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Full text of "Introduction a l'étude des hiéroglyphes"

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U  o7 


INTRODUCTION 
A   L'ÉTUDE   DES   HIÉROGLYPFIES 


a* 


.^^,^ 


Jean  Feançois  Champollion,  le  jeune. 

Né  à  Figeac,  le  23  décembre  1790.  —  Elève  au  lycée  de  Grenoble,  1801.  —  Étudiant 
à  Paris,  1807.  —  Professeur  d'histoire  à  la  Faculté  de  Grenoble,  1809.  —  Destitué 
pour  raisons  politiques.  1816.  —  Mariage  avec  Rosine  Blanc,  1818.  —  Deuxième 
séjour  à  Paris,  1821.  —  Lecture  à  l'Institut  de  la  Lettre  à  Dacio-,  27  septembre  1822. 
—  Mission  en  Italie,  1824  à  1826.  —  Conservateur  du  Musée  égj^tien  du  Louvre,  1826.  — 
Mission  en  Egypte,  1828  à  1830.  —  Membre  de  l'Académie  des  Inscriptions,  1830.  — 
Professeur  au  Collège  de  France,    1831.   —   Mort   à  Paris,  le  4  mars  1832. 


h;  SOTTAS  E.  DRIOTON 

DIRECTEUR  D'ÉTUDES  PROFESSEUR 

A    LÉCOLE    PRATIQUE  A  L'INSTITUT  CATHOLIQUE 

DES    HAUTES    ÉTUDES  DE  PARIS 


T  N  T  R  0  D  U  C  T 1 0  î^ 

A  L'ÉTUDE  DES 

H  1  É  R  0  G  L  Y  F  H  P]  S 


AVEC  UN  PORTRAIT  DE  CHAMPOLEION, 
3  PLAXCIIE.S  ET  5  Fl(;UKES 


LIBRAIRIE    ORIENTALISTE --o''7r^'' 

PAUL  GEUTHNER  '  ^      ^ 

13  RUE  JACOB,  PARIS  -   1922 


VIENNE    -  TYP.  ADOLPHE  HOLZHAUSEN. 

IMPUIMEKIE  DE  LX'XIVKESITE. 


Les  auteurs  de  ce  petit  livre,  qui  couuneuce 
une  série  de  manuels  sur  les  langues  et  écri- 
tures orientales,  sont  heureux  d'avoir  ])u  le 
faire  paraître  à  l'occasion  du  centenaire  de  la 
grande  découverte  de  Champollion,  comme 
un  faible  témoi<»'nao'e  de  leur  «Tande  ad- 
uiii-nti(»n    })(»iir    le   fondateur   de  Tét^yptuloyie. 


Avertissement. 

Au  lendemain  du  cataclysme  mondial, qui  a  fait  fléchir  ou  abattu, 
hélas!  définitivement^  tant  d'énergies  scientifiques,  il  a  semblé  qu'un 
double  devoir  s'imposait  tout  d'abord  à  un  égyptologue  français 
orienté  vers  la  philologie:  assurer,  dans  la  patrie  de  Champolliox, 
la  continuité  des  études  démotiques  et  fournir  aux  néophytes 
une  série  de  manuels  les  dispensant  de  s'aller  former  à  des 
habitudes  d'esprit  et  de  travail  étrangères.  Les  deux  tâches  ont 
pu  recevoir  un  commencement  d'exécution,  grâce  au  concours 
matériel  de  l'éditeur  de  ce  petit  livre,  lequel,  soit  avant,  soit 
après   la  guerre.^  était  allé  au  devant  de  mes  désirs. 

Si,  au  bout  de  quatre  ans,  le  travail  n'est  pas  plus  avancé, 
c'est  que  les  signatures  mises  au  bas  de  l'armistice,  puis  du 
traité  de  paix,  n'ont  pas  davantage  fermé  les  plaies  ou  calmé 
les  malaises  des  victimes  individuelles  que  des  nations  elles-mêmes. 
Et  la  trop  grande  hâte  à  regagner  le  temps  perdu  pour  la 
science  s'est  révélée  comme  un  principe  de  mauvaise  économie 
des  forces.  Contraint  de  céder  journellement  à  la  fatigue  trop 
prompte,  et  de  m  'arrêter  parfois  durant  des  semaines  pour  ne 
pas  compromettre  une  guérison  d'ailleurs  problématique,  j'aurais 
dû  peut-être  prolonger  outre  mesure  l'élaboration  de  ce  manuel 
si  je  n  'avais  rencontré  un  précieux  auxiliaire  en  la  personne  de 
M.  l'abbé  Etienne  Drioton.  Des  dons  naturels  de  premier  ordre, 
une  excellente  préparation  générale  et  spéciale,  un  sens  péda- 
gogique très  développé  lui  sont  en  partage,  avec  ces  biens 
inestimables    que   j'ai    perdus,    l'endurance,    la   patience  et    la 


X  AVERTISSEMENT. 


régularité  dans  le  travail.  M'étant  mis  facilement  d'accord  avec 
lui  sur  les  grandes  questions  qui  dominent  notre  discipline  et 
souvent  en  divisent  les  adeptes,  il  m'a  semblé  qu'une  collaboration 
était  possible,  ce  qui  s'est  vérifié,  et  je  pense  que  l'avenir  la 
rendra  plus  étroite  encore.  Pour  cette  fois^  M.  Driotox  a  bien 
voulu  se  charger  de  préparer  dans  le  détail  les  i-Tableaux  des 
signes>^,  qui  ont  été  ensuite  revus  en  commun.  Les  spécimens 
d'écriture  ont  été  choisis  et  analj'sés  par  lui.  Il  a  composé  les 
Chapitres  /T'  sur  la  disposition  matérielle  de  l'écriture  et  VII 
sur  les  Pérès  de  l'Église  et  Kircher;  enfin  dessiné  la  vignette 
de  la  p.  6.  Pour  ma  part,  j 'assume  la  responsabilité  des  Chapitres 
I,  IL  III,  V,  VI,  VIII  et  du  plan  général. 

*  * 

Les  manuels  d'égjyptologie  relativement  récents  ne  font  pas 
défaut  à  l'étranger.  Ils  remontent  en  majorité  à  un  même 
prototype.  Je  n'ai  pas  cru  devoir  ajouter  un  numéro  à  cette 
série.  Quitte  à  dépenser  plus  de  peine  et  de  temps,  je  me  suis 
interdit  d'écrire  quoi  que  ce  fut  qui  ressemblât  à  un  démarquage. 
Il  y  avait  lieu,  par  dessus  tout,  de  s 'adapter  au  tempérament 
français,  c'est-à-dire  de  donner  à  l'idée  générale  le  pas  sur  le 
fait  particulier.,  en  maintenant  entre  eux,  cela  va  de  soi,  la 
liaison  nécessaire.  Faute  d'une  tradition  française  ininterrompue., 
le  désir  de  trouver  une  formule  tant  soit  peu  neuve  en  un 
domaine  aussi  fréquenté  m'a  déterminé  à  fixer  ma  méthode  en 
cherchant  à  faire  tourner  à  bien  les  conséquences  de  la  longue 
période  troublée.  Ne  pas  sollicite)-  la  mémoire,  tirer  le  sujet  de 
mon  propre  fonds,  en  tracer  tout  d'abord  les  grandes  lignes  et 
ne  recourir  aux  travaux  antérieurs  que  pour  contrôler  et 
compléter,  tel  a  été  le  procédé  mis  en  œuvre.  Si  la  légitimité 
m  'en  paraissait  parfois  un  peu  suspecte,  eu  égard  aux  exigences 


AVERTISSEMENT.  XI 


de  la  science  moderne,  mes  scrupules  ont  été  levés  quand,  à  la 
veille  de  livrer  le  manuscrit  à  V impression,  j 'ai  pu  lire  en  tête 
de  V ouvrage  magistral  de  Heinrich  Schâfer  sur  l 'art  égjytien 
les  lignes  suivantes:  «Wàhrend  der  Vorarbeiten  habe  ich  midi 
von  Ansichten  Anderer  beuniJJt  moglichst  ferngehalten,  bis  ich 
tnein  Eigenes  geniigend  gefestigt  zu  haben  glaubte;  um  so  mehr 
hat  midi  dann  oft  das  Zusammentieffen  gefreut»  (/).  Pouvais-je 
souhaiter  justification  meilleure? 

Parmi  les  sujets  de  réflexion  que  m'a  donnés  l'étude  des 
travaux  de  mes  prédécesseurs,  il  en  est  un  qui  a  trait  à  la 
nomenclature.  P.  Mostet,  dans  ses  Remarques  sur  la  Gram- 
maire, souvent  fort  judicieuses,  recommande  (p.  33  sq.),  d'après 
V.  LORET,  l'abandon  de  l'expression  '^ signe-mot-»  et  le  retour 
à  la  nomenclature  de  Champollion.  J'ai  cru  devoir  passer  outre, 
et  voici  poui-quoi.  Le  principal  reproche  adressé  à  <-signe-motr> 
est  de  prendre  un  sens  différent  d'un  auteur  à  l'autre.  Ce 
reproche  peut  être  fondé,  mais  il  s'applique  tout  autant  au 
vocable  <i-figuratif^,  sous  lequel  Mostet  groupe  (p.  26)  deux 
catégories  distinctes  chez  Champollion  (Précis,  Chap.  X, 
§VI — VJI)  et  chez  M.  Lorkt  lui-même  (Manuel,  §3$ — 3j):  les 
signes  '^figuratifs r>  et  <i- sj'mboliqiies ■» .  «Signe-mot»  et,  mieux, 
«signe-racine»  ont  l'avantage  d'évoquer  les  rapports  de  la 
langue  et  de  l 'écriture.  Je  reconnais  qu  'ils  nous  transportent 
dans  une  région  bien  obscure,  mais  c  'est  affaire  au  temps  de 
Vêclaircir.  A  ce  propos  je  veux  parer  à  une  équivoque  qui 
pourrait  naitre  de  l'opinion  exprimée  p.  75  sq.  et  ii3  sq.  Je 
crois,  avec  Champollion,  qu'une  écriture  pictographique  très 
rudimcntaire  pouvait  être  d'abord  à  peu  près  indépendante  de 
la    langue   parlée    et    que    celle-ci    a  pu,    par    la  suite,    adapter 

(i)  H.  ScHÀFEB,    lo»  àgyptisclier  Kunst  (içiç),    \onvort,  p.    VI. 


XII  AVERTISSEMENT. 


quelques-uns  de  ses   éléments  à  celle-là.  Mais,    dès   qu  'il  s 'agit 

de    l'écriture  hiéroglyphique   développée^    la    langue    me   paraît 

prendre  le  pas  sur  récriture,   la  conditionner  en  quelque  sorte, 

la    contraindre   à   se   modeler   sur   elle,    et  cela,    non  seulement 

pour  les  éléments  phonétiques,  ce  qui  est  l'évidence  7nème,  mais 

pour  les  éléments  mixtes phonético-idéographiques  dont  Champollion 

n  'avait  pas  encore  précisé  la  nature. 

Il    se    peut    qu'on     critique    l'expression     ^signe-racine-»    en 

objectant  qu'un  tel  signe  écrit  parfois  des  homonymes  étrangers 

à  la  racine.  Mais,  si  l'aire  phonétique  d'un  signe  déborde  son 

aire  sémantique,    il  nous  est  bien  difficile   de   nous   eji    assurer. 

Et  puis  les  adaptateurs  de  l 'écriture  ne  devaient  pas    être   des 

étjnnologistes  rigoureux  sur  les  principes.    Enfin.^  le  cas  est  en 

somme  prévu  indirectement  aux  p.  y  et  p.  Si  une  racine  difficile 

à    représenter   graphiquement   emprunte    le   signe    d'une   racine 

homonyme,  celui-ci  se  trouve  jouer  un  rôle  purement  phonétique, 

comme  adjoint  d'un  signe-racine  non  exprimé,  fait  normal  selon 

la  théorie. 

* 
*  * 

Si  je  ne  m'accorde  pas  tout- à- fait  avec  mon  collègue  de 
Strasbourg  pour  une  simple  question  de  mots,  je  suis  heureux 
de  me  rencontrer  avec  lui  sur  un  point  plus  important:  la  simpli- 
fication de  la  nomenclature  par  la  réduction  à  trois  des  catégories 
de  signes  (cf.  Montet,  p.  p6).  Si  j'ai  employé  l'expression 
<i complément  phonétique ^ ,  c'est  que  l'usage  en  est  commode,  en 
dehors  d'une  classification  théorique.  Il  ne  m'a  pas  semblé  utile 
de  maintenir  la  distinction,  souvent  artificielle,  entre  l'emploi 
comme  signe-racine  ou  comme  abréviation  (Abkiirzung,  chez 
Erman).  Quant  aux  <i. déterminatifs  phonétiques-»,  je  n'aurais  pas 
été  conséquent  avec  moi-même  si  je  ne  les  avais  pas  supprimés^ 


AVERTISSEMENT.  XIII 


puisque,  dit  Montet  (p.  48),  «c'est  uniquement  par  leur  position 
que  ces  signes  se  distinguent  des  véritables  sj^llabiques  » .  Il  en 
est  de  même  pour  le  <iiibertragen>^  d'ERMAN.  D'abord  la  distinction 
est  le  plus  souvent  affaire  de  lexique  plutôt  que  d'écriture.  Et 
puis  tous  les  signes  sont  «tropiques-»^  plus  ou  moins,  élargissant 
ou  rétrécissant  l'idée  tour  à  tour  et  même  à  la  fois. 

Il  en  est  de  la  transcription  comme  de  la  nomenclature.  On 
en  trouvera  difficilement  une  qui  réunisse  tous  les  suffrages  et 
ne  pèche  point  par  quelque  coté.  Je  me  contenterai  de  renvoj-er 
à  ce  j'ai  dit  sur  ce  sujet  dans  l'Introduction  des  mes  Papyrus 
démotiques  de  Lille,  p.  XII. 

Dans  le  tableau  des  signes,  nous  nous  sonimes  tenus  autant 
que  possible  à  l'écart  des  questions  de  vocabulaire,  )ie  donnant 
dans  la  colonne  signe-racine  qu'un  seul  mot  pour  une  même 
prononciation.  Il  a  été  dérogé  à  cette  règle  lorsque,  à  coté  du 
mot  le  plus  «figuratif*,  mais  d'orthographe  trop  abrégée,  il  j- 
avait  intérêt  à  en  citer  un  autre,  apparenté,  montiant  tous  les 
éléments  utiles.  De  même,  quant  a  l'analyse  des  spécimens 
d'écriture,  je  me  suis  mis  d'accord  avec  M.  Drioton  pour  qu'il 
en  exclue  les  détails  de  grammaire  qui  sont  du  ressort  d'un 
manuel  subséquent. 

Nous  espérons  que  le  tableau  des  signes  phonétiques  classés 
en  ordre  rétrograde  (p.  161 — 163)  sera  jugé  commode.  Pour 
ma  part,  j 'avais,  en  cryptographie,  apprécié  la  grande  utilité 
des  listes  de  groupes  chiffrants  établies  sur  chacune  des  com- 
posantes. La  pratique  de  l'enseignement  égjptologique  montre 
que  les  débutants  ont  quelque  peine  à  tirer  tout  le  parti  possible 
des  compléments  phonétiques  pour  la  lecture  des  signes  de  valeur 
complexe.  Le  tableau  les  confirmera  dans  l'application  systématique 

de  cette  méthode  et  aidera  leur  mémoire. 

H.  SOTTAS. 


XIV 


TABLEAU  DES  SIGNES  UNILITERES. 


Tableau  des  signes  unilitères  («alphabet  égyptien»). 


Page  du  j  Trans- 

Tableau   Signes  I  "  "^ 
détaillé!      ^         icription 


Valeur  approximative 


Forme     i     Forme 
hiéra-  démo- 

tique     I      tique 


130 


esprit  doux  grec,  'aleph  sémitique. 
Quelquefois  voyelle:  or,  e 


136 


122 


131 


155  9 


124 


L 


143    î      D 


134 


131 


128 


y  (comme  dans  «yole*).  Quelquef. 
voyelle  :  i.  Souvent  affaibli  et 
confondu  avec  le  précédent, 
surtout  comme  initiale 


peut-être   le   'ain  sémitique. 
Quelquefois  voyelle  :  û.  o 


IQ         w  anglais. 

Quelquefois  voyelle:  ?t  (ou) 


P         P 


}  VI      i   m 


1 40        I     /VWAA/v 


121 


141 


m 


h  doux 


1 

f 


i^ 


L. 

m. 

3 


3 


IL 


m  \^ 


TABLEAU  DES  SIGNES  UNILITERES. 


XV 


Pngeda:  ™ 

.  Tableau  i  Slffues  I         " 
;  détaillé        °  Ciiption 


Valeur  approximative 


Forme      i     Forme 
hiéra-  démo- 

tiqué  tique 


156 


153 


124 


142 


147 


140 


139 


153 


143 


157 


156 


123 


134 


h      1  h   fort 


C^ 


S 


comme  le  ch  allemand  dans  «nach» 


e> 


son  voisin  du  précédent,  mais  dis- 
tinct aux  hautes  époques 


1 


distincts  aux  liantes  époques;    I, 


■1     ■! 


fort 


ch  (comme  dans  «chat») 


'    peut-être   le  qoph  sémitique,   em- 
■^  phatique 


"^ 


A 


son  voisin  de  ^  dur  dans  t  tjàteau  »  r?| 


peut-être    le   teth    sémitique,    em-    : 
phatique 


(?) 


le  djendja  copte,  son  voisin    de  clj 


r 


V- 


n 


XVI  NOTIONS  DE  CHRONOLOGIE  ÉGYPTIENNE. 


Notions  de  Chronologie  Égyptienne. 

Les  grandes  périodes  de  l'histoire  d'Egypte  reçoivent  habi- 
tuellement les  dénominations  suivantes: 

DATES    APPROXIMATIVES 
PÉRIODES  DTXASTIES         AVANT    JÉSUS-ChEIST 

Période  prédjnastique    .  —  x  —  3500  ? 
Période  archaïque.  ...  1-3  3500?  -  3000? 
Ancien  Empire  (ou  Em- 
pire Memphite)   ....  4-6  3000  ?  -  2500  ? 
Moyen  Empire   (ou   pre- 
mier Empire  Thébain)  11-12  2200  -  1800 
Nouvel  Empire  (ou  deu- 
xième Empire  Thébain)  17-20  1650  -  1100 

Période  saïte 26  663  —  525 

Période  perse 27     30  525  -  332 

Période  ptolémaïque  ...  —  332  —  30 

Période  romaine —  30av.J.-C. —  395ap.J.-C. 

Les  dynasties  qui  ne  sont  pas  décomptées  ci-dessus  corres- 
pondent à  des  périodes  de  troubles  ou  d'arrêt,  au  moins 
apparent,  dans  le  développement  de  la  civilisation. 

La  chronologie  est  à  peu  près  établie  pour  le  premier  millé- 
naire avant  notre  ère,  et  d'autant  plus  incertaine  qu'on  remonte 
dans  le  temps.  Plus  haut  que  le  Nouvel  Empire,  les  erreurs 
possibles  peuvent  atteindre  plusieurs  siècles.  Les  anciennetés 
indiquées  représentent  plutôt  un  minimum. 


Première  Partie.  Le  système  hiéroglyphique. 


Chapitre  P^ 

Principe  du  Système. 

Notre  })ensée  est  rarement  adéquate  ;i  son  objet.  Son  ex- 
pression sonore,  le  langage,  n'est  elle-même  qu'un  truchement 
assez  infidèle.  L'écriture,  si  perfectionnée  soit-elle,  ne  peut 
rendre  Tintégralité  des  sons  qu'émet  notre  appareil  glottal  et 
buccal.  On  peut  donc  dire  que,  comme  les  enchaînés  du  mythe 
de  la  caverne,  le  lecteur  dun  document  écrit  ne  perçoit  que 
l'ondjre  d'une  réalité. 

En  face  de  ces  imperfections,  Ihumme  observe  trois  atti- 
tudes :  ou  il  s'en  accommode,  ou  il  les  accentue,  plus  ou  moins 
inconsciemment,  ou  enfin  il  s'efforce  d'y  remédier. 

Il  s'y  résigne,  par  exemple,  quand  il  préfère  la  sim])licité 
à  la  précision,  tendance  qui  ressort  nettement  d'une  compa- 
raison entre  l'écriture  courante  et  les  transcriptions  imaginées 
par  les  phonéticiens;  (1)  ou  encore  quand  il  néglige  pendant  trop 
longtemps  de  rétablir  l'harmonie  entre  son  système  scriptural, 
plutôt  stable  de  nature,  et  l'idiome  parlé,  dont  l'évolution  est 
continue.  On  sait  combien,  sous  ce  rapport,  le  français  ou 
l'anglais   offre   de   difficultés   aux   étrangers    et   même    aux   na- 


(1)  Ex.  :  arî.;e  =^  arranger;  k'infa  =  connais.-^ait  ;  kulyreir  =:  coutu- 
rière; vioelj  ^=  niouton  ;  pr7i:v  =  prendre  (P.  Pa.ssy,  Le»  Resten  d'un  patoix 
cliainpeiiois,  ap.  Mélangea  publiés  à  l'occasion  du  Cinquantenaire  de  VErole  des 
Hautes  Etudes,  p.  243  stpi.). 

Sottas-Drioton.  1 


2  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


tionaux.  (>n  mesurera  l'écart  actuel  en  lisant  le  travail  d'un 
linguiste  français  qui  use  de  l'orthographe  réformée.  (1) 

11  semble  paradoxal,  à  première  vue,  que  l'homme  n'évite 
pas  soigneusement  d'ajouter  aux  défauts  qui  grèvent  un  instru- 
ment de  civilisation  dune  utilité  aussi  éminente.  C'est  que,  là 
encore,  il  obéit  à  cette  loi  du  moindre  effort  qui  est  aussi  le 
ressort  principal,  si  l'on  peut  dire,  des  modifications  du  lan- 
gage. C'est  elle  qui  donne  naissance  aux  cursives,  aux  écri- 
tures négligées  répondant  à  pou  près  ii  ce  qu'est  le  bredouille- 
ment  dans  la  langue  parlée  ;  aux  abréviations  sporadiques  ou 
systématiques  dont  les  inscriptions  latines  et  les  notes  tiro- 
niennes  montrent  des  exemples  si  frappants  ;  à  l'omission  des 
voyelles  dans  un  si  grand  nombre  d'écrits  en  langues  sémitiques, 
etc.  etc.,  et  pour  ne  parler  que  des  faits  les    plus  voisins  de  nous. 

Les  moyens  sont  nombreux  de  remédier  à  ce  que  nos  écri- 
tures, analytiques  à  l'extrême,  ont  d'inexpressif  ou  d'ambigu. 
Telles  sont  certaines  conventions  d'écriture  qui  font  de  l'ortho- 
graphe, non  plus  un  tyran,  comme  beaucoup  l'envisagent,  mais 
un  précieux  auxiliaire.  Des  difïérenciati(5ns  s'obtiennent  encore 
par  des  initiales  majuscules,  par  des  accents  qui  soiivent  ne 
correspondent  à  rien  dans  la  prononciation,  par  des  traits  sou- 
lignés, par  la  séparation  des  mots,  la  ponctuation,  etc.  etc., 
tous  procédés  qui  cori'espondent  plus  ou  moins,  dans  l'écriture, 
à  ce  que  sont,  pour  la  langue  parlée,  les  inflexions  de  la  voix, 
le  geste,  même  la  musique  accompagnant  les  paroles,  en  un 
mot  tout  ce  qui  s'adresse  directement  à  notre  sensibilité  plutôt 
qu'à  notre  raison. 

Ces  remarques  générales  et  préliminaires  ne  sont  pas  inutiles 
pour  qui  veut  juger  sainement,  ou  simplement  décrire,  le 
système    hiéroglyphique.     Faute    de    les    prendre    en    consi- 


(1)  P.  ex.  Tarticle  prtîcité,    ou,    mieux,    les    uiûinoires    de   M.  Ant.  Thomas 
dans  les  dernières  années  de  I?oma)iin. 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTEME. 


dération,  nous  serions  trop  tentés,  esclaves  de  riia1)itude,  d'en- 
visager notre  propre  système  d'écriture  comme  la  norme,  et 
de  traiter  d'inférieur  tout  ce  qui  s'en  écarte  par  trop.  (1) 

L'avantage  le  plus  évident  de  notre  alphabet  sur  les  écritures 
anciennes  complexes  est  la  réduction  du  nombre  des  signes. 
En  réalité,  les  lettres  accentuées  du  français  ou  infléchies  de 
l'allemand  accroissent  ce  chiffre  de  quelques  unités  et  les  ma- 
juscules le  doublent.  Mais  ce  qui  est  plus  grave,  c'est  que  le 
temps  économisé  par  l'enfant  gnâce  à  la  réduction  des  signes 
constitutifs  est  compensé  ensuite,  et  au  delà  peut-être,  par  la 
nécessité  d'apprendre  l'orthographe,  c'est-à-dire  de  graver  dans 
la  mémoire  la  physionomie  de  chaque  mot,  sans  que  des  règles 
bien  logiques  facilitent  cet  effort.  Le  bienfait  de  l'analyse  est 
par  Ik-même  en  partie  perdu.  Quand  une  langue  présente  une 
orthographe  aussi  capricieuse  que  la  nôtre,  on  jjeut  dire,  sans 
outrer  le  paradoxe,  que  la  simplicité  du  système  d'écriture  n'est 
vraiment  sensible  que  pour  la  typographie  (2)  ou  la  dactylographie. 

Pour  qu'on  ne  nous  accuse  pas  d'emblée  de  partialité  en 
faveur  de  la  vieille  Egypte,  nous  allons,  observant  d'ailleurs 
le  même  ordre  que  ci-dessus,  exposer  tout  d'abord  brièvement 
les  résultats  de  son  indolence  en  face  dos  défauts  essentiels 
du  système  hiéroglyphique. 

Les  p^g^-ptiens  se  sont  montrés  des  plus  conservateurs  en 
matière  d'écriture;  les  orthographes  dites  historiques  ne  se 
comptent  pas;  ils  ont  notamment  continué  à  écrire  systéma- 
tiquement des  signes  corres})ondant  à  des  phonèmes  depuis 
longtemps  oblitérés. 

(1)  Récemment  encore,  M.  Spikc.kuseug  (GUttinfjinche  gelelirte  Anzeiijen,  19U8, 
1>.  119)  traitait  récriture  liiéroglyplii((ue  de  système  enfantin. 

(2)  On  ne  paraît  même  pas  avoir  toujours  apprécié  à  sa  valeur  cet  avantage. 
C'est  ainsi  que  la  cursive  grecque  imprimée  a  longtemps  admis  des  caractères 
comportant  des  lettres  ligaturées,  et  cela  en  plus  du  système  déjà  complexe 
des  esprits  et  des  accents. 

1* 


4  INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 

Ils  n'ont  guère  marqué  de  tendances  suivies  k  la  réduction 
du  nombre  des  signes  élémentaires.  Là  où  l'on  observe  ce 
phénomène,  il  s'agit  d'une  simplification  des  signes  synthétiques 
(signes-racines)  et  elle  s'opère  plutôt  aux  dépens  de  la  clarté. 
Aux  basses  époques  on  voit  au  contraire  les  hiéroglyphes  se 
multiplier  de  telle  sorte  que  l'écriture  en  devient  presque  une 
cryptographie.  Il  est  vrai  qu'alors,  par  suite  de  l'adoption  de 
récriture  démotique  servant  aux  usages  courants,  les  hiéro- 
glyphes étaient  réduits  aa  rôle  d'écriture  savante. 

Les  Égyptiens  ont,  eux  aussi,  pratiqué  l'abréviation;  niais,  vu  la 
nature  synthétique  d'une  partie  du  système,  cette  pratique  n'en- 
traîne pas  des  inconvénients  aussi  grands  qu'avec  nos  alphabets. 

Comme  les  Sémites,  ils  se  sont  abstenus  d'écrire  régulièrement 
les  voyelles.  La  question  de  la  vocalisation  est  une  des  plus 
épineuses  et  des  plus  contestées  ;  il  n'y  a  pas  lieu  de  la  mettre 
ici  en  discussion.  Il  suffira  d'observer  que  les  partisans  les 
plus  décidés  de  la  présence  de  signes-voyelles  dans  les  hiéro- 
glyphes n'ont  jamais  soutenu  que  le  vocalisme  fiît  entièrement 
représenté,  même  de  façon  grossière.  On  ne  risquera  donc  de 
heurter  trop  fortement  l'opinion  de  personne  si  l'on  admet, 
après  Champolliok,  que  les  Egyptiens  marquaient  les  voyelles 
k  peu  près  dans  la  même  mesure  que  l'hébreu  non  ponctué 
ou  l'arabe  dans  sa  f(ti'me  usuelle,  réduite  aux  lettres  et  points 
diacritiques.  Il  est  important  de  constater  que,  lorsque  les  Egyp- 
tiens sont  entrés  en  contact  étroit  avec  la  civilisation  sémitique^ 
puis  avec  la  grecque,  ils  ont  fait  effort,  les  deux  fois,  pour 
exprimer  le  vocalisme  des  mots  étrangers  nouvellement  intro- 
duits dans  la  langue,  mais  ils  n'ont  nullement  éprouvé  le  besoin 
d'en  faire  autant,  du  moins  de  façon  complète,  pour  les  mots 
appartenant  au  fonds  indigène. 

Si,  en  regard  de  ces  défectuosités,  nous  cherchons  k  discerner 
les  avantages  du  système,  nous  devons  reconnaître  que  les 
Egyptiens   ont   été   guidés  par  un  instinct  très  sûr.    Cette  irré- 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTEME. 


eularité  orthographique  qui  nous  choque  tant  (1)  confère  à 
leur  écriture  une  souplesse  inégalée.  Ils  ont  su  doser  mieux 
que  nous  le  rôle  de  l'ouïe  et  de  la  vue  dans  la  transmission 
graphique  de  la  pensée.  Qu'on  leur  attribue  une  mentalité  de 
primitifs  ou  qu'on  leur  accorde  un  certain  sens  philosophique, 
ils  n'ont  pas  cru  devoir  renoncer  complètement,  comme  nous, 
h  représenter  directement  robjet  de  la  pensée  sans  passer  par 
l'intermédiaire  obligé  des  mots  de  la  langue  parlée.  L'emploi 
simultané  des  deux  procédés  qui  se  complètent  mutuellement 
réussit  a  pallier  bien  des  défauts.  Les  caractères  idéographiques 
ou  semi-idéographiques  ajoutent  à  l'expression  de  la  pensée 
abstraite  un  élément  émotif  ou  pittoresque  comparable,  nnitatls 
mutcmdis,  à  ce  que  nous  font  éprouver,  par  exemple,  l'illustration 
d'un  texte  par  l'image,  le  hit-motiv  wagnérien  qui  s'adresse  en 
quelque  sorte  au  subconscient  et,  par  un  dessin  mélodique  pré- 
cis, évoque  des  idées  au  contour  flou,  ou  encore  les  épithètes 
dites  homériques.  Quoi  de  plus  suggestif,  en  effet,  qu'un  rap- 
])rochement  entre  l'orthographe  d'un  mot  comme  ^-jp)  ^^  il  Ql) 
«  supplier  »  et  l'expression  eschylienno  y^tioorôvovg  hràg  (»bVj?< 
contre  T/iUes,   172)  V 

*  * 

Dualisme,  voilà  le  mot  (jui  nous  ouvrira  la  compréhension 
de  la  jilupart  des  faits.  Examinant  le  système  i)arvenu  à  son 
plein  éj)anouissement,  et  ré.^ervant  pour  un  chapitre  subséquent 
toute  tentative  d'en  rechercher  les  origines  et  tracer  l'évolution, 
nous  constatons  qu'un  hiéroglyphe  peut,  à  ce  qu'il  semble, 
posséder  les  propriétés  suivantes  : 

(1)  On  peut  se  demander  si  la  fixitc  d'une  orthograjihe  snuvent  arbitraire, 
ainsi  que  la  nôtre,  ne  serait  pas  apparue  au.x  yeu.K  de  l'Eg^yptien  comme 
une  tyrannie  analojrue  à  l'obligration  de  composer  en  mètres,  alors  que 
l'invention  de  Tûcriture  supplée  à  ce  moyen  mn('moteclini([ue.  Ecrire  en 
])rose  et  orthographier  selon  son  jug'ement,  ce  sont  là,  si  l'un  y  rc'fléchit,  deux 
libertés  du  même  ordre. 


6 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


1"  Il  représente  à  la  fois  un  son  et  une  idée,  c'est-à-dire, 
en  somme,  un  mot.  Il  sera  dit  mi-idéographique,  mi-phonétique, 
ou  «signe-mot»,  ou  plus  généralement,   «signe-racine». 

Ex.   :    ^7|   sirr  «boire». 

2"  Il   représente   une   idée,   mais   pas   de  façon  assez  précise 
pour   qu'un   mot   de   la   langue   parlée   y   soit   attaché.    Il   sera 
dit  idéographique,  ou  «  déterminatif  ». 
Ex.  :  A  idée  de  mouvement. 

3°  Il  représente  seulement  un  son.  par  convention  pure,  son 
origine  étant  perdue  de  vue.  C'est,  en  moins  accentué,  ce  qui 
s'est  passé  pour  nos  caractères  actuels.  Il  sera  dit  «  signe 
phonétique  » . 

Ex.  :  <=z:=>  r,  préposition  «  vers  »   (représente  une  bouches) 

Quoique  ce  rôle  soit  triple,  c'est  bien  de  dualisme  qu'il 
convient  de  parler,  puisqu'il  s'agit  en  fait  de  deux  élément, 
considérés  tantôt  isolés,  tantôt  combinés. 

Dans  sa  forme  complète,  un  mot  égyptien  présente  les  élé- 
ments d'une  charade  :    or  +  an^e  +  orange- 


C'est  mieux  qu'un  «rébus»,  puisque,  à  côté  du  «premier» 
et  du  «second»,  etc.,  on  retrouve  l'«  entier».  Les  Egyptiens 
se  sont  comportés  là  comme  un  chimiste  qui  laisserait,  en  pré- 
sence des  produits  de  l'analyse,  un  résidu  du  corps  composé. 
Ex.   :  <rr>  r^^^^  ^ fl  r  +  mn  +  rmn   «bras». 

Il  arrive  aussi,  mais  plus  rarement,  que  la  partie  purement 
phonétique    du   mot   écrit  ne   comporte   pas    de   décomposition. 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTEME. 


(.)n   accolle  seulement  au  signe-mot  celui  d"un  mot  liomonyme, 
de  lecture  mieux  connue  ou  moins  ambiaur. 


Ex.  :    .^s^iiTI   "■'*  +  "■''    «ouvrir». 

Un  cas  particulier  du  précédent  se  rencontre,  dans  les  or- 
thographes qui  visent  îi  être  complètes^  lorsque  le  signe-mot 
se  suffit  à  lui-même,  n'ayant  pas  d'homonyme  plus  explicite. 
La  dualité  est  maintenue  grâce  à  un  trait  vertical  qui  accom- 
pagne le  signe-mot.  C'est  comme  si  on  redoublait  le  signe-mot 
pour  avertir  qu'il  a  sa  pleine  valeur,  tant  idéographique  que 
phonétique. 

Ex.  :  a  \  )/  [+  [i)   «  siège  » . 

Le  signe-mot,  d'une  part,  et  la  partie  phonétique,  de  l'autre, 

employés   isolément,    peuvent   comporter    plusieurs   sens.    Leur 

réunion   i)récise  l'idée.  (  1  ) 

* 

5f:  * 

Mais  on  conçoit  que,  si  le  signe-mot  se  laisse  identifier  sans 
doute  possible  et  que,  d'autre  part,  la  partie  phonétique  .soit 
entièrement  écrite,  au  vocalisme  piès,  il  y  ait  redondance, 
presque  double  cm[)loi.  Des  simplifications  ne  pouvaient 
manquer  d'intervenir,  selon  les  occasions  et  dans  des  pro])or- 
tions  variables  ;  c'est  lii  ce  qui  exj)lique  le  manque  de  rigidité, 
de  constance,  du  système. 

Les  simplifications  atteignent,  soit  la  partie  phonétique,  soit 
le  signe-mot,  soit  l6s  deux  à  la  t'ois.  Elles  peuvent  aller  jusqu'à 
la  suppression  totale  de  l'une  des  deux  variétés. 

(1)  Avec  le  système  égyptien  ou  n'aurait  pas  eu  besoin  du  contexte  pour 
distinguer  (nous)  jiortion.i  et  (les)  portions,  ou  (le)  couvent  des  (poules  qui) 
coiiceni.  L'emploi  des  déterminatifs  a})pli([ucs  à  une  même  racine  rendrait 
impossibles  les  <  nouvelles  à  la  main  v  portant  sur  Vordonnance  (du  pliar- 
niafien)  et  le  {so\àsit-)ordoniiance,  etc.  I^es  Egyptiens  pratiquaient  rallité- 
ration,  mais  dans  un  autre  e.sprit  que  nous,  en  rechercliant  un  rap])roclie- 
nient,  non  une  éi[uivo(iue. 


8  INTRODUCTION  .A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 

La  partie  phonétique  peut  être  réduite  au  strict  nécessaire 
pour  parer  k  la  synonymie,  c'est-à-dire  aux  cas  où  les  signes-mots 
de  deux  ou  plusieurs  mots  différents  seraient  trop  ressemblants 
ou  même  identiques,  par  suite  d'une  usure  inévitable,  surtout 
dans  les  cursives.  C'est  comme  si,  estimant  insuffisante  la 
distinction  des  images  d'une  pomme  et  d'une  orange,  nous  les 
accompagnions,  l'une  d'un  m  ou  d'un  p,  l'autre  dun  r  ou  d'un 
g.  Les  éléments  de  ce  phonétisme  partiellement  exprimé  re- 
çoivent d'ordinaire  le  nom  de  compléments  phonétiques.  - 

Ex.   :  ^  Vv    szm  +  m  «  entendre  »  et    1  ^  ^v     s  +  szm  +  m, 
en  face  de     I  jTl  ^\    s  +  z  +  szm  +  m. 

Très  souvent  on  se  contente  d'écrire  le  signe-mot  seul, 
comptant  sur  le  contexte  pour  faciliter  la  compréhension  au 
lecteur. 

Ex.   :   nà    peut    représenter    les   mots  |— p|  au  et  s^- 

«écritoire»  :  tipi  «écrire»  ;  "'^ 


«  couleur  »,   il  ^ — ^  tiiii   «  brover  ». 


D  p  «  socle  »   et  non  la  consonne  j). 

La  simplification  du  signe-mot  peut  s'opérer  de  bien  des 
manières.  Tantôt  on  n'en  conserve  que  les  parties  caracté- 
ristiques. Sa  force  expressive  n'est  pas,  de  ce  fait,  sensible- 
ment diminuée. 


Ex.  :  n^^^^  SUT  «boi 


D'autres  fois  la  mutilation  est  moins  anodine,  et,  en  face 
d'un  plionétisme  pleinement  exprimé,  le  signe-mot  tend  à  devenir 
en  (pielque  sorte  un  accessoire.  On  peut  alors  presque  le  qua- 
lifier de  déterminatif.  Convenant  à  tout  un  groupe  d'idées  et 
de  mots,  son  rôle  est  à  peu  près  exclusivement  idéographique. 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTEME. 


Ex.   :      I    ^^  ^    .^vr     «boira»,    ^^   iiiiiini      tru    «ouvrir»; 


<r;>  7^  hrp   «offrir  les    prémices»    s'écrit   aussi  «cir 

et  <^  .=_ii 
D 

Dans  des  cas  comme  celui  du  mot  szr  «être  couché»,  qui 
peut  s'écrire  Ob^  ou  0  ^  "J^  ou  0  ^  o(^îq,  le  signe- 
mot  en  vient  ;i  perdre  jusqu'à  son  individualité,  puisque  deux 
si<;'nes  entièrement  différents  servent  pour  un  même  mot. 

On  constate  une  sorte  de  parti-pris  de  généralisation  dans  des 
cas  comme  ^jx.     «mouche»,  en  face  de  m,    l'image 


de  l'oie  s'appliquant  Ji  tout  ce  (|ui  vole.  (1)  La  distance  sé- 
parant le  signe-mot  et  le  détorminatit'  est  alors  franchie.  De  même 

pour  X  ^^^ '^^    «sauterelle»    devenu    "^^  ^f<  *^*=' 

Si  l'on  n'a  eu  d'autre  intention  que  de  substituer  ii  un  dessin 
rare  et  compliqué  un  autre  d'usage  très  courant,  c'est  là  encore 
un    procédé   de   simplification    gra])hique.     De   mémo  quand   on 

écrit     Ift  ii-A  au  lieu  do     JP  '^— j   «veau%  etc..  etc. 

r^e  signe-mot  j)eut  être  encore,  soit  remplacé  par  une  figure 
géométrique  (o,  \  ou  l),  soit  entièrement  supprimé.  11  est  très 
important  d'observer  que.  dans  ce  dernier  cas,  la  partie  pho- 
nétique doit  être  écrite  intégralomont,  du  moins  en  ce  qui  con- 
cerne les  consonnes. 

Ex.   :  ^ ^^    rmf    «homme»,  ^ ^\  :    mais    <rr>'^^\  s=> 

(copte  pcoMe). 

I.,a  réduction  ou  la  suppression  du  signe-mot  a  pour  objet 
le  plus  souvent  do  simj»lifier  la  tâche  du  dessinateur,  mais  aussi, 

(1)  Cf.  le  cas  (lu  latin  volatilix.  réservé  aux  oiseaux,  à  l'exclusion  des 
insectes  (A.  Daizat,  I,a  Philonophie  du   Langage,  p.  13). 


10  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉKOGLYrHES. 

dans    les    textes    funéraires,    d'éviter    certaines    figures    que    la 
magie  pourrait  animer  et  rendre  nuisibles. 

L'emploi  isolé  d'un  signe,  sans  accompagnement  du  trait  \, 
est  régulier  quand  ce  signe  ne  représente  qu'un  homonyme  du 
mot  qui  lui  a  donné  naissance. 

Ex.  :  D  p   «ce»   (démonstratif). 

Il  peut  y  avoir  réduction  des  deux  éléments  h  la  fois,  quand 
le  contexte  est  suffisamment  explicite. 

Ex.  :  ^h  SIC)-  «boire»,  venant,  dans  les  papyrus  médicaux, 
après  la  formule  d'une  potion. 


A  l'inverse  de  ces^simplifications,  on  observe  la  présence  d'élé- 
ments qui  s'ajoutent  au  schéma  tracé  plus  haut.  Ces  développe- 
ments   sont   de   nature,    soit   phonétique,    soit    idéographique. 

Tout  signe  entrant  dans  la  partie  phonétique  d'un  mot  et 
répondant  à  plus  d'une  consonne  peut  être  lui-même  environné 
de  tout  ou  partie  de  ses  compléments  phonétiques.  Il  y  a^.  dans 
ce  cas.  décomposition  ù  deux  degrés. 

Ex.   :   ,^j-"^  ^ fl  /■  +  (mu  +  u]  +  rmn   «bras». 

rnr  +  »?  +  r)  +  mi'   «pyramide». 
dlP   ^  ^  (."'•^-  +  -^)  +  i'^i'  +  '■)  +  >"^^-^i'  «oreille». 
I    ^     I  i^  /?  +  (^  +  ;■  +  //•)  4-  litr  «attelage». 

A  chaque  stade  de  cette  décomposition,  l'élément  plus  simple 
et  plus  fréquent  aide  la  mémoire  à  reconnaître  l'élément  plus 
complexe  et  plus  rare.  On  comprend  que  le  signe  unilitère 
n'ait  pas  éliminé,  ;i  la  longue,  le  signe  bilitère.  car  ce  dernier 
fournit  la  transition  avec  le  signe-mot  trilitère  ou  quadrilitère. 


IKL  " 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTÈME.  H 


Si  nous  passons  aux  développements  idéographiques,  il 
Y  a  lieu,  pour  bien  saisir  cet  ordre  de  phénomènes,  de  mo- 
difier au  préalable  notre  conception  de  l'élément  appelé  signe- 
mot,  ;i  l'imitation  des  grammairiens  modernes.  En  effet,  dans 
cet  emploi,  un  signe  ne  convient  généralement  pas  à  un  mot 
unique,  mais  à  tout  un  groupe  de  mots  apparentés  par  le  son 
comme  par  le  sens  et  qui,  même  sans  tenir  compte  des  nuances 
répondant  au  genre,  au  nombre,  à  la  flexion,  paraissent  différer 
les  uns  des  autres  par  des  éléments  de  dérivation,  préfixes, 
infixés  ou  suffixes,  notés  ou  non  phonétiquement. 

JLx.  :  û    mnh    «être   taronne»,     I  a    smnh    «lacon- 

ner.,  <=>^^  '•'";  P'-^»  M'I^^^i'er»,  <=>^(](]  ^^ 
>'iiii/f,  ep.UH   «larme». 

Ainsi  des  signes-mots,  tels  que  9  6*  ^^^  n'appartiennent 
])as  en  propre  à  un  mot  chacun,  mais  k  une  racine.  C'est 
pourquoi,  romitant  avec  les  habitudes  reçues,  nous  proposons 
de  substituer  à  l'a{)})ellation  signe-mot,  l'ap})ellation  généralisé»* 
signe-racine.  Si  des  simplifications  n'intervenaient  pas,  chaque 
image  ainsi  désignée  serait  caractéristique  d'une  racine. 

Pour  distinguer  les  mots  appartenant  à  une  môme  racine,  la 
langue  parlée  dispose,  outre  les  moyens  déjà  indiqués,  des  mo- 
difications du  vocalisme  radical.  L'écriture  n'en  tient  générale- 
ment pas  compte  et  c'est  sans  doute  pour  combler  cette  lacune 
(qu'elle  eut  recours  :i  un  nouvel  élément,  purement  idéogra- 
l)hique,  le  déterminatif. 

C'est  comme  si,  après  or  +  (ox/a  +  oraiifje,  on  ajoutait  l'image 
d'un  édifice  pour  exprnner  oraïu/crle  (sans  parler  du  suffixe  rie\. 

Ex.   :  f^  wi  «soldat»,  L^>^J^  «expédition  par  eau»  (signe 

Ks'  +  déterminatif),     /ww^a  \   %     «être    jeune», 

]  0(1)  «fruits»  (phonétisme  complet  +  signe-racine 

(1)  Le  signe  ^,  ajoute  au  radical,  représente  le  I,  marque  du  genre  féminin. 


/Ta 
racine    vu 


AA/V\AA 

D 


12  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

r;/y;  +  déterminatif  ),     "^  ^  J  (^    *  nuque  ».    "^  |J  ^, 

«attelag'e   de  bœufs»,     Isx    o    ]' -ctxk    «bouton    de    fleur» 
(  plionétisme  complet  nhh  +  déterminatif). 
Le  déterminatif  peut  être  complexe  : 


E 


A^AAA^    O      n       '^ 


On  voit,  d'après  ces  trois  séries  d'exemples,  que  le  déter- 
minatif peut  se  joindre,  soit  au  plionétisme  et  au  signe-racine 
réunis,  soit  à  l'un  des  deux. 

On  rencontre  assez  souvent  le  trait  I  accompagnant  le  signe- 
racine  malgré  la  présence  du  plionétisme  .partiel  ou  complet. 
C'est  une  manière  d'indiquer  que  le  signe-racine,  employé  dans 
son  sens  premier,  se  sert  de  déterminatif  à  lui-même. 


Ex.  :  C3:iii  1  [^  ^^j^^^    "S    dstr  «langue: 


Le  déterminatif,  s'appliquant  à  des  séries  de  mots  attachés 
à  des  racines  différentes,  a  une  valeur  plus  générale  que  le 
signe-racine  ;  mais,  comme  celui-ci  tend,  nous  l'avons  vu,  à  se 
simplifier,  il  est  des  cas  assez  nombreux  où  l'on  ne  sait  trop 
il  quelle  catégorie  l'on  a  affaire.  D'ailleurs  des  échanges  se 
sont  produits.  Ainsi  i^  »î^' est  signe-racine  dans  iA^  ^îi  soldat. 
()v  ce  mot  est  apparenté  au  verbe  C\  ^~r^  marcher.     Dans 

l'orthographe  ancienne  ^^^  î  j^î  iM  le  signe-racine  est  £^ 

et  le  déterminatif  L^  On  comparera  encore  les  trois  ortho- 
graphes archaïques  de  irnin  «manger»  '  '*'QAj  '^  ^t  Q]\. 
Dans  le  troisième  cas,  Qh  semble  devenu  déterminatif,  à  moins 
qu'il  ne  soit  devenu  signe-racine  dans  le  premier.  Même 
quand  un  mot  paraît  muni   ;i  la  fois   d'un  signe-racine  et  d'un 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTÈME.  13 

déterminatif,  il  se  peut  agir  en  réalité  d'un  double  déterminatif. 
Les  critères,  d'ailleurs  insuffisants,  permettant  d'opérer  une 
distinction  dont  l'importance  est  surtout  théorique,  paraissent 
être  les  suivants  : 

Un  signe-racine  peut  être  encadré  par  ses  compléments  phoné- 
tiques ou  les  suivre.  Un  déterminatif  est  obligatoirement  à  la 
fin  du  mot. 

Un  déterminatif  est  ordinairement  accolé  à  une  représentation 
])lionétique  complète,  abstraction  faite  dos  éléments  habituelle- 
ment défectifs  (consonnes-voyelles  ',  y  et  ic;  radicales  redou- 
blées, etc.). 


En  résumé,  pour  faire  tenir  dans  une  formule  unique  les 
caractéristiques  du  .système  hiéroglyphique,  on  dira  (jue  la  graphie 
d'un  mot  peut  com))rendre  : 

1.  une  représentation  en  signes  n'ayant  conservé  qu'une  valeur 
l)honétique  ; 

2.  un  signe-racine,  de  valeur  h  la  fois  phonétiiiue  et  idéo- 
graphique ; 

3.  un  déterminatif.  simjjle  ou  complexe,  de  valeur  purement 
idéographique. 

Tout  ou  partie  de  deux  de  ces  éléments  peut  être  sous-entendu. 

Ainsi,  que  l'on  veuille,  dans  la  pratique,  s'en  tenir  au  principe 
dualiste  pris  comme  point  de  départ,  ou  que  l'on  tienne  davantage 
compte  du  troisième  terme,  somme  des  deux  autres,  l'essence 
du  système  apparaît  comme  un  dosage  variable  et  partiellement 
compensateur  d'éléments  ])honétiques  et  idéograj)lnques.  On 
comprendra  aisément  qu'il  se  prête  à  une  infinité  de  combi- 
naisons et  qu'il  serait  illusoire  de  prétendre  en  donner  une 
descri])tion  complète. 

Cette  infinie  variété,  que  l'analyse  permet  de  réduire  ii  une 
trinité    ou    un    dualisme,    peut    même    être    ramenée   à   l'unité. 


14  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Nous  allons  montrer  en  effet  que  la  cellule  constitutive,  proto- 
plasniique,  pourrait-on  dire,  est  le  signe -racine,  image  cVuu 
otre  ou  d'un  objet  matériel,  au  repos  ou  en  action.  Les  autres 
hiéroglyphes  n'en  sont  que  les  transformations. 

Il  n'y  a  pas,  en  réalité,  de  caractères  purement  phonétiques, 
c'est-à-dire  représentant  un  «on  conventionnellement  et  sans 
que  la  forme  du  signe  et  le  son  soient  liés  originairement  par 
une  idée.  La  convention  consiste  à  dépouiller  le  signe  de 
l'idée  qu'il  évoque  directement.  Un  signe  qu'il  est  convenu 
d'appeler  phonétique  agit  d'abord  idéographiquement  sur  notre 
intellect,  en  ce  sens  qu'il  éveille  l'idée  d'un  objet.  A  cette  idée 
la  langue  attache  un  son.  Ce  stade  atteint,  il  peut  se  produire 
trois  cas  : 

1.  Le  mot  qui  répond  à  la  fois  à  l'image  et  au  son  s'est 
conservé  dans  la  langue  parlée. 

Ex.   :  D  I  p   «  siège  ». 

2.  Ledit  mot  est  sorti  de  l'usage,  mais  celui-ci  en  a  gardé 
d'autres  qui  appartiennent  à  la  même  racine. 

Ex.   :   f"^^^   m7i  qui  représente    un  échiquier:    mais   dès   les 
anciens    textes,    échiquier   semble   se   dire  exclusivement 

'^'^^^  f^^^^  sut.  Il  y  a  probabilité  que  rester^  vwwv  un 

tel  etc.  soient  apparentés  à  échiquier. 

3.  La  racine  elle-même  est  complètement  oblitérée. 

On  conçoit  que  ce  dernier  cas  seul  donne  lieu  à  une  convention 
analogue  k  celle  qui  attribue  un  son  déterminé  à  un  caractère, 
ou  réciproquement,  dans  nos  écritures  actuelles.  Par  contre,  la 
convention  inverse  n'a  plus  à  jouer,  qui  enlève  à  un  signe 
toute  valeur  d'idée.  On  observera  que,  dans  l'état  présent  de 
notre  connaissance  du  vocabulaire  égyptien,  il  nous  est  à  peu 
près  impossible  d'affirmer  qu'une  racine  a  cessé  d'exister.  Nous 
nous  dispenserons  donc  de  donner  un  exemple. 


cil AP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTÈME.  15 

Quant  au  déterminatif.  il  semble  procéder  du  signe-racine, 
par  voie  de  généralisation  et  abstraction  de  la  valeur  phonétique. 
On  a  vu  combien  la  distinction  était  malaisée  à  faire. 


La  notion  élariiio  de  signe-racine  permet  d'apprécier  les 
possibilités  d'exprimer,  avec  une  approximation  suffisante,  les 
idées  par  l'image.  Lorsque,  parmi  les  mots  appartenant  h 
une  môme  racine,  on  peut  choisir  le  plus  concret,  sans  viser 
à  rendre  ce  que  les  grammairiens  appelleraient  le  sens  premier^ 
on  augmente  ses  chances  de  découviir  la  figure  convenable. 

Il  est  clair  que  bien  peu  de  mots  de  la  langue  peuvent  être 
représentés  de  façon  précise  par  un  signe-mot,  sans  qu'inter- 
viennent des  conventions  parant  à  l'amphibologie.  Comment, 
en  effet,  distinguer  par  l'image  des  termes  presque  synonymes? 
Non  seulement  prétendre  atteindre  par  ce  procédé  à  la  richesse 
de  nuances  de  la  langue  parlée  serait  illusoire,  mais  les  idées  qui 
ne  s'attachent  pas  a  des  objets  matériels,  c'est-à-dire  la  majorité, 
ne  sauraient  trouver  pour  les  représenter  d'idéogrammes  adéquats. 

CiiAMi'OLLiox  (Précis,  p.  320  sqq.)  a  développé  fort  habilement 
une  distinction  établie  par  les  anciens,  entre  les  signes  figuratifs^ 
images  directes  des  objets,  et  les  signes  symboliques,  dont 
l'emploi  suppose  une  association  d'idées  ])lus  ou  moins  lâche. 
l)ien  que  ce  classement  soit  commode,  on  ol)servera  que  la 
frontière  est  malaisée  à  tracer  entre  le  sous-groupe  des  ca- 
ractères figuratifs  dits  conventionnels  et  les  caractères  symbo- 
liques dont  le  symbole  n'est  ])as  trop  obscur. 

Notre  grand  précurseur  a  encore  exposé  comment,  pour  ex- 
jirimer  les  abstractions,  les  hiéroglyphes  procèdent,  à  l'instar 
de  la  langue,  par  syneedoche,  métonymie,  métaphore,  ete.  Rien 
de  plus  juste;  mais  on  peut  aller  plus  loin.  Champollion,  s'en 
tenant  à  deux  catégories  de  signes  bien  tranchées,  les  idéo- 
graphiques et  les  phonétiques,  compare,  en  deux  séries  parallèles,. 


16  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


les  développements  de  la  langue  et  de  l'écriture.  Or  la  science 
contemporaine  s'est  enrichie  de  la  notion  de  signe-mot  qui 
constitue  en  quelque  sorte  une  moyenne.  On  concevra  dès  lors 
les  deux  développements  comme  étroitement  solidaires^,  comme 
s'accomplissant  en  deux  étapes  successives^  l'écriture  complétant 
au  besoin  le  travail  fourni  par  la  langue.  On  devra  donC;  dans 
l'étude  de  cette  classe  de  signes^  faire^  d'abord  et  dans  la  mesure 
du  possible^  la  part  des  faits  de  sémantique. 

Par  exemple;  si  Q^  est  appliqué  par  synecdoche  à  la  notion 
de  bataille  ou  à'avmée  (cf.  Horapollon,  II,  5),  est-ce  que  le 
mot  armée  lui-même  n'est  pas  un  collectif  et  une  abréviation 
de  l'expression  iroujje  armée?  Quoi  d'étonnant  si  l'écriture  nous 
montre  un  personnage  unique  et  réduit  aux  membres  et  attributs 
qui  répondent  au  sens  de  l'adjectif'?  S'il  s'agissait  du  français, 
il  n'y  aurait  pas  là  de  trope  scriptural,  l'écriture  paraissant 
traduire  la  langue  aussi  fidèlement  que  possible.  Rien  ne  prouve 
qu'il  n'en  a  pas  été  h  peu  près  du  même  en  égyptien. 

Si  ^  (Horapollon,  II,  12;  cf.  Spiegelbeeg,  A.  Z..  LUI,  p.  93) 

peut  représenter  une  foule  (oyXoç)  c'est  par  une  extension  de 
sens  allant  de  troupe  armée  h  foxde  en  général.  Cette  fois 
nous  savons  positivement,  grâce  au  copte  MHHiye,  que  cette 
évolution  est  d'ordre  entièrement  linguistique. 

Si  un  croissant  de  lune  ^-c:^  (Horapollon,  I,  4)  sert  à  écrire 
«lots,  n'est-ce  pas  qu'à  un  moment  donné  lune  et  mois  s'exprimaient 
par  le  même  mot  ou  deux  mots  apparentés,  ainsi  qu'il  arrive  dans 
bien  des  langues?  Il  peut  y  avoir  métonymie  scripturale  seule- 
ment dans  le  choix  de  la  forme  de  l'astre  la  plus  caractéristique. 

Si  l'année  (Horapollon,  I,  3)  s'exprime  conventionnellement 
par  un  roseau  \ ,  c'est  que  les  mots  signifiant  rajeunir,  verdure 
et   année   appartiennent   à    la  même  racine  ^^AAAA.|  .   En    matière 

d'écriture,  l'effort  d'invention  s'est  borné  ici  à  rechercher  quelle 
était,   des  trois  idées,  la  plus  concrète,   et  à  fixer  la  forme  du 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTÈME.  17 

sig'ne  qui  la  représente.  II  semble  qu'on  ait  bien  là  la  clef  des 
associations  d'idées  qui  nous  paraissent  abstruses^  et  d'autant 
plus  que  certains  intermédiaires  linguistiques  ont  pu  sortir  de 
l'usage  entre  temps. 

On  pourrait  multiplier  les  exemples.  Il  y  aurait  toute  une 
étude  11  faire  qui  intéresserait  autant  le  vocaljulaire  que  l'écriture 
et  ne  saurait  trouver  sa  place  ici.  Mais  on  peut  admettre  a 
priori,  que  les  inventeurs  ou  adaptateurs  du  système  Iiiéro- 
glyphique  se  sont  permis  des  approximations  du  genre  de 
celles  que  nous  employons  nous-mêmes  quand  nous  imprimons 
l'image  d'une  enveloppe  de  lettre  ou  d'une  raquette  pour  in- 
diquer qu'il  y  a  un  bureau  de  poste  dans  une  localité  ou  un 
court  de  tennis  au  I^alaee-Hôtel. 


Les  racines  do  la  langue  égyptienne  paraissent  comporter 
de  une  à  quatre  consonnes  ou  consonnes-voyelles.  Les  radicaux 
qui  en  montrent  davantage  sont  formés  par  redoublement  ou 
par  l'adjonction  d'un  élément  grammatical.  On  distinguera  donc 
des  racines  unilitères,  bilitères,  trilitères  et  quadrilitères. 

Une  question  des  plus  graves  et  non  encore  résolue  consiste 
il  déterminer  si  chaque  hiéroglyphe  comporte  une  vocalisation 
fixe  qu'il  entraîne  avec  lui  dans  tous  ses  emplois  (sauf  celui  de 
déterminatif),  ou  bien  s'il  constitue  une  armature  consonantique 
à  laquelle  s'adai)tent  des  nuances  vocaliques  variables.  La  notion 
même  de  signe-racine  et  les  modifications  vocaliques  internes  ob- 
servées dans  le  copte  parlent  en  faveur  de  la  deuxième  hypothèse. 
Si  elle  est  juste,  les  signes  unilitères  méritent  vraiment  le  nom 
([' alphabétiques,  du  moins  selon  le  mode  hébraïque.  Par  contre,  on 
ne  peut  parler  de  signes  syllabiques  que  dans  l'hypothèse  inverse. 

La  série  d'exemples  qui  suit  montre  que,  pour  la  décom- 
position des  radicaux  trilitères  et  quadrilitères^  toutes  les  com- 
binaisons   sont   possibles,    bien   que  de  fréquence   très  inégale. 

Sottas-Drioton.  2 


18  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGiLYPHES. 


Radicaux  trilitères. 


1  +  1  -f-  1       y,           Tm¥.         Ij^[>       «district»      h -\- s  +  ji 
1  +  2  t^^f^  ^ û  rmii      «bras»  r  +  (»iu  +  «) 


AAA/>Aft 


2+1  -iXSi3 1    v\    I  t'^l       trni      «loup  »  {irn  +  »)  +  .s 

Kadicanx  quadrilitères. 

1  +  1  +  1  +  1  ^^  n  ^^"^  A       irsUi    «  se  hâter  »  //•  +  .s  +  /  +  a 

-    -   '        I        AAAAAA 

1  +  1+2      P  '^  i  ^fl    *''"-^"'   «  «în<^  "  ""  +  "'  +  (*■"■  +  "■) 

1  +  2+1         ®    J^Pt^  -"""''   «ami»  A  +  (/^  + Hm  +  H0+^• 
2  +  1  +  1       "^^^^  11!°^  Sa  "i"^'"  «  éeritoire  »  (//îh  +  »1  +  //  +  .: 

2  +  2  >  [^r£l  ^tç^A  irn?:ir  «bétail»  irn -\- :cir 

1  +  3  I    I  o  sntj'      «  encens  »  .s  +  {nij-  +  ^  +  r) 

^  "'"  ^  O ,  'O        hprs     «  couronne  (hpv  +  >•)  +  -s 

royale  » 


Ou  trouvera  dans  le  tableau  annexé  au  présent  volume 
l'explication  d'un  certain  nombre  de  signes  dans  leurs  différents 
emplois.  Il  est  impossible  d'établir  une  liste  complète,  car, 
outre  que  la  série  des  hiéroglyphes  n'est  pas,  en  principe, 
limitée,  chacun  d'eux,  pris  isolément,  comporte  une  grande 
variété  de  formes.  Sur  ces  deux  points  il  sera  fourni  quelques 
données  au  chapitre  traitant  de  l'histoire  de  l'écriture. 


CHAP.  I  :  PRINCIPE  DU  SYSTÈME.  19 


Pour  le  olioix  des  sii^nes,  il  <i  t'allu  se  borner  à  une  période 
moyenne,  laissant  de  côté,  vers  les  origines,  le  temps  où  les 
signes-racines,  encore  très  nettement  diftëreneiés,  étaient  en 
très  grand  nombre;  et.  d'autre  part,  vers  les  basses  époques, 
celui  où  les  hiéroglyphes  avaient  cessé  de  servir  h  l'usage 
courant  pour  faire  place  h  leur  succédané,  le  démotique. 

Pour  la  forme  de  chaque  signe,  on  s'en  est  tenu,  forcém.ent, 
H  celle  du  caractère  typographique,  bien  qu'elle  se  rapporte, 
par  un  fâcheux  abus,  à  la  fin  de  la  période  envisagée,  et  montre 
généralement  des  symptômes  d'usure  manifeste. 

La  disposition  du  tableau  parle  d'elle-même  et  cadre  avec 
l'exposé  qui  précède.  Si  l'on  n'a  pas  mis  la  colonne  «  signe-racine  » 
v.n  contact  avec  la  représentation  isolée  des  signes,  c'est  d'abord 
pour  conserver  à  cet  emj)loi  sa  position  moyenne  entre  les  deux 
autres  qui  semblent  en  dériver.  (J'est  aussi  dans  un  but  tout 
pratique,  afin  que  le  lecteur  trouve  facilement  la  prononciation. 

Quand  celle-ci,  notét^  en  transcrii)tion,  est  mise  entre  paron- 
tiièses,  c'est  qu'elle  ne  ])araît  pas  usitée  dans  un  rôle  purement 
[)honétique,  et  en  dehors  de  la  racine  mentionnée  par  la  colonne 
voisine.  (Jette  indication,  de  même  que  les  blancs  laissés  dans 
le  tableau,  ne  prétend  })as  marquer  autre  chose  que  notre 
ignorance,  i)eut-être  tem))oraire,  et  n'a  aucune  valeur  de  principe. 

Extrait  bibliouraphiqiic  et  références  Justificatives. 

CiiAMi'Oi.LioN  le  jeune,  Lettre  à  M.  Dmieh  rehitica  à  l'alphabet 
(les  hiéroglyphes  phonéÀûpies  (1822);  —  Précis  du  Système  hiérogly- 
phique, 2""=  éd.  (  1 828)  ;  Grammaire  égyptienne  (  1 8o6).  — V.  Loreï, 
Manuel  de  la  langue  égyptienne  (1889)  ;  —  A.  Erman,  Agyptische 
(Jrammatik,  3'"*'  éd.  (l'Jll).  —  P.  Lacau,  Notes  de  grammaire, 
ap.  Recueil  de  Travaux  relatifs  à  la  philologie  et  à  l'archéologie 
égyptiennes  et  assyriennes,  XXXIV  sq.  (1912  sq.).  —  P.  Montet, 
Questio)is  de  grammaire  et  d'épigraphie,  ap.  Sphinx,  XIX(1915). — 
A.  Z.  =  Zeitschrift  fiir  agyptische  Sprache  und  Altertumskunde. 

2* 


Chapitre  II. 
Évolution  du  Système. 

Xous  sommes  ici  sur  un  terrain  particulièrement  difficile  et 
il  importe,  pour  parer  à  toute  équivoque,  de  bien  définir  les 
termes  employés.  Quoique  la  limite  entre  histoire  et  préhistoire 
tende  aujourd'hui  à  s'efFacer.  du  moins  au  dire  de  certains  au- 
teurs, on  admet  communément  comme  critère  l'existence  de 
documents  écrits.  L'histoire  d'Egypte  et  l'histoire  des  écri- 
tures égyptiennes  commenceraient  donc,  par  définition,  en 
même  temps. 

D'autre  part,  un  dessin  ne  mérite  le  nom  d'écriture  que  si 
la  position  respective  de  ses  éléments  n'a  plus  d'autre  portée 
que  d'en  indiquer  la  succession,  correspondant  à  la  suite  des 
idées  exprimées,  et  «sans  aucun  égard  à  une  image  d'ensemble». 

Par  exemple  TO   ne   veut   pas   dire    qu'un    homme    appuyé 

sur  un  bâton  regarde  deux  cribles  tombés  dans  l'eau,  mais  ex- 
prime le  mot  nhh  «vieillard». 

Le  système  hiéroglyphique  tel  que  nous  l'avons  décrit  et  tel 
qu'il  nous  apparaît  sur  la  grande  majorité  des  monuments,  ré- 
pond pleinement  a  la  condition  sus-énoncée  (1).  Par  contre, 
certains  érudits  contemporains  ont  cru  relever  des  traces  d'un 
état   antérieur    dont    la    caractéristique    essentielle    serait    pré- 


rien 


(l)  «Une  in.scriiitiou  hii'roglvpliinue  présente  l'aspect  d'un  véritable  chaos  ; 
.__n  n'est  à  .=a  i)lace  ;  tout  manque  de  rapport;  les  objets  les  plus  opposés 
dans  la  nature  se  trouvent  en  contact  immédiat,  et  produisent  des  alliances 
monstrueuses»   (Champoltjon,   Précis,  p.  305). 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  21 


c'isément  de  n'y  point  satisfaire.  Nous  sommes  donc  en  droit, 
provisoirement  au  moins,  d'étudier  successivement  la  préhistoire 
t't  l'histoire  des  écritures  égyptiennes. 

On  peut  dire  que  tout  dessin  contient  en  germe  nne  écriture, 
puisqu'il  fixe  la  pensée,  fût-ce  d'une  façon  très  vague,  et  la 
transmet.  ]1  constitue  en  somme  une  allusion  à  un  fait  ou 
un  ensemble  de  faits,  allusion  qui  se  précise  dans  l'esprit  de 
rcjbservateui",  grâce  à  une  connaissance  antérieure,  plus  ou 
moins  complète,  de  ces  faits.  L'imagerie  et  l'écriture  sont  deux 
moyens  d'expression  qui  agissent  do  faeon  différente  sur  notre 
entendement  et  qui  ne  sauraient  se  remplacer  l'un  l'autre.  On 
a  pu  dire  de  nos  cathédrales  gotiiiques  qu'elles  étaient  des 
livres  à  l'usage  de  la  foule  illettrée.  Et  pourtant,  que  de  gens 
instruits  se  trouveraient  bien  empêchés  aujourd'hui  s'il  leur 
fallait  en  expliquer  l'iconographie,  sans  avoir  en  main  un 
exemplaire  des  Apocryphes  ou  de  la  Légende  Dorée.  Plus 
peut-être  que  tout  autre  peuple,  les  Egyptiens  so  sont  attachés 
;i  préciser  le  sens  de  leurs  monuments  figurés  au  moyen  de 
légendes  écrites;  ils  y  ont  mis  un  scrupule  (jui  souvent  et  à 
première  vue,  apparaît  comme  superflu  et  même  un  pr^i 
puéril  (1). 

Un  dessin  tend  ;i  devenir  une  écriture  dès  qu'on  prétend 
évoquer  par  lui,  non  plus  une  impression,  mais  une  suite  d'idées 
l)récises,  représentées  dans  la  langue  parlée  i)ar  une  phrase 
déterminée.  La  part  de  convention  y  devient  alors  énorme. 


1^1)  Du  inoiiKS  en  jiiijeons-noii.s  ainsi  superticielleniout,  uiiiis  iiou.s  pratinUdiis 
It's  mêmes  erreineuts.  Si  le  catalogue  d'un  Mag'asin  de  Nouveautiîs  éi-rit 
«  Moulin  à  Café  »  au-dossou.s  de  l'image  de  l'objet,  bien  (lu'aucun  doute 
sur  sa  nature  ne  puisse  subsister,  c'est  :  1"  qu'un  intérêt  commercial  commande 
une  dêtinition  précise  ;  '!''  ([ue  la  suppression  de  l'image  ou  de  la  légende 
ferait  disparate  dans  la  série.  De  même  les  Egyptiens  obéissaient  à  un 
double  sentiment  :  1"  croyance  dans  la  valeur  magii^ue  des  tableaux  ; 
2"  horior  vacu.i  pour  les  tonds. 


22  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  lllÉROGLYPJIES. 


Par    exemple,    les    Indiens    de    rAniérique    du 
Nord  dessinaient  Timage  ei-eontre  pour  exjjrimer        /^15~\J\ 
g-rapliiquenient    la    fonnnle    rituelle    ou    plutôt    le  )  /*^ 

couplet  magique  :   «I^a  demeure  du  grand  esprit,  -^^ 

vous  en  avez  entendu  ]»arler;  il  va  entrer». 

De  môme^  chez  une  i)euplade  du  Congo,  une  phrase  entière 
est  notée  par  la  représentation  d'un  mot  caractéristique.  Ainsi 
O  se  traduira  :  «  Si  je  renonce  pour  le  moment  ii  traiter  de 
cette  affaire  avec  toi.  nous  nous  en  expliquei'ons  si  le  .^oleil 
hriJle  à  midi  »  (1). 

On  conçoit  que  des  «  écritures  »  aussi  synthétiques  ne  se 
prêtent  qu'à  la  notation  de  phrases  toutes  faites  et  en  nombre 
restreint.  On  retrouve  pareille  chose,  aux  antipodes  de  la  civili- 
sation, dans  nos  codes  télégraphiques. 

C'est  un  postulat  admis  couramment  que  toute  écriture,  pro- 
duit d'une  généiation  spontanée,  a  commencé  ])ar  être  une 
écriture  en  images  s'adressant  directement  à  la  pensée,  avec 
un  minimum  de  conventions.  Si,  de  cela,  l'évidence  paraît  mani- 
feste, c'est  bien  quand  il  s'agit  des  hiérog^lyphes  égyptiens, 
lesquels,  non  seulement  ont  possédé  jusqu'au  bout  des  idéo- 
grammes, mais  encore  les  ont  conservés  sans  trop  de  défor- 
mations, sauf  dans  les  cursivcs,  et  nettement  représentatifs  des 
idées.  Les  cunéiformes,  par  exemple,  se  sont  comportés,  à  cet 
égard,  de  tout  autre  manière. 

Néanmoins  un  auteur  des  j)lus  jierspicaees,  comme  des  mieux 
informés  (A.  H.  Gardixer,  ./.  K.  A.,  II,  p.  74)  vient  d'ad- 
mettre comme  possible  que  «les  ])lus  anciens  hiéroglyphes 
aient  été  de  nature  })honéti({ue  et  non  idéographique»,  et 
peut-être  employés  à  rendre  les  noms  })ropres,  en  manière  de 
rébus. 

(1)  \'oir  d'autres  exeniplos,  nombreux,  do  ces  «écritures»  |)riniitives  dans 
Tii.  \V.  Danzki.,   7><e  Aufiin^e  der  SrJiriff..  Leip/ig    1912. 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  23 

Cette  opinion  quasi-révolutionnaire  (1)  témoigne  du  peu  de 
clianees  que  nous  possédons  u  l'heure  actuelle  d'acquérir  des 
notions  précises  sur  l'origine  des  hiéroglyphes.  En  face 
dun  monument  arcliaïque  montrant  des  dessins  diftérant  de  la 
norme  liiéroglypliiquo.  comment  savoir  s'il  s'agit  d'hiéroglyplies 
jirimitifs  ou  simi)lement  de  ces  re])résentations  figurées  dont  la 
variété  est  naturellement  infinie? 

(Cependant,  depuis  quelques  années,  l'attention  de  quelques 
égyptologues  s'est  fixée  sur  uii  petit  nombre  de  documents 
arclxaïques  ou  arcliaïsants  })résentant  des  ensembles  où  de  pures 
images  et  de  vrais  signes  d'écriture  seraient  intimement  mêlés, 
tandis  que  rinterj)rétation  ii  donner  h  l'ordre  des  parties  ne 
i-emplirait  })as  la  condition  indiquée  i)lus  haut  ))our  définir  la 
notion  d'écriture. 

]jV  monument  h'  ])lus  souvent  cité  h  ce  proj)OS  est  la  célèbre 
palette  d'Hiéraconpolis,  dite  du  roi  Karmer.  Depuis  une 
dizaine  d'années,  il  n'est  guère  de  mémoire  traitant  de  l'écriture 
qui  ne  le  reproduise  au  moins  en  partie.  Mais  le  ])lus  remar- 
(juable  en  l'affaire  est  que  les  interprétations  diffèrent  presque 
toujours  sur  quelque  point  essentiel. 

En  face  de  la  représentation  habituelK'  du  roi  triomj)liateur 
massaci'ant    un    chef    prisonnier,    se    voit    un    grou})e    composé 

{l  )  Un  peu  dans  le  nu'-ine  ordre  d'idées,  A.  E.  C'owi.ioy  (Sclureich  Lectitrex 
for  1918.  p.  38)  a  admis  (|ue  les  Hittites  avaient  inventé  ou  adopté  leur 
sy.'^tème  d'hiéroglyphes  pictograpirK|ues  alors  qu'ils  écrivaient  depuis  longtemps 
en  cunéiforiues.  Bien  (pie  II.  II.  Hali,  {J.  E.  A.,  VI,  p.  49)  jtaraisse  avoir 
réfuté  victorieusement  cette  supposition,  le  seul  fait  (juelle  a  été  émise 
est  très  significatif.  On  serait  tenté  d'en  rapprocher  le  chapitre  de  Danzki. 
intitulé  «Verwendung  von  lîilderschrift  bei  schriftbositzenden  Volkern  » 
(p.  1!>"2  — 193),  mais  il  s'agit  surtout  d'illustrations  de  manuscrits  au  Moj'en 
Age,  d'almanachs  ou  d'une  )>rière  en  rébus.  Ce  sont  là  des  fantaisies  (juasi- 
•'■ternelles.  Nos  dictionnaires  actuels,  (juand  ils  arrivent  à  la  lettre  1\  par 
exemple,  ne  figurent-ils  pas  un  poisson,  un  )iarapluie,  une  potence,  etc., 
sans  qu'on  puisse  parler  de  retour  au  principe  d'acrophonieV 


24  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

d'un  faucon  tenant  de  sa  patte  droite,  terminée  par  une  main. 
la  corde  passée  dans  le  nez  dune  tête  barbue  terminant,  elle- 
même  une  sorte  d'ovale.  De  ce  signe,  étendu  horizontalement, 
sortent  six  tiges  feuillues,  sur  deux  desquelles  repose  la  serre  de 
la  patte  gauche  du  faucon  (v.  PI.  1).  Dans  sa  grammaire  (o®  éd. 
1911),  A.  Ekman  interprète  ainsi  :  «Le  faucon  ^^,  (c.-à-d.  le  roi) 
a  emmené  prisonniers  (indiqué  par  la  corde)  six  mille  TTTTTT 
têtes  (c.-a-d.  hommes)  hors  d'un  pays». 

Le  caractère  hybride  de  cet  ensemble  résiderait  dan.s  le 
double  fait  que  :  1^  T  est  employé  phonétiquement;  2°  que 
le  groupe  entier  servirait  de  légende  au  tableau  voisin. 

Dès  l'année  suivante,  le  même  auteur  [Die  Hiero;jlyphen, 
V^  éd.  1912,  p.  14)  modifie  sensiblement  sa  manière  de  yoh\ 
Il  n'est  plus  question  de  rapports  avec  la  représentation  du  roi 
anthropomorphe,  mais  c'est  au  contraire  l'image  discutée  qui 
se  trouverait  glosée  par  une  légende  en  hiéroglyphes  normaux 
,  soit  le  nom  de  la  terre  (      ). 

D'autre  part,  A.  H.  Gardixer  (J.  E.  A..  II,  p.  61)  observant 
que  le  souverain  massacreur  et  le  faucon  se  font  face,  envisage 
le  tout  comme  un  tableau  en  deux  parties  analogue  à  ceux 
que  montrent  les  temples  postérieurs.  Un  dieu  ^^.  (Horus) 
amène  6000  prisonniers  au  roi  occupé  k  frapper  l'un  d'eux. 
La  légende     est  restituée  au  prisonnier  agenouillé. 

Enfin  Cir.  Sntz  {B.  I.  F.  A.  0.,  XVII,  1920,  p.  151),  utilisant 
une  remarque  de  Y.  Loret,  affirme  que  (  )  ne  désigne  i)as 
un  pays  quelconque,  mais  la  terre  étrangère. 

Les  autres  auteurs  se  rallient  k  l'une  des  opinions  qui  viennent 
d'être  résumées,  sans  se  préoccuper  d'indiquer  les  raisons  de 
leur  préférante  (1). 

(1)  Notamment  Danzei,  {op.  cit,  p.  179  et  pi.  37)  qui  suit  Eiiman,  première 
manière.    Dans    .son    ouvrage    Histoire   des   lîeligions   et   Métliode  comparative. 


PI.  I 


Palette  de  Nariner  (iaee) 


PI.  II 


Y^-'  f*-fti.,-^ 


Palette  <le  Narmer  (revers) 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  25 


Avant  même  d'avoir  constaté  ces  divergences,  des  doutes 
nous  étaient  venus  sur  la  portée  attribuée  à  cette  re])résentation. 
Tout  d'abord,  on  est  tenté  de  ne  point  dissocier  @  et  C~D 
(|uand  on  pense  aux  complexes  ultérieurs  composés  du  ])lan 
d'une  enceinte  de  ville  muni  d'une  tête  et  de  bras.  En  outre^ 
il    serait   bien    étrange   que  le  pays  visé  fût  laissé  indéterminé, 

mais  à   coup  sûr  le  nom  se   rap})orte  au  prisonnier  placé 

au-dessous,  car,  partout  sur  la  palette,  le  nom  d'un  ])ersonnage 
est  placé  h  côté  de  sa  tête  et  non  ailleurs.  Si  donc  l'ensemble 

iormé  par  @,  c  )  et  les  six  T  symbolisait  tout  simplement  «le 
l)ays  des  marais  v?  Le  type  sémite  de  la  tête  n'y  contredirait 
pas.  D'autre  part,  la  serre  du  iaucon  repose  par  ses  doux  ex- 
trémités sur  les  feuilles.  Singulière  fa^-on  d'exprimer  le  mouve- 
ment! Ne  serait-ce  pas  plutôt  là  le  geste  de  la  prise  de  ])os- 
session,  tel  qu'on  l'observe  par  exemple,  dans  les  représentations 
(lu  sphinx  ou  griffon   royal? 

Au  total,  l'énigme  })0urrait  se  résoudi'e  ainsi  :  une  image  du 
faucon  royal  tenant  sous  sa  serre  un  pays  de  marais  et  sai- 
sissant dans  sa  main  la  corde  liant  la  population  prisonnière. 
(Je  double  geste  trouverait  un  parallèle  au  revers  (v.  PI.  2),  oii  le 
taureau  royal  démolit  de  ses  cornes  une  forteresse  dont  il 
l)iétinc   un  des  défenseurs  (1). 

|i.  6G,  G.  FoiiCAUT  donne  nne  explication  diftereiite  rt  nui  ii;i  rien  à  voir 
avec  l'origine  de  récriture. 

(1)  Il  est  significatif,  comme  nous  l'observons  ajirès  cou]>,  que  Daxzel 
ait  précisément  choisi  les  deux  images  comme  types  d'un  certain  développe- 
ment de  r^écriture».  il  suit  peut-être  en  cela  M.  Huhchakdt,  ap.  Pauly- 
\V'ysso\VA,  liealenzi/khpudiej  s.  v.  Hieroglj'plion.  —  On  comparera  le  groupe 
jyeint  sur  la  paroi  d'une  tombe  tliébaine  de  la  XVIII^  dynastie  :  <  Une 
l'enune  assise  sur  un  trône  tient  sur  ses  genoux  le  jeune  Aménophis  II  cas<iué, 
appuyant  une  main  sur  l'épaule  de  sa  nourrice  et  tenant  de  l'autre  des 
cordes  auxnuolles  sont  attachés  cimi  nègres  et  quatre  Asiatiques  qui  lui 
servent  d'escabelle  ^  (Champoij.iox,  Xolices  descrij^Uvex,  p.  499  S(i.). 


26  INTRODUCTION   À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Ainsi  se  trouverait  éliminé  l'élément  écriture;  il  resterait  un 
tableau  teinté  de  ce  symbolisme  que  l'on  rencontre  n  toute 
époque,  qui  nous  rapj)roclie  souvent  des  croyances  primitives, 
mais  dont  la  présence  sur  un  monument,  pour  si  ancien  qu'il 
soit,  ne  suffit  pas  k  démontrer  qu'on  ait  affaire  a  une  survivance 
d'un  temps  où  l'on  ne  disposait  point  de  moyens  d'expression 
plus  perfectionnés. 

Notre  interprétation  est  sujette  à  critique,  comme  les  autres. 
Tout  d'abord,  les  monuments  anciens,  et  la  massue  du  mome 
roi  Narmer,  groupent  volontiers  en  une  touffe  les  signes  T 
affectés  de  leur  valeur  numérique.  (  )n  pourrait  môme  prendre 
ici  (  )  pour  la  base  sans  signification  qui  complote  parfois 
cette  étrange  graphie  des  milliers.  Mais  K.  Sethe  (T'o»  Zalden 
uuJ  Zahhcorteii.  p.  6)  voit  là  un  de  ces  «jeux  d'écriture  idéo- 
grapliisante»  à  rapprocher  d'autres  attestés  h  toute  époque;, 
particulièrement    sur   les  monuments   les   plus  anciens,    et  tels 

que    "^    «porter»,   o^   «frapper»,  1 1  gt^   H  «hiA'er»  etc.    (Ekjman, 

Gr<imm.  §  82  et  80;  Lacau,  Recueil,  XXXV,  p.  61;  Setiie, 
A.  Z.,  LU,  p.  58).  C'est  l'introduction,  dans  l'orthographe  de 
quelques  mots  qui  s'y  prêtent,  d'un  élément  idéographique  su})- 
plémentaire,  obtenu  par  déplacement  des  signes  constituants. 
D'autre  part,  les  représentations  figurées  et  les  légendes  qui 
les  accompagnent  se  pénètrent  fréquemment.  Pour  ne  citer  qu'un 
exemple,  on  trouve  sur  une  paroi  d'un  temple  de  la  V*"  dynastie 
un  défilé  de  divinités  ou  localités  personnifiées  portant  sur  la 
tête  tout  ou  partie  dos  hiéroglyphes  composant  leur  nom,  et  à  la 

main,  les  signes  r-Q— .  htp,  1  >rs,  -r-  'nh  désignant  l'offrande,  la  pros- 
périté et  la  vie.  Au-dessous,  une  scène  de  boucherie.  Dans  la 
légende  s^=*  <=. «prendre  la  patte  de  devant»,  l'image  C?V 

de  ce  membre,  située  au-dessous,  rendue  ii  une  échelle  trois  fois 
plus   grande  et  ])ortée  ])ar  un   personnage,    sert  de  signe-mot. 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  27 

l)v  même  lo  couteau  "^  qu'un  nide  affûte  est  placé  de  telle 
sorte   qu'il    complète    la   légende  crs:^  I    «aii^uiser    le    cou- 

teau»  (BoKCHAiîDT,  Sahtire.  II.  pi.  31). 

Ces  échanges  n'ont  *Aisil)lenient  rion  de  commun  avec  les 
tâtonnements  qui  ont  i)u  accompagner  l'éclosion  dun  système. 
Tout  au  contraire,  seuls  peuvent  se  les  jjermettre  des  écrivains 
en  pleine  possession  de  leurs  moyens  d'expression.  11  se  pourrait 
donc  que  la  présence  de  signes  phonétiques  dans  le  groupe  de 
la  palette  d'Héracléopolis  conduisît  à  une  conclusion  dianié 
tralement  opposée  à  celle  qu'on  a  préconisée  jusqu'ici. 

(  )n   ne   saurait   abandonner   la   célèbre   palette    sans    signaler 
une  bien  curieuse  rencontre.  De  deux  calices  de  fayence  attri 
bues  h  la  X'VIIP  dynasti(>  (KicKiiis,  ./.  K.  A  .  V.  p.  145),    l'un 

montre  le  faucon  "^^^    perché  sur  le  signe    irQ  ,  ayant    devant 

lui        (nom    illisible)   et   derrière   lui.    en    manière   de  fond,    un 

bouquet  de  sept  tiges.  Cette  re[)résentation  est  englobée  dans 
des  scènes  de  bataille  et  de  capture  de  prisonniers.  L'autre 
calice  présente,  en  deux  registres,  une  suite  de  métopes  contenant 
tous,  avec  quelques  légères  variantes,  la  représentation  du  roi 
frajtpant  un  chef  vaincu.  Avons-nous  lii  le  produit  d'un  simple 
hasni'd.  ou  sinon,  quelle  eonclnsion  tirer  du  rnpproclienient  (1)? 

1,1)  On  iinter.'i  encore  <[ue,  parfois,  le  roi  nia.>*safreur  voisine  avec  l;i  re- 
l>n''seutation  de  l'urious  w'zt  percliée  sur  trois  ti>res  de  papyrus  (p.  ex. 
II.  Scn\i-KK,  A.  Z,  LV,  p.  35).  La  présence  de  la  déesse  tutéiaire  et  de  la 
plante  symbolique  du  nord  a-t-elle  à  son  tour  un  rapjiort  (|uelcon(iue  avec 
le.s  faits  discutés  ?  —  Il  ncst  pas  sans  intérêt  do  comparer  aux  représen- 
tations de  la  palette  de  Narmer  celles  de  trois  monuments  de  même  pro- 
venance au  nom  du  roi  archaïque  Kliaseklieni.  Un  fragment  de  stèle  montre 
la  scène  classique  du  massacre  d'un  i>risonnier  dont  on  voit  seulement  lo 
jicnou  posé  à  terre  et  une  main.     Or  la  hande    de  terrain    servant   de  base 

se    termine    par    une   tête   de    Nubien    snpportant     i,    hiéroglyphe    du    nom 

ethnique.     I-e    roi,    dont    l'image    est    détruite,   se    trouverait   ainsi    fouler   l.i 


28 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


(Jn  interprète  encore  comme  résidus  de  r^<  écriture  par  images» 
les  groupes  comme  "7^  i^.   ,    relevés    dans    une    copie    récent-'. 

mais  arcliaïsante,  d'un  texte  fort  ancien.  Les  noms  divins  se 
l'ont  face  pour  indiquer  que  l'un  des  dieux  adresse  la  parole 
Il  l'autre  :   «Geb  dit  ;i   IIoi'us». 


terre  ■■  nubienne  et  il  y  aurait  là,    pour  ainsi   dire,  la  somme  de.s  deux 

représentations  distinctes   chez  Narmer,   avec   élimination   du   faucon  royal. 
Sur  la  plinthe  d'une  statue  assise  sont  représentés  des  ennemis  tombés  dont 

le    nombre    est    inscrit    au-dessous.     On 


relève   l;i    deux   si-rues 


;i   trois   et 


quatre  tiges,  donnant  au  total  7000.  Or, 
à  côté,  ou  voit  un  autre  personnage 
couché  et  portant  sur  la  tête  un  bou- 
(juet  de  cinq  tiges  auquel  le  rapproche- 
ment ne  permet  guère  d'attribuer  une 
valeur  numérique  et  que  l'on  interprète 
en  elt'et  comme  la  plante  symbolique 
du  nord.  Enfin,  sur  trois  vases  a  été  iu- 
cisé  le  même  dessin  ci-contre.  A  l'Horus- 
roi  du  sud  fait  face  la  déesse-vautour 
tutélaire  du  ruyauiiie  du  sud.  L'inscription  de  droite  a.  pour  objet  de 
rappeler  la  date  où  le  remplissage  du  récipient  a  eu  lieu  :  ';  L'année 
de  combattre  et  de  frapper  les  Septentrionaux.  -■■  Il  y  a  \k  mélange  in- 
time de  la  représentation  figurée  ou  symboli(iue  avec  l'écriture.  Ainsi  -t 
est  grandi  pour  servir  de  limite  au  tableau.  Le  vaincu  est  retourné  pour 
faire  face    à  l'image    ilu    nn.    La    massue  î  est  déplacée    et   semble  exercer 

matériellement,  contre  l'idéogramme  du  mot  suivant,  laction  qu'elle  ex- 
l)rime.    Le  vautour  fait  le  geste  de  serrer  le  nœud  des  plantes  symboliques 

des  deux  royaumes  autour  de  riiiéroglyphe   V     qui,  représentant  les  poumons 

et  la  trachée,  ne  répond  ici  qu'à  la  valeur  conventionnelle  et  abstraite 
«  réunir  >.  etc.,  etc.  Cet  ensemble  mériterait  d'être  utilisé  jiour  la  recherche 
des  origines  au  même  titre  ([ue  la  palette  de  Narmer.  Mais  n'y  reconnaît- 
on  pas  aisément  un  mélange  artificiel,  conscient,  bien  plutôt  que  le  produit 
«Pline  dissociation   restée  imparfaite  ? 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION   DU  SYSTÈME.  29 

Ici  encore  il  serait  arbitraire  traffirmer  que  l'emploi  d'un 
tel  procédé  ait  été  commandé  par  la  pénurie  de  ressources 
scripturales.  A  toute  époque  le  discours  a  été  introduit  par 
des  abréviations.  Témoins  les  expressions  oîi  le  verbe  ^^  zd 
«dire»  est  sous-entendu,  soit  au  début,  soit  au  milieu,  soit  à  la 
fin.  r^)  ^  cJ^  {zd)hr-f.ic  «que  Ton  ^dise)»;  Q^f^)^ 
y(.zd)n-f  «ce  qu'il  a  (dit):     |~j  j      (  ^°1  )  'utr-tr  (hr  zd)  «les  dieux 

de  (dire)»;  1]  ^  '  (  ^    ^^  )  V"'^''^  (J.'^'  "''0   "^i^s  (disent)». 

Tout  cela  n'a  rien  de  plus  primitif  que  notre  tiret  »  —  «  in- 
diquant un  clianf^-enient  d'interlocuteur.  En  copte  on  a  employé 
l'abréviation  2S.Ç  pour  ï\e2<î.ev''-\  ^v^wq  2£.e  introduisant  le  dis- 
cours direct. 

Quant  au  changement  de  sens  de  certains  éléments  de  l'écri- 
ture, c'est  là  un  procédé  courant  aux  époques  les  plus  histo- 
riques. Certaines  stèles  retournent  l'expression  cS^  «il  dit>^, 
et  quelques  sarcopha2:es  :  jT^  «paroles  ii  dire».  Les  décrets 
royaux  débutent  souvent  par  le  mot  j  V>  «décret»  inversé. 
Dans  les  lég^endes  des  tableaux  religieux  et  funéraires,  le  nom 
ou  le  pronom  rejirésentant  la  personne  placée  en  face  est  par- 
fois tourné  dans  le  même  sens  qu'elle,  donc  à  rebours  du 
discours  environnant. 

Le  fait  que  de  tels  procédés  sont  employés  dès  les  j)remières 
dynasties  ne  démontre  pas  i2)so  facto  leur  origine  préhisto- 
rique.    A    ce    compte,    des    inscriptions    de    scarabées    de    la 

XVIIL'^  dynastie    {Urkunden,    IV,    p.  557)  1     et   9  79  que 

l'on  croit  pouvoir  transcrire  phonétiquement  :  «/-//.s'  J^^V^ 
hq'u-  (?)  «Le  roi  piétinant  les  chefs»,  seraient  aussi  des  exemples 
d'« écriture  en  images».  On  s'est  permis  ces  fantaisies  à  toute 
époque,  et  surtout  aux  plus  basses.  Pourquoi  en  modifier  l'in- 
terprétation si  on  les  rencontre  sur  un  monument  ancien? 


30  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HJÉROGLYPHES. 


On  met  encore  en  avant  le  groupe     i^  ,   traduit  à  l'époque 

macédonienne  àvTirraKoiv  irréQTSQOÇ  et  où  VTréozsçog  répondrait 
il  la  position  respective  des  deux  signes.  Mais  nombre  d'au- 
teurs comprennent  autrement  :  «Horus  d'or».  Au  demeurant, 
cet  élément  du  protocole  royal  ne  fait  son  apparition  qu'au 
début  de  la  IV®  dynastie. 

Enfin,    le    rendu    graphique    des    noms    de   rois   antérieurs   à 
jMénès,    ou    ses    presque-contemporains,    tels    que     l[ ji|,^,  s= 

I itffl,   ^^^^"'^'in'  ^^  V'    l'^'PO'''^^;    ^"    '^®    P®^^^    mieux    à    la 

norme  hiéroglyphique.  La  plupart  d'entre  eux,  il  est  vrai, 
nous  ont  été  conservés  par  des  Annales  rédigées  sous  la  V*' dy- 
nastie. Mais  nous  devons  admettre,  jusqu'à  preuve  du  contraire, 
que  ces  noms  y  ont  été  insérés  sous  leur  forme  primitive.  On 
voit  donc  qu'au  total,  nous  manquons  actuellement  de  ma- 
tériaux pour  esquisser  une  préhistoire  de  l'écriture  égyptienne. 


En  dehors  d'une  préhistoire  portant  sur  le  mode  de  graphie 
rudimentairc  qui  aurait  précédé  les  véritables  hiéroglyphes, 
des  essais  ont  été  tentés  pour  fixer  les  étapes  de  ce  qu'on 
pourrait  dénommer  la  protohistoire  du  système  hiéroglyphique, 
c'est-k-dire  sa  croissance  jusqu'à  l'état  adulte  connu  par  les 
])lus  anciens  textes  d'une  étendue  suffisante.  Des  considérations 
logiques,  tirées  de  l'origine  probable  (^t  des  emplois  subséquents 
de  certains  signes,  ont  conduit  à  une  reconstruction  dont  la 
valeur  est,  il  faut  le  dire,  surtout  théorique  (1).  On  ne  fait  pas 
l'histoire    à   coup   de   déductions,    surtout   quand  il  s'agit  d'une 


(1)  On  est  rai)pelé  à  la  prudence  (luand  on  relit  les  passages  de  r^(;î//)<e7j 
d'E.uMAN  (1885)  où  l'auteur,  influencé  par  les  ortlio<jraphes  alphabétiques  des 
Pyramides,  exposait  un  développement  inverse  de  celui  qu'il  préconise  aujour- 
d'iiui,  avec  la  même  assurance.  Mais  rien  n'égale  la  sérénité  de  Danzel  qui 
décrit,  les  progrès  successifs  comme  s'il  y  avait  a.«sisté. 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  31 

entité  n'obéissant  point  à  la  loi  natura  non  facit  saltiis.  L'éla- 
boration d'un  système  d'écriture  étant  le  fait  d'un  ou  plusieurs 
inventeurs,  et  non  une  production  collective  et  en  quelque 
sorte  spontanée,  comme  le  langage,  il  est  vain  de  prétendre, 
h  l'aide  d'un  tronçon  de  courbe,  restituer  le  tracé  d'un  tronçon 
voisin.  Le  système  hiéroglyphique  a  pu  n'avoir  point  d'enfance. 
Tout  ce  que  nous  pouvons  affirmer  en  pareille  matière,  c'est 
(jue  la  s[)écinlisation  constatée  dès  les  plus  anciens  textes,  de 
certains  signes  dans  certains  emplois  paraissant  éloignés  de 
leur  valeur  })remière  supposée,  constitue  un  témoignage  d'usure 
et  indique  que  nous  sommes  déjii  assez;  loin  du  point  de  dép.irt. 
(Je  n'est  encore  l;i  qu'une  part  de  ces  conventions  d'écriture 
qui  ont  dû  se  faire  jour  peu  à  peu,  car  s'il  règne  dans  l'ortlio- 
graj)he  une  très  grande  liberté,  il  serait,  semble-t-il,  exngéré 
de  dire  qu'il  n'y  a  pas  de  règles  orthographiques. 

Nous  nous  bornerons  à  considérer  objectivement  l'évolution 
du  système  entre  deux  dates  historiques  extrêmes,  et  sous 
trois  aspects  princijiaux   : 

1"  Altération  de  la  forme  des  signes. 

2"  Disparition  et  apparition  de  signes. 

3"  Modifications  apportées  à  l'emploi  et  au  groupement  des 
signes. 

I.  D'une  manière  générale,  les  liiéroglyi)hes  les  plus  an- 
ciens (1)  se  distinguent  par  la  précision  et  la  richesse  des  dé- 
tails. Comme  on  pouvait  s'y  attendre,  c'est  par  eux  souvent 
que  l'on  a  pu  opérer  des  identifications  délicates.  Si  une  déca- 
dence progressive  est  indéniable  et  d'observation  facile,  cette 
simple  constatation  ne  correspond  pas  à  la  complexité  des  faits. 
L'évolution   des   signes   d'écriture   constitue,   en   quelque   sorte, 

(1)  Il  n'est  pas  tenu  compte  en  ceci  de  la  période  archaïiiue,  soit  les 
trois  preniièrc^s  dynasties.  Les  sifi^nes  y  sont  le  plus  souvent  dessinés  et 
groupés  avec  beaucoup  de  gauclierie.  Néanmoins  (quelques  monuments 
soignés  montrent  déjà  de  beaux  hiéroglyphes. 


32  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


un  chapitre  annexe  de  l'histoire  de  l'art,  la  gravure  des  hiéro- 
glyphes étant  fonction  de  la  technique  du  bas  relief  et  de  la 
peinture  sur  paroi.  Or,  pour  l'Ancien  Empire,  les  monuments 
qui  nous  ont  été  conservés  étaient  destinés,  pour  la  plupart, 
au  souverain,  à  la  cour  ou  aux  grands  feudataires.  Les  hiéro- 
glyphes y  sont  généralement  façonnés  avec  le  pins  grand  soin. 
Dès  le  Moyen  Empire  commencent  à  apparaître  les  masses 
profondes  de  la  «canaille  des  inscriptions».  On  rencontrera 
alors  tonte  la  gamme,  depuis  les  plus  beaux  spécimens,  d'ailleurs 
rarement  aussi  détaillés  qu'auparavant,  jusqu'aux  caractères  k 
peu  près  informes.  Ce  sera  surtout  aux  basses  époques,  no- 
tamment sous  les  Ptolémées  et  les  Empereurs,  que  les  architec- 
tures les  plus  grandioses  se  trouveront  envahies  par  des  rangs 
pressés  d'hiéroglyphes  aux  contours  flous  et  de  lecture  difficile. 

Les  négligences  ont  fini  par  influer,  non  seulement  sur  l'esthé- 
tique, mais  sur  la  pratique  même  du  système.  Elles  eurent 
pour  premier  résultat  l'abolition  des  distinctions  anciennes  entre 
signes  semblables,  mais  non  identiques  de  forme.  D'où  les  em- 
plois multiples  d'un  même  signe  et  les  échanges  de  signes  dans 
le  même  emploi.  On  trouvera  des  exemples  significatifs  au 
tableau  des  hiéroglyphes. 

Tantôt  les  modifications  n'altèrent  pas  gravement  la  phy- 
sionomie des  signes  : 

e  a,  '^-^,  ^  «,  ^  /'",  ^  ^,  1  i 

(l)ouclie  cracliant) 

Tantôt,  au  contraire,  elles  rendent  méconnaissable  la  signi- 
fication originelle  : 

(bandelette  nouée)  (queue) 

A  considérer  les  plus  beaux  hiéroglyphes  de  l'Ancien  Em- 
pire,  ciselés   avec   amour,    on   n'échappe   pas   h   cette   idée  que 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  33 

de  véritables  artistes  y  travaillaient  d'après  des  recueils  de 
modèles.  Mais  la  démocratisation  introduisit  un  procédé  plus 
simple.  On  s'habitua  à  dessiner  chaque  signe^  de  mémoire, 
d'après  le  brouillon  hiératique-  Ainsi  s'explique  une  grande 
part  des  déformations,  et  l'on  en  a  la  certitude  grâce  à  l'in- 
troduction, dans  récriture  monumentale,  d'éléments  d'abord 
particuliers  k  la  cursive.  Ainsi  les  traits  diacritiques  de  ^, 
tZD,  2=5,  7 .  De  là  encore  certaines  formes  nouvelles,  comme 
Q   pour  ^  et  "^SzQ  pour   .•••^,    ou  des  confusions,  comme  .2:^ 

pour  'V^. 

II.  Les  questions  relatives  à  l'épigrapliie  n'ayant  enqoro 
jamais  été  traitées  d'ensemble,  il  est  malaisé  de  fournir  des 
précisions  quant  ii  la  disparition  ot  lapparition  des  signes. 
Mais,  si  les  faits  particuliers  ne  doivent  être  mis  en  avant 
qu'avec  prudence,  quelques  tendances  générales  se  laissent  ob- 
server. Ainsi  certains  textes  de  l'Ancien  Empire,  par  dessus 
tout  ceux  des  pyramides  de  Saqqarah,  présentent  un  nombre 
appréciable  de  signes  qui,  sauf  erreur,  ne  se  rencontrent  plus 
par  la  suite,  comme 

■     î 

fff-—^    v'dh    «  verser  » 

■#■        hqsic  «vertèbre» 

Au  contraire,  on  voit  apparaître  au  cours  des  temps  des 
signes    inconnus,    ou    du   moins   encore   exclus    de    la   pratique 

Sottas-Drioton.  3 


(j  ir 

<  étroitesse» 

dtc^ 

nom  divin 

sk 

«  épousseter  » 

sz 

«briser» 

34  INTRODUCTION  À  LÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

courante.   Un  groupe  spécial^  peu  nombreux,  est  constitué  par 
la  représentation  écrite  des  objets  dont  la  civilisation  s'est  peu 

h  peu  enrichie^  tels  que   i^,  Jj',  ^~^^i  *^^'^^M* 

C'est  surtout  à  l'époque  gréco-romaine  que  cette  Horaison 
nouvelle  va  se  faire  exubérante  et,  en  particulier,  dans  les 
inscriptions  qui  se  déroulent  en  frise  au-dessus  et  au-dessous 
des  tableaux  garnissant  les  murailles  des  temples.  On  a  re- 
marqué que  les  mêmes  salles  présentaient  à  la  fois  des  textes 
modérément  ou  furieusement  novateurs  h  cet  égard  et  que  le 
contenu  des  derniers  n'avait  généralement  rien  que  méritât 
d'être  tenu  secret.  Si  donc  une  intention  cryptographique  a 
donné  naissance  à  ces  jeux  d'écriture,  leur  développement 
peut  être  dû  à  la  valeur  décorative  qu'on  leur  attribuait,  à 
tort  ou  à  raison,  et  au  désir  d'étonner  le  visiteur  profane 
par  des  combinaisons  d'apparence  indéchiffrable.  Il  se  peut 
que  cette  catégorie  de  textes  à  l'aspect  particulièrement 
mystérieux  réponde  aux  «  anaglyplies  »  de  Clément  d'Ale- 
xandrie. 

A  dire  le  vrai,  la  grande  majorité  des  signes  nouveaux  ré- 
sulte de  la  combinaison  de  deux  ou  plusieurs  éléments  an- 
térieurement connus.    Ce  procédé  a  été  employé  dès  les  temps 

les  plus  reculés.    Témoin,   l'union    de   A,  \    ou    1    avec   un  éljé- 

ment  phonétique,  en  vue  de  distinger  les  racines  l\  yy.  l-^  hm, 
—jy  ys.   \    rnptj  j  rnp^   \    fr,   4=  rs,   X  nsic-t.   L'usage  adoptera 

peu  ;i  peu  des  complexes  comme  rw^  ^'■"^■;  ■'^^   '"';  H^  ^i'Z^'V 
ir\t  etc.     Sous  les  Ptolémées,  les  exemples  se  multiplient  : 

l"'-   ^qZd   l'^"}    <^   "■•^'''?   *J|      ^^;   '^Y^  ''"'-}  ®^c-    ^^  ^^^  ^^t 
de    même    des   jeux    d'écriture    analogues    à    l'ancien    "^    (cf. 

p.  26)  :  5^:^,  R\    ^3)  sh,  Mj)  msdm,    ^    pour    T  i,  etc.    On 


CHAR  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  35 


trouve   encore   des   combinaisons   englobant    deux   ou   plusieurs 
mots  :    F^^  ra  nh   «en  or»,  Q  |  ^      imrt  ut)-  «mère  du  dieu»; 

o    I    o  I      O  " 

fTh~i 


nfr-hr    «  h    la   belle   face  »,    f^f^    pour  ^^  ===    «  roi    du 

sud  et  du  nord,  seigneur  des  deux  pays»,  etc.  Déjà  les  con- 
temporains de  Ramsès  II  se  laissaient  aller  à  graver  son  pré- 
nom ^OvainâçrjÇ  ainsi  :    im. 

En  dehors  de  ces  combinaisons  apparaissent  vers  la  même 
époque  des  signes  qui  semblent  entièrement  nouveaux  :  v,'  èd, 

p!^  .V»>  ^^>  l'»,  DC  ^'""»  etc. 

III.  En  ce  qui  concerne  les  variations  d'emploi  et  de 
groupement  des  signes,  une  remarque  générale  est  nécessaire. 
L'écriture  hiéroglyj[)hi<pio,  tout  en  évoluant,  est  restée  elle- 
même,  en  ce  sens  que  pas  un  procédé  nouveau  n'apparaît  au 
cours  de  la  période  historique.  Les  fluctuations  portent  unique- 
ment sur  l'extension  relative  que  prennent  les  divers  moyens 
d'expression  admis  par  Tusage. 

Un  phénomène  aisé  à  percevoir  est  l'accroissement  du  nombre 
de  signes  unilitères  appelés,  h  tort  ou  à  raison,  alphabétiques. 
Le  mode  de  réduction  qui  a  abouti  à  l'isolement  de  ces  élément^ 
simples  n'est  pas  l'acrophonie,  comme  l'avait  cru  Cuamtollign, 
qui  faisait  venir  J^T^T  du  jjrototype  de  lytiH  «jardin»  ou  /i 
de  ueA.2i.  «angle».  Ceux  des  signes  unilitères  anciens  dont  la 
valeur  première  de  signe-racine  s'est  conservée  montrent  que 
le  processus  fut  beaucoup  plus  simple  : 

.      )•  «bouche»   est  employé  pour  le  son  r. 


s  «  verrou  » 


Mais  déjà  dans  r« alphabet  :>  ancien  on  relève  la  présence  de 
signes  qui  furent  bilitères,  mais  dont  une  des  consonnes  est 
faible  et  plus  ou  moins  passée  k  l'état  de  voyelle  : 


36  INTRODUCTION  À  I/ÉTUDE  DES  HIÉllOGLYPHES. 


A    q  vient   de    ^^^\^  ?'   «colline». 

C'est    ainsi    qu'on    voit    api^araître,    dès    le    Moyen   Empire, 

dans    l'emploi    étudié  :    \t{y):  é=z^{ij)m:   )J  n{t). 

Plus  tard,  et  notamment  à  l'époque  gréco-romaine  la  repré- 
sentation multiple  des  consonnes  deviendra  une  des  carac- 
téristiques de  l'écriture.   Ainsi  /  s'exprime,  outre  l'ancien  *i^=-- , 

par  |.   IIHL/:    |).  ^fO-    ^   iy^'^)f,  etc.: 

n,  outre  ^^aa/^  et  ^J ,  par  E^,  cscd  n:  o  «(?'') 5  ^^^=^  'KO? 
^  n\n).  etc. 

A  la  trcs  basse  époque,  la  fantaisie  des  scribes  paraît  avoir 
poussé  jusqu'à  Tacroplionie  véritable  : 

Vers  le  Nouvel  Empire  apparaissent  (S,  dérivé  de  ^  par 
l'intermédiaire  de  l'hiératique,  et  j     lU,    <^  k,  dont  l'origine  est 

moins  claire. 

Un  phénomène  d'ordre  phonétique  a  d'ailleurs  accru  la 
jnultiplicité  des  signes  représentant  un  même  phonème;  c'est 
l'abolition  des  différences  entre  sons  voisins.   Ainsi  — «—  et    I  se 

confondent    d'assez    bonne    heure  ;    puis  ^.  2=5.  cr^^i.     ^^   et 
^^.  ,  [1  et  même  ^ — d. 

L'écriture  démotique  a  aussi  des  homophones  alphabétiques, 
mais  son  caractère  pratique  l'a  empêchée  de  tomber  dans  le 
même  excès.  Chaque  phonème  y  est  représenté  par  un  ou 
deux  signes,  rarement  davantage. 

Aux  basses  époques,  certains  signes  prennent  des  valeurs 
bilitères  ou  trilitères  inconnues  jusqu'alors. 

Ex.  :  -^    sp,    \\    vnm.  etc. 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  37 


Pour  ce  qui  touche  l'emploi  idéographique  ou  semi-idéo- 
graphique des  signes,  il  a  été  signalé,  au  Chapitre  I,  des  passages 
du  rôle  de  déterminatif  h  celui  de  signe- racine.  Ce  n'est  pas  là 
un  fait  isolé.  Voici  un  autre  exemple  présentant  le  double 
avantage  de  se  manifester  à  date  historique  et  d'avoir  été  étudié 
en  détail  récemment.  Sous  l'Ancien  Empire,  fW^  sert  à  écrire 
la  racine  hnt  à  laquelle  est  attachée  l'idée  de  priorité.  Les  mots 
qui  en  relèvent  n'ont  généralement  pas  de  déterminatif,  sauf 
rmr\  s  «visage».  Or  £),  se  trouvant  plus  représentatif  de 
l'idée  que  ŒW],  relègue  peu  a  peu  ce  dernier  dans  un  emploi 
purement  phonétique  et  devient  lui-môme  l'expression  graphique 
normale  de  la  racine  hnt.  D'où  des  orthographes  comme 
ou    ^cliarem  »,  qui  apparaissent  aux  Moyen  et 


Nou-vel    Empires.    Même    le    mot   origine   fffih^    «support    de 


vases >    finira   i)ar    s'écrire   ym\  G 

La  question  du  groupement  des  signes  est  intimement  liée 
ji  celle  de  l'orthograplie  ([ui,  elle-même,  relève  de  la  grammaire. 
Il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'entrer  dans  le  détail,  et  d'autant 
moins  qu'il  nous  manque  un  élément  essentiel,  la  connaissance 
l)récise  de  la  nature  du  vocalisme,  tant  au  point  de  vue  phoné- 
tique qu'à  celui  de  la  représentation  graphique.  Nous  nous 
bornerons  donc  ii  quelques  remarques  très  générales. 

On  sait  quelle  liberté  règne  dans  l'orthographe.  Outre  l'ex- 
pression facultative,  signalée  au  Chapitre  I,  de  certaines  parties 
constituantes  du  mot,  on  ne  semble  pas  attacher  grande  impor- 
tance à  des  variantes  comme  [1  ^ci::*^^\  j  |  «bouclier»,  en  face  de 
[j  ^ — I  ^^    \\\  0  *  ^^^"^'^  fruitier  »,  en  face  de  [1  ^^^  T5ôr      ; 

*    -minnr  «ouvrir»,  en  face  de  -^-^^^ -nnmir ;     ] U»ï4î°  «protection», 
en   face  de    J  V,  etc.    Néanmoins,    une   comparaison    avec   les 


38  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉUOGLYPHES. 

temps  gTÔeo-romains  suffit  à.  montrer  que  liberté  n'est  pas  licence 
et  que  les  hiéroglyphes  ne  sont  pas  tombés  dans  la  fantas- 
magorie tant  qu'ils  sont  demeurés,  avec  l'hiératique,  l'écriture 
de  tous  les  lettrés.  Il  a  existé  des  conventions  orthographiques 
un  peu  élastiques,  mais  dont  on  ne  s'écartait  qu'exceptionnelle- 
ment.   A  l'époque  ancienne,  des  jeux  d'écriture  comme  Ji 

pour  il  II  (J  U  fâ  ,y^.'/  «pi'iiice»,  ou  j  j -^  pour  |||;  ntvfr  «les 
dieux»,  sont  assez  rares. 

Malgré  le  caractère  conservateur  de  1" orthographe,  on  y  voit 
parfois  transparaître  les  changements  phonétiques.  Ainsi  l'ancien 

s'écrira  ^    \X  C^O^  «Bvblos».  soit  Jtpn  au  lieu  de 


/NAAAAA 


Ihn.  La  chute  du  ^  médian  sera  visible  dans  [1  <£  AAA/^A^  ^    lop 

<^  fleuve  y>  :    autrefois  [1  V^  i      t  .    Les  deux   exemples  précé- 

demment cités  témoignent  de  la  confusion,  devenue  possible^ 
entre  ^,  ^=^>  et  t=i. 

Les  plus  anciens  textes  développés,  surtout  ceux  des  Pyra- 
mides de  Saqqarah,  présentent  deux  caractéristiques  opposées  : 

1°  Les  éléments  idéographiques  y  sont  d'une  précision  géné- 
ralement inégalée  par  la  suite. 

Ex.  :  ^^^         "l;^,  l»lus  tard  ^^        '«îîj^V?  «moissonner»; 
/vAwvA  ^,,.^^^,  plus  tard  aa^wvaaaams; — c  «écoper  un  bateau»,  etc. 

Même  lorsque  les  êtres  animés  y  sont  dessinés  incomplètement, 
])ar  scrupule  religieux,  le  geste  et  les  attributs  essentiels  sont 
conservés. 

2"  La  suppression  ou  la  réduction  ;i  une  forme  géométrique 
des  éléments  idéographiques  entraîne  le  développement  complet 
de  la  partie  phonétique  qui  est  alors  écrite  le  plus  souvent 
en  signe  unilitères.  Ces  vieux  textes  religieux  se  trouvent  être 
par  là  les  plus  analytiques  de  tous. 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  39 


^^^|lf|,    plus  tard    Ây  sps{y)   «noble: 


Ex.  : 


Beaucoup  d'autres  monuments  de  TAncien  Empire  n'obéissent 
pas  aux  mêmes  tendances.  Même  les  inscriptions  funéraires,  qui 
sont  la  majorité,  comportent  beaucoup  moins  de  mutilations  ou 
suppressions  de  signes  dangereux.  C'est  que  généralement  elles 
sont  gravées  dans  la  chapelle  qui  tait  encore  partie  du  monde 
vivant  et  non  dans  les  couloirs  qui  mènent  k  la  chambre 
mortuaire  ou  sur  les  parois  môme  de  cette  chambre  ou  du 
sarcophage.  Ces  textes  se  distinguent  par  la  sobriété.  Un  seul 
détcrminatif  le  plus  souvent,  ou  pas  du  tout. 

orthographe  nor- 
male postérieure 


\insi 

en 

face 

de 

eVA 

«  nom  » 

A^AA/NA 

/WAAAft    liiU 

w 

r 

l^i 

P 

j 

«ordre» 

^% 

n 

ra^^ 

«  descendre  » 

^ 

n 

V 

A 

«enti'er 

etc. 

A  partir  du  ]\Ioycn  Em])ire  et  peut-être  sous  l'influence  de 
l'orthographe  des  papyrus,  plus  développée,  comme  il  est  na- 
turel, une  orientation  nouvelle  se  dégage  de  la  complexité  des 
faits.  Le  déterminatif,  élément  autrefois  un  peu  accessoire, 
tend  il  devenir  indispensable.  Hormis  quelques  termes  très 
usuels,  comme  ^  ^\  szm  «entendre»,  ^  lq)r  «devenir», 
9  (^^  (ch^  «ouvrir  >,  chaque  mot  devra  se  terminer  par  un  ou 
plusieurs  éléments  idéographiques.  Ceux-ci  prennent  une  valeur 
plus  générale  que  dans  la  période  précédente  et,  par  contre- 
coup, sauf  le  cas  d'abréviation  voulue,  la  partie  phonétique  se 
complète.  La  relation  de  cause  k  effet  peut  d'ailleurs  être  in- 
versée.   Quand   le   signe-racine   est   cantonné  par  des   éléments 


40  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

phonétiques,  il  semble  perdre  une  part  de  sa  valeur  idéogra- 
phique et  se  trouver  réduit  à  un  rôle  purement  phonétique. 
Il  peut  même  disparaître,  sans  que,  cette  fois,  le  scrupule  re- 
ligieux y  soit  pour  quelque  chose. 


Ex.  :   0  ^^K  ^^    p     «voler»,  puis   :    A^<  ^^  ^^,  puis  : 
-^  ^\  ^^  "*     «voir»,  puis  :     .^ ,    puis  : 


(^  1  1  -<2>-    w^  >¥^  00 


00 

Durant  cette  période  la  majorité  des  mots  comporte  d'abord 
la  partie  phonétique,  puis  le  ou  les  déterminatifs.  La  disso- 
ciation des  deux  modes  d'expression  a  progressé.  Même  un 
mot  fréquent  comme  V\  nuct  «mère»  en  viendra  a  s  écrire 
^ J).  Le  nom  de  l'inondation  Mi-U  ^ht,  si  souvent  employé 
dans  les  dates,  se  conformera  peu  à  peu  aux  nouvelles  ten- 
dances en  modifiant  à  peine  sa  disposition  traditionnelle  :  J  ^  I  ^  L 
où  O  est  déterminatif . 

Il  semble  que,  pour  un  même  mot,  on  ait  eu  le  choix  entre 
plusieurs  déterminatifs,  simples  ou  complexes,  de  valeur  très 
générale,  et  convenant  également  bien  à  l'idée  exprimée.  Cepen- 
dant l'emploi  n'en  était  pas  tout  à  fait  arbitraire  et  chaque 
période  avait  ses  préférences.  Ainsi  le  verbe  'X  J  ^\^>  «fêter» 
était  déterminé  normalment   par  \   \  \   au  Moyen  Empire,   va-^ 

ou  sous  la  XVIIP  dvnastie  :  sous  la  XIX'^. 

A  partir  de  l'époque  saïte  se  manifeste  une  réaction,  un 
retour  vers  les  formes  anciennes  de  l'écriture,  comme  d'ailleurs 
de  la  civilisation  en  général.  Ce  parti-pris  exagère  l'écart  na- 
turel existant  entre  les  hiéroglyphes  et  la  langue  parlée  et  ne 
va  pas  sans  de  nombreuses  inconséquences  qui  rendent  l'or- 
thographe    souvent    informe.     Le    système    a    cessé    désormais 


CHAP.  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  41 


d'être   quelque   chose   de   vivant  ;    les   traces   de   décomposition 
n'y  seront  que  trop  visibles. 

Le  pédantisme  des  adeptes  de  l'écriture  savante  se  manifeste 
aussi  en  sens  inverse,  par  des  innovations  systématiques. 
D'assez  bonne  heure  apparaissent  des  jeux  d'écriture  comme 
j^E^  et  ^^-^  pour  les  verbes  'q  «entrer»  et  pr  «sortir».  Sous 
les  Ptolémées  et  les  Empereurs,  ce  procédé  tourne  à  la  facétie  : 

°        7 

o   nu   <^or». 


Jm>-    ^^^      Tf    ntrir   «dieux 


^^=^^11111^  //*■'■  «Osiris». 
-H  ©  trv  nom  de  Denderah. 


^^-Sa^'^n^   iihir  «seigneurs». 
^  ^  psd  «briller  ». 

'"*:'  pour  "rnl  ''>h  ''''■  "/'■   élément  de  protocol 


e 
royal. 
Une  orthographe  comme  ^ .^Qi^P^'^'^'      Q])  """"^  «manger» 


m 


outre  que  l'on  no  se  souciait  ]>lus  môme  de  la  ])rononi-iation. 


* 


En  ce  qui  concerne  le  vocalisme,  une  seule  chose  paraît 
certaine,  c'est  que  les  Egyptiens  n'ont  pas  tenté,  sauf  de  rares 
exceptions,   de   rexi)rimer   complètement.    Le  rendu  j)artiel  au 

moyeu  des  consonnes-voyelles  ^^,  0,  «•= — °,    y   n'e&t   pas   aisé 

il  saisir.     En  face  de  séquences  chronologiques  telles  que 

V5  ^  ^  V  ft  ^          démot.  :   /*"•/<  »OTO   «corde», 


42  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

on  trouve  : 

"^^  D^^.c:^>^  démet,  -.lit      nevT     «jambe». 

[H  (1 ''^"ù)  ^  1^  ^fe\  Q  4 '"^^^  ^  ^^^'"°^-  •  ^^y   ?^^*    «é]>oux». 

Si  l'on  veut  admettre  les  équivalences  ^^^  =  ô.  et  ^  =  ot 
(voyelle),  pourquoi  cette  fixité  dans  un  cas  et  ces  alternances 
dans  les  deux  autres  ?  Il  y  a  là  une  série  de  problèmes  non 
encore  résolus. 

Il  est  cependant  deux  occasions,  au  moins,  où  le  lecteur 
ancien  ne  pouvait  restituer  mentalement  la  vocalisation  sans 
que  l'écriture  vînt  à  son  aide.  C'est  quand  le  prononcé  d'une 
formule,  devait,  dans  nn  but  magique  ou  religieux,  être  rigou- 
reusement fixé.  C'est  encore  quand  il  s'agissait  de  noms  propres 
étrangers  ou  de  mots  d'emprunt  insuffisamment  acclimatés. 

1.  Dans  une  conjuration  contre  les  serpents  conservée  par  les 
textes  des  Pja-amides^  on  lit  les  mots  ^\^'°^'^ [1  0»  '^  \\u 
^\  {]  (*=îfi  I  (J  où  les  variations  d'orthographe  semblent  corres- 
pondre à  des  différenciations  vocaliques  entre  vocables  pro- 
bablement vides  de  sens.  On  peut  faire  des  constatations 
analogues  à  l'autre  extrémité  de  l'histoire  du  système  hiéro- 
glyphique. Dans  le  papyrus  magique  de  Londres  et  Leyde 
(IIP  s.  ap.  J.-C.)  les  mots  cabalistiques  sont  écrits  avec  un 
vocalisme  plein  et,  pour  plus  de  sûreté,  glosés  en  lettres  grecques. 

Ex.   :    ''o-Vs'gr    =   o£id.ces.upev  ;    nijpttrmi/kh    =   uinTOir- 
A\.i^,  etc. 

2.  L'Egypte  conquérante  en  Asie  au  Nouvel  Empire  et 
l'Egypte  soumise  aux  successeurs  d'Alexandre  se  sont  trouvées 
en  contact  trop  étroit  avec  des  peuples  étrangers  pour  que  la 
civilisation  en  général  et  la  langue  en  particulier  n'en  subissent 
pas  l'influence.  L'écriture  ressent  le  contre-coup  et  d'une  façon 


CHAR  II  :  ÉVOLUTION  DU  SYSTÈME.  43 

assez  différente  dans  eliaque  cas.  En  effet,  les  cunéifonues  en 
usage  dans  l'Asie  antérieure  môme  pour  les  besoins  diploma- 
tiques sont  une  écriture  syllabique.  L'Egyptien,  par  imitation, 
groupera  deux  par  deux  consonne  et  voyelle  formant  syllabe 
et  souvent  incorporera  le  signe-«  voyelle  »  dans  un  signe  bilitère. 

Of    ç — ts^r^    AAAAAA    v 


==>     _   D  ^^'' 


J%M 


n)2n 


écrivain 

char 

e>.To7V.Te 

lance 

Aiepeo 

liamath 

Même  en  tenant  compte  dos  variations  phonétiques  qui  ont 
pu  se  produire  entre  temps,  on  doit  avouer  que  le  système  se 
montre  souvent  incohérent.  Ce  sont  peut-être  ces  imperfections 
qui  l'ont  empêché  de  se  généraliser. 

Cependant  quelques  mots  d'usage  courant  obéissent  h  la 
mode  nouvelle  : 


eur»,    opupe,    écrit    auparavant 
'cJf.tme  ('^)  «avec»,  u€Avev=. 


<a^  i\ 


w 

Les    trauscri})tions    d"é])oque    grecque    rendent    sensible    lin 
riiience   du    procédé   alphabétique.     Le   vocalisme   est   rarement 
exprimé  au  complet.    Le  caprice  règne  quant  au  choix  du  signe- 
voyelle,  et  même  quant  ii  la  présence  ou  l'absence  de  celui-ci. 


(1)  Transcriptions  hébraïniies  très  postérieures. 


44  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


AAAAAA        I       1   <^    Vj 


_23^ 


[1  ^      l^lé$avÔQog 


A  la  même  époque,  on  use  quelquefois  du  même  procédé^ 
avec  aussi  peu  de  conséquence,  pour  écrire  les  mots  de  la 
langue  courante.  Ex.,  en  hiérog^lyphes,  [I  [I  pour  la  finale  i  ou 
e  ;  en  déniotique    ^^,    pour  l'co  de  cco&e,  etc. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives. 

Outre  les  articles  de  Lacau  et  de  Mo^cïet  mentionnés  p.  19 
et  les  travaux  cités  dans  la  discussion  sur.  les  origines  :  Ed. 
Meyer,  Histoire  de  l'Antiquité  (1912),  l,  §  119  sqq.  —  K.  Faul- 
MAXN,  Geschichte  der  Schrift  (1880;  pour  les  faits,  non  pour 
la  théorie).  —  C.  Mei>"hof,  Zur  Entstehnmj  der  Schrift,  ap. 
A.  Z.,  XLIX  (1911).  —  J.  E.  QuiBELL  &  F.  W.  Geeen,  Hierakon- 
polis  (1900—1902),  pi.  26  b,  29,  30—41,  58.  —  F.  Ll.  Grif- 
FiTH,  Hierofjlyplis  (1898).  —  G.  Môller,  Hieratlsche  Palaographie 
(1909 — 1912  ;  donne  trois  séries  d'hiérog^lyphes  correspondant 
aux  trois  grandes  périodes).  —  H.  Junker,  Uber  da.s  Schriftssystein 
im  Tempel  der  Hathor  in  Dendera  (1903).  —  K.  Sethe,  Znr 
Eeform  der  Schriftlehre,  ap.  A.  Z.,  XLV  (1908).  —  A.  Eeman, 
Ein  orthographisches  Kriterium,  ap.  .1.  Z.,  LV  (1918).  —  P.  La- 
cau, Suppressions  et  modifications  de  signes  dans  les  textes  fu- 
néraires, ap.  A.  Z.,  LI  (1913).  —  A.  Ermak^,  Z^ir  Ugyptischen 
Wortforscliung,  I  et  III,  ap.  Sitzungsherichte  der  Berliner  Aka- 
demie,  1907  et  1912.  —  W.  Max  Mïjller,  Die  Spuren  der  ha- 
bylonischen  Weltschrift  in  Agtjpten  (1912).  —  G.  Maspero,  In- 
troduction  à  la  plionétique  égyptienne  (1917).  —  J.  E.  A.  = 
Journal  of  egyptian  Archaeology.  —  B.  J.  F.  A.  (J.  =  Ihdletin 
de  l'Institut  français  d'Archéologie  orientale.  Pour  Becueil  et 
À.  Z ,  cf.  p.  19. 


Chapitre  III. 
Extension  du  Système. 

Les  Egyptiens  ne  se  sont  point  contentes,  comme,  par  exemple, 
les  Assyro-Bcibyloniens.  d'une  seule  écriture  k  toutes  fins.  Ils 
ont  possédé  une  onciale  (Ij  et  une  cursive,  et  même,  à  un 
moment  donné,  deux  cursives.  L'onciale  est  l'écriture  hiéro- 
glyphique; les  cursives  sont  l'écriture  hiératique  et  l'écriture 
démotique.  De  ces  appellations,  léguées  ])ar  les  anciens,  nous 
discuterons  l'exactitude  en  temps  et  lieu. 

Le  choix  de  l'onciale  ou  de  la  cursive  était  fonction  de 
deux  données  :  la  matière  sur  laquelle  on  écrivait  et  la 
nature  du  texte  à  reproduire.  D'une  manière  générale/  les 
hiéroglyphes  étaient  gravés  sur  matière  dure  et  pesante,  au 
moyen  d'un  outil  incisif,  soit  en  creux,  soit  en  relief,  par 
ablation  du  fond,  soit  encore  en  relief  dans  le  creux.  Au  con- 
traire, les  cursives  convenaient  aux  matières  meubles  et  plus 
fragiles,  dont  la  surface  n'était  pas  entamée  par  le  contact 
d'un  calame  ou  ])inceau  chargé  de  matière  colorante  liquide. 
Mais  le  deuxième  facteur  intervient  pour  brouiller  cette 
distinction.  Aussi  trouve-t-on  des  hiéroglyphes  simplement 
peints  sur  stuc  ou  écrits  sur  papyrus  et  inversement  de 
nombreux  textes  démotiques  gravés  sur  pierre.  D'ailleurs,  entre 
l'onciale  et  la  cursive  nettement  caractérisées,  on  rencontre 
des  intermédiaires. 


(1)  Nous  employons  ce  terme  commode  au  sens  d'écriture   monumentale, 
sans  égard  à  d'autres  acceptions  plus  spéciales. 


46 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


L'hiératique  nous  est  connu  dès  les  plus  anciennes  époques 
et  a  duré  aussi  longtemps  que  les  hiéroglyplies  eux-mêmes. 
Si;  à  partir  de  la  mise  en  service  de  son  succédané  démotique, 
il  n'a  plus  été  employé  que  pour  certains  textes  religieux  et 
s'est  de  nouveau  rapproché  de  l'oncialc;  antérieurement  du 
moins  son  usage  était  général.  Un  texte  liiéroglypliique  sculpté 
suppose  l'existence  d'un  brouillon  moins  soigné  et  aisément 
transportable.  Nous  avons  reconnu  d'ailleurs  plus  haut  l'influence 
en  retour  de  certains  signes  hiératiques  sur  leurs  correspondants 
hiéroglyphiques. 

L'hiératique  n'est  qu'une  déformation,  signe  par  signe,  des 
liiéroglyphes.  On  y  rencontre  aussi  des  ligatures  en  nombre 
variable  selon  les  documents,  mais  toujours  relativement  restreint. 
La  transcription  en  hiéroglyphes  est,  en  principe,  toujours 
possible. 

La  tendance  générale  des  signes  hiératiques,  comparés  à 
leurs  prototypes  hiéroglyphiques,  est  triple  :  l**  simplification; 
2°  mise  en  évidence  d'un  détail  caractéristique:  3°  adjonction 
d'un  ou  plusieurs  traits  diacritiques. 


Exemples  : 

1°  Simplification 


/ 
i  } 


Ça 


%*   -i>- 


T 


/ 


t 


CHAP.  III  :  EXTENSION  DU  SYSTÈME.  47 


2"  Mise  en  évidence  d'un  détail. 


3°  Adjonction  de  tvilts  diacritiques. 

^     A^     ^cliffél•c«t  de  j^  /\^) 


f  l 

tt 

1  r 

i  1/ 

y  n        (//r^>j  différent  de  rr    ■''^"0 


Outre  la  rapidité,  Lut  essentiel  de  toute  cursive,  on  ob- 
tenait encore  par  là  l'avantage  d'une  régularité  relative.  En 
ert'et,  la  reproduction  rapide  et  à  traits  épais  d'un  dessin  un 
peu  compliqué^  si  l'on  veut  tenir  compte  de  toutes  ses  parties 


(l)    Le    trait   supérieur   s'explique    par    la   présence    de    l'urjcus    frontale, 
comme  dans   r>?l. 


48  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

et  si  l'on  y  met  peu  de  soin,  risque  d'aboutir  à  une  juxta- 
position de  lignes  assez  énigmatique.  Si,  au  contraire,  on 
détermine  conventionnellement,  et  les  seuls  éléments  k  repro- 
duire, et  la  forme  a  leur  donner,  on  compense  par  une  diffé- 
renciation, établie  nettement  et  une  fois  pour  toutes,  la  né- 
cessité de  fixer  dans  la  mémoire  la  convention  sus-indiquée, 
c'est-à-dire  d'apprendre  comme  deux  écritures  au  lieu  d'une. 
La  forme  d'un  grand  nombre  de  signes  hiératiques  est,  dès 
leur  première  apparition,  fixée  k  peu  près  ne  varietur.  Quelques- 
uns  même  semblent  remonter  k  des  hiéroglyphes  perdus.  Ainsi 

^^        n'est    pas    le    correspondant    exact    de  ^a,   mais  d'une 

image  d'oiseau  plus  ancienne  aux  deux  ailes  dressées.  D'autres 
signes    au    contraire    présentent    une    évolution   plus    ou    moins 

accentuée.  Ainsi  y  passera  successivement  par  les  formes  ca- 
ractéristiques suivantes  :      ^        -     /TV^    p.-^ 

Il  arrive  parfois  que  des  formes  du  même  signe  parvenues 
k  des  degrés  d'évolution  très  différents  soient  contemporaines. 
Ainsi   les   deux   formes   de  ^   et   de   ^^  ,,   données  plus  haut, 

apparaissent  en  même  temps.  Cette  dualité  ne  fera  que  s'ac- 
centuer par  la  suite.  Elle  correspond  k  une  distinction  entre 
l'écriture  livresque  et  celle  des  besoins  courants.  Cette  dernière, 
très  eursive,  aboutira  progressivement  au  démotique.  La  pre- 
mière se  rapprochera  des  hiéroglyphes  linéaires  dont  il  sera  parlé 
ci-après  et  par  ce  retour  en  arrière,  deviendra  l'écriture  de  la 
littérature  religieuse  des  bas  temps  écrite  sur  papyrus. 

* 

*  * 

Le  même  parti,  double,  de  simplification  et  de  codification, 
par  lequel  on  avait  tiré  le  hiératique  des  hiéroglyphes,  a  fourni, 
appliqué  k  son  tour  au  hiératique,   ce  qu'on  appelle  le  démo- 


CHAP.  III  :  EXTENSION  DU  SYSTÈME.  49 


tique.  Par  conti-e,  cette  fois,  on  s'en  prit,  non  plus  seulement 
au  signe  isolé,  mais  au  gToupe  de  signes  qui,  par  leur  rap- 
prochement fréquent,  constituait  une  unité.  On  a,  en  somme, 
traité  un  groupe  hiératique  ligaturé  comme  on  avait  fait  jadis 
un  hiéroglyphe  de  dessin  complexe,  afin  d'obtenir  simplicité  et 
régularité. 

La  nouvelle  écriture  présente,  comparée  au  hiératique,  un 
triple  défaut  : 

1"  La  forme  des  signes  isolés  est  encore  plus  éloignée  des 
prototypes  hiéroglyphiques.  Il  faut  donc  imposer  à  la  mémoire 
un  plus  grand  effort. 

2°  On  devait,  en  outre,  apprendre  de  véritables  sigles  issus 
d'anciens  groupes  hiératiques  et  de  forme  très  conventionnelle. 

3*>  Cette  simplification  à  un  double  degré  devait  amener  des 
ressemblances  fâcheuses,  et  parfois  l'identité,  entre  signes  ou 
groupes  dont  les  valeurs  étaient  entièrement  diiférentes.   Ainsi  : 


r-^tr- 


P 


1  =y. 


h 


^=    O' 
V 

D' 


I  '  r 

Par  contre,  un  moderne  peut  faire  aisément  les  deux  expé- 
riences suiv^antes  : 

1°  Il  copiera  plus  facilement,  plus  rapidement  et  plus  exacte- 
ment un  texte  démotique  qu'un  autre  en  bon  hiératique  de 
longueur  équivalente.  Cela  tient  en  partie  ii  ce  que,  dans  le 
premier  type,  les  mots  les  plus  fréquents  sont  simplifiés  à 
l'extrême. 

Sottas-Drioton.  4 


50  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

2°  Après  s'être  imposé  l'effort  initial  nécessaire,  il  lira  avec 
beaucoup  moins  de  peine  un  texte  démotique  gréco-romain 
qu'un  texte  hiératique  postérieur  au  Nouvel  Empire,  alors  que 
beaucoup  de  signes,  réduits,  par  usure,  à  l'état  de  simples 
traits,  se  différenciaient  très  mal,  et  que  les  ligatures,  devenues 
plus  nombreuses,  affectaient  des  formes  inconstantes.  La  for- 
mation du  démotique,  qui  a  duré  environ  depuis  la  dynastie 
éthiopienne  jusqu'à  Alexandre,  marque  un  progrès  continu.  Il 
s'est  fixé  alors  et  n'a  plus  varié  que  dans  le  détail  au  cours 
des  périodes  ptolémaïque  et  impériale. 

A  dire  le  vrai,  le  démotique  se  trouvait  en  germe  dans  les 
ligatures  que  l'on  rencontre  dès  l'hiératique  d'assez  haute  époque, 
où  non  seulement  les  signes  étaient  reliés  par  un  trait,  mais 
subissaient,  du  fait  de  cette  réunion,  une  simplification  supplé- 
mentaire. Bien  mieux,  le  principe  constitutif  du  démotique 
était  déjà  pleinement  appliqué  à  l'écriture  hiératique  en  ce  qui 
concerne  l'ensemble  des  signes  de  numération.  En  effet,  alors 
que  les  hiéroglyphes  se  contentent  d'un  signe  par  puissance 
de  dix,  les  simplifications  de  la  cursive  ont  provoqué  la  création 
de  presque  autant  de  sigies  qu'il  y  avait  de  groupements  possibles 
entre  unités  de  même  ordre,  si  bien  que  le  nombre  des  «  chiffres  > 
a  été  à  peu  près  multiplié  par  dix.  D'analytique  qu'elle  était, 
la  numération  écrite  est  devenue  synthétique.  Il  y  a  là,  comme 
pour  les  autres  éléments  de  l'écriture,  évolution  progressive, 
mais  la  révolution  qui  a  modifié  le  principe  s'est  accomplie 
beaucoup    plus    tôt.    Chose    curieuse,    elle    a    atteint  jusqu'aux 

hiéroglyphes  eux-mêmes.    Parfois  ZZ  s'écrira   1  I. 

Le  démotique  servait  à  écrire,  sinon  la  langue  courante,  du 
moins  une  langue  littéraire  et  administrative  qui  ne  s'en  écartait 
pas  trop.  Aux  basses  époques,  les  hiéroglyphes  et  le  hiératique 
sont  à  peu  près  confinés  dans  une  langue  savante  à  tendances 
très    archaïsantes.    La    tradition    religieuse    se  transmettait   en 


CHAP.  III  :  EXTENSION  DU  SYSTÈME.  51 

hiéroglyphes  ou  en  hiératique  quand  elle  s'adressait  aux  seuls 
initiés.  Parfois,  mais  rarement,  on  l'accompagnait  d'une  traduc- 
tion démotique  à  l'usage  du  vulgaire.  Enfin,  la  religion  populaire 
a  donné  naissance  à  de  nombreux  textes  en  démotique,  soit 
simplement  écrits,  soit  gravés  dans  la  pierre.  Inversement  des 
documents  relatifs,  non  au  dogme,  mais  à  l'administration  des 
temples,  pouvaient  être  sculptés  en  hiéroglyphes  sur  les  murailles, 
bien  que  rédigés  en  langue  courante.  Dans  ce  cas,  non  chaque 
signe,  ce  qui  serait  souvent  impossible,  mais  chaque  mot  est 
comme  transposé  du  démotique  en  hiéroglyphes. 

Le  démotique  disparaît,  à  peu  près  en  même  temps  que  les 
hiéroglyphes,  lors  du  triomphe  du  christianisme.  Cependant 
quelques  éléments  en  ont  survécu  dans  le  copte  qui  a  emprunté 
au  démotique  les  sept  lettres  ly  q  ^  o  (ç.)  2Sl  5'  '^. 


La  variété  d'écriture  que,  depuis  Cha:mpollion,  on  a  cou- 
tume d'appeler  hiéroglyphes  linéaires  ne  constitue  pas  k 
proprement  parler  une  cursive.  (A?s  hiéroglyphes,  plus  ou 
moins  simplifiés,  ont  presque  exclusivement  servi  à  écrire,  sur 
les  parois  des  sarcophages  de  bois,  puis  sur  les  papyrus  dé- 
posés près  des  momies,  les  longs  textes  funéraires  que  l'on 
gravait  ou  peignait  avec  soin  sur  les  murailles  des  tombes 
riches.  Cette  écriture  monumentale  à  bon  marché  a  gardé  très 
tard  la  marque  de  son  origine  :  elle  a  conservé,  et  la  dispo- 
sition en  colonnes  quand  la  cursive  hiératique  l'avait  aban- 
donnée depuis  longtemps,  et  la  faculté  de  s'écrire  de  gauche 
il  droite,  surtout  dans  les   «  Livres  des  morts  »   à  vignettes. 

* 
*  * 

La  force  d'expansion  du  système  hiéroglyphique  peut  être 
observée  dans  deux  manifestations,  l'une  certaine,  l'autre  pro- 
bable :  les  hiéroglyphes  méroïtiques  et  l'alphabet  cananéen. 

4* 


52 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Les  GrecS;  toujours  ù  la  recherche  du  fabuleux,  ont  affirmé 
à  maintes  reprises  que  rÉgypte  avait  reçu  ses  hiéroglyphes 
d'Ethiopie.  La  science  n'a  jusqu'ici  rencontré  aucune  confir- 
mation d'un  tel  fait.  Nous  voyons,  au  contraire,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  premier  millénaire  av.  J.-C,  les  souverains 
d'Ethiopie  emprunter  k  l'Egypte  sa  langue  et  son  écriture. 
Puis,  vers  le  début  de  notre  ère,  après  un  long  silence,  les 
monuments  reparaissent,  cette  fois  en  langue  indigène  et  dans 
une  écriture  alphabétique  manifestement  dérivée  des  hiéroglyphes 
égyptiens.  Le  déchiffrement  en  est  tout  récent.  Voici  cet  al- 
phabet, où  les  voyelles  sont  représentées.  Il  y  avait  aussi  un 
alphabet  cursif  de  formes  très  conventionnelles. 


^ 


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13    b 


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tê 

séparation  des  mots 


Pour  l'alphabet  cananéen  qui  a  donné  naissance  à  nos 
écritures  actuelles,  la  question  est  beaucoup  plus  confuse.  La 
majorité  des  érudits  a  longtemps  admis  la  thèse  d'EîHMANUEL 
DE  RouGÉ  qui  voyait  dans  les  lettres  phéniciennes  des  défor- 


CHAP.  III  :  EXTENSION  DU  SYSTÈME.  53 

mations  graphiques  de  signes  hiératiques   de  valeur  correspon- 
dante.   Ainsi    V    ,    '^v    a    donné  ^^X,  %  a.    J^  ,  ^x     a  donné 
^'y    m,  etc.    Dans  cette  hypothèse,  la  filiation  est  directe  et, 

sans  y  penser,  nous  écrivons  tous  les  jours  en  hiéroglyphes 
égyptiens. 

Tout  récemment,  on  a  cru  découvrir  l'origine  des  alphabets 
cananéen,  grec  et  italique  dans  une  écriture  rencontrée  sur  un 
petit  nombre  de  courtes  inscriptions  de  la  péninsule  sinaïtique. 
Certains  signes  s'y  rapprochent  des  formes  de  quelques  élé- 
ments desdits  alphabets,  tandis  que  d'autres  apparaissent 
comme  des  représentations  grossières  d'êtres  animés  ou  ina- 
nimés. Le  nombre  des  signes  indique  une  écriture  alpha- 
bétique. On  a  tenté  le  déchiffrement  de  ces  inscriptions  en 
admettant  qu'il  s'agit  d'un  idiome  sémitique,  et  en  donnant 
aux  signes  linéaires  la  valeur  de  leurs  correspondants  appro- 
ximatifs dans  les  alphabets  connus.  Quant  aux  signes  d'aspect 
analogue  aux  hiéroglyphes  égyptiens,  on  ne  les  a  pas  rapportés 
à  ces  derniers,  mais  on  a  extrait  leur  valeur,  par  acrophonie, 
des  mots  sémitiques  exprimant  l'objet  figuré.  Ainsi  vf  vaut  ', 
parce  que  le  bœuf  se  dit  \deph  en  sémitique  ;  ^  vaut  r,  parce 
que  la  tête  humaine  s'exprime  par  le  mot  res,  etc. 

Même  si  ces  bases  de  déchiffrement  sont  exactes,  comme  il 
est  probable,  les  conclusions  tirées  des  inscriptions  sinaïtiques, 
tout  en  ruinant  l'hypothèse  de  Rougé,  ne  suffisent  plus  k  four- 
nir la  preuve  que  le  prototype  de  nos  écritures  doit  être  cher- 
ché dans  les  hiéroglyphes  de  l'Egypte.  Le  lien  est  visible- 
ment trop  lâche,  et,  pour  acquérir  une  certitude,  il  faudrait 
disposer  d'autres  intermédiaires. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives. 

Champollion  le  jeune.  De  l'écriture  hiératique  des  anciens 
Egyptiens    (1821).    —    Gr.   Moller,    Hieratische    Palciographie 


54  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

(1909 — 1912).  —  J.  J.  Hess,  Der  demotische  Roman  von  Stne 
Ha-m-us  (1888  ;  avec  tableau  comparatif  succinct  des  signes 
dans  les  trois  écritures).  —  H.  Brugsch,  Grammaire  démotique 
(1855).  —  K.  Sethe,  Von  Zahlen  nnd  Zalilicorten  (1915).  — 
H.  Gkapow,  iJber  einen  cigyptischen  Totenpapyrus  aus  dem 
friiheren  mittleren  Reich,  ap.  Sitzungsherichte  der  Berliner  Aka- 
demie  (1915).  —  F.  Ll.  GeiftitH;  l'he  Meroitic  Inscriptions 
(1911).  —  E.  DE  RouGÉ,  Mémoire  sur  l'origine  égyptienne  de 
l'alphahet  phénicien  (1860).  —  A.  H.  Gaedinek,  The  egyptian 
origin  of  the  semitic  alphahet,  a^^.  J.  E.  A.,  III  (1916). 


Chapitre  IV. 
Disposition  matérielle  de  l'écriture. 


I.  Direction  do  récriture. 

La  direction  rationnelle  de  l'écriture  est  celle  qu'après 
avoir  abandonne  l'usage  du  «boustrophédon»,  —  ou  écriture 
allant  alternativement  de  droite  à  gaucho  et  de  gauche  à 
droite,  —  trop  incommode  pour  la  lecture,  l'expérience  du 
peuple  grec  a  seule  retenue  et  fait  passer  dans  l'usage  de  tous 
les  peuples  occidentaux  :  le  mouvement  de  gauche  à  droite. 
Cette  direction  a  l'avantage,  puisque  l'on  écrit  de  la  main 
droite,  de  laisser  en  lumière  les  mots  et  les  phrases  au  fur  et 
à  mesure  de  leur  composition  et  de  ne  pas  obliger  la  main  à 
passer  sur  la  lettre  fraîche  qu'elle  vient  de  former.  Les  Chal- 
déens,  imprimant  leurs  signes  sur  l'argile  mou,  ont,  eux  aussi, 
adopté  la  scription  vers  la  droite  et,  d'une  façon  plus  générale, 
c'est  la  même  préoccupation  qui  a  déterminé  tous  les  peuples, 
quelle  que  soit  la  direction  de  leur  écriture,  à  commencer  à 
remplir  par  le  haut  la  page  où  ils  traçaient  leurs  caractères. 

Mais  cette  direction  rationnelle,  recommandée  par  l'expérience, 
n'est  pas  la  direction  naturelle.  La  loi  du  moindre  eflFort, 
ou  plus  exactement  celle  de  la  simplicité  du  geste,  veut  que, 
la  matière  à  écrire  étant  posée  d'axe  devant  le  scribe,  la  main 
droite  trace  d'abord  les  caractères  sur  la  partie  qu'elle  atteint 
naturellement  pour  s'éloigner  par  un  effort  progressif  vers  la 
partie  gauche  qu'elle  veut  remplir.  Cette  scription  de  droite 
à  gauche  a  été  et  reste  encore  celle  de  la  plupart  des  écri- 
tures sémitiques. 


56 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


En  principe  l'écriture  hiéroglyphique  n'a  pas  de  direction 
obligée.  Ecriture  monumentale^  dont  chaque  signe  réclame 
une  application  spéciale  de  l'artiste  et  se  trouve  souvent  sculpté 
avec  autant  de  soin  qu'un  camée,  elle  obéit  aux  exigences  des 
monuments  qu'elle  décore  :  se  déroulant  en  bandes  ou  descen- 
dant en  colonnes,  ou  courant  de  gauche  à  droite  ou  de  droite 
k  gauche^  elle  remplit  les  vides  laissés  par  les  personnages, 
les  objets  ou  les  motifs  ornementaux.  Une  loi  absolue  préside 
cependant    k    cet    usage    décoratif    de    l'écriture   :   lorsqu'il    se 


rapporte  k  un  personnage  quelconque  d'un  tableau^,  le  texte 
écrit  aborde  son  interlocuteur  imaginaire  de  la  même  façon 
que  le  personnage  représenté  l'aborde  lui-même  :  tourné  vers 
la  droite,  c'est-k-dire  de  droite  k  gauche,  si  celui-ci  regarde 
vers  la  droite;  tourné  vers  la  gauche,  c'est-k-dire  de  gauche 
k  droite,  si  celui-ci  regarde  vers  la  gauche. 

Dans  ces  différents  emplois,  les  hiéroglyphes,  qui  conservent 
toujours  la  même  position  respective  entre  eux,  s'inversent 
suivant  les  cas.  La  règle  'pratique  de  lecture  est  qu'il  faut 
aller  à  la  rencontre  des  personnages  ou  des  êtres  animés 
que  renferme  un  texte  hiéroglyphique. 


^ 


^^ 


zv 


CHAP.  IV  :  DISPOSITION  MATÉRIELLE  DE  L'ÉCRITURE.       57 
se  lira  de  droite  k  gauche,  mais 


A 

doit  se  lire  de  gauche  à  droite. 

Pourtant  lorsque  la  surface  à  remplir  ne  comporte  pas  de 
scène  figurée  ou  qu'aucune  situation  topographique  dans  un 
ensemble  ne  vient  commander  l'économie  du  texte  écrit,  l'écri- 
ture hiéroglyphique  prend  naturellement  tin  sens  :  celui  de 
la  minute  hiératique  dont  elle  est  pratiquement  la  trans- 
cription. 

L'écriture  hiératique,  cursive  des  hiéroglyphes,  s'écrit  uni- 
formément de  droite  à  gauche.  Les  plus  anciens  textes,  sans 
doute  pour  éviter  partiellement  le  danger  déjà  signalé  d'obliger 
la  main  du  scribe  à  passer  sur  les  lettres  fraîchement  tracées, 
dispose  les  groupes  en  colonnes  verticales,  alignées  elles- 
mêmes  de  droite  à  gauche.  Cette  façon  de  faire,  qui,  à  quelques 
exceptions  près,  est  celle  des  papyrus  d'Abousir  et  d'Eléphantine, 
ainsi  que  des  graffitti  archaïques  de  Hât-noub,  a  passé  dans 
les  textes  hiéroglyphiques  des  Pyramides.  Au  Moyen  Empire 
s'affirme  la  tendance  k  remplacer  l'écriture  verticale,  qui  suppose 
sous  la  main  du  scribe  un  déplacement  constant  du  papyrus, 
par  la  scription  horizontale  qui  laisse  établir  des  colonnes 
plus  larges,  exigeant  de  moins  fréquents  déroulements  :  sur 
les  tablettes  de  bois  et  les  ostraca,  cette  façon  d'écrire,  où 
l'œil  se  repère  plus  aisément,  permet  de  perdre  moins  de  place 
et  de  serrer  davantage  le  texte.  Les  papyrus  d'Illalioun,  les 
contes  de  Sinouhit  et  du  Naufragé  présentent,  k  côté  de  parties 
écrites  verticalement,  de  longs  passages  écrits  horizontalement 
et  le  papyrus  Prisse  est  édité  entièrement  suivant  la  nouvelle 
méthode.  Dans  les  hiéroglyphes,  tandis  que  les  textes  religieux 
conservent  les  vieilles  traditions,  les  stèles  privées  du  Moyen 
Empire  adoptent  délibérément  l'écriture  horizontale  des  manus- 


58  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

crits.  Au  Nouvel  Empire^  tant  dans  les  textes  hiératiques  que 
dans  les  textes  hiéroglyphiques  qu'une  autre  raison  ne  déter- 
mine pas,  règne  en  maîtresse  incontestée  l'écriture  en  lignes 
horizontales. 

II.  Distribution  des  signes. 

Les  signes,  on  l'a  vu,  s'accommodent  à  la  direction  de  l'écriture, 
en  s'inversant  s'il  est  besoin.  Cette  direction  déterminée,  le 
scribe  égyptien  n'alignait  pas  ses  caractères,  comme  nos  lettres 
modernes,  à  la  suite  les  unes  des  autres  sur  les  lignes  et  dans 
les  colonnes,  en  ayant  soin,  comme  nous,  de  séparer  les  mots  : 
d'autres  lois  d'esthétique  président  en  effet  à  la  disposition 
de  l'écriture.  Ces  lois,  très  souples,  qui  dérivent  de  la  con- 
ception ornementale  de  l'écriture  hiéroglyphique,  peuvent  se 
résumer  dans  le  souci  d'éviter  les  vides  disgracieux. 
La  première  application  de  ce  principe  est  que,  loin  d'être 
séparés  par  des  blancs,  les  mots  sont  bloqués  de  telle  façon 
que,  sauf  certains  cas  où  l'ornementation  peut  tirer  parti  d'une 
disposition  contraire  (1),  rien  n'indique  à  l'œil  le  rôle  de  chaque 
signe  dans  la  constitution  du  mot.  Sans  qu'il  y  ait  pourtant  k 
ce  sujet  de  règles  absolues,  la  disposition  des  caractères  ainsi 
confondus  est  régie,  elle  aussi,  dans  le  détail  par  Vhoi'^'or  va- 
cui  :  lorsque  dans  la  ligne  un  signe  n'occupe  pas  toute  la  hauteur 
ni  dans  la  colonne  toute  la  largeur,  tout  se  passe  générale- 
ment (2)   comme   si   le   scribe  avait  déterminé    mentalement   un 


(1)  Par  exemple  les  stèles  funéraires  où  des  noms  propres,  écrits  en  co- 
lonnes, sont  disposés  de  telle  sorte  que  tous  les  déterminatifs,  au  besoin 
sépares  par  un  espace  de  leur  mot  trop  court,  soient  écrits  les  uns  au- 
dessous  des  autres,  et  les  pancartes  alimentaires  de  toutes  les  époques  où, 
dans  le  sens  vertical,  une  disposition  analogue  est  observée. 

("2)  La  distribution  de  détail  des  signes  peut  subir  d'autres  influences, 
par  exemple  la  nécessité  de  faire  tenir  en  peu  de  place  un  long  texte,  ce 
qui  amène  le  lapicide  à  entasser  les  caractères  : 


CHAP.  IV  :  DISPOSITION  MATÉRIELLE  DE  L'ÉCRITURE,       59 


rectangle  ou  un  quadrat,  selon  les  cas,  qu'il  remplirait  avec 
les  signes  subséquents,  mais  en  respectant  l'ordre  de  succession 
suivant  la  direction  de  l'écriture.    Ainsi  : 


(1) 


T 
1 

< — > 

in 

1 

a    j) 

AAAAAA 

DOD 

D 

1 

f      Ci 

^ 

\ 

Ik 

i 

®   o 

ïl 

l 

c^ 

i 

doit  se  lire 


et 


Al 


AAAiNAA     :  y1  .     AAAA/VV 

:    AAAAAA    :   ^-^7^"^^ 


r^/^>1 


Al 


^Cr^3-     n  "^^        AAAAAA 

— ^  11^®  §=> 

AAAAAA  ^ 


ou  l'obligation    d'employer    une    formule    courte    à   orner   un   fond  spacieux, 
ce  ijui  l'invite  à  espacer  les  signes  : 

(1)  L'astérisque  *  détermine  les  quadrats  imaginaires. 


60             INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES, 
doit  se  lire  :    A  jji  a^(vw\  v. -t  ^  /wwv\  c:^  ^ a  AA/v^A^  ^_^  ^"-  ®  ^::i  ^ o 


^ 


I    I    I 


Mais  les  lois  mêmes  d'esthétique  qui  prescrivent  cet  ordre 
sont  en  même  temps  le  principe  qui  amène  à  y  déroger. 

Lorsque^  malgré  les  combinaisons  possibles,  un  vide  fâcheux 
est  inévitable,  l'écriture  hiéroglyphique  accomplit  d'une  façon 
presque  régulière  certaines  métathèses  (1). 

Tout    petit    signe    carré    (D,  S  .  •  .    etc.)  (2)    ou    tout    signe 

long  vertical  (  ',  [1    •  •  •  etc.)    peut    s'écrire    devant    un    oiseau 

qui  normalement  devrait  le  précéder.  Dans  l'écriture  la  plus 
ancienne  ces  signes  se  logent  dans  l'intervalle  qui  reste  libre 
sous  la  tête  et  devant  la  poitrine  de  l'oiseau  : 

P'î^^'ff        pour        '«^P'^W  «Bastet» 

T  ^    A  pour         -vX   T<n=>A         «pvramide» 

1/    V\  I      pour          ^  ^^     i  «échelle» 

Tout  petit  signe  carré  se  trouvant  placé  avant  ou  après 
deux  signes  longs,  verticaux  (cf.  plus  haut)  ou  horizontaux 
(— "— ,  <r=>  .  .  .  etc.)  peut  être  encadré  entre  ces  deux  signes. 
Quelquefois  même  un  ensemble  de  signes  s'insère  entre  deux 
signes  longs  verticaux  : 


(1)  Cf.  Lacau,  Métathhses  apparentes  en  égyptien.  Recueil,  XXV,  139 — 161. 

(2)  Le      !,  dont  la  forme  ancienne  est   J    peut  être  compté  comme  petit 


sit^ne  carre. 


CHAP.  IV  :  DISPOSITION  MATÉRIELLE  DE  L'ÉCRITURE.       61 


n  Q  d5  PO^^i'  (^    i]  l|  Clî  «  disque  solaire  » 

AA/^/vAA 

pour        n©  «éternité» 


o 


T    Ci  pour 

1  !">»■■       U 


;  belle 


J«  fête  » 
_    _  O 

Tout    signe    long    horizontal    se    trouvant    entre    deux  signes 
longs  verticaux  peut  se  placer  derrière  ces  derniers  : 


«momie» 


Enfin    plusieurs    métatlièses    difficiles    à    cataloguer    dérivent 
du  môme  souci  d'esthétique  : 

^^  pour        '"^  «partie  antérieure» 

-^1^^    1"""-    ^^^      •™"- 

^^n|  pour  b^^l\  «justice» 

Quelquefois   ces  règles  jouent  toutes  ensemble  et  concourent 
à  donner  au  mot  une  physionomie  déconcertante  ii  première  vue  : 

W'^o  1^°^'^"       ^-"i^         «caroube» 

^  pour        |x^^ 

pour        ^\  — «—  9  «^3=^        «  crocodile  » 


Un  autre  jeu  d'écriture  dans  la  distribution  des  signes  con- 
siste à  placer  en  accolade,  pour  éviter  une  répétition^,  quelque 
expression  qui  commande  deux  propositions  parallèles  : 


62 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


S 


p^ 


D^ 


^   I 

,,  .  . ,    les  loups  de  la  montagne, 

«J  ai   rassasie    ,         .  ,       .  , 

les  oiseaux  du  ciel.» 

C'est  le  même  procédé,  mais  développé,  qu'emploient  cer- 
tains textes  en  intercalant  des  lignes  horizontales  au  milieu  de 
colonnes  verticales  qui  tantôt  les  commandent  et  tantôt  en  dé- 
pendent. 

Les  textes  hiéroglyphiques,  enfin,  ne  comportent  aucune 
ponctuation.  Dans  les  textes  hiératiques  au  contraire  appa- 
raissent, surtout  pour  distinguer  les  stiques  des  poèmes,  des 
points  en  l'air,  que  les  manuscrits  renfermant  certaines  phrases 
écrites  en  rouge,  ou  rubriques,  peignent  volontiers  de  la  même 
couleur. 


2^  Partie.  La  connaissance  des  hiéroglyphes. 


Chapitre  V. 

L'antiquité  égyptienne. 

Les  Egyptiens,  qui  croyaient  avoir  été,  au  début  des  temps, 
gouvernés  par  des  dynasties  de  dieux,  n'ont  pas  manqué  de 
leur  attribuer  l'octroi  des  grands  bienfaits  de  la  civilisation. 
C'est  ainsi  que  le  dieu  Tliot  aurait  inventé  la  plupart  des 
sciences  et  notamment  l'écriture  qui  en  assure  la  transmission 
sans  le  secours  de  la  mémoire.  Sa  parèdre,  la  déesse  Sesliat, 
était  affectée  à  la  tenue  régulière  des  annales  du  royaume. 
Aussi  la  langue  égyptienne  désignait-elle  les  hiéroglyphes  au 
moyen  de  l'expression     \M\    md-ic  ntr  «paroles  divines». 

Il  n'était  pas  besoin  de  ces  données  légendaires  pour  que 
le  prestige  du  lettré  i'ùt  assuré,  dans  un  état  bureaucratique 
que  les  hautes  époques  nous  montrent  fortement  centralisé. 
Le  fonctionnaire,  écrivain  et  calculateur,  dressait  et  redressait 
le  cadastre,  veillait  à  la  perception  des  impôts  et  à  la  prestation 
des  corvées.  Il  disposait  d'arguments  parfois  frappants  qu'il 
fallait  bien  «entendre».  Si  infime  que  fût  son  rang  dans  la 
hiérarchie  administrative,  il  n'en  personnifiait  pas  moins  l'auto- 
rité aux  yeux  de  l'ouvrier  et  du  paysan.  Aussi  l'obtention 
d'une  place  de  scribe  était-elle,  de  tous  les  déclassements,  le 
plus  recherché.  La  littérature  nous  a  conservé  plusieurs  mor- 
ceaux d'oii  il  ressort  qu'une  comparaison  n'était  pas  à  l'avantage 
des  autres  branches  de  l'activité  sociale. 


64  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES, 

Que  l'on  ait  tenu  en  haute  estime  l'art  du  ealligraphe,  cela 
transparaît  notamment  dans  le  fait  que  certaines  œuvres  litté- 
raires des  plus  prisées  nous  sont  parvenues  sans  nom  d'auteur, 
mais,    par   contre,    accompagnées   de  la  désignation  du  copiste. 

C'est  vraisemblablement  en  souvenir  d'un  temps  où  la  con- 
naissance  de   l'écriture   était  encore  une  rareté  que  le  titre  de 

iI\X'^;3;7j    hry-hb    soit,    littéralement,    «porte-livre»,    joignait    à 

cette  signification  celle  de  «magicien»;  et  nous  retrouvons  un 
fait  du  même  genre  à  la  très  basse  époque,  quand  les  hiéro- 
glyphes, devenus  écriture  savante,  n'étaient  plus  compris  que 
de  quelques  initiés.  En  effet,  le  traducteur  copte  de  la  Bible 
n'a  rien  trouvé  de  mieux  pour  rendre  a"ria~n,  è^rjyrjTal  de  Gem-se 

41/24,  que  Texpression  c'-^pô.nuj  =  \hf\  ^    shpr'nh  «scribe  de 

la  demeure  de  vie»,  qui  équivaut  sensiblement,  comme  on  va 
le  voir,    à  «écrivain  en  hiéroglyphes». 

Les  Egyptiens  nous  ont  eux-mêmes  renseignés  sur  la  manière 
dont  ils  concevaient  la  distinction  à  établir  entre  leurs  deux 
principaux  modes  d'écriture  usités  k  la  basse  époque.  Les 
hiéroglyphes  sont  dits,  au  Décret  de  Canope,  ripi  0  shnpr'^nh., 
(écriture  de  la  demeure  de  vie),  leçà  yoàfxixara,  et  au  Décret 
■de  Memphis,  tipi  ^'^^^^  ]  fl  i   (écriture   des   paroles   divines;    même 


rendu  en  grec).  Le  démotique  est  désigné  par  HfiiAAAA^ 

(variante  :  tjfiiV  \\\\       S  ;    sh  n  s'y,   écriture   des  lettres  ou 

des  livres),  et,  en  grec,  tantôt  par  aiyvmia  yçât^ifiara  (Canope), 
tantôt  par  èy/coçia  yQaf.if.taTa  (Memphis),  par  opposition  k 
ékXrjvr/.à  yçâfifiara. 

Cette  nomenclature  suffit  k  montrer  que  dans  la  seconde 
moitié  du  IIP  siècle  av.  J.-C,  la  connaissance  de  l'écriture 
hiéroglyphique  était  l'apanage  d'une  élite.  Nous  possédons  de 
curieux   indices  d'un  état  de  choses  analogue,    bien  que  moins 


CHAP.  V  :  L'ANTIQUITÉ  ÉGYPTIENNE.  65 

accentué  naturellement,  pour  une  époque  beaucoup  plus  reculée, 
le  début  de  la  XVIIP  dynastie.  Deux  tombes  de  la  XII''  ont 
conservé  des  graffiti  en  cursive  hiératique,  émanant  de  visiteurs 
qui  y  inscrivaient  leur  noms  enchâssés  dans  des  formules  sté- 
réotypées. On  constate  avec  surprise  que  la  sépulture  de 
Khnoumhotep  à  Beni-Hassan  passait  pour  être  le  temple  de 
Khéops,  parce  que  ce  cartouche  entre  dans  la  composition  d'un 
nom  de  localité  inscrit  sur  la  muraille.  De  même,  la  syringe 
tliébaine  d'Antefoqer,  vizir  sous  Sésostris  I",  et  de  sa  femme 
Senet,  était  attribué,  avec  un  retard  d'un  siècle  et  demi,  au 
temps  de  la  reine  Sebeknofrou,  et  peut-être  à  cette  reine  elle- 
même.  De  tels  faits  ne  s'expliquent  que  si  des  gens,  relative- 
ment experts  dans  la  cursive  servant  aux  besoins  de  tous  les 
jours,  se  trouvaient  embarrassés  pour  lire,  couramment  du 
moins,  l'écriture  monumentale. 

La  connaissance  des  écritures  égyptiennes,  même  du  démo- 
tique, paraît  s'être  perdue  assez  vite  après  le  triomphe  du 
christianisme  et  l'adoption  de  l'alpliabet  copte.  Los  deux  inscrip- 
tions bilingues  grecques-démotiques  de  453  émanent  d'un  prêtre 
d'Isis  de  Philae  et  sont  datées  à  la  mode  nouvelle.  Le  fait 
que  le  conte  démotique  de  Setna  a  été  trouvé  dans  une  tombe 
de  moine  ne  prouve  pas  rigoureusement  que  la  compréhension 
en  ait  été  ouverte  k  son  dernier  possesseur  antique.  Si  l'évoque 
saint  Pésunthios  déchiffre,  à  la  fin  du  VP  siècle,  une  liste  de 
noms  de  momies  entassées  dans  un  hypogée,  il  se  peut  agir 
d'un  document,  soit  grec,  soit  bilingue,  à  l'instar  des  étiquettes 
de  momies.  Hermapion  et  Horapollon,  dont  il  sera  parlé  au 
chapitre  suivant,  puisqu'on  n'a  d'eux  que  des  traductions 
grecques,  apparaissent  comme  des  exceptions  et  méritent  même 
la    qualification    d'« archéologues». 

L'Egypte  ne  nous  a  rien  laissé  de  comparable,  pour  l'im- 
portance, aux  séries  de-  tablettes  cunéiformes  où  les  valeurs 
des  signes   sont  classées  et  comparées,    tant   pour  le  sumérien 

Sottas-Diioton.  5 


66  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

que  iiour  le  babylonien  et  l'assyrien.  Toutefois  un  papyrus, 
trouvé  à  Tanis,  mallieureusement  incomplet  et  relativement 
récent,  fournit  une  longue  liste  de  signes  Inéroglypliiques, 
avec,  en  regard,  leur  correspondant  hiératique  et  l'énoncé, 
également  en  hiératique,  de  leur  valeur  figurative.  Ils  sont 
visiblement  classés  par  catégories,  selon  le  principe  même  de 
nos  listes  modernes;  pourtant,  assez  souvent,  la  raison  de 
Tordre  adopté  nous  échappe.  Tantôt  la  signification  donnée  est 
unique  : 

i  =  I  P  (jambe) 

Tantôt  elle  est  double  : 
O     =  Ij  'lJ    fB         (disque  solaire  —  jour). 


/VWSAA 


Tantôt  elle  est  indiquée,  non  pas  par  un  seul  mot,  mais  par 
une  expression  complexe  : 

^  =  ^  !]  P  ^e  ^  (œil  pleurant). 
{0}   =  i\  ^iN^ M    ^  0°    (clisque  solaire  resplendissant). 

^5-;:^    (bois  coupé). 


D 


On  voit,  d'après  cette  dernière  catégorie,  que  la  teneur  du 
document  est  surtout  descriptive  et  correspond,  dans  notre 
tableau,  à  la  colonne  de  gauche  rédigée  en  français,  plutôt 
qu'à  la  colonne  «signe-racine»  où  sont  résumés  les  rapports 
entre  les  hiéroglyphes  et  le  vocabulaire  égyptien. 
-  Bien  que  le  papyrus  ait  été  écrit  seulement  à  l'époque  ro- 
maine, la  liste  ne  comporte  pas  toute  la  variété  du  système 
parvenu  à  ce  stade.    Il  s'agit  peut-être   d'une   adaptation    d'un 


CHAP.  V  :  L'ANTIQUITÉ  ÉGYPTIENNE.  67 

recueil  plus  ancien.  D'ailleurs,  il  semble  destiné  plutôt  à  des 
lecteurs  mieux  orientés  sur  la  cursive  hiératique  que  sur  les 
hiéroglyphes  eux-mêmes  et  cela  suppose  un  temps  antérieur 
à  la  prédominance  du  démotique. 

Telles  sont  les  seules  données  nettement  didactiques  que 
nous  possédions  de  source  égyptienne.  C'est  à  d'autres  besoins 
que  répond  un  papyrus  magique  démotique  datant  de  la  fin , 
du  paganisme  et  où  plus  de  500  mots  sont  glosés  en  lettres 
grecques.  On  a  ainsi  directement  la  valeur  de  tous  les  signes 
déniotiques   unilitères   et   aussi   de   quel(^ues  autres  multilitères. 

Un  texte  démotique,  rédigé  probablement  sous  les  Ptolémées, 
fournit  incidemment  la  valeur  de  deux  hiéroglyphes  :  «  Si  l'on 
veut  écrire  miel,  on  trace  une  image  de  la  déesse  Nout  tenant 
à  la  main  un  roseau»,  et  :  «Si  l'on  veut  écrire  année,  on  doit 
dessiner  un  vautour».  La  première  équivalence  demeure  pour 
nous  une  énigme,  mais  la  seconde  se  retrouve,  et  chez  Hor- 
APOLLON  et  dans  les  textes  hiéroglyphiques  eux-mêmes.  Voici 
comment  chacune  d'elles  est  amenée  :  «Pour  faire  sortir  (V) 
les  abeilles  de  la  ruche  (?),  les  apiculteurs  jouent  sur  une  flûte 
de  roseau.  C'est  un  roseau  que  la  déesse  Nout  avait  saisi  au- 
paravant »,   et  :   «  Le   noble   vautour,   qui   n'a  pas   de   mâle   de 

son  espèce, Sothis qui  est  aussi  l'année». 

Ce  contexte  mutilé  et  obscur  a  du  moins  l'avantage  de  mon- 
trer à  quelles  sources  Horapollon  a  pu  puiser,  tantôt  la  ma- 
tière, tantôt  le  modèle  de  son  commentaire  explicatif,  parfois 
si  étrange. 

Enfin  on  n'oserait  affirmer  que  le  nom  tveeuTHp  «les  dieux», 
donné  à  un  groupe  d'étoiles  dans  un  manuscrit  copte  daté  de 
1006,  constitue  une  survivance  d'une  acception  tardive  du 
signe  -k. 

Les  documents  bilingues  fournissent  encore  de  nombreux 
renseignements  d'ordre  phonétique,  quand  ils  renferment,  soit 
des  noiîis  propres,  soit  des  mots  empruntés,  dans  un  sens  comme 


68  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

dans  l'autre.  Ils  permettent  aussi^  dans  une  certaine  mesure, 
d'élucider  la  signification  des  éléments  idéographiques  de  l'écri- 
ture. 

Extrait  Ibibliographique  et  références  justificatives. 

G.  Maspero,  Du  Genre  épistolaire  chez  les  EgyiHiens  de 
l'époque  pharaoniq^ie  (1872).  —  B.  Gunn,  Interpreters  of  dreams, 
ap.  J.  E.  A.,  IV  (1917).  —  W.  Spiegelbekg,  Varia;  die  Aiif- 
fassung  des  Tempels  als  Hitnmel,  ap.  A.  Z.,  LUI  (1917).  — 
N.  DE  G.  Davies  et  \  H.  Gakdiner,  The  tomh  of  Antefoqer 
(1920),  p.  8  et  27.  —  H.  Brugsch,  Vier  bilingue  Inschriffen 
von  Philae,  ap.  A.  Z.,  XXVI  (1888).  —  F.  Ll.  Griffith,  Stories 
of  the  h'gh  priests  of  Memphis  (1900),  p.  67.  —  E.  Amélineau, 
Un  évêqne  de  Keft  au  VIP  siècle  (1889).  —  E.  W.  Budge, 
Coptic  Apocrypha  in  the  dialect  of  npper  Egypt  {\^\?)),  p.  256. 

—  F.  Ll.  Griffith,   Txco  hieroglyphic  Papyri  of  Tanis  (1891). 

—  Id.  et  H.  Thompson,  Ilie  demotic  magical  papyrus  of  London 
and  Leiden  (1904 — 1909).  —  W.  Spiegelberg,  Der  agyptische 
Mythus  vom  Sonnenauge,  ap.  Sitzungsherichte  der  Berliner  Aka- 
demie  (1915). 


Cliapitre  VJ. 

L'antiquité  classique. 

Les  Grecs,  curieux  de  toutes  choses,  n'ont  pas  manqué 
d'être  fortement  intrigués  par  l'aspect  inusité  de  l'écriture 
hiéroglyphique.  Si  les  renseignements  qu'ils  nous  ont  légués 
sur  ce  chapitre  sont  de  valeur  inégale,  cela  tient  d'abord  à  la 
désaffection  de  leurs  contemporains  égyptiens  pour  le  système 
créé  et  cultivé  par  leurs  pores,  et  aussi,  peut-être,  à  l'influence 
d'Hérodote,  lequel  se  plaisait  h  dire  que,  dans  cet  étrange 
pays,  tout  se  faisait  à  rebours  du  reste  de  l'univers.  C'était 
la  porte  ouverte  au  paradoxe,  voire  à  l'absurde.  Los  écrivains 
classiques  sont,  pour  une  bonne  part,  responsables  des  errements 
qui  surprennent  chez  les  i)récurseurs  de  Ciiampollion. 

FIkrodote  (1)  nous  renseigne  sur  la  direction  de  l'écriture  : 
de  droite  à  gauche.  Autre  bizarrerie,  sohjii  hii  :  non  contents 
de  ne  pas  agir,  en  cela,  comme  tout  le  monde,  les  Egyptiens 
prétendaient  encore  qu'ils  écrivaient  vers  la  droite  et  les  Grecs 
vers  la  gauche!  PoMroNius  Mêla  (2)  remarque  de  même  que 
les  Egyptiens  écrivaient  pei'verse,  à  l'envers. 

Hérodote  (3)  distingue  très  justement  deux  sortes  d'écritures 
(yQÛ^iuaTo):  la  sacrée  {\eocc)  et  la  populaire  ((JjjiWOTtxâ).  Diodore(4) 
maintient  cette  distribution  (leçà  et  ôrj{.i(I)ôrj)  et  ajoute  avec 
raison  que  la  seconde  était  la  plus  couramment  étudiée,  tandis 
que  la  connaissance  des  hiéroglyphes  se  transmettait  à  l'in- 
térieur  des    collèges   sacerdotaux.    Clément  d'Alexandrie  (5) 


(1)  II,  3G.  (2)  de  SilH  orbis,  l,  9,  6.  (H)  II,  36. 

(4)  I,  81,   4  et  III,  3,  4.  (5)   Slromates,  V,  4. 


70  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

définit  avec  exactitude  l'état  de  choses  en  vigueur  de  son 
temjDs  quand  il  distingue  trois  écritures  :  «  l'épistolographique, 
puis  l'hiératique,  dont  usent  les  liiérogrammates,  et  enfin  l'hiéro- 
glyphique». Si  cette  classification  a  été  appliquée  abusivement 
aux  anciennes  périodes,  la  faute  en  est  aux  modernes.  Le 
même  auteur  affirme  encore  que  les  trois  variétés  s'apprenaient 
dans  l'ordre  indiqué  ci-dessus. 

Porphyre  (1)  oppose  l'écriture  épistolograpliique  à  l'hiérogly- 
phique et  à  la  symbolique.  Cette  dernière,  de  nature  allé- 
gorique et  énigmatique,  correspond  bien,  pour  cette  époque, 
à  une  réalité^  bien  qu'il  n'existe  pas,  entre  elle  et  les  hiéro- 
glyphes normaux,  de  limite  nettement  tracée.  Il  semble  que 
Porphyre  ait  mélangé,  en  les  résumant,  deux  classements, 
distincts  chez  l'évêque  d'Alexandrie. 

Héliodore(2)  parle  d'écritures  démotique  et  hiératique.  Comme 
il  s'agit  d'un  texte  sur  bandelette,  l'auteur  a  très  bien  pu  en- 
tendre le  second  terme  dans  le  même  sens  que  Clémext,  et 
que  nous-mêmes  d'après  lui. 

Les  anciens  se  sont  beaucoup  occupés  aussi  des  origines 
de  l'écriture.  Nombreux  sont  ceux  qui  suivent  la  tradition 
égyptienne,  c'est-à-dire  l'attribution  à  Thot-Hermès-Mercure  : 
Platox  (3),  CicÉRON  (4),  Hygix  (5),  Gx.  Gellr's  (6),  Plu- 
tarque(7),  Servius(8).  Pour  Tacite  (9),  il  parle  des  Egyptiens 
dans  le  même  sens,  sans  toutefois  mentionner  le  dieu. 

D'autres,  comme  Diodore  (10),  LrcAix  (11),  Joskphe  (12), 
Plixe  l' ANCIEN  (13),  PoMPONius  Mela  (14),  dénient  au  contraire 


(1)   Vie  de  Pythagore,  11.  (2)  Ethiopiennes,  IV,  8.  (3)   Phèdre,  59. 

(4)  De  natura  deonim,  III,  22.  (5)   Fabulae,  277. 

(6)  Grammaticae  romanae  fragm.,  Teubner,   p.  120. 

(7)  Quaest.  conv.,  IX,  3,  2.  (8)  Ad  Aen.,  IV,  577. 
(9)  Ann.,  XI,  14.              (10)  I,  69,  ô.  (11)  III,  220. 
(12)   C.  Apion,  I,  28.        (13)   llist.  nat.,  VII,  57. 

(14)  De  situ  orbis,  I,  12. 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  7 1 

la  priorité  à  l'Egypte  et  Faceordent,  soit  aux  Phéniciens,  soit 
aux  Chalcléens. 

Ce  qui  a  le  plus  frappé  la  plupart  des  écrivains,  c'est  na- 
turellement la  présence  de  figures  d'êtres  animés.  Dio- 
dore(1)  mentionne  en  outre  les  membres  humains,  les  outils; 
Apulée  (2),  les  enroulements  et  enchevêtrements  de  lignes  ; 
LucAEST  (3),  les  oiseaux  et  bêtes  féroces  —  même  fantastiques, 
ajoute  Ammien  Makcellin  (4)  —  et  Lucien  (5),  en  manière  de 
critique,  les  hommes  à  tête  de  singe  et  de  lion. 

A  propos  des  signes  pris  individuellement,  nous  rencon- 
trons des  données  parfois  assez  exactes.  Chez  Diodore  (6),  le 
crocodile,  symbole  de  méchanceté,  rappelle  ^^.  «fureur»; 

l'œil,    gardien    de    tout    le    corps,    "i -<s>-    «veiller»;    la   main 

ouverte,    pour    dire    gagner    sa    vie,    <î^::xi  "« — a    «recevoir»;    le 


poing,  qui  conserve  les  biens  acquis,  ^^^i^ÎJ  «saisir».  L'en- 
fant assis  sur  un  lotus  représente  bien  le  lever  du  soleil,  comme 
le  veut  Plutarque  (7).  De  même,  l'œil  et  le  sceptre, pour  le 
nom  d'Osiris,  chez  le  môme  (8)  et  Macroije  (9),  ou  le  poisson 
pour  l'idée  de  haine,  encore  chez  Plutarque  (10);  le  scarabée, 
image  du  soleil,  chez  Clément  (11),  et  l'abeille  désignant  le  roi, 
chez  Ammien  (12).  (Quelques  autres  attributions  sont  plus  que 
douteuses.  Quant  aux  explications  fournies,  elles  apparaissent 
le  plus  souvent  comme  arbitraires,  parfois  variables  d'un  auteur 
à  l'autre  et  en  tout  comparables  à  celles  que  nous  rencon- 
trerons chez  Horapollon. 

Les  renseignements  généraux  fournis  par  les  auteurs  sur  la 
nature  et  l'emploi  des  hiéroglyphes  se  révèlent  généralement 


(1)  III,  4.  (2)  Mélam.,  XI,  22.  (3)  III,  220.  (4)  XVII,  4. 

(5)  Hermotime,  44.  (G)  III,  4. 

(7)  De  rylhiae  ovac,   12.  (8)  De  Iside,  10.  (9)  Sut.,  I,  XXI,  12. 

(10)  De   Inde,   32.  (11)   Slromaies,  Y,  4.  (12)  XVII,  4. 


72  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

comme  assez  exacts^  mais  incomplets  et  parfois  d'interprétation 
malaisée,  même  maintenant  que  nous  possédons  la  clef  de 
l'énigme.  Il  n'est  pas  surprenant  que  certaines  erreurs  des 
modernes  se  soient  montrées  si  tenaces. 

Quand  LucAm  (1)  affirme  que  les  premiers  hiéroglyphes 
gravés  sur  pierre  avaient  pour  objet  de  conserver  les  paroles 
magiques,  on  ne  saurait  dire  qu'il  a  tort.  D'autres  ne  sont  pas, 
sur  le  contenu  des  textes,  moins  véridiques.  Ainsi  Hérodote  (2), 
DiODORE  (3),  Strabon  (4)  et  Tacite  (5),  à  propos  des  inscrip- 
tions relatant  les  victoires  de  Sésostris-Ramsès,  ou  Josèphe  (6) 
affirmant  que  Manéthon  a  compilé  l'histoire  d'Egypte  d'après 
les  textes  hiéroglyphiques,  ou  encore,  et  surtout,  Hermapion 
quand  il  donne  la  traduction  in-extenso  d'un  obélisque.  Il  n'y 
a  là  rien  qui  justifie  les  élucubrations  mystiques  d'un  Kirchee. 
Par  contre,  Pluïarque  (7)  a  apporté  quelque  trouble  en  in- 
sistant sur  le  caractère  mystérieux  des  textes  écrits  en  hiéro- 
glyphes et  en  les  comparant  aux  sentences  de  Pythagore.  De 
même,  Clément  d'Alexandrie  (8)  avec  ses  fameux  «anaglyphes» 
destinés,  paraît- il,  à  transmettre  les  louanges  des  rois  sous  forme 
de  mythes  religieux. 

Les  quelques  passages  d'un  grand  intérêt  où  il  est  traité  de 
l'emploi  des  signes  et  des  tendances  générales  de  l'écriture  sont 
malheureusement  assez  obscurs  et  ont  donné  lieu  à  bien  des 
confusions  et  des  discussions.  L'opinion  de  Diodoee  (9)  semble 
assez  proche  de  la  réalité  :  «L'écriture  ne  rend  pas  le  langage 
sous-jacent  par  juxtaposition  de  syllabes,  mais  par  représen- 
tation figurée  de  ce  qui  doit  être  exprimé  et  par  des  méta- 
phores qui  viennent  au  secours  de  la  mémoire».  11  ajoute  qu'il 
faut  une  longue  application  pour  parvenir  à  lire  parfaitement. 


(1)  m,  224.  (2)  II,  102  et  106.  (3)  I,  55,  7.  (4)  XVII,  5. 

(5)  Ann.,  II,  60.  (6)    C.  Ap.,  I,  228. 

(7)  De  Iside,   10.  (8)  Stromates,  V,  4.  (9)  III,  4. 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  73 

Même  tendance,  exagérée  pour  une  part,  chez  Ammien 
Marcellin  (l)  :  «Les  anciens  Egyptiens  n'écrivaient  pas, 
comme  on  le  fait  aujourd'hui,  au  moyen  d'un  nombre  de  ca- 
ractères déterminé  et  susceptible  de  rendre  toute  conception 
de  l'esprit  humain.  Chaque  caractère  servait  pour  un  nom  ou 
un  verbe  et  parfois  exprimait  toute  une  proposition.» 

Plotin  (2)  admire  les  sages  de  l'Egypte  qui  n'usent  pas  de 
caractères  décomposant  le  discours  et  représentant  des  sons, 
mais  emploient  des  images,  chaque  concept  ayant  son  image 
attitrée.  Dans  la  suite,  on  croit  comprendre  que  les  signes 
avaient  une  valeur  première  très  synthétique  et  d'autres  com- 
plémentaires et  explicatives.  Mais  le  passage  paraît  irrémé- 
diablement obscur. 

Quelques  mots  de  Porphyre  (3)  sur  les  hiéroglyphes  sym- 
boliques ont  été  cités  plus  haut,  et  ce  disciple  de  Plotjn,  ins- 
piré peut-être  en  cette  occasion  par  Clément  d'Alexandrie, 
nous  conduit  à  traiter  du  texte  fameux  de  cet  auteur  ecclé- 
siastique (4). 

Il  distingue  (5)  quatre  moyens  d'expression  : 

1°  au  propre,  en  utilisant  les  éléments  primordiaux  ; 

2"  au  propre,  par  imitation  ; 

3*"  par  symbole,  au  moyen  de  tropes  ; 

4<»  par  symbole,  au  moyen  d'allégories  et  d'énigmes. 

Clément  ne  met  pas  au  même  rang  toutes  ces  catégories  et 
groupe  les  trois  dernièi-es  sous  l'épithète  «symbolique»,  mais, 
comme  il  emploie  le  terme  «eyriologique»  pour  caractériser 
les  deux  premières,  on  voit,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  fait 
observer  h  propos  de  Ciiampollion,  que  la  limite  est  flottante. 

(1)  XVII,  4.  (2)  Ennéades,V,  8,  6.  (3)    Vie  de  Pytha.jore. 

(4)  En  cette  qualité,  nous  devrions  le  réserver  pour  le  chapitre  suivant, 
mais  la  chronologie  commande  de  le  placer  ici.  —  Nous  n'utilisons  pas  le 
passage  d'Apii.KK,  XI,  22,  qui  ne  s'applique  peut-être  pas  strictement  aux 
hiéroglyphes  ordinaires.  (5)  Stroniate»,  V,  4. 


74  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Les  deux  dernières  variétés  s'expliquent  d'elles-mêmes.  Quant 
à  la  distinction  entre  la  première  et  la  seconde^  elle  dépend 
du  sens  attribué  aux  mots  ôià  tCjv  ttocotcjv  aroixsUov.  Nous 
ne  pouvons  rouvrir  ici  cette  discussion  (1).  Il  semble  qu'il  soit 
question  de  représentations  figuratives  parlant  d'elles-mêmes 
grâce  à  la  présence  des  éléments  constitutifs,  essentiels,  distinc- 
tifs,  de  l'objet  de  la  pensée.  Dans  le  procédé  par  imitation, 
il  y  aurait  déjà  une  part  de  convention.  Pour  reprendre  les 
exemples  proposés  par  l'auteur,  un  cercle  représente  bien  le 
soleil  et  un  croissant  la  lune,  mais  ces  images  sommaires 
peuvent  convenir  et  s'appliquent  en  effet  k  d'autres  êtres  ou 
objets.  Il  y  a  donc  en  plus,  dans  ce  cas,  une  opération  de 
l'esprit  consistant  à  faire  un  choix. 

Ainsi  entendue,  la  classification  de  Clémekt  indique  par  une 
progression  logique  le  rôle  des  éléments  idéographiques  con- 
tenus dans  les  hiéroglyphes. 

On  voit  qu'en  tout  cela  les  auteurs  ont  été  surtout  frappés 
de  ce  qui,  dans  les  hiéroglyphes,  fait  disparate  avec  leurs 
propres  écritures,  et  qu'ils  ont  à  peu  près  totalement  négligé 
d'en  mentionner  la  partie  phonétique,  si  ce  n'est  pour  eh  nier 
plus  ou  moins  formellement  l'existence.  Les  tcâtonnements  des 
modernes  trouvent  dans  cette  abstention  leur  meilleure  excuse. 


Après  les  écrivains  qui  ont  ti'aité  incidemment  des  hiéro- 
glyphes, il  convient  d'aborder  ceux  qui  leur  ont  consacré  des 
ouvrages  spéciaux. 


(1)  Letronne  et  Champollion  tiennent  pour  le  sens  «;  lettre  >  Ae  OToi/iCov, 
très  admissible  en  principe.  Pour  ne  citer  que  des  auteurs  ayant  traité  des 
écritures  égyptiennes,  Tzétzès  l'entend  ainsi,  tandis  (iu'Horapoixon  conserve 
la  signification  première  <  éléments».  Avec  M.  Marestaing,  nous  pensons 
que  l'interprétation  de  Letronne  et  Champollion  ne  cadre  plus  avec  les 
données  acquises  aujourd'hui. 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQLŒ.  75 

DiOGÈNE  Laërce  (1)  raconte  que  Démocrite  d'Abdèee  s'en 
serait  occupé,  mais  nous  n'en  savons  pas  davantage,  ni  })ar 
lui,  ni  par  d'autres. 

Tertullien  (2)  parle  dans  le  même  sens  d'un  certain  Her- 
MATÉLÈs,  inconnu  par  ailleurs.  Nous  sommes  mieux  renseignés 
grâce  h  Suidas  et  surtout  k  ïzétzès,  sur  l'œuvre  de  Chéré- 
^roN,  philosophe  stoïcien  et  grammairien,  qui  fut  probablement 
directeur  du  Musée  d'Alexandrie  après  Apion  et  ensuite  pré- 
cepteur de  Néron.  Il  a  composé  des  ' IsQoylvcpiyM  qu'on  peut 
imaginer  avoir  inspiré  Clément  d'Alexandrie.  Quelques  ex- 
traits nous  en  sont  parvenus  dans  l'ouvrage  du  moine  Tzétzès 
(XIP  siècle)  sur  l'Jliade,  à  pro])Os  de  l'épithète  àqyvQÔTO^oç, 
d'Apollon.     L'auteur  (3)    soutient    qu'Homère    avait    emprunté 


(1)    Vie  de  Démocrile.  {'!)  De  Speclaculis,  8. 

(3)  Voici  le  passage  de  Tzktzès,  d'après  Lenoiîmant,  Bevne  Archéologique, 
1851,  p.  Ifi.  "OfDjooç  âè  nctiâtv&tlç  ùxoiftwi  âè  nùaav  /.lâ&riaiv  êx  riôv  av/j.- 
PoXixwv  Ald-ionixibv  yçcififiÛTiùv,  xavra  (pr]aCv  '  ot  yÙQ  Al&Coniç  arotj^iîa 
yça/ii/Lic'(T(ov  ovx  'é/ovaiv,  ùkX'  àvr  avxÛiv  Çù)c(  ncvToîa  xal  jU^kr/  tovtwv,  xcd 
/uoiQia  •  Povkô/uivot  yÙQ  ot  ÙQXctiàTiQot  Tùiy  ifçoyça^/LiuTiwv  xbv  moi  9uov 
ifvaixbv  Xàyov  xQvmtiv.  âi  àXX^yoçtxiàv  xaï  avfjj36).o)v  roiovzwv  xcd  yçcca- 
fiâvoiv  ToTç  iâi'oiî  jîxpotç  avxà  naçeâ^fovr,  ihç  ô  îiQoyçcc/ufiaTti';  XAI- 
PHMSIIV  (pyjai,  (I)  xcd  àvtl  fiiv  ;K«pâ,-  yvrccTxa  xvfÀnuvCÇovaav  tyQccipov  ' 
(II)  ài'xï  Iv7i7jç,  iii'&QcoTiov  xîi  X^'Q^  ^^  yévtiov  xçaxovvxa,  xcd  nçàg  yfjv 
vivovxu  ■  (III)  àvxï  ât  av/xcfOQÙs,  àcp&al/uàv  âctxQvovrct  '  (IV)  àvxl  xov  fii} 
é^é/r,  âvo  x^f^Ç^S  xtvàç  ixxixct/xévui  '  (V)  àvxl  dvaxoXijg,  hcpiv  i^eçx°M^^'°^' 
éx  xivbç  ànijç  '  (VI)  àvxl  âvafvDi.  lioiçx'^/j.tvov  •  (VII)  àvxl  «rrt/^/wfftw,. 
^tcxçct^ov  •  (VIII)  àvxl  xpvxîji,  l^Qctxcc  •  txi  xcd  àvxl  t)X(ov  xal  &iov  .  (IX)  àvxl 
d-TjXvyôvov  yvvcdxbî.  xal  jUi}XQb,\  xcd  xqôvov,  xcd  ovçavov,  yvna  '  (X)  àvxl 
(iaaiXéixiç,  fi^Xiaaccv  •  (XI)  àvxl  ytvéatoig  xal  avxocpvcov,  xcd  à(>{>ivwv,  xâv- 
&UQOV  •  (XII)  àvxl  yijç,  ^ovv  '  (XIII)  Xéovxoç  ât  UQoxofiî]  nùaav  àçx^v  xcd 
(pvXc<xr}v  (^i]XoT  xax'  avxovg  "  (XIV)  ovnci  Xiovxog,  àvûyxjjv  "  (XV)  eXacpoç, 
iviccvxôv  ■  (XVI)  ôaoCoiç  ô  cfoù'i^  '  (XVII)  ô  naïg  âi]XoZ  xà  av^avô/xBva  ' 
(XVIII)  ô  yÎQcav.  xà  cp&siQÔfilva  '  (XIX)  xb  xà^ov,  xr]V  ô^tTav  âvvcc/xiv  '  xal 
txiQcc  /uvQÎa.  î^  (JJV  "Ofirjçoç  xctvxa  cpr/aîv  "  èv  aXXto  Si  xônio,  uneç  aÎQeîad^e. 
iâwv  fx  xov  XatQy'jiiovos,  xal  xc(>;  xùiv  yQct/xfiûtoiv  avxibv  èxcpwvi\atiç  Aid^io- 
nixâiç.  tïao). 


76  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

aux  Egyptiens  le  rapprochement;  d'ailleurs  exact,  entre  la  cou- 
leur du  métal  et  la  lumière  solaire  (le  signe  Y  est  employé 
en  effet  pour  «blanc»  et  «argent»).  Homère  aurait  possédé 
la  science  des  «lettres  symboliques  éthiopiennes»,  et  de  leur 
«valeur  allégorique»  telle  qu'on  en  trouve  l'exposé  dans  Chéré- 
MON.  Suivent  dix-neuf  exemples  qui  valent  d'être  énumérés. 
Nous  remplaçons  la  description  du  signe  par  le  signe  lui-même. 

1.  ^        «joie». 

2.  p^       «chagrin». 

3.  7Tr~     «malheur». 

4.  ^JUr      «  néant  » . 

5.  ^^-^     «lever  du  soleil». 

6.  _^sx      «coucher  du  soleil», 
«résurrection  ». 
«âme  —  soleil  —  dieu». 

9.  '^^  «mère  —  temps  —  ciel». 
10. 

11.  "^  «génération  spontanée». 

12.  ^^  «terre». 

13.   ^     «commandement  —  veille». 

14.  ^     «contrainte». 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  77 


15.  ^&^  «année». 

16.  j  «année». 

17.  S)  «ce  que  croît». 

18.  p^  «ce  que  décroît», 

19.  -i==^  «rapidité». 

On  voit  combien  ces  équivalences  sont,  aujourd'hui,  par- 
lantes pour  l'initié.  Elles  sont  données  toutes  sèches  et  sans  ces 
explications  fantaisistes  abondant  chez  Hokapollon.  Quelques 
remarques  de  détail  suffiront  à  mettre  les  choses  au  point. 

2.  Légère  inexactitude  probable  dans  la  description  du  signe  : 
«un  homme  se  tenant  le  menton  (ou  la  barbe)  et  penché  en 
avant    . 

5.  La  signification  paraît  étroite,  le  groupe  étant  employé 
pour  pr  «sortir»  dans  ses  différents  sens.  Pourtant  nipe  :  ^ipi 
s'applique  spécialement  au  lever  de  l'astre. 

7.  Magnifiquement  confirmé,  car  la  grenouille  s'échange  avec 
l'expression    j  -¥-  (époque  grecque).  Cf.  Si)hin.T,  VII,  p.  215  sqq. 

8.  Pour  l'âme,  c'est   ^^. 

9.  «Temps»,  pour  «année»  aX  =  a^v-^.  Cf.  JloRAroLLON 
I,  11.  «Ciel.»  De  môme,  Horapollon.  Peut  être  en  rapport 
avec   ,  parce  que    a\   =  n. 


12.  A  cause  d'Isis,  considérée  comme  la  terre.  Cf.  Plutarque, 
de  Iside,  39  et  Clément  d'Alexandrie,  Strom.,  V,  7. 

15.  Cerf.  —  Le  seul  article  qui  ne  se  confirme  pas.  Cf.  Hor- 
apollon II,  21.  Y  a-t-il  malentendu  ancien  ou  ignorance  de 
notre  part  ? 


78  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

On  remarquera  dans  l'ordre  des  signes  la  succession  des  ca- 
tégories suivantes  :  êtres  humains^  parties  du  corps  humain, 
reptiles,  batraciens,  oiseaux,  insectes,  mammifères,  plantes, 
armes.  Sauf  l'enfant  et  le  veillard,  qui  peuvent  avoir  été  in- 
terpolés, on  a  là  presque  notre  classification  moderne. 

On  voit  de  quelle  ressource  eût  pu  être  l'œuvre  de  Chéré- 
MON,  et  cela  d'autant  plus  que  Tzétzès  fait  allusion  aux  va- 
leurs phonétiques  (èy.(pcovrjCisiç)  dont  il  se  propose  de  parler 
ailleurs  d'après  le  même  auteur.  Encore  faut-il  que  les  misé- 
rables extraits  conservés  n'aient  été  découverts  dans  l'ouvrage 
de  Tzétzès  qu'au  milieu  du  XIX*^  siècle.  Connus  plus  tôt,  ils 
auraient  peut-être,  rien  que  par  la  mention  des  E-AcpwvrjGsiç, 
évité  bien  des  tâtonnements. 


Tout  au  contraire,  Horapollox  a  exercé  une  grande  in- 
fluence sur  les  débuts  de  l'égyptologie,  et  malheureusement 
dans  un  sens  assez  peu  favorable.  Il  a  une  excuse  :  autre 
chose  était  de  traiter  des  hiéroglyphes  au  P''  siècle  ou  400  ans 
plus  tard. 

HoRAPOLLOX  a  vécu  dans  la  deuxième  moitié  du  V®  siècle. 
Il  appartenait  à  une  famille  aisée,  originaire  du  village  de 
Phénébythis,  près  d'Akhmim.  Son  grand  père  et  homonyme, 
HorapoUon  le  grammairien,  son  père  Asklépiadès  et  son  oncle 
paternel  Héraïskos,  tous  deux  philosophes,  sont  bien  connus 
par  les  auteurs.  Suidas,  Photius  et  Zacharie  le  Scholastiqoe, 
pour  avoir  occupé,  à  Alexandrie,  de  hautes  situations  dans 
l'enseignement.  Horapollon  le  philosophe  suivit  leur  exemple, 
et,  comme  eux  encore,  se  fit  le  défenseur  des  traditions  et  de 
la  religion  nationales.  Pourtant  il  céda  à  la  persécution  et  finit 
par  se  convertir  au  christianisme.  Un  papyrus  récemment  dé- 
couvert nous  apprend  qu'ayant  épousé  sa  cousine,  fille  d'Hé- 
ra'iskos,   il  eut  des  malheurs  conjugaux   et  dut,  sous  le  règne 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  79 

d'Aiiastase,  poursuivre  sa  femme  pour  adultère  et  en  restitu- 
tion de  biens.  Le  groupe  de  philosophes  auquel  se  rattachait 
HoRAPOLLON  recherchait  avec  curiosité  les  vestiges  de  l'antique 
civilisation.  Il  n'est  pas  surprenant  que  l'écriture  des  monu- 
ments pharaoniques  ait  retenu  son  attention.  Photius  cite  des 
extraits  d'un  ouvrage  analogue  à  celui  d'HoRAPOLLON  et  qui  a 
peut-être  été  rédigé  par  son  oncle  Héraïskos. 

HoRAPOLLON  a  sans  doute  écrit  ses  ^IsQoyXvcpiyià  en  copte  et 
s'est  inspiré,  soit  de  quelque  liste  d'hiéroglyphes,  soit  d'ouvrages 
antérieurs  sur  le  même  sujet.  ()n  retrouve  chez  lui  environ 
un  tiers  des  données  fournies  par  Chérkmok,  plus  ou  moins 
dénaturées. 

Nous  ignorons  à  quelle  époque  remonte  la  traduction  grecque 
due  à  un  certain  Philippe.  Le  texte  primitif  paraît  avoir  été 
assez  maltraité.  Il  commence  ex  abrupto  par  l'exposé  des  faits 
particuliers  qui  se  succéderont  uniformément  à  travers  les  deux 
livres.  Cependant  le  second  comporte  trois  lignes  d'introduction 
adressées  à  un  lecteur  anonyme.  Il  doit  manquer  les  géné- 
ralités ouvrant  le  premier  en  même  temps  que  l'ouvrage  lui- 
même. 

L'ensemble  manque  d'homogénéité.  Les  70  chapitres  du 
livre  I  comprennent  chacun  trois  éléments  :  1°  l'idée  à  ex- 
primer graphiquement  ;  2"  le  signe  employé  à  cet  effet  ;  3°  l'ex- 
plication du  rapport  liant  le  signe  à  l'idée.  Mais,  au  livre  II, 
les  30  premiers  chapitres  suppriment  toute  expHcation  (sauf 
9,  10  et  25  qui  on  donnent  une  très  succincte).  Quant  aux 
chapitres  31  à  115  (il  y  en  a  en  tout  119),  ils  constituent  une 
mystification  pure  et  simple.  Le  thème  en  est  fourni  par  une 
série  d'espèces  animales  dont  quelques-unes  n'ont  vraisemblable- 
ment jamais  figuré  dans  les  hiéroglyphes.  Leurs  qualités,  telles 
du  moins  queMes  décrivaient  les  naturalistes  du  temps,  étaient 
transportées  à  l'espèce  humaine,  par  renversement  du  procédé 
usuel  chez  les  fabulistes,  et  l'on  obtenait  ainsi,  soi-disant,  l'ex- 


80  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

pression  graphique  d'idées  complexes  et  abstraites.  C'est  là  un 
jeu  d'esprit  parfois  ingénieux^,  mais  qui^  par  malheur,  n'a  rien 
à  voir  avec  les  hiéroglyphes  égyptiens.  S'il  est  beau  assuré- 
ment de  pouvoir  représenter  par  une  seule  image  un  «homme 
qui  s'oriente  vers  le  bien»  (II,  114)  ou  un  «homme  qui  gaspille 
indistinctement  l'utile  et  l'inutile»  (II,  105),  on  ferait  tort  à  Hor- 
APOLLOX  en  lui  attribuant  la  paternité  de  toutes  ces  élucubra- 
tions  qui  occupent  le  tiers  du  texte  conservé. 

Pour  le  reste,  qui  vaut  mieux,  il  faut  faire  deux  parts.  La 
pire  comprend  les  justifications  de  l'emploi  des  signes  dans 
telle  ou  telle  acception.  La  fantaisie,  qui  peut  d'ailleurs  ren- 
contrer juste,  y  règne  en  maîtresse.  Malheureusement,  l'on  a 
cru  trouver  là  une  confirmation  des  dires  des  auteurs  plus 
anciens  touchant  la  nature  purement  idéographique  et  ultra- 
symbolique de  l'écriture.  Quelques  exemples  suffiront  à  montrer 
l'inanité  de  remarques  imaginées  par  quelque  pédant  désireux 
de  masquer  son  ignorance.  Ainsi  «fils»  s'écrit  par  l'oie,  en 
raison  de  l'amour  extrême  que  ressent  cet  oiseau  pour  sa  pro- 
géniture ;  «ouvrir»,  par  le  lièvre  qui  a  toujours  les  yeux  ou- 
verts; «cinq»,  par  l'étoile,  à  cause  des  cinq  planètes  dont  les 
mouvements,  parmi  les  fixes,  règlent  la  marche  du  monde. 

Quant  aux  faits  exposés,  on  les  trouve  exacts  dans  une  pro- 
portion notable.  Voici  un  choix  des  mieux  confirmés. 

Livre  I". 
1.  o^^=^    éternité. 

3.  \         année. 

4.  ,-'=^     mois. 

o  n  □     (Y4   d'aroure)  =  année    commençante    {hsf>    pour 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  81 


iiiiiiiii 


6.    Wv  dieu. 

11.    aN.  mère,  aiinée^  deux  draclimes  (m         imn],  iiiTe, 
s'écrit  aussi    \\  ^  |. 

^^    ^   V^  Héphaïstos  (Tn,  surnom  de  Ptali). 

l  Athéna  {N-f,  Neith). 

13.  ^  dieu^  cinq,  matin  (cf.  IT,  1). 

14.  ^  lune. 
"\^  colère. 

26.  ^^  ouvrir. 

38.  ïlèi  écriture,  scribe. 


40.  -^  juge. 


41.  -^^  c~zi      pastophore. 

44.  <C=^  horreur. 

47.  ^  ouïe. 

53.  "^  fils. 

55.  ^^2="  bienfaisance  (wwv^    "£    |. 

67.  «s;£=^  fureur. 


70.   j>- — I  (queue  de  crocodile)  =  obscurité. 

Sottas-Drioton.  6 


82  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Livre  IL 


bonté. 
5.   Q^        guerre. 


IL 

n 

concorde. 

12. 

(l 

foule. 

16. 

f] 

feu. 

17. 

V 

travail  (icj?, 

eioiie) 

20. 

^ 

lieure. 

30. 

n 

dix. 

118. 

e  ■ 

justice. 

D'autre  part,  un  grand  nombre  de  rapprochements  ne  cadrent 
pas  avec  les  résultats  acquis  par  la  science  moderne.  Cer- 
tains doivent  être  entièrement  faux.  Néanmoins  quelques  cas 
désespérés  en  apparence  se  sont  révélés  comme  reposant  sur 
des  malentendus  anciens  touchant  la  forme  même  des  signes. 
Ainsi  : 

I,  21.  000  et  AAA/w^  donnés  comme  deux  moyens  d'expression 
distmcts,  doivent  être  réunis  en  un  seul  groupe. 
I,  27.   ^    est  pour  ^. 

1,  42.  Si  l'horoscope  est  rendu  par  un  «homme  qui  mange 
les  lieures»,  c'est  parce  qu'il  y  a  eu  confusion  pour  le  premier 

élément  de  - 

i 


3;:sii     ^  U2i  (celui   qui   s  occupe  de  1  heure) 


avec 


CHAP.  VI  :  L'ANTIQUITÉ  CLASSIQUE.  83 


I,  61.  (  ^^]  6st  décrit  comme  un  serpent  se  mordant  la 
queue  avec^  à  l'intérieur,  une  grande  maison. 

II,  29.  «  Muse  »  exprimée  par  sept  signes  compris  entre  deux 
doigts,  repond  peut-être  a  ^iiiV,  les  cornes  ayant  ete  prises 
pour  un  pouce  et  un  index  écartés.  La  déesse  Sesliat  a  pour 
surnom  1  ^^N<>^  «celle  qui  a  enlevé  les  deux  cornes». 
Jeux  de  mots  sur    1  =  7  (1). 

Il  faut  espérer  que  de  nouvelles  petites  énigmes  de  ce  genre 
seront  déchiffrées  peu  à  peu  et  leur  résultat  porté  à  l'actif  du 
vieil  auteur  des  ' Isgoylvcpr/M  qui,  là,  du  moins,  se  serait  ainsi 
trompé  sans  vouloir  nous  tromper. 

Un  rapprochement  des  plus  suggestifs  et  bien  de  nature  à 
réhabiliter  Horapollon  peut  être  établi  ii  propos  du  chap.  21 
du  livre  P''  :  .  .  .  ôiioiovvreç  -/.aoôui  yXôjooœi  èyovarj  •  y.aQÔlq 
^èv  èTtsiôf}  naq'  avzoTç  xo  fjye(.ioviY.6v  èari  rov  (Tù)[.iaTOç  aVrr]  .  .  .  ., 
yXôiaoïi  ôè  bci  ôià  navxoq.  èv  vyQM  vrrâoyovaav  ravTr^v,  -/.ai  yevé- 
Teiqav  tov  eirai  '/.aXovoi.  Or  les  mômes  idées,  assez  typiques, 
se  retrouvent  dans  un  ouvrage  philosophique  très  ancien,  con- 
servé par   une  copie  exécutée   sous  le  roi  éthiopien  Taharqa  : 

^=^  «  C'est  le  cœur  qui  prend  toutes  les  déterminations  et  la 
langue  qui  répète  ce  qu'a  pensé  le  cœur».  On  voit  par  là 
combien  Horapollon   a   su  parfois  puiser   aux  bonnes  sources. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives. 

P.  Marestaixg,  Les  écritures  égyptiennes  et  l'antiquité  classique 
(1913).  —  J.  Letro:x^'e,  Examen  du  texte  de  Clément  d'Ale- 
xandrie, ap.  CiiAMPOLLTON,  Précis,  p.  376  sqq.  —  P.  Marestaikg, 


(1)  On  peut  aussi  penser  à  l'insigne    ¥    que  la  déesse  porte  sur  la  tête. 

6* 


84  INTRODUCTION  À  LÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Le  passage  de  Clément  d'Alexandrie  relatif  aux  écritures  égyp- 
tiennes, ap.  Becueil,  XXXIII  (1911).  —  Articles  sur  Chérémon 
et  Horapollon  dans  Pauly-Wyssowa,  Realenzyklojyadie.  —  S. 
BiECH  et  F.  Lekormaistt,  Fragments  dti  livre  de  Chérémon  sur 
les  hiéroglyphes,  ap.  Revue  archéologique,  VIII  (1851).  —  J. 
Maspero,  HorapoUon  et  la  fin  du  paganisme,  ap.  B.  I.  F.  A.  0., 
XI  (1914).  —  L.  BoECHAEDT,  A.  Z.,  XXXVII,  p.  11  sq.  — 
H.  ScHAFEK;  A.  Z..  XLII,  p.  72  sqq.  ;  LV,  p.  93  sq.  — W.  Spiegel- 
BERG,  A.  Z.,  LUI,  p.  92  sqq.  —  A.  Ermak,  Hevz  und  Zunge, 
ap.  Sitzungsherichte  der  Berliner  Akademie,    1916,  p.  1151  sqq. 


Chapitre  VIL 

Les  Pères  de  l'Église  et  Kircher. 

Dans  la  transformation  profonde  du  monde  opérée  par  le 
christianisme,  la  connaissance  des  hiéroglyphes  égyptiens  subit 
le  sort  général  de  la  culture  antique.  Tenant  la  voie  moyenne 
entre  les  influences  extrémistes  qui,  dès  son  berceau,  la  solli- 
citaient, la  civilisation  nouvelle  sauva  du  naufrage  tous  les  élé- 
ments de  l'antiquité  qui  de  près  ou  de  loin  pouvaient  lui  être 
utiles,  mais  elle  laissa  irrémédiablement  périr  ceux  d'entre  eux 
qui  ne  lui  étaient  d'aucun  secours,  lorsqu'ils  n'étaient  pas  fon- 
cièrement liés  au  paganisme  vaincu.  C'est  ce  qui  explique  la 
mesure  dans  laquelle  l'antiquité  chrétienne  s'intéressa  aux  lettres 
de  l'ancienne  Egypte  et  en  perpétua  la  tradition,  et  la  mesure 
dans  laquelle  elle  assista  sans  intervenir  à  l'agonie  de  leur 
discipline. 

Tant  pour  justifier  aux  yeux  des  païens  le  secret  qui  entou- 
rait la  révélation  des  dogmes  chrétiens,  que  pour  défendre 
contre  eux  certaines  expressions  de  la  Bible  dont  ils  se  raillaient, 
les  Pères  de  l'Église,  comme  Clément  (1)  ou  Cyrille  d'Ale- 
XANDKiE  (2),  montrèrent  par  un  argument  ad  hominem  que  les 
plus  sages  d'entre  les  païens,  les  Egyptiens,  ne  livraient  pas 
les  mystères  sacrés  à  tout  venant,  mais  qu'ils  savaient  les  pro- 
poser sous  les  énigmes  des  hiéroglyphes.  Les  historiens, 
comme  Eusèbe  de  Césarée  dans  sa  Préparation  Evangélique  [S), 
voulant  résumer,  pour  établir  la  transcendance  du  christianisme, 
la  «théologie  égyptienne»   de  leur  temps,  analysèrent  ses  sym- 

(1)  Stromates,  V,  4.  (2)    Contre  Julien,  IX.  (.S)   Livre  II. 


86  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

boles  mystérieux  :  les  uns  et  les  autres,  avides  d'exemples 
pour  illustrer  leurs  thèses,  cherchèrent  souvent  à  dérober  le 
secret  des  hiéroglyphes  et  répétèrent  ce  qu'ils  en  purent  savoir. 
Le  malheur  fut  que  dès  l'origine  ils  confondirent  avec  ces 
hiéroglyphes  les  représentations  figurées  des  temples,  qui 
offraient  bien  avec  eux  quelque  affinité^  et  que^  si  l'historien 
des  religions  peut  faire  chez  les  Pères  une  ample  moisson  de 
symboles  égyptiens,  le  philologue  ne  trouve  en  somme  que  très 
peu  de  passages  qui,  dans  leurs  œuvres^  s'appliquent  spécifique- 
ment à  l'écriture  égyptienne. 

La  source  directe,  celle  des  écoles  d'écriture  sacrée,  leur 
était  du  reste  interdite.  Déjà  compliquée  à  plaisir  dès  les  Pto- 
lémées  contre  les  Grecs,  l'écriture  hiéroglyphique  avait  pris 
de  plus  en  plus  un  caractère  ésotérique  contre  les  chrétiens. 
Au  commencement  du  IIP  siècle,  rapporte  Oeigène  (1),  elle 
ne  pouvait  être  enseignée  qu'à  celui  qui  avait  été  initié  par  la 
circoncision.  Dès  cette  époque,  de  fait,  elle  reçut,  au  mépris 
de  la  classification  fameuse  rapportée  par  Clément  d'Alexan- 
DKiE,  le  nom  de  «hiératique»  ou  «sacerdotale»,  qui  atteste  sa 
solidarité  définitive  avec  le  sacerdoce  païen.  Le  début  du 
V®  siècle  vit  bien  s'ouvrir  à  Canope  un  enseignement  popu- 
laire de  ces  «lettres  hiératiques»  :  mais,  au  témoignage  de 
RuFix  (2),  il  ne  s'agissait  là  que  d'une  propagande  à  peine 
déguisée  de  pratiques  magiques. 

Il  ne  restait  donc  aux  écrivains  de  l'antiquité  chrétienne 
pour  se  documenter  sur  la  langue  et  l'écriture  de  l'ancienne 
Egypte  que  les  sources  indirectes. 

La  première  de  ces  sources  furent  les  livres  mêmes  de 
la  culture  classique  :  Diodore,  Maxéthon,  Ciikkéjion  peut- 
être  et  surtout  Plutarque,  auxquels  il  faut  joindre  les  ouvrages 


(1)  Coinmenlaire  de  l'Ex>ître  aux  Bomaivn,  H. 

(2)  Hist.  ecclés.,  II,  '2G. 


CHAP.  VII  :  LES  PÈRES  DE  L'ÉGLISE  ET  KIRCHER.  87 

aujourd'hui  perdus  d'IsTER  «Sur  la  colonisation  des  Egyptiens», 
de  Léon  «Sur  les  dieux  d'Egypte»,  mentionnés  par  Clément 
d'Alexandrie  (1),  et  le  traité  du  scribe  EpèiS;  qu'EusÈBE  a  lu 
dans  la  traduction  grecque  qu'en  fit  Arius  d'Héracléopolis  (2). 
EusÈBE  DE  Césarée,  du  restc,  qui  écrivit  au  commencement 
du  IV''  siècle,  eut  entre  tous  une  formation  livresque,  puisque 
travaillant  loin  d'Egypte  il  n'a  pu  consulter  que  la  bibliothèque, 
pourtant  déjà  fameuse,  de  sa  ville  :  ce  furent  ses  notes  de 
lecture,  tirées  on  ne  sait  d'où,  qui  lui  permirent  de  citer,  comme 
complément  d'un  passage  d'EpÉis  sur  le  serpent  à  tête  d'éper- 
vier,  la  description  d'un  signe  complexe  par  lequel  les  Egyptiens 

exprimaient  «le  monde >  (3),  et  qui  pourrait  bien  être  uU  ytv 
«la  chapelle»,  nom  mystique  des  parties  constituantes  de 
l'Egypte. 

Les  renseignements  que  les  Pères  alexandrins  ont  emjn'untés 
à  la  seconde  source  —  informations  particulières  ou  opinion 
courante  d'un  pays  où  tant  d'obélisques  et  de  pylônes  sculptés 
sollicitaient  sans  cesse  la  curiosité  de  ceux  qui  vivaient  dans 
leur  voisinage  —  sont  en  général  précis  et  fondés.  Ils  se 
ressentent  seulement  du  symbolisme  qui  régnait  en  maître  à 
cette  époque.  On  a  étudié  plus  haut  le  texte  significatif  entre 
tous  de  Clément  d'Alexandrie  qui,  seul  dans  l'antiquité,  a 
défini  les  trois  systèmes  d'écriture  des  anciens  Egyptiens  (4). 
Mais  son  informateur,  si  renseigné  fût-il,  laissa  Clément  dans 
l'ignorance  complète  de  la  nature  intime  de  l'écriture  hiéro- 
glyphique. Clément  conserva  le  préjugé  de  son  temps  qui  ne 
voyait  en  elle  qu'une  notation  directe  d'idées,  et  telle  fut  sa 
conviction  à  ce  sujet,  qu'il  relata,  en  l'attribuant  au  «Pylône» 
de  Diospolis,  une  séquence  de  signes  dont  Plutarque  avait 
jadis  parlé  à  jn'opos  du  temple  de  Xeith  k  Sais  : 

(1)   Stromates,  I,  21.  (2)   Préparation  Evangélique,  1,  10, 

(3)   id.  (4)  Stromates,  V,  4. 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


:  naissance 
:  décrépitude 
:  Dieu 
:  haine 

:  impudence^ 

et  qu'il  n'hésita  pas  à  traduire  comme  l'auteur  grec  :  «  0 
vous  qui  naissez  et  qiù  mourez^  Dieu  hait  l'impudence*  (1). 

Les  termes  mêmes  dont  se  sert  Clément  et  les  variantes 
qu'il  introduit  prouvent  qu'il  n'utilise  pas*  Plutaeque,  mais 
qu'il  se  fait  l'écho  de  quelque  on-dit  populaire^  dont  nous 
n'avons  pas  à  chercher  l'origine.  On  possède  pour  le  siècle 
suivant  la  preuve  que  quelques-uns  au  moins  des  hiéroglyphes 
les  plus  frappants  n'étaient  point  sans  signification  pour  la  foule. 
Lorsqu'en  391  l'archevêque  Théophile  eût  renversé  le  temple 
de  Sérapis  à  Alexandrie^  chacun  put  pénétrer  dans  le  sanctuaire^ 
et  les  chrétiens  découvrirent  avec  étonnement  le  signe  de  la 
croix  :  iT  parmi  les  hiéroglyphes.  Ils  voulurent  en  tirer  argu- 
ment pour  faire  rendre  à  Sérapis  lui-même  témoignage  en 
faveur  du  Christ^  de  qui  il  aurait  porté  la  marque  :  mais  les 
païens  surent  bien  leur  répondre  que  c'était  là  un  symbole 
propre  également  à  Sérapis  et  que  la  signification  de  cette 
lettre  —  ou  plutôt,  croit  devoir  rectifier  Eufin  qui  rapporte 
le  fait  (2),  «de  ce  mot»  —  était  tout  simplement  :  «la  vie 
future  » . 

Vers  le  miliea  duV®  siècle,  Cyrille  d'Alexandrie  (3),  réfu- 
tant les  écrits  de  Julien  l'Apostat,  encore  en  faveur  parmi  les 


(1)   SCromales,  V,  7.    Cf.  De  Iside,  32.  (2)  Jlisl.  ecclli.,  II,  29. 

(3)    Contre  Julien,  IX. 


CHAP.  VII  :  LES  PÈRES  DE  L'ÉGLISE  ET  KIRCHER.  89 

païens^  fut  amené  h  citer,  lui  aussi,  pour  illustrer  son  sujet, 
plusieurs  exemples  d'hiéroglyphes.  Il  donna  comme  un  fait 
notoire  la  traduction  : 

qui  ne  paraît  pas  dériver  de  Plutarque,  mais  qui  recoupe 
d'une  façon  intéressante  l'interprétation  de  ce  nom  d'Osiris 
que  donne  l'auteur  du  traité  sur  Isis  et  Osiris.  Sous  le  cou- 
vert de  l'opinion  courante,  il  ajouta  : 


^ 


:  le  temps         r  cTTI 

(l'O'  '  ha  colère,  cf.  M  I A  "^    «bouillant  de  cœur» 

qui  ne  sont  que  des  interprétations  partielles  et  trahissent  en 
effet  leur  origine  populaire. 

Dans  sa  Topographie  Chrétienne  du  Monde  enfin,  écrite  en 
547,  l'alexandrin  Cosmas  Ikdicopleustès  ne  cita  malheureuse- 
ment aucun  exemple  d'hiéroglyphes,  mais,  ayant  parlé  à  propos 
de  Moyse  des  «lettres  hiéroglyphiques»,  il  reprit  aussitôt  sa 
propre  expression,  consacrée  pourtant  par  ses  prédécesseurs  : 
«Je  devrais  dire,  écrivit-il  (1),  des  symboles  de  lettres  :  car 
ce  n'était  pas  encore  des  lettres.  »  Le  témoignage  des  écri- 
vains ecclésiastiques  se  clôt  ainsi  par  l'affirmation  de  l'axiome 
erroné,  héritage  des  Grecs  et  peut-être  des  hiérogrammates 
eux-mêmes,  qui,  sans  qu'ils  en  soient  responsables,  leur  avait 
interdit  la  véritable  compréhension  du  système  hiéroglyphique. 

La  tradition  courante,  à  laquelle  ils  avaient  du  reste  em- 
prunté tant  de  renseignements  exacts,  continua  après  eux  k 
vivre  en  Egypte  autour  des  monuments  qu'elle  prétendait  com- 
menter.   Les  Arabes  l'y  trouvèrent  et  le  médecin  Abénkphi, 

(1)   Topographie,  III. 


90  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

% 
dans    son    livre    <iDes   sciences    des  Anciens  Egyptiens-»,   utilisé 

par  Kirchek(I).  avait  recueilli  les  interprétations  : 

^^/^^  :  eau. 

'css?  :  âme  du  monde. 

Vf    :   excellence  du  Soleil. 

Mais  si  dès  lors  les  données  scientifiques  s'estompent,  la  lé- 
gende se  développe  dans  les  imaginations  arabes  autour  des 
hiéroglyphes  :  Alkakdi,  cité  lui  aussi  par  Kirciiek  {2),  sait 
qu'au  temps  d'Abraham  le  patriarche  Hermès  Trismégiste  en 
avait  inventé  le  système,  et  Abénéphi  rapporte  que  le  signe  -j-, 
révélé  à  Adam  par  l'ange  Raziel  et  transmis  par  Noé,  avait 
été  détourné  par  Cham  vers  un  usage  magique,  et  qu'après 
avoir  accompli  grâce  à  lui  de  grands  prodiges,  Cham  lui-même 
l'avait,  par  son  fils  Misraïm,  laissé  en  héritage  aux  Egyptiens. 
C'était  la  solution  tardive  donnée  par  le  conquérant  arabe  au 
problème  jadis  posé  devant  les  chrétiens,  lors  de  la  mise  au 
jour  des  hiéroglyphes  du  temple  alexandrin  de  Sérapis. 


Telles  étaient  les  notions  de  provenances  diverses  et  de  va- 
leur très  inégale  qui  constituaient  l'héritage  traditionnel  de 
l'égyptologie,  lorsqu'en  1505  les  presses  d'Aide  Manuce  im- 
primèrent a  Venise  pour  la  première  ibis  les  Hiéroglyphes 
d'HoRAPOLLOX,  entre  les  Fables  d'Esope  et  une  collection  d'au- 
teurs grecs  mineurs.  L'ouvrage  eut  son  succès  de  curiosité 
auprès    des    érudits,    puisqu'il    ne    connut    pas    moins    de    Imit 


(1)  Prodrovius  254.    Ohelisci  Isaei  Inlerpr-etaiio,  26,  42,   72. 

(2)  Oùel.  Isaei  Inlerpr.,  Argumentum. 


CHAP.  VII  :  LES  PÈRES  DE  L'ÉGLISE  ET  KIECHER.  91 

éditions  au  cours  du  XVI®  siècle  :  mais  il  ne  suscita  alors  au- 
cune étude  scientifique  sur  les  hiéroglyphes,  car  on  ne  saurait 
compter  comme  tels  les  Hieroglyphica  de  Jax  PiEEirs  Vale- 
EiA:fus  (1556),  qui  sont  un  traité  de  symbolique  puisé  aux 
sources  les  plus  variées,  non  plus  que  le  Discours  sîir  les  Hiéro- 
f/li/phes  EgijptleMs,  de  Técuyer  Pierke  LaxCxLOIS  (1583),  qui 
sur  les  mêmes  thèmes  figurés  brode  des  dédicaces  poétiques. 
L'allemand  Kirchee  devait  le  premier,  au  milieu  du  XVIP  siècle, 
tenter  le  déchiffrement  méthodique  des  hiéroglyphes. 

L'occasion  en  fut  offerte  à  ce  jeune  jésuite  de  trente  ans, 
déjà  savant  orientaliste,  par  Pierre  de  la  Vallée  qui  lui  confia 
la  traduction  d'un  lexique  copto- arabe  qu'il  avait  rapporté 
d'Orient. 

Toute  l'Egypte  ancienne  s'ouvrit  alors  devant  l'imagination 
ardente  et  constructive  de  Kircher  :  dans  les  Coptes  il  re- 
trouva d'un  coup  les  anciens  Egyptiens,  qui  avaient,  pensa- 
t-il,  emprunté  leur  nom  de  Coptes  à  la  ville  de  Coptos  comme 
les  anciens  Latins,  eux  aussi,  avaient  tiré  l'appellation  de 
Romains  du  nom  de  leur  capitale.  A  l'appui  de  cette  thèse, 
il  constata  très  justement  que  la  plupart  des  noms  égyptiens 
cités  par  les  auteurs  anciens  s'expliquent  par  la  langue  copte, 
et  il  ne  douta  i)lus,  croyant  ainsi  avoir  retrouvé  la  langue  et 
l'écriture  po})ulaires  de  l'ancienne  Egypte,  qu'il  fût  dès  lors 
à  ])ied  d'œuvre  pour  entreprendre  le  déchiffrement  des  signes 
sacrés  des  hii'rogly plies.  Ce  fut  le  but  de  ses  nombreux  ou- 
vrages égyptologiques. 

Il  se  mit  au  travail,  et,  avant  môme  d'avoir  édité  le  lexique 
copte  de  Pierre  de  la  Vallée,  sa  synthèse  était  achevée  dans 
son  esprit.  Il  la  publia  dès  163()  dans  le  Prodromus  Copfus 
sive  ^-Egyptiacns.  Cet  ouvrage  qui,  instaurant  sur  des  bases 
scientifiques  l'étude  du  copte,  est  bien  la  préface  de  l'égypto- 
logie  moderne,  livre  déjà  sur  les  hiéroglyphes  la  pensée  défini- 
tive de  Kircher   et   donne   en  détail   le  plan   de  VŒclipns,  qui 


92  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

ne  sera  publié  que  seize  ans  plus  tard.  Entre  temps  Kircher 
édita  le  lexique  de  Pierre  de  la  Vallée  dans  la  Lingiia 
^Efjyptiaca  restituta,  de  1644,  et  il  expliqua  l'obélisque  Pam- 
phili  en  1650,  dans  le  premier  de  la  série  de  ses  in-folio.  Il 
fit  enfin  paraître  en  1652 — 1654  VŒdipus  JE(jyptiaciLs,  le  grand 
œuvre  de  sa  vie,  dont  le  Prologus  n'était  que  l'introduction. 
En  1667,  il  commenta  l'obélisque  de  la  Minerve,  découvert 
alors  dans  les  ruines  du  temple  d'Isis  à  Rome,  publia  en  1676 
le  Sphinx  Mystagoga  et  mourut  à  Rome  dans  la  retraite,  en 
1680,  sans  avoir  pu  mettre  au  jour  le  vaste  ouvrage  qu'il  mé- 
ditait sous  le  titre  de  Ars  veterum  Aegyptiorum  Hieroglyphi- 
coriim. 

Aujourd'hui  cette  œuvre  égyptologique  de  Kircher  n'excite 
plus  qu'un  intérêt  de  pure  curiosité.  Kircher  a  beaucoup  cons-^ 
truit,  mais  il  a  construit  dans  l'erreur  :  sa  méthode  du  reste 
l'y  exposait  étrangement.  Ses  synthèses  en  effet  sont  en  grande 
partie  a  p)i'iori  :  leurs  preuves  les  commandent  moins  qu'elles 
ne  commandent  leurs  preuves.  Est-ce  un  autre  trait  de  race? 
Kircher  se  montra  radicalement  incapable  de  nuancer  ses  cer- 
titudes et,  malgré  les  attaques  dont  il  fut  l'objet,  il  ne  semble 
pas  qu'il  ait  été  jamais  effleuré  par  un  doute  sur  ses  propres 
synthèses. 

La  genèse  de  sa  pensée  se  reconstitue  facilement  à  travers 
ses  divers  ouvrages.  L'identité  du  copte  et  de  l'égyptien 
ancien  étant  posée  en  principe,  Kircher  s'en  est  référé  au 
fameux  texte  de  Clément  d'Alexandrie  (1),  dont  il  n'a  pas, 
quoi  qu'on  ait  dit,  méconnu  l'importance.  Mais  il  a  vu  d'abord 
dans  l'écriture  «épistolographique»  le  copte  lui-même  et  tiré 
argument  du  fait  que  certaines  amulettes  gnostiques  en  sa 
possession  portaient  à  la  suite  de  caractères  hiéroglyphiques 
des  inscriptions  magiques  en  lettres  grecques  ;   quant  k  l'iden- 


(1)  Prodromus,  2-21— 223. 


CHAP.  VII  :  LES  PÈRES  DE  L'ÉGLISE  ET  KIRCHER.  93 


tification  de  récriture  «hiératique»,  il  a  du  premier  coup 
atteint  la  vérité  et  sa  définition  :  «eursive  des  hiéroglyphes» 
pourrait  être  insérée  telle  quelle  dans  les  grammaires  les  plus 
modernes. 

Le  classement  de  Clément  d'Alexa>'drie  ne  considérait, 
on  l'a  vu,  l'écriture  hiéroglyphique  que  sous  son  aspect 
représentatif  :  ce  l'ut  l;i  l'écueil  où  Kirciiek  sombra.  A  côté 
de  la  figuration  directe,  dont  il  parlait  obscurément.  Clé- 
ment s'étendait  sur  le  symbolisme  ;  or  trop  de  textes  an- 
ciens rendaient  la  même  note  pour  que  KiEcnER  ne  crût  pas 
que  la  véritable  voie  dût  être  cherchée  de  ce  côté.  Parmi  ces 
textes  convergents  il  en  fut  un  qui  lui  parut  le  plus  clair, 
sans  doute  parce  qu'il  était  le  plus  exagéré,  un  passage  "du 
livre  du  néo-platonicien  Jamblique  *Siir  les  mystères  égyptiens», 
d'un  symbolisme  exaspéré  (1).  Ce  fragment,  il  est  n-ai, 
élucidait  des  représentations  figurées  et  non  des  hiéroglyphes, 
mais  la  confusion  entre  ces  deux  ordres  d'expression  datait 
de  loin  et  Kirciier  ne  fit  ici  que  suivre  ses  prédécesseurs.  Ce 
texte  devint  sa  Grammaire  hiéroglyphique. 

Les  hiéroglyphes,  dit-il  en  effet  dans  le  Frodromiis,  emprun- 
tant à  son  tour  le  langage  platonicien  (2),  «sont  bien  une  écri- 
ture, mais  non  l'écriture  composée  de  lettres,  mots,  noms  et 
parties  du  discours  déterminées  dont  nous  usons  en  général  : 
ils  sont  une  écriture  beaucoup  plus  excellente,  plus  sublime  et 
plus  proche  des  abstractions,  qui,  par  tel  enchaînement  in- 
génieux des  symboles,  ou  son  équivalent,  propose  d'un  seul 
coup  à  l'intelligence  du  sage  un  raisonnement  complexe,  des 
notions  élevées  ou  quelque  mystère  insigne  caché  dans  le  sein 
de  la  Nature  ou  de  la  Divinité». 

Le  sujet  dont  traitent  les  hiéroglyphes  est  donc  ainsi  bien 
défini  :  il   ne   peut    s'agir   que    de   vérités    très    hautes.    Quant 

(1)  Cf.   Obel  Isaei  Inlerpret.,   17.  (2)   Prodromus,  260—261. 


94 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


aux  signes  eux-mêmes^  leur  nombre  est  illimité  :  c'est  suivant 
ce  principe  que  Kirciier  n'hésita  pas  k  composer  lui-même 
des  hiéroglyphes  et  que,  sans  la  moindre  pensée  de  super- 
cherie, il  préposa  à 
son  explication  de  l'o- 
bélisque de  la  Minerve 
«  un  schéma  hiérogly- 
phique exprimant  l'i- 
dée de  Livre»  (ci- 
contre)  que  l'on  cher- 
cherait en  vain  sur  les 
monuments  égyptiens. 
L'interprétation  de 
ces  symboles  n'est  liée 
à  aucun  mot,  mais  elle 
s'occupe  uniquement 
des  idées.  Pourtant  il 
faut  avant  tout,  pour 
comprendre  ces  sym- 
boles, ressusciter  au- 
tour d'eux  la  menta- 
lité des  Egyptiens  qui 
les  ont  choisis  comme 
signes  :  c'est  là  le  rôle 
de  l'érudition  et  ce  fut 
à  cela  que  Kikcher 
dans  sa  longue  car- 
rière dépensa  le  plus 
positif  de  sa  culture  : 
ses  lectures  universelles  et  sa  connaissance  étendue  des  textes 
orientaux.  Bien  plus,  ce  fut  pour  consolider  cette  culture 
qu'il  travailla  si  longtemps  entre  la  publication  de  VŒdipus 
^'Egyptiacus  et  celle  du  Prodromus  qui,   seize  ans  auparavant, 


CHAR  VII  :  LES  PERES  DE  L'EGLISE  ET  KIRCHER. 


95 


en  avait  tout   au  long  exposé  l'idée.    Magni  passus,    sed   extra 
n'am. 

Car,  est-il  besoin  de  le  dire,  cette  méthode  donna  des  résul- 
tats lamentables.  Les  explications  de  Kikchek  n'eurent  en 
tait  aucun  point  de  contact  avec  la  réalité  et  la  découverte  de 
CiiAMPOLLiON  permit  de  mesurer  l'abîme  d'erreur  que  ses  con- 
temporains n'avaient  pu  que  soupçonner.  Sur  l'obélisque  de  la 
Minerve,  par  exemple,  il  décomposa  et  traduisit  ainsi  les  car- 
touches, dans  lesquels  il  voyait  des  «tables  sacrées»  expri- 
mant les  plus  profonds  mystères  et  douées  d'une  efficacité 
spéciale  sur  le  monde  des  Génies  (1).  : 


O 


v^ 


Globe  solaire. 

Bras. 

Autel  et  chaîne. 

Bras. 

Vase  nilotique. 


«Les  bienfaits  du  divin  Osiris  doivent  être  procurés  par  le 
moyen  des  cérémonies  sacrées  et  de  la  chaîne  des  Génies, 
afin  que  les  bienfaits  du  Nil  soient  obtenus.  » 


o 


LJ 


Globe  solaire. 

Couronne  k  sept  fleurons. 

Globe  solaire  et  Scarabée. 

Signe  mystique  de  l'Agathodémon. 

Signe  de  l'eau. 


(1)   Obel.  Isaei  InterpreL,  53,  78. 


96  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

«La  citadelle  céleste  des  planètes  est  préservée  de  tous  les 
malheurs  par  l'assistance  du  divin  Osiris,  l'Agathodéraon  hu- 
mide »;, 

cartouches  qui  en  réalité  signifient  : 
Apkiès, 
Menkheperrâ,  l'aimé  de  Râ. 

Aussi  ne  peut-on  remarquer  sans  mélancolie  Tironie  aiguë 
de  ce  texte  de  saint  Lue  qu'il  semble  avoir  élu  pour  devise 
de  prédilection  et  qu'il  inscrivait  au-dessus  de  la  copie  de  cet 
obélisque^  œuvre  de  sa  vieillesse^  comme  il  l'avait  placé,  dans 
le  triomphe  de  sa  jeune  découverte,  en  épigraphe  du  Prodro- 
mus  :  «Il  n'est  rien  de  caché  qui  ne  sera  découvert,  rien  de 
secret  qui  ne  sera  connu.-» 

KiRCHER  mourut  peut-être  sans  avoir  douté  un  instant  de  la 
valeur  de  ses  théories,  mais  il  n'était  pas  mort  que  le  monde, 
un  moment  ébloui,  mais  vite  mis  en  défiance  par  l'invraisem- 
blance mystique  de  ses  traductions,  ny  croyait  déjà  plus. 


Chapitre  VlII. 

Le  déchifFrement. 

KiECHER  n'a  point  lait  école  à  proprement  parler,  mais  il 
n'a  pas  manqué  d'imitateurs,  et  qui  ont  réalisé  le  prodig-e  de 
faire  pis  encore.  11  serait  cruel  autant  que  fastidieux  de  tirer 
d'un  oubli  mérité  les  noms  des  imaginatifs  qui  ont  bâti  de 
toutes  pièces  des  systèmes,  sans  aucune  considération  des  faits, 
ou  encore  cru  voir  dans  certains  documents  hiéroglyphiques 
des  transcriptions  de  l'hébreu.  Si  quelques-uns,  comme  Wak- 
BURTON,  DE  GuiGNES,  GiBERT,  Semblent  dignes  d'une  mention, 
pour  avoir,  au  cours  du  XVIH''  siècle,  émis  quelques  induc- 
tions raisonnables  et  assez  proches  de  la  vérité,  néanmoins  la 
question  tant  controversée  demeurait  entière  lorsque,  à  la  fin 
du  môme  siècle,  l'expédition  d'Egypte  vint  lui  conférer  un 
renouveau  d'actualité.  Cet  événement  marque  le  début  de  la 
phase  héroïque  du  déchiflVement.  Il-  convient  de  s'arrêter  pour 
examiner,  d'un  point  de  vue  général,  la  position  exacte  du 
problème  à  cette  époque. 


On  aurait  tort  de  considérer  la  reconstitution  simultanée 
d'une  langue  et  d'une  écriture  toutes  deux  inconnues  comme 
un  problème  théoriquement  insoluble.  En  effet,  supposons  qu  on 
soit  parvenu  k  fixer  le  sens  d  un  texte,  soit  par  les  procédés 
d'un    cryptographe    opérant    sur    un    code    désordonné  (1),    soit 

(1)  Ain.si  dénommé  quaiul,  n  l'ordre  alphabétique  ou  numéri€[ue  des  élé- 
ments de  la  langue  (lettres,  groupes  de  lettres,  mots,  nombres,  phrases)  cor- 
respond une  série  de  groupes  chiffrants  se  suivant  dans  un  ordre  arbitraire. 

Sottas-Drioton.  7 


98  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

grâce  à  la  présence  didéogrammeS;  soit  enfin,  pour  mettre  les 
choses  au  mieux,  parce  qu'on  possède  une  traduction  dans 
un  idiome  connu  :  supposons,  en  second  lieu,  que  le  texte  ren- 
ferme une  quantité  de  noms  propres  suffisante  pour  l'attri- 
bution de  sons  à  un  certain  nombre  de  caractères  d'écriture. 
On  a  là  un  démarrage  que  d'autres  textes  permettront  de  com- 
pléter et  d'autant  mieux  qu'on  y  pourra  identifier  plus  de  noms 
propres  connus.    Il  n'y  a  donc  pas  d'impossibilité  de  principe. 

Si  l'énigme  est  encore  double  pour  les  hiéroglyphes  Cre- 
tois, et  peut-être,  en  dépit  des  découvertes  récentes,  pour  les 
hiéroglyphes  hittites,  en  revanche  la  plupart  des  problèmes 
importants  posés  par  les  langues  et  écritures  du  bassin  mé- 
diterranéen ne  présentent  qu'une  des  deux  inconnues.  Ainsi 
les  langues  sumérienne,  élamite,  hittite,  étrusque  sont  repré- 
sentées dans  des  systèmes  d'écriture  dont  on  a  la  clef.  Inverse- 
ment, les  hiéroglyphes  égyptiens,  les  cunéiformes,  le  syllabaire 
chypriote  ont  pu  être  déchiffrés  grâce  aux  langues  qu'ils  re- 
couvraient, copte,  persan  ou  grec. 

On  a  ignoré  d'abord  totalement  quel  idiome  pouvait  être 
noté  au  moyen  des  caractères  spéciaux  aux  monuments  de 
Chypre,  et  cela  jusqu'au  jour  où  Ton  a  découvert  une  inscrip- 
tion bilingue  à  traduction  phénicienne.  Elle  contenait  heureuse- 
ment plusieurs  noms  propres.  Les  valeurs  identifiées  grâce  à 
eux  permirent  de  se  rendre  compte  qu'on  avait  affaire  k  un 
dialecte  grec  et  de  déterminer  la  nature  syllabique  du  système. 
La  confirmation  serait  fournie,  s'il  en  était  besoin,  par  la  petite 
inscription  du  Louvre  donnant  les  deux  mots  /.aQV^  eut.  en 
syllabique  et  en  alphabétique,  et  que  MAsrERO  a  eu  tort  d'ap- 
peler bilingue  puisqu'il  s'agit  seulement  d'une  transcription  en 
deux  écritures. 

Le  déchiffrement  des  cunéiformes  offre  un  modèle  de  dé- 
marrage, parce  que  nulle  traduction  en  langage  et  écriture 
connus  n'a  pu  être  utilisée.    On  disposait  de  plusieurs  inscrip- 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  99 

tiens  de  Persépolis.  On  détermina  d'abord  la  direction  de 
l'écriture,  grâce  à  des  copies  du  même  texte  dont  la  disposition 
était  différente.  Puis  on  constata  que  chaque  inscription  com- 
prenait trois  parties.  La  première,  la  plus  longue,  présentait 
une  variété  de  signes  relativement  faible.  La  troisième,  la 
plus  courte,  montrait  au  contraire  un  grand  nombre  de  carac- 
tères distincts.  La  seconde  constituait,  sous  tous  rapports,  une 
moyenne.  On  en  conclut  qu'il  s'agissait  de  trois  variantes  du 
même  texte  dans  trois  écritures  de  moins  en  moins  analytiques. 
C'est  sur  la  première  que  portèrent  naturellement  les  efforts, 
puisque,  en  raison  du  petit  nombre  de  signes,  ce  système  se 
présentait  comme  un  alphabet.  On  conjectura,  d'après  la  fré- 
quence et  la  position,  quels  caractères  pouvaient  correspondre 
à  des  voyelles.  Puis  on  supposa  que  la  première  partie  devait 
être  l'original  en  langue  perse  et  les  deux  autres  des  tra- 
ductions. Recherchant  les  répétitions,  on  obtint  un  superbe 
démarrage  de  la  manière  suivante.  Chaque  lettre  grecque 
employée  ici  dans  l'exposé  qui  va  suivre  représentant  un 
groupe  de  trois  k  huit  signes,  on  compara,  dans  deux 
inscriptions,  les  séquences  suivantes  : 

a  /?  /:?  /  ô  ii  E 

ô  ^  fi  y  J=  € 

En  s'aidant  de  la  phraséologie  connue  des  inscriptions  sas- 
sanides,  on  attribua  au  groupe  /9,  des  plus  fréquents,  le  sens 
«  roi  »  (le  même  mot  qui  plus  tard  servira  de  démarrage  pour 
le  syllabaire  chypriote).  La  combinaison  /?  /î  y  devenait  «  roi 
des  rois»,  /  étant  une  marque  de  flexion,  et  (i s  «fils  de  roi» 
(régis  filius).  ^4,  ô  et  /  cachaient  des  noms  de  souverains  qui 
s'étaient  succédés  dans  l'ordre  /,  ô,  a.  Comme  on  lit  /  e,  en 
regard  de  ô  jS  e,  c'est  que  f  n'était  pas  roi  et  que  ô  avait 
fondé   la   dynastie,    celle   des   Achéménides,    constructeurs   des 

7* 


100  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


monuments  de  Persépolis.  La  méthode  des  mots  croisés  fournit 
la  vérification  des  données  historiques  : 

V   I  Sh  T  A  S  P  H  r 
T>  A  R  Y  Vh  U  Sh 
Kh  Sh  YAR  Sh  A 

Ces  valeurs  permirent  de  s'assurer  qu'on  avait  bien  affaire 
à  la  langue  perse,  de  retrouver  d'autres  noms  propres,  et, 
après  bien  des  tâtonnements,  de  compléter  l'alphabet  et  de  lire 
entièrement  les  inscriptions  du  premier  système. 

Pour  le  déchiffrement  des  deux  autres,  on  disposait  désor- 
mais de  traductions.  Ayant  retrouvé  le  troisième  isolément 
sur  les  monuments  de  Mésopotamie  et  le  second  sur  ceux  de 
l'Elam,  on  sut  que  les  lan<;'ues  en  étaient  respectivement  l'assyro- 
babylonien  et  le  parler  de  la  Susiane.  Dans  l'assyro-babylonien 
on  reconnut  un  idiome  sémitique,  fait  qui  compensa  en  partie 
la  complication  de  l'écriture.  L'élamite  est  une  langue  inconnue 
dont  la  reconstitution  est  commencée. 


Cet  exposé  sommaire  était  utile  pour  permettre  au  lecteur 
de  mieux  apprécier  par  comparaison  comment  se  posait  le  pro- 
blème du  déchiffrement  des  hiéroglyphes  et  quels  sont  les 
mérites  respectifs   des  chercheurs  qui  l'ont   mené  à  bonne  fin. 

Pour  qu'une  tentative  de  déchiffrement  comporte  des  chances 
moyennes  de  réussite,  en  dehors  de  circonstances  exception- 
nellement  favorables,    trais   conditions   paraissent   nécessaires  : 

1"  Connaître  la  nature  du  texte  clair,  c'est-à-dire  la  langue 
dans  laquelle  il  est  écrit,  et  avoir  de  son  contenu  une  notion 
au  moins  très  vague. 

2°  Se  faire,  soit  du  mode  de  cliiffrement,  soit  du  système 
d'écriture,  une  idée  qui  ne  s'écarte  })as  trop  de  la  vérité. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  10 1 

3"  Deviner   un  point    de  détail    et   tomber   absolument  juste. 
C'est  ce  qu'on  appelle  le  démarrage. 

Examinons  comment  ces  conditions  ont  été  remplies  peu  à 
peu  en  ce  qui  concerne  les  hiéroglyphes  égyptiens. 

I.  L'idée  que  hi  langue  exprimée  graphiquement  par 
les  hiéroglyphes  est  celle  des  coptes  appartient  au  P.  Kircher^ 
le  rénovateur  des  études  coptes.  Elle  a  été  développée  ensuite 
par  E.  QuATREMÈRE  (l).  Pour  juste  qu'elle  soit,  on  n'en  pouvait 
apprécier  le  degré  d'exactitude,  car  on  ignorait  l'écart  lin- 
guistique existant  entre  les  textes  coptes  et  la  majorité  des 
documents  écrits  en  hiéroglyphes.  C'est  ainsi  que  des  néo- 
logismes  comme  Ciïp  «corbeille»,  unii\i2SLi  «mesure  d'huile», 
ont  été  utilisés,  le  premier  par  You>;g  (2)  pour  lire  °^-  dans 
BsQ{€vUr]),  le  second  par  Champollion,  comme  ayant  fourni, 
par  acrophonie,  la  valeur  de  ^^zz::^.  Young,  après  avoir  re- 
connu le  sens  de  la  préposition  1\  l'identifiait  avec  ^eu-  ou 
c^OTTii.  CiiAMPOLLioisr  faisait  de  même  pour  U  (I  et  uee,  et,  ne 
retrouvant  pas  en  copte  l'équivalent  de  l'affixe  '^^'^^^^  y  voyait 
la  o«  personne  pluriel  du  futur  cettdw-.  En  cela  il  soupçonnait 
une  partie  de  la  vérité,  ayant  observé  que  les  marques  de  la 
flexion  verbale,  préposées  en  copte,  étaient  postposées  en  hiéro- 
glyphes. Il  faisait  une  remarque  analogue  pour  les  affixes 
possessifs  et  pour  le  o,  indice  du  féminin,  que  les  hiéroglyphes 
montrent  à  la  fin  du  mot  et  que  l'on  retrouve  en  copte  sous 
forme  d'article.  Il  s'est  aperçu  que,  si  môwI-  no  peut  être  que 
participe  actif,  «aimant»,  V^Mll  s'employait  au  passif,  «aimé». 
Mais  ces  faits  n'ont  pu  être  précisés  que  quand  le  déchiffre 
ment  était  déjà  en  bonne  voie. 

De  même,  après  la  découverte  de  la  pierre  de  Rosette,  on 
n'avait    aucun    moyen    de    constater    que    les    écritures    hiéro- 


(I)   178-2—1857.   Français.  (2)   1773—18-29.  Anglais. 


102  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

glyphique  et  démotique  y  correspondaient  k  deux  stades  assez 
éloig-nés  du  développement  linguistique.  Les  dift'érences  qui 
en  résultent  étaient  de  nature  k  faire  outrer  l'opposition  entre 
les  deux  systèmes  graphiques. 

En  ce  qui  concerne  le  sens  des  premiers  textes  à  la  dis- 
position des  chercheurs,  on  était  relativement  bien  renseigné, 
grâce  à  la  traduction  grecque,  par  Heemapioîc,  dans  Ammien 
Marcellin,  de  l'inscription  d'un  obélisque  élevé  à  Héliopolis 
par  Ramsès  II  et  transporté  à  Rome  par  Auguste,  mais  dont 
le  prototype  exact  n'a  pas  encore  été  identifié  à  l'heure  ac- 
tuelle. C'est  avant  tout  sur  cette  classe  de  monuments  que  les 
efforts  sérieux  ont  porté.  Malheureusement,  on  était  trop  imbu 
de  la  nature  mystique  du  contenu  des  textes  pour  tirer  tout 
le  parti  possible  de  cette  précieuse  ressource.  Kircher  déclare 
la  traduction  grecque  fausse  d'un  bout  à  l'autre  et  son  opinion 
a  longtemps  prévalu.  Zoëga  (1)  a  eu  le  mérite  de  s'en  dégager 
et  même  de  désigner  celui  des  nombreux  obélisques  de  Rome 
qui  se  laisse  le  mieux  rapprocher  du  texte  d'HEKMAPiON,  l'obé- 
lisque Flaminius.  Les  ressemblances  sont  telles  que  Cham- 
POLLION  a  pu   établir  de  fructueux  rapprochements. 

Avec  la  pierre  de  Rosette  on  eut  beaucoup  mieux  encore  : 
une    traduction    grecque    authentiquée    sans    doute    possible  (2). 


(1)   1755  —  1809.  Danois. 

(•2)  La  pierre  de  Rosette  (pi.  111)  reproduit  un  décret  du  clergé  égyptien 
en  l'honneur  de  Ptolémée  V,  promulgué  à  Memphis  en  19G  avant  J.-C.  Elle 
a  été  découverte  en  août  1891)  au  cours  de  travaux  de  fortification  exécutés 
sous  la  direction  du  capitaine  du  génie  français  Bouchard.  Les  savants 
attachés  à  l'expédition  de  Bonaparte  en  reconnurent  aussitôt  la  valeur  et 
expédièrent  en  Europe  des  copies  et  estampages.  Mais  le  document  lui- 
même,  compris  dans  la  capitulation  de  Ménou,  fut  transporté  à  Londres 
en  1802.  Il  occupe  actuellement,  au  British  Muséum,  à  l'entrée  de  la  grande 
galerie  égyptienne,  une  place  d'honneur.  Son  cadre  porte  l'inscription  : 
Conquered  by  llie  British  armies.  et,  parfois,  un  gardien  se  charge  d'attirer 
dessus  l'attention  du   visiteur   (expérience   personnelle   d'un   des  auteurs  en 


r^ 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  103 


Mais  une  difficulté  des  plus  graves  résultait  de  l'état  fragmen- 
taire de  la  version  hiéroglyphique,  dont  pas  une  ligne  n"est 
complète,  tandis  qu'un  nombre  inconnu  de  lignes  manque  au 
début.  Impossible  donc  de  mettre  en  regard  les  parties  corres- 
pondantes du  texte  et  de  la  traduction,  tant  qu'on  n'aurait  pas 
d'autre  point  de  repère  certain  que  la  fin  môme  des  textes. 
Aussi  la  méthode  des  mensurations  n'a-t-elle  pu  être  facilement 
a])pliquée  qu'à  la  version  déniotique  par  S.  de  Sacy  (1)  et 
Akerblad  (2).  Cependant  les  conjectures  de  Youxg  touchant  la 
place  occupée  dans  le  texte  hiéroglyphique  par  les  correspon- 
dants d'un  certain  nombre  de  mots  de  la  version  grecque,  se 
sont  en  partie  véi"ifiôes. 

II.  Quant  à  la  nature  du  système  d'écriture,  les  premiers 
déchifFreurs  s'en  sont  tenus  à  cette  exagération,  en  partie  im- 
putable  aux  anciens   et   consistant   à  prendre    les   hiéroglyphes 


1009).  Selon  le  texte  même  du  décret,  d'autres  copies,  également  trilingues, 
devaient  ôtre  i)lacées  dans  un  assez  grand  nombre  de  sanctuaires.  11  est 
surprenant  qu'aucun  autre  exenijtlaire  ne  nous  soit  parvenu.  Pour  com- 
pléter les  lacunes  de  la  pierre  de  Kosette,  nous  disposons  de  ressources 
assez  médiocres  :  1°  Un  décret  postérieur  de  18  ans,  gravé  sur  la  muraille 
du  temple  d'Isis  à  Philae.  Le  texte,  en  très  mauvais  état,  reproduit,  avec 
quelques  modifications,  les  versions  Iiiéroglypliiciue  et  démotique  de  Kosette. 
2°  Une  stèle,  hiéroglyphique  seulement,  trouvée  à  Nebireh,  près  de  Daman- 
liour  et  <iui,  après  un  protocole  emprunté  à  un  autre  décret  postérieur  de 
deux  ans  au  précédent,  reproduit,  en  omettant  des  passages  entiers,  le  texte 
niéiiie  du  décret  de  Memphis.  C'est  visiblement  une  copie  mal  établie  d'après 
un  exemplaire  en  fort  mauvais  état. 

La  comparaison  des  trois  versions  en  langue  et  écriture  différentes  peryiet 
d'établir  que  le  décret  avait  d'abord  été  rédigé  en  langue  égyptienne  (dé- 
motique) par  le  synode,  traduit  en  grec,  puis  soumis  sous  cette  forme  à 
l'approbation  de  l'administration  grecciue  qui  aurait  modifié  quelques  dé- 
tails. Ces  corrections  auraient  été  reportées  dans  le  texte  démotitiue  actuel. 
Enfin  la  traduction  en  hiéroglyphes  aurait  été  élaborée  par  ([uelque  prêtre 
connaissant  bien  la  langue  ancienne. 

(1)   1758  —  1838   Français.  (2)   1760-1819  Suédois. 


104  INTRODUCTION  A  LÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

pour  des  symboles^,  voire  des  énigmes^  chaque  signe  représen- 
tant une  idée.  Avec  une  telle  notion  des  choses,  le  jugement 
correct  porté  sur  la  langue  ne  pouvait  être  à  peu  près  d'au- 
cune utilité.  D'autre  part,  on  accentuait  plus  que  de  raison 
les  différences  entre  les  deux  écritures  juxtaposées  sur  la  pierre 
de  Rosette,  en  faisant  du  démotique  une  écriture  purement 
phonétique  et  même  alphabétique.  Le  secours  k  tirer  éven- 
tuellement de  la  version  démotique,  presque  complète,  se  trou- 
vait réduit  d'autant.  Un  autre  écueil  d'abord  insoupçonné  se 
cachait  sous  la  multiplication  des  signes  à  l'époque  gréco- 
romaine,  entraînant  de  fréquents  doubles  emplois  qui  risquaient 
de  faire  échouer  les  vérifications  les  plus  convaincantes. 

Enfin,  la  plus  précieuse  ressource  des  déchiffreurs,  les  noms 
propres,  ou  plutôt  ici  l'unique  nom  propre,  pouvait  demeurer 
inefficace,  ce  nom  étant  étranger  et  peut  être  transcrit  dans 
une  autre  notation  que  le  contexte.  Cette  idée,  vraie  en  partie, 
se  présente  naturellement,  et  d'ailleurs  les  systèmes  de  crypto- 
graphie les  plus  modernes  emploient  volontiers  aussi,  pour  les 
mots  étrangers,  des  procédés  plus  analytiques  que  pour  le 
reste  du  discours. 

C'est  spécialement  sur  ces  questions  que  le  génie  intuitif  de 
Champolliox  s'est  exercé.  De  très  bonne  heure,  il  acquit 
la  conviction  que  les  éléments  grammaticaux  conservés  dans 
le  copte  se  devaient  retrouver,  notés  phonétiquement,  dans  les 
textes  hiéroglyphiques.  Remontant  de  q  k  '^^^^  par  l'inter- 
médiaire des  formes  cursives,  il  parvint,  dès  1818,  k  identifier 
le  pronom  de  la  3*^  pers.  masc.  sing.'  dans  le  décret  de  Rosette. 
En  décembre  1821,  ayant  eu  l'idée  de  compter  les  signes  hiéro- 
glyphiques de  la  partie  conservée  du  texte,  il  constata  que  leur 
nombre  dépassait  de  beaucoup  celui  des  mots  de  la  version 
grecque.  (1)    Donc,  .impossibilité   d'admettre  que   chaque  signe 

(1)  Les  18  lignes  du  grec  correspondant  aux  14  du  texte  hiéroglyphique 
conservé  fournissent  environ  486  mots  pour  1419  signes. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  105 

représente  une  idée.  Enfin,  en  septembre  1822,  il  remarqua 
dans  les  deux  noms   propres  égyptiens  Thotmès   et  Ramsès  la 

présence  de  l'élément  phonétique  1  qu'il  connaissait  par  ailleurs. 
Ainsi  fut-il  amené  progressivement  à  une  juste  conception  du 
système  hiéroglyphique  :  un  mélange  d'éléments  idéographiques 
et  phonétiques. 

D'un  autre  côté,  grâce  à  ses  travaux  préparatoires,  purement 
matériels,  sur  les  cursives,  qui  lui  avaient  fait  reconnaître  dans 
l'hiératique  le  trait  d'union  entre  les  hiéroglyphes  et  le  dé- 
motique, il  comprit  que  ces  deux  écritures,  quelles  qu'en  soient 
les  dissemblances,  n'étaient  pas  opposées  dans  leur  principe. 
On  pouvait  donc  appliquer  à  l'une  des  variétés  quelques-uns 
des  résultats  obtenus  pour  l'autre. 

III.  Le  démarrage  a  été  amorcé  par  l'abbé  Barthélémy 
et  ZoËGA  quand  ils  remarquèrent  que  les  «  cartouches  >  Q  con- 
tenaient des  noms  de  rois.  L'application  en  aurait  pu  être 
faite  à  la  pierre  de  Rosette  dès  sa  découverte,  car  elle  pré- 
sente jusqu'à  six  exemples,  dont  quatre  intacts,  du  nom  de 
Ptolémée  enfermé  dans  un  cartouche.  Bien  que  le  nom  grec 
correspondant  au  cartouche  final  soit  perdu  dans  une  lacune, 
et  que  le  démotique  donne  là  simplement  «Pharaon»,  aucun 
doute  ne  pouvait  subsister.  Une  petite  complication  résultait 
de  la  présence,   dans  trois  exemples,    des   groupes   adventices 

■y  X^      5  \  M^J"     ^J^'s    le    hasard    fournissait    là    un    excellent 

moyen  de  vérification,  car  les  deux  premières  lettres  du  nom 
de  Ptolémée,  D  et  c,  s'y  retrouvent  dans  celui  de  Ptah,  alors 
qu'à  plusieurs  reprises  le  souverain  est  qualifié  de  alcovô^ioç, 
vnè  Tov  Oââ  i]-/ajti]uévoq.  En  outre,  cet  élément  pouvait  s'éli- 
miner facilement  par  soustraction  et  il  restait  quatre  fois 
^|~_300  ';  avec  une  orthographe  invariable.  Le  démarrage 
était  pour  ainsi  dire  automatique. 


106  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Le  texte  démotique  étant  le  mieux  conservé,  on  put  repérer, 
par  simple  mensuration,  les  groupes  correspondant  à  Ptolémée. 
C'est  ce  que  firent  S.  de  Sagï' et  Akeeblad  dès  1802.  Comme 
on  n'avait  pas  de  préjugé  contre  la  nature  phonétique  des 
signes  démotiques,  on  lut  alphabétiquement  et  exactement 
PtJomis. 

Malgré  ces  facilités  relatives,  l'idée  dune  écriture  symbolique 
était  si  ancrée  dans  l'esprit  des  chercheurs  qu'ils  ont  longtemps 
fait  fausse  route.  Ce  que  nous  admirons  le  plus  aujourd'hui 
dans  cette  partie  de  la  découverte  c'est  qu'il  ait  fallu  faire 
tant  de  détours  pour  y  parvenir.  Young,  après  un  heureux 
départ,  s'est  arrêté  en  chemin,  tant  il  est  vrai  qu'un  démarrage 
ne  se  montre  efficace  que  s'il  est  de  tous  points  exact  et  si 
la  deuxième  condition  signalée  plus  haut  est  remplie.  Cham- 
POLLiois'  a  eu,  lui  aussi,  beaucoup  de  peine  à  se  convaincre  de 
la  nature  alphabétique  de  tous  les  éléments  du  nom  de  Pto- 
lémée. Il  lui  a  fallu  remonter  des  signes  démotiques  aux  hiéro- 
glyphiques par  l'intermédiaire  des  formes  hiératiques.  Aussi 
peut-on  dire  qu'en  pareille  matière,  le  démarrage  type,  vrai- 
ment génial,  est  celui  des  cunéiformes,  dû  à  l'allemand  Gro- 
tefe^'d(I),  tandis  que,  toutes  proportions  gardées,  c'est  l'œuvre 
de  l'anglais  Rawlinsox  (2)  qui,  par  l'étendue  des  résultats,  se 
peut  le  mieux  comparer  k  celle  de  Champolliox. 


Là  oîi  les  difficultés  ont  commencé,  c'est  quand  il  s'est  agi 
de  faire  la  première  application  du  groupe  démarrant,  opération 
qui  devait  permettre  de  le  contrôler  et,  si  besoin  était,  de  le 
rectifier  dans  les  détails. 

Pour  le  démotique,  les  ressources  ne  faisaient  pas  défaut. 
En   plus  des  noms   royaux,   Alexandre,   Arsinoé,    Bérénice,    le 

(1)   177.')  — 1853.  (2)   1810  —  1895. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  107 

début  du  texte  fournit  toute  une  série  de  noms  grecs  transcrits  : 
Aétos,  Pyrrha,  Pliilinos,  Aréia,  Diogène,  Irène.  On  put  ainsi 
compléter  l'alphabet  sans  trop  de  peine. 

Si  la  version  liiéroglypliique  avait  été  conservée  au  mémo 
endroit,  le  déchiffrement  en  eût  été  grandement  facilité.  Mais 
elle  ne  présente  pas  dautre  cartouche  que  celui  de  Ptolémée. 
Le  hasard  s'est  acharné  contre  les  chercheurs,  en  enlevant 
encore  le  cartouche  dArsinoé  qui  devait  figurer  au  début  de 
la  ligne  8.  Donc,  aucun  moyen  de  contrôle  immédiat,  en  dehors 
du  nom  de  Ptah,  déjà  signalé,  lequel,  par  une  autre  male- 
chance,  ne  s'écrit  pas  alphabétiquement  en  démotique.  Si  bien 

que  YouNG  a  pris      9    pour  «aimév   et   V>  {1  [1   pour  «Ptah». 

Il  fallut  donc  recourir  à  d'autres  monuments,  rares  et  plus 
ou  moins  exactement  publiés.  Youxg,  dans  le  grand  ouvrage 
de  la  Commission  d'Egypte,  devina  le  nom  de  Bérénice  gravé 
sur  un  plafond  de  Karnak.  Mais  ce  cartouche  ne  pouvait 
servir  à  la  vérification,  n'ayant  qu'un  seul  caractère  commun 
avec  celui  de  Ptolémée,  (][1.  Ce  qui  montre  le  mieux  l'inanité 
de  la  méthode  de  Young,  supposé  qu'elle  mérite  ce  nom, 
c'est  qu'il  échoua  devant  le  nom  de  Cléoprâtre,  alors  que  les 
meilleures  conditions  se  trouvaient  réunies.  L'identification  du 
cartouche  était  certifiée  par  une  inscription  grecque,  tandis 
que  Cléopâtre  et  Ptolémée  ont  trois  lettres  communes  :  _S:a,, 
X]  et  n.  Poursuivant  ses  inductions  fantaisistes,  Young  a  vu 
Arsinoé  Evergète  là  oîi  il  y  avait  Autocrator  Caesar. 

On  ne  saurait  trop  admirer  la  sûreté  de  méthode  avec  laquelle 
CiiAMPOLLiOïs'  a  rendu  sa  découverte  évidente  et  l'a  étendue 
de  proche  en  proche.  Parti  de  l'idée  juste  de  la  nature 
alphabétique  attribuée  au  nom  hiéroglyphique  de  Ptolémée, 
il  en  eut  la  confirmation  partielle  grâce  à  de.s  noms  comme 
Cléopâtre,  Alexandre,  etc.    Mais  aussitôt  on  se  heurtait  à  une 


108  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

difficulté,  la  représentation  multiple,  obstacle  bien  connu  des 
clîiffreurs.  Champolliox  sut  l'écarter  avec  une  remarquable 
richesse  de  moyens.  Le  son  k  est  rendu  par  A  dans  Cléopâtre 
et  par  ^:c3^  dans  Alexandre.  Mais  le  premier  nom,  fourni  en 
outre  par  un  papyrus  démotique,  présente  l'équivalent  cursif 
de  ^^rr^î.  La  désinence  s  de  Ptolémée  a  la  forme  1,  tandis  que 
— ^-  vaut  s  dans  Alexandre.  Mais  si  l'on  compare  deux  pa- 
pyrus funéraires  offrant  le  même  passage,  on  y  relève  des 
échanges  fréquents  entre  |1  et  — »— .  Les  sous  représentés  par 
<cz=>  et  _2:ss  paraissent  interchangeables,  mais  p  et  TV.  ne  le 
sont-ils  pas  en  effet  d'un  dialecte  copte  à  Tautre  '?  On  conçoit 
que,  s'appuyant  sur  de  telles  preuves,  Champollion  ne  se  soit 
plus  laissé  arrêter  par  d'autres  cas  analogues  et  qu'il  ait  pu 
dresser  son  alphabet  en  tenant  compte  des  «homophones».  En 
lisant  un  grand  nombre  de  noms  et  surnoms  de  Ptolémées  et 
d'empereurs,  tous  entourés  du  cartouche,  il  a  rendu  sa  dé- 
monstration irréfutable. 

Le  cartouche  était-il  l'indice  d'une  notation  alphabétique  spé- 
ciale aux  noms  des  souverains  étrangers  ?  Non,  car  sur  l'obé- 
isque  Barberini,  portant  les  cartouches  d'Hadrien  et  de  Sabine^ 
on  lit,  dans  le  même  système  et  en  l'absence  de  cartouche,  le 
nom  d'Antinotis.  De  même,  l'obélisque  de  Bénévent  montre, 
dans  des  conditions  analogues  aux  précédentes,  les  noms  de 
l'empereur  Domitien  et  de  Lucilius  Rufus.  Grâce  aux  obé- 
lisques Borgia  et  Albani,  Champollion  obtint  le  nom  de 
Sextus  Africanus. 

Il  n'est  pas  jusqu'à  la  représentation  multiple,  pierre  d'achoppe- 
ment pour  d'autres,  que  Champollion  n'ait  habilement  utilisée 
pour  exploiter  sa  découverte  et  parer  à  cette  objection  que  le 
système  alphabétique  pouvait  être  réservé  aux  noms  grecs  et 
romains.  Mettant  en  parallèle  des  passages  de  papyrus  funé- 
raires de  teneur  identique,  aux  noms  des  défunts  près,  il  dressa 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  109 

un  tableau  des  homophones  qui  se  trouva  reproduire  le  pré- 
cédent, fourni  par  les  noms  propres.  D'où  cette  conclusion 
naturelle  que  les  mêmes  signes  avaient  le  même  emploi  phoné- 
tique partout  où  ils  se  rencontraient.  Autrement  il  eût  fallu 
admettre  en  même  temps  la  coïncidence  de  leurs  valeurs  idéo- 
graphiques, effet  de  hasard  défiant  toutes  les  probabilités. 

Partant  de  ce  principe,  Champollion  recherche  la  valeur  des 
groupes  qui  se  répètent  à  satiété  sur  les  stèles  funéraires  et 
manifestement  indiquent  la  filiation  :  ^;:*,  «  fils  »  ;  fTl  1  «  né 
de»;  y\  «mère».  Il  parvient  alors  k  repérer  |T|  ';  OOTMïce, 
correspondant  à  yeré&lia  dans  le  texte  de  Rosette.  De  là  il 
passe  aux  articles,  pronoms,  prépositions,  etc.,  dont  la  pro- 
nonciation était  contrôlée  par  le  copte. 

Ensuite,  il  s'attaque  aux  noms  divins,  reeonnaissables  à  ce 
qu'ils  paraissent  souvent  en  tête  de  formule  après  le  groupe 
ir°^    4      «paroles    prononcées    par»,    et    il    retrouve    ainsi    les 

U  \   /VAAAAA 

noms  connus  de  Râ.  Amon,  Chnoubis,  Ptali,  Satis,  Anoukis, 
Anubis,  etc. 

Puis  viennent  les  noms  propres  de  particuliers  indigènes, 
dont  beaucoup  d'ailleurs  sont  formés  sur  des  noms  de  divinités. 
Le  système  s'y  maintient  intact,  permettant  de  lire  des  noms 
déjà  connus  par  des  transcriptions  grecques. 

Pour  montrer  que  les  résultats  conviennent  aux  textes  pha- 
raoniques antérieurs  à  Cambyse,  il  en  est  fait  application  aux 
titres  royaux  rencontrés  sur  des  monuments  qui,  manifeste- 
ment, remontent  à  des  époques  reculées.  Ces  titres  s'y  re- 
trouvent sous  la  même  forme  qu'aux  temps  gréco-romains.  Ici 
CiiAMPOLLiON  fait  l'usage  le  plus  judicieux  du  texte  d'HER- 
:mapion. 

Enfin,  il  complète  sa  démonstration  en  recherchant  les 
noms  des  souverains  eux-mêmes.  11  remonte  ainsi  des  Ptolé- 
mées   aux   Perses   et   aux   rois   indigènes   révoltés   contre   eux  ; 


110  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

Artaxerxès,  Xerxès^  Darius^  Cambyse^  Hakoris^  Néphoritès  ; 
puis  aux  Pharaons  antérieurs  k  la  conquête,  Psammétique, 
Osorkon,  Slieshonq  ;  et  jusqu'aux  Aménophis  et  Thoutmosis.  Il 
aurait  encore  atteint  le  Moyen  Empire  si  le  nom  lu  Osortasen 
sur  l'obélisque  d'Héliopolis  n'avait  présenté  plus  de  ressem- 
blance apparente  avec  Osorthros  de  la  XXIIP  dynastie,  qu'avec 
Sésostris  de  la  XIP.  Ses  notes  inédites  semblent  d'ailleurs 
montrer  qu'il  opéra  par  la  suite  la  rectification.  En  tous  cas 
il  réussit  à  lire  Khéops,  en  lui  assignant  son  véritable  rang-, 
donc  k  toucher  aux  débuts  même  de  l'histoire. 

Dans  tout  cet  exposé  relatif  aux  hiéroglyphes  phonétiques 
on  n'a  guère  k  relever,  après  un  siècle,  que  quelques  erreurs 
dont  deux  seulement  touchent  aux  principes  : 

1"  Attribution  dune  valeur  purement  alphabétique  a  des 
signes  multilitères  comme  ]  iv{sr)  ;  ^  //(>•)  ;  t — r  et  y^  m{r)  ; 
i^   m{n)  ;  |  m{s)  ;  |  s(n)  ■  .^  (h)ôitp). 

Nulle  méprise  n'est  plus  excusable,  étant  d'ailleurs  partielle, 
puisque,  dès  l'époque  grecque,  il  y  a  redondance  de  l'élément 
alphabétique.  En  particulier  Champolliok  avait  trouvé  •; — r  = 
m  dans  le  cartouche  de  Domitien.  Et  le  verbe  «aimer»  n'est- 
il  pas  M.Ç.  en  copte  ? 

2**  Dérivation  des  signes  alphabétiques  par  acrophonie.  Quand, 
par  exemple,  pour  'vczps,  Champolliox  invoque  trois  mots  : 
ueAcoTV.,  KHIRI2S.I,  ïies.22.1,  désignant  des  vases,  il  infirme  sa 
preuve  plutôt  qu'il  ne  la  renforce  (1).  Cependant,  nous  l'avons 

(1)  Si  ces  deux  propositions  ne  sont  plus  conformes  aux  idées  reçues,  la 
fausseté  n'en  est  point  tellement  évidente  que  tout  dernièrement  un  savant 

ne  les  ait  reprises,  admettant  que  parfois     j  ^  ?i  ;   "T"  =  ^ — "  ;    i"""'i  =  m. 

Pour  l'acrophonie,  l'exemple  invoqué   ^|\      =    jsv(oTÀekac),    «chouette»,    est 


peu  heureux,  car  le  mot  n'est  connu  dans  le  système  hiéroglyphique,  et 
cela  dans  le  plus  récent  des  papyrus  démotiques,  que  sous  la  forme 
*cavotAi5c.. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  111 

vu,  le  procédé  acrophonique  n'est  pas  entièrement  inconnu  des 

basses  époques. 

* 
*  * 

Quant  aux  caractères  idéographiques  qui  se  trouvent  cons- 
tamment mélangés  aux  «alpliabétiques»,  Champollion  les 
étudie  en  se  basant  sur  les  textes  de  Clément  d'Alexandrie 
et  d'FToRAPOLLON.  Chez  ce  dernier  il  a  su  discerner  les  pro- 
duits de  la  fantaisie  et  il  les  a  rapportés  à  la  classe  des 
«  anaglyphes  » .    Il  disting'ue  : 

1°  Des  caractères  figuratifs,  «qui,  par  leurs  formes  maté- 
rielles, sont  une  image  des  objets  mêmes  dont  ils  expriment 
l'idée».  Il  en  retrouve  plusieurs  dans  l'inscription  de  Ivosette  : 

^   v«dg;    U]    «r/twv;    %  ^ôavov  :    ^  ré/.vov  \    JL   àa7rlç-^    fj 
GtrjXr]. 

Ailleurs  aussi  :  l'image  d'un  sphinx,  d'un  colosse  ou  d'un 
obélisque  dans  les  inscriptions  de  ces  mômes  monuments  ou 
de  leurs  socles  ;  la  main  ^^Za,  suivie  d'un  chiffre,  à  côté  d'une 
scène  de  recensement  des  mains  coupées  après  la  bataille  ; 
l'expression  -^^  «vaisseau  de»,    suivie   d'un  nom   de  divinité, 

dans  les  légendes  accompagnant  les  représentations  de  barques 
divines,  etc. 

2°  Des  caractères  symboliques.  Il  en  a  été  parlé  au  clia- 
pitre  I"'.  Un  groupe  spécial  est  formé  par  les  hiéroglyphes 
symboliques  énigmatiques,  particulièrement  «ceux  qui,  dans 
les  textes  égyptiens,  tiennent  la  place  des  noms  propres  des 
différentes  divinités»,  images  du  dieu,  avec  ses  attributs  distinc- 
tifs,  de  l'animal  sacré,  d'êtres  hybrides  participant  des  deux 
natures,  humaine  et  animale,  d'objets  de  culte,  etc. 

3**  Des  signes  d'espèce  ou  déterminatifs,  qui  suivent  des 
mots  écrits  phonétiquement.    Outre  ^  et  Jj,  accompagnement 


112  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

habituel  des  noms  propres  d'hommes  et  de  femmes,  Cham- 
POLLION  en  a  reconnu  un  grand  nombre  et  ces  précieux  élé- 
ments lui  ont  permis  d'identifier  des  mots  au  milieu  d'un  texte 
resté  d'abord  incompris.    En  effet;,  si  rencontrant  par  exemple 

la  séquence  des  signes  ^i  '  v^'  °^^  conjecture  avoir  affaire 
au  mot  À\.cô<o  «crocodile»,  on  acquiert  une  certitude  en  trou- 
vant le  mot  déterminé  par  <S3:=..  Si  un  mot  ne  s"est  pas  conservé 
en  copte,  son  déterminatif  fournit  souvent  une  probabilité  suf- 
fisante. C'est  surtout  ainsi  que  Champollion  réussit  à  traduire 
des  textes  et  à  composer  un  volumineux  dictionnaire. 

Sur  la  question  délicate  des  rapports  entre  les  signes,  soit 
figuratifs,  soit  symboliques,  et  la  langue  parlée,  voici  quelle 
semble  avoir  été,  avec  des  fluctuations,  la  marche  générale  de 
la  pensée  de  Champollion.  A  l'époque  où  presque  tout  le 
monde  croyait  à  la  contexture  purement  idéographique  du 
système,  il  soutenait  que  les  hiéroglyphes  pouvaient  et  devaient 
être  lus,  et  que  leur  succession  répondait  à  celle  des  éléments 
du  discours.  Lorsqu'il  se  trouva  en  possession  de  son  «  alphabet 
des  hiéroglyphes  phonétiques»,  il  en  vint  naturellement  à  la 
conception  d'une  écriture  «peignant  tantôt  les  idées  et  tantôt 
les  sons  d'une  langue»  (1).  Il  disait  encore  que  le  système 
«  parvint  bientôt  à  se  lier  intimement  avec  la  langue  parlée  en 
s'accroissant  d'un  troisième  ordre  de  signes  [les  phonétiques], 
d'une  nature  fort  différente  de  celle  des  deux  autres  [les  figu- 
ratifs et  les  tropiques]  »  (2).  L'aboutissement  de  ses  méditations 
sur  ce  point  doit  être  recherché  dans  sa  Grammaire,  posthume 
(§  68  sqq.),  où,  après  avoir  parlé  des  signes  phonétiques,  il 
admet  que  «la  même  liaison,  mais  moins  directe,  exista  égale- 
ment entre  la  langue  parlée  et  les  signes  figtiratifs'»  ou  tro- 
piques, car  «on  attribua,  pour  ainsi  dire,  k  chacun  de  ces  signes 


(1)   Lettre  à  Dacier,  2«  éd.,  p.  41.  (2)   Précis,  2«  éd.,  p.  321. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  113 

un  mot  de  la  langue  parlée,  exprimant  par  le  sou  précisément 
la  même  idée  que  le  caractère  rappelait».  On  voit  qu'en  cette 
matière,  comme  nous  l'avons  déjà  observé  (p.  15  sq.),  la  science 
moderne  a  réalisé  un  certain  progrès  de  principe,  en  remettant 
les  choses  dans  l'ordre  et  en  faisant  du  mot  l'intermédiaire 
naturel  entre  Vidée  et  le  signe  visible. 


Le  déchiffrement  une  fois  amorcé,  Champollion  donna  l'essor 
à  son  génie.  La  tâche  accomplie  dans  les  dix  années  qui  ont 
séparé  sa  découverte  de  sa  mort  est,  à  la  lettre,  stuj^ante. 
Ses  successeurs  n'ont  eu  qu'à  compléter  et  rectifier  des  détails 
du  déchiffrement  dont  tous  les  principes  restaient  acquis,  et  h 
l'exploiter  dans  toutes  les  branches  de  la  science  archéolo- 
gique (1). 

Ce  succès  foudroyant  est  dû  en  partie  au  fait  que  Cham- 
pollion se  savait,  dès  l'enfance,  prédestiné  à  parfaire  le  grand 
œuvre  du  déchiffrement.  Il  avait  étudié  la  question  sous  toutes 
ses  faces  et  envisagé  à  peu  près  toutes  les  hypothèses  possibles. 
Lorsqu'il  eut  enfin  acquis  une  certitude,  avec  son  alphabet,  il 
fut  11  même  de  dégager  ce  qui,  dans  ses  spéculations  anté- 
rieures, se  révélait  conforme  à  la  vérité.  Il  se  trouva,  par  là 
même,  en  possession  d'un  arsenal  de  moyens  incomparable. 
La  découverte  de  1822  avait  été  différée  par  une  série  d'acci- 
dents :  insuffisance  des  sources,  mauvais  état  des  matériaux, 
inexactitude  des  publications,  retards  dans  l'envoi  des  copies, 
alors  que  d'autres  chercheurs  disposaient  des  originaux,  etc. 
Champollion  allait  quand  même  de  l'avant,  tel  un  stratège 
qui  tourne  et  dépasse  l'obstacle,  tout  en  l'attaquant  de  front. 
N'a-t-il   pas   eu    la   superbe   audace    de    tenter    la    synthèse    du 


(1)  Des   jaloux    ont    longtemps    refusé   de   se   rendre    à   l'évidence.     Les 
nommer  ici  serait  leur  taire  trop  d'honneur. 

Sottas-Drioton.  8 


114  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


mot  hiéroglyphique,  recherchant,  pour  chaque  signe,  le  terme 
copte  approprié  et  reconstituant  les  noms  propres  en  hiéro- 
glyphes d'après  leur  graphie  démotique  ?  Et  tombant  juste  ! 
Tant  de  hardiesse,  jointe  à  tant  d'habileté  réfléchie  et  univer- 
sellement informée,  voilà  qui  fait  penser  au  génie  de  «l'Autre». 
Ceux  qui,  par  flatterie,  puis  par  dérision,  ont  usé  de  l'amal- 
game Champoléon  ne  croyaient  pas  si  bien  dire. 

Pour  le  déraotique,  qui  avait  servi  de  point  de  départ,  les 
progrès  étaient  moins  étendus.  Il  est  juste  d'associer  au  nom 
de  CiiAMPOLLiox  celui  d'HEixRiCH  Brugsch(I)  qui,  avec  une 
rapidi#  surprenante,  lui  aussi,  parvint  à  mettre  sur  pied  une 
grammaire  (1855)  qui  n'a  pas  encore  été  remplacée  et  la  tra- 
duction (1867)  presque  correcte  d'un  long  morceau.  Mais  déjà 
le  grand  ouvrage  démotique  de  Champolliox,  terminé  en  1822, 
malheureusement  demeuré  inédit  et  longtemps  ignoré,  avait 
avancé,  dans  une  proportion  notable,  le  défrichement  de  ce 
domaine  broussailleux. 

La  personnalité  de  Champollion  nous  apparaît  comme  grou- 
pant harmonieusement  les  trois  qualités  maîtresses  du  grand 
inventeur  :  curiosité  toujours  sn  éveil  ;  imagination  féconde  et 
créatrice  ;  esprit  critique  empêchant  cette  dernière  faculté  de 
se  dévoyer.  A  ce  bel  équilibre,  si  rarement  réalisé,  nous  devons 
de  célébrer  cette  année,  après  cent  ans,  un  événement  consi- 
dérable dans  l'ordre  intellectuel,  magnifique  fleuron  ii  la  cou- 
ronne de  e:loire  de  notre  belle  France. 


Extrait  bibliographique  et  références  justificatives. 

M.  Brkal,  Sur  le  déchiffrement  des^  inscr'qjfions  chypriotes,  ap. 
Jorirnal  des  Savants  (1877).  —  C.  Bezold,  Niniv  nnd  Bahïjlon 


{\)   1827—1894.    Allemana. 


CHAP.  VIII  :  LE  DÉCHIFFREMENT.  115 

(1909).  —  P.  Valeeio,  De  la  cryptograpliie  (2^  partie;  1916). 
—  A.  EK:srAN,  Die  Oheliskeniihersetzung  des  Hermapion,  ap. 
Sitzungsherichte  der  Berliner  Akademie  (1914),  —  K.  Sethe, 
Zur  Geschichte  tond  Erklcirung  der  Rosettana,  ap.  Nachrichten 
Gottingen  (1916).  —  J.  F.  Champolliox,  ouvrages  cités  p.  19  et 
53.  —  H.  Haetleben,  Champollion,  sein  Leben  und  sein  Werk 
(1906).  —  A.  EkmaN;  Wortforschung,  III  (cf.  p.  44).  —  H.  Sottas, 
Préface  de  la  Lettre  à  M.  Dacier,  édition  du  Centenaire  (sep- 
tembre 1922;  Paris,  Geuthner)  (1). 


(1)  Ce  travail  développe  plusieurs  ((uestions  abordées  dans  le  présent 
chapitre.  On  y  trouvera  notamment  de  nouvelles  considérations  sur  la  ma- 
nière dont  CuAMPOLi.iON  a  pu  déchiffrer  les  cartouches  de  Ptolémée  et  de 
Cléopâtre. 


8* 


116 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Tableau   détaillé    des   principaux   hiérogh^phes  (1). 


dieu  acfioupi 

Râ 

Aniou 

Osiris 

la  Justice 


homme  assis 
femme  assise 
enfant  assis 


Hiéro- 


^'aleur  comme 


Description  gly-      signes 

phes  I    pbo- 

nétiques 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs 


I.  Personnages  divins. 


(ymn)  \  l\ 
(wsr)  n 
{m",  t) 


— j:  I 


<■■  Râ  :> 

«Amou:> 
«  Osiris  > 
;la  Justice:) 


divinité  mascu- 
line 


(2) 


II,  Personnages  humains. 


(hrd) 


I    <liomme:>     homme 


1 

^     «enfii 


femme  > 


femme 


enfant 


(1)  Cf.  ci-dessus,  p.  18  sq.  Dans  la  colonne  signe-racine,  chaque  racine  est 
représentée  par  le  mot  répondant  à  la  valeur  figurative  du  signe  d'écriture, 
ou,  si  ce  mot  n'est  pas  attesté,  par  celui  dont  le  .sens  paraît  le  plus  voisin. 

(2)  Tous  les  dieux  et  déesses  du  Pantliéon  égyptien  peuvent  s'exprimer 
par  un  liiéroglj-phe,  qui  les  rcpré.sente  munis  de  leurs  attributs  distinctifs. 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    HT 


Descriptiou  Hier. 


feignes 
pho- 
nétiques 


Situes-racines  : 


Sigues_ 
déterminatifs  : 


liomnie  assis  et  por- 
tant la  main  à  sa 
boufhe 


homme  assis  et  bii- 
vaut 

homme    assis    K's 
bras  balhints 

homme    assis    por- 
tant  un    fardeau 


@ 


homme  à  <;enoux 
faisant  un  geste 
de  louange 

homme  à  genoux 
faisant  un  geste 
d'adoration 

homme  à  genoux 
versant   de  l'eau 

homme  à  genoux 
versant  de  l'eau 
sur  une  dalle 

homme  assis  élevant 
les  bras  en  signe 
d'admiration 

homme  agenouillé 
frappant  du  bâton 

homme  agenouillé 
se  frappant  de  la 
haelie 


}^ 


{fswr) 


(..V) 

m 

id. 


U 


actions  de  la 
bouche  : 
alimentation. 
])arole,  iVoh 
pensée 

«boire»      '  boire,  soif 

I  repos,  faiblesse 

7\  (■■  porter»    porter,  charger 

^    «  char- 
^)     ger  » 

«  travail» 

louau<;e 


adoiat  ion 


^--n' 


fier  » 


une  libation» 


million  » 


id. 


ennemi, 
chose  funeste 

id. 


118 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Description 


bigries 
Hier.  I     pho- 
nétiques 


Signes-racines  : 


Signes 
déterminatifs 


homme  à  genoux, 
les  bras  liés  der- 
rière le  dos 

archer  agenouillé 
soldat  assis 

homme  assis  tenant 
unehoulette  et  un 
manteau  roulé 

personnage  assis 
portant  les  insi- 
gnes de  la  royauté 

homme  appelant 

homme  appelant  en 
courant 

homme  adorant 


homme  levant  les 

bras  au  ciel 
homme  jetant   les 

bras  en  arrière 
homme  s'inelinant 

profondément 

homme  dansant 

homme  tombant 

homme  les  bras  liés 
derrière  le  dos 


t 


ï 


r^ 


{ms') 
id. 

(0 


yn 
{dw') 

(2) 


ib'-) 


id. 


prisonnier, 
condamné, 
étranger 


id. 


^ 


«  garder  » 


n     î'c        )(    «adorer 
^-^  ji  mations 


%   ï" 


élever  » 


S^^^  «  tomber  : 


interpeller 


adoration,' glori 
fication 


élever,  jubiler 

répulsion 

se  courber,  hu- 
miliation 

danser 

chute 

prisonnier, 
étranger 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    119 


Doscriptiou  Hier. 


isignes 
]     pho- 
nétiques 


Siiïues-raciaos 


Sig'ues 
déterminatifs 


honmie  frappant  de 
la  massue 

homme  fraj)paiit  du 
bâtou 

liomme  portant  un 
bâton  ot  un  man- 
teau roulé 

homme  «'appuyant 
.sur  un  bâton 


homme  tenant  une 
canne  d'Imnneur 


roi  muni  de  ses  in- 
signes 

magou 

femme    assi.se  por- 
tant un  diadème 

femme  assi.setenant 

. . .  C?) . . . 

femme  enceinte 
femme  iMifantant 

fennne  allaitant 

femme  berçant   un 
enfant 


{vivyw) 

(!/'«') 
[smsw) 

(wr) 

{sr) 

[smsw) 

{yty) 

{qd) 

{yy) 

{ms) 
(rnn) 


«battre» 


t^^^f\X 


M 


«bercer: 


« "rand : 


action  qui  exige 
de  la  force 


vieillesse 


personnage   im- 


«  prince» 


mM 


aine» 


O 


«  mouartiue» 
gia    «bâtir  > 


c<(]ui  a  raj)- 
\\      Ml    port  à . . .  :> 
en- 
te» 


portant 


déesse,  femme  de 
condition 


AA/SA/\A 
AAAAAA 


«enfanter» 


«  élever  (un 
enfant)  » 


enfanter 

allaiter 

élever  un  enfant 


120 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Description         1  Hier. 


Signes 
!  pho- 
nétiques 


Sigiies-raciues 


Sipue.s 
détermiuatif.f 


momie  dressée 

momie  couciiée 

momie  d'homme  as- 
sise tenant  un  fléau 

momie  de  femme 
assise  tenant  un 
lotus 

momie  assi.se  sur  un 
siège,  tenant  ou 
non  un  fléau 


\==èD 


(tiot) 


{sps) 


Ci  V\Q 


:  statue  ; 


;  être  hono- 
rable » 


III.  Parties  du  corps  humain. 


visage  barbu  vu  de 
profil 


visage  barbu  vu  de 
face 

mèche  de  cheveux 


œil 

œil  avec  cils 
œil  i)leurant 


^ 

{zz'J 

ip 

^ 

hr 

^^ 

{m) 

{wsr) 

<2>- 

yr 

{m") 

-^ 

1 
'il 

^ 

rm 

^ 


«têtes 


tas  _CEN^6ii;  _ui\^   I 

Ci 

S\  «  tête,  sommet 
^     <:visa<re» 


->• 


"-^^  <:  clievelure» 
"-^jx  c  chauve  » 
s  œil  » 


J^^    cjoli: 


momie,     statue, 
état 

momie, 
être  couché 

défunt  de  condi- 
tion 

défunte  de  con- 
dition 


défunt   de    con- 
dition 


tête,  mouvement 
de  la  tête 


chevelure, 
couleur, 
deuil 


^ 


«  pleu- 
rer» 


œil,  vision, 
jolie.s.se 

pleurer 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    121 


Description         j  Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Si'zuos-raciiies 


Signes 
déterniinatifs  ; 


œil  fardé 

partie  du  préiédent      v^-~~^ 

deux  prunelle.*  o  o 

nez 

1 

bouche  "= — => 


niâclioiro>^,  schéma- 
liséet 

lèvre,  avec  ou  sans 
dents 


y"^ 


bouche  qui  crache     / 

!  '^— < 

langue  .  I  I 


côte 


vertèbres  (?) 

même  signe  écrit 
cursivement 


^ 


{wz) 

ly 

{m") 
hnt 

(fnz) 
{Sr) 


«œil 
divin  » 


'^  U   ^  1^^-j   <  partie» 
— ^   K^     k\  <^  ^'oir  * 


AAAAAA 

I    v\     I 


^ 


sp 

ns 

spr 

(psz) 
id. 


■^2 

AAAAAA  itJ  -i 

fia    o 


£)  «  nez  » 
£)  «  nez  V 
Ci  f)  c  nez  » 
>  I     A  bouclie» 


:  lèvre» 


nez, 
respiration, 
joie 


|1      1^   Uauf 


k^ — <    «le   direc 
c^l       teur»(l 


) 

<  côté  » 
«  dos  » 
id. 


sputatiou, 
excrétion 


couper 


id. 


(1)  Jeu  d'écriture    :    <:  qui  e.st  dans  la  bouche  »  ;   puis    :    «  qui  a  la  bouche 
(la  parole)  ».  Cf.  A.  Z.,  XL,  p.  142  ;  LU,  p.  107. 


122  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


tiLines 
Hier,  j     pho- 
nétiques 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs 


poumons 
mamelle 


cœur  suspendu  par 
une  artère 

bras 


bras  avec   la  main 
pendante  on  re- 
tournée 


bras   armé  d'un  os 

de  mouton 
bras  présentant  un 

pain 


bras  présentant  un 

gâteau 
bras  présentant  un 

vase 


I 

sni 

^ 

(ninz) 

{mn) 

o 

yh 

A 

nfv 

,.     n 

' 

[rdy) 

^     n 

(nnn) 

r.     (\ 

(mil) 

{grh) 

ih») 

^ Q 

(vhf.) 

A.  _û 

{rdy) 

{dy) 

û    ./) 

m  y 

a    _n 

(Imk) 

'77  X  ?  ■  poumons  ;> 


mamelle, 
nielle  :>  j     allaiter 

àwvÂa       \^  «  allaiter  » 


y 


«  bon  ) 


action  manuelle 


I   «  bras  » 

donner  ■> 

,       porter  sur 
_         e'paule:)  j     ,, 
i'"""i  1  épaule. 

°«=K.      ,.-, û   «coudée» 

^     X    ^ fl  «  cesser  :> 

^ û  «  chanter  » 

^ D    «  fort  :>    action  manuelle 

«  donuei*  ■■> 
«  donner  » 


iX B  "■  donner  » 

«of- 
frande» 


donner 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    123 


Doser  iptiou 


ï-igi  es 
Hier.      pbo- 
inétiques 


Sio'ues-raciues  : 


Signes 
détormiuatifs  : 


bras  tenant  un 
sceptre 

bras  tenant  un  fléau 

bras  tenant  une 
massue 

bras  élevés 

bras  tendus  en 
avant 

bras  étendus  laté- 
ralement les 
paumes  vers  le  haut 

bras  maniant  une 
rame 

bras  tenant  une 
hache  et  un  bou- 
clier 

nui  in  vue  de  face 

nuiin  vue  de  ])ro(il 
la  i)aunie  vers  le 
haut 

main  vue  de  profil 
la  paume  vers  le 
bas 

poing 


Wl 

zsr 

L-J 

[hio  ') 

y 

ih'-p) 

u 

k' 

0 

«^j^-^ 

n 

(ywt) 

^ 

hn 

Q£x 

m 

^ 

d 

"i^::^ 

[zr) 

<;s^ 

kp 

Cri 

ibf) 

Cm) 

Y}<=^%^ 


blime;î 


«protéger» 
«donner  le 


□        ^f^         ])remier 
coup  à  la  victiTiiea 

I     1  I    '■  génie  /c*» 


soutenir 


^-A-^ 


iiéijnlion 


i  _2r  0    liégatij 


/>AAAA; 


combattre» 


o  "v^ig^   «  main  » 


<^SXi  «nuiin  » 


étreindre, 
diviser 


"Ci^  -<  poing  :>    poing,  saisir 
l^e.   «saisir. 


124  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description  Hier 


signes 
pho- 
nétiques 


Sicues-raciiios 


Signes 
déterminatifs  : 


doigt  vertical 

deux  doigts  verti- 
caux 


doiut  horizontal 


intestins  (?) 


phallus  (^organe) 
phallus  {fonction) 

organes  féminins 

id. 
jambe  allongée 


'^ 

K) 

<^^ 

(9) 

(vitr) 

^ 

(t'y) 

{dqr) 

. ) 

(Qf') 

(ph,-) 

{Mn) 

(iczh) 

' — u) 

mt 

f Lu 

{h'h) 

ik') 

«>-=' 

h 

^     . 

h  m 

r 

h 

Jl 


:  doigt  ' 


.  mettre 


A 

en  équilibre 


^=0) 


«  témoigner  » 


équilibre, 
équité,  justice, 
témoianage 


ooo 


A 


J 


D 
autours 

J 


I  fruits.) 

«intes- 
tins» 

«cir- 
culer 


id. 


IJ 


id. 


'=u) 


( — Lu  «phal- 
1        lus» 

\     j   ' Lu  «taureau» 

»— =■         «ventre» 

I 

\^  Ci    «femme» 


virilité,  géné- 
ration 

virilité,  géné- 
ration, 
urine 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    125 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Siffues-racinos 


Signes 
déterminatifs 


jambe  pliée 


jambe  pliéo  et  cou- 
teau 

paire  de  jambes  al- 
lant en  a\ant_(l) 


paire  de  jambes  al- 
lant en  arrière 

lambeau  de  chair 


1 

iw'r) 

{rd) 

% 

^ 

{th) 

A 

(yu) 

(.(/»") 

/V 

('») 

^ 

(y«/) 

^    ) 

ih') 

Ci  ^  e jambe:: 

^    «  pied  > 

^     \{C     «  transore.s- 
ra     Jr         ^er» 


jambe,  action 
de  la  jambe 


transgression 
mouvement 


(|  A  V:>  «venir» 

A_    <  retourner  '     retour,  recul 
M  '^  *; —      Û    «cliair»  ,  chair,  membres 
X  ,3 D    ^     .meml)re" 


IV.  Mammifères. 


taureau 


vache 


5^ 

i'c') 

il/h) 

iy»^'} 

{»9') 

^ 

(k'.i) 

{yh-t) 

i''')    I  M   ^    «taureau. 


f=Gi 


A  P  y. ,    «tête  de  bé- 

4i5f^       taiU 

AAAAAA   «^ 


I  «vache» 


taureau, gros  bé- 
tail 


vache 


(1)  Sur  le  signe  A  en  composition   cf.  p.  .'{3    :   i   U  i  sm  «  aller  >  ; 
jjs,  sy  {'?)  «  aller  »  ;     A    yw,  «  amener  »  ;     °-jy^    >jty  «  prendre  »  ;     ^^^ 


«  conduire  ». 


126          INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 

~ 

T-.          .      .                                   Siennes 
Description         ;  Hier.      pho- 
nétiques 

s  ignés- racines  : 

Signes 
déterminatifs  : 

T" 

veau 

1B 

{hh») 

JLfe?^^^''''''"^' 

i 
1 

1 

animal  nouveau  né 

^ 

yw 

gazelle 

h 

ighs) 

S|P  ^   ^gazelle* 

gazelle,  anti- 
lope, chèvt-e. 

gazelle  portant  un 
Collier  à  cylindre 

hî 

ish) 

^ — °  l^^'''^^*^^^* 

petit  bétail 

bubale 

^ 

(Si) 

«bubale» 

chevreau  dansant 

^ 

yh 

Jj  ^^  'savoir  soif» 

bélier 

t5? 

[sr) 
(hnm) 

v7  ^^  «bélier  sacré» 
«Khnouni» 

cheval 

H 

(sum.t) 
(k/r) 

«cheval» 
|^_^^|^<:  attelage. 

cavalerie,  atte- 
lage 

félin 

yS' 

(qnd) 

^       r*w-f?    «t^trc  en   . 
ç-^;^    JfJi      eo  ère:> 

chacal  passant 

^ 

ih 

^j      -^  «chacal. 

chacal  couché 

H 

{y"p) 

wp  to\ 

lot) 

1  D  Jr       bis»  1 

«le  tlieu  qui  ouvre  les  ' 
cheniiiis» 

1 

TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    127 


Description  Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Sii;iies-raciiies 


Signes 
déterminatifs 


chacal  couché  sur 
une  chapelle 

lion  passant 
lion  couché 
t;irafe 


aniinnl  ty|>lionien 


M\ 

{>/np) 

{hry- 
sst') 

3^ 

("»V) 

_2^ 

rw 

h 

SI' 

\ 

■^^ 

tcn 

^ 

(■'0 

{nën) 

<Anubis>; 


.sesseur  du  secret  • 


cf. 


"irafev 


«dis- 
poser» 
^^^      «nome   du 

^         Lièvre» 

1 1 1 1 1 


)y 


r.Set» 
f effroi» 


tête  de  taureau 

tête  de  veau 

tête  de  taureau  avec 
son  œsophage 


V.  Membres  de  mammifères. 

^  aliré\iat ion   de     >Ç5| 

i£f  cf.  i>.  121,  nez  iiunuiin 

{'m)      ^ — D  ^     J  «avaler» 


chose  funeste 


tête  de  bubale 
protonié  de  bubale 


^ 


{W 


cf. 
id 


128  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Descriptiou 


feignes 
Hier.  ,    pho- 
jnétiques 


Sijiues-raciues 


Signes 
déterminatifs  ; 


protomé  de  bélier 
tête  de  liou 
protomé  de  liou 
tête  d'hippopotame 


I      'v'v      I 


^    I    W) 


^M 


iV) 


^M 


i  ^  «puissance» 

1=^    <:  vaillance 
«partie 


V    i'>p>  yp 


emblème  à  cornes 


T 


défense  d'éléphant 


côté  des  moustaches 
d'un  animal  (?) 

régularisation  du 
signe  précédent 

dent  canine 
oreille  de  bovidé 


\> 


(yw) 

'b 
(db) 

bJf, 
hw 

ym 

(mszr) 
{szm) 
(ydn) 


V 


I    antérieure» 

^^  <  instant» 

^     «  sommet, 


I         front:: 


vN  ^     «ouvrir» 


«touc- 
tion» 


opposition, 


inimitié 


'^~~-^    Il     \v     «corne:>    | 

(]    ()  8      _   ,dent»    !  «P'^i-ation  de  la 
S  J  A  !     bouche 


S 


aliment» 


«côté 


id. 


forme  tardive  de 


M        1    ^  «oreille»  i  écouter,  surdité 
v^  «remjjlacer» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES     129 


Description 


Signes 
Hier.        pho- 
nétiques 


Signes-racines  : 


Signes  | 

déterminatifs  : 


organes  femelles 

arrière-train  d'un 
animal  couché 


_^ 


cuissot 

fémur  entouré  de 
chair 


jambe  d'unguipNle 

le  viênie  nurmonlé 
d'un  X 

queue  d'animal 

peau  d'animal 

peau  mouchetée 
d'animal 


peau  servant  de 
cible 

trois  peaux  d'ani- 
mal réunies  par 
la  tête  (stylisé) 

Sottas-Driolon. 


//'^^ 


1^ 


T 


pfi 

(hpë) 

{yw) 

whm 
whm 

{sd) 


U 


_^ 


z^  «femelle» 

(2   «arrière- 
\\      train» 


A  —       teindre» 


.^ 


«arrière-train» 

®    D  «cuissot, 

bras,  force» 


mu- 
ion» 


(«0 


«jambe» 

i  ^^    !y  néruti 

I  «jambe,  sabot» 

X  ©. 

«répéter» 

=3    «ipieue» 


PÏJf 


t  moucheté» 


souvent  confondu  avec 
le  précédent 

I  i:^  ïï       «lancer» 

«naître» 


quadrupède 


130  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


bignes 
Hier.        pho- 
nétiques 


Siffues-raciues 


Signes 
déterminatifs 


cuir  d'animal 


outre  liée  et  gonflée 


vautour  égyptien 


vautour  gyps 


faucon 

faucon  sur  son 
perchoir 

faucon  sur  l'éten- 
tard  de  l'occident 

faucon  sur  un  per- 
choir planté  dans 
le  signe  qui  dési- 
gne la  nécropole 

fauc-oii  luoiuilié 


aiiik 


c*=<k 


hn        /TTi 


éd 


c*=^ 


:<  outre» 


5 outre 3 


VI.  Volatiles. 


tyw 


employé 
aussi  pour 

AAyWNA 


(hr) 


{ntr) 


«vautour» 


c^   «mère» 


>Horus» 


i'hm) 


tyw 


;:dieuï 


forme  archaïque  de  W 

forme  archaïque   de 
cj^,  cf.  p.  143;  145. 

Vv>\.     c=- —^  /ll^'lTWk\\ 


liviiH 


faucon 


divinité 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    131 


Description 


I  Signes 
Hier.  I     pho- 
nétiques 


Sigues-racines 


Signes 
déterminatifs 


rapace (?) 

hibou 

passereau 

hirondelle 

petite  cailh 


phénix 

phénix  sur  un  py- 
ramidion 

ibis  à  aigrette 
ibis  sur  un  pciclioir 


échassier  cherchant 
sa  nourriture 


flamant  rose 


& 


^ 


(irr) 
vor 

zb 

10 

{rh) 

(hnw) 
{//h) 

a) 

izhwty) 

gm 

b' 

(dSr) 


<être  petit 


sêtre  "rand» 


petitesse, 
j     méchanceté 


\¥'%,'^ 


«humains» 


J 


o  e 


«phé- 
nix» 


I     y    "^S-    «inon- 
dation» 


briller» 

«Thot» 
(^t^^  V\        «trouver» 


«être 
rouge» 


9* 


132  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


cormoran 
sarcelle  (?) 
canard  pilet 

(oie  sauvage) 

deux  canards 

canard  remuant  la 
tête 

canard  volant 
canard  se  posant 


Hier. 


!<i«iies 
nétiqnes 


.SiîTues-racines  : 


Sianes 
détermiuatifs 


oisillon 


oisillons  au  nid 


oie  rôtie 


oiseau  à  tête 
humaine 


1 
(r) 
(prZ) 

[rh  ty) 

{sd') 

P 


(ywn) 
(.?»(z) 


CUV 


centrer  s 


;;mets» 


n     -^        «vola- 
-^^  ^^    tile» 

<^^     «fils» 

-9  «oie  sau- 

H^       vaffe» 


UL         «blanchisseur» 

;trem 
bler>: 


«  voler  >: 
-voleter:; 


équivaut  à     .   Ijounie- 

rang',  ou  se  combine 
avec  lui 

t^^Zr  I     «  oisillon  s 


^  ter» 
:nid» 


I    W    ) 


^        ^   «nid 

/\AAAAA 

r\         i         ^AAAAA 


«crain- 
dre-) 


oiseau,  insecte 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    133 


Description 


Signes 
Hier.        pho- 
nétiques 


Sienes-racines 


Sii;iK'.s 
dôteriuiuatifs  ; 


VII.  Membres  de  volatiles. 


tête  de  vautour 

tête  de  pélicau  (?) 

tête  d'oisillon 
aile 

plume  d'autruche 

griffe 
œuf 


{dnh) 


iw 


•^   «être  forts 


^ 


D^. 


id. 


:<pains 


Ws^     <;aile» 


V^\>^  <; plume 


^^4 


«jus- 
tice» 


{swh)     0^1   '^  Q   «œuf;> 
(*')     !  Q   I     «fils» 


voler 


prendre 

noms  propres 
féminins 


VIII.  Poissons,  Reptiles,  Insectes. 


tylapia  uilotica 

mulet 

oxyrrbynque  (?) 


Od 

yn 

{r,n) 

^ 

(*«-) 

<==>, 

C\  <e-i 


:<p01S- 


«mu- 
let» 


poisson 


horreur 


134  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Hier. 


le  même 
crocodile 


crocodile  contrac- 
tant .sa  queue 

crocodile  sur  un 
naos 

lézard 

têtard 
limace 

serpent  allongé 

serpent  pénétrant 
dans  sou  antre  (?) 

serpent  rampant 
uréus  levée 
scorjjiou 
.scarabée 
abeille 


"Î 


Signes 
pho- 
nétiques 


{bs) 

K 

'd 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs  : 


j- 


^ 


<  intro- 
duire» 
«ca- 
davre» 
«croco- 
dile» 
«ra- 
ger» 


«contracter» 


{sblc) 
(Y) 

f 

z 
[riiz) 


PJ^^^a'^S^^^'»^^^ 


I   w    I    P^  ^'^^  nom- 
breux» 


■^5^   «têtard» 

Aft/VV\.\ 

^^         «serpent» 
être  profond» 


{srq) 


ureus» 
«scor- 


hpj 


ih) 


rfi  «scarabée» 


«miel» 


reptile 
déesse 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    135 


Description 


Hier. 


signes 
pho- 
nétiques 


Signes-raciues 


Signes 
déterminatifs 


arbre 
treille 

branche  d'arbre 
épine  d'acacia 

pousse  de  palmier 


même  signe  conihiiié 
avec  la  lettre  D 

même  signe  covihiné 
avec  la  lettre  < — ^ 

même  signe  combiné 
avec  la  lettre  ^ 

ffousse  de  caroube 


épi  barbu 


grains  de  céréales 


A 
f 


IX.  végétaux. 

ym'     j  (J      j?    1)  nom   d'arbre  '  arbre 


Wrr)  I  (j 


«Vigne» 
ht     '  I    «bois»     I  objet  en  bois 

Ci 

D 


spd 


A    «pointus 


, ,,         I       <5^        "        «Tannée» 
^      I    D    ©    dans  les 
j     datations 
I  Même  valeur   que   les 
sigfnes  .suivants. 


rjljj)         AAAAAA 

D 

Ci 

tr 


rtre  ioune» 


s  temps» 


{nip.t)  I 

nzm    I    "— =^     Q 

!  ^ 
<=>   y 


:<d0UX» 


(  sucré» 


(id)   ||, 


o  ,••■'—'    «ami- 
donnier» 
(yt)    '  (j  Ci      0  t>  0    «céréales» 


céréales 


136  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Hier. 


Signes   1 

pdo- 

Détiques 


Sif^ues-racines 


Signes 
déterminatifs 


gerbe  de  lin 

botte  de  roseaux 

bouton  naissant 
sur  sa  tige 

même  xigne  doublé 
branche  fleurie 
champ  de  roseaux 


panoncule  de 
roseau 

double  panoncule 

panoncule  combiné 
avec  (?) 


champ  de  lotus 


\ 


fleur  de  lotus 
bouton  de  lotus 


^ 


:<être  limités 


ys 


(nhb) 


(1&  — ^ 


■^  y  n    «^bou 

J    T  de  fle 


'^^^    n    '^      -bouton 
leur^ 


4-   T, 


(sën) 
wdn 


hn 

(4)     II© 


(sni) 

y 

y 

C'b) 


îchamp» 

«  her- 
bages;» 


J 


«offrande;; 


«pays  inondé» 

(1  ^^  JjJU  ^-inonder» 

lotus»    fleur,  joie 


végétation 


«of- 
frande» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    137 


De.sciiptiou         j  Hier. 


!   Signes 

pbo-  Sigues-raciues  : 

nétiques 


Sig-ues 
détermiuatifs 


feuille  de  lotus 
bouquet  de  papyrus 


papyrus  émergeant 
de  l'eau 


papyrus  coiubiué 
avec  le  sigue 
de  la  ville 

tige  de  papyrus 

joue  eu  fleur 
id.  avec  la  lettre 

id.  avec  la  lettre 

joncs  en  fleurs 
combinés  avec  le 
signe  de  la  ville 

jonc 


mêine  signe  combiné 
avec  ^  (1) 


<3 
>< 

^' 

f 

II 

[yàh) 

{mh) 

î 

w'z 

ém' 

* 

1 

f  5 

('■*) 

% 

5    ; 

sw 

(ny 

sw.t) 

i 

(sw.ty) 

«plante 
aquatiques 


\      \m'  *'^  bourré 
de  papyrus» 
1=^1    |. Delta. 
=-=><v      Ci  Mf     «nord: 


fnî 


papyruss 


*■ 


«Haute 
Egypte» 
«faire  de  la 
nuisique» 

«sud» 


] 


«jonc» 

«roi  de  Haute 
Egypte» 

«roi  de  Haute 
Egypte» 


marécages 
du  Nord 
de  l'Egypte 

id. 


Basse  Egypte 


Haute  Egypte 


(1)  Pour  -1-fl  et   1,   cf.  -^  et 


138  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description         1  Hier. 


Signes 

pho- 

uétiques 


Sijjues-raciues 


Signes 
déterminatifs 


X.  Eléments  cosmiques  et  géographiques. 

ciel  F=^       [p]    i  D     Cl     \, g  «ciel»       j 


ciel  avec  un  astre 
suspendu 

pluie 


soleil 


soleil  dardant  ses 
rayons 


soleil  levant 
soleil  à  riiorizon 
croissant  lunaire 


étoile 


O 


I 


Up-i/J 
ip-h) 

{y'd) 
('•') 

ihrw) 
[ssio) 
hnm 

{wbii} 

Cb) 

Wb) 
{ijhd) 

sh' 
dw' 


«ce  qui  est 
au-dessus» 


"ir 


aiuiti 


«rosée» 


ra 


o  I   <- soleil» 
«iour>: 


(durée) 

tk    Q       «jour» 
7f       (quantième) 


:les  humains 


^è\       ^AAA/v. /Acbrille 
"      «se  lever» 


(Ol  «horizon» 
=^  «luui>:> 


^        «mois» 


«étoile» 
étoile  du 


matin  : 
{wnw)\  ^^  O  o  ^    «heure: 


nuit,  soir 


lumière,  temps 


rayonner 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     139 


Description 


Hier. 


.   Signes 
\     pho- 
Inétiqnes 


S  ignés -racines 


Signes 
déterminatifs  ; 


étoile  dans  un 
cercle 

languette  de  terre, 
avec  ou  sans 
granulations 

butte  de  terre 


col  entre  doux 
montagnes 

chaîne  de  mon- 
tagnes 


tertre  avec  trois 
touffes  d'herbe 

languette  de  terre 

angle  de  terrain 

lopin  de  terre 

route 


{dw') 


«région  de  l'Hadès» 


31 


même  signe  surmonté 
de  < 


X 


W) 
zw 

(smy) 

{y') 

{ydh) 


{intii) 
(vii') 

(sw') 


A 


«terre» 


«butte 
de  terre» 

I   «montagne» 

«pavs 
étranger» 

:dés(>rt,  nécroi)ole» 
«lo- 


qU-^-vJ 


calité» 


1-J 


^IK* 


%ï 


route» 
«die- 


désert,  paj^s 
étranger 


pays 

pays 

'pays,  terrain 
délimité 

éloignement 


|..     t=3a  ^     ^^  «mar- 
M^  ^ D  ■^^  ciier» 

^    ?  j^  y  «s'éloigner» 


m 


X 
«passer  auprès» 


140 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Description 


Hier. 


Signes 
i     pho- 
nétiques 


>igues-raciues 


Signes 
détermiuatifs  : 


terrain  partagé 
par  des  canaux 


terrain  de   forme 
elliptique 


tronçon   de  canal 


bassin  rempli  d'eau 
bassin  à  sec  avec 

berges  inclinées 
coupe  horizontale 

d'un  bassin 

rempli  d'eau 


surface  de  l'eau 
même  signa  triplé 
orificed'un  antre(?) 
bloc  de  pierre 


même  signe  triplé 


t        ) 


{hsp) 
Çh) 


¥ 


A/SAAA^ 

91 

AAAAAA 

AAAAAA 

inw 

AAAAAA 

n 

(mz) 

CD 

{ynr) 

"     «terrain 

□  de  culture» 

D    <=^     mil     ^.nome« 


\\ 


division  de  ter- 
ritoire, nome 


«île» 

«ho- 
rizon» 


K canal»     bassin,  fleuve 


cf.  '  —  1,  métier  à  ti 
.ser 

1   \\    I  I    «lac» 


confondu  avec  ^  or- 
ganes féminins  et  H^ 
fer  de  hache,  et  ré- 
ciproquement 


n  «di 


I    1     «pierre» 


eau,  liquide 


minéral 

substance 
minérale  ou 
pulvérulente 
id. 

signe  du  pluriel 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     141 


Description 


I  soignes  ' 
Hier.      pho- 

nétiqnes  i 


Sio'nes-racines 


Signes 
détermiuatifs  ; 


XI.   Constructions  et  parties  d'édifices. 


localité  avec  deux 
avenues 

plan  d'habitation 

enceinte  de  château 
avec  porte  forti- 
fiée 

cour  de  maison 
rue  en  zigzafr 


enceinte  bastionnée 

le  même,  tombant 

tour   du  Palais 
façade  d'édifice 


pyramide 
obélisque 


© 

(») 

1 1 

pi- 

n 
il 

(h) 

ra 

h 

m 

(""•'•) 

(nm) 

;  i 

{ynL) 

(sht;/) 

%\ 

C^ 

ïij 

a) 

u 

A 

{mr) 

cL!i 

{thn) 

rs/I\/i 

(Sn) 

«ville» 


y 


Z2  I     «maison» 
Ci     «château» 

ra         '         «cour  (?)>: 
z:>  c^   U"]    «rue» 

«traverser» 

'muraille:: 

urailh': 


m 


u:  0  - 


I      h]     «palais» 


qqf.  pour  tente 

if  k  À    '",■ 

1  <:3>  !■      \|  ramide» 
obélisque» 


('^")      9         ti£\l  '^grenier» 


ville 

bâtiment 


muraille 


destruction 


pavillon 


142  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs 


aire  circulaire  cou-      © 
verte  de  grains     1    © 


escalier 


porte 

vantail  de  porte 


©    1 
©    J 

iïï 


iiiiiiiii 


(rw) 

C) 

(wn) 

s 
ywn 


o    ©      «aire;> 


%'errou 

colonne  cannelée 
avec  chevron  pour 
fixer  le  linteau 

coin  de  muraille  [j — '       [qnb) 

tente  dressée 

étal 

piquet  de  tente 


ji<sesc!i 
^^c£^  lier- 

y'      «monter» 
^?\  c^  ^Y  «porte»    porte 


escalier,  monter 


imilliJ     «vantail» 
•iiiiiiMi     «ouvrir» 
—     I     «verrou» 
«colonne» 


[P    «angle» 

AA    «s^ 

"»  I T  nn  •'"*" 

{shn)  !      ®     ^  «étai» 

/VSAA/^A  I 

n  ^-^:'~^  «  colonne  » 
V\    «erand» 


cf. 


pavillon  do  jubilé 


H) 


'T~rf~T    «pavillon 
;  y  l'iode  jubilé» 


XII.  Mobilier  et  utensiles  d'usage  domestique. 


siège 


H 


£2,    «Sièges 


htm    1  X   ri 


«chaise» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     143 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Simes-racines  : 


Signes 
déterniinatifs  ; 


chaise  à  porteurs 
escabeau 

socle 

table  servie 


lit,  avec  ou  sans 
momie  coucli('(> 


chevet 

tenture  roulée  (?) 

porte-jarre 

coifl'e-jarrc  (?) 

sac  ouvert  et  en- 
touré de  cordes 

a]Iuin(>-feu 

ventilateur  (?) 

tas  de  cliarbon 
brûlant 

fourneau  de  potier 


S 

D 

M 


Ml 
Y 


D 


{ivts) 

9 
(n.9) 

P 

{ivJh) 

{hnk) 
(szr) 
(wrs) 

h'p 

hr 

zh' 

fyn 

z 
w'k 

km     ! 


j^:^^  «chaise 
1  porteurs» 


^     5     «siège» 
D    I    <  socle» 

«table  servie» 


I  <:zi>     *^     ^    couché» 


être  couché 


clievet» 
«cacher» 
sous»  cf.  p.  130. 


t 


X      «allume- 
,  ,-^        feu» 


«poser» 


«être  noir» 


D 


a    «ê' 

'4    cha 


tre 
aud» 


144  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


brasier  fumant 


ombrelle 


pilon 

pilon  avec  son 
mortier 


pierre  a  aiguiser 
support  tle  balance 

sarcophage 


I  Signes 
Hier.        pho- 
nétiques 


T 


1 


ih'h) 
(sw) 

ty 

(smn) 
{hsmn) 


Signes-racines  : 


Signes 
déterminatifs  : 


'V: 


■!:brû- 
1er» 

.ombre» 
ombre» 


feu,  chaleur 


ombre 


AAAAAA 


^établir»     pesanteur 
matron» 


î:guider>: 
y  Y]    '  porter» 

m 


■■  élever  > 


A 


:<  sarcophage» 


ensevelissement 


XIII.  Matériel  de  culte  et  pains  d'offrande. 


autel  chargé 
d'oflfrandes 

pain  d'offrande  sur 
une  natte 

vase  à  purification 
cassolette 


T 


r 


W) 

(hip) 

{w'h) 

h' 


■w-rz 


^  a 


i;  poser» 


\~4r:z. 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     145 


Description  Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Si"ues-raciues 


Signes 
détermi  natifs 


instrument  â,  fumi- 
gation 

perchoir  divin 

partie  des  en- 
seignes divines 

(?) 

mât  de  teni|)lo  (?) 

colonne  osirienn»^ 

étendard  do  l'occi- 
dent 

étontlard  de  l'orient 

pain 

pain  blanc 
pain  allongé 
galette 


cr<=^ 


1 


(y") 

nty 
(mn) 
{hm) 


!  izd) 

(ijnui) 


galette  (?) 


ô 
Q 
8) 

A 

en 
© 

e 


(il/ 


/''^  «par- 
j^f^      □      fumer 
par  fumigation» 

«perchoir  divin > 

yw\A  1 — 1 

=5  I     «dieu» 

^  a   «le  dieu 
T     ^     Min»(l) 
®    gL  «sanc- 

tuaire» 


:  colon ne>: 


•:  durer» 


n  ttt^     l  'droit, 
i  ^AA/>/v^     P  occid.Mitab 

tf  V\  «droit» 

A  -R        n  .0.  «oriental, 

4  ^^  J)  T  Seiche» 

A 

(/) 


<-pain>: 


-donners 


r© 


dieu,  cf.  p.  130 


pain 


ralette:: 


«  neu- 
vaine» 


(1)   al. 

AAAAAA 

Sottas-Drioton. 


^^. 


10 


146  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Signes 
Hier.       pho- 
nétiques 


Sieues-raciues 


Signes 
déterminatifs 


couronne  blanche 
(de  la  Haute 
Egypte) 

couronne  rouge  (de 
la  Basse  Egypte) 


double  couronne 
plumes  géminées 
couronne 

épingle  à  cheveux 
collier  d'or 

pectoral 


cylindre  avec  col- 
lier 


XIV.  Parures  et  vêtements. 

^*   ^      '  V      blanche» 


V 


pendentif 


a 


<?-^>c-. 


(dSr) 


p  /  « 
H 

1    \S    I   <:^   \J      id. 


couronne 

rouge» 


(â 


[sw) 
{mil) 
mzh 

'b 
{nb)    I  PhwO  «or 

thn 


roi  de 

Basse  Egypte» 
^  C^      «double 
\\    v     couronne» 
les  deux 


v\  'f'  plumes» 
«cou- 
enne» 


"=^.  i     Q    r 

O^  tur 


«cein- 
e» 


'v'v"v'        chose  brillante, 
éclair,  tempête 


S 

imi      ' 


«être  brillant j 
{htm)         ^^\         y 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PKINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     147 


Description         I  Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


i  pièce  d'orne- 
mentation 

I  nœud  de  ceinture 

' pagne 

I 

i 

1  manteau  roulé 

! 
vêtement  de  voyage 

vêtement  exotique 

pièce  d'étoffe 

pièce  d'étoffe  avec 
bandelette 

bandelette 
bandelette  nouée 
sandale 

XV. 

bateau 


(hkr) 


{Snz) 


Sienes-racines  : 


Signes 
déterminatifs  : 


1    W     I 


«pagne» 

Y        » garde» 

I?     S\  1     (')      i  v= — 11/^113  «interprète» 
^t^  j     {stj        ls=5c?=^  «Syrie» 

g       t   y  ^  (Il  «sandale» 


d'étoffes 
"cvête- 

nient» 


vêtement 


bateau  renversé 

bateau  avec  sa 
voilure 


(dmz) 

Navigation  et  engins  de  pêche. 

bateau. 


.  .  .  e 


^^ 


(hd)  ; 

î 
(hnt) 


ba- 
teau 
.  .  etc.  .  . 

:  descendre 
le  fleuve» 


D 

^AAAAA 


«ren- 
verser» 


«remonter  le  fleuve» 


naviguer 


naviguer  à  la 
voile 

10* 


148  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


bateau  de  pêcheur 
avec  filet 

voile 


mât  à  échelle 
rame-souvernail 


Hier. 


hameçon  de  bronze 

le  même,  vertical 

I       I 


Signes 
pho- 
nétiques 


{tw) 
(nf) 

(km) 
{hrw) 

{yh) 

{hnr) 


Signes-racines 


«pê- 
cheurs 


^2^^  «veut 


y^^  «souffle» 

M  ^ se  tenir 

y  debout;» 

^  ^\     '\^    «rame- 
gouvernail» 

□  U     «rame5> 


1^ 


Q^-^    «prendre 
G — #    au   filet» 
«retenir 
prisonnier» 


Signes 
déterminatif3  ; 


vent,  air 


XVI.  Armes,  bâtons  et  engins  de  chasse. 

D 


bois  de  Tare 

arc  nubien 
deux  arcs  liés 


{pz) 

(*) 
(n) 


u 


a.  [Ny^y] 


«are» 

''tendre» 

(Nu- 


bie» 
Neith» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     149 


Description 


Hier. 


Signes  j 

pho-  Sig'ues-raciues 

nétiques 


Signes 
déterminatifs  : 


corde  d'arc 


flèche 


poignard  dans  sa 
gaîne 

coutelas 
couteau 
hache 

fer  de  hacho 

ina.ssue  îi  tête 

sphériijue 
nuis.sue  A  tête 

conique 

casse-tête  en  bois 


^ 


J. 


rwd 


{swn) 
(tp) 


\^1!^ 


:; corde  d'arc 3 


ô^    lier>> 


r   w    I  1 1  <::ir>     < — m 
«floche» 

vendre;: 


n  * 

I       AAA/VA 


D 

/NA/VS/VA 


{mdk) 


ft.v' 


premier» 
<;  billot» 


«nieuuiser>: 


J(j'^^''"^^tal» 
^^      «massue» 


couteau,  couper 


bâton  pastoral 


(brp) 

(W) 
i'w) 


m  A   «ca 

^°     Y  u-, 

^    a     «crosse» 


casse- 
té». 


«bâton 
pastorah 


150  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description  Hier. 


bâton  avec  ou  sans 
pièce  d'étoffe 

bâton  fourchu 

bâton  à  tête  de 
lévrier 


le  même,  fourchu 

le  même,  avec  plume 
d'autruche  et 
bandelette 

autre  variété 
boumérang 


11 


bâton-massue 

courbache 

harpon 


1 


Signes 
pho- 
nétiques 


{rs) 

(szb) 
{wsr) 

{lo's) 

{z'm) 
("m) 

(<^") 
{nha) 
{qni) 

(tn) 
mdw 

mh 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs 


1 


s  veiller» 


]   «       I     «balayer» 


«puis- 
sant» 

nom  de 
sceptre 


o  ©      <:Thêbes>: 


:::ik1 


!flllllll 


nom  de  j 
sceptre 
«asia- 
tique» 


peuple  étranger 


I  Q  O    «libyen» 

1 


W  I  «nègre» 
claucer» 
K  élever» 


«bâ- 
ton» 


'="=^     «remplir» 


arme  de  jet 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     151 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Signes-racines  : 


Signes 
déterminatifs 


pointe  de  harpon 

en  os 
entraves 

piège  à  filet 

coupe  d'un  objet  en 
vannerie 

échafaud  (?) 


-MS° 


ft 


(qrs) 


(sht) 


(Sms) 


«os» 

"iM^     «gardes 

«tendre 
un  piège» 


ossements 


meuble, 
corbeille 


::^^. 


n  ^  «accom- 
^ I    ^  pagner» 


XVII.  Outils  industriels  et  agricoles. 


herniinette 

herminette  sur  un 
morceau  de  bois 

ciseau 
poinçon 

foret  îl  mèche 

autre  forme  du 
même  iitiitrument 

maillet 

masse 

creuset 

pièce  d'échafaudage 

traîneau 


^ 


'"«,Pn    ^ 


«her- 
"  minette» 

«cou])er» 


t 

D 


{mnli) 
mr 

(hm) 

(wb') 
hm 
nz 

(hml) 

qd 


AAAAAA      lO 


^ 


«artisan» 
«ouvrir» 
maillet» 
«moudre» 


^^icnr 


JJ   o     «cuivre» 

o 

r~B^  «cons- 

|_Pj  truire» 

@^^  «traî- 

w\.  neau» 


métal 


152  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


I   Signes 
Hier,  j     pho- 
[nétiqaes 


Sigiios-raciues 


Sigues 
déterminatifs  : 


bascule  à  monter  les 
matériaux  (?)(!) 

fuseau 

dévidoir 

navette 

métier  de  tisserand 

(?) 
représentation  du 
ti.ssage  (?) 

faucille 


pioche  creusant 
une  fosse 


^^3:7      (kb) 


î.f 


{bsf) 


hovau 


charrue 


14 


«fête» 

«filer  au 
fuseau» 
-W       %       «or- 
°       1   donner» 


cf.    1       1    tronçon  de 
canal 


^ 


{mnh) 


I  v^  I      «vête- 
A     X     meut» 


{9'-ff) 


S 


S 


ir        «creu 

•^^^ — a      ser     i 
une  fosse 


^      «lier» 
Q     vX        V"    «piocher» 
rOj    N-^    «charrue» 
{■fk')       1  [_j  "^N^   «labourer» 
'Vi  «sillon»  (?) 


labourer 


(pr) 


I    W    1 


«semence» 


(1)  Cette  interprétation  paraît  s'accorder  avec  le  sens  du  verbe  fi    | 
j     1^^^   i|iii  exprime  la  démarche  cadencée  de  l'oie. 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     153 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Sisiues-raciues 


Signes 
déterminatifs  ; 


mesure  de  grains 
crible  (?) 

pressoir 


..Û 


\J^ 


(2/0 


(mzd) 


"i— I    «céréales»     céréales 


UU> 


cpres- 


XVIII.  Ecriture,  Musique  et  Jeu. 


nécessaire  (le  scrilie 


livre  scellé 


tablette  de  bois 
stuqué 

sistre 

flûte  (?) 

échiquier 

pion 


terrine 


w 

(*i) 

(h")    ' 

<— «-^ 

(niz) 

! 

idmz) 

=^ 

(•) 

f 

{.Se) 

m" 

,u.^ 

vm 

û 

iy'>') 

(ftgft. 


_> 


«écrire» 
lil  «bariolé» 
,  I  w  ,  «livre» 
,  w  ,  «livre» 
^=  «tablette» 
W  «si.stre» 
_D  «être  vrai» 


idée  abstraite 


Ukû-^ 


échiijuifr 


XIX.    Vases  et  Corbeilles 

j  (tvsh)     ^  1 1  ®  CT  «être  large» 


«.-^AAAA  o  \^  «chope»  I  vase 


godet  de 
scribe» 


154  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


I  Signes 
Hier.        pho- 
nétiques 


Siffnes-racines 


Signes 
déterminatifs 


vase  à  parfums 
scellé 


coupe  scellée  (?) 
vase  rond 


vase  rond  à  goulot       ^ 
!    =0= 


{h's) 
[mrh) 

nw 
(^hnw) 
(lodp) 


A    i^     ^    «bièrea 


vase  rond 
à  oreilles 

Les  trois  vases  précédents  sont  en  pratique  interchangeables. 


Ϋvase 
à  parfums» 

*j^      «huile 
u  parfumée» 

O      «bétail» 


«inté- 
rieur» 
•échan- 
son» 


parfum 


vase,  liquide, 
opération  du 
potier 


l 


vase  rond  suspendu 

biberon 

vase  géminé 

cruche  y 

vase  en  pierre  dure      , — ^|> 


Ol 


aiguière 
gargoulette  avec  jet 


my 
{yrt) 
{yrp) 
hnm 

(m't) 

hs 
(qbh) 
(qhb) 


y  (1  «comm 

[j  ^  o  J  4ait>: 


Q 


«cruche» 


ZI 


JJ 


'(y      «granit» 


o    «aiguière» 


«gar- 
goulette» 

;être  frais» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     155 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Signes-racines 


Signes 
déterminatifs  : 


panier  à  flacons 

sébile  à  anse 
corbeille 

sac  scellé 
sachet 


paquet 
aromatique  (?) 


le  même,  répandant 
xon  odeur 


corde  enroulée 
corde  d'arpeuttMir 


cordeau 
bricole 


Û 


(  j    hnt 

k 

i     nh 


«support  do  vases» 


t=SSt=i 


o 


XX 

(9 


{msn) 

9 

(■'/) 

{lOt) 


«corbeille» 
i=àîfc=3  «sacs 


^~^~^  t=àîÉ=i  «couffe» 


«cir>        "^     «sachet» 

v\  Ci  Ç^  «embaumer» 

confondu  avec  X  dans 
1   II  □  «^compter» 


-iO- 


Cordages  et  nœuds. 

»■(?)    i  (S  «cent» 


employé  par  confu- 
sion à  la  place  du 
précédent 


(snt) 


;  fondation» 


^5- 


<traîner» 


-^     A 


«se 
hâter» 


odiMir 


corde,  lier 


156  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Signes 
Hier.       pho- 
nétiques 


Sigues-raciues  : 


Signes 
détemiinatifs 


boucles  on  sens 
divers 


nœud  coulant 

corde  tordue 

corde  tordue  avec 

boucle 
bola  (?) 

nœud  magique 

autre  nœud 
magique 

le  même,  allœif/é 


8 

5  S 
9 


Q 
d5i 


i^<^9') 


Çrq) 


X     «corde» 

-^       D^:>  "S   «corde» 
^^^^      «finir» 


corde,  lier 


lier  et  délier, 
livre,  écrit 


sk 

t 

'iih 

{sn) 

(m) 


f 


X  Q      «cercle:; 


moitié  du  précédent  \     ZZÀ 

XXI.  Figures  géométriques. 


partag:er, 
diviser 


trait  vertical  I 

le  même,  doublé  \      I  ' 

deux  traits  obliques        ^\ 


croix  grecque 


il 


y 
y 

(yniy) 


duel 
d',el 


H 


qui  est 
dans» 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.     157 


Description 


Hier. 


Signes 
pho- 
nétiques 


Sisnes-racines 


Signes 
déterminatifs  ; 


fleurette 


bâtons  croisés 


confondu  quelquefois  avec  le  .signe  sui\ant 

+ 

(t/)»»i)   <=*=•      ^7\    'manger» 
sfm)     i—ii — I  11  AAAAAyv  X  «mêler» 


circonférence 
demi  circonférence 


O 


(sut') 
{qd) 


K passer» 


O 


s  cercle» 


XXII.  Objets  indéterminés. 


mélanger ,  comp- 
ter, partager 


cerck 


->r-\ 


©  I 


{qn) 


{zz) 


;  finir  2 


il 


O 


<  assem- 
blée» 


{lihn') 
(aqr) 


I — I — I  !=^  O    «localité» 


AAAAAA 


^=^ 


«Hiéra- 
conpolis» 
frap- 


pera 


(yp)    'UO    ^    (2    «liarem> 


158  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Description 


Signes 

Hier.      pho-  Signes-racines 

iiétiqnes  ! 


Signes 
déterminatifs  ; 


111 


I     «dosï 


{s'h) 


ssp 


{wz') 


H\l^^ 


!:orteils>: 


^:ii 


1) 


^prendre» 


"T~     «tran- 
1/\|     cher» 


■w     ;r^^    •««  large» 

(y..rt)'û  >^  r'". 

1  ,^     ^     patronne» 
signe   dérivé    du   liié- 

9. 


ratiqup,  pour 


TABLEAUX  DES  SIGNES  PLURILITERES. 


Iô9 


Tableaux  des  signes  plurilitères. 

On  a  réuni  dans  ces  tableaux  les  signes  plurilitères  les  plus 
usuels  de  l'écriture  hiéroglyphique,  d'abord  suivant  leur  ordre 
alphabétique  direct,  puis  suivant  leur  ordre  alphabétique  inversé. 
Le  Tableau  II  est  conçu  de  telle  sorte  que  les  signes  soient 
classés  suivant  leur  ordre  alphabétique  entièrement  inversé  : 
■¥•  'nhj  par  exemple,  est  à  chercher  comme  s'il  avait  la  valeur 
de  *h'n\    après   -^^  2/"*'^;  traité  comme  ^h'mij. 

Ces  tableaux,  pensons-nous,  seront  utiles  aux  débutants,  qui, 
suivant  qu'un  signe  plurilitère  sera  précédé  ou  suivi  de  ses 
compléments  phonétiques,  auront  recours  au  Tableau  I  ou  au 
Tableau  II  pour  en  trouver  rapidement  la  valeur.  A  ceux  aussi 
qui  s'occupent  de  hiératique,  et  même  de  démotique,  ils  pour- 
ront rendre  quelques  services  pour  les  transcriptions  ou  resti- 
tutions de  signes  douteux  dont  les  compléments  phonétiques 
sont    clairement   exprimés. 

I.  Tableau  des  signes  plurilitères. 

Par  ordre  alphabétique  direct. 


'w 

r-^ 

y'f' 

.6. 
7K 

yh 

O,^ 

ymn 

\ 

'h 

î 

y'b 

Y7 

y  m 

yn 

JV^j 

''• 

^ 

yw 

1^ 

yi)i 

0 

yr 

-C3>. 

'è 

^ 

ywn 

i 

yin'h 

^ 

ys 

] 

160  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


pr 
'nh 


w^h 


wh' 


wp     j       V 


whm 

wh' 


0=9 

1 


h' 

h's 

h' 
pi- 


phr 


psz 


S 


!]2 


M      f],  ^^ 


0 


r^^^ 


\'— ? 

o^ 


nit      j         '^lD 
nfi 


nh 


ntr 


Il  p 


1 
t 


r 


hw 
hh 
km 

hn 

hr 
hs 
lui 
htp 
hz 
V 

h' 

hio 
hpr 
hnt 
hrw 
hrp 
hsf 


,  v.^ 


^. 


^ 


s 


î 


TABLEAUX  DES  SIGNES  PLURILITERES. 


161 


ht 

^.s^'-r^ 

sh 

m 

*« 

l 

II 

^ 

shm 

f 

§d 

*=\ 

hn 

^.^ 

si 

n 

qd 

\ 

hnm 

Q 

xsm 

^::=:^ 

k' 

U 

hr 

m 

sic 

1 

km 

s' 

%>-5? 

st 

^^ 

gm 

^ 

Lrijj   **d1ïoo® 

../; 

-^ 

9>-9 

( 

oy' 

..^^^ 

« 

Tfî^î 

t' 

0,=, 

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!  ; 

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II.  Tableau  des  signes  plurilitères. 

Par  ordre  alphabétique  inversé. 


W 


^ 


f] 


dw' 
h' 


.  'è 


loh' 
sb' 


Sottas-Drioton. 


11 


162  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


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1,- 

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+,  ^. 

ynm 

mn 

m 

TABLEAUX  DES  SIGNES  PLUEILITERES. 


16^ 


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thn 


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l'P'' 
nfr 


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A 


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© 


11- 


164  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


Aualyse  sommaire   de   quelques  textes    égyptiens. 

I.  Textes  hiéroglyphiques. 

A.  Inscriptions  d'un  obélisque  de  Thoutmosis  IV  (1). 

L'inscription  suivante  se  lit  sur  le  côté  méridional  de  l'obé- 
lisque dressé  actuellement  à  Rome  devant  le  Palais  du  Latran. 
Les  colonnes  senestre  et  dextre  de  la  face  méridionale  relatent 
comment  Thoutmosis  IV  embellit  et  fit  ériger  à  Karnak  un  obé- 
lisque que  son  père  Thoutmosis  III  avait  commencé  à  faire 
sculpter  trente-cinq  ans  auparavant.  C'est  la  préhistoire  égyp- 
tienne de  ce  qu'AMMiEN  Marcelli^^  (2)  rapporte  au  sujet  de  ce 
monument  gigantesque  :  comment  Auguste  avait  conçu  l'idée 
de  le  transporter  à  Rome,  mais  n'osa  mettre  ce  projet  à  exé- 
cution à  cause  de  sa  dimension  et  de  son  poids;  comment  Con- 
stantin le  fit  convoyer  à  Alexandrie  et  comment  Constance 
l'installa  à  Rome,  sur  la  spina  du  Cirque  Maxime.  Retrouvé 
en  débris  dans  les  ruines  en  1587,  il  fut  reconstitué  et  érigé 
l'année  suivante  par  Sixte -Quint  à  la  place  où  il  s'élève  encore 
aujourd'hui. 

L'épigraphie  du  texte,  forcément  h  l'étroit  dans  le  cadre  de 
ces  colonnes,  comporte  peu  de  déterminatifs  et  exprime  les 
mots  les  plus  connus  par  leur  seule  partie  phonétique  (p.  39). 
C'est  un  exemple  d'orthographe  monumentale. 


(1)  Marucciii,     Gli     ohelischi     egiziani     di    Hoina,    Rome    1898,    pp.  8  —  50, 
pi.  letll. 

(2)  Rerum  gestarum,  XVII,  IV,   12—14. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  IbÔ 


a)  Colonne  senestre: 


0 

^  Il 


«  Le  Roi  de  Haute  et  Basse  Egypte,  seigneur  agissant, 
Menkheperoura,  aimé  de  Râ,  aimé  d'Anion. 

Or  ce  fut  Sa  Majesté  qui  embellit  le  très  grand  obélisque 
isolé  qu'avait  amené  son  père,  le  Roi  de  la  Haute  et  Basse  Egypte 
Menkiieperrà,  lorsque  Sa  Majesté  eut  trouvé  cet  obélisque 
gisant  depuis  trente-cinq  ans  sur  son  côté,  h  la  charge  des 
ouvriers,  dans  la  région  méridionale  de  Karnak.  Mon  père  a 
ordonné  que  je  le  lui  érige,  car  je  suis  son  fils  dcnoué». 


En  détail: 


1 


,r  T    1,7    ,r  T      Le  roi  de  Haute  et 
Basse  Egypte  (2), 

nb  seigneur 


(1)  Nous  enfermons  entre  crochets  []  les  lettres  tiui,  en  vertu  de  la  liberté 
ortli(>graphi(iue  des  textes  égyptiens,  ne  sont  pas  exprimées  dans  l'écriture. 
Les  désinences  grammaticales  sont  séparées  du  mot  (lu'elles  affectent  par 
un  point.  Le  trait  d'union  distingue  les  composants  grammaticaux. 

(2)  Quelle  que  soit  son  origine  historique,  le  protocole  pharaonique  évolué 
jusqu'à  sa  forme  la  jjIus  parfaite  se  compose  en  théorie  de  cinq  éléments  : 

1"  Le  nmn  d'Horus  qui  s'inscrit  dans  une  image  du  palais  royal  (une  façade 
précédant    un    plan    rectangulaire   en   projection)    surmontée    d'un    épervier 


166 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


■<3>-        vyïiil       faisant     \  .1  1 

^  "-./J  I  orthographes  pure- 

[     =  agissant 

^   Ci        yh.t         chose        ' 


ment  phonétiques. 


o 


i  I  I 

o 


de  Râ 

imi  sont  stables 

hpr.iu     les  états^ 
r  de  Râ 

m7"[î/]      aimé, 


(1) 


anticipation  respectu- 
euse du  signe  O  r. 
A  lire  :  Mn-hpr-r'. 


même  anticipation  : 
aimé  de  Rà. 


couronné  (cf.  p.  28.  figure).  Ce  nom  est  celui  du  roi  comme  incarnation  du 
dieu  Horus.  Traduit  :  'AtoXXwv  (Hermapion). 

2°  La  devise  des  diadèmes,    courte  phrase    laudative    inscrite    derrière    le 

groupe    yù\^i  <Î6  lecture  incertaine,    symbolisant   les  deux  déesses  d'El-Kab 

et  de  Bouto.  Traduit  :  /.ûpto;  ^aaiXEiàiv  (Rosette). 

3°  La  devise  d'Hoi-un-Noubti,  inscrite  derrière  le  groupe      j^     que     l'on 

interprète  soit  «l'Horus  d'or»,  soit  «l'Horus  vainqueur  de  Set  l'Ombien  « 
(cf.  p.  30).    Traduit  :  àv-OTotXwv  ù-nipxz^oi  (Rosette). 

4°  Le  nom  d'intronisation,  enfermé  dans  un  cartouche  (       j),  que  précède 

le  groupe  =!pi^  ^'^^V  ^U^iJ    *I^oi   ^^   la  Haute   et   de  la  Basse  Egypte».    Ce 

nom,  qui  fait  généralement  entrer  en  composition  le  nom  de  Râ,  est  celui 
que  le  roi  prenait  à  son  accession  au  trône  :  il  était  pour  les  Egyptiens  le 
véritable  nom  royal.  On  l'appelle  quelquefois  le  prénom.  Traduit  :  ticya; 
jjaaiXEu;  xtôv  te  avw  xai  twv  zâToj  ^(^copâjv   (Rosette). 

5°  Le  nom  de  naissance,  qui,  à  l'intronisation  du  roi,    était  lui  aussi  enfermé 

,    ,    ,  "f    O    ,    ,         . 

dans  un  cartouche    et   précède    du   groupe    ^5>^  s  r    «Fils  de  Râ»  :  ce  nom 


est  celui  sous    lequel    les  historiens  grecs    ont  connu    les  pharaons    et  sous 
leciuel,  à  leur  suite,  les  historiens  modernes  ont  pris  l'habitude  de  les  désigner. 
Traduit  :  jio;  tou  'HXîo-j  (Rosette). 
(1)  Prénom  de  Thoutmosis  IV. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.   167 


ymn 

AAAAAA 

yst 
yn 

hm-f 

snfr 

thn 

-= — "  ic  .tll 

^11  •' 


icr.t 


H 


r^ 


v^ 


yi 


d'Amon 
aimé. 
Or 
ce  fut 

Sa  Majesté 

qui  embellit 
l'obélisque 

isolé 


ici.  :  aimé  d'Amon, 


déterminatif  du  roi  après  le 
phonétisme  km  «majesté». 

.  +  nfr. 

avec  son  phonétisme  : 

AAAAAA   cLL 


écritures  où  le  signe-racine 
reçoit  son  complément  plio- 
grand         >  _  .   >        nétique   :    («•'  +  ')  +  ^  +  ?/ 

,  I    grand  ^  ' 

beaucoup  '    ^  („•,•  +  ,-)  +  t. 

étant  donné  que 

[l'Jeut  amené 


(/'["/]      son  })ère 

sict[y]      le  roi  de  Haute  et 

%^[i/]  Basse  Egypte 


V,»      V    =Menkheper- 
râ(l), 


Jjpr 


(1)  Prénom  de  Tlioutmosis  111.  Traduit  Miaçprî;  par  Manéthon  et  Mii^p»)- 
[xoû9to7iç,  en  combinaison  avec  le  nom  Tlioutmosis. 


168 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


'^K 


CD 


r — \' 
nnn 


I 


^ 


7n  ht 
gm.t 

hm-f 


après  que 
eût  trouvé 

Sa  Majesté 


711  +  {ht  +  h-\- 1),  généralement 
suivi    du  déterminatif  J\. 
{g  m  +  m)  +  t. 


l'obélisque       signe-racine  doublé  d'un  trait 
vertical  (p.  7)  et  suivi  d'un 
cet,  déterminatif  (p.  11). 


thn 

pn 

km-n-f     ayant  passé 

XXXV     trente-cinq      chiffres  égyptiens  (1) 

n  d' 


signe  racine  exprimant  un 
mot  féminin  (désinence 
phonétique  o  t)  et  doublé 
d'un  trait  (p.  7V 

exception  à  la  règle  posée 
p.  7.  ^  signifie  proprement 
«la  face»  et  ^  la  prépo- 
sition «sur»,  mais  de  bonne 
lieure  confusion  des  ortho- 
graphes. 

cf.  plus  haut.  Orthographe 
rare,  quoique  plus  logique. 

signe-racine  sans  complé- 
ments plionétiques  ;  redou- 

_  blé  pour  marquer  le  duel. 

(1)  Les  chiffres  égyptiens,  que  l'on  emploie  en  inscrivant  dans  les  nombres  les 
plus  élevés  les  premiers,  sont  :  '^^v^  100.000,  1 10.000,  T  1000,  (^  100,  D  10,  I  1. 


rnp.t 

année 

tc'h 

gisant 

lir 

sur 

.9«-/ 

son  côté. 

hr 


.wy 


les  bi 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  169 


»; 


^ 


\> 


n 


lii 


m 
T 


I         ^      Il 


hiciv.iv 
hr 

des  ou- 
vriers, 
sur 

si§ 

.*7S 

le  côté 

rs-y 

méridional 

id 

n 

de 

yp.t  .s  irt 

Karnak. 

wz-n 

a  ordonné 

signe-racine,  désinence  pho- 
nétique et  déterminatifs 
dont  celui  du  pluriel. 


//■-//  mon  père        y  «moi»  dans  la  bouche  du 

roi,  écrit  idéographiquement 
par  la  représentation  royale. 

.s'//-?/         ([ue  j'érige       sV«' «ériger»,  mot  à  mot  «faire 

être  debout»,  a  pour  écri- 

n-f  pour  lui  ture    complète     |1  ë  [^.     y 

,    .  «moi»,  écrit  ici  phonétique- 

sic  lui   :  1-1 

ment. 

ijuk  moi 

s'-f  son  fils 

nz.tij-f      son  dévoué,     nz,    signe-racine    «broyer», 
déterminatif. 


b)  Colonne  dextrc  : 


170 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


V  VI    /\A/W\A  /O^        ^Zi    r-       ■    ■■=■       X.- 


O  (^^^^  .Î3,  o 


0  Ci  o 


û    e^^^ 


AAAAAA 

O      I 


«Le  Fils  de  Râ  Thoutmosis,  brillant  de  diadèmes. 

Il  Périgea  dans  Karnak,  avec  un  pyraraidion  d'or,  de  telle 
sorte  que  sa  beauté  illumina  Thèbes,  sculpté  au  nom  de  son 
père,  le  dieu  bon  Menkheperrâ. 

Le  Roi  de  Haute  et  Basse  Egypte,  Seigneur  des  Deux -Terres, 
Menkheperourâ,  l'aimé  de  Râ,  a  fait  ceci  afin  que  le  nom  de 
son  père  reste  durable  dans  la  demeure  d'Amon-Râ.  » 

En  détail  : 

-y  Q 


Q 


.    I    . 


zluc.ttj 
mis 

h' 
h^  .10 


le  Fils  de  Râ, 


=  Thoutmosis 


brillant 


de  diadèmes 


,  (') 


\\ 


li 


sli-n-f  II  érigea 

SIC  lui 

m  dans 

yp.t  s.ict  Karnak, 


orthographe    simplifiée     du 
môme  mot  que  plus  haut. 


(1)  Nom  de  Thoutmosis  IV. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  171 

J  hnhn.t-f       son  pyrami-       purement  phonétique.  Avec 

dion 


en 


signe-racine  :    J     J   A. 


o  z  m  or,  signe-racme 

oo 


I ,   de  bonne 
heure   confondu   avec   1 
(p.  32).  Deux  détermina- 
tifs  (p.  39). 
'il  -AywvA  shz-n  illuminèrent       s-\-(Jiz  +  z). 

TTTk^,^      nfr.ic-f        ses  beautés        pluriel    exprimé     idéogra- 

phiquement  par  triple  ré- 
pétition du  signe-racine. 

irs.t  Thèbes,  signe-racine,  désinence  pho- 

nétique et  déterminatif 
^  ^r::=ï    ht.ic  sculpté  écriture  phonétique  et  dé- 

terminatif. 
^  hr  au 


1 


m 

nom 

purement  phonétique.  Avec 

n 

tfW 

de 

son  père 

déterminatif    :             QA, 

„;-- ^                                                        AAAAAA    d—J5 

(       >. 

W\AAA 

ntr 

le  dieu 

nfr 

bon 

172  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


r^ 


.NAAAAA 


O 


I    I    I 
O 


hpr 


swt[i/'\ 
nh 

t\lC7J 


Iqjr.ic 


""■[//] 


jur[jy]./ 
rdy.t 


Menkheper 
râ. 


yr\ij'\-n        A  fait 


le  Roi  de  Haute 
et  Basse 
Egypte, 

Seigneur 

des  Deux- 
Terres 


Appellation  traduite  :  oaixc- 
Tr,ç  o'.y.cu[j.£v^ç  (Hermapion). 

signe-racine  sans  complé- 
ments phonétiques  ;  redou- 
blé pour  marquer  le  duel. 


Menkheperourâ, 
l'aimé  de  Râ 


ceci 


(71  +  nir  +  nie). 


désir  \    =  afin  que. 

de  donner 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  173 


t!i!^ 


I 


¥[-f] 


)        ich 


pr 


i  AAAAAA 

O    I        '•' 


ymn 


soit 

le  nom 

de 

son  père 

demeurant 

durant 

dans 

la  maison 

d'Amon 

Rà 


(if  7*  +  11)  4-  déterminatif  des 
idées  abstraites. 


signe-racine      doublé      d'un 
trait  (p.  7). 


B.    Hymne  au  dieu  créateur  (1). 

Cette  strophe,  dont  les  accents  font  penser  au  psaume  VIII, 
commence  au  Papyrus  1116  A  recto,  1.  130,  de  l'Ermitage  Im- 
périal de  Pétrograd  une  hymne  à  la  Divinité.  Le  papyrus 
hiératique  qui  Ta  conservée  a  été  copié  sous  la  co- royauté  de 
Thoutmosis  III  et  d'Aménothès  II  (XVIIP  dynastie).  A  la 
différence  des  graphies  monumentales  de  la  môme  époque, 
l'écriture  de  textes  de  ce  genre  exprime  régulièrement  les  signes- 
racines  et  les  déterminatifs,  quitte  à  remplacer,  par  la  simpli- 
fication :  \  (p.  9),  ceux  qui,  même  en  cursive,  seraient  trop 
difficiles  à  tracer.  On  trouvera  plus  bas  le  texte  hiératique  de 


(1)  GoLÉNiscHEFF,    Les  papi/fus   hiératiques    »°*  1115,   1116  A    et   1116  B  de 
r Ermitage  Impérial  à  St.  Pétersbourg,   1913,  pi.   XIII  et  XIV. 


174  INTRODUCTION  A  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


cette  strophe,    dont  nous    étudions  dabord    ici    la  transcription 
hiéroglyphique. 


^\^iiK^z:ii^i^m 


(3  1 

^  I 


1 


D    ^ 


AAAAAA     f\     /^^AAAA 


I    IX  O    M   I    I   I 


>\AAiV\A 

AAAAAA      AAAAAA 


1^3(2 


T  # 


I      n     AAAAAA 

I   I    I     I     I 


AAAAAA    ?^  ^^         pi     Q^ — ^ 

\  I    I    I     <cz= 

^AAAAA    \_  ^T-^=»^  i^        J\ 


\1 


o 


[— ]        ^-^     A/W^A     I      O      AAAAAA     .<^Oi>-  n     AAAAAA 

_;,  ,     I         I  AAAAAA     AAAAAA        | 

iF=q    \>       I   I    1      I      I      I    ^^^=^  I      I      I      I 


1        ^  _HH^I     I     I  I  -       Mil 


e<e=3 


iik 


«Que  Dieu  fut  sage  lorsqu'il  régla  la  condition  des  hommes, 
troupeau  de  Dieu! 

Il  fit  le  ciel  et  la  terre  à  leur  intention, 

Il  repoussa  les  ténèbres  de  l'Abîme, 

Il  fit  le  souffle  du  cœur  comme  vie  de  leurs  narines  : 

Ils  sont  ses  images  sorties  de  ses  chairs. 

Il  brilla  dans  le  ciel  à  leur  intention. 

Il  fit  pour  eux  les  plantes,  le  bétail,  les  oiseaux  et  les  poissons 
comme  leur  nourriture.» 


En  détail 


1 


ntr 


Sage 


Dieu 


m  lorsque 

yr-n-f       il  fit 


orthographe     spéciale     au 
I  \\  I 
Nouvel  Empire  pour 

é^^^'  ^  ""^"nfl'  signe-ra- 
■  cine.      Déterminatif    des 
idées  abstraites. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE   QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  175 


1^  > 

^  AAAAAA 


,(E      I 

\  I 

c>      I 


1 


D    ^ 


I    I    I 


AAAAAA 


/»* 


la  condition 


r[?r/]f[i]  des  hommes 

'?<;.<  troupeau 

M.^  de 

i?ir  Dieu  ! 

yr-n-f  II  fit 

j:>.^  le   ciel 

<'  la  terre 


signe -racine  -\-  détermi- 
natif  des  idées  abstraites, 
p.  9. 


\  =  ^Vry,  signe-racme.    i, 
déterminatif  d'un  collectif. 


signe-racine  doublé  d'un 
trait  vertical  (p.  7)  et  suivi 
d'un  déterminatif  (p.  11). 


au 


ijh 


\ 


cœur 

sn  d'eux.  ) 

dr-n-f  II  repoussa 

snk  l'obscurité 

11  de 

miv  l'Eau. 

ynj-n-f  II  fit 


à  leur  intention. 


écriture  phonétique  et  dé- 
terminatif. 


siffne-racine. 


176  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


ly3(S 


f 


tw 


le  souffle       signe-racine  et  complément 

phonétique, 
du  cœur 


vie 


AAAAAA 

AAAAAA 


TT. 


sfn.w        des  narines    écriture  phonétique,  signe- 
racine    et    trait    vertical 
S7i  d'eux  :  (p.   12). 


"D   '-^-^ 


_  \  '    '    '  snn.ic-f     ses  images    {s -\-  nn -f- n  +  ?i  +  nv:  -\-  ic), 

signe-racine  \  =  IL  déter- 


A    I 


^  m 


D    ^ 


O 


irr.w 


c'est 

sorties 

de 


minatifs. 


h\îc-f       ses  chairs,     écriture  phonétique,  signe- 
racine,     déterminatif    du 
wbn[-n]-f  II  brilla  pluriel. 


p.t 


dans 
le  ciel 


yb.io  les  cœurs    ^ 

sn  d'eux. 

>jr-n-f  II  fit 

n  pour 


=  à  leur  intention. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.   177 


I     ^J»%l  I  I 


i(2     I 

\  I 

^     I 


^ 


eux 


.ic       les  plantes,      signe-racine  ("^  forme  de 

[JjUl  I     encadré     do    son 

plionétisme.  Déterminatifs 
(p.   11). 


'iv.t  le  bétail 


^pd.ir  les  oiseaux  signe-racine  et  déterminatii' 
du  pluriel. 

DiKic  les  poissons  phonétisme,  signe-racine  et 
déterminatii"  du  pluriel. 

.^)iui  nourriture  (^s-\-n-i-nm+m),  signe-ra- 
cine et  déterminatif(p.  11). 


n.t 


d'eux. 


C.  Rubrique  de  Papyrus  funéraire. 

Nous  reproduisons  à  titre  de  spécimen  d'hiéroijli/phes  li- 
)u'(ilres  (p.  51)  ce  texte  emprunté  à  un  papyrus  du  Musée  du 
réouvre,  de  la  XVITI'  dynastie,  et  qui  fait  ]iartie  dune  clau- 
sule  cérémoniale  du  chapitre  CXXV  du  Livre  des  Morts  (1). 
Le  lecteur,  familiarisé  avec  les  exemples  analysés  plus  haut, 
se  rendra  facilement  compte  du  détail  de  ce  texte  dont  nous 
ne  donnons  que  la  transcription  et  la  traduction. 


(H  Naville,  Bas  Àijypti.schn  Todteiihnch,  I,  pi.  CXXXIX.  (^uoi(jue  le  texte 
soit  écrit  de  droite  ;i  gauche,  les  colonnes  sont  disposées  de  gauche  ;'i  droite, 
en  ordre  i-étroi/rade,  comme  cela  se  rencontre  souvent  dans  les  textes  funé- 
raires de  cotte  époque. 


Sottas-Urioton. 


12 


I 
lU 


rf 


o 

ilL 


L: 

11 


// 


u 


«V. 


4^ 

'S'  9 


2£ 

I   «  I 


-^ 


£ 

•     (    t 


Il  f    o 
f    I    f 


4} 


«  Que  l'on  dise  ce 
chapitre,  lavé  et  pu- 
rifié, après  s'être  re- 
vêtu de  vêtements 
de  luxe,  chaussé  de 
sandales  blanches, 
fardé  de  kohol  et 
oint  d'essence  de 
myrrhe,  et  après 
avoir  offert  en  sa- 
crifice un  taureau 
vigoureux,  des  vo- 
lailles, de  l'encens, 
du  pain,  de  la  bière 
et  des  léffumes.  » 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.   179 


■c 


D 

/NAA/SAA 


p 


.(1) 

r 

pn 


Dise 

un  homme 

chapitre 

ce, 

lavé, 

purifié, 


r^"-^ 


irnh-n-f 


il  a  revêtu 


m 

'I 
I    I    I 

/\AA/VNA 

D 
I      1 

3X       I 


hh 


tp.t 


des  vêtements 
de 

tissu  (le  choix. 


(1)  Orthographe    normale  :   \A    ,   (p.  12). 

(2)  Orthographe  dite  historique.  Un  mot  comme  twr  étant  devenu  twy 
garde  l'ancienne  orthographe  en  y  ajoutant  simplement  Vy  nouvellement  acquis. 
Le  ^  a  été  omis,  par  mégarde,  sur  le  fac-similé  ci-contre. 

Sottas-Drioton.  13 


180  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


L 


ih.iv 


il  est  chaussé 


^ 


^^>- 


hz.ty 


de 


sandales  blanches, 


szm.ic  il  est  fardé 


de 


msdm.t  kohol. 


=0=  R 


icrh[.ic]  il  est  oint 


de 


m  =0= 


fp.t 


essence  fine 


n.t 


de 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  181 


^_  '^ntyw  myrrhe, 

=0= 


vdn-n-f  il  a  offert  en  sacrifice 


k' 

un  taureau 

/f 

ICZ 

vigoureux, 

1  1  1 

'jyd.tv 

des  volailles, 

ir 

AAAAA\ 

sn7r{l) 

de  l'encens, 

III    o 

f            1   /-^ 

1    1    lO 

e 

du  pain, 

^1 

1    1    1 

hq.t 

de  la  bière. 

A^^ 

smiv 

des  légumes. 

fw 

(1)  L'orthographe  normale    du  mot  serait       ^       ] («»  -\-  n)  -\-  {ntr 

Jç-  t  -\-  r)  :=  sntr,   mais  comme    le  signe        sert  par  ailleurs  a  écrire  le  mot 

«dieu»,  il  est  anticipé  par  honneur  et  placé  en  tête  du  groupe:  métathèse 
purement  graphique  qui  n'aflfecte  en  rien  la  lecture. 

13* 


182  INTEODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


II.  Texte  hiératique. 

Yoicij  tel  que  le  livre  le  Papyrus  hiératique  1116  A  de 
l'Ermitage^  le  texte  de  la  strophe  tirée  d'un  hymne  au  Dieu 
créateur  qui  a  été  transcrite  en  hiéroglyphes  et  analysée  plus 
haut,  k  la  page  174. 


I  ' 


& 


^  I  I     I     I 


AAAAAA  ^<;;;U>. 


ri'd^z 


'^C:l^-1l^_r,  P=n^i^ir-^ 


D     -<2> 


r 


']l\p^p])^^^-^ 


^\ 


I    I    I     M 


AAAA/\A  Q  A     ^         -<S>- 

"T"      I    O      S)     ^  \l/     '         '^^■'"'•■'^    ^^AAAA      (VAAAAft 
®  1  1  ""«^    AAAAAA 


(1)  Bien  (lue  nous  ne  séparions  pas  les  lignes  à  la  façon  du  papyrus 
original,  nous  introduisons  ici  la  forme  que  présente  l''^'^^  hiératique  à  la 
tin  des  lignes  dans  le  papyrus  lui-même. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.   183 


iA^r,\)}^n^y^=^'\ 


II 


Il    ^ 


^  I 


I    ^ 


I         I         I  AAAAAA 


«^ 


;)w  T^I^'H^'-f^"^!^^ 


fl,^ 


O 


.ii;^.?7l^?=-n^//5i:? 


cS^ 


(1)  Le    I    a   été    omis,   par   mégarde,    dans    le   fac-similé    du    texte    hiéra- 
ticiue. 


184  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


III.  Texte  démotique. 

L'arrivée  de  Setné  à  Bubaste  (1). 

Ce  fragment  est  tiré  du  fameux  Roman  de  Setné;  découvert 
en  1865  à  Thèbes  par  Henri  Brugsch  dans  le  tombeau  d'un 
moine  copte  avec  un  lot  de  manuscrits  hiératiques  et  coptes. 
La  paléographie  du  papyrus  permet  de  l'attribuer  à  la  période 
ptolémaïque. 

On  trouvera  à  côté  du  mot  démotiqae  sa  transcription  appro- 
ximative en  hiéroglyphes.  Le  lecteur  se  rendra  compte  facile- 
ment des  ressemblances  et  des  divergences  entre  les  deux 
systèmes  :  il  notera  aussi,  grâce  à  la  transcription  en  lettres 
latines,  comment  le  déraotique  emploie  d'anciens  groupes  hiéro- 
glyphiques   consonantiques    pour   exprimer    de   vraies   voyelles. 

L'épisode  se  place  au  moment  où  Setné  entreprend  le  voyage 
de  Bubaste  pour  rendre  visite  à  Tbouboué  (2)  : 


Al  i  I  ^  A»<moJ  3/1  /^/S/iy!)  r  A  illaj  "jT^yi  y ^ 


(1)  Hess,  Dtr  deinotische  Roman  von  Stne  Ha-m-us,  Leipzig,  1888,  pp.  114 — 
115. 

(2)  Cf.  Masfero,  Les  contes  populaires  de  Vancienne  Egypte,  4'' éd.  p.  146  — 147. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  185 


«Setné  se  fit  amener  une  barque,  y  monta  ù  bord  et  il  ne 
tarda  pas,  k  Bubaste,  à  arriver  à  louest  du  quartier  de  la  nécro- 
pole. Ayant  avisé  une  maison  très  élevée,  autour  de  laquelle 
était  un  mur,  qui  avait  un  jardin  du  côté  nord  et  une  banquette 
devant  sa  porte,  Setné  interrogea  :  «  Cette  maison,  de  qui  est-ce 
la  maison"?»   On  lui  dit  :   «C'est  la  maison  de  Tbouboué.  » 


.16/1 51 


// 


PAAAAAA    I 
9    0   I 


l 


Ih 


ZV 


te  Donna 

stne  Setné 

^n-w  qu'ils  amenassent 

tJiH  (1)  une  barque 

htr-f  sous  lui, 

H-f  il  monta 


</     I 


^ 


°  L 


# 


mr.t 
a  r-f 
hn-p-f 
hrr 


bord 
en  elle, 
il  ne  pas 
tarda 


(1)  Mot  masculin  en  égyptien. 


186  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


^^t[r2.X 

e'Lï'" 

pr-bst.t 

Bubaste 

/" 

—^9  P 

^f 

il  était 

\^jiJi 

1  /V9ZV9ZV 

1 

\c 

venant 

AaÎ^A 

\^^U{u^ 

pr-mnt 

k  l'ouest 

j„  AAAAw  n  (Je 

^  ^A.  ^9  le 

/^fii'S^-  ^^AA     /^  quartier  de  la  né- 


^ 


cropole. 
*)  '  9    <:=:>  «-  r-f  Lorsqu'il  eut 

y'-^  I— >-^-i  /^  ^A  ,çm  trouvé 


î(;  une 


maison 


y'»  — ^5)^  e/  qui  était 

J  ^  I  <A-  (j^  é"  [T  -^  élevée 

■^/^--^  ^  >^  ^'^  *^  beaucoup, 


III 

9  [1  e-icn  que  était 


p  îc  un 


(1)  Mot  masculin  en  égyptien. 


ANALYSE  SOMMAIRE  DE  QUELQUES  TEXTES  ÉGYPTIENS.  187 


f 

S 

/ 

3/. 
1 

t 


ZVS) 


P  [L  n      si^e  mur 

/^      ??i  çf/e-/    autour  d'elle, 
9  P      e-«-7i  que  était 


^1  cr-D 


9 


© 


9  [1      e-«t'?i 


1^ 


Icr^l 


9   D 

I     ^ 
//  ? 


AAAAAA 

9   O 


8 


^* 

'-/ 

hi 

stne 

z 

py 

c 

y 


jardin 
faisant 
à  elle 
le  nord, 
que  était 
une 
banquette 

devant 
sa  porte, 
interrogea 

Setné, 
disant  : 
Cette 
maison, 


188 


INTRODUCTION  A  L'ETUDE  DES  HIEROGLYPHES. 


Ali- 

/ 


la 


d 


maison 
de 
qui 

celle-ci  ? 
Ils  dirent 
a  lui  : 

^\\      TP  ^* 

I  [r~ii  1 0 — c.      ''y  maison 

TT  ^^  il  il       tbuhue     Tbouboué 
"  ^^\\     -^^^  celle-ci. 


i^^ 


«-/ 


TABLEAU  DÉTAILLÉ  DES  PRINCIPAUX  HIÉROGLYPHES.    189 


Exercice  de  lecture. 

L'extrait  suivant  non  analysé  est  destiné  surtout  aux  débu- 
tants travaillant  sous  la  direction  d'un  maître.  Ceux  qui  l'uti- 
liseront sans  aide  devront  s'eftbrcer  d'en  retrouver  la  tra- 
duction dans  les  Contes  populaires  de  G.  Maspeko,  ouvrage 
qui  leur  fournira  en  môme  temps  l'indication  de  la  publication 
originale,  avec  transcription  et  glossaire.  Pour  identifier  le 
passage,  ils  se  serviront  de  la  lecture  d'un  nom  propre,  de  la 
valeur  des  déterminatifs  et  même  de  quelques  signes-racines 
employés  ici  dans  le  sens  «premier»  fourni  par  le  tableau  des 
hiéroglyphes. 

Les  mots  ont  été  séparés,  pour  faciliter  le  travail.  Toutefois, 
l'indice  du  pluriel  |||,  les  pronoms  personnels  (0)  yf?  ^cz:^, 
*v-=^,     I  (1,  2,  3  masc.  sing.  ;    3  pi.),   les  marques   de  con- 

jugaison ~wsAA^  M  /wwvA^  '^^  V  ^'sstent  liés  à  la  fin  des  mots  qu'ils 
affectent. 


kiVM 


J%»M^'  k  î^-l 


A       VI 


w 


41 


'   AAAAAA 
L  A/VVAAA 


\      ^— T    AAAAAA  !    O     C\    '^AAAAA  .^ 

^        AAAAAA  jj      I       I  I  I  A/^VSAA 


190  INTRODUCTION  À  L'ÉTUDE  DES  HIÉROGLYPHES. 


s^,T,  i':z\ 


s:     I 


>• 


cl    I    I 


Ci  I       w      , 

I    I    I 


1^ 


@  I 


1^  Pi  aaaaaa 


^^^ 


^?^ 


Q      AAAAAA  /W\AAA  H ^-M      Ç]  ra  ±    1 


^    I 


^ 


III 


^SX,  I         ^     \N 


f 


V 

D  XI  I    I    I 


J,     r\    ^-^  O    '^'VSAAA  ,;;;- -^  /\     AAAAAA  AA-NAAA  f\    ^  ^ — '==~:3 

""    I™    ^    :|_;|_    (j^^eiii    _    11    "^i 


TT 


(1)  Reproduit  d'après  Erman. 


CORRIGENDA. 


ADDENDUM. 


191 


Corrigenda. 


Hauteur 
Page    dans  la  page 


6 
18 
•29 
34 


1/2 

3/5 
7/8 

3/4 

1/3 


Lire  :  bouche.  —  éléments. 
Lire  :  ntr  -\-  t-\-r. 
Lire  :  le  lion  piétinant. 
Lire  :  distineruer. 


^„. 


est  pas  positive- 


ment un  signe  nouveau,  mais 
plutôt  une  forme  complète  de 

,  que  les  vieux  textes  reli- 
gieux mutilent  volontiers.  — 
On  ajoutera  aux  innovations 
des     cas      comme      celui      de 


pour 


T         1        AAAA/V\   <i_-L 


«s'asseoir»,  où  tout  un  mot, 
partie  phonétique  et  détermi- 
natif,  est  résumé  en  un  seu 
hiéroglyphe. 


Hauteur 
Page    dans  la  page 

40       3/4      Lire  :  normalement. 

42       1/2      Lire,  les  trois  fois  :    ' u) 

et  non  f      tû. 
42       2/5      Lire  :  formule  devait. 
46  0  et  1/3  Lire  :  le  hiérati(iue. 


47       1/6      Au   lieu  de 


lire 


mais  avec  les  bras  pen- 

dants. 

50 

1/3 

Lire  :  le  hiératique. 

57 

1/2 

Lire  :  disposent. 

64 

1/3 

Lire  :  D'iaa-in. 

79 

3/5 

Lire  :  homogénéité. 

86 

1/6 

Lire  :  en    sorte    que,    si 
l'historien. 

91 

1/8 

Lire  :  telles. 

97 

6/7 

Lire  :  d'un. 

97 

7/8 

Lire  :  (lu'on. 

101 

(fin) 

Lire  :  déchiflfre-ment. 

102 

3/4 

Lire  :   1799 

108 

2/3 

Lire  :  obé-lisque. 

Addendum. 

11  nous  a  été  possible,  au  dernier  moment,  de  consulter  le  mémoire  de 
K.  Sethe  sur  Der  Ursprunçi  de.i  Alphabets,  ap.  Nac.hrichlen  GoUingen,  1916, 
p.  88  sqq.,  surtout  p.  151  sqq.  On  ajoutera  ce  titre  à  la  bibliographie  du  Cha- 
pitre II,  p.  44.  Dans  le  Tableau  détaillé  des  hiéroglyphes,  on  complétera  ainsi 


la    colonne    signe-racine 
«  roseau  »  :  pour  '^.c^  : 


Pour 


«aigle»  ;    pour    H  :  M 


tvipere  a  cornes»;  pour  -wva^ 


I     I 

AAAAAA    A^^NAAA 

'w>^vAA  «  eau. 


192  TABLE  DES  MATIÈRES. 


Table  des  matières. 

Page 

Avertissement      IX 

Tableau  des  signes  unilitères       XIV 

Notions  de  chronologie  égyptienne XVI 

Première  partie. 
Le  système  hiéroglyphique. 

Chapitre  l^^\  —  Principe  du  système l 

Relations  entre  l'écriture  et  la  parole,  p.  1.  —  Le  système  hiérogly- 
phique égyptien  :  ses  défauts  et  ses  avantages,  p.  3.  —  Dualisme 
du  système  :  représentation  directe  et  notation  phonétique,  p.  5.  — 
Simplifications,  p.  7.  —  Développements,  p.  10.*  —  Réduction  du 
système  à  l'unité  par  le  signe-racine,  p.  13.  —  Représentations  par 
l'image,  p.  15.  —  Notations  phonétiques  des  différentes  racines  de 
la  langue,  p.  17. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives 19 

Chapitre  IL  —  Évolution  du  système 20 

La  préhistoire  de  l'écriture  hiéroglyphique,  p.  20.  —  La  palette  d'Hié- 
raconpolis,  p.  23.  —  Autres  cas  similaires,  p.  27.  —  Incertitude 
d'une  reconstitution  de  la  protohistoire  de  l'écriture  hiéroglyphique, 
p.  30.  —  Faits  constatables  de  l'évolution  du  système  :  altération 
de  la  forme  des  signes,  p.  31,  disparition  et  apparition  de  signes, 
p.  33,  variation  d'emploi  et  de  groupement  des  signes,  p.  35.  — 
Expression  du  vocalisme,  p.  41. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives 44 

Chapitre  111.  —  Extension  du  système 46 

L'écriture  hiératique,  cursive  des  hiéroglyphes,  p.  45.  —  Le  démo- 
tique, simplification  de  l'écriture  hiératique,  p.  48.  —  Les  hiéro- 
glyphes linéaires,  p.  51.  —  Les  hiéroglyphes  raéroïtiques,  p.  51.  — 
L'alphabet  cananéen,  p.  52. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives 53 


TABLE  DES  MATIÈRES.  193 

Page 

Chapitre  IV.  —  Disposition  matérielle  de  l'écriture  ...      55 

/.  Direction  de  récriture. 

Direction  rationnelle  et  direction  naturelle,  p.  55.  —  La  direction  des 
écritures  hiéroglyphique  et  hiératique,  p.  56.  —  Scriptions  verti- 
cale et  horizontale,  p.  57. 

II.  DistrihrUion  des  signes. 

Souci  d'éviter  les  vides  disgracieux,  p.  58.  —  Les  métathèses  gra- 
phiques, p.  60.  —  Les  dispositions  en  accolade,  p.  61.  —  La  ponc- 
tuation, p.  62. 

Deuxième  partie. 
La  connaissance  des  hiéroglyphes. 

('hapitre  V.  —  ii'antiquité  égyptienne 63 

Origine  légendaire  des  hiéroglyphes,  p.  63.  —  Prestige  du  lettré,  p.  63. 

—  Distinctions  entre  les  diverses  formes  de  l'écriture,  p.  64.  —  Le 
papyrus  des  Signes,  p.  66.  —  Renseignements  occasionnels  et  sur- 
vivances, p.  (57. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives      68 

Chapitre  VI.  —  L'antiquité  classique 69 

Renseignements  épars  chez  les  historiens  grecs  sur  l'origine,  la  nature 
et  l'emploi  des  hiéroglyplies,  p.  69.  —  Le  témoignage  de  Clément 
d'Alexandrie,  p.  73.  —  Ouvrages  spéciaux  sur  les  hiéroglyphes,  p. 74. 

—  Les  fragments  de  Chérémon,  p.  75.  —  Horapollon  et  les  'kpo- 
yXuyi/câ,   p.  78. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives      83 

Chapitre  VII.  —  Les  pères  de  l'église  et  Kircher  ....     85 

Citations  relatives  aux  hiéroglyphes  chez  les  apologistes  et  les  histo- 
riens chrétiens,  p.  85.  —  Les  sources  de  cette  érudition  :  écoles 
païennes  d'écriture  sacrée,  p.  86,  livres  de  la  culture  classique, 
p.  86,  opinion  courante,  p.  87.  —  Survivances  de  la  tradition  po- 
pulaire chez  les  auteurs  arabes,  p.  89.  —  Les  prédécesseurs  de 
KiRCiiER,  p.  90.  —  Kircher  et  son  système,  p.  91. 


194  TABLE  DES  MATIÈRES. 

Page 

Chapitre  VIII.  —  Le  déchiffrement 97 

Les  imitateurs  de  Kircher,  p.  97.  —  Conditions  et  processus  théoriques 
d'un  déchiffrement  :  exemple  du  déchiffrement  des  cunéiformes, 
p.  97.  —  Le  problème  des  hiéroglyphes  après  les  travaux  des  pré- 
curseurs de  Champollion,  p.  100.  —  La  découverte  et  l'œuvre  de 
Champollion,  p.  106. 

Extrait  bibliographique  et  références  justificatives  ...    114 


Appendices. 

Tahleau  détaillé  des  principaux  hiéroglyphes. 

I.  Personnages  divins 116 

IL  Personnages  humains 116 

III.  Parties  du  corps  humain 120 

IV.  Mammifères 125 

V.  Membres  de  mammifères 127 

VI.  Volatiles    .        130 

VIL  Membres  de  volatiles 133 

VIII.  Poissons,  reptiles,  insectes         133 

IX.  Végétaux 135 

X.  Eléments  cosmiques  et  géographiques •.  138 

XL  Constructions  et  parties  d'édifices 141 

XII.  Mobilier  et  ustensiles  d'usage  domestique 142 

XIII.  Matériel  de  culte  et  pains  d'offrandes 142 

XIV.  Parures  et  vêtements 146 

XV.  Navigation  et  engins  de  pêche 147 

XVI.  Armes,  bâtons  et  engins  de  chasse 148 

XVII.  Outils  industriels  et  agricoles 151 

XVIII.  Ecriture,  musique  et  jeu 153 

XIX.  Vases  et  corbeilles      153 

XX.  Cordages  et  nœuds 155 

XXI.  Figures  géométriques      156 

XXIII.  Objets  indéterminés 157 

Tableau  des  signes  plnrilitères. 

I.  Tableau  des  signes  plnrilitères  par  ordre  alphabétique  direct     .    .  159 

IL  Tableau  des  signes  plnrilitères  par  ordre  alphabétique  inversé  .    .  161 


TABLE  DES  MATIÈRES.  195 

Page 

Analyse  sommaire  de  quelques  textes  égyptiens. 

/.    'Textes  hiéroglyphiques. 

A.  Inscription  d'un  obélis(iue  de  Thoutmosis  IV 164 

13.  Hymne  au  Dieu  créateur 173 

C.  Rubrique  d'un  papyrus  funéraire 177 

//.    Texte  hiératii/ue. 

Fragment  du  papyrus   1 1  l(i  A  du  l'Ermitage 182 

///.    Texte  démotiqne. 

L'arrivée    de  Setné  à  lîubaste 184 

Exercice  de  lecture  189 

Corrigenda 191 

Addeiadum 191 

Table  des  matières 192