, 91.
Onychitis, 240.
Opérations alchimiques
(liste), 210, 263.
Ophiuchus (démon), 21.
Oppert, 80, 81, 219, 222,
224, 253.
Orcanette, 47, 48, 49, 272.
Orge, 12.
Orichalque, 45, 55, (23 1),
266.
Origène, 78, 209.
Or (264), et passim.
— alchimique, 261.
— amalgamé, 52.
— définitions), 20.
— (essai), 38.
— potable, 1 5.
— séparé de Targent,
285 (v. Cément royal).
Or (signe), 2 5,47, 82, 93,
94, loi, 122, r35.
— et soleil (v. Soleil).
— (tablette), 220.
— tombe au fond du
mercure, 259.
— torréfié, 14, i5.
— vivant, 2 58.
Orfèvrerie, 22, 53, 278, etc.
Orientaux, 2 3o.
Orphée, 17.
Orphée (oracle), 198.
Orpiment, 52, 62, (238),
281, etc.
Orpiment, transcriptions
latine et grecque, 210.
Orseille, 25.
Os d'animaux, de médecin,
10, II.
Osée, 14.
Osiris, plomb, 12, 102,122.
Ostanès, 0, 11, 175, 177,
178, 187, 194, 195, 19/5
202, 2i3, 271, 272, 273,
293.
Ostanès (traité arabe), 173,
(216 et suiv.)
Ostracitis, 240.
Othmoud, 280.
Ouroboros, 9, i3o, (i32),
i34, i36, 137, (i59),
193, (196).
Ourouk, 75.
Ozeia, 14.
Packfong, 66.
Palette des peintres, 144.
Palladium (protection), 80.
Palladius, 174.
Palmier (écorcei, 287.
Paménas, Paménasis, 24.
Pamménès, 5, 66,69, ^oi-
202, 293 (V. Phiménas).
Panarètos, 16, 19.
Panopolis, 175.
Panséris, v. Pauséris.
Pappus, 175, 177, 188,
197.
Parfums (sept), i3.
Paris (papyrus), 6, 3o3.
Parœtonium, 267.
Paros (pierre de) ou Po-
rus, 4, 3o, 36, 264.
Parthes, 9, 223.
Parthey, 6.
Pasitélès, 279.
Pastel, 262.
Pauséris, 11 o, m, 293.
Pays-Bas, 7.
Pébéchius, 9, iio, 1 1 1 ,293..
Pelage, 175, 177, 178, 187,
191, 199, 202, 21 3.
Péloponnèse, 262.
Péridot, 244.
Perles, 197, 201.
— artificielles, 202.
Perse, 2 1 8.
Perses, 78, 85, 206, 225.
Persloue (golfe), 226, 227.
Pétésis ou Pétasius, 1 1 ,
68, .10, m, 175, 201,
202.
Pétosiris, 87.
— ses tableaux ou cer-
cles, 88, 90, 206, 207.
Pétrone, 75.
Phaminis, 24.
Phéniciens, 3o3.
Philarète, iio, m.
Philippe, auteur comique,
257.
Philœ, 8, 3o3.
Philosophumena, 91.
Philostrale, 75.
Phiménas le Saïte, 5, 24,
45,66, 69, 201 (v. Pam-
ménès).
Phlegme ou pituite, 292.
Phosphorescence, (271).
Photius, 195.
Photogravure, 7, 88, 90,
104 à 120, i32 à 172.
326
CHIMIE DES ANCIENS
Phrygie (pierre de), 48.
Pic de la Mirandole, 209.
Pictet, 276.
Pierres gravées, 76.
Pierre magnétique, 2 52.
Pierres noi[es (sept), y 5.
Pierre philosophale (ses
noms), 217, 209, 294.
Pierres précieuses et mé-
taux, 81, 87, 3o3.
— ne s'élève pas par l'ac-
tion du feu, 248.
— schisteuse, 2 52.
Pignitis, 267.
Pindare (scoliaste de), j^,
81, 98.
Pirée, 284.
Pistis Sophia, 19.
Pizimentius,204, 288, 295.
Place, 80, 219.
Placitis ou Placodes, 239.
Planètes et métaux, 18, 76.
i83, 206, 294, 3o3.
— (sept), 75, 236, 293,
294 (voir Sept).
Plantes, 287.
Plantes (noms sacrés et
vulgaires), 10, 1 1, 12.
Platon, 76, 209, 217, 23i,
235,236, 25i, 292, 304.
Platoniciennes (théories),
60, 73.
Plâtre, 243.
Pleijte, 28.
Pline, 3, 5, 10, 11, 14, i5,
28, 3o, 32, 37, 39,45, 58,
69, 82, 144, i65 et pas-
sim ; 224, 226, 23i et
suiv.; 271, 278, 279, etc.
Plombagine, 265
Plomb et antimoine, 224.
Plombeuse (pierre), 265.
Plomb, générateur des mé-
taux, 83.
— sens vague et compré-
hensif dans l'antiquité,
83, 23o, 265.
Plomb blanc, 55, 25o.
— blanc etnoir, 83, 281,
264.
— brûlé, 265.
— lavé, 265.
— (oxyde), 262.
— et Saturne, 77, 82, 94
(v. Saturne).
— signes multiples, 95,
96.
— soudure autogène,
283.
Poissons, 2o5.
Polysulfure de calcium,6g.
Pompée, 279.
Pompéi, 75.
Pompholyx,239, 240, 268.
Pontos, 141, 142.
Porc, 10, II.
Portes du ciel et de la terre,
8.
Portraits des alchimistes,
234.
Poumon marin, 272.
Pourpre, préparation et
teinture, 25, 48,49.
Prehnite, 246.
Preuve (par 9), 91.
Proclus, 78, 93,260.
Procope (Saint), 4.
Prophètes ou scribes sa-
crés, 10, II.
Prophètes (nomenclature
des), 12.
Propriété spécifique, i3,
254.
Psellus, 187, 194, 197, 198,
199, 204, 212, 216, 235.
Pseudargyre, 55,246,266.
Psichari, 216.
Pyramides, 255.
Pyrites, 242, 2 52, 2 56.
Pyrite(v. Marcassite), 25o,
255, 257.
— d'Achaïe, 289.
— de fer altérée, 14, 243.
— grillée, 233.
Pyrochalque, 1 7 5, 1 76, 1 88.
Pythagoras ( astrologue ) ,
206.
Pythagore, 11, 76, 202,
235, 236, 289.
Pythagore(divination), 91.
Pythien (serpent), .17, 19.
Python, 1 1.
Ptolémaïque (livre des),
16.
— (statère), 33.
Ptolémées, 80, 201, 236,
25o.
Qualités ajoutées à la ma-
tière, 73.
Qualités opposées, 294.
Quatre bases et quatre
vents, 9.
Quatre couleurs, 144.
Quatre éléments, 292 (v.
éléments).
Queue d'animaux, 11.
Quintessence, 254, 258.
R
Raclure de cuivre, 23 1.
Ramentum, 14.
Rat, II.
Razès ou Rha2ès, 208, 20g,
260.
Réalgar,43,(238), 244,261,
281, etc.
Réceptifs (corps), 259.
Redkin-Lager, 224.
Reuvens, 4, 14, 46, 2 1 3.
Révillout. 7.
Rhin (autels), 76.
RinaldiTelanobebila, 199.
Rétrograde (opération), v.
Ecrevisse.
Robert (métal du prince),
66.
Rois symboliques, 127,
Romains, 4 et 5, 55, 23o.
Romanus, 217.
Roquette, 1 1 .
Rose, i3.
Rouge (mer), 225.
Roret (manuel), 6, 37, 42,
5i, 52, 58, 60, 61, 72.
Rouille de cuivre,. 272,
273 (v. los).
Rouille de fer, 25 1.
Rouille des métaux, loi,
254 (v. los).
Rouille de plomb, 273.
Rouille vermiculaire de
cuivre, 232.
Roules de la mer et des
fleuves, 8.
Rhubarbe du Pont, 289,
293.
Rubigo, 261.
Rubis, 272 (v. escarbou-
cle).
Rubrique, sens multiples,
252, 253, 261.
Ruhnkenius, 21 1 et suiv.
Rulandi Lexicon, 23 1 et
suiv., etc.
Sabaoth, 9.
Sabéens, 78.
Safran, 11, 52, 58,(287).
294.
— de Gilicie, 43, etc.
— fleurs, 287.
— de Mars, 287.
Sagittaire, 2o5.
Sainte-Sophie(portes), 195.
Salerne, 280.
Salomon, 157 (v. Laby-
rinthe).
Salmanas, 197, 201, 271.
Salpêtre, 34, 263, 284, 286.
Samos (pierre, terre de),
21, 33, 266, 281, 282,
283, etc.
INDEX ALPHABÉTIQUE
Sanctuaire (livre du), 197,
200, 201, 271.
Sandaraque, 26, 5q, io3,
(238), 261, 281, 282, 283,
etc.
— confondue avec cina-
bre et minium, 239.
— décomposée, 45.
— (fausse), 262.
— résine, 238.
— et soufre, io3.
Sandyx, 262, 266.
Sang, 10, 1 1, 12, 292.
— dragon, 11, 60, 244,
272 (v. Dragon).
— humain, 12.
— de l'œil, 12.
— de taureau, 12.
— de Vulcain, 12.
Sanguine, 252, 253, 267
(v. Minium, cinabre).
Santerna, 243.
Saphir, 20, 80, 3o3.
Sargon (palais), 80, 219,
222.
Sarzec (de), 219, 223, 225.
Satni-Kham-Ouas (roman),
80, 269.
Saturne et plomb, 77, 79,
81, 82, 84, 94.
Saumure, 267.
Saumaise (Plinianae exer-
citationes), io3, etc.
Saveurs, leurs causes, 253.
Saxe, 226.
Scaliger, 16.
Scarabée (œuf du), 12.
Schiste bitumineux, 267.
— (alun), 237 (v. alun).
— de Pline, i 5.
Schneider, Eclogse phv-
sicas, 194.
Schoor, 28.
Scolex, 232.
Scoria, 233.
Scories, i55, 291, 304.
Scorie d'argent, 286.
327
Scorie du fer, 252.
Scorie du plomb, 265.
266.
Scorpion, 1 1 , 1 52, 1 54, 2o5
(v. Ecrevisse).
Sec et humide, 247, 291.
Sedlitz (sel de), 256.
Sel (fleur de), 286.
Sel fossile,gemme, de Cap-
padoce, 266, etc.
Sélénite, 267.
Selinon (terre de), 267.
Semaine (75).
Semence, 10, 11.
Semita recta, 208.
Sénèque, 271.
Sept (le nombre), 17, 73.
— couleurs, lettres, tons,
voyelles, 9, 16.
— Dieux et sept planè-
tes, 17, 74 et suiv.
— fleurs et parfums, i3,
18.
— pierres, 75.
Sérapis, 76.
Sergius, iio, iii, 19G,
(296).
Sericumou Syricum, 108,
109, 1 14, 1 15, 1 18, 125,
262, 304.
Serpent, 10, 290, 294.
— (bile de), 12, 68.
— divin, 18.
— qui se mord la queue,
9, 18 (v. Ouroboros).
— sefécondantlui-mème,
2 58.
Sesterces, 23 1
Sévères (les), 56.
Sicile, 266.
Sideritis, 252.
Signes (liste), 92 et suiv.,
206, 207.
— multiples des métaux,
84, 94, 95.
Sil, 252, 262.
Sillig, io3.
328
CHIMIE DES ANCIENS
Similor, 55.
Sinaï (mines de cuivre),
227.
Sinope (rouge, terre de),
26, (32), 46, 261, etc.
Sipri, 81.
Sirius, 87.
Smegma,233.
Smyrne, 234.
Socrate, 2 36.
Soie, 3o3.
Soleil, Agathodémon,- 16.
— et or, -jj, 78, 76, 81,
82,93.
Soleil (signes), 2 5, 47, 93,
122, 3o3.
Soli (Chypre), 239.
Solin, 234.
Sonde (Iles de la), 225.
Songes, 7, 8, 188 (v. Ni-
céphore).
Songes (formule), i3.
Sophé, 191, 198, 202 (V.
Chéops).
Sory, (14), 242.
Sothi, 87.
Soude (v. natron).
Soudure autogène, 265.
283.
— d'or, 57 (v. Chryso-
colle).
— des orfèvres, 243.
Soufre, 248.
— apyre, 267.
— (eau de), 46, 47, 68,
69 (v. Eau divine).
— fleurs, 287.
— noir, 238.
— et Osiris, 102, 122
(v. Osiris).
~ renferme du feu, 267.
Spécifique (propriété), i3,
254.
Spéculaire (pierre), 267.
Sphère de Démocrite, 10,
86, 87 (v. Démocrite).
Sphères ignées, 75.
Spode de plomb, 265.
Spodos ou spodion, (240).
Spodos blanc, 240.
Sprengel, 26, 27, io3.
Spuma nitri, 263.
Squama, 233.
— du fer, 41, 252.
Stannum de Pline, 55,
2 5o, 264.
Stèles, 200, (235), 3o3.
Stèle sacrée, 18.
Stephanus, 1 10, iii, 122,
141, i58, 159, 166, 174,
176, 178, 179 et suiv.,
187, 189, 190, 191, 192,
194, 199, 202, 212, 2l3,
233,235, 287, 296, 297,
3o3, etc.
— métaux et planètes,
84, 294, 3o4.
Stern (Ludwig), 216.
Stibium ou Stimmi, 224,
238, 280, 281, etc.
Stobée, 16, 244.
Stomoma, 233.
Strabon, 55, 226, 266.
Styrax, i3.
Sublimation, 210, 211,
248, 249.
— complexe, 25o.
Substance, 248.
Suède, 7.
Suie métallique, 240.
Sulfates, 241, 242.
Sulfate de chaux, 267.
— de soude, 286 (v. Na-
tron).
Sulfhydrique (acide), 6q.
Sulfures et oxysulfures
rouges, 244, 261.
Surnaturel (pouvoir), 20,
21.
Syène, 6.
Sylla, 284.
Sylvestre de Sacy, 2 35,
236.
Symbole cordiforme, 157.
Symbolisme, 12.
Syncelle (Georges le), 24.
Synesius, no, m, 129,
i65, 166, 175, 177, 187,
188, 189, 199, 202, 286,
288, etc.
— (alambic), i3o, 164.
Syracuse, 56, 23 1.
Tables divinatoires, 91.
Tablettes métalliquesassv-
riennes, ou tablettes vo-
tives, 80, 219.
Tahout (livre magique de),
80.
Talc, 29, 246, 272 (v. Co-
maris).
Tannery (Paul), 91, 226.
Talismans, 235.
Tartre, 210.
Tat, 236.
Tatars, 226.
Taureau, 10,
Taureau (le), 2o5.
— (sang), 12.
Taureaux assyriens, 222.
Teinte de l'or, 58.
Teintures, 267, 268.
Teintures blanches et jau-
nes, 260.
Teinture des métaux, 56,
60, 254, 267.
— du verre, 271, 272.
Teinture en or et en ar-
gent, 2 3.
Télaugès, 91.
Tello, 223, 227, 228.
Tentyrite, 9.
Terres, usages, 267.
Terres de Chio. Cimo-
le, Erétrie, Lemnos
Melos, Samos, Selinon-
te, 267 (v. ces mots).
Terre (corps assimilés à
la), 259.
INDEX ALPHABETIQUE
329
Terre (esprit de la), 8, 9.
— mère des métaux, g3,
260.
Terrestres (les choses) en
haut, 260 (v. Célestes).
Tétrasomie, 290.
Teutonicus, 208.
Thaïes. 1 10, III.
Théagène, 294.
Thèbes, 5j 8, 21.
— (sept portes), 74.
Theoctonicos, 207 à 20Q,
235, 238.
Théodore, iSg, 174, 177,
178, 188, 193, 195, 197,
287, (290).
Théodose, 8, 175. 192,
193, 196, 202, 2o5, 296.
Théophile, 110, iii, 294.
Théophraste, 3,4, 245,
253, 262.
— (poète), i65, 175, etc.
Théosébie, no, m, 177,
236.
Thessalie, 252.
Thia, mère du soleil, 77.
Thouras, Mars, 83, 102.
Thrace, 226, 292.
Timée, 76, 78, 260, 292.
Tingere monetam, 54.
Tinkal, 281.
Titan, ii.
Titanos, 243.
Tmolus, 266.
Tombac blanc, 34,62,282.
Tons musicaux, 74, 289
(v. les mots : sept et
musicaux).
Topaze, 244.
Tortue (bile), 52, 58 (v.
Bile).
Toth, 16, 17, 236.
Tout (le), (i33), (i53),
255, 289, 292, 294.
Tphél'hiérogrammate, 17.
Transmutation, 3, 5, 19,
63, 73, 304.
Transmutation mise en
doute, 102, 260.
Trempe, 267.
— du bronze, du fer, 267.
— des métaux, 202,278.
Trente jours du mois, 86,
87.
Trente-six décans, 87.
Trépied, i34, i35, 164.
Triangle, 293.
Tribicos, 128, 1 3o, 1 39, 160.
Triplement, 29.
Tripoli, 266.
Turba philosophorum ,
176, 235, 304.
Turin, 6, 204.
Tutie, i52, i53, (241),
2 5o, (268).
Tutie d'Alexandrie, 268.
Tziganes, 227.
U
Ukert, 193.
Urbicus, 9.
Unité, 291.
Unité (axiomes), i33.
Unités de mesure, 22.
Urine, en orfèvrerie, 58.
— d'impubère, 44, 46,
47. 244.
Urudi (bronze), 80.
Urine et vert de gris, 244.
Usener, 3o3.
Usta, 252, 262.
Vache noire (lait), 12.
Valentinien, 8.
Vatican (ms.), 173, (191),
295, et passim.
Veau bile), 41, 58 (v. Bile).
Venin du serpent, 133,254.
Venus, i3
— de bois, 257.
Vénus et cuivre, 77, 81,
83, 94.
— et étain, 79, 84.
— (semence de), 12.
Verdet, 232, 262.
Vermillon, 253, 261.
Vernis doré, 59.
Verre (coloration) 291.
Verre (monnaie de), 3o3.
— (traités sur le), 202.
Verseau (le), 2o5.
Vert de gris, 2 10, 23 1, 233,
241.
Vertes (couleurs), 262.
Vesta, 10.
Vie, 87.
Vienne (Ms), 194, 190,
204, 3o3.
Vierge (la), 2o5.
— (terre), 210.
— urine, 304.
Vif argent, 239 (v. mer-
cure).
Vin (fleurs), 287.
Vinaigre, 14, 42, 52, 281 et
passim.
Vincent de Béarnais, 45,
2i8, 23i, 280, 283 et
passim.
Violet (coloration en), i3,
255.
Violette blanche.
Virchow, 224.
Virgile, jy.
Virulence, i3, 255.
Virus, 14, 254.
Vitriol, 232, 241, 285, etc.
— blanc, bleu, jaune,
rouge, vert, 242.
— bleu, 23 1.
— fait l'or, 294.
— vert, 1 5, etc.
Vitruve, 3, io3, 200, 23 1,
j 262, 274, etc.
I Voie droite (la), 207, 208.
I Vossianus (codex), 167,
! (2 II), 304.
33o
CHIMIE DES ANCIENS
Voyelles grecques, (sept),
76.
Vulcain, 10, 12.
W
Weimar, 192.
Wessely, 3o3.
Wismath, 24g, 256, 257.
Witte (de), 76.
X
Xénocrate, no, ni.
Xiphilin, 197.
Z (lettre), 12, i3.
— signe, 3o3.
Zakour, 81.
Zamolxis, 2 35.
Zeus, 82, 97.
Zinc, carbonate, silicate,
239, 266.
— fleur, 287.
Zminis le Tentyrite, g.
Zodiaque, 76.
— (signes) et parties du
corps humain, 2o5.
Zodiaque .(signes) et plan-
tes, 207, 293.
Zonitis, 23g.
Zoroastre, n, 17, 202,
206, 234.
Zosime, g, 17, ig, 20, 27,
39, 55,69,82, 127, i2q,
137, 143, i52, i53, i55,
161, 172, 175, et suiv. ;
178, 184 et suiv. ; 192,
ig4, ig6,(2oi), 235, 236,
278, 287, 288, 299,
3oo, etc.
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