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Full text of "Introduction à l'étude de la chimie, des anciens et du moyen âge"

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INTRODUCTION 

A    L'ÉTUDE    DE    LA   CHIMIE 

DES  ANCIENS  ET  DU    MOYEN  AGE 


IMPRESSION  ANASTALTIQUE 

CULTURE  ET  CIVILISATION 

115,  AVENUE  GABRIEL  LEBON 
BRUXELLES 

1966 


INTRODUCTION 


A 


L'ÉTUDE  DE   LA  CHIMIE 


DES  ANCIENS  ET  DU  MOYEN  AGE 


M.    BERTHELOT 

SÉNATEUR,   Mi:.MUIiE  DE  lInSTITUT,  PROFESSEUR  AU  COLLKGE  DE  FrANCE 


AVEC   TLANCHES,    FIGURES    EN   PHOTOCRAVURK    D'APBES   LES   MANUSCRITS, 
TABLES    ET    INDEX 


PARIS 


GEORGES  STEINHEIL,  EDITEUR 

2,    RUE    CAS1M1R-DELAVIGNE,    2 


1889 


PRÉFACE 


La  science  chimique  des  Anciens  avait  été  jusqu'ici  mal  connue, 
surtout  en  ce  qui  touche  ses  origines,  ses  idées  théoriques  et  sa 
philosophie  ;  ignorance  d'autant  plus  préjudiciable  qu'elle 
rendait  incompréhensible  la  doctrine  alchimique,  qui  a  régné 
pendant  tout  le  moyen  âge  et  s'est  prolongée  jusqu'à  la  fin 
du  siècle  dernier.  C'est  à  éclaircir  ces  questions,  si  intéres- 
santes pour  l'histoire  de  la  civilisation,  que  j'ai  consacré  une 
grande  partie  de  mon  temps  depuis  six  années.  L'étude  des 
papyrus  grecs,  provenant  de  la  vieille  Egypte,  et  celle  des  manu- 
scrits grecs  alchimiques,  formant  dans  les  principales  bibliothè- 
ques d'Europe  une  vaste  collection  demeurée  inédite  jusqu^ici,  ont 
fourni  à  ma  recherche  ses  principaux  fondements  et  elles  m'ont 
permis  de  faire  entrer  dans  l'histoire  positive  une  science  singu- 
lière, réputée  purement  chimérique  et  citée  d'ordinaire  comme  la 
preuve  des  aberrations  del'esprit  humain.  J'ai  exposé  les  résultats 
généraux  de  mes  travaux  dans  «  les  Origines  de  l  Alchimie  «  (i)  et 
j'ai  cru  indispensable  de  publier  à  l'appui  les  preuves  de  ma 
découverte,  c'est-à-dire  les  manuscrits  eux-mêmes. 

(i)  Un  volume  in-8'',  chez  Steinheil,  i8t>3. 


VJ  PRÉFACE 

A  cet  effet,  j'ai  traduit  d'abord  et  commenté  un  papyrus  alchi- 
mique du  iii^  siècle  de  notre  ère,  qui  existe  aujourd'hui  à  Leide  ; 
puis  j'ai  entrepris  d'éditer,  sous  les  auspices  du  Ministère  de 
rinstruction  publique,  et  avec  la  collaboration  d'un  savant  hellé- 
niste, M.  Ch.-Em.  Ruelle,  une  édition  princeps  de  la  Collection 
des  Alchimistes  grecs.  Cette  vaste  publication,  aujourd'hui  termi- 
née (i),  forme  environ  i3oo  pages  de  texte  in-4°,  avec  variantes, 
traduction,  introduction,  tables,  index,  notes  et  commentaires 
perpétuels.  Enfin,  j'ai  renoué  la  chaîne  historique,  entre  ces 
vieux  écrits  et  les  auteurs  de  l'antiquité  déjà  connus,  d'une  part, 
et,  de  l'autre,  les  écrivains  du  moyen  âge,  arabes  et  latins.  C'est 
ainsi  que  j'ai  montré  comment  les  faits  et  les  doctrines,  exposés 
dans  ce  papyrus  et  dans  les  manuscrits,  se  lient  d'une  façon 
directe  et  intime  avec  les  descriptions  naturalistes  de  Diosco- 
ride,  de  Vitruve  et  de  Pline  l'Ancien,  en  même  temps  qu'avec  les 
théories  philosophiques  de  Platon,  d'Aristote  et  des  Alexandrins, 
leurs  disciples.  De  même  j'ai  établi  la  liaison  théorique  et  pratique 
de  TAlchimie  grecque  avec  celle  des  Arabes,  Geber  et  Avicenne 
par  exemple,  et  avec  celle  des  Latins,  telle  qu'on  peut  la  constater 
au  xm^  siècle,  d'après  Vincent  de  Beauvais,  Albert  le  Grand,  etc. 

Le  volume  actuel  fait  partie  de  cet  ensemble  de  recherches 
et  en  renferme  quelques-unes  des  plus  essentielles,  lesquelles 
forment  une  véritable  Introduction  à  V étude  de  la  Chimie  des 
anciens  et  du  moyen  âge.  Donnons-en  le  résumé. 

Au  début,  j'y  explique  comment  l'alchimie,  cette  science  en 
partie  réelle,  en  partie  chimérique,  est  sortie  des  pratiques  des 
orfèvres  et  métallurgistes  égyptiens. 

En  effet  la  fabrication  de  l'asèm  ou  électrum,  alliage  qui  a  été 


(i)Steinheil,  1887-1! 


PREFACE  VI) 

regardé  comme  un  métal  distinct  jusqu'au  vi®  siècle  de  notre 
ère  ;  celle  de  Tor  à  bas  titre,  par  l'addition  au  métal  pur  du  cuivre 
et  de  l'étain;  celle  des  alliages  métalliques  à  base  de  cuivre,  des- 
tinés à  imiter  l'or  et  à  le  falsifier,  ont  fait  naître  dans  l'esprit 
des  opérateurs  d'autrefois  l'espérance  de  reproduire  l'or  lui- 
même,  par  des  mélanges  convenables.  Le  manipulateur  appelait 
d'ailleurs  à  son  secours,  suivant  l'usage  antique  de  l'Egypte  et 
de  Babylone,  les  puissances  divines,  évoquées  par  des  formules 
magiques. 

Le  Papyrus  X  de  Leide  n'est  autre  chose  que  l'un  des  cahiers 
de  recettes  de  ces  vieux  praticiens,  arrivé  jusqu'à  nous  à  travers 
les  âges.  C'est  parla  traduction,  le  commentaire,  l'étude  détaillée 
de  ce  Papyrus  que  commence  le  présent  volume. 

Il  existait  ainsi,  dès  l'époque  alexandrine,  et  vers  les  com- 
mencements de  l'ère  chrétienne,  des  traités  techniques  plus 
ou  moins  étendus  sur  les  alliages  métalliques,  sur  la  teinture 
des  métaux,  des  verres  et  des  étoffes,  sur  la  distillation,  etc.  ; 
traités  composés  par  des  auteurs  gréco-égyptiens.  Nous  en  possé- 
dons quelques  débris,  et  leurs  noms  sont  arrivés  jusqu'à  nous,  tant 
par  les  manuscrits  alchimiques,  que  par  les  écrits  classiques  de 
Dioscoride,  Pline,  etc.  Tels  sont  Pamménès,  Pétésis,  Marie 
et  Cléopâtre,  etc.;  auteurs  dont  les  plus  anciens  paraissent  avoir 
appartenu  aune  écolede  naturalistes,  qui  se  déclaraient  eux-mêmes 
élèves  du  vieux  philosophe  Démocrite.  Puis  sont  venus  les  gnos- 
tiques,  qui  ont  associé  aux  pratiques  de  leurs  prédécesseurs  des 
notions  mystiques  et  allégoriques,  mélange  étrange  de  philosophie 
et  de  religion,  dont  le  point  de  départ  semble  avoir  existé  dans  les 
vieux  textes  égyptiens  et  chaldéens  et  dans  leur  symbolisme  défi- 
guré. Un  de  ces  écrivains,  Zosime,  vers  le  iii*^  siècle  de  notre  ère, 
forma  avec  les  ouvrages  de  ses  prédécesseurs  une  première  com- 


Vllj  PRÉFACE 

pilation,  qui  ne  nous  est  malheureusement  pas  parvenue  dans  toute 
son  étendue  et  soussa  forme  initiale.  En  effet,  elle  a  été  démembrée 
par  les  Byzantins,  lesquels  nous  Font  transmise  seulement  dans 
l'état  d'extraits  mutilés  ;  suivant  en  cela  les  mêmes  procédés  qu'ils 
ont  appliqués  à  un  grand  nombre  d'auteurs  de  l'antiquité  classique. 
Cependant,  même  sous  cette  forme  incomplète,  nous  possédons 
encore  des  chapitres  entiers  et  des  morceaux  fort  étendus  de  Zo- 
sime  :  le  tout  forme  près  de  i5o  pages  dans  la  Collection  des 
Alchimistes  grecs.  On  y  rencontre  à  la  fois  des  recettes  prati- 
ques, des  imaginations  mystiques  et  la  description  des  appareils 
de  distillation  et  de  digestion  employés  par  les  chimistes  d'alors. 

Je  donne  dans  le  présent  volume  les  dessins  des  appareils  des 
Alchimistes  grecs .^  reproduits  par  la  photogravure^  et  constituant 
35  figures,  telles  qu'elles  existent  dans  les  manuscrits,  en  marge 
de  leur  description  ;  j'explique  en  détail  l'usage  et  la  destination 
de  ces  appareils.  Je  retrouve  ainsi  l'explication  des  pratiques 
fondamentales  suivies  par  ces  premiers  alchimistes,  pour  modi- 
fier et  teindre  les  métaux,  teinture  qui  était  réputée  le  prélude 
et  l'accompagnement  nécessaire  de  la  transmutation.  On  y  verra 
comment  les  premiers  appareils  distillatoires,  inventés  vers  les 
débuts  de  l'ère  chrétienne  (Chrysopée  de  Cléopâtre),  sont  figurés 
dans  les  manuscrits  et  associés  au  Serpent  mystérieux  qui  se  mord 
la  queue,  image  du  monde  et  de  l'alchimie,  ainsi  qu'aux  axiomes 
mystiques  sur  l'unité  de  la  matière.  J'ai  commenté  tous  ces  des- 
sins, à  la  fois  scientifiques  et  symboliques,  et  j'ai  donné  l'interpré- 
tation des  opérations  auxquelles  les  appareils  étaient  affectés. 

Cependant  les  philosophes  néoplatoniciens,  contemporains 
desgnostiques,  et  qui  professaient  à  Alexandrie,  ne  restèrent  pas 
étrangers  à  l'alchimie  :  elle  formait,  au  même  titre  que  l'astrologie 
et  la  magie,  une  branche  des  sciences,  les  unes  chimériques, 


PREFACE  IX 


les  autres  réelles,  de  l'époque.  Sous  le  nom  du  professeur  Jam- 
blique  figurent  à  la  fois  des  traités  bien  connus  de  magie  [De 
Mysteriis  jEgyptiorum)  et  un  petit  traité  de  chimie  positive, 
reproduit  dans  la  Collection  des  Alchimistes  grecs.  Nous  trou- 
vons aussi  dans  les  œuvres  de  Proclus,  autre  néoplatonicien, 
à  côté  des  commentaires  allégoriques  sur  la  religion  d'Homère, 
des  énoncés  astrologico-alchimiques  sur  les  relations  entre  les 
métaux  et  les  planètes^  et  sur  la  génération  des  métaux  sous  les 
influences  sidérales.  11  s'agit  ici  d'idées  qui  remontent  à  Babylone, 
qui  ont  régné  en  Europe  pendant  tout  le  moyen  âge,  et  qui  subsis- 
tent encore  aujourd'hui  en  Orient.  Mon  second  article  est  consa- 
cré à  l'histoire  de  ces  idéesdans  l'antiquité  ;  le  troisième  reproduit 
diverses  figures  relatives  à  un  sujet  congénère,  la  médecine  astro- 
logique, d'après  des  photogravures  conformes  aux  manuscrits. 

Les  philosophes  alexandrins  ne  tardèrent  pas  à  construire 
une  véritable  théorie  de  la  chimie  de  leur  temps  :  théorie  fondée 
sur  la  notion  de  la  matière  première  platonicienne,  commune 
à  tous  les  corps  et  apte  à  prendre  toutes  les  formes.  Ils  ont 
développé  spécialement  la  conception  de  la  matière  première  des 
métaux,  autrement  dite  «  mercure  des  philosophes  ^\  et  ils  l'ont 
associée  à  celle  des  quatre  éléments,  empruntés  aux  vieuxphiloso- 
phes  grecs  des  écoles  naturalistes.  Ces  théories  sont  exposées 
avec  une  grande  clarté  dans  le  traité  de  Synésius,  et  d'une  façon 
à  la  fois  plus  confuse  et  plus  érudite,  dans  celui  d'Olympiodore; 
traités  publiés,  traduits  et  commentés  dans  la  Collection  des  Alchi- 
mistes grecs  :  on  y  voit  comment  ces  doctrines  conduisaient  à 
comprendre  et  à  admettre  la  possibilité  des  transmutations 
métalliques.  Elles  sont  d'autant  plus  dignes  d'intérêt,  qu  elles 
ont  été  le  point  de  départ  des  conceptions  des  alchimistes  du 
moyen  âge,  lesquelles  ont  dominé  la  science  chimique,  jusqu'à 


X  PREFACE 

la  fin  du  XVIII*  siècle.  J'ai  exposé  tout  le  détail  de  cette  vieille  phi- 
losophie chimique,  dans  mon  ouvrage  sur  «  les  Origines  de  l'Ai- 
chunie  ». 

Ces  traités  existent,  comme  je  viens  de  le  dire  dans  la  Collec- 
tion des  Alchimistes  grecs.  Mais  il  est  nécessaire  d'en  compléter 
l'intelligence  par  des  renseignements  exacts,  lesquels  sont  rela- 
tifs, les  uns  aux  signes  particuliers  employés  par  les  auteurs  et 
par  les  copistes  de  ces  traités  ;  les  autres  à  l'origine  et  à  la  filia- 
tion des  manuscrits  qui  nous  les  ont  transmis. 

Les  signes  et  notations  alchimiques  mont  paru  ne  pouvoir 
être  reproduits  avec  précision  que  par  la  photogravure  des  pages 
des  principaux  manuscrits  qui  les  contiennent  :  l'un,  le  plus 
ancien  de  tous(Ms.  299  de  St-Marc,  Venise),  remonte  au  xi"^  siècle  ; 
l'autre  (Ms.  2327  de  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris)  est  du 
xv"  siècle.  Je  donne  dans  le  présent  volume  huit  planches,  repro- 
duisant ces  signes  et  j"en  présente  la  traduction  et  le  com- 
mentaire détaillé  :  commentaire  qui  complète  sur  certains 
points  le  chapitre  relatif  aux  relations  des  métaux  et  des  planètes. 

J'ai  fait  suivre  ces  figures  d'un  travail  étendu  sur  les  Manu- 
scrits alchimiques  et  sur  leur  filiation  :  ce  travail  m'a  paru  néces- 
saire pour  fixer  le  degré  de  confiance  que  nous  devons  attacher 
aux  écrits  qui  nous  apportent  leur  témoignage  pour  la  connais- 
sance des  doctrines  et  des  pratiques  antiques. 

J'ai  réussi  à  les  corroborer  à  divers  égards  par  des  documents 
plus  certains.  En  effet  aux  notions  révélées  par  les  écrits  alchi- 
miques j'ai  pu  joindre  des  renseignements  positifs,  que  j'ai 
tirés  de  l'étude  et  de  l'analyse  chimique  directe  de  métaux  et 
minéraux  provenant  de  la  Chaldée,  et  spécialement  des  tablettes 
trouvées  dans  un  coff"re  de  pierre,  sous  les  fondations  du  palais 
de  Sargon,  à  Khorsabad. 


PREFACE  Xj 

Enfin,  j'ai  réuni  sous  le  titre  de  Notices  de  Minéralogie,  de 
Métallurgie  et  diverses^  tout  un  ensemble  de  renseignements 
extraits,  les  uns  des  auteurs  anciens,  tels  que  :  Aristote,  Théo- 
phraste,  Dioscoride,  Vitruve,  Strabon,  Pline,  Solin,  etc.  ;  les 
autres  des  auteurs  du  moyen  âge,  Arabes  et  Latins,  et  en  parti- 
culier de  Geber,  d'Avicenne,  du  Pseudo-Aristote,  de  Roger 
Bacon;  de  l'Encyclopédie  naturelle  [Spéculum  majus)  de  Vincent 
de  Beauvais  (xiii'^  siècle)  ;  de  l'Alchimie  et  du  Traité  des  miné- 
raux d'Albert  le  Grand  (xiii'  siècle)  ;  du  Lexicon  Alchemiœ  de 
Rulandus  (1612),  du  Theatrum  Chemicum  (lôSg  à  1661),  de 
laBibliot/ieca  Chemica  de  Manget  (1702),  des  Plinianœ  exerci- 
tationes  de  Saumaise  (1689),  du  Dictionnaire  de  Chimie  de 
Macquer  (1778),  etc.  Ces  renseignements  éclairent  une  multitude 
de  points  dans  les  écrits  des  Alchimistes  grecs  et  ils  montrent 
jusqu'à  quel  point  leur  tradition,  pratique  et  théorique,  sest  con- 
servée jusqu'aux  temps  modernes. 

La  seconde  partie  de  la  présente  Introduction  renferme  une 
suite  de  petites  Notices  sur  la  phosphorescence  des  pierres  pré- 
cieuses ;  sur  l'amalgamation  des  sables  aurifères;  sur  l'origine 
des  Jioms  du  bronze  et  de  l'antimoine  ;  sur  l'arsenic  métallique  ; 
sur  la  séparation  de  l'or  et  de  l'argent,  etc.  Elle  se  termine 
par  une  étude  sur  Stephanus  et  sur  les  compilations  du  Chré- 
tien et  de  l'Anonyme^  étude  qui  complète  Texamen  des  manus- 
crits signalés  plus  haut. 

On  voit  par  ces  détails  quel  est  le  caractère  du  présent 
volume.  Ce  n'est  pas  un  traité  méthodique  et  complet  sur  les  con- 
naissances scientifiques  des  anciens  ;  traité  dont  le  cadre  eût  été 
plus  vaste,  mais  moins  original.  J'ai  préféré  fournir  des  maté- 
riaux exacts  à  ceux  qui  voudraient  exposer  cette  histoire  d'une 
façon  systématique,  en  leur  oflfrant  des  renseignements  plus  limi- 


XIJ  PREFACE 

tés,  mais  en  même  temps  plus  neufs  et  plus  précis,  sur  un  cer- 
tain nombre  de  points  particuliers.  Quoique  ce  volume  ait  un 
caractère  propre,  cependant  je  dois  dire  qu'il  a  été  surtout  écrit 
dans  le  but  de  commenter  et  d'expliquer  la  Collection  des  Alchi- 
mistes grecs  :  la  plupart  des  chapitres  qu'il  contient  en  forment 
pareillement,  l'Introduction.  Mais  il  a  paru  utile  de  les  publier 
séparément,  à  Tusage  des  savants  qui  n'ont  pas  le  temps  ou  les 
connaissances  spéciales,  nécessaires  pour  recourir  au  texte  grec. 
Le  volume  actuel  renferme  d'ailleurs  plusieurs  articles,  dans 
la  seconde  partie  principalement,  qui  ne  font  pas  partie  de  l'In- 
troduction à  la  Collection  des  Alchimistes  grecs. 

En  résumé,  mes  travaux  sur  les  Alchimistes  grecs  se  com- 
posent de  trois  parties  distinctes  : 

Un  ouvrage  historique  et  philosophique  :  les  Origines  de  l'Al- 
chimie ; 

Une  publication  des  textes,  avec  traduction  :  la  Collection 
des  Alchitnistes  grecs,  c'est-à-dire  les  documents  positifs  sur 
lesquels  le  précédent  ouvrage  est  fondé  ; 

Enfin,  une  Introduction  à  la  Chimie  des  anciens  et  du 
moyen  âge,  formant  le  présent  volume. 

Je  crois  avoir  pénétré  la  vieille  énigme  de  l'Alchimie,  objet 
que  je  m'étais  proposé  en  entreprenant  une  œuvre  si  pénible  et 
de  si  longue  haleine  :  la  peine  que  j'y  ai  consacrée  me  paraîtra 
suffisamment  récompensée^  si  cette  œuvre  est  jugée  de  quelque 
utilité  pour  l'histoire  positive  des  sciences  et  de  l'esprit  humain. 

i5  décembre  1888. 

M.  BERTHELOT 


INTRODUCTION 


A   L'ÉTUDE   DE   LA   CHIMIE 


DES  ANCIENS  ET  DU  MOYEN-AGE 


PREMIERE  PARTfE 


LISTE 

DES    MÉMOIRES    CONTENUS    DANS    l'iNTRODUCTION 


I.  —  Les  Papyrus  de  Lcidc. 

II.  —  Relations  entre  les  métaux  et  les  planètes. 

III.  —  La  sphère  de  Démocrite  et  les  médecins  astrologues  (figures). 

IV.  —  Signes  et  notations  alchimiques  (planches). 

V.  —  Figures  d'appareils  et  autres. 

VI.  —  Renseignements  et  notices  sur  quelques  manuscrits. 

VII.  —  Sur  quelques  métaux  et  minéraux  provenant  de  l'antique  Chaldée. 
VIII. —  Notices  de  Minéralogie,  de  Métallurgie  et  diverses. 


M.   BERTHELOT. 


INTRODUCTION 


1.    —   LES    PAPYRUS   DE    LEIUE 

Papyri  GR.ECI  musei  antiquarii publici  Lugduni Batavi.....  edidit,  interpretationem 
latinam^  adnotationem,  indices  et  tabulas  addidit  C.  Leemans,  Musei  antiquarii 
Lugduni  Batavi  Director.  —  PAPYRUS  GRECS  du  musée  d'antiquités  de  Leide, 
édités,  avec  une  traduction  latine,  notes,  index  et  planches  par  C.  Leemaks,  direc- 
teur du  Musée.  —  Tome  II,  publié  à  Leide,  au  Muse'e  et  chez  E.  J.  Brill.  i8S5. 
In-4'>,  viii-3io  pages;  4  planches.  — Tiré  à  i5o  exemplaires. 

La  Chimie  des  anciens  nous  est  connue  principalement  par  quelques 
articles  de  Théophraste,  de  Dioscoride,  de  Vitruve  et  de  Pline  l'Ancien  sur 
la  matière  médicale,  la  minéralogie  et  la  métallurgie  ;  seuls  commentaires 
que  nous  puissions  Joindre  jusqu'à  présent  à  l'étude  et  à  l'analyse  des 
bijoux,  instruments,  couleurs,  émaux,  vitrifications  et  produits  céramiques 
retrouvés  dans  les  débris  des  civilisations  antiques.  L'Egypte  en  particulier, 
si  riche  en  objets  de  ce  genre  et  qu'une  tradition  constante  rattache  aux 
premières  origines  de  l'Alchimie,  c'est-à-dire  de  la  vieille  Chimie  théorique 
et  philosophique  ;  l'Egypte,  dis-je,  ne  nous  a  livré  jusqu'ici  aucun  document 
hiéroglyphique,  relatif  à  l'art  mystérieux  des  transformations  de  la  matière. 
Nous  ne  connaissons  l'antique  science  d'Hermès,  la  Science  sacrée  par 
excellence,  que  par  les  textes  des  alchimistes  gréco-égyptiens  ;  source 
suspecte,  troublée  dès  les  débuts  et  altérée  par  les  imaginations  mystiques 
de  plusieurs  générations  de  rêveurs  et  de  scoliastes. 

C'est  en  Egypte  cependant,  je  le  répète,  que  l'Alchimie  a  pris  naissance  ; 
c'est  là  que  le  rêve  de  la  transmutation  des  Métaux  apparaît  d'abord  et  ii  a 


4  CHIMIE    DES   ANCIENS 

obsédé  les  esprits  Jusqu'au  temps  de  Lavoisier.  Le  rôle  qu^il  a  joué  dans 
les  commencements  de  la  Chimie,  Tintérêt  passionné  qu'il  a  donné  à  ces 
premières  recherches  dont  notre  science  actuelle  est  sortie,  méritent  toute 
l'attention  du  philosophe  et  de  l'historien.  Aussi  devons-nous  saluer  avec 
joie  la  découverte  des  textes  authentiques  que  nous  fournissent  les  papyrus 
de  Leide. 

La  publication  de  ce  volume  était  réclamée  depuis  longtemps  et  atten- 
due (i)  avec  impatience  par  les  personnes  qui  s'intéressent  à  l'histoire  des 
sciences  antiques,  et  le  contenu  du  volume  actuel,  déjà  connu  par  une 
description  sommaire  de  Reuvens  (Lettres  à  M,  Letronne,  publiées  à  Leide 
en  i83o),  paraissait  de  nature  à  piquer  vivement  la  curiosité  des  archéo- 
logues et  des  chimistes.  En  effet,  Tun  des  principaux  papyrus  quiVy  trouvent, 
le  papyrus  X  (p.  199  à  259  du  volume  actuel),  est  consacré  à  des  recettes 
de  chimie  et  d'alchimie,  au  nombre  de  cent-une,  suivies  de  dix  articles 
extraits  de  Dioscoride.  C'est  le  manuscrit  le  plus  ancien  aujourd'hui  connu, 
où  il  soit  question  de  semblables  sujets  :  car  il  remonte  à  la  fin  du  troisième 
siècle  de  notre  ère,  d'après  Reuvens  et  Leemans. 

Ce  serait  donc  là  l'un  de  ces  vieux  livres  d'Alchimie  des  Egyptiens  sur 
l'or  et  l'argent,  brûlés  par  Dioclétien  vers  290,  «  afin  qu'ils  ne  pussent  s'en- 
richir par  cet  art  et  en  tirer  la  source  de  richesses  qui  leur  permissent  de  se 
révolter  contre  les  Romains.  » 

Cette  destruction  systématique  nous  est  attestée  par  les  chroniqueurs 
byzantins  et  par  les  actes  de  saint  Procope  (2)  ;  elle  est  conforme  à  la  pra- 
tique du  droit  romain  pour  les  livres  magiques,  pratique  qui  a  amené 
l'anéantissement  de  tant  d'ouvrages  scientifiques  durant  le  moyen  âge. 
Heureusement  que  le  papyrus  de  Leide  y  a  été  soustrait  et  qu'il  nous 
permet  de  comparer  jusqu'à  un  certain  point,  et  sur  un  texte  absolument 
authentique,  les  connaissances  des  Egyptiens  du  iii«  siècle  avec  celles  des 
alchimistes  gréco-égyptiens,  dont  les  ouvrages  sont  arrivés  jusqu'à  nous 
par  des  copies  beaucoup  plus  modernes.  Les  unes  et  les  autres  sont  liées 
étroitement  avec  les  renseignements  fournis  par  Dioscoride,  par  Théo- 


(i)  Le  premier  volume  avait  paru  en 
1843. 


(2)  Voir  mon  ouvrage  :   Origines  de 
l'Alchimie^  p.  72.  i885. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  D 

phraste  et  par  Pline  sur  la  minéralogie  et  la  métallurgie  des  anciens;  ce  qui 
paraît  indiquer  que  plusieurs  de  ces  recettes  remontent  aux  débuts  de  l'ère 
chrétienne.  Elles  sont  peut-être  même  beaucoup  plus  anciennes,  car  les 
procédés  techniques  se  transmettent  d'âge  en  âge.  Leur  comparaison  avec 
les  notions  aujourd'hui  acquises  sur  les  métaux  égyptiens  (i),  d'une  part, 
et  avec  les  descriptions  alchimiques  proprement  dites,  d'autre  part, 
confirme  et  précise  mes  inductions  précédentes  sur  le  passage  entre  ces 
deux  ordres  de  notions.  Je  me  suis  attaché  à  pénétrer  plus  profondément 
ces  textes,  en  faisant  concourir  à  la  fois  les  lumières  tirées  de  l'histoire  des 
croyances  mystiques  des  anciens  et  de  leurs  pratiques  techniques,  avec 
celles  que  nous  fournit  la  chimie  actuelle  :  Je  me  proposais  surtout  d'y 
rechercher  des  documents  nouveaux  sur  l'origine  des  idées  des  alchimistes 
relatives  à  la  transmutation  des  métaux,  idées  qui  semblent  si  étranges 
aujourd'hui.  Mon  espoir  n'a  pas  été  trompé;  Je  crois,  en  effet,  pouvoir 
établir  que  l'étude  de  ces  papyrus  fait  faire  un  pas  à  la  question,  en  mon- 
trant avec  précision  comment  les  espérances  et  les  doctrines  alchimiques 
sur  la  transmutation  des  métaux  précieux  sont  nées  des  pratiques  des 
orfèvres  égyptiens  pour  les  imiter  et  les  falsifier. 

Le  nom  même  de  l'un  des  plus  vieux  alchimistes,  Phiménas  ou  Pam- 
menès,  se  retrouve  à  la  fois,  dans  le  papyrus  et  dans  le  Pseudo-Démocrite, 
comme  celui  de  l'auieur  de  recettes  à  peu  près  identiques. 

Étrange  destinée  de  ces  papyrus  !  ce  sont  les  carnets  d'un  artisan 
faussaire  et  d'un  magicien  charlatan,  conservés  à  Thèbes,  probablement 
dans  un  tombeau,  ou,  plus  exactement,  dans  une  momie.  Après  avoir 
échappé  par  hasard  aux  destructions  systématiques  des  Romains,  à  des 
accidents  de  tout  genre  pendant  quinze  siècles,  et,  chose  plus  grave  peut- 
être,  aux  mutilations  intéressées  des  fellahs  marchands  d'antiquités,  ces 
papyrus  nous  fournissent  aujourd'hui  un  document  sans  pareil  pour  appré- 
cier à  la  fois  les  procédés  industriels  des  anciens  pour  fabriqueras  alliages, 
leur  état  psychologique  et  leurs  préjugés  mêmes  relativement  à  la  puis- 
sance de  l'homme  sur  la  nature.  La  concordance  presque  absolue  de  ces 
textes  avec   certains  de   ceux   des    alchimistes  grecs  vient.   Je   le   répète, 


(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  211. 


6  CHIMIE   DES    ANCIENS 

appuyer  par  une  preuve  authentique  ce  que  nous  pouvions  déjà  induire 
sur  Torigine  de  ces  derniers  et  sur  Tépoque  de  leur  composition.  En 
même  temps  la  précision  de  certaines  des  recettes  communes  aux  deux 
ordres  de  documents,  recettes  applicables  encore  aujourd'hui  et  parfois 
conformes  à  celles  des  Manuels  Roret,  opposée  à  la  chimérique  prétention 
de  faire  de  Tor,  ajoute  un  nouvel  ctonnement  à  notre  esprit.  Comment 
nous  rendre  compte  de  l'état  intellectuel  et  mental  des  hommes  qui  prati- 
quaient ces  recettes  frauduleuses,  destinées  à  tromper  les  autres  par  de 
simples  apparences,  et  qui  avaient  cependant  fini  par  se  faire  illusion  à 
eux-mêmes,  et  par  croire  réaliser,  à  l'aide  de  quelque  rite  mystérieux,  la 
transformation  effective  de  ces  alliages  semblables  à  l'or  et  à  l'argent  en  un 
or  et  en  un  argent  véritables  ? 

Quoi  qu^'il  en  soit,  nous  devons  remercier  vivement  M.  Leemans  d'avoir 
terminé  sur  ce  point,  avec  un  zèle  que  la  vieillesse  n''a  pas  épuisé,  une 
œuvre  commencée  dans  son  âge  mûr,  il  y  a  quarante-deux  ans.  Elle  fait 
partie  de  la  vaste  publication  des  papyrus  de  Leide,  poursuivie  par  lui 
depuis  près  d'un  demi-siècle.  Les  papyrus  grecs  n'en  constituent  d'ailleurs 
qu'une  partie  relativement  minime;  ils  viennent  compléter  les  impressions 
antérieures  des  papyrus  grecs  de  Paris  (i),  de  Turin  et  de  Berlin  (2).  J'ai  déjà 
examiné  ces  derniers  au  point  de  vue  chimique  (3),  ainsi  que  ceux  de  Leide, 
d'après  les  seules  indications  de  Reuvens  (4).  Il  convient  aujourd'hui  de 
procéder  à  une  étude  plus  approfondie  de  ces  derniers,  à  l'aide  du  texte 
complet  désormais  publié  :  je  ferai  cette  étude  surtout  au  point  de  vue 
chimique,  sur  lequel  je  puis  apporter  les  lumières  d'un  spécialiste,  réser- 
vant la  discussion  philologique  des  textes  à  des  savants  plus  compétents. 

Rappelons  d'abord  l'origine  des  papyrus  grecs  du  musée  de  Leide  ;  puis 
nous  décrirons  sommairement  les  principaux  écrits  contenus  dans  le 
tome  II,  tels  que  les  papyrus  'V,  W  et  X.  A  la  vérité,  les  deux  premiers 
sont  surtout  magiques  et  gnostiques.  Mais  ces  trois  papyrus  sont  associés 


(i)  Tome  XVIII,  1^  partie,  des  No-  (2)  Publié  par  Parthey,  sous  le  patro- 

tices  et  extraits  des  Manuscrits,  etc.,  nage  de  l'Académie  de  Berlin. 

publiés  par  l'Académie  des  inscriptions  (3)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  33  i. 

(1866),  volume  préparé  par  Letronne,  (4)  Même  ouvrage,  p.  80-94. 
Brunet  de  Presie  et  le  regretté  Egger. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  y 

entre  eux  étroitement,  par  le  lieu  où  ils  ont  été  trouvés  et  même  par 
certains  renvois  du  papyrus  X,  purement  alchimique,  au  papyrus  V 
spécialement  magique.  L^histoire  de  la  magie  et  du  gnosticisme  est  étroi- 
tement liée  à  celle  des  origines  de  ralchimie  :  les  textes  actuels  fournissent 
à  cet  égard  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  de  ce  que  nous  savions  déjà  (i). 
Le  dernier  papyrus  est  spécialement  chimique.  J'en  examinerai  les  recettes 
avec  plus  de  détail,  en  en  donnant  au  besoin  la  traduction,  autant  que  j'ai 
pu  réussir  à  la  rendre  intelligible. 

Les  papyrus  de  Leide,  grecs,  démotiques  et  hiéroglyphiques,  pro- 
viennent en  majeure  partie  d'une  collection  d'antiquités  égyptiennes, 
réunies  au  commencement  du  xix^  siècle  par  le  chevalier  d'Anastasi,  vice- 
consul  de  Suàde  à  Alexandrie.  Il  céda  en  1828  cette  collection  au  gouver- 
nement des  Pays-Bas.  Un  grand  nombre  d'entre  eux  ont  été  publiés  depuis, 
par  les  ordres  du  gouvernement  néerlandais.  Je  ne  m'occuperai  que  des 
papyrus  grecs.  Ils  forment,  je  le  répète,  deux  volumes  in-40,  l'un  de 
144  pages,  l'autre  de  3 10  pages  :  celui-ci  a  paru  l'an  dernier.  Le  texte  grec  y 
est  accompagné  par  une  version  latine,  des  notes  et  un  index,  enfin  par  des 
planches  représentant  le  fac-similé  de  quelques  lignes  ou  pages  des  manus- 
crits. En  ce  qui  touche  les  planches,  on  doit  regretter  que  M.  Leemans 
n'ait  pas  cru  devoir  faire  cette  reproduction,  au  moinspour  le  second  volume, 
par  le  procédé  de  la  photo-gravure  sur  zinc,  qui  fournit  à  si  bon  marché 
des  textes  si  nets,  absolument  identiques  avec  les  manuscrits  et  susceptibles 
d'être  tirés  typographiquement  d'une  façon  directe  (2).  Les  planches  litho- 
graphiées  des  Papj^ri  grœci  sont  beaucoup  moins  parfaites  et  ne  donnent 
qu'une  idée  incomplète  de  ces  vieilles  écritures,  plus  nettes  en  réalité, 
ainsi  que  j'ai  pu  m'en  assurer  sur  des  épreuves  photographiques  que  je  dois 
à  l'obligeance  de  M.  Révillout. 

Le  tome  I,  qui  a  paru  en  1843,  est  consacré  aux  papyrus  notés  A,  B,  C, 
jusqu'à  V,  papyrus  relatifs  à  des  procès  et  à  des  contrats,  sauf  deux,  qui 
décrivent  des  songes:  ces  papyrus  sont  curieux  pour  l'étude  des  mœurs  et 
du  droit  égyptien  ;  mais  je  ne  m'y  arrêterai  pas,  pour  cause  d'incompétence. 


(I)  Voir  également  :  Origines  de  l'Ai-      |  (2)  Voir  les  Signes  et  les  XotJtions 

chimie,  p.  211.  )      alchimiques,  dans  le  présent  volume. 


8  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Je  ne  m'arrêterai  pas  non  plus  dans  le  tome  II  au  papyrus  Y,  qui  renferme 
seulement  un  abécédaire,  ni  au  papyrus  Z,  trouvé  à  Philoe,  très  postérieur 
aux  autres;  car  il  a  été  écrit  en  Tannée  391  de  notre  ère,  et  renferme 
la  supplique  d'Apion,  «  évéque  de  la  légion  qui  tenait  garnison  à  Syène, 
Contre-Syène  et  Eléphantine  »  :  cette  supplique  est  adressée  aux  empereurs 
Théodose  et  Valentinien,  pour  réclamer  leur  secours  contre  les  incursions 
et  déprédations  des  barbares. 

Décrivons  au  contraire  avec  soin  les  trois  papyrus  magiques  et  alchi- 
miques. 

PAPYRUS    V 

Le  papyrus  V  est  bilingue,  grec  et  démotique;  il  est  long  de  S"",  60,  haut 
de  24  centimètres;  le  texte  démotique  y  occupe  22  colonnes,  longues  chacune 
de  3o  à  35  lignes.  Le  texte  grec  y  occupe  17  colonnes  de  longueur  inégale. 

Le  commencement  et  la  tin  sont  perdus.  Il  paraît  avoir  été  trouvé  à 
Thèbes,  I'  a  été  écrit  vers  le  iii^  siècle,  d'après  le  style  et  la  forme  de  récri- 
ture, comme  d'après  Tanalogiede  son  contenu  avec  les  doctrines  gnostiques 
de  Marcus.  Le  texte  grec  est  peu  soigné,  rempli  de  répétitions,  de  solécismes, 
de  changements  de  cas,  de  fautes  d'orthographe  attribuables  au  mode  de 
prononciation  locale,  telles  que  at  pour  e  et  réciproquement;  v.  pour  t, 
u  pour  Cl,  etc.  Il  contient  des  formules  magiques  :  recettes  pour  philtres^ 
pour  incantations  et  divinations,  pour  procurer  des  songes.  Ces  formules 
sont  remplies  de  mots  barbares  ou  forgés  à  plaisir  et  analogues  à  celles  que 
l'on  lit  dans  Jamblique  (De  Mysteriis  Egjytiorum)  et  chez  les  gnostiques. 
Donnons  seulement  l'incantation  suivante,  qui  ne  manque  pas  de  grandeur. 

Les  portes  du  ciel  sont  ouvertes  ; 

Les  portes  de  la  terre  sont  ouvertes  ; 

La  route  de  la  mer  est  ouverte  ; 

La  route  des  fleuves  est  ouverte  ; 

Mon  esprit  a  été  entendu  par  tous  les  dieux  et  les  génies  ; 

Mon  esprit  a  été  entendu  par  l'esprit  du  ciel  ; 

Mon  esprit  a  été  entendu  par  l'esprit  de  la  terre  ; 

Mon  esprit  a  été  entendu  par  l'esprit  de  la  mer  ; 

Mon  esprit  a  été  entendu  par  l'esprit  des  fleuves. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  9 

Ce  texte  rappelle  le  refrain  d'une  tablette  cunéiforme,  citée  par  F.  Lenor- 
mand  dans  son  ouvrage  sur  la  magie  chez  les  Chaldéens. 

Esprit  du  ciel, souviens-toi. 
Esprit  de  la  terre,  souviens-toi. 

Dans  le  papyrus  actuel  on  retrouve  la  trace  des  vieilles  doctrines  e'gyp- 
tiennes,  défigurées  par  l'oubli  oii  elles  commençaient  à  tomber.  Les  noms 
juifs,  tels  que  Jao,  Sabaoth,  Adonaï,  Abraham,  etc.,  celui  de  l'Abraxa,  l'impor- 
tance de  l'anneau  magique  dontla  pierre  porte  la  figure  du  serpent  qui  se  mord 
la  queue,  anneau  qui  procure  gloire,  puissance  etrichesse(i),  le  rôleprépon- 
dérant  attribué  au  nombre  sept  (2),  «  nombre  des  lettres  du  nom  de  Dieu, 
suivan"-  '.'harmonie  des  sept  tons  » ,  l'invocation  du  grand  nom  de  Dieu  (3),  la 
citation  des  quatre  bases  et  des  quatre  vents  :  tout  cela  rappelle  les  gnosti- 
ques  et  spécialement  (4)  les  sectateurs  de  Marcus,  au  iii«  siècle  de  notre  ère. 
Les  pierres  gravées  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  portent  de  même 
la  figure  du  serpent  ouroboros,  avec  les  sept  voyelles  et  divers  signes  caba- 
listiques (5)  du  même  ordre.  Ce  serpent  joue  d'ailleurs  en  Alchimie  un  rôle 
fondamental.  Le  nom  de  Jésus  ne  paraît  qu'une  seule  fois  dans  le  papyrus, 
au  miliei  June  formule  magiqu'  (6)  et  sans  attribution  propre.  Le  papyrus 
n'f  donc  point  d'attaches  chrétiennes.  Par  contre,  les  Egyptiens,  les  Grecs 
et  les  Hébreux  sont  fréquemment  rapprochés  et  mis  en  parallèle  dans  les 
invocations  (col.  8,  '..  1 5)  :  ce  qui  est  caractéristique.  Signalons  aussi  le  nom 
des  Parthes  (7),  qui  disparurent  avant  le  milieu  du  iii«  siècle  de  notre  ère  et 
dont  il  n'est  plus  question  ultérieurement  ;  il  figure  dans  le  papyrus  V,  aussi 
bien  que  dan.,  'un  des  écrits  de  l'alchimiste  Zosime.  Plusieurs  auteurs  sont 
cités  dans  le  :)apyrus,  mais  ils  appartiennent  au  même  genre  de  littérature. 
Les  uns,  tels  que  Zminis  le  Tentyrite,  Hémérius,  Agathoclès  et  Urbicus, 
sont  des  magiciens,  inconnus  ailleurs.  Mais  Apollo  Béchès  (Horus  l'Eper- 
vier  ou  Pébéchius),  Ostanès,  Démocrite  et  Moïse,  lui-même,  figurent  déjà  à 

(i)  Papyrus  V,  co'.  8,  1.  24;  col.  G,      !  (4)  Prp.  V,  col.  ■^,  '.   i»o.  20,  etc.  — 


1.  26. 

(2)  ^ap.  V,  col.  I,  1.  21,  i'5,  3o;  col.  4, 
1.  i3;  col.  8,  1.  6;  col.  9,  1.  20,  etc. 

(3)  Col.  5,  1.  \3;  col.^'S,  1.  i3. 


Origine,  <.'e  l'Alchimie,  p.  34. 
(3)  Origine^  de  l'Alchimie^  p.  Ù2. 

(6)  Pnp.  V,  col.  6,  1.  17. 

(7)  Pap.  V,  col.  ^N  1.  iS. 


10  CHIMIE    DES    ANCIENS 

ce  même  titre  dans  Pline  TAncien,  et  ils  Jouent  un  grand  rôle  chez  les 
alchimistes.  Au  contraire,  dans  le  papyrus,  Agathodémon  n'est  pas  encore 
évhémérisé  et  transformé  en  un  écrivain,  comme  chez  ces  derniers  :  c'est 
toujours  la  divinité  «  au  nom  magique  de  laquelle  la  terre  accourt,  l'enfer 
est  troublé,  les  tleuves,  la  mer,  les  lacs,  les  fontaines,  sont  frappées  de  con- 
gélation, les  rochers  se  brisent  ;  celle  dont  le  ciel  est  la  tête,  Tcther  le  corps, 
la  terre  les  pieds,  et  que  l'Océan  environne  (pap.  V,  col.  7,  1.  3o).  Il  y  a  là 
un  indice  d'antiquité  plus  grande. 

Trois  passages  méritent  une  attention  spéciale  pour  l'histoire  de  la 
science;  ce  sont  :  la  sphère  de  Démocrite,  astrologico-médicale  ;  les  noms 
secrets  donnés  aux  plantes  par  les  scribes  sacrés  ;  et  les  recettes  alchi- 
miques. Le  mélange  de  ces  notions,  dans  le  même  papyrus,  avec  les  incan- 
tations et  recettes  magiques,  est  caractéristique.  Je  consacrerai  un  article 
spécial  à  la  sphère  de  Démocrite  et  aux  figures  du  même  ordre  qui  existent 
dans  plusieurs  manuscrits  grecs. 

Les  noms  sacrés  des  plantes  donnent  lieu  à  des  rapprochements  analo- 
gues entre  le  papyrus,  les  écrits  alchimiques  et  l'ouvrage,  tout  scientifique 
d'ailleurs,  de  Dioscoride.  Voici  le  texte  du  papyrus  V  (col.  12  fin  et 
col.  i3). 

«  Interprétation  tirée  des  noms  sacrés  dont  se  servaient  les  scribes  sacrés, 
afin  de  mettre  en  défaut  la  curiosité  du  vulgaire.  Les  plantes  et  les  autres 
choses  dont  ils  se  servaient  pour  les  images  des  dieux  ont  été  désignées  par 
eux  de  telle  sorte  que,  faute  de  les  comprendre,  on  faisait  un  travail  vain,  en 
suivant  une  fausse  route.  Mais  nous  en  avons  tiré  l'interprétation  de  beau- 
coup de  descriptions  et  renseignements  cachés.  » 

Suivent  3/  noms  de  plantes,  de  minéraux,  etc.,  les  noms  réels  étant  mis 
en  regard  des  noms  mystiques.  Ceux-ci  sont  tirés  du  sang,  de  la  semence, 
des  larmes,  de  la  bile,  des  excréments  et  des  divers  organes  (tête,  cœur,  os, 
queue,  poils,  etc.)  des  dieux  égyptiens  grécisés  (Héphaistos  ou  Vulcain, 
Hermès  ou  Mercure,  Vesta,  Hélios  ou  Soleil,  Cronos  ou  Saturne,  Hercule, 
Ammon,  Ares  ou  Mars)  ;  des  animaux  (serpent,  ibis,  cynocéphale,  porc, 
crocodile,  lion,  taureau,  épervier),  enfin  de  l'homme  et  de  ses  diverses 
parties  (tête,  œil,  épaule).  La  semence  et  le  sang  y  reparaissent  continuel- 
lement :   sang  de  serpent,   sang  d'Héphaistos,   sang  de  Vesta,   sang  de 


PAPYRUS    DE    LEIDE  I  t 

l'œil,  etc.  ;  semence  de  lion,  semence  d'Hermès,  semence  d'Ammon;  os 
d'ibis,  os  de  médecin,  etc.  Or  cette  nomenclature  bizarre  se  retrouve 
dans  Dioscoride.  En  décrivant  les  plantes  et  leurs  usages  dans  sa  Matière 
médicale,  il  donne  les  synonymes  des  noms  grecs  en  langue  latine,  égyp- 
tienne, dacique,  gauloise,  etc.,  synonymie  qui  contient  de  précieux  ren- 
seignements. On  y  voit  figurer,  en  outre,  les  noms  tirés  des  ouvrages  qui 
portaient  les  noms  d'Ostanès  (i),  de  Zoroastre  (2),  de  Pythagore  (3),  de 
Pétésis  (4),  auteurs  également  cités  par  les  alchimistes  et  par  les  Geoponica. 
On  y  lit  spécialement  les  noms  donnés  par  les  prophètes  (5),  c'est-à-dire 
par  les  scribes  sacerdotaux  de  l'Egypte  :  j'ai  relevé  54  de  ces  noms,  formés 
précisément  suivant  les  mêmes  règles  que  les  noms  sacrés  du  papyrus  : 
sang  de  Mars,  d'Hercule,  d'Hermès,  de  Titan,  d'homme,  d'ibis,  de  chat, 
de  crocodile;  sang  de  l'œil;  semence  d'Hercule,  d'Hermès,  de  chat;  œil 
de  Python  ;  queue  de  rat,  de  scorpion,  d'ichneumon  ;  ongle  de  rat,  d'ibis  ; 
larmes  de  Junon,  etc. 

Il  existe  encore  dans  la  nomenclature  botanique  populaire  plus  d'un 
nom  de  plante  de  cette  espèce  :  œil  de  bœuf,  dent  de  lion,  langue  de 
chien,  etc.,  lequel  nom  remonte  peut-être  jusqu'à  ces  vieilles  dénomi- 
nations symboliques  (6).  Le  mot  de  sang  dragon  désigne  aujourd'hui  la 
même  drogue  que  du  temps  de  Pline  et  de  Dioscoride.  Ces  dénominations 
offraient,  dès  l'origine,  bien  des  variantes.  Car,  dans  le  papyrus  comme 
dans  Dioscoride,  un  même  nom  s'applique  parfois  à  deux  ou  à  trois  plantes 
différentes.  Ainsi  le  nom  de  semence  d'Hercule  désigne,  dans  les  papyrus, 
la  roquette  ;  dans  Discoride,  le  safran  (I,  25),  le  myrte  sylvestre  (IV,  144) 
et  l'ellébore  (IV,  148).  Le  sang  de  Cronos  signifie  l'huile  de  cèdre  et  le  lait 
de  porc,  dans  le  papyrus.  D'autres  noms  ont  une  signification  différente  dans 
le  papyrus  et  dans  Dioscoride,  quoique  unique  dans  chacun  d'eux.  Ainsi 
la  semence  d'Hermès  signifie  l'anis   dans  le  papyrus  ;  le   bouphthalmon 


(i)  Diosc,  Ma^   médicale,  I,  9;  II,  134;  II,  144,  \?2,   i65,  180,  etc.;   III, 

193,  207;  III,  io5;  IV,  33,  126,  175.  6,  26,  28,  etc.;  IV,  4,  23,  etc. 

(2)  Ibid.,  II,  144;  IV,  175.  (6)  Cependant  ces   noms  populaires 

(3)  Ibid.,  II,  144,  207;  III,  33,  41.  sont  plutôt  destinés  à  faire  image.  A  ce 
(^)  Ibid.,  Y,  114.  titre,  ils  auraient  pu  précéder  la  nomen- 
(3)  Diosc,  Mat.  méd.,  I,  9,  2  5,  120,  clature  symbolique  et  en  suggérer  l'idée 


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CHIMIE    DES   ANCIENS 


dans  Dioscoride  (III,  146).  Le  sang  de  taureau  signifie  Tœuf  du  scarabée 
dans  le  papyrus,  le  Marriibium  dans  Dioscoride  (III,  109).  Réciproque- 
ment, une  même  plante  peut  avoir  deux  noms  différents  dans  les  deux  au- 
teurs. L'Artemisia  s'appelle  sang  deVulcain  dans  le  papyrus,  sang  humain 
dans  Dioscoride  (III,  117).  Un  seul  nom  se  trouve  à  la  fois  dans  le  papyrus 
et  dans  Dioscoride,  c'est  celui  de  VAnagaîHs,  désigné  par  le  mot  :  sang  de 
l'œil. 

On  voit  que  les  nomenclatures  des  botanistes  d'alors  ne  variaient  pas 
moins  que  celles  de  notre  temps,  alors  même  qu'elles  procédaient  de  con- 
ventions symboliques  communes,  comme  celles  des  prophètes  égyptiens. 
Quelques-uns  de  ces  mots  symboliques  ont  passé  aux  alchimistes,  mais 
avec  un  sens  différent;  tels  sont  les  noms  :  semence  de  Vénus,  pris  pour 
la  fleur  (oxyde,  carbonate,  etc.)  de  cuivre;  bile  de  serpent,  pris  pour  le  mer- 
cure, ou  bien  pour  l'eau  divine;  éjaculation  du  serpent,  pris  pour  le  mer- 
cure ;  Osirîs  (i),  pris  pour  le  plomb  (ou  le  soufre);  lait  de  la  vache  noire, 
pris  pour  le  mercure  tiré  du  soufre  (2);  sang  de  moucheron,  pris  pour  l'eau 
d'alabastron;  boue  (ou  lie)  deVulcain,  pour  l'orge,  etc.;  toutes  désignations 
tirées  du  vieux  lexique  alchimique.  Dans  le  papyrus  et  dans  Dioscoride, 
on  trouve  souvent  les  mêmes  mots,  mais  avec  une  autre  signification.  Tout 
ceci  concourt  à  reconstituer  le  milieu  intellectuel  et  les  sources  troublées 
où  a  eu  lieu  l'éclosion  des  premières  théories  de  la  chimie. 

Arrivons  aux  quelques  notions  de  cette  science  dont  le  papyrus  V  con- 
serve la  trace.  Elles  se  bornent  à  une  recette  d'encre,  en  une  ligne  (col.  12, 
1.  16)  et  à  un  procédé  pour  affiner   l'or  (col.  6,  1.  18). 

i"  L'encre  dont  il  s'agit  est  composée  avec  4  drachmes  de  misy,  2  drach- 
mes de  couperose  (verte),  2  drachmes  de  noix  de  galle,  3  drachmes  de 
gomme  et  4  drachmes  d'une  substance  inconnue,  désignée  par  deux  Z,  dans 
chacun  desquels  est  engagé  une  petite  lettre  complémentaire.  Un  signe  ana- 
logue existe  chez  les  alchimistes  et  les  médecins  et  paraît  signifier  pour 
eux  le  gingembre  (voir  plus  loin  le  tableau  des  signes  reproduit  d'après  une 
photogravure)  ;  mais  ce  sens  n'est  pas  applicable  ici.  Je  crois  qu'il  s'agit  de 


(i)  Dans  Dioscoride,  III,  80,  c'est  le 
nom  d'une  plante. 

(2)  Lait  d'une  vache  noire,  au  sens 


propre,  h  ce  qu'il   semble.   (Pap.   W, 
col.  3,  1.  43,  et  col.  4,  1.  4.) 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


l3 


Tencre  mystique  fabriquée  avec  les  sept  parfums  (i)  et  les  sept  fleurs  (2), 
au  moyen  de  laquelle  on  écrivait  les  formules  magiques  sur  le  nitre, 
diaprés  le  papyrus  suivant  (pap.  W,  col.  6,  1.  5  ;  col,  3,  1.  8  ;  col.  9,  1.  10  ; 
col.  10,1.  41)  :  en  effet,  la  lettre  Z  exprime  précisément  le  nombre  sept, 
et  se  retrouve,  isolée,  avec  ce  sens  dans  le  même  papyrus  (col.  1 1,  1.  26  ; 
V.  aussi  col.  6, 1.  5). 

Cette  composition  rappelle,  par  sa  complexité,  celle  du  Kyphi,  substance 
sacrée  (3)  des  Egyptiens. 

2°  Le  procédé  (4)  pour  affiner  l'or  ("Iwatç  -/pjjij),  (5),  ne  manque  pas  d'in- 
térêt, il  est  cité  d'ailleurs  dans  une  préparation  sur  la  coloration  de  l'or, 
donnée  dans  le  papyrus  X  alchimique  ;  ce  qui  établit  la  connexité  des 
deux  papyrus.  Ajoutons  qu'il  se  trouve  transcrit  entre  une  formule  pour 
demander  un  songe  (èv£'.p£-:r,Tdv)  et  la  description  d'un  anneau  magique  qui 
donne  le  bonheur;  ce  qui  montre  bien  le  milieu  intellectuel  d'alors:  les 
mêmes  personnes  pratiquaient  la  magie  et  la  chimie.  Enfin  ce  procédé  ren- 
ferme une  recette  intéressante,  par  sa  ressemblance  avec  la  méthode  con- 
nue sous  le  nom  de  cément  royal,  à  l'aide  de  laquelle  on  séparait  autre- 
fois l'or  et  l'argent.  Donnons  d'abord  la  traduction  de  ce  texte: 


(i)  Voici  le  texte  même  du  Papyrus 
W  :  «  Les  sept  parfums  sont  ;  le  styrax 
consacré  à  Saturne,  le  malabathrum  à 
Jupiter,  le  costus  à  Mars,  l'encens  au 
soleil,  le  nard  indien  à  Vénus,  le  casia 
à  Hermès,  la  myrrhe  à  la  lune.  » 

(2)  Voici  le  texte  du  papyrus  W  : 
«  Les  sept  fleurs,  d'après  Manéthon 
(l'astrologue),  sont:  la  marjolaine  com- 
mune, le  lis,  le  lotus,  Y Eriphyllium 
(renoncule  ?)  le  narcisse,  la  violette 
blanche,  la  rose.  »  (Pap.  W,  col.  i,  1. 
22.)  On  les  broie  dans  un  mortier  blanc 
21  jours  avant  la  cérémonie  et  on  les 
sèche  à  l'ombre. 

(3)  Origines  de  l'Alcli.,  p.  3o.  Diosc. 
Mat.  méd.\  I,  24. 

(4)  Papyri  grcvci,  V,  col.  6. 

(3)  Le  mot  "toi-.;  a  quatre  sens  :  il 
signifie  : 


i"  L'opération  de  la  rouille,  c'est-à- 
dire  l'oxydation  d'un  métal  ; 

2"  L'affinage  du  métal,  lequel  est 
souvent  connexe  avec  l'oxydation  du 
métal  impur,  celle-ci  tendant  h  éli- 
miner les  métaux  étrangers  dont  les 
oxydes  sont  plus  stables  :  ce  qui  est 
le  cas  des  métaux  alliés  à  l'or  dans  la 
nature  ; 

3'»  La  virulence,  ou  possession  d'une 
propriété  active  spécifique  ;  telle  notam- 
ment que  celle  que  l'oxydation  déve- 
loppe dans  certains  métaux;  mais  avec 
un  sens  plus  comprehensif  ; 

4"  Enfin  la  coloration  en  violet.  Ce 
dernier  sens,  qui  se  trouve  chez  les 
alchimistes  et  qui  répond  parfois  à  la 
formation  de  certains  dérivés  colorés  de 
l'or,  n'est  pas  applicable  ici. 


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CHIMIE    DES    ANCIENS 


u  Prenezdu  vinaigrepiquant  (i),  épaississez, prenez  de (2),  8  drachmes 

de  sel  commun,  2  drachmes  d'alun  lamelleux  (schiste),  4  drachmes  de 
litharge,  broyez  avec  le  vinaigre  pendant  3  jours,  séparez  par  décantation 
et  employez.  Alors  ajoutez  au  vinaigre  i  drachme  de  couperose,  une  demi- 
obole  de (3),  trois  oboles  de  chalcite  (4),  une  obole  et  demie  de  sory  (5), 

une  silique  [6)  de  sel  commun,  deux  siliques  de  sel  de  Cappadoce  (7).  Faites 
une  lame  ayant  deux  quarts  (d'obole?)  Soumettez-la  à  l'action  du  feu...  jus- 
qu'à ce  que  la  lame  se  rompe,  ensuite  prenez  les  morceaux  et  regardez-les 
comme  de  l'or  affiné. 

«  Ayant  pris  quatre  paillettes  (8)  d'or,  faites-en  une  lame,  chauffez-la  et 
trempez-la  dans  de   la  couperose   broyée  avec  de  l'eau  et  avec  une  autre 

(couperose)  sèche,  battez  (une  partie) avec  la  matière  sèche,  une  autre 

avec  la  matière  mélangée;  déversez  la  rouille  et  jetez  dans » 

Il  y  a  là  deux  recettes  distinctes.  Dans  toutes  deux  figure  le  sulfate 
de  cuivre  plus  ou  moins  ferrugineux,  sous  les  noms  de  chalcanthon  ou 
couperose  et  de  sory.  La  seconde  recette  semble  un  fragment  mutilé  d'une 
formule  plus  étendue.  La  première  présente  une  grande  ressemblance 
avec  une  formule  donnée  dans  Pline  pour  préparer  un  remède  avec  l'or, 
en  communiquant  aux  objets  torréfiés  avec  lui  une  propriété  spécifique 
active,  désignée  par  Pline  sous  le  nom  de  virus.  Remarquons  que  ce  mot 
est  la  traduction  littérale  du  grec  îé;,  rouille  ou  venin,  d'où  dérive  twcrtç  : 
ce  qui  complète  le  rapprochement  entre  la  formule  de  Pline  et  celle- du 
papyrus.  Voici  les  paroles  de  Pline  [Hist.  Nat.,  XXXIII,  25)  : 

«  On  torréfie  l'or  dans  un'vase  de  terre,  avec  deux  fois  son  poids  de  sel  et 


(i)  Le  texte  porte  optâou,  qui  n'a  pas 
de  sens  ;  c'est  op'.rrj  qu'il  faut  lire. 

(2)  Lacune. 

(3)  I  drachme  —  6  oboles,  mesure  de 
poids. 

(4)  Minerai  de  cuivre,  tel  que  la  pyrite. 

(5)  Produit  de  l'altération  de  la  pyrite, 
pouvant  renfermer  à  la  fois  du  sulfate 
de  cuivre  et  du  sulfate  de  fer  basique. 
Le  sory  est  congénère  du  misy,  produit 
d'altération  analogue,  mais  moins  riche 
en  cuivre.   (V.  Diosc.   Alat.    méd.,  V. 


1 16-1 18  ;  Pline,  i/.  A^.,  XXXIV,  3o,  3 1. 

(6)  Silique  =  tiers  de  l'obole,  mesure 
de  poids. 

(7)  Variété  de  sel  gemme. 

(8)  Le  texte  porte  le  mot  oÇe-.a.  Ce 
mot  ne  se  trouve  pas  dans  les  diction- 
naires et  a  fort  embarrassé  M.  Lee- 
mans  et  Reuvens,  qui  y  a  vu  le  nom  du 
roi  (ou  du  prophète)  juif  Osée.  Je  le 
rattacherai  à  ôÇo;,  nœud  ou  rameau.  Il 
répondrait  au  latin  ramentum,  si  fré- 
quent dans  Pline. 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


i5 


trois  fois  son  poids  de  misy  (i)  ;  puis  on  répète  Topération  avec  2  parties  de 
sel  et  I  partie  de  la  pierre  appele'e  schiste  (2).  De  cette  façon,  il  donne  des 
propriétés  actives  aux  substances  chauffées  avec  lui,  tout  en  demeurant  pur 
et  intact.  Le  résidu  est  une  cendre  que  l'on  conserve  dans  un  vase  de  terre.  » 

Pline  ajoute  que  Ton  emploie  ce  résiducomme  remède.  L'efficacitéde  l'or, 
le  plus  parfait  dés  corps,  contre  les  maladies  et  contre  les  maléfices  est  un 
vieux  préjugé.  De  là,  au  moyen  âge,  l'idée  de  l'or  potable.  La  préparation 
indiquée  par  Pline  devait  contenir  les  métaux  étrangers  à  l'or,  sous  forme 
de  chlorures  ou  d'oxychlorures.  Renfermait-elle  aussi  un  sel  d'or  ?  A  la  ri- 
gueur, il  se  pourrait  que  le  chlorure  de  sodium,  en  présence  des  sels  basi- 
ques de  peroxyde  de  fer,  ou  même  du  bioxyde  de  cuivre,  dégageât  du  chlore, 
susceptible  d'attaquer  l'or  métallique  ou  allié,  en  formant  du  chlorure  d'or, 
ou  plutôt  un  chlorure  double  de  ce  métal.  Mais  la  chose  n'est  pas  démon- 
trée. En  tous  cas,   l'or  se  trouve  affiné  dans  l'opération  précédente. 

C'est  en  effet  ce  que  montre  la  comparaison  de  ces  textes  avec  l'exposi- 
tion du  procédé  du  départ  par  cémentation,  donnée  par  Macquer  {Diction- 
naire de  chimie,  1778).  Il  s'agit  du  problème,  fort  difficile,  qui  consiste  à 
séparer  l'or  de  l'argent  par  voie  sèche.  On  y  parvient  aujourd'hui  aisément 
par  la  voie  humide,  qui  remonte  au  xvii^  siècle.  Mais  elle  n'était  pas  connue 
auparavant.  Au  moyen  âge  on  opérait  cette  séparation  soit  au  moyen  du 
cément  royal,  soit  au  moyen  d'une  sorte  de  coupellation,  assez  difficile  à 
réaliser,  et  où  le  soufre  et  l'antimoine  remplaçaient  le  plomb. 

Voici  la  description  donnée  par  Macquer  du  cément  royal,  usité  autrefois 
dans  la  fabrication  des  monnaies.  On  prend  4  parties  de  briques  pilées  et 
tamisées,  i  partie  de  vitriol  vert,  calciné  au  rouge,  i  partie  de  sel  commun  ; 
on  en  fait  une  pâte  ferme  que  l'on  humecte  avec  de  l'eau  ou  de  l'urine. 
On  la  stratifié  avec  des  lames  d'or  minces,  dans  un  pot  de  terre;  on  lutc 
le  couvercle  et  on  chauffe  à  un  feu  modéré  pendant  vingt-quatre  heures,  en 
prenant  garde  de  fondre  l'or.  On  répète  au  besoin  l'opération. 


(i)  Le  misy  représente  le  produit  de 
l'oxydation  lente  des  pyrites,  renfer- 
mant à  la  fois  du  sulfate  de  cuivre  et 
du  sulfate  de  fer  plus  ou  moins  basique. 
(Voir  plus  haut,  page  précéd.,  note  5). 


(2)  Le  schiste  do  Pline  signifie  un 
minerai  divisible  en  lamelles:  c'est  tan- 
tôt de  l'alun,  tantôt  un  minerai  de  ter 
congcnèrc  de  l'hématite  {Hist.  n.if.. 
XXVI,  37). 


i6 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


En  procédant  ainsi,  l'argent  et  les  autres  métaux  se  dissolvent  dans  le 
chlorure  de  sodium,  avec  le  concours  de  l'action  oxydante  et,  par  suite, 
chlorurante,  exercée  par  l'oxyde  de  fer  dérivé  du  vitriol  ;  tandis  que  l'or 
demeure  inattaqué.  Ce  procédéétait  même  employé,  d'après  Macquer,  parles 
orfèvres,  qui  ménageaient  l'action,  de  façon  à  changer  la  surface  d'un  bijou 
en  or  pur,  tandis  que  la  masse  centrale  demeurait  à  bas  titre. 

Il  est  facile  de  reconnaître  la  similitude  de  ce  procédé  avec  la  recette  de 
Pline  etavec celle  du  papyrus  égyptien.  Geber,  Albert  le  Grand  (pseudonyme) 
et  les  chimistes  du  moyen  âge  en  ont  gardé  constamment  la  tradition. 

PAPYRUS  W 

Passons  au  papyrus  W,  qui  fournit  plus  spécialement  des  lumières  sur 
les  relations  entre  la  magie  et  le  gnosticisme  juif.  11  est  formé  de  7  feuillets 
et  demi,  haut  de  ©'",27,  large  de  o°',32.  Il  renferme  25  pages  de  texte  en  let- 
tres onciales,  quelques-unes  cursives,  chacune  de  ces  pages  a  de  52à  3i  lignes, 
parfois  moins.  Il  remonte  au  iii^  siècle  et  se  rattache  fort  étroitement  aux  doc- 
trinesde  Marcus  et  des  Carpocratiens(i).  Il  esttiréprincipalementdesouvra- 
ges  apocryphes  de  Moïse,  écrits  à  cette  époque;  il  cite,  parmi  ces  ouvrages,  la 
Monade,  le  Livre  secret,  la  C le/ {2) ^le Livre  des  Archanges,  \q  Livre  lunaire, 
peut-être  aussi  un  Livre  sur  la  loi,  le  5^  livre  des  Ptolémaïques,  le  livre 
Panarètos  (3)  :  ces  derniers  donnés  sans  nom  d'auteur.  Tous  ces  ouvrages 
sont  congénères  et  probablement  contemporains  delà  Chimie  domestique  de 
Moïse,  dont  j'ai  retrouvé  des  fragments  étendus  dans  les  alchimistes  grecs  (4) 


(i)  Matler,  Hist.  du  gnosticisme,!.  II, 
p.  265. 

(2)  On  attribuait  à  Hermès  un  ou- 
vrage du  même  titre,  Kkdç,  adressé  à 
Toth,et  cité  par  Lactance  et  par  Stobée. 

(3)  Un  ouvrage  du  même  titre,  attri- 
bué à  Hermès  Trismégiste,  est  cité  par 
Scaliger,  dans  son  édition  de  Manz7ù/5, 
p.  209.  Il  y  était  question  des  sept 
«  sorts  »  répondant  aux  sept  planètes, 
savoir  : 


0'.  k-îZTX   y.kfipsi  èv  t^  Ilavapsto)  TptJ- 

Saturne  :  vE'jiea'.;. 
Jupiter  :  vi'/.t]. 
Mars  :  TdX;j.a. 
Soleil  :  àyaûo5a:tjL(ov. 
Vénus  :  Ëpw;. 
Mercure  :  âva-pcr). 

Lune  :  àyaOr)  Tjyri. 

(4)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  55,  i23, 
171. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  I7 

ainsi  que  des  écrits  de  Moïse  le  magicien  cité  dans  Pline  (i):  c'estla  même 
famille  d'apocryphes.  Lemanuscritactuel  est,  d'ailleurs,  rempli  de  solécismes 
et  de  fautes  d'orthographe,  attestant  l'ignorance  des  copistes  égyptiens.  On 
y  cite  Hermès  Ptéryx,  Zoroastre  le  Persan,  Tphé  l'hiérogrammate,  auteur 
d'un  livre  adressé  au  roi  Ochus,  Manéthon  l'astrologue,  le  même  sans  doute 
que  celui  dont  nous  possédons  un  poème,  les  mémoires  d'Evenus,  Orphée 
le  théologien.  Érotyle,  dans  ses  Orphiques.  Les  noms  d'Orphée  et  d'Éro- 
tyle  se  retrouvent  aussi  chez  les  alchimistes  grecs.  Le  nom  du  second,  cité 
aussi  par  Zosime,  a  été  d'ailleurs  méconnu  et  pris  pour  celui  d'un  instru- 
mentchimique;  sa  reproduction  dans  le  Papyrus  W  (Pa;y^rf,  t.  II,  p.  254)  en 
fixe  le  sens  définitif.  Toth  (t.  II,  p.  io3)  et  l'étoile  du  chien(II,  109-11 5)  rap- 
pellent la  vieille  Egypte.  Les  noms  d'Abraham,  Isaac,  Jacob,  Michel 
(t.  II,  p.  144-153),  celui  des  deux  Chérubins  (t.  Il,  p.  101I,  l'intervention  du 
temple  de  Jérusalem  (t.  II,  p.  99),  montrent  les  affinités  Juives  de  l'auteur. 
Apollon  et  le  serpent  Pythien  (II,  88)  manifestent  le  mélange  de  traditions 
grecques,  aussi  bien  que  dans  les  papyrus  de  Berlin  et  chez  les  alchi- 
mistes (2).  Ces  affinités  sont  en  même  temps  gnostiques.  C'est  ici  le  lieu  de 
rappeler  que  les  Marcosiens  avaient  composé  un  nombre  immense  d'ou- 
vrages apocryphes,  d'après  Irénée  {Hérésies,  I,  17).  Letitre  même  énoncé 
à  la  première  ligne  du  papyrus:  «  livre  sacré  appelé  Monas,  le  huitième  de 
Moïse,  sur  le  nom  saint  »,  est  tout  à  fait  conforme  aux  doctrines  des  Car- 
pocratiens,  pour  lesquels  Monas  était  le  grand  Dieu  ignoré  (3).  Le  grand  nom 
ou  le  saint  nom  possède  des  vertus  magiques  [Papyri,  t.  II,  p.  99);  il  rend 
invisible,  il  attire  la  femme  vers  l'homme,  il  chasse  le  démon,  il  guérit  les 
convulsions,  il  arrête  les  serpents,  il  calme  la  colère  des  rois,  etc.  Le  saint 
nom  est  appelé  aussi  Ogdoade  [Papyri,  t.  II,  p.  141)  et  formé  de  sept 
voyelles,  la  monas  complétant  le  nombre  huit.  Le  nombre  sept  joue  ici,  comme 
dans  toute  cette  littérature,  un  rôle  prépondérant:  il  est  subordonné  à  celui 
des  planètes  divines,  à  chacune  desquelles  est  consacrée  une  plante  et  un 
parfum  spécial  {Tapyri,  t.  II,  p.  33  ;  voir  ci-dessus  les  notes  de  la  p.  i3). 
Sans  nous  arrêter  aux  formules  d'incantation  et  de  conjuration,  farcies 


(i)  H.,  N.,  XXX.  2.  j         (3)    Matter,    Hist.    du  gnosticisme, 

(2)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  333.         |      t.  II,  p.  265. 


l8  CHIMIE   DES    ANCIENS 

de  mots  barbares,  nous  pouvons  relever,  au  point  de  vue  des  analogies 
historiques,  la  mention  du  serpent  qui  se  mord  la  queue  et  celle  des  sept 
voyelles  entourant  la  figure  du  crocodile  à  tête  d'épervier,  sur  lequel  se 
tient  le  Dieu  polymorphe  [Papyri,  t.  II,  p.  85).  C'est  encore  là  une  figure 
toute  pareille  à  celles  qui  sont  tracées  sur  les  pierres  gravées  de  la  Biblio- 
thèque nationale.  [Origines  de  ralchwiie,  p.  62). 

Citons  aussi  la  mention  de  l'Agathodémon  ou  serpent  divin  :  «  le  ciel 
est  ta  tête,  l'éther  ton  corps,  la  terre  tes  pieds,  et  l'eau  t'environne  ;  tu  es 
l'Océan  qui  engendre  tout  bien  et  nourrit  la  terre  habitée.  » 

J'y  relève,  en  passant,  quelques  mots  chimiques  pris  dans  un  sens  inac- 
coutumé :  tel  est  le  «  nitre  tétragonal  )i  (p.  85),  sur  lequel  on  doit  écrire  des 
dessins  et  des  formules  compliquées.  Ce  n'était  assurément  pas  notre 
salpêtre,  ni  notre  carbonate  de  soude,  qui  ne  se  prêteraient  guère  à  de  pa- 
reilles opérations.  Le  sulfate  de  soude  fournirait  peut-être  des  lames  suffi- 
santes; mais  il  est  plus  probable  qu'il  s'agit  ici  d'un  sel  insoluble,  suffisam- 
ment dur,  tel  que  le  carbonate  de  chaux  (spath  calcaire),  ou  le  sulfate  de 
chaux,  peut-être  le  feldspath  :  car  il  est  question  plus  loin  de  lécher  et  de 
laver  deux  de  ses  faces  (P^jy^rf,  t.  II, p.  91  )  ;  ilyalàune  énigme.  Sur  ce  nitre, 
on  écrit  avec  une  encre  faite  des  sept  fleurs  et  des  sept  aromates  {Papyri, 
t.  II,  p.  90,  99).  On  doit  y  peindre  une  «  stèle  »  sacrée  renfermant  l'invoca- 
tion suivante  : 

«  Je  t'invoque,  toi,  le  plus  puissant  des  dieux,  qui  as  tout  créé  ;  toi,  né  de 
toi-même,  qui  vois  tout,  sans  pouvoir  être  vu.  Tu  as  donné  au  soleil  la 
gloire  et  la  puissance.  A  ton  apparition,  le  monde  a  existé  et  la  lumière  a 
paru.  Tout  t'est  soumis,  mais  aucun  des  dieux  ne  peut  voir  ta  forme,  parce 
que  tu  te  transformes  dans  toutes Je  t'invoque  sous  le  nom  que  tu  pos- 
sèdes dans  la  langue  des  oiseaux,  dans  celle  des  hiéroglyphes,  dans  celle 

des  Juifs,  dans  celle  des  Egyptiens,  dans  celle  des   cynocéphales dans 

celle  des  éperviers,   dans  la  langue  hiératique » 

Ces  divers  langages  mystiques  reparaissent  un  peu  plus  loin,  après  une 
invocation  à  Hermès  et  en  tête  d'un  récit  gnostique  de  la  création,  récit  que 
je  reproduis  en  l'abrégeant,  afin  de  donner  une  idée  plus  complète  de  ce 
genre  de  littérature  qui  a  eu  un  rôle  historique  si  considérable. 

a  Le  Dieu  aux  neufs  formes  te  salue  en  langage  hiératique...  et  ajoute  : 


PAPYRUS    DE    LEIDE  I9 

je  te  précède,  Seigneur.  Ce  disant,  il  applaudit  trois  fois.  Dieu  rit  :  cha, 
cha,  cha,  cha,  cha,  cha,  cha  (sept  fois),  et  Dieu  ayant  ri,  naquirent  les  sept 
dieux  qui  comprennent  le  monde  ;  car  ce  sont  eux  qui  apparurent  d'abord. 
Lorsqu'il  eut  éclaté  de  rire,  la  lumière  parut  et  éclaira  tout;  carie  Dieu 
naissait  sur  le  monde  et  sur  le  feu.  Bessun,  berithen,  berio. 

«  Il  éclata  de  rire  pour  la  seconde  fois  :  tout  était  eau.  La  terre,  ayant 
entendu  le  son,  s'écria,  se  courba,  et  l'eau  se  trouva  partagée  en  trois.  Le 
Dieu  apparut,  celui  qui  est  préposé  à  l'abîme;  sans  lui  l'eau  ne  peut  ni 
croître,  ni  diminuer.  » 

Au  troisième  éclat  de  rire  de  Dieu,  apparaît  Hermès;  au  cinquième,  le 
Destin,  tenant  une  balance  et  figurant  la  Justice.  Son  nom  signifie  la  bar- 
que de  la  révolution  céleste  :  autre  réminiscence  de  la  vieille  mythologie 
égyptienne.  Puis  vient  la  querelle  d'Hermès  et  du  Destin,  réclamant  chacun 
pour  soi  la  Justice.  Au  septième  rire,  l'âme  naît,  puis  le  serpent  Pythien, 
qui  prévoit  tout  (i). 

J'ai  cité,  en  l'abrégeant,  tout  ce  travestissement  gnostique  du  récit  biblique 
des  sept  jours  de  la  création,  afin  d'en  montrer  la  grande  ressemblance  avec 
la  Pistis  Sophia  et  les  textes  congénères,  et  pour  mettre  en  évidence  le 
milieu  dans  lequel  vivaient  et  pensaient  les  premiers  alchimistes. 

PAPYRUS  X 

Nous  allons  maintenant  examiner  le  papyrus  X,  le  plus  spécialement 
chimique  :  il  témoigne  d'une  science  des  alliages  et  colorations  métalliques 
fort  subtile  et  fort  avancée,  science  qui  avait  pour  but  la  fabrication  et 
la  falsification  des  matières  d'or  et  d'argent  :  à  cet  égard,  il  ouvre  des  jours 
nouveaux  sur  l'origine  de  l'idée  de  la  transmutation  des  métaux.  Non  seu- 
lement l'idée  est  analogue;  mais  les  pratiques  exposées  dans  ce  papyrus 
sontles  mêmes,  comme  je  l'établirai,  que  celles  des  plus  vieux  alchimistes, 
tels  que  le  Pseudo-Démocrite,  Zosime,  Olympiodore,  le  Pseudo-Moïse. 
Cette  démonstration  est  de  la  plus  haute  importance  pour  l'étude  des  ori- 

(ij  Voir  plus  haut  (p.  iG,  note  3)  les  sept /.Xfipo;,  tires  tiu  livre  Paiurctos. 


20  CHIMIE    DES   ANCIENS 

gines  de  ralchimie.  Elle  prouve  en  effet  que  ces  origines  ne  sont  pas  fon- 
dées sur  des  imaginations  purement  chimériques,  comme  on  l'a  cru  quel- 
quefois ;  mais  elles  reposaient  sur  des  pratiques  positives  et  des  expériences 
véritables,  à  l'aide  desquelles  on  fabriquait  des  imitations  d'or  et  d'argent. 
Tantôt  le  fabricant  se  bornait  à  tromper  le  public,  sans  se  faire  illusion  sur 
ses  procédés  ;  c'est  le  cas  de  l'auteur  des  recettes  du  papyrus.  Tantôt,  au 
contraire,  il  ajoutait  à  son  art  l'emploi  des  formules  magiques  ou  des  prières, 
et  il  devenait  dupe  de  sa  propre  industrie. 

Les  définitions  du  mot  ^^  or  »,  dans  le  lexique  alchimique  grec  qui  fait 
partie  des  vieux  manuscrits,  sont  très  caractéristiques  :  elles  sont  au  nombre 
de  trois,  que  voici: 

«  On  appelle  or  le  blanc,  le  sec  et  le  jaune  et  les  matières  dorées,  à  l'aide 
desquelles  on  fabrique  les  teintures  solides;  » 

Et  ceci  :  «  L'or,  c'est  la  pyrite,  et  la  cadmie  et  le  soufre  ;  » 

Ou  bien  encore  :  «  L'or,  ce  sont  tous  les  fragments  et  lamelles  jaunis  et 
divisés  et  amenés  à  perfection.  » 

On  voit  que  le  mot  «or»,  pour  les  alchimistes  comme  pour  les  orfèvres  des 
papyrus  de  Leide,  et  j'ajouterai  même,  à  certains  égards,  pour  les  orfèvres  et 
les  peintres  d'aujourd'hui,  avait  un  sens  complexe  :  il  servait  à  exprimer 
l'or  vrai  d'abord,  puis  l'or  à  bas  titre,  les  alliages  à  teinte  dorée,  tout  objet 
doré  à  la  surface,  enfin  toute  matière  couleur  d'or,  naturelle  ou  artificielle. 
Une  certaine  confusion  analogue  règne  même  de  nos  jours,  dans  le  langage 
courant  ;  mais  elle  n'atteint  pas  le  fond  des  idées,  comme  elle  le  fit  autre- 
fois. Cette  extension  delà  signification  des  mots  était  en  effet  commune  chez 
les  anciens  ;  le  nom  de  Témeraude  et  celui  du  saphir,  par  exemple,  étaient 
appliqués  par  les  Egyptiens  aux  pierres  précieuses  et  vitrifications  les  plus 
diverses  (i).  De  même  que  l'on  imitait  l'émeraude  et  le  saphir  naturels,  on 
imitait  l'or  et  l'argent.  En  raison  des  notions  fort  confuses  que  l'on  avait 
alors  sur  la  constitution  de  la  matière,  on  crut  pouvoir  aller  plus  loin  et  on 
s'imagina  y  parvenir  par  des  artifices  mystérieux.  Mais,  pour  atteindre  le 
but,  il  fallait  mettre  en  œuvre  les  actions  lentes  de  la  nature  et  celles  dun 
pouvoir  surnaturel. 

(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  218. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  21 

«  Apprends,  ô  ami  des  Muses,  dit  Olympiodore,  auteur  alchimique  du 
a  commencement  du  v^  siècle  de  notre  ère,  apprends  ce  que  signifie  le  mot 
«  économie  (  i  )  et  ne  vas  pas  croire,  comme  le  font  quelques-uns,  que  l'action 
«  manuelle  seule  est  suffisante  :  non,  il  faut  encore  celle  de  la  nature,  et  une 
«  action  supérieure  à  l'homme.  » 

Et  ailleurs:  «  Pour  que  la  composition  se  réalise  exactement,  dit  Zosime; 
«  demandez  par  vos  prières  à  Dieu  de  vous  enseigner,  car  les  hommes  ne 
a  transmettent  pas  la  science;  ils  se  jalousent  les  uns  les  autres,  et  l'on  ne 

X  trouve  pas  la  voie Le  démon  Ophiuchus  entrave  notre  recherche,  ram- 

«  pant  de  tous  côtés  et  amenant  tantôt  des  négligences,  tantôt  la  crainte, 
"  tantôt  l'imprévu,  en  d'autres  occasions  les  afflictions  et  les  châtiments,  afin 
a  de  nous  faire  abandonner  l'œuvre.  » 

De  là  la  nécessité  de  faire  intervenir  les  prières  et  les  formules  magi- 
ques, soit  pour  conjurer  les  démons  ennemis,  soit  pour  se  concilier  la 
divinité. 

Tel  était  le  milieu  scientifique  et  moral  au  sein  duquel  les  croyances  à  la 
transmutation  des  métaux  se  sont  développées  :  il  importait  de  le  rappeler. 
Mais  il  est  du  plus  haut  intérêt,  à  mon  avis,  de  constater  quelles  étaient 
les  pratiques  réelles,  les  manipulations  positives  des  opérateurs.  Or  ces  pra- 
tiques nous  sont  révélées  par  le  papyrus  de  Leide,  sous  la  forme  la  plus 
claire  et  en  concordance  avec  les  recettes  du  Pseudo-Démocrite  et  d'Olym- 
piodore.  Nous  sommes  ainsi  conduits  à  étudier  avec  détail  les  recettes  du 
papyrus,  qui  contient  la  forme  première  de  tous  ces  procédés  et  doctrines. 
Dans  le  Pseudo-Démocrite,  et  plus  encore  dans  Zosime,  elles  sont  déjà  com- 
pliquées par  des  imaginations  mystiques  ;  puis  sont  venus  les  commenta- 
teurs, qui  ont  amplifié  de  plus  en  plus  la  partie  mystique,  en  obscurcissant 
ou  éliminant  la  partie  pratique,  à  la  connaissance  exacte  de  laquelle  ils 
étaient  souvent  étrangers.  Les  plus  vieux  textes,  comme  il  arrive  souvent, 
sont  ici  les  plus  clairs. 

Donnons  d'abord  ce  que  l'on  sait  sur  l'origine  de  ce  papyrus,  ainsi  que  sa 
description.  Le  papyrus  X  a  été  trouvé  à  Thèbes,  sans  doute  avec  les  deux 
précédents;  car  la  recette  i5  qui  s'y  trouve  s'en  réfère  au  procédé  d'affinage 


(i)  Il  s'agit  du  traitement  mis  en  pratique  pour  fabriquer  l'or. 


22  CHIMIE     DES    ANCIENS 

de  l'or  cité  dans  le  papyrus  V  (v.  plus  haut,  p.  i3).  Il  est  formé  de  dix 
grandes  feuilles,  hautes  de  ©'"Bo,  larges  de  o™34,  plices  en  deux  dans  le 
sens  de  la  largeur.  Il  contient  seize  pages  d'écriture,  de  vingt-huit  à  qua- 
rante-sept lignes,  en  majuscules  de  la  lin  du  m*  siècle.  Il  renferme  soixante- 
quinze  formules  de  métallurgie,  destinées  à  composer  des  alliages,  en  vue 
de  la  fabrication  des  coupes,  vases,  images  et  autres  objets  d'orfèvrerie  ;  à 
souder  ou  à  colorer  superficiellement  les  métaux;  à  enessayerlapureté,  etc.; 
formules  disposées  sans  ordre  et  avec  de  nombreuses  répétitions.  Il  y  a 
en  outre  quinze  formules  pour  faire  des  lettres  d'or  ou  d'argent,  sujet 
connexe  avec  le  précédent.  Le  tout  ressemble  singulièrement  au  carnet  de 
travail  d'un  orfèvre,  opérant  tantôt  sur  les  métaux  purs,  tantôt  sur  les  mé- 
taux alliés  ou  falsifiés.  Ces  textes  sont  remplis  d'idiotismes,  de  fautes  d'or- 
thographe et  de  fautes  de  grammaire  :  c'est  bien  là  la  langue  pratique  d'un 
artisan.  Ils  offrent  d'ailleurs  le  cachet  d'une  grande  sincérité,  sans  ombre 
de  charlatanisme,  malgré  l'improbité  professionnelle  des  recettes.  Puis  vien- 
nent onze  recettes  pour  teindre  les  étoffes  en  couleur  pourpre,  ou  en  couleur 
glauque.  Le  papyrus  se  termine  par  dix  articles  tirés  de  la  Matière  médi- 
cale de  Dioscoride,  relatifs  aux  minéraux  mis  en  œuvre  dans  les  recettes 
précédentes. 

On  voit  par  cette  cnumération  que  le  même  opérateur  pratiquait  l'or- 
fèvrerie et  la  teinture  des  étoffes  précieuses.  Mais  il  semble  étranger  à  la 
fabrication  des  émaux,  vitrifications,  pierres  précieuses  artificielles.  Du 
moins  aucune  mention  n'en  est  faite  dans  ces  recettes,  quoique  le  sujet 
soit  longuement  traité  dans  les  écrits  des  alchimistes.  Le  papyrus  X  ne 
s'occupe  d'ailleurs  que  des  objets  d'orfèvrerie  fabriqués  avec  les  métaux 
précieux;  les  armes,  les  outils  et  autres  gros  ustensiles,  ainsi  que  les 
alliages  correspondants,  ne  figurent  pas  ici. 

Les  recettes  relatives  aux  métaux  sont  inscrites  sans  ordre,  à  la  suite  les 
unes  des  autres.  Cherchons-en  d'abord  les  caractères  généraux. 

En  les  examinant  de  plus  près,  on  reconnaît  qu'elles  ont  été  tirées  de 
divers  ouvrages  ou  traditions.  En  effet,  les  unités  auxquelles  se  rappor- 
tent ces  compositions  métalliques  sont  différentes,  quoique  spéciales  pour 
chaque  recette.  L'écrivain  y  parle  tantôt  de  mesures  précises,  telles  que  les 
mines,  statères,  drachmes,  etc.   (le  mot  drachme  ou  le  mot  statère  étant 


PAPYRUS    DE    LEIDE  23 

employé  de  préférence)  ;  tantôt  il  se  sert  du  mot  partie  ;  tantôt  enfin  du 
mot  mesure. 

La  teinture  des  métaux  est  désignée  par  plusieurs  mots  distincts  : 

y^puaiou  xpwctç,  teinture  en  or  ; 

àpyùpo'j  ypÙGiùaiq,  dorure  de  l'argent; 

5(aXxou  y^p\)ao(f(x^ouq  zotYjaiç,  coloration  (superficielle)  du  cuivre  en  or. 

;(p(ai<;,   coloration  par  enduits  ou  vernis. 

)jpucou  xaTa6açiq  ;  il  s'agit  d'une  teinture  en  or,  superficielle  et  opérée 

par  voie  humide. 
âoT^iIxou  xaTaêafYJ  ;   cette  fois  c'est  une  teinture  en  argent,  ou  plutôt 

en  asèm,  faite  à  chaud,  avec  trempe. 

Nous  avons  affaire,  je  le  répète,  à  plusieurs  collections  de  recettes  de 
dates  et  d'origines  diverses,  mises  bout  à  bout.  C'est  ce  que  confirment  les 
répétitions  qu'on  y  rencontre. 

Ainsi,  la  même  recette  pour  préparer  ïasèm  (i)  fusible  (amalgame  de 
cuivre  et  d'étain)  reparaît  trois  fois.  L'asèm,  dans  une  formule  où  il  est 
spécialement  regardé  comme  un  amalgame  d'étain,  figure  deux  fois  avec 
de  légères  variantes  ;  la  coloration  en  asèm,  deux  fois  ;  la  coloration  du 
cuivre  en  or  à  l'aide  du  cumin,  trois  fois;  la  dorure  apparente,  à  l'aide 
de  la  chélidoine  et  du  misy,  deux  fois  ;  récriture  en  lettres  d'or,  à  l'aide 
de  feuilles  d'or  et  de  gomme,  deux  fois.  D'autres  recettes  sont  repro- 
duites, une  fois  en  abrégé,  une  autre  fois  avec  développement  :  par 
exemple,  la  préparation  de  la  soudure  d'or,  l'écriture  en  lettres  d'or  au 
moyen  d'un  amalgame  de  ce  métal,  la  môme  écriture  au  moyen  du  soufre 
et  du  corps  appelé  alun.  En  discutant  déplus  près  ces  répétitions,  on  pour- 
rait essayer  de  reconstituer  les  recueils  originels,  si  ce  travail  semblait 
avoir  quelque  intérêt. 

Les  recettes  mêmes  offrent  une  grande  diversité  dans  le  mode  de  rédac- 
tion :  les  unes  sont  les  descriptions  minutieuses  de  certaines  opérations, 
mélanges  et  décapages,  fontes  successives,  avec  emploi  de  fondants  divers. 
Dans  d'autres,  les  proportions  seules  des  métaux  primitifs  figurent,  avec 

(l)  Voir  plus  loin  ces  diverses  recettes. 


24  CHIMIE    DES   ANCIENS 

l'énoncé  sommaire  des  opérations,  les  fondants  eux-mêmes  étant  omis.  Par 
exemple  (pap.  X,  col.  i,  1.  5),  on  lit  :  le  plomb  et  l'étain  sont  purifiés  par 
la  poix  et  le  bitume;  ils  sont  rendus  solides  par  l'alun,  le  sel  de  Gappadoce 
et  la  pierre  de  Magnésie  jetés  à  la  surface.  Dans  certaines  recettes  on  n'in- 
dique que  les  proportions  des  ingrédients,  et  sans  qu'il  soit  fait  mention  des 
opérations  auxquelles  ils  sont  destinés.  Ainsi  : 

a  Asèm  fusible  (col.  2,  1.  14)  :  cuivre  de  Chypre,  une  mine  ;  étain  en 
baguettes,  une  mine  ;  pierre  de  Magnésie,  seize  drachmes  ;  mercure,  huit 
drachmes  ;  pierre  de  Paros,  vingt  drachmes.  » 

Parfois  même  l'auteur  se  borne  à  donner  la  proportion  de  quelques- 
uns  des  produits  seulement:  «  Pour  écrire  en  lettres  d'or  (col.  6,  1.  i): 
litharge  couleur  d'or  une  partie,  alun  deux  parties.  » 

Ceci  ressemble  beaucoup  à  des  notes  de  praticiens,  destinées  à  conserver 
seulement  le  souvenir  d'un  point  essentiel,  le  reste  étant  confié  à  la  mémoire. 

Les  recettes  finales  :  asèm  égyptien,  d'après  Phiménas  le  Saïte  ;  eau 
de  soufre  ;  dilution  de  Vasèm,  etc.;  ont  au  contraire  un  caractère  de  com- 
plication spéciale  qui  rappelle  les  alchimistes  ;  aussi  bien  que  les  signes 
planétaires  de  l'or  et  de  l'argent,  inscrits  dans  la  dernière. 

Deux  questions  générales  se  présentent  encore,  avant  d'aborder  l'étude 
détaillée  de  ces  textes  :  celle  des  auteurs  cités  et  celle  des  signes  ou  abré- 
viations. Un  seul  auteur  est  nommé  dans  le  papyrus  X,  sous  le  titre  : 
Procédé  de  Phiménas  le  Saïte  pour  préparer  Vasèm  égyptien  (col.  1 1,  1.  i5). 
Ce  nom  paraît  le  même  que  celui  de  Pamménès,  prétendu  précepteur 
de  Démocrite,  cité  par  Georges  le  Syncelle,  et  qui  figure  dans  les  textes 
alchimistes  de  nos  manuscrits  (i).  Ce  nom  s'écrit  aussi  Paménasis  et  Pa- 
ménas,  peut-être  même  Phaminis  :  dévoué  au  dieu  Mendès  ;  dévoué  au 
roi  Menas  (2).  Le  rapprochement  entre  Phiménas  et  Pamménès  doit  être 
regardé  comme  certain  :  attendu  que  la  dernière  des  deux  recettes  don- 
nées sous  le  nom  de  Phiménas  dans  le  papyrus  se  trouve  presque  sans 
changement  dans  le  Pseudo-Démocrite,  parmi  des  recettes  attribuées 
pareillement  à  l'Egyptien  Pamménès  :  j'y  reviendrai. 


(1)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  170.  !      peut  en  rapprocher  le  nom  grécisé  de 

(2)  Papyri  grceci,  t.  II,  p.  2  5o.  On      |      Ménodore. 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


25 


Il  y  a  quelque  intérêt  à  comparer  les  signes  et  abréviations  du  papyrus 
avec  les  signes  des  alchimistes.  Je  note  d'abord  le  signe  de  l'or  (col.  12, 
1.  20),  qui  est  le  même  que  le  signe  astronomique  du  soleil,  précisément 
comme  chez  les  alchimistes  :  c'est  le  plus  vieil  exemple  connu  de  cette 
identification.  A  côté  figure  le  signe  lunaire  de  l'argent  (i).  Ces  notations 
symboliques  ne  s'étendent  pas  encore  aux  autres  métaux.  On  trouve  aussi 
dans  le  papyrus  (col.  9,  1.  42  et  44)  un  signe  en  forme  de  pointe  de  flèche, 
à  la  suite  des  mots  Oetou  aTcùpou  (soufre  apyre)  :  ce  signe  est  pareil  à  celui 
qui  désigne  le  fer,  ou,  dans  certains  cas,  répété  deux  fois,  les  pierres,  dans 
les  écrits  alchimiques  (2).  Dans  le  papyrus  il  semble  qu'il  exprime  une 
mesure  de  poids.  Les  autres  signes  sont  surtout  des  abréviations  techniques, 
parmi  lesquelles  je  note  celle  de  l'alun  lamelleux  G-'jT.-r,pix  ^y}'^~h  :  l'une 
d'elles  en  particulier  (pap.  X,  col.  6,  1.  19)  est  toute  pareille  à  celle  des  alchi- 
mistes (3) .  Les  noms  des  mesures  sont  abrégés  ou  remplacés  par  des  signes, 
conformément  à  un  usage  qui  existe  encore  de  notre  temps  dans  les  recettes 
techniques  de  la  pharmacie. 

11  convient  d'entrer  maintenant  dans  l'examen  détaillé  des  cent  onze  arti- 
cles du  papyrus  :  articles  relatifs  aux  métaux,  au  nombre  de  quatre-vingt-dix, 
dont  un  sur  l'eau  divine  ;  articles  sur  la  teinture  en  pourpre,  au  nombre  de 
onze  ;  enfin  dix  articles  extraits  de  Dioscoride.  La  traduction  complète  des 
articles  sur  les  métaux  va  être  donnée  et  suivie  d'un  commentaire;  mais 
je  ne  m'arrêterai  guère  sur  les  procédés  de  teinture  proprement  dite,  fondés 
principalement  sur  l'emploi  de  l'orcanette  et  de  l'orseiile,  procédés  dont 
quelques-uns  sont  à  peine  indiqués  en  une  ligne:  comme  si  l'écrivain  avait 
copié  des  lambeaux  d'un  texte  qu'il  ne  comprenait  pas.  D'autres  sont  plus 
complets.  Le  tout  est  du  même  ordre  que  la  recette  de  teinture  en  pourpre 


(i)  Le  signe  de  l'or  est  absolument  aussi  par  L«ji<.7  ,•  mais  il  n'a  pas  compris 

certain.    Quant   à    celui    de    l'argent,  qu'il  s'agissait  ici  de  lor  et  de  l'argent. 

M.  Leemans  a  pris  ce  signe  pour  un  [1)    Voir  les   photogravures  que    je 

B  :  il  est  assez  mal  dessiné,  comme  le  reproduis   plus   loin   dans   le    présent 

montre  la  photographie  que  je  possède;  volume:  Planche  1,  1.  21  ;  PI.  II,  1.   3; 

mais  le  texte  ne  me  paraît  pas  suscep-  PI.  IV,  I.  2  5;  PI.  VIII,  1.  23. 

tible  d'une  autre  interprétation.  M.  Lee-  (3)  Ibid.,  PI.  11,1.  5  adroite;  PI.  IV» 

mansdanssesnotes(t.Il,p.257)letraduit  1.  21. 


26  CHIMIE    DES    ANCIENS 

du  Pseudo-Démocrite,  contenue  dans  les  manuscrits  alchimiques  et  dont 

j'ai  publié  naguère  le  texte  et  la  traduction. 

J'ai  collaiionné  avec  soin  les  dix  articles  extraits  de  Dioscoride,  tous 
relatifs  à  des  minéraux  employés  dans  les  recettes,  et  qui  donnent  la  mesure 
des  connaissances  minéralogiques  de  l'auteur  du  papyrus.  Ils  concernent 
les  corps  suivants: 

Arsenic  (notre  orpiment)  ; 
Sandaraque  (notre  réalgar)  ; 

Misy  (sulfate  basique  de  fer,  mêlé  de  sulfate  de  cuivre)  ; 
Cadmie  (oxyde  de  zinc  impur,  mêlé  d'oxyde  de  cuivre,  voire  même  d'oxyde 
de  plomb,  d'oxyde  d'antimoine,  d'acide  arsénieux,  etc)  ; 

Soudure  d'or  ou  chrysocolle  (signifiant  à  la  fois  un  alliage  d'or  et  d'argent 
ou  de  plomb,  ou  bien  la  malachite  et  divers  corps  congénères)  ; 
Rubrique  de  Sinope  (vermillon,  ou  minium,  ou  sanguine); 
Alun  (notre  alun  et  divers  autres  corps  astringents)  ; 
Natron  [nitrum  des  anciens,  notre  carbonate  de  soude,  parfois  aussi  le 
sulfate  de  soude)  ; 
Cinabre  (notre  minium  et  aussi  notre  sulfure  de  mercure)  ; 
Enfin  Mercure. 

Le  texte  du  papyrus  sur  ces  divers  points  est,  en  somme,  le  même  que 
le  texte  des  manuscrits  connus  de  Dioscoride  (édition  Sprengel,  1829);  à 
cela  près  que  l'auteur  du  papyrus  a  supprimé  les  vertus  thérapeutiques  des 
minerais,  le  détail  des  préparations  et  souvent  celui  des  provenances.  Ces 
suppressions,  celle  des  propriétés  médicales  en  particulier,  sont  évidem- 
ment systématiques. 

Quant  aux  variantes  de  détail,  elles  sont  nombreuses  ;  mais  la  plupart 
n'ont  d'intérêt  que  pour  les  grammairiens  ou  pour  les  éditeurs  de  Dios- 
coride. 

Je  note  seulement  que,  dans  l'article  Cinabre^  l'auteur  du  papyrus 
distingue  sous  le  nom  de  minium  le  cinabre  d'Espagne  ;  tandis  que 
Sprengel  a  adopté  la  variante  ammion  (sable  ou  minerai)  :  cette  confusion 
entre  le  nom  du  cinabre  et  celui  du  minium  existe  aussi  dans  Pline  et 
ailleurs. 

L'article  Mercure  donne  lieu  à  des  remarques  plus  importantes.  On  y 


PAPYRUS    DE    LEIDE  27 

trouve  dans  le  papyrus,  comme  dans  le  texte  de  l'édition  classique  de 
Sprengel,  le  mot  <x[j.6'.^  désignant  le  couvercle  d'un  vase,  couvercle  à  la 
face  inférieure  duquel  se  condensent  les  vapeurs  du  mercure  sublimé  (aleàXï))  : 
ce  même  mot,  Joint  à  l'article  arabe  al,  a  produit  le  nom  alambic.  On  voit 
que  l'ambix  est  le  chapiteau  d'aujourd'hui.  L'alambic  proprement  dit  et 
l'aludel,  instrument  plus  voisin  encore  de  l'appareil  précédent,  sont  d'ailleurs 
décrits  dans  les  alchimistes  grecs  :  ils  étaient  donc  connus  dès  le  iv«  ou 
V*  siècle  de  notre  ère. 

Il  manque  à  l'article  Mercure  du  papyrus  une  phrase  célèbre  que  Hœfer, 
dans  son  Histoire  de  la  chimie  (t,  I,  p.  149,  2^  édition)  avait  traduite 
dans  un  sens  alchimique  :  «  Quelques-uns  pensent  que  le  mercure  existe 
essentiellement  et  comme  partie  constituante  des  métaux.  »  "Ev.o'.  §à  îjto- 
poljjt  y.a\  y.aô '  la-jTYjv  èv  loXç  \j,z-:ikXo'.q  £0p''ff/,ec76a'  ty;v  ûSpapyjpcv,  J'avais 
d'abord  adopté  cette  interprétation  de  Hœfer  :  mais  en  y  pensant  davantage, 
je  crois  que  cette  phrase  signifie  seulement  :  «  quelques-uns  rapportent  que 
le  mercure  existe  à  l'état  natif  dans  les  mines.  »  En  effet  le  mot  [j.i-xWx  a  le 
double  sens  de  métaux  et  de  mines,  et  ce  dernier  est  ici  plus  naturel.  En 
tous  cas  la  phrase  manque  dans  le  papyrus  :  soit  que  le  copiste  l'ait  sup- 
primée pour  abréger  ;  soit  qu'elle  n'existât  pas  alors  dans  les  manuscrits, 
ayant  été  intercalée  plus  tard  par  quelque  annotateur. 

Une  autre  variante  n'est  pas  sans  intérêt,  au  point  de  vue  de  la  discus- 
sion des  textes,  dans  l'article  Mercure.  Le  texte  donné  par  Sprengel  porte  : 
(i  on  garde  le  mercure  dans  des  vases  de  verre,  ou  de  plomb,  ou  d'étain,  ou 
d'argent  ;  car  il  ronge  toute  autre  matière  et  s'écoule.  »  La  mention  du  verre 
est  exacte  ;  mais  celle  des  vases  de  plomb,  d'étain,  d'argent  est  absurde  ; 
car  ce  sont  précisément  ces  métaux  que  le  mercure  attaque  :  elle  n'a  pu 
être  ajoutée  que  par  un  commentateur  ignorant.  Or  le  papyrus  démontre 
qu'il  en  est  réellement  ain^i  :  car  il  parle  seulement  des  vases  de  verre, 
sans  faire  mention  des  vases  métalliques.  Zosime  insiste  aussi  sur  ce 
point. 

On  sait  que  l'on  transporte  aujourd'hui  le  mercure  dans  des  vases  de  fer, 
dont  l'emploi  ne  paraît  pas  avoir  été  connu  des  anciens. 

Venons  à  la  partie  vraiment  originale  du  papyrus. 

Je  vais  présenter  d'abord  la  traduction  des  articles  relatifs  aux  métaux,  au 


28  CHIMIE   DES    ANCIENS 

nombre  de  quatre-vingt-dix,  dont  un  article  sur  l'eau  de  soufre  ou  eau 
divine;  et  celle  des  articles  sur  la  teinture,  au  nombre  de  onze;  puis  j'en 
commenterai  les  points  les  plus  importants  (i). 


TRADUCTION    DU    PAPYRUS   X   DE    LEIDE 


1 .  Purification  et  durcissement  du  -plomb. 

«  Fondez-le,  répandez  à  la  surface  de  l'alun  lamelleux  et  de  la  couperose 
réduits  en  poudre  fine  et  mélangés,  et  il  durcira.  » 

2.  Autre  {purification)  de  l'étain. 

«  Le  plomb  et  Tétain  blanc  sont  aussi  purifiés  par  la  poix  et  le  bitume. 
Ils  sont  rendus  solides  par  l'alun  et  le  sel  de  Cappadoce,  et  la  pierre  de 
Magnésie  (2),  jetée  à  leur  surface.   » 

3 .  Purification  de  Vétain  que  l'on  jette  dans  le  mélange  de  l'asèm  (3). 

«  Prenez  de  l'étain  purifié  de  toute  autre  substance,  fondez-le,  laissez-le 
refroidir;  après  l'avoir  recouvert  d'huile  et  bien  mélangé,  fondez-le  de  nou- 
veau; ensuite  ayant  broyé  ensemble  de  l'huile,  du  bitume  et  du  sel,  frottez- 
en  le  métal,  et  fondez  une  troisième  fois  ;  après  fusion,  mettez  à  part 
l'étain  après  l'avoir  purifié  par  lavage;  car  il  sera  comme  de  l'argent  durci. 
Lorsque  vous  voudrez  l'employer  dans  la  fabrication  des  objets  d'argent, 
de  telle  sorte  qu'on  ne  le  reconnaisse  pas  et  qu'il  ait  la  dureté  de  l'argent, 


(i)  Papyri  Grceci  de    Leide,  t.  II,  |  (2)  Ce  n'est  pas  notre  magnésie,  mais 

p.  199  à  259.  —  Quelques    mois  après  '  l'oxyde  magnétique  de  fer,  ou  quelque 

l'impression  de   mon    travail   dans   le  j  autre   minerai    noir,    roux  (pyrite)  ou 

Jo«r«a/ie5Sava«f5,M.leD''W.  Pleljte  j  blanc,  venant  des  villes  ou  provinces 

a  publié   en  hollandais    un    mémoire  ;  qui  portaient  le  nom  de  Magnésie  (Fo/r 

sur  l'Asemos,  avec  étude  chimique  par  1  Pline,  H.  N.,  XXXVII,  25.)  Chez  les 

le  D"-  W.  K.  J.  Schoor,  dans  les  Ver-  alchimistes  le  sens  du  mot  s'est  encore 

slagen  des  koninklijke  Akademie  van  étendu. 


Wetenschappen,  Amsterdam  (  J  uin  1886  ; 
p.  211  à  236).  Il  confirme  en  général 
mes  propres  résultats. 


(3)  Asèm  désignait  divers  alliages 
destinés  à  imiter  l'or  et  l'argent  ;  voir 
plus  loin. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  29 

mêlez  4  parties  d'argent,  3  parties  d'étain,  et  le  produit  deviendra  comme  un 
objet  d'argent.  » 

C'est  la  fabrication  d'un  alliage  d'argent  et  d'étain,  destiné  à  simuler 
l'argent;  ou  plutôt  un  procédé  pour  doubler  le  poids  du  premier  métal. 

4.  Purification  de  Vétain. 

«  Poix  liquide  et  bitume,  une  partie  de  chaque;  jetez  (sur  l'étain),  fon- 
dez, agitez.  Poix  sèche,  20  drachmes  ;  bitume,  1 2  drachmes.  » 

5.  Fabrication  de  l'asèm. 

«  Étain,  12  drachmes;  mercure,  4  drachmes;  terre  de  Chio  (i),  2  drach- 
mes. A  l'étain  fondu,  ajoutez  la  terre  broyée,  puis  le  mercure,  agitez  avec 
du  fer,  et  mettez  en  œuvre  (le  produit).  » 

6.  Doublement  de  l'asèm. 

Voici  comment  on  opère  le  doublement  de  l'asèm. 

a  On  prend  :  cuivre  affiné,  40  drachmes;  asèm,  8  drachmes;  étain  en 
bouton,  40  drachmes;  on  fond  d'abord  le  cuivre  et,  après  deux  chauffes, 
l'étain;  ensuite  l'asèm.  Lorsque  tous  deux  sont  ramollis,  refondez  à  plu- 
sieurs reprises  et  refroidissez  au  moyen  de  la  composition  précédente  (2). 
Après  avoir  augmenté  le  métal  par  de  tels  procédés,  nettoyez-le  avec  le 
coupholithe  (3).  Le  triplement  s'effectue  par  les  mêmes  procédés,  les  poids 
étant  répartis  conformément  à  ce  qui  a  été  dit  plus  haut.  » 

C'est  un  bronze  blanc  amalgamé,  analogue  à  certain  métal  de  cloche. 

7.  Masse  inépuisable  [ou perpétuelle). 

«  Elle  se  prépare  par  les  procédés  définis  dans  le  doublement  de  l'asèm. 
Si  vous  voulez  prélever  sur  la  masse  8  drachmes,  séparez-les  et  refondez 
4  drachmes  de  ce  même  asèm  ;  fondez-les  trois  fois  et  répétez,  puis  refroi- 
dissez et  mettez-les  en  réserve  dans  le  coupholithe.  » 

Voir  aussi  recette  60. 


(i)  Sorte  d'argile.  —  Diosc,  Mat.      \         (2)  Amalgame  d'étain  décrit  dans  Tar- 
méd.,  V,  173.  —  Pline,  H.N.,  XXXV,  ticle  5. 

56.  1         (3)  Talc  ou  sélénite. 


3o  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Il  y  a  là  ridée  d'un  ferment,  destiné  à  concourir  à  la  multiplication  de 
la  matière  métallique. 

8.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Prenez  de  l'étain  en  petits  morceaux  et  mou,  quatre  fois  purifié;  pre- 
nez-en 4  parties  et  3  parties  de  cuivre  blanc  pur  et  i  partie  d'asèm.  Fondez, 
et,  après  la  fonte,  nettoyez  à  plusieurs  reprises,  et  fabriquez  avec  ce  que 
vous  voudrez  :  ce  sera  de  Tasèm  de  première  qualité,  qui  trompera  même 
les  ouvriers.  » 

Alliage  blanc,  analogue  aux  précédents;  avec  intention  de  fraude. 

9.  Fabrication  de  Vasèm  fusible. 

il  Cuivre  de  Chypre,  i  mine;  étain  en  baguettes,  i  mine;  pierre  de 
Magnésie,  16  drachmes;  mercure,  8  drachmes?  pierre  de  Poros  [i),  20  dra- 
chmes ■)■>. 

«  Ayant  fondu  le  cuivre,  Jetez-y  l'étain,  puis  la  pierre  de  Magnésie  en  pou- 
dre, puis  la  pierre  de  Poros,  enfin  le  mercure;  agitez  avec  du  fer  et  versez 
au  moment  voulu.  » 

Alliage  analogue,  avec  addition  de  mercure. 

10.  Doublement  de  Vasèm. 

tt  Prenez  du  cuivre  de  Chypre  affiné,  Jetez  dessus  parties  égales,  c'est-à- 
dire  4  drachmes  de  sel  d'Ammon  (2)  et  4 drachmes  d'alun;  fondez  et  ajou- 
tez parties  égales  d^asèm.  » 

Bronze  enrichi  en  cuivre. 

1 1 .  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Purifiez  avec  soin  le  plomb  avec  la  poix  et  le  bitume,  ou  bien  l'étain;  et 
mêlez  la  cadmie  (3)  et  la  litharge,  à  parties  égales,  avec  le  plomb,  et  remuez 


(i)  Pline, //.iV.,  XXXVI,  28.  Pierre 
blanche  et  dure,  assimilée  au  marbre 
de  Paros. 

(2)  Ce  mot  a  changé  de  sens;  à  la 
fin  du  moyen  âge  il  signifiait  notre 
chlorhydrate    d'ammoniaque;   mais   à 


l'origine  il  s'appliquait  à  un  sel  fos- 
sile qui  se  développait  par  efflores- 
cence,  sel  analogue  au  natron.  Pline, 
H.  N.,  XXXI,  39.  On  y  reviendra  dans 
le  présent  ouvrage,  p.  45. 
(3)  Voir  p.  2G. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  3l 

jusqu'à  mélange  parfait  et  solidification.  On  s'en  sert  comme  de  l'asèm 
naturel  (i).  « 
Alliage  complexe  renfermant  du  plomb,  ou  de  Tétain,  et  du  zinc. 

12.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Prenez  les  rognures  (2)  des  feuilles  (métalliques),  trempez  dans  le  vinai- 
gre et  l'alun  blanc  lamelleux  et  laissez-les  mouillées  pendant  sept  jours,  et 
alors  fondez  avec  le  quart  de  cuivre  8  drachmes  de  terre  de  Chio  (3),  et 
8  drachmes  de  terre  asémienne  (4),  et  i  drachme  de  sel  de  Cappadoce,  plus 
alun  lamelleux,  i  drachme  ;  mêlez,  fondez,  et  jetez  du  noir  à  la  surface.  » 

i3.  Fabrication  du  mélange. 

«  Cuivre  de  Gaule  (5),  8  drachmes;  étain  en  baguettes,  12  drachmes; 
pierre  de  Magnésie,  6  drachmes;  mercure,  10  drachmes;  asèm,  5  drach- 
mes. )' 

14.  Fabrication  du  mélange  pour  une  préparation. 
«  Cuivre,  i  mine  (poids),  fondez  et  jetez-y  i  mine  d'étain  en  boutons  et 
travaillez  ainsi.  « 

i5.  Coloration  de  l'or. 

a  Colorer  l'or  pour  le  rendre  bon  pour  l'usage.  Misy  et  sel  et  vinaigre 
provenant  de  la  purification  de  l'or;  mêlez  le  tout  et  jetez  dans  le  vase  (qui 
renferme)  l'or  décrit  dans  la  préparation  précédente  ;  laissez  quelque  temps 
et,  ayant  ôté  (l'or)  du  vase,  chauffez-le  sur  des  charbons  ;  puis  de  nouveau 
jetez-le  dans  le  vase  qui  renferme  la  préparation  susdite  ;  faites  cela  plusieurs 
fois,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  bon  pour  l'usage.  » 

C'est  une  recette  d'affinage,  qui  s'en  réfère  à  la  préparation  décrite 
plus   haut  (p.    14);   ce  qui   montre   que    le  papyrus  alchimique  X  et  le 


(i)  L'asèm  naturel  est  l'électruni,  al- 
liage d'or  et  d'argent,  ypuao;  Xsuxo'; 
d'Hérodote.  Voir  Origines  de  l'Alchi- 
mie, p.  21 5. 

(2)  L.1  nature  du  métal  qui   fournit 


(3)  Sorte  de  terre  argileuse.  To/r  re- 
cette 5. 

(4)  Est-ce  un  minerai  d'asèm  ?  ou  plu- 
tôt la  terre  argileuse  de  Samos?  Pline, 
H.  N..  XXXV,  .Vi,  et  XXXVI,  40.  — 


les  rognures  n'est  pas  indiquée  :  est-ce      1      Diosc,  Mjt.  méd..  V.  171,  17: 

de  l'argent,  ou  de  l'asèm  précédent?  j  (5)  Voir  Pune,  H,  N.,  XXXIV,  20. 


32 


CHIMIE   DES    ANCIENS 


papyrus  magique  V  se  faisaient  suite  et  ont  été  composés  par  un  même 
écrivain. 

i6.  Augmentation  de  ror. 

«  Pour  augmenter  l'or,  prenez  de  la  cadmie  de  Thrace,  faites  le  mélange 
avec  la  cadmie  en  croûtes  (i),  ou  celle  de  Gaule.  » 

Celte  phrase  est  le  commencement  d'une  recette  plus  étendue;  car  elle 
doit  être  complétée  par  la  suivante,  qui  en  est  la  suite  :  le  secondthre/raude 
de  Vor  étant  probablement  une  glose  qui  a  passé  dans  le  texte,  par  l'erreur 
du  copiste. 

17.  Fraude  de  Vor. 

«  Misy  et  rouge  de  Sinope  (2)  parties  égales  pour  une  partie  d'or.  Après 
qu'on  aura  jeté  l'or  dans  le  fourneau  et  qu'il  sera  devenu  d'une  belle  teinte, 
jetez-y  ces  deux  ingrédients  et,  enlevant  (For),  laissez  refroidir,  et  For  est 
doublé.   » 

La  cadmie  encroûtes,  c'est-à-dire  la  portion  la  moins  volatile  des  oxydes 
métalliques  condensés  aux  parois  des  fourneaux  de  fusion  du  ciiivre,  ren- 
fermait, à  côté  de  l'oxyde  de  zinc,  des  oxydes  de  cuivre  et  de  plomb.  On 
devait  employer  en  outre  quelque  corps  réducteur,  omis  dans  la  recette.  Le 
tout  formait  un  alliage  d'or  et  de  plomb,  avec  du  cuivre  et  peut-être  du 
zinc.  C'était  donc  en  somme  une  falsification,  comme  la  glose  l'indique. 

18.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Étain,  un  dixième  de  mine  ;  cuivre  de  Chypre,  un  seizième  de  mine  ; 
minerai  de  Magnésie,  un  trente-deuxième  ;  mercure,  deux  statères  (poids). 
Fondez  le  cuivre,  jetez-y  d'abord  l'étain,  puis  la  pierre  de  Magnésie;  puis, 
ayant  fondu  ces  matières,  ajoutez-y  un  huitième  de  bel  asèm  blanc,  de  nature 
conforme.  Puis,  lorsque  le  mélange  a  eu  lieu  et  au  moment  de  refroidir,  ou 
de  refondre  ensemble,  ajoutez  alors  le  mercure  en  dernier  lieu.  » 


(i)  Sur  les  diverses  variétés  de  cad- 
mie, voir  DioscoRiDE,  Matière  médi- 
cale,Y,  84;  Pline,  H.  N.,  XXXIV,  22. 

(2)  Ce  mot  a  eu  plusieurs  sens  :  ver- 
millon, minium,  rouge  d'oxyde  de  fer. 
Dans  Dioscoride,  V,  m,  il  semble  indi- 


quer une  ocre  rouge;  car  il  est  présenté 
comme  un  remède  susceptible  d'être  pris 
à  l'intérieur.  De  même  dans  Pline,  H. 
N.,  XXXV,  i3.  Ici  ce  serait,  semble-t- 
il,  du  minium,  lequel  fournirait  du 
plomb  à  l'alliage. 


PAPYRUS    DE  LEIDE  33 

g.  Autre  {formulé). 

«  Cuivre  de  Chypre,  4  statères;  terre  de  Samos,  4  statères  ;  alun  lamel- 
leux,  4 statères;  sel  commun,  3 statères  ;  asèm  noirci,  2  statères,  ou,  si  vous 
voulez  faire  plus  beau,  4  statères.  Ayant  fondu  le  cuivre,  répandez  dessus 
la  terre  de  Chio  et  l'alun  lamelleux  broyés  ensemble,  remuez  de  façon  à 
mélanger;  et,  ayant  fondu  cet  asèm,  coulez.  Ayant  mêlé  ce  qui  vient  d'être 
fondu  avec  du  (bois  de)  genièvre,  enlevez  ;  avant  de  l'ôter,  après  avoir 
chauffé,  éteignez  le  produit  dans  l'alun  lamelleux  et  le  sel,  pris  à  parties 
égales,  avec  de  l'eau  visqueuse;  épaississement  minime; et,  si  vous  voulez 
terminer  le  travail,  trempez  de  nouveau  dans  le  mélange  susdit  ;  chauffez,  afin 
que  (le  métal)  devienne  plus  blanc.  Ayez  soin  d'employer  du  cuivre  affiné 
d'avance;  l'ayant  chauffé  au  commencement  et  soumis  à  l'action  du  souf- 
flet. Jusqu'à  ce  qu'il  ait  rejeté  son  écaille  [et  soit  devenu  pur;  et  alors 
employez-le,  comme  il  vient  d'être  écrit.  » 

C'est  encore  un  procédé  d'alliage,  mais  pour  lequel  on  augmente  la  pro- 
portion du  cuivre  dans  l'asèm  déjà  préparé  :  ce  qui  devait  rapprocher  le 
bronze  obtenu  de  la  couleur  de  l'or. 

20.  Autre  [formule). 

«  Prenez  un  statère  Ptolémaïque  (i)  ;  car  ils  renferment  dans  leur  com- 
position du  cuivre,  et  trempez-le  ;  or  la  composition  du  liquide  pour  trem- 
per est  celle-ci  :  alun  lamelleux,  sel  commun  dans  le  vinaigre  pour  trempe  ; 
épaississement  visqueux.  Après  avoir  trempé  et  lorsque  le  métal  fondu  aura 
été  nettoyé  et  mêlé  avec  cette  composition,  chauffez,  puis  trempez,  puis 
enlevez,  puis  chauffez.  » 

20  bis  [sans  titre). 

«  Voici  la  composition  du  liquide  pour  tremper  :  alun  lamelleux,  sel  com- 
mun dans  le  vinaigre  pour  trempe,  épaississement  visqueux  ;  ayant  trempé 
dafls  cette  mixture,  chauffez,  puis  trempez,  puis  enlevez,  puis  chauffez  ; 
quand  vous  aurez  trempé  quatre  fois  ou  davantage,  en  chauffant  chaque 
fois  auparavant,  le  (métal)  deviendra  supérieur  à  l'asèm  noirci.  Plus  nom- 
breux seront  les  traitements,  chauffes  et  trempes,  plus  il  s'améliorera.  » 


(i)  Il  s'agit  ici  d'une  monnaie. 


34 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Ce  sont  des  formules  de  de'capage  et  d'affinage,  dans  lesquelles  n'entre 
aucun  métal  nouveau.  Il  semble  que,  dans  ceci,  il  s'agisse  soit  de  rehaus- 
ser la  teinte,  comme  on  le  fait  en  orfèvrerie,  même  de  notre  temps;  soit  de 
faire  passer  une  monnaie  riche  en  cuivre  pour  une  monnaie  d'argent,  en 
dissolvant  le  cuivre  à  la  surface. 

En  effet,  les  orfèvres  emploient  aujourd'hui  diverses  recettes  analogues 
pour  donner  à  Por  une  belle  teinte. 

2 1 .  Traitement  de  Vasèm  dur. 

«  Comme  il  convient  de  faire  pour  changer  Tasèm  dur  et  noir  en  (un 
métal)  mou  et  blanc.  Prenant  des  feuilles  de  ricin,  faites  infuser  dans  Teau 
un  jour;  puis  mouillez  dans  l'eau  avant  de  fondre  et  fondez  deux  fois  et 
aspergez  avec  l'aphronitron^i).  Et  jetez  dans  la  fonte  de  l'alun;  employez. 
Il  possède  la  qualité,  car  il  est  beau.  » 

22.  Autre  {formule). 

«  Secours  pour  tout  asèm  gâté.  Prenant  de  la  paille  et  de  l'orge  et  de  la 
rue  sauvage,  infusez  dans  le  vinaigre,  versez-y  du  sel  et  des  charbons  ;  jetez 
le  tout  dans  le  fourneau,  soufflez  longtemps  et  laissez  refroidir.  » 

Ce  sont  des  procédés  d'affinage  d'un  métal  oxydé  ou  sulfuré  à  la  surface. 

23.  Blanchiment  du  cuivre. 

«  Pour  blanchir  le  cuivre,  afin  de  le  mêler  à  l'asèm  à  parties  égales,  sans 
qu'on  puisse  le  reconnaître.  Prenant  du  cuivre  de  Chypre,  fondez-le,  jetant 
dessus  I  mine  de  sandaraque  décomposée  (2),  2  drachmes  de  sandaraque 
couleur  de  fer,  5  drachmes  d'alun  lamelleux,  et  fondez.  Dans  la  seconde 
fonte,  on  jette  4  drachmes  de  cire  du  Pont,  ou  moins;  on  chauffe  et  l'on 
coule.  » 

C'est  ici  une  falsification,  par  laquelle  le  cuivre  est  teint  au  moyen  de  l'ar- 
senic. La  recette  est  fort  voisine  de  celle  des  alchimistes.  —  On  prépare 
aujourd'hui  par  un  procédé  analogue  (avec  le  concours  du  flux  noir)  le 
cuivre  blanc  ou  tombac  blanc. 


(1)  Peur-être  s'agit-il  ici  de  notre  sal- 
pêtre ?  Voir  DioscoRiDE,  Matière  médi- 
cale, V,  i3i.  Le  mot  d'aphroiiitrondé- 


signait    des   efflorescences    salines   de 
composition  fort  diverse. 
(2)  Sulfure  d'arsenic  grillé  ? 


PAPYRUS    DE    LEIDE  35 

24.  Durcissement  de  Vétain. 

«  Pour  durcir  Pétain,  répandez  séparément  (à  sa  surface)  l'alun  lamelleux 
et  la  couperose;  si  en  outre  vous  avez  purifié  Pétain  comme  il  faut  ei 
employé  les  matières  dites  précédemment,  de  sorte  qu'il  ne  leur  échappe  pas 
en  s'écoulant  pendant  la  chauffe,  vous  aurez  l'asèm  égyptien  pour  la  fabri- 
cation des  objets  (d'orfèvrerie). 

z5.  Enduit  (V  or. 

«  Pour  enduire  l'or,  autrement  dit  pour  purifier  l'or  et  le  rendre  bril- 
lant :  misy,  4  parties  ;  alun,  4  parties  ;  sel,  4  parties.  Broyez  avec  l'eau.  Et 
ayant  enduit  l'or,  placez-le  dans  un  vase  de  terre  déposé  dans  un  fourneau 
et  luté  avec  de  la  terre  glaise,  jusqu'à  ce  que  les  matières  susdites  aient  été 
fondues  (i),  retirez-le  et  nettoyez  avec  soin.   » 

26.  Purification  de  V argent. 

«  Gomment  on  purifie  l'argent  et  on  le  rend  brillant.  Prenez  une  partie 
d'argent  et  un  poids  égal  de  plomb  ;  mettez  dans  un  fourneau,  maintenez 
fondu  jusqu'à  ce  que  le  plomb  ait  été  consumé  ;  répétez  l'opération  plusieurs 
fois,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  brillant.  » 

C'est  une  coupellation  incomplètement  décrite. 

Strabon  signale  déjà  cette  méthode. 

27 .  Coloration  en  argent. 

«  Pour  argenter  les  objets  de  cuivre  :  étain  en  baguettes,  2  drachmes; 
mercure,  2  drachmes  ;  terre  de  Chio,  2  drachmes.  Fondez  Pétain,  jetez 
dessus  la  terre  broyée,  puis  le  mercure,  et  remuez  avec  du  fer  et  façonnez 
en  globules.  » 

C'est  la  fabrication  d'un  amalgame  d'étain,  destiné  à  blanchir  le  cuivre. 

28.  Fabrication  du  cuivre  pareil  à  Vor. 

«  Broyez  du  cumin  :  versez-y  de  Peau,  délayez,  laissez  en  contact  pendant 
trois  jours.  Le  quatrième  jour,  secouez,  et  si  vous  voulez  vous  en  servir 
comme  enduit,  mêlez-y  de  la  chrysocolle  (2)  ;  et  Por  paraîtra. 


(i)  Ou  plutôt,  jusqu'à  ce  que  le  fon-     j     par  le  vase,  ou  complètement  évaporé, 
dant  ait  été  en  quelque  sorte  absorbé     |        (2)  Soudure  d'or.  Voir  la  recette  3i. 


36  CHIMIE   DES   ANCIENS 

C'est  un  vernis. 

29.  Fabrication  de  l'asèm  fusible. 

«  Cuivre  de  [Chypre,  i  partie  ;  étain,  i  partie  ;  pierre  de  Magnésie, 
I  partie,  pierre  de  Paros  brute  broyée  finement....  D'abord  on  fond  le  cuivre, 
puis  rétain,  puis  la  pierre  de  Magnésie  (i)  ;  ensuite  on  y  jette  la  pierre  de 
Paros  pulvérisée;  on  remue  avec  du  fer  et  l'on  exécute  l'opération  du 
creuset.  » 

30.  Fabrication  de  l'asèm. 

«  Étain,  une  mesure  ;  cuivre  de  Gaule,  une  demi-mesure.  Fondez  d'abord 
le  cuivre,  puis  l'étain,  remuez  avec  du  fer,  et  jetez  dessus  la  poix  sèche, 
jusqu'à  saturation;  ensuite  versez,  refondez,  en  employant  de  l'alun lamel- 
leuXj  à  la  façon  de  la  poix  ;  et  alors  versez.  Si  vous  voulez  fondre  d'abord 
l'étain,  puis  la  limaille  de  cuivre  ci-dessus,  suivez  la  même  proportion  et 
la  même  marche.   » 

3i.  Préparation  de  la  chrysocolle  (2). 

«  La  soudure  d'or  se  prépare  ainsi  :  cuivre  de  Chypre,  4  parties  ;  asèm, 
2  parties  ;  or,  i  partie.  On  fond  d'abord  le  cuivre,  puis  l'asèm,  ensuite  l'or.  » 

52.  Reconnaître  la  pureté  de  l'étain. 

«  Après  avoir  fondu,  mettez  du  papier  au-dessous  et  versez  :  si  le  papier 
brûle,  l'étain  contient  du  plomb.  » 

Ce  procédé  repose  sur  le  fait  que  l'étain  fond  à  une  température  plus  basse 
que  le  plomb,  température  incapable  de  carboniser  le  papier. 

Pline  donne  un  procédé  analogue  [H.  N.  XXXIV,  48).  On  exécute  encore 
aujourd'hui  dans  les 'Cours  de  Chimie  une  manipulation  du  même  ordre. 

33.  Fabrication  de  la  soudure  pour  travailler  l'or. 

et  Comment  il  convient  de  faire  la  soudure  pour  les  ouvrages  d'or  :  or, 
2 parties  ;  cuivre,  i  partie; fondez, divisez.  Lorsque  vous  voulez  une  couleur 
brillante,  fondez  avec  un  peu  d'argent.  » 


(i)  Ceci  semble  indiquer  un   oxyde 
de  fer  (?). 


(2)  Soudure  d'or. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  Z"] 

Ce  sont  là  des  recettes  d'orfèvrerie.  On  lit  de  même  aujourd'hui  dans  le 
Manuel  Ror et  (i832)  : 

«  Argent  fin,  i  partie;  cuivre,  i  partie;  fondez  ensemble,  ajoutez  or,  2 
parties.  » 

34.  Procédé  pour  écrire  en  lettres  d'or. 

«  Pour  écrire  en  lettres  d'or,  prenez  du  mercure,  versez-le  dans  un  vase 
propre,  et  ajoutez-y  de  Por  en  feuilles  ;  lorsque  l'or  paraîtra  dissous  dans  le 
mercure,  agitez  vivement;  ajoutez  un  peu  de  gomme,  i  grain,  par  exemple, 
et,  laissant  reposer,  écrivez  des  lettres  d'or.  » 

35.  Autre  [recette). 

a  Litharge  couleur  d'or,  i  partie;  alun,  2  parties. 

36.  Fabrication  de  l'asèm  noir  comme  de  Vobsidienne  (i). 

«  Asèm,  2parties  ;  plomb,  4  parties.  Placez  sur  un  vase  de  terre  vide,  jetez-y 
un  poids  triplede  soufre  apyre  (2),  et,  l'ayant  mis  dans  le  fourneau,  fondez. 
Et  l'ayant  tiré  du  fourneau,  frappez,  et  faites  ce  que  vous  voulez.  Si  vous 
voulez  faire  un  objet  figuré,  en  métal  battu,  ou  coulé,  alors  limez  et  taillez: 
il  ne  se  rouille  pas.   » 

C'est  un  alliage  noirci  par  les  sulfures  métalliques. 

Pline  décritune  préparation  analogue,  usitée  en  Egypte  (i/.  A^.  XXXI II,  46). 

3/.  Fabrication  de  l'asèm. 

«  Bon  étain,  i  partie  ;  fondez  ;  ajoutez-y  :  poix  sèche,  le  tiers  du  poids  de 
l'étain  ;  ayant  remué,  laissez  écumer  la  poix  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  été  entière- 
ment rejetée  ;  puis,  après  refroidissement  de  l'étain,  refondez-le  et  ajoutez 
i3  drachmes  d'étain,  i  drachme  de  mercure,  agitez;  laissez  refroidir  et 
travaillez  comme  l'asèm.  » 

C'est  de  l'étain  affiné,  avec  addition  d'un  peu  de  mercure. 

38.  Pour  donner  aux  objets  de  cuivre  l'apparence  de  Vor. 
«  Et  que  ni  lecontactnilefrottementcontrelapierrede  touchenelesdécèle; 
mais  qu'ils  puissent  servir  surtout  pour  (la  fabrication  d')  un  anneau  de  belle 


(i)   Sur  l'obsidienne,    Pline,  H.N.      |  (2)  N'ayant  pas  subi  l'action  du  feu. 

XXXVI,  ej.  I 


38  CHIMIE    DES   ANCIENS 

apparence.  En  voici  la  préparation.  On  broie  l'or  et  le  plomb  en  une  pous- 
sière fine  comme  de  la  farine,  2  parties  de  plomb  pour  i  d'or,  puis,  ayant 
mêlé,  on  incorpore  avec  de  la  gomme,  et  Ton  enduit  l'anneau  avec  cette 
mixture  ;  puis  on  chauffe.  On  répète  cela  plusieurs  fois,  jusqu'à  ce  que  l'objet 
ait  pris  la  couleur.  Il  est  difficile  de  déceler  (la  fraude)  ;  parce  que  le  frotte- 
ment donne  la  marque  d'un  objet  d'or;  et  la  chaleur  consume  le  plomb, 
mais  non  l'or.  » 

39.  Ecriture  en  lettres  d'or. 

«  Lettres  d'or  :  safran  ;  bile  de  tortue  fluviale.  » 

40.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Prenez  étain  blanc,  très  divisé,  purifiez-le  quatre  fois  ;  puis  prenez- en 
4  parties,  et  le  quart  de  cuivre  blanc  pur  et  i  partie  d'asèrn,  fondez  :  lorsque 
le  mélange  aura  été  fondu,  aspergez-le  de  sel  le  plus  possible,  et  fabriquez 
ce  que  vous  voudrez,  soit  des  coupes,  soit  ce  qui  vous  plaira.  Le  métal  sera 
pareil  à  Vasèm  initial,  de  façon  à  tromper  même  les  ouvriers.  » 

41.  Autre  [procédé], 

«  Argent,  2  parties;  étain  purifié,  3  parties  ;  cuivre...  drachmes;  fondez; 
puis  enlevez  et  décapez;  mettez  en  œuvre  comme  pour  les  ouvrages  d'argent 
de  premier  ordre.  » 

42.  Enduit  du  cuivre. 

«  Si  vous  voulez  que  le  cuivre  ait  la  couleur  de  l'argent  ;  après  avoir  purifié 
le  cuivre  avec  soin,  mettez-le  dans  le  mercure  et  la  céruse  :  le  mercure  seul 
suffit  pour  l'enduit.  » 

C'est  du  cuivre  simplement  blanchi  à  la  surface  par  le  mercure. 

43.  Essai  de  For. 

«  Si  vous  voulez  éprouver  la  pureté  de  l'or,  refondez-le  et  chauffez-le: 
s'il  est  pur,  il  garde  sa  couleur  après  le  chauffage  et  reste  pareil  à  une  pièce 
de  monnaie.  S'il  devient  plus  blanc,  il  contient  de  l'argent  ;  s'il  devient  plus 
rude  et  plus  dur,  il  renferme  du  cuivre  et  de  l'étain  ;  s'il  noircit  et  s'amollit, 
du  plomb.  » 

Ce  procédé  d'essai  sommaire  répond  à  des  observations  exactes. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  3^ 

44.  Essai  de  l'argent. 

«  Chauffez  l'argent  ou  fondez-le,  comme  l'or  ;  et,  s'il  reste  blanc,  brillant, 
il  est  pur  et  non  fraudé;  s'il  paraît  noir,  il  contient  du  plomb;  s'il  paraît 
dur  et  jaune,  il  contient  du  cuivre.  » 

Pline  donne  un  procédé  analogue  {H.  N.  XXXIII,  44).  On  voit  par  là 
que  les  orfèvres  égyptiens,  tout  en  cherchant  à  tromper  le  public,  se  réser- 
vaient à  eux-mêmes  des  procédés  de  contrôle. 

45.  Ecriture  en  lettres  d'or. 

«  Écrire  des  lettres  d'or.  Écrivez  ce  que  vous  voulez  avec  de  la  soudure 
Porfèvre  et  du  vinaigre.  » 

46.  Décapage  des  objets  de  cuivre, 

<i  Ayant  fait  cuire  des  bettes,  décapez  soigneusement  avec  le  jus  les  objets 
Je  cuivre  et  d'argent.  On  fait  bouillir  les  bettes  dans  l'eau.  » 

47.  Cuivre  pareil  à  Ver. 

«  Cuivre  semblable  à  l'or  par  la  couleur,  soit  :  broyez  du  cumin  dans 
l'eau;  laissez  reposer  avec  soin  pendant  trois  jours  ;  le  quatrième,  ayant 
arrosé  abondamment,  enduisez  le  cuivre  et  écrivez  ce  que  vous  voudrez. 
Car  l'enduit  et  l'écriture  ont  la   même  apparence.   » 

48.  Décapage  des  objets  d^ argent. 

«  Nettoyez  avec  de  la  laine  de  mouton,  après  avoir  trempé  dans  de  la 
saumure  piquante;  puis  décapez  avec  de  l'eau  douce  (sucrée?)  et  faites 
emploi.    » 

49.  Dorure  de  l'argent. 

«  Pour  dorer  sans  feuilles  (d'or),  un  vase  d'argent  ou  'de  cuivre,  fondez 
du  natron  jaune  et  du  sel  avec  de  l'eau,  frottez  avec  et  il  sera  (doré).  » 

Recette  obscure.  Elle  se  réfère  au  natron  jaune,  corps  dont  il  est  question 
dans  Pline,  H.  N.  XXXI,  46.  Pline  le  donne  comme  un  sel  natif;  mais, 
dans  les  lignes  précédentes,  il  parle  de  la  fusion  du  natron  avec  du  soufre: 
ce  qui  formerait  un  sulfure,  capable  en  effet  de  teindre  les  métaux.  Zosimc 
signale  aussi  le  natron  jaune, 


40  CHIMIE   DES    ANCIENS 

5o.  Ecriture  en  lettres  (for. 

«  Broyez  l'arsenic  (i)  avec  de  la  gomme,  puis  avec  de  l'eau  de  puits  ;  en 
troisième  lieu,  écrivez.  » 

5i.  Dorure  de  V argent, 

«  Broyez  le  misy  avec  la  sandaraque  et  le  cinabre  et  frottez-en  l'objet 
d'argent.  » 

53.  Écriture  en  lettres  d'or. 

«  Après  avoir  séché  des  feuilles  d'or,  broyez  avec  de  la  gomme  et  écrivez.» 

54.  Préparation  de  Vor  liquide. 

((  Placez  des  feuilles  d'or  dans  un  mortier,  broyez-les  avec  du  mercure  et 
ce  sera  fait.  » 

55.  Coloration  en  or. 

«  Comment  on  doit  préparer  l'argent  doré.  Délayez  du  cinabre  avec  de 
l'alun,  versez  dessus  du  vinaigre  blanc,  et  ayant  amené  le  tout  en  consis- 
tance de  cire,  exprimez  à  plusieurs  reprises  et  laissez  passer  la  nuit.  » 

11  semble  qu'il  s'agit  ici  d'un  enduit  préliminaire. 

56.  Préparation  de  Vor. 

.(  Asèm,  I  statère,  ou  cuivre  de  Chypre,  3  ;  4  statères  d'or  ;  fondez 
ensemble.  » 

C'est  une  préparation  d'or  à  bas  titre. 

S".  Autre  préparation. 

«  Dorer  l'argent  d'une  façon  durable.  Prenez  du  mercure  et  des  feuilles 
d'or,  façonnez  en  consistance  de  cire  ;  prenant  le  vase  d'argent,  décapez-le 
avec  l'alun,  et  prenant  un  peu  de  la  matière  cireuse,  enduisez-le  avec  le 
polissoir  et  laissez  la  matière  se  fixer;  faites  cela  cinq  fois.  Tenez  le  vase 
avec  un  chiffon  de  lin  propre,  afin  qu'il  ne  s'encrasse  pas  ;  et  prenant  delà 
braise,  préparez  des  cendres,  adoucissez  avec  le  polissoir  et  employez- 
le  comme  un  vase  d'or.  Il  peut  subir  l'épreuve  de  l'or  régulier.  » 


(i)  Sulfure  d'arsenic. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  4I 

Ces  derniers  mots  montrent  qu'il  s'agit  d'un  procédé  de  falsification,  à 
l'épreuve  de  la  pierre  de  touche. 

58.  Ecriture  en  lettres  d'or. 

«  Arsenic  couleur  d'or,  20  drachmes  ;  verre  pulvérisé,  4  statères  ;  ou  blanc 
d'œuf,  2  statères,  gomme  blanche,  20  statères,  safran,,.,  après  avoir  écrit, 
laissez  sécher  et  polissez  avec  une  dent  (i).  » 

59.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  On  prépare  aussi  l'asèm  avec  le  cuivre  ;  (argent,)  2  mines  ;  étain  en 
bouton,  I  mine  ;  fondant  d'abord  le  cuivre,  jetez-y  l'étain  et  du  coupho- 
lithe,  appelé  craie  (2),  une  demi-mine  par  mine;  poursuivez  jusqu'à  ce  que 
vous  voyiez  fondus  l'argent  et  la  craie  ;  après  que  le  reste  aura  été  dissipé  et 
que  l'argent  restera  seul,  alors  laissez  refroidir,  et  employez-le  comme  de 
l'asèm   préférable  au  véritable » 

60.  Autre  [préparation). 

«  L'asèm  perpétuel  (3)  se  prépare  ainsi  :  i  statère  de  bel  asèm  ;  ajoutez-y 
2  statères  de  cuivre  affiné,  fondez  deux  ou  trois  fois.   » 

6 1 .  Blanchiment  de  rétain. 

«  Pour  blanchir  l'étain.  Ayant  chauffé  avec  de  l'alun  et  du  natron, 
fondez.  » 

62.  Ecriture  en  lettres  d'asèm. 

«  Délayez  de  la  couperose  et  du  soufre  avec  du  vinaigre  ;  écrivez  avec  la 
matière  épaissie.  » 

63.  Ecriture  en  lettres  d'or. 

«  Fleur  du  cnecos  (4),  gomme  blanche,  blanc  d'œuf  mélangés  dans  une 
coquille,  et  incorporez  avec  de  la  bile  de  tortue,  à  l'estime,  comme  on  fait 
pour  les  couleurs  ;  faites  emploi.  La  bile  de  veau  très  amère  sert  aussi  pour 
la  couleur.  » 


(i)  Voir  Pline,  H.  N.,  XIII,  2  5. 
(2)  Ce  n'est  pas   notre   craie,  mais, 
sans    aucun  doute,  quelque   terre  ar- 


gileuse,  jouant   le    rôle   de     fondant. 

(3)  Voir  recette  n»  7. 

(4)  Plante  analogue  au  carthame. 


42  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Ici  la  couleur  est  à  base  organique. 

64.  Essai  de  Vasèm. 

«  Pour  reconnaître  si  l'asèm  est  fraudé.  Placez  dans  la  saumure,  chauf- 
fez ;  s'il  est  fraudé,  il  noircit.  » 

Cette  recette  est  obscure.  Se  rapporte-t-elle  à  la  formation  d'un  oxychlo- 
rure  de  cuivre  ? 

65.  Décapage  de  Vétain. 

«  Placez  du  gypse  dans  un  chiffon  et  nettoyez.  » 

66.  Décapage  de  l'argent. 

«  Employez  l'alun  humide.  » 

De  même  aujourd'hui,  dans  le  Manuel Roret  (t.  II,  p.  igS  ;  i832). 
«  Dissolvez  de  l'alun,  concentrez,  écumez,  ajoutez-y  du  savon  et  frottez 
l'argent  avec  un  linge  trempé  dans  cette  composition.  » 

67.  Teinture  de  Vasèm. 

«  Cinabre,  i  partie;  alun  lamelleux,  i  partie  ;  terre  cimolienne,  i  partie; 
mouillez  avec  de  l'eau  de  mer  et  mettez  en  œuvre.  » 

68.  Amollissement  du  cuivre. 

«  Chaufîez-le  ;  placez-le  dans  la  fiente  d'oiseau  et  après  refroidissement 
enlevez.   » 

69.  Teinture  de  Vor. 

«  Misy  grillé,  3  parties;  alun  lamelleux,  chélidoine,  environ  i  partie; 
broyez  en  consistance  de  miel  avec  l'urine  d'un  enfant  impubère  et  colorez 
l'objet;  chauffez  et  trempez  dans  l'eau  froide.  » 

70.  Ecriture  en  lettres  d'or. 

«  Prenez  un  quart  d'or  éprouvé,  fondez  dans  un  creuset  d'orfèvre  ; 
quand  il  sera  fondu,  ajoutez  un  kération  (carat,  tiers  d'obole)  de  plomb  ;  après 
qu'il  a  été  mélangé,  ôtez  et  refroidissez  et  prenez  un  mortier  de  jaspe,  jetez-y 
la  matière  fondue  ;  ajoutez  i  kération  de  natron  et  mêlez  la  poudre  avec  soin 
avec  du  vinaigre  piquant,  à  la  façon  d'un  collyre  médicinal,  pendant  trois 
jours  ;  puis,  quand  le  mélange  est  fait,  incorporez  i  kération  (mesure)  d'alun 
lamelleux,  écrivez  et  polissez  avec  une  dent.  « 


PAPYRUS    DE    LEIDE  43 

7 1 .  Écriture  en  lettres  d'or. 

«Feuilles  d'or  ductiles  ;  broyez  avec  du  mercure  dans  un  mortier;  et 
employez-le  pour  écrire,  à  la  façon  de  Tencre  noire.  » 

72.  Autre  {préparation). 

«Soufre  apyre,...,  alun  lamelleux...;  gomme  ...;  arrosez  la  gomme 
avec  de  l'eau.  » 

73.  Autre  {préparation). 

a  Soufre  apyre,  ,..,  alun  lamelleux,  une  drachme  ;  ajoutez  au  milieu  delà 
rouille  sèche  ;  broyez  la  rouille,  le  soufre  et  l'alun  finement  ;  mêlez  pour  le 
mieux,  broyez  avec  soin,  et  servez-vous-en  comme  d'encre  noire  à  écrire, 
en  délayant  dans  du  vin  exempt  d'eau  de  mer.  Écrivez  sur  papyrus  et  par- 
chemin. » 

74.  Autre  {préparation). 

«  Écrire  en  lettres  d'or,  sans  or.  Chélidoine,  i  partie;  résine  pure. 
I  partie;  arsenic  couleur  d'or,  i  partie,  de  celui  qui  est  fragile;  gomme 
pure;  bile  de  tortue,  i  partie;  partie  liquide  des  œufs,  5  parties;  prenez  de 
toutes  ces  matières  sèches  le  poids  de  20  statères;  puis  jetez-y  4  statères  de 
safran  de  Cilicie.  On  emploie  non  seulement  sur  papier  ou  parchemin  ; 
mais  aussi  sur  marbre  bien  poli  ;  ou  bien  si  vous  voulez  faire  un  beau  dessin 
sur  quelque  autre  objet  et  lui  donner  l'apparence  de  l'or.  » 

75.  Dorure. 

«  Dorure  faisant  le  même  effet.  Arsenic  lamelleux,  couperose,  sandaraque 
dorée  (il,  mercure,  gomme  adraganthe,  moelle  d'arum,  à  parties  égales; 
délayez  ensemble  avec  de  la  bile  de  chèvre.  On  l'applique  sur  les  objets  de 
cuivre  passés  au  feu,  sur  les  objets  d'argent,  sur  les  figures  de  (métal)  et  sur 
les  petits  boucliers.  L'airain  ne  doit  pas  avoir  d'aspérité.  » 


(1)  Il  s'agit  probablement  d'un  sul- 
fure d'arsenic  naturel  ou  artificiel,  in- 
termédiaire entre  l'orpiment  et  le  réal- 
gar.  La  poudre  même  du  réalgar  est 
plus    jaune    que    la    masse   compacte. 


difié  par  un  commencement  de  gril- 
lage, mode  de  traitement  auquel  tousles 
minéraux  usités  en  pharmacie  étaient 
alors  soumis.  {Voir  Dioscoride,  Mat. 
méd.,  passim,  et  spécialement  V,  120 


Peut-être  aussi  était-ce  du  réalgar  mo-      1      çt  121) 


44  CHIMIE    DES    ANCIENS 

'jÇi.  Autre  {procédé). 

«  Misy  des  mines,  3   statères  ;  alun  des   mines,  3    statères  ;  chélidoinc, 

I  statère  ;  versez-y  l'urine  d'un  enfant  impubère;  broyez  jusqu'à  ce  que   le 
mélange  devienne  visqueux  et  trempez  (-y  l'objet).  » 

jj.  Autre  [■procédé). 

«   Prenez   du   cumin,  broyez,  laissez  infuser  trois  jours  dans  l'eau,   le 
quatrième,  enlevez  ;  enduisez-en  les  objets  de  cuivre,  ou  ce  que  vous  voulez. 

II  faut  maintenir  le  vase  fermé  pendant  les  trois  jours.  » 

78.  Écriture  en  lettres  d'or. 

u  Broyez  des  feuilles  d'or  avec  de  la  gomme,  séchez  et  employez  comme 
de  l'encre  noire.  » 

79.  Écriture  en  lettres  d'argent. 

«  Écrire  des  lettres  d'argent.  Litharge,  4  statères;  délayez  avec  delà  fiente 
de  colombe  et  du  vinaigre  ;  écrivez  avec  un  stylet  passé  au  feu.  » 

80.  Teinture  de  Vasèm  [ou  en  couleur  d'asèm). 

«  Cinabre,  terre  cimolienne,  alun  liquide,  parties  égales  ;  mêlez  avec  de 
l'eau  de  mer,  chauffez  et  trempez  plusieurs  fois.  » 

8 1 .  Coloration  en  argent. 

«  Afin  qu'elle  ne  puisse  être  enlevée  que  par  le  feu. 

«  Chrysocolle  et  céruse  et  terre  de  Chio,  et  mercure  broyés  ensemble  ; 
ajoutez  du  miel  et,  ayant  traité  d'abord  le  vase  par  le  natron,  enduisez.  » 

S2.  Durcissement  de  l'étain. 

«  Fondez-le,  ajoutez-y  un  mélange  homogène  d'alun  lamelleux  et  de  cou- 
perose ;  pulvérisez,  et  aspergez  (le  métal),  et  il  sera  dur.  » 

Le  durcissement  (cryAr^pwj'.;,  avSkr^poLaiT.)  de  l'étain  et  du  plomb  (i)  sont  regar- 
dés ici  comme  corrélatifs  de  leur  purification. 

83.  Fabrication  de  Vasèm. 

«  Bon  étain,  i  mine;  poix  sèche,  )3  statères:  bitume,  8  statères;  fondez 


(i)  Voir  recettes  i,  24. 


PAPYRUS    DE     LEIDE  /\.5 

dans  un  vase  de  terre  cuite  luté  autour  ;  après  avoir  refroidi,  mêlez  lo  sta- 
tères  de  cuivre  en  grains  ronds  et  3  statères  d'asèm  antérieur  et  12  statères 
de  pierre  de  Magnésie  broyée.  Fondez  et  faites  ce  que  vous  voudrez.  » 

84.  Fabrication  de  Vasèm  égyptien. 

«  Recette  de  Phiménas  le  Saïte.  Prenez  du  cuivre  de  Chypre  doux,  puri- 
fiez-le avec  du  vinaigre,  du  sel  et  de  l'alun  ;  après  Tavoir  purifié,  fondez  en 
jetant  sur  10  statères  de  cuivre  3  statères  de  céruse  bien  pure,  2  statères  de 
litharge  couleur  d'or  (ou  provenant  de  la  coupellation  de  l'or),  ensuite  il 
deviendra  blanc  ;  alors  ajoutez-y  2  statères  d'asèm  très  doux  et  sans  défaut, 
et  l'on  obtiendra  le  produit.  Empêchez  en  fondant  qu'il  n'y  ait  liquation. 
Ce  n'est  pas  l'œuvre  d'un  ignorant,  mahsd'un  homme  expérimenté,  et  l'union 
des  deux  métaux  sera  bonne.  » 

Cette  recette  est  fort  claire,  sauf  l'omission  des  agents  destinés  à  réduire 
la  litharge  et  la  céruse. 

85.  Autre  [procédé). 

«  Préparation  exacte  d'asèm, ^préférable  à  celle  de  l'asèm  proprement 
dit.  Prenez  :  orichalque  (i),  par  exemple,  i  drachme  ;  mettez  dans  le  creuset 
jusqu'à  ce  qu'il  coule;  jetez  dessus  4  drachmes  de  sel  ammoniac  (2),  ou  cap- 
padocien;  refondez,  ajoutez-y  alun  lamelleux,  le  poids  d'une  fève  d'Egypte; 
refondez,  ajoutez-y  i  drachme  de  sandaraque  décomposée  (3),  non  de  la  san- 
daraque  dorée,  mais  de  celle  qui  blanchit  ;  ensuite  transportez  dans  un 


(i)  Laiton  ou  analogue. 

(2)  Il  est  plus  que  douteux  qu'il  s'agisse 
ici  de  notre  sel  ammoniac  moderne. 
C'est  plutôt  une  variété  de  sel  gemme 
ou  de  carbonate  de  soude,  d'après  les 
textes  formels  de  Dioscoride,  Mal. 
méd.,  V,  125;  et  de  Pline,  H.  N., 
XXXI,  39.  De  même,  dans  le  traité 
De  Mineralibus^  attribué  à  Albert  le 
Grand.  1.  V,  tr.  I,  ch.  II,  Dans  le  Pseu- 
do-Aristote,  auteur  de  l'époque  arabe, 
(Manget,  Bibl.  chem.,  t.  I,  p.  648), 
c'est  aussi  un  sel  fusible,  qui  n'émetpas 


de  fumée.  Mais  dans  Geber,  Summa 
perfectionis ,  livre  I,  ch.  X  et  Libri  in- 
vestigationis  (IX« siècle),  ainsi  que  dans 
Avicenne  (XI^  siècle),  cité  dans  le  Spé- 
culum majus  de  Vincent  de  Beauvais 
{Spéculum  naturale,  1.  VIII,  60),  le  mot 
sel  ammoniac  s'applique  à  un  corps 
sublimable,  tel  que  notre  chlorhydrate 
d'ammoniaque.  Le  sens  de  ce  mot  a 
donc  changé  dans  le  cours  des  temps. 
(3)  Sulfure  d'arsenic,  probablement 
en  partie  désagrégé  par  le  grillage. 


46 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


autre  creuset  enduit  à  l'avance  de  terre  de  Chio  ;  après  fusion,  ajoutez  un 
tiers  d'asèm  et  employez.  » 

Cette  préparation  donne  un  alliage  de  cuivre  et  de  zinc  arsenical. 

86.  Autre  [procédé). 

«  Prenez:  étain,  12  drachmes;  mercure,  4  drachmes:  terre  de  Chio, 
2  drachmes;  fondez  l'étain  ;  jetez-y  la  terre  en  poudre,  puis  le  mercure; 
remuez  avec  un  morceau  de  fer  ;  mettez  en  globules.  » 

87.  Doublement  de  l'or. 

«  Pour  augmenter  le  poids  de  l'or.  Fondez  avec  le  quart  de  cadmie,  et  il 
deviendra  plus  lourd  et  plus  dur.  » 

Il  fallait  évidemment  ajouter  un  agent  réducteur  et  un  fondant,  dont  la 
recette  ne  fait  pas  mention.  On  obtenait  ainsi  un  alliage  de  l'or  avec  les 
métaux  dont  les  oxydes  constituaient  la  cadmie,  c'est-à-dire  le  zinc,  le  cuivre, 
ou  le  plomb  spécialement  ;  alliage  riche  en  or,  La  même  recette  se  lit  aussi 
dans  le  Pseudo-Démocrite,  mais  comme  toujours  plus  compliquée  et  plus 
obscure.  Ce  qui  suit  est  plus  clair. 

88.  Autre  [procède'). 

«  On  altère  l'or  en  l'augmentant  avec  le  misy  et  la  terre  de  Sinope  (i)  ; 
on  le  jette  d'abord  à  parties  égales  dans  le  fourneau  ;  quand  il  est  devenu 
clair  dans  le  creuset,  on  ajoute  de  chacun  ce  qui  convient,  et  l'or  est 
doublé.  » 

89.  Autre  [procède). 

«  Invention  de  l'eau  de  soufre  (2).  Une  poignée  de  chaux,  et  autant  de 
soufre  en  poudre  fine;  placez-les  dans  un  vase  contenant  du  vinaigre  fort,  ou 
de  l'urine  d'enfant  impubère  (3);  chauffez  par  en-dessous,  jusqu'à  ce  que  la 


(i)  Minium  ou  sanguine. 

(2)  Ou  de  l'eau  divine;  le  mot  grec 
est  le  même. 

(3)  L'urine  d'un  enfant  impubère, 
naiôô?  àcpOdpoij,  était  employée  par  les  an- 
ciens dans  beaucoup  de  recettes, 
comme  on  le  voit  dans  Dioscoride,  dans 
Pline,  dans  Celse,  etc.    Elle   agissait 


vraisenrblablement  comme  source  de 
phosphates  alcalins  et  d'ammoniaque, 
résultant  de  la  décomposition  de  l'urée. 
Mais  nous  ne  voyons  pas  pourquoi 
toute  urine  humaine  ne  ferait  pas  le 
même  effet  ;  à  moins  qu'il  n'y  ait  là  une 
idée  mystique.  Plus  tard,  le  mot  d'en- 
fant ayant  disparu  dans  les  recettes  des 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


47 


liqueur  surnageante  paraisse  comme  du  sang  ;  décantez  celle-ci  proprement 
pour  la  séparer  du  dépôt,  et  employez.  » 

On  prépare  ainsi  un  polysulfure  de  calcium,  susceptible  d'attaquer  l'or, 
du  moins  à  sec,  capable  aussi  de  teindre  les  métaux  par  voie  humide. 

Ueau  de  soufre  ou  eau  divine  joue  un  très  grand  rôle  chez  les  alchimistes 
grecs. 

90.  Comment  on  dilue  Vasèm. 

«  Ayant  réduit  l'asèm  en  feuilles  et  l'ayant  enduit  de  mercure,  et  appliqué 
fortement  sur  la  feuille,  on  saupoudre  de  pyrite  la  feuille  ainsi  disposée,  et 
on  la  place  sur  des  charbons,  pour  la  dessécher  et  jusqu'à  ce  que  la  couleur 
de  la  feuille  paraisse  changée  ;  car  le  mercure  s'évapore  et  la  feuille  s'at- 
tendrit. Puis  on  incorpore  dans  le  creuset  i  partie  d'or  (i),  2  parties  d'ar- 
gent (2);  les  ayant  mêlées,  jetez  sur  la  rouille  qui  surnage  de  l'arsenic  cou- 
leur d'or,  de  la  pyrite,  du  sel  ammoniac  (3),  de  la  chalcite  (4),  du  bleu  (5), 
et  ayant  broyé  avec  l'eau  de  soufre,  grillez,  puis  répandez  le  mercure  à  la 
surface.  » 

Les  recettes  suivantes  sont  des  recettes  de  teinture  en  pourpre. 

9 1 .  Fixation  de  Vorcanette. 

«  Urine  de  brebis  ;  ou  arbouse,  ou  jusquiame  pareillement.  » 

C'est  un  fragment  de  recette  sans  suite,  recueilli  sans  doute  par  uu  copiste 

ignorant.  A  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'un  simple  détail,  destiné  à  compléter 

une  recette  connue  du  lecteur. 


copistes,  celles-ci  ont  appliqué  l'épi- 
thète  à  l'urine;  et  il  n'est  plus  guère 
mention  que  d'urine  non  corrompue 
(oùpov  à^ôopov)  dans  les  ouvrages  alchi- 
miques grecs.  Cependant  la  notion 
primitive  a  subsisté  pendant  tout  le 
moyen  âge,  dans  quelques  textes.  Ainsi 
on  lit  encore  dans  la  Bibliotheca 
Chemica  de  Manget,  t.  I.  Préface, 
avant-dernière  page  (1702)  :  «  Sal  vola- 
tile et  Jixum,  ut  et  spiritus  urince,  sic 
parantur.    Recipe     urince    puerorum 


12  circiter  annos  natorum,  etc.  ». 
(  I  )  L'or  est  désigné  ici  par  lesigne  du 
Soleil,  exactement  pareil  à  celui  des 
alchimistes  :  c'est  le  plus  vieil  exemple 
connu  de  cette  notation. 

(2)  L'argent  est  désigné  par  le  crois- 
sant lunaire,  toujours  comme  chez  les 
alchimistes. 

(3)  Voir  la  remarque  de  la  page  45. 

(4)  Minerai  pyriteux  de  cuivre. 

(5)  Sulfate  de  cuivre,  ou  émail  bleu, 
ou  azurite. 


48 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


92.  Dilution  [falsification]  de  Vorcanette. 

€  On  dilue  l'orcanette  avec  les  pommes  de  pins  (?),  la  partie  intérieure  des 
pêches,  le  pourpier,  le  suc  des  bettes,  la  lie  de  vin,  l'urine  de  chameau  et 
l'intérieur  des  citrons.  » 

^Z .  Fixation  de  Vorcanette. 

«  Cotylédon  (i)  et  alun  mêlés  à  parties  égales,  broyez  finement,  jetez-y 
Torcanette.  » 


94.  Agents  styptiques. 

a  Melanteria  (2),  couperose  calcinée,  alun,  chalcitis,  cinabre,  chaux,  écorce 
de  grenade,  gousse  d'arbre  épineux,  urine  avec  aloès  :  ces  choses  servent  en 
teinture.  >^ 

95.  Préparation  de  la  pourpre. 

a  Cassez  en  petits  morceaux  la  pierre  de  Phrygie  (3)  ;  faites  bouillir  et, 
ayant  immergé  la  laine,  abandonnez  jusqu'à  refroidissement;  ensuite  jetant 
dans  le  vase  une  mine  (poids)  d'algue  (4),  faites  bouillir  et  jetez-y  une  mine 
d'algue  ;  faites  bouillir  et  jetez-y  la  laine,  et,  laissant  refroidir,  lavez  dans 
l'eau  de  mer  [la  pierre  de  Phrygie  est  grillée  (5),  avant  d'être  concassée], 
jusqu'à  coloration  pourpre.  » 

96.  Teinture  de  la  pourpre. 

«  Mouillez  la  chaux  avec  de  l'eau  et  laissez  reposer  pendant  une  nuit  ; 
ayant  décanté,  déposez  la  laine  dans  la  liqueur  pendant  un  jour  ;  enlevez-la, 
séchez  ;  ayant  arrosé  l'orcanette  avec  du  vinaigre,  faites  bouillir  et  jetez-y  la 


(i)  Plante,  voir  Dioscoride,  Mat. 
méd.,  IV,  90  et  91. 

(2)  Vitriol,  produit  par  la  décompo- 
sition de  certains  minerais  à  l'orifice 
des  mines  de  cuivre  (Diosc,  Mat.  mé- 
dicale. V,  117). 

(3)  Pline,  H.  N.  XXXVl,  36.  — 
Dioscoride,  Alat.  médicale,  V,  140, 
Cette  pierre  était  autrefois  employée 
pour  la  teinture  des  étoffes.  Il  sem- 


ble que  ce   fût    une  sorte  d'alunite. 

(4)  Herbes  et  lichens  marins  fournis- 
sant l'orseille. 

(5)  Ceci  s'accorde  avec  Pline.  C'est 
d'ailleurs  une  parenthèse,  la  coloration 
en  pourpre  s'appliquant  à  la  laine.  Il  y 
a  avant  deux  mots  inintelligibles,  par 
suite  de  quelque  transposition  du  co- 
piste. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  49 

laine  et  elle  sortira  teinte  en  pourpre  —  (l'orcanette  bouillie  avec  l'eau  et 
le  natron  produit  la  couleur  pourpre).  » 

«  Ensuite  séchez  la  laine,  et  teignez-la  comme  il  suit  :  Faites  bouillir 
l'algue  avec  de  l'eau,  et,  lorsqu'elle  aura  été  épuisée,  jetez  dans  l'eau  une 
quantité  imperceptible  de  couperose,  afin  de  développer  la  pourpre,  et  alors 
plongez-y  la  laine,  et  elle  se  teindra:  s'il  y  a  trop  de  couperose,  elle  devient 
plus  foncée.  » 

Il  y  a  là  deux  procédés  distincts,  l'un  avec  Torcanette,  l'autre  avec 
l'orseille. 

g j.  Autre  [procédé) . 

«  Broyez  des  noix  avec  de  Torcanette  de  bonne  qualité  ;  cela  fait,  met- 
tez-y du  vinaigre  fort;  broyez  de  nouveau;  ajoutez-y  de  l'écorce  de  grena- 
dier; laissez  trois  jours  ;  et  après,  plongez-y  la  laine  et  elle  sera  teinte 
à  froid.  » 

a  On  dit  qu^il  y  a  un  certain  acanthe  (i)  qui  fournit  de  la  couleur  pour- 
pre ;  mouillé  avec  du  natron  de  Bérénice,  au  lieu  de  noix,  il  produit  le 
même  effet.  » 

gS.  Autre  [procédé). 

«  Nettoyez  la  laine  avec  l'herbe  à  foulon,  et  tenez  à  votre  disposition  de 
l'alun  lamelleux;  en  broyant  la  partie  intérieure  de  la  noix  de  galle,  jetez 
avec  l'alun  dans  un  pot,  puis  mettez  la  laine  et  laissez  reposer  quelques 
heures  ;  enlevez-la  et  laissez-la  sécher.  Au  préalable,  suivez  cette  marche. 
Ayant  broyé  de  la  lie  (2)  et  l'ayant  mise  dans  un  vase,  versez  de  Peau  de 
mer,  agitez  et  laissez  déposer.  Puis  décantez  l'eau  claire  dans  un  autre  vase 
et  tenez-la  à  votre  disposition.  Prenant  de  l'orcanette  et  la  mettant  dans  un 
vase,  mêlez  avec  l'eau  de  la  lie,  jusqu'à  ce  qu'elle  s'épaississe  convenable- 
ment et  devienne  comme  sablonneuse.  Alors  mettez  le  produit  dans  le  vase 
(réservé),  délayant  à  la  main  avec  l'eau  précédente  qui  provient  de  l'orca- 
nette. Ensuite,  lorsqu'il  sera  devenu  comme  visqueux,  mettez^le  dans  une 


(  I  )  Plante  non  identifiée.  (  Voir  Diosc. , 
Mat.  méd.  III,  17.  —  Pline,  H.  N. 
XXII,  34.) 


(2)  La  lie  de  vin  agit  ici  par  le  bitar- 
trate  de  potasse  qu'elle  contient. 


5o 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


petite  marmite,  ajoutez-y  le  reste  de  Teau  d'orcanette,  et  laissez  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  tiédi  ;  alors  plongez-y  la  laine,  laissez  quelques  heures  et  vous  trou- 
verez la  pourpre  solide.  » 

99.  Autre  [procédé). 

a  Prenant  de  l'orcanette,  de  la  léontice  (i),  ôtez  Técorce,  prenez-la  pour 
la  broyer  dans  un  mortier,  aussi  fine  que  de  Tantimoine  :  ajoutez-y  de  l'hy- 
dromel dilué  avec  de  l'eau,  broyez  de  nouveau,  mettez  le  produit  broyé  dans 
un  vase,  et  faites  bouillir  :  quand  vous  verrez  tiédir  (la  liqueur),  plongez-y 
la  laine;  laissez  séjourner.  La  laine  doit  être  nettoyée  avec  l'herbe  à  foulon 
et  épaissie  (cardée  et  feutrée).  Alors  prenez-la,  plongez-la  dans  l'eau  de 
chaux  (2),  laissez  imbiber  ;  enlevez-la,  lavez  fortement  avec  du  sel  marin, 
séchez  ;  plongez  de  nouveau  dans  l'orcanette  et  laissez  séjourner.  » 

100.  Autre  [procédé). 

«  Prenez  le  suc  des  parties  supérieures  de  l'orcanette  et  une  noix  de  galle 
compacte  [omphacite  (3)]  grillée  dans  la  rôtissoire  ;  l'ayant  broyée  avec  addi- 
tion d'un  peu  de  couperose,  mêlez  au  suc,  faites  bouillir,  et  donnez  la  tein- 
ture de  pourpre.  » 

I  o  I .  Substitution  de  couleur  glauque  (4) . 

«  Au  lieu  de  couleur  glauque,  prenez  la  scorie  de  fer,  écrasez-la  avec  soin 
jusqu'à  réduction  à  l'apparence  du  smegma  (5),  et  faites  bouillir  avec  du 
vinaigre,  jusqu'à  ce  qu'il  durcisse  ;  plongez  la  laine  préalablement  nettoyée 
avec  l'herbe  à  foulon  épaissie  (cardée  et  feutrée),  et  vous  la  trouverez  teinte 
en  pourpre  ;  teignez  ainsi  avec  les  couleurs  que  vous  avez.  » 

DioscoRiDE.  Extraits  du  livre  sur  la  Matière  médicale. 

102.  Arsenic.  —  io3.  Sandaraque.  —  104.  Misy.  —  io5.  Gadmie. 
—  106.  Ghrysocolle.  —  107.  Rubrique  de  Sinope.  —  108.  Alun.  — 
109.  Natron.  —  1 10.  Cinabre,  —  1 1 1.  Mercure. 


(i)  Plante.   Voir  Diosc,  Mat.  méd. 
III,  100.  —  Pline,  H.  N.  XXV,  85. 

(2)  Est-ce  la  même  chose  que  la  disso- 
lution de  la  chaux  vive  dans  l'eau? 

(3)  Diosc,  Mat.  méd.  I,  146. 


(4)  Bleu  verdâtre.  Cette  recette  est 
obscure  et  incomplète. 

(5)  Variété  d'oxyde  de  cuivre  pro- 
duite par  le  vent  du  soufflet  sur  le  cui- 
vre fondu.  Pline  H.  N.  XXXIV,  36. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  5l 

On  se   borne  à  rappeler  ces  titres  pour  mémoire,  les  articles  ayant  été 
tirés  d'un  Ouvrage  connu  et  publié  [voir  p.  26). 


EXPLICATION  DES  RECETTES  DU  PAPYRUS  DE  LEIDE 


Ces  textes  étant  connus,  il  s'agit  maintenant  de  les  rapprocher  et  d'en 
tirer  certaines  conséquences. 

Les  recettes  relatives  aux  métaux  sont  les  plus  nombreuses  et  les  plus 
intéressantes.  Elles  montrent  tout  d'abord  la  corrélation  entre  la  profession 
de  l'orfèvre,  qui  travaillait  les  métaux  précieux,  et  celle  de  l'hiérogram- 
mate  ou  scribe  sacré,  obligé  de  tracer  sur  les  monuments  de  marbre  ou  de 
pierre,  aussi  bien  que  sur  les  livres  en  papyrus  ou  en  parchemin,  des  carac- 
tères d'or  ou  d'argent  :  les  recettes  données  pour  dorer  les  bijoux  dans  le 
papyrus  sont  en  effet  les  mêmes  que  pour  écrire  en  lettres  d'or.  Nous  com- 
mencerons par  ce  dernier  ordre  de  recettes,  dont  les  applications  sont  tou- 
tes spéciales,  avant  d'entrer  dans  le  détail  des  préparations  métalliques; 
car  elles  forment  en  quelque  sorte  l'introduction  aux  procédés  de  teinture 
des  métaux. 


I .  —  Recettes  pour  écrire  en  lettres  d'or. 

L'art  d'écrire  en  lettres  d'or  ou  d'argent  préoccupait  beaucoup  les  artisans 
qui  se  servaient  de  notre  papyrus;  il  n'y  a  pas  moins  de  quinze  ou  seize 
formules  sur  ce  sujet,  traité  aussi  à  plusieurs  reprises  dans  les  manuscrits 
de  nos  bibliothèques;  Montfaucon  et  Fabricius  ont  déjà  publié  plusieurs 
recettes,  tirées  de  ces  derniers. 

Rappelons  rapidement  celles  du  papyrus  : 

Feuilles  d'or  broyées  avec  de  la  gomme  (53)  et  (78). 

Ce  procédé  figure  encore  de  nos  jours  dans  le  Manuel  Roret  (t.  II,  p.  i36; 
i832)  [Triturer  une  feuille  d'or  avec  du  miel  et  de  la  gomme,  jusqu'à  pulvé- 
risation, etc.] 


52  CHIMIE    DES   ANCIENS 

Or  amalgamé  et  gomme  (34)  et  (71). 

Amalgame  d'or  (54), 

Dans  une  autre  recette  (70)  et  (45),  on  prépare  d'abord  un  alliage  d'or  et 
de  plomb,  auquel  on  fait  subir  certaines  préparations. 

Dans  les  recettes  précédentes,  l'or  forme  le  fond  du  principe  colorant. 
Mais  on  employait  aussi  des  succédanés  pour  écrire  en  couleur  d'or,  sans  or  : 
par  exemple,  un  mélange  intime  de  soufre  natif,  d'alun  etde  rouille,  (72)  et 
(73),  délayés  dans  du  vin; 

Et  encore  :  litharge  couleur  d'or  (35)  ; 

Safran  et  bile  de  tortue  (39]  ; 

Cuivre  rendu  semblable  à  l'or  par  un  enduit  de  cumin  (47)  ;  voir  aussi  [']']]. 

Fleur  de  carthame  et  bile  de  tortue  ou  de  veau  (63i. 

Les  recettes  suivantes  reposent  sur  l'emploi  de  l'orpiment  (arsenic  des 
anciens);  telles  sont  les  recettes  (5o)  et  (58),  avec  addition  de  safran. 

Dans  une  autre  préparation  plus  compliquée  (74),  l'orpiment,  la  chéli- 
doine,  la  bile  de  tortue  et  le  safran  sont  associés,  suivant  une  recette  com- 
posite. 

L'orpiment  apparaît  ici  comme  matière  employée  pour  sa  couleur  pro- 
pre, et  non  comme  colorant  des  métaux,  emploi  qu'il  a  pris  plus  tard. 

On  trouve  encore  une  recette  (62)  pour  écrire  en  lettres  d'asèm  (alliage 
d'argent  et  d'ori,  au  moyen  de  la  couperose,  du  soufre  et  du  vinaigre  ;  c'est-à- 
dire  sans  or  ni  argent; 

Et  une  recette  (79)  pour  écrire  en  lettres  d'argent,  avec  de  la  litharge 
délayée  dans  la  fiente  de  colombe  et  du  vinaigre. 

Il  existe  aujourd'hui  des  recettes  analogues  dans  le  Manuel  Roret[\.  II, p. 
140;  i832)  :  «Etain  pulvérisé  et  gélatine,  on  forme  un  enduit,  on  polit  au  bru- 
nissoir; on  ajoute  une  couche  de  vernis àl'huile  ouàla  gomme  laque,  ce  qui 
fournit  une  couleur  blanche,  ou  dorée,  sur  bois,  sur  cuir,  fer,  etc.  » 

Si  j'ai  donné  quelques  détails  sur  ces  recettes  pour  écrire  des  lettres 
d'or  ou  d'argent,  c'est  parce  qu'elles  caractérisent  nettement  les  personnes 
à  qui  elles  étaient  destinées.  Ce  sont,  je  le  répète,  des  formules  précises 
de  praticiens,  intéressant  spécialement  le  scribe  qui  transcrivait  ce  papyrus, 
et  toute  la  classe,  si  importante  en  Egypte,  des  hiérogrammates;  car  il  ne 
s'agissait  pas  seulement  d'écrire  et  de  dessiner  sur  papyrus,  mais  aussi 


PAPYRUS   DE   LEIDE  53 

sur  marbre  ou  sur  tout  autre  support.  Certaines  de  ces  recettes,  par  une 
transition  singulière,  sont  devenues,  comme  je  le  dirai  bientôt,  des  recettes 
de  transmutation  véritable. 


II.  —  Manipulation  des  Métaux. 

Venons  aux  formules  relatives  à  la  manipulation  des  métaux.  Elles  por- 
tent la  trace  d'une  préoccupation  commune  :  celle  d'un  orfèvre  préparant 
des  métaux  et  des  alliages  pour  les  objets  de  son  commerce,  et  poursuivant 
un  double  but.  D'une  part,  il  cherchait  à  leur  donner  l'apparence  de  l'or 
et  de  l'argent,  soit  par  une  teinture  superficielle,  soit  par  la  fabrication 
d'alliages  ne  renfermant  ni  or,  ni  argent,  mais  susceptibles  de  faire  illusion 
à  des  gens  inhabiles  et  même  à  des  ouvriers  exercés,  comme  il  le  dit  expres- 
sément. D'autre  part,  il  visait  à  augmenter  le  poids  de  l'or  et  de  l'argent 
par  l'introduction  de  métaux  étrangers,  sans  en  modifier  l'aspect.  Ce  sont 
là  toutes  opérations  auxquelles  se  livrent  encore  les  orfèvres  de  nos  jours  ; 
mais  l'Etat  leur  a  imposé  l'emploi  de  marques  spéciales,  destinées  à  définir 
le  titre  réel  des  bijoux  essayés  dans  les  laboratoires  officiels,  et  il  a  séparé 
avec  soin  le  commerce  du  faux,  c'est-à-dire  les  imitations,  ainsi  que 
celui  du  doublé,  du  commerce  des  métaux  authentiques.  Malgré  toutes 
ces  précautions,  le  public  est  continuellement  déçu,  parce  qu'il  ne  connaît 
pas  et  ne  peut  pas  connaître  suffisamment  les  marques  et  les  moyens  de 
contrôle. 

Il  y  a  là  des  tentations  spéciales  :  les  fraudes  professionnelles  ne  sem- 
blent pas  toujours,  dans  l'esprit  des  gens  du  métier,  relever  des  règles  de 
la  probité  commune.  Le  prix  de  l'or  est  si  élevé,  les  bénéfices  résultant 
de  son  remplacement  par  un  autre  métal  sont  si  grands,  que,  même  de  ncs 
jours,  il  s'exerce  de  la  part  des  orfèvres  une  pression  incessante  dans  ce 
sens,  pression  à  laquelle  les  autorités  publiques  ont  peine  à  résister.  Elle  a 
pour  but,  soit  d'abaisser  le  titre  des  alliages  d'or  employés  en  orfèvrerie, 
tout  en  les  vendant  comme  or  pur;  soit  de  vendre  au  prix  du  poids  total, 
estimé  comme  or,  les  bijoux  renfermant  des  émaux  ou  des  morceaux  de 
fer  ou  d'autres  métaux  ;  même  de  notre  temps,  c'est  là  une  tradition  com- 


54 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


merciale  que  Ton  n'a  pas  réussi  à  interdire.  Déjà  l'on  disait  au  siècle 
dernier,  au  temps  des  métiers  organisés  par  corporations:  «  Il  semble 
que  l'art  de  tromper  ait  ses  principes  et  ses  règles;  c'est  une  tradition  que 
le  maître  enseigne  à  son  apprenti,  que  le  corps  entier  conserve  comme  un 
secret  important.  »  Ici,  comme  dans  bien  d'autres  industries,  il  y  a  ten- 
dance perpétuelle  à  opérer  des  substitutions  et  des  altérations  de  matière, 
fort  lucratives  pour  le  marchand  et  exécutées  de  façon  que  le  public  ne 
s'en  aperçoive  pas;  sans  cependant  se  mettre  en  contradiction  flagrante  avec 
le  texte  des  lois  et  règlements.  Au  delà  commence  la  criminalité,  et  il  n'est 
pas  rare  que  la  limite  soit  franchie. 

Or  ces  lois  et  règlements,  cette  séparation  rigoureuse  entre  l'industrie 
du  faux,  du  doublé,  du  plaqué,  des  imitations,  et  l'industrie  du  vrai 
or  et  du  vrai  argent,  ces  marques  légale;,  ces  moyens  précis  d'analyse 
dont  nous  disposons  aujourd'hui,  n'existaient  pas  au  temps  des  anciens. 
Le  papyrus  de  Leide  est  consacré  à  développer  les  procédés  par  lesquels 
les  orfèvres  d'alors  imitaient  les  métaux  précieux  et  donnaient  le  change 
au  public.  La  fabrication  du  doublé  et  celle  des  bijoux  fourrés  ne 
figurent  cependant  pas  dans  ces  recettes,  quoiqu'on  en  trouve  des  traces 
chez  Pline  (i).  Les  recettes  sont  ici  d'ordre  purement  chimique,  c'est-à- 
dire  que  l'intention  de  fraude  est  moins  évidente.  De  là  pourtant  à  l'idée 
qu'il  était  possible  de  rendre  l'imitation  si  parfaite  qu'elle  devînt  identique 
à  la  réalité,  il  n'y  avait  qu'un  pas.  C'est  celui  qui  fut  franchi  par  les  alchi- 
mistes. 

La  transmutation  était  d'autant  plus  aisée  à  concevoir  dans  les  idées 
du  temps  que  les  métaux  purs,  doués  de  caractères  définis,  n'étaient  pas 
distingués   alors  de  leurs  alliages   :   les  uns  et  les  autres  portaient  des 


(i)  Hist.  nat.,  XXXIII,  6,  anneau  de 
fer  entouré  d'or;  lame  d'or  creuse  rem- 
plie avec  une  matière  légère  ;  52,  lits 
plaqués  d'or,  etc.  Les  monnaies  four- 
rées, c'est-à-dire  formées  d'une  âme  de 
cuivre,  de  fer  ou  de  plomb,  recouverte 
d'une  feuille  d'argent  ou  d'or,  ont  été 
usitées  dans  l'antiquité  et  même  fabri- 
quées par  le  Gouvernement,  qui   les 


mêlait  en  certaines  proportions  avec  la 
monnaie  loyale  dans  ses  émissions,  dès 
le  temps  de  la-  République  romaine  et 
aussi  à  l'époque  impériale,  ce  que  l'on 
appelait  miscere  monetam  :  —  tingere 
ou.  inficeremonetam^ — dernière  expres- 
sion applicable  à  l'or.  [La  Monnaie 
dans  l'antiquité,  par  Fr,  Lenormant,I, 
221  k  ?36). 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


55 


noms  spécifiques,  regardés  comme  équivalents.  Tel  est  le  cas  de  l'airain 
(ces),  alliage  complexe  et  variable,  assimilé  au  cuivre  pur,  et  qui  était  sou- 
vent désigné  par  le  même  nom.  Notre  mot  bron\e  reproduit  la  même 
complexité;  mais  ce  n'est  plus  pour  nous  un  métal  défini.  Le  mot  de 
cuivre  lui-même  s'applique  souvent  à  des  alliages  jaunes  ou  blancs,  dans 
la  langue  commune  de  nos  jours  et  dans  celle  des  artisans.  De  même  l'orichal- 
que,  qui  est  devenu  après  plusieurs  variations  notre  laiton  (i);  Je  chrysochal- 
que,  qui  est  devenu  notre  chrysocale  ou  similor,  etc.  Uelectrurriy  alliage 
naturel  d'or  et  d'argent,  a  servi  à  fabriquer  des  monnaies  en  Asie  Mineure, 
(Lydie  et  villes  d'Ionie),  en  Gampanie  et  à  Carthage,  où  l'on  prenait  même 
soin  de  leur  faire  subir  une  cémentation,  destinée  à  leur  donner  l'aspect  de 
l'or  pur  (v.  p.  i6).  L'airain  de  Corinthe,  alliage  renfermant  de  l'or,  du  cui- 
vre et  de  l'argent,  n'était  pas  sans  analogie  avec  le  quatrième  titre  de  l'or,  usité 
aujourd'hui  en  bijouterie.  L'alliage  monétaire,  employé  pour  les  monnaies 
courantes,  était  aussi  un  métal  propre;  de  même  que  notre  billon  d'aujour- 
d'hui; la  planète  Mars  lui  est  même  attribuée,  au  même  titre  que  les  autres 
planètes  aux  métaux  simples,  dans  la  vieille  liste  de  Celse.  Le  claudianon  et 
le  molybdochalque,  alliages  de  cuivre  et  de  plomb  mal  connus,  souvent 
cités  par  les  alchimistes,  ne  sont  pas  sans  analogie  avec  le  clinquant,  le  po- 
tin et  avec  certains  laitons  ou  bronzes  artistiques,  spécialement  signalés 
dans  divers  passages  de  Zosime.  Mais  ils  ont  disparu,  au  milieu  des  nom- 
breux alliages  que  l'on  sait  former  maintenant  entre  le  cuivre,  le  zinc,  le 
plomb,  l'étain,  l'antimoine  et  les  autres  métaux.  Le pseudargyre dt  Strabon 
est  un  alliage  qui  n'a  pas  non  plus  laissé  d'autre  trace  historique;  peut-être 
contenait-il  du  nickel.  Les  Romains  ajoutaient  parfois  au  bronze  monétaire, 
(cuivre  et  étain),  du  plomb,  jusqu'à  la  dose  de  2g  p.  0/0  dans  leurs  mon- 
naies. Le  stannum  de  Pline,  était  un  alliage  analogue  au  claudianon,  ren- 
fermant parfois  de  l'argent,  et  dont  le  nom  a  fini  par  être  identifié  avec 
celui  du  plomb  blanc,  autre  alliage  variant  depuis  les  composés  de  plomb 
et  d'argent,  qui  se  produisent  pendant  le  traitement  des  minerais  de  plomb, 
jusqu'à  l'étain  pur,  qu'il  a  fini  par  signifier  exclusivement.   La  monnaie 


(i)  Le  nom  même  du  laiton  vient 
d'ekctrum,    qui    avait    pris   ce  sens 


pendant    le   moyen   âge,    d'après    du 
Gange. 


56 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


d'étain  frappée  par  Denys  de  Syracuse)  d'après  Aristote,  devait  être  un 
alliage  de  cet  ordre  ;  même  au  temps  des  Sévères  on  a  fabriqué  des  mon- 
naies d'étain,  simulant  l'argent  (Lenormant,  La  Monnaie  dans  Vantiquitéy 
p.  21 3)  et  qui  sont  venues  jusqu'à  nous. 

Au  point  de  vue  de  l'imitation  ou  de  la  reproduction  de  l'or  et 
de  l'argent,  le  plus  important  alliage  était  Yasèm,  identifié  souvent  avec 
l'électrum,  alliage  d'or  et  d'argent  qui  se  trouve  dans  la  nature  :  mais  le 
sens  du  mot  asèm  est  plus  compréhensif.  Le  papyrus  X  offre  à  cet  égard 
beaucoup  d'intérêt,  en  raison  des  formules  multipliées  d'asèm  qu'il  ren- 
ferme. C'est  sur  la  fabrication  de  l'asèm  en  effet  que  roule  surtout  l'imitation 
de  l'or  et  de  l'argent,  d'après  les  recettes  du  papyrus  :  c'est  aussi  sa  fabri- 
cation et  celle  du  molybdochalque,  qui  sont  le  point  de  départ  des  procédés 
de  transmutation  des  alchimistes.  Toute  cette  histoire  tire  un  singulier 
jour  des  textes  du  papyrus  qui  précisent  nettement  ce  qu'il  était  déjà  per- 
mis d'induire  à  cet  égard  (i)  :  je  les  rapprocherai  des  textes  des  vieux  alchi- 
mistes que  j'ai  spécialement  étudiés. 

Abordons  donc  de  plus  près  la  discussion  du  papyrus.  Nous  y  trouvons 
d'abord  des  recettes  pour  la  teinture  superficielle  des  métaux  (2)  :  telles  que 
la  dorure  et  l'argenture,  destinées  à  donner  l'illusion  de  l'or  et  de  l'argent 
véritables  et  assimilées  soit  à  l'écriture  en  lettres  d'or  et  d'argent,  soit  à 
la  teinture  en  pourpre,  dont  les  recettes  suivent.  Tantôt  on  procédait  par 
l'addition  d'un  Uniment  ou  d'ua  vernis  :  tantôt,  au  contraire,  on  enlevait 
à  la  surface  du  bijou  les  métaux  autres  que  l'or,  par  une  cémentation  qui  en 
laissait  subsister  à  l'état  invisible  et  caché  le  noyau  composé  (v.  p.  16). 

On  y  rencontre  aussi  des  recettes  destinées  à  accomplir  une  imitation 
plus  profonde  :  par  exemple,  en  alliant  au  métal  véritable,  or  ou  argent,  une 
dose  plus  ou  moins  considérable  de  métaux  moins  précieux  ;  c'était  l'opé- 
ration de  la  diplosiSj  qui  se  pratique  encore  de  nos  jours  (3).  Mais  l'orfèvre 


(i)  Origines  de  l'Alchimie.  Les  mé- 
taux chez  les  Égyptiens,  p.  211  et  sui- 
vantes. 

(2)  Ibid.,  p.  238. 

(3)  Manilius,  poète  latin  du  !«■•  siècle 
de  l'ère  chrétienne,  en  parle  aussi  dans 
un  vers  dont  l'authenticité  a  été   con- 


testée autrefois  par  des  raisons  à /rtort; 
la  diplosis  étant  réputée  inconnueavant 
le  moyen  âge.  Mais  la  connaissance  posi- 
tive de  cette  opération  chez  les  anciens, 
établie  par  le  papyrus  de  Leide,  tend  à 
rétablir  la  valeur  du  texte  de  ManiUus. 
—  Voir  Origines  de  l'Alchimie,  p.   70. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  Sy 

égyptien  croyait  ou  prétendait  faire  croire  que  le  métal  vrai  était  réelle- 
ment multiplié,  par  une  opération  comparable  à  la  fermentation  ;  deux 
textes  du  papyrus  [masse  inépuisable,  recettes  (7)  et  (60),  etc.]  le  montrent 
clairement.  C'est  là  d'ailleurs  la  notion  même  des  premiers  alchimistes, 
clairement  exposée  dans  Enée  de  Gaza  (i). 

Enfin  la  falsification  est  parfois  complète,  l'alliage  ne  renfermant  pas 
trace  d'or  ou  d'argent  initial.  C'est  ainsi  que  les  alchimistes  espéraient 
réaliser  une  transmutation  intégrale. 

Dans  ces  diverses  opérations,  le  mercure  Joue  un  rôle  essentiel,  rôle  qui 
a  persisté  jusqu'à  nos  jours,  où  il  a  été  remplacé  pour  la  dorure  par  des 
procédés  électriques.  L'arsenic,  le  soufre  et  leurs  composés  apparaissent 
aussi  comme  agents  tinctoriaux:  ce  qui  complète  l'assimilation  des  recettes 
du  papyrus  avec  celles  des  alchimistes. 

Les  divers  procédés  employés  dans  le  papyrus,  pour  reconnaître  la 
pureté  des  me7aMx(docimasie,  43,  44,  64,  32)  ;  pour  les  affiner  et  les  purifier 
(15,  or),  (26,  argent),  (2,  3,  4,étain),  (21,  22,  asèm)  ;  pour  les  décaper,  opéra- 
tion qui  précède  la  soudure  ou  la  dorure  (46,  48,  65,  66,  20,  20  bis),  sont 
rappelés  ici  seulement  pour  mémoire. 

En  ce  qui  touche  la  soudure  des  métaux,  il  n'y  a  que  deux  recettes  relatives 
à  la  soudure  d'or  (chrysocolle).  Observons  que  ce  nom  a  plusieurs  sens 
très  différents  chez  les  anciens  :  il  signifie  tantôt  la  malachite  (2),  tantôt  un 
alliage  de  l'or  avec  l'argent  (3),  ou  avec  le  plomb,  parfois  avec  le  cuivre;  ces 
divers  corps  étant  d'ailleurs  mis  en  oeuvre  simultanément.  Enfin  on  le 
trouve  appliqué  dans  Olympiodore  à  l'opération  même,  par  laquelle  on 
réunissait  en  une  masse  unique  les  parcelles  ou  paillettes  métalliques.  C'est 
un  alliage  de  l'or  et  du  cuivre,  associé  à  l'argent  ou  à  l'asèm,  qui  est  désigné 
sous   ce  nom   dans  notre  papyrus,  recettes  (31)  et  (33). 

Venons  aux  procédés  pour  dorer,  argenter,  teindre  et  colorer  les  métaux 
superficiellement.  Deux  formules  de  décapage  rappelées  plus  haut  (19,  20, 
20  bis)  ont  déjà  cette  destination  ;  dans  un  but  de  tromperie,  ce  semble,  en 
modifiant  l'apparence  de  la  monnaie.  La  recette  (25)  tend  vers  le  même  but: 


(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  jb.  l  (3)  Pline,  Hist.  Nat.,  XXXIH,  29. 

(2)  DioscoRiDE,  Afaf.  wei.,  V.  104.  | 


58  CHIMIE  DES    ANCIENS 

c'est  à  peu  près  celle  du  cément  royal,  au  moyen  duquel  on  séparait  l'or  de 
l'argent  et  des  autres  métaux  (p.  ii).  Employée  comme  ci-dessus,  elle  a 
pour  effet  de  faire  apparaître  Por  pur  à  la  surface  de  Tobjet  d'or,  le  centre 
demeurant  allié  avec  les  autres  métaux.  C'est  donc  un  procédé  de  fraude 
(v.  p.  i6).  Maison  pouvait  aussi  s'en  servir  pour  lustrer  l'or. 

Aujourd'hui  encore  les  orfèvres  emploient  diverses  recettes  analogues, 
pour  donner  à  l'or  une  belle  teinte: 
«  Or  mat,  salpêtre,  alun,  sel  ; 
«  Or  fin,  avec  addition  d'acide  arsénieux  ; 
a  Or  rouge,  par  addition  d'un  sel  de  cuivre  ; 
«  Or  jaune,  par  addition  de  salpêtre,  de  sel  ammoniac. 
«  Pour  lustrer  et  polir.  Tartre  brut,  2  onces;  soufre  en  poudre,  2  onces; 
sel  marin,  4  onces  ;  faites  bouillir  dans  parties  égales  d'eau  et  d'urine  ; 
trempez-y  l'or,  ou  l'ouvrage  doré.  »  (Manuel  Roret,  t.  11,  p.  188;   i832). 

Le  soufre  et  l'urine  se  retrouvent  ici,  dans  le  manuel  Roret,  comme  cfaiez 
les  alchimistes  égyptiens. 

Voici  maintenant  des  ptocédés  de  dorure  véritable.  L'un  d'eux  (38)  est 
remarquable,  parce  qu'il  procède  sans  mercure,  au  moyen  d'un  alliage  de 
plomb  :  il  représente  peut-être  une  pratique  antérieure  à  la  connaissance 
du  mercure,  dont  il  n'est  pas  question  jusqu'au  v^  siècle  avant  notre  ère. 

En  tout  cas,  c'est  toujours  un  procédé  pour  tromper  l'acheteur,  comme 
le  texte  le  dit  expressément. 

Un  autre  procédé  (57)  est  destiné  à  dorer  l'argent,  par  application  avec 
des  feuilles  d'or  et  du  mercure.  L'objet,  dit  l'auteur,  peut  subir  l'épreuve  de 
l'or  régulier  (la  pierre  de  touche)  :  c'est  donc  un  procédé  de  fraude. 

D'autres  recettes  donnent  seulement  l'apparence  de  l'or:  on  la  commu- 
nique au  cuivre  par  l'emploi  du  cumin  par  exemple  (28)  ;  avec  des  variantes 
(47)  et  (77). 

Rappelons  ici  les  recettes  pour  écrire  en  couleur  d'or  avec  l'aide  du  safran, 
du  carthame  et  de  la  bile  de  veau  ou  de  tortue  (39),  (63),  (74).  Pline  explique 
également  que  l'on  colore  le  bronze  en  or  avec  le  fiel  de  taureau  [H.  N. 
XXVIIl,  146). 

Une  autre  recette  est  destinée  à  dorer  sans  or  un  vase  d'argent  ou 
de  cuivre,  au  moyen  du  natron  jaune,    substance  mal  connue  (49)  :  c'était 


PAPYRUS    DE    LEIDE  5g 

peut-être  un  sulfure,   capable    de  teindre  superficiellement   les    métaux 
(v.  p.  39). 

Une  recette  pour  dorer  Targent  (51)  repose  sur  Temploi  de  la  sandaraque 
(c'est-à-dire  du  réalgar),  du  cinabreet  du  misy  (sulfates  de  cuivre  et  de  fer 
basiques).  Elle  constate  ainsi  l'apparition  des  composés  arsenicaux  pour 
teindre  en  or.  Mais  ces  composés  semblent  employés  ici  seulement  par 
application,  sans  intervention  de  réactions  chimiques,  telles  que  celles  qui 
font  au  contraire  la  base  des  méthodes  de  transmutation  par  l'arsenic  chez 
les  alchimistes. 

Une  apparence  de  dorure  superficielle  (69)  et  (76)  repose  sur  l'emploi  du 
misy  grillé,  de  l'alun  et  de  la  chélidoine,  avec  addition  d'urine. 

Ces  procédés  de  teinture  superficielle  sont  devenus  un  procédé  de  trans- 
mutation dans  le  Pseudo-Démoerite  [Physica  et  Mjrstica),  qui  s'exprime 
ainsi  : 

(t  Rendez  le  cinabre  (i)  blanc  au  moyen  de  l'huile,  ou  du  vinaigre,  ou  du 
miel,  ou  de  la  saumure,  ou  de  l'alun;  puis  jaune,  au  moyen  du  misy,  ou  du 
sory,  ou  de  la  couperose,  ou  du  soufre  apyre,  ou  comme  vous  voudrez. 
Jetez  le  mélange  sur  de  l'argent  et  vous  obtiendrez  de  l'or,  si  vous  avez 
teint  en  or;  si  c'est  du  cuivre,  vous  aurez  de  l'électrum  :  car  la  nature  jouit 
de  la  nature.  » 

Cette  recette  est  reproduite  avec  plus  de  détails  un  peu  plus  loin^  daas  le 
même  auteur. 

Ailleurs  le  Pseudo-Démoerite  donne  un  procédé  fondé  sur  l'emploi  du 
safran  et  de  la  chélidoine,  pour  colorer  la  surface  de  l'argent  ou  du  cuivre 
et  la  teindre  en  or  :  ce  qui  est  conforme  aux  recettes  pour  écrire  en  lettres 
d'or  exposées  plus  haut. 

La  chélidoine  apparaît  aussi  associée  à  l'orpiment,  dans  l'une  des  recettes 
du  papyrus  pour  écrire  en  lettres  d'or  sur  papier,  sur  parchemin,  ou  sur 
marbre  (74) . 

A  la  suite  figure  un  procédé  de  dorure  par  vernissage,  fondé  sur  l'emploi 
simultané  des  composés  arsenicaux,  de  la  bile  et  du  mercure  (75). 


(i)  Ce  mot  semble  signifier  ici  le  minium  (oxyde  de  plomb),  sens  que  l'on  trouve 
dans  Dioscoride. 


6o  CHIMIE  DES    ANCIENS 

Ce  procédé  rappelle  à  certains  égards  le  vernis  suivant,  pour  donner 
une  couleur  d'or  à  un  métal  quelconque  {Manuel  Roretj  t.  II,  p.  192; 
i832)  : 

a  Sangdragon,  soufre  et  eau,  faire  bouillir,  filtrer;  on  met  cette  eau  dans 
un  matras  avec  le  métal  qu'on  veut  colorer.  On  bouche,  on  fait  bouillir,  on 
distille.  Le  résidu  est  une  couleur  jaune,  qui  teint  les  métaux  en  couleur 
d'or.  On  peut  encore  opérer  avec  parties  égales  d'aloès,  de  salpêtre  et  de  sul- 
fate de  cuivre.  » 

Les  procédés  suivants  sont  des  procédés  d'argenture,  tous  fondés  sur  une 
coloration  apparente,  opérée  sans  argent.  Ainsi  (42),  sous  le  nom  d'enduit 
de  cuivre,  on  enseigne  à  blanchir  le  cuivre  en  le  frottant  avec  du  mercure  : 
c'est  encore  aujourd'hui  un  procédé  pour  donner  à  la  monnaie  de  cuivre  l'ap- 
parence de  l'argent  et  duper  les  gens  inattentifs. 

De  même  un  amalgame  d'étain,  destiné  à  blanchir  le  cuivre  (27). 

De  même  le  procédé  pour  colorer  l'argent  (81). 

La  teinture  en  couleur  d'asèm  (80)  et  (67),  intermédiaire  entre  Tor  et  l'ar- 
gent, est  répétée  deux  fois. 

Citons  encore  une  recette  pour  blanchir  le  cuivre  par  l'arsenic  (23). 

Au  lieu  de  teindre  la  surface  des  métaux,  pour  leur  donner  l'apparence 
de  l'or  ou  de  l'argent,  les  orfèvres  égyptiens  apprirent  de  bonne  heure  à  les 
teindre  à  fond,  c'est-à-dire  en  les  modifiant  dans  toute  leur  masse.  Les  pro- 
cédés employés  par  eux  consistaient  à  préparer  des  alliages  d'or  et  d'argent 
conservant  l'apparence  du  métal  :c'estce  qu'ils  appelaient  la  if/p/o^w,  l'art  de 
doublerlepoidsdel'oretdel'argent(V.plus  haut  p.  56)  ;  expression  qui  a  passé 
auxalchimistes,  en  même  temps  q  ue  la  prétention  d'obtenir  ainsi  des  métaux, 
non  simplement  mélangés,  mais  transformés  à  fond.  Le  mot  actuel  de  û?OMè/e 
se  rapporte  au  même  ordre,  d'idées,  mais  avec  un  sens  tout  différent,  puis- 
qu'il s'agit  aujourd'hui  de  deux  lames  métalliques  superposées.  Chez  les 
anciens  la  signifiration  était  plus  extensive.  En  effet,  le  motrfi^/o5f5 impliquait 
autrefois,  tantôt  la  simple  augmentation  de  poids  du  métal  précieux,  addi- 
tionné d'un  métal  de  moindre  valeur  qui  n'yn  changeait  pas  l'apparence,  (16) 
et  (17),  (56),  (87)  et  (88);  tantôt  la  fabrication  de  toutes  pièces  de  l'or  et  de 
l'argent,  par  la  transmutation  de  nature  du  métal  surajouté;  tous  les  métaux 
étant  au  fond  identiques,  conformément  aux  théories  platoniciennes  sur  la 


PAPYRUS    DE    LEIDE  6l 

matière  première.  L^agent  même  de  la  transformation  est  une  portion  de 
l'alliage  antérieur,  jouant  le  rôle  de  ferment. 

Toutes  ces  préparations  sont  aussi  claires  et  positives,  sauf  Tincertitude 
sur  le  sens  de  quelques  mots,  que  nos  recettes  actuelles.  Il  n'en  est  que  plus 
surprenant  de  voir  naître,  au  milieu  de  procédés  techniques  si  précis,  la 
chimère  d'une  transmutation  véritable  ;  elle  est  corrélative  d'ailleurs  avec 
rintention  de  falsifier  les  métaux.  Le  faussaire,  à  force  de  tromper  le  public, 
finissait  par  croire  à  la  réalité  de  son  œuvre  ;  il  y  croyait,  aussi  bien  que  la 
dupe  qu'il  s'était  d'abord  proposé  défaire.  En  effet,  la  parenté  de  ces  recet- 
tes avec  celles  des  alchimistes  peut  être  aujourd'hui  complètement'établie. 

J'ai  déjà  signalé  l'identité  de  quelques  recettes  de  dorure  du  papyrus 
avec  les  recettes  de  transmutation  du  Pseudo-Démocrite  ;  je  poursuivrai 
cette  démonstration  tout  à  l'heure  en  parlant  de  l'asèm.  Elle  est  frappante 
pour  la  diplosis  de  Moïse  (i),  recette  aussi  brève,  aussi  claire  que  celle  des 
papyrus  de  Leide  et  tirée  probablement  des  mêmes  sources;  du  moins  si 
l'on  en  juge  par  le  rôle  de  Moïse  dans  ces  mêmes  papyrus  (ce  volume, 
p.  i6). 

Le  procédé  de  Moïse,  exposé  en  quelques  lignes,  est  celui-ci  : 

«  Prendre  du  cuivre,  de  l'arsenic  (orpiment),  du  soufre  et  du  plomb  (2)  ; 
on  broie  le  mélange  avec  de  l'huile  de  raifort;  on  le  grille  sur  des  charbons 
jusqu'à  désulfuration  ;  on  retire;  on  prend  de  ce  cuivre  brûlé  i  partie  et  3 
parties  d'or  ;  on  met  dans  un  creuset;  on  chauffe  ;  et  vous  trouverez  le  tout 
changé  en  or,  avec  le  secours  de  Dieu.  » 

C'est  un  alliage  d'or  à  bas  titre,  analogue  à  ceux  signalés  plus  haut. 

Les  soudures  d'argent  des  orfèvres  de  nos  jours  sont  encore  exécutées 
au  moyen  des  composés  arsenicaux.  On  lit  par  exemple  dans  le  Manuel 
Roret,  t.  II,  p.  186  (i832):    . 

((  3  parties  d'argent,  i  partie  d'airain  :  fondez  ;  jetez-y  un  peu  d'orpiment 
en  poudre. 

«  Autre:  argent  fin,  i  once;  airain  mince,  i  once;  arsenic,  i  once.  On 
fond  d'abord  l'argent  et  l'airain  et  l'on  y  ajoute  l'arsenic. 


(i)  Manuscrit   299  de    Saint-Marc      I  (2)  Ou  bien  du  soufre  natif;  d'après 

(M),  f.  i85,  recto.  I      le  symbole  du  manuscrit. 


62  CHIMIE   DES    ANCIENS 

«  Autre  :  argent,  4  onces;  airain,  3  onces;  arsenic,  2  gros. 
«  Autre:  argent,  2  onces  ;  clinquant,  i  once;  arsenic,  4  gros;  couler  de 
suite  ;  bonne  soudure.  » 

On  remarquera  que  l'énoncé  même  de  ces  formules  de  nos  jours  affecte 
une  forme  analogue  àcelui  des  formules  du  papyrus  (23  notamment)  et  des 
manuscrits.  C'est  d'ailleurs  par  des  recettes  analogues  que  l'on  prépare 
aujourd'hui  le  tombac  blanc  ou  cuivre  blanc,  et  le  faux  argent  desAnglais.En 
tous  cas,  le  cuivre  est  teint  dans  le  papyrus  au  moyen  de  l'arsenic,  comme 
chez  les  alchimistes;  le  tout  dans  une  intention  avouée  de  falsification. 

La  formule  d^Eugenius,  qui  suit  dans  le  manuscrit  de  Venise,  est  un  peu 
plus  complexe  que  celle  de  Moise. 

Elle  repose  aussi  sur  l'emploi  du  cuivre  brûlé,  mêlé  à  l'or  et  fondu, 
auquel  on  ajoute  de  l'orpiment  :  ce  composé  traité  par  le  vinaigre  est  expose 
au  soleil  pendant  deux  jours,  puis  on  le  dessèche  ;  on  Tajoute  à  l'argent,  ce 
qui  le  rend  pareil  à  Téleotrum  ;  le  tout  ajouté  à  l'or,  par  parties  égales,  con- 
somme l'opération. 

C'est  toujours  le  même  genre  d'alliages,  que  l'auteur  prétend  identifier 
finalement  avec  Por  pur. 


III.  —  Fabrication  de  l'Asèm. 

Le  nœud  de  la  question  est  dans  la  fabrication  de  l'asèm. 

L'asèm  (i)  des  Égyptiens  désignait  à  l'origine  l'électrum,  alliage  d'or  et 
d'argent,  qui  se  trouve  dans  la  nature  et  qui  se  produit  aisément  dans  les 
traitementsdesminerais.  Sonnomaététraduitchezles  Grecsanciens  par  celui 
de  xzr,\j.z^t.  (XTr,\j.z:,  ou  xTq'^.r,,  qui  étaitaussi  celuide  Fargenl  sans  marque,  c'est- 
à-dire  sans  titre,  lequel  est  devenu  chez  les  Grecs  modernes  le  nom  même  de 
l'argent.  De  là  une  confusion  extrême  dans  les  textes.  Mais  à  l'origine  Vasèm 
égyptien  avait  un  sens  propre,  comme  le  montrent,  sans  doute  possible,  les 
papyrus  de  Leide.  D'après  Lepsius,  d'ailleurs,  l'asèm  était  regardé  comme 
un  métal  distinct,  comparable  à  l'or  et  à  l'argent  ;    il  est  figuré  à  côté  d'eux 


(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  21  5. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  63 

sur  les  monuments  égyptiens.  Il  a  été  placé  de  même  sous  le  patronage 
d'une  divinité  planétaire,  Jupiter,  qui,  plus  tard,  fut  attribuée  à  l'étain,  vers 
le  V*  ou  vi*  siècle  de  notre  ère,  lorsque  rélectrum  disparut  de  la  liste  des 
métaux. 

Cependant  ce  métal  prétendu  variait  notablement  dans  ses  propriétés, 
suivant  les  doses  relatives  d'or,  d'argent  et  des  autres  corps  simples,  alliés 
dans  sa  constitution  :  mais  alors  la  chose  ne  paraissait  pas  plus  surpre- 
nante que  la  variation  des  propriétés  de  l'airain,  nom  qui  comprenait  à  la 
fois  et  notre  cuivre  rouge,  et  les  bronzes  et  les  laitons  d'aujourd'hui. 

Ce  n'est  pas  tout  :  l'asèm  jouissait  d'une  faculté  étrange  :  suivant  les  trai- 
tements subis,  il  pouvait  fournir  de  l'or  pur,  ou  de  l'argent  pur,  c'est-à-dire 
être  changé  en  apparence  en  ces  deux  autres  métaux. 

Enfin,  et  réciproquement,  on  pouvait  le  fabriquer  artificiellement,  en  al- 
liant l'or  et  l'argent  entre  eux,  voire  même  sans  or,  et  sans  argent  et  en 
outre  avec  association  d'autres  métaux,  tels  que  le  cuivre,  l'étain,  le  zinc,  le 
plomb,  l'arsenic,  le  mercure,  qui  en  faisaient  varier  la  couleur  et  les  diverses 
propriétés  :  on  va  citer  tout  à  l'heure  de  nombreux  exemples  de  ce  genre 
de  fabrication  (v.  aussi  p.  54  et  56,  les  formules  des  monnaies  falsifiées). 

C'était  donc  à  la  fois  un  métal  naturel  et  un  métal  factice.  11  établissait 
la  transition  de  Tor  et  de  l'argent  entre  eux  et  avec  les  autres  métaux  et  sem- 
blait fournir  la  preuve  de  la  transmutation  réciproque  de  toutes  ces  subs- 
tances, métaux  simples  et  alliages.  On  savait  d'ailleurs  en  retirer  dans  un 
grand  nombre  de  cas  l'or  et  l'argent,  au  moins  par  une  analyse  qualitative,  et 
l'on  y  réussissait  même  dans  des  circonstances,  telles  que  le  traitement  du 
plomb  argentifère,  où  il  ne  semblait  pas  qu'on  eût  introduit  Pargent  à 
l'avance  dans  les  mélanges  capable  de  fournir  ce  métal. 

Tels  sont  les  faits  et  les  apparences  qui  servaient  de  bases  aux  pratiques, 
aux  conceptions  et  aux  croyances  des  orfèvres  des  papyrus  de  Leide,  comme 
à  celles  des  alchimistes  gréco-égyptiens  de  nos  manuscrits.  On  voit  par  là 
que,  étant  donné  l'état  des  connaissances  d'alors,  ces  conceptions  et  ces 
croyances  n'avaient  pasle  caractère  chimérique  qu'elles  ont  pris  pour  nous; 
maintenant  que  les  métaux  simples  sont  définitivement  distingués,  les  uns 
par  rapport  aux  autres,  comme  par  rapporta  leurs  alliages.  La  seule  chose 
surprenante,  c'est  la  question  de  fait  :  je  veux  dire  que  les  praticiens  aient 


64  CHIMIE   DES   ANCIENS 

.cru  si  longtemps  à  la  réalité  d'une  transmutation  complète,  alors  qu'ils 
fabriquaient  uniquement  des  alliages  ayant  l'apparence  de  l'or  et  de  l'argent, 
alliages  dont  nous  possédons  maintenant,  grâce  au  papyrus  de  Leide,  les 
formules  précises.  Or  ces  formules  sont  les  mêmes  que  celles  des  manuscrits 
alchimiques.  En  fait,  c'étaient  là  des  instruments  de  fraude  et  d'illusion  vis- 
à-vis  du  public  ignorant.  Mais  comment  les  gens  du  métier  ont-ils  pu  croire 
si  longtemps  qu'ils  pouvaient  réellement,  par  des  pratiques  d'artisan,  ou  par 
des  formules  magiques,  réussir  à  changer  ces  apparences  en  réalité  ?  11  y  a 
là  un  état  intellectuel  qui  nous  confond.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  intéressant 
de  pousser  la  connaissance  des  faits  jusqu'à  son  dernier  degré,  et  c'est  ce  que 
je  vais  essayer  de  faire. 

Le  nombre  des  recettes  relatives  à  l'asèm  s'élève  à  28^ou  3o;  c'est  plus  du 
quart  du  nombre  total  des  articles  du  papyrus.  Elles  comprennent  des  pro- 
cédés pour  la  fabrique  de  toutes  pièces  ;  des  procédés  pour  faire  l'asèm 
noir,  correspondant  à  ce  que  nous  appelons  l'argent  oxydé  ;  des  procédés 
pour  teindre  en  asèm;  pour  faire  des  lettres  de  cette  couleur,  pour  essayer 
l'asèm  ;  enfin  des  procédés  pour  doubler  et  multiplier  la  dose  de  l'asèm,  pour 
le  diluer,  etc.  :  ce  qui  répond  à  la  diplosis  de  l'or,  signalée  plus  haut  (p.  56 
et  6o). 

Entrons  dans  quelques  détails,  en  commençant  par  les  procédés  de  fabri- 
cation, qui  mettent  en  pleine  évidence  le  caractère  réel  de  l'asèm.  On  trouve 
désignés  sous  ce  nom,  indépendamment  de  l'asèm  naturel  ou  electrum,  al- 
liage d'or  et  d'argent  figuré  sur  les  monuments  égyptiens  : 

1°  Un  alliage  d'étain  et  d'argent  (3). 

C'est  un  procédé  de  diplosis  de  l'argent. 

2°  Un  amalgame  d'étain,  (5)  et  (86). 

Ici  il  s'agit  uniquement  de  simuler  l'argent. 

Dans  une  autre  recette  (37),  l'étain  affiné  est  simplement  additionné  d'un 
peu  de  mercure  :  ce  qui  montre  que  la  dose  de  ce  dernier  variait. 

3"  L'étain  affiné  aété  parfois  identifié  à  l'asèm  (v.  p.  55),  commele  montre 
la  recette  suivante,  tirée  du  manuscrit  299  de  Saint-Marc  (M,  fol.  106,  recto)  : 

a  Prenez  de  l'étain  affiné,  fondez-le  et,  après  cinq  fusions,  jetez  du  bitume 
à  sa  surface  dans  le  creuset  ;  et  chaque  fois  que  vous  le  refondrez,  coulez-le 
dans  du  sel  ordinaire,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  un  asèm  parfait  et  abondant.  » 


PAPYRUS    DE    LEIDE 


65 


C'est  la  formule  (3)  du  papyrus,  dans  lequel  elle  précède  la  fabrication 
d'un  alliage  d'étain  et  d'argent.  En  tous  cas,  elle  montre  la  similitude  par- 
faite des  recettes  du  papyrus  et  de  celles  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

4°  Le  nom  de  Tasèm  paraît  avoir  été  aussi  appliqué  à  un  alliage  de 
plomb  et  d'argent,  obtenu  dans  la  fusion  des  minerais  de  plomb  ;  ainsi 
que  l'établit  le  texte  suivant  (i),  tiré  du  manuscrit  de  Saint-Marc  (fol.  io6, 
recto)  : 

a  Prenez  du  plomb  fusible,  tiré  des  minerais  lavés.  Le  plomb  fusible  est 
très  compact.  On  le  fond  à  plusieurs  reprises,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne 
asèm.  Après  avoir  obtenu  Tasèm,  si  vous  voulez  le  purifier,  jetez  dans  le 
creuset  du  verre  de  Cléopâtre  et  vous  aurez  de  l'asèm  pur;  car  le  plomb 
fusible  fournit  beaucoup  d'asèm.  Chauffez  le  creuset  sur  un  feu  modéré  et 
pas  trop  fort.  » 

Et  un  peu  plus  bas  : 

«  On  tire  l'asèm  du  plomb  purifié,  comme  il  est  écrit  sur  la  stèle  d'en 
haut  (2) .  Il  faut  savoir  que  cent  livres  de  plomb  ordinaire  fournissent  dix 
livres  d'asèm.  » 

Dans  les  autres  recettes,  le  cuivre  intervient  toujours;  on  rapprochait 
par  là  l'apparence  et  les  propriétés  de  l'alliage  de  celles  de  l'or.  L'asèm  for- 
mait dès  lors,  aussi  bien  que  l'électrum  naturel,  la  transition  entre  l'or  et 
l'argent.  Toutefois,  dans  aucune  des  recettes,  sauf  la  dernière  (90^  l'or 
n'est  ajouté;  ce  qui  montre  bien  l'intention  d'imitation,  ou  plutôt  de 
fraude. 

5°  Un  alliage  d'étain  et  de  cuivre,  sorte  de  bronze  où  l'étain  dominait 
(30);  ou  bien  il  était  pris  à  parties  e'gales  (29)  et  (14). 

6"  Un  alliage  analogue,  avec  addition  d'asèm  antérieur  (8)  et  (40). 

L'intention  de  fraude  est  ici  très  explicitement  avouée. 

Dans  cette  formule,  il  n'est  pas  question  des  fondants  et  des  tours  de 
main  pour  affiner  l'alliage,  mais  ils  sont  décrits  en  détail  dans  une  autre 
recette  (19),  par  laquelle  on  augmente  la  proportion  de  cuivre  dans  l'asèm 


(i)  Le  titre  est  :  Sur  la  fabrication  de 
l'asèm  ;  tandis  que  le  signe  employé 
dans  le  courant  du  texte  est  celui  de 
l'argent.  (Texte  grec  ci-après,  I,  xvi.) 


(2)  Il  s'agit  évidemment  de  la  recette 
précédente,  inscrite  probablement  dans 
le  temple  sur  une  stèle  ou  colonne. 


66  CHIMIE    DES   ANCIENS 

déjà  préparé  :  ce  qui  devait  rapprocher  le  bronze  obtenu  de  la  couleur  de 
l'or.  De  même  (83),  dans  une  recette  où  l'on  décrit  les  précautions  pour  éviter 
l'oxydation. 

7**  Un  alliage  d'argent,  d'étainet  de  cuivre  (41). 

Une  recette  analogue,  un  peu  plus  détaillée  et  avec  moitié  moins  d'étain, 
se  termine  par  ces  mots  :  «Employez-le  comme  de  l'asèm,  préférable  au  véri- 
table (59) .  » 

8°  Un  amalgame  de  cuivre  et  d'étain  (9)  et  (29). 

9°  Un  amalgame  de  cuivre,  d'étainet  d'asèm  (13)  et  (18). 

C'est  une  variante  de  la  formule  précédente. 

Ces  recettes  paraissent  se  rapporter  à  ces  prescriptions  fondamentales  du 
Pseudo-Démocrite  :  «  Fixe  le  mercure  avec  le  corps  (ou  métal)  de  la  magné- 
sie. »  La  magnésie  était,  à  proprement  parler,  tantôt  la  pierre  d'aimant,  avec 
addition  de  divers  métaux  et  oxydes  métalliques,  tantôt  un  sulfure  métallique 
contenant  du  fer,  du  cuivre,  du  plomb,  etc. 

10°  Un  alliage  de  plomb,  de  cuivre,  de  zinc  et  d'étain  (11);  avec  ces  mots 
à  la  fin  :  tt  On  s'en  sert  comme  de  l'asèm  naturel.  » 

On  voit  paraître  ici  l'idée  d'imiter  par  l'art  le  métal  naturel,  par  analogie 
avec  la  reproduction  artificielle  des  pierres  précieuses. 

1 1°  Un  alliage  de  plomb,  de  cuivre  et  d'asèm  (84),  désigné  sous  le  nom 
d'asèm  égyptien,  d'après  la  recette  de  Phiménas  le  Saïte,  personnage  qui 
est  le  même  que  le  Pamménès  des  alchimistes.  En  effet,  il  est  expressément 
cité  parle  Pseudo-Démocrite,  comme  artiste  en  Chrysopée,  au  début  d'une 
série  de  recettes  pour  la  fabrication  de  l'asèm  (p.  24). 

Cet  ordre  d'alliages  rappelle  le  métal  anglais  de  nos  jours,  formé  de 
80  parties  de  cuivre;  4,  3  de  plomb;  10,  i  d'étain;  5,  6  de  zinc. 

De  même  V alliage  indien  :  16  parties  de  cuivre;  4  parties  de  plomb; 
2  parties  d'étain;  16  parties  de  zinc; 

Ou  bienlemeVa/  du  prince  Robert  :  4  parties  de  cuivre  et  2  de  zinc; 

Les  alliages  de  cuivre  et  de  zinc  (100  cuivre,  8  à  14  zinc)  ; 

Les  alliages  de  cuivre  (100  parties),  de  zinc  et  d'étain  (de  3  à  7  parties  de 
chacun)  ; 

L'argentan,  le  pack/ong,  le  cuivre  blanc  des  Chinois,  le  maillechort; 
alliages  de  cuivre  (de  3  à  5  parties)  avec  le  zinc  et  le  nickel  (parties  égales, 


PAPYRUS    DE    LEIDE  67 

formant  la  moitié  ou  les  deux  tiers  du  poids  du  cuivre),  additionnés  d'un 
peu  de  plomb; 

Et  un  grand  nombre  d'alliages  complexes  et  du  même  ordre,  cuivres, 
bronzes  et  laitons  blancs  et  jaunes  encore  usités  dans  l'industrie  :  la  variété 
en  est  infinie. 

12°  Un  alliage  d'asèm  et  d'orichalque  (laiton)  arsenical,  décrit  à  la  suite  du 
précédent  (85). 

Cette  recette  compliquée,  où  l'arsenic  intervient,  rappelle  tout  à  fait  celles 
des  alchimistes.  On  lit,  par  exemple,  dans  le  Pseudo-Démocrite  [Physica  et 
Mystica,  Texte  grec,  1,7)  ; 

«  Fabrication  de  l'or  jaune.  —  Prenez  du  claudianon  (i),  rendez-le  brillant 
et  traitez-le  suivantl'usage,  jusqu'à  ce  qu'il  devienne  jaune.  Jaunissons  donc: 
je  ne  dis  pas  avec  la  pierre,  mais  avec  sa  portion  utile.  Vous  jaunirez  avec 
l'alun  décomposé  (2),  avec  le  soufre,  ou  l'arsenic  (sulfuré),  ou  la  sandaraque 
(réalgar),  ou  le  titanos  (calcaire),  ou  à  votre  idée  :  si  voiis  y  ajoutez  de  l'ar- 
gent, vous  aurez  de  l'or;  si  vous  mettez  de  l'or,  vous  aurez  du  corail  d'or  (3)  ; 
car  la  nature  victorieuse  domine  la  nature.  » 

Le  procédé  semble  le  même  ;  mais  il  est  moins  clair  chez  l'alchimiste  et 
il  est  devenu  une  méthode  de  transmutation.  Une  recette  analogue  se 
retrouve  un  peu  plus  loin  dans  le  même  auteur. 

Voici  encore  un  résumé  de  la  recette  d'Olympiodore,  auteur  alchimiste 
du  V»  siècle,  laquelle  est  très  claire. 

«  Première  teinture  teignant  le  cuivre  en  blanc.  —  L'arsenic  est  une 
espèce  de  soufre  qui  se  volatilise  au  feu.  Prenez  de  l'arsenic  doré,  14  onces; 
porphyrisez,  faites  tremper  dans  du  vinaigre  deux  ou  trois  jours  et  faites 
sécher  à  l'air,  mêlez  avec  5  onces  de  sel  de  Cappadoce  (4)  ;  l'emploi  de  ce  sel 


(i)  Alliage  de  plomb  etd'étain  conte- 
nant du  zinc  et   du  cuivre. 

(2)  Dans  le  langage  des  alchimistes 
grecs,  ce  mot  s'applique  non  seulement 
à  notre  alun  plus  ou  moins  pur,  mais 
à  l'acide  arsénieux,  provenant  du  gril- 
lage des  sulfures  :  cette  signification  est 
donnée  dans  les  textes  d'une  façon  très 
explicite. 


(3)  Quintessence  de  l'or.  Ce  mot  est 
parfois  synonyme  de  coquille  d'or,  dé- 
nomination conservée  dans  le  langage 
des  orfèvres  par  le  mot  or  en  coquilles, 
c'est-à-dire  or  en  poudre,  dont  le  sens 
actuel  n'est  peut-être  pas  le  même  que 
celui  des  anciens. 

(4)  Sel  gemme. 


68  CHIMIE    DES    ANCIENS 

a  été  proposé  par  Africanus.  On  place  au-dessus  du  vaisseau  qui  contient 
le  mélange  une  tasse  ou  vase  de  verre  et  au-dessus  une  autre  tasse,  assujettie 
de  tous  côtés,  pour  que  l'arsenic  brûlé  ne  se  dissipe  pas  (i).  Faites  brûler  à 
plusieurs  reprises,  jusqu'à  ce  qu'il  soit  devenu  blanc  :  on  obtient  ainsi  de 
Taiun  blanc  et  compact  (2).  Ensuite  on  fait  fondre  du  cuivre  avec  de  la  cen- 
dre de  chêne  de  Nicée  (3),puis  vous  prenez  de  la  fleur  de  natron  (4),  vous  en 
jetezaufond  du  creuset  2  ou  3  parties  pour  ramollir.  Ensuite  vous  projetez  la 
poudre  sèche  (arsenic)  avec  une  cuiller  de  fer,  i  once  pour  2  onces  de  cuivre; 
puis  vous  ajoutez  dans  le  creuset  un  peu  d'argent,  pour  rendre  la  teinture 
uniforme;  vousprojetez  encore  un  peu  de  sel.  Vous  aurez  ainsi  un  très  bel 
asèm.  » 

On  voit  que  les  recettes  des  premiers  alchimistes  ne  sont  nullement  chi- 
mériques, mais  pareilles  à  celles  du  papyrus  et  même  aux  recettes  des 
orfèvres  et  métallurgistes  de  nos  jours. 

Venons  aux  procédés  de  diplosis  proprement  dite,  destinés  à  augmenter 
le  poids  de  Tasém,  envisagé  comme  un  métal  détini,  procédés  analogues 
aux  diplosis  de  l'or  et  de  l'argent  décrites  plus  haut  et  donnant  des  alliages 
plus  ou  moins  riches  en  cuivre  (6),  (10)  et  (90). 

Dans  le  dernier  procédé,  il  semble  qu'il  s^agisse  d'accroître  le  poids  de 
l'asèm  et  d'en  modifier  la  couleur.  On  le  ramollit  par  amalgamation,  afin 
d'y  pouvoir  incorporer  de  l'or,  de  l'argent,  du  soufre,  de  l'arsenic  et  du 
cuivre.  Les  derniers  métaux  sont  tirés  de  leurs  sulfures,  dissous  ou  désa- 
grégés par  le  polysulfure  de  calcium,  qui  forme  l'eau  de  soufre  :  le  tout, 
avec  le  concours  des  grillages  et  d'une  nouvelle  amalgamation  finale.  C'est 
là. tout  à  fait  un  procédé  d'alchimiste  transmutateur. 

Une  mention  spéciale  est  due  à  la  substance  appelée  uowp  Ôeicv  :  ce  qui 
veut  dire  eau  de  soufre,  ou  eau  divine,  substance  qui  a  un  rôle  énorme  chez 
les  alchimistes,  lesquels  jouent  continuellement  sur  le  double  sens  de  ce 
mot.  Cette  liqueur  est  désignée  dans  le  lexique  alchimique  sous  le  nom  de 
bile  de  serpent;  dénomination  qui  est  attribuée  à  Pétésis,  seul  auteur  cité 


(i)  Cette  description  répond  à  celle 
de  l'aludel. 

(2)  Ce  nom  s'appliquait  donc  à  l'acide 
arsénieux- 


(3)  Flux  blanc. 

(4)  Fondant. 


PAPYRUS    DE    LEIDE  69 

dans  ce  lexique,  lequel  figure  aussi  dans  Dioscoride,  et  qui  doit  être  rappro- 
ché de  Phiménasou  Pamménès,  désigné  à  la  fois  dans  le  papyrus  et  dans  le 
Pseudo-Démocrite.  Ces  noms  représentent  deux  personnages  réels,  deux  de 
ces  prophètes  ou  prêtres  chimistes  qui  ont  fondé  notre  science. 

L'eau  de  soafre  apparaît  pour  la  première  fois  dans  le  papyrus  X  (89). 
La  recette  est  très  claire  :  elle  désigne  la  préparation  d'un  polysulfure  de 
calcium.  Dans  la  recette  consécutive  (90),  qui  est  fort  compliquée,  on  met 
en  oeuvre  la  liqueur  ci-dessus. 

Cette  liqueur  préparée  avec  du  soufre  natif  (ijowp  ôs-ou  àôiV.Tou)  se  trouve 
décrite]  dans  divers  passages  des  alchimistes,  par  exemple  dans  le  petit 
résumé  de  Zosime  intitulé  :  -rir^z'.x  ypoiç-q,  écrit  authentique.  Rappelons 
ici  que  les  descriptions  de  Zosime  se  rapportent  en  divers  endroits  à  des 
liqueurs  chargées  d'acide  sulfhydrique  (i). 

Une  semblable  eau  de  soufre  possède  une  activité  remarquable,  surtout 
vis-à-vis  des  métaux,  activité  qui  a  dû  frapper  vivement  ses  inventeurs.  Non 
seulement  elle  donne  des  précipités  ou  produits  colorés  en  noir,  en  jaune, 
en  rouge,  etc.,  avec  les  sels  et  oxydes  métalliques:  mais  lespolysulfuresalca- 
lins  exercent  une  actiondissolvante  sur  la  plupart  des  sulfures  métalliques  ; 
ils  colorent  directement  la  surface  des  métaux  de  teintes  spéciales  ;  enfin 
ils  peuvent  même,  par  voie  sèche  à  la  vérité,  dissoudre  l'or. 

Dans  ces  procédés  de  diplosis  et  dans  la  plupart  des  fabrications  d^asèm, 
l'auteur  ajoute  toujours  au  mélange  une  certaine  dose  d'asèm  préexistant, 
pour  faciliter  l'opération.  Il  y  a  là  une  idée  analogue  à  celle  d'un  ferment 
et  qui  est  exposée  d'une  façon  plus  explicite  dans  deux  articles  spéciaux 
(7)  et  (60). 

Quelques  mots  maintenant  sur  Pasèm  noir,  préparation  analogue  à 
notre  argent  oxydé  (36).  C'est  un  alliage  noirci  par  des  sulfures  métalliques. 
Pline  dit  de  même  [Hist.  nat.,  XXXIII,  46)  : 

a  L'Egypte  colore  l'argent,  pour  voir  dans  les  vases  son  Anubis  ;  elle 
peint  l'argent,  au  lieu  de  le  ciseler.  Cette  matière  a  passé  de  là  aux  statues 
triomphales  ;  et,  chose  étrange,  elle  augmente  de  prix  en  voilant  son  éclat. 


(i)  Sur  la  niânie  eau  divine  ;  on  v  lit 
le  passage  suivant  :  découvrant  l'alam- 


bic, tu  te  boucheras  le  nez  à  cause  de 
l'odeur,  etc. 


yo  CHIMIE    DES   ANCIENS 

Voici  comment  on  opère.  On  mêle  avec  un  tiers  d'argent  deux  parties  de 
cuivre  de  Chypre  très  fin,  nommé  coronaire,  et  autant  de  soufre  vif  que 
d'argent.  On  combine  le  'tout  par  fusion,  dans  un  vase  de  terre  luté  avec  de 
l'argile...  On  noircit  aussi  avec  un  jaune  d'œuf  durci;  mais  cette  der- 
nière teinte  est  enlevée  par  l'emploi  delà  craie  et  du  vinaigre.  » 

Ainsi  Pline  opèreavec  del'argent  pur,  tandis  que  le  papyrus  met  enœuvre 
un  alliage  plombifère. 


IV.  —  Recettes  du  Pseudo-Démocrite . 

Pour  achever  de  caractériser  ces  colorations  de  métaux  en  or  et  en  argent, 
ainsi  que  toute  l'industrie  des  orfèvres  et  métallurgistes  égyptiens  qui  a 
donné  naissance  à  l'Alchimie,  il  semble  utile  de  donner  les  recettes  des  pre- 
miers alchimistes  eux-mêmes.  J'en  ai  déjà  reproduit  quelques-unes  (p.  Sg, 
6i,  62,  64,  65,  6j).  Les  plus  vieilles  de  ce?  recettes  sont  exposées  dans 
le  Traité  du  Pseudo-Démocrite,  intitulé  Physica  et  Mystica;]^  les  ai  étu- 
diées et  j'ai  réussie  en  tirer  un  sens  positif,  à  peu  près  aussi  clair  que  pour 
les  procédés  décris  par  Pline  ou  Dioscoride.  Or  leur  comparaison  four- 
nit les  résultats  les  plus  dignes  d'intérêt. 

Après  un  fragment  technique  sur  la  teinture  en  pourpre  et  un  récit 
d'évocation,  ce  Traité  poursuit  par  deux  Chapitres,  l'un  sur  la  Chrysopée 
ou  art  de  faire  de  l'or  ;  l'autre  sur  la  fabrication  de  l'asèm,  assimilée  à 
l'art  de  faire  de  l'argent.  Ces  deux  Chapitres  sont  en  réalité  des  collections 
de  recettes  ayant  le  même  caractère  pratique,  c'est-à-dire  relatives  tant  à  la 
préparation  de  métaux  teints  superficiellement,  qu'à  celle  d'or  et  d'alliages 
d'argent.  Les  recettes  mêmes  sont  comparables  de  tous  points  à  celles  du 
papyrus  deLeide,  à  cela  près  que  chacune  d'elles  se  termine  par  les  refrains 
mystiques  :La  nature  triomphe  de  la  nature;  la  nature  jouit  de  la  nature;  la 
nature  domine  la  nature,  etc.  Cependantil  n'y  a  ni  magie,  ni  mystère  dans 
le  corps  même  des  recettes.  Donnons-en  le  résumé  en  quelques  lignes. 

Art  de  faire  de  l'or.  —  Première  recette.  —  On  éteint  le  mercure,  en 
ralliant  avec  un  autre  métal  ;  ou  bien  en  l'unissant  au  soufre,  ou  au  sulfure 


PAPYRUS    DE    LEIDE  yi 

d'arsenic  ;  ou  bien  en  l'associant  avec  certaines  matières  terreuses.  On  étend 
cette  pâte  sur  du  cuivre  pour  le  blanchir.  En  ajoutant  de  l'électrum  ou 
de  l'or  en  poudre,  on  obtient  un  métal  coloré  en  or.  Dans  une  variante,  on 
blanchit  le  cuivre  au  moyen  des  composés  arsenicaux,  ou  du  cinabre  décom- 
posé. Il  s'agit  donc,  en  somme,  d'un  procédé  d'argenture  apparente  du 
cuivre,  précédant  une  dorure  superficielle. 

Deuxième  recette.  —  On  traite  le  sulfure  d'argent  naturel  par  la  litharge 
de  plomb,  ou  par  l'antimoine,  de  façon  à  obtenir  un  alliage;  et  l'on  colore  en 
jaune  par  une  matière  non  définie. 

Troisième  récette.  —  On  grille  la  pyrite  cuivreuse,  on  la  fait  digérer  avec 
des  solutions  de  sel  marin,  et  l'onprépare un  alliage  avec  de  l'argent  ou  de  l'or. 

Le  claudianon  (alliage  de  cuivre,  d'étain  et  de  plomb  avec  le  zinc)  est 
jauni  parle  soufre,  ou  l'arsenic,  puis  allié  à  l'argent  ou  à  l'or. 

Quatrième  recette.  —  Le  cinabre,  décomposé  par  divers  traitements,  teint 
l'argent  en  or,  le  cuivre  en  électrum. 

Cinquième  recette.  —  On  prépare  un  vernis  jaune  d'or  avec  la  cadmie, 
ou  la  bile  de  veau,  ou  la  térébenthine,. ou  l'huile  de  ricin,  ou  le  jaune 
d'œuf(v.  p.  56,  58,  59). 

Sixième  recette.  —  On  teint  l'argent  en  or,  par  une  sulfuration  superfi- 
cielle, obtenue  au  moyen  de  certaines  pyrites,  ou  de  l'antimoine  oxydé,  joints 
à  l'eau  de  soufre  (polysulfure  de  calcium)  et  au  soufre  même. 

Septième  recette.  —  On  prépare  d'abord  un  alliage  de  cuivre  et  de  plomb 
(molybdochalque)  et  on  le  jaunit,  de  façon  à  obtenir  un  métal  couleur  d'or. 

Huitième  recette.  —  On  teint  le  cuivre  et  l'argent  à  la  surface  en  jaune, 
au  moyen  de  la  couperose  verte  altérée.  Puis  vient  une  recette  d'affinage  de 
l'or,  rappelant  le  cément  royal. 

Neuvième  recette.  —  Même  recette  appliquée  à  la  cémentation  superfi- 
cielle, qui  donne  aux  parties  extérieures  du  métal  les  caractères  de  l'or. 
Vient  après  une  petite  déclamation  de  l'auteur  sur  les  phénomènes  chi- 


72 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


miques  et  sur  la  nature  de  sa  science;  puis  trois  recettes  de  vernis,  pour 
teindre  en  or  par  digestion  avec  certains  mélanges  de  substances  végétales, 
safran,  chélidoine,  carthame,  etc.,  recettes  qui  rappellent  le  procédé  tiré  du 
Manuel  Rorety  que  j'ai  exposé  plus  haut  (p.  60).  L'auteur  dit  finalement  : 
0  Cette  matière  de  la  Chrysopée  accomplie  par  des  opérations  naturelles  est 
celle  de  Pamménès,  qu'il  enseignait  aux  prêtres  en  Egypte.  » 

Art  de  faire  de  l'asèm.  —  Il  expose  ensuite  la  fabrication  de  Pasèm,  ou 
Argyropée  (c'est-à-dire  l'art  de  faire  de  l'argent). 

Première  recette  —  On  blanchit  le  cuivre  par  les  composés  volatils  de 
l'arsenic;  cette  action  opérée  par  sublimation  étant  assimilée  à  celle  du 
mercure  (i). 

Deuxième  recette.  —  Le  mercure  sublimé  est  éteint  avec  de  l'étain,  du 
soufre  et  divers  autres  ingrédients  ;  et  l'on  s'en  sert  pour  blanchir  les  métaux. 

Troisième  recette.  —  Analogue  à  la  précédente  et  appliquée  à  un  alliage 
de  cuivre,  d'orichalque  et  d'étain. 

Quatrième  recette.  —  Sulfure  d'arsenic  et  soufre  employés  pour  blanchir 
et  modifier  les  métaux. 

Cinquième  recette.  —  Préparation  d'un  alliage  blanc  à  base  de  plomb. 

Sixième  recette.  —  C'est  un  simple  vernis  superficiel  pour  donner  au  cui- 
vre, au  plomb,  au  fer,  l'apparence  de  l'argent  ;  ce  vernis  étant  fixé  par  décoc- 
tion et  enduits  sans  l'action  du  feu  (v.  p.  52). 

Septième  recette.  —  Elle  représente  une  teinture  par  amalgamation,  et  la 
8«  recette  un  simple  vernis. 

On  voit  que  toutes  ces  recettes  du  Pseudo-Démocrite  et  d'Olympiodore, 
aussi  bien  que  celles  du  papyrus  de  Leide,  sont  réelles,  positives,  sans  mé- 
lange de  chimère.  Plus  tard  sont  venus  les  philosophes  et  les  commenta- 


(i)  De  là,  l'idée  des  deux  mercures, 
l'un  tiré  du  cinabre,  l'autre  de  Tarse 


nie,  qui  se  trouve  souvent  chez  les  al- 
chimistes. 


METAUX    ET    PLANETES 


73 


teurs,  étrangers  à  la  pratique  et  animés  d'espérances  mystiques,  qui  ont  jeté 
une  grande  confusion  dans  la  question.  Mais  le  point  de  départ  est  beau- 
coup plus  clair,  comme  le  montrent  les  textes  que  je  viens  analyser. 

J'ai  cru  utile  de  développer  cette  étude  de  l'asèm,  parce  qu'elle  est  nou- 
velle et  parce  qu'elle  jette  beaucoup  de  lumière  sur  les  idées  des  Egyptiens 
du  III^  siècle  de  notre  ère,  relativement  à  la  constitution  des  métaux.  On 
voit  en  effet  qu'il  n'existe  pas  moins  de  douze  ou  treize  alliages  distincts,  dési- 
gnés sous  ce  même  nom  d'asèm,  alliages  renfermant  de  l'or,  de  l'argent,  du  cui- 
vre, de  l'étain,  du  plomb,  du  zinc,  de  l'arsenic.  Leur  caractéristique  com- 
mune était  de  former  la  transition  entre  l'or  et  l'argent,  dans  la  fabrication 
des  objets  d'orfèvrerie.  Rien  n'était  plus  propice  qu'une  semblable  confu- 
sion pour  donner  des  facilités  à  la  fraude  :  aussi  a-t-elle  dû  être  entretenue 
soigneusement  par  les  opérateurs.  Mais,  par  un  retour  facile  à  concevoir, 
elle  a  passé  des  produits  traités  dans  les  opérations  jusqu'à  l'esprit  des  opé- 
rateurs eux-mêmes.  Les  théories  des  écoles  philosophiques  sur  la  matière 
première,  identique  dans  tous  les  corps,  mais  recevant  sa  forme  actuelle  de 
l'adjonction  des  qualités  fondamentales  exprimées  par  les  quatre  éléments, 
ont  encouragé  et  excité  cette  confusion.  C'est  ainsi  que  les  ouvriers  habi- 
tués à  composer  des  alliages  simulant  l'or  et  l'argent,  parfois  avec  une  per- 
fection telle  qu'eux-mêmes  s'y  trompaient,  ont  fini  par  croire  à  la  possibilité 
de  fabriquer  effectivement  ces  métaux  de  toutes  pièces,  à  l'aide  de  certaines 
combinaisons  d'alliages,  et  de  certains  tours  de  main,  complétés  par  l'aide 
des  puissances  surnaturelles,  maîtresses  souveraines  de  toutes  les  transfor- 
mations. 


II.-  RELATIONS  ENTRE  LES  MÉTAUX  ET  lES  PLANÈTES 

LE  NOMBRE  SEPT  (1). 


«  Le    monde    est   un    animal    unique,   dont   toutes  les  parties,   quelle 
qu'en  soit  la  distance,  sont  liées  entre  elles  d'une  manière  nécessaire.  » 


(i)    Cet  article    a    été   public    dans 
mon   ouvrage  intitulé   :  Science   et 


Philosophie.    Toutefois    j'ai    cru    de- 
voir  le    reproduire  ici   avec   certains 


74  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Cette  phrase  de  Jamblique  le  Néoplatonicien  ne  serait  pas  désavouée  par 
les  astronomes  et  par  les  physiciens  modernes;  car  elle  exprime  l'unité 
des  lois  de  la  nature  et  la  connexion  générale  de  l'Univers.  La  première 
perception  de  cette  unité  remonte  au  jour  où  les  hommes  reconnurent 
la  régularité  fatale  des  révolutions  des  astres  :  ils  cherchèrent  aussitôt 
à  en  étendre  les  conséquences  à  tous  les  phénomènes  matériels  et  même 
moraux,  par  une  généralisation  mystique,  qui  surprend  le  philosophe, 
mais  qu'il  importe  pourtant  de  connaître,  si  l'on  veut  comprendre  le 
développement  historique  de  l'esprit  humain.  C'est  la  chaîne  d'or  qui 
reliait  tous  les  êtres,  dans  le  langage  des  auteurs  du  moyen  âge.  Ainsi 
l'influence  des  astres  parut  s'étendre  à  toute  chose,  à  la  génération  des 
métaux,  des  minéraux  et  des  êtres  vivants,  aussi  bien  qu'à  l'évolution 
des  peuples  et  des  individus.  11  est  certain  que  le  soleil  règle,  par  le  flux 
de  sa  lumière  et  de  sa  chaleur,  les  saisons  de  l'année  et  le  développement 
de  la  vie  végétale;  il  est  la  source  principale  des  énergies  actuelles  ou 
latentes  à  la  surface  de  la  terre.  On  attribuait  autrefois  le  même  rôle, 
quoique  dans  des  ordres  plus  limités,  aux  divers  astres,  moins  puis- 
sants que  le  soleil,  mais  dont  la  marche  est  assujettie  à  des  lois  aussi 
régulières.  Tous  les  documents  historiques  prouvent  que  c'est  à  Babylone 
et  en  Chaldée  que  ces  imaginations  prirent  naissance  ;  elles  ont  joué  un 
rôle  important  dans  le  développement  de  l'astronomie,  étroitement  liée 
avec  l'astrologie  dont  elle  semble  sortie.  L'alchimie  s'y  rattache  également, 
au  moins  par  l'assimilation  établie  entre  les  métaux  et  les  planètes, 
assimilation  tirée  de  leur  éclat,  de  leur  couleur  et  de  leur  nombre  même. 
Attachons-nous  d'abord  à  ce  dernier  :  c'est  le  nombre  sept,  chiffre  sacré 
que  l'on  retrouve  partout,  dans  les  jours  de  la  semaine,  dans  l'énumération 
des  planètes  et  des  zones  célestes,  dans  celle  des  métaux,  des  couleurs, 
des  cordes  de  la  lyre  et  des  tons  musicaux,  des  voyelles  de  l'alphabet 
grec,  aussi  bien  que  dans  le  chiffre  des  étoiles  de  la  grande  ourse,  des 
sages  de  la  Grèce,  des  portes  de  Thèbes  et  des  chefs  qui  l'assiègent,  d'après 
Eschyle. 


développements  nouveaux,  parce  qu'il 
est    indispensable  pour  l'intelligence 


des  textes  et  des    notations  alchimi- 
ques. 


MÉTAUX   ET   PLANÈTES  y5 

L'origine  de  ce  nombre  paraît  être  astronomique  et  répondre  aux  phases 
de  la  lune,  c'est-à-dire  au  nombre  des  jours  qui  représentent  le  quart  de  la 
révolution  de  cet  astre.  Ce  n'est  pas  là  une  opinion  a  priori.  On  la  trouve 
en  effet  signalée  dans  Aulu-Gelle,  qui  l'a  attribuée  à  Aristide  de  Samos  (i). 
Dans  le  papyrus  W  de  Leide,  il  est  aussi  question  (p.  17)  des  28  lumières 
de  la  lune. 

L'usage  de  la  semaine  était  ancien  en  Egypte  et  en  Chaldée,  comme  en 
témoignent  divers  monuments  et  le  récit  de  la  création  dans  la  Genèse.  Mais 
il  n'existait  pas  dans  la  Grèce  classique  et  il  ne  devint  courant  à  Rome  qu'au 
temps  des  Antonins  (2).  C'est  seulement  àPépoque  de  Constantin  et  après 
le  triomphe  du  Christianisme  qu'il  fut  reconnu  comme  mesure  légale  de 
la  vie  civile:  depuis  il  est  devenu  universel  chez  les  peuples  européens. 

Le  hasard  a  fait  que  le  nombre  des  astres  errants  (planètes),  visibles  à 
l'œil  nu,  qui  circulent  ou  semblent  circuler  dans  le  ciel  autour  de  la  terre 
s'élève  précisément  à  sept  :  ce  sont  le  Soleil,  la  Lune,  Mars,  Mercure, 
Jupiter,  Vénus  et  Saturne.  A  chaque  jour  de  la  semaine,  un  astre  fut  attribué 
en  Orient:  les  noms  même  des  jours,  tels  que  nous  les  prononçons  mainte- 
nant, continuent  à  traduire,  à  notre  insu,  cette  consécration  babylonienne. 

A  côté  des  sept  Dieux  des  sphères  ignées,  les  Chaldéens  invoquaient 
les  sept  Dieux  du  ciel,  les  sept  Dieux  de  la  terre,  les  sept  Dieux  malfai- 
sants, etc. 

D'après  François  Lenormant  les  inscriptions  cunéiformes  mentionnent 
les  sept  pierres  noires,  adorées  dans  le  principal  temple  d'Ouroukh  en 
Chaldée,  bêtyles  personnifiant  les  sept  planètes.  C'est  au  même  rapproche- 
ment que  se  rapporte,  sans  doute,  un  passage  du  roman  de  Philostrate  sur 
la  vie  d'Apollonius  de  Tyane  (III,  41),  dans  lequel  il  est  question  de  sept 
anneaux,  donnés  à  ce  philosophe  par  le  brahmane  larchas. 

La  connaissance  des  divinités  planétaires  de  la  semaine  ne  se  répandit 
dans  le  monde  gréco-romain  qu'à  partir  du  !«■■  siècle  de  notre  ère  (3).  On  a 
trouvé  à  Pompéi  une  peinture  représentant  les  sept  divinités  planétaires. 


(i)  Noctes  Atticce,  III,  10.  Luneecur- 
riculum  confici  integris  quatuor  septe- 
nis  diebus. . .  auctorem  que  hujus  opi- 
nionisAristidemesse  Samium. 


(2)  Dion  Cassius,  Histoire  Romaine, 
XXXVII,  18. 

|3)  Lunœ  cursum  stellarumque  sep- 
tem  imagines.  Pétrone,  Satyricon,  3o. 


76  CHIMIE    DES   ANCIENS 

De  même  divers  autels  sur  les  bords  du  Rhin.  Une  médaille  à  l'effigie  d'An- 
tonin  le  Pieux,  frappée  la  8"*  année  de  son  règne,  représente  les  bustes  des 
sept  Dieux  planétaires  avec  les  signes  du  zodiaque,  et  au  centre  le  buste  de 
Sérapis  (i). 

Une  autre  coïncidence,  aussi  fortuite  que  celle  du  nombre  des  planètes 
avec  le  quart  de  la  révolution  lunaire,  celle  du  nombre  des  voyelles  de  Tal- 
phabet  grec,  nombre  égal  à  sept,  a  multiplié  ces  rapprochements  mystiques, 
surtout  au  temps  des  gnostiques  :  les  pierres  gravées  de  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris  et  les  papyrus  de  Leide  en  fournissent  une  multitude 
d'exemples.  Ce  n'est  pas  tout  :  les  Grecs,  avec  leur  esprit  ingénieux,  ne  tar- 
dèrent pas  à  imaginer  entre  les  planètes  et  les  phénomènes  physiques  des 
relations  pseudo-scientifiques,  dont  quelques-unes,  telles  que  le  nombre 
des  tons  musicaux  et  des  couleurs  se  sont  conservées.  C'est  ainsi  que  Pécole 
de  Pythagore  établit  un  rapport  géométrique  des  tons  et  diapasons  musi- 
caux avec  le  nombre  et  les  distances  mêmes  des  planètes  (2). 

Le  nombre  des  couleurs  fut  pareillement  fixé  à  sept.  Cette  classification 
arbitraire  a  été  consacrée  par  Newton  et  elle  est  venue  jusqu'aux  physiciens 
de  notre  temps.  Elle  remonte  à  une  haute  antiquité.  Hérodote  rapporte 
[Clio,  g8)  que  la  ville  d^Ecbatane  avait  sept  enceintes,  peintes  chacune  d'une 
couleur  différente  :  la  dernière  était  dorée;  celle  qui  la  précédait,  argentée. 
C'est,  je  crois,  la  plus  vieille  mention  qui  établisse  la  relation  du  nombre 
sept  avec  les  couleurs  et  les  métaux.  La  ville  fabuleuse  des  Atlantes,  dans 
le  roman  de  Platon,  est  pareillement  entourée  par  des  murs  concentriques, 
dont  les  derniers  sont  revêtus  d'or  et  d'argent;  mais  on  n'y  retrouve  pas  le 
mystique  nombre  sept. 

Entre  les  métaux  et  les  planètes,  le  rapprochement  résulte,  non  seulement 
de  leur  nombre,  mais  surtout  de  leur  couleur.  Les  astres  se  manifestent 
à  la  vue  avec  des  colorations  sensiblement  distinctes  :  suus  cuique  color  est, 
dit  Pline  (//".  A^.  II,  16).  Lanature  diverse  de  ces'couleurs  a  fortifié  le  rappro- 
chement des  planètes  et  des  métaux.  C'est  ainsi  que  l'on  conçoit  aisément 
l'assimilation  de  l'or,  le  plus  éclatant  et  le  roi  des  métaux,  avec  la  lumière 


(i)  De  WiTTE,  Galette  archéologi-      j  (2)  Pline,  H.  N.,  II,  20.  —  Th.  H. 

que,  1877  et  1879.  I      Martin,  Timée  de  Platon,  t.  II,  p.  38. 


METAUX    ET    PLANETES  yy 

Jaune  du  soleil,  le  dominateur  du  Ciel.  La  plus  ancienne  indication  que 
l'on  possède  à  cet  égard  se  trouve  dans  Pindare.  La  cinquième  ode  des 
Isthméennes  débute  par  ces  mots:  «  Mère  du  Soleil,  Thia,  connue  sous 
beaucoup  de  noms,  c'est  à  toi  que  les  hommes  doivent  la  puissance  pré- 
pondérante de  l'or  » . 

Matsp  'AXiou,  7îo).uwvuij.c  0£''a, 
ac'o  Y'âV.att  /.a;  [ji£ya79svfj  vo'afjav, 
•^paov  avôptoTTOt  Tzzpiuxjiov  aXXwv. 

Dans  Hésiode,  Thia  est  une  divinité,  mère  du  soleil  et  de  la  lune,  c'est-à- 
dire  génératrice  des  principes  de  la  lumière  (r/îeb^o«zV,  S/i,  374).  Un  vieux 
scoliaste  commente  ces  vers  en  disant  :  «  de  Thia  etd'Hypérion  vient  lesoleil, 
et  du  soleil,  l'or.  A  chaque  astre  une  matière  est  assignée.  Au  Soleil,  l'or; 
à  la  Lune,  l'argent  ;  à  Mars,  le  fer  ;  à  Saturne,  le  plomb  ;  à  Jupiter,  l'électrum  ; 
à  Hermès,  l'étain;  à  Vénus,  le  cuivre  (1)  ».  Cette  scolie  remonte  à  l'époque 
Alexandrine.  Elle  reposait  à  l'origine  sur  des  assimilations  toutes  naturelles. 

En  effet,  si  la  couleur  jaune  et  brillante  du  soleil  rappelle  celle  de  l'or 

orbem 

Per  duodena  régit  mundi  sol  aureus  astra  (2); 

la  blanche  et  douce  lumière  de  la  lune  a  été  de  tout  temps  assimilée  à  la 
teinte  de  l'argent.  La  lumière  rougeâtre  de  la  planète  Mars  {igneus,  d'après 
Pline;  xupcc'.ç  d'après  les  alchimistes)  a  rappelé  de  bonne  heure  l'éclat  du 
sang  et  celui  du  fer,  consacrés  à  la  divinité  du  même  nom.  C'est  iinsi  que 
Didyme,  dans  son  commentaire  sur  l'Iliade  (1.  V),  commentaire  un  peu  an- 
térieur à  l'ère  chrétienne,  parle  de  Mars,  appelé  l'astre  du  fer.  L'éclat  bleu- 
âtre de  Vénus,  l'étoile  du  soir  et  du  matin,  rappelle  pareillement  la  teinte 
des  sels  de  cuivre,  métal  dont  le  nom  est  tiré  de  celui  de  l'Ile  de  Chypre, 
consacrée  à  la  déesse  C ypris,  l'un  des  noms  grecs  de  Vénus .  De  là  le  rapproche- 
mentfait  parlaplupartdcs  auteurs.  Entre  la  teinte  blancheet  sombredu  plomb 
et  celle  de  la  planète  Saturne,  la  parenté  est  plus  étroite  encore  et  elle  est 
constamment   invoquée  depuis  Tépoque  Alexandrine.  Les  couleurs  et  les 


(i)  Pindare,  édition  de  Bœckh,  t.  II,      |  (2)  Virgile,  Géorgiqucs,  I,  432. 

p.  540,  1811). 


78  CHIMIE  DES   ANCIENS 

métaux  assignés;à  Mercure  l'étincelant  ((jtiAôwv  ;  radians,  d'après  Pline;  ap- 
parence due  à  son  voisinage  du  soleil),  et  à  Jupiter  le  resplendissant  ($aé6a)v), 
ont  varié  davantage,  comme  je  le  dirai  tout  à  l'heure. 

Toutes  ces  attributions  sont  liées  étroitement  à  l'histoire  de  l'astrologie 
et  de  l'alchimie.  En  effet,  dans  l'esprit  des  auteurs  de  l'époque  Alexandrine 
ce  ne  sont  pas  là  de  simples  rapprochements;  mais  il  s'agit  de  la  généra- 
tion même  des  métaux,  supposés  produits  sous  l'influence  des  astres  dans 
le  sein  de  la  terre . 

Proclus,  philosophe  néoplatonicien  de  V«  siècle  de  notre  ère,  dans  son  com- 
mentaire sur  le  Timée  de  Platon,  expose  que  «  l'or  naturel  et  l'argent  et 
chacun  des  métaux,  comme  des  autres  substances,  sont  engendrés  dans  la 
terre  sous  l'influence  des  divinités  célestes  et  de  leurs  effluves.  Le  Soleil  pro- 
duit l'or;  la  Lune,  l'argent;  Saturne,  le  plomb,  et  Mars,  le  fer  »  (p.  14  C). 

L'expression  définitive  de  ces  doctrines  astrologico-chimiques  et  médi- 
cales se  trouve  dans  Fauteur  arabe  Dimeschqî,  cité  par  Chwolson  [sur  les 
Sabéens,  t.  Il,  p.  38o,  396,  411,  544).  D'après  cet  écrivain,  les  sept  métaux 
sont  en  relation  avec  les  sept  astres  brillants,  par  leur  couleur,  leur  nature  et 
leur  propriétés  :  ils  concourent  à  en  former  la  substance.  Notre  auteur  ex- 
pose que  chez  les  Sabéens,  héritiers  des  anciens  Chaldéens,  les  sept  planètes 
étaient  adorées  comme  divinités;  chacune  avait  son  temple,  et,  dans  le  tem- 
ple, sa  statue  faite  avec  le  métal  qui  lui  était  dédié.  Ainsi  le  Soleil  avait  une 
statue  d'or;  la  Lune,  une  statue  d'argent;  Mars,  une  statue  de  fer;  Vénus, 
une  statue  de  cuivre;  Jupiter,  une  statue  d'étain;  Saturne,  une  statue  de 
plomb.  Quant  à  la  planète  Mercure,  sa  statue  était  faite  avec  un  assemblage 
de  tous  les  métaux,  et  dans  le  creux  on  versait  une  grande  quantité  de  mer- 
cure. Ce  sont  là  des  contes  arabes,  qui  rappellent  les  théories  alchimiques 
sur  les  métauxet  sur  le  mercure,  regardé  comme  leur  matière  première.  Mais 
ces  contes  reposent  sur  de  vieilles  traditions  défigurées,  relatives  à  l'adora- 
tion des  planètes,  à  Babylone  et  en  Chaldée,  et  à  leurs  relations  avec  les 
métaux. 

Il  existe,  en  effet,  une  liste  analogue  dès  le  second  siècle  de  notre  ère.  C'est 
un  passage  de  Celse,  cité  par  Origène  [Opéra,  t.  I,  p.  646;  Contra  Celsunt, 
livre  VI,  22;  édition  de  Paris,  lySS).  Celse  expose  la  doctrine  des  Perses  et 
les  mystères  mithriaques,  et  il  nous  apprend  que  ces  mystères  étaient  expri- 


METAUX    ET    PLANETES  yg 

méspar  un  certain  symbole,  représentant  les  révolutions  célestes  et  le  passage 
des  âmes  à  travers  les  astres.  C'était  un  escalier,  muni  de  7  portes  élevées, 
avec  une  8«  au  sommet. 

La  première  porte  est  de  plomb;  elle  est  assignée  à  Saturne,  la  lenteur 
de  cet  astre  étant  exprimée  par  la  pesanteur  du  métal  (i). 

La  seconde  porte  est  d  etain;  elle  est  assignée  à  Vénus,  dont  la  lumière 
rappelle  l'éclat  et  la  mollesse  de  ce  corps. 

La  troisième  porte  est  d'airain,  assignée  à  Jupiter,  à  cause  delà  résistance 
du  métal. 

La  quatrième  porte  est  de  fer,  assignée  à  Hermès,  parce  que  ce  métal  est 
utile  au  commerce,  et  se  prête  à  toute  espèce  de  travail. 

La  cinquième  porte,  assignée  à  Mars,  est  formée  par  un  alliage  de  cuivre 
monétaire,  inégal  et  mélangé. 

La  sixième  porte  est  d'argent,  consacrée  à  la  Lune; 

La  septième  porte  est  d'or,  consacrée  au  soleil  ;  ces  deux  métaux  répon- 
dent aux  couleurs  des  deux  astres. 

Les  attributions  des  métaux  aux  planètes  ne  sont  pas  ici  tout  à  fait  les 
mêmes  que  chezles  Néoplatoniciens  et  les  alchimistes.  Elles  semblentrépon- 
dre  à  une  tradition  un  peu  différente  et  dont  on  trouve  ailleurs  d'autres 
indices.  En  effet,  d'après  Lobeck  [Aglaophamus,  p.  936,  1829),  dans  certaines 
listes  astrologiques,  Jupiter  est  de  môme  assigné  à  l'airain,  et  Mars  au 
cuivre. 

On  rencontre  la  trace  d'une  diversité  plus  profonde  et  plus  ancienne 
encore,  dans  une  vieille  liste  alchimique,  reproduite  dans  plusieurs  manus- 
crits alchimiques  ou  astrologiques  et  où  le  signe  de  chaque  planète  est 
suivi  du  nom  du  métal  et  des  corps  dérivés  ou  congénères,  mis  sous  le 
patronage  de  la  planète.  Cette  liste  existe  également  dans  le  Ms.  2419 
de  notre  Bibliothèque  Nationale  (fol.  46  verso),  où  elle  fait  partie  d'un 
traité  astrologique  d'Albumazar,  auteur  du  IX'=  siècle,  avec  des  variantes 
et  des  surcharges  qui  ne  sont  pas  sans  importance  :  une  partie  des  mots 
grecs  y  sont  d'ailleurs  écrits  en  caractères  hébreux,  comme  s'ils  avaient  un 
sens  mystérieux  [voir  dans  ce  volume,  texte  grec,  p.  24).  Dans  cette  liste, 

(î)  Saturni  sidus  gelidœ  ac  rigentis  esse  naiune.  Pline,  H.  N.,  II,  ô. 


8o 


CHIMIE    DES  ANCIENS 


la  plupart  des  planètes  répondent  aux  mêmes  métaux  que  dans  les  énuméra- 
tions  ordinaires,  à  l'exception  de  la  planète  Hermès,  à  la  suite  du  signe  de 
laquelle  se  trouve  non  le  nom  d'un  métal,  mais  celui  d'une  pierre  précieuse  : 
Pémeraude.  Le  mercure  est  cependant  inscrit  vers  la  fin  de  l'énumération 
des  substances  consacrées  à  Hermès,  mais  comme  s'il  avait  été  ajouté  après 
coup.  Or,  chez  les  Egyptiens,  d'après  Lepsius,  la  liste  des  métaux  compre- 
nait, à  côté  de  l'or,  de  l'argent,  du  cuivre  et  du  plomb,  les  noms  des  pierres 
précieuses,  telles  que  le  mafek  ou  émeraude,  et  le  chesbet  ou  saphir,  corps 
assimilés  aux  métaux  à  cause  de  leur  éclat  et  de  leur  valeur  (i). 

Dans  le  roman  égyptien  de  Satni-Khâm-Ouas,  le  livre  magique  de  Tahout 
est  renfermé  dans  sept  coffres  concentriques,  de  fer,  de  bronze,  de  bois  de 
palmier,  d'ivoire,  d'ébène,  d'argent  et  d'or  (2).  La  rédaction  primitive  de 
ce  roman  remonterait  aux  dernières  dynasties;  sa  transcription  connue, 
au  temps  des  Ptolémées.  Tout  ceci  concourt  à  établir  que  la  liste  des  sept 
métaux  n'a  été  arrêtée  que  fort  tard,  probablement  vers  l'époque  des 
Antonins, 

C'est  ici  le  lieu  de  parler  des  tablettes  métalliques  trouvées  à  Khorsa- 
bad.  Dans  le  cours  des  fouilles,  en  1854,  M.  Place  découvrit,  sous  l'une 
des  pierres  angulaires  du  palais  assyrien  de  Sargon,  un  coffret  contenant 
sept  tablettes.  C'étaient  des  tablettes  votives,  destinées  à  rappelerla  fondation 
de  l'édifice  (706  ans  avant  J.-C),  et  à  lui  servir  en  quelque  sorte  de  Palla- 
dium. Quatre  de  ces  tablettes  se  trouvent  aujourd'hui  au  Musée  du  Lou- 
vre. J'en  ai  fait  l'analyse,  et  les  résultats  de  mon  étude  sont  consignés 
plus  loin  dans  le  présent  volume.  Je  me  borne  à  dire  ici  que  les  quatre 
tablettes  sont  constituées  en  fait  par  de  l'or,  de  l'argent,  du  bronze  et  du 
carbonate  de  magnésie  pur,  minéral  rare  que  Ton  ne  supposait  pas  connu 
des  anciens,  et  dont  l'emploi  reposait  sans  doute  sur  quelque  idée  reli- 
gieuse. Les  noms  des  matières  des  tablettes,  tels  qu'ils  sont  indiqués  dans 
les  inscriptions  qui  les  recouvrent,  sont  d'après  M.  Oppert,  l'or  [hurasi]^ 
l'argent  [kaspi],  le  cuivre  [urudi  ou  er  [bronze]),  puis,  deux  mots  [anaki 


(i)  Voir  les  métaux  égyptiens,  dans 
mon  ouvrage  sur  les  Or/g'mes  de  l'Al- 
chimie, p.  221  et  233,  Steinheil,  i885. 


{2]  Histoire  ancienne  deV  Orient,  par 
Fr.    Lenormant,    9"    édition,    t.    III, 

p.  i58(i883). 


MÉTAUX    ET    PLANÈTES  8l 

et  kasaiatiri  ou  abar)  que  les  interprètes  ont  traduit  par  plomb  et  étain, 
bien  que  l'un  d'eux  semble  en  réalité  désigner  la  4"  tablette  signalée  plus 
haut  (carbonate  de  magnésie),  et  enfin  deux  noms  de  corps  portant  le  dé- 
terminatif  des  pierres,  et  traduits  par  marbre  [sipri  ou  lakour)  et  albâtre 
[gis-sin-gaï).  Rien  d'ailleurs  n'indique  des  attributions  planétaires,  si  ce 
n'est  le  nombre  sept.  Ajoutons  toutefois  que,  d'après  un  renseignement 
que  m'a  fourni  M.  Oppert,  deux  métaux  étaient  désignés  par  les  Assyriens 
et  les  Babyloniens  sous  des  dénominations  divines  :  le  fer  sous  le  nom  de 
Ninip,  Dieu  de  la  guerre  :  ce  qui  rappelle  l'attribution  ultérieure  du  métal 
à  Mars;  et  le  plomb,  sous  le  nom  du  Dieu  Anu,  Dieu  du  ciel  que  l'on 
pourrait  rapprocher  de  Saturne  :  toutefois  ce  ne  seraient  pas  là  des  Dieux 
planétaires. 

Voilà  ce  que  j'ai  pu  savoir  relativement  à  l'interprétation  des  noms 
métalliques  contenus  dans  ces  tablettes.  Un  des  points  les  plus  essentiels 
qui  résultent  de  leur  étude,  c'est  l'assimilation  de  certaines  pierres  ou 
minerais  aux  métaux,  précisément  comme  chez  les  Égyptiens. 

Il  y  a  là  le  souvenir  de  rapprochements  très  différents  des  nôtres,  mais 
que  rhumanité  a  regardé  autrefois  comme  naturels,  et  dont  la  connaissance 
est  nécessaire  pour  bien  concevoir  les  idées  des  anciens.  Toutefois  l'assi- 
milation des  pierres  précieuses  aux  métaux  a  disparu  de  bonne  heure  ; 
tandis  que  l'on  a  pendant  plus  longtemps  continué  à  ranger  dans  une  même 
classe  les  métaux  purs,  tels  que  l'or,  l'argent,  le  cuivre,  et  certains  de 
leurs  alliages,  par  exemple  l'électrum  et  l'airain.  De  là  des  variations 
importantes  dans  les  signes  des  métaux  et  des  planètes. 

Retraçons  l'histoire  de  ces  variations;  il  est  intéressant  de  les  décrire  pour 
comprendre  les  écrits  alchimiques. 

Olympiodore,  néoplatonicien  du  vi^  siècle,  attribue  le  plomb  à  Saturne; 
Télectrum,  alliage  d'or  et  d'argent  regardé  comme  un  métal  distinct,  à 
Jupiter;  le  fer  à  Mars;  l'or  au  Soleil;  l'airain  ou  cuivre  à  Vénus;  Fétain  à 
Hermès  (planète  Mercure);  l'argent  à  la  Lune.  Ces  attributions  sont  les 
mêmes  que  celle  du  scoliaste  de  Pindare  cité  plus  haut;  elles  répondent 
exactement  et  point  pour  point,  à  une  liste  du  manuscrit  alchimique  de 
Saint-Marc,  écrit  au  xi«  siècle,  et  qui  renferme  des  documents  très 
anciens. 

G 


82  CHIMIE  DES    ANCIENS 

Les  symboles  alchimiques  qui  figurent  dans  les  manuscrits  comprennent 
les  métaux  suivants,  dont  l'ordre  et  les  attributions  sont  constants  pour 
la  plupart  : 

1°  L'or  correspondait  au  Soleil,  relation  que  j'ai  exposée  plus  haut 
(p.  -]-]  ;  —  voir  aussi  fig.  3,  PI.  I,  1.  i,  à  gauche). 

Le  signe  de  l'or  est  presque  toujours  celui  du  Soleil,  à  l'exception  d'une 
notation  isolée  où  il  semble  répondre  à  une  abréviation  (ms.  2327,  fol.  17 
verso,  1.  19;  ce  volume,  fig.  8,  PI.  VI,  1.  19). 

2°  L'argent  correspondait  à  la  Lune  et  est  toujours  exprimé  par  le  signe 
planétaire  (ce  volume,  fig.  3,  PL  I,  1.  2). 

3°  L'électrum,  alliage  d'or  et  d'argent:  cet  alliage  était  réputé  un  métal 
particulier  chez  les  Égyptiens,  qui  le  désignaient  sous  le  nom  à!asèm  :  nom 
qui  s'est  confondu  plus  tard  avec  le  mot  grec  asemon  (a(jY3|ji.ov),  argent  non 
marqué.  Cet  alliage  fournit  à  volonté,  suivant  les  traitements,  de  l'or  ou 
de  l'argent.  Il  est  décrit  par  Pline,  et  il  fut  regardé  jusqu'au  temps  des 
Romains  comme  un  métal  distinct.  Son  signe  était  celui  de  Jupiter 
(ce  volume,  fig.  3,  PI.  I,  1.  4),  attribution  que  nous  trouvons  déjà  dans 
Zosime,  auteur  alchimique  du  m®  ou  iv*  siècle  de  notre  ère. 

Quand  l'électrum  disparut  de  la  liste  des  métaux,  son  signe  fut  affecté  à 
l'étain,  qui  jusque-là  répondait  à  la  planète  Mercure  (Hermès).  Nos  listes 
de  signes  gardent  la  trace  de  ce  changement.  En  effet  la  liste  du  manuscrit 
de  Saint-Marc  porte  (ce  volume,  fig.  3,  PL  1, 1.  4)  :  «  Jupiter  resplendissant, 
électrum  »,  et  ces  mots  se  retrouvent,  toujours  à  côté  du  signe  planétaire, 
dans  le  manuscrit  2327  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  fol.  17  recto, 
1.  16  (ce  volume,  fig.  7,  PI.  V,  1.  16)  ;  la  première  lettre  du  mot  Zeus,  figu- 
rant sous  deux  formes  différentes  (majuscule  et  minuscule).  Au  contraire 
un  peu  plus  loin,  dans  une  autre  liste  du  dernier  manuscrit  (fol.  18,  verso 
1.  5  ;  ce  volume,  fig.  10,  PL  VIII,  1.  5),  le  signe  de  Jupiter  est  assigné 
à  l'étain.  Les  mêmes  changements  sont  attestés  par  la  liste  planétaire  citée 
plus  loin. 

4"  Le  plomb  correspondait  à  Saturne  :  cette  attribution  n'a  éprouvé  aucun 

changement;  quoique  le  plombait  plusieurs  signes  distincts  dans  les  listes 

ms.  de  Saint-Marc,  fol.  6,  dernière  ligne  à  gauche  et  ce  volume,  fig.  3, 

PL  I,  1.  3^;  ms.  2327,  fol.   17  recto,  1.   11  et  12  et  ce  volume,  fig.  9, 


METAUX    ET    PLANETES  83 

PL  VII,  1.  II  et  12).  Le  plomb  était  regardé  par  les  alchimistes  égyptiens 
comme  le  générateur  des  autres  métaux  et  la  matière  première  de  la  trans- 
mutation ;  ce  qui  s'explique  par  ses  apparences,  communes  à  divers  autres 
corps  simples  et  alliages  métalliques. 

En  effet,  ce  nom  s'appliquait  à  l'origine  à  tout  métal  ou  alliage  métal- 
lique blanc  et  fusible;  il  embrassait  l'étain  (plomb  blanc  et  argentin, 
opposé  au  plomb  noir  ou  plomb  proprement  dit,  dans  Pline),  et  les  nom- 
breux alliages  qui  dérivent  de  ces  deux  métaux,  associés  entre  eux  et  avec 
l'antimoine,  le'zinc,  le  bismutti,  etc.  Les  idées  que  nous  avons  aujourd'hui 
sur  les  métaux  simples  ou  élémentaires,  opposés  aux  métaux  composés  ou 
alliages,  ne  se  sont  dégagées  que  peu  à  peu  dans  le  cours  des  siècles.  On 
conçoit  d'ailleurs  qu'il  en  ait  été  ainsi,  car  rien  n'établit  à  première  vue 
une  distinction  absolue  entre  ces  deux  groupes  de  corps  ; 

5°  Le  fer  correspondait  à  Mars.  Cette  attribution  est  la  plus  ordinaire. 
Cependant,  dans  la  liste  de  Celse,  le  fer  répond  à  la  planète  Hermès. 

Le  signe  même  de  la  planète  Mars  se  trouve  parfois  donné  à  l'étain  dans 
quelques-unes  des  listes  (ms.  2327,  fol.  16  verso,  1.  12,  3«  signe  [ce 
volume,  fig.  6,  PI.  IV,  1.  12];  fol.  17  recto,  1.  12,  3«  signe,  ce  volume, 
fig-  7 y  PI-  V,  1.  12).  Ceci  rappelle  encore  la  liste  de  Celse,  qui  assigne  à 
Mars  l'alliage  monétaire.  Mars  et  le  fer  ont  d'ailleurs  deux  signes  distincts, 
quoique  communs  au  métal  et  à  la  planète,  savoir  :  une  flèche  avec  sa 
pointe,  et  un  6,  abréviation  du  mot  6oupâç,  nom  ancien  de  la  planète  Mars 
(ce  volume,  fig.  3,  PL  I,  1.  5)  ;  parfois  même  avec  adjonction  d'un  -, 
abréviation  de  Twupôetç,  l'enflammé,  autre  nom  ou  épithète  de  Mars  (ce 
volume,  tig.  7,  PL  V,  1.  17)  ; 

6°  Le  cuivre  correspondait  à  Aphrodite  (Vénus),  ou  Cypris,  déesse  de  l'île 
de  Chypre,  où  l'on  trouvait  des  mines  de  ce  métal  ;  déesse  assimilée 
elle-même  à  Hathor,  la  divinité  égyptienne  multicolore,  dont  les  dérivés 
bleus,  verts,  jaunes  et  rouges  du  cuivre  rappellent  les  colorations  diverses. 
Le  signe  du  cuivre  est  en  effet  celui  de  la  planète  Vénus  (ce  volume,  rig.  3, 
PL  I,  1.  6,  et  flg.  8,  PL  VI,  1.  3);  sauf  un  double  signe  qui  est  une  abré- 
viation (ce  volume,  tig.  8,  PL  VI,  1.  4). 

Toutefois  la  liste  de  Celse  attribue  le  cuivre  ù  Jupiter  et  Lalliage 
monétaire  à  Mars,  etc.  La  confusion  entre  le  fer  et  le  cuivre,  ou  plutôt 


84  CHIMIE    DES   ANCIENS 

l'airain,  aussi  attribué  à  la  planète  Mars,  a  existé  autrefois  ;  elle  est 
attestée  par  celle  de  leurs  noms  :  le  mot  œs  qui  exprime  l'airain  en  latin 
dérive  du  sanscrit  ajras  qui  signifie  le  fer  (i).  C'était  sans  doute,  dans 
une  haute  antiquité,  le  nom  du  métal  des  armes  et  des  outils,  celui  du 
métal  dur  par  excellence. 

7®  L'étain  correspon.dait  d'abord  à  la  planète  Hermès  ou  Mercure. 
Quand  Jupiter  eut  changé  de  métal  et  fut  affecté  à  l'étain,  le  signe  de  la 
planète  primitive  de  ce  métal  passa  au  mercure  (ce  vol.  fig.  lo,  PL  VIII,  1.  6). 

La  liste  de  Gelse  attribue  l'étain  à  Vénus  ;  ce  qui  rappelle  aussi  l'an- 
tique confusion  du  cuivre  et  du  bronze  (airain). 

8°  Mercure.  Le  mercure,  ignoré,  ce  semble,  des  anciens  Égyptiens,  mais 
connu  à  partir  du  temps  de  la  guerre  du  Péloponèse  et  par  conséquent  à 
l'époque  alexandrine,  fut  d'abord  regardé  comme  une  sorte  de  contre-argent 
et  représenté  par  le  signe  de  la  lune  retourné  (ce  volume,  fig,  3,  PI.  I,  1.  19). 
Il  n'en  est  pas  question  dans  la  liste  de  Celse  (ii^  siècle).  Entre  le  vi*  siècle 
(liste  d'Olympiodore  le  Philosophe,  citée  plus  haut)  et  le  vii^  siècle  de  notre 
ère  (liste  de  Stéphanus  d'Alexandrie,  qui  sera  donnée  plus  loin),  le  mercure 
prit  (fig.  10,  PL  VIII,  1.  6)  le  signe  de  la  planète  Hermès,  devenu  libre 
par  suite  des  changements  d'affectation  relatifs  à  l'étain.  Dans  la  liste 
planétaire,  il  a  été  également  ajouté  après  coup,  à  la  suite  des  dérivés 
de  cette  planète,  spécialement  affectée  à  l'émeraude  (voir  p.  79). 

Ces  attributions  nouvelles  et  ces  relations  astrologico-chimiques  sont 
exprimées  dans  le  passage  suivant  de  Stéphanus  :  «  Le  démiurge  plaça 
d'abord  Saturne,  et  vis-à-vis  le  plomb,  dans  la  région  la  plus  élevée  et  la 
première  ;  en  second  lieu,  il  plaça  Jupiter  vis-à-vis  de  Fétain,  dans  la  seconde 
région;  il  plaça  Mars  le  troisième,  vis-à-vis  le  fer,  dans  la  troisième  région; 
il  plaça  le  Soleil  le  quatrième,  et  vis-à-vis  l'or,  dans  la  quatrième  région  ;  il 
plaça  Vénus  la  cinquième,  et  vis-à-vis  le  cuivre,  dans  la  cinquième  région  ; 
il  plaça  Mercure,  le  sixième,  et  vis-à-vis  le  vif-argent,  dans  la  sixième 
région  ;  il  plaça  la  lune  la  septième,  et  vis-à-vis  l'argent,  dans  la  septième 
et  dernière  région  (2).  »  Dans  le  manuscrit,  au-dessus  de  chaque  planète,  ou 
de  chaque  métal,  se  trouve  son  symbole.  Mais,  circonstance  caractéristique, 

(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  225.  |      (2)  Manuscrit  2327,  folio  73  verso. 


MÉTAUX    ET   PLANÈTES  85 

le  symbole  de  la  planète  Mercure  et  celui  du  métal  ne  sont  pas  encore  les 
mêmes,  malgré  le  rapprochement  établi  entre  eux  ;  le  métal  étant  toujours 
exprimé  par  un  croissant  retourné.  Le  mercure  et  l'étain  ont  donc  chacun 
deux  signes  différents  dans  nos  listes,  suivant  les  époques. 

La  copie  de  la  liste  planétaire  donnée  par  Albumasar  (ix*  siècle)  et 
traduite  en  hébreu  et  en  grec  dans  le  manuscrit  2419  (fol.  46  verso)  porte 
aussi  la  trace  de  ces  changements  (texte  grec,  I,  viii,  p.  24,  notes).  Non 
seulement  le  signe  de  la  planète  Hermès  répond  à  l'émeraude,  le  nom  de 
Mercure  étant  ajouté  après  coup  et  tout  à  fait  à  la  fin,  comme  il  a  été  dit 
plus  haut  ;  mais  l'auteur  indique  que  les  Persans  affectent  Tétain  à  la 
planète  Hermès.  De  même,  la  planète  Jupiter  étant  suivie  de  l'étain, 
l'auteur  ajoute  également  que  les  Persans  ne  font  pas  la  même  affectation, 
mais  assignent  cette  planète  au  métal  argenté  (i)  ;  ce  qui  se  rapporte 
évidemment  à  l'asèm  ou  électrum,  dont  l'existence  était  déjà  méconnue 
au  IX'  siècle.  Ce  sont  là  des  souvenirs  des  attributions  primitives. 

Voilà  les  signes  planétaires  des  métaux  fondamentaux,  signes  qui  se 
retrouvent  dans  ceux  des  corps  qui  en  dérivent  ;  chacun  des  dérivés  étant 
représenté  par  un  double  signe,  dont  l'un  est  celui  du  métal,  et  l'autre 
répond  au  procédé  par  lequel  il  a  été  modifié  (division  mécanique,  calci- 
nation,  alliage,  oxydation,  etc.). 

Les  principes  généraux  de  ces  nomenclatures  ont  donc  moins  changé 
qu'on  ne  serait  porté  à  le  croire,  l'esprit  humain  procédant  suivant  des 
règles  et  des  systèmes  de  signes  qui  demeurent  à  peu  près  les  mêmes  dans 
la  suite  des  temps.  Mais  il  convient  d'observer  que  les  analogies  fon- 
dées sur  la  nature  des  choses,  c'est-à-dire  sur  la  composition  chimique, 
telle  qu'elle  est  démontrée  par  la  génération  réelle  des  corps  et  par  leurs 
métamorphoses  réalisées  dans  la  nature  ou  dans  les  laboratoires  ;  ces  ana- 
logies, dis-je,  subsistent  et  demeurent  le  fondement  de  nos  notations  scien- 
tifiques ;  tandis  que  les  analogies  chimiques  d'autrefois  entre  les  planètes  et  les 
métaux,  fondées  sur  des  idées  mystiques  sans  base  expérimentale,  sont  tom- 
bées dans  un  juste  discrédit.  Cependant- leur  connaissance  conserve  encore 
de  l'intérêt  pour  l'intelligence  des  vieux  textes  et  pour  l'histoire  de  la  science. 

(i)  Oi  6à  ïlipaxi  où/.  oÛTwç,  àXkx  Siâpyopos  :  Texte  grec  I,  viii,  p.  24  (notes). 


86 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


III.  —  LA   SPHERE  DE  DEMOGRITE 

ET  LES  MÉDECINS  ASTROLOGUES 

La  sphère  de  Démocrite,  inscrite  dans  le  papyrus  V  de  Leide,  représente 
l'œuvre  de  l'un  de  ces  'IaTpojjLaÔT)[ji.aTixoi,  ou  médecins  astrologues  dont 
parlent  les  anciens.  Ils  prédisaient  l'issue  des  maladies.  Horapollon  (I,  38) 
cite  ce  genre  de  calculs,  et  il  existe  un  traité  attribué  à  Hermès  sur  ce  sujet, 
dans  les  Physici  et  medici  grœci  minores  d'Ideler  (i).  La  prédiction  se  faisait 
d'ordinaire  à  l'aide  d'un  cercle  ou  d'une  table  numérique;  elle  reposait  sur 
un  calcul,  dans  lequel  l'âge  du  malade^  la  somme  des  valeurs  numériques 
répondant  aux  lettres  de  son  nom,  la  durée  de  sa  maladie,  etc.,  se  combi- 
naient avec  le  jour  du  mois  et  les  phases  de  la  révolution  lunaire.  J'ai 
retrouvé  six  figures  de  ce  genre  dans  les  manuscrits  alchimiques  et  astro- 
logiques de  la  Bibliothèque  nationale. 

Donnons  d'abord  le  texte  du  papyrus  V. 

a  Sphère  de  Démocrite,  pronostic  de  vie  et  de  mort.  Sache  sous  quelle 
lutie  (dans  quel  mois)  le  malade  s'est  alité  et  le  nom  de  sa  nativité  (2). 
Aioute  le  calcul  de  la  lune  (3),  et  vois  combien  il  y  a  de  fois  trente 
jours,  prends  le  reste  et  cherche  dans  la  sphère  :  si  le  nombre  tombe 
dans  la  partie  supérieure,  il  vivra;  si  c'est  dans  la  partie  inférieure,  il 
mourra.  » 

La  sphère  est  représentée  ici  par  un  tableau  qui  contient  les  trente! 
premiers  nombres  (nombre  des  jours  du  mois),  rangés  sur  trois  colonnes 
et  d'après  un   certain  ordre.   La  partie  supérieure   contient  trois  fois  six 


(i)  T.  I,  p.  387  et  480.  Le  traité  a 
été  imprimé  deux.foissousdes  titres  un 
peu  différents,  par  une  singulière  né- 
gligence. 

(2)  Le  nom  donné  le  jour  de  la  nais- 


sance, afin  de  calculer  le  nombre  repré 
sente  par  les  lettres  de  ce  nom. 

(3)  C'est-à-dire,  ajoute  le  nombre  du 
jour  du  mois  où  il  s'est  alité  au  nombre 
représenté  par  le  nom  du  malade. 


MÉDECINS   ASTROLOGUES  87 

nombres  ou  dix-huit  ;  la  partie  inférieure  en  renferme  trois  fois  quatre  ou 
douze. 

Le  mot  splière  répond  à  la  forme  circulaire  qui  devait  être  donnée  au 
tableau,  comme  on  le  voit  dans  certains  manuscrits  (voir  les  figures  ci- 
dessous). 

Il  existait  en  Egypte  un  grand  nombre  de  tableaux  analogues.  Ainsi  dans 
le  manuscrit  2327  de  la  Bibliothèque  nationale,  consacré  à  la  collection  des 
alchimistes,  on  trouve  au  folio  293  (recto)  : 

LMnstrument  d'Hermès  trismégiste,  renfermant  35  nombres,  partagés  en 
trois  lignes  :  «  on  compte  depuis  le  lever  de  l'étoile  du  Chien  (Sothi  ou 
Sirius),  c'est-à-dire  depuis  Epiphi,  25  juillet,  jusqu'au  jour  de  Talitement  ; 
on  divise  le  nombre  ainsi  obtenu  par  trente-six  (i)  et  on  cherche  le  reste 
dans  la  table  ». 

Certains  des  nombres  représentent  la  vie,  d'autres  la  mort,  d'autres  le 
danger  du  malade.  C'est  un  principe  de  calcul  différent. 

Dans  le  manuscrit  grec  2419  de  la  Bibliothèque  nationale,  collection 
astrologico-magique  et  alchimique,  il  y  a  deux  grands  tableaux  de  ce  genre, 
plus  voisins  de  la  sphère  de  Démocrite,  et  deux  petits  tableaux.  Les  deux 
grands  sont  circulaires  et  attribués  au  vieil  astrologue  Pétosiris,  qui  avait 
déjà  autorité  du  temps  d'Aristophane. 

L'un  d'eux,  dédié  (fol.  32)  par  Pétosiris  au  roi  Necepso  (2),  se  compose 
d'un  cercle  représenté  entre  deux  tableaux  verticaux.  Les  tableaux  renferment 
le  comput  des  jours  delà  lune  ;  le  cercle  principal  renferme  un  autre  cercle 
plus  petit,  partagé  en  quatre  quadrants.  Entre  les  deux  cercles  concentriques 
se  trouvent  les  mots  :  grande  vie,  petite  vie,  grande  mort,  petite  mort.  En 
haut  et  en  bas  :  vie  moyenne,  mort  moyenne.  Ces  mots  s'appliquent  à  la 
probabilité  de  la  vie  ou  de  la  mort  du  malade.  Les  nombres  de  i  à  29  sont 
distribués  dans  les  quatre  quadrants  et  sur  une  colonne  verticale  moyenne 
formant  diamètre. 

Voici  la  photogravure  de  ce  tableau  : 


(i)  Ce  chiffre  rappelle  les  36  décans 
qui  comprennent  les  36o  jours  de  l'an- 
née. 


(2)  Ces  deux  noms  sont  associés  pa- 
reillement dans  Pline  l'Ancien,  Hist. 
nat.,\.  II,  21  etl.  VII,  5o. 


88 


CHIMIE,  DES   ANCIENS 


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MÉDECINS   ASTROLOGUES  3q 

L'autre  cercle   de  Pétosiris  (fol.    i56),  dédié  aussi  au  très  honoré  roi 
Necepso,  porte  extérieurement  et  en  haut:  Levant,  au-dessus  de  la  terre 
entre  les  deux  mots  grande  vie,  petite  vie  ;  en  bas  :  Couchant,  au-dessous  de 
la  terre,  entre  les  deux  mots  grande  mort,  petite  mort  ;  mots  précisés  par 
les  inscriptions  contenues  entre  les  deux  cercles  concentriques  : 

En  haut  :  «  ceux-ci  guérissent  de  suite  —  ceux-ci  guérissent  en  7  jours  ». 

En  bas:  «  ceux-ci  meurent  de  suite  —  ceux-ci  meurent  en  7  jours  ». 

Les  diagonales  sont  terminées  par  les  mots  :  air,  terre,  feu,  eau. 

Entre  les  deux  régions,  sur  le  diamètre  horizontal  :  «  limites  de  la  vie  et 
de  la  mort  ». 

A  l'une  des  extrémités  de  ce  diamètre  :  «  Nord  —  milieu  de  la  terre  », 
A  l'autre  extrémité  :  «  Midi  —  milieu  de  la  terre  ». 

Sur  les  octans  :  «  Nord,  au-dessus  de  la  terre,  (région)  dé  Borée.  —  Midi, 
au  dessus  de  la  terre,  (région)  de  Borée.  —  Nord,  au-dessus  de  la  terre, 
(région)  du  Notus.  —  Midi,  au-dessus  de  la  terre,  (région)  du  Notus.  » 

Les  nombres  de  i  à  3o  sont  distribués  suivant  les  huitièmes  de  circonfé- 
rence  et  dans  la  colonne  verticale  moyenne. 

Voici  la  photogravure  de  ce  tableau  : 


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CHIMIE   DES   ANCIENS 


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Figure  2.  —  Autre  Cercle  de  Pétosirig. 


MEDECINS   ASTROLOGUES 


91 


Quant  aux  bases  et  procédés  de  calcul,  il  est  inutile  de  nous  y  arrêter. 

Les  personnes  qui  s'y  intéresseraient  trouveront  sur  ce  point  des  rensei- 
gnements très  intéressants  dans  une  notice  publiée  par  M.  Paul  Tannery  : 
Sur  des  fragments  d' Onomatomancie  arithmétique  (Notices  et  Extraits  des 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  nationale,  t.  XXXI,  2^  partie,  i885).  Il  y 
montre  l'origine  de  la  preuve  par  neuf,  d'après  un  passage  fort  curieux  des 
Philosophumena,  où  l'on  enseigne  à  prendre  le  résidu  par  9  ou  par  7  de  la 
valeur  numérique  des  lettres  du  nom  propre,  en  diversifiant  le  procédé 
de  calcul  suivant  des  conventions  arbitraires.  On  calculait  ainsi,  d'après  les 
nombres  des  noms  propres  :  soit  la  vie  d'un  malade  ;  soit  le  succès  d'un 
combat  entre  deux  guerriers  ;  soit  le  résultat  de  diverses  autres  alternatives 
relatives  au  vol,  au  mariage,  aux  voyages,  à  la  survivance,  etc.  Ce  mode  de 
divination  était  attribué  à  Pythagore. 

M.  P.  Tannery  donne,  d'après  les  manuscrits  2009,  2256,  2419  et  2426  de 
la  Bibliothèque  nationale,  une  prétendue  lettre  de  Pythagore  à  Telaugès(ou 
à  Laïs,  ou  à  Hélias,  suivant  les  manuscrits),  avec  table  divinatoire  annexée, 
table  fondée  sur  dépures  combinaisons  numériques (i),  sans  données  astro- 
logiques proprement  dites.  Plus  loin,  il  présente  le  texte  et  la  traduction 
des  deux  petits  tableaux  dont  je  vais  parler. 

En  effet,  au  folio  33  du  manuscrit  2419  se  trouvent  deux  tableaux  qui 
ressemblent  beaucoup  plus  que  les  précédents  à  la  sphère  de  Démocrite  et 
à  rinstrument  d'Hermès.  Le  premier,  sous  la  rubrique  «V^îo?  36xi|aoç...  (cal- 
cul éprouvé...),  consiste  en  trois  lignes,  renfermant  chacune  douze  nombres 
horizontaux  de  i  à  36,  par  tranches  verticales.  Vis-à-vis  la  première  ligne  : 
CwiQ  (vie);  vis-à-vis  la  seconde  :  état  moyen  (ixéaa);  vis-à-vis  la  troisième 
ligne  :  6àvaToç  (mort) . 

Voici  le  résumé  du  texte  : 

«Calcule  le  jour  où  le  malade  s'est  alité,  où  l'enfant  est  né,  où  le  fugitif  a 
disparu,  où  l'on  s'est  embarqué,  enfin  opère  pour  tout  ce  que  tu  désires  ; 
comptes  aussi  depuis  le  1 8  mai  (2)  jusqu'au  j  our  donné,  et  du  nombre  obtenu 


(i)  «  Calcule  le  nom  du  malade  et  le 
jour  de  son  alitement.  Si  le  nom  du 
malade  l'emporte,  il  vivra;  si  c'est  le 


jour  de  l'alitement  qui  l'emporte,  il 
mourra,  etc.». 
(2)  Epoque  de  l'entrée  du  soleil  dans 


02  CHIMIE   DES   ANCIENS 

retranche  36  autant  de  fois  que  possible.  Prends  le  reste.  Si  le  nombre  se 
trouve  dans  la  première  ligne,  le  malade  vivra,  l'événement  sera  heureux 
(oYaÔdt),  etc.;  dans  la  troisième  ligne,  c'est  la  mort  ou  le  malheur  (èvavT(a);  sur  la 
seconde  ligne,  la  maladie  sera  longue,  etc.  (elç  ixaxpôv)».  — Ce  tableau  est  une 
variante  de  l'instrument  d'Hermès  contenu  dans  le  manuscrit  alchimique. 

Le  second  tableau  est  sous  la  rubrique  :  «l^îjçoç  è68o[xaTivcT)  Viixepwv  SiaYvwa-rtxT) 
ÇwtJç  xal  ÔavaTOi»;  calcul  d'après  les  jours  de  la  semaine  pour  diagnostiquer 
la  vie  ou  la  mort.  Ce  sont  deux  colonnes  verticales,  chacune  de  i5  chiffres, 
de  I  à  3o,  l'une  ayant  pour  titre  :  vie  ;  l'autre  :  mort.  Le  calcul  est  à  peu 
près  le  même,  sauf  variantes  (i),  que  celui  de  la  sphère  de  Démocrite  du 
Papyrus  de  Leide,  traduite  plus  haut.  De  plus,  il  n'y  a  que  deux  colonnes 
dans  le  manuscrit  241^,  tandis  qu'il  en  existe  trois  dans  le  Papyrus. 

Il  m'a  paru  de  quelque  intérêt  de  rapprocher  ces  divers  tableaux  et  cer- 
cles de  la  sphère  de  Démocrite,  contenues  dans  le  Papyrus  V,  ainsi  que 
l'instrument  d'Hermès,  transcrit  au  manuscrit  2827.  En  effet  les  noms 
d'Hermès  et  de  Démocrite,  ainsi  que  l'existence  du  tableau  du  Papyrus, 
établissent  l'antiquité  de  ces  pratiques,  contemporaines  des  premiers  alchi- 
mistes :  elles  en  montrent  l'origine  orientale  et  spécialement  égyptienne. 

On  voit  en  même  temps,  par  une  nouvelle  preuve,  comment  le  nom  de 
Démocrite,  dans  l'Egypte  hellénisante,  était  devenu  celui  du  chef  d'une  école 
d'astrologues  et  de  magiciens;  le  tout  conformément  aux  traditions  que  j'ai 
exposées  et  discutées  ailleurs  (2). 


IV.  —  SIGNES  ET  NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


Les  alchimistes  avaient,  comme  les  chimistes  de  nos  jours,  des  notations 
et  des  nomenclatures  particulières  :  ces  notations  étaient  construites,  en 
partie  du  moins,  d'après  des  méthodes  précises  et  qui  rappellent  même,  à 
certains  égards,  nos  conventions  actuelles.  La  difficulté  que  présentela  lecture 


les  Gémeaux   et    commencement    de 
l'été,  au  temps  de  l'Empire  romain, 
(i)  Telles  que  l'addition  du  nombre 


10  et  l'omission  du  i*'^  jourdelamaladie. 
(2)   Origines  de   F  Alchimie,  p.    i56 
et  suivantes. 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  g3 

des  vieux  textes  alchimiques,  qui  remontent  jusqu'au  temps  de  PÉgypte 
romaine  et  des  Antonins,  résulte  souvent  du  peu  d'intelligence  que  nous 
avons  de  ces  notations. 

Elles  sont  cependant  nécessaires  à  connaître,  pour  ceux  qui  veulent  faire 
des  recherches  sur  les  doctrines  et  les  pratiques  de  la  Chimie,  de  la  Méde- 
cine, de  la  Pharmacie,  de  la  Métallurgie  et  de  la  Minéralogie,  dans  l'anti- 
quité et  au  moyen  âge.  C'est  ce  qui  m'a  engagé  à  les  reproduire  ici. 

Un  seul  auteur  jusqu^à  présent  a  essayé  de  les  figurer:  c'est  le  savant  Du 
Cange,  au  xvii^  siècle,  dans  son  Glossaire  du  grec  au  moyen  âge.  Mais  cette 
publication  est  très  incomplète,  très  négligée  et  très  incorrecte.  Il  n'était 
pas  facile  d'ailleurs  de  transcrire  ces  signes  avec  une  précision  parfaite,  à 
une  époque  où  les  procédés  fondés  sur  la  photographie  n'étaient  pas  connus. 
En  outre,  le  plus  vieux  et  le  plus  beau  manuscrit  qui  existe,  celui  de 
Saint-Marc,  à  Venise  (fin  du  x«  ou  commencement  du  xi«  siècle),  ne  paraît 
pas  avoir  été  connu  de  Du  Cange. 

Ayant  eu  occasion  depuis  quelques  années  d'étudier  d'une  manière  appro- 
fondie les  textes  manuscrits  des  alchimistes  grecs,  pour  la  composition  de 
mon  ouvrage  sur  «  les  Origines  de  l'Alchimie  »,  j'ai  fait  reproduire  en  photo- 
gravure  les  symboles  des  manuscrits,  en  prenant  comme  types  ceux  du 
manuscrit  de  Saint-Marc  (xi^  siècle)  et  ceux  du  manuscrit  n°  2827,  le  plus 
complet  qui  existe  à  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  lequel  a  été  copié 
en  1478. 

Ces  symboles,  de  même  que  ceux  de  la  Chimie  actuelle,  sont  placés  en 
tête  des  manuscrits.  Ils  ont  été  construits  suivant  deux  règles  différentes  : 
l'une  applicable  aux  métaux  et  à  leurs  dérivés,  l'autre  aux  substances  miné- 
rales et  aux  produits  de  matière  médicale,  ainsi  qu'à  certains  mots  d'usage 
courant. 

Les  symboles  des  métaux  sont  purement  figuratifs  :  ce  sont  les  mêmes  que 
ceux  des  planètes,  auxquelles  les  métaux  étaient  respectivement  dédiés  par 
les  Babyloniens  ;  c'est-à-dire  des  astres  sous  l'influence  desquels  les  métaux 
étaient  supposés  produits  dans  le  sein  de  la  Terre  (voir  p.  78).  Parmi 
ces  symboles,  ceux  du  Soleil  et  delà  Lune  (or  et  argent)  figurent  déjà  dans  les 
papyrus  de  Leide,  qui  remontent  au  ni^  siècle  de  notre  ère  (voir  p.  25  et47). 

J'ai  reproduit  sur  ce  point  les  opinions  de  Proclus,  du  Scoliaste  de  Pin- 


94  CHIMIE    DES    ANCIENS 

dare  (p.  8i),  ainsi  que  la  vieille  liste  de  Gelse  (p.  77  et  78),  elles  attributions 
d'Olympiodore  le  Philosophe  (p.  81),  correspondant  à  la  liste  du  manuscrit 
de  Saint-Marc,  figurée  dans  la  colonne  droite  de  notre  planche  I. 

Rappelons  brièvement  les  notations  et  symboles  suivants  : 

1°  Or,  correspondant  au  Soleil  et  représenté  par  le  même  signe  ; 

2'^  Argent,  correspondant  à  la  Lune  et  représenté  par  le  même  signe 

i^Electrum  ou  asèm,  dont  le'signe  était  celui  de  Jupiter. 

Cependant,  dans  les  vieux  textes,  où  Fasèm  est  confondu  avec  l'argent, 
il  en  affecte  quelquefois  le  signe  :  à  savoir  un  croissant  dont  l'ouverture 
est  tournée  vers  la  droite. 

L'asèm  ou  électrum  ayant  cessé  d'être  regardé  comme  un  métal  particu- 
lier, vers  le  vi^  siècle  de  notre  ère  (p.  84),  le  signe  de  Jupiter  fut  affecté  à  l'étain 
qui,  jusque-là,  répondait  à  la  planète  Mercure  (Hermès).  Nos  listes  portent 
la  trace  de  ce  changement  (ce  vol.  fig.  3,  PI.  I,  1.  4,  à  droite  ;  fig.  7,  PL  V, 
1.  16,  signes  de l'électrum  ;  fig.  10,  PI.  VIII,  1.  5,  signe  de  l'étain). 

On  trouve,  notamment  dans  la  fig.  7,  PI.  V,l.  12  eti3  :  deux  signes  pour 
la  planète  Jupiter  et  son  métal  (p.  82)  ;  trois  autres  signes  pour  l'étain,  et 
trois  autres  signes,  semblables  aux  derniers,  pour  la  planète  Hermès. 

40  Plomb,  correspondant  à  Saturne  ;  il  a  plusieurs  signes  dans  les  listes. 
(fig.  7,  PI.  V,l.  II  et  12).  Le  nom  même  du  plomb  comprenait  à  l'origine  la 
plupart  des  métaux  ou  alliages,  blancs  et  fusibles  (p.  83). 

5°  Fer,  correspondant  à  Mars. 

Cependant  le  fer  et  l'étain  sont  représentés  par  des  signes  pareils  dans 
notre  fig.  6,  PI.  IV,  1.  12  (troisième  signe  de  l'étain),  comparée  à  la  fig.  7, 
Pl.V,  1.  I,  12  et  i3  (Cf.  p.  83). 

6»  Cuivre,  correspondant  à  Vénus  et  représenté  par  le  même  signe  (p.  83). 

Ce  nom  s'étendait  à  diverses  variétés  de  bronze,  confondues  sous  le  nom 
d'airain. 

7°  Étain,  correspondant  d'abord  à  la  planète  Hermès  ou  Mercure,  plus 
tard  à  Jupiter  (p.  84). 

Le  signe  de  Jupiter  semble  avoir  eu  à  un  certain  moment  un  caractère 
générique  :  du  moins  on  le  trouve  en  outre  associé  à  celui  de  Mercure  dans 
l'une  des  listes  (fig.  7,  Pl.V,  1.  5). 

8° Mercure,  d'abord  représenté  parle  signe  de  la  Lune  (argent)  retourné, 


NOTATIONS    \LCHIMIQUES  93 

c'est-à-dire  par  un  croissant  dont  la  convexité  est  tournée  vers  la  droite 
(fig.  3,  PI.  I,  col.  de  droite,  1.  19  ;  fig.  6,  PI.  IV,  1.  5).  Nous  avons  dit(p.84) 
comment,  entre  le  v«  siècle  (liste  d'Olympiodore  le  Philosophe)  etleviî«siècle 
de  notre  ère  (liste  de  Stéphanus  d'Alexandrie),  le  mercure  prit  le  signe  de  la 
planète  Hermès,  auparavant  affecté  à  Tétain  (fig.  10,  PI.  VIII,  1.  6). 

Cette  affectation  nouvelle  figure  aussi  dans  la  liste  planétaire  du  Traité 
d'Albumazar  (ix«  siècle),  transcrite  par  le  manuscrit  2419  (fol.  46  verso). 

Le  mercure  et  l'étain  ont  donc  chacun  deux  signes  différents  dans  nos 
listes,  suivant  leur  époque. 

L'étain  a  encore  d'autres  signes  (fig.  7,  PL  V,  1.  i3),  et  ceux  du  plomb 
sont  multiples,  comme  il  a  été  dit. 

Le  fer,  métal  plus  moderne  que  les  autres,  a  également  plusieurs  signes 
(fig.  3,  PI.  I,  1.  21  ;  fig.  7,  PI.  V,  1.  i)  dans  les  listes. 

Mais  les  signes  fondamentaux  de  l'or,  de  l'argent,  du  cuivre,  ne  semblent 
pas  avoir  varié,  du  moins  depuis  l'époque  où  nos  tableaux  ont  été  établis. 

Tels  sont  les  signes  des  corps  simples  ou  radicaux,  comme  nous  dirions 
aujourd'hui. 

Ces  signes  sont  le  point  de  départ  de  ceux  d'un  certain  nombre  de  corps, 
dérivés  de  chaque  métal  et  répondant  aux  divers  traitements  physiques  ou 
chimiques  qui  peuvent  en  changer  l'état  ou  l'apparence. 

Par  exemple,  la  limaille,  la  feuille,  le  corps  calciné  ou  fondu,  d'une  part  ; 
et,  d'autre  part,  la  soudure,  le  mélange,  les  alliages,  le  minerai,  la  rouille 
ou  oxyde  (PL  V,  col.  de  gauche). 

Chacun  de  ces  dérivés  possède  un  signe  propre,  qui  se  combine  avec  le 
symbole  du  métal  :  exactement  comme  on  le  fait  dans  la  nomenclature  chi- 
mique de  nos  jours.  Quand  le  nom  du  métal  reparaît  dans  celui  d'un  alliage, 
d'une  dissolution,  d'une  évaporation,  d'un  précipité,  d'un  minéral,  ou  d'une 
plante,  il  est  remplacé  par  son  symbole. 

Le  symbole  de  la  litharge  (mot  à  mot,  pierre  d'argent),  renferme,  par 
exemple,  celui  de  l'argent  (argyrion)  ;  la  sélénite,  celui  de  ce  même  argent, 
c'est-à-dire  de  la  Lune  (sélénè)  ;  quoique  le  nom  du  métal  n'ait  été  introduit 
dans  ces  dénominations  et  ne  leur  ait  été  appliqué  que  par  analogie.  La  con- 
crétion blanche  renferme  aussi  le  signe  de  l'argent  ;  la  concrétion  jaune, 
celuidel'or  (fig.  3,P1.  I,  I.21  et  22,  adroite).  Le  signe  du  molybdochalque, 


gÔ  CHIMIE    DES    ANCIENS 

alliage  de  plomb  et  de  cuivre,  renferme  celui  du  cuivre  (fig.6,  PL  IV,  1.  i3). 
Le  signe  du  plomb  se  trouve  dans  celui  de  Tantimoine  (sulfuré),  par 
suite  d'une  certaine  confusion  entre  les  deux  métaux  (fig.  7,  PI.  V,  1.  10). 
Le  symbole  d'un  métal  figure  également  dans  les  noms  de  certains  minéraux, 
dont  ce  métal  peut  être  extrait  :  par  exemple,  le  signe  du  vermillon  du  Pont 
renferme  celui  du  mercure  (fig.  6,  PL  IV,  1.  24,  2«  signe).  Tous  ces  rappro- 
chements, les  derniers  surtout,  rappellent  nos  nomenclatures. 

Les  listes  alchimiques  ne  contiennent  pas  seulement  les  noms  des  métaux, 
mais  aussi  ceux  des  substances  minérales  et  des  produits  employés,  soit 
dans  l'industrie,  soit  dans  la  matière  médicale.  Les  signes  correspondants 
ont  été  formés  toujours  suivant  une  règle  pareille  à  celle  qui  préside  aujour- 
d'hui à  la  formation  des  symboles  de  nos  corps  simples  et  de  nos  radicaux 
composés;  je  veux  dire  en  prenant  les  premières  lettres  ou  les  lettres  prin- 
cipales du  nom  que  l'on  voulait  exprimer:  cest  ce  qu'on  peut  voir  dans  les 
planches  qui  suivent. 

Les  listes  inscrites  dans  ces  planches  se  rapportent  à  des  époques  très 
diverses;  les  plus  anciennes  remontent  au  commencement  du  moyen  âge. 
Mais  elles  ont  été  remaniées  à  plusieurs  reprises  :  chaque  copiste  ajoutant 
à  la  suite  tous  les  signes  qu'il  connaissait,  ou  qu'il  trouvait  dans  d'autres 
ouvrages,  sans  craindre  de  donner  trois  ou  quatre  signes  distincts  pour  le 
même  nom  plusieurs  fois  répété.  Il  est  facile  de  reconnaître  ces  additions 
ou  intercalations,  soit  d'après  le  changement  de  sujet,  soit  d'après  le  mot 
oXXwç  (autrement),  parfois  écrit  dans  les  manuscrits  avec  une  initiale  rouge. 

L'analyse  des  signes  du  manuscrit  2827,  comparés  avec  ceux  du  manus- 
crit de  Saint-Marc,  du  manuscrit  2325,  du  manuscrit  2419  et  de  quelques 
autres,  permet  d'y  reconnaître  dans  la  liste  fondamentale  au  moins  neuf 
listes  partielles  de  ce  genre,  successivement  ajoutées. 

Développons  cette  discussion. 

lo.  On  distingue  d'abord  une  première  liste,  très  courte  et  très  ancienne, 
laquelle  renferme  seulement  les  signes  des  sept  planètes,  suivies  des  noms 
des  sept  métaux  correspondants,  donnés  en  sept  lignes  dans  le  manuscrit  de 
Saint-Marc  (PL  I,  col.  de  droite,  1.  i  à  7).  Dans  le  manuscrit  2827,  on 
retrouve  les  cinq  derniers  métaux  :  plomb,  électrum,  fer,  cuivre,  étain,  sui- 
vant le  même  ordre  et  avec  les  mêmes  épithètes  (PLV,  de  la  1.  1 5 ,  dernier  mot, 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  gj 

à  la  1.  i8),  l'or  et  l'argent  ayant  été  inscrits  auparavant  et  séparément. 
Seulement  les  signes  des  métaux  sont  à  la  suite  des  noms,  au  lieu  de  les 
précédercomme  dans  le  reste  des  planches.  Les  cinq  mêmes  métaux,  désignés 
pareillement,  sans  Tor,  ni  l'argent,  existent  aussi,  à  la  suite  d'une  liste  diffé- 
rente,  dans  le  manuscrit  2325.  Cette  première  liste  ne  comprend  ici  que  les 
métaux  et  les  planètes  et  elle  répond  à  une  autre  liste  beaucoup  plus  déve- 
loppée, dans  laquelle  se  trouvent,  à  la  suite  de  chaque  signe  planétaire,  les 
diverses  substances  dérivées  du  métal  correspondant  ou  consacrées  à  sa  pla- 
nète. Nous  y  reviendrons  tout  à  Theure.  Observons  encore  que  dans  la  liste 
présente  de  Saint-Marc  Télectrum  figure  avec  le  signe  de  Jupiter  et  Tétain 
avec  le  signe  d'Hermès.  Dans  le  fragment  de  liste  correspondant  du  manu- 
scrit 3327  (PI.  V,  1.  i5  à  18),  Jupiter  et  l'électrum  sont  représentés  par  deux 
signes  distincts  ;  mais  celui  de  l'électrum  dérive  en  réalité  de  celui  de  Zeus, 
déformé  par  le  copiste,  comme  le  montre  sa  comparaison  avec  le  manuscrit 
de  Saint-Marc  (voir  la  planche  1, 1.  14);  d'autre  part,  l'étain  a  perdu  son  signe  : 
le  copiste  transcrivait  machinalement  des  symboles  qu'il  ne  comprenait  plus. 

2°  Une  seconde  liste,  plus  longue  et  plus  méthodique,  comprend  les 
noms  des  métaux  et  de  leurs  dérivés  :  or,  argent,  cuivre,  fer,  plomb,  étain, 
mercure.  Elle  est  très  claire  et  très  nette  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc 
(PI.  I,col.  de  gauche,  1.  i  à26,etcol.  de  droite,  1.  10  à  19).  Cette  liste  est  plus 
moderne  que  la  précédente  ;  car  l'électrum  n'y  figure  plus  comme  un 
métal  spécial,  mais  comme  un  dérivé  de  l'or  (chryséleciron,  1.  5)  avec 
un  symbole  complexe,  dérivé  de  ceux  de  l'or  et  de  l'argent  :  la  nature  chi- 
mique véritable  de  la  variété  d'électrum  à  base  d'or  était  donc  reconnue.  Le 
mercure  est  inscrit  à  la  suite  de  l'étain,  mais  à  part  et  sans  dérivés  particu- 
liers ;son  signe  est  celui  de  l'argent  retourné,  et  non  celui  de  la  planète  Her- 
mès :  ce  qui  répond  aussi  à  vine  époque  intermédiaire,  quoique  antérieure  à 
celle  où  Hermès  est  affecté  définitivement  au  mercure. 

Cette  liste  manque  dans  le  manuscrit  2325,  le  plus  ancien  après  celui  de 
Saint-Marc;  tandis  qu'elle  forme  le  débutde  celle  du  manuscrit  2327  (PI.  IV., 
1.  4  à  17).  Seulement  l'argent  a  été  intercalé  ici  au  milieu  des  dérivés  de 
l'or,  ainsi  que  le  mercure,  placé  à  côté  de  l'argent.  Le  chrysélectron  a  dis- 
paru ;  deux  des  dérivés  de  l'argent  (feuille  et  limaille)  sont  omis  à  la  fin  des 
dérivés  du  cuivre.  Après  wpr/aXy,c;  (PI.  IV,  1.   1 1)  vient  le  mot  x^>^^-^»  puis 

7 


g8  CHIMIE    DES    ANCIENS 

>taja(TY3poç  (1.  12)  ;  à  la  place  du  fer  et  de  ses  dérivés,  inscrits  dans  la  liste 
du  manuscrit  de  Saint-Marc.  Ceux-ci  sont  rejetés  plus  loin  dans  le  manuscrit 
2327  (PL  V,  1.  I  et  2),  avec  des  noms  identiques,  et  des  signes  différents. 
Mais  le  manuscrit  2827  reprend  par  le  plomb  (PL  V,  1.  1 1),  dont  le  nom 
est  suivi  par  les  mots  intercalés  :  xpsvoç  çaiviov  ;  puis  viennent  les  dérivés  du 
plomb,  les  mêmes  dans  les  deux  manuscrits  (sauf  une  inversion).  L'article 
étain,  coupé  en  deux  par  le  plomb  intercalé,  reprend,  dans  le  manuscrit  2827 
(Pl.V,  1.  i5),  par  le  second  des  signes  de  ce  métal,  donné  dans  le  manuscrit 
de  Saint-Marc  (PL  I,  col.  de  droite,  1.  14)  et  précédé  de  même  du  mot  àXXwç 
(autrement).  Bref,  toute  cette  liste  est  évidemment  la  même  dans  les  deux 
manuscrits;  mais  elle  est  régulière  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc;  elle  est 
transcrite,  au  contraire,  avec  une  certaine  confusion  dans  le  manuscrit  2327. 

3°  Les  noms  et  les  signes  des  métaux  sont  suivis  dans  le  manuscrit  de  Saint- 
Marc  (PL  I,  col.  de  droite,  1.  20-27,  et  PL  II,  col.  droite  d'abord;  puis 
col.  de  gauche,  1.  i  à  2),  par  des  mots  tels  que  vcsîX'r;,  etc.,  se  rapportant 
aux  dérivés  du  mercure  (PL  I,  1.  20  à  22),  à  la  litharge,  au  soufre,  à  la 
sélénite,  à  la  couperose,  etc.,  jusqu'aux  mots  :  un  jour  et  une  nuit,  puis 
xéiaXa  (PL  II,  col.   de  gauche,  1.  11). 

Tout  ceci  manque  dans  le  manuscrit  2325,  aussi  bien  que  la  seconde  liste. 

Dans  le  manuscrit  2327,  au  contraire,  la  même  suite  de  mots  formelafin  de 
la  planche  IV,  lignes  17  à  27,  jusqu'à  rA-x'kx  exclusivement,  et  sauf  des 
variantes  de  dialecte  et  autres,  peu  importantes. 

Cette  troisième  liste  peut  être  regardée  comme  la  suite  de  la  seconde, 
puisqu'elle  coexiste  dans  les  mêmes  manuscrits.  Mais  elle  n'a  pas  subi  les 
inversions  et  les  confusions  qui  distinguent  la  seconde  dans  le  manuscrit 
23,27.  Le  manuscrit  2275,  dans  ces  premières  parties,  est  exactement  con- 
forme au  manuscrit  2327  (ij  ;  identité  d'autant  plus  remarquable,  qu'il  n'en 
reproduit  pas  les  figures,  mais  celles  du  manuscrit  2325  .  Il  y  a  donc  eu  une 
source  commune,  antérieure  aux  trois  manuscrits. 

4°  Le  manuscrit  2325  débute  par  une  liste  toute  différente  des  trois 
précédentes;  laquelle  manque  dans  le   manuscrit  de  Saint-Marc,  mais  se 


(1)  Lemanuscrit  2275  estantérieur  de      1      toujours  une  copie  directe   de   2325, 
i3  ans  au  manuscrit  2327;  c'est  presque      I       faite  avant  la  mutilation  de  ce  dernier. 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  gg 

retrouve  dans  le  manuscrit  2327.  Dans  ce  dernier  (PI.  V,  1.  3),  le  fer  et  ses 
dérivés,  transposés  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  sont  suivis  du  mot  ^aXxbv, 
.qui  manque  ailleurs.  Puis  vient  le  mot  ôaXaaaa,  début  de  ce  qui  nous  reste 
de  la  liste  mutilée  du  manuscrit  2325,  jusqu'à  Xeuxt)  at8aXï]  ■^  uSpapyupoç 
XéysTai  (PI,  V,  1.  i5).  Tout  ceci  est  communaux  manuscrits  2325,  2275  et 
2327,  mais  manque  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Ensuite  on  trouve  dans  les  trois  premiers  les  noms  des  cinq  métaux,  autres 
que  Tor  et  l'argent  (plomb,  électrum,  fer,  cuivre,  étain),  conformes  par  les 
spithètes  à  la  première  liste  de  Saint-Marc  ;  on  a  déjà  signalé  ce  rapproche- 
ment. La  similitude  des  manuscrits  2325  et  2327  à  cet  égard  atteste  une 
certaine  communauté  d'origine. 

50  Les  quatre  manuscrits  de  Saint-Marc,  2325,  2275  et  2327,  contiennent 
snsuite  une  même  liste,  faisant  suite  à  la  troisième  dans  le  premier  manus- 
crit. Elle  débute  par  xXauScavôv  (PI.  II,  col.  gauche,  1.  12)  ;  (PI.  V,  1.  18) 
et  se  poursuit  sans  variante  importante,  jusqu'à  xu>^6ç  (PI.  III,  1.  16,  et  PI. 
VI,  1.  3).  Cette  liste  renferme  à  la  fois  des  mots  de  Chimie  et  de  Minéra- 
logie, des  mots  de  Botanique  et  de  matière  médicale,  et  certaines  abrévia- 
tions d'usage  plus  commun.  Les  listes  du  manuscrit  de  Saint-Marc  sont 
ainsi  épuisées.  On  voit  qu'elles  se  retrouvent  entièrement  dans  le  manuscrit 
2327  ;  mais  non  dans  le  manuscrit  2325 . 

6°  A  la  suite  de  la  précédente,  on  lit  dans  les  manuscrits  2325,  2275  et 
2327  une  petite  liste,  en  cinq  lignes  (PI.  VI,  1.  3  à  7),  contenant  les 
noms  des  métaux  et  divers  autres,  depuis  xpu'JÔç  jusqu'à  aiB'f^pewç.  Le  cuivre 
y  figure  deux  fois,  l'une  avec  son  signe  ordinaire,  l'autre  avec  deux  signes, 
dont  l'un  n'est  autre  que  la  première  lettre  du  mot  xa^xôç.  Ceci  accuserait 
une  origine  plus  moderne.  Mais,  par  contre,  le  mot  [jLxéatpiç  semble  répondre 
à  une  source  égyptienne.  On  voit  encore  ici  le  mystérieux  mercure  d'arsenic 
(1.  4)  lequel  était  probablement  notre  arsenic  métallique,  corps  sublimable, 
susceptible  d'être  extrait  par  l'action  de  divers  agents  réducteurs  du  sulfure 
d'arsenic,  et  aussi  capable  d'être  fixé  par  sublimation  sur  le  cuivre  qu'il 
blanchit  :  le  tout  à  la  façon  du  mercure  ordinaire,  extrait  de  son  sulfure. 
7'»  Cette  liste  est  suivie  par  une  autre,  existant  dans  les  manuscrits  2325, 
2275  et  23  27,  et  qui  débute  par  le  mot  caractéristique  a>.Xo  "(PI.  VI,  1.  8  à  20) 
C'est  une  série  d'abréviations  très  diverses,  et  plus  modernes,  comme  en 


100  CHIMIE    DES    ANCIENS 

témoigne  le  mot  vepiv,  qui  signifie  eau  dans  le  grec  actuel.  Les  symboles 
de  l'ange  et  du  démon  semblent  indiquer  que  cette  liste  a  été  tirée<ie  quelque 
livre  magique.  L'or  yest désigné  par  unsigne  nouveau  (1.  19). 

Là  s'arrêtent  les  listes  des  manuscrits  2325  et  2275. 

8°  Le  manuscrit  2327  renferme  ensuite  une  huitième  liste,  comprenant 
des  matières  médicales  et  débutant  par  le  mot  aXXwç  (PI.  VI,  1.  20  à  25). 

Elle  se  termine  au  mot  ccXoyj.  — Ce  qui  définit  cette  liste  comme  distincte 
c'est  son  existence  séparée  dans  le  manuscrit  2419  de  la  Bibliothèque 
nationale  (fol.  274,  verso  6).  Là  les  signes  seuls  y  sont  dessinés,  sans 
interprétation,  à  l'exception  des  mots  /.apSia  (cœur)  et  r^Tzap  (foie). 

Cependant  la  suite  du  manuscrit  2327  (PL  VI,  1.  26  ;  PI.  VII,  PL  VIII, 
1.  1  à  4)  n'accuse  aucune  transition  brusque  ;  sauf  peut-être  au  mot  pom- 
pholyx(PLVIII,  l.i). 

Cette  liste  paraît  d'ailleurs  formée  par  diverses  juxtapositions,  comme  le 
montre  la  répétition  de  certains  mots  (camphre,  aloès). 

Il  existait  en  eflfet  bien  des  listes  de  ce  genre  au  moyen  âge:  je  citerai,  par 
exemple,  une  liste  de  signes  et  abréviations,  transcrite  dans  le  manuscrit  2419 
(fol.  154),  tout  à  fait  distincte  par  Tordre  des  mots  qu'elle  renferme;  quoique 
ceux-ci  soient  en  somme  les  mêmes  et  répondent  pour  la  plupart  aux  mêmes 
symboles  ou  abréviations: par  exemple  l'or, l'argent,  le  fer,  le  cuivre,  l'étain, 
le  plomb,  le  ciel,  etc.  Il  y  a  cependant  quelques  signes  différents,  tels  que 
ceux  de  l'ange,  du  démon,  de  la  couperose.  La  céruse  notamment  est  expri- 
mée au  moyen  d'un  [jl  barré  par  une  ligne  verticale,  etc.  Mais  revenons  au 
manuscrit  2327. 

9"  Le  mot  oXXwç  (PI.  VIII,  1.  4)  marque  dans  ce  manuscrit  le  début 
d'une  dernière  liste,  probablement  composite  comme  la  précédente.  Elle 
débute  par  les  noms  des  métaux.  Elle  est  plus  moderne,  car  l'électrum  a  dis- 
paru et  l'étain  s'y  trouve  avec  le  signe  de  la  planète  Jupiter,  au  lieu  du  signe 
de  la  planète  Hermès,  qu'il  possédait  dans  les  premières  listes.  Au  contraire 
le  mercure  a  pris  le  symbole  de  la  planète  Hermès. 

En  résumé,  ces  listes'multiples  semblent  avoir  été  tirées  de  manuscrits  dis- 
tincts par  l'époque  et  la  composition,  dans  lesquels  elles  figuraient  d'abord; 
elles  ont  été  mises  bout  à  bout  en  tête  de  la  collection  du  manuscrit  2327. 

Celle  du  manuscrit  de  Saint-Marc  est  la  plus  ancienne  et  a  passé  entière- 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  lOI 

ment  dans  le  manuscrit  2327  :  ce  qui  est  fort  important  pour  les  questions  de 
filiation  ;  mais  elle  a  subi  des  intercalations  et  transpositions,  qui  témoi- 
gnent de  remaniements  considérables. 

Je  donnerai  maintenant  le  résumé  des  comparaisons  entre  les  signes  mul- 
tiples d'un  même  corps,  et  spécialement  d'un  métal,  telles  qu'elles  résultent 
de  l'examen  de  ces  tableaux. 

Les  métaux  sont  représentés  surtout  par  les  signes  des  planètes  corres- 
pondantes. Cependant,  à  côté  des  signes  planétaires  des  métaux,  on  en 
trouve  d'autres,  qui  sont  de  simples  abréviations,  réduites  parfois  à  l'ini- 
tiale du  nom  de  la  planète  ou  du  métal  ;  tels  que  : 

Or  (PI.  VI,  L  19); 

Cuivre  (PI.  VI,  1.  3  et  6); 

Fer  (PI.  V,  1.  I  et  17]; 

Mercure  (PI.  VI,  1.  i5; 

Étain  (PI.  V,  1.  12  et  16). 

De  même  le  nom  de  l'eau  esttantôt  figuré  par  son  hiéroglyphe  (PI.  II,  1.  5; 
PI.  IV,  1.  26  ;  PI.  V,  1.  3)  ;  tantôt  par  l'abréviation  du  mot  grec  correspondant 
(P1.VI,1.  5).  De  même  le  mot  fleuve  (PI.  III,  1.  i;  PI.  V,  1.  25;  comparées 
avec  PI.  VII,  1.7). 

Le  nom  de  la  litharge  a  aussi  deux  signes  ;  l'un,  dérivé  de  l'argent,  l'autre, 
simple  abréviation  (PI.  IV,  1.  19  et  PI.  VIII,  1.  20). 

Le  signe  générique  des  rouilles  (oxydes)  métalliques  offre  deux  variantes 
(PI.  1,1.  19  et  25;  PI.  VI,  1.  Il),  etc. 

Signalons  maintenant  les  répétitions. 

Tous  les  noms  des  métaux  existent  dans  les  listes  de  Saint-Marc,  deux 
fois;  une  fois  séparément,  une  fois  dans  la  liste  planétaire.  En  outre,  le 
nom  de  l'or  se  retrouve  cinq  fois  dans  la  seconde  liste,  celle  du  manuscrit 
2327  (PI.  IV,  1.4;  PI.  VI,  1.3  et  19;  PI.  VII,  1.  9;  PI.  VIII,  1.  5).  Son  signe 
est  toujours  celui  du  Soleil,  à  l'exception  d'un  signe  figuré  dans  la  plan- 
che VI,  1.  19,  qui  est  double  et  semble  une  abréviation. 

Le  nom  de  l'argent  se  lit  trois  fois  dans  la  seconde  liste  (PI.  IV,  1.  4  ; 
PI.  VIII,  1.  6  et  22).  Son  signe  n'a  pas  de  variante,  si  ce  n'est  que  le  crois- 
sant est  placé  horizontalement  à  la  dernière  place. 

Lç  nom  du  cuivre  est  écrit  six  fois  dans  la  dçuxièmç  liste  (PI.  IV,  1.  9; 


102  CHIMIE    DES   ANCIENS 

PI.  VI,  1.  3,6,  II  ;  PI.  VII,  1.6;  PL  VIII,  1.6).  Son  signe  offre  six  variantes, 

dont  l'une  répond  à  l'un  des  signes  du  fer  (PL  V,  1.  12). 

Le  nom  du  fer  esttranscrit  quatre  fois  dans  la  deuxième  liste  (PL  V,  1. 1  et 
17;  PL  VI,  1.20;  PL  VIII,  1.5  et  22).  Son  signe  offre  quatre  variantes  princi- 
pales. En  effet,  le  nom  du  fer  est  représenté  par  quatre  signes  principaux. 
L'un  d'eux  une  flèche  avec  sa  pointe,  semble  une  abréviation  du  signe  pla- 
nétaire. Un  autre  signe,  un  9,  est  nous  l'avons  vu  l'initiale  du  mot  Ôoupaç, 
nom  ancien  de  la  planète  Mars;  parfois  avec  adjonction  d'un  x,  abréviation 
du  xupôeiç,  Tenflammé,  autre  nom  ou  épithète  de  Mars  (PL  V,  1.  17). 

Le  nom  du  plomb  figure  six  fois  dans  la  deuxième  liste  (PL  IV,  Lu  ; 
PL  V,L  II  et  16;  PL  VI,  1.4;  PL  VII,  1.6;  PI,  VIII,  1.  5);  son  signe  offre  six 
variantes.  Aucun  métal  n'a  plus  de  signes  que  le  plomb,  matière  première  de 
la  transmutation  chez  les  Égyptiens.  Dans  l'une  des  planches  (PL  Vil,  1.  6), 
le  signe  ordinaire  est  doublé  par  l'adjonction  du  signe  du  cuivre.  Un  autre 
signe  du  plomb  (PL  VI,  1.  4)  se  retrouve  à  peine  modifié,  comme  signe  de 
cuivre  (PL  VI,  1.  6),  et  même  comme  signe  adjoint  au  mercure  (PL  VI,  1. 15). 
Ce  signe  rappelle  encore  l'un  de  ceux  du  soufre  (PL  IV,  1.  1 8),  désigné  comme 
le  plomb  par  le  nom  d'Osiris,  chez  les  Egyptiens. 

Le  nom  de  l'étain  se  voit  quatre  fois  dans  la  deuxième  liste  (PL  IV,  1.  12; 
PL  V,  1.  i3  et  18;  PL  VIII,  1.  5).  Son  signe  offre  cinq  variantes.  Dans  Tune 
d'elles,  on  retrouve  l'un  des  signes  du  cuivre  (PL  V,  1.  i3);  dans  une  autre, 
l'un  des  signes  du  fer  (PL  V,  1. 13). 

Le  nom  du  métal  mercure  est  signalé  cinq  fois  dans  la  deuxième  liste 
(PL  IV,  1.  5  :  PL  V,  1.  5  ;  PL  VI,  L  1 5  ;  PL  VIII,  1.  6  et  8).  Son  signe  offretrois 
variantes,  savoir  :  le  signe  de  l'argent  retourné;  le  signe  delà  planète  Her- 
mès, plus  moderne  (PL  VIII,  1.  6)  ;  enfin  le  double  signe  de  l'eau-argent,  avec 
le  croissant  ordinaire.  (PL  VI,  L  i5).  On  trouve  encore  le  nom  du  mercure 
associé  à  celui  de  l'arsenic  (PL  VI,  L  4),  et  représenté  par  un  double  signe, 
dont  la  première  partie  est  le  signe  du  mélange  ou  alliage  d'or;  la  seconde, 
le  signe  de  l'arsenic  retourné.  Il  y  là  une  idée  se  rattachant  à  la  transmuta- 
tion des  métaux  et  à  la  fabrication  de  l'or  par  l'intermédiaire  du  mercure, 
réputé  former  l'essence  des  métaux,  et  de  l'arsenic,  regardé  comme  l'un  de 
leurs  principes  colorants  {Origines  de  F  Alchimie,  p.  238  et  279). 

Le  nom  de  l'arsenic  (sulfures  arsenicaux)  est  tracé  quatre  fois  dans  la 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  I03 

deuxièmeliste(Pl.  V,l.  i9;Pl.  VI,  1.  i/et  26;  PL  VIII,  1.  21),  avec  trois  ou 
quatre  signes  différents.  Le  signe  de  la  planche  VI,  ligne  26,  est  le  plus  mo- 
derne; car  il  est  employé  couramment  dans  le  manuscrit  2419.  Le  nom  même 
de  l'arsenic  est  associé  deux  fois  (PL  V,  1.  7  et  9)  à  celui  de  la  sandaraque  (sul- 
fure analogue),  laquelle  est  confondue  parfois  souslemême  signe(Pl.  V,  L7). 
Ailleurs  la  sandaraque  est  exprimée  par  le  signe  du  soufre  (PL  VIII,  1.  22)  : 
ce  qui  montre  que  les  alchimistes  en  avaient  bien  saisi  les  analogies  complexes. 

Le  signe  de  l'antimoine  (sulfure  d'antimoine)  existe  deux  fois  dans  la 
deuxième  liste  (PL  V,  1.  10  et  25)  ;  la  première  fois,  il  est  associé  à  celui  du 
plomb,  probablement  parce  que  l'on  avait  aperçu  l'analogie  des  deux  métaux. 

Les  mots  :  matras,  sel, vapeurs  sublimées,  etc.,  donnent  lieu  à  des  remarques 
analogues,  mais  sur  lesquelles  il  paraît  superflu  de  s'étendre. 

Nous  allons  reproduire  maintenant  ces  listes,  d'après  des  photogravures 
prises  sur  les  manuscrits.  L'échelle  exacte  a  été  conservée  pour  le  manus- 
crit 2327  :  mais  elle  a  été  un  peu  réduite  pour  le  manuscrit  de  Saint-Marc. 

J'ai  donné  la  traduction,  aussi  exacte  que  j'ai  pu  dans  une  matière  si  obs- 
cure, de  tous  les  mots  qui  figurent  dans  ces  listes. 

Je  me  suis  aidé  à  cet  effet  des  œuvres  de  Dioscoride  (édition  Sprengel);  de 
celles  deVitruve,  de  Pline  (édition  Sillig)  et  des  Commentaires  de  Saumaise 
[Plinianœ  Exercitationes,  1689).  Je  laisse  à  d'autres  le  soin  des  remarques 
grammaticales  sur  ces  textes,  me  bornant  à  faire  observer  que  Liotacismc 
est  bien  plus  marqué  dans  le  second  manuscrit  que  dans  le  plus  ancien. 

Pour  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  dont  l'écriture  est  très  différente  de 
celle  du  grec  moderne,  j'ai  cru  utile  de  fournir  en  même  temps  le  texte  grec 
en  lettres  actuelles  :  ce  qui  m'a  paru  superflu  pour  le  manuscrit  2327. 

Voici  ces  textes  ; 

Les  planches  I,  II  et  III  reproduisent  les  folios  6  et  7  du  manuscrit  de 
St-Marc,  à  Venise.  Les  signes  sont  tracés  à  l'encre  rouge  dans  le  manuscrit. 

Plusieurs  signes  ont  été  ajoutés  à  des  époques  postérieures  à  la  première 
transcription  du  manuscrit;  les  uns  au  xiv«  siècle,  les  autres  au  xv«.  Ils  se 
distinguent  par  la  forme  des  caractères  et  la  couleur  de  l'encre.  Je  les 
noterai  en  passant. 

Les  planches  IV,  V,  VI,  VII  et  VIII  sont  la  reproduction  identique  des 
fol.  16,  17  et  18  du  manuscrit  2327  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 

La  traduction  répond,  ligne  pour  ligne,  au  texte  placé  vis-à-vis, 


15 


•20 


104  CHIMIE  DES   ANt:iENS 

Figure  3,  —  Tlanche  I 
^y  {^fijLUii_-r  t  tri  t*t«  ajlM  1  Txu  u  îrtc  f  i  xl/h  oj  m  t  NmîtTt  X*^  «hYi  c 

5       ^XT'^'**'^^^'T**^     ^    i^  3LrMtTnr.ptitcr5:»Jipc  5 

*^n         l  Ç        fCAJM-THPOl  AJ>5^    y 

J   X^TvKft'v^rH  V     jtjjetTH  p'y-pl4H-uJL 

j&^fi-aj^p-onrTTfPlXo  M       *Jb    ^^tow  -i-   e  «^^ 

25        ^^  Cî2u>ip*r- lot,  or»  «-Ô-<teh4  4Li£-lh:n-of4 


20 


25 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  io5 

SIGNES  ALCHIMIQUES 

Planche  I,  première  colonne,  à  ganclie 

Photogravure  d'après  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  6. 

«  Signes  de  la  Science,  qui  se  trouvent  dans  les  écrits  techniques  des 
philosophes  :  ce  sont  surtout  les  signes  de  ce  que  ceux-ci  appellent  la 
Philosophie  mystique. 

Xputjoç Or. 

Xpudou  ^{vY)[j.a Limaille  d'or. 

XpuaoîJ  xéxaXa Feuilles  d'or  —  avec  second  signe  à  droite, 

d'une  écriture  plus  récente. 

Xpuaoç  xexaulAévoç Or  calciné  (fondu). 

5  XpuaiQXexTpov  .  .  .    Elèctrum  —  avec  2®  signe  plus  récent. 

XpuaéxoXXa Soudure  d'or. 

MaXa-)f[jLa  -/^puijoij Mélange  d'or. 

"ApYupoç    Argent. 

'ApYupou  Y^ Terre  d'argent. 

10  'ApYupou  ^(vr^iAot Limaille  d'argent. 

'ApYupo'j  TCsxaXa Feuilles  d'argent. 

'ApYupo/p'jŒÔxoXXa Soudure  d'or  et  d'argent  —  avec  second  signe 

récent. 

"ApYupoç  x£5cau[ji.£vcç Argent  calciné  (fondu) - 

XaXxoç  xÙTcptoç Cuivre  de  Chypre  —  avec  second  signe  d'une 

ancienne  écriture. 

15  XaXxou  Y^ Terre  de  cuivre  (minerai). 

XaXxou  ^(vY)[xa Limaille  de  cuivre. 

XaXxoO  x&xaXa Feuilles  de  cuivre. 

XaXxoç  xexauixévoç Cuivre  calciné  (oxydé). 

'loç  x'^^^°^ Rouille  de  cuivre. 

20  'Op£{)(aXxoç Orichalque. 

SfôTjpoç Fer.  —  "AXXw?,  autre  signe. 

SiS-^pou  yi] Terre  de  fer  (minerai). 

StSi^pou  ^{vTjfxa Limaille  de  fer. 

Stâ-^pou  xéraXov Feuille  de  fer. 

25  Siâi^pou  Icq Rouille  de  fer, 

M6Xt6oç  (sic) Plomb, 


I06  CHIMIE    DES  ANCIENS 


Flanelle  I,  deuxième  colonne,  k  droite. 


"HXio;  xP'J'^ôç Soleil,  or. 

SeXi^virj  aLÇi-^\iÇ)oç Lune,  argent. 

Kpévoç  (pa(v(i)v  [x6Xt6oç Saturne  brillant,  plomb. 

Zeùç  çaéôwv  -ijXexTpoç Jupiter  resplendissant,  électrum. 

5  "ApT)?  içupoetç  a(âT)poç Mars  enflammé,  fer. 

*A<ppoS(TTf]  çwaçopoç  5(aXxoç...  Vénus  lumineuse,  cuivre. 

'Epfxîjç  (TT(X6a)v  xacjaiTTjpoç  .  .  Mercure  brillant,  étain. 

La  suite  forme  le  commencement  du  verso  de  la  feuille  6  dans  le  manu- 
scrit ;  elle  a  été  ajoutée  par  le  graveur  sur  la  planche  I,  après  les  noms  des 
planètes,  lesquels  sont  effectivement  à  droite  du  recto  de  la  feuille  6  dans  le 
manuscrit. 

1^  MoX(68ou  Y*5 Terre  de  plomb  (minerai). 

MoXi686xaXxoç Molibdochalque. 

MoX(6Sou  ^(vTr)[i.a Limaille  de  plomb. 

M6Xi6âoç  x£>tau[xévoç Plomb  calciné. 

KaadtTQpoç  (sic) Étain.  —  "AXXo,  autre  signe 

15  KaaffiT-^poi»  y>5- Terre  d'étain  (minerai). 

KaaaiTi^pou  ^{vYjfJia Limaille  d'étain. 

KaaatTi^pcu  Tré-caXa Feuilles  d'étain. 

Kaaa(T7)poç  xexauixévoç Étain  calciné. 

'YSpapYupoç Mercure. 

^"  NeçéXr) Brouillard  (vapeur  condensée). 

AeuxT)v  xayetdav Concrétion  (coagulum)  blanche. 

SavÔTjv  TcaYsTaav Concrétion  jaune. 

AiôàpYupoç Litharge. 

0£ïov  àxupov Soufre  apyre,n'ayant  pas  subi  l'actiondu  feu. 

25  Oeïov,  ôeTa Soufre.  —  Matières  sulfureuses. 

0£Ïov  aOtxTov Soufre  natif. 

'AçpoaéXTjvov Sélénite. 


NOTATIONS   ALCHIMIQUES  IO7 


Le  verso  de  la  feuille  6  du  manuscrit  n'étant  pas  inséré  en  entier  dans 
ce  qui  précède,  on  a  ajouté  et  intercalé  les  signes  qui  suivent  avec  leur  inter- 
prétation, dans  la  colonne  de  droite,  sur  la  planche  II. 


30 


I08  CHIMIE   DES    ANCIENS 

Figure  4.  —  Planche  II 
^      v4LXi<:AJ4-6-«C  oL    AtM0ti_J-iJ4M£  ot 

5  «Sï     -ft-iLXAjLCli-'VSLJL.-rtl^îTgi    9-lî-rTl>M  5 

10  e^     H  uué P 0 isi v^c**» ■*-»-£ P ^    fip    -rrrptnMi  10 

a  El  TTtTi>v4-  y         «Zzl  K4.^  t  m  A- 

O     KtMMJL^4J'lC  XÎ^      JUÙSLrmwClAi- 

^R     KPOKOC 

15         K    ^^F  ,  ^        .. 

20  m      LA-l  C  V- 


15 


<  uu  p  i  — ■•  -y  l^ 


0©CJU^  Jff    XtKJOJTTlt-mNTiKH        ii     "Ilf 

<       Ot.TPAKOKl  eu  CJU  N      -*XÎ^      .<î^  »<?*«■<»  coV  • 

Çr  (THJUUi 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


109 


Première  colonne,  à  gauclie. 

La  colonne  gauche  de  la  planche  II  renferme  les  signes  du  folio  7  recto  du 
manuscrit,  et  la  colonne  droite  la  fin  du  folio  6  verso. 

XaXxavôoç Couperose. 

XaXx{TT)<; .   Minerai  pyriteux 

de  cuivre. 

At9ot Pierres. 

'EXuoptiv Ghélidoine. 

5  QatXàacKx  uoaTa.  .  .  .   Eaux  marines. 

^  0[x6pta Eaux  pluviales. 

''YSwp Eau. 

Hfxépai  . Jours  —  2^  s.  anc. 

NuxTsç Nuits.  —  ^Qpai. 

heures. 
10  'H[X£povu)j6Yi[xepa  .  .    i  jour  et  i  nuit. 

néxaXa Feuilles. 

KXauSiavôv Claudianon   (al- 
liage)—  2^  signe 

plus  moderne. 

Kivvaêaptç     Cinabre. 

Kpoxoç Safran. 

15  "pxpot. Ochre. 

'Apaévtxov Arsenic  —  autre 

signe  ancien. 
Sfptxov  (sic)  .  .    Couleur      rouge 

particulière    — 

2®     signe     plus 

moderne. 
"Ayxouaa Orcanette.  —  2^ 

signe  plus  mod. 

—   autre    signe 

ancien:  XaB'.y.-'vTî, 

de  Laodicée. 


SavSapa^c»; 

•  .    Sandaraque  (au- 

tre signe  anc). 

M(au 

.  .    Misy  (couperose  20 

jaune). 

Swpi  [sic) 

.  .    Sori  (corps  ana- 

logue)— ÇavOov, 

jaune;        signe 

d'écriture     plus 

moderne. 

Aa^aç 

.  .    Laccha,   sorte 

d'orcanette. 

^t[;.uO'.ov    

.  .    Ce'ruse. 

Aejxa 

.  .    Les    blancs.    — 

Eav66v,    jaune; 

signe  ancien. 

"OçGaXfjLsç  ...    . 

.  .    Œil.                       25 

'Qi 

.    Les  œufs. 

OtjTpaxov  a>o>v 

.    Coquille  desœufs 

— ■    répété    avec 

autre  signe  plus 

moderne. 

Kûavov 

.  .    Bleu. 

"TeXoç 

.  .    Verre    —    autre 

signe  plus  mod. 

'Q6pûC(i)Ttç 

.    Epreuve  des  mé-  30 

taux    (coupella- 

tion)    —   autre 

signe  plus  mod 

Aa6wv 

■  •   Ayant  pris. 

:STTÔii.T)(67c) 

.   Antimoine. 

Deuxième  colonne,  à  droite. 


Otvoç  «[XTjvic; .  .  .     .  Vin  doux. 

'Paçàvivov  eXa-.-,..  Huile  de  raifort. 

K(xtvov  è'Xaiov Huile  de  ricin. 

Nfxpov Natron. 

5  StuTCTTjpi-t  ^y,--'-,     ■  Alun  en  lamelles 

2T'JXTY;p{a  ai poYT ->•••".  Alun  arrondi. 

10  IIupi'TYjç Pyrite. 

Ka3ix(a Cadmie. 

MaYvr)a(a Magnésie. 


15 


"AXa;    Sel. 

'AXaç  xciv-v. Sel  commun. 

—    à[Aovtax3v  ^Avc)   Sel  ammoniac. 

TtTavoç Chaux,  plâtre.      25 

'Atsîjtoç Chaux    vive    — 

2®  signe  ancien. 
ovT'.xr,. .  .  .    Rubrique     du 
Pont  —  2«  signe 
ancien. 


Z]tva)T:tî 


IIO 


CHIMIE   DES   ANCIENS 
Figure  3.  —  Planche  III 


^nt 


10   t<Sî    i<Mti<:a>4-«-«w 

g)*     KClJJjULPtC 


tl'^^V 


15 


1  ^    /S^*'^ 


.•-^ 


6^<rf'^*  y 


■  t  I  H.)  C  H  f    .* 

<-v*^4  €  et  e  C    •' 
!i^«  rr  K»Hf  : 


«JULfIi-     : 


Il  flA-t  »  »  C  : 
f  T   M  Ht      : 

-f-f  0  C  f  B  f  t  J-  . 

-*-€  o<pi>vO  t  : 
H  f  t  :2iUJL)  f  B  c  ; 

2  uj  c  ï  JULû  c  : 
<piîNi-r  f-roc  : 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  I  I  I 

Folio  7,  verso.  —  Planche  III. 

noTa[x6ç Fleuve.  —  ^av66v,  Jaune  —  signe  plus  mod. 

"O^oç Vinaigre. 

Ilvjtl'ov Faites  fermenter. 

Boxapiov Botarion  (vase  de  digestion  ?) 

5  B6X6iTa Fumier,  fiente  —  signe  plus  moderne. 

BoiavY) Plante. 

A'.ôaAY)  cùpavou .    Vapeur  céleste. 

XtovY) Creuset. 

A(j)7:àç  xuOpa Matras  de  terre  cuite. 

Kvixavôov  {sic) Fleur  de  cnécos  oucarthame. 

10  KÔ)[Lapiç Sélénite  ou   talc. 

Fïj .  Terre. 

AîôâXat Vapeurs  sublimées,  fumées. 

'Ap'.6[jLcç Nombre  —  répété  avec  signe  plus  moderne. 

Xhpx,  livre  (poids)       1 
àaSsaioç,  chaux  vive     [  signes  plus  mod. 
TpCêe,  broyez.  ) 

15  Xuilit Bile. 

X'jàoç Suc. 

Suv6£[xa  oXov Formule  complète. 

Ovô[j.aTa  Twv  ç'.ACTÔcpwv  t^?  Ôsîa;  £r'.7-rj[j.Y;ç  y.al  t£"/vy];. 
Noms  des  Philosophes  de  la  Science  et  de  VArt  divins. 

Mwarjç Moïse.  Mapi'a Marie. 

20  AYj[x6xpiT0ç  ....  Démocrite.  Ilî-rasto; Pétasius. 

2'jvéjioç Synésius.  'Ep[j.f;ç Hermès. 

riaûarjptç.   .....  Pauséris.  BcSîiôe-.a Théosébie. 

riYjSr/'.oç Pébichius.  'AYa6soa(i/,a)v.  .  .  .  Agathodémon. 

EevoxpotTY]? Xénocrate.  BcC^tAoç Théophile. 

25  'Atppi'y.avoç Africanus  'Haiowpoç Isidore. 

Aouxcéç Lucas.  0aAr,;  {sic) Thaïes. 

AtcysvYiç Diogène.  'Hpây.AsiTc; Heraclite. 

"I-KTîaao; Hippasus.  Za)7'.;j.o;' Zosime. 

STÉçavoç Stephanus.  «^'.ÀapsTOç .    .    .    .  Philarète. 

Xi[j,-oç Chimès.  'loyAiavr, Juliana. 

Xp'.GT'.avé; Le  Chrétien.  ^ép^toç Sergius. 

Cette  dernière  liste  a  un  intérêt  historique,  plutôt  que  technique.  Son 
commentaire  se  trouve  dans  l'ouvrage  sur  les  Origines  de  V Alchimie,  cité 
plus  haut,  p.  128  et  suivantes. 


112  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Figure  6.  —  Planche  IV 


15 


20 


25 


/^oue^Vf^AA^^-Ha^/»H^/ooUTr^1^ûy^Ka<rr'Vipo<; 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  Il3 

SIGNES  DU  MANUSCRIT  2327. 
Planche  IV,  feuille  16  du  manuscrit,  verso. 
Vois  ces  signes  et  comprend-les  bien  : 
Interprétation  des  signes  de  l'art  sacré  et  du  livre  sur  la  matière 

de  l'on 
Au  commencement  :  or  —  limaille  d'or  —  argent. 
Mercure  —  feuilles  d'or  —  or  calciné  ou  fondu. 
5  Soudure  d'or  —  mélange  ou  alliage  d'or. 
Terre  ou  minerai  d'argent  —  soudure  d'or  et  d'argent  —  argent 

calciné  ou  fondu  —  cuivre  de  Chypre  —  terre  de  cuivre. 
Limaille  de  cuivre  —  feuille  de  cuivre. 

Cuivre  calciné  —  rouille  de  cuivre  —  orichalque  (bronze  et  al- 
10      liages  analogues). 

Cuivre  —  étain  (quatre  signes)  —  plomb. 

Saturne  brillant  —  molibdochalque  (alliage  de  cuivre  et  de  plomb) 

—  terre  ou  minerai  de  plomb. 
Limaille  de  plomb  —  plomb  calciné. 

Autre  signe  de  l'étain  —  terre  ou  minerai  d'étain  —  limaille 
d  etain  — feuille  d'étain  —  étain 
15      calciné  —  brouillard  ou  vapeur  condensée  —  litharge 
concrétion  blanche  —  vapeur  concrétée  jaune. 
Litharge  —  soufre  apyre,  n'ayant  pas  subi  l'action  du  feu. 
matières  sulfureuses  —  soufre 
natif  —  sélénite  —  vin  d'Amina. 
Huile  de  raifort  —  huile  de  ricin  —  natron  (deux  signes), 
2Q  Alun  en  lamelles  —  (alun)  arrondi  —  pyrite. 
Cadmie  —magnésie  —  sel  —  sel 
commun  —  sel  ammoniac  (en  abrégé)  —  chaux  (deux  signes), 
chaux  vive. 
Vermillon  du  Pont  —  autre  signe  —  couperose. 
Chalcite  (minerai  pyriteux  de  cuivre)  —  pierres  (en  abrégé)  — 
25      Chélidoine. 

Eaux  marines  —  eaux  de  pluie  —  eau 

Jours  —  nuits  —  heures  —  un  jour  et  une  nuit. 


114  CHIMIE    DES   ANCIENS 

Figure  7.  —  Planche  V 


10 


15 


20  (TBH/ 


26 


<^  *  (J7  5^p oc -ô^  •  cnî  ^  f  0  y  rM^^  •  (TT  g^^  0  ufi^' y/<r 

OT  A  »  ytf  V  «^(î  •  cçtAVif  n^x*»  HP  V  K«a'i^♦f  '  k\  •  ^«r  o  y  eu 
^''/i-  i.       ^      ■    '  ^     .        '^      (       »     '  *■  .  \ 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  I  I  5 

Planche  V,  feuille  17  du  manuscri*,  recto. 

Fer  —  minerai  de  fer  —  limaille  de  fer. 

Feuille  de  fer  —  rouille  de  fer. 

Chalque  (poids  et  monnaie)  —  mer  —  fleuve  —  noir. 
Air  et  astérite  (pierre  précieuse)  —  feuille  de  noyer. 
5  Drachme  —  poignée  (mesure)  —  mercure  (deux  signes  qui  pré- 
cèdent le  mot). 

Terre  de  Gimole  et  suc  de  figuier  (sans  signe)  —  feuilles  —  ar- 
bouse. 

Sandaraqueet  arsenic  —  sandaraque  (au-dessus  delà  ligne)  — 
chaux —  litharge. 

Mine  (poids)  —  safran  —  œuf  —  coucher  du  soleil  —  urine. 

Soufre —  vinaigre  —  scrupule  (fraction  de  l'once)  —  levain. 

Sélénite  —  stimmi  (antimoine)  de  Goptos  mélangé. 
10  Soufre  apyre  commun  —  le  plomb  a  quatre  signes. 

Puis  vient  une  ligne  de  signes  se  rapportant  au  plomb,  à  Jupiter, 
deux  signes  (électrum),  à  l'étain,  trois  signes. 

Hermès  en  a  trois  autres  (trois  signes)  —  l'or  est  tel  —  le 
cuivre. 

Le  soufre  natif  et  le  soufre  brûlé  par  le  feu  (fondu  ?)  et  Saturne, 
c'est-à-dire  le  plomb,  s'écoulant  de  lui-même  (cette  ligne  n'a 
pas  de  signe  spécial). 
15  L'eau  de  plomb  et  la  vapeur  condensée  blanche  qui  se  dit  mercure. 

Saturne  brillant  —  Jupiter  resplendissant  —  électrum. 

Mars  enflammé  (deux  signes)  —  Vénus  lumineuse. 

Mercure  étincelant;  étain  (pas  de  signe)  —  claudianon  —  cinabre. 
20  Safran  —  ochre  —  arsenic  (autre  signe  double). 

Sandaraque  —  séricon  (soie  ?  ou  couleur  rouge  ?)  —  orcanette. 

Sandaraque  de  Laodicée.  —  autre  signe  —  misy  —  sory. 

Laccha  —  céruse  —  molibdochalque. 

Les  blancs  —  œil  —  les  œufs  —  coquille  d'œuf. 

Bleu  —  verre  —  coupellation  —  ayant  pris. 

Antimoine  —  fleuve  —  vinaigre  —  ferment  ou  septique  (?). 
25  Botarion  (vase  à  digestion)  —  fumier  — plante  — vapeur  (cé- 
leste —  le  signe  est  à  la  page  suivante). 


10 


15 


20 


25 


Il6  CHIMIE    DES   ANCIENS 

Figure  8.  —  Planche  VI 

)^\j^c^'r^'  iôc«yïn//oocrx*  JOC^rf^KPvr-ç»  w 
o/w»v<r^'  KiiLXoii/viVdy  ©'^»^  •  adi^l»/»ÇairV  • 


Af^Ç) 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  II 7 

Planche  VI,  feuiUe  17  du  mannscrit,  verso. 

Ciel  —  creuset  —  matras  de  lerre  cuite  —  fleur  jaune  du  cnécos 
(plante  assimilée  parfois  au  cartliame)  —  cnécos  (sans  signe). 

Séléniteou  talc  —  terre  — vapeurs  sublimées. 

Nombre  —  bile  —  suc  —  or  —  cuivre  (deux  signes). 

Plomb  —  mercure  d'arsenic. 
5  Vinaigre  (deux  signes)  —  (vinaigre)  piquant  —  eau  de  pluie  — 
eau  de  mer. 

Séricon  (pigment  rouge)  —  cuivre  (répété  deux  fois  — 
deux  signes). 

Mposiris  (  i)  :  c'est  le  signe  de  l'eau  précédent,  avec  un  p  ;  ou  peut- 
être  le  même  signe  que  l'or  à  la  ligne  19  —  le  noir  de  myrrhe 
—  ferrugineux. 

Autre  liste  —  stylet  —  écris  —  mer  sacrée. 

Ensemble  —  encensoir  ou  parfum  —  papier  —  sacré  —  mystère. 
10  Signe  caractéristique  —  ange  —  démon  —  rouille 
de  l'or  —  rouille  de  l'argent  —  rouille  de  cuivre. 

Electrum  — corail  —  discours  (ou  rapport)  —  vinaigre  —  litharge. 

Cinabre  —  herbes  —  fabrication. 

Livre  (poids)  —  mines  (poids)  —  eau  —  un  peu  —  commun. 
15  Ou  bien  —  demi  —  coquille  —  mercure. 

Mines  (poids)  —  setier  —  commun  —  ensemble  (deux  signes). 

Arsenic  (deux  signes)  —  feuille  —  sacré  —  apyre. 

Composition  —  sec  —  pulvérisez  —  divisez  en  lamelles. 

Vapeurs,  fumées  —  or  —  plante  —  limaille. 
20  Autre  liste  —  raclure  —  fer  —  camphre  —  arèn  (mâle,  ou  ar- 
senic?, ou  Mars??). 

Ensemble  —  cyclamen  —  porc  (ou  utérus })  —  semences. 

Argenté  —  sel  —  encens  —  pulvérisez. 

Zizi  nazé  (gingembre?)  deux  fois  répété  avec  signes  —  mastic  — 
partie  supérieure  de  la  tête?  ou  rassemblement  ? 

Cœur  —  foie  —  estomac  —  signe 
25  Larynx  —  aloès  —  lunule  ou  sélénite  —  safran. 

Poivre  —  arsenic  —  pyrèthre  —  Aromate  ? 

Pulvérisez. 

(  i  )  Mp  est  ici  pour  B. 


Il8  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Figure  9.  —  Planche  VII 


10 


15 


20 


25 


Kpi  veS  l^  '/w>Afc^oy  A^-  xtpM  y  >4)A'  ct^p/ JoJ'vm^  • 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


119 


Planche  Vil,  folio  18  du  manuscrit,  recto 

Roquette  (eruca)  —  fortement —  antidote  —  plante. 

Natron  —  homme  —  fils  —  comme  —  si  —  il  est  (deux  signes). 

De  ou  de  la  part  —  sur  —  triturez  —  couperose. 

Cathmie  ou  cadmie  —  grand  —  magnésie  —  oiseau  —  ortie. 
5  Eau  —  encens  —  fleur  —  plomb  (signe  double). 

Cuivre  —  écailles  ou  écorces  —  pétasite  (plante)  —  blanc. 

Amas  de  terre  —  frisson  ou  arcane  fleuve  —  bain. 

Pomme  —  sec  —  il  dit  —  nard  —  racine. 

Yeux  —  arrondi  —  long  —  or 
10  Asemos  —  soufre  —  terre  —  ciel  —  temps. 

Terrestre  —  natron  —  dans  le  —  et  —  car  —  et  car. 

Séricon  —  fruit  de  myrte  —  lune  —  polype  (ou  fougère). 

Scammonée  —  marrubium  (?)  —  agaric. 

Coloquinte  —  fleur  de  thym  — ^amome  —  galbanum. 
15  Myrrhe  —  Ladanum  (gomme  aromatique)  — amidon  (farine). 

Clou  de  girofle —  musc  —  noix  muscade. 

Ambre  —  safran  —  acacia  —  galanga. 

Momion  (bitume)  —  cardame  —  huile  —  axonge. 

Vin  —  décoction  —  opoponax. 
20  Lis  —  rue  des  bois  —  corne? —  soie  ou  pigment  rouge. 

Arcos,  plante?  (i)  — valériane  —  stachys —  véronique. 

Meum  (ombellifère)  —  coagulum,  lait  caillé  —  une  fois  —  pêche  (?). 

Jusquiame  —  pavot —  semence  de  lune. 

Camphre  —  concombre  —  feuille. 
25  Air  —  fruit  —  tapis,  couche  —  chaux. 

Sucre  —  farine  —  ricin  —  manne  (le  signe  est  à  la  page  suivante). 


(i)  Voir  Salmasius,  de  Homonymis 
Hyles  latricce,  p.  52,  a,  G.  —  Diosco- 


KiDE,  Matière  médicale,  livre  IV,  chap. 
CIV  et  CV 


120  CHIMIE   DES    ANCIENS 

Figure  io.  —  Planche  VIII 


10 


15 


20 


25 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES  121 

Planche  VIII,  folio  dn  manuscrit,  verso. 

(En  haut  et  hors  ligne)  pulvérisez  —  vapeurs  condensées  —  océan 
(ou  le  bleu  ?).  —  le  pompholix  ?  (signe  seul)  —  santal  —  rhu- 
barbe —  aloès. 

Miel  rosat —  sumac  —  avoine. 

Grande  centaurée  —  serpentaire  —  pierre  —  hématite  (deux  fois, 
sans  signe). 

Myrte —  autre  liste  (les  signes  précèdent  idlesmots) — le  plomb, 
5      de  Saturne  —  l'étain  —  le  fer. 

L'or  —  le  cuivre  —  le  mercure  —  l'argent. 

(Puis  les  mots  précèdent  de  nouveau  les  signes)  —  soufre  —  natron 
—  partiel  —  vert  —  vers. 

Mercure  —  demi  —  eau  —  soufre. 

Suc  (des  plantes)  —  divisez  (ou  parties)  —  faites  fondre  —  livre 
10      —  pyrite. 

Couperose  —  livre  —  quatrième  ou  quart  (d'once  ?)  —  le  cyathe 
(mesure  de  poids). 

Scrupules  (poids)  —  cuillerée  (mesure)  — obole—  chême  (mesure 
de  capacité). 

Demi-obole  —  triblios  ou  cotyle  (mesure  de  capacité)  —  deux 
oboles  —  chénice  (mesure)  —  trois  oboles  —  le  carat  (tiers  d'o- 
bole) —  quart  d'obole  —  l'holque  (poids) —  la  drachme. 
15  Cuillerée  (mesure)  —  le  setier  —  le  chalque (monnaie)  —  la  cotyle. 

Le  statère  —  le  denier  —  les  chalques  (mesure). 

La  fève  (mesure)  —  chalcite  ou  calamine  —  le  chaud  —  cathmie 
(pour  cadmie). 

Le  premier  jour  du  mois  (?)  —  ensemble  —  la  bile  —  le  sel. 

Le  suc  (des  viandes) —  couperose  (misy)  —  partie  —  calciné. 
20  Céruse  —  semence  —  litharge  —  antimoine. 

Ronde  —  pyrite  —  arsenicaux. 

Fer  ^—  sandaraque  —  écorce  ou  écaille  —  argent. 

Couperose  —  cœur  —  des  longues  (?)  —  complet. 

Emeri —  gingembre?  selon  d'autres  myrrhe  — vénérable —  autour. 
25  Brasier  —  vie  heureuse  —  polype  ou  fougère. 

Volatil  —  oiseaux  (œufs  d')  —  oison  —  champignon. 

Porcin  —  désirable  —  sec. 


122 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


Quelques  mots,  en  fiaissaat,  sur  la  date  à  laquelle  remontent  les  signes 
que  nous  venons  de  reproduire.  Les  signes  dee  planètes  figurent  déjà  dans 
les  papyrus  astronomiques  du  Louvre,  qui  remontent  au  temps  des  Anto- 
nins  ;  ainsi  que  dans  ceux  de  Leide,  un  peu  plus  récents.  Dans  ces  derniers, 
ils  sont  en  outre  appliqués  à  l'or  (i),  à  l'argent  et  à  des  noms  de  plantes 
et  de  minéraux,  comme  dans  nos  manuscrits.  Certains  autres  signes,  celui  de 
l'eau  par  exemple,  sont  des  hiéroglyphes.  Le  nomd'Osiris  (PI.  VI,  1.  7)  était 
employé,  d'après  Stéphanus  [Origines  de  V Alchimie,  p.  32),  pour  désigner  le 
plomb  et  le  soufre  (même  signe  pour  ces  deux  corps,  PI.  V,  1.  11)  chez 
les  Égyptiens  ;  dans  notre  planche  VI,  ce  signe  rappelle  aussi  un  signe 
spécial  de  l'or,  situé  plus  bas  (PI.  VI,  1.  19). 

Les  signes  de  matière  médicale  sont  plus  modernes  que  ceux  des  métaux 
et  des  planètes.  Je  ne  les  ai  pas  trouvés,  par  exemple,  dans  les  pages 
reproduites  par  Lambecius  [Comm.  de  Biblioth.  Cœs.,  Liv.  II,  p.  i35  et 
suivantes)  et  par  Montfaucon  [Paléographie  grecque,  p.  202),  d'après  un 
manuscrit  célèbre  de  Dioscoride,  écrit  vers  la  fin  du  v«  siècle  pour  Juliana 
Anicia,  fille    d'Olybrius,    l'un   des    derniers    empereurs    d'Occident    (2). 


En  raison  de  l'importance  de  ces  signes,  pour  la  lecture  des  manuscrits 
alchimiques  et  médicaux,  j'ai  cru  utile  de  faire  un  petit  lexique  des  mots 
contenus  dans  les  tableaux  précédents,  avec  indication  de  la  planche  et  de  la 
ligne  correspondante  :  les  mots  ont  été  conservés,  pour  plus  de  sincérité, 
tels  qu'ils  existent  dans  le  Manuscrit,  sans  en  corriger  les  fautes  et  sans 
les  ramener  soit  à  leur  forme  régulière,  soit  au  nominatif. 


(i)  Le  Soleil  (et  Ter)  sont  parfois  dé- 
signés par  un  cercle  avec  un  point  cen- 
tral ,  surtout  chez  les  astronomes  ; 
l'électrum  et  Jupiter  de  même  (fig.  7, 
1.  i3).  Ce  signe  représente  aussi  l'œuf 
(fig.  4, 1.  26),  l'œil  (fig.  9,  1.  9),  le  ciel, 
tout  objet  rond  (fig.  9,  1.  9),  tel  qu'une 
variété  d'alun,  par  exemple;  mais  il  est" 
généralement  affecté  au  cinabre,  ingré- 


dient fondamental  de  l'œuf  philosophi- 
que, dans  nos  manuscrits  (fig.  4,  1.  1 3  ; 
fig.  8,1.  i3). 

(a)  Lambecius,  p.  222  ;  Montfaucon, 
p.  204.  Le  nom  même  de  Juliana  figure 
dans  la  liste  du  ms.  de  Saint-Marc, 
PL  III,  avant-dernière  ligne,  p.  1 10  du 
présent  Volume. 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


123 


LEXIQUE  DES  NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


'Ayaptxo'v  :  VII,  l3. 
'Atts^oç  :  VI,  10. 
"A-f/jouaix  :II,  i8,  20. 

—  Xaotxi'vr)  :  II,  18; 

'  V,  20. 

"Aep  :  VIT,  2  5. 
'AV  :  V,  4. 
AieàXairlII,  i3;VI, 
19;  VIII,  10. 

—  oûpavoîj   :   III,  7; 
V,  26. 

'AîeaXrj  XeuxT)  :  V,  l5. 
AîOdtXTiTat  :  VI,  2. 
Aîtia-nÎTTjî  :  VIII,  4. 
'AxiÇea  :  VII,  17. 
'AxT^:VII,  26. 
"AXaç  :   II,    i5;  IV, 

22;  VI,  22;  VIII, 

18. 

—  xoivov   :   II,   16; 
IV,  23. 

*A[i,(jiovtaxov  :  II,  17; 

IV,  23. 
'AXoT)  :  VI,  2  5. 
-A[iYiXov  :  VII,  i5. 
"Aiixap  :  VII,  17. 
'Afiû  :  VII,  14. 
'AvotxîçaXov  :  VI,  24. 
"AvOpwTtoî  :  VII,  21. 
"Aveo;  :  VII,  5. 
'AvepaÉxia  :  VIII,  2  5. 
'AÇoii-j7T]v  :  VII,  18. 
'AvTfSoTov  ;  VI,  I . 


"Aîwpov    :    VI,     17. 

(Voir  Oeîov.) 
"Apfupoç,  ipYupou  :  I, 

2, 8;  IV,  4;  VIII, 

6,  22. 

—  yfi:  I,  9;  IV,  7. 

—  îdç  :  VI,  1 1 . 

—  xExaujjL^vos  :  I,  1 3  ; 
IV,  8. 

—  TZîTaXa  :   1,   II. 

—  piVTi[jLa,  p'!vta[ia  ; 

I,  10. 

—  ypuao'xoXXa    :    I, 
12.  IV,  7. 

"ApTjv  :  VI,  20. 
"Apri;  :  I,  5;  V,  17. 
'ApiOfjLOi;    :   III,    14; 

VI,  3. 
"Apxos:  VII,  21. 
'Apa^vtxov,  âpoev^xT)v  : 

II,  16;  V,  7  19; 
VI,  17,  26;  VIII, 

21. 

"Apcoap:  VI,  26. 
"ActCettoç:  II,  25;  III, 

i4;ÎV,  24;  V,  7. 
"AaTjjjios  :  VII,  10. 
'AaTspixr)^  :  V,  4. 
'A?po5t-cr)  ;  1, 6; V,  1 7. 
'Atppod^Tjvov  :  1,27; 

IV,  19;  V,  10. 

B 
BJXetTa:  III,  5;  V, 

2  5. 


BoTavr)   ;  III,  6;  V, 

25;VI,i9;VII,  I. 

BoTapiov  :  111,4;  V, 

25. 

BptxtJvcov  :  Vil,  21. 
Bpo'jjLtoi;  :  VIII,  2. 


FaXayxa  :  VII,  17. 
ràp  :  VII,  II. 

FaiTT^p  :  VI,  24. 
r^;  m,  12;  VII,  10. 
(Voir  les  métaux.) 
rpa(i(xaptov   :   V,  9; 

VIII,  II. 
Tpaoe  :  VI,  8. 
rpaçeîov  :  VI,  8. 


Aa/jiovo;  ;  VI,  10. 
A7]vâptov  :  VIII,  16. 
AtâpYupo;  :  VI,  22. 
ApayfiT]  :  V,  5. 
ApaxixV-V,5;VIII, 

14. 
ApoxovTta  :  VIII,  3. 
Apt{iiiTou  :  VI,  5. 
Aiimç  :  V,  8. 

E 

-EXatov    :    VII,    18. 

Voir  xi'xtvov  et 

^aooîviyov.) 


'EXû8ptov:II,4;IV, 

25. 

'EvTw  ;  Vfl,  II. 
'ETC[9û[i.tov  :  VII,  14. 
'Epf*T)ç:I,7;V,  i3, 

17- 
"EoTc  :  VII,  2. 
EûiTtoTiv  :  VIII,  25. 
EuÇtufxov  :  VII,  I. 
"Et{'Ti[ia  :  VII,  19. 


Zeû«:1, 4;V,  12,  i6. 
ZtÇtviÇT,  :  VI,  23. 
ZtSfiT)  :  V,  9. 

H 

"Hyouv  :  VI,  i5. 

"HXercpoç,  ^exTpov 

I,  3,  5;  V,   12, 

16;  VI,  12. 
"HXioî  :  I,  I. 
'H{i^pat:II,9;IV,27. 
'HfjLSpovuxÔTÎfxepa  :  II, 

10;  î][jLEp<ivux'rov  : 

V,  I. 
"H(it<jT)    :    VI,    i5; 

VIII,  8. 
-Hv.VII,  2. 
'HTtap  (ûjcap)  :  VI,  24. 

0 

0<iXa(j(ia:V,3;  VI, 
8. 


124 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


SaXccovta  ûoaxa  :  II, 
5;  IV,  26;  VI,  7. 

0£îa:I,25;IV,  18. 

0EÎOV  :  I,  2  5  ;  V,  9  ; 
VII,  10;  VIII, 
7,  8. 

—  âOtxTov  :  I,  26  ; 

IV,  19;  V,  14-  ; 

—  âm>pov  ;  I,  24  ; 
IV,  i8;V,  II. 

©E'ptioç  :  VIII,  17. 
0u[i.'a{ia  :  VII,  5. 
0o[x/a(iov  :  VI,  9. 

I 

'lepoTixôv  :  VI,  9,  17. 
•lôç  :  VI,  II.  (Voir 

les  métaux.) 
"fpa  6âXaao«  :  VI,  8. 

K 

Kaofx^oc,  xaO[jia  :  II, 
1 1  ;  IV,  22  ;  VII, 
4;  VIII,  17. 

Ka[i<p(j>p<x  :  VI,  20  ; 

VII,  24. 
KapSafiov  :  VII,  i8. 
KapSi'a:VI,24;VIII, 

23. 
KaptdipoXov     ;    VU, 

16. 
Kapjtôç  :  VII,  2  5. 
Kapûxtov    TtixaXov    : 

V,4. 
KaaotTEpo;,   xaaatxé- 
poo:I,7;  IV,  12, 
i5;  V,   12,  18; 

VIII,  5. 

— Yîj:!,  i5;lV,i5. 


—  xexau(iivo;  :  I,  1 8 ; 
IV,  17. 

—  JtETotXa  :  I,  17; 
IV,  16. 

^  ptVTjfia,  pi'vtafia  : 
I,  16;  IV,  16. 

KsxaujjLevoî  :  VIII, 
19.  (Voir  les  mé- 
taux.) 

Képas  :  VIII,  8. 

Kepijv  :  VII,  20. 

KtxfSiov  :  VII,  26. 

Kt'xivov eXaiov  :  II, 4 ; 

IV,  20. 
KixXotfiivov  ;  VI,  21, 
KtfjLcuXi'a  :  V,  5. 
Kivvâ6apt;  :   II,  1 3; 

V,  18;  VI,  i3. 
KXouBiotvrfv  :  II,  12; 

V,  18. 
Kv(X(4^oy  :  VI,  20. 
Kvfxotvôov  :  III,  10; 

VI,  I. 
Kvt'xoç  :  VI,  2. 
Kv'St  :  VII,  5. 
Kptvdv  :  VI,' 14,  16. 
KoXoxTivOTjrVII,  14. 
Kd[iapov  :  V,  6- 
KdpoiXoç  :  VI,  I  a. 
KotiJXt)  :  VIII,  i5. 
Kouxoujxiptov  :  VII, 

24. 
K6x^X»iaptov  :  VIII, 

i5. 
KoyilUi:  VIII,  II. 
Kpfvea  :  VIII,  20. 
Kpdxoç  :  II,  14;  V, 

8,i8;VI,25;VII, 


Kpdvoç  :  V.  -/^pdvoç. 
K.5aeoî  :  VIII,  II. 
Kua(xOi  :  VIII,  17. 
Kuavôv  :  II,  28;  V, 

24. 
KûOpa  :  III,  9. 
KtopLaptç  :   III,   1 1  ; 

VI,  2. 


Aa6wv  :  II,  3i;  V, 

24. 
AaSavov  ;  VII,  l5. 
AaSix^vT)  :  II,  18;  V, 

20. 
AàpTjYÇ  :  VI,  2  5. 
Aa/^Sç  :  II,  22;   V, 

22. 

Ae/todov:  VI,  18,22, 

27. 
AtrJ.8ei    :   VII,    6; 

VIII,  22. 
Aeuxà  :   II,  24;  V, 

23. 
Aeuxj]  aîOâXrj  :  V,  1 5. 
AeuxTjv  TtorjfEtdav  :  I, 

21;  IV,  18. 
Aeuxôv  :  VII,  7. 
At'6au/ov  :  VI,  22. 
AtOâpppo;  :  I,  23; 

IV,  17,   18;  V, 

7;VI,  i3;  VIII, 

20. 
A'Ôot  :   II,   3;  IV, 

25;  VIII,  3. 
Ao'yo;  :  VI,  12. 
AouTpôv  :  VII,  7. 
Aufiv-ra  :  VIII,  3. 


Auxpa,    X^Tpa  :   III, 

i4;VI,i4;VIII, 

9- 
Awnà;  xuOpa:  III,  9. 

M 

MayvTjai'a  :   II,  i3; 

IV,  22;  VII,  4. 
Maxpôv    :    VII,    9; 

VIII,  23. 
Mâva  :  VII,  26. 
Maoxfx.'l  •■  VI,  23. 
Mi^a  :  VII,  4. 
M^av  :  V,  4. 
MEptxôv  :  VIII,  7. 
M£pot({Aip7]):VIII,9. 
Mipoi  :  VIII,  19. 
Mf)Xa  :  VII,  8. 
Mt'xov  :  VII,  23. 
Mt'ot  :  VII,  22. 
M!;'(ju:II,2o;  V,  21  ; 

VIII,  19. 
Mvas:V,8;  VI,i4, 

16. 
MoXe'ov  :  VII,  20. 
MdXt68o;,   [xoXt68ou  : 

I,  3,  26;  IV,  12; 

V,ii;VI,4;VII, 

6;  VIII,  5. 

—  YT)  :  I,  10;  IV, 
i3. 

— xExaufxE'vo;  :  I,  1 3  ; 
IV,  14. 

—  phr^iLCt,  pfvt<ï[jia  : 

I,  12;  IV,  14. 

—  SSwp  :  V,  1 5. 
MoXi6Sd)(^aXxoî    :    I, 

ii;IV,i3;  V,22. 
Mdpitov  :  VII,  18. 


NOTATIONS  ALCHIMIQUES 


M6(jy(0(;  :  VIT,  i6. 
MoCT)ç^oxapt8ov  :  VII, 

i6. 
Mouppa  :  VIII,  24. 
M0U-/J0V  ;  VIII,  26. 
Mno'atptç  :  VI,  7. 
MoporJvT)  :  VIII,  4. 

Mo(jTT{ptov  :  VI,  10. 

N 

NapSo;  :  VII,  8. 
Nepôv  :  VI,  14. 
Neoar)  :  I,  20;  IV, 

17, 18. 

Nt'rpov  :  II,  5  ;  IV, 
20;  VII,  2,  1 1  ; 
VIII,  7. 

NoûfxfxEvo;:  VIII,i3. 

NûxTS;:II,9;IV,  27. 


EavOrjv  TC«Y£Îaav  :  I, 

22;  IV,  18. 
EavOôv  :  II,  24;  III, 

I. 
Ee'irrrjs    :     VI,    16; 

VIII,  i5. 
Er)po'v:VI,  18;  VII, 

8;  VIII,  27. 
SoXaXoTj  :  VIII,  i. 

O 

'O60X0S  :  VIII,  II, 

12,  i3,  14. 
Oivov  :  VII,  19. 
Oivo;  à[xr)v^o;  :  II,  i; 

IV,  19. 


'OXt'vov  :  VI,  14. 
'OXxri  :  VIII,  14. 
"Ofx6pta  :  II,  6  ;  IV, 

26. 
'Ofiou  :  VI,  9,   16, 

21;  VIII,  18. 
"OÇo;:III,  2;  V,  9, 

25;  VI,  5,  12. 
'OnoTidvaxo;    :    VII, 

19. 
'Ortô;  ouxfjç  :  V,  6. 
'Opt'yaXxo;  :  I,  20. 
'OpvtOi'a  :  VIII,  26. 

"Opvt?  :  VII,  4. 

"OoTpaxov  :  VI,  I  5. 
"Oorpazov  wwv   :    II, 

27;  V,  23, 
OuYYt'a  :  VIII,  10. 
Oùpav(;;:VI,i,VII, 

10. 
Oùpavo'j  alOaXT)  :  III, 

7;  V,  26. 
Olpov  :  V,  8. 
"O^eaX.ao;   :   II,  25; 
V,  23;  VII,  9. 

n 

nayeîoav  Xsuxtjv  :  I, 
21;  IV,  18. 

—   ÇavOrjv    :    I,    22; 

IV,    18. 
napà  :  vil,  3. 
ns-Epeto;  :  VI,  26. 

n£pl:VII,3. 
n£piÇ:VIII,24. 
ITspawv   :    VII,   22. 
IKraXa  :  II,  11  ;  V, 

6;  VI,  17.  (Voir 

les  métaux.) 


riETTjvou  :  VIII,  26. 
IlETacjTT)?  :  VII,  6. 
ntx-cfi  (TnjxxTÎ)  :  VII, 

22. 

noeT)vô;  :  VIII,  27. 

nota  :  VI,  i3. 
no/jjcrtç  :  VI,  i3. 
IIoXurtdStQv   :   VII, 

12;  VIII,  25. 
nofiîpo'XuÇ:  VIII,  I. 
TIoTafiôç  :  III,  I  ;  V, 

3,25;  VII,  7. 
noT^:VII,22. 
np6;  ;  VIII,  8. 
nâpi6pov  :  VI,  26. 
nup/TTiî:II,io;IV, 

22;  VIII,  9,  21. 
ITupoet;  :  I,  5. 


'Pa^otvivov  EXatov  :  II, 

3;  IV,  20. 
'Peov  :  VIII,  I. 
'Pi-Ça  :  VII,  8. 
'Pt'vTjfia,  ^:vta[ia  :  VI, 
19.  (Voir  les  mé- 
taux.) 
'Po8oaTa[jLOv  :  VIII, 2. 
'Poj:  VIII,  2. 


2avoapâ/T)  :  II,  19; 

V,  7,  20;   VIII, 

22. 
ilavTâXTiv  :  VIII,   I . 
ilâ/^ap  :  VII,  2G. 
SeXtJvt)  :  I,  2;  VII, 

12. 


125 

SEXrjv^Stov  :  VI,  2  5. 
SEXï)vd(ïJC£p(jia  :  VII, 

20. 
EEfjivdv  :  VIII,  24. 
2T)ft£îov  :  VI,  24. 
STJptxov,  o^ptxov  :  II, 

i7;V,  2o;VI,6; 

VII,  12,  20. 
2^tjK)v;ni,  3;V,25. 
SiStjp^ç  :  VI,  7. 
St'ôîjpo;,     oiâT^pou     : 

I,  5,  21;  V,  I, 
i7;VI,2o;VIII, 
5,  22, 

—  T^:  I,  22;  V,  I. 

—  îd;  :  I,  25;  V,  2. 

—  TCETaXov  :   I,  24; 
V,   2. 

—  ^'Vtafjia,  p:vr)fx.a   : 
1,23;  V,  2. 

Stvtojctç  rovTtxT]  :  II, 

26;  IV,  24. 
Sxoiftovt'a  :  VII,  l3. 
Sfxifpto;  VIII,  24. 
S[xtpvoa£7.avo;  :  VI, 

7- 
DavpvTi  :  VII,  1 5. 
S(AjpTov  :  VII,  12. 

i^^o^aara  :    VI,  21; 

VIII,  20. 
STaT^p  :  VIII,  lô. 
StcÎ/^t);  :  VII,  21. 
i]xrJ(XT),   OTtfijit    ;    II, 

32;  V,  25;  VIII, 

20. 
ilTi-XCov  :  I,  7. 
—  xomxôv  :  V,  10. 
^■cpoyyikov  :  VII,  9  ; 

VIII,  20. 


126 

Stpûfia  :  VII,  2  5. 
Stur.cnpfflt   ax}<nr^    : 

II,  6;  IV,  21. 
—  TcpofpXT)   :    II, 

7?  IV,  21. 
SûvOe[i«r    oûvÔTjfia    : 

III,  17;  VI,  18. 
SuxTJç  ôrtôî  :  V,  6. 
Sx.i<«9v  :  VI,  17. 
S<po'8pa  :  VII,  I. 
Liôpi:  11,21  ;V,2i. 

T 

Tflœtov  .'^VIII,  23. 
T^aptoç  :  VIII,  10; 

14, 
nTavt>ç:II,2  5;IV, 

23;  VII,  25. 
ToupiiQv  :  VII,  i3. 
Tpetç:  VIII,  i3. 
TptSXt'oç  :  VIII,  12. 
Tp'Ss  :  III,  H- 
Tpi^ov  :  VII,  3. 


'TSpdcpfupo;  :  I,  19; 

IV,  5;  V,  5,  i5; 

VI,  i5;  VIII,  6, 

8. 
—  âpoEvt'xou  :  VI, 4' 
"TSwp  :   II,  7;  IV, 

26;  VII,  5;  VIII, 

6,8. 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


—  6aX«o<iT)ç  :  VI,  7- 

—  jjLoXî65ou  :  V,  I  5. 

G£T03  *  VI,  5. 

"TaXo;  :  V,  24. 
"TeXo;  :  II,  2g. 
'TeTO'j  (ûotop-)  :  VI, 

5. 
'Ti6ç  :  VII,  2. 
Tox^afioç  :  VII,  23. 

<ï>a^6iov  :  I,  4. 
<I>atv(t>v  Kpovo5  :  1, 3. 
^otv  :  VII,  8. 
$03  ;  VII,  21. 
^pixTiji;  :  VII,  7. 
<I>yXov  :  VII,  24. 
«{««Mfdpo;  :  I,  6. 


XaX6<xvTiv  :  VII,  14 
XacXxavOo;   :    II,   i', 

IV,  25;  VII,  3; 

VIII,  10,  22. 
XaXjci'ov  :  V,  3. 

XaXx-'xT);  :  II,  2;  IV, 

25;  VIII,  17. 
XaXxo';,  laX/M  :  I, 

6,  14;  IV,  12;  V, 

i3,  17;  VI,  3,  6; 

VII,  6;  VTII,  6, 

i5. 
XaXztSv  :  VIII,   16. 


-yii'h  ï5;  IV, 
10. 

—  loi  :  I,  19;  IV, 
11;  VI,  II. 

—  xexau{iEvo;  .  1 , 1 8  ; 

IV,  II. 

—  xûjtpioî  :  I,   14» 

IV,  9- 

—  nhaikx   :   I,   17; 

IV.  10- 

I,  16;  IV,  10. 

Xapaxxïipiofia  :  VI, 

10. 
XâpTTjç  :  VI,  9. 
Xepaeto;  :  VII,  1 1 . 
XTjvâpiov:  VIII,  26. 
XXopov  :  VIII,  7. 
Xoiv^xïj    :    VI,   21; 

VIII,  i3. 
Xotp^ou  :  VIII,  27. 
XptJvo;  :  I,  3;  IV, 

i3;  V,    i5,    16; 

VII,  to;  VIII,  5. 
XpudrJXsxTpov     :     I , 

5. 
Xpuaoî,  y^puooj   :    I, 

i;IV,4;V,  i3; 

VI,  3,   19;  VII, 

9;  VIII,  5. 

—  lô;  :  VI,  10. 

—  xExaupiEvo^  :  1,4; 
IV,  6. 

—  jj.àXaY[JLa  :   I,  7  ; 
IV,  6. 


—  :ïét«Xa    :    I,    3; 

IV,  5. 
— ^(vT)[xaOU  pivtafJia: 

1,2;  IV,  4. 

Xpj<ioxoXX«  :   I,  6; 

IV,  6. 
Xû6pa:III,  9;  VI,  i. 
XuXôç:  III,  16;  VI, 

3;  VIII,  8. 
Xu[xJi  :  VIII,  12. 
X£i(x.ôî(xu[AÔç):VIII, 

19. 
XtuXii.xo^^IIIj  i5; 

VI,  3;  VIII,  18. 
X(îj(xa  :  VII,  7. 
Xo5vri:III,8;  VI,i. 
XoSveooov  :  VIII,  9. 

^tp9tov   .   II,    23; 

V,  22;  VIII,  20. 


'Ûà  :  II,  26;  V,  23. 
Tiiov  :  V,  8. 
'QSpûÇtoat;  :  II,  3o; 

V,  24. 
'ûxuavo'ç  :  VIII,  o. 
"Qpai:  11,9;  IV,  27. 
'Qpt^aXxo;  :    I,   20; 

IV,  II. 
'Û?  :  VII,  2. 
"ûypa;II,i5;V,  19. 


FIGURFS   D  APPAREILS  i  27 

V.    —    FIGURES     D'APPAREILS 

ET  AUTRES  OBJETS 


Les  manuscrits  alchimiques  renferment  un  certain  nombre  de  figures 
d'appareils  et  autres  objets,  destinés  à  faire  comprendre  les  descriptions  du 
texte.  Ces  figures  offrent  un  grand  inte'rêt.  Quelques-unes  ont  varié  d'ailleurs 
dans  la  suite  des  temps;  sans  doute  parce  que  les  expérimentateurs  qui  se 
servaient  de  ces  traités  en  ont  modifié  les  figures,  suivant  leurs  pratiques 
actuelles.  Le  tout  forme,  avec  les  figures  de  fourneaux  et  appareils  d'une 
époque  plus  récente,  tels  qu'ils  sont  reproduits  dans  la  Bibliotheca  Che- 
mica  de  Manget,  un  ensemble  très  important  pour  l'histoire  de  la  Chimie. 
Je  me  bornerai  à  étudier  les  plus  vieux  de  ces  appareils  ;  car  ce  serait  sortir 
du  sujet  de  la  présente  publication  que  d'en  discuter  la  suite  et  la  filiation 
jusqu'aux  temps  modernes  ;  il  serait  d'ailleurs  nécessaire  de  rechercher  les 
intermédiaires  chez  les  Arabes  et  les  auteurs  latins  du  moyen  âge. 

Les  figures  symboliques  mériteraient  à  cet  égard  une  attention  particu- 
lière, par  leur  corrélation  avec  certains  textes  de  Zosime,  dans  son  traité 
sur  la  vertu,  etc.  Je  citerai,  par  exemple,  de  très  beaux  dessins  coloriés, 
contenus  dans  le  manuscrit  latin  7147  de  la  Bibliothèque  nationale  de 
Paris,  représentant  les  métaux  et  les  divers  corps,  sous  l'image  d'hommes 
et  de  rois,  renfermés  au  sein  des  fioles  où  se  passent  les  opérations  (fol.  80, 
81  et  suivants).  Dans  la  Bibl.  Chemica  de  Manget,  on  voit  aussi  des  figures 
du  même  genre  (t.  I,  p.  938,  pi.  2,  8,  11,  i3,  etc;  Genève,  1702).  Ily  alà 
une  tradition  mystique,  qui  remonte  très  haut  et  sans  doute  jusqu'au 
symbolisme  des  vieilles  divinités  planétaires. 

Mais  ce  côté  du  sujet  est  moins  intéressant  pour  notre  science  chimique 
que  la  connaissance  positive  des  appareils  eux-mêmes.  En  ce  qui  touche 
ceux-ci,  je  ne  veux  pas  sortir  aujourd'hui  de  l'étude  des  alchimistes  grecs. 
J'ai  relevé  tous  les  dessins  qui  se  trouvent  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc 
(xi« siècle),  dans  le  manuscrit  2325  de  la  Bibliothèque  nationale  (xiii«  siècle), 


128  CHIMIE   DES    ANCIENS 

et  dans  le  manuscrit  2327  (xv«  siècle),  ainsi  que  dans  les  manuscrits  2249, 
225oà  2252,  2275, 2329,  enfin  danslesdeux  manuscrits  alchimiques  grecs  de 
Leide  et  dans  le  manuscrit  grec  principal  du  Vatican.  J'ai  fait  exécuter  des 
photogravures  de  ceux  de  Paris  et  de  celui  de  Venise,  afin  d'éviter  toute 
incertitude  d'interprétation.  Ce  sont  ces  figures  qui  vont  être  transcrites 
ici  ;  on  y  renverra  dans  Toccasion,  lors  de  l'impression  des  textes  cor- 
respondants. 


Fibres  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Je  donnerai  d'abord  les  figures  les  plus  anciennes,  celles  du  manuscrit 
de  Saint-Marc,  savoir  : 

La  Chrysopée  de  Cléopâtre,  formée  de  plusieurs  parties  corrélatives 
les  unes  des  autres,  les  unes  d'ordre  pratique  et  les  autres  d'ordre  mys- 
tique ou  magiques  :  c'est  la  figure  11. 

La  figure  12  en  est  l'imitation  grossière  (partielle),  tirée  du  manuscrit 
2325,  et  la  figure  i3,  tirée  du  manuscrit  2327,  dérive  du  même  type, 
avec    des  variantes   considérables  et  caractéristiques. 

Les  figures  14  et  14  bis  reproduisent  l'alambic  à  deux  récipients  (dibicos)^ 
déjà  dessiné  dans  les  précédentes,  mais  avec  diverses  variantes. 

La  figure  i5  est  celle  de  l'alambic  à  trois  récipients  (tribicos). 

La  figure  16  représente  un  appareil  distillatoire,  sans  dôme  ou  condensa- 
teur supérieur,  et  muni  d'un  seul  récipient. 

La  figure  17  est  celle  du  tribicos,  d'après  le  manuscrit  2325. 

La  figure  18  a  l'apparence  d'une  chaudière  distillatoire. 

La  figure  19,  à  peine  ébauchée,  semble  le  chapiteau  d'un  appareil  ana- 
logue. 

Les  figures  20  et  21  sont  des  appareils  à  digestion,  en  forme  de 
cylindres. 

La  figure  22  est  un  bain-marie  à  kérotakis  (palette  pour  amollir  les 
métaux). 

La  figure  23  en  est  la  reproduction,  d'après  le  manuscrit  2325. 

La  figure  24  est  un  autre  bain-marie  à  kérotakis. 


FIGURES    D  APPAREILS  I  29 

Les  figures  25,  26,  27  reproduisent  des  variantes  et  détails  des  appa- 
reils précédents. 

Le  manuscrit  de  Saint-Marc  ne  renferme  pas  seulement  des  figures 
d'appareils,  mais  aussi  divers  dessins  mystiques  ou  magiques,  comme  la 
Chrysopée  de  Cléopâtre  en  a  déjà  fourni  l'exemple  :  je  les  ai  fait  également 
reproduire. 

Ce  sont  : 

Fig.  28  :  la  formule  de  l'écrevisse  (ou  du  scorpion),  qui  semble  résumer 
une  transmutation. 

Fig.  29  :  deux  alphabets  magiques  ou  cryptographiques. 

Fig.  3o  :  le  Labyrinthe  de  Salomon,  d'une  écriture  plus  moderne. 

Fig.  3 1  :  un  symbole  en  forme  de  cœur  renversé,  contenant  le  signe  de 
l'or,  du  mercure,  etc. 

La  plupart  de  ces  figures  du  manuscrit  de  Saint-Marc  ont  été  recopiées 
dans  le  manuscrit  2249  de  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  ;  dans  le  Voss, 
de  Leide,  dans  le  principal  manuscrit  du  Vatican  et  dans  divers  autres  ; 
quelques-unes  ont  été  imitées  d'après  les  manuscrits  2249  et  autres,  dans 
l'histoire  de  la  Chimie  de  Hœfer  et  dans  les  Beitràge  de  H.  Kopp.  Il 
m'a  paru  intéressant  d'en  donner  les  types  originaux  et  complets,  tels  qu'ils 
ont  été  dessinés  à  la  fin  du  x«  ou  au  commencement  du  xi*  siècle,  sans  nul 
doute  d'après  une  tradition  beaucoup  plus  vieille  ;  car  ils  répondent  exac- 
tement aux  descriptions  de  Zosime,  de  Synésius  et  d'Olympiodore  l'alchi- 
miste. Je  les  rassemblerai  donc  tous  ici,  bien  que  certains  d'entre  eux 
s'appliquent  à  des  traités  qui  paraîtront  seulement  dans  les  livraisons  sui- 
vantes :  remarque  appliquable  aussi  aux  figures  tirées  des  manuscrits  2325 
et  2327,  dont  il  va  être  question. 

Le  manuscrit  2327,  en  effet,  a  été  écrit  en  1478,  quatre  ou  cinq  siècles 
après  le  manuscrit  de  Saint-Marc  ;  les  figures  des  mêmes  appareils  y  repa- 
raissent, mais  profondément  modifiées;  elles  ne  répondent  plus  exactement 
au  texte,  mais  sans  doute  à  des  pratiques  postérieures. 

Le  manuscrit  2325  (xiii^  siècle)  reproduit  au  contraire  les  formes  des 
appareils  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  quoique  avec  des  variantes  impor- 
tantes. 

9 


l30  CHIMIE    DES  ANCIENS 


Figures  du  manuscrit  2327. 

Dans  le  manuscrit  2827,  on  trouve,  outre  la  figure  i3  déjà  présentée, 
deux  grandes  figures  du  serpent  Ouroboros,  variantes  développées  de 
celle  de  la  Chrysopée  de  Cléopâtre.  Il  suffira  d'en  donner  une  seule  : 
c'est  la  figure  34. 

La  figure  35  reproduit  le  signe  d'Hermès,  grossièrement  dessiné,  d'après 
le  même  manuscrit. 

La  figure  36  est  celle  de  quatre  images  géométriques,  d'après  les  manu- 
scrits 2325  et  2327. 

La  figure  32  est  un  dessin  mystique,  tiré  du  manuscrit  2327. 

La  figure  33,  tirée  du  manuscrit  2325,  reproduit  le  même  dessin.  Ce 
dessin  singulier  semble  une  variante  du  symbole  cordiforme  de  la 
figure  3i. 

Les  figures  qui  suivent  représentent  des  appareils;  elles  sont  tirées  des 
manuscrits  2325  et  2327,  mais  dessinées  d'une  façon  bien  plus  grossière  que 
dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Ainsi  la  figure  37  comprend  Falambic  à  trois  récipients  (tribicos  de  la 
fig.  17)  ;  plus  un  alambic  à  un  seul  récipient,  et  des  vases  à  digestion. 

La  figure  38  reproduit  quelques  variantes  de  la  précédente. 

La  figure  39  représente  un  petit  alambic,  tiré  du  manuscrit  2327. 

La  figure  40,  Talambic  de  Synésius,  d'après  le  même  manuscrit. 

La  figure  41,  le  même  alambic  de  Synésius,  d'après  le  manuscrit  2325. 

La  figure  42  est  une  simple  fiole  (2327). 

La  figure  43,  un  alambic  avec  appendice  à  6  pointes  (2327). 

La  figure  44  est  tirée  du  manuscrit  Ru.  6  de  Leide  :  c'est  un  vase  à 
digestion  et  à  sublimation,  correspondant  à  l'un  de  ceux  des  figures  37et]38. 

La  figure  45,  tirée  de  la  Bibliotheca  Chemica  de  Manget,  est  l'aludel  décrit 
dans  Geber;  instrument  qui  répond  de  très  près  aux  figures  38  et  39  et  en 
donne  Tinterprétation. 


FIGURES    D  APPAREILS 


l3l 


Figures  du  manuscrit  2325. 


Enumérons  spécialement  les  figures  du  manuscrit  2325,  figures  dont 
plusieurs  viennent  d'être  transcrites.  On  y  trouve  : 

L'alambic  de  Synésius,  qui  forme  la  figure  43. 

Le  dessin  mystique  de  la  3®  leçon  de  Stéphanus  (fol.  46,  verso  ;  repré- 
senté   figure  33; 

On  y  voit  aussi  les  quatre  dessins  géométriques  (fol.  3)  de  la  figure  36; 

Ainsi  que  (fol.  83)  la  formule  de  l'Écrevisse  de  la  figure  28. 

Puis  vient  un  alambic  à  une  pointe,  avec  deux  petits  appareils  k  fixa- 
tion [i)^dtî,smés  dans  la  figure  12,  qui  répond  à  la  figure  1 1  de  Saint-Marc. 

Citons  aussi  le  tribicos,  dont  nous  avons  reproduit  les  variantes  (figij,  3/ 
et  38)  :  le  tout  répond  à  la  figure  i3  ; 

Quant  à  l'appareil  distillatoire  de  la  figure  16,  qui  se  trouve  aussi  dans 
le  manuscrit  2325,  il  nous  a  paru  inutile  de  le  reproduire. 

Nous  avons  donné,  toujours  d'après  le  manuscrit  23^5,  un  appareil  à 
digestion,  sphérique  et  à  kérotakis  (fig.  23)  ;  qui  répond  à  la  figure  22, 
tirée  de  Saint-Marc. 


Telle  est  l'énumération  des  figures  différentes  qui  sont  dessinées  dans  les 
manuscrits  fondamentaux.  J'ai  cru  devoir  les  reproduire  toutes,  afin  de 
fournir  un  fondement  solide  à  la  double  étude  technique  et  historique 
des  appareils  et  des  opérations  décrits  dans  les  textes. 

Je  vais  transcrire  maintenant  ces  figures,  en  accompagnant  chacune 
d'elles  de  commentaires  et  de  renseignements  spéciaux. 

Figure  11.—  Elle  est  reproduite  en  photogravure,  d'après  le  manuscrit  de 
Saint-Marc  (fol.  188,  verso),  avec  une  réduction  d'un  cinquième  environ. 
Elle    porte   le   titre    de  Chrysopée    de  Cléopâtre,  KXscziTpr,;  X^-jQzr.y.ix. 


(i)  Opération  qui  avait  pour  but  de 
durcir  les  métaux  mous,  de  solidifier 
les  métaux  liquides,  de  rendre  fixes  les 


métaux  volatils  ;  enfin  de  communiquer 
aux  métaux  imparfaits  une  teinture 
stable  [fixé)  d'or  ou  d'argent- 


l32  CHIMIE   DES   ANCIENS 

i<  TV  É  0  Trarrp  H  C  VT  V"  f  0  in  i  ï  JL 


nrarrTHCXT'^f 


^*** 


Figure  i  i  .  —  Ghrysopée  de  Gléopâtre. 


FIGURES    d'appareils  i33 

Commentons  les    diverses    portions  de  cette  grande  figure  ; 

i»  Au-dessous  du  titre  se  trouve  un  premier  dessin,  formé  de  trois  cercles 
concentriques.  Au  centre  des  cercles,  les  signes  de  l'or,  de  l'argent  (avec 
un  petit  appendice)  et  du  mercure. 

Dans  l'anneau  intérieur  :  ETç  èativ  ô  cçiç  ô  è'xwv  -cov  lov  jJLsià  Sûo  a'Jv9é[xaTa  : 
a  le  serpent  est  un,  celui  qui  a  le  venin,  après  les  deux  emblèmes.  » 

Dans  l'anneau  extérieur  :  'Ev  xo  xav  v.cà  St'  aùxou  xo  T:av  xat  s.\q  aùxo  xo  tcôcv 
y.tx\  et  [XYj  è'5(ot  xo  xav  oùâév  eaxtv  xo  xav  (i). 

«Un  est  le  tout  et  par  lui  le  tout  et  vers  lui  le  tout  ;  et  si  le  tout  ne  contient 
pas  le  tout,  le  tout  n'est  rien.  » 

A  droite,  le  cercle  extérieur  se  prolonge  par  une  sorte  de  queue,  qui 
montre  que  ce  système  est  la  figuration  du  serpent  mystique. 

20  Puis  viennent  divers  appendices  et  signes  d'apparence  magique, 
situés  à  droite,  dont  la  signification  est  inconnue.  Cependant  je  serais  porté 
à  rapprocher  le  double  cercle  incomplet,  muni  de  huit  appendices  supé- 
rieurs, du  signe  de  l'Ecrevisse  à  huit  pattes  antérieures,  dessiné  figure  28  ; 
lequel  est  traduit  par  les  mots  :  molybdochalque  (alliage  de  plomb  et  de 
cuivre)  brûlé,  et  argyrochalque  (alliage  de  cuivre  et  d'argent)  brûlé.  Ces 
signes  seraient  alors  les  symboles  chimiques  d'une  opération  de  trans- 
mutation du  plomb  en  argent,  de  même  que  ceux  de  la  figure  28. 

Au-dessous  des  grands  cercles  sont  des  signes  répondant  à  des  opérations 
chimiques,  exécutées  dans  certains  appareils  que  je  vais  énumérer. 

30  Tel  est  le  petit  dessin  central,  représentant  un  appareil  pour  Jixer 
les  métaux.  Il  est  posé  sur  un  bain-marie,  muni  de  deux  pieds  recourbés 
et  placé  lui-même  au-dessus  d'un  fourneau.  Cet  appareil  est  pourvu  d'un 
tube  central  qui  le  surmonte,  tube  destiné  sans  doute  au  départ  des  gaz  ou 
des  vapeurs.  Ce  dessin  est  reproduit  d'une  façon  plus  précise,  avec  le  mot 
xtJ^iç,  sur  le  folio  220  du  manuscrit  2827  (v.  fig.  i3,  à  droite). 

40  Le  petit  dessin,  situé  à  gauche  du  précédent,  représente  un  appareil 
analogue,  avec  un  ballon  supérieur,  destiné  à  recevoir  les  vapeurs  dégagées 
par  la  pointe  du  tube.  Le  tout  répond  à  l'alambic  de  gauche  de  la  figure  i3. 

5"  Les  deux  petits  cercles,  situés  à  droite  et  munis  de  trois  appendices 

(i)  Cf.  Olympiodore,  texte  grec,  p.  84,  lig.  i3. 


l34  CHIMIE   DES   ANCIENS 

rectilignes,  semblent  représenter  des  appareils  avec  leurs  trépieds  posés  sur 
le  feu  ;  tels  que  celui  de  gauche  des  figures  1 3  et  38.  On  pourrait  en  rappro- 
cher aussi  le  symbole  du  poTaptov  (fig.  5, 1.  4  et  fig.  7,  1.  27),  représentant  un 
vase  à  digestion  sur  son  fourneau,  analogue  au  dessin  situé  à  gauche  et  en 
bas  de  la  figure  37  et  au  dessin  situé  à  droite  de  la  fig.  38. 

6"  Le  cercle  inférieur,  muni  d'un  point  central,  symbolise  l'œuf  philoso- 
phique (?),  ouïe  cinabre  (Voir  fig.  4,  PI.  II,  lig.  i3,et  la  note  de  la  page  122). 

7°  Vers  le  bas  à  gauche,  est  figuré  le  serpent  Ouroboros,  avec  l'axiome 
central  :  "Ev  to  luav  ;  le  tout  est  un. 

8"  Sur  le  côté  droit  du  serpent,  un  grand  alambic  à  deux  pointes  (dibicos), 
posé  sur  son  fourneau,  lequel  porte  le  mot  :  çwxa,  feux.  Le  récipient  inférieur, 
ou  chaudière,  s'appelle Xwxâç,  matras.  Le  récipient  supérieur,  dôme  ou  chapi- 
teau, est  la  çiâXyj,  mot  qui  signifiait  autrefois  tasse  ou  coupe,  mais  qui  a 
ici  le  sens  plus  moderne  de  fiole  ou  ballon  renversé. 

Voici  l'usage  de  cet  alambic.  La  vapeur  monte  du  matras,  par  un  large 
tube,  dans  l'ouverture  plus  étroite  du  chapiteau  ou  ballon  renversé  ;  elle  s'y 
condense  et  s'échappe  goutte  à  goutte,  par  deux  tubes  coniques  et  inclinés. 
A  côté  du  tube  gauche,  se  trouvent  les  mots  àvn'xetpoç  aoXr)V  [sic)  :  tube 
du  pouce,  ou  plutôt  contre-tube  ;  attendu  que  le  rôle  de  ce  tube  descendant 
est  inverse  du  rôle  du  tube  ascendant,  qui  Joint  le  matras  au  chapiteau. 

La  figure  de  la  Ghrysopée  de  Gléopâtre  existe,  sous  le  même  titre  et  avec 
ses  diverses  portions  essentielles,  dans  les  manuscrits  copiés  directement 
sur  celui  de  Saint-Marc  ;  elle  en  caractérise  la  filiation. 

Dans  les  manuscrits  2325,  2327  et  dans  leurs  dérivés,  le  titre  a  disparu; 
mais  la  figure  subsiste  encore,  moins  belle  et  moins  nette,  avec  les 
axiomes  mystiques  qui  la  caractérisent.  Les  annexes  :  alambic  à  une  ou 
deux  pointes,  vases  à  fixation  et  trépied,  y  ont  été  aussi  modifiés  dans  leur 
forme.  Cependant  le  tout  existe  à  la  même  place  du  texte,  c'est-à-dire  en 
tête  des  ouvrages  de Zosime  sur  les  instruments  (2327,  fol.  220  ;  2325,  fol.  82). 

Figure  12. —  Je  donne  ici  le  décalque  des  appareils  représentés  dans  le 
manuscrit  2325  (fin  du  xm^  siècle)  :  ces  dessins  sont  bien  plus  grossiers. 

Je  n'ai  pas  cru  utile  de  reproduire  la  figure  même  des  trois  cercles  concen- 
triques, qui  sont  à  peu  près  pareils  à  ceux  de  la  figure  1 1  ;  mais  je  vais  en 
indiquer  les  inscriptions,  à  cause  des  variantes. 


FIGURES    D  APPAREILS 


l35 


L'anneau  extérieur  porte  la  même  inscription,  à  demi-effacée  et  avec 
des  suppressions  :  Iv  to  irôév  S(  '  ou  to  tiôcv  (xal  S(    aÛTOu  xo)  Trav  xai  èv  aÙTw  to  luav 

Dans  l'anneau  intérieur,  on  lit  :  eTç  âaTtv  ô  ofiç  è  à'^wv  xà  Suo  auvôéixaxa  xai 
Tov  lév. 

Au  centre,  de  droite  à  gauche,  on  voit  les  signes  de  l'or,  de  l'argent,  du 
mercure,  du  plomb.  Au-dessus,  le  cinabre  (ou  l'œuf  philosophique),  qui  se 
trouvait  en  dehors  des  cercles  dans  la  figure  du  manuscrit  de  St-Marc  (6<»). 
Venons  maintenant  à  la  portion  du  dessin  du  manuscrit  2325  que  j'ai  repro- 
duite dans  la  figure  12  : 


FiGDRE  12.  —  Alamblo  et  Vases  à  fixation 
(Décalque  du  Ms.  aSaS.) 

A  gauche  des  cercles,  on  voit  l'image  grossière  d'un  alambic  à  une  pointe, 
avec  condensateur  supérieur  et  matras  inférieur,  le  tout  de  la  même  forme 
générale  que  la  portion  8°  de  la  figure  du  manuscrit  de  St-Marc.  A  côté, 
deux  appareils  kjtxation^k  pointe  tournée  vers  le  haut,  lesquels  sont  évi- 
demment imités  des  portions  3°  e  t4°  de  la  fig.  11.  11  en  est  de  même  d'un 
dernier  reste  du  petit  cercle  à  3  appendices  ou  trépied, coupé  dans  le  manu- 
scrit 2325  par  le  relieur,  mais  qui  se  retrouve  intact  dans  le  manuscrit 
2275,  lequel  a  toute  cette  figure. 

En  effet,  le  manuscrit  2275  (daté  de  1465)  reproduit  les  cercles  concentri- 
ques, l'alambic  à  une  pointe,  les  deux  vases,  et  le  petit  trépied,  pris  avec 
des  formes  qui  semblent  fidèlement  copiées  sur  le  2325,  lequel  est  d'ailleurs 
beaucoup  plus  ancien. 


i36 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Figwre  j3.  —  Elle  reproduit  les  dessins  analogues  du  manuscrit  2327, 
fol.  220  (xv  siècle).  Les  inscriptions  des  cercles  concentriques  sont  iden- 
tiques à  celles  du  manuscrit  2325,  sauf  l'absence  des  symboles  centraux. 

Par  contre,  au  folio  80  du  23  27,  au  début  d'une  autre  copie  du  même  ouvrage 
de  Zosime,  les  cercles  concentriques  ont  été  supprimés,  probablement  faute 
de  place,  par  le  copiste  ;  mais  il  a  transcrit  à  l'encre  rouge  les  axiomes 
mystiques,  suivis  des  signes  du  plomb,  de  l'argent,  du  mercure  et  de  l'or, 
surmontés  par  celui  du  cinabre  (ou  de  l'œuf),  exactement  comme  dans  le 
manuscrit  2325. 

Au  verso  du  fol.  80  (2327,)  [existent  les  dessins  de  Talambic  à  une  pointe, 
avec  condensateur  supérieur,  çtâXr],  et  matras,  Xcûtcocç,  conformes  à  la 
figure  1 1  et  à  la  figure  i3  mais  mutilés  par  le  relieur.  5ur  la  même  page,  on 
voit  encore  un  appareil  à  fixation  métallique^  semblable  à  celui  de  la  figure  1 3 . 

Il  y  a  des  inscriptions  sur  les  divers  appareils  du  folio  80,  telles  que  icrj^t; 


Figure  i3.  —  Cercle  concentrique,  Alambic  et  Vase  à  fixation  (Ms.  2327). 
sur  l'appareil  à  fixation;  (xaix)  ^viov,  sur  son  fourneau  et  sur  celui  de  l'alam- 
bic; Xwirà;,  sur  le  matras  de  ce  dernier;  (çi)  àXr],  deux  fois  répétés,  sur  son 
chapiteau. 

La  forme  même  des  appareils  dans  les  manuscrits  2325  et  2327  offre  des 
variantes  intéressantes  pour  l'histoire  de  la  Science  et  sur  lesquelles  je 
reviendrai  bientôt  •  mais  ici  je  veux  seulement  montrer  la  filiation  des 


FIGURES    d'appareils  l3j 

figures.  En  tout  cas,  la  copie  2325  répond  à  une  tradition  postérieure  à 
celle  du  prototype  de  Saint-Marc,  puisque  le  nom  de  la  Chrysopée  de 
Cléopâtre  a  disparu. 

On  remarque  que  presque  toutes  les  portions  de  la  Chrysopée  de 
Cléopâtre  :  cercles  mystiques,  serpent  Ouroboros,  alambics,  appareils  à 
fixation,  trépieds,  cinabre,  se  retrouvent,  parfois  même  agrandis,  dans  les 
figures  des  manuscrits  postérieurs.  Une  seule  partie  manque,  ce  sont  les 
signes  magiques.  Peut-être  doit-on  en  voir  la  transformation  dans  la  for- 
mule de  l'Écrevisse,  qui  se  trouve  à  la  fin  du  même  traité  de  Zosime  et  qui 
présente  avec  les  signes  magiques  certaines  analogies  singulières.  J'y  revien- 
drai tout  à  l'heure. 

En  tout  cas,  la  Chrysopée  peut  être  regardée  comme  le  prototype,  sans 
doute  fort  ancien,  des  dessins  des  appareils  alchimiques.  C'était  un  type 
antérieur  à  Zosime,  dessiné  sans  doute  dans  les  ouvrages  perdus  de  Cléopâtre, 
cette  femme  savante  (  i  ) ,  à  laquelle  nous  devons  aussi  un  traité  des  poids  et  me- 
sures gréco-égyptiens  venu  jusqu'à  nous.  Ces  ouvrages  auraient  été  ensuite 
fondus  dans  ceux  de  ses  continuateurs,  tels  que  Zosime.  Peut-être  même  la 
Chrysopée  avait-elle  constitué,  à  une  époque  plus  ancienne  encore,  un 
tableau  symbolique,  complet  ensoi,  et  que  l'on  développait  par  des  explica- 
tions purement  orales;  à  peu  près  comme  une  page  d'aujourd'hui  remplie 
par  les  symboles  des  réactions  chimiques  et  des  appareils  correspondants. 
Si  cette  conjecture  est  fondée,  nous  aurions  ici  la  trace  de  divers  états  suc- 
cessifs de  la  science. 

Figures  14  et  14  bis.  —  Ce  sont  celles  d'un  alambic  à  deux  pointes.  Elles 
sont  tirées  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  folio  193,  verso.  La  forme  générale 
est  pareille  à  celle  du  même  instrument  dans  la  figure  11,  sauf  les 
variantes  suivantes.  Le  tube  qui  joint  le  matras  ou  chapiteau  est  élargi  en 
entonnoir  à  la  partie  supérieure  ;  l'ajustement  même  des  deux  tubes  coniques, 
par  rapport  à  cet  entonnoir,  n'est  pas  clairement  indiqué.  Sous  la  pointe  de 
chacun  d'eux  se  trouve  un  petit  ballon,  pour  recevoir  les  liquides  distillés. 

Le  matras  inférieur  s'appelle  toujours  Xtouaç,  avec  addition  des  mots  ôsîoj 
âTcûpoj,  matras  du  soufre  apyre.  Ces  deux  mots  manquent  dans  la  figure  1 1  ; 

(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  ijS. 


i38 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


tM  t<  1  0  y  1 1  (^ JUL£  p  0  t/ 


SV_CO| 


Figures    14  et   14 


bis.  _  Alambic  à  deux  récipients  (dibiços} 
Réduction  aux  2/3, 


FIGURÉS   d'appareils  iBq 

à  moins  qu'ils  n'y  soient  représentés  par  deux  signes  inconnus,  situés  au-des- 
sous de  XwTcaç.  En  tout  cas,  ils  concordent  avec  la  description  du  texte,  dans 
lequel  il  est  dit  que  Ton  mettait  du  soufre  dans  le  matras. 

Le  tube  ascendant  porte  les  mots  uwXyjv  ooxpàxivoç  :  tube  de  terre  cuite. 
Le  chapiteau  ne  s'appelle  pas  ç ûXy),  mais  ^fiv.oq,  pour  ^(xoç  :  amphore. 

Les  deux  petits  ballons  destinés  à  recevoir  les  liquides  distillés  s'appellent 
également  i3tx(ovet  tous  deux  portent  la  légende  :  xet'ixevov  èxàvo)  TtXfvôou  elç  o 
à-KoppeX  To  uâwp  toj  Qsbu  :  c'est-à-dire  «  ballon  placé  au-dessus  de  la  tablette 
rectangulaire,  dans  lequel  s'écoule  l'eau  du  soufre  ». 

Ceci,  joint  à  l'inscription  de  la  Xwtcccç,  montre  que  cet  alambic  est  destiné  à 
la  préparation  de  1'  «  eau  de  soufre  ». 

Cette  figure  est  répétée  deux  fois  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  sauf 
que  les  mots  3tx.(ov  xei'ixevov  sont  remplacés  par  le  pluriel  (3tx(a  x£([X£va,  et  le 
mot  ipcoTa  par  le  mot  xaujxpa  :  fourneau  à  combustion  ;  les  mots  xou  ôeiou 
manquent  la  seconde  fois. 

Figure  i5  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  194,  verso).  —  Cette  figure  est 


t<au/q-{ 


Figure  i5.  —  Alambic  à  trois  récipients  ('rtfrtcas). 

Réduction  aux   2/3. 


140 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


un  alambic  à  trois  récipients  (3tx.(a),ou  tribicos.  Le  fourneau  porte  ici  les  deux 
mots  superposés :xau(rrpa  (lieu  de  la  combustion)  et  (fwxa  (lieu  de  la  flamme). 
Le  matras  s'appelle  de  même  :  XwTciç  6£(ou  aTcupou. 

Enfin  on  distingue  le  tube  ascendant,  ou  tube  index,  Xixavoç  cwX-^v, 
c'est-à-dire  tube  direct  du  tube,  descendant  ou  tube  du  pouce,  âvTfxetpoçffwX-^v, 
c'est-à-dire  tube  inverse  (par  sa  direction). 

Cette  figure  se  retrouve  dans  les  manuscrits  2325  et  2327;  dans  le  dernier 
avec  modifications  considérables  :  Je  les  signalerai  tout  à  l'heure. 

Figure  16.  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  194  verso,  au- 
dessous  de  la  précédente),  est  un  alambic  à  col  de  cuivre,  xa^>ttov,  avec  un  seul 


croûT^  IaAa/ 


iTa-o  trf 


Figure  16.  —  AppareU  dlstiUatolre.  Réduction  aux   2/3. 


tube,  o(ùkti^,  gros  et  fort,  coudé  à  angle  droit  à  sa  partie  supérieure  et  condui- 
sant la  vapeur,  de  la  Xw^àç  au  petit  ballon. 

Figure  17.  —-  Les  deux  figures  précédentes  sont  reproduites  dans  la  même 
forme  générale  par  le  manuscrit  2325  (fol.  84),  sauf  quelques  variantes; 
je  donne  seulement  le  tribicos.    Il  existe  aussi  dans  le  manuscrit  2275 


FIGURES    D  APPAREILS  I4I 

(fol.  Sj  verso).  Les  mêmes  figures  sont  dessinées  dans  le  manuscrit  2327; 


Figure  17.  —  Trlblcofl- 
(Ms.  2325)  Décalque. 

mais  la  forme  en  a  été  profondément  modifiée  et  s'est  rapprochée  de  celle 
des  alambics  de  verre  du  siècle  dernier,  que  l'on  emploie  encore  quel- 
quefois aujourd'hui.  Je  transcrirai  ces  reproductions  un  peu  plus  loin 
(fig.  37  et  38). 

Figure  18.  —  Elle  se  trouve  au  folio  10  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  entre 
la  première  et  la  deuxième  leçon  de  Stephanus  ;  elle  est  dessinée  à  l'encre 


•TTOM 


Figure  18.  —  Chaudière  dlstillatolre. 

rouge  et  contemporaine  du  texte.  La  signification  en  est  difficile  à  préciser 


142  CHIMIE  DES   ANCIENS 

avec  certitude.  Cependant  il  semble  qu'il  s'agisse  d'une  chaudière  à  tête 
élargie  en  forme  de  chapiteau,  et  destinée  à  distiller  des  liquides  qui 
tombent  dans  un  bassin  hémisphérique  appelé  tc6vtoç  :  la  mer.  Ce  bassin 
est  porté  sur  une  sorte  de  fourneau,  bain  de  sable,  ou  bain-marie.  A  côté 
se  trouve  un  instrument  inconnu;  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  d'une  forme  un 
peu  différente  de  bain  de  sable.  Le  texte  même  de  Stephanus,  soit  à  la  fin 
de  la  première  leçon,  laquelle  est  purement  déclamatoire  et  enthousiaste, 
soit  au  début  de  la  deuxième  leçon,  lequel  est  relatif  aux  propriétés  mys- 
tiques de  l'Unité  numérique;  ce  texte,  dis-je,  ne  m'a  paru  fournir  aucune 
lumière  pour  l'intelligence  de  cette  figure. 
Figure  ig.  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  106  verso),  est 


c\Z^ 


Figure  19.  —  Ebauche  d'alaxablo. 

Décalque. 

une  ébauche  à  l'encre  rouge,  d'une  écriture  plus  moderne;  elle  est  en  marge 
d'un  article  sur  l'œuf  philosophique,  à  côté  des  mots  :  to  II  (ici  un  mot  gratté, 
o)oû?)'coÛTO{I)[jLovXéYou(rtv,  Il  semble  que  ce  soit  le  chapiteau  d'un  alambic.  On 
donne  cette  figure  pour  ne  rien  omettre. 

Les  alambics  et  appareils  distillatoires,  que  nous  venons  d'étudier,  se  rat- 
tachent à  la  tradition  de  la  Chrysopée  de  Cléopâtre,  laquelle  en  contient  les 
plus  vieilles  figures.  Mais  il  est  un  autre  ordre  d'appareils,  destinés  ceux-ci 
au  traitement  des  métaux  par  le  mercure,  le  soufre,  les  sulfures  d'arsenic  ; 
appareils  qui  avaient  été  décrits  spécialement  par  une  autre  femme,  Marie 
l'Alchimiste,  de  préférence  aux  appareils  distillatoires  (manuscrit  de  Saint- 
Marc,  fol.  186,  avant -dernière  ligne).  Ce  sont  les  appareils  à  kérotakis, 
c'est-à-dire  à  palette,  avec  leurs  fourneaux.  Ces  appareils  n'existent  pas  dans 
la  Chrysopée  et  semblent  plus  modernes  ;  ils  ont  joué  un  rôle  fort  impor- 
tant dans  le  développement  historique  des  pratiques  alchimiques.  Le 
passage  rappelé  plus  haut  montre  que  le  traité  de  Zosime  sur  les  instru- 
ments et  fourneaux,  dont  nous  possédons  des  débris,  embrassait,  ainsi  qu'il 


FIGURES    d'appareils  I^ 

arrive  d'ordinaire  dans  les  matières  tecliniques,  les  traités  antérieurs  sur  la 
même  question,  tels  que  ceux  de  Gléopâtre  sur  les  alambics  (v.  p.  137)  et 
ceux  de  Marie  sur  les  appareils  à  kérotakis  et  leurs  fourneaux. 

Voici  les  figures  de  ces  derniers  : 

Figures  20  e^2/.  — Ces  figures  (manuscrit  de  Saint-Marc,  folio  196  verso), 
représentent  des  vases  à  digestion  cylindrique,  en  terre  cuite(aYYOç  ècTpàxtvov, 
vase  de  terre).,  placés  sur  le  feu  («pûxa). 


(-ïtri-DDU  JJLÛO" 


cvv^<3'oq"pcu<ipi 


Figures  20  et  21.  —  Vases  à  digestion  cylindriques.  —  Réduction  aux  2/3. 

Au-dessus  du  vase  était  posée  une  lame  ou  feuille  métallique,  XTjpcTaxlç,  sur 


144 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


laquelle  on  faisait  fondre  les  matières  fusibles.  La  forme  en  était  tantôt  en 
parallélogramme  et  aplatie  (fig.  22),  avec  les  extrémités  arrondies;  tantôt 
triangulaire  (fig.  24  bis).  La  xr;poTaxiç  paraît  n'être  autre  que  la  palette  des 
peintres  anciens  (i),  qui  y  faisaient  le  mélange  des  couleurs,  entr'elles  et 
avec  la  cire  ;ils  maintenaient  la  palette  à  une  douce  chaleur,  afin  d'opérer  le 
mélange,  et  aussi  au  moment  de  s'en  servir. 

J'ai  déjà  insisté  sur  les  analogies  que  l'on  établissait  alors  (2)  entre  la 
teinture  des  métaux  et  celle  des  étoffes.  Les  quatre  couleurs  des  peintres 
grecs,  d'après  Pline  {H.  N.  XXXV,  3i),  étaient  le  blanc,  le  noir,  le  jaune, 
le  rouge.  Ce  sont  précisément  les  quatre  couleurs  des  premiers  alchimistes, 
de  Zosime  par  exemple  (3).  Ils  cherchaient  à  en  imprégner  les  métaux,  en 
ramollissant  ceux-ci. 

Le  mot  ceratio  (èyxi^pwaiç),  employé  par  les  traducteurs  latins  de  Geber 
et  qui  a  eu  cours  pendant  tout  le  moyen  âge,  exprime  cette  dernière  opé- 
ration, imitée  à  la  fois  des  pratiques  des  peintres  anciens  et  de  la  fabrica- 
tion de  certains  médicaments  [cérats].  Elle  s'efifectuait  à  l'aide  du  mercure, 
du  soufre  et  de  l'arsenic  (sulfuré),  par  une  digestion  lente  et  une  chaleur 
modérée  (4). 

Aux  débuts,  on  opérait  sur  la  palette  des  peintres  [kérolakis]  ;  mais  il 
fallut  bientôt  la  pourvoir  de  deux  appareils  accessoires  :  l'un  destiné  à  réchauf- 
feries mixtures  (bains-marie,  bains  de  sable,  de  cendre  ou  analogues)  ;  l'autre, 
à  condenser  les  vapeurs  que  l'on  voulait  retenir.  C'était  d'abord  une  coupe 
ou  tasse  (<p'.a)^ir))  renversée,  servant  de  couvercle  (èTcfxwixoç),  et  dont  la  forme, 
modifiée  graduellement  est  devenue  le  ballon  ou  fiole  actuelle  :  le  mot  grec 
lui-même  a  pris  peu  à  peu  ce  sens  nouveau,  dans  les  textes  alchimiques.  D'a- 
près certaines  descriptions,  il  semble  que  la  lame  métallique  n'ait  pas  seule- 
ment servi  de  support  aux  produits  que  l'on  faisait  réagir  entre  eux  et  sur  les 
vapeurs  sublimées  d'en  bas;  mais  cette  lame  éprouvait  dans  sa  propre 
matière,  la  transformation  produite  parles  fondants  et  par  les  vapeurs. 

Pendant  l'emploi  d'un  appareil  disposé  comme  il  vient  d'être  dit,  une 


(i)  Du  Gange.  Glossarium  mediœ  et 
infimce  grcecitatis. 
(2)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  242  à  246. 


(3)  Même  ouvrage,  p.  35,  182,  242. 

(4)  Bibliotheca  chemica  de  Manget, 
t.  I,  p.  540,  dans  le  traité  de  Geber. 


FIGURES    d'appareils  I^S 

nouvelle  circonstance  se  présenta  nécessairement.  La  kérotakis  n'obturait 
pas  l'orifice  du  récipient  inférieur.  Elle  avait  même  parfois  une  forme 
triangulaire,  à  en  juger  d'après  le  dessin  reproduit  parla  figure  24  bis.  Dans 
ces  conditions,  les  matières  fusibles  déposées  sur  la  kérotakis  coulaient 
à  côté  et  tombaient  au-dessous  :  on  fut  amené  ainsi  à  placer  un  récipient 
(â'YYoç  oaTpàxivov),  pour  les  recevoir  et  les  empêcher  d'arriver  jusqu'au 
foyer. 

Il  semble  même  que  l'on  ait  cherché  à  ce  moment  à  opérer  une  certaine 
séparation  entre  les  matières  solides,  telles  que  métaux  non  ramollis,  frag- 
ments divers,  etc.,  et  le»  matières  liquéfiées;  on  y  parvenait,  soit  à  l'aide 
d'un  ballon  percé  de  trous  (fig.  21),  soit  à  l'aide  d'un  crible  (fig.  20). 

Les  produits  liquéfiés  qui  tombaient  ainsi  au  fond  se  rapprochaient  sans 
cesse  du  foyer  (çwTa).  La  même  chose  pouvait  arriver  au  mercure  liquide, 
condensé  à  la  partie  supérieure  et  retombant  ensuite  par  son  poids,  voire 
même  au  soufre  et  aux  sulfures  d'arsenic  fondus  et  coulant  sur  les  parois,  si 
la  chaleur  était  suffisante.  Mais  ces  dernières  substances,  aussi  bien  que 
les  corps  qui  déterminaient  la  liquéfaction  des  métaux  (mercure,  soufre, 
sulfures  d'arsenic  et  autres),  en  atteignant  le  fond,  éprouvaient  un  nouveau 
changement.  En  effet,  les  matières  sublimables  contenues  parmi  ces  corps 
et  substances,  lorsqu'elles  arrivaient  vers  le  fond  de  l'appareil,  se  trouvaient 
portées  à  une  température  élevée;  elles  se  vaporisaient  alors  et  remontaient 
vers  les  parties  supérieures. 

Le  caractère  rétrograde  de  cette  opération,  qui  permettait  aux  vapeurs 
d'attaquer  de  nouveau  le  métal  ou  la  substance  placée  sur  la  kérotakis,  paraît 
avoir  frappé  les  opérateurs  :  de  là  sans  doute  le  nom  de  xapxi'voç  (écrevisse), 
c'est-à-dire  appareil  fonctionnant  en  sens  rétrograde,  donné  à  certains  de  ces 
appareils.  De  là  aussi,  ce  semble,  le  signe  de  l'Écrevisse  dans  la  formule  de 
la  figure  27,  signe  surmonté  des  mots:  alliage  de  plomb  et  de  cuivre  brûlé; 
alliage  d'argent  et  de  cuivre  brûlé.  L'emploi  de  ces  sublimations  réitérées, 
pour  blanchir  le  cuivre  et  pour  amollir  les  métaux,  c'est-à-dire  per  rem 
cerandam,  est  indiqué  par  les  alchimistes  du  moyen-âge. 

Supprimons  la  kérotakis  dans  de  semblables  appareils  et  nous  aurons 
Valiidel,  instrument  de  digestion  et  de  sublimation  décrit  dans  les  œuvres 
de  Geber  et  figuré  dans  la  Bibliotheca  Chemica  de  Manget  yu  I,  planche 

10 


146 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


répondant  à  la  page  540).  Les  figures  qui  se  trouvent  dans  ce  dernier  ouvrage 
tome  I,  au  bas  de  la  planche  5,  p,  gSS,  en  haut  de  la  planche  6  à  gauche,  ainsi 
qu'au  milieu  de  la  planche  14,  paraissent  avoir  une  destination  analogue.  Je 
citerai  encore  les  dessins  qui  se  trouvent  aux  folios  179  verso,  180,  181,  du 
vieux  et  beau  manuscrit  latin  71 56,  sur  parchemin,  de  la  Bibliothèque 
nationale  de  Paris.  Dans  le  manuscrit  latin  de  la  même  Bibliothèque  7162, 
folio  64,  on  voit  la  figure  d'un  bain  de  sable  [arena).  Dans  le  manuscrit  latin 
7161  (fol.  58  et  fol.  1 13  verso)  existe  la  figure  d'un  appareil  à  digestion,  sur 
son  fourneau.  Tous  ces  appareils  correspondent  à  la  suite  d'une  même  tra- 
dition technique. 

Observons  ici  que  les  appareils  cylindriques  pourvus  de  la  kérotakis  n'ont 
été  employés  que  par  les  plus  anciens  alchimistes.  Ils  sont  figurés  seulement 
dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  et  dans  les  copies  qui  en  dérivent  ;  mais 
ils  n'existent  ni  dans  le  manuscrit  2325,  ni  dans  le  manuscrit  2275,  ni  dans 
le  manuscrit  2827. 

Figure  22.  —Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  igS  verso)  est 


Figure  22.—  Bain*marie  à  kérotakis.  —  Réduit  aux  2/3. 


aussi  un  appareil  à  digestion,  appareil  sphérique  et  porté  sur  trois  pieds. 
Au-dessous  de  la  kérotakis  et  des  vases  à  condensation  supérieurs,  il  y  existe 


FIGURES    d'appareils 


147 


un  digesteur,  distinct  du  foyer,  et  intermédiaire  ;  le  tout  tut  de'signé  sous 
le  nom  de  fourneau  de  Marie  l'alchimiste  (i),  prototype  de  notre  bain- 
marie. 

Le  digesteur  dessiné  sur  cette  même  figure  22  est  long  d'une  palme,  comme 
l'indiquent  les  mots  TcaXaKjTiaïov  xa^Aiviov.  Il  semble  criblé  de  trous  ;  à  moins 
qu'il  ne  s'agisse  d'une  ornementation  superficielle.  C'était  là  d'abord  un 
bain  de  cendres,  ou  un  bain  de  sable.  Dans  l'une  des  formules  de  dorure 
du  Papyrus  X  de  Leide,  il  est  question  aussi  de  l'emploi  des  cendres 
(formule  57,  ce  volume,  p.  40). 

La  palette  des  préparations,  çapiJLaxov  xY;poTaxY)ç  [sic],  offre  ici  de  grandes 
dimensions.  Elle  est  chauffée  seulement  au  milieu. 

Deux  coupes  inférieures,  placées  immédiatement  sous  la  kérotakis,  l'une 
grande  et  surmontant  une  coupe  plus  petite,  reçoivent  les  matières  fusi- 
bles. 

Les  produits  sublimés  sont  récoltés  dans  deux  condensateurs  supérieurs, 
concentriques  et  successifs.  L'un  est  appelé  çiaXtj  (coupe)  ;  l'autre  X'j[x5àvr( 
(tasse). 

Figure  23.  —  Cette  figure,  imitation  de  la  précédente  avec  de  légères 


Figure  23.  —  Bain-marie  à  kérotakis  (Ms.  3325). 
D'après  décalque. 


(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  171. 


148  CHIMIE   DES    ANCIENS 

variantes,  est  reproduite  d'après  le  manuscrit  2325,  folio  84  recto.  Elle 
existe  aussi  dans  le  manuscrit  2275,  folio  5/ verso. 

Figure  24.  — Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  196),  est  encore 
un  appareil  analogue  aux  précédents,  sauf  quelques  variantes  plus  impor- 
tantes. 

La  palette  porte  deux  coupes  inférieures  vers  ses  extrémités.  Dans  la 
coupe  supérieure  (çiaX-r)),  on  lit  le  mot  |3àOoç  (cavité). 


Figure  24.—  Autre  bain-marie.  —  Réduction  aux  a/:) 

Figure  24  bis, — Au-dessous,  se  trouve  la  kérotakis,  ou  palette  triangulaire. 


Figure  24  ^i».  —  Kérotakis.  —  Réduction  aux  2/3. 

C'est  une  seconde  forme  de  cet  instrument,  distincte  de  celles  qui  sont 
représentées  figures  22  et  25. 

Figure  2  5.  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  1 12  en  marge) 
représente  une  disposition  différente  de  l'appareil  à  digestion  sphérique. 


FIGURES    d'appareils 


149 


Ce  dessin  et  les  deux  suivants  se  trouvent  à  la  fin  de  l'article  :  ToîJ  xp^a- 
Ttavou  Tcepl  ehaïa^daç  tou  xp'^coij,  en  marge  ;  ils  sont  d'une  écriture  posté- 
rieure au  texte  courant  et  presque  effacée.  Ils  paraissent  répondre  à  une 
description  d'appareils,  qui  forme  le  dernier  paragraphe  de  cet  article. 

A  côté  de  la  figure  25  se  trouve  le  mot  xàfjuvoç  ;  au-dessous  on  lit,  en 
caractères  du  xvi«  siècle,  une  inscription  devenue  presque  illisible,  mais 
dont  les  lettres  restées  distinctes  répondent  sans  nulle  incertitude  au  texte 


Figure  25.  —  Vase  à  kérotakis.  —  Décalque. 

Les  inscriptions  sont  reproduites  ici  en  caractères  actuels, 

mais  avec  l'orthographe  du  manuscrit.  —  Réduction  aux  2/3. 

suivant  :  xapxt'voç  oW:  Tvsuxwaswç  "  y.eiTa'.  o'ô  Àdyc;  è'iXTupsaSsv  ;  c'est-à-dire 
«  écrevisse  pour  le  blanchiment  ;  l'explication  se  trouve  au-dessus  du  texte 
précédent  »  (i). 


(i)    Voir    plus    loin   la  formule   de 
l'Ecrevisse.  —  Sur  le  sens  de  ce  mot 


appliqué  à  un  appareil  chimique,  voir 
p.  145. 


l5o  «CHIMIE   DES   ANCIENS 

Ce  texte  précis  est  tiré  du  manuscrit  1 174  du  Vatican,  où  il  accompagne 
deux  dessins  à  peu  près  identiques  aux  figures  25  et  27  ;  sa  comparaison 
avec  les  lettres  non  effacées  du  manuscrit  de  Saint-Marc  ne  laisse  aucun 
doute  sur  le  sens  des  mots  formés  par  ces  dernières. 

Le  même  appareil  est  grossièrement  dessiné  dans  le  manuscrit  2275. 
folio  57  verso,  gvec  une  inscription  similaire.  Il  existe  également  dans  le 
manuscrit  2325  (fol.  84),  avec  la  même  inscription,  laquelle  se  reconnaît 
encore,  quoique  effacée  aux  trois  quarts.  Enfin  il  existe  dans  un  manuscrit 
grec  de  Leide.  (Voss.  in-4%  n»  47,  fol.  55  verso). 

Le  texte  que  je  viens  de  transcrire  semble  indiquer  un  appareil  destiné  à 
une  opération  rétrograde,  c'est-à-dire  telle  que  les  produits  tombés  au  fond 
par  fusion  remontent  par  volatilisation  à  la  partie  supérieure.  Il  est  pro- 
bable qu'il  s'agit  de  la  sublimation  du  mercure,  ou  de  l'arsenic,  destinés  à 
blanchir  le  cuivre,  en  s'alliant  à  lui  (p.  145). 

La  légende  intérieure  de  la  figure  25  est  plus  lisible  que  l'inscription 
placée  à  côté  ;  récriture  semble  également  répondre  au  xvi*  siècle,  avec  un 
iotacisme  poussé  à  l'extrême  :  œiàXï  remplaçant  çtaXï],  xuçiQxaxiç  remplaçant 
XYjpoTaxfç,  etc. 

Remarquons  que  ce  dessin  ressemble  aux  figures  22,  23  et  24,  sauf  quelques 
variantes  plus  compliquées.  Le  système  repose  de  même  sur  un  vase  à  diges- 
tion. L'une  des  coupes  supérieures  est  en  terre  :  («Yyoç)  ocxpàxivov;  c'est  une 
grande  coupe,   désignée  à  l'intérieur  sous  le   nom  de  o^iêa^tov  (saucière). 

Figure  26.  —  Les  deux  condensateurs  supérieurs  des  figures  2  5  et  27 


Figure  26.  —  Récipients  supérieurs  des  figures  25  et  27. 
Décalque.  —  Réduction  aux  2/3.  —  Caractères  actuels. 

sont  dessinés  à  côté  séparément,  avec  le  mot  Xwxàç  pour  le  plus  grand,  et 
un  nom  abrégé  pour  le  plus  petit,  situé  au-dessous.  Ce  mot  semble  être 


FIGURES    D  APPAREILS 


l5l 


lOfji"  abréviation   avec  iotacisme,   remplaçant  i^OfAoç,    couvercle   percé  de 
trous. 

Figure  27.  —  .Dans  ce  dessin  il  n'y  a  pas  de  vase  à  digestion  et  l'action 
du  foyer  s'exerce  directement.  Le  motxupoTaxiç  est  inscrit  sur  la  portion  ver- 
ticale du  dessin,  au-dessus  du  feu;  mais  il  est  probable  que  c'est  faute  de 
place  pour  l'inscrire  sur  la  partie  horizontale  et  supérieure.  Cet  appareil 
doit  être  rapproché  des  figures  20  et  21,  c'est-à-dire  des  aludels,  plutôt  que 
des  bains-marie  des  figures  22,  23,  24  et  25. 


Figure  27.       Antre  vase  à  kérotakifl. 

Décalqu    —  Réduction  aux  2/3. 
Les  inscriptions  son*  reproduites  en  caractères  actuels. 

Les  appareils  25,  26  et  27  n'existaient  pas  sur  le  manuscrit  initial  de 
Saint-Marc  ;  ils  ont  été  ajoutés  plus  tard,  vers  le  xvi*^  siècle,  sans  doute, 
d'après  un  autre  manuscrit  comparable  au  2325  (xui*  siècle),  mais  qui 
n'existe  plus. 

Les  dessins  multipliés  de  ces  appareils  à  xr^poTav,-!;,  dans  les  divers  manus- 
crits, montrent  que  ces  appareils  ont  été  d'un  usage  étendu  et  prolongé.  Ils 
représentent  les  premiers  essais  de  bains-marie,  bains  de  sable,  et  surtout 
bains  de  cendre,  employés  même  aujourd'hui  dans  nos  laboratoires  pour 
les  digestions.  Mais  c'étaient  à  l'origine  des  appareils  beaucoup  plus  com- 
pliqués et  où  s'opéraient  à  la  fois  certaines  séparations  de  substances,  par 
fusion  et  sublimation,  et  certaines  réactions  lentes  des  produits  fondus  ou 
sublimés,  entre  eux,  ou  sur  d'autres  matières  placées  dans  les  appareils. —  Il 
est  probable  qu'il  serait  possible  de  retrouver  d'autres  traces  de  ces  appareils 


l52 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


dans  les  pharmacopées  du  moyen  âge  ;  peut-être  même  existent-ils  encore 
quelque  part  en  Orient.  Cependant  il  est  digne  de  remarque  qu'ils  ont  dis- 
paru dans  le  manuscrit  2827,  pour  faire  place  à  des  digesteurs  d'une  toute 
autre  forme,  sans  doute  inventés  postérieurement,  et  que  nous  examinerons 
tout  à  rheure. 

Nous  avons  donné  toutes  les  figures  relatives  aux  appareils  du  ma- 
nuscrit de  Saint-Marc  ;  joignons-en  quelques  autres,  d'un  caractère 
différent. 

Figure  28.  —  Il  s'agit  d^abord  de  la  formule  de  TEcrevisse,  ou  du  Scor- 


(O    (2)    (3)        (4) 


(5) 


(6;       (7)  (8)  (9)     (10)    (ii)(i2)(i3) 


Figure  28.  —  Formnle  de  l'Ecrevlsse.  —  Réduction  aux  2/3. 

pion,  formule  mystérieuse,  qui  était  réputée  contenir  le  secret  de  la  trans- 
mutation. Elle  se  trouve  (i)  à  la  fin  des  Mémoires  de  Zosime  (manuscrit 
de  Saint-Marc,  fol.  igS).  Son  interprétation  est  donnée,  en  même  temps 
que  sa  répétition,  sur  la  première  page  de  garde  du  manuscrit  de  Saint-Marc, 
dans  un  texte  d'une  autre  écriture,  plus  moderne  (xiv^  siècle)  que  le  reste. 
Le  tout  se  trouve  aussi  dans  le  manuscrit  de  Leide,  Voss.,  in-4%  n»  47, 
fol.  70. 

La  première  page  de  Saint-Marc  débute  par  la  description  du  traitement 
des  scories,  lequel  paraît  se  rapporter  au  changement  d'une  scorie  noire 
et  métallique,  telle  que  celle  du  plomb,  en  un  composé  blanc  (carbonate 
ou  sulfate),  sous  l'influence  prolongée  de  l'eau  et  de  l'air.  La  description, 
écrite  dans  un  grec  barbare,  se  termine  par  ces  mots  :  a  Ainsi  a  été  accom- 
plie avec  le  secours  de  Dieu,  la  pratique  de  Jusiinien.  »  [Texte  grec, 
II,  IV  h'is,  appendice  I).  Puis  viennent  le  nom  de  la  tutie,  ou  oxyde  de 
zinc  impur,  suivi  par  des  mots  magiques,  analogues  à  ceux  qui  figurent 
dans  les  Papyrus  de  Leide,  dans  Jamblique  et  dans  le  manuscrit  2419. 


(i)  Voir  aussi  manuscrits  2249,  folio 
100  —  2325,  folio  83  —  2327,  folio  80 


et  répétition  au  verso  ;  folio  220  verso. 
—  Leide,  Voss.,  no47,  fol.  70. 


FIGURES   d'appareils  i53 

Les  voici  : 

TouT(a.  (xapaÇr).  aaevxrjp.  aÇ-rj.  vaicpaTET.  (JLiQpTJxavTTji;,  ycfiTiix.  p,ou5(avap. 
xoufAàv.  vai[xapr/.  T£X[XTjptCoxpà.  poffoux-  tap-fjT.  Xl^*^'-  X'I'^P'-  'tÇia>^'iCTf3(j;v.  itapa. 
xoXTcaxapt. 

Il  semble  que  ce  soient  là  des  formules  que  Ton  récitait  au  moment  du 
traitement  de  la  tutie,  minerai  de  zinc  (mêlé  de  plomb  et  de  cuivre)  employé 
dans  l'opération  de  la  diplosis,  c'est-à-dire  de  la  transmutation.  En  effet,  à  la 
suite,  se  trouve  la  formule  de  l'Ecrevisse,  surmontée  de  mots  qui  en  inter- 
prètent chacun  des  signes  (i).  J'ai  numéroté  les  signes  dans  la  figure,  pour 
donner  plus  de  clarté  aux  explications. 

Le  premier  signe  (n"  i)  se  traduit  (fig.  8,  PI.  VI,  1.  24)  par  <n]ix£Tov  ou 
cYjlxe^waai  =  notez  :  c'est  un  signe  employé  fréquemment  à  la  marge  des 
manuscrits,  pour  désigner  un  passage  important.  Au-dessus,  ce  signe  est 
ici  répété,  avec  le  mot  xaT  ;  c'est-à-dire  :  Attention  !  initié. 

Le  second  signe  (n°  2)  est  traduit  au-dessus  par  to  icav;  ce  qui  veut  dire  la 
composition  ou  le  mélange  complet.  Ce  mot  signifie  aussi  le  molybdo- 
chalque  (plomb  et  cuivre,  sans  doute  associés  au  zinc),  d'après  un  passage 
de  Zosime.  Cet  alliage  métallique  résultait  en  effet  de  la  réduction  de  la 
cadmie  ou  de  la  tutie  impure,  substance  dérivée  du  grillage  de  certains 
sulfures  métalliques  et  qui  semble  avoir  été  désignée  parfois,  en  extension 
d'une  dénomination  appliquée  à  ces  sulfures  eux-mêmes,  par  le  nom  de 
magnésie.  On  peut  le  conclure  avec  probabilité,  d'après  un  passage  de 
Geber  sur  les  esprits  ou  matières  volatiles,  et  d'après  quelques  textes 
des  alchimistes  grecs. 

Le  troisième  signe  (n»  3)  est  celui  du  cuivre.  Il  est  traduit  au-dessus 
par  x^^îioO  îôç  :  la  rouille  du  cuivre.  On  introduisait  sans  doute  cette 
rouille  dans  le  mélange  contenant  de  la  tutie,  avec  l'intention  d'y  aug- 
menter la  dose  du  cuivre  :  ce  qui  rapprochait  la  teinte  de  l'alliage  de  la 
couleur  de  l'or. 


(i)  J'ai  déjà  donné  cette  interpré-      I      —   Mais   la   lecture  actuelle  est  plus 
tation  :  Origines  de  l'Alchimie,  p.  348.      |      correcte. 


l54  CHIMIE   DES    ANCIENS 

Le  quatrième  signe  (n"  4)  répond  à  celfti  du  cuivre,  deux  fois  répété 
et  assemblé  par  le  signe  du  plomb  ;  ainsi  que  le  montre  la  traduc- 
tion superposée  :  iJ.z\>.iiyx\%oq  vcey.aujjiévoç,  molybdochalque  (cuivre-plomb) 
brûlé. 

Le  cinquième  signe  (no  5)  est  celui  deTEcrevisse,  ou  du  Scorpion,  pourvu 
de  huit  pattes  antérieures.  Dans  certains  manuscrits  (Saint-Marc),  la  queue 
se  termine  par  un  dard,  à  la  façon  du  Scorpion;  dans  d'autres  (2325  et  23 27 
par  exemple),  par  un  demi-cercle,  formant  une  sorte  de  pince.  Ce  signe 
porte  au-dessus  les  mots  :  àpYup6^a>vXoç  x£xau[xévoç  y.al  T.e%r,y\i.é^oq.  Mais  le 
dernier  mot  correspond  au  sixième  signe.  Le  tout  veut  dire  argyrochalque 
(cuivre-argent)  brûlé  et  fixé. 

Le  signe  de  l'Ecrevisse  se  rapporte  probablement  à  l'opération  par  laquelle 
on  préparait  un  semblable  alliage,  formé  avec  le  cuivre  uni  au  plomb  que 
Ton  prétendait  changer  en  argent,  sans  doute  en  le  blanchissant  de  façon  à 
lui  donner  la  couleur  de  l'argent.  Si  cette  interprétation  était  acceptée,  il  s'a- 
girait d'un  blanchiment  parle  mercure  ou  par  l'arsenic,  blanchiment  opéré 
par  sublimation  et  opération  rétrograde  dans  l'appareil  appelé  xapxi'voç,  lequel 
est  représenté  par  la  figure  25.  On  justifierait  ainsi  le  signe  de  l'Ecrevisse, 
appliqué  à  la  fabrication  de  l'alliage  actuel. 

Le  septième  signe  (n°  7)  est  traduit  par  àjxéptxoç  (divisé  en  parties  ?), 
mot  dont  le  sens  est  incertain. 

Le  huitième  signe  (n"  8)  par  Spayixai  :  dragme  (poids). 

Le  neuvième  signe  (n"  9)  signifie  14,  et  s'applique  probablement  au  poids 
dont  l'unité  vient  d'être  indiquée  :  soit  14  dragmes. 

Le  dixième  signe  (n"  10)  est  une  abréviation,  traduite  par  TCxavoç  y^otXxoq  to 
zav  cd-rpaitov  ;  chaux-cuivre  (peut-être  en  un  seul  mot),  toute  la  coquille  (de 
l'œuf  philosophique). 

Le  onzième  signe  (n"  11)  est  traduit  par  to  tcôcv  oaxpaxov,  qui  répète  les  der- 
niers mots  du  signe  précédent. 

Le  douzième  signe  (n'*  12)  est  traduit  par  xiiavoç  et  est  suivi  par 

Le  treizième  (n°  i3)  yaXxou  :  de  cuivre  :  mot  à  mot,  chaux  de  cuivre. 

Puis  viennent  en  caractères  ordinaires,  les  mots  6  vc-i^aaç  [xaxapioç  :  celui 
qui  aura  compris  sera  heureux. 

Dans  cette  formule,  il  s'agit  de  divers  alliages  et  oxydes  métalliques,  ainsi 


FIGURES    d'appareils  i55 

que  de  l'œuf  philosophique.  Mais  elle  ne  présente  pas  par  elle-même  un  sens 
défini. C'était  sans  doute  un  mémento  hiéroglyphique,  destiné  à  être  complété 
par  des  explications  orales.  Elle  figure  dans  un  traité  de  Zosime,  et  semble 
le  dernier  débris  d'un  ancien  symbolisme,  antérieur  aux  écrits  alchimiques 
explicites  que  nous  possédons,  et  qui  représenterait  le  mode  le  plus  ancien 
de  la  transmission  traditionnelle  de  la  science  (v.  p.  137).  Le  sens  a  dû  s'en 
conserver  longtemps  par  tradition  orale,  comme  le  prouve  le  fait  même  de 
sa  transcription  sur  la  première  feuille  de  garde  du  manuscrit,  avec  des 
formules  magiques,  que  Ton  prononçait  sans  doute  pendant  certaines  des 
opérations.  Une  partie  de  ces  dernières  est  même  indiquée  par  le  texte  qui 
précède,  lequel  semble  relatif  au  traitement  des  scories  de  plomb  ;  puis 
viennent  les  mots  magiques  et  la  formule. 

Au-dessous,  toujours  sur  la  même  page  de  garde,  se  trouve  reproduit  un 
passage  correspondant  d'Olympiodore  sur  les  scories  :  «  Sachez  que  les 
scories  dont  on  parle  ci-dessus  sont  tout  le  mystère,  etc.  ».  Ce  passage  est 
imprimé  dans  le  Traité  d'Olympiodore  {Texte  grec,  H,  ïv)  et  on  a  donné  en 
appendice  {Texte  grec,  II,  iv  bis)  le  texte  même  qui  le  précède. 

Voici  le  moment  de  rappeler  les  signes  magiques  de  la  Chrysopée  de  Gléo- 
pâtre  (figure  1 1),  placée  précisément  en  tête  du  traité  de  Zosime,  à  la  fin  du- 
quel figure  la  formule  de  l'Ecrevisse.  Ces  signes,  en  effet,  comparés  à  la  for- 
mule, donnent  lieu  à  quelques  rapprochements  utiles  à  noter.  On  y  remarque, 
par  exemple,  un  grand  croissant  pourvu  de  huit  appendices  linéaires,  qui 
rappellent  étrangement  le  signe  de  l'Ecrevisse.  La  signification  de  ce  dou- 
ble croissant  semblerait  dès  lors  la  même  ;  c'est-à-dire  qu'il  représenterait 
la  transformation  (fixation)  du  cuivre  amalgamé  ou  arsénié  en  argent,  au  sein 
d'un  appareil  à  marche  rétrograde.  Le  signe  même  de  l'argent,  ou  plutôt 
celui  du  mercure,  serait  alors  exprimé  par  le  croissant  régulier  et  sans  appen- 
dice, situé  à  côté.  Doit-on  voir  aussi  dans  les  signes  de  la  Chrysopée  placés 
à  côté  du  serpent,  les  symboles  (3)  et  (4)  du  cuivre  et  du  molybdochalque  de 
le  formule  de  TEcrevisse?  Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  a  là  un  rapprochement 
singulier  et  digne  d'intérêt,  au  point  de  vue  de  la  filiation  historique  des 
symboles  alchimiques. 

Figure  29.  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  igS)  reproduit 
deux  alphabets  magiques  ou  cryptographiques,  à  demi  effacés,  avec  leur  tra- 


l56  CHIMIE    DES    ANCIENS 

duction  (telle  qu^elle  est  donnée  dans  le  manuscrit).  Au-dessus  du  premier 
se  trouve  le  mot  :  IXivYjxi,  c'est-à-dire  (lettres)  helléniques^  écrit  avec  l'al- 
phabet correspondant.  Au-dessus  du  second  :  UpoyXuçixà,  c'est-à-dire  (lettres) 
hiérogly tiques^  écrit  de  même.  A  côté,  en  marge,  le  mot  àAçàÔYjToç,  écrit 
avec  les  lettres  du  premier  alphabet. 

■»    >    «  * 


'     K  X  x  o  : 


*:r 


Figure  29.  —  Alphabets  maerlqaes.  —  Réduction  à  1/2.  —  D'après  décalque. 

En  réalité,  aucun  de  ces  alphabets  n'a  rien  de  commun  avec  les  hiéro- 
glyphes. Ce  sont  simplement  deux  alphabets  cryptographiques,  formés 
avec  des  lettres  grecques  plus  ou  moins  défigurées,  mais  sans  modification 
dans  leur  nombre  ou  leur  valeur. 

Il  existait  un  grand  nombre  d'alphabets  analogues  au  moyen  âge.  On 
trouve  notamment  une  page  entière  d'alphabets  de  ce  genre  dans  le 
manuscrit  2419,  folio  279.  Le  premier  alphabet  de  ce  folio  ressemble 
beaucoup  au  premier  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  donné  plus  haut;  le 
sixième  du  manuscrit  2419  ressemble  aussi,  quoique  d'un  peu  plus  loin, 
au  second  du  manuscrit  de  Saint-Marc.  Les  alphabets  du  manuscrit  2419 
semblent,  d'après  leur  traduction  superposée  en  lettres  rouges  presque 
effacées,  répondre  à  l'alphabet  latin  de  préférence  à   l'alphabet  grec. 

C'étaient  là  en  réalité  des  jeux  d'esprit  individuels,  plutôt  que  des 
alphabets  usuels.  En  tout  cas,  il  m'a  paru  intéressant  de  reproduire  les 
spécimens  ci-dessus,  surtout  le  premier,  qui  se  retrouve  à  peu  près  pareil 
dans  deux  manuscrits  dissemblables  de  composition  et  d'origine. 

Figure  3o.  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  102  verso) 
représente  le    Labyrinthe   de   Salomon,    avec   un  commentaire  en  vers  ; 


FIGURES  d'appareils  iSy 

le  tout  d'une  encre  et  d'une   écriture  plus  modernes,  probablement  du 
XIV*  siècle. 


Figure  3o.  —  Labyrinthe  de  Solomon.  —  Réduction  à  1/2. 

On  donnera  ailleurs  [Texte  grec,  I,  xxj  ce  commentaire. 

Figure  3 1 .  —  Cette  figure  (manuscrit  de  Saint-Marc,  fol.  5)  est  un  symbole 


Figure  3i.  —  Symbole  cordiforme.  —  Décalque. 

cordiforme,  avec  les  signes  de  l'or,  de  l'argent,  et  peut-être  d'autres  métaux  (  i  ); 


(i)  Le  cercle  droit  d'en  bas  renferme 
dans  le  manuscrit  quatre  signes  mal 
définis,  dont  un  y;^,  lequel  a  disparu  dans 


la  figure  actuelle,  par  suite  d'un  accident 
de  sravure. 


I  58  CHIMIE    DES    ANCIENS 

il  se  trouve  à  côté  de  la  première  ligne  de  Stéphanus,  écrit  à  l'encre 
rouge  ;  il  est  contemporain  du  texte.  Il  semble  que  ce  soit  là  un  symbole 
de  Tart  de  fabriquer  l'or  et  l'argent.  On  croit  utile  d'en  rapprocher  la 
figure  suivante. 

Figures  32  et  33.  —  C'est  un  dessin  mystique,  formé  par  l'assemblage  de 
divers  signes  destinés  à  représenter  une  opération  chimique;  on  dirait  une 


Figure  32.—  Dessin  mystique  (2327).  Figure  33.  —  Dessin  mystique  (2325). 

Décalque.  Décalque. 

sorte  d'équation  chimique,  analogue  aux  équations  atomiques  et  renfer- 
mant comme  les  nôtres  les  symboles  des  corps  intervenants.  Elle  se  trouve 
au  folio  47,  verso,  du  manuscrit  2327,  vers  la  fin  de  la  troisième  leçon  de 
Stéphanus,  vis-à-vis  des  mots  :  outoç  èffxtv  h  èfr,atci;  b  irapepixoç  b  TcoXù)^pw[xoç. 
«  C'est  la  pierre  étésienne,  le  support  polychrome  (des  teintures?).  »  Puis 
vient  tout  un  développement  mystique  sur  la  pierre  philosophale. 

Le  relieur  du  manuscrit,  au  xvi^  siècle,  a  coupé  une  partie  delà  branche 
gauche  du  dessin.  Mais  il  n'y  avait  là  rien  de  particulier,  comme  le  montre 
le  manuscrit  2325  qui  contient  la  même  figure  (fol.  46,  verso).  On  a  re- 
produit cette  dernière  à  côté  (fig.  33). 

Telles  sont  les  figures  fournies  par  le  manuscrit  de  Saint-Marc  et  les 
dessins  congénères  de  ces  figures,  reconnus  dans  les  autres  manuscrits. 


Figures  du   manusorit  2327. 

Etudions  maintenant  les  figures  propres  du  manuscrit  2327,  en  commen- 
çant par  les  figures  mystiques. 
Figure  34.  —  Cette  figure  (manuscrit  2827,  fol.  196)  est  celle  du  serpent 


FIGURES    d'appareils  i5q 

Ouroboros  (i),  en  tête  d'un  article  reproduit  dans  le  Texte  grec  (I,  v).  Il  est 
formé  de  trois  cercles  concentriques,  comme  la  figure  supérieure  de  la  Chry- 
sopée  de  Gléopâtre  ;  mais  de  plus  il  a  ici  trois  oreilles  et  quatre  pattes.  La 
tête,  les  oreilles  et  l'anneau  extérieur  sont  peints  en  rouge  vif  (rrr)  ;  le  blanc 


Figure  34.  —  Serpent  Ouroboros.  —  D'après  décalque. 

de  l'œil  est  blanc,  la  pupille  noire  ;  le  premier  anneau  est  écailleux.  Le  second 
anneau  (moyen)  est  écailleux  et  jaune  [jjj].  L'anneau  intérieur  est  d'un  vert 
continu  (vv),  ainsi  que  les  pattes.  Ces  couleurs  d'ailleurs  ne  répondent  pas 
exactement  à  une  description  de  Stéphanus  (Lettre  à  Théodore),  d'après 
laquelle  l'origine  de  la  queue  est  blanche  comme  du  lait  ;  le  ventre  et 
le  dos,  couleur  de  safran,  la  tête  noir  verdâtre.  Il  devait  y  avoir  bien  des 
variantes. 

Au  folio  279  du  même  manuscrit  se  trouve  une  seconde  figure  du  serpent, 
avec  un  texte  un  peu  différent  :  celui-ci  n'a  que  deux  anneaux  ou  cercles  ; 
ses  écailles  sont  mieux  marquées. 


(1)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  59  et  2  56. 


i6o 


CHIMIE  DES   ANCIENS 


Figure  35.  —  Cette  figure  (manuscrit  2827,  fol.  297  verso)  représente  le 
signe  d'Hermès,  assez  informe;  le  folio  a  été  remonté  sur  une  bande 
blanche. 


\7 

D 

Figure  36. 
Images  géométrlqneB. 

Décalque. 


Figure  35. 
Signe  d'Hermès. 

Décalque. 


Figure  36.  —  Cette  figure  renferme  quatre  images  géométriques,  desti- 
nées à  commenter  le  texte  du  folio  106  recto  (manuscrit  2327).  Elles 
existent  aussi  au  manuscrit  2325  (fol.  m),  au  manuscrit  2275  (fol.  78 
verso),  etc. 

Les  figures  qui  suivent  concernent  des  appareils  nouveaux,  dont  il  con- 
vient de  comparer  soigneusement  les  formes  avec  celles  [des  figures  corres- 
pondantes du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Figure  3j.  —  Cette  figure  (manuscrit  2327,  folio  81  verso)  contient  deux 
alambics  et  deux  vases  à  digestion. 

1°  A  gauche,  on  voit  l'alambic  à  trois  pointes  [tribicos],  dont  la  forme 
générale  (sauf  le  nombre  de  becs)  s'est  rapprochée  de  celle  des  alambics 
modernes  en  verre,  usités  au  siècle  dernier,  et  dont  on  fabrique  encore 
aujourd'hui  quelques  échantillons. 

Le  matras  ou  chaudière  porte  d'ailleurs  la  même  inscription  que  la 
figure  i5  (XwTcàç  ôei'ou  àxupou  :  matras  contenant  le  soufre  apyre)  ;  il  est  posé 
de  même  sur  le  feu  (çôixa). 

Le  chapiteau  est  surmonté  du  mot  ^(aXxiov  (vase  de  cuivre),  et  les  trois 
tubulures  sont  figurées  cylindriques  :  l'un  des  trois  récipients  a  été  coupé 
par  le  relieur. 

2°  A  côté  se  trouve  un  alambic  à  un  seul  bec,  posé  sur  un  fourneau 
(xajxT^viov,  sic)  ;  la  forme  générale  en  est  la  même.  On  doit  le  regarder  comme 


FIGURES    D  APPAREILS 


l6l 


équivalent  à  celui  de  la  figure  i6;  à  cela  près  que  le  tube  de  ce  dernier 
(awXi^v)  est  remplacé  par  un  chapiteau  (^aXxbv). 

On  donnera  tout  à  l'heure  une  figure  similaire  (fig.  38),  d'après  le  manus- 
crit 2327  (fol.  221);  laquelle  n'est  pas  identique  à  la  précédente  et  se  rap- 
proche de  celle  de  Saint-Marc,  plutôt  que  de  nos  alambics  actuels. 


K/ûJf- 


Figure  37.  —  Alambics  et  Vases  à  digestion. 


Par  contre,  la  forme  de  l'alambic  est  devenue  à  peu  près  identique  à  celle 
de  nos  vieux  instruments  (en  verre),  dans  la  figure,  unique  d'ailleurs  et  mal 
faite,  du  manuscrit  2252,  copié  au  xyii»  siècle.  Dans  ce  manuscrit,  au-des- 
sous des  trois  cercles  concentriques  et  au  début  des  Mémoires  authentiques 
(YVY^c'.a  ûzcixvi^iJLaTa)  de  Zosime,  on  aperçoit  un  alambic  (3"jxoç  ùéXivcç),  sur 
un  foyer  (xaùaxpa),  et  un  récipient  condensateur  à  col  étroit,  Xc::à;  7;  â'Yycç 
(jT£vôaTO[xov  [sic).  On  voit  qu'il  y  a  de  légères  variantes  dans  les  inscriptions. 

3°  A  gauche  et  en  bas,  dans  la  figure  3j  du  manuscrit  2327,  se  trouve  un 

11 


102  CHIMIE  DES  ANCIENS 

appareil  à  digestion  ou  à  cuisson,  formé  d'une  fiole  sur  un  bain  de  sable, 
ch«(u£fé  par  un  fourneau  {%up). 

La  fiole  est  désignée  par  un  mot  coupé  en  deux  par  le  relieur,  et  terminé 
par  les  syllabes  XY)atç,  tel  que  oTcxTjaiç  (cuisson).  L'inscription  qui  désigne  le 
fourneau  est  également  coupée  en  deux  ;  mais  on  lit  sur  les  trois  lignes 
superposées  les  syllabes  finales  Xat  —  aTov  —  [ji.(viov.  Il  est  facile  de  recon- 
naître ici  l'inscription  de  la  figure  22  :  {izct)  Xat  (axt)  aTov  (xa)  p.{vtov. 

Il  paraît  donc  que  c^est  là  l'équivalent  du  bain  de  cendres,  destiné  à 
chauffer  la  palette  ou  XYjpoTaxiç.  Mais  la  palette  est  tombée  en  désuétude  et  les 
opérations  effectuées  à  Torigine  avec  son  concours  ont  été  simplifiées  dans 
le  cours  des  temps,  et  réduites  à  de  simples  digestions  ;  celles-ci  sont 
opérées  également  sur  un  bain  de  sable  ou  de  cendres.  La  matière  même, 
au  lieu  d^être  placée  sur  une  palette  métallique,  est  déposée  soit  sur  une 
pièceplate  (fig.  38)  ou  conique  (fig.  3/),  au-dessous  du  bouchon,  soit  même 
au  fond  de  la  fiole.  Dans  ces  conditions,  l'emploi  de  la  palette  constitiiait 
une  complication  inutile. 

4°  C'est  ce  que  confirment  le  dessin  et  l'inscription  placés  à  droite  de  la 
figure  37.  Nous  avons  ici  une  fiole,  le  mot  çuccXyj  [sic]  ayant  passé  du  sens 
ancien  coupe  au  sens  moderne  Jiole. 

Cette  fiole  est  surmontée  d'un  bouchon  ou  tête,  assez  ^compliqué,  au- 
dessous  duquel  il  semble  qu'il  reste  quelque  indice  de  la  kérotakis,  sous 
l'apparence  d'une  pièce  conique  peu  distincte.  Le  tout  est  enfermé  dans  une 
enceinte,  formée  d'un  cylindre  inférieur,  posé  sur  le  fourneau,  xai^-^viov  [sic]^ 
et  d'une  coupe  hémisphérique  renversée,  qui  constitue  le  haut  du  cylindre. 

Il  serait  difficile  de  reconnaître  à  première  vue  que  cet  appareil  a  rem- 
placé celui  de  la  figure  25,  ou  plutôt  ceux  des  figures  20  et  ai  ;  car  la  kéro- 
takis a  disparu.  Mais  la  filiation  des  appareils  résulte  des  inscriptions  qui 
les  accompagnent.  En  effet,  on  lit  au-dessus  du  dessin  (4°)  de  la  figure  37, 
les  mots  :  xapxtvoeiSèç  xeitat  Sa  ôXoyo;  è'iJLTCpocôev  ;  c'est-à-dire  la  même  inscrip- 
tion que  sur  la  figure  25.  Ce  serait  donc  là  encore  un  appareil  à  digestion 
et  distillation  rétrograde,  dans  lequel  les  ;  x:oduits  sublimés  retombent  sur 
la  matière  inférieure  qui  les  a  fournis  :  ainsi  qu'il  arriverait  dans  un  appa- 
reil disposé  pour  blanchir  le  cuivre  par  la  sublimation  réitérée  du  mercure 
ou  de  l'arsenic  (p.  145). 


Figures  d'appareils 


i63 


Ajoutons  qu'on  lit  au-dessous  de  l'ensemble  de  ces  appareils  là  formule 
mystiques  des  opérations  qui  s'y  accomplissaient  :  «  en  haut  les  choses  céles- 
tes, en  bas  les  terrestres  ;  par  le  mâle  et  la  femelle  l'œuvre  est  accomplie  u 
(manuscrit  2827,  fol.  81  verso)  :  avw  -cà  oùpavia,  xaTw  -za  iicifriiix,  St'ôÉpevoç  xai 
ô-j^Xeoç  xXTjpotifxevov  xo  IpYOv. 

Figure  38.  —  Cette  figure  (manuscrit  2827,  fol.  221  verso)  reproduit  le 
dessin  de  la  figure  37,  sauf  variantes. 


r«CKij/^ji< 


Figure  38.  —  Alajxibios  et  Vases  à  digestion. 


i»  Le  dessin  à  gauche  et  en  haut  [tribicos)  est  à  peu  près  le  même. 

2°  Le  dessin  de  Talambic  à  un  seul  bec  offre  une  variante,  qui  le  rapproche 
de  la  figure  16.  Cette  forme  existe  aussi,  grossièrement  dessinée,  dans  le 
manuscrit  2275  (fol.  Sj  verso). 

30  Le  dessin  de  la  fiole  à  digestion,  reporté  ici  tout-à-fait  à  gauche,  est 
à  peu  près  le  même  que  dans  la  figure  37. 

40  Mais  le  dessin  voisin  est  un  peu  différent.  Le  bouchon  de  la  fiole 
offre  des  traits  dissemblables,  et  peut-être  un  dernier  reste  de  lame  hori- 
zontale, répondant  à  la  kérotakis.  Il  porte  d'ailleurs  la  même  inscription, 
caractéristique  d'un  appareil  à  opération  rétrograde,  que  la  figure  37  ;  sauf 
la  substitution  du  mot  àXXayoj  (ailleurs)  au  mot  ï.aTrpsïOîv. 


164  CHIMIE   DES    ANCIENS 

50  A  gauche,  en  bas,  un  vase  à  digestion  (aludel  mal  fait  ?)  sur  un 
grand  trépied,  avec  l'inscription  :  t,youv  to  Tcapov  xajxiviov  èatlv  xapxivoeiSèç  6 
XoYoç  xeïxai.  «  Le  présent  fourneau  est  rétrograde  ;  la  description  est  ici.  » 
IV.  p.  134.) 

Figure  39.  —  Cette  figure  (manuscrit  2327,  fol.  289  verso),  répétée  deux 
fois,  est  un  alambic  à  tubulure  unique. 


Figure  3g.  Figure  40,  Figure  41. 

Petit  alambic-  Alambic  de  Synéslus  Alambic  de  SynéBias 

Décalque.  Décalque.  (Ms,  3325.)  Décalque. 

Figure  40.  —  Cette  figure  (manuscrit  2327,  fol.  33  verso),  fait  partie  de 
l'ouvrage  de  Synésius  et  répond  exactement  au  texte  de  l'auteur  :  c'est  l'une 
des  plus  intéressantes,  en  raisoti  de  la  date  de  cet  ouvrage  (iv®  siècle).  Elle 
représente  un  alambic,  sur  une  marmite  servant  de  bain-marie  (Xéêirjç),  portée 
elle-même  sur  un  trépied.  Elle  rappelle  tout  à  fait  la  disposition  de  nos  appa- 
reils modernes. 

A  côté  se  trouvent  les  mots  caractéristiques  :  auvapixoCexai  tw  Poxapiw  ùâXtvov 
cpyavcv  e^/wv  p.ajTâpiov.  «  On  ajuste  au  matras  inférieur  ((Soxaptov)  un  instru- 
ment de  verre,  en  forme  de  mamelle  ([jLaaTàptov).  »  Cet  instrument  est  muni 
d'une  gorge,  ou  rainure  circulaire,  destinée  à  récolter  les  liquides  con- 
densés dans  le  chapiteau  et  à  les  conduire  dans  la  tubulure  qui  aboutit  au 
récipient.  C'est  un  appareil  qui  est  encore  en  usage  aujourd'hui.  Le  sens 
jusqu'ici  obscur  des  mots  (SoTctpiov  et  [ji-acTàpiov  se  trouve  précisé  par  ce  texte 
et  cette  figure. 

La  figure  manque  d'ailleurs  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  quoique 
le  texte  soit  le  même  ;  mais  elle  existe  dans  le  manuscrit  2325  (xni*  siècle). 
Le  manuscrit  2275  la  reproduit  (fol.  16). 


FIGURES    d'appareils  i65 

Figure  41 .  —  Elle  reproduit  le  dessin  fort  élémentaire  du  même  alambic, 
d'après  le  manuscrit  2325. 

Tout  ceci  est  fort  important  pour  l'histoire  de  la  distillation.  A  l'origine, 
on  distilla  le  mercure,  en  le  condensant  simplement  dansun  chapite  au  posé 
sur  un  pot  (Dioscoride,  Pline).  Ce  n'est  que  plus  tard  que  l'on  adapta  une 
gorge  à  la  partie  inférieure,  pour  empêcher  les  liquides  condensés  de 
retomber  dans  le  pot;  puis  cette  gorge  fut  pourvue  d'une  tubulure,  destinée 
à  conduire  au  dehors  le  liquide  condensé.  On  voit  par  le  texte  et  par  la  figure 
conforme  de  Synésius  que  ces  progrès  étaient  réalisés  dès  la  fin  du  iv^  siècle 
de  notre  ère.  Rappelons  que  Synésius,  dans  une  lettre  à  Hypatie,  publiée 
parmi  ses  œuvres  connues,  a  décrit  aussi  Taréomètre,  œuvre  d'une  science 
déjà  avancée. 

Figure  42.  —  Cette  figure  (manuscrit  2827,  fol.  1 12  verso),  répétée  deux 
fois,  est  une  simple  fiole. 


h 


Figure  42.  —  Fiole.  Figure  43, 

Décalque.  Alambic 

avec  six  appendices- 
Décalque. 


Figure  ^3.  —  Cette  figure  (manuscrit  2327,  foi.  184  verso),  malheureu- 
sement coupée  par  le  relieur,  se  trouve  vers  la  fin  du  poème  de  Théophraste. 
On  y  discerne  un  alambic,  mais  avec  un  appendice  supérieur,  fort  singulier 
dont  la  position  rappelle  la  xrjpiTax'ç.  Il  est  muni  de  six  lignes  verticales, 
répondant  au  texte  suivant  :  oépcv-aç  xi;  i;  ^wva;  ci;  -br^x  [sic)  çava-..  «  Por- 
tant six  ceintures  (enveloppes)  pour  absorber  la  matière  fondue.» 


l66  CHIMIE  DES  ANCIENS 


Figures  du  manuscrit  2325. 

Les  figures  du  manuscrit  232  5  sont  très  intéressantes  parce  qu'elles 
répondent  à  une  époque  intermédiaire  (xiii^  siècle)  entre  celui  de  Saint-Marc 
et  le  n°  2327  de  Paris.  Elles  sont  en  général  conformes  à  celles  du  manuscrit 
de  Saint-Marc,  bien  que  le  manuscrit  2325  n'en  dérive  certainement  pas 
directement,  comme  je  le  montrerai.  Il  résulte  de  cette  double  circonstance 
que  la  date  des  dessins  du  2325  est  antérieure  à  la  copie  actuelle  du  manu- 
scrit de  Saint-Marc,  et  même  à  la  date  de  ses  prototypes  immédiats  ;  cepen- 
dant ils  doivent  dériver  tous  les  deux  de  quelque  source  commune  et  plus 
ancienne.  Quant  au  détail,  le  nombre,  la  forme  et  la  dimension  des  parties 
des  appareils  sont  [assez  différents,  pour  quelques-uns  du  moins.  Le  manu- 
scrit 2325  contient  en  plus  l'alambic  de  Synésius,  figure '41,  et  le  dessin 
(fig.  33)  mystique  de  la  3^  leçon  de  Stéphanus.  Par  contre,  les  appareils  à 
digestion  y  sont  moins  multipliés. 

Nous  avons  donné  les  figures  essentielles  de  ce  manuscrit,  telles  que  :  la 
figure  41  (fol.  23  verso)  représentant  l'alambic  de  Synésius,  avec  la  chau- 
dière (Xéêr^ç),  et  le  feu  (tcûp). 

La  figure  17  (tribicos),  est  analogue  à  celle  du  manuscrit  de  Saint-Marc 
(fig.  i5).  Toutefois  les  dimensions  relatives  du  matras  à  soufre  (Xwxàç  6e(ou 
àirupou),  du  tube  vertical,  du  condensateur  supérieur  et  des  ballons  qui 
recueillent  le  produit  distillé  sont  différentes  ;  le  dessin  de  l'un  de  ces  bal- 
lons a  même  disparu.  —  En  outre,  le  mot  r^up  (feu)  a  remplacé  /.aùcipa 
(foyer).  La  figure  du  tribicos,  de  même  que  toutes  celles  du  manuscrit  2325, 
est  beaucoup  plus  grossière  que  celles  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

A  côté  se  trouve  également,  très  grossièrement  dessiné,  l'appareil  distil- 
latoire  à  large  tube  de  cuivre  (^aXxi'ov),  de  la  figure  16;  mais  j'ai  jugé  inu- 
tile de  reproduire  ce  dessin  du  manuscrit  2325. 

Au-dessous  du  tribicos,  on  voit  la  figure  23  donnée  plus  haut  :  c'est  celle 
d'un  appareil  à  kérotakis,  analogue  à  celui  de  la  figure  22.  Mais  le  fourneau 
(TCaAataTuTov  xa[x(vtov)  est  plus  petit  et  les  condensateurs  supérieurs  (çiâX-r)), 
sur  l'extérieur,  sont  plus  gros.  Les  ponctuations,  indicatrices  de  trous  sur 


FIGURES    D  APPAREILS  1 67 

le  bain-marie,  couvrent  un  espace  bien  moindre.  Le  mot  de  kérotakis  n'y 
figure  pas. 

Enfin,  au-dessous  du  gwXyjv  et  du  ■/aXv.lo'*,  on  voit  un  autre  appareil  à 
kérotakis,  reproduisant  le  xap)c(voç  de  la  figure  25,  avec  des  variantes  trop 
légères  pour  que  j'aie  cru  utile  de  le  donner. 

On  remarquera  que  les  figures  sont  moins  nombreuses  dans  le  manus- 
crit 2325  que  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc;  elles  sont  d'ailleurs  concen- 
trées en  tête  du  mémoire  de  Zosime,  dans  le  manuscrit  2325  aussi  bien  que 
dans  le  manuscrit  2327.  Ce  mode  de  distribution  est  évidemment  plus 
moderne  que  celui  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 


Figures  des  manuscrits  de  Leide. 

L'histoire  des  appareils  alchimiques  tire  une  nouvelle  lumière  de  l'exa- 
men des  manuscrits  alchimiques  grecs  de  Leide.  L'un  d'eux  (Codex  Vossia- 
nus,  in-40,  no  47),  fort  mal  écrit  d'ailleurs,  reproduit  presque  toutes  les 
figures  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  entre  autres  : 

Nos  trois  planches  I,  II,  III  (fig.  3,  4,  5),  sauf  quelques  inversions; 

La  Chrysopée  de  Cléopâtre  de  la  figure  1 1  (fol.  49  verso)  ; 

La  double  figure  14  et  14  bis  du  dibicos  (fol.  5o  verso)  ; 

La  figure  1 5  du  tribicos  (fol.  5 1  verso)  ; 

La  figure  16  de  l'appareil  distillatoire  (fol.  5i  verso)  ; 

La  figure  18  de  la  chaudière  distillatoire  (fol.  58  recto); 

Les  deux  appareils  cylindriques  de  nos  figures  20  et  21  (fol.  53  verso); 

Les  kérotakis  de  nos  figures  22  et  24  (fol.  52  verso); 

La  palette  de  la  figure  24  bis  (fol.  53  recto); 

La  figure  25  du  vase  à  kérotakis,  portant  à  côté  le  mot  xapxtvoetSà;  (fol. 
55  verso); 

Les  récipients  de  la  figure  26  (fol.  55  verso); 

Le  vase  à  kérotakis  cylindrique  de  la  figure  27  (fol.  55  verso)  ; 

La  figure  3 1  cordiforme  (fol.  5 1  recto)  ; 

La  formule  magique  de  TEcrevisse  (fig.  28),  avec  son  explication  (fol.  70 
recto),  fidèlement  copiée. 


l68  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Il  est  clair  qu'il  s'agit  dans  tout  ceci  d'une  simple  copie,  directe  ou  indi- 
recte, des  figures  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

L'autre  manuscrit  de  Leide  est  noté  xxiii.  Ru.  6  (ayant  appartenu  à 
Ruhnkenius);  il  a  été  écrit  au  xvn*  siècle  et  est  fort  analogue  par  sa  table, 
laquelle  forme  une  grande  partie  de  son  contenu,  à  notre  manuscrit  2327. 
Il  en  reproduit  textuellement  tout  le  tableau  des  signes,  c'est-à-dire  les  cinq 
pages  qui  forment  nos  figures  6  à  10,  planches  IV  à  VIII. 

Aux  folios  21  et  22,  il  renferme  diverses  figures  pareilles,  avec  des 
variantes  dans  les  inscriptions  et  dans  les  dessins,  dont  quelques-unes  fort 
importantes.  Je  vais  les  signaler  : 

Folio  21  :  alambic  de  Synésius,  conforme  à  la  figure  40  ci-dessus;  mais 
il  porte  quatre  mots,  au  lieu  du  seul  mot  XéBriq  inscrit  au  manuscrit  2827, 
mot  qui  se  retrouve  d'ailleurs  aussi  sur  la  marmite,  dans  le  manuscrit  Ru. 
On  y  lit  en  outre  :  )v(i>Ttàç  sur  le  matras,  <f  làXri  sur  le  chapiteau,  So/etov  sur  le 
récipient. 

Au-dessous  on  voit  5  dessins  intéressants,  savoir,  de  gauche  à  droite  : 

1°  Un  alambic  à  une  pointe,  correspondant  à  celui  des  figures  i3  et 
37.  Il  porte  les  mots  x.a[jL(viov  sur  le  fourneau,  ^.w'rcàç  sur  le  matras.  La  forme 
du  chapiteau  indique  très  nettement  que  c'est  une  fiole  renversée,  dont  le  col 
entoure  celui  du  matras,  les  lignes  des  deux  cols  n'étant  pas  confondues.  — 
Cette  différence  ne  m'a  pas  paru  assez  grande  pour  exiger  la  reproduction 
du  dessin. 

2°  Un  alambic,  sans  chapiteau,  mais  à  large  tube,  répondant  à  celui  des 
figures  16  et  38.  On  y  lit  les  mots  xajxiviov  sur  le  fourneau,  9 lâXiQ  sur  le  matras, 
y^otlv.eio'i  [sic]  sur  le  gros  tube;  le  récipient  n'a  pas  de  nom.  Ces  mots  ne 
coïncident  pas  exactement  avec  ceux  des  figures  16  et  38;  ce  qui  montre 
que  le  manuscrit  Ru.  n'a  pas  été  copié  directement  sur  les  nôtres. 

30  Au-dessous  de  ce  dessin,  un  matras  à  digestion  (çtàXir]),  sur  un  bain,  de 
sable,  chauffé  sur  un  fourneau  (luaXataTiaTovxaix(viov),  avec  l'indication  oTCXYjatç, 
comme  dans  la  figure  37. 

40  Une  fiole  à  digestion,  recouverte  d'une  sorte  de  cloche,  reproduisant  à 
peu  près  identiquement  la  fiole  delà  figure  38,  avec  les  mêmes  appendices  à 
la  partie  supérieure  ;  appendices  dérivés,  comme  je  Tai  établi,  de  la  kérotakis 
(fig.  22  et  25).  La  seule  inscription  qui  existe  dans  ce  dessin  est  placée  sur  le 


FIGURES    d'appareils  169 

fourneau  :  xa[x{viov  TraXaiaxtaTov.  Ces  mots  confirment  l'opinion  qu'il  s'agit 
d'une  transformation  de  l'appareil  des  figures  22  à  25. 

5°  Enfin,  à  la  "droite  on  voit  le  petit  trépied  de  la  Ghrysopée  de  Cléopâtre 
(fig.  II).  Au-dessoussont  les  mots  èv  ^oXôixotç  (dans  le  fumier).  Ces  mots  sont 
caractéristiques.  En  effet,  ils  montrent  qu'il  s'agit  d'un  appareil  destiné 
à  être  maintenu  en  digestion  à  une  douce  chaleur,  au  milieu  du  fumier  en 
fermentation.  Cet  appareil  est  posé  sur  un  trépied  et  paraît  identique  à  celui 
qui  est  dessiné  à  gauche,  au-dessous  du  tribicos,  dansla  figure  38. 

En  somme,  ces  cinq  dessins  sont  les  mêmes  que  ceux  des  figures  37  et  38; 
ils  répondent  à  ceux  des  figures  1 2  et  1 3,  lesquels  sont  eux-mêmes  des  dérivés 
faciles  à  reconnaître  des  dessins  de  la  figure  1 1  (Chrysopée  de  Cléopâtre). 

Toute  la  filiation  des  figures  apparaît  ainsi,  de  plus  en  plus  clairement, 
grâce  au  détail  des  dessins  et  des  inscriptions. 

L'étude  des  dessins  de  la  feuille  22  du  manuscrit  XXIII  Ru.  6  de  Leide 
permet  de  pousser  plus  loin  et  d'établir  d'une  façon  directe  la  relation  entre 
les  appareils  des  alchimistes  grecs  et  ceux  des  Arabes,  tels  qu'ils  figurent 
dans  les  ouvrages  de  Geber.  Ces  dessins  sont  une  sorte  de  doublets  de  ceux 
de  la  feuille  21  ;  précisément  comme  dans  le  manuscrit  2327,  les  dessins  de 
la  figure  38  (fol.  221  verso)  sont  les  doijblets  de  ceux  de  la  figure  37  (fol.  81 
verso).  Cette  répétition  du  même  système  d'appareils,  qui  semblerait  à 
première  vue  due  à  une  inadvertance  du  copiste  spécial  du  manuscrit  2327, 
doit  en  réalité  résulter  d'une  répétition  plus  ancienne,  puisqu'elle  se 
retrouve  dans  un  manuscrit  en  somme  assez  difïérent,  quoique  de  même 
famille.  Décrivons  ces  dessins  du  manuscrit  Ru.  de  Leide. 

On  y  voit: 

1°  Untribjcos,  avec  son  matras  (Xwiràç  ôei'ou  àirûpo'j),  son  chapiteau  (*/^^^~ 
xsi'ov),  ses  trois  tubulures  et  récipients,  et  son  fourneau  (xaixtvtov).  La  jonction 
du  chapiteau  au  matras  indique  très  clairement,  comme  plus  haut,  l'emboî- 
tement de  deux  vases  tout  à  fait  distincts. 

2"»  A  droite,  le  dessin  d'un  alambic  à  une  seule  tubulure,  reproduction  du 
numéro  1°  de  la  série  précédente,  c'est-à-dire  des  figures  i3,  37,  38,  portant 
notamment  les  trois  inscriptions  du  dessin  central  de  la  figure  37. 

3°  Au-dessous,  à  gauche,  le  matras  (Xw^àç)  à  digestion  (c-tt;?^;),  posé 
sur  le  TcaXa'.o-Tiaïcv  xajx'lv.ov. 


lyO  CHIMIE    DES   ANCIENS 

40  Les  deux  dernières  figures  sont  si  caractéristiques,  que  je  vais  les 
reproduire. 

Figure.  44.  —  Vase  à  digestion. 


Figure  44.  —  Vase  à  digestion.  —  D'après  un  dessin. 

La  figure  de  droite  reproduit  l'appareil  à  digestion  des  figures  37  et  38, 
placé  de  même  sous  une  enveloppe  générale  en  forme  de  cloche.  Pour  plus  de 
précision,  je  remarquerai  que  mon  dessinateur  a  raccourci  les  petites  oreilles, 
situées  à  droite  et  à  gauche  de  la  lettre  p.  Dans  le  manuscrit,  ces  oreilles 
s'étendent  jusqu'à  l'enveloppe  et  la  touchent,  de  façon  à  marquer  la  divi- 
sion de  cette  enveloppe  en  deux  portions  superposées,  telles  qu'elles  sont 
dessinées  en  effet  dans  les  figures  3 7  et  38.  Cette  enveloppe  générale 
semble  avoir  été  symbolisée  par  la  dénomination  de  l'œuf  philosophique. 
D'autre  part,  les  trois  portions  intérieures  de  cet  appareil  à  digestion  sont 
dessinées  à  côté,  séparées  et  superposées,  de  façon  à  en  montrer  nettement 
tout  l'ajustement. 


FIGURES   D  APPAREILS  lyi 

Avant  d'en  discuter  la  signification,  donnons  les  inscriptions  corres- 
pondantes. Elles  sont  d'une  grécité  de  très  basse  époque.  Sur  le  dessin  de 
droite,  la  panse  du  matras  y  porte  les  mots  :  o[xoiov  è've  touto  [xeTàtpCa  xoixdé- 
tia  [sic),  c'est-à-dire  :  «  ceci  reproduit  les  trois  segments  séparés  du  dessin 
qui  est  à  côté.  » 

Sur  le  fourneau,  on  lit  :  èv  ^oXSixoiç  xaixîviov,  c'est-à-dire  :«  fourneau  en- 
touré de  fumier.  « 

Au-dessous  de  l'ensemble  de  ce  dessin  :  xapxivoetSèç  xeTrai  Sa  ô  "kéyoq  èV- 
içpoaôev  :  a  appareil  rétrograde;  la  description  est  au-dessus.  »  —  Rappelons 
que  ces  mots  caractéristiques  se  trouvent  à  côté  du  matras  analogue  des 
figures  3y  et  38  et  de  l'appareil  à  icérotakis  de  la  figure  25. 

Sur  le  côté,  on  lit,  inscrits  verticalement,  les  mots  :  èvaiaXwvaai  <f(Kix^ri 
xaxà  Ta  Tpi'a  xojxaTta,  c'est-à-dire  :  «  dans  les  trois  segments,  on  ramollit  et  on 
combine  (les  matières)  ». 

Venons  au  dessin  de  gauche,  qui  représente  les  trois  segments  séparés, 
avec  lettres  correspondantes.  On  lit  à  côté,  inscrits  verticalement,  les  mots  : 
TOUT  £[j,7:véY]ç  To  â'Xov  y.al  to  aXov  èvatâXw  ig  Trpwioç,  Seûxepov,  rpiTov  {sic)  ; 
c'est-à-dire:  «voici  Tun  des  vases  où  l'on  évapore,  et  l'autre  où  l'on  ramollit; 
c'est-à-dire  le  i^^  le  2^,  le  3^  (segment).  » 

Ces  inscriptions  confirment  exactement  les  opinions  émises  plus  haut, 
relativement  à  l'usage  de  cet  appareil.  D'après  lesdites  inscriptions  en  effet 
il  répond  aux  figures  22,  24,  25,  c'est-à-dire  aux  appareils  à  kérotakis.  Il 
suffit  d'imaginer  que  les  appareils  placés  au  sommet  des  figures  22  et  25 
ont  été  enveloppés  par  la  sphère  de  la  partie  inférieure,  pour  comprendre 
les  figures  38  et  3y  :  c'est  toujours  là  l'appareil  rétrograde,  destiné  au  blan- 
chiment du  cuivre  par  le  mercure  ou  par  Tarsenic  sublimé.  Ajoutons  que, 
les  trois  segments  intérieurs^  ne  sont  autre  chose  que  les  trois  parties  des 
figures  20  et  21  du  manuscrit  de  Venise,  représentant  des  vases  à  digestion 
cylindriques.  —  De  même  la  figure  27,  qui  en  exprime  une  forme  un  peu 
différente,  donnant  en  quelque  sorte  la  transition  entre  la  figure  20  et  les 
figures  22,  24  et  25. 

Mais  la  figure  44  nous  permet  d'aller  plus  loin  et  d'établir  que  ces  appa- 
reils correspondent  à  l'aludel  de  Geber  et  des  alchimistes  arabes.  Il  suffit, 
pours'enassurer,  de  jeterun  coupd'œil  sur  les  dessins  des  aludels,  figure45. 


172 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Nous  avons  ici  les  trois  segments  à  digestion  des  alchimistes  grecs;  avec 
cette  différence  pourtant  que  les  deux  segments  inférieurs  sont  réunis  en 
un  seul  morceau  dans  les  dessins  des  aludels.  Le  couvercle  s'ajustait  à 
frottement  doux  sur  la  paroi  de  la  région  moyenne  :  et  cela  dans  une  por- 
tion considérable  de  sa  hauteur.  Les  deux  morceaux  extrêmes  sont  terminés 


Figure  45,  —  Âludel  des  Arabes- 


chacun  par  une  couronne  ou  bague  extérieure,  l'une  se  superposant  à  l'autre, 
de  façon  à  compléter  la  jonction.  Tout  ceci  est  décrit  endétaildans  l'ouvrage 
de  Geber. 

Le  couvercle  offre  deux  formes  différentes  :  l'une  hémisphérique,  Tautre 
conique.  Ces  aludels  étaient  en  verre. 

Cette  figure  est  tirée  de  la  Bibliotheca  Chemica  de  Manget  (t.  1,  p.  540, 
fig.  2  —  Genève,    1702). 

Dans  la  même  planche  de  l'ouvrage  précédent,  sont  représentés  (fig.  i)  le 
fourneau,  au  centre  duquel  l'on  plaçait  l'aludel  (fig.  3),  ainsi  qu'un  autre  type 
d'aludel,  changé  en  alambic  par  l'adaptation  d'un  tube  à  son  chapiteau,  le 
tout  chauffé  à  la  partie  inférieure  à  l'aide  d'un  fourneau,  etc. 

La  description  de  ces  appareils  existe,  en  traduction  latine,  dans  le 
second  livre  de  l'ouvrage  de  Geber,  intitulé  :  De  principiis  magisterii 
et perfectione.  Ce  livre  peut  servir  sur  quelques  points  de  commentaire 
aux  traités  de  Zosime  sur  les  fourneaux  et  instruments  ;  il  continue  et 
développe  la  tradition  des  alchimistes  grecs;  non  sans  y  ajouter  d'ailleurs 
bien  des  choses  nouvelles.  Mais  cette  comparaison  nousmènerait  trop  loin. 

Quoi  qu'il  en  soit,  on  voit  que  ces  diverses  figures  jettent  un  grand  jour 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  178 

sur  les  pratiques  et  appareils  des  anciens  alchimistes,  sur  les  changements 
que  ces  appareils  ont  éprouvé  dans  le  cours  des  temps,  ainsi  que  sur  la 
filiation  des  nianuscrits. 


VI.  —  RENSEIGNEMENTS    ET    NOTICES 

SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  ALCHIMIQUES 

Il  existe  dans  les  catalogues  imprimés  des  bibliothèques  publiques  d'Europe 
des  notices  sur  le  contenu  des  manuscrits  alchimiques  de  ces  bibliothèques. 
M.  H.  Kopp  a  réuni  et  rapproché  ces  notices  dans  ses  Beitràge  \ur  Ges- 
chîchte  der  Chemie  (1869),  p.  256  à  3i5  ;  mais  sans  prendre  une  connais- 
sance directe  des  textes  eux-mêmes.  J'ai  donné  moi-même  dans  mes  Origines 
de  VAlchimie,  p.  335  à  385,  une  analyse  plus  détaillée  du  manuscrit  2327 
de  la  bibliothèque  de  Paris  et  du  vieux  manuscrit  de  la  bibliothèque  de 
Saint-Marc,  à  Venise. 

Je  les  avais  comparés  entre  eux,  et  avec  les  manuscrits  2325,  2275  et  2249, 
que  j'ai  eus  aussi  entre  les  mains,  ainsi  qu'avec  les  manuscrits  de  la  Lau- 
rentienne  à  Florence  et  quelques  autres  ;  ces  derniers,  d'après  les  catalogues 
imprimés.  La  publication  présente  rendra  inutile  ces  analyses  pour  les  cinq 
premiers  manuscrits  ;  mais  j'ai  cru  utile  de  préciser  davantage  la  connais- 
sance de  certains  autres,  tels  que  les  manuscrits  du  Vatican,  que  j'ai  fait 
examiner  sur  place  par  mon  fils,  M.  André  Berthelot;  les  deux  manuscrits 
de  Leide,  celui  de  Gotha  et  divers  manuscrits  des  Bibliothèques  d'Allema- 
gne, examinés  également  par  mon  fils;  ceux  de  l'Escurial,  que  M.  de  Loynes, 
secrétaire  d'Ambassade  à  Madrid,  a  bien  voulu  coUationner  pour  certains 
passages  importants  ;  le  manuscrit  24 1 9  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris, 
que  j'ai  étudié  moi-même;  enfin  un  manuscrit  arabe  d'Ostanès,  appartenant 
à  la  même  Bibliothèque  et  dont  j'ai  fait  traduire  quelques  pages.  —  Ce  sont 
ces  renseignements  que  je  vais  communiquer.  Je  les  ferai  précéder  par  quel- 
ques données  précises,  tirées  des  manuscrits  eux-mêmes  et  spécialement  du 
manuscrit  de  Saint-Marc,  lesquelles  fournissent  des  indications  nouvelles 
sur  le  mode  suivi  dans  leur  composition,  sur  Tordre  relatif  et  la  filiation 


174  CHIMIE   DES   ANCIENS 

de  leurs  copies,  et  sur  les  accidents  survenus  pendant  leurs  transcriptions 
successives.  Le  tout  forme  une  douzaine  de  petites  notices  sur  les  manu- 
scrits alchimiques. 

I.  —  Ancienne  liste  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

En  tête  du  manuscrit  de  Saint-Marc  se  trouve  une  liste  de  traités  alchi- 
miques, qui  ne  coïncide  avec  le  contenu  même  du  manuscrit,  ni  par  les  titres 
des  traités,  ni  parleur  disposition;  quoique  la  majeure  partie  des  traités  s'y 
retrouve.  L'examen  et  la  discussion  de  cette  liste  sont  essentiels  pour  établir 
la  filiation  des  manuscrits  actuels. 

Donnons  d'abord  la  liste  elle-même.  Elle  a  été  imprimée  en  1745  par 
Bernard  dans  son  édition  du  Traité  de  Palladius  de  Febribus,  p.  1 14  à  1 16. 
Il  suffira  d'en  fournir  ici  la  traduction  : 

(1)  Voici  la  table  du  livre  des  sages,  avec  l'aide  de  Dieu. 

(2)  Stéphanus  d'Alexandrie,  philosophe  œcuménique  et  maître,  sur  l'art 
sacré  de  la  fabrication  de  l'or  (F*  leçon). 

(3)  2«  leçon,  du  même. 

(4)  Lettre  du  même  à  Théodore. 

(5)  Sur  le  monde  matériel,  3«  leçon. 

(6)  Sur  ce  qui  concerne  l'acte  (èvépyeu),  4«  leçon. 

(7)  5*  leçon,  (8)  6"  leçon,  (9)  7*  leçon. 

(10)  Sur  la  division  de  l'art  sacré,  8«  leçon. 

(11)  Enseignement  du  même  à  l'Empereur  Héraclius,  9^  leçon. 

(1^  Héraclius  Empereur,  sur  la  chimie,  à  Modestus,"  préfet  de  la  ville 
sainte  (Constantinople). 

(13)  Du  même  Héraclius,  onze  chapitres  sur  la  fabrication  de  l'or. 

(14)  Colloque  du  même  Héraclius  sur  la  question  des  philosophes,  rela- 
tive à  cet  art  sacré. 

(15)  Lettre  de  l'Empereur  Justirtien. 

(16)  Du  môme  Justinien,  cinq  chapitres  sur  l'art  sacré  et  entretien  avec  les 
philosophes. 

(17)  Entretien  de  Comérius  le  philosophe  avec  Cléopâtre. 

(18)  Dialogue  des  philosophes  et  de  Cléopâtre. 


NOTICES   SUR   QUELQUES   MANUSCRITS  IJD 

(19)  Héliodore  le  philosophe  à  l'Empereur  Théodose,  sur  l'art  divin:  vers 
iambiques. 

(20)  Théophraste  le  philosophe,  sur  cet  art  :  vers  iambiques. 

(21)  Hiérothéele  philosophe,  sur  cet  art  divin:  vers. 

(22)  Archelaûs  le  philosophe,  sur  cet  art  divin  et  sacré  :  vers. 

(23)  Pelage  le  philosophe  ;  Ghrysopée. 

(24)  Ostanès  le  philosophe  à  Pétasius  sur  l'art  sacré. 

(25)  Démocrite  sur  la  pourpre  et  la  fabrication  de  V or,  Physica  etmystica. 

(26)  Du  même,  sur  la  fabrication  de  l'asèm. 

(27)  Synésius  le  philosophe  à  Dioscorus  (commentaire  sur  le  livre  de 
Démocrite)  :  dialogue  relatif  au  livre  du  divin  Démocrite. 

(28)  Le  philosophe  Anonyme,  sur  l'eau  divine  du  blanchiment. 

(29)  Du  même,  sur  la  Ghrysopée,  exposantl'enchaînement  delà  Ghrysopée, 
conformément  à  la  pratique,  avec  le  secours  de  Dieu. 

'30)  Zosime  le  divin,  de  Panopolis,  sur  la  vertu. 

(31)  Ghapitre  d'Agathodémon  (principalement  sur  la  fabrication  du  tout). 

(32)  Ghapitres  d'Hermès,  Zosime,  Nilus,  Africanus. 

(33)  Du  Ghrétien,  sur  l'eau  divine. 

(34)  Zosime  le  philosophe  à  Eusébie,  sur  l'art  sacré  et  divin,  34  chapitres. 

(35)  Olympiodore  le  philosophe,  sur  la  Ghrysopée. 

(36)  Pappus  le  philosophe,  sur  l'art  divin. 

(37)  Moïse,  sur  la  diplosis  de  l'or. 

(38)  Ghapitres  d'Eugénius  et  de  Hiérothée. 

(39)  Zosime,  sur  les  instruments  et  fourneaux. 

(40)  Du  même,  sur  l'eau  divine. 

(41)  Du  même,  sur  les  instruments  et  fourneaux.  Mémoires  authentiques. 

(42)  Trempe  ou  changement  du  pyrochalque,  en  vue  de  l'astrochalque» 

(43)  Trempe  et  fabrication  du  fer  indien. 

(44)  Trempe  pour  les  épées  et  instruments  pour  tailler  la  pierre. 

(45)  Fabrication  de  l'asèm,  du  mercure  et  du  cinabre. 

(46)  Extrait  de  l'ouvrage  de  Gléopâtre  sur  les  poids  et  mesilrés. 

(47)  Du  Ghrétien,  sur  la  bonne  constitution  (ejjxciôs'a)  de  l'or. 

(48)  Du  même,  sui  la  Ghrysopée,  3o  chapitres. 

(49)  IIcpi  çjp[ji.a)v  y.al  tsXoïv. 


\j6  CHIMIE    DES    ANCIENS 

(50)  Sur  Ja  diversité  du  plomb  et  sur  les  feuilles  d'or. 

(51)  Lexique  de  la  Chrysopée,  par  ordre  alphabétique. 

(52)  Autres  chapitres  de  divers  opérateurs  sur  la  Chrysopée. 

Cette  liste  représente  une  rédaction  plus  ancienne  que  le  manuscrit  de 
Saint-Marc  qu'elle  précède,  du  moins  tel  que  nous  le  possédons .  Elle  en  dif- 
fère par  la  composition  et  par  l'ordre  relatif. 

Au  point  de  vue  de  la  composition,  les  dix  premiers  numéros  sont  com- 
munsàlaliste  etaumanuscrit:  mais  les  quatre  traités  (11),  (12),  (13), (14), attri- 
bués à  Héraclius,  et  les  deux  traités  (15),  (16),  attribués  à  Justinien,  ont  dis- 
paru. Rappelons  ici  que  TEmpereur  Héraclius  était  un  grand  fauteur  d'as- 
trologie et  de  sciences  occultes.  Son  nom  se  retrouve  dans  les  ouvrages 
arabes  et  dans  la  Turba  philosophorum  (sous  la  forme  erronée  de  Hercules). 
Stéphanus,son  contemporain,  lui  a  dédié  Tune  de  ses  leçons  authentiques. 
Les  traités  attribués  à  l'Empereur  Justinien  sont  évidemment  pseudonymes 
et,  à  ce  qu'il  semble  d'après  quelques  fragments,  d'une  date  peu  reculée  :  peut- 
être  s'agit-il  de  Justinien  II,  l'un  des  successeurs  d'Héraclius,  à  la  fin  du 
VII*  siècle.  Il  existe  encore  une  mention  qui  se  rattache  à  ces  traités  (pra- 
tique de  Justinien)  dans  l'article  d'une  écriture  plus  moderne,  ajouté  sur 
une  page  de  garde  du  manuscrit  de  Saint-Marc  {Origines  de  VAlchimie, 
p.  348.  —  Texte  grecy  II,  iv  bis,  Appendice  I).  Une  page  du  même  auteur 
nous  a  été  conservée  à  la  fin  de  l'un  des  manuscrits  alchimiques  de  Leide 
(Voss.  n°  47,  fol.  70  verso).  Je  la  donnerai  plus  loin. 

Ces  six  traités  perdus  avaient  été  probablement  rattachés  à  ceux  de  Sté- 
phanus.  Je  montrerai  tout  à  l'heure  la  trace  laissée  par  cette  perte. 

Quant  aux  traités  de  Comérius,  ou  Comarius,  et  de  Cléopâtre  (17)  et  (18), 
il  en  subsiste  un  débris  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  et  des  portions 
beaucoup  plus  étendues,  sinon  la  totalité,  dans  le  manuscrit  2827. 

Les  numéros  (19)  à  (52)  de  la  vieille  liste  existent  encore  aujourd'hui, 
en  substance  du  moins,  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  ;  quoique  cer- 
tains, par  exemple  le  numéro  (32),  chapitres  d'Hermès,  Zosime,  Nilus, 
Africanus,  et  le  numéro  (38),  chapitres  d'Eugénius  et  de  Hiérothée, 
aient  peut-être  subi  des  mutilations,  qu'il  n'est  pas  possible  de  pré- 
ciser. 

Le  numéro  (42),  trempe  du  pyrochalque,  n'existe  plus  sous  ce  titre;  mais 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  \nn 

il  est  probable  qu'une  partie  en  a  été  conservée  dans  un  article  relatif  à  la 
trempe  du  bronze  (fol.  1 18). 

Le  traité  de  Zosiiine,  indiqué  sous  le  numéro  (34),  comme  adressée  Eusé- 
bie  (au  lieu  de  Théosébie),  se  retrouve  aussi  (fol.  141  à  161),  à  l'exception 
du  titre  et  des  premières  lignes,  qui  ont  disparu:  sans  doute  par  suite  de  la 
perte  d'un  feuillet. 

Signalons  par  contre  des  traités  contenus  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc, 
dont  la  liste  ancienne  ne  fait  pas  mention  :  tels  que  les  traités  sur  la  fabri- 
cation des  verres  (fol .  1 1 5  verso)  ;  sur  les  vapeurs  (fol  .116  verso);  sur  la  bière 
et  l'huile  aromatique  (fol.  162);  les  chapitres  de  Zosime  à  Théodore 
(fol.  179,  à  181);  deux  articles  tirés  d'Agatharchide  (fol.  i38à  140),  etc. 

Citons  aussi  le  Labyrinthe  de  Salomon  (fol.  102),  figure  très  caractéris- 
tique, mais  ajoutée  à  une  époque  postérieure  et  vers  le  xiv»  ou  xv"  siècle. 

La  liste  initiale  et  le  contenu  actuel  du  manuscrit  de  Saint-Marc  ne  se 
superposent  donc  pas  exactement,  quoique  la  plupart  des  traités  soient 
communs.  Il  y  a  aussi  des  modifications  dans  l'ordre  relatif,  modifica- 
tions dont  je  vais  signaler  les  principales,  en  répartissant  par  groupes  les 
numéros  de  la  liste. 

/"  Groupe.  —  Les  numéros  (1)  à  (11)  sont  communs  et  disposés  dans  le 
même  ordre  (fol.  8  à  43  du  manuscrit  actuel)  ;  puis  vient  une  lacune,  numé- 
ros (12)  à  (18),  comme  si  un  ou  plusieurs  cahiers  du  manuscrit  antérieur,  qui 
a  servi  de  type  à  la  vieille  liste,  avaient  disparu.  Les  poètes,  numéros  (19)  à 
(22),  et  les  traités  de  Pelage,  d'Ostanès,  de  Démocrite,  de  Synésius,  ceux  de 
l'Anonyme,  de  Zosime,  d'Agathodémon,  d'Hermès,  du  Chrétien,  numéros 
(23)  à  (33),  etc . ,  suivent  dans  le  même  ordre  (fol.  43  à  i  o  i  ).  Quant  au  traité 
(34),  il  est  probable  qu'il  est  représenté,  au  moins  en  substance,  ou  plutôt 
à  l'état  fragmentaire,  dans  lesjolios  119  a  128 et  dans  les  folios  141  à  159. 

Jusqu'ici  le  même  ordre  se  maintient  donc  dans  la  vieille  liste  et  dans  le 
manuscrit  actuel. 

26  Groupe.  —  Mais  le  traité  (35)  d'Olympiodore  se  retrouve  seulement 
aux  folios  163-179,  35  feuillets  plus  loin.  Le  numéro  (36),  serment  de  Pappus, 
les  numéros  (37),  (38),  diplosis  de  Moïse  et  chapitres  d'Eugénius,  enfin  les 
numéros  (39),  (40),  (41),  traité  de  Zosime  sur  les  fourneaux,  etc.,  forment 
presque  à  la  suite  les  folios  184  a   195.  Cependant  il  y  a  intercalation  des 

12 


178  CHIMIE   DES   ANCIENS 

chapitres  deZosime  à  Théodore  (fol.  179  à  181)  et  du  traité  de  l'Anonyme 
sur  l'œuf  (fol.  181). 

3^  Groupe.  —  Un  autre  groupe  de  traités,  consécutifs  aux  précédents  dans 
la  vieille  liste,  en  sont  au  contraire  séparés  dans  le  manuscrit  actuel.  Ils 
occupent  les  folios  104-1 18,  transposés  par  le  relieur  [Origines  de  VAlchi' 
mie,  p.  35o-35i),  et  renfermant  les  articles  (44)  à  (48).  Peut-être  aussi  une 
partie  se  retrouve-t-elle  dans  les  folios  141  à  iSg,  déjà  attribués  pour  une 
fraction  au  numéro  (34). 

4^  Groupe.  —  Les  numéros  (42)  et  (43)  delà  vieille  liste  répondent  à  peu  près 
au  folio  118. 

5«  Groupe.  —  Les  numéros  (49),  (50),  (51,  lexique),  répondent  aux  folios 
129  à  i38,  placés  à  la  suite. 

En  somme,  la  place  du  troisième  groupe  a  été  changée  par  le  relieur, 
comme  il  est  facile  de  l'établir  par  la  lecture  des  textes,  et  il  n'y  a  qu'un  autre 
renversement  important,  celui  des  traités  du  second  groupe,  lesquels  for- 
ment en  quelque  sorte  un  cahier  à  part,  déjà  interverti  avant  la  constitution 
de  la  copie  actuelle. 

Si  l'on  cherchait  à  décomposer  ces  traités  en  séries  distinctes,  d'après 
leur  contenu,  on  pourrait  trouver  ainsi  les  séries  suivantes  : 

/"■*  Série. —  Stéphanus,  en  connexion  avec  les  traités  perdus  d'Héradîus 
et  de  Justinien,  et  probablement  avec  les  Dialogues  de  Comarius  et  de 
Cléopâtre  :  le  tout  a  formé  peut-être  à  l'origine  une  collection  partielle  et 
indépendante. 

2®  Série.  —  Les  poèmes,  collection  également  distincte,  dont  la  place 
varie  et  qui  manque  même  dans  certains  manuscrits,  tel  que  le  2325. 

3^  Série.  —  Les  vieux  auteurs  Pelage,  Ostanès,  Démocrite,  Synésius, 
l'Anonyme,  Zosime,  les  extraits  d'Agathodémon,  de  Moïse,  d'Eugénius,  etc. 
Le  tout  formait  sans  doute  une  collection  spéciale.  A  la  vérité,  les  œuvres 
de  Zosime  sont  coupées  en  trois  dans  le  manuscrit  actuel  de  Saint-Marc; 
mais  c'est  là  évidemment  le  fait  des  copistes  d'une  certaine  époque. 

4*  Série.  —  Olympiodore  semble  avoir  été  à  part  ;  il  est  cependant  con- 
nexe avec  les  auteurs  précédents.  Mais  la  place  de  son  traité  varie  dans  les 
divers  manuscrits. 

5*  Série.  —  Le  Chrétien  étaitaussià  part.  Ilest  coupé  en  deux  (n»*  33,  47) 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  lyg 

dans  la  vieille  liste  ;  ce  qui  semble  accuser  quelque  transposition,  faite  par 
le  copiste  d'un  manuscrit  antérieur. 

6^  Série.  —  Une  ou  plusieurs  autres  collections  renfermaient  des  traités 
techniques,  lesquels  nous  sont  venus  en  grande  partie  par  d'autres  manu- 
scrits, par  le  2327  principalement.  Dans  la  vieille  liste^  aussi  bien  que  dans 
le  manuscrit  de  Saint-Marc  actuel,  on  rencontre  cependant  la  trempe  du 
bronze  et  du  fer,  et  la  fabrication  de  l'asèm,  du  mercure,  ainsi  que  du  cinabre. 
On  y  a  joint  dans  le  manuscrit  actuel  de  Saint-Marc  les  fabrications  du  verre, 
de  la  bière  et  de  Thuile  aromatique,  non  mentionnées  dans  la  vieille  liste. 

L'extrait  d'Agatharchide  est  une  annexe  d'un  autre  genre,  qui  ne  figurait 
non  plus  pas  dans  la  vieille  liste  et  qui  a  été  abrégée  dans  le  2327. 

7»  Série,  —  A  la  fin  de  l'un  des  manuscrits  qui  ont  précédé  celui  de  Saint- 
Marc,  on  avait  sans  doute  transcrit  l'ouvrage  de  Cléopâtre  sur  les  poids  et 
mesures  et  le  lexique.  Ce  lexique  devait  former  la  fin  du  manuscrit  originel, 
d'après  un  usege  assez  fréquent  chez  les  anciens  copistes.  On  est  autorisé 
par  là  à  penser  que  ce  qui  suit  dans  la  vieille  liste  représente  l'état  d'un 
manuscrit  déjà  modifié,  par  des  additions  faites  à  un  prototype  plus  antique 
encore. 

IL  —  Sur  les  copies  actuelles  de  la  g^  Leçon  de  Stephanus. 

L'étude  comparative  des  divers  manuscrits  qui  renferment  les  leçons  de 
Stephanus  fournit  des  renseignements  très  précis  et  spécifiques  pour  établir 
la  filiation  de  ces  manuscrits.  J'ai  déjà  signalé  quelques-uns  de  ces  rensei- 
gnements; mais  il  me  paraît  utile  d'y  revenir  et  de  les  compléter.  C'est  dans 
la  9*  leçon  de  Stephanus  que  se  trouvent  les  principales  différences. 

i">  Dans  le  manuscrit  2325  de  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris,  cette 
leçoa  finit  beaucoup  plus  tôt  que  dans  le  manuscrit  2327  et  dans  le  ma- 
nuscrit de  Saint-Marc.  Elle  s'arrête  en  effet  (fol.  81  verso)  par  une  phrase 
qui  répond  au  folio  73  recto  ligne  6,  du  manuscrit  2327,  et  à  la  page  247, 
1.  23,  du  t.  II  d'Ideler  :  vor)p6ç  "  xa't  çijd'tv  èv  toïç  ^w[aoÏ<;  }JL£Tà  10  ïx  x^tw  xa'i 
YEVT^aeTat.  Le  dernier  mot  est  ainsi  répété  pour  la  seconde  fois  dans  le 
manuscrit  2325,  et  cela  conformémeat  à  la  ligne  21,  située  au-dessus  dans 


l8o  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Ideler,  laquelle  ligne  contient  précisément  les  mots  :  è'a  jtaTw  y.cà  y^v^ueTat. 
Tandis  que  dans  Ideler  (ligne  23)  et  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  on 
lit  après  la  répétition  des  mots:  è'a  xatto  xal...  le  mot  yéXeaav, au  lieude y^vil- 
aeiat,  le  texte  poursuivant.  Dans  le  manuscrit  2325  la  9*  leçon  s'arrête  là  ; 
puis  vient  un  tiers  de  page  blanche,  suivi  des  mémoires  authentiques  de 
Zosime,  avec  les  figures  mystiques  des  cercles  concentriques;  sans  qu'il 
soit  aucunement  question  de  Comarius,  ni  de  Cléopâtre. 

Telle  est  la  finale  la  plus  courte  de  la  9®  Leçon  de  Stéphanus.  Cette  finale, 
suivie  d'un  signe  qui  caractérise  la  fin  du  traité,  est  aussi  celle  de  la  9'  leçon 
dans  le  manuscrit  22/5  de  la  Bibliothèque  de  Paris,  lequel  reproduit  fidèle- 
ment les  figures  du  manuscrit  2325  ;  voire  même  (fol.  56)  celles  qui  ont  été 
coupées  en  partie  par  le  relieur  de  ce  dernier  manuscrit,au  temps  deHenri  II: 
aussi  semble-t-il  en  être  une  copie  directe,  faite  avant  cette  reliure.  La  finale 
de  la  9^  leçon  dans  le  manuscrit  de  Leide,  Voss.  n°  47,  a  lieu  au  même  endroit, 
mais  avec  une  variante  dans  le  dernier  mot,  qui  est:  yéXeaav,  au  lieu  deyevi^- 
c£Ta'..  On  y  lit  en  effet  :  fol.  1 1  :  [izia  xo  la  xaTw  xat  yéX^GOLt.  Le  dernier  mot 
est  celui  du  manuscrit  de  Saint-Marc  et  d'Ideler.  Mais  dans  ces  deux  der- 
niers, le  texte  poursuit  par  :  xai  czArjGeaav,  etc.  pendant  plusieurs  pages;  tan- 
dis que  la  9«  leçon  de  Stéphanus  s'arrête  là,  dans  le  manuscrit  de  Leide 
comme  dans  le  manuscrit  2325.  Cependant  un  copiste,  ou  un  lecteur,  a  pris 
soin  d'ajouter  en  grec  dans  le  manuscrit  de  Leide  :  «  la  fin  manque  ».  Il 
avait  sans  doute  eu  connaissance  des  autres  manuscrits.  En  tous  cas,  cette 
remarque  prouve  que  le  manuscrit  de  Leide  n'a  pas  été  copié  directement 
sur  le  manuscrit  de  Saint-Marc;  quoiqu'il  appartienne  à  la  même  famille. 
Telle  est  la  seconde  finale  de  la  9^  leçon  de  Stéphanus. 

2°  Le  manuscrit  2327,  au  contraire  (fol.  73  recto,  ligne  6),  après  le  pre- 
mier :  ix  xccTO)  -/.où  Y£vr,7£Ta'.,  poursuit  de  la  façon  suivante  :  apa  x(  ysviQcreTai  ' 
c'jy.àpa  loç  voYjpoç  y.al  ç-^tIv  6  {-léyccq  'k-j]j.Tt'.6o(ùpoq  (sic)  èv  toTç  uypoïç  èTTtffxeuÔY)  to 
tiiicT-^ptûv  T^ç  y^p'jao'Kodoiq,  et  la  suite  jusqu'au  folio  73  verso,  ligne  5.  Le  tout 
constitue  une  page  additionnelle;  après  laquelle  le  manuscrit  2327  conti- 
nue comme  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  et  dans  Ideler,  où  cette  page 
manque.  La  jonction  du  texte  du  manuscrit  2327  avec  celui  de  Saint-Marc 
et  d'Ideler)  se  fait  par  les  mots  :  [xexà  xo  icc  xaxw  xal  yevriasTai  (répétés  pour 
la  seconde  fois),  èîcdcXecsv  xal  àX-^ôeiav  sitcùv  (2327,  fol.  73  verso).  —  Dans  le 


NOTICES    SUR   QUELQUES  MANUSCRITS  l8l 

manuscrit  de  Saint-Marc  (et  dans  Ideler),  on  lit  :  [Aeirà  to  ici  xà-rw  xat  y^Xegav  xal 
àX-^6eaav  xal  âXi^ôecav  el^ov.  C'est  donc  entre  les  deux  répétitions  des  mots 
[xetà  TO  ea  xàto)  que  se  trouve  le  passage  intercalaire  du  manuscrit  2327. 
Cette  répétition  même,  comme  il  arrive  souvent  dans  les  copies  mal  coUa- 
tionnées,  a  pu  être  l'origine  de  l'omission  de  ce  passage  par  le  copiste  du 
manuscrit  de  Saint-Marc  qui,  sautant  une  page  de  son  original,  au  moment 
où  il  commençait  un  nouveau  feuillet,  aurait  formé  ainsi  le  mot  yéXeaav, 
en  réunissant  la  syllabe  initiale  ye  de  yv)i,<:eT:ixi  avec  les  syllabes  finales 
du  mot  (èxa)  Xeaev.  Cette  hypothèse  ingénieuse  est  de  M.  Em.  Ruelle.  Elle 
s'accorderait  avec  le  texte  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  dont  le  folio  3g  verso 
se  termine  en  effet  par  ye;  tandis  que  le  folio  40  commence  par  Xesav  et 
continue  comme  il  a  été  dit.  Mais  l'existence  du  mot  yéXeaav  comme  finale 
définitive  dans  le  manuscrit  de  Leide  semble  moins  favorable  à  cette  hypo- 
thèse, à  moins  de  supposer  quelque  intermédiaire. 

3°  C'est  alors  que  se  trouve  le  passage  relatif  aux  relations  entre  les  mé- 
taux et  les  planètes,  passage  plus  complet  et  plus  clair  dans  le  manuscrit 
2327  que  dans  Ideler,  et  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  (fol.  40),  dont  le 
texte  d'Ideler  dérive  par  voie  indirecte;  carily  est  mutilé  et  incompréhensible 
(Ideler,  t.  II,  p.  247,  lignes  3 1  à  36).  En  effet,  dans  ces  deux  derniers  textes, 
Saturne  et  le  plomb  sont  seuls  opposés  d'une  façon  régulière  ;  tandis  que  le 
mercure  figure  vis-à-vis  de  Jupiter,  par  suite  de  quelque  confusion;  puis 
viennent  le  Soleil  et  la  Lune,  sans  métaux  correspondants.  Au  contraire,  il 
existe  un  parallélisme  régulier  et  complet  entre  les  7  planètes  et  les  7  métaux, 
dans  le  texte  donné  par  le  manuscrit  2327  :  ce  texte  est  donc  le  seul  logique 
et  complet.  Le  manuscrit  2329  (fol.  i58)  reproduit  le  même  passage. 

40  Au  delà,  les  textes  de  Saint-Marc,  d'Ideler,  du  manuscrit  2327  et  du 
manuscrit  2329  sont  sensiblement  conformes  entre  eux,  jusqu'au  folio  74  du 
2327,  répondant  à  la  page  248  d'Ideler,  ligne  i3,  et  jusqu'à  ces  mots  :  xa'i 
exaaxov  aÙTwv  èv  tî]  yfj  xéxpuTUTai  èv  xf,  îâîa  Ss^y].  Après  ces  mots,  le  manuscrit 
2329  termine  en  cinq  lignes  :  . . .  èv  t?)  ISi'a  SôSy;  •/^xipz-jz',  xa'i  £ÙTp£i:(Çcvrai,  w^ 
[jLÔvou  0eou  Tou  èv  tpiàSi  û[ji.vou[Jiévou,  to  Sôpov  aCiTOÏç  TrpcaTotEavTCç  elva»;  puis  vient 
la  finale  banale  «  attendu  qu'il  convient  d'attribuer  en  tout  gloire,  honneur 
et  vénération  au  Père,  au  Fils,  au  Saint-Esprit,  maintenant  et  toujours,  dans 
les  siècles   des  siècles.  Amen  ».  C'est  une  troisième  finale  de  la  9«  leçon. 


l82  CHIMTE    DES   ANCIENS 

5»  Au  contraire,  après  le  mot  Sô^y],  le  manuscrit  2327  poursuit  pendant 
trois  pages,  lesquelles  manquent  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  dans 
Ideler  et  dans  le  manuscrit  2829;  il  poursuit,  dis-je,  jusqu'à  la  fin  de  la 
9e  leçon  de  Stéphanus,  fin  explicitement  signalée.  Cest  la  quatrième  finale, 
qui  paraît  la  plus  exacte. 

6°  Puis  le  manuscrit  2327  transcrit  un  traité  de  Comarius,  grand  prêtre, 
maître  de  Cléopâtre,  renfermant  le  dialogue  des  Philosophes  et  de  Gléo- 
pâtre  (fol.  74  à  79  verso),  et  précédé  de  son  titre.  Le  manuscrit  2252  con- 
tient aussi  le  traité  de  Comarius.  Ce  traité  et  ce  dialogue  répondent  aux 
numéros  (17)  et  (18)  de  la  vieille  liste  de  Saint-Marc. 

70  Mais  le  manuscrit  de  Saint-Marc  ne  reproduit  ni  le  titre  ni  les  débuts 
de  ce  traité.  Au  lieu  de  cela,  après  les  mots  :  xal  è'xajxov  aÙTwv  èv  ty)  y^  xéxpuTi- 
xat  èvT?)  IStaSé^T],  ce  manuscrit  poursuit  en  plein  texte,  et  sans  apparence  de 
lacune  ou  d'alinéa  (fol.  40,  1.  4  en  remontant),  par  les  mots  :  xal  Û[a£Tç,  w 
çOwOt  OT  '  av  XYjv  Téyyri^  TauTYjv  tyjv  xeptxa/vTJ  [âoùXeaôe.  (Ideler,  t.  II,  p.  248, 1.  i3), 
et  ainsi  de  suite  pendant  7  pages  jusqu'à  la  fin  du  traité  :  ce  qui  constitue 
la  cinquième  finale  de  la  9«  leçon.  Or  ces  pages,  tirées  du  traité  de  Coma- 
rius, ne  sont  pas  la  vraie  fin  de  la  leçon  de  Stéphanus  ;  laquelle  fin  manque 
en  réalité  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  ainsi  que  dans  Ideler,  dont  la 
publication  a  été  faite  d'après  une  copie  de  Dietz,  exécutée,  paraît-il,  sur  le 
manuscrit  de  Munich,  qui  est  un  dérivé  indirect  de  celui  de  Saint-Marc.  Elle 
manque  aussi  dans  la  traduction  latine  de  Pizimenti,  faite  sur  quelque 
manuscrit  de  la  même  famille,  dérivé  également  de  celui  de  Saint-Marc, 
mais  non  identique,  puisque  cette  traduction  contient  la  lettre  de  Psellus.  Il 
y  a  là  dans  la  9»  leçon  de  Stéphanus  une  solution  de  continuité  brusque  et 
dont  le  copiste  de  Saint-Marc  ne  s'est  pas  aperçu. 

8»  Les  mots  mêmes  :  oTav  ty)v  xéxvïjv...  se  retrouvent  dans  le  traité  de 
Comarius  (23  27,  fol.  75,1. 2  en  remontant),  ainsi  que  les  7  pages  consécutives 
du  manuscrit  de  Saint-Marc  et  d'Ideler.  Elles  sont  conformes  en  général  à 
la  fin  de  ce  traité  dans  le  manuscrit  2327  (jusqu'au  fol.  79  verso).  Le  traité  se 
termine  pareillement  dans  les  deux  manuscrits  parles  mots  :  èvxauGa  yàp  tîjç 
çiXoao(p(aç  -^  xéxvr)  xeirXi^pwTai.  Ces  derniers  mots  manquent  dans  Ideler 
(ce  qui  fait  une  sixième  finale);  mais  la  phrase  précédente  est  identique. 
J'ai  cru  nécessaire  d'entrer  dans  ces  détails  minutieux,  parce  qu'ils  carac- 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  l83 

térisent  les  familles  de  manuscrits  et  peuvent  servir  à  reconnaître  sûrement 
ceux  qui  ont  été  copiés  les  uns  sur  les  autres.  Je  montrerai  ailleurs  comment 
ils  établissent  que  le  manuscrit  de  l'Escurial  ne  représente  pas  une  source 
propre,  mais  un  dérivé,  vraisemblablement  direct,  de  Saint-Marc. 

Il  est  probable  que  dans  un  manuscrit  antérieur  à  celui  de  Saint-Marc, 
et  dont  celui-ci  même  dérive,  le  verso  d'une  des  pages  se  terminait  par  le 
mot  o6^Y].  Quelques  folios  déchirés  ont  fait  disparaître  la  fin  de  Stéphanus 
et  le  début  de  Comarius,  et  le  copiste  qui  travaillait  d'après  ce  manuscrit 
a  poursuivi  en  pleine  page,  au  milieu  d'une  ligne,  sans  voir  la  lacune. 

Le  manuscrit  2327  dérive  d'un  manuscrit  antérieur  à  la  destruction  de 
ces  feuillets  et,  par  conséquent,  à  celui  de  Saint-Marc,  tel  que  nous  le  pos- 
sédons aujourd'hui.  Il  renferme  en  outre  une  autre  page  de  plus,  ainsi  qu'ail 
a  été  dit  (20);  page  répondant  peut-être  à  l'omission  d'une  page  existant 
dans  un  manuscrit  antérieure  celui  de  Saint-Marc. 

Mais  cette  explication  ne  suffit  pas  pour  rendre  un  compte  complet  de 
l'état  présent  des  textes  ;  attendu  qu'il  a  disparu,  en  outre,  les  traités  d'Hé- 
raclius  et  de  Justinien,  signalés  par  la  vieille  liste,  et  dont  le  manuscrit  2327, 
pas  plus  que  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  n'offre  aucune  trace.  Le  prototype 
du  manuscrit  2327  devait  donc  appartenir,  soit  à  une  souche  distincte  de 
celle  qui  répondrait  à  la  vieille  liste  de  Saint-Marc,  et  ne  contenant  pas  le 
cahier  qui  renfermait  les  traités  d'Héraclius  et  de  Justinien  ;  soit  à  un  dérivé 
intermédiaire,  tiré  de  la  même  souche  que  cette  vieille  liste,  quoique  déjà  privé 
de  ce  cahier,  mais  renfermant  en  plus,  par  rapport  au  manuscrit  de  Saint- 
Marc  actuel,  la  fin  de  Stéphanus  et  les  traités  de  Comarius  et  de  Cléopâtre. 

Ce  n'est  pas  tout  :  la  finale  du  manuscrit  2325,1e  passage  intercalaire 
signalé  dans  le  manuscrit  2327,  la  confusion  dans  le  texte  du  manuscrit 
de  Saint-Marc  concernant  leâ  relations  des  métaux  et  des  planètes,  texte 
resté  intact  dans  le  manuscrit  2327,  la  finale  du  manuscrit  de  Saint-Marc, 
ainsi  que  la  finale  du  manuscrit  2329  et  celle  du  manuscrit  de  Leide,  Voss. 
n"  47,  semblent  indiquer  que  les  manuscrits  de  Stéphanus  ont  éprouvé  autre- 
fois dans  leurs  derniers  feuillets  de  grandes  perturbations. 

Enfin,  il  a  subsisté,  en  dehors  de  ces  divers  manuscrits,  des  fragments  des 
traités  de  Justinien,  tel  que  celui  contenu  dans  le  manuscrit  de  Leide, 
Voss.  no  47,  qui  sera  reproduit  tout  à  l'heure.  Il  ne  me  paraît  pas  opportun 


184  CHIMIE  DES  ANCIENS 

de  développer  en  ce  moment  les  hypothèses  subsidiaires  qui  rendraient 
compte  de  tous  ces  détails. 

III.  —  Diverses  lacunes  et  transpositions  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Voici  diverses  autres  comparaisons  que  j'ai  eu  occasion  de  faire  et  qui 
peuvent  également  être  utiles,  pour  rapprocher  les  textes  et  en  établir  la  filia- 
tion : 

1 0  Je  rappellerai  qu'un  ancien  relieur  du  manuscrit  de  Saint-Marc  a  inter- 
posé après  le  folio  io3  (traité  de  Chrétien  sur  l'eau  divine)  les  folios  104  à 
118;  le  texte  du  folio  1 19  faisant  en  eflet  suite  au  folio  io3.  Ceci  peut  servir 
à  distinguer  les  copies  faites  sur  ce  manuscrit,  après  la  reliure  en  question. 

2°  Dans  les  folios  104  à  118  règne  une  grande  confusion.  Les  articles 
(42),  (43),  (44)  de  l'ancienne  liste,  sur  la  trempe  du  fer,  sont  coupés  en  deux, 
au  début  et  à  la  fin  du  cahier,  et  les  articles  sur  l'asèm,  le  mercure  et  le 
cinabre,  qui  les  suivaient  dans  l'ancienne  liste  (45),  se  trouvent  interposés. 

30  Les  traités  de  Cléopâtre  et  du  Chrétien  (46)  et  (47)  sont  intervertis,  et  le 
dernier  auteur  est  coupé  en  deux;  enfin  les  traités  sur  la  fabrication  du  verre, 
de  la  bière,  etc.,  ont  été  ajoutés.  Il  semble  que  ces  modifications  résultent 
d'un  certain  trouble,  survenu  à  un  moment  donné  dans  les  feuillets  du 
manuscrit  type,  qui  répondait  à  la  vieille  liste  de  Saint-Marc. 

4*  Le  texte  d'Agatharchide  est  brusquement  interrompu  à  la  fin  du  folio 
140,  comme  si  un  ou  plusieurs  feuillets  avaient  disparu.  —  Cette  lacune  est 
corrélative  de  la  suivante. 

5°  Les  mémoires  de  Zosime,  annoncés  dans  la  vieille  liste  de  Saint-Marc 
(n"  34),  ne  figurent  plus  parmi  les  titres  du  manuscrit  actuel.  Cependant  ils 
y  existent  réellement.  En  effet,  le  titre  et  les  premières  lignes  seules,  les- 
quels sont  transcrits  dans  le  manuscrit  2327  (fol.  112),  ont  disparu  dans 
celui  de  Saint-Marc.  Mais  le  texte  transcrit  au  folio  141  est  resté.  Car  le 
manuscrit  de  Saint-Marc  débute  à  la  3^  ligne  du  folio  1 12  verso  du  manus- 
crit 2327  et  poursuit  de  même  jusqu'au  folio  1 59,  répondant  au  folio  i33  verso 
du  manuscrit  2327.  —  Il  manque  donc  à  cette  place,  je  le  répète,  dans  le 
manuscrit  de  Saint-Marc  un  ou  plusieurs  folios  entiers,  disparus  avant 
1  époque  où  la  pagination  actuelle  a  été  numérotée. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  l85 

6°  Les  articles  d'Agatharchide  ne  débutent  pas  au  commencement  d'une 
page,  mais  à  la  4^  ligne  du  folio  1 38  recto.  Or  les  trois  premières  lignes  appar- 
tiennent à  la  suite  d'un  article  «  sur  le  jaunissement  »  (Saint-Marc  fol. 
iZ-j  verso),  article  qui  ne  comprend  que  14  lignes,  dont  1 1  sur  le  folio  187 
verso  ;  les  3  dernières  forment  le  commencement  du  folio  i38  verso. 

Ce  dernier  article  occupe  deux  feuillets  de  plus  dans  le  manuscrit  2327 
(fol.  iioàii2):  il  se  trouve  donc  mutilé  paf  un  arrêt  brusque  dans  le  manus- 
crit de  Saint-Marc,  et  sans  que  le  copiste  s'en  soit  aperçu,  puisque  le  copiste  a 
entamé  un  autre  article,  ayant  son  titre  spécial.  Il  semble  que  cette  solution 
de  continuité  répondait,  dans  un  manuscrit  antérieur  à  celui  de  Saint-Marc 
à  une  fin  de  cahier  ou  de  folio,  dont  la  suite  aurait  disparu  ;  tandis  que 
cette  suite  s'est  conservée  dans  un  manuscrit  prototype  du  manuscrit  2327. 

7"  Les  articles  d'Agatharchide  d'ailleurs  semblent  réellement  une  inter- 
calation  faite  dans  le  manuscrit  primitif;  car  l'article  du  jaunissement  dans 
le  manuscrit  2327  est  suivi  précisément  par  les  Mémoires  authentiques 
de  Zosime,  comme  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  ;  à  cela  près  que  le 
titre  et  les  cinq  premières  lignes  manquent  dans  le  manuscrit  de  Saint- 
Marc. 

8"  Au  folio  ii5  (recto)  du  manuscrit  de  Saint-Marc  se  trouve  un  titre  : 
Ilepl  çwTwv  (sur.  les  feux),  suivi  d'ujie  seule  ligne  :  'EXaçpà  çw-aicajav  ty;v  té^vyiv 
ôvafpépst.  a  Tout  l'art  consiste  dans  un  feu  léger  »,  C'est  tout  ce  qui  reste  à 
cette  place  d'un  traité  qui  existe  in  extenso  dans  le  manuscrit  2327,  folio  264 
recto  :  la  ligne  précédente  s'y  retrouve,  dans  les  g*  et  lo^  lignes  qui  suivent 
le  titre.  Il  y  a  encore  là  l'indice  d'un  ancien  résumé,  ou  d'une  mutilation, 
faite  sur  un  prototype  qui  s'est  conservé  dans  le  manuscrit  2327,  et  dont  le 
manuscrit  de  Saint-Marc  n'a  gardé  qu'une  trace. 

Toutes  ces  lacunes  et  ces  défauts  de  soudure  sont,  je  le  répète,  utiles 
pour  constater  1'  histoire  des  manuscrits. 

Signalons  encore  quelques  additions  faites,  à  diverses  époques,  sur  des 
pages  ou  demi-pages  blanches  du  manuscrit  de  Saint-Marc;  additions  dont 
la  reproduction  dans  les  autres  manuscrits  peut  servir  à  attester  qu'ils  déri- 
vent, directement  ou  indirectement,  de  ce  manuscrit  type.  Tels  sont  : 

9°  Le  Labyrinthe  de  Salomon,  avec  ses  24  vers  (v.  Texte  grec,  I,  xx),  ajouté, 
vers  le  xiv«  ou  xv«  siècle,  sur  une  page  blanche,  dont  le  recto  porte  divers 


l86  CHIMIE   DES   ANCIENS 

petits  articles  de  l'ancienne  écriture:  le  tout  intercalé  au  milieu  d'un  traité  du 
Chrétien.  On  ne  comprend  pas  bien  pourquoi  ce  verso  avait  été  laissé  en 
blanc  à  l'origine. 

10"  L'article  sur  la  tutie,au  folio  i88  recto  :  écriture  du  xv«  ou  xvi"  siècle. 

1 1»  La  fabrication  de  l'argent,  texte  ajouté  au  bas  du  folio  194  verso  :  écri- 
ture du  XV*  siècle. 

120  Diverses  additions  initiales  :  traité  de  Nicéphore  sur  les  songes,  par 
ordre  alphabétique  ;  cercles  astrologiques,  etc.,  sur  les  feuilles  de  garde  (i) 
et  les  marges. 

iS"  Je  signalerai  encore  les  additions  sur  les  scories  et  la  formule  de  l'E- 
crevisse,  en  écriture  duxv^siècle,  sur  la  première  feuille  de  garde  (v.  p.  i52). 

14»  Une  addition  du  xv«  siècle,  ayant  pour  titre  :  AtaYpajjLiJLa  ttjç  {xeYàXT)? 
•^XioupYfaç,  au  folio  62  recto. 

i5o  L'étude  comparative  des  figures  tracées  dans  les  divers  manuscrits 
fournit  aussi  des  renseignements  très  intéressants  pour  l'histoire  des  scien- 
ces, comme  pour  la  filiation  des  manuscrits.  A  ce  dernier  point  de  vue,  je 
signalerai,  par  exemple,  un  petit  alambic,  figuré  en  marge  du  traité  de 
Synésius,  dans  le  manuscrit  2325  (fol.  23  verso),  et  dans  le  manuscrit  2327 
(fol.  33  verso);  tandis  qu'il  manque  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  à  la 
même  place  (fol.  74  recto). 

Les  figures  de  la  Chrysopée  de  Gléopâtre,  celles  des  appareils  à  distilla- 
tion et  des  appareils  à  digestion  dans  les  divers  manuscrits  donnent  aussi 
lieu  à  une  discussion  très  importante  :  je  l'ai  développée  plus  haut  dans  un 
article  spécial. 

IV.  —  Manuscrits  de  l'Escurial. 

Il  existe  à  l'Escurial  deux  manuscrits  alchimiques  qui  soulèvent  des 
questions  intéressantes.  Ces  manuscrits,  les  seuls  sur  cette  matière  qui 
aient  survécu  à  un  incendie  de  la  Bibliothèque  survenu  en  1671,  provien- 
nent de  la  Bibliothèque  de  Hurtado  de  Mendoza;  ils  ont  été  copiés  au 
xvi«  siècle.  Ils  ont  été  visités  en  1843  par  Emm.  Miller,  qui  a  publié  un 
catalogue  de  leur  contenu. 

(i)  Une  partie  de  celles-ci  sont  palimpsestes,  la  vieille  écriture  ayant  été  grattée. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  187 

L'un  d'eux,  $-1-1 1  (Miller,  p.  146),  reproduit  les  titres  et  l'ordre  du  manu- 
scrit 2827  de  la  Bibliothèque  de  Paris,  même  dans  les  additions  intercalaires 
faites  après  coup  (  i  )  ;  il  les  reproduit  avec  une  telle  fidélité  que  je  ne  doute  pas 
qu'il  n'ait  été  copié  directement  sur  ce  manuscrit. 

L'autre  mérite  un  examen  plus  approfondi;  car  on  a  supposé  qu'il  conte- 
nait les  traités  perdus  de  Justinien  et  d'Héraclius.  Miller,  dans  son  ouvrage 
sur  les  manuscrits  grecs  de  l'Escurial,  page  416,  le  désigne,  d'après  le  cata- 
logue officiel,  par  les  signes  ^-1-13.  Il  s'exprime  ainsi. 

a  Voici  le  détail  de  tous  les  ouvrages  contenus  dans  le  manuscrit  : 

1.  Traité  d'Etienne  d'Alexandrie  sur  Fart  de  faire  de  l'or. 

2.  De  la  chimie,  adressé  par  l'empereur  Héraclius  à  Modeste  d'Hagio- 
polis. 

3.  De  la  fabrication  de  l'or,  par  l'empereur  Héraclius. 

4.  SuXXoYoç  sur  ceux  qui  cherchent  la  pierre  philosophale,  par  l'empereur 
Héraclius. 

5.  Lettre  de  l'empereur  Justinien  sur  l'alchimie. 

6.  De  l'art  divin,  par  Justinien. 

7.  AiàXe^tç,  adressée  aux  philosophes  par  l'empereur  Justinien. 

8.  Sur  la  fabrication  de  l'or,  par  Comarius. 

9.  Dialogue  des  philosophes  et  de  Cléopâtre. 

10.  Poème  d'Héliodore  sur  l'art  sacré. 

11.  Vers  iambiques  de  Théophraste  sur  Fart  sacré. 

12.  d°  Hiérothée  d° 
i3.  d°  Archélaûs  d» 
14.  Pélagius  sur  la  Ghrysopée. 

i5.  Ostanès  à  Pétasius  sur  l'art  sacré. 

16.  Démocrite  de  porphyrd,etc. 

17.  Démocrite,  itepi  «jy^ixcu  'TroiiQaewç. 

18.  Scholies  de  Synésius  sur  la  physique  de  Démocrite,  à  Dioscorus. 

19.  De  l'eau  sacrée,  par  un  anonyme. 


(i)  Par  exemple,  l'article  de  Zosime      i      les  poids  et  mesures,  dans  des  feuilles 
sur  l'asbestos,  intercalé  entre  la  lettre  originairement    blanches    du    manu- 

de  Psellus  et  le  traité  de  Cléopâtre  sur      i      scrit  2337. 


l88  CHIMIE  DES    ANCIENS 

20.  De  la  Chrysopée,  par  un  anonyme. 

21.  Zosime,  Tcspl  àpexT);,  x.  t.  X. 

22.  Chapitre  d'Agathodémon . 

23.  Chapitres  d'Hermès,  Zosime,  Nilus,  Africanus. 

24.  Zosime  à  Eusebia,  sur  l'art  sacré. 

25.  Olympiodore  sur  Zosime. 

26.  Zosime  à  Théodore,  vingt-cinq  chapitres. 

27.  De  la  Chrysopée,  par  un  anonyme. 

28.  Pappus,  sur  l'art  sacré. 

29.  Moïse,  7:zp\  StTcXwjeioç  ^(puaoy. 

30.  Chapitres  d'Eugénius  et  d'Hiérothée. 

3 1 .  Zosime,  iiepl  ôpyavwv  xal  xajxfvwv. 

32.  Zosime,  sur  l'eau  sacrée. 

33.  Zosime,  irepl  ôpYavwv  xal  xajJiCvwv  YVi^<Tia  ÛTCO[i.vi^(xaTa. 

«  Les  articles  suivants  ne  se  trouvent  pas  dans  le  manuscrit;  mais  ils  sont 
indiqués  dans  une  table  placée  en  tête  du  volume,  comme  existant  primiti- 
vement. 

34.  BaçT]  "ijToi  [i.eTa6oXy]  xupo^^àXxou  Tupoç  iaTzpoy^iXv.ou. 

35.  BaipY)  otal  Tuoiïjaiç  toO  tvSixou  diSi^pou. 

36.  BaçY)  TCpoç  ^(<pT)  Y-où  èpYaXeTa  Xa^eutixi. 

37.  Ilcpi  à(j-f\[io\j  y.al  ûâpapytipou  xal  xivvaêapewç  xoCvjfftç. 

38.  Extrait  de  Cléopâtre  sur  les  mesures. 

39.  riept  eùjTaôeiaç  Tou  5(puŒOI3,  par  un  philosophe  chrétien. 

40.  De  la  Chrysopée,  par  le  même. 

41.  Ilepi  (foup[ji.wv  /.ai  xfXwv  xoiT^ffewç. 

42.  Hepl  Siaçopôtç  {xoX{6§o'j  xai  xepl  ^fpuaoTCexâXwv. 

43.  Lexique  pour  la  Chrysopée. 

44.  Autres  chapitres  de  différents  poètes  sur  la  Chrysopée. 
(Puis  deux  articles  indiqués  comme  existant  dans  le  manuscrit.) 

45.  Vers  deNicéphore  sur  les  songes. 

46.  Synésius  sur  les  songes.  » 

Cette  liste  est  fort  étrange,  dans  la  forme  même  donnée  par  Miller.  C'est 
un  mélange  de  mots  grecs,  de  mots  latins  et  de  mots  français  traduits  du 
grec  ;  mélange  dont  on  ne  comprend  pas  bien  l'utilité,  si  les  titres  ont  été 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  189 

relevés  fidèlement  par  Miller.  Les  mots  traduits  contiennent  eux-mêmes 
de  singuliers  contresens.  Par  exemple,  à  l'article  (2),  au  lieu  de  Modeste 
d'Hagiopolis,  ii  y  a  dans  la  vieille  liste  grecque  de  Saint-Marc  :  MoSecrrov 
Sépapxov  Tïj;  ày^aç  xoXswç  :  Modestus,  préfet  de  la  ville  sacrée,  c'est-à-dire 
de  Constantinople. 

L'article  (18)  porte  :  scholies  de  Synésius  sur  la  physique  de  Démocrite  ;  ces 
derniers  mots  traduisent  xà  cpuaixà,  dont  le  sens  est  tout  différent. 

De  même  à  l'article  44  il  ne  s'agit  pas  de  «  poètes  »,  mais  de  chimistes 
opérateurs  (ttoiTjTwv).  Il  semble  que  Miller  ait  copié  un  vieux  catalogue,  dû  à 
un  auteur  qui  ne  savait  pas  bien  le  grec,  sans  se  donner  la  peine  de  le  refaire 
lui-même. 

Si  nous  examinons  la  liste  en  elle-même,  nous  la  trouvons,  comme  titres  et 
ordre  relatif  (sauf  légères  variantes),  parfaitement  conforme  à  la  vieille  liste 
qui  se  trouve  en  tête  du  manuscrit  de  Saint-Marc  (fol.  2  à  5),  liste  que  j'ai 
transcrite  dans  l'un  des  articles  précédents  (p.  174).  Or  le  contenu  actuel  du 
manuscrit  de  Saint-Marc  ne  concorde  pas  avec  cette  liste,  ni  comme  matière, 
ni  comme  ordre  relatif. 

Ces  détails  étant  donnés,  une  question  capitale  se  présente  :  le  manuscrit 
de  l'Escurial  renferme-t-il  réellement,  comme  le  catalogue  de  Miller 
semblerait  l'indiquer,  six  à  huit  traités  qui  manquent  dans  tous  les 
autres.?  La  question  avait  beaucoup  d'importance  pour  la  présente  publi- 
cation. 

J'aurais  désiré  la  vider  en  examinant  moi-même  le  manuscrit  de  l'Escurial. 
Mais  le  prêt  à  l'étranger,  d'après  ce  qui  m'a  été  répondu,  est  absolument 
interdit  aux  bibliothèques  espagnoles.  Heureusement  j'ai  pu  y  suppléer  et 
résoudre  complètement  la  question,  grâce  à  l'obligeance  de  notre  ambas- 
sadeur, de  M.  de  Laboulaye,  et  de  l'un  des  secrétaires  de  l'ambassade,  M.  de 
Loynes.  Je  lui  ai  adressé  les  titres  exacts,  en  grec  et  en  latin,  des  18  premiers 
articles  de  la  vieille  liste  de  Saint-Marc,  avec  prière  de  vérifier  s'ils  existaient 
dans  le  manuscrit  de  l'Escurial;  et,  dans  ce  cas,  de  relever  la  première  et  la 
dernière  ligne  de  chacun  d'eux  ;  enfin  de  rechercher  dans  la  9®  leçon  un 
passage  caractéristique,  celui  où  la  leçon  de  Stéphanus  est  interrompue 
brusquement  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  sans  aucun  indice  apparent 
de  solution  de  continuité  ;  le  manuscrit  donnant  à  la  suite  la  fin  du  dialogue 


IQO  CHIMIE    DES   ANCIENS 

des  philosophes  et  de  Cléopâtre.  Cette  lacune  et  cette  juxtaposition  font  suite, 
comme  je  Tai  dit  plus  haut  (p.  182)  aux  mots  :  xal  £xa(jTov  aù-cûv  èv  t^  yt3 
xéxpuicrati  èv  -rt)  tâ(a  86^y),  et  la  suite  débute  aussitôt  par  :  xal  u|X£Îç,  w  ç(Xoi, 
otav  TTjv  réxvTjV  xaÙTTjv  tt)v  xeptxaXfJ  PoiiXeaôe... 

M.  de  Loynes  a  eu  l'obligeance  de  passer  deux  jours  à  l'Escurial  pour 
faire  cette  vérification  et  cette  recherche. 

Il  a  transcrit  exactement  les  17  premiers  articles  du  catalogue  grec  placé 
en  tête  du  manuscrit  ^-I-i3,  catalogue  qui  se  trouve  exactement  conforme 
à  la  vieille  liste  de  Saint-Marc,  tel  que  je  l'ai  reproduit  ci-dessus  (p.  174)  : 
la  traduction  donnée  par  Miller  est  donc  incorrecte.  Puis  il  a  relevé  les  neuf 
leçons  et  la  lettre  de  Stéphanus,  en  en  transcrivant  le  titre,  la  première 
ligne,  la  dernière  ligne  et  en  indiquant  le  nombre  des  folios  de  chacune 
d'elles  :  le  tout  concorde  très  exactement  avec  le  texte  du  manuscrit  de 
Saint-Marc,  sauf  quelques  variantes  d'orthographe  sans  importance.  Les 
10  premiers  numéros  étant  ainsi  reconnus  identiques,  M.  de  Loynes  a 
vérifié  que  les  huit  numéros  suivants  de  la  vieille  liste  (n^^  12  à  18  de  la  p.  1 74) 
manquent  absolument  dans  le  manuscrit  de  TEscurial.  La  dernière  ligne  de 
la  dernière  leçon  de  Stéphanus  s'y  trouve  suivie  immédiatement  par  le 
poème  d'Héliodore,  lequel  forme  notre  numéro  19  :  le  titre,  le  premier  et 
le  dernier  vers  ont  été  relevés. 

Les  traités  disparus  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  n'existent  donc  pas 
davantage  dans  le  manuscrit  de  l'Escurial. 

Ce  n'est  pas  tout  :  la  lacune  et  la  j  uxtaposition  finales  de  la  9*  leçon  de  Stépha- 
nus se  retrouvent  exactement,  avec  les  mêmes  mots,  dans  le  manuscrit  de 
l'Escurial  ;  ce  dernier  poursuit  de  même,  sur  une  étendue  comparable,  et  la 
9«  leçon  se  termine,  par  les  mêmes  mots  :  èvtaûôa  yàp  ttJ?  9iXûaoç{ai;  ^  t^X''"') 
îCêTcXi^pwtat  (î). 

Il  y  a  plus  :  en  marge,  après  les  mots  lâ(a  U^ri  du  manuscrit  de  l'Escurial, 
il  existe  un  renvoi  d'une  autre  écriture,  postérieure  au  manuscrit,  lequel  con- 
tientles  mots  suivants, que  M.  de  Loynes  a  eu  l'obligeance  de  décalquer  sur  un 
papier  transparent  :  èvxeQôev  àp^^exat  ict  xo[xap(ou  xou  (piXoaôtpou  xal  ipyiéptiùq 
StSâffxovToç  xXeoTCûtTpaç;  c'est-à-dire  «  ici  commence  l'écrit  de  Comarius,philo- 

(i)  Voir  page  182. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  igi 

sophe  et  grand  prêtre,  maître  de  Cléopâtre  ».  Quelqu'un  des  lecteurs  du 
manuscrit  s'était  donc  aperçu  de  la  lacune  et  de  la  juxtaposition  ;  probable- 
ment d'après  l'autre  manuscrit,  copié,  ainsi  que  Je  l'ai  dit,  sur  le  2327,  où 
cette  lacune  n'existe  pas. 

La  question  de  savoir  si  les  manuscrits  de  l'Escurial  ont  une  valeur  ori- 
ginale et  renferment  quelque  traité  perdu,  qui  n'aurait  pas  subsisté  ailleurs, 
est  donc  ainsi  vidée.  En  fait,  l'un  de  ces  manuscrits  est  une  copie  du  2327 
et  l'autre,  une  copie  du  manuscrit  de  Saint-Marc. 

V.  —  Manuscrits  alchimiques  grecs  du  Vatican  et  des  Bibliothèques 

de  Rome. 

Ces  manuscrits  ont  été  en  i885  l'objet  d'un  examen  détaillé  par  mon  fil» 
André  Berthelot,  membre  de  l'Ecole  française  de  Rome,  examen  consigné 
dans  un  rapport  publié  Cette  année  dans  les  Archives  des  Missions  scien- 
tifiques (3'  série,  t»  XIII,  p.  8 19  à  854).  J'en  extrais  les  indications  suivantes» 
Le  principal  manuscrit  est  à  la  bibliothèque  du  Vatican.  Il  porte  le  numéro 
1 174.  Il  est  écrit  sur  papier  et  parait  être  du  xv*  siècle.  Il  comprend  i55 
folios,  de  21  à  22  lignes  à  la  page.  100  folios  seulement  appartiennent  au 
texte  original  ;  18  ont  été  recopiés  à  une  époque  tout  a  fait  récente.  Il  a  beau- 
coup souffert  et  renferme  de  graves  lacunes,  dont  certaines  ont  été  comblées 
par  Angelo  Mal,  au  xix«  siècle.  Plusieurs  folios  ont  été  ajoutés. 

Ce  manuscrit  a  été  connu  par  Léo  Allatius,  dans  son  état  originel  et  il 
formait  probablement  l'une  des  bases  du  projet  (non  exécuté)  que  ce  savant 
avait  formé,  relativement  à  la  publication  dès  manuscrits  alchimiques  grecs» 
Les  traités  qu'il  renferme  sont  les  mêmes  que  ceux  des  autres  manuscrits, 
mais  avec  des  différences  très  notables  dans  l'ordre  relatif.  En  outre,  il  a  été 
mutilé.  Il  y  manque  une  partie  de  Zosime,  de  Stéphanus,  des  poètes,  ainsi 
que  les  traités  de  Comarius,  Pelage,  Sophé,  Ostanès,  etc. 

Il  comprend  : 

I  et  III.  —  Les  Physica  et  mystica  de  Démocrite,  en  deux  fragments  dis- 
tincts; la  teinture  en  pourpre  (fol.  33  à  35)  étant  séparée  du  reste  (fol.  i  à  lo). 

II  et  X.  —  Deux  fragments  d'OIympiodore  (fol.  1 1  à  33  et  fol.  71  à  73).  Le 
second  fragment  forme  le  début  du  traité,  tel  qu'il  existe  dans  le  manuscrit 


ig2  CHIMIE  DES  ANCIENS 

de  Saint-Marc.  Entre  deux,  ilmanque  trois  paragraphes  (xpuiîôxoX>va,mvoç T:pw- 
xoç,  Tïi'voç  Seôxepoç). 

IV.  —  Un  traité  de  l'Anonyme  dédié  à  l'empereur  Théodose,  sur  l'œuf 
(fol.  35  à  42).  Le  nom  de  de  Théodose  ne  figure  pas  dans  le  manuscrit  de 
Saint-Marc. 

V.  —  Un  traité  de  Zosime  sur  les  fourneaux  (fol.  42  et  suiv.).  La  fin  a  dis- 
paru. Il  est  interrompu  après  ces  mots  :  «  Marie  a  décrit  beaucoup  d'appa- 
reils, non  destinés  à  la  distillation  des  eaux;  mais  elle  a  donné  beaucoup  de 
figures  de  kérotakis  et  d'appareils  de  fourneaux  (i).  » 

VI.  —  Un  fragment  intercalaire  (fol.  45  à  49),  transcrit  plus  récemment. 
VII  et  IX.  —  La  neuvième  leçon  de  Stephanus  (fol.  54  a  68),  avec  la  même 

lacune  que  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc).  Le  texte  est  à  peu  près  confor- 
me à  celui  d'Ideler,  avec  addition  finale  des  mots  evxaliôa  yàp'  xf,q  <^ikoao<^iaq 
■i]  TÉ^vYj  xexÀi^pwTa'..  La  finale  et  la  lacune  (7%  p.  182)  sont  caractéristiques. 
La  fin  de  la  lettre  de  Stephanus  à  Théodose  (fol.  70),  complétée  de  la  main 
d'Angelo  Mai,  forme  le  IX. 

VIII,  —  Le  poème  d'Héliodore:  49  vers  seulement  (fol.  69). 

XL  —  Le  traité  de  l'Anonyme  :  sur  l'eau  du  blanchiment  (fol  73  à  j5). 

XII.  — Autre  traité  de  l'Anonyme  (fol.  y 5  et  suiv.),  incomplet. 

XIII.  —  Synésius  (fol.  79  à  91 .) 

XIV.  —  Le  lexique  (fol.  91  à  93),  jusqu'à  la  lettre  K. 

—  Puis  vient  une  lacune  (fol.  94  à  i o  i ) . 

XV.  —  Petits  traités  techniques  (fol.  102  à  112). 

—  Les  folios  120  à  126  sont  en  blanc.  —  Le  texte  reprend  aux  folios  127 
jusqu'à  i3o.  —  Aux  folios  i3r  à  i32,  lacune.  —  Puis  le  texte  recommence 
(fol.  133-134). 

Ces  petits  traités  techniques  existent  dans  les  autres  manuscrits  connus. 
J'en  reproduis  ici  la  liste,  à  cause  delà  dédicace  de  certains  de  ces  traités 
à  Théodose,  dédicace  qui  manque  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  :  ce  qui 
indique  que  le  manuscrit  1 174  du  Vatican  dérive  directement,  ou  indirecte- 
ment, d'une  source  un  peu  différente  : 

Economie  du  corps  de  la  magnésie  —  Calcination  des  corps  —  L'ochre 

(i)  Manuscrit  de  Saint-Marc,  folio  186,  avant-dernière  ligne. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  IqS 

—  Eau  de  soufre  —  Sur  les  mesures,  adressé  au  grand  Empereur  Théo- 
dose—  Sur  le  soufre,  adressé  au  même  empereur— -Ce  qui  est  substance 
et  non  substance  —  L'art  parle  d'une  seule  teinture,  adressé  à  Théodose 

—  Les  quatre  éléments  nourrissent  les  teintures  (les  sept  dernières  lignes  de 
ce  traité  manquent)  —  Ensuite  il  existe  une  lacune  —  Puis  vient  la  fin  d'un 
fragment  :  Diversité  du  cuivre  brûlé  —  Eau  divine  tirée  de  tous  les  liquides 
(avec figures,  connues  d'ailleurs)  —  Recettes  diverses. 

XVL  —  Traité  de  Cléopâtre  sur  les  poids  et  mesures;  incomplet  (fol.  i34 
à  i36.  —  Lacune  (fol.  iSjà  144). 

XVII.  —  Liste  des  signes  (fol.   145  à  146). 

XVIII.  —  Fin  du  Lexique  (fol.  146  à  147). 

XIX.  —  Chapitres  de  Zosime  à  Théodore  (fol.   147). 

XX.  —  Traités  techniques  (fol.  148  à  i5o). —  Chrysopée  de  Cléopâtre  et 
serpent  Ouroboros,  muni  de  pattes  —  Lacune  (fol.  i5i  à  i52). 

—  Fragments  (fol.  i53-i55). 

Ces  textes  sont  en  général  conformes  au  manuscrit  de  Saint-Marc,  à  la 
famille  duquel  ilsse  rattachent,  quoique  avec  de  notables  différences,  lesquelles 
indiquent  une  dérivation  non  identique,  quoique  parallèle.  On  trouvera  à 
cet  égard  des  détails  circonstanciés  dans  la  publication  de  M.  André  Ber- 
thelot,  à  laquelle  je  me  borne  à  renvoyer. 

VI.  —  Manuscrits  de  Gotha  ou  d'Altenbourg  et  de  Munich. 

Le  manuscrit  de  Gotha  se  trouvait  à  l'origine  à  Altenbourg:  de  là  deux 
noms  distincts  d'origine  pour  un  même  manuscrit,  lesquels  ont  amené 
quelques  erreurs.  La  liste  des  opuscules  qu'il  renferme  a  été  publiée  dans 

les Beitràge  \ur  altern  Litteratur (Bibliothèque   de    Gotha)  von  Fr. 

Jacobs  und  F.  A.  Ukert,  Leipzig,  i835,  p.  216.  J'ai  collationné  cette  liste 
avec  soin.  Le  manuscrit  lui-même  a  été  examiné  par  mon  fils  André  Ber- 
thelot,  ainsi  que  celui  de  Munich.  Il  résulte  de  cet  examen  que  le  manus- 
crit de  Gotha  est  copié  purement  et  simplement  sur  celui  de  Munich,  ainsi 
que  les  manuscrits  de  Weimar  et  de  Leipzig,  examinés  pareillement.  Celui 
de  Munich  lui-même  a  été  copié  en  majeure  partie  sur  le  manuscrit  de 

Saint-Marc. 

13 


194  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Les  deux  copies  de  Gotha  et  de  Munich  répondent  aux  folios  S-iqS  du 
manuscrit  de  Saint-Marc.  Mais  le  copiste  a  ajouté  à  la  suite  et  comme  com- 
pléments (fol.  204  à  2i5  du  manuscrit  de  Gotha)  sept  morceaux  qui  man- 
quent dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  notamment  la  lettre  de  Psellus,une 
partie  des  signes,  une  2«  copie  d'Ostanès,  la  lettre  de  Démocrite  à  Leucippe 
le  discours  d'Isis  à  son  fils,  suivi  par  le  mélange  du  remède  blanc,  et 
les  noms  des  faiseurs  d'or.  Les  morceaux  nouveaux  existent  d'ailleurs  dans 
le  manuscrit  2327  et  ils  ont  dû  être  empruntés  soit  à  ce  manuscrit,  soit 
à  un  manuscrit  pareil. 

Grûner,  vers  la  fin  du  xviii*  siècle  et  au  commencement  du  xix^  siècle,  a 
tiré  de  ce  manuscrit  quelques  petits  articles  :  sur  la  bière  et  l'huile  aroma- 
tique (attribués  à  tort  à  Zosime);  la  première  leçon  de  Stéphanus  ;  les  ser- 
ments hermétiques;  sur  la  trempe  du  bronze;  sur  la  trempe  du  fer;  ces  der- 
niers ont  été  reproduits  dans  les  Eclogœ physicœ  de  Schneider,  p.  95,  96); 
sur  la  cadmie  (Ka6[j,(a;x>vÛŒtç);  sur  la  fabrication  du  verre.  Enfin  l'éditeur  a 
copié  à  la  suite  un  morceau  tout  différent,  ayant  pour  titre:  6  oty.cç  6  xepl 
auvàCwv  Tcavta  (v.  manuscrit  2827,  fol.  90  verso).  Ces  petits  articles,  publiés 
dans  des  dissertations  inaugurales  et  dans  des  programmes  universitaires, 
sont  très  difficiles  à  trouver.  Plusieurs  renferment,  comme  il  vient  detre 
dit,  des  confusions  singulières. 

Les  manuscrits  de  Vienne  et  deBreslau,exécutésparCornéliusde  Nauplie, 
à  la  fin  du  xvi*  siècle,  appartiennent  à  la  famille  du  manuscrit  de  Venise, 
avec  quelques  différences  dans  l'ordre  relatif  des  traités.  Le  manuscrit  de 
la  Laurentienne  (Florence)  est  au  contraire  fort  analogue  au  2327. 

Vn.  —   Comparaison  du  contenu  du  manuscrit  de  Saint-Marc,   avec  ceux 
dun^  23-25  etdu  w»  2327  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 

Attachons-nous  à  comparer  les  trois  manuscrits  fondamentaux  que  nous 
avons  surtout  employés  dans  notre  publication,  savoir  celui  de  Saint-Marc 
(xi«  siècle),  le  numéro  2325  (xni^  siècle)  et  le  numéro  2 3  27  (xv«  siècle),  de  Paris. 
J'ai  déjà  donné  une  analyse  développée  du  premier  et  du  dernier  de  ces 
manuscrits,  dans  mes  Origines  de  l'Alchimie ,  mais  je  me  propose  de  serrer  de 
plus  près  les  comparaisons. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  Iq5 

11  est  facile  de  voir  que  ces  manuscrits  appartiennent  à  deux  types  très  diffé- 
rents. Voici  quelques-uns  de  leurs  caractères  différentiels: 

1°  Le  manuscrit  de  Saint-Marc  contient  des  traités  qui  manquent  dans 
les  deux  autres,  tels  que  le  traité  d'Ostanès  (fol.  66),  et  les  chapitres  de 
Zosime  à  Théodore  (fol.  179  et  suiv,). 

2°  La  liste  des  signes  y  est  plus  ancienne  et  moins  étendue  ;  question  sur 
laquelle  je  renverrai  à  la  discussion  qui  a  été  développée  dans  ce  volume, 
p.  96  et  suivantes. 

3°  Les  figures  des  alambics  ont  une  forme  plus  ancienne,  ainsi  que  les 
figures  des  digesteurs  avec  kérotakis  ;  ce  dernier  instrument  ayant  disparu 
dans  les  figures  du  manuscrit  2327  (voir  la  discussion  que  j'en  ai  faite 
p.  i5o  et  160). 

4°  La  liste  des  opérateurs  manque  dans  le  manuscrit  2325.  Dans  le 
manuscrit  de  Saint-Marc,  elle  offre  des  difïérences  très  sensibles  par  rapport 
au  manuscrit  2327  :  parmi  ces  différences,  je  rappellerai  le  nom  de  Juliana. 
Il  s'agit  probablement  de  cette  Juliana  Anicia,  pour  laquelle  fut  faite  à  la 
fin  du  V.  siècle  de  notre  ère  une  copie  de  Dioscoride,  copie  célèbre  et 
magnifique,  conservée  autrefois  à  Constantinople  avec  un  soin  reli- 
gieux et  qui  existe  aujourd'hui  à  Vienne.  Il  semble  donc  que  les  pre- 
miers auteurs  de  la  liste  des  opérateurs,  inscrite  dans  le  manuscrit  de 
Saint-Marc,  aient  eu  connaissance   du  manuscrit  de  Dioscoride. 

5»  Les  articles  relatifs  à  la  trempe  des  métaux  (fol.  104  et  1 18)  sont  plus 
développés  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  que  dans  les  manuscrits  2325 
et  2327.  Mais  ils  ne  contiennent  pas  la  mention  caractéristique  du  bronze 
des  portes  de  Sainte-Sophie  (i),  laquelle  existe  dans  ces  deux  manuscrits. 

60  Le  passage  d'Agaiharchide  sur  les  mines  d'or  existe  (sauf  la  fin)  dans  le 
manuscrit  de  Saint-Marc,  et  il  est  conforme  au  fragment  plus  considérable 
du  même  auteur,  conservé  par  Photius.  Il  a  probablement  été  transcrit  sur 
le  texte  même  de  Photius,  car  il  n'offre  que  des  variantes  insignifiantes. 

Dans  le  manuscrit  2325,  ce  passage  manque. 

Dans  le  manuscrit  2327,  il  a  été  remplacé  par  un  résumé,  qui  en  modifie 
profondément  la  signification. 


(i)  Origines  de  l'Alchimie^  page  io3. 


196  CHIMIE    DES    ANCIENS 

7°  La  Chrysopée  de  Cléopâtre,  avec  ses  figures  multiples,  forme  une 
page  entière  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  page  que  nous  avons  reproduite 
(p.  i32  du  présent  volume).  Dans  les  manuscrits  2325  et  2327,  ce  titre  a 
disparu.  Mais  la  figure  principale,  formée  de  trois  cercles  concentriques, 
avec  ses  axiomes  mystiques,  est  à  la  même  place  ;  c'est-à-dire  en  tête  du 
mémoire  de  Zosime  sur  les  instruments  et  fourneaux,  avec  lequel  elle 
s'est  confondue.  C'est  là  l'indice  d'une  rédaction  plus  moderne,  pour  cette 
partie  du  moins,  dans  les  2325  et  2327.  Toute  cette  comparaison  a  été  dé- 
veloppée, p.  i34  à  137. 

8°  Au  contraire,  le  labyrinthe  de  Salomon,  figure  cabalistique,  offre  une 
physionomie  très  postérieure.  Il  a  été  transcrit  vers  le  xiv°  siècle  et 
après  coup  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  (v.  p.  157).  Maisil  manque  dans 
les  manuscrits  2325  et  2327.  L'existence  simultanée  dans  un  même  manus- 
crit de  la  Chrysopée  de  Cléopâtre  et  du  labyrinthe  de  Salomon  peut  être 
regardée  comme  une  preuve  sans  réplique,  propre  à  établir  que  ce  manuscrit 
a  été  copié  (par  voie  directe  ou  indirecte)  sur  celui  de  Saint-Marc. 

90  Dans  la  Chrysopée  de  Cléopâtre,  on  aperçoit  le  serpent  Ouroboros, 
figuré  simplement,  avec  Taxiome  central  £vto7:5v,  au-dessous  des  cer- 
cles concentriques.  Mais  ce  serpent  n'accompagne  pas  les  trois  cercles 
concentriques  dans  les  manuscrits  2325  et  2327.  En  outre,  dans  Saint- 
Marc,  il  n'a  pas  de  pattes.  Dans  le  manuscrit  1 174  du  Vatican,  on  trouve 
aussi  une  figure  simple  du  serpent,  mais  avec  quatre  pattes.  Dans  le 
manuscrit  2327,  il  y  a  deux  grandes  figures  du  serpent,  avec  quatre  pattes, 
l'une  avec  deux  anneaux,  l'autre  avec  trois  anneaux  coloriés  (figure 
34,  p.  157),  sans  légende  intérieure,  mais  avec  une  page  entière  de  com- 
mentaires [Texte  grec,  I,  V,  et  I,  vi),  tirés  en  partie  de  Zosime  et  d'Olym- 
piodore. 

10°  Plusieurs  traités  de  l'Anonyme,  sans  dédicace  dans  le  manuscrit 
de  Saint-Marc,  sont  adressés  à  l'empereur  Théodose  dans  d'autres  manu- 
scrits, tel  que  celui  du  Vatican  (v.  p.  192).  Il  y  a  là  l'indice  d'une  filiation 
spéciale. 

Le  nom  de  Sergius,  auquel  sont  adressés  quelques  traités  du  Philosophe 
Chrétien,  donne  lieu  à  des  remarques  analogues;  car  il  n'existe  pas  dans 
tous  les  manuscrits. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  IQJ 

1 1°  Le  manuscrit  2325  ne  renferme  pas  les  poètes  ;  ceux-ci  devaient  donc 
former  à  l'origine  une  collection  à  part. 

J2°  Le  manuscri^t  2325  ne  renferme  aucun  traité  de  vieil  auteur  impor- 
tant, qui  ne  soit  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc. 

Il  contient  en  moins  le  traité  d'Ostanès,  les  chapitres  de  Zosime  à  Théo- 
dore, le  serment  dePappus,  le  traité  de  Cléopâtre  (poids  et  mesures)  et  quel- 
ques autres  articles  ;  articlesquimanquentégalementdanslemanuscrit2327. 
La  liste  des  signes  offre  certaines  confusions  et  diversités  (v.  pages  97  et 
98  du  présent  volume). 
Le  manuscrit  2325  ne  contient  aucune  trace  des  traités  de  Comarius. 
Il  contient  en  plus,  par  rapport  à  Saint-Marc,  certains  traités  techniques, 
tel  que  celui  de  l'arabe  Salmanas  sur  les  perles,  et  la  fabrication  des  éme- 
raudes  et  autres  pierres  colorées,  d'après  le  livre  du  Sanctuaire.  La  Chry- 
sopée  de   Gosmas  est  ajoutée  à  la  suite,  d'une  écriture  plus  moderne  et 
presque  eflfacée. 

Dans  le  manuscrit  2325,  l'ordre  relatif  est  absolument,  et  du  commen- 
cement àla  fin,  le  même  que  celui  du  manuscrit  2327.  Ce  dernier  dérive  évi- 
demment d'un  type  commun,  mais  complété  par  des  intercalations  et  ad- 
ditions considérables. 

Au  contraire,  l'ordre  relatif  est  très  différent  entre  ces  deux  manuscrits  et 
le  manuscrit  de  Saint-Marc:  on  y  reviendra. 

i3°  Examinons  les  traités  qui  manquent  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc 
et  qui  existent  dans  le  manuscrit  2327.  Parlons  d'abord  de  ceux  qui  portent 
des  noms  d'auteurs. 

Le  manuscrit  2327  débute  par  la  lettre  de  Psellus  adressée  à  Xiphilin. 
Dans  certains  manuscrits,  cette  lettre  est  adressée  à  Michel  Cérularius  ; 
ridentité  complète  des  deux  lettres  aurait  besoin  d'être  vérifiée. 

Le  traité  de  Comarius  se  trouve  dans  le  manuscrit  2327,  sous  sa  forme 
la  plus  complète. 
Je  signalerai  encore  : 

Le  traité  de  Jean  l'archiprêtre,  qui  manque  dans  le  2325  ; 
Le  traité  de  Salmanas  et  celui  des  cmeraudes,  qui  s'y  trouvent  au  con- 
traire, ainsi  que  la  Chrysopée  de  Gosmas,  transcrite  à  la  suite  et  à  une  époque 
postérieure  dans  le  2325  ; 


198  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Les  livres  de  Sophé  (Chéops); 

La  lettre  d'Isis  à  Horus  ; 

Le  livre  de  Démocrite  à  Leucippe  ; 

Le  traité  d'Agathodémon  sur  l'oracle  d'Orphée  ; 

La  coction  excellente  de  l'or,  avec  les   procédés  de  Jamblique  ; 

La  chimie  domestique  de  Moïse  ; 

14°  Enfin,  parmi  les  articles  anonymes  manquant  dans  le  manuscrit  de 
Saint-Marc,  et  existant  dans  le  manuscrit  2327,  on  peut  citer  : 

La  liste  des  faiseurs  d'or  (manquant  dans  le  2325). 

Ainsi  que  tous  les  articles  et  traités  consécutifs,  tels  que  : 

Le  serpent  figuré,  avec  commentaires  ; 

Le  travail  des  quatre  éléments  ; 

L'assemblée  des  philosophes  ; 

L'énigme  alchimique,  dont  les  vers  existent  cependant  à  Tétat  séparé 
dans  une  addition  postérieure  du  manuscrit  2325  ; 

La  liste  planétaire  des  métaux  ; 

La  liste  des  mois  ; 

Le  traité  de  la  fusion  de  l'or. 

Et  diverses  additions  finales  (voir  Origines  de  l'Alchimie^  p.  346). 

i5°  La  lettre  d'Isis  à  Horus  mérite  d'être  signalée,  comme  élément  de 
classification  des  manuscrits,  autres  que  celui  de  Saint-Marc.  En  effet, 
elle  existe  sous  deux  rédactions  très  différentes  dans  le  manuscrit  2327 
et  dans  le  manuscrit  225o  (Texte  grec,  L  xiii  et  I,  xiii  bis).  Il  y  a  aussi  de 
grandes  différences  entre  les  divers  textes  d'Olympiodore. 

16°  Au  point  de  vue  de  l'ordre  relatif,  les  parties  communes  de  la  plupart 
des  manuscrits  offrent  souvent  de  très  grandes  différences.  Le  manuscrit 
2327,  en  particulier,  présente  un  essai  de  coordination  systématique,  qui  fait 
défaut  dans  les  parties  semblables  de  celui  de  Saint-Marc.  En  effet,  on  y  voit, 
à  la  suite  de  la  lettre  de  Psellus,  sorte  de  préface,  des  indications  géné- 
rales, telles  que  :  le  traité  de  Cléopâtre  sur  les  poids  et  mesures,  lequel 
figure  au  contraire  au  milieu  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  et  qui  était 
même  placé  vers  la  fin  dans  l'ancienne  liste  de  ce  dernier. 

Puis  viennent  dans  le  manuscrit  2327  :  les  signes,  lesquels  sont  au  début 
du  manuscrit  de  Saint-Marc  ; 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  igg 

Et  le  lexique,  qui  ne  se  trouve  que  vers  les  deux  tiers  de  ce  dernier 
manuscrit  (presqu'à  la  fin  dans  l'ancienne  liste). 

Dansle  manuscrit  2327,  on  litensuite  les  traités  de  Démocrite,  de  Synésius 
et  de  Stéphanus,  le  premier  étant  le  plus  ancien,  et  les  autres  représentant 
des  commentaires  successifs  de  ce  traité. 

Tandis  que  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  on  débute  par  Stéphanus; 
les  poètes;  Pelage,  qui  est  rejeté  vers  la  fin  du  manuscrit  ili-j  ;  Ostanès, 
qui  y  manque  ;  puis  viennent  Démocrite  et  Synésius  :  c'est-à-dire  qu'il 
n'existe  aucun  ordre  systématique  dans  ce  manuscrit. 

170  Les  poètes,  qui  suivent  Stéphanus  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc, 
sont  placés  beaucoup  plus  loin,  et  avant  la  liste  des  faiseurs  d'or,  dans  le 
manuscrit  2827.  Leur  texte  offre  des  différences  considérables,  suivant  les 
manuscrits. 

18°  Le  serpent  et  Olympiodore  manquent  dans  le  manuscrit  2325. 

Le  dernier  texte  est  à  part  dans  les  manuscrits  qui  le  contiennent  et  il 
offre  des  variantes  très  notables. 

190  Les  traités  de  Zosime  sur  les  fourneaux  et  appareils  viennent  pareil- 
lement après.  Seulement,  dans  le  manuscrit  2327,  c'est  une  répétition  de 
traités  déjà  transcrits  une  première  fois  à  la  suite  de  Stéphanus  :  ce  qui 
indique  que  le  copiste  puisaità  deux  sources  différentes  (v.  p.  169  sur  le  ma- 
nuscrit Ru.  6  de  Leide).  Le  texte  de  ces  traités  offre  de  grandes  variantes, 
qui    vont   parfois  jusqu'à  des  rédactions   distinctes,    quoique  parallèles. 

20°  Les  additions  initiales  et  finales,  faites  sur  les  pages  de  garde,  marges 
et  parties  blanches  des  manuscrits,  sont  très  importantes  pour  en  marquer  la 
filiation.  Je  citerai  :  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc  l'addition  de  la  première 
feuille  sur  la  scorie,  avec  paroles  et  signes  magiques  (v.  p.  i5i),  et  le  traité 
sur  les  songes  de  Nicéphore  ;  ^ 

Dansle  manuscrit  2327,  la  lettre  de  Psellus  au  début,  les  fragments  sur  la 
colle,  sur  Tasbestos  (i),  etc.,  et  vers  la  fin,  le  dire  de  Rinaldi  Telanobebila 
(Arnaud  de  Villeneuve),  etc..  (voir  Origines  de  l'Alchimie,  p.  336  et  346). 

Il  y  a  encore  bien  d'autres  différences  de  détail  dans  la  distribution  des 


(i)  C'est  l'article  :  Zosime  dit  sur  la      1      entre  la  préface  de  Psellus  et  le   traité 
Chaux,  ajouté  sur  des  pages  blanches,      |      de  Cléopâtre. 


20O 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


traités  du  Chrétien  et  de  TAnonyme,  mais  moins  importantes.  Les  remarques 
précédentes  sont  d'ailleurs  assez  nombreuses  et  minutieuses  pour  permettre 
de  caractériser  les  filiations  des  manuscrits. 

VIII.  —  Hypothèses  générales  sur  Vorigine  et  la  filiation  des  manuscrits 

alchimiques  grecs. 

D'après  Tensemble  des  observations  que  J'ai  recueillies,  l'origine  des  ma- 
nuscrits alchimiques  grecs  pourrait  être  établie  avec  quelque  probabilité 
de  la  manière  suivante  : 

i"  Il  existait  en  Egypte,  avant  l'ère  chrétienne,  des  groupes  de  recettes 
techniques,  relatives  à  l'orfèvrerie,  à  la  fabrication  des  alliages  et  des  métaux 
pour  les  armes  et  les  outils,  à  la  fabrication  du  verre  et  des  émaux,  à  la  tein- 
ture des  étoffes,  à  la  matière  médicale. 

L'emploi  de  ces  recettes  était  accompagné  par  certaines  formules  ma- 
giques. 

Le  tout  était  transmis  traditionnellement,  comme  secret  de  métier,  depuis 
une  époque  fort  reculée,  avec  le  concours  de  signes  hiéroglyphiques,  des- 
tinés à  servir  de  mémentos,  plutôt  qu'à  exposer  le  détail  des  opérations  (i). 

Ces  signes  étaient  inscrits  sur  des  stèles  ;  ils  étaient  anonymes,  comme 
toute  la  science  égyptienne  d'alors.  Il  semble  qu'il  y  avait  aussi  des  textes 
écrits  en  démotique  sur  papyrus  ;  tels  étaient  le  Livre  du  Sanctuaire,  cité  à 
plusieurs  reprises,  et  le  texte  transcrit  dans  le  papyrus  V  de  Leide  (p.  8  du 
présent  ouvrage). 

2°  Vers  l'ère  chrétienne,  on  commença  à  écrire  en  grec  (sur  papyrus),  les 
recettes etles  formules  magiques,  d'une  façon  précise  et  détaillée.  Une  partie 
de  ces  recettes  nous  ont  été  transmisesdansles  écrits  de  Dioscoride,  de  Pline 
et  de  Vitruve. 

Les  papyrus  de  Leide,  écrits  au  iii^  siècle,  mais  dont  le  texte  est  plus  ancien, 
fournissent  le  détail  précis  et  authentique  de  quelques-unes  d'entre  elles  (ce 
volume, article  I).  La  plupart decesrecettessontclaires,  positives;  elles  con- 


(i)  Voir  ce  que  j'ai  dit  sur  la  Chry- 
sopée  de  Cléopâtre  et  sur  la   formule 


de   l'Ecrevisse,    pages    137   et    i53  à 

i55. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  201 

cernent  l'imitation,  parfois  frauduleuse,  de  l'or  et  de  l'argent,  ainsi  que  la 
fabrication  de  l'asèm,  alliage  doué  de  propriétés  intermédiaires.  Dioscoride 
et  le  papyrus  V  ont  conservé  le  nom  de  certains  des  auteurs  d'alors,  tels  que 
Phiménas  (Pammenès)  et  Pétésis.  Il  existait  un  grand  nombre  de  papyrus 
analogues  ;  mais  la  plupart  ont  été  détruits  systématiquement  par  les 
Romains,  vers  le  temps  de  Dioclétien.  Cependant  il  est  incontestable  qu'un 
certain  nombre  de  recettes  relatives  à  l'asèm  et  à  d'autres  sujets,  conservées 
dans  nos  manuscrits  actuels,  offrent  un  caractère  semblable  à  celui  du  papy- 
rus et  remontent  probablement  à  la  même  époque.  Le  traité  des  émeraudes  et 
pierres  vitrifiées,  «  d'après  le  Livre  du  Sanctuaire  »,  a  été  reproduit  sans 
doute  de  vieux  textes  analogues,  et  il  en  est  probablement  de  même  du  traité 
des  perles,  qui  nous  est  venu  sous  le  nom  de  l'arabe  Salmanas:  c'est  vrai- 
semblablement l'auteur  des  derniers  remaniements  de  ce  traité  technique. 

3°  A  la  même  époque,  c'est-à-dire  vers  la  fin  du  règne  des  Ptolémées,  il  exis- 
tait des  écoles  gréco-égyptiennes,  participant  dans  une  certaine  mesure  de  la 
science  hellénique:  j'ai  signalé  spécialement  une  écoledémocritaine,àlaquelle 
appartenait  Bolus  de  Mendès  :  cette  école  mit  ses  écrits  sous  le  patronage 
du  nom  vénéré  de  Démocrite  [Origines  de  r Alchimie,  p.  1 56  et  suiv.).  Il  nous 
en  est  parvenu  un  traité  [Physica  et  rnystica),  formé  de  trois  fragments,  l'un 
magique,  l'autre  relatif  à  la  teinture  en  pourpre,  le  dernier  à  la  fabrication, 
ou  plutôt  à  l'imitation  de  l'or  et  de  l'argent.  Les  recettes  du  dernier  fragment 
sont  analogues  à  celles  du  papyrus  de  Leide  ;  quelques-unes  même  iden- 
tiques. Mais,  dans  les  écrits  de  cette  école,  les  recettes  positives  sont  associées 
à  des  interprétations  mystiques,  association  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  les 
papyrus  de  Leide;  quoique  la  magie  abonde  dans  ces  derniers. 

4"  L'Ecole  Démocritaine  d'Egypte  a  créé  une  tradition  scientifique,  spé- 
cialement en  alchimie;  tradition  qui  s'est  prolongée  jusqu'au  vii^  siècle  de 
notre  ère,  par  toute  une  suite  d'écrits  originaux  et  de  commentaires,  lesquels 
forment  la  partie  principale  de  nos  collections  actuelles. 

Les  auteurs  qui  l'ont  continuée  au  début  étaient  des  gnostiques,  des  païens 
et  des  juifs,  qui  ont  développé  de  plus  en  plus  le  symbolisme  mystique. 

Le  principal  auteur  venu  jusqu'à  nous,  Zosime,  semble  avoir  constitué 
vers  la  fin  du  m®  siècle,  une  sorte  d'encyclopédie  chimique,  reproduisant 
spécialement  les  traités  de  Cléopâtre,  sur  la  distillation,  ceux  de  Marie  la  Juive, 


202 


CHIMIE   DES  ANCIENS 


sur  les  appareils  à  digestion,  ceux  de  Pamménès  et  de  Pétésis,surles  alliages 
métalliques,  etc.  Nous  possédons  près  de  i5o  pages  tirées  des  ouvrages  de 
Zosime,  sous  la  forme  d'extraits  faits  plus  tard  par  des  Byzantins,  non  sans 
quelques  additions  ou  interpolations,  dues  aux  commentateurs. 

Les  écrits  d'Africanus,  auteur  aujourd'hui  perdu,  seraient  du  même  temps 
que  Zosime.  Nous  en  avons  quelques  fragments  dans  nos  textes  alchimiques. 

50  Vers  la  même  époque  que  Zosime  et  Africanus  remontent  les  écrits 
pseudonymes  attribués  à  Sophé  (Chéops),  qui  rappellent  un  texte  d'Africa- 
nus, compilé  par  Eusèbe(i). 

Avant  Zosime  également,  ou  vers  le  même  temps,  ont  été  écrits  les  frag- 
ments attribués  à  Hermès,  à  Agathodémon,  les  écrits  du  Pseudo-Moïse,  les 
recettes  de  Jamblique,  ainsi  que  la  lettre  d'Isis  à  Horus. 

6»  Entre  le  faux  Démocrite  et  Zosime,  semblent  aussi  se  placer  les  écrits 
d'Ostanès,  de  Pelage,  de  Comarius,  de  Jean  l'Archiprêtre.  Mais,  sous  la 
forme  où  nous  les  possédons,  ces  écrits  manquent  d'authenticité.  Il  est  diffi- 
cile d'y  distinguer  la  trame  originale  des  interpolations  successives  faites 
par  les  moines  chrétiens  d'Alexandrie  et  de  Byzance. 

7°  C'est  au  même  temps  que  remonterait  la  première  rédaction  des  textes 
actuels  des  traités  techniques  sur  le  verre,  les  perles  artificielles,  la  trempe 
des  métaux,  etc.;  textes  qui  se  rattachent  à  une  tradition  beaucoup  plus 
ancienne,  mais  qui  ont  été  remaniés  à  diverses  reprises,  pendant  le  cours 
des  siècles. 

8°  Vers  le  temps  des  deux  empereurs  Théodose,  on  trouve  le  commentaire 
de  Synésius  sur  Démocrite,  qui  est  l'ouvrage  le  plus  philosophique  de  toute 
la  série,  et  le  groupe  des  poètes,  complété  plus  tard. 

9°  Olympiodore,  auteur  un  peu  postérieur,  se  rattache  aussi  aux  commen- 
tateurs Démocritains. 

10"  La  tradition  se  continue  par  le  Philosophe  Chrétien,  par  l'Anonyme, 
et  par  Stéphanus,  jusqu'au  v[i«  siècle  de  notre  ère.  Les  traités  pseudonymes 
d'Héraclius  et  de  Justinien,  aujourd'hui  perdus,  seraient  aussi  decette  dernière 
époque;  car  ils  ont  précédé  les  Arabes,  qui  citent  fréquemment  Héraclius. 


(1)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  58.  Les 
traités  astrologiques  et  autres  de  Zoroas- 


tre,    Manéthon,    Pythagore,    seraient 
aussi  du  même  temps. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  203 

1 1°  Vers  le  vii^  ou  le  vni«  siècle  de  notre  ère  s'est  constituée  une  première 
collection,  qui  semble  avoir  été  formée  autour  du  commentaire  de  Sté- 
phanus,  avec  adjonction  des  auteurs  de  l'Ecole  Démocritaine  et  des  premiers 
commentateurs.  Cette  collection,  grossie  parcelle  des  poètes  et  par  plusieurs 
autres  dont  j'ai  donné  la  liste  (p.  178),  et  reprise  parmi  les  53  séries  de 
Constantin  Porphyrogénète,  au  x^  siècle,  aurait  servi  à  constituer  le  pro- 
totype, duquel  dérivent  la  vieille  liste  de  Saint-Marc  et  le  manuscrit  de 
Saint-Marc. 

Cependant  un  certain  nombre  de  mémoires  d'auteurs  renommés, de  recettes 
partielles  et  plusieurs  traités  techniques  n'étaient  pas  compris  dans  cette 
collection.  Ils  sont  entrés  plus  tard  dans  d'autres  collections,  fondues 
avec  la  principale  dans  le  manuscrit»  2325,  et  depuis,  avec  des  additions  plus 
étendues,  dans  le  manuscrit  2327. 

Les  traités  de  Cosmas  et  de  Blemmydès  sont  postérieurs. 

12°  Je  pourrais  essayer  d'expliquer  maintenant  plus  en  détail,  comment 
la  collection  primitive,  modifiée  par  des  additions  successives,  a  constitué 
plusieurs  prototypes,  dont  le  principal  (O)  répondait  au  manuscrit  qui  a 
précédé  la  liste   initiale  du    manuscrit  de  Saint-Marc. 

De  ce  prototype  a  dérivé  un  manuscrit  (P),  répondante  cette  liste. 

Mais  il  a  perdu  plus  tard  les  cahiers  qui  renfermaient  les  traités  attribués 
à  Héraclius  et  à  Justinien  et  il  a  formé  alors  un  autre  type  (Q). 

C'est  à  cet  autre  type  que  se  rattache  le  manuscrit  2327,  quoique  non  direc- 
tement. En  effet,  il  a  été  grossi  par  l'adjonction  de  traités  tirés  d'un  autre 
prototype,  contenant  par  exemple  Jean  l'Archiprétre,  la  lettre  d'Isis,  etc.; 

A  un  certain  moment,  le  type  (Q)  a  éprouvé  une  mutilation,  vers  la  tin 
des  leçons  de  Stéphanus,  et  il  a  perdu  plusieurs  feuillets,  comprenant  cette  fin 
et  le  commencement  du  traité  de  Comarius.  Cette  mutilation  n''a  pas  coïn- 
cidé avec  la  première,  attendu  que  le  manuscrit  2327  contient  la  fin  de 
Stéphanus  et  le  traité  de  Comarius  ;  tandis  que  les  traités  d'Héraclius  et  de 
Justinien  y  manquent. 

C'est  plus  tard  qu'un  copiste  ignorant,  ayant  transcrit  à  la  suite  le  manus- 
crit mutilé,  sans  s'apercevoir  de  la  lacune,  a  constitué  le  type  (R),  qui  est 
celui  du  manuscrit  actuel  de  Saint-Marc  ;  une  lacune  analogue  y  a  mutilé 
le  traité  du  jaunissement,  etc.  ; 


204  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Le  manuscrit  de  Saint-Marc  a  perdu  dans  le  cours  des  siècles  un  ou 
plusieurs  folios,  à  la  fin  des  fragments  d'Agatharchide  ; 

Il  a  eu  plusieurs  cahiers  transposés  par  le  relieur,  cahiers  qu'il  a  conservés 
d'ailleurs; 

Enfin  il  a  éprouvé  diverses  additions,  telles  que  le  Labyrinthe  de  Salo- 
mon  et  quelques  autres,  aux  xv®  et  xvi«  siècles.  C'est  ainsi  quUl  nous  est 
parvenu. 

La  filiation  des  manuscrits  2325  et  2827  est  plus  complexe.  Rappe- 
lons d'abord  que  le  contenu  et  l'ordre  relatif  du  manuscrit  2325,  le  plus 
ancien  des  deux  (xni«  siècle),  se  retrouve  exactement  dans  le  manuscrit  2327 
(xv® siècle),  Mais  ce  dernier  est  plus  étendu  et  renferme  un  grand  nombre  de 
traités  techniques  ou  mystiques,  qui  manquent  dans  le  manuscrit  de  Saint- 
Marc  et  qui  ont  été  tirés  de  prototypes  tout  différents.  Aussi,  quoiqu^il 
représente  sur  certains  points  une  rédaction  plus  moderne  que  celui  de 
Saint-Marc,  il  en  est  d'autres  où  il  répond  à  des  souches  antérieures.  Le 
manuscrit  2275  paraît  la  copie  directe  du  2325;  le  manuscrit  2329,  le 
second  manuscrit  de  l'Escurial,  le  manuscrit  de  la  Laure'ntienne  et  celui 
de  Turin,  dérivent  du  manuscrit  2327,  ou  d'une  souche  commune. 

Les  manuscrits  225o,  225 1,  2252,  qui  appartiennent  à  une  même  copie 
faite  au  xvii®  siècle  (i),  accusent  une  souche  distincte  à  certains  égards  des 
précédentes  :  par  exemple,  pour  la  rédaction  de  la  lettre  d'Isis  à  Hora».-  Le 
manuscrit  du  Vatican  et  celui  de  Leide,  Voss.  n°  47,  offrent  aussi  d'assez 
grandes  diversités,  quoique  dérivés  en  somme  de  la  même  souche  que  le 
manuscrit  de  Saint-Marc. 

Sur  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  ont  été  copiés  directement  ou  indirecte- 
ment (2)  presque  tous  ceux  qui  existent  en  Allemagne,  d'après  ce  que  j'ai 
pu  savoir  :  tels  celui  de  Munich,  qui  a  servi  à  la  publication  d'ideler,  celui 
de  Gotha,  probablement  ceux  de  Vienne  et  de  Breslau;  de  même  le  numéro 
2249de  la  Bibliothèque  de  Paris,  celui  sur  lequel  Pizimenti  a  fait  sa  traduc- 
tion latine,  l'un  de  ceux  de  TAmbroisienne,  l'un  de  ceux  de  l'Escurial,  etc. 


(i)  Mise  au  netdu  2029  corrigé,  pour      1      rées  des  autres  souches,  telles  que  la  let- 

la  majeure  partie.  tre  de  Psellus,  le  traité  de  Démocrite  à 

(2)  Avec  certaines  additions  finales,  ti-      |      Leucippe,  la  lettre  d'Isis  à  Horus,  etc. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  205 

Pour  pousser  plus  loin  la  discussion  détaillée  de  toute  cette  filiation, 
Userait  nécessaire  de  faire  une  comparaison  minutieuse  de  tous  les  manus- 
crits, comparaison  dont  je  ne  possède  pas  encore  les  éléments  complets  ; 
je  ne  crois  donc  pas  utile  d'en  dire  davantage. 

IX.  —  Sur'  le  manuscrit  grec  241g  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris. 

Ce  manuscrit  in-folio,  transcrit  vers  1460 par  Georges  Midiates  (fol.  288), 
est  des  plus  précieux  pour  l'histoire  de  TAstronomie,  de  l'Astrologie,  de 
l'Alchimie  et  de  la  Magie  au  moyen  âge;  c'est  une  réunion  indigeste  de  docu- 
ments de  dates  diverses  et  parfois  fort  anciens,  depuis  TAlmageste  de  Ptolé- 
mée  et  les  auteurs  arabes  jusqu'aux  écrivains  de  la  fin  du  moyen  âge.  L'écri- 
ture en  est  souvent  difficile  à  déchiffrer.  La  table  des  matières  de  ce  manu- 
scrit a  été  imprimée  dans  le  Catalogue  de  ceux  de  la  Bibliothèque  nationale 
de  Paris.  Aussi  je  me  bornerai  à  relever  les  morceaux  et  traités  qui  offrent 
quelque  intérêt  pour  les  études  auxquelles  le  présent  volume  est  consacré. 

Au  folio  I  se  trouve  une  grande  figure  astrologique  du  corps  humain,  des- 
sinée avec  soin,  placée  au  milieu  de  deux  cercles  concentriques,  avec  indica- 
tion de  la  relation  entre  ses  parties  et  les  signes  du  Zodiaque.  Cette  figure 
répondant  à  des  textes  d'Olympiodore  (i)  et  de  Stéphanus,  je  crois  utile 
d'en  donner  la  description. 

En  haut:  le  Bélier.  Puis  se  trouvent  deux  séries  parallèles,  l'une  à  droite, 
Tautre  à  gauche. 


Adroite  : 
Le  Taureau  commande  le  cou . 

L'Ecrevisse la  poitrine. 

La  Vierge l'estomac  et 

le  ventre. 
Le  Scorpion les  parties 

génitales. 
Le  Capricorne les  genoux. 


A  gauche: 
Les  Gémeauxcommandentlesépaules. 

Le  Lion le  cœur. 

La  Balance les  deux  fes- 
ses. 

Le  Sagittaire lesdeuxcuisi 

ses. 
Le  Verseau les  jambes. 


Au  bas,  les  Poissons  commandent  les  pieds. 


(i)  Texte  grec,  p.  loi  et  106. 


206  CHIMIE    DES    ANCIENS 

On  peut  voir  un  texte  analogue  dans  la  Bibl.   Chem.    de  Manget,  I,  917. 

Au  folio  32,  on  rencontre  le  cercle  de  Pétosiris,  pour  prévoir  l'issue  des 
maladies;  cercle  dont  j'ai  donné  (p.  88)  la  photogravure  et  la   description. 

Au  folio  33,  on  lit  deux  tableaux  horizontaux  analogues,  que  j'ai  également 
décrits,  à  cause  de  leur  similitude  avec  le  tableau  d'Hermès  du  manuscrit 
2327  (p.  87)  et  avec  la  sphère  de  Démocrite  du  papyrus  de  Leide  (p.  86) . 

Ils  accompagnent  des  traités  de  l'astrologue  Pythagoras  et  divers  calculs 
pour  connaître  le  vainqueur  d'un  combat  singulier. 

Au  folio  46  verso,  on  rencontrela  liste  desrelations  entre  les  planètes  et  les 
métaux  et  autres  corps  subordonnés  à  ces  astres.  Celte  liste  est  la  même  qui 
figure  dans  plusieurs  manuscrits  alchimiques  ;  les  noms  en  sont  également 
grecs;  quelques-uns  sont  transcrits  encaractèreshébraïques.  La  liste  fait'par- 
tie  d'un  traité  d'Albumazar,  astronome  arabe  du  ix«  siècle  (800  à  885)  de 
notre  ère  (v.  p.  79  du  présent  volume  et  Texte  grec,  p.  24,  notes).  J'y  relève 
deux  indications  caractéristiques. 

Le  signe  de  la  planète  Hermès  comprend  parmi  les  corps  dérivés,  vers 
la  fin  de  son  paragraphe,  le  nom  du  mercure,  JopàpYjpoç,  et  à  la  suite  les 
mots:  0'.  51  TTÎp jai  /.ajaîirepov  ;    a  les  Persans  rangent  sous  ce  signe  l'étain  ». 

Le  signe  de  Jupiter  comprend  l'étain  et  à  la  suite  les  mots  :  01  Sa  Tripsa-. 
oùxojxo);,  àXXà  o'.apY'jpo;.  «Les  Persans  ne  l'entendent  pas  ainsi,  mais  rangent 
sous  ce  signe  le  métal  argentin»  c'est-à-dire  l'asèm  ou  électrum.  Ceci  est 
conforme  à  ce  qui  aété  dit  ailleurs  sur  les  changements  successifs  des  nota- 
tions métalliques  et  planétaires  (pages  81  à  85). 

Ala  suite  vient  une  liste  des  animaux  répondant  à  chaque  planète. 

Au  folio  86  verso  :  sur  les  sorts  royaux,  traité  attribué  à  Nécepso. 

Au  folio  99- 100  :  figures  de  comètes. 

Au  folio  1 19  :  traité  divinatoire  de  Zoroastre. 

Au  folio  i53  :  tableau  des  mesures  antiques. 

Au  folio  154:  tableau  des  signes  et  abréviations.  Ils  sont  semblables  en 
général  à  ceux  de  la  fin  de  la  liste  du  manuscrit  2327,  sauf  un  petit  nombre 
de  différences  :  par  exemple,  pour  les  mots  ange  et  démon  i^voir  p.  100);  mais 
l'ordre  n'est  pas  le  même. 

Puis  vient  un  ouvrage  de  Bothrus,  qui  s'intitule  roi  de  Perse;  c'est  un 
astrologue,  inconnu  d'ailleurs. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  207 

Au  folio  i56  :  autre  cercle  médical  de  Pétosiris,  dont  j'ai  donné  la  pho- 
togravure et  la  description  (p.  90). 

Au  folio  265  vgrso  :  liste  des  plantes  qui  répondent  aux  12  signes  du 
Zodiaque,  d'après  Hermès  Trismégiste. 

Au  folio  271  verso  et  au  folio  272  :  préparations  chimiques. 

Au  folio  273  :motsmagiques,analoguesàceux  qui  figurent  dansJamblique, 
dans  les  papyrus  de  Leide,  au-dessus  de  la  formule  de  l'Ecrevisse  dans  le 
manuscrit  de  Saint-Marc  (p.  i53),  etc.;  sans  qu'aucun  m'ait  paru  identique, 
à  première  vue  du  moins. 

Au  folio  274:  une  page  renfermant  un  grand  nombred'alphabets  magiques, 
lesquels  ne  sont  autres  que  des  alphabets  grecs  altérés  (v.  p.  i56),  analogues 
à  ceux  du  manuscrit  de  Saint-Marc.  Dix-sept  de  ces  alphabets  figurent  au 
recto,  cinq  au  verso.  La  traduction  existe  à  l'encre  rouge,  presque  effacée 
dans  les  intervalles  des  lignes. 

Au  folio  274  verso  :  liste  des  signes,  en4  lignes,  sans  traduction,  sauf  pour 
quelques  mots  tels  que  ceux-ci  :  cœur  et  foie.  Cette  liste  se  retrouve  exacte- 
ment transcrite,  vers  la  fin  de  celles  du  manuscrit  2327,  PI.  VI,  1.  20  à  25, 
jusqu'à  àXoY)  (v.  p.    100). 

Au  folio  279  commence  un  ouvrage  considérable  intitulé  :  «  la  voie  droite 
vers  l'art  de  l'Alchimie,  par  le  grand  maître  Pierre  Théoctonicos. 

Cet  ouvrage  se  poursuit  jusqu'au  folio  287  verso,  où  la  fin  est  indiquée  à 
l'encre  rouge.  «  Voici  la  fin  de  la  route  pure  du  frère  Ampertos  Théoctonicos, 
le  grand  philosophe  de  l'Alchimie,  transcrite  par  Georges  Midiates.  » 

Ce  traité  va  être  décrit  tout  à  l'heure  plus  en  détail. 

Au  folio  288  :  suite  de  préparations  chimiques.  Figure  d'un  entonnoir  à 
filtration  et  d'une  fiole  à  fond  rond. 

Aux  folios  319  à  341  :  lexique  étendu,  donnant  l'interprétation  des  noms 
des  opérations,  substances,  plantes,  maladies.  Ce  lexique  renferme  un  certain 
nombre  de  mots  arabes.  Il  y  a  beaucoup  de  noms  chimiques. 

Revenons  maintenant  à  l'ouvrage  manuscrit  de  Théoctonicos,  person- 
nage qui  a  donné  lieu  à  diverses  discussions  de  la  part  d'Hœfer,  lequel  lui 
attribue  le  prénom  de  Jacob,  et  de  la  part  de  H.  Kopp.  L'examen  direct  de 
son  traité  m'a  paru  utile  pour  éclaircir  la  question.  Elle  n'est  pas  sans  intérêt; 
car  c'est  un  des  rares  auteurs  de  quelque  importance,  cités  dans  les  histoires 


208  CHIMIE  DES   ANCIENS 

de  la  chimie  et  sur  lesquels  nous  ne  possédions  pas  encore  de  lumière 

su£Bsante. 
Le  titre  exact  de  l'ouvrage  est  le  suivant  : 
Ap^c»}  Tîjç  e'j6e(aç  cSou  xou  \t.e-^aXou  SiSaaxaXou  Ilé-cpou  xoO  0eox,Tov(xou  xpoç  tyjv 

T^x''"')'' '^^i?  «^PX^l^^^Ç»  titre  déjà  traduit  plus  haut;  et  au  bas  de  la  page  :  èyw  o 

IléTpoç  ©eoxTovixoç  tûv  çiXoaoçwv  ô  èXo^toroç.  ;  c'est-à-dire  : 
«  Moi  Pierre  Théoctonicos,  le  moindre  des  philosophes.  » 
A  la  fin  du  traité,  il  est  désigné  sous  le  nom  de  tou  àâeXçou  'AjxTcépTou  tou 

0£OXTOV(XOU. 

La  dernière  forme  rappelle  le  latin  Albertus  Teutonicus,  personnage  iden- 
tifié en  général  par  les  vieux  auteurs  avec  Albert  le  Grand  et  sous  le  nom 
duquel  il  existe  un  ouvrage  latin  d'Alchimie,  désigné  parfois  par  les  mots  : 
Semita  recta. 

Cet  ouvrage  latin  se  trouve  au  tome  XXI  des  œuvres  d'Albert  le  Grand, 
qui  est  regardé  ici  comme  un  pseudonyme,  et  il  est  imprimé  dans  le  tome  1 1 
du  Theatrum  Chemicum.  Les  deux  textes  latins  concordent  très  exactement, 
comme  je  l'ai  vérifié.  L'ouvrage  est  écrit  avec  assez  de  sincérité;  il  date  du 
xiiie  ou  xiv®  siècle.  Les  articles  techniques  qui  le  terminent  sont  complétés 
par  des  additions  faites  par  quelques  copistes  plus  modernes,  d'après  Geber, 
Razès,  Roger  Bacon,  maître  Joi  [sic^  pour  Jean  ?)  de  Meun,  expressément 
nommés.  Il  semble  même  en  certains  endroits  qu'il  y  ait  deux  étages  d'ad- 
ditions. 

Or  le  traité  de  Théoctonicos  est  une  traduction  grecque  du  traité  attribué 
à  Albert  le  Grand,  traduction  antérieure  aux  textes  latins  imprimés  que  je 
viens  de  citer,  et  qui  renferme  certaines  indications  spéciales  et  différentes  ; 
mais  qui,  par  contre,  ne  contient  pas  les  additions.  C'est  ce  qui  résulte  de 
l'examen  détaillé  auquel  je  me  suis  livré. 

En  effet,  j'ai  d'abord  constaté  la  conformité  générale  du  texte  latin  et  du 
texte  grec,  en  les  comparant  ligne  par  ligne  jusqu'à  la  fin. 

Je  me  bornerai  à  la  citation  suivante,  qui  est  caractéristique.  Dans  le  grec  : 

Eupov  TcàXiv  ÛTcepé^^ovTaç  [ji.sva)(ouç  xat  TupeaôuTépouç  xal  xavovixoùç,  xX-rjpixoùç, 
çiXoaoçouç  xa\  Ypa[X{jLaT£iç.  Dans  le  latin  : 

Inverti  autem  prœdivites  litteratos,  abbates,  prceposiios,  canonicos,  phy- 
sicûset  illiteratos^  etc. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  200 

C'est-à-dire  (d'après  le  grec): 

«  J'ai  trouvé  des  moines  éminents,  des  prêtres,  des  chanoines,  des  clercs, 
des  philosophes  et  des  grammairiens.   » 

Le  texte  grec  est  plus  ferme  que  le  texte  latin  ;  cependant  il  est  difficile  de 
refuser  d'admettre  que  la  phrase  précédente  ait  été  traduite  du  latin. 

A  la  page  suivante,  folio  279  verso,  on  retrouve  pareillement  dans  les 
deux  langues  la  phraséologie  ordinaire  des  alchimistes  : 

«  Voulant  écrire  pour  mes  amis,  de  façon  que  ceux  qui  voient  ne  voient 
pas,  et  que  ceux  qui  entendent  ne  comprennent  pas,  je  vous  conjure,  au  nom 
de  Dieu,  de  tenir  ce  livre  caché  aux  ignorants.  » 

Le  texte  grec  est  plus  développé  que  le  latin  dans  le    passage  suivant 

(même  page)  : 

«  J'ai  écrit  moi-même  ce  livre,  tiré  des  livres  de  tous  les  philosophes  delà 
science  présente,  tels  que  Hermès,  Avicenne,  Rhazès,  Platon  et  les  autres 
philosophes,  Dorothée,  Origène,  Geber(?),  beaucoup  d'autres,  et  chacun  a 
montré  sa  science  ;  ainsi  que  Aristote,  Hermès  (i)  et  Avicenne.  »  Cette  suite 
de  noms  propres  et  d'autorités  manquent  dans  le  latin. 

Le  traité  poursuit  pareillement,  en  expliquant  dans  les  deux  langues  qu'il 
faut  réduire  les  métaux  à  leur  matière  première. 

Puis  commence  un  autre  chapitre,  qui  débute  par  ces  mots  singuliers 
(fol.  280),  en  grec  :  'Ap^Y^ixia  è'jTiv  xpaYpi.a  xapà  tîov  àpx^twv  eyp-.jxofjLÉvr//, 
Xt[xt'a  o£  XsYSTai  ^wfxatdTTj,  (fpxyyivix  Sa  [xaÇa  [sic). 

«  L'Alchimie  est  une  chose  découverte  par  les  anciens  :  on  l'appelle  Chimie 
en  romaïque,  Maza  en  langue  franque.  » 

Quant  au  texte  latin  on  lit,  dans  les  deux  publications  citées  :  (nAlchimia  est 
arsab  A  Ichimo  inventa  et  dicitur  ab  archymo  grœcè,  quod  est  massa  latine.  » 

«  L'Alchimie  est  un  art  découvert  par  Alchimus;  c'est  d'après  le  mot  grec 
archymus  qu'elle  a  été  nommée,  mot  qui  signifie  massa  en  latin .  » 

Cette  phrase  étrange  se  trouve  aussi  dans  le  Liber  trium  verborum  Kalid 
{Bibliotheca  Chemica  de  Manget,  t.  II,  p.  189)  :  «  Alchimia  ab  Alchimo 
inventa.  Chimia  aiitem  grœcè,  massa  dicitur  latine.  » 

Pic  de  la  Mirandole,  au  xvi»  siècle,  cite  aussi  cet  Alchimus, en  répudiant 


10  Figuré  par  le  symbole  de  la  planète  Mercure. 


2IO  CHIMIE    DES    ANCIENS 

l'étymologie  précédente.  Il  y  a  là  sans  doute  quelque  réminiscence  de  l'ancien 
Chymes (i).  Quant  au  mot  [xa^a  ou  massa,  il  existe  comme  synonyme  de  la 
Chimie  dans  le  Lexicon  Alchemiœ  Rulandi  (au  mot  Kjrmus). 

Le  latin  explique  ensuite  que  les  métaux  diffèrent  seulement  par  une 
forme  accidentelle  et  non  essentielle,  dont  on  peut  les  dépouiller  : 

Forma  accidentali  tantum,  nec  essentiali  :  ergo  possibilis  est  spoliatio 
accidentum  in  metallis.  Mais  le  grec  est  ici  plus  vague. 

Au  contraire,  le  grec  développe  davantage  la  génération  des  métaux  et 
parle  de  la  terre  vierge  (2),  comme  l'ancien  Hermès  :  l<Jx  •^f^q  Trapôévou  xal 
aaôp^ç  ;  ce  que  le  latin  traduit  simplement  par  terra  miinda,  la  terre  pure. 

Les  deux  textes  se  suivent  ainsi  parallèlement,  avec  des  variantes  consi- 
dérables et  des  développements  inégaux.  Puis  viennent  la  description  des 
fourneaux  (fol.  282),  celle  des  quatre  esprits  volatils  :  le  mercure  (signe  delà 
planète  Hermès),  le  soufre,  l'arsenic  (même  signe  que  celui  de  la  PI.  VI, 
1.  26)^  le  sel  ammoniac.  Le  nom  ancien  de  l'orpiment,  àpaévixov,  est  changé 
ici  en  âcptTrT^YiJLaTov  :  ce  qui  est  une  transcription  littérale  du  latin  aitri pig^ 
mentum,  transcription  montrant  par  une  nouvelle  preuve  que  le  texte  ori- 
ginal a  été  écrit  en  latin.  Divers  sels,  le  tartre,  le  vert-de-gris,  le  cinabre,  la 
céruse,  le  minium  figurent  ici. 

Puis  viennent  les  opérations,  dont  la  description  fournit  des  équivalences 
intéressantes  entre  les  mots  grecs  du  xiv*  siècle  et  les  mots  latins  ;  équiva- 
lences dont  plusieurs  sont  distinctes  des  anciennes  expressions  contenues 
dans  les  premiers  alchimistes. 

Parexemple  (fol.  285). 

pi'viffjxa,  qui  voulait  dire  à  l'origine  limaille,  est  traduit  par  sublimatio.  —  Il 
y  a  ici  l'idée  de  l'atténuation  extrême  de  la  matière,  exprimée  plus  tard  par 
le  mot  alcoolisation,  qui  voulait  dire  réduction  à  l'état  de  poudre  impalpable. 

'Aa8éaTa)[ji.a.  —  Calcinatio.  —  Ce  mot  nouveau  a  remplacé  l'ancien  twatç; 
et  le  mot  àjSsjxoç,  ou  calx  (chaux  métallique),  s'est  substituée  îoç. 

Iiff'^\).(x.  —  Coagulatio.  —  Solidification  d'un  corps  liquide. 

Hyj^iç.  ■ —  Fixio.  —  Fixation  d'un  corps  volatil. 

'AvaXu[Aat.  —  Solutio.  —  Dissolution. 

(1)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  167.  |  (2)  Origines  de  l'Alchimie^  p.  63. 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  211 

SxaXaYJxa.  —  Sublimatio.  —  C'est  la  distillation,  opérée  par  vaporisation, 
ou  par  filtration, 

KiQpa)iJi,a.  —  Ceratio.  —  Ramollissement, 

"EtJ^rjffiç.  —  Decoctio.  —  Cuisson,  emploi  de  fondants. 

Les  deux  textes  se  suivent  jusqu'au  bout. 

Ainsi  le  traité  de  Théoctonicos  n'est  autre  chose  que  la  traduction  grecque 
de  Touvrage  latin  d'Alchimie  attribué  à  Albert  le  Grand.  Ce  fait  de  la  tra- 
duction en  grec  d'un  ouvrage  latin,  au  moyen  âge,  est  exceptionnel. 
Peut-être  s'explique-t-il  par  Tépoque  même  où  il  s'est  produit,  qui  est  celle 
du  contact  forcé  entre  les  Grecs  et  les  Latins,  établi  par  suite  des  croisades 
et  de  l'occupation  de  Gonstantinople. 

On  trouve  d'ailleurs  des  textes  grecs  de  la  même  époque,  inspirés  égale- 
ment des  Arabes,  parmi  les  manuscrits  du  Vatican,  tels  que  le  n"  914  (Recettes 
pour  écrire  en  lettres  d'or,  etc.);  le  n»  1 1 34,  daté  de  1 378,  sur  le  rfiavoç,  l'èXe- 
5'ip,  l'arsenic,  le  sel  ammoniac,  les  aluns,  la  cadmie,  etc.  (i). 

Je  rappellerai  encore  la  page  d'Arnaud  de  Villeneuve,  traduite  en  grec, 
qui  se  trouve  ajoutée  à  la  fin  du  manuscrit  2327  de  Paris  (fol.  291). 

X.  —  Manuscrits  alchimiques  de  Leide. 

Il  existe  à  Leide  des  manuscrits  alchimiques  grecs,  signalés  par  divers 
auteurs  et  dont  il  m'a  paru  utile  de  prendre  une  connaissance  plus  appro- 
fondie. Mon  fils,  André  Berthelot,  déjà  préparé  par  l'examen  des  manu- 
scrits du  Vatican,  et  des  bibliothèques  allemandes  (p.  1 9 1  et  1  gS),  s'est  chargé 
de  ce  travail.  Je  vais  en  donner  le  résumé. 

Il  y  a  deux  manuscrits  alchimiques  grecs  de  quelque  importance  à  Leide, 
l'un  intitulé  :  Codex  Vossianus  Grœcus,  n°  47,  in-40,  72  folios,  très  mal  écrit, 
daté  de  1440;  l'autre  provenant  des  livres  de  Ruhnkenius,  savant  helléniste 
du  dernier  siècle,  inscrit  sous  la  rubrique  XXIII,  Ru.  6,  in-4",  3o  folios  ;  sur 
papier,  écrit  au  xvn«  siècle.  J'appellerai  pour  abréger  le  premier  :  Voss.  etle 
second  :  Ru. 


(i)  Rapport  sur  les  manuscrits  alchi- 
miques de    Rome,   par  A.   Berthelot, 


dans  les  Archives  des  missions  scienti- 
fiques, 3«  s,,  t.  XIIJ,  p.  835  et  suiv. 


212  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Ces  manuscrits  sont  tous  deux  intéressants  :  le  premier,  Voss.,  parce  qu'il 
renferme  quelques  fragments  qui  n'existent  pas  ailleurs;  le  second,  Ru.,  en 
raison  de  certaines  de  ses  figures,  qui  établissent  complètement  le  passage 
entre  les  appareils  des  vieux  manuscrits  et  l'aludel  des  Arabes.  Je  les  ai 
données  plus  haut,  avec  commentaires  (p.  167  à  173). 

Codex  Ru.  6.  Quant  au  texte  même,  le  Ru.  paraît,  d'après  une  collation 
rapide  mais  précise,  ne  rien  renfermer  qui  ne  soit  déjà  contenu  dans  le 
manuscrit  2827  et  plus  spécialement  dans  celui  de  la  Laurentienne.  Il  repré- 
sente d'ailleurs,  non  les  textes  mêmes,  mais  surtout  une  table  des  matières, 
suivie  de  quelques  extraits.  Il  paraît  donc  inutile  d'entrer  ici  dans  plus  de 
détails. 

Disons  seulement  que  dans  ce  manuscrit  le  texte  alchimique  proprement 
dit  comprend  20  folios,  dont  les  quatre  derniers  consacrés  au  traité  de 
Psellus.  Puis  vient  un  traité  mutilé  sur  la  musique  (fol.  23-24)  et  un  traité 
sur  les  oiseaux  (fol.  25-29),  déjà  édité  dans  Rei  Accipitrariœ  Scriptores, 
pages  243  à  255  (sauf  que  l'ordre  des  chapitres  diffère).  —  Les  signes  du 
manuscrit 2327,  c'est-à-dire  nos  planches  IV,  V,  VI,  VII  et  VIII  (v.  page  168) 
figurent  textuellement  dans  Ru.;  ce  qui  établit  la  filiation. 

Codex  Vossianus.  Ce  manuscrit  mérite  une  attention  spéciale;  car  il  se 
distingue  à  certains  égards  de  tous  les  autres  manuscrits  alchimiques  connus. 
Les  textes  chimiques  commencent  (fol.  4-1 1)  par  un  abrégé  des  leçons  de 
Stéphanus,  se  terminant  par  les  mots  :  [le-hi.  zo  ëa  xaTO)  xat  yéXeacf^  ;  mots  qui 
répondent  à  la  fin  des  mêmes  leçons  dans  le  manuscrit  2325  (sauf  yav-rjcrexai 
au  lieu  de  yiXeax^).  Cette  circonstance  joue  un  rôle  essentiel  dans  la  classi- 
fication des  manuscrits  (v.  p.  179  à  181).  Puis  vient  une  feuille  blanche,  suivie 
des  mots  :  èx  xoQ  S'.aXoyou  KXeoxaTpaç  ou  y)  àpxn  ^eiTcst.  La  phrase  du  début:  II 
-jrXàvY]  i(j'Kipri  ^^  'V  '^ÔGis.ijd  Stà  xo  xAyJôoç  twv  ètcwvjixwv,  se  trouve  dans  la  9* leçon 
de  Stéphanus,  imprimée  par  Ideler  (t.  II,  p.  247,1.  25).  Cette  phrase  y  est 
séparée  du  mot  yéXeffav  par  deux  lignes  de  texte,  supprimées  dans  Voss. 

Rappelons  que  j'ai  établi  plus  haut  (p.  192),  comment  la  fin  de  la  9^  leçon 
de  Stéphanus  et  le  milieu  du  Dialogue  de  Cléopâtre  ont  été  confondus  et  mis 
bout  à  bout  dans  le  manuscrit  de  Saint-Marc,  ainsi  que  dans  le  texte  d'Ideler, 
par  suite  d'une  erreur  fort  ancienne  des  copistes.  La  même  confusion  a  lieu 
dans  le  Voss.;  à  cela  près  qu'il  y  manque  les  dix  lignes  (14  à  24)  de  la  page 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS  2l3 

248  d^Ideler,  depuis  le  mot  Tzpoueyyiaoïi  qui  y  marque  le  début  du  fragment 
du  Dialogue,  jusqu'aux  mots  OavaxwŒTjTat.  ^Xézets  10  ôeïov  uâwp  zo  tcotiÇov 
œjxoc  xal  ty;v  vsçéXr^v,  lesquels  font  en  effet  partie  du  Dialogue  de  Cléopâtre, 
dans  le  manuscrit  2327.  —  Dans  Ideler,  on  Jes  retrouve  à  la  ligne  23  de 
la  page  248. 

Tout  ceci  indique  une  confusion  analogue,  mais  qui  n'est  pas  identique 
dans  les  diverses  copies.  La  dernière  ligne  du  Dialogue  dans  le  Voss.  est 
la  même  que  celle  d'Ideler. 

Au -folio  24  sont  les  extraits  des  poètes  ;  puis  ceux  de  Pelage  (fol.  14-17), 
d'Ostanès  (fol.  17),  de  Synésius  :  ce  dernier  déjà  repioduit  par  Reuvens 
(lettre  à  M.  Letronne).  La  plupart  de  ces  extraits  ont  un  caractère  technique 
très  manifeste.  L'auteur  abrège  ou  supprime  la  phraséologie  mystique, 
conservant  au  contraire  in  extenso  les  recettes  proprement  dites. 

Puis  vient  Démocrite  [Pkysica  et  Mystica),  TAnonyme,  Zosime,  sur  la 
vertu  (extrait,  fol.  3i  verso),  et  une  série  de  petits  écrits  sur  l'â'ijôâJTo;  et  autres, 
qui  se  trouvent  au  long  dans  le  manuscrit  de  Venise.  Le  tout  se  poursuit 
dans  le  Voss.  sans  rien  de  spécial,  jusqu'au  folio  49,T:epl  cpyavwv,  de  Zosime. 
—  On  rencontre  alors  la  Chrysopée  de  Cléopâtre  et  des  figures  pareilles  à 
celles  du  manuscrit  de  Venise. 

La  similitude  des  figures  est  si  grande  que  l'on  ne  saurait  douter  d'uneori- 
gine  commune;  le  Voss.  reproduit  en  effet  (fol.  49  versol  la  Chrysopée  (notre 
fig.  1 1),  avec  ces  mots  en  face  :  cti  àxo  àax'.aaTOj  yjxky.o\)  Ic^. 

El  plus  bas:  "E^^st  âà  cy-:o;  ^r,y.oç,  usXo?,  cw}xr;v  : 

Puis  (fol.  5o  verso)  les  deux  figures  de  dibicos  (nos  fig.  14  et  14  bis)  ;  au 
folio  5 1  recto,  les  mots  è^^ç  -ô  TpicrjV.ov  jz^yp^Çï;  et  au  bas  de  la  page  :  z\  lï  tj-c: 
ojTw;  ;  puis  les  mots  è'jTtv  àp/Y),  et  la  figure  en  cœur  (notre  fig.  3i)  ; 

Au  folio  5i  verso,  la  figure  da  tribicos  (notre  fig.  i5)  et  celle  de  l'appareil 
distillatoire  (notre  fig.  16). 

Au  folio  52  recto,  en  face  :  s-spov  Tsîr^s'.ç  7,al  sTîpov  apsiç. 

Au  folio  52  verso:  les  kérotakis  (nos  fig.  22  et  24I. 

Au  folio  53  recto  :  la  palette  (notre  fig.  zj^bis). 

Au  folio  53  verso  :  les  deux  appareils  à  digestion  (nos  fig.  20  et  21). 

Au  folio  55  verso:  les  trois  autres  figures  de  kérotakis,  ajoutées  sur  les 
marges  du  manuscrit  de  Saint-Marc  (nosfig.  25,  26  6127), avec  les  mots:  s-iv 


214  CHIMIE   DES   ANCIENS 

?^et  To  ocrpox'vov  ctjyoç  xaXtÎTTOv  ttjv  çtaX-rjv  tyjv  exl   tt;v  xïjpoToxfSa  tva  xsptôXlTCT) 
Puis  viennent  les  figures  et  les  mots  : 

èx  çt  è'aTt  TO  xXuv  [sic;  mots  abrégés). 
èxTwv  îojSaixwv  YP^fÇWV. 
Au  folio  58  recto,  la  figure  de  la  chaudière  et  du  xôvxoç  (notre  fig.   i8), 
qui  n'existe  dans  aucun  autre  que  celui  de  Saint-Marc. 

Aux  folios  54  et  55,  on  lit  quelques  petits  morceaux,  d'un  caractère  spé- 
cial, qui  débutent  ainsi: 

Ta  TTjV  àxo  Toù  5(puaopp6ou  xoTa[i.ou  cûjxçupav  àçatpéjxaTi... 
xpoç  [xîçeiç  oj  xoiTjaet  çupa[xa  etç  XexàvYjv  oaxpaxîvrjv... 
<3ç  ot5pa|Aa  âpyOpou... 
Les  articles  qui  suivent  :  sur  les  feux,  le  cuivre  brûlé,  la  trempe  du  fer  persan, 
et  celle  du  fer  indien,  les  poids  et  mesures  (fol.  56  à  64),  ne  diffèrent  pas  du 
manuscrit  de  Venise. 

La  liste  des  signes  (fol.  70  à  72)  reproduisant  nos  figures  3,  4,  5,  PI.  I, 
II,  III,  est  très  significative;  car  c'est  celle  des  signes  du  manuscrit  de 
Saint-Marc,  modifiée  par  des  interversions,  dues  évidemment  au  copiste  qui 
a  embrouillé  Tordre  des  colonnes.  La  liste  finale  des  noms  des  philosophes 
est  exactement  la  même. 

A  la  fin  on  lit  (fol.  70)  la  formule  de  PEcrevisse  (notre  fig.  28),  avec  son 
explication  et  le  texte  qui  l'accompagne,  dans  l'addition  faite  au  début  du 
manuscrit  de  Saint-Marc  (v.  p.  i52  à  i55).  Ce  dernier  texte  est  terminé  de 
même  par  les  mots  :  «  Ainsi  a  été  accomplie,  avec  l'aide  de  Dieu,  la  pratique 
de  Justinien.  » 

Formule  et  texte  sont  précédés  par  un  autre  morceau  sur  l'oeuf,  attribué  à 
Justinien  et  que  je  vais  reproduire,  comme  formant  avec  la  phrase  précédente 
les  seuls  débris  qui  nous  restent  de  ces  traités  alchimiques  de  Justinien, 
indiqués  dans  la  vieille  liste  du  manuscrit  de  Saint-Marc  (p .  1 76) .  Il  semble 
que  c'était  l'œuvre  pseudonyme  d'un  commentateur,  analogue  à  l'Anonyme 
et  à  Stéphanus.  En  tout  cas,  l'existence  de  ce  morceau  prouve  que  le  Voss. 
a  dû  puiser  dans  des  sources  perdues  aujourd'hui.  Cependant,  sauf  quel- 
ques petits  fragments,  on  vient  de  voir  que  son  contenu  n'apporte  rien 
d'essentiellement  nouveau.  Peut-être  vaudra-t-il  plus  tard  la  peine  d'être 
coUationné  avec  le  texte  grec  de  la  publication  présente. 


NOTICES    SUR    QUELQUES   MANUSCRITS  21 5 

Codex  Vossianus  (Leide),  n»  47,  in-4"  —  fol.  69  verso  : 
O     louoTivtavoç  ouTwç  xéxXrjTat  xoi  xpoç  to   wov  exaaTa. 

Tov  xpoxov  lîixpoi^  aTTtx-^v.  aivwiriâïjv  tuôvtiov.  vt'xpov  ^oûa'.ov.  ^a^^f'^'iv  èxTYjv. 
xuavov  àp[ji.éviov,  xpoxov  xtX(xtov.  èXûâptov. 

To  Se  oaTpaxov,)(aXxov,  (T(ST)pov,xaffffiTr;pov,ix6Xt8Sov(l).  cwixa  <rrep£6v. 

Ty)v  âè  aa6eaTov,  yîjv  ^lav.  àaTepiTYjv.  âçpoaéXrjvov.  x6(ay)v  àxàvÔYjç.  oxov  auxîjç. 
CTCov  Tt6u[xàXou.  jjLayvYjafav  Xeuxtjv.  i^f.\L\).ù^<.Q'f . 

To  Se  ^avôov  uSwp  xuavô^pwov.  uowp  6£(ou  àxùpou.uotop  àpaevfxou.  uâwp  x(Tptov. 
xoyxiJ^Tîv.  àpiaToXo5((av.  u5(op  )(pu(jox'jp(TOu.  uâwp  «pÉxXyjç  .  xal  oXXa  Ixepa. 

To  Sa  Xeuxov  uowp  èxàXsae  Geïov  y'Swp.  àTroXeXujxévov  tçoç.  uSwp  axuTCTYjpfaç. 
û5(i)p  aaêéaxou.  uSwp  airoSoû  xpâ}jL6Y]ç.  oupov.  Y<i^<3c  xaivov  ôïjXuÇcufTa.  yaXa  alyôç. 
yaXa  axoSou  Xeuxwv  ^ijXtùv.  y^Xa  (poivixTjç.  àpyupoÇcoixtcv.  iiSwp  viTpou  Xeuxcv. 
xal  è'-repa. 

a  Justinien  met  ainsi  en  lumière  chacune  des  parties  relatives  à  l'œuf 
(philosophique  ;  v.  Texte  grec,  I,  m  et  I,  iv)  : 

Le  jaune,  c'est  l'ocre  attique;  le  vermillon  du  Pont;  le  nitre  roux;  la 
chalcite  grillée;  le  bleu  d'Arménie,  le  safran  de  Cilicie,  la  chélidoine. 

La  coquille,  c'est  le  cuivre,  le  fer,  Tétain,  le  plomb,  le  corps  solide. 

La  chaux,  c'est  la  terre  de  Chio,  la  pierre  scintillante,  la  sélénite  ;  la 
gomme  d'acanthe;  le  suc  du  figuier;  le  suc  du  tithymale;  la  magnésie  blan- 
che ;  la  céruse. 

L'eau  jaune  qui  teint  en  bleu,  c'est  Teau  du  soufre  apyre,  l'eau  d'arsenic, 
Teau  citrine,  le  coquillage,  l'aristoloche,  l'eau  de  la  pyrite  dorée,  Teau  de  lie, 
et  les  autres  choses. 

Il  a  appelé  l'eau  blanche  :  eau  divine  obtenue  par  écoulement,  vinaigre, 
eau  d'alun,  eau  de  chaux,  eau  de  cendres  de  choux,  urine,  lait  nouveau  pro- 
duit par  une  femelle  (?),lait  de  chèvre,  lait  de  la  cendre  des  bois  blancs,  lait 
de  palmier,  liqueur  argentine,  eau  de  nitre  blanc,  et  le  reste.  « 

XI.  —  Manuscrits  divers. 
Je   relaterai,   pour  ne  rien  omettre,  dans  le  manuscrit  ii3  de  la  Biblio- 

(i)  Le  nom  de  chaque  métal  est  suivi  de  son  signe  dans  le  manuscrit. 


31 6  CHIMIE    DES    ANCIENS 

thèque  du  Métoque  du  Saint-Sépulcre,  à  Constantinople,  un  petit  traité 
Trep'i  yYjtx'.y.wv,  ainsi  que  la  lettre  de  Psellus  au  patriarche  Michel  sur  l'art 
chimique  :  ces  indications  m'ont  été  fournies  par  M.  J.  Psichari,  qui  a 
visité  cette  Bibliothèque  l'an  dernier. 

Enfin  M.  Ludwig  Stern  a  publié  dans  la  Zeitschriftfur  œgypt. Sprache, 
pages  I02-1 19,  3e  livraison,  i885,  des  fragments  d'un  Traité  copte,  écrit  à  la 
fin  du  moyen  âge  et  composé  surtout  d^une  série  de  courts  articles,  qui 
semblent  avoir  un  caractère  purement  technique. 

XII.  —  Manuscrit  arabe  d'Ostanès. 

11  existe  à  la  Bibliothèque  Nationale  de  Paris  un  manuscrit  alchimique 
arabe,  renfermant  unTraité  attribué  à  Ostanès  (n°  972  de  Tancien  fonds).  Ce 
manuscrit  est  d'une  très  belle  écriture  ;  il  a  été  transcrit  au  xiv»  ou  au  xv®  siècle. 
Un  savant  très  compétent  a  bien  voulu  en  traduire  verbalement  pour  moi 
quelques  pages,  que  j'ai  prises  sous  sa  dictée,  et  que  je  vais  reproduire,  à  titre 
de  renseignement  : 

«  Livre  desDou^e  Chapitres  d'' Ostanès  le  Sage  sur  la  Science  de  la  Pierre 
illustre.  Introduction.  —  Au  nom  de  Dieu,  etc.,  le  sage  Ostanès  dit:  ceci  est 
l'interprétation  du  livre  du  Contenant,  dans  lequel  on  trouve  la  science  de 
Pœuvre,  sa  composition  et  sa  dissolution,  sa  synthèse  et  son  analyse,  sa  dis- 
tillation et  sa  sublimation,  sa  combustion  et  sa  cuisson,  sa  pulvérisation  et 
son  extraction,  son  grillage,  son  blanchiment  et  son  noircissement,  l'opéra- 
tion qui  la  rend  rouge,  sa  fabrication  avec  des  éléments  provenant  des  règnes 
minéral,  végétal,  animal,  et  la  constitution  de  l'or  philosophique,  lequel  est 
le  prix  du  monde  :  ainsi  que  l'acide  et  la  composition  du  sel  et  le  dégage- 
ment de  l'esprit;  la  synthèse  des  mercures  et  l'analyse  des  soufres, et  tout  ce 
qui  se  rapporte  à  la  méthode  de  l'œuvre.  » 

Avant  l'introduction,  il  est  dit  que  l'ouvrage  a  été  traduit  du  pehlvi,  du  grec, 
etc,  etc.,  et  le  traducteur  prétendu  ajoute  : 

a  La  première  partie  renferme:  un  chapitre  sur  la  description  de  la  pierre 
philosophique  et  un  chapitre  sur  la  description  de  l'eau  ;  —  sur  les  prépara- 
tions ;  —  sur  les  animaux. 

«  La  seconde  partie  renferme  un  chapitre'sur  les  plantes  ;  —  sur  les  tem- 


NOTICES  SUR  QUELQUES  MANUSCRITS 


217 


péraments;  —  sur  les  esprits  ;  —  sur  les  sels  ;  —  un  chapitre  sur  les  pierres  ; 
—  sur  les  poids  ;  —  sur  les  préparations  ;  —  sur  les  signes  secrets. 

«  J'ai  donné,  ces  choses,  dit-il,  d'après  les  paroles  d'Ostanès  le  Sage  et  j'ai 
ajouté  à  la  fin  deux  chapitres,  d'après  les  paroles  d'Hercule  (Héraclius)  le 
Romain,  les  paroles  d'Abu-Alid  l'Indien,  les  paroles  d'Aristote  l'Égyptien, 
les  paroles  d'Hermès,  les  paroles  d'Hippocrate,  et  les  paroles  de  Géber,et 
les  paroles  de  l'auteur  d'Emèse.  » 

Ailleurs,  il  cite  Aristote  comme  son  contemporain  :  «  j'ai  entendu  Aristote 
dire...  »  Il  cite  aussi  Platon  (fol.  84),  Galien  (fol.  19  verso),  Romanus 
(fol.  17  verso  et  23  verso),  les  livres  des  anciens  en  langue  grecque  (fol.  14 
verso),  Abubekr(i),  alchimiste  arabe  du  iv^  siècle  de  l'Hégire  (fol.  23  verso), 
Djamhour,  autre  alchimiste  arabe  (fol.  3). 

La  personne  qui  me  traduisait  ces  pages  n'a  pas  retrouvé  dans  le  manu- 
scrit les  chapitres  techniques  annoncés  plus  haut  et  qui  auraient  offert  beau- 
coup d'intérêt.  Voici  seulement  quelques  extraits,  qu'elle  a  eu  l'obligeance  de 
me  dicter  : 

«  I"  Chapitre:  Sur  la  description  de  la  pierre,  tirée  du  livre  du  Conte- 
nant (2);  le  sage  dit  : 

«  La  première  chose  qu'il  faut  chercher,  c'est  la  connaissance  de  la  pierre 
qui  fut  recherchée  par  les  anciens,  et  dont  ils  acquirent  le  secret  avec  le  tran- 
chant du  sabre.  Et  il  leur  fut  interdit  de  la  nommer,  ou  s'ils  la  mentionnaient 
nominativement,  c'est  par  un  nom  vulgaire.  Et  ils  conservaient  le  secret 
jusqu'à  ce  qu'ils  pussent  le  révéler  aux  âmes  pures.  » 

Et  plus  loin  : 

a  La  pierre,  on  l'a  décrite  en  disant  qu'elle  est  l'eau  courante,  l'eau  éter- 
nelle ;  —  qu'elle  est  le  feu  ardent,  le  feu  glacé,  la  terre  morte,  la  pierre  dure, 
la  pierre  douce  ; —  c'est  l'esclave  fugitif;  le  stable  et  le  rapide;  la  chose  qui 
fait,  celle  qui  est  faite  ;  celle  qui  lutte  contre  le  feu,  celle  qui  tueparlefeu  ; 
celui  qui  a  été  tué  injustement,  qui  a  été  pris  de  force  ;  l'objet  précieux, 
.'objet  sans  valeur  ;  la  plus  haute  magnificence,  la  plus  basse  abjection;  il 
exalte  celui  qui  le  connaît  ;  il  illustre  celui  qui  s'y  applique  ;  il  dédaigne 


(i)  C'est  Rhazès.  —  Voir  Ru/us  d'E- 
phèse,  édition  de  iS-q,  préface,  p.  xlvhi. 


(2)  Ce  titre  est  le  même  que  celui  de 
l'ouvrase  médical  de  Rhazés. 


2l8  CHIMIE  DES  ANCIENS 

celui  qui  l'ignore  ;  il  abaisse  celui  qui  ne  le  connaît  pas  ;  il  est  proclamé 
chaque  jour  partoute  la  terre.  O  vous,  cherchez-moi,  prenez-moi  —  etfaites- 
moi  mourir,  puis  après  m'avoir  tué,  brûlez-moi:  après  tout  cela,  je  ressus- 
cite et  j'enrichis  celui  qui  m'a  tué  et  qui  m'a  brûlé.  S'il  m'approche  vivant 
du  feu,  je  le  rends  glacé.  Si  l'on  me  sublime  entièrement  et  qu'on  me  lie 
fortement,  je  retiens  alors  la  vie  dans  mes  convulsions  extrêmes  et  par  Dieu 
je  ne  m'arrête  que  lorsque  je  suis  saturé  du  poison  qui  doit  me  tuer.  » 

«  Je  t'ai  montré  ces  sources  (de  la  connaissance)  en  principe  et  non  pas 
en  fait. . .  Et  je  n'ai  rien  caché.  Dieu  m'en  est  témoin. . .  Je  l'ai  posée  d'une  façon 
exacte  dans  le  but.  —  Il  ne  faut  pas  que  tu  le  dépasses » 

Ce  langage  mystique  et  déclamatoire  rappelle  à  la  foisZosime  et  les  vieux 
alchimistes  arabes  du  moyen  âge,  cités  dans  Vincent  de  Beauvais. 

Au  folio  62  on  lit  un  second  ouvrage,  attribué  aussi  à  Ostanès.  En  voici 
un  extrait:  «  Le  sage  Ostanès  dit  en  réfléchissant  et  en  regardant  cette  œuvre: 
L'amour  de  cette  œuvre  est  entré  dans  mon  cœur  et  en  même  temps  le  souci 
a  pénétré  en  moi,  de  sorte  que  le  sommeil  a  fui  mes  yeux  et  j'ai  perdu  le 
boire  et  le  manger:  par  là  mon  corps  s'est  affaibli  et  j'ai  changé  de  couleur. 
Lorsque  je  vis  cela,  je  m'adonnai  à  la  prière  et  au  jeûne.  » 

a  II  a  prié  Dieu,  et  il  a  vu,  étant  couché,  une  apparition  qui  lui  dit:  Lève- 
toi  et  elle  le  conduisit  à  un  lieu  où  il  vit  sept  portes.  Mon  guide  me  dit: 
ce  sont  les  trésors  de  ce  monde  que  tu  recherches.  Je  lui  dis  :  Donne  moi  la 
faculté  d'y  pénétrer —  Il  répondit:  il  faut  l'aile  de  l'aigle  et  la  queue  du  ser- 
pent». 

«  Il  vit  plusieurs  tablettes  :  sur  l'une  était  écrit  ce  qui  suit.  C'était  un 
livre  persan,  plein  de  science,  où  il  était  dit  :  l'Egypte  est  une  contrée  tout  à 
fait  privilégiée.  Dieu  lui  a  donné  la  sagesse  et  la  science  en  toute  chose. 
Quant  à  la  Perse,  les  habitants  de  l'Egypte  et  des  autres  contrées  lui  sont 
redevables:  rien  ne  réussit  sans  son  concours.  Tous  les  philosophes  ont  été 
en  Perse,  etc.  » 

Il  est  difficile  de  distinguer  dans  ces  citations  ce  qui  appartient  en  propre 
à  l'auteur  arabe  et  ce  qui  pourrait  provenir  d'une  source  grecque,  plus  ou 
moins  éloignée.  Mais  le  dernier  morceau  a  une  physionomie  singulière  ; 
on  y  voit  une  apparition,  conformément  aux  vieilles  traditions  magi- 
ques du  persan  Ostanès  ;  l'éloge  de  la  Perse   semble  pareillement  l'indice 


METAUX    CHALDEENS  219 

d'une  antique  tradition.  On  peut  aussi  rapprocher  les  paroles  relatives  à 
PEgypte,  de  celles  qui  concernent  la  terre  de  TEthiopie  dans  le  dialogue 
grec  de  Gomarius  (Ideler,  T.  Il,  p.  253,  lig.  11),  dialogue  où  Ostanès  est 
également  cité  (même  ouvrage,  II,  p.  248,  lig.  27). 


VII.  —  SUR  QUELQUES  METAUX  ET  MINERAUX 

PROVENANT  DE  L'ANTIQUE  CHALDÉE 

En  poursuivant  mes  études  sur  les  origines  de  l'Alchimie  et  sur  les  métaux 
antiques,  j'ai  eu  occasion  d'examiner  diverses  matières,  provenant,  les  unes 
du  palais  de  Sargon,  à  Khorsabad,  les  autres  des  fouilles  de  Tello  par 
M. de  Sarzec.  C'est  grâce  à  l'extrême  obligeance  denotre  confrère, M.  Heuzey, 
conservateur  au  musée  du  Louvre,  que  j'ai  pu  étudier  ces  échantillons,  tirés 
des  précieuses  collections  de  notre  grand  Musée  national.  Je  vais  présenter 
les  résultats  de  mes  analyses,  et  j'exposerai  ensuite  divers  documents  nouveaux 
ou  peu  connus,  relatifs  à  l'origine  de  l'étain  employé  par  les  anciens  dans 
la    fabrication   du    bronze. 

Commençons  par    les  objets  provenant  de  Khorsabad. 

Dans  le  cours  de  ses  fouilles,  en  1854,  M.  Place  découvrit,  sous  l'une 
des  pierres  angulaires  du  palais  de  Sargon,  un  coffre  de  pierre  contenant 
des  tablettes  votives,  couvertes  d'inscriptions  cunéiformes  très  nettes,  des- 
tinées à  rappeler  la  fondation  de  liédifice  (706  av.  J.-C).  D'après  M.  Place, 
ces  tablettes  auraient  été  au  nombre  de  cinq  ;  mais  les  inscriptions  indiquent 
formellement  qu'il  y  en  avait  sept,  désignées  nominativement.  Quatre 
seulement  de  ces  tablettes  se  trouvent  aujourd'hui  au  musée  du  Louvre. 
Les  trois  autres  sont  perdues.  Les  quatre  tablettes  qui  restent  portent  des 
inscriptions  longues  et  détaillées.  M.  Oppert  a  publié  la  traduction  de  trois 
d'entre  elles,  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Ninive  et  V Assyrie,  par  V.  Place 
(t.  II,  p.  3o3  ;  1870).  Le  sens  en  est  à  peu  près  le  même  pour  les  trois  et  il  st 
rapporte  à  la  construction  du  palais.  D'après  cette  traduction,  les  tablettes 
étaient  en  or,  argent,  cuivre,  en  deux  autres  corps  dont  les  noms  ont  été 
identifiés  avec  le  plomb  et  l'étain,  ce  dernier  plus  douteux,  d'après  M .  Oppert  : 


220  CHIMIE    DES    ANCIENS 

enfin  en  deux  derniers  corps  portant  le  déterminatif  des  pierres  employées 
comme  matériaux  de  construction,  et  qui  sont  regardés  comme  du  marbre  et 
de  Talbàtre.  Malheureusement,  chaque  tablette  ne  contient  pas  à  part  le  nom 
de  la  matière  dont  elle  est  faite. 

J'ai  examiné  les  quatre  tablettes  actuellement  existantes  au  Louvre.  Elles 
sont  rectangulaires  et  épaisses  de  plusieurs  millimètres.  La  lame  d'or  est 
la  plus  petite  ;  elle  se  reconnaît  aisément,  quoiqu'elle  ait  perdu  son  éclat. 
Elle  pèse  environ  167  gr.  Elle  a  été  façonnée  au  marteau.  Le  métal  n'est  pas 
allié  avec  un  autre  en  proportion  notable. 

La  lame  d'argent  est  également  pure,  ou  à  peu  près.  Elle  est  légèrement 
noircie  à  la  surface,  en  raison  de  la  formation  d'un  sulfure,  comme  il  arrive 
à  l'argent  exposé  pendant  longtemps  aux  agents  atmosphériques.  Elle  pèse 
environ  4358^  Je  donne  ces  poids  à  titre  de  renseignements,  sans  préjuger 
la  question  de  savoir  s'ils  répondaient  aux  valeurs  relatives  des  métaux  à 
l'époque  delà  fondation  du  palais.  On  sait  que  le  rapport  de  valeur  de  l'or 
à  l'argent  a  varié  beaucoup  suivant  les  temps  elles  lieux. 

La  lame  réputée  de  cuivre  est  profondément  altérée  et  en  partie  exfoliée 
par  l'oxydation.  Elle  pèse,  dans  son  état  présent ,  environ  9528^  Ceci  joint 
à  la  densité  du  métal,  moindre  que  celle  de  l'or  et  de  l'argent,  suffit  pour 
montrer  que  les  dimensions  en  sont  beaucoup  plus  considérables  que  celles 
des  deux  autres.  La  couleur  en  est  rouge  foncé,  déterminée  surtout  par 
la  présence  du  protoxyde  de  cuivre.  Cependant  ce  n'est  pas  du  cuivre  pur, 
mais  du  bronze.  En  effet,  un  échantillon  prélevé  à  la  lime  sur  les  bords 
renfermait,  d'après  l'analyse  : 

Étain 10,04; 

Cuivre 85,25  ; 

Oxygène,  etc 4,71  ; 

100,00 

Il  n'y  a  ni  plomb,  ni  zinc,  ou  autre  métal  en  quantité  notable.  La  pro- 
portion de  l'étain  répond  à  celle  d'un  bronze  jaune  d'or  ;  mais  la  présence 
du  protoxyde  de  cuivre  a  altéré  la  couleur.  Cette  composition  se  retrouve 
d'ailleurs  dans  un  grand  nombre  de  bronzes  antiques.  Je  citerai  seulement 
un  miroir  égyptien,  datant  du  xvii^  ou  du  xvin*  siècle  avant  notre  ère,  et  que 


METAUX    CHALDEENS  221 

j'ai  analysé  autrefois  pour  M.  Mariette.  Il  renfermait  9  parties  d'étain  et 
91  de  cuivre. 

La  quatrième  tablette  est  la  plus  intéressante  de  toutes,  à  cause  de  sa 
composition.  Elle  pèse  environ  i85sr.  Elle  est  constituée  par  une  matière 
d'un  blanc  éclatant,. opaque,  compacte,  dure,  taillée  et  polie  avec  soin.  Elle 
a  été  réputée  jusqu'ici  formée  par  un  oxyde  métallique  et  désignée  même  à 
l'origine  sous  le  nom  de  tablette  d'antimoine,  d'autres  disent  d'étain  ;  d'après 
l'opinion  qu'elle  aurait  été  fabriquée  autrefois  avec  un  métal  que  le  temps 
aurait  peu  à  peu  oxydé.  Cependant,  ni  l'antimoine  ni  l'étain  ne  possèdent 
la  propriété  de  s'altérer  de  cette  façon,  surtout  lorsqu'ils  sont  contenus 
dans  un  cofifre  de  pierre.  Tout  au  plus  le  plomb  ou  le  zinc  sont-ils  suscep- 
tibles de  se  changer  en  oxyde,  ou  en  carbonate,  dans  un  milieu  humide  ; 
mais  alors  ils  se  désagrègent  et  tombent  en  poussière,  tandis  que  la  tablette 
est  parfaitement  compacte  et  couverte  d'une  inscription  très  fine  et  d'une 
extrême  netteté.  Sa  nature   réelle  constituait  donc   une  véritable  énigme. 

Pour  l'examiner  de  plus  près,  nous  avons  d'abord  pratiqué  avec  précaution 
un  sondage,  et  constaté  qu'il  n'existait  pas  de  feuille  de  métal  centrale  dans 
l'épaisseur  de  la  tablette.  L'analyse  chimique  a  indiqué  ensuite  que  la  ma- 
tière de  la  tablette  est  du  carbonate  de  magnésie  pur  et  cristallisé,  substance 
bien  plus  résistante  aux  acides  étendus  et  aux  agents  atmosphériques  que 
le  carbonate  de  chaux.  Le  poli  de  cette  tablette  paraît  avoir  été  complété  à 
l'aide  d'une  trace  presque  insensible  de  matière  grasse,  laquelle  se  manifeste 
par  calcination. 

Observons  ici  que  notre  magnésie  et  ses  sels  étaient  inconnus  dans  l'an- 
tiquité et  au  moyen  âge,  le  nom  de  magnésie  ayant  eu  autrefois  des  sens  très 
différents,  multiples  d'ailleurs  (i). 

Dans  Pline,  ce  mot  désigne  divers  minéraux  noirs,  blancs,  ou  roux, 
provenant  des  villes  et  provinces  du  même  nom:  en  particulier  la  pierre 
d'aimant  ou  pierre  magnétique  (qui  en  a  conservé  la  dénomination)  ;  un 
minéral  qui  parait  être  notre  oxyde  de  manganèse  (autre  transformation 
du  même  nom)  ;  enfin  les  pyrites  de  fer,  de  cuivre,  peut-être  d'étain 
et  de  plomb.  Par  extension,  le  nom  de  magnésie  fut  ensuite  appliqué  aux 


(i)  Voir  ce  volume,  p.  28,  66,  i33  et  plus  loin. 


222  CHIMIE    DES    ANCIENS 

produits  successifs  :  oxydes  et  même  alliages,  provenant  du  grillage  et  du 
traitement  de  ces  diverses  pyrites. 

Le  sens  du  mot  a  changé  encore  chez  les  Alchimistes,  qui  Tont  étendu 
à  certains  alliages  et  amalgames,  parfois  argentifères.  C'est  seulement  vers 
le  xviii*  siècle  qu'il  a  été  donné  aux  mélanges  de  sulfate  et  de  carbonate 
de  chaux,  renfermant  souvent  des  sels  de  magnésie;  et  finalement  au  car- 
bonate précipité  du  sel  d'Epsom  :  dernière  attribution  qui  a  conduit  le  mot 
magnésie  à  sa  signification  actuelle. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  carbonate  de  magnésie  pur  et  cristallisé  est  un  miné- 
ral fort  rare,  que  Haiiy  ne  connaissait  pas  encore  au  commencement  de  ce 
siècle.  Son  association  intime  avec  le  carbonate  de  chaux  engendre  la 
dolomiey  roche  au  contraire  fort  répandue.  On  rencontre  surtout  le  carbo- 
nate de  magnésie  proprement  dit,  en  veines  intercalées  dans  les  schistes 
talqueux,  serpentines  et  autres  silicates  magnésiens  ;  il  résulte  de  la  décom- 
position lente  de  ces  schistes  par  les  agents  naturels.  La  matière  de  la 
tablette  du  palais  de  Sargon  renferme  en  effet  quelques  traces  de  silice,  qui 
trahissent  la  même  origine. 

Le  choix  d'un  minéral  aussi  exceptionnel,  pour  fabriquer  une  tablette  sa- 
crée, n'a  pas  dû  être  fait  au  hasard  :  il  répondait  sans  doute  à  quelque  idée 
religieuse  particulière.  En  tous  cas,  il  prouve  que  les  Assyriens  connais- 
saient le  carbonate  de  magnésie  comme  une  substance  propre.  A  quel  mot 
répondait  réellement  cette  tablette  dans  l'inscription,  où  elle  paraît  figurer 
sous  l'un  des  noms  réputés  jusqu'ici  métalliques  ?  Malgré  l'absence  d'une 
dénomination  spéciale  sur  cette  tablette,  M.  Oppert  a  bien  voulu  me  dire 
qu'elle  était  désignée  par  le  mot  a-bar,  pris  auparavant  pour  celui  de  l'étain. 

11  m'a  semblé  utile,  pour  tâcher  d'obtenir  quelque  lumière  nouvelle  à  cet 
égard,  d'analyser  la  matière  même  avec  laquelle  sont  construits  les  grands 
taureaux  du  musée  du  Louvre  et  de  rechercher  surtout  si  elle  contiendrait 
de  la  dolomie.  Mais  j'ai  vérifié  que  c'est  du  carbonate  de  chaux  cristallisé, 
présentant  la  constitution  physique  soit  du  marbre,  soit  plutôt  de  cette  va- 
riété de  calcaire,  confondue  autrefois  sous  le  nom  d'albâtre  avec  le  sulfate 
de  chaux  anhydre.  Il  ne  m'appartient  pas  de  discuter  davantage  la  question 
philologique  de  la  vraie  dénomination  de  ces  matières  (v,  ce  volume,  p.  80). 

Pendant  que  j'étudiais  les  tablettes  de  Khorsabad,  M.  Heuzey  appela  mon 


MÉTAUX    CHALDÉENS  223 

attention  sur  certains  objets  métalliques,  provenant  des  fouilles  faites  à  Tello 
par  M.  de  Sarzec  :  c'étaient  un  fragment  d'un  vase  et  une  figurine  votive. 

Le  fragment  représente  une  portion  d'un  cordon  circulaire  cylindrique, 
de  ymni  à  S""»  de  diamètre,  qui  formait  l'orifice  d'un  vase  moulé,  préparé 
par  fusion  et  coulage.  On  voit  encore  une  partie  de  la  gorge  qui  séparait 
ce  cordon  du  corps  du  vase  proprement  dit.  La  forme  en  est  très  simple  et 
sans  aucuns  linéaments  délicats,  ni  inscription,  La  surface  est  couverte 
d'une  très  légère  patine,  d'un  noir  jaunâtre.  La  masse  est  formée  par  un 
métal  brillant,  noir,  dont  la  cassure  présente  des  cristaux  volumineux  et 
miroitants.  La  matière  même  est  très  dure,  mais  fragile.  D'après  l'analyse, 
elle  est  constituée  par  de  l'antimoine  métallique,  sensiblement  pur  et  ne 
renfermant  à  dose  notable  ni  cuivre,  ni  plomb,  ni  bismuth,  ni  zinc,  mais 
seulement  quelques  traces  de  fer.  La  patine  paraît  être  un  oxysulfure,  for- 
mé par  l'action  des  traces  d'hydrogène  sulfuré  qui  existent  dans  l'atmos- 
phère. 

L'existence  d'un  fragment  brisé  de  vase  moulé  en  antimoine  pur  a 
quelque  chose  de  singulier  ;  car  l'industrie  actuelle  n'emploie  pas  ce  métal 
pur  à  un  semblable  usage,  quoiqu'elle  se  serve  fréquemment  de  ses  alliages, 
et  je  n'ai  vu  aucun  autre  exemple  analogue  dans  les  ustensiles,  soit  du  temps 
présent,  soit  des  temps  passés. 

Cependant  on  m'avait  affirmé  que  les  Japonais  l'appliquent  dans  leurs 
fabrications  et  l'on  m'a  même  remis  un  petit  dauphin  ailé,  réputé  constitué 
par  de  l'antimoine.  Mais  l'analyse  exacte  de  ce  dauphin  a  montré  qu'il  con- 
tenait du  zinc  et  divers  métaux  associés  (étain,  bismuth,  fer),  mais  qu'il 
était  loin  d'être  formé  par  l'antimoine  pur.  Si  l'antimoine  pur  a  été  réelle- 
ment employé  par  les  Japonais,  ce  dont  je  doute,  il  y  aurait  là  un  rappro- 
chement singulier  avec  les  antiques  industries  chaldéennes. 

C'est  d'ailleurs  une  circonstance  extrêmement  curieuse  que  la  trouvaille 
authentique  d'un  tel  fragment  travaillé  d'antimoine,  faite  à  Tello,  lieu  de- 
meuré inhabité  depuis  le  temps  des  Parthes,  et  qui  renferme  les  débris  de 
la  plus  vieille  civilisation  chaldéenne.  L'antimoine,  en  effet,  est  réputé  ne 
pas  avoir  été  connu  des  anciens  et  avoir  été  découvert  seulement  vers  le 
XV®  siècle.  Cependant  on  doit  observer  que  les  anciens  connaissaient  par- 
faitement notre  sulfure  d'antimoine,  minéral  naturel  auquel  ils  donnaient 


224 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


le  nom  de  stibium  ou  stimmi  et  qu'ils  employaient  à  de  nombreux  usages, 
particulièrement  en  Médecine.  11  existe  même  dans  Dioscoride  un  pas- 
sage reproduit  par  Pline  et  dont  je  crois  pouvoir  conclure  que  l'antimoine 
métallique  avait  déjà  été  obtenu  à  cette  époque.  On  lit  en  effet  dans  Dios- 
coride [Matière  médicale,  liv.  V,  ch.  xcix)  ;  «  On  brûle  ce  minéral  en  le 
»  posant  sur  des  charbons  et  en  soufflant  jusqu'à  incandescence;  si  l'on  pro- 
»  longe  le  grillage,  il  se  change  en  plomb  ([xo^uSâouxat)  ».  Pline  dit  de  même 
[Histoire naturelle^liv.  XXXIII, chap.  xxxiv)  :«  Il  faut  surtout  legrilleravec 
«  précaution,  pour  ne  pas  le  changer  en  plomb  {ne  plumbum  fiât)  ».  Ces 
observations  répondent  à  des  phénomènes  bien  connus  des  chimistes.  En 
effet,  le  grillage  ménagé  du  sulfure  d'antimoine,  surtout  en  présence  du  char- 
bon, peut  aisément  le  ramener  à  l'état  d'antimoine  fusible  et  métallique, 
substance  que  Pline  et  ses  contemporains  confondaient,  au  même  titre  que 
tous  les  métaux  noirs  et  facilement  fusibles,  avec  le  plomb.  L'existence  du 
vase  de  Tello  prouve  que  Ton  avait  également  en  Mésopotamie,  et  dès  une 
époque  probablement  beaucoup  plus  ancienne,  essayé  de  préparer  des  vases 
moulés  avec  cette  prétendue  variété  de  plomb,  moins  altérable  que  le  plomb 
ordinaire. 

Depuis  la  première  publication  de  ces  analyses,  j'ai  reçu  une  lettre  de 
M.  R.  Virchow,  qui  m'annonce  avoir  imprimé,  dans  \q  Bulletin  de  la  Société 
anthropologique  de  Berlin  (i),  une  Note  sur  de  petits  ornements  en  anti- 
moine, trouvés  dans  une  ancienne  nécropole  transcaucasienne  (Redkin- 
Lager),  datant  probablement  du  temps  de  la  première  introduction  du  fer. 
C'est  là  un  autre  exemple  de  l'antique  connaissance  de  l'antimoine. 

La  figurine  métallique  votive  de  Tello  donne  lieu  à  des  observations  non 
moins  intéressantes.  Elle  représente  un  personnage  divin,  agenouillé,  tenant 
une  sorte  de  pointe  ou  cône  métallique.  Elle  porte  le  nom  gravé  de  Gou- 
déah,  c'est-à-dire  qu'elle  répond  à  l'époque  la  plus  ancienne  à  laquelle 
appartiennent  les  objets  trouvés  jusqu'ici  en  Mésopotamie,  M.  Oppert  lui 
attribuerait  une  antiquité  de  quatre  mille  ans  avant  notre  ère.  Nous  nous 
trouvons  ainsi  reportés  aux  temps  les  plus  reculés  de  la  métallurgie  histo- 


(i)  Verhandlungen  der  Berliner  An- 
thropologischen  Gesellschafft,  Sitzung 


vom  ig  Januar  I884.  Les  dessins  soiat 
aux  pages  129  et  i3o. 


METAUX    CHALDÉENS  225 

rique  (i).  Cette  figurine  est  recouverte  d'une  épaisse  patine  verte.  Au-dessous 
de  la  patine  se  trouve  une  couche  rouge,  constituée  par  le  métal,  profondé- 
ment altéré  et  oxydé  dans  la  majeure  partie  de  son  épaisseur.  Puis  vient  un 
noyau  métallique  rouge,  qui  offre  l'apparence  et  la  ténacité  du  cuivre  pro- 
prement dit  :  c'est  le  dernier  reste  du  métal  primitif,  progressivement 
détruit  par  les  actions  naturelles. 

J'ai  analysé  ces  différentes  parties. 

La  patine  verte  superficielle  est  un  mélange  de  carbonate  de  cuivre  et 
d'oxychlorure  de  cuivre  hydraté.  Ce  dernier  composé  est  bien  connu  des 
minéralogistes  sous  le  nom  d^atakamite.  Il  résulte  de  l'altération  du  métal 
par  les  eaux  saumâtres,  avec  lesquelles  la  figurine  s'est  trouvée  en  contact 
pendant  la  suite  des  temps. 

La  couche  moyenne  est  du  protoxyde  de  cuivre  à  peu  près  pur,  ne  ren- 
fermant ni  étain,  ni  antimoine,  ni  plomb  ou  métal  analogue,  ni  zinc,  à  dose 
notable;  elle  résulte  d'une  altération  lente  du  cuivre  métallique. 

Enfin  le  noyau  est  constitué  par  du  cuivre  métallique,  très  sensiblement 
pur. 

L'absence  de  tout  métal  autre  que  le  cuivre  dans  cette  figurine  mérite 
d'être  notée  ;  car  les  objets  de  ce  genre  sont  d'ordinaire  fabriqués  avec 
du  bronze,  alliage  d'étain  et  de  cuivre,  plus  dur  et  plus  facile  à  travailler 
que  ses  composants.  L'absence  même  de  Vétain  dans  le  cuivre  de  Tello 
pourrait  offrir  une  signification  historique  toute  particulière.  En  effet, 
l'étain  est  bien  moins  répandu  que  le  cuivre  à  la  surface  de  la  terre  et  son 
transport  a  toujours  été,  dans  l'antiquité  comme  de  nos  jours,  l'objet  d'un 
commerce  spécial.  En  Asie  notamment,  on  n'avait,  jusqu'à  ces  derniers 
temps,  signalé  d'autres  gîtes  d'étain  un  peu  abondants  que  ceux  des  îles  de 
la  Sonde  et  des  provinces  méridionales  de  la  Chine.  Le  transport  de  cet 
étain  vers  l'Asie  occidentale  se  faisait  autrefois  par  mer,  jusqu'au  golfe 
Persique  et  à  la  mer  Rouge,  au  moyen  d'une  navigation  longue  et  pénible; 
et  il  était  transmis  de  là  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée,  où  il  venait  faire 
concurrence  à  l'étain  des  îles  anglaises  (îles  Cassitérides),  transporté  soit 


(i)    La   figurine    est   dessinée   dans      j      Chaldée,    par   E.   de  Sarzec  (Pi.   28, 
l'ouvrage    intitulé    :    Découvertes    en      \      figures  3  et  4). 

15 


220  CHIMIE    DES    ANCIENS 

à  travers  la  Gaule,  soit  par  le  détroit  de  Gadès;  ainsi  qu'à  celui  des  gîtes 
moins  abondants  de  la  Gaule  centrale  (  i  ),  où  l'étamage  du  cuivre  fut  d'abord 
pratiqué  (2)  ;  enfin  à  Tétain  des  gîtes  de  la  Thrace,  peut-être  aussi  à  celui  de 
la  Saxe  et  de  la  Bohême,  et  autres  provenances  locales,  répondant  à  des  gîtes 
peu  abondants  (3),  mais  dont  la  connaissance  par  les  anciens  est  incertaine. 
L'importance  de  ces  gîtes  locaux  a  été  spécialement  discutée  dans  l'ouvrage  de 
M.  A.  B.  Meyer  sur  des  fouilles  en  Garinthie,  intitulé  :  Gurina  in  Obergail- 
thales  [Kàrnthen]  i885  (p.  65  et  suivantes);  ouvrage  que  l'auteur  a  bien  voulu 
m'adresser.  Elle  mérite  d'autant  plus  notre  attention  que  des  voyages  aussi 
longs  et  aussi  pénibles,  des  navigations  si  difficiles  n'ont  dû  s'établir 
qu'après  bien  des  siècles  de  civilisation.  Les  Phéniciens,  venus  autrefois 
des  bords  du  golfe  de  Persique  à  ceux  de  la  Méditerranée,  paraissent  avoir 
été  les  premiers  promoteurs  de  cette  navigation,  du  moins  en  Occident 
(Strabon,  liv.  III,  chap.  V,  1 1). 

En  fait,  j'ai  eu  connaissance  récemment  de  deux  documents,  qui  sont  de 
nature  à  fixer  une  origine  moins  lointaine  à  l'étain  des  bronzes  de  l'Assyrie 
et  de  rÉgypte  (3).  En  effet,  d'après  une  Note  publiée  par  M.  G.  Bapst,  dans 
les  Comptes  rendus  de  l'Académie  des  inscriptions  (1886),  un  voyageur  russe, 
M.  Ogorodnikoff,  aurait  appris  des  habitants  de  Meched  qu'il  existait,  à  120 
kilomètres  de  cette  ville  et  dans  divers  points  du  Khorassan  (4),  des  mines 
d'étain,  actuellement  en  exploitation.  Ces  renseignements  sont  regardés  par 
l'auteur  comme  sujets  à  caution,  en  raison  de  l'incertitude  de  témoignages 
de  cet  ordre,  purement  oraux  et  fournis  par  des  Tatars. 

Cependant,  circonstance  remarquable,  ils  se  trouvent  en  certain  accord 
avec  un  passage  de  Strabon,  que  m'a  indiqué  M.  P.  Tannery.  Strabon  si- 
gnale en  effet  (liv.  XV,  chap.  Il,  10)  des  mines  d'étain  dans  la  Dran- 
giane,  région  qui  répond  au  sud  du  Khorassan,  au-dessous  d'Hérat,    vers 


(i)  Strabon  le  signale  aussi  en  Lusi- 
tanie  (Liv.  III,  ch.  II,  8). 

(2)  Pline,  H.  N.,\.  XXXIV,  48. 

(3)  Quelques  auteurs  ont  supposé 
qu'il  avait  dû  exister  autrefois  des  mi- 
nerais d'étain  dans  l'Ibérie  du  Caucase. 
Mais   les   géologues    n'en    ont   jamais 


sur  cette  question  :  Recherches  anthro- 
pologiques dans  le  Caucase^  par  E. 
Chantre,  t.  I,  p.  81  (i885),  et  Age  du 
bronze,  t.  II,  p.  3o5. 

(4)  L'existence  de  mines  d'étain  au 
Khorassan  a  été  signalée  par  Von  Baer, 
Archiv    fiir    Anthropologie,     t.     IX, 


trouvé  jusqu'ici  dans  cette  région.  Voir      1      1876. 


MÉTAUX    CHALDÉENS  227 

les  limites  occidentales  de  notre  Afghanistan.  Mais  le  transport  de  l'étain 
de  ce  point  Jusqu'à  la  Chaldée  aurait  encore  exigé  un  voyage  par  terre,  de 
longue  durée,  à  travers  des  régions  où  les  modernes  eux-mêmes  ne  par- 
viennent que  bien  difficilement.  A  la  vérité,  les  métaux  usuels  et  leurs 
alliages  semblent  avoir  été  transportés  autrefois  à  travers  le  monde  par  des 
fondeurs  nomades,  analogues  aux  Tziganes  et  qui  passaient  partout. 

La  principale  difficulté  que  Ton  puisse  objecter  à  ces  petits  gîtes  et  à  ces 
transports  individuels  d'étain,  c'est  l'abondance  et  la  diffusion  universelle 
des  armes  de  bronze, pendant  de  longs  siècles.  Les  hypothèses  précédentes  ne 
semblent  pas  répondre  aux  besoin  d'une  fabrication  aussi  prolongée,  aussi 
générale  et  aussi  considérable.  Pour  y  satisfaire,  il  a  dû  exister  des 
transports  réguliers  de  masses  d'étain,  venant  de  mines  abondantes  et 
inépuisables. 

Si  l'étain  est  rare  dans  le  monde,  il  n'en  est  pas  de  même  du  cuivre.  Les 
minerais  de  cuivre  se  trouvent  sur  un  grand  nombre  de  points.  Les  mines 
du  Sinaï,  pour  ne  pas  en  citer  de  plus  lointaines,  sont  célèbres  dans  la 
vieille  Egypte.  L'extraction  du  cuivre  métallique  à  Faide  de  ses  minerais 
est  d^ailleurs  facile. 

En  raison  de  ces  circonstances,  plusieurs  archéologues  ont  supposé  qu'un 
âge  du  cuivre  pur,  c'est-à-dire  un  âge  ou  l'on  fabriquait  avec  ce  métal  les 
armes  et  les  ustensiles,  avait  dû  précéder  Tâge  du  bronze.  Le  bronze,  plus 
dur  et  plus  résistant,  aurait  ensuite  remplacé  le  cuivre,  dès  qu'il  fut  décou- 
vert. Pour  juger  de  cette  hypothèse  et  pour  établir  la  date  à  laquelle  ont 
commencé  ces  transports  lointains  et  cette  vieille  navigation,  il  serait  néces- 
saire de  posséder  l'analyse  des  objets  les  plus  anciens  qui  aient  une  date  cer- 
taine, parmi  les  débris  de  l'antiquité  venus  jusqu'à  nous.  Or  le  bronze  à 
base  d'étain  existait  déjà  en  Egypte,  près  de  deux  mille  ans  avant  notre  ère, 
d'après  les  analyses  de  ce  genre  (v.  p.  220). 

L'analyse  de  la  figurine  de  Tello  semble  indiquer,  au  contraire,  que  l'é- 
tain n'était  pas  encore  connu,  à  l'époque  reculée  de  la  fabrication  de  cet 
objet,  l'étain  n'arrivant  pas  alors  jusqu'au  golfe  Persique. 

Ce  n'est  là  d'ailleurs  qu'une  induction,  quelque  circonstance  religieuse 
ou  autre  ayant  pu  déterminer  l'emploi  exclusif  du  cuivre  dans  cette  figu- 
rine :  il  faudrait  examiner  des  objets  plus  nombreux  et  plus  variés  pour  ar- 


228 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


rivera  cet  égard  à  une  certitude.  Mais  il  m'a  paru  intéressant  de  signaler 
les  problèmes  d'ordre  général  soulevés  par  l'analyse  des  métaux  de  Tello. 


VIII.  _  NOTICES  DE  MINÉRALOGIE,  DE  MÉTALLURGIE 

ET  DIVERSES 

Durant  le  cours  de  mes  recherches  sur  les  Alchimistes,  j'ai  recueilli  dans 
les  auteurs  anciens  et  dans  ceux  du  moyen  âge,  un  grand  nombre  de  ren- 
seignements intéressants  sur  la  minéralogie  et  sur  la  métallurgie  des  anciens; 
renseignements  qui  n'ont  pu  trouver  une  place  suffisante  dans  les  articles 
de  l'Introduction,  ou  dans  les  notes  de  la  Traduction.  C'est  pourquoi  il  m'a 
semblé  utile  de  les  reproduire  ici  dans  un  article  spécial,  lequel  ne  sera 
pas,  je  l'espère,  sans  quelque  fruit  pour  les  personnes  qui  étudieront  le 
présent  ouvrage.  J'en  donne  d'abord,  pour  plus  de  clarté,  la  liste  alpha- 
bétique; puis  viendront  les  notices  elles-mêmes. 

LISTE  ALPHABÉTIQUE  DES  NOTICES 


iEs,  Airain,  Bronze,  cuivre,  l'^lMi  et 
dérivés. — ^rugo,  viride  ceris,  ceruca 

—  rubigo  —  'lô;  fjxk/.o^J.  'lôv  Çuaxdv  — 
scolex  —  Flos,  av6oç  y  aXxou  —  œs  us- 
tum,  yj^^'^-^i  /.E/.ajiJ.evoç  —  scoria^  lepis 

—  squama  —  stomoma   —  smegma, 

—  diphryges  —  fœx  œris  —  craie 
verte,  théodotion. 

Aétite,  pierre  d'aigle. 

Alchimistes  grecs  (tradition  au  moyen 
âge.) 

Alphabets  et  écritures  hermétiques. 

Alun,  aTujrcTjpta. 

Ammoniac  (sel). 

Antimoine  (sulfuré),  ati'|i.!^^  larbason, 
alabastrum  —  soufre  noir  —  anti- 
moine brûlé,  —  métallique, —  blanc, 

—  rouge. 


Arsenic  (sulfuré)  —  jaune,  orpiment 
—  rouge,  sandaraque,  réalgar  ;  Ker- 
mès minéral —  métallique  —  second 
mercure  —  l'hermaphrodite. 

Cadmie  —  naturelle  (minerais  de  cuivre 
et  de  laiton)  —  artificielle,  ou  des 
fourneaux  —  ses  espèces  :  capnitis, 
pompholjrx;  botruitis,  placitis,  ![oni- 
tis,  onychitis^ostracitis  —  cathmia  — 
nihil  album  —  spodos,  lauriotis  — 
anmpoie— tutie—  magnésie. 

Chalcanthon  —  couperose  —  vitriol  — 
sens  multiples  —  Misy,  sory  —  col- 
cothar  —  melanteria. 

Chalcitis. 

Chaux,  aa6Eaxo;  —  titanos  —  gypse. 

Chrysocolle  —  œrugo  —  santerna  — 
soudure  des  orfèvres  —  sens  mul- 


NOTICES    DIVERSES 


229 


tiples.  —  Malachite  —  A^urite  — 
armenium  —  sens  actuel. 

Chrysolithe  —  moderne,  ancienne. 

Cinabre. 

Claudianos. 

Clefs  (les)  de  l'art. 

Cobalt,  cobathia,  kobold. 

CouPHOLiTHE,  talc  et  analogues. 

Eléments  actifs. 

Esprits,  mtd^xxxct  — corps  et  âmes;  sens 
de  ces  mots.  —  Les  esprits  :  mer- 
cure, sel  ammoniac,  soufre,  arsenic, 
marcassite,  magnésie,  tutie,  wismath 

—  explication  de  ces  mots. 

Étain  —  xaaafxspoç  —  stannum —  plomb 
blanc. 

Étymologies  chimiques  doubles  :  asem, 
chimie,  sel  ammoniac. 

Fer  et  dérivés  —  basalte  —  rubigo  ou 
ferrugo,  toç,  rouille  —  squama  — 
scoria  —  sideritis  —  aimant,  magnes 
ou  pierre  magnétique,  —  ferrum  vi- 
vum  —  hématite  —  pierre  schisteuse 

—  ocres  —  pyrites  —  chalcopyrite. 
Feu  (vertus). 

Figures  géométriques  des  saveurs   et 

des  odeurs. 
Fixation  du  mercure  et  des  métaux. 
Gagates  (jais),  —  pierre  de  Memphis 

—  asphalte. 

*Io?,  virus.  —  "Icoai;,  plusieurs  sens. 

Magnésie  —  sens  multiples  —  pierre 
d'aimant  —  minerai  du  molybdo- 
chalque — sulfures,  oxydes,  alliages  et 
amalgames  divers  —  magnésie  noire 

—  magnésie  calcaire,  —  sens  mo- 
derne. 

Marcassites. 

Massa. 

Mercure,  argentum  vivum  et  hydrar- 
gyrum  —  sa  sublimation  dans  Vam- 
bix  —  aiOa'Xr,.  —  Anecdote  d'Aristote 


—  idées  et  synonymes  alchimiques  — 
dialogue  de  l'or  avec  le  mercure. 

Métaux  —  Génération  d'après  Aristote 

—  d'après  les  Arabes  et  les  alchi- 
mistes —  odeur  des  métaux. 

Minium,  rubrique  ou  matière  rouge — ■ 
[xtXxoç  — oxydes  de  fer  (sanguine,  ocre 
brûlée,  hématite),  de  plomb,  de  mer- 
cure, de  cuivre  — sulfures  métalliques 

—  sinopis,  —  terre  deLemnos—  mi- 
nium, sens  multiples  —  fausse  sanda- 
raque  — cinabre  —  Sandyx,  sericum 

—  découverte  de  Callias —  couleurs 
bleues  :  cœruleum  ;  armenium  — 
couleurs  vertes  :  chrysocolle,  verdet 

—  couleurs  jaunes  —  ocre  —  5j7,  etc. 
NiTRUM   —  natron    —   spuma    nitri, 

â^pôç  vtTpou. 

Opérations  alchimiques. 

Or  —  coupellation  par  le  soufre  d'anti- 
moine (loup  des  métaux,  bain  du 
roi,  etc.). 

Paros  et  Porus. 

Plomb  et  dérivés  —  plomb  noir  et  plomb 
blanc  —  stannum  —  galène  —  plomb 
lavé  —  plomb  brûlé  —  scorie  —  spode 

—  pierre  plombeuse  —  molybdène  — 
scorie  d'argent  —  helcysma  —  en- 
cauma  —  litharge  —  chrysitis  —  ar- 
gyritis  —  écume  d'argent  —  céruse 

—  minium. 
Pseudargyre. 

Samos  (pierre  de). 
Sélénite,  aphroselinon. 
Sel  —  fossile  —  de  Cappadoce  —  fac- 
tice. —  lanugo  —  muria,  saumure 

—  flos  — favilla. 
Soufre  —  apyre. 
Terres  diverses. 

Trempe  et  teinture  —  Tixor,. 
Tutie. 


23o  CHIMIE   DES  ANCIENS 

JEs.  Airain,  Bron^^e^  Cuivre^  yxky.hq. 

Ce  mot  était  employé  pour  représenter  à  la  fois  le  cuivre  pur  et  les  alliages 
très  divers  qu^îl  forme  par  son  association  avecl'étain,  le  zinc,  le  plomb,  le 
nickel,  l'arsenic  et  divers  autres  métaux  ;  c'est-à-dire  les  bronzes  et  les  laitons 
des  modernes.  Le  mot  cuivre,  même  de  nos  jours,  est  parfois  usité  dans 
un  sens  aussi  compréhensif :  cuivre  rouge,  cuivre  jaune,  cuivre  blanc, etc.; 
tandis  que  le  mot  airain,  dans  la  langue  de  nos  orfèvres,  a  fini  par  désigner 
un  alliage  particulier,  formé  de  9  parties  de  cuivre  et  3  de  zinc.  Mais  le  sens 
ancien  du  mot  airain  était  synonyme  de  celui  du  cuivre. 

Le  nom  même  du  cuivre  vient  d'une  épithète  appliquée  à  l'airain  de 
Chypre  (KjTrptcç)  ;  notre  cuivre  pur  n'était  pas  désigné  par  un  mot  unique 
chez  les  anciens  peuples,  pas  plus  chez  les  Orientaux,  que  chez  les  Grecs, 
ou  chez  les  Romains;  du  moins  jusqu'au  in^  siècle  de  notre  ère,  époque  où 
apparaît  le  mot  ctiprum. 

Insistons  sur  ce  point  que  ni  les  Grecs,  ni  les  anciens  Romains  n'ont 
employé  deux  mots  distincts  et  spécifiques  pour  le  cuivre  et  le  bronze,  et  que 
l'on  ne  doit  pas  chercher  deux  noms  de  ce  genre  chez  les  vieux  Orientaux. 
Le  mot  ces,  airain,  s'appliquait  indifféremment  au  cuivre  et  à  ses  alliages  avec 
rétàin,  le  plomb,  le  zinc.  Pour  bien  comprendre  les  textes  anciens,  il  con- 
vient d'écarter  de  notre  esprit  les  définitions  précises,  acquises  par  la  chimie 
de  notre  temps;  car  les  corps  simples  n'ont,  à  première  vue,  aucun  caractère 
spécifique  qui  les  distingue  de  leurs  composés.  Personne  dans  l'antiquité 
n'a  regardé  le  cuivre  rouge  comme  un  élément  qu'il  fallût  isoler,  avant  de 
l'associer  aux  autres.  Les  anciens,  je  le  répète,  n'ont  pas  conçu  ces  alliages 
comme  nous,  en  les  ramenant  à  l'association  de  deux  ou  trois  métaux  élé- 
mentaires, tels  que  notre  cuivre,  notre  étain,  notre  plomb,  métaux  élémen- 
taires que_nous  fondons  ensemble  pour  obtenir  les  bronzes  et  les  laitons. 
Mais  ils  opéraient  surtout  sur  les  minerais  de  ces  métaux,  plus  ou  moins 
purs,  minerais  appelés  cadmies^  ou  chalcites ;  ils  les  mélangeaient,  avant 
d'opérer  la  fabrication  et  la  fonte  du  métal  proprement  dit  ;  parfois,  quoique 
plus  rarement,  ils  unissaient  entre  eux  les  alliages  et  métaux  obtenus  du 
premier  jet. 

Tout  métal  et  alliage  rouge  ou  jaune,  altérable  au  feu,  s'appelait  yi(ikY.oq  ou 
œs;  tout  métal  et  alliage  blanc,  fusible  et  altérable  au  feu,  s'appelait  à  l'ori- 


NOTICES    DIVERSES  23 1 

gme  plomb.  Plus  tard  on  distingua  deux  variétés  :  le  plomb  noir,  qui  com- 
prenait notre  plomb  et,  plus  rarement,  notre  antimoine,  etc.;  et  le  plomb 
blanc,  qui  comprenait  notre  étain  et  certains  alliages.de  plomb  et  d'argent. 

Quant  au  x'^'k%oq  ou  ces^  on  en  distinguait  les  variétés  diaprés  le  lieu  de 
provenance  (  i  ) :  cuivrede  Délos,  d'Egine,  de  Chypre,  de  Syracuse,  de  Cordoue  ; 
ou  d'après  le  nom  du  propriétaire  de  la  mine  :  cuivre  Sallustien,  Marien, 
Livien  (2)  ;  sans  que  l'on  attachât  à  l'une  de  ces  variétés,  le  caractère 
d'un  métal  plus  simple,  plus  élémentaire  que  les  autres.  Les  seules  dis- 
tinctions précises  que  nous  lisions  dans  les  auteurs  anciens  sont  celles  de 
l'orichalque,  et  de  l'airain  de  Corinthe.  L'orichalque,  mot  dont  l'étymologie 
est  inconnue,  est  regardée  par  Hésiode  et  par  Platon  comme  un  métal 
précieux  (3).  D'après  Pline,  sa  découverte  fit  tomber  le  cuivre  de  Chypre  en 
discrédit;  mais  le  minerai  qui  le  fournissait  s'épuisa.  Le  cuivre  Marien  en 
approchait,  et  était  employé  de  préférence  pour  les  monnaies  les  plus  chères, 
telles  que  les  sesterces  et  les  doubles  as;  le  cuivre  de  Chypre  étant  réservé 
pour  les  monnaies  plus  viles,  telles  que  les  as.  On  sait  ailleurs  que  la  valeur 
de  l'orichalque  a  été  double  à  une  certaine  époque  de  celle  du  cuivre  ordi- 
naire :  c'était  sans  doute  quelque  bronze  plus  beau  et  plus  résistant-. 

Quant  à  l'airain  de  Corinthe,  c'était  un  alliage  du  -/^xXv.hq  avec  l'argent 
et  l'or.  On  distinguait  trois  variétés  :  la  blanche,  où  l'argent  dominait:  la 
jaune,  où  l'or  dominait;  et  une  troisième,  formée  à  parties  égales  avec  les 
trois  métaux;  il  y  avait  encore  une  variété  de  couleur  hépatique. 

L'airain  avait  des  dérivés  assez  nombreux,  que  nous  allons  énumérer  et 
définir  d'après  les  textes.  Ajoutons  que  la  distinction  absolue  de  ces  déri- 
vés entre  eux  ne  paraît  pas  possible  en  toute  rigueur,  parce  que  leur  identi- 
fication avec  les  composés  définis  de  la  chimie  actuelle  ne  peut  être  qu'im- 
parfaite, nos  composés  n'ayant  été  ni  isolés,   ni  spécifiés  par  les  anciens. 

^rugo;  parïoh  rubigo,  viride  œris.  yEruca.  'IzqyxXy.o'j.  lèv  ÇuaTÔv.  — 
vert  de  gris  —  raclure  de  cuivre  (4). 


(i)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV.  1  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  26;  1.  XXXIII, 

(2)  Le  Claudianos  était  probablement  {  29.  —  Vitruve,    1.  VII,    chap.   7.  — 
un  métal  analogue  (v.  ce  mot).  !  Vincent   de    Beauvais,   Spcc.    majus. 

(3)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  226.  VIII,  3o.  —  Lcxicon  Alch.    RuLvidi, 

(4)  Diosc,  Mjt.   wéd.,  1.  V,  91.—  |  page  14  et  suivantes. 


232 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Le  mot  œrugo  désignait  : 

i"  Des  produits  naturels  formés  dans  les  mines  de  cuivre,  les  uns  par 
efîlorescence  ;  les  autres  par  déliquescence,  ou  imbibition.  Les  produits 
étaient  lavés,  séchés,  grillés  dans  un  plat  neuf,  ^rugo  fossilis  était  une 
matière  congénère  de  la  chalcitis  (pyrite  cuivreuse),  du  vitriol  bleu  et  de 
la  chrysocolle  (malachite  et  autres  sels  basiques  de  cuivre,  de  couleur  verte). 
Pour  la  soudure  de  Tor,  les  orfèvres  opéraient  avec  de  l'urine  d'enfant 
impubère,  broyée  dans  un  mortier  de  cuivre  (v.  ce  volume,  p.  '46)  ;  opéra- 
tion qui  produisait  un  sel  de  cuivre  basique,  aux  dépens  du  mortier. 

2°  Des  produits  factices  et  spécialement  \Qverdet  (acétate  de  cuivre  basique), 
substance  dont  Dioscoride  et  Pline  décrivent  la  préparation  au  moyen  des 
lames  de  cuivre  et  de  la  vapeur  du  vinaigre,  ou  bien  du  marc  de  raisin, 

Scolex  :  'Ioj  axwXrj^,  rouille  vermiculaire  (i).  —  Matière  native  et  factice, 
congénère  de  la  précédente.  On  la  préparait  avec  du  cuivre,  ou  l'un  de  ses 
minerais,  associé  avec  du  vinaigre,  de  l'alun,  du  sel,  ou  du  natron  ;  le  mélange 
était  exposé  au  soleil.  Ces  préparations  pouvaient  fournir,  suivant  la  nature 
et  la  proportion  des  ingrédients,  des  acétates,  sulfates,  oxychlorures,  car- 
bonates basiques  de  cuivre. 

jErisflos  (2),  avÔo;  ^aXxou.  Fleur  de  cuivre  (3).—-  Matière  rejetée  par  le 
cuivre  fondu,  sous  la  forme  d'écaillés  légères  projetées  par  lèvent  du  souf- 
flet pendant  la  coulée.  On  l'obtenait  aussi  sous  l'influence  de  l'eau,  projetée  à 
sa  surface. 

On  la  définit  encore  :  Paillette  des  vieux  clous  de  cuivre;  elle  devient  rouge 
sous  le  pilon.  Ceci  paraît  être  du  protoxyde  de  cuivre,  souillé  sans  doute 
par  des  oxydes  de  métaux  étrangers. 

Le  nom  de/los  œris  a  été  appliqué  plus  tard  au  vert  de  gris.  Ce  corps,  pas 
plus  que  les  précédents,  ne  doit  pas  être  identifié  avec  le  xaXxavôov,  couperose 
ou  vitriol,  qui  est  notre  sulfate  de  cuivre.  Mais  les  deux  produits  sont  con- 
génères et  les  deux  noms  ont  été  souvent  confondus  dans  les  manuscrits, 
confusion  rendue  plus  facile  par  les  abréviations  des  copistes. 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  92.  — 
Pline,  H.  N.  1.  XXXIV,  28. 

(2)  Diosc.  Mat.  méd.,  V,  88.  — 
Pline,    H.   N.,    1.    XXXIV,    24.    — 


Lexicon    Alchem   Rulandi,    page    12. 
(3)  Le  mot  JIos  dans  Pline  signifie 
couleur    —  floridus,    d'une   couleur 
vive. 


NOTICES    DIVERSES 


233 


^£■5  M5f«m(i),  xexautJLévoç  x«^>^oç-  —  Cuivre  brûlé.  Pour  le  préparer,  on 
chauffait  du  vieux  cuivre  avec  du  soufre  et  du  sel,  placés  au-dessous  et 
au-dessus,  dans  un  vase  de  terre  crue,  à  couvercle  luté  ;  ou  bien,  avec  de 
l'alun,  du  soufre  et  du  vinaigre.  On  l'obtenait  encore  en  chauffant  le  cuivre 
seul,  pendant  longtemps;  ou  bien  parfois,  en  l'aspergeant  de  vinaigre  de 
temps  en  temps.  On  lavait  à  l'eau  de  pluie,  avec  broyage  et  décantation, 
jusqu'à  ce  que  le  produit  eût  pris  l'aspect  du  minium.  On  le  fabriquait  à 
Mcmphis  et  à  Chypre. 

Ceci  paraît  répondre  à  notre  protoxyde  de  cuivre.  On  sait  aujourd'hui 
que  ce  corps  peut  être  obtenu  en  chauffant,  dans  un  vase  fermé,  24  parties 
de  sulfate  de  cuivre  sec  et  29  parties  de  fil  de  cuivre. 

L'action  de  la  chaleur  sur  Vcerugo  fournissait  le  même  produit. 

Scoria.  — Obtenue  par  l'actionde  l'air  sur  le  cuivre  chauffé;  corps  congé- 
nère du  précédent. 

Lepis,  XeTC(ç.  —  Squama  (2).  Matière  détachée  par  le  marteau  des  clous 
forgés  avec  les  pains  de  cuivre  de  Chypre  ;  congénère  de  la  fleur,  qui  se 
détachait   d'elle-même,  et  du  stomoma,    duvet  plus  fin  que  la  lepis. 

Le  stomoma  s'obtenait  aussi  par  la  macération  du  cuivre  dans  l'urine 
d'enfant.  Le  vinaigre  changeait  la  lepis  en  vert-de-gris. 

Ce  sont  encore  là  des  sous-oxydes  de  cuivre,  ou  des  sels  basiques,  tels 
que  acétates,  phosphates,  sous-chlorures,  etc. 

Smegma  (3).  —  Matière  projetée  par  le  vent  du  soufflet  sur  le  cuivre  fondu, 
entouré  de  charbons. 

Diphryges  —fœx  œris[à^. —  «  Le  cuivre  coule  ;  la  scorie  sort  du  fourneau; 
la  fleur  surnage;  le  diphryge  reste.  »  C'est  donc  le  résidu,  qui  n'a  pas  fondu 
pendant  le  traitement.  Ce  nom  est  aussi  attribué  à  la  pyrite  grillée,  jusqu'à 
transformation  en  matière  rouge  (peroxyde  de  fer  ou  sulfate  basique)  ;  ainsi 
qu'au  limon  d'une  caverne  de  Chypre,  séché  et  calciné  (c'était  probablement 
un  oxyde,  ou  un  sel  basique  de  fer  hydraté). 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1,  V,  87.  — 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  23,  24. 

(2)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  8q.  — 
Pline,  H.  N.  1.  XXXIV,  24,  2  5,  Vin- 
cent DE  Beauvais,  Sp.   m.  VIII,  29. 


—  Lexicon  Alch.  Rulandi,  p.  12,  18. 

(3)  Pline,  H.N.,  1.  XXXIV,  36. 

(4)  Diosc,  Matière  médicale,  1.  V, 
119.  —  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  37. 


234 


CHIMIE   DES    ANCIENS 


La  craie  verte  paraît  être  soit  un  hydrocarbonate  de  cuivre,  soit  de  la 
cendre  verte.  La  meilleure  variété,  nommée  6so36ticv,  venait  de  Smyrne 
(ViTRUvE,  l.VIII,  chap.  y.) 

AÉTiTE  ou  pierre  d'' aigle  (i). 

Variété  géodique  de  fer  hydroxydé,  ou  d'argile  ferrugineuse,  jaune  ou 
rougeâtre,  contenant  un  noyau  mobile,  qui  résonne  quand  on  agite  la  pierre. 
Cette  pierre,  grosse  en  apparence  d'une  pierre  plus  petite,  était  réputée  par 
analogie  avoir  une  influence  sur  les  grossesses  des  femmes  ;  préjugé  qui 
s'est  perpétué  jusqu'à  notre  époque  chez  les  gens  ignorants.  On  pensait 
qu'elle  était  employée  par  les  aigles  dans  la  construction  de  leurs  aires;  de 
là  le  nom  de  pierre  d'aigle.  Le  nom  d'aétite  semble  avoir  été  employé  pour 
toute  géode  renfermant  un  noyau  mobile.  Pline  en  distingue  quatre  espèces. 
On  a  même  étendu  le  sens  de  ce  mot  aux  pierres  renfermant  un  liquide. 

D'après  Solin  (ch.  XXXVII),  le  son  produit  par  cette  pierre  était  attribué 
à  un  esprit  ou  âme  intérieure  et  Zoroastre  regardait  l'aétite  comme  ayant 
une  grande  puissance  magique.  On  trouve  un  passage  analogue  dans  les 
Alchimistes.  Un  aigle  tenant  une  pierre  exprimait  la  sécurité  chez  les  Egyp- 
tiens, suivant  Horapollon. 

Alchimistes  Grecs  (tradition  au  moyen  âge). 

Les  noms  et  la  tradition  directe  des  Alchimistes  grecs  ne  se  retrouvent  que 
peu  ou  point  chez  les  Alchimistes  latins,  lesquels  se  rattachent  eux-mêmes 
directement  aux  Arabes.  Les  noms  de  ces  Grecs  ne  reparaissent  pas  d'une 
manière  explicite  et  détaillée  avant  le  XV®  siècle,  époque  où  les  manuscrits 
grecs  se  répandirent  en  Occident.  Il  n'en  est  que  plus  intéressant  de  signaler 
les  quelques  réminiscences  qui  s'y  rapportent  chez  les  latins  du  moyen  âge. 
Quant  aux  Arabes,  j'en  ai  signalé  ailleurs  la  filiation  immédiate  avec  les 
Grecs  d'après  le  Kitab-al-Fihrist  (2)  ;  et  je  donnerai  plus  loin  certains  autres 
souvenirs  analogues,  en  parlant  des  alphabets  hermétiques. 

Dans  la  Bîbliotheca  Chemica  de  Manget,  t.  II,  il  existe  des  planches  indi- 
quantla figure  des  divers  philosophes  alchimiques,  d'après  la  tradition  du 
moyen  âge  :  chaque  figure  est  accompagnée  par  une  sentence,  à  peu  près 


(i)  Pline,  H.  N.,  1.  X,  4;  1.  XXXI, 
39.  —  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  160.  — 
Lexicon    Alchemice   Rulandi,    p.    21 


(161 2).  —  Salmasii  Pliniance  exercita- 
tiones,  p.   177,  5oi,  5o2  (1689). 
(2)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  i3o. 


NOTICES    DIVERSES  235 

comme  dans  la  Turba  philosophorum.  J'y  relève  les  noms  suivants  :  Hermès, 
Cléopâtre,  reine  d'Egypte,  Anaxagore,  Zamolxis,  Michel  Psellus,  Marie 
l'Hébreuse,  Démocrite  le  Grec,  Pythagore,  Platon,  Hercule  (c'est-à-dire 
Héraclius),  roi  sage  et  philosophe,  Stephanus  le  philosophe  chimique, 
Albert  le  Grand,  une  multitude  d'Arabes,  etc. 

La  Turba  philosophorum  relate  de  même  la  plupart  de  ces  noms,  mais 
à  ce  qu'il  semble,  à  travers  une  transmission  arabe.  Je  n'insisterai  pas  sur 
Hermès,  dont  le  nom  est  toujours  resté  étroitement  lié  aux  spéculations  de 
l'Alchimie  et  de  l'astrologie.  Mais  les  autres  auteurs  étaient  moins  connus. 

Dans  le  Traité  De  Mineralibus,  attribué  à  Albert  le  Grand  (1.  III,  traité  I, 
ch.4),  on  rencontre  une  mention  de  Démocrite  l'alchimiste,  d'après  lequel 
la  chaux  et  la  lessive  [lixivium  ou  aqua  acuta]  seraient  la  matière  des  métaux. 
Dans  un  autre  passage,  on  lui  attribue  cette  opinion  que  les  pierres  ont 
une  âme,  un  principe  intérieur  de  vie.  Callisthène  y  est  cité  comme  alchi- 
miste. Rappelons  aussi  quelques  indications  tirées  du  traité  de  Théocto- 
nicos,  traduction  grecque  de  Touvrage  d'Alchimie  attribué  à  Albert  le 
Grand  (ce  volume,  p.  209  et  suiv.). 

Les  Traités  alchimiques  du  Pseudo-Aristote  arabe,  tels  qu'on  les  connaît 
par  des  traductions  latines,  me  paraissent  toucher  de  très  près,  sur  certains 
points  du  moins,  à  la  tradition  des  alchimistes  grecs.  —  Donnons  encore 
cette  citation,  tirée  de  la  Bibl.  chem.  de  Manger,  t.  I,  917  :  «  Le  secret  est 
dans  le  plomb,  d'après  Pythagore  et  Hermès,  etc  » . 

Alphabets  et  écritures  hermétiques. 

Dans  Zosime  et  dans  Olympiodore,  les  inscriptions  hiéroglyphiques  sont 
regardées  comme  ayant  un  sens  alchimique.  Ces  inscriptions  étaient 
aussi  réputées  des  talismans,  destinés  à  protéger  les  trésors  contenus  dans 
les  chambres  des  pyramides.  Il  semble  même  que  la  description  de  certaines 
opérations  chimiques  ait  été  réellement  consignée  sur  des  stèles  (i):  mais 
c'était  là  une  circonstance  rare,  car  aucune  de  ces  stèles  n'a  été  retrouvée 
jusqu'à  présent.  Cette  circonstance,  généraliséepar  suite  d'une  hypothèse  fort 
répandue,  aurait  donné  lieu  au  préjugé  précédent.  Il  a  duré  jusqu'à  notre 
temps;  en  effet,  daprès  Sylvestre  de  Sacy,  «   les  Orientaux  regardent  les 

(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  23,  29,  etc.  — Voir  Texte  grec  :  Jean  l'Archiprètre. 


236 


CHIMIE   DES    ANCIENS 


monuments  Egyptiens  comme  destinés  à  des  opérations  alchimiques,  magi- 
ques, etc.;  ils  appellent  écritures  hermétiques  les  hiéroglyphes,  convaincus 
qu'ils  renferment  la  révélation  du  secret  de  ces  opérations.  »  (Sylvestre  de 
Sacy,  Magasin  encyclopédique,  p.  145  ;  novembre  18 19.) 

De  là  l'imagination  des  alphabets  hermétiques,  destinés  à  Tinterprétation 
des  écritures  secrètes.  On  peut  voir  divers  exemples  de  ces  alphabets  mysté- 
rieux dans  un  ouvrage  intitulé  :  Anciens  alphabets  et  caractères  hiérogly' 
phiques,  expliqués  en  arabe  par  Ahmed  ben  Abubekr  ben  Wahschijich,  et  en 
anglais,  par  J.  Hammer,  Londres,  1806. 

Ce  livre,  soi-disant  trouvé  au  Caire,  renferme  80  alphabets  imaginaires, 
mais  dont  les  noms  mêmes  indiquent  la  préoccupation  de  l'auteur  et  des  lec- 
teurs. Tels  sont  les  alphabets  des  philosophes:  Hermès,  Platon,  Pythagore, 
Asclépius,  Socrate,  Aristote,  etc.  ;  —  de  Ptolémée  le  grec;  —  de  Hermès, 
père  de  Tat  (Toth),  qui  a  écrit  sur  le  grand  œuvre;  —  de  Dioscoride,  qui  a 
écrit  sur  les  herbes,  les  plantes,  leurs  vertus,  etc.;  —  du  sage  Démocrite, 
lequel  l'a  reçu,  'dans  un  souterrain,  du  génie  qui  préside  à  la  planète 
Mercure;  —  du  sage  Zosime  l'Hébreu,  écriture  mystique  pour  les  traités 
sur  le  grand  œuvre  —  Le  nom  de  Théosébie,  congénère  de  Zosime,  se 
trouve  un  peu  plus  loin.  —  On  y  rencontre  encore  les  alphabets  des 
anciens  rois,  parmi  lesquels  Kimas  l'hermétique  (le  Chymes  des  textes 
Grecs)  ;  —  les  alphabets  des  sept  planètes,  des  douze  constellations  — 
une   interprétation  des  hiéroglyphes,   etc. 

Tous  les  signes  de  cet  ouvrage  ne  représentent  guère  que  des  jeux 
d'esprit  individuels;  mais  les  noms  propres  auxquels  ils  sont  attribués 
témoignent  que  le  souvenir  même  des  vieux  alchimistes  avait  été  conservé 
en  Egypte  par  une  certaine  tradition. 

Nous  avons  signaléprécédemment(p.  207)  les  alphabets  magiques  du  ma- 
nuscrit de  Saint-Marc  (p.  i56)  et  ceux  du  manuscrit  2419  :  ils  ne  portent 
aucun  nom  propre.  La  formule  de  l'Ecrevisse  dans  Zosime  (p.  162)  se 
rattache  de  plus  près  à  la  tradition  des  symboles  alchimiques. 

Alun,  axuTCTTjpîa.  Alumen  (i). 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  122.  — 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXIII,  25  ;  1.  XXXV, 


52  ;   1.  XXXVI,  37.  —  Lexicon  Alch. 
Rulandi,  p.  32  et  suiv. 


NOTICES    DIVERSES  237 

L'alun  était  employé  comme  fondant  et  purificateur  des  métaux.  On  dis- 
tinguait, d'une  part  :  l'alun  blanc  et  l'alun  noir,  corps  en  réalité  de  teinte 
voisine  du  blanc,  mais  probablement  ainsi  nommé  parce  qu'il  noircissait 
au  contact  de  certains  sucs  végétaux,  en  raison  de  la  présence  de  fer  dans 
l'alun,  et  du  tannin  dans  les  sucs.  Ces  corps  étaient  employés  pour  purifier 
l'or. 

D^autre  part,  les  auteurs  indiquent  :  l'alun  lamelleux  (schiste),  blanchâtre; 
—  l'alun  rond;  —  l'alun  capillaire,  appelé  aussi  schisteux,  lequel  peut  être 
rapproché  de  notre  alun  de  plume,  efflorescence  mêlée  de  sels  de  fer  et  d'alu- 
mine. 

L'alun  liquide,  solution  de  sulfate  d'alumine  plus  ou  moins  pur,  et  l'alun 
calciné  étaient  aussi  employés. 

Les  alchimistes  désignaient  encore  sous  le  nom  d'alun,  l'acide  arsénieux, 
comme  on  peut  le  voir  dans  Olympiodore  (ce  volume,  p.  67  et  68). 

Ammoniac  (sel). 

Dans  la  Gyrénaïque,  ce  sel  se  trouve  sous  le  sable,  en  longues  aiguilles 
sans  transparence,  d'après  Pline  [H.  N.,  1.  XXXI,  39).  Cette  indication  rap- 
pelle un  carbonatede  soude  fossile,  et  non  notre  chlorhydrate  d'ammoniaque. 
Dioscoride  (1.  V,  i25)  nomme  le  sel  ammoniac,  en  disant  qu'il  se  distingue 
par  un  clivage  facile  et  suivant  des  directions  droites  :  ce  qui  semble  aussi 
le  caractère  d'un  sel  cubique,  c'est-à-dire  du  sel  gemme. 

Dans  le  Pseudo-Aristote  (Manget,  Bibliotheca  Chemica,  1 1,  p.  648)  il  est  dit 
que  le  sel  ammoniac,  chauffé  sur  une  lame  de  métal,  doit  fondre  sans  répan- 
dre de  fumée;  ce  qui  répond  au  carbonate  ou  au  chlorure  de  sodium,  mais 
non  au  chlorhydrate  d'ammoniaque.  Cependant  ailleurs  le  même  auteur  en 
indique  la  sublimation  (Manget,  I,  645)  :ce  qui  répond  bien  à  notre  chlor- 
hydrate. Le  mot  de  sel  ammoniac  a  donc  désigné  deux  substances  très  dif- 
férentes. Le  sens  actuel  du  sel  ammoniac  sublimable  est  indiqué  expressé- 
ment dans  ce  passage  d'Avicenne  (xi*  siècle),  cité  par  Vincent  de  Beauvais 
{Spéculum  majus,  VIII,  60)  :  «  Il  y  a  quatre  esprits  (c'est-à-dire  quatre  corps 
sublimables),  le  soufre,  l'arsenic,  le  sel  ammoniac  et  le  mercure.  »  On  trouve 
déjà  une  indication  analogue  dans  Geber  [Summa  perfectionis^l.  I,  ch.  x,  etc. 
Bibl.  c/iew2ca  de  Manget,  t.  i,  p.  525,  T"  colonne).  La  préparation  même  en 
est  décrite  dans  l'ouvrage  intitulé  :  Libri  investigationis  (p.  559  du  1. 1.  de  la 


238  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Bibliotheca  de Manget),  ouvrage  attribué  au  même  auteur.  Le  sel  ammoniac 
véritable  aurait  donc  été  connu  au  ix«  siècle.  (Voir  aussi  le  présent  volume, 
p.  45,  Note.) 

Antimoine,  aTt[A[X'.,  stibi,  larbason,  chalcédoine;  élément  féminin  (par  oppo 
sition  avec  l'arsenic,  élément  masculin?). 

C'est  notre  sulfure  d'antimoine,  le  soufre  noir  des  alchimistes.  D'après 
Dioscoride  (i),  c'est  un  corps  brillant,  rayonné,  fragile  et  exempt  de  parties 
terreuses.  On  le  brûle  en  le  recouvrant  de  farine  ;  ou  bien,  en  l'exposant 
sur  des  charbons  allumés,  jusqu'à  ce  qu'il  rougisse  (oxysulfure  ?).  Si  on 
prolonge,  ajoute  l'auteur,  il  prend  les  caractères  du  plomb  (c'est-à-dire 
que  l'antimoine  métallique  ou  régule  se  produit).  D'après  Pline  (if.  N.,  1. 
XXXIII,  33),  on  l'appelle  stibi,  alabastrum,  larbason  mâle  et  femelle;  il  est 
blanc  et  brillant.  S'il  devenait  ainsi  blanc,  c'est  sans  doute  après  un  grillage 
qui  l'avait  changé  en  oxyde  d'antimoine,  corps  confondu  souvent  chez  les 
anciens  chimistes  avec  notre  minium  blanchi  par  certains  traitements. 

L'antimoine  oxydé  se  trouve  d'ailleurs  dans  la  nature,  ainsi  que  l'oxy- 
sulfure  rouge  (Kermès  minéral).  Ce  dernier  a  du  être  pareillement  con- 
fondu avec  la  sandaraque,  le  minium,  la  sanguine  et  le  cinabre,  substances 
que  l'on  trouve  souvent  prises  les  unes  pour  les  autres. 

Arsenic. 

D'après  Dioscoride  (2) ,  ce  corps  est  terreux  et  doré  :  c'est  donc  un  sulfure  d'ar- 
senic (voir  ce  volume,  p.  43)  ;  une  autre  variété  est  rougeâtre,  d'après  Pline 
{H.  N.,  1.  XXXIV,  56).  C'est  l'orpiment  (voir  aussi  Vincent  de  Beauvais, 
VIII,  69,  70).  Le  nom  même  de  l'orpiment  figure  textuellement  dans  le 
texte  grec  de  Théoctonicos,  auteur  du  xiii^  ou  xiv^  siècle  (ce  volume,  p.  210). 

Sandaraque.  —  D'après  Dioscoride  [Mat.  Méd.,  V,  121),  c'est  une  ma- 
tière rouge,  brillante,  couleur  de  cinabre  (voir  aussi  Pline,//.  A''.,  1.  XXXIV, 
55;  1.  XXXV,  22).  C'est  le  réalgar;  peut-être,  aussi  dans  certains  cas,  le 
Kermès  minéral  ou  oxysulfure  d'antimoine. 

Rappelons  que  le  nom  de  sandaraque  est  appliqué  aujourd'hui  à  une 
résine  d'une  composition  toute  différente,  dérivée  de  la  colophane,  et  que 
les  anciens  ne  connaissaient  pas  sous  ce  nom. 

(i)  Mat.  méd..  1.  Vjgg.  |  (2)  Mat.  méd.,  1.  V,  120. 


NOTICES    DIVERSES  289 

Il  a  été  employé  aussi  par  les  anciens  pour  le  cinabre  et  pour  le  minium. 
Vitruve,  notamment,  indique  la  préparation  de  la  sandaraque  par  la  cuisson 
de  la  céruse  au  four. 

Notre  arsenic  métallique  a  été  entrevu  par  les  alchimistes,  qui  l'ont 
regardé  comme  un  second  mercure  (i),  de  nature  analogue  au  vif  argent, 
sublimable  comme  lui  et  communiquant  pareillement  sa  volatilité  à  ses 
dérivés,  spécialement  aux  sulfures.  La  sandaraque  (réalgar)  a  été  ainsi  assi- 
milée au  cinabre.  Le  rapprochement  entre  le  mercure  et  l'arsenic  se  com- 
plète à  ce  point  de  vue,  si  l'on  remarque  que  l'arsenic  blanchit  le  cuivre 
par  sublimation,  comme  le  fait  le  mercure,  et  qu'il  attaque  de  même  à 
chaud  la  plupart  des  métaux. 

L'arsenic  est  parfois  appelé  l'hermaphrodite,  en  tant  que  réputé  inter- 
médiaire entre  l'or  et  l'argent  et  composé,  comme  eux,  de  soufre  et  de  mer- 
cure (2).  Mais  ce  sens  ne  lui  est  pas  propre. 

Gadmie  (3). 

Chez  les  anciens  ce  mot  avait  deux  sens;  il  désignait  : 

1°  Un  produit  naturel,  tel  que  la  pierre  dont  on  tire  le  cuivre,  ou  plutôt  le 
laiton  :  par  exemple  notre  aurichalcite,  carbonate  de  zinc  et  de  cuivre  ;  notre 
hydrosilicate  de  zinc,  notre  carbonate  de  zinc  ou  calamine,  etc. 

2°  Un  produit  artificiel,  sorte  de  fumée  des  métaux,  soulevée  dans  les 
fourneaux  de  cuivre  par  l'action  de  la  flamme  et  du  soufflet.  Ce  produit 
adhérait  aux  parois,  au  sommet,  et  à  l'orifice  du  fourneau. 

Le  grillage  de  la  pyrite  des  monts  de  Soli  (Chypre)  en  fournissait  aussi. 
Les  fourneaux  d'argent  en  développaient  un  autre  plus  blanc,  moins  pesant. 

On  distinguait  la  capnitis,  c'est-à-dire  la  cadmie  plus  tenue,  recueillie  à 
la  bouche  de  sortie  des  gaz,  laquelle  doit  être  rapprochée  da pompholj'X  ; 

La  botruitis,  suspendue  en  forme  de  grappes,  cendrées  ou  rouges  ; 

Laplacitis  ou  placodes^  agglomérée  en  croûtes,  le  long  des  parois;  par- 
fois elle  était  entourée  de  zones,  et  dite  alors  lonitis  ; 


([)   Voir  notamment    notre    PI.  M, 
1.  4,  et  ce  volume,  p.  qi). 

(2)  Manget.  Bibl.  Chem.,  t.  I,  p.  9J0. 

(3)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,   84.  —      j      quer,  177S. 
Pline,   H.   N.,   1.   XXXIV,    2,    22.  —      \ 


Vincent  de  Beauvais,  VIII,  28.  — 
Lexicon  Alchemitv  Rulandi,  p.  110 
et  suiv.  —  Dict.  de  Chimie  de   Mac- 


240  CHIMIE   DES   ANCIENS 

L'onychitiSy  bleuâtre  à  la  surface,  avec  des  veines  intérieures  plus  blan- 
ches, rappelant  l'onyx  ;  elle  se  trouvait  aussi  dans  les  vieilles  mines  ; 

Uostracitis,  mince,  noirâtre,  d'apparence  testacée. 

Macquer  [Dict.  de  Chimie,  1778]  distingue  de  même  la  cadmie  natu- 
relle, ou  fossile,  qui  est  la  calamine  employée  à  la  fabrication  du  laiton; 
et  la  cadmie  des  fourneaux,  sublimé  produit  dans  la  fusion  des  minerais 
de  zinc,  laquelle  éprouve  une  demi-fusion  et  forme  incrustation  aux  pj^rois 
des  fourneaux.  Il  ajoute  que  quelques-uns  appellent  aussi  cadmie  fossile 
un  minerai  de  cobalt  (répondant  à  notre  arséniosulfure  actuel). 

En  réalité,  ce  nom  était  donné  à  toute  suie  et  sublimé  métallique,  s'élevant 
dans  la  fonte  en  grand  du  cuivre  et  des  autres  métaux.  Au  point  de  vue 
de  la  Chimie  moderne,  la  cadmie  des  fourneaux  serait  de  l'oxyde  de  zinc, 
mêlé  d'oxyde  de  cuivre,  de  plomb,  parfois  d'oxyde  d'antimoine  et  d'acide 
arsénieux;  ces  oxydes  étant  en  outre  unis  quelquefois  au  soufre,  sous  forme 
d'oxysulfures  ou  de  sulfates  basiques. 

Dans  les  livres  du  moyen  âge,  on  trouve  encore  ce  mot  Cathmia  ou  Cathi- 
mia  appliqué  à  certaines  veines  des  mines  d'or  ou  d'argent;  aux  sublimés 
des  fourneaux  d'or  ou  d'argent;  à  l'écume  échappée  de  l'argent,  de  l'or,  du 
cuivre,  etc. 

Les  modernes,  suivant  un  usage  courant  en  chimie  et  en  minéralogie,  mais 
très  fâcheux  pour  l'histoire  de  la  science,  ont  détourné  le  mot  cadmie  de 
son  sens  primitif  et  l'ont  appliqué  à  un  métal  nouveau,  le  cadmium,  inconnu 
des  anciens. 

Il  convient  de  rapprocher  de  la  cadmie  certaines  substances  congénères, 
telles  que  le  pomphoiyx  (i),  devenu  depuis  le  nihil  album  des  auteurs  du 
moyen  âge,  et  confondu  avec  la  spodos  blanche,  laquelle  s'envole  au  loin  et 
va  s'attacher  aux  toits.  D'après  un  texte  de  Pline,  le  pompholyx  se  produit 
pendant  la  purification  de  l'airain  ;  ou  bien  encore,  en  projetant  le  jet  des 
soufflets  sur  la  cadmie. 

La  spodos  ou  spodion  (cendre)  est  au  contraire,  d'après  Dioscoride,  la 
partie  plus  lourde  et  plus  noire,  qui  tombe  sur  la  sole  des  fourneaux  de 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  85.  —  Pline,  H.  N.,  1.  xxxiv,  34.  —  Lexicon  Alch. 
Rulandi,  p.  442. 


NOTICES    DIVERSES  24I 

cuivre,  OÙ  on  la  balaie  ensuite.  Elle  est  mêlée  de  paille,  de  poils  et  de  terre, 
dont  on  la  débarrasse  par  des  lavages.  La  spode  des  fourneaux  d'argent 
s'appelle  lauriotis  (nom  qui  vient  des  mines  du  Laurium).  L'or,  le  plomb 
en  produisent  aussi.  Elle  peut  être  de  couleur  cendrée,  jaune,  verte,  rouge, 
noire. 

Le  Lexicon  Alchemîœ  assimile  la  spode  au  vert  de  gris  [œrugo  œris,  ios 
œris). 

Vantispode  (i),  est  un  produit  que  Ton  substituait  au  spode  pour  les 
usages  médicaux.  C'était  la  cendre  de  divers  végétaux,  incinérés  dans  une 
marmite  de  terre  crue,  à  couvercle  percé  de  trous,  puis  lavés. 

Le  nom  de  la  cadmie  a  été  remplacé  pendant  le  cours  du  moyen  âge  par 
celui  de  tiitie,  donné  de  même  à  toute  fumée  métallique.  Nous  appliquons 
aujourd'hui  ce  nom  de  tutie  à  l'oxyde  de  zinc  ;  mais  il  avait  autrefois  un 
sens  plus  compréhensif. 

La  magnésie  de  Démocrite,  de  Geber  et  de  certains  alchimistes  est,  dans 
certains  cas,  équivalente  à  la  cadmie  ou  tutie,  mais  réputée  plus  volatile 
qu'elle;  sa  réduction  fournissait  le  molybdochalque,  alliage  renfermant  du 
plomb  et  du  cuivre  et  analogue  à  certains  bronzes. 

Chalcanthon,  xàXxav6ov,  couperose,  vitriol,  noir  de  cordonnier  (2). 

Cette  matière  se  préparait  avec  une  liqueur  résultant  de  la  macération 
spontanée  ou  provoquée  des  minerais  dans  l'eau,  à  l'intérieur  des  mines  de 
cuivre. 

Le  premier  produit  obtenu  par  évaporation  spontanée  était  du  sulfate  de 
cuivre,  bleu,  demi-transparent,  lancéolé.  On  l'obtenait  aussi  en  concentrant 
la  liqueur  au  feu,  et  l'abandonnant  à  la  cristallisation  dans  des  bacs  de  bois, 
sur  des  cordes  ou  des  barres  suspendues.  Après  le  sel  pur,  venaient  des  sul- 
fates plus  ou  moins  basiques  et  ferrugineux.  Le  nom  de  vitriol  apparaît  au 
xiii»  siècle,  dans  Albert  le  Grand. 

Observons  les  sens  divers  de  ce  mot  couperose,  ou  de  son  équivalent 
vitriol,  tels  que  : 

Vitriol  bleu  :  sulfate  de  cuivre. 


(1)  Diosc,  Mat.   iitéd.,   1.  V,  86.  — 
PuNE,  H.  N.,  1.  XXXIV,  35. 

(2)  Diosc,  Mat.   méd.,    1.   V,    ii3. 


—  Pline,  H.  X.,  1.  XXXII,  3 2.  — 
Vincent  ue  Beauvais,  Spcc.  Majus, 
VIII,  32. 


242 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Vitriol  vert  :  sulfate  de  fer,  et  sulfate  de  cuivre  basique. 

—  jaune  et  rouge  :  sulfates  de  fer  basiques. 

—  blanc  :  sulfate  de  zinc;  sulfate  d'alumine,  voire  même  alun. 

La  décomposition  spontanée  des  pyrites  peut  fournir  tous  ces  composés, 
suivant  leur  degré  d'impureté. 

Le  cuivre  contenu  dans  les  eaux  mères  résultant  de  cette  décomposition 
en  est  précipité  aujourd'hui  sous  forme  métallique,  au  moyen  des  débris  de 
fer  de  toute  origine,  lesquels  fournissent  des  dépôts  de  cuivre,  reproduisant 
souvent  la  forme  et  l'apparence  des  morceaux  de  fer.  De  là  celte  opinion, 
très  répandue  parmi  les  alchimistes,  que  le  vitriol  peut  transmuter  le  fer  en 
cuivre.  Elle  reposait  sur  un  phénomène  réel,  mais  mal  compris. 

Misjr{i). 

D'après  les  anciens,  le  misy  de  Chypre  est  doré,  dur,  et  scintille  quand 
on  récrase. 

C'était  de  même  une  concrétion  naturelle  ou  minerai,  à  cassure  dorée, 
qui  a  été  décrite  sous  le  nom  de  misy  dans  les  mines  de  Gozlar  au 
xvn«  siècle.  Le  vitriol,  ajoutait-on,  se  change  aisément  en  misy. 

A  la  fin  du  xvni«  siècle,  on  appelle  misy  une  matière  vitriolique  jaune,  lui- 
sante, en  pierre,  ou  en  poudre  non  cristallisée  (2)  et  assimilée  à  la  couperose 
jaune. 

En  somme,  c'est  toujours  là  un  sulfate  de  fer  basique,  renfermant  du  sul- 
fate de  cuivre  et  parfois  du  sulfate  d'alumine,  résultant  de  la  décomposition 
spontanée  des  pyrites. 

Sory  (3).  —  On  appelait  de  ce  nom  une  matière  congénère  du  misy,  plus 
grasse,  à  odeur  vireuse,  de  couleur  rouge,  tournant  au  noir. 

Les  Arabes  désignaient  sous  ce  même  nom  de  sory  le  vitriol  rouge  (voisin 
du  colcothar). 

Enfin  les  Grecs  modernes  ont  assimilé  parfois  le  sory  à  la  céruse  brûlée 
(minium). 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  I.  V,  116. 
^  Pline,  H,  N.,  1.  XXXIV,  3i.  — 
Lexicon  Alch.  Rulandi,  p.  336. 

(2)  Macquer,  Dict.  de  Chimie^  t.  IV, 
p;  85  ;  1778; 


(3)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  ni 
-  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  3o.  - 
Lexicon  Alch.  Rulandi,  p.  142.  - 
Salmasii  Plin.  Exerc,  p.  814,  6  E. 


NOTICES    DIVERSES 


243 


Melanteria  (i).  —  On  appelait  ainsi  une  sorte  d'efflorescence  saline,  déve- 
loppée dans  l'orifice  des  mines  de  cuivre  ;  une  autre  partie  apparaissait  à 
leur  face  supérieure.  Elle  se  trouvait  sous  terre  en  Cilicie.  Elle  présentait, 
ajoute-t-on,  une  couleur  de  soufre  légère  et  noircissait  aussitôt  au  contact 
de  l'eau  (présence  du  manganèse  ?). 

D'après  Rulandus,  c'est  une  sorte  de  vitriol,  dont  la  couleur  dépend  des 
terres  qui  l'ont  produite  et  varie  du  jaune  au  bleu. 

Chalcitis(2)  :  minerai  de  cuivre,  pyrite  cuivreuse  spécialement. 

On  en  tirait  le  cuivre  métallique,  le  misy,  le  sory,  etc. 

En  fait,  la  pyrite  de  fer,  sous  l'influence  de  l'air  et  de  Teau,  se  délite  et 
s'oxyde,  en  formant  des  sulfates  de  cuivre,  de  fer,  d'alumine  et  de  l'alun. 
Le  sel  de  fer  ainsi  produit  devient  bientôt  basique,  en  se  suroxydant. 

Chaux  vive  :  affôeoroç  —  titanos  :  chaux,  ou  plutôt  pierre  calcaire. 

Gypse,   "^ûCfoq,  plâtre. 

Ghrysocolle  —  œrugo  —  santerna — ■  soudure  des  orfèvres  (3). 

Ce  mot  a  plusieurs  sens,  il  désigne  : 

i"  L'opération  même  de  la  soudure  de  l'or. 

2°  Les  matières  employées  pour  cette  opération,  telles  que  certains  allia- 
ges d'or,  encore  usités  chez  les  orfèvres.  Dans  le  Lexique  alchimique,  on 
interprète  molybdochalque  (alliage  de  cuivre  et  de  plomba  par  chrysocolle. 

3°  Un  sous-sel  de  cuivre  mêlé  de  fer,  provenant  de  la  décomposition  d'une 
veine  métallique  par  l'eau  ;  décomposition  spontanée,  ou  provoquée  en 
introduisant  l'eau  dans  la  mine  en  hiver  jusqu'au  mois  de  juin;  on  laissait 
sécher  en  juin  et  juillet.  Le  produit  natif  était  jaune. 

4°  La  Malachite  proprement  dite,  sous-carbonate  de  cuivre  vert  : 

L'azurite,  carbonate  de  cuivre  bleu  congénère,  était  désigné  sous  le  nom 
^'armen/Mm;  probablement  parce  qu'on  la  tirait  d'Arménie  (4).  Peut-être 
aussi  le  bleu  de  Chypre  (xuavoç)  a-t-il  été  parfois  exprimé  par  le  même  nom. 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  117.  — 
Lexicon  Alch.  Rulandi.  p.  329. 

(2)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  ii5  v. 
—  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  29.  — 
Vincent  DE  Beauvais,  VIII.  —  Lexicon 
Alch.  Rulandi,  p.  141. 


(3)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIII,  26,  27, 
28,  29.  —  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V, 
104.  —  Voir  le  présent  volume,  p.  Sj. 

(4)  Diosc,  Mat.  méd..,  1.  V,  io5,  106. 
—  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  28. 


244  CHIMIE    DES    ANCIENS 

5°  Le  produit  obtenu  en  faisant  agir  sur  le  vert  de  gris  l'urine  d'un  gar- 
çon impubère  et  le  natron.  L'urine  apportait  ici  des  phosphates,  des  chlo- 
rures et  des  sels  ammoniacaux. 

Ajoutons  que  nos  traités  de  minéralogie  moderne  ont  détourné  le  mot  chry- 
socolle pour  l'appliquer  arbitrairement  à  un  hydrosilicate  de  cuivre. 

Chrysolithe. 

La  chrysolithe  moderne  est  le  péridot  :  mais  ce  corps  n'a  rien  de  com- 
mun avec  le  sens  ancien  du  mot. 

La  chrysolithe  ancienne  désignait  la  topaze  et  divers  autres  minéraux 
jaunes  et  brillants,  qu'il  est  d'ailleurs  difficile  de  préciser  complètement. 

Cinabre.  —  Ce  mot  s'applique  aujourd'hui  à  une  variété  de  sulfure  de  mer- 
cure, appelée  aussi  anthrax  autrefois;  mais  chez  les  Grecs  et  chez  les  Alchi- 
mistes, il  a  eu  des  sens  plus  complexes.  Il  a  exprimé  également  : 

Notre  oxyde  de  mercure; 

Notre  minium,  mot  employé  par  les  anciens  dans  des  sens  multiples 
(voir  les  articles  plomb  et  rubrique)  ; 

Notre  réalgar  (sulfure  d'arsenic)  ; 

Tous  les  sulfures,  oxydes,  oxysulfures  métalliques  rouges; 

Enfin  le  sang  dragon,  matière  végétale  qui  est  le  suc  du  dracœna  draco. 

Le  signe  (PL  11,1.  i3)du  cinabre  est  un  cercle  avec  un  point  central.  Mais 
le  même  signe  a  été  plus  tard  et  à  la  fin  du  moyen  âge  employé  pour  l'œuf 
philosophique,  pour  le  soleil,  ainsi  que  pour  l'or  :  de  là  diverses  confu- 
sions, contre  lesquelles  on  doit  se  tenir  en  garde  (v.  ce  volume,  p.  122). 

Claudianos  ou  claudianon. 

C'était  un  alliage  de  cuivre  et  de  plomb,  renfermant  probablementduzinc. 
Il  n'en  est  question  que  chez  les  alchimistes.  Ce  nom  semble  dériver  du 
mot  latin  Claudius.  S'agissait-il  d'un  corps  fabriqué  au  temps  de  cet  empe- 
reur et  analogue  aux  cuivres  Marien,  Livien,  etc.  ?  Pline  n'en  parle  pas. 

Clefs  (les). 

Le  mot  clefs  est  employé  comme  titre  d'ouvrages,  dès  l'époque  alexandrine 
(après  l'ère  chrétienne,  dans  Hermès  (i),  Zosime,  etc.).  Les  Arabes  s'en  servent 
fréquemment  et  il  a  été  fort  usité  au  moyen  âge. 


(1)  Cité  par  Lactance  et  par  Stobée  (v.  ce  volume,  p.  16,  note) 


NOTICES    DIVERSES  245 

Dans  le  sens  alchimique,  voici  quelles  sont  les  clefs  de  l'art,  d'après  Roger 
Bacon  (i)  :  siint  igitur  claves  artis  :  congelatio,  resolutio,  inceratio.  propor- 
tio  ;  sed  alio  modo,  purification  distillatio,  separatio,  calcinatio  etfixio. 

C'est-à-dire  :  vies  clefs  de  l'art  sont  la  solidification,  la  résolution  (à  l'état 
liquide  ou  dissous),  le  ramollissement,  l'emploi  des  proportions  convena- 
bles (dans  les  matières,  ou  dans  les  agents,  tels  que  le  feu)  ;  ou  d'une  autre 
façon,  la  purification,  la  distillation  (par  évaporation  ou  filtration,  d'après 
l'ancien  sens  de  ce  mot  :  couler  goutte  à  goutte),  la  séparation,  la  calcina- 
tion  et  la  fixation  (des  métaux  fusibles  ou  volatils,  ramenés  à  l'état  solide  et 
résistant  au  feu)  ». 

De  même  dans  Vincent  deBeauvais(SfiecM/Mm  ma;w5,  VIII,  88):  «  les  clefs 
ou  les  pratiques  de  cet  art  sont  la  mortification  (amortissement  des  mé- 
taux), la  sublimation,  la  distillation,  la  solution,  la  congélation,  la  fixation, 
la  calcination  ».  Basile  Valentin  parle  aussi  des  douze  clefs  de  l'art. 

Cobalt  —  cobathia  —  kobold.  —  Le  cobalt  est  réputé  avoir  été  découvert 
en  1742  par  Brandes,  qui  l'isola  sous  forme  métallique.  Son  nom  même 
est  tiré  de  celui  de  certains  de  ses  minerais,  appelés  kobalt  ou  kobold^  .et 
constitués  par  des  arseniosulfures  complexes.  Ce  nom  de  kobold  a  été 
expliqué  jusqu'ici  par  celui  de  certains  démons  trompeurs,  habitant  les 
mines  :  c'est,  dit-on,  une  allusion  à  la  difficulté  de  traiter  ces  minerais  et 
aux  tentatives  infructueuses  que  l'on  avait  faites  pour  en  extraire  du  cuivre, 
métal  indiqué  par  la  production  des  verres  bleus,  qui  dérivent  de  ce 
minerai. 

En  fait,  le  bleu  de  cobalt  était  connu  des  anciens.  H.  Davy  a  trouvé  ce 
métal  dans  certainsverres  bleus, d'originegrecqueet  romaine, etM.Clemmer 
dans  des  perles  égyptiennes.  Le  bleu  mâle  de  Théophraste,  opposé  au  bleu 
femelle,  ne  serait  autre  que  du  bleu  de  cobalt,  opposé  aux  dérivés  bleus 
du  cuivre.  L'étymologie  même  du  mot  cobalt  semble  remonter  au  grec. 
En  eiîet,  dans  le  Lexicon  Alchemiœ  Rulandi,  p.  i58,  on  lit:  Cobatioriim 
futnus  est  kobolt  ;  c'est-à-dire  «  la  fumée  des  cobatia,  c'est  le  ko  boit  ».  Cette 
expression  «  fumée  des  cobathia  »  tigure  dans  un  passage  d'Hermès  cité  par 
OXym^'iodoïQ.  {texte  grec,  p.  85).   I^lle  est  traduite  dans  le  Lexique  alciii- 

(i)  Bibl.  chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  62 3. 


246  CHIMIE   DES   ANCIENS 

mique  [texte  grec,  p.  9,  note)  par  «  les  vapeurs  de  l'arsenic  (sulfure')  »  :  il 
s'agit  donc  bien  d'un  composé  arsenical.  Il  y  aurait  eu  dès  lors  pour  l'éty- 
mologie  du  cobalt  une  confusion  entre  un  mot  grec  ancien  et  un  mot 
allemand,  analogue  à  celle  qui  s'est  produite  entre  l'égyptien  et  le  grec, 
pour  les  mots  chimie,  sel  ammoniac,  etc.  :  ces  mots  n'auraient  pas  d'ailleurs 
eu  le  sens  précis  de  notre  cobalt  au  début,  mais  ils  l'auraient  acquis  par 
une  extension  postérieure. 

Quant  au  cobalt  métallique,  sa  connaissance  remonte  au-delà  du 
xviii*  siècle.  En  effet,  on  lit  dans  le  Lexicon  Alchemiœ  Rulandi,  ouvrage 
publié  à  Francfort,  en  16 12,  p.  271,  un  texte  latin,  suivi  d'un  texte  allemand 
équivalent,  dont  voici  la  traduction  :  «  Kobolt  ;  kobalt  ou  collet  :  c'est  une 
matière  métallique,  plus  noire  que  le  plomb  et  le  fer,  grisâtre,  ne  possédant 
pas  réclat  métallique  ;  elle  peut  être  fondue  et  laminée  (au  marteau)  ».  Puis 
viennent  des  indications  relatives  au  minerai,  exprimé  par  le  même  nom. 
a  C'est  un  soufre  donnant  des  fumées,  et  sa  fumée  entraîne  le  bon  métal. — 
C'est  aussi  une  cadmie  fossile  d'où  Ton  tire  un  airain  utile  en  médecine,  etc.» 
La  première  phrase  désigne  évidemment  le  cobalt  impur,  l'un  de  ces  demi- 
métaux  dont  Brandes  reprit  plus  tard  l'étude.  Observons  que  les  alchimistes 
du  moyen  âge  traitaient  les  minerais  métalliques  par  les  mêmes  procédés 
de  grillage,  réduction  et  fonte  que  les  modernes,  et  dès  lors  ils  ont  dû  obtenir 
les  mêmes  métaux;  mais  ils  n'avaient  pas  nos  règles  scientifiques  pour  les 
purifier,  les  définir  et  les  distinguer  avec  exactitude.  J'ai  déjà  mis  en  évidence 
la  connaissance  du  régule  d'antimoine  dèsTantiquité,  mais  il  était  confondu 
avec  le  plomb.  Le  cobalt  et  le  nickel  ont  dû  être  confondus  aussi,  soit  avec 
le  fer,  soit  avec  le  cuivre  et  ses  alliages  (v.  Pseudargyre). 

CouPHOLiTHE.  —  Ce  mot  semble  avoir  été  appliqué  au  talc  et  à  des  sili- 
cates tendres,  analogues.  Le  nom  de  coupholithe  est  resté  parmi  les  noms 
des  pierres  usitées  par  les  orfèvres  (i).  Il  est  aussi  appliqué  en  Minéralogie  à 
une  variété  de  prehnite  (silicate  d'alumine  et  de  chaux  ferrugineux  et  hydraté) 
qui  se  présente  tantôt  en  lames  minces  blanches,  analogues  au  sulfate  de 
chaux;  tantôt  en  masses  fibreuses  un  peu  verdâtres. 

Il  semble  d'ailleurs  que  ce  soit  là  un  vieux  nom,  conservé  à  l'une  des 


(i)  Manuel  Roret  du  Bijoutier,  t.  I,  p.  i3o,   i832. 


NOTICES    DIVERSES  247 

substances  auxquelles  il  s^appliquait  autrefois;  et  non  une  dénomination 
ancienne  transportée  à  une  substance  moderne,  comme  il  est  arrivé  trop  sou- 
vent, en  Minéralogie.  Autrement  on  ne  comprendrait  ni  la  persistance  de  ce 
nom  chez  les  orfèvres,  ni  sa  spécialisation  à  une  simple  variété. 

Eléments  actifs. 

D'après  Aristote  (Météorol.  1.  ÎV),  il  y  a  deux  éléments  actifs,  le  chaud  et 
le  froid;  deux  passifs,  le  sec  et  Phumide. 

Ailleurs  il  s'agit  de  simples  qualités,  mises  en  relation  avec  les  quatre  élé- 
ments ordinaires  {de  Generatione,  L.  II,  ch.  3  et  4).  Le  feu  est  chaud  et  sec; 
l'air  chaud  et  humide  ;  l'eau  froide  et  humide;  la  terre  froide  et  sèche;  etc., 
etc.  Ces  éléments  setransformentles  uns  dans  les  autres.  Stephanus  expose  à 
peu  près  la  même  théorie.  Ces  idées  ont  joué  un  grand  rôle  en  médecine. 
Aristote  dit  encore  (Météorol.  1.  III,  ch.  7)  :  «  il  y  a  deux  exhalaisons  (âva- 
6uix{aŒ£iç),  l'une  vaporeuse  (àifJMSwSYjç),  l'autre  enfumée  (xaTCvwây;?). 

«  L'exhalaison  sèche  et  brûlante  produit  les  matières  fossiles  (opuxxâ), 
telles  que  les  pierres  infusibles,  la  sandaraque,  l'ocre,  la  rubrique,  le 
soufre,  etc.  L'exhalaison  humide  produit  les  minéraux  ([ASTaXXeuTa) ,  c'est-à- 
dire  les  métaux  fusibles  et  ductiles,  comme  le  fer,  le  cuivre,  l'or,  etc.  En 
général,  ils  sont  détruits  par  le  feu  (Tcupouxai)  et  contiennent  de  la  terre, 
car  ils  renferment  une  exhalaison  sèche.  L'or  seul  n'est  pas  détruit  par  le 
feu...  "  —  On  voit  ici  l'origine  de  certaines  idées  alchimiques.  C'est  ainsi 
que  Stephanus  (6®  leçon  dans  Ideler,  t.  II,  p.  224,  1.  7),  dit,  presque  dans  les 
mêmes  termes  qu' Aristote  : 

tt  II  y  a  deux  choses  qui  sont  les  matières  et  les  causes  de  tout,  la 
vapeur  qui  s'élève  et  l'exhalaison  fuligineuse  des  corps,  en  laquelle  est  la 
cause  des  modifications  en  question.  La  vapeur  est  la  matière  de  l'air;  la 
fumée,  la  matière  du  feu,  etc.-  » . 

Esprits  (iiveuixaTa). 

Les  mots  esprits,  corps,  âmes,  sont  fréquemment  employés  par  les  alchi- 
mistes dans  un  sens  spécial,  qu'il  importe  de  connaître  pour  l'intelligence 
de  leurs  écrits.  Les  passages  suivants,  quoique  d'une  époque  plus  moderne, 
jettent  beaucoup  de  lumière  sur  ce  point. 

On  lit  dans  le  traité  de  Mineralibus,  prétendu  d'Albert  le  Grand  (1.  I,  tr.  i, 
ch.  I")  :  a  ce  qui  s'évapore  au  feu  est  esprit,  âme,  accident;  ce  qui  ne  s'éva- 


248  CHIMIE    DES   ANCIENS 

pore  pas,  corps  et  substance  ».  Cet  auteur  attribue  encore  à  Démocrite  l'opi- 
nion qu'il  y  a  dans  les  pierres  une  âme  élémentaire,  laquelle  est  la  cause  de 
leur  génération  (1.  I,  tr.  i,  ch.  4). 

Le  Pseudo-Aristote  (i)  définit  de  même  les  corps  et  les  esprits,  et  il 
ajoute  :  «  les  corps  volatils  sont  des  accidents,  parce  qu'ils  ne  mani- 
festent leurs  qualités  et  vertus  que  s'ils  sont  associés  aux  substances 
ou  corps  fixes  :  pour  opérer  cette  association,  il  faut  purifier  les  uns 
et  les  autres.  »  Il  y  a  là  un  mélange  de  pratiques  matérielles  et  d'idées 
mystiques. 

Vincent  de  Beauvais,  Spéculum  majus  (VIII,  60),  donne  sous  le  nom 
d'Avicenne  l'exposé  suivant. 

«  II  y  a  quatre  esprits  minéraux  :  le  soufre,  l'arsenic,  le  sel  ammoniac,  le 
mercure,  distincts  par  leur  aptitude  à  être  sublimés;  et  six  corps  métalliques: 
l'or,  l'argent,  le  cuivre,  l'étaîn,  le  fer,  le  plomb.  Les  premiers  sont  des 
esprits,  parce  que  leur  pénétration  dans  le  corps  (métallique)  est  néces- 
saire, pour  accomplir  sa  réunion  avec  l'âme  »  —  «  Spiritus,  înquam,  sunt 
quia  per  eos  imprimitur  corpus  ut  possit  cum  anima  conjungi.  »  Et  plus 
loin  (VIII,  62)  :  ^  Nulle  chose  ne  peut  être  sublimée  sans  le  concours 
d'un  esprit.  La  pierre  ne  s'élève  pas  d'elle-même  par  l'action  du  feu  ; 
tandis  que  les  esprits  s'élèvent  d'eux-mêmes,  c'est-à-dire  se  subliment,  se 
dissolvent  et  déterminent  la  dissolution  des  autres  substances;  ils  brû- 
lent, refroidissent,  dessèchent  et  humectent  les  quatre  éléments.  »  Cette 
dernière  phrase  attribue  aux  esprits  le  rôle  des  qualités  aristotéliques 
citées  plus  haut. 

«  Ce  qui  ne  fuit  pas  le  feu  »,  dit  encore  Avicenne,  «est  dit  fixe:  tels  sont 
les  corps  des  pierres  et  des  métaux.  » 

Dans  la  langue  même  de  notre  temps,  le  nom  d'esprits  volatils  est  encore 
appliqué  à  certaines  substances,  tels  que  l'ammoniaque,  l'alcool,  les 
essences,  etc. 

D'après  Geber  (2)  il  y  a  sept  esprits,  dont  voici  les  noms,  rangés  dans 
l'oîdre  de  leur  volatilité  :  le  mercure,  le  sel  ammoniac,  le  soufre,  l'arsenic. 


(i)    De   perfecto   magisterio,    Bibl.      i  (2)    Voir    aussi    Lexicon    Alchemiœ 

chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  638.  |      Rulandi,  p.  442. 


NOTICES    DIVERSES  24g 

(c'est-à-dire  son  sulfure,  placé  auprès  du  soufre  par  l'auteur),  la  marcassite, 
la  magnésie  et  la  tutie. 

Geber  dit  encore  : 

«  Les  esprits  (corps  volatils)  seuls  et  les  matières  qui  les  contiennent  en 
puissance,  sont  capables  de  s'unir  aux  corps  (métalliques)  ;  mais  ils  ont 
besoin  d'être  purifiés  pour  produire  une  teinture  parfaite,  et  ne  pas  gâter, 
brûler,  noircir  les  produits.  Il  y  a  des  esprits  corrosifs  et  brûlants,  tels  que 
le  soufre,  l'arsenic  (sulfuré),  la  pyrite;  d'autres  sont  plus  doux,  tels  que  les 
diverses  espèces  de  tutie  (oxydes  métalliques  volatils).  C'est  par  la  subli- 
mation qu'on  les  purifie.  »  —  Cette  sublimation  se  compliquait  de  l'ac- 
tion oxydante  de  l'air,  spécialement  dans  le  cas  de  la  pyrite  et  du  sulfure 
d'arsenic. 

L'Aludel,  appareildestinéàcessublimations,devaitêtre  construit  en  verre, 
ou  en  une  substance  analogue,  non  poreuse,  et  capable  de  retenir  les  esprits 
(matières  volatiles)  et  de  les  empêcher  de  s'échapper,  d'être  éliminés  par 
le  feu.  Les  métaux  ne  conviennent  pas,  parce  que  les  esprits  s'y  unis- 
sent, les  pénètrent,  et  même  les  traversent.  Tout  ceci  est  très  clair  pour 
nous. 

Le  Pseudo-Aristote  donne  la  même  liste  (i)  des  esprits  que  Geber,  en  assi- 
milant CQs  êtres  aux  planètes. 

Dans  Rulandus,  qui  développe  la  même  énumération,  la  magnésie  est  rem- 
placée parle  msmath,  lequel  semble  être  un  sulfure  métallique,  se  rattachant 
aux  minerais  d'étain  et  de  pîomb.  Ce  nom  a  été  détourné  de  son  vieux 
sens,  pour  être  appliqué  parles  modernes  à  un  métal  nouveau,  inconnu  des 
anciens,  le  bismuth  ;  de  même  que  le  nom  de  cadmie  a  été  détourné  de  son 
sens  pour  être  appliqué  au  cadmium.  Mais  ce  n'était  pas  là  la  signification 
ancienne  du  mot. 

Revenons  aux  esprits  de  Geber  et  d'Avicenne,  afin  de  tâcher  de  com- 
prendre les  idées  d'autrefois  et  les  faits  qui  leur  correspondaient.  Les  uns 
de  ces  esprits,  tels  que  le  mercure,  le  sel  ammoniac,  le  soufre,  le  sulfure 
d'arsenic,  sont  en  effet  des  substances  susceptibles  de  sublimation  pure  et 
simple.    Les  autres  sont  réputés  secondaires:  la  sublimation  n'ayant  lieu 

(i)  De  Perfecto  Magisterio,  Bibt.  chem.  de  Manget,  t.  I,  p. 638. 


25o  CHIMIE    DES    ANCIENS 

que  par  l'effet  d'une  opération  complexe,  et  mal  comprise,  mais  dontla  com- 
plexité avait  été  entrevue  par  les  alchimistes.  En  effet  la  marcassite,  ou  pyrite, 
chauffée  dans  un  appareil  distillatoire  en  terre,  donne  d'abord  du  soufre,  en 
laissant  un  résidu  ;  ce  résidu  s'oxyde  peu  à  peu  sous  l'influence  de  l'air,  qui 
pénètre  dans  l'appareil,  et  une  partie  du  produit  se  sublime  à  son  tour  peu  à 
peu,  à  une  température  plus  haute,  en  fournissant  des  oxydes  métalliques, 
blancs  ou  colorés.  Geber  distingue  nettement  ces  deux  phases  du  phénomène 
{Bibî.  Chemica  de  Manget,  t.  I,  p.  534). 

La  tutie  était  réputée  le  moins  volatil  des  esprits;  la  magnésie  était  inter- 
médiaire entre  la  tutie  et  la  marcassite  :  enfin  la  sublimation  de  la  tutie  et 
celle  de  la  magnésie  étaient  assimilées  à  la  seconde  phase  de  celle  de  la 
marcassite,  phase  dans  laquelle  l'action  de  l'air  développait  les  oxydes 
métalliques. 

On  voit  par  là  que  la  magnésie  de  Geber,  comme  celle  du  Pseudo-Démo- 
crite,  et,  plus  tard,  la  tutie,  désignaient  à  la  fois  certains  minerais  sulfurés  de 
zinc,  de  plomb,  d'étain,  de  cuivre,  etc.,  ainsi  que  le  mélange  des  oxydes  for- 
més par  sublimation  lente  aux  dépens  de  ces  minerais  de  zinc,  de  plomb,  de 
cuivre,  etc.;  c'est-à-dire  que  cette  magnésie  se  rattache  à  la  famille  des  cad- 
mies,  dans  laquelle  on  rencontre  également  le  double  sens  de  minerai  natu- 
rel et  de  ses  dérivés  obtenus  par  grillage.  Les  sens  du  mot  magnésie  sont 
d'ailleurs  plus  compréhensifs  encore,  comme  il  sera  dit  plus  loin. 

Étain  —  y,aaa(T£poi;  —  Stannum  —  plomb  blanc  (i). 

Dans  Homère,  le  mot  xao-a^Tepoç  désigne  un  alliage  d'argent  et  de  plomb 
(ou  d'étain?).  Le  sens  actuel  du  métal  étain  n'a  peut-être  été  acquis  à  ce  mot 
d'une  manière  précise  et  exclusive  que  vers  le  temps  d'Alexandre  et  des 
Ptolémées,  bien  que  le  métal  même  ait  été  employé  comme  composant  du 
bronze  depuis  les  époques  préhistoriques.  De  même  le  mot  stannum  est 
donné  par  Pline  au  plomb  argentifère  (H.  N.,  1.  XXXIV,  47),  aussi  bien 
qu'au  plomb  blanc,  qui  était  l'étain  véritable.  Dans  la  lecture  des  anciens 
auteurs,  il  faut  se  méfier  continuellement  de  ces  sens  multiples  et  variables 
avec  les  temps  des  dénominations  métalliques  qu'ils  emploient.  Pour 
pouvoir  tirer  d'un  mot  des  conséquences  certaines,  au  point  de  vue  des 

(i)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  47. 


NOTICES    DIVERSES  25  I 

connaissances  chimiques  d'une  certaine  époque,  il  est  nécessaire,  en  général, 
de  posséder  des  objets,  armes,  statues,  ou  instruments,  répondant  exactement 
à  cette  époque  et  à  ce  mot.  En  dehors  de  cette  règle,  on  est  exposé  aux 
erreurs  et  aux  confusions  les  plus  étranges. 

Pline  ajoute  qu'on  contrefait  l'étain  avec  un  mélange  renfermant  i/3  de 
cuivre  blanc  et  2/3  de  plomb  blanc;  ou  bien  avec  poids  égaux  de  plomb 
blanc  et  de  plomb  noir  :  c'est  ce  qu'on  appelait  alors  plomb  argentaire.  Ces 
fraudes  sont  encore  usitées  aujourd'hui,  les  fabricants  d'objets  d'étain 
mêlant  le  plus  de  plomb  qu'ils  peuvent  à  Tétain  pur,  à  cause  du  bas  prix 
du  plomb. 

Etymologies  chimiques  doubles.  —  C'est  une  circonstance  digne  d'in- 
térêt qu'un  certain  nombre  de  mots  chimiques  ont  deux  etymologies:  l'une 
égyptienne,  qui  paraît  la  véritable;  l'autre  grecque,  qui  semble  fabriquée 
après  coup  et  pour  rendre  compte  de  la  transcription  hellénique  du  mot 
ancien. 

Je  citerai,  par  exemple,  les  mots  asèm,  chimie^  sel  ammoniac. 

Le  mot  asèm  désignait  un  alliage  métallique  particulier  imitant  l'or  et 
l'argent  et  spécialement  ce  dernier  métal  (p.  62  et  suiv.).  Il  a  été  traduit  en 
grec  par  les  mots  :  àctiiioq,  ajT)[i,ov,  à^-f,\>.ri,  lesquels  signifiaient  d'abord  l'ar- 
gent sans  titre,  et  ont  pris,  en  grec  moderne,  le  sens  complet  de  l'argent. 
La  confusion  entre  ces  mots  est  l'une  des  origines  des  idées  de  transmu- 
tation. 

Le  mot  chimie  paraît  dérivé  du  mot  égyptien  chemi,  qui  est  le  nom  de 
l'Egypte  elle-même.  Mais  les  Grecs  l'ont  rattaché  soit  à  x'-*!^-?  (suc),  soit  à 
Xéw  (fondre),  parce  que  c'était  l'art  du  fondeur  en  métaux. 

Le  nom  du  sel  ammoniac  (carbonate  de  soude  d'abord,  plus  tard  chlorhy- 
drate d'ammoniaque  (p.  45),  est  dérivé  de  celui  du  dieu  égyptien  Ammon. 
Mais  il  a  été  rattaché  aussi  par  les  Grecs  au  mot  aiJ,[j,ov,  sable,  etc. 

Ces  fausses  etymologies  rappellent  le  système  de  Platon  pour  les  cas  ana- 
logues. 

Fer. 

Le  basalte  était  désigné  par  le  nom  du  fer  chez  les  Egyptiens. 

On  distinguait  parmi  les  dérivés  du  fer,  les  corps  suivants  ; 

Rubigo  ou  fer  ru  go,  î6ç,  la  rouille,  c'est-à-dire  l'oxyde  de  fer  hydraté  et 


252 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


les  sels  basiques  de  même  teinte  (i).  A  l'état  anhydre  ce  corps  est  devenu  le 
colcotar  du  moyen  âge,  qui  est  à  proprement  parler  le  résidu  de  la  calcina- 
tion  des  sulfates  de  fer. 

Squama.  —  C'est  l'écaillé  tirée  des  armes  pendant  leur  fabrication,  ex 
acie  aut  mucronibus  (2).  Il  semble  que  ce  corps  répondait  à  notre  oxyde  des 
batitures. 

Scoria  (3),  autre  résidu  ferrugineux.  ~  Elle  est  appelée  aussi  sideritis. 

Au  fer  se  rattachent  V aimant  ou  pierre  magnétique,  l'hématite,  la  pierre 
schisteuse,  les  ocres,  les  pyrites,  ainsi  que  la  rubrique. 

Donnons  quelques  détails  sur  ces  différentes  matières. 

Aimant  ou  magnes,  dénommé  parfois  également  sideritis  (4). 

L'aimant  était  appelé/errum  vivum  et  assimilé  à  un  être  vivant,  à  cause 
de  son  action  attractive  sur  le  fer.  On  distinguait  le  mâle  et  le  femelle.  On 
en  reconnaissait  plusieurs  espèces  :  les  uns  roux,  les  autres  bleuâtres,  qui 
étaient  les  meilleurs  ;  d'autres  noirs,  sans  force;  d'autres  blancs  et  n'attirant 
pas  le  fer.  L'aimant  tirait  son  nom  de  magnes,  de  celui  de  Magnésie,  qui 
appartenait  à  une  province  de  Thessalie  et  à  deux  villes  d'Asie  (v.  Magnésie). 

Hématite  (5).  —  Le  sens  moderne  de  ce  mot  est  resté  à  peu  près  le  même 
que  le  sens  antique  :  fer  oligiste  et  fer  oxydé  hydraté.  La  pierre  schiste  est 
congénère  (6)  :  c'est  l'hématite  fibreuse. 

Ocres  (7).  —  L'ocre,  brûlée  dans  des  pots  neufs,  donnait  la  rubrique  (san- 
guine). Les  mots  sil,  iista  (8)  ont  un  sens  analogue.  On  les  obtenait  aussi 
en  brûlant  l'hématite  (9). 

Pyrites  {10). —  Ce  mot  désignait  les  sulfures  de  fer  et  de  cuivre  et  les  corps 
congénères  :  sens  qu'il  a  conservés.  La  pyrite  blanche  et  la  pyrite  dorée 


(i)  Pline,  iï".iV.,l.  XXXIV,  45.  — 
Diosc.  Mat.  méd.,  1.  V,  93. 

(2)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  46. 

(3)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  94. 

(4)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  147.  — 
Pline,  H.N.,  \.  XXXIV,  42,  et  1.  XXXVI, 
25.  —  Lexicon  Alch.  Rulandi,  p.  275, 
314. 

(5)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  143.  — 
Pline.  H.  iV.,  1.  XXXVI,  2  5. 


(6)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  37. 

(7)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  108.  — 
Pline.  H.  N.,  1.  XXXV,  16,  20,  22. 

(8)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  32  ; 
1.  XXXIII,  56,  57. 

(g)  Vitruve,  1.  VII,  ch.  vu.  —  Pline, 
H.  N.,  1.  XXXVI,  37. 

(10)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  142.  — 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXVI,  3o. 


NOTICES    DIVERSES 


253 


notamment  sont  distinguées  par  Pline.  La  chalcite,  ou  minerai  de  cuivre 
répondait  surtout  à  la  pyrite  cuivreuse. 

D'après  Pline,  le  même  nom  était  donné  à  la  meulière  et  à  la  pierre  à  bri- 
quet, que  l'on  supposait  contenir  le  feu  produit  par  leur  intermédiaire. 

Le  mot  Chalcopyrite,  qui  désignait  sans  doute  à  Torigine  la  pyrite 
cuivreuse,  a  changé  de  sens  plus  tard  :  il  aurait  signifié  le  plomb  (ou 
plutôt  l'un  de  ses  minerais)  chez  les  alchimistes,  d'après  le  Lexicon  Alch. 
Rulandi. 

Le  mot  marcassite  a  remplacé  celui  de  pyrite  au  moyen  âge,  avec  un 
sens  encore  plus  étendu.  (Voir  ce  mot.) 

Rubrique.  —  Ce  mot  désignait  la  sanguine;  mais  on  l'appliquait  aussi  au 
minium,  au  vermillon  et  même  parfois  au  cinabre. 

Feu  (les  vertus  du). 

D'après  Pline  :  Ignis  accipit  avenus,  ex  quitus  alibi  vitrum,  alibi 
argentum,  alibi  minium,  alibi  plumbi  gênera,  alibi  medicamenta  fundit. 
Igné  lapides  in  œs  solvuntur,  igné  ferrum  gignitur  ac  domatur,  igné  aurum 
perjicitur,  etc.  (i). 

Ce  passage  aurait  pu  être  écrit  par  un  alchimiste.  On  lit  déjà  dans  un 
hymne  chaldéen  au  feu,  traduit  par  M.  Oppert  «  O  toi  qui  mêles  ensemble 
le  cuivre  et  le  plomb  (2)  ;  ô  toi  qui  donne  la  forme  propice  à  l'or  et  à 
l'argent,  etc.  » 

Figures  géométriques  des  saveurs  et  des  odeurs. 

Démocrite  leur  a  attribué  des  figures.  On  lit  aussi  dans  Théophraste,  de 
Causis  Plantarum,  1.  VI,  ch.  i  : 

La  saveur  douce  résulte  de  matières  rondes  et  grosses; 

—  acerbe  et  aigre,  de  matières  polyédriques,  après  ; 

—  aiguë  —  de  certains  corps  pointus,  petits,  courbes; 

—  acre  —  de  corps  ronds,  petits,  courbes; 

—  salée  — de  corps  anguleux,  grands,  tordus,  etc.; 

—  amère  —  de  corps  ronds,  légers,  tordus,  petits; 

—  grasse  —  de  corps  ténus,  ronds,  petits; 


(0  PuNE,  II.  N.,l.  XXXVI,  ÔS. 


(2)  Ou  l'ctain,  suivant  d'autres  inter- 
prètes. 


254 


CHIMIE   DES  ANCIENS 


Fixation  des  métaux. 

Ce  terme  est  employé  comme  synonyme  de  transmutation  ;  il  signifie,  à 
proprement  parler  : 

i"  L'acte  qui  consiste  à  ôter  au  mercure  sa  mobilité,  soit  en  l'associant  à 
d'autres  métaux  ou  bien  au  soufre,  soit  en  l'éteignant  à  l'aide  de  divers 
mélanges. 

2°  L'opération  par  laquelle  on  ôte  au  mercure  et  plus  généralement  aux 
métaux  très  fusibles,  tels  que  le  plomb  et  l'étain,  leur  fusibilité,  de  façon  à 
les  rapprocher  de  l'état  de  l'argent. 

3*  L'opération  par  laquelle  on  ôte  au  mercure  sa  volatilité. 

Les  métaux  étant  ainsi  fixés   et  purifiés  de  leur  élément  liquide, 

4"  On  leur  communiquait  une  teinture  solide,  fixe,  qui  les  amenait  à  l'état 
d'argent  ou  d'or.  Arrivés  au  dernier  état,  ils  étaient  définitivement  fixés, 
c'est-à-dire  rendus  incapables  d'une  altération  ultérieure. 

Gagates  (pierre),  notre  jais?  (i)  Pierre  de  Memphis  (2),  sorte  d'as- 
phalte. 

los  —  I6ç  —  virus. 

Ces  mots  ont  des  sens  très  divers  chez  les  anciens. 

Virus  s'applique  dans  Pline  à  certaines  propriétés  ou  vertus  spécifiques 
des  corps,  telles  que  :  l'odeur  (3)  du  cuivre,  du  sory,  de  la  sandaraque  (4)  ; 
—  leur  action  vénéneuse. 

L'action  médicale  de.s  cendres  d'or  (5)  ; 

La  vertu  magnétique  communiquée  au  fer  par  l'aimant  (6). 

*l6ç  signifie  plus  particulièrement  la  rouille  ou  ,oxyde  des  métaux,  ainsi 
que  le  venin  du  serpent,  parfois  assimilé  à  la  rouille  dans  le  langage  sym- 
bolique des  alchimistes.  La  pointe  de  la  flèche,  symbole  delà  quintessence, 
l'extrait  doué  de  propriétés  spécifiques,  la  propriété  spécifique  elle-même; 
enfin  le  principe  des  colorations  métalliques,  de  la  coloration  jaune  en  parti- 
culier. 


(i)  Pline,  1.  XXXVI,  34.  —  Diosc, 
Mat.  Méd.,  1.  V,  145. 

(2)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  1  b-j. 

(3)  Quelque  chose  de  ce  sens  s'est 
conservé  dans  les  mots  «  odeur  vi-^ 


reuse  »,   usités   en    botanique    et    en 
chimie. 

(4)  H.  N.,  I.  XXXIV,  3o,  48,  55. 

(5)  Pline,  H.N.,  1.  XXXIII,  25. 

(6)  Id.,  1.  XXXIV,  42. 


NOTICES    DIVERSES  255 

losis,  —  Twatç,  —  signifie  : 

1°  L'opération  par  laquelle  on  oxyde  (ou  l'on  sulfure, etc.)  les  métaux; 

2°  La  purification  ou  affinage  des  métaux,  tels  que  l'or  :  c'est  une  consé- 
quence des  actions  oxydantes  exercées  sur  l'or  impur,  avec  élimination  des 
métaux  étrangers  sous  forme  d'oxydes; 

3°  La  virulence  ou  possession  d'une  propriété  active  spécifique,  commu- 
niquée par  exemple  à  l'aide  de  l'oxydation; 

4°  Enfin  la  coloration  en  jaune,  ou  en  violet,  des  composés  métalliques, 
coloration  produite  souvent  par  certaines  oxydations. 

Nous  conserverons  quelquefois  ce  mot  sans  le  traduire,  afin  de  lui  laisser 
sa  signification  complexe. 

Magnésie.  —  C'est  l'un  des  mots  dont  la  signification  a  le  plus  varié  dans 
le  cours  des  temps  (v.  p.  221).  Jusqu'au  xvni«  siècle,  il  n'a  rien  eu  de  commun 
avec  la  magnésie  des  chimistes  d'aujourd'hui. 

A  l'époque  de  Pline  et  de  Dioscoride,  la  pierre  de  Magnésie  désigna 
d'abord  la  pierre  d'aimant,  l'hématite  (voir  le  mot  fer)  et  divers  minéraux 
appelés  aussi  magnes,  de  couleur  rouge,  bleuâtre,  noire  ou  blanche,  origi- 
naires de  la  province  ou  des  villes  portant  le  nom  de  Magnésie;  ils  compre- 
naient certaines  pyrites  métalliques.  Le  magnes  était  l'espèce  mâle  et  la 
magnesia  l'espèce  femelle . 

Les  alchimistes  grecs  ont  appelé  de  ce  dernier  nom  les  mêmes  corps 
et  spécialement  les  minerais,  parfois  sulfurés,  tels  que  les  pyrites,  employés 
dans  la  fabrication  du  molybdochalque  (voir  p.  i53),  alliage  de  cuivre  et  de 
plomb  (Zosime).  Ils  l'appliquent  même  au  sulfure  d'antimoine  (voir  le 
Lexique  alchimique).  Puis,  par  extension,  ce  nom  a  été  donné  aux  cadmies 
ou  oxydes  métalliques,  au  plomb  blanc  et  même  aux  alliages,  provenant 
du  grillage  et  des  traitements  des  pyrites. 

En  raison  de  son  rôle  dans  la  transmutation,  le  molybdochalque,  substance 
appelée  aussi  métal  de  la  magnésie  (to  aw[ji,a  t^ç  [xaYVïjai'aç),  est  appelée  to  ::av 
(le  tout),  en  certains  endroits  de  Zosime. 

Plus  tard,  chez  les  Arabes,  le  mot  magnésie  s'applique  à  des  minerais  de 
plomb  et  d'étain,  sulfurés  aussi  ;  ainsi  qu'aux  marcassites  ou  pyrites,  suscep- 
tibles de  fournir  des  sublimés  analogues  à  la  cadmie  et  à  la  tutie  ^Geber  et 
le  Pseudo-Aristote,  Bibl.  chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  645,  649,  etc.). 


256 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Les  alchimistes  latins  (i)  ont  désigné  sous  le  nom  de  magnésie  non  seu- 
lement les  pyrites  (dont  certaines  appelées  wismath),  mais  aussi  Tétain 
allié  au  mercure  par  fusion,  et  un  amalgame  d'argent  très  fusible,  de  con- 
sistance cireuse,  appelé  la  magnésie  des  philosophes,  parce  qu'il  servait  à 
fabriquer  la  pierre  philosophale.  C'était  «  l'eau  mystérieuse  congelée  à  l'air 
et  que  le  feu  liquéfie.  » 

D'après  un  texte  du  Lexicon  Alch.  de  Rulandus  (p.  322),  la  magnésie 
représentait  un  certain  état  intermédiaire  de  la  masse  métallique,  pendant 
les  opérations  de  transmutation. 

Il  est  difficile  de  ramener  de  semblables  notions  à  la  précision  de  nos 
définitions  modernes. 

Dans  le  Pseudo-Aristote  arabe  (2),  on  lit  pareillement  :  Dicitur  argen- 
tum  vivum,  qiiod  in  corpore  magnesiœ  est  occultatum  et  in  eo  gelandum. 
Il  entendait  par  là  un  synonyme  du  mercure  des  philosophes,  que  l'on 
supposait  contenu  dans  le  métal  de  la  magnésie. 

La  magnésie  noire  désignait  chez  les  anciens,  tantôt  un  oxyde  de  fer,  tan- 
tôt le  bioxyde  de  manganèse (3).  Elle  est  déjà  mentionnée  comme  servant  à 
purifier  le  verre  dans  le  livre  De Mineralibus{L.  II,  tr.  II,  ch.  1 1),  attribuée 
Albert  le  Grand. 

Macquer  [Dictionnaire  de  Chimie,  1778),  à  la  fin  du  xviii^  siècle,  dis- 
tingue : 

i»  La  magnésie  calcaire,  précipité  formé  par  la  potasse  (carbonatée)  dans 
les  eaux-mères  du  nitre  ou  du  sel  commun  :  c'était  du  carbonate  de  chaux 
impur,  parfois  mêlé  avec  le  carbonate  de  magnésie  actuel  ; 

2°  Une  autre  magnésie  calcaire,  formée  en  précipitant  les  mêmes  eaux- 
mères  par  l'acide sulfurique  ou  par  les  sulfates:  c'était  du  sulfate  de  chaux  ; 

3°  La  magnésie  du  sel  d''Epsom  ou  de  Sedlit:{,  précipité  obtenu  au  moyen 
du  carbonate  de  potasse  :  c'était  notre  carbonate  de  magnésie,  dont  l'oxyde  a 
seul  retenu  définitivement  le  nom  de  magnésie,  dans  la  chimie  scientifique 
actuelle.  Le  carbonate  en  porte  aussi  le  nom  en  pharmacie. 


(i)  Lexicon  Alch.  Rulandi,  p.  3i6. 
(2)    Tractatulus  ;    Bibl.    chem.    de 
Manget,  t  I,  661. 


(3)  Le  nom  même  de  notre  manga- 
nèse est  une  autre  transformation  mo- 
derne du  mot  magnes. 


NOTICES    DIVERSES  257 

Marcassite. 

Ce  mot,  regardé  parfois  comme  synonyme  de  pyrite,  est  employé  par 
les  alchimistes  du  moyen  âge  pour  désigner  les  sulfures,  arséniosulfures  et 
minerais  analogues,  de  tous  les  métaux  proprement  dits:  fer,  cuivre,  plomb 
et  antimoine,  étain,  argent,  or.  La  marcassite  blanche  ou  pyrite  argentine 
était  appelée  spécialement  Wismath  ou  magnésie.  La  marcassite  plombée 
est  le  sulfure  d^antimoine. 

Massa,  [xaï^a. 

Ce  mot  est  donné  comme  synonyme  d'Alchimie  dans  le  traité  attribué  à 
Albert  le  Grand  et  dans  sa  traduction  grecque  (Théoctonicos;  v.  p.  209).  On 
trouve  également  dans  le  Lexicon  Alch.  Rulandi  :  Kymus,  id  est  massa. 
Kuria  vel  kymia,  id  est  massa^  alchimia. 

Mercure  (i). 

Pline  distingue  Vargentum  vîvum,  métal  natif,  et  Vhydrargyrum  ou  argent 
liquide,  métal  artificiel. 

Il  prépare  celui-ci  sans  distillation,  en  broyant  le  cinabre  et  le  vinaigre 
dans  un  mortier  de  cuivre  avec  un  pilon  de  cuivre. 

On  obtenait  aussi  le  mercure  en  plaçant  le  cinabre  dans  une  capsule  de  fer, 
au  milieu  d'une  marmite  de  terre,  surmontée  d'un  chapiteau  [ambix),  dans 
lequel  se  condensait  la  vapeur  sublimée  :  (atôiXïj).  On  lit  dans  Dioscoride  : 
H  yàp  xpoai'^cuaa  tw  a\Lèiy.'.  atÔiX-r)  aTuo^uaOeTaa  xal  àTZO^'jy^^sXax  û^pipyjpoq 
Y^VETai.  «  La  vapeur  sublimée  adhérente  à  l'alambix,  raclée  et  refroidie 
devient  mercure.  »  —  C'est  l'origine  de  l'alambic. 

Dans  Aristote  se  trouve  le  curieux  passage  que  voici  : 

«  Quelques-uns  disent  que  l'âme  communique  au  corps  son  propre  mou- 
vement :  ainsi  fait  Démocrite,  lequel  parle  à  la  façon  de  Philippe,  auteur 
comique.  Ce  dernier  dit  que  Dédale  communique  le  mouvement  à  une 
Vénus  de  bois,  en  y  plaçant  de  l'argent  liquide  ».  [De  Animât  1.  I,  ch.  3.) 

C'est  déjà  le  principe  de  l'expérience  du  culbuteur  chinois,  que  l'on 
fait  aujourd'hui  dans  les  Cours  de  Physique.  Mais  on  peut  aussi  voir  là 
l'origine  de  quelques-unes  des  idées  mystiques  des  Alchimistes,  qui  ont  pris 
au  sérieux  les  apparences  tournées  en  plaisanterie  par  les  anciens  Grecs. 

(i)  Dioscoride,  Mat.  méd.,  1.  V,  iio.  —  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIII,  32-42. 

17 


258 


CHIMIE  DES   ANCIENS 


Le  mercure  des  philosophes,  ou  matière  première  des  métaux  (i),  repré- 
sentait pour  les  Alchimistes  une  sorte  de  quintessence  du  mercure  ordinaire  ; 
ces  deux  corps  étant  tantôt  confondus,  tantôt  distingués.  C'est  dans  ce  sens 
qu'il  convient  d'entendre  ce  qui  suit. 

D'après  les  Alchimistes  du  moyen  âge,  le  mercure  est  l'or  vivant;  la  mère 
des  métaux.  Il  les  engendre  par  son  union  avec  son  mâle,  le  soufre  ;  il  tue 
et  fait  vivre;  il  rend  humide  et  sec;  il  chauffe  et  refroidit,  etc..  L'Eau  c'est 
Adam,  la  Terre  est  Eve  (Rulandus,  Lexicon  Alchemiœ,  p.  47),  etc. 

Tout  ceci  atteste  la  persistance  des  vieilles  formules,  à  travers  le  moyen 
âge  ;  car  la  dernière  assimilation  remonte  à  Zosime  et  aux  gnostiques. 

Citons  encore  quelques-uns  des  synonymes  alchimiques  du  mercure  : 

Aquam  autem  simplicem,  aliàs  vocant  venenum,  argentum  vivum,  cambar^ 
aquam  permanentem,  gumma,  acetum^  urinam,  aquam  maris,  Draconem^ 
serpentem{2). 

On  lit  les  noms  suivants  du  mercure  dans  Vincent  deBeauvais, Spéculum 
majus,  VIII,  62: 

Acetum  attrahens,  et  aqua  aggrediens  et  oleum  mollificans. . .  servus  quo- 
que  fugitivus  (3). 

Puis  vient  un  dialogue  entre  l'or  et  le  mercure.  L'or  dit  au  mercure  : 
«Pourquoi  te  préfères-tu  à  moi?  je  suis  le  maître  des  pierres  qui  ne  souffrent 
pas  le  feu.  »  Et  il  lui  répond  :  «  Je  t'ai  engendré  et  tu  ne  sais  pas  que  tu  es  né 
de  moi.  Une  seule  partie  tirée  de  moi  vivifie  un  grand  nombre  des  tiennes; 
tandis  que  dans  ton  avarice  tu  ne  donnes  rien  de  toi  dans  les  traitements.  » 

Le  mercure  est  présenté  comme  l'élément  de  tous  les  corps  métalliques 
liquéfi-ables  par  le  feu;  après  leur  liquéfaction,  ils  prennent  l'apparence 
rouge. 

D'après  Avicenne  [Bibl.  chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  627),  «  le  mercure  est  le 
serpent  qui  se  féconde  lui-même,  engendrant  en  un  jour;  il  tue  tout  par  son 
venin  ;  il  s'échappe  du  feu.  Les  sages  le  font  résister  au  feu  :  alors  il  accomplit 
les  œuvres  et  mutations. . .  Il  se  trouve  dans  tous  les  minéraux  et  il  possède 
avec  tous  un  principe  commun;  c'est  la  mère  des  minéraux. 


{i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  279. 
(2)  Voir  Turba  philosophorum  (Bi- 


blioth.  Chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  5oo). 
(3)  Voir  Ostanès,  ce  v.  p.  217. 


NOTICES    DIVERSES  25q 

«Un  seul  métal  tombe  au  fond,  c'est  l'or  et  par  là  tu  connais  le  plus  grand 
secret,  parce  que  le  mercure  reçoit  dans  son  sein  ce  qui  est  de  la  même 
nature  que  lui.  Il  repousse  les  autres,  parce  que  sa  nature  se  réjouit  plus 
avec  une  nature  pareille  qu^avec  une  nature  étrangère  (i).  Il  est  le  seul  qui 
triomphe  du  feu  et  n'est  pas  vaincu  par  lui  ;  mais  il  s'y  repose  amicalement. 
Il  contient  son  propre  soufre  excellent,  par  lequel  on  fixe  l'or  et  Targent 
suivant  le  mode  de  digestion.  » 

Métaux.  —  Génération  des  métaux. 

Aux  opinions  des  anciens,  relatives  à  cette  question  et  rapportées  dans  mes 
Origines  de  ralchimie,  il  paraît  intéressant  d'ajouter  quelques  textes. 

Les  métaux  sont  formés  d'eau  et  de  terre,  d'après  Aristote  (Météor.,  1.  IV 
chap.  8)  :  ce  qui  exprime  leur  fusibilité  et  leur  fixité,  aussi  bien  que  leur 
aptitude  à  être  changés  en  oxydes, 

AnstotQ  (De  Generatione,  1.  I,  chap.  lo)  distingue  encore  les  corps  en  récep- 
tifs ou  passifs,  et  actifs  ou  donnant  la  forme  :ûç  ôaTspov  [xàv  SexTtxov,  eôrepov 
S'elSoç.  C'est  ainsi  que  l'étain  disparaît,  en  subissant  l'influence  de  la  matière 
du  cuivre  qui  le  colore  :  xàOoç  ti  wv  aveu  uXy;?  toO  ^a^^Kou  a^eSov  à<pav(ÇeTat, 
xal  [AixÔetç  «Tceiai  xpwixaT(aaç  [aôvov.  Nous  touchons  ici  aux  notions  alchi- 
miques. 

J'ai  cité  plus  haut  (article  éléments  actifs,  p.  246)  le  passage  d'Aristote  sur 
l'exhalaison  sèche  et  sur  l'exhalaison  humide,  laquelle  produit  les  métaux. 
Une  partie  de  ceci  rappelle,  sous  une  forme  plus  vague,  les  théories 
actuelles  sur  les  minéraux  de  filons,  produits  par  les  vapeurs  souterraines. 

Et  ailleurs  {Météor., l.  IV,  ch.  2):  «L'or,  l'argent,  le  cuivre,  l'étain,  le 
plomb,  le  verre  et  bien  des  pierres  sans  nom,  participent  de  l'eau  :  car  tous 
ces  corps  fondent  par  la  chaleur.  Divers  vins,  l'urine,  le  vinaigre,  Ja  lessive, 
le  petit-lait,  la  lymphe  participent  aussi  de  l'eau,  car  tous  ces  corps  sont 
solidifiés  par  le  froid.  Le  fer,  là  corne,  les  ongles,  les  os,  les  tendons,  le  bois, 
les  cheveux,  les  feuilles,  l'écorce,  participent  plutôt  de  la  terre  :  ainsi  que 
l'ambre,  la  myrrhe,  l'encens,  etc.  » 


(i)  Ceci  montre  quel  intérêt  on  at- 
tachait à  des  propriétés  qui  nous  pa- 
raissent aujourd'hui  peu  importantes. 


On  remarquera  aussi  l'axiome  du 
Pseudo-Démocrite  sur  les  natures,  re- 
produit par  Avicenne. 


200  CHIMIE   DES    ANCIENS 

J'ai  cité  des  passages  analogues  tirés  du  Timée  de  Platon  (i). 

Tous  ces  énoncés  témoignent  de  l'effort  fait  par  la  science  antique  pour 
pénétrer  la  constitution  des  corps  et  manifestent  les  analogies  vagues  qui 
guidaient  ses  conceptions. 

La  Théorie  des  exhalaisons  est  le  point  de  départ  des  idées  ultérieures  sur 
la  génération  des  métaux  dans  la  terre,  que  nous  lisons  dans  Proclus  (voir 
Origines  de  l'Alchimie,  p.  48),  et  qui  ont  régné  pendant  le  moyen  âge  (voir  le 
présent  volume,  p.  78).  On  lit  encore,  dans  Vincent  de  Beauvais  (VIII,  6)  : 
«  D'après  Rhazès,  les  minéraux  sont  des  vapeurs  épaissies  et  coagulées  au 
bout  d'un  temps  considérable.  Le  vif  argent  et  le  soufre  se  condensent  d'abord. 
Les  corps  transformés  graduellement  pendant  des  milliers  d'années  dans  les 
mines  arrivent  à  l'état  d'or  et  d'argent  ;  mais  l'art  peut  produire  ces  effets  en  un 
seul  jour.  » 

Dès  les  temps  les  plus  anciens,  ces  idées  se  sont  mêlées  avec  des  imagina 
tions  astrologiques,  relatives  aux  influences  sidérales  (ce  volume,  p.  73  et 
suiv.).  C'est  ainsi  qu'on  lit  dans  la  Bibl.  Chem.  de  Manget,  t.  I,  p.  9 13  :  «  Les 
métaux  et  les  pierres  n'éprouvent  pas  les  influences  célestes,  sous  leur  forme 
même  de  métaux  ou  de  pierres,  mais  lorsqu'ils  sont  sous  la  forme  de  vapeurs 
et  tandis  qu'ils  durcissent.  »  On  voit  par  là  le  sens  mystique  de  ces  mots 
attribués  à  Hermès  par  Albert  le  Grand  :  «la  terre  est  la  mère  des  métaux; 
le  ciel  en  est  le  père.  »  De  même  cet  autre  axiome  hermétique:  «  En  haut  les 
choses  terrestres;  en  bas  les  choses  célestes  »  (2),  lequel  s'appliquait  à  la  fois 
à  la  transformation  des  vapeurs  dans  la  nature  et  à  la  métamorphose  analo- 
gue que  l'on  effectuait  par  l'art  dans  les  alambics. 

Avicenne,  après  avoir  décrit  le  détail  supposé  de  cette  création  des  métaux, 
ajoute  :  «  Cependant  il  est  douteux  que  la  transmutation  effective  soit 
possible.  Si  l'on  a  donné  au  plomb  purifié  les  qualités  de  l'argent  (chaleur, 
saveur,  densité),  de  façon  que  les  hommes  s'y  trompent,  la  différence  spéci- 
fique ne  peut  être  enlevée  parce  que  l'art  est  plus  faible  que  la  nature  (Vin- 
cent DE  Beauvais,  VIII,  84).  » 

Albert  le  Grand  [De  Mineralibus,  1.  III,  tr.  i,  ch.  9)  dit  de  même  :  «  Ceux 
qui  blanchissent  par  des  teintures  blanches  et  jaunissent  par  des  teintures 

{i)Originesdel'Alchimie,p.26gh2'ji.      |      (2)  Ce  volume,  p.  161  et  i63,  fig.  37. 


NOTICES    DIVERSES  201 

Jaunes,  sans  que  l'espèce  matérielle  du  métal  soit  changée,  sont  des  trom- 
peurs, et  ne  font  ni  vrai  or,  ni  vrai  argent. . .  J'ai  fait  essayer  l'or  et  l'argent 
alchimiques  en  les  soumettant  à  six  ou  sept  feux  consécutifs  ;  le  métal  se  con- 
sume et  se  perd,  en  ne  laissant  qu'un  résidu  sans  valeur.  » 

Dans  le  traité  d'alchimie  pseudonyme,  attribué  au  môme  auteur,  il  est 
dit  que  le  fer  alchimique  n'attire  pas  l'aimant  et  que  l'or  alchimique  ne 
réjouit  pas  le  cœur  de  l'homme  et  produit  des  blessures  qui  s'enveniment; 
ce  que  ne  fait  pas  l'or  véritable. 

Odeur  des  Métaux  :  D'après  Aristote  {De  sensu  et  sensilibus,  ch.  5)  :  «  L'orest 
inodore  ;  le  cuivre,  le  fer  sont  odorants  ;  l'argent  etl'étain  moins  que  les  autres. 

Il  y  avait  un  cuivre  indien  de  même  couleur  que  l'or  parmi  les  vases  du  tré- 
sor de  Darius;  les  coupes  de  ce  métal  ne  se  distinguaient  que  par  l'odeur  (De 
mirabilibus,  ch.  49). 

Minium,  Rubrique  ou  matière  rouge.  —  [xiatoç  — 

Sous  ce  nom  on  trouve  confondues  un  grand  nombre  de  substancesrouges 
d'origine  minérale,  telles  que,  d'une  part: 

Les  oxydes  de  fer  (sanguine,  ocre  brûlée  ou  tista,  hématite). 

Lesoxydes  de  plomb  (minium  et  congénères)  et  peut-être  l'oxyde  de  mer- 
cure (confondu  avec  le  cinabre),  ainsi  que  le  protoxyde  de  cuivre  ; 

D'autre  part,  le  sulfure  de  mercure  (vermillon,  cinabre),  le  sulfure  d'ar- 
senic (réalgar,  appelé  aussi  sandaraque),  le  sulfure  d'antimoine  (sulfure  artifi- 
ciel précipité  et  kermès  minéral),  son  oxysulfure,  et  divers  composés  métal- 
liques analogues,  que  les  anciens  ne  savaient  pas  bien  distinguer  les  uns 
des  autres  (voir  plus  haut  l'article  cinabre,  et  plus  loin  VarticlQ plomb). 

Ainsi  les  mots  rubrique,  rubrica  ((aiXtoç),  minium,  cinabre,  vermillon, 
sont-ils  souvent  synonymes  dans  les.  anciens  auteurs. 

La^sinopis^  ou  rubrique  deSinope  (i),  était  à  proprement  parler  un  oxyde 
de  fer  naturel  et  artificiel  [usta]  ;  mais  ce  nom  a  été  aussi  donné  à  notre 
minium  (oxyde  de  plomb)  et  à  notre  sulfure  de  mercure. 

La  terre  de  Lemnos  (2)  était  aussi  une  rubrique  (probablement  un  per- 
oxyde de  fer  hydraté)  ;  on  la  vendait  sous  cachet. 


(0   Diosc,   Mat.    méd.,  V,    m.  —      j  (2)  Pline,  H.N.,1.  XXXV,  14. 

Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  1 6  ;  XXXVI,  27.      | 

17. 


202 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


La  sinopis,  broyée  avec  du  sil  brillant  (ocre  jaune)  et  du  melinum  (argile 
blanche),  donnait  le  leucophoron,  matière  employée  pour  fixer  l'or  sur  le 
bois  (i). 

Le  minium  ou  ammion  (petit  sable)  désigne  : 

Tantôt  un  oxyde  de  plomb,  dans  le  sens  d'aujourd'hui,  oxyde  obtenu  par 
la  calcination  ménagée  de  la  céruse  et  nommé  aussi  iista,  comme  Tocre  (2), 
ou  bien  encore  fausse  sandaraqiie  (3)  ; 

Tantôt  le  vermillon  et  le  cinabre  ou  sulfure  de  mercure  (4). 

Le  minium,  chauffé  à  parties  égales  avec  la  rubrique,  fournissait  \esan- 
dyx  (5),  nom  qui  a  été  appliqué  aussi  au  minium  seul  (6).  Cette  confusion 
se  retrouve  dans  certaines  dénominations  modernes  :  c'est  ainsi  que  le 
minium  de  fer,  employé  aujourd'hui  pour  peindre  ce  métal,  est  formé  de  60 
pour  cent  de  minium  et  de  40  pour  cent  d'oxyde  magnétique. 

Un  premier  germe  des  idées  alchimiques  sur  la  fabrication  de  l'or  se 
trouve  dans  ce  fait,  rapporté  par  Théophraste  (7),  que  l'Athénien  Gallias,  au 
v^siècle  avant  notre  ère,  vers  les  commencements  de  la  guerre  du  Péloponèse, 
découvrit  le  minium  dans  les  mines  d'argent  et  qu'il  espérait  obtenir  de  l'or 
par  l'action  du  feu  sur  ce  sable  rouge. 

Le  sandyx  mêlé  de  sinopis  constituait  !e  syricum  ou  sericum  (8). 

Ajoutons,  pour  compléter  ce  qui  est  relatif  aux  couleurs  dérivées  des  mé- 
taux dans  l'antiquité. 

L'armenium,  matière  bleue  qui  paraît  être  la  cendre  bleue,  ou  l'azurite  ; 

Et  le  ceruleum  ou  azur  (9),  mot  qui  désigne  à  la  fois  une  laque  bleue, 
dérivée  du  pastel,  et  un  émail  6/e«,  fritte  ou  vitrification,  obtenu  avec  du  na- 
tron,  de  la  limaille  de  cuivre  et  du  sable  fondu  ensemble  (Vitruve). 

Parmi  les  couleurs  vertes,  on  cite  Vœrugo^  le  verdet,  la  chrysocolle 
(malachite;  cendres  vertes  et  sous-carbonates  de  cuivre). 

Les  couleurs  jaunes  étaient  :  l'ocre  ou  sil^  parfois  mêlé  de  matières  végé- 


(1)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  17. 

(2)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  20. 

(3)  Le  même,  22. 

(4)  Vitruve  —  Dioscoride,  Mat.  méd. , 
1.  V,  109.  —  Pline.  H.  N.,  1.  XXXIII, 
37  à  41. 


(5)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  23. 

(6)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  io3. 

(7)  De  Lapidibiis,  58,  59. 

(8)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  24. 

(9)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIII,  Sj. 


NOTICES    DIVERSES  203 

taies;  l'arsenic  ou  orpiment;  les  sous-sulfates  de  fer  (misy  et  congénères); 
parfois  la  litharge,  le  soufre,  l'or  en  poudre  ;  enfin  diverses  matières  végétales. 

NiTRUM  —  v(Tpov — natron, —  à  proprement  parler  notre  carbonate  de 
soude. 

C'est  par  erreur  que  la  plupart  des  éditeurs  des  auteurs  grecs  ou  latins 
traduisent  ces  mots  par  nitre  ou  salpêtre,  substance  presque  inconnue  dans 
l'antiquité,  et  qui  apparaît  seulement  à  partir  du  vi^  siècle  à  Constantinople, 
avec  le  feu  grégeois  dont  elle  était  la  base  (i). 

Les  anciens  parlent  aussi  du  nitrum  factice,  préparé  avec  les  cendres  de 
chêne,  c'est-à-dire  du  carbonate  dépotasse. 

Spuma  nitri,  àçpoç  vtxpou  ou  âçpovixpov.  —  Se  trouve  dans  des  cavernes- 
Ce  devait  être  dans  certains  cas  du  nitre  vrai. 

Opérations  Alchimiques. — Voici  le  nom  de  quelques-unes  des  opérations 
signalées  dans  les  écrits  des  Alchimistes  Grecs;  j'ai  cru  utile  de  les  réunir 
ici  pour  la  commodité  du  lecteur  (2). 

àva^wTuupwu'.ç Régénération  par  le  feu:  coupellation. 

âvàXuatç Dissolution,  désagrégation. 

âxoaeîpwjiç Décantation. 

àyXùiùziq Obscurcissement  de  la  surface  brillante  d'un  métal, 

par  oxydation,  sulfuration  etc. 

éx!7Tpo<pY;,    exŒTpsJ/'.ç.  Extraction,  transformation. 

éXaîioat; ...  Graissage;  Transformation  en  huile. 

è.çM'^iç Réduction,  affinage. 

è^uSaTwatç Dessiccation;  opération  par  laquelle  on  dépouille  un 

corps  de  sa  liquidité. 

imèoXai Projections. 

'é^riQ\ç Décoction. 

^waiç Oxydation;  affinage;  coloration  en  violet  iv,  p.  235). 

xaîjatç Grillage;  calcination. 

Xei'watç Pulvérisation;  délaiement. 

Xeiixwaiç Blanchiment. 


(\)yoirmonouyrage:  Sur  la  force  des      |  (2)  Voir  aussi  ce  volume,  p.  210. 

matières  explosives,  3«  éd.,  t.  I,  p.  352. 


264  CHIMIE    DES    ANCIENS 

[XîXivwatç Teinture  en  noir. 

cr:-T,7'.ç Torréfaction. 

ÇavOwctç Teinture  en  jaune. 

î^Xûaiç Lavage. 

5T5'];tç Putréfaction,  décomposition. 

uXt) Matière. 

(pûd'.ç Nature,  qualité  intérieure. 

Or. 

Rappelons  sa  coupellation  par  le  sulfure  d'antimoine,  qui  en  sépare 
même  l'argent.  On  fond  ensemble  ;  la  fonte  se  sépare  en  deux  couches  ;  la 
couche  supérieure  renferme  les  métaux  étrangers,  sous  forme  de  sulfures 
unis  à  l'antimoine;  la  couche  inférieure  contient  l'or  et  le  régule  d'anti- 
moine. On  répète  la  fonte  deux  ou  trois  fois  ;  puis  on  soumet  l'or  à  un 
grillage  modéré,  qui  brûle  l'antimoine  ;  en  évitant  de  chauffer  trop  fort 
pour  ne  pas  volatiliser  l'or. 

En  raison  de  ces  propriétés  l'antimoine  était  dit  au  moyen  âge  le  loup 
dévorant  des  métaux;  ou  bien  encore  le  bain  du  roi  ou  du  soleil.  Mais  elles 
ne  sont  exposées  très  explicitement  que  vers  la  fin  du  moyen  âge. 

Paros  et  PoRUS  (i). 

La  pierre  appelée  j?orM5,  était  blanche  et  dure  comme  le  marbre  de  Paros; 
mais  moins  pesante.  Ces  deux  mots  sont  parfois  confondus  dans  les  Papy- 
rus de  Leide. 

Plomb  :  On  distinguait  2  espèces,  le  noir  et  le  blanc,  ce  dernier  assimilable 
à  notre  étain  (2). 

Du  plomb  noir  on  extrayait  aussi  l'argent. — Il  était  soudé  par  l'intermède 
de  rétain.  Le  métal  de  première  coulée,  obtenu  avec  le  plomb  argentifère, 
s'appelait  stannum;  le  second,  argent;  ce  qui  restait  dans  le  fourneau, 
galène.  La  galène  refondue  produisait  du  plomb  noir. 

On  voit  que  le  mot  stannum  signifie  ici  un  alliage  d'argent  et  de  plomb. 
Quant  au  mot  galène,  il  n'avait  pas  le  même  sens  qu'aujourd'hui,  où  il  veut 
dire  sulfure  de  plomb. 

(i)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXVI,  28.  |  (2)  Pline,  H.  N.,  I.  XXXIV,  47. 


NOTICES    DIVERSES 


265 


Chez  les  anciens,  le  plomb  était  souvent  confondu  avec  ses  alliages  d'étain, 
aussi  bien  qu'avec  l'antimoine  (v.  p.  224)  et  le  bismuth,  métal  plus  rare  et 
dont  la  découverte  est  moderne. 

Plomb  lavé.  —  xeicXu^iévoç  jxéXuêSoç  (i). 

Voici  la  préparation  de  cette  substance. 

On  broie  de  l'eau  dans  un  mortier  de  plomb  avec  un  pilon  de  plomb, 
Jusqu'à  ce  que  l'eau  noircisse  et  s'épaississe  :  ce  que  nous  expliquons 
aujourd'hui  par  la  formation  d'un  hydrocarbonate  de  plomb,  résultant  de 
l'action  de  l'air  et  de  l'eau  sur  le- métal.  —  On  lave  par  décantation.  —  On 
peut  aussi  broyer  de  la  limaille  de  plomb  dans  un  mortier  de  pierre. 

Vincent  de  Beauvais  {Spéculum  majus,  VIII,  17)  décrit  la  soudure  auto- 
gène, plomb  sur  plomb,  qui  a  été  regardée  comme  une  invention  moderne. 

Plomb  brillé,  —  x£Kau[xévoç  [xoXuéSoç  (2).  —  Voici  la  préparation  de  ce  corps  : 

«On  stratifié  dans  un  plat  des  lames  de  plomb  et  de  soufre.  On  chauflfe,on 
remue  avec  du  fer,  jusqu'à  disparition  du  plomb,  et  transformation  en  une 
sorte  de  cendre.  D'autres  remplacent  le  soufre  par  de  la  céruse,  ou  par  de 
l'orge.  Si  l'on  chauffe  le  plomb  seul,  le  produit  prend  la  couleur  de  la 
litharge  ».  —  Le  produit  obtenu  par  ces  procédés  est  un  sous-oxyde  de 
plomb,  mêlé,  suivant  les  cas,  de  sulfure  et  de  sulfate. 

Scorie  [de  plomb]  (3) .  —  Corps  jaune,  vitreux,  analogue  à  la  céruse,  ou 
plutôt  à  notre  litharge  impure. 

Spode  [de  plomb]  (4) .  —  V.  l'article  ^s,  sur  le  sens  du  mot  spode. 

Pierre plombeuse  (5).  —  C'est  notre  galène  (sulfure  de  plomb)? 

Galena.  —  Minerai  de  plomb  ^6),  employé  dans  la  fusion  de  l'argent.  On 
appelait  aussi  de  ce  nom  le  résidu  des  fontes  du  plomb  argentifère  (v.  plus 
haut). 

Molybdène — [jLoAûêBaiva  (7).  «Ce  corps  est  produit  dans  les  fourneaux  d'or 
et  d'argent.  Il  est  jaune,  et  dévient  rouge  par  le  broiement;  il  est  semblable 
à  la  litharge».  —  Ce  nom  a  été  aussi  étendu  à  la  plombagine  (notre  graphite) 


(i)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  gS. 

(2)  Diosc,  Mat.   méd.,   1.  V,  96. 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  5o. 

(3)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  97. 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  49,  5 1. 


(4)  Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  12. 

(5)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  98. 

(6)  Pline,!.  XXIII,  3i. 

(7)  Diosc,  Mat.  méd.,  1.  V,  100. 
Pline,  H.  N.,  1.  XXXIV,  53. 


266 


CHIMIE  DES  ANCIENS 


et  à  notre  galène  (sulfure  de  plomb  natif).  —  On  en  a  rapproché  encore  (i) 
la  scorie  d'argent,  appelée  aussi  helcysma  ou  encauma. 

Le  mot  molybdène  a  été  suivant  l'usage  fâcheux  des  modernes,  détourné 
de  son  sens  historique  par  les  chimistes  de  notre  temps,  pour  être  appliqué 
à  un  métal  inconnu  de  l'antiquité. 

Litharge  (2).  —  Elle  se  préparait  avec  un  sable  (minerai)  plombeux,  ou  bien 
elle  était  obtenue  dans  la  fabrication  de  Pargent,  ou  dans  celle  du  plomb.  — 
La  litharge  jaune  s'appelait  chrysitis;  celle  de  Sicile,  argyritis;  celle  de  la 
fabrication  de  Targent,  lauriotis  (mot  qui  rappelle  les  mines  du  Laurium)  : 
«  ce  sont  à  proprement  parler  les  écumes  d'argent,  produites  à  la  surface  du 
métal;  la  scorie  est  le  résidu  qui  reste  au  fond»  (Pline). 

Céruse — (]^iijlùôiov  (3).  —  Les  anciens  ont  indiqué  le  procédé  de  préparation 
de  la  céruse  par  le  plomb  et  le  vinaigre.  —  Dioscoride  décrit  aussi  sa  torré- 
faction [hiziTiiiù^),  sa  cuisson  (xaucai  6éX(Dv),  laquelle  lui  donne  une  couleur 
rouge  et  la  change  en  sandyx  (minium). 

Minium  (v.  p.  25 1 ,  260  ;  Rubrique).  —  Rappelons  que  ce  mot  a  désigné  non 
seulement  le  sur-oxyde  de  plomb,  appelé  aujourd'hui  de  ce  nom,  mais  aussi 
le  vermillon,  le  cinabre,  le  réalgar  et  certains  oxydes  de  fer. 

PSEUDARGYRE. 

On  lit  dans  Strabon  (4)  :  «  Près  d'Andira  on  trouve  une  pierre  qui  se  change 
en  fer  par  Taction  du  feu.  Ce  fer,  traité  par  une  certaine  pierre,  devient  du 
pseudargyre^  lequel,  mêlé  avec  du  cuivre,  produit  ce  que  Ton  appelle  ori- 
chalque. 

Le  pseudargyre  se  trouve  aussi  près  du  Tmolus.  » 

Était-ce  du  zinc,  ou  du  nickel,  ou  un  alliage  ? 

Samos  (pierre  de).  —  C'est  le  tripoli. 

Sel  (5).  —  Sel  fossile  naturel,  notre  sel  gemme,  ou  chlorure  de  sodium  — 
sel  de  Cappadoce,  sel  factice  obtenu  par  l'évaporation  des  salines. 

Lanugo  salis.  —  "A^vy;  cCkoç,.  —  Paillette  écumeuse,  produite  par  l'eau  de 
mer  déposée  sur  les  rochers. 


(i)  Diosc,  1.  V,  loi. 

(2)  Diosc,  Mat.  méd.,  V,  102. 

(3)  Diosc,    I.   Y,    io3.   —    Pline, 
1.  XXXIII,54.  —  ViTRUVE,  1.  Vll.ch.  7. 


(4)  Liv.  XIII,  56. 

(5)  Diosc, Ma/,  méd.,  1.  V,  i2  5,  i3o. 
-  Pline,  H.  N.,  1.  XXXI,  39-45. 


NOTICES    DIVERSES  267 

Saumure  —  muria.  —  "AXjxï]. 

Flos  salis,  —  àXoç  av9oç.  —  Efllorescences  salines  et  odorantes,  couleur  de 
safran  —  elles  surnageaient  dans  certains  étangs,  ainsi  que  dans  l'eau  du  Nil. 

Favilla  salis.  —  Efflorescence  blanche  et  légère. 

SÉLÉNiTE  (i)  ou  aphroselinon,  pierre  de  lune,  pierre  spéculaire,  glace  de 
Marie;  blanche,  légère,  translucide. 

Ce  mot  désigne  notre  sulfate  de  chaux  et  notre  mica,  ainsi  que  divers  sili- 
cates, lamelleux  et  brillants. 

Soufre  (2).  —  Soufre  vif,  ou  apyre. 

Pline  ajoute  :  Ignium  vint  magnant  ei  inesse;  il  renferme  beaucoup  de  feu 
—  sans  doute  parce  qu'il  s'allume  aisément. 

Terres  (3). 

On  désignait  sous  ce  nom  divers  calcaires  et  surtout  des  argiles  blanches, 
ou  grisâtres,  employées  : 

Soit  comme  fondants  en  métallurgie; 

Soit  comme  base  de  poteries  en  céramique; 

Soit  comme  ciments  dans  les  constructions; 

Soit  comme  supports  de  couleurs  en  peinture; 

Soit  comme  collyres,  et  pour  divers  autres  usages,  en  matière  médicale. 

Ces  terres  étaient  lavées  à  grande  eau,  mises  en  trochisques,  cuites  dans 
des  plats  de  terre,  etc. 

On  distinguait:  la  terre  de  Chio,  la  terre  de  Samos  et  la  pierre  de  Samos, 
la  terre  cimolienne,  la  terre  d'Erétrie,  la  terre  de  Melos  (assimilée  autripoli) 
la  terre  de  Sélinonte,  la  terre  de  Lemnos  (v.  Rubrique  p.  25 1,  26o),\e  Parce- 
tonium,  la  pignitis,  Vampelitis  ou  schiste  bitumineux,  etc.  La  terre  de  Lem- 
nos était  une  sanguine,  ou  oxyde  de  fer  hydraté. 

Trempe  —  Teinture  —  Ba^-q. 

La  trempe  du  fer  était  connue  de  toute  antiquité.  Homère  en  fait  mention 
dans  rOdyssée  (1.  IX,  SgS).  Les  alchimistes  grecs  y  ont  consacré  plusieurs 
articles  que  nous  reproduirons.  La  trempe  du  bronze  est  aussi  décrite  par  eux. 


(i)  Diosc,  1.  V,  i58.  —  Lexxcon 
Alch.  Rulandi,  p.  289  et  427. 

(2)  Diosc,  l.V,  1 2 3.  —  Pline,//.  AT., 
I.  XXXV,  5o. 


(3)  Diosc,  A/a/,  méd.,  l.V,  170a  180. 
—  Pline,  H.  N.,  1.  XXXV,  3i,  3»,  53 
à  55  ;  XXXVI,  40,  etc.  —  Lexicon 
Alch.  Rulandi,  p.  463. 


268  CHIMIE    DES   ANCIENS 

Il  est  digne  d'intérêt  que  le  même  mot  (âaç-^  signifie  : 

1°  La  trempe  des  métaux; 

2**  La  teinture  des  étoffes,  du  verre  et  des  métaux; 

3°  Par  extension  la  matière  colorante  elle-même, 

4<»  Et  aussi  le  bain  dans  lequel  on  la  fixait. 

TuTiE. —  Le  nom  detutie,qui  semble  ancien  (3),  n'apparaît  avec  certitude 
qu'au  temps  des  Arabes.  Il  a  désigné  surtout  le  pompholyx,  oxyde  de  zinc 
impur.  Mais  il  a  été  appliqué  aussi  à  toute  cadmie,  toute  fumée  des  métaux, 
et  il  en  a  souvent  remplacé  le  nom  chez  les  alchimistes  du  moyen  âge.  On 
en  a  parfois  rapproché  la  magnésie  (v.  ce  mot). 


(i)  On  trouve  la  mention  de  la  T'u/wr      j      latin  de  la  Bibliothèque  nationale  de 
Alexandrina  (manuscrit  71 6 1  du  fonds      I      Paris,  f.  i3). 


INTRODUCTION 


A    L'ÉTUDE    DE    LA   CHIMIE 


DES  ANCIENS   ET  DU   MOYEN  AGE 


SECONDE  PARTIE 


18 


LISTE 


DES    MEMOIRES    CONTENQS    DANS    L  INTRODUCTION     SECONDE    PARTIE) 


IX.  —  Sur  un  procédé  antique  pour  rendre  les  pierres  précieuses  et  les  vitrifi- 

cations phosphorescentes . 

X.  —  Traitement  des  sables  aurifères  par  amalgamation. 
XL  —  Sur  le  nom  du  bronze. 

XII.  —  Sur  le  nom  de  l'antimoine. 

XIII.  —  L'arsenic  métallique  connu  par  les  anciens. 

XIV.  —  La  soudure  autogène  du  plomb  connue  au  moyen  âge. 

XV.  —  De  la  lixiviation  méthodique. 

XV I.  —  Procédé  pour  rendre  une  étoffe  incombustible. 

XVII.  —  Séparation  de  Vor  et  de  l'argent  au  moyen  âge. 
XVIII. —  Les  fleurs,  les  plantes.,  les  herbes  en  alchimie. 

XIX.  —  Sur  Stephanus  et  sur  les  compilations  du  Chrétien  et  de  l'Anonyme. 

Table  analytique. 

Index. 


IX.  —  PHOSPHORESCENCE    DES   PIERRES  PRÉCIEUSES 

SUR  UN  PROCÉDÉ  ANTIQUE 

POUR  RENDRE  LES  PIERRES  PRÉCIEUSES  ET  LES  VITRIFICATIONS 

PHOSPHORESCENTES 

La  Collection  des  alchimistes  grecs  renferme  un  petit  Traité  exposant 
les  procéde's  pour  «  colorer  les  pierres  précieuses  artificielles,  les  émeraudes, 
les  escarboucles,  les  hyacinthes,  d'après  le  livre  tiré  du  Sanctuaire  du 
temple  ;). 

Ce  Traité  contient  une  série  de  recettes  purement  techniques,  analogues 
à  celle  du  papyrus  X  de  Leide  (i),  et  dont  quelques-unes  remontent 
probablement  à  une  haute  antiquité.  On  y  trouve  cités  plusieurs  auteurs 
alchimistes  égyptiens,  tels  que  Marie,  Agathodémon,  le  pseudo-Moïse, 
Ostanès,  Démocrite,  ces  trois  derniers  également  nommés  dans  Pline  (2). 
Les  citations  de  notre  Démocrite,  en  particulier,  s'en  réfèrent  à  son 
Traité  sur  l'art  de  colorer  les  verres,  lequel  ressemble  singulièrement  à 
ceux  dont  parlent  Sénèque  (3)  et  Diogène  Laërce  :  ce  qui  ferait  remonter 
Talchimiste  qui  a  pris  le  nom  de  Démocrite  vers  les  origines  de  l'ère 
chrétienne  (4). 

Il  m'a  paru  intéressant  d'extraire  de  nos  alchimistes  certains  procédés 
de  teinture  superficielle  ou  vernis,  destinés  à  rendre  les  pierres  précieuses 
et  les  objets  de  verre  phosphorescents  dans  l'obscurité  :  sujet  devenu  fort 
intéressant  de  notre  temps  pour  les  parures  des  femmes  et  divers  autres 
usages,  mais  dont  on  ne  trouve,  à  ma  connaissance,  aucune  trace  ni  dans 


(i)  Voir  ce  volume,  p.  19-73.  |  (4)  \'oir  mes  Origines  de  l'Alchimie, 

(2)Commemagiciens,/f.  iV.,  XXX,  2.  p.  71  et  149. 

(3)  Epist.,  ex.  I 


272  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Pline,  ni  dans  les  auteurs  déjà  publiés.  On  sait  que  ces  auteurs  traitent 
longuement  des  pierres  précieuses,  auxquelles  les  anciens  attribuaient 
des  propriétés  mystérieuses  et  magiques.  Mais  l'éclat  de  l'escarboucle, 
si  célèbre  au  moyen  âge,  et  celui  des  autres  pierres  lumineuses,  citées 
autrefois,  étaient  dus  simplement  à  la  réflexion,  à  la  réfraction  et  à 
la  dispersion  de  la  lumière;  tandis  qu'aucun  fait  ne  permet  d'attribuer  avec 
certitude  aux  pierres  décrites  par  les  anciens  la  propriété  d'émettre  de  la 
lumière  dans  l'obscurité,  ainsi  que  M.  E.  Becquerel  l'a  établi.  C'est  ce  qui 
donnera,  je  crois,  quelque  intérêt  au  fragment  que  Je  vais  reproduire  (i). 

Quelles  espèces  produisent  la  coloration  des  pierres  précieuses  et  par  quel  trai- 
tement} —  Nous  savons  que  l'agent  commun  dans  les  œuvres  de  cet  art  est  la 
comaris  (talc)  et  nous  allons  dire  quelles  espèces  sont  susceptibles  de  colorer  les 
pierres;  comment,  unies  h  la  comaris,  elles  colorent  les  verres  et  augmentent 
la  teinte  des  pierres  naturelles  ;  quels  sont  les  vases  et  les  moyens  du  traitement. 

En  ce  qui  touche  la  fabrication  des  émeraudes,  suivant  l'opinion  d'Ostanès, 
ce  compilateur  universel  des  anciens,  les  espèces  employées  sont  la  rouille 
de  cuivre,  les  biles  de  toutes  sortes  d'animaux,  et  matières  similaires.  Pour  les 
hyacinthes  (améthystes),  on  emploie  la  plante  de  ce  même  nom  (jacinthe)  et  la 
racine  d'isatis,  mise  en  décoction  avec  elle.  Pour  l'escarboucle,  c'est  l'orcanète  et 
le  sangdragon. 

Pour  l'escarboucle  qui  brille  la  nuit  et  est  appelée  couleur  de  pourpre  marine, 
ce  sont  les  biles  d'animaux  marins,  de  poissons  ou  de  cétacés,  à  cause  de  leur 
propriété  de  briller  la  nuit,  et  surtout  de  leur  couleur  plus  ou  moins  glauque.  C'est 
ce  que  manifestent  leurs  entrailles,  leurs  écailles  et  leurs  os  phosphorescents. 
En  effet,  Marie  s'exprime  ainsi  :  «  Si  tu  veux  teindre  en  vert,  mélange  la  rouille 
«  de  cuivre  avec  la  bile  de  tortue  :  pour  faire  plus  beau,  c'est  avec  la  bile  de  tortue 
«  d'Inde.  Mets-y  les  objets,  et  la  teinture  sera  de  première  qualité.  Si  tu  n'as  pas 
«  de  la  bile  de  tortue,  emploie  du  poumon  marin  (Méduse)  bleu,  et  tu  feras  une 
«  teinture  plus  belle.  Lorsqu'elle  est  complètement  développée,  les  objets  émettent 
«  une  lueur,  m 

Ainsi  Ostanès,  nour  les  émeraudes,  a  pris  les  biles  des  animaux  et  la  rouille  de 
cuivre,  mais  sans  y  ajouter  la  couleur  marine;  pour  l'hyacinthe,  il  a  pris  la  plante 
du  même  nom,  le  noir  indien  et  la  plante  d'isatis;  pour  le  rubis,  l'orcanète  et  le 
sangdragon.  Marie  a  pris,  de  son  côté,  la  rouille  de  cuivre  et  la  bile  des  animaux 
marins.  Quant  à  la  pierre  qui  brille  la  nuit,  c'est  celle  que  les  savants,  en  matière 
de  pierres,  appellent  hyacinthe.  C'est  pourquoi  il  continue  en  ces  termes  :  «  Lorsque 


(1)  Ms.  232-  de  Paris,  fol.  147  verso. 


PHOSPHORESCENCES  DES    PIERRES  378 

«  la  teinture  est  comp-lètement  développée,  les  objets  teints  projettent  une  lueur 
a  pareille  aux  rayons  du  soleil.  » 

...  Ostanés  a  parlé  d'abord  de  la  teinture  de  la  pierre  en  rouge  couleur  de  feu, 
qui  ne  brille  pas  la  nuit.  Mais,  dans  ce  passage,  l'opérateur  expose  que  la  pierre 
la  plus  précieuse  qu'il  convienne  de  préparer  et  de  teindre  est  celle  qui  émet  des 
rayons  lumineux  la  nuit  :  de  telle  sorte  que  ceux  qui  la  possèdent  puissent  lire  et 
écrire,  et  faire  n'importe  quoi  comme  en  plein  jour.  En  effet,  chaque  escarboucle 
(teinte)  peut  être  vue  séparément  de  nuit,  avec  sa  grosseur  propre  et  sa  pureté,  que 
la  pierre  soit  naturelle  ou  artificielle.  On  peut  se  diriger  à  l'aide  de  la  lumière  ainsi 
émise,  en  vertu  de  la  propriété  de  ces  pierres  de  briller  la  nuit.  Car  le  mot  employé 
ici  ne  s'applique  pas  seulement  à  la  pierre  qui  brille  le  jour,  mais  à  celle  qui  brille 
la  nuit. 

Les  biles  des  animaux,  perdant  leur  partie  aqueuse,  sont  desséchées  à  l'ombre. 
Dans  cet  état,  on  les  incorpore  à  la  rouille  de  notre  cuivre,  ainsi  qu'à  la  comaris; 
on  fait  cuire  le  tout  ensemble  selon  les  règles  de  l'art.  Colorées  par  l'eau  divine  (i), 
elles  prennent  une  teinte  stable.  Cette  eau  étant  écartée,  les  pierres  sont  chauffées 
et,  encore  chaudes,  trempées  dans  la  teinture,  suivant  les  préceptes  des  Hébreux. 

Si,  toutefois,  la  couleur  tirée  des  biles  ne  donne  pasà  la  pierre  un  vert  suffisamment 
intense,  on  met  celle-ci  dans  notre  rouille,  en  ajoutant  de  la  rouille  de  plomb 
commun,  un  peu  de  couperose  et  toutes  les  matières  susceptibles  de  servir  aux 
pierres  que  l'on  veut  surteindre,  ou  qui  contiennent  des  figures  :  cela  se  fait  surtout 
pour  les  émeraudes. 

Il  faut  savoir  que  les  biles  des  animaux  marins  ajoutent  la  phosphorescence  à  la 
coloration  propre  de  chaque  pierre,  lorsqu'on  les  introduit  en  proportion  convenable 
dans  les  matières  tinctoriales  propres  à  chaque  couleur,  ou  avec  certaines  autres 
espèces. 

D'après  les  noms  d'Ostanès,  de  Marie,  de  Démocrite  (2),  les  textes 
précédents  se  rattachent  aux  plus  vieilles  traditions  de  l'Egypte  hellénisée; 
si  même  ils  ne  remontent  aux  pratiques  beaucoup  plus  anciennes  des 
prêtres  égyptiens  et  du  culte  de  leurs  divinités.  La  mise  en  œuvre  de 
couleurs  superficielles  pour  rehausser  l'éclat  des  pierres  précieuses  est 
encore  usitée  de  nos  jours  :  o^i  sait  à  quelles  fraudes  elle  a  donné  lieu  dans 
le  commerce  des  diamants  jaunes  ;  mais  j'ignore  si  l'on  s'en  sert  aujourd'hui 
pour  communiquer  à  ces  pierres  la  phosphorescence.  Quoi  qu'il  en  soit, 
j'ai  donné  les  textes,  et  ils  ne  laissent  aucun  doute  sur  l'emploi  antique 
des  pierres  précieuses  rendues  phosphorescentes  dans  Tobscurité,  par 
Tusage    des   teintures    superficielles,    provenant   de   matières    dont   nous 


(1)  Liqueur  active,  non  définie.  |  (2)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  70. 


274 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


connaissons  les  propriétés  analogues.  Cette  phosphorescence,  due  à 
l'application  de  matières  organiques  oxydables,  ne  devait  pas  être  durable; 
mais  elle  pouvait  se  prolonger  pendant  plusieurs  heures,  peut-être  plusieurs 
jours,  et  elle  pouvait  être  rétablie  ensuite  par  de  nouvelles  applications  des 
mêmes  agents.  C'est  un  chapitre  curieux  à  ajouter  à  ce  que  nous  savons 
des  connaissances  pratiques  des  anciens. 


X.  —  AMALGAMATION  DES  SABLES  AURIFERES 

TRAITEMENT  DES  SABLES  AURIFÈRES  PAR  AMALGAMATION 
CHEZ  LES  ANCIENS 

Il  paraît  utile  de  tirer  de  la  Collection  des  Alchimistes  grecs  (TraiMC^/on, 
p.  214),  en  le  résumant,  un  article  sur  Textraction  de  l'or  au  moyen  de  ses 
minerais  naturels,  traités  par  le  mercure  :  procédé  de  traitement  de  ces 
minerais  qui  n'avait  pas  été  signalé  jusqu^ici,  comme  connu  des  Anciens  (i). 

«  Prends  de  la  terre  des  bords  du  fleuve  d'Egypte  qui  roule  de  l'or 
«  pétris-la  avec  un  peu  de  son...;  après  avoir  fait  une  pâte...,  formes-en  de 
"  petits  pains...;  fais-les  sécher  au  soleil...,  mets-les  dans  une  marmite 
«  neuve...  et  fais  du  feu  au-dessous...;  remue  avec  un  instrument  de  fer 
«  jusqu'à  ce  que  tu  voies  que  tout  est  cuit  et  semblable  à  une  cendre  noire... 
«  Ayant  pris  une  poignée  de  cette  matière,  jette-la  dans  un  vase  de  terre 
»  cuite,  ajoute  du  mercure,  agite  méthodiquement  avec  la  main...;  ajoute  une 
«  mesure  et...  lave  avec  précaution,  jusqu'à  ce  que  tu  sois  parvenu 
«  au  mercure.  Mets  dans  un  linge,  presse  avec  soin  jusqu'à  épuisement. 
'(  En  déliant  le  linge,  tu  trouveras  la  partie  solide...  Mets-en  une  boulette 
«  sur  un  plat  neuf...  dans  une  fossette  pratiquée  au  milieu...;  recouvre  de 
«  nouveau  la  marmite,  en  la  faisant  adhérer 'au  plat  (avec  un  lut)...;  fais 
«  chauffer  sur  un  feu  clair,  avec  du  bois  sec  ou  de  la  bouse  de  vache 
«  (desséchée),  jusqu'à  ce  que  le  fond  du  plat  devienne   brûlant.    Aie    de 


(i)  Vitruve     a     indiqué     seulement 
l'emploi  du  mercure  pour  extraire  l'or 


des  étoiles  tissues  avec  ce   métal    (liv 
VII,  8) 


SUR    LE    BRONZE  275 

«  l'eau  auprès  de  toi,  pour  arroser  la  préparation  avec  une  éponge,  en 
«  veillant  à  ce  que  l'eau  ne  tombe  pas  sur  le  plat.  Après  la  chauffe, 
«  retire  le  plat  du  feu;  en  découvrant,  tu  trouveras  ce  que  tu  cherches  »  : 
c'est-à-dire  l'or  dans  le  fond;  quant  au  mercure,  il  a  dû  se  condenser  dans 
le  couvercle  refroidi. 

Ce  traitement  des  minerais  aurifères  par  le  mercure  paraît  s'être  sub- 
stitué à  un  traitement  plus  anciennement  usité,  dans  lequel  le  minerai 
était  fondu  avec  du  plomb,  du  sel,  un  peu  d'étain  et  du  son  d'orge  (i),  et 
soumis  à  une  véritable  coupellation. 


XI.  —  SUR  LE  NOM  DU  BROx^ZE 

On  sait  que  le  bronze  était  désigné  par  les  Grecs  sous  le  nom  de  •/^sikv.ô^, 
qui  s'appliquait  aussi  au  cuivre  pur  et  aux  alliages  divers  que  ce  métal 
forme  en  s'unissant  avec  Tétain,  le  plomb  et  le  zinc.  Vcfs  des  latins  avait  à 
peu  près  la  même  signification  compréhensive,  et  embrassait  également  les 
alliages  multiples  que  nous  réunissons  sous  les  noms,  complexes  eux- 
mêmes,  de  bronzes  et  de  laitons.  Le  yx\Y.àq  et  r^5  sont  connus  depuis  une 
haute  antiquité  et  leur  emploi,  dans  la  fabrication  des  armes  spécialement, 
remonte  aux  époques  préhistoriques.  Ces  noms  anciens  ont  été  remplacés 
depuis  par  des  mots  plus  modernes,  tels  que  celui  d'airain,  c^est-à-dire  œra- 
men,  dérivé  de  ces,  dont  le  sens  est  également  extensif  ;  celui  de  cuivre,  c'est- 
à-dire  du  yaXxoç  xuirpio;,  dénommé  d'après  son  lieu  d'origine,  et  désignant 
tantôt  le  métal  pur  [cuivre  rouge],  tantôt  ses  alliages  [cuivre  jaune, 
blanc,  etc.);  enfin  les  noms  déjà  cités  de  bronze  et  de  laiton. 

L'origine  de  ces  derniers  mots  a  donné  lieu  à  bien  des  controverses; 
mais  en  ce  qui  touche  le  laiton,  la  question  semble  tranchée.  Le  mot  laiton, 
d'après  du  Cange,  dont  je  partage  l'opinion,  vient  de  l'antique  electrum. 
A  l'origine  ce  dernier  s'appliquait  à  un  alliage  d'or  et  d'argent,  appelé 
également  asèm  parles  Egyptiens,  et  dont  l'imitation  est  devenue  le  point 

(i)  Agatharchide,  cité   par   Diodore  de  Sicile  (III,  i3). 


276  CHIMIE    DES    ANCIENS 

de  départ  des  travaux  et  des  illusions  des  alchimistes  (i).  Par  une  transition 
facile  à  justifier,  le  nom  d'electrum  finit  par  désigner  les  alliages  dont 
la  couleur  imitait  l'or,  tels  que  le  laiton;  il  ne  me  paraît  pas  nécessaire 
de  m'étendre  davantage  sur  ce  point. 

Au  contraire,  une  grande  obscurité  entoure  l'origine  et  l'étymologie  du 
mx>t  bronze.  Les  citations  les  plus  anciennes  qui  en  aient  été  faites,  à  ma 
connaissance,  sont  celles  de  du  Gange  [Glossarium  mediœ  et  injimœ  latini- 
tatis).  On  y  trouve  les  mots  bron\iiim  et  broniinum,  empruntés  à  une  chro- 
nique latine  de  Plaisance,  écrite  dans  les  premières  années  du  xv«  siècle  et 
publiée  par  Muratori  (t,  XVI).  Du  Gange  cite  également  un  ouvrage  grec 
anonyme,  de  locis  HierosoL,  ch.  viii:  ûjo  r.ip-xq  ';:pcûxÇ'.Vc;;  ;  mais  l'auteur 
de  cet  ouvrage,  d'après  sa  langue,  ne  parait  pas  plus  ancien  que  le  précé- 
dent, s'il  n'est   même  plus  moderne. 

Le  mot  bronze  a  été  adopté  d'ailleurs  par  toutes  les  langues  néolatines  : 
bron^o,  en  italien;  bronce,  en  espagnol,  etc.,  et  il  est  employé  couramment 
à  partir  du  xvi«  siècle.  L'anglais,  br'ass,  airain,  y  est  rattaché  par  certains 
auteurs;  mais  ceci  est  douteux. 

En  tous  cas,  l'origine  et  l'étymologie  du  mot  bronze  sont  incertaines. 
Muratori,  du  Gange,  et,  d'après  eux,  Diez,  ont  pensé  que  ce  nom  a  été 
donné  au  métal  en  raison  de  sa  couleur.  Muratori  le  rapproche  des  mots 
briini:{:{0,  briiniccio,  diminutifs  du  mot  briino,  brun  en  français  ;  mais  avec 
un  déplacement  d'accent  qui  fait  quelque  difhculté.  Du  Cange  a  mis  en 
avant  le  mot  de  basse  latinité  bruntus,  qui  figure  comme  nom  de  couleur 
dans  le  Glossaire  d'^lfricus,  auteur  du  x°  siècle.  Diez  en  a  rapproché 
encore  les  mots  briinst,  incandescence  en  allemand  ;  et  bronza,  charbon 
incandescent  (c'est-à-dire  notre  braise)  en  dialecte  vénitien.  M.  Pictet  s'est 
attaché  surtout  à  ce  dernier  rapprochement,  qui  rattachait  le  sens  original 
du  mot,  non  à  une  idée  de  couleur,  mais  à  une  idée  d'ignition. 

Je  n'ai  pas  qualité  pour  intervenir  dans  un  semblable  débat;  mais  il  me 
semble  utile  de  reproduire  ici  un  texte  de  la  GoUection  des  Alchimistes 
grecs,  lequel  est  le  plus  ancien  texte,  je  crois,  où  le  bronze  se  trouve  for- 
mellement désigné  sous  ce  nom. 


(1)  Voir  Origines  de  l'Alchimie,  p.  21 5,  et  ce  volume,  p.  262. 


SUR  LE   BRONZE  277 

Voici  le  titre  du  morceau  (V,  xvi)  : 

El  OéXs'.ç  xo'.TJjai  çoupj;.aç  xal -ûXou^àTwO  PpovxTjTioj,  tzo'Iî'.  oj-w^. 

«  Si  tu  veux  fabriquer  des  formes  en  creux  et  en  relief  avec  du  bronze, 
opère  comme  il  suit.  » 

Il  s'agit  d'une  recette  d'atelier  pour  faire  des  moulages  en  bronze.  Le  sens 
même  du  mot  (âpovrrj^iov  est  donné  avec  certitude  quelques  lignes  plus  loin, 
par  la  phrase  suivante  : 

'H  Sa  (j'jyxipajts;  toj  (âpsvxTjsb'j  èjtIv  o'jto);  "  bj  /.'jzpio'j  TvÎTpx  a',  y.xîJtTÉpo'j 
y.aôapcî;  y°  6'. 

«  Quant  à  l'alliage  du  bronze,  on  l'obtient  ainsi  :  rouille  de  cuivre  de 
Chypre,  une  livre;  étain  pur,  deux  onces.  » 

La  langue  de  ce  morceau  est  celle  d'un  artisan  du  moyen  âge  ;  mais  il  est 
transcrit  dans  le  manuscrit  299  de  la  bibliothèque  de  Saint-Marc,  à  Venise, 
lequel  remonte  au  xi®  siècle  de  notre  ère.  On  ne  saurait  donc  abaisser  da- 
vantage la  date  du  nom  du  bronze.  Cette  date  remonte  même  probablement 
plus  haut;  le  morceau  paraissant  tiré  d'un  grand  manuel  de  chimie  byzan- 
tin, dont  le  titre  nous  a  été  conservé  dans  d'autres  manuscrits.  (Collec- 
tion des  Alchimistes  Grecs,  III,  xliv,  §  7);  il  offre  assez  d'intérêt  pour 
être  reproduit  : 

a  Le  présent  volume  est  intitulé  :  Livre  métallique  et  chimique  sur  la 
Chrysopée,  l'Argyropée,  la  fixation  du  mercure.  Ce  livre  traite  des  vapeurs, 
des  teintures  métalliques  et  des  moulages  avec  les  bronzes  [<^zùp\Lxq  à-;  ?pcv- 
xr^jt'wv  ou  3po-cia((i)v),  ainsi  que  des  teintures  des  pierres  vertes,  des  grenats 
et  autres  pierres  de  toutes  couleurs,  et  des  perles;  et  des  colorations  en  ga- 
rance des  étoffes  de  peau  destinées  à  l'Empereur.  Toutes  ces  choses  sont 
produites  avec  les  eaux  salées  et  les  œufs  (il,  au  moyen  de  l'art  métallique.  » 

On  voit  qu'il  s'agit  d'un  manuel  byzantin  de  chimie.  La  composition 
même  de  l'ouvrage  remonte  à  une  époque  ancienne,  telle  que  le  vin*  ou  le 
X*  siècle.  Il  devait  comprendre  à  la  fois  : 

1°  L'art  de  fabriquer  l'or  et  l'argent,  c'est-à-dire  l'alchimie  proprement 
dite; 


(1)  Dans  le  langage  des  alchimistes,      j      sion  symbolique  désignant  divers  ap- 
li  s'agit  de  l'œuf  philosophique,  exprès-      j      pareils  et  matières. 


278  CHIMIE    DES    ANCIENS 

2"  La  distillation,  sur  laquelle  nous  avons  conservé  seulement  quelques 
débris  d'écrits  anciens  dans  les  œuvres  de  Zosime; 

3°  Le  moulage  et  le  travail  des  métaux  en  orfèvrerie,  représentés  tant  par 
l'article  cité  plus  haut  que  par  un  traité  assez  étendu,  qui  se  trouve  dans 
certains  manuscrits,  avec  des  additions  plus  récentes; 

4°  La  trempe  des  métaux  pour  la  fabrication  des  armes  et  outils,  repré- 
sentée par  quelques  morceaux  fragmentaires  dans  le  manuscrit  de 
Venise; 

5'  La  fabrication  des  pierres  précieuses  artificielles,  remontant  à  une 
haute  antiquité,  et  sur  laquelle  nos  manuscrits  fournissent  deux  petits 
traités  complets,  qui  renferment  des  citations  des  plus  vieux  auteurs  alchi- 
miques; 

6<»  Le  travail  des  perles,  représenté  aussi  par  deux  petits  traités,  dont  l'un 
attribué  à  un  auteur  arabe,  Salmanas,  mais  avec  des  recettes  singulières 
rappelant  les  Geoponica; 

7°  La  teinture  des  étoffes,  traité  perdu,  à  l'exception  de  quelques  débris, 
dont  l'un  forme  le  début  du  livre  du  Pseudo-Démocrite  ; 

8°  Il  devait  s'y  trouver  en  outre  diverses  applications  techniques,  telles 
que  la  fabrication  de  la  bière,  de  la  lessive,  de  la  colle,  du  savon,  sur  les- 
quelles les  manuscrits  nous  ont  conservé  quelques  recettes. 

Ce  grand  ouvrage  est  malheureusement  perdu,  sauf  diverses  portions 
conservées  :  une  partie  par  le  manuscrit  de  Saint-Marc  (xi^  siècle),  et  une 
partie  plus  considérable  par  les  manuscrits  de  Paris  numérotés  2325  (du 
xiii®  siècle),  et  3327  (du  xv«  siècle).  Ces  textes  grecs  répondent  à  une 
tradition  plus  ancienne  que  les  textes  alchimistes  latins,  traduits  ou  imités 
des  Arabes  au  moyen  âge. 

Ainsi,  c'est  dans  un  extrait  de  cet  ouvrage  que  le  nom  de  bronze  nous  est 
venu  sous  sa  forme  la  plus  ancienne  :  PpcvT-/^7'.ov.  Faut-il  le  rapporter  à  un 
nom  de  lieu  ?  ou  bien  doit-on  le  rattacher  au  même  radical  que  les  mots 
bruntus  et  brun  ?  Sinon  à  quelque  autre  origine,  telle  que  le  mot  (3povTY;, 
tonnerre,  qu'il  semble  pourtant  difficile  d'admettre  à  une  époque  anté- 
rieure à  linvention  du  canon  ? 

Il  existe  deux  passages  de  Pline  favorables  à  l'interprétation  d'après 
laquelle  le  nom  du  bronze  serait  dérivé   d'un  nom  de  lieu,  à   savoir   de 


SUR    L  ANTIMOINE  270 

Brundus'ium  :  œs  Briindiisimim,  «  airain  de  Brindes  »  ;  de  même  que  r<P5 
Cor/n/A/wm,  airain  de  Covinthe;  Vœs  JE gineticum,  airain  d'Egine  ;  Vœs  Délia- 
cum,  airain  de  Délos  :  Vœs  Cyprium,  airain  de  Chypre  ;  toutes  dénomi- 
nations qui  figurent  dans  Pline  et  chez  les  auteurs  anciens.  Les  passages  que 
je  signale  ici  se  rapportent  à  la  fabrication  des  miroirs  de  bronze:  Spécula 
optima  apud  majores  fuerant  Brundtisina,  stanno  et  œre  mixtis  [H.  N., 
1.,  XXXIII,  ch.  IX,  §  45).  «  Les  meilleurs  miroirs  chez  les  anciens  étaient  ceux 
de  Brundusium,  obtenus  par  l'alliage  du  cuivre  et  de  l'étain  ».  L'auteur 
ajoute  :  «  on  leur  préfère  les  miroirs  d'argent,  fabriqués  d'abord  par  Pasi- 
tèles,  au  temps  du  grand  Pompée  ».  Pline  dit  encore  :  Spécula  etiam  ex  eo 
laudatissima  Brundusi  temperabantur...  [H.  N.,  1.  XXXIV,  ch.,  xvii,  §  48). 

<t  On  a  mélangé  aussi  (l'étain)  dans  la  fabrication  des  miroirs  très  estimés 
de  Brundusium;  jusqu'à  l'époque  où  tout  le  monde,  même  les  servantes, 
commencèrent  à  se  servir  de  miroirs  d'argent.  »  Il  a  donc  existé  à  Brun- 
dusium une  fabrication  de  bronze  pour  miroirs. 

Une  certaine  composition  de  cet  alliage  fournit  en  effet  un  métal  facile 
à  polir  et  susceptible  de  refléter  les  objets.  Nous  possédons  dans  nos  musées 
plusieurs  miroirs  de  ce  genre  ;  quelques-uns  même  remontent  à  la  vieille 
Egypte.  Ceci  étant  établi,  on  conçoit  que  le  nom  de  Brundusium,  de  môme 
que  celui  de  ChypreoudeCorinthe,ait  pu  s'appliquer  à  uno  variété  d'airain. 
Uces  Brundusium  serait  devenu  le  bronze,  de  même  que  Vœs  Cyprium  est 
devenu  le  cuivre.  Je  laisse  la  décision  de  ces  problèmes  étymologiques  aux 
gens  compétents,  m'étant  borné  à  leur  rapporter  des  renseignements  nou- 
veaux, et  des  données  plus  anciennes  que  celles  qui  avaient  été  publiées  jus- 
qu'à présent. 


Xll.  —  SUR  LE  NOM  DE  L'ANTIMOINE 

L'origine  du  nom  de  l'antimoine  est  des  plus  controversée.  Il  ne  convient 
pasdes'arrêteràl'étymologiepuérile, d'après  laquellece  nomaurait  étédonné 
au  métal  par  suite  de  son  action  vénéneuse  constatée  sur  les  moines  d'un  cou- 
vent. Ce  nom  est  également  fort  antérieur  au  personnage  mythique  appelé 
Basile  Valentin,  auquel  on  attribue  parfois  la  découverte  de  ce  corps,  et 


280  CHIMIE    DES    ANCIENS 

SOUS  le  nom  duquel  nous  sont  parvenus  divers  ouvrages  {Char  triomphal 
de  r Antimoine,  Haliographie,  etc.),  lesquels  ne  paraissent  pas  antérieurs 
au  xvi«  siècle.  Le  sulfure  d'antimoine  d'ailleursétait  connu  des  anciens  sous 
les  noms  de  stibiiim,  Q-J.[}.\i.'.y  et  j'ai  indiqué  comment  ils  ont  aussi  obtenu 
l'antimoine  métallique,  confondu  par  eux  avec  leplomb(ce  volume,  p.  224). 
Le  (jTt;x;j.'.  figure  continuellement  chez  les  vieux  alchimistes  grecs.  Mais  on 
n'y  trouve  pas  le  nom  plus  moderne  de  l'antimoine.  Cependant  on  rencon- 
tre le  mot:  àvTsy.iv.cv,  dans  le  traité  d'orfèvrerie  que  nous  avons  imprimé 
en  tête  de  la  V«  partie  de  la  Collection  des  Alchimistes  grecs.  [Texte  grec, 
§§  44  et  45,  p.  334,  1.  2,  4,  5,  6  ;  Traduction,  p.  3 19).  Lesulfure d'antimoine 
y  est  employé  pour  affiner  l'or  et  le  séparer  de  l'argent  (ce  volume,  p.  285]. 
Ce  texte  nous  est  venu  par  un  manuscrit  de  la  fin  du  xv"^  siècle  et  il  est 
assurément  plus  ancien;  mais  il  est  écrit  en  grec  du  moyen  âge. 

Ici  se  présente  une  circonstance  singulière.  L'antimoine  ne  paraît  ni 
sous  son  nom  ancien,  ni  sous  son  nom  moderne,  dans  les  traités  latins  qui 
sont  réputés  traduits  des  alchimistes  arabes  et  qui  représentent  les  débuts 
de  l'alchimie  dans  le  monde  latin,  vers  le  xii=  ou  xni«  siècle.  Du  moins  je 
n'ai  réussi  à  rencontrer  ces  noms  ni  dans  les  traités  attribués  à  Geber,  ni 
dans  ceux  du  Pseudo-Aristote  [De  per/ectomagisterio],  ni  dans  ceux  d'Avi- 
cenne,  reproduits  soit  dans  le  Theatrum  Chemicum,  soit  dans  la  Biblio- 
theca  chemica.  Je  n'y  ai  trouvé  d'autre  désignation  attribuable  aux  sulfures 
d'antimoine  que  celle  de  marcassite  et  de  magnésie,  qui  les  désignent  cer- 
tainement dans  plusieurs  cas,  mais  qui  s'appliquent  aussi  à  d'autres  sulfures 
et  dérivés  métalliques. 

Cependant  l'antimoine  figure  sous  le  womài'antimonium,  et  non  de  stibiura 
ou  stimmi,  dans  le  Spéculum  naturale  de  Vincent  de  Beauvais  (liv.  VIII, 
ch.  XLix),auteurqui  écrivait  vers  le  milieu  du  xin^siècle.  Du  Cange  l'a  même  ren- 
contré dans  Constantin  l'Africain,  médecin  de  Salerne,  qui  vivait  vers 
l'an  1 100.  C'est  donc  vers  le  xi°  siècle  que  ce  mot  se  trouve  introduit  en 
Occident,   où  il  a  supplanté  l'ancienne  dénomination. 

Son  étymologie  se  rattache,  suivant  une  opinion  émise  par  Huet  et  accep- 
téeparLittréi;i),àuneformearabe,tellequea^/2W0W£/  ou  othmoud,  qui  serait 


(  I  )  Dictionnaire  de  la  langue  fran-      1      d'origine  orientale  » ,  par  Marcel  De  vie. 
çaise,  t.   I  ;   et  Supplément  :    a.   mots      | 


SURL  ARSENIC 


281 


devenuedirectementantimoine:oubien  ithmid, dérivé  de(7Tt[jL;M,avec  addition 
de  Tarticle  al  altéré  dans  sa  forme.  Peut-être  d'ailleurs  le  mot  grec  stiiJ.y.'. 
était-il  lui-même  d^origine  orientale,  auquel  cas  les  Arabes  n'auraient  pas  eu 
besoin  de  l'emprunter  aux  Grecs.  Quoi  qu"'ilensoit,  on  trouvedivers  exemples 
dece  genre  d''altération  dans  les  transcriptions  latines  de  mots  arabes  rela- 
tées au  LexiconAlchemiœ  de  Ru\andus(i6 12):  par  exemple  le  mot  tinkar  [le 
boraxdes  alchimistes  latins, qui  signifie  soudure  ou  fondant  vitreux)  s'écrit 
aussi  attinkar  et  anticar.  Au  mot  même  antimonium  est  citéeencorecomme 
synonymelaformeanalogue<2nff5?fw/.Les  transcriptions  des  mots  techniques 
et  des  noms  de  lieux  arabes  et  grecs,  dans  le  latin  du  moven  âge,  sont  fécon- 
des en   altérations   de   cette  espèce. 


XIII.  —  L'ARSENIC  MÉTALLIQUE  CONNU  PAR  LES  ANCIENS 

Les  composés  de  l'arsenic  et  leurs  transformations  ont  été  connus  dès 
l'antiquité;  ils  jouèrent  un  rôle  important  dans  les  pratiques  de  rAlchimie, 
Les  sulfures  d'arsenic,  en  effet,  existent  dans  la  nature;  ils  étaient  désignés, 
l'un,  le  réalgar,  sous  le  nom  de  sandqraque ;  l'autre,  Torpiment,  sous  le 
nom  d^arsenic^  nom  transporté  depuis  par  les  modernes  au  corps  simple  pro- 
prement dit.  Divers  arsénio-sulfures  métalliques  sont  aussi  signalés  claire- 
ment par  les  alchimistes.  On  savait  dès  lors  changer  les  sulfures  d'arse- 
nic en  acide  arsénieux  par  des  grillages  ménagés,  précédés  par  l'action  de 
divers  réactifs  (vinaigre,  sel,  etc.),  ainsi  que  le  montre  une  description  dé- 
taillée dT lympiodore,  auteur  du  v°  siècle  (i). 

En  voici  le  résumé  :  «  L'arsenic  (sulfuré)  est  une  espèce  de  soufre  qui  se 

volatilise  promptement Prenant  de  Tarsenic  lamelleux   couleur  d'or 

14  onces,  tu  le  coupes  en  morceaux,  tu  le  porphyrises...;  puis  tu  fais 
tremper  dans  du  vinaigre  (2),   pendant  2  ou  3   jours  et  autant  de  nuits, 


(i)  Collection  des  Alchimistes  grecs, 
traduction,  p.  82. 

(2)  Vinaigre  signifiait  toute  liqueur 


douée  d'activité  chimique,  ou   spôcia 
lement  acide. 


282  CHIMIE    DES    ANCIENS 

la  matière  renfermée  dans  un  vase  de  verre  à  col  étroit,  afin  qu'elle  ne  se 
dissipe  pas...  décanteensuiteet  lave  avecdel'eaupure,  jusqu'à  ce  que  Todeur 
du  vinaigre  ait  disparu...  Laisse  la  masse  se  dessécher  et  se  contracter 
à  Tair;  mélange  et  broie  avec  5  onces  de  sel  de  Cappadoce...  On  opère 
ensuite  dans  un  vase  de  verre  luté,  vase  imaginé  par  Africanus  (auteur 
du  m*  siècle),  et  muni  d'un  double  couvercle  luté,  afin  que  l'arsenic  brûlé 
ne  se  dissipe  pas.  Fais-le  donc  brûler  à  plusieurs  reprises  et  pulvérise-le, 
jusqu'à  ce  qu'il  soit  devenu  blanc.  On  obtient  ainsi  de  l'alun  blanc  et 
compact.  » 

On  voit  que  l'acide  arsénieux  est  désigné  dans  ce  passage  sous  le  nom 
d'alun;  ailleurs,  il  est  appelé  cériise.  Mais  la  description  ne  laisse  aucun 
doute  sur  sa  nature. 

En  faisant  réagir  soit  l'acide  arsénieux,  soit  les  sulfures  d'arsenic  sur  les 
métaux  purs  ou  alliés,  par  fusion  dans  un  creuset,  ou  par  évaporation  et  cé- 
mentation dans  un  appareil  de  digestion,  les  alchimistes  communiquaientaux 
métaux  diverses  teintures  superficielles  ou  profondes,  de  façon  à  obtenir  soit 
des  alliages  blancs,  analogues  au  tombac,  soit  des  alliages  dorés;  alliages 
qu'ils  cherchaient  ensuite  à  faire  passer  pour  de  l'or  ou  de  l'argent  véritable. 

Ces  teintures  des  métaux,  analogues  à  celles  que  développe  le  mercure, 
jointes  à  la  volatilité  de  l'arsenic  et  de  ses  composés,  les  conduisirent 
à  assimiler  l'arsenic  lui-même  au  mercure  et  à  le  regarder  comme  un 
second  mercure,  mercure  tiré  de  l'arsenic  (sulfuré)  ou  de  la  sandaraque,  par 
opposition  au  mercure  ordinaire,  tiré  du  cinabre  (ce  volume,  p.  99  et  236; 
Collection  des  Alchimistes  grecs,  Traduction,  p.  66  et  74).  L'aptitude  de 
l'arsenic  métallique  à  se  sublimera  la  façon  du  mercure,  dansdes  conditions 
de  température  et  de  désulfuration  analogues,  ainsi  que  sa  faculté  de  ramol- 
lir les  métaux  et  de  former  avec  eux  des  alliages  fusibles  et  colorés;  enfin, 
l'existence  du  réalgar,  souvent  confondu  avec  le  cinabre,  en  raison  de  sa 
couleur,  donnaient  une  force  apparente  à  cette  assimilation. 

«  Fixez  le  mercure  tiré  de  l'arsenic  (sulfuré)  ou  de  la  sandaraque  »,  dit 
le  Pseudo-Démocrite  (Collection,  etc.;  Traduction,  p.  53);  «projetez-le  sur 
le  cuivre  et  le  fer  traité  par  le  soufre,  et  le  métal  deviendra  blanc.  »  Ailleurs, 
dans  un  fragment  attribuable  à  Zosime  (p.  21 3),  sous  le  titre  de  «  Fabrica- 
tion du  mercure  »,  on  lit  : 


SOUDURE   DU    PLOMB  283 

«  Prenant  de  la  céruse  (i)  et  de  la  sandaraque,  par  parties  égales,  délaie 
avec  du  vinaigre  jusqu^à  ce  que  la  masse  s'épaississe;  ensuite,  mettant  dans 
un  vase  non  étamé,  recouvre  avec  un  couvercle  de  cuivre;  lute  tout  auiour 
et  fais  chauffer  doucement  sur  des  charbons.  Lorsque  tu  présumes  que 
l'opération  est  à  point,  découvre  légèrement,  et,  avec  une  barbe  de  plume, 
enlève  le  mercure.  )5 

Cette  préparation  est  fort  claire,  à  quelques  détails  près  ;  elle  répond  à  une 
préparation  d'arsenic  métallique  sublimé.  Les  traités  des  alchimistes  grecs 
renferment  un  grand  nombre  d'indications  analogues. 


XIV.  —  LA  SOUDURE  AUTOGENE  DU  PLOMB 

CONNUE  AU  MOYEN  AGE 

J'ai  indiqué  en  passant,  dans  ce  volume  (p.  265),  que  Vincent  de 
Beauvais  signale  l'existence  de  la  soudure  autogène  du  plomb,  opération 
d'ordinaire  réputée  tout  à  fait  moderne.  Il  semble  utile  de  donner  ce  pas- 
sage, qui  se  trouve  à  l'article  de  l'étain  [Stannum],  Spéculum  naturale,  pars  I, 
liv.  VIII,  ch.  XXXVII  : 

iStanmim)  in  aqua  diu  jacens  facile  putrescit.  Undè  fistulœ  aquceducto- 
riim,  quce  sut  terra  fieri  solebant  ex  plumbo  et  consolidari  stanno,  moder- 
nis  temporibus  ex  calido  et  fusili  plumbo  consolidari  ars  hominum  excogi- 
tavit,  quia  soliditatœ  stanni  solidatœ  durare  non  poterant  in  longinquu  m  : 
pliimbum  vero  sub  terra  semper  durât. 

C'est-à-dire  : 

«  L'Etain  se  détruit  facilement  par  un  séjour  prolongé  dans  l'eau.  De  là 
«  le  changement  apporté  aux  tuyaux  des  aqueducs,  placés  sous  terre,  qui 
«  étaient  autrefois  fabriqués  en  plomb  et  soudés  à  l'étain.  L'art  des  moder- 
«  nés  a  imaginé  de  les  souder  avec  du  plomb  chautîé  et  fondu;  parce  que 
«  les  soudures  faites  avec  l'étain  ne  duraient  pas  longtemps,  tandis  que  le 
«  plomb  placé  sous  terre  dure  à  jamais.   » 

(i)  Acide  arsénieux.  (Voir  p\i\s  haut.) 


284  CHIMIE    DES    ANCIENS 

XV.  —  DE  LA  LIXIVIATION  MÉTHODIQUE 

On  a  regardé  comme  modernes  les  procédés  de  lixiviation  méthodique, 
usités  pour  exprimer  les  cendres  et  les  matériaux  salpêtres;  le  passage  sui- 
vant, tiré  du  manuscrit  de  Saint-Marc,  montre  que  ces  procédés  remontent 
au  xi« siècle  et  sans  doute  au  delà. 

Fabrication  de  la  lessive  : 

«  Répartis  quatre  muids  de  cendres  entre  deux  cuviers  percés  de  trous  au 
fond.  Autour  du  trou  le  plus  petit,  du  côté  intérieur,  mets  un  peu  de  foin,  pour 
que  la  cendre  n'obstrue  pas  le  trou.  Remplis  le  premier  cuvier  avec  de  l'eau; 
recueille  le  liquide  filtré,  qui  en  découle  pendant  toute  la  nuit,  et  mets-le 
dans  le  second  cuvier.  Garde  ce  qui  filtre  de  ce  second  vase.  Mets  d'autre 
cendre  (dans  un  troisième  cuvier).  Epuise-la  avec  le  liquide  sorti  du  second  : 
il  se  forme  une  liqueur  pareille  au  nard  couleur  d'or.  Verse-la  dans  un  qua- 
trième cuvier:  la  liqueur  devient  piquante  et  forte. 


XYI.  —  PROCÉDÉ  POUR  RENDRE  UNE  ETOFFE 
INCOMRUSTIRLE 

Voici  un  procédé  donné  dans  le  Traité  d'orfèvrerie  (Gollect.,  etc.,  VI,  1,40). 

«  Prends  de  la  chaux  vive,  mêle-la  avec  de  Thuile  et  arrose  bien  une  fois 
ou  deux.  Ajoute  aussi  de  la  lessive,  en  la  versant  tout  autour  et  au-dessus, 
Jusqu'à  une  épaisseur  de  deux  doigts.  Mets  cette  eau  divine  dans  un  flacon. 
Prends  une  étoffe  de  lin,  mouille-la  dans  cette  eau  ;  expose-la  au  feu  et,  si 
l'étoffe  s'enflamme,  sache  qu'elle  n'est  pas  bien  préparée.  Ajoute  de  nou- 
veau le  Uniment  calcaire  avec  d'autre  chaux;  opère  comme  précédemment 
jusqu'à  réussite,  c'est-à-dire  jusqu'à  ce  que  l'étoffe  ne  s'enflamme  pas  dans 
le  feu.  » 

On  trouve  dans  Aulu-Gelle  un  passage  d'après  lequel  une  tour  de  bois 
destinée  à  la  défense  du  Pirée,  ne  put  être  incendiée  par  Sylla,  parce  qu'elle 


SÉPARATION  DE  l'oR  ET  DE  l' ARGENT  285 

était  enduite  d'alun  :  «  omnem   materiam  obliverat  alunîine,  quod  Sylla 
atque  milites  admirabantur  ».  Noctes  atticœ,  xv,  i. 

Mais  les  tissus  incombustibles  dont  parlent  les  anciens  étaient  fabriqués 
avec  de  l'amiante,  qui  sert  encore  aujourd'hui  dans  certains  cas  pour  les 
mêmes  usages. 


XVII.  —  SÉPARATION  DE  L  OR  ET  DE  L'ARGENT 

AU  MOYEN  AGE 

Dans  le  traité  d'orfèvrerie,  dont  nous  possédons  une  copie  datée  de  1478, 
mais  qui  remonte  à  une  époque  plus  ancienne  [Collection,  etc.,  p.  Bo/),  on 
trouve  trois  procédés  pour  effectuer  cette  préparation,  Tun  par  l'eau  régale, 
l'autre  par  l'acide  nitrique,  le  dernier  par  l'antimoine.  Voici  la  transcription 
de  ces  textes,  dont  la  date  inférieure  est  certaine  : 

(N°  42).  —  Eau  pour  extraire  Vor  de  l'asèm  (alliage  d'or  et  d'argent).  — 
«  Prenant  deux  parties  de  sel  ammoniac,  et  3  parties  de  sel  de  nitre,  broie 
bien  dans  un  mortier.  »  On  les  met  en  réaction  prolongée  dans  un  alambic; 
ce  qui  fournit  une  eau  divine  (i). 

«  Quand  tu  voudras  retirer  l'or  de  Tasèm,  coupe  l'asèm  en  morceaux, 
mets-le  dans  l'alambic,  bouche  bien.  Epuise  l'action  de  l'eau  divine  et  mets 
à  part  l'or  :  il  est  à  l'état  pulvérulent.  Agglomère-le  avec  l'outil  à  dorer. 

(N°  43).  — Autre  recette.  —  «  Prends  2  livres  d'alun;  du  sel  de  nitre, 
I  livre;  du  vitriol  romain,  i  livre  et  demie;  broie,  mets  dans  un  alam- 
bic, place  sur  un  fourneau;  ferme  bien,  et  recueille  l'eau  forte.  L'eau  divine 
est  ainsi  confectionnée  en  24  heures  (2). 

«  Quand  tu  voudras  retirer  l'or  de  l'asèm,  mets  l'eau  forte  dans  un  vase  de 
verre  posé  sur  delà  cendre  chaude  :  l'argent  se  dissout  avec  bouillonnement.» 
En  évaporant  la  liqueur,  le  composé  d'argent  reste  au  fond  de  l'alambic. 

(N°  44).  —  Affinage  de  Vor.  —  «  Prenant  de  la  marcassite  (3),  8  onces;  du 


(i)  On  devait  ajouter  un  troisième 
produit,  tel  que  le  vitriol  ou  l'alun,  de 
façon  à  obtenir  de  l'eau  régale.  —  Plus 
haut,  dans  l'article  XVI,  le  nom  d'eau 
divine   s'applique  à  un  Uniment   cal- 


caire. On  voit  combien  le  sens  de  ce 
mot  était  compréhensif. 

(2)  C'est  de  l'acide  nitrique  étendu. 

(3)  Ce  mot  désigne  ici  un  sulfure  d'an- 
timoine naturel. 

19 


286  CHIMIE    DES    ANCIENS 

soufre  4  onces,  fais  fondre  ensemble  dans  le  creuset;  il  se  forme  de  l'anti- 
moine (sulfuré). 

«  Lorsque  tu  voudras  affiner  l'or  en  grains,  mets  l'or  dans  un  creuset  au 
milieu  du  feu.  Ensuite  projette  de  l'antimoine  (sulfuré)  au  milieu  du  creu- 
set, à  ta  volonté,  jusqu'à  ébullition,  etc.  (i).  » 

(No  45).  —  Autre  recette.  —  «  Extrais  l'or  en  poudre  de  l'asèm  (2)  et  place 
la  poussière  dans  le  creuset.  Ensuite,  délaie  avec  l'antimoine,  au  milieu  du 
creuset,  et  fais  chauffer.  Après  cela,  place  sur  une  brique  de  Grèce,  afin  d'af- 
finer et  de  laisser  refroidir.  On  obtient  ainsi  de  l'or  fin,»  —  Dans  ce  procédé, 
l'argent  est  perdu.  Rappelons  que  les  anciens  opéraient  la  séparation  de 
Tor  et  de  l'argent  au  moyen  du  cément  royal  (p.  14). 


XVlll.  —  LES  FLEURS,  LES  PLANTES,  LES  HERBES 

EN  ALCHIMIE 

Le  moi  Jleur  est  employé  par  Dioscorideet  par  Pline  pour  désigner  cer- 
tains produits  métalliques  ou  salins  : 

"AvOo;  '^/xXv.oXi ,  fios  œris,  fleur  de  cuivre,  projetée  par  le  vent  du  soufflet 
pendant  la  coulée  du  métal;  ce  mot  a  désigné  aussi  le  protoxyde  de  cuivre 
et  plus  tard  le  vert  de  gris  (p.  232). 

"Avôoç  àXéç,  Jîos  salis,  efflorescence  saline  :  ce  qui  signifie  suivant  les  cas 
le  sel  marin,  le  sesqui-carbonate  de  soude,  le  sulfate  de  soude  et  le  salpêtre. 

Chez  les  alchimistes,  le  mot  a  pris  un  sens  plus  compréhensif  et  dans 
lequel  intervient  le  double  sens  des  mots  /los  et  àvGoç,  qui  désignent  à  la 
fois  la  fleur  d'une  plante  et  la  couleur  ou  principe  colorant  d'une  dissolution. 

C'est  ce  que  montrent  certains  passages  de  Synésius.  Il  insiste  notam- 
ment sur  la  sublimation  des  matières  volatiles,  appelées  esprits  ou  fleurs 
des  métaux,  assimilées  aux  âmes  des  plantes,  et  désignées  par  les  noms  de 
celles-ci,  conformément  aux  principes  de  la  nomenclature  des  prophètes 
égyptiens  (p.  10  et  1  i).Ce*sont,pournous,  des  oxydes  et  des  sulfures  subliméset 
entraînés  par  les  gaz,  pendant  les  opérations  chimiques.  On  dit  encore  fleurs 

(i)  Cp.  p.  264.  I      (2)  Par  le  procédé  n"  43  ? 


STEPHANUS,    LE    CHRETIEN,    l'aNONYME  287 

aujourd'hui,  dans  un  sens  analogue  qui  remonte  aux  Alchimistes  :  yJears 
argentines  d'antimoine,  fleurs  de  \inc^  fleurs  de  soufre.  On  disait  également 
au  siècle  dernier  :  ^ewr^  ^'a«f /morne,  pour  le  sublimé  Jaune  et  en  partie 
oxydé,  que  fournit  le  sulfure  naturel;  fleurs  rouges  d^antimoine,  pour 
un  sulfure  rouge,  formé  en  présence  du  sel  ammoniac;  fleurs  d'arsenic, 
pour  l'acide  arsénieux  sublimé;  ^etfr^  de  sel  ammoniac,  pour  ce  sel  su- 
blimé; fleurs  de  benjoin,  pour  l'acide  benzoïque  sublimé.  Les  noms  fleurs 
de  safran  et  safrans  désignaient  diverses  matières  minérales  colorées,  des 
sulfures  d'arsenic,  par  exemple  ;  le  safran  des  métaux  était  un  oxysulfure 
d'antimoine;  le  safran  de  Mars,  un  oxyde  ou  sel  basique  de  fer,  etc.  Les 
fleurs  du  alun  sont  l'alun  de  plume  ;  les  fleurs  de  cobalt  sont  une  efflorescence 
minérale  rose,  annonçant  les  mines  de  cobalt. 

Rappelons  encore  que  le  mot  fleur  s'applique. de  nos  Jours  au  velouté  deâ 
fruits,  à  la  farine  la  plus  fine,  aux  mycodermes  qui  se  forment  à  la  surface 
du  vin  et  de  la  bière  altérés,  etc. 

Une  fois  le  mot  fleur  prononcé,  il  était  développé  de  toute  manière,  avec  des 
sens  métaphoriques.  De  même,  dans  d'autres  passages,  certaines  substances 
minérales  sont  appelées  j?/awfe5  ou  herbes  ;  on  assimile  leur  accroissement  à 
celui  des  végétaux  (Olympiodore,  p.  108  ;  Comarius,  p.  283  et  286,  etc.),  et 
les  teintures  métalliques  fugaces  sont  assimilées  aux  couleurs  végétales. 

De  même  encore  les  écailles  ou  morceaux  du  cobathia  rouge,  c'est-à-dire  des 
sulfures  d'arsenic  (p.  245),  sont  assimilés  aux  écorces  et  rameaux  des  palmiers. 
Observons  que  le  même  mot  grec,  çotv.;,  signifiait  rouge  et  palmier,  etc. 

La  connaissance  de  ces  analogies  et  de  ces  assimilations  est  indispensable 
pour  bien  entendre  les  textes  alchimiques. 


XIX.   —  SUR   STEPHANUS  ET  SUR  LES  COMPILATIONS 

DU  CHRÉTIEN  ET  DE  L'.\NONYME 

Les  traités  des  Alchimistes  gréco-égyptiens  ont  été  réunis  en  collection, 
d'abord  par  Zosime  au  ni®  siècle  de  notre  ère,  puis  vers  le  vn*^  siècle,  au 
temps  d'Héraclius,  ainsi  qu'il  a  été  exposé  dans  la  première  partie  de  cette 
Introduction  (p.  200  à  2o3).  Ils  sont  devenus  aussitôt  Tobjet  de  commen- 


288  CHIMIE    DES    ANCIENS 

taires  multipliés,  écrils  par  des  praticiens  d'une  part,  et  d'autre  part,  par 
des  philosophes  mystiques.  En  ce  qui  touche  les  développements  pratiques 
donnés  à  l'antique  doctrine,  nous  rappellerons  qu'ils  ont  été,  depuis  le 
temps  de  Zosime  jusqu'au  xiv*  siècle  et  jusqu'à  la  fin  du  moyen  âge,  consi- 
gnés dans  des  traités  et  dans  des  mémoires  :  nous  avons  publié  ce  qui 
est  venu  jusqu'à  nous  dans  la  Collection  des  anciens  Alchimistes  grecs. 
Parmi  les  commentaires  mystiques,  les  plus  anciens,  d'une  portée  philo- 
sophique incontestable,  ont  été  conservés  dans  les  ouvrages  de  Synésius 
et  d'Olympiodore.  Puis  sont  venus  des  glossateurs  byzantins,  étrangers  à 
l'œuvre  expérimentale,  qui  ont  disserté  sur  les  vieux  traités,  avec  une  sub- 
tilité scolastique  mêlée  d'exaltation.  C'est  à  cet  ordre  de  compositions 
qu'appartiennent  les  livres  de  Stephanus,  du  Philosophe  Chrétien,  et  du 
Philosophe    Anonyme. 

Stephanus  est  un  personnage  connu  (i),  à  la  fois  philosophe,  médecin, 
astrologue  et  professeur,  contemporain  et  courtisan  de  l'empereur  Héraclius 
(vers  l'an  620).  Ses  ouvrages  alchimiques,  rédigés  dans  un  langage  mysti- 
que et  enthousiaste,  n'ont  pas  un  grand  intérêt  scientifique;  le  texte  grec 
en  a  été  publié  par  Ideler  dans  ses  Physici  et  medici  grœci  minores  (2  vol. 
in-8,  Berlin  1841-1842,  p.  199  à  287),  d'après  une  copie  de  Dietz,  faite 
sur  un  manuscrit  de  Munich,  et  collationnée,  paraît-il,  sur  le  vieux  manus- 
crit de  Venise,  dont  le  manuscrit  de  Munich  d'ailleurs  est  lui-même  une 
copie  directe  ou  indirecte  (2).  Cette  publication  laisse  fort  à  désirer,  l'édi- 
teur ayant  transcrit  les  signes  alchimiques  purement  et  simplement,  sans 
les  comprendre,  avec  plus  d'une  erreur,  et  n'ayant  donné  aucune  variante. 
Cependant  elle  permet  de  prendre  une  connaissance  suffisante  de  l'œuvre 
de  Stephanus;  surtout  si  on  la  complète  par  la  lecture  de  la  traduction 
latine  de  cet  auteur,  publiée  en  iS/S,  à  Padoue,  par  Pizimentius,  dans 
l'ouvrage  qui  porte  le  titre  suivant  :  Democriti  de  Arte  magnâ.  Dans 
ces  conditions,  il  ne  nous  a  pas  paru  indispensable  de  faire  une  nouvelle 
édition  de  Stephanus,  notre  publication  étant  consacrée  essentiellement 
aux  œuvres  originales  et  inédites. 

Mais  pour  fournir  au  lecteur  du  présent  ouvrage,  une  connaissance 
complète  des  vieux  alchimistes  grecs,  nous  croyons  utile  de  donner  ici 

(i)  Origines  de  V Alchimie,  p.  199.         |         (2)  Voir  le  présent  volume,  p.   198. 


STEPHANUS,    LE    CHRETIEN,    l'aNONYME  289 

l'analyse  du  Traité  de  Stephanus.  Ce  Traité  se  compose  de  9  Leçons,  adres- 
sées à  l'Empereur  Héraclius,  et  d'une  lettre  à  Théodore. 

La  P^  Leçon  est  une  longue  déclamation  sur  les  merveilles  de  l'Alchimie 
où  l'on  retrouve  reproduits  les  formules  et  les  axiomes  mystiques  des 
anciens  écrivains  :  ce  O  nature  supérieure  aux  natures  et  qui  en  triomphes, 
ô  nature  que  le  traitement  (chimique)  élève  au-dessus  de  toi-même,..,  qui 
tires  le  Tout  de  toi-même  et  qui  l'accomplis....  O  corps  de  la  magnésie,  par 
lequel  se  produit  tout  le  mystère;  ô  source  céleste  où  l'or  découle...  ô  nature 
identique...  dominante  et  dominée...  etc.  »  —  Toutes  ces  merveilles  viennent 
de  Dieu,  à  qui  toute  admiration  doit  être  rapportée.  —  Deux  prières  chré- 
tiennes, au  début  et  à  la  fin,  encadrent  cette  leçon  qui  ne  renferme  que  des 
phrases  vagues,  sans  aucun  renseignement  positif. 

La  Leçon  II  débute  par  ces  mots  :  «  La  multitude  des  nombres  résulte  de 
l'unité  naturelle  et  indivisible  ».  Leur  développement  circulaire  et  sphéri- 
que  dérive  de  la  combinaison  des  nombres  6  et  5  ;  et  ils  sont  disposés  sui- 
vant les  quatre  côtés  semblables  du  carré,  de  façon  à  former  un  tout 
accompli.  —  A  ce  développement  pythagoricien  succède  un  exposé  des 
relations  numériques  des  tons  musicaux;  puis  l'auteur  passe  à  la  révolution 
diurne  du  ciel  autour  de  la  terre  et  aux  rayons  du  soleil  qui  communiquent 
leur  lumière  aux  astres  et  à  la  lune;  ce  qui  l'amène  à  citer  et  a  commenter 
les  phrases  d'Hermès  sur  l'effluve  lunaire  :  «  ce  qui  tombe  de  l'effluve  lunaire; 
comment  on  le  trouve;  comment  on  le  traite  et  comment  cela  possède  une 
nature  qui  résiste  au  feu  (i)  ».  Puis  vient  une  paraphrase  métaphorique  sur  la 
blancheur  lunaire,  l'aphrosélinon  oriental,  la  magnésie  lydienne,  l'antimoine 
d'Italie,  la  pyrite  d'Achaïe,  etc.  Stephanus  cite  alors  la  vieille  phrase  herméti- 
que (2)  :  «  Après  Taffinage,  l'atténuation  du  cuivre,  son  noircissement,  puis 
son  blanchiment,  viendra  le  jaunissement  stable  ».  Et  il  la  commente,  tou- 
jours en  termes  vagues,  pourpasser  ensuite  à  cette  autre  phrase, qui  terminele 
traité  démocri  tain  (3)  :  «rien  n'a  été  omis,  sauf  la  vapeur  et  la  montée  de  l'eau». 
«Ainsi,  dit-il,  le  vieux  maître  vous  révèle  le  Tout,  afin  que  vous  ne  vous 
égariez  pas  dans  la  matière  multiple  (4);  que  vous  n'entendiez  pas  par  là 
le  safran  de  Cilicie,  la  plante  du  mouron,  la  rhubarbe  pontique,  ou  les 


(i)  Cp.  Traduction,  p.  i3i,  i32. 
(2)  Cp.  Traduction, -Ç).  124. 


(3)  Cp.  Traduction,  p.  Sj. 

(4)  Cp.  Traduction,  p.  63. 


290 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


autres  sucs;  non  plus  que  la  bile  des  quadrupèdes  et  des  reptiles,  ou  les 
pierres  et  minéraux  destructibles  :  toutes  choses  contraires  à  la  nature  parfaite 
et  unique.  Il  ne  veut  pas  que  vous  soyez  égarés  parmi  les  fourneaux,^  les 
appareils  de  cuivre,  les  alambics,  les  matras,  leskérotakis,  les  vapeurs,  etc.  » 
Puis  vient  l'éloge  de  la  vapeur  (mercurielle)  :  c'est  le  nard  celtique,  la 
mer  atlantique,  le  minéral  britannique,  l'océan,  couronne  du  monde, 
Tabîme  incommensurable,  etc.  Et  Stephanus  termine,  comme  la  première 
fois,  par  l'éloge  de  la  puissance  divine. 

On  voit  que  ces  leçons  sont  Tœuvre  d'un  bel  esprit  déclamateur,  qui 
cherche  à  éblouir  son  lecteur,  c'est-à-dire  TEmpereur  Héraclius;  mais  il 
ne  fournit  point  de  renseignements  nets  sur  les  opérations  chimiques  aux- 
quelles il  fait  allusion. 

La  Lettre  à  Théodore,  qui  vient  ensuite,  est  d'un  style  tout  différent  et  d'un 
caractère  allégorique  singulier;  elle  fait  allusion  à  des  doctrines  mystiques, 
sinon  mieux  définies,  du  moins  susceptibles  de  donner  lieu  à  certains  rap- 
prochements avec  les  autres  textes.  Le  personnage  auquel  elle  est  adressée 
porte  d'ailleurs  le  même  nom  que  celui  pour  lequel  a  été  écrite  la  dédi- 
cace en  vers,  qui  figure  en  tête  de  notre  Collection  (i),  et  il  n'y  aurait  rien 
d'improbable  à  les  identifier.  Quoi  qu'il  en  soit,  cette  lettre  est  assez  courte 
pour  être  donnée  ici  : 

«  Sache  qu'il  y  a  dans  le  champ  beaucoup  de  laboureurs  inutiles;  si  tu  ne 
les  mets  hors  du  champ,  tu  ne  pourras  en  tirer  profit.  Ce  sont  les  six 
frères  (2)  qui  entourent  le  Claudianos  et  ses  congénères.  Or  il  n'y  en  a  que 
deux  d'utiles  (3)  ;Ia  blancheur  éclatante  ne  sert  à  rien.  —  Le  champ  renferme 
un  serpent  dont  le  souffle  dessèche  ce  lieu  ;  et  (les  frères)  y  deviennent  lan- 
guissants. Je  le  vois,  avec  ses  écailles  de  couleur  variée.  La  naissance  de  sa 
queue  est  blanche  comme  du  lait;  son  ventre  et  son  dos  sont  couleur  de 
safran  (4)  ;  sa  tête  est  d'un  noir  verdâtre.  —  Il  faut  que  tu  partages  le  champ  en 
trois  :  place  les  quatre  frères  (5)  dans  une  partie  ;  et  la  grande  pierre  (6),  dans 


(i)  Traduction,  p.  3-4. 

(2)  Les  six  métaux  autres  que  l'or?  Pro- 
bablement ils  étaient  employés  pour  fa- 
briquerleClaudianos,  alliage  forméplus 
essentiellement  par  deux  d'entre  eux,  le 
cuivre  etle  plomb.  (Cp.  Introd.,  p.  244.) 


(3)  Le  cuivre  et  l'argent? 

(4)  Cp.  la  figure  du  serpent.  Introd., 
p.  159. 

(5)  La  tétrasomie,  ou  ensemble  des 
quatre  métaux  vulgaires 

(6)  La  pierre  philosophais 


STEPHANUS,    LE    CHRETIEN,    L  ANONYME  29 1 

une  partie.  C^est  ainsi  que  les  anciens  tâchent  d'opérer  pour  trouver  (la  chose 
cachée).  Ainsi  opère  Théodore  Magistrianus,  et  Jacques  Cabidarius  l'ensei- 
gne avec  vérité.  —  Ily  a  une  vapeur  humide  et  une  vapeur  sèche  (i).  La  vapeur 
humide  est  extraite  au  moyen  de  l'appareil  à  gorge;  la  vapeur  sèche  (subli- 
mée), au  moyen  de  la  marmite  pourvue  d'un  couvercle  de  cuivre,  par  le  pro- 
cédé employé  pour  tirer  le  mercure  du  cinabre.  En  arrosant  le  (sublimé) 
avec  la  vapeur  humide,  tu  accomplis  l'œuvre  divine.  —  Sache  que  les  miné- 
raux et  vapeurs  sont  tous  des  substances,  ou  bien  le  deviennent;  lorsqu'on 
les  arrose,  elles  deviennent  des  vapeurs  humides.  La  comaris  scythique, 
mélangée  avec  la  vapeur,  suffit  pour  tout  accomplir.  —  Autre  chose  est  la 
Chimie  fabuleuse;  autre  chose  est  la  Chimie  symbolique  et  cachée  (2).  La 
Chimie  fabuleuse  se  répand  (en  vain)  en  une  multitude  de  discours;  tandis 
que  la  Chimie  symbolique  procède  avec  méthode  à  l'ordonnance  du  monde, 
afin  que  l'homme  inspiré  de  Dieu  et  né  de  lui  soit  instruit  par  des  discours 
divins  et  allégoriques  de  la  marche  exacte  de  Pœuvre.  » 

La  Leçon  ///est  intitulée:  Sur  le  monde  matériel.  —  En  voici  le  sommaire. 

«  L'œuvre  chimique  est  l'image  du  monde;  elle  amène  à  l'unité  les  corps 
métalliques  transformés,  en  opposant  leurs  natures.  La  semence,  mise  en 
terre  sous  l'influence  lunaire,  est  conduite  à  perfection  parle  soleil.  Ce  sont 
la  scorie,  la  cadmie,  la  cendre  des  bois  blancs,  les  matières  sulfureuses  chan- 
gées en  cendre,  qui  produisent  l'œuvre  divine,  l'eau  divine  (ou  de  soufre 
natif)...  Pour  ne  pas  être  déçu  par  ton  inexpérience,  écoute  la  parole  d'Her- 
mès (3)  ;  «  Si  tu  vois  que  tout  est  devenu  cendre,  sache  que  la  préparation 
a  réussi  »...  Les  bois  changés  en  cendre  deviennent  incombustibles;  de 
même  les  (minéraux)  étant  brûlés  et  incinérés,  puis  mêlés  à  la  liqueur  d'or, 
résistent  ensuite  au  feu  et  sont  aptes  à  produire  toute  sorte  de  teintures  sur 
les  marbres,  les  terres,  les  pierres,  les  bois,  les  peaux...  » 

Ces  phrases  indiquent  une  sorte  d'essai  de  théorie  de  la  teinture  des  divers 
corps.  Elles  sont  suivies  par  un  exposé  vague  des  transmutations  métal- 
liques, spécialement  des  traitements  que  doit  subir  le  cuivre  pur,  rendu 
((  meilleur  que  l'or  »  (4),  avec  le  concours  de  la  pierre  philosophale  et  de 


(i)  Cp.  Aristote,  dans  ce   volume, 
p.  247. 

(2)  Cp.  Démocrite. Traduction,^.  5i. 


(3)  Cp.    Traduction,  p.  107,   où   cet 
axiome  est  attribué  à  Zosime. 

(4)  Cp.  Traduction,  p.  1 3ô. 


292 


CHIMIE   DES    ANCIENS 


Teau  divine  :  «  ce  sang  qui  teint  tout,  pre'paré  au  moyen  de  notre  instrument, 
comme  le  sang  l'est  au  moyen  du  foie  ».  Suivent  des  comparaisons  anato- 
miques  et  médicales,  rappelant  la  profession  de  Stephanus,  qui  était  à  la 
fois  médecin,  astrologue  et  professeur,  comme  la  plupart  des  savants  de 
cette  époque;  mais  rien  n'indique  dans  son  écrit  qu'il  ait  eu  des  connais- 
sances précises  en  chimie  et  fait  autre  chose  que  commenter  les  vieux  textes. 

La  Leçon  IV  porte  en  sous-titre  :  Sur  ce  qui  sert  à  l'opération.  —  Ce 
sont  encore  des  citations  de  vieux  axiomes  :  «  Un  est  le  Tout,  par  lui  est  le 
Tout,  etc.  (i).  —  Une  seule  nature  accomplit  la  chose  cachée.  —  Si  tu  ne 
dépouilles  la  matière,  si  tu  ne  rends  pas  les  corps  incorporels  (2],  tu  ne 
réussiras  pas.  —  Le  but  de  la  philosophie,  c'est  la  séparation  de  l'âme  et  du 
corps.  »  —  Ces  citations  sont  accompagnées  d'une  paraphrase  enthousiaste 
et  mystique.  Pais  vient  un  texte  singulier,  qui  semble  avoir  un  caractère 
archaïque  et  poétique:  «  Combats,  cuivre;  combats,  mercure;  joins  le  mâle 
à  la  femelle;  c'est  là  le  cuivre  qui  reçoit  la  couleur  rouge  et  l'ios  tinctorial 
doré;  c'est  la  décomposition  d'Isis,  etc Combats,  cuivre;  combats,  mer- 
cure; le  cuivre  est  détruit;  rendu  incorporel  par  le  mercure,  et  le  mercure 
est  fixé  par  sa  combinaison  avec  le  cuivre...»  Reparaît  alors  la  phrase  deDémo- 
crite  :  «  Prends  le  mercure  et  fixe-le  ;  unis-le  au  corps  de  la  magnésie,  etc.  (3)  « . 

ha  Leçon  F  porte  de  même  en  sous-titre  :  Ce  qui  sert  à  l'opération  de 
Vart  divin.  —  L'auteur  débute,  comme  toujours,  par  une  prière;  puis,  dit- 
il,  «  revenons  à  notre  sujet».  Il  pose  toujours  au  début  un  vieil  axiome,  base 
du  commentaire  qui  suit  :  «  Les  sulfureux  sont  dominés  par  les  sulfu- 
reux (4)  ».  Il  parle  des  quatre  éléments  et  de  leurs  dérivés,  au  double  point 
de  vue  médical  et  chimique.  On  lire  de  l'air  le  sang,  principe  chaud  et  hu- 
mide, assimilable  au  mercure;  on  tire  du  feu  la  bile  jaune,  principe  chaud 
et  sec,  assimilable  au  cuivre;  on  tire  de  la  terre  la  bile  noire,  principe  sec 
et  froid,  assimilable  à  la  scorie  ;  on  tire  de  l'eau  le  phlegme  ou  pituite, 
principe  sec  et  humide,  assimilable  à  l'eau  tirée  de  l'or.  —  Les  éléments 
contraires  ne  peuvent  être  unis,  si  ce  n'est  par  quelque  intermédiaire,  possé- 
dantles qualités  des  deuxextrêmes  (5).  Il  existe  ainsi  trois  intermédiaires,  ou 


{\)  Ce  volume,  p.  ]33. 

(2)  Cp.  Traduction,  p.  21,  loi  et  124. 

(3)  Cp.  Traduction,  p.  i32. 


(4)  Traduction,  p.  21. 

(5)  Cp.    Platon,    Timee,    1,    p.    91, 
trad.  de  H.  Martin. 


STEPHANUS^    LE    CHRETIEN,    l'aNONYMÉ  298 

clefs,  pour  chacun  des  4  éléments;  ce  qui  fait  12  combinaisons.  Par  suite, 
l'art  est  assimilé  au  dodécaèdre  et  aux  douze  figures  du  Zodiaque,  lesquelles 
se  rapportent  aux  4  saisons.  Ces  12  signes  sont  parcourus  par  les  7  pla- 
nètes, assimilables  aux  7  couleurs  et  aux  7  métaux.  De  même  les  hommes 
vertueux  seront  introduits  après  7  siècles  par  Jésus-Christ  dans  le  repos 
divin.  —  On  voit  quel  étrange  mélange  d'idées  chimiques,  médicales  et 
religieuses  se  trouve  dans  les  écrits  de  Stephanus. 

Dans  la  Leçon  VI,  l'aUteur  parle  d'abord  des  corps  indivisibles  (ato- 
mes) et  sans  parties,  qui  constituent  tous  les  corps  ;  puis  des  quatre  élé- 
ments, des  3  dimensions  géométriques,  de  la  forme  et  de  la  matière,  des 
deux  exhalaisons  sèche  et  humide  (i),  des  nombres  6  et  9,  du  carré  et  du 
triangle,  et  il  fait  ensuite  l'éloge  de  la  philosophie,  qui  rend  Thomme  sem- 
blable à  Dieu.  Cette  revue  incohérente  des  idées  des  divers  philosophes 
aboutit  au  i*^'"  vers  de  l'énigme  sibyllin  (2),  que  l'auteur  commente  avec  une 
puérilité  emphatiqiie;  puis  il  se  livre  à  une  digression  sur  la  digestion,  et 
il  appelle  Tadmiration  du  lecteur  s^^r  ce  qu'il  vient  de  lire  et  termine  par 
un  retour  à  Dieu. 

La  Leçon  VII  est  encore  un  long  et  incohérent  verbiage,  où  il  est 
question  d'abord  du  molybdochalque,  de  la  phrase  finale  de  Démocrite,  de 
la  rhubarbe  du  Pont  (3),  assimilée  au  travail  de  la  composition  dans  le  mor- 
tier, de  Pammenès  et  de  ses  dires  :  a  Projette  l'or  et  le  corail  d"or  se  pro- 
duira «.  Cet  or  serait  le  molybdochalque.  Et  encore  :  «  Prenant  le  mercure 
tiré  du  mâle  (appevoç),  fixe-le  suivant  l'usage  ».  Stephanus  commente  ce  der- 
nier dire  dans  des  termes  tels  qu'il  semble  ne  pas  avoir  compris  qu'il  s'agis- 
sait ici  du  mercure  tiré  de  l'arsenic,  par  opposition  au  mercure  tiré  du 
cinabre  (4).  Puis  il  cite  la  parole  de  Pébéchius  :  «  Partagez  la  préparation 
en  deux  et  cuisez  le  plomb  -avec  du  bois  de  laurier  dans  la  composition 
blanche  »;  et  plus  loin,  le  dire  d'Ostanès  :  «  Allez  vers  le  courant  du 
Nil  »  :  toutes  citations  accompagnées  de  paraphrases,  mais  dont  on  ne  voit 
pas  l'enchaînement.  Il  semble  ici  que  Stephanus  se  soit  proposé  surtout 
d'éblouir  le  lecteur  par  un  vain  cliquetis  de  sentences. 


(i)  Cp.  Aristote  cité  dans  ce  volume, 
p.  247  et  259. 
(2)  Traduction,  p.  2  56. 


(3)  Cp.  Traduction,  p.  62. 

(4)  Ce  volume,  p.  00,  239  et  2S2. 


294  CHIMIE    DES    ANCIENS 

La  Leçon  VIII  a  pour  sous-titre  :  La  division  de  Vart.  —  Après  l'axiome  : 
«  Rends  les  corps  incorporels  et  donne  un  corps  aux  incorporels»,  viennent 
un  discours  sur  l'emploi  du  mercure  et  de  la  magnésie  et  des  subtilités  alchi- 
miques. «  Le  cuivre  est  comme  l'homme;  il  a  corps  et  âme  »  (i)  ;  comparai- 
son qui  est  suivie  pendant  quelque  temps;  puis  arrive  une  explosion  mysti- 
que, où  la  science  de  l'or  se  confond  avec  la  connaissance  divine. 

Dans  la  Leçon  LY,  l'auteur  revient  encore  une  fois  sur  la  phrase  finale  de 
Démocrite  :  «  rien  ne  manque,  rien  n'est  omis,  sauf  la  vapeur  et  la  montée 
de  l'eau  ».  Il  s'agit,  dit-il,  de  l'eau  tirée  du  vitriol  ;  là  se  trouve  la  généra- 
tion du  cuivre  et  le  vitriol  fait  l'or.  Puis  il  expose  tout  un  commentaire,  quUl 
déduit  comme  un  prédicateur.  Les  quatre  éléments  se  changent  les  uns  dans 
les  autres;  le  feu  devient  terre,  la  terre  devient  eau,  l'eau  devient  air,  et  l'air 
redevient  terre.  Les  qualités  s'opposent  entre  elles,  non  les  substances.  La 
voûte  du  ciel  condense  les  vapeurs  émises  par  la  terre,  à  la  façon  d'une 
marmite  et  de  son  couvercle,  etc.,  phénomènes  comparables  à  la  distilla- 
tion dans  l'alambic.  —  L'argent  amolli  par  le  feu,  absorbe  l'esprit  igné 
provenant  de  la  matière  projetée.  —  Le  fixateur  de  toutes  les  couleurs 
fugaces  est  l'alabastron,  pierre  tout  à  fait  blanche   (2).  —  Ici  sont  cités 
Marie  et  les  écritures  judaïques,  Théophile,  fils  de  Théagène,  qui  dit  : 
«  Il  existe  une  pierre  excellente  dans  le  pays  d'Egypte  »  ;  Agathodémon,  etc.  — 
Tout  provient  d'une  composition  unique,  la  teinture  et  l'objet;  ce  qui  fuit 
et  ce  qui  poursuit;  le  mâle  et  la  femelle,  l'époux  et  l'épousée,  l'élémenl 
actif  et  l'élément  passif.  Puis  ce  sont  les  axiomes  sur  le  serpent,  sur  le 
Tout,  énoncés  par  Chymes.  Stephanus  parle  enfin  du  safran  de  Cilicie,  de 
la  dissolution  dans  l'eau  des  cendres  des  bois  blancs  et,  après  avoir  énoncé 
la  phrase  :  «laisse  descendre  et  cela  s'accomplira  »  —  ïx  -/.àxo)  xal  Y£vr,j£Tat  — 
il  développe  les  relations  des  planètes  et  des  métaux,  dans  un  texte  que  j'ai 
déjà  cité  en  raison  de  son  importance  historique.  Je  rappellerai  que  sur 
ce  point,  le  seul  texte  logique  et  complet  se  trouve  dans  le  ms.  2327  (3); 
le  ms.  de  Saint-Marc  étant  mutilé  à  cet  endroit,  ainsi  que  le  texte  d'après 
lequel  Pizimentius  a  fait  sa  traducion.  Nous  arrivons  ainsi  aux  variantes 
finales  de  la  9»  leçon,  sur  lesquelles  j'ai  exposé  tout  un  ensemble  de  faits  (4) 


(1)  Origines  de  l'Alchimie^  p.  270.      j  (3)  Ce  volume,  p.  84. 

(2)  Traduction,  p.  121.  |  (4)  Ce  volume,  p.  179. 


STEPHANUS,    LE    CHRETIEN,    l' ANONYME  295 

que  mettent  en  lumière  la  filiation  des  manuscrits  :  je  n'y  reviendrai 
pas  ici, 

CetteanalysecaractérisesuffisammentrouvragedeStephanus  et  elle  montre 
pourquoi  il  ne  nous  a  pas  paru  utile  d'en  faire  une  réimpression  spéciale: 
car  il  nerenferme  guère  que  des  déclamations,  sauf  quelques  fragments  de  vieux 
textes  perdus  aujourd'hui  ;  il  a  d'ailleurs  été  imprimé  par  Ideler  et  traduit  en 
latin  par  Pizimentius. 

Il  en  est  autrement  des  ouvrages  du  Philosophe  Chrétien  et  du  Philo- 
sophe Anonyme,  inédits  Jusqu'à  ce  Jour.  Ce  sont  des  compilations,  avec 
commentaires,  faites  d'après  les  vieux  auteurs.  L'étendue  initiale  de  ces 
compilations  n'est  pas  exactement  connue,  les  copistes  y  ayant  rattaché 
successivement  des  morceaux  qui  n'en  faisaient  pas  partie  à  l'origine, 
ainsi  qu'il  sera  expliqué  plus  loin.  Certains  rapprochements,  sinon 
certaines  confusions,  existent  même  entre  les  deux  compilations.  Ainsi 
les  variétés  de  fabrication  sont  ramenées  à  i35,  dans  le  Chrétien  (Collec- 
tion, etc.  VI,  XI,  p.  396),  comme  dans  l'Anonyme  (Collection,  etc.  VI,  xv, 
p.  409);  ces  variétés  sont  rattachées  en  outre  aux  quatre  parties  de  l'œuf 
dans  les  deux  auteurs  (le  Chrétien,  p.  SgS;  l'Anonyme,  p.  409),  puis 
par  voie  de  subdivision  aux  espèces  obtenues  par  voie  sèche,  humide, 
ou  mixte  (le  Chrétien,  p.  894;  l'Anonyme,  p.  4[4),  etc.  Enfin,  sous  le 
nom  de  l'Anonyme,  il  semble  que  plusieurs  auteurs  différents  aient  été 
groupés. 

La  date  initiale  du  Chrétien  et  celle  de  l'Anonyme  seraient  déterminées, 
si  l'on  pouvait  s'en  rapporter  aux  indications  du  manuscrit  du  Vatican  (i). 
En  effet,  le  traité  de  l'Anonyme  (2)  qui  débute  par  les  mots  To  wov  TSTpa- 
[Aspsç...  est  dédié  dans  ce  manuscrit  à  Théodose,  le  grand  Empereur  : 
sans  doute  Théodose  II,  auquel  Héliodore  a  aussi  dédié  son  poème  alchi- 
mique. 

Mais  les  chapitres  sur  les  Soufres,  sur  les  Mesures  et  sur  la  Teinture 
unique  (Collect.  des  Alch.  grecs j  III,  xxi,  xxii  et  xviii),  que  nous  avons 


(i)  Ce  volume,  p.  191.  —  Rapport 
de  M.  André  Berthelot  dans  les  Archi- 
ves des  missions  scientifiques,  3«  série, 
t.  xni  (1887). 


(2)  C'est  le  traité  auquel  nous  avons 
donné  le  titre  :  «  Musique  et  Chimie  », 
Collect.  des  Alch.  grecs.,  VI,  xv;  voir 
aussi  III,  XLiv. 


296  CHIMIE    DES    ANCIENS 

publiés  dans  les  œuvres  de  Zosime^  et  qui  font  partie  de  la  compilation  du 
Chrétien  dans  les  manuscrits,  sont  aussi  dédiés  au  grand  Empereur  Théo- 
dose dans  le  manuscrit  du  Vatican.  Dans  le  premier  de  ces  chapitres,  les 
deux  premières  lignes  [Texte  grec,  p.  174,  1.  1 1  et  12)  sont  supprimées,  et 
Tauteur  débute  par  ces  mots  :  'Istssv,  w  xpâr.aTc  BaaiXeli  ;  puis  il  continue 
par  :  'ir.  cj  [i-ôvov  h  ç-.Xsscçoç,  etc.,  comme  à  la  ligne  i3,  jusqu'à  la  dernière 
ligne  du  chapitre.  Cette  suppression  et  cette  interpolation  sont  suspectes, 
et  il  est  permis  de  supposer  que  le  nom  de  Théodose  a  été  ajouté  après 
coup,  comme  il  est  arrivé  trop  souvent  dans  ce  genre  de  littérature.  Parmi 
les  autres  chapitres  de  ces  mêmes  compilations,  ceux  qui  ne  sont  pas  trans- 
crits d'après  les  vieux  auteurs  roulent  sur  des  subtilités  d'une  assez  basse 
époque,  et  ils  sont  assurément  plus  modernes  que  Synésius  et  Olympio- 
dore,  contemporains  effectifs  de  Théodose. 

On  trouve  dans  l'œuvre  du  Chrétien,  telle  qu'elle  est  transcrite  dans  le 
manuscrit  de  St-Marc,  une  autre  mention  qui  paraît  plus  moderne  et  plus 
authentique,  car  elle  ne  s'en  réfère  pas  au  nom  d'un  empereur  :  c'est  la 
dédicace  à  Sergius  du  traité  sur  l'Eau  divine  :  il  s'agit  probablement  de 
Sergius  Resaïnensis,  traducteur  syriaque  des  Philosophes  grecs,  qui  a  vécu 
à  la  fin  du  vi^  siècle  (i).  Était-il  vraiment  contemporain  du  Philosophe 
Chrétien  ?  On  pourrait  en  douter  à  la  rigueur,  si  l'on  s'attachait  à  la  cita- 
tion du  nom  de  Stephanus  (2),  reproduit  dans  l'un  des  chapitres  du  Chré- 
tien :  «  Sur  l'exposé  détaillé  de  l'œuvre  »;  chapitre  que  nous  avons  publié 
dans  les  œuvres  de  Zosime  (III,  xvi),  en  raison  des  indications  qui  y 
sont  contenues  et  parce  qu'il  renferme  des  fragments  extraits  de  Démo- 
crite.  Mais  tous  ces  textes  ont  été  tellement  interpolés  par  les  copistes, 
que  l'on  ne  doit  pas  attacher  une  signification  trop  absolue  à  de  semblables 
citations,  ajoutées  souvent  après  coup.  En  fait,  je  serais  porté  à  regar- 
der la  dédicace  à  Sergius  comme  la  seule  tout  à  fait  authentique,  et 
par  conséquent  à  fixer  la  date  du  Chrétien  à  l'époque  de  cet  écrivain, 
c'est-à-dire  un  peu  avant  Stephanus.  On  serait  également  reporté  vers 
une  époque  qui  ne  peut  guère  être  abaissée  au  delà  du  V  ou  VI«  siècle, 
par  les   opinions  relatives   à  la  nécessité    de   la  grâce   divine,   opinions 


(i)  Origines  de  l'Alchimie,  p.  2o5.  |  (2)  Zosime,  p.  162. 


STEPHANUS,  LE  CHRÉTIEN,  L  ANONYME  297 

exposées  dans  le  morceau  VI,  i,  surla  Constitution  de  l'or.  {Collection^  etc., 
p.  385.) 

Quant  au  Philosophe  Anonyme,  il  cite  aussi  Stephanus,  non  en  passant, 
mais  dans  un  développement  historique,  relatif  aux  autorités  alchimiques 
{Collection,  etc.,  VI,  xiv),  et  Je  pense  dès  lors  qu'il  doit  être  regardé  comme 
postérieur.  Mais  il  pourrait  être  contemporain  avec  les  auteurs  pseudonymes 
des  Traités  perdus,  attribués  à  Héraclius  et  à  Justinien  (i).  L'attribution  de 
certains  chapitres  à  l'Anonyme  offre  d'ailleurs  diverses  confusions,  qui 
semblent  indiquer  plusieurs  écrivains. 

Entrons  maintenant  dans  des  détails  plus  circonstanciés  sur  la  compila- 
tion du  Chrétien.  La  forme  la  plus  moderne  et  la  plus  développée,  sous 
laquelle  nous  possédions  cette  compilation,  est  celle  qui  existe  dans  le 
manuscrit  Lb  (225 1  de  Paris),  copié  vers  le  milieu  du  xvii*  siècle;  en  vue, 
ce  semble,  d'une  publication  qui  n'a  pas  eu  lieu.  Le  copiste  a  pris  comme 
base  le  manuscrit  E  (2829  de  Paris),  un  peu  plus  ancien,  qu'il  a  d'abord 
enrichi  par  des  additions  marginales;  il  a  fait  subir  ensuite  aux  textes  des 
remaniements  considérables,  lesquels  le  plus  souvent  ne  sont  pas  des  amé- 
liorations ;  enfin  il  a  complété  la  compilation  du  Chrétien,  en  y  intercalant 
des  morceaux  qui  n'en  font  pas  partie  avec  pleine  certitude  dans  les  autres 
manuscrits  (sauf  E). 

Nous  allons,  pour  préciser  la  discussion,  donner  un  tableau  comprenant 
les  53  chapitres  attribués  au  Chrétien  dans  le  manuscrit  L  et  ceux  qui  lui 
sont  attribués  dans  le  manuscrit  E;avec  l'indication  des  feuillets  de  M 
(manuscrit  de  St-Marc,  xi«  siècle),  de  B  (2325  de  Paris;  xiii^  siècle),  et  de 
A  (2327  de  Paris,  xv«  siècle),  où  se  trouvent  certains  de  ces  chapitres, 
ainsi  que  celle  des  feuillets  du  manuscrit  du  Vatican,  qui  en  renferment 
quelques-uns  ;  nous  y  joindrons  les  numéros  correspondants  de  la  vieille 
liste  du  manuscrit  de  St-Marc  (2);  enfin  les  numéros  de  notre  propre  publi- 
cation des  Alchimistes  grecs,  où  ces  divers  chapitres  sont  imprimés. 
Cela  fait,  nous  examinerons  de  plus  près  la  composition  même  de  la  com- 
pilation. 


(i)  Ce  volume,  p.  176,214;  Co//ec/ion,     |         (2) /n/ro<f.,  p.  175. 
etc.,  p.  368. 


298  CHIMIE    DES    ANCIENS 

Tableau  des  Chapitres  du  Philosophe  Chrétien 


TITRES 


Constitution  de  l'or... 
L'espèce  est  composée, 
fabrication  du  Tout.. 


Autre  traitement      

La  chaux  des  anciens,  etc.. 

Les  espèces  de  l'Eau  divine. 

Désaccord  des  anciens 

Traitement  de  l'Eau  divine 

en  général 

Fabrication  de  l'Eau  mysté 

rieuse 


Objection  concernant  l'Eau 

divine,  etc  

Variétés  de  la  fabrication.. 

Figures  géométriques 

Ecrits  secrets  des  anciens. . 

Laines  teintes 

Poudre  noire. 

Comaris _ 

Traitement  après  l'iosis 

Les  mœurs  du  Philosophe. 

Serment 

La  poudre  sèche 

L'iosis,  etc 


Lb 

(225l) 


chapi- 
tres 


5  à   i3 


Lavage  de  la  cadmie 

Sur  la  teinture 

Sur  le  jaunissement;  l'Eau 

aérienne 

L'écrit   authentique  de  Zo- 

sime 

Les  quatre  corps  métalliques. 
Diversité  du  cuivre  brûfé  . 
L'Eau  divine  est  composée. 

Choix  du  moment. 

Exposé  détaillé  de  l'œuvre. 


Substance  et  non  substance 

Teinture  unique ... 

Les  quatre    corps   aliments 

des  teintures 

Alun  rond  

Sur  les  soufres 

Sur  les  mesures 

Comment  on  brûle  les  corps 

Mesure  du  jaunissement 

Sur  l'Eau  divine , 

Préparation  de  l'ocre 

Traitement  du  corps  de   1; 

magnésie 

Corps  de  la  magnésie 

Pierre  philosophale 


E 

(2329) 


chapi- 
tres 


4 

5  à 


14 
i5 


16 


17 


iS  à  20 
21 
22 

23 

24 

25 

26 

27 

28 

suite 

29 
3o 

3i 
d» 

32 

33 

34  et  35 

36 

II 
39 


40 
41 

42 
43 
44 

47 
4« 
49 

5o 

i5 

!  et  53 


M 
(Saint- 
Marc) 


i3 
14 

i5 


17  à   18 
u"  omis 

d» 

d» 

23 

It 
26  (sic) 
26  [sic) 

27 

28 
29 

3o 
3i 

32 

33 
34  et  35 

36 
sans  no 

38 
39 


40 
41 

îl 

44 
45 
46 
47 
48 

49 


5o 
5i 
52  et  53  manque 


folios 


iio  r. 

96  r. 

97  r. 

08  v. 

99  '"• 

a  101  r 

101  r. 

suite 

suite 

io3  r.  et 
iigr.C) 

119  r. 
122  r. 
124  r. 
124  V. 

127  V. 
suite 

d» 
do 

128  r. 

178   v. 

i36  V. 

suite 

137  r. 
137  V. 

i37  V. 

manque 
141   V. 

144  r. 
144  r. 

144  V. 

145  V. 


A 

2327) 


149 

i5o 


130   V. 

i5i  r. 


folios 


92   V. 

94  r- 

suite  du 

précéda 

do 

97  r. 
99  '■• 
suite 


d» 

loi  r. 
io3  V. 
io5  V. 

106  r. 
109  r. 
suite 

d» 

do 
109  V. 

109  V. 

110  r. 
suite 

110  V. 

111  r. 
m  r. 

1 12  r. 

11 3  V. 

1 15  V. 

116  r. 
116  V. 
118  r. 


122  r. 
122  r. 


123 
123 


suite 
jusqu'au 
161 


B 

î325) 


folios 


91   r. 

Q4  '"• 

suite  du 

précéd' 

d« 

98  r. 
loi  V. 
suite 


suite 

îusqu'au 

i36  r. 


Vat. 


folios 


manque 


VIEILLE 
LISTE 

de  M 


103  r. 
108  r. 
i  i  1  r. 

1 1 1    V. 

ii5  V. 

116  r. 

d" 
do 
do 

Ilfi  V. 

do 

117  r. 


i36  r. 


117  V. 

118  r. 


I2J  r. 
123  r. 


124 


l32    V. 

i33  V. 

i34  r. 
i35  r. 


jusqu  au( 


i3o  > 

d" 
do 


128  V. 

129  r. 


à   partir 
du  §  i3, 

f.    127 


manque    106  v 


numé- 
ros 


3i 
3i 

32 

48? 
48 

do 


do 
do 

do 

do 
48 
do 
do 
d» 


manque 
48 


d» 


1 17  V. 

118  V. 

■■'do'" 

119  V. 

do 

114  V. 

ii3  V. 

d" 

109  V. 

do 

1 12  r. 

33 

? 

NOTRE 
PUBLICA- 
TION 


manque 


VI,  I. 
IV,  VI. 

IV,  VII. 
IV,  VIII. 

IV,ixàxvni. 
VI,  II. 
VI,  m. 

VI,  IV. 


VL  V. 

VL  VI  à  IX. 
VI,  X. 
VI,  xr. 
VI,  XII. 
V,  XII. 
V.  xiir. 
V,  XIV. 
V,  XV. 

I,  XIV. 
I,  XI. 

m,  XXXI. 

m,  xxxii  à 

XXXV. 
III,   XXXVI. 
III,     XXXVII. 

m,  xxxvni 
et  xxxix. 

m.  XI. 

III,  xu. 
III,  XllI. 

III,    XIY. 

m,  XV. 


III,    XVI. 

m,  XVII. 

III,  xvm. 

III,  XIX. 
III,  XX. 

m,  XXI. 

III,  XXII. 

III,  XXIII. 

III,  XXIV. 

III,  XV. 

III,  XXVI. 

III,  XXVII. 

III,    XXVIII. 
III,  XXIX. 


(j)  Traité  coupé  en  deux  par  le  relieur.  [Ce  volume,  p.  184,) 


STEPHANUS,    LE    CHRETIEN,    L  ANONYME  299 

Si  l'on  examine  cette  liste  de  chapitres,  on  reconnaît  aisément  qu'elle  se 
décompose  en  plusieurs  groupes,  qui  étaient  séparés  dans  les  plus  anciens 
manuscrits  et  attribués  à  des  auteurs  différents.  Tels  sont  d'abord  les 
chapitres  2,  3,  4  et  5,  jusqu'à  1 3,  lesquels  paraissent  répondre  à  nos  numéros 
31  et  32  de  la  vieille  liste  de  St-Marc  (ce  volume,  p.  175),  désignés  sous  le 
nom  de  chapitres  d'Agathodémon,  Hermès,  Zosime,  Nilus,  Africanus; 
tandis  que  les  chapitres  véritables  du  Chrétien  y  figurent  sous  nos  numéros 
33,  47  et  48  :  le  numéro  33  répond  au  chap.  48  sur  Teau  divine  ;  le  numéro  47 
représente  le  chapitre  5  (Constitution  de  l'or),  qui  est  un  traité  spécial  ; 
enfin  le  n°  48,  comprenant  3o  chapitres  sur  la  Chrysopée,  d'après  la  vieille 
liste,  répond  sensiblement  au  groupe  des  34  chapitres  de  Lb,  compris  depuis 
le  ch.  14,  jusqu'au  chapitre  47  ;  surtout  si  l'on  en  défalque  l'Ecrit  authentique 
de  Zosime  (ch.  23),  qui  manque  dans  M  ;  ainsi  que  les  Mœurs  du  Philosophe 
et  le  Serment  (ch.  28),  qui  appartiennent  à  un  autre  ordre  d'idées.  Les  cha- 
pitres 49,  5o,  5i  ont  le  caractère  d'extraits  anciens,  analogues  aux  ch.  2  a  i3. 
Quant  aux  ch.  52  et  53  (Pierre  philosophale),  c'est  une  addition  postérieure, 
manquant  dans  M  et  dans  B. 

Nous  aurions  donc  un  premier  ensemble  de  la  compilation  du  Chrétien, 
comprenant  les  chapitres  14  à  47  de  Lb  (sauf  les  déductions  précitées),  et 
représenté  dans  la  vieille  liste  de  St-Marc  par  le  n°48,  qui  comprenait  lui- 
même  3o  chapitres.  Plus  tard,  dans  le  type  qui  a  servi  au  copiste  du 
manuscrit  actuel  de  St-Marc,  on  aurait  ajouté  les  chapitres  d'extraits  que 
nous  comprenons  sous  les  n"^  31  et  32,  c'est-à-dire  les  chapitres  2  à  i3  : 
la  Constitution  de  Tor  (ch.  j)  répondant  au  numéro  47,  paraît  avoir  été 
toujours  à  part,  de  même  que  le  chapitre  48,  répondant  au  n<^  33  sur  l'eau 
divine.  —  Les  n^^  31  et  32  semblent,  je  le  répète,  ainsi  que  les  chap.  49,  5o, 
5i,  représenter  un  groupe  d'extraits  plus  anciens,  qui  sera  venu  se  con- 
fondre avec  la  compilation  du  Chrétien.  En  tout  cas,  les  chap.  52  et  53  ne 
faisaient  pas  encore  partie  de  la  collection  copiée  dans  le  manuscrit  de  St- 
Marc  (xi''  siècle),  ni  même  dans  le  manuscrit  B  (xni"  siècle)  ;  mais  ils  y  sont 
entrés  dans  le  type  qui  a  servi  au  copiste  des  manuscrits  A,  E,  Lb. 

Dans  le  manuscrit  du  Vatican,  il  manque  la  majeure  partie  des  chapitres 
du  Chrétien  ;  deux  groupes  d'articles  seulement  s'y  trouvent  :  l'un  va  du 
ch.  36  au  ch,  5i  ,  l'autre,  du  ch.  24  au  ch.  27.  Ce  dernier  groupe  offre  un 


300  CHIMIE    DES    ANCIENS 

caractère  spécial  et  technique,  sur  lequel  nous  allons  revenir.  Mais  il  est 
difficile  de  tirer  des  inductions  trop  absolues  de  ces  lacunes. 

Indiquons  maintenant  la  nature  des  sujets  traités  et  expliquons  comment 
nous  avons  été  conduit  à  démembrer  la  compilation  du  Chrétien,  pour  en 
reporter  un  certain  nombre  de  morceaux  dans  les  parties  précédentes.  Ce 
démembrement  était  toutindiquépar  notre  plan,  danslequel  nous  nous  effor- 
cions de  reconstituer  les  textes  avec  leur  caractère  le  plus  ancien.  Or  la  com- 
pilation du  Chrétien  a  été  faite  à  l'origine  en  vertu  du  système  général  suivi 
par  les  Byzantins,  du  viii°  au  x"  siècle,  période  pendant  laquelle  ils  ont  tiré 
des  anciens  auteurs  qu'ils  avaient  en  main  des  extraits  et  résumés,  tels  que 
ceux  de  Photius  et  de  Constantin  Porphyrogénète.  Ce  procédé  nous  a  con- 
servé une  multitude  de  débris  de  vieux  textes;  mais  il  a  concouru  à  nous 
faire  perdre  les  ouvrages  originaux.  Un  semblable  résultat  a  été  particu- 
lièrement regrettable  en  ce  qui  touche  les  ouvrages  scientifiques,  que  leurs 
abréviateurs  comprenaient  mal,  négligeant  la  partie  technique  pour  s'atta- 
cher aux  morceaux  mystiques  et  déclamatoires.  Quoi  qu'il  en  soit,  les  livres 
originaux  n'existent  plus  (i)  et  le  problème  est  de  les  rétablir,  autant  que 
possible,  à  l'aide  des  fragments  conservés  par  les  abréviateurs.  C'est  le  travail 
qui  a  été  fait  pour  les  historiens  antiques  et  c'est  celui  que  j'ai  essayé  d'exé- 
cuter pour  les  alchimistes. 

Voilà  comment  j'ai  restitué  à  Zosime  et  aux  vieux  auteurs  les  fragments, 
souvent  altérés  et  modifiés  par  des  commentaires  ultérieurs,  qui  se  retrou- 
vent dans  les  compilations  du  Chrétien  et  de  l'Anonyme  ;  les  chapitres  29  à 
53  deLb,  notamment,  ont  ainsi  passé  dans  la  III«  partie  de  la  Collection  des 
Alchimistes  gf-ecs  ;  les  chapitres  2S  et  2S  bis  dQ  Lb,  qui  ont  une  physionomie 
spéciale,  ont  été  reportés  dansla  partie  1.  Les  chapitres  2  a  1 3,  que  j'ai  signalés 
plus  haut  comme  extraits  de  vieux  auteurs,  d'après  l'ancienne  liste  de  Saint- 
Marc,  sont  rentrés  dans  la  IV*"  partie.  Les  chapitres  24  à  27,  qui  se  distinguent 
tout  à  fait  par  leur  caractère  technique,  ont  été  maintenus  dans  la  V^  partie. 
Il  ne  faut  pas  se  dissimuler  que  cette  répartition  prête  un  peu  à  l'arbitraire. 
Cependant  elle  me  semble  préférable  au  système  qui  consisterait  à  conserver 
en  bloc  ces  compilations.  Le  tableau  ci-dessus  constate  d'ailleurs  l'état  exact 

(1)  Cp.  Ce  volume,  p.  277. 


STEPHANUS,    LE    CHRÉTIEN,   L'ANONYME  3oi 

du  Chrétien  dans  les  manuscrits,  indépendamment  de  toute  hypothèse. 
Ce  travail  d'élimination  terminé,  il  est  resté  encore  un  nombre  considé- 
rable de  morceaux,  se  rattachant  plutôt  à  la  classification  générale  de  la  compi- 
lation qu'à  des  sujets  scientifiques  déterminés;  c'est  ce  résidu  qui  constitue 
les  chapitres  du  Chrétien,  tels  qu'ils  ont  été  transcrits  des  manuscrits,  dans 
la  Vie  partie  de  la  Collection  des  Alchimistes  grecs. 


•20 


ADDITIONS  ET  CORRECTIONS 


P.  i3.  —  Sur  le  parfum  appelé  Kyphi,  voir  l'article  de  M.  Loret,  Journal 
Asiatique,  viii^  s.,  t.  X  (Juillet  et  Août  1887).  —  Il  existe  plusieurs  textes 
hiéroglyphiques,  relatifs  à  ce  corps,  deux  sculptés  dans  les  chambres  du 
temple  d'Edfou,  et  un  à  Philas  (voir  le  présent  volume,  p.  200;  Traduction, 
p.  253;  —Orig.  de  FAlch.,  p.  38). 

P.  85.  —  Planète  Hermès  assignée  à  TEmeraude.  —  Rulandus  [Lexicon 
Alchemiœ,  p.  436)  rapporte  aussi  cette  affectation,  que  nous  avons  donnée 
dans  la  liste  planétaire  des  métaux  [Traduction,  p.  25,  n"  6).  Cette  assimila- 
tion de  l'émeraude  aux  métaux  est  conforme  aux  idées  des  Egyptiens,  qui 
rangeaient  le  mafek  (émeraude)  et  le  chesbet  (saphir)  dans  la  liste  des  métaux 
[Orig.  de  PAlch.,  p.  217  à  224).  Notons  qu'il  a  existé  en  Egypte,  dans  le 
Haut-Empire,  des  monnaies  de  verre  (Lenormant,  La  Monnaie  dans  l'Anti- 
quité, t.  I,  p.  214),  et  l'usage  s'en  est  perpétué  aux  époques  byzantine  et 
arabe;  ce  qui  rentre  dans  les  mêmes  analogies. 

P.  108,  1.  7,  et  p.  112,  1.  21.  —  Le  signe  de  l'alun  (cercle  partagé  par 
plusieurs  rayons)  se  rencontre  aussi  dans  le  Papyrus  magique  574  du  Sup- 
plément grec  de  la  Bibliothèque  nationale  de  Paris,  et  un  signe  analogue 
existe  dans  le  Papyrus  de  Londres,  publié  récemment  à  Vienne  par  M.  Wes- 
sely .  Mais  le  sens  de  ce  signe  n'est  pas  le  même  dans  ces  papyrus  que-dans  les 
écrits  alchimiques.  Il  pourrait  plutôt  être  rapproché  des  étoiles  à  8  rayons 
de  la  Ghrysopée  de  Cléopâtre  (p.  i32),  lesquelles  semblent  dériver  d'un 
symbole  assyrien  du  soleil  [Orig.  de  l'Alch.,  p.  63). 

P.  1 1 5,  1.  20,  et  p.  119,  1.  20,  effacez  le  mot  «  soie  ?  ». 

P.  120, 1.  24. —  Le  signe  de  la  myrrhe  (Z  coupé  par  un  petit  p,  ou  Z)  existe 
aussi  dans  les  Papyrus  magiques  publiés  par  M.  Wessely  (voir  encore  le 
présent  volume,  p.  116,  1.  23,  où  ce  signe  redoublé  a  un  autre  sens.1 

P.  174,  1.  14.  —  c  Stephanus  d'Alexandrie,  philosophe  œcuménique  et 
maître».  — M.  Usener  a  publié  récemment  un  mémoire  sur  cet  auteur,  accom- 
pagnant un  petit  traité  astrologique  qui  lui  est  anv'ihné  [De Stephano  Alexan- 
drino  Commentatio,  Bonn,  1880).  D'après  ce  mémoire,  le  titre  de  maitre 
œcuménique  était  celui  d'un  professeur  enseignant  dans  le  Palais  impérial 


304  CHIMIE    DES    ANCIENS 

de  Constantinople,  avec  douze  savants  auxiliaires.  Il  donnait  ses  leçons 
dans  une  bibliothèque  fondée  par  Julien  et  qui  aurait  été  brûlée,  avec  les 
savants  qui  Toccupaient,  par  Léon  l'Isaurien,  en  725,  —  Stephanus  y 
expliquait  Platon,  Aristote,  la  Géométrie,  l'Arithmétique,  la  Musique,  la 
Chimie,  TAstronomie  et  l'Astrologie,  Les  neuf  leçons  de  cet  auteur,  qui 
existent  dans  les  manuscrits  qu'Ideler  a  publiées,  et  que  j'ai  résumées  (ce 
volume,  p,  289),  répondent  bien  à  cette  énumération.  Outre  ces  leçons,  le 
traité  astronomique  et  astrologique  précité  et  les  ouvrages  médicaux  cités 
dans  Fabricius,  il  existe  un  commentaire  de  Stephanus  sur  Aristote,  publié 
par  M,  Hayduck  en  1884,  à  Berlin,  dans  la  Collection  des  Commentaires 
grecs  d'Aristote,  t.  XVIII,  3^  partie,  d'après  le  Ms.  2064  de  Paris, 

P.  176.  —  Sur  les  Traités  de  Justinien.  —  On  a  vu  dans  ce  volume  (p.  176) 
quUl  avait  existé  autrefois  dans  la  CoUeciion  alchimique  divers  Traités, 
attribués  à  l'Empereur  Justinien  (Justinien  II  ?)  et  dont  les  titres  sont  con- 
servés dans  la  vieille  liste  du  manuscrit  de  Saint-Marc  (p,  174,  178,  i83, 
187,  190),  L'ensemble  de  ces  Traités  est  aujourd'hui  perdu.  Cependant 
j'ai  reproduit  (p,  214),  d'après  le  Codex  Vossianus  de  Leidc,  un  fragment  sur 
l'œuf  philosophique,  qui  en  est  extrait.  En  imprimant  notre  Collection, 
nous  avons  retrouvé  un  chapitre  entier,  tiré  de  ces  mêmes  Traités,  et  qu'il 
paraît  utile  de  signaler  \c\[Texte  grec,  p.  384-387;  Traduction,^.  368-371). 
Ce  qui  en  augmente  l'intérêt,  c'est  que  la  fin  de  ce  chapitre,  relative  à  la  sco- 
rie, fin  déjà  donnée  à  la  suite  d'Olympiodore  {Traduction,  p,  i  i3-i  14),  figure 
dans  le  ms,  de  Venise  avec  des  paroles  magiques,  comme  le  commentaire  de 
la  mystérieuse  formule  de  TEcrevisse,  laquelle  était  réputée  contenir  le  secret 
delà  transmutation  (ce  volume,  p.  i52). 

P.  1 77, 1.  10.  —  Au  lieu  des  mots  «  huile  aromatique  »,  lisez  «  lessive  » , 

P,  181,  1.  i5.  —  Le  passage  de  Stephanus  relatif  aux  relations  entre  les 
métaux  et  les  planètes  a  été  donné  in  extenso,  à  la  p.  84. 

P.  209,  210,  257. —  Le  mot  jnassa  ou  ma^a  (masse  de  pâte  ou  de  métal), 
donné  par  les  alchimistes  grecs  comme  synonyme  d'un  ferment  métallique 
(ce  volume,  p.  29,  57  et  209;  et  Traduction,  p.  73,  147,  209,  238),  et  aussi 
comme  titre  de  la  Chimie  de  Moïse  {Traduction,  p,  180),  s'est  perpétué 
pendant  le  moyen  âge,  où  il  a  désigné  l'Alchimie  en  général,  ainsi  que  je 
l'ai  rappelé  (p,  209  et  257),  Je  citerai  encore  un  Traité  alchimique,  intitulé  : 
Consilium  conjugii  seu  de  Massa  Salis  et  Lunœ  {Bibliotheca  Chemica  de 
Manget,  t.  II,  p.  235),  traité  d'origine  arabe,  ou  plutôt  juive  comme  la  Chi- 
mie de  Moïse  ;  il  est  postérieur  à  la  Turba  philosophorum,  mais  il  appartient 
à  la  même  tradition.  Observons  que  le  mot  hébreu  «  maza  »  veut  dire 
azyme,  c'est-à-dire  pâte  sans  levain. 


TABLE    ANALYTIQUE 


DE    L  INTRODUCTION 


A  L'ÉTUDE  DE  LA  CHIMIE  DES  ANCIENS   ET  DU   MOYEN  AGE 


Préface. 


r«  Partie.  Liste  des  mémoires. 


I.  —  Les  Papyrus  de  Leide. 


Pages 

.      V 


3 


Leur  publication,  —  L'alchimie 
est  sortie  des  pratiques  des  or- 
fèvres égyptiens  pour  imiter  les 
métaux 5 

Concordance  entre  les  papyrus  et 
les  textes  des  manuscrits  alchi- 
miques         5 

Origine  des  papyrus  de  Leide. ...       7 


Papyrus  V.  —  Formules  magi- 
ques. —  Gnosticisme S 

Auteurs  cités.  —  Agathodémon. . .       9 

Noms  sacrés  des  plantes.  —  No- 
menclature prophétique  de  Dios- 
coride.  —  Noms  alchimiques. . .     10 

Recette  d'encre.  —  Encre  mys- 
tique       12 

Procédé  pour  affiner  l'or.  —  "Iwa^î. 
—  Recette  de  Pline.  —  Cément 
royal  des  modernes i3 

Papyrus  T^gnostique. —  Ouvra- 
ges apocryphes  de  Moïse.  — 
Affinités  juives 16 

Nom  de  Dieu.  —  Serpent  qui  se 
mord  la  queue,  etc 17 

Nitre  tétragonal.  —  Invocation. — 
Récit  de  la  création iS 

Papyrus  X.  —  Science  des  alliages. 


—  Recettes  conformes  à  celles 
des  alchimistes 19 

Définition  du  mot  or.  —  Imita- 
tions. —  Nécessité  des  formules 
magiques 20 

Description  du  papyrus.  —  Son 
contenu 22 

Teinture  des  métaux.  —  Recettes 
répétées.  —  Notes  de  praticiens.    23 

Auteur  cité  :  Phiménas  ou  Pam- 
menès 24 

Signes  de  l'or  et  de  l'argent.  — 
Articles  sur  les  métaux  et  sur  la 
teinture  en  pourpre.  —  Extraits 
de  Dioscoride.  —  Article  mer- 
cure      2  5 

Traduction  des  90  articles  relatifs 
aux  métaux 28 

1 .  Purification  et  durcissement  du 

plomb 28 

2.  Autre  purification  de  l'étain.  — 

3.  Purification  de  l'étain  que 
l'on  jette  dans  le  mélange  de 
l'asènu  —  4.  Purification  de 
l'étain.  —  5.  Fabrication  de 
l'asèm.  —  6.  Doublement  de 
l'asèm.  —  7.  Masse  inépui- 
sable ou  perpétuelle 29 

S.  Fabrication  de  l'asèm.  —  9.  Fa- 
brication de  l'asèm  fusible.  — 

10.  Doublement  de  l'asèm,  — 

1 1 .  Fabrication  de  l'asèm 3o 

12.    Fabrication    de    l'asèm.    — 


3o6  CHIMIE    DES 

Pages 

i3.   Fabrication  du  mélange.  \ 

—  14.    Fabrication    du    mé-  j 
lange  pour  une  préparation.  \ 

—  i5.  Coloration  de   l'or....     3i  j 
if).     Augmentation     de    l'or.     —  \ 

17.  Fraude  de  l'or.  —  18.  Fa  \ 

brication  de  l'asèm 32 

19.  Autre  formule.  —  20.  Autre 
formule.  —  20^''*  (Sans  titre).     33 

21.  Traitement  de  l'asèm  dur.  — 
22.  Autre  formule.  —  23. 
Blanchiment  du  cuivre ■    04 

24.  —  Durcissement  de  l'étam.  — 
25.  Enduit  d'or.  —  26  Puri- 
fication de  l'argent.  —  27.  Co- 
loration en  argent.  —  28.  Fa- 
brication du  cuivre  pareil  à 
l'or 35 

29.  Fabrication  de  l'asèm  fusible. 

—  3o.  Fabrication  de  l'asèm. 

—  3 1 .  Préparation  de  la  chry- 
socolle. —  32.  Reconnaître  la 
pureté  de  l'étain.  —  33.  Fa- 
brication de  la  soudure  pour 
travailler  l'or 36 

34.  Procédé  pour  écrire  en  lettres 
d'or.  —  35.  Autre  recette.  — 
36.  Fabrication  de  l'asèm  noir 
comme  l'obsidienne.  —  37.  Fa- 
brication de  l'asèm. —  38.  Pour 
donner  aux  objets  de  cuivre 
l'apparence  de  l'or 37 

3g.   Écriture   en   lettres   d'or.   — 

40.  Fabrication  de  l'asèm.  — 

41.  Autre  procédé.  —  42.  En- 
duit du  cuivre.  —  43.  Essai  de 
l'or 38 

44.  Essai  de  l'argent.  —  45.  Ecri- 
ture en  lettres  d'or.  —  46.  Dé- 
capage des  objets  de  cuivre  — 

47.  Cuivre  pareil  à   l'or.   — 

48.  Décapage  des  objets  d'ar- 
gent. —  49.  Dorure  de  l'ar- 
gent      39 

5o.    Ecriture   en   lettres   d'or.   — 


ANCIENS 

Paires 
5i.    Dorure     de  l'argent.    — 
53.   Ecriture  en   lettres  d'or. 

—  54.  Préparation  de  l'or 
liquide.  —  55.  Coloration  en 
or.  -  56.  Préparation  de  l'or. 

—  57.  Autre  préparation 40 

58.    Ecriture    en    lettres   d'or.   — 

59.  Fabrication  de  l'asèm.  — 

60.  Autre     préparation.     — 

61.  Blanchiment  de  l'étain.  — 

62.  Ecriture  en  lettres  d'asèm. 

—  63.  Ecriture  en  lettres  d'or.    41 

64.  Essai  de  l'asèm.  —  65.  Déca- 
page de  l'étain.  —  66.  Déca- 
page de  l'argent.  —  6^.  Tein- 
ture de  l'asèm.  —  68.  Amol- 
lissement du  cuivre.  — 
69.  Teinture  de  l'or.—  yo.  Ecri- 
ture en  lettres  d'or 42 

71.    Ecriture   en    lettres   d'or.    — 

72.  Autre    préparation.     — 

73.  Autre     préparation.     — 

74.  Autre     préparation.     — 

75.  Dorure 43 

76.  Autre  procédé.  —  77.  Autre 
procédé.  —  78.  Ecriture  en 
lettres  d  or.  —  79.  Ecriture  en 
lettres  d'argent.  —  80.  Tein- 
ture de  l'asèm.  —  81.  Colora- 
tion en  argent.  —  82.  Dur- 
cissement de  l'étain.  —  83.  Fa- 
brication de  l'asèm 44 

84.  Fabrication  de  l'asèm  égyp- 
tien. —  85.  Autre  procédé. ...     45 

86.  Autre  procédé.  —  87.  Double- 
ment de  l'or.  —  88.  Autre  pro- 
cédé. —  89.  Autre  procédé .  .  .     46 

90.  Comment  on  dilue  l'asèm 47 

Traduction  des  onze   articles  sur 

la  teinture 47 

91.  Fixation  de  l'orcanette 47 

92.  Dilution    de    l'orcanette.    — 

93.  Fixation  de  l'orcanette.  — 

94.  Agents     styptiques.     — 
q5.  Préparation  de    la  pour- 


fre.  —  96.  Teinture  de  la 
pourpre 48 

97.  Autre  procédé.  —  98.  Autre 
procédé. 49 

99.  Autre  procédé.  —  loo.  Autre 
procédé.  —  loi.  Substitution 
de  couleur  glauque.  —  102  à 
III.  Extraits  de  Dioscoride. .     5o 

Explication  des  Recettes 5i 

I.  — Recettes  pour  écrire  en  lettres 
d'or 5 1 

Comparaison  avec  celles  du  manuel 
Roret 52 

II.  —  Manipulations  des  métaux..     53 
Imitation  de  l'or  et  de  l'argent.  — 

Augmentation  de  leur  poids  par 
l'addition  de  métaux  étrangers. .  53 
Fraudes.  — Absence  de  règlements.  54 
Tentatives  pour  faire  des  métaux 
artificiels.  —  Vague  des  idées  des 
anciens.  —  Airain,  orichalque.  — 
Electrum.  —  Alliage  monétaire. 
—  Claudianon.  —  Stanniim.  — 

Asèm 55 

Recettes  pour  la  teinture  superfi- 
cielle des  métaux.  —  Opération 
de  la  diplosis.  —  Fermentation 

supposée 56 

Rôle   du   mercure,   du  soufre,  de 

l'arsenic oj 

Procédés  pour  reconnaître  la  pu- 
reté des  métaux,  etc 57 

Soudure,  décapage,  etc 57 

Procédé  pour  teindre  l'or.  —  Pro- 
cédés actuels 58 

Dorure  avec  de  l'or  et  sans  or. . . .     58 
Recettes  du  Pseudo-Démocrite.  — 

Vernissage 59 

Procédés  d'argenture  superficielle.    60 

Teinture  à  fond.  —  Alliages Go 

Diplosis  de  Moïse. —  Emploi  actuel 
des  composésarsenicaux.  — Tom- 
bac. —  Formule  d'Eugenius. . .     61 

m.  —  Fabrication  de  Vasèm 62 

Asém  et  aarjfio?. —  Electrum 62 

Diversité  de  propriétés.  —  Chan- 


TABLE    ANALYTIQUE 

Pages 


Pages 

gement  en  or  ou  en  argent.   — 

Fabrication  artificielle 63 

Vingt-huit  à  trente  recettes  d'asèm. 

—  Douze  alliages  d'argent,  d'é- 
lain,  de  cuivre,  de  plomb,  de 
zinc,  de  mercure,  d'arsenic.  — 
Alliages  modernes 64 

Recettes  du  Pseudo-Démocrite  et 
d'Olympiodore 67 

Le  cuivre  blanchi  par  Tarsenic.  — 
Alun.  —  Coquille  d'or 6y 

Procédés  de  Diplosis.  —  Eau  de 
soufre  ou  eau  divine.  —  Pétésis. 

—  Polysulfp.re  de  calcium 68 

Asèm  noir.  —  Article  de  Pline. . .     69 

IV. —  Recettes  du  Pseudo-Démocrite 
comparées  aux  précédentes 70 

Confusion  des  pratiques  et  des 
théories.—  La  matière  première. 

—  La  magie 73 


H.  —  Relations  entre  les  Métaux 
ET  LES  Planètes 


73 


Unité  des  lois  de  la  nature.  —  La 
chaîne  d'or 74 

Influence  du  soleil  et  des  astres.  — 
La  Chaldée ...-....; 74 

Le  nombre  Sept.  —  Origine  astro- 
nomique. —  Semaine 74 

Nombre  des  planètes.  —  Voyelles. 

—  Couleurs.  —  Métaux 75 

Le  soleil  et  l'or  :   Pindare.  —  La 

lune  et  l'argent.  —  Mars  et  le 
fer.  —  Vénus  et  le  cuivre.  —  Le 
plomb  et  Saturne 77 

Génération  des  métaux  sous  l'in- 
fluence des  effluves  sidérales. . .     78 

Liste  de   Celse.  —  Vieilles  listes. 

—  Tablettes  de  Khorsabad -9 

Variations  dans  les  attributions  de 

la  planète  Jupiter,  assignée  à  l'é- 
lectrum,  puis  à  l'étain;  et  de  la 
planète  Hermès,  assignée  à  l'é- 
tain, puis  au  mercure.  —  Epo- 
que de  ces  variations.  —  Elec- 
trum rayé  de  la  liste  des  métaux, 
vers  le  vi»  siècle.  —  Svmboles 


3o8  CHIMIE    DES 

Pages 

alchimiques  des  me'taux,  —  Le 
plomb.  —  Passage  de  Stephanus. 

—  Liste  d'Albumazar 82 

Nomenclature  des  dérivés  métal- 
liques      85 

IH.  —  La  Sphère  de  Démocrite  et 

LES   MÉDECINS  ASTROLOGUES 86 

Les  médecins  astrologues.  —  Papy- 
rus. V. —  Tableaux  divers 86 

Les  deux  tableaux  de  Pétosiris  : 
figures  I  et  -2.  —  Autres  ta- 
bleaux       87 

IV.  —  Signes  et  Notations  alchi- 
miques      92 

Notation  des  métaux,  signes  divers.    94 
Notation  des  dérivés  des  métaux..     gS 
Produits  minéraux  et  matière  mé- 
dicale      96 

Neuf  listes  consécutives  :  discus- 
sion sur  leur  filiation 96 

Signes multiplesd'un même co    rp 

répétitions. .    i  o  i 

Huit  planches  en  photogravure,  re- 
produisant les  signes  du  ms.  de 
St-Marc  et  du  ms.  2327,  avec 
traduction  :  figures  3  à  10 io3 

Lexique  alphabétique  des  Nota- 
tions alchimiques. 123 

V.  —  Figures  d'appareils  et  autres 
Objets 127 

Figures  des  manuscrits.  — Figures 
symboliques  des  mss.  latins.  — 
Figures  d'appareils 127 

Figures  du  ms.  de  St-Marc 128 

Chrysopée  de  C\éo\)à.\.TQ:figurei  i.  i32 

Cercles  concentriques,  axiomes, 
serpent,  appareils,  etc 1 33 

Alambic.  —  Reproductions  du  ms. 
2325  et  du  ms.  2327  :  figures  12 
et  i3 i34 

Chrysopée  prototype  des  dessins 
d'appareils i  37 

Alambic  à  deux  pointes  :  ^g-wres  14 
et  14  bis i37 


ANCIENS 

Pages 

Alambic  à  trois  pointes  (tribicos)  : 

figure  1 5 139 

Alambic  à  tubeetrécipient  unique  : 

figure  16 140 

Tribicos  du  ms.  2325  :  figure  i  y..  141 
Chaudière  distillatoirer/î^wre  18..  141 
Ebauche  d'alambic  r^g^ure  ig..    .  142 
Appareils  à  kérotakis  ou  à  palette, 
avec  vase  à  digestion  cylindrique  ; 

figures  20  et  2  T 142 

Ramollissement  des  métaux  par  le 
mercure,  le  soufre,  l'arsenic  sul- 
furé...     144 

Vases  de  condensation  ;  sublimation 
réitérée  ;  opération    rétrograde 

ou  -/.apy.-'voç  (Ecrevisse) 144 

Bain-marie  à  kérotakis  :  figures  22 

et  23 146 

Autre  bain-marie  :  figure  24 148 

Kérotakistriangulairer^^crure  24^15  148 
Autre  vase  à  kérotakis  et  Ecrevisse: 

figure  25 149 

Récipient  supérieur  de  cette  figure  : 

figure  26 I  5o 

Autre  vase  à  kérotakis  -.figure  27  i5i 
Formule  de  l'Ecrevisse  -.figure  28: 

son  interprétation 1 52 

Alphabets  magiques  -.figure  2g. ..  i55 
Labyrinthe  de  Salomon:^^ure.?o.  i57 
Symbole  cordiforme  et  dessins  mys- 
tiques :^gMre5^/,  ^2  et33....  i58 

Figures  du  ms.  232  7 1 58 

Serpent  Ouroboros  ;  figure  34...  1  59 
Signe  d'Hermès.  — Images  géomé- 
triques :^g^«re5  ^5  e<^^ 160 

Alambic  et  vases  à  digestion  -.figu- 
res 3j  et  38 161 

Modifications  dans  la  forme  des  ap- 
pareils rétrogrades 162 

Peùlsalambics:  figures  3g,  40,  41  164 
Fiole:  figure 42 ;  alambic  avec  six 

appendices  :  figure  43 166 

Figures  du  ms.  232  5 166 

Figures  des  mss.  de  Leide 167 

Vase  à  digestion  :  figure  44,  rap- 
prochée de  l'alulel  arabe  : 
fig-45 172 


VI.  —  Renseignements  et  Notices 
SUR  QUELQUES  Manuscrits  alchi- 
miques    173 

I, — Ancienne  liste  du  ms.de  St-Marc  174 
Comparaison  avec  le  contenu  ac- 
tuel. —  Traités  perdus  d'Héra- 
clius  et  de  Justinien. — Additions. 

—  Modifications  dans  l'ordre  re- 
latif   176 

Partage  des  traités  en  sept  séries..  178 

II.  —  Sur  les  copies  actuelles  de  la 

g^  leçon  de  Stephanus 1 79 

Six  finales  différentes.  —  Confusion 
dans  le  texte  du  ms.  de  St-Marc. 

—  Morceaux  perdus 180 

III.  —  Diverses  lacunes  et  transpo- 
sitions du  ms.  de  St-Marc 1 84 

IV.  —  Mss.  de  l'Escurial 186 

V.  — Mss.  alchimiques  grecs  du  Va- 
tican et  des  Bibdiothèques  de 
Rome 191 

VI.  —  Mss.  de  Gotha  et  de  Munich. 

—  Publications  de  Grûner 198 

VII.  —  Comparaison  du  contenu 
du  ms.  de  St-Marc  avec  ceux  du 
n°  2825  et  du  M»  282  7  de  la  Bi- 
bliothèque nationale  de  Paris 1 94 

VIII.  —  Hypothèses  générales  sur 
l'origine  et  la  filiation  des  manus- 
crits alchimiques  grecs 200 

Recettes  techniques  en  Egypte.  — 
Stèles.  —  Transcriptions  en  grec. 

—  Dioscoride,  Pline,  Papyrus  de 
Leide.  —  Textes  d'un  caractère 
analogue 200 

Ecole  Démocritaine.  —  Gnosti- 
ques.  —  Traités  de  Cléopâtre  et 
de  Marie.  —  Zosime,  Africanus.  201 

Eciits  apocryphes  de  Chéops, 
d'Hermès,  d'Agathodémon  ;  let- 
tre d'Isis,  —  Auteurs  divers. . . .  202 

Commentaires  de  Synésius,  d"0- 
lympiodore,  du  Philosophe  Chré- 
tien, de  l'Anonyme,  de  Stepha- 
nus  202 


TABLE    ANALYTIQUE 

Pages 


3o9 

Pages 

Première  Collection.  —  Séries  de 
Constantin    Porphyrogénète. . .  2o3 

Prototype  de  St-Marc  :  ses  altéra- 
tions successives  jusqu'au  manu- 
scrit actuel 2o3 

Filiation  des  autres  manuscrits 204 

IX. —  Sur  le  manuscrit  grec  241  g  de 
la  Bibliothèque  nationale  de  Paris  20  5 

Son  caractère  général.  —  Figure 
astrologique  du  corps  humain. 

—  Cercle  et  tableau  de  Pétosiris. 

—  Relations  planétaires  des  mé- 
taux. —  Signes.  —  Alphabets  ma- 
giques  2o5 

Alchimie  grecque  de  Théoctonicos, 
comparée  avec  le  traité  latin  d'Al- 
bert le  Grand 207 

Alchymus,  massa,  orpiment 209 

Noms  grecs  et  latins  des  opérations 
alchimiques  au  xiv«  siècle 210 

X.  —  Manuscrits  alchimiques  de 
Leide 211 

Codex  Vossianus.  —  Figures.  — 
Fragment  de  Justinien  sur  l'œuf.  2 1 2 

XI.  —  Manuscrits  divers.  —  Copte.  2 1 5 

XII.  —  Manuscrit  arabe  d'Ostanès. 

—  Deux  traités 216 

VII.  —  Sur  quelques  Métaux  et 
Minéraux  provenant  de  l'an- 
cienne Chaldée 219 

Coffre  de  pierre  trouvé  dans  les  fon- 
dations du  Palais  de  Sargon  à 
Khorsabad.  —  Ses  tablettes  vo- 
tives. —  Analyse  de  quatre  d'en- 
tre elles,  en  or,  argent,  bronze, 
carbonate  de  magnésie 219 

Sens  anciens  du  mot  magnésie.  — 
Nom  de  la  4^  tablette  en  assyrien  22 1 

Pierre  des  Taureaux  ailés 222 

Objets  trouvésh  Tello.  —  Vased'an- 
timoine.  —  Ce  métal  dans  Dios- 
coride et  Pline.  —  Nécropole  de 
Redkin-Lager 223 

Figurine  votive  en  cuivre  pur.  — 
Absence  de  l'étain 224 


3  10  CHIMIE    DES 

Pages 

Transport  de  l'étain  dans  l'anti- 
quité. —  Gîtes  des  îles  de  la 
Sonde  et  des  îles  Cassitérides. 
—  Petits  gîtes  locaux.  —  Mines 
du  Khorassan.  —  Passage  de 
Strabon 225 

Age  du  cuivre  antérieur  à  l'âge  du 
bronze,  d'après  certains  archéo- 
logues  227 

VIII.  Notices  de  Minéralogie,  de 
Métallurgie  ET  DIVERSES. —  Liste 
alphabétique 228 

^£■5,  airain,  bron^^e,  cuivre 280 

Idées  des  anciens  sur  les  nnétaux.  — 
l.e  cuivre  n'était  pas  regardé 
comme  distinct  du  bronze 23o 

Variétés  d'airain,  dénomméesselon 
les  provenances  et  les  proprié- 
taires de  mines 23 1 

Orichalque.  —  Airain  de  Corinthe.  23  i 

^riigo,  ruhigo,  viride  œris,  vert- 
de-gris 23  i 

Produits  naturels(/os5//e5);  soudure 
d'or.  —  Produits  factices;  verdet.  232 

Scolex,  sels   basiques.    —  Jîos  ou 

àvOoç 232 

yEs  ustutn  :  protoxyde  de  cuivre.  — 
Scoria,  lepis,  squama,  stomoma  : 
sous-oxydes  et  sels  basiques. ...  233 

Smegma;  diphryges;  Jcex ;  craie 
verte 233 

Aétite  ou  pierre    d'aigle 234 

Alchimistes  grecs  (tradition  au 
moyen  âge) 234 

Alphabets  et  écritures  hermétiques.  235 

Alun.  —  Variétés.  —  Acide  arsé- 
nieux 237 

Ammoniac  (sel).  —  Deux  sens  :  sel 
de  sodium  et  chlorhydrate  d'am- 
moniaque  237 

Antimoine.  — Stimmi.  —  Stibi.  — 
I  .arbason.  —  Calcédoine.  —  Sul- 
fure d'antimoine.  —  Alabastrum. 
—  Oxydes.  —  Oxysulfures. ....  238 


ANCIENS 

Pages 

Arsenic.  —  Orpiment.  —  Sandara- 
que.  —  Réalgaret  Kermès  minéral 
—  Autressensdumotsandaraque  238 

Arsenic  métallique, second  mercure 
des  alchimistes.  —  Hermaphro- 
dite.,  239 

Cadmie.  —  Naturelle,  minerais  de 
laiton.  —  Artificielle,  fumée  des 
métaux  :  capnitis,  botruitis,  pla- 
codes,  onychitis,  ostracitis.  — 
Sens  divers   24o 

Le  cadmium  des  modernes 240 

Pompholyx.  nihil  album,  spodos 
blanche  ou  noire  —Antispode.  — 
Tutic.  —  Magnésie 240 

Chalcanihon,  couperose,  vitriol.  — 
Produit  de    la  macération  des  mi- 
nerais. —  Les  vitriols.  —  Précipi- 
tation du  cuivre  par  le  fer 241 

Misy.  —  Sory.  —  Melanteria 240 

Chalcitis.  — Altérations  de  la  pyrite  248 

Chaux  five,  asbestos..  —  Titanos, 
calcaire.  —  Gypse,  plâtre 243 

Chrysocolle.  —  Sens  multiples.  — 
Malachite,  azurite —  armenium, 
cyanos,  etc 243 

Chrysolithe,  sens  ancien  et  mo- 
derne  244 

Cinabre.  —  Sulfure  de  mercure, 
anthrax,  minium,  réalgar,  sang- 
dragon,  tout  oxyde  ou  sulfure 
rouge.  —  Signe 244 

Claudianon 244 

Clefs  (les).  —  Titre  d'ouvrage 244 

Les  clefs  de  l'art,  opérations 245 

Cobalt,  Cobathia,  KÔhold.  —  Ori- 
gine de  ce  nom.  —  Bleu  decobalt 
connudesanciens.  —  Étymologie 
grecque.  —  Confusion avecle  mot 

allemand 245 

Cobalt  métallique  connu  des  alchi- 
mistes du  moyen  âge 246 

Coupholithe 24Ô 

Éléments    actifs.  —  Qualités.    — 


TABLE    A 

Pages 

Exhalaison  sèche  et  humide,  gé- 
nératrices des  minéraux,  d'après 
Aristote 247 

Esprits.  7tv£tj[ia-ca. —  Corps,  âmes. — 
Sens  alchimiques 247 

Liste  des  quatre  esprits  ;  des  sept 
esprits.  —  Aludel.  —  Wismath.  248 

Sublimationsimple,  ou  compliquée 
d'une  oxydation  :  tutie,  magnésie, 
marcassite 249 

Étain.  — xaudttspoç.  —  Stannum.  — 
Plomb  blanc  —  Sens  anciens  de 
ces  mots 2  5o 

Étymologies  chimiques  doubles  : 
asèm,  chimie,  sel  ammoniac. ...  25 1 

Fer.  —  Basalte.  —  Rubigo,  îdç, 
rouille.  — Squama,  scoria, 25 1 

Aimant,  magnes,  sideritis,/errum 
vivum  ,•  mâle  et  femelle,  etc.  — 
Hématite.  —  Ocres,  sil,  usta.  — 
Pyrites,  chalcopyrite,  marcassite. 
Rubrique 252 

Feu  (les  vertus  du) 253 

Figures  géométriques  des  saveurs 
et  des  odeurs 253 

Fixation  des  métaux. —  Sens  de  ce 
mot 254 

Gagates  (pierre) 254 

Ios,vzru5.— Sens  multiples.  -  losis.  254 

Magnésie,  sens  anciens.  —  Sens 
alchimiques.  —  Métal  de  la  ma- 
gnésie.—  Pyrites. —  Amalgames. 

—  Magnésie  noire 255 

Magnésie  calcaire  au  xviii"  siècle. 

—  Sens  moderne 256 

Marcassites ''. .  2by 

Massa 257 

Mercure.  —  Préparation  ancienne. 

—  Distillation.  —  Idées  mysti- 
ques. —  Mercure  des  |ihilo- 
sophes.  — Ses  noms.  —  Dialogue 

de    l'or   et  du    mercure 257 

Métaux.  —   Leur  génération.   — 

Passage  d' Aristote 259 

Leur  production  dans  la  terre,  par 


NALYTIQUE  3  I  I 

Pages 

la  transformation  des  vapeurs 
sous  les  influences  sidérales.  — 
Doutes  au  moyen  âge 26^ 

Odeur  des  métaux. —  Or  du  Trésor 
de  Darius 261 

Minium,  rubrique,  jjliXto;.  —  Cina- 
bre, vermillon,  oxyde  de  fer,  de 
cuivre,  sulfures  d'arsenic  et  d'an- 
timoine, etc 261 

Sinopis;  terre  de  Lemnos,  meli- 
num,  leucophoron  ;  ammion  ou 
minium,  usta,  fausse  sandaraque, 
sandyx. —  Le  minium  de  Callias. 

—  Sericum.  —  Armenium,  ceru 
leum  ;  couleurs  vertes,  jaunes..  261 

Nitrum,  natron.  —  Carbonate  de 
soude. —  Spuma  ou  aphronitron. 

—  notre  nitre 263 

Opérations  alchimiques.  —  Leurs 
noms  grecs 263 

Or.  —  Coupellation  par  le  sulfure 
d'antimoine.  —  Bain  du  soleil  ; 
loup  des  métaux 264 

Paras  et  parus 26  4. 

Plomb  blanc  et  uoir.  —  Stannum. 
galena,  sens  anciens  et  moder- 
nes. —  Plomb  lavé.  —  Soudure 
autogène.  —  Plomb  brûlé 264 

Scorie,  spode,  pierre  plombeuse, 
galena,  molybdène,  helcysma  on 
encauma.  —  Sens  modernes. . .  265 

Litharge  :  chrysitis,argyritis,  lau- 
riotis.  —  Céruse.  —  Minium. . .  266 

Pseudargyre 266 

Samos  (pierre  de) 262 

Sel.  —  Fossile  et  factice.  —  Lanugo. 

—  Saumure.  —  Fias,  favilla...  260 

5e7emVe  ou  aphrosélinon 267 

Soujre  apyre 267 

Terres.  —  Calcaires  et  argiles.  — 

Noms  divers 267 

Trempe.,  teinture^  r^*?^'-  —  Trempe 

du  fer  et  du  bronze 267 

Tutie :i6S 


3l2  CHIMIE    DES 

Pages 

Seconde  Partie 269 

Liste  des  Mémoires 270 

IX.  —  Sur  un  Procédé  antique 

POUR    RENDRE     LES    PlERRES    PRÉ- 
CIEUSES  ET  LES    Vitrifications 

PHOSPHORESCENTES 27  l 

Traité  exposant  les  procédés  pour 
colorer  les  pierres  précieuses  ar- 
tificielles, d'après  le  livre  du 
Sanctuaire.  —  Auteurs  cités.  — 
Déniocrite 271 

Vernis  phosphorescents.  —  Éclat 
de  l'escarboucle.  —  Quelles  es- 
pèces produisent  la  coloration 
des  pierres  précieuses  et  par  quel 
traitement 272 

Ostanès  et  Marie.  —  Rouille  du 
cuivre  et  biles  des  animaux  ma- 
rins   _  272 

Pratiques  des  prêtres  égyptiens.  — 
Durée  du  phénomène 278 

X.  —  Traitement  des  Sables  au- 
rifères PAR  amalgamation 274 

Description  du  procédé.  —  Ancien 
traitement  par  le  plomb 274 


Sur  le  nom  du  Bronze. 


275 


XI.    OUK    l-C    INUIVl    UU     JJKUlN^t.  .   .   .     \L J  . 

Le  yak-AÔç,  grec  et  1*^5  latin.  —  Ai- 
rain. —  Noms  modernes,  cuivre, 

bronze,  laiton 275 

Le  mot  laiton  vient  d''electrum. . .  2jS 
Origine  du  mot  bronze  incertaine.  276 

—  Citations  de  du  Cange.  —  For- 
mes néolatines.— Le  mot  bronze 
rapproché  de  bruni:;^o  et  de 
bruntiis.  —  Muratori,  du  Cange, 
Diez,  Pictet .  276 

Textes  plus  anciens  tirés  des  al- 
chimistes grecs.  —  Manuel  de 
chimie  byzantin  :  son  contenu..  277 

Passage  de  Pline  sur  les  miroirs  de 
bronze  fabriqués  à  Brundusium. 

—  yE5  brundusinum,    analogue 

à  \!cES  cyprium 279 


ANCIENS 

Pages 

XII.  —  Sur  le  nom  de  l'Anti- 
moine   279 

Etymologie  puérile.  —  Ce  nom 
est  antérieur  à  Basile  Valentin.  279 
^  Le  sulfure  connu  des  anciens  : 
Stibium,  aTt'[i.[i'..  —  Nom  plus  ré- 
cent, âvxE[j.o'vtov,  chez  les  alchimis- 
tes du  moyen  âge 280 

Chez  les  anciens  alchimistes  latins 
on  ne  trouve  ni  l'un  ni  l'autre 
de  ces  noms 280 

Antitnonium  dans  Vincent  de  Beau- 
vais,  et  dans  Constantin  l'Africain.  280 

Origine  arabe  probable  de  ce  mot, 
les  Arabes  l'ayant  tiré  du  grec. 

—  Exemples  de  formations  ana- 
logues  281 

XIII.  —  L'arsenic  métallique 
connu   par  les  Anciens 281 

Sandaraque,  arsenic  des  anciens. 

—  Leur  transformation  en  acide 
arsénieux  :  texte  d'Olympiodore.  281 

L'acide  arsénieux  appelé  alun  et 
céruse.  —  Emploi  de  composés 
arsenicaux  pour  teindre  les  mé- 
taux  282 

L'arsenic  second  mercure.  —  Ana- 
logies entre  ces  deux  corps  et 
leurs  dérivés 282 

XIV.  —  La  soudure  autogène  du 
Plomb  connue  au  Moyen  âge.  .  283 

Texte  de  Vincent  de  Beauvais. . . .  283 

XV.  —  De  la  Lixiviation  métho- 
dique. —  Texte  ancien 284 

XVI.  —  Procédé  pour  rendre  une 
Étoffe  incombustible 284 

Procédé  des  Alchimistes.  —  Pas- 
sage d'Aulu-Gelle 284 

XVII. —  Séparation  de  l'Or  et  de 
l'Argent  au  Moyen  âge 285 

Emploi  de  l'acide  nitrique  et  de 
l'antimoine 285 


TABLE 

Pages 

XVIII. —  Les  Fleurs,  les  Plantes, 
LES  Herbes  en  Alchimie 286 

Fleur   de   cuivre,    fleur    de    seL 

—  Oxydes  et  sulfures  sublimés. 

—  Dénominations  modernes.  — 
Safrans  et  fleurs  de  safran.  — 
Plantes,  herbes.  —  Ecailles  de 
cobathia  et  écorcés  de  palmier, 

etc 286 

XIX.  —  SurStephanus  et  sur  les 
Compilations  du  Chrétien  et 
DE  l'Anonyme 287 

Collection  de  Zosime.  —  Com- 
mentaires de  Synésius,  d'Olym- 

piodore,  de  Stephanus 287 

Analyse  des  Leçons  de  Stephanus  : 

Leçon  I.  —  Déclamation  sur  les 
merveilles  de  l'Alchimie.  —Axio- 
mes mystiques 289 

Leçon  IL  —  Les  nombres  et  l'u- 
nité. —  tons  musicaux.  —  Lu- 
mière de  la  lune  empruntée  au  so- 
leil. —  Effluve  lunaire.  —  Axio- 
me sur  l'affinage  et  la  teinture  du 
cuivre.  — Matière  multiple  et  na- 
ture une.  —  Commentaires  mysti- 
ques    289 

Lettre  à  Théodore.  —  Quel  est  ce 
personnage.  —  Laboureurs  du 
champ.  —  Les  six  frères.  —  Le 
serpent.  —  Vapeur  humide  et 
vapeur  sèche,  leur  rôle.  —  Chi- 
mie fabuleuse  et  chimie  sym- 
bolique  2C)0 

Leçon  IlL  —  Sur  le  monde  maté- 
riel. —  Comparaison  entre  le 
monde  et  l'œuvre  chimique.  — 
La  cendre  ou  scorie.  —  Les  ma- 
tières sulfureuses.  —  L'eau  divi- 
ne. —  Paroles  d'Hermès.  —  La 
cendre  produit  toute  sorte  de 
teintures.  —  Transformations  du 
cuivre.  —  Comparaisons  médi- 
cales  291 


ANALYTIQUE 


3l3 

Pages 


Leçon  77.  —  Un  est  le  Tout,  etc.  — 
Axiomes  divers.  —  Développe- 
ments mystiques.  —  Combat  du 
cuivre  et  du  mercure.  —  Le  mer- 
cure fixé  au  corps  de  la  magnésie.  292 

Leçon  V.  —  Les  sulfureux  domi- 
néspar  les  sulfureux.  —Lesqua- 
tre  éléments.  — On  tire  de  l'air 
le  sang,  assimilé  au  mercure;  du 
feu,  la  bile  jaune,  assimilée  au 
cuivre;  de  la  terre,  la  bile  noire, 
assimilée  à  la  scorie  ;  de  l'eau,  le 
flegme  ou  pituite,  assimilée  à  l'eau 
tirée  de  l'or,  etc.  —  Les  Elé- 
ments contraires  ne  peuvent  être 
unis  que  par  des  intermédiaires, 
qui  sont  au  nombre  de  3  ;  de  là 
1 2  combinaisons.  —  Dodécaèdre. 

—  Les   12  signes  du  Zodiaque, 

les  7  Planètes  et  métaux 292 

Leçon  VL  —  Les  atomes.  —  Les 
4  Eléments.  —  La  forme  et  la 
matière.  —  Les  exhalaisons.  — 
Les  nombres.  —  Eloge  de  la 
philosophie.  —  Enigme  de  la 
Sibylle,  commenté  en.termes  em- 
phatiques. —  La  digestion,  etc.  293 

Leçon  VIL  —  Molybdochalque. 
Rhubarbe  du  Pont.  —  Dire  de 
Pammenès.  —  Le  corail  d'or. 
Mercure  tiré  du  mâle.  —  Dire 
de  Pcbéchius  —  le  bois  de  lau- 
rier. —  Le  courant  du  Nil.  — 
Incohérence 293 

Leçon  VIII.  —  Axiome  sur  les 
corps  rendus  incorporels.  — 
Emploi  du  mercure  et  de  la 
magnésie.  —  Subtilités.  —  Le 
cuivre,  de  même  que  l'homme, 
a  corps  et  âme.  —  La  science  de 
l'or  confondue  avec  la  connais- 
sance divine,  dans  un  dévelop- 
pement mystique 204 

Leçon  IX.  —  Phrase  de  Démocrite. 

—  Le  vitriol  fait  l'or.  —  Mutation 


CHIMIE  DES 


3l4 


des  éléments.  —  Le  ciel  comparé 
à  ralambic.  L'alabastron  agent 
fixateur.  —  Citations  de  Marie, 
Théophile,  Agathodémon,  Chy- 
mes.—  Le  serpent  et  le  Tout 
—  Relations  des  planètes  et  des 
métaux.  —  Variantes  finales.  — 
Conclusion  sur  l'ouvrage  de  Ste- 
phanus 294 

Ouvrages  du  Chrétien  et  de  l'Ano- 
nyme :  leur  caractère  de  compi- 
lation. —  Rapprochements  rela- 
tifs à  l'œuf  et  aux  variétés  de  fa- 
brication..  .    293 

Dédicaces  à  l'Empereur  Théodose  : 
elles  paraissent  interpolées.  —  295 

Dédicace  du  Chrétien  à  Sergius.. .  296 

L'Anonyme  est  postérieur  à  Ste- 


ANCIENS 

Pages 

phanus 297 

Formes  diverses  de  la  compilation 

du  Chrétien 297 

Tableau  comparatif  des  chapitres 
attribués  au  Chrétien  dans  les 

différents  manuscrits 298 

Cette  liste  se  décompose  en  plu- 
sieurs groupes.  Extraitsd'auteurs 
anciens;  extraits  restitués  à  Zo- 
sime 299 

Additions  et  corrections 3o3 

Sur  le  Kyphi.  —  Hermès  et  Eme- 
raude.  —  Signe  de  l'alun.  — 
Stephanus 3o3 

Sur  les  Traités  de  Justinien.  —  La 
lessive.  —  Le  mot  ma^a 3o4 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 


DE  L'INTRODUCTION    A    LA  CHIMIE    DES  ANCIENS 


Cet  index  comprend  surtout  les  noms  d'hommes  et  de  lieux.  —  On  n'a  pas  cru  utile  de  relever 
toutes  les  citations  des  noms  qui  se  présentent  trop  fréquemment,  tels  que  :  Zosime,  Stephanus,  Hermès. 
—  On  devra  compléter  les  indications  du  présent  Index  par  celles  du  Lexique  des  notations  alchimi- 
ques, p.  123;  des  opérations  alchimiques,  p.  210  et  263;  enfin  de  la  Table  analytique. 


A-bar,  81 ,  222. 

Abraham,  9,  17. 

Abraxa,  g. 

Abu  Alid,  217. 

Abubekr  ou  Rhazès,  217. 

Accident  opposé  à  subs- 
tance, 247,  248. 

Actifs  (corps),  259, 

Adam  est  l'Eau,  258, 

Adonaï,  9. 

iElfricus,  276. 

Aétite,  234. 

yEramen,  275. 

iEruca,  23 1. 

iErugo,  23 1  et  suiv.,  241, 
262. 

JEs,  84,  (23o). 

Affinage  de  l'or,  i3,  285. 

Afghanistan,  227. 

Africanus,  68,  iio,  iii, 
175,  176,  188,  202,  282, 
299. 

Agatharchide,  177,  179, 
184,  i85,  195,204,  275. 

Agathoclès.  9. 

Agathodémon,  10,  it'i,  iS, 


1 10,  III,  175,  178,  188, 
198,  202,  271,  294,  299. 

Aglaophamus,  79. 

Ahmed,  236. 

Aigle  (pierre  d'),  234. 

Aimant,  252. 

—  mâle  et  femelle,  252. 

—  roux,  bleu,  noir,blanc, 

2  52. 

—  pierre,  255. 
Airain,  55,  79,  23o,  275. 

—  confondu  avec  le  fer, 
83,  84. 

—  de  Corinthe,  55,  23 1, 
279. 

—  et  Jupiter,  79. 

—  moderne,  61,  23o. 
Alabastron,  2  38,  294. 

—  (eau),  12. 
Alambics,  i32  à  166,  i85, 

227,  260. 
Albâtre,  81,  222. 
Albert  le  Grand,   16,   45, 

208,  211,  2  35,  241,  2  56, 

260. 

—  De  Miner alibus,  2  35, 
247,  260. 

Albert  Teutonicus,  208  (v. 
Théoctonicos). 


Alchimus,  209  (v.  Chy- 
mes). 

Albumazar,  79,  85,  95, 
206. 

Alexandre,  25o. 

Alexandrie,  7,  77,78,  174, 
187,  202,  268,  3o3. 

Alliage  indien,  66. 

—  monétaire,  55,  79,  83. 
Alitement,  91. 
Allatius  (Léo),  191. 
Almageste  de    Ptolémée, 

2o5. 
Aloës,  60. 
Altenbourg,   193. 
Aludel,    i3o,    (172),    212, 

(249)- 
Alun,  58,  21 1,  (236),  242, 

passim. 

—  blanc  et  noir,  237. 

—  lamelleux,  14,25,237, 
et  passim. 

—  rond  ou  arrondi,  loS, 
1 12,  3o3. 

—  rond,  capillaire,  237. 

—  liquide,  237. 

—  est  aussi  l'acide  arse- 

nicux,  67,    282. 

—  lleurs,  287. 


3i6 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Alun  (signe),  108,112,  3o3. 
Amalgamation  des  sables 

aurifères,  274. 
Amalgame  d'argent,  2  56. 

—  d'étain,23,29. 

—  d'or,    40,    52- 
Ambix,  27. 

Ambre,  259. 

Ambrosienne  (bibliothè- 
que), 204. 

Ames,  247. 

Ame  élémentaire  des  pier- 
res, 248. 

Ame  et  corps,  257. 

Ame  des  pierres,  2  35, 248. 

—  des  plantes,  286. 

—  du  cuivre,  294. 
Améthyste,  272. 
Amiante,  285. 
Ammion,  26,  262, 
Ammon,   10,  11,  25 1. 
Ammon  (sel  d')  ou  sel  am- 
moniac, (3o),  (45),  21 1, 
(237),  248,  25l. 

—  fleur,  287. 
Ammoniaque,  244. 
Ampelitis,  267. 
Ampertos,  207,  208. 
Anagallis,  12. 
Anaki,  80. 

Analogies  mystiques,  85. 
Anastasi  (d'),  7. 
Anaxagore,  235. 
Andira,  266. 

Anicia  (Juliana),  122,  195. 
Anis,  1 1. 

Anneaux  (sept),  75. 
Anneaux  du  serpent,  i33, 

i36,  (159),  196. 
Anonyme   (1'),    175,    177, 

178,  192,  196,  200,202, 

21 3,    287     et    suivant, 

(295),  etc. 
Anthrax,  244. 
Antikar,  281. 
Antimoine,  (238),  279  et 

suiv. 


Antimoine  (fleurs  blan- 
ches, jaunes,  rouges), 
287. 

—  d'Italie,  289. 

—  sulfuré,  96,  io3,  223, 
238,  261. 

—  métallique  connu  des 
anciens,  224,  238,  246, 
280. 

—  oxydé, 238. 

—  oxy-sulfure,  238,  261. 

—  (prétendu),  221. 

—  (sulfure)  coupelle  l'or, 
264,  286. 

—  (vase  d'),  223. 
Antimonium,  280. 
Antispode,  241. 
Antistini,  281. 
Antonin  le  Pieux,  76. 
Antonins,  75,  80,  93,  122. 
Anu  et  plomb,  81. 
Anubis,  69. 
Aphrodite,  83. 
Aphronitron,  34,  263. 
Aphroselinon,  267,289. 
Apion,  évêq.  de  légion,  8. 
ApoUo  Béchès,  9. 
Apollon,  17. 

Apollonius  de  Tyane,  75. 
Arabes,  78, 202,  211,  234, 

244,  255,  268,  281,  3o3 
et  passim  ;  v.  Avicenne, 
Geber,  Ostanès,  Rhazès, 
etc. 

Archanges  (livre  des),  16. 

Archélaiis,  175,  187. 

Archives  des  Missions 
scientifiques,    191,211. 

Aréomètre,  i65. 

Ares,  10    i3,  V.  Mars. 

Argent,  78,  et  passim. 

—  faux,  62. 

—  et  Lune,  78,  82,  94  (v. 
Lune). 

—  signe,  25,  47,  82,  94 
et  suiv. 

—  (tablette),  220. 


Argentan,  66. 
Argentum  vivum,  237, 
Argentin  (métal),  85,  206. 
Argyritis,  266. 
Argyrochalque,  i33,  154. 
Aristide  de  Samos,  75. 
Aristoloche,  2i5. 
Aristophane,  87. 
Aristote,  56,209,217,236, 

247,  257,  259,  261,  293, 
304. 

—  (pseudo),45,  235,  237, 

248,  249,  255,  256,  280. 
Arménie,  Arménium,  243, 

262, 
Arnaud  de  Villeneuve,  199, 

21 1. 
Aromates,  18. 
Arsenic,    2if,  23o,   (238), 

248,  263. 

—  fleurs,  287. 

—  sulfuré,  238. 

—  métallique,  99,  (281), 
283. 

~  second  mercure,  239, 

282,  293. 
Arsenicaux  (composés), 59, 

246. 
Arsénieux  (acide),  67,  68, 

237. 
Arséniosulfures,  245,  257, 

281. 
Artemisia,  12. 
As  (monnaie),  23 1. 
Asclépius,  236. 
Asèm,  23,   56,   (62),  275, 

285  et  passim. 

—  et  asémon,  82,  25i. 

—  Égyptien,  45. 

—  fusible,  23,  24,  36. 

—  gâté,  34. 

—  et    Jupiter    (v.    Jupi- 
ter), 82,  94. 

—  noir,  37,  69. 

—  perpétuel,  41. 

—  sens  de  ce  mot,  (25i). 
Asie,  225,  252. 


INDEX    ALPHABETIQUE 


3lJ 


Asie-Mineure,  55. 
Asphalte,  254. 
Asprochalque    ou    astro- 

chalque,  175,  188. 
Assyriens,    80,    81,    222, 

226,  3o3. 
Astres  (couleur),  76. 
Astres    (influence    sur  la 

formation  des  métaux), 

74,  78,  260. 
Astrologie,  (74),  304. 
Atakamite,  225. 
Athmoud,  280. 
Atlantes,  76. 
Atlantique  (mer),  290. 
Atomes,  293. 
Attinkar,  281. 
Aulu-Gelle,  75,  284. 
Aurichalcite,  239. 
Aurifères  (sables),  274. 
Auripigmentum,  210. 
Avicenne,    45,    209,  237, 

248,  24g,  2  58,2  59^  260, 

280. 
Ayas,  84. 
Azur,  262. 
Azurite,  243,  262. 

B 

Babyloniens,  78,81,93. 
Bacon  (Roger),  208,  245. 
Baer  (von),  226. 
Bain  de  cendres,  162. 
Bain-marie,  146,  147,  148. 

—  du  roi,  264. 

—  de  sable,  146,  162. 

—  de  teinture,  268. 
Balance  (la),  2o5. 
Baphé,    sens    multiples, 

267. 
Bapst,  226. 
Barque  de  la  révolution 

céleste,  19. 
Basalte,  25 1 . 
Basile  Valentin,  245,  279. 


Batitures  (oxyde  des),  2  52. 

Becquerel,  272. 

Bélier  (le),  2o5. 

Benjoin  (fleurs),  287. 

Berio,  19. 

Berlin  (papyrus,  etc.),  6, 
17,  304. 

Bérénice  (natron  de),  49. 

Bernard,  174. 

Berthelot  (André),  191. 
193,  211,  295. 

Bessun,   19. 

Bétyles,  75. 

Bière,  179,  287.- 

Bijoux  et  monnaies  four- 
rés, 54. 

Bile  d'animaux,  10,  5g, 
272,  273,  292. 

—  de  chèvre,  43. 

—  noire  et  jaune,  292. 

—  de  poisson,  272. 

—  de  serpent,  12,  68. 

—  de  tortue,  38,  52,  38, 
272. 

—  de  taureau,  58. 

—  de  veau,  58,  71. 
Bismuth,  249,  265(v.  Wis- 

math). 
Bitartrate  de  potasse,  49. 
Blanchiment    du    cuivre, 

38,  60,  282,  etc. 
Blemmidès  ou  Blemmy- 

das,  2o3. 
Bleu    d'Arménie    (v.  Ar- 

menium),  21 5. 

—  de  Chypre,  243. 

—  de  Cobalt,  245. 

—  "mâle  et  femelle,  245. 
Bohème,  226. 

Boeuf  (œil  de),  1 1. 

Bolus  de  Mendès,  201. 

Bonn,  3o3. 

Borax,  281. 

Borée,  89. 

Botanique  (nomenclature'!, 

10  à  12,  99. 
Botarion,  i  lo,    1 1 1,   134. 


Bothrus,  roi  de  Perse,  206. 

Botruitis,  239. 

Bouphtalmon,  11. 

Bouse  de  vache,  274. 

Braise,  276. 

Brandes,  245,  246. 

Brass,  274. 

Breslau,  194,  204. 

Brindes,  279. 

Britannique  (minéral), 
290. 

Brontésion,  277,  27S,  279. 

Bronze,  55,  219,  23o  et 
passim  (v.  Airain,  Sainte- 
Sophie,  etc.). 

—  nom,  275. 

—  (origine),  225  et  suiv. 

—  (tablette),  220. 
Bronzinum,  276. 
Brun,  276,  278. 
Brundusium  (ses),  279. 
Brunet  de  Presle,  6. 
Bruniccio,  bruno,  276. 
Brunst,  276. 
Bruntus,  276,  27S. 
Byzance,  Byzantins,  202, 

3o3. 


Cabidarius  (Jacques),  29 1 . 
Cadmie,  20,  26,  (32),  194, 

211,    23o,    (23q),    246, 

268. 

—  naturelle     et     artifi- 
cielle, 239,  240. 

—  variétés,  (239). 

—  des  fourneaux,  240. 
Cadmium.  240. 
Calamine,  239. 
Calcaire.  243. 
Calcinatio,  2 10. 
Cnllias,  2(>2. 
Callislhène,  235. 
Campanie.  33. 

Cange   (du),   53,  93,  273, 
276.  280. 

21 


3i8 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Canons,  278. 
Capnitis,  239. 
Cappadoce  (sel  de),  (v.  sel 

marin),  14,  24,  etc. 
Capricorne,  2o5. 
Carbonate  de  cuivre,  12. 

—  de  soude,  237,  263. 

—  de  potasse,  263. 

—  de  zinc,  239. 
Carinthie,  226. 
Carpocratiens,  16,  17. 
Carré,  289,  293. 
Carthage,  55. 
Carthame,  52,  58. 
Casia,  i3. 

Cassitérides  (îles),  225. 
Cassiteros,  2  5o. 
Cathmia,  240. 
Caucase,  226. 
Cèdre  (huile  de),  11. 
Célestes   (les   choses)   en 

bas,  161,  i63,  260. 
Celse  (liste   de),   55,   78, 

83,  84. 
Cément  royal,  i3,  i5,  58, 

286. 
Cendre  bleue,  262. 
Cendres  d'or,  254. 
Cendre  verte,  234,  262. 
Ceratio,  144,  145,  211. 
Cérats,  144. 
Cercle,  signe  du  soleil,  de 

l'or,  de  l'œuf,  de  l'oeil, 

de   l'alun,  du   cinabre, 

122. 
Cercles  à  rayons,  i32,3o3. 
Cercles  concentriques,!  3  2, 

i34,  i36. 
Cercle  de  Pétosiris,  88,90. 
Ceruleum,  262. 
Céruse,  210,  266,  etc. 

—      et  acide  arsénieux, 

282,  283. 
Chaîne  d'or,  74. 
Chalcanthon,    14,  241   et 

passim. 
Ghalcédoine,  238. 


Chalcite,  14,230,232,(243). 
Chalcopyrite,  2  53. 
Chaldée,  74,  75,  78,  225, 

227. 
Chaldéens,  9,  78,  223. 
Chaldéen    (hymne),   253. 
Champ  mystique,  290. 
Chantre,  226. 
Chat,  1 1. 

Chaud  et  froid,  247. 
Chaudière    distillatoire, 

128,  141. 
Chaux  vive,  243. 
Chélidoine,  42,  44,  52,  59, 

2l5. 

Chemi,  25 1. 

Chéops   (v.  Sophé),    198, 

202. 
Chérubins  (les  deux),  17. 
Chesbet,  80,  3o3. 
Chien  (étoile  du),   17,  87 

(v.  Sirius). 
Chimie  de  Moïse,  16, 198. 

3o4(v.  Moïse  et  Massa). 

—  fabuleuse  et  symbo- 
lique, 291. 

Chimie  (origine  du  mot), 

25l. 

Chine,  22  5. 

Chio  (terre),  (29),  35,  44, 

267,  etc. 
Chrétien    (le),    110,    iii, 

175,  177,  178,  184,  186, 

200,202, 287,  (295),  3oi, 

etc. 
Chrysitis,  266. 
Chrysocale  et  chrysochal- 

que,  55. 
Chrysocolle,     (37),     232, 

(243),  262. 

—  sens  moderne,  244. 
Chrysocolle,  soudure  d'or, 

26,  35,  36,  232. 
Chrysolithe,  244. 
Chw^olson,  78. 
Chymes,    iio,    iii,    210, 

236,  294. 


Chypre,  34,44, 11, 83, 23o, 
233,  239,  242,  279,  etc. 

Ciel  comparé  à  l'alambic, 
294. 

Ciel  (dieu  du),  81. 

—  (esprit  du),  8,  9. 

—  (portes  du),  8. 
Cilicie,  21 5,  243,  289. 
Cimole  (terre),  267. 
Cinabre,  26,  59,  i34,  137, 

239,  253,  261,  262,  282, 
291  et  passim.' 

—  sens  multiples,  (244). 

—  signe(confusions),244. 
Claudianonou  Claudianos 

55,  67,  23 1,  (244),  290. 
Claudius,  244. 
Clef  de  Moïse,  16. 
Clefs  (les),  244. 

—  de  l'art,  245. 
Clemmer,  245. 
Cléopâtre,  (i32),  174,  175, 

176,  178,  179,  180,  182, 
i83,  184,  186,  187,  188, 
190,  191,  192,  196,  197, 
198,  200,  201,  212,  2l3, 
235,  3o3. 

—  (verre  de),  65. 
Clio,  'jÇ). 

Cobalt,  cobathia,  (245). 

—  étymologie,  246. 
— •  fleurs,  287. 

—  métallique,  246. 
Cobathia  (fumée),  245. 
Coffres  (sept),  80. 
Coffret  de  pierre,  219. 
Colcotar,  2  52. 
Collet,  246. 

Colombe  (fiente  de),  52. 
Colophane,  2  38. 
Comaris,  272,  273,  291. 
Comarius  ou    Comerius, 

174,  176,  178,  180,  182, 
i83,  187,  190,  197,202, 
2o3,  219,  287. 
Combat    singulier    (vain- 
queur d'un),  206. 


INDEX  ALPHABETIQUE 


3l9 


Comètes,  20Ô. 
Consilium  Conjugii,  304. 
Constantin,  yS. 

—  l'Africain,   280. 

—  Porphyrogénète,  2o3, 
3oo. 

Constantinople,  174,  189, 
igS,  211,  216,  263,304. 

Contenant   (le),  216,  217. 

Contre-Syène,  8. 

Copte  (ms),  216. 

Coquille  d'or  ou  corail 
d'or,  67,  292,  293. 

Cordes  de  la  lyre,  74. 

Cordiforme  (symbole),  1 5  7. 

Cordoue,  23 1. 

Corinthe  (airain),  55,  23 1, 
279.  _ 

Cornélius  de  Nauplie,  194. 

Corps,  247,  248,  294. 

—  des  pierres  et  des  mé- 
taux, 248. 

Cosmas,  197,  2o3. 
Costus,  i3. 
Couchant,  89. 
Couleurs  (sept),  76,  293. 
Coupe  et  fiole,  162. 
Coupellation  de   l'or,  par 

le  sulfure   d'antimoine, 

264. 
Couperose,  14,  52,  (241), 

etc. 
Coupholithe,  246. 
Craie  verte,  234. 
Création  (récit  de  la),  19. 
Crocodile,  10,  11. 

—  à  tête  d'épervier,  18. 
Croisades,  211. 
Croissant,  i55  (v.  mercure 

et  argent). 
Cronos  ou  Saturne,  10, 1 1 , 

i3. 
Cuivre  (âge  du),  227. 

—  airain  et  bronze,  23o, 
275. 

—  blanc,  34,  23o,  275. 

—  blanc  des  Chinois,  66. 


Cuivre  des  anciens,  23o. 
Cuivre  brûlé,  (233). 
Cuivre  (fleur),  232,  286. 
Cuivre  indien,  261. 
Cuivre    Livien,    Marien, 

Sallustien,  23 1. 
Cuivre  (odeur),  254. 
Cuivre  pareil  à  l'or,  37,  39, 

52. 

Cuivre  précipité  par  le  fer, 

242. 
Cuivre    (protoxyde),  232, 

233,  286. 
Cuivre  pur  (figurine  .de), 

225. 

Cuivre  (signes),  94. 
Cuivre  (sulfate),  241. 
Cuivre  et  Vénus,  83,  94, 

etc.  (v.  Vénus). 
Cumin,  44,  52,  58. 
Culbuteur  chinois,  257. 
Cunéiformes  (inscript.),  8, 

2  19. 
Cuprum,  23o. 
Cynocéphale,  10. 
Cynocéphales  (langue  des), 

8,  18. 
Cypris,  77,  83. 
Cyrénaïque,  237. 

D 

Dacique  (langue),  11. 

Danger,  87. 

Darius  (trésor  de),  26». 

Davy,  245. 

Décans,  87. 

Décoctio,  211. 

Dédale,  257, 

Délos,  23i,  279. 

Démiurge,  84. 

Démocritaine  (école),  (201), 
2o3. 

Démocrite,  5,  9,  19,  21, 
59,  66,  69,  iio,  III, 
175,  178,  187.  189,  191, 


194,  198,  199,  (201),  202 

2i3,  (235),  236,  24r,  25o 

257.  257,  259,  271,273, 

278,  288,292,  293,  294, 

etc. 
Démocrite  (sphère  de),  10 

(86),  92,  101,  206. 
Démocrite     chef     d'une 

école  égyptienne,  92. 
Démons  trompeurs,  245. 
Démotique,  7,  8. 
Dent  de  lion,  1 1. 
Dent  (polir  avec  une),  42. 
Denys  de  Syracuse,  56. 
Destin  (le),  19. 
Diamants  jaunes,  273. 
Dibicos,  128,  (137),  i3S. 
Didyme,  77. 
Dietz,  182,  288. 
Dieu  ignoré,  17. 
Dieu  (nom  de),  9,  17. 
Dieu  polymorphe,  18. 
Dieux  (sept),  75,  77. 
Diez,  276. 

Dimensions  (trois),  293. 
Dimeschqî,  78. 
Dioclétien,  4,  201. 
Diodore  de  Sicile,  275. 
Diogène,  11  o,  m. 
Diogène  Laërce,  271. 
Dion  Cassius,  75. 
Dioscoride,  3,  4,  11, 1 2,  69 

etpassim;  io3,  195,200, 

201,  224,  23 1,  236,  238, 

240,  2  55  et  suiv. 
Dioscoride   (articles   tirés 

de),  22,  25,  26. 
Dioscoride,  nomenclature 

prophétique,  1 1. 
Dioscoride,  manuscrit  de 

Vienne,  122,  195. 
Dioscorus,  175,  187. 
Diphryges,  2  33. 
Diplosis,  29,  46,  (56),  (60), 

61,  65,  68,  69. 
Distillation  (histoire),  164, 

i65,  278. 


320 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Djamhour,  217. 
Docimasie,  5j. 
Dodécaèdre,  2q3. 
Dolomie,  222. 
Dorothée,  209. 
Dorure,  58. 
Doublé,  54,  60. 
Douze  combinaisons,  293. 
Dracaena  (draco),  244. 
Dragon  (sang),  11,  244. 
Drangiane,  226. 


Eau  divine  ou  eau  de  sou- 
fre, 12,46,  68,215,273, 
285,  291,  292,  etc. 

Eau  forte,  295. 

Eau  mystérieuse,  2  56. 

Eau  (signes),  10 1. 

Ecbatane,  7  enceintes,  76. 

Eclogas  physicœ,  194. 

Economie,  21. 

Ecrevisse,  129,  i33,  145, 
149,  161,  i63. 

Ecrevisse  (formule),  129, 
i3i,  (i52),  167,  186,  214, 
236,  304. 

Ecume  d'argent,  266. 

Ecume  de  nitre,  263. 

Edfou,  3o3. 

Effluve  lunaire,  289,  291. 

Egger,  6. 

Egine,  23 1. 

Egypte,  3,  17,  200,  226, 
227,  3o3,etc. 

Egypte  (fleuve),  274. 

Egyptiens   (prêtres),   273. 

Electrum,  55,  62,  63,  82, 
94,  275  (v.  Asèm). 

Electrum  (monnaies),  55. 

Electrum  (signe),  94,  97^ 
100. 

Eléments  actifs,  247,  274. 
—  quatre,  2^2,  294. 

Eléphantine,  8. 

Ellébore,  1 1. 


Email  bleu,  262. 

Emeraude  et  Hermès  pla- 
nète, 80,  85,  3o3. 

Emeraude,  60,  84,  197, 
201,  3o3. 

Emèse  (auteur  d'),  2 1 7. 

Encauma,  266. 

Encens,  i3,  259. 

Encre  (recette),  12. 

Encre  sacrée,  18. 

Enée  de  Gaza,  57. 

Enigme  sibyllin,  293. 

Epervier,  10,  18. 

Epiphi,87. 

Epoux,  294. 

Epsom  (sel  d'),  222,  256. 

Er  (bronze),  80. 

Erétrie  (terre),  267. 

Eriphyllium,  i3. 

Erotyle,  17. 

Escarboucles,  271,  272. 

Eschyle,  74. 

Esclave  fugitif,  2 1 7, 2  58. 

Escalier  aux  sept  portes, 

79- 
Esprit  du  ciel,  des  fleuves, 
de  la  mer,  de  la  terre, 

8,9. 

Esprits,  (247). 
—  (définition),  247,  248. 

Esprits  minéraux,  248. 

Esprits  (quatre),  237,  286. 

Esprits  (sept),  248. 

Esprits  volatils,  210,  248. 

Escurial  (Ms),    173,  (186). 

Etain,(2  5o),  283  et  passim. 

Etain  contrefait,  25 1. 

Etain  (son  absence),  225. 

Etain  (sa  diffusion),  225. 

Etain  ;  ses  gites,  225. 

Etain  et  Hermès,  puis  Ju- 
piter, 77,  82,  94  (v. 
Hermès,  Mercure,  Ju- 
piter). 

Etain  modifié  par  le  cui- 
vre, 259. 

Etain  purifié,  28. 


Etain  (pureté),  36. 
Etain  (signes),  94,  95. 

—  soudure,  283. 

—  (sources), 225, 226, 227. 
Etain  et  Vénus,  79. 
Etamage  du  cuivre,  226. 
Ethiopie  (terre  d'),  219. 
Etienne,   187  (v.  Stepha- 

nus). 
Etoile  du  Chien,    17,  87. 
Etoiles  de  la  Grande  Ourse, 

74- 

—  à  8  rayons,  i32,  3o3. 
Etymologies      chimiques 

doubles,  i5i. 
Eugenius,  62,    175,    176, 

177,  178,  188. 
Eusèbe,  175,  177,  188. 
Eusébie,  202. 
Eve  est  la  terre,  2  58. 
Evenus,  17. 
Evhémérisé,  10. 
Excréments,  10. 
Exhalaisons(lesdeux),2  47, 

259,  293. 
Exhalaisons  (théorie),  269, 

260. 


Fabricius,  304. 

Faex  asris,  233. 

Favilla  salis,  267. 

Fellahs,  5. 

Féminin  (élément),  238. 

Fer,  78,  (25i),  passim. 

—  alchimique,  261. 

—  et  Hermès,  79,   83. 

—  et  Mars  (v.  Mars),  77, 
94. 

—  (signes),  94,  102. 

—  (sulfatesbasiques),242. 

—  (trempe  du),  267. 
F'erment  métallique,    29, 

57,  209,  304. 
Ferrugo,  25 1. 
Ferrumvivum,  252, 


INDEX  ALPHABETIQUE 


321 


Feu  grégeois,  263. 
Feu  (ses  vertus),  2  53. 
Figuier  (suc),  21 5. 
Figures  (leurs  variations), 
127. 

—  coloriées,  127. 

—  géométriques  des  sa- 
veurs et  des  odeurs,  253. 

Figurine  votive,  224. 
Filons  (minéraux  de),  25c). 
Fixation  des  métaux  (i3i), 
i33,  i34,  i36,  i55,(254). 
Fixation    de    l'orcanette, 

47,  48- 
Fixio,  210. 

Flèche  (pointe  de),  254. 
Fleurs,  286. 
Fleurs  (sept),  i3,  18. 
Fleur  de  sel,  267. 
Florence,  173,  194. 
Flux  blanc,  68. 
Foie,  292. 

Forme  et  matière,  293. 
Fourrée  (monnaie),  34. 
Fraudes  professionnelles, 

53. 
Frères  (les  six),  290. 
Froid  et  chaud,  247. 
Fruits  (fleur  des),  287, 
Fumée  des  métaux,  239. 
Fumier,  169. 
Fusibilité  des  corps,  assi_ 

milée  à  l'eau,  259. 


Gadès  (détroit),  226, 

Gagates  (pierre),  254. 

Galène,  264,  265. 

Galien,  217. 

Gaule,  3i,  226. 

Gauloise  (langue),  1 1. 

Geber,  16,  45,  144,  145, 
i53.  169,  171,  172,  208, 
209, .217,  237,  241,  248, 
249,  2  5o,  280. 

Gémeaux,  92,  2o5. 


Génération   des  matières 

fossiles  et  des  minéraux, 

247. 
Genèse,  75. 
Géode,  234. 
Géométriques   (  images  ) , 

160. 
Geoponica,   1 1,  278. 
Georges  le  Syncelle,  24. 
Gingembre,  12. 
Gin-sin-gal,  81. 
Glauque  (couleur),  272. 
Gnosticisme,gnostiques,6, 

7,8,9,  16,  17,19,76,201, 

258. 
Gotha  (ms.  de),  173,  193, 

194,  204. 
Goudéah,  224. 
Gozlar,  242. 
Grâce  divine,  296. 
Graphite,  257,  265. 
Grèce  (sept  sages),  74. 
Grecs,  9, 74,  2 1 1 ,  23o,  234. 
Grûner,  194. 
Gurina,  226. 
Gypse,  243. 

H 

Hagiopolis,  187,  189. 

Hammer,  236. 

Hathor,  83. 

Haut  Empire,  3o3. 

Haiiy,  222. 

Hayduck,  304. 

Hébraïques     (caractères), 

79,206. 
Hébreux,  9. 
Helcysma,  266. 
Hélias,  91. 
Héliodore,  1/5,  187,  190, 

162. 
Hélios  ou  Soleil,  10,  i3. 
Hématite,  i5,  252. 
Hémérius,  9. 
Henri  II,  180. 


Héphaistos,  10  (v.  Vul- 
cain). 

Heraclite,  no,  m. 

Héraclius,  174,  176,  178, 
i83,  187,  202,  2o3,  217, 
235,  287,  288,289,  296, 
297. 

Hercule,  10,  11,  176,  217, 
235. 

Hermaphrodite,  239. 

Hermès,  10,  11.  i3,  16, 
18,  19,  110,  III,  175, 
177,  188,  202,  209,  210, 
217,  235,  236,  244,  etc. 

—  et  Emeraude,  8.S  3o3 
(v.  Emeraude). 

Hermès  et  fer,  79,  83. 

—  planète  et  étain,  puis 
mercure,  77,  81,  82,  84, 
94,  97,  100. 

—  planète,  80,  206,  210 
(v.  Mercure). 

—  Ptéryx,  17. 

—  (science),  3. 

—  (signe),  94,  160. 

—  (tableau   d'),  87,  206. 

—  (traité  médical),  86. 

—  Trismégiste,  16,  207. 

—  Trismégiste  (instru- 
ment), 87,  92. 

Hermétiques    (alphabets), 

235,  (236). 
Hérat,  226. 
Hérodote,  76. 
Hésiode,  77,  23i. 
Heuzey,  219,  222. 
Hiéroglyphique,  3,  7,  18, 

236. 

—  (mémento),  i55. 

—  (signes),  200,236, 3o3. 
Hiérogrammates,  5i,  52. 
Hiérothée,  175,  176,  187, 

188. 
Hippasus,  II o,  III. 
Hippocrate,  217. 
Hœfer,  27,  129,  207. 
Homère,  2  5o,  267. 


322 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Homme  (parties  de  1'),  lo, 

1 1. 
Horapollon,  86,  234. 
Horus,  ig8  (v.  Isis). 

—  TEpervier,  9. 
Huet,  280. 

Huile    aromatique,    179, 

304. 
Huit  (nombre),  17. 
Humide  et  sec,  247. 
Hurasi  (or),  80. 
Hurtado  de  Mendoza,  186. 
Hyacinthes,  272. 
Hydrargyrum,  257. 
Hypatie,  i65. 
Hypérion,  77. 

I 

lao,  9. 

larchas,  brahmane,  75. 

latromathematici,  86. 

Ibérie  du  Caucase,  226. 

Ibis,  10,  II. 

Ichneumon,  11. 

IdeIer,86,i79,i8o,i8i,i82, 

204,  212,  2i3,  288,  295, 

etc. 
Iliade,  77. 

Incombustible  (étofle),  284. 
Intermédiaire,  292. 
los,  sens  multiples,  14,254. 
losis,  ses  quatre  sens,  i3  ; 

—  sens  multiples,  2  55. 
Irénée,  17. 

Isaac,  17. 
latis,  272. 
Isidore,  iio,  m. 
Isis,  194,  198,  2o3, 

—  à  Horus,  202,  204. 
Isthméennes,  ']']. 
Ithmid,  281. 


Jacob,  17. 
Jacobs,  192. 
Jais,  254. 


Jamblique,  8,  74, 1 52,  igS, 

202,  207. 
Japonais,  223. 
Jaunes  (couleurs),  262. 
Jean    l'Archiprêtre,    197, 

202,  2o3,  235. 
Jérusalem  (temple),  17. 
Jésus,  9,  2g3. 
Joi  (maître)  de  Meun,  208. 
Juifs,  18,  294,  304. 
Juliana  Anicia,  110,  iii, 

122,  (195). 
Julien,  304. 
Junon,  II. 
Jupiter,  i3,  16,  181. 

—  et  airain  ou  cuivre,  79. 

—  etélectrum,puisétain, 
81,  82,  94,  206. 

—  (planète), 63, 75, 78,82. 

—  (signes),  94. 
Justice  (la),  19. 
Justinien,  i52,  174,  (176), 

178,  i83,  187,202,203, 
(214),  215,297,  (3o4). 

K 

Kalid  (liber  trium  verbo- 

rum),  209. 
Kasazatiri,  81. 
Kaspi  (argent),  80. 
Kermès  minéral,  238. 
Kérotakis,  142  à  i5i,  195, 

2i3,  290. 
Khorassan,  226. 
Khorsabad,  80,  219,  222. 
Kimas,  236. 
Kitab-al-Fihrist,  234. 
Kobold,  245. 
Kopp  (H.),  129,   173,  207. 
Kymus,  210,  257. 
Kyphi,  i3,  3o3. 


Laboulaye  (de),  189. 
Labyrinthe   de  Salomon, 
(157),  177,  i85, 196,204. 


Lactance,  16,  244. 
Lait  de  chèvre,  21 5. 

—  de  porc,  1 1. 

—  de  vache  noire,  12. 
Laïs,  91. 

Laiton  (55),  275. 
Lambecius,  122. 
Langue  de  chien,  1 1. 
Lanugo  salis,  266. 
Larbason,  238. 
Larmes,  10. 

—  de  Junon,  11. 
Laurentienne  (Ms.),   173, 

194,  204. 
Laurier  (bois),  293. 
Lauriotis,  241,  266. 
Lavoisier,  4. 

Leemans,  3,  4,  6,  7,    14. 
Leide  (ms,),  25,  167,  178, 

(211). 
Leipzig  (ms.),  193. 
Lemnos  (terre),  261,  267. 
Lenormant,  9,  54,  56,  75, 

80,  3o3. 
Léon  risaurien,  304. 
Lepis,  233. 
Lepsius,  62,  80. 
Lessive,  2  35,  284,  304. 
Lettres  d'or,  2  3,  37,   38, 

39,  40,  41,  42.  43.  44, 

(5i),  56. 
Letronne,4,  21 3. 
Leucippe,  194,  iq8. 
Leucophoron,  262. 
Levant,  89. 
Lexicon  Alchemice  Rulan- 

di,  2  10  et  passim. 
Lexique  des  notations  al- 
chimiques,   123. 
Liniment  calcaire,  284. 
Lion,  10,  II,  2o5. 
Lis,  i3. 
Litharge,   266  et   passim. 

—  (signe),  95,  loi. 
Littré,  280. 

Livre  secret  de  Moïse,  16. 
Livien  (cuivre),  23i,  244. 


INDEX  ALPHABETIQUE 


323 


Lobeck,  79. 

Londres  (papyrus),  3o3. 

Loret,  3o3. 

Lotus,   i3. 

Loup  dévorant  des  mé- 
taux, 264. 

Louvre  (musée),  80,  219. 

Loynes  (de),  i73,'i89, 190. 

Lucas,  110,  III. 

Lumières  (les  28)  de  la 
lune,  75. 

Lunaire  (livre).  16. 

Lune,  t3,  16,  25,  j5. 

—  et  argent,  77,  78,  81, 
82,  181. 

—  (phases),  yS. 

—  (pierre  de),  267. 
Lusitanie,  226. 

Lyre  (Sept  cordes),  74. 

M 

Macquer,  i5,  16,  240,256. 
Madrid,  173. 
Mafek,  80,  3o3. 
Magicien,  Magie,  4,  5,  7, 

8  et  suiv.,    17,  21,  73, 

92,  200,  201,  2o5,  271, 

3o3,  304. 
Magiques  (alphabets), 1 56, 

207. 

—  (anneau),  9,  i3. 

—  (formules),  i3,  i53. 
Magique  (invocation),  8. 

—  (signes),  i33,i55, 199, 
3o3. 

Magistrianus  (Théodore), 

291. 
Magnes,  252. 
Magnes  et  magnesia,  2  55. 
Magnésie,  i53,  241,  249, 

25o,  268,  281. 

—  calcaire,  2  56. 

—  (carbonate  de),  80. 

—  carbonate     naturel, 
222. 


Magnésie  (carbonate)   ta- 
blette, 221. 
-—  du  sel  d'Epsom,  256. 

—  de  Geber,  25o. 

—  lydienne,  289. 

—  (métal de  la),  255,  289, 
292. 

—  noire,  256. 

—  (pierre  de),    24,   (28), 
255,  etc. 

—  (sens  multiples),  66, 
221. 

—  sens  successifs,  (2  55). 

—  (ville  et  province),  28, 

252. 

Maillechort,  66. 

Maï  (Angelo),  191,  192. 

Malabathrum,  i3. 

Malachite,  57,  232,  243, 
262. 

Maladies  (issue),  86,  87  et 
suiv. 

Mâle,   i63,  293,  294. 

Mamelle  (appareil  en  for- 
me de),  (164). 

Manéthon,  astrologue,  i3, 
17,  202. 

Manilius,   16,  (56). 

Manganèse(nom), 22 1,2  56. 

—  (oxyde),  2  56. 
Manuel  byzantin  de  Chi- 
mie, 277. 

Marbre,  81. 

Marcassite,  249,  253,  255, 
257,  280,  285. 

—  sublimée,  25o. 
Marcel  Devic,  280. 
Marcus,  8,  9,  16. 
Marcosiens,  17. 

Marie,  1 10,  m,  192,  201, 
235,  271,  272,  273,294, 
etc. 

—  (fourneau  de),  147. 

—  (glace  de),  267. 
Marien  (cuivre),  23 1,  244. 
Mariette,  221. 
Marjolaine,  1 3. 


Marrubium,  12. 
Mars,  10,  II,  16,   19,  55, 
75,  (v.  Ares). 

—  et   alliage  monétaire 
ou  cuivre,  79. 

—  et  fer,  77,  78,  81,  83. 

—  planète,  jj,  79,  83. 

—  safran,  287. 

—  signes,  94. 
Martin  (H.),  292. 

Massa  et  Maza,  29,  5j, 
209,  210,  257,  304. 

Masse  inépuisable  et  per- 
pétuelle, 29,  41,  57. 

Matière  multiple,  289. 

—  première,  61,  73. 

—  première  des  métaux, 
258. 

Matter,  16,  17. 
Meched,  226. 
Médecins  astrologues,  86. 
Médicales  (idées),  293. 
Méditerranée,  22  5,  226. 
Méduse,  272. 
Melanteria,48,  243. 
Melinum,  262. 
Melos  (terre),  267. 
Memphis,  233. 
Memphis  (pierre  de),  254. 
Menas,  24. 
Mendès,  24,  201. 
Ménodore,  24. 
Mer  Rouge,  225. 
Mercure,  248,  (257),  290, 

etc. 
Mercure  d'arsenic,  99. 

—  combat  avecle  cuivre, 
292. 

—  contre-argent,  84. 

—  (les  deux),  72. 

—  dialogue     avec    l'or, 
2  58. 

—  divinité,  10,  i3,  16. 

—  et  lune,  puis  Hermès, 
94,  95  (v.  Hermès). 

—  métal  et  planète,  75, 
77,78,  84,  2  36. 


324 


CHIMIE    DES   ANCIENS 


Mercure  natif,  'j']. 

—  nomsaIchimiques,2  58. 

—  (oxyde),  244. 

—  des  philosophes,  2  56, 
2  58. 

—  préparé  par  distilla- 
tion du  cinabre,  257, 

—  préparé  sans  distilla- 
tion, 257. 

—  (second)  est  l'arsenic, 
99,  102,  239. 

—  (signes),  94,  102. 
Mère  du  soleil,  77. 

—  (traitement  des  sables 
purs),  274. 

Métal  anglais,  66. 

Métal  du  prince   Robert, 

66. 
Métaux  alchimiques,  261. 

—  et  alliages,  conçus  au- 
trement que  nouspar  les 
anciens,  2  3o. 

—  (corps  dérivésdes), 95, 

97- 

—  fleurs,  286,  287. 

—  formés  par  l'union  du 
soufre  et  du  mercure, 
2  58,  260. 

—  génération,  210,  259, 
260. 

—  génération  sidérale, 
78,  260. 

—  odeur,  260. 

—  et  planètes,  73,  181, 
3o3,  304. 

—  (six),  248,  290. 
Meyer  (A.  B.),  226. 
Mésopotamie,  224. 
Métoque   du  St-Sépulcre 

(Bibliothèque),  216. 
Meulière,  2  53. 
Meyer  (A.-B.),  226. 
Mica,  267. 
Michel,  17. 

—  Cerularius,  197. 

—  (patriarche),  216. 
Midi,  89. 


Midiates    (Georges),    2o5, 

207. 
Miller  (Emm.),  186,  187  et 

suiv. 
Minéraux  de   filons,  259. 
Minium,   210,   244,   253, 

266. 
Minium    confondu    avec 

d'autres  corps,  238,  244. 

—  réalgar,  cinabre,  etc., 
(261),  266. 

—  de  fer,  262. 
Miroirs    de  bronze,   279. 
Miroir  égyptien  de  bronze, 

220. 
Misy,  14,  (i5),  (242),  pas- 

sim. 
Mithriaques     (  mystères  ) , 

78. 
Modestus,   174,   186,  187. 
Moines  empoisonnés  279. 
Moïse,  9,  16,  17,  19,  61, 

no,  III,  175,  177,  178, 

188,  202. 

—  ouvrages  apocryphes, 
16. 

—  (Chimie  de),  16,  198, 
3o4,  (v.  Massa). 

Molybdène,  265,  266. 

—  sens  moderne,  266. 
Molybdochalque,  55,  i33, 

i53,  154,241,  243,  255, 
293. 

—  (signe),  95. 
Momie,  5. 
Monade,  16. 
Monas,  17. 

Monde  animal  unique,  73, 
Monétaire    (alliage),     55, 

(v.  alliage). 
Monnaies   de  verre,  3o3. 
Montfaucon,  122. 
Mort,  87  et  suiv. 
Mortier  (le),  293. 
Moucheron  (sang  de),  12. 
Moulages  en  bronze,  (276). 
Mouron,   12,  289. 


Munich   (ms),    182,    193, 

194,  204,  288. 
Muratori,  276. 
Muses,  81. 

Musicaux  (tons),  74,  76. 
Musique,  295,  3o4„ 
Myrrhe,  i3,  259,  3o3. 
Myrte  sylvestre,  11. 
Mysteriis  (de),  8. 

N 

Narcisse,  i3. 

Nard  celtique,  290. 

Nard  indien,  i3. 

Natron,  26,  3o,  263. 

Natron  jaune,  39,  58. 

Necepso,  87,  89,  206. 

Nécropole  transcaucasien 
ne,  224. 

Néoplatoniciens,  74, 79 . 

Newton,  76. 

Nicéphore,  186,  188,  199. 

Nickel,  266. 

Nihil  album,  240. 

Nil,  267,  293. 

Nilus,  175,  188,   299. 

Ninip  et  fer,  81. 

Ninive,  219. 

Nitre  tétragonal,  18. 

Nitrique  (acide),  285. 

Nitrum,  26,  263. 

Nitre,  263. 

Noir  de  cordonnier,  241- 

Noir  indien,  272. 

Nom  propre,  valeur  numé- 
rique, 91. 

Noms  sacrés  ou  prophé- 
tiques des  planteset  sub- 
stances, 10,  II. 

Nombres,  289. 

Nord,  89. 

Notus,  89. 

O 

Obsidienne,  37. 


INDEX   ALPHABETIQUE 


325 


Océan,  lo,  i8,  290. 
Ocres,  252,  261,  262. 
Ochus  (roi),  17. 
Odeur  des  métaux,  261. 

—  des  minéraux,  254. 

—  vireuse,  254. 
Odyssée,  267. 
Œcuménique     (maître), 

174,  -^77^  3o3. 
Œil  de  bœuf,  de  Python, 

1 1. 
Œ.uf  philosophique,  122, 

i55,  170,  3o4,  etc. 

—  du  scarabée,  12. 
Ogdoade,  17. 
Ogorodnikoff,  226. 
Oligiste  (fer),  252. 
Olybrius,  122. 
Olympiodore  (alchimiste), 

57,72,129,155,  175,177, 
178,  188,  191,  196,  198, 
199,  202,  2o5, 235,  237, 
245,  288,  304. 

—  philosophe,    81,    84, 

94,  95. 

Ongles  d'animaux,  1 1 . 

Onomatomancie  arithmé- 
tique, 91. 

Onychitis,  240. 

Opérations  alchimiques 
(liste),  210,  263. 

Ophiuchus  (démon),  21. 

Oppert,  80,  81,  219,  222, 
224,  253. 

Orcanette,  47, 48,  49,  272. 

Orge,  12. 

Orichalque,  45,  55,  (23 1), 
266. 

Origène,  78,  209. 

Or  (264),  et  passim. 

—  alchimique,  261. 

—  amalgamé,  52. 

—  définitions),  20. 

—  (essai),  38. 

—  potable,  1 5. 

—  séparé     de    Targent, 
285  (v.  Cément  royal). 


Or  (signe),  2  5,47,  82,  93, 
94,  loi,  122,  r35. 

—  et  soleil  (v.  Soleil). 

—  (tablette),  220. 

—  tombe    au    fond    du 
mercure,  259. 

—  torréfié,  14,  i5. 

—  vivant,  2  58. 
Orfèvrerie,  22, 53, 278,  etc. 
Orientaux,  2  3o. 
Orphée,  17. 

Orphée  (oracle),  198. 
Orpiment,   52,    62,  (238), 

281,  etc. 
Orpiment,   transcriptions 

latine  et  grecque,  210. 
Orseille,  25. 
Os  d'animaux,  de  médecin, 

10,  II. 
Osée,  14. 

Osiris, plomb,  12, 102,122. 
Ostanès,  0,   11,  175,  177, 

178,  187,  194,  195,  19/5 

202,  2i3,  271,  272,  273, 

293. 
Ostanès  (traité arabe),  173, 

(216  et  suiv.) 
Ostracitis,  240. 
Othmoud,  280. 
Ouroboros,  9,    i3o,  (i32), 

i34,     i36,    137,    (i59), 

193,  (196). 
Ourouk,  75. 
Ozeia,  14. 


Packfong,  66. 
Palette  des  peintres,  144. 
Palladium  (protection),  80. 
Palladius,  174. 
Palmier  (écorcei,  287. 
Paménas,  Paménasis,  24. 
Pamménès,  5,  66,69,  ^oi- 
202,  293   (V.  Phiménas). 
Panarètos,  16,  19. 
Panopolis,  175. 


Panséris,  v.  Pauséris. 
Pappus,     175,    177,    188, 

197. 
Parfums  (sept),  i3. 
Paris  (papyrus),  6,  3o3. 
Parœtonium,  267. 
Paros  (pierre  de)  ou  Po- 

rus,    4,  3o,  36,  264. 
Parthes,  9,  223. 
Parthey,  6. 
Pasitélès,  279. 
Pastel,  262. 
Pauséris,  11  o,  m,  293. 
Pays-Bas,  7. 

Pébéchius,  9,  iio,  1 1 1 ,293.. 
Pelage,  175, 177,  178, 187, 

191,  199,  202,  21 3. 
Péloponnèse,  262. 
Péridot,  244. 
Perles,  197,  201. 

—  artificielles,  202. 
Perse,  2 1 8. 

Perses,  78,  85,  206,  225. 
Persloue  (golfe),  226,  227. 
Pétésis   ou   Pétasius,    1 1 , 

68,  .10,  m,  175,  201, 

202. 
Pétosiris,  87. 

—  ses  tableaux  ou  cer- 
cles, 88, 90, 206, 207. 

Pétrone,  75. 

Phaminis,  24. 

Phéniciens,  3o3. 

Philarète,  iio,  m. 

Philippe,  auteur  comique, 
257. 

Philœ,  8,  3o3. 

Philosophumena,  91. 

Philostrale,  75. 

Phiménas  le  Saïte,  5,  24, 
45,66,  69,  201  (v.  Pam- 
ménès). 

Phlegme  ou  pituite,  292. 

Phosphorescence,  (271). 

Photius,  195. 

Photogravure,  7,  88,  90, 
104  à  120,  i32  à    172. 


326 


CHIMIE   DES   ANCIENS 


Phrygie  (pierre  de),  48. 

Pic  de  la  Mirandole,  209. 

Pictet,  276. 

Pierres  gravées,  76. 

Pierre  magnétique,  2  52. 

Pierres  noi[es  (sept),  y 5. 

Pierre  philosophale  (ses 
noms),  217,  209,  294. 

Pierres  précieuses  et  mé- 
taux, 81,  87,  3o3. 

—  ne  s'élève  pas  par  l'ac- 
tion du  feu,  248. 

—  schisteuse,  2  52. 
Pignitis,  267. 

Pindare  (scoliaste  de),  j^, 

81,  98. 
Pirée,  284. 
Pistis  Sophia,  19. 
Pizimentius,204, 288,  295. 
Place,  80,  219. 
Placitis  ou  Placodes,  239. 
Planètes  et  métaux,  18,  76. 

i83,  206,  294,  3o3. 

—  (sept),  75,  236,  293, 
294  (voir  Sept). 

Plantes,  287. 

Plantes  (noms  sacrés  et 
vulgaires),  10,  1 1,  12. 

Platon,  76,  209,  217,  23i, 
235,236,  25i,  292,  304. 

Platoniciennes  (théories), 
60,  73. 

Plâtre,  243. 

Pleijte,  28. 

Pline,  3,  5,  10,  11,  14,  i5, 
28,  3o,  32, 37, 39,45,  58, 
69,  82,  144,  i65  et  pas- 
sim  ;  224,  226,  23i  et 
suiv.;  271,  278,  279,  etc. 

Plombagine,  265 

Plomb  et  antimoine,  224. 

Plombeuse  (pierre),   265. 

Plomb,  générateur  des  mé- 
taux, 83. 

—  sens  vague  et  compré- 
hensif  dans  l'antiquité, 
83,  23o,  265. 


Plomb  blanc,  55,  25o. 

—  blanc  etnoir,  83,  281, 
264. 

—  brûlé,  265. 

—  lavé,  265. 

—  (oxyde),  262. 

—  et  Saturne,  77,  82,  94 
(v.  Saturne). 

—  signes   multiples,  95, 
96. 

—    soudure   autogène, 

283. 
Poissons,  2o5. 
Polysulfure  de  calcium,6g. 
Pompée,  279. 
Pompéi,  75. 

Pompholyx,239,  240,  268. 
Pontos,  141,  142. 
Porc,  10,  II. 
Portes  du  ciel  et  de  la  terre, 

8. 
Portraits  des  alchimistes, 

234. 
Poumon  marin,  272. 
Pourpre,    préparation    et 

teinture,  25,  48,49. 
Prehnite,  246. 
Preuve  (par  9),  91. 
Proclus,  78,  93,260. 
Procope  (Saint),  4. 
Prophètes  ou   scribes  sa- 
crés, 10,  II. 
Prophètes  (nomenclature 

des),  12. 
Propriété  spécifique,    i3, 

254. 
Psellus,  187, 194, 197, 198, 

199,  204, 212,  216, 235. 
Pseudargyre,  55,246,266. 
Psichari,  216. 
Pyramides,  255. 
Pyrites,  242,  2  52,  2  56. 
Pyrite(v.  Marcassite),  25o, 

255,  257. 

—  d'Achaïe,  289. 

—  de  fer  altérée,  14,  243. 

—  grillée, 233. 


Pyrochalque,  1 7  5, 1 76, 1 88. 
Pythagoras   (  astrologue  ) , 

206. 
Pythagore,    11,   76,  202, 

235,  236,  289. 
Pythagore(divination),  91. 
Pythien  (serpent),  .17,  19. 
Python,  1 1. 
Ptolémaïque    (livre   des), 

16. 
—  (statère),  33. 
Ptolémées,  80,  201,  236, 

25o. 


Qualités  ajoutées  à  la  ma- 
tière, 73. 

Qualités  opposées,  294. 

Quatre  bases  et  quatre 
vents,  9. 

Quatre  couleurs,  144. 

Quatre  éléments,  292  (v. 
éléments). 

Queue  d'animaux,  11. 

Quintessence,  254,  258. 

R 

Raclure  de  cuivre,  23 1. 

Ramentum,  14. 

Rat,  II. 

Razès  ou  Rha2ès,  208, 20g, 

260. 
Réalgar,43,(238),  244,261, 

281,  etc. 
Réceptifs  (corps),  259. 
Redkin-Lager,  224. 
Reuvens,  4,  14,  46,  2 1 3. 
Révillout.  7. 
Rhin  (autels),  76. 
RinaldiTelanobebila,  199. 
Rétrograde  (opération),  v. 

Ecrevisse. 
Robert  (métal  du  prince), 

66. 
Rois  symboliques,  127, 


Romains,  4  et  5,  55,  23o. 

Romanus,  217. 

Roquette,  1 1 . 

Rose,  i3. 

Rouge  (mer),  225. 

Roret  (manuel),  6,  37,  42, 

5i,  52,   58,   60,  61,  72. 
Rouille   de    cuivre,.  272, 

273  (v.  los). 
Rouille  de  fer,  25 1. 
Rouille  des  métaux,  loi, 

254  (v.  los). 
Rouille  de  plomb,  273. 
Rouille    vermiculaire    de 

cuivre,  232. 
Roules  de  la  mer  et  des 

fleuves,  8. 
Rhubarbe  du  Pont,  289, 

293. 
Rubigo,  261. 
Rubis,  272  (v.   escarbou- 

cle). 
Rubrique,  sens  multiples, 

252,  253,  261. 
Ruhnkenius,  21 1  et  suiv. 
Rulandi  Lexicon,  23 1  et 

suiv.,  etc. 


Sabaoth,  9. 
Sabéens,  78. 

Safran,  11,   52,   58,(287). 
294. 

—  de  Gilicie,  43,  etc. 

—  fleurs,  287. 

—  de  Mars,  287. 
Sagittaire,  2o5. 
Sainte-Sophie(portes),  195. 
Salerne,  280. 
Salomon,    157  (v.   Laby- 
rinthe). 

Salmanas,  197,  201,  271. 
Salpêtre,  34,  263,  284,  286. 
Samos  (pierre,   terre  de), 

21,  33,   266,    281,  282, 

283,  etc. 


INDEX    ALPHABÉTIQUE 

Sanctuaire  (livre  du),  197, 

200,  201,  271. 
Sandaraque,  26,  5q,    io3, 

(238),  261,  281, 282,  283, 

etc. 

—  confondue  avec  cina- 
bre et  minium,  239. 

—  décomposée,  45. 

—  (fausse),  262. 

—  résine,  238. 

—  et  soufre,  io3. 
Sandyx,  262,  266. 
Sang,  10,  1 1,  12,  292. 

—  dragon,    11,   60,  244, 
272  (v.  Dragon). 

—  humain,  12. 

—  de  l'œil,  12. 

—  de  taureau,  12. 

—  de  Vulcain,  12. 
Sanguine,  252,  253,    267 

(v.    Minium,  cinabre). 
Santerna,  243. 
Saphir,  20,  80,  3o3. 
Sargon  (palais),  80,   219, 

222. 
Sarzec  (de),  219,  223,  225. 
Satni-Kham-Ouas  (roman), 

80,  269. 

Saturne  et  plomb,  77,  79, 

81,  82,  84,  94. 
Saumure,  267. 
Saumaise  (Plinianae  exer- 

citationes),  io3,  etc. 
Saveurs,  leurs  causes, 253. 
Saxe,  226. 
Scaliger,  16. 
Scarabée  (œuf  du),  12. 
Schiste  bitumineux,  267. 

—  (alun),   237  (v.  alun). 

—  de  Pline,  i  5. 
Schneider,   Eclogse   phv- 

sicas,  194. 
Schoor,  28. 
Scolex,  232. 
Scoria,  233. 
Scories,  i55,  291,  304. 
Scorie  d'argent,  286. 


327 

Scorie  du  fer,  252. 
Scorie  du    plomb,    265. 

266. 
Scorpion, 1 1 , 1 52, 1 54, 2o5 

(v.  Ecrevisse). 
Sec  et  humide,  247,  291. 
Sedlitz  (sel  de),  256. 
Sel  (fleur  de),  286. 
Sel  fossile,gemme,  de  Cap- 

padoce,  266,  etc. 
Sélénite,  267. 
Selinon  (terre de),  267. 
Semaine  (75). 
Semence,  10,  11. 
Semita  recta,  208. 
Sénèque,  271. 
Sept  (le  nombre),  17,  73. 

—  couleurs, lettres,  tons, 
voyelles,  9,  16. 

—  Dieux  et  sept  planè- 
tes, 17,  74  et  suiv. 

—  fleurs  et  parfums,  i3, 
18. 

—  pierres,  75. 
Sérapis,  76. 

Sergius,    iio,    iii,    19G, 

(296). 
Sericumou  Syricum,  108, 

109,  1 14,  1 15,  1 18,  125, 

262,  304. 
Serpent,  10,  290,  294. 

—  (bile  de),  12,  68. 

—  divin,  18. 

—  qui  se  mord  la  queue, 
9,  18  (v.  Ouroboros). 

—  sefécondantlui-mème, 
2  58. 

Sesterces,  23 1 
Sévères  (les),  56. 
Sicile,  266. 
Sideritis,  252. 
Signes  (liste),  92  et  suiv., 
206,  207. 

—  multiples  des  métaux, 
84,  94,  95. 

Sil,  252,  262. 
Sillig,  io3. 


328 


CHIMIE   DES    ANCIENS 


Similor,  55. 

Sinaï   (mines  de  cuivre), 

227. 
Sinope  (rouge,    terre  de), 

26,  (32),  46,  261,  etc. 
Sipri,  81. 
Sirius,  87. 
Smegma,233. 
Smyrne,  234. 
Socrate,  2  36. 
Soie,  3o3. 

Soleil,  Agathodémon,-  16. 
—  et  or,  -jj,  78,  76,  81, 

82,93. 
Soleil  (signes),  2  5,  47,  93, 

122,  3o3. 
Soli  (Chypre),  239. 
Solin,  234. 

Sonde  (Iles de  la),  225. 
Songes,  7,  8,  188  (v.  Ni- 

céphore). 
Songes  (formule),  i3. 
Sophé,  191,   198,  202  (V. 

Chéops). 
Sory,  (14),  242. 
Sothi,  87. 
Soude  (v.  natron). 
Soudure    autogène,   265. 

283. 

—  d'or,    57   (v.  Chryso- 
colle). 

—  des  orfèvres,  243. 
Soufre,  248. 

—  apyre,  267. 

—  (eau  de),  46,  47,  68, 
69  (v.  Eau  divine). 

—  fleurs,  287. 

—  noir,  238. 

—  et     Osiris,    102,    122 
(v.  Osiris). 

~  renferme  du  feu,  267. 
Spécifique  (propriété),  i3, 

254. 
Spéculaire   (pierre),    267. 
Sphère  de  Démocrite,  10, 
86,    87  (v.   Démocrite). 
Sphères  ignées,  75. 


Spode  de  plomb,  265. 
Spodos  ou  spodion,  (240). 
Spodos  blanc,  240. 
Sprengel,  26,  27,  io3. 
Spuma  nitri,  263. 
Squama,  233. 

—  du  fer, 41,  252. 
Stannum    de    Pline,   55, 

2  5o,  264. 

Stèles,  200,  (235),  3o3. 

Stèle  sacrée,  18. 

Stephanus,  1 10,  iii,  122, 
141,  i58,  159,  166,  174, 
176,  178,  179  et  suiv., 
187,  189,  190,  191,  192, 
194,  199,  202,  212,  2l3, 
233,235,  287,  296,  297, 
3o3,  etc. 

—  métaux  et  planètes, 
84,  294,  3o4. 

Stern  (Ludwig),  216. 
Stibium  ou  Stimmi,  224, 

238,  280,  281,  etc. 
Stobée,   16,  244. 
Stomoma,  233. 
Strabon,  55,  226,  266. 
Styrax,  i3. 
Sublimation,     210,     211, 

248,  249. 

—  complexe,  25o. 
Substance,  248. 
Suède,  7. 

Suie  métallique,  240. 
Sulfates,  241,  242. 
Sulfate  de  chaux,  267. 

—  de  soude,  286  (v.  Na- 
tron). 

Sulfhydrique    (acide),  6q. 
Sulfures     et     oxysulfures 

rouges,  244,  261. 
Surnaturel  (pouvoir),   20, 

21. 
Syène,  6. 
Sylla,  284. 
Sylvestre   de   Sacy,    2  35, 

236. 
Symbole  cordiforme,  157. 


Symbolisme,  12. 

Syncelle  (Georges  le),  24. 

Synesius,  no,    m,    129, 
i65,  166,  175,  177,  187, 
188,  189,  199,  202,  286, 
288,  etc. 
—  (alambic),  i3o,  164. 

Syracuse,  56,  23 1. 


Tables  divinatoires,  91. 

Tablettes  métalliquesassv- 
riennes,  ou  tablettes  vo- 
tives, 80,  219. 

Tahout  (livre  magique  de), 
80. 

Talc,  29,  246,  272  (v.  Co- 
maris). 

Tannery  (Paul),  91,  226. 

Talismans,  235. 

Tartre,  210. 

Tat,  236. 

Tatars,  226. 

Taureau,  10, 

Taureau  (le),  2o5. 

—  (sang),  12. 
Taureaux  assyriens,  222. 
Teinte  de  l'or,  58. 
Teintures,  267,  268. 
Teintures  blanches  et  jau- 
nes, 260. 

Teinture  des  métaux,  56, 
60,  254,  267. 

—  du  verre,  271,  272. 
Teinture  en  or  et  en  ar- 
gent, 2  3. 

Télaugès,  91. 

Tello,  223,  227,  228. 

Tentyrite,  9. 

Terres,  usages,  267. 

Terres  de  Chio.  Cimo- 
le,  Erétrie,  Lemnos 
Melos,  Samos,  Selinon- 
te,  267  (v.  ces  mots). 

Terre  (corps  assimilés  à 
la),  259. 


INDEX    ALPHABETIQUE 


329 


Terre  (esprit  de  la),  8,  9. 

—  mère  des  métaux,  g3, 
260. 

Terrestres  (les  choses)  en 
haut,  260  (v.  Célestes). 
Tétrasomie,  290. 
Teutonicus,  208. 
Thaïes.  1 10,  III. 
Théagène,  294. 
Thèbes,  5j  8,  21. 

—  (sept  portes),  74. 
Theoctonicos,  207  à  20Q, 

235,  238. 
Théodore,  iSg,  174,   177, 

178,  188,  193,  195,  197, 

287,  (290). 
Théodose,    8,   175.    192, 

193, 196,  202,  2o5,  296. 
Théophile,  110,  iii,  294. 
Théophraste,  3,4,  245, 

253,  262. 

—  (poète),  i65,  175,  etc. 
Théosébie,  no,  m,  177, 

236. 
Thessalie,  252. 
Thia,  mère  du  soleil,  77. 
Thouras,  Mars,   83,    102. 
Thrace,  226,  292. 
Timée,  76,  78,  260,  292. 
Tingere  monetam,  54. 
Tinkal,  281. 
Titan,  ii. 
Titanos,  243. 
Tmolus,  266. 
Tombac  blanc,  34,62,282. 
Tons    musicaux,  74,   289 

(v.   les   mots  :   sept  et 

musicaux). 
Topaze,  244. 
Tortue   (bile),  52,   58  (v. 

Bile). 
Toth,  16,  17,  236. 
Tout    (le),    (i33),    (i53), 

255,  289,  292,  294. 
Tphél'hiérogrammate,  17. 
Transmutation,  3,  5,   19, 

63,  73,  304. 


Transmutation    mise    en 

doute,  102,  260. 
Trempe,  267. 

—  du  bronze, du  fer,  267. 

—  des  métaux,  202,278. 
Trente  jours  du  mois,  86, 

87. 
Trente-six  décans,  87. 
Trépied,  i34,  i35,  164. 
Triangle,  293. 
Tribicos,  128, 1 3o,  1 39, 160. 
Triplement,  29. 
Tripoli,  266. 
Turba     philosophorum , 

176,  235,  304. 
Turin,  6,  204. 
Tutie,     i52,    i53,    (241), 

2  5o,  (268). 
Tutie  d'Alexandrie,  268. 
Tziganes,  227. 

U 

Ukert,  193. 

Urbicus,  9. 

Unité,  291. 

Unité  (axiomes),  i33. 

Unités  de  mesure,  22. 

Urine,  en  orfèvrerie,    58. 

—  d'impubère,    44,   46, 

47.  244. 
Urudi  (bronze),  80. 
Urine  et  vert  de  gris,  244. 
Usener,  3o3. 
Usta,  252,  262. 


Vache  noire  (lait),  12. 

Valentinien,  8. 

Vatican  (ms.),  173,  (191), 

295,  et  passim. 
Veau  bile),  41,  58  (v.  Bile). 
Venin  du  serpent,  133,254. 
Venus,  i3 

—      de  bois,  257. 


Vénus  et  cuivre,  77,  81, 
83,  94. 

—  et  étain,  79,  84. 

—  (semence  de),    12. 
Verdet,  232,  262. 
Vermillon,  253,  261. 
Vernis  doré,  59. 

Verre  (coloration)  291. 
Verre  (monnaie  de),  3o3. 

—  (traités sur  le),  202. 
Verseau  (le),  2o5. 

Vert  de  gris, 2 10, 23 1, 233, 

241. 
Vertes  (couleurs),  262. 
Vesta,  10. 
Vie,  87. 
Vienne    (Ms),    194,     190, 

204,  3o3. 
Vierge  (la),  2o5. 

—  (terre),  210. 

—  urine,  304. 

Vif  argent,  239  (v.  mer- 
cure). 

Vin  (fleurs),  287. 

Vinaigre,  14, 42,  52,  281  et 
passim. 

Vincent  de  Béarnais,  45, 
2i8,  23i,  280,  283  et 
passim. 

Violet  (coloration en),  i3, 
255. 

Violette  blanche. 

Virchow,  224. 

Virgile,  jy. 

Virulence,  i3,  255. 

Virus,  14,  254. 

Vitriol,  232,  241, 285,  etc. 

—  blanc,    bleu,     jaune, 
rouge,  vert,  242. 

—  bleu,  23 1. 

—  fait  l'or,  294. 

—  vert,  1 5,  etc. 
Vitruve,  3,  io3,  200,  23 1, 

j       262,  274,  etc. 
I    Voie  droite  (la),  207,  208. 
I    Vossianus    (codex),    167, 
!       (2  II),  304. 


33o 


CHIMIE    DES    ANCIENS 


Voyelles  grecques,  (sept), 

76. 
Vulcain,  10,  12. 

W 

Weimar,  192. 
Wessely,  3o3. 
Wismath,  24g,  256,  257. 
Witte  (de),  76. 

X 

Xénocrate,  no,  ni. 
Xiphilin,  197. 


Z  (lettre),  12,  i3. 

—  signe,  3o3. 
Zakour,  81. 
Zamolxis,  2  35. 
Zeus,  82,  97. 

Zinc,  carbonate,  silicate, 
239,  266. 

—  fleur,  287. 
Zminis  le  Tentyrite,  g. 
Zodiaque,  76. 

—  (signes)  et  parties  du 
corps  humain,  2o5. 


Zodiaque  .(signes)  et  plan- 
tes, 207,  293. 

Zonitis,  23g. 

Zoroastre,  n,  17,  202, 
206,  234. 

Zosime,  g,  17,  ig,  20,  27, 
39,  55,69,82,  127,  i2q, 
137,  143,  i52,  i53,  i55, 
161,  172,  175,  et  suiv.  ; 
178,  184  et  suiv.  ;  192, 
ig4,  ig6,(2oi),  235,  236, 
278,  287,  288,  299, 
3oo,  etc. 


IMPRIMERIE    L  E  M  A  L  E    ET    C  <= 


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